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JOURNAL
DE
L'AGRICULTURE
ANNÉE 1884, TOME TROISIÈME
(juillet a septembre)
Le JOURNAL DE L'AGRICULTURE, fondé le 20 juillet 1866, a
successivement fusionné avec le Journal de la Ferme et des Maisons
DE campagne et avec la Revue de l'Horticultcre. Il s'occupe de toutes
les questions de pratique et de science agricoles, de législation rurale,
d'économie politique ou sociale dans ses rapports avec la vie rurale,
enfin il donne tous les développements nécessaires aux progrès de
la viticulture, de l'horticulture, de l'arboriculture et de la culture
maraîchère; il traite aussi bien de la production des jardins que de
celle des champs.
Il appartient à une Société composée de 840 agriculteurs ou agro-
nomes groupés autour de M. J.-A. Barrai.
JOURNAL
DE
L'AGRICULTURE
DE LA. FERME ET DES MAISONS DE CAMPAGNE
DE LA VITICULTURE, DE L'HORTICULTURE
DE L'ÉCONOMIE RURALE ET DES INTÉRÊTS DE LA PROPRIÉTÉ
rOSDÉ ET DIRIGÉ FAR
J.-A. BARUAL
SECRÉTAIRE PERPÉTUEL DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aGRICULTURE DE FRANCE
Membre du Conseil génér.il de la Moselle jusqu'en 1871 ;
Ancien élève et ancien rèpûliteur de chimie de l'Ecole polytechnique;
Membre du Conseil supérieur de l'agiiculUire. du Conseil d'adniinisiralion de la Société natiojiale d'encouragement à
l'agriculture et du Conseil de la Sociéi^ des agriculteurs de Friuice;
Lauréat de l'Académie des sciences en 1863, pour le prix de MoTogues. décerné à l'ouvrage ayant fait taire
le plus <;rand proprés à Vagncullure en France;
Gommandeur de la Légion d'honneur; de I Ordi-e ottoman du Medjidté, de celui des Saints Maurice et Liizare tTitalie,
de celui d'Isabelle la Calholi-ine d'Espaj^ne; Ciievalier des Ordies de Lèopold de Belgique,
de Notre-Dame de la Conception de Portugal;
Membre de la Société philomalique cl du Conseil de la Société d'encouragement pnur l'industrie nationale ;
Membre honoraire de la Société royale d'agriculture d'Angleterre;
Membre honoraire de l'Académie de Metz, de la Société centrale dagriculiuie de Belgique, de la Société royale d'agriculture de
Portugal, de la Société des af;riculteurs italiens,
des Sociétés d'Agriculture du grand-duclié de Luxembourg, de Moscou, de Varsovie, de Spolato,
des GêOTQotiles de Florence, de Grosseto. de Turin, de Saint-Pétersbourg, de Pesaro. du Chili, de Hongrie, de rUruguay :
Correspondant de l'Institut genevois, de l'Institut égyptien, de la Société des sciences naturelles de Milan; Jes Sociétés
d'Agriculture, de Viticulture ou d'Horticulture de Pans, d'Arras, de l'Aube, de l'iveyron.de Bayeux. des Btmclies-du-Rhône,
de Coiiipié^ne, de Caen, de Clermont. du Nord, de la Seine-Inférieure, de Mayenne, "de la Haule-Garonne, Ac la CÔte-d'Or.
de Joigny, de Libourne, de Lyon, de Mirecourl, de Nancy, du Pas-de-Calais, de Poitiers, de Poligny, de Senlis, de Vaucluse
des Comices agricoles d'Agen, de Lille, de Meaux, de Metz, de Brantûme, de la Société des Amis de la paix
deValence (Espagne), des Sociétés d'Agriculture de Gaiui.de New- York, devienne {Autriche}, delà Gueldre (Hollande), de Hongrie
du Cercle agricole et horticole du gr;ind-ducbé du Luxembourg;
Associé étranger de l'Académie royale de Suéde, etc etu
Conseil de direction Scientifique, Politique et Agricole :
iMM. J.-A. BARRAL, G.^TON BAZILLE, GAREAU,
P. DE GASPARIN, NOUETTE-DELORME^ HENRY SAGNIER, A. VANDERCOLME
ANNÉE 1884, TOME TROISIEME
(juillet a septembre)
PARIS
AUX BUREAUX DU JOURNAL DE L'AGRICULTURE
Chez M. G. MASSON, libraire-éditeur, 120, boulevard Saint-Germaiii
1884
XJ
.un
Le Jonrnal de l'Agriculture parait tous les samedis en une livraison de 52 à
68 pages, avec de nombreuses gravures noires intercalées dans le texte et des
planches noires ou coloriées hors texte. — Il forme par an quatre volumes de
600 à 600 pages chacun.
PRIX DE L'ABONNEMENT :
FRANCE: un an, 20 fr. ; — six mois, 11 fr.; — trois mois, 6 fr. — Un numéro, 50 centimes
Pour tous les pays de rUnion postale : un an, 22 fr.
Pour tous les autres pays, le port en sus.
LES PAYS FAISANT PARTIE DE L UNION POSTALE SONT i
AUemagne — Autriche — Belgique — Danemark — Espagne — Etats-Unis — Grande-Bretagne' — Grèce
Hongrie — Italie — Luxembourg — Monténégro — Norvège — Pays-Bas — Portugal
Roumanie — Russie — Serbie — Suède — Suisse — Turquie — Egypte — Tanger et Tunis
Perse — Brésil — République argentine — Pérou — Colonies françaises
La plupart des colonies étrangères.
JOURNAL
DE
L'AGRICULTURE
CHRONIQUE AGRICOLE u^ juillet i884).
La fin des concours régionaux de 1884. — Aperçu général sur ces solennités. — Comparaison
avec les concours antérieurs. — Essais spéciaux do machines et instruments agricoles. — Les
primes d'honneur de la petite culture et de l'horticulture. — Recherches de M. lierthelot sur
fa présence des azotates dans tous les végétaux. — Prochaine discussion de la loi sur le régime
des sucres. — Modifications apportées au projet de loi par la Commission. — Etude de M. Lam-
bert sur la sucrerie en Allemagne et en Autriche. — NécrolOEtie — Discours prononcé par
M. Houzeau aux obsèques de M. Girardin. — Moit de M. le marquis de Ginestous. — Décorations
dans l'ordre du Mérite agricole. — Le phylloxéra. — Avis publié par la Compagnie des chemins
de Ter de Paris-Lyon-Méditerranée. — Mesure contre l'intrûduction du pbyllo.xera en Algérie.
— Projet de loi relatif aux zones franches de l'Ain et de la Haute-Savoie. — La culture de la
vigne dans les sables. — Lettre de M. Giran. — La représenlation de l'agriculture à la Chambre
des députés. — Programme des concours internationaux de machines agricoles en Italie. —
Exposition-marché de machines agncoles à Besançon. — La pêche de la sardine sur le littoral
de la Bretagne. — Concours pour un emploi de médecin-vétérinaire inspecteur à Troyes.
I. — Les concours régionaux de 1 684.
La période des concours régionaux de celte année est maintenant
terminée. Le concours du Puy, le dernier en date, a fermé ses portes
le dimanche 29 juin; il a eu la visite de .M. Tisserand, directeur de
l'agriculture, qui a reçu des populations agricoles de la contrée l'ac-
cueil le plus empressé et le plus sympathique. A deux ou trois excep-
tions près, ces soleiinilés ont été absoluineut complètes : les expositions
de bétail, de produits, de machines, ont rivalisé d'importance etd'éclat,
et elles ont amené un grand concuurs de visiteurs, toutes les fois
qu'elles ont été favorisées parle temps. Les municipalités des villes qui
donnaient asile à l'agriculture de leurs régions respectives, ont com-
pris que ces fêles agricoles avaient un attrait suffisant pour attirer la
foule, et la plupart se sont abstenues d'organiser des expositions plus
ou moins attrayantes, des fêles plus ou moins tapageuses, au milieu
desquellesle concours régional passait inaperçu ou bien était délaissé ;
elles se sont bien trouvées de celte dérogation à des habitudes devenues
trop générales. Il faut espérer que cet exemple seradésormais toujours
suivi, que les solennités agricoles garderont leur caractère, et que rien
ne viendra en entraver le développement normal. Quand aux concours
eux-mêmes, leur ensemble réfute, en 1884, de la manière la plus
complète, les injustes accusations portées contre eux. La preuve en est
que, si l'on compare les concours de 1884 avec ceux qui ont eu lieu
en 1 876 dans les mêmes départements, presque partout dans les mêmes
villes, on constate que l'imporlance de toutes ces expositions est plus
grande, pour le bétail, pour les produits, pour les machines, c'est-à-
dire pour toutes les parties qui les constituent. C'est d'un excellent
augure; c'est 11 meilleure réponse aux détracteurs de celte utile insti-
tution. IJ faut cependant signaler que l'absence de concours spéciaux
d'instruments et de machines se fait de plus en plus sentir, ilans la
N» 795. — Tome Ht de 1884. — j Juillet.
6 CHRONIQUE AGRICOLE (5 JUILLET 1884}.
plupart des concours, et qu'elle suscite des regrets de plus en plus
vifs, surtout chez les cultivateurs qui trouvaient un guide dans les ré-
sultats de ces essais, guide impartait parfois si l'on veut, mais qui
valait mieux que l'absence de toute indication. D'autre part, la créa-
tion des primes d'Iionneur spéciales pour la petite culture et pour
l'horticulture, a été accueillie partout avec faveur; ces primes ont été
décernées dans la plupart des concours. Elles créeront une nouvelle
émulation, fructueuse pour le progrès, chez les petits cultivateurs
dont la plupart étaient jusqu'ici restés étrangers aux grandes solenni-
tés agricoles.
IL — La présence des nilratesfdans les végétaux.
On sait qu'une station de chimie végétale a été créée à Meudon
comme annexe de la chaire de chimie occupée par M. Berthelot au
Collège de France. Un des premiers problèmes dont M. Berthelot a
cherché la solution a été celui de l'origine première de l'azote qui con-
court à la formation des principes immédiats des végétaux. Il vient de
faire connaître à l'Académie des sciences, dans la séauce du 20 juin,
les résultats des expériences qu'il a entreprises sur plusieurs espèces
de plantes dont il a analysé toutes les parties pendant toutes les phases^
de la végétation. Ces expériences tendent à établir l'existence d'une
nouvelle fonction végétale, donnant lieu à la formation des azotates
au sein de certains tissus végétaux et pendant une période déter-
minée de la végétation. Nous publierons cette note qui présente un
très grand intérêt pour la physiologie végétale, et par suite .pour
l'agriculture; car toute conquête scieutilique de ce genre sert de
guide à la production agricole,
III. — Les sucres et les betteraves.
La Chambre des députés a enfin placé la question des sucres en tête
de son ordre du jour; il est probable que, lorsque paraîtra cette chro-
nique, la discussion aura commencé. La Commission a apporté cer-
taines modifications au projet dont nous avons publié le texte; les
principales sont les suivantes : elle a porté à trois années le délai
pendant lequel l'abonnement sera facultatif, elle a réduit à 5.75 pour
■100 le rendement légal pendant ces trois années pour les fiibriques
travaillant par la dift'usion et à 5 pour 100 le rendement pour les
fabriques travaillant par les presses, et elle a décidé que le rendement
minimum sera porté à 80 pour 100 pour les sucres étrangers d'ori-
gine européenne ou importés des entrepôts d'Eui'ope.
Parmi les nombreux travaux publiés récemment en France sur la
culture de la betterave et l'industrie du sucre en Allemagne, un des
plus intéressants est certainement celui que vient de faire paraître
M. Lambert, fabricant de sucre à Toury (Eure-et-Loir). Sous le titre :
Petit voi/afic de découvertes aux pays du sucre, Allemagne et Autriche,
et sous une forme très agréable, M. Lambert présente des faits et des
renseignements pris sur place par une caravane d'hommes expéri-
mentés, qui ont voulu étudier, pendant l'hiver dernier, l'industrie
sucrière allemande. Les observations s'y succèdent avec précision, et
elles sont nombreuses. La conclusion de M. Lambert peut se résumer
ainsi : ce n'est pas l'outillage des sucreries allemandes qui fait leur
supériorité, mais c'est la perception de l'impôt sur la betterave qui,
d'une part, force à obtenir régulièrement des betteraves riches par des
CHRONIQUE AGRICOLE (5 JUILLET 188^4). 7
procédés de culUire absolmuenl différents de ceux usités ea France, et,
d'autre part, permet d'extraire avec protit le sucre des mélasses. Par
conséquent, une fois l'impôt sur la betterave établi en France, le sort
de l'industrie sucrière, dit-il, sera entre les mains des cultivateurs.
Gela est vrai jusqu'à un certain point; mais il faudra aussi que les
fabricants de sucre sachent reconnaître les efforts que les cultivateurs
ne manqueront pas de faire et qu'ils sachent payer à sa juste valeur
la matière première qui leur sera fournie.
IV. — Nécrologie.
Nous avons annoncé, il y a quelques semaines, la perte cruelle
infligée à la science et à ra;>riculture par la mort de M. Girardin. Ses
obsèques ont eu lieu à Rouen avec une grande solennité; parmi les
discours prononcés sur sa tombs, nous reproduisons celui de M. Hou-
zeau, directeur de la station agronomique de Rouen, qui retrace,
avec une réelle éloquence, les travaux de M. Girardin et les services
qu'il a rendus :
te Le savant, l'homme de bien à cfui nous venons dire un dernier adieu, était,
en 1858, l'objet d'une manifestation des plus touchantes. Près de trois cents per-
sonnes, fonctionnaires, indu-itriels, agriculteurs, commerçmts, réunis dans un
banquet offert à M. Girardin, étaient venues des différents points du départeiuent
témoigner des regrets que leur laissait son départ. Le professeur de chimie
de l'ancienne école municipale, le conférencier agricole si distingué, nomini doyen
de la Faculté des sciences de Lille, quittait, non sans émotion, ce pays où de
longs et utiles services lui avaient valu une populirité légitime.
H Au premier rang de ceux qui étaient venus lui rendre un témoignage éclatant
d'affection et de reconnaissance, se trouvaient, avec le préfet de la Seine-Infé-
rieure, M. Deschamps, président de la commission du banquet, et un grand
nombre de notabilités de la ville et du département.
" Dans des discours inspirés par une sincère émotion, on rappelait la riche
nomenclature de ses services comme professeur et comme écrivain, en même
temps qu'on y exprimait le regret de voir partir celui qui, selon l'expression d'un
orateur, était depuis trente ans l'enfant adoptif de la cité et de la Seine-Infé-
rieure.
« A l'issue du banquet, un bronze d'art était iffert à M Girardin qui, profon-
dément ému, remerciait en ces termes : « Quaad je serai trop vieux pour conti-
nuar mes travaux, quand je serai affaibli par l'âge, mes yeux se porteront encore
avec bonheur et reconnaissance sur ce témoigtia^e d'affection qui m'est cher et
qui me rappellera combien j'ai été heureux au milieu de vous. »
« Cette noble existence, dont les services étaient ainsi consacrés par une
démonstration publique, dîvait encore se prolonger un quart de siècle avec la
même continuité dans les efforts pour vulgariser la science.
« Je ne ferai pas ici une sèche énumération de ses travaux si nombreux comms
professeur et comme président de nos sociétés savantes, énumération que la presse
locale, toujours si bienveillante pour les hommes d'études, s'est empressée da
retracer.
« Qui, d'ailleurs, ne connaît, parmi ceux qui se livrent à l'étude des sciences
appliquées, son Traité de cliiinie éléincnlaire, traduit dans plusieurs langues, et
dont l'épigraphe : « Lï science ne devient utile qu'en devenant vulgaire, »
exprime mieux que ne le feraient tous les discours, la nature d'esprit et le but que
l'auteur s'est proposé d'atteindre. Epigraphe qui est le complément de celle adop-
tée par Babinet, auteur d'importants mémoires originaux et de petits livres de
vulgarisation moins technique : « En science, le mérite n'est pas de savoir, c'est
de savoir le premier. »
« Quel est l'agronome, je ne dis pas normand, mais français, qui n'a pas dans
sa bibliothèque les Fumiers considérés comme enjrais, un opuscule de cent pages
qui résume cent leçons? Non, messieurs, ce que j'essaie, c'est de faire en
quelque sorte revivre à vos yeux la physionomie de ce savant qui, vivant au
milieu de nous, s'iaspirant des conditions du travail manuel sous ses formes
multiples, s'est appliqué sans relâche à fournir par la mise en lumière des pro-
8 CHRONIQUE AGRICOLE (5 JUILLET 1884).
cédés scientifiques, des éléments de prospérilé à l'industrie et à l'agriculture;
c'est de vous le représenter, s'appliquaot sans cesse par la plume, par la parole,
par ses élèves à dissiper les erreurs, à vaincre les préjugés, et à faire pénétrer
dans tous les esprits la nécessité de tirer parti des ressources qu'apporte chaque
jour la science.
« Pour accomplir ce rôle si utile et si bien apprécié, M. Girardin était soutenu
et encouragé par l'intelligente et délicate sollicitude d'une compagne dévouée. II
avait d'ailleurs toutes les qualités qui com]ilètent le vulgarisateur; l'élocutioa
facile et claire, la nu'thode précise, la persévérance que ne rebutent pas les diffi-
cultés, et par-dessus tout une bienveillance extrême qui faisait de ses élèves et de
ses auditeurs autant d'amis.
« C'est à cet ensemble de dons précieus qu'il dut ce rare privilège de parcourir
une longue carrière au milieu dune sympathie générale. Plus tard, quand l'ancieu
doyen de la Faculté de Ldle, le recteur de l'Académie do Clermonl-teiTand, attiré
par les souvenirs et l'affection vers ce départemeni auijuel le rattachaient tant de
liens, revint parmi nous comme directeur de cette Ecole des sciences et des let-
tres à la fondation de laquelle il avait si puissamment coopéré, il y retrouva une
nouvelle génération toute respectueuse, à laquelle avait été transmis le souvenir
de ses services et de ses talents.
« C'est ainsi que, peu à peu affaibli par l'âge, il vit se réaliser les paroles pro-
phétiques du Banquet de 1858, et que cet homme de bien, ce sage, en jetant les
yeux en arrière sur celte longue existence si utilement parcourue, n'y trouva que
le sentiment du bien qu'il avait fait et que le souvenir des sympathies qui lui
avaient été conservées.
« 11 put s'éteindre ainsi, sans secousse, sans regrets, avec klsatisfaction de voir
son œuvre de vulgarisation encore continuée avec autant de ta ent que d'autorité,
par son gendre, M. Morière, l'honorable doyen de la Faculté des sciences deCaen,
attaché jusqu'à l'année dernière à notre école départementale d'agriculture.
't Quant à nous, messieurs, en même temps que nous rendons un pieux tribut
de regrets à la mémoire de M. Girardin, sachons puiser dans le spectacle de celte
existence sans trêve, un exemple et un encouragement. Adieu! cher maitre, tous
ceux qui vous ont connu conserveront au plus profond de leur cœur le souvenir
de vos enseignements et de vos vertus. Adieu! »
M. le marquis René de Ginestous, président du Comice agricole du
Vigan (Gard), est murl récemment, à l'âge de 87 ans. Pendant sa
longue carrière, il s'est préoccupé constamment des intérêts agricoles,
particulièrement de ceux de la région des Cévennes, et notamment des
études séricicoles. 11 a été, pendant plusieurs années, président de la
section de sériciculture à la Société des agriculteurs de France.
V- — Décorations pour services rendus à l'agriculture.
Par arrêté en date du 27 juin, le ministre de l'agriculture a conféré
la décoration du Mérite agricole, à l'occasion du concours régional du
Puy, aux personnes dont les noms suivent :
M. ChOfand (Auguste), agriculteur à Saint-Ghristophe-sur-Dolaizon (Haute-
Loire). Services di.stingués rendus à l'agricultuie du pays, par la pratique du drai-
nage et des assolements et l'emploi des machines perlectionnées, auteur de mé-
moires agricoles, médaille d'or au concours régional de 1868 pour la culture de
la luzerne; 40 ans de services.
M. Langlois (Auguste-Adolphe), docteur-médecin au Puy (Haute-Loire), pré-
sident et l'un des fondateurs de la Société agricole et scientifique de la Haute-
Savoie, président du comité d'études et de vigilance contre le phylloxéra, prési-
dent de la chambre consultative d'agriculture du département, membre du jury
dans les concours et président de la commission des primes d'honneur pour la
petite culture, auteur de conférences sur la viticulture et de mémoires agricoles;
45 ans de services.
M. GeouDERCiiET (Arthur-Antoie), agriculeur au Puy (Haute-Loire), vice-
président du comice agricole du Puy, me mbre du jury dans les concours ; a ap-
porté des améliorations dans la culture des très et l'élevage des bestiaux par la
propagation de la race bovine tarentaise et de la race ovine southdown; 153 ré-
compenss dans les concours et comices, dont 65 médailles d'or et 8 objets d'art ;
GHBONIQUE AGRICOLE (5 JUILLET 1864). 9
30 ans de services. Lauréat du prix culturai delà 4'= catégorie au concours rég-io-
nal de 1876.
M. Dumas (Joseph-Benjamia-OJiion), propriétaire agriculteur à Saint-André-
de-Cruîières (.Irdècliej, sériciculteur, grand propriétaire de mûriers, a créé une
strre cliaude pour reconnaître les meilleures graines de vers à soie; a aussi con-
tribué à la reconstitution des vignobles par la plantation de cépages américains ;
médailles à l'exposition universelle de Pans, en 1878, et à celle de Bordeaux, en
1882; 20 ans de services agricoles.
M. Ferran'D (Etienne), pharmacien à Lyon Rliùne), auteur de mémoires sur
les produits chimiques pouvant servira la destruction des insectes nuisibles à
l'agriculture; diplômes d'honneur aux expositions de Lyon et de Vienne, en 1872
et 1873; 25 ans de services.
M. SciiWARiz (Joseph), horticulteur à Lyon, rosiériste distingué, membre du
jury dans les concours; 106 médailles d'or; 20 ans de services.
M. ClémEiNT (Louis-Lucien-Viacent-Frédéric, dit Léon), propriétaire à Pont-
gibaud (Puy-de-Dùmel. A contribué, par la propagation des bonnes méthodes de
culture, au progrès agricole de la regioa montagneuse du déparlement ; a créé
une association agricole pour le défrichement de 400 hectares de bruyères et un
établissement de chaux agricole à Gioux (Corrèze). Membre du jury dans les con
cours- premier prix et médaille d'or au'concours départemental de 1883 pour les
améliorations réalisées dans sa propriété; 15 ans de services agricoles.
Les décorations ont été remises à leurs titulaires par \1. Tisserand,
conseiller d'Etat, directeur de l'agriculture, qui présidait, le 29 juin,
la séauce sulennelle de distribution des récompense» au concours
régional du Puy.
VL — Le phylloxéra.
Nous recevons de la Compagnie des chemins de fer de Paris-Lyon-
Méditerranée la note suivante, qui intéresse les viticulteurs et les
associations syndicales qui ont recours au sulfure de carbone pour le
traitement des vignes phylioxérées :
La Compagnie des chemins de Paris à Lyon et à la Méditerranée a l'honneur
d'informer le public que. cédant aux vœux exprimés par plusieurs Conseils géné-
raux dans leur dernière session (1) et aux nombreuses sollicitations qui lui ont été
adressées par des syndicats et des particuliers, pour qu'elle continue aux viticul-
teurs les fournitures de sulfure de carbone et de chlorure de potassium pour com-
battre le phylloxéra, elle s'est décidée à faire, comme précédemment, des livraisons
de ces deux substances, aux prix et conditions ci-dessous.
Pour un parcours jusqu'à 200 kilomètres à compter lie Marseille..
— au-Jessus de "200 kilom. et jusqu'à :iOO kilum.
— — 300 — 400 —
— _ 400 — .000 —
— — 500 — lOO —
. — au delà de 700 —
Comme par le passé, la Compagnie ett'ectuera gratuitement, tant à l'aller qu'au
retour, et sur son réseau seulement, le transport des barils et boîtes d'acces-
soires.
Des moniteurs expérimentés seront également mis par la Compagnie à la dispo-
sition des propriétaires pour reconnaître la présence du phylloxéra, indiquer le
mode de traitement à employer et pour diriger, s'il y a lieu, les opérations au début
d'un premier traitement.
Les traitements par le suilure de carbone ont pris une telle extension qu'il serait
impossible à la Com|iagnie de satisfaire en temps utile à toutes les demandes, si
elle n'était fixée longtemps à l'avance sur les quantités qu'elle aura à lournir.
Elle prie, en conséquence, les viticulteurs de lui laire connaître le plus tôt
possible, et dans tous les cas avant lu fin du mois d'aoùl prochain, les quantités
de sulfure de carbone et de chlorure de potassium qui leur seront nécessaires pour
la campagne 1884-1885.
I . Conseils yéQéraux du Rh Jue, des Bouches-du-Rhône, du Gard, etc.
Prix par
100 kilog.
SuKure
Gtilorure
de carbone.
de
pot.issium,
40 fr.
23 fr.
41
26
42
27
43
28
44
29
4Ô
30
10 GHRONIQUK AGRICOLE (5 JUILLET 1884).
Les commandes et demandes de renseignements devront être adressées à
M. Félix, inspecteur délégué, gare do Maiseille.
On trouvera plus loin, à la parlie officielle de ce numéro, un décret
par lequel sont réglées les mesures prises pour empêcher l'invasion
du phylloxéra en Algérie. Ce décret remplace celui de 1879. Le texte
que nous publions est corrigé des erreurs qui foisonnaient dans la pre-
mière publication faite au Journal officiel.
Le gouvernement a présenté au Sénat un projet de loi tendant à
rendre applicable à la zone franche du pays de Gex (Ain) et de la Haute-
Savoie la loi du 21 mars 1SS3 relative aux mesures contre l'invasion
et la propagation du phylloxéra en Algérie. C'est sur la demande delà
Suisse et en exécution de la convention de Berne que ce projet de loi a
été préparé ; les trois arrondissements de Gex, de Saint-Julien et de
Thonon sont encore considérés comme indemnes du phylloxéra; les
A'igDobles y sont peu importants, et dans le cas oîi le fléau vien-
drait à apparaître dans la zone franche, la mesure projetée n'entraîne-
rait pas à des dépenses considérables.
VIL — La culture de la vigne dans les sables.
Nos lecteurs savent quelle importance a prise la culture de la vigne
dans les terrains sablonneux de la région du bas Rhône, notamment
dans les communes des Saintes-Maries-de-la-Mer et d'Aigues-Mortes.
Nous recevons sur ce sujet une lettre intéressante qui se recom-
mande à l'attention des viticulteurs :
o Frigoulès, aux Saintes-Mariés, par Arles, le 20 juin.
« Monsieur le directeur, la vive sollicitude que vous apportez à tous les intérêts
agricoles, me fait un devoir de vous signaler un fait grave qui se produit dans nos
vignobles plantés dans les sables.
«Vous avez été à même de voir combien ces vignobles étaient beaux, vigoureux
et pleins de promesse, beaucoup d'entre eux vous satisferaient biens moins au-
jourd'hui.
<c II s'y est produit des taches ressemblant assez aux taches faites par le phyl-
loxéra. Elles ont commencé par quelques souches, et d'année en année elles s'é-
tendent et s'agrandissent. La végétation est jaune, souffreteuse et rabougrie, la
souche végète ainsi misérablement sans mûrir ses fruits pendant deux ou trois
ans et finit par mourir.
« Quelques faibles recherches ont été faites par nos viticulteurs à cet égard, des
opinions diverses ont été émises, mais rien n'est venu encore éclairer mathémati-
quement. L'opinion générale est que ce n'est pas le phylloxéra, on n'a retrouvé
ni l'insecte, ni ses traces sur les racines.
« Quelques-uns croient à un retour de sève, ce qui n'est pas probable, d'autres
croient aux suites de l'antrachnose ou du mildew. Je ne partage pas leurs opi-
nions.
«Etfin la généralité croit que le dépérissement est dû à ce que les racines en
plongeant dans le sol sont arrivées à une couche de terre amère ou salée (qui
existe dans presque tout le sous-sol du littoral à une plus ou moins grande pro-
fondeur) et que dans cette terre saturée de sel la racine ne pouvait pas prendre la
nourriture destinée à la plante, ou que cette nourriture salée saturait la plante
elle-même de sel et causait son dépérissement.
« Cette opinion est plus probable, mais elle n'est pas bien prouvée, il y a souvent
au milieu même de ces taches des souches très belles, d'un cépage autre que
celui qui y dépérit. Ainsi au milieu d'une tache d'aramons mourants se trouvent
des morastels, des carignans, des esp;irs magnifiques, ce qui ne d-vntit pas
exister, les racines de ces derniers cépages allant plus profondément d-nis le sol .
que celles des aramons. D'autres fois c'est juste le contraire qui se produit, les
aramons résistent et les autres meurent.
« Les racines des souches mourantes ne sont relativement pas très mauvaises,
et restent passablement saines.
CHRONIQUE AGRICOLE (5 JUILLET 1884). 1!
.< Je livre ces faits à votre haute connaissance. Si vous jugez à propos de les faire
connaître dans votre excellentjjournal, peut-être par la publicité ferons-nous la
lumière.
« Dans tous les cas si vous ou Messieurs les directeurs des Ecoles d'agricul-
ture, ou même des particuliers, désiraient des échantillons du sol pris à diverses
profondeurs dans les taches mourantes, ou des souches fraîchement arrachées,
je me tiens à leur entière disposition.
« Daignez agréer, etc. Albert Giran fils,
Membre de la Sociiite d'Agriculture du Gard-
Des faits analogues à ceux constatés dans celte lettre ont été signalés
à la dernière séance de la Société d'agriculture de l'Hérault. Pour
notre part, dans l'étude que nous avons faite des sables de la région
d'Aigues-Mortes, et dont nous avons publié les résultats dans le Journal
de l'Agriculture du \~ février 1883 'tome l" de 1883, page 248), nous
n'avons jamais constaté dans les sables plantés en vignes une proportion
supérieure à 5 dix-millièmes de sel à la profondeur de 1 mètre ; mais
cette proportion atteint parfois I pour 100 à la profondeur de
2 mètres. Pour bien dégager la cause du phénomène décrit par M. Gi-
ran, il faudra entreprendre des études spéciales que nous sommes tout
à fait dispose à encourager.
VIII. — La représentation de l'agriculture.
La Chambre des députés a nommé récemment la Commission char-
gée d'examiner le projet de loi présenté par le ministre de l'agricul-
ture sur les Chambres consultatives d'aç^riculture. Cette Commission
est composée de MM. Joigneaux, Briens, Hervé-Mangon, Demarçay,
Roudier, Lasserre, des Rotours, Bouteille, Loranchet, Ansart, de
Ladoucette. M. Joigneaux a été élu président et M. Demarçay, secré-
taire. Dans ses premières séances, la Commission a étudié et écarté
une proposition spéciale due à M. de Ladoucette; elle a admis le principe
de la création de Chambres consultatives d'arrondissement; mais elle
a décidé que les ouvriers agricoles devraient être ajoutés à la liste des
électeurs proposée par le ministre.
IX. — Concours internationaux de machines agricoles en Italie.
Nous avons anahsé le programme de deux concours internationaux
annexés à l'exposition nationale d'Italie à Turin; l'un comprend les
appareils et machines pour le labourage à vapeur, l'autre concerne les
appareils de distillation. Nous croyons utile de rappeler que les deman-
des d'admission doivent parvenir au Comité d'organisation, pour le
premier de ces concours, avant le 15 juillet prochain, et pour le
second, avant le 15 août. Les constructeurs et négociants français qui
désireraient exposer trouveront des programmes au ministère de
l'agriculture, 244, boulevard Saint-Germain, bureau des encourage-
ments à l'agriculture.
X. — Société d' agriculture du Doubs.
Nous avons annoncé que, à l'occasion des fêtes municipales de
Besançon, une exposition-marché d'instruments de culture, et d'us-
tensiles de laiterie et fromagerie, se tiendra dans cette ville, du samedi
9 au vendredi 15 août 18S4.
La Société d'agriculture du Doubs se propose de répartir 2,000 fr.
de remises sur les ventes à opérer; les priv consisteront en médailles
d'or, d'argent et de bronze. — Les déclarations doivent être adressées
12 CHRONIQUE AGRICOLE (5 JUILLET 1884).
avant le 20 juillet prochain, à M. Gauthier, vice-président de la
Société, rue Charles-Nodier, 6. à Besançon.
XI. — La pêche de la sardine.
V Union du Finislere publie la note suivante : « La pêche de la sar-
dine débute mal. Ce poisson a été jusqu'à présent très rare sur toute
l'échelle du littoral. F^i's t^avants qui nous avaient annoncé une pêche
abondante, feront bien, à l'avenir, de prendre mieux leurs renseigne-
ments. )i Lorsque la publication des comptes rendus des concours régio-
naux sera terminée, un de nos collaborateurs reprendra celte impor-
tante question de la sardine, traitée tant de fois depuis quelques années
dans nos colonnes, et dont nous aurions quelque droit de dire qu'elle
est partie de notre publication. Les immenses intérêts engagés dans
cette étude doivent appeler spécialement l'attention de nos laboratoires
marins.
XIII. — Concours pour un emploi de vétérinaire.
La ville de Troyes ouvre un concours pour la nomination à une
place de vétérinaire de la ville, préposé à l'inspection sanitaire des
animaux amenés sur les foires et marchés, à l'inspection générale de
l'abattoir public et des viandes destinées à la consommation. Ce con-
cours sera ouvert le 1"'' septembre 1884. Ne seront admis à concourir
que les vétérinaires français ou naturalisés fronçais, ayant moins de
cinquante-cinq ans d'âge et justiliant de trois ans de pratique effec-
tive de leur profession. Ces mscriptions seront reçues jusqu'au
20 août prochain inclusivement, à la mairie de Troyes (secrétariat^.
En se faisant inscrire, les candidats déposeront leur extrait de nais-
sance, un extrait du casier judiciaire, les pièces établissant leur si-
tuation au point de vue militaire, leur diplôme de vétérinaire délivré
par une des écoles vétérinaires de France, et des certificats des maires
des localités où ils ont exercé. Le concours comprendra cinq séances
ayant pour objet les épreuves ci-après désignées :
Prcmicre séance. — Rédaction d'un mémoire ou d'un rapport ayant trait à la
police sanitaire et à la jurisprudence commerciale en ce qui concerne les animaux
de boucherie.
Deuxième séance. — Rédaction d'un mémoire sur une ou plusieurs questions
relatives aux principales maladies qui afï'eclent les animaux de boucherie.
Troisième séance. — Dissertation orale sur une ou plusieurs questions ayant
trait à i'anatomie normale ou pathologique des animaux de boucherie.
Quatrième séance — Disseriation orale sur un ou plusieurs sujets relatifs à la
police des abattoirs et des marchés, à l'hygiène des animaux, à leurs logements,
leur nourriture, l'inlluence des modes de transport d'un lieu dans un autre sur
leur santé et snr l'état de leurs chairs.
Cinquième séance. — Examen microscopique des viandes insalubres. Examen
pratique d'un ou de plusieurs animaux de boucherie au point de vue de leur âge,
leur race, leur conformation, leur degré d'engraissement et leur rendement.
Exposé ayant pour objet de déterminer si ces animaux sont sains ou malades et,
dans ce dernier cas, de préciser la maladie ou les maladies dont ils sont atteints
et le préjudice qui en résulte pour la qualité de la viande qu'ils pourraienl pro-
duire. Cette dernière épreuve sera suivie de l'abatage des sujets examinés par les
candidats, ainsi que d'opérations et d'invesligations destinées à contrôler le degré
d'exactitude des jugements portés par chacun d'eux.
Le vétérinaire de la ville, nommé au concours, entrera immédiate-
ment en fonctions. Il recevra un traitement annuel de 4,400 fr., plus
une indemnité de logement de 600 jusqu'à ce qu'il puisse être logé à
l'abattoir. Toute clientèle lui sera interdite. J.-Â. Baukal.
CONCOUas hÉGIONAL DE lîUlJlZ. 13
CONCOURS REGIONAL DE RODEZ
Le concours régional qui s'est tenu du 7 au 15 juin, à Rodez, était ouvert pour
les départements de l'Aveyron, du Cantal, de la Gorrèze, de la Creuse, du Lot, du
Tarn et de Tain-et-Garonne, formant la région du Sud central. Paitagée entre le
bassin do la Méditerranée et celui de l'Océan, la plus grande partie de la régioi'
appartient au massif montagneux du centre delà France; la culture pastorale y
domine, et, avec la vigne dans les parties méridionales, elle donne au cultiva-
teur le produit le plus élevé qu'il puisse retirer d'un sol accidenté, difticilc à
travailler, et où il faut souvent lutter contre un climat âpre et rigoureux. La pro-
duction du bétail y forme la base principale du présent et de l'avenir agri-
cole, comme elle a assuré jusqu'ici l'accroissement de la richesse du pays. Il
était donc probable que le concours régional de Rodez présenterait une grande
importance ; cetespoir n'a pas été déçu. Si l'on compare l'effectif des animaux qui y
figuraient à celui du précédent concours, en 1876, on trouve, cette année, 266 bê-
tes bovines contre 211 en 1876, 133 lots de bêtes ovines contre 106; le nombre
des bêtes porcines est à peu près le même, mais celui des animaux de basse-cour
est plus que doublé. Pour les instrumentsetmachines, il ya eu 744 déclarations
contre 474, en 1876; pour les produits agricoles, l'accroissement est encore bien
plus considérable, 411 lots contre 166. Ces chiffres démontrent une activité sur
laquelle il est inutile d'insister davantage.
La ville de Rodez possède un emplacement tout à fait propice aux concours
agricoles : c'est un vaste foirai, sur l'un des côtés du plateau sur lequel la ville est
assise, et où l'on jouit d'un panorama splendide sur la succession de vallées
encaissées qui forme cette partie du département de l'Aveyron. Mais, par suite de
la négligence des autorités municipales, les dispositions prises pour le concours
ont été mal combinées ; l'homme qui était à la tête du comité d'organisation, et
qui en était l'âme, M. Georges de Ronald, étant mort depuis quelques semaines,
l'installation a été mal préparée. Le commissaire général, M. Léon Vassillière,
a dû réparer beaucoup de fautes ; grâce à son activité et avec l'aide de commissai-
res expérimentés, MM. Girin, Laporle, Gourrégelongue, Manteau, Tord et Adrien
Boitel, les visiteurs, qui ont été d'ailleurs nombreux, ne se sont pas aperçus de
ce vice originel.
Passons à l'examen des diverses parties du concours.
Parmi les races bovines, la première place appartient à la race locale, la race
d'Aubrac, race forte et robuste, qui exécute tous les travaux du sol dans un pays
montueux et sur des terres souvent rebelles à la culture, dont les vaches forment
les nombreux troupeaux qui utilisentles pâturages des liants sommets. L'Aveyronnais
soigne avec amour ces précieux animaux, dont la sobriété permet de tirer bon parti
des ressources fourragères mêmes restreintes. D'une croissance lente, mais donnant
d'excellente viande, le bœuf d'Aubrac a facilement acquis une certaine précocité
et de la finesse, aans les exploitations où il a trouvé une alimentation plus
copieuse et plus riche. C'est ce qui ressort de la série des concours régionaux qui
se sont tenus, et ce que démontre encore le concours de cette année. La catégorie
réservée à cette race était bien fournie, et elle présentait d'excellents types, fins
et bien développés, notamment parmi les taureaux. Un aurait pu espéier une
exposition plus nombreuse, mais l'ouverture du concours régional a été taidive,
après la date, qui coïncide avec la fin de mai, de la montée des troupeaux sur les
hauts pla eaux où ils passent la saison d'été. Pour cette raison, la plupart des
exposants appartiennent à l'arrondissement de Rodez, quelques-uns à celui d'Es-
palion ; ils sont au nombre de 17. Les récompenses ont été chaudement dispu-
tées ; le prix d'ensemble est décerné à MM. Galtayries et Scudier, à Montrozier,
dans l'arrondissement de Rodez.
La Société d'agriculture de l'Aveyron a eu Theureuse idée d'organiser, en
dehors du concours régional, une exposition d'attelages de bœufs de trait. 38 pai-
res de bœufs d'Aubrac y ont été amenées. Les animaux étaient parés avec une
coquetterie rustique; ils ont défilé dans la ville au sou de la musette, ce qui a
donné à cette solennité un cachet très pittoresque. La plupart étaient des bœuls
d'âge ; presque tous étaient réellement remarquables. La valeur du bœuf d'Au-
brac a été mise en évidence, une fois de plus, dans cette circonstance; il eût été
dilficile de trouver, dans cette collection, une paire de bœufs dont la valeur fût
inférieur à 900 francs ; presque tous auraient été cotés, en foire, à des taux supc-
14 CONCOURS RÉGIONAL DE RODEZ.
rieurs. Le pvemior prix et un objet d'art de la Société des iigricullenrs de France
ont été altribués à M. Turq, de Druello.
La plupart des autres ra^-es de la région, races de Salers. uiarchois^'. garon-
naise, Limousine, étaient bien représentées: il n'y a d'exception à faire que
pour la race d'Angles. Dans les catégories des races diverses, il n'y a à signa-
ler que quelques bètes durham, envoyées par M. Massé, de GerinignY (Cher), et
de très beaux animaux de la race suisse de Schwitz ; on a exposé quelques
croisements de celte race avec celle d'.\ubrac, mais sans résultats bien remarqua-
bles. Il faut citer surtout les marcliois de JNI. Nadaud, à qui le jury a donne un
piix d'ensemble: les garonnais^, de M. Lafiirgue, les .Inglés de M. Jules
Gormouls-Houlès. i
Les races ovmes sont nombreuses dans le catalogue du concours ; mais la plu-
part de ces races appartiennent au même type, et elles ne ditïèrent que par des
proportions plus ou moins develoiipées ou par des apti:udes laitières spéciales.
Qu'il s'agisse du caussinard ou du iarzac, c'est toujours le même mouton, à tète
lourde, un peu eftlauqué, par l'habitude des longues courses sur les maigres
pâtures; le caussinard du Ségala et celui des Causses ne dilTèrent que par la taille,
ce dernier trouvant une nourriture plus abondante et plus substantielle sur les
plateaux calcaires oii il rit. Ce qui m'a le plus frappé, c'est la faible exposition des
moutons du Larzac, dont les brebis fournissent le lait qui sert à la fabrication
du fromage de Roquefort; l'an dernier, à La Cavalerie, j'avais vu 5,000 tètes de
cette race, réunies en un seul jour de concours: j'espérais ti cuver, non pas un sem-
blable développement, mais des collections d une certaine importance. .\u lieu de
cela, une vingtaine de têtes: c'est peu, sinon pour la qualité qui est excellente,
au moins pour le nombre. J'en ai cherché l'explication : la seule qu'on m'ait
donnée et que je livre telle quelle, c'est que l'attribution des prix auder ier con-
cours régional n'avait pas été ratifiée par les cultivateurs: d'où abstention celte
fois-ci. Ces montagnards ont la mémoire longue ; espérons qu'ils auront oublié
leurs mécomptes dans sept ans. Quelques bons animaux soutlidowus et dishiey,
venant de climats plus se)itentrionaux, complètent l'exposition ovine, arec
trois belles bandes de brebis laitières. Quand on sait les prohts qu'elles donnent à
leurs éleveurs, on les regarde avec respect.
L'exposition porcine était ce qu'elle est presque partout : les porcs indigènes
s'ellaceut de plus en plus devant l'invasion du porc du Yorksiiire, qu'on élève
soit à l'état de pureté, soit à l'état de croisement avec les races locales Sous ce
rapport, la belle collection pr, venant de l'exploitation de M. Georges de Bonald
était tout à fait remarquable : elle eût certainement remporté le prix d'ensemble,
si les déclarations nécessaires avaient été faites en temps utile.
ÎS'ombreuse et variée était la collection des animaux de basse-cour. Trois
exposants surtout en ont fait les principaux ornements : il]\L d'Humières, Cas-
san et d. de Bonald. Le prix d'ensemble a été attribué à 'M. Cassan : ^L d'Hu-
mières a eu une médaille d'or de la Société des agriculteurs de France. Ces mêmes
exposants montraient des collections d'œufs des principales races de basse-cour,
qui étaient agencées avec beaucoup d'art.
Une des parties les plus intéressantes du concours était l'exposition générale de
laiterie, malheureusement trop peu importante. D'une part, les produits : d'autre
part, le matériel.
Les exposants de beurres et de fromages étaient peu nombreux. La plupart des
beurres exposés étaient de qualité très ordinaire ; il y a, de ce côté, beaucoup de
progrès à réaliser. Il faut en dire autant des fromages de lait de vache, dont le
fromage de Laguiole est la plus hante expression: toutefois, il serait injuste de ne
pas reconnaître que ces fromages se conservent mieux que naguère ; c'est un signe
qu'ils sont mieux préparés. Sous ce rapport, ^I. Bonal et JNIM. Fraisse et Didaret
exposaient des produits réellement dignes d'appeler l'attention. L'éloge du fro-
mage de Roquefort n'est plus à faire : le premier prix a été remporté par la Société
anonyme civile de Roquefort, dirigée par INI Eugène Carrière, qui marche con-
curremment aujourd'hui ave l'ancienne Société des Caves-Réuuies, à la tète de
laquelle se trouve 'SI. Coupiac ; cette dernière Société exposait ho'-s concours.
En ce qui concerne le matériel de laiterie, le grand succès a été pour les appa-
reils de INI. Pilter : écrémeuse et délaiteuse centrifuges, baratti danoise, réfrigé-
rant du lait, crémoraètre, etc. Ces appareils ont été très étudiés au concours; ils
rendront certainement des services signalés dans cette contrée où le lait se mani-
pule par grandes quantités à la fois. Il faut citer aussi une presse pour la mise en
CONCOURS RÉGIONAL DE RODKZ 15
iorme des l'roraafjes d'Auvergne et de Laguiole, expos(''(i par M. Louis lloques,
constiucieur à Rodez: elle remplace avaritajjeusement l'antique presse de la mon-
tagne ; elle permet de faire une pression n'f^ulière et rnétliodiquc sans l'atif^ue.
Citons ciiiin la collection d'ustensiles de fromagerie piésentée [lar Mme Vve de
Bonald ; on y trouvait les ustensiles et les outils les mieux appropriés aux iroma-
geries du pays.
L'expositiou des machines et instrumcints était assez comi)lète pour qu on put y
trouver tous les appareils propres à un but détermine. Parmi les machines
spécialement appropriée^ aux besoins du pays, nous citerons les locoraobiles et
les Datteuses de M. Ilidien, de (jhàteauroux. Cet habile constructeur a eu l'ingé-
nieuse idée de faire, pour ses locoraobiles et ses batteuses, des bâtis spéciaux aux
pays de montagnes ; les roues sont hautes et munies de freins, le corps de la
machme s'enlève assez haut au-dessus des essieux pour (ju'on n'ait pas à craindre
le passage dans les fondrières. L'emploi des faucheuses est assez répandu dans les
grandes et dans les moyennes propriétés; mais on n'a encore ffue peu recours aux
moissonneuses. La plupart des constructeurs du centre de la France sont venus à
Rodez : citons M.VI Rrouhol, Hreloux, Pécard. Gumming, la Société de matériel
agricole, Boulet, Fichot, Maréchaux, Lotz, Sauzay. A côté les charrues de Gar-
nier, celles de Chambonnière, les herses Puzenat, les faucheuses et les moisson-
neuses de Mot, Pilter, Osborne, etc. ; les trieurs de Marot, les pompes de Noël,
les tuyaux de drainage et les briques de Borie-Glianal, de Toulouse.
La Société d'encouragementa décerné deux diplômes d'honneur à des construc-
teurs pour l'ensemble de leur exposition : M. Hidien et M. Borie-Ghanal. Elle a
attribué, en outre, une médaille d'or à M. d'André, professeur départemental
d'agriculture de l'Aveyron.
Voici la liste complète des récompenses du concours régional, proclamées en
séance solennelle, après la lecture du rapport de M. Dubreuilli sur le concours de
la prime d'honneur et des prix culturaux :
Prix culturaux.
V" Catégorie. — Propriétaires exploit.itit leurs domaines liirecteineiit ou par régisseurs et
matU'es-valels, un objet d'art, M. Pierre Pouget, à Klav'in.
T Calignrie. — Fermiers à prix d'argent, cultivateurs, propriétaires, tenant à terme une par-
tie de leurs terres en culture ; métayers isolés cultivant des domaines au-dessus de 20 hectares,
un objet d'art, M. Jean Ramondenc, à Saintc-Eulalie-du-Larzac.
4° Catèfinrie. — Métayers isoés, propriétiires ou fermiers de domaines au-dessus de i hectares,
et n'excédant pas 20 hectares, un nl)jet d'art, M. Jean Burguière, à Sainte-Radegonde.
Prime d'honneur, non décernée.
Prix des spécialités.
Médailles d'or (grand module), MM. De Bonald, à Vielvayssac, pour sa culture de topinambours
et ses pommiers à cidre ; — Galzin, à Gissac, pour sa bergerie; — Scudier, i Montrozier,
pour sa <:ulture de céréales et ses bâtiments agricoles.
Médailles d'or, MM. Canac, à Arvieu, pour ses défrichements; — Gineston, au Neyrac, pour son
vignoble
Prix u'irrioations. — 1'" Catégorie. — Propriétés contenant plus de G hectares arrosés.
1" prix, M. de Bonald; 2% M. Victor Teyssèdre, à Florentin ; 3", M. Albert de Colonges, à
Sainte-Croix.
2° Catégorie. — Propriétaires ayant 6 hectares et au-dessous soumis à l'irrigation. 1" prix,
M. Etienne Pironnet, à Lacalm ; 2". M. Amans Bou, au Monastier ; 3°, M. Roques, à Cassagnes-
Bégonhès; 4", M. ."Vdrien Carrié, à Bertholène.
Récompenses aux agents des exploitations primées. — Prix cultural de la 1™ catégorie.
MédailUs d'argent, MM. André Guilard; Hippolyle Amans; Mlle Marie Pouget. — Médailles de
bronze, MM. Jean Théron; Amans Moviel ; Joseph Triadou. — .00 francs, Mlle .Sylvie Bonneviale;
M. Hipiioiyte Acr(uier. — Prix cultural de la 2" catégorie. Médailles d'argent, M. Basile
Fabreguettes, maître valet; Mlle AnaïsRimondenc, ménagère. — Médailles de brniiZf, MM. Etienne
Glandières, berger; Antoine Rang, charretier; Justin Comayras, bouvier. — Prix cultural de la
4° catégorie. Médailles d'argent, MM. Auguste Burguière, chef de culture; Albert Salomon,
maître valet. — Médailles de bmnse, M. Amans Uouziech, domestique; Mlle Rosalie Julien,
ménagère. — 40 francs, M. Cy|]rien Douziech, vacher.
Petite culture.
Prime d'honneur, un objet d'art. M. Louis Pègues, vigneron, à Marcillac (Aveyron). — Men-
tions très honorables, MM. Jean Périé, à Marcillac ; Jean-Baptiste Froment, à Marcillac.
Horticulture.
Prime d'Bonneuh, un objet d'art, M. Ant^jine Pélissou, à , Rodez. — Mentions très honorables,
MM- Buanton, à Rodez; Lafabrègue et Pouget, à Rodez.
Prix pour les journaliers. — Médaille d'or, M. Joseph Froment, à Valady. — Médiilles
d'arge-\t (grand module), MM. Augustin I.alanne, à Rodez; Pierre Ygrier, à Bourguil. —
Médailles d'argent, MU. Pierre M issif, à Puech-Bisset ; Louis Sauiel, à Pradinas; Pierre-Jean
Rafly, à Espalion. — Médailles de bronze, M.M. Victor Mazenq, à Pradiiias ; Amans Garrigou, à
Marcilac.
Prix pour les serviteu,rs à garjes. —Médaille d'or M. Antoine Ginesty, de Salles-la-Source. —
16 CONCOURS RÉGIONAL DE RODEZ.
Médailles dargeni (grand module), MM. Maurice Libouret, aux Mour^uès ; Joseph Ginesty, à Lenne.
— Médailles d'argent, MM. Antoine Bousquet, à Veyrac ; Henri Andrieu, à Veyrac ; Jules Bayol,
à La Planque. — Médaillrs de bronze, Mlle Julie Rigal, à La Planque ; MM. Augustin Gêniez, à
La Planque; Basile Termes, aux Mourguès.
Animaux reproducteurs. — Espèce bovine.
1" Catégorie. — Race d'Aubrac. — Mâles. — 1" Section. Animaux de 1 à 2 ans. 1" prix,
MM Galtayries et Scudier, a Montrozier (Aveyron) ; 2". M. Louis Denayrouze, à Montrozier
(Aveyron) ; 3', M. Henri de Uodat. à Druelle {.\veyron) ; 4", M. Galtayiies, à Rodelle (Aveyron).
— 2" Section. Animaux de 2 à 2 ans. 1" prix, M. L. Denayrouze; 2', MM. Galtajries et
Scudier; 3", M. Jean-Antoine Dijols, à Laguiole (Aveyron) : 4°, MM. Galtayries et Scudier. —
Femelles — 1" Section. Génisses de 1 à 2 ans. \" prix, MM. Galtayries et Scudier;
2=, M. Georges de Donald, à Flavin (Aveyron); 3» et 4", M. Louis Denayrouze. Prix stipplé-
mentaire, M. Sébastien Bessière, à Rodez (Aveyron). — 2° Section. Génisses de 2 à 3 ans,
pleines ou à lait, l"' et 2' prix, MM. Galtayries et Scudier; 3*, M. Pierre Pouget, à Flavin
(Aveyron) ; 4', M. Charles Raynal, à Montrozier (Aveyron). — 3" Section. Vaches de plus de
3 ans, pleines ou à lait. 1" prix, M. Georges de BonalJ ; 2". MM. Galtayries et Scudier ;
3", M. Louis Denayrouze; 4"', M. Casimir Verdeille, à Rodez; 5°, M. Jean-Baptiste Pouget,
à Rodez.
2" Catégorie. — Race de Salers. — Mâles. — 1" Section. Animaux de 1 à 2 ans. 1°' prix,
M. Jean Raïuond, à AuriUac (Cantal); 2", M. Pierre Couderc. à Girou-de-Mamou (Cantal);
3% M. Pierre Bonafé, à Arpajon (Cantal). Prix supplémentaires, MM. Baptiste Poignet,
gérant de M. Pierre Lapeyre, à Ytrac (Cantal) ; Delfour, à Aurillac (Cantal). — 2° Section.
Animaux de 2 à 3 ans. 1" prix, M. Jean Ramond.- 3°. M. Rhodes-Guéraud. à Aurillac (Cantal);
3", M. Pierre Couderc. — Femelles. — 1" Section. Génisses de 1 à 2 ans. 1" prix, M. Jean Ramond;
2", M. Bap. Poignet; 3°, M. P. Couderc. — 2° Section. Génisses de 2 à 3 ans, pleines ou
lait. 1'" prix, M. Jean Ramond ; 2". M. Nicolas Varret, à Aurillac (Cantal): 3% M. Jean Bcrgaud,
à Arpajon (Cantal). Prix supplémentaire, M. Baptiste Poignet. — 3"' Section. Vaches de plus de
3 ans, pleines ou à lait. 1" prix, M. P. Couderc; 2% M. Bap. Poignet; 3% M. Jean Ramond.
Mention très honorable, M. Rhodes-Géraud.
3° Catégorie. — Race d'Angles. — M.iles. — 1'° Section. Animaux de 1 à 2 ans. l" prix,
M. Jules Cormouls-Houlès, à Mazamet (Tarn); M. Numa Rives, à Mazamet (Tarn). — 2* Sec-
tion. Animaux de 2 à 3 ans. 2" prix, M. Jules Cormouls-Houlès. — Femelles. — l'" Section.
Génisses de 1 à2 ans. l" prix, M. Numa Rives; 2", M. Jules Cormouls-Houlès. — 2° Section.
Génisses de 2 à 3 ans, pleines ou à lait, l" prix, M. Jules Cormouls-Houlès; 2"', M. Numa
Rives. — 3' Section. Vaches de plus de 3 ans, pleines ou à lait, l"' prix, M. Numa Rives;
2°, M. Cormouls-Houlès.
4° Catégorie. — Race garonnaise. — Mâles. — 1'° Section. Animaux de I à 2 ans. 1"' prix,
M. Etienne Lafargue, à Miiab.-l (Tarn-et-Garonne) ; 2°, M. Jean Lescure. à Corbarrieu (Tarn-et-
Garonne). — 2° Section. Animaux de 2 à 3 ans. l"prix, M. Klienne Lafargue; 2°, M. Jean Jar-
jeau, à Saint- Pantaléon (Lot). — Femelles. — l'° Section. Génisses de 1 à2 ans. ]"" prix, M. Etienne
Lafatgne; 2°, M. Emile Bouyer, à Beyssao (Corrèze). — 2° Section. Génisses de 2 à 3 ans, pleines
ou a lait. l'"'prix, M. Libéral Imbert, au repaire Vigeois (Corrèze); 2°, M. Etienne Lafargue. —
'i' Section. Vaches de plus de 3 ans, pleines ou à Jait. 1" prix, M. Louis Raynal, àMirabel (Taru-
et-Garonne) ; 2% .M. Jean Lescure. ^
5' Catégorie. — Race limousine. — Mâles. — 1" Section. Animaux de 1 à 2 ans. 1" prix,
M. Léonard Gayraud, ■■> Saint-Priest-Palus (Creuse); 2"'. M. Paul des Places, à Meilliards (Corrèze) ;
3"', M. Louis-Martial Bach, à Naves (Corrèze). Prix supplémentaire, M. Emile Bouyer. —
2° Section Animaux de 2 à 3 ans. 1"" prix, M. Charles de Léobardy, à Saint-Priest-Palus
(Creuse); 2'', M. Belhic, à Montauban (Tarn-et-Garonne). — Prix supplémentaire, M. L.-M. Bach.
— Femelles. — 1" Section. Génisses de 1 à 2 ans. l"' prix. M. P. des Places ; 2', M. L.-M. Bach.
— T Section. Génisses de 2 à 3 ans, pleines ou à lait. I" prix, M. des l^laces ; 2», M. Camille
de Meynard, à Saint-Bounet-Avalouze (Corrèze). — i' Section. Vaches de plus de 3 ans, pleines
ou à lait. !'■' prix, M. Paul des Places; 2°, M. de Meynard ; 3°, M. Jean Belluc ; 4", M. L.-M. Bach.
6" Catégorie. — Race marchoise. — Mâles. — l" Section, Animaux de 1 à 2 ans. 1"' prix,
M. Aristide Nadaud, à Uiin le Pelleteau (Creuse) ; 2'', M. Victor Bastier, à la Souterraine (Creuse).
Prix supplémentaire, M. Jean Kaphauau. à Sainte-Feyre (Creuse). — 2° Section. Animaux
de 2 à 3 ans. 1" prix. M. A. Nadaud ; 2" prix et mention très honorable, M. Victor Bastie . —
Femelles. — 1" Section. Génisses de 1 à 2 ans. l"' prix. M. Aristide Nadiud ; 2", M. Victorr Bas-
tier. — 2° Section. Génisses de 2 à 3 ans, pleines ou à lait. 1" prix et rappel de 2% M Aris-
tide Nadauil ; rappel de 3", M. Victor Bastier.
"" Catégorie. — Races françaises diverses, pures ou croisées entre elles. — Mâles. — 1™ Sec-
tion. Animaux de 1 à 2 ans 2° prix, M. F-îmand de Barrau , à Aunac (Aveyron). Prix supplé-
mentaire, i\I. Libéral Imbert. — 2° Section. Animaux de 2 à 4 ans. 2° [irix, M. des Places. Prix
supplémentaire, M. Fcrnand de Barrau. —Femelles. — 1™ Section. Génisses de I à 2 ans. 1" prix,
M. Emile Bouyer : 2% M Théophile Angles, à Druelle (Aveyron). — 2° Section. Génisses de
2 à 3 ans, pleines ou à lait, l" prix, M. Libéral imbert; .y, M. Jean Belluc. — 3' Section. Vaches
de plus de 3 ans, pleines ou à lait. 1" prix. M. L. M. Bach ; 2°, M. Jean Belluc; 3", M. de Bar-
rau. Prix supplémentaire, M. Jules Cormouls-Houlès.
8° Catégorie. — Haces étrangères pures et croisements divers autres que ceux de la 7° catégorie.
— Mâles. — ]" Section. Animaux de 1 à 2 ans. 1" prix, M. G. de Bonald ; 2", M. Sylvestre
Pitot, à Montpellier (Hérault). Mention honorable. M. Albert de Barrau. à Salmiech (Aveyron). —
i' Section. Animaux de 2 à 3 ans. 1" prix, M. Guillaume Bajau , à Toulouse (Haute-Garonne) ;
2=, Mlle de Gauban du Mont, à Lézat (Ariège). Prix supplémentaire, M. Sylvestre Pitot. —
Femelles — l" Section. Génisses de I à 2 ans. l" prix, M. Laurent Delsol, à Montpellier
(Hérault);! 2", Mlle Gauban du Mont. Prix supplémentaire, M. Numa Rives. — 2' Section.
Génisses de 2 à 3 ans, pleiaes ou à lait, l" prix, M. Auguste Massé, A Germigny (Cher);
2% M. Pitot; 3°, M. Jules Cormouls-Houlès. — 3" Section. Vaches de plus de 3 ans, pleines ou ,
à lait. 1" prix. M. G. Bajau; 2', M. A. Massé; 3°, M. S. Pitot. Prix supplémentaire,
M. L. Imbert. Mention honorable, M. Antoine Richard, à Montpellier (Hérault).
Prix d'ensemble, \" catégorie, race d'Aubrac, un objet d'art, MM. Galtayries et Scudier. —
Autres catégories : un objet d'art, M. Nadaud, pour ses animaux de race marchoise.
CONCOURS RÉGIONAL l'E RODEZ. 17
Bandes de x-achcs laitières (en lait). — I" prix. M. Jean Ramond, vaches de .'îalers ; î", M. Cou-
derc, vaclies de Salers ; M. Denayrouze, vaches d'Aiibrac.
Espèce ovine.
1" Catégorie. — Race du Larzac. — M.Ues. 1" prix. M. François Thiers, à Calmels et le
Viala (Aveyron) ; 2», M. Zéphirin Bertrand, à Loubière (A veyron). Mention honorable, M. Ttiiers. —
Femelles. — 1" et 2° prix, M. Thiers.
2" Catégorie. — Races des causses de l'Aveyron et du Ségala. — Mâles. 1" prix. M. Pierre
Souliê, à Luc (Aveyron) ; 2°, M. Françoi* Albouy, à Comps-Lagrandville (Aveyron). Prix supplé-
mentaire, M. Galtayries. Mention honorable, M. Auguste Soulié, à Olemps (Aveyron). — Femelles.
1" prix, M. Auguste .Soulié ; 2", M. Pierre Soulié. Prix supplémentaire, M. Emile Blanc, à Klavin
(Aveyron). Mention honorable, M. Antoine Costes.
3" Catégorie. — Race de la Montagne-Noire. — Mâles. 1" prix, M. Louis Bouzac, à Saint-
Amans-Soult (Tarn) ; 2°, M. Numa Rives. — Femelles. 1" prix. M. Numa Rives; 2". M. Louis
Bouzac.
. 4" Catégorie. — Race des causses du Lot. — Mâles, l" prix, M. C. de Verninac; 2", M. Ray-
mond Lafon, à Carcenac (Lot) ; 3°. M. Jean Chaumeuil, à Betaille (Lot). — Femelles. 1" prix,
M. Raymond Lafon ; 2% M. de Verninac ; 3% M. Pierre Gilel, à Turenne.
5° Catégorie. — Brebis laitières. 1" prix, M. Antoine Costes; 2", M. J. Bertrand, à Rodez
(Aveyon); 3", M. Pierre Pouget, à Flavin (Aveyron).
6" Catégorie. — Races françaises diverses. — Mâles. 1" prix, M. Maurice Avy, à La Bastide-
Saint-Pierre (Tarn-et-Garonne) ; V, M . Jean Lescure ; 3°, M. Aristide Nadaud. — Femelles.
l" prix, M. Jean Lescure; 2% M. Aristide Nadaud.
7° Catégorie. — Races étrangères diverses. — Mâles, l" prix. M. Auguste Massé; 2', M. G. de
Bonald- Mention honorable, M. Charles de Léobardy. — Femelles. 1" prix, M. Auguste Massé;
2% M. G. de Boi:ald.
8" Catégorie. — Croisements divers. Mâles. 1" prix, M. Pierre Pouget ; 2°, M. Zép. Bertrand.
Mentions honorables, MM. François Thiers; Eugène d'Humières , à Arpajon (Cantal). —
Femelles. l"prix, M. Galtayries; 2», M. Antoine Costes.
Prix d'ensemble, un objet d'art, M. Thiers. pour ses animaux de la race du Larzac.
Espèce porcine.
1" Catégorie . — Races indigènes pures ou croisées entre elles. — Mâles. 1" prix, M. Jean-
Baptiste Chincholle, à Ouins (Aveyron) ; 2', M Eugène Calvet,à Moyrazès (Aveyroi;). — Femelle.
l" prix, M. Pierre Pouget; 2°, M. Chincholle. — Prix supplémentaire, M. de Barrau.
2" Catégorie. — Races étrangères pures ou croisées entre elles. — Mâles. 1" prix,
M. Georges de Bonald; 2", M. Georges de Bonald; 3°, M. Edmond Bouscary , à Montpellie.
(Hérault) ; 4% M. Paul des Places. — Femelles. 1" prix, M. Georges de Bonald ; 2% M. Georges
de Bouald ; 3% M. Edmond Bouscary; 4°, Mlle de Gauban du Mont. Mention honorable.
M. Georges de Bonald.
3° Catégorie. — Croisements divers entre races étrangères et races françaises. — Mâles.
l"prix, M. Georges de Bonald; 2', M. Gravier, à Flavin (Aveyron). — Femelles. 1" prix,
M. Georges de Bonald.
Prix d'ensemble à décerner au meilleur lot d'animaux d'espèce porcine. — Pas de concurrents.
Animaux de basse-cour
1'° Catégorie. — Coqs et poules. — 1'° Section. Race de Caussade. 1" prix, M. Fernand
d'Humières, à Arpajon (Cantal); 2% M. J. Cassan aîné, à Aurillac (Cantal); 3°, M. Georges
de Bonald. — 2" Section. — Races françaises diverses. 1" prix, M. Georges de Bonald; 2",
M. Jules Vors. à la Loubière (Aveyron) ; 3", M. Cassan aîné. .Mention honorable, ,M. d'Humières.
— 2° Section. Races étrangères diverses. 1" prix, M. Cassan aine; 2", M. Georges de Bonal).
Mentions honorables, M.M. F. d'Humières ; Cassan aîné. 4" Section. — Croisements divers.
l" prix, M. Jules Vors ; 2", M. Cassan.
2' Catégorie. — Dindons, l" prix, M. A. Rozier, à Rodez; 2", M. F. d'Humières.
3* Catégorie. — nies. 1" prix, M. F. d'Humières; 2°, M. Cassan aîné; 3', M. Cassan aîné.
4" Catégorie. — Canards. 1" prix, M. Georges de Bonald; 2', M. F. d'Humières ; 3",
M. d'Humières. Mention honorable, M. Georges de Bonald.
5' Catégorie. — Pintades, l"' prix, M. d'Humières; 2», M. d'Humières.
6" Catétforie. — Pigeons. 1" prix, M. d'Humières ; 2'', .M. Georges de Bonald; 3", M. Cas-
san aîné.
7" Catégorie. — Lapons et léporides. 1" prix, M. Georges de Bonald; 2", M. d'Humières.
Mention honorable, M. le directeur de l'asile des alliénés à Rodez.
Priv d'ensemble, un objet d'art, M. d'Humières, pour i'ensemble de son exposition.
Serriteurs primés employés chez les lauréats et récompensés pour les bons soins donnés aux
animaux primés. — Médailles d'argent, .MM. Jean Garrigoux. vacher chez M. Ramond ; Couzinié,
vacher chez M. Numa Rives; Jean Tixier, vacher chez M. Nadaud; Auguste Salés, vacher chez
MM. Galtayries-Scudier ; Jean. Lacorre, vacher chez M. des Places. — Médailles de bronze,
Mlle Anice-Bailac, femme de basse-cour chez M. d'Humières; Pierre Désyacques. vacher chez
M. de Léobardy; Isidore Latapie, vacher chez M. Bajau ; François Lachaud, vacher chez M. Libé-
ral Imbert; Petitjean, vacher chez M. Massé; Gabriel Chabert, vacher chez M. Cormouls-Houlés ;
Lougueyrou, vacher chez M. Lafargue; Viguier, vacher chez M- de Bonald ; Léonard Madelmond,
vacher chez M. Bach; Pigrre Petitpied, vacher chez M. Emile Booyer.
Kfîcompen.ves aux. conducteurs de machines, contremaîtres et ouvriers des constructeurs d'in-
struments agricoles. — Médailles d' argent , MM. Louis Foucrès, méc.inicien chez M. Piltcr, à Paris;
Arthur Garnier, ouvrier chez M. H. Mot, à Paris; Boudet, contremaître chez M. Merlin, à Vier-
zon. — Médailles de bronze, MM. Maurival, coniremaître chez M. .Sauzay, à Autun ; Ledoux,
mécanicien chez M. Brouhot, à Vierzon ; Guillaume Clève, chez M. Borie-Chanal, à Toulouse;
Touzeau, chez M. Maréchaux, à Montmorillon ; Chariot, ouvrier chez M. Hidien à Châteauroux ;
Saget, ouvrier chez M. Breloux, à Nevers. — 30 fr., M. Euzèbe Michaut, ouvrier chez M. Heaume,
à boulogne-sur-Seine ; Nicolas Moine, coniremaître chez M. Plissonnier, à Lyon ; Blandin, ouvrier
chez M. Cuniming, à Orléans; Auguste Beau, conducteur chez M. Pilter, à Paris; Potier, contre-
maître à la Société française du matériel agricole de Vierzon; Jules Chaput, contremaître chez
M. Pécard, à Nevers.
18 CONCOURS RÉGIONAL DE RODEZ.
Produits agricoles et matières utiles à l'agriculture. — Concours spéciaux.
1" Catégorie. — Vins. — l" Sims-Calégorie. Vins routes de l'Aveyron. 1" prix, M. Joseph
Viargues, à Roiisz ; 2'', M. Hyacinthe Ga-dès, à Peyreleau (Aveyron) ; 3*, M. Henri Piialip, à
Maleville (Aveyron) ; 4% M. Auguste Higonnet, à Balsac (Aveyron) ; 5', M. Joseph Randon , à Mon-
tézic (Aveyron); 6°. M. Bonavenlure Lunet, à Rodez. — 2' Sous- Catégorie. Vins rouges du
Tarn-et-Garonne, l"prix, Mme VveCatellan, à Puy gaillard (Taru-et-Garonne). — :i' Sous-Catégorie.
Vins rouges du Tarn. 1" prix, M. Marcellin Dupny, à Albi (Tarn) ; 2», M. Jean-Louis Cros, à
GraulhetÏTani); 3M«. Sérafhin Rolland, à Albi (Tarn).
5° Catégorie. — Ex[)ositions scolaires. — 1" Section. Matériel d'enseignement agricole.
l"prix, ji. Léon Duru, à Bordeaux (Gironde). — 2" Section. Travaux spéciaux et objets d'en-
seignement agricole présentés par les professeurs, les instituteurs et les élèves des écoles pri-
maires, l" prix, M. l'Inspecteur d'académie au nom des instituteurs et des professeurs de
l'Aïevron.
7° Catégorie. — Produits divers non compris dans les catégories précédentes. — Médailles d'or,
MM. Cassan aîné, à Aurillac, pour l'ensemble de son exposition; de Bonald, pour l'ensemble de
son exposition ; Adolptie de Pastorel, à Rivière (Aveyron), pour ses cocons ; Charles de Verninac,
à Croze, commune de Sarrazac (Lot), pour ses céréales ; Société anonyme de la grande distillerie
à Toulouse (Haute-Garonne) , pour ses liqueurs; Kernand d'Humières, à Ariiajon (Cantal), pour
son exposition d'œufs. — Médaille d'argent (grajid module), M. de Verninac, pour ses vins
rouges du Lot. — Médailles d'argent, MM. Eugène Celles, à Rodez, pour son cidre; Justin Four-
nialis, à Canet. pour ses rutabagas et son froment ; Sylvain Galzin, à Gissac, pour ses blés et four-
rages; Léon Lescure à Saint-Santin (Aveyron), pour ses blés ; Joseph Moynier, à Montpellier
(Hérault), pour l'ensemble de son exposition; A. Rozier. à Rodez (Aveyron), pour ses asperges;
Pierre Audouy, à Varen (Tarn et-Garonne), pour ses betteraves fouvragères ; Jean Jullian, à Vil-
leneuve-les-Maguelonne (Hérault), pour son vin de Jacjuez; Frédéric Mugnier, à Dijon (Côte-
d'Or), pour son cassis ; Roquelaure, à Rodez, pour ses farines ; Biney frères, à Rodez, pour leurs
conserves. — médailles de bronze, MM. Joseph Desmazes, à Rodez, pour ses betteraves; Pierre
Guillon, à Rodi'Z, pour ses fraisiers ; Pierre Soulié, à Luc (Aveyron), pour sf-s betteraves four-
ragères; Louis Barbe, à GaïUac (Tarn), pour son vinaigre devin blanc ; Emile Blanc, à Flavin
(Aveyron), pour sa laine; Louis Bouzac, à Saint-Amans-Soult (Aveyron), pour ses toisons; Joseph
Viargues, à Rodez, pour ses pommes; Adrien Dan, à Dangy (Manche), pour son cidre ; Seguin et Cie,
à Mende (Lozère), pour leur liqueur ; Casimir IJasso, à Nice (Alpes-Maritimes), pour ses
huiles.
Concours spécia 1 de laiterie.
1" CLASSE. — Produits du lait. — 1" Catégorie. — Beurres. — l"' Sous-Catégorie. Beurres
frais, l" prix, M. Antoine Costes, à Onet-le-Château (Aveyron); 2' Al. Justin Fournialis, à
Canet (Aveyron). — 2° Sous-Catégorie. Beurres de conserve, l" prix, M. Costes; 2'. MM. Fraisse
et Didaret, à Rodez. — 3' Sous-Calégorie. Beurres de petit lait, l"' prix, M. Fournialis;
2', M. Sylvain Galzin, à Gissac (Aveyron), 3", M. Joseph Bonal, à Saint-Chély-d'Aubrac
(Aveyron).
2" Catégorie. — Fromages. — l" Sous-Catégorie. Fromages du Cantal et de Laguiole (dits
de printemps). T" prix, M. Bonal; 2', MM. Fraisse et Didaret; 3°, M. Adrien Gros, à Saint-
Chély (Aveyron). Mention honorable, M. V. Mazencq fils, à Rodez; — 2° Sous-Catégorie. Fro-
mages de montiigne de l'année précédente. 1"' prix, MM. Fraisse et Didaret; 2% M. Bonal;
3", M. Gros. — 3" Sous-Catégorie. Fiomages d'hiver à pâle molle et affinée. Absence de concur-
rents. — V Soui-Categorie. Fromages de brebis (Roquefort). 1" prix. Société anonyme civile de
Roquefort; 2°, M. Galzin ; 3% M. Antoine Coste. Mention très honorable, M. Adolphe de Pastorel,
à Rivière (Aveyron) . Mentions honorables, MM. Joseph Blanc, au Pont-de-Salars (Aveyron);
Antoine Mabru, à Polminhac (Cantal). — 5" Sous-Catégorie. Fromages de lait de chèvre. Pas
de concurrents.
■2« CLASSE. — Matériel de laiterie. — P" Catégorie. Types d'installation de laiteries, fromage-
ries, burons ou fromageries du Rouergue. Pas de concurrents.
2' Catégorie. — Machines et appareils pour le transport du lait. 2° prix, M. Pilter, à Paris ;
3», M François Alazad, à Saint-Chély-d'Aubrac (Aveyron).
3° Catégorie. — Appareils propres à refroidir le lait, l" pjix, M. Pilter.
¥ Catégorie. — Barattes ou appareils propres à séparer le beurre du lait ou de la crème.
1" Sous-Catégorie. Barattes à bras. 1" prix, MM. Mure frères, à Lyon (Rhône). — 2" Sous-Caté-
gorie. Barattes à manège ou mues par machines à vapeur. l°'prix, M. Pilter. — 3° Sous-Calégorie.
Crémeuses mécaniques. l"prix, M. Piller.
.'S'' Catégorie. — Appareils pour le délaitement, le pétrissage du beurre. 1"" Sous-Catégorie.
Malaxeurs, p' prix, M. Pilter. — 2^ Soiis-Catégorie. Àppureih divers. 1°' prix, M. Casimir Cou-
goule, à Rodez ; Auguste Galtier, à Saint-Georges de Luz (Aveyron) ; 3°, M. Louis Roques, à Rodez,
fi' Catégorie. — Presses à fromages, l" prix, M. Louis Roques; 2'', M. Pilter, 3', M. Alazad.
7° Catégorie. — Vases pour la conservation, la vente du lait et de ses produits, 1" prix,
M.Georges de Bonald; 2», M. Pilter; 3% M Alazad.
8° Catégorie. — Vases et ustensiles divers non compris dans la classe ci-dessus. 1" prix,
M.Georges de Bonald; 2", M. Pilter ; 3% M. Alazad.
9" Catégorie. — Instruments scientifiques à l'usage des laiteries et fromageries. 2° prix,
M. Pilter.
10° Catégorie. — Modèles, figures, plans, livres, etc. Pas de concurrents.
11" Catégorie — Matières colorantes du beurre et du fromage, présures, sels, etc. Médailles
d'argent, MlM. Joseph Fabre, à Aubervilliers (Seine), pour sa présure concentrée; Louis BoU, à
Paris, pour sa présure et sa matière colorante.
Le concours hippique comptait environ 75 animaux, dont la plupart étaient des
pouliches et des juments de demi-sang. Ainsi quiil .-irrive toujours, il y a, dans
ces catégories, de fort beaux individus, à cùté d'un plus'grand nombre qui ne pré-
sentent que des caractères assez médiocres. Mais il y avait quelques très beaux
spécimens de la race anglo-arabe, venant de la Gorrfeze et du Cantal ; l'influence du
CONCOURS RÉGIONAL ÛE RODEZ. 19
haras de Pompadour se manifeste ici, quoiqu'on eût pu espérer une démonstration
pluscoinplète de l'action quecet établissementexerce dans cette région, plus spécia-
lement propre à donner des chevaux d'allures vives, mais solides, aussi
bien pour le service agricole que pour ceux de l'armée. Le prix d'honneur du
concours a été décoriié à une jument anglo-arabe, âgiio de 4 ans, appartenant à
M. le comte de Vineneuve,à Castres (Tarn). Aucune catégorie n'avait été ouverte
pour les chevaux de trait, tandis que vingt prix avaient été réservés aux juments
et aux pouliches de demi-sang ; il y a là a;it! anomalie contre laquelle on ne doit
pas cesser de protesier, tant qu'elle subsistera. — Il faut aussi regretter que
l'administration des haras ait refusé de créer des catégories spéciales pour les
races asine etmulassièrequi sont l'objet d'une production importante et très lucra-
tive dans le pays. Henry Sagnier
LE TRÈFLE VIOLET D'AMERIQUE
Par suite des circonstances météorologiques défavorables de Tau-
tomne, la récolte de graines de trèfle violet de 1882 a été particuliè-
rement mauvaise en Europe, et beaucoup de graines de trèfle ont été
importées d'Amérique pour les semis de printemps de 1883. La
.France en a reçu une part d'autant plus considérable que les cultiva-
teurs français, moins bien informés, ont accepté cette graine à des
cours élevés, sensiblement les mêmes que ceux du trèfle d'Europe.
Ceci n"a pas lieu chez toutes les autres nations.
Deux fois déjà, il y a quelques années, il m'est arrivé de semer du
trèfle d'Amérique. Ces trèfles, très beaux la première année, au point
de diminuer le rendement de la plante protectrice, disparaissaient en
partie pendant l'hiver et même au printemps ; les feuilles rougissaient
etjaunissaient, la souche pourrissait et la récolte était peu considérable.
En 1883, j'ai fait semer, sans le savoir, quelque peu de trètle d'Amé-
rique. L'hiver ayant été exceptionnellement doux, je n'ai pas constaté
de disparition de plants de trèfle, mais la première coupe a été bien
moins élevée que celle du trèfle d'Europe dans les mêmes conditions.
Le trèfle d'Amérique a moins tallé, s'est moins ramifié : la plante est
plus ligneuse, moins feuillue ; elle paraît d'ailleurs assez impression-
nable, et les végétations cryptogamiques l'envahissent facilement sur
pied.
Ces défauts du trèfle d'Amérique ont été déjà reconnus depuis long-
temps. En Allemagne, sa graine se vend bien moins cher que celle du
trèlle d'Europe. j\o66e s'est fait plusieurs fois l'écho des plaintes des
cultivateurs saxons. P. Nielsen a fait de nombreuses expériences dans
de bons sols sur le trèfle d'Europe et le trèfle d'Amérique : ce dernier
a toujours présenté une récolte moins élevée. En Danemark, Sainsoe
Lund a fait des expériences comparatives sur le degré de résistance des
deux trèfles, et a trouvé le trèfle d'Amérique trois ibis plus impression-
nable que le trèfle d'Europe dans l'hiver rude de 1878-1879.
Il y a quelques années, on reconnaissait assez facilement la graine
de trèfle d'Amérique à certaines graines de plantes qui sont parti-
culières à ce pays, -par exemple : Ambrosia artemisiœfolia L. et
acanthocarpa, Plan'ago major L., var. americana, dont la graine est
généralement contournée en carène. Les graines renferment encore
généraletnent beaucoup de graines cassées, mais les souillures devien-
nent plus rares, et il n'est pas toujours possible de les différencier
de celles du trèfle d'Europe.
Il n'en est plus de même de la planle. Ici la distinction est facile.
20 I.E TlîKFLE VIOLET DAMÉRtQUE.
Le trèfle d'Amériqae est couvert de poils étalés, apparents surtout sur
les tiges jeunes et les parties les moins anciennes, alors que le trèfle
d'Europa ne présente dans les même conditions qu'un très petit nom-
bre de poils applirjuéit. Les tiges de l'une des plantes sont poilues ;
celles de l'autre semblent nues. La face inférieure de la feuille du trèfle
d'Amérique est fortement velue, comme hérissée; sa face supérieure
l'est très peu, et encore les poils qui s'y trouvent sont-ils étalés. Chez
le trèfle d'Europe, les deux parties inférieure et supérieure de la feuille
sont également faiblement recouvertes de poils appliqués. Roblin.
LES MOULINS A VENT AGRICOLES
L'ori2;ine des moulins à vents est assez incertaine: on les croit
inventés en Asie, et rapportés dans nos pays à la suite des croisades.
Fis. 1-
• Moulin à vent dit VEclipse, vu de face.
Ils ont été employés déjà en Bohême vers 718, et certainement l'idée
d'appliquer la force motrice du vent remonte à la plus haute anti-
quité. De nos jours ces moteurs sont surtout employés à la mouture
des grains, et chacun connaît les moulins à vent. Mais ils ont été
LES MOULINS A VENT AGRICOLES. 21
plus rarement appliqués à l'élévation des eaux, soit pour l'agricullure,
soit pour l'agrément des propriétés rurales, (l'est que, outre la néees-
sité d'en bien calculer les proportions pour l'elTet qu'on veut en
obtenir, il faut surtout en disposer le mécanisme pour qne ces moteurs
Fig. 2. — Moulin à vent dit VEclipse s'orientant sous l'action d'un vent violent.
ne soient pas sujets à se briser sous l'influence des grands vents et
des bourrasques brusques, et que cependant ils puissent produire un
effet utile même par un vent faible. On conçoit que leur action, par la
pompe qu'ils doivent faire mouvoir, est moins active par un vent faible;
mais, cependant il faut qu'elle soit encore suflîsante pour que celle-ci
donne un rendement utile. Or jusqu'à présent nous avons vu de nom-
22 LES MOULINS A VENT AGRICOLES.
breuses tentatives ingénieuses pour obtenir un résultat pratique, et
nos lecteurs se souviennent sans doute d avoir observé, dans les expo-
sitions agricoles ou autres, divers appareils qui résolvaient plus ou
moins le problème. Parmi les différents types qui se sont produit, ils
ont sans doute remarqué le moulin dit ï Eclipse que re[)résentent en
détail les figures 1 et ?.. Ce moteur a le mérite de fonctionner d'une
façon régulière, et de ne pas craindre les coups de vent qui pourraient
briser l'appareil, grâce à une ingénieuse disposition du mécanisme
qui lui permet de s'orienter automatiquement, et de s'effacer instan-
tanément s'il se produit tout à coup une vitesse anormale dans le cou-
rant d'air où il se trouve placé.
Une sorte de gouvernail, placé à l'arrière de la roue motrice, force
celle-ci à se présenter toujours dans le plan de la direction du vent,
tel faible il soit. Un autre gouvernail, plus petit, agit dans les bour-
rasques pour faire effacer immédiatement la grande roue motrice qui
reprend non moins immédiatement sa position normale, aussitôt la
bourrasque passée.
Cette disposition permet de présenter toujours au vent la plus grande
surface possible, et par conséquent d'obtenir le plus grand effet utile.
La mobilité de la roue motrice autour de l'axe vertical lui facilite de
s'effacer comme le montre la figure 2, lorsque le vent tourne en
tempête. Il est évident que ce genre de moteur ne peut élever de
grandes quantités d'eau à la fois; mais son action étant continue, jour
et nuit, on conçoit que la quantité d'eau élevée peut, en somme, être
assez considérable.
Un de nos bons constructeurs, M. Beaume, s'est chargé de propager
en France cet ingénieux moteur, qui est d'origine américaine, et
après quelques perfectionnements, il en a fait un instrument sérieuse-
ment applicable, soit, aux besoins de l'agriculteur, soit à l'embellis-
sement des parcs et jardins, où sa disposition sur une tourelle plus
ou moins élégante peut, en même temps que son but utile, servir à
l'ornementation d'une propriété. M. Beaume (66, route de la Reine,
Boulogne, Seine), l'habile constructeur de ce moulin à vent, en a déjà
établi de nombreux spécimens, soit sur un simple mât pour les fermes,
soit sur de gracieuses tourelles dans divers parcs, et partout où
ces moteurs ont été appliqués, leur rendement a donné les plus satis-
faisants résultats. Les nombreux succès de M. Beaume dans les con-
.cours ou dans les expositions françaises et étrangères sont venus
constater d'une façon incontestable la valeur pratique du moteur à
vent dit l'Eclipsé. Charpentier.
SERVITUDES RÉELLES: PONDS ENCLAVÉS •
La loi du 20 août 1881, modifiant l'art. 682 du Code civil, n'a fait
que consacrer une jurisprudence constante. L'ancien texte ne donnait
le droit de passage sur les fonds voisins qu'aux propriétaires dont les
fonds étaient enclavés et qui n'avaient aucune issue sur la voie publique.
Le législateur de 1881 a élargi cette disposition : ce ne sont plus seu-
lement les fonds qui n'ont aucune issue sur la voie publique qui
peuvent désormais bénéficier d'un droit de passage sur les héritages
voisins, mais même ceux qui n'ont qu'une issue insuffisante pour leur
exploitation soit agricole, soit industrielle, toujours à la condition pour
SERVITUDES RKELLES ; FONDS ENCLAVÉS. 23
le propriétaire enclavé de payer une indemnité proportionnée au dom-
mage qu'il peut occasionner.
Même sous l'empire de l'ancienne rédaction d*? l'art. 682 du Code
civil, il a été maintes fois jugé que l'on doit considérer comme enclavé
le fonds qui n'a pas une issue suffisante pour son exploitation (Cour
de cass., 14 mai 1879).
Une question plus délicate, qui n'était pas expressément prévue par
la loi, sest posée : Devait-on considérer comme enclavé le fonds qui
a issue sur une rivière ou sur un cours d'eau? La jurisprudence, se
conformant à l'esprit de la loi, avait établi la distinction suivante : On
ne peut considérer comme enclavé l'héritage qui a issue sur une
rivière, si ce fonds peut être exploité par bacs et bateaux sans difficultés
ni dépenses excessives (Cour de Paris, 17 juin 1873). Au contraire, il
y a enclave, bien que le terrain ait issue sur une rivière, si le pasï^age
sur cette rivière présente des dangers tels que l'issue soit en réalité
impraticable (Gourde cass., 31 juillet 1844).
Avec la modification introduite par la loi du 20 août 1881, cette dis-
tinction devient conforme, non seulement à l'esprit, mais au texte
même de la loi. Le piincipe est posé; la question de droit est tranchée.
11 n'y a plus pour les tribunaux qu'une question de fait à résoudre :
Le cours d'eau constitue-t-ii une issue suffisante pour l'exploitation des
fonds? Car ce n'est pas pour la commodité des personnes, mais seule-
ment pour le service du fonds que le législateur permet de porter
atteinte aux droits de propriété d'un tiers. Cette doctrine a été formel-
lement consacrée par un arrêt de la Cour de Paris du 20 mars 1884.
Eug. POCILLET,
Avocat à la Cour de 'Paris.
LA PISCICULTURE DANS LE LIMOUSIN EN 1884.
Malgré les découvertes des savants, malgré l'exemple donné par les
pays voisins, malgré l'impérieuse nécessité de produire et les résultats
si concluants obtenus à Huningue et par M. Coste au Collège de
France, la pisciculture n'a pas pris en France tout le développement
qu'on était en droit d'attendre. Nous pouvons nous flatter d'avoir été
les premiers à enseigner la pisciculture, mais nous nous sommes laissés
devancer. L'instruction pratique manquait. La pisciculture est une
science dont les éléments s'apprennent facilement; mais un traité de
pisciculture ne peut remplacer le manque absolu de pratique. L'en-
seignement pratique pour tous et à la portée de tous, l'enseignement
pour les cultivateurs possesseurs des eaux, qui peuvent les cultiver
comme ils cultivent leurs champs, faisait défaut. La loi du 25 juillet
1875 a comblé la lacune.
M. Chabot-Karlen a été chargé de l'organisation de cet enseigne-
ment. Grande et difficile était l'entreprise, grande et persévérante
devait être l'énergie de l'organisateur, car là comme ailleurs il y a eu
de nombreuses difficultés à surmonter. Le pisciculteur n'a pas failli,
et de sérieux résultats couronnent ses efforts, Il a organisé l'ensei-
gnement théorique et pratique, il a formé des pisciculteurs, il a obtenu
des poissons. A Chavaignac, il a été vivement secondé en cette circon-
stance par M. le directeur de la ferme-école, toujours dévoué aux inté-
rêts du pays et à l'instruction de ses élèves.
Par l'abondance et la qualité de ses eaux, la ferme-école de Chavai-
24 LA PISCICULTURE EN LIMOUSIN.
gnac se prête nalurellement à l'enseignement piscicole. Le Limousin
étant une des contrées qui offrent le plus de facilités naturelles à
la production du poisson, les élèves de la ferme-école continueront
chez eux l'œuvre du repeuplement.
Chavaignac possède de nombreuses sources et un grand nombre de
ruisseaux affluents de la Vienne. Les étani^s soat également nombreux.
La pisciculture comprend par le fait la production des salmonés et des
cyprins, truite et carpe.
Nos premiers essais de fécondation et d'incubation artificielles ont
eu lieu en novembre 1883. Quoique faits sur une petite échelle (notre
installation n'étant pas complètement terminée), ces essais ont donné
des résultats remarquables et très concluants.
Aux yeux des ignorants, tout ce qui est nouveau, tout ce qui déroge
de la routine est toujours taxé d'insensé; aussi nos voisins suivaient-
ils les opérations d'un œil attentif et incrédule.
Les salmonés, beaucoup plus délicats que les cyprins, supportent
plus difficilement les déplacements; aussi doit-on prendre de grandes
précautions toutes les fois qu'il s'agit de les transporter. Ils ne doi-
vent jamais quitter l'eau. Les ruisseaux de Cnavaignac se rendant
directement dans la rivière où avait lieu la pèche, nous offraient des
voies naturelles de transport qui ont été utilisées. A cet effet, des
caisses rectangulaires ont été construites, percées de trous à chacune
des extrémités pour que l'eau établisse un courant à l'intérieur. Les
truites, n'ayant pas ainsi quitté le milieu dans lequel elles vivent na-
turellement, sont arrivées jusqu'au bassin dans les meilleures condi-
tions. Ce bassin doit présenter des dispositions particulières en ce qui
concerne les truites. La nature de l'eau et sa température doivent se
rapprocher autant que possible des conditions naturelles. La source
qui l'alimente doit être assez forte pour donner lieu à un renouvelle-
ment d'eau assez considérable. Il est préférable qu'elle arrive dans le
bassin au moyen d'un courant intérieur plutôt que par la surface.
Les différentes opérations de fécondation et d'incubation ont eu lieu
en présence des élèves et de nombreux voisins à deux époques diffé-
rentes : le 9 et le 21 novembre. La première opération a été faite
par M. Chabot-Karlen, dont la eompétence en pratique piscicole a
donné un enseignement précieux pour tout le monde et nous a permis
de pratiquer la seconde opération avec succès, le tour de mains une
fois connu.
Cinq mille œufs environ ont été fécondés et mis en incubation dans
des rigoles Coste. Les démonstrations pratiques ont été faites dans le
laboratoire pendant l'incubation, La perte pendant cette période n'a
pas dépassé 3 pour 100.
A la fin de janvier l'éclosion était terminée et les alevins déposés
dans de grandes rigoles abondamment alimentées d'eau jusqu'à la
résorption de la vésicule ombilicale. Pendant ce temps qui a duré
environ deux mois, les jeunes alevins ne réclament pour tous soins
qu'une surveillance active. Les morts doivent être immédiatement
enlevés. La perle pendant cette période a été de 6 pour 100.
Aux 4,500 alevins produits à Chavaignac viennent s'ajouter ceux
provenantde3,000œufsdeM. Rivoiron, pisciculteuràServagette (Isère),
envoyés par le ministre de l'agriculture, tentative d'acclimatation d'une
précieuse variété qui a déjà parfaitement réussi dans la partie extrême
LA FISC ICULIUUË EN LIMOUSIN. 25
(Ju bassin de la Haute -Vienne aux environs de Saint-Léonard, par
exemple, avec des œufs provenant de l'exposition de 1878. Pendant
l'incubation quia duré quelques jours seulement, ils ont donné lieu à
une pîrte de 4 pour 100. La perle pour les alevins a été de 8 pour
100. La cause de ce résultat moins satisfaisant que pour les œufs de
Chavaignac doit être attribuée au voyage, car de grandes précautions
ont été prises pour la mise en incubation. Au déballage les œufs accu-
saient une température de -|-5 degrés, tandis que celle de nos eaux
était de -}- 11 degrés. Au moyen de fréquents arrosages avec l'eau du
laboratoire, leur température a été doucement élevée jusqu'à 10 degrés.
La dissémination a eu lieu en mars. Les jeunes truites, au nombre
de 7,000 (4,500 de Cliavaignac et 2,500 de M. Rivoironj, ont été
déposées dans un ruisseau, sur une frayère spécialement construite
pour elles, et qui leur servira de demeure pendant quelque temps.
Plus de deux mois après la m^se à l'eau, les jeunes poissons s'aperce-
vaient en nombre autour de leur frayère dans laquelle ils se précipi-
taient au moindre bruit.
Tels ont été les résultats de notre première année, résultats qui
nous permettent d'espérer des succès encore plus décisifs à l'avenir.
Ils ont fourni un précieux enseignement aux élèves et au pays. Tout
le monde a vu et a compris, même les plus incrédules, tout ce qu'on
peut faire en pisciculture et tout ce qu'on est en droit d'espérer. Ceux
qui ne croyaient pas sont aujourd'hui les plus fanatiques, car ils ont
été frappés par les résultats, et tous les jours nous voyons de nouvelles
tentatives faites par les propriétaires voisins pour produire du poisson.
Tous savent aujourd'hui que la pisciculture est appelée à prendre un
développement considérable en Limousin et à devenir une nouvelle
source de richesses.
Chavaignac a sonné la charge, il a donné l'élan dans le Limousin
et à l'avenir la ferme-école sera encore 'i la tête de la troupe piscicole
tenant haut le drapeau de la pisciculture et du progrès agricole.
P. ZiPCY,
Sou5-direcleur, professeur à la ferme-ecole de Chavaigoac iHaute-Vienne).
CONCOURS RÉGIONAL DE SAINT-OMER
Le concours de la région du Nord, qui comprend les départements de Seine-
et-Oise, Seine, Oise, Seine-et-Marne, Aisne, Nord, Somme et Pas-de-Calais, a eu
lieu, cette année, dans ce dernier département, du 7 au 15 juin, à Saint-Oraer.
Si l'on traçait une ligne droite, qui partirait de Calais pour atteindre l'extrémité
sud-est de ce département, on le diviserait en deux parties presque égales, dont
l'une, au Nord, comprendrait les arrondissements d'Arras, Béthune et Saint-
Omer, et dont l'autre laisserait vers le Sud ceux de Saint-Pol, Montreuil et Bou-
logne. On l'ormerail ainsi deux légions, bien distinctes au point de vue agricole.
Elles diffèrent par la nature de leur sol, en même temps que par leur système
de culture La première est constituée par des plaines couvertes d un limon argilo-
siliceux; dans la seconde, oi^i les accidents de terrain sont beaucoup plus consi-
dérables, la terre est de nature très diverse : le fond des vallées est formé par
des dépôts d'alluvion, généralement humifères, quelquefois tourbeux. Les ver-
sants sont souvent calcaires, et les plateaux composés d'une terre argileuse parfois
très tenace.
Le climat de la première est assez doux ; celui de la seconde (quoique plus rap-
prochée de la mer) est moins régulier.
Ces conditions, si différentes, devaient donner naissance à des systèmes de cul-
turc différents.
La première région borde d'un bout à l'autre le département du Nord ; la
26 CONCOURS RÉGIONAL DE SAINT-OMER.
culture y est intensive. On y fait surtout des plantes sarclées et des céréales. La
culture de la betterave à sucre y occupe la plus large place. Depuis quelques
années, le colza disparaît ; le lin, qui autrefois était cultivé sur une grande échelle,
est presque abandonné, par suite du prix peu rémunérateur auquel on est obligé
de le vendre. L'œillette seule semble résister un peu plus dans l'arrondissement
d'Arraa.
Les céréales (le blé surtout) y dominent et atteignent les plus forts rende-
ments. On y élève peu d'animaux (à part l'arrondissement de Saint-Omer).
Les industries agricoles vendent à l'agriculture des déchets qui servent à l'en-
graissement.
Malheureusement, dans ce pays oîi la culture de la betterave joue le rôle pré-
pondéiant. les effets de la crise sucrière se font particulièrement sentir; ainsi,
dans certaines localités, le taux des fermages a-t-il été réduit d'un tiers.
La région Sud-Ouest du département est moins bien partagée que savoisine, sous
le rapport du sol (qui est, comme nous l'avons dit plus haut, souvent fort tenace) ;
les jîlantes sarrlées jouent un rôle bien moins important, et la jachère (toujours
pour cette même raison) n'est pas partout di-parue. Les céréales y donnent de
moins bons produits que dans la partie Nord-Çst du département. On s'applique
surtout à la production fourragère. Les prairies artificielles réussissent assez bien
sur les plateaux, et les vallées sont couvertes de prairies naturelles. C'est un pays
d'élevage; on y produit surtout la race bovine flamande, qui est utilisée pour son
lait, et le cheval boulonnais.
Dans la première région, nous trouverons la prime d'honneur, décernée à
M. Pontfort, à Boery-Sainte-Rictrude (arrondissement d'Arras), lauréat du prix
cultural de i" catégorie. C'est encore dans la partie Nord-Est du département que
l'on rencontre les principaux lauréats des prix de spécialités : MM. Deligne frè-
res, à Carvin ; Peltier, à Avion ; Masclef, à Loison ; Labitte, à Aire ; Hanicolte,
à Béthune.
Dans la partie Sud-Ouest, les médailles décernées sont des récompenses d'irri-
gation, d'élevage et de cultures fourragères, à MM. Charles Delattre, à Marant ;
Debuire, à Radinsghem, et Reptin, à Blangermont.
Placée sur la limite des plaines du Nord, et de la région montagneuse du dépar-
tement, la ville de Saint-Omer est en plein pays d'élevage. Au Sud-Ouest, l'arron-
dissement de Boulogne et celui de Montreuil ; au Nord, l'arrondissement de Dun-
kerque. Au Sud-Ouest, le pays de production de la lacede trait boulonnaise ; au
Nord, le pays d'élevage de la race bovine flamande. Cette ville, à qui l'on avait repro-
ché d'être éloignée de certains départements de la région du Nord, est donc ti'ès
bien placée au point de vue d'une exposition d'animaux reproducteurs des deux
races du pays que nous venons de mentionner. Aussi, le concours régional, sous
ce rapport, et le concours hippique, ont-ils présenté un grand intérêt.
Saint-Omer n'avait aucun emplacement; d'importants déplacements de terre
furent nécessaires pour niveler une partie des glacis de la place, afin d'y établir
les tentes destinées aux animaux; une pâture contiguë, louée pour les instruments,
fut reliée au reste du concours, au moyen de deux larges ponts.
L'ensemble ne paraissait pas mauvais, et il faut reconnaiti'e, à la louange de la
municipalité, que l'on a utilisé aussi bien que possible, l'emplacement quelque
peu ingrat dont on disposait.
A l'entrée du concours, au premier plan, sur les glacis, apparaissait, à droite,
la ligne de machines à battre à vapeur ; en face, les instruments dans la pâture,
et à gauche, les quatre longues tentes des animaux de l'espèce bovine, suivies
par celles des ovins, porcins et animaux de basse-cour. Les tentes des produits
étaient au centre, devant un rond-point, de chaque côté du second pont qui
reliait la pâture où étaient installés les instruments.
Le concours d'animaux reproducteurs était très remarquable tant au point de
vue de la qualité des sujets que par leur nombre. La race flamande, qui formait
la 1™ catégorie, comptait 125 individus, dont 31 taureaux en l"^ section. Le jury,
fort satisfait de cette exhibition, a dû être fcrt embarrassé pour le classement des
nombreux animaux qui méritaient des récompenses. Outre les trois prix régle-
meniaires qui étaient à sa disposition pour cette section, il ne décerna pas moins
de 12 prix supplémentaires.
La 2' section (taureaux de 2 à 4 ans) était aussi très bien représentée et plu-
sieurs prix supplémentaires furent encore nécessaires. Il en fut de même pour les
femelles, où les étables des meilleurs éleveurs, tels que MM. Cattoen, Declémy-
CONCOURS REGIONAL DE SAINT-OMEK. 27
Boulanger, Marcotte de Noyelles, Ardéans, ctc, avaient fourni leurs plus beaux
modèles. Dans les trois sections de celle catégorie, aux dix prix réglementaires,
la Commission fut encore obligée d'ajouter 15 prix supplémentaires. Ces chiffres
n'ont pas besoin de commentaire; ils prouvent as<ez les efforts ([ue les éleveurs
flamands font pour améliorer la précieuse race qu'ils ont entre les mains, et qui
convient si bien à leur pays. On tient en Flandre à lui conserver autant que pos-
sible ses «acuités laitières, tout en dévelop|iant son aptitude à l'engi-aisseraent.
La race normande (2*^^ catégorie) n'était pas sur son terrain ; elle n'était repré-
sentée que par une trentaine d'animaux appartenanant à des étables connues des
départements de Seine-et-Oise, Seine-et-Marne et Somme.
La race hollandaise, qui était en 3'' catégorie, était dans le même cas ; aussi,
M. Tiers, de Roubaix, a-t-il remporté la plupart des prix décernés.
La race durliam, dans la région du Nord, ne semble pas perdre de terrain, et
le concours de Saint-Umer a prouvé qu'elle peut y prospérer à l'état de pureté ou
à l'état de croisements. Il y a cependant une remarque à faire, c'est que la petite
et la moyenne culture l'apprécient peu. Tous les sujets présents étaient amenés
p r des éleveurs que l'on est habitué à retrouver souvent parmi les lauréats des con-
cours de la région. Tels, MM. Boyenval, Seyeux, Debailly, Marcotte de Noyelles,
de Glercq, etc. Il en est de même pour les croisements durham, oii l'on retrouve
les noms de MM. d'Havrincourt, Chouin, Lefebvre, etc. Quant à la 6'' catégorie,
elle était relativement peu nombreuse. On y remarquait surtout les croisements
flamands-belges de M. Bonduel.
Les prix d'ensemble ont été donnés à MM.- Marcotte de Noyelles et d'Havrin-
court.
Si les animaux de l'espèce bovine étaient nombreux, on ne pourrait en dire
autant des ovins. Le Pas-de-Calais contient peu d'éleveurs de bêtes à laine, et
l'on ne voyait à Saint-Omer que des lots provenant des départements sud de la
région. MM. Delisy, Duclert, Camus-Viéville, remportèrent facilement les prix
destinés aux métis- mérinos ; et dans les autres catégories, on retrouvait les ber-
geries bien connues de MM. Compiègne, Pluchet et Frissac, Béglet et de Ghé-
zelles.
Les porcins étaient aussi peu nombreux. On remarquait les spécimens des croi-
sements entre races françaises et les croisements anglais de M. Boyenval à qui
fut attribué le prix d'ensemble.
Si de l'exposition des animaux on entrait dans les tentes des produits, on était
étonné du peu d'importance de cette partie du concours. Beaucoup d'exposants
inscrits manquaient. Quoiqu'il en soit, on pouvait y voir les beaux échantillons de
céréales de MM. Belin, Stevenoot et Dentu ; l'exposition très complète de la So-
ciété d'agriculture de Bourbourg ; mais le grand attrait était cependant pour les
betteraves à sucre de M. Masclef, de Loison, lauréat d'une des médailles de spé-
cialités.
L'exposition des machines et instruments n'était pas non plus ce qu'elle devait
être. 88 constructeurs s'étaient fait inscrire: 56 seulement ont exposé. D'où
provient cette désertion du concours de_ Saint-Omer? Il est permis de penser que
beaucoup de constructeurs ont abandonné Saint-Omer pour Rouen, et qu'ensuite
le mauvais temps des premiers jours a décidé bon nombre d'entre eux à ne pas
exposer.
Malgré ces nombreuses abstentions, beaucoup des meilleures maisons fran-
çaises Ptaient fort bien représentées. Ainsi M. Albaret, de Liancourt, avait amené
différents modèles de ses machines à battre à vapeur, sa presse à fourrages, son
hache-maïs élévateur, ainsi que son nouveau coupe-racines; M. Pilter, sa magni-
fique collection d'instruments divers.
On y remarquait en outre MM. Gumming, Gérard, Brouhot, Wauquier, Ûarin-
Moray, etc., avec leurs machines à battre; MM. Marot, PernoUet, avec leurs
trieurs, etc.
L'exposition des semoirs était assez complète : on y trouvait les semoirs Smyth,
Liot, Derôme, ainsi que les différents constructeurs du département, MM. Ro-
billard et Maréchal, Valante et Christophe.
MM. Henry, Bajac, etc., avaient apporté leurs collections d'instruments d'exté-
rieur, sans excepter M. Gaudelier, l'habile constructeur de Buquay, qui reçut de
M. le ministre du commerce, le jour de la distribution des récompenses, la croix
de la Légion d'honneur.
Je ne veux pas terminer ce rapide aperçu du concours de Saint-Omer sans
28 CONCOURS RÉGIONAL DE SAINT-OMER.
mentionner le succès obtenu par le concours hippique. Il est difficile de voir un
ensemble de reproducteurs boidonnais des deux sexes, plus nombreux et plus par-
fait que celui que l'on pouvait admirer à Saint-Omer. Comme la race flamande
au concours régional, la race boulonnaise était à Saint-Omer sur son terrain ; et
ici aussi, le jury a dû être bien embarrassé quand il a voulu récompenser tous
les mérites. Le succès du concours a été surtout pour M. Charles Delattre, de
Marant (Pas-de-Calais), lauréat du prix d'honneur, si connu parmi les meilleurs
exposants des concours hippiques de la région et du département. Citons encore
M. Testio, de Gonchil-le-Temple (Pas-de-Calais), MM. Calais et Lédé, et enfin
M. Fougeron, dont les étalons boulonnais sont toujours si remarqués.
Voici la liste complète des récompenses :
Pbime d'honneur, un objet d'art, pour l'exploilalion du département du Pas-de-Calais ayan
réalisé les amélioralions les plus utiles et les plus propres à être offertes 'comme exemple
M. Jean-Baptiste Hontfort, à Boiry-Sainle-Rictrude, arrondissement d'Arras, lauréat du prix cul-
lural de la 2' catégorie.
Prix culturaux.
2" Catégorie. — Fermiers à prix d'argent ou à redevances en nature fixes remplaçant le prix de
ferme ; cultivateurs propriétaires tenant à ferme une parue de leurs terres en culture ; métayers
isolés (domaines au-dessus de 20 lieotares), M. Jean-Baptiste Pontlort.
Par décision de M. le ministre de l'agriculture et sur la demande du jury, un Objet d'art a été
décerné à MM. Casimir et Ferdinand Deligne, agriculteurs à Carvin, arrondissement de Béthune,
pour leurs magnifiques cultures de céréales et de betteraves.
Médailles de spécialités. — Méduilles d'or (grand module), MM. Charles Eugène Peltier, agri-
culteur à Avion, canton de Vimy, arrondissement d'Arras, pour sa belle culture de betteraves à
sucre ; — Joseph Masclef, à Loison, canton de Lens, arrondissement de Bélliune, pour la culture
raisonnée de variétés do betteraves riches en sucre.
Médailles d'or.^ MM. Jean-Baptiste Debuire, à Radinghem et à Herbecf[, canton de Fruges,
Jarrondissement de Montreuil, pour son élevage de chevaux de race boulonnaise ; — Théodore-
oseph Reptin, à Blangermont, canton et arrondissement de Saint-Pol, pour ses cultures fourra-
gères ; — Auguste Labitte, à Saint-Quentin, commune d'Aire-sur-la-Lys, arrondissement de
Saint-Omer, pour la bonne installation de ses bâtiments d exploitation.
Prix d'irrigation.
1" Catégorie. — Propriétés contenant plus de (j hectares de terres arrosées. ^ 2' prix, M. Léon
Hanicotle, distillateur à Eélhune, pour l'emploi judicieux de ses eaux de distillerie à l'irrigation
d'une surface de o3 hectares, a l'aide d'une canalisation souterraine.
2" Catégorie. — Propriéiés ayant 6 hectares et au-dessous, soumis à l'irrigation. — l"prix,
M. Charles-François Delaltre, agriculteur à Marant, canton de Campagne, arrondissement de
Montreuil-.<ur-Mer, pour 6 hectares de praiiies irriguées.
iieicoHipenscs aux agenls des exploitations primées. — 1" Exploitation Je la prime d'honneur.
. — Médailles d'argent, MM. Léandre Guéant ; Hippolyte Bertin, p" valet de charrue. — Médailles
de bronze, UJA. Augustin Dailly, vacher; François Monchiet, valet de charrue; Victor Sergent,
moissonneur. — 40 fr,, M.M. François Ijalice. berger; Joseph Bolante, valet de charrue ; Gulslain
Denœux, moissonneur. — 25 fr., MM. Victor Binet, valet de charrue; Ernest Froment, moisson-
neur. — 15 fr., M. Omer Pronier, surveillant. — 10 fr.. Mme Zulma Chery, servante de cour.
2° Médailles d'argent, MM. Romain ïhorel, chef de culture de M. Peltier, lauréat d'une médaille
d'or grand module, Ferdinand Lépreux, chef de culture de MM. Casimir et Ferdinand Deligne, à
Carvin, lauréats d'un objet d'art; Eloi Calis, irrigateur chez M. Hanicotte, lauréat d'un prix
û'irrigation.
Petite culture. — Horticulture.
Primes d'honneur, un objet d'art, non décernées.
Prix pour les journaliets ruraux. — Médaille d'or, M. Désiré Molon, à Monte-en-Ternois. —
Médailles d'argent (grand module), MM. Augustin Lesot, à Siracourt ; Xavier Vénaciiue, à Nort-
leugiiighem. — -Médailles d'argent, MM. Uelory-Venceslas, à Signy ; Victorien Debofle, à Croi-
setie; Théophile Pérus, à Noreuil. — Médailles de bronze, MM. Jean-Josepli Delaplace, à Herma-
ville ; Louis Desoignies, à ProuviUe ; Isidore Fiolet, à Blendecques ; François Dupuis à
Lisliourg.
Prix pour les serviteurs à gages. — Médaille d'or, M. Auguste Mion, à Hinges. — Médailles
d'argent (grand module), MM.Victorie Fontaine, à Ramecourt ; Pierre Grimber, à Givenchy. —
Médailles d'argent, MM. Martial Hoguet, à Liettres; Charles Wiart, à Lagnicourt; Mme Flavie
Gontran, à Noyelle-Vion. — Médailles de bronze, MM. Augustin Flambry, à Amhrines ; Arsène
Poiré, à Siracourt ; Mmes Françoise Létrant, à Licques ; Elise Demoliu, à Cr^isette.
Animaux reproducteurs. — Espèce bovine.
1™ Catégorie. — Race flamande. — Mâles. — 1" Section. Animaux de 1 à 2 ans, nés depuis le
1" mai 1882 et avant le p'mai ls,S3. 1'' prix, M. Catloen, à Quaédypre (Nord); 2', M. Vanhaeck,
à Steene (Nord) ; 3", M. Edouard Verriele, à Bambecque (Nord).- Prix supplémentaires, MM. Jules
Baey, à Strazeele (Nord) ; Haeuw, à Nordpeene (Nord) ; Janssen, à (Japelle (Nord) ; Auguste
Rancy, à Hazebrouck (Nord) ; Galonné, à Renescure (Nord) ; Meesemacker, à Looberghe (Nord);
Déclemy-Boulanger, à Peuplingues (Pas-de-(',alais) ; Iteumaux, à. Wemaers-Cappel (Nord) ; Ver-
lynde, à West-Cappel (Nord) ; le vicomte Marcotte de Noyelles, à Blandecques (Pas-de-Calais) ;
Vis.socq, à Bourbourg-Campagne (Nord) ; Ardaens, à Pilgam (Nord). — 2° Section. Animaux de
2 à 4 ans, nés depuis le l" mai 1880 et avant le l" mai lb82. 1" prix. M. Rancy; 2% M. Trottein,
à Hazebrouck (Nord) ; 3', M. Vermond, à Péronne (Somme). Prix supplémentaires, MM. Dutrieu,
à Villereau (Nord) ; Edmond Duriez, à Bourbourg-Campagne (Nord). — Femelles. — 1™ Section.
Génisses de 1 à 2 ans, nées depuis le l" mai 1882 et avant le \" mai 1883. 1" prix, M. Cattoen,
CONCOURS RÉGIONAL DE SAINT-OMER. 29
2", M. François Duriez, à Craywicl» (Nonl); Déclemy-Boulanger. Prix supplémentaires, MM. Ca-
lonne ; Arclaens; de Waziores, à Foufllin-Ricametz (Pas-ile-Calais); le vicomte Marcotte de
Noyelles; Moryssc, à Pilgam (Nord). — 2" SfClion. (lénisses de 2 à 3 ans, nées depuis le
1" mai 1881, et a ant le 1" mai 1S82, pleines nu à lait. 1" prix, M. le vicomte Marcotte de
Noyelles ; 2", M. Declemy Boulanger ; :i», M. Beharelle, à Nneux-lès-Mines (Pas-de-Calai<,). Prix
supplémentaires. MM. D-groole, il Hnzel.iroiick (Nord) ; Demol, à Nordpeene (Nordi; Vermond.
30 SrctKiH. Vaches de plus de 3 ans. 1°' prix, M. le vicomte Marcotte de Noyelles; rappel
de 2= prix, M. Vermond ; 2", M. Lechène, à Zuytpeene (Nord): 3% M. Declémy-Boulauger ;
4', M. .vrenne-(;)anler. à Eperlecques (Pas-de-Calais). Prix supplémentaires, MM. Hopsomer, à
Bailleul (Nord); Galametz, à Arrjues (Pas-de-Calais); Castier, à Saint-Momclin (Nord) ; Beharelle;
Verlynde ; Smagghe frères, à Terdegliera (Nord).
2° Catégorie. — Race normande. — .M.'ile-^. — 1'° ,<Jpcf ion. Animaux de 1 à 2 ans, nés depuis
le I" mai 1882 et avant le 1" mai 18H3. 2' prix. M. Boyenval, a Neuville Coppegueule (Somme):
y. M. Nicolas, à Cliaunies (.Seine-et-Marne). — 2° Section. Animaux de 2 à 4 ans. nés depuis le
1" mai 1880, et avant le 1" mai 1882. ]" Prix, M. Boyenval. —Femelles. — l'" Srrtion. Génisses
de 1 à 2 ans. nées depuis le 1" mai 1882, et avant le 1" mai 1883. 1" et 2" prix, M. Nicolas;
3', M. Bovenval. — 2'-' Section. Génisses de 2 à 3 ans, nés depuis le 1" mai 1881 , et avant le
1" mai 1882, pleines ou à lait, l"' prix, M. Boyenval ; 2% M. Nicolas; 3", M. Vavasseur, à Fer-
rières en-Bru- (Seine-et-Marne); 4", M. Seyeux, k Arthies (Seine-et-Oise). — 3° Section. Vaches
de plus de 2 ans. nées avant le I"'' mai 1882, pleines ou à lait. 1", 2° et 3" prix, M. Nicolas;
4", M. Seyeux. Prix supplémentaire, M. Boyenval. Mentions honorables, M. Seyeux.
3" Catégorie. — Race hollandaise. — Mâles. — 1" Section. Animaux de 1 à 2 ans, nés
depuis le 1" mai 1882, et avant le ]" mai 1883. 2° prix, M. Emile Tiers, à Roubaix (Nord). —
2' Section. Animaux (le 2 à 4 ans, nés depuis le \" mai 1880, et avant le 1" mai J882
I"piix, M. Enii e Tiers ; rappel de 2" prix, Mme Vve Wacambourg, à Marcelcave (Somme). —
Femelles. — 1'" Section. Génisses de 1 à 2 ans, nées depuis le 1" mai 1882, et avant le 1" mai
1883. 1" prix, M. Emile Tiers. — 2= Section. Génisses de 2 à 3 ans, nées depuis le 1" mai 1881 et
avant le 1" mai 1882, pleines ou à lait, l" prix, M. Emile Tiers. — S" Section. Vaches de plus de
3 ans. nées avant le 1" mai 1881, pleines ou à lait. 1" prix, M. Emile Tiers.
Prix d'ensemble 3U meilleur lot des 1", 2° et 3' catégories, un objet d'art, M. le vicomte Mar-
cotte de .Noyelles, pour ses animaux de race flamande.
4" Catégorie. — Race durham. — Mâles. — 1'" Section. Animaux de 6 mois à 1 an, nés depuis
le 1" mai 1881, et avant le 1" novembre 1881. Prix unique, M. B"yenval Mention honorable, M. Seyeu
— 2° Section. Animaux de 1 à 2 ans, nés depuis le 1" mai 1882, et avant le 1" mai 1883. 1"' prix,
M. Seyeux ; 2% M. de Clercq, à Oigires (Pas-de-Calais). — 3' Section. Animaux de 2 à 4 ans, nés
depuis le 1"' mai 1880, et avant le l" mai 188'J. 1" prix, M. Boyenval ; 2', M. le vicomte Marcotte
de Foyelles, — Femelles. — 1" Section. Génisses de G mois à 1 an, nées depuis le 1" mai 1883,
et avant le 1" novembre 1883. Prix unique, M. Debailly, à Mézières (Somme). Mention honorable ,
M. Boyenval. — 2' Section. Génisses de 1 à 2 ans, nées depuis le 1" mai 1882, et avant le
1" mai 1883. 1°' prix, M. Seyeux; 2", M. Boyenval. — :<" Section. Génisses de 2 à 3 ans, nées
depuis le 1" mai 1881, et avjut le l»' mai 1882. pleines ou à lait, l" prix, M. le vicomte Marcott,
de Noyelles ; 3°, M. de Clercq. — 4* Section. Vaches de plus de 3 ans, nées avant le l" mai 1881,
pleines ou à lait. 1" prix, M. Debailly; 2% M. de Clercq; 3", M. Seyeux. Mention honorable.
M. de Clercq.
5" Catégorie. — Croisements durham. — Mâles. — l"' Section. Animaux de 6 mois à 1 an, nés
depuis le'l'^'' mai 1883, et avant le l" nnvemli'e 1883. Prix uni(|iie, M. Chouin-Lefèvre, à Fayet
(Ai-ne). .Meniion honorable, M. Aimé Slev n 'ot. ,1 Armliouls Cippel (Nord). — 2° Section. Ani-
maux de 1 à 2 ans, né.s depuis le I'' mai 1882. et avant le l"' mai 1883. l" prix, M. Jules Danllé,
à Ghyvelde (Nord) ; 2", M. Lavoine, à Ignaucouri (Somme). — 3° Section. Animaux de 2 à 3 ans,
nés depuis le 1" mai 1881, et avant le 1"' mai 1882. 1"'' prix, M. Gruson, à Estaires (Nord) ;
2", M. Edmond Duriez. Mention honorable, M. le vicomte .Marcotte de Noyelles. — Femelles. — ■
r* Section. Génisses de 6 mois à I an, né» depuis le !"'■ mai 1883 et avant le 1" novembre 1883.
l"' prix, .M. le marquis d'Havrincourt, à Havrincourt (Pas-de-Calais); 2", M. Chouin-Lefèvre.
Mention honoroble, M. Seyeux. — -2' Section. Génisses de I à 2 ans, nées depuis le l" mai 1882,
et avant le I" m.îi 1883. 1" prix, .M. Edmond Duriez ; 2% M. Seynix. Prix supplémentaire.
M. le manjuis d Havrincourt. — 3' Section. Génisses de 2 a 3 ans, nées depuis le 1°' mai 1881,
et avant le 1"'' mai 1882, pleines ou à lait, i" prix, M le marquis d'Havrincourt ; 2', M. Seyeux.
MenliNii honorable, .M. Edmond Duriez. — 4" Section. Vaches de plus de 3 ?ns. nées avant le
1"' mai 1881, plemes ou à lait, l"' prix. .M. le vicomte Marcûtie d-; Noyelles; 2% M. Hopsomer ;
3" prix et mention honoralde. M le marquis d'Havrincourt.
6" Catégorie. — Races françaises ou étrangères a itres que celles désignées ci-dessus, et croi-
sements divers autres que ceux delà .y catégorie. — Mâles — 1" Section. Animaux de 1 à
2 ans, nés depuis le 1='' mai 1882, et avant le l" mai 1883. 1"'' prix, M. Bonduel, à Wervicq-Sud
(Nord); 2% M. Mahieu-Panet, à Enquiii (Pas-de-Calais). Mention honorable, M. Jules lîaey. —
2° Section. Animaux de 2 à 3 ans, nés depuis le l'"' mai 1881, et avant le T' mai 188i. Prix
unique, M. Bonduel. Prix supplémentaire, M. Ameux, à Vieille-Eglise (Pas-de-Calais). Mention
honorable, M. Vermond. — Femelles. — i" ■ Sec'inn. Génisses de 1 à 2 ans, nées depuis>le
1" mai 1882 et avant le 1" mai 1883." 1" prix. M. Déclemy-Boulanger ; 2°, M. Benoît Haouw.
Mention honorable, M. Philipson, à Saint-Omer (Pas-de-Calais) . — 2° Section. Génisses de 2 à
3 ans, nées d' puis le l"' mai 1881 et avant le 1" mai 1883, pleines ou à lait. 1" prix, M. Bonduel;
2", M. Deconvelaére, à Renescure (Nord). Mention honorable, M. Vermond. — 3° Section. Vaches
de plus de 3aiis, nées avant le I'' mai 1881. pleines ou à lait. 1"' pri.x, M. Galonné; 2°, M. Decou-
velaere. Mentions honorables, MM. Bonduel; Galametz.
Prix d'ensemble au meilleur lot d'animaux des 4°, 5° et 6° catégories, un objet d'art. M. le
marquis d'Havrincourt, pour ses animaux de race croisée durham-picarde.
Ilandes de vaches laitières (eu laii). 1" prix, M. Déclemy-Boulanger ; 2', M. Seyeux.
Espèce ovine.
1" Catégorie. — Races mérinos et métis-mérinos. — Mâles. — 1'° Sec(i0)(. Animaux del8 mois au
plus. l"prix, M. Delizy, à Montémafroy (Aisne) ; 2", M. Daclerl, à Edrolles (Aisne); 3^ M. Hin-
celin, à Luupeigne (Aisne). — 2' Section. Animaux de plus de 18 mois. 1" prix, M. Delizy;
2% M. Hincelin ; 3», M. Camus -Viéville, à Pontruet (Aisne). Prix supplémentaire, M. Duclert.
30 CONCOURS RÉGIONAL DE SAINT-OMER.
Menlinn honofaUe. M. Deli/y. — Femelles. — {''"Section. Anitoaux de 18 mcisau plus. \" prix,
M. Delizy : 2'^ et 3". M-Duclert. — 2= Svchvn. Animaii.ii rie plus de 18 mois, 1" prix, M. DucUrt;
2", M. Delizy ; :>'. M. Hincelin.
Prix d'ensemble au meilleur lot d'animaux de la I" ratéporie. un -objet d"art. M. Duclert.
■2" Calégurie. — Races françaises diverses etcroienienls divers. — Mâles. 1" prix, .M.Compre,c;ne,
à Conchii-le-Temple (Pas di'-Calaisl : 2' et 3^ MM. Pluchet et Frissard. à Boye (Somme)! —
Femelles. 1" prix, MM. Pluchet et Krissart ; 2% M. Noël, à Noitleulinghem (l'as-de-Calais).
Menlii n hoiiO'able, M. CorapiL'gne.
3° Catégorie. — Races étranfrères à laine longue. — Mâles. l"prix, M. Béglet, à Trappes
(Seine-et-Oise) ; 2", M. Beglet. — Femelles. 1" et 2' prix, M. Béi^let.
4° Ciilèyorie. — Races étEangéres à laine courte. — Mfdes. 1" et 2" prix, M. le vicomte de Che-
zelles : 3% M, le vicomte Marcolte de Noyelles. — Femelles. 1=' prix, M. le vicomte de Chezelles ;
2% M. le vicomte Marcotte de Noyelles.
Prix d'ensemble, au meillenr lot d'animaux des 2", 'i" et 4* catégories, un objet d'a:t, M. Béglet,
pour ses animaux de race dishiey.
Espèce porcine.
1" Catégorie. — Races indigènes pures ou croisées entre elles — Miles. 1'" prix, .M. Auguste
Rancy, à Hazebrouck (Nord) ; 2', M. Stevenoot. à Armbouts-Cappel (Nord). — Femelles.
l" prix, M. Lobbedez, à Steenvoorde (Nord,; "2",, M. Boyenval, à Neuvdie-Coppegueule (Somme).
2= Catégorie. — Races étrangères pures ou croisées entre elles. — Mâles. Rappel de 1*' pri.Y.
M. Paillart, à Quesnoy-le-Montant (Somme) ; \" prix. M. Boyenval; 2% M. le vicomte de Chezelles,
à Lierville (Oise) ; 3". M. de Clercq, à Oignies (Pas-de-Calais). — Femelles. P' prix. .M. de
Clercq ; 2». M. Paillart; 3*. M. Boyenval. Prix supplémentaires. M. le vicomte de Chezelles.
Mentions honorables. MM. le vicomte Marcotte de Noyelles ; de Clercq.
3' Ciilégorie. — Croisements divers entre races étrangères et races françaises. — Mâles.
2' prix, .M. Boyenval. Mention honorable, M. Stevenoot. à Hazebrouck (Nord). — Femelles.
l"prix, M. Paillart , 2', M. Boyenval. Prix supplémeniaire. M. Calonne, à Renescure (Nord).
Prix d'ensemble un objet d'art, 51. Boyenval, pour ses animaux de race croisée yorkshire-essex
Animaux de basse-cour
1" Catégorie. — Coqs et poules. — I" Sention. Race de Crevecœur. 1»' et 2'» prix, M. Becquet-
Rattel, à Rumancourt (Pas-de-Calais). — 2' Section. Race de la Flèche. 1" et 2= prix, M. Becquet-
Ratlel. Mention honorable, Mme la comtesse de Diesbach, à Hendecourt-lès-Ransart (Pas-de-
Calais). — 3* Section. Race de Houdan. 1" prix, M. la comtesse de Diesbach: 2° prix et mention
honorable. M. Becquet-Rattel. — 4' Section. Races frança ses diverses, l" prix, M. Fleury-Lan-
dry, à Arras (Pas-de-Calais): 2% M. Becquet-Raitel: ' 3% Mlle Paillart. à Quesnoy-le-M'onlant
(Somme). — b° Secf/on. Races étrangères diverses. 1" prix, M. Becquet-Rattel; 2°, M. Fleury-
Landry ; 3', M. Duys-Cornat. à Lille (Nord), Mention très honorable, MM. Capelle, à Saint-Omer
(Pas-de-Calais); Duys-Cornat. Mentions honorables, MM. Duys-Cornat; Becquet-Rattel:
Mme la comtesse de Diesbach.
2' Catégorie. — Dindous. 1" prix. M. Becquet-Battel ; 2', M. Houzet, à Tatinghem
(Pas-de-Calais).
3" Catégorie. — Oies, l" prix, M. Becquet-Rattel; 2°, Mme la comtesse de Diesbach.
4° Catégorie. — Canards, l"' prix, M. Houzet; 2°. Mlle Paillart; 3", -M. Houzet. .Mention hono-
rable. M. Becquet-Rattel.
5" Catégorie. — Pintades. 1" prix, M. Becquet-Rattel ; 2% M. Houzet.
6" Catégorie. — Pigeons, p' prix, M. Becquet-Rattel ; T, M. Houzet.
7" Catégorie. — Lapins et léporides.' 1" prix, M. Becquel Rattel ; 2', M. Joly,à Saint-Sau-
veur-lès-Ari'3S (Pas-de-Calais). Mention honorable, M- Houzet.
Prix d'ensemble un objet d'art, M. Becquet-Rattel,
Produits agricoles et matières utiles à l'agriculture — Concours spéciaux.
1" Catégorie. — Lins pu tiges. 1" prix, M. Dantu-Dambricourt, à Stecue (Nord); 3», M. Steve-
noot. à .\rmbouts-Cappel (Nord). "^
■2' Catégorie. -■ Lins teillés. 1" prix, M. Louis Porquet. àPetite-Synthe (Nord).
3' Catégorie. — Graines de betteraves à sucre. 1" prix, .M. Masclcf, à Loison (Pas-de-Calais) ;
T,M. Laurent-Mouchon, à cjrohies (Nord) ; 3«, M. Léon Peltier, à Avion (Pas-de-Calais}.
4« Catégorie. — Semences de froment. 1" prix, M. Belin, à .Saint-Martia-au-Laërt (Pas-de-Calais) ;
2". M. SIcvenoot.
'5° Catégorie. — Avoines de semences. 1" prix. M. Belin; 2", M. Dantu-Dambricourt.
6" Catégorie. — Laines en toison. \" prix. M. Camus-Viéville, à Poutruet (jiisne) ; 2', M. Delizy,
à Montémafroy (Aisne); 3% M. Dnclert, à EdroUes (Aisne).
1' Catégorie. — Produits maraîchers. 1" prix, .M. Sapinart, à Saint-Laurent-Blangy (Pas-de-
Calais) ;2'. M.Joly. à Saint-Sauveur-lès-Arras (l'as-de-Cilai.s).
8' Catégorie. — Expositions scolaires. — 1" Section. Matériel d'enseignement agricole, collec-
tions, dessins, objets de cours, etc. 3'- prix, M. Duru, à Bordeaux (Gironde). — 2' Section. Tra-
vaux spéciaux et objets d'enseignement agricole présentés par les professeurs, instituteurs et les
élèves des écoles primaires, 2" prix, .M. Hertin, instituteur à Echinghem (Pas-de-Calais);
3°, M. Patte, instituteur à Eblincourt-Sainte-Marguerite (Oise).
9' Catégorie. — Expositions collective* faites par dis administrations publiques, les Sociétés
et Comices agricoles et horticoles. Médailles d'or. Société d'agricu.ture de Bourbourg (Aisne^
10° Catégorie. — Produits divers non compris dans les calégories précédentes. — ilédailles
d'or, MM. Chivot et C;e. à Amiens (Somme), pour leurs huiles ; Blanquet frères, à Saint-Omer (Pas-
de-Calais), pour leurs malts et bières; Bouvaist, à.\bbeville (Somme), pour leurs malts et bières;
AVirquin-Lejeune, à .Saiut-Folquin (Pas-de-Calais), pour l'ensemble de ses produits. — Médailles
d'argent, M.M. Dantu-Dambricourt. pour ses profluils divers; René Ammeux, à Vieille-Eglise
(Pas-de-Calais), pour ses osiers en bottes ; le vicomte Marcotte de Noyelles, à Blandecques (Pas-
de-Calais), pour l'Misemble de ses produits ; Chandora, à .Moissy-Craiiiayel (Seine-et-Marne), pour
ses plans de drainage et d'irrigation ; Fortin, à Saint -Germain (Calvados), pour son beurres ; Ber-
tram-Monté, à Saint-Omer (Pas-de-Calais), pourses coupages pour chevaux et bertiaux. — Médailles
de broii:e, .MM. Reptin, à Blangermont (Pas-de-Calais), pour son cidre ; Colmant, à Saint-Eiuilion
CONCOURS RÉGIONAL DE SAINT-OMER. 31
(Gironde), pour ses vins rougaet blanc ; Deslandes, à Bellou (Calvados), pour ses fromages de
Livarot.
Rt-compenses aux serrileurs ruraux. — .Widailles d'argent. MM. Gérémy .Stevenoot. régissfui
chez M. le vicomte Marcolle de Noyeiles ; Louis L ipar. buiivier olie/ M. le marquis d'Havrincourt :
Poulet, bertîor chez M. Befilct ; Piliart, bouvier che/. M. Boyenval : Humbert, berger chez M. I)u-
clert. —Médailles de broiize. MM. Henri Delleue, bouvier chez M. BonilHel-. Camille Lielaiighe,
bouvier chez M. Tiers; Fraric;ois Hède, bouvior chez M. Déclemy-Boulanger; Jean Willi. tiouvier
chez .\1. Seyeux ; Léon Dupuis, ch-z M. Delizy ; Augaste Pécourt, chiîz M. Debailly; Henri Der-
rendre, bouvier cIirz M. Caltoen : Henri Hency, chez M. Rancy. — 20fr., MM. Frédéric Boyard,
chez M. Edmond Duriez; Louis .Marant. chez M. Calonne.
Récompenses aux con'i\icteiirs de machines et contremaîtres des constructeurs de machines.
Médailles d'argent, MM. Elmond Edmond Givry. chef d'atelier chez .M. Albaret, à Liancourt
(Oise); Hébert, contremaître chez M. Piller, à Paris; Lecailler.employé chez M. Edouard Wauquier.
à Lille (Nord). — Médailles de bronze. MM. François Luce, employé chez M. Cumniinï, à Orléans
(Loiret) ; Lavallette. employé chez .M.M. Brouhot et Ce, à Vierzon (Cher) ; Henri Beze.ult
employé chez .M. Berlin, à Montereau (Seine-et-Marne) ; Ernest Cagniart, employé chez M. ..llba-
rct ; Classiot. employé chez -Vl.M. Brouhot et Cie, à Vierzon; Blanchar, employé à la Société du
matériel agricole de Vierzon iCher). — 4U fr., M. Henri Parlot. emplo.é chez .M. .Maroc à Niurl
(Ueux-Sère.s) ; 30 fr., M.M. Jules Pauchel, employé chez M. Albaret ; Wallart, employé chez
M.M. Mot et Cie, à Paris.
L. CoMON,
Professeur départemental d'agriculture du Pas-de-Calais.
LE COMMERCE DES FRUITS
Il est peu de branches du commerce agricole qui aient pris autant
de développement depuis quelques années, que le commerce des fruits.
On constate une lutte acharnée entre les pavs de l'Europe pour
s'assurer la clientèle des grands marchés Je consommation. La pro-
duction française a profité de cet essor, mais quelques autres pays ont
progressé plus vite que nous dans cette voie.
En première ligne, il faut citer l'Italie. L'exportation des raisins et
des fruits frais de ce pays, qui était en moyenne de 91,500 quintaux
métriques pendant les années 1871 à 1874, a atteint 107,800 quin-
taux pendant les quatre années suivantes, pour s'élever à la moyenne
de 137,400 quintaux pendant les années i87'J à 1882. L'accroisse-
ment a porté principalement sur les raisins frais.
L'Angleterre est le principal marché où sont expédiés les fruits
frais du continent européen. La Russie et les autres pays du nord
viennent ensuite. Un travail récemment publié pariM. Ch. \Vhitehead,
dans le Journal de la Société royale d agrieuUnre d Angleterre, donne
la comparaison du commerce des fruits à dix années d'intervalle,
en 1871 et en 1882. D'une date à l'autre, l'importation des fruits frais
en Angletî^rre a quadruplé: mus quoique les apports de la France
aient augmenté, ce d est pas notre pays ijui a le plus profité de cet
accroissement.
En effet, en 1871 , nous exportions en Angleterre 354,000 boisseaux
anglais de fruits, c'est-à-dire près du tiers des besoins de ce pavs.
En 1882, nous y avons exporté 524,700 boisseaux de fruits; il y a
augmentation notable, mais les envois français ne représentent plus
que 1 2 pour 1 00 des importations totales dans ce pays. Ce sont
d'autres pays qui ont le plus profité de l'accroissement du marché
anglais. Au premier rang se place l'Amérique du Nord; puis viennent
l'Allemagne, la Hollande, la Belgique et l'Espagne, dont le commerce
a augmenté beaucoup plus que le nôtre.
Cependant, les fruits français sont fort estimés en Angleterre. Dans
la note que nous signalons, AL Whitehead rend hommage au soin
avec lequel nos expéditeurs choisissent et emballent les fruits; il cite
ce fait que beaucoup d'acheteurs anglais, certains d'être bien servis,
payent souvent les fruits avant même de les avoir vus, sur une
32 LE COMMEUGE DES FKUITS.
simple lettre d'avis de l'expédition. Il faut savoir profiter de cette
renoiniuée de loyauté acquise par notre commerce, atin d'augmenter
celui-ci dans de grandes proportions, afin de ne pas laisser prendre
par d'autres une place que nos producteurs devraient occuper de
plus en plus.
Les efforts des concurrents étrangers sont, en effet, constants, et
ceux-ci se servent de tous les moyens pour accroître leurs débouchés.
Non seulement les producteurs cherchent à s'assurer des relations,
mais les compagnies de transport, chemins de fer, entreprises
maritimes, etc., vont au-devant d'eux et leur donnent toutes les faci-
lités possibles tant pour le transport et l'emballage de leurs denrées,
que pour les renseignements commerciaux. En voici un exemple que
nous empruntons aux Pays-Bas.
La petite ville de Terneuse a un port dans lequel est organisé un
service de bateaux à vapeur entre le continent et l'Angleterre ; les
bateaux partent le mercredi et le samedi de chaque semaine. A
Terneuse, aboutit une ligne de chemins de fer qui dessert Gaad,
IMalines, ïermonde, et toutes les campagnes environnantes. La com-
pagnie qui exploite le chemin de fer a eu l'heureuse idée d'organiser
un bureau de renseignements pour les producteurs de fruits. Chaque
station est tenue ofiiciellement au courant des prix du marché de
Londres, et elle doit en informer le public. En outre dans toutes les
stations, on peut se procurer les paniers et sacs en usage pour l'em-
ballage de chaque sorte de fruits : paniers avec couvercle pour cerises
ou prunes de mirabelle, de la contenance de G kilog. ; paniers avec
couvercle, pour poires, de la contenance de 14 kilog. ; paniers avec
couvercle, pour pommes, de la contenance de 40 kilog ; paniers a^ ec
cou\ercle, pour noix, de la contenance de 25 kilog. ; sacs à noix pour
conserves (demi-mûres), de la contenance de 4'J kilog. En même
temps, on se charge de la vente en Angleterre, et du payement aux
expéditeurs après la vente. Dans toutes les gares, on attiche les
recommandations suivantes :
1" Prendre soin de bien remplir les paniers sans cependant abîmer
le fruit; le recouvrir avec du papier avant de fermer le couvercle;
2° N'envoyer les petites prunes appelées mirabelles que lorsqu'elles
ont une légère teinte rougeâtre ;
3" Les autres prunes et groseilles dès qu'elles sont mûres ;
4" Les noix de conserve avant le 15 juillet;
5° Les poires, pommes et noix presque mûres.
Toutes les autres denrées, pommes de terre, oignons, légumes,
viandes, volailles, gibier, lapins, etc., qui sont vendues publique-
ment à Londres, sont acceptées dans les mêmes conditions.
11 est utile d'appeler l'attention de nos producteurs et de nos
expéditeurs sur ces pratiques. Les résultats en sont d'ailleurs mani-
festes : les expéditions de fruits de Belgique et de Hollande en Angle-
terre ont presque triplé pendant les dix dernières années.
Henry SaGiMER.
SITUATION AGRICOLE DANS LA VENDÉE
Fontenay-le-Comte, 29 juin 1884.
Nous avons eu, à la fin de mai et dans les premiers jours de juin, des yiluies
abondantes et de nombreux orages qui ont causé, sur certains points, de sérieux
SITUATION AGRICOLE DANS LA VENDÉE. 33
dégâts. La dessiccation des fourrages s'est faite très difficilement et l'humidité
leur a enlevé une grande partie de leurs qualités nutritives. A partir du 8, la si-
tuation s'est améiiorée, puis quelques chaudes journées sont venues réparer les
dommages causés aux récoltes par les intempéries de la semaine précédente.
Les colzas sont coupés et promettent un bon rendement. On commence la mois-
son des orges. La floraison des blés s'achève dans des conditions normales; les
pommes de terre végètent assez vigoureusement, et ne présentent jusqu'ici
aucune trace de maladie. Nous pourrions donc compter sur une excellente ré-
colle si de fréquents orages ne venaient, tantôt sur un point et tantôt sur un autre,
dévaster les champs et détruitre les espérances de nos cultivateurs.
Le 23 juin, vers les quatre heures du soir; le ciel était en feu tout autour de
Fontenay. Les éclairs, accompagnés de détonations formidables, se succé-
daient sans discontinuer. La foudre est tombée avec un tracas épouvantable sur
un pavillon, à 25 ou 30 mètres de notie demeure; elle a mis le feu dans une
grange, au village de Tesson, et aspliyxié un bœuf attelé à une charrette, près de
Bouillé-Courdault. Il a plu abondamment pendant quelques heures, et nos fro-
ments, dont la végétation était peut-être trop lu.xuriante, ont été couchés par les
averses.
Nous souffrons beaucoup aussi des déprédations des moineaux qui font, celte
année encore, un mal incalculable. C'est bien à tort, qu'on persiste à accorder à
cette pernicieuse enj^eani'e la jirotection de la loi. Aux environs des bourgs, des
villages, près des arbres ou des buissons, la culture des céréales est devenue tout
à fait impossible. Vainement on dresse des épouvantails, rien n'effraye, rien n'éloi-
gne ces bandes affamées qui se renouvellent sans cesse, et n'interrompent que
pendant la nuit leur funeste besogue. Le mal va toujours en s'aggravant ; il exige,
selon nous, un prompt remède.
Puisqu'on multiplie depuis quelque temps les enquêtes, pourquoi n'inviterait-
on pas les liaijitauts des campagnes à formuler leur opinion sur le moineau ?
Tous, assurément, déclareraient que cet effronté pillard est devenu un véritable
fléau pour l'agriculture, et réclameraient l'autorisation de le détruire; les services
rendus par cet oiseau ont été fort exagérés; ils ne sauraient compenser, dans tous
les cas, le sérieux préjudice qu'il nous cause.
Les poulains, amenés en grand nombre à notre foire de la Saint-Jean, se sont
vendus assez facilement, mais à bas prix. Le lendemain, 25, le gros bétail était
peu nombreux, et toutes les transactions se faisaient en baisse; les vaches laitiè-
res seules trouvaient acheteurs à des conditions avantageuses. On se plaignait
généralement de la stagnation des affaires. E. Boncenne fds.
PARTIE OFFICIELLE
Décret portant règlement des mesures à prendre pour empêcher l'introduction
du pliylloxera en Algérie.
Le Président de la République française.
Sur le rapport du ministre de l'agriculture ;
Vu la loi des 15 juillet 1878, 2 août 1879.
Vu la loi du 21 mars 188^, relative aux mesures à prendre pour empêcher l'in-
vasion du phylloxéra en Algérie.
Vu le décriât du 24 juin 1879 relatif aux prohibitions édictées pour protéger
l'Algérie contre l'invasion du phylloxéra ;
Vu l'avis de la Commission supérieure du phylloxéra :
Vu l'avis du gouverneur général de l'Algérie. — Décrète :
Article premier. — Est prohibée l'importation en Algérie, quelle qu'en soit la
provenance :
1" Des ceps de vigne, sarments, crossettes, boutures avec ou sans racines, mar-
cottes, etc., des feuilles de vigne même employées comme enveloppe, couverture
et emballage des raisins de table ou de vendange, des marcs de raisins et de tous
les débris de la vigne ;
2" Des plants d'arbres, arbustes et végétaux de toute nature ;
3" Des échalas et des tuteurs déjà employés ;
4" Des engrais végétaux, terres, terreaux et fumiers.
Ne sont pas compris dans cette dernière catégorie :
Les engrais commerciaux, tels que guanos, phosphates, poudrcttes, sels de
soude et de potasse, sulfate d'ammoniaque, phosphates de chaux, en poudre,
34 PAIITIK OFFICIELLE.
superphosphates, les chiffons de laine, os, tourteaux, plâtres, chaux, cendres,
marnes, sangs desséchés et frais, et les engrais composés de matières animales et
minérales et analogues.
Art. 2. — Est également prohibée l'entrée en Algérie des fruits et légumes
frais de toute nature.
Art. 3. — Les pommes de terre seules sont admises à l'importation, mais
après avoir été lavées et complètement dégarnies de terre.
Art. 4. — Est et demeure rapporté le décret du 24 juin 1879.
Art. 5. — Le ministre de l'agriculture et le gouverneur général de l'Al-
gérie sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent décret.
Fait à Paris, le 17 juin 1884. ■ Jules Grévv.
Par le Président de la Répubhque : Le ministre de l'agriculture, J. Méline.
SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE
SÉANCE SOLENNELLE DU 2 JUILLET J884.
La Société nationale d'agriculture a teau, le mercredi 2juillet_, sa
séance solennelle annuelle pour la distribution de ses récompenses.
M. Méline, ministre de l'agriculture, présidait, assisté de MM. Che-
vreul, président; Léon Say, vice-président; liarral, secrétaire perpé-
tuel; Bertin, trésorier perpétuel; Passy, vice-secrétaire. Au bureau,
avaient pris place aussi MM. Poubelle, préfet de la Seine; Tisserand,
directeur de l'agriculture; de Cormette, directeur des haras; Labarthe,
chef du cabinet du minisire, et la plupart des membres de la Société.
La séanceaété ouverte par M. Méline. Dans un discours substantiel,
le ministre de l'agriculture, après avoir rendu hommage à la mémoire
de M. Dumas, a rappelé le concours que la Société nationale d'agri-
culture lui a apporté tant dans l'étude du régime du sucre, que dans
celle du crédit agricole ; il a exprimé l'espoir que ces deux importantes
questions recevraient rapidement la solution que les agriculteurs
attendent avec impatience. lia termiiiéen allinnanl sa coiiliance duos
la vitalité de l'agriculture française et dans l'avenir qui lui est réservé.
M. Chevreul, président de la Société, a pris ensuite la parole, et
dans une allocution d'un langage élevé, il a développé les caractères
de l'optimisme et du pessimisme; s'appuyant sur les conquêtes faites
par la science, il est arrivé à celle conclusion, qui a une grande valeur
dans la bouche d'un illustre savant quasi centenaire, que l'âge actuel
vaut mieux que ceux qui l'ont précédé et que le progrès n'est pas un
vam mol.
M. Barrai a présenté, avec l'esprit de synthèse et la clarté qu'il sait
mettre dans ces exposés, le résumé des travaux de la Société pendant
l'année. C'est là encore un travail que nous ne pouvons que signaler,
sans pouvoir l'analyser. Sont venus ensuite les éloges biographiques de
M. Becquet, par M. Clavé, et de M. Delesse, par M. Barrai. Toutes ces
lectures ont été écoutées avec une religieuse attention, et souvent inter-
rompues par les applaudissements d'un auditoire très nomh;'eux.
La disti"ibulion des récompenses a clos la séance. Voici la liste de
ces récompenses, décernées sur les rapports de M. Boitel, Henri Mares,
Gaston Bazille, Michel Perret, Bouquet de la Grye, Chambrelent,
Bouley, Chabot-Karlen, Baudrillarl, Doniol, Barrai, Tresca et Grand-
voinnet :
Section de grande culture. — Médaille d'or à l'effigie d'Olivier de Serres,
à M. Schribaux, directeur du laboratoire d'essais de graines à l'Institut national
agronomique, pour des études sur les talsifications des semences.
Section des cuLTauES spéciales. — Grande Médaille d'or, à M. Jules Maistre,
SOriKTÈ NATIONALE D'AGRICaLTURE. 35
propriétaire-agriculteur, à Villeneuvelte (Hérault), pour des expériences d'arrnsage
des vignes, exécutées à Villuneuvttte (Hérault). — Médailles rl'or à reCfigie d'Olivier
de Serres, à M. Besson, horticulteur, à Pont-de-Vivaux, près Marseille (Bouches-
du-Rhùne;, pour des expériences relatives aux semis des vignes ; — ■ à M. Sylvain
Espitalier, propriétaire-viticulteur^au Alas-de-Iloy, près Arles (Bouches-du-Rhône),
pour de grands travaux do culture de la vigne par l'arrosage.
Section de sylviculturk. — Mcilaillcs d'or à. l'el'K^ie d'Olivier do Serres, à
MM. le vicomte Ch. de Hédouville et le baron L. de Hédouvillo, propriétaires, à
SommermoEt (Haute-"Marne), pour de grandes plantations forestières exécutées sur
leurdomaine; — à Mme Manicl, pour de grandes plantations foreslières exécutées
sur le domaine de Sainte-Hélène (Gironde) ; — à M. Bailleux de Marisy, pour de
grandes plantations forestières exécutées sur le domaine dePipeyroux (Gironde).
Section d'fcoj^omie des animaux. — MùItHIcs d'or à l'ofiigie d'Olivier de
Serres, à M. Brousse, médecin-vétérinaire, à Mur- de-Barrez (Aveyron), pour des
expériences de vaccination charbonneuse faites en 1882 et 1883 dans le départe-
ment de l'Aveyron ; — à M. Joannès Cliatin, maître de conférence à la Faculté des
sciences de Paris, pour des études sur la ladrerie du mouton ; — à M. Lavalard,
administrateur de la cavalerie et des fourrages à la Compagnie générale des om-
nibus de Paris et à M. Muntz, chef des travaux chimiques à l'Institut national
agronomlijue, pour un Mémoire sur la paille, la sciure de bois et la tourbe em-
ployées comme litière; — à M. le vicomte G. d'Aviau de Piolant, président du
Syndicat oslréicolc de l'Estrées, pour un Mémoire sur l'historique, l'organisation,
la marche tt les résultats du Syndicat ostréicole des parqueurs de l'Estrées. —
Médaille d'argent, à M. Paul Gagny, médecin- vétérinaire, à Senlis ^Oise), pour
des recherches sur l'emploi des injections sous-cutanées en médecine vétérinaire.
Section d'économie, de statistique et de législation agricoles. — Mé-
daillt'S d'or à l'effigie d'Oliver de Serres, à M. de Foville, chef du buieau de sta-
tistique et de législation comparée au ministère des linances, et à M. Pigeonneau,
professeur suppléant à la Faculté des lettres do Paris, pour des recherches sur
l'administration de l'agricullure de 1785 à 1787; — à M. Fasquelle, ancien élève
diplômé de l'Institut national agronomique, pour une Etude sur l'agriculture et
l'économie rurale du département de Scine-ct-Marne.
Section I'Es scisnces physico-ch miques agkicoles. — Objet d'art, k M. Jo-
seph Boussingault, pour l'ensemble de ses recherches sur la composition des vins.
— Médailles d'or à l'effigie d'Olivier de Serres, à M. Fouquier d'Hérouel, pro-
priétaire-agriculteur, à Vaux-sur-Laon (Aisne), et à M. Lhote, propriéiairr-agri-
culleur, à Aulnois (Aisnei, pour des expériences relatives à l'obtention de bette-
raves riches en sucre.
Section de mécanique agricole et des irrigations. — Médailles d'or à l'ef-
figie d'Olivier de Serres, à M. Armengaud aîné, ingénieur civil, à Paris, pour un
Mémoire sur les différents systèmes de mouture ; — à M. Vuaillet, chef des tra-
vaux du génie rural à l'Institut national agronomique, pour l'invention d'un dyna-
momètre à rotation. — Médailles d'argent, à MM. Beyer frères, constructeurs à
Paris ; — à M. Georges Ivolb, constructeur à Lunéville (Meurthe-et-Moselle); —
à MM. Philippot, Schneider et Jaquet, constructeurs à Joinville (Haute-Marne),
pour des appareils de mouture à cylindres.
Ainsi que M. Barrai l'a dit avec raison dans le compte rendu des
travaux de la Société, cette séance succède dignement aux solennités
précédentes dans lesquelles, depuis plus d'un siècle, la Société natio-
nale d'aççriculture a démontré la valeur de ses travaux et les services
qu'elle rend à l'agriculture française. Henry Sagnier.
REVUE GOÏÏMERGIVLE ET PRIX CDURYNC DES DENRÉES AGRICOLES
('5 JUILLET 1884.)
I. — Situation générale.
Peu de transactions sur la plupart des marchés agricoles. Les offres des culti-
vateurs dont les stocks sont d'ailleurs peu fournis, sont extrêmement restreintes.
n. — Les grains et les farines.
Les tableaux suivants résument les cours des céréales, par quintal métrique,
sur les principaux marchés de la France et de l'étranger :
36
REVaE COMMERCIALE ET PRIX GOURANT
t" RÉGION. — NOBI>-OlTBST.
Blé. Seigle. Orge. Avoine,
fr. fr. tr. fr.
Calvados. Condé 23 SO 17.75 2». 25 21). 50
— Lisieux 24.25 20.00 19.50 21.00
C.-dtt-/Vo>d. Ouingamp. 21.50 14.00 1G.50 16.50
— Tre:;uier.. 22.50 » 16.50 16.75
Finislere. Morlaix 23.00 » 17.00 16.50
— Quimper 23.50 \6.2i 17.50 17.21)
tlle-et- Vilaine, rtennes. 22.50 l'i.âO » 16.65
— Fougères 23 25 » » 19 ol)
Manche. Avrancties.. .. 24.25 » 18 50 21.50
— Pontorson 24.00 » 19.00 21. 25
— Vîlledieu 24.25 18.25 19.25 20.00
dfayeïiTie. Laval 23.50 » " "
— M.iyenne 23.75 » » »
Morbihan. Hennebont.. 23.50 16.00 » 17.20
Orne. Belléme 24.00 » 16.75 17.00
— Vimoutiers 24 20 16.25 19.00 20 00
Sort/ie. Le M.ins 23.15 16.50 17.50 20.75
— Sablé 23. Ji 17.00 17.25 18.00
Prix moyens 2J.4!i 16.65 18.04 18.74
2- RÉOION. — «OllD.
Aisne. LtLon 23.50 » » 18 50
— La Fére 23.25 15.25 » 19.00
— Soissons 23.00 16.15 » 19.25
Eure. Beruay 24 00 H. 00 20.50 20.00
— Les Andelys 23.60 14.50 17.50 20.00
— Pacy 23.50 » 20.75 19.50
E«i« ei-Loii-. Chartres.. 24.00 14.00 17.75 18.75
— Auneau 23.50 15.25 19.50 18.50
— NogenHe-Rotroa. 24.75 » 19.25 18.25
Nord. LiUs 24.50 1) 17.25 17. SO
— Cambrai 23.50 14.75 20-00 18.00
— Valenciennes 25.00 17.80 19.75 17.25
Otje. Beaavais 22.50 15.50 18.50 20.00
— Compiegne 23.25 15.50 19.50 18.50
— Senlis 22 50 15.00 » 17.50
Pan-de-Oalais. \rvni... 24.25 17.00 21.00 17-25
— Sa ni-Omer 24.110 16.50 20.25 17.50
Seine. Paris 24-25 15 60 19 75 20.25
S.-ei-.Waciie. Melun 25.00 15.50 18.50 18.00
— Dammartin 22 25 15.25 17.75 18 50
— P.oviis 24.00 1450 20 00 20.00
S.-«(-Otse Etampes 23.75 • • 19 25
— HoUflar. 23.00 14.50 19.50 18.25
— Versailles 24.00 14.75 19.00 21.00
Seine-/n/ïi-ieure. Rouen. 23.55 15.10 19.65 21.80
— Dieppe 23.75 i> 21.75 21.50
— Fécamp 2J.25 15.00 » 22.00
Somme. Mont iidier 22.80 15.50 18.00 19 OO
— DouildU 24 20 17. .50 19.00 18.23
— Roye 24.00 n » «
Prii moyens Î3.59 15.40 19.30 19.|J4
3* RKGion. — -Voao.Ksr.
Arde>mes. Retliel 23.50 15.50 17.75 18 50
— Sedan 23.50 17.00 20.00 20 00
4ul)e. Troyes... 24.00 15.50 18.25 18.00
— Méry-sur-Seine. .. 23.25 15.50 17.50 18.15
— Nogent-sur-Seine. 23.75 15.50 » 19.50
a/arnn. Cbilons 23.50 17 00 19.00 19.00
— Reims 23.75 16.75 19.00 13.50
_ Ste-Menehould... 23 25 15.75 18.50 l').50
Hte-Marne. Bourbonne . 23.95 " "
Meurlhe-et-\lnx Siiiay. 23-5-1 « 17.50 i7.50
— Lii'ieville -•4.15 » » 17.21
_ Toul 23.50 17.50 17.50 17.00
ilfeuse. Bar-le-Duo 23.75 16.25 19.00 19.25
— Verdun 23.70 16.20 » 19.00
ffau(e-Saô»ie. Gray 23.25 15.50 16.00 16.75
_ Vesou; 24.30 16.75 17.70 18.00
l'osjes. Ne if.-.hiteau.. . 23 75 « » 18.25
— Rainberviliers 25. 00 » » 18 00
Prix moyens 23.74 16.21 1S.14 18.36
4- RÉGION.— OUEST.
Charente. Angoulème... 23.50 18.00 19.00 18.20
— RuITec 24.0) » 13.75 18.00
C/tor.-7ii^ir. Mirans 22.75 » » 17.2)
Deu^S'wres. Niort 23.75 • » (8. 00
Mdr-e-e(-/,oii-e. Tours... 22 75 14.50 17.50 17.50
— Château Renault. 2'i.35 16 65 19.35 17. oO
toire-M^ Nantes 23.00 » • 16.50
4f.-et-Z.oiV». Saumur 23 50 17.00 » 18 50
— .iniers 23.50 16.30 19.25 18.25
Kerede'e. Luçon 23.50 • 18.50 17.00
— Fontenay-le-Cte.. 23.25 » 18.20 17.25
Tienne. Cbalell.-rault... 2)50 16.25 19.00 17.00
— Loulun 23.00 » 20.50 17.50
Haute-Vienne. Limoges. 24.20 17.20 !8.75 17.25
Priiraovens 23. 46 16.63 18 83 17.51
5- RÉGION. — CENTRE
Blé. Seigle.
fr. fr.
Allier. Montluçon 23.25 18.00
— Gannai 23.50 •
— Sainl-Pourcain.. 24.00 16.00
Cher. Bourges 23.50 »
— Graçay 23.75 15.80
Sainl-\mand 23.20 17.00
Creuse. Aubusson 2'i.oo 15.50
/ndre. Cbàteauroux . . . . 24.25 ui.oo
— Issoulun -. 23.50 »
— Valençay 24.0. 15.00
Loiret. Orléans 23.50 16.00
— Montargis 23.75 14.80
— Gien 23.50 15.50
L.-et-Cher. Blois 24.20 15.50
— Mondoubleau 24.70 15.00
Nièvre. Nevers 23.50 »
— CUm^oy 23.75 •
Yonne. Briaion 23.25 15.00
— Tonnerre 23.15 14.00
— Sens 24.50 15.50
Prix moyens 23.74 15.64
6' HK JION. — EST.
/4£n. Bourg 24.75 18. "0
— Pont-de-Vaux.... 24.50 17.25
Cdfe-d'Or. Dijon 23.00 15.50
— Semiir , 22.50 »
/3oubs. Besançon 23.75 d
/«ère. Vienne 23.65 »
— Bourgoin 23.75 16.25
Jura. Dôle 23.25 16 00
Loire. Kirnliny 24.50 17.75
P.-de-Od»le. ClermontF. 24.00 17.00
Rhône. Lyon 24.25 16.50
Saône-et-Loire. Autun. . 23.25 16.50
— M icon 24.50 16 50
6x('0ie. i^hambéry 25.40 19.00
//fe-.Sauoie. Annecy 25.75 »
Prix moyens 24.07 16 93
7" RÉGION. — SUD-OUEST
Ariège. Poix 24.25 19.00
— .''amiers 24.00 18.50
Dordogile. Bergerac 24 00 20.00
Hte-Garoiiiie. Toulouse. 24.20 19.50
— bt-Gaudens 25 00 20.00
Gers. Condom 26.00 »
— Eauze 25.75 »
— Mirande 24.25 »
Gironde. Bordeaux 23.50 «
— La Reole 24.00 19.50
Landes. Dax 25.50 20.00
Lot-et-Garonne. Xgen.*. 25.50 19.00
— Nêrac 25.70 r>
8. -Pyrénées. Pa.a 25.50 »
//(es-P(/*'ertées. Tarbes. . 25.85 20.00
Prix moyens 2i.87 19.50
8* RÉGION. — SUD.
Aude. Caslclnaudary.... 24.75 »
.4ue.7ron. Rodez 23.50 19.00
CoiHdL ivlauriao 35.20 23.05
Coi'ce^e. Brive 24.25 18.00
tléraW.t. Montpellier... 24.00 0
— Beziers 23.25 18.50
Lo(. Cahors 34.00 18.70
Lozère. Mende 25.65 23.30
Pj/rértées-Or. Perpignan. 25.65 16.80
Tarn. Aibi 25.00 18.50
— Castras 25.50 19.25
rarM-et-^far. .Montauban 2*. 00 19. 5o
Prix moyens 24.56 19.56
9" RÉGION. — .Sri>-EST.
Basses-.ilpes. Manosque 24.70 n
Hautes-. 4lpes. Briançjn. 34.50 19.20
Alpes-.Maritin'.s. Nice.. 26.25 20.00
Arducke., Privés 26.50 17.90
B.-du-Rhône. Arles 25.30 »
Drone. Rom ins 24.25 16.50
Gard. Ni nés 24.75 »
H'iiUe-Loire. Briouie... 24.20 19.00
Kar. Dra.inignan 24.75 "
Kauciuse. Orange 25.50 »
Prixmoye.is 25. os 18.52
Moy. de toute la Prance 24.06 17.23
— delà seraiine préced. 2'i 00 17.26
Sur la semainejHausse. 0.O6 r.
précédente. .IBaisse.. • 0.03
Ofn'e.
Aïoiiie.
fr.
fr.
20.50
18.25
20.25
18.00
»
19 00
B
20.00
19.75
18.90
20.50
17.75
n
18.00
19.75
17.50
22 25
18,35
21.50
17.20
»
18.00
18.50
18.75
19.50
18.25
21.00
20.00
20.25
17.90
21.00
18.00
18.50
18.75
18.00
19.00
17 00
18.00
17.75
19.50
19.75 18.45
»
19.35
«
19.50
19.00
18.25
»
17.50
»
18.00
ff
18.25
18.50
"8. 25
13.00
13.50
»
20.75
n
n
21.25
18.25
17.50
18.50
■
20.50
»
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»
19.50
18.85 18.85
n
19.25
19 25
21.00
19.00
13.50
20.00
19.50
19.50
21.80
«
20.25
»
22.00
A
23.25
»
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ff
19.50
»
19.25
»
Î9.50
18.25
20.50
j)
20.25
»
22.00
19.20 2 0.46
19.00
20.50
f,
19.00
B
26.65
18.25
17.50
13.50
19.25
18.00
20.50
18.75
17 25
»
28.05
22.00
24.45
n
20.00
n
21.50
19.25
19.75
19.39 21.20
9
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18.03
19.01
18.35
19. 07
18 95
19.01
DES DENRÉES AGRICOLES (5 JUILLET ISS^i).
37
Alfjérie.
Angleterre.
Belgique.
Pays-Bas.
Luxembourg.
Alsace-Lorraine,
Allemagne.
Suisse,
Italie.
Espagne.
Autriche.
Hongrie,
R sie.
Etats-Uni'
Blé.
fr.
Ai„„r( l>lé tendre.. 22.50
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Lonilres 24.00
Anvers 22.50
Bruxelles 23.50
Liège 23.10
Nanuir 22.50
Anisierilani 21.50
Luxeiiihourg 23.50
Strasbourg 25.50
Mulhouse 24.75
Colmar 25 50
Berlin 21.75
Cologne 23.75
Francfort 25.00
Genève 26 00
Turin 24.15
Barcelone 2d . 50
Vienne 21.00
Budapest 20.75
Saint-Pétersbourg.. 17.00
New-York 18.55
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25
Blés. — La moisson est cominencéedans le midi de la France ; grâce aux pluies
tombées au printemps, les céréales et principalement le-s blés, se présentent au-
jourd'hui dans d'exceilentijs conditions. Oa se montre satisfait des résultats. Dans
les autres régions du pays, les affaires sont moins avancées; mais sous l'influence
du temps chaud qui règne partout, la maturité marche rapidement; les seules
craintes que l'on entende e.xprimer sont relatives à l'échaudas^e que pourrait ame-
ner une température torride. Le-^ marches sont calmes, mais les prix se main-
tiennent bien. A la halle de Paris, le mercredi 2 juillet, les affaires ont été peu
importantes ; les cours se sont maintenus aux taux de la semaine précédente : on
cotait de 23 fr. à 25 fr. 50 par 100 kilog., suivant les sorte.s et les quali'és, ou
en moyenne 24 fr. 25, comme le mercredi précédent. — Sur le marché des blés
à livrer, on paye : courant du mois, 23 fr. 50 à 23 fr. 75 ; août, 22 fr. 75 à 23 fr. ;
septembre et octobre, 23 fr. 50 à 23 fr. 75; quatre derniers mois, 23 fr. 50 à
23 fr. 75. — Au Havre, les transactions soiit toujours restreintes; les prix sont
sans chatigements. Les blés d'Amérii]ue valent de -22 fr. .^0 à 23 fr. 25 par
100 kilog. ; ceux d'Australie, 24 fr. 50 à 24 fr. 75; ceux des Lides, 22 fr. 50
à 23 fr. 50. — A Marseille, les affaires sont très peu importantes, les arrivages
sont d'ailleurs restreints ; quant aux cours, ils se soutiennent avec peine. —
A Londres, la fermeté que nous avons signalés se maintient dans les cours, les
ventes sont restreintes; on cote de 23 fr. à 25 fr. par 100 kilog. suivant les pro-
venances et les qualités.
Farines. — Les affaires sont assez calmes; les prix sont sans changements.
Pour les farines de consommations on cotait à la halle de Paris, le mercredi
2 juillet au soir .• marque de Corbeil, 51 fr. ; marques de choix, 51 à 53 fr. ;
premières marques, 50 à 51 fr.; bonnes marques, 48 à 49 fr.; sortes ordinaires.
45 à 47 fr.; le tout par sac de 159 kilog., toile à rendre, ou 157 kilog. net, ce
qui correspond aux prix extrêmes de 28 fr. 65 à 33 fr. 7b par 100 kilog., ou en
moyenne 31 fr. 20, comme le mercredi précédent. — Eu ce qui concerne les farines
de spéculation, on cotait à Paris, le merdredi 2 juillet au soir : farines neuf-
marques, courant du mois, 47 fr. 75 ; aoiit, 48 fr. ; septembre et octobre, 48 fr. 50;
quatre derniers mois, 48 fr. 75; le tout par sac de 159 kilog., toile perdue, ou
157 kilog. net. — Pour les farines deuxièmes, les cours sont changements,
de 22 à 25 fr. par 100 kilog.; pour les gruaux, ils se maintiennent de 36 à
41 fr.
Seigles. — Les prix sont assez fermes ; ils se maintiennent de 15 fr. à 16 fr. 25
par 100 kilog. Quant aux farines, elles se cotent de 21 à' 24 fr.
Orget. — Peu d'affaires. Les prix se soutiennent de 19 à 20 fr. par quinlal
métrique. Les escourgeons sont plus faiblement tenr.s à 19 fr. par quintal mé-
trique.
Avoines. — Prix très fermes, aux taux de 18 fr. 75 à 21 fr. 50 far 100 kilog. à
la halle de Paris suivant poids, couleur et qualité.
Fourrages, — A raison du faible rendement des foins, les prix sont très fermes.
On p aye par 1 ,000 kilog. à Paris : foin, 90 à ISO fr. ; luzerne, 78 à 1 1 8 fr. ; regain
de luz erne, 68 à 88 fr. ; paille de blé, 78 à 90 fr. ; paille d'avoine, 4S à 58 fr.
38 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT,
m. — Fins. — Spiritueux. — Vinaigres. — Cidres.
Vins. — L'épocpe ciiliqiic de la floraison de la vigne est à peu jjrès terminée;
elle se sera achevée dans des conditions très favorables. Dans un certain nombre
de vignobles, notamment dans le Bordelais et le Roussillon, on signale des cas
assez nombreux de coulure; mais, pour le moment, on peut affirmer que ce phé-
nomène est loin d'être général; on ne peut que s'en féliciter. Malgré les intem-
péries qu'elle a subies, la vigne donne encore pour cette année de bonnes
espérances; le tout est que la saison soit désormais favorable à sa végétation.
Quant aux aft'aires, elles sont toujours aussi calmes: on ne signale que quelques
transactions sans changements importants dans les cours. Dans le Midi, on cote :
Aramon, 20 à 22 fr. par hectolitre; petites montagnes, 26 à 28 fr.; montagne et
Lézignan, 30 à 32 fr.: Narbonne et Lézignan, 34 à 36 fr.; Narljonne et Corbièros.
38 à 40 fr.; — à Lyon, vins du Beaujolais, kb à 60 fr.; du Maçonnais, 36 à 40 fr.;
de Yillefranche, 45 à 55 fr.; de Bugey, 32 à 38 fr.; — en Sologne, gros noirs,
75 à 100 fr. la pièce; Gamays, 60 à 70 fr.; Selles, 80 à 90 fr.; vins blancs,
45 à 62 fr.
Spiritueux. — Les affaires sont toujours restreintes; les cours sont faibles pour
toutes les provenances. Dans le Midi, on paye par hectolitre : Cette, trois-six bon
goût, 105 fr.; marc, 95 fr.; — Béziers, trois-'^ix bon goût, 103 fr.; marc, 95 fr.;
clans les Charentes les cours restent fixés de 240 à 245 fr. pour les eaux-de-vie
nouvelles. — A Paris, on cote : trois-six fin Nord, 90 degrés, première qualité,
disponible, 43 fr. 75 à 44 Ir.; août, 44 fr. 25 à 44 fr. 50; quatre derniers mois,
44 fr. 75 à 45 fr.; quatre premiers mois, 45 fr. 25 à 45 fr. 75. Au 2 juillet, le
stock était, à Paris, de 15.475 pipes, contre 18,350 en 1883.
IV. — Sucres. — Mélasse — Fécules. — BouMons.
Siicres. — Les cours sont encore dépréciés lîepuis huit jours. On cote par
100 kilog. : à Paris, sucres bruts 88 degrés saccharimétriques, 37 fr. 75 ; les 99
degrés, 44 fr. 25 ; sucres blancs, n" 3, 44 fr. 50 à 44 fr. 75 ; — à Valenciennes,
sucres brufs, 36 fr. 75 ; à Lille, sucs bruts, 36 Ir. 75 à \M fr. ; sucres blancs,
44 fr. 25. Le stock de l'entrepôt réel des sucres était, le 2 juillet, à Paris, de
814,000 sacs pour les sucres indigènes, avec diminution de 22,000 sacs depuis
huit jours — Le prix des sucres raffinés se maintiennent de 101 à 102 fr. par
100 liilog. à la consommation, et de 51 fr. 75 à 54 fr. 50 pour l'exportation.
Me asse. Ou paye par 100 kilog.; mélasse de fabrique, 9 à 9 fr. 25 ; de raffinerie,
9 à 1 0 fr.
Fécules. — Prix soutenus partout. On cote à Paris, 31 fr. 50 à 32 fr. par 100
kilog. pour les fécules premières du rayon; à Gompiègne, 31 fr. pour celles de
l'Oise.
Houblons. — Le beau temps qui règne- est très favorable à la végétation des
houblons. La plante est vigoureuse dans la plupart des pays de production. —
Les marchés sont nuls.
V. — Tourteaux. — Noirs. — Jingrans.
Tourteaux. — Prix soutenus. On paye dans le iS'ord par 100 kilog. ; tourteaux
d'œillette, 13 fr.; de pavot, 12 ir.; de lin, 21. — A Marseille, tourteaux de lin
pur. 20 fr.; d'arachides en coque, 9 fr. 50; décortiqués 1"* fr.; de sésame,
12 fr. 25 à 13 fr.; de cocotier 13 fr. 50 ; de colza, il fr. 75 ; d'œillette, 11 fr. 50 ;
de coton d'Egypte, 12 fr.; de palmist* naturel, 11 fr. 25; de ricin, 8 fr. '2îi ; ^ie
ravi son, 1 1 fr.
Noirs. — On paye à Valenciennes : noir animal neuf en grains, 33 à 36 fr. par
100 kilog.; noir vieux grains, 10 à 12 fr. par hectoHtre.
VI. — Matières résineuses, colorantes cl tannantes.
Matières résineuses. — Prix faibles. On paye, à Dax, 46 fr. par 100 kilog. pour
l'essence pure de térébenthine.
Chanvres. — Les cours demeurent sans changements, avec peu d'affaires. A
Saumur, les chanvres de la Loire valent de 70 à 82 fr. par 100 kilog.
Laines. — Les cours que nous avons indiqués n'ont pas varié. En Beauce et en
Brie, on cote de 1 fr. 80 à 2 fr. 10 par kilog. en suint pour les laines mères. En
Champagne, les laines lavées à dos se payent de 3 fr. 50 à 4 fr,
VII. — Suifs et corps gras.
Suifs. — Les prix sont stationnaiies. On cote à Paris 84 fr. par 100 kilog.
pour les suifs purs des abats de la boucherie; 63 ir. pour les suifs en branches.
Cuirs et peaux. — Aux mensuelles du 30 juin, à Paris, on cotait par 50 kilog.:
Amenés.
Vendns.
Prix extrêmes.
2.Î6
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170 à 1,U75 fr.
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190 à 1,100
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DES DENRÉES AGRICOLES (5 JUILLET ISS-*;. 39
gros bœufs, 50 fr. 72; moyers bœufs, 51 fr.SS; petits bœuf^, 46 fr. 38; vaches,
47 fr. 53 à 50 fr. 56; taureaux, 37 fr. 83; gros veaux, 71 fr. 19 à 83 fr. 49
VIII. — Beurres. — Œu/s. — Fromuyes.
Beurres. — Il a été vendu pendant la semaine, à la halle de Paris, 240,273
kilog. de beurres. Au dernier marché, on payait, par kilog. : en demi-kilog.,
1 fr. 67 à 3 fr. 50; petits beurres, 1 fr. 04 à 2 fr. 32; Gourna'y, I fr. 72 à 3 fr. 62;
Isigny, 1 fr. 90 à 5 fr. 68.
Œufs. — Du 23 au 28 juin, ou a vendu à Paris, 4,351,346 œufs. Au dernier
marché, on cotait, par mille: choix, 90 [à 105 fr. ; ordinaires, 58 à 75 fr.
Fromages. — On ente ,à la halle de Paris : par douzaine, Brio, 4 fr. 50 à
12 fr. 50; Montlhery, 15 fr.; — par cent. Livarot, 22 à 88 fr.; Mont-d'Or, 5 à
19 fr.; Neufcliatel, 4 fr. 50à 17 fr. 50; par 100 kilog., Gruyère, 110 à 185 fr.
IX. — Chevaux. — Bétail. — Viande.
Chevaux. — Aux marchés des 25 et 23 juin, à Paris, on comptait 1,027 chevaux;
sur ce nombre, 366 ont été vendus comme il suit :
Chevaux de cabriolet
— de trait
— hors d'âge
— à l'encliére
— de boucherie
Bétail. — Le tableau suivant résume le mouvement officiel du marché aux bes-
tiaux de la Villette, du jeudi 26 juin au mardi l" juillet :
Poids Prix du kilog. de viande nette sur
Vendus
Pour Pour En
Amenés. Paris, l'extérieur, totalité.
Bœufs 4.538 2,960 1,224 4,184
Vaches 1,066 462 485 907
Taureau,x ;127 279 ;i7 297
Veaux 3,166 2,062 1,100 3,162
Moulons 3.S.S82 ;4,2.i1 7,351 31,603
Porcs sras ... 7,299 2,724 4,U9ô 6,819
Les arrivages des marchés de la semaine se décomposent comme il suit :
Bœufs. — Aisne, 104: Allier, 9; Aveyron, 16 ; Calvados, 479; Charente, 48; Charente-Infé-
rieure, 492; Cher, ^9; Cùte-d'Or, 21 ; Coies-du-Nord, 129; Deux-Sèvres, 180; Dordogne 47 ; Eure,
•5; Eure-et-Loire, 14; Fmislére, 75; Haute-Garonne, 8 ; Loiie. 51 ; Haute-Loire, 28 : Loire-Infé-
rieure, 115 ; Loiret, 7: Lot, S: Maine-et-Loire, 836 ; Nièvre, 157; Nord, 8; Oise. 14; Orne, 142;
Puy-de-Dôme, 48; Saôneet-Loire, 644; Sarlhe, 21; Seine-et-Oise, 26; Vendée, 456; Haute-
Vienne, 8; Youne, 48; Afrique, :i2 ; Sardaigne, 16.5.
Vaches. — Aisne, 1; ,\llier, 10; Aube, 22; Calvados, 165; Charente, 25; Charenle-Infé-
rieure.46; Cher, 6; Côte-d'Or, 25; Creuse, 8; Deu.v-Sèvres, 45; Eure, 4; Eure-et-Loir,
22 : Loire, 2 ; Loire-Inférieure, 11; Loiret, 3; .Maine-et-Loire, 255; Haute-Marne, 2; Nièvre, 48;
Oise, 5; Orne, 39; Puy-de-Dôme, 33; .Saône-et-Loire, ICS ; Sarlhe, 5; Seine-Inférieure, 6;
Seine-et-Marne, 14 Seine-et-Oise, 14; Vendée, 133; Yonne, 60.
Taureaux. — Aisne, 5 ; Aube, 5; Calvados, 39; (.harente, 1; Charente-Inférieure, 5; Cher,
2; Corrèze, 9 ; Côte-d'Or, 7; Côtes-du-Nord, 13; Deux-Sèvres, 1; Eure, 1 ; Eure-ei-Loir, 21:
Finistèie, 4: Ille-et-Vilaine, 38; Loire-Inférieure. 7; Loir-et-Cher, 2; Loiret, II; Maine-et-
Loire, 66; Marne, 8; Nièvre, 9; Oise, 7 ; Orne, 6; Saône-et-Loire, 10; Sarlhe, 7; Seine-et-
Marne. 15; Seine-et-Oise, 17 ; Vendée, 2; Yonne, 6.
VeauT. — Aube, 258; Calvado=î, U ; Cantil, 2; Côtes-du-Nord, 16: Eure, 226 : Eure-et-
Loir, 433; Loire, 10; Loiret, 284; Marne, 116; Oise, 41; Orne, 10; Puy-de-Dôme, 95;
Sarlhe, 244; Seine -Inférieure, 2.59: Seine-et-Marne, 242; Seine-et-Oise, 70; Yonne, 104.
Sloutons. — Aisne, 1,283; Allier, 777; Aube, 566; Avejyon, 5J0; Cantal, 1,703; Cha-
rente, 638; Corrèze, 586; Côte-d'Or, 191; Creuse, 5.53; Deux-Sèvres, 71 ; Dordogne, 3?3 ; Eure.et-
Loir, 280; Indre, 669; Indre-et-Loire. 56 ; Loiret, 120; Lot, 447 ; Lot-et-Garonne,' 3.50; Mame-et-
Loire, 912; Nièvre, 807 ; Oise, 286; Puy-de-Dôme, 90; Saône-et-Loire, 400; Seine, 40 ; Seine-et-
Marne 2,085: Seine-et-Oise, 378; Somme. 61 : Haute-Vienne, 640; Yonne, 130; Afrique, 2,0.58;
Allemagne, 7,079 ; Autriche, 3,648; Hongrie 3,631; Ilalie, 1,884; Prusse, 5,698.
Porcs. — Allier, 520; Calvados. 25; Charente, 68; Charente-Inférieure, 32; Cher, 147;
Côte-d'Or, 128; Cules-du-Nord, 132; Creuse, 165; Deux-Sèvres, 613; Kure-et-Loir, 2;
llle-et-Vilaine, 446 ; Indre, 198; Indre-et-Loire, XI; Loire, 28; Loire-Inlerieure, 202; Loir-et-
Cher, 115; Maine-et-Loire, 817; Manche. 21 ; Meurie-et-Moselle, 79; Puy-de-Dôme, 527; Saône-
et-Loire, 98; .Sarthe, 747; Seine Inférieure, 45 ; Seine-et-Oisei 26; Vendée, 1,226; Vienne,
133; Yonne, 19.
Par le temps de chaleur qui court, les ventes sont difficiles; pour toutes les ca-
tégories, les cours accusent de la baisse ; celle-ci s'accentue principalement sur
les veaux et sur les moutons. -;- Dans les départements, on cote : Rouen, bœuf,
1 fr. 55 à 1 fr. 85 par kilog. de viande, net sur pied; vache, 1 fr. 50 à 1 fr. 80;
veau, 1 fr. 55 à 1 fr. 90 ; mouton, 1 fr. 80 à 2 fr. 10; porc, 1 fr. 10 à 1 fr. 35 ; —
Nanles, bœuf, 0 fr. 86 par kilog. brut ; vache, 0 fr. 80 à 0 fr. 85 ; veau, 0 fr. 85 ;
mov'.n
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1 juin.
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1.70
1.56
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1.62
1.46
1.24
1.40
392
1.50
1.40
1.30
1.39
74
1.84
1.64
1.44
1.64
20
I 9i
1.80
1 60
1.72
82
i.:î4
1.28
1.22
1.27
40 REVUE COMMEKCIALE ET PRIX GOURANT (5 JUILLET 1884'.
mouton, 0 fr. 90; •— Bordeaux, bœut, G fr. 70 à 0 fr. 90; vache, 0 fr. 65 à
0 fr. Si ; mouton, 0 fr. 85 à 1 fr. 05 ; — Nevers, bœuf, 1 fr. 60 à 1 fr. 80; vache,
1 fr. 'iO à I fr. 60 ; veau, 2 fr. ; mouton, 2 fr. ; porc, 1 fr. 60; — Dijon, bœuf,
1 fr. 60 à I 7!i; vache, ] fr. 20 à 1 Ir. 60: veau (poids vif], 0 fr. 80 à 0 fr. 92 ;
mouton, 1 fr. 50 à' 1 fr. 80; porc (poids vif), 0 fr. 86 à 0 fr. 96; — Lyon, bœuf,
1 i'r. 35 à 1 fr. 75; veau (poids vil). 0 fr. 90 à 1 fr. 06; mouton, I fr. kS à
1 fr. 95; porc, 0 fr. 94 à 1 fr. 07; — Bourgoin, bœuf, 0 Ir. 66 à 76; vache,
0 fr. 58 à 0 fr. 68; mouton, 0 fr. 85 à 0 fr.'90; porc, 0 fr, 84 à 0 ir. 88 ; veau,
0 fr. 75 à 0 fr. 85 ; — Nimes, bœuf, 1 fr. 30 à 1 fr. 60 ; bœufs étrangers, 1 fr. 35
à \ fr. 40; taureau, 1 fr. 4-; vache l fr. 12 à 1 fr. 55; mouton, 1 fr. 75 à I fr. 85;
moutons étrangers, 1 fr. 30 à 1 fr. 55 ; brebis, 1 fr. 30 à 1 fr. 60 ; agneau,
1 fr. 02 à 1 fr. 07; veau (sur pied), 0 fr. 95 à 1 fr.
Viande à la criée. — Il a été vendu ù la halle de Paris, du 23 au 29 juin :
Prix du kilog. le 30 juin.
kilog. t'« quai. ■'• iiml y qii.il. Choix. Basse Boucherie
Bœufou vaclie... ITi.l.Sî l.Oi à 2.96 0.98 à 2.20 1.20 à 1.80 1.40 à 2.96 0.20 à l.;îO
Veau .208,207 1.70 2 06 1.48 I.C.S 1.10 1.4fi l.:!0 2.36 >i
Mouton 73,3.i4 1.38 1.76 1.16 1.36 0.76 1.14 1.46 3.20 ..
Porc 40,: 24 Porc frais 1.14 à 1.46.
495,837 Soitparjour 70,834 kilog.
Les ventes ont été inférieures de 7,000 kilog. par jour à celles de la semaine
précédente. Le.s prix accusent beaucoup de fermeté pour toutes les sortes.
X. — Cours de la viande à l'abattoir de la Villette du jeudi ^juillet [par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On \fend à la Villette par 50 kilog. : 1" quaHté,
65 à 70 fr. ; 2", 60 à 65 fr. Poids vif, 42 à 48 fr.
Bœufs. Veaux. Moutons.
1" T 3* 1" 2" 3" 1" r 3'
quai. quai. quai. q>ial. quai. quai. quai. quai. quai.
Ir. fr. fr. fr, fr. fr fr. fr. fr.
76 71 63 98 92 84 90 83 77
XI. — Marché aux bestiaux de la Villette du jeudi 3 juillet 1884.
Cours des commissionnaires
Poids Cours officiels. en besiiaux.
Animaux gênerai, t" 2* 3" Prix 1" 2" 3' Prix
amenés. Invendus. kil. quai. quai. quai, extrêmes. quai. quai. quai, extrêmes.
Bœufs 2.241 301 3',9 1.68 1.5i 1.28 l.2iàl.72 1.66 i 52 i.ii 1.22àl.70
Vaches 541 3!) 233 1.60 1.44 1 22 1.12 1.64 '.53 1.42 1.20 I.IO 1 62
Taureaux... 169 20 3II0 1,48 (.38 1.28 1.22 1.52 i 4S l 36 1.26 1,20 1.50
Veaux 1.470 190 75 1 84 1,64 1.44 1.24 2 04 » • » »
Moutons 14 715 1 298 20 2 OO 1.8S 1 66 1 50 2.06 • o » »
Porcs Eras.. 4.724 405 81 1.34 1.28 l 22 1.14 1.40 » » • •
— maigres,. » » »»•»!»»»»»»
Vente calme sur toutes les espèces.
Xll. — Résumé.
Les cours do la plupart des denrées, sont assez soutenus: il n'y a d'exceptions
à faire que pour les sucres et quelques produits animaux. A. Remy.
BULLETIN FINANCIER
Les difficultés de la liquidation de juin et les préoccupations politiques ont
encore ai-cru le mouvement de baisse. On cote les fonds d'Etat français : 3 pour
100, 76 fr. 75; — 3 pour 100 amortissable, 77 fr. 90; — 4 et demi pour 100,
106 fr. 70; — 4 et demi pour 100 nouveau, 106 Ir. 85.
Les titres des établissements de crédit valent : Banque de France, 4,980 fr.;
Banque Je Paris et des Pays-Bas, 810 fr. ; Comptoir d'escompte, 972 fr. 50;
Crédit foncier. 1,303 fr. 75; flanque d'escompte de Paris, 51lfr. 2b; Crédit
industriel, 680 fr.; Crédit lyonnais, 541 fr. '25; Compagnie foncière de France,
442 fr. 50 ; Crédit mobilier, 325 fr. ; Société générale, 466 fr. 25 ; Banque franco-
égyptienne, 570 fr.
Peu de variations sur les actions des Compagnies de clierains de fer, qui
valent : Est, 750 fr.; Paris-Lyon-Médi(erianée, 1,205 fr ; Midi, i,190 Ir.;
Nord, 1,700 fr. ; Orléans, 1,295 fr.; Ouest, 815 fr. — On cote les actions du
canal maritime de Suez à 1,942 fr. 50 ; les délégations à 1,197 tr. 50; les actions
du canal de Panama h. 485 fr. E. Féron.
Le Gérant : A. Bouché.
CHRONIQUE AGRICOLE {12 iuille. im).
Le commencement de la moisson. — Apparences des diverses snrtcs de céréales. — Les blés,
les seigles et les céréales de printemps. — Inlluenciî de la sécheresse sur les récoltes sarclées.
— T:ibleau ofticiel de la produclion des céréales en France en 1883. — Comparaison des récoltes
du Li!é pendant les dix dernières années. — Tableau relatif aux rendements des principales
plantes cultivées. — Discussion à la Chambre des députés sur le régime des .sucres. — Prin-
cipaux faits résultant d; la discussion génér.nle. — Voyage en Allemagne de la mission de la
Société d'agriculture de M=aux. — Déclarations pour l'e.xposition agricole d'Amsterdam. —
Projet d'exposition internationale à Anvers. — Réunion île la Commission du phylloxéra.
Subventions à des associations syndicales. — Travaux du Comité de vigilance dé la Cliaiente-
Inféiieure. — Introduction relative aux fruits et aux légumes de la Provence. — La destruc-
tion des loups en 1883. — La fièvre a[ihtheuse en Alsace. — Fermeture du bureau de douane de
Ventron. — Expériences et vente de moissonneuses et de lieuses à Bar-sur-Aube. — l^oncours
de moissonneuses à Issoudun. — Programme du concours de )a Société d'agriculture de Chalon-
sur-Saône. — Résultats du congrès de boulangerie à Paris. — Notes de MM. de a Morvonnais,
Nebout, Dupuy-Montbrun sur l'état des récoltes dans les départements d'IUe-et-Vilaine, de
l'Allier, de la Haute-liaronne et du Tarn.
I. — La moisson.
La chaleur qui règne depuis les derniers jours du mois de juin, a
hâté la maturité des céréales. La faux et la machine à moissonner
fonctionnent dans toute la région au-dessous de la Loire de la France ;
les seigles sont tombés les premiers, puis 1rs orges, et enfin les blés et
les avoines. Les cultivateurs se montrent généralement satisfaits du
nombre des gerbes; le grain est bien rempli, et l'on espère un bon
rendement au battage; c'est que les pluies tombées au printemps ont
été suffisantes pour permettre aux. plantes de se développer sufûsa-
ment. Dans le reste du pays, la moisson commencera bientôt; nulle
part, elle ne s'annonce comme devant être tardive. C'est un bon signe,
car plus tôt on procède à la moisson, et moins on a à craindre les
effets du mauvais temps. Toutefois, les excès de chaleur font naître
quelques appréhensions ; on redoute, dans quelques réo;ions, l'échau-
dage des grains, qui résulte d'un effet trop violent des rayons du soleil
sur le grain encore insuffisamment formé. D'après l'ensemble des ren-
seignements que nous recevons, on est généralement satisfait de la ré-
colle du froment; peu de paille, mais des épis assez nombreux; les
orages qui se sont succédé pendant quelques semaines n'ont entraîné
la verse que dans des champs assez clairsemés. Jl en est autrement
pour les seigles, qui ont eu, dans un assez grand nombre de cantons,
à souffrir de la verse ; cette circonstance est d'autant plus fâcheuse que
la paille de seigle est généralement employée pour le liage des gerbes
des autres céréales. Les orges et les avoines de printemps souffrent •
de la sécheresse; sauf dans les régions maritimes, où l'atmosphère
est plus humide, et dans les régions montagneuses où la chaleur a été
moins intense, l'épiaison, quoique régulière, s'est terminée trop sou-
vent par une sorte de brûlure des grains. Il y a donc des réserves à
faire sur les résultats de ces deux récolles. Le maïs pousse partout
vigoureusement, et il est permis d'espérer qu'on aura un bon rende-
ment. Parmi les plantes dont la récolte est achevée ou se poursuit, il
faut citer le colza; le rendement est satisfaisant dans la plupart des
régions; la floraison avait été régulière et les plantes se sont dévelop-
pées avec vigueur. Les pommes de terre, les betteraves el les plantes
potagères commencent à souffrir de la sécheresse dans beaucoup de
localités; les secondes coupes de fourrages seront très faibles. La florai-
son de la vigne a traversé des phases assez criliques; sous l'influence
d'un temps froid, elle s'est eflectuée lentement; mais, sauf en Bourgo-
gne et en Franche-Comté, la coulure ne paraît pas avoir eu lieu dans
N» 796. — Tome Ht île 1884. — 12 .luillet.
42
CHRONIQUE AGRICOLE (12 JUILLET ISS^t),
des proportions notables; malgré les gelées d'avril, la plupart des
vignobles pourront donner une récolte fructueuse. Tel est le bilan de
la situation; le point noir est la faible récolte des fourrages, surtout
sur les plateaux ; car dans les grandes vallées et sur le littoral, la
fenaiiion a donné de bons résultats.
IL — Les résultats de la récolte de 1883.
Le S"" fascicule pour l'année 1884 du BulleUn du ministère de V agri-
culture vient de paraître. Cette livraison est consacrée aux documents
définitifs sur les principales récoltes en France pendant l'aanée 188;^,
aux importations et exportations des produits intéressant l'agriculture,
pendant les trois dernières années, et enfin au commerce du bétail sur
le marcbé de la Villette.
Voici le résumé des tableaux relatifs aux récoltes de céréales et de
pommes de terre pour 1883 :
Surface cultivée. Production totale Rendement moyen.
Froment
Méteil
Seule
Orge
Avoine
Sarrasin
Maïs
Millet
Pommes de terre..
Hectolitres.
6,803.821
3(ir),926
1,719,666
1,060,549
3,729,472
630,. 'iSa
629,915
49,679
1,389,383
Hectolitres.
103,753,526
5,683,537
24,8V2,602
20,726.587
93.364,934
10,749,972
10,038,583
717,834
144,768,367
Quml. met.
79, 2^ 1,591
4,178,776
17,736,953
12,910,026
44,010,763
7,077,.S81
6,985,665
476,733
103,412,542
Hectolitres.
15.25
15.50
14.45
19.45
25.03
17.05
15.93
14.45
104.19
Si l'on compare les récoltes de blé pendant les dix dernières années,
on arrive aux résultats suivants :
1874.
1875.
1876.
1877.
1878.
Hectolitres.
133,130,163
1011,634,861
95,439,832
100,115,651
95,270,698
1879.
18S0.
1881.
1882.
1X83.
Hectolitres.
79,355,866
99,4:1,559
96,810,356
122,153,524
103,753,526
Le rendement moyen, pendant cette période, a été de 14 hectoi. 88
par bectare. Celui de l'année 1883 le dépasse de 37 litres. La qualité
du froment a d'ailleurs été bonne; d'après les résultats du pesage offi-
ciel des grains, le poids a été pour toute la France : de 78 kilog. 73 par
hectolitre pour la première qualité, 70 kilog. 740 pour la deuxième
qualité, et 74 kilog. 580 pour la troisième. Les importations de grains
ont été un peu moins considérables que pendant les deux années pré-
cédentes; mais, à raison des stocks considérables qui existaient dans
le commerce, les prix; du blé ont été cotés en baisse sur la plupart des
marchés depuis un an.
Pour les autres cultures, le Bulletin du ministère de V agriculture
fournit les renseignements suivants relativement à l'année 1883 :
Surface cultivée. Production moyenne. Production totale,
par hectare.
Betteraves à sucre .... ,
— fourragères .
Houblon
Colza (graines)
Chanvre ' gaines.., .
l>namre , i^y^^^^^ __
Lin.
! graines .
■ ■ ' lilasse
Tabac
Prairies naturelles
Ti-èHe
Luzei-na
Sainfoin
Autres cultures fourragères.
Hectares.
226,365
261,143
3,46»
122,860
38,274
70 ,345
31,6.52
49,582
12,487
4,492,119
1,124,986
878,497
583,368
231,257
Kilog.
36,568
30,789
1,188
1,036
432
634
606
734
1,188
3,865
4,287
4,824
3,725
7,340
Quintaux met.
83,378,268
80,405,532
41,250
1,273,773
165,692
446,222
192,060
363,994
148,462
173,654,698
48,237,936
42,379,248
21,7d4,430
16,974,278
CHRONIQUE AGRICOLE (12 JUILLET ISôk). 43
La culture de la vigae aurait donné, poui" une surface de 2, 1 21 ,595
hectares, une production totale de 44,575,943 hectolitres de vin. Les
renseignements du ministèredes finances accusaient, au mois dé janvier
dernier, un produit de 30,029,182 hectolitres. Les ditïérences sont
toujours considérables entre les deux: évaluations officielles.
IIL — Les sucres el les belleraves.
La Chambre des députés a commencé la discussion du projet de loi
sur les sucres. Ainsi qu'il fallait s'y attendre, cette discussion sera
longue, elle est loin d'être terminée; au moment où nous écrivons cette
chronique, on en est encore à la discussion générale ; plusieurs séances
seront nécessaires pour l'examen successif des articles du projet de la
Commission. Les principaux points sur lesquels la discussion a porté
jusqu'icisont relatifs à l'égalité de traitement entre les sucres coloniaux
et les sucres indigènes, aux conséquences que le changement d'assiette de
l'impôt entraînera pour le Trésor, aux avantages qui en résulteront pour
l'agriculture française. On a successivement entendu MVL des Rotours,
Eugène Robert, Daynaud, Sarlat, Gerville-Réache. Villain, rapporteur
de la Commission, Peytral, Tirard, ministre des finances, Méîine, mi-
nistre de l'agriculture, Frédéric Passy. La plupart des orateurs
qui ont pris part à cette joute se sont fait applaudir par la Chambre,
quoiqu'ils aient souvent défendu des opinions contradictoires. Il
ressort de cette première partie de la discussion que l'opinion des dé-
putés n'est pas encore arrêtée; un grand nombre d'amendements ont été
présentés, et il est probable que leur examen entraînera encore de
nouveaux débats. Mais, comme la Chambre des députés a voté l'ur-
gence, après la délibération actuelle le projei adopté sera immédiate-
ment transmis au Sénat.
La mission envoyée en Allemagne et en Autriche par la Société d'a-
griculture de Meaux pour y étudier la culture de la betterave, a quitté
Paris le 2 juillet sous la direction de M. Jules Bér.ard; plusieurs délé-
gués du Comice de Soissons se sont joints à cette mission . Le voyage du-
rera une vingtaine de jours; nous sommes certains qu'il sera des plus
fructueux. Les voyagejurs ont visité jusqu'ici les environs de Coloj;ne,
Hanovre, Nordstemmen, Hildesheim, MagJebourg et Halle-sur-Saale.
IV. — Exposition inler nationale agricole à Amsterdam.
La participation de la France à l'exposition internationale agricole
qui s'ouvrira à Amsterdam le 26 août prochain sera aussi brillante
qu'on avait pu l'espérer. En effet, plus de 180 exposants ont envoyé
au ministère de l'agriculture leurs déclarations avant le 1"'' juillet, et
il est probable que ce nombre sera encore augmenté.
V. — Exposition internationale à Anvers.
Nous avons annoncé qu'une exposition internationale aura lieu à
Anvers (Belgique) en 1885. Elle s'ouvrira le 2 mai, et elle aura une
durée minimum de cinq mois. Les exposants français qui désirent y
prendre part sont invités à envoyer leurs déclarations avant le 1"'
septembre prochain, au ministère du coniinerce à Paris. Des catégories
spéciales sont réservées aux machines agricoles, aux spécimens d'ex-
ploitations rurales et d'usines agricoles, aux serres et au matériel
de l'horticulture, aux plantes de toutes sortes. Des concours v ^ ^^.aux
d'animaux vivants, de plantes, de fleurs, de légumes, sont projetés ;
44 CHRONIQUE AGRICOLE (12 JUILLET 1884).
ces concours feront l'objet de règlements spéciaux qui ne sont pas
encore publiés.
VI. — Le phylloxéra
La Section permanente de la r.ommission supérieure du phylloxéra
s'est réunie, le 4 juillet, sous la présidence de M. Meinadier, sénateur.
Après avoir donné son approbation à des traitements administratifs
proposés pour le département de la Haute-Savoie et pour l'arrondisse-
ment de Brioude (Haute-Loire j, la Section a décidé que, en raison du
nombre croissant dederaandes de subventions, elles réserverait ses pro-
positions d'allocations pour les petits vignerons, et que cliaque proprié-
taire ne pourrait recevoir d'allocation dans un syndicat que jusqu'à con-
currence de 5 hectares ; celte mesure n'estpas applicable aux syndicats
de recherches. La Section a ensuite décidé que des subventions pour-
raient être accordées à des syndicats comme il suit : Un, 4 syndicats
à Briard, Dogneux, Torcieu et Laboisse, comptant 98 propriétaires
pour traiter 44 hectares par le sulfure de carbone. — Aude, onze syndi-
cats, à Limoux, Lagrasse, Fabrezan, Lézignan, Permantier, Luc-sur-
Orbieu, Montréal, Treilles, Verzeille, Fitou, Fleury, comptant 196 pro-
priétaires pour traiter 2,590 hectares par le sulfure de carbone ou le
sulfocarbonatede potassium; — Bonchcs-du-Uhànc, 2 syndicats, à Cassis
et à Simiane, comptant 17 propriétaires pour traiter 13 hectares; —
Charente-Inférieure, 2 syndicats, àSaintes et Marennesetà Virson, comp-
tant 12 propriétaires pour 29 hectares; — Côle dOr, 3 syndicats, à
Beaune, Corgoloin et Horges-la-Ville, comptant 54 propriétaires pour
81 hectares; — Drôme, 3 syndicats, à Die et Andancette, comptant
110 propriétaires pour traiter 43 hectares; -^— Gard, 3 syndicats,
à Saint-IIippolyte-du-Fort, Cailar et Congenier, comptant 33 proprié-
taires pour 45 hectares; — llaule- Garonne, 8 syndicats de recher-
ches, à Carbonne, Colomiers, Cugnaux-Partels, Léguevin, Martres -
Tolosane, Menville, Muret et Iroé, comptant 632 propriétaires pour
2,538 hectares; — Gironde, 14 syndicats, à Anglade, Arbanats, Cadil-
lac, Rayon, Béguey, Civrac, Lalande de Cubzac, Génissac, Lesparre,
Vayres, Montagne, Tertres, Saint-Michel la-Rivière, comptant 288
propriétaires pour traiter 517 hectares; — Indre, 2 syndicats,
à Issoudun, comptant 20 propriétaires pour 14 hectares; — hère,
.11 syndicats, à Auberive, Vienne, Clouas, Boussillon, Sablon, Saint-'
Clair, Saint Maurice-l'Exil, Salaize, Péage de Roussillon, Chanas,
Morestel, comptant 354 propriétaires pour traiter 178 hectares; —
Loire, six syndicats, à Sury-le-Comtal, Saint-Michel, Cellieu, Pelus-
sin, Saint-Marlin-la-Plaine, Montbrison, comptant 88 propriétaires
pour 82 hectares ; ■ — Lot, un syndicat de 3 propriétaires pour 16 hec-
tares; — Lot-et-Garonne, un syndicat de 17 propriétaires, à Astalfort,
pour traiter 88 hectares; — Pyrénées-Orientales, deux syndicats à
Latour-de-France et à Rivesaltes, comptant 36 propriétaires pour trai-
ter 265 hectares; — Rhône, 4 syndicats, à Jarnioux, Charnay,
Echalas et Taluyers, comptant 110 propriétaires pour 145 hectares;
— Saône-et-Loire, 4 syndicats, à Prisse, Mellecey, Chenaves et
Laize, comptant 97 propriétaires pour 283 hectares ; — Savoie, neuf
syndicats, à Coise, Arbin, Chambéry, Cruet, Montmélian, Sa;nt-
Badolph, Saint-Jean-de-la-Po&te, Saint-Hélène-du-Lac, Serrières, comp-
tant 70 propriétaires pour 257 hectares ; — Tarn-et-Garonne, 1 syn-
dicat de 20 propriétaire, à Saint-Forquier, pour traiter 55 hectares ; —
CHRONIQUE AGRICOLE (!2 JUILLET 1884). 45
Var, un syndicat de 8 propriétaire, à Montauroux pour 14 hectares;
— Vienne^ 1 syndicat de 59 propriétaires à Jaiiinay, pour traiter
37 hectares. Les subventions que le ministère de l"an;i'iculture pourra
accorder à ces syndicats ont été fixées, suivant les circonstances, de
20 à GO fr. par hectare traité.
Dans sa séance du 25 mai, le Comité central d'études et de vigi-
lance de la Charente-Inférieure, présidé par M. le D' Menudier, a
constaté les bons résultats obtenus par les greffeurs venus du Midi,
qui ont opéré pendant le mois d'avril et de mai chez trente propriétai-
res, sur des surfaces considérables. Après avoir constaté que la
défense des cépages français est possible dans les terrains profonds, à
la condition de soutenir les vignes par les fumures, M. Menudier a
fait connaître les excellents effets qu'"l a obtenus de la greffe des
vignes françaises sur souches américaines, qui continue à donner de
très bons résultats.
VII. — Les fruits et légumes et le choléra.
Par un arrêté du préfet de police en date du 3 juillet, l'introduction
des fruits et légumes provenant des départements du Var et des Bou-
ches-du-Rhùne a été interdite dans le départemeut de la Seine. Cette
prohibition s'applique aux provenances des gares situées danslesdeux
départements, moins celles comprises entre Miramas (inclusivement)
et Avignon, sur les deux lignes d'Arles et de Cavaillon, et celles de la
ligne de Miramas à Carnouleset au delà, les stations situéesau sud de
cette dernière ligne étant interdites. Cette mesure, dont l'invasion du
choléra à Toulon et à Marseille est le prétexte, cause des dommages
sérieux à un grand nombre de cultivateurs; elle ne paraît pas suffi-
samment justifiée par les circonstances, et il faut espérer qu'elle sera
bientôt rapportée.
VIII. — Destruction des loups.
On se souvient que la loi du 3 août 1882 a créé des primes pour la
destruction des loups. Le ministère de l'agriculture vient de faire con-
naître les résultats de l'application de cette loi pendant l'année 1883.
Il résulte de pa relevé que 1,308 loups, louves et louveteaux ont été
détruits ; il à été payé un total de 103,720 fr. de primes. C'est dans les
départements de la Dordogne, de la Haute-Vienne et de la Meuse que
le nombre des animaux abattus a été le plus considérable.
IX. — La fièvre aphtheuse en Alsace.
Par arrêté en date du 7 juillet ]884, le ministre de l'agriculture
a interdit temporairement l'introduction des animaux des espèces bo-
vine, ovine, caprine et porcine, par le bureau de douane de Ventron
(Vosges), en raison de l'épizoolie de fièvre aphtheuse qui sévit actuelle-
ment en Alsace dans la région voisine de cette partie de la frontière.
X. — Expériences de moissonneuses.
Le Comice départemental de l'Aube, présidé par M. Gustave Huot
organise des expériences publiques qui seront suivies d'une vente avec
prime aux membres du Comice ; ces expériences porteront sur les
moissonneuses à un cheval, les faucheuses-moissonneuses à un cheval
les moissonneuses - lieuses et les lieuses indépendantes. Elles
auront lieu à Bar - sur - Aube, le 19 et le 20 juillet courant.
Les constructeurs ou les dépositaires devront envoyer leurs déclara-
46 CHRONIQUE AGRICOLE (12 JUILLET 1884).
lions avant le 16 juillet, au bureau du BaUelin du Comiec, imprimerie
Dufour-Bouquot, à Troycs; ils pourront ex: poser toutes espèces d'ap-
pareils et d'instruments agricoles ; mais les moissonneuses, les
lieuses et les faucheuses donnei'ont seules droit à la prime offerte par
le Comice. Une lieuse indépendante, acquise par le Comice, sera mise
en vente aux mêmes conditions.
Le (Comice agricole de l'arrondissement d'Issoudun (Indre) organise
un concours de moissonneuses qui aura lieu le dimanche 20 juillet,
dans les champs du domaine de Mez, près Issoudun. 11 sera mis à la
disposition du jury un certain nombre de médailles d'or et d'argent.
Les exposants seront tenus de se procurer les attelages nécessaires pour
conduire leurs machines.
XL — Société d'agriculture de Chalon-sur-Saône.
La Société d'agriculture de Chalon-sur-Saône (Saùne-et- Loire) tiendra
le 2 et le 3 août prochain, son concours annuel à Sennecey-le-Grand ,
sous la direction de M. Petiot, son président. Le prix d'honneur, ainsi
que les primes et médailles destinées à récompenser les améliorations
agricoles et viticoles, les récompenses à décerner aux valets et aux
servantes de fermes seront réservés aux deux cantons de Sennecey-le-
Grand et deSaint-Germain-du-Plain. Le concours du bétail sera ouvert
à tous les cultivateurs de l'arrondissement de Chalon-sur-Saône, qui
devront justifier d'une possession d'au moins six mois ou s'engager à
garder l'animal primé pendant le même laps de temps. Le concours
des produits agricoles et maraîchers, ainsi que des instruments d'in-
térieur et d'extérieur de ferme, sera ouvert à tous les exposants, sans
distinction d'origine.
XIL — Congrès de boulangerie.
Le congrès de boulangerie, dont nous avons anoncé l'ouverture à
Paris le 23 juin dernier, a clos ses discussions après plusieurs jours
de séances qui ont été présidées parM. Gatineau, député. Le principal
vœu émis par le congrès a été en faveur de l'abrogation de l'article
30 de la loi du 19-22 juillet 1791, qui donne aux municipalités le
droit de taxer le pain. Il a, en outre, demandé que 1b commerce adopte
un poids uniforme de 103 kilogrammes net pour les sacs de farine, et
qu'une bourse spécialede commerce soit créée à Paris. Dès délégués de
la plupart des départements ont assisté à ce congrès et ont pris part à
ses délibérations.
' XIIL — Nouvelles dî Vétat des récolles en terre.
'Voici quelques notes que nos correspondants nous ont adressées sur
les apparences présentées par les diverses cultures. M. de la Morvonnais
nous écrit de Bruz (lUe-et- Vilaine), à la date du 28 juin :
« Tandis que dans l'est, dans le sud, dans la région de Paris, et une partie de
la Normandie, des pluies et des orages sont signalés, avec des températures
anormales assez froides, les départements de la Mayenoe, de l'Anjou, et les cincf
départements de laBretagQe éprouvent, depuis plus de deux mois, une sécheresse
qui rapiiello celle de 1869.
« Si des pluies étaient survenues, même fin mai, les prairies qui paraissaient
prises en 'nerbe, bien qu'elles eussent été atteintes par deux ou trois nuits de
gelée assez intense en avril, auraient donaé une année ordinaire de foin, mais la
faux laisse la plus triste déception.
a D'un autre côté, les secondes coupes de trèlle n'ont pas poussé et les jeunes
trèfles semés dans des orges qui n'atteignent pas 20 à 25 centimètres, sont très
CHRONIQQE AGRICOLE (12 JUILLET 1884). 47
compromis. Les betteraves et les choux branclius souffrent beaucoup et le rem-
placement en est impossible par la sécheresse qui persiste.
«Aussi, sur nos foires, les bœufs ont baissé de 100 à 150 fr. par paire, et les
poulains de six mois à un an, d'une somme à peu près pareille; quelques bicufs
gras seuls maintiennent leurs prix; les porcs ont beaucoup baissé.
«Tout cela tient à la triste assurance, que désormais la ration fourragère d'été et
d'hiver ne sera pas abondante.
« Les sarrasins semés ne lèveront qu'autant qu'il viendra de l'eau ; quant à ceux
qui lèvent, ils semblent grillés par le soleil.
«Restent les avoines et les blés d'hiver qui sont très beaux et seront de qualité
exceptionnelle. Quant aux avoines de printemps et à quelques orges, dans les
terrains calcaires surtout, elles épient très difiicilement et ne donneront pas de
paille.
« Il y avait encore promesse de pommes dans les contrées où il n'y avait point
abondance l'an passé; mais les pommiers souffrent de la sécheresse qui leur est
contraire et les pommes tomberont. »
Dans la note qu'il nous envoie d'.Vrfeuilles, à In date du 6 juillet,
M. Nebout constate les résultats de la chaleur sur les cultures dans le
département de l'Allier :
« Après un mois de mai excessivement chaux et sec, juin arrive, qui nous donne
quelques jours de pluies, pas mal de brouillards et nous ramène une tempéra-
ture presque d'hiver, enfin le 18 et le 19 juin nous donnent deux nuits de gelées
blanches qui ont grillé quelques haricots, pommes [de terre et quelques branches
de vignes ; le brouillard et ce froid si anormal à cette saison, ont fait tomber
une partie de nos fruits et de nos noix; enfin, le 20 juin, le beau temps et la
chaleur nous retournent, poursuivent la floraison de nos vignes qui était déjà com-
mencée dès le 28 mai, et sans les froids de juin qui aurait complètement déjà
passé sa floraison dès le 15. Les grappes sont belles et nombreuses cette année
dans notre contrée. La moisson des orges et avoines d'hiver est terminée, celle du
seigle bien enrayée; la sécheresse que nous avons eue en avril et mai a bien di-
minué leur rondement en paille qui est restée courte, dontla principale tige seule à
pu monter; le froment sera mieux partagé; les avoines de printemps ont bien
souffert; dans certaine terre légère à sol arable peu profond, c'est à peine si elles
ont pu épier; par contre, dans nos hautes montagnes, les seigles et avoines sont
magnifiques-
« Les pommes de terre hâtives ont été étouffées par l'a grande chaleur des
premiers jours de juillet; les autres, (fuoique très belles, étaient toutes flé-
tries, heureusement que le 4 et le 5 juillet il nous est arrivé deux orages, qui
nous ont donné une grande quantité d'eau qui leur a redonné la vie, mais qui
les a plus ou moins ravinées, ain?i que nos champs de labour.
«Nos potagers faisaient aussi triste figure sous une pareille température, mais
battus et rafraîchis par la pluie diluvienne de ces deux orages, ils ont vite changé
de figure. Partout on se plaint du peu de fourrages trouvés dans nos prairies na-
turelles, les artificielles n'ayant rien ou peu donné; mais en revanche, jusqu'ici, ce
que Ton a pu rentrer au fcnil est de premier choix.
«En général l'état sanitaire de tous nos animaux est excellent. »
M. Dupuy-Montbrun nous adresse d'Auriac le résumé suivant sur
l'état (les cultures dans les départements de la Haute-Garonne et du
Tarn :
« La faux est dans les blés, la faucille encore et, très exceptionnellement, la
moissonneuse.
« Que va couper la faux? D'assez belles récoltes, bonne' moyenne diront les cul-
tivateurs de céréales pour les hectares qui valaient, quand il y avaitJraarchand, de
1,500 fr. à 2,000 fr.; à peine moyenne, répondront les exploitants des belles et
larges vallées de notre région. Là, est venue la verse précoce et ses conséquences;
elle arrive bien, 7 fois sur 10, grâce à la bonne volonté des cultivateurs. On n'y
compte jamais néanmoins.
« Si le début de nos cultures de céréales avait paru heureux, les semailles Lien
réussies, si tout avait marché de mieux en mieux jusqu'à la fin d'avril, au mois
en apparence, des chutes d'eau, des trombes en quelques endroits, ont nui à nos
blés; même ceux qui sont restés droits, donnent des épis à alvéoles vides ; il y a
48 CHRONIQUE AGRICOLE (12 JUILLET 1884),
ua certain balancement des épis ffiie nos ouvriers désignent par une locution que
je ne saurais traduire, en lui laissant son côlé pittoresque et expressif; ce fait ne
se produit pas cette année, il est l'indice d'une bonne année.
« Les cultures d'orges et d'avoines, muins fragiles, nous satisferont davantage.
« J'ai déjà donné, à son heure, la note sur nos approvisionnements pour nos
bestiaux, les foins des prairies permanentes viennent en quelques endroits mo-
difier la situation. La dessiccation a été réussie : ce qui n'était point arrivé pour
nos esparcettes, dont la pluie avait surpris les menions dans nos champs, quelque-
fois les andains.
«Nos luzernes, deuxième coupe, donnent un assez bon produit, le négril [colap-
sis atra) n'a, peut-être pas étendu ses ravages, grâce à l'abaissement très sen-
sible de température, dont nous sortons à peine.
« Cet abaissement de température a été nuisible à toutes nos cultures de
printemps, le maïs surtout. Après des semailles réussies, après une levée prompte,
avec ticelle longue et virte, il y a eu arrêt. Les chaleurs de ces jours passés, qui
ont peut-être un peu trop précipité la maturité des blés, ne sont pas venus don-
ner à la précieuse céréale l'aspect de vigueur et de santé que l'on aime à voir. .Te
n'ai rien dit du seigle, cependant, je parcourais ces jours passés de vastes pla-
teaux où le sol elle climat imposent cette culture; ils sont assez beaux; tout à
côté, grâce aux chaulages, grâce aux phosphates dont l'usage se généralise en
mélange aux fumiers, on trouve de très belles surlaces couvertes d'épis de blés à
barbe qui promettent ample moisson.
« La vigne est dans nos régions assez triste d'aspect. Tout s'attaque à ce précieux
arbuste; le phylloxéra, dans les deux dép;irtements, dont par suite de conditions
diverses je siis les oscillations des cultures, a fait cette année d'étonnants
progrès; là où l'on ne se doutait pas de sa présence, il manifeste son entrée par
fa destruction complète du vignoble, sur lequel il s'est abattu, il étend démesuré-
ment son aire. »
Nous avons donné, au cominfincement de celle chronique, un aperçu
général sur la situation ; nous n'avons pas à y revenir. Mais nous
devons exprimer le vœu que les circonstances commerciales soient,
dans la nouvelle campaççne qui va commencer, plus favorables aux
cultivateurs qu'elles ue l'ont été pendant celle qui s'achève. Ce n'est
pas le tout que de bien récolter, il faudrait que tous ces efforts fus-
sent couronnés par des ventes avantageuses.
J.-A. Baural.
SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE
Séance solennelle du 2 juillet 18S4.
. Dans le dernier numéro du Journal^ nous avons donné un compte
rendu sommaire de la séance solennelle du 2 juillet. On lira avec un
vif intérêt les discours prononcés à l'ouverture de la séance par
M Méline, ministre de l'agriculture, et par M. Chevreuil président
de la Société.
Discours de M Méline, ministre de l'agriculture.
Messieurs, en ouvrant cette solennité, je ne puis m'empècher de jeter à côté de
moi un regard attristé, et de chercher des yeux l'homme émineut qui tenait une
si grande place au milieu de vous. A une année de distance, il me semble,
comme à vous, que j'entends encore cette voix vibrante et harmonieuse et que je
suis toujours sous le charme de ce magnifique discours qui fut comme son testa-
' ment et ses adieux à l'agriculture trançiise. Jamais, je crois, de|>uis Homère et
Yirgile, elle n'avait inspiré une plus belle page ; jamais l'élévation de la pensée,
la simplicité et la grandeur du style n'avaient été portées plus loin.
Nous ne saurions accorder trop de regrets à une telle mémoire : des hommes
comme M. Dumas ne se remplacent pas.
Je laisse à d'autres, plus compétents que moi, le soin de vous entretenir des
admirables découvertes, des travaux du savant, qui ont jeté un jour si éclatant
svfr les problèmes les plus difficiles de l'agronomie. Mais il m'appartient de
SOCIKTI'': NATIONALE U'AaKl'"U[;rUUE. 49
rendre hotnmage et justice au premier, au plus dévoué de mes collal)orateuTS, à
riiomuieijui a c.onsHcré les ileruières anaées de son existence à surveiller, jusque
dans leurs plus humilies détails, l'application à l'agriculture de toutes les granues
lois révélées par la science moderne.
J'ai eu l'honueur de le voir à l'œuvre au Conseil supérieur de l'agriculture,
dont il était le vice-président et où sa voix si autorisée était religieusement
écoutée : il savait jeter sur tous les sujets, même les plus arides, la vive lumière
de sa parole limpide, de son esprit si précis et si méthodique.
Mais c'est surtout comme président de la Commission supérieure du phylloxéra
qu'il a bien mérité de l'agriculture française. M Dumas n'avait pas oublié son
pays d origine et personne plus que lui ne compatissait aux souffrances de ces
malheureuses populations du ÎNIidi, autrefois si llorissantes et si riches, aujour-
d'hui si éprouvées et si pauvres. Aussi est-ce avec son cu3ur autant qu'avec
son intelligence iju'il étudiait la marche du reloutable lléau et les moyens de le
conjurer.
Il s'était appliqué à son sujet avec une véritable passion, et il est aujourd'hui
permis d'affirmer, après quatre années de lutte, que ses efforts n'ont pas été jjer-
dus : car nous connaissons enliu les causes du mal, les moyens de le combattre,
et le succès définitif n'est plus qu'une question de temps. Cet excellent résultat
peut être attribué, pour une large oart, à l'habile directioli et à l'énergique per-
sévérance du président de la Commission supérieure du phylloxéra.
Après lie tels services, on peut bien dire que M. Dumas fut un des bienfaiteurs
de l'agriculture française, et on comprend toute l'étendus des regrets qu'elle a
éprouvés en apprenant sa perte. Ces regrets sont d'autant plus vifs que M. Dumas
lui fait défaut au moment où elle aurait le plus besoin de ses conseils et de ses
lumières, quand elle tourne ses regards désespérés vers tous ceux qui peuvent la
secourir et la soulager.
Heureusement, messieurs, les amis ne lui manquent pas dans son infortune, et
ceux qui lui restent dans une grande compagnie comme la vôtre doivent suffire à
la rassurer sur ses destinées. Comment pourrait-elle s'inquiéter tant (ju'elle voit
à votre tèce ce maître de M. Dumas lui-même, qui pour notre bonheur semble
voué à l'immortalité et qui porte si vaillamniant, si glorieusement votre
diapeau !
Sous son infatigable direction, vos travaux semblent redoubler d'activité. Pen-
dant l'année qui vient de s'écouler, vous vous êtes, on peut le dire, multipliés
pour étudier et résoudre les innombrables questions ipie soulève cette doulou-
reuse crise qui préoccupe si vivement l'opinion publique et pour laquelle chacun
voudrait trouver un remède.
Il n'est pas de recoin si obscur du problèmî ([ue vous n'ayez fouillé avec une
attention scrupuleuse : il suffit de parcourir votre annuaire pour connaître la
situation vraie de l'agriculture en France et l'ensemble des moyens qui peuvent
contribuer à la relever.
Vous vous êtes particulièrement attachés aux deux grandes questions du
moment, aux deux [dus pressantes, à celles de l'industrie sucrière et du crédit
agricole, prouvant car là que vous avez le sentiment très exact de ce que l'agri-
culture a le droit d'exiger avant tout des pouvoirs publi:'^.
Elle a certainement celui de demander qu'on lui conser^fe cette admirable cul-
ture de la betterave, qui intéresse à la fois la production du blé et celle du bétail,
qui est si bien appropriée à notre sol et si féconde en résultats. Je suis convaincu
que nous la sauverons en réformant notre législation et en substituant l'impôt
sur la betterave au système de fis';alité découra'.;eant que nous avons trop long-
temps pratiqué. L'honneur de cette victoire vous reviendra en grande partie : il
ne fallait rien moins que votre haute autorité et l'éclatante lumière du rapport
de M. Peligot pour précipiter une réforme qui est loin d'être comprise partout
et qui soulève encore bien des résistances.
J'ai lieu de croire qu", nous aurons le mè-n; succès pour le crédit agricole,
bien que la question soit eniore plus controversée. La divergence de vues qui
s'est produite au sein raèim de vo're So;léré et parmi vos correspondants ne m'a
nullement surpris ni découragé. Je savais d'avance que le crédit agricole n'existe
pas pour ceux qui peuvent s'en passer et qui se croient autorisas à le mépriser.
Il me suffit, pour ne pas l'abindouner, qu'il soit utile au'C autres, et ils sont
assez nombreux en France pour qu'on ne leur rel'usj pas ui instruuent di pro-
duction devenu aujourd'hui indispensable.
50 SOCIÉTÉ NATIONALE D AGRIRULTURE.
Je n'ignore pas de combien de méfiances, plus ou moins sincères, il est l'objet,
et je ne me dissimule pas qu'elles ne céderont que devant la pratique et l'évidence
des résultats. L'important, c'est que la majorité du monde agricole suit acquise
à l'idée : après lenquêle si consciencieuse à laquelle vous venez de procéder et
qui ne laisse aucun doute à ce sujet, j'espère qu'il ne viendra plus à la pensée de
personne de soutenir que le crédit agricole est inutile à l'agriculture et qu'elle
n'en veut pas.
Messieurs, je ne saurais trop vous remercier du concours si empressé et si
dévoué que vous voulez bien m'offrir en toute circonstance pour la défense des
grands intérêts qui me sont confiés. J'ai grand besoin, je vous l'assure, de me
sentir d'accord avec les véritables représentants du monde agricole pour marcher
avec courage dans la voie qui m'est tracée. Jamais les devoirs du ministre de
l'agriculiure n'ont été plus pressants et sa responsabilité plus grande. Non pas
que je me fasse l'illusion de croire qu'il dépend de sa bonne volonlé de sauver
l'agriculture : je sais trop où s'arrête son pouvoir, mais je sais aussi jusqu'où il
va et j'entrevois bien des choses utiles qu'il peut faire.
Je n'ai pas la prétention de les faire toutes : mais j'ai celle d'étudier et de
résoudie successivement toutes les questions en suspens, et de ne négliger aucun
des moyens qui peuvent aider notre agriculture dans la lutte difficile qu'elle sou-
tient contre tant et de si puis^^ants adversaires.
Ces moyens sont nombreux, vous le savez mieux que moi : je n'ai jamais essayé
de faire croire à personne qu'aucun d'eux lut décisif, mais je persiste à penser
que tous ont leur uiilité et que c'est de leur ensemble, quand nous les aurons
appliqués avec suite, que sortira le relèvement de notre agriculture.
Autant je suis ému et préoccupé de son état actuel, autant, je vous l'avoue, je
suis rassuré sur son avenir : elle fait preuve en ce moment de trop de vitalité,
elle prend en main ses intérêts avec trop d'énergie pour qu'il n'y ait pas là un
gage cerlain de victoire.
Pendant longtemps on lui avait reproché de s'engourdir et de s'endormir, et il
y avait quelque vérité dans ce reproche. Aujourd'hui, la malade se réveille et
déclare qu'elle ne veut pas mourir.
Je crois, messieurs, que nous pouvons la prendre au mot avec confiance et lui
donner l'assurance qu'elle ne mourra pas.
Discours de M. Chevreul, président de la Société
Monsieur le ministre, chers confrères et messieurs,
Permettez-moi d'exposer les conséqueaces du lait que l'espèce humaine est la
seule perfectible, et de les développer, non par des suppositions provoquant des
discussions, mais par des faits assez précis pour être compris de tous.
Le but que je me propose peut-il être atteint? Je le crois, si l'on veut bien,
avant tout, s'expliquer sur le sens qu'on attache aux expressions de pessimiste,
]iour qui tout est mal dans le monde social, et d'optijniste, pour qui tout est bien,
expressions dogmatiques qui sont de véritables conclusions en dehors de tout
examen expéri'iicnlal, tandis qu'il en est autrement de la proposition énoncée dans
les termes suivants :
La société humaine gagne-l-ellc avec le temps au double point de vue de la
morale, de la justice et de la science?
La question ainsi posée se prête à toutes les discussions sérieuses, quel
qu'en soit l'objet, et en cela nous verrons qu'elle ne fera pas défaut dans son
application à l'agriculture, eu égard à la diversité des objets compris dans cette
application.
Consultez la société actuelle sur la question, eu égard à l'agriculture; vous
n'aurez pas l'unanimité des suffrages, mais certainement la majorité sera favorable
à l'opinion qui préfère l'état actuel de l'agriculture à ce qu'il était autrefois, et si
l'Académie de Dijon avait à décerner un prix aujourd'hui sur la question qui nous
occupe, je doute fort que le lauréat fût un disciple de J.-J. Rousseau.
Passons aux conséquences relatives aux progrès de l'agriculture pour justifier
l'opinion d'après laquelle on pense que le temps est profitable à l'espèce humaine.
Mais avant de jjronoucer le nom qui est dans toutes les bouches de mes auditeurs,
que je rappelle les nombreux écrits des membres de la Société de biologie, parmi
lesquels (in remarque ceux du D'' Davaine; l'ensemble de ces écrits a eu pour
résullat d'avoir reconnu les causes immédiates de maladies contagieuses des êtres
vivants, microzoaires et microphytes, et c'est ici que je nommerai M. Pasteur,
dont l'esprit, en recourant à l'expérience, a démontré que le meilleur moyen de
SOCIKTK NATIONALE D AGRIGQLTOaE. 51
combattre ces maladies est i'iaoculation même de cas miorozoairss ou microphytes.
Mais ici je m'arrête pour reveaii- sur le passé et faire remarquer qu'eu 1660,
M. Pasteur m'avait frappé d'étoanemsnt par une découverte qui ne pouvait être
appiéciée que par des liommss liabitués à la pratique de l'analyse immédiate
appliquée aux êtres vivants, avec l'intention d-e connaître les espèces chimiques
constituant la planté ou l'animal.
Ûr, des hommes les plus distingués s'étaient occupés de la fermentation
alcoolique et l'on pensait n'avoir plus rien à apprendre sur ce fait que le sucre,
sous l'inlluence du ferment, se transformait en alcool et en gaz aci le carbonique,
en sorte que le poids de l'alcool et du gaz acide carbonique égale le poids du
sucre. Eh bien ! cette conclusion était erronée; la vérité est dans l'opinion de
M. Pasteur, que 7 centièmes environ du poids du sucre se changent en acide
succinique et en glycérine.
Maintenant interviennent les travaux du fils de notre illustre confrère,
M. Joseph Boussingault; je les cite piur deux motifs : le premier pour toutes les
analyses de vins qui ont tiguré à la dernière exposition, et le second pour une
découverte d'une importance et d'une nouveauté incontestables.
Avant lui, on croyait démontrer, par la relation établie entre le poids du
sucre et ceux du gaz acide carbonique et de l'alcool, que l'on pouvait déterminer
le poids du sucre d'après celui du gaz acide et de l'alcool produits dans la fer-
mentation d'un liquide sucré. Eh bien ! c'était une erreur. M. J. Bjussingault dit
que si on ne sépare paS; comme il l'a tait dans ses analyses, l'alcool du liquide
à mesure qu'il se forme, la fermentation du sucre est toujours incomplète. Fait
considérable au point de vue de la science comme au point de vue de l'application.
En outre, le jeune auteur a constaté dans ses analyses la présence de l'acide
succinique et de la glycérine, découverte par M. Pasteur.
Tels sont les motifs d'après lesquels M. Joseph Boussingault va recevoir un
objet d'art des mains de M. le ministre. La découverte dont nous parlons a été
jugée telle en Italie, que le roi a décoré M. Jo-eph Boussingault d'un de ses
ordres, ainsi que je l'ai appris quelques minutes avant la séance. Je ne serai
démenti par personne en disant qu'un tel fait honore à la fois celui qui donne et
celui qui reçoit !
Un fait général me reste à développer en faveur de l'opinion de l'influence
heureuse du temps sui' le progrès d', l'esaeoi liumainc. Il s'agit d'une institution
libre dont l'idée première appartient à de modestes jardiniers, qui ont fait appel
à des hommes appartenant à toutes les positions sociales et qui, en dehors de la
poliiique, ont pris part à l'association dans l'intérêt de la culture des p'antes
agréables et des plantes utiles comme alimentaires ; l'union libre de cette associa-
tion est devenue la Société nationale d horticulture di France. Et, grâce à la par-
faite unioa de ses membres et au désir de chacun de faire ce qu'il pourrait en
faveur du développement de la Société, son influence est devenue utile à la science
comme elle est favorable à l'ordre social.
Etranger à la Société d'horticulture, l'éloge ne peut paraître suspect en ma
bouche; mais si je ne lui appartiens à aucun titre, elle ne m'ajamais été indiffé-
rente; mes vœux n'ont pas cessé d'être pour elle el, à la suite de la seule de ses
séances à laquelle j'ai assisté, ayant eu l'avantage d'être placé à côté de mon
honorable collègue, M. Léon Say, j'ai vu, d'après ce qui s'y est passé et mes
questions au président, que mes espérance s'étaient réalisées, et c'est grâce à ces
circonstances qus je vais considérer la Société nationale d'horticulture de France
au point de vue de la science, puis au point de vue social.
1" Point de vue scientifique. — Les services rendus k la science depuis sa
ondation sont incontestables, grâce à l'in iépendince de ses membres et que l'in-
térêt d'un grand nombre d'entre eux est d'agir sur les végétaux de manière à les
modifier sous tous les rapports par l'expérience.
Les horticulteurs de profession ne sont pas livrés seulement à la culture des
végétaux recherchés pour leurs fleurs; ils s'occupent d'un grand nombre de
plantes utiles comme légumes, comme fruits, comme céréales; en un mot, tous
les horticulteurs qui aujourd'liui sont initiés à l'expérience et tous ceux qui y
recourent avec l'intention d'y réussir, cessent d'appartenir à la rouiine; leur
esprit s'agrandit, et pour peu que le bon sens se porte sur l'intérêt de la famille,
on aura l'imagination, qui est un des éléments du génie, pour peu qu'elles
soit réglée par le bon sens.
2" Point de vue social. — Tout ce qui rapproche les membres de l'espèce
b1 SOriKTÈ NATIONALE D'AGRICULTURE.
humaine, les uns des autres, consolide l'ordre et la paix, et à cet égard les hor-
ticulteurs praticiens n'ont jamais été ingrats envers leurs confrères. L'union a
été parfaite.
« Si lin grand nombre de fils de cultivateurs abandonnent les champs pour la
ville, les horticulteurs sont intéressés à s^ rapprocher des centres de populations
autant qu'Us le peuvent et de recevoir dans leurs cultures Te plus d'amateurs et
de familles mêmes.
« Enlin, le goût des Heurs si généralement répandu dans toutes les classes, le
goût des voyages, et la facilité de les accomplir sont aujourd'hui communs à
toutes les populations civilisées.
« Conclusion. — En rélléchissant à cet ensemble de laits cfui est la consé-
quence du progrès des sciences, comment croire à un mouvement rétrograde de
l'espèce humaine?
« Comment croire à la fin d'un état de choses dont nos pères n'eurent aucune
idée, je le demande à tous les hommes dont l'intelligence égale la raison, s'ils
ne jugeront pas l'ensemble des faits précédents plus favorable à l'optimisme
qu'à l'opinion contraire; et si l'état actuel du monde civilisé n'est pas plus con-
forme au rêve de ce bon abbé de Saint-Pierre qui, après les guerres de Louis XIV,
croyait à la paix universelle?... Mais je m'arrête ici, messieurs, dans la crainte
que vous ne pensiez que celui qui vous parle est plus près de la. jeunesse que du
centenaire! »
Dans notre prochain numéro, nous commencerons la publication
du compte rendu des Iravau.v de la Société, présenté par M. 'J.-A.
Barrai, secrétaire perpétuel.
Séance chi 9 }uUlet 1884. — Présidence de M. Chevreul.
M. Arnaud, aide-naturaliste du Muséum d'histoire naturelle, envoie
une note sur la recherche de l'acide azotique au moyen d'un sel de
cinchonamine ; la présence des azotates se reconnaît facilement à l'aide
d'un sel de cinchonamine en solution acide étendue. M. Clievreul fait
ressortir l'importance de ces recherches que M. Arnaud continue, et
M. Barrai fait remarquer que la découverte d'un réactif pour déceler
les nitrates, même en petite quantité, présente un vif intérêt après les
travaux de M. Berthelot sur la présence des nitrates dans tous les vé-
gétaux.
M. le ministre des travaux publics envoie le compte rendu des opé-
rations elïectuées pour le recensement de la circulation sur les routes
nationales en 188'2, et le minisire de l'intérieur le dernier rélevé des
opérations du service vicinal.
M. de Mauroy, ingénieur civil des mines, transmet une étude sur
l'utilité, la composition et l'emploi des engrais chimiques ; — M. le
D' Coni, une étude sur la province de Buenos-Ayres; — IM. Dudouy,
président de la Société d'agriculture de Pontoise, un rapport sur un
voyage d'une délégation de celte Société en Allemagne et en Autriche.
iVl. Gréa présente un rapport sur une notice de M. Gobin, professeur
d'agriculture du Jura, sur les fruitières de ce département ; il fait res-
sortir l'importance de ce travail, qui a été analysé dans nos colonnes.
M. Gréa présente un autre rapport sur une observation de M. Lau-
gier relative à un produit double d'une jument mulassière, l'un mu-
let, l'autre poulain; ces cas de superfétation, quoique rares, ne sont
pas inconnus. A cette occasion, des observations sont présentées par
MM. Barrai, des Cars, Milne-Edwards, Cornu, sur l'intérêt que pré-
senteraient des expériences faites sur ce sujet.
M. Renou présente le résumé des observations météorologiques
faites pendant le mois de juin ; ce résumé est publié dans ce numéro.
Henry Sagnier.
MÉTÉOROLOGIE DU MOIS DK JUIN. 53
METEOROLOGIE DU MOIS DE JUIN 1884.
Voici |le résumé (les observations météorologiques faites au parc
de Saint-Maur en juin 1884 :
Moyenne barométrique à midi : 758""". 67; miaimum le 2 à minuit, 742""". 91;
maximum le 12 à 8 heures du matin, 765"'"'. 55.
Moyennes thennomélriqucs : des, miniraa, 8".98; des maxima, 20".84 ; du mois,
14".91 : moyenne vraie des 24 heurrs, 14". 52. Minimum le 2 au matin, 5". 6;
maximum le 28 entre 2 et 3 heures du soir, 30". 0.
Tension moyenne de la vapeur : 8'"'".5li; la moindre, le 7 à 3 heures du soir,
5'"". 4 (le !'■"' à la même heure 5'""". 5); la plus grande 100, au matin en 5 jours.
Pluie: 39""". 1 en 32 heures un quart, réparties en 11 jours; presque toute
cette pluie est tombée en 9 jours consécutifs du 2 au 10. Un seul jour, le 2, a
fourni une hauteur d'eau un peu considérable, 11""". 2 en 4 heures et demie, au
commencement de la nuit. 11 y a eu 5 jours de tonnerre les 5, 6, 8, 22 et 24;
nous n'avons pas vu éclairer.
Nébulosité' moyenne, 54, un seul jour entièrement couvert, le 9; aucun jour
entièrement clair.
Le vent a soufflé 5 jours du SW; le reste du temps il a soufflé presque cons-
tamment de la région du N.
La température de la Marne a varié de 16".0, le 10, à 25". 6, les 29 et 30. Tou-
jours basse et assez claire, mais comme d'habitude, moins claire que la Seine.
Moyennes de 7 heures du matin. Baromètre, 758""". 89 ; thermomètre, 12". 90;
tension de la vapeur, 8'""'. 99; humidité relative, 80; nébulosité, 49.
Relativement aux moyennes normales, le mois de juin 1884 a pré-
senté les résultats suivants : baromètre plus élevé de 0™"'.8; thermo-
mètre plus bas de r.6; tension de la vapeur moindre de 1""".7; hu-
midité relative moindre de 5; pluie moindre de 16""". 5; nébulosité
moindre de 10.
Le 6 juin, les tilleuls des avenues commencent à fleurir :1e 12, les plus
précoces sont en pleine fleur, la plupart ne sont qu'à demi-fleuris, ils
ne sont tous en pleine fleur que vers le 18. Le 11, Robinia viscosa en
pleine fleur. Le 13, la cretelleet l'arrénathère bulbeuse commencent à
fleurir. Le 26, commencement de la floraison des millepertuis de la
Chine. Le 27, commencement de la floraison des Bracbypodium sil-
vaticum. Le 29, commencement de la floraison de l'œnothère odo-
rante. Le 28, pleine floraison de l'ailanthe et du tilleul à petites
feuilles. E. Rendu,
Membre de la Société nationale d'agriculture.
DISCOURS DE M. TISSERAND,
DIRECTEUR DE L'AGRICULTURE, AU CONCOURS RÉGIONAL DU PUY.
Discours prononcé à la distribution des récompenses le 27 juin 1884.
M. le ministre de l'agriculture aurait vivement désiré venir au Puy pour visiter
le concours régional de cette belle région qui, avec sa ceinture de granit, em-
brasse le grand massif volcanique du centre, présente un aspect si grandiose et si
pittoresque, des sols si variés, des cultures si diverses et une population si labo-
rieuse et si digne d'intérêt.
Il avait conservé longtemps l'espoir de pouvoir se rendre au milieu de vous —
les travaux nombreux qui lui incombent, la nécessité pour lui de rester en ce
moment près du Parlement pour défendre avec le zèle et le dévouement que vous
lui connaissez les intérêts de l'agriculture, l'en ont empêché. Mais U a tenu à ce
que le directeur de l'agriculture vînt vous exi)rim':!r tous ses regrets.
Vous les partagerez avec moi, Messieurs, car certainement vous eussiez été
5i DISCOURS PRONONGl!: AU CONCOURS RÉGIONAL DU PUY.
heureux d'entendre cette voix si chaude, si sympathique, vous parler des questions
agricoles qui intéressent la région, vous indiquer los solutions qu'il prépare, vous
donner avec sa grande autorité des conseils et vous inspirer toute confiance dans
la sollicitude du gouvernement de la République pour la prospérité de l'agricul-
ture. Je ne puis être qu'un écho bien lointain, bien imparfait de sa pensée!
Permettez-moi tout d'abord de proclamer le grand et légitime succès du concours
du Puy.
Cette exposition comptera dans les annales des concours régionaux : près de
400 tètes de gros bétail; 141 béliers et lots de brebis; 45 animaux de l'espèce
porcine; 150 lots de volailles; 600 machines et instruments agricoles; 500 numé-
tos des produits les plus variés et les plus remarquables remplissant une vaste
rente, témoignage du zèle de vos cultivateurs et des associations agricoles de la
région; une magnifique exposition d'horticulture et de floriculture capable, pour
ses débuts, de riva iser avec les plus belles, une exposition industrielle étalant les
beaux produits de l'industrie locale, une collection des plus intéressantes attestant
les grands progrès réahsés dans l'enseignement primaire agricole par des insti-
tuteurs habilement dirigés par un inspecteur éclairé sur les vrais besoins de l'ins-
truction primaire et sur l'utilité de répandre chez les enfants cette semence pré-
cieuse qui fera d'eux des citoyens patriotes, en même temps que des hommes
éclairés dans leur profession ;
Le tout visité par une foule avide de voir et d'apprendre : tel est le bilan du
concours régional du Puy.
Quand on se reporte de quelques années en arrière, au début des expositions
régionales, alors qu'une centaine de mètres carrés était un trop gnnd espace pour
recevoir les animaux, lesproduits et les machines amenés sous lesyeuxdu public;
quand on compare surtout les animaux et les instruments d'alors avec ceux que
nous avons sous les yeux, l'esprit reste saisi d'admiration en contemplant et énu-
mérant les progrès accomplis et l'espace parcouru par nos vaillants agriculteurs
du plateau central.
Au dernier concours qui s'est tenu au Puy, il y a sept ans, il y avait en présence
sept départements, c'est-à-dire un département de plus que n en compte la région
aujourd'hui, la Creuse, dont le territoire est de plus de un demi-million d'hec-
tares, et cependant le concours régional de 1884 lui est très notablement supé-
rieur.
En 1876, il y avait sur le champ de l'exposition 3-28 tètes de gros bétail, c'est-à-
dire 70 de moins que cette année. Le nombre des moutons était de 75; au-
jourd'hui il est doublé. Pour les porcs, l'augmentation est grande aussi. Et quant
aux animaux de basse-cour et aux produits, nous en trouvons cette année trois
lois plus qu'en 1876. Le nombre des machines était de 561, il y a 7 ans. Vous
avez enfin les chevaux en plus. L'espèce chevaline a c mquis sa place dans les con-
cours régionaux.
Ce sont là des signes non équivoques de progrès et de travail. La région de
l'est central a suivi le mouvement général.
ÎNIais le nombre n'est pas tout. Il faut encore considérer la qualité et la valeur
des animaux et des produits. A ce point de vue, l'exposition du Puy ne présente
pas de moins grands progrès.
A la faveur d'une sélection raisonnée et persévérante des reproducteurs et d'un
régime alimentaire plus soigné, vous avez grandement amélioré vos races domes-
tiques. Les beaux animaux ne sont plus l'exception.
L'amélioration a gagné toutes les étables, les bonnes races se sont propagées.
Les formes et les aptitudes des animaux dans leur ensemble sont meilleures. 'Tous
les visiteurs sont unanimes à signaler les beaux types que nous avons vus dans
l'exhibition des bêtes de la race du Mezenc, de Salers, d'Aubrac, dans la collec-
tion des reproducteurs durham et nivornais.
Pour être juste, il faudrait citer le nom de presque tous les exposants parmi
ceux qui méritent des éloges; les animaux de qualité médiocre formaient une
infime minorité.
Pour les moutons, une sage et prudente sélection se fait.
L'efl'ectif des bêtes ovines subit dans cette région le recul que l'on constate
partout non seulement en France, mais dans les pays européens où la jachère dis-
paraît, où les landes font place à de bonnes cultures, à des plantureuses prairies
artificielles. Avec raison vous avez cherché à compenser la réduction du nombre
p;ir l'augmentation de la qualité, par l'accroissement des produits en viande, en
DISCOURS PHONONCK AU CONCOURS RÉGIONAL DU PUY. b5
lait et par plus de précocité; vous avez recherché les types qui conviennent à la
plaine et aux sols fertiles, sans négliger de porter vos soins sur les races rusti-
ques qui utilisent les pâtures maigres des coteaux pierreux et les herbages ras de
vos plateaux élevés.
Vous n'avez pas oublié que le véritable progrès ne consiste pas à introduire
partout les races les plus exigeantes de bonne et riche culture, mais d'élever
dans chaque district, en rapport avec son sol et son état cultural, les animaux qui
savent le mieux tirer parti des ressources locales. Ici, vous avez gardé avec raison
le mouton des landes qui a besoin d'être bon marcheur pour trouver sa subsis-
tance et prospérer. Là, dans les terres très améliorées, c'est le mouton à viande
que vous avez introduit : c'est le soutlidown, c'est le mérinos amélioré et leurs
croisements ; ailleurs vous avez maintenu sur leur sol, les animaux de ces races
rustiques si appropriées à leur milieu qui fournissent le lait servant à fabriquer
ces fromages si hns, si renommés et qu'on retrouve avec plaisir jusque daas les
contrées les plus lointaines du vieux et du nouveau continent.
Le grand art du cultivateur, vous l'avez compris, est de savoir bien tirer parti
des forces naturelles qu'il a sous la main et non de se mettre, au prix de grands
sacrifices, de la ruine trop souvent, en lutte ouverte avec elles.
L'espèce porcine a été aussi l'objet d'une amélioration soutenue : les soins tout
particuliers donnés à ces animaux sont bien justifiés, car il n'est pas de bête qui
l'emporte sur le porc comme machine d'assimilation et de fabrication de viande et
de graisse: nui ne rémunère mieux que lui le cultivateur de sa peine et de ses
frais de nourriture, et puis c'est l'ai'imal de la petite culture qui doane le bien-être
dans les plus modestes exploitations.
Persévérez, Messieurs, dans la voie de progrès où vous êtes engagés; continuez
àanéliorer vos bonnes et excellentes races; vous avez en elles tout ce qu'il
faut pour réussir, qualités laitières, qualités pour le travail, aptitude pour l'en -
graissement !
Faites un bon choix de reproducteurs, bannissez sévèrement tous ceux qui sont
défectueux, suivez de génération en génération les bons sujets. C'est en opérant de
la sorte, et c'est là l'utilité des herd books, qu'on marche sûrement et qu'on fixe
les améliorations obtenues isolément.
Nourrissez bien vos animaux, nourrissez-les bien surtout dans le jeune âge, car
c'est à ce moment que l'animal se fait, que les organes assimilateurs acquièrent
leurs qualités, leur puissance d'absorption.
Améliorez aussi la qualité de vos pâtures, de vos herbages, de vos fourrages.
Avec une mauvaise nourriture la machine animale se détériore, tout comme
la meilleure locomobile avec du mauvais charbon et une mauvaise alimentation
en eau .
Aujourd'hui la science nous montre comment on peut accroître, par des engrais
judicieusement employés, la valeur nutritive des fourrages. Donnez du phosphate
de chaux aux terres qui en manquent, chaulez vos sols d'origine granitique, des-
séchez vos terrains marécageux, assainissez vos champs trop humides, arrosez
ceux qui ?ont très secs et à la place de denrées médiocre?, insuffisantes pour dé-
velopper la charpente et aussi les muscles de vos animaux, pour les engraisser,
vous aurez des fourrages plus productifs.
Le bétail est l'une des principales sources de revenu de l'agriculture moderne :
le champ du progrès est très vaste; la consommition de la viande, cette source
de force, de travail et de santé, est encore loin d'être ce quelle devrait être en
France. Nous produisons à peine 50 kilog. de viande par hectare cultivé, alors
que certains de nos voisins en réalisent le triple.
Vous avez donc une large marge devant vous. Marchez sans crainte ! . .. n'avez -
vous pas aujourd'hui une sécurité dont hier vous ne jouissiez pas?
La loi du 21 juillet 1881, due à l'initiative du gouvernement de la République
et que le Parlement, toujours soucieux de vos intérêts, s'est empressé de voter, a
organisé la police sanitaire! — Les maladies épizootiques sont surveillées et com-
battues énergi (uement. L'Etat y consacre annuellement plusieurs centaines de
mille francs, en même temps que les mémorables découvertes d'un homme de
génie, M. Pasteur, vous donnent de moyen de préserver vos troupeaux des mala-
dies infectieuses qui, périodiquement, les décimaient hier encore, ruinant les
malheureux cultivateurs dont elles envahissaient les étables et mena(;ant tou-
jours la fortune de ceux qu'elles épargnaient.
Le choléra des poules, le charbon, le sang de rate des moutons, le rouget des
56 DISCOURS PHONONGK AU CONCOURS REGIONAL DU PUY.
porcs sont vaincus; et voilà qu'en ajoutant de nouveaux titres à la reconnais-
sance de l'agiiculture, de l'humanité entière, M. Pasteur nous donne le moyeu
sûr, efficace de nous préserver, de préserver nos animaux de la rage, cette horri-
ble maladie qui pardonne rarement et qui, encore tout récemment, ruinait un
nourrisseur des environs de Pans en lui faisant perdre toute son étabie, 18
vaches mordues par un chien enragé !
L'agriculture perd en moyenne, chaque année, par suite d'épizooties, 40 à 50
millions de francs : c'est un lourd tribut qu'elle n'aura bientôt plus à payer, on
peut l'espérer. Le présent répond do l'avenir. Ce sera autant d'ajouté aux profits
des cultivateurs 1
S'il faut apporter le plus grand soin à conserver et à améliorer nos races ani-
males, c'est-à-dire les machines à l'aide desquelles nous transformons nos four-
rages en viande, en laine, en lait ou en travail; s'il faut les perfectionner de façon
à en tirer le plus de produits possibles, l'attention du cultivateur ne doit pas
moins être appelée sur la plante, qui est l'outil à l'aide duquel l'agriculteur
fabrique la matière végétale.
Dans cet ordre d'idées, vous devez chercher les variétés, les espèces qui, dans
chaque situation, vous rémunéreront le mieux de vos travaux et de vos avances.
Toutes les variétés n'ont pas les mêmes aptitudes. Il en est qui rendent beau-
coup plus que d'autres. Quand votre choix est tombé sur une espèce, ne la laissez
pas dépérir entre vos mains, soignez vos semences; ne prenez que les meilleurs
grains des meilleurs épis, améliorez-les; les végétaux, rappelez-vous-le sans cesse,
sont perfectibles comme les animaux et par les mêmes procédés.
Purgez encore vos terres des mauvaises graines, examinez vos champs et vous
verrez que le dixième de leur surface au moins, souvent bien plus, est occupé par
de mauvaises herbes qui gênent les plantes utiles, prélèvent leur part de vos
sueurs et de vos fumures.
11 y a là une conquête à faire. Vous pourrez augmenter ainsi en quelque sorte
d'un dixième la surlace utile de vos champs.
Vous soutîi'ez du manque de bras et de la cherté de la main d'œuvre : faites un
choix judicieux des machines qui vous permettront de parer à ces difficultés en
vous donnant la possibilité de mieux cultiver vos terres, de les netioyer économi-
quement, de moissonner plus vite et à un prix moindre, de mieux payer vos
ouvriers, d'épargner à ceux-ci les travaux toujours pénibles et parfois dangereux
de la moisson, en reportant sur les bêtes de somme lerude labeur et réservantà
l'homme son véritable rôle, celui de l'intelligence et de la direction. Modifiez
donc votre oulillage au fur et à mesure de vos besoins.
C'est- là la réforme de votre artillerie. Messieurs, artillerie de paix dont le but
est d'accroître la puissance productive de l'ouvrier, de faire vivre plus d'hommes,
d'augmenter leur force et de prolonger leur existence.
Je n'ignore pas les diflicultés que vous rencontrez dans la configuration du sol,
dans le morcellement de vos terres; mais ce ne sont pas là des obstacles pour
bien des outils accessibles à la petite propriété ; ils ne sont pas insurmontables
pour les autres.
L'esprit d'entreprise a déjà beaucoup fait pour mettre à la porté des petits agri-
culteurs les machines à battre. Dans beaucoup de localités, des entreprises pour
les travaux de moisson à l'aide de machines, pour les semailles en ligne des
céréales et leur sarclage, ont réussi également, grâce à l'initiative des Sociétés et
aux encouragements qui ont été distribués aux hommes d'initiative qui se sont
mis à leur tête.
Ce sont là des indications pour les Comices de la région.
Il ne faut pas désespérer non plus qu'un jour l'esprit d'association ne finisse
par grouper les cultivateurs d'une même localité pour l'achat et l'emploi des
machines coûteuses et même des semences et des engrais. Nous avons dans des
contrées voisines des exemples d'associations des plus fructueuses. Tel est le cas
des fruitières si prospères de la Suisse, du Jura, du Doubs et de F Ain.
Plus près de vous encore, le besoin de groupement pour un eS'ort commun
vient de se révéler de la façon la plus remarquable par l'organisation de nombreux
syndicats pour la défense du vignoble contre le phylloxéra.
Dans le seul département du Rhône, 3,996 propriétaires de vigne se sont asso-
cies et ont constitué 189 associations syndicales pour le traitement de 5,033 hec-
tares de vigne par le sulfure de carbone.
Grâce à cette union des forces, le département du Rhône se défend vaillamment
DISCOURS PRONONCÉ AU CONCOURS RÉGIONAL DU PUY. 57
et parvient sinon à arrêter le iléau au moins à en ralentir considéraWeraent la mar-
che. L'intensité de la lutte dans ce département est de 33 pour 100 de la surface
du vignoble, tandis que dans le reste des départements phylloxérés il est à peine
de 11 hectares traités par 100 hectares de vignes atteintes.
C'est la petite culture, Messieurs, qui dans le Rhône à donné ce grand et bel
exemple de la lutte et qui, ne désespérant pas du salut de U viticulture, a voulu
défenilre pieJ à pied son vignoble contre l'invasion du terrible ennemi.
C'est encore la petite culture qui pourra sauver l'industrie séricicole qui faisait
naguère la fortune de plusieurs clépartements de la région; elle le pourra au moins
en se livrant exclusivement aux petites éducations avec le concours de tous les bras
de la famille et en se conformant aux indications de l'homme illustre dont le génie
se manifeste sans cesse quand il s'agit de sauver l'agriculture d'un désastre!
La petite culture. Messieurs, qui lutte si vaillamment, cette démocratie agricole
si laborieuse, si énergique, si méritante, si sobre, si économe, que tous les étran-
gers nous envient, qui, dans les jours de malheur, a contribué si largement, par
ses épargnes accumulées, au salut de la patrie, qui fournit à l'armée ses soldats
les plus nombreux et les plus durs à la fatigue, la démocratie agricole, dis-je,
n'avait pas sa place dans les concours régionaux ou du moins elle avait une place
effacée.
Le gouvernement de la République, qui ne veut jamais laisser aucun mérite
dans l'ombre, a voulu que les petits cultivateurs qui, sur 5 millions de domaines
ruraux existant, en possèdent plus de quatre, fussent à l'honneur comme ils sont
à la peine.
Il a institué la prime d'honneur de la petite culture et de l'horticulture. Les
ouvriers ruraux auront aussi désormais leur médaille et déjà l'étoile du Mérite
agricole que les plus illustres savants s'honorent de porter brille sur la poitrine
de plus d'un de ces hommes modestes sous la blouse desquels bat un cœur de
patriote et d'homme du métier aussi intelligent que laborieux.
Ces encouragements, ces récompenses porteront leurs fruits; la petite culture
qui joue un si grand rôle dans cette région peut beaucoup pour le progrès
agricole. Elle doit apporter sa pierre à l'édifice et elle excelle dans un certain
genre de productions qui ne laisse pas d'avoir de l'importance.
Il n'y a pas d'ailleurs de petite économie en agriculture, comme il n'y a pas de
petit progrès à dédaigner.
Dans une industrie qui opère sur un capital de 100 milliards, la plus petite amé-
lioration se traduit toujours par des avantages énormes.
Un accroissement de 1 pour 100 dans la production agricole semble bien peu
de chose! Eh bien, Messieurs, cet accroissement équivaudrait pour l'agriculture
à un bénéfice annuel presque égal à celui de l'impôt foncier.
Et qui de vous, agriculteurs, ne se sent capable d'accroître davantage le rende-
ment de ses terres?
Qu'est-ce, en etTet, que 1 pour 100 d'augmentation sur le produit du blé, par
exemple? C'est 15 litres de grains par hectare!
Economiser un centime par jour sur la ration journalière de nos animaux est
chose qui paraîtra bien futile — une quantité négligeable — en appliquant à cos
besoins les règles bien connues de l'alimentation rationnelle, on peut économiser
beaucoup plus tout en nourrissant mieux. — Eh bien, 1 centime seulement par
jour donnerait plus de 100 millions de francs par an de fourrage qu'on pourrait
utiliser pour nourrir près de un million de têtes de bétail en plus et accroître
d'autant la production de la viande.
Par un meilleur choix de semences, par un meilleur traitement de celles-ci, par
leur nettoyage et leur mise en terre bien préparée, une économie de 20 litres par
hectare serait ainsi chose facile ; il y aurait là avec un peu de succès une économie
facile de 50 à 60 millions de francs !
Il serait facile de multiplier ces exemples.
Mais je m'arrête, car je crains d'avoir déjà abusé de votre patience et lassé
votre bienveillance.
Vous voyez. Messieurs, par ces seuls faits, combien l'horizon des améliorations
possibles est vaste et-ce que vous pouvez faire, ce qu'il vous appartient de faire
pour l'atteindre.
Le gouvernement de la République, croyez-le. Messieurs, est trop soucieux de
vos intérêts, il sait trop que de la prospérité de l'agriculture dépend celle du pays
entier pour vous abandonnner à vos seules forces.
58
DISCOURS PRONONCE AU CONCOUi^S RÉGIONAL DU PUY.
Il VOUS souliendra énergiquement dans la lutte que vous soutenez et est décidé
à vous donner les encnuragoiuents et les compensations qui vous sont dus pour
réaliser le programme possible des améliorations à effectuer. M. le ministre de
l'agriculture l'a proclamé hautement et il tiendra sa ])arole.
Mais il laut que vous-mêmes vous fassiez pour le salut commun les efforts
qu'il vous appartient de faire. Repliez-vous sur vous-mêmes, effectuez les amélio-
rations réalisables dans votre sol, dans vos procédés. Prenez les allures de l'in-
dustriel qui sait compter et faire des sacrilices momentanés pour gagner
davantage et vous arriverez à une situation plus prospère.
Je connais, Messieurs, le patriotisme ardent qui anime la population de cette
région faite de granit et de roches volcaniques, et je sais qu'on ne fait jamais un
vain appel à son énergie, à son courage, quand il s'agit de la grandeur du pays et
de sa force.
SCIES CIRCULAIRES A BRAS DTIOMME
Un des lecteurs du Journal nous pose la question suivante : « Le
renchérissement de la main-d'œuvre est tel qu'on ne peut plus scier
les bois de l'eu à la journée. A forfait, c'est aussi impraticable avec les
outils usuels. Une scie à manège serait une excellente introduction.
Fig. 3. — Scie circulaire à bras, du système Reynolds.
Même à bras d'homme, une scie circulaire serait de meilleur emploi
que la scie ordinaire. »
Depuis quelques années, nous connaissons plusieurs modèles de
scies circulaires qu'on peut mouvoir à bras d'homme ou par un
manège, ou encore un petit moteur à vapeur.
M. Arbey, ingénieur-mécanicien, cours de Vincennes, à Paris, con-
slrnit des scies circulaires combinées spécialement pour tronçonner
SCIES GlilGULAIKES A BRAS D'HOMME. 59
les bois de cliaiiffuge; elles peuvent être mues à liras d'homme ou par
un moteur. Le diamètre de la lame est de 30 centimètres; dans les
plus grands modèles, elle atteint 50 centimètres. La scie est montée
sur un large bâti en bois. Le prix, varie de 300 à GOO fr. suivant les
modèles.
Un constructeur anglais, M. P.-W. Reynolds, qui a une succursale
à Paris, 11, rue Bichat, fabrique aussi des scies circulaires. La fig. 3
en donne un spécimen. Ici, la scie est sur le même arbre que le volant.
Le bâti est en fonte. La scie est munie d'un appareil d'amenage, qui
permet à un seul ouvrier d'exécuter le travail, sauf lorsque les bois
sont exceptionnellement longs. Avec cet appareil, on peut scier et faire
les tenons jusqu'à 12 centimètres. Le prix de la scie, avec une lame
de 35 centimètres et une de 23 centimètres, mue à bras, est de
AW francs ; mue à bras ou à moteur, de 460 irancs. Le poids approxi-
matif est de 300 kilog. Henry Sagnier.
CONCOURS AGRICOLE RÉGIONAL DE GAP
Le concours agricole régional de la région du Sud-Est a eu lieu à Gap, du 7
au 15 juin, sous l'habile dire:tion de M. Du Peyrat, inspecteur général de l'a-
griculture, dont la haute compétence, la sûreté de jugement et la courtoise im-
partialité sont si justement appréciées par tous les agriculteurs de la région.
Ce concours aurait dû avoir, d'après les déclarations des exposants, une impor-
tance relative, si l'on tient compte de la pauvreté du département des Hautes -
Alpes et des diflicultés que présente son accès. Le catalogue faisait, en effet, men-
tion de 234 animaux d'espèce bovine, de 163 lots d'animaux d'espèc ovine, de
40 lots d'animaux d'espèce porcine, de 95 lots d'animaux de basse-cour, de
466 machines ou instruments, de 296 lots de produits et de 118 lots d'objets
d'enseignement scolaire.
Malheureusement de nombreuses abstentions se sont produites au dernier mo-
ment parmi les exposants, notamment en ce qui concerne l'espèce bovine qui
s'est trouvée réduite à 190 animanx, l'espèce ovine qui n'a compté que 120 lots,
et les ins'.ruments et machines dont plus de la moitié manquait à l'appel.
Ces abstentions sont regrettables à un double point de vue : elles sont une
cause de dépenses inutiles pour les villes où ont lieu les concours, puisque les
stalles et les tentes vides, destinées aux animaux ou aux produits absents quoique
déclarés, sont établies à leurs frais : elles nuisent encore à la bonne organisantion
des concours en nécessitant la suppression d'un plus ou moins grand nombre de
numéros portés au catalogue. Il serait à désirer ijue les jurys appliquassent dans
toute sa rigueur l'article de l'arrêté ministériel aux termes duquel tout exposant qui
n'avertit pas le ministère de son désistement peut être exclu temporairement des
concours de l'Etat.
Malgré les abstentions, le concours de Gap a été plus important que celui de
Digne en 1883, et a présenté un intérêt plus grand que les concours précédem-
ment tenus dans les IJautes-Alpes, en 1869 et en 1877.
L'espèce bovine y était surtout représentée par des animaux de race tarine. Cette
race, proche parente de la race schwitz, est la plus répandue et la plus recherchée
dans la région, à cause de sa rusticité, de sa sobriété et des qualités laitières de
ses vaches. Elle est assurément loin, dans son ensemble, d'atteindre à la pevlec-
tion, et beaucoup de sujets exposés à Gap prêtaient à la critique par leur croupe
trop étroite et trop courte, par leur culotte t rop peu distendue, par leur queue
trop haut placée; mais ces défauts disparaissaient chez quelques animaux d'élite,
et parmi ces derniers on peut citer au premier rang ceux de MM. Augier, à Avi-
gnon, Courtet, à l'Isle-sur-Sorgues, Duch Amand et Séraphin, 'à Avignon, To-
chon, à Bissy, et de ]\Liie 'Vve Taillofer, à Avignon. Le seul reproche que l'on
aurait pu adresser à quelques-uns de ces animaux aurait été de se trouver dans un
état de graisse trop avancé ; le jury n'a pas jugé le cas assez grave pour motiver
leur mise hors concours.
Bien que les décisions du jury ne leur aient pas été très favorables, nous ne
saurions passer sous silence les beaux taureaux tarins présentes par la Société d'é-
80 CONCOURS RÉGIONAL DE GAP.
levage des cantons de La Mure, Corps et Valbonnais. Fondée en 1882, à l'insti-
gation de trois agriculteurs éminents. dévoués à la cause du progrès, M. le doc-
teur Dufour, conseiller général de l'Isère, M. Bourron, conseiller d'arrondisse-
meni, et M. Reynier, vétérinaire à La Mure, cette société a pour but l'améliora-
tion des espèces bovine et chevaline dans les trois cantons où elle fonctionne.
Elle a acheté, en 1883, 18 taureaux tarentais de choix qu'elle a placés chez des
éleveurs du pays, elle a obtenu la création d'une station des étalons de l'Etat à
La Mure. Il n'est pas douteux que la Société d'élevage de La Mure, Corps et Val-
bonnais voie bientôt ses efiorts couronnés de succès ; son exemple mériterait
d'être suivi par les Sociétés et Comices agricoles de la région.
La raci! de Villard-de-Lans. qui a pour berceau le chef-lieu de canton de l'Isère
du même nom, olfrail aussi de très remarquables spécimens. Améliorée par une
patiente sélection, grâce aux conseils, aux exhortations de quelques hommes
d'initiative, parmi lesquels on doit surtout citer M. Bavière, l'habile et dévoué
vétérinaire de Grenoble, et M. Dalmas, 1 honorable président de la Société d'agri-
culure de Grenoble, la rate de Yillard-de-Lans est incontestablement en voie de
progrès et, à chaque concours de la région, on constate que ses défauts dé-
croissent et que ses qualités se perfectionnent.
C'est ainsi que chez beaucoup de taureaux et de génisses expopés, oh pouvait
apprécier un gain réel obtenu dans ,1e raccourcissement déplus en plus prononcé
des membres et dans l'élargissement de la poitrine.
Seulement il serait possible que les éleveurs de Villard-de-Lans fissent fausse
route en cherchant à faire de leur race une race laitière. Elle paraît avoir des pré-
dispositions plus grandes pour la production de la viande que pour celle du lait;
la finesse relative du poil, la souplesse de la peau,, la longiseur de la croupe, la
largeur des reins et du dos chez un grand nombre de sujets, et d'autre part le
peu de développement de l'écusson, des veines mammaires et du pis chez la plu-
part des femelles, sont autant d'indices auxquels on ne saurait se méprendre.
Or, suivant le but que l'on se propose en améliorant une race, les méthodes
zootechniques diffèrent essentiellement; le choix des reproducteurs, le régime, l'a-
limentation, la gymnastique fonctionnelle ne sont plus les mêmes; et, presque
toujours, en cherchant à atteindre deux buts à la fois, on échoue misérablement
des deux côtés. Les éleveurs de Villard-de-Lans ont donc à opter; nous pensons
qu'ils feraient bien de renoncer à améliorer leur bétail au point de vue de la pro-
duction du lait, pour s'attaciier exclusivement à la production de la viande ; nous
croyons ne pas nous tromper en avançant qu'ils obtiendraient ainsi des résultats
plus prompts et plus certains.
Plusieurs exposants du département de Vaucluse, MM. Gourtet, Augier, Prat,
Reynaud, MmeTaillefer, avaient exposé de magnifiques tètes derace schwitz. On
remarquait aussi de très belles génisses et vaches comtoises appartenant à
Mme Taillefer et à M. Bouchet, d'Avignon.
Le prix d'ensemble de la race tarine^a été décerné à M. Aurouze, de Gap, l'ex-
posant des Hautes Alpes dont le bétail est le plus remarquable.
Le prix d'ensemble attribué aux autres races est revenu à M. Gourtet, pour ses
superbes animaux schwitz.
L'espèce ovine, comprenant encore, malgré les abstentions, un assez grand
nombre de lots, présentait de très beaux sujets mérinos, métis-mérinos et soutli-
down.
Les décisions du jury de celte classe ont soulevé d'assez vives critiques parmi
les exposants et dans le public; on s'étonnait que les magnifiques béliers mérinos
et métis-mérinos présentés dans la l"' section parMM.Genin, d'Avignon, et Bey-
vin, de Sonnaz (Savoie), n'occupassent pas les premiers rangs et fussent relégués
après des animaux dont la qualité de la laine laissait à désirer.
Il se produit assez fréquemment chez les exposants de l'espèce ovine des
méprises (involontaires ou volontaires) au sujet de l'indication de la catégorie
dans laquelle doivent être classés leurs animaux; ils confondent les mélis-mérinos
avec des croisemenls très divers. Les jurys devraient se montrer sévères à cet
égard, et déclasser soigneusement les animaux mal déclarés par les exposants,
soit par ignorance,- soit par calcul de la part de certains habitués des concours, qui
spéculent sur l'indulgence ou l'inadvertance des jurés.
Nous devons signaler le très beau lot de souihdown de M. Tavan auquel le
jury a décerné le lot d'ensemble.
L'exposition de l'espèce porcine se composait Je 40 lots.
CONCOURS RÉGIONAL DE ClAP. 61
Les races étranc|^5res étaient bien représentées et nous devons signaler les porcs
de M!M. Aurouze et Duisit aux éleveurs et propriétaires du pays, dont les animaux
laissent beaucoup àjlésirer.
M. Aurouze aurait certainement obtenu le prix d'ensemble, si, à son lot de
berkshire, ne s'était trouvée mêlée une bête blanche. C'est aux porcs indigènes de
M. Duizit, intérieurs à ceux de M. Aurouze, mais formant un groupe homogène,
que le prix a été attribué.
Les animaux de basse-cour n'étaient pas aussi nombreux cfue le catalogue l'au-
rait l'ait espérer ; mais les 60 lots exposés étaient bien au-dessus de ceux que nous
avons vus dans les concours précédents.
Deux exposants, ayant obtenus le même nombre de prix, se touvaient en concur-
rence pour le prix d'ensemble : M. Augier, d'Avignon, et Mlle Lesbros, de Gap.
les lots de M. Augier étant incomplets, le prix a été décerné à Mlle Lesbros,
pour ses six lots de volailles, dont la pureté de race et le mérite étaient indiscu-
tables.
L'exposition des instruments était la partie faible du concours. Plusieurs expo-
sants faisaient défaut; MM. Bajac-Delaîiaye, Beaume, Bouvier, Ferrier, Griffon,
Lagneau, Mabiile, Marot, Meunier, Rittor, Rouiller et Arnoult, Tessier et Del-
mas, Voitellier, etc., détournés par l'éloignement et peut-être aussi par la crainte
de faire peu d'affaires, n'étaient pas venus comme ils l'avaient annoncé.
M. Plissonnier. de Lyon, avait exposé une remarquable collection de bateuses
à vapeur et à manège, de moissonneuses, faucheuses, et autres instruments.
MM. Decauville et Galland exposaient, le premier son chemin de fer |)0rtatif
bien connu; le second, des collections de porte-bouteille, égouttoirs, meubles en
fer, etc.
Les autres instruments étaient ceux que l'on retrouve dans tous les concours :
charrues, brabants doubles, défonceuses, herses, scarificateurs, pompes, voitures
et tombereaux, batteuses, taiares, hache-pailie, etc.
Nous signalerons toutefois :
1° L'ingénieux appareil d'arrosage, inventé par M. Barrachin Fidèle, à Gap,
auquel la Société des agriculteurs de France a décerné une médaille de bronze.
Destiné àl'anosage des jardins, cet appareil se compose d'un récipient à soupape
inférieure, s'élevant ou s'abaissant au centre d'un trépied en fer, par le moyen
d'un treuil auquel il est relié par une chaîne. Le trépied étant placé sur un puits
ou sur iin réservoir, on abaisse le récipient qui se remplit; puis on l'élève à une
certaine hauteur au-dessus de la surface du sol, et au moyen d'un tuyau en caout-
chouc dont un bout communique avec le foad du récipient, tandis que le bout
opposé est muni d'une lance, on dirige l'eau qui jaillit assez loin, et on arrose
dans toutes les directions.
2° Un appareil cylindrique servant à nettoyer et à laver l' bh', ])erfeclionné par
MM. Bernard et Gabillaud, à Liiragne (Hautes-.\lpes). Le ])erfectionnement
apporté par les inventeurs dans la construction de cet instrument, consiste dans
l'adjonction à la laveuse ordinaire, sur le cylindre, d'un appareil à décorti [uer et
d'un aspirateur, qui nettoient le grain avant qu'il tombe dans le cuvier de la
laveuse.
3" Un régulateur d'eau pour usines, inventé par M. Neyton, à Saint-Jean-
d'Avelasse (Isère), et honoré d'une médaille de bronze par la Société des agricul-
teurs de France. Cet instrument, très simple et très pratique, consiste en un
levier du premier genre, dont le petit bras supporte la tige d'une bonde conique,
et dont le grand porte un llotteur assez lourd pour l'entraîner. Lorsque le réser-
voir est plein, la bonde est maintenue soulevée à une hauteur déterminée par une
chaînette qui relie sa tige au bâti, et l'eau s'écoule dans l'intervalle ainsi laissé
entre la périphérie de la bonde et la circonférence de son trou. Au fur et à mesure
que le réservoir se vide, la pression et par suite le débit d'eau vont en diminuant ;
c'est alors ([ue le flotteur intervient; s'abaissant en même temps que le niveau
de l'eau, il soulève progressivement la bonde conique qui fournit à l'eau une issue
de plus en plus grande. Eu fixant la tige de la bonde et le flotteur à une distance
plus ou moins considérable du point d'appui, on règle comme on l'entend l'écou-
lement de l'eau.
A la bonde on peut substituer une soupape reliée, par deux chaînettes, au bâti
de l'appareil et au petit levier.
4" Une bonde automatique, présentée par le même exposant. Nous ne pouvons,
faute d'espace, donner ici une descriptiop complète de cet appareil assez compli-
62 CONCOUaS RÉGIONAI, DE GAP.
que. Qu'il nous suffise de dire que nous le croyons appelé à rendre de sérieux
services pour les irrigations.
5° Une bonde hydroglycérique automatique pour tonneaux, e^cposée par M. Four-
nier, pharmacien, à Gap. Cette bonde, en forme de cône tron([ué, et garnie inté-
rieurement de caoutchouc, est creuse, et loge un tube deux lois recourbé, muni
d'un entonnoir et de deux renflements, dans lequel on introduit de la glycérine
comme liquide obturateur. L'extrémité inférieure du tube traverse le fond de la
bonde, et communique par conséquent avec l'intérieur du tonneau ; l'acide carbo-
nique, pendant la seconde fermentation du vin, trouve ainsi une issue sans crue
l'air pénètre dans le tonneau ; et lorsque le fût est mis en perce pour les besoins
journaliers de la consommation, l'air trouve accès par le tube pour combler le
vide produit par le vin tiré, sans qu'il puisse s'établir un courant d'air continu.
6° Deux élégants pavillons de jardin en osier, construit par M. Truphème
Aimé, à Mont-Eglin (Hautes-Alpes).
Eniin, M. Ghabaneix, commissaire aux instruments, avait installé, pour l'in-
struction du public, un modèle du siphon automatique pour vider les réservoirs
dont la description a été donnée dans le n" du Journal du l'Agriculture du 9 août
1879, et un modèle de la martellière moulée à vanne oblique, inventée par lui, et
également décrite dans le Journal [n" du 18 juin 1881). Ces deux appareils, que
recommandent à la fois leur bon fonctionnement et leur extrême simplicité, con-
stituaient une des parties les plus intéressantes de l'exposition, et le public doit
des remerciements à M. Ghabaneix, pour les lui avoir (ait connaître et apprécier.
Les produits exposés n'étaient ni aussi nomlireux ni aussi beaux qu'ils l'eussent
été si le concours avait eu lieu en automne. On remarquait pourtant l'intéressante
collection de greffes (notamment les noyers greffes), les belles collections de légu-
mes, de plantes ornementales et de plants de pépinières présentés par M. Rey-
naud, horticulteur-pépiniériste, à Gap; la jolie collection de vignes américaines
et les vins de Jacquez exposés par M. Louis Léouttre, à Gap ; les splendides
asperges de M. Robert-Blanc, de monstrueuses pommes de terrre, d'énormes
betteraves et choux-navets, présentés par divers exposants; les excellentes huiles
d'olive de M. François Français, de Manosque ; les pâtes alimentaires artistique-
ment groupées, par M. Granjon, de Grenoble; les beurres et fromages exposés
parles fruitières de Saint-Laurenl-du-Cros, de Guillaume-Peyrousse, et par plu-
sieurs agriculteurs des Hautes-Alpes.
L'exposition scolaire était certainement la plus importante de toutes celles qui
l'ont précédée dans la région
Elle témoigne des eHorts des instituteurs des Hautes-Alpes pour répandre
dans les campagnes l'enseignement agricole si négligé jusqu'à ces dernières
années. Ces modestes et dévoués fonctionnaires ont compris l'utilité, la grandeur
de la mission que leur confie la loi du 16 juin 1879, et ils s'appliquent' avec
ardeur à former de nouvelles générations d'agriculteurs laborieux et instruits, de
citoyens honnêtes et patriotes; leur zèle persévérant est digne de tous les éloges.
Musées scolaires, collections d'animaux, d'insectes, de minéraux, herbiers,
modèles d'instruments agricoles construits par les élèves, cartes, plans, tableaux
d'enseignement et d'histoire naturelle, dessins, cahiers et devoiis agricoles d'élèves,
tout était remarquabb, et mériterait, pour être décrit et loué dignement, un espace
plus grand que celui dont nous disposons. Signalons pourtant tout spécialement
l'exposition collective de l'Ecole normale d'instituteurs de Gap, et les études pré-
sentées par plusieurs de ses élèves ; la carte en relief des Hautes-Alpes, par
M. Romieu, professeur à l'école normale; les règlements des Sociétés protectrices
des animaux utiles à l'agriculture organisées par plusieurs instituteurs du dépar-
tement dans leurs écoles; les expositions de MM. Joubert, instituteur, à Sainte-
Marie ; Aubert, à Charges; Durant, à Saint-Bonnet; Chaix, à La Roche-des-
Arnauds ; Chevalier, à Aubessagne; Reynaud, à Veynes ; Massot, à Aspremont;
Orcier, à Vilnolles, etc.; la Géographie des Hautes-Alpes, présentée par M. l'abbé
Guillaume, archiviste du département; l'Atlas agricole de la circonscription de
Gap, exposé par M. Martin, directeur de f Ecole communale de Gap. Nous nous
arrêtons ; l'énumération serait trop longue.
Cette exposition fait le plus grand liot neur <à M. Rey. l'éminent inspecteur
d'académie des Hautes-Alpes, et à ses collaborateurs, MM. les inspecteurs pri-
maires, dont les exhortations, les encouragements ont dirigé les instituteurs dans
une voie qui aboutira sûrement au progrès de l'agriculture dans le département.
{La siii te prochainement. ) ■ C. Allier.
MOISSONNEUSE-I.IKUSK DE MAC-CORMICK.
63
MOISSONNEUSE-LIEUSE DE MAG-GOinilGK
Mac-Cormick, dont l'agricullure américaine déplorait récemment la
perte, a été l'inventeur des moissonneuses pratiques : c'est également
à lui qu'on doit la construction des premières moissonneuses-lieuses.
Cette dernière invention remonte à une dizaine d'années, t.a première
moissonneuse-lieuse qui ait été envoyée en France a figuré à l'exposi-
tion universelle de 1878; aux célèbres expériences de Mormant, elle
a frappé l'attention de tous les cultivateurs par la régularité de son
travail et l'ingéniosité qui présidait à son mécanisme. Un nouveau
type a été créé depuis cette date, c'est la moissonneuse-lieuse à la
ficelle, que représente la fig. 4. Le liage à la ficelle a d'ailleurs rem-
placé le liage au fil de fer dans toutes les machines de ce genre cons-
truites soit en Angleterre, soit en Amérique.
Il est inutile de rappeler, dans tous ses détails, la description de
'^^l&làM^
iiis»!^t>w*W'''j*4^fl'i
Fig. 4. — Moissonneuse-lieuse de Mac-Cormiok, en li ivail
cette machine qui a été donnée déjà dans les colonnes de ce Journal.
I-es épis coupés tombent sur un tablier sans fin, articulé, qui les élève
et les amène sur un autre tablier incliné portant l'appareil lieur. Le
liage étant opéré, la gerbe tombe doucement sur le côté de la machine.
Toute l'opération se fait avec une extrême régularité, et le conducteur
n'a à s'occuper que deson attelage. On a d'ailleurs apporté au premier
tablier une modification qui permet d'opérer la coupe aussi près que
possible du sol, ce qui n'avait pas lieu dans les anciennes machines.
On n'en est plus à compter les succès de cette moissonneuse-lieuse
dans les concours. Elle a remporté les premiers prix aux concours de
la Société royale d'agriculture d'Angleterre, à Bristol en 1878 et à
Derby en 1881. Dans les nombreux essais quiont eu lieu enAustralie
pendant l'année 1883, la moissonneuse-lieuse de Mac-Cormick a rem-
porlé33 premiers prix. Enfin, au concours international tenu à Grosseto
(Italie), la même année, elle a été placée encore au premier rang. —
M. Paul Francey, à Tonnerre (Yonne), est l'agent général chargé de la
vente en France de cette machine, dont le prix est de 1 ,900 fr.
L. DE Sarduiac.
64 CONCOURS HIPPIQUE DE BREST-
CONCOURS HIPPIQUE DE BREST
S'il est une circonscription où l'adjonction de l'espèce chevaline dans les con-
cours agricoles régionaux soit justifiée, c'est assurément la région comprenant
l'ancienne Bretagne, le Maine et l'Anjou. Le gouvernement, il faut le reconnaître,
a répondu sous ce rapport à un vœu exprimé depuis longtemps, malgré l'appui
donné par les conseils généraux et quelques sociétés hippiques, paràculièrement
en Normandie et en Bretagne, à la production ou l'élève du cheval, suivant ce
qui leur paraissait ie mieux approprié à l'état du sol et de l'agriculture.
L'administration des haras, créée sous Golbert, interrompue en 1790, recon-
stituée en 1806 et 1815, n'avait en principe pour but que d'encourager la produc-
tion sur le sol de la France, des clievaux propres à nos armées, et laissait
implicitement en dehors de sa mission le cheval de l'agriculture proprement dit.
L'adjonction de l'espèce chevaline dans les concours régionaux la met à même
aujourd'hui de favoriser les races locales lorsqu'elles le méritent en leur conser-
vant leurs aptitudes; enfin, d'infuser dans ces races, pour le cheval de service et
de guerre, ce principe de régénération qu'on appelle le sang et qui donne une
action énergique nécessaire au cheval de selle, au trotteur, et enfin au cheval
d'armes qui doit pouvoir se monter et s'atteler. Les hippologues, au contraire, ne
s'inquiètent guère que des variétés de conformation individuelle et s'appliquent
à les analyser. Or la théorie est une chose dangereuse, pernicieuse même, si,
conséquence d'une longue expérience, elle ne se justifie pas par une pratique
réelle.
On voit de suite la séparation d'intérêts qui a valu maints griefs à une adminis-
tration à laquelle des sociétés hippiques, comme celle de Brest, se plaisent à rendre
liommage, aujourd'hui. Les uns pensent que le cheval de trait, dont l'élevage est
en général profitable, n'a pas besoin de l'intervention de l'Etat, et, qu'en tout
cas, c'est aux conseils départementaux seuls à en encourager la production ;
d'autres pensent au contraire que toutes les races quelqu'opposées ou dissem-
blables qu'elles paraissent, sont en réalité solidaires .et liées entre elles, dapnis
les plus fortes jusqu'aux plus faibles; et que plusieurs variétés distinctes peuvent
se fondre en un type nouveau qui réunit à un haut degré les qualités diverses de
ses devanciers, et on cite à es propos le cheval anglo-normand apte à tous les
services, recherché par le commerce et le luxe.
La Bretagne est un fond inépuisable de production chevaline et le Finistère
notamment présente aujourd'hui un stock de 50,000 juments améliorées avec
lesquelles les éleveurs, qui ont acquis un degré remarquable d'habileté dans les
accouplements, peuvent espérer tout faire. — Elln ne s'est pas reniérmée dans
l'éleivage du cheval d ■ trait et n'a pas repoussé l'action amélioratrice des haras,
ni r ntluence du sang. Ses races, si malléables d'ailleurs, se sont modifiées heu-
reusement, et ofl'rent au luxe et à la remonte des ressources précieuses.
Sous ce dernier rapport l'excellente mesure prise par le ministre de la guerre,
à l'instigation du général Thorton, mérite d'être signalée : la remonte achète à
un maximum de 1,200 des pouliches de 3 ans qu'elle laisse jusqu'à cinq ans aux
mains des éleveurs qui les nourrissent, et elle leur abandonne les produits. C'est
assurément profitable à la production, et moins coiiteux que d'acheter, au même
âge, des chevaux pour les envoyer au camp de Ghâlons et les y maintenir jusqu'à
cinq ans. Elle a seulement privé le concours de quelques poulinières restées chez
les éleveurs qui ne se sont pas crus autorisés à les présenter.
Il n 'est que juste d'attribuer au progrès de la culture et à l'amélioration de la
ration fourragère, celle des races chevalines en Bretagne. Sur les terres fertiles
du littoral où la plante rencontre l'élément calcaire et les phosphates nécessaires
à l'ossature et à la constitution plastique des animaux, on a toujours élevé le gros
trait et le trait moyen. Le département des Gôtesdu-Nord et celui du Finistère
recouraient, à cette fin. à l'étalon percheron et on créa le type percheron-breton,
excellent cheval d'omnibus. Et, bien que l'administration des haras, pour répon-
dre à la mission qui lui est confiée, ait eu toujours à lutter contre la générali-
sation du cheval de trait, elle n'en entretient pas moins, au dépôt de Laraballe,
la meilleure collection de ce genre qui soit en France. Mais, par de là le littoral,
sur les terres granitiques de l'intérieur, on produisait l'espèce légère et notam-
ment ces fameux bidets de Briec et de Gorlay, dont l'origine arabe se manifeste
encore aujourd'hui par la robe truitée.
CONCOURS HIPPIQUK DE BREST. 65
Les Etats de la province qui administrait elle-même ses intérêts jus':[u'en 1789
sacrifièrent à diverses reprises des sommes importantes à l'achat d'étalons arabes.
Il est vrai que quelques chevaux du type germanique furent introduits eu Bretatçne
par le duc d'Aiguillon voulant se conformer à l'étiquette de la cour, qui l'avait
adopté pour les carrosses. Arthur Young remarque que les nombreux chevaux
entiers (fu'il rencontre soat de petite taille, et étaient sans douie les bidets qui
menaient aux Etats les membres d'une assemblée qui ne ressembla que trop sou-
vent à une diète polonaise, et sur lesquels ils disparurent un beau soir, dit
M. de Carné, au milieu des fondrières des chemins ruraux d'alors pour ne pas
voter le don g)'alidt qui ne l'était que de nom.
Sur les hautes terres de l'intérieur de la Bretagne où l'on élève le cheval de selle,
l'étalon anglo-arabe, le pur sang anglais est employé. Sur le littoral du
Finistère il convient d'améliorer la race et de lui donnei- plus de distinction, sans
lui enlever de sa force. L'éleveur breton n'est pa* comme celui de la Normandie,
de la Vendée, du Poitou, un bouvier qui, au milieu de soq bétail, entretient
exclusivement sa jument en vue de la production, et son produit en vue de la
vente à un acheteur spécial, le luxe ou l'armée. C'est ua laboureur qui fait tra-
vailler sa poulinière et attelle son jeune cheval à la charrue, il veut bien que sou
lourd cheval soit dégrossi, qu'il prenne de la tournure, de la vitesse, qu'il
devienne cheval de trait léger, mais à la condition que ses épaules restent aopro-
priées au collier. En ua mot, il veut bien faire un cheval meilleur, miis pas uq
autre cheval.
La race bretonne fournissant l'étoffe avec laquelle ce type p'ut être atteint,
quel est le sang qui la façonnera en s'y mêlant. On ne pouvait penser au pur
sang qui, avec des juments de gros trait, donne souvent des produits décousus
avec des dessous ne répondant pas au poids du corps. L'anglo-norminl, dont le
type uniforme aujourd'hui, au pays d'élevage, a eu incoutestablemeat des succès
en 'Vendée et en Poitou, qui marchent sur les traces de la Normandie, n'a pas
toujours réussi en Bretagne C'est alors que plusieurs éleveurs distingués qui
obtinrent aisément le concours de l'administratiou des haras et parmi lesquels il
n'est que juste de rappeler le nom de M. le vicomte de Forsanz qui a pris une
part importante à la préparation de la loi organique de 1874 sur les haras, firent
importer quelques trotteurs de Norfolk à Saint-Pol-de-Léon. Ils furent secondés
de la manière la plus compétente par M. P.-J. du Laz, chargé de la statiou de
Saint-Pol et qui, depuis quarante-quatre ans, y a rendu les services les plus
éminents à la production chevaline du Nord-Finistère. Les chevaux venus au con-
cours de Brest, de cette partie du département formant anciennement l'évèché de
Saint-Pol, étaient tous à peu près du type Norfolk-Breton et attestaient le savoir-
faire des éleveurs, qui savent corriger les imperfections des reproducteurs par des
accouplements assortis.
Le succès incontesté de la formation du type Norfolk-Breton et son origine
récente devaient naturellement faire penser à l'établissement d'un stud-book qui
permit d'en conserver la pureté. M. P. du Laz qui, depuis l'introduction de l'éta-
lon Pliénommon, a suivi de près ce croisement parvenu aujourd'hui à la confir-
mation d'un modèle, voulut bien s'en charger; mais le concours de l'adminis-
tration des haras lui est nécessaire pour le cas où elle ne croirait pas le faire
établir elle-même avec les documents qu'elle possède. Les membres de la Société
des algriculteurs de France appartenant à la région ont, à cet égard, émis le vœu
que le premier volume du stud-book de la famille Norfolk-Breton soit com-
mencé et nous ne doutons pas que ce vœu ne soit accueilli par l'administration
supérieure des haras.
Le sang trotteur, au point de vue du cheval de service, est un progrès que
pours lit l'administration des haras avec beaucoup de raison, en l'exigeant de tour
les étalons qu'elle achète en Bretagne où elle pourra cette année encore recrutes
de nombreux sujets.
Une société hippique, fondée sous le patronage de la ville de Brest, présidée
par M. Lcloup de Varenne, dont les manières sympthaques contribuent au succès
de l'œuvre, fut fondée il y a douze ans par deux éleveurs, MM. Brouillard et
Leroux.
On croirait vraiment, à entendre certaines personnes, que l'élevage du cheval
n'intéresse que les gens riches et c'est à ce triste préjugé qu'est due la suppres-
sion de l'allocation budgétaire aux écoles de dressage. Le commerça des chevaux
se compte par centaines de millions, et, en Bretagne, la production, soit du cheval
66 ' CONCOURS HIPPIQUE DE BKhST.
de trait, soit du cheval de service, voire même du cheval de selle dans la montagne,
est aux mains du petit propriétaire ou du petit fermier qui l'entretient souvent
jusi|u"à trois ans. Or tout le monde sait qn'un jeune cheval au sortir de la prairie,
de l'écurie même, n'est point propre au service et que son dressage est nécessaire,
si on veut en tirer un prix rémunérateur. C'est pour donner à la production bre-
tonne ce complément nécessaire que s'est fondée, sur les errements de la Société
hippi([ue française et pour encourager le dressage du cheval breton amélioré,. la
î^ociété hippique brestoise.
La Société des agriculteurs de France adjoint chaque année quelques médailles
à la distribution des récompenses de la Société hippique de Brest.'
Si on parcourt le catalogue des chevaux exposés sur la belle promenade du
cours d'Ajot plantée d'arbres séculaires et dominant la rade de Brest dont les eaux
bleues, lorsque le soleil les éclaire, rappellent la baie de Naples, on voit que la très
grande majorité appartient au Finistère. Cependant la Loire-Inférieure a remporté
le premier prix des poulains de selle, et le même éleveur, M. Carreau, à
Saint-Etienne de Montiuc, a obtenu le prix d'ensemble, tandis que M. Parage,
de Maine-et-Loire, obtenait le 2'' prix dans la 3'' catégorie et méritait le premier prix,
aux yeux des connaisseurs.
Après un défilé des chevaux primés devant le ministre de la marine et les
députés du Finistère, notamment M. Gamescasse, prélet de police, la distribution
générale des deux concours a eu lieu au théâtre.
La Société des agriculteurs de France, par l'organe de M. le comte de Lorgeril,
président de la Société d'agriculture d'IUe-et-Vilaine, et la Société d'encoura-
gement à l'agriculture ont ajouté d'assez nombreuses récompenses à celles
distribuées par l'Etat.
L'objet d'art de la Société des agriculteurs a été attribué à M. de Kertanguy
possédant une importante écurie de trotteurs de Norfolk. Les membres de la.
Société des agriculteurs réunis à Brest se sont plu à rendre hommage à l'inter-
vention agricole de M. le vicomte de Cliampagny, en lui attribuant une médaille
d'or, et à celle de M. Tanguy, vétérinaire à Landerneau, pour ses diverses initiatives
en faveur du progrès agricole dans le Finistère et la production du cheval, regret-
tant de ne pouvoir pour cette année lui otfrir qu'une médaille d'argent.
Le ministre de l'agriculture avait attribué au concours de Brest huit décorations
du Mérite agricole et parmi les nouveaux chevaliers c'est pour nous plaisir et
justice de signaler M. G. Le Bian, qui, dans sa belle propriété de l'Hermitage
(commune de Lambezellec, près Brest), a donné l'exemple de l'élève du cheval
en même temps que de l'horticulture et l'arboriculture les mieux entendues.
Quant à M. Bordillon, il est de ceux que leurs connaissances des difficultés locales
et leur impartialité éclairée par la pratique font apprécier dans les nombreux
jurys auxquels il est appelé.
l" Catégorie. — Trait. — \" Section. Poulains de 3 ans. Rouan-CUder,h M. du Rusqnec, de
Sibiril (Finistère), 1™ prime; l.esiicven, kM.. Denis Le Borgne, de Cléder (Finistère), 2° prime;
Jean-Ban, à M. Claude Caill, de Plouzévédc (Finistère) . 3° prime. Mentions lionorables, iord-o/'-
Ihe-Manor, à M. Crèacli, de PIounévez-Loolirisl (Finistùrc) ; Kérim. k M. Lagain, de Serve,
(Cùtes-du-Ford). — 2° Section. Poulicties de 3 ans. Berqère, à M. Guennou, de Loberliet.
1" prime jFifury, àM. Cueff, dePlouénan, 2= prime ; P/iniiip, à.M Bolec, de Ploud;iniel, 3'prime;
La Belle, k M. Bizien, de Plouarzel, 4= prime ; Lucie, à JL François Corre, de Lannilis, .')• prime;
— 'i" Section. Poulinières. Minette, kU. LeFlanchec, de Servel (Côtes-du-Nôrd), l" prime-
Miss, k M. Mènes, de Rosnoën (Finistère), 2' prime ; Bellonc, à M. Haraonou.de Servel (Côtes-du,
Nord), 3» prime; Fanmj, à M. Rouallec de Plouénan (Finistère), 4" prime; Rouanne, à M. Pezron;
de Plonb'ezre (Côles-du-Nord), 5° prime; X.. à M. Quéguiner, de Plourin (Finistère), 6'prime-
Minette, à M. Le Coat, de Servel (Côtes-du-Nord), 7" prime ; Hermione, à M. Cougar, de Loc-Brè-
valaire (Finistère). Mentions honorables, fMcie, à M. le Flanchec, de Servel (Côtes-du-Nord) ;
Quanlic, à M. Thomas, de Servel (Cùles-du-Nord) ; Pichonne,k M. Héliès, de Plouarzel (Finistère);
Robuste, à M. Péron, de Mespaul (Finistère). — 4" Section. Poulains de 2 ans. Hercule,
à IVI. Claude Caill, de Plouzévédé (Finistère), 1'° prime; Kervella, à M. Nicolas Quentin, de Plon-
nèventer (Finistère), 2' prime. l\Ientions honorables, TroKawa;;, àM. René Le Duff, de Ploueseat
(Finistère) ; Rubini, à M.Vincent Le DulT, île Cléder (Finisière). —5» Section. Pouliches
de 2 ans. Minette, k M. le Denmat, de Saint-Servais, l" prime ; Casse-Cou, à M. Laot, de Plou-
goulm, T prime; Rosette, à M. Guivarch, de .Sibiril, 3» prime ; X., à M. Maurice Quéguiner, de
Plourin, 4° priire.
2" Catégorie. — Attelage. — l" Section. Poulains de 3 ans. Si'négal, à M. Cueff, de Plouénan
(Finistère), 1" prime. Fir-King,,k M. Vigourous, de Lopcrhet (Finistère), T prime. Primau, à
M. Lèa, Efflam, du Folgoët (Finistère), 3» primo. Printemps, à M. Troadec, de Plouvénez-Lochrist
(Finisière), 4 • prime. Foxhal, k M. Vigouroux de Loperhet (Finisière), .î' prime. Mcriadec, à
M. de Lusunan, de Plouénan (Finistère), 6' prime. Vainqueur, à M. Bihan de Ploiigoulm
(Finistère), 7" prime. Héro, à M. Mesguen, de Sibiril (Finistère), S' prime. Gédéon, à M. Bourhis,
de Plouénan (Finistère), 9" prime. Cood-by, à M. Le Borgne (Denis), de Cléder (Finistère),
10" prime. .Y..., à M. Le Nir, de CluUcauliii (Finisière), IP prime. Jean, k M. Creach. do I>lou-
CONCOURS HIPPIQUE DE BREST. 67
goulm (Finistère), 12" prime. Argus, à M. Rouallec, de Plouénan (Finistère), 13' prime. .S'n/si'i,
a M. VigoiMOux,(ic Loperiiet (Finistère), 14" priniL". Mentions tionorahles ; César, h M. Troaiiec,
de Plounévez-Lochiist (Finiàtère). Rabot, à M. Créach, de Plouvénez-Lochrist (Fiaistère). Vain-
queur, à M. Queniric, de Bodilis (Finistère). — 2" Section. — Pouliches de 3 ans. Déa, à
M. Garreau, de Saint-Etieniie-de-.Monlluc, 1" prime. Falène, à M. Bilian de Plougoulm, 2° prime.
Beltone, à .M. Ollivier (Jean) , de Plouénan, y prime. Périnetle, à Jt. Hardy, de Macliecoul,
4" prime. Bichette, à M. Rest, de Saint-Pol-de-Léon, 5' prime. Finette, k M . Gucnnoc, du Folgoët,
6° prime. Fleurdi'-Mai, à M. OuelV, de Saint-Pol-de-Léon, 7° prime. Carmen, à M. Mesguen, de
Saint-Pol-de-Léon, 8' prime. Ridol, à M. Vlf,'ouroux, de Loperhet, 9' prime, llrune, à .M. Sévère
(OlUvier), de SaiiitPol-de-Léoii, 10° prime. Mignonne, k M. Sévère (Pierre), de .Saint-Pol-de-Léon,
Il prime. Emeutièrc, à M. Guéguen, de Saint-Vougay, 12" prime. Florès, k M. Caëll, de Lanriec,
13° prime supplémentaire Fleur-d' Epine, à M. Huon, de Plouégat-Guerrand, 14" prime supplé-
mentaire. Fieary, à M. Marziii, de Landunvez, 15" prime supplémentaire. 3" Section. — Pouli-
nières demi-sang. BeUc-de-jour à. M Guivarcli, père, de Sibiril (Fini.stère), 1"' prime. Bellone, à.
M. Guivarch. fils, de Sibiril (Finistère), 2° prime. Bufine, à M. Troadec, de Plounénez-Lochrist,
3° prime. Mignonne, à M. Marzin, de Landunvez (Finistère), 4" prime. Troteuse, à M. Mcrguen,
de Sibiril (Finistère, 5" prime. Bijou, à M. Bihan (J.-M.), de Plougoulm, (Finistère), G" prime.
La Patrie , à M Huon (Jean) , de Plouégat-Guerrand (Finistère), 7" prime. Chcerly, à M. Marzin,
de Landunvez (Finistère), S° prime. Bellone, à M. François Ouéré, de Saint-Pol-de-Léon (Finis-
tère), 9" prime. Jeanne, à M. J.-M. Bihan, de Plougoulm (Finistère), 10" prime. Hirondelle, à
M. Guivarch, père, de Sibiril (Finistère), 11" prime Rohine, k M. Souriman, de Plougoulm
(Finistère), 12" prime. Mentions honorables : Lucie, à M. Yves Péron, de Mespaul (Finistère).
Brune, à M. Louis Ouéré, de Saint-Pol-de-Léon (Finistère). Bergère, à M. Marzin, de Landunvez
(Finistère). Finette, à M. Reyer, de Plouider (Finistère). Aima, à M. Louis Quèré, de Saint-Pol-
de-Léon (Finistère). Caroline, à M. Louis Adam, de Ploudaniel (Finistère). — 4" Section. —
Poulains de 2 ans. Bégasse, à M. Yves Sévère, de Saint-Pol-de-Léon, 1'" prime. Echanson, à
M. de Kertanguy, de Garian, 2" prime. Sénégal, à .M. Pierre Henry, de Plourin. 3" prime. Fer-
dinand, à M. Tanguy, de Bodilis, 4' prime. Veneur, à M. Fr. Caér, de Plouénan, .i" piime. Bary-
ton, à M. Porliel, de Mespaul, G" prime Tourc'h, à M. Grall, de Plouescat, 7° prime. Labyrin-
the, à M. Ouentric, de Saint Gervais, 8" prime. Milii, à M. N. Quentric, de Plounévenler ,
9"prime. llasting, à M. de Rusunan, de Plouénan (Fmistère). Hermion, k M. Roué, de Plouénan
(Finistère). Tridein,k M. Corre, de Tréflaonénan (Finistère). — 5" Section. — Pouliches de 2 ans.
Rosette, à M. Fr. Guère, de Saint-Pol, V prime. Surprise, a M. Ganeau, de Saint-Etienne-
Montluc, 2" prime. Nubia. à M. Fr. Roualec, de Plouénan, 3" prime. Hirondelle, à Yves Sévère,
de Saint-Pol-de-Léon, 4" prime. Clellic, à M. Abéguillé, de Plouvénez-Lochrist, .ô" prime.
Ruffian, à M. Troadec. de Plouvénez-Lochrist, G" prime. Finette, à M. Marzin. de Landunvez, 7"
prime. Rosette, à M. Bodériou, de Plougourvest, 8" prime. Mentions honorables : Coquelte, k
M. Cueff, de Plougoulm. Ruffme, à M. J.-P. Rosec, de Mespaul.
3° Catégorie. — Selle.' — ]'"" Section. — Poulains de trois ans. Docteur, à M. Garreau, de
Saint-Etienne-de-.Montluc (Loire-Inférieure), 1" prime. Paris, à M. Parage, de Chazé-sur-
Argos (Maine-et-Loire), 2" prime. pKimpcr.à M. LeHan, de Plounévez-Loclirist (Finistère), 3 prime.
Mentions honorables : Dogan, à M. Le Bras, de Sizun (Finistère). Entier, à M. Le Nir, de Chà-
teaulin (Finistère). 2' Section. — Pouliches de 3 ans. Bécassine, à M. Garreau, de Saint-
Etienne-de-Montluc, P° prime. Pénitence, à M. de Kertanguy, de Garian, 2° prime. Bibiche, à
M. Hardy, de Machecoul, 3" prime. Rosette, k M. Alain Thomas, de Ploudaniel. 4" prime. Miss, à
M.Tanguy Seité, de Plouescat, 5' prime. Lisette, à .M. Yves Feuntun, d'Ergné-Armel, G" prime.
iV., à M. François SaiUour, de Saint-Thégonnec, 7° prime. Espérance, à M. Hervé, de Ploézal, 8"
•prime supplémentaire. — 3° Section. — Poulinière. Oméga, à M. de Kertanguy, de Garian (Finis-
tère), I" prime. Lingère, à M. Garreau, de Saint-Etienne-de-Montluc (Loire-Intérieure), 2" prime.
Finette, à Mme Vve Mazurié, des Garennes-Quintin (Côtes-du-.N'ord), 3" prime. Lucie, à
M. Créach, de Mespaul (Finistère), 4° prime. Ma Coqueluche, k M. de Kertanguy, de Garian,
(Finistèfe), 5" prime. Coquette, k M. Guivarch, lils, de Sibiril (Finistère), 6" prime. Brune, à
M. Elles, de Plourin (Finistère), 7' prime. .Mentions honorables : .1', à M. Cosson, de Corlay
(Côles-du-Nord), Fille-de-l'Air, k U. Quéré, de Corlay (Côtes-du-Nord). Pommc-cVApi, à M. de
Kervasdoué, de Locmaria-Plouzanné (Finistère). ^ 4' Section. — Poulains do 2 ans. X., à.
M. Quéré, de Corlay (Cotes-du-Nord), 1'" prime. Eclair, à M. de Kertanguy, de Garian, 2" prime.
Enl, k M. de Kertanguy, de ^iarlan, 3" prime. Mentions honorables : Bobe , à M. le baron Didelot,
de Guilers (Finisière). — ô» Section. — Pouliches de 2 ans. Eva, à M. Garreau. de Saint-Eiienne,
1" prime. Mimi, à M. Pierre Sévère, de Saint-Pol-de-Léon, 2" prime. Fleur-de-Mai, à M. Gui-
varch, de Sibiril, 3" prime. Aima, à M. Yves Quiviger, de Saint-PoI-de-Léon, 4" prime.
A. DE LA MORVO.XNAIS.
L'OSTREICULTURE AU ROCHER DE L'ESTREES'
La Section d'économie des animaux a l'honneur de vous soumettre les
observations et résolutions que lui a suggérées la lecture du Mémoire
de M. d'Aviau de Piolant, sur l'historique, l'organisation, la marche
et les résultats du Syndicat des rochers de l'Estrées, dont il est le
président, Mémoire que vous lui aviez renvoyé par vos décisions
des 21 novembre et 15 décembre 1883.
Disons d'abord que l'importance de ces travaux n'avait point
échappé à quelques-uns do nos collègues et que, grâce à leur initia-
tive si chaleureusement secondée par l'honorable président de la
I. Rapport adopté par la So;iéte nationale d'agriculture.
68 L'OSTRÉIGUI-TURE AU HOCHEU DE L'ëSTRÉES.
Société des agriculteurs de France, notre si respecté confrère M. le mar-
quis de Dampierre, une des plus hautes récompenses de cette Société
lui l'ut accordée lors du dernier concours régional de Rochefort.
Ces travaux furent signalés pour la première fois au monde pisci-
cole par notre bibliothécaire, M. Laverrière, à propos du concours
régional de Niort, où ils obtinrent une première médaille d'or. C'est
à la suite de ces deux premières manifestations, que les Anglais,
toujours si friands de nos travaux d'ostréiculture et si au courant de
tout ce qui se passe sur notre côte piivilégiée d'Entre-Loire-et-Gironde
(Hornsby, le major Haies), en ont fait le sujet d'études aussi savantes
que minutieuses dont votre rapporteur a eu l'honneur d'avoir connais-
sance en Angleterre en 1881.
Les Anglais, disions-nous, frappés de la haute importance de ces
travaux, leur avaient réservé une place d'honneur, ni demandée, ni
occupée, dans leur récente exposition piscicole de Londres, en 1883.
C'est qu'en effet, Messieurs, les i^ésultats de ces travaux n'ont point
encore eu d'égaux dans cette direction.
Notre érudit bibliothécaire parle bien d'essais tentés dans la baie
de Cheasepeake, assez satisfaisants, dit-il, grâce aux fonds sur lesquels
on avait immergé l'huître américaine; mais, depuis on n'en entendit
plus rien, pas plus que de ceux faits au nord du Royaume-Lni, par
les ducs de Sutterland et Buchleuch. Les tentatives de la Bryner bay
engloutirent inutilement près de 2 raillions de francs.
On est donc en droit de dire que, depuis la toute première initiative
du notaire Pougnard à la Tremblade, en 1852, les essais de MM. Bel-
tremieux et Bellenfant, précédés des travaux de MM. d'Orbigny et
Eugène Fobert, dans la Charente-Inférieure, en 1855, ceux de Goste à
l'île des Oiseaux du bassin d'Arcachon, en I86'i, rien de pareil ne
s'est vu.
Inutile de dire. Messieurs, que ce qui précède ne se rapportait qu'à
YOstrea edulis; l'accident du Verdon, qui nous fit faire malheureuse- "
ment connaissance, dit-on, avec la grip/iœa n'ayant eu lieu qu'en 1864,
à 50 kilomètres plus au sud dans l'embouchure de la Gironde.
Nous voilà donc en présence de la griphée modifiée non seulement
dans sa forme, mais encore dans son goût. Quelles immenses consé-
quences. Messieurs, n'apparaissent-elles pas avec ces faits, pour la
portugaise, dont la multiplication par milliards de milliards, l'énergie,
la robusticité si nous osous dire, surpasse tout ce que ion savait dans
cette direction, à ce point que ces qualités inquiètent tellement, que
l'on en est à se demander si là comme partout, le faible devant dis-
paraître devant le fort, notre bonne et savoureuse gravette, notre
marennes, sans seconde, quoi qu'on en ait essayé ©n maintes régions,
n'en était pas sérieusement menacée, non seulement dans ses lieux de
production, mais même dans ses lieux de stabulation.
La portugaise, d'après M. Rougier, ne cessant de frayer que durant
les gelées, fait absolument nouveau, sur lequel nous tenons d'autant
plus à insister après en avoir mis la preuve sous vos yeux, qu'on fut
on ne peut plus étonné dans cette circonscription ostréicole, où le fait
est admis, de voir faire par un délégué de l'administration de la
marine qui, elle ne cherchant que le mieux, n'en saurait être respon-
sable, aussi n'en revient-on pas encore, disions-nous, d'avoir vu
essayer l'hybridation par la fécondation artificielle de la griphée et de
L'uSTHKtCULTUUE AU llOGHEH Dii I.KSTUKES. 69
l'edulis, doux parentes à mœurs et organismes tellement différents,
dans des tonneaux remplis d'eau de mer à l'époque de la dernière dera-
bation il n'y a que quelques mois.
Tenez pour certain, Messieurs, que les choses de la mer ne se
traitent pas ainsi et en attendant ([ue l'on nous communique des
résultats, pour lesquels nous n'hésitons pas à faire appel à une longue
patience, revenons aux travaux du Syndicat de l'Estrées, tout d'ac-
tualité, que tous à toute heure peuvent comme nous aller vérifier.
Votre Section vous mettra en garde d'entrée contre l'objection sui-
vante : Mais ne serait-ce pas un cas spécial à l'Estrées, à son orienta-
tion, à ses courants ? Le fait qui s'y accomplit sur une si grande échelle,
la modification de sa coquille surtout, se reproduirait-il ailleurs?
Nous n'oserions ni affirmer, ni infirmer, mais nous répoudrions :
essayez !
Dans le Mémoire de M. de Piolant, toutes ces opérations, ces résultats
sont observés, commentés, chilTrés. Les 16 hectares primitifs delà
concession de 1876 à 141 associés, sont devenus : les '25 hectares
environ de 1883, à 1!)4 associés; les 12 ares de la part du président
ayant rapporté 1 85 francs net. ,
Vous voyez donc, Messieurs, que les rochers de l'Estrées concession-
nés, rapportent et représentent aujourd'iiui un revenu d'environ
40,000 francs, qui se doublera, là où avant 1876 il n'y avait...
rien !
Si du fait argent, nous passons au fait de la transformation, nous
lisons page Odu Mémoire : «La Charente elle-même se met de la partie
et ijontribue à nos succès; les eaux douces corrigeant l'amertume des
flots de l'Océan, l'âcreur de la griphœa tend à disparaître et grâce à la
violence des courants, à une iévigation constante et active, nous nous
trouvons en présence d'une huître de forme à peu près régulière à goût
agréable, sinon exquis. »
Quelques-uns de nos honorables confrères ont pu constater que,
quant au goût, il y a sensible diminution de l'âcreur particulière à la
griphée.
i\L de Piolant n'a rien dit de tro|), relativement à la transformation
de la coquille. Vous avezvu, Messieurs, quelques échantillons recueillis
par nous sur les lieux, ainsi que le collecteur, pour vous mettre à
même de vous prononcer sur un fait qui vient d'être récemment
constaté.
Que de réflexions n'aurions-nous pas à vous faire. Messieurs, sur ce
collecteur en pierre au point de vue économique d'abord, et de l'heu-
reuse composition de cette roche à effrittement facile assurant ainsi si
aisément le détroquage, celte opération mère de tout succès en ostréi-
culture, comparé aux fascines historiques de l'ensemencement projeté
de la baie de Saint-Brieuc !
Que de fois ne disions-nous pas à notre toujours cher et vénéré ami
M. Coste : Trop de belles choses : des bois, des filins, des vieux boulets !
Une pierre qui résiste non seulement au courant, mais sur laquelle
croissent des plantes marines servant de balayeuses. Voilà le néces-
saire dans sa plus extrême simplicité.
Le fait constant du reculement de la vase devant ce collecteur, si
simple, si économique, chargé de varech ou de goémon, n'étant pas à
mettre en doute, est un fait que l'avenir utilisera, soyez-en certains,
70 L'OSTRKICaLTUIiE AU UOGEER DE LESTRÉES.
sur une échelle autrement Importante que celle employée par le Syn-
dicat de l'Estrées, quand l'administration des ponts et chaussées
permettra aux ostréiculteurs de prendre la pierre sur la grève où elle
ne sert à rien, au lieu de les forcer à l'acheter et à la faire transporter
de l'intérieur des terres, où raille difficultés sont à surmonter, en
dehors de la première de toutes, la question d'argent.
Les roches de l'Estrées, situées au sud de l'embouchure de la Cha-
rente, en face de la rade du Doux et des rochers de Derr, avaient du
reste été déjà signalées par Coste, en 1854, pour des essais de recueil-
lement de naissain, essais dont nous avons eu tant de fois l'honneur et
le devoir de parler pour rendre justice et hommage aux deux premiers
pionniers de l'ostréiculture française, qu'il en avait chargés.
Vous nous permettrez, Messieurs, de prononcer ces deux noms
devant vous, à nous le seul survivant de cette époque de l'ostréicul-
ture militante, avec notre vénéré ami M. le D' Kemmerer, de l'île de
Ré. Ces deux pionniers étaient M. le commissaire de la marine Acker-
mann et son garde Rabeau.
Les l'ésultals du Syndicat de l'Estrées sont d'autant plus heureux
que la marche de la portugaise, du sud au nord, commence à prendre
sur certains points de notre côte saintongcaise d'inquiétantes propor-
tions comme nous vous le signalions en commençant.
Inutile de vous faire remarquer que la portugaise, la griphica, mise
aux claires, se verdit comme notre gravette et, déposée simplement
dans les parcs où elle est soignée, remuée comme la française, y prend
une forme plus régulière et cela en quelques mois seulement, selon des
observations de M. Rougier, membre de la Commission de l'Estrées.
Votre Section, en vous rendant le travail de M. de Piolant, tient à
appeler votre attention sur ce qu'elle n'hésite pas à vous signaler
comme le plus grand fait de l'ostréiculture moderne, c'est-à-dire faire
produire à une roche nue dévastée, abandonnée, de 1 ,200 à 1 ,300 fr.
par hectare et par an, et cela avec une première mise de fonds de
10 francs, aussitôt remboursés par la vente des produits de la réserve
commune, aux 141 premiers associés, régis par cette organisation si
simple et si curieuse du Syndicat des ostréiculteurs de l'Estrées.
Le Bidlelin de la direction de l'agriculture (n" 8, 1883), nous parle
de quelque chose d'analogue à la rivière de la Trinité (Morbihan;.
Bien que le rapport du jeune professeur chargé par elle de l'enseigne-
ment des choses de la mer, ne nous donne pas de chiffres, nous ne l'eu
citerons pas moins comme un heureux rejeton de son année de 1876.
Du reste, page 147 d'un travail sur l'ostréiculture, le rapporteur se
joint à nous pour constater l'amélioration de la portugaise cultivée
dans la circonscription de Marennes.
Votre Section doit être en terminait, près de notre honoré confrère,
M. Léon Say, l'interprète de la reconnaissance des ostréiculteurs de
l'Estrées. C'est grâce à une de ses nettes et libérales décisions, lors
d'un de ses passages au ministère des finances, qu'ils ont dû de n'être
point enrayés par le zèle de quelques agents des domaines et qu'elle a
l'honneur de vous entretenir aujourd'hui de si brillants résultats.
En conséquence, votre Section vous propose d'accorder à M. d'Aviau
de Piolant une médaille cfor à l'effigie iVOlivier de Serres.
Chabot-Karlen,
Memhre Je la Societù nationale d'agriculture.
LE SUCRE EN ALLEMAGNK
LE SUCRE EN ALLEMAGNE
Monsieur le directeur, j'ai décrit récemment dans le Journal de l'A-
gricuhure les conditions économiques de l'industrie sucrière en Alle-
magne. Vos lecteurs connaissent l'immense développement de la
sucrerie allemande. En I8'i l-iSVi, liio fabriques opéraient sur 2
millions et demi de quintaux métriques de betteraves; en 1883-1884,
376 fabriques travaillent 89 millions de quintaux métriques. 4,") nou-
velles fabriques fonctionneront en 1S84-1S>^r). La production mini-
mum peut à l'avenir être évaluée à 100 millions dequmtaux métriques
de betteraves. Je veux aujourd'hui vous sii;naler la modification (pii
doit être introduite dans la législation à partir du 1" août 1885. Le
projet de loi adopté par le Bundesralh sera discuté par le Ueichstag
dans la prochaine session. La Ciiancellerie a reconnu que, dans les
conditions actuelles de l'industrie, le fisc donne une bonification
trop élevée à l'exportation. Elle propose donc de changer la taxe inté-
rieure et la prime d'exportation.
On admet que, dans les cinq exercices de 1878-1879 à 1882-1883,
1 1 .02 quinti\,ux métriques de betteraves ont produit \ quintal mé-
trique de sucre à 93.75 de polarisation, non compris le sucre extrait
de la mélasse. Il est assez diflicile d'évaluer la quantité de sucre ex-
trait de la mélasse. On ne peut recourir qu'à des approximations. En
1882-1883, sur 358 fabriques travaillant 87,471 ,537 quintaux métri-
ques de betteraves, 2U5 fabriques travaillant 5 'i, 072, 990 quintaux
métriques de betteiaves utilisaient leurs mélasses. Voici comment se
répartissaient ces fabriques :
Betteraves.
Osmose I3G 3'2, 743 ,419 quintaux métriques.
Elution TiO 15,542,27'
Substitution 12 3.693,097
Strontiane 4 1.3nO,(lC)7
Autres procédés 3 l.H(i:{.n3f>
"205 54,ii72,yJU
Il faut aussi se rappeler que ces fabriques achetaient de la mélasse,
et qu'en outre quatre fabriques ne travaillaient que la mélasse. Les in-
dications de la distillerie montrent que la mélasse passe de moins en
moins à l'alambic. Dans les quatre derniers exercices, la quantité de
mélasse utilisée dans la distillerie a considérablement diminué :
Distilleries. Mêlasse.
1879-1880 32 1 , 14«, 182 quintaux métriques.
1880-1881 26 880,882
1881-1882 24 684,605
1882-1883 17 425,032
En partant de ces données, l'administration allemande admet que
10.75 quintaux métriques de betteraves donnent 1 quintal métrique de
sucre à 93.75 depolorisation, y compris le sucre extrait de la mélasse.
Le développement des exportations a amené la diminution des re-
cettes fiscales nettes, ainsi que le montre le tableau suivant, donnant la
moyenne annuelle de plusieurs séries.
Impôts, Recettes
bonifications Frais Droits Recettes nettes
déduites. de régie. de douiine. nettes, par tète.
marcs. marcs. mares. marcs. marcs.
1" septembre 1869-31 août 1874. 42,089,0.59 1,85<,348 6,216.732 46,437,443 1.16
_ IS7', — 1879. 47,772,475 2,4..6,036 4,1.5,745 49,462,182 1.15
— 1876 — 1883. 46,503,336 4,183,!!94 1,641,052 43,960,394 0.98
— 1880 — 1883. 44,973,411 4,5ô;i,537 1,610,668 42,03u,542 0.93
72 LE SUCRE EiN ALLEMAGNE.
Le revenu net esltombed'un maximum de 49,462/18'2 marcs à un
minimum de 42,030,542 marcs. Cette moins-value provient de la di-
minution des recettes d'impôt, bonification déduite, de la diminution
des recettes douanières et de l'augmentation des frais de perception.
La recette par tête est descendue de TMo en 1874-1879 à 0'".93 en
1880-1883, c'est-à-dire de 22 pfennigs. La consommation intérieure
n'a guère augmenté. Le consommateur et l'exportateur ont largement
bénéflcié de cette diminution des recettes nettes. Si, comme l'admet
la Chancellerie, 10.75 quintaux métriques de betteraves suffisent pour
faire 1 quintal métrique de sucre à 93.75 de polarisation, l'impôt
intérieur descend de 20 marcs qu'il doit produire dans l'esprit de la
loi à n^.20, et la prime de sortie qui ne devrait être pour le sucre à
88° que de 16'". 15, étant de 18'". 80 jusqu'en 1883, l'exportateur tou-
chait du fisc un bénéfice de 2'". 05 par sac de 100 kilog. Ce bénéfice a
été abaissé à 1'". 85 par la réduction de la prime de 18"'. 80 à 18
marcs. En fait, la prime est cependant inférieure pour le rendement
de 1 quintal métrique de sucre par 10.75 quintaux métriques de bet-
teraves au chiffre que je viens d'indiquer, parce qu'on exporte du sucre
polarisant généralement plus de 90", surtout du sucre à 94".
La Chancellerie désirerait obtenirla recette nette par tète de l'^.l 5 ; à
raison d'une population moyenne de 46,500,000 âmes, il faudrait
donc percevoir 53 millions et demi de marcs, c'est-à-dire augmenter
la recette moyenne des trois dernières années de 11,250,000 marcs.
C'est dans ce but que la Chancellerie propose au Reichstag le projet
suivant adopté parle Bundesrath :
Un impôt intérieur de 18 marcs par 1 ,000 kilog. de betteraves ;
A l'exportation une bonification de 18"'. 60 pour sucres bruts mar-
quant au moins 90 pour 100 au polarimètre, de 21". 40 pour les su-
cres blancs'en cristaux et en poudre marquant au moins 98 pour 100
au polarimètre, et de 22'". 80 pour les candis et les sucres en pains, en
plaques et en morceaux.
Voyons les receltes que tirera le Trésor allemand de ce tarif avec une
fabrication portant sur 100 millions de (juintaux jnétriques de bette-
raves.
Admettons d'abord un rendement de 1 quintal métrique de sucre
à 93.75 par 10.75 quintaux métriques de betteraves et une consom-
■aiation de 3,150,000 quintaux métriques de sucre:
marcs.
100,000,000 quint, met. de Ijetteraves (i".80 d'impôt par 100 kilog.). 180,000,000.00
Procuctioii. . . . 9,302,326 quint, met. de sucre à yS".".').
(ionsoniraation . 3,l.î0.n00 — —
Exportation.... (j, l.'i2,3';ii — —
BoDilicatiou, 1K.60 par 100 kilrg. ^ Il4,ii33.2ii3.60
Excédent. t!t),.'i6C.,7.!rt.'iO
4 pour 100, frais de perception. 7 ,200,001). 00
Recet.e nette. 58,366,736.40
Supposons pourlemèmerendement une consommation de 3,500,000
quintaux métriques de sucre :
marcs.
100,000,000 quint, met. de betteraves (l°'-80 d'impôt par 103 kilog.). 180,000,000.00
Production.... 0,302,326 quint, mot. de sucre à 93°-76.
Consommation. 3,510,000 — —
Exportation... 5,802,320 — —
Bonilication, 18".6Û par 100 kilog. 107,923,-263.60
Excédent, 72,07'iJjg.4U
4 pour 100, frais de perception. 7,200,0 0.00
Recette nette. 6'i,876.756.40
LE SUCRE EN ALLEMAGNE. 73
Si, au lieu de 10.75 de betterave pour 1 de sucre, on arrive h
10.59 pour 1, la recelte nette est évaluée à 5'i,2'i7,'i;i4 marcs, pour
une consouiraation de 3/150,000 quintauv métriques et à 00,757, lITi
marcs pour une consornmaliou de 3,500,000 quintaux métriques. Si
enfin on tire 1 de sucre de 10.20 de betteraves, la recette nette est
estimée à 'i9, 037, 052 marcs pour une consommation de 3, 1 5i), 000 quin-
taux métriques et à 55,547,051 marcs pour une consommation
de 3,500,000 quintaux métriques. Comme, suivant toute vraisem-
blance, la consommation moyenne oscdlera autour de 3,500,000 quin-
taux métriques, les intérêts du lise seront sauvegardés, et le Trésor
toucliera une somme supérieure aux 53 millions et demi de marcs
qu'il désiie tirer de l'impôt sur le sucre.
L'Allemagne n'a jamais songé à donner un bénéfice à l'exporta-
teur de sucre. Cette légende n'est pas plus véridique que la légende
des subventions accordées par M., de Bismark à des industries diverses.
Pour ce qui concerne le sucre, 1 Allemagne cherche certainement à
ne pas donner à l'exportation une somme supérieure à celle qu'elle
touche à l'intérieur. Ce sont les progrès de la culture et de l'industrie
qui ont constitué les bénéfices que tirent les Allemands des primes
d'exportation. Si le Reichstag adopte le tarif proposé, il iaudraque nos
voisins améliorent encore leurs procédés; sinon, ils ne toucheront à la
sortie que l'équivalent de l'impôt intérieur ; avec le rendement de
1 quintal métrique de sucre pour 10.75 et 10.50 quintaux métriques
de ^betteraves, le fabricant exportant du sucre à 03.75 de polarisation
reçoit même à la sortie une somme inférieure à l'impôt intérieur.
Agréez, etc. Paul Muller.
A PROPOS DU MILDEW
Plus d'une fois, l'horticulture est venue au secours delà viticulture.
Sans parler du greffage, il nous suffira de rappeler les recherches sui'
le soufrage contre l'oïdium dues au jardinier Gontier. Voici mainte-
nant un procédé préconisé par un habile horticulteur \)Ouv combattre
le niildevv qui fait la désolation de nos viticulteurs du Midi.
M. Dupuy-Jamain, l'un des vétérans de l'horticulture française en
même temps que l'un de ses maîtres en arboriculture fruitière, com-
munique au Journal de vulgarisation de l'horticulture, le moyen qu'il
emploie avec succès pour entretenir en parfait étatde santé, de vigueur
et de fertilité, les quelques hectares de vignes auxquels il donne tous
ses soins dans sa retraite de la Touraine :
a En bon praticien, dit M. Vauvel, notre collèt^ue et ami n'attend pas que le
mal ail tout envahi avant de cherclier à le combattre, ce qui alors Jevieni totijours
dillicile et plus dispendieux; en conséquence, il agit, on pourrait dire préven-
tivement, et voici comment il m'a verbalement dicté sa recette :
" Prendre un kilog. de fleur de soufre, y ajouter un volume égal mon poids
égal) de chaux grasse éteinte, mettre le tout dans six litres d'eau, mettre sur le
feu jus [u'à ébuUition ; laisser refroidir et ensuite tirer au clair; on obtient ainsi
une \\queu:- colorée et limpide, dont un litre dans cent litrej d'eau sera sui'lisant
pour opérer des seringuages.
« Ces seringuages sont au nombre de trois. M. Dupuy fait le premier un peu
avant \a tloraison, et les detix autres à 12 ou 15 jours d'intervalle.
« Afin de ne rien perdre, le résidu de la prépiration est délayé à raison de 2 à
3 litres par 100 litres d'eau et employé comme la liqueur ci-dessus.
« A'oici donc une recette à la t'ois jiruti (ue et économique, dont les résultats
74 A PUOPOS DU MILDEW.
sont constatés depuis plusieurs années et grâce à laquelle les vignes ainsi traitées
sont exemptes aussi bien de l'oïdium que du mildew. »
Un autre horticulteur, également bien connu, M. Charles Baltet, de
Troyes, recommande les procédés suivants contre les cryptogames de la
vigne [Traité de la culture fruilière, commerciale et bourgeoise, p. 597) :
« U Oïdium Ivckeri attaque les sarments herbacés et le rai?in; on l'arrêtera par
le soufrage aux époques de la foliation et de la floraison de la vigne et lors des
premiers grossissements du fruit.
« Le mildew [P cr ono s por avili cola) ^ sorte de moisissure delà feuille, sera com-
battu préventivement par le soufrage des bourgeons, le soufre éiant mélangé de
plâtre et de sulfate de fer en poudre. A l'automne, on ramasse les feuilles conta-
minées pour les brûler, puis on lave le cep avec une eau alcaline.
ft L'anthrachnose ou champignon noir [Phoma vitis] qui pénètre les tissus
ligneux sera frotté, à son début, avec une eau contenant une dissolution de sulfate
de protoxyde de fer. Il faudra, ensuite, soufrer à sec avec de la fleur de soufre, du
sulfate de fer pulvérulent et de la poussière de chaux grasse. Les tiges seront
badigeonnées, en hiver, avec une solution, de sulfate de fer.
« Quant au Pourridié de la vigne (Roesleria ou Vibrissea hypogea), qui gagne
les ceps voisins et peut anéantir un vignoble, on l'évitera par la plantation de
cépages qui lui résistent, par exemple, le Gouai. On le greffera alors avec l'espèce
à cultiver. Les matières sulfureuses dans le sol, le lavage de la souche et l'arro-
sage avec une solution de suUate de fer ou de sulfure de potassium à 40 pour 100
sont à recommander.
i Les primeuristes de Jersey entretiennent la santé de leurs vignes sous verre
par le badigeonnage à la chaux de la serre, répété chaque année, par des fumi-
gations fiéquentes, par l'écorçage des ceps et leur pralinage avec la terre glaise
additionnée de soufre, de savon noir, de suie, cette préparation étant arrosée avec
une infusion de tabac ou une teinture de noix vomique. « '
Dans quelques circonstances, on's'est bien trouvé de l'emploi contre
le mildew du Fungivore, de M. Faiire, à Apt (VaucluseX
Enfin, nous devons signaler ie résultat d'expériences faites récem-
ment par M. Foex, directeur de l'Ecole nationale d'agriculture de
Montpellier, et communiquées par lui au Progrès vilicole du Midi.
Voici un extrait de la note de M. Foex :
a Je crois devoir signaler dès maintenant une substance qui m'a donné, dans
le laburaloire, de très bons résultats contre cette cryptogame. J'ignore ce qu'on
obtiendra en plein champ; l'arrêt actuel du mal m'a empêché d'essayer dans ce
milieu dans de bonnes conditions, mais il me semble digne de fixer l'attention
des viticulteurs et de donner lieu à des expériences si la maladie reprend de
l'intensité. Cette substance est une simple émulsion de 1 partie d'acide pliénique
ordinaire dans 100 parties d'eau de savon. Le liquide est projeté de manière à
atteindre le dessous des feuilles au moyen d'un pulvérisateur ; l'application doit
se faire le soir, afin d'éviter une évaporation trop rapide. Au bout de peu d'heures,
on constate la mortification complète des tissus situés sous les taches de mildew,
le dessèchement des filaments et conidies, et on ne voit pas reparaître autour
l'auréole blanche qui indique une destruction incomplète du mycélium.
« La principale difficulté d'application, que je prévois et que l'on devra s'appli-
quer à résoudre, sera d'atteindre toutes les feuilles malades sur ie revers ; mais
elle n'est pas insurmontable avec de bons pulvérisateurs à jet d'une puissance suf-
fisante; de plus, en admettant qu'un certain nombre d'entre elles échappent
au liquide, il résultera probablement de l'opération une amélioration générale
importante pour la vigne. »
L'autorité de M, Foex dans les questions viticoles, le soin scrupu-
leux avec lequel il exécute ses expériences, sont autant de garanties
pour pousser les viticulteurs à essayer le procédé qu'il indique. Plus
les expériences bien faites seront nombreuses, et plus tôt on saura à
quoi s'en tenir sur le mode d'emploi de cette émulsion.
IIli.MVY Sagnier;
SUR LES COURSES DE TAUREAUX. 75
SUR LES COURSES DE TAUREAUX
Des courses de taureaux ont eu lieu récemment à Nîmes ; elles y
ont donné lieu à des scènes violentes sur lesquelles nous n'avons pas
à insister ici. A ce sujet un agriculteur du Midi adresse la lettre sui-
vante au directeur du Journal :
^> Monsieur le dii'ectcur, ne croj-ez-vous pas qu'il est du devoir du Journal de
C Agriculture de protester hautement et énergiquement contre de semblables spec-
tacles, indignes de toute nation civilisée quelle qu'elle soit, et aussi par trop en
désaccord avec les encouragements dont, de plus en plus, le gouvernement
favorise l'agriculture?
« Par la presse, dans les concours, dans les Comices, par tous les moyens, on
recherche et recommande tout ce qui peut servir à l'amélioration du bétail ; on
tente u'y intéresser les masses, de le faire ainer même pour que, la passion s'en
mêlant, la production s'en trouve stimulée; grâce à tous ces etl'orts, peu à peu le
public français, — suivant en cela, quoique de loin encore, le public anglais, —
s'attache à l'agriculture et à ses animaux, et d'autre part on tolérerait de pareils
spectacles ! Ce serait la négation dç toute logique.
(I Bien heureusement il n'est pas dans nos mœurs de nous délecter à la vue du
sang et d'animaux qui souffrent; le spectacle cruel et barbare de ces scènes
d'abattoir est répugnant pour piesque tous, et la plupart de ceux même qui, par
curiosilé, tiennent ù y assister, ne sont pas de taille à les supporter. Cependant
encore faudrait-il prendre garde que l'habitude, à la longue, n'entraînât l'indiffé-
rence et que celle-ci ne prenne le dessus sur les protestations d'aujourd'hui.
« Et alors si ces ignobles spectacles s'implantaient dans notre pays, allez donc
parler d'amélioration du bétail à ceux qui se complairaient à le voir souffrir!
a Je ne sais si je me trompe, mais il me semble que l'homme capable de s'en-
thousiasmer à des courses de taureaux, devant un bœuf durham ou charolais
restera bien froid.
« Malgré, en effet, que le but final de toute spéculation animale, soit un but
pécuniaiie. il faut certamemcnt aimer les animaux pour les bien connaître, pour
les comprendre, les apprécier et avoir le désir de les perfectionner; or cet inté-
rêt pour eux et le plaisir devant leurs souffrances seront toujours incompatibles.
« Voilà pourquoi, monsieur le directeur, je crois que, ne serait-ce qu'au point
de vue purement agricole, — car en cette question le cùté humain va de soi, —
le J luni'il de C Agricidture doit joindre sa protestation à celles qui se sont déjà
élevées, et, au nom do l'agriculture' que l'on veut encouiager, demander que les
cour?es de taureaux à la mode espagnole, soient dorénavant et partout formelle-
ment interdites.
« Agréez, etc. G. Batt.\nchon. «
Nous ne comprendrions pas, en efTet, que l'habitude des combats de
taureaux entrât dans les mœurs françaises. Le progrès agricole n'a
qu'à perdre aux encouragements qu'on pourrait donner à de telles
institutions qui ne peuvent, à aucun litre, acquérir droit de cité en
France; d'ailleurs, des mesures ont été prises pour les prohiber, et
tout le monde y a applaudi. G. Gaudot.
REVUE G0UÏÏERGL\LE ET PRIX GWR.VNT DES DENRÉES AGRICOLES
(12 JUILLET 1884.)
l. — SiluMion générale.
Les travaux de la moisson sont commencés dans une grande partie de la
France; ils sont poussés activement, et favorisés d'ailleurs pjr le beau temps.
Quant aux marchés, ils présentent beaucoup de calme.
II. — Les grains et les farines.
Les tableaux suivants résument les cours des céréales, par quintal métrique,
sur les principaux marchés de la France et de l'étranger :
76
REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT
1" REGION. — NORD-OUEST.
Calvados. Condé 2:
— ■ Lisieux 2;
C.-du-A'm d. Lannion... 2'
— Tieij;uier. . •>;
Finistère. Moi'laix 2;
— Quimper 2:
ilie-et- Vilaine^ Rennes. 2;
— Fougèi'es 2:
Manche. Avranches.... 24
— Pontorson.. . . 2;
— Villedieu 2<
Mayenne. Laval 2;
— Mayenne..... 24
Morbihan. Hennebont..
Orne. Fiers 24
— Vimoutiers 2!i
Sarthe. Le Mans 23
— Mamers 23
Prii moyens ~
2* RÉGION. ■
Aisne. Laon 2.>
— Soissons 23
— Villeis-Cotlerets. 22
Eure. Pacy 23
— Danville 24
— Louvjers 24
Eure-ei- Loir . Chartres.. 23
— Anneau 23
— Nogent-le-Rotrou. 25
Nord. Cambrai 23
— Douai 24
— Dunkerqne 23
Oise, Beauvais 22
— Compiegne 23.
— Senlis 22,
Pas-de-Calais. XxTa.&.., 24.
— Saint-Omer 24.
Seine. Paris 24.
S.-e(-iVarrtf . Dammartin. 22.
— Meaux 23.
— Provins 24.
S.-el-Qise Etampes 23.
— Pontoisi* 23.
— Versailles 24.
Seîne-/n/e?'ïeure. Rouen. 23.
— Fécamp 22.
— Yvetot 22.
Somîne. Don liens 2V.
— Montdidier 22.
— Roye 23.;
Prix moyens 23. '1
17.00
20.00
15.7b
15.25
9
16.50
14.75
16.50
17.00
17.25
16.00
» 17.00
30.00 20 50
19. op 20.00
17.50 20.75
18. 30 18.80
19.00
ji
17.50
20.00
19.00
20.25
17.75
19.25
19.50
20.00
20.50
21.00
19 25
17.50
»
18 00
17.50
19.00
19.75
7 15.68 19.01 19.15
3" RÉGION
Ardennes. cbarleville
— Sedan
Aube. Bar-sur-.\ube
— Méry-sur-Seine...
— Troyes
Marne, châlons
— Reims
— Titry-le-François .
Hte-Marne. Boiirbonne .
Afeurthe-et-Mos. Nancy.
— Luneville
— Toul ,,.
Meuse. Bar-le-Duc
— Verdun
Haute-Saône. Gray
— Vesoul
Vosges. Epinal
— Saint-Dié
— noru.es r.
23.75
24.00
22.75
23.5(1
24.00
23.50
23.75
25 00
23.90
24.00
24.25
23.75
23.85
23.75
23.25
24.30
24.00
23.90
16.50
15.25
15.50
17 00
17.00
16.00
16-20
16.00
16.00
16.25
16.50
17.50
16.25
16.50
17.00
21,00
20.50
17.50
17.50
18.00
19.00
18.50
18.00
19.00
16.25
18.00
Prix moyens 23.84 16.26
4' RÉGION. — OUEST.
Charente. Angoulérae... 23.50 18 ■'O
— Rullec 24.00 /
Cnor.-/7i/i;r. Marans.... 22.7s »
Deux-Sevres. Niort.... 23.75 >
Indre-et-Loire. Bleré 23 25
— Château Renault. 24.35
Loire-lnf. Nantes 23 . 00
A/.-e(-ioi>!?. Saumur.... 23 10
— .\nsers 23.50
Vendée. Luçon 23.25
— Fontenay-le-Cle.. 23.23
Kienne. Chatellerault... 23.10
— Loudun 23.00 »
HO«(«-Kienne. Limoges. 23.50 15.50
Prix moyens 23 3s ""
18.31 18.55
13.50
15.75
16.50
16.50
(9.00
18.50
16.75
»
20.00
19.35
19 00
19.25
18.20
19.00
20.50
18.25
18.00
I6.;,0
17.30
19.00
19.70
16.50
18.15
13.00
17.00
17.50
17.10
17 50
19.00
10.37 18,96 18.07
5* RÉGION.
— CBNTRR
file. Seigle.
fr.
22.75
23.50
24.00
22.00
23.25
Allier. Moulins
— Gannat
— Saint-Pourcain
Cher. Bourges
— Graçay ^.^^
Vierzon \ 23.75
Creuse. Aubusson 24^00
Indre. Cbàteauroux . . . . 23.50
— Issoudun 2350
— Vatan '>3 25
Loiret. Orléans .'. 23 75
— Montargis 23.'75
, - „';a'ay 24.00
L.-el-ther. Blois ,. 24.00
— Montoire '>4 ■>()
A'îeui-e. Nevers 23.50
— Clanipcy 23 75
Yonne. Briaior. '. , 23.60
— Tonnerre '. 23^25
— ^«ns 24.50
fr.
15.00
■
16.00
14.50
16.00
14.75
15.70
15.50
15.00
»
15.25
16.00
14.20
15.10
Orge.
fr.
20.00
19.50
18.00
18.00
20.50
20.25
»
17.50
21-70
20.50
18.30
19.50
20.75
19.1 0
20.50
18.50
18.00
17 50
19.00
Prix moyens 23.59 15.25
RÉ3I0N. — EST.
25.00 16.75
Afoint.
fr.
17.25
18.20
20.00
17.50
17.00
17.50
18. 00
17.25
18.50
17.00
*
18.75
19.40
19.50
17.20
18.00
18.75
19.00
18.50
19.50
Ain. Bourg . ,
— Pont-de-Vaux 24.25
Cole-d'Or. Dijon 23.50
— Semur ^ 22.75
/7ow6s. Besançon 23.50
Isère. Vienne 23.75
— Bourgoin....;;'.! 23! 73
Jura.'ùoie. 23.00
Loire. Kirminy 24!50
/■.-de-Odme.cIerniontF. 24^50
Rhnne. Lyon 24.50
Saône-et- Loire. Chalon . 23.50
— Maçon 24.50
Cavoie. Chambéry 24.50
//ie-Srtyoie. Annecy., ,. . 25.75
17.23
14.50
16.25
16.25
16 00
17.50
17.00
16,00
16.30
16 30
19.00
18.' 0
19.28 18.25
19.00
19 25
19.00
17.50
19.15
18.20
18.25
17.75
20.50
13.50
19.00
Arihge. ."amiers .
— Foix.
Prix moyens 24.08 ïi
T RÉGION. — SUD-OUEST
. 23.50 19.00
24.25
Dordogne. Bergerac 24 00
Hte-Garonne. Toulouse. 24.20
— St-Gaudens 24.70
Gers. Condom 25.90
— Eauze 25.75
— Mirande 24.30
Gironde. Bordeaux 24,00
— La Rêole 24.00
Landes. Dax 26.50
Lot-et-Garonne. AgQn... 24.00
— Nérac 25^25
B. -Pyrénées. Va.» 25.20
lltes-Pyrénées.lîThes.. 25.75
Prix moyens 24.77
8* RÉGION. — SUD.
Aude. Castelnaudary.... 24.23 »
yltiei/ran. Rodez 23.50
Can^a/. Mauriac 23.75
Corrèze. Brire 24.20
Hérault. Montpellier... 24.25
— Bêziers...,. 23.75
Lot. Ca.hors 24.00
Lozère. Mande 23.65
Pyrénées-Oi'.Perpignan. 25.65
Tarn. Castres 25.25
— Moissac 24.20
rarn-et.fîo)-. Montauban 24.00
Prix moyens 24 37
9" RÉGION. — SUD-EST.
Basses-.ilpes. Manosque 24.60
Hautes-.ilpes. Briançon. 24.50
Alpes-.Maritimes. Nice.. 23.80
Ardeclie. Privés 26.55
B.-du-8hône. Arles 25.20 »
Drame Valence 23.50 16.25
Goi'd. Ni mes 23.00 »
Haute-Loire. Brioude... 24.:;5
Kar. Dra.(iiignan 24.70
Kauciuse. Orange 25.20
Prix moyens 24.93
Moy. de toute la France 23.99
— delà semaine précéd. 24.06
Sur la semainejHausse. ~ ~
précédente. .JBaisse.. o.07 0 14
18.25
1 18.50
19.50
19.00
17.50
3 18794 18.67
19.00
19.50
19.25
20.00
19.23
19.50
19 25
19.50
19.00
20.00
19.39
20.00
21.50
18.00
9
13.50
18.50
23.30
17.80
19.00
16.00
19.25
19.00
19.50
19.75
21.00
19.50
18.75
19.25
21.00
» 20.25
» 22.00
» 22.50
19.00 18.73
» I)
» 19.00
» 20.00
• Î8.75
» .20.50
' 21.75
19.31 20.21
20.50
19 00
20.25
18.00
17.80
21.75
17 50
28.05
25.55
21.50
22.00
19.50
18.25
17.50
18.00
18.75
24.00
19.00
19.25
19.18 19.25 20.95
19.20
19.30
17.75
18.30
18.24
17.09
17.23
18.50
17.80
17.00
16.50
20,25
»
17.50
17.92
18.81
18 85
21.00
19.25
18.00
19.40
18.75
18.50
17.50
19.00
18.50
18.89
19.06
19.07
DES DENRÉES AGRICOLES (12 JUILLET 1884). 77
Ble Seigle. Orge. Avoine-
Algérie. Alger j ';''-: 'f'^J™- • ^l-»"
•' ° Ibledur 17.00 » . 12. .'jO ]:i.50
Angleterre. Londres 2:i.95 o 19.90 19.:iO
Belgique. Anvers 22.75 IT.T.j 23 50 21.00
— Bruxelles 23. ."lO 17. .50 . 17.,50
— Liège 2:i.lû 17.75 l'.i.50 19.85
— Namur 22. .50 16.50 20.00 19.50
Pays-Bas. Ainslerilam 21.20 10.70 » »
Luxembourg. Luxembourg 23.50 21.00 20.50 20.00
Alsace-Lorraine. Strasbourg 25.20 20 25 21.75 20.50
— Colmar 25.00 19.00 21.00 20.75
— Mulhouse 23 85 17.00 17.50 20.25
Allemagne. Berlin 21.25 18.75 » i>
— Cologne 23.75 19.35 » »
— Francfort 25.00 20.85 21.75 10.50
Suisse. Genève 26 00 • » 22.50
Italie. Mdaii 23.50 18.50 •> 15.80
Espagne. Barcelone 26.00 t » »
Autriche. Vienne 20.50 17.50 18.00 17.20
Hongrie. Budapest 2Q.25 17.25 18.50 17 75
R .sie. Saint-Pétersbourg.. 16.50 12.85 » 11.20
Etats-Un:. New-York 18.50 » » »
Blés. — Les travaux de la moisson se poursuivent avec activité; les grandes
chaleurs qui régnent dans tous les pays hâtent la maturité des blés. Les rensei-
gnements qui nous parviennent de la plupart dos régions sur les premiers résul-
tats sont généralement satisfaisants; on compte s'ir une récolte légèrement au-
dessus de la moyenne. Il y a, en outre, de la qualité dans la plupart des départe-
ments. Mais il est bien difficile de prévoir ce que seront les prix, car c'est là la
grosse affaire pour le cultivateur; toutefois il y a lieu d'espérer que, à raison de
la faiblesse des stocks, ils se maintien Iront pendant la plus grande partie de la
campagne. — A la halle de Pac/.<, le mercredi 9 juillet, les transactions ont pré-
senté beaucoup de calme; les cours sont demeurés sans changements. Les cours
se fixent de 23 fr. à 25 fr. 50 par 100 kilog. suivant les quahtés et les provenan--
ces. Au marché des blés à livrer, on cote: courant du mois, 22 fr. 75 à 23 fr. ; fin
août, 23 fr. à 23 fr. 25; septembre et octobre, 23 fr. 25 à 23 fr. 50; quatre der-
niers mois, 23 fi. 50 à 23 fr. 75. — Au Havre, les transactions sont toujours
restreintes sur les blés exotiques; les prix sont assez bien soutenus, sans grands
changements. Les blés d'Amérique valent de 22 fr. 75 à 24 fr. par 100 kilog.
suivants les sortes; ceux des Indes, 22 fr. à 23 fr. 50. — A Marseille, les affaires
sont assez restreintes ; les prix restent sans changements pour les diverses pro-
venances. A Londres, les importations de blés étrangers ont été de 133,000 quin-
taux depuis huit jours ; les affaires sont assez calmes, avec maintien des cours,
de 23 fr. à 10 24 fr. 85 par par 100 kilog. suivant les provenances et les qualités.
Fa7'ines. — La situation n'a pas beaucoup varié depuis huit jours; les affaires
sont calmes, et les prix restent aux anciens taux. Pour les farines de consom-
mations on cotait à la halle de Paris, le mercredi 9 juillet: marque de
Gorbeil, 51 fr. ; marques de choix, 51 à 53 fr. ; premières marques, 50 à 51 fr.;
bonnes marques, 48 à 49 fr.; sortes ordinaires, 45 à 47 fr.; le tout par sac de
159 kilog., toile à rendre, ou 157 kilog. net, ce qui correspond aux prix extrê-
mes de 28 fr. 65 à 33 fr. 75 par 100 kilog., ou en moyenne 31 fr. 20, sans chan-
gements depuis huit jours.. — Quant aux farines de spéculation, elles étaient
cotées à Paris, le merdredi 9 juillet au soir : farines neuf -marques, courant du
mois, 47 fr. à 47 fr. 25 ; aoiàt, 47 fr. 50 à 47 75 ; septembre et octobre. 48 fr. 25 ;
quatre derniers mois, 48 fr. 25 à 48 fr. 50; le tout par sac de 159 kilog., toile
perdue, ou 157 kilog. net. — Les prix des gruaux restent cotés de 36 fr. à 41
fr.; ceux des farines deuxièmes, de 22 à 25 fr. le tout par 100 kilog.
Seigles. — Les prix se maintiennent avec assez de peine. A la halle de Paris,
on cote de 14 fr. 50 à 16 fr. 25 par 100 kilog. suivant les sortes. Les farines
valent de 21 à 24 fr.
Orges. — Peu d'affaires avec des prix qui varient peu. On cote à Paris de 18
à 20 fr. 50 par 100 kilog. suivant les sortes. Les escourgeons valent de 17
à 19 fr. — A Londres, les orges se cotent de 18 fr. 85 à 21 fr. 10 par 100 kilog.
Avoines. — Peu d'offres, avec des prix soutenus. On cote à la halle de Paris de
18 fr. 75 à 21 fr. 50 far 100 kilog. suivant poids, couleur et qualité. — A Lon-
dres, les cours sont fixés de 17 fr. 85 à 20 fr. 60 suivant les sortes.
Issues. — Lts cours sont assez soutenus. On paye par l(i0 kilog. à la halle de
78 REVUE COMMERCIALE ET PHIX COUJIANT.
Paris : gros son seul 15 fr.~'25 à 15 fr. 50; sons gros etmoyens, 14 fr. 50 à 15 fr.;
son trois case-, 13 fr. 75 à 14 fr. 25; sons fms, 13 fr. 25 à 14 fr. 50 ; recoupettes,
12 fr. 50 à H fr.; remoulages bis 15 à 16 fr.; remoulages blancs, 17 à 18 fr.
ni. — Vins. — Spiritueux. — Vinaigres. — Cidres.
Vins. — La floraison de la vigne est achevée; elle s'est terminée sous l'in-
fluence d'un temps splendide, les viticulteurs se réjouissent presque partout de
la bonne apparence que ]U-és(mte le vignoble. On ne signale de plaintes que dans
quelques parties du Bordelais, de la Franche-Gomté et de la Bourgogne et encore
dans €0116 dernière contrée les lleurs étaient tellement abondantes qu'il restera
encore beaucoup de grappes. La situation visicole est donc bonne, mais on ne
peut pas en dire autant de la situation commerciale; les affaires sont difliciles
presque partout, les ventes sont peu importantes et elles se font dans des con-
ditions de prix peu avantageuses, car la baisse l'emporte généralement. A Bercy,
les vins communs de soutirage valent actuellement de 160 à 170 fr. la pièce de
225 litres, tous droits payés. Toutefois, on signale un peu plus d'animation sur
les ventes dans quelques parties de la région méridionale.
Spiritueux. — Les cours sont toujours en baisse pour toutes les catégories. On
paye actuellement sur les marchés du Midi : Pézenas, trois-six bon goût, 101 fr.;
marc, 92 fr.; Béziers, trois-six bon goût, 103 fr. ; marc, 95 fr.; — Nîmes, trois-
six bon goût, 105 fr. ; marc, 95 fr. — Dans les Gharentes, mêmes cours que
précédemment, de 240 à 245 fr. par hectolitre pour les eaux-de-vie nouvelles.
— A Paris, on cote par hectolitre : trois-six fin Nord, 90 degrés, première qua-
lité, disponible, 43 fr. 75 à 44 fr.; août, i4 fr. 25 à 44 fr. 50; quatre derniers
mois, 45 fr. à 45 fr. 25 ; quatre premiers mois, 45 fr. 25 à 45 fr. 50. Au 9 juillet,
le stock était de 15,275 pipes, contre 17,850 en 1883.
Raisins secs. — Les atïaires sont très restreintes dans les ports; les prix demeu-
rent sans changements pour les diverses provenances.
IV. — Sucres. — Mélasse — Fécules. — Houblons.
Sucres. — Les affaires sont toujours aussi peu importantes : les prix sont
demeurés sans changements depuis huit jours. On cote à Paris, par 100 kilog. :
sucres bruts 88 degrés saccharimétriques, 37 fr. 75 ; les 99 degrés, 44 fr. 75 à
45 fr.; sucres blancs, 45 à 45 fr. 52; — à Valencicnnes, sucres bruts, 37 fr.; à
Lille, 36 ir. 75 à M fr. Le stock de l'entrepôt réel des sucres était, le 9 juillet,
à Paris, de 788,000 sacs pour les sucres indigènes, avec une diminution de "26,000
sacs depuis huit jours. — Maintien des cours sur les sucres coloniaux qui se
cotent de 101 à 102 fr. par quintal métrique à la consommation, et de 51 fr. 75
à 54 fr. 50 pour l'exportation.
Mélasses. — Les prix demeurent sans variations de 9 à 9 fr. 50 par 100 kilog.
pour les mélasses de fabrique
Fécules. — Maintien des cours. On paye à Paris, 31 fr. 50 à 32 fr. par 100
kilog. pour les fécules premières du rayon; à Gompiègne, 31 fr. pour celles de
l'Oise.
Houblons. — Le calme règne toujours sur les marchés. Quant aux houblon-
nières, elles présentent, presque partout, une vigoureuse végétation.
V. — Tourteaux. — Koirs. — Entjrais.
Tourteaux. — Les affaires sont très calmes. On paye à Caen, 17 fr. par 100
kilog. pour les tourteaux de colza; — à Arras, tourteaux d'oeillette, 13 fr.
Noirs. — Mêmes prix à Valenciennes : noir animal neuf en grains, 33 à 3'6 fr.
par 100 kilog.; noirs vieux grains, 10 à 12 fr. par hectolitre.
VI. — Matières résineuses. — Tc.itilcs.
Matièi'es résineuses. — Il y a plus de fermeté dans les prix. On cote à Dax'
47 fr. par lOO kilog. pour l'essence pure de térébenthine.
Chanvres. — Les atïaires sont calmes, et les prix ne varient pas. A Saumur,
on cote de 70 à 82 fr. par 100 kilog. suivant les sortes.
Laines. — Les ventes sont toujours pénibles. A Chartres, on cote par kilog. en
suint : laines-mères, 1 fr. 40 à 1 fr. 85 ; laines d'agneaux, 1 fr. 60 à 2 fr.; — A
Beauvais, laines-mères, 1 fr. 35 ; agneau, 1 fr. 40 à 1 fr. 45 ; à Cherbourg, laines
en suint, 2 fr. 10 à 2 fr. 20; laines blanches, 4 fr. 10 à 4 fr. 50; — dans le
Berry, laines-mères, 1 fr. 40 à 1 fr. 60 ; lames d'agneau, 1 fr. 40 à 1 h'. 60
VII. — Suifs et corps ijras.
Suifs. — Maintien des cours à Paris. On cote Sk fr. pour les suifs purs de
l'abat de la boucherie ; 63 fr. pour les suifs en branches.
DES DENRKES AGRICOLES (12 JUILLET 1884). 79
Saindoux. — Les prix sont en baisse. On cote au Havre 98 i 99 fr. par
100 kilogi pour les saindoux d'Amérique.
VIII. — Beurres. — (Eu/s. — Fromages.
Beurres. — On cote à la halle de Paris, par kilog. : en demi-kilog. 1 fr. 68 à
3 fr. 76; Gournay, 1 fr. 50 à 3 fr. 76; Isigny, 1 fr. 80 à 5 fr. 88.
Œufs. — Derniers cours de la halle, par mille : choix, 94 à 114 fr. ; ordi-
naires, 56 à 75 l'r.; petits, 46 à 54 fr.
L\. — Chevaux. — Bétail. — Viande.
Chevaux. — Aux marchés des 2 et 5 juillet, à Paris, on comptait 955 chevaux;
sur ce nombre, 2'39 ont été vendus comme il suit :
Chevaux de cabi'iolet. .
— de trait
— hors d'âge. ..
— à l'enclicre. . .
— de boucherie.
jiiernjs.
Vendus.
Prix extrêmes.
2iÛ
49
170 i 1,UUIJ l'r.
24i
50
200 à 1,175
3&1
80
20 à 1,000
39
39
25 à 415
71
71
20 à 100
Bétail. — Le tableau suivant résume le mouvement officiel du marché aux bes-
tiaux de la Villette, du jeudi 3 au mardi 8 juillet :
Poids Prix du kilog. de viande nette sur
Vendus moyen pied au marché du 7 juillet.
des
Pour
Pour
En 1
quartiers, i'"
■>•
3«
Prix
Amenés.
Paris.
l'extérieur.
totalité.
kil.
qru.ai.
quai.
quai.
moyen.
Bœufs
4.s:io
2,832
1,368
4,200
351
1.68
1.54
1.28
1.48
Vaches
1,3S8
791
468
1 , 259
233
1.60
1.44
1.22
1.37
Taureaux
33S
262
41
303
379
1.48
1.38
1.28
1.37
Veaux
3,S70
2,29î
1,086
3,383
79
1.86
1.68
1.50
1.68
Moutons
34,628
i0,880
10,700
3 1 , 580
19
1.98
1.84
1 64
1.77
Porcs :^ras
6,644
2,475
3,549
6,024
80
1.34
1.28
1.22
1.27
Les arrivages des marchés de la semaine se décomposent comme il suit :
Bœufs. — Ai'^ne, 12 : Allier, 38 ; Aveyron, 8 ; Calvados, 667 ; Cantal, 10 ; Charente, 24 ; Cha-
rente-Inférieure, 377; Cher, 18; Cote-d'Or, 40; C6les-du -N'ord, 217; Deux-Sèvres, 293; Dordogne,
72 ; Eure, 9; Eure-et-Loire, 12; Finistère, 93; Indre, 8; Loiie. 56; H^uUe-Loire, 12; Loire-
Inférieure, 142 ; Lot, 17; Maine-et-Loire, 082; Mayenne, 12; Morhihan, 41 ; Nièvre, 162 ; Nord,
12; Oise, 9; Orne, 165; Puy-de-Dôme, 17; Saône-et-Loire, 843; Sarlhe, -14 ; Seine-Inférieure,
2; Seine-et-Marne, 7; Seine-et-Oise, 8: Vendée, 347 ; It;die, 104.
Vaches. — Aube, 22; .\veyron, 14; Calvados, 165; Charente, 26 ; Charente-Inférieure, .53;
Cher, 3; Côte-d'Or, 22; Cùtes-du-Nord. 4; Creu.se, 19; Deux-Sèvres. 58; Dordogne, 8;
Eure, 3; Eure-et-Loir, 22 ; Indre, 1 ; Loire, 2; Haute-Loire, 8; Loire-Inférieure, 11; Loir-et-
Cher,, 2; Loiret, 8; Maine-et-Loire, 244; Marue, 6 ; Morbihan. 4 ; Nièvre, 102 ; Orne, 63; Puy-
•de-Dôme, 13; Saône-et-Loire, 96; Sarlhe, 7; Seine-Inferieure, 20 ; Seine-et-.Marne. 15; Seine-
et-Oise, 35; Vendée, 98; Yonne, U.
Taureaux. — .\isne, 3; -Mlicr, 1 ; Aube, 2 ; Calvados, 27; Charente-Inférieure, 4; Cher, 4;
Côte-d'Or, 12; Côtes-du-Nord, 12 ; Deux-Sèvres, 1; Eure, 5 ; Eure-et-Loir, 15 ; Haute-Garonne, 4 ;
llle-el-Vilaine, 63; Indre, 2; Indre-et-Loire, U; Loire-Inférieure. 3; Loir-et-Cher, 5; Loiret,
3; Maine-et-Loire, 50; Marne, 9; Mayenne, 8; Morbihan, 4; Nièvre, 5; Oise, 3 ; Orne, 11;
Saône-et- Loire, 15; Sarthe, 20; Seine-Inférieure, 14; Seine-et-Marne, 24; Seine-et-Oise, 6 ;
Vendée, 6; Yonne, 9.
Veaux. — Aube, 156; Calvados, 33 ; Charente, 28; C6tes-da-Nord, 49; Eure, 259 ; Eure-et-
Loir, 433; Loire, 10; Loiret, 284; Marne, 116 ; Nièvre, 16; Oise, 49; Puy-de-Dôme, 143;
Sarthe, 355; Seine -Inférieure, 196; Seine-et-Marne, 254; Seine-et-Oise, 60; Yonne, 120.
Moutons. — Aisne, 905; Allier, 718; Aube, 736; Aveyron, 201; Cantal, 2,329; Cha-
rente, 56; Cher, 356; Corrèze, 95; Creuse, 1/164; Dordogne, 542; Eure-et-Loir, 32; Indre, 777;
Indre-et-Loire, 74; Loiret, 143: Lot, 757 ; Lot-et-Garonne, 844; Maine-et-Loire, 725;Nièvre, 707;
Oise, 55; Puv-de-Dùme, 2U5; Seine, 12) ; Sïirie-et-.Miiiie 414; Seine-et-Oise, 589; Somme, 151 :
Haute-Vienne, 231; Yonne, 181 ; Afrique, 2,928; Allemagne, 4,287 ; Autriche, 315; Hongrie,
6,160; Ilalie, 487; Prusse, 4,399.
Porcs. — Calvados. 42; Charente, 77; Cher, 170; Côte-d'Or, 145; Côtes-du-Nord, 166;
Creuse, 154; Deux-Sèvres, 801; Kure-et-Loir, 40 ; llie-et- Vilaine, 463 ; Indre, 502; Indre-et-
Loire, 132; Loire-Inférieure, 239; Loir-et-Cher, 95; Maine-et-Loire, 725; Mayenne, lI6;Nièvre,
S2; Puy-de-Dôme, 714; Saône-et-Loire, 155; Sarlhe, 691; Seine, 51; Seine Inférieure, 5 ;
Seine-et-Marne, 19; Vendée, 1,244; Vi«nne, 200: Yonne, 44.
Les arrivages sont toujours abondants, mais la vente n'en est pas plus facile :
la chaleur qui règne n'est pas faite pour donner de l'animation aux transactions.
Les prix des gros animaux sont encore en baisse depuis huit jours ; mais ceux des
"veaux et des moutons sont uu peu plus fermes. — Sur les marchés des dé,iarte-
ments, on co*e : Rouen, bœut, 1 fr. 50 à 1 fr. 80 par kilog. de viande nette sur
pied ; vache, 1 fr. 45 à 1 fr. 75; veau, 1 tr. 50 à 1 fr. 85 ; mouton, 1 fr. 80 à
2 fr. 10; porc, 1 fr. 10 à 1 fr. 35. — Le Mans, vache, 1 fr. 45 à I fr. 55 ; veau,
1 fr. 60 à 1 fr. 70; mouton, 2 fr. à 2 fr. 10 ; porc, 0 fr. 75 à 0 fr. 85; —
Nevers, hcc\xi, 1. fr. 60 à 1 fr. 80 ; vache, 1 fr. 40 à I Ir. 60 ; veau, 2fr.; mouton,
2 fr.; porc, 1 fr. 60 ; — Dijon, bœuf, 1 fr. 60 à 1 fr. 72; vache, 1 fr. 10 à 1 fr.
80 KKVUE COMMERCIALE ET PRIX GOURANT (12 UILLET 1884).
64; veau (poids vif). 0 fr. 76 à 0 fr. 90; mouton, l .fr. 50 à 1 fr. 80; porc
(poids vif), 0 fr. 80 à 0 fr. 90; — Lyon, bœuf, 1 ir. 35 à 1 fr.'75; veau
(poids vil), 0 fr. 90 à 1 fr. 06 ; mouton, 1 fr. 48 à 1 fr. 95 ; porc (poids vif), 0 fr.
94 à 1 (r. 07 ; — Rodes, bœu( (poids vif), 0 fr. 75 ; vache, 0 fr. 70 ; mouton et
brebis, 0 fr. 75; — Nîmes, bœufs i fr 30 à 1 fr. 62 ; bd'uts étrangers, 1 fr. 30
à 1 Ir. :? ; vache 1 fr. 08 à 1 fr. 57 ; mouton, 1 fr. 80 à 1 fr. 90; brebis, 1 fr. 35
à 1 fr. 70; agneau, 1 fr. 65; — Genèoe, bœuf, 1 fr. 70 à l fr. 80; veau (poids
vil), 0 fr. 90 à 1 fr. 05; mouton, l fr. 90 à 2 fr.; porc, 1 fr. 20 à 1 fr. 25.
A Londres, les importations d'animaux étrangers durant la semaine dernière se
sont composés de 14,011 têtes, dont lk3 bœufs et 275 moutons de Boston; 668
bœufs de New-York. Prix du kilog.; bœuf, I fr. 4 ' à 1 fr. 99 ; veau, 1 fr. 87 à
2 fr. 16 ; mouton, 1 fr. 81 à 2 fr. 10; porc 1 fr. 17 à l fr. 46.
Viande à la criée. — Il a été vendu à la halle de Paris, du 30 juin au 6 juillet :
Prix du kilog. le 6 juillet.
kilog. 1" quai. i" lu.ii .1* qu;il. ciioix. Basse Boticherie
Bœuf 011 vaclie... I7S, 927 1.64 à:. 30 1.42 à'.. 02 0.0i;^1.40 1 ..".0 à 3.06 0. 10 à 1.3i
Veau 209,471 1.52 1.90 1.30 l..",U 0.9J 1.28 - .. «
Moiilon 64,649 1.46 1.80 1.24 1.44 0.90 1.22 1.40 3.90 ■.
Porc 27,706 Porc frais 1.14 à 1.44.
480,753 Soitparjour 68,679 kilog.
Les ventes ont été inférieures de 2,000 kilog. par jour à celles de la semaine
précédente. Les cours ont peu varié depuis huit jours pour toutes les catégories.
X. — Cours de la viande à l'abattoir de la Yillelte du jeudi W juillel (par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On ^end à la Villette par 50 kilog. : 1" qualité,
70 à 73 Ir. ; 2", 65 à 70 fr. Poids vjf, 45 à 51 fr.
Bœufs. Veaui. Moutons.
I" -i' 3* 1" 2- 3" 1" 2' 3"
quai. quai. quai. qiral. quai. quai. quai. quai. quai.
fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr.
78 71 IJ.'. 97 90 82 90 83 76
XI. — Marché au% bestiaux de la Villette du jeudi \0 juillet 1884.
Cours des commissionnaires
Poids Cours officiels. en besliaui.
Animaux général. 1" 2- 3* Prix 1" 2" 3" Prix
amenés. Invendus. kil. quai. quai. quai, extrêmes. quai. quai. quai. extrêmes.
Bœufs 2 214 SO 352 1,68 1.52 1.28 I.2'iàl.70 1.66 1.50 1.26 l.22àl 69
Vaches 680 33 232 1.60 1.42 l 22 1.10 1 6i l.bS 1.40 I 20 1.08 1 62
Taureaux... 207 16 375 1.46 1.36 1.26 1.20 1 50 1 44 t 34 1.24 1.18 1 'i8
Veaux 1.769 376 73 1 80 1.62 1.44 1.2i 2 00 » » » »
Moutons 20 022 2.!8i 19 2 00 1.82 1 64 1 50 2.06 » » » »
Porcs gras.. 4.'i38 123 si 1.38 1.32 1.26 1.18 1.44 » » • •
— maigres., » » »»•»»■»»»»
Vente assez active sur toutes les espèces.
XII. — Résumé.
Les prix des céréales et ceux des denrées animales accusent un peu de baisse.
Pour les autres produits, il y a maintien des cours. A. Remy.
BULLETIN FINANCIER
La faiblesse continue à dominer sur le marché. On cote les fonds d'Etat fran-
çais : 3 pour 100, 76 fr. 05; — 3 pour 100 amortissable, 77 fr. 55; — 4 et demi
pour 100, 106 fr. 80; — 4 et demi pour 100 nouveau. 106 Ir. 80.
Les actions des établissements de crédit se cotent ; Banque de France, 4,980 fr.;
Banque Je Paris et des Pays-Bas, 755 fr. ; Comptoir d'escompte, 965 fr. ; Crédit
foncier et agricole d'Algérie, 495 fr.; Crédit foncier, 1,270; Banque d'escompte
de Paris, 512 fr. 50 ; Crédit industriel, 675 fr.; Crédit lyonnais, 532 fr. 50; Com-
pagnie foncière de France, 430 fr.; Société générale, 465 ir. ; Banque parisienne,
385 fr.; Banque franco-égyptienne, 550 ir.
On paie les titres des Compagnies de chemins de fer : Est, 756 fr. 25; Pans-
Lyon-Méditerranée, l,185fr,; Midi, 1,150 fr.; Nord, 1,650 fr. ; Orléans. 1,290 fr.;
Ouest, 816 fr. 25. Les actions du canal de, Suez sont à 1,865 fr.; les délégations
à 1,125 fr.; les actions du canal de Panama à 472 fr. 50.
Escompte à la Banque de France, 3 ]iour 100 ; intérêt des avances, 4 pour 100.
E. Féron'.
Le Gérant : A. Bouché.
CHRONIQUE AGRICOLE (u. miLLET iss.).
Continuation de la moisson. — Circonstances qui en favorisent le travail. — Vote par la Chambre
des députés du principe de l'impùl sur la betterave. — Suite de la discussion sur le régime des
sucres. — Discussion au Sénat sur les échanges d'immeubles ruraux nm bâtis. — Décorations
de la Légion d'honneur pour services rendus à l'agriculture. — Nominations dans l'ordre du
Mérite agricole. — Prochaine élection à la Société nationale d'agriculture. — L'enquête parle-
mentaire sur la situation des ouvriers do l'industrie el de l'agriculture. — Répartition de la
France en régions pour la répHrlitiiin de )'• n'|uète agricole. — Nomination d* M. rln Saint-Foix
comme commissaire général de la section française à l'exposition internationale d'Aniilerdam.
— Prochaines admissions à l'école nationale d'horticulture de Versailles. — Concours pour les
bourses de l'Elat et des départements. — Examens d'admission à l'école pratique dagricullure
des .Mcrchiues. — Organisation d'orphe inats agricoles en Algérie. — Le phylluxera. — Voyage
de M. Riley eu France. — Nouveui remède qu'il préconise contre le phylloxéra. — ■ Missions
agricoles en Allemagne et en Autriche. — Note de .\I. Gatellier. — Concours annuel du ComicB
agrii;ole de I.unéville. — Essais dynaïuométriques de machines à batlre à manège. —
Interdiction de la pèche aux écrevisses dans le département des Ardennes.
I. — L'impôt sur la betterave.
La moisson se poursuit avec une grande activité ; elle est d'ailleurs
favorisée, dans la plupart des départeinenls, par un temps propice.
Une chaleur intense a hâté la maturité des "rains. Des orales assez
violents se succèdent dans presque toute la France, mais les circon-
st inces dans lesquelles ils .>-onl accompagnés de grêle sont restreintes,
et les localités ravagées par ce dernier lléau sont peu nombreuses.
I.e fait capitfil de la semaine, au point de vue agricole, s'est passé
au Parlement. Après la brillante discussion générale que nous avons
analysée, la Chambre de.s député.- a aboi-dé, dans sa séance du 12 juillet,
la discussion des articles du projet de loi sur le régime des sucres.
Elle en a adopté le premier article qui consacre le principe de l'impôt
sur la betterave, en remplacement de l'impôt direct sur le sucre. C'est
la solution qu'attendaient avec impatience les agriculteurs et les fabri-
cants de sucre : son application permettra à notre production de se
relever et de reprendre l'essor interrompu par les conditions désas-
treuses qu'elle vient de traverser. Ce n'est pas tout que de voter le
principe; il faut en régler l'application, il faut établir les conditions
du traitement dont jouiront les sucres indigènes et les sucres colo-
niaux. La plupart de ces conditions ont été adoptées; mais la discus-
sion n'est pas encore achevé ^ en ce qui concerne la surîaxe à établir
sur les sucres étrangers; plusieurs amendements proposent, comme
nos lecteurs le savent, d'élever celte surtaxe de 3 francs à 7 francs par
100 kilogrammes. Au moment où nous écrivons cette chronique, la
lutte entre les partisans el les adversaires de celte surtaxe est engagée
devant la Chambre des députés ; il faut espérer que ces discussions
auront pour résultat de faire cesser l'inégalité choquante qui existe
aujourd'lmi entre la situation des fabricants de sucre et celle des rafû-
neurs. Quoi qu'il en soit, la réforme déjà adoptée par la Chambre des
députés sera accueillie avec reconnaissance par les agriculteurs de
notre grande région sucrière.
II. — L"s échanges d' immeubles ruraux.
Dans sa séance du 10 juillet, le Sénat a commencé la discussion de
la proposition de loi adoptée par la Chambre des députés, relativement
à la perception des droits fiscaux sur les échanges d'immeubles
ruraux non bâtis. On sait que cette proposition, dont l'initiative
revient à MM. Girard et Jamelel, a pour objet de fixer à 20 centimes
N° 797. — Tome III de 1884. — 19 Juillet.
82 CHRONIQUE AGRICOLE (19 JUILLET 1884).
pour 100 francs le droit proportionnel d'enregistrement et de trans-
cription pour les échanges d'immeubles ruraux. La Commission du
Sénat demande que cette faveur soit restreinte aux échanges effectués
dans le même canton ou dans des cantons limitrophes. Après une
longue discussion à laquelle ont pris part, avec M. Luro, rapporteur
de la Commission, et M. Méline, ministre de l'agriculture, MM. Faye,
Clément, Buffet, Gazagne, le projet a été renvoyé à la Commission
pour une nouvelle étude.
III. — Décoralions pour services rendus à l'agriculture.
Le Journal officiel du 14 juillet publie la liste des promotions et nomi-
nations faites dans l'ordre de la Légion d'honneur, sur la proposition
du ministre de l'agriculture. Ont été promus ou nommés :
Au grade d'officier : M. Risler, directeur de l'Institut national agronomique;
dirige avec distinction cet établissement, membre de la Société nationale d'agri-'
culture. Chevalier du 7 janvier 1880.
An grade de chevalier : MM. Golnenne (Camille), inspecteur général des
forêls, à Paris; 32 ans de services dans l'administration desloiêts.
Debonno (Cliarles), agriculteur à Bouffarick (Algérie), lauréat du prix d'hon-
neur des irrigations au concours général de l'Algérie en 1881 ; création de vastes
vignobles, améliorations agricoles très importantes. Services exceptionnels.
Rey (Louis-Emile), médecin à Saint-Denis près Gatus (Lot), président de la
Société d'agriculture du Lot, lauréat de la prime d'honneur du concours régional
agricole de Gahors en 1881 ; services exceptionnels comme viticulteur et conféren-
cier agricole.
Garrièrk (Elie-Abel), raembrede la Société nationale d'horticulture de France,
auteur de nombreuses publications sur l'horticulture; 40 ans de services.
Boup.REL (Jean-Anne), vétérinaire à Paris; 35 ans de services. Collaborateur de
M. Pasteur dans ses travaux sur la rage. Services exceptionnels.
Dqbar (Gustave), secrétaire du Comité linier de Lille depuis 1868, secrétaire
général du Comité du Nord pour l'Exposition universelle de Paris en 1878, vice-
président de la Société des ai;riculteuis du Nord ; services exceptionnels.
BouciiET, agriculteur à Piouilly (Seine-et-Marne), agronome distingué; a puis-
samment rontribué par son exemple au progrès de l'agriculture dans la région.
Services exceptionnels.
Parmiles décorations décernées sur la proposition d'autres ministres,
nous relevons quelques noms qui intéressent l'agriculture. Ont été
nommés chevalier de la Légion d'honneur :
MM. Dkiss, industriel à Salon (Bouches-du-Rhône), vice-président du Conseil
généial des Bouches-du-Rhône. A fondé et dirigé avec la plus grande intelligence
d'importa nts établissements industriels : usines pour la fabrication des huiles par
le sulfure de carbone à Salon, à Marseille (Pontvivaux), à Tortosa (Espagne) ;
usines pour la fabrication du sulfure de carbone à la Capelette et à Lyon ; mou-
lins à huile d'olives à Pélisame à Eyguières, à Mausanne et à Pézenas.
Jarlaud, négociant en vins et spiritueux, à Paris, président du syndicat géné-
ral des (hambres syndicales de commerce en gros des vins et spiritueux de France,
membre de la Chambre de commerce de Pans.
Vincent, professeur à l'Ecole centrale des arts et manufactures, membre du
Conseil de perfectionnement de l'Eco'e, auteur de nombreux travaux scientifiques
et de plusieurs inventions industrielles. Lauréat de l'Institut.
PuECii, vice-président du Conseil général de Constantine; a contribué pour une
très large part, au développement de l'agriculture dans la région de Sétif, et fait
preuve du plus grand dévouement dans l'accomplissement de différentes missions.
Services exceptionnels.
Aymé, membre du Conseil général d'Oran, délégué de cette assemblée au Con-
seil supérieur du gouvernement de l'Algérie, adjoint au maire de Tlemcen ; pré-
sident du Comice agricole, commissaire général de la section algérienneà l'expo-
sition de Rouen. Agriculteur distingué : a grandement contribué au développement
de la prospérité dans l'arrondissement de Tlemcen ; 28 ans de services.
CHRONIQUE AGRICOLE (19 JUILLET I8ik). 83
Tétrel (Jules-François), membre du Conseil général et de la Commission
départementale de la Manche, mnire de Viiledieu, membre du Conseil général
depuis 1880, président de la délégation cantonale, du Comice agricole et de la
Société de secours mutuels; 21 ans de services.
Notis félicitons vivement notre éminent confrère, M. Risler, d'une
promotion à laquelle tout le monde applaudira. M. Carrière et .M. Dubar
ont rendu des services distingués par leurs publications; M. Rey et
M. Bouchet sont des agriculteurs très appréciés dans leurs régions ;
M. Debonno est un des pionniurs agricoles les plus actifs de l'Algérie,
de même que M. Puech et iM. Aymé. M. Deiss et M. Jarlaud ont rendu,
dans des voies diverses, des services signalés à la viticulture. Tous
ces choix seront ratifiés par l'opinion publique ; mais nous regrettons
toujours qu'un nombre si faible de croix soit réservé à l'agriculture.
IV. — L'ordre du Mérite agricole.
Par arrêté du ministre de l'agriculture en date du 12 juillet, la
décoration du Mérite agricole a été conférée aux personnes dont les
noms suivent :
M. Ghevreul, membre de l'Institut, président do la Société nationale d'agri-
culture, à laquelle il appartient depuis 52 ans. Auteur de travaux et d'ouviages
connus du monde entier.
M. BoussiXGAULT, membre de l'Institut, membre de la Société -nationale d'agri-
culture, à laquelle il appartient depuis 43 ans, membre du conseil supérieur de
l'agriculture. Auieur de travaux et d'ouvrages universellement appréciés.
JVI. Challot (Paul), chef de division au ministère de l'agriculture (direction de
l'agriculture); 31 ans de services.
M. FÉRv d'Esclands, propriétaire dans la Gironde, en Corse et à l'île de la
Réunion, président de la société protectrice des animmx; a créé pl'n de
400 sociétés enfantines contre la destruction des nids et des oiseaux utiles, auteur
de publications agricoles et sur l'élevage, donateur au Muséum d'une coUectioa
d'animaux de Madagascar, meoibre du jury aux concours généraux de Paris.
M. daPEYRAT, inspecteur général de l'agriculture; services exceptionnels.
M. PhiLiPpar (Edmond- Anatole), directeur de l'école nationale d'agriculture de
Grignon; a dirigé pendant plusieurs années avec distinction l'école d'irrigation
et de drainage du Lézardeau ; ancien adjoint à 1 inspection générale de l'agricul-
ture.
M. Albin Ducamp, propiiétaire-agriculteur à Cauviac (Garl); a rendu des ser-
vices par des améliorations agricoles et en propageant, dans les cantons de Sauve
et de Taissac, l'usage des machines agricoles.
M. Barillon (Eugène), propriétaire à Cbeny (Yonne), membre du Comice
agricole d'Auxerre; drrige une exploitation où il a préconisé les bonnes méthodes
de culture; a contribué, par son exemple, aux progrès de l'agriculture.
M. Bastide (Léon), propriétaire, président du Comice ngricole de Sidi-bel-Ab-
bès (Algérie), auteur de plusieurs ouvrages très estimés sur l'agriculture; planta-
tions remarquables d'oliviers.
M. Bauguil, vétérinaire à Sétif (Algérie) ; services exceptionnels rendus à l'a-
griculture.
M. Bévière (Gésar-Hippolyte), fondateur de la station d'élevage de Villard-de-
Lans, inspecteur départemental du S'crvice des épizooties à Grenoble, mem-
bre du conseil d'hygiène et do salubrité publiques, auteur de diverses publications
sur l'agriculture; 'i6 ans de services.
M. BoNFiLS (Joseph-André), fabricant de conserves de trulfes à Carpentraa
(Vaucluse); a pris le premier à ferme l'exploitation de forêts produisant la truffe
et développé celte production; a contribué ainsi à la prospérité agi-icole de la
région.
M. BouTiN (Joseph-Pierre-Marie), agronome à Goven (Ille-et-Vilaine), prési-
dent du Comice agricole du canton de Guichen et membre de la Chambre consul-
tative d'agriculture de l'arrondissement de Redon, membre du jury dans les con-
cours ; a rendu des services à l'agriculture par l'élevage d'animaux de race pure
etl'emploi d'instruments perfectionnés; 47 ans de services.
84 CHRONIQUE AGRICOLE (19 JUILLET 1884).
M. Brémond, vétérinaire à Oran, chargé du service des épizooties dans le dé-
partement d'Oran, auteur de plusieurs études sur les maladies des animaux; ser-
vices dév(^ués rendus aux colons de la région d'Oran par ses bons conseils.
M. Chasles (Eugène), cultivateur éleveur à Crossay, près Prunay-les-Gillon
(Eure-et-Loir); dirige une très imporlante culture où il se livre principalement à
i'élevHge des moutons rafrinos ; a obtenu '29 prix dans les concours régionaux,
dont 15 premiers prix et un prix d'ensemble au concours régional de Chartres, en
1877; 20 ans de services.
M. de Chazelles, président de la Chambre d'agriculture de la Pointeà-Pitre
(GuHdeloupe); a réalisé de notables améliorations dans la culture de la canne et
la tiibrication du sucre
M. CiiEVALLET (Jacques), agriculteur et éleveur à Vailly (Haute-Savoie) ; a
contribué aux progrès agricoles de la région et à sa prospérité en propageant les
méthodes nouvelles et les procédés perfectionnés, et la mise en valeur de 40 hec-
tares. Comme maire, a développé la création des chemins ruraa\; membre du
jury dans les concours et comices; 33 ans de services.
M. Colombier (Jean-Antoine), cultivateur à Saïgon (Cochinchine), a dévelop-
pé en C chinchine la culture maraîchère et créé celle du cacaoyer, delà vanille
et des arbres fruitiers d'Europe.
M. CouHTOT, agriculteur, maire de Deile (territoire deBelfort), président de
la Société d'agriculture du territoire de Bell'ort, plus de 30 ans de services
agricoles.
M. Desattre (Charles François|, agriculteur et éleveur à Marant (Pas-de-Ca-
lais, lauréht du prix d'honneur au dernier concours régional de Saint-Omer. Plus
de 60 médailles ou oljjets d'art lui ont ét-j décernes dans divers concours; 36 ans
de services.
M. Didier, commandant supérieur du cercle de Ghardaïa (Algérie;; transfor-
mation du M'zab au point de vue agricole.
M. Dupo^T (Jean), vétérinaire à Plazac (Dordngne); a contribué à la propaga-
tion des bonnes méthodes de culture et publié de nombreux travaux sur la mé-
decine vétérinaire Médaille d'or au concours de chirurgie vétérinaire en 1S7'2.
M. DupRESSOiR père (Gh. -Michel), cultivateur à Ereuse, commune de Bailleul-
le-Fec (Oise); a transformé par de bonnes méthodes une ferme de 280 hectares
qu'il cultive depuis plus de 40 ans. Nombreuses récompenses dans les concours
et Comices.
M. Favry (Emile-Adrien, constructeur de machines agricoles à la Souterraine
(Creuse); a le premier importé dans la région les batteuses à vapeur et propagé
les engrais chimiques; 14 récompenses; 21 ans de services.
M. GiLLAiN (Victor-Aimable), éleveur à Carentan (Manche) a beaucoup contri-
bué à l'amélioration de l'agriculture de la contrée. Eleveur distingué. A obtenu
plus de 300 médailles dans les divers concours ou comices, dont cinq prix d'hon-
neur ]iour l'espèce bovine (race noi mande) et l'espèce chevaline demi-saug, 23 ans
de services.
M. GiMBERT (Jean-Louis), docteur-médecin à Cannes (Alpes-Maritimes); auteur
de nombreuses publicitions et de travaux sur les propriétés de l'eucalyptus glo-
bulus au pnint de vue de la culturn et de l'hyg-iène.
M. GuiNON (Louis-Edmond), directeur de la station agronomiqne de Château-
roux Indre) et du laboratoire agricole, auteur de nombreux travaux agricoles,
horticoles, vitico'es et sur les engrais; a rendu de grands services à l'agriculture
de la région; 28 ans de services.
M. ti\ M..\KD (Plubert), directeur de la cnllure à la brasserie de Tantonviile
(Meurthe-et-Moselle) ; a contribué aux améliorations agricoles du pays par la
bonne exploitation de 130 hectares et la création d'une marcairie; 10 récompenses
dans les concours et Comices, dont plusieurs médailles d'or.
M. HiGUNsoN (John), agriculteur et éleveur à la Nouvelle-Calédonie; a contri-
bué au développement de l'agriculture dans la Nouvelle-Calédonie, et à l'élevage
en gland du bétail et fondé plusieurs fermes importantes.
M. JuLLiEM, agriculteur à Champotran (Seine-et-Marne), vice-président du
Comice agricole de Coulomraiers. Nombreuses améliorations agricoles. A con-
tribué au progrès de l'agriculturo dans sa région par l'exemple de son exploita-
tion; plus de 20 ans de services.
M. Labau (Joseph Jean), professeur départemental d'agriculture à Perpignan,
ncisE sous-directeur de la ferme-école de Germainville, vice-président de la
CHRONIQUE AGRICOLE (19 JUILLET 1884). 85
Chambre consultative d'agriculture et membre de diverses sociétés agricoles ;
47 ans de services
M. Laporte (Albert-Suzanne-Jeanl, propriétaire à Mézin (Lot-et-Garonne),
ancien répétiteur de chimie à l'Ecole d'aj^ricuUure de GrandjouaHj vice-président
du Comice agricole deNérac; en sa qualité de délégué régional pour le service
pliylloxérique, a multiplié les conférences et les expériences pratiques. Services
exceptionnels.
M. Lhérailt-Salbcelf (Jean-Antoine-René), cultivateur à Argenteuil (Seine-
et-Oise) ; a obtenu le premier, par sélection, les belles asperges d'Argeiifeuil et
a beaucoup contribué à l'amélioration des espèces de ce proJuit réputé; 54 ans
de services agricoles.
M. LiiciTELAiN, président du Comice agricole de l'arrondissement de Reims;
services nombreux rendus à l'agriculture.
M. Marcand (Jean), vélérinaii'e à Bazas, délégué par l'administration pour le
service des épizooties. A obtenu diverses récompenses dans des concours dépar-
tementaux et dans les concours régionaux d'Angoulême et de Bordeaux; 30 ans
de services.
M. Marret (Pierre), vétérinaire à AUanche (Cantal). Nombreux travaux sur
la péripneumonie contagieuse et l'inoculation préventive, auteur de mémoires de
médecine vétérinaire, président du Comice agricole du canton d'Allanche; 50 ans
de services, dont 19 comme vétérinaire de l'école d'agriculture de Saint-Angeau,
M. Masson (Alfred-Narcisse Louis), vétérinaire, éleveur de volailles à Paris
et à Ville-d'Avray (Seine-el-Oise) ; s'occupe depuis longtemps avec succès de
l'élevage des animaiix de basse-cour et a obtenu 18 médailles, membre de plu-
sieurs sociétés savantes, auteur d'études sur le traitement des maladies des
volailles.
M. Mohamed ben Slam, propriétaire agriculteur à Miliana (Algérie); un des
indigènes crui ont le plus contribué au développement du progrès agricole en
Algérie par l'emploi des meilleures méthodes de culture et des instruments perfec-
tionnés.
M. Morlain-Saimper (Jean -Baptiste-Théodore), constructeur d'instruments
agricoles à Chigny (Aisne) ; a contribué aux progrès de la culture par les perfec-
tionnements qu'il a apportés aux instruments et machines agricoles; 151 récom-
penses, dont 13 prix dans les concours régionaux et 6 médailles d'honneur.
M. Pellet (Henri-Jean-Baptiste), chimiste à Paris; a rendu de très utiles
services par ses travaux sur la chimie agricole. Auteur d'intéressantes recherches
sur la fabrication du sucre et de publications importantes sur le même objet.
M. PéieaUX (Jules), professeur à l'école nationale vétérinaire de Lyon; a
publié plusieurs mémoires sur des questions de physique, de chimie et de météo-
rologie appliquées; 23 ans de services dans l'enseignement.
M. PiNTA (Xavier), agriculteur à Arras (Pas-de-Calais) ; a fait f ire des progrès à
la culture du blé, auteur de pub ications agricoles importantes; 55 ans de services.
M. Renault (Jean- Baptiste), pépiniériste à Buignéville (Vosges), membre du
Comice et de la Chambre consultative d'agriculture; a ciéé une importance pépi-
nière d'essences forestières dont il exporte les produits; récompenses nombreuses
dans divers concours et Comices; 35 ans de services.
M. Sa'^ny (Isidore), agriculteur à Trumilly (Oise), vice-président de la société
d'agriculture de Senlis; services exceptionnels.
M Sambet, propriétaire viticulteur à Chéragas (Algérie); a contribué aux pro-
grès de la viticulture et obtenu un diplôme d honneur à l'exposition d'Amsterdam.
M. S^viN DE Larglause, d recteur de la ferme-école de Montlouis (Vienne),
lauréat du [irix d'honneur des ft-rmes-écoles en 1869, 2S ans de services.
M. SiCARD (Guillaume), pharmacien à Noisy-le-Sec (Seine); travaux iranor-
tunts sur la culture des champignons; a réalisé d'utiles applications à l'agricul-
ture; chargé de conférences dé chimie à l'association polytechnique. Sei vices
exceptionnels.
M. Stevexoot (Aimé), propriétiire-agriculteur à Armbouts-Gippel (Nord); a
propagé l'emploi des machines agricoles, lauréat d'un prix cultural au concours
régional de Lille en 187-i; 27 ans de services.
M Sylvoz (Charles), président honoraire du Comice et de la Société horto-
agricole de Ghambéry, vice-président de la Société centrale d'agriculture ilu
département de la Savoie, auteur de diverses publications agricoles. Grande
médaille d'or au concours régional de 1853; 50 ans de services.
86 GHRONIQUB AGRiICOLK (19 JUILLET 1884).
M. Tardy, directeur de la ferme-école de La Roche (Doubs) ; près de 40 ans
de services agricoles. A débuté à l'ancien Institut agionomitpe de Versailles
com:ne simple employé de culture. Initiateur des progrès dans le Doubs.
M. Terrand-Nicole (Jean-Iiaptiste), cultivateur à Rull'ey-les-Beaune (Gôte-
d'Or), lauréat du prix cultural de la petite cullure du concours de Dijon en 1879-
a contribué à l'amélioration des différentes cultures, notamment de celles des
asperges et des pommes de terre. Auteur de conférences agricoles estimées;
25 ans de services.
M. Thomas (Louis-Nicolas-Xavier), vétérinaire à Daminartin (Haute-Marne),
président du Comice agricole de Montigny-le-Koi, auteur de travaux sur le
charbon ^^yniptomalirjue; plus de VO ans de services.
M. V.VUTRIN (Jean), propriétaire agriculteur à Saint- André-le-Désert (Saône-
et-Loire), membre fondateur de la Société d'agriculture de Mâcon. Mise en valeur
de terrains incultes. Nombreuses récompenses dans les concours et Comices agri-
coles; 30 ans de tervices.
M. Xajibeu (François), ancien professeur des sciences physiques à Saintes
(Charente-Inlérieure), meuibre du Comice agricole de l'arrondissement de Saintes
et du Comité de défense contre le phylloxéra. A fait partie du jury dans les con-
cours et de diverses Commissions agricoles, auteur d'un grand nombre de rapports
et mémoires sur l'agriculture.
L'hommage rendu par M. le ministre de l'agrictiUiire à M. Clievreul
et à M. Boussingault sera apprécié par tous les agriculteurs.
V. — Election à la Société naiLoiiale d'agriculture.
Dans le (loinité secret de sa séance du 16 juillet, la Société natio-
nale d'agriculture a entendu le rapport de la Section d'histoire natu-
relle agricole sur les candidats à une place de membre associé national.
La section présente la liste de candidats suivante : en première ligne,
M. Carnot, ingénieur en chef des mines, professeur à l'Institut national
agronomique; en deuxième ligne, M. Nivoit, ingénieur en chef des
mines, professeur à l'école des ponts et chaussées. Les titres des can-
didats ont été discutés; l'élection aura lieu dans la séance du
23 juillet.
VI. — L'enquête parlementaire.
Dans la réunion qu'elle a tenu le 11 juillet, la sous-commission de
l'enquête parlementaire, chargée de l'étude des questions agricoles,
s'est occupée, sous la présidence de i\I. Devès, de régler les conditions
et la méthode d'enquête applicables à l'agriculture. Un nouvel envoi de
questionnaires a été d'abord décidé. La sorrs-commission a pris ensuite
les résolutions suivantes : elle a fixé au \"' octobre le délai pour les
réponses au questionnaire ; elle s'est réservée de recueilUr à titre de ren-
seignements complémentaires^ à partir du 2Di octobre jusqu'au 21) no-
vembre, les dépositions orales des per.sonnas qui demanderont à être
entendues Elle a réservé la questioa d'envoi de délégués en province.
Elle a partagé ensuite entre ses membres les documents à dépouiller;
ces documents se rapportent à dix régions comnie il suit :
Pour la première région, comprenant le Finistère, les Côtes-du-Nord, le Mor-
bihan, rille-et-Vilaine, la Manche, le Calvados, l'Orne, la Mayenne et la Sarthe,
M Récipon a été désigné.
Pour la deuxième région, comprenant le Nord, le Pas-de-Calais, la Somme, la
Seine-Inférieure, l'Oise, l'Aisne, l'Eure, Eure-et-Loir, Seine-ec-Oise, Seine et
Seine-et-Marne, MM. Jametel et Develle.
Pour la troisième région, comprenant les Ardsïines, la Marne, l'Aube, la
Haute-Marne, la Meuse, Meurthe-et-Moselle, les Vosges et le Haut-Rhin (Beli'ort),
MM. Brugnot et Liouville.
Pour la quatrième région, comprenant la Loire-Inférieure, Maine-et-Loire,
la Vendée, la Charente-Inférieure, les Deux-Sèvres, la Charente, la Vienne et la
Haute-Vienne, M. Pénicaud.
CHRONIQUE AGRICOLE (19 JUILLET 1884). 87
Pour la quatrième région, comprenant Loir-et-Cher, le Loiret, l'Yonne, l'In-
dre, le Cher, la Nièvre, la Creuse, l'Allier et le Puy-de-Dôme, MM. LecherLon-
nier et Auniiïret.
Pour la sixième région, comprenant la Cùte-d'Or, la Haute-Saône, le Doubs,
le Jura, Saône-et-Lciire, la Loire, le Rhône, l'Ain, lu Haute-Savoie, la Savoie et
l'Isère, MM. Duvat et Hugot.
Pour la septième région, comprenant la Gironde, la Dordogne, Lot-et-Garonne,
les Lande-i, le Gers, les Basses-Pyi énées, les Hautes-Pyrénées, la Haute-Garonne et
l'Anège, MM. Alicot et Deluns-Montaud.
Pour la huitième région, comprenant la Gprrèze, le Cantal, le Lût, l'Aveyron,
la Lozère, Tarn-et-Garonne, le Tarn, l'Hérault, l'Aude et les Pyrénées-Orientales,
MM. Mai'gaine et Mercié.
Pour la neuvième région, compreiiant la Haute-Loire, l'Ardèche, la Drôme,
le Gard, Vaucluse, les Basses-Alpes, les Hautes-Alpes, les Bouches-Ju-llhùne, la
Var et les Alpes-Maritimes, MM. Léon Renault et Andrieux.
Enfin pour la dùtième région, comprenant la Corse et l'Algérie, M. Thomson.
La sous-coinœission a ensuite chargé MM. Audiffret, Develle, Jaiue-
tel et Pénicaud de déterminer la nomenclature des documents à deman-
der au ministère de l'airricuilure. La plupart des membres présents
ont insisté sur l'importance de l'enseignement agricole et sur la néces-
sité de le développer.
VII. — Exposition in 1er nationale d'Amslerdam.
Le Journal officiel annonce que, par un arrêté du ministre de l'agri-
culture, en date du 12 juillet, M. le comte de Saint-Foix, consul
général de France à Amsterdam, a été noînmé commissaire général de
la section française de l'exposition internationale agricole d'Amster-
dam en 188'k '
VIII. — Ecole nationale dliorliculture de Versailles.
L'école nationale d'horticulture de Versailles fera sa rentrée le
V octobre prochain. Son but est de former des jardiniers capables et
instruits, et de préparer quelques-uns d'entre eux à l'enseignement
horticole. Ce but est atteint; car l'école, malgré le nombre de ses
élèves, ne sutlitpas aux demandes de jardiniers qui lui sont adressées.
Les jeunes gens qui désirent y entrer doivent faire parvenir leur
demande sur papier timbré, avant le I" septembre, au préfet du dépar-
tement qu'ils habitent. Toutefois, pour les départements de la Seine
et de Seine et-Oise, ces demandes sont adressées directement au
minisire de l'agriculture.
L'examen d admission qui porte sur les matières de l'enseignement
primaire, a lieu le 15 septembre à la préfecture ou à la sous-préfec-
ture, ou même au siège de l'école. Les candidats qui ont obtenu le
cerlillcat d'études primaires ou le certificat d'apprentissage d'une
école pratique d'agriculture ou d'une ferme-école sont dispensés de
l'examen d'admission.
Au !'■' octobre prochain, il y aura un certain nombre de bourses
vacantes, chacune d'une valeur de 1 ,000 francs : six de l'Etat
données au concours (mais comme elles ne sont accordées qu'aux
élèves dont la situation de fortune est reconnue insuffisante pour leur
entretien à Versailles, les postulants devront s'adresser direcieinent à
M. le ministre de l'agriculture, le plus tût possible); une du départe-
ment de la Seine; deux du déparlement de Seine-et-Oise, trois de la
ville de Versailles, etc. Les aspirants à ces dernières bourses devront
adresser leur demande aussitôt que possible aux autorités compétentes.
88 CHRONIQUE AGRICOLE (19 JUILLET 1884).
[ IX. — Ecole pratique d'agricukure des Merchines.
Les jeunes gens qui désirent enlrer en qualité d'élèves à l'école pra-
tique d'agriculture des Merchines (Meuse), dirigée par M. Millon,
subiront les examens d'admission le mercredi 17 septembre prochain,
à la préfecture de la Meuse, à Bar-le-Duc. Les épreuves auxquelles ils
seront soumis consisteront en une dictée et un examen oral qui porte-
ront sur les matières comprises dans le programme de l'enseignement
primaire. Nul ne sera admis s'il n'est âgé de 15 ans au moins et apte
aux travaux des champs. Les candidats devront se faire inscrire à la
préfecture de la Meuse (r'' division), dix jours au moins à l'avance,
c'est-à-dire le 6 septembre au plus tard.
La durée des cours de l'école pratique d'agriculture des Merchines
est de deux ans. Le programme des études comprend l'agriculture cl
l'économie rurale, l'élevage, l'hygiène et l'engraissement du bétail, le
cubage, le lever des plans et le nivellement, l'explication et l'usage des
machines agricoles, la comptabilité agricole, les éléments de bota-
nique, de géologie, de physique, de chimie et de droit rural. Les
élèves exécutent successivement pendant leur séjour à l'école, tous les
travaux de l'exploitation et notamment ceux qui exigent l'emploi des
instruments perfectionnés.
X. — Orphelinats agricoles d'Algérie.
L'organisation d'orphelinats agricoles ea Algérie a été poursuivie ;
depuis longtemps. Une nouvelle tentative vient d'être faite dans la pro-
vince d'Oran, par une Société à la tête de laquelle se trouve M. Cou-
turier, député de l'Isère. Un vaste domaine, dans lequel on possède
de belles cultures de vignes, d'orangers, d'oliviers, c'est-à-dire les cul-
tures les plus productives d'Algérie, a été organisé pour constituer un
orphelinat de 300 enfants. On y compte aujourd'hui 42 élèves, dont
quelques Arabes. L'objet de cette institution est de former des colons
instruits et capables, qui seront d'une grande utilité pour le dévelop-
pement de la colonisation en Algérie. Nous souhaitons vivement le suc-
cès pour ces efforts.
XL — Le phylloxéra.
Le célèbre entomologiste américain, C.-Y. Riley, à qui l'on doit des
travaux d'une haute importance sur le phylloxéra et ses mœurs, vient
de faire un voyage en France. 11 a été reçu avec un véritable enthou-
siasme par la Société d'agriculture de l'Hérault, devant laquelle M. Lich-
teinstein, dans une note rédigée avec son talent ordinaire, lui avait
servi de précurseur. M. Riley a fait connaître un nouveau remède qu'il
propose contre le phylloxéra, remède qui aurait donné d'excellents
résultats aux Etats-Unis d'Amérique. Ce remède consiste dans une
émulsion de pétrole avec du lait ou du savon pour le rendre soluble
dans l'eau; l'émulsion, préparée préalablement, serait ensuite diluée
avec de l'eau froide, au degré convenable que l'expérience indiquera,
et employée de la même manière que le sulfocarbonate de potassium.
C'est par des expériences qu'on pourra reconnaître la valeur pratique
de la nouvelle méthode ; nous pensons que ces expériences seront
bientôt organisées.
XIL — Mission, agricole en Allemagne et en Autriche.
M. Gatellier, président de la Société d'agriculture de Meaus-, nou;^
communique la note suivante :
OHRONIQUE AGRICOLE (19 JUILLET 1884). 89
« La délégation de la Société d'agriculture de Meaux, jointe à la délégation
des agriculteurs de France et à celles des Comices agricoles de S lissons et de
l'Oise, a été très bien accueillie en Allemagne, et a reçu, surtout à Prague, en
Bohême, un accueil enthousiaste.
a Nos compatriotes étaient entrés jeudi soir 10 juillet dans une grande bras-
serie-concert. Aussitôt qu'on eut reconnu leur nationalité, l'orchestre composé
de 25 musiciens a joué la Marseillaise. Tout le monde s'est levé et a applaudi.
« Nos Français, très émus d'un pareil accueil, ont remercié les assistants et ont
demandé à leur tour l'hymne autrichien et le chant national tchèque, au milieu
des bravos de l'assistance. »
Nous enregistrons avec plaisir ce fait qui prouve que notre pays a
conservé, quoi qu'on dise, de la sympathie à l'étranger.
XIII. — Concours du Comice de LunéviUe.
La fête annuelle du Comice agricole de l'arrondissetnent de Luné-
ville (Aleurlhe-et-Moselle) se tiendra à Lunéville le dimanche 10 août
prochain, sous la direction de M. Paul Genay, son président. Des
récompenses spéciales pour la bonne culture, pour les améliorations
agricoles, pour les animaux reproducteurs, pour les produits des
exploitations rurales y seront décernée?. Il y sera joint une expo-
sition générale d'instruments agricoles à laquelle tous les constructeurs
sont conviés. En dehors des médailles qui seront décernées, il y aura
un concours spécial dynanioinétrique de machines à battre à manège,
vannant le grain; les expériences dynamométriques seront dirigées par
M. GrandVoinnet, professeur à l'Institut national agronomique. Un
concours de ce genre présente une grande importance pour la moyenne
culture; les constructeurs y trouveront l'occasion de faire apprécier
leurs machines par des expériences sérieuses et bien conduites.
XIV. — La pêche àl'écrevisse.
On se plaint presque partout de la disparition des écrevisses, en
dehors même delà maladie qui lésa atteintes. Dans quelques départe-
tnents, on a eu le soin de réglementer la pêche de ce crustacé. C'est
une excellente mesure. Par exemple, un arrêté du préfet des Ardennes,
en date du 24 mai, a interdit la pêche de l'écrevisse, pendant
une année, à partir du 15 juin, dans la rivière de Meuse et ses
affluents. Le colportage et la vente des écrevisses ne pourront avoir
lieu dans ce département qu'en justiûant d'un certificat d'origine.
J.-A. Barral.
UNE CONFÉRENCE LAITIÈRE EN ANGLETERRE
L'importance de l'industrie du lait devient de plus en plus appré-
ciée par nos voisins. Cette industrie tend à devenir le plus salutaire
compensateur des pertes énormes que l'intempérie de plusieurs saisons
et les ravages de la fièvre aphteuse ont fait subir à l'industrie agricole.
Aussi, l'esprit éminemment pratique des agriculteurs anglais a bien
vite saisi le côté d'où le salut pouvait se produire, c'est-à dire celle
branche de la production agricole qui, par sa nature même, est la moins
exposée à la concurrence étrangère, et celle qui est certainement la
plus favorisée par le climat, la nature du sol, et l'excellence des races
bovines, au point de vue de la production du lait, trop longtemps
négligée par nos voisins, pour celle de la viande et des céréales. Cette
dernière production est devenue de moins en moins lucrative par
l'adoption du libre échange lequel est nécessaire en Angleterre bien
plus que chez nous, vu l'insuffisance de la production du blé
90 CONFÉRENCE LAITIÈRE EN ANGLETERRE.
môme dans les années les plus abondantes, à cause de la densité delà
population à nourrir. Quant à la production de la viande, bien mieux
défendue que celle des céréales par les plus grandes difficultés de trans-
port, l'invasion de la pesle bovine et, dans ces dernières années, celle
de la fièvre aphteuse, en ont tari les sources par une mortalité
excessive ou, tout au moins, un dépérissement désastreux. Seule
l'industrie laitière semble par son caractère plus local, son marché
plus immédiat, offrir une stabilité commerciale, une sûreté de place-
ment, et une rémunérantion mieux garantie contre la concurrence
étrangère, lesquelles en rendent les avantages plus certains et plus
rémunérateurs que ceux de la production du pain et de la viande.
Il y a quelques années, mus par ces considérations si vraies et si
pratiques, les agriculteurs anglais ont établi une association laitière,
dont j'ai tout d'abord raconté la formation dans ce Journal, puis enre-
gistré les progrès et le développement graduel, et enfin décrit les expo-
sitions annuelles, dans le Hall d'Islington.
Celte manifestation du grand mouvement en faveur de la production
du lait, ne suffisait pas, au gré des hommes éclairés, tels que M. Tis-
dall, le chanoine Bagot, le D' Bond et tant d'autres hommes dévoués
à la cause du progrès de la prospérité de l'agriculture de leur pays. Le
caractère sédentaire et fixe des expositions d'/slington, ne convenait
déjà plus au besoin d'expansion d'un enseignement dont l'utilité
demandait une sphère plus étendue, une application plus générale et
plus variée, un recrutement plus large de toutes les intelligences, de
toutes les expériences et de tous les dévouements. Cette année on a
suivi l'exemple donné d'abord par la France, c'est-à-dire l'adoption
du système de migration déjà suivi par nos sociétés savantes, et si
fructueusement pratiqué par la Société royale d'agriculture de l'Angle-
terre, qui transporte, chaque année, dans des comtés différents, le
siège de ses expositions et de ses assises.
Ce système de migration dans les réunions péi-iodiques des Sociétés
dont l'objet est la dilfusion d'un progrès d'un intérêt général quel-
conque, soit industriel, soit scientifique, possède de grands avantages
à tous les points de vue possibles. D'abord il permet aux. gens qui
possèdent l'expérience de leur localité, de se produire dans des réu-
nions qui, loin d'exiger un déplacement souvent onéreux et difficile
pour certains hommes sédentaires et modestes, viennent pour ainsi
dire frapper à leur porte et solliciter leur coopération sur un théâtre
immédiat. De cette manière on obtient de précieux enseignements
locaux de la part d'observateurs, dont l'attention est concentrée d'une
manière immédiate et permanente sur des phénomènes constants et
localisés. Cette sorte d'observation, quand elle se trouve recueillie avec
soin et coordonnée avec méthode, forme un terme de comparaison
d'où jaillit une lumière précieuse, et qui fiiit ressortir bien des simi-
litudes et des analogies qui, sans ces rapprochements, passeraient ina-
perçues. Puis ce déplacement de réunions périodiques tantôt dans une
région tantôt dans une autre, otïre d'excellentes occasions pour pro-
duire au grand jour bien des esprits supérieurs cachés dans leur isole-
ment, et qui, en se produisant à l'éclat delà discussion, jettent parfois
une précieuse lumière sur les questions que ces congrès ont pour but
spécial de définir et d'éclairer. A ces points de vue et à bien d'autres
qu'on pourrait indiquer, la migration des assises et des conférences
CONFLUENCE LAITIKRE EN ANGLÏÏTEKRE. 91
de Sociétés scienlilii(ues, industrielles et autres, ont un avanlago sur
lequel il est inutile d'insister.
Une fois l'importance de l'imlustrie laitière admise parles a^i'icul-
teurs anglais, une l'ois rallcnlion éveillée sur celte question^ une simple
exposition annuelle, dans un local plus ou moins accessible d'une
grande cité comme Londres, plutôt commerciale, politique et scienti-
lique que purement agricole, ne pouvait suffire. Aussi, la pensée d'un
congrès nomade devait-elle naturellement s'imposer aux hommes
dévoués qui ont pris à cœur la réussite de ce grand et salutaire mou-
vement, tendant à venir en aide à l'agriculture aux abois.
C'est à Gloucester, milieu essentiellement lailier, là oii fleurit l'in-
dustrie des principaux produits du lait : le beurre et le fromage, là
où cette fabrication agricole est la plus généralement pratiijuée et est
devenue l'objet d'un important commerce et une source de grande
prospérité, que ce premier congrès laitier a été inauguré.
Celte seconde innovation a été accueillie avec un grand zèle et une
grande faveur, par tous ceux que la question touchait dans leurs in-
téi'êts et dans leurs idiosyncrasies. Propriétaires, fermiers, simples culti-
vateurs, etc., tous se sont ralliés à cette bonne et salutaire entreprise,
et les efforts de tous ont heureusement abouti à un succès que n'ob-
tiennent pas toujours les commencements de la mise à exécution des
idées les plus généreuses, les plus salutaires et les plus fécondes.
C'est le 22 mai dernier que le congrès s'est réuni dans la ville de
Gloucester, et ses séances se sont prolongées jusqu'au 24, c'est-à-dire
qu'elles ont duré trois jours, temps bien insuffisant pour entendre et
surtout pour discuter les sérieux travaux qu'on y a lus, travaux dont
le nombre et la longueur souvent prolixe ont rendu la discussion im-
possible. Nul doute que l'expérience de cette première assise ne fasse
adopter, pour l'avenir, des mesures d'ordre dont la nécessité a été
démontrée par l'expérience de ce début.
Le congrès a commencé par l'inspection d'une exposition d'instru-
ments et d'ustensiles laitiers, laquelle, malgré l'abstention de plusieurs
grands fabricants, a paru cependant très complète, une laiterie modèle
y avait été installée et mise en plein travail. Là on a pu voir
fonctionner les nouveaux séparateurs de crème, celui de Laval et celui
dit de la Norvège. On a pu ainsi juger du mérite respectif de ces deux
systèmes. Cette expérience comparative a démontré que le système
norvégien sépare la crème d'une façon plus complète, ce qui augmente
comme résidu la quantité de lait de beurre. Mais la perfection du
travail de ces deux instruments a été fort appréciée, et leur utilité
dans les grandes laiteries et dans les fruitières coopératives, pleinement
démontrée.
La partie principale et la plus intéressante du congrès a été, sans
contredit, la lecture des différents travaux, presque tous lus par leurs
auteurs, tandis que d'autres, envoyés par des auteurs absents, ont été
lus par des substituts avec tous les désavantagés de ce mode de com-
munication. Ces travaux étaient trop nombreux et trop étendus pour
en permettre la discussion, et c'est là un point qui demande, pour
l'avenir, une réfoi'me radicale. Ces mémoires étaient si longs, que
malgré des coupures indispensables, le temps a manqué pour en dis-
cuter les propositions, ce qui a singulièrement réduit l'utilité pratique
de celte parlie de la conférence.
92 CONFÉRENCE J-AITIÉRE EN ANGLETERRE.
Une de ces trois journées a été passée au raagaifique palais de
Berkley Gastle, résidence seigneuriale de lord Fitzliardinge; une des
réunions a eu lieu dans une des vastes salles de ce magnifique château.
Après avoir visité la Terme, et la belle laiterie munie de tous les meil-
leurs ustensiles modernes, le congrès s'est réuni dans cette grande salle
et on a commencé la lecture des mémoires apportés ou envoyés par
leurs auteurs. Ces mémoires au nombre de sept sont dus à la plume des
hommes les plus notables de l'agriculture anglaise, au point de vue
de la pratique et de la science.
L'occasion, l'intérêt de la question, la réputation des auteurs qui
devaient prendre une part active à la conférence, l'importance du mou-
vement qu'il s'agissait d'inaugurer, avaient attiré un grand nombre de
propriétaires et d'agriculteurs de toutes le.- parties du Royaume-Uni,
de l'Ecosse, de l'Irlande et de tous les comtés de l'Angle'erre. La
réunion, il faut le constater, comme un trait significatif et rempli
de promesses, était influente et nombreuse, et tous les travaux de la
conférence ont été suivis avec un entrain et une assiduité remar-
quables.
Parmi les mémoires lus à la conférence, je citerai d'abord celui de
M. Tisdall sur le choix de la race et l'élevage du bétail laitier. Puis sont
veaus celui de iM. Priée sur les cours couvertes, celui de M. Gilbert
Murray sur les bâtiments d'une ferme laitière, celui de M. James Long
sur l'ensilage, celui de M. Colinson Hall sur le lait et la prorluction
du lait, un second mémoire par M. Waite sur les cours couvertes, la
séparation de la crème par !\I. Fawkes, laiterie domestique et laiterie
en fruitières, par M. Oliver, laiterie domestique par M. Nuttall, sur
les écoles de laiterie par M. Denton.
On voit par cette liste combien le sujet des mémoires était bien choisi
et bien approprié à la circonstance, ainsi qu'à l'objet du congrès.
Parmi ces mémoires, j'en choisirai quelques-uns des plus reinar-
quablps et des plus utiles à notre industrie laitièi-e française. Comme
ces mémoires sont très complets et par conséquent tant soit peu pro-
lixes, je me contenterai d'en faire une analyse aussi étendue que pos-
sible, de manière à en extraire tout ce qui s'y trouve de plus utile
et de mieux adapté à notre industrie laitière. Je commencerai par le
mémoire de M. Tisdall, si bien connu comme le plus éminent des fon-
dateurs de l'association des fermiers-laitiers de l'Angleterre. M. Tisdall
est lui-même lun des plus grands fournisseurs de lait de la grande
cité de Londres. Les fermes laitières de Keusington, l'un des fau-
bourgs de la capitale, et des environs d'Epsom dans le comté d'Essex,
sont établies sur une vaste échelle, et nul autre n'est plus capable
de traiter le sujet de son remarquable mémoire, c'est-à-dire sur
le choix et l'élevage de la meilleure race laitière. En effet, il ne s'agit
point ici d'un partisan fantaisiste d'une certaine race à l'exclusion de
toute autre; il s'agit d'un commerçant, homme pratique s'il en fut,
que l'expérience raisonnée des meilleures races laitières a naturelle-
ment conduit au choix de celle qui lui a paru dominer toutes les autres
comparativement et absolument.
Je n'ai pas besoin de dire que sa conclusion est en faveur de la race
durham, et dans un prochain numéro je soumettrai à mes lecteurs les
parties principales de cet intéressant mémoire.
[L% suite prochainement.) V.-l\. de la Tiiéhonnais.
CONCOURS RÉGIONAL, DE GAP. 93
CONCOURS PtÉGIONAL DE GAP — W
Le public passait indifférent devant un modeste cahier manuscrit, exposé sous
les auspices de la Société d'as^riculture des Hautes-Alpes, sans se douter que ces
quel([ucs pages d'écriture recelaient des révélations susceptibles de provoi(uer les
plus utiles réformes dans l'exploitation fourragère et pastorale ainsi que dans l'in-
dustrie laitière du département. Nous voulons parler du Mémoire d'miahjses com-
paratives du lait de vache dans le département des Hautes-Alpes, présenté par
M. Léon Faure, pharmacien, à Gap.
Les conclusions de ce remarquable travail sont les suivantes :
1° La vache tarine, dans les environs de Gap, est excellente beurriers ; lors-
qu'elle est convenablement nourrie, son lait dose en moyenne plus de 4 pour 100
de matières grasses. Les producteurs du pays auraient par suite intérêt à s'atta-
cher à la fabrication du beurre plus qu'à celle du fromage, en perfectionnant leurs
procédés de façon à produire des beurres de première qualité.
2" Parmi les aliments concentrés complémentaires que les agriculteurs de Gap
ajoutent aux fourrages qu'ils récoltent dans les rations journalières de leurs vaches,
le tourteau de colon d Eijijpte est celui qui augmente le plus et au meilleur mar-
ché la sécréton du lait et sa richesse en bourre.
3" Dans les hautes vallées du département (Queyras),ie foin des prairies infestées
d'ombcUifères, produit moins de lait et du lait plus aqueux que le foin des prai-
ries proprement tenues et principalement composées de graminées et de légumi-
neuses. Les cultivateurs auraient donc un double intérêt à faucher leurs prés plus
tôt qu'ils nj le font, c'est-à-dire avant la maturité des semences; le foin en serait
de bien meilleure qualité pour deux motifs : d'abord, l'herbe coupée plus jeune
serait plus nutritive ; les ombellifères et autres plantes inutiles, qui ne se repro-
duisent pas par bourgeonnement souterrain, disparaîtraient progressivement de
leurs prairies.
4" Le foin court, récolté à de grandes altitudes sur les prés dits de montagnes,
est beaucoup plus nutritif, produit un lait beaucoup plus abondant et beaucoup
plus gras que le foin»des prés moyens ou bas, situés sur les versants ou dans le
îbnd des vallées, et surtout que le foin récolté sous le couvert des forêts. Les
habitants des hautes régions alpestres auraient donc tort de transformer en pâtu-
rages, comme le leur conseillent de très bons esprits, leurs prairies de monta-
gnes. Le progrès à réaliser par eux, dar.s l'exploitation de ces prés, consiste à
rendre le transport du fourrage moins long et moins onéreux en ayant recours à
l'emploi de câbles ou à tout autre moyen.
Les conclusions de cette étude, qui sera publiée par la Société d'agriculture
des Hautes-.llpes, ont une portée qui n'échappera à personne. Les agriculteurs des
Hautes- Alpes y trouveront les cléments de réformes, d'améliortions essentielles à
apporter dans le système de culture fourragère et pastorale, et dans l'industrie
laitière qui sont, ou doivent devenir, pour la plupart d'entre eux, le principal
sinon l'unique but de leurs efforts.
Il est fâcheux que le programme du concours n'ait pas permis au jury de récom-
penser comme il le mérite, un si utile travail. La délégation de la Société des
agriculteurs de France, après avoir décerné un objet d'art, la plus haute récom-
pense dont elle disposait, à la Société d'élevage de La Mure, Corps etValbonnais,
a honoré d'une médaille d'or l'étude présentée par M. Faure. Sans vouloir criti-
quer en rien celte décision et sans contester les services qu'est appelée à rendre
la Société d'élevage au mérite de laquelle nous avons déjà rendu hommage, nous
ne pouvons nous empêcher de regretter que le premier prix, offert par la Société
des agriculteurs de France, n'ait pas été attribué a un travail remarquable fait
dans et pour le département où avait lieu le concours.
L'administration des forêts, qui a une tâche si utile, si nécessaire à remplir
dans les Alpes (nous voulons parler du reboisement et de la consolidation du sol
des montagnes, do l'extinction des torrents), ne pouvait manquer de fournir son
concours empressé à la Commission d'organisation de l'exposition, et de rehausser
l'éclat de cette fête agricole en olfrant aux yeux du public le tableau des travaux
poursuivis et des résultats obtenus par elle.
1. Voir le Journal du ,ï juillet, page 59 de ce voluaie. — Dans le précédent article plusieurs
fautes se sont glissées qu'il faut rectifier ; I>age 59, ligne 33, au lieu de « par leur culotte trop
peu distendue, lire descendue; — page 60, ligne 30. au lieu de : magniliques lèles de race Schwit/,
lire bêles; — page (il, ligne '28, au lieu de M. Louis Lcouttre, lire .)/. Louis Léouji'rc
94 CONCOURS REGIONAL DE GAP.
Aussi avait-elle fait construire, à ses frais et par le soin de ses agents, dans
l'enceinte du concours et à la place d'honneur, un élégant pavillon en bois de
mélèze et de sapin, dont les revêtements étaient tapissés d'écorces de sapin, et
dont la charpente était ornementée de guirlandes vertes et de drapeaux.
Les environs du pavillon, garnis de belles plantes ornementales, présentaient,
comme sujets d'étude, de magniliques rondelles de sapin, de pin sylvestre et de
mélèze ; de vigoureux plants d'essences résineuses de divers âges, obtenus dans
les principaux périmètres de reboisement des Alpes; et dans des caisses, des spé-
cimens de semis de conifères, les uns avec de la mousse, les autres avec des
pierres comme abri entre les lignes. Cette dernière méthode est, paraît-il, préfé-
rable à l'autre ; elle s'oppose au soulèvement du sol par la gelée ; elle maintient
mieux la fraîcheur pendant l'été, et les jeunes plantes acquèrent un plus rapide
et plus lort développement.
A l'intérieur du pavillon, et disposés avec beaucoup d'art, à côté de superbes
plantes de serre et de trophées d'armes de chasse et autres, on remarquait des
collections de minéraux, des lossiles du terrain jurassique, de magnifKjues
empreintes de poissons trouvées à Cérestos (Basses-Alpes) dans un dépôt lacustre
du terrain pliocène ; une collection complète d'instruments de dendroméirie ; des
objets en buis tourné fal)ri(jués à Tréminis (Isère); les outils du bûcheron, au
grand complet ; les machines et produits des scieries mécaniques ; plusieurs modè-
les réduits de maison forestière, de fruitière, de schlitte, un modèle d'installa-
tion de trois câbles diÔerents pour le transport des bois exploités; des reliefs de
périmètres de reboisement ; des photographies, des plans; un herbier forestier;
une carte géologique des Basses-Aliies, par M. Goret, inspecteur-adjoint, à Gap;
un plan de refuge forestier, par M. Guinier, inspecteur à Gap : une flore fores-
tière par M. de Kirvan, inspecteur à Gap ; une collection des ouvrages les plus
estimés sur les forêts et le reboisement, etc., etc.
Nous ne saurions passer sous silence les pâtes pour la fabrication du papier,
les diverses qualités de papier, et le cuir factice obtenus avec le bois de tremble
et avec le bois de sapin, soit par des procédés mécaniques, soit en ayant
recours à l'intervention d'agents chimiffues. Les papiers obtenus par cette dernière
méthode sont, paraît-il, plus résistants, moins cassants, de meilleure qualité.
L'exposition forestière a été, pendant toute la durée du concours, le ç/real
allraclion pour les visiteurs, et chacun payait un juste tribut d'éloges à M. Ghar-
vet conservateur des forêts, qui en avait pris l'initiative, et à M. Scelzer, inspec-
teur-adjoint, qui l'avait organisée.
Le concours hippique, qui a eu lieu en même temps que le concours agricole,
n'a pas été brillant, aussi bien sous le rapport du nombre que sous celui de la
qualité des animaux exposés.
Une cinquantaine de bêtes seulement y prenait part. Un seul étalon, demi-sang,
présenté par M. Courtet, de l'Isle sur-Sorgues, était très remarquable, et a obtenu
le prix d'honneur. Parmi les juments exposées, nous n'avons guère remarqué
qu'une jument digne d'attention, celle de M. Gassier Aimé, à Barcelonnelte, à
laquelle' le jury a décerné le l" prix de sa catégorie. Les autres péchaient plus
ou moins, soit par l'ensellemenl du dos, soit par l'avalement de la croupe, par la
mauvaise conformation, la faiblesse, le défaut d'aplomb des membres.
M. de Lagrange-Labaudié,' inspecteur général des haras, qui a présidé le
concours liippique avec beaucoup de tact, d'aménité, et, est-il besoin de l'ajouter,
avec beaucoup d'indulgence, a dû emporter le plus triste souvenir de la joopulation
chevaline des Hautes-Alpes. Il faut espérer que la station d'étalons de l'Etat, que
les corps élus du département réclamaient avec instance depuis si longtemps, et
qui a été enfin établie à Gap cette année, contribuera à améliorer k production du
cheval dans le pays, et qu'au ])rochain concours, dans sept ans, le jury n'aura ])lus
à examiner des animaux aussi défectueux que ceux qui lui ont été présentés.
Au concours agricole était annexée une petite exposition industrielle, où l'on
remarquait surtout, parmi nombre d'objets très dignes d'intérêt, l'élégant coflVet,
le superbe encrier en pierres de saint Vincent (encrinites) monté sur or et
argent, et la splendide parure en brillants exposée par M. Lombard, bijoutier h.
Gap. Les visiteurs affluaient aussi devant li collection de meubles anciens pré-
sentés par M. Artemale, ébéniste à Gap.
Li' vendredi, 13 juin, a eu lieu la réunion des délégués des associations agri-
coles, des membres du jury et des exposants, pour dchbérer sur les modifications
à proposer au sujet de ï'arrêté du prochain concours régional.
CONCOURS RÉGIONAL DE GAP. 95
Plusieurs vœux importants ont été adoptés par l'assemblée, entre autres un
vœu présenté par AI. Demole, délégué du Comice de Saint-Julien (Haute-Savoie),
tendant à obtenir ([ue les tarifs n" 51 et 70 de la Compagnie des chemins de
fer P. -L. -M., spéciaux aux exposants d'pnimaux dans les concours régionaux,
soient modifiés, ou ne soient plus présentés par la Compagnie comme des tarifs
de faveur, attendu qu'ils sont un véritable leurre, et font revenir le transport d'un
vagon de 10 têtes de gros bétail beaucoup plus cher que les tarifs communs, n" 11
et 50.
Le dimanche 15 juin a eu lieu la distribution des récompenses, sous la prési-
dence de M. Joucla-Pelous, préfet des Hautes-Alpes.
M. le préfet ouvre Ja séance par un raagnifi |ue discours, dans lequel, exami-
nant les conditions économiques de la culture dans les .\lpes, il signale aux agri-
culteurs ce qui fait leur faiblesse : la routine, l'isolement, le défaut de capital;
et ce qui fera leur (orce : le crédit que leur donnera bientôt le gouvernement de
la République à qui ils doivent déjà tant, la science et l'associalion, dont ils com-
mencent à apprécier les immenses bienfaits.
Eu écoutant cette admirable allocution, ces sagts et patriotiques conseils,
accueillis par les applaudissements unanimes de l'assistance, les habitants des
Hautes-Alpes ont dû se féliciter de posséder à leur tète un administrateur aussi
habile et éclairé que soucieux de leurs plus chers intérêts.
Après la proclamation des cioix du Mérite agricole accordées par M. le mi-
nistre de l'agriculture à l'occasion du concours, la parole est donnés à M. Goste,
professeur départemental de l'Aude, rapporteur du jury de la prime d'honneur.
Malheureusement, à peine la lecture du rapport commencée, un orage éclate,
couviant la voix de l'honorable rapporteur, et empêchant d'entendre un mot de
son intéressant exposé. Bientôt la toile qui couvre l'estrade d'honneur et les places
réservées laisse filtrer la pluie qui fait rage; alors on se hâte d'appeler les lau-
réats des objets d'artet de les leur remettre, puis c'est un sauve-qui-peut général.
La cérémonie, commencée sous les plus favorables auspices, se termine en véri-
table déroute.
Les médailles d'or ont été délivrées aux lauréats dans le courant de la soirée au
bureau du commissariat général.
La prime d'honneur de la grande culture n'a pas été décernée ; il en a été de
même du prix cultural de la l" catégorie (propriétaires), et du nrix cultural delà
S""" catégorie (propriétaires exploitant plusieurs domaines par métayers).
Le prix cultural de la 2""' catégorie (fermiers) a été décerné à M. Aurouze
Charles, fermier à Gap. Cet intelligent agriculteur ex|iloite le domaine qu'il a
affermé avec autant de soinsque s'il lui appartenait; il a, un des premiers, intro-
duit la race bovine tarentaise dans lepays et possède un nombreux et beau bétail;
il emploie un outillage très complet ; fumant largement ses terres avec les vidan-
ges des casernes dont il est adjudicataire, il obtient 'de splendides récoltes. Le
jury a très justement récompensé cet homme de progrès, et sa décision a été ra-
tifiée par l'opinion publique.
Le prix cultural de la 4""' catégorie (exploitations de 10 à 30 hectares) a été
attribué à M. Lucien Mazan, propriétaire à Laragne, qui exploite avec beaucoup
dïntelligence le domaine qu'il a en partie conquis sur les alluvions du Buech,
tire un parti excellent des irrigations, et obtient de ses prairies un rendement
très élevé.
La prime d'honneur de la petite culture a été décernée à M. Guillaume-Dusserre-
Bresson, propriétaire à Orcières, qui a le mérite d'avoir inauguré dans le haut
Champsaur la culture exclusivement fourragère, en transformant tous ses labours
en prairies, et s'adonnant entièrement à l'industrie laitière.
Enfin la prime d'honneur de l'horticulture est échue à M. François Reynaud,
horticulteur-pépiniériste à Gap, pour la bonne tenue de ses pépinières, la beauté
des plants qu'il y élève, et le progrès qu'il a contribué à faire faire dans le dépar-
tement à la culture des arbres fruitiers.
Voici la liste complète des récompenses :
Prix culturaux.
2" Catégorie. — Fermiers. Un objet d'art, M. Charles Aurouze, fermier à Gap.
4" Catégorie. — Métayers isolés, petits cultivateurs, propriétaires ou fermiers de domaines de
10 à 30 hectares. Un ohjet d'art, M. Lucien Mazan, propriétaire à Laragne.
Prime d'honneur, non décernée.
Prix des spécialités.
Médailles d'or (grand module), MM. Fidèle Magallon, propriétaire à Gap, création de prairies
96 CONCUURS REGIONAL DE GAP.
aitificielles, eiilretien d'un nombreux liéLail et bonne tenue de ferme ; — Fourès, propriétaire îi
Saint-Laurent-Ju-Cros, initiateur et président de la' fruitière de Saiut-Laurent , extension donnée
à ia culture fourragère.
Médailles d'or. MM. Clément Araat, propriétaire à Lettret, introduction et essais de cépages
américains ; — Clément André, propriétaire au Poët, captation d'eau de sources, construction
d'un vasie réservoir et essais de cépages américains ; — Dastrevigne, instituteur et propriétaire à
Oze, établissement d'un rucber, emploi et vulgarisation de bonnes semences; — Bruno Faure,
propriétaire à Lardier, captation de sources, établissement d une conduite d'eau et bonne cuUure
fourragère; — Mme Vve Guion, propriétaire à Gap, élablissemcnt d'une porcherie et entretien d'ani-
maux de r'ices perfectionnées ; — MM. François Lesbros, propriétaire à Gap. emploi d'un outil-
lage perfectionné, bon choix de bétail et utilisition de vidanges; — Martin Roche, propriétaire à
l'ouillouse, endiguement et conquête de terrain sur un torrent ; — François ViUiers, propriétaire
à Baratter, colmatage d'un terrain conquis sur un torrent.
Médailles d argent (grand module), M,V1. Depeyre frères, propriétaires àMontclus, défrichement,
extraction de jrochers et construction de bâtiments ruraux; — Gagnaire, propriétaire à Gap, créa-
tion d'un jard,- n fruitier; — Philippe Grimaud, pro[)riélaire à Baicillonnette, réunion de par-
celles, captât on de sources et dérivation d'un torrent; — Antoine Hermitte, propriétaire à
Gap, culture maraîchère ; — .Iules .lacques, propriétaire à Valserres, bonne tenue de vignoble et
essais de traitement au sulfure de c^rboue ; — Euclier Lafl'anour, pro|U'iétaire à Bruis, culture
perfectionnée du noyer et du prunier ; — Jean Laurent, fermier à Méreuil, mise en cullure de
terrains vagues ; —Louis Leoufl're, propriétaire à Chàteauvieu.v, établissement d'une collection
et d'une pépinière de vignes américaines ; — Antoine Mauzan, propriétaire à Méreuil,
construction d'une digue, conquête de terrain sur leBuech et reboisement d'un terrain en pente:
• — Jean Pellenq, propriétaire à Sigoyer, e.xtension donnée à la culture fourragère, bonne tenue
du fumier et travaux de drainage; — Joseph Rabasse, propriétaire à l'Epine, bon choi.x de
seniencis et mise en culture d'un ancien lit de torrent ; — Mme Vve Reybert, propriétaire à
l'Epine, captation d'une source et établissement d'une conduite d'eau.
Médailles d'argent, MM. Augustin Boyer, propriétaire à Saint-Bonnet, établissement d'une digue;
— Marins Gauthier, propriétaire à Saint-Iîonnet, captation d'une source et établissement d'un
jard.n ; — Alfred Joubert. instituteur et propriétaire à Sainte-Marie, plantation de pruniers et
greffage de noyers; — Pierre Prel, fermier au Noyer, défrichements et création de prairies
arlilicielles ; — Michel Chaîne, propriétaire à Rousset, captation d'une source et bonne tenue
d'un jardin potager.
Prix d'irrigations.
1" Catégorie. — Propriétés ayant plus de (j hectares de terres à lariosage. l"' prix, M. Mar-
cellin Guillaume, propriétaire à Vars; V, M. Auguste Lombard, propriétaire à la Fare.
2° Catégorie. — Propriétés ayant moins de G hectares de terres à l'arrosage. I"'prix, M. André
liambaud, propriétaire à Jarjayes ; 2". M. Louis Meyiiaud, propriétaire à Kyguians ; :!", M. Jean-
Marie Nicollet, propriétaire à Sigoyer; Jean Coutton, propriétaire à Chanousse.
llfCuriipcnses aux agents des exploitations primée*. — 2'-' Catégorie. — Prix cuUuraux- —
Médailles d'argent, MM. Charles Anrouzc, chef de vacherie ; AI|)honse Aurouze, chef d'atte-
lages. — Médailles de bronze, Mme Marie Aurouze, ménagère; Mlles Clémentine Aurouze, fille
de basse-cour; Célestine Laurent, porchère. — 4'-' Catégorie. — Médailles dargenl, M. Flavien
(!:hevallet, premier domestique ; Mme Victoire Chcvallet, ménagère. — Médailles de bronze,
M. Paulin Clavel, domestique; .Mme Kmiiia Linas, domestique. — frix d'irrigation. — Médailles
d'argent, M. Léon Guillaume, employé chez M. Guillaume, lauréat du 1" prix de la 1"' catégorie ;
Mlles Rambaud, collaboratrice de M. Rambaud son père, lauréat du l" prix de la 2'' catégorie ;
Ociavie Lombard, collaboratrice de M. Lombard son frère, lauréat du 2' prix de la 1"' catégorie. —
Médaille de bronze, M. Coution Hls, em|jloyé chez M. Coutton père, lauréat du 4° prix de la
T catégorie. — l'rix de spécialités. — Médaille d'argent, M. Auguste Guion, collaborateur de
Mme Vve Guion sa mère.
Petite cuUure.
PiUME d'honneur, un objet d'art, M. Guillaume Duserre-Bresson, propriétaire à Orcières. ]
Horticulture.
Pbime n'iioNNEUR, un objet d'art, M. François Reynaud, horticulteur et pépiniériste, à Gap.
Journaliers ruraux. — 1" prix, M. Jacques Muret, à la Freyssinouse ; 2", M. Dominique Clé-
ment, à Gap; 3". M. Adolphe Marchand, à la Fare; 4'', M. Pierre Bégou, à Sainte-Marie;
h', M. Joseph Brutinel, à Gap ; 6", M. Antoine Amouriq, à la Roche-des-Arnauds ; 7°, M. Frédéric
Chabot, au Forest-Saint-Julien ; A', M. Jean Bourg, à Châteauvieux ; 9% M. Auguste Métallier, à
Furmeyer; 10", M. Philippe Meizenq, à Nell'cs.
Serviteurs à gages. — 1"' prix, M. Pierre Arnaud, à Laragne; 2°, M. François Chabal, à Serres;
3", M, Joseph Jùurcin, à Embrun ; 4', M, Louis Girousse, à Bruis; 5°, M, Louis Chauvet. à Gap;
6% M. Théodore Escallier, à Embrun; 7°, M. Emmanuel Gaulois, à Ventavon ; S", M. Victor
Borel, à Gap; 9". M. Pierre Para et Rosine Masse, sa femme, à 'l'allard; 10% M. Pierre Gontard et
Elisa Gabert, sa femme, à Orpicrre.
Animaux reproducteurs — Espèce bovine.
!"■' Catégorie. — Race tarentaise ou tarine. — Mâles. — 1"= Section. Animaux de 1 ù 2 ans.
]"■ prix, M. Jean Tochon, à Bissy (Savoie); 2°, Mme Vve Taillefer, à Monères (Vaucluse) ;
3% M. Duparc, à la Balme de Siilingy (Haute-Savoie) ; 4", M. Duisit, à Chambéry (Savoie) ;
!■/■, M. Sourd, à Avignon. Menlion honorable, M. Courtet, à l'Isle-sur-Sorgues (Vaucluse). —
2' Section. Animaux de 2 à 3 ans. 1" prix, M. Séraphin Duch, à Avignon (Vaucluse) ; 1% M. Mil-
Ion, à Bissy (Savoie) ; 3'. M. Herthet de la Tour, à Saint-Hélène-du-Lac (Savoie). Prix supplé-
mentaire, Société d'élevage des cantons de la Mure, Corps et Valbonnais (Isère). Mention hono-
rable, M. Aurouze, à Gap. — Femelles. — !•" Section,. Génisses de 1 à 2 ans. 1" prix. M, Amand
Duch, a Avignon ; 2% M Reynier, à la Mure (Isère) ; M. Séraphin Duch; 4% M. Jean Tochon;
.V, M. Aurouze. — 2' Section. — Génisses de 2 à 3 ans. 1" prix, M. Courtet ; 2°, M.Morcl, à
Aubessagne (Hautes-Alpes); 3", M. Duisit; 'l", M. Jarzuel, à Bourg-Saint-Maurice (Savoie) ;
•j°, M. ^llllon. Prix supplémentaire, M. Tochon. — 3'^ Scclioyi. Vaches de plus de 3 ans. 1"' prix,
CONCOURS RKGIONAL DE GAP. q?
M. Auzicr, à Avignon; 2", M. Millon ; 3", M. nutsil. ; 4', M. Bernard, à Grenoble ; U% M. Ronnnt, à
Avignon; G". M Sérapliin Ducli. Prix supplénient;iir3, M. Mollî, à Avignon.
Prix d'ensemble au meilleur ensemble d'animaux do raee tarcnlaise, un fihjet d'art.
M. Aurouze.
2" Catér/drie. — Race de Villard-de-I.ans. — Mâles. — l" Section. Animaux de 1 à 2 ans,
l"prix, M. Bouvier, à Villard-de-Lans (lsi;re) ; 2', M. Elle Belle, à Jléaudro (Isère) ; M. Moulln-
Trafforl-Traflort, à I.ans (Isère). Prix supplément.iire, M. Aiigier. — "" Scr-d'ort. Animaux de
2 à Sans. P' prix, M. Augier; 2", M. Bouvier; 3°, M. Jean-Benoît i^'iiure. à Villard-de-Lans
(Isère). Prix supplémentaires, MM. Bernard; Rozant, à Lans (Isère). — FemeUes. — p° Section.
Génisses de 1 à 2 ans I" prix, M. Zacliarie Faure, à Aulrans (Isère) ; 2", M. Augier; 3°, M. Louis
Faure, à Autrons (l'ère). Mention lionoralile . M. Z^chaiie Kaure. — 2" .S'echo/i. Génioses de 2 à
3 ans. P' prix, M. Lciuis Faure ; 2°, M. .\ugier; 3', M. Antoine Belle, à Méandre (Isère). Prix
supplémentaire, M. .losepli Rochas, à Méaude (Isère). — 3' Section. Vaches de plus de 3 ans.
l" prix, M. LIernard ; 2°, M. Zacharie Faure ; 3°, M. Abel Monilahuc, à Avignon ; 4", M. Blanclin,
à Villars-de-Lans. Prix supplémentaire, M. Antoine Belle.
■ 3' Catégorie. — Races françaises pures (plus spcccialement aptes au l avail ou à la production
de la viande). — Mâles. — 1'° Section. Animaux de I â 2 ans. Prix unique, M. fViigier. ■•■ Femelles.
P" Seclinn. Génisses de 1 à 2 ans. 2° prix, M. Pelissier, à Ancelles (Hant'.^s-Alpes). — 2' Seciion.
Gcnis^es de 2 à 3 ans. 2" prix, .Mme Vve 'l'aillefer. — 3'' Section. — Vaches de plus de 3 ans.
1" prix, M. Bouchot, à Avignon ; 2'", M. Prat, à Avignon.
4' Catégorie. — Races laitières, françaises ou étrangères, pures ou croisées. — Mâles. —
P" Seciiiin. .Vnimaux de 1 à 2 ans. 1" prix, M. Augier ; 2% M. Prat; 3°, .M Cniirtet. — 2° Sec-
tion. Aiumaux lie 2à3ans. l"' prix. .M. Courtet ; 2°, M. Jean Hcynaud, à Avignon. Mentions
honorables, Mme Vve 'l'aillefer ; M. Martin. àLaye-en-Champsaur (Hautes-Alpes). — Femelles. —
1" Section. Animaux de 1 à 2 ans. 1" prix, M. Piat; 2", .M.Auguste B'juchet, à Avignon;
3°, M. Duserre-Bresson, à Saint-Jean-Saint-Nicolas (Hautes-Alpes) ; 4°, M. Courtet. Prix supplé-
mentaire, M. Barthélémy, aux Costes (Hautes-Alpes). — 2° Seciion. Animaux de 2 à 3 ans.
]" prix, M. Augier; 2", M. Louis Prat; 3% M. Lombard, à la Fare (Hautes-Alpes); 4», M. Courtet;
h'. M. Amand Duch. Mention honorable, M. Lombard. — 3" Section. Vaches de plus de 3 ans.
1" prix, M. Courtet; 2°, M. Augier; 3', M. Prat; 4', M. Reynaud;&°, M. Davin, à Chabotles
(Hautes-Alpts); (j', M. Caillet, à Bissy (Savoie).
Prix d'ensemble au meilleur ensemble des animaux des 2', 3" et 4'' catégories, un objet d'art,
M. Courtet, pour ses animaux de race schwitz
Espèce ovine.
P° Catégorie. — Races mérinos et mélis-mérians. — Mâles. — l" prix, M. Duparc;
2», M. Tochon; 3°, M. Génin, à Avignon. Mentions honorables, MM. Paul Fortuné, aux Mées
(Basses-Alpes) : Pascal, à Rambaud (Hautes-Alpes). — Femelles. 1°' prix, M. Duparc; 2°, M. To-
chon; 3"; M. Duparc ; 4°, M. Aurouze. Prix sup[ilémentaire, M. André Génin, â Avignon.
2' Catégorie. — Races des Alpes. — Mâles, l" prix, M. Bonnardel, à la Koche-des-Arnands
(Hautes-Alpes) ; 2°, M. Biochicr, à Saint-Léger-en-Champsaur (Hautes-Alpes). Mention honorable,
M. Armand, à la Hoche-des-Arnanils (Hautes-Alpes). — Femelles. I" prix, M. Pascal; 2'', M. Au-
rouze. Mentions honorables, MM. Génin ; Joseph Nicolas, à .Saint-Jean-Saint-Nioolas (Hautes-
Alpes).
3° Catégorie. — Races fiançaises diverses. — Mâles. 1" prix, M. Jules Clément, à Gap;
2", M. Duisit ; 3', M. Irénée Nicolas, à Saint-Jean-Saint-Nicolas-(Hautes-Alpes). Mention liono-
rable, M. Jébus Eniperaire, à Savournou (Hautes-Alpes). — Femelles. 1" prix, M. Génin;
2'", M. Aurouze; 3', M. Clément.
4' Catégorie. — liaces étrangères diverses. — Mâles, l"' prix, M. Tavan, à Malissard (Dronie);
2°, M. Tézier, à Valence. — Femelles. l"pri.\, }I. Tavan.
h' Catégorie. — Croisements divers. — Mâles, p', 2° et 3' prix . M. Tavan. Prix supplémentaires,
MM. Tézier; J. Nicolas; Ricard, à Rometto (Hautes-Alpes). — Femelles. 1" prix, .M. Tavun ;
2", M. Tézier; 3'', M. Tavan. Prix supplémentaires, MM. Gaimard, à Bourg-Saint-Maurice (Savoie) ;
Joseph Nicolas.
Prix d'ensemble au meilleur ensemble d'animaux de l'espèce ovine, un objet dart, M. Tavan,
pour ses animaux de race southdown.
Espèce porcine.
1'» Catégorie.. — Races indigènes pures ou croisées entre elles. — Mâles. 2° prix, M. Eymar,
à Gap. — Femelles. 1" 612° prix, M. Duisit. Prix supplémentaires, MM. Duparc; Gabert, à Man-
teyer (Hautes-Alpes).
2" Catégorie. — ■ Races étrangères pures ou croisées entre elles. — • Mâles. 1" prix,
M. Goide, aux Mées (Basses-Alpes); 2', M. Tavan ; 3% M. Duisit. — Ftmelles. P'ct2" prix,
M. Aurouze ; 3", M. Duparc ; 4% M. Duisit. '
3* Catégorie — Croisements divers entre races étrangères et races françaises. — Mâles.
l" prix. M. Lombard; 2', M. Aurouze. — Femelles. P' prix, il. Lombard ; 2°, Mme Vve Guion,
à Gap. Prix supplémentaires, MM. Aurouze; Duisit.
Prix d'ensemble au meilleur ensemble d'animaux de l'espèce porcine, un objet d'art, M.Duisil,
pour ses animaux de race indigène.
Animaux de basse-cour
1'° Catégorie. — Coqs et poules. — P" Section. Races françaises diverses. 1°'' prix,
Mlle Lesbros, â Gap; 2'', M. Gassier. à Barcelonnette ; 3", M. Tavan. Menlions honorables,
MM. Augier ; Robert-B:anc, à Gap; Maurice Abric, â Avignon. — 2" Section. Race.~ étrangères
diverses. Prix non décernés. — 3° Section. Croisements divers. 1" prix, M. Robert-Blanc ;
2°, M. iMaurice Abric. Mention honorable, M. Camcin, à Veniavon (Hautes-Aljies).
2' Catégorie. — Dindons. — {"Section. Dindons noir», l" prix, M. Augier; 2°, Mlle Lesliros.
— 2' Section. Dindui s gris et blancs. l"prix, M. Tavan; 2'', Mlle Lesbros.
3" Catégorie. — Oies. 1" prix, M. Augier; 2°, Mme Guion.
li° Catégorie. — Canards. P' prix, M. Augier; 2', M.Robert-Blanc. Mention honoiable,
Mlle Lesbros.
5= Catégorie. — Pintades. 1" prix, Mlle Lesbros; 2°, M. Tavan. Mentions honorables, M.M. Au-
gier; Robert-Blanc.
98 CONCOURS RÉGIONAL DE GAP.
G" Catégorie. — Pigeons, l" prix, M. Camoin: 2", M. Marins Lesbros, à Saint-.Tean-Saint-
Nicolas (Hautes -Alpes). — Mention lionorsble, Mme Guion.
7" Catégorie. — Lapins et léporides. l" prix, M. .\ugier ; 1', M. Claude Millon, à Grenoble.
Prix d'ensemble au meilleur ensemble d'animaux de basse-cour, un objet d'art, Mlle Marie
Lesbros.
Bf 10/7! penses aux serviteurs ruraux pour les bons soins donnés aux animaux primés. —
Médai/lrs d'argent, M.M, Eugène Reynaiid. chez AI. Courte', lauréat d'un prix d'ensemble de
l'espèce bovine; Charles Aurouze fils, chez M. Aurouze père, lauréat d'un ]irix d'ensemble de
l'espèce bovine ; Eugène Bec, chez M. Tavan, lauréat du prix d'ensemble de l'espèce ovine ; Carie
Thomas, chez M. Duisit, lauréat d'un prix d'ensemble de l'espèce porcine; Henri Marc, chez
M. Marcel Augier, lauréat de 9 prix. — Idédailhs de bronze, MM. Germain Petey, chez M. Prat,
lauréat de 5 prix : Adrien Marchand, chez M. Lombard, lauréat de 3 prix, 1.5 ans iJe services ;
Claude Berlioz, chez M. Jean Toclion, lauréat de 4 prix. 7 ans de services; Emile Cha|inis. berger
chez M. Duparc, liiuréat de 3 prix : Mlle Célestine Laurent, porchère, chez M. Aurouze. lauréat
de C prix ; MM. Isidore Orset, chez M. Séraphin Duch. lauréat de 3 prix; Eugène Théodore, chez
M. Bouchet, lauréat de 2 prix ; Félicien Chêne, chez .M. Amand Duch, lauréat de 2 prix.
Récompenses aux conducteurs de machines, aux contremaîtres et ouvriers des constructeurs. —
Médailles d'argent, MM. Moine, contremaître chez M. Plissonnier fîls, à Lyon (Rhùne), 24 ans
de service ; Ollivier Escallier, charron forgeron chez M. Antoine Pons, à Gap (H3Utes-.\lpes),
9 ans de service; Emmanuel Presson, contremaître chez M. l'resson, à Bourges (Cher), 18 ans de
service. — Médailles de bronze. MM. Laurent Ader, condcteur de machines à battre chez
Mme Nassivet. à Nantes (Loire-Inférieure), 10 ans de service; Alphonse l'oncet, contremaître
chez M. Giroud, à Ponlcharra (Isère) , 8 ans de service; Botton, monteur chez M. Pli.'-sonnier Mis,
à Lyon, 8 ans de service ; Charles Gatelet, modeleur chez M. Noël, à Paris, 8 ans de service;
Auguste Ange, chef ouvrier forgeron, chez .M. Victor Pons, à Gap, h ans de service ; PhilippK Bro-
chier, ouvrier chez M. Eyraud, à Saint-Jullien-en Champsaur (Hautes-Alpes), 3 ans de service. —
30 fr., MM. Joseph Ncolas, ouvrier chez .M. Clavel, à .Samt-Borinet-en-Champsaur (Hautes-Alpes).
3 ans de service: Léon Taix. forgeron chez M. Léon Nicolet. à Gap (Hautes-Alpes), 3 ans de
service; Joseph Fleurand, forgeron chez M. Brasier, à Gap (Hautes-Alpes), 1 an de service ;
Etienne Rosa, apprenti forgeron chez M. Louis Nicolet, à Gap, 2 ans de service. — 20 fr.,
M. Marius Pons, ouvrier chez .M. Barrachin fils, à Gap.
Produits agricoles et matières utiles à ragricultiire, — Concours spéciaux.
1" Catégorie. — Vins de la région iiroveiiant îles récolles de 1882 et 1883. I'' prix, M. Passerat-
à Jarjayes (Hautes-Alpes); 2% M. Granie, à la Brillranne (Basses-Alpes); 3% M. Albert, à Ma-
nosqua (Basses-Alpes) ; 4'. M. Chaîne, à Rousset (Hautes-Alpes).
2" Catégorie. — Produits des Iriutières des Alpes, — ]■■" Section Fromages, 1"^ prix, fruitière
de Saint-L:uirent-du-Cros (Haulcs-Alpes) : 2", Iruitière d'Orcières. (Hautes-Alpes) — T Sectwn.
Beurres, 1" prix, M. Bellon, à Guillaunie-Pevrouse (Hautes-Alpes); '2% fruitière de Saint-Laurent-
du-Cros (Hautes-Alpes) ; 3*, fruitière d'Orcières (Hautes-Alpes).
3' Catégorie. — ProJuits séricicoles. Pas de concurrents.
4° Catégorie. — Huiles d'olive. 1" prix, M, François, à Manosque (Basses-Alpesl ; 2'', M. .Joseph
Aimé, à Chàteau-Arnoux (Bas-es-Alpes) ; 3=, M, Albert, à Manosque (Basses-Alpe^).
5'* Catégorie. — Produits maraîchers, I" prix. M. Jean-Joseph-Charles Giraud, instituteur à
Montceau (Isère); 2«, M. Robert-Blanc, à Gap (Hautes-Alpes) ; 3', M. Lesbros, à Gap (Hautes-
Alpes). Prix supplémentaire, Mme Vve Lagier, à Gap (Hautes-Alpes).
6'' Catégorie. — Expositions scolaires. — 1™ Section. Matériel d'enseignement agricole, collec-
tions, dessins, objets de cours, etc. — 1" prix, M. Joubert, instituteur à Sainte-Mare ; 2°, Ecole
normale primaire d'instituteurs de Gap ; 3", MM, Orcier frères, instituteurs à Aiguilles et à 'Vi-
troUes; 4*, Mme Blanc (sœur Marie de l'.Assomplion), institutrice à Vevnes; .5'', M, Bourcier, insti-
tuteur à Upaix, pour sa collection; e% M, Dusserre. instituteur à Tresclèoux, pour son herbier;
7'", M, Gravier, élève à l'école normale de Gap ; 8°. Mme Arn.iud (sœur de l'Annonciation), insti-
tutrice à Aspres-lès-Veynes, pour ses herbiers: 9", Collège de Briançor. pour son herbier: 10%
M. Giraud, in>tituteur à Montceau (Isère). Mentions honorables, M, Lombard, M. Brutinel,
M. .Augier, M. Chevallier, M. Amat, .M. Milliat. élève à l'école normale de Gap, Mlle Louise Marin,
à l'exieniat de Saint-Joseph, à Gap. — 2" Section. Travaux spéciaux et objets d'enseignement
agricole présentés par les professeurs, les instituteurs et les élèves des écoles primaires, 1" prix,
M. Aubert, instituteur à Choiges; 2', M. Durand, instituteur à Saint-Bonnet, et son élève Amar;
;i', M. Chaix, instituteur à la Koche-ries-Arnauds; 4% M. Roniieu, maître-adjoint à l'école normale
de Gap ; 5'^, M. l'abbé Guillaume, archiviste des Hautes-Alpes, pour sa géographie ; fi". Mme Morel,
institutrice à Tresclèoux , 7% M. Borel, instituteur à Cherines (Savoie), pour sou herbier. Mentions
honorabl'S. M. Martin, directeur de l'école communale de Gap, M. Dastrevigne, instituteur
à Oze, M, Imbard, instituteur à Bruis, M, Ranguis, instituteur à Gnillestre, M Massot, instituteur
à Aspremont, M, Roux, instituteur à Monlclus, M. Chevallier, in stituteur à Aubessagne,
7" Catégorie. — Expositions collectives, faites par les administrations publiques, les sociétés et
comices agricoles et horticoles. — Sur la demande du jury, M. le Ministre de l'.Aiiriculture a
accordé : Médaille d'or à l'exposition collective de l'administration des forêts (conservation de
(iap). — Médaille d'or à M. Goret, inspecteur-adjoint à Gap, pour sa carte géologique des Basses-
Alpes. — .Médaille d'argent à M. Soelzer, inspecteur-adjoint à Gap, pour l'org.inisation de I ex-
position forestière, — MétiaiUes d'argent à M, Ducrot, brigadier de reboisement à Gap, pour soin."
donnés au travaux de plantation et de semis. — Médaille de bronze à .M. Garrin Vital, brigadier
de reboisement au Pont-du-Fossé, pour soins donnés à la pépinière du Pont-du-Fossé et aux
plantations du périmètre de Saiut-Jean-Saint-Nîcolas. — Médaille de bronze à M, Girardy, brigadier
des forêts à Gap, pour participation à l'organisation de l'exposition forestière,
8° Catégorie. — Produits divers. — Médailles d'or. .M, Rcynaud François, à Gap, pour l'easemble
de son exposition; M, Comte-Bruno, à Puimoisson (Basses-.AIpes), pour ses conserves. — Médaille
d'argent grand module, il. Léouffre, à Gap, pour ses vignes américaines, — Médailles d'argent,
M. Gucydan, à Saint-Maurice (Hautes-Alpes), pour ses fromages; M. Pourroy, k Champoléon
(Haute.s-.Aipes). pour son fromage: M. Lombard, à La Fare (Hautes-Alpes), pour son fro'mage;
M. Laffanour, a Bruis (Hautes-Alpes) (collections) ; M, Benoit Jacques, à Valserres (Hautes-Alpes)
(huile de noix); M, Blanchard, à liemollon (Haiilcs-.Mpes) (cau-dc-vie) ; M. Savournin, à Gap
(Hautes-Alpes) {Vmueuvs). — Médailles debronte, MM. Pons père et fils, à Manosque (Basses-
CONCOURS lîKGIONAL DE GAP. 99
Alpos), pour leur vinaigre; M. AUard, à Cluzeiet-I'àquii'.r (l.sèrei (cidre); Mme Aurou/.e Marie, à
(;har;iiice-lès-Gap (Hautes-Alpes), pour son huile rie noix; M. Amouriq Antoine, à la Rocne-des-
Arniiuds (Uautes-Àlpes), pour son miel; M. Bonnet Jean, à Saint-Jean-Saint-N'icolas (Hautes-Alpes),
pour son miel; M. Granjon Fortuné, à Grenoble, pour ses pâtes alimentaires ; M. Isnard, à Digne,
pour ses essences.
Rf'compenses décernées au nom de la Socii'ti nationale d' enamragement à l'agriculture. —
1° Diplôme d'honneur, la fruitière de Saint-Laurent-du-Cros (Hautes-Alpes). — 2° Médaille de
renncil, .M. Chaix, instituieur à Lal!oche-des-Arnauds (Haules-Alpes), pour .son enseignement
agricole. — 3° Médailles d'argent, M. André Baptiste, à Ventavon (Hautes-.\lpes), pour sa planta-
lion de vignes américaines; M. lieynaud Jean, àCharance, près Gap, pour la bonne exploitation de
son petit domaine. — 4" Médaille de bronze^ .M. Vincent Pierre, à Serres (Hautes-Alpes), pour la
bonne tenue de son exploitation.
liécompenses décernées au nom de la Société des agriculteurs de France. — 1° Un objet d'art,
la Société d'élevage des cantons de La Mure. Corps et Vallionnais (Isère), pour la production et
le perfectionnement des espèces bovine et chevaline. — 2' Médaille d'or, .M. Faure Léon, phar-
macien à Gap, pour son niéiioire d'analyses comparatives du lait de vache dans les Hautes-Alpes.
— 3" .Médailles d'argent, M. Pascal Jean, à Itainbaud (Hautes-Alpes), pour l'ensemble de son ex-
position au concours hippique; M. L^sbros François Laurent, à Gap. pour l'enéemble de son
outillage agricole. — 4° Médailles de bronze. M. Barrachin Fidèle, à Gap, pourson appareil d'arro-
sage ; M. N'eyton, à Saint-Jeun-d'Avelane (Isère), pour son régulateur d'eau pour usines et sa
bonde automatique; M. Joubert, instituteur à Sainte-Marie, pour son appareil et son tableau de
blanchiment des pruneaux.
Concours hippique.
1." Catégorie. — Etalons. — 2' Section. Étalons de 4 ans et au-dessus. — 1" prix, M. Courtet
(Alexandre), à l'Isle-sur-Sorgues (\'aucluse).
2° Catégorie. — Juments et pouliches. — 1'" Section. Pouliches de 3 ans saillies en 1884. —
l"" prix, M. Florian Faure, de Poligny (Hautes-Alpes); 2", .M. Charles .\urouze, de Charance
(Hautes-Alpes); 3", M. Jean Vincent, de Gap (Hautes-Alpes) ; 4', M. Baptiste Bernarrl. de i.uedin-
Lagrand (Hautes-.\lpes); .'v, M. Lucien .Marin, de Fauvins, Gap (Hautes-Alpes) ;6', M. JeanPascal,
de Rambaud (Hnutes-.\lpes). — 2° Section. Juments de 4 ans et au-dessus, suitées de leur produit
de l'année ou saillies en 1884. — 1" prix : M. Gissier (Aimé), de Barcelonnette (Bas'es-Alpes) ;
2% M. Rambaud (André), de Saint-Martin, .larjayes (Hautes-Alpes) ; 3°, M. Courtet (Alexandre),
de risle-^ur-Sorgues (Vauchise) ; 4% M. Bontoux (Charles), de Rambaud (Hautes-Alpes) : 5',
M. Pellenq (Emile). d'Eyssanières, près Gap (Hautes-Alpes); 6% M. Lesbros François), de Gap
(Haates-Alpes).
3° Catégorie. — Étalons Baudets de 3 ans et au-dessus. — 1" prix, M. Gaude (Auguste), à Lus-
la-Croix-Haute ;Drùme) ; 2% M Coustiei (Joseph-Louis), à Leplan, la Rochette f Hautes-Alpes).
Prix d'honneur. Un objet d'art offert par M. le ministre de l'agriculiure pour le lot le plus
remarquable du concours. M. Courtet (Alexandre) , de l'Isle-sur-Sorgues (Vaucluse).
UNE VARIÉTÉ DE BLÉ A CULTIVER
LE SHIRRIF'S SQUARE-HEAD
Parmi les blés d'origine anglaise recherchés à juste titre dans les
pays de haute culture, il est une variété jouissant dans le nord et le
centi-e de l'Europe d'une faveur si marquée, que je crois utile de la
signaler à l'attention des agriculteurs français qui en ignoreraient le.xis-
tence ou ne l'auraient pas encore cultivée; je veux parler du blé à
épi carré, le Siiuare-head des Anglais. A qui faut-il en faire remonter
la création ? Diiïëi'entes versions circulent à cet égard. Dans son remar-
quable ouvrage, « Les meilleurs blés », M. Vilmorin le déclare obtenu
de semis par M. Patrick Sliirrefoc Mungoswell (Ecosse). De son cùlé,
Rimpan ' raconte que, dans un voyage en Angleterre, en 1879. beau-
coup de fermiers anglais lui mentionnèrent le Square-head comme un
blé très anciennement cultivé, et dont l'origine leur était inconnue.
Ce qui est hors de doute, c est qu'un directeur d'une importante mai-
son de Copenhague, le markfrokontoret, ayant découvert, il y a un
petit nombre d'années, des semences d'élite chez un fermier écossais
de Saltcots, M. Daniel D. Shirrif, fit l'acquisition d'un lot important
qu'il livra à ses clients danois, sous le nom de Shirrif's Square-head.
Cette dénomination devint en Allemagne, oii il pénétra bientôt, l'ob-
jet d'une erreur en somme assez excusable : on confondit M. Shirrif
avec son célèbre compatriote IVl. Schirref.
Les titres de noblesse du Square-head datent de son imporlation
en Danemark ; il couvre dans cette contrée plus de la moitié de l'étendue
1. Mentzel ii. v. Lengerke's landw. halender 1883. — i" partie, p. 54.
100
UNE VARII^TK DE BUÈ A CaCTIVER.
cultivée en blé; c'est la variété préférée des districts sucriers alle-
mands ; je l'ai trouvé, il y a deux ans, en Scanie, dans la Saède méri-
dionale, l'an dernier dans le royaume de Saxe, et si je suis bien
informé, il commence à être cultivé en Suisse.
Une variété qui présente une telle puissance d'expansion, dont l'aire
géographique grandit aussi visiblement dans toutes les directions, est
assurément une variété hors
'\;
w^-i
ligne qui mérite à tous égards
les honneurs de l'expérimenta-
tion. M. Wude, un des agricul-
teurs les plus distingués de la
province de Hanovre, chez lequel
j'eus la bonne fortune de passer
près d'une année, m'écrivait, il
y a quelques jours, à Paris :
« L'introduction du Sqiiarr-head
marque, en Allemagne, le com-
mencement d'une période nou-
velle dans la prodnction du blé;
un petit nombre d'années lui a
suffi pour supplanter presque
absolument les variétés indigènes
ou exotiques; moi-même, je le
cutiverais à l'exclusion de tout
autre, si, dans l'intérêt d'une
meilleure répartition du travail,
lors de la moisson, je ne croyais
devoir ensemencer des variétés
mûrissant à des époques diffé-
rentes ».
Le Square-hcad est un blé d'hi-
ver ayant une maturité deini-tar-
Fig. h. — Epi de blc. Fig. C. — Le même
de Shii'rif's. épi vu latéralement.
Fis- 7. — Grains de blé de Sliirrifs.
dive qui produit une paille bien droite, extrêmement rigide, assez peu
abondante relativement au grain fourni ; ainsi que son nom l'indique,
l'épi (fig. 5et 6) est carré, dense, à peine atténué vers la pointe; le grain
(fig. 7), bien nourri, de grosseur moyenne, présente une teinte jaune
ou rougeâtre. Deux circonstances expliquent la faveur, sans précédent
je crois dans l'histoire du blé, qui s'attache au Sqiiare-head; tout
d'abord la résistance de la paille à la verse et aux atteintes des para-
sites, de la rouille plus spécialement. Ces qualités sont inséparables;
UNE VARIÉTÉ UE BLÉ A CULTIVER. 101
personne n'ignore la relation étroite qui existe entre l'apparition inquié-
tante d'un parasite et la contexture de la plante hospitalière : le chaurae
qui s'affaisse sous le poids de l'épi est formé d'un tissu làciie n'opposant
qu'un faible obstacle à la pénétration de la tarière d'un insecte ou à
celle d'un mycélium de champignons.
Le Square-head, né sous le ciel humide de l'Angleterre, a présenté au
plus haut degré la faculté de consolider son système mécanique sous
l'influence du climat plus rude du continent.
Si sa grande rusticité permet de le cultiver à peu près partout, le
caractère phytotechnique que je viens de mentionner, en fait la variété
par excellence des sols humides et froids, des riches alluvions, des
terres fortement fumées, de toutes celles enfin qui poussent à un dé-
veloppement excessif des parties foliacées au détriment de celui de l'épi.
La seconde qualité du Square-head que je dois ftiire ressortir, c'est
son rendement à la fois régulier et très élevé. Des récoltes de 4 à 5 tonnes
par hectare, taxées de fable en Allemagne avant l'importation du blé à
épi carré, ne sontplus rares aujourd'hui. M. Jacobsen de Copenhague
m'assure qu'il rend en Danemark un quart, parfois même un demi, de
plus que les autres variétés. Les agriculteurs français se plaignent
généralement en disant que la culture du blé est ruineuse aujourd'hui.
Si des raisons de haute convenance ne m'en empêchaient, je pourrais,
avec des documents nombreux et précis recueillis dans le Hanovre,
apporter la preuve indiscutable que le blé a une part très large dans
les bénéfices réalisés par les fermiers allemands.
Je ne veux point terminer sans rappeler les obstacles qui, en
Danemark aussi bien qu'en Allemagne, auraient compromis l'avenir du
Square-head, s'il ne s'était pas montré d'une valeur exceptionnelle : la
lenteur avec laquelle il entre en végétation au printemps, son mode de
tallement qu'on pourrait nommer /)«r«//è/e à cause de la verticalité et
de l'égalité parfaite des difîérents brins, en laissant le sol faiblement
couvert, faisaient supposer qu'il ne talle pas et redoute les froids de
l'hiver aussi bien que les gelées du printemps ; l'expérience de plusieurs
années a démontré le mal-fondé de ces opinions.
Il ne suffisait pas de faire choix d'une variété très productive, il fal-
lait aussi se préoccuper du débouché. Dès l'apparition du Squâre-head^
les meuniers formèrent une véritable coalition afin d'en entraver la
culture, reprochant au nouveau-venu d'être pauvre en gluten et de
livrer une farine de qualité secondaire. Sans doute, le Square-head^
ainsi que ses congénères anglais, renferme moins de matières azotées
que les continents, mais personne n'ignore, que dans ces derniers la
différence quantitative observée est largement compensée par l'élasti-
cité et l'extensibilité plus grande de leur gluten. La consistance rela-
tivement faible du Square-head réclame pour la mouture une force
assez considérable. La boulange était-elle portée pendant le broyage
à une température trop élevée altérant la structure, les qualités plas-
tiques du gluten? L'hypothèse est parfaitement admissible. Quoi qu'il
en soit, les agriculteurs étrangers ont préféré dès le début conserver
une variété à haut rendement, plutôt que de revenir aux blés de pays
achetés un peu plus cher par la minoterie; depuis, les meuniers ont
désarmé : ils broyent le Square-head en le mélangeant avec des blés
plus durs; quant au prix de vente, il se trouve être sensiblement le
même que celui des variétés les plus recherchées.
102 UNE VAIUliTI-'; DE BLK A CULTIVER.
Je ne saurais trop engager nos agriculteurs à cultiver le Square-
head, — je ne dirai pas immédiatement sur une grande éclielie —
bien que le succès ne nous paraisse pas douteux, — mais au moins à
titre d'essai, comparativement avec les meilleures variétés locales.
En multipliant les expériences, en coordonnant les faits bien observés,
nous saurons rapidement si le Square-head mérite d'occuper dans nos
cultures la place d'honneur qu'il a conquise dans les contrées voi-
sines. E. SCHIUBAUX,
Diri-cleiir de la st;ilion d'essais de semences
ft l'Institut national ai^ronomique.
LES VICES RÉDHIBiTOIRES D.INS LES VENTES
ET ÉCHANGES D'ANIMAUX DOMESTIQUES
La revision du Code rural est à l'ordre du jour de la Chambre des
députés.
Le projet de loi comprend la revision de la loi du 20 mai 1838 sur
les vices rédhibitoires dans les ventes et échanges d'animaux domes-
tiques, une revision des règlements imposant une garantie exception-
nelle aux animaux de boucherie, etc.
La Chambre doit discuter le projet déjà adopté par le Sénat et le
Conseil d'Etat, et aussi par la Commission dont M. Maunoury, député,
a été nommé rapporteur.
La loi du 20 mai 1838 a donné lieu à tant d'abus, surtout di^ la
part des acquéreurs de mauvaise foi, qu'elle devait être revisée : cette
nécessité a été démontrée par l'expérience, au point que certains légis-
lateurs ont même désiré son abrogation complète. Avant de vouloir
supprimer cette mauvaise loi, on peut chercher à l'améliorer. Com-
ment? C'est là la question.
(À^tte question est très complexe, très controversée; pour bien y
répondre, il faut être à la fois versé dans l'étude du droit et de la juris-
prudence, et dans l'étude des sciences vétérinaires et agricoles. Il est
peu de personnes réunissant cette double compétence ; c'est ce qui
explique la divergence des opinions, et il sera dilficile à la Chambre
des députés de donner satisfaction à tous.
Ayant exercé théoriquement et pratiquement la médecine vétérinaire
et le contentieux agricole pendant un certain nombre d'années à
Paris, j'ai étudié, d'une façon spéciale, la question des vices rédhibi-
toires, et je suis un de ceux qui sont appelés à critiquer le projet de
loi présenté aujourd'hui devant la Chambre.
Ce projet, en eflet, contient certaines cont radictions, omissions ou
erreurs qu'il est du devoir de chacun de signaler à nos législateurs
dans l'intérêt général et surtout dans l'intérêt de l'agriculture, princi-
palement pour les éleveurs exploités par les maquignons.
Ainsi l'arlicle 3 du projet est purement illusoire. Pour l'admettre,
il faut ignorer les ruses des marchands de chevaux.
(]et article est ainsi conçu :
" L'action en réduction de prix, autorisée par l'article 1644 du Code civil, ne
pourra être exercée dans les ventes et échanges d'animaux lorsque le vendeur olTrira
de reprendre l'animal vendu, en restituant à l'acquiTeur les Irais occasionnés par
la vente. »
Cet article a pour but de déjouer la ruse des maquignons, qui con-
siste à intenter une action redhibitoire dans l'espoir d'obtenir une
LES VICES RÉDHIBITOIRES. 103
réduction de prix, manœuvre assez fréquente. Ce but est manqué. En
elTet, l'acquéreur de mauvaise foi, se gardera bien d'actionner m
réduction de prix, sachant à (|uoi il s'expose; il actionnera toujours en
garantie, c'est-à-dire ch résolution de la vente, en rrslilnli'in du },ri:r lolal
de l'achat.
Il y aura ainsi tout autant de procès qu'avec l'arlicle 2 de la loi
ancienne, qui défend l'action en réduction de prix, défense dont ri'-nt
bien les maquignons.
Autre considération, très judicieuse, présentée par M. Emile l.e l'el-
letier, avocat à la (^our d'appel de Paris et collaborateur de la l'resse
vétérinaire :
« On vend généralement |iarce qu'on a besoin d'argent; c'est presque toujours
])nur payer une detie qu'on mène une l)ète à la i'oire, ou bien encore afin d'en
racheter de suite une autre. Le vendeur sera donc bien rarement en mesure de
ri'rabourser l'acheteur qui le menacera d'une action en justice, et celui-ci, s'il est
homme de chicane et de mauvaise foi, aura beau jeu pour tourmenter son vendeur.
II amènera à composition son vendeur, que la seule perspective des frais troublera. »
Admettons que le vendeur soit en mesure de rembourser le prix ; si
l'acquéreur le refuse, il fautlra consigner ce prix en faisant des o/Jrrx
réelles sur la validité desquelles il faudra plaider; procès long et cnù •
teux, sur lequel compte bien l'acquéreur pour en exploiter les lenteurs
et lasser le vendeur qui attend son argent ou sa bête !
Ce qu'il faut empêcher, c'est le calcul inavouable de l'acquéreur
qui cherche dans le procès un moyen d'obtenir une réduction de prix :
ce calcul ne peut être déjoué que par une prompte et sévère justice,
laquelle doit être exercée par un juge compétent, juge désintéressé et
impartial, en dernier ressort, ayant pour mission de rechercher la
véritable cause du procès et d'en arrêter immédiatement l'effet.
Ce juge, c est le juge de paix !
Mais pour permettre au juge de paix de remplir ce rôle, il faut lui
donner des attributions et une juridiction dont il n'a pas joui jusqu'à
présent. Il faut que son rôle soit actif, et non passif, qu'il ne consiste
pas seulement à nommer un expert, sans s'inquiéter de la façon dont
il opère lexpert qui est souvent !e vétérinaire de l'acquéreur), mais à
contrôler cet expert.
Il faut que l'expertise soit contradictoire et soumise immédiatement
à l'appréciation du juge.
Il taut que le juge de paix puisse juger en compétence et en dernier
ressort sur le rapport de l'expert et d'après les dires contradictoires des
parties; pour cela, il faut étendre sa juridiction en matière rédhibi-
toire.
De cette façon l'action rédhibiloire serait réellement jugée comme
matière sommaire et on éviterait les lenteurs déplorables de procès
onéreux, lenteurs habilement exploitées par les maquignons.
Ceux-ci, pour arriver à leurs lins, ont le soin d'emmener leurs ani-
maux nouvellement achetés le plus loin possible, afin de profiter du
délai de distance accordé par la loi pour intenter l'action rédhibitoire ;
car ils savent bien que la frayeur du cultivateur croît en raison de
cette distance. Ils s'entendent même au besoin avec des compères éloi-
gnés en faisant des ventes simulées.
Le projet de loi ne fait rien pour empêcher ces ventes simulées; au
contraire, il les favorise en maintenant le délai de distance et en auto-
10'4 LES VICES RÉDHIBITOIRES.
risant l'cxpertiso même à l'absence du vendeur en raison de ré/Di-
gnement.
Cette mesure est vraiment faite pour les maquignons qui y trouvent
beau jeu !
Il i'aut que le délai de distance soit excessivement réduit; grâce à
la rapidité de nos communications, ce délai peut aujourd'hui être ré-
duit à quarante-huit heures pour toutes les distances, c'est-à-dire pour
toute la France. Nous ne sommes plus en 1830 !
Mais cela ne sut'lit pas pour empêcher les ventes simulées. Pour
arriver à ce résultat tant désiré, il Faudrait : ou prononcer la déchéance
en cas de revente de l'animal, ou obliger le deuxième acquéreur à le
ramener au premier acquéreur qui seul aurait le droit d'actionner le
premier vendeur.
On reproche à la première de ces mesures de porter une atteinte à
la liberté commerciale, d'empêcher le marchand de revendre ce qu'il
a acheté avant l'expiration du délai de la garantie. Nous inclinons
donc pour la deuxième mesure.
On a proposé d'étendre même à l'acquéreur direct cette obligation
de ramener l'animal au lieu de la vente.
Nous connaissons le danger qui résulte de la nomination d'un
expert au lieu du domicile de l'acquéreur, qui est souvent son client
et peut l'influencer ou le tromper facilement. Mais c'est au juge pré-
venu à choisir un expert indépendant et impartial, dont l'honoralulité
et le savoir ne lui laissent aucun doute. Si le juge de paix était appelé
à juger l'action, il serait plus circonspect dans le choix de l'expert.
On objecte à cela qu'il y a avantage à ce que le vendeur soit jugé
par ses juges naturels, qui le connaissent mieux et peuvent mieux
établir la moralité de l'atTaire, à savoir si c'est le vendeur ou l'acqué-
reur qui est de mauvaise foi. Mais pour cela il faut ramener l'animal
au lieu de la vente. Ce retour est plein de dangers pour la santé de
l'animal et très coûteux. En outre l'acquéreur peut à son tour repro-
cher les influences de la localité. D'un côté comme de l'autre le choix
de l'expert peut être critiqué. Quant à la moralité des parties, te!
juge peut l'apprécier aussi bien que tel autre.
Ëniin, si le vendeur est surtout un marchand, celui-ci se gênera
moins pour vendre un cheval vicieux, connaissant l'obligation pour
l'acquéreur de le lui ramener pour venir plaider à une longue dis-
tance.
N'est-il pas plus simple et moins dispendieux pour le vendeur de se
transporter, d'envoyer ou de charger un mandataire le représentant au
lieu du litige? Cette obligation estprescrite pour tous les cas litigieux qui
requièrent célérité. (Juand il s'agit d'un animal exposé à tant d'acci-
dents et de maladies, qui peuvent retarder ou empêcher une expertise,
il faut agir promptement.
Ce n'est pas ce qui a lieu aujourd'hui. Quand on ramène l'animal
au domicile du vendeur, c'est pour plaider devant le tribunal civil, ce
qui est long et dispendieux; on doit, autant que possible, éviter les
frais et les diuigers de la fourrière. On voit des procès durer denx
ans ! Les frais ne sont plus en rapport avec la valeur du litige.
Le législateur ordonne cependant que l'action rédhibitoire soit jugée
comme matière sommaire! Maison sait ce que cela vaut ;*souvent
cette prescription est simplement dérisoire.
Li:.s VICES hp:l)1I1L!IT0ii;K5. lus
En malière rédhihitoire, ce qu'il laul c'est la procédure ex|)éditive
et à bon marché. On ne [)eut l'obtenir (ju'en rendant les juives de paix
compétents ; que ce soit celui du lieu où l'animal se trouve, ou celui
du lieu où l'animal doit se trouver.
En résumé nous demandons :
r Le maintien de l'article 2 de la loi ancienne défendant l'action en
réduction de prix;
2" L'extension de la compétence des juges de paix en matière
rédhibitoire;
3° L'expertise contradictoire et son maintien au lieu du domicile de
l'acquéreur direct;
4° En cas de revente de l'animal pendant le délai de la garantie,
obligation de le ramener au lieu du domicile du premier acquéreur
qui seul aura le droit d'actionner le premier vendeur;
5° Réduction du délai de distance pour intenter l'action rédhibi-
toire.
En un mot, nous demandons une loi moralisatrice protégeant mieux
les cultivateurs.
{La suite prochainement.) H. Charlier,
Ex-médecin vétérinaire et ciief de contentieux, à Paris;
membre de la Société des agriculteurs de France.
LA QUESTION DES PATURES - II'
*
Quelques personnes nous ayant demandé de quelle façon on pouvait
créer des pâtures, nous croyons utile de donner ici quelques rensei-
gnements complémentaires sur ce sujet.
En étudiant la botanique à l'école de Grignon, on nous a appris que
sous toutes les latitudes, dans tous les sols, il se rencontrait des plantes
pour y végéter — qu'il ne fallait pour cela que de la chaleur et de
l'humidité. Ceci est le principe du système pastoral ; sous nos climats
nos prairies sont presque exclusivement composées de graminées et de
légumineuses, en variétés divei'ses suivant la nature du sol.
Nous distinguerons quatre genres de sols. Nous aurons donc quatre
catégories de plantes spéciales à ces terrains; toutefois, il y a des
végétaux très rustiques qui vivent bien dans tous les sols; ceux-là sont
précieux pour constituer des pâtures exposées comme en ce moment à
passer d'une grande humidité à une longue sécheresse.
1" Plantes pour terrains argileux, souvent humides : Agrostis vulgaris, Agros-
lis stolonifera, Festuca prateusis, Festuca duriuscula, Holcus lanatus, Lolium
■perenne, Anthoxanthum odoratum, Alopecurus pratensis, Poa trivialis, Poa pra-
tensis, Phleum pratense, Trifolium repens, Trifolium hybridum, Vicia saliva.
2° Plantes pour terrains calcaires : Bromus pralensis, Fesluca heterophilla,
Festuca ovina, Festuca rubra, Avena flavescens, Dactylis glomerata, Gynosurus
cristatus, Lolium anglicum, Lolium commune, Alopecurus campeslris, Hedysa-
rum onobrychis, Poterium sanguisorba, Trifolium repens, Pisum commune,
Medicago lupulina, Lotus corniculalus.
3" Plantes convenant aux terrains siliceux : Achillea millet'olium, Gynosurus
crislatus, Avena llavescens, Festuca ovina, Festuca teauifolia, Bromus inermis,
Alopecurus pratensis, Lolium sutton, Antlioxanthum odoratum, Aira flexuosa,
Elymus arenarius, Bromus pralensis, Gentaurea jacea, Pisum arvense, Lupinus
albus, Trifolium repens, Lathyrus cicera, Medicago lupulina.
4" Plantes convenant aux terrains marécageux : Holcus lanatus, Alopecurus
palustris, Agrostis stolonifera, Anthoxanthum odoratum, Poa aquatica, Poa tri-
I
Vuir le Journal du îl juin, [>. -'iGj du lumc 11 de lS8i.
lOB LA QUESTION DKS PATURES.
■vialis, Plialai'is aiunJinacea, Phleum pratense, Bromus giganteus. Trifolium hy-
Lridain. Tnlblium repens. Vicia saliva.
Ces quatre catégories de plantes réponilent suffisamment aux besoins
des cultivateurs qui, par uu mélange habilement proportionné, devront
arriver à un excellent résultat.
Le moment le plus avantageux pour semer des pâtures est pour nous,
praticien, après la moisson, dans une terre labourée à 0'". 10 ou 0'".12,
et bien affinée.
On sèmera ses graines en deux fois : les grosses graines d'abord, puis
les fines ensuite ; on les recoiivrira à la herse, énergiquement, d'abord
très légèrement pour les fines graines, et l'on fermera sa terre par un
ou plusieurs roulages, 20 à 25 jours après les semis ; la levée doit être
complète, surtout si on a la chance d'avoir eu de la pluie quelques jours
après les semailles. L'humidité est indispensable pour les levées et nous
conseillons beaucoup d'attendre plutôt quelques jours que de confier de
la semence à une terre desséchée et mal arrangée.
Nous rappellerons encore que non seulement on doit choisir ses
plantes suivant son sol, mais encore suivant les animaux qui doivent y
pâturer ; d'ailleurs nous renseignerons obligeamment toute personnne
qui nous honorera d'une demande.
Pour clôturer, la pratique a démontré que l'usage des ronces arti-
ficielles était indispensable pour les bêtes à cornes, mais dangereux
pour la raee chevaline quand il était exclusif.
On devra donc dans ce dernier cas se contenter de mettre un rang de
ronce à sa clôture, et trois rangs de fil de 1èr ordinaire.
Pour les bêtes à cornes, trois rangs de fil à épine et un rang de fil
ordinaire sont indispensables.
Cette disposition permettra d'éloigner les potelets de support et de
réaliser une économie.
Le prix de revient de nos clôtures est donc très' variable suivant ce
que 1 on veut faire; il peut n'être que de 0 fr. 60 le mètre et s'élever
à 1 franc. Moins une pâture présente de grandes lignes droites, plus
elle coûte à entourer. Nous remplaçons maintenant le fer par le bois,
comme moins cher, plus solide, plus durable et d'une mise en place
plus prompte. Nos poteaux de décharge, d'angle, dont nous pouvons
régler l'ouverture suivant l'angulation des terrains, peuvent être mon-
tés et démontés rapidement parle premier ouvrier venu. Leur con-
struction basée sur l'inextensibilité des triangles leur assure une soli-
dité à toute épreuve; d'ailleurs les différents jurys des Comices où nous
avons présente nos clôtures ont été unanimes à en louer le bon marché
et la solidité. Il suffit de nous envoyer un plan coté pour que nous
donnions un devis exact du prix de revient d'un clôturage.
Jacqui:mart-Henot,
Négociant-agncQileur, à Fargnier-Tergnier (Aisnej.
LA CRÉATION DU HERD-BOOK NORMAND*
Le 22 octobre 1883, la Commission du Herd-Book normand,
dûment constituée, s'est réunie à Caen.
Etaient présents: MM. Morière, président de la Société d'agriculture
et de commerce de Caen. vice-président; Hector Le Sueur, à Saint-
1. Rapport sur l'ensemble des opérations de la Commission du Herd-Book normand du '22 au
28 octobre 1883.
SUR LA GRliATION D'UN HERD-BOOK NORMAND. 1U7
Vigor-le-Grand, secrétaire; Jouenae, agriculteur à Coupesarle (Cal-
vados; ; Charles Diiinouticr, agriculteur à Claville (Eure) ; Gustive Doré,
agriculteur il Gainaclies lEure'; (^éran-Maillard, agriculteur à Tui'(iue-
\'ille l'Manclie) ; Jules Uesplanqucs, vice-président de la Société d'agri-
culture de Saiut-Lô (Manche) ; Basire lilphège, secrétaire de la nouvelle
Société d'agriculture d'Avranches, à Dragey (.Manche) ; Rasset. agricul-
teur, maire de .Montérollier (Seine-lnl'érieure) ; Forlier, président de la
Société centrale d'agriculture de la Seine-Inférieure; Manoury, agricul-
teur, maire de Saint-Clairsur-les-Monts (Seine Inférieure). — S'étaient
fait excuser : MM. Jules Bastard, agriculteur à Carpiquet (Cilvados);
Auguste Hébert, propriétaire, maire de Villers-en-Vexin (Eure).
Les statuts déliniiifs du Ilerd-Book normand ont servi de bases,
mais des additions et des moditicatious importantes y ont été apportées.
L'inscription dite d'origine (art. 12) est faite gratuitement. Cette
gratuité était nécessaire au début, pour engager les éleveurs à demander
l'inscription. Si à l hésitation naturelle ù l'éleveur normand, lorsqu'il
s'agit d'une chose nouvelle sur les avantages de laquelle il n'est pas
bien fixé, était venue s'ajouter l'obligation de dépenser une somme
même minime, on eut risqué de voir beaucoup d éleveurs s'abstenir.
C'est aussi la connaissance de ce caractère hésitant, déliant même,
de l'agriculteur normand, qui a décidé la Commission à laisser le
registre des inscriptions, dites d'origine, ouvert pendant deux années
à partir du 15 septembre 1883 (art. 11); elle s'est dit que, soit par
apathie, soit par défaut d'appréciation des avantages à en retirer, soit
par défiance de la manière dont la chose serait conduite, un certain
nombre d'éleveurs, possédant des reproducteurs de choix, s'abstien-
draient au début, et qu'il y avait avantage à leur laisser le temps de la
réflexion.
Ce sont les mêmes raisons qui pourpartie ont fait adopter l'article 13
qui pose en principe que les animaux, dont l'inscription d'origine aura
été demandée, seront examinés dans l'exploitation même, la Commis-
sion se réservant toutefois la possibilité de réunir les animaux d'un
même centre d'élevage sur tel point choisi, comme étant à la portée
des éleveurs demandant l'inscription. Mais ce qui a surtout déterminé
la Commission à prendre cette grave décision, c'est la pensée fort
juste que l'examen de toute l'étable d'un éleveur demandant l'inscrip-
tion, ne fût-ce que de quelques-uns de ses animaux, devait exercer
une légitime influence sur les décisions de la Commission en ce qui
concerne la pureté de la race. La Commission a sagement agi en pre-
nant ces décisions, elles sont une garantie de succès, tout en ayant
comme conséquence une dépense première plus considérable.
Les ressources de la Commission, telles qu'elles existent actuel-
lement, ne suffiront pas aux dépenses des visites en 1883-84-85 et aux
frais de publicité ; mais il y a lieu d'espérer que les conseils généraux,
se rendant compte du succès de l'entreprise et des résultats avantageux
qu'on est en droit d'espérer, donneront de nouvelles subventions. Une
fois cette première période passée, le Herd-Book normand devra lar-
gement se suffire par les droits d'inscription des animaux issus de
pères et de mères déjà inscrits, droit fixé à 5 francs (art 22).
L'article 16 édicté que pendant la durée des sessions, le nombre
minimum des membres présents doit être de sept, représentant au
moins trois départements intéressés.
lus SUK LA CREATION D UN HEUD-BOOK NORMAND.
Les articles 19, 20 et 21, en obligeant le propriétaire d'un taureau
inscrit, qui l'ait la saillie d'une vache également inscrite, à délivrer
immédiatement au propriétaire de celle-ci un certificat de saillie et à
envoyer dans la huitaine l'avis de cette saillie au secrétaire-archiviste,
assurent autant que possible contre les fraudes par leur combinaison
avec l'article 2't qui oblige le propriétaire de la vache de faire la
demande d'inscription du veau né de cet accouplement dans la huitaine
qui suit la naissance.
Une difficulté sérieuse se présentait au sujet de l'atavisme. Il était
à craindre que des produits issus d'animaux admis au titre d'origine
vinssent à présenter des signes de croisement. Les articles 26, 27, 28,
29 donnent la solution de celte difficulté. En effet, le bulletin annuel
comprendra, outre la liste des animaux inscrits par suite de la décla-
ration des propriétaires, une liste des animaux confirmés. Cette confir-
mation porte seulement sur la pureté de la race, elle est donnée par
une délégation de la Commission et ce n'est qu'après la cinquième
génération inclusivement que cette confirmation en sera plus néces-
saire.
La Commission a procédé, jusqu'au 28 octobre inclus, dans les
départements du Calvados et de l'Eure, à la visite des étables contenant
des animaux pour lesquels leurs propriétaires avaient adressé des
demandes d'inscription.
Pour chaque animal, la Commission a eu à se prononcer en premier
lieu sur l'admissibilité et sur la pureté de la race. Lorsque l'une et
l'autre étaient prononcées, chaque animal était appelé à fournir une
note de Oà 20 sur les 7 points suivants : 1" formes; 2" tète ; 3" cuir ;
4° mamelle ; 5° veines et fontaines ; G" écusson ; 7" caractères
beurriers.
Aucun animal n'a été admis à l'inscription s'il ne réunissait au
moins les trois quarts du maximum des points.
'i- taureaux et 32 vaches seulement ont été reconnus dignes de figurer
sur le livre généalogique dans cette première tournée, sur près de
500 animaux examinés, résultat bien minime, étant donné la réputa-
tion des vacheries de la contrée visitée, résultat qui prouve trop net-
tement l'utilité, la nécessité même de l'œuvre entreprise.
En constatant cette mauvaise situation de l'élevage dans le Calva-
dos, la Commission a ciierché à en déterminer les causes.
Un grand nombre de croisements et un mauvais système d'accou-
plement, telles sont les principales.
Depuis longtemps déjà, les éleveurs ont renoncé aux croisements,
mais ils ne tiennent pas assez à la qualité des reproducteurs. Quel-
ques fermiers, sur les marchés, font de grands sacrifices pour acheter
un taureau d'un bon modèle sans connaître ses qualités laitières et
beurrières; et après s'être procuré un bel animal, ils^ le sacrifient en
le laissant en liberté au milieu du troupeau. Certainement dans les
vacheries nombreuses il est difficile de maintenir les taureaux à l'étable
et de suivre les phases du rut pour les femelles; de là, nécessité de
maintenir les taureaux en liberté au milieu des troupeaux dans les
prairies.
Mais sans recourir au système de la stabulation complète, il y a
urgence pour l'éleveur, à conserver au moins pendant quelques
années des types cjioisis, pour saillir ses meilleures vaches. Un nom-
SUR LA CRÉATION D'UN HEUD-BOOK NORMAND. 109
bre de saillies trop considérable données à des vaches inférieures, fati-
guerait inutilement le taureau et empêcherait les bons résultats que le
fermier est eu droit d'attendre des sacrifices qu'il a faits pour obtenir
un bon animal. Les appareillemenls, dans les conditions actuelles,
sont généralement mauvais el donnent par conséquent des types
mauvais.
Un grand nombre de fermiers, exploitant des fermes d'une moyenne
étendue, n'ont point de taureau, el \ont a.u plus près faire saillir leurs
vaches sans s'inquiéter des défauts ou des qualités du reproducteur
auquel ils envoient leurs animaux.
Cette manière de faire vient de ce que beaucoup de petits cultiva-
teurs préfèrent nourrir une vache laitière de plus, au lieu et place d'un
taureau qui, selon eux, consomme sans rien rapporter. Si encore, pour
de très petites exploitations, ce système pouvait être admis, les fermiers
qui agissent de la sorte ont le défaut de ne pas vouloir payer cher les
saillies et de laisser complètement de côté le taureau d'un voisin, qui
leur demanderait un prix plus élevé, quelle que fût la qualité de son
animal.
A de très rares exceptions près, l'éleveur, proprement dit, tend à
disparaître en Normandie pour faire place au marchand. Beaucoup de
fermiers achètent la majeure partie de leurs vaches prêles à faire veau.
Ils s'adressent à des engraisseurs ou herbagers. Ces derniers n'ayant
point d'intérêt immédiat à produire de bons animaux pour l'élevage,
puisqu'ils ne conservent point les mères, les font couvrir par des tau-
reaux de bas prix, et les moins chers sont les meilleurs.
Parmi les vaches ainsi vendues, les plus belles possédant le plus
d'aptitudes laitières sont payées fort cher et envoyées chez des laitiers
de Paris ou des environs. Après leur période de lactation, ces vaches
sont engraissées et livrées à la boucherie. C'est donc autant de mères
de bonne qualité que perd l'élevage.
Le Herd-Book normand aura le grand avantage de faire conserver un
certain nombre de bons animaux qui, sans cette création, auraient
été vendus daiïs des conditions semblables. Lorsque les livres généalo-
giques seront établis et connus, les produits de ces animaux acquière-
ront une plus-value considérable. Le fermier tiendra à conserver le
plus longlemps possible, dans son exploitation, des types dont les
produits seront pour lui d'un bon rapport. Ce sera donc une prime
réelle accordée à l'élevage et une source de richesse pour la Nor-
mandie. Le SiiEUR,
Secrétaire-rapporteur. .
PISCICULTURE — LES ÉCIIEVISSES
Le Journal de l'Agriculture, qui se fait un devoir de tenir ses lecteurs
au courant de tous les faits nouveaux qui intéressent de, près ou de
loin la production organique, a ouvert fréquemment ses colonnes aux
communications qu'on lui adressait au sujet de la maladie des écre-
visses.
La lecture de l'article du D' Olto Zacharias m'a décidé à revenir
sur ce sujet, en y ajoutant quelques remarques que j'ai eu occasion
de faire celle année dans les environs de lEcole pratique d'agricul-
ture de Sainl-Remy.
En France, les départements de l'Est furent les premiers éprouvés,
110 SUR LA MALA.DIE DES ECREVISSES.
el la maladie y causa déjà des ravages sensibles dès 1878. Dans lef
courant de l'année suivante, M. Cliabot-Karlen, attribuant le mal aux
intluences atmosphén(|ues et surtout à la basse température, expri-
mait l'espoir d'en bientôt voir la lin. Ses prévisions, hélas ! ne devaient
pas se réaliser. Le mal lit des progrès si alarmants qu'on craignit de
voir bientôt! extinction de l'espèce.
Celte mortalité, si persistante et si générale, attira l'attention des
savants qui se mirent à en rechercher la cause. D'abord la maladie fut
attribuée à la présence de certaines espèces de distomes et de sang-
sues, que fréquemment on rencontre dans les organes des écrevisses
malades; mais des travaux plus récents du D'' Linstow, médecin
d'état-major à Hameln (Allemagne), et ceux du D' Leukhart, ont con-
duit ces deux savants à rejeter l'influence des distomes et des sang-
sues comme cause déterminante. A part ce point, leurs conclusions
sont loin d'être concordantes.
Le D'' Linstow, qui a entrepris ses travaux sur l'invitation du pis-
ciculteur allemand .Max von der Born, attribue la peste des écrevis-
ses à des animalcules de la catégorie des Grégarines ou des Amides
qui, à l'état embryonnaire, rempliraient les organes des écrevisses
d'une multitude de corpuscules ovoïdes mesurant 0'""\020 sur 0""". 01 3.
Le D'' Leukhart, dont les travaux sont postérieurs à ceux du D' Lins-
tow (voir le Journal de l Ai/ricullure, n° 792), attribue au contraire la
cause du mal à un petit champignon de la famille des Saprolégniées
(Mycosis astacina), dont les filaments mycéliens envahiraient surtout
les parties molles des articulations. Ces conclusions paraissent des
mieux fondées, vu que la généralité des Saprolégniées se développent
toujours sur les poissons, les crustacés et les matières organiques
noyées dans l'eau.
Ce qu'il y a de particulier dans la propagation de cette maladie para-
sitaire, c'est qu'elle s'étend toujours en remontant les cours d'eau.
M. Max von der Born arait fait cette remarque dans le cours de
l'année dernière ; M. Picquet, maire de Groissiat, dans une lettre
adressée à M. Chabot (voir n° 771 du Journal), attira l'attention sur le
même fait, et des remarques semblables ont partout été faites dans
nos rivières de l'est (voir les n"' G59 et 664). Ainsi, dans un petit
ruisseau, la Superbe, qui longe les terres de l'Ecole pratique d'agricul-
ture de Saint-llemy (liaute-Saône), la maladie se propageait, comme
partout ailleurs, en remontant le cours ; les écrevisses avaient depuis
longtemps disparu dans les parties les plus basses, qu'on en trouvait
encore beaucoup près de la source, mais le mal finit par les atteindre
jusque dans leurs derniers retranchements, et dès lors l'extinction
en fut complète.
Lorsque le fléau eut ainsi entièrement dépeuplé la rivière [il y a quatre
ans), un pêcheur intelligent, M. Chibert, eut l'heureuse idée de l'ense-
mencer de nouveau. A cet effet, il plaça dans un réservoir flottant
toutes les écrevisses femelles munies d'oeufs qu'il put se procurer, et
des milliers de ces petits crustacés se répandirent ainsi dans les eaux
dépeuplées. De prime abord, on pouvait craindre que la maladie en
ferait des victimes ; heureusement il n'en fut rien, car ces jeunes écre-
visses se développèrent rapidement, et on commence à les pêcher.
Tout n'est donc pas perdu dans la question de l'écre visse, et, avec un peu
d'intelligence et d'initiative, on peut encore espérer faire prospérer
SUR LA MALADIE DES KCRE VISSES. 111
dans nos cours d'eau ce crustacé qui semblait être sur le point de
disparaître.
11 me reste encore à citer deux faits curieux, dont l'explication,
jusqu'ici, ne me paraît pas aisée. Le j)reniiep est que toutes les écre-
visses, pèchées actuellement dans la Superbe, sont des mâles sans
exception aucune; aussi ne trouve- t-on pas une seule petite écrevisse
dans le ruisseau.
Le deuxième fait, tout aussi curieux,, est le suivant : Dans une
petite rivière, près de Jussey (Haute-Saône) où jamais l'écrevisse
n'avait élé pècliée, Ï\L Chibert cherchait à se procurer des femelles
munies d'œufs, mais il fut très étonné de n'y trouver aucune écrevisse
au-dessus de deux ans, tandis que les petites de ces crustacés y pul-
lulaient. De celte dernière remarque, il serait permis de conclure que
les petites écrevisses pourraient résister au mal dans certaines conditions ;
mais les causes de cette immunité n'ont été indiquées nulle part, à
ma connaissance. L'habitude de se tenir dans des £;aleries creusées
sur les bords, ainsi que les fréquentes mues qu'elles subissent, servi-
ront-ils à expliquer le fait?
Quant à la cause prédisposante de la maladie, aucune observation
n'a encore été faite; on ne peut que se borner à des conjectures sur ce
sujet; mais il est probable que raccumiilalion des matières organifpies
dans le lit des rivières doit jouer un rôle important dans eette'matière.
X. BiNDER ,
Élève de l'Institut national agronomi'iue, professeur d'agriculture
à Saint-Remy.
De cette importante communication, il faut retenir :
1 ' Que les écrevisses d'un et deux ans, grâce à leur habitat, se con-
taminent moins facilement, lait que la lettre de M. Picquet faisait déjà
pressentir ;
2" Que la cause du mal est enfin connue;
3° Que l'expérience du pêcheur Thibert ne laisse aucun doute sur
la possibilité du repeuplement.
A l'initiative privét^, secondée par MM. les préfets, le dernier mot.
A l'œuvre donc; l'exemple de la Superbe est là pour nous prouver
que dans quatre ou cinq ans le terrible fléau ne sera plus qu'un
souvenir. Chvbot-Kaulo.
FLEURS DOUBLES ET FLEURS SIMPLES
Rien n'est bon en ce temps de progrès agricole comme de s'occup er
de ce perfectionnement, de ce raffinement de l'agriculture : l'art lior-
ticole tout entier qui, dans chacune de ces parties, mérite bien d'atti-
rer l'attention et des écrivains et des lecteurs. Mais ce n'est pas en
s'emhallant à fond de train, sur un faux départ, que l'on fera faire
au public horticole un pas en avant; tout au contraire, on l'éloignera
du progrès en lui montrant comme mauvaises les pratiques horticoles
dûment établies comme bonnes.
M. Honoré Sclalér, dans un article qui ne manque pas que d'être
agréable à lire, part en campagne contre les fleurs doubles ; qu'il
y ait beaucoup d'esprit ei de verve dans l'article auquel je fais allu-
sion, j'aurais mauvais goût de n'en pas convenir, mais franche-
ment, il m'est bien permis de regretter que tout cet entrain ne soit
I
112 FLEURS DOUBLES ET FLEURS SIMPLES.
mis au service d'une cause meilleure? Est ce donc bien le moment
de crier sus aux tleurs doubles, alors que le goût du public les aban-
donne déjà? Ce vœ viclis est cruel, d'autant qu'il ne me semble pas
toujours absolument justifié.
Je disais que le goût se porte pour le moment vers les fleurs simples ;
en veut-on des preuves autres que celles du dalbia que M. SclaCer a
bien voulu mentionner? Les jacinthes n'en sont-elles pas un exemple
bien frappant; on n'en cultivait que des doubles dans les collections de
choix ; l'on n'en veut aujourd'hui que de simples à grandes fleurs. Le
Pelargonium double est, lui aussi; en partie délaissé. Les balsamines
que l'on voulait doubles comme des roses, sont détrônées par les I)ii-
paliens sultani et autres congénères à fleurs simples. Et tant d'autres
exemples qu'il serait bien facile de citer, de plantes qui étaient doubles
et que l'on veut à fleurs simples aujourd'hui.
Et toutes les plantes qui sont en progrès marqué et qu'on laisse
volontairement simples, qu'en faites-vous donc, s'il vous plaît? Est-il
besoin de rappeler les Heurs les plus en vogue qui sont simples et que
l'on veut telles? Toutes ces ravissantes orchidées pour lesquelles l'on
se passionne, les superbes rhododendrons, les kalmias, bon nombre
d'azalées et tant d'autres, ne sont-elles pas volontairement conservées
simples? Et il ne faudrait pas croire que la nature, habilement aidée
par l'horticulteur, se refuse de faire ces doublages; non pas, c'est le
bon goût seul qui n'en veut point.
Il n'y a guère de plantes qui résistent au doublage, quoi qu'en dise
M. Sclafer ; les tulipes pas plus que les lys ou les personnées, n'y ont
résisté; pour s'en convaincre, il n'y a qu'à ouvrir le premier catalo-
gue horticole venu, et l'on y trouvera de nombreuses variétés de tuli-
pes à fleurs doubles, de lys de toute nature, y compris ceux du Japon,
dont la corolle a doublé. Pour ce qui est des mufliers, il y en a bon
nombre de variétés à fleurs pleines; quant au liseron, n'avons-nous
pas le liseron à tleurs pleines, appelé, à cause de cela, rose de Chine.
Les fleurs ne résistent donc pas au doublage quand l'opération est con-
duite par des mains habiles; si elles restent simples dans certains
cas, c'est que l'horticulteur, à qui il ne faudrait pourtant pas refuser
le bon goût pour se l'approprier à soi-même, sait bien que pour cer-
taines plantes, en les laissant à fleurs simples, il fait mieux.
Ce qui semble tout particulièrement agacer M. Sclafer, en voyant
les fleurs doubles, c'est que ce doublage se fait au dépend des étamines
et du pistil; mais rassurez-vous, cela ne les empêche pas de se repro-
duire ! La fleur double n'est pas aussi eunuque que vous le voulez
dire. Les Pclargoniums, les pavots, les anémones, les renoncules, les
roses doubles elles-mêmes donnent de la graine, et de la bonne, mal-
gré leur plénitude. Tout, en eiîet, n'est pas converti en pièces pétal-
foides. Rassurez-vous donc, cela ne leur supprime pas cette fonclion à
laquelle vous semblez tant tenir; et d'ailleurs quand elle n'existe plus,
nous la remplaçons avantageusement par les moyens artificiels La
greffe, la marcotte, la bouture ne sont-elles donc paslà pour nous venir
en aide?
Et puis les fleurs doubles ont souvent des mérites que leurs congé-
nères à fleurs simples n'ont pas. Nous admirons tous, et nous avons
raison, le goût artistique du Japonais. Eh bien ! ces amoureux de l'art,
qui, soit dit en passant, ont transformé le bouquet plat qui seul était
FLEURS DOUBLES ET FLEURS SIMPLES. 113
pratiqué en France, en ces gerbes savamment jetées, que nos bouque-
tières savent maintenant si bien construire, n'ont pas hésité, en hor-
ticulteurs habiles, à faire leurs admirables pivoines moutan à fleurs
doubles, de simples qu'elles étaient. Ce sont eux encore, qui ont fait ces
ravissants cerisiers, pêchers, pommiers à fleurs doubles qui se sont
si vite répandus dans tous les jardins.
Les fleurs doubles, outre que souvent elles sont plus belles que leurs
congénères à fleurs simples, ont toujours le grand mérite d'une durée
plus longue. La fonction génésique y est afl'aiblie, sinon détruite, et il
semble que la nature ait voulu donner à cette fleur une compensation
en lui procurant plus d'instants à vivre. Beaucoup de fleurs simples,
les primevères de la Cliine en sont un exemple, ne peuvent pas être
employées pour cette raison dans les bouquets ; elles le sont au con-
traire, quand la fleur est double.
Je ne m'étendrai pas sur toutes ces considérations, sur lesquelles il
serait si facile de dire tant de choses encore ; je tenais seulement à
faire constater que l'horticulteur, contrairement à ce que semblait vou-
loir établir M. Sclafer, n'est pas toujours un bourreau de l'art, qu'il ne
marche pas à l'aveuglette dans ses opérations horticoles, et que s'il
fait des fleurs doubles, c'est dans le but voulu de les rendre plus bril-
lantes et de leur assurer une durée plus grande. J. Dïbowski,
Chargé des conférences horticoles à l'Ecolo nalionale de Grignon.
LE PROGRÈS AGRICOLE ET LE CHOLERA
Le Journal a signalé, la semaine dernière, la mesure qui a interdit
l'introduction à Paris des fruits et légumes des départements du Var et
des Bouches-du-Rhône. L'arrêté du préfet de police a été contagieux,
et immédiatement, la plupart des préfets ont pris des arrêtés analogues
pour leurs départements ; on en voit le texte s'étaler sur tous les murs
depuis Avignon jusqu'à Paris, de Nîmes à Bordeaux. Quelle en sera la
conséquence? La ruine, sans profitpour personne, des malheureux cul-
tivateurs dont le principal revenu est dans la vente de leurs légumes et
de leurs fruits qui sont recherchés^dans le monde entier; des communes
entières sont frappées dans leur principale ressource. Un commerce
extrêmement florissant est perdu pour le présent, compromis pour
l'avenir, au seul bénéfice du commerce italien. Et cela, pourquoi? Pour
un péril imaginaire, pour donner satisfaction à de sottes terreurs pour
lesquelles l'ombre du choléra se profile partout.
Au milieu de cet affolement, nous devons signaler une mesure qui
aura la sanction de tous les amis de l'agriculture. Elle émane du préfet
de la Somme, et elle peut exercer sur l'agriculture picarde une excel-
lente influence. Depuis longtemps, on recommande, sans grand succès,
aux petit-; cultivateurs de ne pas laisser perdre le purin de leurs étables,
et de prendre quelques mesures peu coûteuses pour améliorer leurs
fosses à fumier. Le préfet de la Somme vient de résumer ces excellents
préceptes dans la circulaire suivante qu'il a adressée à tous les maires
et aux sous-préfels de son département :
« Mon attention a été appelée sur les dangers que présente l'écoulement, sur
la voie publique, du purin ou jus de fumier. Ce liquide entre rapidement en fer-
mentation, sui tout à l'époque des grandes chaleurs, à cause des matières animales
qu il contient, et donne naissance à des produits de nature variée dont quelques-
uns Sont nuisibles à la santé de l'homme et des animaux domestiques.
114 LE PROGRÈS AGRICOLE ET LE GHOLÉR'i.
« Beaucoup de maladies contagieuses n'ont pas, en effet, de moyens plus sûrs de
se propager. Au moment où l'épidémie cholérique vient de faire son apparition
dans le Midi de la France, il convient de prendre les mesures qui peuvent éviter
l'extension de ce fléau et en atténuer, le cas échéant, la gravité.
K Vous n'ignorez pas que l'écoulement du purin sur la voie publique ou dans
les cours d'eau et mares, occasionne à l'agriculture une perte considérable. Il est
d'ailleurs constaté que le fumier, fait avec une faible partie des déjections liquides
restant, perd près de la moitié de sa valeur et que presque toutes les graines des
mauvaises plantes que contiennent les litières y conservent entière leur faculté
geirainatriceet sont cause que les champs se trouvent de plus en plus infestés de
mauvaises herbes. Dans ces conditions, les l'écoltes sont moins belles, n'étant
fuijiées que par un grand nombre de plantes adventices.
« Il y a longtemps qu'un agronome des plus distingués a dit qu'on peut juger
du degré d'intelligence d'un cultivateur par les soins qu'il donne à son tas de
fumier.
« Pour prévenir l'écoulement du purin au dehors, il suillt, dans les cours étroites,
de pourvoir les toits des bâtiments qui entourent le fumier de gouttières ou
nochères dont les eaux se déversent dans la rue sans passer par la cour à
fumier.
«On peut encore, le plus souvent, obtenir le même résultat en entourant l'em-
placement destiné au fumier, d'une petite digue ou d'une tranchée dont la dépense
est insignifiante.
« Je compte, Messieurs, sur le concours dévoué de tous aux intérêts de l'agri-
culture non moins qu'à ceux de l'hygiène pour assurer l'exécution des présentes
instructions que vous voudrez bien porter à la connaissance de vos administrés.
« Vous trouverez d'ailleurs ci-après le texte d'un arrêté que je viens de prendre
et que je vous serai obligé de faire publier et afiic.her dans votre commune
aussitôt sa réception.
■ a Je vous prie de veiller, le cas échéant, à son application rigoureuse.
« La mesure emprunte aux circonstances présente le ciractère d'une incontes-
table nécessité. »
Cette circulaire. est suivie d'an arrêté dont voici le texte :
Le Préfet de la Somme, chevalier de la Légion d'honneur.
Considérant qu'un certain nombre de cultivateurs laissent écouler le purin
provenant de leurs fumiers, dans les fossés, sur les chemins, dans les cours d'eau
ou les rnares servant à des usages publics ;
Considérant qu'une telle habitude dégrade les chemins et est essentiellement
contraire à la salubrité publique ;
Arrête :
Art. l"'. — Il est interdit de laisser écouler, sur la voie publique ou dans les
fossés, cours d'eau et mares servant aux habitants et aux bestiaux, l'engrais
liquide ou purin provenant des fumiers.
Art. 2. — Les contraventions aux dispositions du présent arrêté seront consta-
tées et poursuivies conformément aux lois.
Amiens, le 8 juillet 1884.
Nous soupçonnons fort le préfet de la Somme, d'être un agriculteur
éclairé et un disciple fervent de notre éminent correspondant, .M. Yan-
dercolme, dont il s'est inspiré dans la circulaire qu'on vient de lire.
Si son arrêté est exécuté, et nous faisons des vœux pour qu'il le soit,
une amélioration sérieuse sera réalisée dans un grand nombre de
fermes de Picardie. Les cultivateurs en profiteront par l'accroisse-
ment de let.rs récoltes. Le proverbe : «La crainte d'un mal fait tomber
dans un pire », aura eu tort pour cette fois. Le choléra aura été l'oc-
casion d'un sérieux progrès agricole. Henry S.\gnier.
SITUATION AGRICOLE DANS LA DROME
Le Buis, 12 juillet I8S4.
La récolte des vers à soie a bien réussi. La flaeherie a cependant décimé quel-
ques chambrées, mais eu petit nombre; le prix des cocons a été de 3 fr. 75 à
SITUATION agricole; DANS LA DROME. 115
4 francs suivant qualité. Les lenaisons se sont faites daus de très bonnes condi-
tions, les prairies ont donné une coupe très abondante; les luzernes étaient fort
belles, le< salnloins seuls ont fait défaut et ont donné fort peu de graines.
Les blés souffraient beaucoup de la sécheresse; une pluie bienfaisante est
arrivée au moment de la montée, la récolte sera relativement passable eu égard
à ce qu'elle aurait été sans cette pluie. Les cerises ont été très abondantes cette
année, ainsi que les abrii-ots; les poiriers promettent une belle récolte. Les noyers
et les amandiers sont chargés de fruits, la vigne a déjà reçu les atteintes de
l'oïdium. Ravoux.
SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE
Séxnce du lô juillet ISSk. — Présidence de M. Chevreul.
M. Barrai s'excuse de ne pouvoir, à cause de son élat de santé,
assister à la séance.
M. de Larclause, directeur de la ferme-école de Montlouis (Vienne),
envoie plusieurs échantillons d'avoines attaquées par un parasite dont
il demande à la Société de déterminer la nature, en indiquant les
moyens de les détruire.
M. le ministre des finances transmet à la Société l'Alhura gra-
phique qu'il a fait exécuter comme complément de la publication des
résultats de lenquête sur la nouvelle évaluation du revenu foncier en
France.
MM. Muret, Berlin, Nouette-Delorme, Bouquet de la Grye, Chalin,
échangent quelques observations relativement à la situation des récol-
tes en terre.
Il en résulte que les espérances qu'on peut concevoir stir la
moisson des céréales varient beaucoup, suivant les régions ; il en est
de même pour les betteraves. Quant aux cultures fourragères, elles
ont donné généralement un rendement assez médiocre; mais la dessic-
cation s'est faite au milieu de circonstances favorables.
M. Clialin ajoute que, aux environs de Paris, la vigne se pré-
sente bien et que l'on peut compter sur uns récolte de bonne qualité.
Il rappelle que, en I880, il a obtenu d'excellents résultats dans, la
préparation des vins blancs, en ajoutant à la vcmJange du sucre pour
augmenter le degré du moût; il a réussi, de cette manière, à fabriquer
des vins d'une qualité tout à fait remarquable.
A l'occasion de la note de M. de Larclause, signalée plus haut,
M. Cornu entre dans quelques détails sur les anguillules qui attaquent
les céréales; lai maladie des avoines, appelée vulgairement rond du
pied, et analogue à la nielle des blés, est due à une anguillule. Des
études approfondies, poursuivies en Allemagne, ont démontré qu'un
très grand nombre de végétaux sont ainsi attaqués par un nombre
assez considérable de variétés d'anguilluies. Henry Sagnier.
RETOE GO]IÏÏERG[.\LE ET PRl.^ G)UR.\.*^r DES DENRÉES AGRICOLES
(19 JUILLET 1884.)
I. — Situation générale.
Les marchés agricoles continuent à présenter peu d'animation. Pour la plupart
des denrées, les offres des cultivateurs sont presque partout restreintes.
IL — Les grains et les farines.
Les tableaux suivants résument les cours des céréales, par quintal métrique,
sur les principaux marchés de la France et de l'étranger :
116
REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT
!■• RÉGION. — NORD.OITEST.
Blé. Seigle.
fr. fr.
Calvados. Condé 23 50 17.00
— Lisieux 24.50 18.7b
C.-dU'Nofd. Lannion... 22 1i «
— Tieguier.. 22.50 15.75
Finistère. MoiUix 22-25 10.25
— Qulmper 23.0) 16.75
lUe-el- Vilaine. Rennes. 22.00 »
— Fougères 23 25 «
Manche. Avrancliea.. .. 24.00 »
— Ponlorson 23.50 »
— Villedieu 24.00 18.00
.l/oyenne. Liival 23.50 »
— Mayenne 23.25 »
Aforbi'iaM. Hennebont.. 23.00 15.75
Orne. Fiers 23.75 |6 50
— Viriioutiers 24 20 16.70
Sor(he. Le Mans 23.50 16.35
— Sablé «3. 7.1 17.00
St.
19.50
19 00
15.74
16.25
15.50
17.00
U) 50
18.25
19.00
Avoine.
fr.
21.00
21.25
15.75
17.00
15.50
16.75
16.00
17.50
22.00
20.50
20.00
19.70
19.00
18.00
Prix moyeos J3.32 16.79 I8
2" RKOION. — i>i"KO.
Aitne.Lîoa 53.00 16.00
— baiiil-Qiienlin ... 23.00 15.80
— soissons 23.00 16.25
Eure. Les Andelys 22 80 15 00
_ Louviers.. 24.20 14.50
— Beinay 24 25 »
l£we-el.-Loir. Chartres.. 24.25 »
— Anneau 23 50 15.00
— Nogenl-le-Rotrou. 24.70 »
Word. Cambrai 23.75 14.75
_ Lille 24.00 17.25
— Valenciennes 24.50 17 50
Oise. Beauvais 21.80 15.50
— Compiegne 23.00 15.50
_ Senlis 22 00 15 00
Pas-de-Calais. Ama... 23.70 17.25
— sani-Omer 23.25 16 50
Seine. Pai'is '^4 25 15.50
S.-el-iUoMif.Dammartin. 22.50 15.25
— Melon 25 00
— p.ovins 24.00
S.-et-Oise Et.impes 23.75 »
— Houdan 23 00 14.65
— Versailles 24.00 14.50
Seine-hi/'érjeure. Rouen. 23.25 19.25
— Dieppe 23.25 »
— Yvelot 2-'.50 »
SoHime. Doulloiiâ 23.75 17.00
—-. Moiitdidier 22 00 15.50
— Roye 23.25 '
Priï moyens 23.41 15.85
3- RÉOION. - îiOKD.ESI
Ardenn'.s. Cliarleville. . 23.75 16.75
_ Sedan 24.00 16.50
j4u()e. B,ir-sur-.\ube 22.75 »
— Mery-siir-Seine. .. 23.00 15.25
— Nogent-sur-Seire . 73.75 »
Marne. Châlons 23.75 16 75
— Reiras 23 75 17.00
_ sezanne 23.50 15.50
f/(e-A/aj'7ie. Bourbonne . 23.25 16. to
Meurthe-el-Mos. Nancy. 24.25 «
— LnneviUe 24.25 »
_ Toul 23.75
Meuse. Bar-le-Duc 23.85
— Verdun 23.50
Hauie-Saô.ie. Gray 23.40
— Vesoul 23.85
Vosqes. Mireuourt 24 00
— Saint-Dié 24.00
prix moyens 23.68
4'
18.50
19.00
17.00
21.00
20.50
19 00
18.75
19.25
20 00
17.110
19.75
19.50
19.00
21.00
20.50
19 25
17.50
15. 00 18 00
19.50
19.00
19.50
22.00
19 50
18.75
18.00
17 00
20.25
20 . 00
20.50
19.25
19.00
19.(10
19. iO
20.50
20.50
19.50
18.25
1800
19.00
19.50
18 00
20.00
18.25
17. 50
18.00
17.50
20.00
18.50
18 75
19.00
19 15
18.50
21.50
22 75
21.50
20.00
18 25
19 50
19.23 19.23
21 00
19.00
17.50
17.50
0
19 50
18.50
17.50
16.00
10.25
16.00
16 25
16.50
tt
17.50
10.33
RÉGION.— OtTESr.
18.00
19 50
20 00
19.25
18 25
19 50
19.00
19.00
18.40
18.25
17 50
17.50
18. 2j
1 9 . 25
18.50
17.25
18.25
17.00
a 20.00
18.45 18.59
18.00
19.00
18.00
Chorenie. Angoulème... 23-50
_ BulTec 24 OO
Chnr.-M/ér- Marans.... 22.75 »
Deux-Srvj'CS ■ Niort.... 22.25 »
Indre-et- Loire, lîléré ... 23 25 15.50
— Chàleau Renault. 23-50 16. uo
totre-Z/ir Nantes 22-50 15.80
A/.-e(-i.m>»- Saumur.... 23 00 14.50
_ .Aii.jers 23-50 16.25
Veyïdée. Lnyon 23 25 »
_ FontPnay-le-Cle.. 23.50 »
Vienne, clialelltrault... 2) 50 16.50
— Loudun 23.25 »
Haule-Vienne. Limoges. 23-50 15 50
Prix moyen 23. 2J 16.01
18.50
1825
16 75
n
19 50
20.00
18.50
18 75
19.20
18. MO
20 00
20-50
18. 25
18.00
16. jO
16.00
18-00
17.50
17.00
18 75
18.00
17.00
17.50
17.00
18 50
» 18 70
18.90 17.62
y RESION.
Allier, Moulins
— Gannat
— Sainl-Pourcain . -
Cher. BOijrges
— Aubigny
Vierzun
Creuse. Aubusson
Indre. Chiteauroux . . . ,
— Issou'lun
— - Valeiiçay
Loiret. Orléans
— JMontargis
— Palay
L.'Bt'Cher. BIois
— Monlolre
Nièvre. Nevers
— La nharite
Yonne Saia -Florentin.
— Ju'ri'iJ
— Sens
Prix moyens 23.55 15.15
6" RÉHON. — EST.
17.80
19.03 13.23
18.75
20.50
19.25
19-00 19.75
I) n
19-50 »
19.110 »
19.25 »
21 00 »
20-75 »
.4in. Bourg 25.00
— Pjnt-de-Vaux 23.75 16.50
Côte-d'Or. Dijon 22-50 14 50
— Heaume 23.00 15.25
ZJoubs. Besançon 23.50 »
/sere. Vienne 23.50 »
— Bourgoin 23 65 16-25
Jlti-O- Dole 23.00 16 00
toire. Kirminy 24.25 17.00
P.-de-Dôme. Issoire.... 24-50 »
Hhône. Lyon 24.00 »
Saàne-el-Loire. Chalon . 23.50 16.70
— Maçon 24.50 16.50
iaiioie. Chambéry 25.00 19.00
//(6-Sai)0ie. Annecy 25.75 18. 0
Prix moyens 23.96 16 68
T RÉGION. — SUD-OCEST
ylriège. Pamiers 23.75 19.00
— Foil 24.20 18.75
Dordogne. Bergerac 24 00 19.00
Hle-Garoani'.. Toulouse. 24.50 19.25
— st-Gaudens 24,50 20-00
Gers. Coiidom 25.50 »
— Eauze 25.70 »
— Mirande 24.50 »
Gironde. Bordeaux 24 00
— Lesparre 24.50
Landes. Dax 26.50
Lo(-e(-Garon?ve. Agen... 23.75
— Nérac 25.50
B. -Pyrénées. B^yonne. . 25-00
Htes-Pyrénées.TdrbiS.. 25.00
Prix moyens 24.73 19.45
8' RÉGION. — SUD.
-.4ude- Caslelnaudary-... 24.00
Aveyron. Rodez 23.50
Causai. Mauriac 23-75
Corrèje- B rive 24-00
Hérault. Monlpellier . . . 24.00
— Béziers 23.75
Lot. Caliors 24.00
Lozère Mende 25.65
Pyrénées- Or. Perpignan- 25.65
Tarn. Lavaur 24-50
— -Mofitauban 24.00
rorn-et-(îor.Moissao.. . 24-20
Prix moyens 24 25
9' RÉGION. —
Basses-.'llpes. Manosque 24-60
llnutes-.ilpes. Briançon. 24.25
.Alpes-.Maritimes. Nice.. 24.50
Ardr.che. Privas 26.55
B.-da-fihône. Arles 25.00
Dr.ime Valence 23.50
Gard. Nl-nes 24-50
H'iiite-Loire. Brioude... 24.00
Vnr. Dra.<iiiKnan 24 50
Vauclase. Orange 23.80
Prix moyens 24.52
Moy. de toute la France 23.85
— de la semaine précéd. 23 99
Sur la sernaiuelHausse. »
précédente..! Baisse.. 0.14
17 50
19 50
18.00
17.50
19.00
18.75
18.25
18.00
19-25
18.65
13.25
20 . 50
» 19.00
» 17-50
19.22 18.54
20.50
20.00
18-50
18.00
17-80
20.50
20.50
19.25
19.00
19.50
20.75
20.50
22-00
23-00
20.00
21.50
20.25
19.56 20.65
siiii-Esr.
0.07
0.04
DES DENRÉES AGRICOLES (19 JUILLET 1884). 117
Blé. Seigle. Orge. Avoine'
fr. fr. Ir, fr.
,, . . *if,or( bic tendre.. 21.50 » » »
Aloéne. Alger^^,.^^^^. ^ ^ ^_^_^^^ ^.^ ^^^
Anqlelerre. Londres 24.00 » V.).V, 19 liO
Beljii/ue. Anvers 22.75 17. .SO 23 OJ 21.00 '
— Bruxelles 23. .'lO 17.25 . 17.50
— Liège 23 00 17.50 11). 50 19.50
— Namur 22.50 1G.70 20,00 19.25
Paijs-Bas. Amslenlain 20.70 16.50 » s
Luxembourg. Liixeiiil.oiirg 23.50 21.00 20.50 20.00
Alsace-Lorraine. Strasbourg 25.75 19 75 » 20.25
— Metz 25.20 18. tO 18.00 -20,25
— Coltnar 25 50 18.75 » 21, .50
Allemagne. Berlin 21.00 18.35 » »
— Cologne 23.50 19.25 b i>
— Francfort 25.00 20.85 21.75 10.50
Suisse. Genève 26 00 • . 22.25
Italie. Mdan 23. .50 18.25 » 16 25
Espagne. Barcelone 25 . 20 n » »
Aulriclw. Vienne 20.25 16 75 17.80 17.20
Hongrie. Budnpest 19.50 15.80 18.00 17 00
R .sie. Saint-Pétersbourg.. 17.0.) 13.00 » 11.25
Etats-Vnv . Kew-York 18.85 » » »
Blés. — La grande préoccupation des agriculteurs est toujours la poursuite
des travaux de la moisson. G'-lle-ci continue d'ailleurs a s'ertectuer presi(ui» par-
tout dans di!s conditions normales. Q.iant auxré-5ultats, il faut attendre les battages
pour s'en l'aire uneitlée. Ce que l'on peut dire en ce moment, c'est que la plupart
des cultivateurs se montrent satisfaits du nombre et du poids des gerbes, et que
d'une manière générale, on compte sur un proluit à peu près moyeu: dans quel-
ques départements, ces résultats seront même dépassés. — Les marchés présen-
tent toujours bi'aucoup de calme, et presque jiartout les affaires sont peu impor-
tanles. — A la halle de Paris, le mercredi 16 juillet, les ventes ont été à peu près
insigmliantes : les prix sont demeurés sans changements aux taux de noire précé-
dente revue. On cotait de 23 fr. à 25 fr. 50 par 100 kilog. suivant les qualités,
ou en moyenne 24 fr. 25. Au marché des blés à livrer, on- cote: courant du mois,
22 fr. 50 aniàt; 22 fr. 75 à 23 fr.; septembre et octobre, 23 fr. 75; quatre der-
niers mois, 23 fi. 50 à 23 fr. 75. — Au Havre, peu d'affaires sur les blé-^ exo-
tiques; on cote ceux d'Amérique de 22 fr. 75 à 24 fr. par 100 kilog. suivants
les sortes ; ceux des Lides, sont vendus 22 fr. — A Marseille, la situation est
toujours assez difficile; il n'y a que très peu d'affaires: les offres sont assez nom-
breuses, et les cours sont faiblement tenus. — A l.ondres, les importations ont
été assez jieu importantes depuis huit jours; les prix demeurent sans change-
ments. On cote actuellement 2.3 kib fr. par 100 kilog. suivant les provenances et
les qualités. On compte en Angleterre, sur une récolte assez ordinaire.
Farines. — Les affaires sont toujours aussi calmes ; pour toutes les sortes de
farines, les ventes sont aussi peu importantes. Pour les farines de consomma-
tions on cotait à la halle de Paris, le mercredi '16 juillet: marque dp
Corbeil, 51 fr. ; marques de choix, 51 à 53 Ir. ; premières marques, 50 à 51 fr.;
bonnes marques, 48 à 49 fr.; sortes ordinaires, 45 à 47 fr.; le tout par sac de
159 kilog., toile à rendre, ou 157 kilog. net, ce qui corresjiond aux prix extrê-
mes de 28 fr. 65 à 33 fr. 7b par 100 kilog., ou en moyenne 31 fr. 20, comme le
mercredi précédent. — En ce qui concerne les farines de spéculation, on cotait
à Paris, le merdredi 16 juillet au soir : farines neuf-marr/ues, cour^mt du mois,
46 fr. 75 à 47 Ir. ; aoiÀt, 47 fr. 25 ; Si-ptembre et octobre, 47 fr. 50 à 47 75 ; quatre
derniers mois, 48 fr. ; le tout par sac de ib9 kilog., toile perdue, ou 157 kilog.
net. — Les farines deuxièmes se vendent comme précédemment, de 22 à 25 fr.
par 100 kilog. ; les gruaux de 36 fr. à 41 fr.
Seifilrs. — Les cours sont assez bien tenus. On cote à la halle de Paris, de 15 fr.
à 16 fr, 25 par 100 kilog. suivant les sortes. Les farines valent de -21 à 24 fr.
Orgea. — Très peu d'affaires pour toutes les sortes. Les prix se maintiennent
avec peine, de 18 à 20 fr. par 100 kilog. Les escourgeons sont cotés de Irt fr. 75
à 19 fr.
Avoines. — On commence à faire des offres sur les avoines nouvelles. Les cours
sont très soutenus. On cote à la halle de Paris de 18 fr. 75 à 21 fr. 50 far
100 kilog. suivant poids, couleur et qualité. — A Londres, maintien des prix
depuis huit jours.
Sarrasin. — Prix soutenus. On paye à la halle de Paris, de 16 fr. à 16 fr. 50
pour les sarrasins de Bretagne.
118 REVUK COMMERCIALE ET PRIX COURANT.
Issues. — Les cours se maintiennent. On paye par 100 kilog. à la halle de
Paris : gros son seul 15 fr. 25 à 15 fr. 50; sons gros et moyens, 14 fr. 50 à 15 l'r.;
sons trois case-, 13 fr. 75 à 14 fr. 25; sons fins, 13 fr. 25 à 13 fr. 50; recoupettes,
13 fr. 50 à l'a Ir.; remoulages bis 15 a 16 fr.; lemoulages blancs, 17 à 18 fr.
III. — Vins. — Spiritueux. — Vinaigres. — Cidres.
Vins. — Il y a peu de choses à dire cette semaine de la situation du commerce
des vins. Les ventes sont tout à fait restreintes; les prix ne subissent pas de
changements importants. On signale cependant un peu plus d'animation à Bercy
dans les affaires sur les vins communs. Quant aux vignes, le temps qui règne
leuT est extrêmement favorable; les grains grossissent avec rapidité, et la plante
présente une grande vigueur, partout où elle n'est pas atteinte par le phylloxéra.
Si les circonstances météoiologirjues continuent à être favorables, et si la séche-
reste n'arrête jias le développement des grappes, on peut compter sur une récoite
de bonne qualité, et sur un lendement dont les viticulteurs auront lieu d'être
satisfaits. Mais, dans les choses agiicoles, on sait combien peu on doit compter
sur une récolte, tant qu'elle n'est pas achevée.
Spirilueiix. — La situation est peu brillante ; les transactions sont restreintes
sur la plupart des marchés. Dans le Midi, il n'y a que très peu d'atïaires, sans
changements dans les prix que nous avons indiqué précédemment. Dans les Gha-
rentes, les ventes se font pour les eaux-de-vie jeune sans variations dans les
cours. — A Paris, on cote trois-six fin Nord, 90 degrés, première qualité, dis-
ponible, 43 fr. 25; août, ^3 fr. '25; quatre derniers mois, 44 fr. à 44 fr. 50; qua-
tre premiers mois, 44 fr. 25 à 4!» fr. 75. Au 16 juillet, le stock était de 14,950
pipes, contre 17,175 en 1883.
Baisi7is secs. — Très peu d'affaires sur les marcnés du Midi. On cote par
100 kilog., Gorinlhe, 24 à 32 fr.; Tyra. 26 à 28 fr.. ; Samos noirs, 30 à
31 fr. 50; Candie, 28 fr. ; Cheimès, 34 à 36 fr.; Chypre, 30 à 36 fr. •
IV. — Sucres. — Mélasse — Fécules. — Houblons.
Sucres. — Les affaires sont très peu importantes, et depuis huit jours les
cours accusent une nouvelle tendance à la baisse. On cote par 100 kilog., à Paris :
sucres bruts 88 degrés, 37 fr. 50 ; le-^ 99 degrés, 43 Ir. 75 à 44 fr.; sucres blancs,
44 à 44 fr- 52. Sur les marchés du Nord, les affaires ont été nulles pendant cette
semaine. Le stock de l'entrepôt réel des sucres était, le 16 juillet, à Paris, de
755,000 sacs pour les sucres indigènes, avec une diminution de 34,000 sacs depuis
huit jours. — Les prix des sucres raifinés restent sans variation ; on les cote de
101 à 102 fr. par 100 kilog. à la consommation, et de 49 fr. i5 à 54 fr. 50
pour rex[)ortation.
Mélasses. — Dans le Noid, les mélasses de fabrique sont cotées 9 fr. par
quintal métricjue
Fécules. ~ Les cours ne changent pas. On paye à Paris, 31 fr. 50 à 32 fr.
par 100 kilog. pour les f»cules premières du rayon; à Gompiègne, 31 fr. pour
celles de l'Oise.
Houblons. — Dans quelques cantons du Nord, on se plaint des atteintes des
pucerons sur la plante; presque partout ailleurs, la végétation se présente dans
d'excellentes conditions.
V. — Tourteaux. — Hoirs. — Engrais. — Bois.
Tourteaux. — Les atfaires sont calmes. On paye à Marseille par 100 kilog. :
tourteaux de lin, 18 fr. 50; d'arachides en coques, 9 fr. 40; décortiquées,
14 fr. 50; sésame, 22 fr. 25 à 13 fr.; cocotier, 13 fr. 50; colza du Danube,
11 fr. 75; œillette, 11 fr. 50; coton d Egypte, 12 fr.; palmiste naturel, 11 fr.;
ricin, 7 fr. 50; ravison, 11 fr.; — à Arras, tourteaux d'oeillette, 13 fr. ; de pavot,
12 fr.; de lin, 21 fr.
Graines oléagineuses. — Les colzas nouveaux se cotent de 32 fr. 50 à 34 fr. par
100 kilog.
Noirs. — La situation reste sans changements. A Valenciennes, on cote : noir
animal neuf en grains, 33 à 36 fr. par 100 kilog.; noirs d'engrais, 10 à 12 fr.
par hectolitre.
Bois. — Dans les Landes, on cote : bois de chêne, biàches, 23 à 26 fr. le cent ;
faissonnats, 60 à 75 fr.; bois de pin, bûches gemmées, 18 à 20 fr.; communes,
16 à 17 fr.; faissonnats, 30 à 35 Ir. Les échalas valent 50 à 55 l'r. le mille.
\I. — Matières résitieuses. — Textiles.
Matières résineuses. — A Dax, l'essence pure de térébenthine est cotée 47 fr
DES DENRÉES AGRICOLES (19 JUILLET 884). 119
par 100 kilog. A Bazas, les gemmes pures nouvelles valeur de 25 fr. à 27 IV. 50
Ja barique de 250 litres.
Laines. — Dans l'Oise, les laines-mères se vendent de I fr. 35 à I fr. kO par
kilog. en suint; celles d'agneau, 1 Ir. 40 à 1 fr. 45. Dans le Berry, les cours sont
un peu plus fermes, de 1 fr, 40 à 1 fr. 60.
VIT. — Suifs et corps gras.
Suifs. — Les cours sont toujours slationnaires. On paye à Paris Sii fr. par 100
kilog. pour les suifs purs; 63 fr. pour les suifs en branches.
Saindoux. — Il y a tendance à la baisse. Au Havre, les saindoux d'Amérique
valent de 97 à 98 fr. par 100 kilog.
vin. — Beurres, — Œufs. — Fromages.
Beurres. — Il a été vendu, pendant la semaine, à la halle de Paris, 276,688
kilog. de beurres. Au dernier marché, on payait par kilog.: en demi-kilog.,
1 fr. 90 à 3 fr. 90; petits beurres, 1 fr. 86 à 2 fr. 90; Gournay, 2 à 3 fr. 86.
Œufs. — Du 7 au 13 juillet, on a vendu à la halle, de Paris 5,390,636 œufs.
Au dernier marché on payait par mille : choix, 94 à 114 fr.; ordinaires, 59 à
75 fr.; petits, «iS à 58 fr.
IX. — Chevaux. — Bétail. — Viande.
Bétail. — Le tableau suivant résume le tmuveraent officiel du marché aux bes-
tiaux de la Villette, du jeudi 10 au mardi 15 juillet :
Poids Prix d\i kilog. de viande nette sur
Vendus moyen pied au marche du 15 juillet.
Pour Pour En 4 quartiers, i"* 2" 3^ Prix
Amenés. Paris. Textérieur. totalité. kil. quai. quai. quai. moyen.
Bœufs. 4,l;i8 2,ô"8 1,251 3,829 341 1.68 1.52 1.28 1.47
Vaches I,d98 1,00'* 523 1,527 236 1.60 1.42 1.22 1.37
Taureaux 386 298 49 347 388 1.45 1.34 1.24 1.34
Veaux 4,584 2,381 1,294 3,675 74 1.70 1.56 1.46 1.58
Moutons...... 38,835 16,895 15,895 32,793 19 2 00 1.82 164 1.80
Porcsgras.... 6,052 2,480 3,246 5,726 80 1.49 1.34 1.28 1.33
Les arrivages des marchés de la semaine se décomposent comme il suit :
Bœufs. — Aisne, 29; Allier, 2; Aveyron , 11 ; Calvados, 773; Charente, 37; Charente-Infé-
rieure, 565; Clier, 35; Côte-d'Or, 121 iCôles-du-Nord, 286; Creuse, 6; Deux-Sèvres, 1P6; Dordogne.
42,- Eure, 20; Finistère, 69; Haute-Garonne, 12; Loiie. 82; Loire-Inférieure, 166; Maine-et-
Loire, 444; Manche, 16; Nièvre, 269; Orne, 79; Puy-de-D8me. 58; Saône-et-Loire, 763; Sarihe,
29; Vendée, 475 ; Vienne, 6; Haiito-Vienne, 10; Yonne, 20; Italie. 64.
Vaches. — Aisne, 2; A'Iier, 10; Auhe, 6; Calvados, 305; Charente, 6 ; Charente-Inférieure,
128; Cher, 7; Câte-d'Or, 30, Côtes-du-Nord, 1; Deux-Sèvres, 18 ; Eure, 16; Eure-et-Loir, 40;
Ille-et-Vilaine, 3; Loire, 4; Loire-Inférieure, 11; Loiret, 7; Maine-et-Loire, 198; Mancl;e,9-
Marue, 1 ; Nièvre, 136 ; Oise, 19; Orne, 30; Puy-de-Dôme, 28 ; Saôae-et-Loire, 187 ; Sirlhe, 4'.
Seine, 33; Seine-et-Marne, 14; Seine-et-Oise. 48; Tarn-et-Garonne, 2. '
Taureaux. — Aisne, 2; Aube, 4; Aveyron, 6; Calvados, 43; ChOarente-Inférienre, 4 ; Côte'
d'Or, 5; Côtes-du-Nord, 14 ; Dordogne, 1 ; Eure, 4 ; Eure ei-Loir, 20 : Finistère, 1 ; lUe-el-Vilaine,
12; Indre-et-Loire, 4; Loire-Inférieure, 20; Loiret, 11; Maine-et-Loire, 31; Manche, 2; Marne. 2;
Nièvre, 14; Oise, 7 ; Orne, 15; Puy-de-D(Vne, 2 ; Saône-et Loire, 25; Haute-Saône, 8; Sartlie, 37
Seine-et-Marne, 16; Seine-et-Oise. 21 ; Tarn-et-Garonne, 8 ; Haute-Vienne, 2 ; Yonne, 21.
Veaux. — Aube, 334; Calvados, 17; Cantal, 24; Charente, 26; Cotes-du-Nord, 26; Eure,
246 ; Eure-et-Loir, 464 ; Haute-Garonne, 27; Loire, 28 ; Loiret, 255; Marne, 200; Nièvre, 26;
Oise, 40; Puy-de-Dôme, 229 ; Sarthe, 505 ; Seine-Inférieure, 196 ; Seine-et-Marne, 29.5; Seine-
et-Oise, 19: Yonne, 118.
Moutons.' — Aisne, 1,299; Allier, 1,101; Ardennes, 120; Aube, 767; Aveyron, 219;
Cantal, 2,0.i0 ; Charente, 1,018; Cher, 268; Corrèze, 877: Côte-i'Or, 265; Creuse, 1,935; Deux-
Sèvres, 183 : Dordogne, 660; Eure-et-Loir, 141; Indre, 846; Loiret, 07; Lot, 4.54; Lot-et-Garonne,
T2.57 ; Lozère, 150 : Mame-et-Loire, 090; Marne, 321 ; Nièvre, 650; Oise, 310; Puy-de-Dôme, 246;
Saône-et-Loire, 200 ; Seine, 86; Seine-et-Marne. 1.482; Seine-et-Oise, 1,208; Somme, 74; Vienne,
64; Yonne, 186; Afrique, 2,864; Allemagne, 6,188 ; Hongrie, 6,383; Italie, 136; Prusse, 2,642;
Russie, 1,283.
Porcs. — Allier, 168; Bouches-du-Rhône, 36; Calvados, 33; Charente, 76 ;-Charenle-Infé-
rieure, 42; Cher, 35; Côte-d'Or, 95; Côles-du-Nord, 163; Creuse, 94; Deux-Sèvres, 650;
Eure-et-Loir, 97 ; Ille-et-Vilaine, 563.; Indre, 221: Indre-et-Loire, 141; Haute-Loire, 39; Loire-
Inférieure, 302; Loir-el-Cher, 87; Maine-et-Loire, 618; Manche, 32; Mayenne, 87; Nièvre, 45;
Puy-de-Dôme, 442; Rhône, 51; Saône-et-Loire, 68; Sartlie, 742; Seine, 20, Seine Infé-
rieure, 49 ; Seine-et-Oise, 30 ; Vendée, 692; Vienne, 202; Vosges, 29; Yonne, 29.
Sauf en ce qui concerne les moutons, les approvisionnements du marché ont
été moins considérables que durant la semaine précédente. Malgré l'affluence
d'étrangers à Paris, les ventes ont été difficiles; les cours sont toujours aussi
faibles, et ils demeurent stationnai res. Il faut toutefois signaler un peu plus de
fermeté sur les prix des moutons et des porcs. — Sur les marchés des dé|iarte-
ments, on cote : Caen, bœut, 1 fr. 60 à 1 fr. 80 par kilog. do viande nette sur
120 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT (19 UILLET 1884).
pied; vache, 1 fr. 55 à 1 fr. 75; veau, 1 ir. 30 à 1 fr. 50; mouton, 1 fr. 65 à
1 fr. 85; agneau, 1 fr. 80 à2fr. ; porc, 0 fr. 90 cà 1 fr. 10. — U Mans, vache,
1 fr. 50 à 1 fr. 55; veau, 1 fr. 55 à 1 fr. 65 ; mouton, 1 fr. 95 à 2 fr. 05 ;
porc, 0 fr. 65 à 0 fr. 85; — Nantes, bœuf, 0 fr. 85 à 0 fr. 90; parkilog. brut
sur pied; vache,' 0 fr. 84; veau, 0 fr. 90; mouton, 0 fr. 95; — Dijon, bœuf,
1 fr. 64 à 1 fr. 74; taureau, 1 fr. 10 à 1 fr. 44; vache, I fr. 20 à 1 fr. 64 ; veau,
(poids vil), 0 fr. 82 à 1 fr. 20; mouton, 1 fr. 50 à 1 fr. 78; porc, (poids vif),
0 fr. 84 à 0 fr. 92. — Bowgnin. bœuf, 66 fr. à 76 fr.; vache, 58 fr. à 68 fr.;
mouton, 85 fr. à 90 fr ; porc, 84 fr. k 8i fr. ; veau, 70 fr. à 80 fr. — Nice, bœuf,
1 fr. 55 àl fr. 60; vache. 1 fr. 35 à 1 fr. 40; veau, 1 fr. 55 à 1 fr. 60; mouton,
1 fr. 55 à 1 fr. CO : brebis. 1 fr. 35 à 1 fr. 40 ; chèvres et boucs, 1 fr. 15 à 1 fr. 20;
— Geuévc, bœuf, 1 fr. 70 à 1 fr. 80; veau, (poids vif), 0 fr. 90 à 1 fr. 05; mouton,
1 fr. 90 à 2 fr. ; porc, 1 fr. 20 à 1 fr. 25.
Viande à ta criée. — Il a été vendu à la halle de Paris, du 7 au 13 juillet :
Prix du kilog. le 13 juillet.
kilofç. I" quai. 2' quai. 3" quai. Choix. Basse Boucheria
Bœufoii vaclie... 190,919 \Ai à 1.80 1.22 à l.'rl 0.86 à 1.20 1.20 à 1.90 0.04 à l.U
Veau 238,G9.Ô 1.36 1 80 1.14 1.34 0.70 1.12 - » >. » '
MoiUoii 60,897 1.26 1.60 1.04 1.24 0.70 1.02 1.20 3. GO » »
Porc 3',, 2,6 Porc frais 1.00 à 1.36.
ô:10,7l)7 Soit par jour 70,822 kilog.
Les ventes ont été supérieures de 7,003 kilog. par jour à celles de la semaine
précédente. Les pri.x sont en baisse pour la plupait des catégories.
X. — Cours de la viande à l'abatloir de la VUlette du jeudi 17 juillet (par 50 kilog.)
Cours de la charciilerie. — On 'lend à la Villette par 50 kilog. : l" qualité,
75 à 78 fr.; 2% 70 à 75 fr. Poids vif, 48 à 57 fr.
Bœufs, Veaux. Moutons.
(,. ,^. 3. ,,. 5. 3. ,,. j. 3.
quai. quai. quai. q'ial. quai. quai. quai. quai. quai.
fr. fr. fr. fr. fr, fr fr. fr. fr.
80 73 68 100 94 88 91 86 80
XI. — Marché aux bestiaux de la Yillette du jeudi 17 juillet 1884.
Cours des commissionnaires
Poids Cours ofliciels. en bestiaux.
Animaux gênerai. 1" T 3* Prix 1" V 3" Prix
amenés. Invendus. kil. quai. quai. quai, extrêmes. quai. quai. quai. extrêmes.
Bœufs I 832 » 352 1.76 I . SO 1.36 t.SOàl 80 1.71 1 60 1.3'i 1.30,11.78
Vaches 587 » 237 1.65 1 48 1 28 1.18 1 70 «64 I 46 I 28 1.15 1.6«
Taureaux... 123 » 375 1.48 1.38 I 30 1.22 1 54 1 44 1 38 1.30 1.22 1 54
Veaux 1.419 89 30 1 80 1 06 1 50 l.iO 2,00 • • » »
Moutons 17 G2b 407 19 2 0! 1.86 1 66 1 56 2.08 • « « »
Porcs Kras.. 'i.àJS 51 82 1.46 1.40 f.3i 1.26 1.52 » » » •
— maigres.. » » »»»»i»»»»»»
Vente très active sur toutes les espèces.
Xll. — Résume'.
Ties cours de la plupart des denrées sont faibles depuis huit jours, sur aucun
marché, on ne signale de hausse pour queirjue produit que ce soit. A. ReMY.
BULLETIN FINANCIER
Depuis quelques jours, il y a un peu plus de fermeté. A la Bourse de Paris,
on cote : 3 pour 100, 76 fr. 50; -- 3 pour 100 amortissable, 78 fr. 05; — 4 et
demi pour 100 ancien, 107 fr. 10; — 4 et demi pour 100 nouveau, 107 Ir. 20.
On cote les titres des étab'issements de crédit : Banque de France, 5,000 fr.; Ban-
• que de Paris et des Pays-Bas, 762 fr. 50; Comptoir d'escompte, 965 fr,; Crédit
foncier 1,270 fr.; Banque d'escompte de Paris, 500 fr.; Crédit industriel et com-
mercial, 600 fr ; Crédit lyonnais, 533 fr. 75 ; Crédit mobiier, 330 Ir.; Société de
dépôts et comptes courants, 637 fr. '0; Société générale, 465 fr.
Les actions des Compagnies de chemins de fer valent : Est, 755 fr.; Pans-
Lyon-Médilerranée, I,l'.l0 fr ; Midi, 1,1?0 fr.; Nord, 1,650 fr. ; Orléans, 1,290 fr.;
Ouest, 8-2U fr. Les actions du canal maritime de Suez restent colées à l,865|fr.;
les délégations à 1,130 ir.; les actions du canal de Panama valent 485 fr.
Escompte à la Banque de France, 3 pour 100; intérêt des avances, 4 pour 100.
B. Fébon.
Le Gérant : A. Bouché.
CHRONIQUE AGRICOLE cr, juillet isbo.
VotP, par la Chambre (ics députés du projctde loi relatif au li^gime de ssucres. — Etablissement de
l'iiiipûl sur labetleravo et d"une surtaxe sur les sucres bruts étrangers. — Consri|uences du nou-
veau régime dos sucres. — Réiluclion des droits sur les sucres employés au sucrag-; des vendan-
ges. — texte du projet de loi transmis au Sénat. — Etudes de M. Pasteur sur la prophylaxie des
m.dad.es contagieuses. — Appropriation du d-imaino do Villeneuve-l'Elann' pour ses travaux.
— Les échanges d'imTeuhles rurauv non b;\tis. — Proposition votée | ar le Sénat. — Election
de M. Ca'not comme membre associé de la .So'dété nationale d'agriculture. — Nécrologie. —
M. l'abbé Moigno, M. La Caze. — Le conmierce des vins. — Pétition il'un grand nombre de So-
ciétés d'at!r culture sur le vlnageà pri.x réduit ot sur la franchise de? bouillovu-s de cru. — Re-
; cherches de M. Roramif-r sur l'emploi de la levure de vin cultivée pour régulariser les fermen-
tations alcooliques. — L'enquèleasricnle dans l'Aisne. — Lettre de M. Polo. — Programme des
études de l'Ecole nationale d horticulture de Ver.«aillcs. — Concours pour l'emploi d'inspecteur
de la boucherie à Paris. — Concours pour les exploitations dans l'arrondissement de Poitiers.
— Exposition forestière internationale à Edimbourg. — Concours de livrets de caisse d'épargne
ouverts par le Comité central agricolede laSologne. — Exposition canine. — Médaille offerte à
M. Pasteur pour s s travaux sur la rage. — Concours des associations agricoles. — Nutes de
MM. Pagnoul, de Lentilhac, Carricr-Ladevèze sur l'état des récoltes dans les départements
du Pas de-Calais et de la Dordogne.
1. — Le régime des sucres.
La Chambre des députés a achevé la discussion des propositions
relatives au régime des sucres. Ainsi que nous l'avons annoncé la
semaine dernière, l'impôt sur la betterave a été adopté, des mesure sont
été prises pour l'application progressive du nouveau régime. En outre, il
a été décidé que la surtaxe sur les sucres bruts européens serait élevée
jusqu'au 31 août 1880, à 7 fr. par 100 kilog. et qu'elle ne serait pas
remboursable. Entre temps, le taux de l'impôt sur le sucre a été élevé
de 40 à 50 fr. par 100 kilog., mais il a été réduit à 20 fr. pour les
sucres employés au sucrage des vins, cidres et poirés, avant la fer-
mentation. Telle est l'économie générale de la nouvelle loi. Elle n'est
pus parfaite, mais elle remplace un régime absolument défectueux. On
doit doue l'accueillir avec reconnaissance, parce que, malgré ses défec-
tuosités, elle est propre à faire sortir la sucrerie française de la triste
position dans laquelle elle se trouve. Le sort des fabricants de sucre est
désormais entre leurs propres mains; toutes leurs demandes ont été
accueillies. C'est sur leurs déterminations, sur leurs efforts que repose
l'avenir de la culture de la betterave en France; ils doivent le com-
prendre, et ne pas s'endormir dans une fausse sécurité. Ce n'est pas le
tout que l'assiette de l'impôt soit modifiée ; il faut savoir prendre viri-
lement toutes les dispositions nécessaires pour en profiter. La surtaxe
établie en faveurdes fabricants sera un leurre, s'ils necombinentpas tous
leurs efforts pour user de tous les perfectionnements industriels qui,
comme on Ta dit tant de fois, sont nés en France pour aller faire la
richesse des nations concurrentes. Dans les articles votés, aucun ne
touche directement l'agriculture; mais cependant c'est elle qui sera la
principa'e base de la transformation de la sucrerie. 11 faut dé.-ormai3
faire à tout prix de la betterave riche; les agriculteurs sont tout prêts
à consacrer leurs soins à obtenir ce résultat. Mais, après avoir puis-
samment aidé les fabricants de sucre dans la dernière lutte, après avoir
assuré le succès par leur concours, ils estiment qu'il est juste, qu'il
est indispensable que les sucriers ne les traitent plus en parias; ils
veulent, et ils ont raison, que leurs travaux soient récompensés, quela
matière première qu'ils livreront soit payée suivant sa valeur, qu'après
avoir été appelés à la peine, ils soient admis au profit. L'alliance con-
tractée pour la lutte doit subsister après la victoire; sans quoi, celle-ci
restera vaine et stérile.
Une sage disposition a réduit à 20 fr. par 100 kilog. le droit sur les
sucres employés au sucrage des vins. Un règlement d'administration
N» 798. — Tome III de 1884. — 2i> Juillet.
122 CHRONIQUE AGRICOLE (26 JUILLET 1884).
publique doit déterminer les mesures applicables à l'emploi de ces sucres.
Dans la discussion qui a eu lieu à la Chambre des députés, il a été
parlé de dénaturalion. C'est une idée contre laquelle on ne saurait
protester trop énergiquement. Dénaturer les sucres, c'est les rendre
impropres au sucrage des moûts. La pureté du sucre est une condi-
tion indispensable du succès; il est impossible de le dénaturer sans
introduire dans lu vendange des éléments nuisibles à une fermentation
régulière et à ia qualité des vins. Nous espérons donc qu'on aban-
donnera complètement toute idée de dénaturation; les vignerons,
instruits par l'expérience qu'ils ont faite des glucoses, refuseraient
d'ailleurs de se servir des sucres dénaturés.
Voici le texte complet des onze articles qui forment le projet adopté
par la Chambre des députés :
Article 1'''. — Les droits sur les sucres de toute origine et les glucoses indigè-
nes livrés à la consommation sont fixés ainsi qu'il suit, décimes et demi-déciraes
compris : sucres bruts et raffinés, 50 fr. par 100 kilog. de sucre raffiné ; —
sucre candi, 53 fr. 50 par 100 kilog.; glucoses, 10 fr. par lOOkilog.
Sont en outre modifiés comme suit les droits des dérivés du sucre énumérés
ci-après :
Mélasses autres que pour la distillation, ayant en richesse saccharine absolue
50 pour 100 ou moins, 15 fr. par 100 kilog.;
Mélasses autres que pour ia distillation, ayant en richesse absolue plus de
50 pour 100, 32 fr. par 100 kilog.;
Chocolat, 93 fr. par 100 kilog.
Art. 2. — Les droits sur les sucres bruts ou raffinés de toute origine, employés
au sucrage des vins, cidres et poirés, avant la fermentation, sont réduits à 20 fr.
les 100 kilog. de sucre raffiné.
Un règlement d'administration publique déterminera préalablement les mesu-
res applicables à l'emploi de ces sucres.
Art. 3. — Tout fabricant de sucre indigène pourra contracter avec l'administra-
tion des contributions indirectes un abonnement en vertu duquel les quantités
de sucre imposable seront prises en charge d'après le poids des betteraves mises
en œuvre.
Celte prise en charge sera définitive, quels que soient les manquants ou les
excédents qui pourront se produire.
Elle aura lieu aux conditions ci-après :
Procédés de fabrication. Rendement par 100 liilog. de betteraves.
Diffusion ou tout autre procédé analogue 6 Icilog. d<î sucre raffiné.
Presses continues ou hydrauliques !i kilog. ^
Les sucres, sirops et mélasses, obtenus dans les fabriques abonnées en
excédent du rendement légal, seront assimilés au sucre libéré d'impôt.
Pendant les trois campagnes de fabrication 1884-85, 1885-86 et 1886-87, il sera
alloué aux fabricants non abonnés un déchet de 8 pour 100 sur le montant total
de leur fabrication.
Un décret déterminera les obligations qui seront imposées aux fabricants abon-
nés pour la garantie des intérêts du Trésor.
Art. 4. — A partir du l" septembre 1887, les quantités de sucre imposable
seront prises en charge dans toutes les fabriques d'après le ])oids des betteraves
mises en œuvre, quel que soit le procédé d'extraction des jus.
Les rendements seront fixés comme suii par 100 kilog. de betteraves : campa-
gne 1887-88, 6 kilog. 250 de sucre ralfiné; — 1S8S-89, 6 kilog. 500 ; — 1889-90,
6 kilog. 750 ; — 1890-91 , 7 kilog.
Art. 5. — Les sucres des colonies françaises importés directement en France
auront droit à un déchet de fabrication de 12 pour luO.
Art. 6. — Les sucres en grains ou petits cristaux, agglomérés ou non, seront
reçus à la décharge des comptes d'admission temporaire de sucres bruts, pour la
quantité de sucre brut qu'ils seront reconnus représenter, lorsque leur rendement
net, établi conlormément aux dispositions de la loi du 19 juillet 1880, sera au
moins de 98 pour 100.
CHRONIQUE AGRICOLE (26 JUK.LKT 1884). 123
Art. 7. — La taxe complémentaire de 10 fr. par 100 kilog., établie par l'ar-
ticle l'"', sera appliquée aux sucres de toute espèce déjà libérés d'impôt, ainsi
qu'aux matières en cours de fabrication également libérées d'impôt existant, au
moment de la proinuigation de la présente loi, dan-^ les ralfineries, fnbri((nes ou
magasins ou dans tous autres lieux en la possession des rut'tineurs, fabricants on
commerçants; les quantités seront reprises par voie d'inventaire; seront toutefois
dispensées de l'inventaire les quantités n'excédant pas 1,000 kilog. de sucre
ralliné.
Art. 8. — Les fabricants el raftineiirs auront à souscrire des soumissions com-
plémentaires en garantie du droit de 10 fr. par 100 kilog. pour les sucres bruts
de toute espèce et les matières en cours de fabricïition placées sous le régime de
l'admission temporaire
L'apurement de ces soumissions aura lieu dans les conditions appliquées au
moment de la mise en vigueur de la loi du 31 décembre 1S73.
Art. 9. — Le rendement minimum fixé par l'article 18 de la loi du 19 juillet
1880 sera porté à 80 pour 100 pour les sucres d'origine européenne ou importés
des entrepôts d'Europe.
Art. 10. — A partir de la promulgation de la présente loi, et jusqu'au 31 août
1886, les sucres bruts et les sucres non assimilés au<c sucres raflinés, importés
des pays d'Europe ou des entrepôts d'Europe, seront frappés d'une surtaxe non
remboursable de 7 fr. par 100 kilog.
Art. 11. — Les dispositions des lois antérieures continueront d'être appliquées
en tout ce qui n'est pas contraire à la présente loi.
Ce projet a été transmis à l'examen du Sénat. La Commission chargée
de l'étudier a été nummee immédiatement; M. le comte de Saiut-Valiier
a été désigné comme rapporteur. La Commission paraît disposée à pro-
voquer une solution rapide.
IL — Prophylaxie des maladies contagieuses.
On sait que les travauv de M. Pasteur sur la prophylaxie des mala-
dies contagieuses se continuent avec un succès de plus en plus mar-
qué. Nous avons fiiit connaître récemment les résultats des recherches
de l'illustre savant sur le virus de la rage. Mais à mesure que les tra-
vaux augmentent, la place fait défaut dans les laboratoires mis jusqu'ici
à la disposition de M. Pasteur, laboratoires dans lesquels se préparent
les vaccins du charbon, du rouget, du choléra des poules; dans
le seul mois d'avril dernier, il en est sorti les doses de vaccins né-
cessaires pour préserver du charbon 100,000 têtes de bétail. C'est
pourquoi le gouvernement a présenté au Parlement un projet de loi
ayant pour objet d'accorder les crédits nécessaires aûn d'approprier le
domaine de Villeneuve-l'Etang, commune de Marnes (Seine et-Oise),
pour la continuation des expériences de M. Pasteur. Ce projet a été
adopté par la Chambre des députés dans sa séance du 18 juillet; il
deviendra bientôt définitif par le vote du Sénat. L'agriculture sera
reconnaissante envers l'Etat des mesures qu'il adopte p^our assurer le
succès des travaux dont elle a jusqu'ici retiré de .si grands bénéfices.
III. — Les échanges d'immeubles ruraux.
Le Sénat a adopté, en première délibération, dans sa séance du 17
juillet, la proposition de loi déjà votée par la Chambre des députés
sur la perception des droits fiscaux dans les échanges d'immeubles ru-
raux non bâtis. La réduction à 20 centimes par 100 fr. du droit pro-
portionnel d'enregistrement et de transcription, a été limitée aux échan-
ges d'immeubles situés dans la même commune ou dans des commu-
nes limitrophes. Il a été décidé que, en dehors de ces limites, ce tarif
ne sera applicable que si l'un des imneubles échangés est contigu aux
124 CHRONIQUE AGRICOLE (26 JUILLET 1884),
propriétés de celui qui la recevra, et dans les cas seulement oii ces
immeubles auront été acquis par les contractants par acte enregistré
depuis plus de deux ans, ou recueillis à titre héréditaire. Ces mesures
ont été adoptées en vue d'empêcher les tentatives de fraude qui au-
raient pu se faire sous le couvert des nouvelles dispositions.
IV. — Election à la Société nationale d'agriculture.
Dans sa séance du 23 juillet, la Société nationale d'agriculture a
procédé à l'élection d'un membre associé nalional dans la Section d'his-
toire naturelle agricole. Sur 39 votants, M. Carnot a été élu par 28 suf-
frages contre 1 1 donnés à iM. Nivoit. — M. Carnot est ingénieur en
chef des mines, professeur à l'école des mines et à l'institut national
agronomique. On lui doit des travaux remarquables sur les procédés
d'analyse des terres arables, notamment une méthode pour le dosage
de la potasse.
V. — Nécrologie.
Nous avons le vif regret d'annoncer la mort de M. l'abbé Moigno,
directeur du Cosmos-les Mondes, M. Moiarao était un des vétérans de
la presse scientifique française, à laquelle il appartenait depuis qua-
rante ans; nous l'avons connu dès ses débuts, en 1845, et nous n'a-
vons cessé d'entretenir avec lui le commerce le plus affectueux. Il
était très versé dans les sciences mathématiques et leurs applications ; il
a rendu surtout de très grands services comme propagateur de toutes
les découvertes; il a fait connaître en France des œuvres étrangères
d'une haute importance, notamment les travaux de Faraday et de Tyn-
dall. M. l'abbé Moigno était tâgé de quatre-vingts ans.
M. Henri La Caze, père du sénateur de ce nom, vient de mourir au
château de Lasseuble (Basses-Pyrénées), où il vivait retiré depuis plu-
sieurs années. M. La Caze, qui était d un âge très avancé, avait été
envoyé à la Chambre des députés, sous Louis-Pliilippe, par les élec-
teurs d'Oloron. En 18A8, il renonça à la vie politique et se consacra
depuis cette époque à des travaux d'agriculture.
VI. — Le commerce des vins.
A plusieurs reprises, nous avons enregistré et appuyé les protesta-
tions des Sociétés d'agriculture et des Comices contre les conditions
déplorables que la manière d'exécuter les traités de commerce crée aux
ventes des vins français. Les négociants délaissent les vins de nos vi-
gnobles, parce qu'ils peuvent se procurer, sans dilhcultés, des vins
espagnols vinés à près de 16 degrés. Cette inégalité choquante doit
enfin cesser. La question a été soulevée devant les Chambres sans
aboutir; elle vient d'y revenir en discussion; elle doit être mûre-
ment étudiée et recevoir une solution équitable. Une nouvelle pétition
a été adressée au Parlement par plusieurs associatioas agricoles ; nous
nous empressons d'en donner le texte :
« Messieurs les députés, défenseurs de? intérêts de la viticulture française
compromis par le fléau du phylloxéra et par la concurrence des vins artificiels;
mis en éveil par la proposition de M. le ministre des finances relative au rétablis-
sement de l'exercice chez les bouilleurs décru, nous venons de nouveau vous prier
de nous entendre et de prendre des mesures conservatrices de notre grande indus-
trie nationale.
« Veuillez observer, messieurs les députés, que ce ne sont ni do légères déchar-
ges d'impôts ni quelques encouragements aux syndicats de reconstitution vinico-
CHRONIQUE .\GRIGOLE (26 JUILLET 1884). 125
les qui exerceront une inilueace prépondérante sur l'avenir de notre viticulture,
mais la création des condiiions d'existence et de possibilité d'un revenu.
« Quelle est aujourd'hui la situation de la viticulture française?
« Par suite des rigueurs d'un iléau ([ui a atteint nos vignobles avant ceux de nos
voisins, il s'est produit des nécessités de culture intensive et de dépenses recons-
titutives qui élèvent le prix de revient des produits.
« Cet état de choses ne durera [)as toujours, mais il y a à faire en ce moment un
grand effort, et le meilleur moyen de le seconder consiste dans l'amélioration des
conditions économiques.
« Or nous ne sommes pas même traités sur le pied de nos concurrents, (fuoique
nous puissions irès facilement nous y placer sans sortir des obligations sti[iulées
par les traités de commerce.
« Pour que la défense de nos positions devienne possible, il faut que les questions
relatives au vinage, à la circulation des vins alcoolisés, à la fabrication des pro-
duits artiliciels, à la franchise des bouilleurs de cru, soient tranchées dans un
sens favorable aux intérêts de notre viticulture.
«Tel est le motif, messieurs, qui nous détermine à entrer de nouveau en relation
avec vous pour vous soumettre nos observations.
« En 1881, -22 sociétés d'agriculture représentant les plus grands vignobles de
France sont venues vous exposer des idées qui n'ont point varié, mais se sont com-
plétées et raiiiies.
« lilles vous demandaient alors de ne pas autoriser en France le vinage à prix ré-
duit, et par le vote que vous exprimâtes peu après sur la question du vinage, vous
vous montrâtes d'accord avec le sentiment (pi'elles vous avaient exprimé.
;v Malheureusement il y avait uiie question connexe ([ui ne fut pas traitée et dont
la solution aurait dû cependant suivre de près le rejet de la proposition minis-
térielle.
« Opposer en France des obstacles au vinage et le laisser libre à l'étranger, c'était
ne rien faire ou plutôt c'était aggraver la situatinn, c'était obliger nos acheteurs
à aller s'alimenter au dehors pour profiter de la prime sur l'alcool surajouté, c'é-
tait rendre impossible la vente de nos vins sur nos propres marchés.
« En sorte que si le vote contre le vinage à prix réduit ne devait pas être promp-
tement complété par l'adoption d'une loi comprimant parallèlement les additions
alcooliques chez nos voisins, la viticulture franeiise serait placée dans une si-
tuation impossible par le vote qu'e'le a elle-même provoqué.
« Il devient indispensable en effet que le vinage soit autorisé partout ou exclu
de partout.
« Nous nous sommes prononcés pour l'exclusion générale, mais on ne nous a
donné que l'exclusion en France, c'est-à-dire à notre détriment et au prolit de nos
voisins.
« Quel est le correctif que nous avions demandé et que nous demandons encore?
« (J'est que lesvins étrangers aussi bien que les vins français ne puissent circuler
en France au-dessus du titre de 12 degrés, sans acquitter la taxe sur l'alcool pour
les degrés supplémentaires.
« G'étHit un moyen de contenir le vinage en Espagne, mais insuffisant, il est vrai,
caries vins espagnols de 12" peuvent être étendus d'eau, réduits à t." et vinés à
12" par l'addiiion de 12 litres d'alcool sur un hectolitre de vin doublé d'un liec-
tolitie d'eau.
« 11 conviendrait donc d'ajouter au moyen de compression que nous avions in-
diqué un second moyen répressif qui serait très légitime.
« Il consisterait dans l'a[iplication en douane, à tous lesvins vinés à l'étranger,
d'une surtaxe à déterminer, mais qui ne saurait être moiiidre de 8 l'r. par hecto-
litre.
« Aucune objection ne saurait être opposée équitablement à la pratique de ce
régime défensif.
« Les traités de commerce ont autorisé, il est vrai, l'introduction des vins étran-
gers au titre de 15°. 99, mais en tant que vins et non en tant que récipients d'al-
cool de betterave.
« Ceux-ci sont passibles en douane d'une taxe de 30 fr. par hectolitre et en cir-
culation du droit commun de 210 fr. ; n'est-il pas évident que leur introduction
sous le couvert de vins étendus d'eau est de la véritable contrebande, un moyen
commode de percevoir sur le Trésor français une prime avec laquelle on écrase nos
vins sur nos propres marchés?
12S CHRONIQUE AGRICOLE (26 JUILLET 1884).
« IL serait, donc jasto que les alcools iacorporés artificielletnsiit acifuitassent des
droits particuliers, et, cimaia il n'est pis pissible do détarnainiir pratiquement la
proportion de ces alcools ajoutés, il conviendrait d'appliquer uns taxe unique à
tous les vins vinés.
« La qu3StioTi serait de savoir si l'on peut distinguer facilement un vin viné
d'un vin naturel?
« Or, tous les hommes experts déclarent qu'au-des-îus d^î 2 pour 103 le vinage
est tellement patent qu'il ne peut plus donner lieu à discussion.
« La deuxième observation que nous avons à faire, messieurs, est relative aux
fabrications artificielles.
<c Lafaas'". de ces fabrications e^t géaéralemint le raisin et quelques autres pro-
duits organiques similaires, c'est donc sur ces marchandises que nous devons por-
ter notre attention
« Nous demandons en conséquence que les vins provenant dî raisins secs et
produits similaires soient soumis aux mêmes droits d'octroi et de régie que les
vins de raisins frais; en our.re q.ie ces vins ne puissent être livrés à la consom-
mation sous une autre dénomination que celle qui leur convient.
« G'3s vins échappent en grande partie auï impôts m tirects : las raisins secs
payent bien un dr.iit d'entrée, m lis ce droit n'e^t pis en rapport avec celui que
payerait le vin qui en est extrait s'il se présentait fabriqué.
« Sur le deuxième point, nous laissms à la sagesse de la Giiambre la recherche
du meilleur miyen de prémunir le consommateur contre les erreurs dont il est
victime par suite des mélanges qui se pratiquent aujourd'hui.
c< Il nous reste à traiter la question dm bouilleurs de cru que M. le mi-
nistre des finances propose de résoudre dans un sens opposé aux intérêts des
viticulteurs.
« La suppression de la franchise des bouilleurs de cru entraînera :
« 1" hi rétablisseme itda t exercice chez le propriétaire récoltant;
« 3" La perte pour le viticulteur de ses vins gâtés et de sas lavages de mare.
« Si l'on considère que la production d'alcool est toujours limités chez le
producteur par la mesure des vins défectueux provenailt de sa propre récolte,
on jugera que sa fabrication est trop étroite pour qu'il y ait lieu de s'en pré-
occuper.
« Vouloir pour si peu le soumettre à l'exercice, calculer sur le petit bénéfice
qu'il peut fiiic en utilisant ses vins gâtés, c'est témoigner une rigueur qu'il vau-
drait bien mieux tourner contre tant d'autres abus.
« Est-ce bien le cas, alors que les vins espagnols jouiront en toute hypothèse
d'une certaine marge d'alcoolisation libre, de venir scruter les plus légers béné-
fices piélevîs par les viticulteurs français sur d'infinies quantités d'alcool, pour les
leur arracher?
« Est-ce le cas, pour atteindre un but si peu productif, de les soumetire
aux vexations de l'exercice et à la nécessité de sacrifier entièrement ses vins
avariés ?
« C'est, messieurs les députés, ce dont nous vous laissons les juges.
a. Pour résumer notre argumentation et par les motifs ci-dessus formulés, nous
venons vous demander, messieurs :
K 1° De maintenir l'interdiction du vinage libre en France, mais en complé-
tant cette mesure par le correctif prompt, nécessaire, impérieux de l'intordition du
vinage libre à l'étranger.
« 2" Nous vous demandons pour atteindre ce résultat d'établir un nouveau
régime de taxes en vertu duqu(d : — 1" ne pourront circuler en France au simple
droit que les vins titrant 12 degrés, tout degré supplémentaire restant passible du
droit sur l'alcool; — 2" les vins étrangers vinés seront frappés en douane, lors
même qu'ils n'atteindraient que le titre de 15.99, d'un droit supplémentaire de
8 francs au moins par hectolitre, comme dédommagement pour le Trésor de la perte
sur l'alcool soustrait aux perceptions normales.
« 3» Que les raisins secs et similaires, destinés à la fabrication des vins, soient
soumis, en douane ou à l'intérieur, à un droit égalant le droit qui serait perçu
sur les quantités de vin qu'ils sont susceptibles de produire.
« 4" Que les vins de raisins secs et similaires soient vendus en nature et qu'ils
soient réservés dans des entrepôts particuliers.
a 5° Que la franchise des bouilleurs de cru soit maintenue.
<' Permettez-nous d'espérer, messieurs les députés, qu'en faisant droit à des
»
CHRONIQUE AGRICOLE (26 JUILLET 1884). 127
doléaaces qui répondent i l'aggravation progressive Je notre situation vili-
cole, vous éviterez à notre pays la mine imminente de sa grande industrie
nationale.
Pour la Société d'agriculture ilu département de la Haute-Garonne' : le président, Caulin,
Pour la Société d'aîjricuUure, de commerce et d'industrie du Var, ayant son siège à Draguignan* :
pour la président, Ose. Cantillon de Lacoutuhe, secrétaire.
Pour lo Coinico agricole de Nér.ic (Lot-et-Garonne) : le président, L. DE Montesquiou.
Pour h Société d'agriculture Je l'Allier : le président, de Gakiuc:!..
l'ûur II Société d'agriculture, d'Iiorticulture et d'accliinition du Var, ayant son siège k Toulon ' :
le président, C. Fuguet; le secrétaire général, Grégoire.
Pour le Comice agricole et Société de viticulture, horticulture et apiculture de Brioudo (Haute-
Loire) : le président, E. Faure.
Pour la Société d'agriculture des Bouclies-du-Rhône : le président, J. de Rougemont.
Pour le Comice vilicole dos Pyrénées-Orientales' : le président, Numa-Lloubes.
Pour le Comice agricole de Narbonne (Aude) : le président, de Ueauxbostes.
Pour la Société centrale d'agriculture de l'Aude : le vice-président, Rousseau.
« Les Sociétés agricoles adhérentes seraient beiucoup plus nombreuses si elles
avaient eu le temps de s'unir. En outre des Sociétés signataires de la présente
pétition, nous comptions l'année dernière les Sociétés d'agriculture de Toul
(Meurthe-et-Moselle), de l'Yonne et de Joigny (Yonne), de la Savoie, do l'arron-
dissement de Grenoble (Isère), de la Gironde, d'Agen (Lot-et-Garonne), de Vil-
leneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne), du G-ers, de Mirande (Gers), d'Albi (Tarn), de
Béziers (Hérault), du Gard, d'Oran (Algérie), de Tlemcen (Algérie). Or, rien
n'indique que ces Sociétés aient changé d'avis, mais le temps de se concerter leur
a manqué. «
Cette pétition, comme celle de l'année dernière, miirqtie chez les
Sociétés agricoles une tendance à se grouper, et à sortir de leur iso-
lement pour agir en commun à la manière des syndicats du commerce,
pour défendre les intérêts de l'agriculture. C'est un événem^nL heureux
auquel nous ne pouvons qu'applaudir; les démarches collectives du
genre de celle que nous signalons, ont beaucoup plus de chance de
succès que les démarches isolées, trop rarement écoutées. Le succès
que les efforts réunis delagriculture et de la sucrerie française viennent
de remporter, en est une preuve éclatante.
VIL — Culture de la levure du vin.
Un chimiste distingué M. Roinmior a présenté récemment à l'Aca-
démie des sciences le résultat des études auxquelles il s'est livré sur la
culture de la levure du vin. Il a cherché si l'on ne pouvait pas arriver
à régulariser la fermentation des moiits en y introduisant une levure
de vin pure, en pleine activité, et à paralyser ainsi le développement
des autres germes qui gênent la fermentation vinaire. Les expériences
auxquelles il s'est livré ontprouvé que la levure devin cultivé, ajoutés
au moût, en provoque rapidement li fe'.'mentiition, laquelle p3ut s'ef-
fectuer alors à une température relativement basse, de 15 à 2'i degrés.
M. Ilommier a obtenu ainsi de^ vins de chasselas dosant jusqu'à 18.75
1. La Société d'agnoulture d; li H lute-Oiroiiue, djniie s in alh'ision cotnp'èle à la pétition
ci-dessus et observe en même temps qu'elle a adressé directement une pétition séparée à la
Cliambrc des députés.
ï. La Société d'agriculture du commerce et d'industrie du Var ajoute ce voeu : •• La Société
d'agriculture de Dra'guignui dit en outre qu'il y a une dilférencî notable fait;: par les clnmins do
fer pour le transport des vins. Ainsi pir exemple de Cette à Paris la tonne paye 4't fr. 9,"), tandis
que d'Espagne pour le môme trajet, le tarif est de 35 fr. .iO. S'associant aux vœuï ci-dessus
exprimés, elle en émet un sixième à savoir : que les tarifs privilégiés soient supprimés; elle ajoute
que les pertes à subir par le Trésordu fjit de l'intro luction eu France des vins a coolisès d'Es-
pagne peuvent être évaluées sur l'alcool à 6 millions de francs. »
3. A loption à l'unanimité après examen d>,s Commissions d'agriculture et d'économie rurale
réunies pour cet objet. Les Commissions réunies ont rappelé néan nuns, quî dais lear pélitioa
particulière, leur Société avait adopté le chiflfre 1 1 degrés comme titre maximum du vin, avec la
tolérance de neuf dixièmes, au dessus du-]uel l'alcool serait soumis aux droits ordinaires.
4. Le Comice viticole des Pyré lé^s-Orieiitdes a raolifté les ariicles 1 et 'ides c inclusions, de
la miinière suivante : « Maintenir l'interdiction du vinig; libre en France, mais à la condition
que les vins étrangers seront fiappés eu don me, lors môme qu'ils ii'atteiadraieiii pis le titre de
1.5». 09, d'un droit supplémentaire de 8 fr. au moins par hectolitre. « Les articles 3, 4,5 sont
adoptés à l'unanimité dans les mêmes termes.
128 CHRONIQUE AGRIGOLK (26 JUILLET 1884).
pour 100, d'une solidité absolue, et ne renfermant plus trace de sucre.
La méthode indiquée par M. Romniier sera soumise à des expériences
sur une yrande échelle, qui en indiqueront la portée pratique. Mais on
peut prévoir qu'elle doit trouver une application utile dans la fabrica-
tion des vins blancs, dans l'industrie des vins d'imitation de Cette, et
dans un grand nombre d'autres circonstances. M. Rommier s'est livré
aussi à des expériences curieuses sur la fermentation et la distillation
des fruits, notamment des fraises, dont nous espérons qu'il fera con-
naître bientôt les résultats.
VIII. — Sur l'enquête agricole dans l'Aisne.
A propos de l'enquête ordonnée dans le département de l'Aisne par
M. le ministre de l'agriculture, au mois de mars dernier, nous recevons
la lettre suivante :
« Monsieur le directeur, par ma lettre du 29 juin dernier, j'ai eu l'honneur de
vous prier de vouloir bien renseigner vos lecteurs aussi exactement que possible
sur la situation agricole du département de l'Aisne, qui nous avait été dépeinte
sous de si tristes couleurs par M. le sénateur de Saint- Vallier.
« Bien que complètement étranger à ce département et n'y ayant aucun intérêt,
il me semblait que les faits qui ont été allégués (à tort ou à raison) valaient bien
la peine d'une discussion sérieuse, soit en eux-mêmes, soit parce qu'ils se ratta-
chent à un état général qui n'a rien de satisfaisant.
« D'un autre côté, la question a été soulevée déjà depuis longtemps, et sous
peine de lui faire perdre tout mérite d'actualité, je présume qu'il est grand temps
désormais de l'aborder et de la traiter à fond.
« N'ayant lu dans les derniers numéros du Journal de l' aijrkallure aucun
article à ce sujet, je prends la liberté de vous renouveler ma demande, eu invo-
quant la louable habitude de discussion libre et ouverte dont vous vous honorez
à juste titre.
« D'ajjrès mon humble avis, les lenteurs de l'enquête qui a été ordonnée ne peu-
vent vous imposer un silence indéfini. Ayant attendu plus de quatre mois, il
me semble que vont; avez été aussi large et aussi accommodant que possible.
Vous ne pouvez évidemment, malgré la meilleure volonté, vous mettre à la dis-
crétion illimitée de l'administration.
« Je désire d'ailleurs vivement que les renseignements que vous mettrez en'
lumière puissent prouver que la situation a été exagérée et que de riches contrées,
nagjuère l'orgueil de l'agriculture française, n'en sont pas encore à redouter une
véritable ruine. Mais eu tout cas, et quelle que puisse être la gravité du mal, il
convient de l'envisager en face et avec une résolution virile, pour s'efl'orcer
ensuite d'y apporter, dans la mesure du possible, les remèdes nécessaires.
« Veuillez agréer, etc. J. Polo,
Propriéti'ire à Gorges.
Ayant reçu une mission confidentielle et l'ayant remplie, je n'ai pas
le droit de publier mon rapport; il appartient au ministre de l'agri-
culture. Le divulguer par une analyse, ce serait un acte d'improbité
que je ne commettrai pas. D'ailleurs que notre correspondant se ras-
sure, la discussion aura lieu à l'heure utile.
IX. — Ecole nationale d'horticulture de Versailles.
Dans notre dernier numéro (p. 87), nous avons rappelé que l'école
nationale d'horticulture de Versailles ferait sa rentrée le 1" octobre
prochain. Nous croyons utile d'indiquer les diverses matières sur
lesquelles porte l'enseignement général de cette école. Ce sont :
r l'arboriculture fruitière de plein air et de primeur, la pomologie;
2° l'arboriculture forestière et d'agrément, compreuant la pépinière
en générale; 3" la culture potagère de primsur et de pleine terre;
h° la lloriculture de plein air et de serre; 5" la botanique élémentaire
CHRONIQUE AGRICOLE (26 JUILLET 1884). 129
et descriptive; 6" les principes de l'architeclure des jardins et des
serres; 7" des notions élémentaires de physique, de météorologie, de
chimie, de géologie, de minéralogie, appliquées à la culture; 8° les
éléments de zoologie et d'enlomologie dans leurs rapports avec l'horti-
culture et l'arboriculture; [)" rarillimétique et la géométrie appliquées
aux besoins du jardinage (mesures de surface, cubages, levé de
plans, etc.); 10" le dessin linéaire, le dessin de plantes et d'instru-
ments; 1 1° des leçons de langue française et de comptabilité; 12' des
leçons de langue anglaise; 13" l'exercice militaire.
L'instruction pratique est manuelle et raisonnée. Elle s'applique à
tous les travaux de jardinage, quelles qu'en soient la nature et la
durée. Les élèves sont appelés à fournir la main-d'œuvre nécessaire à
l'établissement et tenus d'exécuter ces travaux, auxquels une partie de
leur temps est consacrée, afin d'acquérir l'habileté manuelle indispen-
sable. Indépendamment des cours et des conférences faits à l'Ecole,
des visites aux principaux établissements d'horticulture permettent
de mettre sous les yeux des élèves les meilleurs exemples de la pratique
horticole et arboricole.
X. — Service vétérinaire à \Paris.
Un concours pour l'admission à l'emploi d'inspecteur de la bou-
cherie à Paris, au traitement variant de 3,000 à 4,000 francs, aura
lieu à la préfecture de police, le mercredi 17 septembre prochain à
dix heures et demie précises du matin. Il comprendra une épreuve
écrite sur un sujet de la compétence des vétérinaires et une épreuve
pratique à l'abattoir de la Villette. Les candidats devront se faire
inscrire par avance au secrétariat général de la préfecture de police
(bureau du personnel) en justifiant par leur acte de naissance qu'ils
n'ont pas plus de 50 ans d'âge et en produisant en outre : 1 " un extrait
de leur casier judiciaire; 2' leur diplôme de vétérinaire; 3° des
pièces établissant leur situation au point de vue militaire.
XL — Concours dans L' arrondissement de Poitiers.
La Société académique d'agriculture de Poitiers, présidée par
M. de Touchimbert, organise deux sortes de concours pour les exploi-
tations de l'arrondissement de Poitiers. — Le premier concours est
ouvert entre les exploitations d'une étendue de 15 hectares au plus.
Des primes seront décernées aux propriétaires ou fermiers qui auront
le mieux dirigé leur exploitation, comparativement à celles des autres
domaines ruraux de la même circonscription et qui auront réalisé les
améliorations les plus utiles et les plus propres à être offertes comme
exemples. Voici la valeur di^s primes : 1" prix, 500 f'r. et une médaille
d'argent grand module; 2' prix, 300 fr. et une médaille d'argent;
3" prix, 150 fr. et une médaille de bronze. — Le deuxième concours
est ouvert entre toutes les exploitations, sans condition de contenance,
pour l'ensemble des instruments d'intérieur et d'extérieur de ferme.
Trois prix seront décernés : l" prix, 300 fr. et une médaille d'argent
grand module; 2'' prix, 150 fr. et une médaille d'argent; 3*' prix,
100 fr. et une médaille de bronze. — Les agriculteurs de l'arrondis-
sement de Poitiers qui voudront concourir pour ces primes devront
adresser leurs déclarations, avant le 1" août prochain, à M. Djloze,
secrétaire de la Société d'agriculture, rue de l'Ancienne-Coraédie, 3, à
Poitiers. L'accomplissement de cette formalité est nécessaire pour que
130 CHRONIQUE AGRICOLE (26 JUILLET 1884).
leur exploitation soit visitée par le jury spécial, institué par la Société
d'agriculture.
XII — Exposition forestière à Edimbourg.
L'exposition forestière internationale d'Edimbourg vient d!ouvrir.
Elle est fort intéressante et comprend tout ce qui est relatif à l'exploi-
tation des forêts. La Suède, le Danemark, l'Italie, la Perse, le Vene-
zuela, la Californie et le Japon ont exposé; mais la France n'est repré-
sentée que par un seul exposant, M. Decauville, de Petit-Bourg près
Paris, dont les cliemins de fer portatifs ont acquis une grande popula-
rité en Angleterre. Les chemins de fer portatifs sont fort appréciés dans
l'exploitation des forêts, car ils permettent de sortir facilement des
chantiers les troncs les plus élevés, même de 30 et 35 mètres de lon-
gueur.
XIII. — Concours de livrets de caisse d'épargne en Sologne.
Un des plus grands services que puissent rendre les Associations
agricoles, c'est d'instruire le cultivateur, l'encourager, le retenir dans
ses durs travaux des champs, récompenser l'honnêteté de son travail,
faciliter son repos dans la vieillesse. C'est de ce principe, que s'est
inspiré le Comité central agricole de la Sologne, quand il a décidé ses
distributions de médailles aux instituteurs, aux élèves-maîtres, aux
élèves des écoles, ses distributions de livrets de caisse d'épargne de
100 francs aux ouvriers. Depuis 188t il a pu reprendre ces concours
de livrets fondés en 1867 et qu'un instant son trésor l'avait obligé à
suspendre. La circulaire suivante vient d'être adressée par M. le pré-
sident, E. Boinvilliers, aux maires des communes comprises dans la
circonscription d'Aubigny et dont les cultivateurs ont été appelés cette
année au concours du prix d'honneur de 1,000 francs:
K Le Comité a décidé que six livrets de caisse d'épargne de 100 francs chacim
seront accordés chaque année à des ouvriers des campagnes ou à de petits culti-
vateurs, ayant, dans une carrière déjà avancée, donné l'exemple de la probité, de
la persévérance dans le travail et de l'accomplissement des devoirs de la famille.
« Ces livrets devant être distribués cette année dans votre circonscription de
concours d'Aubigny, vous voudrez hien, si vous croyez pouvoir présenter des
ouvriers ou petits cultivateurs réunissant les conditions ci-dessus énoncées, me
faire connaître leurs noms et leurs titres, après avoir pris l'avis de M. le curé de
votre commune et du doyen d'âge de vos conseillers municipaux. »
Les noms et titres des candidats doivent être envoyés, avant le
l*' septembre prochain, à Lamotte-Beuvron, à M. Ernest Gaugiran,
secrétaire-archiviste du Comité.
XIV. — Exposition canine à Paris.
Une exposition de chiens a eu lieu récem ment à Paris ; elle a été assez
nombreuse, mais elle a été à peu près réservée aux chiens d'agrément
et aux chiens de chasse. A cette occasion, notre excellent confrère,
M. G. de Cherville, présente dans le journal te Temps, les observations
suivantes :
« Ce qui est absolument regrettable, c'est l'absence à peu près complMe des
plus intéressants des chiens d'utilité, des chiens de berger. M. le micislre de
l'agriculture, avec la sollicitude dont il témoigne pour tout ce qui se rattache à la
vie agricole, avait voulu accorder deux médailles d'or et une médaille d'arcrent^à
l'exposition de la Société pour l'amélioration des races canines. Le jury, qui eût
voulu les consacrer toutes les trois à récompenser des gardiens de nos troupeaux,
n'en a pas trouvé le placement. Un chien de toucheur de bœufs, un labrie assez
GHRONIQQE AGRICOLE (26 JUILLET 188'i). 131
médiocre, voilà tout ce qui reprùsenlait les auxiliaires agricoles français. Les
chiens de burger écossais, les colleys, étaient, en revanche, fort nombreux et géné-
ralement très distingués. Il est fâcheux que leurs prix toujours élevés (on
demandait 1,500 francs de l'un d'eux) ne permettent |)as d'espérer qu'ils se propa-
geront beaucoup en France ; ils lont un excellent service et, avec la physionomie
renardière que leur procure leur museau pointu et leurs oreilles droites, ils ont
plus d'élégance que nos labries poilus. Il est vrai que cette considération touchera
médiocrement nos bergers. Ceux-ci et le» fermiers eux-mêmes lisant rarement les
journaux de sport, nous croyons qu'au moment de ses concours la Société se
trouverait bien de faire parvenir aux journaux spécialement ai^ricoles une note
dans laquelle seraient mentionnées les récompenses qu'elle destine aux chiens
d'utilité. Nous sommes certains que nos confrères de celte presse ne refuseront
jamais de contribuer par leur publicité à encourager l'élevage des beaux tyijes de
ces auxiliaires. «
Les expositions n'ont de succès, et par suite d'utilité, que lorsque
leurs programmes sont connus à l'i^vance. Pour notre part, nous ferons
toujours un accueil empressé aux communications dont parle
M. de Clierville. — A l'occasion delà distribution de ses récompenses,
la Société pour l'amélioration des races canines a décerné à M. Pasteur sa
grande médaille d'or, pour reconnaître les services que l'illustre savant
a rendus, notamment par ses recherches sur la prophylaxie de la rage.
XIV. — Concours des associations agricoles.
En même temps que se tenaient les concours régionaux, un assez
grand nombre de concours de Sociétés d'agriculture et de Comices
ont eu lieu dans plusieurs déparlements. Nous avons reçu sur ces
solennités beaucoup de notes et de renseignements ; malheureusement,
la place dont nous pouvions disposer a été, depuis près de deux mois,
absorbée par les comptes rendus des concours régionaux. Maintenant
que l'immense majorité de ces comptes rendus a paru, puisque nous
n'avons plus à donner que celui de Rouen, nous pourrons revenir sur
les solennités des associations agricoles. Dans un cercle plus restreint,
ces solennités exercent une grande influence sur la marche de l'agri-
culture; elles mettent en relief beaucoup de progrès modestes que l'on
doit signaler : elles sont l'occasion de l'échange d'un grand nombre
d'impressions d'où résultent des améliorations réelles. — Dans notre
prochain numéro, nous commencerons aussi la publication du compte
rendu des travaux de la Société nationale, présenté dans sa séance
solennelle du 2 juillet,
XV. — Nouvelles de l'état des récoltes.
Les avis sur la situation des diverses cultures n'ont pas beaucoup
varié depuis quelques semaines. — M. Pagnoul, directeur de la station
agronomique d'Arras, résume comme il suit ses appréciations pour le
département du Pas-de-Calais :
« Les blés restent beaux; la floraison a eu lieu vers la fin de juin dans de
bonnes conditions; les tiges sont hautes et nombreuses. Le froid a un peu nui à
la floraison du seigle et le grain n'est pas uniformément beau. L'escourgeon et
l'avoine promettent une assez bonne récolte. Les betteraves sont un peu en re-
tard ; elles paraissent atteintes sur quelques points, surtout celles qui ont été
semées de bonne heure, d'une maladie qui a jauni les feuilles extérieures; la
température trop froide et trop sèche du mois de juin n'a pas permis un dévelop-
pement assez rapide des feuilles ; il y a des vides sur certains champs, et ennn
l'espacement reste toujours beaucoup trop grand partout. Les pommes de terre
sont très belles, la floraison s'opère convenablement, et on peut espérer une bonne
récolte si la maladie ne survient pas. L'aspect des œillettes est également très
satisfaisant/La fenaison s'est opérée dans de très bonnes conditions, mais la
132 CHRONIQUE AGRICOLE (26 JUILLET 1884).
récolte ne sera que moyenne pour les prairies artificielles ; elle paraît devoir être
plus abondante sur les prairies naturelles. »
Dans la note qu'il nous adresse de Saint-Jean-d'Ataux (Dordogne),
à la date du 15 juillet, M. de Lentilliac constate que la maturation des
céréales s'est faite généralement avec une trop grande rapidité :
« Le mois de juin a été caractérisé par une moyenne générale de température
inférieure à celle du mois de mai (l'°.03 pour mai, 16". 31 pour juin, ; on doit
l'attrilDuer aux neuf jours de pluie survenus dans la première quinzaine de ce
mois A partir du 15, la température s'est sensiblement élevée pour atteindre un
maximum d« -)- 33 degrés le 28 ; c'est dans cette période, qui n'a pas donné une
goutte de pluie, que se sont commet ces et terminés les travaux de fenaison. Depuis
bien des années une température aussi favorable ne s'était produite à cette
époiue; si les foins de prairies naturelles ne sont pas aussi abondants «;u"on
l'avait espéré, il faut raconnaître du moins qu'ils se sont sécliés sans pluie et
assez rapidement pour conserver une bonne couleur verte et ce parfum aroma-
tique si recherché du bétail.
« Les fromerits ont parcouru un peu trop vite la période de maturation. Il n'y
a point de cas de coulure, mais de nombreux épis échaudés, dont le grain bien
que formé sera ridé et peu lourd. La moisson est commencée depuis le 5 juillet.
<t La vigne présente toujours l'aspect d'une luxuriante végétation, mais çà et
là commence à appaïaître l'oïdium, et, si l'on y regarde de près, plusieurs cépages
oiîrent déjà des maniifs roussies et flétries avant la lloraison. Il est à ciamdre
qu'il y ait à signaler de nombreux cas de coulure.
« Peu de jours après leur mise en place, les tabacs ont été attaqués par le ver
jaune, insecte bien connu des planteurs, qui perlore l'intérieur de la tige j;_;SL|u'au
sommet qu'il détruit, et cela dans la proportioa du quart et souvent du tiers
d'une plantation. »
Sur la situation agricole dans le même département de la Dordogne,
M. Carrier-Ladevèze nous envoie, de Saint-Cyprien, à la date du 19
juillet, la note suivante:
K Le mois de juin et la première quinzaine de juillet se sont fait remarquer
par une sécheresse extrême. Faute de pluie, le ble n'a pas donné le re.iJcment
qu'il promettait. Gomme les années précédentes, les moineaux ont fait au fro-
ment un mal incalculable. Si le gouvernement accordait aux cultivateurs le droit
de détruire ces pillards, il rendrait à l'agiiculture un service sérieux.
» Les haiicots, maïs, betteraves et pommes de terre souffrent énormé.'nent de
la sécheresse. Ils ont un pressant besoin d'eau. ÎMème observation à l'égard des
secondes coupes de trèfles et de prairies dont la pousse est brûlée.
« Le royer présente, principalement sur les terrains maigres — quelques traces
de maladie. — Par suite de la gelée du printemps, les noix seront peu abondantes.
Les prunii'rs Reine-Claude et les pommiers sont chargés-de fruits. Les amandiers
se sont gelés. Il y a eu beaucoup de cerises et d'abricots.
« La vigne a coulé ! — Le phylloxéra est signalé sur plusieurs nouveaux points.
— La récolte en vin sera médiocre
« Les tabacs, malgré un ver qui les ronge, sont assez beaux,
« En somme, sans la sécheresse, l'état des récoltes, dans nos contrées, serait
satisfaisant. »
La moisson se poursuit avec des résultats assez variables suivant les
régions. On est généralement salisfaitdu nombredes gerbes et dti poiijs
qu'elles présentent, en ce qui concerne le froment; les récoltes du
seigle et de l'avoine sont plus faibles. Cette dernière céréale a été par-
ticulièrement atteinte par la sécheresse. — De violents oraiies sont
survenus dans une grande partie de la France; la pluie a élé abon-
dante, et elle a fait beaucoup de bien à la plupart des cultures.
Malheurc'usetnent. ces orages ont causé parfois de grands (icgâls,
notamment dans les environs de Millau (Aveyron) et du Puy (H.uie-
Loire); les récoltes de quelques communes ont été presque complète-
ment anéanties. J.-A.- B.iRRAL.
ÉLEVAGE ET ENGRAISSEMENT INTENSIFS. 133
ELEVAGE ET ENGRAISSEMENT INTENSIFS
Le Journal de l'agriculture du 2't mai dernier renferme un article
dans lequel M. Sanson dit : qu'ayant introduit dans le langage
zootechnique l'expression d'engraissement intensif, il lui appartient
d'en déterminer la signification.
En 1876, j'ai adres'^é à la Société des agriculteurs de France le
traité de l'alimentation des bêtes bovines qui a été récompensé par une
médaille d'or en 1877, etdans lequel j'établissais qu'il y a deu.v sortes
d'élevage pour ces animaux, l'un simple et l'autre intensif (engraisse-
ment intensif du jeune bétail). Nous avons pu nous rencontrer dans le
choix de cette expression, mais il m'ap; artient aussi de dire quelques
mots dans la question présente, car depuis 1841.) j'ai engraissé des
quantités importantes de bœufs et de moutons, sans avoir jamais subi
d'autres pertes de bestiaux que celles qui résultaient de l'imprudence
des bergers ou des marcaires, lorsqu'ils voulaient obtenir un engrais-
sement trop rapide au moyen de grains moulus donnés en quantités
surabondantes.
Alors arrivaient des congestions mortelles qui ont toujours été
évitées lorsque l'opération a été conduite avec quelques précautions.
Chacun sait qu'il faut aux animaux deux choses qui ont une égale
importance : les soins et la nourriture.
Parmi les soins nécessaires, on doit compter l'emploi des substances
fraîches qui, tout en excitant l'appétit, facilitent la digestion. Mais les
praticiens habiles ne s'en tiennent pas là : ils saignent leurs bœufs à
l'engrais dans le premier mois de l'engraissement, et se gardent de
vouloir aller trop vite au début, parce que c'est alors que les animaux
affamés sont exposés aux plus graves accidents.
D'ailleurs, le bœuf acheté dans le but d'être revendu gras, reste
huit ou quinze jours sans tirer grand parti de la nourriture qu'on lui
donne. Il faut qu'il s'habitue à l'étable, pour ainsi dire ; et si l'on vou-
lait toujours se procurer des animaux demi-gras, on courrait grand
risque de les payer cher et de les revendre sans bénéfice, après avoir
perdu tout son temps à courir les foires et sacrifié les intérêts les plus
importants d'une exploitation rurale.
On ne saurait rien conseiller de semblable à la plupart des cultiva-
teurs; et ceux-ci devront plutôt s'attacher à l'élevage intensif de jeunes
animaux qu'ils pourront vendre fort cher avant la troisième année, ou
à l'emploi du bœuf de trait qu'ils auront soin de laisser reposer quel-
que temps après les travaux accomplis, pour l'engraisser rapide-
ment, après l'avoir amené d'abord, sans grands frais, à un embonpoint
modéré.
C'est une bonne méthode, essentiellement agricole, qui permet
souvent d'obtenir à la vente le double du prix d'achat.
J'ai pris le soin d'expliquer, en 1876, qu'en moyenne le bœuf
seulement en bon état gagne de 8 à 10 pour 100 (soit 9) durant le
premier mois de l'engraissement, de G à 8 (soit 7) durant le second,
de4à6(soit 5) durant le troisième, de3à 5 (soit 4) durant le quatrième,
et ainsi de suite. Il y a donc lieu d'examiner si la qualité compense
toujours la quantité dans de pareilles conditions, et s'il n'y a pas avan-
tage à se procurer du bétail maigre à bas prix pour lui faire con-
134 ÉLEVAGE ET ENGRAISSEMENT INTENSIFS.
sommer les produits les plus ordinaires de la ferme plutôt que de
renouveler sans cesse celui que l'on aura engraissé très rapidement
après l'avoir payé d'autant plus cher qu'on l'aura acheté sans profiter
de l'occasion et de la saison.
Bien acheter conduit à bien vendre, et tous les frais s'élèvent en
raison de la rapidité que l'on veut mettre à renouveler la marchandise,
au profit des intermédiaires et au détriment de soi-même.
Sans doute, j'ai établi qu'il est nécessaire de faire consommer le
plus possible au delà de la ration d'entretien qui ne donne que le fu-
mier en échange de ce qu'elle coûte ; mais il ne faut pas perdre de vue
que ce fumier, le travail et surtout l'emploi du temps que l'agricul-
teur doit consacrer à l'ensemble de son exploitation, comptent pour
beaucoup dans une administration bien conduite. Les produits de la
ferme bien utilisés sont d'ailleurs la base la plus sûre du succès.
Si l'on peut approximativement doubler la valeur vénale d'un
bœuf en huit ou dix mois, tout en en retirant sans grands frais les
avantages dus au travail et au fumier qu'il produit, c'est dans cette
voie surtout qu'il faut diriger notre agriculture dont l'insuccès tient
en grande partie à ce qu'elle refuse trop souvent d'employer le bœuf
de trait à Taccomplissemenl de ses travaux.
E. DUROSELLE.
CONCOURS REGIONAL DU PUY
Rarement un concours régional a été plus favorisé yjar le temps que celui qui
s'est tenu au Puy, du 21 au 29 juin, pour clore la série des grandes solennités
agricoles de l'année 1884. Il était d'ailleurs parfaitement organisé sur la promenade
du Breuil dont les gazons et les fleurs lui faisaient un splendide décor, tandis
que les arbres donnaient aux animaux et aux produits un abri salutaire contre
les ardeurs d'un soleil torride. M. Heuzé , commissaire général, avait, avec
son esprit d'organisation si bien apprécié, tiré un admirable parti de l'heureuse
disposition des lieux, dans un des plus beaux sites de France, dont les volcans
éteints, qui forment ia ceinture du Puy, constituaient l'encadrement à la fois har-
monieux et gigantesque. Les populations rurales des montagnes du Velay ont
d'ailleurs répondu à l'appel qui leur était adressé, et elles sont accourues en
rangs pressés pour visiter la fête agricole qui leur était offerte.
On ne peut pas dire que, dans son ensemble, le concours régional ait présenté
l'importance que comporte la place occupée par l'élevage du bétail dans les préoc-
cupations agricoles de la contrée. Nous sommes ici en pleine région montagnarde,
puisque la circonscription du concours comprend les départements de l'Ardèche,
de la Lozère, du Puy-de-Dôme, de la Haute-Loire, delà Loire, du Rhône. Or, ait
cette époque de l'année (fin de juin), dans la plupart des cantons, les Iroupeaux sont
montés à l'estivage sur les hauts plateaux. Il est impossible de retarder ceite opé-
ration qui entre dans les conditions naturelles de l'exploitation du sol. C'est pour-
quoi le concours ne présentait pas un aussi grand nombre d'animaux qu'on aurait
pu l'espérer, principalement en ce qui concerne les races bovines. Néanmoins, il
a eu une importance suffisante pour qu'on ait pu se rendre compte des pro-
grès réels réalisés depuis quelques années. Ce n'est pas à dire que la qualité a
complètement suppléé à la quantité; mais celle-là n'était réellement pas à dédai-
gner. Il n'y a qu'une observation réellement sérieuse à présenter, et elle n'est
pas spéciale au concours du Puy. Cette observation est relative aux catégories
que l'on persiste à maintenir pour les croisements : tous les éleveurs sont d'accord
aujourd'hui sur ce fait que, pour faire souche de reproduction, il faut user d'ani-
maux de races pures; la démonstration en a élé faite mille fois. Le maintien de
prix oHerts aux croisements dans les concours d'animaux reproducteurs n'a pas
de résultats pratiques ; le seul effet est de faire faire par quelques agriculteurs
des croisements plus ou moins heureux, le plus souvent malheureux, uniquement
en vue de recueillir quelques primes, sans que ces croisements aient de la suite
CONCOURS RÉGIONAL DU POY. 135
dans leurs étables. Il y a bien un autre effet qu'on entend parfois articuler ; ce
serait de faire présenter dans ces catégories, qui donnent asile à tout, des animaux
défectueux qu'on ne pourrait pas présenter, avec chance de succès, dans les caté-
gories spéciales; mais c'est aux jurys à savoir apprécier ces cas heureusement
isolés, et nous n'avons pas à nous en préoccuper autrement ici.
La première place, dans les races bovines, appartenait naturellement à la race
du Mézenc, la race spéciale au pays. Le canton de Fay-le-Froid en est le princi-
pal centre, et c'est dans la commune des Eslables, à plus de 1,300 mètres d'al-
titude, au pied du mont Mézenc, le plus haut pic du pays, que les troupeaux en
sont le plus nombreux. Vingt-sept exposants ont amené 98 animaux de la race
du Mézenc; 24 appartiennent à la Haute-Loire, 2àr.Ardèche et 1 à la Lozère. Tous
les exposants de la Haute-Loire ."^ont de l'arrondissement du Puy ; c'est d'ailleurs
à cet arrondissement qu'appartiennent tous les exposants du département pour les
races bovines, à l'exception de deux qui viennent des environs de Brioude. L'ex-
position est, en général, assez bonne, quoique l'on n'ait pas à constater de per-
fectionnement bien sensible dans les formes; sans rien perdre de leur rusticité ,
les animaux pourraient devenir plus fins, acquérir des formes plus régulières ; la
plupart des vaches sont toutefois de bonne qualité. Presque tous les prix sont
remportés par les éleveurs des Estables, dunt la plupart ont une grande réputation
dans le pays : MM. Eyraud, Michel (Régis), Descours, Rochette ; c'est à ce
dernier que le prix d'ensemble est attribué.
La race tarentaise est classée au second rang dans le concours. L'exposition
n'en est pas très nombreuse, mais elle est bonne. C'est surtout aux environs du
Puy que les étables se peuplent de ces précieuses bêtes laitières ; le renouvelle-
ment des vacheries est d'ailleurs facile, grâce à la proximité relative du berceau
de la race en Savoie. Tous les exposants qui figurent au concours viennent des
environs de la ville. M. Couderchet est le principal lauréat, et il remporte le
deuxième prix d'ensemble réservé aux races bovines.
Les catégories des races d'.Aubrac et de Salers sont bien fournies : la première
par treize exposants, dont dix de la Haute-Loire ; la deuxième par six exposants,
dont quatre du Puy-de-Dôme et deux de la Haute-Loire. Les animaux sont, en
général, bien conformés et présentés en bon état. Cette remarque s'applique sur-
tout aux salers de M. .-Vmilhon-Billon. — Pour la race charolaise, deux lots très
remarquables sont présentés par M. Palluat de Besset, de la Loire, et M. Blet-
tery, du Rhône; la lutte a été vive entre ces deux concurrents. M. Blettery a
reçu un objet d'art delà Société d'encouragement à l'agriculture. A côté, une assez
belle collection de durhams, présentés surtout par M. Aug. Massé, du Cher, et par
M. E. Raynaud, de l'Allier. — La catégorie des races diverses était aussi bigar-
rée que possible; quelques bous animaux de race pure, mais à côté les croise-
ments les plus hétéroclites et les plus bizarres. — Pour les bandes de vaches en
lait, les honneurs ont été pour quatre très belles vaches Schwitz présentées par
M. Caiibet. Sans leur être comparables, les vaches du Mézenc, de M. Louis
Eyraud, n'étaient pas à dédaigner.
Oa élève peu de moutons dins le Velay ; mai^ des troupeaux assez nombreux
transhument sur ses plateaux. L'exposition ovine comptait, au Puy, surtout des
animaux des races dites de montagnes, à laine blanche ou noire, grossière, de
taille peu développée, mais donnant une viande d'assez bonne qualité. Les brebis
des Causses du Gévaudan, en petit nombre, il est vrai, faisaient meilleure
figure. Les honneurs du concours ont été pour les mérinos de M. Caubet qui a
remporté le grand prix d'ensemble, les dishley de M. Massé, les southdown de
M. de Bouille.
Les expositions des races porcines sont presque partout analogues : nous retrou-
vons ici les mêmes caractères que dans les autres concours régionaux. Le mélangée
du sang anglais gagne de plus en plus. Le principal lauréat a été M. Jean Gaudet,
de Saint-Laurent-la-Conche (Loire), éleveur des plus distingués, qui avait exposé
des berkshire d'une rare per.'"ection.
Parfaitement agencée au milieu d'un jardin de plantes vertes et de fleurs, l'ex-
position des animaux de basse-cour était assez nombreuse ; elle était surtout pourvue
en lapins de toutes races. La qualité, pour l'ensemble, laissait un peu à désirer.
Toutefoip, Mme Caubet, qui a remporté le pris d'ensemble, avait une collection
bien réussie. Le commerce des animaux de basse-cour tend à se développer dans
le pays; quelques marchands avaient des lots assez remarquables.
Des instruments, il y a peu de choses à dire. Sur les 600 déclarations adressées
136 CONCOURS RÉGIONAL D"J PUY.
au ministère de l'agriculture, plus d'un tiers a fait défaut. De machines nouvelles,
il y en a bien peu. Toutefois nous devons signaler un casse-pierres exposé par la
Société française de matériel agricole, un siphon automatique envoyé par un con-
structeur de Langogne (Lozère), et enfin une machine à vapeur et une batteuse
construites par M. Saugnes-Giraud, mécanicien au Puy. Ces machines sont les
premières qui sortent d'un atelier de cette ville.
Le concours des produits n'était important ni parla quantité, ni par la qualité.
Il n'y a d'exceptions à faire que pour quelques produits apicoles et d'assez belles
colleutions d'orge. Cette céréale est cultivée en assez grande propor ion sur les
terrains volcaniques et elle y est d'une belle qualité. Les fromages et les beurres
étaient médiocres. Pour les liquides, il y en avait peu ; mais nous devons citer
d'excellentes liqueurs, notamment une prunelle, exposées par M. Rumilli;t, du Puy.
L'exposition scolaire, organisée dans les salles du Musée, faisait réellement hon-
neur aux écoles du département. Quant aux produits horticoles, ils formaient au
concours un cadre qui a été hautement apprécié.
Le concours régional a reçu la visite de JVE. Tisserand, directeur de l'agriculture.
'Un banquet lui a été offert par la Société agricole de la Haute-Loire, présidée par
M. Langlois. M. Tisserand a présidé la distribution des récompenses. Il y a pro-
noncé un excellent discours que nos lecteurs ont déjà eu sous les yeux. M. Pierre
Dufour a donné lecture d'un rapport intéressant sur le concours de la prime
d'honneur ; il a tenu à rendre justice à la mémoire de M. Nicolas, directeur de la
ferme-école de Nolhac, enlevé prématurément il y a quelques mois. — Puis les
récompenses ont été proclamées comme il suit :
Prix culturaux.
1'» Catégorie. — Propriétaires exploitant leurs domaines directement ou pnr régisseurs ou par
raaitrcs-valels. Un objet d'art, Mcue Kaurot. à la Chomette, commune de Saint-Beauzire.
4° Catégorie. — Métayers isolés ou petits cuitivat^jurs, propriétaires ou fermiers de domaines
au-dessus de 5 hectares et n'eicédant pas 20 hectares. Un objet d'art, M. Pradier, à Perthuis,
commune de Chambon.
Rappel du prix cuUural obtenu en 1870, M. Couderchet, à Langlade, commune d'Aiguilhe., ,
Prime d'honneur, non décernée. '
Ferme-école, un objet d'art spécial est décerné, sur la demande particulière du
jury, comme récompense exceptionnelle à M. Jacques Nicolas, directeur de la ferme-école
de Nolhac.
Récompenses dites de spécialités.
Un objet d'art, M. de Mars, à Joux, commune de Tence, pour ses importantes cultures fores-
tières d'essences résineuses ; M. Arthur Couderchet, à Langlade, commune d'Aiguilhe, pour ses
remarquables cultures fruitières.
Uédailles d'or (grand module), MM. de RioUet de Morteiiil, à Chilhac, pour création de vignes
façonnées à la charrue; Vidal, à Aubenas, commune de 'l'aillac, pour création d'un beau vigno-
ble sur un terrain rocheux ayani nécessité des travaux d'une exécution difficile; Bard, à Giza-
guet, commune de Saint-Géron, pour instruments viticoles destinés à suppléer à la rareté de la
main-d'œuvre.
Uédailles d'or, MM. Sabatier, au Monastier, pour une vacherie et une laiterie bien disposées;
Pages, à Ussel, commune du Brignon.pour création et irrigation d'une petite prairie parfaitement
nivelée.
Médailles d'argent (grand module), MM. Charbonnier frères, métayers au Mas-de-Fia, com-
mune de Sanssac-l'Eglise, pour construction de murs de clôture exécutés au moyen de rochers
extraits des terres labourables.
Prix d'irrigations.
1" Catégorie. — Propriétés contenant plus de 6 hectares de terres arrosées. 2" prix, M. IJafSe,
ft .''Mnt-Chrislophe-d'Allier, pour irrigalion de pituragi s; 3", MM. Eugène Gagne et Félix, au
l'ont-Neuf, commune de Saint -Germain-Laprade, pour irrigations d'une prairie do 14 hectares.
2° Calégorie. — Propriétés ayant G hectares et au-dessous, soumises à l'irrigation. 1'" prix,
M. Barlet à Montraizon, commune de Thoras, pour ses irrigations suivant la méthode vosgiennc ;
2°, M. Pelissier, à la Bougise, commune de Beaulicu, pour ses prairies arrosées à l'aide de deux
importantes dérivations du ruisseau do Rozicres.
Récompenses cLiix agents des exploitations primées. — Agents de Mme Faurot, qui a obtenu le
prix culturalde la première catéirorie. — Médailles d'argent, MM. Pierre Verniôre, chef de forme;
Jules Nicolas, aide de pratique; Eugène Nicolas, premier bouvier. —Médailles de hron:e,
M. Alfred Michel, jardinier ; Mlle Marie Vernier, servante; Mme Vcrnière, ménagère. — 40 fr.,
Mlle Marie Dufour, vachère; 30 fr., M. Louis Dufour, petit bouvier.
Prix d'honneur de la petite culture.
Un objetd'art, M. Ferrand Martel, propriétaire, place d'Alger, à Brioude.
Prime d'honneur de l'horticulture.
t'n objetd'art, M. Guilhot, liorticulteur, avenue de Vais, près le Puy.
Prix pour les journaliers agricoles vigneron^, draîneurs, etc., reconnus les plus méritants par
leurtravail, leur conduite, l'ordre, 1 économie et la bonne tenue de leur ménage. — Médaille
d'or, M. Régis ICymard, jardinier à Ai^uilhe. — Médaille d'argent (grand module), M. Antoine
Allary, à Nozeyrolles. — MédaUle d'argent, M. Pierre I^élissier, à Landos. — Médalle de bronze,
MM. Régis Bonncfoy, aux Estables; Pierre Soulier, i Vais, près le Puy.
CONCOOUS RÉGIONAL DU PUY- 137
Prix pour les serviteurs à gages des ileux "îexcs, les plus méritants pour I.i luiigueur île leurs ser-
vices et leur conduite. — Médaille d'rir. M. Haplisle Darmentraiid, chu? M. Cal(^mard de Lafayelte,
à Jalavnux. — Médailles d'arfien' (grand module), MM. Simon Cnfty, clic! M. Cliorand, à l'alobre;
André Eymard, chez Mme Je KeLiaigiie, à la Beruardc. — IlédaiUes d'arnent, Mil. Mathieu Bcs-
son, che2 Mme lioycr, à .Saint-Vincent ; .Mme Victoire Pages, chez Mme l.ashiTmc, au.t Estreys ;
M. Louis tiuillon, chez Mme Vve de Chardon, à l'olignac. — Médaillm de bronze, M. .lean Cliap-
pon, chez Mme Armand, à Saint-Paulien ; André Cestier, berger à Co-taro.s; .Mme Carmentrund,
chez M. Cilemard de Lafayette, à .lalavoux; M. Michel Boussouhule, cl.ez M. Mofjat, au l'uy.
Animaux reproducteurs — Espèce bovine.
1" CatérjOTie, — Race du Mezenc. — Mâles- — l'" Section. Animaux de 1 à 2 ans. 1°' prix,
M. Kochelie, aux Katahles (Haute-Loire); 2", M. Louis Eyraud, aux astables Ufaute-Loire) ; ;i",
M. RégisMichel, aux Eôtahles (Haute-Loire). Mention honorable, M. De.scoiirs. aux Estahles (Haute-
Loire). — 2" Seilion. Animaux de 2 à li ans. — 1'' prix, M. Descours ; 2', M. Régis Michel ; 3',
M. Rochette. — Femelles. — 1" Seclion. — Génisses de 1 à 2 ans. l" prix, M. Berard, à Espaly-
Saint-Marcel (Haure-Lo're) ; 2", M. Rochette; 3% M. Descours; 4°, M. Louis Eyrauil. — 2° Section.
Génisses de 2 à 3 ans. I" et 2° prix, M. Rochette ; 3° et 4°, M. Descours ; 't°, prix supplémentaire,
M. Chanal, à Chaudeyrolles (Haute-Saooe). — 3" Section. Vaches de iilus de 3 ans. I" |)rix,
M. Chanal; 2", M. Descours; 3", Mme Richond, au l'uy (llaute-Lûire) ; 4°, prix supplémentaire,
M. Rochette.
Prix d'ensemUe, au meilh'ur lot d'animaux de la 1" catégorie, un objet d'art, M. Hochette.
2° Calégnrie. — Race tarontaise. — Mâles. — 1'" Section. Animaux de 1 à 2 ans. l"prix,
M. Couderchet, au Puy (Haute-Loire). — 2'" S/'clion. Animaux de 2 à 3 ans. l" prix,
M. Couderchet. — Femelles. — 1" Section. Génisses de 1 à 2 ans. l" prix, M. le baron Reynaud,
au Puy (Haute-Loire ; 2°, Mme Faure, à Pollgnac (Haute-Loire); 3*. prix supplémentaire, M. Cou-
derchet. — 2° Seciio'i. Génisses de 2 à 3 ans. 1" prix, M. Couderchet; 2% M. Triouleyre, au Puy
(Haute-Loire). — 3" Sectton. Vaches de plus de 3 ans. I" et 2" prix, M. Couderchet.
3" Catéijorie. — Race d'Aubrac. — Mâles. — 1'" Section. Animaux de 2 à 3 ans. Prix unique,
M. Couderchet. — Mention honorable, .M. Verdier, à Espaly-Saiiit-Marcel (Haute-Loue). —
2° Section. Animaux de 2 à 3 ans. Prix unique, M. Crueize, à Serverette (Lozère). Mention hono-
rable, M. Couderchet. — Femelles.— 1™ Seclion. Génisses de 1 à 3 ans. 1" prix,
M. le comte de Riollet de Morteuil, à Chilhac-'I'ansac (Haute-Loire) ; 2*, M. Sylvain Faure, à
l'olignac (Haute-Loire). — T Seclion. Génisses de 2 à 3 ans. 1" prix, M. Crueize; 2°, M. Couder-
chet. — 3'-' Section. Vaches de plus de 3 ans. 1" prix M. Roland, à Espaly-Saint-Marcel (Haule-
Loire) ; 2°, M. le comte de Riollet de Morteuil.
4° Catégorie. — Race charolaise. — Mâles. — 1'» Section. Animaux de 1 à 2 ans. 1" prix,
M. Palluat de Besset, à Nervieux (Loire); 2', M. Prost, à Samt-Germain-l'Espinasse (Loire). —
2'' Hection. Animaux de 2 à 3 ans. l"pri.\, M. Palluat de Besset; 2', .M. Gallel,i Saiiit-tiermain-
l'Espinasse (Loire); 3°, prix supplémentaire , M. Farmond, à La Roche-Blanche (Puy-de-Dome).
— Femelles. — 1'" Section. Génisses de l à 2 ans. 1" prix, M. Palluat de Besset; 2", M. Blet-
tery, ;'i Saint-Vincent-de-Reins (Rhône). — 2" Section. Génisses de 2 à 3 ans. 1"'' prix, M. Pal-
luat de Besset ; 2°, M. Palluat de Besset ; 3% prix supplémentaire, M. Blettery — 3° Section.
Vaches de plus de 3 ans. 1" prix, M. Palluat de Besset; 2", M. Blettery. Mention lionorable,
M. Prost.
5' Catégorie. — Race de Salers. — Mdies. — 1" Section. Animaux de 1 à 2 ans. l" prix,
M. Jacques Amilhon-Billon, à Saint-Floret (Puy-de-Dôme) ; 2'', M. Amilhon-Billon, aine, à Rou-
ziére (Puy-de-Dunie). — 2" Section. Animaux de 2 à 3 ans. Prix unique, M. Jacques Amilhon-Bil-
lon. Mention honorable, M. Amilhon-Billon, aîné. — Femelles. — 1" Seclion. Génisses de I à
2 ans. l"prix. M. Jacques Amilhon-Billon ; 2', M. Amilhon-Billon, aine; 3", prix sup|ilémentaire,
Mme Lenègre, à Besse (Puy-de-Dome). — 2° Seclion. Génisses de 2 à3 ans. 1" prix, M. Amilhon-
Billon, aine; 2°, Mme Lenégre. Mention honorable, M. Farmond. — 3* Section. Vaches de plus
de 3 ans. l'-' pris, Mme Lenégre ; 2', M. Jacques Amilhon-Billon.
:< 6" Catégorie. — Race durham. — Mâles. — l" ^iectiun. Animaux de 6 mois à 1 an. Prix
'flinique, M. Massé, à Germigny (Cher). — 2' Section. Animaux de 1 à 2 ans. Prix unique, M. IClie
liaynaud, a Montaigut (Allier). — Femelles — l" Seclion. Génisses de 6 mois à 1 an. Prix unique,
M lilie Kaynaud. Mention honorable, M. Massé. — 2" Seclion. Génisses de I à 2 ans. Prix unique,
M. Elle Raynaud,. — 3' Seclion. Génisses de 2 à 3 ans. 1" prix, M. Elle Raynaud. — 4' Sec-
lion. Vaches de plus de 3 ans. l" prix, M. Massé ; 2'', M. lOlie Raynaud.
7° Catégorie. — Races françaises diverses pures ou croisées (ferrandaise, foi'ézienne, etc.) —
Mâles — ["Section. Animaux de l à 2 ans. 1" prix, M. Desbos, à Borne (Haute-Loire) ; '2°,
M. Claude Thaural, à Briennont (Loire) ; 3°, prix supplémentaire, Mme Lenègre. Menlion hono-
rable, M. Couderchet. — 2" Sectiun. Animaux de 2 à 3 ans. 2'', M. Coudercliet. — Femelles. —
1'° Section. Génisses de 1 à 2 ans. 1*' prix, M. Blettery ; 2', M. Farmond. — 2" Section. Génisses
de 2 à 3 ans. l"prix, M. Caubet, à Villeurbanne (Rhône); 2% M. Rochette. — 3' Seclioîl. Vaches
de plus de 3 ans. 1°' prix, M. i.aubet; 2", M. 'leissonneyre, à lispaly-Sainl-Marcel (Haule-Loife) ;
3*, prix supplémentaire, M. Bessieres. à Saint-Bonnel-de-Chirac (Lozère).
. 8° Catégorie. — Races étrangères diverses, pures ou croisées, -r- Mâles. — 1" Seclion. Animaux
î'.de 1 à 2 ans. Prix unique, M. Dubost, à Ménétrol (Puy-de-Dome). — 2" Section. Animaux de 2 à
3 ans. Prix unique, M. Ferdinand Baltie, à Saint-Christophe-d'Allier (Haute-Loire). — Femelles.
— 1"' Section. Génisses de 1 à 2 ans Prix unique, M. Caubet. — 2° Seclion. Génisses de 2 à 3 ans.
Prix unique, M. Caubet. Mention honorable, M. Bartie. — 3" Section. Va'jhes de plus de 3 ans.
Prix unique, M. Caubet.
Prix d'ensemble à attribuer au meilleur lot d'animaux des 2°, 3", 4", b', 6*, 7' et 8' catégories,
un objet d'art, M. Couderchet, pour ses animaux de race tarentaise.
Bandes de vaches laitières (en lait). — 1" prix, M. Caubet; 2", M. Eyraud; 3', Mme Lenègre
4', M. Couderchet.
Espèce ovine.
1" Catégorie. — Races des montagnes. — l" Sous-Catégorie. — Races à laine blanche. —
^^'M;iles. — l"' prix, M. Ferdinand Baffie, à .'^aint-Christnphe-d'AlIier (Haute-Loire); 2", M. Antoine
Eyraud, au Monastier (Haute-Loire). — Prix sup|UémeBlaire, M. Debard; à Fay-le-Froid (Haute-
Loire). — Femelles. 1" prix, M. Florimond-Hanc, à Cayres (Haute-Loire) : 2", M. Antoine Eyraud,
138 CONCOURS RÉGIONAL DU PUY.
au Monastier (Haute-Loire). — 2" Sous-Catégorie. — Races à laine noire. — Mâles. — 1" prix,
M. Ferdinand Baflïe ; 2", M. Joseph P.innelieu, à Saint-Vénérand (Haute-Loire). Prix supplémen-
taire, Mme Vve Gras, à Ambert (Puy-de-Dôme) ; M. Rocher, à Espaly-SaiQl-lLircel (Haute-Loire).
— Femelles. l"prix, M. Coudercliet, au Puy (Haute-Loire); 2% M. Florimond Ranc, à Cayres
(Haute-Loire). — Prix supplémentaire, M. Pierre Chanal, A CliaudeyroUes (Haute-Loire).
2" Calégnrie. — haces de.s Causses du Gévaudau — Mâ'es. — 1"' prix, M. J.-B. Bessières, à
Sainl-Bonn-t-de-Clilrac (Lozère). — Femelles. — 2° prix, M. Bes-ières.
3° Catégorie. — Races françaises diverses. — Mâles. — Prix unique, M. ,I.-B. Caubet, à Villeur-
banne (Rhône). — Femelles. — Prix unique, M. Caubet.
4" Catégorie. — Races étrangères diverses. — Mâles. — 1" prix, M. Massé, à Germigny (Cher) ;
2° et 3, M. le comte de Bouille, à Villars (Nièvre). Mention très honorable, M. Massé. —
Femelles. — 1" prix, M. le comte de Bouille; 2", M. Massé; 3°, M. Couderohet. — Prix supplémen-
taire, M. Caubet.
h' Catégorie. — Croisements divers. — Mâles. 1"' prix, M. Couderchet ; 2°, M. Caubet. —
Femelles. — 1" prix, M. Couderchet ; 2°, M. Caubet.
Prix d'ensemble à attribuer au meilleur lot d'animaux de races ovines. Un objet d'art,
M. Caubet, pour ses animaux de race mérinos.
Espèce porcine.
1" Catégorie. — Races indigènes pures ou croisées; entre elles. — Mâles. — l"' prix, M. Dehard,
à Fay le-Froid (Haute-Loire); 2">, M. Cbarreyron, à Ctiarapclause (Haute-Loire). — Prix supplé-
mentaire, M. Picq, à Vastres (Haute-Loire). — Femelles. — l"' prix, M. Eyraud, au Monastier
(Haute-Loire); 2", M. Charreyion ; 3'', M. Péohaire, au Puy (Haute Loire). Mention honorable,
M. Caubet.
2' Catégorie. — Races étrangères pures ou croisées entre elles. 1" prix, M. Caubet; 2°, M. Jean
Gaudet, à S.tint-Laurent-la-Conche (Loire); 3°, M. Caubet. — Prix supplémentaire, M. le comte
de Riollet de Morteuil, à Chillac-Tansac (Haute-Loire). — Femelles. — 1"' prix, M. Gaudet; 2°.
M. Caubet; S", M. Baflie. Mentions honorables, M.'VL Caubet; Gaudet.
3° Catégorie. — Croisements divers entre races étrangères et races françxises. — Mâles. —
1" prix, M. J.-B. Fabre, à Ceyssac (Haute-Loire) ; 2% M. Antoine Eyraud. — Femelles. — P'prix,
M. J.-B. Fabre.
Prix d'ensemble à attribuer au meilleur lot d'animaux de race porcine. Un objet d'art, M. Gau-
det, pour ses animaux de race berkslnre.
Animaux de basse-cour
1'° Catégorie. — Coqs et poules. — 1" Section. Races françaises. 1" prix, M. le ba-
ron lieynaud, au Puy (Haute-Loire); '2', Mme Caubet ; 3°, M. le comte de Riollet de Morleuil;
4", Mmes de Châteauneul-Randon, à Malrevers (Haute-Loire). — 2° Section. — Races étrangères.
1" prix, M. Pébellier, au Puy (Haute-Loire); 2°, Mme Caubet. — 3° Section. — Croisements.
1" prix, Mme Caubet : 2% M. Pébellier.
2° Catégorie. — Dindons. 1" prix, Mme Morand-Trintinhac, au Puy (Haute-Loire); 2°,
Mme Caubet.
3° Catégorie. — Oies. ]"■ prix, M. Edouard Cbambon, à Polignac (Haute-Loire) ; 2°, Mme Cau-
bet ; 3". Mme Morand-Trintinhac.
4' Catégorie. — Canards l" prix, Mme Caubet; 2", Mme de Chateauneuf-Randon ; 3°, M. Bap-
tiste Roche, à Aiguilhe (Haute-Loire).
5' Catégorie. — Pintades. 1" prix, Mme Caubet; 2°, M. Baptiste Roche.
6* Catégorie. — Pigeons. 1" prix, M. de Mars, à Polignac (Haute-Loire) ; 2°, M. Durastel, au
Puy (Haute-Loire).
7' Catégorie. — Lapins et léporides. 1" prix, M. Benoist, au Puy (Haute-Loire) ; 2', M. Faure-
Pomier, à Brioude (Haute-Loire).
Prix d'ensemble à attribuer au meilleur lot d'animaux de basse -cour. Un objet d'art
Mme Caubet.
Produits agricoles et matières utiles à l'agriculture. — Concours spéciaux.
1" Catégorie. — Fromages de lait de chèvre ou de breb s dits chevretons. \" prix, M. Cyprien
Rocbette, des Establns (Haute-Loire); 2', M. Gouderchet, au Puy (Haute-Loire); 3% M. Debart, à •
Fay-le-Froid (Haute-Loire).
2" Catigorte. — Fromages de lait de vache, dit bleu ou persillé. \°' prix, M. Perrier, de
Laqueuillo (Puy-de-Dôme); 2°, M. Bonnaud, de Landos (Haule-Loire); 3% Mme Lenègre, de Besse
(Puy-de-Dôme); 4°, M. Régis Michel, des Estables (Haute-Loire) ; 5", M. de Chaunieils de Lacoste,
à Taulhac.
3° Catégorie. — Vins du Lyonnais et du Vivarais. Pas d'exposants.
4° Catégorie. — Vins d'Auvergne, de la Haute-Loire et du Puy (récoltes de 1881, 1882 et 1883).
3' prix, M. Abrial, à Espaly Saint-Marcel (Haute-Loire).
5° Catégorie. — Fruits frais et fruits conservés de la région. Médailles d'argent, MM. Charaoux,
à Vesseux (Ardèchc), pour marrons; Pierre Triouleyre, au Puy (Haute-Loire); le comte de Mor-
teuil, à Cbilhac-Tansac (Haute-Loire) ; Bonnefoux, à Saint-Paulien (Haute-Loire). — Médailles de
bronze MM. Boyer, à Sanssac-l'Eglise (Haule-Loire), pour fraises ; de Chaumeils, à Taulhac
(Haule-Loire), pour pommes.
6° Catégorie. — Beurres frais. 1" prix, M. Eyraud Louis, aux Estables (Haute-Loire) ; 2", M. De-
rard ; 3", M. Couderchet.
1° Catégorie. — Miels et cires de la région. 1" Section. Miel en gâteaux, l" prix, M. Faiire-
Pommier, à Brioude (Haule-Loire); 2°, M. Buisson, à Polignac (Haute-Loirp); 3«, M. Vallon,
à Vais (Haute-Loire). — 2* Section. Miel coulé. 1" prix, M. Debard, à Fay-le-Froid (Haute-Loire);
2'', M. Thibaudier, à Lyon (Rhône). — 'A' Section. Cire. 1"' prix, M. Foiirnier, àlssoire (Puy-de-
Dùine) ; 2', M. Thibaudier. à Lyon (Rhône) ; 3", M. Vallon, à Vais (Haute-Loire). — 4" Section.
Appareils apicoles. 1" prix, M. Vallon, à Vais (H.mte-Loire) ; 2", M. Faure-Pommier. à Brioude
(Haute-Loire) ; 3°, M. Thibaudier, à Lyon (Uhône), pour ruches.
S" Catégorie. — Plantes aromatiques cultivées vertes et sèches (mélisse, absinthe, verveine,
menthe, etc.). 1" prix, M. Rumillet, au Puy (Haule-Loire).
9° Catégorie. — Produits de l'horticulture. 1"'' prix, M. Dumas-Farigoule, au Puy (Haute-Loire),
CONCOURS RÉGIONAL DU PU Y. 139
pour belle culture des plantes florales; 2', M. Guilhof, auPuy (Haute-Loire), fleurs; 3", M. Triou-
leyre, au Puy (Haule-Loire), pour fleurs; 4", M. Dumas-Farigoule, au Puy ( Haute- Le i re) , fleurs
coupées; â", M. Guilhol, au Puy i Haute-t.uire), Heurs.
10" Catégorie. — Produits foiestiers. 1" prix, M. Grellet, à Allègre (Haule-Loire), spéciniea
arbre essence sapin.
11" Caté/iorie. — Plantes pour plantations et reboisements. l°'prix, non décerné.
12° Catégorie. — Expositions scolaires. — 1™ Section. Matériel d'enseignement agricole, col-
lections, dessins, objets de cours, etc. ?•" prix, M Mourier, à Galvi-^son (Gard), pDur collections
d'instruments. — 2° Section. Travaux spéciaux et objets d'enseignement agricole présentés par
les professeurs, les instituteurs et les élèves des écoles primaires. 1" prix, école norraile du
Puy, pour son exposition ; 2', aut frères de l'écjle comm-inile de Brioude, pourheibier; 3°, aux
frères de l'école communale du Puy, pour herbier; 4°, aux frères de l'école de Polignac (Haute-
Loire), pour herbier et cahiers d'horticulture; -S", à l'école laïque de Grange-Vieille au Puy
(Haute-Loire), pour herbier; mention très honorable à l'école de Vernes (Haute-Loire), pour
lierbier; mention honorable à l'école de Prades (Haute-Loire), pour herbier.
13' Catégorie. — Expositions collectives faites par les administrations publiques, les sociétés et
comices agricoles et horticoles. UédaiUes d'or M. Djuvié, inspecteur adjoint des forêts de la
Haute-Loire, pour l'organisation de l'exposition de l'administration des forets: au Comice agricole
de Brioude (lUute-Loire), pour l'ensemble de sou ejposition. — Médaille d'argent, à l'école
normale du Puy, pour sa collection de céréales.
14° Catégorie. — Produits 'Uvers non compris dans les catégories précédentes. Médailles d'or,
M.M. Couderchet, au Puy (Haute-Loire); Triouleyre, au Puy (Haute-Loire), pour légumes;
Rumillet-Charretier, au Puy (Haule-Loire). pour liqueur; Eckenstein, au Puy (Haute-Loire), pour
orge; Mouiiier, à Yssingeaux, pour sa collection de plantes ornemeniales. — }fé tailles d'argent,
MM. Triouleyre, au Puy (Hiute-Loire) ; Muller. à Mende (Lozère), pjur sa bière; le comte de
Morteuil, à Chilhac-Tansao; Uzon, à Aiguide (Haute-Loire), pour pommes de terre; Faure-Pom-
raier, à Brioude (Haute-Loire), pour pommes de terre; Chasld, au Puy (Hauts-Loire), pour
herbier agricole; Chanuet, à Poliguao (Hiute-Loire). — Idédaiiles de bronze, MM. Buisson, à
Pol'gnac (Haute-Loirei ; IJzon, au Huy (Haute-Loire), eau-de-vie de marc; Seguin, à Minde
(Lozère), pour liqueur; Plasson et Biadry, i Clermont-Ferran I, pour leur vinaigre; Chaumeil
de Lacoste, à Taulhac (Haute-Loire), pour les œufs; Deleuze, de Villeneuve-de-Berg (.Ardèche),
pour les liqueurs ; Jouishomme, à Brioule (Haule-Loire), pour si bière.
Serrileurs ruraux. — Récompenses aux gens à gages signalés au jury par les lauréats, pour
les soins int-^lligents donnés aux an;miux primés des espèces bovine, ovine, por ine et aux
animaux de basse-cour. Médailles d'argent et 50 fr. à Schaller Je in, vach-r chez \I. Caubet, à
Villeurbanne (Rhône) ; Lozère Martin, vacher chez M. Couderchet, au Puy (Haute-Loire); et40fr-
à Boissy liéiis, vacher chez M. Rocbette, aux Estables (Haute-Loire); et 3.5 fr. à NjaiUy, vacher
chez M. Palluat de Besset, à Nervieux (Loire) ; Beylot, bouvier chez M. Raynaud Elle, i Montaigut
(Allier). — Médailles de bronze et 30 fr. à Petit Jean, domestique chez M. Masse, à Germii,'ny
(Cher); et 25 fr. à Roiier Michel, bouvier chez M. .VTailhon-Billon (Jacques), à Saint-Floret (Puy-
de-Dôme); à Siltel Baptiste, berger chez M. Couderchet, au Puy (Haute-Loire) ; à Giraud Calixte,
domestique chez M. Descours, aux Estables (Haut'!-Loire) ; à Gourdon Désiré, berger ch'-z M. le
comte de Boudlé, àVillars (iNièvre); et 20 fr. à Baptifors Pierre, maître vacher, chez Mme Le-
nègre, à Besse (Puy-de-Dôme); à Ghatelard Pie.re, porcher, chez M. Gaudet, à Saiiit-Laurent-la-
Concr.e (Loire): à Issartel Pierre, domestique, chez M. Eyraud Antoine, au Monastier (Haule-
Loire); 15 fr. à .ilix Louis, domestique, chez M. Chanal, à ChaudeyroUes (Haute-Loire) : à Brager
Jean, domestique, chez .M. Crueize, ù Serverette (Lozère); à Dumas, vacher, chez .M. Blettery, à
Saint-Vincent-ife-Reitns (Rhône) ; à Jourdi Jean, vacher, chez M. le comte Riollet de Morteuil, à
ChiUac-Tansac (Haute-Loire). — lÛ fr. à Besson, domestique, chez M. Chareyron, à Champ:lause
(Haule-Loire); à Alirol. domestique, chez .M. Michel Régis, aux Estables (Haute-Loire); à Buel
.Samu"!, domestique, chez M. Debard, à Fay-le-Froid (Haute-Loire); à David Jacques, domestique,
chez .M. Amilhon-Billon. aîné, à Rouzière (Puy-de-Dôme).
Machines et instrumenis agricoles. — Récompenses aux plus habiles conducteurs des machines
aux démonstrations publiques, et aux contremaîtres et ouvriers des constructeurs des dites ma-
chines. .Médailles d'argent et 45 fr., M. Trolley, conducteur chez M. Pécard, à Nevers ; à M. Moine,
contre-maitre chez .M. Plissonnier, à Lyon; à M. Boulet, contremaître chez M. Cumraing, à
Orléans. — .Wédaille de bronze et 40 fr. à M. Garnier Joseph, contre maitre chez W. Marot, à
Niort; à M- Baujais Joseph, contre maître chez M. Charbonnière, à Cussot; et 35 fr. à .VI. Galelet
Charles, modeleur chez .M. Noël, à Paris: et 30 fr. à M. .Manrival André, contremaître chez
M. Sauzay, à Autun; à M. Michot Eusèbe, contre maître chez .M. Benume, à Paris. — 30 fr. à
M. Piotté Arsène, contre maître chez .M. Voitellier, à Mantes; à .M. Dacher, contre maître chez
M. Daujat, à Lyon; à .M. Lavalelle, conducteur de machines chez .M. Brouhot, à Vie'zon. 25 Tr. à
.M. Boury, mécanicien chez M. Pécard, à Nevers; à M. Brissaud, mécanicien chez M. Plissonnier,
i Lyon; à .M. Potier, conducteur de Ix So.;iété française, matériel agricole, à Vierzon.
Pentiant le concours, M. Gornevin, professeur à l'Ecole vétérinaire de Lyon, a
fait une conférence sur le charbon symptomatirjue et s-ur la mélliode d'inoculation
préventive 'qu'il a trouvée, avec MM. Arloing et Tliomas. Cette conférence a été
écoutée avec un vif intérêt. Nos lecteurs sont au courant des travaux de ces savants
vétérinaires; nous ajouterons seulement ce t'ait que plusieurs milliers de vaccina-
tions de bêtes bovines ont été e.\écatées cette année, surtout en Franche-Comté et
en Suisse.
Il nous reste à parler de deux expositions annexes : le concours hippique et
l'exposition forestière.
Du concours hippique, il y a peu de bien à dire. Il était peu nombreux, et la
plupart des sujets étaient assez médiocres. Hàtons-nous d'ajouter que ce concours
était loin de représenter la puissance de production du pays. Nous y avons cepen-
dant remarqué de très beaux étalons de demi sang Norfolk présentés par
140 CONCOURS RÉGIONAL DU POY.
M. Joseph Ory, de Feurs (Loire). Le prix d'honneur a étéattriliué à M. Henri Gar-
nier, de Craintilleux (Loire). L'élevage du mulet est important dans le pays, mais
o-n ne lui réserve aucune place dans les coQcours hippiques; c'est un grand tort.
L'exposition forestière était fort intéressante. A côté des spécimens des résultats
obtenus dans les repeuplements assez nombreux exécutés dans les montagnes du
pays, elle présentait d'intéressantes collections de plants de semis et de repiquage.
Ces plants provenaient de la pépinière de Taulhac, non loin du Puy, créée depuis
une vingtaine d'années et qui a fourni jusqu'ici plus de 30 millions de plants. Les
périmètres à reboiser dans les montagnes du Velay s'étendent sur plusieurs mil-
liers d'hectares; jusqu'ici on s'est livré à des opéra'ions Je repeuplement, plutôt
qu'à des travaux de reboisement proprement dit. Sans présenter les grandes pro-
portions qu'ils affectent dans les massifs des Alj)es et des Pyrénées, les travaux
forestiers ont néanmoins une grande importance dans la région, car ils auront
pour résultat de régulariser le cours de la Loire et surtout celui de l' Allier dont
î'irapoi tance est bien connue, d'arrêter les ravinements qui sont devenus consi-
dérables dans quelques parties des terrains tertiaires du département de
la Haute-Loire. Ce n'est plus aujourd'hui qu'une affiire de temps et de soins.
Henry Sagnier.
ALAMBIC BRULEUR SYSTÈME DEROY
Beaucoup de perfeclionnemenls ont été apportés, depuis une ving-
taine d'années,, à la construction des appareils de distillation. Ces pro-
férés ont été réalisés surtout dans les i^rands appareils à colonnes
pour les dislilleriiBs'ÎQdustrielles; plus récemment, on s'est préoccupé
des alambics qui servent pour la distillation des vins, des cidres, des
piquettes, des marcs et des lies, de.s fruits, elc. Parmi les alambics
modernes qui répondent le mieu.x aux besoins de ce travail, il faut
citer l'alambic brfdeur de M. Deroy, constructeur à Grenelle-Paris.
Cet alambic peut servir aussi à la distillation des autres matières fer-
mentées. On obtient, parune seule distillation, c'est-à-dire sans repasse,
de l'eau-de-vie fine dont le distillateur peut faire varier la force de 50
à G5 degrés, et même au delà.
Une courte description permettra de comprendre le fonctionnement
de l'appareil qui est représenté par la figure 8.
On cbarge la chaudière I du liquide à distiller, on replace le cha-
piteau 3 qui s'emboîte librement dans le rebord supérieur de la chau-
dière, on relie le chapiteau au réfrigérant 8 par le col de cygne 6, puis
on allume le feu après avoir préalablement rempli le réfrigérant avec
de l'eau. Les vapeurs venant de la; chaudière, arrêtées par un dia-
phragme intérieur, sont obligées, avant d'arriver au col de cygne, de
lécher en couche très mince toute la surface du chapiteau, lacpjelle,
grâce à une disposition spéciale, est maintenue humectée d'une façon
uniiorme par le déversement à l'aide du robinet 10, d'une partie de
l'eau tiède de trop-plein du réfrigérant. Les vapeurs d'eau et les huiles
eippyreumatiques qui s'élèvent de la chaudière avec les vapeurs alcoo-
liques sont condensées à leur passage dans le chapiteau, de sorte qu'il
n'arrive au serpentin réfrigérant que des vapeurs riches et épurées. Ija
simple manœuvre du robinet 10 suffit pour faire varier le degré à
yolonté. L'eau chaude descendant du chapiteau s'écoule dans le rebord
de la chauilière et forme pour ce chapiteau un joint hydraulique par-
faitement hermétique, supprimant ainsi le lut de cette pièce qui pré-
sente de grands inconvénients dans les anciens appareils. Le trop-plein
de l'eau chaude s'écoule par le tube 2. Les appareils de fortes dimen-
sions portent un tampon avec robinet de vidange, lequel sert à la
décharge des matières épuisées.
ALAMBIC BRULEUR SYSTÈME UEROY.
141
Avec cet appareil, on obtient des produits très fins, avec économie
considérable de temps, d'oau et de combustible. De plus, en enlevant
le chapiteau, on peut appliquer la chaudière, dont la l'orme est cylin-
drique à l'intérieur, à tous les usaii;es domestiques d'une ferme ou
d'une propriété : la cuisson des aliments pour les bestiaux, le chauf-
fage du lait, la préparation des fromages, le coulage de la lessive, la
fonte des cires, la fabrication des cristaux de tartre, etc.
On voit, par ces détails, que M. Deroy est parvenu à établir un
Fig. 8. — Alambic brûleur du système Deroy.
appareil simple, dont le prix est à la portée des petits producteurs, de
construction solide, et qui peut, en outre, trouver son emploi à d'au-
L. DE Sardriac.
très usages en dehors de la distillation
LE VINAGE A PRIX RÉDUIT
RÉPONSE AU SYNDICAT DE MARSEILLE
Par 13 voix contre 11 et 4 abstentions, le syndicat général des
Chambres vinicoles de France vient de repousser la l'acuité du vinage
des vins à prix réduit.
Les partisans de la législation actuelle ont vivement regrette l'absence
de leur collègue du syndicat de Héziers chargé de voter contre, ce qui
aurait porté à 141e nombre des Sociétés repoussant la loi qui va être
discutée.
Au nombre des 1 1 associations ayant voté pour, se sont naturel-
lement trouvés les syndicats des grandes agglomérations, Paris, Lyon,
Marseille, Bordeaux.
Le résultat obtenu n'est pas précisément celui sur lequel on comptait;
mais de sages réflexions aidant, 3 syndicats qui avaient en 1883 voté
pour, sont venus cette fois repousser la loi proposée, ce sont les asso-
ciations de Dijon, Nîmes, Saint-Etienne; enfin Tours qui précédemment
avait voté pour, s'est abtenu.
142 LE VINAGE A PRIX RÉDUIT.
Malgré cet échec des plus sérieux, le syndicat de Marseille spécia-
lement formé en vue de l'obtention du vinage et ayant à sa tète le chef
d'une grande vermoulherie, ainsi que les administrateurs de la Société
des distilleries de la Méditerranée, a rédigé un long rapport dont les
conclusions doivent être soutenues par M. Rouvier, député de Marseille,
président de la Commission du budget.
Nous ne reviendrons pas en détail sur cette grave question. Nous
nous contenterons d'exposer succintement les motifs qui nous font
repousser la mesure proposée, mettant nos réponses à la suite de
chacun des arguments dont on s'est servi dans ce rapport, pour démon-
trer les avantages que l'adoption de cette mesure procurerait à l'agri-
culture, à l'industrie, au commerce et à l'Etat.
1. Les traités de coramerce permettant l'introduction des vins étrangers alcooli-
sés à 15", la viticulture française doit être protégée contre ces importations tou-
jours croissantes.
Réponse. — La permission d'introduire des vins étrangers alcoolisés à 15°, ne
se trouve nullement dans les termes des traités de commerce; le gouvernement n'a
qu'à vouloir, pour mettre fin à la coupable impéritie qui a fait tolérer jusqu'à ce
jour cette introduction.
2. Un propriétaire, un commerçant qui veut améliorer la qualité d'un vin, ou
même simplement le conserver, par une addition d'alcool, est obligé de payer 1 fr. 56
par litre d'alcool pur qu'il emploiera à cet usage, sous peine de le voir se gâter et
d'être obligé de le distiller.
R, — Le propriétaire ou le commerçant qui a besoin de vinerdu vin n'a qu'à uti-
liser la loi naluretle, primordiale, imprescriptible des bouilleurs de cru, opération
facile à la propriété oi!i on peut toujours, à défaut de distillerie fixe, se procurer
facilement un appareil ambulant et distiller une partie d'un foudre de vin com-
mençant à s'altérer pour conserver l'autre partie.
3. La culture de la betterave et de tous les produits servant à la distillerie pren-
draient un nouvel essor.
R. — Lorsque les viticulteurs sont dans la détresse, les betteraviers ne viennent
pas les tirer d'embarras; en ce moment nous devons d'autant moins avoir souci de
leurs intérêts, que l'accumulation de leurs trois-six provient seulement de l'exagé-
ration de la production de la betterave.
A plus forte raison ne pouvons-nous nous apitoyer sur la situation des produc-
teurs de figues, caroubes, etc., sans oublier les maiss'introduisant en France sous
pavillon étoile.
4. Le vinage profiterait à la fabrication du vermouth et des vins de liqueur,
industrie qui emploie des quantités considérables de vins blancs à haut titre, parmi
lesquels entrent beaucoup de vins doux dits vins mutés, qui ne peuvent se prépa-
rer qu'au moment de la vendange, en mélangeant, au moût sortant du pressoir,
V alcool nécessaire pour en. arrêler la fermentation.
R. — En récapitulant sur leurs livres les nombreuses opérations qu'ils font tous
les ans dans l'.-iude et le Roussillon, les vermouthiers et négociants, même les
plus soucieux de leur dignité, trouveront la preuve que les difficultés de la situa-
tion actuelle peuvent facilement et légalement être surmontées.
Ces opérations leur coûtent, il est vrai, quelques francs de plus par hectolitre
qu'eu utiliî-ant les samos, mais ils ont agi sagement en renonçant aux raisins secs;
de la sorte, ils n'ont plus à supporter, comme il y a quelques années, des renvois
journaliers de produits mal réussis.
5. Le négociant honnête pourrait recevoir des vins en nature et les alcooliser
cliez lui régulièrement.
R. — Reaucoup se demanderont si, une l'ois que le négociant lionnête aurait reçu
chez lui les vins nature à 12", qu'il les aurait alcoolisés régulièrement jusqu'à
15", et livrés au débitant dont le seul objectif est le dédoublement, un tout petit
article ne devrait pas être passé au débit du « compte honnêteté. »
6. Les grandes maisons d'armement qui se livrent à l'importation des grains
propres à la distillation donneraient plus d'élan à ce genre de commerce, importe-
raient une plus grande quantité de matières premières et fourniraient ainsi un nou-
vel élément de fret à la marine marchande.
I.K VtNAGK A PRIX RÉDUIT. 143
R. — Quel que grand que soit l'intérêt que nous portons à la réussite des distille-
ries de grains établies à Rouen, Agde, Marseille, ainsi qu'à la prospérité de la
marine marchande française, nous sommes forcé de faire pas-er en pi-eraière ligne
l'intérêt de l'agriculture indigène, et surtout de la viticulture méridionale.
7. Le Trésor français trouverait lui-même dans cette loi un immense avantage.
En effet, l'importaiion des vins étrangers, vinés à 15°, diminuerait des quatre
cinquièmes. Ces vins seraient remplacés par les vins vinés français qui payeraient
au Trésor un droit de 25 francs par hectolitre d'alcool versé, ce qui procurerait à
l'Etat un bénéfice considérable que l'on peut évaluer de 15 à 20 millions de francs,
et lui permettrait de se substituer aux fraudeurs, ksquds depuis longtemps déjà
encaissent la prirnc de 156 francs par hectolitre.
En l'état actuel, le vinoge, que les négociants honnêtes ne peuvent faire parce
qu'il serait trop onéreux, constitue une source de profits scandaleux, grâce aux
fraudes que la régie est impuissante à empêcher, bien qu'elle les connaisse.
Ce sont ces fraudeurs qui ont combattu te plus ériergiquement te projet libéral
attendu avec impatience par les propriétaires et les négociants soucieux de leur
dignité, et qui, en évoquant l'intérêt de la santé publique, ont pu faire surgir des
adversaires de bonne foi et puruenir à le faire rejeter.
R. — Nous doutons qu'il existe : 1" des négociants assez peu comptables pour
préférer payer 156 francs aux fraudeurs et s'exposer ainsi à des peines correction-
nelles au lieu de travailler tranquillement en versant pareille somme entre les
mains du Trésor; et 2" des fraudeurs ayant autant d'influerice que l'un dit.
Nous admettons que les quatre cinquièmes des vins vinés à 15", entrant
actuellement, soit environ 5 millions d'hectolitres, ne rentrent plus; mais comme
ils seraient remplacés, non par quantité égale de vins vinés français, mais par
quantité triple, toujours d'après les chiffres marseillais, la concurrence faite à
nos vies serait à l'avenir trois fois plus lourde à supporter.
Quant au bénéfice des 15 à 20 millions de droits qu'on fait miroiter, c'est un
v!"ai leurre.
Présumant une alcoolisation moyenne de 4 litres pour 100, aux droits de 25 cen-
times l'un, les 20 millions de francs prévus représentent bien l'alcoolisation
de 20 millions d'hectolitres que nous réduisons à 15 millions, taisant toute com-
pensation avec les quantités actuellement importées.
Mais d'une part, les 5 millions d'hectolitres qui ne rentreraient plus donne-
raient une perte de 10 millions, puisqu'ils payent en ce moment en douane 2 francs
l'hectolitre.
D'autre jiart, ce surnlus de 15 millions de vins alcoolisés qui permettraient un
dédoublement efl'réné, constituerait l'Etat en une perte sèche que nous évaluons,
vu surtout les taxes des grandes agglomérations, à une centaine de millions, ce
que la régie serait encore plus ([ue maintenant impuissante à empêcher.
Enfin, cette énorme augmentation de productioa industrielle empêcherait d'au-
tant les transactions sur les produits purement agricoles, et déprécierait notable-
ment la valeur de la denrée produite.
Le besoin d'un nouveau vastairix se fait-il donc bien sentir!
8. Le Conseit d'hi/giène a déclaré le vitia/e iiiiffensif, pourvu qu'il soit
pratiqué avec soin, par fractions et non d'un seul jet avec des alcools de bonne
qualité et sans exagérer outre mesure la richesse aicoAii/uc da vin.
R. — Tout le monde connaît trop le mode expéditif de vinage pratiqué en pré-
sence des employés de la régie, ainsi que la façon dont on a toujours éludé la
limite d'alcoolisation au vingtième, pour ne pas voir que cet article se retourne en
entier contre les promoteurs de l'alcoolisation universelle.
Il nous semble avoir victorieusement réfuté les arguments que s'est
chargé de faire valoir M. le président de la Commission du budget, à
moins cependant qu'il n'existe trois arithmétiques, l'une pour l'agricul-
ture, l'autre pour le commerce, la troisième enfin à l'usage de nos
législateurs. Nous persistons donc de plus fort dans nos conclusions :
r Rejet du vinage à prix réduit;
2° Maintien delà loi du 14 décembre 1875 sur les bouilleurs de cru;
.■)" Entrée à la frontière moyennant le simple droit de 2 francs des
seuls vins faisant naturellement 15° sans addition d'aucune sorte.
Paul Sol.
144 LA FERME DU CHALET, PPÉS DE RENNES
LA FERME DU CHALET, PRÈS DE RENNES
Il }' a quelques années (voir le tome III de 1880, p. 299), notre col-
laborateur, M. de la Morvonnais, adonné, dans nos colonnes^, la des-'
cription du domaine et de la fromagerie du Chalet, à Feins (Ille-et-
Vilaine), en faisant ressortir les travaux que M. Champion y avait
exécutés. Ces travaux, complètement terminés depuis plusieurs années,
ont assuré la transformation, non seulement du domaine, mais du
pays environnant. Les résultats en ont été consignés récemment dans
le Journal de la Société d'agriculture d'Ille-et-Vilaine; les agriculteurs
liront certainement cette note avec un vif intérêt :
La Société d'agriculture, de commerce et d'industrie du département d'IUe-et-
Vilaine vient d'être honorée de la croix du Mérite agricole, dans la personne d'un
de ses membres, M. Gha-apion, qui exploite à quelques lieues de Reunes, en la
commune de Feins, le domaine du Chalet.
C'est un devoir pour elle de faire connaître aux Sociétaires, lecteurs de son
journal mensuel, les conditions dans lesquelles M. Champion exploite ses terres,
et les améliorations qui lui ont valu cette distinction méritées.
Le Chalet est à 5 kdomètres de la gare de Montreuil-sur-Ille, sur la ligne de Ren-
nes à Saint-Malo; il est divisé en deux fermes, la Boissière et le Mafay, contenant
ensemble 110 hectares, répartis comme suit ; terres labourables, 64 hectares;
prairies, 16 hectares; oseraie, 12 hectares- vergers, pâturages, 6 hectares; bâti-
ments, cours, jardins, parcs, pièces d'eau, 12 hectares.
Au début de l'exploitation, en 1868, cette surface consistait en : landes, taillis,
pâtis, 31 hectares; marais, 20 hectares; prairies, 7 hectares; terres labourables,
40 hectares ; bâtiments, cours, terrains vagues, 12 hectares.
Le gibier à poil et à plumes, le gibier d'eau surtout, y faisait le bonheur des
chasseurs toute l'année, mais les habitants des environs payaient tout cela en fiè-
vres qui y régnaient à l'état permanent. La ferme delà Boissière était louée 1,000 fr.,
celle du Mafay 1,600 fr.
Aujourd'liui les améliorations principales sont terminées. Plus de landes, de
taillis, de chemins creux, ni de pâtis, plus de marais, et par conséquent plus de
fièvres. Une oseraie productive l'a remplacé. A la place, des prairies nivelées, de
vastes champs, des bâtiments agrandis, améliorés, et on y compte dans le meilleur
état d'entretien 50 vaches, 1 taureau, 4 bœufs, 6 chevaux, 70 porcs. — Le nombre
de ces derniers animaux, qui pourrait paraître exagéré, est motivé par le besoin
de faire consommer le petit lait, résidu d'une fromagerie importante.
Au début de l'exploitation, il a été extrait 100,00tt mètres cubes de sablon cal-
caire, dont la contrée voisine a fait son profit. Le domaine du Chalet en a employé
à lui seul 3,000 ou 4,000 mètres.
Dès le début de l'exploitation, M. Champion, prévoyant les transformations
indispensables qui s'imposaient à l'agriculture dans l'Ouest de la France, visait à
restreindre la production des céréales et à augmenter celle de la viande, du lait,
des pommes; c'est à ces deux dernières qu'il s'est surtout attaché.
Une fromagerie de Camembert a été créée ; elle a envoyé des produits qui ont
mérité au propriétaire deux premiers prix dans les concours régionaux d'Angers
et de Saint-Brieuc, cinq dans les concours généraux de Paris, et en 1883, au
centre de cette fabrication spéciale, un 5' prix à Caen sur 60 concurrents.
La fromagerie est dirigée par Mme Champion, qui seconde de ce côté son mari
avec une activité la plus louable, et peut justement réclamer sa part de la distinc-
tion qui vient de lui être accordée.
Le beurre fin du Chalet est payé, aux halles de Paris, h double du prix qu'on
obtient sur les marchés d'Ille-et-Vilaine.
Les vergers sont aujourd'hui en plein rapport; il y est fait, dans les années
d'abondance, du cidre sans eau et de l'eau-de-vie de cidre, plus rémunérateur que
le cidre commun du pays.
Depuis six ans, l'ensilage du maïs est pratiqué avec succès ; chaque année les
fumiers sont stratifiés avec cinquante sacs de phosphate fossile. Le contremaître,
intéressé aujourd'hui dans les produits de fentreprise, était un simple ouvrier
LA FERMK DU CHALET, PRÈS DE RENNES. 145
aux "débuts de l'exploitation. M. Champion avait remarqué son aptitude à s'in-
struire, il l'a formé peu à peu et en a fait le directeur de ses travaux agricoles ;
ils entretiennent avec soin une petite colonie d'ouvriers choisis ijui trouvent du tra-
vail assuré an Chalet, pendant toute l'année, l'hiver aux manipulations de l'osier,
l'été aux récolles; plusieurs, nés sur l'exploitation, sont maintenant chefs de
famille ; leurs enfants, dès l'âge de douze ans, travaillent à l'oscraie avec les
femmes, et deviendront des ouvriers sur les fermes comme ont fait leurs parents.
Résultat financier depuis 1868, abstraction faite de 12U hectares de taillis dans
les environs du Chalet, d'une ferme de 33 hectares, près Redon, dont l'exploita-
tion a commencé il y a seulement deux ans, et du compte de la fromagerie. Le
propriétaire a pris à sa charge les drainages, la confection des chemins et les
améliorations des bâtiments; l'ensemble de ces dépenses a coûté 14,000 fr.
Invealaire. Dépenses. ' Recetles. Bénéfices nets' ;
^ t ')■ . , M i '■ i) i '■■ 1 de l'année.
181)9.....". 19,01.S.OO 18,928.7.5' 13,445.8.-) 6,517. lo
1870 17,701.40 l-2.3S:i.05 '17,987.10 4,35(1. 'if.
1811...., ...., 22,269.;)0 '.l.riSfi.HO i:i,Kn.0O 10,73S.30
iSn.:'.." ":..''. .'■'.'.'.. 21,900.80 10,350.90 2t.23S.10 10,518.50
II'- '1878/.' -.' 27, 668. .50 13,576.40 18,895.90 12,087.20
j;l 11874... } 43,686 50 21,830.65 15,997.00 10,184.35
1875 48,506.65 15,145 57 21, .531. 13 11,205.71
1876 47,914.95 16,200.70 29,656.90 12, 864. .50
"■■' \m.r-7>vA-m.,'i9V.. 56,930.40 25,788.65 33,472,15 16,698.95
1878..ig.».'i4,l.j..:;ijn. i 57,552.50 21,962.32 32,458.35 11,118.13
1879 51,331.15 15,177.65 28,096.30 6,697.80
1880 56,783.15 20,308.75 27,781.70 12,924.95
1881 54,416.05 18,329.60 .33,4:f9.05 12,742.35
1882 58, 347. .55 23.490.80 33,632.00 14.07270
^883. — Dépenses diverses et bénéfircs du
" ■ contremaître 17,237.10 ». . .
Dépenses de l'oseraie 2,250.20
Contrit)utions 335 00 .. „ . „
Petit lait, 144,611 litres à 0.01 c. 1,446.10
Intérêts du capital montant de
l'inventaire à 5 pour 100 2,759.95 . » » „
Reçu de divers dans l'année •> » 23,281.00 •
Pour 82,038 litres de tait livrés à
la fromagerie à 0 15 c. le litre. » » 12,305.70
Vente de la récolte de l'osier.. .. •■ « 8,152.25 » »
ï
Inventaire.
1883 .55,199.35 24,028.35 43,738.95 16,562.40
^'^ Les terres se louaient dans le voisinage environ 30 fr. l'hectare, il y a quinze
kns, aujourd'hui elles atteignent couramment 70 fr. N'est-ce pas justice d'en faire
remonter la cause au propriétaire du Chalet, gui a répandu à un bon marché,
iiiconnu jusqu'alors, ce sablon, matière première de cultures naguère inconnues.
"''Nous nous souvenons d'avoir admiré à cette époque les champs bordant la
foute, où il y avait dus bandes sablonnées alternant avec leurs voisines dépourvues
de ce précieux amendement; le résultat éclatait pour les yeux les moins clairvoyants,
la preuve était convaincante pour les esprits les plus récalcitrants. Aujourd'hui
les cultivateurs voisins suivent d'assez près les bonnes pratiques agricoles, qu'un
rofît immédiat justifie plus efficacement que tous les enseignements théoriques,
'el voisin du Chalet a vendu l'année dernière à M. Champion pour 6,250 fr. de
lait, produit de ses 25 vaches. Vingt autres comme lui dirigent leur lait vers la
fromagerie, et ils tirent de ce produit 33 pour 100 de plus qu'en faisant du beurre
dans les conditons ordinaires de vente.
Sur le domaine du Chalet et sur les fermes voisines qui commencent à imiter
sa manière de faire, les emb'.avements se réduisent et les récolles fourragères aug-
mentent en proportion inverse, par suite les quantités de fumier s'accroissent et
les rendements grandissent progressivement.
La croix du Mérite agricole couronne trente années de services rendus par le
lauréat dont nous sommes heureux de constater la réussite ; ce n'est qu'une médaille
après trente-cinq autres qu'il a conquises depuis son premier Comice cantonal
jusqu'aux concours généraux, dans lesquels il a obtenu neuf premiers prix ; jus-
qu'ici il avait reçu des encouragements personnels, aujourd'hui on récompense les
services publics qu'il a rendus autour de lui.
,,i Le domaine du Chalet donne un des exemples les plus remarquables
de la création d'une prospérité inconnue jadis, grâce à la bonne orga-
nisation de la production laitière. Henry Sagmer.
146 LES PETITS ANIMAUX DE LA FERME.
LES PETITS ANIMAUX DE LA FERME*
Le programme que nous avons à suivre m'amène à vous parler de
cette partie de rexploitalion i'urale oîi s'ébattent les poules et autres
petits animaux de la ferme.
Il m'arrive fréquemment d'exciter l'étonnement et la surprise, si ma
première demande en visitant une métairie de là région est d'appeler
les poules, de réunir la gent eraplumée que l'on élève.
J'ai comme oublié l'étable et la porcherie, pour porter mon intérêt
sur ce qui, aux yeux de beaucoup, doit jouer un rôle très secondaire.
Peut-être même, quelques-uns d'entre vous éprouveront également une
impression pareille, en me voyant donner une importance au poulailler
presque égale aux autres branches de l'exploitation animale, delà pro-
duction de la viande.
Je suis presque autorisé à avoir cette pensée. L'expérience de chaque
jour m'apprend combien nous nous laissons guider, dominer par l'opi-
nion commune, quelle énergie, quelle solicitude il faut déployer pour
y échapper. Dans mes courses, je tâche de me mettre sans cesse plus
intimement au courant des faits et pratiques de la culture, j'y puise
les éléments de nos leçons : tantôt pour vous dire que la voie est bonne,
tantôt pour vous mettre en garde contre telle manière d'opérer, con-
traire à une économie rurale bien comprise, soucieuse du succès.
Il est quelquefois difficile d'atteindre le but, néanmoins le langage
des faits a une éloquence toujours convaincante.
On me disait un jour qu'il était difficile d'intéresser un auditoire
composé de cultivateurs, en leur parlant de statistique ; le mot sonne
mal, il n'éveille spontanément aucune pensée utile dans l'inlcUigonce.
Si le mot peut paraître étrange et nouveau, les renseignements qu'il
comporte, les enseignements qu'il donne en font vite saisir la valeur,
essayons-le.
Ceux d'entre vous qui habitent près d'une gare de chemin de fer,
peuvent faire delà statistique utile et:ittrayante.
Je prends une modeste station du chemin de fer d'Orléans, qui longe
le côté ouest du déparlement : celle de Vindrac.
La vigne était autrefois prospère; si les hectolitres récoltés à l'hec-
tare étaient en petit nombre, la valeur du vin, ses qualités le faisaient
rechercher. Ce trafic alimentait le mouvement commercial de ce
point de la ligue. Le propriétaire vendait sa récolte et faisait une
piquette très agréable. Vous savez comment et pourquoi cette richesse
est tarie. Quel mouvement nouveau s'est-il créé à la gare en question 'i?
Celui des œufs, de la volaille.
Avec des méthodes défectueuses, on est en marche pour rétablir
l'aisance ; que serait-ce si l'élevage était mieux compris !
Cherchez encore, glissez sur ces mêmes rails, et arrivez presque
jusqu'au bout de la ligne. Que verrez-vous en entrant dans le large
vallon du Girou, sur le coteau que vous venez de traverser ? Tout un
groupe déniaisons neuves; une d'elles plus élégante que ses voisines
émerge le matin des brouillards chassés de la vallée, c'est le commerce
de la volaille qui, en moins de quinze ans, a créé ces aisances, peuplé ce
coteau.
1. Extrait d'une leçon d'agriculture à l'Ecole normale d'Alhi (Tarn).
LES PETITS ANIMAUX DE lA FERME. I'j7
Il serait téméraire de s'endormir sur ces succès et de croire à la con-
tinuité du mieux, si nous continuons les mêmes modes de l'aire.
Allons plus loin dans nos investigations de statistique. Profitons
d'un arrêt en gare de Narbonne, chemin de fer du Midi, pour saisir
l'avertissement qui nous est donné.
En industrie rurale, comme en toute autre, ce n'est qu'à l'activité,
à la recherche incessante du mieux qu'appartient la sécurité dans la
réussite. Autrefois, encore même aujourd'hui, c'est le haut Languedoc,
la Gascogne, une partie de la Gironde, la région du Tarn qui appro-
visionnent en volaille l'Espagne; le mouvementcommercialestde temps
immémorial dans ce sens. Les voies nouvelles de communication n'ont
fait qu'accélérer, augmenter le transit. Les faits que je vous signalais
en commençant pour exciter votre attention, vous le prouvent.
Tout cela va disparaître, si demain nous faisons ce qui, hier, nous
paraissait convenable.
C'est l'Italie, ce sontlesprovinces lombardes, qui envoyent en Espagne
les volailles, les produits de leur basse-cour. Bientôt si nous n'y pre-
nons garde, nous serons distancés dans cette lutte comme en bien
d'autres. Chaque vendredi , on voit passer engare de Narbonne, un wagon
venant de Marseille et d'Italie, contenant 3,000 poules, qui se dirige
vers l'Espagne. Pour quelles causes ce mouvement s'est-il produit,
quel fait a-t-il déplacé ou est-il en train de déplacer, au grand détri-
ment de nos campagnes, ce trafic?
Sur plusieurs causes, je m'arrête à une seule : celle qui se voit
d'abord. Nos marchands de volailles n'ont rien changea leurs installations
de transport, cesontdaffreusescages où les poules souffrent et pâtissent,
perdent sans doute les résultats du léger bien-être qu'on leur avait
procuré pour les faire paraître au marché. Là elles sont exposées à
toutes les intempéries, une odeur fétide est l'atmosphère dans lequel
elles se baignent, des parasites de toutes sortes les torturent, la liberté
leur manque pour s'en débarrasser, tout comme le bain de sable qui
faciliterait leur lutte.
Les éleveurs italiens ont compris qu'il ne suffisait pas d'avoir de beaux
coqs, de belles poules, de les bien nourrir, si, dans le voyage, tous ces
avantages acquis à grands frais étaient perdus par suite d'une mau-
vaise installation. Ils ont fait construire des wagons spéciaux où tous
les aménagements sont si bien pris au point de vue de la propreté, de
l'alimentation, de l'hygiène, que l'on peut dire que l'engraissement
continue pendant leur transport. Quelle différence avec les nôtres!
Une opération agricole, comme tout autre, parcourt une série de
phases qu'il importe d'entourer d'une égale sollicitude. Pour le succès
complet, une seule négligée, tout est compromis. Quelles sont les
réformes que demande l'élevage de la volaille?
Si l'habitation du transport a une telle importance, que le mouvement
commercial puisse être déplacé au béoéfice de ceux qui, les premiers, en
ont constaté les avantages, l'installation première permanente n'en a
pas une moindre.
Sans doute, avec une complète liberté dans leurs mouvements, avec
ies agents de propi'cté que leur instinct leur l'ait utiliser^ les poules n'ont
pas besoin de ces installations paraissant luxueuses que je con-
templais à la gare de Narbonne. Malgré cela une excessive propreté
est indispensable.
148 LES PETITS ANIMAUX UE LA FERME
Ne voyez-vous pas, tous les ans à la même époque, lorsque les pre-
miers froids condamnent la poule à venir passer la nuit au poulailler,
des épidémies sévir sur la gent galline. C'est au défaut de propreté
qu'il faut s'en prendre.
Les lavages à l'eau de chaux, à l'eau fortement phénlquée, s'il y a
épidémie, doivent être fréquemment employés. Les barreaux sur les-
quels les poules perchent sont d'une fabrication facile, peu coûteuse : les
bois persillés de trous servent de retraite à des parasites, qui tour-
mentent vos poules; il faut les changer fréquemment.
Si vous avez à construire un réduit pour vos poules, ne le placez pas
à l'exposition la plus froide, ni la plus chaude : cette dernière van irait
mieux. Voyez vos animaux, lorsque la bise souffle, avec quels soins
ils s'abritent.
Si l'exposition au midi peut entraîner une pullulation d'insectes
plus considérable, il est facile de s'en débarrasser.
Dans nos contrées, les bénéfices de l'élevage de la volaille seraient
plus considérables, si nos poulets arrivaient sur le marché un mois
plus tôt. Si vous consultez les ménagères, elles vous répondent que les
poules couveuses leur manquent. 11 est facile de satisfaire les exigences
d'un élevage lucratif: nourrissez mieux vos pondeuses, donnez-leur
une nourriture appropriée, plus excitante, la poule débutera plus tôt
dans la ponte, plus tôt aussi la maladie de 1 incubation apparaîtra.
Il y a encore mieux que cela : dans les expositions de concours
régionaux que vous avez visités, vous avez vu des couveuses, et une
série d'appareils ingénieusement combinés pour remplacer les véri-
tables mères, mauvaises souvent, rares toujours.
Je n'ai jamais suivi une opération d'élevage pratiquée d'une manière
complète à l'aide de ces appareils. Je n'ai même pas pu obtenir des
renseignements directs sur les services que l'on peut en attendre ; je
le regrette, car il me semble qu'il y a là quelque chose de très utile.
Il se produit pour ces appareils, ce qui arrive le plus souvent pour
les machines agricoles à invention ingénieuse; les premiers acquéreurs,
épris de la découverte, si découverte il y a (les Egyptiens avaient
des fours à éclosionsde poulets), croient que toute sollicitude, toute fati-
gue est inutile; la machine achetée remplace tout. Ils sont vite désillu-
sionnés.
Il fallait, dans l'usage de l'engin, ajouter sa sagacité à celle de
l'inventeur et l'on eût marché ; à l'effort de l'un, il eût fallu faire suc-
céder l'effort de l'autre. H y a solidarité dans les deux tentatives ; on
échoue, la machine passe aux marchands à ferraille, le progrès est
arrêté.
A côté des soins d'installation, il y a pour réussir, le choix des ani-
maux, le croisement, l'amélioration des races. Si les Italiens s'empa-
rent du marché espagnol, c'est qu'ils se préoccupent de leurs reproduc-
teurs.
La série des concours va s'ouvrir, ne croyez pas comme beau-
coup, que c'est pour le plaisir exclusif des yeux que l'on dispose
ces longues volières ; la fantaisie joue sans doute un rôle, l'utilité y
trouve sa place. Un concours régional off're plusieurs champs d'étude,
celui qui nous préoccupe en ce moment n'est pas le moindre.
Essayons entre ces spécimens aux formes variées, au plumage dif-
férent, de faire un choix profltable. A. Dupuy-Montbiiun.
VICES RÉDHIBITOIRES DES ANIMAUX nOMESTKJUES. 1'j9
LES VICES RÉDHIBITOIRES DANS LES VENTES
ET ÉCHANGES D'ANIMAUX DOMESTIQUES — II
■ Dans notre précédent article sur les vices rédliibiloires [Journal du
19 juillet, p. 10'2), nous avons traité le côté juridique de la question;
nous avons à examiner le côté médical.
Le projet de loi maintient comme devant donner lieu à l'action
rédhibitoire les maladies ou dél'uiils (;i -après ii'>i'i jeat-jov] «^^
Pour le clieval, l'âne et le mulet: la moroe, h fârrini, l'immobilité,
l'emphyshmr jjidmonairc, le rorndfje chroiiic/ne, le lie proprement, dit avec
ou sans^sure des dents, les boiter i es anciennes intermittentes ;
Pour l'espèce ovine: 'a clavclce ; cette maladie reconnue chez un seul
animal entraînera la redlubilion de tout le troupeau s'il porte la )narque
du vendeur;
Pour l'espèce porcine; la ladrerie.
-Ainsi le projet suiiprime : 'V
Pour l'espèce chevaline: la fluxion périodique des yeux; l'épilepsi&ji
la maladie ancienne de poitrine et la hernie inguinale intermittente ;
Pour l'espèie bovine: laphthisie pulmonaire ou pommrlière, l'épilcpsic
ou mal caiuc, les suites de lu non- délivrance, le renversement du vagin
ou de l'utérus après le part chez le vendeur ;
Et pour l'espèce ovine : le sang île raie.
Cette élimination va soulever bien des réclamations, l^es uns veulent
réduire le nombre des vices rédlubitoires ; les autres veulent l'aug-
menter. >« eijfcU;. ".oimi
Oui a raison?
Des esprits sérieux sont ailes jusqu'à demander la suppression
complète de tous les vices rédbibitoires; on sera peut-être obligé d'en
arriver l.i. j: ■ i .
,,En atiendant, qu'on nous |)ermeLte- d'analyser le projet de loi.
,;;Pour la suppression de la fluxion périodique, le rapj ort de la Com-
mission s'appuie sur de bonnes raisons. Ce vice est d'une constatation
dit'ticile, qui exige des délais trop longs et entraine des procès trop
coûteux; il peut se guérir par un changement de climat; il peut être
simulé assez facilement, etc.
Mais le rapport ne nous dit p:is pourquoi il supprime l'épiiepsie,
vice plus dangereux (|ue l'immobilité. Nous pensons que c'est aussi en
raison du délai trop long de garantie;. si jçe n'est que cela, on peut le
réduire. ,' nr ■>v-. .
Nous proposons d'adjoindre à ï immobilité, le défaut opposé, la
rélivilé, c'est-à-dire riinpo>hibililé de l'ei-rer ou de harnacher unanimal,
ou de ra[)proprier au service aucpiel on le destine. On n'achète pas un
animal pour le dresser, mais pour s'en servir sans danger. A Paris,
chez Chéri, cette garantie est consacrée par l'usage.
Dans cet ordre d'idées, nous demandons le rétablissement de la
méchanrclè au noudjre des vices rédhibitoires, ce que le projet combat
assez maladroitement.
M. Maunonry, rapporteur, n'a pas pu trouver une définition de la
médiane 'té. Nous |)riiposoi)s celle-ci : Va animal méchant est celui qui
a l'habitude de mordre ou de frapper.
Ce vice peut avoir pour conséquence fatale des blessures graves et
150 VICES RÉDHIBITOIRES DES ANIMAUX DOMESTIQUES.
même mortelles, non seulement pour d'autres animaux, mais pour
l'homme. Aiusi dernièrement, à Paris, un enfant qui soignait un che-
val, nouvellement acheté par ses parents sans méfiance, a eu la tête
arrachée par cet animal féroce !
La méchanceté est un vice admis par la Compagnie dos omnibus de
Paris et par l'armée ; il est admis par la majorilé des vétérinaires, par
les rapporteurs des Chambres précédentes, et par la généralité des
auteurs.
« La méchanceté, écrivait, en 1 833, Dalloz dont personne ne con-
teste l'autorité, est tellement un vice, d'après l'opinion générale, que
c'est aux chevaux qui en sont atteints qu'on a réservé la qualili-
cation si caractéristique de chevaux vicieux. »
Quant à la hernie inguinale intermittente, malgré sa rareté, mais à
cause de son danger, nous préférons son maintien.
Les maladies anciennes de poitrine ne se révèlent que par la mort
de l'animal, après l'autopsie, quand une jualadie nouvelle est venue
se grefîer sur l'ancienne. Mais la responsabilité de cette nouvelle
maladie doit-elle toujours incomber au vendeur ? La question est
difficile à trancher. D un autre côté, on a abusé de ce vice; la moindre
altération du flanc devient matière à procès. On a donc bien fait de le
supprimer.
Dans les vices maintenus parle projet, nous remarquons que l'em-
physème pulmonaire remplace avantageusement la pousse; cette der-
nière est mal définie: c'est un nid à procès. On peut l'imiter facile-
ment; on la fabrique à volonté; tandis que lemphysème est bien
caractérisé par le soubresaut ou entrecoupement du ilanc, le coup de
fouet, la toux sèche et avortée, sans rappel, la sonorité de la poitrine,
le bruit de souffle perçu par l'auscultation, etc.
Nous remarquons encore avec plaisir que, dans le projet de loi, le
tic, avec usure des dents, est rédhibitoire tout aussi bien que le tic
sans usure ; c'est très juste.
Mais pourquoi maintenir la morve et le farcin, depuis que la loi de
1881 défend, sous des peines correctionnelles, de vendre un animal
atteint de ces maladies éminemment contagieuses ? Nous trouvons que
cette loi suffit.
Que dirons-nous de la suppression de toute espèce de vice pour l'es-
pèce bovine? Quel esprit de radicalisme a présidé à une telle mesure?
Sans doute tout animal atteint de l'une des maladies visées par
l'ancienne loi peut être livré à la boucherie sans grand inconvénient ;
ainsi, quand un animal est acheté pour la production du travail
ou du lait, ou pour la reproduction, et que l'un des vices prévus
et découverts empêche d'utiliser l'animal comme on le voulait, le ciian-
gement de destination n'occasionne pas une perte d'argent réelle
et un procès serait plus coûteux ; en conséquence cela manque
d'intérêt.
Par exemple, une vache phthisique, quand elle est en bon état, peut
être utilisée sans danger pour la boucherie. Quand elle est maigre, éti-
que, on ne l'achète pas.
Les accidents après la gestation sont rai'es et, si la bête est bonne à
tuer, on peut en tirer parti.
Le bœuf gras de l'an dernier était, je crois, phthisique 1 II n'en a pas
moins été primé.
VICES RÉDHIBITOIRES DES ANIMAUX DOMESTIQUES. 151
Ces considérations militent en faveur de la suppression de ce
vice rédhibitoire.
Cependant si l'animal meurt avant qu'on ait eu le temps de l'abat-
tre pour la boucherie, des suites d'une des maladies visées par la loi,
ou s'il est saisi par les inspecteurs de la boucherie, ne doit-on pas en
rendre responsable le vendeur?
Nous posons la même question pour le sang de rate du mouton.
Ces réflexions nous amènent à la garantie nonaire supprimée com-
plètement par l'article 12 du projet de loi:
<.' Sont abrogés tous règlements imposant une garantie exceptionnelle
aux vendeurs d'animaux destinés à la boucherie. »
La garantie nonaire, qui laisse à la charge de l'expéditeur la perte
de l'animal quelle que soit la cause delà mort^ est une loi draconienne,
que, dans l'intérêt des producteurs, il est grandement temps de faire
disparaître.
On comprend que la corporation des bouchers de Paris et sur-
tout les chevillards défendent pied à pied leurs privilèges, les mettant
à l'abri de toute responsabilité et de tous risques et laissant tout sur le
dos des pauvres cultivateurs !
Mais la santé publique à laquelle ils paraissent tant s'intéresser n'est
pas compromise autant qu'ils le prétendent. Nous ne partageons pas
non plus les craintes alarmistes de ceux qui prédisent, grâce au pro-
jet de loi, la peste noire <à Paris, la ruine de notre bétail en France par
l'invasion des produits malsains de l'Etranger. Qu'on se rassure; nos
marchés ne seront pas inondés de viandes insalubres pour deux bonnes
raisons : la première, c'est qu'à la frontière on ne laisse pas passer un
animal suspect ; la seconde, c'estqu'aux portes de Paris, aussi bien que
sur le marché de la Villetle et aux Halles centrales, un service d'inspec-
teurs vétérinaires est maintenant organisé de façon à assurer la salu-
brité et l'hygiène au peuple parisien.
Cependant si les expéditeurs de bestiaux empilent trop d'animaux
dans les wagons et qu'il en résulte des accidents ou des pertes, si des
animaux atteints d'une maladie rédhibitoire ou pestilentielle meurt
dans le court espace de temps s'écoulant depuis l'arrivée jusqu'à
l'abatage, il est juste que la perte incombe à qui en est la cause. Pour
le premier cas, les bouchers sont garantis par le droit commun; pour
le second, ils doivent l'être par une loi sage sur les vices rédhibitoires
et par les règlements de police sanitaire.
C'est cette loi que nous demandons à nos législateurs actuels, en
les priant de ne pas se contenter d'accepter sans discussion un travail
tout fait, de ne pas s'adresser seulement à la Société nationale de
médecine vétérinaire, dont certains membres voient tout à leur point
de vue, mais aux écoles vétérinaires, aux Sociétés d'agriculture, aux
Comices agricoles, aux Conseils généraux; de relire avec attention les
écrits de nos maîtres, les Renault, Galosset et Mignon, Rey, etc., et les
discussions qui ont eu lieu au sein des assemblées législatives ou des
sociétés savantes; de consulter les auteurs de droit, tels que Dalloz;
en un mot de faire un appel à toutes les sommités scientiliques dans
les deux branches auxquelles se rattache cette question difficile, com-
pliquée, qui divise encore aujourd'hui agriculteurs, vétérinaires et
légistes. H. Charlieu,
Ex-médecin vétérinaire et chef de contentieux à Paris,
Membre de la Société des agriculteurs de France.
152 SUR L'ORGANISATION DU CRÉDIT AGRICOLE.
SUR L'ORGANISATION DU CRÉDIT AGRICOLE
Le 21 mai 1884.
Monsieur le directeur, dans le Journal du 17 mai, M. Faure a fait insérer une
courte lettre à laquelle je demande à répondre par quelques mots.
D'abord, en ce qui concerne la crainte exprimée pirM. Paure, que je voie dans
son écrit une opposition systématique, je ferai simplement observer qu'entre
M. Faure et moi, il ne peut y avoir d'opposition systématique. Nous n'avons l'un
et l'autre qu'un seul désir : servir de tout notre notre pouvoir les intérêts de
l'agriculture ; et qu'un seul intérêt : arriver par tous les moyens à la recherche
éclatante de la vérité.
Quant aux deux inconvénients dont parle M. Faure, j'en avais prévu un, celui
du privilège de la Banque de France, et la preuve s'en trouvera dans les documents
de l'enquête qui vont être publiés.
Je ne crois pas cependant que nous nous heurtions à l'opposition que pourrait
nous faire le privilège de la Banque de France, seul établissement autorisé à
émettre des billets de circulation ; car la Banque agricole ne pourrait pour elle
être considérée comme une concurrence.
Pour que la concurrence existe, il faut noa seulement que les marchandises
offertes aient plus ou moins de similitude, il faut en plus que la clientèle soit la
même. Or, la Banque de France a pour clients les commerçants et les industriels;
elle prête peu ou pas aux agriculteurs. Tandis que c'est à la clientèle de ces der-
niers que devrait s'adresser exclusivement la Banque agricole. Elle ne pourrait
faire autrement, puisque son but unic(ue serait de prêter sur gages mobiliers
purement agricoles. Le nouvel établissement à créer devrait avoir pour premier
effet de supprimer les intermédiaires, en prêtant sur une seule signature, afin de
rendre le crédit réellement économique.
Du reste, si la Banquede I^'rance avait intérêt à attacher àson char de triomphe
une nouvelle clientèle, celle de l'agriculture, elle n'aurait qu'à prendre ses dispo-
sitions, en modifiant ses siatuts. pour exécuter elle-même et dans les mômes con-
ditions, ce que serait appelée à faire la Banque agricole.
En ce qui concerne la seconde objection : la crainte de voir subir au capital une
dépréciation de 25 pour 100, par suite de l'abondance de la circulation des
valeurs monétaires, réelles ou fiduciaires, je n'avais pu y songer; car, à mon avis,
cette objection repose sur une erreur économique évidente. M. Faure paraît croire
que l'abondance de la marchandise en fait forcément baisser le prix, c'est inexact 1
Ce qui agit sur le prix d'une marchandise (|ue;conque, ce n'est pas sa quantité
plus ou moins considérable sur le marché, c'est le manque de proportion entre
l'offre et la demande. Une marchandise peut diminuer de prix, quoique rare, si
les acheteurs se montrent plus rares encore. Et inversement, malgi-é l'augmenta-
tion de l'oftre, la hausse pourra survenir si l'augmentation de la demande est
encore plus considérable.
Dans la circonstance, il est indiscutable qu'il résulterait du nouveau mode de
crédit, un besoin beaucoup plus considérable de valeurs monétaires circulantes.
La demande en devenant plus grande, ii ne s'agirait, pour qu'aucun trouble iùt
apporté à la fortune publique, de ne satisfaire cette demande qu'en proportion des
besoins successifs. C'est dans ce but que je n'ai jamais proposé de mettre tout
d'un coup cinq milliards, — je n'ai pas dit, de billets, — d'obligationiQn circula-
tion. Partant du principe que la Banque agricole ne pourrait mettre d'obligations
en circulation que pour une somme égale aux hypothèques volontaires consenties
sur des immeubles et que ces hypothèques ne pourraient dépasser un chiffre su-
périeur à dix fois le capital social e/J'ecli'-cmenl versé, j'ai dit qu'il ne pourrait
s'agir de verser tout d'un coup les cinq cent millions du capital social souscrit,
que l'on pourraitse contenter de ne libérer les actions qu'au fur et à mesure des
besoins, par tiers ou par quart. Tout d'abord, ce ne serait probablement qu'un
milliard ou un milliard et demi d'obligations à mettre en circulation ; et, ce ne
serait que dans un avenir plus ou moins éloigné que les cinq milliards que
M. Faure croit, comme moi, nécessaires pour les besoins futurs, seraient versés
intégralement entre les mains du public.
Ainsi, l'objection du privilèi^e de la Banque de l^'rance ne me paraît pis fon-
dée, il ne s'agit pas pour elle d'une conourreuce, puisque les deux établissements
SUR L'ORGANISATION DU CRÉDIT AGRICOLE. 153
ne s'adresseraient pas à la mémo clientèle. Du reste, si notre grand établissement
national actuel de crédit venait à se mettre en travers d'un besoin universellement
exprimé, et qu'il déclarerait ne pouvoir complètement satisfaire, ce serait au Par-
lement, qui aura toujours le dernier mot dans la circonstance, à examiner le bien-
fondé de ses prétentions.
Quant à la seconde objection, elle me parait moins sérieuse, ayant pour fon-
dement une erreur économique.
Veuillez agréer, etc. P.-V. Ayraud,
Membre de la Société nationale d'agriculture
LES CHAMBRES CONSULTATIVES D'AGRICULTURE
DEVANT LE PARLEMENT
Un projet de loi sur les Chambres consultatives d'agriculture a été
déposé, avant les vacances de Pâques du Parlement, sur le bureau de
la Chambre des députés, par M. Méline, minisire de l'agriculture, et il
V a lieu de penser qu'il sera discuté au cours de la prochaine session. Le
Journal Je l'agriculture en a publié le texte dans le numéro du 12avril.
Disons de suite, qu'en nous préservant du s}'stème anormal, dont
l'agriculture semblait menacée par un projet présenté au Conseil supé-
rieur d'agriculture, dans une séance du 14 novembre 1883, et dont le
Journal officiel avait rendu compte, le gouvernement s'est rendu aux
instances de l'agriculture pour une représentation spéciale de ses
intérêts.
Si les Chambres de commerce ont contribué au développement du
commerce et de l'industrie en France, il est bien naturel que l'agri-
culture ait aussi sa représentation oflicielle. Les agriculteurs ne deman-
dent que l'égalité devant la loi ; est-ce trop que de la leur accorder 'i*
D'après le projet qui s'était fait jour au Conseil supérieur, les délé-
gués d'une Chambre d'agriculture au canton, dont le moindre défaut eiît
été le manque d'autorité et de compétence nécessaires, devaient être
nommés par le Conseil municipal de chaque commune, à raison d'un
délégué par commune, et c'était tout, il n'existait pas de représentation
à l'arrondissement dont le rouage prévalut pourtant à la discussion;
la Chambre d'arrondissement devait être Jormée au moyen d'une
délégation des Chambres cantonales, par des élections au second degré.
Quant à la formation d'une chambre départementale, le principe
même en était repoussé.
Il n'était pas malaisé de voir les préoccupations des auteurs de ce
projet.
Le ministre est entré, au contraire, par un projet très étudié en
33 articles, dans une voie véritablement libérale, réclamée par les
Sociétés agricoles indépendantes, parmi lesquelles nous nous plaisons
à citer la Société d'agriculture et d'industrie d'IUe-et-Vilaine.
Une Chambre consultative d'agriculture par arrondissement est élue
directement par les propriétaires, agriculteurs, etc., âgés de vingt-cinq
ans révolus et jouissant de leurs droits politiques.
Une liste des électeurs est dressée tous les ans pour chaque com-
mune, où a lieu le vote pour des éligibles ayant trente ans d'âge et
résidant dans l'arrondissement.
Les Chambres d'agriculture d'un département peuvent être réunies
en assemblée générale au chef-lieu du département par le miriislre de
l'agriculture.
154 LES CHAMBRES CONSULTATIVES D'AGRICULTORE.
Les réunions d'arrondissement ont lieu après avis au préfet et au
sous-préfet, ce qui se conçoit aisément.
Nous aurions voulu, quant à nous, qu'une réunion annuelle des
Chambres d'agriculture d'arrondissement ait lieu au chef-lieu du
département, el précédât la réunion du Conseil général auquel les
Chambres d'agriculture sont appelées à présenter leurs vues, comme au
gouvernement, sur toutes les questions qui intéressent l'agriculture,
et qu'une réunion générale, formée par représentation, ait lieu chaque
année à Paris.
C'était l'enchaînement de la loi de 1851 (abrogée par le décret-loi
du 25 mars 1852), et beaucoup de bons esprits en souhaitaient le
retour pur el simple. Mais, il faut le reconnaître, l'électorat au premier
degré prenait sa base dans les Comices et Sociétés agricoles ; or, tout
le monde sait aujourd'hui que leurs réunions ne sont pas étrangères à
d'autres préoccupations que celles de l'agriculture, et que parmi elles,
notamment; les unes sont plus favorisées que les autres, au point de
vue des allocations qui peuvent leur être attribuées.
Nous ne parlerons pas de la représentation agriiiole organisée par le
décret-loi du 25 mars 1852; elle était à la désignation du pouvoir
administratif, n'a jamais fonctionné que dans certains départements,
et ne pouvait avoir l'autorité morale d'un corps élu par des gens
indépendants, et n'ayant d'autres préoccupations que les avantages ou
les crises de l'agriculture.
Plusieurs branches de l'agriculture française sont atteintes. La
sucrerie, dont le sort est lié à la production des céréales, dans le Nord,
fait entendre des cris de détresse, et le remède viendra peut-être
trop tard pour d'inévitables désastres ; d'autres productions sont pla-
cées par les traités de commerce, notamment calui de Francfort, dans
des conditions de lutte d'une inégalité flagrante.
Avec une représentation effective et libérale comme celle proposée
par M. iMéline, le gouvernement n'aura plus désormais à prêter l'oreille
aux plaintes de l'agriculture; il lui suffirait de ne pis la fermer.
A. DE LA MORVONSAIS.
SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE
Séance du 23 juillel ISSii. — Présidence de .ïï. Cheoreul.
M. Destremx, correspondant de la Société, envoie une brochure sur
la crise économique, ses causes, ses effets et ses remèdes ; —
M. le D' Calliburcès, une étuJe renfermant ses recherches expérimen-
tales relatives à l'influence du traitement pnaumati que sur la fermen-
tation des jus sucrés; — M. Schomburgk, un rapport sur les progrès
et la situation du jardin botanique du gouvernerajnt de l'Australie
méridionale.
M. Kremer, ingénieur, transmet plusieurs étude -i sur la meu-
nerie française et les procédés nouveaux appliqués par la meunerie
étrangère.
M. Barrai présente le premier volume de l'enquête ouverte devant la
Société sur le crédit agricole; il expose que ce volume estconsacré aux
notes envoyées à la Société par ses correspondants l'ranç:iis, et qu'il a
fait suivre ces notes d'une analyse qu'il arédigée pour chaque partie du
SOCIETK NATIONALE DAGRICULTIJME. 155
questionnaire de la Société. La majorité des réponses est favorable à
l'organisation du crédit agricole. Un deuxième volume, qui paraîtra
bientôt, sera consacré aux dépositions venues des pays étrangers. La
publication en sera faite de telle sorte que la Société puisse ouvrir dès
la rentrée, au mois de novembre, la discussion sur le rapport de sa
Commission.
M. Gayot (ait une communication sur une invention de M. l'abbé
Mathieu relative à un essieu mobile avec les roues qu'il porte ; cette in-
vention paraît de nature à diminuer, dans de notables proportions, le
tirage des voitures.
M. Paul JMarès présente, en en faisant ressortir l'intérêt, une brochure
de M. Xavier Bordet, renfermant ses observations sur la vinification
en Algérie, d'après les notes recueillies sur les vendanges de la ferme-
modèle de Birkadem, de 1864 à 1881 . — M. Mares donne lecture en-
suite d'une note sur les observations viticoles auxquelles il s'est livré
durant un voyage récent en Algérie; il donne des détails relatifs à l'ex-
tension des plantations de vignes, aux zones les plus favorables à cette
culture, aux dépenses qu'elle entraîne et aux profits qu'elle donne.
M. Bouchardat fait connaître la situation actuelle des vignes dans la
Basse-Bourgogne. 11 résulte de ces renseignements que les gelées prin-
tanières n'ont pas exercé d'influence très pernicieuse, notamment sur
le pinot noir, et que l'on peut compter sur une assez abondante récolte.
Quant à la qualité, tout promet qu'elle sera bonne. Si les circonstan-
ces favorables continuent, on fera des vendanges hâtives, ce qui est
toujours une garantie de succès pour la qualité du vi'û,
La Société procède à l'élection d'un membre associé dans la Section
d'histoire naturelle. M. Carnet est élu. Henry Sagnier.
REVUE GÛÏÏlIERCliLE ET PRIX GOUROT DES DENRÉES AGRICOLES
(26 JUILLET 1884.)
I. — Situation génifrale.
Les affaires sont toujours calmes sur les marchés agricoles; les ventes sont un
peu plus actives, quoique les cultivateurs soient retenus, dans un grand nombre
de départements, aux travaux de la moisson.
I[. — Les grains et les farines.
Les tableaux suivants résument les cours des céréales, par quintal métrique,
sur les principaux marchés de la France et de l'étranger :
Blé
fr.
Alaérie Alger i '^''^ '^"''''^•- ^^-^O
Algérie. ^'^'''i blé dur 16.25
Angleterre. Londres 24.10
Belgique. Anvers 21.50
— Bruxelles 23.,')0
— Liège 24.25
— Namur 22.75
Pays-Bas. AnislerJam 20.70
Luxembourg. Luxembourg 23.50
Alsace-Lorraine Strasbourg 25.75
— Mulhouse 23.85
— Colinar 25.00
Allemagne. Berlio 20.85
— Cologne 23.35
— Krancfort 25 . 00
Suisse. Genè-ve 26 00
Italie. Milan 23.75
Espagne. Barcelone 2."> . 00
Autriche. Vienne 20.25
Hongrie. Budapest l',4.75
R tste. Saint-Pétersbourg.. 16.80
Etats-Unir. New-York 19.05
Seigle.
Orge.
Avoine
fr.
fr.
fr.
9
D
»
D
11.50
13.25
B
19.50
19.25
17.85
23.50
21.00
17.25
.
.
18.25
10.50
19.85
16.75
20.25
19.75
16.00
»
0
21.00
20.50
20.25
iO 00
A
20.75
17.00
17.00
20.25
18.75
18.00
21.00
18.35
»
a
19.35
B
»
20.85
21.75
19.60
22.50
18.25
»
16.50
j>
B
>
16 50
17.50
17.25
15.75
17.7^
17 00
12.75
>
10.70
156
REVUE COMMERCIALE ET PRIX GOURANT
1" RÉGION. — NORD-OUEST.
Orge.
18 06 18. :i
18.50
19.00
21.00
Calvados Condé 23.50 17.25 19.25 20.50
— Lisieux 24.20 20.00 20 50 22.00
C.-du Nm d Pontrieux.. 21.75 16.50 16.50 15.75
— Tcei;uier 22.00 » 16.00 15.80
Finistère, .\lorlaix 22.25 16.50 15.75 15.50
— Quiinper 23.0) 16.25 17.00 16.70
llle-el- Vi laine. Keaa^i. 22.00 » 16.00 16 00
— Fougères -23 25 » » 17.30
— Avraiiches 24.00 » U) 50 21.50
Manche. Pontorson 23.50 » 18.50 20.25
— Villedieu 24.00 18.00 18.75 20.00
Mayenne. Laval 23.70 t> » »
— Ctlàle.iu-Goulier. 23.50 » 19.20 »
Morbikan. Hennebont.. » 15.50 » 17 00
Orne. Seez 23.50 » 2J.00 17.20
— Vinioutiers 24 00 16.50 19.20 20.00
Sarthe. Le Mans 23.25 16.25 16.75 20.50
— Sablé 23.7. 17.00 » »
Prix moyeûs i3.24
2" RÉGlo:^. — ."<
Aisne. Luon 23.25
— Saint-Quentin... 23.00
— Soissons 23.00
Eure, Pacy 23.25
— Coilchi'S 23.50
— Les Andelys 22 75
Eure et Loir _ lAinnres.. 23.20
— Anneau., 23 50
— No?enl-le-Rotroil. 24.25
Nord Dunkerque 23.60
— Douai 23.25
— Cai:ibrai 23.00
Oise. Beauvais 21.50
— Corn[>:egne 2^.85
— Senlis 22,00
Pas-de-Calais. ArraiS.,. 23.75
— Sa nl-Omer 23.50
Setn*^. Paris 24.25
ë.-el-Marne. P."Ovins.. .. 23.00
— Meliin 24.50
— iMontereau 23.110
S.-et-(iise Etampes 23.50 »
— Pontoise 23.25 »
— Versailles 24.00 14.50
Seine-hiférieure. f^ouen. 23. Lo 15.35
— Fecamp 22.70 15. ÛO
— Yvelot 22.85 «
SoïH7K(i. Doullriis 23.50 18.00
Moiitdidier 22 50 15.50
— Roye 23.35 » » 1)
Prii moyens 23.20 (5 67 19 31 19 :i(i
3* RÉGION. — .'«««n.lîsr.
Ardennes. Ciiarleville . 23.75 16.75
— Sedan 24.00 16.00
Auhe. Bar-sur- .4ube ... . 23. 50 »
— Méry-snr-Seine. .. î3.oo 15.50
— No!!-nt-sur-seine. 23.50 15.00
4/Ofni-. ClliilOns 23.63 16 85
— Epernay 23.60 là. 00
— Saint- vienehoold.. 23 75 16.00
W(e- Karne. Sainl-Dizier. 23.50 li.50
Meii>';/ie-rt.j1/o.s. Nancy. 24 00 16. 5o
— Liineville 24.25 »
— Toul.. 23.50 16.50
Meuse. Bar-le-Duc 23.85 16.25
— Verdun 23.50 16.00
Haule-Saàne. Gray 23.25 15.50
— Vesoul 24.30 16.25
Vosges Epinal 25 00 16.50
— ' Mi:ecourt 23.70 16 10
15.25
14.50
15.25
17.50
14. 75
15.50
16.00
15.00
17.00
18 50
16.00
14.25
!5 25
20.00
1!1.50
I9.0G
21.00
20.50
18 50
20. 10
18 25 »
IS.75 19.00
19.00 21.50
20.25 22 50
Ji 22.00
19 50 20.00
19.00 18 50
18.20 19 23
20.50
19.00
17.50
17.25
18.00
19.00
16.00
18.00
Prix moyens... .
4* RÉGION
Charente. Angoulème...
— RuITec
Char.-hifèr. Marans....
Den.c~Set>res . Tbenezay.
Indre-et-l.nire BliMê ...
— Château Renault .
Loire-lttf. Nantes
M.-et-Lnir". Saumiir.. . .
— A ni' ers
Vendée Ln(;on
Fonte^nay-Ie-Cte . .
Vienne. Poitiers
— Loudun
Haute-Vienne, Limoges.
23.75 U.95
. — (MTiisr.
23 . .50
24 00
22.73
23.20
23 00
23.50
22 . 50
V3 00
23.50
23 50
23.50
21 25
23.110
23.50
18.00
1.'. .50
1 5 . 50
16 00
15.00
16.20
16.00
14.50
15.50
I.S.50
18.00
17 00
20 00
13.00
!9.75
18.70
19.25
18.00
20.75
20.50
18.25
17.85
16. oO
IS.OO
18.50
17. '.0
17.00
18 50
18.00
17.00
17.50
17.00
13 50
18 00
Prii moyens 23.26 15.80 18.95 17.69
5* RÉGION. — CENTRR
Seigle.
fr.
17.00
15.50
,,,. fr.
Ailier. Monllnçon 22.75
— La Palisse 22.50
— Gannat 33.00
Cher. Bojrges 23.20
— Gracay js.'qo
_ Vierzon 23. 00
Ci'cuse. Aubusson . 24.00
Indre. Chàteauroux 23.50
— Issoudun 23 25
— Vaiençay 23,50
Loiret. Orléans 23 co
— Montargis 23.'75
— Patay 23.50
L.-et-Cher Blois 23.30
— .Monloiru 23.30
meui'e. Nevers 23 25
— I.a fhiri(e 23^00
Yonne Brie ion 23.00
~ J "ooy 23.10
— Sens 23.75
15.70
15.30
15.25
15.50
15.73
15.50
15.70
»
13.00
15.00
17.00
9
16.00
14.50
15.25
Prix moyens
6" RKJIO
Ain. Bourg
— Pont-de-Vauï....
Càle-d'Or. Oijon
— Seaume
Doubs. Besançon...!!!.'
Isère. Gronoblo
— Boiirgoin !!!!
Jura. Dôle
Loire. Roanne ...'..!!!!
P.-de-Uôine. Clermont-F
lihône. Lyon
Saàne-et-Loire. ciia'lon !
— M icûn
Cavoie. Chambéry
Ille-Savoie. Annecy
Prix moyens
T REGION. —
23.24 15.61
N. — EST.
Ofge.
fr.
19.50
18 00
18.50
20.50
»
17,75
20 50
20.50
18,00
18.50
18.50
20.70
19.10
19.75
13.00
17.50
19.01
Awine.
fr.
18.00
17.50
17.30
17.50
19.25
17. so
18 00
17.50
17 25
17.30
•
18. 7i
19 50
20.50
17.25
19 00
17 50
19.00
19.50
t9_25
18.30
23.00
23.75
23.50
23.00
23.50
25.20
23 65
23.00
23.75
24.00
24.00
23.00
24.01)
25.00
23.50
17.00
16 50
»
15.50
17 50
16.25
15 75
16.23
i7.00
16.25
16.50
16 30
19.00
18.25
17.50
20 50
»
20.73
17 50
19 50
Ariège. Pamiers
— Foii
Dordogne. Bergerac
Ute-Garotme. Toulouse.
— st-Gaiideus
Gers. Condom
— Eauze
— Mirande
Gironde. Bordeaux
— Lesparre
Landes. Dax
Lot-et-Garonne. Agen...
— • Nérac
B. -Pyrénées. Bayonne..
Htes-Pyrénées. farbes..
Prix moyens
8* RÉGIi
Aude. Caslelnandary....
— Carca>~onne
Aveyron. Rodez
Cantal. Mauriac
Correze. Brive
IléranU. .Monlpell'ier..!
— Bé/,iers
Lot. Cahors
Lozère \?ende
Pi/rênées-f)i-.Perpignan!
Tarn. L;ivaur
rocn-el.*;,!.-. Monlauban
Prix moyens.. . .
9" RÉGlOf).
Basses-. -Mpes. Manosque
Hautes-. Mpes. Briançon.
.Alfies Maritimes. Nice..
.Ardeche. Privas
B.-dii Btiôae. Arles....
Drntne Montélimar.. . .
Gard. Nimes
Haute-Loire. Brioude...
Var. Dr.uoiynan
Vaucluse. Orange
Prix moyens. ....
Moy. de louie la Krance
— delà semaine précéd.
Sur la semameJHausse.
précédente.. JBaisse..
23.99 16 67
- SUD-OUEST.
17.23
19.00
IS.OO
17.50
19.00
20 . 00
Î8.25
17.50
18 25
19.00
18.30
2i).50
20.511
19.00
19.50
18.78
24-17 19.50
— SUK-EST.
24.60 »
24.23 18.50
26.25 19.00
26.60 17.50
25.00 »
24.50 »
25 . 20 •
24.00 18.25
24,50 »
24.30 »
24 94 18.31
23.81 17.09
23 85 17 05
• 0 04
19.21 20.29
2 1 . 00
17.00
16.00
19 50
16 50
21.00
19.25
21.00
19.60
18.75
17.7,5
17.50
18.35
17.80
17.50
18.12 18.85
18.79 18 99
18 83 19.02
DES DENRÉES AGRICOLES (26 JUILLET 1884;. 15 7
Blrs. — Nous n'avons presque rien à ajouter à ce que nous avons dit la
semaine dernière; les travaux de la moisson se poursuivent avec activité, parfois
contrariés par des orages, mais sans pluies continues qui entraveraient sérieuse-
ment la dessiccation des gerbes. On signale sur un certain nombre de points
l'écliaiidage des grains dû à une maturation trop liâtive. Sur la plupart des mar-
chés les affaires sont calmes; les prix se soutiennent, mais les ventes sont peu
imjjortantes. — A la halle de P«r/s, le mercreili 23 juillet, il n'y a eu que très
peu d'alTaires. Les cours sont demeurés aux anciens taux. Ou payait de 23 à
25 fr. 50 par lOÛ kilog. suivant les sortes, ou en moyenne 24 i'r. 25. Sur le mar-
ché des blés à livrer, on cote: courant du mois, 22 fr. 50 à 22 fr. 75; ai ût,
22 fr. 75 à 23 fr.; septembre et octobre, 23 à 23 fr. 25 ; quatre derniers mois,
23 fi. 25. — Au Havre, il n'y a toujours que peu d'affaires ; les cours se lixent
de 22 à 23 fr. 50 par 100 kilog. pour les blés d'Amérique; de 22 à 22 fr. 50 pour
ceux des Indes. — A MarseUle^ On ne signale toujours que dos affaires peu
importantes ; le marché est toujours dans une situation exceptionnelle qui en
compromet gravement les intérêts. — A Londres, devant les perspectives d'abon-
dance que présente la prochaine récolte, les transactions sont très calmes, et les
prix accusent une certaine tendance à la baisse. Les cours se fixent de 23 à 25 fr. 20
par 100 kilog. suivant les qualités et les provenances.
Farines. — Affaires toujours calmes, sans changements dans les cours. — A
la halle de Paris, les farines de consommation se cotent aux taux de notre
précédente revue. — Quant aux farines de spéculation, on payait à Paris, le mer-
dredi 23 juillet au soir : farines neul -marques, cour^int du mois, 46 fr. 75 à
47 fr. ; août, 47 fr. 25 ; septembre et octobre, 47 i'r. 75 ; quatre derniers mois,
48 fr. 25; le tout par sac de I59 kilog.. toile perdue, ou 157 kilog. net. — Les
cours des farines deuxièmes demeurent fixés de 22 à 25 fr. par quintal métrique;
ceux des gruaux de 36 iV. à 41 fr.
Seigles. — ■ Les ventes sont très actives, et les prix sont très fermes. On cote à
Paris, de 15 fr. 75 à 16 fr. 2:) par 100 kilog. suivant les sortes. Les farines de
seigle valent de 21 à 24 fr.
Orges. — Peu de ventes sans changements dans les anciens prix. On paye à,
halle de Paris, de 18 à 19 fr. par 100 kilog. Les escourgeons se cotent de 19 fr.
à 19 fr. 50.
.4i:oincs. — Grande fermeté dans les cours. On paye à la halle de Paris de
18 fr. 75 à 21 fr. 50 par 1^0 kilog. suivant poids, couleur et qualité.
Maïs. — Les prix des muïs d'Amérique se soutiennent dans les ports de 14 fr. 75
à 15 fr. 50 par 100 kilog.
m. — Fourrar/cx, graines fourragères.
Fourrages. — Les ventes sont assez importantes, avec des prix soutenus. On
cote à Paris par 1,000 kilog. : foin nouveau, lOÛ à 110 fr.; luzerne, 96 à lnSfr. ;
sainfoin, 80 à 100 fr. ; regain, 6S à 88 fr.; paille de blé, 92 à 104 fr. ; paille
d'avoine, 62 à 62 fr.
Graines fourragères. — En Beauce, les graines de trèfle incarnat sont cotées de
45 à 46 fr. par 100 kilog. ; celles de Irètle tardifs de 60 à 65 fr.
IV. — Fruits et légumes frais.
Fruits. — On vend à la halle de Paris : abricots, le kilog., 0 fr. 30 à 1 fr. ;
amandes, le 100, 1 fr. 50 à 2 fr. 25; cassis, le kilog., 0 fr. 45 à 0 fr. 50;
cerises communes, le kilog., 0 fr. 30 à 2 fr. ; figues, le 100, 14 à 16 fr. ; fraises,
le panier, 1 fr. 50 à 2 fr. 50 ; le kilog., Ô fr. 50 à 0 fr. 9J ; framboises, le kilog.,
0 fr. 50 à 0 Ir 90; groseilles, le kilog., 0 fr. 45 à 0 fr. 55 ; melons, la pièce,
0 fr. 50 à 2 fr. 50; pèches, le kilog., 0 fr. 80 à 1 fr. 40; poires, le kilog.,
0 fr. 25 à 0 fr. 60; prunes, le kilog., 0 fr. 30 à 2 fr.
Gros légumes. — Derniers cours de la halle : artichauts de Paris, poivrade,
la botte, 0 fr. 25 à 0 fr. 3); le cent, 12 à 16 fr.; asperges communes, la botte,
2 fr. à 6 fr. ; carottes nouvelles, les 100 bottes, 40 à 45 fr.; choux nouveaux, le
cent, 12 fr. à 16 fr.; haricots verts, le kilog, 0 fr. 12 à 0 fr. 35 ; en cosse,
0 fr. 25 à 0 fr. 50; navets nouveaux, les 100 bottes, 3j à 40 fr.; oignons
nouveaux, les 100 bottes, 30 à 35 fr.; panais nouveaux, les 100 bottes, 15 à
35 fr.; poireaux communs, les 100 hottes, 20 à 25 fr.
Pommes ,e ferre. — Nouvelles, le panier, 1 à 2 fr. ; hollande, communes, l'hec-
tolitre, 6 à 7 fr.; le quintal, 8 i'r. 57 à 10 fr.; jaunes communes, l'hectolitre,
5 fr. à 6 fr. ; le quintal, 7 fr. 14 à 8 fr. 57.
158 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT.
V. — Vins. — Spiritueux. — Vinaigres. — Ciilrss.
Vins. — La situatioa est toujours la mèmB. Les vignes se trouvent très bien
dans toutes les régions des circonstances météorologiques qu'elles traversent. Les
orages qui sont survenus dans un grand nombre de départements n'ont pas pro-
duitd'etiet désastreux sur les raisins, sauf dans quelques localités heureusement
très restreintes. Il est donc permis d'espérer que. si des phénomènes contraires
ne surviennent pas, on obtiendra une récolte abondante et de bonne qualité. Pour
peu que le temps, redevenu beau, se maintienne, on pourra compter sur des ven-
danges précoces. — La situation commerciale est toujours aussi calme : très peu
d'alfaires, avec des prix faibles pour la plupart des provenances. A Paris-Bercy,
les vins de soutirage se vendent actuellement de 155 à 180 fr. la pièce de 225 litres.
— Dans le Midi, les atteintes du railde'w paraissent évitées jusqu'ici.
Spiritueux. — Les ventes sont toujours restreintes et les prix sont faibles
sur tous les marchés. On paye dans le Midi par hectolitre: Béziers, trois-sixbon
goût, 103 fr.; marc, 95 fr; Cette, trois-six bon goût, 103 fr. ; marc, 95 fr. ;
Pézenas, trois-six bon goût, 101 fr.; marc, 92 fr. Dans les Gharentes, les eaux-
de-vie jeune valent de 240 à 245 fr. par hectolitre. — A Paris, on cote trois-six
fin Nord, 90 degrés, première qualité, disponible, 43 fr. 25: août, tS fr. 50;
quatre derniers mois, 44 fr. 50; quatre premiers mois, 44 fr. 75 à 45 fr. Le
stock était, au 23 juillet, de 14,750 pipes contre 16,525 en 1883. — A Lille,
l'alcool de mélasse est côté 44 fr. 50 par hectolitre.
Tarifes. — A Lyon, les crèmes de tartre valent de 305 à 310 fr. par quintal
métrique.
VI. — Sucres. — }Iéla<!se — Fécules. — Houblons.
Sucres. — Lî mouvemeat de baisse est toujours sensible, quoique lent. On cote
par 100 kilog., à Paris : sucres bruts, 88 degrés saccharimétriques, 37 fr. ; les
99 degrés, 43 fr. 25 à 4-i fr. 50; sucres blancs, 43 fr. 50 à 43 fr. 75: à Valec-
ciennes, sucres bruts, 36 fr. Le stock de l'entrepôt réel des sucres était, le
23 juillet, à Paris, de 718,000 sacs pour les sucres indigènes, ajec une nouvelle
diminution de 37,000 sacs depuis huit jours. — Les sucres raifinés se vendent à
des cours plus fermes; on les cote de 102 fr. 50 à 104 fr. 50 par 100 kilog. à la
consommation, et de 4S fr. 75 à 54 fr. 50 pour l'exportation. A Londres, les
prix demeurent sans variations.
Fécules. — Cours soutenus. On cote: à Paris, fécules premières du rayon 31
à 32 fr. par 100 kilog. ; à Compiègne, fécules de l'Oise, 31 t'r.
Houblon.^. — Les circonstances sont toujours favorables à la végétation des hou-
blons; sauf dans quelques régions, la plante se présente bien. On ne signale en
cnllure aucune affaire sur les houblons à livrer.
VIT. — Tourteaux. — Xoirs. — Engrais.
TourUaua:. — Les cours varient peu. On paye à Arras par 100 kilog., tour-
teaux d'œilletle, 13 fr. 25; de pavot, 12 fr. : de lin, 21 fr. ; — à Caen, tourteaux
de colza, 17 fr.
Noirs. — Peu d'affaires. On cote à Valenciennes : noir animal neuf en grains,
33 à 36 fr. par 100 kilog.; noirs vieux grains, 10 à 12 fr. par hectolitre.
Engrais. — Les principaux engrais valent par ICO kilog. ; sulfate d'ammonia-
que, 37 à 39 fr. ; nitrate de soude, 24 à 26 fr. ; phosphates iossdes, 3 fr. 50 à 5 fr.
suivant la richesse; poudre d'os, 1,t à 17 fr. — Les principes utiles se cotent par
degré dans les engrais composés : azote 1 fr. 90 à 2 fr. ; acide phosphorique immé-
diatement soluble, 0 fr. 70 à 0 fr. 80; acide phosphorique insoluble, 0 fr. 25 :
potasse dans les chlorures, 0 fr. 50; potasse dans les sulfates, 0 fr 60 à 0 fr. 65.
VIII. — Matières 7-L'sineuses. — Tcitiles.
Matières résineuses. — Les prix restent stationnaires à Dax, à 47 fr. par
100 kilog. pour l'essence pure de térébenthine. — A Bazas, on cote les gemmes
de 25 fr. à 27 fr. 50 par barrique.
Laines. — Les foires aux laines sont terminées presque partout. Les derniers
cours pratiqués n'accusent pas de variations sensibles sur ceux du début.
rx. — Suifs et corps gras.
Suifs. — Les cours sont en baisse On cote à Paris 82 fr. par 100 kilog. pour
les suifs purs de la boucherie; 62 fr. 25 pour les suifs en branches.
Saindoux. — Au Havre, on signale un peu plus de fermeté. Ou vend les sain-
doux d'Amérique à 98 fr. par ipiintal métrique.
234
41
180 à 1,075 Ir
281
46
2u0 à 1,1 7U
247
81
20 à 965
46
46
30 à 400
9à
95
20 à 130
DES DENRÉES AGRICOLES (20 JUILLET 1884). 159
X. — Beurres. — (Eu/s. — Fromayes.
Beurres. — Il a été vendu, pendant la semaine, à la lialle de Paris, 231,509
kilog. de beurres. Au dernier marché, on payait par kiloi,'. : en dcmi-kilog.,
1 fr. 78 à 3 fr. 9k; petits J)eurres, 1 fr. 40 à 2 fr. 90; Grournay, 2 ir. 04 à
4 fr.; Isigny, 2 fr. 10 à 6 Ir. 28.
Fronioges. — Derniers cours de la halle: par douzaine, Brie, 2 fr. 50 à 18 fr. 50;
Moutlhéry, 15 fr.; — par cent. Livarot, 22 à 90 fr.; Mout-d'Or, 4 à 20 fr.; Neuf-
cliatel, 3 à 19 fr.; divers, 4 à 48 fr.; — par 100 kilog.. Gruyère, 105 à 175 ir.
XI. — Chevaux. — Bétail. — Viande.
Chevaux. — Aux marchés des 16 et 19 juillet, à Paris, on comptait 903 chevaux;
sur ce nombre, 309 ont été vendus comme il suit :
Amenés. Vendus. Prix extrêmes.
Chevaux de cal)riolet
— de trait
— hors d'âge ,
— à l'enchère
— de boucherie
Bélail. — Le tableau suivant résume le mouvement officiel du marché aux bes-
tiaux de la Villettc, du jeudi 17 au mardi 22 juillet :
Poids Prix du kilog. de viande nette sur
Vendus raoven pied au marché du 22 juillet.
Pour Pour En 4 quartiers, i" •>• 3" Prix
Amenés. Paris, l'extérieur, totalité. kil. quai. quat. quai. moyen.
Bœufs 3,5i0 ■ . ■■ 3,407 345 1.76 1.00 1.36 1.55
Vaches 1,763 » • 1,702 240 1,66 1.48 1.Î8 1.44
Taureaux 312 » » 312 388 1.48 1 38 1.30 1.38
Veaux 3,789 » » 3,474 79 1.80 1.66 1.50 1.65
Moulons...... 38,043 » » 36, 9U 19 2 04 1.88 166 1.82
Porcs g:ras 5,399 » » 5,348 80 1.46 1.40 1.34 1.39
Les arrivages des marchés de la semaine se décomposent comme il suit :
Bœvfs. — Aisne, 33 ; Allier, 16; Calvados, 801 ; Cantal, 2 ; Charente-Inférieure, 134; Cher,53;
Côte-d'Or. 31 ;C6les-du-i\ord, 296; Deux-Sèvres, 18; Eure, 13; Finistère, 140; Loiie. 29; Loixe-
Inférieure, 6 ; Maine-et-Loire, 304; Manche, 2!); Haute-Marne, 25 ; Mayenne, 67; Morbihan, 12 ;
Nièvre, 316; Orne, 185; Pas-de-Calais, 14; Puy-de-Dôme. 9; Saône-et-Loire, 493 ; Sarlhe, 17;
Seine-et-Oise, 8; Vendée, 307 ; Yonne, 19; It;ilie, 73.
Vaches. —Allier, 40; Aube, 12; Calvados, 238; Charente-Inférieure. 30; Cher, 12; Côte-d'Or,
11; Eure, 9; Eure-et-Loir, 19; Loire, 27; Loiret, 17; Maine-et-Loire, 234; Manche. 20; Nièvre,
128 ; Oise, 20; Orne, 16; Pas-de-Calais, 48; Puy-de-Dôme, 2S ; Saône-et-Loire, 196; Haute-
Saône, 22; Sarlhe, 4; Seino, 127 ; Seine-Inférieure, 6; Seine-et-Marne, 19; Seine-et-Oise, 39; Ven-
dée. 61 ; Haute-Vienne, 8 ; Yonne, 26.
Taureaux. — Allier, l;'Aube, 1 ; Calvados, 40; Cher, 10; Côte-d'Or, 5; Côtes-du-Nord, 29 ;
Eure, 6; Eure-et-Loir, 13; lUe-et-Vilaine, 37; Indre-et-Loire, 1; Loir-et-Cher, 4 ; Loiret, 5;
Maine-et-Loire, 17; Manche, 16; Marne, 7; Mayenne, 3; Nièvre, 15; Oise, 8; Orne, 9; Saône-et-
Loire, 11; Haute-Saône, 1; Sarthe, 4; Seinelaférieure, 4; Seine-et-Marne, 10; Seine-et-Oise,
10 ; Yonne, 17.
Veaux. — Aube, 2.50: Calvados, 7; Côtes-du-Nord, 42: Eure, 274; Eure-et-Loir, 392;
Loiret, 263; Haute-Marne, 152 ; Pas-de-Calais, 220; Puy-de-Dôme, 6ô ; Sarthe, 406; Seine-
Inférieure, 196; Seine-et-Marne, 275; Seine-et-Oise, 46; Yonne, 114.
Moutons. — Aisne, 1,175; Allier, 501; Aube, 390; Aveyron, 565; Cantal, 1,117;
Charente, 260; Charente-Inférieure, 391 ; Cher, 63; fjorrèze, 747: Côle-l'Or, 230; Creuse, 1,127;
Dordogne, 249; Indre, 794; Loiret, 58; Lozère, 165 : Lot-et-Garonne, 527; Maine-et-Loire, 852;
Nièvre, 905; Oise, 89; Pas-de-Calais, 158; Saôue-et-Loire. 735; Seine-Inférieur'.', 61; Saine-et-
Marne. 1.034; Sein<'-et-Oise, 192; Haute -Vienne, 689 ; Yonne, 398: .ifrique, 3,387; Allemagne,
6,773 ; Hongrie, 7,680; Italie, 557; Prusse, 2,312; Russie, 60.
Porcs. —Allier, 141; Calvados. 45; Charente, 15; Charenle-Inférieure, 113; Cher, 50;
Côtes-du-Nord, 95; Creuse, 55; Deux-Sèvres, 516: Eure-et-Loir, 127; Ille-et-Vilaine, 392;
Indre, 299; Indre-et-Loire, 198; Loire-Inl'éneure, 268; Loir-et-Cher, 136; Maine-et-Loire, 598;
Manche, 30; Mayenne, 96; Oise, II; l'as-de-Calais, 194; Puy-de-Dôme, 162; Saône-et-Loire,
Sarllie, 665; Seine, 205, Seine-Inférieure, 3û.; Seine-et-Marne, 8; Vendée, 650; Vienne, 129;
Vosges, 15. ,
Les approvisionnements ont continué à être assez abondants ; les ventes ont été
plus régulières, par suite d'une plus grande activité dans les transactions. — Les
cours accusent plus de fermeté pour toutes les catégories, principalement pour les
veaux et les moutons. — Sur les marchés des départements, on cote : Rouen,
bœuf, 1 fr. 65 à 1 fr. 1 fr. 95 par kilog de viande nette sur pied ; vache, 1 fr. 60
à 1 fr. 90; veau, 1 (r. 40 à 1 Ir. 75 ; mouton, 1 fr. 85 à 2 fr. 15; porc, 1 fr. 15
à 1 fr. 40. — Caen, bœuf, 1 fr. 70 à I fr. 90; vache, 1 fr. 60 à 1 Ir. 80; veau,
1 fr. 40 à 1 fr. 60 ; mouton, 1 fr. 70 à 1 fr. 90; agneau, 1 fr. 80 à 2 fr. ; porc,
1 fr. 10 à 1 fr. 30; — Le Mans, bœuf, 1 fr. 60 à. 1 fr. 70; vache, 1 fr. 50 à 1
fr. 60 ; veau, 1 fr. 60 à 1 fr. 70 ; mouton, 1 fr. 90 à 2 fr. ; — Nantes, bœuf, 0 fr. 85
àOfr. 90; vache, 0 fr. 84; veau, 0 ir. 96; mouton, 0 fr. 95; — Dijon, bœuf,
160 RKVUE COMMERCIALE ET PRIX GOURANT (26 UILLET 1884).
1 fr. 60 à 1 fr. 70 ; taureau, 1 fr. 10 à 1 fr. 45; vache, 1 fr. 12 à 1 fr. 64 ; veau
(poids vil), 1 fr. 06 à 1 fr. 14: mouton, 1 fr. 50 à 1 fr. 78; porc (poids vif),
0 fr. 90 à 1 fr. ; — Neoers, bœuf, 1 fr. 60 à 1 fr. 80 ; vache, 1 fr. 40 à 1 fr. 60 ;
veau, 2 fr. ; mouton, 2 fr. ; porc, 1 fr. 60; — /-yn, bœuf, 1 Ir. 20 à 1 fr. 60 ;
vache, 1 fr. 20 à 1 fr. 60 ; veau (poids vif), 0 fr. 90 à 1 fr. 02; moutor., 1 fr. 44
à 1 fr. 8S ; porc (poids vif), G fr. 86 à 1 fr. 02 ; — Xîmes, bœuf, 1 fr. 30 à 1 fr. 62 ;
vache 1 fr. 08 à 1 fr. 57 ; moutons français, 1 fr. 80 à 1 fr. 90 ; moutons
étrangers 1 fr. 40 à 1 fr. 66; brebis, 1 fr. 35 à 1 fr. 70; agneau de champ, 1
fr. 65; — veau (poids vif), 1 fr. 05 à 1 fr. 15; — Genève, bœuf, 1 fr. 70 à
1 fr. 80; veau (poids vif), 0 fr. 90 à 1 fr. 05; mouton, 1 fr. 90 à 2 fr. ; porc,
1 fr. 20 à 1 fr. 25.
Viande à la criée. — Il a été vendu à la halle de Paris, du 14 au 20 juillet :
^^^ Prix da kilog. le 20 juillet.
kilog. I" quai. 2- .|ual. 3* quai. Clioix. Basse Boucherie
Bœuf 011 vaclie... 160,171 1.74 à 2.26 l.ô-2à:.72 1.06 à 1.50 1.76 à 3.90 0.20 à 1.4i
Veau 1:16, .VM l."2 2 00 l.oO 1.70 1.20 1.48 • » » >
Mouton fi5,492 1.54 l.SS 1.32 1.52 0.96 1.30 1.66 4.40 » »
Porc 29,561 Porc frais 1.22 à 1.64.
441,745 Soit par jour 63,106 kilog.
Les ventes ont été inférieures de 12,000 kilog. par jour à celtes de la semaine
précédente. Les prix sont en hausse pour toutes les sortes.
XII. — Cours de la viande à l'abattoir de la Villelte du jeudi 24 juillet [par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On vend à la Villette par 50 kilog. : 1" quahté,
70 à 75 fr. ; 2", 65 à 70 fr. Poids vif, 45 à 52 fr.
Bœufs. Veaux. Moutons.
1" W 3' !■■ 2- 3* !'• V y
quai. quai. quai. quai. quai. quai. quai. quai. quai.
Ir. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr.
SI 74 68 90 84 74 90 83 75
XlII. — Marché aux bestiaux de la Villelte du jeudi 24 juillet 1884.
Cours des commissionnaires
Poids Cours officiels. en bestiaux.
Animaux gênerai. 1" 2* 3* Prix 1" 2" 3* Prix
amenés. Invendus. kil. quai. quai. quai, extrêmes. quai. quai. quai. extrêmes.
Bœufs 2.312 200 350 1.72 1.60 1.36 l.30àl.76 1.70 l.bS 1.34 1.28àl 74
Vaches 6S8 42 234 1.64 1.50 1 30 1.20 1 6S 1.62 1.48 1 28 1.18 1 66
Taureaux... 175 23 382 1 46 1.38 1,28 1.20 1 52 1 44 1 36 1.26 1 18 1 50
Veaux 1.666 640 31 I 66 1.52 1 42 1.22 1.86 » • . »
Moutons 17 952 1.439 19 2 0! 1.85 1 65 1 56 2.08 » • » »
Porcs pras.. 14.4S9 187 82 1.44 1.3S 1.32 1.22 1.50 » • • •
— maigres.. 9 > »■•»«»»»»»
Vente assez active sur toutes les espèces.
XIV. — Rtlsumé.
Pour la plupart des produits agricoles, les prix sont stationnaires ; mais pour
quelques denrées industrielles, il y a encore de la baisse. A. Remy.
BULLETIN FL^^ANCIER
La Bourse a des allures très calmes, avec plus de fermeté dans les prix.
On cote les fonds d'Etat français : 3 pour 100, 76 fr. 80; — 3 pour 100 amor-
tissable, 78 fr. 55 ; — 4 et demi pour 100 ancien, 107 fr. 10; — 4 et demi pour
100 nouveau, 107 fr. 65.
Voici les cours des titres des établiséements de crédit : Banque de France,
5,045 fr.; Banque de Paris et des Pays-Bas, 775 fr.; Comptoir d'escompte,
968 fr. 75; Crédit foncier 1,275 fr.; Banque d'escompte de Paris, 508 fr. 75;
Crédit lyonnais, 542 fr. 50 ; G'impngnie foncière, 44U fr.; Société des déjiôts et
comptes courants, 635 fr.; Sociétr générale, 4(^5 fr. ; Banque parisienne, 378 fr. 75 ;
Banque franco-égyptienne, 645 fr.
On cote les actions des Compagnies de chemins de fer : Est, 765 fr.
Paris-Lyon-Médilerianée, 1,198 fr.; Midi, 1,165 fr.; Nord, 1,652 fr. 50; Or-
léans, 1,297 fr. 75; Ouest, 820 fr. — Repri.^e des actions du canal maritime
de Suez à 1,880 fr.; les délégations valent 1,12b fr.
E. FÉRON.
Le Gérant : A. BobxuÉ.
CHRONIQUE AGRICOLE ii^om-m'.).
Circonstances météorologiques de la. fin de juillet. — Conlinuiiun des travaux de la moisson. —
Premières apprécialions sur les résultats qu'elle donne. — Situation dos principal ;s cultures.—
Vote par le .Sénat de la loi sur les sucres. — La question du sucrage des vei^langes. — Mé-
dailles Bene Merenti données par le roi de Roumanie à M.\I. ("^hevreul, Pasieur et Barrai. —
Les vignes américaines de M. Paul Douyssel. — Résultats obtenus dans la culture du Jacquez .
— Ajournement du Congrès pliylloxérique international de Turin. — Tarif des analyses exécutées
par le laboratoire de la .Société des agriculteurs de France. — L'engraissement intensif. —
Lettre de M. Sanson. — Publication du herd-book de la race bovine tacbetée de Suisse. — Ex-
périences de M. Crova à l'Ecole nationale d'agriculture de Montpellier sur le transpirt delà
force par l'électricité. — Congrès et Concours de l'Association breionne à Lannijn en 1884.
— Programme des questions mises en discussion. — Expériences de moissonneuses-lieases or-
ganisées par la Société d'agriculture de Fontainebleau. — Concjurs du Comice de Seine-et-
Oise. — Discours prononcé par M. Besnard sur la situation agricole. — La conservation des
fourrages verts par l'ensilage. — Discussion à la Cbambre des députés sur le vinage. — Texte
des articles votés. — Vote de la loi sur le* vices rédhibitoires dans les ventes et échanges d'a-
nimaux domestiques. — Boissons hygiéniques pour les ouvriers en temps de moisson.
I. — La situation.
Pendant une huitaine de jours, la température s'est refroidie sensi-
blement; les grandes chaleurs ont fait place à un temps pluvieux et
sombre. De violents orages ont causé des dégâts sérieux dans quelques
déparlements. Heureusement la pluie n'a pas été assez abondante pour
entraver sérieusement les travaux de la moisson ; ces travaux se pour-
suivent activement. Les battages sont commencés dans beaucoup de
départements. Les premières appréciations sont, comme il arrive
chaque année, assez contradictoires: ici, l'on se montre généralement
satisfait tant de la qualité que de la quaniilé du grain; ailleurs on
signale des déceptions. Il est encore trop tôt pour que l'on puisse
dégager de ces évaluations des renseignements positifs; aujourd'hui,
nous ne pouvons que répéter ce qui a été dit déjà dans nos colonnes,
c'est que dans son ensemble, la récoite du froment présente une bonne
moyenne; celle du seigle a été faible, mais c'est principalement sur
les céréales de printemps que la sécheresse a exercé sa funeste action;
sous ce rapport, il y aura probablement de nombreuses déce|)tions.
La vigne est toujours vigoureuse; mais il est à craindre que les orages
et les pluies des derniers jours aient provoqué le développement du
mildevv, tant redouté, et à si justetitre, parles viticulteurs delà région
méridionale. La végétation des betteraves, des pommes de terre, des
plantes fourragères d'arrière-saison, est satisfaisante, quoique un peu
en retard; la pluie a donné un nouvel essor au sarrasin et au maïs; sauf
dans quelques parties du nord et de la Belgique, les houblonnières se
présentent bien. En résumé, malgré quelques accidents heureusement
traversés, la situation de la plupart des cultures est bonne ; mais on ne
peut pas en dire autant de la vente des produits; l'état de malaise qui
pèse sur quelques-unes des principales industries agricoles et sur le
commerce général n'est pas fait pour rendre aux transactions l'activité
qui est l'indice d'une véritable prospérité.
II. — Le régime des sucres
Le Sénat a adopté, dans sa séance du 28 juillet, le projet de loi sur
les sucres, tel qu'il avait été voté parla Chambre des députés. Le texte
que nous avons donné dans notre dernier numéro est donc désormais
définitif; quelques amendements présentés par plusieurs sénateurs
n'ont pas été adoptés. La nouvelle loi a été promulguée le 30 juillet,
La discussion, à laquelle ont pris part, avec M. de Savnt-Vallier,
rapporteur, MM. Méline, ministre de l'agriculture, Tirard, ministre des
finances, Gaston Bazille, Léon Say, Buffet, etc., a été l'occasion d'ob-
servations intéressantes. Nous citerons particulièrement celles de notre
éminent confrère ]\L Gaston Bazille sur le sucrage des vendanges; la
réduction du droit à 20 fr. pour les sucres ajoutés aux vendanges
N» 799. — Tome 111 de 1884. — 1 Août,-
162 CHRONIQUE AGRICOLE (2 AOUT 1884).
sera un leurre si le règlement d'administration publique qui doit inter-
venir impose la dénaturalion de ces sucres; cette opération, ainsi que
nous l'avons dit déjà, aurait pour effet de les rendre impropres à tout
usage viticole. Quoi qu'il en soit, le sort de la sucrerie française est
désormais entre les mains des fabricants et des agriculteurs: c'est de
leur union, de leurs efforts combinés que sortira l'efTet utile des nou-
velles dispositions législatives. Il faut savoir profiter sans retard de la
victoire que le patriotisme des Chambres vient de permettre de rem-
porter sur la routine et les entraves qui avaient annulé l'ancienne
prospérité; celle-ci peut désormais et doit revenir.
III. — Distinctions pour services rendus à V agriculture.
Le roi de Roumanie vient d'envoyer la médaille d'or Bene Merenli
de première classe, à MM. Cbevreul, Pasteur et Barrai, C'est avec
reconnaissance que nous avons reçu cette haute distinction. Noua
en avons été d'autant plus vivement touché que notre nom était ainsi
uni à ceux de deux savants les plus illustres, dont les travaux et les
découvertes ont porté si haut la gloire scientifique de la France.
IV. — I^es vignes américaines dans l'Hérault.
M. Paul Douysset, agriculteur à Saint-André-de-Sangonis (Hérault)>
nous adresse une note par laquelle il invite les viticulteurs à aller
visiter ses vignes américaines à Saint-André-de-Sangonis, parla station
de Clermont-l'Hérault, que dessert le chemin de fer du Midi. Il existe
entre ces deux localités un service d'omnibus, et, dans chacune d'elles,
des hôtels convenables. On va, en deux heures, parvoitures publiques,
et, en quatre heures, par chemin de fer, de Saint-André-de-Sangonis
à Montpellier. La vendange commencera comme toujours, le \" sep-
tembre. La plupart de ses vignes sont en Jacquez. « Des80,000 Jacquez
que je possède en grande culture, dit M. Douysset, la moitié est âgée
de six à neuf ans. Après les Jacquez de Roquemaure, près d'Avignon,
qui résistent depuis vingt ans au phylloxéra, ce sont les plus vieux de
France. Ils ont produit, l'an dernier, 55 hectolitres de vin pa? hectare,
dans les terrains médiocres, et ils ont dépassé 100 hectolitres par hec-
tare dans les bons terrains. Le vin qui était rouge vif et contenait 1 3". 9
d'alcool, était excellent et a été vendu 56 fr. l'hectolitre. Il n'y a pas
de vins de Narlionne ou de Roussillon qui puissent lui être comparés.
Mes vignes de Jacquez sont très belles celte année-ci, et elles portent
une récolte extrêmement abondante. »
V. — Le phylloxéra.
Un Congrès phylloxérique international a été organisé par le gou-
vernement italien à l'occasion de l'Exposition nationale de Turin, et il
devait se tenir dans cette ville du 14 au 21 août prochain. D'autre part,
à raison de l'épidémie de choléra qui sévit dans quelques villes du
midi de la France, des quarantaines ont été imposées aux voyageurs
entrant en Italie par les frontières de France et de Suisse. Afin d'éviter
ces quarantaines aux délégués qui doivent prendre part aux travaux du
Congrès, le gouvernement italien a décidé que l'ouverture en serait
reculée à une date qui sera ultérieurement fixée.
VI. — Laboraloire de la Société des agriculteurs de France.
Nous recevons communication de quelques changements apportés au
tarif des analyses de terres et de substances alimentaires exécutées dans
GHRONIQCJE AGRICOLE (2 AOUT 1884). 163
le laboratoire de la Société des agriculteurs do France, 4, rue du Bmiloi,
à Paris. Voici !e tarif acluellemeat en vigueur:
Terres. — Analyse complète r>0 fr.
Elle comprend les éléments suivants ; e;iu,siil)!e siliceux, calcaire, argile, matière
organique (humus), iizote, acide phospUorique, acide sull'urique, silice soluble,
sesquioxyde de fer, chauï, magnésie, potasse et soude.
Analyse pliysico-cliimique. — Sable, argile, calcaire, acide liumique 20
Analyre cliimique. — Azote, acide phosphorique, chaux, potasse 20
Chaque élément dosé séparément -S
Substances alimentaires : — Lait. — Analyse comprenant les éléments suivants :
densité, matières fixes, beurre, sucre de lait 10
Chaque élément dosé séparément &
Beurre. — Analyse comprenant : le point de fusion, l'eaUj les matières étrangères
fixes, les acides gras insolubles dans l'eau pour la détermination de la margarine. 19
Sucres bruts. — Analyse comprenaat : l'eau, le sucre ciistallisable, le glucose et
les cendres 10
Betteraves. — Densité du jus, richesse en sucre cristallisable, quotient de pureté,
coefficient salin obtenu par pesées .">
Vins. — Analyse comprenant : la densité, l'alcool, l'acidité, l'extrait sec, dans le
vide, le sulfate de potasse (plâtrage), la matière colorante nuisible ou non nui-
sible 10
Chaque élément dosé séparément. — Crème détartre, glucose, tannin, glycérine,
acide succiniquo, cendres, alcalis des cendres, etc.. h
Bière et ciJre. — Analyse comprenant : l'alcoo!, l'extrait sec, les cendres et le saly-
cjlate de soude et matière colorante nuisible ou non nuisible 10
Chaque élément dosé séparément. ., à
Pour les analyses qui ue sont pas indiquées dans le tableau ci-dessus, le prix
reste le même que dans le précédent tarif. Il sera prélevé 5 Irancs par chaque
élément dosé pour les a.na\ysesdes malières aijricoles. Pour les analyses qualitatives
le prix peut être réduit. Une réduction importante pourra être laite lorsque les
analyses se présenteront par série.
Dans les analyses industrielles, il sera prélevé de 3 à 10 francs par chaque élé-
ment dosé, selon son importance, et les prix seront fixés à l'avance.
Dans les expertises dont le laboratoire sera chargé, les prix seront fixés au
début, et en cas de déplacement, il ne sera pas prélevé moins de 20 francs par
élément dosé. Pour le règlement des tiers-expertises, une convention spéciale sera
établie suivant chaque cas.
Le prix fixé par la Commission d'administration est dû intégralement par tout
client du laboratoire, même par les membres de la Société des agriculteurs de
France.
Le résultat des analyses ne doit être lim-6 qu'après le reçu du montant de ces
analyses.
Dans sa dernière séance, le Conseil de la Société des agriculteurs
. . .
de France a voté une somme de 300 francs à titre de souscription pour
le monument à élever à M. J.-I3. Dumas, et une somme de 200 francs
pour le monument de M. Bella.
\li. — Sur l'engraissement intensif.
A l'occasion de la notice sur l'engraissement intensif, parue dans
notre dernier numéro (page 133 de ce volume), nous recevons de
notie excellent collaborateur, M. Sanson, la lettre suivante :
« Alon cher directeur, vous connaissez mon avergion pour toute poIémi((ii»e.
Elle me porte à laisser passer souvent des prétentions qu'il vaudrait peut-être
mieux relever dans mon intéièt personnel, ainsi que mes amis me le conseillest.
Mais tout a des bornes. Puis-je vraiment me dispenser de faire remar/^Uie)- à niJS
lecteurs qu'ils trouveront dans le n" 276 (25 juillet 1874) du J'jurnal, un articj*
sous ce titre : Exfiérience d'enyraissemeiU iiUemif, et que conbéquemment i'eiîpcce
de levcndicaticn de M. Duroselk, invoquant un écrit adressé par lui, en IBlê, à
la Société des agriculteurs de France, et récompensé par cette Société, en 1877,
_ est sans fondement.
v< Eiant arrivé deux aimées avant son départ, nous n'avons pas pu évidemtneBt
nous rencontrer.
« Bien -à vous, « A, S.\\sor. «
20 juillet 1«84.
164 CHRONIQUE AGRICOLE (2 AOUT 1884).
La question est complètement élucidée. Nous croyons toutefois
utile de rappeler que noti e règle absolue est de laisser à nos collabo-
rateurs ou correspondants toute latitude dans l'expression de leurs
opinions personnelles.
YIII. — Pubiication d'un herd-book suisse.
Nos lecteurs se souviennent probablement que nous avons fait con-
naître, il y a quelques années, les efforts poursuivis pour la création
d'un livre généalogique ou herd-book du bétail bovin de la Suisse
romande, accessible également aux propriétaires de tous les cantons
suisses. Ces efforts ont complètement réussi. La publication, placée sous
le contrôle du département fédéral de l'agriculture, en est à son cin-
quième volume ; il est publié par M. Borel, secrétaire général delà
Commission du herd-book. Il ne comprend que les animaux de la
grande race bovine tachetée, formant deux sections distinctes : les
animaux tachetés rouge et blanc, les animaux tachetés noir et blanc;
tout autre mélange de couleurs en est absolument exclu. Le cinquième
volume renferme le pedigree de plusieurs centaines d'animaux mâles
et femelles appartenant à 281 éleveurs; la plus forte proportion appar-
tient au canton de Fribourg.
IX. — Transport Je la force par l'éleclricité.
Les expériences sur l'application de l'électricité au transport de la
force se multiplient. Il n'a encore été rien ajouté aux résultats des
célèbres expériences de iM. Marcel Deprez ; mais il est utile que la
connaissance des procédés employés pour le transport électrique de la
force se propage. Nous devons donc signaler, sous ce rapport, les expé-
riences faites récemment par M. le professeur Crova à l'Ecole nationale
d'agriculture de Montpellier, et qui ont été suivies par un grand nombre
de personnes. Dans une conférence écoutée avec un vif intérêt, M.
Crova a montré l'avenir réservé à ces applications, avenir que Ion
peut considérer comme désormais assez prochain, si l'on considère les
immenses progrès réalisés depuis quelques années dans l'utilisation
de l'électricité.
X. — Association bretonne.
L'Association bretonne, présidée par M. Rieffel, tiendra à Lannion
(Côtes-du-Nord), sa 26'' session du 8 au 14 septembre prochain.
Comme les années précédentes, celte session consistera en un Congrès
et des concours d'animaux reproducteurs et de machines. Voici le
programme des questions qui seront traitées dans le Congrès :
I. Représentation de l'agriculture. — Bases et étendue à donner à cette repré-
sentation. Discussion des conclusions du Mémoire deM. Kersanté, inséré dans le
compte rendu de l'Association bretonne de 1883.
IL Cércalfs. — Vaiiétés cultivées dans les Côtes-du-Nord, et principalement
dans l'arrondissement de Lannion. Leurs avantages et leurs inconvénients. Cir-
constances locales de terrain, d'exposition, de climat, de culture, favorables ou
contraires à chacune d'elles.
m. Cultures fourragères. — Quelles sont celles sur lesquelles repose princi-
palement la nourriture du bétail dans les Côtes-du-Nord? Y a-t-il quelque cul-
ture fourragère nouvelle dont l'introduction ait été tentée (le maïs géant, la con-
soude, etc.)? Quels en ont été les rendemeiits? — Les cultures fourragères tien-_
nent-elles dans les exploitations des Côtes-du-Nord autant de place qu'elles le
devraient ?
IV. Prairies. — Comment sont- elles généralement traitées dans les Côtes-du-
Nord et spécialement dans l'arrondissement de Lannion au triple point de vue :
CHRONIQUE AGRICOLE (2 AOUT 1884). 165
r de l'assainissement; 2" de l'irrigation; 3" des engrais ou a'nendements em-
ployés? Avantages et inconvénients de ces diverses pratiques. Progrès à réaliser.
V. lispcce bovine. — Le croisement durliara gagne-t-il du terrain dins les Côtes-
du-NorJ? Sur quels points principalement? Dans (juelles circonstances est-il à
conseiller? Ecueils à y éviter. — Quels seraient les moyens à employer pour
empêcher que ce croisement ne diminue dans notre bétail les aptitudes laitières,
et pour encourager l'élevage de reproducteurs durham, susceptibles de confirmer
dans leurs' produits l'aptitude laitière, tout en les améliorant sous le rapport des
formes, de la précocité et de la disposition à l'engraissement? Croisements des
races Cotentine, Ayr et Jersey. Quels en ont été les résultats?
VI. Laiterie. — Quels sont pour le déj)artement, et principalement pour l'ar-
rondissement de Lannion : 1" l'importance du commerce de lait et de beurre;
2° les prix ; 3" les débouchés ; 4" la manière de faire le beurre et les barattes
employées : 5" les progrès réalisés et ceux désirables dans la manière de traiter
le lait et de faire le beurre.
\II. Espèce chevaline. — Géographie delà production et de l'élevage, dans les
Côtes-du-Nord, de chacune des variétés de l'espèce chevaline iselle, carrossiers,
postiers, gros trait). Importance numérique et commerciale de chacune. — Pro-
cédés d'élevage, commerce et débouchés.
VIII. Plantes textiles. — Préciser la diminution qu'ont subie, dans le départer
ment, les cultures de lin et de chanvre. En indiquer les causes. Cette diminution
tend-elle à s'accentuer encore ? Quels moyens de l'arrêter ou bien de suppléer
par d'autres cultures rémunératrices, au vide laissé par leur absence.
IX. Ci'Ire. — Choix des variétés de pommes; procédés de fabrication. Pressoirs
employés. Importance de la production du département et de l'arrondissement.
Consommation locale et commerce.
X. E<;pèce porcine. — Qualilés et défauts de la race indigène. Quels croisements
ont été tentés pour l'améliorer? Ces croisements ont-ils été un progrès? Sous
quels rapports? Se sont-ils généralisés? Quels sont ceux d'entre eux qui ont le
mieux réussi?
L'Association bretonne décernera, s'il y a lieu : une médaille d'or,
une médaille d'argent et une médaille de bronze, données par la Société
des agriculteurs de France;, aux Mémoires les meilleurs et les plus
complets sur une ou plusieurs des questions ci-dessus. Les Mémoires
devront être adressés, franco, avant le 25 août, à M. Haugoumar des
Portes, secrétaire général de l'Association, à Lamballe (Côtes du-Nord).
XI. — Expériences de moissonneuses-lieuses .
La Société d'agriculture de Fontainebleau a organisé un concours
de moisonneuses-lieuses. Les expériences ont eu*lieu le 1 7 juillet, à
la ferme du Chapitre, commune de Larchant. Cinq machines y ont
pris part : les moissonneuses des systèmes Hornsby, Wood, Johnslon,
Mac-Cormick, Osborne et Wood, toutes liant la gerbe à la ficelle. Le
rapport rédigé par M. Gasselin, agriculteur aux Fontenelles, donne les
indications les plus complètes sur la marche des appareils. Il en
ressort que toutes ces machines fonctionnent régulièrement. Le clas-
sement, après les essais, a. été le suivant: l"John3ton; 2' Wood;
3" Mac-Cormiçk; 4' Hornsby; 5" Osborne. Le rapport ajoute que les
moissonneuses Mac-Cormick et Osborne se trouvaient dans des con-
ditions trop déplorables, par suite de l'état auquil un orage avait
réduit les parties qu'elles avaient à couper, pour qu'on puisse en
reconnaître vraiment les qualités.
XII. — Concours du Comice de Seine^sl-Oise.
Le concours annuel du Comice agricole de Seine-et-Oise, fondé en
1834, s'est tenu le dimanche 15 juin, sous la direction de son prési-
dent M. Henri Besn.ird, membre de la Société nationale d'agriculture.
C'était le cinquantenaire de sa création. Le concours a eu lieu dans
166 CHRONIQUE AGRICOLE (2 AOUT 1884).
l'arrondissement de Mantes, dans la plaine de Blamécourt, près de
Magny-en-Vexin. Les animaux étaient nombreux, mais les machines
en moins grand nombre que d'habitude, à raison des concours régio-
naux qui se tenaient à la même date. Grande afîluence de cuhiva-
leurs. A la distribution des prix, M. Besnard a prononcé un discours
dont nous croyons intéressant d'extraire les passages suivants :
« Je sais bien qu'il existe des faiseurs de systèmes qui parlent de procédés
nouveaux pour obtenir à bas prix des récoltes merveilleuses, mais ce sont de
pures chimères; ces procédés ont été expérimentés par des hommes éclairés et
toutes ces tliéories n'ont pas tenu leurs promesses. L'occasion était belle cepen-
dant pour ces apôtres du progrès de produire une éclatante démonstration de la
supériorité de leurs procédés, ils y eussent trouvé honneur et profit, proSt surtout,
car il leur eût été facile de louer à très bas prix, pour leurs expériences, des
fermes étendues délaissées par ceux qui les cultivaient. Jusqu'ici cette démons-
tration n'a pas été faite, ce qui donne à penser que ces novateurs, malgré le sans-
f-.çon avec lequel ils parlent des agriculteurs sourds à leurs conseils, n'ont pas
dans l'efficacité de leurs systèmes une foi bien robuste. Des projets vont être pré-
sentés par M. le ministre de l'af^riculture au Corps législatif, demandant l'éléva-
tion ou la création de droits de douane sur les farines, les céréales (le blé excepté)
et sur le bétail; espérons qu'ils recevront bon accueil et que le t)lé sera compris
dans les nouveaux tarifs.
« La France ne saurait mieux faire que d'imiter l'Amérique et l'empire d'Alle-
magne dont la situation financière et commerciale s'est fortifiée par des droits
protecteurs. Elle est prête à entrer dans cette voie au Tonkin, sa nouvelle coa-
OTiête, et d'y assurer un privilège au commerce français. Qu'elle agisse de même
Baur son agriculture et protège les productions du sol national grevées d'impôts
contre la concurrence des denrées analogues que lui envoient des contrées où le
loyer du sol, la main-d'œuvre et les impôts permettent une production à bas
prix. Pour ramener les capitaux vers l'exploitation du sol, il faut rendre cette
spéculation lucrative et la protection seule peut amener ce résultat : l'expérience
de ce qui se passe chez les nations voisines et les conséquences du système que
BOUS avons pratiqué depuis une vingtaiue d'années, ne laissent pas de doute sur
cette solution.
a Ce n'est cependant ni l'énergie ni les connaissances spéciales qui man-
quent aux agriculteurs, les travaux que nous récompensons chaque année
en témoignent hautement; mais personne n'ignore -que s'il en est que le sort a
favorisésj plusieurs aussi ont succombé dans la lutte. La contrée que visite celte
année notre concours est une de celles qui ont su transformer avec le plus d'habi-
leté leurs procédés d'exploitation pour conjurer le mal que nous avons signalé.
a L'élevage du bétail, qui toujours y a été largement pratiqué, a reçu de nou-
veaux développements; des herbages ont été créés, et la culture fourragère s'est
consiléiablement accrue; les procédés d'ensilage y ont trouvé d'ardents propaga-
teurs et celte méthode nouvelle, habilement prati^né^c, a permis de soustraire
aux intempéries des masses im]>ortaiites de produits dont elles causaient autrefois
k perte. Evidemment les fermes qui ont intérêt à vendre leurs fourrages, con-
serveront l'ajicienne méthode de fanage, mais les autres exploitations se hàlerorit
de pratiquer l'ensilage lorsque la pluie s'opposera au fanage ; en agissant ainsi,
elles eQectueront leurs récoltes sans avaries. C'est en effet derrière les faucheurs
et entièrement vert que le fourrage est ramassé pourètre ensuite placé dans les silos.
Ceux-ci toutefois ne sont pas indispensables, et les granges, on l'on déposait
autrefois les foins, conviennent admirablement pour l'application du procédé que
nous développons. Au mois de mars dernier, nous avons vu chez notre aimable
hôte M. Guesnier, des granges remplies jusqu'à la charpente, des fourrages verts
de la conservation la plus parfaite : aucune avarie contre les murs, aucune à la
partie supérieure, couverte d'une épaisse couche de paille ; simplement sur la
petite façade par laquelle l'emmagasinage avait été terminé, et qui était ex-
posée à l'air, y avait-il quelques centimètres de foin gâté. Ce fourrage avait con-
servé toute son humidité; il exhalait une odeur agréable; tous les animaux le
-consommaient avec acidité. Nous n'insistons pas davantage sut la valeur de celte
méthode, aujourd'hui suffisamment expérimentée.; tout le monde comprend com-
bien elle est précieuse pour opérer les récoltes tardives du regain lorsque les rosées
du matin et du soir ne laissent plus que quelques heures pour les sécher.
CHRONIQUR AGRICOLE (2 AOUT 1884). 167
« Je m'empresse de rendre hommage à un èmioent agriculteur, M. de Chezel-
les, dont nous apercevons d'ici le domaine; c'est à ses louables eQorts et à ses
expériences que nous devons la propagation de cette méthode. »
Lo principal lauréat- du concours a été M. Seycux. qui cultive le
domaine de la Feugej il a reçu la p;rande médaille d'or du Comice.
XIII. — Le vinage.
Lu Chambre des députés a consacré plusieurs séances à la discussion
du projet de loi sur le vinaye. Après une longue joute oratoire entre
les partisans et les adversaires du vinage, elle a adopté le texte suivant
proposé par la Commission :
Article premier. — Les vins présentant une force alcoolique su[)érioure à
12 degrés sont soumis au droit simple de consommation, d'entrée et d'octroi pour
la quantité d'alcool comprise entre 12 et 15 degrés, et au double droit de consom-
mation, d entrée et d'octroi, poTir laquantitéd'alcool compriseentre 15 et 21 degrée.
Les vins présentant une force alcoolique supérieure à 20 degrés seront imposés
comme alcool pur.
Ai-ticlc 2. — La tolérance de 1 pour 100 sur le degré, résultant de l'article 7
delà loi du 21 juin 1873 est supprimée.
Deux dispositions additionnelles ont, en outre, été adoptées :
L'article 3 de la loi du 2 août 1872 est applicable aux vins présentant naturel-
lement une force alcoolique supérieure à 12 degrés.
Les négociants en vins et débitants devront indiquer sur leurs fûts e*. réci-
pients, et sur leurs liactures de livraison, la nature des produits qu'ils mettroai en
vente, sous l'une des désignations suivantes; Vins naturels; — jus de raisin sec-
Toute intraction à la présente disposition tombera sous l'application de l'ar-
ticle 423 du Code pénal.
La Chambre a décidé qu'elle passerait à une deuxième délibéralioa
sur ce texte.
XIV. — Les vices rnlhibiioircs des animaux domestiques.
Dans ses séances du '29 et du 30 juillet^ la Chambre des députés a
adopté, après en avoir déclaré l'urg.^nce, le projet de loi, voté par le
Sénat, sur les vices rédhibitoires dans les ventes et échanges d'ani-
maux domestiques. La discussion a été assez longue; nous reviendrons
dans notre prochain numéro sur les principaux points de cette loi.
Nous devons dire seideraent atijourd'hui que la nouvelle loi abi'ogetous
les règlements qui imposaient une garantie exceptionnelle aux vendeurs
d'animaux destinés à la boucherie.
XV. — Buissons hygicnhiues en temps de moisson.
Les ouvriers occupésaux travaux de la moisson souffrent delà grosse
chaleur des jours d'été, et depuis longtemps on s'est préoccupé des
moyens de leur procurer des boissons rafraîchissantes et hygiéniques,
car on sait que l'usage de l'eau pure est extrêmement dangereux quand
l'homme est en transpiration. On a recommandé de couper l'eau avec
du vinaigre; ce mélange n'a d'autre effet que d'aciduler légèrement le
liquide, sans lui donner de propriétés toniques. Le café étendu d'eau
est bien supérieur. Mais il existe aujourd'hui des boissons à la fois
toniques et rafraîchissantes qui, ajoutées à l'eau, donnent d'excellents
résultats. Tels sont le bilth au vin vieux et le bitlli au rhum, fabriqués
par M. Pesqui,à Bordeaux; d'après les expériences que nous en avons
faites, c'est un liquide aromatique et tonique, qui, ajouté à l'eau, lui
donne à la fois des propriétés hygiéniques et un goût agréable. Dans
les temps d'épidémie, il est utile d'avoir recours aux boissons aroma-
tisées et alcooliques, qui, prises en quantité convenable sans abus,ex-
. citent l'orgaaisme, sans le débiliter J.-A. Bakral.
168 SUR L IRRIGATION DES VIGNES.
SUR L'IRRIGATION DES VIGNES
L'irrigation donne de bons résultats sur les vignes chaque fois
qu'on la pratique aux époques où le fond, c'est-à-dire le sous-sol, est
desséché. Cette circonstance se produit souvent sous le climat si sec
de l'Hérault, même en hiver. 11 faut éviter les arrosages quand le sol
est profondément mouillé par des séries de pluie qui le pénètrent et
semblent le délayer, ce qui arrive parfois en automne et en hiver. Il
faut aussi les éviter à l'époque de la véraison des raisins, et aux
approches de la vendange, afin de ne pas déterminer un mouvement
de végétation qui appauvrirait les fruits en matière sucrée et les pous-
serait à la pourriture. L'époque la plus favorable aux irrigations jjaraît
être celle des mois chauds : juin, juillet et les premiers jours d'août.
Les irrigations qui pénètrent dans les sous-sols donnent les meilleurs
résultats. J'ai vu un seul arrosage pratiqué à Maraussan, le 12 juin
1883, sur une vigne fort attaquée et si compromise qu'il était ques-
tion de l'arracher après la vendange, la faire revenir de la manière la
plus satisfaisante. Les sarments se sont développés vigoureusement ;
on les voyait pousser en quelque sorte à vue d'œil, quelques jours
après l'arrosage; les fruits ont grossi et bien mûri; le changement a
été complet. L'arrosage, pratiqué avec une forte pompe, tirant l'eau
de la rivière et la refoulant à un demi-kilomètre de distance, avait été
fait par nappe, de manière à couvrir la surface; il avait pénétré à
1 mètre de profondeur au moins et n avait duré qu'un jour.
Il est regrettable qu'on n'ait pas pu pratiquer un deuxième arro-
sage en juillet. D'autres parcelles dont les points d'attaque déjà rabou-
gris paraissaient perdus, sont revenues en deux ans à l'état normal.
Elles étaient arrosées par des norias en faisant arrêter l'eau autour des
souches, afin de la faire infiltrer; on a arrosé une fois, chaque mois
chaud; dans d'autres cas, les arrosages ont été plus fréquents.
Tous les sols ne se prêtent pas également à l'irrigation des vignes.
Ceux où elle réussit le mieux sont profonds, perméables, à éléments
à la fois calcaires et siliceux. De plus, les vijnes phylloxérées qu'on
arrose doivent être fumées d'une manière soutenue.
Les irrigations de vignes que j'ai observées soit à Vias, soit à Ma-
raussan, n'y ont pas développé le mildew; c'est un fait très remar-
quable. Le penorospora, qui a ravagé tant de vignobles en terrains
secs, paraît plutôt développé par l'humidité atmosphérique que par
celle du sol.
Chez M. J. Maistre, à Villeneuvette, l'arrosage des vignes est prati-
qué sur une grande échelle. Commencé depuis 1873, il donne de bons
résultats, soutient et conserve les vignes. On le réitère fréquemment,
et jusqu'à vingt fois dans le cours d'une année. On fume tous les ans;
les eaux d'arrosages, provenant des lavages des laines en suint, sont
fertilisantes. On les fait séjourner dans des excavations pratiquées
entre les ceps, afin de favoriser une profonde infiltration.
La pratique des irrigations exigeant une quantité d'eau relativement
faible, si on la compare à celle qui est nécessaire à la submersion, est
destinée à prendre une grande extension, et à rendre d'importants ser-
vices à la viticulture partout où la nature du sol et la présence de l'eau
à de faibles profondeurs en faciliteront l'application. H. Marès,
Membre de la Société nationale d'agriculture.
LES MERINOS AU CONCOURS DR SAINT-OMER. 169
LES MÉRINOS AU CONCOURS DE SAINT-OMER
Les concouFs régionaux qui se liennenten France, ont cessé d'avoir
une signification purement locale ; leur importance allant toujours en
croissant attire de plus en plus l'atlenlion des pays étrangers, dont les
agriculteurs trouvent dans ces exhibitions agricoles non seulement un
sujet d'enseignement, mais encore des indications précieuses pour gui-
der le choix de reproducteurs d'élite.
Le public agricole polonais s'intéresse surtout aux concours du Nord
et particulièrement à la catégorie des bêtes ovines, depuis que l'intro-
duction des mérinos précoces a rendu des services si remarquables à
notre élevage; et c'est avec plaisir que nous avons retrouvé à la tète
des lauréats du concours de Saint-Omer les nom î des habiles éleveurs
de l'Aisne, et en première ligne le nom de M. Duclert bien connu des
éleveurs polonais.
Il s'est glissé cependant dans le rapport de ce concours un petit
lapsus pennas, qui est passé inaperçu en France, mais qui parmi nos
éleveurs pourrait soulever des doutes très graves et les détourner de la
bonne voie dans laquelle ils sont entrés eu se servant des béliers fran-
çais. Nous croyons par conséquent qu'il serait fort désirable que
M. Comon lui-même, ou quelque plume spécialement autorisée reprît
la question pour la poser nettement, avec toute la clarté possible.
Les éleveurs de mérinos précoces savent bien que les béliers de cette
variété sont très appréciés depuis quelque temps en Pologne et aussi
en Allemagne, et que nous avons été un des premiers — sinon le pre-
mier — à les importer du Soissonnais et à en préconiser la haute
valeur. Or ce nouveau débouché pour les éleveurs français a eu pour
conséquence inévitable d'affaiblir le débouché <les producteurs de soi-
disants Rambouillets en Allemagne; il s'est formé partout une asso-
ciation jurant haine implacable aux mérinos précoces et mouvant
l'Achéron pour entraver leur introduction ultérieure. Désirant en outre
relever leurs tendances par un lustre patriotique, les adeptes de cette
association ont imaginé de préconiser le mouton alleinan/l â laine longue
(das deutsche Kammwollschat), une espèce de bête apocalyptique qui
n'existe pas encore, mais qui doit prochainement réunir en un individu
toutes les qualités imaginables — enfin un mouton de l'avenir, quel-
que chose comme la musique de Wagner.
L'argument principal cependant consiste à prétendre que les méri-
nos précoces ne sont pas des mérinos purs, mais au contraire des métis-
mérinos issus d'un mélange de sang anglais — cotswold, lincoln et
autres pareils — ce qui serait manifeste, dit-on, par l'anatomie du brin
de laine.
Les béliers du Soissonnais seraient donc des reproducteurs d'une
hérédité très douteuse et même dangereuse pour des pays où la pro-
duction de la laine prime encore parfois la production de la viande.
Or dans le compte rendu du concours de Saint-Omer il est dit' .
« .MM. Delisy, Duclert, Camus-Viéville, remportèrent facilement les
prix destinés aux métis-mérinos.... »
Voilà une expression qui s'est glissée par erreur dans la plume de
l'honorable rapporteur, et qui ferait bien plaisir aux ennemis des
I. Jountat du 5 juillet, page '27.
170 LES MÉRINOS AU CONCOURS DE SAINT-OMER.
mérinos, s'ils venaient à la lire! En vérité nous savons pertinemment
bien que M. Duclert, notre très honorable ami, ne produit pas de
métis-mérinos, mais bien des mérinos purs, et nous croyons pouvoir
affirmer la même chose de M. Delisy avec qui nous avons eu le plaisir
d'être en relation ; nous pensons même que celte assertion, restant sans
démenti, pourrait compromettre la renommée justement acquise de ces
deux éleveurs distingués.
Nous espérons que le Journal ne refusera pas d'élucider une ques-
tion qui est tout aussi importante pour la prospérité de l'élevage
en Pologne, que pour le débouché des éleveurs français.
D' Ladislas Laszcztoski.
TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE'
Pour obéir aux ordonnances et décrets qui ont établi et réglementé
notre Compagnie, je dois prendre la parole dans cette séance solennelle
afin de présenter un compte rendu de nos travaux pendant l'année qui
vient de s'écouler. La tâche serait longue et ardue si je croyais devoir
analyser toutes les communications qui vous ont été faites, toutes les
questions qui ont été agitées, très souvent résolues dans cette enceinte.
Il m'a paru que je devais me borner aux choses principales, d'un ordre
général et élevé. Sans doute il est difficile de pouvoir dire à l'avance
qu'un fait, qui paraît de mince valeur au premier moment, ne prendra
pas avec le temps une importance considérable.
I. — Qui ne sait, par exemple, aujourd'hui, le rôle capital que jouent
dans la vie des animaux et des plantes, dans l'harmonie de la nature,
les êtres infiniment petits, les microbes, dont nos prédécesseurs
ignoraient même l'existence et qui nous apparaissent maintenant,
depuis les travaux de Davaine et surtout de notre illustre confrère,
M. Pasteur, comme les agents principaux, je ne dirai pas de la des-
truction de la matière vivante, car rien ne se détruit dans la nature,
mais de la transformation incessante de tout ce qui est organisé.
Tout naît d'un germe infiniment petit, l'animal le plus merveilleu-
sement beau, comme le végétal le plus gigantesque, et tout est anéanti
par des organismes dont le microscope seul permet de reconnaître
l'existence.
Il faut donc se tenir prudemment sur ses gardes quand on est appelé
à classer les choses de la nature. Que de méprises on peut commettre,
lorsqu'on passe en revue les objets si variés de la préoccupation des
sciences pures ou des sciences appliquées.
Pour ne pas m'égarer au milieu des sujets si nombreux et si divers
qui ont été traités devant vous avec plus ou moins de profondeur, je
suivrai l'ordre des Sections dans lesquelles notre Compagnie a été si
justement divisée, non pas à son origine, mais il y a près de cin-
quante ans, sur l'initiative de notre incomparable doyen, M. Chevreul,
qui sait combien l'ordre est nécessaire dans le travail pour que celui-
ci soit fécond. D'ailleurs, la division en Sections était le moyen d'assurer
la représentation permanente, dans le sein de notre Compagnie, de
toutes les sciences appliquées à l'agriculture. Il y a eu naguère une ten-
dance maj-quée à laisser les représentants de telle ou telle branche spé-
1. Compte rendu des travaux de la Société depuis le 27 juin 1883 jusqu'au 'l juillet 18i^4,
présenté à la scance publique annuelle de 1884.
TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE. 171
ciale prendre une influence numérique prépondérante lorsque la mort
frappait dans nos rangs. On était entraîné naturellement à élire par
prétcrence des hommes éminents, sans doute, mais dont le ciioix était
décidé [)ar des considérations personnelles, au lieu d'être dominé par
le devoir qui nous force maintenant, parfois bien à regret, de faire
attendre des candidats d'un rare mérite.
Et hélas ! la mort se montre trop souveot cruelle envers nous. Il y a
des époques néfastes où elle accumule ses coups, et vous savez trop
quels vides elle a créés en venant soudainement, en moins de quatre
mois, enlever M. Dumas, d'une illustration universelle, dont toutes les
académies, toutes les associations scientifiques portent le deuil;
M. de Béhague, grand éleveur et grand agriculteur; M. Lavallée,
célèbre parmi les botanistes des deux mondes pour ses plantations de
Segrez; M. Gaudin, jurisconsulte et économiste distingué. La sagesse
de nos règlementsoblige d'élire, pour les remplacer, des hommes voués
aux sciences physico-chimiques, à l'élevage et à l'agriculture, aux cul-
tures spéciales, à la statistique, à la législation ou à l'économie poli-
tique. Quelle que soit l'étendue des pertes subies, notre Compagnie est
ainsi assurée de continuer ses travaux dans la voie ouverte et tracée par
les maîtres.
II. — La première condition du succès de toute culture est d'avoir
de bonne semence; si cette condition n'est pas remplie, c'est en vain
qu'on prodiguerait à la terre et les engrais et les travaux d'ameublis-
sement ou d'approfondissement; tout deviendrait inutile. Depuis plus
d'un siècle, la question du choix des semences est l'objet de la sollici-
tude de notre Compagnie : elle n'a cessé de prodiguer aux cultivateurs
des conseils basés s jr des expériences comparatives, afin de les engager
à s'assurer de la qualité des graines auxquelles ils ont recours pour
leurs semis. Votre Section de grande culture a obéi à la tradition en
s'occupant des moyens à employer pour empêcher les falsifications des
graines de trèfle et de luzerne, ou, en d'autres termes, des graines ser-
vant à donner naissance à ce qu'on a appelé des prairies artificielles,
dont la multiplication est certainement une des plus grandes œuvres
accomplies par notre Compagnie. Vous avez voulu approuver, par le
vote d'une médaille d'or à l'effigie d'Olivier de Serres, l'initiative prise
par M. Schribaux de recherches qui ont abouti, grâce au concours de
nos confrères, MM. Hisleret Tisserand, à la fondation, près de l'Institut
national agronomique, d'une station pour l'essai des graines.
Des études sur les prairies naturelles des régions de l'est et du centre
de la France, et sur les moyens de destruction de la cuscute qui porte
tant de préjudice à la production fourragère, ont occupé plusieurs de
vos séances, par suite de communications pleines d'intérêt dues à
MM. Boitel et Heuzé. La pratique agricole trouvera, dans les faits qui
ont été constatés, d'utiles enseignements pour garantir les exploita-
tions rurales contre un fléau que des soins attentifs peuvent conjurer.
Les procédés de buttage des pommes de terre proposés à vos médi-
tations par un savant agronome de Copenhague qui a voulu venir lui-
même vous les exposer, ont donné lieu à des recherches de vérification
très bien conduites par quelques-uns de nos confrères, particulièrement
par .MM. Dailly et Pluchet ; il s'agit d'empêcher, par des soins de cul-
ture, la propagation de la maladie qui attaque le précieux tubercule et
en réduit souvent les produits de plus de moitié. Les résultats des
172 TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE
expériences n'ont pas été décisifs; mais qui ne sait qu'en agriculture il
faut répéter les essais, et persévérer, souvent durant plusieurs années,
dans l'observation des faits avant d'acquérir la certitude. Cela ressort,
une fois de plus, de la discussion qui a eu lieu dans votre sein et à
laquelle ont apporté tant de lumière MM. Chevreul, Duchartre, Prillieux,
Michel Perret, Chatin.
Je ne pourrais non plus passer sous silence les recherches entre-
prises pour continuer par la sélection des semences l'amélioration des
betteraves, au point de vue de leur richesse en sucre, sans un abais-
sement trop considérable du rendement en poids par hectare. Maintenir
entre les fabricants de sucre et les cultivateurs une alliance fondée sur
la justice et sur la satisfaction mutuelle de leurs intérêts, est une de
vos préoccupations, parce que la prospérité de l'agriculture d'une région
qui subit une crise violente après avoir été longtemps heureuse, se
trouve dépendre absolument d'une entente dont il importe de fixer les
bases. Il faut arriver à conjurer, par ce moyen, une ruine prédite par
les esprits pessimistes, mais dont la menace ne saurait être regardée
comme pouvant s'accomplir par ceux qui ont foi dans la science et
dans la puissante énergie de nos cultivateurs ; ceux-ci ont déjà vaincu
tant d'obstacles que la lulle ne les effraie pas, malgré des pronostics
que le patriotisme les invite à repousser comme un poison mortel.
Le découragement n'atteint pas ceux qui aiment fortement le travail.
III. — Les cultures spéciales forment une très grande partie de la
richesse du pays; mais, sur cette richesse, il faut constamment veiller,
comme l'avare veille sur ses trésors, car nous sommes constamment
menacés de nous les voir enlever.
La sériciculture a été sauvée par les découvertes de M. Pasteur d'une
ruine qui paraissait définitive. Elle est revenue, sinon à son ancienne
prospérité, du moins à une vie maintenant robuste. Vous vous tenez
constamment au courant de sa situation. Les communications que vous
font, sur les résultats de chaque campagne, nos confrères MM. de Retz
et Cornu et plusieurs de nos correspondants du Midi, vous permettent
d'être rassurés sur une des branches importantes de la production
nationale. S'il y a une sorte d'engourdissement dans cette source de
richesse, cela tient à des circonstances économiques contraires, mais
non à des maladies dont on est maître désormais.
On commence aussi à être rassuré sur l'avenir de la viticulture,
puisqu'elle résiste encore après des années bien sombres. On sait com-
battre le phylloxéra, empêcher ou arrêter sa propagation; on est même
arrivé à faire vivre la vigne malgré son ennemi, par la découverte et
l'emploi des cépages qui résistent à ses atteintes. Nos viticulteurs savent
greiïer ces cépages pour leur faire porter les races de raisins auxquelles
les vins français doivent une juste renommée, que d'imprudentes mais
inconscientes publications ne parviendront pas à détruire.
Notre Compagnie a beaucoup contribué aux résultats obtenus dans
la lutte contre le phylloxéra ; c'est d'elle que notre confrère M. Faucon
a reçu les premiers encouragements qui l'ont aidé à faire triompher
la submersion des vignes de tous les préjugés, de toutes les objections
qui ont d'abord accueilli l'exposé de son procédé et la démonstration
expérimentale, cependant si convaincante, de son efficacité.
En même temps que vous donniez aussi votre approbation et vos
encouragements aux traitements par le sulfure de carbone et par le
TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE. 173
sulfo-carbonate de potassium, des vignes atteintes du phylloxéra, vous
n'hésitiez pas non plus à reconnaître que certains cépages importés
du Nouveau-Monde pouvaient résister contre le fléau. L'Amérique,
qui avait produit le mal, pourrait placer, entre les mains de nos culti-
vateurs habiles et courageux, le remède susceptible d'en triompher.
D'ailleurs, les inventeurs, les propagateurs des moyens de vaincre
l'invasion du phylloxéra siègent ou ont siégé parmi nous. Je vois ici,
ou j'ai vu parmi nous MM. Dumas, Paul Thenard, Faucon, Gaston Ba-
zille, Henri Mares. Aujourd'hui même vous récompensez quelques-uns
des meilleurs travaux exécutés pour restituer à nos vignobles toute
leur splendeur. Sur les rapports de M. Henri Mares, de M. Gaston Ba-
zille, de M. Michel Perret, vous décernez des médailles d'or à un pépi-
niériste de Marseille, M. Besson, qui a découvert ou plutôt créé de
nouveaux et excellents cépages; — à M. Jules Maistre, pour ses expé-
riences sur l'irrigation et la submersion des vignes; — à M. Syl-
vain Espitalier, qui, après avoir contribué à montrer que le phylloxéra
n'atteint pas les vignes plantées dans certains sables calcaires très fins,
a utilisé les eaux du Rhône en jetant un siphon par-dessus les digues
qui opposent un frein aux inondations du fleuve; il peut ainsi y puiser
économiquement toute l'eau nécessaire à la submersion d'un vaste
vignoble de 110 hectares, pouvant donner annuellement un produit
net s'élevant à 175,000 francs.
Dans vos délibérations, vous ne cessez pas de réclamer, en faveur
des départements du Midi, si éprouvés par de nombreuses et terribles
calamités, la création de canaux d'irrigation qui leur ont été si souvent
promis et qu'ils attendent depuis tant d'années pour retrouver leur
ancienne prospérité.
Vous avez écouté avec le plus vif intérêt les communications qui vous
ont été faites et les observations qui vous ont été présentées sur les
plantations de vignes dans les landes de Gascogne par nos confrères
MM. Chambrelent et de Dampierre, et par M. le sénateur Feray; mais,
comme vous le faites toujours avec sagesse, vous attendez les résultats
des expériences pour vous prononcer sur les conclusions définitives
que vous devrez en tirer.
L'Algérie a créé un vignoble dont l'importance, chaque année crois-
sante, promet de grandes richesses à la France africaine ; vous avez
été tenus au courant des progrès successivement accomplis dans
notre colonie par une note très détaillée de notre confrère M. Paul
Mares.
Nous avons aussi suivi avec un vifintérêtles efforts faits à l'étranger
pour lutter contre le phylloxéra. Les communications de notre confrère
M. Alberto Levi sur l'enquête phylloxérique en Autriche, méritent
d'être citées.
Un nouvel ennemi de la vigne donne des inquiétudes très vives aux
viticulteurs; il cause déjà beaucoup de mal : lePemnosporavitis, appelé
aussi, mais improprement, mildow par quelques-uns; des communi-
cations de MM. Gaston Bazille, Cornu, (]hatin, Prillieux ne vous ont
rien laissé ignorer de la nature, de la marche du mal, et des moyens
proposés pour l'arrêter.
Il convient encore de citer un rapport de notre vénéré confrère
M. Bouchardat, toujours vif et alerte, comme il est coutume dans notre
Compagnie, quand on a plus de quatre-vingts ans, sur des expériences
174 TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE.
faites en vue d'obtenir de fructueuses récoltes dans des terrains
improductifs.
Ce résumé des travaux de la Section des cultures spéciales ne serait
pas complet, et une grande injustice, presque une ingratitude, serait
commise, si les communications nomi^reuses de notre confrère tant
regretté, M. Lavallée, n'étaient pas rappelées. Il vous a parlé, avec un
charme qui vous faisait toujours l'applaudir, de ses expériences sur
la culture des kakis; — de sa belle publication sur les clématites
à grandes fleurs, qui est, en quelque sorte, son testament scienti-
fique; — d'un curieux procédé qu'il a employé avec succès pour
obtenir, pour ainsi dire artificiellement, des sujets femelles d'une
plante dioïque dont il ne possédait qu'un sujet mâle. Que de fois nous
éprouverons de douleur en nous souvenant de la mort prématurée
d'un collaborateur si dévoué au bien public, si ardent à chercher les
moyens de dérober à la nature végétale quelques-uns de ses secrets!
L'horticulture se rattache à la Section des cultures spéciales ; elle y
est représentée particulièrement par notre confrère M. Hardy, le savant
directeur de l'Ecole d'horticulture de Versailles, dont vous suivez
la prospérité avec l'inlérêt que méritent l'art du jardinage et la science
de l'élevage des plantes utiles ou d'ornement. Notre illustre président
vient de rendre, dans cette séance même, un juste hommage à l'impor-
tance des travaux des horticulteurs, et au rôle qui leur appartient dans
les progrès de la civilisation.
IV. — La culture forestière occupe une partie si considérable de
notre sol, et elle est pratiquée par des hommes si distingués, qu'elle
constitue certainement une des gloires de l'agriculture française. Vous
entendrez tout à l'heure l'éloge biographique d'un de nos anciens con-
frères qui fut un forestier éminent, éloge prononcé par M. Olavé, dont
je n'ai pas à faire l'éloge, parce que mon rôle consiste surtout à louer
les morts, triste mission que je remplis trop souvent. Votre Section
(l'arboriculture foreslicre vous a tenus au courant de tous les travaux
effectués en forêts, de tous les boisements intéressants qui ont été
exécutés, des maladies ou des fléaux qui attaquent les arbres de
diverses essences. Vous récompensez aujourd'hui, sur la proposition
de cette Section, par des médailles d'or à l'effigie d'Olivier de Serres,
des plantations habilement faites dans la Haute-Marne et dans les
landes de Gascogne.
Il a été créé ainsi des richesses remarquables par MM. deHédouville
et par Mme Vve 31aniel et M. Bailleux de Marisy.
Une importante communication vous a été faite par notre confrère
M. Bouquet de la Grye, sur les conséquences pour la propriété fores-
tière de l'application d'une nouvelle invention métallurgique, celle
du procédé de fabrication des aciers de MM. Thomas et Gilchrist. Par
ce procédé on peut obtenir, avec des ciiarbons minéraux et des mine-
rais de dernière qualitité, des aciers valant les meilleurs aciers au
charbon de bois. De li, il résulte que le propriétaire forestier doit res-
treindre la production des bois de feu, accroître celle des bois d'oiuvre,
et, par suite, diriger ses exploitations de manière à faire prédominer
la futaie sur le taillis.
Notre confrère, M. Chambrelent, nous a entretenus, d'ailleurs, des
soins de culture à donner aux forêts et de l'urgence du boisement des
montagnes, en montrant par des expériences combien la production
TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTUUE. 175
des arbres, quand elle est bien conduite, peut être avantageuse.
Illaut citer encore de nouvelles observations, dues à M. des Cars, sur
les désastres causés aux l)ois par les terribles froids précoces de l'hiver
de 1879-1880, dont nos Mémoires contiennent une histoire qui sera
précieuse pour nos successeurs.
Une discussion approfondie, pleine d'enseignements sur l'emploi des
succédanés des chilTons dans la fabrication des papiers, est enfin à
signaler. Le papier de bois n'a pas droit à la reconnaissance de ceux
qui aiment les livres durables et (jui désirent que leurs écrits passent
à la postérité.
(La suite prochainement.) J.-.\. Bauiî.vl.
SUR LA PRÉSENCE UNIVERSELLE DES AZOTATES
DANS LE RÈGNE VÉGÉTAL '
L'azote est un élément essentiel de tous les êtres vivants; il n'est
pas moins nécessaire aux végétaux qu'aux animaux, quoi([ue sa pro-
portion y soit moins considérable. C'est même des végétaux que les
animaux tirent en définitive, par voie directe ou médiate, l'azote néces-
saire à leur constitution. Mais l'origine première de l'azote, qui con-
court à former les principes immédiats des végétaux, n'est pas encore
complètement éclaircie, non plus que le cycle des transformations que
cet élément s^ubit à partir des matières azotées du sol ou de l'atmo-
sphère. J'ai entrepris de soumettre ces questions à un nouvel examen,
à l'aide des ressources mises à ma dispositon par M. le ministre de
l'instruction publique, dans la station de chimie végétale de Meudon,
récemment instituée. Depuis un an, je me suis attaclié spécialeroent à
l'examen des azotates présents dans les tissus de certaines plantes,
ainsi qu'à l'étude de leur origine et de leur rôle en physiologie végé-
tale. Plusieurs espèces de plantes ont été suivies et analysées dans
toutes leurs parties, depuis l'ensemencement jusqu'à la reproduction
des graines, pendant toutes les phases de leur végétation.
Ces expériences, appuyées sur plusieurs milliers d'analyses, tendent
à établir l'existence d'une nouvelle fonction végétale, donnant lieu à
la formation des azotates au sein de certains tissus végétaux et pen-
dant une période déterminée de la végétation. Elle résulte de l'action
de certaines cellules, agissant sans doute à la façon du ferment nitri-
que de MM. Mtintz et Schlœsing; de même que, dans les expériences
de M. Lechartier, les cellules des fruits jouent le rôle de la levure pour
développer la fermentation alcoolique. Cette fonction est corrélative
avec les phénomènes d'oxydation et de réduction qui s'opèrent dans
les tissus et avec les conditions successives de la vie des plantes.
Je me propose d'exposer à l'Académie la suite de ces expériences,
dont une longue série est dès à présent terminée. Des problèmes très
intéressants et très controversés se présentent ici à nous, tels que celui
de savoir si le salpêtre, ou plutôt l'acide azotique qui le constitue,
préexiste dans les engrais, dans le sol arable, dans l'atmosphère ; ou
bien, s'il est formé par le végétal, au moyen des principes azotés du
sol ou des engrais. Avant de les discuter, je vais établir aiijourd'iiui la
présence, pour ainsi dire universelle, des azotates dans le règne
végétal .
1. Note communiquée à l'Académie des sciences.
176 PRÉSENCE UNIVERSELLE DES AZOTATES DANS LE RÈGNE VÉGÉTAL.
Depuis longtemps, on avait reconnu cette présence dans quelques
plantes. Déjà Stalil', il y a un sièle et demi, signalait l'existence du
nitre dans la pariétaire, le tabac et le fumeterre; il en donne comme
preuve la propriété de fuser d'elles-mêmes que présentent ces plantes
desséchées, ainsi que la formation des vapeurs rouges par leur fermen-
tation. D'après M. Boussingault, la proportion du nitre dans le tabac
serait parfois si grande dans la vallée du Gange qu'il apparaîtrait à la
surface de la plante, sous forme d'efflorescences salines. On a observé
également le nitre dans la bourrache, qui lui doit ses propriétés dui-
rétiques, dans les amarantacées, oii M. Boutin en a reconnu des doses
considérables, dans un certain nombre de plantes examinées par les
observateurs, tels que Vaudin, qui l'a trouvé dans les extraits pharma-
ceutiques; Reicbardt, qui l'a rencontré en petites quantités dans divers
végétaux, et plusieurs autres savants. Rappelons encore la betterave,
lù le nitre est signalé depuis plus d'un demi-siècle par les tabricants
de sucre, à tel point que le service des poudres et salpêtres, guidé par
les travaux de M. Corenwinder et par ceux de M. Faucher, a même
cherché, dans ces dernières années, à l'utiliser comme agent produc-
teur du salpêtre.
Les travaux que je poursuis jettent une lumière sur cette question,
qui intéresse au plus haut degré la défense nationale.
Exposons d'abord les expériences qui généralisent l'existence végé-
tale du salpêtre. Voici comment j'opère. Je prends un poids do plante
s'élevant à 200 gr. ou 300 gr. (sauf pour les plantes riches en salpê-
tre). J'en fais un extrait aqueux", que j'évapore au bain-marie et que
je reprends par un mélange d'alcool et d'eau. J'évapore de nouveau
pour chasser l'alcool, et je dose les azotates par le procédé Schlœsing,
c'est-à-dire en changeant les azotates en bioxyde d'azote, dont on
mesure le volume en l'absorbant par le sulfate ferreux "'. On en déduit
le poids de l'azotate de potasse. Ce procédé est le seul tout à fait cor-
rect et décisif qui ait été étudié jusqu'ici.
On a parfois déduit le poids de l'azotate et celui du carbonate alcalin
obtenu par l'incinération du végétal ; mais ce procédé est tout à fait
inexact, une dose considérable de potasse existant toujours sous d'au-
tres formes que celle d'azotate dans les plantes.
Le procédé qui consiste à [changer l'azotate en ammoniaque, en le
réduisant au moyen du fer et du zinc, expose aussi à de graves erreurs,
à cause de la coexistence des principes amidés dans les plantes.
Peut-être l'ingénieux procédé présenté dans la dernière séance, par
M. Chevreul, au nom de MM. Arnaud et Padé, procédé fondé sur l'in-
solubilité de l'azotate de cinchonamine, fournira-t-il dans ces études
des ressources nouvelles, lorsque nous pourrons disposer de quantités
convenables de cet alcaloïde.
Disons d'abord que les azotates doivent être recherchés de préfé-
rence dans la tige des végétaux, siège principal de leur production.
C'est ce que montrent, par exemple, les analyses suivantes, faites vers
le début de la végétation.
Amaranlus caudatus (mai). — Une plante sèche pèse 0e'.61O : la tige ren-
1. Fundameiita chyniin', pars II, p. 105; Nurembei-g, 1774.
2. Quand le jus est acide, par exception, je le neutralise exactement avec du carbonate de
potasse.
3. L'acide carbonique, tjui existe parfois dans le mélange, doit être absorbé au préalable par
la potasse, et cela très soigneusement.
PRÉSENCE UNIVERSELLE DES AZOTATES DANS LE RÈGNE VÉGÉTAL. 177
ferme un poids d'azotate é,£;al àOB^0204; la racine, O"'. 0039 ; les feuilles, Û-'. 0024.
Ces poids rapportés en millièmes à chacune des portions correspondantes envi-
sagée isolément, donnent : tige, 83»'. 8; racine, 58«^6 ; feuilles, 8'!"'.2.
Amarante à feuilles rouges, naine (mai). — Une plante sèche, 08'",518: tige,
0K^0054; racine, Os^0011; feuilles, 0.00036.
Borrago of/icinalis (mai). — Une plante sfeche, 1«'.4195 : lige, O^^oaTO; racine,
0fc"-.0026: feuilles, Os-'.OOSS.
Grande consoude. — Pour 1,000 de plante sèche : tige, 08M60 ; racine, 0s''.044;
feuilles et fleurs, 08^00.
Luzerne. — Une plante sèclie, 0s''.616 : tige, O^''. 00018; racine, nul ou inap-
préciable ; feuilles, nul.
Triticum sativum. Blé (mai). — Une plante sèche. l^^SS : tige, 08''.00170;
feuilles, 0-''.00023 ; racines, O-^DOOSl.
Aliéna Saliva. Avoine (mai). — Une plante sèche, 2-''.80 : tige, C"''.0032:
racines, 0»'^0009; feuilles, 0.0011.
Je reviendrai sur ce point : mais j'ai dû en parler d'abord, pour
expliquer le choix que j'ai fait des tij>;es dans mes analyses. Celles-ci
ont été exécutées sur des familles assez variées pour permettre de
généraliser les résultats; la plupart ont porté sur des plantes non
examinées jusqu'ici ; on a dû y comprendre aussi, pour opérer métho-
diquement, quelques végétaux dans lesquels les azotates ont déjà été
signalés.
Hypnum triqiieti-am (Mousses) •>
Equisetum telmateia (Equisétaoées) Tiges
Pteris aquilina (Fougères) —
Sclrpus lacustns i Cy péracées) —
Juncus coiiglomeratus (.loncées) —
Asparagus ofticinalis. .asperges (Liliacées) ... —
Scilla nutans. Jacinthe des bois (Liliacées). . . . Bulbes
Dacij'lis glomerata (Graminées) Tiges
Triticum sativuui. Blé (Graminées) —
Le même. Hut jours après —
Avena saliva. Avoine (Graminées) —
Le même. Huit jours après —
Pinus sylvestris (Conifères) Jeunes pousses.
Prunus domestica. Prunier (Rosacées) —
Pyrus communis. Poirier (Rosacée.s) —
Papaver Rlieas. Coquelicot (Papavéracées) Tiges
Chelidonium majus (Papavéracées) —
Solanumtuberosum.Pommesdeterre (Solanées) —
Bryonia dioica. Bruyone (Cucubitacées] —
Plantago lanceolata. Plantain (Plantagmées)... —
Lychnis dioica (Caryophillées) —
Galium aparine (Rubiacées) —
Cherophyllum temulum. Cerfeuil (Ombellifères) —
Euphorbia Cyparistias (Eupborbiacées) —
Géranium robertianum (Géraniacées) —
Senecio vulgaris. Séneçon (Composées) ■ —
Tanacetum vulgare. Tanaisie (Composées) —
Urtica dioica. Ortie (Urticacées) —
Lamium album Drtie blanche (Labiées) —
Reseda lutea. Gaude (Résédacées) . . —
Brassica aljja. Moutarde blanche (Crucifères) . —
Rumex acetosa, Oseille (Polygonées) —
Id. id. id. Feuilles.......
Ranunculus acris (Renonculacées) Tiges
Trifolium pratense. Trèfle (Légumineuses) .... —
Ainsi, presque tous les végétaux contiennent des azotates, au moins
pendant une certaine période de leur végétation ; aussi bien les Dico-
tylédones que les Monocotylédones et les plantes des autres classes
(Mousses, Fougères, Equisétacées, etc.) ; aussi bien les plantes ter-
restres que les plantes aquatiques; aussi bien les plantes annuelles
que les plantes vivaces et les arbres mêmes (Pin, Prunier, Poirier), à
la condition d'opérer sur les pousses de l'année. La proportion des
AZOTATE
DE POTASSE
POUR 1,
000 P.XRTIES.
Plante sèche.
Plante humide.
0.055
0.050
0.360
0.066
0.300
0.053
0.049
0.012
0.180
0.065
0.300
0.044
0.077
0.024
0.110
0.024
27.8
4.40
11.20
2.10
9..T
1.03
17.6
2.80
0.21
0.049
0.12
0.026
0.15
0.043
31.6
1.60
2.2
0.24
15.4
1.06
3S.3
2.10
0.77
0.15
1.90
0.230
0.10
0.012
0.18
0.020
traces
,.
7.0
0.780
0.49
0.071
0.75
0.076
12,60
I.SOO
0.19
0.033
5.90
0.740
2.80
0.480
0.38
0.042
0.15
0.018
traces
.
traces
1.
178 PRÉSENCE UNIVERSELLE DES AZOTATES DANS LE RÈGNE VÉGÉTAL.
azotates, constatée par un procédé d'analyse rigoureux, varie d'ailleurs
depuis des quanlilés presque nulles jusqu'à 15 raillièraes dans la
Pomme de terre, 28 millièmes dans le Blé, et même 150 millièmes
dans certains Amarantus, à des périodes convenables de la |végétation.
Je me borne à signaler aujourd'hui ces variations, dont je présenterai
bientôt l'étude approfondie. Bekthelot,
Membre de l'Acudémie des sciences.
SÉLECTION l'IT ÉLEVAGE DU BÉTAIL A LAIT
Voilà le titre choisi par M. Tisdall pour le mémoire magistral qu'il
a lu devant le Congrès laitier de Gloucester. Ce travail se divise eu
deux parties distinctes, l'une traitant du lait, 1 autre de la viande. Ces
deux sections du sujet sont distinctes, mais elles sont étroitement
connexes, car une vache laitière, quelque abondant que soit son ren-
dement en lait, est fatalement destinée à l'étal du boucher, et il im-
porte qu'elle y arrive avec tous les avantages d'une aptitude à l'en-
graissement, sans quoi elle serait privée d'un des plusprécieux avantages
de soM élevage et de son entretien. II faut, en un mot, qu'une bonne
vache laitière continue à produire un bénéfice au nourrisseur, après
que les sources de celui produit par son rendement en lait, se sont
taries. C'est alors que le rendement en viande doit venir couronner
sa lucrative et féconde existence, en donnant par sa réalisation à l'étal,
sinon la totalité, du moins une grande partie de ce qu'elle aura coûté.
Ce résultat ne peut s'obtenir que par une aptitude de race à l'en-
graissement, c'est-à-dire à l'assimilation complète et active de la
nourriture qu'on lui donne, et à sa conversion rapide en graisse et en
viande.
M. Tisdall, au début de son mémoire, pose nettement la question.
Lorsque, dit-il, un accroissement de la population, mieux instruite,
ayant à sa disposition plus d'argent, avec une inclination plus accentuée
à le dépenser largement pour satisfaire des besoins plus grands dans
la famille, et lorsque, parmi ces demandes agrandies, celle des produits
de l'industrie laitière est devenue l'une des plus impérieuses et des
plus insatiables, la,question surgit de savoir comment les agriculteurs
laitiers de l'Angleterre [)ourrout l'aire face à cette demande, en lui offrant
de quoi la satisfaire. Nous avons, ajoute-t-il, à nos portes, chez nous,
à notre portée immédiate, un marché pour tous les produits les
plus lucratifs de l'industrie agricole, sur lequel les étrangers, mal-
gré la distance et les frais de transport qui en résultent, viennent
nous faire une concurrence écrasante. Il s'agit donc de déterminer si
nous pouvons prévenir ces concurrents redoutables et recueillir les
fruits de cette demande sur notre propre marché, en ce qui regarde
les produits laitiers, avant que l'étranger ne s'empare tout à fait de
cette branche de notre industrie agricole, comme il menace de le
faire pour la viande.
La première considération doit être celle de la sélection des races,
qui peuvent nous permettre de fournir à la consommation iles produits
laitiers en plus grande quantité et d'une qualité supérieure, avec avan-
tage pour nous-mêmes, comme producteurs, et pour nos clients, comme
consommateurs.
M. Tisdall se montre surtout en faveur de la qualité des produit : si
je puis risquer une prophétie, dit-il, la qualité de nos produits devien-
SÉLECTION ET KLEVAGE DU BÉTAIL A LAIT. 179
drâ un facteur tout aussi important que celui de la quantité, dans notre
industrie laitière. Depuis cinq ans, au sein de l'Association des
ierniiers-laitiers de l'Auiileterre on poursuit des expériences analytiques
instituées dans ses concours d'Jslinj^ton, lesquelles aboutiront peut-être
à la solution de ce problème. C'est le savant D'' Augustus Vodcker qui
est cbargé de ces analyses. Ces reclierclies ont pour but d'aider un
Comité, nommé à cet effet, à déterminer la valeur productive en lait
et en beurre, des animaux inscrits comme concurrents, dans les
diverses catégories pour les prix offerts. Ces expériences ont été jus-
qu'à présent si constantes dans leurs résultats, et si bien adaptées au
but rechercbé qu'elles oiï'rent déjà une base solide pour permettre de
formuler une conclusion incontestable.
Les expériences se sont faites sur les vaches laitières comprises
dans les classes des races les plus renommées pour leurs qualités lai-
tières, telles que la race hollandaise et du Holstein, d'Ayr, races croi-
sées, race durham et race des îles de la Manche. Outre les prix
oiï'erts pour les vaches de chaque race, donnant la plus grande quan-
tité de lait, contenant la plus grande proportion de matière solide,
eu égard au temps écoulé depuis la parturition, on a offert un prix
d'honneur à l'animal, quelle que fût sa race, présentant au plus haut
degré les qualités requises pour une vache laitière, c'est-à-dire à la
meilleure vache laitière pouvant être considérée comme type de per-
fection.
Les. chiffres suivants indiquent le poids du lait donné par chaque
vache dans vingt-quatre heures, avec la proportion de beurre et de
matière solide existant dans le lait.
Rendement de vaches laitières concourant pour les prix offerts dans les
concours de f Association des fermiers d'Angleterre^ tenus à Islinglon,
dans les années de ]819 à 1883 inclusivement :
Nombre Lai;, Matières
Races. des échantillons Poids en livres Matières grasses.
analysés. anglaises, 453 gr. solides.
Pour 100. Pour 100.
Durham 23 44.91 3.79 12.7
.lersey 19 29.27 4.26 Vi.6
Guernesey 10 2.T.49 , 4.80 14.09
Hollandaise 6 4(5.99 2.97 11.8
Races croisées 3 51. 6t) 3.13 12.31
On pourrait objecter à ces expériences qu'elles ont été faites sur des
animaux choisis, possédant des qualités exceptionnelles, flgurant dans
des concours s()éciaux et n'offrant par conséquent que des termes de com-
paraison particuliers, ne donnant qu'une idée restreinte et exception-
nelle n'ayant qu'un rapport éloigné avec la généralité. Pour répondre
à cette objection, M. Tisdall remarque qu'avant d'appliquer les résultats
indiqués dans le tableau ci-dessus, il convient de les comparer avec
les rendements obtenus par les propriétaires de grands troupeaux lai-
tiers, alin de vérifier si ces rendements des vaches de concours sont con-
formes à ceux qui sont constatés dans les grands troupeaux, là où la
production du lait a lieu sur une grande échelle, et dans des circon-
stances diverses d'alimentation et de climat.
Voici donc quelques exemples cités par M. Tisdall :
Race durham. — M. Wright, de Chipstead, dans le comté de Surrey,
obtient de 60 vaches, pur sang durham, un rendement annuel et
par tète, de 780 gallons (le gallon est de 4 litres 55 centilitres), et
180 SÉLECTION ET ÉLEVAGE DU BÉTAIL A LAIT.
dans une seconde ferme appartenant au même cultivateur, on a con-
staté un rendement de 650 gallons, d'un nombre égal de vaches de
même race.
M. Cellsbrook, de Notts, a enregistré 690 gallons par tète de race
durham pour la saison de neuf mois, dans le comté de Derbyshire.
Sur la ferme de lord Warwick, on a enregistré 735 gallons pax' tête
pour un troupeau également composé de 50 vaches durham, pour une
période de dix mois.
Au concours laitier, en 1880, à Islington, pour adjuger le grand
prix laitier, on fit constater sur la propre ferme de M. Tisdall, le ren-
dement de 60 vaches durham, et pour une période de dix mois et trois
semaines, on obtint la constatation rigoureusement établie de 948 gal-
lons par tête. En ce qui regarde cet exemple remarquable d'abondante
sécrétion laitière, il est juste d'observer que ce grand troupeau avait
une nouri'iture abondante, et que, pour obtenir un rendement ma-
ximum, on avait choisi les 60 meilleures laitières du troupeau.
Race de Jersey. — Dans le trente-sixième volume du Journal de la
Société royale d' Angleterre, le D"' Sturtevant a publié un travail fort
remarquable sur cette race, au cours duquel il cite la ferme de M. Bur-
nett, où il existe un très grand troupeau de cette race. Là, se trouve
constaté le rendement suivant. Dans une période de sept ans, de 1 873
à 1879, le rendement moyen atteignait le chiffre de 605 gallons par
tête et par an. Le rendement ordinaire peut être fixé, de 450 à 550
gallons. Le troupeau de M. George Simpson à Coray-Park Reigate, dans
le comté de Kent, donne un rendement moyen de 500 à 520 gallons,
chift're qui, on le voit, peut être considéré comme le rendement ordi-
naire de cette race, ce qui correspond du reste avec le résultat moyen ob-
tenu dans les analyses faites aux concours d'Islingtan. La race de
Guernesey, d'après l'expérience générale acquise, ne paraît pas différer
beaucoup de celle de Jersey, et par conséquent on peut accepter le ré-
sultat des expériences faites dans les concours laitiers d'islington,
c'est-à-dire un rendement de 450 gallons comme une moyenne absolu-
ment correcte.
Race hollandaise. — D'après M. Jenkins, l'éminent secrétaire de la
Société royale d'agriculture de l'Angleterre, dont les travaux sur l'in-
dustrie et sur les races laitières du continent, offrent un intérêt si
grand et forment un appoint si considérable à l'utilité pratique des
derniers numéros du journal de cette Société, une laiterie compo-
sée de 500 vaches hollandaises à Holedy, Danemark, donne un
rendement, par jour, de 1,1 00 gallons, c'est-à-dire une moyenne d'en-
viron 10 litres par tête. M. Jenkins cite un autre troupeau de 36 va-
ches qui a donné 638 gallons en 1868 et 661 gallons en 1872. Le
même auteur cite un troisième exemple d'un rendement de 660 gallons
par an. Il résulte donc de ces expériences qu'on peut attribuer à la race
hollandaise un rendement annuel moyen de 650 gallons.
En ce qui regarde les croisements, les observations faites au concours
d'islington ont mis en évidence ce fait que l'élément durham mâle
allié aux vaches laitières des meilleures races, telle que la race hollan-
daise, par exemple, tout en conservant toute la puissance de la sécré-
tion laitière quant à la quantité, en relève singulièrement la qualité.
Ce fait, au dernier concours, a été mis en évidence par les vaches de
race durham-hollandaise exposées sons' les numéros 102, 73 et 82.
SÉLECTION ET ÉLEVAGE DU BÉTAIL A LAIT. 181
L'emploi d'un taureau durham même avec les races les moins laitières,
produit un effet surprenant chez les vaches issues de ce croisement.
M. Tisdall cite un exemple frappant de ce fait important : trois vaches
du même troupeau ayant un quart de sang Hereford, et trois quarts de
sang durham, ont donné ce rendement remarquable moyen de plus de
15 litres de lait par jour pendant une période de près de dix mois, et
leur lait était d'une qualité supérieure àceluide la race hollandaise pure.
M. Tisdall remarque qu'il y a dans le Royaume-Uni d'autres races
laitières qui sont justement estimées dans les localités où elles fleuris-
sent, c'est-à-dire au milieu de circonstances locales où elles sont à
leur place; telles sont les races de Kerrij en Irlande, de Ayrsliire en
Ecosse, de Pembroke, dans le Pays de Galles, du iSor folk sans cornes, etc.,
mais pour l'objet principal de l'étude dont il donne les résultats dans
son remarquable mémoire, il croit devoir limiter ses observations aux
races principales, c'est-à-dire à la race durham, à celles des îles de la
Manche et à la race hollandaise.
Il s'agit maintenant de coordonner les chiffres indiqués par les re-
cherches et les analyses faites au concours d'Islington, afin d'arriver
à une conclusion pratique, et déterminer quelle est, en somme, la race
la plus lucrative au point de vue du rendement en lait. Plus tard
M. Tisdall examinera l'économie générale de l'élevage de ces races, en
ajoutant à cette source principale de profit, celle de la viande, laquelle
possède aussi une grande importance; car, comme je l'ai dit, toutes les
bêtes bovines, quelles que soient leur race et leur aptitude spéciale,
doivent fatalement aboutir à l'étal du boucher.
D'après ce qui précède, c'est-à-dire d'après les expériences faites sur
le rendement en lait des vaches exposées aux concours laitiers d'Is-
lington, expériences, corroborées par les exemples puisés dans la prati-
que journalière des grandes fermes laitières situées dans des conditions
variées, de localités et de climats divers, on est fondé à fixer comme
suit, le rendement respectif en lait, des races :
Rendement du lait
par télé et par an.
Race durham 700 gallons.
Race de Jersey ' 520 —
Race de Guernesey 470 —
Race hollandaise 650 —
On voit que les chiffres pris surtout dans les grands troupeaux, et
puisés aux sources les plus authentiques, coïncident singulièrement
avec ceux qui résultent des expériences faites dans les concours d'Isling-
ton. Ces chiffres, par conséquent, peuvent servir de base pour détermi-
ner les quantités moyennes ; car on peut affirmer que cette base, étant
confirmée par les données de la pratique, est suffisament exacte pour
qu'on puisse établir sur une application des conclusions irréfutables.
M. Tisdall donne ensuite un tableau indiquant la valeur commer-
ciale du produit annuel de chaque race, comme lait, comme beurre et
comme fromage. Voici ce tableau :
QuantitL* Valeur commerciale Valeur Valeur
moyenne de lait comme beurre comme fromage comme lait
Races. par vache à 1 fr. 80 la livre à 9i fr. à 1 fr.
et par an. poids anglais, 453 gr. les w kilog. le gallon.
Gallons. Fr. Fr. Fr.
Durham 700 637.50 616-25 656.25
Jersey 520 434.35 431. 2.î 487.50
Guernesey 460 406.25 40875 431.25
Hollandaise 650 405.00 498.75 611.25
182 SÉLECTION ET ÉLEVAGE DU BÉTAIL \ LAIT.
Il est impossible, s'écrie M. Tisdall, de ne pas conclure, d'après ce
qni précède, que c'est la vache durham qui, toutes choses égales d'ail-
leurs, est, au point de vu3 de la production du lait et des sous-pro-
duits de celui-ci, tels que le beurre et le fromage, la plus généreuse
et la plus lucrative qu'on puisse élever et nourrir. Quand à cette su-
périorité incontestable, comme on le verra ci-après, s'ajoute la supé-
riorité de la race durham comme race de boucherie, on ne peut s'empê-
cher de conclure, comme M. Tisdall le fait, en faveur de la race durJiam.
Car je l'ai toujours soutenu même en face des préjugés les plus incom-
préhensibles et les moins fondés qui existent en France contre les qua-
lités laitières de cette race supérieure et privilégiée, c'est elle qui, de
toutes les races à lait, remplit le mieux et le plus complètement l'idéal
de la vache à lait. Je répétais tout à l'heure, avec M. Tisdall la reserve:
toutes choses égales d'ailleurs. Mais l'égalité des conditions, je puis
l'affirmer d'après ma longue expérience, n'existe plus si l'on compare
la puissance d'assimilation de la nourriture chez les animaux de race
Durham avec celle des autres races. Les animaux de race durham se
nourrissent et s'engraissent là où ceux des autres races et surtout ceux
de la race Hollandaise, s'étioleraient et maigriraient. 11 y a donc de
ce chef une très grande économie dans la production du lait et de la
viande, en comparaison avec les autres races.
Là où de riches propriétaires exigent un lait fort riche en crème ou
du beurre d'une saveur exceptionnelle et d'une couleur jaune d'or, les
races des îles de la Manche conviennent le mieux, mais ce n'est pas
.seulement pour satisfaire la préférence de certains gourmets, que
l'agriculteur laitier doit rechercher la meilleure race qui, par ses
produits plus abondants, moins coûteux et à une nuance près d'une
saveur tout aussi exquise, lui permet de payer la rente et de réaliser
un bénéfice légitime de l'emploi de son capital. M. Tisdall, dans
le dernier tableau qu'il nous donne, met en évidence, toutes choses éf/a-
les cf ailleurs, ce fait indéniable que le rendement des vaches duriiam,
en ne considérant que la production laitière, est commercialement s\i-
périeur à celui des autres races même les plus renommées.
Un autre fait très important ressort des chiffres donnés par M. Tis-
dall : c'est que le sang durham infusé dans celui des autres races lai-
tières, non seulement tend à. augmenter la quantité, mais agit aussi
très favorablement sur la qualité. On peut donc conclure avec M. Tis-
dall, que lorsqu'il s'agit de pourvoira la consommation des villes, les
croisements durham-hollandais donnent d'excellents résultats pratiques
en ce que ces animauxdemandentnaturellementune mise de fonds bien
moins considérable lorsqu'il s'agit de former une élable, qu'avec des
Durham pur sang qui demandent naturellement un capital plus consi-
dérable. Mais ces animaux croisés, quelque moins coûteux qu'ils soiant,
comme premier établissement, restent toujours inférieurs à la race du-
rham au point de vue de l'engraissement ûnal que nous allons mainte-
nant considérer.
Ce qu'il y a de plus pratique et de plus avantageux à faire, c'est
donc de se procurer toujours un bon taureau durham de sang très pur ;
les reproducteurs mâles de snng mêlé font, en somme, plus de mal que
de bien. A la longue, les défauts de la femelle reprennent le dessus
dans les produits, car elles possèdent une force d'atavisme que le croi-
sement a détruite chez les reproducteurs mâles. Ceux-ci ne possèdent
SÉLECTION ET ÉLEVAGE DU BÉTAIL A LAIT.
183
plus cette prépondérance qui imprime aux produits le caractère et les
qualités que l'on recherche dans un taureau. Le sang dilué par l'ad-
mission d'un sang bâtard chez la femelle, ne peut plus transmettre aux
produits qu'un caractère alTaibli, ne pouvant plus résister à l'influence
défectueuse du sang de la mère. C'est cette considération qui m'a fait
toujours désapprouver la catégorie des taureaux croisés dans nos con-
cours régionaux. Au lieu d'êlreun avancement vers les progrès, c'est un
véritable reculement. Le mâle de sang mêlé, à quelque race qu'il appar-
tienne, n'est avantageux que pour l'abattoir. En n'employant que des
taureaux pur sang durham dans les vacheries les moins homogènes
comme races, quand même ces races seraient les plus diverses et les
moins recommandables, on finira toujours par former un bon troupeau
de vaches laitières, et au bout de quelques générations, le caractère et
les qualités supérieures de la race durham finiront par prévaloir.
{La suite prochainemenl.) F. -H. de la Tréhonnais,
LOCOMOBILE DU SYSTÈME BUZELIN
Les machines à vapeur locomobiles sont maintenant d'une applica-
tion si courante, en agriculture comme en industrie, qu'un grand nom-
bre de constructeurs se sont créés, et que tous produisent des types
où la simplicité des organes et la bonne construction en font des outils
Fiy. 9. — Machine à vapeur locomoljile, construite par M. Buzelin.
qu'on peut sans crainte mettre entre les mains des ouvriers les moins
expérimentés. Le type que nous représentons par la fig. 9 peut être si-
gnalé aux agriculteurs pour sa simplicité et le fini de son exécution. Le
mécanisme proprement dit est absolument indépendant de la chaudière.
184 LOCOMOBILE BUZELIN.
et ses dispositions sont telles que peu de jours suffisent à un ouvrier
pour savoir le conduire avec intelligence. Il est monté sur un bâti en
fonte, ce qui permet de le détacher de sa chaudière, et d'en faire à vo-
lonté une machine fixe. Un récliauffeur se trouve installé dans le hàti,
il est très simple à démonter^ et son action élève la température de l'eau
arrivant à la chaudière jusqu'à 90% d'où une économie très sensible
dans la consommation du combustible.
La chaudière est construite en tôle de choix, et des autoclaves sont
disposés de façon, à rendre le nettoyage très facile. La surface de grille
est très grande et le foyer spacieux, ce qui permet d'y brûler toute es-
pèce de combustible. Enfin la surface de chauffe est aussi très grande,
et la chaudière tubulaire vaporise rapidement et sans consommation
exagérée. •
Les glissières des tiges de tii'oir et de piston sont cylindriques et
maintiennent l'horizontalité de ces tiges, tout en ne produisant que des
frottements très faibles, grâce à la bonne disposition adoptée par M. Bu-
zelin.
Le prix de ces excellentes machines, est d'ailleurs aussi réduit qu'il
est possible pour donner au consommateur de bons appareils qui ne
nécessitent pas de continuelles réparations. Pourquatre chevaux ce prix
est, avec train de roues, de 4,300 fr. et pour six chevaux de 5,800 fr.;
le constructeur, M. Buzelin, demeure aux Lilas, près Paris.
Charpentier.
FOSSÉ SÉPARÂTIF DE DEUX HÉRITAGES
MITOYENNETÉ.
Aux termes de la loi, tout fossé creusé de main d'homme, qui
sépare deux héritages appartenant à des propriétaires différents, est
réputé mitoyen. La question s'est bien souvent posée devant les tribu-
naux de savoir quelle est la force de cette présomption légale. Une
jurisprudence constante déclare qu'elle ne peut être combattue que par
la preuve littérale de la non-mitoyenneté, par la preuve de la possession
exclusive, pendant trente ans, du fossé présumé mitoyen, enfin par
l'existence de signes matériels constituant les marques de non
mitoyenneté.
La Cour de Bourges, dans un arrêt du 7 mai 1884, décide, en ce qui
touche la preuve littérale, que, pour pouvoir valablement invoquer un
titre destiné à combattre directement une présomption de mitoyenneté,
il faut que ce titre soit commun aux deux parties ou à leurs auteurs.
Cette théorie est certainement fort juridique. En effet un titre qui
n'est pas commun aux deux parties reste inefficace à l'égard de la
partie qui n'y a pas figuré, parce qu'il ne saurait modifier ou détruire
la présomption de mitoyenneté qui équivaut à un titre pour cette der-
nière. L'une des parties est déclarée par la loi co-propriétaire du fossé;
elle ne peut donc pas être dépouillée de ce droit par autrui, en vertu de
cet adage : on ne peut céder plus de droit qu'on n'en a soi-même. En
conséquence, comment l'un des deux co-propriétaires pourrait-il céder
à un tiers une part de propriété qu'il n'a pas?
Tels sont les principes que l'arrêt de la Cour de Bourges a nette-
ment mis en lumière et auxquels on doit toujours se référer en matière
de preuve littérale de la non-mitoyenneté. Mais la solution n'est pas
FOSSÉ SÉPARATIF DE DEUX HÉRITAGES, 185
toujours ramenée à un élément simple : elle est la plupart du temps
compliquée d'une question de possession. Une possession exclusive du
fossé durant trente années consécutives détruit la présomption légale
de mitoyenneté. Les circonstances qui peuvent prouver cette posses-
sion sont nombreuses : Les parties en cause (ou avant elles leurs
auteurs) se sont-elles comportées d'ancienneté comme copropriétaires
du fossé? Le curage a-t-il été effectué à frais communs? La vase
a-t-elle été jetée moitié sur un héritage, moitié sur l'autre? L'herbe
poussée sur les bords a-t-elle été pacagée par les bestiaux des deux
parties? La réponse à ces questions, si elle est négative, peut consti-
tuer la preuve d'une possession exclusive. — Mais les tribunaux sont
bien rarement à même de trancher directement la difliculté sans avoir
préalablement recours à une enquête, car en cette matière, comme en
matière de propriété, la preuve est souvent bien difficile à faire.
Cependant il est un cas où les juges ne pourront avoir aucune hési-
tation : lorsqu'il existera un signe matériel déclaré par la loi consti-
tutif de non mitoyenneté. Le Code Civil établit encore pour ce cas une
présomption, mais cette présomption de non-mitoyenneté est plus
forte que la présomption légale de mitoyenneté, en ce sens qil'elle la
détruit et la supprime. Un fossé est situé entre deux héritages : il est
réputé mitoyen ; une marque matérielle d'une nature déterminée se
trouve sur ce fossé : il est réputé non mitoyen.
C'est là la théorie du Code Civil ramenée à ses éléments simples, et
dans ces matières si délicates on ne peut qu'admirer la sagesse et la
prévoyance du législateur qui a résolu par avance la plupart des ques-
tions de fait qui peuvent se présenter et restreint par cela même la
liberté d'appréciation des tribunaux. Eug. Pouillet,
Avocat à la Cour de Paris.
DE LA CLIMATOLOGIE DE GRAND-JOUAN
Pendant le stage que je fis l'automne dernier à l'Ecole nationale
d'agriculture de Grand-Jouan, il me parut intéressant d'étudier les
conditions météorologiques qui régissent la contrée et de consigner le
résumé de cette étude dans des notes puisées, soit dans les annales de
la Société des anciens élèves, soit dans les archives de l'Ecole.
Malheureusement ces observations ne renferment pas une période
d'années assez considérable pour que l'on puisse en déduire toutes les
conclusions qu'un examen plus complet donnera à l'avenir, aussi je
ne les donne qu'à titre de renseignements, espérant qu'elles pourront
intéresser l'agriculteur soucieux de l'étude de la climatologie.
Les observations faites embrassent deux périodes distinctes, l'une
de 1864 à 1869, et l'autre de 1880 à 1883; je les ai réunies en une
seule dans l'impossibilité où je me trouvais de combler cette lacune
de dix ans.
La pression barométrique corrigée donnne une moyenne générale
de 778""'. 164; le minimum de pression paraît être pour le mois de
décembre de '755""°. 74, le maximum étant en février avec 763""". 34;
la pression minima observée est de 731"'"'.92 en janvier 1883; la pres-
sion maxima de 780"'"'. 20, observée en janvier 1882.
A l'étude de la pression barométrique se rattache celle des bourras-
ques ': il y en a eu en moyenne de 15 à 16 par an ; les mois qui en
présentent le plus sont ceux de mars, novembre et décembre.
186 CLIMATOLOGIE DE GRAND-JOUAN.
Une question intéressant également l'agriculteur est l'étude de la
température locale; de ses ma\ima ou miniraa dépendent en effet la
possibililé de telle ou telle culture. En Bretagne surtout, où l'assole-
ment a pour base la culture du chou ou du rutabaga, on frémit en
pensant aux désastres qui résulteraient d'un abaissement anormal
de la température.
La température maxima -j- 37° a été observée en mai et juin 1868;
la température minima — 11" a été également rencontrée en jan-
vier 1868; excepté ce c^s qui paraît exceptionnel, les minima oscillent
entre — 8" et — 9" et souvent ne descendent pas au delà de — 2" à — 4°
dans le cours de l'hiver.
Suivant que le sol est ou non couvert par la végétation, on observe
des différences assez notables de température; mais à mesure que l'on
s'enfonce dans le sol, elles deviennent de moins en moins sensibles, et,
par la même raison l'équilibre avec la température extérieure met de
plus en plus de temps à s'établir : à 0'".10, il s'établit en quelques
heures, surtout si une forte pluie a détrempé la surface; à 0"'.20, il
demande bien plus de temps; enfin à 0'".30, il faut une moyenne de
huit jours pour qu'il s'établisse.
A celte profondeur, le maximum d'oscillation varie entre 1".70 et
1°.37 dans le sol couvert, et 1°.72à 1".80 pour le sol découvert.
Quant aux nappes d'eau souterraines, on constate que dans un puits
ayant 5 mètres de profondeur, il y a chaque après-midi une augmen-
tation de quelques centièmes de degré sur la température observée à
7 heures du malin. De janvier à mai l'oscillation a été de -j- 9°. 62
à -j- 1 0°.90 avec un minimum de 9°. 42 observé à 7 heures du matin en
janvier 1882, et un maximum de 1 r.42 observé en mai, la moyenne
générale étant de 10". 902.
Une question également très importante est celle des quantités
d'eau données annuellement par les pluies et dont l'action est com-
plélée par la vaoeur d'eau en suspension dans l'air; celle-ci est tou-
jours abondante; l'état hygrométrique n'est que très rarement infé-
rieure à 0.53 et il est très souvent voisin de l'unité.
Cette quantité si considérable de vapeur tient évidemment à la
fréquence des vents d'ouest, amenant toujours l'équatorial et la
pluie.
Les quantités d'eau tombées mensuellement étant intéressantes à
connaître, j'ai cru devoir en donner le tableau ci-contre, la hauteur
d'eau tombée étant rapportée au millimètre. Voici les moyennes des
observations :
Juillet 56.45
Août ;.. 47.31
Septembre 51.10
Octobre 81.97
Novembre 73.88
Décembre 85.90
Soit en moyenne annuelle, 60.79.
La plus grande quantité d'eau tombée a été observée dans une
matinée de juillet 1882. Le nombre de jours de pluie est en moyenne
de 130.5 par an et si, d'autre part, on considère l'état du ciel, on aura
les résultats suivants, supposant le mois de 30'. 5.
Ciel clair 8J.2
— nuageux 14'. 8
— couvert 7'. 5
Janvier
75.95
Février
52.13
53.30
Avril. . . . , . .
56.46
Mai
63.37
Juin
31.06
CLIMATOLOGIE DE GRAND-JOQAN. 187
avec les oscillations suivantes :
Maxiniuin de ciel clair i|2 jours en Septembre.
— — nuageux "20 — Juillet.
— — couvert 13 — Janvier.
Minimum de ciel clair 5 jours en Mars et Décembre.
— — nuageux 11 — Janvier et Décembre.
— — couvert 3 — Juillet.
Les vents les plus ordinaires sont les vents d'ouest, ils soufflent en
moyenne 6 jours par mois ; viennent ensuite les vents du sud-ouest
avec une moyenne de 4^95, ceux du nord-est avec une moyenne de
4^40, et enfin ceux du nord avec une moyenne de 'r.93.
On constate de plus que les vents d'ouest amènent à eux seuls près
de la moitié de la quantité d'eau pluviale, ceux du sud-ouest et du
nord-est amènent un quart, et le reste se répartit selon la direction
des autres courants aériens.
Je dirai peu de mots de phénomènes accidentels. La neige est assez
rare, la moyenne annuelle est de 4'. 23, avec un maximum de 1 '.43 en
mars, elle ne vient le plus ordinairement qu'à la suite d'un déplace-
ment de la banquise polaire; il en est de même pour les fortes gelées
qui n'olTrent qu'une moyenne de 2'. 5 par an.
Le brouillard est plus fréquent, la moyenne est de 44'. 43 dans
l'année (je ne parle pas, bien entendu, des brumes qui s'élèvent
matin et soir au lever et au coucher du spleil; elles proviennent des
marécages environnants, aussi les fièvres des marais ne sont-elles
pas rares dans le pays).
Les gelées blanches, corollaires des temps calmes et découverts, sont
peu à redouter; c'est en novembre qu'il s'en produit le plus, elles
cessent à partir du mois d'avril, il y en a en moyenne 13 jours
par an.
Les orages sont surtout à craindre en juillet ; ou en compte 9'. 23
par an, ils disparaissent en novembre pour reprendre en mars.
On voit donc en somme que le climat de cette partie de la Bretagne
est humide et chaud : les froids y sont peu à redouter, la belle
saison y serait ravissante si malhereusement les bourrasques venant
de l'ouest, et qui n'ont encore rencontré aucun obstacle, n'y avaient
souvent une très grande violence et n'y causaient parfois des dégâts
incalculables; de plus, la quantité d'eau tombée annuellement étant
assez considérable, ceci joint à la nature du sol rend les prairies
inabordables une partie de l'année.
Telles sont brièvement résumées les quelques notes que j'ai prises
sur la climatologie de cette partie si intéressante de la Bretagne; il
serait à désirer que, plus tard, des observations ayant une plus longue
durée fussent faites et permissent d'entreprendre un travail plus
important, qui servît à préciser avec certitude les questions pratiques
de physique météorologique dans ces contrées. R. Danguv,
Klèvc à l'Institut agronominue.
BADIGEONNAGE DES VIGNES PHYLLOXÉRÉES*
L — Depuis le jour où, sur la proposition de M. Balbiani, la Gommis.sion su-
périeure du phylloxéra a recommandé l'étude des traitements contre ïo;uf d'hiver,
ces traitements sont le principal objet de nos expériences. Transci'ivons une fois
de plus, d'après M. Balbiani et les Comptes rendus de l'Académie des sciences,
1. Rapport adopté par le Comité central d'études et de vigilance do Lot-et-Garonne, dans sa
séance du 19 luillct 1S84.
188 BADIGEONNAGE DES VIGNES PHYLLOXÉRÉES.
une phrase que tous les amis de la vigne devraient savoir par cœur, et qui résume
les magnifiques travaux du savant professeur sur le phylloxéra :
« J'ai cru pouvoir émettre hypothétiquement cette idée, que, si l'insecte
« était abandonné pour sa multiplication aux seules ressources de la génération
« parthénogénésique, il finirait probablement par disparaître de lui-même par
Cl épuisement de sa force productrice, et que, pour obtenir ce résultat, il suffirait
« de détruire les œufs d'hiver qui viennent chaque année ranimer la vitalité des
« colonies souterraines. »
Pour soumettre à l'expérience l'hypothèse de M. Balbiani, il faudra détruire,
pendant quatre ans au moins, tous les œufs d'hiver pondus dans un vignoble
phylloxéré, et voir ensuite si le phylloxéra a disparu.
Une question préjucielle vient d'être heureusement résolue par M. Balbiani : la
discussion de faits et d'observations nombreuses, faites par les hommes les plus
compétents, nous a conduit, dès l'année 1878, à assurer que Vœuf d'hiver est
toujours déposé sur la partie aérienne de la vigne, dans les très petits canaux qui
courent entre les tissus des jeunes écoi'ces en exfoliation. M. Balbiani vient de
donner de ce fait capital une démonstration décisive : dans une vigne de Riparia,
M. Balbiani a badigeonné avec du coaltar mélangé à 10 pour 100 d'huile lourde
de houille, des plates-bandes formées chacune de plusieurs rangs de vigne et sé-
parées par des plates-bandes égales, celles-ci restées sans traitement. Au com-
mencement du mois de juin, les vignes non traitées étaient couvertes de galles
phylloxériques, et il a été impossible de trouver une seule galle sur une quel-
conque des vignes non traitées. A quelques jours de là, MM. Planchon et Foéx,
visitant ce vignoble, étaient frappés de la netteté du résultat. Or, on sait que les
premières galles de printemps sont produites exclusivement par l'insecte né de
l'œuf d'hiver.
Nous avons essayé en grande culture, en 1883. le traitement même que M. Bal-
biani pratiquait de son côté avec tant de succès dans l'Hérault. Nous avons échoué
et j'ai fait connaître notre déconvenug^vec une entière franchise ; pour nous, viti-
culteurs, il ne suffit pas de détruire Vnnif d'hiver, il laut le détruire par des pro-
cédés d'une application facile et peu coûteuse. Le coaltar mélangé à 10 pour 100
d'huile lourde de houille, excellent pour détruire l'œuf, présente des difficultés
d'application insurmontables dans la pratique agricole, et nous avons dû y renon-
cer absolument. Au mois de septembre 1883, nous ne connaissions rien encore
qui pût être substitué à ce mélange.
Nous sommes en meilleure situation à l'heure présente. Au mois de janvier
dernier, M. Balbiani nous a recommandé un mélange ainsi composé (en nombres
ronds) :
Huile lourde de houille 4.50
Naphtaline brute 5 . 00
Chaux vive 18.50
Eau 72.00
100.00
C'est ce mélange qui a servi à nos traitements en 1884 (par suite d'une erreur
de pesée, la proportion de chaux s'est trouvée réduite de moitié sur une partie des
vignes traitées sous ma propre direction). L'application de ce mélange est aussi
facile que celle de nos mélanges liquides d'autrefois, et nous l'avons reconnue
tout à fait inoffensive pour la vigne. Ainsi une trentaine de ceps ont été badigeon-
nés à plein pinceau (avec le mélange exact), sur les vieux bois, sur les sarmenis,
sur les yeux — particuhèrement sur les yeux — et, à la pousse, pas un bourgeon
n'est resté en retard.
Il restait à vérifier l'action de ce traitement sur l'œuf d'hiver, et c'est ce qui
vient d'être fait ces jours-ci. La difficulté de se procurer des orafs d'hiver en
quantité suffisante rend une expérience directe à peu près impossible; mais des
expériences communiquées depuis longtemps à l'Académie ont appris à M. Bal-
biani que l'œuf d'hiver est plus sensible à tous les agents toxiques que l'œuf de
l'agame qu'on trouve en cette saison en tel nombre qu'on veut sur les racines, et
on a expérimenté sur ce dernier.
Des œufs ont été placés sous des écorces, qu'on a badigeonnées avec le mélange
précédent (M. Balbiani a décrit autrefois ces mêmes expériences, faites avec le
mélange de coaltar et d'huile lourde). Après quarante-huit heures d'exposition à
l'action du toxique, les œufs ont été mis dans l'eau, en tubes, et, malheureuse-
ment, il s'est produit quelques éclosions. Il n'y avait pas lieu de se décourager,
BADIGEONNAGE DES VIGNES PHYLLOXÉRÉES. 189
On a tout lieu de croire, en effet, que l'iiuilc lourde et la naphtaline agissent non
seulement par contact, mais encore — priacipalement peut-être — par les va-
peurs qu'elles émettant, et alors quarante-huit heures sont une durée bien courte
fiour une telle expérience. Quoi qu'il en soit, on a recoinmencé avec ce même mé-
ange « en exposant les œufs plus directement aux vapeurs » (je n'ai pas d'autres
détails pour le moment), et cette fois le succès a été complet, il n'y a pas eu d'é-
closions.
Simultanément, M. Balbiani essayait le mélange suivant :
Huile lourde de houille 7
Naphtaline 7
Chaux 17
Eau 69
100
Cette expérience a pleinement réussi : tous les œufs ont été tués après être-
reslés cinq jours sous les écorces badirjeonnées.
Remarquons maintenant que, avec nos traitements, ce n'est pas cinq jours seu-
lement que les œufs d'hiver restent exposés aux vapeurs toxiques : un mois après
le traitement, l'émission des vapeurs est encore très forte; nous l'avons trouvée
très appréciable à l'odorat après trois mois. Je ne doute pas que le premier mé-
lange ne remplisse toutes les conditions désirables et que, dès à présent, nous ne
soyons complètement armés.
La chaux a été proposée antérieurement en rempliceraent du carbonate de
soude, pour rendre moins instable le mélange d'eau et d'huile lourde. Son rôle
essentiel et original dans les nouveaux mélanges est, employée à haute dose, de
former avec l'huile lourde, la naphtaline et 1 eau un enduit suffisamment épais
pour rester adhérent aux écorces, et retenant le> toxiques, de prolonger indéfi-
niment, en quelque sorte, l'action des vapeurs. Avec nos anciens mélanges,
quelques heures après l'opération, l'odorat ne perçoit plus à peu près rien.
M. Balbiani, avec l'aide de son habile et dévoué préparateur au collège de
France, M. Henneguy, poursuit ses expériences qui seront achevées dans quelques
mois, peut-être dans quelques semaines. Dès à présent nous sommes certains de
détruire les œufs d'hiver par un traitement facile, je pourrais dire agréable, qui
ne fait aucun mal à la vigne, et qui ne coûtera pas plus de 40 fr. pour 5,000 pieds
de dimensions moyennes ; j'ai fait autrefois assez de traitements semblables pour
être bien fixé sur ce point.
II. — Si la destruction de l'œuf d'hwer doit éteindre le phylloxéra ouïe rendre
inoffensif pour la vigne, ce traitement s'impose pour des raisons que j'ai dévelop-
pées bien des fois. Ainsi le peu de dépense qu'il entraîne permet de le pratiquer
partout, tandis que tous les traitements connus sont impossibles dans les vignes
à faible revenu et l'étendue de ces petites vignes va à plus des trois quarts de
l'étendue totale du vignoble. Personne, en effet, ne le conteste plus aujourd'hu/',
la vigne ne peut être défendue au moyen des traitements reconnus efficaces p ar
la Commission supérieure du phylloxéra que dans les bonnes terres où une cul-
ture intensive est praticable. Or il sera toujours possible de cultiver autrement
Ces terres et de les cultiver avec profit, tandis que les mauvaises ne pourront plus
que rester en friche, si la vigne disparaît. Un bon traitement qui détruise Y œuf
d'hiver permettra de sauver ces vignes qu'aucune autre culture ne peut
remplacer, parce que toutes peuvent supporter les frais que ce traitement exige.
Si, au contraire, malgré la destruction de l'œuf d'hiver, le phylloxéra conti-
nue à se reproduire par générations agames assez fécondes pour nuire sérieuse-
ment à la vigne, le même traitement s'impose encore comme adjuvant de tous
les traitements connus. Ces traitements doivent être renouvelés chaque année —
tout le monde le reconnaît aujourd'hui — et c'est chaque année une dépense de
300 fr. au minimum. Si on indique parfois un chiffre moindre, c'est qu'on néglige
d'inscrire les dépenses essentielles. En détruisant l'œuf d'hiver , on pourra cer-
tainement ne faire ces traitements qu'un an sur deux, ne les faire très probable-
ment qu'à des intervalles plus éloignés encore; c'est la dépense réduite de beau-
coup plus de moitié, et décuplée peut-être l'étendue des vignes où la lutte de-
vient possible — j'ai exposé ailleurs les expériences qui justifient ces assertions.
Les vignes américaines sont appelées à profiter du nouveau traitement, et plus
sûrement encore que les vignes françaises, car nous voulons espérer que, même
insuffisant pour celles-ci, il pourrait sauver celles-là, au moins les meilleures, au
prix de cette faible dépense de 40 francs par hectare.
190 BADIGEONNAGE DES VIGNES PHYLLOXEREES.
Enfin, neuf fois sur dix pour les vignes voisines d'autres vignes phylloxérées,
iowjûw's pour les vignes éloignées de loute vigne malade, l'iovasion se fait par
l'essaimage, c'est-à-dire par Yo^uf d'hiver, qui en est le produit : comme défense
préventive, la destruction de Viruf d'hiver est donc un procédé dont le succès est
certain.
]Se pas vouloir connaître avec précision tout ce qu'on peut attendre d'un trai-
tement qui laisse concevoir de telles espérances serait plus que de l'impéritie, ce
serait de l'aveuglement ! En prenant sous sa protection ces intérêts immenses,
l'Etat ne sortira pas du rôle qui lui appartient. 11 ne s'agit pas, en effet, d'aider
aux dépens des contribuables des gens qui n'ont nullement besoin d'être aidés,
ceux, par exemple, à qui la vigne paye la terre en quelques années; il s'agit de
résoudre une question scientifique dont la solution entrera, aussitôt trouvée, dans
le domaine public, et une question — je l'ai expliqué bien des fois — que l'ini-
tiative privée est impuissante à résoudre.
Si on veut, en effet, que des expériences soient assez concluantes pour porter
la conviction dans tous les esprits, il faut les entreprendre sur une grande échelle,
et non pas seulement en un lieu particulier, mais dans toutes les régions où l'on
cultive la vigne. Ainsi, le climat a, sur l'essaimage, une influence [si considérable
qu'il serait imprudent de conclure, de ce qu'on observera dans un pays, à ce qui
se produira dans un autre. Il faut faire pour les badigeonnages, qui ont pour eux
l'autorité d'un savant dont la réputation eFt européenne, ce qu'on a fait pour le
sulfure de carbone, ce qu'on a fait pour les sulfocarbonates, ce qu'on a fait pour
la submersion : il faut en provoquer l'application, et aider ceux qui seront dispasés
à courir la chance de ces essais, jusqu'au jour où on saura avec certitude ce que
ce traitement peut donner. Dès que chacun saura ce qu'il en peut attendre, nous
ce demanderons plus rien pour personne.
M. le ministre de l'agriculture a sous la main, pour le succès d'une entreprise
si nécessaire, une institution qu'on regrettera moins d'avoir vue durer trop long-
temps, si elle peut rendre quelques services dans cette nouvelle voie : je veux par-
ler des syndicats. M. le ministre, en eHet, peut mettre, aux subventions qu'il
accorde, telle condition qu'il jugera d'un intérêt général d'y mettre; il peut
n'accorder la subvention qu'aux syndicats qui prendront l'engagement de badi-
geonner leurs vignes. La subvention pourrait être de 50 francs jwr hectare la pre-
mière année, à cause du matériel à acheter, pour les syndicats qui feraient le
badigeonnage seul — ce seraient les plus utiles poiir l'objet que nous avons en vue
— et on pourrait augmenter de la même somme la subvention accordée aux autres
pour faire un quelconque des trois traitements recommandés par la CommissioQ
supérieure du phylloxéra. Ce n'est pas le lieu d'entrer dans le détail des mesures
administratives à prendre.
Je ne doute pas un instant que la Commission supérieure n'entre avec empres-
sement dans ces vues. Son rôle essentiel n'est pas de dire si un traitement est bon
ou mauvais. Que faut-il pour décider si un traitement est bon ou mauvais?
— C'est bien simple : choisir un vignoble jibylloxéré, y appliquer le trai-
tement et chercher quinze jours, un mois, deux, trois mois après ce qu'il
reste de phylloxéra sur les racines. Point n'est besoin pour cela de déranger des
membres de l'Institut, des sénateurs, des députés, des inspecteurs généraux de
l'agriculture; pourvu qu'il ait de bons yeux, le paysan le plus naïf y peut suffire.
Mais juger, selon les enseignements de la science et les éléments dont il se com-
pose, si un traitement vaut d'être essayé et étudié à fond, voilà qui peut n'être pas
indigne, même d'un savant éminent — ni de la Commission supérieure du
phylloxéra.
Invoquons avec confiance la protection de M. le ministre de l'agriculture, et le
Lienvcillant intérêt de la Commission supérieure. Qui donc ne serait pas avec
nous, quand nous voulons sauver la première de nos industries, et que nous ne
blessons aucun intérêt?
Comme sanctiondesconsidérationsqui précèdent, je propose le vœu dont la teneur
suit :
« Le Comité central d'études et de vigilance de Lot-et-Garonne émet le vreu :
•< Que M. le ministre de l'agriculture veuille bien encourager, par tous les
moyens en son pouvoir, et sur la plus grande échelle, le badigeonnage des vignes
phylloxérées avec le mélange décrit ci-dessus, ou tout autre produit que M. le pro-
fesseur Balbiani ferait connaître en temps utile ;
« Que ces badigeonnages soient imposés, soit seuls, soit comme complément
BADIGEONNAGE DES VIGNES PHYLLOXÉRA ES. 191
de lout autre traitement, aux syndicats qui recevront une subvention pour traiter
leurs vignes malades, la subvention pouvant être, la première année, de 50 francs
par hectare dans le premier cas, et augmentée d'une somme égale dans le second,
à raison de l'opération nouvelle ;
H Qu'un délégué du ministre, ayant sous ses ordres le nombre d'agents néces-
saire, soit chargé, à l'exclusion de tout aulre travail, de la direction et du con-
trôle des badigeonnages subventionnés, comme aussi de l'observation permanente
des vignes badigeonnées. »
Il serait très désirable que M. le ministre voulût bien prendre d'urgence la
décision que nous sollicitons de lui. Cette décision aura pour conséquence — c'est
notre espoir — le badigeonnage de bien des milliers d'hectares de vignes, et il
laudrait que le commerce se mît en mesure, avant le mois de novembre, de four-
nir rhuile lourde et la naphtaline que les viticulte'irs lui demanderont. On peut
compter, au maximum, sur 20 kilog. d'iunle lourde et 20 kilog. de naphtaline
pour 5,000 souches de grosseur moyenne. Ea France, l'huile lourde vaut do 12
à 15 fr. les 100 kilog. La naphtaline brute est plus chère ; mais on m'a assuré
qu'on en trouverait en Angleterre des quantités considérables à 5 ou 6 fr. les
100 kilog., et qu'on pourrait la vendre en France meilleur marché que l'huile
lourde.
Pour la première année, tout au moins, un moyen pratique serait celui-ci —
qui n'exclut nullement la recherche d'un moyen meilleur : M. le ministre pour-
rait immédiatement mettre les syndicats en demeure d'accepter ou de refuser la
subvention offerte dans les conditions nouvelles, et être en possession de toutes
les réponses avant le T' septera])re ; connaissant alors approximativement l'étendue
des vignes à badigeonner, M. le ministre pourrait mettre en adjudication la four-
niture de l'huile lourde et, séparément si l'on veut, la fourniture de la naphtaline
aux clauses et conditions d'un cahier des charges. Le ministère de l'agriculture
pourrait lournir ensuite l'uneet l'autre substance aux syndicats aupri.x de revient,
le prix en étant retenu sur le chiffre de la subvention offerte.
Il serait encore très commode pour tout le monde de mettre aussi en adjudi-
cation la fourniture de pinceaux de deux ou trois grosseurs et d'un modèle à étu-
dier pour chaque grosseur. Quant aux ustensiles, quelques indications suffiraien.t
pour que chacun pût faire fabrir|uer les siens, les uns par son ferblantier, les autres
par son tonnelier. La chaux se trouve partout. Prosper de Lafitte.
PARTIE OFFICIELLE
Loi sur les sucres.
Le Sénat et la Chambre des députés ont adopté ,
Le Président de la République promulgue la loi dont la teneur suit :
Article premier. — Les droits sur les sucres de toute origine et les glucoses
indigènes livrés à la consommation sont lixés ainsi qu'il suit, décimes et demi
décimes compris :
Sucres bruis et raffinés 50 f. 00 par 100 kilog. de sucre raffiné.
Sucre candi ii'i 50 — —
Glucoses 10 00 — —
Sont en outre modifiés comme suit les droits des dérivés du sucre énumérés
ci-après :
Mélasses autres que pour la distiilaiion, ayant en richesse saccharine absoke
50 pour 100 ou moins, 15 fr. par 100 kdog. ;
Mélasses autres que pour la distillation, ayant en richesse saccharine absolue
plus de 50 pour 100, 32 fr. par 100 kilog. ;
Chocolat, 93 fr. par 100 kilog.
Art. 2. — Les droits sur les sucres bruts ou raffinés de toute origine, employés
au sucrage des vins, cidres et poirés, avant la fermentation, sont réduits à lO fr.
les 100 kilog. de sucre rafliué.
Un règlement d'administration publique déterminera préalablement les mesures
applicables à l'emploi de ces sucres.
Art. 3. — Tout fabricant de sucre indigène pourra contracter avec l'adminis-
tration des contributions indirectes un abonnement en vertu duquel les quantités
de sucre imposable seront prises en charge d'après le poids des betteraves mises
en œuvre.
192 PARTIE OFFICIELLE.
Cette prise on charge sera définitive quels que soient les manquants ou les
eïcédents qui pourront se produirf.
Elle aura lieu aux condiiions ci-après :
Rendement
Procédés de fabrication. par lOO lùlog. de betteraves.
Diffusion ou tout autre procédé analogue.. . G kilog. sucre raffiné
Presses continues ou hydrauliques h — —
Les sucres, sirops et mélasses, obtenus dans les fabriques abonnées en excé-
dent du rendement légal, seront assimilés au sucre libéré d'impôt.
Pendant les trois catnpagnes de fabrication 1884-1885, 1885-1886 et 1886-1887,
il sera alloué aux fabricants non abonnés un déchet de 8 pour 100 sur le montant
total de leur fabrication.
Un décret déterminera les obligations qui seront imposées aux fabricants abon-
nés pour la garantie des intérêts du Trésor.
^ri. 4. — A partir du 1" septembre 1887, les quantités de sucre imposable
seront prises en charge dans toutes les fabriques d'après le poids des betteraves
mises en œuvre, quel que soit le procédé d'exlraction des jus.
Les rendements seront fixés comme suit par 100 kilog. de betteraves :
KiioR.
Campagne de 1887-1888 6.250 de sucre raffiné.
— 18R8-1S89 6. .500 —
— 1889-1890 (;.7bO —
— 1890-1891 7.000 —
j^j-t. 5. — Les sucres des colonies françaises importés directement en France
auront droit à un déchet de fabrication de 12 pour 100.
j^rt. 6. — Les sucres en grains ou petits cristaux, agglomérés ou non, seront
reçus à la décharge des comptes d'admission temporaire de sucres bruts, pour la
quantité de sucre raffiné qu'ils seront reconnus représenter, lorsque leur rende-
ment net, étîbli conformément aux dispositions de la loi du 19 juillet 1880, sera
au moins de 98 pour 100.
Art. 7. — La taxe complémentaire de 10 francs par 100 kilog. établie par
l'article 1" sera appliquée aux sucres de toute espèce déjà libérés d'impôt, ainsi
qu'aux matières en cours de fabrication également libérées d'impôt existant au
moment de la promulgation de la présente loi, dans les raffineries, fabriques ou
magasins, ou dans tous autres lieux en la possession des raffineurs, fabricants ou
commerçants; les quantités seront reprises par voie d'inventaires; seront toute-
fois dispensées de l'inventaire les quantités n'excédant pas 1,000 kilog. de sucre
raffiné.
Art. 8. — Les fabricants et raffinmrs auront à souscrire des soumissions com-
plémentaires en garantie du droit de dix francs par 100 kilog. pour les sucres de
toute espèce et les matières en cours de fabrication placées sous le régime de l'ad-
mission temporaire.
L'apurement de ces soumissions aura lieu dans les conditions appliquées au
moment de la mise en vigueur de la loi du 31 décembre 1873.
Art. 9. — Le rendement minimum fixé par l'art. 18 de la loi du 19 juillet 1880
sera porté à 80 pour 100 pour les sucres d'origine européenne ou importés des
entrepôts d'Europe.
Art. 10. — A partir de la promulgation de la présente loi, et jusqu'au 31 aoiàt
1886, les sucres bruts et les sucres non assimilés aux sucres raffinés, importés
.des pays d'Europe ou des entrepôts d'Europe, seront frappés d'une surtaxe non
remboursable de 7 fr. par 100 kilog.
Les dispositions des lois antérieures continueront d'être appliquées en tout ce
qui n'est, pas contraire à la présente loi.
La présente loi, délibérée et adoptée par le Sénat et par la Chambre des députés,
sera exécutée comme loi de l'Etat.
Fait à Mont-sous-Vaudrey, le 29 juillet 1884. JjJLEs Grévy.
Par le PrésideAt de la République :
Le ministre des finances, P. Tirard.
NOUVELLES liNVENTIONS AGRICOLES
ANALYSE SOMMAIRE DES DERNIERS BREVETS DÉLIVRÉS
161,123. Baudry. 21 mars 1884. Emploi d'un appareil destiné à produire
artificiellement le levain. — L'appareil se compose de deux parties formées, l'une
NOUVELLES INVENTIONS AGRICOLES. 193
et l'autre, de deux cylindres concentriques. La partie supérieure, formant cloche
ou couvercle, se retourne sur la partie inférieure, de manière que son enveloppe
extérieure pénètre dans l'espace, annulaire compris entre les deux cylindres de
celle-ci ; on met du liquide dans cet espace pour faire un joint hydraulique.
1d1,1'iO Bat.mlle (Dame). 24 mars 1884. Nouveau pèse-paille aulomalique
applicabk aux machines à battre de tous systèmes. — L'appareil se compose d'un
râteau transversal articulé, disposé au-dessus d'une grille qui fait suite au se-
coueur de la machine, et retenant la paille amenée constamment par le secoueur
jusqu'à ce qu'une quantité suffisante pour le faire basculer se soit accumulée con-
tre lui. Un contrei'Oi'ls mobile permet de régler à volonté cette quantité. Après
avoir basculé, le râteau revient de lui-même à sa position primitive. Un compteur
de pesées peut être adapté à l'appareil.
161,183. JoHNSTON. -25 mars 1884. Perfectionnements aux râteaux agricoles. —
Le système s'appli([ue aux râteaux de moissonneuses et particulièrement aux râ-
teaux dits « automatiques. » Il a pour but de simplifier leur construction, d'aug-
menter leur force et de mettre la came et son mécanisme à l'abri des brins de
paille, etc. A cet eflet les pièces reçoivent des formes spéciales.
161,192. Valent. 27 mars I88k. Fourcat sulfureux pour le traitement des vi-
gnes phnlloxérces. — Le breveté s=e propose de semer en terre des doses variées de
sulfure de carbone, etc. Dans ce but, le soc de l'appareil, qui est analogue à une
charrue, porte une pompe de forme spéciale commandée par la roue d'avant et
munie d'un tuyau de refoulement qui débouche près du soc. Derrière celui-ci, un
rouleau tasseur referme le sillon. Un étançon de forme particulière coupe les ra-
cines. Des dispositions sont prises pour régler l'entrure à volonté. La commande
de la pompe peut varier suivant les cas. Lorsque l'appareil roule sur les chemins,
la pompe refoule dans le bidon réservoir.
161,207. PiLLET. 26 mars 1884. Pieu à résistance, système Pillet. — Le pieu,
qui peut être fait en une matière quelconque, est généralement composé d'un fer
à T présentant un renflement rapporté, en forme de cœur, dont la pointe est di-
rigée vers le bas, et qui s'enfonce en terre.
161,211. Croydon. 26 mars 1b84. Perfectionnements dans la fabrication du
pain. — Le breveté fait usage d'une composition spéciale formée de: farine, 14
parties; gruau à l'état naturel, non soumis à la mouture, i partie; eau, sel et
levure, comme d'habitude.
161,214. Odier. 26 mars 1884. Rouleau traceur destine à l'agriculture. Le rou-
leau, destiné à remplacer les instruments dits « rayonneurs, » porte sur sa jante
des pointes qui font des trous dans un terraim préalablement uni et ameubli. Il
peut quadriller dans les deux sens en une seule opération.
161, 2t0. Amiot. 26 mars 1884. Système detraîneau derelevage et de transport
des hei'ses flexibles, des instruments de culture en général et de tous autres objets et
appareils. — Le traîneau se compose d'une plateforme articulée sur des essieux
coudés de manière à pouvoir monter et descendre à volonté.
161,221. BoiTEAU ET Roux. 29 mars 1«84. Sulfureur automatique pouvant
s'appliquer à toutes les charrues ou araires vigneronnes, ou à tout autre moteur à
traction. — L'appareil est disposé de produire à chaque tour, au moyen d'une
pompe, une projection d'un liquide : sulfure de carbone, etc , qui est lancé avec
force et verticalement. Le soc ouvre un sillon, un gratteur l'ameublit, une dent
fouilleuse le remue derrière le gratteur, et un petit soc referme le sillon.
Certificats d'addition. — Chambonnière (Br. n" 148,397). 20 mars 1884.
Herse à dents sans écrous, sans goupilles et sans clavettes, dite Herse-Cham-
bonnière. — Le perfectionnement apporté à la herse décrite dans le brevet prin-
cipal consiste à ajouter, à l'avant et à l'arrière de chacun des châssis, des cro-
chets de forme spécial pour recevoir à volonté soit les anneaux du palonnier, soit
une barre d'équilibre qui donne du poids à la herse et empêche le chevauchement
des châssis les uns sur les autres.
Genevois (Br. n» 159,670). 4 janvier 1884. Fabrication du rayonnage des
meuks. — L'addition consiste dans l'application du système aux meules dites
« anglaises ». On y pratique deux séries concentriques de rayons, les uns courbes
allant de l'œillard à l'entrepied, les autres droits et inclinés d'environ 110°,
allant de l'entrepied, oij ils se terminent en pointe sur les premiers, à la circon-
férence. _ Ch. Assi et L. Genès,
Ingénieurs-conseils en matière de brevets d'invention,
36, boulevard Voltaire, à Paris.
194 SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE.
SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE
Séance du 30 juilkilSSk. — Présidence de M. Chevreul.
M. Barrai a'excuae de ne pouvoir, à raison de son état de maladie,
assister à la séance.
M. Adolphe Carnot adresse ses remerciements pour son élection de
membre associé dans la.Seetion d'histoire naturelle agricole.
M. Sacc, correspondant, envoie de Bolivie, plusieurs analyses de
diverses variétés de raisins.
M. Destremx envoie une note sur la situation de la sériciculture et sur
les conditions malheureuses qui résulte de la baisse accentuée du prix
des cocons.
M. Cornu présente des larves d'un insecte qui lui ont été envoyées
par M. Guien, secrétaire de la Société d'aj^ricullure des Alpes-3Iariti-
mes, et qui avaient été recueillies sur des orangers. Après examen,
M. Cornu a reconnu que ces larves sont celles de YAcrolepia citri.
M. Paul Mares fait connaître que les orages tardifs survenus en
Algérie ont diminué considérablement la récolte des céréales et que
des pluies récentes ont déterminé sur les vignes une attaque subite du
mildewque le retour du beau temps a d'ailleurs fait disparaître. Mais
les effets des atteintes du fléau ont été suffisants pour réduire, dans la
plaine de la Milidja, la récolte dans une proportion que l'on estime de
10 à 15 pour 100 de la vendange.
M. F.-R. Duval donne quelques détails sur un violent orage de 'grêle
qui a atteint, le 27 juillet, la vallée du Cher. Cet orage a causé, dans
plusieurs communes, des dégâts que l'on estime à environ quatre mil-
lions de francs. iM. de Retz ajoute que cet orage s'est fait sentir
jusqu'aux environs de Romoranlin.
M. Gatellier présente le volume renfermant les rapports sur les expé-
riences comparatives des différents systèmes de mouture, faites récem-
ment par le syndicat des grains et farines de Paris avec le concours
de M. le ministre de l'agriculture. Ce volume renferme les rapports de
M. Grandvoinnet.sur la marche et les résultats de ces e»sais, de
M. Aimé Girard sur l'analyse cliimique et microscopique des prin-
cipaux produits de moulure, de M. Lucas sur les expériences de pani-
fication, de M. Prager sur le classement des sons, de M. Guillier sur
le classement des farines bises et des remoulages. Ils sont suivis d'une
étude de M. Gatellier sur les expériences personnelles qu'il a faites
relativement aux moyens d'augmenter la richesse des blés en gluten.
M. Gatellier pense qu'avec un système de culture approprié et des
engrais bien choisis, on peut accroître la richesse des grains en gluten,
et arriver ainsi à résoudre la question qui se posera inévitablement
entre la meunerie et l'agriculture, comme elle s'est posée entre la
sucrerie et l'agriculture pour la richesse des betteraves en sucre.
M. Gatellier donne ensuite quelques détails sur le voyage qu'une
délégation de la Société d'agriculture de Meaiix, dont il est président,
vient de faire en Allemagne et en Autriche-Hongrie. La délégation y a
trouvé une agriculture plus prospère qu'en France; M. Gatellier pense
que cette prospérité est due principalement au développement de l'en-
seignement professionnel. Il ajoute que le blé Shirrif's square liead est
cultivé sur une grande échelle et qu'il donne des rendements très-
SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE.
1&5
élevés; toutefois, il croit qu'il y a des réserves à faire relativement à
la qualité de ce grain.
A cette occasion, M. Tisserand signale la pratique adpotée par
M. Raimond, agriculteur aux eavirons de Nemours (Seine-et-Marne),
qui sème un mélange de trois variétés de blés : blé bleu, blé de Bor-
deaux et blé Chiddam, et qui obtient des rendements beaucoup plus
élevés qu'en semant ces variétés isolément. M. Tisserand pense qu'il y
a là une indication utile pour les cultivateurs; ces résultats sont ana-
logues à ceux qu'on obtient dans la culture du méteil.
Henry Sagnier.
SITUATION AGRICOLE EN BELGIQUE
Namur, le 24 juillet 1884.
En Belgique, toutes les récoltes sont très belles, sauf les fruits qui ont été en
très grande partie détruits par les gelées tardives du printemps. La maturité des
récoltes, sous l'influence des chaleurs excessives qui ont eu lieu, avance très rapi-
dement ; les seigles sont en grande partie couiiés. Il faut se reporter à un demi-
siècle en arrière pour avoir vu de pareilles chaleurs ; on m'a dit avoir compté
35 degrés à l'ombre près Gand.
Cette chaleur était nuisible à la pousse de l'herbe fftii commençait à dessécher
dans plusieurs pâturages ; elle a amené de nombreux orages sur un très grand
nombre de points, des incendies dans plusieurs endroits et quelques personnes
ont été tuées par la foudre.
Depuis, la température, quoique orageuse, a beaucoup baissé et il est tombé
plusieurs fois de l'eau qui a fait grand bien •■ hier l'atmosphère était lourde et mal-
saine, comme on dit ici. Le ciel était sillonné de nombreux éclairs ; il a plu cette
nuit, le temps est à la pluie, il en tombe même un peu en ce moment.
C'est sous l'influence de ces pluies d'orage qu'apparaît la maladie des pommes
de terre; jusqu'ici, je n'en aperçois aucune trace.
Ici comme en France, on se plaint de la crise agricole et industrielle qui para-
lyse les afi"aires. .Iules Gv de Keumavic.
mW GOIIÏÏERCIALE ET PRIS GOURANT DES DENRÉES AGRICOLES
(2 AOUT 1884.)
I. — Situation générale.
Le calme domine toujours sur les marchés agricoles ; les transactions sont res-
treintes pour la plupart des denrées.
II. — Les grains et les farines.
Les tableaux suivants résument les cours des céréales, par qotntal métrique,
sur les principaux marchés de la France et de l'étranger :
Algérie.
Angleterre.
Belgique.
Pays-Bas.
Luxembourg.
A Isace-Lorraine.
Allemagne,
Suisse.
Italie.
Espagne.
Autriche.
Hongrie.
Husite.
Etats-Um?.
Blé.
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( blé dur lo uO
Londres 23.90
Anvers 21.50
Bruxelles 24.00
Liège yj 35
Namur 22.75
Amslerdam 20.70
Luxembourg 23.50
Strasbourg 26.50
Mulliûu.se 23.90
Colmar 2.S.75
Berlin 20.85
Cologne 23.35
Francfort 24.. 50
Genève 25 50
Turin 23.50
Barcelone 24.00
Vienne 20.00
Bndapest 19.75
Saint-Péterabourg . . 1 7 . 00
New-York 19.00
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196
REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT
1" RÉGION. — NORD.OrEST.
Calvados. Condé
— Lisieux
C.-du-Nord Ouingarap
— Treguier
Finistère. Morlaix
— Quimper
ille-et- Vilaine. Rennes.
— .Saint-Malo
Manche. Avranches. . . .
— Pontorson
— Villedieu
Mayenne. Laval
— Mayenne
Morbihan. Hennebont..
Orne. Seez
— Vimoutiers
Sarthe. Le Mans
— Sablé
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23 00
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23.50
24.00
23.00
23.50
Seigle. Orge.
fr. fr.
16.00
20.00
13.00
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Prix moyeos 22.90 16.8ii 17 9S 18.61
2" REQION. — N
Ai*ne. Laon 22 . 00
— La Fère. 23.00
— Soissons 23.50
Eure. Evreuï 23.25
— Les Andelys 22 75
— Louviers 23.50
E«r«-e(-ioir. Chartres.. 23.50
— Auneau 23 50
— Nogent-le-Hotrou. 23.00
ATorrf. Dunkerqne 23.50
— Lille 23.75
— Valenciennes 24.75
Owe. Beauvais 21.75
— Compiègne 23.50
— Senlis 22.00
Pas-de-Calais, \rris... 23.25
— Saini-Omer 23.50
Seine. Paris 24.25
S.-et-Mariie. Meaux.... 23.75
— Dammartin 22.25
— Provins 23.50
S.-et-Ot'se. Versailles 24.00
— Houdan 23.00
— Mantes 23.00
Seine-Infé}Heure.Ro\3en. 23.65
— Fécamp 22.75
— Yvetot 22.85
Somme. Montdidier 22
— Doullens 23
— Roye 23
Prix moyens 23.
16.80
15 50
16.65
14.50
15.25
14.75
15.50
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16.00
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14.50
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19.50
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19.50
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18. 50
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19.50
19.00
18.50
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19.25
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35 »
18 15.59 19.31 19.18
3* RÉGION. -
Ardetmes. Retliel
— Sedan
Axtbe. Bar-sur-.\uhe
— Méry-sur-Seine.. .
— NoRent-sur-Seine .
Marne, châlons
— Epernay
— Reims
Hte-Marne. Saint-Dizier.
Meurthe-et-Mos . Nancy.
— Liineville
— Toul
Meuse. Bar-le-Duc
— Verdun
Haute-Saône. Gray
— Vesoul
Vosges. Mirecourt
— Epinal
Prix moyens
4* RÉGION
Charente. Angouléme...
— BulTec
Char.-Infér. Marans. . . .
Deux-Scvres. Niort ....
Indre-et-Loire. Tours...
— Château-Renault .
Loire-Inf. Nantes
M.-et-Lnîre. Saumur. ...
— Anf^ers
Vendée. Luçon
— Fontenay-le-Cle ..
Vienne. ChàteilerauU. . .
— Loudun
Haute-Vienne. Limoges.
NORU.ESr.
23.61 16.07 18.08
. — OITEST.
Prix movens.
23.50
17.75
(S. 50
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24 . 00
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17.75
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18.77
17.60
AUier. Montluçon..
— Moulins
— La Palisse
Cher. Bourges.
— St-Amand,...
Vierzûn
Creuse. Aubusson...
IJidre. Chàteauroux.
— Issoudun
— Valençay
Loiret. Orléans
— Montargis
— Patay
L.-el-Cher. Blois....
— Monloire
Nièvre. Nevers
— Clamecy
Yonne Brienon
— Joigny
— Sens
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Blé. Seigle.
fr. fr.
22.75 17.00
23.25 15.00
22.50 15.00
22.65 15.75
22.75 17.00
23.00 15.25
24.00 15.75
23.50 14.75
23 00 15.00
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18.75
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16.50
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19.00
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19.50
19.50
Prixmoyens 23.16 15.46 18.73 17.91
6' RÉ MON. — EST.
-4in. Bourg 23.50
— Pont-de-Vaux 23.75
Cote-d'Or. Dijon 23 . 65
Oou6s. Besançon 23.50
/«ère. Grenoble 25.00
— Bourgoin 23.65
Jura. Vtùie 23.75
i.otre. Firminy 23.75
P.-de-Wdme. Clermont-F 24.00
Rhône. Lyon 23.25
Saône-et-Loire. Chilon . 22.00
— Maçon 24.00
oflyoïe. Chambéry 25.00
ifte-Saiioie. Annecy 25.50
— Thonon 25.20
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19.50
7" RÉGION. -
Ariége. Pamiers
— Foix
Dordogne. Bergerac
Hte-Garonne. Toulouse.
— bt-Gaudens
Gers. Condora
— Eauze
— Mirande
Gironde. Bordeaux
— Lesparre
Landes. Dax
Lot-et-Garonne. Agen. . .
— Nérac
B.-Pyrénées. Bayonne. .
Htes-Pyrénèes. Tarbes. .
SUD-OUEST.
24.00
24.20
32 90
23.00
24 75
25.10
25.50
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31.75
23.00
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Prixmoyens 24.3'i 19.34 18.71
18.75
19.75
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23.30
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8' RÉGION. — SUO
Aude. Caslelnaudary.... 23.75
— Garcassonne 24.35
.4i)e!/TOn. Rodez 23.50
Cu?i(af. Mauriac 23.75 31. .ri
Correie. Brive 24.00 18.25
Hérault. Montpellier... 23.85 »
— Béziers 23.50 »
Loï. Cahors 24.00
Lozère. Mende 25.65
P(/rénées-Oc. Perpignan. 35.65
Tarn. Albi 25.00 »
rarn-et-fîar.Montauban 24.00 19.50
Prix moyens 24 34 19. 6i
9' RÉGION. — SUD-EST
Basses-Alpes. Manosque 24.60
Hautes-.ilpes. Briançon. 24.25
Alpes. Maritimes.Càunes 26 .00
^rrfrc/ie. Privas 26.60
B.-du-Rhône. Arles.... 25.20 »
Drôme. Montelimar. . . . 24.70 n
Gard. Nimes 25.20 »
//au(e-Loire. Brioude... 24.00 18.25
Kar. Draguignan 24.35 »
Kaucfuse. Orange 24.50 »
Prixmoyens 24.94 18.31
Moy. de toute la France 33.73 17.07
^de la semaine précéd. 23.81 17.09
Sur la semainejHausse. » »
précédente.. (Baisse.. 0.09 0 03
18.50
17.30
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34.00
ff
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18.00
17.50
19.00
18 25
28.05
24.45
20.75
19.50
20.14
0.17
DES DENRÉES AGRICOLES (2 AOUT 1884). 197
Blés. — Les travaux de la moisson sont poursuivis avec beaucoup d'activité; il
en résulte que sur la plupart des marchés les offres des cultivateurs sont tout à fait
restreintes; les ventes sont peu importantes, les prix restent sans clian<,'ements
sensibles. Le commerce est lui-même dans le plus giand calme, car la mévente
des farines inlliie sur tous Us marchés. — A la halle de Paris, le mercredi .3o
juillet, il n'y a eu que très peu d'affaires; il y a des offres sur les blés nouveaux,
mais elles sont très faibles. On cote les blés nouveaux à un taux un peu plus
élevé que les vieux. Les firix de 23 à 25 fr. 50 suivant les cjualités ou en moyenne
24 fr. 25 par 100 kilog. Au marché des blés à livrer, on paye: courant du mois,
22 fr. 75 à 23 i'r. ; ai ùt, 22 fr. 75 à 23 fr.; septembre et octobre, 23 fr. 25; quatre
derniers mois, 23 f i . 25. — JMèmes cours que précédemment, au //ayre, pour les blés
d'Amérique qui valent de 22 fr. 50 à -24 fr. par quintal métrique ; ceux des
Indes se payent de 22 à 22 fr. 75. — A Marseille, les transactions sont toujours
aussi importantes ; les prix sont faiblument tenus pour toutes les sortes. — En
Angleterre, on continue à espérer une assez bonne récolte, les affaires présentent
beaucoup de calme et les prix varient peu. Les prix se fixent de 23 à 25 fr. 10 par
100 kilog., suivant les qualités et les provenances.
Farines. — Les transactions sont toujours aussi calmes. Les prix des farines
Qç consommation sont fixés comme il suit : marque de Gorbeil, 51 fr.; marques
de choix, M à ^3 fr.; premières marques, 50 à 51 fr.; bonnes marques, 48 à 49 fr.;
marques ordinaires, 45 à 47 fr.; le tout par sac de 159 kilog. toile perdue ou
159 kilog. net, ce qui comprend aux prix extrêmes de 28 fr. 65 à 33 fr. 75 par
100 kilog., ou en moyenne 31 fr. 40 sans changements. — Pour les farines de
spéculation, on cote: farines neuf -marques, courant du mois, 46 fr. 75; août,
47 fr.; S"ptembre et octobre, 47 fr. 75; quatre derniers mois, 48 à 48 fr. 25 ; le
tout par sac de 159 kilog., ou 157 kilog. net. — Les farines de gruau se vendent
aux anciens cours, de 36 fr. à 41 fr. par 100 kilog.; les farines deuxièmes se ven-
dent de 22 à 25 fr.
Seigles. — Les prix sont assez fermes. On vent à la halle de Paris, de 15 fr. 50
à 16 fr. 50 par 100 kilog. suivant les sortes. Mêmes prix pour ^les farines de
21 à 24 fr.
Orges. — Il y a maintien des cours. Les orges valent de 18 à 19 fr. par 100
kilog. Les escourgeons sont cotés de 18 fr. 75 à 19 fr. 25.
Avoiih's. — Il y a un peu de faiblesse dans les prix. On cote à la halle de
Paris de 18 fr. 50 à 20 fr. 50 par luO kilog. suivant poids, couleur et qualité"
Les afl'aires sont calmes.
Maïs. — Les affaires sont peu importantes. Dans les ports, les maïs d'Amérique
se vendent de 14fr. 50 à 15 fr. par qumtal métrique.
Issues. — On vend à la halle de Paris par luO kilog. : gros son seul, 15 fr.
à 15 fr. 25; sons gros et moyens, 14 fr. 50 à 15 fr. ; sons trois cases, 13 fr. 75 à
14 fr. 25; sons fins, 13 fr. 25 à 13 fr. 50; recoupettes, 13 fr. 50 à 14 fr.; remou-
lages bis 15 à 16 fr.; remoulages blancs, 17 à 18 fr.
III. — Fourrages, graines fourragères.
Fourrages. — Les marchés sont assez approvisionnés. Il y a fermeté sur les
prix des foins qui valent, suivant les départements, de 75 à 100 fr. par
1,000 kilog. Les pailles de blé valent de 40 à 60 fr.
Graines fourragères. — Hausse sur les piix des trèfles incarnats de Beauce qui
sont cotés à Paris, de 52 à 54 fr. par 100 kilog.; ceux de Picardie, de 46 à 48 fr.
IV. — Fruits et légumes frais.
Frvils. — On vend à la halle de Paris : abricots, le kilog., 0 fr. 40 à 0 fr. 90
amandes, le 100, 1 fr. 50 à 2 fr. 50 ; cassis, le kilog., 0 fr. 80 à 0 fr. 85
cerises communes, le kilog., 0 fr. 30 à 1 fr. 50; figues, le 100, 4 à 10 fr.; fraises
le panier, 1 fr. à 2 fr. 25; groseilles, le kilog., 0 fr. 35 à 0 fr. 50 ; melons, la
pièce, 0 fr 50 à 3 fr. ; pêches, le kilog., 0 fr. 60 à 1 fr. ; poires, le kilog.,
0 fr. 30 à 0 fr. 60; prunes, le kilog., 0 fr. 25 à 1 fr. 10; raisins communs, le
kilog., 1 fr. à 1 fr. 50.
Gros légumes. -^ Derniers cours de la halle : artichauts de Pai-is, poivrade,
la botte, 0 fr. 25 à 0 fr. 30; le cent, 6 à 13 fr.; asperges communes, la botte,
1 fr. 50 à 3 fr. ; carottes nouvelles, les 100 bottes, 45 à 50 fr.; choux nouveaux,
le cent, 10 fr. à 12 fr.; haricots verts, le kilog, 0 fr. 15 à 0 fr. 35 ; en cosse, le
kilog., Ofr. 20 à 0 fr. 40 ; écossés, le litre, 0 fr. 40à0 fr. 45; navets nouveaux, les
100 bottes, 30 à 35 fr.; oignons nouveaux, les 100 bottes, 25 à 30 fr.; panais
198 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT.
nouveaux, les 100 bottes, 20 à 25 fr.; poireaux nouveaux, les lOû bottes,
30 à 40 fr. ; pois verts, le kilog., 0 fr. 35 à 0 fr. 45.
V. — Vins. — Spiritueux. — Vinaigres. — Cidres.
Vins. — Les affaires sur les vins sont très calmes : très peu de ventes, et sur
la plupart des marchés maintien des anciens prix. Les eutrepùls sont chargés
d'une très grande ijuanlilé de fûts, et il n'y a nulle part d'aflaires importantes.
Les arrivages de vins étrangers sont toujours aussi nombreux, et ils pèsent lour-
dement sur la situation générale du commerce. A Marseille, les vins d'Espagne
valent : Alicante, i!6 à 37 fr. par hectolitre; Beni-Carlo, 28 à 30 Ir. ; deuxième
choix, 21 à 25 fr. — En Algérie, on cote les vins de coteau de 25 à 28 fr. l'hec-
tolitre; ceux de plaine, de 15 à 20 fr. A Oran, les prix s'élèvent 'jusqu'à 28 à
34 fr. — Les nouvelles des vignes sont généralement bonnes ; des orages violents
sont survenus sur quelques points, notamment en Bourgogne et en Touraine, et
y ont causé des Jégats. Dans le Bordelais et sur quelque.s points du Midi, on si-
gnale une apparition du mildew assez intense. Il est difficile que le refroidissement
de la température, durant les derniers jours, n'ait pas amené quelque arrêt dans
la végétation.
Spiritueux. — Toujours même calme dans les transactions. Sur les marchés
du Midi, il y a maintien dans les cours. A Cette, on cote par hectolitre : trois-
six bon goût, 103 fr. ; marc, 95 fr. ; à Béziers, trois-six bon goût, 103 fr.;
marc, 95 fr.; à Montpellier, trois-six bon goût, 100 à 105 fr.; mai'c, 95 à 99 fr.
Nîiues, trois-six bon goût, 102 fr.; marc, 95 fr. — A Paris, on paye trois-six
fin Nord, 90 degrés, première qualité, disponible, 42 fr. 50 à 42 fr. 75; aoiÀt,
43 fr. ; quatre derniers mois, 44 fr. 25; quatre premiers mois, 44 fr. 75 à 45 fr.
Au 30 juillet, le stock était de 14,350 pipes contre 15,600, en 1883.
Vinaigre. — A Orléans, on cote par hectolitre ; vinaigre nouveau de vin vieux,
34 à 36 fr.; vinaigre vieux de vin, 40 à 50 fr.
VI. — Sucres. — Uélasaes. — Fécules. — Houblons.
Sucres. — Les affaires sont toujours peu importantes; les cours sont faibles
pour toutes les sortes, et il y a encore de la baisse depuis huit jours. On cote à
Paris par 100 kilog., : sucres bruts, 88 degrés, 36 fr. 50; les 99 degrés, kl fr. Ih;
sucres blancs, n" 3, 43 fr. Le stock de l'entrepôt réel des sucres était, au 30
juillet, de 672,000 sacs pour les sucres indigènes, avec une nouvelle dimi-
nution de 46,000 sacs depuis huit jours. — Les sucres ralfinés restent aux
cours que précédemment: on les paye de 102 à 104 fr. par 100 kilog. à la cou-
sommation, et de 4S fr. 75 à 54 fr. 50 pour l'exportation. A Nantes, les sucres
coloniaux se cotent à 37 fr. 25 par 100 kilog.
Fécules. — Prix soutenus. A Paris, on cote 32 fr. par 100 kilog. pour les
fécules premières du rayon; à Compiègne, 31 fr. pour celles de l'Oise.
Houblons. — Les transactions sont toujours nulles. La situation des houblon-
nières n'a pas varié depuis huit jours; mais le temps froid leur est peu favorable.
VII. — Tourteaux. — Noirs. — Engrais.
Tourteaux. — Les cours varient peu. A Gaen, les tourteaux do colza valent 17 fr.
par 100 kilog.; — A llouen, tourteaux de colza, 16 fr. 60; d'arachides décorti-
quées, 16 fr.
Noirs. — Mêmes prix à Valenciennes. On cote : noir animal neuf en grains,
33 à 36 fr. par 100 kilog.: noirs vieux grains, )0 à 12 fr. par hectohtre.
Engrais. — On cote par lûO kilog. sulfate d'ammoniaque, j7 à 39 Ir. ; nitrate de
soude, 2^1 fr. ; poudre d'os, 15 à 17 fr. : phosphates fossiles, 3 fr. 50 à 5 fr. sui-
vant la ricliesse. Les principes utiles valent, par degré dans les engrais composés :
azote 1 Ir. 80 à 2 fr. ; acide phosphoriqiie immédiatement soluble, 0 fr. 70 à
0 fr. 80; acide pliosphoriqne insolulite, 0 fr. 25; polas:*e dans les chlorures,
0 fr. 50; potasse dans les sulfates, 0 fr 60 à 0 fr. 65.
VIII. — Matières résineuses. — Textiles.
Malicres résineuses. — A Bazas, les gemmes nouvelles se cotent : gemmes
ordinaires, 25 fr. la barrique ; gemmes, système Hugues, 27 fr. 50.
Chanvres. — Dans la Mayenne, on cote les chanvres de 60 à 70 fr. par 100 ki-
log.
IX. - Suifs et corps ;/ros.
Suifs. — Nouvelle baisse. On cote à Paris par 100 kilog. : suifs purs de l'abat
de la boucherie, 81 fr. par 100 kilog.; suifs en branches, 60 fr. 75.
DES DENRÉES AGRICOLES (2 AOUT 1884;. 199
Saindoux. — Il y a encore de la faiblesse dans les prix. On paye au Havre, de
95 (t. 50 à 96 fr. par 100 kilog. pour les saindoux d'Amérique.
X. — Beurres. — (Eit/«. — Fromagr.s.
Beurres. — A la halle de Paris, on paye par kilog. suivant les sortes : en
demi-kilog., 1 Ir. 90 à 3 fr. 78; petits beurres, 1 fr. 58 à 2 fr. 60; Gouinay,
2 fr. à 3 Ir. 80 ; Isigny. 1 fr. 94 à 6 fr. 28.
Œufs. — Derniers cours de la halle, par mille choix, 102 à 1 14 fr.; ordinaires,
66 à 8n fr.; petits, 52 à 53 fr.
Fromages. — Oa cote par douzaine : Brie, 5 à 23 fr.; Montlhéry, 15 fr.;
— par cent, Livarot, 22 à 92 fr.; Mont-d'Or, 12 à 28 fr.; Neufchatel, 7 à 29 fr.;
divers, 7 à 51 fr.; — par 100 kilog., Gruyère, 1 10 à 188 fr.
.XI. — ChevaxLz. — Bétail. — Viande.
Chevaux. — Aux marchés des 23 et 26 juillet, à Paris, on comptait 1,014 chevaux;
sur ce nombre, 337 ont été vendus comme il suit :
Amenés. Vendus. Prix extrêmes.
Chevaux de cabriolet 2i9 .59 l.=>0 à I.O.tO fr.
— de trait "290 77 200 à 1,130
— hors d'âge 368 94 25àl,0»n
— à l'enclière ; 32 32 30 à 380
— de boucherie 75 75 20 à 100
Bétail. — Le tableau suivant résume le mouvement officiel du marché aux bes-
liaus de la Villette, du jeudi 24 au mardi 29 juillet :
Poids Prix du'kilog. de viande nette snr
Vendus moven pieJ au marche du 29 juillet.
des ^'
Pour
Pour
En 4
quartiers. 1'°
T
3"
Prix
Amenés.
Paris. 1
'extérieur.
totalité.
l(il.
quai.
quai.
quai.
moyen.
Bœufs
6,C8,Î
3,01b
1,.588
4,604
344
1.70
1.58
l.,34
1.52
Vaches
1,885
1,174
hk'i
1,723
2 M
1.62
1.48
1.28
1.43
Taureaux
:i40
264
41
305
388
1.46
1 38
1.28
1.37
Veaux
4,34i
2,696
699
3,345
75
1.66
1.52
1.42
1..54
Moutons . . . . ,
31,203
20,790
8,974
29,764-
19
2 16
2.00
1 80
1.95
Porcs gras. ...
6,392
2,315
3,736
6,U51
81
1.40
1.34
1.28
1.32
Les arrivages des marchés de la semaine se décomposent comme il suit :
Bœufs. — Ai.=De, 44 ; Allier, 55; Calvados, 909; Charente-Inrérieure, 347; Cher, 114; Cùte-
d'Or, l(iO;Cûles-du-Nord, 297; Deux-Sèvres, 87; Eure, 15; Finistère, 68; Indre, 18; Inlre-et-
Loiré, 8: Loiie. 31 ; Loire Inférieure, 40 ; Loiret, 23; Maine-et-Loire, 345; Manche, 128; Mayenne,
132; Nièvre, 688; Oise, 13; Orne, 448; Puy-de-Dôme, 10; Saône-et-Loire, 457 ; Sarlhe, 84;
Seine-et-Oise, 30; Vendée, 460 ; Yonne. 59.
Vachex. —Ailier, 16 ; Aube, 2; Calvados, 241 ; Charenle-lnférieure, 105 ; Cher, 48; Côte-d'Or,
42; Eure, 18; Eure-et-Loir, 62; Loire, 4 ; Loire-Inférieure, 6 ; Loiret, 28; Maine-et-Loire, 240;
Manche, 40; Haute-Marne, 29; Nièvre, 2.56 ; Orne, 78; Puy-de-Dôme, 137 ; Saône-et-Loire, 135 ;
Sarthe, 14; Seine, 133; Seine-Inférieure, 13; Seme-et-Marne. 27; Seine-et-Oise, 40; Vendée, 79;
Yonne, 67.
Taureaux. — Aisne, 1 ; Aube, 4; Calvados, 36; Côle-d'Or, 10; Côtes-du-Nord, 22 ; Eure, 5;
Eure-et-Loir, 20: Finistère, 2 ; Ille-et-Vilaine, 19; Loire-Inférieure, 11 ; Loir-et-Cher, 1; Loiret,3;
Maine-et-Loire, 27; Manche, 30; Marne, 1; Haute-Marne, 2; Mayenne, 7 ; Nièvre, 29; Orne, 12;
Saône-etLoire, 12 ; Haute-Saone, 5; Sarthe, 34; Seine Inférieure. 10; Seine-et-Marne, 15; Seine-
et-Oise, 21 ; Vendée, 3; Yonne, 17.
Fcaui. — Auhe, 401; Calvados, 16; Côtes-du-Nord, 16; Eure, 252; Eure-et-Loir, 430;
Loiret, 204 ; Marne, 1S9 ; Nièvre, 29 ; Oise, 37 ; Orne, 31 ; Puy-de-Dôme, 239 ; Sarthe, 397 ; Seine-
Inférieure, 192; Seine-et-Marne, 304; Seine-et-Oise, 47; Y'onne, 116.
Moutons. — Aisne, 847; Allier, 882; Ardennes, 388 ; Aube, 939 ; Aveyron, 357 ; Cantal,
2,653; Charente, 286; Cher, 539 ; Corrèze, 705; Côte-il'Or, 198; Creuse, 1,785; Dordogne, 520;
Eure-et-Loir, 265 : Indre, 2,019; Loiret, 486; LÔr, 585 : Lot-et-Garonne, 61 ; Maine-et-Loire, 274 ;
Marne, 68; Haute-Marne, 48 ; Nièvre, 999; Oise, 325; Puy-de-Dôme, 166; Saône-et-Loire, 198 ;
Seine; 52; Seine-Inférieure, 50; Ssine-et-,Mirne 910: Seine-et-Oise, 442; Somme, 120; Vienne,
166; Haute-Vienne, 124; Yonne, 379; Afrique, 118; Allemagne, 9,106; Hongrie, 5,661;
Italie, 609; Prusse, 868; Russie. 2,906.
Porcs. —Aisne, 43; Allier, 301; Calvados. 53; Charente, 56;- Cher, 70; Côte-d'Or, 56;
Côtes-du-Nord, 82; Creuse, 284; Deux-Sèvres, "09; Eure-et-Loir, 3; lUe-cl-Vilaine, 341;
Indre, 458; Indre-et-Loire, 91; Haute-Loire, 26; Loire- Inférieure, 290: Loir-el-Cher, 149;
Maine-et-Loire, 722; Manche, 11; Mayenne, 79; .Morbihan, 24; Puy-de-Dôme, 281 ; Saône-et-
Loire, 65; Sarthe, 822: Seine, 225, .Semednférieure, 84; Seine-et-ÛLse, 10 ; Vendée, 898; Vienne,
72; Vosges, 32.
La vente a présenté moins d'activité que- la semaine précédente principa-
lement pour le gr: s bétail ; les prix sont faibles ; ceux des veaux accusent
de la baisse ; mais il y a une reprise assez accentuée sur les cours des moulons. —
Sur les marchés des départements, on cote; Caen, bœuf, 1 fr. 65 à 1 fr. 85 par
kilog. de viande nette sur pied ; vache, 1 fr. 55 à 1 fr. 65; veau, 1 ir. 30 à 1 Ir. 50;
mouton, 1 fr. 70 à 1 fr. 90; porc, 1 fr. lu à 1 fr. 30; — LeMans, vache, 1 fr. 50
200 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT (2 AOUT 1884)
à 1 fr. 60 ; veau, 1 fr. 70 à 1 fr. 80 ; mouton, 2 fr. à 2 fr. 10; — Neubourg, porcs
gras, 1 fr. 30 à 1 fr. 40; —Dijon, bœaf, 1 fr. 60 à 1 fr. 72; vache, l'fr. 20 à
1 fr. 66 ; veau (poids vif), 1 fr. à 1 fr. 1 2 ; mouton, 1 fr. 50 à 1 fr. 80 ; porc ^poids
vif), 0 fr. 86 à 1 fr.; — A'eivr^, bœuf, 1 fr. 60 à 1 fr. 80; vache, 1 fr. 40 à 1 fr.60;
veau, 2 fr.; mouton, 2 fr.; porc, 1 fr. 60; — Lyon, bœuf, 1 fr. 20 à 1 fr.60;
vache, 1 fr. 20 à 1 fr. 60 : veau (poids vil), 0 fr. 90 à 1 fr. 02 ; mouton, 1 fr. 44
à 1 fr. 88; porc (poids vif), 0 fr. 86 à 1 fr. 02; — Bourgoin, bœuf, 63 à
76 fr. par 100 kilog. bruts; vache, 58 fr. à 68 fr.; mouton, 65 fr. à 90 fr.; p3rc
84 à 88 fr ; veau (poids vif), 70 à 80 fr.; — Nîmes, bœuf, 1 fr. 35 à 1 fr. 65 ;
taureau, 1 fr. 45; vache, 1 fr. 05 à 1 fr. 55 ; mouton, 1 fr. 80 à 1 fr. 90 ; moutons
étrangers, 1 fr. 40 à 1 fr. 65; brebis, 1 fr. 35 à 1 fr. 70; veau (poids vifs), 0 fr. 75
à 0 fr. 85; — Genève, bœuf, 1 fr. 60 à 1 fr. 70 ; vache, 1 fr. 20 à 1 fr. 50 ; mou-
ton, 1 fr. 70 à 1 fr. 90 ; veau (poids vif), 0 fr. 76 à Ofr. 90; porc, 1 fr. à l Ir. 05.
Viande à la criée. — Il a été vendu à la halle de Paris, du 21 au 27 juillet :
Prix da kiiog. le 27 juillet.
kilog. 1" quai. 2" quai. 3° quai. Cboii. Basse Boucherie
Bœuf 011 uaclie... 108,897 1.56 à 2.00 1.34 à 1.54 0.90 à 1.32 1.30 à 2.80 0.20 à 126.
Veau 139,137 1.70 1.96 1.48 1.68 1.20 1.46 • » » >
Mouton 29,343 1.52 1.86 1.30 1.50 fl.9i 1.28 1.60 3.00 » »
Porc 22,494 Porc frais 1.26 à 1.56.
303,871 SoUparjour 63,774 kilog.
Les ventes ont été inférieures de 3,000 kilog. par jour à celles de la semaine
précédente. Il y a eude la baisse dans les pri.x de toutes les catégories.
XII. — Cours de la viande à l'ahattoir de la ViUelte du jeudi 31 juillet (par 50 kilng.)
Cours de la charcuterie. — On i^end à la Villette par 50 kilog. : 1" qualité,
73 à 75 fr. ; 2% 65 à 70 fr. Poids vif, 45 à 53 fr.
Bœurs. Veaux. Moutons.
1" r 3' 1" 2- 3- 1" 2* 3' j
qnal. quai. quai. qtial. quai. quai. quai. quai. quai.
fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr.
80 74 68 92 81 80 95 88 80 ^"^
XIlI. — Marché aux bestiaux de la Villette du jeudi 31 juillet 1884.
Cours des commissionnaires
Poids Cours ofliciels. en bestiaux.
Animaux général. 1" 2" 3* Prix I'" 2* 3* Pris
amenés. Invendus. kil. quai. quai. quai, extrêmes. quai. quai, quai, extrêmes.
Boeufs 2 078 iO 345 \.lo 1.56 I.3J l.28àl.7-. 1.C8 1 . &'i 1.30 1.26àl.72
Vaches 56S 22 241 1.62 1.46 1 23 1.20 1 66 1,60 l.k* 1,26 1.20 1 64
Taureaux... 165 10 389 I 46 1.36 t. 26 1.22 I 50 I 42 1.32 1.26 1.20 150
Veaux t. 412 319 30 1.66 1.52 1 42 1.22 1.86 » » » •
Moutons 17 353 1.557 19 2 08 1.88 1.72 1 62 1 14 » > • »
Porcs gras.. 3,906 47 81 1.50 1.44 1.38 1.24 l.àS • • » •
— maigres.. » ■ •■t»»»i»»»tl.
Vente assez active sur toutes les espèces.
XIV. — Résumé.
Les cours du plus grand nombre des denrées sont demeurés stationnaires de-
puis huit jours; les prix des céréales, des alcools, des sucres, et même de quelques
produits animaux, accusent de la baisse. A. Remy.
BULLETIN FINANCIER
La hausse l'emporte depuis huit jours. On cote les valeurs françaises : 3 pour
100, 77 fr. 60; — 3 pour 100 amortissable, 79 fr. 15; — 4 et demi pour 100,
108 fr. 25; — 4 et demi pour 100 nouveau. 108 Ir. 35.
Les actions des établissements de crédit : Banque de France, 5,040 fr. ;
Banque de Paris, 790 fr.; Comptoir d'escompte, 965 fr. ; Crédit foncier et agri-
cole d'Algérie, 495 fr.; Crédit foncier, 1,285 fr.; Banque d'escompte de Paris,
520 fr, ; Crédit industriel, 670 fr.; Crédit l)'onnais, 545 fr. ; GampHgnie foncière
de France, 4'jiO fr.; Société des dépôts et comptes courants, 635 fr,; Société
générale, 463 fr.; Banque franco-égyptienne, 550 fr.
On paye les actions des Comagnies de chemins de fer : Est, 765 fr. ;
Paris-Lyon-Méditerranée, 1,225 fr ; Midi, 1,170 fr.; Nord, 1,675 fr. ; Orléans,
1,310 fr, ; Ouest, 825 fr. — Les actions du canal maritime de Suez valent
1,887 fr. 50; les délégations, 1,135 fr. E. Féron.
Le Gérant : A. Bouché.
CHRONIQUE AGRICOLE o Aoai issi,.
Vote définitif île la lui sur les vices rédhibitoires dans les ventes d'aniirjaux domestiques. — Ana
lyse des nouvelles disposiliuns légalos. — Suppression de la garantie nonaire pour les ventes
d'animauK de boucherie. — Deuxième délibération du Sénat sur les ventes et les échanfres
d'immeubles ruraux. — Election de M. d'Andrarle Corvo comme correspondant de l'Académie
des sciences. — Règlement d'administration publiijue sur la pri^e en charge des betteraves dans
les sucreries. — Examens d'admission à la ferme-école de la Pilletière. — Nomination de
M. Lacoste comme professeur dépanemental d'agriculture du Gers. — Le phylloxéra. — Etude
sur la propagation du fléau en Portugal. — Fabrique ofticielle de sulfure de carbone à Porto.
— Création d'une Société viticole pour la reconstitution des vignobles. — Police sanitaire des
animaux. — Décret relatif au déparlement de Maine-et-Loire. — Un herd-book des races
canines en Suisse. — L'enquête agricole dans le déparlement de l'Aisne. — Lettre de M. Polo.
— Conférences rurales dans le département de la Cùle-d'Or. — Concours de la Société d'agri-
culture de Tarn-et-Garonne. — Pisciculture. — Rapport de M. Gallicher sur l'enquête relative
aux eaux du département du Cher. — Distribution des récompenses de l'exposition viticole et
vinicole d Epernay. — .Notes de MM. Gallicher, liarin, Dupuy-Montbrun, Allier, sur l'état des
récoltes dans les déparlements du Cher, de l'Ain, du Tarn et des Hautes-Alpes.
I. — Les vices rédhibitoires dans les ventes cfanimaux domestiques.
Un nouveau chapitre du Code rural vient enfin do sortir des délibé-
rations du Parlement. Présenté au Sénat le 13 juillet 1876, le projet
de loi sur les vices rédhibitoires dans les ventes et échanges d'ani-
maux domesti(]ues a été adopté par cette assemblée le 13 novem-
bre 1882. Transmis à la Chambre des députés, il a été discuté et voté
dans les séances du 29 et du 30 juillet 1884, avec quelques modifica-
tions, que le Sénat vient d'ailleurs d'adopter dans sa séance du 31 juil-
let. Après une longue attente, le projet de loi est devenu définitif; il est
promulgué, et on en trouvera le texte à la partie officielle dece numéro
(p. 233). Hâtons-nous de dire que la législation nouvelle améliore con-
sidérablement la loi de 1838 qui réglait jusqu'ici la matière; elle sera
donc accueillie avec joie dans tous les pays d'élevage où les actionsjudi-
ciaires sur les vices rédhibitoires entraînaient des pertes consi-
dérables pour les éleveurs, à raison des circonstances dans lesquelles
elles se produisaient trop souvent. En réglant définitivement les con-
ditions dans lesquelles l'action rédhibiloire peut être intentée, en sup-
ppriniant le recours aux usages locaux parfois invoqués contre le droit
réel, la nouvelle loi a donné un terrain plus solide aux transactions sur
le bétail. En outre, le nombre des vices rédhibitoires a été sensible-
ment réduit. La nouvelle loi admet : pour le cheval, l'âne et le mulet,
la raoïve, le farcin, l'immobilité, l'emphysème pulmonaire, lecornage
chronique, le tic proprement ditavec ou sans usure des dents, les boi-
teries anciennes intermittentes, la tluxion périodique des yeux ; pour
l'espèce ovine, la clavelée ; pour l'espèca porcine, la ladrerie. Le délai
pour l'action en garantie est maintenu à neuf jours francs, non compris
le jour de la livraison, excepté en ce qui concerne la fluxion périodique
chez les chevaux, pour laquelle le délai est de trente jours. Le
législateur détermine avec soin les conditions dans lesquelles les
expertises seront organisées, afin d'éviter toute surprise. Enfin, une
bonne disposition complète la nouvelle loi : elle porte en effet l'abro-
gation de tous les règlements qui imposaient une garantie exception-
nelle aux vendeurs d'animaux destinés à la boucherie. Cette der-
nière mesure s'applique à la garantie nonaire, qui laissait à la charge
(le l'expéditeur la perte de l'animal, quelle que fût la cause de sa
mort, dans un délai de neuf jours. Avec les facilités actuelles de
transport, avec la surveillance active qui règne aujourd'hui sur les
foires et marchés, cette garantie, qui a pu être jadis justifiée, n'a
plus sa raison d'être. C'était simplement entre les mains des bou-
N» 800. — Tome ni de 188i. — 9 Août.
202 CHRONIQUE AGRICÛLK (9 AOUT 1884).
chers une arme contre les agriculteurs; éleveurs et engraisseurs en
salueront avec joie la suppression, tryp tardive à leur gré. En résumé,
la nouvelle législation est une étape heureuse dans la confection du
Code rural ; elle ne peut que profiter aux intérêts de l'élevage, qui sont
ceux de l'agriculture française tout entière.
IL — Les échanges d'immeubles ruraux.
Dans sa séance du 31 juillet, le Sénat a adopté en deuxième délibé-
ration la proposition de loi sur les échanges d'immeubles ruraux. Les
conditions dans lesquelles la réduction des droits fiscaux aura lieu
sont établies comme il suit : « Il ne sera perçu sur les échanges d'im-
meubles ruraux que '20 centimes pour 100 fr. pour tout droit propor-
tionnel d'enregistrement et de transcription, lorsque les immeubles
échangés seront situés dans la même commune ou des communes
limitrophes. En dehors de ces limites, le tarif ainsi fixé ne sera appli-
cable que si l'un des immeubles échangés est contigu aux propriétés
de celui des échangistes qui le recevra, et dans les cas seulement où
ces immeubles auront été acquis par les contractants par acte enre-
gistré depuis plus de deux ans, ou recueillis à titre héréditaire. » —
On remarquera que la mesure est applicable aux échanges de toutes
sortes d'immeubles bâtis ou non bâtis, mais à la condition, bien en-
tendu, que les immeubles bâtis aient le caractère exclusif de bâtiments
d'exploitation agricole.
III. — Election à C Académie des sciences.
Dans sa séance du 28 juillet, l'Académie des sciences a procédé à
l'élection d'un correspondant dans la Section d'économie rurale, en
remplacement de M. Mac-Cormick. Sur 35 votants, M. d'Andrade
Corvo a été élu par 34 suffrages. Actuellement ambassadeur de Por-
tugal à Paris, M, d'Andrade Corvo est un des hommes qui ont rendu
le plus de services à son pays tant dans l'exécution des travaux
publics, que dans l'organisation des oeuvres d'hydraulique agricole.
Il a été élu récemment membre étranger de la Société nationale d'agri-
culture.
IV. — Sucres et betteraves.
Le Journal officiel du 1" août publie un décret du président de la
E-épublique qui détermine les obligations imposées aux fabricants de
sucre qui s'abonneront dans les conditions prévues par la dernière
loi sur le sucre, pour la perception de l'impôt sur la betterave. Voici
les principales conditions de ce règlement qui peuvent intéresser les
cultivateurs. Les fabricants de sucre qui désirent se placer sous le
régime de l'abonnement sont tenus d'en faire la déclaration au bureau
de la régie, pour la prochaine campagne, le 20 août au plus tard, et
pour les deux campagnes suivantes, au moins un mois avant le com-
mencement des travaux de fabrication. Cette déclaration s'applique à
toute la durée de la campagne. Dans les fabriques abonnées et dans les
râperies qui en dépendent, aucune quantité de betterave ne pourra être
mise en œuvre sans avoir été préalablement pesée sous les yeux des
agents de la régie. Les pesées s'effectuent immédiatement avant l'intro-
duction des betteraves dans la râpe ou dans le coupe- racines. Ellesdoi-
vent être d'un poids uniforme de 500 kilogr. ou plus, pourvu que ce
poids soit un multiple de 100. On les fait au moyen d'une bascnle
CHRONIQUE AGRIGOLK (9 AOUT 188'i). 2Q8
contrôlée par le service des poids et mesures, et munie d'un coraptei r
automatique, enregistrant le nombre des pesées successiivement opérées.
Ce compteur doit être protégé contre toute atteinte extérieure par un
globe en verre, scellé au moyen d'un catlenas dont la clef reste entre les
mains du service. L'administration peut exiger, en outre, que la bascule
soit pourvue d'un appareil imprimant le poids de chaque pesée. Enfin
le récipient contenant les betteraves amenées sur la bascule ne doit
pas avoir une capacité supérieure à celle qui correspond au poids uni-
forme adopté pour chaque pesée.
V. — F^rme-école de la Pdlelikre.
Le concours d'admission à douze places gratuites d'élèves à la ferme-
école delà Pilletière (Sarthe) dirigée par M. P. de Villepîn, aura lieu
le l" octobre prochain à 10 heures du matin à l'école même. Les can-
didats qui voudront participer aux épreuves devront être âgés de
16 ans révolus au moment de l'examen. Ils seront examinés sur les
éléments de l'instruction primaire : arithmétique, français, écriture,
etc. Ils devront être aptes aux travaux des champs. La durée des cours
est de trois ans. L'enseignement de l'Ecole de la Pilletière compren I :
1 agriculture, l'économie rurale, la comptabilité, l'horticulture, la
zootechnie, l'hygiène vétérinaire, la géométrie, l'arpentage, le nivel-
lement, la pisciculture et des notions de physique, chimie et histoire
naturelle. Le prospectus de l'Ecole sera adressé à toute personne qui
en fera la demande à M. de Villepin, directeur de la Pilletière, près
Jupilles (Sarthe).
VL — Chaires départementales d'agricu'lure.
A la suite du concours récemment ouvert, M. Lacoste, répétiteur
du cours d'agriculture et chef des cultures à l'Ecole nationale d'agri-
culture de .Montpellier, a été nommé professeur départemental dans
le département du Gers. Il a été remplacé dans se? fonctions à l'Ecole
de Montpellier, par M. Tord, répétiteur du cours de technologie.
VIL — L", phylloxéra.
A l'occasion du Congrès phylloxérique international qui doit se
tenir prochainement à Turin, M. de Almeida e Brilo, inspecteur géné-
ral des travaux phylloxériques du sud du Portugal, vient de publier
un travail important sur l'invasion du phylloxéra dans ce pays, et
sur les moyens employés pour le combattre. C'est à l'année 1865
environ que remonte l'apparition du phylloxéra en Portugal ; peu à
peu ses ravages se sont étendus, et il a atteint aujourd'hui environ
72,000 hectares, dont 'i2,000 sont entièrement défruits. De nombreux
efforts ont été poursuivis pour combattre le fléau, principalement par
l'emploi du sullure de carbone ; la culture des vignes américaines n'y est
encore qu'à ses débuts. Une fabrique oi'ficielle de sulfure de carbone a été
établie aux environs de Porto ; elle fournit plusieurs centaines de tonnes
d'insecticide par an. D'autres parasites, dit M. de Almeida, attaquent
aussi les vignes en Portugal ; les principaux sont l'oïdium, l'authrac-
nos, le mildew, l'altise, la pyrale ; il ne paraît pas qu'on ait trouvé
d'autres moyens de les combattre que ceux qui sont adoptés en France.
Sous le titre de Société viticole de France, plusieurs personnes
cherchent à créer actuellement une Société dans le but de mettre à la
disposition des viticulteurs soit les fonds, soit les agents nécessaires
204 CHRONIQUE AGRICOLE (9 AOUT 1884).
pour la reconstitution des vignes détruites par le piiyiloxera. M. Froi-
defond^ propriétaire, vice-président de la Société d'agriculture de la
Gironde, est un des fondateurs de cette Société dont nous souhaitons
le succès, et qui pourra rendre de grands services si elle est organisée
sur une base solide.
VIII. — Police sanitaire des animaux.
On sait que, en vertu de l'article 30 de la loi du 21 juillet 1881
sur la police sanitaire des animaux, les communes où il existe dus foi-
res et marchés aux chevaux et aux bestiaux sont tenues de préposer,
à leurs frais et sauf à se rembourser par l'établissement d'une taxe
sur les animaux amenés, un vétérinaire pour l'inspection sanitaire des
animaux conduits à ces foires et marchés. Cette dépense est obliga-
toire pour la commune. Toutefois le gouvernement pouvait, sur l'avis
des Conseils généraux, ajourner par décret, dans les départements,
l'exécution de cette mesure pendant une période de six années, à partir
du jour de la promulgation de cette loi. Un décret du 22 juin 1882 a
ajourné l'application de cet article dans plusieurs départements, no-
tamment dans celui de Maine-et-Loire; mais à la suite de la délibéra-
tion prise par le Conseil général, le 24 avril dernier, un nouveau
décret, en date du 9 juillet dernier, a rapporté le décret du '2'2 juin
1882, en ce qui concerne ce dernier département. Ce département sera
donc désormais compté parmi ceux où l'application de la loi sur la
police sanitaire des animaux est aujourd'hui complète.
IX. — Un herd-book des races canines.
Nous avons signalé, à diverses reprises, l'importmce des livres
généalogiques ou herd-books pour les races d'animaux domestiques.
La Société suisse de kynologie vient de créer un li\re généalogique
pour les races suisses de chiens ; le premier volume en a paru récem-
ment, sous le titre de Ihuidestaininbuch; il renferme la description des
races de chiens, leurs aptitudes et leurs caractères. La race des chiens
du mont Saint Bernard y tient naturellement la première place ; ensuite
viennent les races de chiens de chasse et celles de chiens de garde.
X. — Sur l'enquêle agricole dans l'Aisne.
A l'occasion dos courtes réflexions que nous avons ajoutées à sa lettre
insérée dans notre chroniquedu 2G juillet dernier, M. Polo nous adresse
Il nouvelle lettre suivante :
Gorges, le 30 juillet 1SS4.
a Monsieur le directeur, les quelques lignes dont vous faites suivre, dans votre
numéro du 26 juillet, la lettre que j'ai eu l'honneur devons écrire au sujet de la
situation agiicole du département de l'Aisne, semblent m'adresser un reproche
contre leqm 1 je dois protester énergiquement.
tt Habitué à voir les enquêies agricoles, commerciales et industrielles s'effectuer
constamment au grand jour, pouvais-je supposer que celle à liqucUe vous avez
pris part était mar |uée d'un caraetèsre tellement confidentiel que vous rtgardiez
comme un devoir de vous renfermer dans un silence absolu'
« Mieux informé, je me serais certainement abstenu d'insister coœmeje l'ai fait.
Peut-être aurais-je seulement exprimé mes regrets de ce qu'en cette occasion,
un organe de publicité aussi considérable que le vôtre se trouve obligé d'attendre
de k volonté de l'administration le moment oi!i il pourra élever la voix. — Eu effet,
si par un motif ou l'autre, il convenait à M. le ministre de retarder indéfiniment
la publication de votre rapport, n'en résulterait-il pas la conséquence fâcheuse de
voir étouffer indirectement une importante discussion?
« Je compte sur votre loyauté pour insérer la présente aussitôt qu'il vous sera
possible, et je vous prie d'agréer, etc. J- Polo »
CHaONIQUE AGRICOLE (9 AOQT 18S4). 205
Nous n'avons pas voulu faire do reproche à M. Polo, comme il sem-
ble le croire; mais nous avons tenu à établir nettement notre situation
dans la question qu'il nous posait. Nous sommes convaincu que per-
sonne ne veut étouffer les discussions; elles viendront à leur heure, et
elles ne seront pas retardées indéfiniment.
XI. — Conférences rurales dans la Côle-d'Or.
Nous avons annoncé que des conférences ont été organisées, durant
l'hiver dernier, dans le département de la Côle-d'Or, sur l'initiative de
M. Maii'uien, professeur départemental d'agriculture, avec le concours
de l'Institut populaire du progrès. Nous venons d'en recevoir le compte
rendu; elles ont été faites dans les communes de RutTey-lès-Beaune et
deMeursault, par MM. Weber, Gadeault, Bellier, Perravcx et Magnien ;
elles ont porté sur la botanique et l'horticulture, la physique et la mé-
téorologie, lachimieet ses applications, les insectes nuisibles ou utiles,
la laiterie. Elles ont été suivies par un nombreux auditoire. De nou-
velles conférences seront organisées durant l'hiver prochain dans d'au-
tres communes.
XII. — Société if agriculture de Tarn-H-Garonm.
La Société départementale d'agriculture de Tarn-et-Garonne, présidée
par M. Lasserre, député, tiendra les 8 et 9 septembre son concours
annuel d'animaux reproducteurs, de machines et de produits agricoles,
à Saint-Antonin, important chef-lieu de canton, situé sur les bords
pittoresques de l'Aveyron, et desservi par le chemin de fer de Montauban
àLexos. Ce concours a un programme très complet, et il y a tout lieu
d'espérer qu'il sera fort brillant.
XIII. — Ptscicullure.
Nous avons déjà signalé la création, en 1883, d'une Société dépar-
tementale de pisciculture dans le Cher, et nous avons fait connaître les
mesures qu elle avait adoptées pour la distribution d'alevins dans les
diverses parties du département. Une enquête a été faite par ses soins,
sur la situation des eaux dans les bassins des rivières et dans les
canaux. Celte enquête est résumée dans un important rapport de l'un
des vice-présidents de la Société, M. Gallicher; ce rapport vient d'être
publié. M. Gallicher y passe en revue la situation de toutes les parties
du département, et il arrive à cette conclusion que l'on peut espérer
beaucoup des tentatives d'empoissonnement à poursuivre. Nous ne
doutons pas que la jeune Société trouvera auprès de rE]tat un appui
dont elle est digne à tous égards.
XIV. — Exposition vilicole d'Epcrny.
La distribution des récompenses décernées à l'exposition viticole,
vinicole et industrielle d'Eper/iay a eu lieu récemment. Nous devons
distraire de la longue liste des prix, les mentions qui intéressent spé-
cialement la viticulture. — Pour les pressoirs, des diplômes d'honneur
ont été décernés à .MAL Mabillo frères, à Amboise ! ladre-et-Loire) et à
M. Apert-Mandart, à Reims (Marn--); — pour les appareils à distiller
les vins et les eaux-de-vie de marc, M. Vieux Gautier, à Bourg (Ain), a
reçu une médaille d'or ; - M. Beaume, à Boulogne (Seine), a reçu une
médaille d'or pour ses pompes à vin; — M. Salleroa, à Paris, un
diplôme d honneur pour l'ensemble de sou exposition d'appareils de
206 CHRONIQUE AGRICOLE (9 AODT 1884).
précision pour l'essai des vins] — M. Paupier, à Paris, une médaille
d"or, et il. Léon Mabille, à Reims, une médaille de vermeil pour
leurs appareils de pesage ; — MM. Decauvilie, à Petilbourg (Seine-et-
JMarne) et M. Lattigue, à Paris, chacun une médaille d'or pour leurs
chemins de fer portatifs. Enfin, parmi les récompenses pour les
ouvrages de viticulture, nous devons signaler un diplôme d'honneur
à M. Robinet, d'Epernay; une médaille de vermeil, à M. Paul Renard,
à Paris; des médailles <i';irgent, à M. Paul Sol, à Narbonne, et à M. le
docteur Plonquet, à Ay (Marne).
XY. — Nouvelles de l'état des récoltes.
Les préoccupations des cultivateurs sont toujours tournées vers les
travaux de la moisson et des battages. M Gallicher nous envoie de
Lissay, à la date du 1"' août, la note suivante sur la situation du dé-
partement du Cher:
a Les pluies ont été versées très irrégulièrement dans la région du centre et no-
tre récolte correspond à ces caprices du cieL — Les orages ont été très fréquents
et d'une violence inouïe. Il n'en est pas un qui n'ait semé la grêle, l'incendie ou
la mort. Le Cher, dans sa partie nord, en a particulièrement souffert.
« La moisson des froments s'achève ; le temps la l'avorise.
<■' Nos Liés sont longs, bien épiés, et auraient donné un excellent rendement sans
la température extrême du 1 2 au 18 juillet qui a précipité leur maturité. Je les
trouve ternes et peu coulants. Nous en avons eu beaucoup d'échaudés.
« Il faut toutefois attendre les battages pour formuler sur ce point une opinion
définitive; le séjour en meule pourra bien modifier heureusement leur couleur et
leur main. — Belle récolte d'avoine aussi.
<- Les racines sont dans de bonnes conditions et comme on a rentré beaucoup
de foins artificiels, le bétail pourra être largement nourri cet hiver.
« Les gelées des 22, 23, 24 et 25 avril ont cruellement frappé nos vergers et nos
vignes ; ces dernières se sont en partie relevées du sinistre avec les hautes tempé-
ratures qui ont dominé depuis cette époque et on espère une vinée que ce ciel
splendide promet e-vcellente, si elle est médiocre en quantité. »
M. Garin, dans la note qu'il nous envoie de Pont-de-Vaux (Ain), à
la date du 2 août, résume les principaux faits météorologiques qui ont
influé sur les diverses cultures :
« Depuis la dernière lettre que j'ai eu fhonneur de vous écrire au printemps,
la température a subi de grandes variations. Des pluies froides au mois de mai,
auxquelle^ ont succédé une sécheresse et de grands vents ont nui beaucoup à la
récolte des seconds foins, et fait subir un arrêt dans la végétation des récoltes
pendantes, surtout à celle du froment dont la paille est resté courte et les épis peu
serrés. En revanche le grain est très bon et très nourri.
« Li sécheresse de la seconde quinzaine de juin, qui s'est prolongée jusqu'au
16 juillet, avait beaucoup retardé les travaux de la campagne et surtout la
semaille des blés noirs, l'une des principales récoltes du pays, lorsqu'une pluie
douce et impatiemment attendue est venue donner un nouvel essor à la végétation
qui est dans ce moment luxuriante et de toute beauté. Les semailles se sont faites
dans les meilleures conditions. Le maïs, les pommes de terre et les chanvres sur
tout sont de la plus belle apparence. Les sarrasins les premiers semés sont déjà
en fleur. La vigue seule nous fait défaut et la récolte sera nulle cette année dans
notre localité, non pas par suite de l'invasion du phylloxéra dont nos vignobles
sont encore indemnes, mais parce qu'elles ont subi les atteintes de la gelée du
mois d'avril et les bises de mai.
« Aujourd'hui 2 août les chaleurs du mois de juillet ont fait leur réapparition
et le theraiomètre à l'ombre (à positian nord), accuse 27 degrés aa-d'essus de
zéro. Ge beau temps est salué avec joke par tous les agriculteurs. »
Dans le département du Tarn, d'après la not)e que M. Dupuy- Mont-
brun nous adresse, à la date du 4 août, la plupart des récoltes ont donné
ou dDaiieront des résultats assez variables suivant les localités :
CHRONIQUE AGRICOLE (9 AOUT 1884). 207
^ « Nous avons visité, cette sernaioe et la précédente, les hauts plateaux du dépar-
tement. La récolte du seigle sera faible ; les froids des premiers jours de juin, les
chutes d'eau abondantes ont fait couler la fleur. Les gerbes sont nombreuses,
très légères ; les avoinîs sont encore pendantes paf racines, la marche de leur
végétation les a, en pai'tie, mises à l'abri de la même détérioration.
« L'aspect des champs de pommes de terre est très inégil; résultat ioceriain.
<c Par suite de mauvaise dessiccation, la production fourFagàre es:, pius réduite
que de moitié.
« Pourquoi ne suit-on pis le très grand, trè-; concluant exemple d'ensilage
donné par ]\L Gaston Houles; je n'en dis qu'un mot : de teh services rendus à
l'industrie rurale demandent un homnage de recotinaissaace qu'une simple note
ne peut donner. »
Sar la situation dans le département des Hautes-Alpes, M. C. .\llier»
professeur départemental d'agriculture, nous adresse la noie suivante
à la daté du '29 juillet :
« La moisson des blés et seigles tire à sa fin; les premie'rs, (Jui, il y a un mois,
donnaient le meilleur espoir, se teont ressentis de la chaleur torride de la tin de
juin et du commencement de juillet, et se sont pressés dans leur maturité ; leur
rendement ne dépasse pas da moyenne. Les seigles, que l'on sè.iia ordinaire-
ment très dru, en prévision des vides qu'y l'ont les grands froids, n'ont pas eu à
Sùufl'rir de l'hiver très doux de 18^3-8i ; aussi étaient-ils trop épais; et tandis
que la récolte en paille sera très bdilne, le produit en g\'iin sera iprolmblemetit
médiocre.
« La plupart des orges et avoines sont encore suff pied.; elles ont -bonne a,ppa-
rence et promettent un rendement bon ou tou? au moins moyen.
(t La première coujje des prairies àature les et aitiiiiielles n'a pas doùûé ilès'ré-
sultats aussi satisfaisants que celle de l'an det-aier, et Ton nî saurait en être sir-
pris aprè^ la s'iohéresse relative du firialem js.
K Les ponmîs déterre hâtives ont donné d'excelleiits résultats ; celles qui sont
encore en terre foatespérer une l>3nne réolte
« Les vignes que le phylloxéra a encore respectées sont vigoureuses et couvertes
de raisins; mais hjlas! elles deviennent de jôUr en jou;' plus rares; la malaJie a
fait cet été de fa^'d&s progl-feS, et tes vignoble^ dès environs d'-Bmbrua, qui jus-
qu'ici avaient été à peu près inde unes, sont dyà assez fortemjnt atteints.
« Le Comité d'études et de vigilance doit prochainement contrôler les résultats
obtenus par plusieurs viticulteurs qui ont traicé leurs vignes phylloxérées au mDyen
d'un engrais insecticide inventé par M. MJtailler, de "Veynes. Biaisant partie de
cette commission, je pouri-ai, si la ôhose en vaut la peine, voils communiquer les
résultats de l'enquête à laquelle eLe va se livrer. »
Ainsi qu'on peut le voir par ces notes, comme parcelles que nous avotis
publiées dans no5 précéieats numéros, les résultats de la moisson soit
appréciés assez diversement suivant les régions; mais en ce qui con-
cerne le blé, la note généi^ale est celle de la satisfaction. La m )i5ëoiî
s'achève au milieu de conditions climitériiues favorables. Les «îrains
nouveaux offerts jusqu'ici sur les marfchés, sont en général de boiîn«
qualité. Quant aux racines, leur végétation est'boHne, et elles pareront
aux insuFEsances des récoltes fourragères. J.-A. B\rr.\l.
SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE
Séiiice du 6 aoùl 1834. — Présidence de M. CkevreuL
M. Barrai s'escuse de ne pouvoir, à cause de son état tle malaJie,
assister à la séance.
M. le ministre de l'agriculture transmet l'ampliation du. décret qui
approuve l'élection de M. Carnot comme membre associé dans la Sec-
tion d'histoire naturelle agricole.
M. Gallieher, correspondant, envoie un rapport sur les eaux da
département du Cher, au point de vue de la pisciculture. Ce r.ipport
208 SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRIGOLTUdE.
est consacré spécialement à la constatation de l'état actuel des choses
et aux améliorations qu'on peut y apporter.
Le gouvernement fédéral suisse transmet plusieurs documents sta-
tistiques sur la population et sur l'alcoolisme en Suisse, et le gouver-
nement belge un rapport sur les travaux du comité consultatif de la
police sanitaire des animaux domestiques.
Une lettre de sa famille annonce la mort de M. Gérard de Melcy,
correspondant dans la Section de sylviculture.
M. Renou présente le résumé des observations météorologiques
faites au parc Sainl-Maur pendant le mois de juillet 1884.
M. Renou présente ensuite une note sur le choix des arbres à
planter dans les avenues des villes. Cette note donne lieu à des obser-
vations intéressantes de M. Cornu sur les conditions défavorables dans
lesquelles se trouvent ces plantations, sur les parasites qui les atta-
quent, ainsi que sur les avantages et les inconvénients que présentent
les diverses essences : il pense qu'il faut choisir avec circonspection
les arbres et intercaler parfois les essences. Dans la région septentrio-
nale, les hêtres, les ormes, et les platanes peuvent présenter de grands
avantages; mais on ne peut pas suppléer aux inconvénients qui résul-
tent de la mauvaise qualité du sol, de l'action du gaz, de l'insuffisance
des arrosages, etc. — M. Doniol rappelle qu'en taillant les arbres avec
soin, on a obtenu à Marseille de magnifiques plantations de platane. —
M. Bouquet de la Grye pense que le problème de la conservation des
arbres d'avenues dans les villes est insoluble ; quelle que soit l'es-
sence choisie, on n'aura jamais d'arbres durables; c'est pourquoi il
avait proposé, il y a quelques années, de remplacer les plantations
arbustives, par les cultures de plantes grimpantes, avec des pilastres
ornementaux; elles auraient, à ses yeux, donné des résultats bien
préférables.
M. Bouley fait connaître le résumé des travaux de la Commission
chargée de contrôler les expériences de M. Pasteur sur la prophylaxie
de la rage. Il est heureux de constater que les prévisions de M. Pas-
teur se sont complètement réalisées. Il est constaté aujourd'hui que le
siège du virus rabique est dans le système nerveux central, et qu'on
peut obtenir un virus atténué dont l'inoculation rend les chiens
réfractaires à la rage. La Commission, dont les expériences ont com-
mencé le 1" juin, les a terminées le 5 août. Elle a opéré sur 4'2 chiens,
dont 23 rendus réfractaires par le systèmede M. Pasteur, et 1 9 témoins.
Elle a inoculé le virus rabiqu'^ aux animaux des deux séries par trois
méthodes : la trépanation, l'injection dans les veines et la morsure
directe. Tous les chiens réfractaires ont résisté ; quant aux témoins, il
n'en reste que 5 vivants, parmi ceux qui ont été mordus, mais ils
peuvent encore devenir enragés, parce que la durée de l'incubation
varie beaucoup. Les résultats sont donc décisifs. D'autres expériences
seront reprises à Villeneuve-l'Etangpour constater si l'inoculation d'un
virus atténué ne pourrait pas empêcher le développement de la rage,
même après une morsure directe, en rendant l'organisme rebelle au
développement du virus rabique. Mais aujourd'hui il est démontré
qu'on peut rendre les chiens réfractaires à la rage, par une inoculation
préventive, ce qui est d'une importance capitale pour les chiens de
bouvier, de berger et pour les chiens de garde.
Henry Sagnier.
EXPÉRIENCES SUR LA. CULTURE DU BLÉ. 209
EXPÉRIENCES SUR LA CULTURE DU BLÉ-
Le but des expériences de mouture, organisées par la Cliambre
syndicale des grains et farines de Paris, a été de donner à la meu-
nerie française des renseignements sur les différents modes de fabri-
cation de la farine, afin de lui permettre de lutter contre la concur-
rence étrangère.
Il existe un fait incontestable, c'est que nos exportations de farine
ont considérablement diminué depuis plusieurs années, et qu'après
avoir atteint le chitîre de plus de 2,000,000 de quintaux, elles se rédui-
sent aujourd'hui à environ 10i),000 quintaux, tandis que les impor-
tations en France de farines étrangères augmentent chaque année.
Le tableau suivant des importations et des exportations de farine
pour la France, depuis 1875 jusqu'à ce jour, indique parfaitement ce
double mouvement en sens inverse :
Exportations. Importations.
Quintaux. Quintaux.
1875 2,1W,710 28,838
1876 1.307,426 40,607
■ 18-7 1,6.S6,603 63,418
1878 363,084 74,437
1879 191,092 119,252
1880 151,588 280,392
1881 166,941 236,693
1882 97,412 326,6:,6
1883 122,823 430,908
Pour réagir contre cette situation et suffire au moins à notre con-
sommation nationale, il est nécessaire que nous puissions livrer des
produits au moins aussi bons que ceux de l'étranger.
Or, dans toute industrie, la qualité des produits tient à deux
causes : 1" la bonne fabrication; 2" la bonne qualité des matières
premières à transformer.
Nous espérons que les résultats de nos expériences de mouture
pourront donner des indications utiles sur la fabrication de la farine;
mais les étrangers peuvent employer, aussi bien que nous, les meil-
leurs procédés de mouture, et nous serons encore au-dessous d'eux, si
nos blés sont de qualité inférieure à ceux de l'Amérique, de l'Australie,
de la Hongrie, etc.
Non seulement il est nécessaire de prendre, au moment de la mois-
son, toutes les précautions suffisantes pour récolter des blés aussi
secs que ceux de l'étranger, mais il faut encore qu'à égalité de siccité,
nos blés aient la même richesse en gluten, c'est-à-dire en substance
azotée.
Sous ce rapport, il doit y avoir entre l'agriculture et la meunerie,
au point de vue du gluten du blé, une question analogue à celle qui
existe entre l'agriculture et la sucrerie, pour la betterave au point de
vue du sucre.
Depuis trois ans, par suite d'une succession d'expériences de culture
et d'analyses chimiques, faites avec la collaboration de M. L'Hôte,
répétiteur d'analyses chimiques à l'Institut agronomique, nous avons
acquis la conviction qu'il était possible, avec certaines précautions,
d'obtenir chez nous des blés riches en gluten, aussi bien que dans les
terres vierges où l'azote, accumulé depuis des siècles, fournit le
gluten nécessaire.
210 EXPÉRIENCES SUR LA CULTURE DU BLÉ.
Pour obtenir de la betterave ricbe en sucre, il faut remplir deux
conditions relatives à la semence et à la culture, qui peuvent se
résumer ainsi : 1 ° semer une graine provenant d'une betterave riche
en sucre; 2° cultiver de telle façon qu'il n'y ait pas dans la terre
ensemencée un excès d'azote, provenant soit des récoltes précédentes,
soit des engrais enfouis bu répandus.
Pour obtenir du blé riche en gluten, il y a également à tenir compte :
r de la question d'ensemencement; 2° de la question de culture.
Pour l'ensemencement, il faut semer des espèces riches en gluten.
Malheureusement, sous ce rapport, nous avons fait tout le contraire
de ce qu'il y avait à faire, en abandonnant nos semences de blé de
pays à grain allongé, pour les remplacer par des espèces de blé anglais
à grain rond. Généralement, un grain allongé contient plus de gluten
qu'un grain rond, et voici pourquoi :
Si l'on examine au microscope, la section transversale d'un grain
de blé, on reconnaît que dans la masse farineuse, la richesse en gluten
est plus grande dans la partie contiguë à l'enveloppe que dans la
partie centrale.
La conséquence de ce fait est que plus le grain se rapprochera de
la forme sphérique, moins il aura de partie farineuse corticale par
rapporta son volume total, et moins il contiendra de gluten; plus au
contraire il sera allongé, plus il contiendra de gluten dans la masse
farineuse.
D'un autre côté, il ne faut pas exagérer l'allongement du grain de
blé. Il ne faut pas chercher, par exemple, à le rapprocher de la forme
d'un o-rain de seigle, parce que par la même raison, plus le grain est
allongé, plus l'enveloppe est considérable par rapport à son volume
total, et par suite, plus le rendement en son doit augmenter, et plus
le rendement en farine doit diminuer.
Toujours est-il qu'on est tombé dans l'exagération au point de vue
de la qualité de la farine, sinon au point de vue du rendement en
farine en propageant de plus en plus l'ensemenoement des blés anglais
à o-rain rond. Pourquoi le cultivateur s'est-il lancé dans cette voie?
C'est parce que, généralement, les espèces d'origine anglaise lui
donnaient plus de produit.
Il y a lieu, pour la question d'ensemencement du blé, de chercher
des espèces productives à grain suffisamment allongé. Il est possible
d'arriver h la création d'un blé de conciliation par l'application de la
méthode de croisement entre différentes espèces de blé indiquée par
M. Vilmorin.
Pour la question de culture du blé, après avoir choisi une espèce
convenable, il faut faire le contraire de ce qu'on fait pour la betterave,
parce que la matière analogue au sucre dans le blé est l'amidon qu'il
ne s'a<^it pas de développer !^Si donc la condition pour obtenir du sucre
est de^meltre la betterave dans une terre peu azotée, pour obtenir du
o-luten, il faut mettre le blé dans une terre suffisamment azotée. Cette
condition de culture est plus difficile à obtenir pour le blé que pour
la betterave, parce que s'il y a dans la terre à blé excès de matière
azotée, l'on arrive à des accidents qui sont la verse et l'échaudage du
blé. Ces accidents peuvent être évités dans des cas semblables par
l'emploi de superphosphates.
Mais, si l'on ensemence le blé dans une terre trop épuisée daaote,
EXPÉRIENCES SUR LA CULTURE DU BLK. 211
par exemple après la betterave, en n'ayaot pus la précaution de mettre
sur le blé un engrais suffisammeuL azoté par rapport aux matières
minérales qu'il contient, on obtient un blé, qui mûrit bien, quia une
belle apparence comme grain, mais qui ne contient pas suffisamment
de j^'luten.
iNous avons semé en i881 le même blé dit Victoria blanc, dans la
même terre, à Luzancy (Seine-et-.Marne), avec les mêmes engrais
complémentaires dans trois conditions d'assolement différentes :
r Après betterave à sucre;
2" Après avoine précédée de défrichement de luzerne ;
3" Après récolte de minette et emploi de fumier à raison de 30,000
kilog. à l'hectare.
Nous avons obtenu des blés tous différents d'apparence. Le plus
beau comme aspect était le blé après betterave.
Nous avons récolté, en 1 882, chaque blé à part ; nous en avons fait
des moutures séparées, et voici le résultat des analyses de farine à l'état
sec. faites par M. L'Hôte :
Azote. Gluten.
1» Blé après betterave 1.45 9.06
2° Blé après avoine et défrichement de luzerne 1.61 10 06
3° Aprfcs minette et fumure directe 1.68 10.10
Il résulte de cette première expérience que le blé de plus belle appa-
rence, celui après betterave, est le moins riche en gluten.
Nous nous sommes alors posé cette question :
Est-il possible d'enrichir en gluten le blé après betterave, par
adjonction d'engrais plus azotés?
Nous avons alors semé, en 1882, le même blé Victoria dans la
même terre après betterave, en faisant varier les doses d'engrais ;
après avoir fait la récolte en 1883, et après avoir moulu séparément
les blés à doses différentes d'engrais, M. L'Hôte a obtenu les résultats
suivants pour l'analyse des farines à l'état sec :
, Engrais Rapport Azote Gluten
employé de l'azote contenu contenu
à riiectare. à l'acide pbosphorique dans dans
dans l'engrais. la farine. la farine.
100 kil. sulfate d'ammoniaque j
300 — superphosphate )
200 — sulfate d'ammoniaque }
300 — superphosphate (
300 — sulfate d'ammoniaque....... ..
300 — superphosphate
4/9 1.67 10.43
8/9 1.82 11.37
12/9 2.04 12.75
300 — sulfate d ammoniaque 1 ,.,.,, , ^,, ,, „,
,.„n 1 u i i •>/" 1-Sl 11.31
600 — superphosphate )
Ces résultats prouvent qu'il est possible d'augmenter par la culture
la richesse en gluten du blé, et que cela dépend de la proportion
d'azote par rapport aux matières minérales employées dans l'engrais.
Il est reconnu que la méthode de culture allemande, d'après
laquelle on met le fumier sur blé avant betterave, au lieu de le mettre
directement sur betterave, produit une betterave plus riche en sucre,
parce que le fumier enfoui suffisamment à l'avance ne détruit pas le
sucre déjà formé, par une végétation tardive. Nous sommes per-
suadé que celte méthode qui présente certaines difficultés d'exécution,
est également favorable à la production du gluten du blé, à la condi-
tion que l'emploi d'une certaine quantité de superphosphate, en même
temps que le fumier, corrige l'inconvénient de la verse possible du blé.
212 EXPERIENCES SUR LA CULTURE DU BLÉ.
En posant cette question de qualité de blé entre l'agriculture et la
meunerie, de la même façon que la question de qualité de betterave
est déjà posée entre l'agriculture et la sucrerie, nous n'obéissons qu'à
un but patriotique, qui consiste à lutter de tous nos efforts contre la
concurrence étrangère, pour repousser au plus tôt l'invasion de ses
produits et chercher plus tard à reprendre notre rôle d'exportateurs.
E. Gatellier,
Président de la Sociélé d'agriculture de Meaux.
TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE
d'agriculture. — II '
V. — Le rôle considérable que le bétail joue dans l'économie rurale
explique l'importance qui est donnée dans nos délibérations à toutes
les questions qui intéressent l'élevage et l'engraissement des animaux
domestiques.
La plupart des membres de votre Section d'économie des animaux
vous ont fait des communications intéressantes sur les diverses races
entretenues dans nos écuries, nos étables, nos bergeries, nos basses-
cours. Sur la proposition de la Section, vous décernez vos plus nombreuses
récompenses à des travaux ayant pour but les soins à donner au bétail.
Ainsi d'excellents rapports de notre confrère M. Bouley vous ont
signalé pour des médailles : les vaccinations charbonneuses, faites
en 1 882 et 1 883 dans l'Aveyron, par M. Brousse, vétérinaire à Murde-
Barrez ; — les études sur la ladrerie du mouton dues à M. Johannès Cha-
tin, fils de notre savant confrère; — les expériences de M. Cagny, vété-
rinaire à Senlis, sur les injections sous-cutanées employées en méde-
cine vétérinaire ; — les curieuses recherches de MM. Lavalard et Muntz
sur l'emploi comparatif, dans les litières, de la paille, de la sciure de
boisetde la tourbe, et sur la valeur comme engrais des fumiers obtenus;
il résulterait de ces études que le fumier de tourbe serait, pour les bet-
teraves et dans les terres légères de la ferme de Vincennes, celui x[ui
donne lieu aux plus abondantes récoltes.
L'emploi des fourrages ensilés a pris une grande importance dans
l'alimentation du bétail. Vous avez concouru à faire apprécier l'utilité
de l'ensilage, notamment en récompensant les beaux travaux de
M. Goffart, qui est maintenant imité en Angleterre et en Amérique.
Notre confrère M. de Poncins vous a communiqué ses recherches sur
un autre mode de conservation des foins par les meules du système
anglais de Neilson. Un de nos correspondants étrangers, M. Jenkins,
secrétaire de la Société royale d'agriculture d'Angleterre, nous a
envoyé sur la pratique de l'ensilage dans la Grande-Bretagne et à
l'étranger, une étude approfondie ; elle montre toute Timportance de
la question et décrit avec soin les nouveaux appareils mécaniques
inventés pour rendre l'opération facile et rapide.
Grâce à l'activité, je dirais presque la pétulance, de noire confrère
M. Chabot-Karlen, qui frétille comme un poisson, affaire de fréquen-
tation, la pisciculture a une bonne place dans les travaux de la Section
d'économie des animaux. Vous décernez, sur son rapport, une médaille
d'or à l'effigie d'Olivier de Serres à M. d'Aviau de Piolant pour la
création d'un syndicat d'ostréiculteurs au rocher de l'Eslrées, près de
1. Compte rendu des travaux de la Société deriuis le "27 juin 1883 jusqu'au i juillet 1884,
présenté à la séance publique annu.-lle de 1884. — Voir le Journal du 2 août, p. 170 de ce volume.
TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ] NATIONALE D'AGRICULTURE. 213
l'embouchure de la Cliarente, où il est venu chercher, en vue de l'Océan,
des consolations aux désastres de l'armée de Metz, dont il fit glorieu-
sement partie.
La basse-cour, la laiterie, la fromagerie, n'ont pas été oubliées dans
vos travaux. Ce sont maintenant des sources de richesses de mieux en
mieux exploitées, d'après vos conseils fondés sur des expériences.
L'élevage de l'espèce chevaline a soulevé dans votre sein plusieurs
discussions intéressantes à propos des communications de notre con-
frère M. Gayot sur les derniers concours hippiques et sur l'emploi du
phosphate de chaux dans l'alimentalion des poulains, question bien
controversée, le phosphate de chaux existant dans tous les fourrages et
étant beaucoup plus disséminé dans la nature qu'on ne se le figure
généralement. Du reste, quand il s'agit de l'élevage des chevaux, on
peut être certain que, sur toute opinion émise, ou à peu près, il y aura
des contradicteurs passionnés.
C'est le moment de parler des travaux admirables de M. Pasteur sur
la prophylaxie de la rage. Vous vous souvenez de l'émotion que vous
avez ressentie lorsque notre illustre confrère vous a exposé avec une
si noble simplicité, ses courageuses expériences sur les chiens, sur les
singes, sur les lapins, sur les cobayes, en vue de créer des virus ou plus
violents ou atténués. Il pense arriver à obtenir un virus, dont l'inocu-
lation rendrait tous les animaux mordus par un animal enragé, réfrac-
taires au mal terrible. Il a manifesté le désir d'opérer sur les bêtes
bovines, qui paraissent être les animaux sur lesquels le virus rabique
agit le plus à coup sûr. Plus tard, quand la certitude lui sera venue, il
tentera de sauver les hommes, si la suppression par sa méthode des
chiens enragés n'a pas supprimé en même temps tout danger poui
l'espèce humaine d'être attaquée d'une maladie redoutable et redoutée.
Elle est, en effet, redoutée au point que la peur seule peut faire cj'oire
à tel sujet nerveux qu'il est vraiment enragé, alors que, heureusement,
il est seulement un enragé imaginaire, comme il y a des cholériques
imaginaires. Vous avez prodigué vos applaudissements à M. Pasteur,
qui les mérite par son génie, son intrépidité, sa persévérance. Quel est
le savant qui se soit jamais voué avec tant d'ardeur et de succès à des
recherches plus utiles à l'humanité et à l'avancement des sciences';'
Qui fut jamais auteur d'études aussi fécondes en résultats inespérés?
VL — La Section d'économie, de statistique et ds législation agricoles
a eu à s'occuper de nombreuses questions relatives à l'économie, rurale
générale, et elle a dû entrer tout entière dans plusieurs Conamission;'
spéciales qui exigeaient ses lumières en même temps que le concours
de membres d'autres Sections, les choses à juger étant complexes et
relatives à des objets techniques bien divers. Vous décernez, sur sa pro-
position, des médailles d'or à MM. de Foville et Pigeonneau, qui ont
fait connaître de très intéressants documents jusqu'alors inédits sur le
Comité de l'administration de l'agriculture qui a existé de 1785 à
1787; notre confrère, M. Baudriliart, a montré, avec sa haute compé-
tence, que ces documents jellent une vive lumière sur l'état de l'agri-
culture en France il y a un siècle.
L'étude monographique de l'agriculture et de l'économie rurale du
département de Seine-et-Marne, soumise à votre examen par M. Fas-
quelle, ancien élève de l'Institut national agronomique, a donné lieu à
un rapport oi!i notre confrère, M. Doniol, a fait ressoriir l'importance
214 TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGHICULTURE.
de cette nature de travaux extrêmement utiles pour l'histoire future des
progrès agricoles, lors même qu'ils se bornent à faire un tableau exact
du présent sans comparaison avec le passé. Vous décernez à M. Fas-
quelle une médaille d'or à l'effigie d'Olivier de Serres.
Le ministère des finances a publié un volume et un très bel atlas
sur une nouvelle évaluation du revenu foncier des propriétés non bâties
de la France, faite par l'administration des contributions directes en
exécution de l'article 1" de la loi du 9 août 1879 ; on y trouve, sur
l'état actuel de la propriété et de l'agriculture, des renseignements pré-
cieux dont notre confrère, M. de Lucay, a fait voir toute l'importance
dans une analyse qu'il vous a soumise. On connaît pour la première
fois, par la publication nouvelle, les résultats de l'évaluation analogue
qui fut faite en 1851. On a ainsi des éléments qui permettent de se pro-
noncer sur la réalité des progrès accomplis en trente ans dans notre
pays par l'agriculture, malgré les guerres, les révolutions, les désastres
immérités de la patrie. Le travail est réparateur; de plus, l'épargne
est une des vertus de nos populations rurales; elles achètent de la
terre, car le nombre des propriétaires du sol national s'accroît.
Le gouvernement delà République, après de longues études prépara-
toires, a résolu de proposer au pouvoir législatif un projet de loi modi-
fiant quelques dispositions du Code civil afin de faciliter l'extension du
crédit aux agriculteurs. Ce projet, inspiré par le plus élevé sentiment
d'un devoir à remplir envers les cultivateurs qui se plaignent de ne pas
avoir, au point de vue du crédit, une situation aussi favorable que les
commerçants et les industriels, a donné lieu à un rapport remarquable
dû à une Commission sénatoriale présidée par notre confrère
M. de Parieu. Lorsque le débat s'est engagé devant la haute assemblée,
on a émis des doutes sur le besoin que l'agriculture pouvait avoir des
modifications proposées dans la législation; on a même dit qu'il y
aurait péril, cause de ruine pour les cultivateurs à ce qu'on touchât
pour ce qui les concerne au Code civil. La loi fut renvoyée à la Commis-
sion. Dans cet état de choses, M. le ministre de i'anrriculture a voulu
connaître l'opinion de la Société nationale d'agriculture. Avant d émettre
aucun avis et d'entendre le rapport que doit vous faire notre confrère
M. Josseau, si compétent en ces matières, la Commission spéciale
chargée, selon vos sages règlements, de l'étude préalable de la question
vous a proposé de faire une enquête; tous les membres et tous les cor-
respondants de notre Compagnie ont été appelés à répondre, si cela leur
convenait, à un questionnaire qui leur a été adressé. La liberté la plus
grande a été laissée à tous pour l'expression de leur opinion. Il vous a
été envoyé 127 réponses des pays les plus divers; quelques-unes sont
très développées; d'autres exposent très rustiquement leur pensée op-
posée à toute réforme.
Un premier volume consacré à l'enregistrement textuel des 102 ré-
ponses venues de France et d'Algérie et à leur analyse systén^atique
vous est maintenant distribué ; il a pour annexes vos décisions anté-
rieures prises depuis plus de vingt ans sur le crédit agricole. Celte
œuvre répond dès maintenant à certaines préoccupations qui semblent
avoir eu une grande influence sur l'esprit de la majorité du Sénat. En
fait, toutes les oppositions entendues, il reste une forte majorité, parmi
les opinions émises, sur la nécessité de développer le crédit agricole et
de faire les réformes proposées par le gouvernement. Les documents
TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ NATIUNALK D AiiRIGUI/rUKE. 2lr.
que contiendra le second volume, déjà sous presse, sur le crédit agri-
cole à l'étranger, achèveront d'éclairer la question. La France ne saurait
faire moins pour son agriculture que n'ont fait les autres pays. Il nous
sera peut-être permis d'espérer que M. le ministre de l'agriculture et
les pouvoirs publics estimeront que l'œuvre accomplie au nom de noti'e
Compagnie aura rendu un service réel aux progrès agricoles.
Vil. — Les travaux dus depuis un an à votre Section des sciences
physico-chimiques agricoles ont également été très variés. Il suffira de
citer les plus importants. Au premier rang se place le rapport de notre
savant confrère M. Peligot sur la transformation de l'impôt actuel sur
le sucre fabriqué en impôt direct sur la betterave. Ce rapport est ma-
gistral ; il soutient la vérité scientilique dans sa pureté et prouve que
l'agriculture et l'industrie sucrière ont un intérêt égal à ce que cette
vérité devienne la base de la loi nouvelle, en prenant d'ailleurs tous les
tempéraments propres à rendre plus facile la transition entre 1 état de
choses qu'il s'agit de remplacer et celui qu'il convient d'instituer. Du
reste sa préparation a été due à la collaboration des membres les plus
éminents de toutes les Sections, sous la présidence de M. Chevreul, et
l'on y a entendu les hommes les plus versés dans la question et pro-
fessant des opinions opposées, MM. Teisserenc de Bort, Léon Say,
Fernand-Raoul Duval, Âluret, Jacquemart. Un membre illustre entre
tous manquait, éloigné pxr la maladie, M. Dumas. Il n'a pu prendre
part à nos dernières délibérations sur cette question qu'il avait étudiée
dans tousses détails; il eût apporté son puissant concours à la réforme
attendue. Rien ne faisait supposer, quand il nous a quittés à regret,
que nous ne le verrions plus. Il avait écrit à notre Compagnie pour la
remercier de sa réélection comme vice-président. De loin, il s'inté-
ressait à tous nos travaux. La crise de l'industrie sucrière le préoccu-
pait particulièrement. Il eût certainement aimé à féliciter notre con-
frère, M. Champonnois, de continuer dans son grand âge à vouloir
perfectionner l'industrie sucrière, à la démocratiser en quelque sorte
comme il a démocratisé la distillerie. M. Dumas eût aussi donné ses
encouragements aux travaux de MM. Fouquier d'Hérouel et Lhùte, à
qui vous décernez des médailles d'or pour s'être efforcés, dais le
département de l'Aisne, d'améliorer les betteraves en augmentant leur
richesse en sucre tout en conservant un rendement en poids suffisant;
il eut fait voir avec son talent hors de pair que l'industrie sucrière, en
perfectionnant son outillage, en transformant autour d'elle les procédés
de culture de la betterave, a pris depuis quelques années déjà des
mesures pour pouvoir supporter sans souffrir les réformes de la légis-
lation sur les sucres; ces réformes seules permettront d associer les
cultivateurs aux fabricants dans les bénéfices d'une industrie qui, née
en France, y ayant prospéré, ne doit pas y être étouffée par la sucrerie
allemande.
M. Dumas eût aussi certainement été heureux de s'associer à ses
confrères de la Section des sciences physico-chimiques pour vous pro-
poser de décerner au fils d'un de ses plus illustres et meilleurs amis,
à M. Joseph Boussingault, votre plus haute récompense, un objet d'art,
pour ses travaux sur la composition des vins. Ces travaux ont une im-
portance considérable, non seulement au point de vue scientifique eu
raison des méthodes analytiques qu'ils font connaître, mais encore pour
la viticulture et pour le commerce des vins, c'est-à-dire pour une des
216 TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE
plus grandes richesses de la France. Les découvertes antérieures de
M. Chevreul et de M. Pasteur les ont inspirés dans leur origine et ont
conduit le jeune auteur à de nouvelles découvertes qui ont attiré vos
suiïrages unanimes. Selon des traditions séculaires, notre Compagnie
est heureuse de voiries fils marcher sur les traces de leurs pères; pour
assurer la prospérité de l'agriculture, il faut, on ne s'en souvient pas
toujours assez, de fortes et puissantes races d'hommes.
Beaucoup d'autres travaux, du ressort de la Section des sciences
pliysico chimiques doivent être signalés sans qu'il soit malheureu-
sement possible d'insister. Telles sont les recherches de notre confrère,
M. Aimé Girard, sur la dissolution par l'acide sulfurique des animaux
morts, afin d'en constituer des engrais sans courir le danger de créer
des foyers pestilentiels ; — de notre confrère M. Paul de Gusparin et
de M. Lechartier, sur lé dosage de l'acide phosphorique dans les sols
arables; — d'autres trarvaux encore sur l'origine des matières azotées
utiles à l'agriculture ; sur la composition des fumiers de ferme ; sur
la constitution par les Comices et les Sociétés d'agriculture, de
syndicats pour l'achat des engrais, en vue d'empêcher les fraudes
du commerce. Enfin, il serait injuste de ne pas rappeler que notre
laborieux, confrère, M. Renou, continue de communiquer ponctuel-
lement à notre Compagnie les résultats de ses patientes observations
météorologiques du parc de Saint-Maur, et ses éludes sur l'apparition
et la disparition des oiseaux voyageurs. J.-A. Bauual.
PISCICULTURE — LA SARDINE — X
En venant tenir l'engagement pris dans le n° 795 par notre directeur
relativement à la sardine, nous demanderons d'abord à nos lecteurs
aveclesquels, surcette question, noussommesenrelations depuis silong
temps, de ne pas ajouter plus de foi au pessimisme des journaux locaux
généralisant trop, qu'aux sévérités du journal ki. Justice, qui, dans son
numéro du 30 juin dernier, malmenait les savants qui ont, dit-on, la
direction de la pisciculture en France.
Nous sommes heureux de pouvoir leur rendre en cette circonstance
une justice dont nous n'avons pas toujours à nous louer.
Que la capricieuse, la délicate et précieuse petite bêle ne se montre
pas à Douarnenez en juin, est-ce que pour cela elle ne se pécherait
pas à l'île Dieu, Saint-Guénolé, les Sables, Royan? Lorsque dans le
n° 697 Aa Journal^ reprenant quelques points de cette vaste question,
que nous avions eu l'occasion de traiter dans l' Iiidicaleur de la Vendée
quelques mois auparavant, nous insistions sur l'étude de nos côtes au
point de vue de la science pure, si nous ne voulions avoir le chagrin de
voir cette étude faite par des savants étrangers (le n" 708 du Journal
citait déjà des faits de cette intervention), nous demandions spéciale-
ment celle du grand plateau Vendéen d'entre Loire et Gironde, celle
des courants et surtout l'élude des voraces (voir le n" 61)7 du Journal).
On écrivait de Cette au journal le Siècle, à la date du 21 août 1882,
qu'un squale de 4 à 5 mètres, à queue plate et courbe tuait et dévorait
d'énormes quantités de poissons sur ces côtes, en ce moment même
oii ne se pèchent ni maquereaux ni sardines.
Il faut reconnaître qu'il y eut là une singulière coïncidence avec notre
réponse à Thunorable M. Ollivier qui, au nom de près de 400 marins
PISCULTUnE. —LA SARDINE. 217
inscrits d'OUioules, nous priait de nous joindre à lui, pour porter la
question devant les amis des poissons et l'opinion publique, ce grand
juge de la dernière instance.
Nous le fîmes avec empressement dans le numéro du Journal précé-
demment cité, aussitôt reproduit par quelques journaux de l'ouest. La
question fut immédiatement mise à 1 étude car le 4 novembre suivant
on nous annonçait la rentrée delà /'^j'/e mise à la disposition de quelques
savants qui avaient été attachés au laboratoire de Concarneau, cette
si prophétique création de Coste à laquelle nous nous reportions invo-
lontairement en voyant les splendides installations de la station zoolo-
gique de la baie de Naples. Donc, bientôt, le journal le Finislere nous
apj)renait la rentrée dugarde-pêclie et des savants qui le montaient.
Puisque nous sommes à Concarneau, dépendant du ministère de l'ins-
truction publique, nous prierons nos lecteurs de se reporter aun"4r>T
du Journal, oii après une visite au fameux aquarium international de
Aaples en 1878. nous crûmes de notre devoir,nous qui avions eu l'hon-
neur d'assister à sa naissance, d'en raconter l'histoire.
Nous sentions déjà que là, comme avec notre cher Huningue, l'Alle-
manne nous préparait encore de ce côté de grands étonnements. A
la France, comme à la mémoire de notre maître et ami nous devions
de prendre immédiatement date pour la revendication de ce grand
mouvement scientifique qui se portait vers les choses de la mer; mou-
vement dont, il fallait bien le reconnaître, l'Allemagne prenait en ce
moment même la haute direction.
En 1880, lors de la célèbre exposition de pisciculture à Berlin,
nous rappelions aux amis des poissons, dans un pytit travail publié
à leur intention, que, si nous manquions à ce grand tournoi, la France
y serait quand liième présente, car quoi qu'on fit on ne saurait effacer
de l'histoire des sciences appliquées : Huningue et Concarneau!
IM. le professeur Marion, si heureusement connu pour ses belles
études de notre littoral méditerranéen, chargé récemment d'une mission
près du bi'iliaut rejeton de notre Concarneau, qu'on intitule rien moins
aujourd'hui que l'université des Trésors de la mer [Die Uochschule
(ter schatze des inceres), [nous dira certainement son présent. S'il en
devait être autrement, nos lecteurs n'en seraient pas moins tenus au
courant de cette vraiment grandiose création de l'initiative privée à
laquelle les noms si justement vénérés des Dorhn, Leukart, celui-là
même qui,hier,nous découvrait la cause de la peste des écrevisses, avec
le Mtjcusis aslacina, sont si intimement liés; création à laquelle le
premier de ces savants teouscrivait pour plus de ,300,000 franrs de sa
forliine personnelle.
Ce qui domine pour nous cette question si importante et encore si
obscure de la migration des poissons, c'est l'imprévu!
Nous demandions, par exemple, aux marins d'OUioules, pourquoi
lorsque dans la saison de 1881 pas une sardine ne se prenait sur leurs
côtes se pêcliail-elle à bateaux pleins dans l'Adriatique; de même et
en même temps elle disparaissait sur nos côtes de 1 Océan alors qu'en
Biscaye et en Portugal elle s'y prenait en quantités innombrables?
La prise et lautopsie d'un de ces squales nous eût bien vite rensei-
gné. Les directeurs de nos stations marines devraient en pareil cas agir
d'urgence et suivre les conseils de notre ami M. Gobin, qui a bien voulu
combattre avec nous ce bon coral>at.
21S PISCICULTURE. — LA SARDINE.
Dans le n° G45 du Journal que nous ne saurions trop engager à relire,
il disait : il se passe là un double mouvement de migrations en latitude.
Ce douhle mouvement, l'on doit pouvoir se suivre; sachant le point de dé-
part, on peut constaler la direction, le groupement, l'itinéraire, noter en
un mot les incidents du voyage, Aùi-on pour cela employer pendant la nu il
la lumière électrique.
Quoi de plus pratique, de plus simple! Cela ne se fait-il pas déjà
pour la pêche des perles, la récolte des éponges ? L'électricité ne sau-
rait-elle avoir sur mer un rôle autre que le massacre humain!
Nous persistons à croireà l'humanité marchant à l'harmonie, au bon-
heur par le travail et la justice; à l'électricité rendant à bord des na-
vires un autre service que l'éclairage ou la direction des torpilles.
Oui, nul doute que le jour viendra où sur un Cutler, marcheur ra-
pide, feux couverts et dévorant sa fumée, on suivra ces pauvres bêtes
qui nous donnent richesse et joie; et que l'électricité aidant, car le banc
ne devra jamais être perdu de vue, on leur arrachera un secret à ce
jour si bien gardé. Oui, nous persistons à croire que ce sera une des
premières applications de ce mot si heureux prononcé dans un de
nos grands tournois de la paix, oîi les peuples fraterniseront de plus
en plus ; ceci tuera cela !
Qu'ils rient maintenant plus à l'aise, messieurs les plaisants, qui,
faisant si généreusement l'aumône de leur esprit à ces pauvres voyants,
se gaudirent si fort de tant de naïveté : pêcher à la lumière électrique
et... détourner le gulf-stream !
L'idée de la migration des espèces dans les courants d'égale tempé-
rature pour l'accomplissement de la grande loi de la reproduction est
un fait sur lequel il ne saurait y avoir doute. Mais découvrir ce courant
est l'autre fait à bien préciser.
Comment et avec quoi s'y nourrit la sardine dont nous voulons plus
spécialement nous occuper?
Quels faits nouveaux, quelles idées nouvelles cette polémique a-t-elle
fait naître depuis la décomposition des haijillages apportés de Terre-
Neuve sur nos côtes, parle grand nourricier de notre planète, puisque
de l'équateur aux pôles il serait le créateur souverain de la vie,
jusqu'auxanimalcules et infusoires, sans oublier l'écrevisse des harengs
dont M. de Quatrefages nous parlait déjà en 1849; qu'y ajouterions-
nous ? Rien hélas ! si ce n'est que nous n'en savons guère plus que ce
que nous apprenait notre savant confrère de la Société nationale d'a-
griculture de France, en ce temps lointain.
De quoi se nourrit la sardine, où et comment ? Voilà le vaste champ
ouvert à nos jeunes savants, mais pas de phrases, pas d'hypothèses;
des faits clairs et précis comme ceux que nous donnaientjadis iVlM. Gerbe
sur le phyllosome de la langouste, Davaine sur le naissain de l'huître,
Delidon sur les crevettes, pages si souvent copiées mais non surpas-
sées depuis le grand mouvement de la pisciculture nationale française
(1850-1860). La connaissance précise de ces faits ne nous expliquerait-
elle pas pourquoi en 1881, alors que sur les grands bancs de l'ouest,
de septembre à octobre, on ne prenait que des sardines de 10 à 12gram-
mes, on péchait des moulières de 110 à 120 grammes au large par le
travers nord-est d'Ouessant?
Voir le n° 6T4 du Journal pour l'enchaînement de faits dont il fau-
dra pourtant bien finir par s'occuper, car si le mal n'est général, il ne
PISCICULTURE. — [,A SARDINE. 219
semble cesser sur ua point que pour renaître ailleurs avec plus d'in-
tensilé.
11 nous reste à .dire un mot de la pêche de la sardine de dérive ou
moulure de mars, c'est-à-dire la sardine femelle en pleine œuvée. Là
est, selon nous, le nœud de la question qui fut traitée de la manière la
plus compétente par deux de nos correspondants de l'ouest, jMM. Le-
normand .et Lebigiiais (voir le n° 711 du Journal, 1882).
Plus simplement, mieux et pratiquement, rien sur cette grave ques-
tion, rien encore n'a été dit. Il nous semble utile de le rappeler en
dehors d'un fait de la plus singulière coïncidence qui se rattache à ces
curieuses et importantes communications.
La même cause, signalée par M. Ollivier à la Méditerranée^ appelle-
rait le même remède que celui demandé avec tant d'instance par ces
messieurs des côtes de l'Océan. Ce remède ne serait autre que l'absolue
défense de la pèche de la moulière, dite sardine de mars, avec appli-
cation des règlements existants.
Depuis sept ans et pour la dixième fois au moins, comme avec cette
écœurante cliose qui s'afflche sans la moindre gêne au carreau de la
Halle de Paris, au moment du frai des truites, nous n'avons cessé de
protester. A cette onzième serons-nous entendu?
C'est sans grand espoir, hélas! que nous remplissons ce devoir,
mais au moins encore une fois, l'aurons-nous rempli !
Prochainement nous parlerons de l'assolement de nos côtes. Les
poissons sédentaires n'ont pas moins que les migrateurs, droit à
toute notre sollicitude dans cette question si curieuse et encore si
peu connue des choses de la mer. Chabot-Karlen.
LE SUPERPHOSPHATE EN SOLOGNE
Nous venons de recevoir, et nous avons lu avec l'intérêt qui s'atta-
che à la signature de M. Maxime de la Rocheterie, secrétaire du Comice
d'Orléans, le rapport sur la visite des fermes faite dernièrement par
la Commission spéciale des concours culturaux de ce Comice.
Ces concours étaient ouverts cette année au delà de la Loire, en
partie dans la région dont les terres sablonneuses, à sous-sol argi-
leux, humides, sont qualifiées de Sologne de la rive droite.
A notre point de vue plus particulier, nous avons remarqué les
récompenses accordées pour l'emploi du superphosphate : une mé-
daille de vermeil à M. Perdereau, une médaille d'or à M. Doussineau.
Les terres de M. Perdereau sont médiocres, mais ses blés sont d'une
belle vigueur; les avoines sont pleines. Malgré les conditions défavo-
rables du sol qui se prête mal à la culture fourragère, malgré la séche-
resse, M. Perdereau a des luzernes, des minettes, des sainfoins de
belle venue pour l'année. M. Perdereau a employé le superphosphate
et ce qui détermine bien la valeur de son expérience : partout où il
n'y a pas eu de superphosphate, il n'y a rien.
Chez M. Doussineau, les avoines sont d'un vert superbe. Les blés
ont des feuilles si larges qu'on les prendrait pour des feuilles de maïs,
de couleur si foncée qu'elles paraissent noires; ils sont si serrés qu'on
n'y pourrait jeter une épingle.
Les fourrages ne le cèdent en rien aux blés. Cette luxuriante végéta-
tion est due au superphosphate, qui est employé à la dose de 300 kilog.
220 LES SUPERPHOSPHATES EN SOLOGNE
à l'hectare. Sur les points oh l'engrais a manqué, la recolle a man>]ué
aussi.
Impossible de nier les résultats, dit M. de la Rocheterie, ils frappen*
l'œil le moins clairvoyant, ils s'imposent à l'esprit le plus incrédulet
Il y a loni^temps que sur la rive gauche M. H. Pinçon a fait école
pour l'emploi de cette précieuse matière, et que le Comité central agri-
cole de la Sologne a répandu le dernier mot de ses expériences et de
ses conseils. Mais nul n'est parfait prophète en son pays, et nous som-
mes heureux de pouvoir citer les exemples puisés par le Comice d'Or-
léans sur la rive droite.
Le phosphate est le pain des plantes; il est l'élément essentiel de
leur constitution. L'analyse nous dit que 67 kilog. sont prélevés par
7,600 kilog. de froment (grains et paille), — 50 par 7,800 kilog. de
seigle, — 72 par 7,800 kilog. d'avoine, — .34 par 500 kilog. de
plantes de prairies naturelles.
Où ces récoltes trouveraient-elles cet élément nécessaire, si Talmo-
sphère ne le coniient pas, si le sol, comme celui de la Sologne, en est
à peu près dépourvu ?
Notre fumier de ferme, comme partout ailleurs, sans considérer le
vide proportionnel qu'y fait l'enlèvement des récoltes consommées en
dehors de l'exploitation et qui est à combler, ne peut nous fournir
assez de phosphate qu'à la condition d'être complété.
Dans ce but, les os broyés avaient été employés. A cause de leur len-
teur, de leur difficulté à s'assimiler, on les a traités par l'acide sulfuri-
que, on en a fait le superphosphate, qui peut être tiré par le même
traitement des coproUthes et produit les mêmes effets.
Il est vrai qu'on a contesté son économie réelle à cause de cette assi-
milation rendue ainsi trop facile, on a reproché à- ce superphosphate,
comme à la chaux employée dans de mauvaises mesures, d'enrichir le
père au détriment des enfants.
D'un autre côté, les conditions du sol, du temps, du climat peuvent
modifier l'action du superphosphate et même l'annihiler.
Quoi qu'il en soii, les expériences, les récoltes de MM. Perdereau et
Doussineau démontrent que dans le doute même il y a avantage à
ne pas s'abstenir, et -nous croyons utile, par ces temps de concur-
rence et d'invasion étrangère sur nos marchés agricoles, où il faut
faire flèche de tout bois, nous croyons utile de rappeler à nos cultiva-
teurs que le superphosphate est une arme au moins défensive.
M. Maxime de la Rocheterie, tirant du souvenir d'une station faite
par la Commission au chTiteau de Reuilly qui a eu l'honneur d'abri-
ter un instant Jeanne d'Arc, un mouvement patriotique, nous montre
la Pucelle faisant fuir les armées d'outre-mer, et, faisant allusion à
l'invasion d'un autre genre qui menace la plus vieille, la plus nationale
et la plus riche de nos industries, il finit en en appelant aux droits
compensateurs, à la science, a la confiance, au courage, et en nous disant
de nous inspirer dans nos travaux de l'héroïne qui n'a pas désespéré
de la patrie. Ernest Gai;cira>.
MOISSONNEUSE-LIEUSE DE SAMUELSON
Parmi les machines qui ont le plus vivement frappé l'attention au
concours de la Société royale d'agriculture d'Angleterre, à Sbrewsbury,
MOISSONNEUSK-LIEUSE DE S.VML;E[.SO>f.
221
au mois de juillet dernier, il faut ciler la moissonneuse-lieuse exposée
par M. Sumuelsnit, le célèbre constructeur de Banijury. En effet, cette
ftîr,'"i^lvr ^^
machine diffère complètement de toutes les moissonneuses-lieuse
connues jusqu'à ce jour; elle présente, dans son agencement, des diss
222 MOISSONNEUSE-LIEUSE DE SAMUELSON.
é
positions absolument nouvelles sur lesquelles il est juste d'insister.
Dans les moissonneuses-lieuses dont on se servaitjusqu'ici, les tiges
coupées tombent sur un tablier sans fin, qui les enlève et les con-
duit à un deuxième tablier placé latéralement à droite, et où se fait le
liage de la, gerbe. Dans la machine Samuelson, que montre la fig. 10,
le tablier élévateur est supprimé; l'appareil de liage, au lieu d'être en
dehors de la machine, se trouve entre la grande roue motrice et la
scie; les gerbes, au lieu d'être projetées sur le côlé, tombent en arrière
sur la piste même de la machine. L'ensemble de la machine s'allège
considérablement, l'équilibre de toutes les [parties est plus complet,
et il est d'autant plus assuré que, comme on le voit par le dessin,
tous les organes sont placés assez bas et dépassent à peine l'essieu de
la roue motrice qui donne le mouvement à tous les organes employés
pour la coupe et le liage.
Le Uage de la gerbe se fait à la ficelle. Avec un simplclevier, le con-
ducteur de la machine règle la marche du dévidoir, de telle sorte
qu'il peut faire des gerbes d'égale grosseur, en ralentissant ou en
accélérant la marche de la bobine, suivant l'état de la récolle dans les
diverses parties du ciiamp qu'il moissonne.
Quant aux détails de construction, tant pour les engrenages que
pour tous !ps autres organes de la moissonneuse, il suffit de rappeler
que la maison Samuelson est une de celles qui ont porté au plus haut
degré le soin dans la ftibrication. On rencontre aujourd'hui des mois-
sonneuses Samuelson dans toutes les parties du monde; elles sont
nombreuses en France, et nous n'avons pas entendu élever la moindre
plainte sur leur solidité et sur la régularité de leur fonctionnement,
surtout depuis une douzaine d'années. Nous augurons beaucoup pour
l'avenir de la nouvelle moissonneuse-lieuse Samuelson.
J.-A. Barral.
IDISCOURS PRONONCÉ AU CONCOURS RÉGIONAL
DE DOLE
Messieurs, lu Jura se distingue par ses accidents à la fois variés, pittoresques et
sévères. Il comprend trois parties très distinctes : la bressp, ou la plaine, qui est
sans contredit la contrée la plus productive et la plus riche; le. riijnohk, qui est
déjà mouvementé et où on admire des gorges profondes, de fraîches vallées et de
riches coteaux couverts de vignes; enfin, la montagne qui comprend trois pla-
teaux étages les uns au-dessus des autres. Le dernier, ayant une altitude de
1,200 à 1,600 mètres, est souvent couvert de neige pendant cinq à six mois.
Ces contrées et surtout celles des montagnes où l'air est pur, où l'homme res-
pire avec plus de iacilité, où il éprouve plus de sérénité dans son esprit, plai-
sent à tous les Jurassiens. Cet amour est naturel. Il semble, a dit un jour Jean-
Jacques Rousseau, qu'en s'éle%'ant au-dessus du séjour des hommes, on y laisse
tous les sentiments terrestres, et qu'à mesure qu'on approche des régions céles-
tes, l'âme contracte quelque chose de leur inaltérable pureté. Hélas ! beaucoup
de Jurassiens oublient souvent au printemps de la vie les magnifiques tableaux,
les splendides panoramas que présentent sans cesse les montagnes avec leur
mille formes variées, ils s'éloignent pour toujours du lieu habité par leurs ancê-
tres. Lamartine, l'illustre auteur des Médiintions pociiquex. a regretté bien amè-
rement d'avoir abandonné la montagne pour la p'aine. Pourquoi, dit-il un jour,
ma famille a-t-elle quitté les solitudes du Jura pour la fourmillante Bourgogne?
Pourquoi ai-je quitté moi-même les coteaux vineux de mon pays, comme la pous-
sière quitte le sillon, pour aller chercher du bruit, de la vanité, de la popularité
à Paris et ailleui'S, et pour errer, à la fin de mes jours, exilé de mon propre foyer
natal ? Heureux ceux qui meurent dans le lit de leurs pères !
DISCOOHS AU CONCOURS RÉGIONAL DK DOLE. 223
.leaa-Jacques Rousseau éprouvait aussi de grandes émotions en contemplan t
des hauteurs du Jura sa contrée natale. La vue de mon pays, dit-il, de ce pays
si cher, où des torrents de plaisirs avaient inondé mon cœur, l'air des Alpes, si
salutaire et si pur, le doux air de la patrie, plus suave que les parfums d'Orient,
cotte terre riche et fertile; ce paysage unique, l'aspect d'un peuple iieureu.x et
libre..., tout cela me jetait dans des transports que je ne puis décrire. Marnier,
votre érainent compatriote, avait aussi un profond attachement pour le Jura,
pour son sol natal. C'est mon pays, dit-il, je l'aime, je l'admire. Je l'admire le
matin quand les perles de ros^e élincellent sur l'herbe des champs et sur les feuilles
des bois, quant aux rayons du soleil de légères vapeurs s'élèvent du fond des
ravins et tlottent le long des collines com'ne des écharpss de fées, quand tout
s'éveille et s'anime ; bergers et laboureurs, génisses et chevreaux dans les pâtu-
rages, grives et pinsons dans les forêts, alouettes dans les sillons, abeilles et sca-
rabées dans les lleurs. Je l'admire aussi le soir quand les habitants de nos villages
se recueillent, quand les oiseaux se retirent dans leurs nids et les insectes entre
les brins de mousse qui est leur habitation, quand tout se tait et s'endort sous un
ciel étoile.
Pasteur, votre illustre compatriote, aimî aussi le pays où s'écoula son en-
fance, et ce n'est pas sans éprouver une grande émotion qu'il parle de Dôle et d'Ar-
bois où il passa ses premières années sous l'égide d'une mère et d'un père qui
l'aimaient tendrement. Il aurait vivement désiré pouvoir répondre aux instances
amicales qui lui ont été faites, assister à ces grandes assises de l'agriculture
jurassienne, et revoir de nouveau, comme il le fait chaque année, ses chères
inontagnes, ses tranquilles vallées; mais les importantes expériences qu'il poursuit
en ce moment lui imposent le devoir de rester à Paris. Aussi est-ce un grand
honneur pour moi que d'être l'interprète de ses vifs sentiments pour sa ville natale
et de vous témoigner toute sa reconnaissance pour l'accueil si cordial, si sympa-
thique que vous lui avez toujours fait, et que vous lui réserviez, s'il avait pu
accepter votre bienveillante invitation.
M. Pasteur, par ses remarquables travaux sur la maladie des vers à soie, la
fabrication de la bière, les maladies des vins, le choléra dos poules, la fabrication
du vinaigre, les maladies charbonneuses des animaux dimestiquîs, a conquis la
première place parmi les savants les plus célèbres de l'Europe. Aussi, est-ce à juste
titre que les Chambres législatives françaises lui ont accordé l'an dernier une
récompense nationale tout à fait exceptionnelle.
L'agriculture n'oublie pis les remarquables et patientes études de votre savant
compatriote. Los magnifiques fêtes or;?anisées en son honneur, en 1882 et 1833,
aux concours régionaux d'Aubenas et d'.\urillac, ont témoigné à tous les éminents
services qu'il a rendus à la fériciculturo et à l'économie du bétail.
Son nom est devenu populaire, non seulement en France, mais presque dans le
monde eutier. Toutes les nations nous l'envient, l'admirent et le fêtent; témoins
les Ecossais qui, au mois de février dernier, l'ont reçu comme le premier prince
de la science!
Les découvertes faites par M. Pasteur ouvrent à l'étude des horizons tout à fait
inattendus et dont les conséquences seront incontestablement imminentes pour
toutes les classes de la société, et surtout pour l'agriculture.
J'ajouterai que votre illustre compatriote s'est toujours imposé le devoir de faire
profiter tout le monde de ses belles découvertes avec un désintéressement digne
des plus grands éloges.
Tous ses remarquables travaux n'ont pas été faits sans exercer parfois une
fâcheuse influence sur sa santé ; mais doué d'une infatigable persévérance, d'une
volonté énergique, il n'a jamais cessé de les continuer, persuadé qu'il doit accom-
plir au péril de sa vie la mission qu'il s'est volontairement imposée.
Vous n'ignorez pas que M. Pasteur poursuit avec un courage sans exemple et
une abnégation d^ lui-même qui fait l'admiration de tous les amis de l'huma-
nité, ses belles études sur le virus rabique ; les faits qu'il a déjà constatés per-
mettent d'affirmer qu'il parviendra bientôt à prévenir la rage chez le chien et
conséquemment chez l'homme.
Un jour viendra, et j'ai lieu de croire qu'il n'est pas très éloigné, où la ville de
Dôle, fière d'avoir donné le jour à celui rju'on pourra appeler le plus grand bien-
faiteur du monde, s'empressera de le rendre à jamais immortel, en lui élevant,
de son vivant, une statue rappelant aux générations futures son dévouement, sa
persévérance et son génie ! Gustave Heuzé,
Membre de la Société nationale (l'agriculture.
Î24 MALADIES DES ARBRES.
MALADIES DES ARBRES FOURNISSANT LES BOIS
DE CONSTRUCTION *
Nous avons vu précédemment les défauts et les vices des bois de
construction; aujourd'hui nous allons étudier les maladies que les
arbres fournissant les bois de construction peuvent avoir pendant leur
végétation, maladies qui intluencent plus ou moins sur la qualité des
bois. Elles sont de deux sortes : naturelles ou accidentelles.
Nous nous occuperons immédiatement des premières, qui par le fait
sont les plus graves et les plus fréquentes.
Les maladies des arbres sont causées par les éléments atmosphé-
riques : l'air, le vent, l'eau, la chaleur, le froid, ou bien par des para-
sites végétaux ou animaux, ou bien encore par la nature même du sol.
Les maladies naturelles qui peuvent atteindre les arbres debout sont
au nombre de trente-quatre environ; ce sont encore les principales,
car elles sont beaucoup plus nombreuses; quelques-unes peuvent
atteindre les arbres abattus.
Ces principales maladies sont : les ulcères, les chancres, les nœuds
pouilleux, les gouttières, les abcès, les dépôts, les exostoses ou loupes,
les tumeurs, les moisissures, les mousses, les lichens, les idiampi-
gnons (agarics, bolets), le blanc ou meunier, la rouille, les gerçures,
les cadranures, la gélivure, la brûlure, le givre, la gelure, la cham-
pelure ou gélis, la roulure, le double aubier, le blanc de chapon ou
chair de poule, le bois vergeté, la pléthore, la cloque, la défoliation,
l'exfoliation, la phyllomanie, le dépouillement, le bois gras, le bois
roux ou rouge, les galles, la vermination, etc.
Si nous nous occupons des perturbations atmosphériques, nous
voyons que dans certaines contrées l'air tient en suspension des
substances salines volcaniques ou autres très nuisibles à la végétation ;
aussi les arbres dans le voisinage de la mer, des lacs, des étangs, des
marais, des volcans, ont beaucoup à souffrir des exhalaisons des
milieux où ils se trouvent.
Le vent, surtout les gros vents, sont dangereux non seulement pen-
dant les froids, mais toujours quand ils ont la force de courber ou
tordre les arbres ; ensuite ils dessèchent considérablement la terre, ce
qui nuit à une belle et forte végétation. L'eau elle-même quand elle
est en excès fournit une sève si abondante qu'elle est aqueuse et partant
peu nutritive. Dans un milieu saturé d'eau, la croissance est rapide,
mais les arbres une fois abattus fournissent un bois gras, c'est-à-
dire mauvais pour la construction. Les bois gras proviennent princi-
palement des arbres qui ont poussé dans des terrains marécageux. On
reconnaît qu'un arbre fournira un bois gras, quand vers son pied,
1 écorce est noire; du reste, les nœuds dans ces arbres sont presque
toujours profondément altérés par quelques vices ou défauts et le
cœur de l'arbre lui-même est souvent carié.
Nous n'apprendrons rien du reste à nos lecteurs en leur disant que
si l'eau employée à l'irrigation des arbres est chargée de principes
putrides, elle peut leur occasionner des dépôts, des plaies, des ulcères,
des tumeurs, des moisissures, etc.
1. Cf. nns précéilentes études sur les boin di' cnn\lruct!on^ dans le tome IV, année 188!i,
p. 466 el hùl; tomel, annexe 1884, p. 191, 340, .■!41, 34Î et 343 et tome II, p. 101 il lO.'i.
MALADIES DES ARBUES. 225
De même que l'eau, la chaleur est nécessaire à la végétation et si
un excès d eau comme nous venons de le voir, est nuisible, une
extrême séclieresse causée par la chaleur a des effets également très
pernicieux. Dans les fortes terres glaiseuses et siliceuses, à la suite de
ciialeurs intenses, les arbres ne sont pas seulement brûlés, mais encore
beaucoup meurent. Le froid, quand il est excessif, arrête non seule-
ment la végélatiou, mais il gèle aussi la sève, les sucs nourriciers des
arbres; il désorganise les tissus, produit des déchirements et parfois
même les arbres éclatent longitudinalement et cela avec fracas quand
la température s'abaisse beaucoup au-dessous de zéro.
Enfin, les parasites végétaux tels que les mousses, les lichens, les
champignons de même que les parasites animaux exercent une très
fâcheuse influence sur la végétation : les mousses, en empêchant ou en
gênant considérablement la respiration des végétaux, et les insectes ou
vers, en produisant les galles, l'exfoliation, le dépouillement, la ver-
mination et la vermoulure ou moulinure.
Après ces notions préliminaires et générales, nous nous occuperons
des maladies spéciales.
En premier lieu, nous voyons les H/t'è;'<'s, qui occasionnent des plaies
plus ou moins profondes; mais dans tous les cas la sève s'exlravase et
sous les influences atmosphériques (pluie, chaleur, humidité) elle se
corrompt et devient ainsi une cause morbide qui altère les tissus des
végétaux, superficiellement d'abord, puis plus profondément pour
pénétrer jusqu'au cœur même de l'arbre dont la mort est alors inévi-
table. Les ulcères pîuvent être provoqués par des causes diverses ; la
principale est un choc violent de corps durs qui détruit l'écorce, le
liber et l'aubier et atteint la substance ligneuse elle-même.
Se rapprochent beaucoup des ulcères, les chancn^s. L'origine du
mal part des racines mêmes de l'arbre, la sève troublée se porte avec
trop d'abondance sur un point quelconque et y détermine un engorge-
ment dans lequel la sève s'acidifie et perce l'écorce. 11 s'établit
alors une suppuration acre, corrompue, rougeâtre qui attire en quan-
tité des insectes. Cette sorte de matière qu'on nommerait purulente
chez l'animal est un véritable pus végétal, il s'écoule sur les portions
de l'arbre qu'il avoisine, il les décompose ; le mal frappe l'écorce
d'abord, l'aubier ensuite, tout le tissu ligneux enfin. Aussi, l'arbre
ne tarde-t-il pas à succomber, rongé littéralement par le chancre.
Les abcès, dépôts, tumeurs, exostoses ou loupes, ont à peu près la
même origine; ils sont produits par des vices qui allèrent le liber et
déterminent sur un point, principalement près d'un nœud, une sur-
abondance de sève; celle-ci, s'accumulant, engorge les tissus, puis
quand elle ne peut s'écouler au dehors, elle produit des excroissances
qu'on dénomme diversement suivant leur forme et leurs dimensions.
Les piqûres des insectes, d'un fer, une blessure quelconque, l'im-
plantation de plantes parasites sur l'écorce des arbres causent toute
cette perturbation de la sève. Une autre cause déterminante, c'est
Fenlèvemeat trop répété des branches, car les nœuds se recouvrent
d'un bourrelet piqueté de blanc qui indique une cause prochaine de
maladie; on appelle ceux-ci nœuds pouilleux, ils viennent également
sur des branches cassées par le vent.
Les maladies que nous venons de mentionner, sont également
déterminées par les (joulUires, c'est-à-dire par l'infiltration des eaux
226 MALAME DES AHBRES.
pluviales ou autres qui pénètrent entre les fibres d'un arbre.
Par suite de vents violents ou par toute autre cause, il arrive que
des branches se séparent partiellement du tronc à leur point de jonc-
tion. Si dans cette fente 1 eau vient à séjourner, elle se mêle avec la
sève qui s'élève et s'échappe par cette déchirure, le liquide se corrompt
et détermine une suppuration qui engendre des ulcères, des chancres,
de la pourriture, de la carie, etc.
Si le mal n'est pas aussi grand, il amène toujours des moisissures,
sortes de petits champignons dont les plus connus appartiennent au
byssus, au bolrytis, à l hiineniia, au mihlew, au mucor, etc.
C'estle botrytis et lemildewquidanscesdernièresannéesont causé le
premier la maladie de la pomme déterre et le second une des maladies
de la vi^ne.
Vo'idhmi qui est aussi un petit champignon n'attaque que les arbres
à fruit, la vigne, le rosier, mais jamais les arbres qui fournissent les
bois de construction. Disons en passant que les mousses et les lichens
sont également nuisibles à la végétation normale des arbres. Ces plantes
ne sont pas des parasites, comme on l'écrit trop souvent, puisqu'elles
tirent leur existence de l'atmosphère même, mais par leur présence sou-
vent considérable surl'écorce de l'arbre elles entretiennent une erande
humidité sur le tronc et empêchent pour ainsi dire la perspiration.
Le lichen le plus connu qui vit sur le tronc des arbres est le Tpar-
meliaparielina; on le reconnaît à son petit chapeau jaune cadmium.
Si les mousses et les lichens ne sont pas des parasites proprement
dits, les champignons, agarics et bolets en sont de véritables; ils
implantent leur racine dans l'écorceet le tronc des arbres et c'est avec
leur secours qu'ils puisent les sucs destinés à leur nourriture. Les
champignons entretiennent une grande humidité sur les troncs
d'arbres parce qu'ils sont très hygrométriques ; sur l'un deux le
mérule pleureur (inenila lacrymans), on peut voir une distillation
constante de 1 eau quil rend après saturation. L'agaric blanc {polij-
porus officinalis, boletus laricis) affecte la forme d'un sabot de. cheval ;
sa couleur et sa chair sont blanchâtres; la pellicule supérieure qui
recouvre ce bolet est brune zébrée de zones concentriques.
L'amadouvier ou bolet du chêne {boletus ungidatus) possède une
chair d'abord molle et filandreuse, qui acquiert avec le temps la dureté
du bois; elle est formée d'une série de petits tubes bruns, liserée de
jaune à leur bord et très serrés les uns près des autres. Bien qu'on le
nomme agaric du chêne, on le trouve également sur le pommier,
l'amandier, l'azerolier, le noisetier et autres arbres; c'est avec ce bolet
qu'on prépare l'amadou; on le fait tremper assez longuement dans de
l'azotate de potasse, puis on le bat, on le replonge dans son bain, enfin
on le refend et on le fait sécher.
Les autres champignons qui vivent sur les arbres sont : Vœcidiuin
cancellaium, Vœcidmm elatitium, dénommé vulgairement balai des sor-
ciers, le byssus septica qui a quelque ressemblance avec des cheveux;
aussi le vent l'emporte-l-il au loin et quand il rencontre une pièce de
bois, il y implante des racines fort dures qui pénètrent dans le bois
comme de fines pointes de fer; le dedahca, qui a la forme d'un crois-
sant ; Vcrysiplie (alphilomorpha) plus connu sous le nom de blanc ou
meunier. Ce champignon se propage aussi bien sur les feuilles que sur
les branches, il les couvre d'un filament blanchâtre. Quand les racines
\iALADIEri DES AUBUEi. 227
d'un arbre sont attaquées par le meunier, il n'est pas rare de voir
succomber l'arbre dans les vingt-quatre heures. Les racines de ce
champignon sont très voraces.
Le sclerolium est une sorte de pustule dure dont les sporules en
poussière blanchâtre se posent sur les feuilles, les branches et le bois.
(Aa suite prochaineihenl.) Ernest Bosc,
Archilecle, ancien inspecteur des travaux du gouvernement.
L'ORIGINE DU CHARBON DE TERRE
Le développement considérable que prend tous les jours l'emploi
des machines à vapeur dans l'agriculture comme dans l'industrie, nous
a suggéré l'idée de faire connaître la véritable composition et forma-
tion du combustible employé. Nous voulons parler du charbon de
terre, ce minerai si utile, cette véritable pierre philosophale del'indus-
tricj dont on exploite annuellement plus de 180 millions de tonnes'.
laudeoi- des bassins pu déclares. Production aiiiiueJ-.e; lotiiies.
Grande-Bretagne .. 1.570.000 80,000,000
France 530. ouo 10,000.000
Belgique l.'ia,ooo 10. 000,000
Prusse et Saxe ■ 300.000 12,000.000
Autriche et Bohème . l'JO.ooo 3.000,000
Espagne . 150, uuo 400,000
Amérique du Nord. 30.000.000 20,000.000
Nous ne prétendons pas, parce morleste travail, renverser les anciennes
théories sur la formation de la houille, ce que nous voulons, c'est
constater certains faits, qui ne correspondent nullement avec les
anciennes hypothèses, et développer une nouvelle idée de formation
se rapportant du reste beaucoup à Tancienne mise en harmonie avec
les expériences de laboratoires.
Nous ne parlerons pas des théories de M. Genneté qui prétend que
le charbon de terre est produit par un certain roc ou grès auquel il
donne le nom d'agas, ni de celle de M. de Gensanne qui prétend que le
charbon de terre n'est que de l'argile mêlée avec assez de bitume et de
soufre pour qu'elle soit combustible. M. de Gensanne émet cependant
une idée qui nous paraît juste, et nous nous empressons de la repro-
duire. '( Il est vrai, dit-il, que la mer Billique charrie tous les prin-
temps une quantité de bois quelle amë;iit du Nord et qu'elle arrange
par couches sur les côtes de la Prusse qui sont successivement recou-
couvertes par les sables, mais ces bois ne deviendraient jamais charbon
de terre, s'il n'y survenait une substance bitumineuse qui se combine
avec eux pour leur donner cette qualité, sans cette combinaison ils se
pourriraient et deviendraient terre. » En effet, tous les amas de bois con-
nus actuellement ne forment que des terreaux, des tourbes, des lignites,
mais ne se transforment pas en charbon de terre.
D'après notre nouvelle théorie, le charbon de terre ne serait pas
formé d'amas d'arbres comme l'admet Buffon quand il dit : a A mesure
que les eaux laissaient, en s'abaissant, les parties hautes du globe à
découvert, ces terrains élevés se couvraient d'arbres et d'autres végé-
taux, lesquels, abandonnés à la seule nature, ne croissaient et ne se
multipliaient que pour périr de vétusté et pourrir sur la terre, ou être
entraînés par les eaux courantes au fond des mers; qu'enfin ces mêmes
végétaux, ainsi que leurs détritus en terreau et en limon, ont formé
1. Le tableau saivant, emprunté à Burrud, donna une idée de l'importance des gisements et e
p liui ) n lioiiilliéri; p o ur Tannée Wj\.
228 SUR l'origine DU CHAKBON DE TEHRE.
des dépôts en amas ou en veines que nous retrouvons aujourd'hui dans
le sein de la terre sous forme de charbon. »
Buffon constate que les dépcks de houille sont hurles anciens fonds
de la mer. M. Grand'Eury constate aussi ce fait, qui du reste est exact
et qui nous aide à conclure que c'est dans celte mer même que s'est
formé le charbon ; l'eau de cette mer ou plutôt de cet amas de lacs, était
chautfée par le feu central et par le soleil. L'atmosplièi-e était chargé
d'acide carbonique, ilyavait doncdans les eaux uneproduction énorme
de végétaux inférieurs, sortes de conferves et ferments qui, peu à peu,
absorbaient l'acide carbonique de l'air et se décomposaient, soit par le
manque d'oxygène, soit par le manque d'eau, et pourrissaient dans leur
milieu même, pour former une sorte de purée végétale qui, peu à peu,
perdant son humidité, a transformé son carbone en corps ulmiques
hydrocarbures, pour se transformer successivement en asphalte, en
pétrole, en naphte, en poix de montagne, en bitume et enfin en charbon ;
ce ne sont donc pas les grands arbres et arbrisseaux qui ont produit
le charbon de terre. On ne peut admettre du reste que la flore carbo-
nifère fût assez grande pour préparer des amas de charbon comme ceux
que l'on retrouve tous les jours; il faut surtout remarquer que les cala-
mites, les sygillariés, les licopodes ou lepidodendrées, les stigmariées,
les cycadées, les équisétacées, les syringodendrons, les psaronins et les
cordaïtées qui formaient la flore de l'époque carbonifère, sont des plantes
très pauvres en matières capables de former du charbon ; ce sont des
arbres moelleux et remplis d'eau. ]M. Gaston de Saporta dit, dans
l'analyse qu'il fait du travail de M. Grand'Eury', qu'en examinant les
liges adultes de ces anciens végétaux, on ne rencontre en elles qu'un
anneau très mince de bois proprement dit ; la moelle remplit tout le
reste .
Brongniart et Elie de Beaumont n'admettent déjà plus beaucoup la
formation de la houille par les arbres. Elie de Beaumont pense, au con-
traire que c'est la végétation serrée et herbacée qui enveloppait les grands
végétaux des forêts hcuillères qui a joué le principal rôle dans la pro-
duction du charbon, et que c'est en se renouvelant et en s'altérant sans
cesse qu'elle a composé ce dernier, en subissant une transformation
analogue à celle qu'éprouvent nos végétaux aquatiques pour se transfor-
mer en tourbe.
M. Pouchet, dans son livre « l'Univers «, n'admet pas beaucoup la
théorie des troncs d'arbres et dit que malgré leur masse ils donneraient
une bien mince épaisseur de houille. C'est du restel'idée partagée par
la plupart d<^ nos savants, quoique ne donnant pas une autre expli-
cation. C'est ainsi que M. Grand'Eury n'hésite pas à dire ^ lexamen
de ce qu'il faudrait de végétaux accumulés, pour convertir en un lit
de houille assez mince une forêt ensevelie subitement par les eaux ou
projetant peu à peu ses résidus sur le sol conduit à des calculs déses-
pérants, tellement il est nécessaire d'exagérer outre mesure l'un des
facteurs, soit le temps, soit la masse des végétaux. »
M. Gaston de Saporta, dans le résumé qu'il fait du travail de M. Grand'
Eury, explique ainsi la formation de la houille. « Le premier facteur
des phénomènes des houilles est le règne végétal, mais il en est deux
autres indisiiensables, c'est la température et la disposition matérielle
des lieux oii les végétaux se trouvent placés. En effet il suffit d'élimi-
1. Revue, dei Veux-Mondes, 1" décembre ISS'i, p. ti.')7.
SUR l'origine du charbon de terre. 229
ner un de ces trots termes, on obtient des lits de grès ou de schistes
dépourvus de combustible où n'en renfermant que des traces.... Si,
en rétablissant par la pensée et le climat primitii' et la disposition an-
cienne des lieux, nous nous contentons de placer dans ce cadre nos
arbres actuels avec leur accroissement de diamètre périodiquement et
graduellement établi, aussi difficiles à déraciner qu'à entraîner, cou-
vrant le sol de leur masse après leur chute et se décomposant à l'air
libre, il ne sortirait évidemment d'une pareille combinaison aucun lit
de combustible un peu considérable, à peine obtiendrait-on. à la lon-
gue, des traces de houille insignifiantes et n'ayant rien de commun
à coup sûr avec les richesses en ce genre que nous a léguées le passé.»
Admettons si vous le voulez, pour un moment que le charbon soit pro-
duit par des arbres décomposés. Comment admettrez-vousquelebois, en
perdant l'eau qu'il contient (puisque l'analyse chimique nous mont<'e i[ue
leboiscontientbeaucoup d'eau et que le charbon n'en contientque des tra-
ces),comment admet irez vous, dis-je, que la houille soit devenue liquide;
car il est certain que la houille a été liquide et s'est solidifiée peu à
peu. En voici la preuve: d'après notre théorie les bassins houillers
sont d anciens bassins de naphte et de pétrole bitumineux produits par
la décomposition des végétaux aquatiques, inférieurs, sous l'influence
de la chaleur et de l'humidité, et la preuve c'est que les minéraux po-
reux du fond des houillères qui sont les seuls témoins de cette forma-
tion, nous montrent tous les jours qu'ils sont imprégnés dans leurs
pores de naphte et de pétrole, ce que l'on reconnaît immédiatement à
leur odeur, surtout dans les minéraux poreux de carbonate de fer li-
thoïde. D'où ces minéraux pourraient-ils avoir tiré cette naphte? si ce
n'est dans les premiers états du charbon.
Cette théorie nouvelle nous permet d'expliquer la formation des
sources de pétrole, d'asphalte et autres bitumes liquides que Ton voit
coulera certains endroits delà surface de la terre, mais plus ordinaire-
ment à de certaines profondeurs dans son intérieur, et même au fond
des lacs et sur quelques plages de la mer. Il suffirait d'une fissure au
bassin houillier, ou un sol trop poreux, pour que le pétrole s'infiltrât
et allât ailleurs former des sources au détriment même du bassin,
et c'est ainsi que M. Fougas a remarqué que tous les charbons
maigres sont sur des tetrains calcaires, c'est-à-dire poreux, sans en
avoir cependant deviné la cause.
Enfin comment n'admettrait-on pas le charbon à l'étal liquide, puis-
qu'on en trouve encore aujourd'hui en Angleterre presque à l'état pâ-
teux? C'est à ce charbon qu'appartient le fameux Cannel-Coal (char-
bon-chandelle qui a la propriété de s'allumer comme de la résine et
de pouvoir servir de torche ou de flambeau).
Enfin une dernière preuve de la liquidité première delà houille, c'est
que toutes les matières légères : tourbes, lignitc3,etc., sont à la partie
supérieure, et que les parties les plus denses, anihraciteuses, en for-
ment le fond.
Maintenant l'analyse chimique nous montre clairenipnt que ce n'est
. pas du bois pétrifié: en e:iet on trouve dans le bois des principes fixes
qui ne sont pas dans la houille et réciproquement ; ot les cendres du
bois et de la houille ne sont dans aucune proportion; du reste les résul-
tats d'analyse qui suivent eu montrent plus que tout ce que nous pour-
rions dire.
230
sUR L ORIGINE DU CHARBON DE TERRE.
An.vlyse des charbons de terre (P. Noël)'.
Pas-de-Calais
(Nceax;
Pas-de-Calais
(Nœux).
Pas-de-Calais
iCourrières;.
Nord
(Somain).
Eau
Matières
Coke
volatiles..
1.20
30.05
68.75
7.25
2.10
18.65
79.25
8.65
0.85
21.90
77.25
7. 05
0.75
14.00
85.25
7.75
Cendres.
Nord
(Somain)
Angleterre
(New-Castle).
Angleterre
(Cardifl-j.
Angleterre
(Northumberland)
Eau
0.75
14.00
85.25
7.75
2.00
29 . 25
68.75
5.70
1.25
12.00
86.75
S.hO
2.50
2!).:^3
68 17
Matières
Coke....
volatiles..
Cendres .
4.S0
Nous poumons augmenter notre tableau de trois ou quatre cents
analyses; mais nous croyons ces quelques résultats suflisants, pour
établir l'analyse moyenne des charbons de terre.
Proportions d'eau de diverses essences d'arbres, d'après Schubler.
Eau p. '.oo.
Hêtre. Carpinus betula 18. C
Saule. Salix caprea 26.0
Erable. Acer pseudo-platanus 27.0
Frêne. Fraxinus excelsior 28.7
Bouleau. BetuLa alba 30.8
Chêne. Quercus robur .' 34.7
Pin. Pin its ahies 37.1
Tilleul. Tillia Europiea 47.1
Peuplier. Popidus Ilalica 48.2
Peuplier noir. Populus nigra 51 .8
Dosage des cendres de divers charbons de bois.
Nature des charbons.
Ajonc
Baguenaudier. . . .
Bourdaine. . .-.
Boîs de fer
Alizier
Litge
Bois de lettres. . .
Genêt
Aylanthe
Genévrier
Pin sauvage
Lierre
Bouleau
Pin maritime
Thuya du Canada.
If..
Clématite
Epine-vinette
Lilas
Troène
Coudrier
Chèvre-feuille
Cycomore
Néflier
Marronnier.,
Fusain
Châtaignier
Cornouiller.
Eglantier
Saule
Platane
Coton cardé
Charme
Peuplier
Satinay
Cendres p. 100.
1.28
0.82
0 56
0.39
0.62
0.00
1.45
1.07
0.81
0.16
0.50-
0.35
0.76
0.54
0.58
0.30
1.12
0.26
1.12
3.08
0.89
0.99
1.23
0.88
1.06
0.71
0.42
0.63
0.49
1.33
0.74
1.24
0.64
0.85
0.70
Nature des charbons.
Boule de neige. .
Aubépine
Palmier
Robinier
IJuis
Cytise
Frêne
Erable
Cerisier
Catalpa
Sureau
Mélèze
Merisier
Tilleul
Cocotier
Houx,
Vigne
Cognassier
Tremble,
Ebène
Groseillier
Acaric {ou Saule).
Chêne
Pommier
Peuplier (racine).
Orme
Acajou
Prunier
Poirier
Jonc
Gaïac
Chènevotte
Paille de blé
Peuplier (feuille)..
Cendres p. loo.
0.53
1.34
1.23
1.40
0.64
0 61
0.69
0 42
0.75
0.90
0.70
0.47
0.42
1.69
3.69
0.84
0.28
0.69
0.58
0.20
1.19
8.23
0.20
0.38
1.08
0.28
1.17
0.59
0.52
0.37
0.48
1.39
0.75
1.38
Buflbn constate qu'il y a des charbons qui brûlent en entier en ne
laissant après la combustion que des cendres même encore plus douces
61 plus fines que celles du bois ; de plus, les houilles grasses, c'est-à-
I. Ces résultats sont extraits de notre travail, Vanalyse des charbons de terre, publié en
1880 dans le Bulletin de la Société d'éludés scientifiques d'Angers,
SUR L'ORIGINE DU CHARBON DE TERRE. 231
dire très chargées de bitume donnent, comparées au bois, presque le
double de- chaleur.
Comme on le voit, il n'y a aucun rapport entre les analyses des
charbons de terre* et du bois.
Nous savons qu'on va s'opposer à notre théorie, en nous demandant
comment nous expliquerons la présence dans le charbon des empreintes
fossiles de plantes, aussi nous empressons-nous d'en donner l'explica-
tion.
Nous ferons d'abord remarquer qu'il n'y a pas d'empreintes dans le
charbon proprement dit, mais bien dans les parties terreuses et schis-
teuses des mines.
Jussieu a remarqué avec juste raison, que toutes les plantes fossiles
sont couchées dans le même sens, et les uaes sur les autres très régu-
lièrement. Cotte remarque faite par .Jussieu détruisait sa propre théorie
de la formation de la houille, car il admettait que les végétaux apportés
par les lleuves avaient été entassés pèle-mèie. (La disposition actuelle
des bassins bouillers ne permet pas de croire à l'idée de formation
énoncée \a,v .Jussieu.)
Mais revenons à nos empreintes, que nous expliquons de la manière
suivante : Le lac de charbon liquide que nous avons conçu jusqu'à pré
sent était sujet à des mouvements et à des débordements causés soit
par les vents, soit par les soulèvements du sol; ce phénomène ne devait
pas être rare à l'époque carbonifère : alors le liquide demi-pàleux
s'étendait tur la terre, couchant sur son passage les herbes et fougères,
toutes dans le même sens, et c'est ce qui explique pourquoi c'est surtout
aux alentours des houillères qu'on trouve le plus d'empreintes, qui,
lorsqu'on les a vues, ne laissent aucun doute sur leur formation. On
voit très bien que la plante a été prise dans un enduit liquide, qui s'est
solidifié peu à peu; tous les arbres qui croissaient sur les plages de ces
lacs carbonifères tombaient peu à peu dans ce liquide et s'y impré-
gnaient de ce bitume qui les empêchait de pourrir.
Aussi, les troncs d'arbres et de fougères que l'on retrouve ne sont pas
précisément du charbon, mais bien une matière spéciale, d'un brun
jaunâtre et ayant parfois gardé leur élasticité; ces échantillons se trou-
vent dans les parties hautes appelées le toit de la mine; les mines de
Zuerfut ont principalement produit de ces échantillons. M. Darcet a vu
dans la mine de Wentorcastle un tronc de la grosseur d'un mât de petit
vaisseau qui était implanté dans l'argile, tout à fait à l'extrémité et hors
de la mine; la partie supérieure était du vrai charbon de terre, absolu-
ment semblable à celui delà mine, tandis que la partie inférieure de
ce même tronc était encore du bois et ne sautait pas en éclats comme
celle du dessus, mais elle se fendait à la hache.
Les mines de Ronchamp en Franche-Comté présentent un phénomène
plus curieux encore; dansles masses de charbon situées immédiatement
sous les bancs de pyrite, plus particulièrement, que dans les couches
de pur charbon, il se trouve une couche légère de charbon de bois bien
caractérisée par toutes ses propriétés physiques, et lorsqu'un morceau
de ce charbon de terre contenant du charbon de bois est en combus-
tion, si l'on souffle dessus, le charbon de terre s'éteint et le charbon
de bois continue à brûler déplus en plus. M. le chevalier de Grignon
écrit à Buffon en parlant de cette mine (27 mai 1781): « L'on trouve
fréquemment à la toiture de ces mines, parmi le grand nombre d'em-
232 SUR L'ORIGINE DU CHARBON DE TERRE.
preintes de plantes de toutes espèces, des roseaux de trois ou quatre
pouces de diamètre, aplatis et qui ne sont point détruits ni tharbon-
nifiés. » Les empreintes que l'on trouve dans la houille sont donc là
accidentellement, du reste leur nombre est très restreint proportionnel-
lement à la masse de charbon et beaucoup de mines qui n'ont pas eu
de débordements n'en possèdent pas; d'après nous, certaines carrières,
comme la carrière de Treuil à Saint-Etienne, auraient été formées tout à
coup par le débordement d'un lac carbonifère voisin, et la houille
liquide en préparation serait entrée comme une avalanche par suite
d'un déplacement de terrain et aurait englouti et carbonifié les quelques
arbres que l'on voit encore verticalement dans la carrière.
Donc, pour nous, les empreintes sont tout à fait accidentelles dans
les bassins houillers et n'ont pas pour la plupart la même composition
que la houille qui les enduit.
Les eaux où sont poussées les matières végétales dont nous parlons
contenaient, comme plusieurs de nos eaux actuelles, du carbonate de
chaux, du fer, de l'alun et même du chlorure de sodium comme dans
la mine de Nicolai, en Silésie. C'est ce qui explique la présence de ces
sels dans certains charbons.
Telle est notre nouvelle théorie de la formation de la houille;elle nous
semble plus rationnelle et correspondant mieux avec les expériences
d'analvse chimique. C'est ce qui nous a donné l'idée de la publier, es-
pérant quelle trouvera, elle aussi, ses partisans.
Paul Noël,
chimiste.
NOUVELLES INVENTIONS AGRICOLES
ANALYSE SOMMAIRE DES DERNIERS BREVETS DÉLIVRÉS
161,231. Delahaye. 29 mars 1884. Genre de herse articulée à surcharge
réglable. — Dans le but d'empêcher la herse de « donner du nez », le bre-
'•veté place à l'arrière un contrepoids. Celui-ci étant mobile le long d'une tige arti-
culée au centre de la herse, on peut, en le faisant avancer ou reculer, régler l'in-
tensité de la surcharge ; en outre, on peut le placer à volonté à une extrémité ou
à l'autre de la herse ; la tige qui porte le contrepoids réglable repose sur un sec-
teur denté qui permet de faire porter la charge à droite ou à gauche, à volonté.
Cette herse est caractérisée, en outre, par l'emploi de crochets à loquets à bas-
cule, formant fermoii, pour recevoir les anneaux qui relient les difiérents châssis,
et par des pitons d'attelage à épaulement renversé.
161,237. Meyer. 27 mars 1884. Moulin vertical dit moulin Meyrr. — La
meule courante, montée sur un axe horizontal, est formée par des claveaux de
pierre meulière bien reliés entre eux et serrés entre deux tourteaux en fonte, de ma-
nière qu'il riste un espace vide au centre de la meule, ce qui, dit le breveté,
rafraîchit avantageusement la mouture. La meule dormante, ou coquille, qui est
concave, est construite de la même façon, mais plus évasée que la meule courante,
sous laquelle elle est placée ; elle n'embrasse qu'une faible partie de sa circonfé-
rence.
161,242. BouÉ. 31 mars 1884. Système de ligature des balles de fourrages
pressés, dit « système de bouton ligature parfait -k — L'instrument se compose d'une
tige d'environ .5 centimètres de longueur, près de l'extrémité de laquelle se trouve
un ergot qui se recourbe de manière à se rapprocher de cette extrémité. On fait
ertrer l'ergot dans les boucles qui terminent la corde ou le fil de fer entourant la
balle, et que l'on superpose à cet efl'et. Si l'on tourne l'instrument vers celle qui
est en dessous, il ne peut se dégager: si, au contraire, on le tourne vers celle qui
est en dessus, on peut aisément le retirer.
161,254. Frémy. :28 mars 1884. iXouvelles pièces à ajouter à la fabrication des
extirpateurs. — Le système qui fait l'objet du brevet consiste à placer sur ias '■in-
gérons de l'extirpateur des montants sur lesquels vient s'articuler ea gf.»* UQ''feu.
NOUVELLES INVENTIONS AGRICOLES. 233
une tipe longitudinale qui porte à ses extrémités des pièces d'attache articulées.
Celle d'arrière sert d'écrou à une vis placée à portée du conducteur ; l'autre vient
sur une tige fixée à l'essieu d'avant-train. Il en résulte que, sans se déplacer, le
conducteur peut faire incliner son instrument en avant ou en arrière. D'autre part,
un levier à cran lui permet de l'incliner à droite ou à gauche, suivant la pente du
terrain.
161 ,202.MoREL. 31 ma.rs\SSk. Système di distributeur applicable àlouslei semoir.^
employés dans l'agriculture. — On dispose, devant les orifices par où tombe la graine
contenue dans la caisse du semoir, des trapillons coudés et articulés, dont la
branche horizontale vient réduire plus ou moins la section de passage. L'extré-
mité des branches verticales est prise dans des encoches pratiquées à cet efl'et
sur une tringle que le conducteur peut faire avancer ou reculer à volonté, au
moyen d'une vis placée à sa portée, en réglant ainsi simultanément la quantité
de grain qui tombe par chaque orifice. Pour aveugler complètement un ou plu-
sieurs orifices, il suffit de dégager les trapillons correspondants de leurs encoches
et de les laisser tomber : ils viennent se placer devant les ouvertures et les
bouchent.
161,274. RuMÈBE. 28 mars 1884. Outil agricole dit cueillerette. — L'outilest sem-
blable à un sécateur dont les lames, au lieu d'être coupantes, seraient arrondies;
on visse d'ailleurs sur l'une d'elles une lame tranchante. Celle-ci coupe la queue du
fruit, et l'appareil, en achevant de se fermer, la pince, de manière à empêcher le
fruit de tomber et de s'abîmer. Les branches creuses permettent d'ajouter des
manches en bois à l'aide desquels on peut atteindre à une grande hauteur.
161,327. De Laval. 2 avril 1884. Perfectionnemenl aux appareils centrifuges
servant à séparer des liquides de poids spécifiques différents. — Le breveté, dans le
but d'obtenir une séparation à la fois qualitative et quantitative par la force centri-
fuge et de diviser les produits en deux ou plusieurs catégories, munit ses appareils
de « bords déversoirs » placés à différentes distances du centre, de manière que
les produits qui s'y échappent aient des densités différentes et soient recueillis
par des tubes différents.
161,348. Société Merlin et Cie. 3 avril 1884. Système de batteuse avec tambovr
batteur remontant les ottons. — Les ottons, épis cassés, etc., restés sur les grilles
sont attirés par des palettes attachées à un croisillon monté sur l'arbre du venti-
lateur de la machine. Ces palettes tournent devant un contre-batteur cannelé,
et les ottons, etc., se trouvent ainsi rabattus; les grains sont relancés ensuite
sur les grilles et les balles sont entraînées par le courant d'air du ventilateur,
devant lequel elles passent. Gh. Assi et L. Genès,
Ingénieurs-conseils en matière de brevets d'invention,
36, boulevard Voltaire, à Paris.
PARTIE OFFICIELLE
Loi sur le Code rural (vices rédhibitoires dans les ventes et échanges d'animaux
domestiques).
Le Sénat et la Chambre des députés ont adopté.
Le président de la République promulgue la loi dont la teneur suit :
Article premier. — L'action en garantie, dans les ventes ou échanges d'ani-
maux domestiques, sera régie, à défaut de conventions contraires, par les dis-
positions suivantes, sans préjudice des dommages et intérêts qui peuvent être
dus s'il y a dol.
Art. 2. — Sont réputés vices rédhibitoires et donneront seuls ouverture aux
actions résultant des articles 1641 et suivants du code civil, sans distinction des
localités où les ventes et échanges auront lieu, les maladies ou défauts ci-après,
savoir :
Pour le cheval, l'âne et le mulet : la morve, le farcin, l'immobilité, l'emphy-
sème, le cornage chronique, le tic proprement dit avec ou sans usure de dents, les
boiteries anciennes intermittentes, la fluxion périodique des yeux .
Pour l'espèce ovine : la claveléc ; cette maladie reconnue chez un seul animal
entraînera la rédhibition de tout le troupeau s'il porte la marque du vendeur.
Pour l'espèce porcine : la ladrerie.
Art. 3. — L'action en réduction de prix, autorisée par l'article 1644 du Gode
civil, ne pourra être exercée dans les ventes et échanges d'animaux énoncés à
l'article précédent lorsque le vendeur offrira de reprendre l'animal vendu, en
restituant le prix et en remboursant à l'acquéreur les frais occasionnés par la vente.
234 PARTIE OFnOIELLE.
Art. 4. -^ AucUfté aCliôti eh garantie, même en réduction de prix, ne sera ad-
mise pour les VetilêR ou pour des échanges d'animaux domestiipes, si le prit, en
cas de vente ou la valeui', en cas d'échange, ne dépasse pas 100 francs.
Art. 5. -^ Le délai pour intenter Faction rédhibitoire sera de neuf jours francs,
non compris le jour fixé pour la livraison, excepté pour la fluxion périodique,
pour laquelle ce délai sera de trente jours francs, non compris le jour fixé pour
la livraison.
Art. 6. -^ Si la livraison de l'aDimal a été effectuée hors du lieu du domicile
du vetideur ou si, après la livraison et dans le délai ci-dessus, l'animal a été
conduit hors du lieu du domicile du vendeur, le délai pour intenter l'action sera
augmenté à raison de la distance, suivant les règles de la procédure civile.
Art. 7. "-' Quel que soit le délai pour intenter l'action, l'acheteur, à peine d'être
non recevable, devra provoquer, dans les délais de l'art. 5, lanomination d'experts,
chargés de dresser procès-verbal; la requête sera présentée, verbalement ou par
écrit, au juge de paix du lieu où se trouve l'animal; ce juge constatera dans son
ordonnance la date de la requête et nommera immédiatement ua ou trois ex-
perts qui devront opérer dans le plus bref délai.
Ces experts vérifieront l'état de l'animal, recueilleront tous les renseignements
utiles, donneront leur a«is, et, à la fin de leur procès-verbal, affirmeront, par
serment, la sincérité de leurs opéraiiuns.
Art. 8. ^ Le vendeur sera appelé à l'expertise, à moin*5 qu'il n'en soit autre-
ment ordonné par le juge de paix, à raison de l'urgence et de l'éloignement.
La citation à l'expertise devra être donnée au vendeur dans les délais détermi-
nés par les articles 5 et 6 ; elle énoncera qu'il sera procédé même en son absence.
Si le vendeur a été appelé à l'expertise, la demande pourra être signifiée dans
les trois jours, à compter de la clôture du procès-verbal, dont copie sera signifiée
en tête de l'exploit.
Si le vendeur n'a pas été appelé à l'expertise, la demande devra être faite dans
les délais fixés par les articles 5 et 6.
Art. 9. — La demande est portée devant les tribunaux compétents, suivant les
règles ordinaires du droit
Elle est dispensée de tout préliminaire de cocciliation et, devant les tribunaux
civils, elle est instruite et jugée comme matière sommaire.
Art. 10, — Si l'animal vient à périr, le vendeur ne sera pas tenu de la garantie,
à moins que l'acheteur n'ait intenté une action régulière dans le délai légal, et ne
prouve que la perte de ranimai provient de l'une des maladies spécifiées dans
l'art. 2.
Art. 1!. — Le vendeur sera dispensé de la garantie résultant de la morve ou
du farcin pour le cheval, l'âne et le mulet, et de la clavelée pour l'espèce ovine,
s'il prouve que l'animal, depuis la livraison, a été mis en contact avec des ani-
maux atteints de ces maladies.
Art, 12. -^ Sont abrogés tous règlements imposant une garantie exception-
nelle aux vendeurs d'animaux destinés à la boucherie.
Sont également abrogées la loi du 20 mai 1838, et toutes les dispositions con-
traires à la présente loi.
La présente loi, délibérée et adoptée par le Sénat et par la Chambre des dépu-
tés, sera exécutée comme loi de l'Etat.
Fait à Mont-sous-Vaudrey, le 29 juillet 1884. Jules Grévy.
Par le président de la République :
Le minisire de ^'agriculture, Méune.
Le minislrc de l'intérieur, WALDECK-RodssEAtr.
LE BLÉ DE SHIRRIF A EPI CARRÉ
A la suite de l'article de M. Scliribau\, sur |le blé de Shirrif à épi
carré {Shirrif a square head), publié dans le Journal du 19 juillet
(page 99 de ce volume), un certain nombre de nos lecteurs nous ont
demandé oîi ils pourraient se procurer ce blé. A ce sujet, noua rficÉvôûs'
de MM. Vilmorin-Andrieux la lettre suivante :
« Nous aurons certainement du blé Shirrif à épi carré; c'est la variété portée à
nos catalogues sous le nom de blé de Scholcyà épi carré, et plus simplement dans
« Les meilleurs blés, » sous celui de blé à épi carré. Mais c'est une variété à matu-
LE BLÉ DE SHIRRIF A ÉPI CAHIU-:. 235
rite demi-tardive, qui se récolte seulement en ce moment et pour laquelle nous
n'avons par suite encore ni marchandise disponible, ni prix étaljli. Nous prenons
note, puisque la question intéresse un certain nombre de vos correspondants, de
vous prévenir, dès que' nous aurons quelque chose de précis à vous dire.
« Nous vous prions d'agréer, etc. Vilmorin-Andriedx. »
Nous ferons connaître les rensoigaeiaents annoncés dans cette lettre,
dès qu'ils nous seront parvenus. Henry Sagnier.
LA MÉSANGE HERBIVORE
Je voyais dernièrement dans la chronique de la Société d'acclima-
tation le rapport d'un propriétaire de la Hauto-Marne signalant la mé-
sange comme oiseau destructeur des jeunes pousses de melons.
Vers cot'e époque, j'eus moi-même à constater la disparition de
plusieurs pieds de concombres et tout naturellement j'accusais les
limaces; néanmoins ce que je venais de lire me donna à réfléchir.
Je me mis donc à faire bonne garde autour de mes malheureux,
plants et j'eus bientôt l'occasion de voir une jeune mésange à tête
noire i Mésange imijor) descendre d'un arbre voisin et becqueter tran-
quillement les feuilles cotylédonnaires d'un jeune plant. J'étais donc
sûr de ne plus me tromper dans mes accusations.
Le correspondant de la Société d'acclimatation dit que la mésange
agit en friande, car elle ne s'attaque qu'aux plants de 'melons et
de concombres, mais qu'elle laisse de côté les autres cucurbitacées.
Le fuit est possible, mais il serait curieux de vérifier, si les deux
genres Bryonia et Cucurbita qui, avec le genre Cucumis, représentent
nos cucurbitacées indigènes des environs de Paris, restent seuls à ne
pas subir les atteintes de la mésange. Il s'agirait aussi de savoir, s'il
n'y aurait pas quelqu'autre petit oiseau s'adonnant, lui aussi, à la
rapine des jeunes pousses. Eug. Ferret,
Élève diplùmé de l'enseignement supérieur de l'agriculture.
REVUE GOU\IERGl.\LE ET PRIX G!)UR\^T DES DENREES AGRICOLES
(9 AOUT 1884.)
l. — Situation générale.
Les marchés agricolesont présenté, depuis huit jours, un peu plus d'animation,
en ce qui concerne les céréales, dans les régions où la moisson est achevée.
I[. — Les grainslet les farines.
Les tableaux suivants résument les cours des céréales, par quintal, métrique,
sur les principaux marchés de la France et de l'étranger :
Blé. Seigle. Orga. Avoine
•fr. fr. fr fr.
Algérie 4)„gri blélendre.. 22.00 » . »
Algéne. *'°"(blédur 17 CO » 11.50 13.50
Angtelerre. Londres 23.75 » 19.25 19,00
Belgique. Anvers 21.50 17.85 23 50 21.00
— Bruxelles 23 50 17.25 »
— Liè^e 24.00 17.75 » 20.00
— Naauir 22.50 10.75 20.25 19.75
Pays-Bas. Aiiislerdaiii 20.60 16.10 n »
Luxembourg. Luxembourg 23.75 21. UO 20.50 21.00
Alsace-Lorraine. Strasbourg 25.00 ;o,25 21.75 20.75
— Mulhouse 24.75 19.75 20.50 21.25
— Cdlmar 24 50 19.25 21.50 21.75
Allemagne. Berlin 20.10 18.00 t »
— Cologne 23.10 19.00 > »
— Hauibourg 20.00 16.75 • »
Suisse. Genève 25 25 19.50 20.00 21.00
Italie. Turin 23.50 18.00 • 17. ÛO
Espagne. liarcelone 24. UO 17.75 « 17.25
Autriche. Vienne 17.95 17 00 18.00 17. .50
Hongrie. Budapest 17.60 16.00 18.25 17.20
Busiie. Saint-Pétersbourg.. 16.26 ia.75 s iO.ÛO
Etats-Um-. New-York 18.30 p • •
S36
REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT
I" RÉGION. — NORD-OFEST.
fr.
Calvados. Condé 23 25
— Lisieux 23.80
C.-rfu-A'oïd. Lannion... 2i.50|
— Treguier 22. 2à
Finistère. Morlaix 22.50
— Quimper 23. oo
lUe~et- l'Haine. Rennes. 21. jo
— Saint-Malû 12 Ta
Manche. Avranches 23.30
— Pontorson 23.00
— Villedieu 23.75
Mayenne. Laval 23.50
— Mayenne 22.00
Morbihmi. RQnnehont.. 2:1.00
Orne. Seez 23.50
— Vimoutiers 2!i.oo
Sarthe. Le Mans 23.50
— Sablé 23. 2^
Prix moyeas >2.y7
2' RÉGION. — NORD
Aisne. Ldon 22.75
— St-Quentin 23.00
— Soissons 23.50
Eure. Evreux 23.10
— Conches 23.50
— Pacy 23.70
Eure-et-Loir. Cha.nTes.. 22.75
— Anneau 23 50
— Nogent-le-Rotrou- 24.50
/Vord. Cambrai 23 25
— Douai 23.00
— Valeuciennes 24.75
Oise, Beauvais îi.^o
— Compiègne 22.75
— Senlis 22 00
Pas-de-Calais. Avr&s.. , 23.70
— Sa ni-Omer ■^3.25
Seine. Paris 2375
S.-et-Marne. DammarLin. 22.25
— Montereau 23.50
— Meau.v 23.75
S.-et'Oise Etampes 24.00
— Houdan 23.00
— Versailles 24.00
Seine-hiférieure. Rouen. 23.70
— Fécanip 22.65
— Yvetût 22.75
Somme. Doulleiis 23.70
— Amiens 23.50
— Roye 23. -.15
Prix moyens 23.23
Seifle.
Orne.
Avoine.
fr
fr.
fr.
10.50
18.75
20.50
»
21.50
23.00
»
15.75
16.75
16.00
16.25
16. iO
16.25
15.80
16.75
16.50
15.50
»
16.00
16-00
18. -JO
»
.1
»
Ul 25
20.50
»
18.50
20.25
10. bO
20.25
22.00
B
18.00
17.75
15.50
j>
17.00
»
20.00
17.25
16.50
19.25
19.50
16.00
16.25
20.85
16.25
18.75
19 00
16.
16.90
16.00
16.65
15.00
l'i 00
15.20
li.OO
15.25
15.00
15.75
17.25
15.00
15.50
13.50
18.25
18.00
15.75
15.50
16.00
'.6.00
15.00
14.25
14.50
14.80
15.00
14.75
17.75
15.00
15.25
18. u; 18 52
19.25
19 00
18.75
19.00'
19.50
20.30
18 50
19.00
19.00
18.50
18.25
17.85
20. 00
19 CO
17.50
18 00
18 25
18.50
18.50
19.75
20.10
18.00
18.50
19.50
19.50
18.50
19.25
18.50
18. OC
21.00
20. bO
19.50
17.50
18 00
19.25
19.00
20.50
19 00
19.2.
21
20.5
3' RÉGION
Ardemies. Charlevilie.. 24.00
— Sedan 24.00
ilube. Bar-sur-Aube .. . . 23.00
— Méry-sur-Seine... 23.25
— Troyes 23.00
4/orne. chilons 23.15
— Epernay 23.50
— Reims 23 25
Fie-Marne. Saint-Dizier. 23.50
Meurthe-et-Mos. Nancy. 24.00
— LuneviUe 24.00
— Toul 23.25
Meuse. Bar-le-Duc 24.25
— Verdun 23.50
Haute-Saône, ùray 23.25
— Vesoul 23.75
Vosges. Mi'ecQarl 24.00
Neufch;\teau 23.85
15.61
NORD-EST.
17.00
17.50
,.,.0»
20 5°
19.22 19.21
19.25
20.00
18.00
15.50
16.50
16 85
15.75
17.15
15.00
Prix moyens 23.
4" RÉGION. —
C/iflï'fn/e. Angouléme... 23
— Ruffec 24
Char. -/n/t^ï'. Marans. ... 22
Deux-Sivirs Niort 23
Indre-et-Loire Tours... 23
— Cliàteau-Reiiault . 23.
Luire-lnf. Nantes 22 .
A/.-el-Loirf. Saumur vs
— .AnKers 23.
Vendée. Luçon .3
— Fontenay-le-Cte .. 23,
Kienïie. Chiteilerault... 23
— Loudun 23
//aîtie-Kitïiîie. Limoges. 23.
16.50
16.75
16.00
16.25
16.00
17.00
58 16. 'il
OUEST.
,50 17 75
00 »
,40
25
00
70
50
50
25
25
50
25
00
50
21. 00
19.50
17.50
17.50
»
19.50
18.50
18.00
18 50
17.50
18.00
19.50
20 2b
21 00
19.25
18 20
18.25
18.75
19.50
19. 5o
•5
18. 5„
17.0,,
19.0
18.5»
16. 7;'
17. 0„
18,7?
18.50 13 59
13.50
16.75
15.25
»
14.50
15.50
16.00
14.50
15.50
13.50
18.00
17,50
18 00
17 7b
!9.b0
21.00
19.50
19.25
18.50
20 00
20.50
18.25
17.75
18.00
16.50
19.75
20.25
17.00
17 50
19.50
16.75
17.50
17.00
17 00
17 80
;PrixinoYenf 23.40 15.69 19.09 17,89
5* HEOION.
Allier. Moulins....
— La Palisse..
— ôt-Ponrçain.
Cher. Bourges. . ,
— ALibigny.. ..
Vierzun... ,
Creuse. Aubusso' .
Indre. Chàteaurc 1
— Issoudun . . ,
— Valençay....
Loiret. Orléans. ..
— Gien
— Patay
L.-et-Cher. Blois..
— Montoire
Nièvre. Nevers
— Preraery....
Yonne Brienon.. .
— St-Florentin.
— Sens
— CENTRE
Blé. Seigle.
fr.
15.00
16.00
16.00
15.75
15.25
15.50
15.75
15.25
15.00
15.50
16.00
14.75
15.00
15.50
fr.
23.25
22.50
24.00
22.70
23, 00
23.20
2 1 . 00
23.25
23 00
22.85
23.50
23.00
23.50
23 50
24.00
23.50
23.25
23.00
23.75
24.25
15.50
16.25
16.00
Prix moyens 23.35 15.53
6' KÉMON, — EST.
Orge
fr.
18.50
17 00
20.50
20.25
18 00
18.75
18.00
17.85
18.00
20.00
18.50
19.00
18.00
18.50
17.75
13.57
AToioe
fr.
16.40
16.50
17.50
17,25
17.50
18.00
16.50
17.50
16 2b
18.50
21.00
19.25
20.50
16.00
16 50
17.25
1S.70
i>
19 25
17.79
A%n. Bourg 23.75
— Pont-de-Vaux... . îs.oo
Côte-d'Or. Dijon 23.00
floubs, Besançon 23.75
/sère. Grenoble 25.00
— Bourgoin 23 00
Jura. Dôle 22.75
Loire. Roanne 23.75
P.-de-Ùôme. c\ermonl-F 24.00
Rhône. Lyon 23.50
Saône-ei-Loire. Cbilon . 22,00
— . -Vlicon 23.50
oauoie. Chambéry 25.00
//le-Sai'oie. Annecy 25,50
— Thonon 25.30
18.50
16.15
15 50
»
17 50
16.25
15 75
16.50
17.50
16.00
16.50
15,50
1S.75
18.50
17.50
20.50
17.00
18.50
16 75
20.50
17.25
19.00
19.50
18.25
18.2b
18.50
18.75
18.25
19,50
19.50
19.00
19 25
21.15
Prix moyens 23,79 16 70 18.33 18 90
7' HÉOION. — SPD-OCEST.
.4Wège. Pamiers 24.75
— Foix 24.25
Dordogne. Bergerac.... 24 00
Hte-Garonne. Toulouse. Î3.35
— St-Gaudens 24 50
G«r«. Condora 25.00
— Eauze 25.50
— Mirande 24.25
Ciro?ide. Bordeaux 23.00 o »
— Lesparre 23.85 » »
Landes. Dax 24.00 18.90 »
Lo<-e(-Garonne. Agen... 23,75 19.00 19.25
— Nerac 24.50 19 00 »
B. -Pyrénées. Rayonne.. 24.70 20 25 »
ffies-Pj/rênées. Tarbes. . 24.50 20 50
19.00
19.00
21.00
18.75
n
19.50
)»
18.50
20.00
19.25
17.50
19 50
19.00
18.75
22 (10
»
»
20.50
"
»
22.00
•
»
21.00
18.50
19.25
Prix moyens 24.
19.29 18.60
20.75
20 36
19.00
;9.75
21.25
18.50
SCD-EST.
8* RÉGION. — SCD
Aude. Castelnaudary,... 23.75 i
— Carcas^onne 24.25
Aveyron. YKoàfï 23.75
Can/a^ Mauriac 23.75
Corrèse. Brive 24,00
Hérault. Montpellier... 23.50
— Béziers
Lot. Cahors
Lozère. Mende
P(/ ré ne'es-Or. Perpignan.
Tarn. .\lbi
rarn-ei-f /arMontauban
Prix moyens
9' RÉGION.
Basses-Alpes. Manosque 24,60 »
Hautes-Alpes. Briànçon. 24.25 is.75
Alpes-Maritimes. yice.. 25.20 19.00
.4rdfc/ie. Privas 26. d5 17.50
B.-du-Rhône. Arles 25.00 »
Drame. Romans 23.00 15.50
Gard. Nîmes 25.00 »
Haute-Loire. Brioude... 24.20 18.00
Vor. St-Masimin 25.00 »
Vaucluse. Orange 24.23 a
Prix moyens 24.71 17.75
Moy. de toute la France 23.73 17.05
— de la semaine précéd. 23.72 17,07
Sur la semainelHausse, o.Ol »
précédente.. (Baisse,.; » 002
20.75
19.50
19.00
20.00
17.00
21.00
19.50
21.00
19.60
13.50
17.50
16.75 17.25
19.50 18.50
» »
17 00 17 50
18.21 18.93
18.64 18 96
18 62 19 00
0.02 »
DES DENRÉES AGRICOLES (9 AOUT 1884;. 237
Blés. — Les offres en blés nouveaux commencent à être assez actives sur un
grand nombre de marchés; les ventes sont assez nombreuses, car ces blés sont
recherchés en raison de leur bonne qualité. Toutefois, les prix sont à peu près les
mêmes que pour les blés vieux, et nous ne pouvons pas signaler de tendance à
leur relèvement ; cela tient surtout à la mévente des farines qui continue presque
partout. Il est assez difllcile de prévoir comment le mouvement se réalisera, mais
il est peu probable que les cours descendent au-dessous des taux actuels. — A la
halle de Paris, le mercredi 6 aoilit. il n'y a eu que peu d'afi'aires; les prix des
blés nouveaux se sont soutenus de 23 à 2k fr. 50 par 100 kilog. suivant les qua-
1 ités ou en moyenne 23 fr. 75, en baisse de 50 centimes depuis huit jours. Au
marché des blés à livrer, on cote : courant du mois, 22 fr. 75 ; septembre, 22 fr. 50
à 22 fr. 75; septembre et octobre, 22 fr. 50 à 22 fr. 75; quatre derniers mois,
22 il. 50 à 22 fr. 7b; quatre mois de novembre, 22 fr. 50 à 22 !r. 75. — Au
Havre, les offres en blés exotiques sont assez régulières ; les blés d'Amérirpie se
vendent aux taux de 22 fr. 50 à -23 fr.; ceux des Indes à 22 fr. — A Marsei'te, il y
a un peu plus d'activité dans les affaires; les arrivages de la semaine ont été de
76,000 quintaux; le stock est de 224,000 quintaux dans les docks. On cote p.ir
100 kilog. : Red-Winter, 23 fr. 50 à 23 fr. 75; Berdianska, 24 fr. 75 à 25 fr. ;
Marianopoh, 24 fr.; Irka-Û lessa, 21 à 21 fr. 50; Pologne, 21 à 21 fr. 50; Boin-
bay, 22 à 22 fr. 25. — A Londres, les affaires sont toujours peu importantes; les
prix se fixent de 23 à 24 fr. 75 par 100 kilog., suivant les qualités et les prove-
nances.
Farines. — Les ventes sont to ij lurs difficiles et les prix sont faibles. Pour les
farines de consommation, on cotait à Paris, le mercredi 6 août : marque de Cor-
beil, 50 fr,; marques de choix, 53 à 52 fr.; bonnes marques, 47 à 48 fr.; sortes
ordinaires, 45 à 46 fr.; le tout par sac de 159 kilog. toile à rendre ou 157 kilog.
net, ce qui comprend aux prix extrêmes de 28 fr. 65 à 33 fr. 10 par 100 kilog.,
ou en moyenne 35 fr. 85, en baisse de 55 centimes sur le prix moyen du mer-
credi précédent. — Four les farines de spéculation, on cotait le mercredi 6 août
au soir : farines neuf-marques, courant du mois, 46 à 46 fr. 25; septembre, 46 à
46 fr. 25 ; S 'ptembre et octobre. 46 fr. 25 ; quatre derniers mois, 46 fr. 50 ;
quatre mois de novembre, 47 fr.; le tout par sac de 159 kilog. toile à rendre ou
157 kilog. net. — ^^Les farines deuxièmes valent de 22 fr. à 25 fr.; les gruaux, de
35 à 40 fr., par 100 kilog.
Seigles. — Il y a moins de fermeté dans les prix On paye à la halle de Paris, de
15 fr. 25 à 16 fr. 2'> par 100 kilog. suivant les sortes. Les farines de seigle
sont cotées de 21 à 24 fr.
Orges. — Les dem-indes sont assez active.s. Les orges sont recherchées aux
cours ai 19 à 20 fr. par 100 kilog. suivant les sortes. Quant aux escourgeons, ils
se vendent aux taux de 18 fr. 50 à 19 fr. 50. Les malts d'orge valent de 32 à
35 fr. ; ceux d'escourgeons, de 31 à 33 fr.
Avoines. — Les offres sont abondantes à la halle de Paris. Les cours se fixent
de 17 à 20 fr. par luO kilog. suivant poids, couleur et qualité.
Maïs. — Peu d'affaires sur ce grain. Les maïs exotiques se vendent, dans les
ports, de 14fr. 50 à 15 fr. par 100 kilog.
Issues. — Il y a plus de fermeté dans les prix. On cote, par 100 kilog., à la
halle de Paris : gros son seul, 15 fr. 50 à 16 fr.; sons gros et moyens, 15 à
15 fr. 25; sons trois case-, 14 à 14 fr. 50; sons fins, 13 fr. 50 à 13 fr. 75; recou-
pettes, 13 fr. 50 à 14 fr.; remoulage bis 15 à 16 fr.; remoulages blancs, 17 à
18 fr.
III. — Fourrages, graines fourragères.
Fourrages. — Les prix sont toujours fermes. On paye, à Pa-is, par 1,000 ki-
log. : foin, 100 à 112 fr.; luzernes, 96 à 108 fr.; sainfoin, 80 à 96 ir.; paille de
blé, 82 à 96 fr.; paille d'avoine, 50 à 60 fr.
Graines fourragères. — Ou ne signale d'affaires importantes que sur les trèfles.
En Enauce, les trèfles incarnats valent de 50 à 54 fr. par iOO kilog. -, les trèfles
tardifs, de 74 à 80 fr.
IV. — Fruits et légumes (rais.
Fruits. — On vend à la halle de Paris : abricots, le kilog.. G' fr. 40 à 1 fr. ;
amandes, le 100, 1 fr. 50 à 2 fr. 25 ; cassis, le kilog., 0 fr. 75 à 0 fr. 90;
cerises communes, le kilog., 0 fr. 80 à 1 fr. 50; figues, le 100, 4 à 15 fr.; fraises,
le panier, 1 fr. 50 à 3 fr. ; framhoises, le kilog., 0 fr. 35 .\ 0 ir 40; groseilles,
le kilog., 0 fr. 35 à 0 fr. 50 ; melons, la pièce, 0 fr 50 à 2 fr. 59; noisetteaj
2r,fi UKVIII'; (iOMMKIlCIAI,!-; KT l'IllN CoDilANT.
In lul(i|,'., 0 l'r. (Ul l'i 0 !V. 71); |ir(;liiiH coiiiiiiiiiinK, In ciiiil,, tll l'r. i\ .')() Ir.; Ir Kilijf^.,
0 Ir. 7(1 à I fr. ao ; iiniicH, lu cciil, !, fr. à '2(1 IV.; I(^ liili'K'., 0 Ir. ys m, 0 Ir. (iO;
ruiHiiiM (•(iiiitniiiiH, II' Kili))^'., I IV. i\ ;i l'i'.
V. — lui». .S>iriiu(ii«,ï. — r/nnif/rff». — Culnii.
Vins, — Li'H iKMivnlIiiH ilini vi^jiihh Hont iixc.i!llniil;nH cdlld sdiniiiiin. Il laul, mpdii-
(ImiiI. Iiiirii i^xi'npliiiM |iniii' rnlIiM ({iii (in<, l'ili* ri'iipiKinM pur Uh vii)liiiilH iii'.'t)<nM do
i;i(M(^ rpii H(^ Hoiil, (l('i',iiiilii('iH liuil (laiiH lu valhiii dii lu jjuird ni, iild Ohor ipin diuiH
li« hiiHMiti ilii HliAiin. Il y II (Ml liii.jMCoiip iln piirlnN locjili'H, in;ii« Ium «iiiisliiiH ii»
tiiiiil p;iH lol'i ([u'iIh piiiMHOiil. oxm'i'.i'r HIll^ ^rniiiln iiilliiniic.n Hiir lu lol.iil du \n pro-
cliaiiin rrcolln. (liilli\-c.i «(w'ii (îni'liiiiininiiiil; ii«hp/. jalonsii, inaJM nlln aura, Irni prolia-
bloindiil. mil' i]iiiililii nMiiaripuilild. ^.tiiiii ipi'il iiii miil, Ins alliiiriiM hihiI itxlAmnnicnt
oaliiiiiN; In (■oiiiiiirn^n un liiil ipan diiM in'liaU mNlriiiiilH ; l(m pvix Honl l'aiMiiH. DaiiK
lu midi, iiii ciiln p:ir linclidi(r« ; ArainDim; iid à aa IV.; peliu Miiiilai.;iiiiH, i!(i i\
2H IV.; MimlM^iin ni liii/i^'iiiiii, .'10 à .li IV.; Nirhoiiiid ni. iiii/.ii.,'ii;iii, 'AU h '.U) iV.;
Narhoiilln ni, (jiPiliinrnH, .IH i\ 'lO IV. A Lyn, In» viiiH nouvnaiix du lln.iiijolaiH
valniil lin !()& i\ Mil) IV. [.i, pinc.o. DaiiH In Nantait, Ion iniiHi'iidnU h(m-,(iiiIimiI iln
7ri A ;)() IV.; Ioh gnis plnuU, do Hh à i)ri Ir.
Spiriliirii.r, — Ma.iillidii dnw noiu'H Hiir Inn iiiarnlinM du mi II, Haii,'<r,liaiii,;ninniiln,
|iiiin li'H uh'.imlw dn vin cl, du iiiirr.. Diiin Iiih (llianiiitnM, Ihh Hau.x-do-vin iiiiiivelldH
v.ilniil (In «(lO lY vitifl IV. riicclolil.rn, A l'arin, (in ciiln IriMH hIx lin Noril '.)() dn^r^^H,
1'" (p;u!il('\ (liHpDiiildn, '»2 Ir. 7J ; i<ntili'inl»ro, 'iS à 't.l IV. M ; ((iialrn dnniinrH moin,
'i.'l IV. 7.'i; i|iiiilrn pri'iiiinrH moi^, 'l'i fr, ^ili A 'l'i Ir. 7ri. Ln hI.ocK ('liiil au Ci ikiiU,
(In l.l.Kr.'i pipnH. cdiilrii 15,0110 nn IftS.'l.
Ilihsin.s xi'fs. — AllairoH prnni|iin iuill(<n. On luitn à (Inlln par 100 liilo},'.:
(liiniillin, ;i() i\ .Wi Fr.; Tliyra, iH à Xi IV.; Saino^, ;)r> i"i :t7 IV.; SanniH IiIdiuIh, U.'J
à ;i'i II.; niiDump, .W à liH fi,: Vijiirla, i28 h ?0 IV.
VI. — SucifK. — ,lfii(fr.«,vri.v. — Ki'ruJp». -■ lloiilihnn.
SlIOVes. — L'W lilTail'nH h.hiI, InuinnrK dilliiiilnH, cl \i\h pris Hoiil Hiiiivnnl on
liaiHHO. Oi) coin par 100 kilof^. : à Paris, Hiicrns lirnU, 88 dnj'rcw, .'iO IV. -2U; loH
09 dogri^H, it:\ IV. fl 43 IV. 15: Hucrn.s hlaïKjM, dl) IV. 25 h k:\[\: 50; —à Vuloii-
l'.iniinnu, Mnrr(m hriilM, ;irj fr.; a Lilln, nucrns l)rni,n, .T4 IV. 7.') i\ 35 IV.. Ln Htook do
l'i-nlrcpi'^l iH'ol (1(<H HucrcH liriiU (Mail, .■V Paris, In 6 aoiM, d(\ P'ri.OOO sacs pour
loH Hiicrns indijçfdins. a,v('c, iinn diininnlioii do .'10,000 sacs dopnis liiiil, jniirs. —
lios sMcros ralllni'is sn oolniil (ln 11'.', il 11.') Ir. par 100 Ivilojî. i\ la consoiiiinalion,
Il caiiNodc i'a('(^riiiss('in(inl (In l'iiiipi^l ; pnur l'oxiinrlalion, ils valciil do 'iSi\5;i IV. 2!».
— Dans les poris, plus dn rnniicU'' sur Ins prix dns siicrns coldiiiaiix.
l'Vi'iilrx. — .VlVairns calinns ni, prix sans cliaiiiïnninnls. On ciiln, h. Paris, .'U IV. ."lO
Al',! l'r. par 100 Kiln^'. iioiir ln,s lÏM'idns prniiiii'ircH du r.'iyoïi ; à (l(iinpi(''(<n(.i, .'11 IV.
pdiir ccll(';i d(\ l'( )isn.
Ilinihlom:. — l;ns vniilcs sur les li'nililniiH d(> la procli.iiiic [■i''C(illc soiil lies rns-
Irninlns. Li\h cours s'('>lal)lis:-innl, dillicilnniiMil ; nn ltiiur;;o;;uc, ils paraissiMil, devoir
vuriur do 350 à (i,00 IV. par 100 Kilo^,'.
VU. — TnurtKitur, — Nuirn. — l!iii)vni.i.
Toiirli'iiur. — Lns cours variniii pnu. On paye A Marseille par 100 kilos;.; lour-
loaux de lin, 18 IV. 5i) ; d'ar.icliides nn C0i|iin, '.) IV. 50; d'arachido'i décoi liipu'cs,
1'+ IV.; si^sanie Idanc du Ijovanl. 13 IV.; coi'olinr, 13 IV. 25; C(d/'i du U.niulti',
11 IV. 75; (i'illell.11, 11 Ir.; (Mloii dlOjiypIi», 12 IV., palniisin naliirel, 10 Ir. 50;
ricin, 7 IV. !)() : ravisoii, 10 IV. 50 ; — A (limbriii, liiurlnaiix de colzi, 1 7 IV.; (ru-il-
liUIn, 13 IV.; (le lin, 20 IV. 75 A '1 IV. 50; do cainnliue, 1(> IV. 50; — au ll.ivro,
huiricaux dn colon d(n',orli(|U(''s ; luanpie 'l'ii. Pillor, 22 IV.
Kwjvim. — Los prix varuml piiii. Ou cdIi^ jiar 100 kilojj;. ; sull'aln d'auiuuuiiaipin,
37 A :W IV.; uilriili) do soudn, 2'» IV. ; poudro d'us, 15 A 17 IV, ; i;uiuu>s dissiuis,
Tll. Pillor. 27 Fr. M A 3'i Fr.; gnaii,. du Pérou (V'alis(' (pranti*,, Th. Pillnr,
38 IV.; pliospho-guauo, 2ii Fr. 50.
VIII, — Miititres iV.«inciiii(',«. — JV,i(i(iis, — Unis.
Milliards ('('.«ùirtiMCV. — .\ Maz'is, l(\s ijenunns noiivollns se veiidiuil '.Î5 IV. la
liarriipui; 1ns (géminés sysU'une llimuns, Ï7 IV. 5'.
Uns. — A li)oull(Mis, les lins do pays valnnl do ('i î IV. 5() à 8i Ir. ;>(> loH
lltO kili,ig,, siiivnnl les i|iiulil(iî4,
/(ois. — liits «lV,iiri's s.iiit asso/. (mîmes. \'\.\\\^ les \'oslji>s, Iim liuis de li>u so
veiidoiil, : cll(^m^, 7 IV. 5() le (|uiirli()r; sapin, 7 Ir. 50; lièlr(\ 13 Fi., pin, 7 Fi-, lo
sliNro ; loi ochahis viilonl do •:!5 A .'U Fr. lo tnillo.
DES DFSNUrCKH AllUIOOIilliK (il AOOT IHH'i). SS9
IX. - i'Mi/\ tl ritrpH i/ran.
Suifs. — Nouvelle l):iinsi! cUiiK l(is |irix. On |)ayi) (l l'.iiiit, 7'.) Ir. |iui' loo Lilo^^'.,
|)()iir liw Huil'n |)iir« ilo l'iil)iil ijii la l)i)iic,liiiiin ; Si) Ir. Vi [loiir cunx mi lininclioM.
duirs II, prdii.r. — Aux voiiloH iiidiikiioIIkh do la hoiiclitM i«, il l'/iii», le. .'Il (uil-
let, 011 (;olait, jiar r>0 kilo^. : f^roN IxiîiiIh, U'i (r. 'i5; iiiiiyoïiH l)(i!uln, 5a Ir. ï'* ;
pelilH IxciifH, 'i7 IV. 02; vuchyH, '»7 IV. H7 (Y ,M IV. 't I ; liiiiii'.iiux, H') IV. ft!) ; fçroH
v(WMtx, 71 II. ii'i ; pclilH vo.'Mix, 8fi Ir. 'i'i. liii pliiparl, iIoh prix Hoiit en bairtHO
X. — ticurri'ii. — (Ku/h. — Kramiiiic».
IJeurrcs. — Il :i. lUiV viirjilu poridunl lu Huinaiiid, !\. la lialln ili! l'iui^, ;i;n',,K'i:t ki-
log. il(! hourriiH. Au di!riiinr uiur(;li(), on voiidail, par kilog. : en (Iruii Kilo^.,
1 IV. r.O h A Ir. i)'r, poUl.s JjiMirroH, 1 IV. :t() lY '2 IV. r./i; (;.,iiriiay, 1 Ir, 70 i\
;j IV. '(0; UlKiiy, l IV. 80 à 0 IV. a't
(Eiif.s. — Du 21) juilliitau 'i aoiM, on a viiridu à la li.-illn de. l'.ir'iM 'i, 'i ',).'), i) ^i) (iiurM.
Au diiiiiier jour, on (;olail par iniUo : choix, lOii à I IJ Ir. ; onlinairurt, 02 à
flO IV.; potilH', 50 A, IH IV.
XI. — Chfvnux. — lliHait, — Vtandf.
('hivaux. — -Aux njarclliin doH.'in iiiillrl, ol '2 .•i.0Ml.,à Parin, on comptait '.t'i> clii!
vanx; Hiir cti noniliri!, .ID.'j ont (>t.o vdndiiH comme il Huit :
ArimnoN. VmiiluH. l'rlx xxLr'Ainnit.
Cliuvaiix il"<'aliiiulia ■li.i Ml 170 à I ,()iO fr.
— .1(1 liuil Ï'i2 Wl Mii) Il I,2.'i0
— Ik.ih (I'Aho 366 Wt «) 4 1 ,070
— h i'iwiciii'ni 3H :m w II ii'.ir.
— (li: l)()iic-.li(!rio Mï H'i UO (i ;i7()
DilUilL — Ijii taliliiaii oiivant ri'ni;iuii lo monvumonl ollluiid du iM;ir'i',l]i'! anx hoH-
liuiix do la Villolto, do jondi juillet .'11 an mardi .^ aofit :
l'olrl* l'rl< il(j kll'iK. (\i\ vliiriiln TinUn tiir
Vfiii'iun rit'tviKi |ilnij iiil iiiiircliii du ,'iiiriiU.
Pour l'uur Kii 'i ((uiirlloni. 1'" V %' l'rli
\nimt:<i. l'nrlB. l'iMlnrlmir. lotiillU. Ull. iiiifil. riuiil. quai. nrioynn.
Iimiit* ',,r.Vi 2,7:i7 i,:;'i:i 'i.omo :;'('i i.r, f.rto i.M i.M
VadicK i,vri woi r.iij 1,'iin 2:11 i.u'i i.wi l.:i'! i.V'i
Tauruiiux Ml ;i|l) M ;i,VZ :iHH l.'iH I , lir, l.V, l.ilH
v.iiiiix :),r,riM 2,oi-,'i itir/ :i,o;i» 7(i i.vo Lmi i.'o i.r.o
Mouion» m.iK'i w,v.ri lo.imo :ii,?7i) m 2.10 1.110 1 vu 1.110
i'ornf({raK :.,i;ki) 7 ,'iKH ;i,:i/i:, .',,n3:i hi l.W) l.'i'i !..')« i.'io
LfH urriva^^'esK diiH inarciiiiH do la Hciriaino no dCioompoMorit commo il Hiiit :
Crtlon-ilii iNonl, 'i7'i ; CrciiMi, I'i; Ijnux-Sèvro», 'Jll ; lidnlcixnc, '21) ; Kuro, ;i!); l'IiilMUirii, 7'i ; liiilrii,
17 ; Loiin, 'IH\ \jo'\rn Inl/ricuiii, 117 ; l.oirol., H; MaimiHl-Loln.', 'IW.\\ lVI(iiii;h''., llUri; lliinlii-Miiriiii,
;i ; IWaycnnn, î)/( ; Mnrliiliiui, 1(1; Nirvre, (llî ; Oriio, U7h\ l'nyil«-H''/rMii, 110; Siirmn ol-l.ol™,
TilO; Siiritin, :iH; Sfiijo-ol-MiiriKi, H ; Viîtiiji'ii, 'iOM ; Vimiin, Vi; lliilic!, 71.
Vur.lif». — Aiilic, Il ; Calvarlon, 'illl); Clciirciilo liil/M'iciire . Wi\ lltiiir, 'i(l ; (Irttn-d'Or, Hl>; Crounri,
7; Kiiri', IH; Kciro-dt-l.tilr, Vr. llliM^i-ViluiiiB . ') ; l.oiri-. I ; Loirc-liittrifriinr, li ; l.oirirl, H; l.ol-
i;t-(;iirinni:, '.I; M;ilt]ii iil l.uir'o, 'J7'i ; Miitichri, IVI); lliuilri-.Miiirii,', I ; Nn'iViii, 'iWi \ Uni», lOV; l'iiy-
ila-Jjftiiie, (i'i ; .Saôim-elU.in!, l.;),') ; Si.'inc, I.S; .S(jliii;-lrill rieuio, 10; .Sooioi:t-Miii ne, \'i; Suoiii-
et-Oi»u, Vil; Viia(i('!«. (il); Viiijui!, 'iD.
Taurmii.i\ — AUmî, 7; Aiilie, I'i; Calv.iiloi, 'lU; flhcr, 1); (lAliwl'Or, K; (Iftlnu-rlu-Nord, Î3 ;
Kiiic, M ; l'.iiro-fi-l.oir, l'i; Fini ,l,i:ri', 7; lllc-i:l,Vil,inji:, :I7 ; Imln: (il. l.oo'i;, I ; l,()lr«-liifi'^ri«iir(i, î;
Ldirol, H; M;iiiii.'-itl-I,riiix', Kl; M«ni;li(!, ';.'); M.iriir', '2; II;miI.m Mium?, 'i; MiiiMc!, I ; Nn-vrf, l'i,
Ornii, 17; Sa/'iiic-ra Loi™, I'i; Sai'lliB, IH; Suiii« InWrioure, 0; Siiliiy-ct-Marriu, !>; Heino-el-
OiBii, I'i ; yoiin«, Ift.
Veauc. — AiilK!, DOO; Colvad'iii, 1 1 ; Cbiiroiilc, 'i'i; (Vjlniwlii-Nonl, Ï7; ICuro, ÏHH : Kuro-
l't-l.oir, :i'il ; Loiret, 278; Mariin, Kil ; Ojsn, /l'i ; l'iiy-dn IX^rtin, 'ilfi; Sttilhn, HIO; Hijltifl InlVirlDiiro,
lii7; .Siiirii!-c.t-Miirriii, |!I6; Hcinr; ct-fJi»n, 'il; Vonno, H'.t.
Miiiitimii. — Altiio, .'ilH; Alliiir, ftllO ; AuIhi, l,'il)7; Avifyroii, 'i(i7 ; (Santal, 'i,70.'i ; Chttranle ;
011; i.JHîr, 'il:!; Corrti/.r! 5118; (;i"ili!-!l'Or, IDK; C.ronKO 2,017 ; l)i;iu S.-vii'ii, l'il ; DoiJukimi, 2(l(i ;
Murv, :iO; ICiirc-irl.l.oir, !li:i ; Iiidri!, :i,:)7l; l.oiri:l, .'I'i; l.ol, 'i!):i ; l,ril-<!l-r,.ironni-, 'liH; Mairio->!t-
l.oii'H, 71; MiiriKi, 2.')7 ; Hiiito-Mani», 270; M<!urili<!-nl, Moitello, 2'tl); Mimne, 'l'i ; Nri^vro, H'iO;
<>i»e, 112; l'uy il()-li('ii(iii, DU , Ssina-iH-MariKi, 1,112; Soiric-ia-Oino, 7l'i; Vienufl, «| ; Huulo-
Vifliitu!, riT ; Vourio, 37H; AllBrriannii, fi,271) ; Uonijrio, ;),'»I2; Hall':, :i7(<; l'nmjte, 1130;
UlJHHll', IjO.'iO.
l'orci. — Ain. ;10; AllU-r, loi; Calvado». .V); CAtttniiU:, 70; riii).ri:nle-]nfM"iirr. 47 1
Clior, 00; Côte d'Or, I2H; Cotci du Nord, 1 12 ; Ouiina, IliM; l)«iix-.SIrvr6», f)i)7 ; IlIr-iil-VilliIno,
ai).'); Indra, JOH: Loiro liilépioiin), 272; Ujir-()l-(;licr, IllH; .Muliio-ot-Loirc. 01)7; Mamlju, 7.1;
Maycnrid, 'lO ; fuy-dr-Ii/inifi, 'i07 ; HaCiric-cl-Loire 72; .Surtijo, 820; Soinu, 77, Sciiiii Inférieure,
72 ; Snin«-rit-01»o, 11) ; VcwU:ii, 1)!)0; Vienne, 00.
LoH a|)()roviHiorin()r(icrilM ont M. un p'U [iIoh lailden pour la pinpiirt doH calij-
(Çori(!H ; IcH prix piéHroilont do la l'orriK^ti; pour U:h div(!rHi!M Morlo,*; il n'y u (|no
Hiir \f.H loontoiiH qu'il y ait à corMlalor do la liaiHHi-, dopoiH huit jouiH. — Sur i(!H
inarchi'.s do» diipaitoinontH, on c6lo ; Ihuen, hnjul', 1 IV. 00 à I IV. UO par kilog. do
240 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT (9 AOUT 1 884)
viande nette sur pied; vache, 1 fr. 55 à 1 fr. 85 ; veau, 1 fr. 30 à I fr. 65 ; mouton,
I fr. 85 à 2 fr. -15 ; porc, 1 fr. 10 à 1 fr. 35. — Dijon, bœuf, 1 fr. 60 à I fr. 70 ;
vache, 1 fr. 20 à 1 fr. 60; veau (poids vif), 0, 90 à I fr. 02; mouton, 1 fr. 50 à
1 fr. 80 ; porc (poids vif), 0 fr. 86 à 1 fr. — Lyon, bœuf, 1 fr. 20 à 1 fr. 60 ; vache,
1 fr. 20 à 1 fr. 60 ; veau, (poids vif), 0 fr. 90 à I fr. 02 : mouton, I fr. 44 à 1 fr. 88 ;
porc (poids vif), 0 fr. 86 à 1 fr. 02. — Bourgoin, bœuf' 56 à 76 fr. par 100 kilog.
brut; vache, 58 fr. à 68 fr.; mouton, f5 fr. à 90 fr.; porc, 84 à 88 fr ; veau, 75
à 85 fr.; — Nice, bœuf, 1 fr. 55 à 1 fr. 60; vache, 1 fr. 35 à 1 fr. 40; veau,
1 fr. 55 à 1 fr. 60; mouton, 1 fr. 55 à 1 fr. 60; brebis, 1 fr. 35 à 1 fr. 40; chè-
vres et boucs, I fr. 15 à 1 fr. 20. — Genève, bœuf, 1 fr. 60 à 1 fr. 70; vache,
1 fr. 20 à 1 fr. 50 ; mouton, 1 fr. 70 à 1 fr. 90 ; veau (poids vif), 0 fr. 76 à 0 fr. 92;
porc, 0 fr. 90 à 0 fr. 95.
jj Viande à la criée. — Il a été vendu à la halle de Paris, du 29 juillet au 4 août :
Prix du kilog. le 29 jaillet.
kilog. 1" quai. 2*qual.ual. 3* q ChoLï. Basse Boucheri e
Bœuf ou vache... 145,469 1.64 à 2.06 1.42 à 1. 62 1.00 à 1.40 1 .60 à 2.80 0.20 à 1.30
Veau 160,466 1.72 2.0i) 1.50 1.70 1.20 1.4S « ■> » >
Moutoa 51,666 1.64 2.00 1.42 1.62 1 .06 1.40 1.60 3.80 » »
Porc 28,233 Porc frais 1.26 à 1.60.
385,834 Soit par jour 55,11 9 kilog.
Les ventes ont été inférieures de 8,000 kilog. par jour à celles de la semaine
précédente. Les pri.x sont fermes pour toutes les sortes.
XII. — Cours de la viande à l'abattoir de la ViUelte du jeudi 7 anât (par 50 kilog.)
Cours de la charcute.rie. — On v'end à la Villette par 50 kilog. : i'^ qualité,
72 à 74 fr.; 2% 64 à 69 fr. Poids vif, 44 à 52 fr.
Bœufs, Veaux. Moutons.
(,. ,^. 3. ,,. j. 3, ,,. j. 3.
quai. quai. quai. qoal. quai. quai. quai. quai. quai.
Ir. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr.
80 74 68 92 86 78 92 85 78
XIII. — Marché aux bestiaux de la Villette du jeudi 7 aoiî( 1884.
Cours des commissionnaires
Poids Cours ofliciels. en besUauz.
Animaux gênerai. 1" T 3' Prix 1" 2* 3' Prix
amenés. Invendus. kil. quai. quai. quai, extrêmes. quai. quai. quai, extrêmes.
Bœufs 2.166 52 348 (.72 1.53 1.32 1.30àl.74 1.70 1.56 1.30 1.28àl 72
Vaches ô.SS 2b 234 1.64 1.43 1 30 1.20 1 68 i .62 1 . 46 I 28 1 . 18 1 66
T.iureaiix... 163 11 336 1 46 1.36 1.24 1.20 1.50 1 44 1.3< 1.22 I 17 1 48
Veaux 1.310 167 70 I 70 1.60 1 50 1.30 1.90 » » » «
Moutons 17.953 901 19 2 08 1 . 88 1 . 76 1 66 2 12 » » » »
Porcs (;ras.. 'i.7sl 37li 81 l.iO 1.34 1 28 1.13 1.46 • » » •
— maigres,, » » »»•»>•»•»»»
Vente assez active sur toutes les espèces.
XIV. — Résutrté.
Pour la plupart des denrées agricoles, les cours sont stationnaires, notamment
pour les céréales, les vins, les produits animaux; il y a Imisse sur les sucres et
sur les suifs. A. Remy.
BULLETIN FINANCIER
Le mouvement ascensionnel des cours a continué durant cette semaine. On cote
les fonds d'Etat français : 3 pour 100, 78 fr. 50; — 3 pour 100 amortissable,
79 fr. 75; — 4 et demi pour 100 ancien, 108 fr. 50; — 4 et demi pour 100 nou-
veau, 107 fr. 50.
Les titres des établissements de crédit varient peu. On paye : Banque de
France, 5,040 fr. ; Banque de Paris et des Pays-Bas, 791 fr. 50; Banque d'es-
compte, 521 fr. 25. Comptoir d'escompte,967 fr. 50; Crédit foncier, 1285 fr.; Crédit
lyonnais, 550 fr., Société des dépôts et comptes courants, 625 fr. ; Société générale,
463 fr. 75; Banque franco-égyptienne, 557 fr. 50.
Fermeté sur les valeurs des Compagnies de chemins de fer. On cote : Est,
768 fr. 75; Pans- Lyon-Méditerranée, 1,228 fr. 75; Midi, 1,130 fr.; Nord,
1,680 fr. ; Orléans, 1,317 fr. 50; Ouest, 832 fr. 50. — Les actions du canal
maritime de Suez se cotent 1,870 fr.; les délégations, à 1,120 fr,
E. Férox.
Le Gérant : A. Bouché.
CHRONIQUE AGRICOLE (le août im).
Travaux de la Commission ch'r^ve do coiitiùler les expériences do M. Pasteur sur la prophylaxie
de la rage. — Késumé des obs^Tvatioiis de la Comniission. — Extrait du rapport de M. Bûuley.
— Nouvelles expériences à entreprendre. — Participation des agriculteurs français à l'Exposition
agricole internaiionale d' .Amsterdam. — Helevé des déclarations faites pour les animaux et pour
le-i produits. — Répartition des animaux par races. — Relevé général du catalogue de l'Expo-
sition. — Nomination des jurés français. — Rapport sur la proposition de M. d'AdIières relative
aux chevaux de trait dans les haras de l'Etat — Nécrologie. — M^rt de M. le biroa Thenard.
— Les mouKms mérinos précoces. — Lettre do M. Comon. — Lettre de M. de H-douville sur
la culture des mélanges de blé. — Le phylloxéra. — Extension du fléau. — Publication de
MM Gastine etilouanon sur le traitement des vignes phylloxérées. —Concours de m li-scnneu-
ses-lieuses en Angleterre. — Publication du quatrième fascicule pour 1884 du BaUeiin du mi-
nistère de VagricuUure. — Expériences faites en Américiue sur l'emploi des engrais de diverse
nature. — Date de l'ouverture de la chaise en 188i. — Examens à l'Ecole pratique d'agriculture
de Rouïba (Algérie.)
•
I. — La prophylaxie de la rage.
Les admirables travaux de JM. Pasteur sur la méthode à adopter pour
mettre les animaux à l'abri de la maladie de la rage, viennent de rece-
voir une éclatante consécration. On se souvient que, après avoir exposé
les résultats de ses ingénieuses recherches (voir le Journal du 24 mai
dernier, tome II de 1884, page 281), M. Pasteur a demandé qu'une
Commission de contrôle fût nommée pour vérifier, par des expériences
directes, les conclusions auxquelles il était arrivé. Celte Commission,
composée de IVIM. Béclard, Paul Bert, Bouley, Tisserand, Villemin
et Vulpian, a commencé ses travaux le 1" juin, et elle en a achevé la
première série. M. Bouley, président de la Commission, en a fait con-
naître les conclusions dans la dernière séance de la Société nationale
d'agriculture, et le Journal officiel du 8 août a publié le rapport qu'il a
adressé au ministre de l'instruction publique. Les expériences ont
porté sur 42 chiens, dont 23 présentés par M. Pasteur comme réfrac-
taires- à la rage par suite de l'inoculation qu'il leur avait fait subir,
et 1 9 témoins n'ayant subi aucune inoculation préventive. Voici, d'après
le rapport de la Commission, la série des opérations auxquelles elle
s'est livrée, et les résultats qu'elle a obtenus :
« l" Les l''"' et 6 juin, ont été inoculés par trépanation et avec un virus de
chien à rage des rues : 10 chiens, dont 5 vaccinés contre la rage et 5 témoins pris
à la fourrière ;
« 2" Les 3, 4, 10, 17 et 28 juin, on a fait mordre par des chiens enragés de
rage dite spontanée des rues 12 chiens, dont 6 vaccinés contre la rage et
6 témoins.
« 3° On a inoculé par injection intraveineuse, le 19 juin, 6 chiens avec le virus
de rage des rues; le 20, 12 chiens avec un virus très virulent sortant du bulbe
d'un lapin de quarante-sixième passage, c'est-à-dire ayant passé successivement
dans une série de 46 lapins. M. Pasteur a démontré expérimentalement, devant la
Commission, que ce virus donne la rage aux lapins en 7 ou 8 jours, et aux chiens
en 8 ou 10 jours, quand on applique la méthode de trépanation. Enfin, le 26 juin,
on a encore inoculé 2 uhiens avec le virus d'un témoin mort après inoculation.
« Les résultats constatés par la Commission justju'à ce jour se décomposent
ainsi qu'il suit :
« Les 19 tétuoins ont présenté 3 cas de rage sur 6, à la suite des morsures par
chiens enragés; — 6 cas de rage sur 8 à la suite des inoculations intraveineuses;
— enfin 5 cas de rage sur 5 à la suite des inoculations par trépanation.
« Les 23 vaccinés, au contraire, n'ont pas olTeit un seul cas de rage.
« Cependant, au cours des expériences, un réfractaire inoculé par trépanation,
le 6 juin, est mort le 13 juillet, à la suite d'une diarrliée avec évacuations noires,
qui s'est manifestée chez lui, dans les premiers jours de juillet, dans l'infirmerie
de M. Bourrel. Afin de voir si ce cl.ien a pu mourir de rage, on a inoculé son
bulbe, le 13 juillet, à trois lapins et à un cobaye. Aujourd'hui, 4 aoiit, ces sujets
N° 801. — Tome III de 188'*. — l(i Août.
2.';2 r.HUONiiJUK AC.iaC.UI.K (16 A(JUT IHh'iii
sont encore très bien portants, et cependant ils ont dépassé le terme habituel oii •
la rage npparait chez les animaux de leur espèce , après l'inoculation intracrâ-
nienne. Ils sont tenus en observation suivie. »
Les résultats de ces expériences sont absolument décisifs ; toutes les
affirmations de M. Pasteur ont reçu une confirmation complète. Il
n'était personne qui pût douter de ces affirmations; mais il était bon,
il était utile qu'une haute sanction vînt fermer la bouche aux détrac-
teurs d'une des plus pures gloires de la science française. « La science,
entre ses mains, dit avec raison notre éminent confrère 3L Bouley, a
résolu le problème de rendre le chien réfractaire à la rage par une
inoculation préventive du virus atténué de cette maladie, comme elle
avait réussi, par une méthode identique, à investir l'organisme du
mouton d'une complète immunité contre les atteintes du charbon.
Tous les chiens que M. Pasteur nous a déclarés réfractaires, de par
l'immunité qu'il leur avait conférée, ont résisté aux épreuves d'inocu-
lation qui leur ont été faites avec les virus les plus forts et par les pro-
cédés reconnus les plus sûrs, tandis que la plupart des chiens qui
leur servaient de témoins, c'est à-dire qui ont été soumis aux mêmes
épreuves sans avoir été prémunis contre leurs effets par une inocula-
tion préventive, n'ont pu les supporter et ont péri par la rage. »
C'est là un grand triomphe ; la solution acquise aujourd'hui est
d'une haute importance pour l'agriculture. Elle permettra de mettre
les chiens de service, chiens de bouvier, de berger, de garde, de
chasse, à l'abri de la rage ; elle les empêchera de servir de propaga-
teurs pour la terrible maladie. Mais la Commission, d'accord avec
M. Pasteur, ne considère pas sa tâche comme achevée. 11 lui reste à vac-
ciner elle-même le plus grand nombre de chiens possible, et d'autres
animaux aussi, et à se livrer à des expériences variées pour vérifier la
durée de l'immunité résultant de cette opération; il lui reste aussi à
s'occuper de la prophylaxie de la rage chez des chiens mordus, c'est-à-
dire à rechercher si, après une morsure d'un animal enragé, l'action
préventive de rinoculalio« avec le virus attéaué, pendant la durée de
l'incubation de la maladie, peut empêcher le virus de la morsure de
déterminer la rage. Ce dernier problème est d'une importance capitale
pour l'homme. Mais il faut du temps pour résoudre ces questions.
Nous attendrons patiemment et avec confiance ; M. Pasteur nous a
habitués à de tels triomphes qu'on peut prévoir presque à coup sur
qu'un problème abordé par son génie est un problème résolu.
II. — L'Exposition internationale agricole d'A msterdam.
Nos lecteurs savent que l'Exposition internationale agricole d'Ams-
terdam s'ouvrira le 25 août prochain; voici les renseignements que
nous avons recueillis sur cette solennité. La France, l'Angleterre, l'Al-
lemagne, le Danemark, la Belgique, la Suisse, la Russie et l'Autriche-
Hongrie se sont engagés à y prendre part. L'Exposition prendra fin le
6 septembre; elle sera remplacée, jusqu'au 9, par une exhibition géné-
rale et internationale d'animaux de basse-cour.
Le gouvernement a voulu que les Français fussent à même de pré-
senter à Amsterdam leurs animaux, leurs instruments et leurs pro-
duits, afin de se créer des débouchés nouveaux. Le marché hollandais
est accaparé presque exclusivement par le commerce et les fabricants
anglais; nos constructeurs et nos éleveurs vont donc se trouver aux
CHRONIQUE AGRICOLE (16 AOUT 1884). 243
prises avec des imliistriels et des agriculteurs qui ont déjà couquis
une position. C'est à eux, en présentant des animaux de tèle, des
machines de bonne construction, à conquérir cette situation. Un crédit
de 80,000 francs a été mis à la disposition du ministre de l'ajjricul-
ture pour faciliter la participation des agriculteurs français à l'Expo-
sition d'Amsterdam. Une commission d'organisation a été nommée;
elle a choisi dans son sein un comité d'admission qui s'est mis
imméd'atement à l'œuvre; les résultats qu'il a obtenus, vu le court
délai dont il disposait, sont tout à fait inattendus, car iG9 exposants
ont répondu à son appel
Les animaux français exposés seront au nombre de 362, savoir :
Mâles. Femelles. Totaux.
Seclion I. — Espèce chevaline 18 7 2â
11. — Espèce bovine 4.'> 100 145
III. — Espèce ovine 'M 16 56
IV. — Espèce porcine 9 13 tj"2
XI. — Auimaux de basse-cour, (72 lots de volailles, 42 laplnsj. 114
Total 36'2
Quant aux autres sections, les exposants y sont répartis de la façon
suivante : Section V, beurres et fromages, 35 exposants ; VI, machines
et instruments agricoles, 15; Vil, enseignement agricole, 30; VIII,
miels et cires^ 4; IX, protection des animaux, 2; X, produits agri-
coles, 41 ,
Répartis par races, dans chacune des espèces, les animaux se
décomposent comme il suit :
Mâles. Femelles. Tolaax.
{ Race boulonnaise 6 17
EsDèce chevaline ' ~ percheronne 2 3 5
Lspece cnevaiine. , _ aaglo-normaude 4 2 6
^ Races diverses 5 2 7
Race normande 13 42 55
— Ilamande y 25 34
— bretonne 2 21 23
— cbarolaise 2 I 3
— limousine 7 » 7
Espèce bovine... I — vendéenne 2 » 2
— mancelle 1 j> 1
— hollandaise 2 2 4
— durbam 112
— schwitz 2 13
Croisements 4 7 11
( Race dishley 10 6 16
Espèce ovine.... J — mérinos 10 18 34
( Races diverses -4 2 6
1 Races anglaises 4 8 12
Espèce porcine.. ! — françaises 2 -3 â
( Croisements 3 2 5
Dans les autres sections, un certain nombre de Comices ou d'asso-
ciations ont organisé des expositions collectives. Ce sont : la Société
d'agriculture de Bayeux (Calvados) qui a organisé une exposition
collective de beurres ; les instituteurs du Nord, pour la section de
l'enseignement agricole; la Société d'agriculture de la Somme, pour
les miels et les cires ; le Comice agricole de Chàteau-Gontie (Maiienne)
et la Société des agriculteurs du Nord, pour les produit-! agricoles.
Dans cette dernière section, les maisons Vilmorin-.4.ndrieux et Forgeot
présentent leurs superbes collections.
On jugera de la grande importance de l'Exposition d'Amsterdam
par le relevé suivant des déclarations faites tant par les exposants
hollandais que parles étrangers pour les diverses parties de l 'exposition :
244 CHRONIQUE AGRICOLE (16 AOUT 1884).
Néerlandais. Etrangers. Totaux.
Chevaux 20S '249 4&7
Bovins 901 190 1,091
Ovins 90 219 319
Porcins 15 110 125
Total des ani maux 1 , 992
Beurres, fromages, laits 625 numéros.
Machines et instruments agricoles 1,147
Enseignement agricole 185
Miels et cires I l(i
l'roleotion des animaux 27
Produits agricoles. 206
Aviculture (volailles et instruments) 214
Produits non prévus au programme 103
Total 2,593 numéros.
Le Journal officiel du 13 août publie l'arrêté du ministre de l'agri-
culture, en date du 12 août, par lequel ont été nommés membres du jury
de l'Exposition d'Amsterdam :
MM. Récipon, député, président de la Société nationale d'encouragement à
l'agriculture, président du comité d'admission à ladite exposition. — Hervé M,\!>i-
GON, député, membre du conseil supérieur de l'agriculturd et de la Société natio-
nale d'agriculture. — Hïtnry, dépitté, membre du conseil supérieur d'agriculture.
— AuMûNT (Paul), éleveur à Chantilly (Oise). — B.\rh.\L, secrétaire perpétuel de
la Société nationale d'agriculture, membre du conseil supérieur d'agriculture. —
BiGNON, membre du conseil supérieur de l'agriculture, agriculteur à Tlieneuille
(.allier). — Bduffet, secrétaire général delà préfecture du Nord à Lille. — • Bou-
TET père, membre du comité consultatif des épizooties, vétérinaire et miire de
Chartres (Eure-et-Loir). — Cûurboy (.\!lix), agriculteur à Siinte-Mère-Eglise
(Manche) — Cossigny, directeur du dépôt d'étalons de Compiègne (Oise) —
ilESPREZ, agriculteur à Cippelle (Nord). — DuBA^i, vice-président de la
société des agriculteurs du Nord, à Lille. — Portier, président de la société
d'agriculture de la Seine-Inférieure à Rouen. — Gatellier, président de la Société
d'agriculture de Meaux. — (jeofi<'roy Saint-Hilaire, directeur du jardin
d'acclimatation, à Paris. — Grollier, inspecteur général du service des prisons,
agriculteur à la Motte-Grollier (Mame-et-Loire). — Humebelle, agriculteur à la
Bridja (Algérie). — de Lagorsse, secrétaire général de la Société nationale d'en-
couiagcment à l'agriculture, à Paris. — Lavalard, membre du conseil supérieur
de l'agriculture, directeur de la cavalerie et des fourrages de la Compagnie géné-
rale des omnibus, à Paris. — Laverrière, publiciste agricole, à Paris. — LECOtJ-
TEUx, membre du conseil supérieur de l'agriculture, professeur à l'institut natio-
nal agronomique, à Paris. — Lemoine, agriculteur à Crosne (Seine-et-Oise). —
MoREAU, négociant à Paris. — Morière, doyen de la faculté des sciences de
Gaen (Calvados), — Muret, agriculteur à Noyen-sur-Seine (Seine-et-Marne),
membre de la société nationale d'agriculture. — Noblet, éleveur à Chàteaurenard
(Loiret). — Nouette-Delorme, membre du conseil supérieur de l'agriculture et
de la société nationale, agriculteur-éleveur à Ouzouer-des-Champs (Loiret). —
Petit, agriculteur à Champagne (Seine-et-Oise). — Piiilippar, directeur de
l'école nationale d'agriculture de Grignon (Seine-et-Oise). — Rasset, président du
comice agricole de Neufchatel (Seine-Inférieure). — Ricart, agriculteur à Sorgues
("Vaucluse). — Teisserenc de Bopt (Edmond), agriculteur à Saint Priest-Taurion
(Haute-Vienne).
Les opérations du Jury commenceront le lundi 25 août courant à
10 heures du malin.
III. — Les chcraux di trail dans les haras de l'Etal.
On sait que M. d'Aillières et un grand nombre de députés ont pré-
senté à la Chambre une proposition de loi ayant pour objet de faire
prendre des mesures pour sauvegarder les intérêts de l'élevage des
races chevalines de trait, en auomentant notamment le nombre des
étalons de trait dans les haras de l'Etat. Le rapport sur cette propo-
sition vient d'être prélenté à la Cbambre; nous aurons l'occasion d'y
revenir.
CHRONIQUE AGRICOLE (16 AOUT 1884}. 245
IV. — Nécrologie.
C'est avec une profonde douleur que nous apprenons la mort de
M. le baron Paul Tlieoard, décédé le 0 août, dans son cliàteau de Tal-
inay (Cùte-d'Or), à l'âge de G'i ans. Fils de l'illustre chiuiiste dont le
nom restera immortel, M. Paul Thenard s'est spécialement livré à des
travaux d'agronomie. Grand propriétaire dans les départements de la
Côte-d'Or et de Saône et-Loire, il s'est adonné avec passion à l'amélio-
ralion de ses domaines; il a fait des recherclies intéressantes sur le fu-
mier de ferme et les transformations qu'il subit; c'est lui qui, le pre-
mier, a indiqué l'emploi du sulfure de carbone contre le phylloxéra, il
était d'ailleurs rempli d'ardeur, et on le trouvait toujours prêt à
donner un concours empressé à toutes les entreprises agricoles utiles.
Il avait été élu en 1 864 membre de l'Académie des sciences dans la
section d'économie rurale, et en 1881 membre associé de la Société
nationale d'agriculture dans la section hors cadre. Sa mort cause un
deuil cruel à tous les amis de l'agriculture.
V. — Les moutons mérinos précoces.
A l'occasion de la note de M. Laczczynski, insérée dans notre
numéro du 2 août (page 169), M. Comon, professeur départemental
d'agriculture du Pas-de-Calais, nous adresse la lettre suivante :
" Arras, le 8 aoûl 1,S84.
« Monsieur le rédacteur en chef, je trouve dans le numéro du Journal de l'Agri-
culture du 2 août, un article de M. le D'Ladislas Laczczynski, intitulé : « Les méri-
nos au concours de Saint-Onaer. »
« Votre honorable correspondant relève avec beaucoup de raison une erreur
bien involontaire (pi s'est produite dans le compte rendu de ce concours.
« Les trois sections qui composaieot la 1" catégorie de l'espèce ovine au con-
cours de Sainl-Omer étaient réservées aux races mérinos et métis mérinos, qui
concouraient ensemble. Si j'ai écrit métis mérinos seulement, c'est par erreur,
je le reconnais volontiers.
« D'ailleurs, tout le monde sait que MM. Duclert, Delizy, Camus, Viéville,
que je citais, sont producteurs de mérinos purs, et qu'ils n'avaient pas exposé de
métis; M. Hiacelia seul avait amené des métis mérinos.
Il Veuillez, monsieur le rédacteur en chef, avoir la bonté de faire insérer cette
rectification dans votre plus prochain numéro, et agréez, etc.
« L. Comon. »
Nous n'ajouterons qu'un mot. La race mérinos présente, dans
toutes les parties de la France, une assez grande importance pour
qu'une catégorie lui soit spécialement réservée dans les programmes
des concours régionaux, et qu'on en élimine les métis-mérinos. Nous
ne comprenons pas pourquoi on ne suit pas, pour les races ovines,
la règle adoptée pour les races bovines, d'après laquelle les animaux
de race pure sont seuls admis dans les catégories créées pour les races
bien déterminées. Ainsi que M. Laczczynski le faisait observer, il y a
là une question capitale pour le commerce de nos reproducteurs de
race mérinos, surtout des variétés précoces formées notamment dans
le Soissonnais et dans le Cbâtillonnais.
VL — Culture des mélanges des blés.
A l'occasion de quelques observations présentées récemment à la
Société nationale d'agriculture, M. le vicomte de Hédouville, président
de la Société d'agriculture de Wassy (Haute-Marne), nous adresse la
lettre suivante :
« Monsieur le Secrétaire perpétuel, je lis tlans le compte rendu de la séance
246 CHRONIQUE AGRICOLE (16 AOUT 1884).
de la Société nationale d'agriculture du 30 juillet ceci : " A. cette occasion,
w M. Tisserand signale la pratiiiue adoptée par ^I. Raimond, qui sème un mé-
.. iant^e de trois variétés de blés ; blé bleu, blé de Bordeaux et blé chiddam. et
.( qui obtient des rendements beaucoup plus élevés qu'en semant ces variétés
I isolément. M. Tisserand pense qu'il y a là une indicatioa utile pour les culti-
« valeurs. »
« Ces mélanges de l)lé sont très communs dans le pays que j'habite. Il y a
vingt ans, me disait hier M. Ch. Gallois, chevalier du Mérite agricole, grand cul-
tiva'teur à Eclaron, que je pratique le mélange des blés ; aussitôt que j'ai acquis
par expérience, c'est-à-dire après l'avoir semée deux ans,, qu'une variété de blé est
bonne et promet un boa readement, je la sèm;3 en mélange avec d'autres blés,
notamment avec le blé bleu ; je me suis toujours bien trouvé de celle manière
de procéder. Beaucoup de nos collègues pensent comme moi.
|^-^« Recevez, etc. Tte Gh. DE Hédouville. »
Les faits sigaalés dans cette lettre confirment les réflexions présen-
tées par M. Tisserand devant la Société nationale d'agricultiire. Ea
mélangeant des semences de plusieurs variétés, on peut obtenir, d'une
manière .générale, des rendements plus élevés que parla culture d'une
seule variété.
YII. — Le. phijUoxera.
L'extension des ravages du phylloxéra dans un grand nombre de
départements où les taches étaient jusqu'ici peu nombreuses, est un
fait malheureusement trop certain. L'année 1884 comptera parmi celles
dont les viticulteurs garderont, sous ce rapport, un douloureux sou-
venir. Mais, d'autre part, la lutte contre le fléau est aujourd'hui orga-
nisée ; elle se poursuit avec ardeur dans un grand nombre de régions.
Aux a~socialions syndicales, aux vignerons qui traitent leurs vignes
par le sulfure de carbone, nous devons signaler un guide excellent
qui vient d'être publié. Sous le titre : Trailone'tt des vigws phijUoxé-
ree.t, emploi du sulfure de carbone\ MJL G. Gastirieet Georges Couanon,
délègues ré:.;ionaux du ministère de l'agriculturô, ont réuni tous les
renseiiiuemeuts et les documents qui peuvent être utiles aux viticul-
teurs. Cet ouvrage, sur lequel le Journal reviendra, est divisé en cinq
parties : notice biologique sur le phjdloxera de la vigne, méthodes in-
secticides et culture de la vigne en pays phylloxéré, moyens d'appli-
cation du sulfure de carbone, étude sur la diiîusion du sulfure, et
enfin documents législatifs et administratifs sur la lutte contre le
fléau. C'est un ouvrage très bien fait, que nous recommandons spé-
cialement aux intéressés.
"VIII. — Concours de moissonneuses-lieuses en Angleterre.
A la suite du grand concours annuel de la Société roj'ale d'agricul-
tare d'Angleterre, tenu à Shrewsbury, au mois de juillet dernier, des
essais de moissonneuses-lieuses et de lieuses de gerbes ont été organi-
sés. Ces essais ont 'jommencè le G août, sur la ferme de M. Edmund
Havvkins, à Dinthill, à quelques kilomètres de Shrewsbury; ils ont eu
lieu successivement sur des champs d'avoine, de blé et d'orge.
2! machines ont été inscrites pour ces essais, chaque constructeur
déposant à l'avance une somme de 625 francs comme garantie de sa
présence au concours. Ces 21 machines se répartissent comme il suit :
18 moissonneuses liant la gerbe et 3 lieuses indépendantes; les
machines liant avec toute autre substance que le fil de fer étaient
d'ailleiu's seules admises aux essais. Les constructeurs anglais etamé-
1. lin volume in-S de 2S0 pages, avec figures. —Chez G. Masson, 120. boulevard Saint-
Germain, à Paris. — Priï : 5 fr.
CHRONIQUE AGRICOLE (16 AOUT 1884). 247
ricains se sont donné rendez-vous à ce tournoi : on y remarquait les
machines des systèmes Howard, Johnston, Mac-Cormick, Saniuelson,
llornsby, WalterA. Wood, King, etc. Par suite de quelques abstentions,
1 G moissonneuses-lieuses ont pris part aux essais : lU de construction
anglaise et 6 de construction américaine. Un très beau temps a favo^
risé les opérations de ce concours. Trois jours ont été consacrés aux
épreuves dans des champs d'avoine, de blé et d'orge ; des essais dyna-
mométriques ont eu lieu ensuite sous la direction du Jury. Nous ferons
connaître les résultats du concours. Pour les moissonneuses-lieuses,
2 prix pourront être décernés : un premier prix de 2,500 francs, et
un deuxième prix de 1 ,250 francs ; pour les lieuses indépendantes,
il n'y aura qu'un prix, de la valeur de 625 francs.
IX. — Bulletin du minislcre de l'agriculture.
Le quatrième fascicule pour 1 884 du Bulletin du minislbre de Vagricul-
lurc a. paru récemment. 11 renferme plusieurs travaux importants que
nous devons signaler. Après les documents ofliciels sur les concours
régionaux de cette année, on y trouve des rapports de M. Maillot sur
la production séricicole de la France en 1882 et 1883; de 31. Gauthier,
vice-président de la Société d'agriculture du Doubs, sur les froma-
geries-écoles de ce département; des rapports consulaires sur les
récoltes de 1883 en Italie, en Prusse, en Wurtemberg, en Pologne,
en Courlande, au Canada, et sur l'état de la sériciculture au Japon, en
Chine, à Bombay, au Bengale, en Syrie, en Asie Mineure, à Chypre,
en Crète, en Roumélie, en Bosnie, dans la province de Salonique, en
Autriche, aux Etats-Unis; des notes de M. Grosjean, inspecteur de
l'enseignement agricole, sur le poisson-chat et sur l'appareil à éclosion
pour poissons de M. le colonel Mac-Donald; un rapport de M. Lézé,
profeseurà l'Ecole nationale d'agriculture deGrignon, sur les progrès
récents de l'industrie laitière en Danemark et en Hollande; un
rapport de M. Sauvage, directeur de la station agricole de Boulogne-
sur-Mer, sur l'exposition piscicole de Londres. Ou voit que les docu-
ments contenus dans ce fascicule sout nombreux et touchent à
plusieurs questions d'une haute importance.
X. — Expériences sur l'emploi des engrais azotés.
Tout le monde sait aujourd'hui que l'action des engrais sur les plan-
tes cultivées varie suivant la nature des sols, la composition de ces en-
grais, les quantités employées, etc. Mais on a des renseignements
moins certains relativement à l'action spéciale de certains engrais sur
des cultures différentes, quoique de nombreuses expériences aient été
faites sur ce sujet. Des essais de ce genre ont été poursuivis récemment
aux États-Unis d'Amérique dans un grand nombre de localités, sur les
mêmes plantes et dans des circonstances variées. M. Atwater a résumé
les résulliits de ces expériences relativement à l'influence des engrais
azotés ou non azotes; il a réuni et coordonné les rendements
obtenus dans 145 essais après avoir éliminé tous ceux qui avaient
souffert des accidents auxquels sont sujettes les entreprises agri-
coles. Dans ces essais on a étudié comparativement l'action des en-
grais minéraux, formés par un mélange de superphosphate et de chlo-
rure de potassium, et des engrais azotés, renfermant l'azote sous forme
nitrique, ammoniacale ou organique. Ces engrais ont été employés soit
248 CHRONIQUE AGRICOLE (16 AOUT 1884).
isolés, soit en mélange. Dans quelques cas les expériences ont été ré-
pétées pendant plusieurs années consécutives avec les mêmes engrais,
sur les mêmes parcelles; clans d'autres cas, elles n'ont été poursuivies
que pendant une ou deux années. Les plantes soumises aux essais ont
été le maïs, la pomme de terre, l'avoine. Voici comment M. Alwater
en résume les résultats: le maïs semble s'accommoder largement des
engrais minéraux et faiblement de l'azote des engrais; la pomme de
terre a été sensible ù chacun des agents fertilisants, au superphospha-
tes, aux sels de potasse et aux engrais azotés, mais elle n'adonné que
des récoltes très modérées avec les engrais minéraux, tandis qu'elle a
répondu très largement à l'azote des engrais; l'avoine a été encore plus
sensible dans un petit nombre d'expériences, que la pomme de terre
au défaut d'azote, et a mieux profité de l'azote des engrais. Ces expé.
riences démontrent, une fois de plus, l'importance des engrais azotés^
XI. — La chasse en 1884.
Les dates de l'ouverture de la chasse dans les divers départements
ont été fixées comme il suit :
1" zone. — Ouverture le 24 août : Allier, Alpes (Basses-), Alpes (Hautes-). Alpes-
Maritimes, Ariège, Aude, Aveyron, Bouches-du-Rliône, Giatal, Charente-Infé-
rieure, Gorrèze, Dordogne, Drôme, Gard, Haute-Garonne, Gers, Gironde,
Hérault, Landes, Lot, Lot-et-Garonue, Lozère, Puy-de-Dôme, Basses et
Hautes-Pyrénées, Pyrénées-Orientales, Savoie, Tarn-et-Garoane, Var et Vau-
cluse.
2' zone. — Ouverture le 31 août : Ain, Aisne ArJèche, Ardennes, Aube, Cha-
rente, Cher, Cûte-d'Or, Creuse, Doubs, Eure, Eure-et-Loir, 'ndre, Indre-et-Loire,
Isère, Jura, Liir-et-Clisr, Loire, Loire (Haute-), Loiret, Maine-et-Loire, Marne,
Marne (Haute-), Meurthe-et-Moselle, Meuse, Nièvre, Oise, territoire de Belfort,
Rhône, Saône-et-Loire, Sarthe, Seine-Inférieure, Seiue-et-Marns, Seine-et-Oi-e,
Deux-Sèvres, Vendée, Vienne, Vosges, Yonne, Haute-Vienne.
3' zone. — Ouverture le 7 septembre : Côtes-du-Nord, Finistère, Ille-et-Vilaine,
Loire-Inlérieure, Manche, Mayenne, Morbihan, Nord, Pas-de-Calais, Somme.
Dans le département de la Seine, l'ouverture aura lieu comme dans la
deuxième zone le 31 août. En Corse, la date d'ouverture est fixée au
19 août.
XII. — Ecole pratique d'agriculture de Rouïba.
La rentrée des élèves à l'école pratique d'agriculture de Rouïba
(Algérie), dirigée par M. Decaillet, est fixée, pour les élèves de 2' année
d'études, au 1" septembre prochain; et pour les élèves de \" année
au dimanche 14 du même mois. Les examens d'admission et le con-
cours pour les bourses auront lieu à Alger, dans une des salles de
la Préfecture, le 5 septembre, à neuf heures du matin.
Voici le résultat des examens de fin d'année. Le comité de surveil-
lance et de perfectionnement a accordé le certificat d'études aux élèves
dont le classement est déterminé de la manière suivante :
1. Trémoulet, de Paris. — 2. Bergon, de Tipaza (Algérie). — 3. Tharaud, de
Mustapha (Algérie). — 4. Decaillet limy, de Rouïba (Algéi'ie) . — S.Desclaux, de
Maubourguet (Hautes Pyrénées). — 6. Decaillet Nias, de Rouïba (Algérie). —
7. Michel, de (jé:nénos (Bches du Rhône). — 8. Pharaoz, de Paris. — 9 Peilizari,
de Bir-Touta (Algérie). — 10 Manent, de Sidi- Moussa. — 11 Barreyre, d'Alger.
Le Comité a proposé ensuite à M. le Ministre de l'Agriculture d'ac-
corder à l'élève ïrémoulet, une médaille d argent et à chacun des élevés
Bergon et Tharaud une médaille, de bronze.
J.-A. Barral.
LES PlUX GULTUKAUX DANS LA HAUTK-LOIHE. 249
CONCOURS DES PRIX GULTURAUX ET D'IRRIGATION
DANS LA HAUÏE-LOIRE '.
Le département de la Haute-Loire se compose des deux liautes vallées de la
Loire et de l'Allier, qui rappellent à la fois la fertilité de la Limagae et les escar-
pements de la Haute-Auvergne.
La richesse de la plaine de Brioude, le merveilleux spectacle de la ville du Puy,
les belles iorèts de l'arnindissemeat d'Yssiniieaux avaient frappé d'admiration
Arthur Youiig qui résume ainsi son impression :
« La nature, jiour enfanter ce pays t^l q'ie nous le voyons, a procédé par des
moyens diliiciles à retrouver aulre part, (J'est comme une image de l'Océan furieux.
Les montagnes s'entasseut dans une variété infinie, non pas soinljres et désolées
comme dans d'autres contrées, mais couvertes de cultures jusqu'au sommet. I)e
beaux vallons réjouissent l'œil de leur verdure et, aux environs du Puy, le tableau
se coaiplète par l'apparition des roches les plus extraordinaires que l'on puisse
voir nulle part. »
Depuis c|ue le voyageur anglais visitait le Velay, près d'un siècle s'est écoulé;
des hommes de cœur et d'mitiative, des associations agricoles remplies de zèle et
de dévouement ont fait faire à l'agriculture de grands progrès. La tableau n'en
est pas moins exact et je n'y ajouterai qu'un trait, c'est que de nombreuses plan-
tations de vignes et d'arbres fruitiers forment aujourd'hui, autour de la ville, une
ceinture gracieuse qui fait un heureux contraste avec son aspect imposant et
sévère.
Mais je n'ai garde d'oublier que des considérations ginérales plus étendues
sur votre pays ne seraient pas ici à leur place et je me hàie d'aborJer mon sujet,
l'exposé des travaux divers des candidats qui se sont fait inscrire pour disputer
les prix culturaux et les prix d'irrigation.
En retour de la bienveillante attention que j'ai l'honneur de vous demander, je
prends l'engagement de ne vous donner que les détails indispensables pour jus-
tifier les décisions du jury.
Le concours spécial d'irrigation, sans être dépourvu d'intérêt, n'a pas eu toute
l'importance à laquelle on était en droit de s'attendre dans un pays sillonné par
de nombreux cours d'eau. Six propriétaires seulement y ont pris part : AIM. Bal'iie,
Gagne frères et Ghaussende dans la première catégorie ; M.\l. Barlet, Pélissier et
Valla dans la seconde.
Le rapport spécial adressé à M. le ministre de l'agriculture contient le compte
rendu détaillé de leurs travaux; mais je me bornerai ici à vous signaler la créa-
tion de 12 hectares de pâturages temporaires d'excellente nature, par M. Baffîe,
sur sa propriété d'Aboulin et la transformation d'un véritable marais en une
prairie de bonne nature, accomplie par AI. Barlet, à Thoras, au moyen de son
travail personnel et de celui de ses enfants. Ces travaux ont valu à M. Baffie
le deuxième prix de la deuxième catégorie et à M. Barlet le premier prix de la
seconde.
Cinq agriculteurs, sans présenter à l'appréciation du jury l'ensemble de leurs
exploitations, ont brigué des récompenses spéciales. Ce sont MAL de Mars, Vi-
dal, Sabaiier, Pages et Charbonnier frères.
M. Pages est irrigateur de profession. Il possède à Ussel un petit pré de
75 ares, sur lequel il a appliqué avec succès ôes connaissances spéciales. La sur-
face en est inclinée et réguliôie; la partie supérieure, bordée de beaux arbres
qu'il a plantés, est arrosée par les eaux pluviales découlant du chemin qui la do-
mine, et une dérivation établie à peu de frais sur le ruisseau du Gros-Pouget sert
à irriguer la partie inférieure.
Pas une goutte d'eau n'est perdue et l'eau ne séjourne nulle part; aussi
la compositiiin de l'herbe est-elle excellente et la prairie présente-t-elle l'aspect
le jilus satisfaisant.
Le jury saisit avec empres'iement l'occasion de signaler l'œuvre du journalier-
propriétaire et attribue à .M. Pages une médaille d'or pour création et; irrigation
d'une prairie parfaitement nivelée.
Le petit domaine de la Freydeyre est à 2 kilomètres du Monastier. Il ne com-
L Rapport lu à la distribLiliûii des récompenses (lu concours légioiial iln l'uy, te îijuin 1S84,
au nom de la Commission de visite des fermes dans le département de la Haule-Loiro.
2b0 LES PRIX GULTURAUX DANS LA HAUTE-LOIRE.
prenait guèreque des terres vaines et des friches couvertes de nombreuses roches,
lorsqu'il devint la propriété de M. Sabatier, il y a quatre ans. Depuis cette époque
le sol a été profondément défoncé et assez bien nivelé ; des sources ont été cap
tées et conduites sur une prairie de 4 hectares de récente création. Ce sont 1 à
déjà des améliorations sérieuses, bien que la répartition des eaux n'ait pas été
faite d'une manière irréprochable ; mais ce qui a le plus particulièrement attiré
l'attention du jury, c'est l'excellente disposition, la bonne tenue d'une vacherie
et d'une laiterie qui viennent d'être construites par le concurrent. Les bâtiments
de cette nature sont rares dans le pays: le jury félicite M. Sabatier d'en avoir
compris l'utilité et lui accorde une médaille d'or.
Sur un autre point du département, dans la commune de Tailhac, arrondisse-
ment de Brioude, des travaux analogues, mais d'une plus grande importance, ont
été faits par M. \idal.
Sa petite propriété d'Aubenas occupe les deux versants rapides d'un vallon très
étroit, traversé par un ruisseau.» Au moment où il en a pris possession, les bâti-
ments tombaient en ruines, les bois avaient été entièrement coupés, et le sol,
abandonné à lui-même, très ingrat partout et très rocailleux sur une grande par-
tie de la surface, ne produisait presque rien.
A lorce d'énergie, M. Vidal a réussi, en huit ans, à transformer ses 12 hec-
tares de mauvaises terres en prés, en pacages et en vignes. Il a tiré le meilleur
parti possible des eaux; il a fait élever de nouvelles constructions et il possède
aujourd'hui un bétail bien entretenu. Enfin, des défrichements profonds, des
épierrements considérables lui ont permis de planter 3 hectares de vignes sur le
plateau. — Ces vignes, vigoureuses et bien conduites, sont desservies par de
beaux chemins, qui facilitent l'enlèvement de la vendange et l'apport des
engrais.
Le jury est heureux de récompenser, par une médaille d'or grand module, la
création de ce beau vignoble.
La propriété de Joux dépend de la commune de Tence, arrondissement d'Ys-
singeaux. Ce que nous y avons vu, en passant, de la culture proprement dite,
nous a fait regretter de ne pas être appelés à nous prononcer sur l'organisation
des cinq corps de ferme et de la réserve qui la composent, nous y aurions certaine-
ment trouvé plus d'un enseignement utile pour le pays; mais le propriétaire,
M. René de Mars, ayant seulement appelé notre attention sur ses travaux de syl-
viculture, nous devons laisser de côté tout ce qui est étranger à la spécialité qu'il
a choisie et dont il a fait sa principale étude.
La commune de Tence est à une altitude moyenne de 900 mètres au-dessus du
niveau de la mer; le climat y est humide et froid; les gelées tardives s'opposent
à la culture des betteraves et compromettent souvent les tièfles qu'on a pu obte-
nir, à l'aide de chaulages coûteux, dans un sol granitique, léger et qui souvent
manque de profondeur; la production agricole, eu un mot, y est peu rémunéra-
trice, en dehors des prairies et des pâturages.
Par contre, le voisinage du bassin houiller de Saint-Etienne, les relations fré-
quentes avec la ville assurent d'importants profits à la production forestière, que
favorisent ainsi à la lois la facilité des débouchés et l'aptitude du sol et du climat.
Telles sont les considérations qui ont amené M. René de Mars à convertir en
forêts tous les terrains maigres et en pente; il a aussi porté à 70 hectares la sur-
face boisée du domaine.
Cette surface, divisée en un certain nombre de massifs, comprend deux parties
bien distinctes : l'une de 35 hectares, sur laquelle existent des essences résineuses
ayant plus de trente ans, est l'œuvre de M. de Mars père; l'autre, de même éten-
due, est occupée par des essences de même nature, dont l'âge varie de trois à
quinze ans et dont la plantation est due à M. René de Mars.
Les anciens bois, composés principalement de sapins argentés, sont situés sur
une rampe légèrement déclive, exposée au nord et formée par un sol profond et
frais. Ces arbres, d'une rectitude remarquable et d'un développement qui va, pour
quelques sujets, jusqu'à 1 mètre de diamètre, forment une splendide futaie.
Les nouveaux massifs comprennent des mélèzes, des sapins, des épicéas, des
pins sylvestres et des pins noirs d'Autriche.
Les trois premières de ces essences aiment surtout l'exposition du nord et les
terrains frais et profonds; les pins sylvestres, beaucoup plus nombreux à Joux
que les autres essences, sont plus rustiques, soit qu'ils aient été plantés, soit
qu'ils pi-oviennent de semis. l's exigent moins de couvert dans leur jeune âge,
LES PRIX CDLTURA.UX DANS LA HAUTE-LOIRE. 251
résistent mieux à l'ardeur du soleil, sont moins difficiles sur le choix du terrain;
enfin, ils ont l'avantage de se semer seuls, si l'on a la prébaution de laisser des
pins semeurs au moment des coupes. Ils sont partout très vigourfiux sur le do-
maine et fournissent, suivant leur âge, des poteaux télégraphiques ou des buttes pour
soutenir les galeries du bassin houiller. Les sols légers exposés au midi sont ceux
qui leur conviennent le mieux; ils occupent les mamelons et les parties déclives
de la propriété.
Le ])in noir d'Autriche vient lentement à Joux, et Tessai qui en a été fait sur
une étendue très restreinte a décidé M. de Mars à donner la préférence aux
autres essences.
Les sapins, les mélèzes et les épicéas ont été plantés dans de petites fosses de
0"'.33 de profondeur et de O^.SS de largeur, à raison de six raille à sept mille
par hectare. Le prix moyen de chaque fosse étant de 0 fr. 02 et celui du plant de
20 fr. le mille, la plantation revient à 40 fr. les mille arbres.
Les uns et les autres ont une végétation remarquable : les épicéas qui forment,
autour des massifs de mélèzes, de belles bordures destinées à les préserver de la
dent des moutons, ont, il est vrai, l'inconvénient de souffrir quelquefois des ge-
lées ; mais ces gelées n'en détruisent le plus souvent que les pousses latérales, et
laissent intacte la flèche qui demeure droite et vigoureuse.
I! est dilficile, j'en conviens, de reconnaître dans la pâle esquisse que je viens
de vous présenter, le magnifique tableau que nous avons eu sius les yeux; mais
mon but n'en sera pas moins atteint, si j'ai réussi à vous faire partager notre
sen iraent sur l'utilité et l'importance des travaux de MM. de Mars, père
et fils.
L'aspect grandiose des anciens bois de Joux, la beauté des ormes et des frênes
plantés en bordure, le long des allées et des routes qui sillonnent la propriété,
ont fait sur le jury une vive impression, et certes cette création fait grand honneur
à 'SI. de ^lars père. Cette œuvre, son fils l'a dignement continuée, en y ajoutant
35 hectares de plantations nouvelles où nous n'avons trouvé que des sujets d'é-
loges, et qui ont notablement accru la valeur du sol qu'elles occupent.
Excellent exemple, surtout dans la contrée froide et peu fertile où il a été
donné, et à propos duquel je vous demande la permission de répéter le sage con-
seil que Bernard Palissy adressait, il y a trois siècles, aux agriculteurs, ou comme
il les nommait, aux laboureurs de son temps :
« ^'oilà, disait-il, comment il faut que chacun mette peine d'entendre son art
etpourquoy il est requis que les laboureurs ayent quelque philosophie, ou autre-
ment, ils ne font qu'avorter la terre et meurtrir les arbres. »
Cette pliilosopliie, cette entente de l'art, certes, personne ne saurait les contes-
ter à M. R. de Mars. Aussi le jury lui a-t-il accordé, pour ses importantes cul-
tures forestières, une médaille d'or grand module, que M. le ministre a bien
voulu remplacer par un objet d'art.
La ferme-école de la Haute-Loire est située dans le village de Nolhac, à
3 kilomètres de Saint-Paulien et à 1 1 kilomètres du Puy.
Créée en 1849 par le regretté M. Chouvon, dont l'éloge n'est plus à faire et qui,
en 1868, reçut, aux applaudissements de tous, une des plus hautes récompenses
du concours régional, elle fut sur le point de disparaître lorsque mourut son
fondateur.
Des ouvertures furent faites alors à M. Nicolas, pour continuer l'œuvre de
M. Chouvon ; mais il hésitait et, il faut en convenir, son hésitation était hien na-
turelle. Conducteur principal des ponts et chaussées, entouré de la légitime con-
sidération que lui donnaient ses connaissances spéciales et l'habileté dont il avait
fait preuve dans son service, il ne pouvait abandonner sans regrets une position
acquise au prix de vingt ans de labeur assidu. La nouvelle carrière où on le con-
viait à entrer ne lui paraissait pas d'ailleurs exempte de difficultés et il songeait
avec quelque appréhension à tout ce qu'il lui faudrait déployer de tact et de vigi-
lance dans l'administration de l'école, de prudence et d'activité dans l'exploitation
d'un domaine, dont le morcellement excessif rend la culture très onéreuse.
D'un autre côté, il avait rapporté de l'école delà Saulsaye, dont il avait été l'un
des meilleurs élèves, un goût très vif pour les études et pour les travaux agricoles;
son enseignement à l'Ecole normale du Puy, où il a occupé pendant quinze ans
la chaire d'agriculture, avait été fécond; enfin il avait conscience du service qu'il
pourrait rendre aux agriculteurs de la région, en formant pour eux de bons contre-
maîtres.
252 LES PRIX CULTUHÂUX DANS LA HAUTE-LOlREi
Celle dernière considération l'emporta sur toutes les autres : elle le décida à
contracter un bail de douze ans et, le 1''' novembre 1877, la direction de la ferme-
école passait entre ses mains.
Le domaine est à 890 mètres d'altitude. Il comprend 43 hectares de terres la-
bourables. Il de bois, tj de prairies, 9 de pâtures et un jardin d'un hectare, en
tout 70 hectares.
Le sol est argilo-calcaire dans les parties basses et volcanique sur les plateaux ;
presque partout la coulée de lave composant le sous-sol se trouve tout au plus à
O^.SO de la couche arable et vient augmenter encore, par son imperméabilité, les
difficultés d'une culture éparpillée sur plus de soixante parcelles, dont plusieurs
ne sont pas à moins de 2 kilomètres des bâtiments.
Un assolement de six ans, dans lequel les céréales alternent avec les récoltes
fourragères et qui est soutenu par une luzernière de 2 hectares, a été heureuse-
ment combiné pour accroître, dans une grande porportion, la production des four-
rages. Car ce fut là le but constant des efforts de M. Nicolas, et on trouve la
trace de la môme jiréoccupation dans le soin avec lequel ont été drainées les
parties trop humides des prairies naturelles, dans les apports de composts qui y
sont faits, dans les précautions prises pour y utiliser les eaux.
Aussi la ferme entretient-elle un bétail nombreux et bien soigné, dont l'en-
semble constitue un cheptel vivant dépassant 400 kilog. par hectare.
Les animaux de l'espèce bovine appartiennent aux races tarentaise, du Mezenc
et d'Aubrac. Les bœufs de travail sont en bon état et les résultats de l'élevage
sont des plus satisfaisants.
Le troupeau confié aux soins d'un berger intelligent comprend des brebis de
la contrée, pures ou croisées avec la race southdown. Il est d'ailleurs peu nom-
breux, mais pourtant suffisant pour oflVir un utile sujet d'études aux élèves de la
ferme-école.
La porcherie est bien tenue ; les produits sont engraissés en assez grand nombre
pour fouinir aux besoins de l'établissement.
Des labours préparatoires bien faits, d'abondantes fumures, des laçons d'en-
tretien données à propos assurent la beauté des récoltes.
Le jardin potager a été considérablement agrandi ; il fournit de beaux et abon-
dants produits, qui dépassent les besoins de la consommation de la ferme. Une
partie en est réservée pour l'instruction des élèves: elle est occupée par des va-
riétés nombreuses de céréales, de pommes de terre, etc. C'est un champ d'expé-
riences où sont étudiés comparativement plantes et engrais, et qui tst heureuse-
ment complété par une pépinière de plants américains et par une collection inté-
ressante d'arbres utiles et d'arbres d'agrément.
Les bâtiments sont anciens et ils pourraient être mieux disposés; mais toutes
les améliorations de détail compatil)les avec sa situation de fermier, M. Nicolas
les avait faites et il n'avait même pas reculé devant des constructions neuves,
telles que porcherie, plate-forme à fumier, terrasse destinée au battage des cé-
réales. On ne saurait exiger davantage.
Si la Commission a été frappée de la régularité des cultures, elle n'a pas reçu
une impression moins favorable en visitant l'école. Les réponses des élèves sur
divers sujets d'agriculture et d'horticulture ont été d'une netteté et d'une préci-
sion tout à fait satisfaisantes.
C'est que M. Nicolas s'était voué de tout son cœur à la prospérité de l'école
dont il avait la direction, l'enseignement théorique et pratique de ses élèves. Bon,
doux, modeste à l'e.Ncès, il était le seul à ignorer son propre mérite, lorsque
tous, autour de lui, profitaient de son sens si droit, de son expérience et de son
savoir.
La mort n'a pas laissé à ce travailleur infatigable le temps de réaliser tout son
programme. Quelques jours après la visite de la Commission, il était enlevé à
l'afl'ection de sa famille et de ses nombreux amis. INIais ce qu'il a fait en
six ans à Nolhac a suffi pour marquer sa place parmi les hommes utiles à leur
pays.
En lui payant, au nom de la Commission, ce juste tribut d'éloges, je suis
assuré d'être l'interprète du déparlement tout entier.
Hélas ! il n'a pas assez vécu pour jouir de son triomphe ! Mais du moins l'ob-
jet d'art qu'il avait si bien mérité sera pour Mme Nicolas et ses enfants un pré-
cieux souvenir de l'entreprise qu'il avait si bien conduite.
[La suite prochainement.) Pierre Dufour,
Rapporteur, direcleur de la ferme-école, au Montât (Lot].
TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE. 253
TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE
d'agriculture. — m'
VIII. — Nous arrivons aux recherches du ressort de la Section d'his-
toire naturelle a/ynVo/e. Nous citerons d'abord les observations de notre
savant confrère, ^I. Blanchard, sur les vers qui attaquent les jeunes
plantations de vignes américaines, et ses remarques sur la nécessité de
réformer la loi sur l'échenillage, nécessité que nous nous permettons,
Monsieur le ministre, de vous signaler d'une manière toute particu-
lière, pour répondre à un des besoins les plus réels de notre
agriculture.
Nous devons à notre confrère, M. Daubrée, des remarques savantes
et utiles sur la dissémination par les vents, sur toute la surface du
globe, des matières minérales nécessaires à la constitution des plantes
et des animaux.
Nos confrères, I\OI. Cornu etPrillieux, nous ont fait des communi-
cations d'un grand intérêt pratique sur diverses maladies parasitaires
des plantes, notamment sur l'apparition d'une nouvelle maladie du blé
dans la Haute-Marne, et sur les maladies des châtaigniers et des
platanes.
M. Laugier, directeur delà Station agronomique de Nice, dont notre
Compagnie aimait à encourager le zèle pour les recherches d'histoire
naturelle agricole, et qui est mort prématurément au mois de novembre
dernier, nous avait envoyé des notes intéressantes sur les ravages du
Dacus olesc.
Notre confrère, M. des Cars, nous a montré les curieux résultats de
ses fouilles faites dans sa terre dePringy, où il a découvert des ossements
du Bos taurus hatavicus, auquel se rapporte, d'après notre confrère
M. Tisserand, l'origine des races du type lioUandais dans le bassin des
mers du Nord.'
Ajoutons encore les nombreuses communications de notre infati-
gable correspondant, M. Sacc, sur la l'aune et sur la flore de la Bolivie.
IX. — La dernière dans l'ordre de la classification officielle, mais
non pas la dernière dans l'ordre d'importance, la Section de mécanique
agricole el des irrigations a appelé votre attention sur des questions où
l'avenir de plusieurs de nos industries agricoles parait gravement
engagé.
Il s'agit d'abord de la substitution, dans la mouture des grains, de
cylindres striés aux meules eu silex, employées jusqu'ici d'une manière
presque exclusive à cet objet. Un Mémoire de M. Armengaud aîné,
communiqué et approuvé par notre confrère M. Tresca, jette un grand
jour sur la transformation de la minoterie, la lutte actuelle étant réel-
lement, non pas entre les meules proprement dites et les cylindres,
mais bien plutôt entre la méthode de mouture basse, c'est-à-dire de
mouture se proposant d'extraire du premier coup toute la farine fleur,
et les procédés de mouture haute, c'est-à-dire de mouture progressive,
opérant graduellement et ne risquant pas de produire des farines
échauffées. « Il est consolant de constater, a ajouté M. Tresca avec sa
1. Compte rendu des travaux de la Société depuis le '27 juin 18S3 jusqu'au 2 juillet 1884.
présenté à la séante publique annuelle de 1884. — Voir le Journal du 2 et 9 août, p. 170 et 212
de ce volume.
254 TRAVxiUX UE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'aGRIGULTURE.
haute autorité en ces matières, que nos moulins ne sont peut-être pas
aussi menacés qu'on le croyait d'une révolution inévitable dans leur
matériel. >< Votre Section vous a proposé de décerner une médaille d'or
à l'effigie d'Olivier de Serres à M. Armengaud,et des médailles d'argent
à MM. Beyer frères, constructeurs à Paris, pour leurs appareils conver-
tisseurs de gruauv en porcelaine; à MM. Philipot, Schneider et Jaquet,
constructeurs à Strasbourg, ayant une succursale à Joinville (Haute-
Marne), pour des cylindres en fonte d'une seule coulée, cannelés et unis
pour broyer le blé et le réduire graduellement, suivant le système de
la mouture dite « hongroise » ; à M. Kolb, constructeur à Lunéville
(Meurthe-et-Moselle), pour des perfectionnements dans les appareils de
mouture à cylindres, de manière à obtenir des gruaux qui, sassés et
convertis, fournissent une magnifique farine, obtenant sur les marchés
une prime importante. Notre confrère, M. Grandvoinnet, nous a donné
de nombreux détails recueillis dans des études très approfondies, sur
les nouveaux appareils et sur les modifications que doit subir l'outil-
lage de la minoterie française ; c'est un problème encore à l'étude.
Notre laborieux confrère nous a aussi communiqué des expériences
sur les pressoirs, et sur la déformation de leur vis par l'usage, expé-
riences que feront bien de méditer les constructeurs.
Sur le rapport, fait au nom de la Section par M. Grandvoinnet, vous
décernez une médaille d'or à l'effigie d'Olivier de Serres à M. Vuaillet,
chef des travaux de génie rural à l'Institut national agronomique, pour
un dynamomètre à rotation dont l'emploi permet de faire rapidement,
et avec une suffisante exactitude, des expériences de comparaison de la
force dépensée par diverses machines.
Il convient de signaler encore un rapport de noire confrère M. Per-
rier sur la nécessité, signalée par M. Jules ]Maistre, de procéder à la
prompte exécution des canaux du Rhône, dans l'intérêt des populations
méridionales, si dignes de sympathie.
Une importante discussion a été soulevée par notre confrère M. Magne
sur les avantages respectifs des chariots à quatre roues et des char-
rettes. A celte discussion, qui déjà naguère avait occupé notre Com-
pagnie, ont pris une part savante MM. Hervé Mangon et Dailly. Les
économies dans les transports sont une des conditions de la réduction
du prix de revient des denrées agricoles.
A cette Section appartenait, à cause de ses beaux travaux sur les
eaux souterraines, un des savants les plus laborieux de ce siècle,
Achille Delesse, dont l'éloge biographique va vous être lu daas cette
séance même.
X. — Vous voyez, Messieurs, par cet aperçu rapide, et qui vous a
sans doute paru trop long par ma faute, combien ont été variés vos
travaux depuis votre séance solennelle de l'année dernière. Jamais nos
séances n'ont été mieux occupées par des discussions fécondes, ni
suivies par un nombre de membres titulaires ou associés aussi grand.
Sous votre impulsion, les sciences agricoles vont faire des progrès nou-
veaux dont la prospérité publique vous sera, vous est déjà recon-
naissante.
Ce compte rendu vous a rappelé les vides cruels que la mort a faits
dans nos rangs en enlevant coup sur coup quatre de nos membres titu-
laires les plus illustres ou les plus éminents. Il vous a fallu commencer
à les remplacer.
TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACJRIGULTUUE. 255
Vous avez élu pour succéder à M. de Béhague, dans la Secliou
(l'écouoniie des animaux, un agriculteur-éleveur qui marche sur les
traces de son prédécesseur. Comme le faisait ce dernier, M. Nouetle-
Delorme cultive dans le Loiret, il y a été lauréat de la prime d'honneur,
il y a acquis une grande renommée pour son élevage d'animaux de
lespcce bovine et surtout de l'espèce ovine.
Le troupeau de southdowns de M. Nouette-Delorme est maintenant
célèbre, et c'est précisément cette race que M. de Béhague avait adoptée.
Avec quelle insistance, il nous en a vanté les aptitudes à l'engraissement
dans cette enceinte, qu'il a concouru à élever et à orner pour en faire
une sorte de temple à l'agriculture. J'emploie à dessein cette expression,
car notre salle des séances a maintenant, non loin du buste du mar-
quis de Turbilly, notre premier président élu en 1761, le beau buste
de notre président demi-séculaire, M. Chevreul; ces deux bustes sont
l'œuvre d'un éminent sculpteur, M. Soldi, et ils ont pris place à côté
du médaillon de M. de Béhague, dû au ciseau de M. Oliva; le gouver-
nement nous a encore fait don celte année d'une statue représentant
l'agriculture, exécutée par le sculpteur Aube. Ces œuvres d'art ornent
notre hôtel qui vaut d'ailleurs et surtout par sa bibliothèque agricole,
■qui s'enrichit chaque année.
Les concours régionaux et généraux avaient permis à M. de Béhague
de remporter de nombreux trophées ; il a voulu par une clause spéciale
de son testament que ses médailles et ses coupes d'honneur fussent con-
servées par notre Compagnie, comme témoignage de son incessante
préoccupation à bien faire, à améliorer, à suivre dans la pratique les
indications des sciences agricoles dans ce qu'elles avaient d'applicable
au sol et aux conditions économiques de la Sologne.
Vous avez donc rendu hommage à la mémoire de M. de Béhague en
élisant M. Nouette-Delorme que l'on peut regarder comme son élève,
comme un élève tenant glorieusement le même drapeau.
C'est dans l'ordre chronologique des décès que vous procédez aux
élections des membres titulaires. Vous aurez donc, dans l'année qui va
s'écouler, à choisir des successeurs à M. Dumas, à M. Lavallée,
à M, Gaudin, en vous préoccupant de plus en plus de mériter à notre
Compagnie, par la dignité de vos choix, le respect et la confiance des
agriculteurs.
La mort de M. Dumas et de M. Lavallée avait fait deux vides
parmi les ifiiciers de notre Compagnie. 11 n'était pas possible d'attendre
pour les remplacer à ce titre. Vous avez voulu avoir comme successeur
de M. Dumas à la vice-présidence, un homme occupant une situation
considérable; vous avez élu M. Léon Say, aux applaudissements de
tous. Comme successeur de M. Lavallée aux fonctions de trésorier per-
pétuel, vous avez mis en première ligne sur la liste des trois candidats
à présenter au choix du chef de l'Etat, et iM. le Président de la Répu-
blique a nommé, un de nos membres titulaires les plus assidus, M. Ber-
tin, dont le zèle est connu de tous.
M. d'Esterno était membre associé national dans la Section d'éco-
nomie, de statistique et de législation ; il déployait une rare activité et
beaucoup d'esprit pour tâcher d'améliorer notre législation rurale.
Vous avez élu pour lui succéder M. Doniol, non seulement adminis-
trateur éminent, mais encore propriétaire exploitant, et surtout auteur
de travaux considérables sur l'histoire des classes rurales et sur l'amé-
256 TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE.
lioralion de leur condition dans notre France où elles constitue t la
partie la plus vaillante de la population.
Pour arriver à compléter les cadres longtenaps presque vides que les
règlements de notre Compagnie ont ouverts aux associés nationaux,
vous avez élu, à ce titre, dans la Section de grande culture, MM. Besnard
et de la Massardière, tous deux lauréats de la prime d'honneur : le
premier, dans le département de l'Eure; le second, dans le département
de la Vienne, et vous avez ainsi obtenu, comme collaborateurs, deux
agriculteurs éminents, l'un du Vexin, l'autre du Poitou. Peu à peu il
n'y aura pas de région agricole qui ne soit représentée parmi nous.
Deux élections d'associés nationaux ont aussi été faites dans la Sec-
tion d'économie des animaux. M. Emmanuel Gréa, agriculteur-éleveur
dans le Jura, et M. Ayraud, vétérinaire et éleveur dans la Vendée, ont
été élus ; vous avez conservé l'égalité dans cette Section entre les repré-
sentants de l'élevage et ceux des sciences appliquées à l'étude physio-
logique, anatomique ou médicale des animaux. Les nouveaux élus
seront des collaborateurs d'autant plus utiles qu'ils ont prouvé tous
deux une grande connaissance du bétail et qu'ils pratiquent l'élevage
avec succès, l'un dans la Franche-Comté, l'autre dans le Bocage
vendéen.
Notre Compagnie doit compter dans son sein quinze membres étran-
gers. Vous avez élu à ce titre, dans la Section de mécanique agricole
et des irrigations, M. d'Andrade Corvo, actuellement ambassadeur du
Portugal à Paris ; non seulement notre nouveau confrère occupe dans
son pays une très haute position, mais encore il est auteur de travaux
d'une grande valeur sur les dessèchements et sur la législation rurale ;
il est notamment le promoteur d'une loi sur le crédit agricole qui a
rendu de grands services au Portugal et dont le texte sera reproduit
dans l'enquête que vous a demandé de faire M. le ministre de
l'agriculture.
XI. — En restreignant le nombre de nos correspondants, le décret
de 1878 a rendu ce titre plus enviable. Vous l'avez décerné à un
éminent forestier des Etats-Unis, M. Franklin-Benjamin Hough, qui
nous a fait les plus intéressantes communications sur l'agriculture d'une
contrée vers laquelle les préoccupations de nos cultivateurs ne cessent
pas de se porter; il y a un intérêt considérable à être bien tenu au cou-
rant de l'activité souvent prodigieuse de l'agriculture américaine.
Nous avons perdu depuis notre dernière séance solennelle, parmi
nos correspondants nationaux : MM. Jules Bonnet, d'Âubagne (Bouches-
du-Rhùne); — de Cugnac (Gers); — Duprat (Tarn-et-Garonne) ; —
Goux (Lot-et-Garonne); — d'Hombres (Gard); — Lhotte (Ardennes);
— Liautaud (Algérie) ; — du Mirai (Creuse) ; — Félix Noèl (Meurthe-
et-Moselle); — Poirel (Haute-Marne); — de Laroque-Ordan (Gers);
— Damourette (Indre); — Aubergier (Puy-de-Dôme); — Petit-Lafitte
(Gironde); — Girardin (Seine-Inférieure); — Corenwinder (Nord). La
lecture de ce long nécrologe suffit pour rappeler des travaux utiles,
et pour montrer que les jeunes agriculteurs doivent beaucoup travailler
afin de se tenir au niveau atteint par les fortes générations agricoles
du dix-neuvième siècle qui, aujourd'hui, s'éteignent peu à peu en lais-
sant le souvenir des grands services rendus à la patrie, de progrès con-
sidérables accomplis.
XII. — Au moment de terminer ce compte rendu de nos travaux,
TRAVAUX DE LA SOCIÉTl': NATIONALE D'AGRICULTURE. 257
noire pensée se reporte à un siècle en arrière, t^ne solennité semblable
à celle qui nous réunit avait lieu. Parmi les assistants se trouvaient
plusieurs ministres d'Etat ou intendants s^énéraux : de Galonné,
ministre des finances; de \'er£;ennes, intendantgéncral des impositions
et de l'agriculture; Dupont, intendant général du commerce, d'autres
encore, et de nombreux savants parmi lesquels il suffit de citer Lavoi-
sier, pour indiquer leur illustration. Nos séances depuis cette époque
lointaine n'ont rien perdu de leur éclat, et le gouvernement continue à
leur donner son concours. Notre Compagnie n'a pas dégénéré. Les
noms des savants illustres que j'ai cités dans ce compte rendu le
prouvent surabondamment. Plusieurs membres du gouvernement
viennent ici montrer leur sollicitude pour les intérêts agricoles.
M. le ministre de l'agriculture a ouvert cette séance solennelle par un
discours que vous venez de couvrir de vos applaudissements una-
nimes ; il est assisté de MM. Poubelle, préfet de la Seine ; Tisserand,
directeur de l'agriculture; de Cormette, directeur des haras; Philippe,
directeur de l'hydraulique agricole; Laurens, directeur de l'adminis-
tration forestière.
Le présideut de la séance solennelle de 178.'), le duc de Charost,
disait alor^ : « La protection du gouvernement nous est nécessaire;
une modération d'imposition, une distinction accordée à propos à un
cultivateur qui aura secondé les essais d'un grand propriétaire, ou en
aura fait lui-même et aidé nos travaux, une marque de satisfaction,
sont, entre les mains des pouvoirs publics, de puissants moyens d'en-
couragement ! » C'est encore la même chose aujourd'hui.
Pour encourager de leur côté l'agriculture, les femmes les plus
nobles et les plus distinguées venaient aussi, il y a un siècle, applaudir
nos lauréats ; le duc de Charost saluait en termes pleins de galanterie
leur présence : « Ce sexe même, disait-il, qui semblait autrefois des-
tiné à ne consacrer ses moments qu'à des objets frivoles ou aux arts
agréables, vient ici nous prouver qu'il sait s'occuper des arts utiles, et
se faire un amusement d'une science dont la perfection devant rendre
les peuples plus aisés et plus heureux, était digne d'intéresser sa sensi-
bilité. »
Un siècle s'est écoulé, la sensibilité des femmes n'a pas vieilli, elle
est plus exquise. Les femmes, vous le prouvez. Mesdames, s'intéressent
de plus en plus à tous les progrès ; leurs applaudissements sont non
moins recherchés parmi nous vers la fin du dix-neuvième siècle qu'ils
ne l'étaient vers la fin du dix-huitième. Les agriculteurs font chaque
jour des vœux pour qu'elles aiment davantage la vie des champs.
J.-A.Baural.
MALADIES DES ARBRES FOURNISSANT LES BOIS
DE CONSTRUCTION. — II '
Un des champignons les plus dangereux surtout pour les arbres
abattus, c'est le sporolrichuiii qui émet d'une tige principale des milliers
de ramilles microscopiques chargées de filaments reproducteurs qui
s'interposent dans les plus petites fentes des bois. Le lubercularia
végète aussi sur l'écorce des bois morts; il est ainsi dénommé, parce
que c'est un petit tubercule rouge qui se dissipe en poussière blan-
châtre.
1. Voir le Journal du 9 août, p. 224 de ce voluim-.
258 MALADIES DES ARBRES FOURNISSANT LES BOIS DE CONSTRUCTION.
La rouille [uredo rubigo vera) est également un champignon qui
couvre de rouge, de rouille, les feuilles et les branches des arbres ;
c'est la rouille des graminées.
Enfin, un des champignons les j)lus bizarres est le xylostroma
giganteum; sa présence est signalée d'abord par de petits points blancs,
d'où part une substance filamenteuse blanche qui s'étale comme une
pellicule sur le tronc des arbres. Ce sont les tiges ou slipcs des cham-
pignons qui implantent dans le bois leurs racines, et quand plusieurs
slipes sont réunis, ils forment une pellicule épaisse et coriace comme
du cuir.
On confond quelquefois ce dernier champignon avec la chair do
poule ou blanc de chapon, ce qui est tout différent. Celui-ci est un
genre de pourriture dont les effets sont très dangereux. On reconnaît
cette maladie qui se propage rapidement, au bois qui est recouvert de
points blancs fort rapprochés; les bois atteints de cette maladie sont
tous ou presque tous attaqués par les vers.
Les autres maladies des arbres sont : les gerçures ou fentes produites
sur l'écorce par l'effet du hàle ou de la grande sécheresse. Une action
violente du soleil ou des froids intenses et prolongés peuvent égale-
ment amener des gerçures; celles-ci mettent le liber et l'aubier à nu,
lesquels à leur tour sont atteints de gei'çures.
Le cadran ou cadranure est un genre de gerçure qui produit sur
l'écorce une fente circulaire accompagnée de rayons qui s'étendent du
centre à la circonférence du cercle. Ce genre de cadranure diffère de
celle des bois abattus qui est une cadranure intérieure, tandis que
celle qui nous occupe n'atteint que l'écorce, le liber et l'aubier.
Les fiélinircs sont simples ou doubles c'est-à-dire entrelardées, sui-
vant que la fente est simple ou double séparée par du bois sain. Ces
sortes de crevasses commencent par l'écorce, arrivent à l'aubier et
même jusqu'au bois parfait. Cette maladie est causée par la gelée delà
sève par suite d'un froid excessif qui amène le retrait de l'écorce; celle-
ci se fend, par suite de la congélation et de l'augmentation de volume
de la sève. L'abaissement de la température permet à l'écorce de se
resouder complètement. On ne reconnaît alors qu'un arbre a été atteint
de la gélivure que par une arête ou bourrelet qui se forme sur la
cicatrice. Mais des désordres intérieurs se produisent, car la sève,
gênée dans son mouvement ascensionnel, laisse de l'eau qui se trouvant
eruprisonnée se corrompt et vicie le bois. Les pièces atteintes par la géli-
vure se reconnaissent à la percussion ; elles rendent un son sourd qui
indique du creux dans la pièce.
La,6™/!(/-e, le givre, la champelure ou gélis ou gelure sont autant de
maladies provoquées ])ar la gelée ou par des changements brusques de
tempe rature.
La brûlure noircit et tue les feuilles, les bourgeons et les bouts des
branches ; le givre est une gelée produite par les glaçons qui s attachent
sur les branches et causent les mêmes i-avages que la brûlure; la
cbampelure ou gélis est également provoquée par un froid subit qui
produit les mêmes effets que la brûlure, mais à un degré plus élevé
puisque les arbres peuvent parfois périr par suite de cette maladie.
La roulure est un simple décollement de deux couches ligneuses de
croissances successives. Ce décollement constitue dans l'intérieur de
l'arbre une solution de continuité conique qui divise le tronc en cônes
JIAr.ADIliS DRS ARBRES FOURNISSANT LES BOIS DE CONSTRUCTION. 259
conccnlriqiips séparés entre eux par la limite des couclies de crois-
sance annuelles. C'est généraleruenl le tronc, le fùl de l'arbre qui est
attaqué par la roulure, beaucoup plus rarement les branches et très
exceptionnellement les racines. Les causes pouvant amenerce désordre
sont assez nombreuses, la plus générale est attribuée à des vents vio-
lents qui soufflent pendant ou à la suite de fortes gelées.
La roulure, de même que la champelure. peut donner naissance
au double aubier dont nous avons parlé précédemment ; nous ajouterons
ici que sur une couche circulaire d'un arbre, il peut n'exister qu'une
portion de cylindre en faux aubier.
Quand les matières nutritives sont sécrétées avec trop d'abondance
dans un arbre,, elles se portent irrégulièrement sur ses diverses parties
et les développent les unes au détriment des autres; ce mode de végé-
tation causé par la pléthore détruit l'homogénéité du bois, aussi les
bois atteints de cette maladie doivent être rejetés des constructions,
car ils ne peuvent soutenir une résistance uniforme et partant suffi-
sante.
Il ne nous reste maintenant qu'à étudier les maladies qui s'atta-
chent plus particulièrement aux feuilles. C'est d'abord la cloque qui
a pour effet de rider et rouler les feuilles qui rougissent, jau-
nissent ensuite et tombent finalement avant l'heure, ce qui empêche
la nutrition complète du bois; cette maladie n'attaque parfois qu'une
partie de l'arbre C'est ensuite la défoliation ou chute prématurée des
feuilles qui n'est pas occasionnée par la cloque, mais par d'autres
causes, par les gelées, un coup de soleil, par la jaunisse, par des
accidents graves survenus à l'écorce, au liber, à l'aubier. La défo-
liation indique toujours un état maladif de l'arbre.
L'excès contraire de la défoliation, c'est la p/njHomanie, c'est-à-dire
une production excessive de feuilles causée par une surabondance de
sève. Cette maladie qu'on nomme aussi à tort fullomanie amène de
grandes perturbations dans la végétation normale de l'arbre, et l'auJjier
formé dans de telles conditions ne peut fournir du bois parfait.
Nous devons dire ici quelques mots de Ve.vfoliation que trop de per-
sonnes encore confondent avec la défoliation qui est une maladie bien
différente.
Les arbres qui sont atteints de l'exfoliation perdent leur écorce qui
se détache en feuillets, mais plus minces que ceux du platane par
exemple. Ces pertes partielles d'écorce découvrent le liber, altèrent
l'aubier et par suite le bois lui-même.
On ne connaît pas bien la cause qui amène ce trouble dans la végé-
tation; on suppose qu'une humidité assez prolongée, suivie de grands
vents ou d'une grande sécheresse, peuvent occasionner cette maladie.
Enfin le dépouillement total des feuilles, dépouillement occasionné
par les chenilles, les sauterelles ou d'autres larves ou insectes, amène
des perturbations tellement graves dans la végétation des arbres que si
cette cause se reproduit plusieurs années de suite, l'arbre meurt pour
ainsi dire asphyxié, car il est fatalement privé des organes nécessaires
à sa respiration.
Les insectes ailés, les chenilles déposent leurs œufs et leurs larves
sur l'écorce des arbres ; quand l'éclosion a lieu, les larves se trouvent
dans un milieu tellement propice à leur développement qu'elles
dévorent tout ce qui les entoure.
SvO MALADIES DES ARBRES FOURNISSANT LES BOIS DE CONSTRUCTION.
Les vers montent, descendent sur l'arbre, le parcourent dans tous les
sens depuis la racine jusqu'aux plus hautes cimes. Les arbres ainsi
attaqués par la verminaiion sont dévorés avec une rapidité effrayante,
des forêts entières sont détruites parfois en quelques jours. Le pin est
la principale victime de ce fléau.
Les feuilles et les jeunes pousses des arbres, quand elles sont piquées
par certains insectes, se couvrent d'excroissances ouboursoutluresdans
lesquelles sont logées les œufs des larves ; ces excroissances sont nom-
mées galles. Les arbres atteints de galles n'ont nullement à souffrir de
celles-ci, à moins qu'elles ne soient fort nombreuses. Ces excrois-
sances, connues dans le commerce sous le nom de noix de galles,
servent dans l'art de la teinturerie, ce sont principalement les produits
du chêne, du chêne à galles {que)-cus coccifera) récoltés dans tout le
Languedoc et dans la Provence, qui sont vendus au commerce.
Cependant aujourd'hui les teinturiers préfèrent les noix d'Alep, ou de
la Chine. L'insecte créateur de ces galles se nomme eoccws ilicis, leca-
niumilicis; c'est un petit kermès qui dépose ses œufs sur les feuilles
et les jeunes rameaux.
Les maladies accidentelles des arbres proviennent de mutilations,
cassures violentes déterminées par des chocs, par les vents, par la
foudre, par des plaies qui se développent naturellement, par des frac-
lures causées par des vents violents. Quand la plaie causée par les
fractures n'est pas profonde, le mal n'est pas grave, une nouvelle éeorce
le répare ; dans le cas contraire, quand les couches ligneuses sont
atteintes, elles prennent un ton verdàtre qui amène une pour-
riture particulière nommée par le sylviculteur, veines.
Ernest Bosc,
Architecte, ancien inspecteur des travaux du gouvernement.
NETTOYAGE DBS SEMENCES DE FROMENT
Il est nécessaire, quand le blé n'a pas été battu par une machine
vannant et criblant le grain, de le faire passer au tarare pour le vendre
ou pour en faire du bon grain de semence. Pour les semences, il est
même bien préférable de se servir du trieur qui débarrasse le froment
des graines étrangères qui, germant dans le cbamp, salissent la terre
au grand détriment de la récolte. Il existe aujourd'hui un assez grand
nombre de modèles de tarares et de trieurs. Parmi les constructeurs
des systèmes les plus appréciés, figure INI. Presson, de Bourges (Cher).
Il y a aujourd'hui trente-sept ans que M. Presson a créé, en 1847, son
établissement qui a grandi rapidement et est devenu un des plus im-
portants, non seulement de France, mais d'Europe, pour la construc-
tion des instruments de nettoyage des grains. C'est par milliers que se
comptent les tarares et les trieurs qu'il a vendus dans toutes les par-
ties du monde.
Le type des tarares ventilateurs est représenté par la fig. \ \ . Dans
ces appareils, l'auget supérieur porte trois cribles etle plan incliné mo-
bile en a deux. Grâce à leur ingénieuse disposition, il suffit de la
force d'un homme ordinaire pour mettre le tarare en mouvement
et d'un pour le servir. En une seule opération on a du blé propre
à être porté au marché, grâce à une nouvelle série de cribles spé-
ciaux qui permettent d'extraire facilement les otons ou blé vêtu par
l'auget supérieur- Ce blé, débarrassé des corps plus gros et plus légers,
NETTOYAGE DES SEMENCES DE FROMENT.
261
tombe sur un vaste plan incliné mobile, à mouvement variable, perforé
(le trous ronds; là il se divise en deux qualités distinctes ; ensuite le
petit blé qui sert aux besoins de la ferme se recrible sur un deuxième
tamis (jui en extrait la terre, le gravier, les petites graines, les grains
fléliis, etc.; enfin tous les corps plus faibles en diamètre que le blé.
Au dernier concours spécial de Marseille, ces appareils ont obtenu le
l'"" prix, médaille d'or, pour leur bonne construction, leur célérité et
leur bas prix. II en est construit quatre modèles, dont le prix varie de
70 à 120 fr. ; on peut ainsi répondre à tous les besoins de la petite et
de la grande culture. Plus de cinq mille tarares sont sortis à ce jour
des ateliers de .\1. Pre.-^son.
Moyennant quelques changements spéciaux, ces tarares s'appliquent
au nettoyage du riz et du café. M. Presson les construit de manière à
Fig. 11.
Taïaie du s\stonu' Piesson.
pouvoir les démonter pièce à pièce, afin de les loger dans des caisses
de dimensions spéciales, qu'on peut transporter à dos de mulet, et loger
dans un petit espace, en vue de payer sur mer le fiet le plus réduit
possible.
Les trieurs, système alvéolaire de M. Presson, sont montrés par
la figure 12. Ces instruments se composent d'une vaste trémie en
bois, destinée à recevoir, les grains à trier, d'un cylindre en zinc,
embouti intérieurement d'alvéoles de deux diamètres dilTérents, et d'un
bâti rectangulaire destiné à recevoir le cylindre et la trémie. La trémie
étant remplie de blé à trier, on fait tourner la manivelle à une vitesse
de 35 à 40 tours par minute; près de celte manivelle se trouve le
cône d'engrenages qui met en mouvement une chaîne Vaucanson,
laquelle s'enroule sur un deuxième cône; sur le bout de son axe est
fixée une petite roue à six augets qui puise le grain dans la partie
basse de la trémie. Le cylindre en zinc prend, par sa roue d'angle, la
vitesse de 10 à 12 tours par minute, et s'alimente par la gaine de la
trémie, suivant les quantités variables que distribue le cône moteur.
Au sortir de la gaîne, le blé à trier tombe sur le premier crible cylin-
drique, percé de trous allongés; il s'y épure de tous les corps plus gros
que son diamètre. Un deuxième crible cylindrique, parallèle au pre-
262
NETTOYAGE DES SRMENGES DE FROMENT.
mier, mais percé de trous plus fins, sépare du blé les corps plus petits
que son diamètre, qui sont rejetés en dehors dans une caisse, sous la
trémie. Une brosse, montée ù ressort, débouche constamment les trous
CL.
a
H
I
de ce crible qui pourraient être obstrués par les petites graines e
l'ivraie. Le blé, qui n'a pu passer au travers du crible, arrive, par le
mouvement de rotation du cylindre, dans sa première partie, emboutie
de grandes alvéoles, qui ramassent tout le blé et les graines rondes
NETTOYAGE DES SEMENCES DE FROMENT 263
pour les déverser dans l'auget central, et laissent échapper les corps
longs, tels que l'orge, l'avoine, le blé velu, etc., par les orifices qui
existent au milieu du cylindre.
Unefvis d'Archimède conduit le blé et les graines rondes jusqu'au
milieu de l'auget central, où un orifice les laisse tomber dans la
deuxième partie du cylindre, séparée de la première par une cloison
circulaire et emboutie de petites alvéoles. Les graines rondes se
logent dans les cavités demi- cylindro-sphériques des alvéoles, pour être
expulsées au dehors au moyen de la vis d'Archimède. Avant de sortir
du cylindre, le blé, devenu net, glisse sur un crible à trous ronds,
il sort à droite et à gauche de l'appareil en deux qualités différentes
en diamètre.
Les déchets des graines rondes, tels que nielles, vesces, vesce-
rons, etc., varient suivant l'obstacle plus ou moins grand créé par les
palettes du chenal aux alvéoles ; cet obstacle se modifie par le moyen
du levier régulateur qui se trouve au bout du cylindre.
Ces instruments, actionnés par un homme et servis par un aide,
peuvent extraire en une seule opération du blé : 1" tous les.
corps plus gros que le blé, tels que pierres, moites de terre, pois,
gesces, etc.; 2" tous les corps plus fins en diamèlre, tels que l'ivraie,
les blés cassés et flétris, les petites graines rondes, les graviers, etc.;
3" tous les corps plus longs, tels que l'orge, l'avoine, le blé vêtu, etc. ;
4° loules les graines plus courtes ealongueur, telles que nielles, ves-
cerons, gesces, œils-cle-perdrix, sude, etc. M. Presson construit, pour
l'agriculture, six modèles de trieurs dont le prix varie de 180 à
300 fr. yVu dernier concours spécial, ([ui a eu lieu à Nancy, ces ap-
pareils ont été classés au premier rang. Henry Sagmek.
SUR L'ABIATION DES CORNES-
Le numéro 790 du Journal renferme, sur l'ablation des cornes,
un article dû à la plume experte de M. de la Tréhonnais. Je crois ulile
d'y ajouter quelques observations.
Les lecteurs de ce journal qui s'occupaient d'agriculture il y une
vingtaine d'années se rappelleront peut-être les discussions et les écrits
qui se sont fait jour alors. M. Magne publiait, à cette époque, d'inté-
ressants enseignements physiologiques et un procédé opératoire pour
l'extirpation des cornes.
L'animal privé d'un appendice qui constitue pour lui un moyen de
défense, dont en réalité il n'a que rarement l'emploi en l'état de domes-
ticité, était représenté comme donnant plus de lait, plus de viande. Il
était dit que le repos devenait plus complet et que la nutrition
organique des cornes devenue nulle était offerte comme supplément
aux autres parties du corps. Si je me permets de prendre rang dans
a question, c'est que j'ai fait opérer une douzaine de têtes Je puis
donc en parler en connaissance de cause. Ce que j'ai à en retracer
est très net dans ma mémoire. Il y a même peu d'années que vivaient
encore quelques-uns des animaux opérés.
L'opération avait été effectuée chez moi sur des sujets de un an à un
an et demi; elle fut douloureuse et exécutée par un vétérinaire habile;
la cicatrisation fut lente. Le fer rouge avait dû être appliqué sur la
plaie pour arrêter l'hémorragie.
264 SUR l'ablation DES CORNES.
Les sujets opérés maigrirent à la suite des douleurs ressenties.
Aucune des vaches ne produisit une quantité relativement supérieure
de lait, les dispositions à l'engraissement ne furent pas augmentées.
Plusieurs sujets contractèrent même l'habitude de donner des bour-
rades avec le front. Cela me rappela alors les animaux noirs de la
race sans coraes d'Angus (Ecosse) que j'avais vus en 1850 au con-
cours international de Paris, lesquels, pour être privés de leur cornature,
ne s'en défendaient pas moins deleur tête. Jeconstatui que l'os frontal
s'y trouvait très développé et remplissait l'office d'un tampon qui ser-
vait à l'animal pour frapper.
Pour terminer, je dois à la vérité de dire qu'aucune des espérances
conçues ne trouva réalisation. Après quatre à cinq générations il
devait se former, l'opération étant renouvelée sur chacune, une race
sans cornes. C'était ce que je cherchais. Mais toutraedélournaitde mon
projet : aucun résulat avantageux, les douleurs chez les opérés, sans
compter les quolibets des amis. Aujourd'hui encore ces derniers se
plaisent à raconter la fameuse histoire de mes vaches sans cornes; ils
seront heureux, j'eu suis certain, de lire les lignes sincères de celui
qu'ils appelaient : le faiseur de vaches sans cornes.
Les bons soins donnés aux animaux dans le jeune ùge, le choix
d'animaux reproducteurs de caractère doux et docile rendent, à mon
avis, les corrections de l'œuvre duCréateur parfaitement inutiles.
Jean Kiejner.
COMPTABILITÉ AGRICOLE. ESSAI DE CLASSIFICATION. IV
Nous ne nous dissimulons pas que nous allons être aujourd'hui
ennuyeux comme la pluie et sec comme une pilule. Que le lecteur
nous le pardonne; mais qu'y faire':' nous nous sommes proposé un
problème, nous avons aborde un plan et annoncé un programme; bien
ou mal, nous devons nous exécuter.
Poursuivons donc notre route au milieu des monotonies et des ari-
dités d'une sorte de nomenclature à établir, exorde indispensable pour
donner à la comptabilité l'unité didactique que doit revêtir toute
science formant un ensemble indissoluble, et rachetons, s'il est pos-
sible, notre insuffisance par notre concision et noire laconisme.
Nous nous sommes assez ouvertement prononcé en ce qui concerne
la comptabilité matières. On a reconnu que les majorations attribuées
aux valeurs de cet ordre entraînent fatalement le comptable, à travers
les inquiétudes elles déboires, à une débâcle, à un krach pitoyable;
tandis que les minorations éclaircissent l'avenir, font éclater la vérité
et conduisent l'exploitant, au milieu des satisfactions matérielles et
morales, à une heureuse réalisation.
D'un autre côté nous n'avons plus à revenir sur les comptes d'amor-
tissement, création de valeurs immobilières, etc., au sujet desquels
nous nous sommes suffisamment expliqué. Ceux-ci écartés, nous
n'avons plus affaire qu'aux comptes annuels, c'est-à-dire à ceux qui
doivent être soldés entièrement dans l'exercice en cours.
Enfin nous avons également dégagé delà question les comptes parti-
culiers ou personnels.^ de sorte qu'il ne nous reste plus à envisager que
les comptes généraux ou impersonnels qui vont faire l'objet de cet article.
Pour donner à cette étude une direction pratique, suivons l'ordre
COMPTABILITI"; AGRICOLE. — ESSAI DE CLASSIFICATION. 265
même des considérations qui doivent guider un agriculteur dans l'or-
ganisation de son entreprise. Toutdabord il se préoccupe des branches
de spéculation auxquelles l'engageront les conditions économiques au
milieu desquelles il se trouve placé, conditions sur l'appréciation
desquelles nous n'avons pas à nous attarder ici. On voit donc natu-
rellement poindre le groupe des comptes de spéculation.
Comptes ik spéculation. — Animaux de rente : bouverie, vacherie,
écurie, porcherie, bergerie, etc.; enfin spéculations animales, culturales
et industrielles diverses.
La tenue de ces comptes n'offre pas de difficulté. A leur débit sont
inscrits, chacun en ce qui le concerne et s'il y a lieu, l'inventaire
d'entrée, puis les frais qu'ils entraînent; à leur crédit, l'inventaire de
sortie et les produits qu'ils fournissent. Ils se balancent par le compte
profits et pertes dont le nom indique la destination et dont nous rappel-
lerons tout à l'heure la fonction.
Ces comptes ont un caractère essentiellement arbitraire et facultatif
en ce que l'exploitant peut, à sa volonté et suivant la marche plus ou
moins heureuse des spéculations auxquelles il se livre, les développer,
les restreindre, ou même les supprimer, si l'expérience lui montre
qu'elles n'offrent pas des probabilités suffisantes de succès.
Les autres comptes représentent les voies et moyens, les ressources
dont il f;iut se pourvoir en vue de la bonne marche de l'entreprise, et
revêtissent conséquemment un caractère obligatoire. Cette série de
comptes comprend plusieurs groupes en tête desquels nous devons
placer, d'après l'ordre de succession des faits, les comptes organiques.
Comptes orgam(jues. — Comme son nom l'indique, ce groupe repré-
sente les instruments, la force motrice et l'outillage spécial dont
l'exploitant a besoin dès le début et pour la mise en train de ses opé-
rations, les diverses machines, à vapeur, hydrauliques, etc., enfin
tout le matériel nécessaire. En outre du mobilier rural, ou cheptel
mort, il comprend également les animaux de trait, bœufs ou chevaux,
qui sont de véritables machines vivantes.
Au débit de ces comptes figurent l'inventaire d'entrée et les frais
occasionnés par le matériel pour réparer les fractures ou l'usure qu'il
éprouve de manière à le maintenir en état d'usage, à leur crédit vient
s'inscrire l'inventaire de sortie; les animaux présentent à leur crédit
le travail et les engrais qu'ils fournissent, et nous ne nous arrêterons
pas ici sur les considérations économiques relatives à ce sujet; la dif-
férence est soldée par le compte frais généraux.
Quelques comptables ouvrent des comptes distincts à entretien du
mobilier et, en ce qui concerne le bétail de trait, à nourriture et soins.
Ce genre de comptes seratlache au groupe précédent et nous lui donnons
pour celte raison, la dénomination de comptes subordonnés.
Comptes subordonnés. — Leur débit se compose des frais qu'ils occa-
sionnent et ils se balancent en .se déversant dans les comptes dont ils
relèvent.
Ici se fait sentir la nécessité d'un groupe important que nous appe-
lons les comptes de dépôt.
Comptes de dépôt. — Comprenant les approvisionnements, magasins,
grenier, fenils, gerbier, etc., caisse (numéraire, billets à recevoir et à
payer).
Ces comptes reçoivent, comme leurs congénères, à leur débit, s'il
26ti COMPTABILITE AGRICOLE. —ESSAI DE CLASSIFICATION.
y a lieu, l'inventaire d'entrée; ils se tiennent respectivement par débit
et crédit, entrées et sorties, et, en ce qui concerne la caisse, par recettes
et dépenses. C'est l'inventaire de sortie qui est chargé de les solder.
Au cours de ce rapide aperçu, nous rencontrons maintenant le
groupe des comptes de répartition.
Comptes de répartition. — Comprenant les comptes : ménage, main-
d'œuvre, labours., transports, etc., lesquels donnent lieu le plus souvent
à des écritures d'ordre. A leur débit sont portés provisoirement les
valeurs qu'ils expriment, les frais et dépenses qu'ils ont occasionnés,
jusqu'à ce qu'ils soient répartis à leur crédit par le débit des divers
comptes auxquels ils doivent être définitivement imputés. Le type de
ce groupe est le compte frais généraux qui reçoit, à son débit, tous
les frais et dépenses qui n'ont pas une affectation spéciale bien déter-
minée et les met, par son crédit, à la charge des divers services ou
comptes de spéculation qui ont nécessité ces frais, et proportionnelle-
ment à l'importance de ces comptes.
Le compte frais générau.v balance également les dépenses particu-
lières de l'exploitant, faux frais personnels, argent de poche, dépenses
de luxe que nous portons sous le titre de co/npZe ^jn'w'. Nous jugeons
inutile de faire de ce compte seul un groupe à part; nous ne pouvons
pas le rattacher aux comptes personnels, puisqu'il ne représente pas
le même ordre d'idées et ne se balance conséquemment pas de la
même manière; nous le plaçons donc incidemment ici à côté du
compte frais généraux dans lequel il vient se résoudre.
Tous les faits intéressants d'une exploitation peuvent, croyons-
nous, trouver leur place dans les comptes qui sont du ressort de ces
divers groupes. Il faut maintenant en interpréter les résultats partiels
et les faire concourir à une conclusion générale et définitive.
Dans ce but nous devons recourir à un groupe essentiel de comptes
que nous appelons les comptes principaux.
Comptes principaux. — Se composant des comptes profits et perles,
inventaires d'entrée et de sortie, capital d'exploitation, et, si nous envi-
sagions ici la situation d'un propriétaire, nous y ajouterions le capital
foncier.
Chacun de ces comptes résume une situation importante et caracté-
ristique. Le compte profits et pertes établit et liquide le résultat finan-
cier de chacun des comptes spéculateurs ; l'excès de l'avoir sur le
doit, ou réciproquement, indique le bénéfice net, ou la perte, réalisé
par l'exercice et se solde par le capital d'exploitation qui s'augmente
ou se diminue d'autant et qui, résultante de tous les faits qui se sont
accomplis, vient sceller, par l'inscription d'un seul chiffre, le dernier
anneau de la chaîne ininterrompue et indissoluble qui forme le système
de la comptabilité, en balançant l'inventaire de sortie qui est le bilan
général de l'exploitant, l'ensemble de ses ressources, l'expression
sommaire de ses valeurs actives et passives.
Toutes les écritures viennent ainsi se concentrer dans ce groupe qui,
par son caractère généralisateur, complète et vient clore ce mode de
classification qui s'approchera d'autant plus de la perfection qu'on
définira d'une manière plus précise la fonction de chaque groupe et
qu'on en élargira les bases. Nous le présentons donc au public agri-
cole comme une étude sujette à revision que d'autres après nous vien-
dront améliorer.
GOMPTAHILITl': AGRICOLE. — ESSAI DE CLASSIFICATION. 267
Eli quatre articles nous avons jeté un premier coup d'œil sur les
assises môme de la comptahlilitc qui, conçue sur un plan unique,
ainsi que l'entendent des esprits distingués, répond à toutes les
questions qu'on lui adresse : prix de revient, résultats partiels et
généraux, puisque tous les éléments d'inl'urmation et d'appréciation
se trouvent réunis dans les livres essentiels. Nous avons évité,
autant que possible, de pénétrer dans le domaine de l'économie
rurale dont l'intervention n'aurait pu que soulever une polémique
inutile ici, et qu'il ne faut pas davantage coniondre avec la comptabi-
lité, qu'un télégramme ne doit être confondu avec l'appareil
télégraphique.
D'ailleurs nous étions payé pour nous imposer cette réserve. Pour
avoir déjà dit quelques mots sur cette question, et maigre que nous
ayons toujours employé les formes courtoises que se doivent des contra-
dicteurs qui s'estiment, il paraît que nous nous sommes attiré des
inimitiés. Oue serait-ce si nous nous étions mêlé aux controverses
passionnées que provoquent souvent les tliéories économiques dont
l'exposition peut laisser un cours plus libre à l'esprit de parti, tandis
que la comptabilité n'est qu'une méthode d'inscription et de contrôle
gardant l'expression calme et sereine de la vérité! Et cependant nous
ne pouvons porter ombrage à personne; à notre âge, malgré l'ancien-
neté des services rendus, on ne recherche pas les faveurs, on aspire
simplement à être utile et à terminer tranquillement sa carrière.
Si nous avons pu intéresser les lecteurs du Journal do T Agriculture,
nous traiterons encore, de temps à autre, do quelques points d'appli-
cation technique; il ne nous reste plus maintenant à observer, pour
terminer cette partie essentielle de notre étude :
(Ju'il n'y aguère que ceux qui ont tenu au moins un exercice entier
de comptabilité qui puissent en parler d'une manière réellement utile,
etcela parce que de prétendues difficultés, donnant lieu à des discusions
prolongées et même oiseuses, se résolvent d'elles-mêmes sous la plume
du comptable, puisque les chiffres vont se placer, pour ainsi dire,
automatiquement dans la case qui leur est attribuée par l'ordonnance
méthodique des écritures, de telle sorte que chacun a sa part corres-
pondante d'influence dans la détermination des résultats et que tous,
par une suite d'actions mutuelles et d'absorptions de plus en plus
puissantes, finissent par se fondre dans les comptes principaux qui
sont le résumé et la synthèse de tous les autres comptes, l'interpré-
tation la plus condensée et la dernière expression de toutes les valeurs
et de tous les intérêts, justifiant ainsi la dénomination de clef synthé-
tique que nous avons précédemment donnée à cette classification ;
Enfin qu'en dehors d'une classification précise et des procédés mis
en œuvre par l'esprit d'investigation scientifique, il n'y a guère que
verbiage, que rabâchage, et l'on peut même dire dans beaucoup de cas
que radotage. Sakomo.n,
Directeur de la ferme-école de Saint-Michel (Nièvre).
LE FUSARIUM NERVISEQUUM DU PLATANE
En fait de maladies parasitaires dues à des êtres végétaux [micro-
scopiques, voilà le platane qui n'a plus de points à rendre à la vigne!
Il n'est pas question ici des platanes cultivés sur tout le territoire fran-
268 LE FUSARIUM NERVISEQUUM DU PLATANE.
çais; qui pourrait donner des nouvelles exactes de leur santé/ Mais
seulement de ceux des Basses-Pyrénées. Or, ces derniers offrent à
l'heure présente un aspect tout à tait alarmant, et il est fort à craindre
que si le mal qui les afflige actuellement les frappe aussi violemment
pendant deux ou trois ans consécutifs, il ne reste en Béarn, de ce genre,
que quelques rares représentants. Les effets de la maladie se traduisent
de la façon suivante:
Les extrémités des jeunes rameaux terminaux et axillaires se dessè-
chent; il en est de même des feuilles eu voie de développement sur ces
pousses. Les uns et les autres se recoquillent en très peu de temps et
font paraître l'arbre comme ayant eu toute sa coiffure violemment rôtie
par une flambée intense ou grillée par une forte gelée. 'L'action finale
est que le nombre des feuilles chez un sujet fortement attaqué est di-
minué souvent des deux tiers et, par suite, l'ombre est beaucoup moins
épaisse. Cette année-ci, par exemple, dans les Basses-Pyrénées où la
maladie sévit d'une façon foudroyante, tous les platanes ombragent
moins que des frênes ou des robiniers.
Nous l'avons dit, là est précisément la gravité du mal : ce n'est ni un
ni deux sujets qui sont attaqués, mais tous ceux d'un même genre et cela
au moins dans tout le département des Basses-Pyrénées. Les platanes,
plus que séculaires, form.ant un dôme immense et imposant à l'entrée
du parc Henri IV, au pied même du château de Pau, sont tellement
éprouvés que le rare feuillage que supportent leurs bras gigantesques
est devenu impuissant à arrêter les rayons du soleil. Des sujets plus
jeunes, bordant sur un long parcours des routes nationales et départe-
mentales, n'ont pas plus été épargnés.
On assure que du côté de Bayonne les ravages sont encore plus con-
sidérables. En Béarn le fait n'est ignoré de personne, même du moins
intéressé aux choses de l'arboriculture. Comme il importe, d'ailleurs,
pour les besoins de la conversation journalière, de donner une cause à
cet effet, on entend dire partout que les platanes sont gelés. C'est bien
là réellement un cas de gelée extraordinaire; le printemps actuel
n'ayant à son passif, en fait de froids tardifs, que les deux nuits
du 13 au 14 et du 14 au 15 avril, durant lesquelles le thermomètre
est descendu si peu au-dessous de zéro, que pas une fleur de nos ar-
bres fruitiers n'en a subi la moindre atteinte.
Le principe du mal est dans la végétation d'un champignon micros-
copique décrit par Léveillé sous le nom iVlIijmcnula PIntani, dans la
publication de Desmazières (T'/a'i/ps cnjploij. de Fr. N° 1349) et cité
plus tard par Fuckel dans son Symh. myc. 1 . p. 369, sous le nom de
Fusarium nerviseqiium. Cette dernière dénomination semble devoir être
adoptée parles mycologistes modernes à cause du mode do végétation
de ce parasite. En effet, ainsi que nous l'avons fait pressentir en par-
lant de ses ravages, il s'installe de préférence sur les extrémités des
jeunes bourgeons en voie de développement et, en moins de huit jours,
occasionne la mort de ces derniers. Ce mode d'attaque est le plus fré-
quent et le plus désastreux. Mais très souvent aussi il se développe
seulement sur le pétiole des feuilles jeunes ou à peine adultes et, une
fois le tissu de ce pétiole désorganisé, action produite dans l'espace de
trois à huit jours suivant que la température est plus ou moins favora-
ble à la végétation de la cryptogame, la feuille commence à se reco-
quiller et est bientôt entièrement desséchée. Parfois encore l'attaque se
LE FUSARIUM NERVISEQUUJI DU PLATANE. 269
produit sur la nervation de la feuille. Dans ce dernier cas, tout le limbe
de celle-ci peut ne pas être frappé de mort, mais seulement la por-
tion circonscrite et nourrie par les nervures attaquées.
Les conditions particulièrement favorables à la végétation du Fusa-
riumnervisefjwun semblent être identiques à celles du mildew; mais le
premier de ces parasites apparaît au printemps avant le second. L'un
et l'autre exigent, pour un développement rapide, une grande bumidité
de l'atmosphère. Ce fait est incontestable pour le cryptogame du pla-
tane. Ainsi les sujets de ce genre plantés dans les environs de Bayonne,
Biarritz, Saint-Jean-de-Luz et autres localités avoisinant les bords
de l'Océan, sont actuellement bien plus malades que leurs congénères
de l'intérieur du département. Beaucoup des premiers soit jeunes, soit
vieux, n'ont plus que quelques rares feuilles.
Le Fusarium, comme le mildew, se plaît pour exercer tous ses ra-
vages à subir les influences des changements brusques et fréquents de
température, des alternatives souvent répétées d'averses et de coups de
soleil; en un mot, ilaimeune température qui n'est ni franchement
sèche, ni constamment humide. 11 est souvent bien plus facile de si-
gnaler l'existence d'une maladie que d'en indiquer le remède. Cepen-
dant à propos de celle mise en vue dans ces iignes, deux faits bien
certains résultent de nombreuses observations suivies pendant toute
une année dans le département des Basses-Pyrénées.
Le premier a traita la résistanco du platane d'Occident aux atteintes
du mal. Celte espèce, sans être complètement à l'abri du parasite, est
moins endommagée par le végétal microscopique et offre de l'ombrage
là où tous les autres sujets survivent à grand'peine aux attaques
de leur ennemi. En second lieu, il est à remarquer que les platanes
taillés annuellement, ou toutes les deux années, ne sonl pas afTectés de
la maladie. Cette dernière observation fournira peut-être un moyen fa-
cile et prompt de remédier au mal signalé. Qu'une mesure administra-
tive ordonne en effet le rabatlase des platanes dans tous les départe-
ments envahis et le parasite, attaqué de toutes parts dans ses organes
de reproduction, disparaîtra bientôt totalement ou ne causera plus que
des dégâts insignifiants.
Le désir d'arriver à ce résultat nous a dicté ces lignes; il ne nous
manque plus que l'aide d'hommes compétents et dévoués pour engager
et soutenir une lutte victorieuse contre un parasite dont l'existence
est à peine soupçonnée dans certains pays de France, tandis que dans
d'autres il menace de ruine complète une essence forestière dont l'uti-
lité n'est plus à discuter. H. de Mortillkt.
SUR LA VAINE PATURE'
M. Fisson a soumis au Comice de Lunéville une proposition tendant
à la suppression ou au moins à la réglementation de la vaine pâture.
— La Commission nommée pour examiner cette motion, s'est mise si
facilement d'accord, qu'elle n'hésite pas à penser que la mesure
sollicitée répond à un sentiment bien nettement arrêté dans l'esprit
des cultivateurs de l'arrondissement.
Il ne faut pas songer à supprimer la vaine pâture, l'usage en est
1. Rapport présenté au Comice de Lunéville au nom d'une Commission composée de MM. Am-
broise, avoué, rapporteur; Paul Puirel, avocat; Marin, de Rehainviller; Collet, de Merfaville;
Ltiuillier, d'Einville; Marchai, de Léomont ; Fisson. conducteur, de Lunéville.
270 SUR LA VAINE PATURE.
trop enraciné, il est trop profitable à un grand nombre de communes ;
et enfin, il est trop précieux pour le pauvre qui, bien que n'ayant pas
de prés à lui, peut du moins, de par la loi, envoyer une vache au
troupeau commun.
Dans les prairies abandonnées à elles-mêmes, et qui ne doivent leur
valeur qu'à la fertilité du sol, la vaine pâture conserve son véritable
caractère et n'a pas cessé de mériter son nom ; elle est inoffensive, mais
il n'en est pas de même là où des travaux d'amélioration, dispendieux
et difficiles, sont venus donner au sol une fertilité d'emprunt, qui
réclame des soins et des ménagements constants. — Ces grands
travaux sont trop nombreux déjà, et leur nécessité est trop bien com-
prise de tous, pour qu'il ne soit pas nécessaire d'en assurer la conser-
vation.
Dans les pays oià les prairies tirent surtout leur fécondité de Jl'ingé-
nieuse distribution des eaux, comme dans les Vosges, la vaine pâture a
disparu ou n'a jamais existé.
La Commission pense que pour notre arrondissement, qui se signale
par de nombreux travaux hydrauliques, l'heure est venue de demander
aux pouvoirs publics les moyens de protéger, dans une mesure raison-
nable, les œuvres dispendieuses qui ont déjà régénéré chez nous tant
de mauvais terrains.
Elle vous propose d'émettre un vœu à l'effet d'obtenir que l'accès
des terrains sillonnés par des raies d'irrigation puisse, au moyen de
signes apparents de défense, être interdit aux bestiaux en pâture.
Elle a la conviction que cette mesure si simple ne rencontrerait pas
d'opposition sérieuse dans les campagnes, qu'elle y serait au contraire
accueillie avec empressement.
Resterait à prévenir les abus. Si les travaux des associations syn-
dicales doivent nécessairement et en première ligne profiter des
mesures nouvelles, si l'on peut sans difliculté étendre la même faveur
aux travaux particuliers, lorsque à raison de leur importance, l'admi-
nistration hydraulique a prêté le concours de ses agents, il ne faut pas
qu'un propriétaire trop habile puisse, en creusant quelques rigoles
dans son pré, se soustraire au détriment de toute la commune à la
règle générale.
Il y a une mesure à garder, et nous pensons qu'il conviendrait de
confiera une Commission prise dans le Conseil municipal, le soin de
tenir équitablement la balance entre l'intérêt particulier et le respect de
la coutume traditionnelle de la commume.
Le Comice agricole de Lunéville a déjà appelé l'attention des repré-
sentants du pays sur la nécessité d'encourager et de faciliter les
travaux d'amélioration agricole en apportant à la législation, les modi-
fications que réclame impérieusement la situation de l'agriculture.
La région de lEst attend notamment d'un projet déposé à la Chambre
par plusieurs de ses députés, l'extension aux travaux d'irrigation et de
drainage des associations syndicales autorisées conformément à la loi
de 1865.
Mais le secours que l'agriculture espère d'une législation mieux
appropriée aux nécessités actuelles, ne saurait être vraiment efficace
que si, en donnant aux cultivateurs le moyen d'exécuter par l'asso-
ciation les importants travaux d'ensemble dont l'utilité ne se discute
plus,laloi prévoit en même temps les moyens d'en assurer la conserva-
SUR LA VAINE PATURE. 271
tion. C'est cette préoccupation qui porte le Comice à signaler spécialement
les inconvénients de l'usaye du parcours et de la vaine pâture qui se
pratique d'une façon presque générale dans l'arrondissement.
Nous n'avons pas la prétention de trancher le débat que le maintien
ou la suppression absolue de la vaine pâture a soulevé de tout temps,
nous pensons au contraire que la situation de l'agriculture est trop
variable suivant les diverses régions du pays pour qu'une solution
unique et radicale puisse satisfaire et rassurer tous les intérêts. Aussi
les modifications que nous souhaitons se borneraient-ellesà ce qui est
nécessaire pour assurer la protection due à des travaux dispendieux et
difficiles qui ont un véritable caractère d'utilité générale, mais en
respectant les avantages séiieux que beaucoup de communes trouvent
dans l'usage de la pâture en commun.
Les travaux d'irrigation sont déjà nombreux dans la région; ils le
deviennentchaque année davantage, parce que chacun comprend qu'ils
sont une des conditions principales du salut de l'agriculture ; et
cependant les troupeaux communs mal gardés ou presque abandonnés
viennent en un instant détruire les raies et les conduites d'eaux ou en
bouleverser le fonctionnement.
Dans l'état actuel de la législation, la facnlté de se clore est le
moyen unique de se soustraire à ces inconvénients; mais, pour les
associations comme pour les particuliers, l'énormité des frais qu'entraîne
l'établissement d'une clôture suffisante^ rend presque toujours ce remède
illusoire.
Alors que la loi impose à la vaine pâture le respect de toute récolte
et de toute prairie artificielle, quelque minime que soit sa valeur, elle
laisse sans défense des travaux d'art, œuvres d'associations péni-
blement fondées en dépit des ambages de la loi et conduites à bien aux
prix de grands efforts, d'ingénieuses et délicates combinaisons, de
beaucoup de science et de beaucoup d'argent.
Le législateur de 1791 n'avait cependant maintenu la vaine pâture
qu'avec réserve « à litre provisoire «, et la jurisprudence, s'inspirant
de sa pensée, ne l'a jamais considérée que comme une tolérance des
particuliers envers les habitants d'une commune — basée sur cette
idée qu'elle est inofîensive, comme l'indique le nom même que la tra-
dition lui conserve. La vaine pâture n'a de raison d'être qu'autant
qu'elle conserve ce caractère essentiel; aussi jamais les communes,
quelques efforts qu'elles aient tentés, n'ont-elles réussi à transformer
l'antique coutume en un titre de servitude sur les terrains parti-
culiers.
En dépit de l'usage qui est cependant immémorial, on a toujours
reconnu que le propriétaire, eu souffrant sur son terrain le passage des
troupeaux communs, n'a jamais fait qu'un acte de tolérance et n'a
jamais renoncé au droit de disposer à son gré dé sa propriété pour la
clore, pour la labourer ou pour en faire une prairie artificielle.
(domine conséquence on a pensé et l'on a jugé que la tolérance ne
peut pas s'étendre jusqu'à laisser détruire et même détériorer les ter-
rains, et que les propriétaires qui ont soufïort un dommage grave,
peuvent toujours en demander réparation au propriétaire du troupeau
qui l'a causé.
Il suffirait donc, en s'inspirant du même esprit que le législateur
de 1791 , d'étendre le pouvoir réglemenlaire que l'administration tient
272 SUR LA VAINE PATURE.
déjà de la loi, en lui permettant d'assurer, par des règlements muni-
cipaux, la protection des prairies dans lesquelles ont été faits des
travaux d'irrigation, et de lui donner le droit de déterminer ceux de
ces travaux dont l'importance mériterait la protection spéciale de la
loi.
Tels seraient le sens et la portée du vœu, que le Comice de Luné-
ville prend la liberté de formuler et qu'il verrait avec reconnaissance
accueiUi par les représentants du pays.
Il peut se résumer en quelques articles qui porteraient :
1° Les terrains dans lesquels auront été exécutés des travaux d'irri-
gation ou d'assainissement, pourront être soustraits à l'usage de la
vaine pâture.
2° A cet effet, l'autorité déterminera chaque année par voie d'arrêté
municipalles propriétés communales ou parliculières auxquelles s'ap-
pliquera le bénéfice de cette prohibition.
Seront nécessairement compris dans l'arrêté les travaux exécutés
par les associations syndicales, et même ceux appartenant à des
particuliers, pour l'exécution desquels l'administration accorde à
raison de leur importance le concours des agents du service hydrau-
lique.
Pourront être en outre compris dans l'arrêté municipal tous
autres travaux d'irrigation et d'assainissement désignés, sur la
demande des propriétaires, par une Commission prise dans le Conseil
municipal.
3° Les infractions à l'arrêté seraient poursuivies comme contra-
ventions de police rurale, à la condition toutefois que les terrains
exclus de la vaine pâture aient été munis par leur propriétaire
de signes apparents de défense, conformément à l'usage des lieux.
k" Enfin ceux qui profiteraient de cette faculté resteront soumis
à toutes les prescriptions de la loi du (1 octobre 1791, de la même
manière que s'ils avaient clos leurs héritages. E. Ambroisk.
ÉTAT DE LA CULTURE EN NORMANDIE
LES ORAGES. — LES ASSUBANGES AGRICOLES. — LA MOISSON.
La seule chose qui fût à redouter comme présentement capable de
compromettre notre belle récolte sur le point d'être rentrée, ne nous a
pas été épargnée. Depuis une quinzaine de jours, notre région est sous
le coup de Iréquents orages, parfois d'une violence extrême, accom-
pagnés souvent déchûtes de grêlons d'un poids considérable, qui ont
causé de grands désastres dans certaines parties de nos fertiles dépar-
tements de l'Eure et de la Seine-Inférieure.
Les bienfaits de l'assurance ne sont pas toujours appréciés, dans
nos campagnes, comme ils méritent de l'être, et l'usage n'en est pas
encore assez répandu; aussi, on nous signale de tous côtés un grand
nombre de cultivateurs dont la position se trouve en ce moment gra-
vement compromise, et d'autres qui sont absolument ruinés.
Cela coûte à tout le monde, surtout dans ces temps de gêne, nous le
savons fort bien, d'ajouter une dépense de plus à tant d'autres déjà
très lourdes, pour payer une renie à un* compagnie d'assurance,
lorsque la récolte n'a subi aucun dégât; mais aussi, dans des années
comme celle-ci, combien on se repent de n'avoir pas eu recours à ce
KTAT DE LA CULTUUK EN NORMANDIE. 273
moyen pratique el profiUil)le qui, en compensalion d'un sacrifice en
somme assez léger, nous permet de vivre tranquilles en nous donnant
la certitude que nous ne sommes pas exposés à perdre, en un instant,
le fruit de toute une vie de travail et de privations !
La moisson, terminée dans le Midi, en pleine activité dans le Centre,
a commencé en Normandie, il y a quelques jours seulement. La verse
est générale dans les contrées visitées par les orages, le travail va être
long etditlicile, la inain-d œuvre chère, et nous craignons vraiment que
les bras disponibles ne soient insullisants pour accomplir, en temps
opportun, les travaux urgents dans nos fermes.
D'un autre côté, nous l'avons déjà dit, et nous; le répétons sans
crainte de passer pour pessimiste aux yeux des gens sensés et de
bonne foi surtout, le sort de nos cultivateurs devient de plus en plus
intolérable, et il faut, tout le monde en est persuadé, qu'à bref délai il
soit donné satisfaction à leurs justes réclamations.
Nous pouvons en parler sûrement, nous qui sommes du métier,
qui, du matin au soir, payons de notre personne et de notre bourse,
sous la plui(ï et sous le soleil, et que l'on ne peut accuser de
faire de l'agriculture en chambi'e, comme on l'a dit plaisamment de
certains de mes collègues qui n'habitent point la campagne comme
nous, mais qui n'en valent pas moins pour cela, qui nous sont supé-
rieurs en science, et qui sont d'habiles agronomes parfailement au
courant des besoins de l'agriculture.
Ce n'est, du reste, pas contestable, nous avons tout contre nous,
absolument tout! Nous sommes écrasés par des charges de toutes
sortes; et voici qu'en présence d'un surcroît de travail, d'une véritable
pénurie de bras el d'une main-d'œuvre dont le prix a plus que doublé
depuis quelques années, nous voyons les produits de la culture arri-
ver à une dépréciation telle que la semaine dernière nous avons assisté
à une vente publique oii d'excellent lin, qui aurait bien valu 700 ou
800 francs l'hectare, il y a à peine cinq ou six ans, a été vendu difli-
cilement 2.50 francs seulement, et même il a fallu ma foi, presque prier
le seul acheteur qui se trouvait là pour le prendre à ce prix dérisoire !
Et gardez-vous bien surtout de croire que ce soit un fait isolé ; c'est
général au contraire, et c'est là l'accueil que trouvent à peu près par-
tout aujourd'hui nos produits de la terre, avec lesquels nous ne pou-
vons plus faire d'argent. Elle Cassé.
NOUVELLES INVENTIONS AGRICOLES
ANALYSE SOMMAIRE DES DERNIERS BREVETS DÉLIVRÉS.
161,354. Lahaye. 5 avril 188i. Système de bordures de jardin, parc, etc., en
ciment de toutes espèces el faisant des objets de toutes formes, dimensions, dessi7is el
couleurs. — (Ce brevet n'a pu nous être communiqué par radiniuisiration. Nous
en rendrons compte uitciieureioent.)
161,357. Desforges. 7 avril 1884. Nouveau paragdée des vignes, dit Para-
çelcc-Ministre. — Le paragelée se compose de deux planclies montées à charnières
l'une sur l'autre : l'une est fixée sur un é:halas ; l'autre se rabat sur la première
lorsque l'instrument ne sert pas. En cas de danger de gelée, on ouvre l'instru-
ment. Ce paragelée peut également servir d'esualier ou d'abri contre le vent.
Il peut être l'ormé de trois planclies au lieu de deux : dans ce cas, celle du
milieu est fixée sur un échalas et les deux autres sont articulées de chaque côté ;
mais elles sont formées elles-mêmes des fragments d'une planche unique coupée
obliquement, dans son épaisseur, de « corne en coin », de manière que, une fois
274 NOUVELLES INVENTIONS AGRICOLES.
rabattues sur la planche fixe, le tout n'ait que l'épaisseur de deux planches. —
On pourrait enfin employer cinq planches au lieu de trois, une fixe et deux arti-
culées de chaque coté.
161,'»10. Rabier. 8 avril 1884. Trieur avec manège à "plan incliné. — Le
trieur, monté sur roues, est mù par un plan incliné sur lequel marche un cheval.
Le brevet porte sur la réunion, sur un même bâti, d'uu tiieur cylindrique et
d'un plan incliné ; étant transportable puisqu'il est monté sur roues, l'appareil
peut aller de ferme en ferme, particulièrement au moment des semailles, pour
nettoyer les blés de semence. Il peut d'ailleurs servir pour toutes autres graines.
Certificats d'addition. Société anokyme pour les procédés brevetés de
LA FARiNEBiE Saint-Requier. (Br. n» 147,163). 27 mars 1884. Système de
granulaUur à grains. — Les brevetés, ayant reconnu qu'un seul plateau suffit, à
condition d'avoir une vitesse suffisante, remplacent par un plateau unique les
deux plateaux mentionnés dans leur brevet principal. Ce plateau est fixé sur l'arbre
par un calage unique qui remplace avantageusement la clavette précédemment
employée. En outre, le palier du haut, formant collier, se trouve placé sous le
plateau au lieu d'être au-dessus.
Enfin, les brevetés revendiquent la substitution possible, aux pièces porte-la-
mes, de heurtoirs briseurs en fonte, acier, etc , à surface cannelée, dentelée, etc.
Jacquemin. (Br. N" 157,020). 3 avril 1884. Fauclieusc-moissonneuse à bras.
— Le breveté ajoule à la machine décrite dans fon brevet princioal une disposi-
tion propre à retenir et à détourner le produit de la ccupe pendant le moisson-
nage. Cette disposition coasiste eu un cadre trapézoïdal placé derrière la lame ; ce
cadre reste vide pendant le fauchage, mais pendant le moissonnage on le garnit
d'un tablier plein sur lequel tombe la coupe et qu'on peut retirer pour laisser tomber
la javelle. Le certificat d'addition porte, en outre, sur diverses dispositions
mécaniques de la machine.
Société anonyme pour les procédés brevetés de la farinefiIE Saint-Re-
QUIER. (Br. N" 150,207) 4 avril 1884. Laminoir clalcur dédoubkur pour fariner ic,
appliqué à la pulvérisation des granules et des gruaux de lié. — Les brevetés ont
cherché à remédier à l'échauflement des cylindres hongrois par un autre pro-
cédé que l'emploi de l'air, qui donne de mauvais résultats à cause de sa faiblo
chaleur spécifique. Ils opèrent donc un refroidissement continu à l'eau. Pour
cela, ils font arriver de i'eau, par les tourillons, à l'intérieur des cylindres.
Un robinet de réglage permet de déterminer à volonté la quantité d'eau introduite.
Ils revendiquent : l'application au rciioidissement des cylindres, de l'eau ou
dun autre léfrigérant, agissant intérieurement; les moyens employés pour faire
arriver le liquide dans les cylindres, et les dispositions générales de l'appareii
construit pour fonctionner de cette manière. Cii. Assi et L. Genès,
Ingénieurs-conseils en rraliêre de brevets d invention,
36, boulevard Voltaire, à Paris.
PARTIE OFFICIELLE
Décret relatif à la circulation des raisins, des marcs, etc., dans les zones frontières
de la France et de l'Allemagiie.
Le President de la République française,
Vu le oécret du 15 mai 1882, rendant exécutoire la convention internationale
phylloxérique conclue à Berne, le 3 novembre 1881 ;
Vu la demande du gouvernement allemand et les mesures prises par bu, le
24 mai 1884; sur le rapport du ministre de l'agriculture, décrète :
Art. premier. — Lesraisins de vendanges, marcs de raisins, composts, terres,
terreaux, échalas et tuteurs déjà employés peuvent circuler librement dans les zones
frontières de la République Irançaise et de l'empire allemand. Ces produits sont
exempts des restrictions contenues dans les paragraphes 2 à 4 de l'article 2 de la
convention internationale phylloxérique de Berne.
Art 2. — En cas de doute sur le lieu de provenance de l'envoi, les autorités
douanières sont autorisées à exiger, par le moyen d'un certificat de la mairie du
lieu de provenance, la preuve que l'envoi en question provient d'un lieu non in-
festé ou non rendu suspect par le voisinage di^ foyers d'in'ection.
Alt. 3. — Les zones frontières comprennent les localités deihacun desEtats qui
ne sont pas éloignés de plus de 15 Itilomèires de la frontière.
Art. 4. — Le ministre de l'agriculture est chargé de l'exécution du présent décret.
Fait à Paris, le 5 août 1884. Jules (jréyy.
Par le Président de la République : Le nUniiiv^ de l'agriculture, J. Méliisie-
SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE. 275
SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE
Séiiiice du 13 aoi'U 1884. — Présidence de M. Clievreul.
M. Barrai s'excuse de ne pouvoir, à cause de son état de maladie,
assister à la séance.
M. Llaurado, professeur à l'Ecole forestière de l'EscuriaF (Espagne),
fait hommage d'une note sur la culture du riz, par arrosages intermit-
tents; — etM. Gaetano Canloni, directeur de l'Ecole supérieure d'agri-
culture de Milan, d'une étude sur les conditions actuelles de l'abri-
culture.
M. Kremer, ingénieur des arts et manufactures, envoie une notice
sur ses travaux relatifs aux nouveaux; procédés de mouture par les
cylindres métalliques.
M. Quéhen-Mallet, jardinier, fait iiommage de deux notices sur
la formation des haies et sur la culture de la vigne contre le phylloxéra.
M. Joseph de Parieu transmet une notice sur l'enseignement aj;ricole.
M. Barrai envoie une note pour annoncer la mort de M. le baron
Thenard et exprimer les regrets de la Société pour cette perte cruelle.
M. Tisserand donne lecture d'une note sur la sécheresse qui a sévi,
durant l'été dernier, en Australie et sur les pertes dont elle a été cause
notamment dans la Nouvelle-Galles du Sud, surtout pour l'élevage du
mouton ; plus du quart des animaux formant les troupeaux ont péri. —
M. Bouquet de la Grye insiste sur les inégalités extrêmes de séche-
resse et d'humidité que présente le climatde l'Australie. — M. Nouette-
Delorme fait remarquer qu'il est important de connaître ces faits, car
ils peuvent exercer une grand intluence sur le cours des laines. — A.
cette occasion IM. Chevreul insiste sur la difficulté que présente souvent
la réunion de documents bien établis ; il en profite pour rappeler les
grands services souvent méconnus, rendus par d'anciens agronomes,
notamment par le marquis de Turbilly et par Turgot au siècle dernier.
Henry Sagnieu.
REVUE GOIÏÏERGIiLE ET PRIX G)UR\NT DES DENRÉES AGRICOLES
(16 AOUT 1884.)
I. — Situation générale.
Les offres en blés nouveaux soat assez abondantes sur un grand nombre de mar-
elles ; pour la •plupart des autres denrées, les transactions sont peu importantes.
II. — r.ps grains^et les farines.
Les tableaux suivants résument les cours des céréales, par ouiNTAr, métrique,
sur les principaux marchés de la France et de l'étranger (la plupart des prix
s'appliquent aux blés nouveaux) :
Blé.
fr.
Algérie. *'°^'( blé dm- 16.75
Angleterre. Londres 2.1. E.0
Belgique. Anvers 21.50
Pays-lias. Ainslerdam 2U.ÛÔ
Alsace-Lorraine. Strasbourg 25.20
Allemagne. Berlin ,. 19.60
— Cologne 21.25
— Francfort 24.0.0
Suisse. Genève 24. .SO
Italie. Tur.n 2:i.50
Espagne. Harcelons 24. UO
Autriche. Vienne 18.00
Hongrie. Budapest 18.30
}ius;te. Saint-l'étersbourg. . Iii..i0
Etats-Un:!:. New-York 17.60
Seigle.
Orge.
Avoine'
fr.
fr.
fr.
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13.
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13.00
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10.
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279
REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT
1" RÉCiON. — NOBD.OrEST.
Blé. Seigle. Orje. Avoine.
fr. fr. fr. fr.
Caivados. C:ien 22 90 14.00 18.50 21.50
— Lisieux 24.00 14. -iS 18. 00 'io.oo
C.-du-A'oirf. Lannion... 21.75 ■> 10. oo 16.50
— Tieguier 22.00 » l'>.50 15.50
Fimslere. Mùilaix 22.50 16.50 16.25 16.00
— Quimper 23.0) 16.75 la.r.o 16, '.'5
lUe-et-Vilaine. Rennes. ;i.50 » !6.oo 16.00
— .Saint-Malo 22 50 18.00 » »
Manche. Avranches. .. . 23.50 » 19 00
— Pontorson 23.00 » 18.50
— Villedieu 23.75 19.25 20.25
J/ayenne. Laval 23.00 » »
— Cliàteaii-Gontier. 22.50 » 18.00
A/orbiTian. Hennebont. . 23.25 15.50 »
Orne. .Seez 23.20 » 19.25
— Vimoutiers 24.00 16.50 19.00
Sar<he. Le Mans 22.25 16.25 17.00
— Sablé 23.00 16.25 18.50
Priï moyens i2.37 16.32 17.75
2* RÉGION. — NORD.
disne. Laon 23.40 16.80 »
— Chùteau-Thierry. 22.00 16 00 13. oo
— Villers Collerels. 22.50 15.50 »
Eurt. Evreux !3 25 14.95 »
— Le Neiibourg 24 00 14 50 20.75
— Pacy 23.70 15.00 21.00
Eure-et-Luir. Chartres.. 23.00 14.25 18.00
— Auneau 22 75 14.50 18.25
— NoRenl-le-Rotrou. 24.00 » »
A'ord. Lille 24.50 » 17.25
— Douai 23.50 15.00 18.75
— Valeiiciennes 24.50 17.25 19.70
Oise. Beauvais 21.50 1^.75 18.50
— Songeons 22.10 " 21.50
— Senlis 22 00 15.50 »
Pas-de-Calais. Attas... 24.00 17.00 18.75
— Sami-Omer 23.75 16 50 19.00
Seine. Paris '-'S. 50 16.00 19.60
8.-e4-.War)ie. Dammartin. 22.25 15.50 17.50
— Meau-i 23 25 16.00 »
— Provins 24.00 14 50 20.25
S.-e(-Oise Houdan 23.00 14.25 19,25
— Pontoise 22.50 15.70 17.50
— Versailles 24.00' 15. oo 19.00
Seine-/n/£^ï'ieure. Rouen. 23.55 14.90 20.50
— Fecamp 23.15 15.00 »
— Yvetot 22.75 14.50 >
Somme, .\bbeville 22.70 1.^.25 21.00
- Doullens 24 25 14.00 18.50
— Roye 23.00 15.50 17.50
Prix moyens 23. 2J 15.32 19.09 19.00
3- REGION. — NORO.ESr.
Ardennes. Sedan 24.75 17.25 20.00 20 00
— Betbel 23.50 15.00 17.50 »
ylube. Bar-3ur-Aube 23.50 » 17.50 19.50
— Nogent-sur-Seine. 23.50 » 18.00 •
— Troyes 23.25 16.00 » »
arM. Chllons 22.75 16.25 1950 19.15
— Epernay 23.60 15.50 18.50 19.50
_ lieiins 23 75 16.25 18.00 18.75
Hte-Marne. Bourboncie. 22.50 » » l;i.60
4/eurt/ie-«(-A;o.5. Nancy. 23.25 17.00 19.50 20 00
— Lilnaville 24.00 » » 18.00
_ Toul 23.00 17.00 18.00 17.50
yeuse. Bar-le-Duc 23.75 17.00 19.50 19.00
_ Verdun 23.50 16.25 » 18.50
ffaule-Sadne. Gray 23.25 16.50 17.20 16.75
— Vesoul 23.00 16.00 » 16.75
Vosges. Epinal 24.75 16.50 » 16.50
Neufchàteau 23 85 17.00 »_ 18.25
Prix moyens 23.5 4 16.39 18.47 18.31
4* RÉGION.— OUEST.
Charenfe. Angoulème... 23.50 17.50 18.25 18.50
— RulTcc 24.00 » 13.00 17.25
Chor.-M/ff. Marans 21.75 » 17.50 is.oo
Deux-Sivres. Niort 23.25 1S.50 18 00 16.50
fndr6-e(-/.oi>e. Tours... 22 50 15.25 17 75 17.00
— Château-Renault. 23.05 14.60 19.35 I8.611
Loire-ZdA Nantes 22.50 » « 16.25
JI/.-e(-/.oire. Sauniur 23 50 14.50 20.25 17 50
— Anaers 23.25 15.75 19 00 19.25
Vendée. Luçon 23.00 ■ 18.50 16.00
— Fontenav-le-Cte.. 23.25 » 18.25 17.20
Vienne. Cbàteilerault... 23.25 16.00 > 17.00
— Loudun 23.00 14.50 20.50 17.00
i/awie-rien7ie. Limoges. 23.50 15.25 » 17.50
IPrilBlOven» 23.09 15.43 18.67 17.18
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5* REGION. — CBNTRR
Ble. Seigle. Orge. AToine.
|fr. fr. (r. fr.
Allier. Montiuçon 23.50 14.00 18.50 17.25
— La Palisse 22.75 15.80 » 16.50
— jt-Potirçain 22.50 » 18.00 »
Cher. Bourges 22.75 » 18.00 19.50
— Aubigny 24.00 15.25 » ■ 19.00
St-Amand 22.70 » 19.50 17.00
Creuse. Aubusson 24.00 16 00 » 17 80
/ndre. Cbiteauroux 23.25 15.50 » 16.50
— Issoudun 23 00 ■ 18 00 18.25
— Valençay 23.25 15.50 19.50 17.50
ioii-el. Orléans 23.00 15.50 18.00 19.50
— Gien 23.00 14.50 18.50 17. 2S
— Patay 23.25 » 19.00 18 75
L.-el-Cher. Blois 23.25 15.25 '20.50 20.20
— Monloire 23.75 » 19. 2j 16 50
JVièure. Nevers 23.00 • 21.00 17.50
— Clamecy 22.70 • 18.75 19.00
Yonne Brienon 23.00 17 00 13.00 19.50
— Tonnerre 23.00 14.75 » 17. M
— Sens 23.25 16.50 18.00 19.50
Prix moyens 23.14 15. 16 18.83 18.13
6' RÉ3I0N. — EST.
Air\. Bourg 23,25 17.00 ■• 17 CO
— Pont-de-Vaux.... 23.00 16 50 » 20.00
Cô(e-d'(Jr. Dijon 21.75 i> 13.00 17.00
— Beaune 22.25 » » 17.25
/Jow/)S. Besançon 23.00 » » 18.00
/sêi'e. Grortobie 24.50 17.25 » Î9.50
— Bourgoin 23.25 16.50 18.50 18.25
Jura. Dôie 22.25 16.50 18.25 16.50
Loire. Roanne 23.50 » » j»
P.-de-i'ôme. Clermonl-F 24.00 17.50 » 18.75
Rhnne. Lyon 22.75 15.20 18 73 18.50
S(ldne-e(-£oii'e. Cliàlon . 22.00 16.00 17 50 17.25
— .MiUon 33.70 16.65 13.70 18.95
oouoie. Chambéry 23.60 i.s.75 » 1900
//^e-Sauoie. Thonon 24.25 » » 21,25
Prix moyens 23.13 16 63 18.23 18.37
7* RÉGION. — SDD-OnEST.
jiriège. Pamiers 24.50 18,00 18.00 18.50'
— Foix 24 00 18,50 » 19,25
Dordogne. Bergerac 23,50 18,70 18,00 18.75
/ile-GoTOnne. Toulouse, 23.20 19,00 17,00 19,00
— st-Gaudens 25.00 17.00 1S.75 20.00
Gers. Condom 24.90 » » 20,60
— Eauze 25,50 1. » 22,00
— Mitande 23,75 » » 20,00
Gironde. Bordeaux 23,25 18 50 18.00 19.50
— La Reole 23,60 » j» »
Landes. Dax 24.00 18.75 » o
£.o(-ei-uaronne, Agen, .. 23,25 18.00 18.50 18. 00
— Nérac 23.60 19.25 » 19,00
fl.-Pyrtviêes. Bayonne. . 24,50 20 25 » »
///es-Pi(rénêes. 'i'arbes.. 24.50 20.00 » 20,25
Prix moyens 24,06 18,72 18,04 19.56
8" HÉpiON, — SUD.
.4ude, Carcas^onne .... 24.25 19,00 » 19,60
/Itiej/ron, Rodez 23.70 20.25 « 18,00
Can«a(, Mauriac 23,75 21.25 « 20 50
Corrè:e. Brive 23.80 18,50 18,75 18.50
Hérault. Montpellier,.. 23.50 » 18.50 18.75
— Cette 24.00 • » 21.50
£oi. Cahors 24,00 18,50 18,25 18,75
Lozère. Mende 25,65 23,30 » 28.05
Pt/rénées-Or, Perpignan. 25,70 17,80 24,00 24,45
Torn. Albi 24,75 » » 20,00
— Castres 24,50 20,00 » 21 00
Torn-el-lïor. Montauban 24,25 19.60 18,50 19.50
prix moyens 24 32 19.79 1960 20,71
9' REGION, — SDD-EST.
Basses-Alpes. Manosque 24.60 » » 21,00
//rtufes-.-Kpes, Briançon, 24,00 18-50 1S.75 19,20
Alpes-Marilimes.Xice.. 25.00 » 20.00 20.5»
ylrdfC/ie. Privas 26.65 17.50 17.00 19.60
B.-du-nhône. Arles 24.25 » » 13.00
Drùme. Montélimar . .. 22.80 16.00 » 17.25
Gard, Nimes 24.50 » 16,75 17,20
Haule-Unre. Brioude... 23,80 18.75 21.75 17,0»
l'or, St-Maxim n 24.60 » » »
Koucfuse, Orange 23,50 » 18 75 17.75
Prixraoyens 24,36 17.69 18,83 18,61
Moy, de toute la France 23.62 16.87 18.62 18 71
— de la semaine précéd, 23.73 17,05 18,64 18 96
Sur la semaineJHausse. » » » »
précédente.. (Baisse.. 0,21 0 18 0.02 0.25
DES DENRÉES AGRICOLES (Ifi AOUT 1884;. 277
Blés. — Les réunions commerciales qui suivent la moisson ont débuté dans
quelques départements. On y réunit des renseignemenis sur la production; les af-
l'aires qui s'y traitent donnent des indications sur la probabilité des cours. Pour
le moment, ces renseignements sont encore assez restreints; il s'en dégage néan-
moins, celte appréciation générale que la récolte peut-être considérée, dans- les
grands centres de production, notamment en Beauce, comme un peu supérieure à
celle de 1883, mais sensiblement inféiieure à celle de 1882. Ces évaluations ne
sont pas faites pour donner de l'impulsion ux cours, et en l'ait, c'est de la baisse
que nous avons à signaler. — A la halle de Paru, le mercredi 1.3 août, les af-
faires ont été restreintes comme précédemment; les cours accusent de la baisse;
on cotait de 22 fr. 75 à 24 fr. 50 par 100 kilog. suivant les sortes, ou en moyenne
23 fr. 50, en baisse de 25 centimes depuis huit jours. Au marché des blés à
livrer, on cote : courant du mois, 22 fr. 75; septembris. 22 à -22 fr. 25 ; septembre
et octobre, 22 fr. 25; quatre derniers mois, 22 fr. 25; quatre mois de novem-
bre, 22 à 22 ir. 25. — Au llavie, les aflaires sont calmes sur les blés exotiques;
les prix restent à peu près sans variation ; les blés d'Amérique se cotent de
21 fr. 50 à 23 fr. par 100 kilog. suivant les sortes; ceux des Indes de 21 fr. 50 à
22 fr. — A Marseille, la situation est toujours la même ; les arrivages sont peu
importants; les prix restent cotés par iOÛ kilog. : Red-Winter, 23 fr. à 23 fr. 50 ;
Berdianska, 24 fr. 5 :i à 25 fr. ; Marianopoli, 24 fr.; Irka-Odessa, 21 à 21 fr. 50;
Pologne, 21 à 21 fr. 50. — A Londres, les affaires présentent beaucoup de calme;
les blés indigènes se cotent de 22 fr. 50 à 24 fr.; à Liverpool, les blés d'Améri-
que valent de 22 à 22 fr. 50 ; ceux d'Australie, dé 22 fr. 50 à 24 fr. 20 ; ceux
des Indes, de 20 fr. 3b à 21 Ir. 20 suivant les sortes.
Farines. — Les affaires sont calmes, et les prix se soutiennent. On cote à Paris,
pour les farines de consommation : marque de Corbeil, 5l) fr.; marques de choix,
50 à 52 fr.; premières marques, 49 à 50 fr. ; bonnes marques, 47 à 48 fr.; sortes
ordinaires, 45 à 46 fr.; le tout par sac de 159 kilog. toile à rendre ou 157 kilog.
net, ce qui correspond aux prix extrêmes de 28 fr. 65 à 33 fr. 10 par 100 kilog.,
ou en moyenne 30 fr. 85, par 100 kilog., sans changements depuis huit jours. —
Pour les farines de spéculation, elles se cotaient à Paris le 13 août au soir :
farines neuf -marques, courant du mois, 45 Ir. 75 à 46 fr. ; septembre, 45 fr. 50
à 45 fr. 75; s 'ptembre et octobre, 45 fr. 50 à 45 fr. 75; quatre derniers mois,
45 fr. 50 à 4j fr. 75; quatre mois do novembre, 45 fr. 75 à 46 Ir.; le tout par sac
de 159 kilog. toile perdue ou 157 kilog. net. — Les farines deuxièmes se ven-
dent comme précédemment, de 35 fr. à40fr.: les gruaux, de 23 à 25 fr.
Seigles. — L'r.s prix sont assez soutenus. A la halle de Paris, les seigles nou-
veaux valent de 16 fr. 25 à 16 fr. 50. — Les farines de seigle se cotent de 21
à 24 fr. comme précédemment.
Orges. — Maintien des anciens prix. Les orges se cotent de 19 à 20 fr. par
100 kilog. à la balle de Paris; les escourgeons, de 19 fr. 25 à 19 fr. 50. — Les
prix des malts d'orge sont de 32 .à 35 fr. ; ceux des malts d'escourgeons, de
31 à 32 fr.
^■lroit«t'.$. — Il y a maintien des anciens prix. Oa paye de 18 à 19 fr. par
100 kilog. à Paris, pour les avoines noires; 17 fr. à 17 fr. 50 pour les autres sortes.
Sarrasin. — Prix fermes; on paye de 17 à 17 fr. 25 à la halle de Paris.
Maïs. — Les ventes sont toujours peu importantes. Les maïs exotiques se
vendent de 14fr. 50 à 15 fr. par 100 kilog. dans les ports.
Issues. — Les cours sont soutenus. On paye par 100 kilog., à Paris : gros son,
15 à 16 fr.; son trois case , 14 à 14 fr. 50; sons fins, 13 fr. 25 à 13 fr. 75; recou-
pettes, 13 fr. 50 à 14 fr.; remoulages bis 15 à 16 fr.; blancs, 17 à 18 fr.
III. — Fourrages, graines fourragères.
Fourrages. — Les ventes sont nombreuses ; les demandes sont actives pour les
pailles nouvelles. On cote, à Paris, par 1,000 kilog. : foin, 100 à 112 fr.; luzer-
nes, 96 à 108fr.; sainfoin, 80 à 96 fr.; paillede blé, 76 à 94 fr.; d'avoine, 50 à 64 fr.
Graines fourragères. — Les cours des graines de trèfles, sont en baisse. On
cote,àPa"is, par iOO kilog. : trèfle incarnat hâtif, 46 à 53 IV ; tardif, 60 à 70 fr.
Les vesces se vendent de 17 à 24 fr.
IV. — Fruits et légumes frais.
Fruits. — On vimd à la halle de Paris : abricots, le kilog.. 0 f'. 70 à 1 fr. 50;
amandes, le 100, 1 fr. 50 à 2 fr. 50; figues, le IOO, 7 à 25 fr.; fraises, le
panier, 1 fr. à 2 fr. 50; framboises, le kilog., 0 fr. 40 V 0 Ir. 50; groseilles,
le kilog., 0 fr. 45 à 0 fr. 60; melons, la pièce, 0 fr. 50 à 2 fr. ; noisettes,
278 REVUE COMMERCIALE ET PRIX GOURANT.
le kilo». 0 fr. 50 à 0 fr. 60; pèches en primeur, le cent lôl'r. à 70 fr. ; le kilog.
0 fr. 40 à 1 fr. ; poires le cent 10 l'r. à 20 ; le Idlog. 0 fr. 15, a 0 fr. 60; prunes le
kilog. 0 fr. 15 à 1 fr. ; raisins communs, le kilog. 0 fr. 80 à 1 fr. 40
Gros Icqumes. — Derniers cours de la halle : artichauts de Paris, poivrade,
la botte, 0 fr. 10 à 0 fr. 20; le cent, 3 fr. à 16 fr.; asperges communes, la botte,
1 fr. à 3 fr. ; carott«s nouvelles, les 100 bottes, 40 à 50 fr.; cboux nouveaux,
le cent, 8 fr. à 12 fr.; haricots verts, le kilog., 0 fr. 10 à 0 fr. 35 ; en cosse,
le kilog., 10 fr. 18 à 0 fr. 22 ; écossés, le Htre, 0 fr. 35 à Ofr. 65; navets nou-
veaux, les 100 Lottes, 25 à 30 fr.; oignons nouveaux, les 100 bottes, 18 à
25 fr ; panais nouveaux, les 100 bottes, 10 à 13 fr.; poireaux nouveaux, les JOO
bottes, 3 fr. à 5 fr.; pois verts, le kilog., 0 fr.20.
V. — Vins. — Spiritueux.
Viiis. — De la plupart des vignobles, les avis qui nous arrivent sont excellents.
On se réjouit du temps qui règne et grâce auquel la vigne se développe avec vi-
gueur ; les raisins grossissent, et, dans la région méridionale, la véraison com-
mence. Toutefois on voudrait bien voir la fin de la sécheresse actuelle qui, dans
un grand nombre de vignobles, menace d'enrayer la régularité de la végétation.
Les avis sont toujours partagés sur les rendements des prochaines vendanges;
mais un point sur lequel on est générelement d'accord, c'est que la qualité du vin
sera excellente. Les affaires ont pris un peu plus d'activité, notamment dans le
Bordelais : les cours accusent de la fermeté et même un certain mouvement de
hausse. Cela tient à ce que le commerce est désormais certain que les vins nou-
veaux se vendront à des taux élevés. A Lyon, les vins de Beaujolais se vendent
de 110 à 170 fr. la pièce ; ceux du Maçonnais, de 100 à 135 fr. ; ceux du Bugey,
de 80 à 90 fr.
Spiritueux. — Peu d'affaires sur la plupart des marchés et maintien des anciens
prix. Dans le Mifii, on cote par hectolitre : Béziers, trois-six bon goût, 103 fr.;
marc, 95 fr.; — Cette, trois-six bon goût, 103 fr.; marc, 90 f'".; Pézenas, trois-
six bon goi'it, 101 fr.; marc, 92 fr. — Dans les Gharentes, les prix des eaux-de-
vie nouvelles restent fixés de 240 à 250 fr. par hectolitre. — A Paris, ou cote
trois-six fin Nord 90 degrés, l''^' qualité, disponible, 42 fr. 50 à 42 fr. 75: sep-
tembre, 43 à 43 fr. 25; quatre derniers mois, 43 fr. 50 à 43 fr. 75; quatre
derniers mois, 44 fr. 25 à 44 fr. 50.
Tartres. — Dans le Midi, les crèmes de tartre valent 290 fr. par quintal
métrique.
Yerlets. — On paye, dans l'Hérault, de 130 à 136 fr. pour les verdets en boules
ou en pains.
VI. — Sucres. — .)! classea . — Fécules. — Houblons.
Sucres. — L'îs affaires sont toujours aussi calmes sur les sucres bruts, et les
prix sont en baisse pour toutes les sortes. On cote par 100 kilog. : à Paris, sucres
hruts, 68 degrés, 35 fr. 75 à 36 fr. ; les 99 degrés, 42 fr. 50; sucres blancs,
42 fr. 75 ; — à Lille, sucres bruts, 35 fr. à 35 fr. 50; sucres blancs, 43 fr. 50 ;
à Valei ciennes, sucres bruts, 35 fr. 50. Le stock de l'entrepôt réel des sucres
était, le 13 août, à Paris, de <î09,000 sacs pour les sucres indigènes, avec une
diminution de 33,000 sacs depuis huit jours. — Les prix des sucres raifinés restent
aux anciens taux; on cote de 111 50 à 112fr. 50par 100 kilog. à la consommation,
et de 4S à 53 fr. 25 pour l'exportation. — I^es aiffaires sont calmes dans les ports,
sur les sucres coloniaux.
hUla^seB. — Les mélasses de raffinerie valent 10 fr. 50 par 100 kilog. à Paris.
Fécules. — Maintien des cours. On paye à Paris, 32 fr. par 1©0 kilog. pour les
fécules premières du rayon; à Gorapiègne, 31 fr.pour celles de l'Oise.
Houblons. — Les nouvelles des houblonnières sont toujours satisfaisantes. Dans
la plupart des centres de production, on compte sur une récolte, sinon très abon-
dante, au moins de très bonne qualité. Les dernières pluies ont tait beaucoup de
bien à la plante.
VII. — Tourteaux. — Soirs. — Enr/rais.
Tourteaux. — Maintien des cours. On cote par 100 kilog.: à Caen, tourteaux
de colza, 17 fr.; à Bouen, tourteaux de colza, 16 à 16 fr. 50; de lin, 21 fr.;
d'arachides 15 fr. 75; à Arras, tourteaux d'oeillettes, 15 fr.; de colza, 17 fr. 25;
de pavot, 12 fr. 75; de lin, 21 fr. 50; — au Havre, tourteaux de coton décorti-
qués marque Th. Pilter, 22 fr.
Noirs. — A Valenciennes, on paye : noir animal neuf en graias, 33 à 36 ir.
les 100 kilog.; noir vieux grains, 10 à 12 fr. par hectolitre.
DES DENRÉES AGRICOLES (16 AODT 1881). 27^
Engrais. — Oacatepir 100 kiloç. : sulfate d'amtnoniaiue, ^7 à 38 fr. ; nitrate
de soude, 2ifr. ; poudre d'o*, liai? l'r. ; guauo-s dissous, Th. Pilter, 27 t'r. 5)
à34fr.; guano du Pérou égalisé (garanti , Th. Pilter, 3} fr. — Dins les en-
grais composés, les principas utiles valent, par degré : azote, 1 l'r. 80 à î! fr.;
aside phosphorique iru'nédiate.nent soluble, 0 fr. 70 à 0 iV. 80; acide phosphoric[ue
insoluble, 0 fr. 25; potasse dins les chlorures, 0 fr. 50; potasse dans les sul-
fates, 0 fr. 60 à 0 fr. 65.
VIII. — Matières résineuses, — Tcililes.
Matières résineuses. — A Dix, l'essence de térébenthiae pure est cotée 47 fr.
par 100 kilog., avec un peu de hausse.
Chinvres. — Les transactions sont à peu près nulles sur les marchés de l'Ouest.
IX. - iuifs et corps gras.
Suifs. — Les prix sont toujours faibles. On paye à Paris, 79 fr. par 100 kilog.,
pour les suifs purs de la boucherie; 59 fr. 25 pour les suits en branches.
X. — Beurres. — Œufs. — Fromages. — VolaUli's.
Beurrei. — Il a été vendu pondant la semaine, à la halle de Paris, 259,91'* ki-
log. de beurres. Au dernier marché, on vendait, par kilog. : en demi-kilog.,
1 fr. 80 à 4 fr. 20; petits beurres, 1 fr. 70 à 2 fr. 74; Gournay, I fr. 98 à
4 fr. 22 ; Isigny, 2 fr. à 6 fr. 04.
Œufs. — I3u 4 au 10 août, on a vendu à la halle de Paris 4,623,470 œufs. Au
dernier marché, on payait par mille ; choix 102 à 115 fr.; ordinaires, 63 à 90 fr.;
petits, 57 à 63 fr.
Fromages. — Derniers cours à la halle de Pari* : par douzaine : Brie, 2 à
21 fr.; Montlhéry, 15 fr.; — par cent. Livarot, 15 à 82 fr.; Mont-d'Or, 4 à 12 fr.;
Neufchltel, 2 à 18 fr.; divers, 3 à 45 fr.; — par 100 kilog. Gruyère, 110 à 185 fr.
Volai'le. — On vend à la balle de Paris : Coihons de lait, 6 à 11 fr.; canards
barboteurs, de 1 fr. 15 à 5 fr. 30. — Crêtes en lots, de 1 à 12 fr. — Dindes gras-
ses ou grosses, de 6 à 7 fr. 50; communes de 4 à 5 fr. 25. — Lapins domesti-
ques, 1 fr. 60 à 5 fr. — Oies, 3 fr. 70 à 7 fr. 30. — Pigeons, 51 c. à 1 fr. 60. —
Poules ordinaires, 2 fr. 50 à 4 4 fr. — Poulets gras, de 5 à 8 fr. — Poulets
communs, 1 fr. 90 à 2 fr.
XI. — Chevaux. — Bétail. — Viande.
Bétail. — L? tableau suivant résiima le mouvement officiel du mirché aux bes-
tiaux de la Villette, du jeudi 7 au mardi 12 aoiît :
Poids Prix du kilog. de vianle aetle sur
Vendus moven pied au marcUe du i':jaiût.
Pour Pour En 4 quartiers. L" 2" 3= Prix
Amenés. Paris, rextèrieur. lotalité. itîL. quai. quai. qoal. moyen,
Bœufs 4,668 2,974 1,439 4,413 346 1.70 1.56 1.32 1.52
Vaches 1,403 903 388 1,288 232 1.62 1.4S 1.28 1.43
Taureaux :i53 286 43 3'>1 393 1.46 1.36 1.24 1.35
Veaux 3,821 2,015 938 3,0i:? 76 1.76 1.66 1.56 1.66
Moutons 38,59S 19,039 15,678 35,717 19 2 Oi 1.86 1,76 1.87
Porcs^ras 6,54* 2,343 3,745 6,031 80 1.38 1.32 1.2r, 1.30
Lîs arrivages des marchés de la semaine se décomposent comm? il suit :
Bœufs. — Aisne, II ; Allier, 11 ; Calvadjs, 937; Charente. 59; Charante-Inférieure, 86: Cher,
75; Cùte-d'Or, 173; Cotes-du-Nord, 334; Deux-Sèvres, 9; Dordogne. 121 ; Eure, 46; Finistère
43; Indre, 15 -, Loiie, 57 ; Hdute-L'iire, 13 : Loire-Inférieure, 37 ; Loiret, S; Maine-et-Loire, 141;
Manche, 53; Mayenne, 178; Nièvre. 637 ; Orne, 553; Puy-de-Dôme, 32: Saône-et-Loire, 354 ;
Sarlhe, 15; Seine-Inferieure, 28; Seine-et-Oise, 9; Vendée, 56 ; Haute-Vienne, 6; Yonne, 52;
Italie, 71.
Vaches. — Aisne, 2; Allier 10; Aube, 7; Calvados, 242; Charente-Iaférieure, 36; Cher, 32;
CÔte-d'Or, 51 ; Côtes-du-Nord, 6; Eure, 26; Enre-et-Loir, 30; Loire, 23; Loire-Inférieure, 8 ;
Loiret, 12; Lot-et-Garonne, ,S: Maine-et-Loire, IlO; Manche, 46; Marn/?, 3; Haule-Marne, 9 ;
Nièvre, 256 ; Oise, 10; Orne, 103; Puy-de-Dorae, 78 ; Saône-et-Loire, 79; S.irthe, 13; Seine,
105; S'îine-inférieure, 'i4; Seine et-Marne. 16; Sîîne-et-Oise. 4; Vendée. 24; Yonne, 43.
Taureaux. — Aube, 6; Calvados, 56; Cher, 8; Cùte-d'Or, 14; Côtes-du-Nord, 21; Eure, 8 ;
Eure-et-Loir, 18; llle-et-Vilaine, 26; Loire-Infériaure, 2: Loiret, 16; Maine-et-Loire, 12; Manche,
26; Marne, 4; Haute-Marne, 2; Mayenne, 9; Nièvre, 33, Oise, 14; Orne, 16; Puy-de-Dùme, 2;
Saône-et-Loire, II; Sarthe, 14; Seine-Inférieure, 14; Seine-et-Oise, 5 ; Yonne, 29.
Teaux. — Aube, 239: Calvados, 6; Canlal, 25 ; Cùtes-du-Nord, 13; Eure, 240; Eure-et-
Loir, 386 ; Loiret, 145; Marne, 105 ; Oise, 25 ; Puy-de-Dùme, 143 ; Sarthe, 246 ; Seine-Inférieure,
197; Seine-et-Marne, 170; Yonne, 98.
Moutons. — Aisne, 656; Allier, 285; Aube, 492; Aveyron, 368; Cantal, 1,816; Charente,
890; Cher, 777 ; Corrèze, 356: Cote-3"0r, 3u9; Creuse, 1,293 : Deux-Sèvres. 188; Dordogne, 592 ;
Eure, 50; Eure-et-Loir, 463 ; Indre, 1,233; Indre et-Loi,e, 133; Loiret, 94: Lo;, 1 ,223 : Lot-et-
Garonne, 391; Lozère, 306; Mame-et-Loire, 205; Meurihe-et-Moselle, 50; Nièvre, 865; Oise,
I'88; Ssine-et-JIarne. 430; Seine-et-Oise, 232; Tarn-et-Garonne , 74; Vienne, 120; Haute-
S8 0 REVUE COMMERCIALE ET PRIX GOURANT (16 AOUT 1884)
Vienne, tlh; Yonne, 167; Afrique. 180; Allemagne, 5,933; Autriche, 305 ; Hongrie, 7,97S:
Italie, 973; Prusse, 307 : Russie, 2,542.
Porcs. — Allier, 167 ; Calvados. SO ; Charente, 54 ; Charente-Inférieure. 53 ; Cher, 74 ;
Côtes-du Nord, 58; Creuse, 213; Deux-,Sèvres, 596; Eure, 21; Eure-el-Loire 20; Haut'î-Garonne,
34; lUe-et-Vilaine, 766 ; Indre, 220 •. Indre-et-Loire. 103; Loire-Inférieure, 244; Loir-et-Cher, 140;
I.ot, 43; Maine-et-Loire, 751; Manolie, ,S9; MaYeniie, 66; Oise, 45; Orne. 40; Puy-de-Dotne,
447; Saône et-Loire, 239; Sarthe, S21; Seine, 169; Seine Inférieure, 30; Vendée, 587; Vienne,
190 ; Haute-Vienne, 54; Yonne, 14.
Les transactions ont présenté beaucoup de calme durant cette semaine ; pour
la plupart des catégories, les prix n'ont pas varié. — On cote sur les marcliés
des départements : Rouen, I fr. 55 à 1 fr. 85 par kilog. de viande nette sur pied;
vaches 1 fr. 50 à 1 fr. 80; veau, 1 fr. 30 à 1 fr. 65; mouton, 1 fr. 85 à 2 fr. 15;
porc, 1 fr. à 1 fr. 35 ; — Gaea, bœuf, 1 fr. 70 à 1 fr. 90 ; vache, 1 fr 50
à 1 fr. 70; veau. 1 fr. 50 à 1 fr. 70; moulon, l fr. 70 à 1 fr. 90; porc, 1 fr. 20
à I fr. 40; — Le Mans, vache, 1 fr. 45 à 1 fr. 60; veau, 1 fr. 60 à 1 fr. 70 ;
mouton, 2 fr. à 2 fr. 10; — Nantes, bœuf, 0 fr. 85 à 0 fr. 90 par kilog. brut sur
pied; veau, 1 fr. à 1 fr. 05 ; mouton, 0 fr. 95 à 1 fr ; — Dijon, bœuf, 1 fr. 6 0
à 1 fr. 70; taureau, 1 fr. 20 à 1 fr. 44; vache, 1 fr. 20 à 1 fr. 68; veau (poids vif),
0 fr. 88 à 1 fr. 04 ; mouton, 1 fr. 50 à 1 fr. 80 ; porc (poids vif) 0 fr. 9o' à 1 fr.; —
Lyon, bœuf, 1 fr. 30 à 1 fr. 68 ; — Albi, breuf, 0 fr. 76 par kdog. brut ; vac he,
0 fr. 74; veau, 0 fr. 95; mouton, 0 fr. 90; brebis grasses, 0 fr. 80; — Nîmes,
bœufs français, 1 fr. 30 à 1 fr. 52; taureau, 1 fr. 40; vaches 1 fr. 10 à 1 fr. 45 ;
veau (poids vif), 0 fr. 75 à 0 fr. 85; mouton, 1 fr. 75 à 1 fr. 82; moutons,
étrangers, 1 fr. 45à 1 fr. 72; brebis, 1 fr. 25 à 1 fr. 70; agneaux de champs,
0 fr. 80 à 0 fr. 85-. a°;neaux de lait, 1 fr. 10 à 1 fr. 20; — Nice, bœuF, taureaux
et génisses. I fr. 60 à 1 fr. 65 ; vache, 1 fr. 35 à 1 fr. 40; veau, I fr. 60 à 1 fr. 65;
mouton, 1 fr. 55 à 1 fr. 68 ; brebis, 1 fr. 40 à 1 fr. 45 : chèvres et bœufs, 1 fr. 10
à 1 fr. 15 : — Genève, bœuf, 1 fr. 60 à 1 fr. 70 ; vache, 1 fr. 20 à 1 fr. 50 ; mou-
ton, 1 fr. 70 à 1 fr. 90; veau (poids vif), 0 fr. 76 à 0 fr. 74; porc, 0 fr. 90
à 0 fr. 94.
Viande à la criée. — lia été vendu à la halle de Pans, du 5 au II août :
Prix da kilog. le i3 août.
Ifilog. 1" quai. 2'qual.aal. 3* q Choix. Basse 3cuûheria
Bœuf on vache... 142, 9Si 1.56 à 1.94 1.34 à 1.54 Û.96 à 1.32 1.26 à 2.66 0.20 à 1.26
Veau , 165,950 1.70 2.0.) 1.4S I.U8 1.16 1.46 » « » .
Mouton 50,214 l.ôd 1.86 1.28 1.48 1.90 1.26 1.66 3.50 >■
Porc 26,207 Porc frais 1.16 à 1.50.
385,355 Soit par jour 55,051 kilog.
Les ventes ont été relativement faibles pour toutes les catégories. Les cours ont
peu varié depuis huit jours.
XII. — Marché aux bestiaux de la ViUette du jeudi li aoât 1884.
Les nécessités du tirage de ce numéro, à raison de la fête de l'Assomption, nous
empêchent de donner les derniers cours des marchés de la ViUette.
Xlll. — lidnimd.
Il y a peu de variations dans les cours; mais il faut faire exception pour les cé-
réales et pour les sucres, dont les cours sont en baisse. A. Remy.
BULLETIN FINANCIER
Il y a phis de calme, depuis huit jours, dans les transactions linaiacières. On
cote à la Bourse : 3 pour 100, 78 fr. 40; — 3 pour 100 amortissable, 79 fr. 75;
— 4 et demi pour 100 nouveau, 107 tr. 65.
On coîe les titres des établissements de crédit :
Banque d'escompte, 518 fr. 75; Bin([ue de Paris et des Pays-Bas, 785 fr. ;
Comptoir d'escompte, 955 fr.; Crédit foncier, 1290 fr.; Crédit industriel et com-
mercial, 680 fr. ; Crédit lyonnais, 552 fr. 50, Société des dépôts et comptes cou-
rants, 626 fr. 25; Société générale, 462 fr. 50.
Il y a fermeté sur les valeurs des Compagnies de chemins de fer. On paye
leurs actions : Est, 770 fr.; Pans-Lyon-Médilerranée, 1,233 fr. 75; iVIidi,
1,167 fr.; Nord, 1,665 fr.; Orléans, 1,320 fr. ; Ouest, 835 fr.
Escompte à la Banque de France, 3 pour 100 ; intérêt des avances, 4 pour 100.
E. Féron.
Le' Gérant : A. Bouché.
CHRONIQUE AGRICOLE {23 août issy.
Les vacances parlementaires et les Conseils généraux. — Résultats de la moisson. — Baisse du
pri\ des Ijlés. — Conséquences de cette baisse. ^ Projets de loi présentés par le ministre de
raj,'riculture sur des modifications au tarif général des douanes, sur la répression des fraudes
dans le commerce des eng'-ais et dans la vente des boissons. — Décoration dans l'ordre du
Même agricole. — Fonds de secours votés pour les populations éprouvées par la grêle. — Le
phylloxéra. — Circulaire du ministre de l'agriculture relaiive au transport des plants, arbres
et arbustes provenant des arrondissements phylloxérés. — Rapport sur la proposition de
M. Pieyre re'alive aux primes pour la culture des cépages américains. — Objet d'art offert à
M. Pulliat par les viticulteurs du Rhône — Examens de sorlie et d'admision aux écoles pra-
tiques d'agriculture .Mathieu de Dombasle, d'Ecully, de Saint-Bon. — Résultats du concours de
moissonneuses-lieuses en Angleterre. — Programme du concours départemental d'animaux
reproducteurs de la Sarthe. — Concours de juments poulinières dans la Seine-Inférieure. —
Concours de la Société d'agriculture de Douai. — Vente d-! taureaux flamands à Somain. —
Concours du Comice deTr'-voux. — Prugramme d'une exposition universelle d'horticulture et
de pomologie a la Nouvelle-iJr.eaus. — .N'otes de VIM. Pagnoul, de Lentilhac, sur l'état des
récoltes dans les départements du Pas-de-Calais, de la Nièvre, de la Dordogne.
I. — La silualion.
Le Parlement est entré en vacances le I fi août; il ne se réunira pas
avant la deu.xième quinzaine d'octobre. La session des Conseils géné-
raux s'est ouverte durant celte semaine : parmi les questions que les
assemblées départementales vont avoir à étudier, celles qui touchent
aux intérêts ai^ricoles devront prendre le premier rang; il n'en est pas
qui, en ce moment, méritent davantage de fixer l'attention, il n'en est
pas qui demandent une solution plus prompte. C'est que, en effet, la
situation fâcheuse dans laquelle se trouvent les cultivateurs, au lieu
de s'améliorer, tend au contraire à s'aggraver. La moisson des céréales
est aujourd'hui achevée, et des grains nouveaux sont offerts en grande
abondance sur les marchés. Les résultats de la moisson sont généra-
lement satisfaisants ; la coupe des épis, la rentrée des gerbes, se sont
faites au milieu de circonstances favorables, de telle sorte que la qua-
lité du grain, sauf quelques exceptions, ne laisse pas à désirer. Les
cultivateurs espéraient donc que leurs blés seraient recherchés par
le commerce, et sans oser espérer une hausse accentuée, ils comptaient
faire leurs ventes au moins aux mêmes taux que pour ceux de 1883.
Leur déception a été cruelle; lorsqu'ils viennent sur les marchés, ils
se trouvent en présence d'un mouvement de baisse générale : depuis
quinzejours, le prix du blé est tombé de 1 fr. dans la plupart des dépar-
tements : la Revue commerciale du Journal de l' agriculture enregistre
aujourd'hui, pour l'ensemble de la France, un prix moyen général
inférieur à 23 fr. par quintal métrique. C'est le taux le plus bas qu'on
ait eu à constater depuis plus de vingt ans. 11 est difficile d'espérer que
la hausse reprenne le dessus, car dans la plupart des autres pays le
même mouvement peut être constaté. L'agriculture française subiradonc
fatalement en 1884, une perte considérable parla mévente de ses blés.
A raison de 20 quintaux par hectare, le prix de 23 fr., et il est rare-
ment atteint, donne un produit brut de 460 fr. par hectare; avec
15 quintaux, ce n'est plus que 350 fr. ; avec 10 quintaux, c'est
230 fr. Quelles sont les circonstances dans lesquelles les frais ne
dépassent pas ce chiffre? La petite culture, celle qui n'a pas recours
à des bras étrangers pour ses travaux, pourra résister à cette épreuve.
Il en sera de même des exploitations dans lesquelles les rendements
sont très élevés, mais ces dernières forment encore une exception
trop générale dans la plupart des régions de la France.
IL — Projets de loi intéressant l'agriculture.
Dans la séance de la (Chambre des députés du 14 août, M. Méline,
ministre de l'agriculture, a présenté trois projets de loi que nous
N' 802. — Tome III de 1884. — 23 .\oût.
282 • CHRONIQUK AGRICOLE (23 AOUT 188't).
devons si2;naler. Le premier est relatif aux modifications qu'il propose
d'apporter au tarif général des douanes en ce qui concerne les animaux
vivants et les viandes de bouclierie; on trouvera plus loin (page .310
de ce numéro) le texte complet de l'exposé des motifs de cet important
projet; nous n'avons donc pas à y insister ici. Des deux autres projets,
l'un se rapporte à la répression des fraudes dans le commerce des
engrais, lautre à la répression des fraudes commerciales dans la vente
des boissons. Nous en ferons connaître le texte; il est peu probable
que ces projets viennent en discussion avant la fin de l'année 1884.
III. — Décoration pour services rendus à l'agriculture.
Le Journal officiel annonce que, par arrêté du ministre de l'agricul-
ture en date du 16 août, la décoration du Mérite agricole a été conférée
àM. Pierre-Jean -Baptiste Drezet, propriétaire à Pierrefontaine (Doubs) ;
services exceptionnels comme président du Comice agricole du canton
de Pierrefontaine.
IV. — Secours aux populations éprouvées par la grêle.
Les orages de grêle survenus pendant le mois de j uillet ont fait éprouver
des pertes considérables aux agriculteurs dans plusieurs régions, notam-
ment dans les départements de la Loire, de la Drôme, de Loir-et-Clier,
ds la Haute-Loire, des Hautes-Alpes, de la Seine-Inférieure, de la
Somme et en Algérie. Afin de remédier en partie aux dommages qui
ont été la conséquence de ces orages, le gouvernement a proposé aux
Chambres d'ouvrir un crédit extraordinaire de 400,000 francs. Ce pro-
jet a été adopté par la Chambre des députés et par le Sénat avant les
vacances parlementaires.
V. — Le phylloxéra.
On sait que des règlements spéciaux ont été pris relativement à la
circulation en France des produits de l'horticulture et de l'arbori-
culture, principalement en vue de mettre obstacle à la propagation du
phylloxéra. L'exécution de ces règlements a entraîné, dans un certain
nombre de localités, des difficultés assez grandes, principalement en
ce qui concerne les certificats d'origine. Les horticulteurs et les pépi-
niéristes ont fait entendre des plaintes à ce sujet. Afin de donner satis-
faction aux légitimes revendications des producteurs, le ministre de
l'agriculture a adressé aux préfets, à la date du 31 juillet, la circu-
laire suivante qui règle les nouvelles conditions du transport des
plants, arbres et arbustes provenant des arrondissements phylloxérés :
« Monsieur le préfet, l'arrêté du 15 juin 1882 réglemente la circulation, à l'in -
téricur de la France, des produits de l'iiorliculture.
« Cet arrêté porte, à son article 4, que les plants, arbustes et tous végétaux
autres que la vigne provenant de pépinières, de jardins, de serres ou d'orangeries,
situés dans les arrondissements phylloKérés ne peuvent être introduits dans les
arrondissements indemnes ou non autorisés à recevoir des cépages étrangers ou
des cépages provenant d'arrondissements phylloxérés, que s'ils sont accompagnés
d'une déclaration de l'expéditeur et d'une attestation de l'autorité compétente du
pays d'origine.
a Cette attestation doit certifier :
« 1" Que les objets proviennent d'un terrain (plantation ou enclos) séparé de
tout pied de vigne par un espace de 20 mètres au moins ou par d'autres obstacles
aux racines jugés suffisants par l'autorité compétente;
ce 2" Que le terrain ne contient lui-même aucun pied de vigne ;
ft 3° Qu'il n'y est fait aucun dépôt de cette plante;
« 4° S'il y a eu des ceps phylloxérés, que l'extraction radicale en a été opérée ;
GIIRONIQUK AGRICOLE (23 AOUT ISHk). 283
que des oju'rations toxiques réitérées ont été eft'eciuéos »t que des investigations
répétées pendant trois ans assurent la destruction complète de l'insecte et des
racines.
n La nécessité de se procurer pour chaque envoi un certificat d'origine spéciale,
soulève dans quelques contrées horticoles importantes, des dillicultés considérables
et cause, à l'automne, aux pépiniéristes, une grande gène pour effectuer leurs
envois en temps utile.
« Afin de remédier à cet état de chose, j'ai décidé qu'une liste des pépiniéristes
se trouvant dans les conditions requises par l'article 4 de l'arrêté du 15 juin
1882, seraitdressée tous les six mois par ledclégué départemental du phylloxéra
ou par le professeur d'agriculture et serait transmise aux Compagnies de che-
mins de fer.
« Chai|uc fois qu'un envoi sera fait, l'expéditeur devra, à défaut de la présen-
tation du certificat d'origine, justifier qu'il est porté sur cette liste par la présen-
tation d'une déclaration ainsi conçue : « Le soussigné, expéditeur de végétaux à
« destination de , déclare que cet envoi provient en entier de son établisse-
« ment, qu'il s'est conformé aux prescriptions de l'arrêté du 15 juin 1882 et qu'il
« est inscrit sur la liste des pépiniéristes se trouvant dans les conditions requises
« pour être autorisé à expédier ses produits. »
« De cette façon, les retards qu'entraînait la production du certificat d'origine
seront évités sans diminuer les précautions nécessaires pour la circulation des
produits horticoles.
« Il est bien entendu que ces modifications à apporter aux prescriptions de
l'arrêté du 15 juin 1882 se rapportent exclusivement à la circulation des produits
horticoles en France et que rien n'est changé aux expéditions à l'étranger qui res-
tent toujours régies par le décret du 15 mai 1882 rendant exécutoire, en France,
la convention internationale phylloxérique conclue à Berne, le 3 novembre 1881.
« Je vous prierai. Monsieur le prélet, de vouloir bien assurer l'exécution de
cette décision et inviter votre délégué départemental à dresser, de suite, la liste
des pépiniéristes se trouvant dans les conditions requises.
« Vous aurez soin de faire insérer cette circulaire au Recueil des actes adminis-
tratifs de votre département et de m'adresser, tons les six mois, les listes qui
auront été dressées.
« Recevez, etc. Le ministre de l'agriculture^ J. Méline. »
On se souvient que W. Pieyre, député, a fait à la Chambre une pro-
position de loi ayant pour objet d'accorder une prime aux agriculteurs
qui reconstitueraient leurs vignobles au moyen de cépages américains.
Dans la séance du 31 juillet, M. Michou a présenté, au nom de la
Commission d'initiative parlementaire, un rapport sommaire sur cette
proposition ; la Commission est d'avis qu'il n'y a pas lieu de prendre
en considération la proposition de M. Pieyre.
VI- — Epilogue des conférences viticoles de Vilkfranche.
La dernière réunion de la Société régionale de viticulture du Rhône
a été marquée par un touchant incident. A l'ouverture de la séance,
M. Vautier, président, a olïertà M. PuUiat, professeur à l'Institut natio-
nal agronomique, au nom de la Société régionale et des viticulteurs
présents aux conférences de Villefranche, un magnifique objet d'art
représentant la vendange. Cet hommage, qui s'adresse aussi bien au
dévoué secrétaire général de la Société de viticulture qu'au savant
ampélographe français, prouve que les viticulteurs ne sont pas ingrats,
qu'ils savent apprécier ceux qui leur font du bien; c'est la juste
récompense du dévouement rais par M. PuUiat à l'organisation des
dernières conférences viticoles de Villefranche.
VII. — Ecole pratique d'agriculture Mathieu de Dombasle.
Le Comité de surveillance et de perfectionnement de l'Ecole pratique
d'agriculture Mathieu de Dombasle s'est réuni à l'établissement le
lundi 4 août pour procéder au classement des élèves. Après avoir pris
284 CHRONIQUE AGRICOLK (23 AOUT I881»).
connaissance des examens parliculiers et généraux de l'année sco-
laire 1883-1884, il a accordé le diplôme de fin d'études àMM. Legrand,
Aubert, Tliiiion, Tanlon, Vigneron, Noirtin, Singla, Moureaux et
Dérobe. Le Comité a proposé ensuite de répartir de la manière suivante
les primes volées par le Conseil général, et les médailles offertes par
M. le minisire de l'agriculture : à l'élève Legrand, de Neuvilly (Nord),
une médaille d'or et 5(J0 fr. ; Aubert, de laBazoge(Sarthe), une médaille
d'argent et 300 fr. ; Thirion, d'Azerailles (Meurthe-et-Moselle), une
médaille de bronze et 200 fr.
Les examens d'admission auront lieu à l'école le samedi 20 sep-
tembre à 1 heure du soir. La renlrée est fixée au lundi 6 octobre Des
bourses et fractions de bourses pourront être allouées aux candidats
qui en auront fait la demande et qui subiront avec succès les examens
d'entrée. Les inscriptions seront reçues à la préfecture de Meurthe-et-
Moselle, ou au siège de l'école.
Le prospectus de l'établissement est envoyé aux personnes qui eo
font la demande à la direction, à Tombiaine, près Nancy.
VIIL — Ecole praiique d' agriculture (fEcuUy.
Les examens de sortie onl eu lieu le 4 août, sous la présidence de
M. Prillieux, inspecteur général de l'enseignement agricole. Les élèves
sortants, au nombre de six, se sont fait remarquer par des connais-
sances théoriques et pratiques très satisfaisantes, et qui leur ont valu
les éloges de l'inspecteur et des membres de la Commission
de surveillance. Les jeunes gens ayant obtenu leur diplôme sont, dans,
l'ordre de mérite : 1, MM. Déaux (Rhône) ; 2, Payebin (Saône-et- Loire) ;
3, Dumoulin (Rhône); 4, Druguet (Isère) ; 5, Beau (Rhône); 6, Lau-
rent (Rhône).
Les examens d'entrée auront lieu le 6 octobre. Cette école est placée
sous la direction immédiate de M. le ministre de l'agriculture; son
organisation et sa proximité de Lyon permettent d'y faire d'excellentes
études, aussi a-t-elle déjà fourni *i3lusieurs élèves à l'Institut agro-
nomique. Pour tous les renseignements on doit s'adresser à M. Deville,
directeur de l'Ecole pratique d'agriculture, à Ecully (Rhône).
IX. — Ecole pratique d' agriculture de, la Haute-Marne.
Les examens d'admission à l'Ecole pratique d'agriculture de Saint-
Bon et le concours des bourses de l'Elat, du département et de la
Société d'agriculture de Chaumont auront lieu le lundi 15 septembre
prochain, à l'hôtel de la préfecture, devant la Comité de surveillance,
présidé par un inspecteur général de l'enseignement agricole.
Les candidats doivent être âgés de quinze ans et aptes aux travaux
des champs. Les pièces à fournir pour leur inscription sont : une
demande sur papier timbré à 0 fr 60 c. ; un extrait de naissance;
un certificat de vaccine ; le tout dûment légalisé, devra êlre adressé à
M. le préfet de la Haute-Marne, avant le 14 septembre.
Pour plus amples renseignemenls, on doit s'adresser à la préfecture
de Chaumont et aux sous-préfectures de Langres et de Wassy. Les
intéressés et leurs familles peuvent visiter l'Ecole de Saint-Bon, près
Biaise, tous les jours, de sept heures du matin à six heures du soir.
X. — Concours de moissonneuses-lieuses en Angleterre.
Dans notre dernière chronique, nous avons donné (page 246) des
détails sur le concours des moissonneuses-lieuses et de lieuses indé-
CHRONIQUE AGRICOLE (23 AOUT 18M). 285
pendantes orjranisé par la Sociélé royale d'agriculture d'Angleterre,
près de Shrewsbury. A ce concours, on a vu fonctionner seize moisson-
neuses-lieuses, dont dix de construction anglaise et six de construction
américaine. A la suite des essais exécutés sur des champs de blé,
d'avoine et d'orge, lejury a décerné les deux prix offerts par la Société-
royale d'agriculttire, comme il suit : premier prix, consistant en une
somme de '2,500 fr., MM. llornsljy et lils, de Granlliam ; — deuxième
prix, consistant en une somme de 1,250 Ir., MM. J. et F. Howard, de
Bedford. Le prix à attribuer aux lieuses indépendantes n'a pas été
décerné.
XI. — Concours départemental de la Sarlhe.
Le dixième concours départemental annuel, organisé par la Société
des agriculteurs de la Sartlie, sous la direction de M. Courtillier, son
président, se tiendra au Mans, du 11) au 21 septembre. Ce concours
comprend les animaux reproducteurs des races chevalines, bovines,
ovines et porcines, et une exposition de machines et instruments
agricoles ouverte à tous les constructeurs français et étrangers ; il y
est adjoint un concours d'animaux de basse-cour. On n'y admei, que
des animaux appartenant à des agriculteurs du département de la Sar-
the, et en leur possession depuis au moins le 1" mai 1884. Les cult£>
Tîiteurs, fermiers ou métayers, auront seuls le droit de concourir dans-
les trois catégories de l'espèce bovine; les propriétaires ne pourront
concourir que dans la catégorie des durhams purs. Un exposant ne
pourra recevoir qu'un seul prix dans chaque section; il pourra toute-
fois présenter autant d'animaux qu'il voudra; des mentions honora-
bles, constatées par des plaques, pourront être accordées lorsque plu-
sieurs animaux de la même section, appartenant au même exposant,
mériteront d'être primés. Les animaux primés aux concours des années
précédentes ne pourront l'être celti? année que s'ils concourent dans
une section supérieure, ou s ils ont mérité un prix supérieur à celui
qu'ils ont déjà obtenu. La Société appelle tout particulièrement l'atten-
tion des fermiers et métayers de la Sirlhe, sur celte disposition du pro-
gramme qu'ils concourent seuls el à Vexclusion des cultivateurs pro-
priétaires, dans la \" catégorie, composée des races mancelle et
diverses du pays, et dans la 3' catégorie, composée de croisements
durhams, et que pour ces deux catégories le montant des primes est
de 4,345 francs.
XIL — Concours hippiques dans la Seine-Inférieure.
Les concours de juments poulinières organisés chaque année par la
Société centrale d'agriculture de la Seine- Inférieure, se tiendront, en
1884, comme il suit : pour les juments poulinières de l'arrondissement
de Rouen, à Rouen, le vendredi 5 septembre; pour l'arrondissement
de Neufchàtel, à Neufchâtel, le samedi 6 septembre ; pour l'arrondis-
sement de Dieppe, à Dieppe, le lundi 8 septembre ; pour l'arrondisse-
ment du Havre, à Goderville, le mardi 9 septembre; pour l'arrondis-
sement dYvetot, à Yvetot, le mercredi 10 septembre. — Aucune jument
ne sera admise au concours qu'autant : 1° qu'elle sera de demi-sang;
2° qu'elle sera âgée de quatre ans au moins, sans maximum d'âge
(circulaire ministérielle du 25 février 187G); 3" qu'elle sera exempte
des vices rédhibitoires définis par la loi ; 4" qu'elle sera suitée de son
produit de l'année issu d'un étalon de pur sang ou de demi-sang, et
286 CHRONIQUE AGRICOLE (23 AOUT 1884).
saillie à nouveau par un de ces étalons ; 5° qu'elle appartiendra depuis
trois mois à un propriétaire de la circonscription du concours.
XIII. — Société d'agriculture de Douai.
Le concours annuel organisé par la Société d'agriculture de Douai
se tiendra à Somain (Nord), le dimanche 24 août. Des primes y seront
décernées pour la tenue des fermes, pour les bonnes fermières, pour
la culture maraîchère, l'enseignement agricole, le labourage, etc.
Des jeunes et beaux taureaux de race flamande pure, achetés par la
Société d'agriculture de Douai, seront vendus publiquement sur le
lieu du concours et sur la mise à prix de 150 fr. par tête. L'acqué-
reur d'un taureau devra s'engager à'ie conserver dans l'arrondisse-
ment de Douai pendant deux ans.
XIV. — Concours du Comice agricole de Trévoux,
Le Comice agricole de Trévoux (Ain) tiendra son concours annuel le
jeudi 4 septembre à Alontluel. Des primes y seront décernées, sous la
direction de M. de Monicault, président, pour les exploitations rurales,
pour la création de pâturages clos, pour les animaux reproducteurs,
pour la mécanique agricole, pour les instituteurs. Le Comice de Tré-
voux a décidé d'employer une partie de ses ressources, pour cette
année, en primes d'étalonnagd attribuées à des taureaux choisis au
concours ; le nombre de ces primes sera de deux par canton.
XV . — Exposition universelle d' horticulture à la Nouvclle-Orle'ans.
Une exposition universelle est organisée sous les auspices des
Etats-Unis d'Amérique, à la Nouvelle-Orléans, à l'occasion du cente-
naire de l'introduction du coton dans la Louisiane. Cette exposition
durera du 1" décembre 1884 au 31 mai 1885. La Commission d'or-
ganisation a décidé dy donner ime importance spéciale à l'horticulture
et à la pomologie. Elle fait appel aux producteurs du monde entier.
Le programme de cette exposition est très large. Pour les fruits, des
sections spéciales sont ouvertes aux collections de pommes, de poires,
de fruits tropicaux (oranges, citrons, ananas, bananes, etc.), aux pla-
queminiers du Japon, aux coings, noix, noisettes, etc. Les principaux
prix consisteront en médailles d'or, accompagnées d'une somme de
250 dollars 1^1,250 iV.). En ce qui concerne les plants et les arbres,
des sections sont réservées aux arbres fruitiers, aux arbres et
arbustes rustiques à feuilles persistantes, aux arbustes d'ornement,
aux arbres et aux arbustes à feuilles caduques, aux rosiers, aux
oignons à fleur, aux plantes en pot, aux plantes de parterre. Le com-
missaire pour les produits étrangers est M. P.-J. Berckmans, à
Augusta, Géorgie (Etats-Unis d'Amérique).
XVI. — Nouvelles de l'état des récoltes en terre.
Les communications de nos correspondants se rapportent principa-
lement aux travaux de la moisson et aux effets de la sécheresse. — -
M. Pagnoul, directeur de la Station agronomique d'Arras, résume
comme il suit les phénomènes météorologiques et l'état des récoltes
dans le département du Pas-de-Calais :
a On commençait à la fin du mois de juillet à faucher le blé qui promettait un
boa renderaenl; il en sera de même de l'escourgeon; le seigle est rentré dans
d'excellentes conditions. Les betteraves sont assez belles, mais elles paraissent
soulFrir sur (juelques points où l'on signale un étiolemeat prématuré des feuilles.
Malgré les conditions favorables de juillet, la plante se ressent encore du froid et de
CHRONIQUE AGRICOLE (23 AOUT 1884). 287
la sécheresse de juin. On se plaint partout de l'action des pucerons qui ont noirci
les lèves et entravé le développement du grain. Les pommes de terre sont très
belles partout. Les œillettes sont également assez belles et leur arrachage ne tar-
dera pas à commencer. »
Le Journal de la Nièvre présente les appréciations suivantes sur la
situatioQ agricole dans la Nièvre, à la date du 15 août :
« La sécheresse persistante que nous traversons a eu sur la situation l'influence
qui résulte logiquement des circonstances météorologiques analogues. C'est ainsi
que dans les années sèches 1870, 187G, 1881, nous avons constaté les mêmes
faits agricoles que nous allons résumer ici.
<t En ce qui concerne les céréales d'hiver et noire grande récolte des blés,
moisson, rentrée, battage, enimagasinement et emmeulage des pailles, tout s'est
fait dans des conditions exceptionnelles de facilité et d'économie. Pas un brin de
paille n'a été mouillé. Il en est de même des foins; eu sorte que tous ces pro-
duits sont d'excellente qualité et compensent par là, soit pour l'alimentation des
hommes, soit pour celle des animaux, la quantité, qui laisse à désirer.
« Les pommes de terre, haricots, betteraves, les cultures sarclées en général
souffrent, et la plupart d'entre elles ne pourront se relever; les carottes montent
à graine en masse; les légumes de nos jardins se flétrissent sur pied, restent
rabougris et attendent avec avidité l'eau qui doit les rafraîchir et les ranimer.
ic La vigne, qui ne craint heureusement guère la sécheresse, fait espérer,
malgré les gelées d'avril, une récolte passable en quantité, bonne en qualité.
« L'année a été assez bonne pour les orges, mais médiocre pour les avoines,
ce qui n'a pas lieu d'étonner, cette plante ayant accompli sans pluie les dernières
phases de sa végétation.
(' Les regains ont été dévorés par la sécheresse; mais les maïs se sont bien
comportés; cette résistance doit engager a en augmenter de plus en plus la culture.»
M. de Lentilhac nous adresse de Saint-Jean d'Ataux, à la date du
10 août, la note qu'on va lire sur la situation agricole dans le dépar-
tement de la Dordogne :
« La pluie des 9 et 10 juillet avait suffisamment humecté le sol pour permettre
de commencer le déchaumage des blés afin de faire la rave d'hiver, cette précieuse
ressource de nos étables en Périgord. Ceux qui ont pu enlever rapidement leur
blé pour se livrer à ce travail auront bien réussi ; quant à ceux qui attendent au-
jourd'hui la pluie pour labourer, car le sol fortement desséché se refuse absolu-
ment à la pénétration de la charrue, il est à craindre qu'ils ne puissent ensemen-
cer à temps. Un dicton local dit que: s'il pleut à la Sainl-Barlhélemij, il ne manque
de raves ni de regains; or, d'ici au 24, un orage peut survenir, ce serait fort à
désirer pour notre contrée déjà assez malmenée pour ses fourrages.
« La sécheresse qui sévit en ce moment commence à donner quelques soucis
à nos agriculteurs. Dans les sables, le maïs sèche sur pied, la betterave, le hari-
cot, la pomme de terre se llétrissent, le tabac demi-développé montre les carac-
tères d'une maturité anticipée: la vigne seule semble se réjouir de la température
élevée dont nous jouissons. Beaucoup de grappes certainement sont avariées ou
perdues sous les ravages de l'oïdium, mais celles qui lui ont échappé, et elles sont
nombreuses, ont acquis un développement de nature à défier toute atteinte jusqu'à
la maturité. "
Les travaux de la moisson peuvent être considérés comme terminés ;
dans la plus grande partie de la France, ils ont été exécutés dans des
conditions favorables. Mais la persistance de la sécheresse a fait naî-
tre presque partout des craintes justifiées sur l'avenir des récoltes
d'été ; heureusement des pluies sont survenues, qui, sans être très
abondantes, ont été assez générales pour donner à la végétation une
partie de l'eau qui lui est nécessaire; mais elles ont été tardives pour
beaucoup de localités. La végétation de la vigne continue à être régu-
lière; toutefois, dans quelques localités, notammmenten Bourgogne, de
violents orages de grêle ont diminué sensiblement l'espoir des prochai-
nes vendanges, J.-A, Barral.
288 SO lETh; NATIONALE U AGRICULTURE.
SOCIÉTÉ NATIONiLE D'AGRICULTURE
Séance du 20 août 18S4. — Présidence de M. Ckevrtul.
M. Barrai s'excuse de ne pouvoir, à cause de si>n élat de maladie,
assister à la séance.
M. Lézé, professeur à l'Ecole nationale d'agriculture de Grignon,
fait hommage d'un rapport sur les progrès récents de l'industrie lai-
tière en Danemark et en Hollande.
M. Cagny, vétérinaire à Senlis, lauréat de la Société, écrit pour
poser sa candidature à une place de co respondant.
M. Maurice envoie son rapport sur les lauréats des primes d'Iion-
neur de la petite culture et de l'horticulture au concours régional
d'Epernay.
M. Bouchardat fait une communication sur la fabrication des vins
de sucre. Il insiste sur la nécessité de n'employer, pour laire les
deuxièmes cuvées, que des matières de première qualité, c esl-à-dire
du sucre de canne pur; le sucre dont il conseille de se servir est le
sucre en gr'ins titrant de 98 à 9i) pour 100 de sucre pur; il estime
qu'il faut verser l'eau sucrée, à la température convenable, sur les
marcs non pressurés, après le soutirage de la mère-goutte; les marcs
pressés donnent des résultats moins bons. Pour donner de l'acidité au
vin de sucre, on doit njouter une certaine proportion d'acide citrique
ou d'acide tartrique, mais plutôt d'acide citrique. Quelques observa-
tions ciont ensuite présentées par MiM. Bouquet de la Grye, Chatin,
Berlin, Chevreul. M. Chatin ajoute plusieurs det;iils qui confirment les
indications de M. Bouchardat. MM. Bertin et Mangon font observer que
le sucre de betterave pur peut servir pour le sucrage au même titre
que le sucre de canne. M. Chevreul insiste sur le danger que présente
rinfluence de matières étrangères impures, et il demande à .M. Bou-
chardat son opinion sur le plâtrage des vins. M. Bouchardat ajoute que
le plâtrage a pour effet de remplacer d tUs le vin le bitarlrate de
potasse par le sulfate de potasse, qu'il n'y a pas d'exemple de maladies
dues à l'emploi de vins plâtrés, mais que les vins de suctc bien faits
sont bien supérieurs aux vins plâtrés et alcoolisés à l'excès que nous
envoient l'Italie et l'Espagne.
M. Bénard présente son rapport sur le voyage agricole en Allema-
gne et en Autriche de la délégation de la Société d'agriculture de
Meaux, Il insiste sur les conditions cultu raies de la betterave à
sucre, sur l'organisation des sucreries dans lesquelles les cultivateurs
jouent un très grand rôle, sur l'usage des engrais complémentaires et
sur l'instruction professionnelle dont la plupart des cultivateurs alle-
mands donnent la preuve. Quelques observations sont ajoutées par
MM. Heuzé et Champonnois sur la comparaison de la culture de la
betterave à sucre en Allemagne et en France.
M. Bouley fait connaître les résultats d'une étude de MM. Nocard ej
MoUereau sur une mammite contagieuse des vaches laitières ; après
avoir constaté la nature microbienne de cette maladie et sa contagiosité,
ils ont trouvé le moyen de la combattre par l'injection de solutions
étendues d'acide borique dans les trayons. M. Bouley fait re-narquer
que c'est une application très remarquable des méthodes scientifiques
en médecine. Henry Sagnier.
DISCOURS PRONONCÉ AUX OBSÈQUES DE M. THENARD. 289
DISCOUIIS PRONONCE SUR LA TOMBE DE M. TIIENARD
Permettez-moi de rendre un pieux, hommage à un vieil ami, à celui
que nous pleurons en ce moment. D'autres voix plus autorisées vous
diront les services que M. Tlienard a rendus dans le domaine delà
science. Je ne vous parlerai devant cette tombe que de l'ami et de
l'agriculteur. Nous savons avec quelle ardeur et quelle persévérance il
a approfondi les questions dont les solutions pratiques devaient con-
tribuer aux progrès dîs diverses brandies de l'agriculture. Quand il
jouissait d'une bonne santé, personne n'était plus heureux que lui de
suivre, comme membre du jury, les concours régionaux, et de prendre
une part active aux tournées de la prime d'honneur. C'était un rappor-
teur emérile, une plume Facile et élégante, unobservateur d'une grande
compétence auquel rien n'échappait dans l'examen des millo détails de
la ferme. Il se plaisait surtout à décrire un intérieur modeste où le fer-
mier, sa femme et ses enfants représealenl dans les campagnes ces
familles heureuses qui reflètent la paix et le bien-être, conséquence
naturelle du travail et de la bonne entente du ménage.
Plus tard, l'Académie des sciences, la Société d'encouragement, la
Société nationale d'agriculture, et la Société des agriculteurs de
France lui ont souvent fourni l'occasion de défendre énergiquement
les intérêts de l'agriculture. Nous n'oublierons jamais avec quelle
activité ce chercheur infatigable a étudié le nouveau fléau de la vicrae
C ... O
dès sa première apparition sur le territoire français. A la Société des
agriculteurs de France, on l'écoutait religieusement quand il venait
exposer ses observations et ses propres expériences. Aucun chimiste
n'a mieux étudié les remèdes à employer contre le terrible insecte qui
menaçait d'anéantir en peu d'années les plus riches vignobles de
la France. C'est aux recherches de M. Thenard que nous devons la
découverte du meilleur et du plus eflicace des insecticides; je veux
parler du sulfure de carbone, l'unique remède à appliquer dans les
localités privées d'eau, ce qui est, pour la vigne, le cas le plus ordi-
naire et le plus général.
On peut dire que cette vaste intelligence a embrassé dans ses
recherches toutes les questions qui intéressaient l'agriculture fran-
çaise : machines, animaux, cultures, industries agricoles, rien ne
lui était étranger. Il en parlait avec l'autorité et la compétence d'un
savant éminent et d'un praticien consommé. Paul Thenard offrait cette
originalité charmante de se plaire également dans la société des grands
et des petits. Personne n'exerçait une plus large hospitalité à l'égard des
savants de la France et de l'étranger, personne non plus ne se rappro-
chait plus volontiers du simple paysan : il se plaisait à l'interroger sur
ses travaux et sur sa famille et il prenait un véritable intérêt à ses
succès comme à ses peines. A ïalmay et dans ses autres résidences il
était l'ami et le protecteur de tous ceux qui étaient dans le besoin ou
dans le malheur. Sa charité pour les gens malheureux était inépui-
sable, il la pratiquait avec cette délicate discrétion qui double la
valeur d'un bienfait.
La mort imprévue de M. Thenard n'est pas seulement une perte
irréparable pour la science et pour l'agriculture : elle laisse dans sa
compagne si affectueuse si dévouée, dans M. et Mme Arnoult-Thenard
290 DISCOURS PRONONCE AUX OBSEQUES DE M. THENARD.
ses enfants, et dans ses nombreux amis, un vide que rien ne saurait
combler. Il était l'iiomme de bien par excellence, une belle intel-
ligence et un noble cœur plein de patriotisme et de dévouement au
bien public. C'était avant tout une nature aimable et généreuse, un
ami sincère et dévoué, dune aménité et d'une bienveillance incom-
parables.
Il a supporté la souffrance avec une résignation et une patience
admirables. Si quelque chose peut adoucir en ce moment la douleur
de cette cruelle séparation, c'est de penser que cet homme de bien
trouve auprès de Dieu le repos et le bonheur qu'il a si bien mérités par
ses vertus et ses grandes qualités. A. Boitel,
Membre de la Société nationale d'agriculture
METEOROLOGIE DU MOIS DE JUILLET 1884.
Voici le résumé des observations météorologiques faites au parc
de Saint-Maur en juillet 1884 :
Moyenne barométrique à midi : 758™'". 34; minimum le 10 à 4 lieures du soir,
750""°. 27; maximum le l''' juillet à 8 heures du matin, 764'". 02 (le 31 à 8 et
9 heures du matin, 763'". 93).
Moyennes thermomélriques : des miniraa, I3''.46; desmaxima, 26". 02; du mois,
19''.7'4; moyenne vraie des 24 heures, 19". 25. Minimum le 20 au matin, 7". 6 ;
maximum le 13 entre midi et 1 heure, 33". 9.
Tension moyenne de la vapeur : 1 1""".34 ; la moindre, le 26 à 2 heures du soir,
'""'.6; la plus grande le 13 à 10 heures du matin, 16'"'". 6.
Humidité relative moyenne, 71 ; la moindre, le 3 à 3 et 4 heures du soir, 28 ;
la plus grande l(i0, ou la saturation en 7 jours.
Pluie : 41'"'". 0 en 29 heures, réparties en 11 jours; une seule journée d'orage,
le 10, a fourni 13'^'". 7 d'eau en 2 heures; le 17, il est tombé 9'"'". 3 d'eau en
4 heures 45 minutes ; les autres pluies ont été faibles.
Température moyenne de la Marne, 22". 73 ; elle a varié de 19^87 le 29 au matin
à 25". 83 le 4. Elle est restée tout le mois claire, et très basse.
Nébulosité' moyenne, 50. ,Ni jours entièrement clairs, ni jours entièrement
couverts.
Les venlSy presque toujours faibles, ont été, sauf quelques exceptions, au voisi-
nage du SW.
Les 20 et 26, brouillard dans la vallée de la Marne à 4 heures du matin.
Il y a eu 9 jours d'uragc et 4 jours d'éclairs.
Moyennes à 7 heures du malin : baromètre, 758'"'". 72 .■ thermomètre, 17°. 03;
tension de la vapeur, 11'"'". 77 ; humidité relative, 81 ; nébulosité, 58.
Relativement aux moyennes normales, le mois de juillet 1884 pré-
sente les résultats suivants : baromètre plus haut de ()"™.28; thermo-
mètre plus haut de T. 25 ; tension de la vapeur plus grande de 0""".05 ;
humidité relative un peu moindre; ciel plus clair.
LeSjuillet, floraison du Brachypodium pinnatum et du Yucca fila-
mentosu; le 11, floraison du Catalpa; le V2, floraison de l'Origanum
majorana; le 16, lloraison del'Eryngium amethystini:m; le 2^, tlorai-
son de l'Absinthe commune; le 27^ lloraison du Sedum telephium ;
abricots mûrs; fruits du mûrier. E. Rendu,
Membre delà Société nationale d'agricultu e.
SELECTION ET ÉLEVAGE DES RAGES LAITIÈRES — Il
En ce qui regarde les races laitières, on peut comparer entre elles
par exemple la race de Jersey avec la race hollandaise, et celles-ci avec
'la race de Guernesey. Entre ces races il est permis d'hésiter dans le
choix et de différer dans la préférence qu'on peut donner à l'une sur
SÉLECTION ET lÔLEVAGE DU BÉTAIL A LAIT. 29]
les autres. Mais quand il s'agit de déterminer l'aptitude au dévelop-
pement de la cliair et à l'engraissement linal pour la boucherie, l'iié-
sitation n'est plus possible, lorsque la race durham entre comme terme
de comparaison. Car celte race, pour ces qualités précieuses, l'emporte
incontestablement sur toutes les autres. 11 ne s'agit pas seulement ici
de la race pure, mais cette supériorité s'attache à tous les degrés con-
génères obtenus par le croisement avec n'importe quelle autre race. Il
y a, en effet, dans le sang durham à n'importe quel degré d'infusion,
une puissance de transmission des qualités laitières et de viande, qui
n'existe dans aucune autre race, et c'est cette prépondérance d'atavisme
utile et améliorant qui fait rechercher par les éleveurs de tous les pays
civilisés les taureaux durhams, comme éléments d'amélioration avec
toutes les autres races. C'est cette précieuse qualité, observe M. Tis-
dall, qui, ajoutée à celle non moins éminente d'une abondante sécré-
tion laitière, qui rend la race durham supérieure à toutes les antres ra-
ces pour le but que se proposent lefermier-laitier enparticulieret tous les
agriculteurs en général, partout où la possession et l'entretien d'un
troupeau debêtesà cornes sont une nécessitéde l'économie de la ferme.
C'est ce que démontre au delà de toute controverse, ce fait que dans
les principaux districts laitiers de l'Angleterre, les troupeaux se com-
posent soit de durhams purs, soit des produits de croisements répétés
entre les races du pays et des taureaux durhams.
Ici, en effet, il ne s'agit point d'engouement irréfléchi. Les fermiers-
laitiers ne visent qu'à la production du lait et à la réalisation avanta-
geuse de leurs vaches, lorsque l'entretien de celles-ci cesse d'être lucratif
pour la laiterie. Le but que ces praticiens se proposent n'est point
d'élever des durhams pour la satisfaction d'une fantaisie ou d'une pré-
férence irréfléchie, mais pour en obtenir le plus grand bénéfice
possible. La préférence qu'ils donnent à la race durham est donc mo-
tivée par des raisons purement commerciales, et il ne s'agit pour eux
que d'élever la race la plus avantageuse à ce point de vue pratique.
Je me suis souvent demandé comment il se lait qu'en iVance, malgré
l'évidence manifeste des qualités laitières transcendantes de la race dur-
ham, la légende du contraire ait si longtemps prévalu, et obtient encore
une croyance si obstinée. M. Tisdall explique cette anomalie, comme
je l'ai maintes fois expliquéemoi-même. C'est que jusqu'à ces dernières
années, la plupart des éleveurs anglais n'avaient en vue que la beauté
des formes et l'aptitude à l'engraissement. Peu importaient les facultés
laitières, c'était surtout de la viande et de beaux animaux bien gras
que l'on voulait. L'idée qu'eurent les frères Colhng de promener par
toutes les foires leur bœuf phénoménal, le Durham. Ox, eutl'effet d'at-
tacher à la race une réputation exclusivement charnue. Race durham
voulait, dire dans l'opinion publique, race à viande. Une fois cette
idée entrée dans l'esprit des masses, on ne rechercha plus dans la race
que l'aptitude à l'engraissement, on perdit de vue absolument les qua-
lités laitières tout aussi merveilleuses que celles de l'aptitude à l'engrais-
sement. D'un autre côté, à l'époque du fameux Z)»rAr(ft}Oj3,lapopuîation
industrielle de l'Angleterre prit un essorextraordinaire sous l'impulsion
d'une prospérité manufacturière aussi rapide qu'elle fut étendue. Il fallait
de la viande pour nourrir celte population énorme, avide de roastbeef
et gagnant des salaires suffisants pour la payer. A cette époque, et
jusqu'à ces dernières années, l'industrie laitière était généralement né-
292 SÉLECTION ET ÉLEVAGE DU BÉTAIL A LAIT.
gligée parmi les agriculteurs anglais, qui ne songeaient qu'à la produc
tion de la viande. Cette tendance générale de l'élevage anglais dut na
turellement réagir sur la race elle-même, et lors des premières impor
talions de reproducteurs de race durham en France par M. de Sainte-
Marie, lesquelles eurent lieu à l'époque oîi cette influence se faisait le
plus sentir, il n'est pas douteux que cette spécialité de boucherie ne
prévalîit dans la race comme dans l'opinion publique. Mais avant cette
époque de transition la raceétait non seulement renommée, mais recher-
chée pour ses qualités laitières. J'ai ci té des exemples de cette précieuse fa-
culté chez des animaux devenus légendaires et dont la renommée était en
pleine vigueur bien avant les frères CoUing. Mais, on aurait tort de cro ire
que tous les éleveurs de durhams en Angleterre aient subi l'influence de
l'engouement exclusif des qualités de boucherie de celte admirable race.
Les Booth, les Knightiy, et surtout Bâtes, furent assez sages
et clairvoyants pour résister à cet entraînement général, et les tau-
reaux Hubbak, Favourile, Ketlon, Earl of Dublin, Belvédère, Duke of
Norlh'inibeiiaiid, etc., etc., doivent surtout leur célébrité, aux qualités
laitières inhérentes à leur sang, qu'ils transmettaient infailliblement à
leurs produits. Comme je l'ai dit, une puissante réaction s'est produite
en Angleterre, dans l'élevage de la race durham, dont on cherche, au-
jourd'hui, à développer surtout les aptitudes laitières. A cet effet, les
éleveurs recherchent, au prix des plus grands sacrifices, les reproduc-
teurs appartenant aux familles qui comptent parmi leurs ancêtres les
taureaux les plus remarquables par leur puissance de transmission des
qualités laitières qui distinguent leurs familles, et c'est cette considé-
ration qui aujourd'hui rehausse surtout la valeur des reproducteurs de
la race durham en vue de l'amélioration des autres races soit
comme premier croisement, soit pour la transformation finale
de celles qui ont déjà subi l'influence amélioratrice du sang durham,
par des croisements antérieurs et répétés.
Ce à quoi l'on vise aujourd'hui, et c'est le but que je me suis proposé
moi-même dans mon élevage, de rechercher et de réunir les produits épars
de ces grandes familles laitières de l'ancienne race durham, et de les
accoupler avec jugement d'après des combinaisons d'aptitudes raison-
nées, afin de reconsiituer peu à peu la grande famille laitière de celte
admirable race. On avait heureusement à opérer sur des sujets, au plus
haut degré, dociles à l'impulsion de ces efforts. L'aptitude à la sécré-
tion d'un lait abondant et riche est tellement inhérente à lu nature de
la race durham, qu'une fois soumise à un traitement spécial et judicieu-
sement combiné, de manière à solliciter et à entretenir le retour à cette
prérogative laitière qui avait été si longtemps, et dès l'origine, le pré-
cieux apanage de la race, le plus heureux succès est venu couron-
ner ces efforts. La race durham convertit facilement la nourriture qu'on
lui donne, soit en graisse, soit en lait. L'excès de ses qualités, dans la
tendance à l'assimilation en graisse, ne peut s'allier à l'assimila-
tion en lait. La graisse exclut le lait, et les éleveurs qui ont
voulu satisfaire leur pente vers l'engraissement ont pu y réussir
au delà de leurs désirs, tant la nature généreuse des races durham
est prête à donner ce qu'on exige d'elle. Mais cela n'a pu s'accomplir
qu'aux dépens de la production du lait. A force de diriger l'élevage de
la race vers cette production exclusive de la viande, on est parvenu à
atrophier, sinon à totalement détruire la faculté laitière chez quelques
SÉLECTION ET ÉI-EVAGE DO BÉTAIL A LAIT. 293
familles, mais celte atrophie n'a été, bien heureusement, qu'une éclipse
passagère, et une tendance plus rationnelle donnée à l'élevage, depuis
quelques années, n'a pas tardé à rétablir dans la race cette faculté si
précieuse de la sécrétion d'un lait riche et abondant, qu'une fausse
direction et qu'une économie erronée, mal conçue et fatale dans ses
effets, avaient momentanément suspendue.
Les agriculteurs anglais possèdent, pour remédier à l'état de choses
causé par une trop grande nécessité d'approvisionner en viande les
marchés de leur pays, un avantage qui nous manque en France, mais
qu'il nous est heureusement facile de créer. Les Anglais possèdent dans
le Yorkshire surtout, sur les collines des Cotswolds, dans presque tous
les comtés du nord et du centre, des dérivés de la race durham.
Celte race, évidemmeat issue des croisements avec la race pure, pro-
duit des femelles excellentes laitières, n'ayant point de généalogies
inscrites, mais possédant tous les caractères de la race pure. Ces ani-
maux peuvent s'acheter dans les foires aux prix ordinaires du bétail de
rente, et n'ont par conséquent qu'une valeur individuelle et non, comme
les animaux purs et inscrits, une valeur de race. En faisant parmi ces
vaches ordinaires, une sélectionjudicieuse, etneles accouplant qu'avec
de bons taureaux durhams de sang et choisis dans les familles à l'ala-
visme laitier, on parvient promptement et facilement, sans dépenser un
gros capital, à constituer et établir permanemment un excellent trou-
peau laitier, et c'est ce que les éleveurs anglais s'efforcent de faire au-
jourd'hui avec un éclatant succès.
En France, nous n'avons pas, il est vrai, cet élément durham ordi-
naire qui se prête si facilement à la transformation qu'on se propose au
moyen de taureaux pur sang. Mais nous possédons quelques bonnes
races, qui se prêlentfacilement, elles aussi, à une transformation radicale
dans le double sens du lait et de la viande par le croisement avec des
taureaux durhams bien choisis. Ce sont les races bretonne, mancelle
et cotentine. Je pourrais aussi ajouter la race flamande, mais celle-ci
est caractérisée par une grande force d'atavisme local plus difficile à
vaincre, et par conséquent moins facile à dominer parle sang durham,
bien que j'aie vu d'excellents exemples de ce croisement.
Pour tirer une conclusion pratique de ce qui précède, au point de
vue de notre élevage français, et pour profiter de l'exemple que nos
voisins nous donnent et par leur pratique et par leur succès, voici
comment je formule les conseils que je crois pouvoir donner à mes con-
frères, pour se former graduellement et sûrement un bon troupeau
laitier, sans s'imposer des sacrifices, hélas I au-dessus de la force du
plus grand nombre d'entre nous, dans la position néfaste où les lois
fiscales ont réduit l'agriculture française. Les moyens que je vais in-
diquer sont heureusement encore à la portée d'un grand nombre d'a-
griculteurs ; mais la première condition, c'est de se dépouiller de tout
préjugé, de toute prédilection irrationnelle pour les races locales. Il
faut se mettre à la recherche dans le milieu oii l'on se trouve, et cela
sans parti pris, des meilleures vaches laitières qu'on pourra trouver.
Voici, du reste, quelques indications fondamentales qui pourront ser-
vir de points de repère pour mener à bien cette recherche d'où dépen-
dra l'avenir plus ou moins réussi de la création dont il s'agit de poser
les fondations. Voici donc le type de la vache laitière, qu'il faut s'effor-
cer de trouver d'une manière aussi rapprochée que possible.
294 SÉLECTION ET ÉLEVAGE DU BÉTAIL A LAIT.
Choisissez partni les vaches à votre portée, celles qui présentent
un ensemble très développé, dont l'arrière-main soit profonde, massive
et près de terre, avec des mamelles amples et formant un sac d'une
grande capacité, s'alloncçeant bien sous le ventre et non pendant comme
une outre dégonflée le long des cuisses. Faites attention à ce que les
trayons ne soient pas trop rapprochés, mais bien écartés les uns des
autres, afin qu'il se trouve un intervalle suffisant pour emmagasiner le
lait. Veillez à ce que la peau soit fine et souple au toucher, le cou
mince, les os maxillaires très fins, exempts de lourdeur, le menton
et la lèvre inférieure bien détachés, l'œil plein, ressorti, et d'une appa-
rence douce et placide. Ces vaches assez communes en Angleterre sont
moins faciles à rencontrer en France, mais avec du temps et du coup
d'œil on peut encore en trouver chez nous, dans les départements de
l'ouest, en Bretagne, dans la Mayenne et en Normandie. Je ne con-
seille pas de viser tout d'abord à la réunion d'un grand nombre de
ces vaches. Il est bien plus facile d'en réunir seulement quelques-unes,
et il vaut infiniment mieux se contenter de quelques-unes bien choi-
sies et remplissant bien les conditions que je viens d'indiquer, que de
risquer d'éprouver des déboires avec une trop grande promiscuité.
A ce petit troupeau choisi de bonnes vaches laitières, donnez un
bon taureau durham très pur de sang et d'origine, c'est-à-dire inscrit
au herd-book ; ceci est le point essentiel. Le succès de l'opération
dépend principalement delà sélection de ce taureau. Là, il faut se rési-
gner au plus grand sacrifice possible. La parcimonie serait un obstacle
fatal à la réussite et ne pourrait donner qu'un résultat absolument
négatif, contraire aux intérêts de l'opération et à ceux encore plus
importants du progrès général. Les bonnes familles laitières de la
race durham sont bien connues et elles sont assez nombreuses en
Angleterre, pour qu'il soit facile et comparativement peu dispendieux
de s'en procurer. L'Angleterre est un pays aussi voisin du nôtre que
possible, quelques kilomètres d'un détroit dont l'œil peut embrasser
la largeur nous en séparent, et les communications sont aussi rapides
et faciles qu'elles sont peu coûteuses. L'obtention d'un bon taureau
laitier n'est donc pas très onéreuse, et les grands avantages qui s'y
rattachent et en découlent valent bien le sacrifice de quelques centaines
de francs que l'importation exigerait.
Ayant réussi à réunir un petit troupeau de vaches laitières bien
choisies, avec un taureau durham convenable, on a ainsi posé les
assisesd'un troupeauqui, à chaquegénération, augmentera sa perfection
et son utilité. On gardera précieusement les veaux femelles pour les
élever et en faire les mères de l'avenir, on castrera impitoyablement
les veaux mâles pour en faire d'excellents bœufs, car en les gardant
comme reproducteurs on reculerait au lieu d'avancer. Une des choses
les plus illogiques et les plus pernicieuses qu'on puisse imaginer au
point de vue du progrès de nos races bovines en France, c'est l'admis-
sion dans nos concours des taureaux métis. On devrait les en exclure,
au contraire, de la manière la plus impitoyable et la plus absolue.
Il est vrai qu'il y a un proverbe qui prétend que faute de grives on
mange des merles, mais ici il serait bien préférable de ne rien manger
du tout. Je considère l'emploi des taureaux métis comme une des
choses les plus pernicieuses à l'amélioration des races, qu'on puisse
SÉLECTION ET ÉLEVAGE DU BÉTAIL A LAIT. 295
En procédant comme je le recommande ci-dessus, on arrivera
promptement à se créer un troupeau de vaches laitières, possédant
en même temps la précieuse aptitude à faire de la viande, au moment
voulu. C'est du reste le système salutaire que l'on suit en Belgique, en
Allemagne, dans les deux Amériques et par tout le monde civilisé, par-
tout en un mot où l'élevage de l'espèce bovine est possible. Il ne s'agit
donc plus ici d'une question de race locale et de climat. Il s'agit
d'une amélioration générale de toutes les races existantes au point de
vue de la production du lait et de la viande, car les rejetons des vaches
ainsi améliorées, recevront toujours de leurs mères les aptitudes et les
tempéraments locaux qu'exige le milieu climatérique oii ils se trouvent.
Le sangdurham infusé par le père ne fera que développer ces aptitudes
locales en leur conservant leur cachet particulier, tout en leurdonnant
des qualités laitières et une souplesse d'engraissement que la mère
seule ne peut leur fournir.
F.-R. DE LA Tréhonnais.
CONCOURS DES PRIX GULTURAUX ET D'IRRIGATION
DANS LA HAUTE-LOIRE. II — '.
Au Concours régional de 1876, M. Arthur Couderchet avait obtenu le prix cul-
tural de la quatrième catégorie pour sa propriété de Langlade.
Ce petit domaine de 12 hectares est devenu entre ses mains un véritable jar-
din : des délbncements profonds, d'abondantes fumures, des façons d'entretien
multipliées y assurent la vigueur, la propreté et les hauts rendements de toutes les
cultures.
Des sources, captées avec intelligence et amenées dans deux bassins cimentés,
servent à l'arrosage de la luzerne et de la prairie comprises dans l'enclos.
Le fumier est parlaitement traité elles déchets de toute sorte sont utilisés pour
la fabrication des terreaux destinés aux prairies naturelles.
Le bétail est très important et d'un choix remarquable. Il comprend des bêtes
bovines et des bêtes ovines de diverses races, pures ou croisées entre elles, qui
viennent chaque année confirmer dans les concours de la région, la réputation
d'habile connaisseur et de maître éleveur dont M. Couderchet jouit à juste
titre.
Ce goût, pour le bétail d'élite, est même si vif chez lui, que je serais tenté de
le trouver exagéré. Au lieu de cette variété de races, ne vaudrait-il pas mieux se
contenter, pour l'espèce bovine, d'une race unique en rapport avec la principale
spéculation adoptée par le concurrent, la vente du lait, dont il chiffre le produit à
3,500 l'r. pour 188ii, et, d'autre part, est-il prudent d'accroître outre mesure le
nombre des sujets? Sans parler des animaux de l'espèce ovine, qui ne paraissent
pîs à leur place dans son exploitation, nous n'avons pas compté, dans ses étables,
moins de trente-cinq têtes d'animaux de l'espèce bovine, et, quelque séduits que
nous ayons été par la beauté de leurs formes, nous n'avons pu nous empêcher de
remarquer que, pour suffire à leur entretien, il a fallu affermer une prairie à
un prix élevé et acheter en outre une notable quantité de fourrages.
Ce côté économique de l'exploitation est mis en lumière par la comptabilité,
toute sommaire qu'elle est, et il en ressort que le bénéfice de 1882 est dû en
grande partie aux primes attribuées au bétail dans les concours.
Après ces légères critiques, motivées seulement, je le répète, par l'exagération
même de qualités précieuses, il ne me reste que des éloges à faire de ce
domaine si bien tenu.
M. Couderchet, non content de justifier la décision de la Commission de 1876,
en continuant ses améliorations foncières, a installé sur les murs dont il a entouré
Langlade une remarquable culture fruitière. Les nombreux arbres qu'il a plantés
sont habilement conduits, donnent des fruits très abondants et complètent heu-
reusement ses travaux antérieurs.
Le jury rappelle le prix cultural de la quatrième catégorie décerné, en 187(),
I. Voir le Journal du lHaoùt. p. ïiîi de ce volume.
296 LES PRIX CULTURAUX DANS LA HAUTif-LOIRE
à M. Coiiderchet, et lui accorde, en outre, avec l'agrément de M. le ministre de
l'agriculture, un objet d'art pour sa culture fruitière.
Le domaine du Peituis, que AI. Pradier a présenté au concours de la quatrième
catégorie, dépend de la commune du Ghambon. Les 19 hectares dont il se com-
pose sont divisés en 5 hectares de prairies, 2 de pâtures, 3 de bois et 9 de terres
labourables.
Les prairies sont, pour la plupart, l'œuvre de M. Pradier; la plus importante,
qui se Irouve en contie-bas de la maison d'habitation, est arrosée au moyen de
sources qui alimentent six réservoirs contenant chacun environ 10 mètres cubes.
Elle est en bon état ; les rigoles d'arrosemcnt y sont bien tracées, et la partie infé-
rieure a été assainie par un drainage fait avec soin.
La culture proprement dite est tort bien entendue, et si les rendements sont
peu élevés les récoites sont très propres et aussi productives que le comportent
l'altitude et la médiocrité du sol.
La vacher,ie comprend huit vaches et quatre génisses de la race du Mezeoc ;
ces animaux n'ont pas une conformation irréprochable, mais ils sont bien tenus
et en bon état.
En résumé, si le Pertuis réclame encore des améliorations de détail, il présente
un ensemble satisfaisant et qui forme un heureux contraste avec l'aspect du
domaine, il y a quinze ans, lors de la prise de possession du propriétaire actuel.
Il était alors, en eftet, couvert de genêts et presque partout en friche. M. Pradier
en a su tirer le meilleur parti, et, grâce à son activité et à son intelligence, il est
arrivé à lui faire produire des fourrages assez abondants pour l'entretien d'un
bétail relativement nombreux.
Le jury est heureux de récompenser ses efforts, en lui accordant le prix cultu-
ral de la quatrième catégorie.
Il ne s'est présenté de concurrents ni dans la deuxième, ni dans la troisième
catégories et les exploitations, dont il nous reste à parler, font toutes partie de la
première. Elles apparliennnt à MM. Bard et de Morteuil.
Le domaine de Gizaguet comprend 42 hectares. Son propriétaire, M. Bard, a
amélioré dans une certaine mesure les terres et les prés, et il s'occupe en ce
moment, de la construction des bâtiments sur un plan spécial. Mais son princi-
pal mérite, c'est la création d'un vignoble important.
L'ensemble de ses vignes est très satisfaisant : leur propreté témoigne des nom-
breuses façons qu'elles ont reçues ; elles ont une végétation vigoureuse et portent
des fruits abondants. Cette vigueur et cette fertilité ne pourront être maintenues, il
est vrai, qu'à l'aide de copieuses fumures; mais cette nécessité même amènera un
nouveau progrès dans le reste de l'exploitation, en inspirant à M. Bard la résolu-
tion d'augmenter le chiffre de son bétail et, par conséquent, l'étendue des terres
consacrées à la production des fourrages. Quoi qu'il en soit, le vignoble de (iiza-
guet est aujourd'hui florissant et donne de beaux revenus. M. Bard a fait, en le
créant, une excellente opération, et le jury lui décerne, à ce titre, une médaille
d'or grand module.
RL le comte Palamède de Morteuil a présenté au concours les deux domaines
de Laboryte et de Chilhac-Tansac, qu'il exploite directement, l'un depuis douze
ans et l'autre depuis quatre ans seulement.
La Commission les a visités avec un vif intérêt, et a constaté les sérieuses amé-
liorations qui y ont été faites par leur propriétaire actuel. Mais il est bien difficile
d'obtenir en quatre ans une Iranslormation complète sur un domaine qui, comme
celui de Laboryle était, de l'aveu de M. de Morteuil, « ruiné », lorsqu'il en a
pris la direction. Aussi la production y est-elle encore inégale, et si certains bâti-
ments sont convenablement disposés, d'autres laissent-ils à désirer. Je me hâte
de dire qu'ils ne tarderont pas à être remplacés par des constructions nouvelles.
A Chilhac, le principal effort du concurrent s'est porté sur la viticulture. Le
Ivignoble qu'il y a créé occupe le versant d'une colline, sur un sol volcanique. Les
ignés sont distantes d'un mètre les unes des autres, ce qui offre le grand avan-
tage de pouvoir donner les façons avec une charrue vigneronne traînée par une
vache. Les ceps, qui étalent leurs sarments sur une double ligne de fils de fer, sont
vigoureux et bien conduits; les plantations ont été faites avec des plants racines
dp deux ans, extraits d'une pépinière bien tenue. Le cépage, auquel M. de Morteuil
donne la préférence et qu'il a beaucoup propagé autour de lui, est le gamai de
Malain, dont la maturité est précoce et qui commence à produire dès la troisième
année de la mise en place.
LKS PRIX CULTURA.UX DANS LA HAUTE-LOIRE. "297
Pour éviter les ravinements, des fossés ont été ouverts presque transversalement
à la pente et reliés entre eux par des rigoles verticales, qui conduisent les eaux
dans des bassins cimentés. Entin des chemins tenus en parfait état complètent
cette intéressante création, pour laquelle le jury décerne à M. le comte de Mor-
teuil une médaile d'or grand module.
Mme Faurot dirige elle-même la culture de sa propriété de la Ghomelte. Cette
propriété, située dans la conrmune de Saint-Bauzire, comprend 47 hectares de
terres labourables, 12 de prairies, 1 de vignes, 40 de bois et 10 de pâturages.
Les terres, légères sur les hauteurs, sont argileuses et d'un travail dilfîcile dans
les parties basses. On y suit un assolement de quatre ans.
Les diverses cultures présentent un aspect satisfaisant, etle jury a particulière-
ment remarqué de beaux champs de seigle et de méteil.
Il a pu constater la bonne tenue des fumiers, de la cour de ferme et des étables ;
le bon état des animaux, le soin avec lequel ont été nivelées et drainées les prai-
ries, qui sont arrosées au moyen d'une dérivation bien entendue.
Il a été frappé aussi de l'importance des reboisements qui ont été faits sur le
sommet des élévations et sur les rampes impropres à la culture.
Des chemins d'exploitation bien tracés et bien entretenus complètent l'ensemble
de cette intéressante exploitation, dont la bonne direction fait honneur à l'esprit
judicieux de Mme Faurot.
Le jury, en adressant à Mme Faurot ses félicitations pour l'excellent exemple
cpi'elle a donné, lui décerne le prix cultural de la première catégorie.
M. le marquis de Ruolz, qui avait obtenu, en 1860, pour son domaine d'Alle-
ret, la première prime d'honneur décernée dans le département de la Haute-
Loire, a été enlevé, en 1877, à sa famille et à l'agriculture du Velay. Mais le
fruit de ses travaux n'a pas été perdu, et Mme la marquise de Ruolz a continué
son œuvre avec un soin pieux.
Grâce à elle, le souvenir de M. de Ruolz vit toujours dans ce grand et beau
domaine de 278 hectares, qui n'a cessé d'être une exploitation modèle, bien digne
d'être offerte en exemple à tous les agriculteurs du département.
Au nombre des anciens serviteurs qui secondent Mme de Ruolz avec le plus
grand zèle, la Commission a signalé à M. le ministre de l'agriculture, M. Baptiste
Slalan, qui, depuis 1833, fait exécuter avec beaucoup d'intelligence tous les tra-
vaux agricoles. La Commission est heureuse de pouvoir décerner, à cet excellent
chef de culture, une médaille d'argent, en récompense de ses bons services et de
son dévouement sans bornes.
Me voici arrivé au terme de la tâche que mes collègues ont bien, voulu me con-
fier, et il ne me reste qu'à faire connaître une dernière décision, lapins délicate de
toutes. Cette décision, l'exposé qui précède vous la fait déjà prévoir : nousavonscru
devoir réserver la prime d'honneur; — et cette résolution nous a été d'autant plus
pénible que, nous ne l'ignorons pas, plus d'un agriculteur démérite s'est abstenu
de prendre part à ce concours, oij il avait tout lieu d'espérer le succès.
De toutes les exploitations soumises à notre examen, une seule, celle de Lan-
glade, réunit le plus grand rombre des conditions exigées pour l'attribution de
la grande prime. 11 serait difficile, en effet», de trouver dans la banlieue du Puy,
un enclos où soient mieux appliqués les secrets de l'agriculture et de l'horticul-
ture ; mais, j'ai déjà eu l'honneur de le dire, la comptabilité y est trop sommai-
rement tenue, pour qu'on puisse se rendre un compte précis du produit net : le
côté économique de l'œuvre de M. Couderchet reste dans l'ombre, et cette lacune
n'a pas permis à la Commission de décerner la plus baute récompense du con-
cours régional.
Après avoir mis sous vos yeux les résultats de notre voyage agricole dans votre
département, je croirais manquer à un devoir, si je n'exprimais publiquement les
regrets que nous cause le départ de l'inspecteur général qui nous a dirigés dans
nos visites. M. Gustave Heuzé est appelé dans les régions du Nord et du Nord-
Est de la France, et la brillante organisation du concours du Puy est le dernier
acte de ses fonctions dans celle-ci. Il v est remplacé, il est vrai, par un homme
dont les travaux et la compétence vous'sont connus, et je me plais à rendre hom-
mage aux qualités de M. deBrézenaud. Mais il me sera permis aussi de dire que
M. Heuzé est suivi par les sympathies de tous ceux auxquels il a été donné d'ap-
précier ses connaissances si étendues et si variées, son activité, sa bienveillance et
son dévouement de tous les instants aux intérêts de l'agriculture.
Pierre Dufol'r,
Rapporteur, directeur de la ferme-tcole, au Montât (Lot).
29s APPAREILS POUR LE CHARGEMENT DES MACERATÉURS.
APPAREILS POUR LE CHARGEMENT DES MACERATEURS
DANS LES DISTILLERIES
Une des opérations les plus importantes dans les distilleries de
betteraves est de charger régulièrement les macérateurs, avec les cos-
settes sortant du coupe-racines, sans que ces cossettes soient compri-
mées, soit au centre des cuves, soit sur la circonférence, et de telle
sorte que la vinasse qui y est introduite pénètre bien toute la masse et
exerce son action sur le chargement complet des appareils. C'est
pour cet objet qu'on a imaginé les coupe-racines centrifuges, avec les-
quels, grâce à des ailes bien disposées, on projette les cossettes sur la
circonférence des macérateurs, sans les laisser tomber au centre, de
manière à former un chargement conique dans lequel les cossettes se
tassent régulièrement. Mais les coupe-racines usités jusqu'à ce jour se
fixent sur les parois des murs, à l'étage supérieur des usines; du
point où ils fonctionnent, on transporte, par des procédés divers, les
cossettes dans les macérateurs placés au-dessous. Le chargement exige
des soins spéciaux et des dépenses de main-d'œuvre; en outre, il
s'exécute rarement avec une régularité suffisante.
(y est pour obvier à cet inconvénient, et en même temps pour
assurer un épuisement complet des cossettes, qu'un ingénieur connu
par ses tr.ivaux sur la distillerie, dont nos lecteurs n'ont pas oublié
l'importante étude sur la distillation du topinambour, M. Slephen
David, a imaginé le coupe-racines centrifuge roulant pour le charge-
ment direct des macérateurs. Cet appareil et son installation sont
montrés pir la fig. 13.
Le dessin représente une partie d'une batterie de macérateurs dispo-
sés en cercle. Les betteraves sont amenées, par un élévateur, dans une
trémie pivotante, établie au point central du cercle des macérateurs.
Cette trémie, prolongée en forme de gouttière, est reliée à son extré-
mité au coupe-i*acines, qu'elle suit, dans ses déplacements successifs
au-dessus de chaque macérateur à charger. Deux fers à T, formant
rails, établis concentriquement sur des chevalets en bois, supportent
le coupe-racines, qu'un ouvrier fait rouler sur ses galets, en le pous-
sant à la main. La commande s'opère directement, à l'aide d'une
courroie de longueur invariable, par une poulie fixée à hauteur conve-
nable, sur l'arbre vertical, formant l'axe général. Cet arbre est lui-même
actionné, soit par une courroie torse comme l'indique le dessin, soit
par engrenages, soit par tout autre moyen, suivant les dispositions du
mécanisme et du local.
Le coupe-racines, organe principal du système, diffère essentielle-
ment du coupe-racines centrifuge, généralement employé dans les
distilleries; dans ce dernier, l'axe est horizontal, tandis que, dans le
nouveau coupe-racines, le tambour est vertical, ainsi que l'axe
moteur; il en résulte que les cossettes rayonnent librement tout
autour du tambour, ce qui permet d'utiliser leur projection directe,
qui les distribue naturellement contre la paroi intérieure du macérateur,
où elles tombent une à une, le centre seul n'en recevant jamais. On
obtient donc, aussi régulièrement que possible, sans l'emploi d'aucun
cône intermédiaire, le remplissage en forme d'entonnoir, qu'on a tou-
jours eu en vue, pour régulariser le tassement des cossettes. On évite
APPAREILS POUK LE CHARGEMENT Das MACERATEURS.
■299
aussi, çrâce à la légèreté du chara-ement, les aiïiïlomérations de cos-
selles, échappant à l'aclion de la vinasse qui se IVayait des passages
dans les parlies moins tassées, qu'elle épuisait seules.
L'expérience de quatre campagnes a démontré l'influence favorable
de ce mode de travail sur le rendement en alcool, qui, dans les usi-
Fig. 13. — Coupe-racines centrifuge, du système de M. Stephen David.
nés où il est employé, a concordé très exactement, à 1 ou 2 dixièmes
près, avec la densité du jus naturel; avec des betteraves, dont le jus
marquait au densimètre 5°. 2, par exemple, le rendement en alcool a
été de 5 pour 100, tandis qu'on n'obtient ordinairement avec cette
densité que 4.5 à 4.6 pour 100.
Le résultat que l'on constate est donc double . épuisement des pul-
300 APPAREILS POUR LE CHARGEMENT DES MACÉRATEURS.
pes el par suite production d'une plus grande quantité d'alcool, éco-
nomie dans la main-d'œuvre. Le système de M. Stephen David est
employé jusqu'ici dans une dizaine de distilleries, oîi l'on peut en étu-
dier l'installation ; l'inventeur se tient d'ailleurs à la disposition de
tous ceux qui s'adresseront directement à lui, avenue Parmentier,
20, à Paris. Aujourd'hui que la production de l'alcool subit une con-
currence toujours croissante, il faut rechercher tous les procédés pro-
pres à en diminuer le prix de revient. Henry Sagmer.
DES FAÇONS GULTURALES
A DONNER AUX TERRES APRÈS LA MOISSON
La visite de plusieurs exploitations du département de Meurthe-et-
Moselle nous a suggéré l'idée d'exposer en peu de mots les travaux
nécessaires pour obtenir des terres exemptes de mauvaises herbes,
des terres propres, et par la suite des récoltes sans mélanges de ces
plantes nuisibles qui infestent la plupart de nos céréales ; nous vou-
lons parler en première ligne des chardons, puis des liserons, des
renouées, des bromes, des chrysantèmes, des coquelicots et des
bleuets, dont les fleurs peuvent quelquefois plaire à l'œil de beau-
coup de personnes en villégiature, mais qui n'en sont pas moins des
plantes extrêmement nuisibles, puisqu'elles finissent, tant elles sont
abondantes, par se substituer aux céréales elles-mêmes.
Nous avons cité les chardons. A ce sujet, nous ferons remarquer
que dans certaines, régions, l'autorité administrative a pris des arrêtés
ordonnant leur destruction ; les cultivateurs semblent ne pas s'en
préoccuper le moins du monde.
Certaines opérations, très faciles cependant à exécuter, permettraient
d'obtenir des terres exemptes de mauvaises herbes. Comment doit-
. on s'y pi'endre ?
Faut-il revenir à la jachère qui, aux yeux de la plupart des cultiva-
teurs, est encore indispensable pour eiîectuer la destruction des mau-
vaises herbes? Non, nous en rejetons absolument l'emploi. A quoi
donc auraient servi les écoles d'ag^riculture et les progrès de la science
agricole, si considérables de nos jours, si nous en étions encore à pré-
coniser la jachère, ce repos forcé de la terre, comme disaient nos
pères? Dans toute culture bien entendue, la jachère doit être rejetée.
Nous avons, pour préparer convenablement les terres avant leur
ensemencement, des procédés très simples, qu'il suffirait de mettre
en pratique pour obtenir au bout de peu d'années de très belles récol-
tes sans mélange de plantes adventices.
Ces procédés consistent non pas en labours de déchaumage, préco-
nisés généralement, mais dans une autre opération qui s'en rapproche
beaucoup, et qui a pour but de favoriser la germination des mauvai-
ses graines, qui infestent nos champs. Ces mauvaises graines ont
presque toujours un volume très petit et conséquemment ne peuvent
germer dans le sol qu'à une profondeur de 2 ou 3 centimètres au
plus.
Quelle est la plus faible profondeur à laquelle on puisse aller avec
une charrue, ou même avec un polysoc ? On ne peut guère prendre avec
ces instruments moins de 7 ou 8 centimètres d'épaisseur, profondeur
obtenue communément quand on fait des labours de déchaumage,
FAÇONS CULTURALES APRÈS LA MOISSON. 301
exéeutés immédiatement après la fiiuchaison des céréales, c'est-à-dire
après la moisson. Si nous examinons bien ce qui se passe quand on
opère de cette façon, nous voyons que les graines des plantes adven-
tices se trouvent à 8 centimètres de profondeur; qu'à cette profondeur
il leur est matériellement impossible de germer. Pour germer, il faut,
en effet, à une graine de quelque nature qu'elle soit, les trois condi-
tions suivantes : 1° une certaine quantité de chaleur; 2° une certaine
quantité d'humidité, et 3° enfin une certaine quantité d'air. Si la
graine que l'on veut détruire a un volume considérable, on
pourra, sans inconvénient, l'enterrer à une grande profondeur; tout
le monde sait que l'on sème les haricots, les fèves, plus profondément
que les petits pois et les radis, dont les graines sont plus petites.
Cette opération dont nous voulons parler et qui se rapproche beau-
coup du labour de déchaumage exécuté au moyen de la charrue, con-
siste à faire l'emploi d'un instrument spécial qui n'est autre que le
scarificateur; cet instrument ne fait qu'écroûter la surface du sol
qui devient suffisamment meuble pour fournir aux mauvaises graines
un milieu convenable à leur germination. Ce déchaumage, on le com-
prendra, s'effectue beaucoup plus rapidement qu'avec la charrue.
Quinze jours ou trois semaines après ce premier travail, toutes ou
presque toutes les graines qui se trouvaient à la surface du sol ont
germé et acquis un certain dévelopement ; si, à ce moment, on vient
à pratiquer un second déchaumage ou labour léger, on enterrera non
plus des graines qui auraient pu conserver toutes leurs facultés ger-
minatives jusqu'au moment où la charrue les aurait ramenées à la
surface, c'est-à-dire après une période de dix-huit mois ou deux ans,
mais bien des jeunes plantes, grêles, chétives, qui seront bientôt
détruites par le seul fait de leur déplacement et de leur enfouissement
par la charrue.
Par cet ensemble et cette suite d'opérations, au bout de peu de
temps, deux ou trois ans au plus, toutes les mauvaises herbes, qui
vivent au détriment de la richesse du sol, seraient complètement
détruites. On voit de suite la conséquence de cette pratique : 1° réduc-
tion considérable du nombre des labours nécessités par le nettoiement
des terres ; 2° augmentation notable des récolles.
Ch. POIRSON ',
Répétiteur à l'Ecole nationale d'agriculture de Grignon,
LE BUTTAGE DES PLANTS GREFFÉS
J'ai dit, il y a bien longtemps, à propos des opérations assez nom-
breuses qui constituent un bon greffage, que chacune d'entre elles
était la plus importante de toutes, puisque si celle-là seule était mal
faite, elle empêchait la reprise, malgré la perfection de toutes les
autres, antérieure-* ou postérieures.
On peut trouver cette affirmation un peu naïve, un peu banale, un
peu bête même si Ton veut; on peut l'accuser d'être gênante, et je
vais prouver qu'il n'en est rien ; mais plus je vais, plus je crois qu'elle
n'est point inutile ni superflue. Pendant deux mois, je viens de la ré-
péter bien des fois chaque jour à mes trieurs, à mes greffeurs et gref-
feuses, à mes lieuses, à mes planteurs, et cela n'empêchera pas qu'un
1. Auteur de la Production de la viande. — Librairie agricole de la Maison rustique, rue
Jacob.
302 LE BUTTAGE DES PLANTS GREFFÉS.
grand nombre de nos greffes manqueront parce qu'une des opérations
de triage, d'ajustage, de ligature, de plantation ou de buttage aura été
mal faite et mal soignée.
Mais, dira-t-on, il y a là de quoi faire renoncer aux greffages. Mais
oui, il faut y renoncer complètement, si l'on ne veut pas les faire
complètement comme ils veulent être faits pour réussir. Le greffage
n'est pas une série de petites manœuvres isolées et indépendantes les
unes des autres, c'est un ensembled'opérations qui se tiennent, s'enchaî-
nant et se commandent les unes aux autres pour former un tout con-
nexe, indivisible et solidaire. Il y a de par le monde une foule de
choses où, comme dans le greffage, il faut que toutes les pièces soient
bien faites pour que la machine puisse marcher : une montre, par
exemple, toutes les roues et tous les engrenages auraient beau être
parfaits, s'il en manquait un, la montre ne marcherait pas et l'opéra-
tion n'aurait pas réussi.
Ce doit être bien difficile de bien faire toutes les pièces d'une
montre, et cependant il y a bien des gens qui les font et qui les font
très bien. Il est en revanche excessivement facile de faire bien, très
bien, parfaitement bien chacune des opérations qui composent le gref-
fage ; il suffit d'un peu d'adresse, d'un peu d'exercice et d'une atten-
tion continue. Seulement il faudrait que toutes ces opérations succes-
sives pussent être exécutées par le même ouvrier, depuis le triage des
greffons et des porte-greffes jusqu'aux derniers soins à donner aux
plants greffés, comme la suppression des racines que peut émettre le
greffon, et des gourmands que lance presque toujours le porte-greffe.
Malheureusement, quand on a à exécuter une quantité un peu consi-
dérable de greffes, on est obligé, faute d'un nombre suffisant d'ou-
vriers capables de tout bien faire, de confier chacune de ces opérations
à des mains différentes, et ce n'est qu'après avoir passé par un grand
nombre de mains que le pauvre plant greffé arrive, au bout de quatre
ou cinq mois, et après une longue série d'épreuves, à une soudure
complète. C'est ce qui explique les énormes différences dont on entend
parler chaque jour dans le tant pour cent des reprises; un bon gref-
ièur qui a tout fait par lui-même, atteint très facilement des reprises
de 90, 95, et parfois même 100 pour 100, tandis que chez d'autres
viticulteurs, ce n'est plus par maximums que l'on compte, mais par
minimums décroissants et arrivant parfois à n'avoir que les zéros
du 100 pour 100.
Le meilleur remède à cet état de choses, c'est la multiplication des
bons greffeurs par les écoles de greffage , et, en attendant que chaque
viticulteur puisse trouver facilement tous les greffeurs complets dont
il pourra avoir besoin , il faut que chacun remplace ce qui
lui manque par la surveillance incessante de l'œil du maître et par la
répétition incessante, à chacun des ouvriers ou ouvrières faisant une
opération du grefl'age, que cette opération est la plus importante de
toutes, et que c'est celle qui mérite le plus de soins.
Ayant à parler du butiage des plants greffés, je dois tout naturelle-
ment commencer par dire que cette opération est la plus et que
c'est celle qui et j'ajoute qu'un piant non butté ou mal butié
est comme une maison dont on aurait oublié de faire le toit ou à
laquelle on n'aurait donné que des fragments de toiture.
Le buttage lui-même se divise en deux parties : d'abord celui du
LE BUTTAGE DES PLANTS GREFFKS. 303
point greffé qui doit être fait avec les quatre doigts et le pouce, et qui
exige d'autant plus de soins qu'il est souvent destiné h remplacer
l'engluement et qu'il doit empêcher l'eau de la pluie de s'infiltrer
entre les languettes de la greffe, résultat qu'on obtient suffisamment
quand on a sous la main un sol assez argileux dont on forme, sur la
jonction du porte-gi'elîe et du greffon, une pelotte bien serrée et poin-
tue par en haut. Après ce premier buttage à la main, il faut — et cela
peut se faire facilement avec la pelle — recouvrir complètement le
greffon, tant long soit-il, avec de la terre aussi légère que possible,
du moins dans la couche qui recouvre l'œil supérieur du greffon. Le
buttage idéal se compose donc de deux ou même trois couches super-
posées de terres fort différentes : argile en bas, terre quelconque au
milieu et sable léger au sommet. El dire qu'il y a des sols privilégiés
qui contiennent ces trois éléments les uns sur les autres! Quand on
né les a pas, on peut encore se tirer d'affaire assez facilement en por-
tant avec soi tantôt une petite caisse d'argile pour faire le battage
d'en bas dans les terrains trop sablonneux, tantôt ce qu'il faut de
sable ou de terre légère pour faire le buttage d'en haut dans les ter-
rains trop argileux.
Mais ce ne sont pas seulement les greffes nouvellement faites qui
ont besoin d'être buttées soigneusement, et le point sur lequel je veux
attirer spécialement l'attention des viticulteurs, c'est la nécessité ab-
solue du battage pour assurer la bonne reprise des plants soudés que
l'on met en place après un an de pépinière. L'absence, par ignorance
ou par oubli, de cette précaution indispensable peut compromettre le
succès de la plantation la mieux faite avec les plants les mieux choisis
et les plus irréprochables.
Il ne faut pas oublier que la soudure d'un jeune plant n'est qu'une
couche superficielle plus ou moins mince, composée de tissus nou-
vellement formés et qui n'ont pu, en quelques mois, acquérir la soli-
dité, la dureté, la résistance des autres parties plus anciennes de la
souche, d'autant plus que pendant la plus grande partie de cette
existence souterraine, le point greffé a été mis soigneusement à l'abri
du contact de l'air extérieur, excepté pendant un mois ou deux, en
septembre et en octobre, où il a dû être déchaussé pour que le i^rand
air et la lumière lui aient donné un commencement de durcissement
et de lignification. Mais ce n'est qu'un commencement et ce n'est pas
trop d'une seconde année pour que la soudure la plus parfaiie d'ap-
parence extérieure puisse acquérir, dans toutes ses parties, les condi-
tions suffisantes de résistance à ses deux grands ennemis, la gelée et
la sécheresse.
C'est surtout pendant la période qui précède et qui suit la plantation
que le jeune plant a besoin d'être protégé. Depuis le commencement
de l'hiver qui suit le greffage, jusqu'à la fin de l'été qui suit la mise
en place, il faut, par un procédé quelconque, le mettre à l'abri des
brusques variations de la température, et de l'évaporation trop rapide
produite par le soleil ou par le vent. Le procédé est bien simple, la
matière est toujours sous la main ; la terre, en effet, pourvu qu'elle
soit assez légère, forme, non seulement le plus abondant et le plus
économique, mais le meilleur des écrans pour amortir, ou tout au
moins ralentir et atténuer les effets dangereux du froid et de la séche-
resse.
304 LE BUTTAGE DES PLANTS GREFFÉS,
Ce n'est pas tant l'intensité du froid ou de la chaleur que redoutent
les jeunes plants de vignes et, en général, tous les végétaux, ce sont
les passages trop rapides d'une température à une autre, soit plus
chaude, soit plus froide. Ces variations sont beaucoup plus rapides
dans l'air que sous une couche de terre, tant mince soit-elle, et plus
cette couche est épaisse, plus ces variations de la température exté-
rieure mettent de temps à la traverser, plus ces variations sont lentes
et progressives et moins elles risquent d'endommager ou de décom-
poser les organes des plants dont les tissus s'y habituent insensible-
ment à des degrés de froid ou de chaleur qui les auraient désorga-
nisés s'ils s'étaient produits par de brusques soubresauts.
Deux faits à l'appui de cette assertion. Pendant l'hiver de 1880-81 ,
j'avais mis à l'aulomne une grande quantité de plants américains
fraîchement arrachés, à stratiûer dehors, sous une épaisse couche de
sable. La straùûcation, soit dit en passant, n'est autre chose que 'le
huilage en commun, en phalanstère, si vous voulez, qu'il faut appli-
quer rigoureusemeut et absolument à tous les plants, à toutes les
branches, entre l'arrachage ou le taillage et la plantation. Il a gelé
pendai\t 80 jours, le thermomètre est descendu et resté longtemps à
15 ou 16°, le sable, dans lequel mes plants étaient enfouis, était
devenu dur comme un roc et aucun outil n'aurait pu l'entamer, la
gelée l'avait percé bien complètement, car il était solidement collé au
sol et impossible à soulever. El cependant, quand le dégel est arrivé,
j'ai retrouvé toutes les racines de mes plants aussi intactes, aussi
saines que lorsqu'elles avaient été mises en stratification, et tous ces
plants ont repris à qui mieux mieux.
L'hiver dernier, un de mes voisins assez éloigné, à qui j'avais donné
des boutures à faire enraciner, m'en apportait au cornmencemenl de
décembre une forte charretée. Il n'avait pas eu la précaution de les
emballer ni môme de les couvrir, car il ne lui faut que deux ou trois
heures pour faire le voyage. Mais la charretée a eu la malechance de
subir une bourrasque de neige glacée et le plus rapide revirement de
froid que nous ayons eu cet hiverr Quand les plants sont arrivés ici,
les racines étaient complèlement gelées, on a mis immédiatement les
plants àstratifier dans une cave, mais le mal était fait et irrémédiable.
Toutes les racines se sont désorganisées et elles appartenaient cepen-
dant à des variétés qui résistent aux plus grands froids, et aucun
autre de mes plants, même des variétés les plus délicates, n'a éprouvé,
soit en slralification, soit en pépinière, la moindre alteinle de ce froid
qui n'a duré qu'un ou deux jours.
Ce qui est vrai pour les tissus des racines l'est encore bien plus
pour les jeunes tissus qui forment la soudure des greffes.
C'est par milliers, par dizaines et peut-êlre par centaines de milliers
que chaque année, des plants greffés, parfaitement soudés, parfaite-
ment frais, parfaitement plantés au milieu du sol, dépérissent et
périssent faute d'un buttage suffisant depuis le sol jusqu'à l'exlrémité
supérieure des greffons. Tantôt c'est la gelée, tantôt ce sont les rayons
du soleil (m la sécheresse prolongée de l'atmosphère qui désorganisent
et atrophient les jeunes tissus qu'aucun écran préservateur ne met à
l'abri des brusques abaissements de la température ou d'une évapora-
tion dépassant les apports de la sève ascendante.
Quant aux faits à l'appui, la liste en serait illimitée, à commencer
LE BUTTAGE DES PLANTS GREFFES. 305
par ceux, trop nombreux hélas ! que je pourrai fournir pour mon
compte et à continuer indéfiniment par des exemples — à ne pas
suivre — parce qu'elle serait trop longue et parce qu'il n'est pas un
viticulteur qui ne puisse en trouver, soit chez lui, soit dans son
entourage. Si Ion m'annonce ou si je vois qu'une plantation de
greiîés a manqué, je parierais presque à coup siîr que le buttage a
été oublié ou mal fait, et cette présomption devient une certitude
quand je vois ou quand on m'apprend que les plants ont repoussé du
pied et qu'on me demande ce qu'il faut faire sur ces sauvageons de
porte- greffes.
On a fait grand tapage parfois — et entre autres l'an dernier aux
environs de Montpellier — sur quelques accidents arrivés à des plants
greffés ; des viticulteurs plus riches en imagination qu'en esprit d'ob-
servation ont échafaudé sur des faits plus ou moins mal étudiés, les
hypothèses les plus fantaisistes, les systèmes les plus saugrenus et les
plus propres à engendrer la panique chez les ignorants et les timides.
En éliminant les plants pas soudés qui ne vivent que de racines émises
par les greffons, en éliminant encore tous ceux qui ont été endommagés
par des causes diverses, telles que les pieds ou les dents des chèvres
et des moutons, et en ne considérant que les plants bien soudés, on
peut affirmer que tous les accidents qui leur arrivent ont été causés
soit par la gelée, soit par la sécheresse, et ne seraient pas arrivés si
un buttage avait mis tous les jeunes tissus de la gretïe à l'abri des
brusques revirements de température ou de l'évaporation produite par
les coups de soleil.
Et ce ne sont pas seulement les plants greffés que je vous recom-
manderai de butter; ce sont même les racines quelconques que vous
mettez en place; pour les premiers l'opération est indispensable, pour
les autres elle augmente autant que possible les chances d'une reprise
complète.
.)'ai mis en place, cette année, au commencement de mars, dix ou
douze mille plants racines de producteurs directs. Mes plants étaient
bien frais, mon terrain était friable à souhait, ma plantation avait été
exécutée dans les meilleures conditions et cependant j'ai cru pendant
assez longtemps que j'aurais un échec complet. Mes pauvres plants
ont eu à subir, pendant plus de deux mois, des températures que je
qualifierai de dévergondées, commençant par une sécheresse, une cha-
leur et des coups de soleil caniculaires et se continuant, pendant le
joli mois de mai, par des gelées que janvier et février lui-même
avaient laissées pour compte, sans une goutte d'eau, jusqu'à la fin du
susdit mois de mai qui n'a eu de joli que cette pluie tardive. Même
après cette pluie, plus des trois quarts de mes plants ne donnaient
pas signe de vie et tous ceux qui sortaient de la terre étaient secs
comme des allumettes désireraient l'être. — Heureusement les racines
et toute la partie enterrée se maintenaient fraîches, grâce à l'humi-
dité emmagasinée dans le sol, et petit à petit, tous mes plants, ou
peut s'en faut, ont fini par repousser, par sortir de dessous terre et
par faire meilleure fin et meilleure figure queje n'aurais osé l'espérer.
Mais quelle différence si ces plants avaient été traités comme des
plants greffés, s'ils avaient pu se moquer des caprices de la saison à
l'abri d'un bon buttage qui les aurait tenus chauds pendant les cha-
leurs de mars, et qui aurait permis à la sève, soit emmagasinée dans
306 LE BUTTAGE DES PLANTS GREFFES.
les racines et la tige, soit puisée pea à peu dans le sol par les petites
radicelles, de monter lentement et régulièrement vers les bourgeois su-
périeurs ; au lieu de perdre, comme Sizypiie, sou tsmps et ses forces
en ascensions et en répercussions, et de se perdre elle-même en évapo-
rations stériles.
Ce qui est bon pour les plants greffés et pour les racines quelcon-
ques, l'est encore pour les boutures, et cela est tellement évident et
tellement prouvé qu'il est inutile de le démontrer. Ne voyez- vous pas
tous les jardiniers couvrir leurs boutures précieuses ou leurs jeunes
plants délicats, soit avec des cloches, soit avec des pots renversés qui
ne sont autre chose que des buttages? Nous autres vignerons, nous n'a-
vons pas besoin de recourir à ces engins dispeadieux en argent et en
temps; la terre nous suffit, et elle fait aussi bien et peut-être mieux
parce qu'elle lais-^e entrer et sortir dans une juste mesure, l'air, la
chaleur et l'humidité et qu'elle remplit ainsi, à la perfection, le rôle
bienfaisant de flanelle des jeunes plants de vignes. C'est à elle surtout
qu'on peut appliquer cette maxime méridionale: « Que par la cao par
la frai », qui pour la rendre intelligible aux viticulteurs des bords de
la Seine, peut être prononcée ainsi : Ce qui pare le chaud pare le froid.
Et ayant enfin fini mes longs et nombreux couplets en l'honneur du
buttage, je reprends mon refrain que : de toutes les opérations du gref-
fage et de la plantation des vignes, la plus importante, c'est le but-
tage, et pour résumer en un mot tout ce que je viens de dire, je de-
mande à tous mes confrères en viticulture de chanter en chœur cette lé-
gère variante d'un mot qui leur est bien connu :
Buttons, buttons, buttons tout ce que nous plantons.
Aimé Champin.
PISCICULTURE. - LES ASSOLEMENTS
Aux attaques non justifiées d'une presse locale et politique contre la
science officielle de la pisciculture, qu'il nous était d'autant plus facile
à défendre, que depuis la mort de Coste nous n'avons plus eu avec elle
le moindre contact, nous reveaions pour la dixième fois au moins à
noire favorite. Il en fut avec la sardine, comme du reste avec tout ce
que l'on aime; entraîné plus loin que nous ne voulions, de cette
grande et belie question de la migration des poissons, nous aboutis-
sions forcément avec les courants, leur température, les milieux, leur
composition, l'orientement de nos côtes, leur flore, ce qu'il fau-
dra bien finir aussi chez nous par étudier, leur assolement, leur amé-
nagement.
Les deux mots exprimant le même fait, nous nous en tiendrons au
premier, employé par nous pour la première fois il y a plus de vingt-
cinq ans.
Après avoir passé par la Baltique et la mer du Nord, où grâce aux
beaux travaux de MM, Ekmann pour le Cattegat et Hense pour les
côtes allemandes'(voy. n''CT2 du /oi/rna/j, l'assolement étale aujourd'hui
avec Dohrn au golfe de Naples ses incontestable résultats.
La législation des pêches est avant tout une question d'histoire
naturelle, disait Coste dans celte historique communication à l'Aca-
démie des sciences du 21 avril 1862, intitulée la Liberté des mers,
d'où est sorti le grand mouvement dont nous venons de parler.
PISCICULTURE. — LES ASSOLEMENTS. 307
Reportons-nous-y donc, el sans méconnaîLre ce qu'il y a de réussi,
de grandiose même dans ce qui se fait à l'étranger par l'application
des idées je dirai même des rêves du vulgarisateur de la pisciculture
au dix-neuvième siècle; voyons le parti que nous en pourrions tirer et
comment à une police gênante et universelle succédera la seule pro-
tection des champs reproducteurs de coquillages et des pépinières de
repeuplement comme le demandait Goste.
Cette idée des réserves appliquée à la pisciculture fluviale ayant
fait ses preuves aussi bien pour les espèces sédentaires, que pour les
salmonidés, là où la toi est la loi, pourquoi n'en serait-il pas de même
pour les immenses espaces qui s'appellent nos côtes et qui, avec
huit ou neuf millions d'hectares, ne forment pas moins du cuiquième
de la surface de notre pays.
Le premier document officiel qui nous fit connaître que cette idée des
réserves, de l'assolement de nos côtes, avait reçu un commencement ■
d'application est l'exposé de la situation de l'empire pour 1867. Cinq
ans donc après le fameux décret rendu sur la proposition de Coste,
qui a encore aujourd'hui force de loi.
Sur les points où les pêcheurs associés se sont réellement chargés
de la conservation des fonds de pêche, des résultats admirables ont
été obtenus, y est-il dit. (Voy le n° 34 du Journal 1867.)
Ces dates ont aujourd'hui surtout la plus sérieuse importance,
aussi tenons-nous à y insister. Deux ou trois de ces associations
appelées pruif liommies à la Méditerranée étaient surtout signalées
dans ledit document, et curieusement nous les retrouvons dans l'en-
quête sénatoriale de 1882 pour Saint-Tropez entre autres.
Les cantonnements des madrastues en dehors de l'abord des thons
Cl
(soit un mille ou 1852 mètres) sont on le sait toujours les mieux
empoissonnés; les filets calés, retenant les gros poissons, servent de
refuge et d'abri aux jeunes, chassés sans cesse et impitoyablement par
les arts traînants de leurs plages d'amour et de stabulation.
Le pour ou le contre, l'utilité des madragues n'est point ici en
question. Ce sont vieilles querelles dont depuis le seizième siècle, on
n'a cessé de s'occuper et dont on s'occupera certainement longtemps
encore. Le poisson n'étant là que le prétexte à de nombreux thèmes
politiques, ou personnels résolus comme toujours :
« Selon que vous serez puissant ou misérable,
« Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. »
Nous ne tenons à constater que le fait du calage d'une madrague
servant d'abri, de son utilité en un mot pour les jeunes poissons
sédentaires. Si cette utilité est prouvée dans des circonstances si
exceptionnelles, que ne serait-ce pas si, d'une exception minuscule
dans ces immensités, on faisait une règle dans des conditions natu-
relles établies par l'accord de la science et delà pratique, de zoologistes
et de marins, comme on l'a si souvent demandé.
Il importerait seulement avant tout que marins et zoologistes, ou
zoologistes d'abord se missent d'accord entre eux pour choisir les
plages en question, les orientenients, étudier la flore de leurs fonds, la
faune aquatique; là est toute la question.
Si vous réservez aux pleuronectes ce qui convientaux soubines, aux
muges ce qui n'est fréquenté que par les raies, aux grondins ce qui
n'est que pour la dorade, si ea un mot vous ne déterminez votre asso-
308 PISCICULTURE. — LES ASSOLEMENTS.
lement comme le fait l'agriculteur après l'étude du sol et des milieux
dans lesquels il doit se mouvoir, vous n'auriez qu'une déception cer-
taine.
Un fait, qui paraît maintenant hors de doute, dans les inconnus
qui entourent le frai et l'habitat de prédilection des espèces marines,
fait mis en haute lumière par les dernières publications de Dohrn au
laboratoire de Naples, et dont nous parlerons plus longuement quand
nous aborderons les travaux de ce grand centre de la pisciculture
moderne, ce fait confirme du reste |les conclusions de la Commission
que la Convention avait déléguée sur nos côtes de l'ouest relativement
à l'arrachage des goémons et des varechs qui, comme les madragues,
avaient déjà en ces temps reculés leurs zoologistes tant pis et leurs
zoologistes- tant mieux. Dohrn, après nos conventionnels, déclare donc
de la façon la plus formelle, que ce n'est jamais sur les plages aux
eaux battues, c'est-à-dire soumises à l'influence des marées, que les
poissons sédentaires de nos côtes déposent leur frai.
Cosle l'avait si bien compris, deviné, oserions-nous écrire, que la
liberté de la mer, d'abord si mal entendue, et encore plus mal appli-
quée, n'était que le complément de réserve ; d'un assolement de la
côte, étudié et choisi, comme ce fut le cas pour la vaste baie de Saint-
Waast, où il avait fait ses si intéressantes observations en 18G'2.
Une fois ces orientements connus et désignés, laissez prendre et
arracher varechs et goémons, du grand flot de mars à celui de
septembre excepté bien entendu, en tenant pour certain que pas un
oeuf ou un jeune alevin vous n'aurez fait détruire.
Les grandes vallées sous-marines, dont parlait Coste, et sur les-
quelles M. Dohrn vient de rappeler notre attention, sont les frayères
naturelles d'espèces, dont les œufs, parfois flottants, il est vrai, et le
fretin ne regagnent les milieux plus chauds qu'aux syzygies du prin-
temps.
Ces frayères, situées par 25 et 30 brasses de fond et à 3 ou 4 milles
en mer, sont hors d'atteinte des ai-ls traînants, chaluts, ganguis, etc.,
avec une flore différente de celle des eaux battues, tels que goémons,
zostères, etc.
Il est vrai d'ajouter que cette flore a une faune spéciale en inverté-
brés, crustacés]et coeleutérés, dont les jeunes sont très friands quand Us
montent au flot ; mais l'interdiction précitée ne nous garantit-elle
pas de ce côté ? quand de l'autre, par des cantonnements de réserves
aménagés à deux et trois ans, selon la richesse des fonds et des eaux
en infusoires, animalcules, etc , nous aurons assuré au repeuplement
le grossissement par la sécurité.
L'étude de ces réserves doit être soumise avant tout à celle de l'o-
rientement et de la configuration de la côte, aux courants de fond et
de surface, alternatifs ou permanents, qui la traversent, à la nature des
eaux et leur température surtout. Exemple : ne serait-ce pas à ces causes
que les pleuronectes de la mer Rouge (ouest de l'Irlande), qui n'ont
d'égaux que ceux de notre grand plateau vendéen, d'entre Loire et
Gironde, doivent cette taille et cette vigueur, ces tons si chauds, si
voyants, ce muscle si ferme et si parfumé, qui en font le manger le
plus délicat que l'on connaisse ; à ces causes, disions-nous, réunies
dans la branche du Ramel, dans laquelle ils naissent, vivent et se
font pêcher ?
PISCICULTURE. — LES ASSOLEMENTS. 309
Celle question de l'iissoleiineal da nos côtes, par série de 1 5 à 20 ki-
lomètres sur 3 milles en dehors des points de marée, devrait être éta-
blie, régléepar l'inscription qui, avecla douane et la gendarmerie ma-
ritime, en aurait la surveillance.
Quand nous parlerons du laboratoire zoologique de Naples, nous
aurons à revenir sur cette question du grossissement des espèces dans
des conditions si curieusement révélées par les découvertes récentes des
savants qui dirigent cette belle œuvre.
Ces circonstances toutes nouvelles, inconnues des pisciculteurs qui
ont assisté à l'éclosion de ces belles idées, n'en donnent que plus
d'importance à leurs prévisions, et prouvent que la richesse et la
liberté de la mer n'auront pas de base plus solide que l'assolemont des
côtes.
Il ne serait pas juste qu'en terminant nous ne citions MM. Raim-
baud, Vidal, le commandant Duret, Delidon, dont les beaux travaux
pour la Méditerranée surtout, paraissent aujourd'hui inconnus d'une
génération qui n'a pas même l'a-propos de les bien copier.
Consolons-nous, messieurs, car il faut des jeunes pour continuer
l'œuvre; mais qu'ils nous permettent de leur rappeler, ces jeunes,
les si gauloises paroles de notre vieil ami de l'île de Ré, écrites ici
même, il y a quelques ans, à propos de ses découvertes sur l'ostréi-
culture, découvertes dont il ne restait plus même le parrain : « Pillez-
les à votre aise, messieurs, les pommes de notre jardin, mais au
moins laissez-nous les pommiers. » Chabot-Karlen.
BIBLIOGRAPHIE AGRICOLE
Précis pratique de Viiieoage dps lapins, lièvres, léporides en garenne et clapier, par M. A. Gobin,
professeur iliipirieraental d'agriculture du Jura. — 2" édition. — • Un volume in-lS de 204 pages,
avec 38 gravures dans le texte. — Librairie Lebroc et Cie, 8, rue Garancière, à Pans. —
Prix : 3 fr. 50.
A plusieurs reprises, nous avons signalé à nos lecteurs les excellents
traités sur le porc, les animaux de basse-cour, les pigeons, les vers à
soie, dont M. Gobin est l'auteur. Il y a quelques années, nous avons
appelé leur attention sur le volume qu'il avait consacré aux lapins et
aux lièvres. La deuxième édition de ce dernier ouvrage a paru récem-
ment; ce n'est pas une simple réédition, mais un travail dans lequel
l'auteur a tenu à faire entrer les observations les plus récentes sur les
animaux dont il s'occupe. Quelque peu nombreuses qu'elles aient été,
l'auteur a tenu à mettre son livre absolument au courant des faits.
L'ouvrage est divisé en quatre parties consacrées respectivement au
lièvre, au lapin sauvage, au lapin domestique, au léporide. La plus
étendue est naturellement celle qui a pour objet le lapin domestique.
En effet, pour les autres animaux, il s'agit surtout d'indiquer les
caractères zoologiques, les mœurs, l'habitat et les principaux pro-
duits, tandis que, en ce qui concerne le lapin domestique, il s'agit
d'une industrie importante qui assure des produits considérables par
la masse considérable de matière qu'elle crée. Ici, il faut s'occuper des
races multiples que les agriculteurs élèvent, de la reproduction, de
l'hygiène, de la nourriture, des produits, etc.
Tous les chapitres de cet ouvrage sont écrits avec la clarté et la faci-
lité que l'on retrouve dans tous les travaux de M. Gobin : beaucoup
de faits, avec l'indication précise desautorilés et des sources auxquelles
310 BIBLIOGRAPHIE AGRICOLE.
il a dû puiser. Toutefois, nous devons présanter une réserve : M. Gobin
paraît compter beaucoup sur le léporide, ce fameux métis de lièvre et
de lapin, qui, il y a eaviron vingt ans, a été considéré comme devant
révolutionner les clapiers; nous ne pouvons partager cette opinion. En
dehors de toute question scientifique, si la production du léporide
devait donner des résultats réellement avantageux, elle serait sortie
des quelques fermes où elle a été pratiquée, et elle se serait généra-
lisée; or, c'est le contraire qui est advenu. Cette légère critique n'en-
lève rien à la valeur du livre qui est un excellent guide que consulte-
ront avec fruit aussi bien les propriétaires de garennes que ceux des
modestes clapiers. Et ils sont nombreux, car on n'estime pas à moins
de 70 à 80 millions de têtes la consommation de lapins domestiques
en France, et de 4 à 5 millions de têtes celle des lapins sauvages ; ces
chiffres, fournis par les industriels qui travaillent les peaux de lapins,
ne do ivent pas s'éloigner beaucoup de la vérité.
Henry Sagnier.
NOUVELLES INVENTIONS AGRICOLES
ANALYSE SOMMAIRE DES DERNIERS BREVETS DÉLIVRÉS
161,425. Galtier. 5 avril 1884. Perfecûonnemenl apporte aux appareils pour
la fabrication du fromage. — Il s'agit d'un appareil pour chaull'er le lait degtiné
à l'aire le fromage, au moyen de l'eau chaude coiHenue dans un bain-marie, ainsi
que de la vapeur qui s'en dégage et dontonempèche la sortie autant que possible.
Le breveté se propose par là de ne plus avoir de lait brûlé ou sentant la fumée,
comme cela arrive avec les appareils à feu nu.
L'appareil se compose d'un foyer en fonte monté sur pieds, muni d'une grille
pour le chauffage au charbon, que l'on peut remplacer par une grille à bois, et
d'une cheminée de tirage, dans laquelle les gaz et la fumée n'arrivent qu'après
avoir circulé autour du bain-marie, afin que leur chaleur soit mieux utilisée. Ce
bain-marie est lui-même une sorte de marmite en fonte, en partie remplie d'eau,
et dont le rebord repose sur la partie supérieure du foyer. Le vase contenant le
lait, d'un diamètre sensiblement plus petit que le bain-marie, repose sur le fond
de celui-ci par un cercle percé de trous jjour permettre la circulation de l'eau ; il
est pourvu extérieurement d'un anneau formant couvercle pour le bain-marie et y
maintenant la vapeur: il est, en outre, muni de deux anses et d'un couvercle.
161,436. DULPHY. 9 avril 1884. Syslinne perfectionné de râteau à levier de
. décharge, fonclionnanl à la main. — Au bout du manche du râteau, est fixée une
traverse autour de laquelle sont articulées les dents, de sorte que celles-ci peuvent
se soulever un peu pour suivre les inégalités du sol; elles sont réunies deux à
deux. De plus, à cette même traverse en est aiticulée une autre qui lui est parallèle
et à laquelle les groupes de dents sont suspendus par des fils de fer ; il suflit donc
de relever cette traverse mobile pour que toutes les dents se soulèvent complète-
ment et abandonnent le foin qu'elles avaient ramassé. Dans ce but, les deux
extrémités de ladite traverse mobile sont reliées par des cordes à un levier verti-
cal articulé sur le manche, à portée de la main deVouvrier, et qu'il suffit de tirer en
avant pour produire la décharge. Aux deux bouts de la traverse fixe, sont montés
des fers également fixes qui déterminent la position de la monture du râteau au-
dessus du sol. Plusieurs fils de fer perpendiculaires aux traverses et par consé-
quent parallèles aux dents appuient sur le foin pour qu'il n'empêche pas le jeu
de ces derniers.
161,451. Ellis. 9 avril 1884. Perfeclionncmcnls apportés à la confection des
silos. — L'invention consiste dans un genre de hangars fermés, démontables, pou-
vant être facilement transportés aux endroits choisis pour y emmagasiner des
céréales. Chaque hangar se compose de quatre pièces de bois, en partie noyées
dang le sol, assemblées à angle droit les unes sur les autres et formant un sou-
bassement dans lequel on vient emboîter des montants; en haut de ceux-ci. se
fixent de longs pans qui reçoivent eux-mêmes les fermes du toit. Des feuilles de
tôle glissant à coulisse dans des rainures des montants ferment les intervalles qui
NOUVELLES INVENTIONS AGRICOLES. 311
séparent ceux-ci ; des tôles sont aussi placées de la même manière entre les pannes
de la toiture, lesquelles sont boulonnées sur les fermes. Des portes à charnières
ou à coulisses, ménagées dans les pignons et aussi plus bas, servent à l'entrée ou
à la sortie des céréales. Une couche de broussailles peut servir de lit aux céréales ;
on peut également établir un pavage.
Le breveté fait remarquer que son système est applicable aux silos établis dans
une excavation pratiquée dans le liane d'une colline, et qu'il peut varier selon les
besoins et les formes de ses hangars.
161,481. Société A. Bomal et Cie. 12 avril 1884. Machine à faire le beurre,
dite la reine des barattes. — L'organe batteur de cette baratte est un diaphragme
vertical animé d'un mouvement de rotaton intermittent et rapide; il tourne d'un
demi-tour à droite et d'un demi-tour à gauche, alternativement. Ce mouvement
est obtenu au moyen d'un pignon conique monté sur l'axe de la pièce et conduit
par un second pignon qui est lui-même mis en mouvement intermittent à l'aide
d'un levier à main, par l'intermédiaire d'une disposition particulière de manivelle
et de levier brisé. Le batteur est en bois ou en métal ; dans ce dernier cas, les
brevetés proposent de le constituer au moyen d'un tuyau replié sur lui-même et
formant un serpentin bouché à son extrémité, dans lequel on peut placer de l'eau
chaude pour chauQ'er la crème, quand il y a lieu.
Les brevetés disent que leur baratte permet de faire une grande quantité de
beurre à la fois, en n'exigeant que la force d'une femme lu d'un enfant.
161,484. MiRLAND. 16 avril 1884. Appareil destiné à l'ensemenctnient, dit
semoir intermittent. — L'inventeur, pénétré des inconvénients des semoirs continus
et des avantages des semoirs intermittents, au moins pour l'ensemencement de la
betterave, qu'il a plus spécialement en vue, a cherché à combiner un semoir de ce
dernier genre qui fût exempt de la complication des systèmes connus.
Dans ce but, il a imaginé de distribuer la graine au moyen d'une sorte de ti-
roir rotatif, c'est-à-dire d'un petit cylindre fermant la fente de chaque réservoir à
graine, et muni sur toute sa longueur d'une cavité qui s'emplit de semence quand
elle se trouve tournée vers le haut et se vide dans le sillon quand, par suite de la
rotation du cylindre, elle se trouve tournée vers le bas. Afin d'assurer remplis-
sage de cette cavité du distributeur, chaque boîte à graine est divisée en deux
parties par une cloison horizontale, percée d'un orifice pour laisser passer la se-
mence dans le compartiment inférieur, ainsi que pour donner passage à une tige
verticale agitatrice ; cette tige, qui tourne à l'aide d'un engrenage d'angle, est
munie de chevilles vers sa partie inférieure et d'une petite fourche à son extrémité,
ce qui assure l'empiissage de la cavité mesureuse. Le mouvement de rotation al-
ternatif est donné au cylindre distributeur par un bras de manivelle calé sur son
axe et se reliant à l'extrémité inférieure d'une tige verticale dont l'autre extrémité
est recourbée et se trouve en rapport avec une came en étoile destinée à la soule-
ver au passage de chaque dent ; aussitôt la dent passée, un ressort à boudin ramène
la tige violemment vers le bas, fait par suite tourner le cylindre distributeur et
jirojette ainsi dans le sol, avec force, la graine contenue dans la cavité.
Ce système permet, en changeant les engrenages de manière à produire plus ou
moins de fois les mouvements ci-dessus pour chaque tour de roue du semoir, de
régler à volonté l'espacement des paquets de graine semés dans le sol. Pour per-
mettre ce changement d'engrenages, l'essieu d'avant se rapproche à volonté de
l'arbre de commande. Les roues d'arrière peuvent être remplacées par des rou-
leaux quand l'état de la terre le permet.
Le semeur, qui, avec ce système, peut toujours voir si son semoir fonctionne
bien, a la faculté de faire revenir l'appareil en arrière s'il s'aperçoit qu'une par-
tie du terrain n'a pas été ensemencée. Gh. Assi et L. Genès,
Ingénieurs-conseils en "matière de brevets d'iuvention,
36, boulevard Voltaire, à Paris.
■ PROJET DE LOI PORTANT MODIFICATION
DU TARIF GÉNÉRAL DES DOUANES'
Exposé des motifs.
La France traverse depuis plusieurs années une crise agricole des plus doulou-
reuses, qui l'atteint dans les sources mêmes de sa richesse et qui réagit profondé-
1. in-ojel présenté à la Chambru des iléputés, dans sa séance du 14_aoiit 1884, par M. Jules
Méline, ministre de l'agriculture.
312 PROJET DE LOI PORTANT MODIFICATION DU TARIF DES DOUANES
ment sur l'état des finances du pays. Il est du devoir du gouvernement de ne rien
négliger pour y mettre un terme et pour relever une branche de production qui
lait vivre plus des deux tiers de la population française.
Parmi les moyens qui peuvent y contribuer, il en est un grand nombre assuré-
ment qui échappent à l'action de l'Etat et qui dépen ient surtout de l'initiative, de
l'intelligence, de l'énergie hardie des populations rurales elles-mêmes. Sur ce ter-
rain, le gouvernement ne peut procéder que par voie de conseil, de haute direc-
tion, et il n'y a jamais manqué.
Il ne perd aucune occasion d'exhorter les cultivateurs à perfectionner leurs mé-
thodes de culture, à appliijuer les procédés qui, pour la même somme de travail,
donnent des rendements plus élevés, à développer les produits accessoires qui s'a-
joutent au bénéfice de l'exploitation en n'exigeant qu'une faible dépense supplé-
mentaire, à remplacer enfin par l'emploi des machines la main-d'œuvre qui de-
vient chaque jour pins rare et plus chère. C'est surtout par l'instruction et les en-
couragements que l'Etat peut agir sur ce côté de la question, et personne ne sau-
rait contester que le gouvernement de la République a largement rempli cette par-
tie de sa mission. Les chiffres de notre budget sont là pour établir combien l'en-
seignement professionnel a été développé dans notre pays depuis quelques années
et quelle part considérable le gouvernement a prise à la réalisation de tous les
progrès qi/i se sont accomplis dans la prati ]ue agricole.
Il faut rendre justice à l'agriculture française qu'elle a fait de son côté tout ce
qui dépendait d'elle et qu'elle a multiplié ses efforts avec un grand courage ; mais
elle demande, en retour, que le gouvernement lui apporte son concours direct et
qu'il prenne toutes les mesures en son pouvoir pour l'aider à sortir d'une situa-
tion si diffiiile.
Parmi ces mesures, il n'est pas douteux qu'elle attache une importance particu-
lière au relèvement des tarifs de douane sur certains produits agricoles.
Il faut reconnaître qu'on a déjà beaucoup fait pour elle sous ce rapport, et ceux
qui lui répètent qu'on l'a systématiquement sacrifiée en 1880, lors de la discus-
sion des tarifs de douane, commettent une erreur manifeste.
Ils oublient trop volontiers la situation exacte de l'agriculture en 1880 au point
de vue des tarifs. Il est bien vrai qu'elle vivait alors sous le régime du libre
échange ; car on ne saurait considérer comme une véritable protection les droits
purement fiscaux qui grevaient alors les produits agricoles, celui de 0 fr. 50 par
hectolitre de blé, ceux de 3 fr. 60 par tète de bœuf, de 1 fr. 20 par tête de vache,
de 0 fr. 30 pour le mouton, pour le veau et pour le porc.
Une première satisfaction, une satisfaction importante, a été accordée à l'agri-
culture, en ce qui concerne le bétail, par les nouveaux tarifs de 1880. Les dioits
sur le bœuf ont été portés de 3 fr. 60 à 15 fr. ; pour la vache, ils ont été élevés de
1 fr. 20 à 8 fr. ; pour les veaux, de 0 fr. 30 à 1 fr. 50 ; pour les moutons, de
0 fr. 30 à 2 fr. ; enfin, pour les porcs, de 0 fr. 30 à 3 fr.
Personne ne saurait nier l'importance considérable de ces relèvements, et les
meilleurs amis de l'agriculture pouvaient croire de très bonne foi, à cette époque,
qu'ils seraient suffisants.
Malheureusement, il faut le dire, l'expérience que nous avons faite depuis la
mise en application des tarifs nouveaux n'a pas justifié ces prévisions, et il n'est
pas surprenant que nos éleveurs, qui connaissent les tableaux de douane, en
soient venus à se persuader que la barrière a été placée trop bas pour les protéger.
Ainsi, l'impoitation des bœufs, qui n'avait été que de 54,133 tètes en 1881,
s'est élevée pour 1883 à 76,423 tètes; celle des vaches de 44,093 tètes à
62,908 têtes; celle des taureaux, de 1,794 à 1,904 têtes; celle des bouvillons et
taurillons, de 2,953 à 7,277 têtes; celle des génisses, de 2, 139 à 7,154 têtes;
celle des veaux, de 45,230 à 60,068 tètes; celle des moutons, de 1,711,964 à
2,277,695. Enfin, si on prend l'importation totale par tètes, sans distinction
d'espèces, on est amené à constater que l'importation du bétail étranger., qui
n'avait jamais dépassé 2 millions de têtes jusqu'en 1876, sauf une seule fois,
en 1872, s'est élevée pour 1881, au lendemain du vote des tarifs, à 2, 12 7,523 têtes.
En 1882, elle a été de 2,521,495 têtes ; enfin, en 1883, elle a dépassé 3 millions
de têtes. Nous ne parlons pas de 1878 parce que l'augmentation des importations
s'explique pour cette année par les grands arrivages destinés à nourrir les étran-
gers accourus à Paris pour l'exposition universelle.
Aucune nation, sauf peut-être l'Angleterre qui introduit plus de gros bétail que
nous, ne subit une pareille importation.
PROJET DE LOI PORTANT MOCrFIGATION DU TARIF DES DOUANES 313
L'importation de rAllemat^ne a été, en 1882, de 153,010 têtes seulement; celle
de l'Autriche, de 220,000 tètes et celle de l'Ita ie de «6,992 tètes.
Ces comparaisons suffisent à établir que les droits inscrit-i aux tarifs de 1880
n'ont pas atteint le but qu'on avait poursuivi puisqu'on entendait protégi^r la pro-
duction du bétail en ralentissant le mouvement des importatioTS et que c'est l'effet
contraire qui semble se produire. Ce phénomène n'a ri m de surprenant si on
songe au développement qu'a pris l'élevage du bétail dans les pays voisins et aux
facilités extraordinair s de transport que les gouvernements ont accordées à leur
exportation de produits agricoles.
En présence d'une telle situation, on comprend que nos agriculteurs n'aient vu
d'autre ressource que de reprendre l'œuvre de 1^80 et d'établir des droits plus
elfijaces que ceux qui ont été fixés à cette époque.
Le gouvernement a pensé qu'il y avait quelque chose de fondé et de légitime dans
ces réclamations.
Il ne faut pas oublier que le bétail constitue aujourd'hui la principale source de
richesse de l'agriculture, celle qui mérite le plus d'être encouragée et développée,
non seulement parce qu'elle convient admirablement à notre sol, mais encore et
su''tout parce qu'elle constitue notre suprême re^souri^e dans la crise rjue nous
traversons.
La production des céréales qui, pendant longtemps, avait pu s'étendre avec
succès dans toutes les parties de la France, est obligée aujourd'hui de se res-
treindre et de se concentrer afin de pouvoir se défendre. Pour qu'elle reste rému-
nératrice, il devient nécessaire de la réduire aux terres de bonne qualité, suscep-
tibles de rendements très élevés; i|UHnt aux terres médiocres, il faut les restituer
aux différentes cultures qui peuvent leur convenir et surtout aux pâturages et à la
prairie, [lartout où cela est possible. Mais ces transformations sont coûteuses et
elles ne se feront sur une grande échelle que le jour où le cultivateur toujours
méfiant sera bien assuré que l'opération est certaine dans ses résultats. Pour le
décider à faire beaucoup de prairies, il faut lui démontrer que l'avenir est assuré à la
production du bétail.
On objecte que l'élevage du bétail en France est en pleine prospérité, que le
prix de la viande s'est relevé dans ces dernières années, bien qu'il n'ait pas en-
core atteint les cours élevés qu'il avait connus à d'autres époques, que c'est avec
le bétail que l'agriculture réalise les plus gros bénéfices, qu'elle sait bien tout le
parti qu'elle peut tirer de cette précieuse ressource et qu il n'y a nul besoin de
l'exciter à prendre une direction que son intérêt seul suffit à lui recommander.
L'observation est fondée dans une certaine mesure, mais elle n'est nullement
décisive.
Il est bien vrai, en effet, que l'élevage du bétail s'est étendu dans ces dernières
années et qu'il a compensé une partie des pertes causées par les céréales. Mais
ce mouvement a été particulier à certaines régions privilégiées au point de vue
des pâturages, et il est loin d'avoir pris l'extension à laquelle on pouvait s'at-
tendre.
Rien ne le prouve mieux que la comparaison même de nos effectifs à différentes
époques. Pour la race bovine, ils étaient, en 1852, de 13,954,294 tètes; en 1862,
ils étaient déjà descendus à 12,811,549 têtes; en 1873, nous les trouvons à
11,721,459 têtes, et en 1880 à ll,ii46,253 têtes.
La diminution a donc été progressive et constante; elle est atténuée, nous en
convenons, dans une certaine mesure, par le développement considérable qu'on a
donné aujourd'hui à la précocité des races. Mais personne ne contestera qu'il
serait infiniment préférable d'avoir en même temps conservé nos effectifs anciens.
Pour l'espèce ovine, la diminution est beaucoup plus considérable encore,
puisque de 33 281,592 têtes en 1852, nous sommes tombés à 25,935,114 têtes
en 1873 et à 22,516,084 têtes en 1880.
L'espèce porcine elle-mê.ne a considérablement décru jusqu'à 1880. De
6,037,54^ têtes en 1862, elle est tombée successivement à 5,889,624 têtes en
1866. 5,755,656 têtes en 1873, et à 5,565,620 têtes en 1880. Il est probable que
la prochaine statistique nous apprendra qu'elle s'est relevée dans ces dernières
années.
Il semble bien résulter de ces constatations, la preuve manifeste que, malgré
tous nos eli'orts, et bien que nous ayons assurément réalisé de grands progrès,
nous sommes loin d'occuper la place qui nous appartient pour l'élevage dans le
monde agricole ; lea nécessités de notre situation nous obligent donc à tourner
314 PROJET DE LOI PORTANT MODIFIGATIOjS DU TARIF DES DOUANES.
tous nos efforts vers la production du bétail et à la porter à son maximum de dé-
Telo)3pement.
Le bétail est aujourd'hui, parla force des choses, la base de notre régime agri-
cole, et on ne saurait trop encourager nos agriculteurs à se porter de ce côté.
Quand le relèvement des droits de douane n'aurait que cet avantage de les enga-
ger résolument dans cette évolution nécessaire, le but serait atteint et le service
rendu à l'ygriculture incontestable.
Tel est l'ensemble des raisons qui ont déterminé le gouvernement, après mûre
réflexion, à vous proposer ce relèvement. Il rencontrera une objection dont nous
ne nous dissimulons pas la gravité. On ne manquera pas de faire remarquer que
la conséquence de la mesure sera d'augmenter le prix du bétail, par conséquent
celui de la viande, et de rechercher un produit si nécessaire et déjà si cher.
Que l'élévation du droit ait pour conséquence d'augmenter la valeur du bétail
sur ]iied, c'est probable et nous l'espérons, sans quoi la loi ne serait d'aucune
utilité ; mais il serait téméraire d'en conclure que le prix de la viande abattue
s'élèvera dans la même proportion. L'expérience démontre presque toujours le
contraire : on l'a bien vu pour la viande de porc dont le prix n'a cessé de s'abais-
ser dans ces dernières années, malgré la prohibition des viandes salées qui avait
laissé un si grand vide dans la consommation. Ce phénomène économique tient à
plusiejjrs causes : la principale, c'est qu'on élève davantage quaud on est sûr de
ses débouchés et que l'offi e tend sans cesse à dépasser la demande. Le bon marché
l'ésulte alors de la concurrence intérieure qui concilie véritablement les intérêts
du producteur et du consommateur.
Nous convenons que ce raisonnement n'est vrai qu'à une condition, c'est que
le droit n'ait rien d'excessif et qu'il ne soit que la juste compensation des avan-
tages dont jouissent nos principaux concurrents étrangers. C'est dans cet esprit
que le gouvernement a abordé la fixation des chiffres qu'il a l'honneur de vous
soumettre. Il n'entend nullement fermer la porte à l'importation du bétail étranger
en France ; il veut seulement raffermir et soutenir les cours de nos marchés tout
en augmentant les recettes du Trésor.
Cette dernière considération ne sera pas dédaignée par l'agriculture, qui sait
très bien qu'elle ne peut que profiter de toutes les améliorations apportées à notre
état financier.
Faisant l'aTDplication de ces idées à la race Jiovine, il a pensé que le droit
actuel de 15 francs pouvait sans inconvénient être porté à 25 francs. Le droit du
tarif allemand est de 25 francs et il est à remarquer que l'Allemagne a moins
besoin que nous d'être protégée puisqu'elle possède 15 millions de têtes de bétail
de cette catégorie et que nous n'en possédons que 1 1 millions. Elle peut ainsi
se suffire à elle même et elle ne supporte qu'une importation insignifiante qui se
réduit, pour 188:?, à 10,000 têtes quaud la nôtre a été de 76,000 têtes.
Aussi l'écart des prix entre les deux pays est-il considérable : si on prend
comme point de comparaison le jioids moyen d'un bœuf vendu au marché de la
Villette et si on le rapporte au prix moyen de la viande sur pied dans les deux
pays, on trouve que le bœuf qui se vend 480 francs sur le marché de Paris ne se
vend que 438 francs sur le marché de Berlin. L'écait est donc de plus de
plus de 40 francs.
Il est plus considérable encore pour Fltalie; car on arrive par le même calcul à
constater que le même bœuf se vend environ 420 francs sur le marché d'.\lexan-
drie et 450 francs sur celui de Rome.
En présence de pareils résultats, il est bien permis d'affirmer qu'un droit de
25 francs sur un produit d'une valeur moyenne de 480 francs n'a rien d'excessif.
Pour les taureaux et les vaches, nous vous proposons par une conséquence du
même principe de porterie droit de 8 à 12 francs, pour les taurillons, de 5 à
8 francs et pour les veaux, de 1 fr. 50 à 4 francs.
Pour le mouton, la situation est plus grave encore et plus digne de votre inté-
rêt : vous n'ignorez pas que le produit de la laine qui, autrefois, tenait une si
large place dans sa valeur réalisable, tend à s'abaisser de plus en plus et on
n'aperçoit aucun remède direct à un état de choses qui tient aux nécessités de la
fabrication elle-même. C'est une raison de plus pour assurer à la viande des
prix suffisamment rémunérateurs. Or, le mouton de poids moyen, qui vaut de 36
à 40 francs à Paris, ne vaut que 30 francs environ à 'Vienne, 27 francs à Berlin,
26 francs à Alexandrie. En vous proposant de porter le droit actuel de 2 francs à
3 francs, nous restons encore au dessous de cet écart; nous compensons seu-
PROJET DE LOI PORTANT MODIFICATION DU TARIF DES DOUANES. 315
lement pour une faible pirtie la perte que subissent nos cultivateurs sur le prix
de la laine. Pour les agneaux, le droit serait porté de 50 centimes à 1 franc.
Le porc acquitte aujourd'hui un droit de 3 francs. Nous vous proposons de le
porter à 6 francs. Il est à peu près certain que ce droit n'exercera qn'une très
faible influence sur le prix de la viande elle-même, puisqu'il paraît démontré par
l'expérience que nous avons suffisamment développé notre production pour
pourvoir presque eniièrement aux besoins de la consommation. En relevant le
droit sur les viandes salées dans la mèms proportion, vous trouverez peut-être
ainsi le moyen da résoudre la question délicate de l'introduction des viandes
salées à la satisfaction de tout le mjnde : nous vous proposons pour cela de
porter le droit actuel de 4 fr. 50 à 8 fr. 50.
Nous espérons que ces propositions, empreintes d'un grand esprit de modé-
ration, rencontreront l'assentiment unanime du Parlement; elles prouveront à
l'agriculture française que les pouvoirs publics veillent sur ses destinées et qu'ils
sont résolus à ne rien épargner pour seconder ses efforts dans la lutte difficile
qu'elle soutient ave: tant de courage .
Projet de loi.
Le président de la République française, décrète :
Le projet de loi dont la teneur suit sera présenté à la Gliambre des députes par
le ministre de l'agriculture C[ui est chargé d'en exposer les motifs et d'en sou-
tenir la discussion.
Article unique. — Le tableau A, tarif d'entrée, du tarif général des douanes,
établi par la loi des 7-8 mai 1881, est modifié comme suit :
Animaux vivants. — Bestiaux.
Bœuls 25 francs par tête.
Vaclies 12 —
Taureaux 12 —
liouvillons, taurillons et génisses S —
Veaux 4 —
Béliers, brebis, moutons .3 —
Agneaux ] —
Boucs, chèvres et chevreaux 1 —
Porcs 0 —
Cochons de lait 1 —
Produits et dépouilles d'animaux.
Viandes fraîches de boucherie 7 fr. 00 les 100 kil.
Vianies salées s fr. 50 les 100 kil.
Fait à Paris, le 14 aoiàt 1884.
Le président di li République françiise, Jules Grévy.
Par le président de la République, L", minUtre de l'agricultur/^ J. Méline.
REVUE G3\niaRG[\LS ET PiUK G )URV\T DES DSXRÉES .WRIGOLES
(23 AOUT 1884.)
I. — Situation générale.
Les marchés agricoles continuent à présenter une assez grande activité; mais
pour beaucoup de denrées, les transactions sont assez difficiles.
II. — Les grains et les farines.
Les tableaux suivants résument les cours des céréales, par quintal métrique ,
sur les principaux marchés de la France et de l'étranger.
Blé. ^Seigle. Orge. Avoine ■
fr. fr. fr. fr.
Ai^j-,: il„pr* blé tenire.. 20. .50 » d »
Algérie. *'='^^( blé dur 18.50 » 11.25 11.50
Angleterre. Londres 21.75 » l'.t.25 19.15
Belgique. Anvers 21.50 17.25 23.75 21.75
Pays-Bas. Amsterdam 19.75 15.90 » »
Luxemhourg. Lu.teinbourg 23.50 21.00 20.00 20.75
Alsace-Lorraim, Strasbourg 24.75 20. OJ 22.75 19.75
— Mulhouse 23. OJ • 2J.7d 23.50
Allemagne. , Berlin 19.35 17.60 " •
Suisse. Genève 2i.50 19. OJ 19.00 20.50
Italie. Tuni) 23.25 17. .50 • 17.00 .
Espagne. Barcelone 22.50 • » d ■
Autriche. Vienne 1S.5) 15.50 14.75 15.00
Hongrie. Budapest 18.10 15. OJ 14.50 15.20
Rusiie. SdiQl-l'étersbourg. . 16.00 13.50 » 10.75
Etats-Unr. New-York 17.52 » • •
316
Catvadoft Conde
— Lisieux
C.-du IVoi d Lunnion..
— Tréguier
Finistère. Morlaix
— Quimper
lUe-el- Vilaine. Rennes,
— Saint-Malo
Manche. Avraiiches...
— Pontorson
— VUledieu
Uayenite. Laval
— Ma) enne
Morbihan. Hennebont..
Ortie. Montagne
— Seez
Sarthe. Le Mans
— Sablé
REVCIE GOMMEHGIALE ET PHIX GuUKANT
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19 00
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2' REGlOl
Aisne. Soissons
— St-Quentin
— Ghiteau-Thierry.
Svre. Evreux
— Le Neubourg. . . .
— Pacy
Eure-et-Loir. Chartres..
— Auneau
— Nopent-le-Rotrou.
Aord. Lille
— Dunkerque
— Valericiennes
Oise. Beauvais
— Cûmpiègne
— Semis
Pas-de-Calais. Arras
— Sa ni-Onier
Seine. Paris
S.-et-Marne. Meaux
— Melun
— Provins
S.-et-Oise Dourdan
-*- Pontoise
— Versailles
Seine-Inférieure. Rouen.
— Fécanip
— Yvetot
Somme. Doulleiis
— MonldJdier .
— Roye
Prix moyens.
I. — i\OKO.
21.75
22.00
21.75
23 25
22 50
3* REGION.
Ardennes. charleville,
— Sedan
Aube. Bar-sur-.\ube
— Troyes
— Nogent-sur-Seine.
ame. châlons
— Sézanne
— Heinjs
Hte-Marne. Chaumont..
Meurthe-et-Mos . Nancy.
— Luneville
— Toul
Meuse. Bar-le-Duc
— Verdun
Haute-Saône. Gray
— Vesoul
Vosges. Neufch.^teaa. . .
— St-Dié.
23.20
22.50
22 00
23.70
22 70
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22 50
22.00
22 00
21.50
23,00
23 50
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20.00
18.50
18.00
17.50
18 00
18 89
19.01
20 50
20 15
19.50
■.^0 00
17,50
19.25
19 25
16.50
19.25
17.00 19.50
16 50
17,00
16,25
15.75
16.00
17.00
18,00
18.20
19.25
Prix moyens 23.93 16.36 13.
4' RÉGION. — OUEST.
u
19,50
17.25
18,50
15.00
20 00
18.00
17.30
19.00
18.50
16.25
16.75
17.75
21,50
3
Charente. Angoulême...
— RutTec
Char.-ln/ér. Marans....
Deux-Scvres. Niort
Indre-et-Loire. Bléré...
— Tours
Loire-Inf. Nantes
M.~et-Loire. Saumur.. . .
— .entiers.
Vendée. Luçon
— Fontenay-Ie-Cte . .
Vienne, Châteilerault.. .
— Loudun
Haute-Vienne. Limoges.
23.50
23.50
20.75
23,00
22 25
22.50
20,75
21 75
î3,ro
22.50
23 00
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1 :, . 50
15.00
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14.50
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13.00
17,00
18,20
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17.75
21.00
19.50
18.50
18.50
18.50
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18
18.00
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15.00
16.50
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16.45
17,75
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16.00
17.25
17.00
17 50
17.25
Prix movens,.
22.43 15.62 18.81 17.23
5* RÉOION. — C8NTRIt
fr.
Allier. Montiuçon .... 23,25
— Gannat 22.50
— La Palisse 21.75
Cher. Bourges 21.00
— Graçay 21.75
— Vieizon 22.00
Creuse. Aubusson 24.00
Mdre. Chateauroux 21.85
— Issou'iun 12 25
— Valcnçay...; .' ^5 00
Loiret. Orléans 21,00
— Moatargis 23 '00
— Patay jj 00
L.-et-Chcr Blois 22 70
— MonLoire 22 50
Nièvre. Nevers 23 00
— Clamecy '. h.so
ronne Bnenon .'■,>. 00
— St-Florentin 22.35
— Sens 22.00
Prix moyens 22.27 14.98
6" RB310N. — EST,
Se
fie.
Orje.
Atoim.
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fr
fr
14
00
18
50
17
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20
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17
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13
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14
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20
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18
50
Ain. Bourg
— Pont-de-Vaux... .
Càte-d'Or. Dijon
— Beaune
Doults. Ucsaiiçon
hère. Vienne
— Bourgoin
Jura. Dôle
Loire, Roanne....'..'.'.
P.-de-Dôme. Clermont-F
Hhone. Lyon
Saône. et- Loire, châion .
— .Vljcon
Cavoie. Charabéry
Ule-Savoie. Ihonon
22.50
23. uo
■20.75
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22.00
22.00
22.25
23.25
24.00
22,00
22.00
23.50
23.50
24.25
17.00
16 50
14.75
15.35
15.50
17.50
15.25
16 00
14.50
18 75
18.02 17.28
16,00
20.00
16 50
17.25
16.75
(6.73
17.25
16.50
17.50
18.25
18 50
17.75
17.50
Prix moyens. . .
T RÉGION.
Ariège. .^amiers
— Foix
Dordogne. Bergerac...
Hte-Garnnne. Toulouse
— bt-Gaudens
Gers. Coiidom
— Eauze
_ — Mirande
Gironde. Bordeaux....
— La Reole
Landes. Dax
Lot-et-Garonne . At:en,,,
— Nerac
B. -Pyrénées. Bayonne, .
Htes-Pyrénèes. tarbes. .
18.75
18.25
17.20
17.50
19.00
■20,50
, 23,57 16 10 18, UO 17, 7Î
— SCD-OrEST.
24.20
24 00
22.70
22.50
24 00
24.50
25.00
23.75
23.00
22 . 00
23.70
22.50
23.00
23.70
24.00
16.00
18.85
19.00
19.25
17.00
17.25
16.50
18.50
Prix moyens 22.81
8* RÉGI
Aude. Carcassonne .. ..
Aveyron. Rodez
Cantal. Mauriac
Corrèze. Brive
Hérault. Montpellier...
— Cette
Lot. Cahors
Lozère. Mende
Pi/ renees-Or. Perpignan.
Tarn. Gaillac
— Castres
rarn-el-iîar, Montauban
Prix moyens
9' RÉGION.
Basses-.Mpes. Manosque
Hautes-Alpes. Briançon.
Alpes-Maritimes. Nice. .
Ardèche. Privas
B .-du- Rhône. Arles....
Drame. Montelimar . . .
Gard. Ni mes
Haute-Loire. Brioude...
Var. Draguignan
Vaucluse. Orange
Prix moyens
Moy. de toute la France
— de la semaine précéd.
Sur la semainejHausse.
précédente .. I Baisse. .
UN.
23.50
22.00
•23.73
23.00
22.75
24.00
24.00
23.65
25.70
24.20
24.00
23.80
SFD.
19,00
17.00
21.25
18.23
18.50
33,30
17.80
20.00
19.50
17.92
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18.23
18.50
20,25
18,85
19.00
20 00
20.50
21.25
20.00
19 23
18.00
18.85
20.35
19 53
19.50
18.00
20 50
18.50
18.50
21.50
18.50
28.03
34.45
19.00
20.50
19.50
23.86 19.40 19.60 30.54
— SUD-EST.
24,60 »
13.25
19,00
17,50
23,85
25.00
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23.75 »
22.70 16.00
23,75 »
23.25 18.73
24,00 »
23,50 11
24,10 17.90
22,87 16.73
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18,75
21,00
17,00
17,00
22.50
21.00
19,25
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19,60
18,00
17,50
17.25
16.50
18,50 18.00
19.13 18.62
18.61 18, 52
18.62 18.71
0.65 0 14 0.01 0. 19
DES DENRÉES AGRICOLES (23 AOUT 188t;. 317
Blés. — Le commerce des blés se trouve aujourd'hui dans la situation la plus
critique : c'est un véritable effondrement des cours que nous avons à signaler.
Malgré leur bonne qualité, et quoique la récolte ne présente pas une abondance
exceptionnelle, quoique les importations n'aient pas augmenté, les blés nouveaux
ne trouvent acquéreurs qu'à des prix en baisse notable sur ceux j)ratiqués au com-
mencement du mois. Le lait est général en France et dans la plupart des autres
pays. Il tient surtout à ce qu'il reste encore des stoks importants de blés de 1883.
— A la balle de Paris, le mercredi 20 aoiit, les atfaires ont été très dil'ficiles;
la baisse l'emporte pour toutes les sortes; on cotait de 21 à 23 fr. par 100 kilog-;
suivant les sortes, ou en moyenne 22 l'r. — Sur les marché des blés à livrer,
on cote : courant du mois, 21 fr. 25 à 22 Ir.; septembre, 21 fr. 75; septembre
et octobre, 21 fr. 50à21 fr.75; quatre derniers mois, 21 fr. 25 à 21 fr. 50; quatre mois
de novembre, 21 fr. 25 à 21 fr. 50. — Au l'.avie. les affaires sont presque nulles
en blés exotiques; les blés d'Amérique sont cotés de 21 fr. 50 à ^2 fr. par
100 kilog.; ceux des Indes sont offerts aux cours de 21 fr. à 21 fr. 50 — A
Marseille^ le calme est complet ; les demandes sont restreintes pour les blés de
toute sorte ; les cours sont en baisse. — A Londres, la situation est la même que
sur les marchés français; il en est d'ailleurs de mêiue dans toute l'Angleterre ;
les blés indigènes sont ofl'ertsau cours de 21 Ir. 50 à 22 fr. par 100 kilog. ; quant
aux blés exotiques, toujours abondants, ils sont V'indus de 20 à -^1 fr. 50 suivant
les provenances et les qualités.
Farines. — La baisse a fait encore de nouveaux progrès depuis huit jours.
Pour les farinis de consommation, on cotait à la halle de Pans, le mercredi
20 août : marque de Corbeil, k% fr.; marques de choix, 4-< à 50 fr.; premières mar-
ques, 47 à 48 fr.; bonnes marques, 45 à 46 fi'.; sortes ordinaires, 44 à 45 fr.; le
tout par sac de 15'r) kilog , toile à rendre ou 157 kilog. net, ce qui correspond
aux prix extrêmes de 28 Ir. à :U fr. 85 par 100 kilog., ou en moyenne 29 fr. 85,
avec une baisse de 90 centimes sur le prix moyen du mercredi précédent. — l^our
les farines de spéculation, on cotait à Paris le mercredi -20 août au soir : farina
neuj -marques, courant du mois, 43 Ir. 25 à 43 fr. 50 ; septombie, k'i fr. 50;
septembre et octobre, 43 fr. £0; quatre derniers mois, 43 fr. 50 ; quatre mois de
novembre, 43 fr. 75 à 4i lr.;le toutparsacde 159 kilog., toile perdue, ou 157 kilog.
net. — Les farines deuxièmes se vendent de 22 fr. à 23 fr. par quintal métrique.
Seigles. — Lls transactions sont assez restreintes. On cote à la halle de Paris,
de 16 à 16 fr. 25 par 100 kilog. — Les farines de seigle se vendent de 21 à
23 fr.
Orges. — Les offres sont assez abondantes, et les prix sont un peu plus faibles.
On cote à la halle de Paris de 18 fr. 50 à 19 fr. 50 par 100 kilog. suivant les
sortes. Les escourgeons valent de 19 fr. à 19 fr. 25. — Quant aux malts, on paye
ceux d'orge, de 30 à 34 fr. par 100 kilog.: ceux d'escourgeons, de 30 à 32 fr.
Avoines. — Les cours des avoines se maintiennent bien. Les avoines noires
sont recherchées aux taux de 18 à 19 fr. 75 par quintal métrique; les autres
sortes valent de 17 fr. à 18 fr.
Sarrasin. — Peu d'affaires sur ce grain, mais prix en hausse à cause de la
sécheresse. On cote de 17 à 17 fr. 50 par 100 kilog. à Paris.
Issues. — Prix très fermes. On paye à la halle de Paris : gros son seul,
16 fr. 25 à 15 fr. 75 ; sons gros et moyens 15 fr. 25 à 15 fr. 75 ; son trois cases,
15 à 15 fr. 25 ; sons fins, 13 fr. 50 à 14 fr.; recoupettes, 13 fr. 75 à 14 fr.; remou-
lages bis, 15 à 16 fr.; remoulages blancs, 17 à 17 fr. 50.
III. — Fourrages et graines fourragères.
_ Fourrages. — Les prix accusent beaucoup de fermeté pour toutes les catégo-
ries. On cote, à Paris, par 1,000 kilog. : foin, 96 à 110 fr ; luzerne, 92 à 104 fr.;
sainfoin, 80 à 96 fr.; paille de blé, 60 à 76 fr.; paille de seigle, 58 à 72 fr.;
paille d'avoine, 52 à 64 fr.
Graines fourragères. — La nouvelle récolte s'annonce bien. Les luzernes de
Provence sont offertes ('ans le Midi aux taux de llû à 115 fr. par quintal métri-
que. A Paris, les trèfles incarnats hâtifs valent de 45 à 48 fr.; les tardifs , de 72 à
75 fr.
IV. — Vins. — Spiritueux. — Cidres. — Vinaigres.
Vins. — Nous n'avons pas d'appi-éciations nouvelles à ajouter à celles que nous
avons données la semaine dernière, f^a végétation de la vigne est presque partout
régulière ; si les opinions diffèrent en ce qui concerne le rendement probable de
la prochaine récolte, on est à peu près certain rtue la qualité en sera excellente ;
318 REVUE [COMMERCIALE ET PRIX [COURANT
quelcfues pluies sont survenues et ont fait beaucoup de Lien aux racines qui soul-
fraient de la sécheressu. Qant aux transactions commerciales, elles sont toujours
assez peu actives, mais il y a plus de fermeté dans les cours dans lesprincipaux
centres ; les viticulteurs comptent avec raison que les vins nouveaux se vendront
à des prix assez élevés. On paye, dans le département de l'Aude, pour les vins du
Midi : Aramons, 20 à 22 fr. par hectolitre; petits montagnes, 26 à 28 fr.; mon-
tagne et Lézignan, 30 à 32 fr.; Narbonne et Lézignan, 34 à 36 fr.; Narbonne et
Gorbières, 3'5 à 40 fr. Les vins d'Algérie se vendent aux anciens taux.
Spirilueux. — Les prix sont toujours faibles pour toutes les sortes. Sur les
marchés du Midi, on cote : Montpellier, trois-^ix bon goût, 105 fr.; marc,
95 fr.; Nîmes, trois-six bon goût, 100 fr.; marc, 95 fr.; Béziers, trois-six bon goût,
103 fr.; marc, 95 fr. — Dans les Gharentes, les cours restent tixés de 240 à
255 fr. par hectolitre pour les eaux-de-vie nouvelles. — ■ A Paris, on cote trois-
six fin Nord 90 degrés, l" qualité, disponible, 41 fr. 7C. à 42 fr.; septembre,
42 fr. 25 ; quatre derniers mois, 42 fr. 50 ; quatre premiers mois, 43 fr. 25.
Le stock était, au 20 avril, de 13,050 pipes contre 13,825 en 1833.
Raisins secs. — Les cours varient peu. On cote à Gette, par quintal métrique :
Gorinthe, 30 à 37 fr.; Thyra, 30 à 34 fr.; Samos noirs, 35 à 37 fr.; Ghesmé, 37 à
40 fr.; Vourla, 28 à 30 fr.; ISultanine, 36 à 38 fr.
V. — Sucres. — Mélasses. — Fécules. — Houblons.
Sucres. — La situation des marchés aux sucres est toujours la même; les prix
sont toujours aussi faibles. On cote à Paris, par 100 kilog. : sucres bruts, 88 de-
grés, 35 fr. 50; les 99 degrés, 41 fr. 25; sucres blancs, n» 3, 41 fr. 50; — à
Valenciennes, sucres bruts, 35 fr. Le stock était, à l'entrepôt général des sucres,
le 20 août, de 592,000 sacs pour les sucres indigènes, avec une diminution de
17,000 sacs depuis huit jours. — Les prix sont un peu plus faibles sur les sucres
ralfinés ; on les paye de 111 à 112 fr. par 100 kilog. à la consommation, et de
48 à 53 fr. 25 pour l'exportation suivant les qualités. — Affaires toujours cal-
mes dans les ports en ce qui concerne les sucres coloniaux.
iMélasses. — Les mélasses de raffinerie valent 10 fr. 50 par 100 kilog. à Paris.
Fécules. — Pas de variations dans les prix. On cote à Paris, de 31 fr. 50 à 32 fr.
par 100 kilog. pourlesféculespremières;àGompiègne, 31 fr. pour celles del'Oise.
Houblons. — Les appréciations sur la situation des lioublonnières sont un peu
moins bonnes que la semaine dernière ; en Lorraine notamment, on se plaint de
l'action des pucerons sur la plante. Néanmoins, on compte toujours, d'une manière
générale, sur un assez bon rendement.
VI. — Tourteaux. — Noirs. — Enfjrais.
Tourteaux. — Il y a peu de changements dans les cours. On paye par 100 ki=
log.: à Arras, tourteaux de colza, 16 fr. 75 ; de pavot, 13 fr. 25; de lin, 21 fr. 50;
à Rouen, tourteaux de colza, 16 fr. 30; de lin, 21 fr.; d'arachides décortiquées
15 fr. 75; à Gaen, tourteauxde colza, 17 fr.
Noirs. — Maintien des prix. On cote à Valenciennes : noir animal neuf en grains,
33 à 36 fr. par 100 kilog ; noir vieux grains, 10 à 12 fr. par hectolitre.
Engrais. — Les cours des engrais commeixiaux sont plus fermes. Le sul-
fate d'ammoniaque est payé de d8 à 39 fr. par 100 kilog; le nitrate de soude,
de 25 à 25 fr. 50 ; poudre d'os, 15 à 1 7 fr. — Dans les engrais composés, on cote
par degré : azote, 1 fr. 80 à 2 fr.; acide phosphorique immédiatement soluble,
0 fr. 70 à 0 fr. 75 ; acide phosphorique insoluble, 0 fr. 25 ; potasse dans les chlo-
rures, 0 fr. 50 ; dans les sulfates 0 fr. 60 à 0 fr, 65.
* VII. — Matières résineuses. — Textiles. — Bois.
Matières résineuses. — Maintien des cours. A Dax, l'essence pure de térében-
thine vaut 47 fr. par ICO kilog.; à Bazas, les gemmes sont cotées 25 fr. par
barrique.
Bois. — Les prix des bois de feu sont en hausse. On paye à Paris : bois de
flot, 123 fr. traverses, 125 fr. ; bois pelard, 130 fr. ; bois neuf dur, 125 fr. ; bois
blanc, 115 à 120 fr.; pin gelé, 1 15 fr. ; pin de Bordeaux, 150 fr. ; — par décastère :
palourdes de pin, 75 a 80 fr. le cent.
VIII. - Suifs et corps yras.
Suifs. — Prix toujours faibles. On paye à Paris 79 fr. par 100 kilog., pour les
suifs purs de l'abat de la boucherie; 58 fr. 50 pour les suils en branches.
Saindoux. — Les cours sont un peu plus fermes. On cote au lîavre 102 fr. par
100 kilog. pour les saindoux d'Amérique.
DES DENRÉES AGRICOLES {23 AOUT 1884). 319
IX. — Beurres. — Œufs. — Fromages.
Beurres. — lia été vendu pendant la semaine à la halle de Paris, 195,146 ki-
log. de beurres. Au dernier marché, on cotait par kilog. : en demi-kdog.
3 fr. 02 à 4 fr. 98; petits heurres, 2 fr. 90 à 3 Ir. 84; Gournay, 2 fr. 96 à 4 l'r. 94.
Isigny, 3 fr. à 6 fr. 60
Œufs. — Du 11 au 17 août, on a vendu à la halle de Paris 4 fr., 4,53J,110
œufs. Au dernier marché, on payait par mille ; choix 102 à 117 fr.; ordinaires,
68 à 83 fr.; petits, 60 à 66 fr.
Fromages. — Derniers cours ds la halle de Pari's : par douzaine : Brie, 3 à
12 fr.; Montlhéry, 15 fr.; — par cent. Livarot, 17 à 81 fr.; Mont-d'Or, 3 à 27 fr.;
Neufchâtel, 3 fr. 50 à 22 fr. 50 ; divers, 3 à 57 fr.
X. — Chevaux. — Bétail. — Viande.
Bétail. — L<i tableau ^uivaat résuma le mouvement officiel du marché aux bes-
tiaux de la Villette, du jeudi 14 au mardi 19 août :
Poids Prix d 1 l<Uûg. du viunde nette sar
Vendus nioven pied au rnarchédn litaoùt.
Pour Pour En 4 quartiers. i'° 2" 3* Prix
Amenés. Paris, l'aïtérieur. totalité. kil. quai. quai. quai. moyen,
Bœufs .5,163 » - 4,8i4 :»S 1.6< 1.56 1.30 1.49
Vaches 1,841 » » 1,031 236 1.60 1.4o 1.26 1.41
Taureaux 3" 6 » . 34.) 3'J2 1.46 1.36 1.26 1.35
Veaux 2,955 » • 3,193 78 1.76 1.66 1.66 1.66
Moutons 50,351 - » 44,087 19 196 1.76 1 60 1.75
Porcs f,'ras.,.. 6,077 » » 6,011 81 1.44 1.38 1.32 1.35
Les arrivages des marchés de la semaine se décomposent comme il suit :
Bœufs. — Aisne, 11 ; Allier, 13; Calvados, 1,097; Charente, 12; Charente-Inférieure, 28; Cher'
124 ; Côte-d'Or, 236; Cûtes-du-N'ord, 487; Deux-Sèvres, 52: Dordogne, 63; Eure, 32; Eure-et-
Loir, 10 ; Finislère, 103; Indre, 12; Loiie, 36; Loire Infcrieure, 33 ; Loiret, 8; Maine-et-Loire,
156; Manche, 126; Haute-Marne, 3 ; Nièvre, 386; Orne, 476; Puy-de-Dôme, 34; Saône-et-Loire,
492 ; Sarthe, 34; Tarn-et-Caronne, 17; Vendée, 58 ; Yonne, 60; Hollande, 31 ; Italie, 82.
Vaches. — Aube, 10; Aveyron, 13; Calvados, 293; Cantal, 20: Charente-Inférieure. 9; Cher,
40; Côte-d'Or, 81; Eure, 21; Eure-et-Loir, 23; Loire, 2; Loiret, 21; Maine-et-Loire, 60;
Manche. 77; Haute-.Marne, 7 ; Nièvre, 114 ; Oise, 40; Orne, 99; Puy-de-Dôme, 75 ; Saôiie-et-
Loire, 115; Sarthe, 26; Seine, 62; Seine-Inférieure, 51; Seine-et-.Marne, 27; Seine-et-Oise, 27;
Vendée, 30; Yonne, 55; Ilalie, 2.
Taureaux. — Aisne, 5; Aube, 4; Calvados, 59; Cantal, 12; Charente, 1 ; Cher, 12 ; Côte-d'Or,
21; Côtes-du-Nord, 17 : Dordogne, 1 ; Eure, 8 ; Eure-ei-Loir, 17,- Finistère, 6; llle-et-Vilaine, 18;
Loire-Inférieure, 3 ; Loiret, 6 ; Maine-ct-Loire, 11; Manche, 23; Haute-.Marne, 2; Mayenne, 9;
Nièvre, 14, Oise, 5; Orne, 20; Puy-de-Dôme, 2; Saône-et Loire, 6; Sarthe, 10; Seine, 11;
Seine-Inférieure, 4; Seine-et-Marne. 19; Seine-et-Oise, 25 ; Yonne, 19 ; Italie, 2.
Veaux. — Aube, 32S: Calvados, 1; Eure, 294; Eure-et-Loir. 334; Loiret, 139; Manie,
175; Oise, 79; Puy-de-DÔme, 196; Sarthe, 226; Seine-Inférieure, ' 216 ; Seine-et-Marne, 271;
Seine-et-Oise, 50; Yonne, 120.
Moutons. — Aisne, 60; Allier, 823; Ardennes, 334: Aube, 1,010; Aveyron, 1,646; Cantal,
1,198; Charente, 1,499; Cher, 1,306: Cùte-i'Or, 236; Creuse, 804; Corrèze, 560; Deux-Sèvres,
230; Dordogne, 601 ; Eure-et-Loir, 101 : Haute-Garonne, 60 ; Indre, 1,550; Indre-et-Loire, 237;
Loiret, 413; Lot, 712 : Lot-et-Garonne, 354; Mame-et-Loire, 149; Marne, 309; Nièvre, 819;
Nord, 51 ; Oise, 210; Puy-de-Dôme, 177; Saône-et-Loire, 470 ; Seine, 76; Saine-et-Marne, 1,088;
Seine-et-Oise, 207; Tarn-et-Garonne, 208; Vienne, 60; Haute-Vienne, 390; Yonne, 275;
Afrique, 610 ; Allemagne, 5,969 ; Hongrie, 5,236 ; Italie, 1,175; Luxembourg, 181) ; Russie, 10,328.
Porcs. — Allier, 303 ; Calvados. 35 ; Charente, 52 ;' Cher, 44 ; Côtes-du-Nord, 18; Creuse,
537; Deux-Sèvres, 588; llle-el-Vilaine, 430; Indre, 193; Indre-et-Loire. 3; Luire, 29; Loire-
Inférieure, 382: Loir-et-Cher, 172 ; Maine-et-Loire, 727 ; Manche, 14; Mayenne, 50 ; Puy-de-Dôme,
254; Rhône, 51 : Saône- et-Loire, 65; Sarthe, 637; Seine, 87; Seine Inférieure, 59; Somme, 4 ;
Vendée, 647; Vienne, 80; Haute-Vienne, 40.
Les ventes ont été assez difficiles; les prix accusent de la baisse pour toutes les
catégories ; c'est principalement sur les moutons que ce mouvement se produit. —
Sur les marchés des départements, on cote : Neubourg, bœuf, 1 fr. 60 à 1 fr. 70
par kilog. de viande nette sur pied; vache, 1 fr. 40 à I fr. 50 ; porc, 1 fr. 40 à
1 fr. 50; veau, 1 fr. 80 à 1 fr. 90; mouton, 2 fr. à 2 fr. 10; — Nantes, bœuf,
0 fr. 85 par kilog. brut; vache. 0 fr 84; veau, 1 fr. 15: mouton, 0 fr. 95 à 1 fr.;
— Orléans, hœuï, 0 fr. 77 à 0 fr. 87; vache, 0 fr. 77 à 0 fr. 87; veau, 0 fr. 90 à
1 fr. 10; mouton, 0 fr. 75 à 0 fr. 90; porc, 0 fr. 86 à 0 fr. 9i; — Sedan, bœuf,
1 fr. 60 à 1 fr. 80; veau, 1 Ir. 40 à 2 fr. ; mouton, 1 fr. 50 à '2 fr 20; porc,
1 fr. 40 à 1 fr. 70 ; — Nancy, bœuf, 0 fr. 86 à 0 fr. 89 ; vache, 0 fr. 60 à 0 fr. 88;'
veau, 0 fr. 45 à 0 fr. 58; mouton, 0 fr. 95 à 1 fr. 05; porc, 0 fr. 66 à 0 fr. 71 ;
— Dijon, bœuf, 1 fr. 60 à 1 fr. 72; taureau, 1 fr. 30; vache, 1 fr. 24 à 1 fr. 68;
veau (poids vif),0 fr. 90 à 1 fr. 06; mouton, 1 fr. 50 à 1 fr. 90; porc (poids vif),
0 fr. 86 à 0 fr. 96; — Lyon, bœuf, 1 fr. 30 à 1 fr. 70 ; veau (poids vif), 0 fr. 90 à
3î0 RKVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT (23 AOUT 1884)
1 fr. 10; mouton, 1 fr. 40 à 1 fr. 91; — Bourgouin, bœuf, 66 à 76 fr.; vache,
58 à 68 fr ; mouton, 85 à 90 fr.; porc, 84 à 88 fr. ; veau, 80 à 90 fr.; — Nhnes,
bœuf, 1 fr. 35 à 1 fr. 50; taureau, 1 fr. .35; vaches 1 fr. 15 à 1 fr. 45 ;raoutOQ,
1 fr. 80 à 1 fr. 90; moulons étrangers, 1 fr. 40 à 1 fr. 70; brebis, 1 fr. 30 à
1 fr. 70; agneau, 1 fr. 10 à 1 fr. 30; veau (poids vif), 0 fr. 95 à 1 fr. 05 ; —
Genève, bœuf, I fr. 60 à l fr. 70 ; vache, 1 fr. 20 à 1 fr. 50 ; mouton, 1 fr. 70 à
1 fr. 90; veau (poids vif), 0 fr. 72 à 0 fr. 85; porc, G fr. 90 à 0 fr. 95.
Viande à la criée. — Il a été vendu à la halle de Pans, du II au 17 août :
Prix du kilog. le 19 août.
kilog. I"qual. 2- quai. ii;il. 3- q Choix. Basse 3c:;cherl6
Bœuf ou vache... I4i>,n.iO 1.56 à 1,96 1.34 à 1.54 0.94 à 1.,'iî 1.40 à 3.00 0.20 à 1 26
Veau 148,151 1,76 2.0^1 1.54 1.74 1.30 1.52 ■ .. »
Moutoa ,. 59,602 1.50 1.84 1.28 1.48 0.9i 1.26 1.56 3.50 ..
Porc 22,251 Porc frais. .... . 1.20àl.64.
366,054 Soilparjour 52, 293 kilog.
Les ventes ont été inférieures de 3,000 kilog. par jour à celles de la semaine
précédente. Les prix sont soutenus, sauf pour la viande de mouton.
XI. — Cours de la viande à l'abattoir de la VUlette du jeudi 7 août (par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On *end à la Villette par 50 kilog. • 1" qualité
75 à 80 fr. ; 2% 70 à 75 fr. Poids vif, 53 à 58 fr.
^__^_^^ Bœufs. Veaui. Moutons.
1" -i- 3- 1" 2- 3- I" 2'
quai. quai. quai. quai. quai. quai. quai. quai. quai.
'■•■ fr- fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr
81 76 68 95 88 78 88 80 73
XII. —Marché aux bestiaux de la Villette du jeudi 14 aoât 1884.
Cours des commissionnaires
Poids Cours officiels. en bestiaux.
Animaux gênerai. 1" 2* 3* Prix f 2* 3" Prix
amenés. In endus. kil. quai. quai. quai, extrêmes. quai. quai. quai, extrêmes.
Bœufs 2.276 5i 349 (.6S 1.56 1.32 l.26àt.72 1.63 1.54 1.30 l.24àl 70
Vaches 581 28 236 1.64 1.46 1 26 I.2U 1 68 i . 62 1.4i 1 24 1.18 1 66
Taureaux... 151 7 390 I 42 1.36 1.26 1.22 I 52 I 46 I 3* 1.24 «20 1 50
Veaux 1.550 5 33 79 1.70 1.60 1 50 1.30 1.90 » » « >
Moutons 24.049 5.. 80 19 t. 92 1.72 1 58 1.48 1.98 ■ » » »
Porcs gras.. 3.485 » 82 1.52 1.46 1.38 1.30 1.58 » . . •
— maigres,, » » »»*»ms»»bs
Vente assez active sur le gros bétail, mauvaise sur les moutons et les veaux, bonne sur les porcs,!,
Xlll. — Résumé.
Les prix du froment sont en baisse sensible; ceux des sucres et de la plupart
des produils animaux se maintiennent avec peine:, mais il y a plus de fermeté sur
les cours des vins. A. Réimy.
BULLETIN FLNANCIER
II y a fermeté dans les prix de la plupart des valeurs. On cote : 3 pour 100,
78 fr. 60; -- 3 pour 1 00 amortissable, 80 fr.; — 4 et demi pour 100, 109 fr. 40 ; —
4 et demi pour 100 nouveau, 107 Ir. 75.
Les actionsdes établissements de crédit se vendent : Banque de France, 5100 fr.,
Banque de Paris et des Pays-Bas, 782 fr. 50; Comptoir d'escompte, 955 fr.;
Crédit foncier et agricole d'Algérie, 495 fr.; Crédit ioncier, l,-282 fr. 50; Banque
d'escompte de Paris, 520 fr. ; Crédit industriel, 680 fr. ; Crédit lyonnais, 555 fr.;
Compagnie foncière de France, 437 fr. fO; Crédit mobilier, 318 fr. 75; Société
de dépôts et comptes courants, 625 fr. ; Société générale, 462 fr. 50.; Banque
parisienne, 382 fr. 50; Banque franco-égyptienne, 560 fr.
On paye les titres des Compagnies de chemins de fer : Est, 770 fr.; Paris-
Lyon-Médilerranée, 1,235 fr Midi, 1,160 fr.; Nord, 1,670 fr. ; Orléans,
1,322 fr. 50 ; Ouest, 832 fr. 50 — Les actions du Canal maritime se cotent à
1,885 fr. ; les délégations, à 1,120 fr.
Escompte à la Banque de France, 3 pour 100 ; intérêt des avances, 4 pour 100,
E. Féron,
Le Gérant : A. Bouché.
CHRONIQUE AGRICOLE (30 août im).
Les résultats de la moisson des céréales. — Appréciations de la maison Barthélémy Estienne sur
le rendement de la récolte du blé en France. — Evaluations apportées à la réunion interna-
tionale (lu commerce des grains à Vienne (Autriche). — Session des Conseils généraux. —
Voeux relalils à l'agriculture émis par les Conseils généraux de l'Ain, de la Haute-Garonne, de
la Nièvre, de Sei[]e-et-Oise, de l'Aisne, de Loir-et-Cher. — La revision du cadastre. — Kncou-
ragements à la production chevaline dans la Nièvre. — Travaux de la Commission du minis-
tore des tinance^; sur l'évaluation du revenu des propriétés non bâties — Décorations dans
l'ordre du Mérite agricole et dans la Légion d'honneur. — Les blés de semence. — Lettre de
M. Hug' t. — Le blé de Shired' à épi carré. — Voyage de la délégation de la Société d'agri-
culture de Meaux en Allemagne. — Les sucres allemands en Amérique. — Kvamens à l'Ecole
pratique d'agr'culture de l'Vnrne. — Syndicat agricole dans la Dordogne. — Le phylli'Xera. —
• Ktudes de M. Gastine sur la diffusion du sulfure de carbone dans le sol. — Commissions d'achat
d'étalons pour les haras — Concours de poulains boulonnais à Abbeville. — Police sanitaire des
animaux. — Ex|iériences sur l'ensilage des fourrages verts en plein air. — 'Lettre de M. .Iules Cor-
mouls-Houlès à M. Heu^é. — Avantages do ce système. — Création d'une école de laiterie
dans le comté de Derby, en Angleterre. — Hommage rendu à M. Chevreul par les étudiants
des Facultés de Paris.
I. — La moisson.
La question du rendement de la moisson des céréales s'agiîe de plus
en plus. Les documents oITiciels analogues à ceux que le ministère de
l'agriculture a publiés en août 1883, manquent encore. D'après les ren-
seignerr.?its que nous avons recueillis, la récolte de blé serait supé-
rieure à celle ae ^'^•SS, mais inférieure à celle de 1882, c'est à-dire
comprise entre les limites de 105 à 1 10 millions d'hectolitres. Ces rensei-
gnements sont corroborés par ceux que vient de publier la maison
Barhélemy Estienne, de Marseille, dans son volume annuel relatif à la
récolte des céréales en France et dans les pays étrangers. Nous ana-
lyserons, comme les années précédentes, ce volume; aujourd'hui nous
nous bornerons à dire que, d'après les documents qu'il renferme, la
récolte du blé serait très bonne dans 4 départements, bonne dans 52,
assez bonne d ms 21 , médiocre dans 4 et mauvaise dans 5 seulement. Le
nombre des départements dans lesquels la récolte du blé est considérée
comme très bonne ou bonne est donc de 56 ; il était de 12 en 1883 et
de 63 en 1862. Quant aux autres céréales, la récolte serait géné-
ralement moyenne. D'autre part, dans la réunion internationale du
commerce des grains qui vient d'avoir lieu à Vienne (Autriche , des
avis ont été apportés sur la récolte du blé dans les divers pays produc-
teurs; il en ressort que presque partout la moisson a donné des
résultats supérieurs à ceux de l'année précédente. L'Amérique du Nord
aurait aussi un rendement plus considérable sur de plus grandes
étendues. Il en résulte que, en admettant même que les stocks actuels
soient restreints, il est probable que les cours actuels du blé ne se
relèveront pas ; mais il faut espérer que la baisse que l'on vient de
subir sur tous les marchés ne prendra pas de nouvelles proportions.
II. — Session des Conseils généraux.
Un grand nombre de Conseils généraux ont terminé leur session
d'août; nous pouvons commencer à analyser les vœux émis par ces
assemblées en ce qui concerne l'agriculture.
Dans plusieurs Conseils généraux, la question des modifications à
apporter aux tarifs douaniers sur les denrées agricoles a été agitée.
C'est ainsi que le Conseil général de l'Ain a émis le vœu que le droit de
douane sur les blés étrangers fût élevé à 5 fr. par 101) kilog. Celui de
la Haute-Gtironne a demandé à l'unanimité que les matières non com-
prises dans les traités de commerce soient frappées, à l'entrée en France,
d'un droit assez élevé pour que l'agriculture française puisse se relever
de ses désastres. Un vœu présenté par M. Ferrier au Conseil général
N» 803. — Tome III de ]S8i. —'30 Août.
3 22 CHRONIQUE AGRICOLE (30 AOUT 188i].
de la JNièvre, dans lu même sens que le précédent, n'a pas été adopté.
Le Conseil c;énéral de Seiae-et Oise a adopté le vœu suivant : « Le Conseil
général, considérant que ragricuUure a droit à la protection de l'Etat au
même liire que l'industrie, signale à l'attention des pouvoirs publics
l'urgence de réaliser les promesses faites à l'agriculture, notamuienten
plaçant l'agriculture et l'industrie dans la même situatiou au pi)int de
vue des conséquences du régime douanier, résultat qui serait atteint
en abaissant les droits de douane sur les matières servant à l'exploi-
tation de la terre, à la fabrication des engrais et au transpirt des .
denrées. » Le Conseil général de l'Aisne a demandé l'élévation des
droils dédouane sur toutes les déniées agricoles.
Sur l'évaluation d i revenu de la propriété non bâtie en France et sur
le cadastre, leConsed général de Loir-ei-Clieraémis levœu : 1° qu'avant
de préparer une nouvelle péréquition de l'impôt foncier, le- gouver-
ment procède à une évaluation du revenu de la propriété bâtie (comme
cette propriété est considérablement augmentée, là conséquence pour-
rail être de dégrever la part afférente à la propriété non bâtie) ; 2° qu'il
entreprenne à ses frais la réfection du cadastre, aussitôt que les res-
sources du budget le permetiront; 3° qu'en attendant, il ouvre un cré-
dit pour aider les communes qui voudraient reviser les évaluations
cadastrales sur leur territoire.
Le Conseil général de la Nièvre continue à favoriser la production
du cheval dans ce département. Sur le rapport de M. le général d'Es-
peuilles, il a voté une subvention de 10,001) fr. au lieu de7,00() fr., à la
Sociélé d'agriculture de la Nièvre pour les étalons départementaux
exclusivement, la Société s'engageant à prendre à sa i harge les primes
distribuées annuellement aux pouliches et juments et qui étaient pré-
levées sur le montant de la subvention départementale. Le Conseil a
adopté également une autre proposition de M. de Bouille, présideut de
la Société d'agriculture, tendant àsubstituerà rimporlalion des étalons
parla Sociélé un concours annuel d'étalons de gros trait de toutes pro-
venances, âgés do trois à cinq ans, appartenant exdusivement à des
éleveurs de la Nièvre. Des primas variant de 1,400 fr. à 2,000 fr.
y seraient décernées aux chevaux réunissant les qualités exigées d'étalons
d'élite.
IIL — Evaluation du revenu des propriétés non bâties.
Une Commission spéciale a été chargée par le ministre des finances
d'examiner les résultats de l'évaluation du revenu foncier des proprié-
tés non bâties en France, accomplie en exécution de la loi du 9 août
1879. On sait que cette évaluation a donné la preuve de l'inégalité de
la répartition de l'impôt foncier rural ; le taux mcj-en de l'impôt a été
trouvé de A.'iQ pour 100 du revenu net loncier, 46 départements étant
cotés au-dessus de celte moyenne et 41 au-dessous. Les Conseils géné-
raux ont été invités à donuer leur opinion sur les résultats de cette
enquête, dans leurs sessions d'août 1883 et d'avril 1884; d'autre part,
l'administration des finances a opéré en 1883 une revision d'où il est
ressorti que le taux moyen de l'impôt est en réalité de 4.68 pour
100. LaCommissioP-, après avoir coaslaté que le travail de 1879, mis
au courant par celui de I8S3, était aussi bien fait que possible, a émis
nue opinion contraire à la péréquation pure et simple de l'impôt fon-
cier; elle n'a pas accepté, pour des considérations budgétaires, le prin-
■ cipe delà péréquation par voie de dégrèvement ; mais elle a émis le
CHRONIQUE AGRICOLE (30 AOUT 1884). 333
vote qu'il serait équitable de transférer sur la propriété bâ'ic une pro-
porliuu du coniin^ent de la projiriôté mtn bàiie, eu Taisant précéder ce
iranslert d'un travail de révision des évaluations de la propriété bâtie.
IV. — Décorations pour services rendus à l'agriculture.
Par arrêté du ministre de raji;rienlture, en date du 2G août courant,
la décoraiion du iMérite agricole a clé conférée aux personnes dont les
Qoms suivent :
M. Perrin (Clément), àRùvillon, commune de Saint-Etienne (Vosges); organi-
sateur et président de l'assoeiation fromagèic vosgicnne, secrétaire du Comk;e
agricole de Reinireraont, a obtenu trois pieiuiers prix au concouis de Paris en ItfBO
et 1 82, auteur de diverses publications sur l'iiijricukure et plus particulièremont
sur Li fabr.ca'ion (romagère. Services exceptionnels.
M. Hii LARD (Pie'T ), éleveur, au Cormier, près Damville (Eure) ; se livre
avec succès à l'élevage des bêtes à hine inétis-mérinos, a obtenu de nombreuses
récomijenses dans les concours régionaux et dans diverses exposiiiors à l'éiranirer,
lauréat du prix d'ensemble au concours régional de Rouei:, en 1884. Services
excepioiinels.
M. Gasquet (Jean-Pierre), propriétaire à Pu^^et Ville (Var); a apporté d'utiles
modificaUous dans la taille de l'olivier, dirige par les meilleurs jirocédés une
importan c exploitation agricole où il lutte contre le phylloxéra au moyeu de
vastes plantations de vignes américaines. Plus de 40 ans de services agricoles.
Le Journal officiel du 20 aotit annonce la nomination au grade de
chevalier de la Légion d'honneur, de M. le comte de Jouffroy d'Aibans,
membre du Conseil général et président de la Commission départe-
manlaie du Donbs, ancien garde général des forêts, ancien presideat
de la Société d'agriculture du Doubs. M. de JoutTroy a montré une
grande activité et donné une vive impulsion aux travaux de la Société
départementale d'agriculture qu'il a présidée pendant de nombreuses
années.
V. — Les blés de semence.
A l'occasion des seraailles de froment qui vont bientôt commencer,
nous recevons de M. Arthur Hugot, directeur des établissements indus-
triels et agricoles de Lens (Pas-de-Calais), la lettre suivante :
« Monsieur le directeur, les demandes de semences des deux espè -es de b h
anglais qui composent presque exclusivement ma culture de céréales, ipie je reçois
de plus en plus nombreuses chai)ue année, ainsi que les beaux résultats qu'^n ont
obtenus messieurs les agriculieurs qui ont l)ien voulu me les communiquer,
m'engagent, cette année encore, à tenir à la disposition de la culture, une partie
de ma rérolte J'ai d )nc, comme précédemment, recours à la voie de votre estima-
ble Journiil pour en informer les intéressés.
« Je crois qu'd est suporllu d'insister f-ur les soins que je donne à la prépara-
tion de ces semences; beaucoup sont juges, et les lotti-es de sali-faction nue je
reçois journellement sont le garant de leur pureté. Le Prince-AII)ert, blé blanc à
paille blanche, et le Kissingïand roux, de ma récolte li^8.3, m'ont rendu cette
année 3,738 lieclolitres sur 98 hectares, soit une moyenne de 38 hecloliires 15 li-
tres à l'hectare.
« Malgré les violents orages que nous avons subis dernièrement, qui ont couché
les blés de mes voisins, la plupart d'essences du pays, les miens sont restés droits,
grâce à la rigidité de leur lige qui, cependant, était ti'ès haute.
« Recevez, etc., A. Hugot. »
Pour répondre à plusieurs demandes qui nous ont été adressées,
nous ajouterons que MM. V'ilmorin-.\ndrieux et Cie peuvent fi)urnir du
blé de Shireff à épi carré, Shiri'fJ"s square liend, aux. conditions suivan-
tes: au-dessus de 25 kilog., 40 fr. les 100 kilog.; par quantités moin-
"dres, 0 fr. 50 le kilog., pris en gare de Paris-lleuiUy, port et embal-
age en sus.
1
324 CHRONIQUE AGRICOLE (30 AOUT ISSi)-
VI. — Voyage agricole en Allemagne cl en Autriche.
Nous avons signalé le départ en Allemagne, au mois de juillet der-
nier, d'une délégation de la Société d'agriculture de Meaux, de la Société
des agriculteurs de Franceet du Comice deSoissons. Le rapport sur ce
voyage \ient d'être publié; il est dii à M. Jules Bénard, vice-président
de la Société d'agriculture de Meaux. C'est un des meilleurs travaux
qui aient paru en France sur l'agriculture allemande. La délégation a
parcouru la Prusse rhénane^ le Hanovre, le duché de Bruiiswicb, le
Harz, le royaume de Saxe, en Allemagne; la Bohême et la Moravie, en
Autriche ; elle a poussé, en Hongrie, jusqu'à Budapest. Elle a visité, par
conséquent, les régions les plus réputées pour la culture de la betterave
à sucre. La méthode adoptée par M. Jules Bénard, dans son rapport,
est celle des monographies de fermes; c'est la meilleure pour exposer
les fuils avec clarté. Quant aux conclusions, elles présentent une réelle
imporlance; on en trouvera le texte complet dans ce numéro fpage o"29).
Nous insisterons particulièrement ici sur deux points : rassocialion
des producleurs de betteraves pour la fabrication du sucre et l'eïlen-
sion de l'enseignement agricole ; M. Bénard en fait parfaitement res-
sortir l'imporiance. Quelque progrès qu'elle ait réalisé, la législation
nouvelle sera absolument impuissante à mettre fin à la crise sucrière.
si les cultivateurs et les fabricants de sucre ne s'unissent pas pour
marcher d'un commun accord; c'est ce que l'on ne saurait répéter trop
haut, et malheureusement on aperçoit déjà une certaine tendance chez
les fabricants de sucre pour éliminer les cultivateurs des bénéfices de
la nouvelle législation. Quant à l'enseignement agricole, que de fois nous
avons montré les efforts faits en Allemagne, en Autriche, pour le déve-
lopper; aujourd'hui ces pays récoltent le fruit de leurs efforts, tandis
que la l^'rance récolte celui de son indifférence. Tant que nos établis-
sements d'enseignement agricole ne verront pas décupler le chiffre de
leurs élèves, il ne faut pas compter que cet enseignement puisse don-
ner des résultats suffisants ; les travaux de nos agronomes recevront
des applications partout, tandis qu'ils resteront méconnus chez nous.
VIL — Les svcrts allemands en Amérique.
Nous n'avons rien à ajouter à ce que nous avons dit souvent sur la
concurrence heureuse que les sucres allemands font, sur tous les mar-
chés d'Europe, aux sucres français. iMais ce que l'on connaît moins,
c'est l'extension prise par ce commercejusqu'en Amérique. Le Journal
a signalé les expéditions de sucre allemand dans l'Amérique du Nord;
aujourd'hui nous apprenons que les importations dans l'Amérique du
Sud, notamment dans la République Argentine, commencent à inquié-
ter les producteurs de ces lointaines régions. On cherche à y augmen-
ter la culture de la canne à sucre, afin d'obtenir tout le sucre néces-
saire à la consommation du pays. D'autre part, au Pérou, l'exportation
des sucres de canne pour l'Angleterre a diminué de près de 60 pour
100 depuis quatre ans, en même temps que les prix subissaient une
baisse analogue à celle qui a frappé nos sucres de betteraves.
VIII. — Ecole pratique d'agriculture de l'yon7ie.
L'école pratique d'agriculture de la Brosse, près Auxerre (Yonne),
vient d'achever sa deuxième année scolaire.
Le Comité de surveillance et de perfectionnement, composé de
MM. Boilel, inspecteur général de l'agriculture, président; Romand,
CHRONIQUE AGRICOLE (30 AOUT 1884). 325
Duguyot et de Fontaine, conseillers généraux; Houdaille, Beauvais et
Lemoine, membres désignés par M. le ministre de l'agriculture, a pro-
cédé, les 1 1 et 12 août, aux examens de fin d'anaéeetd'admisssion.
Le jury a été satisfait des examens de fin d'année, et il a particuliè-
rement adressé des éloges à MM. Belle et Frappé, élèves de deuxième
année, et à MM. Perrin, Julien et AUard, élèves de première année. Les
élèves Belle, Frappé et Allard, sont de l'arrondissement d'Auverre.
M. Perrin est du département de Saône-et-Loire, et M. Julien du dépar-
tement de la Nièvre. L'élève Belle a obtenu la médaille offerte par
M. de Fontaine, et l'élève Frappé l'ouvrage offert par M. Tbinrry, di-
recteur de l'Ecole. Comme l'année deruière, les candidats à l'admission
ont été peu nombreux, et les cadres de l'Ecole ne sont pas rem[)lis. Le
Comité a pensé, en raison des travaux de la moisson, qu'il était urgent
qu'à l'avenir ces examens eussent lieu à une autre époque, et il a
demandé à M, le ministre de l'agriculture d'en fixer la date du 1" au
15 octobre. Une seconde session d'examen d'admission aura lieu, à
l'Ecole de la Brosse, le lundi 6 octobre prochain, à 9 heures précises du
matin. Les candidats doivent faire parvenir leurs demandes, accompa-
gnées des pièces prescrites parle programme, avant le 1" octobre, à la
préfecture de l'Yonne.
Des programmes sont à la disposition des familles, dans les bureaux
de la préfecture et des sous-préfectures et à la direction de l'Ecole
d'agriculture.
I.V. — Syndical agricole dans la Dordogne.
Une association formée sous le titre de syndicat, dont le but est l'a-
chat en commun d'engrais commerciaux, vient de se créer dans la Dor-
dogne, sous les auspices de la Société d'encouragement à l'agriculture
de ce département. Les fabricants d'engrais, qui auraient l'intention de
traiter avec ce syndicat, doivent adresser leurs tarifs et leurs conditions
de vente, à M. Gaillard, professeur départemental d'agriculture, secré-
taire du syndicat, à Périgueux.
X. — Le phylloxéra.
Aujourd'hui que la méthode du traitement par le sulfure de carbone
des vignes phylloxérées se propage de plus en plus, il est important
de pouvoir étudier la diffusion de cet agent tant dans le sol, que dans
l'air et dans les gaz. M. Gastine, délégué régional du ministère de
l'agriculture, a fait connaître récemment le procédé qu'il a imaginé oour
rechercher et doser les quantités, même faibles, de sulfure" de
carbone. La réaction qu'il propose consiste à faire passer l'air conte-
nant les vapeurs de sulfure de cirbone dans une solution alcoolique de
potasse. Il se forme du xanthate de potasse. La dissolution de potasse
alcoolique doit être assez concentrée; elle doit être préparée avec de
1 alcool absolu et de la potasse récemment fondue, car toute trace réduit
beaucoup la sensibilité du réactif. Pour le même motif, il faut dessé-
cher les gaz et l'air que l'on fait passer dans le réactif. Dans le liquide
alcoolique, neutralisé par l'acide acétique et un peu étendu d'eau, la
présence de l'acide xanthique est mise en évidence en ajoutant un
goutte de sulfate de cuivre. Il se fornuî du xanthate de cuivre, insolu-
ble dans l'eau et d'une belle couleur jaune. D'après une note que M. Gas-
tine a présentée récemment à l'Académie des sciences, il résulte de
ges expériences que celte solution caractérise d'une façon absolue la
328 GHRONIQUK AGRICOLE (30 AOUT 1684).
présence du sulfure de carbone, et qu'elle permet, parla liqueur d'iode,
le tilraiie rapide du produit.
XI. — Achat d'élalons pour les haras.
Les Commissions chargées de procéder en France à l'achat des éta-
lons drt pur sang, de demi-sang et de trait léger, pour la remunie des
dépôts de l'Etat en 18S4, seront composées d'inspecteurs gfnéra'i.x. des
Haïas, pré.-idés par le directeur du service ou, en cas d'empècharuent,
par un inspecteur général délégué. Les dates et les lieux de l'endez-vous
ont été ainsi fixés :
rrmneri' Commission. — 29 septembre, au Pin (Calvados), au dépôt d'étalons;
— 1 [ octobre, à Rouen, cours la Reine; — 13 octobre et jours suivants, à Caen,
école de dressage.
Duxiènie Coinmission. — l"o •lobre, àBorJeaux, école de dressage : —2 nclobre,
àAgeii, sur le cours; — 3 octobre, à Aueh, sur la place; — 5 octobre, à Pau, au
dé, >ôt d'élalons ; — 6 octobre, àTaibes. au dépôt d é'alons ; — 8 octobre, àTou-
lou-e, école véiérina're; — 11 octobre, à Limoges, école de dressage; — 15 octo-
bre, à Linlerneau, sur le champ de f.iire; — 18 octobre, à la Rocbe-sur-YGo, au
dépôt d'élalons; — 20 octobre, à Rocliefort, école de dressage.
Trnisiémii Commission — 10 novembre, à Paris, au Tattersall; — 1 1 novembre.
à Gbantilly, établissement de M. Aumout; — 13 novembre, à Saint-Quenlia, sur
la prouieuade.
Lorsque plusieurs points de réunion seront indiqués dans le même
arrondissement d inspection, les propriétaires peuvent envoyer leurs
cheviux, suivant leur convenance, à l'une ou l'autre de ces réunions.
Les propriétaires ou délégués des déparlements qui, se proposant de
faire des acquisitions d'étalons à Ciie.i, auraient à les faire visiter par la
Commission en vue de l'approbation, pourront les lui présenter le
21 octobre, à l'Ecole de dressnge.
Les éleveurs sont prévenus que les règlements concernant les papiers
d'origine siront rigoureusement observés. L'es propriétaires devront
produire, au moment des achats ou des approbations, le cerlificat de
naissance du cheval, si celui-ci est issu d'un étalon de l'Elal, et la
carte de saillie visée, dans l'année d^ la naissance, par le directeur
du déjiôt d'étalons de la circonscription, s'il a pour père un étalon
approuvé.
XIL — Concours de chevaux boulonnais.
Un concours départemental de pf)u!ains entiers de race boulonnaise
aura lieu le luudi 23 septembre à Ahbeville (Somme). Ce concours est
orijanisé par la préfecture de la Somme. On n'y admettra que les
po'iilainsnés en 1b82 et appartenant, depuis le 15 août au moins, à
des cultivateurs du département. Dds primes, dont la valeur varie de
IdO à 6i)0 fr., formeront un total de 6,310 fr.; à ces primes seront
jointes deux, médailles d'or, deux médailles d'argent et trois médailles
de bronze.
XIIL — Police sanitaire des animaux.
Un arrêté du ministre de l'agriculture, en date du 7 juillet dernier,
a interdit l'intruduction en France psr le bureau dédouane de Venlron
(Vosges), des animaux des espèces bovine, ovine, caprine et porcine.
Cette interdiction avaitpour cause une épidémie de fièvre aphteuse qui
sévissait, en Alsace au voisinage de cetie localité. Cette épidémie pou-
vant être considérée comme éteinte, un nouvel arrêté en date du
23 août a décidé qu'à partir du 1" septembre prochain, l'imporlalion
GHRONIQUK ACJUICOLE (30 AOUT 188^). 3'27
du bétail pourrait de nouveau s'effecluer par le bureau de douane de
Ventron .
XIV. — Ensilage des jourrages vcrls à l'air libre.
Nos lecteurs ont trouvé dans nos colonaes le résumé des recherches
laites à Mazainet (Tarn), par MM. Gaston et Jules Currnouls-Houlès et
par M. Rouvière sur l'ensilage des iburrages verts à l'air libre. Dans
notre prochain numéro, nous publierons une nouvelle note de M. Rou-
vière sur les projédéà qu'il emploie. Aujourd'hui M. Jules Cormouls-
Houlès nous coŒiuiinn<jue la lettre suivante qu'il vient d'adresser à
.M. Heuzé, inspecteur général de l'agriculture:
« Monsieur l'inspecteorgénéral, il y a un an, lors de votre visite à Mazamet,
à l'époque du concours de notre Comice agricole, vous avez bien voulu écouter avec
une bienveillante attention les communications que j'ai eu l'honneur de vous
faire de vive voix relativement à mes premiers essais d ensilage à l'air libre.
« Ces essais, m'avez-vous dit, sont des plus intéresstnts; m lis avant de préeo-
« niaer ce moie simpb de conservation des fourrages ve:-ts, il importe de renou-
■X vêler vos expérience -i et de vous assurer que les résultats ne ces-ieroat pas de
« répondre à vos prévisions. »
« Encouragé par votre approbation, eabardi par m-îs premiers succès, je n'ai
cessé depuis lors d'accumuler les expériences, et toujours les résultats ont été les
mêmes, c est-à-dire que toujours, chez mes voi-^ias comme chez moi, pour des
ensilages de pnntem;)s, d'été ou d'automne, j'ai constaté une réussite parfaite
lorsque le tassement avait été régulier et énergique.
« l']t ce n'est pis sur un petit nombre d'essais .|ue je me suis fait une convictiom.
o; Sans parler de mes propres expériences, ni de celles de mo'i cousin, M. Rou-
vière qui, depuis l'automne dernier, a conservé qufiiqaes charretées de luzerne
parce procédé, je ne puis mieux faire qu'en vous citant mon frère, VI. tTasion
Gormouls-HoufJs, qui, l'un des premiers de nos régions àpraiiqucr l'ensilage sur
son vaste et magnilique domaine des Paillades, conserve aujourd'iiui presque
tous ses fourrages par l'ensilige à l'air libre sans avoir jainais de déception.
«Bref, comme je vous le disais tout à l'heure, celte réussite constante observée
dans les ensilages faits à toutes époques me permet de répéter aujourd'hui ce que
j'avançais le premier, il y a juste un an, dans diverses publications agrieo'tes
'(21 août 1883J.
« // Il est pas besoin de silos maçonnés pour conseroer les fourra^/es verU far
t'eiisilare, et l'on peut être assuré du succès :
« A la condition d'établir le tas sur un sol sain (cour de ferme — aire dépica-
toire — prairie sèche — chaume, etc.);
« A la condition d'élever régulièrement la masse et de la charger d un poids
suffisant, 1 ,1100 à l,5i 0 kilog. par mètre cube;
« A la condition enfin de n'ensiler que des fourrages entièrement verts, c'est-
à-dire n'ayant pas déji subi un commencement de d-'ssiccaiion.
>t Et qu'on ne s-e croie pis obligé de recouvrir la masse ensilée de terre, de
chaume ou de genêts, alia de la mettre à l'abri de~ inliltrations pluviales. La
couche de pierres et surtout l'état de compression des rourra.!es s'opposent à l'en-
trée de l'eau. — J'ai même observé une plus grande sécheresse dans mes silos
■en pleiin air que dans mes silos maçonnés. — Gela tient à ce qu'une partie de
- l'eau de végétation suinte et s'écoule par les côtés.
« Laprincipile objection qu'opposaient mes voisins à la pratique de l'ensilage
en plein air, la seule raison qui parût sérieuse pour justilier leurs hésitations,
c'est la crainte de faire sans ])rofit le sacrifice d'une partie de leurs récoltes de
fourrages.
« S'il convient de reconaaî're que le déchet est un peu plus considérable
dans les silos en plein air que dans les silos maçonnés (10 à 15 centimètres
au lieu de 3 à 7), il est juste aussi de tenir compte d'une économie d'installation
considérable.
Cl. En outra, la perte est plus apparente que réelle, car les parties avariées
constituent un ej;cellent engrais.
(c Cette opiniim qu'avait émise mon frère, M. Gaston Gormouls, devant une
importainte réuuion d'agriculteurs, à Castres, me frappa.
328 CHRONIQUE AGRICOLE (30 AOUT 1884).
« Je résolus d'en avoir le cœur net et de faire une expérience pratique. Je lin
part de mon projet à M. Rouvière qui, de pon côté, lit analyser des déchets de
silo. — Cette analyse a révélé dans les détritus de silo une richesse ferlilisante
de beaucoup supérieure à celle des meilleurs engrais de ferme.
« L'expéiience pratiaue que je viens de terminera Montlédier, donne raison à
ja théorie. Sur 3 ares a'une terre silico-schistense très maigre, j'avais semé de
l'avoine de printemps et à la récolte je viens de trouver :
Paille. Grain.
■1 ■ KilOK Kilog.
Sur 1 are cultivé sans fumier 10.00 3.5
Sur 1 are cultivé avec 300 kilog, fumier de ferme 3! 00 ."> 8 '■!
Sur 1 are cultivé avec 3(j0 kilog. déchets de silo 39.00 6.9 ''
« Gela d'ailleurs n'a rien de surprenant puisque les fourrages qui servent, à
l'iilimentation du bétail ne renferment pas seulement les éléments du fumier
éliminés par la digestion, mais encore les produits qui auraient pu être assimilés
par le corps de l'animal. .;;!i.
« Ces considérations me semblent de nature à rassurer les agriculteurs llisej
plus timorés et à dissiper entièrement les craintes dont je parlais plus haut. >-^
« En somme la pratique de l'ensilage à l'air libre présente les avantages le/S'
plus sérieu,\ et les plus incontestables ;
ce 1» Certitude de conserver pour l'hiver les fourrages verts que dans bien des cas
l'on n'aurait pu sécher convenabletnent;
« 2" Economie notable dans la récolte par suite de la rapidité et la facilité de la
main-d'œuvre ;
«3° P]conoinie ou plutôt suppression totale de dépenses pour l'installation;
« tfp Enfin utilisation avantageuse comme engrais des parties trop avariées pour
servir à 1 alimentation du bétail.
« C'est à vos encouragements et à vos bienveillants conseils, monsieur l'inspec-
teur général, que je dois d'avoir poursuivi mes recherches dans cotte voie et je
tiens, en vous exposant les résultats obtenus, à vous en témoigner toute ma
reconnaissance.
« Je vous prie d'agréer, etc. Jules CormOULS-Houlès. >>
Les expériences dont on vient de lire le résumé sont extrêmement
intéressantes. Toutefois nous ajouterons une remarque, c'est que les
fourrages ne sont pas cultivés pour être convertis en engrais, mais
bien pour être consommés par le bétail. Il faut donc prendre les me-
sures nécessaires pour éviter, autant que possible, toute déperdition
de substance ulilit^able. Celte observation n'enlève d'ailleurs' rien au
mérite des expériences dont on vient de lire les résultats.
XV. — Création d'une école de laiterie en Angleterre.
Lord Vernon, ancien président de la Société royale d agriculture
d'Angleterre, a laissé par son testament un legs pour la création
d'une école de laiterie à Sudbury, dans le comté de Derby. Cette école
a été ouverte récemment; c'est la première institution de ce genre qui
existe en Angleterre. Ses débuts sont modestes, car elle ne compte que
huit élèves; mais il n'y a pas à douter que, avec l'esprit pratique
qui distingue nos voisins d'outre-Manche et vu l'ardeur qu'ils appor-
tent aujourd'hui à développer leur production laitière, le nouvel éta-
blissement prendra bientôt une grande imporlance.
XVI. — Hommage à M. Chevreul.
M. Chevreul, l'illustre et vénéré président de la Société nationale
d'agriculture, né le 3 i août 178G, va entrer dans sa quatre-vingt-dix-
neuvième année. A cette occasion, les étudiants des ^'acuités de Paris
se préparent à lui faire une ovation. C'est une heureuse pensée, à
laquelle nous nous empressons d'applaudir, avec tous les admirateurs
de ce grand vieillard. J.-A. Barral.
NOTES SUR l'agriculture ALLEMANDE. 32 9
NOTES SUR L'AGRICULTURE ALLEMANDE '
Il est certain, pour nous, comme pour tous ceux qui nous ont précédés, que le
régime économique de l'Allemagne a été le principal facteur de la prospérité agri-
cole et industrielle du pays que nous venons de parcourir; que les taxes équitables
qui frappent la plupart des produiis agricoles étrangers à leur entrée en Allemagne,
ont eu pour effet d'empêcher chez nos voisins, la dépiession que subit depuis quel-
ques années l'agriculture française; et qu'à part les circonstances que nous allons
enumérer plus loin, c'est le régime économique qui a fait leur supériorité — supé-
riorité temporaire, espérons-le — de nos voisins.
Culture de la bellerave à sucre. — 11 est inutile de répéter, ce que tout le monde
Sait, que le régime de l'impôt sur la betterave a été le point de départ de cette
prospérité, et que les Allemands ont su depuis quelques années augmenter d'uue
manière remarquable la richesse saccharine de leurs betteraves et réaliser de ce
chef de grands bénéfices. Un tableau annexé à la fin de cette brochure nous
démontre, d'une manière irréfutable, que le bénéfice de la campagne 1883-84, de
la sucrerie de Lœfferde, a été de 17 fr. 55 par l,(iOJ kilog. de betteraves.
Nous devons reconnaître aussi que le sol du Hanovre, du Anhalt, de la pro-
vince de Saxe, etc., est très riche, léger, ne redoutant ni la sécheresse, ni l'hu-
midité, pulvérisé en hiver par des gelées qui ne lont jamais défaut, se travaillant
au printemps avec beaucoup de facilité. Point n'est besoin, comme chez nous, de
puissants instruments pour réduire les terres trop compactes. Deux chevaux suf-
fisent à faire un labour qui en exigerait quatre ch-z nous.
Quant à la main-d'œuvre, on a vu par tous les chiffres que nous avons recueil-
lis, qu'elle est moins chère que chez nous et plus abondante. Nous devons ajouter
cependant qn'il n'y a point u'éiionornie de ce chef, car, à cause de son bon marché,
la main-d'œuvre n'est pas économisée.
Il en est de même du corabusiible. Dans tous les districts betteraviers, le ligoite
se trouve à fleur de terre; on en fait une grande consommation, et la dépense
de chauffage est presque aussi élevée dans les usines allemandes que dans les
nôtres.
Mais une des principales causes de la prospérité des fabriques de sucre chez
nos voisins, c'est, selon nous, l'association des producteurs de bettenves. En Alle-
magne 80 pour 100, en Autriche 50 pour 100 des usines sont entre les mains des
cultivateurs associés, et ce sont ces sucreries qui donnent le plus de bénéfices.
Ajoutons que, devant la crise qui meoace la production sucrière, ces fabriques
pourront plusaisémentque d'autres supporter les mauvaises campagnes et se pas-
ser de dividende pendant plusieurs années.
Nous reccnaaissoQS, étant donné l'établissement actuel de nos usines, que l'as-
sociation n'est pas possible chez nous. Nous appelons l'attention de nos confrères
sur ce point et nous affirmons qu'il y a nécessité absolue d'avoir une entente par-
faite, sans arrière-pensée, entre le cultivateur et le fabricant, chez l'un pour pro-
duire une betterave riche de 12 à 14 pour 100 de sucre, chez l'autre pour la piyei
selon sa valeur de 25 à 30 francs. Sans celle entente, ceit la ruine qu'aucune
législation ne saurait empéclier.
De l'aveu de toutes les personnes compétentes, l'outillage industriel des sucre-
ries n'e-it pas généralement supérieur au nôtre, mais la livraison de la matière
première s'y tait d'une toute autre manière. Le système de râperies qui évite tant
ae charrois, n'est pas pratiqué eu Allemagne; on en cite seulement deux ou trois.
Les fournitures sont faites au fur et à mesure des besoins de l'usine qui travaille
cinq ou six mois. Les betteraves sont mises en silos, par les cultivateurs, dans les
champs; cli.Tquesilo contient 4,000 à S.Oi'O kilog. Les betteraves, bien décolletées,
arrivent plus propres à I usine ; l;i terre est plus sablonneuse et moins adhéiente.
Toutes les cours et tous les passages sont pavés ; le déchargement se fait à cou-
vert sous des hangars éclairés souvent à la lumière électrique.
Quant aux pratiques culturales des Allemands, l'agriculture française peut les
imiter dans une certaine mesure. Nulle part, en Allemagne, nous n'avons rencon-
tré de betteraves faites sur fumier. Sans être aussi ligides que nos voisins, nous
croyons que 1 on pour-ait, comme mesure de transition, appliquer du fumier bien
décomposé à une partie des terres destinées aux betteraves ju'^fiu'à l'aiilonine. Tdus
1. I onciusions du rapp irt sur le voya},': a,'ncoie eu Allemagne ei en Auinchi, esécule par la
délégation de la Société d'agriculture de Meaux.
330 NOTES SUR L'AGRICULTURE ALLEMANDE.
les lahours profonds sont faits avant Thiver, des façons superficielles sont don-
nées au printemps. Les engrais chimiques sont largement em|iloyés ; en général
1 de^'ié d'azote comre 2 d'acide pho-iphoriffue. L'azote nitrique nous, a putu plus
souvent employé que l'azote ammouiacal. L'usage de semer l'engrais dans le
rayon de la betterave n'eNt y)as très répandu. Comm:- graine, on nous a déclaré
15 à 30 kilog. à l'iiectare. Dans une seule ferme nous avons rencontre des planta-
tions sur billons. Les binages sont très bien soignés, ainsi que les buttages Au
mois de juillet, nous avons vu dans toutes les plaines, des chevaux et des boeufs, traî-
nant la butteuG!". dans des rayons de 37 à 42 centimètres d'écartemeot. Nous avons
compté de U 0,000 à 150,000 pieds à l'hectare. L« rendement miyen ne pa'aîl
pas dépasser une moyenne de 28,000 à 38,000 kilog. L'Allernagne ne produit
pas de meilleure graine que nous; un grand nombre de fabri pies s'approvi-
sionnent chez nos producteurs : Desprez, Simon Legrard, et surtout 'Vilmorin.
Partnut, on i ous a cité la graine Vilmorin avec éloges; c'est elle qui donne les
meilleurs rendements en sucre.
Culiure des céréales. — Le fumier employé pour les céréales et pour les pnni-
mes de terre est bien plus consommé que le nôtre. Sur toutes les routes, nous
av^os trouvé des composts de terres, de défécations et de fumier, qui restent en
dépôt pendant plusieurs mois. Les blés S'iire/}'s,doni on a tant parlé depuis quel-
que temps, ont une ceraine analogie avec les blés de Bordeaux ou les blés Roseau ;
la paille est assez courte et cassante, et le grain est moins ^stimé. On le sème très
dru, '220 kilog. à l'hectare dins le courant d'octobre. Dans les enviroiis de Hino-
vre et d'Hildeshcira, il n'est pas rare de trouver des blés d'un rendem"nt de 30 à
40 quint:iux Ces blés ont déjà été essayés en France, dans l'Aisne et dans Seine-
et-Marne Notre compatriote, M. B''andin, de Lieu-aint, nous déclare avoir obtenu
35 quintaux. Nous avons acheté plusieurs centaines de 'acs, et nous espérons mul-
tiplie* les essais dans nos environs. Cependant il est à n )ter que l'usage du blé
Sbireff n'est pas aussi général qu'on le pense et qu'il ne donne pas pirtout de
bons résultats.
Dans les districts que nous avons parcouru son fait très peu d'avo-'nes ; celles que
nous avons vues sont des variétés blanches, t'-ès fortes mais tardives. Les rende-
ments qu'on nous a déclarés ne sont pas comparables à ceux du blé et n'atteignent
pas la moyenne de nos bonnes fermes.
Le seigle et l'orge sont les céréales les plus répandues dans tous les assolements.
L'orge surtout réussit très bien dans ce sol riche et léger, et donne des rende-
ments extraordiuaii'es. L'orge Chevallier, l'orge impérial, sont très recherchées
pour la brasserie; le grain est Lknc et lourd.
Grâce à la facilité de la main-d'œuvre, toutes les céréales sont semées en lignes
et sarclées au printemps.
Foinra'ies. - Le point qui fiappe le plus les étrangers, c'est la petite quantité
de termes réservées aux fourrages : ti es peu de luzerne, trèfle et sainfoin. Les
supports en bois pour faire sécher les fourrages sont très i.ngénieux, m lis doivent
coûter très cher. On remplace tous nos fo irrages par des pois et des fèveroies
ui présentent partout une m^ignifijuc végétation. Partout aussi nous avons vu
'immenses champs de pommes de terre, dont une partie sert à la nourriture des
animaux et l'autre à la distillation.
LocniO'if, impôis. Voici de cnnimunicntion. — La valeur locative des terres
a sulii, de.iuis quelques années, une certaine augmentation dans les districts bet-
teraviers; la va'eur vénale a augmenté de même autour des usines et 'les villages ;
quant aux impôts, ils sont, comme chez nous, assez considérnbles. Nous n'avons
pas pu nous procurer des rensei^'uements sur les clauses d--s baux à ferme ; il est
évident que tous les fermiers qui sont engigés et actionnaires dans les sucreries,
doivent avoir de longs baux et de grandes sécurités pour l'avenir.
L°s transports par chemins de ter sont un peu ranins chars que chez nous;
toutes facilités sont données au cultivateur et au labricant. Chiique expéJitewr
doit faire à la gare qui le dessert, une déclaration préalable, pnir indi picr la
quantité approximative de betteraves qu'il aura à livrer et le nombie de wagons
dont il auia besoin.
Les routes sont moins larges que les nôtres. En Saxe, en Bohème, en Mira'vie,
il existe encore des péages dont le produit est de-tiné à l'entretien des cliaus^ées.
Mais ce que nous ne saurions tiop recommander à l'attention de nos concitoyens,
ce sont les belles plantations d'arbres fiuitiers qui bordent tout-^s les routes ilépar-
tementales et vicinales. An lieu des peupliers, qui portent un omibrage uuisible
3
NOTES SUR L'AGRIGULTDRE ALLEiTANKET. 331
aux chaussées et dent les racines font un tort considérable aux pnpriéfés voisines,
les arbres li'aitiers : cerisiers, pommiers, poirieis, lonniisseiU cli.i (ue année, aux
adm'nislralioQS départementales et commun îles nn revenu assoz élevé. Li popu-
lation ouviière trouve dans la récolte des fruits une oc;U|iaiiou rémunératrice.
De.\liim.i;. — Sauf pour les ciievaux, qui sont excellents partout, mais surtout
dan'^ le Hanovre, nous n'avons rien à eavier aux bestiiux de l'Allemagne. Les
bœ ifs wurtembergeois ressemblent à nos comtois, les boeufs hon^r.iis sont vifs
et durs, mais l'eagraissement est très diflicile; quant aux vaches laitières nous
avons vu les établt-s peuplées de hollandaises et de suisses Les montons à laine
font place, comme chez nous, aux moutons à vimde; on croise b^aucoip les
races du paj's avec des béiieri anglais à laine courte : souihdown, oxfordsliire-
down, shropshiredown, etc. Les porcs sont nombreux, leur viande constitue le
fond de la nourriture de tous les habitants.
La préparation des nourritures des animaux est très soignée : hachage des
fourrages verts ou secs, ciii.s^on des pommes de terre, concassagp. des grains,
mélanges de toutes sortes, etc.; ces procédés sont bien connues en France^ mais
sont trop rarement employés.
Dans toutes les petites fermes et dans les villages on vo t très peu de volailles,
excepté de-* oies.
L'industrie laitière a fait de grands progrès depuis quelques années dans la
pro luction du beurre, grà:e à l'emjjloi de l'écrém-u^e cenirifug: etd; tous les pro-
cédés nouveaux ; dans beaucoup de fermes, on conserve de la glace pour l'usige de
la laiterie.
Ouiillnge. — Sauf dans les grands domaines, les instruments sont simples,
économiques et ne présentent aucune particularité digne d'être sio^nalée. Nous
pouvons dire que l'outidage des termes de la ré?;ion du nord de la Fiance est au
moins égal à ce que nous avons vu; beaucoup d'instruments anglais, notamment
des locomobiles et des batteus-s.
EaseigAeineiil agricole. — Nous avons été frappés de voir comiiiei renseigne-
ment professionnel est en fare-ir en Allemiiae, noi seilemint dans la grande,
mais aussi dans la moyenne et la pe ite culture. Sin-s pirler des écoles iirati |ue.s
de laiterie, de sucrerie, n ms si.(n lierons seulement l'éc d". d"a,''ricu ture d Hddes-
heim, qui compte 250 élèves; il y a en Allemigoe 19 éc^des de ce genre. En
Autriche, l'industrie agricole est moins avancée, mais depuis qiel[ue-î année»,
l'Etat a fondé de nombreux établissamtjnts de c^ genre. Njus avons eu France de»
savants éminents, dont les beaux travaux sur la physiolo.^ie végétale sont connus
partout, mais il nous semble que le» cultivateurs allemmls, gnnds et petits, ont
su, plutôt que nous, appliqier dans la pratipae toutes les dé:ouv!rtes de ïa
science. Soyons persuadés que tout progrès ne peut venir que le la science.
Conditioas de ta prodaclion di la bcHaraoi) riche — E i présence ai la nou-
velle loi qui vient d'être votée par les Chambres, nou-s croyiin-j qu'il est po-isibli-
aux cultivateurs français de produire delà betterave liche comme en Allemagne,
à la condition :
1° De ne pas fumer directement les terres destinées à la betterave, et, comme
mesure de transition, d'employer du fumier bien dico up t-ié jus [u'à l'automn-;.
2° De faire usage d'engrais chimiques d'une minière juluueuse, généralement
dans la proportion de I d^in^é d'azote contre i di^rés d'à -il! ph>sphori (ue.
3° De labourer profondément avant l'hiver et de ne donn^jr que des façons super-
ficielles au printemps.
4" De n'employer que de bonnes graines, d'autant plus riches que la fumure
sera plus abondante.
5° Du laisser au moins 100,000 pieds à l'arrachage.
6° De rechercher par tous les moyens pos-iibles : association, coopération, etc.,
Funion intime des cultivateurs et des fabricants, a(ij que le prodicteur soit inté-
ressé à faire de la bonne batterive, et que cette bjtrerave, q i produira moins de
poids, tout en exigeant plus de frais, lui soit payée à sa valeur.
Ju es BfiN\RD,
Vice-président de U Sooiéiè dasiicullure de Meaax.
SUR L'EMPLOI AGRICOLE DES SUPERPH03PIL\.TES
Dans les études que je poursuis depuis vingt ans à l'Ecole de Gri-
gnoD, je me suis efforcé de- lier la coinpositioa de la terre arubk déter-
332 IeMPLOI agricole DES SUPERPHOSPHATES.
minée au laboratoire à rinfluence qu'exerceat sur elle les engrais
variés que j'y ai essayés.
Les superphosphates n'exercent sur le sol de Grignon aucun effet
utile, ainsi qu'il ressort des chiffres suivants, moyenne de quatre
années d'expériences ( 1 875-1 878 j' :
Maïs fourrage. Pommes de terre.
Engrais employés. Récolte verte Tubercules sains
à l'hectare. a l'heciare.
Azotate de soude seul 65,3.i,) kilog. 27t) luctolit.
Azotate de soude et superphosphate 65,316 311
■ Sull'ite d'ammoniaque .seul 60,03o 290.5
Sulfate d'aramonijque et superphosphate. 60,ÎI6 278
.Sans engrai.s 58, 300 278
Superphosphate seul 58,100 276
La quantité d'acide phosphorique contenue dans le sol n'est cepen-
dant pas excessive; elle varie de 1 gr. 08 par kilogramme pour les
parcelles les plus pauvres, à 1 gr. 92 pour les plus riches et l'on ne
peut attribuer le peu d efficacité des engrais phosphatés à l'abondance
de l'acide phosphorique; car MM. Corenwiuder et Contamine ont
reconnu qu'un sol présentant une richesse en acide phosphorique
semblable à celle de Grignon bénéficiait encore de l'emploi des super-
phosphates \
Il ne suffit pas, en effet, pour prévoir l'action de ces engrais, de
déterminer la quantité d'acide phosphorique toiale contenue dans le
sol : il faut encore s'efforcer de distinguer à quelles bases il est uni;
s'il forme des phosphates de protoxyde, il pourra être assimilé par les
plantes, puisque ces phosphates sont légèrement solubles dans l'acide
carbonique, tandis que, s'il est engaa;é en combinaison avec des
sesquioxydes, l'acide carbonique du sol sera sans action. On peut,
sans grand inconvénient, substituer dans la recherche de l'acide phos-
phorique assimilable, à l'acide carbonique, de l'acide acétique; c'est
ce que j'ai fait, et c'est aussi cet acide qu'a employé récemment
M. l^e Ciiartier.
En faisant agir l'acide acétique sur les terres de Grignon, on trouva
des chiffres variant de 0 gr. 2u8 à 0 gr. 520 d'acide phosphorique
dissous par kilogramme de terre.
Ainsi une fraction importante de l'acide phosphorique du champ
d'expériences s'y trouve à un état tel que les plantes peuvent l'utiliser,
et l'on conçoit dès lors le peu d'efficacité qu'y présentent les super-
phosphates.
On se demanda, en ouire, si, en poursuivant ces études, on ne
pourrait pas en tirer des indications susceptibles de guider les cultiva-
teurs dans l'emploi des superphosphates.
Un certain nombre d'échantillons de terre de provenances très
variées fut examiné'", et tous les essais montrèrent qu'une fraction de
l'acide phosphorique était soluble d;ins l'acide acétique ou dans le
citrate damtnoniaque. Il n'en est certainement pas toujours ainsi,
puisque M. Tlienard* a reconnu, il y a longtemps déjà, qu'une teri'e
amendée avec du noir animal ne renfermait plus l'année suivante que
des phosphates de se^i|uio\yile, puisque j'ai eu moi-même occasion
1. Annales agroiioniûiues, t. V, p. IM. {Ltades sur le aol du champ d'expé rieni.es, par
MM. Deh'Fiin et Meyer.)
2. Annales agronomiques, t. IIl, p. 4^1; 1877.
!!. Annales agrmiomiqucs, t V, p. liil ; 1879.
4. Comptes rendus de l'Académie, t. XLVi, p. 212; 1858.
EMPLOI AGRICOLE DES SUPERPHOSPHATES. 333
d'observer le même fait pour une terre de Sologne ' ; mais très habi-
tuellement les sols renferment une fraction importante de leur acide
phospliorique à l'état assimilable; d'où il faut conclure que, bien que
les pliosphates soient nécessaires au développement des plantes, l'em-
ploi des engrais phosphatés n'est pas toujours avantageux, car le sol
lui-même peut subvenir, sans aucune addition, aux besoins des végé-
taux, quand il renferme une quantité d'acide phosphorique qu'il reste
à déterminer.
Il résulte d'études exécutées par M. Roussille il y a quelques années,
à l'École de Grandjouan, en Bretagne, que les terres des landes renfer-
mant, par kilog , 0 gr. 05 d'acide phosphorique ne donnent aucune
récolte sans addition de phosphates, mais qu'une terre dont la teneur
en acide phosphorique était montée par des apports successifs de fu-
mier et de noir animal àO gr. 380 par kilog. pouvait nourrir ses plantes
sans une nouvelle addition d'engrais phosphatés; il est probable que ce
chitïre représente la limite inférieure et qu'on pourrait à coup sûr con-
seiller l'emploi de phosphates dans des terres ne renfermant qu'un
demi-gramme d'acide phosphorique par kilog.
11 resterait à chercher la limite supérieure au-dessus de laquelle
l'emploi de cet acide phosphorique devient utile.
Cette limite est plus difficile à formuler, car il faut faire entrer dans
le calcul le cube de terres dans lequel les racines peuvent puiser.
En effet un de mes anciens élèves, M. Nantier, actuellement directeur
de la Station agronomique de la Somme, a cultivé un sol renfermant
2 gr. 52 d'acide phosphorique par kilog.", et cependant les super-
phosphates y exercent une action marquée faisant passer la récolte des
pommes de terre de 3,000 kilog. à l'hectare à 4,000, celle des bettera-
ves de 28,200 à 45,600.
M. Nantier explique le désaccord constaté entre la quantité d'acide
phosphorique dosée et l'action des superphosphates, parle peu d'épais-
seur de la terre examinée; elle ne présente guère que 0 m. 15; il
calcule que la quantité d'acide phosphorique que renferme le sol qu'il
a cultivé est seulement de 2,800 kilog. par hectare environ, tandis qu'à
Grignon le champ d'expériences présente une profondeur d'au moins
0 m. 35, de telle sorte que la quantité d'acide phosphorique y dépasse
partout 4,000 kilog. et atteint même 7,000 kilog. dans les parcelles les
plus riches, chiffres qui concordent avec ceux qui ont été déterminés
par SIM. Schlœsing et deGasparin dans les nombreuses analyses qu'ils
ont exécutées sur des terres très variées.
Je serais porté à penser que, lorsqu'une terre renferme plus de 4,000
kilog. d'acide phosphorique à l'hectare, qu'une partie de cet acide est
solublc dans l'acide acétique, et quenfm cette terre reçoit régulière-
ment du fumier de ferme, l'emploi des engrais phosphatés n'a pas
Grande chance de réussite.
Toutefois, pour qu'une telle règle puisse être formulée avec préci-
sion, il faut qu'elle s'appuie sur un très grand nombre d'exemples, et.
à cepoint de vue, les recherches auxquelles se livre M. LeChartier pré-
sentent le plus grand intérêt. Il est clair que si Ton réussit à lier la
composition immédiate des sols à l'action qu'exercent les engrais, on en
tirera des indications précieuses pour la pratique agricole; car c'est
1. Comptes rendus de lAcadémie, t. XLVH. p. 988; 1S58.
2. Annales agronomiques, t. IX, p. 192 ; 1883.
3â4 EMPLOI AGRICOLE DES SUPERPHOSPHATES.
de l'étude des sols qu'il faut tirer la nature des engrais à employer. Il
y a longtemps que M. Chevreul a insisté sur leur rôle essentiellement
complémentaire, et c'est en m'inspirant de ses idées que j'ai proposé
de définir l'engrais : la matière utile à la plante qui manque au sol.
P. -P. Dehérain,
Professeur au Muséum d'histoire naturelle
et à l'école nationale d'agriculture de Grignon.
LA LEGISLATION ET LA POLICE SANITAIRE
DES ANIMAUX DOMESTIQUES DEVANT LA VACCINATION PRÉVENTIVE
Jusqu'en 1882, les mesures de police sanitaire en France étaient
régies par de vieux arrêts surannés et décrépits, dont les plus frais
dataient de quinze ou vingt lustres. Une législation nouvelle bien fixe
et bien établie était indispensable : chacun la demandait à grands cris,
pensant trouver là de vraies et réelles mesures pouvant servir de bar-
rières aux maladies contagieuses. Vint la loi du 21 juillet 1881 — et
ses indemnitées allouées à certaines affections : typhus et péripneu-
monie — sans vouloir faire aucune allusion aux imputations de gas-
pillages faits en Corse avec les fonds lalloués à la péripneumonie. Je
le demande hautement à tous, la nouvelle loi a-t-elle répondu à l'attente
générale';' Je ne le crois point. La simple fièvre aphteuse n'a-t elle point
régné pendant toute l'année dernière sur nos animaux domestiques
avec une ténacité sans pareille? A-t on jamais vu les Compagnies de
chemins de fer qui percevaient des droits fixes de 3 fr. à 3 fr. 50 par
wagon se moquer plus joyeusement et du service sanitaire et de leur
clientèle. Un marchand de bœufs de mes clients, qui fait chaque
année les grandes foires aux bestiaux de la Bretagne, de l'Anjou et du
Nivernais, m'affirmait que bien souvent les wagons à bestiaux fournis
par les Compagnies de chemins de fer n'étaient même point nettoyés,
bien que payant annuellement pour sa part, aux Compagnies,
5,000 fr. pour désinfection.
Il pouvait, me direz-vous, refuser ces wagons. Cela est vrai. Mais
sachez, lecteurs bénévoles, qu'il est très important pour un marchand
de bestiaux de pouvoir, aussitôt qu'il a pu réunir dix animaux sur le
marché, les jeter dans un wagon el s'en débarrasser immédiatement
en les expédiant à sa clientèle par le premier train. Il y a foule dans
les gares d'expédition, c'est à qui aura la chance d'obtenir un wagon
pour embarquer; si vous refusez le véhicule plein de fumier que l'ad-
ministration met à votre disposition, malgré vos 3 fr. 50, un autre
s'en emparera ; vous attendrez une journée et plus pour obtenir un
wagon désinfecté; non seulement votre expédition sera en retard sur
celle de vos concurrents, mais il faudra en outre alimenter vos ani-
maux, payer l'établage, mécontenter la clientèle qui attend et man-
quer peut-être le marché aux bestiaux voisin qui se fait le lendemain.
Pour toutes ces nombreuses et éloquentes raisons, car il s'agit d'éco-
nomies, les marchands sont obligés de passer sous les fourches cau-
dines des Compagnies de chemins de fer, et de payer quand même la
taxe de désinfection que touchent avec empressement les Compagnies,
qui n'enlèvent même point les fumiers de leurs véhicules. On com-
prend immédiatement avec quelle facilité s'étendent les maladies con-
tagieuses et avec quelle rapidité elles envahissent toute une région et
tout un pays. C'est là la raison pour laquelle la fièvre aphteuse a fait
LA POLICE SANITAIRE DES ANIMAUX DEVANT LA VACCINATION. 335
taat de victimes en France il y a un an. Mais, me direz-vous, le ser-
vice sanitaire n'est donc point organisé? il ne fonctionne donc point?
Le service sanitaire, allons donc! Apprenez, lecteurs, que certains dé-
partements, en vertu d'un article 30 de la loi du 21 juillet 1881, ne
sont même point tenus à l'application de la loi. Dans ces départements,
des empiriques (bien qu'on ait dit que les vétérinaires faisaient dé-
faut et que le service ne pouvait être assuré), des empiriques, dis-je,
très intluents, ont fait des démarches auprès de leurs députés ou de
leurs sénateurs et ont obtenu pour leurs départements que cette loi,
qui les ennuyait et contrariait leur petit commerce, fût prorogée
pour un délai de plusieurs années. Voilà pour l'unité du service;
quant à son application, c'est peut-être pire encore. J'exerce dans un
département où le service sanitaire est organisé; je fais partie de ce
service auquel je collabore le plus activement possible; le préfet du
département, mon grand chef, me charge bien d'aller visiter les wagons
à bestiaux et de sui'veiller leur désinfection; mais je ne suis point
rentier et je me soucie fort peu de faire 30 ou 40 kilomètres pour
visiter les gares et les wagons à bestiaux de la région ; on ne fait point
la guerre à ses frais. — Aucune indemnité n'est allouée à ceux qui
font ce service; on ne paye même point les réquisitions faites réguliè-
rement par l'autorité pour visites sanitaires. Depuis trois ans, je n'ai
point touché une obole; j'ai dû faire de nombreuses visites, des autop-
sies de chiens enragés, des procès-verbaux, des rapports, que sais-je?
Il est vrai que j'ai reçu quelques lettres de félicitations de M. le pré-
fet, louant mon zèle et mon dévouement. Comme le coq de La Fon-
taine, je répondrais volontiers que le moindre ducaton eût fait beau-
coup mieux mon affaire.
Malheureusement pour mes confrères du service sanitaire, je ne suis
point le seul dans ce cas. il en est même à qui il est dû des sommes
relativement importantes. Peut-on, à ces gens qu on ne paye point,
demander du zèle et du dévouement? Je l'avoue sincèrement, en ce
qui me concerne et d'après ce que j'ai vu dans l'application des vieux
arrêts et de la nouvelle loi, je n'y ai point trouvé de différence, cela
va tout aussi mal qu'avant.
On peut supprimer la loi, les maladies contagieuses ne feront point
une victime de plus. Que voulez-vous exiger de vieux braves maires
de campagne qui ignorent même la loi du 21 juillet 1881 ? Tout ce
que j'avance est si tristement vrai que M. le ministre de l'agriculture
lui-même a dû intervenir dans la question par sa circulaire aux pré-
fets, en date du 20 mai dernier. A mon point de vue, la seule et vraie
bonne loi sanitaire, la seule vraiment pratique, la seule dont le paysan
sollicitera lui-même l'application, parce qu'elle tl-ittera ses intérêts
particuliers : c'est la vaccination préventive. Demandez aux pays rava-
gés par le charbon si les propriétaires des troupeaux atteints de sang
de rate ontjamais l'ait les déclarations et pris les mesures édictées par
les lois. Tous vous répondront négativement. Pourquoi l'auraient-ils
fait? pour se créer des entraves, s'amener des embarras pour circuler
librement avec leurs troupeaux, pas si bêtes! Voyez au contraire le
relevé des vaccinations pastoriennes, c'est par centaines de mille qu'on
les chiffre chaque année. Il n'est pas un être intelligent en France qui
oserait nier les bienfaits de la vaccination ; pourquoi attendre alors
et ne point rendre obligatoire cette opération consacrée par 'a pra-
3:î6 la police sanitaire des animaux devant la vaccination.
tique? Ce qui est vrai pour le charbon est-il faux pour le choléra des
poules, pour la péripneumonie, le charbon symptomatique, le rouget,
îa rage, etc. L'expérimentation a prouvé au contraire que tous les
animaux inoculés étaient prémunis pour un temps relativement long.
Vous avez un moyen excellent, véritablement pratique, le seul vrai,
scientifiquement vrai et réellement efficace d'arrêter net les maladies
contagieuses, c'est la vaccination préventive. Pourquoi cherciier des
lois, instrumenter des décrets? Pourquoi ne point vacciner toutes les
maladies contagieuses connues? Serait-ce parce qu'un savant illustre
de votre pays les a étudiées et vous a donné les moyens de les ariê-
ler dans leur marche? Soyons logiques et surtout pratiques. Le virus
aphteux peu étudié jusqu'alors se transformera facilement en vaccin,
nous n'en doutons point; c'est dans ce but, du reste, que nous en
avons recueilli et envoyé il y a quelques mois au laboratoire de
M. Pasteur. Le cercle des maladies contagieuses se restreint chaque
jour davantage, et le député qui proposerait un projet de loi tendant à
l'obligation de la vaccination de toutes les affections contagieuses
connues non seulement ferait une œuvre durable, mais il rendrait en
outre à l'agriculture et à l'élevage un service des plus éclatants et
surtout inappréciable. 11 illustrerait son nom en le liant aux grandes
découvertes scientifiques modernes et ferait disparaître du même coup
et les maladies contagieuses, et toute cette législature sanitaire d'une
application impossible. Aug. Eloire,
Médecin- vétérinaire.
EMPLOI DU FUMIER DE CHEVAL
Dans un précédent article publié l'année dernière par le Journal, j'ai
fait voir à ses lecteurs ce que devenait la quantité énorme de fumier
produite par les milliers de chevaux de la capitale. Toute cette produc-
tion considérable est employéepar les maraîchers pour la construction
de leurs couches sur lesquelles ils fabriquent ces primeurs si estimées
de toutes les grandes villes d'Europe. Le grand rôle de ce fumier est
de fermenter et de produire ainsi de la chaleur, grâce à laquelle l'on
peut obtenir des récoltes de légumes frais pendant les rigueurs les plus
fortes de l'hiver.
Le prix qu'atteint sur le marché de Paris le fumier de cheval est très
élevé ; j'ai eu l'occasion d'établir qu'il est en moyenne de 5 à 6 francs
le mètre cube. Quand il a fermenté, quand il a donné toute la chaleur
que celte fermentation était capable de lui faire produire, il n'a plus
pour le maraîcher qu'un rôle secondaire : il servira en partie à former
le terreau avec lequel on recouvre les couches et dans lequel l'on
plante et sème les légumes, mais la plus grande part sera vendue
aux cultivateurs des champs qui l'emploieront à fumer leurs cultures.
De l'examen de ces faits, il ressort deux considérations qu'il convient
d'examiner de plus près : c'est d'abord que le fumier de cheval est
acheté par les maraîchers principalement pour utiliser la chaleur qu'il
donne en fermentant; qu'ensuite il n'a pas perdu toute valeur comme
engrais, puisque les cultivateurs l'achètent et s'en trouvent bien.
On a souvent cru que les maraîchers employaient les quantités
prodigieuses de fumier qu'ils achètent chaque année pour l'utiliser
surtout comme engrais, d'où il est sorti bien des envisagements erronés.
C'est ainsi que l'on a été jusqu'à dire que quand la théorie du tout à
EMPLOI DU FUMIER DE CHEVAL. 33
l'égout aura enfin reçu une application générale, les maraîchers dispa-
raîtront de l'enceinte de Paris pour aller cultiver là où seront déver-
sées les eaux de la capitale; c'est une illusion. absolue. Les maraîchers
n'ont rien à voir avec l'engrais que l'eau des égouis pourrait leur four-
nir, à telle enseigne que l'eau dont ils ont besoin en si grande abon-
dance, doit être avant tout claire, limpide, et dépourvue de matières
capables de souiller les feuilles des légumes cultivés.
Est-ce à dire pour cela que l'emploi des eaux d'égoùt doit être
proscrit? Loin de là, mais il ne faut pas confondre la production des
maraîchers de Paris avec celle des cultivateurs de la banlieue. Les
premiers sont avant tout des primoristes, leur production principale
consiste à fabriquer des légumes hors saison; ce sont les artistes de la
culture. Les seconds ne s'attachent qu'à ce que donne la pleine terre
sans ie secours de vitrages ou d'autres engins protecteurs. C'est de
ceux-là que dépend l'utilisation des eaux d'égout qui peuvent leur
rendre de grands services, mais ces eaux n'ont rien à voir chez le
maraîcher. Il importait d'établir ces deux délimitations qui corres-
pondent à deux systèmes de culture absolument différents. D'oii il
résulte que l'on pourra utiliser les eaux de tous leségoutsde Paris sans
gêner pour cela un seul maraîcher et sans rien modifier dans sa façon
habituelle de cultiver.
Le maraîcher, pour produire ses primeurs, doit avoir à son service
une source artificielle de chaleur; rien jusque-là n'a pu remplacer pour
lui l'utilisation du fumier de cheval; c'est pour cette raison qu'il
n'hésite pas à l'acquérir même à des prix très élevés ; c'est pour cette
même raison qu'il le revend quand il a perdu ses propriétés fermen-
tescibles calorigènes. Le prix de cette chaleur produite est facile à
estimer. 11 est égal en effet au prix d'achat du fumier moins le prix de
vente du résidu, soit 5 fr. 75 pour toute la durée de la couche, prix
calculé pour un châssis dont la surface est à peu près égale à I m. 70.
Ce premier point établi, il importait de voir si le fumier ainsi utilisé
perd de sa valeur comme engrais, car il est clair qu'en admettant que
si la richesse du fumier sortant de couche est sensiblement ésale à
celle du fumier de plate-forme, l'agriculteur producteur de fumier
aurait un intérêt énorme, intérêt égal à 5 fr. 75 par châssis, à faire
passer tous ses fumiers de chevaux par la culture forcée et à le resti-
tuer ensuite à la grande culture.
Des expériences que j'ai faites sur ce point, cette année, à l'école de
Grignon, m'ont amené à conclure que tout le fumier de cheval pourrait
être employé à la culture forcée, pour revenir ensuite comme un excel-
lent engrais aux champs de grande culture.
Mes expériences ont porté sur des couches faites dans les premiers
jours de février, sur lesquelles l'on a pratiqué des cultures maraîchères
normales.
Deux couches identiques furent construites le même jour avec le
même fumier; chacune d'elles présentait une surface de 10 mètres sur
une hauteur de 0 m. 50. Après avoir été piétinées et arrosées comme
il convient, chaque couche fut recouverte d'une épaisseur de 0 m. 25
de terreau devant recevoir les plantes à cultiver. La première fut
recouverte d'un coffre supportant ses trois châssis; la seconde reçut
vingt-neuf cloches.
La même culture fut faite sur les deux couches et dès le 18 février,
338 EMPLOI DU FUMIER DE CHEVAL.
le :oup de feu étant passé et la chaleur étant devenue uniforme, je fis
semer et planter en même temps sur chaque couche :
De la graine de radis, 150 pieds de laitue got, 12 pieds de choux-
fleur, de la sraine de carotte courte à châssis.
Les radis furent bons à récolter dès le 15 mars, laissant ainsi plus
de place aux autres légumes. Dans le commencement d'avril, les
laitues subirent le même sort, étant à leur tour arrivées à leur degré
complet de développement. Il ne restait donc plus que les choux-fleur
entourés déjeunes carottes. Les choux-fleurs furent coupés en mai et
l'on consomma les carottes devenues désormais seules occupantes du
sol pendant tout le courant du mois de juin. Voilà donc une couche
qui, dans l'espace de cinq mois, a produit quatre récoltes successives.
C'est là une des combinaisons normales des maraîchers de Paris qui
savent si bien ordonner leurs cultures que, malgré les très grands frais
qu'ils ont à leur charge, ils arrivent à tirer du sol un bénéfice consi-
dérable.
Il importait, après avoir pratiqué cette culture éminemment inten-
sive, de se rendre compte de la valeur du fumier qui avait, par sa
fermentation, produit la chaleur permettant de faire ces légumes de
primeur et dont le rôle comme agent calorigène était désormais achevé.
De plus, il s'agissait de savoir si la qualité du fumier recouvert de
cloches était égale à la qualité de celui recouvert de châssis. La cul-
ture avait été la même sur les deux couches, mais les productions ont
été toutes de quinze jours environ plus tardives sous les cloches que
sous les châssis ; cela provient de ce que chaque cloche ne recouvre
qu'une faible partie du terreau, que, de plus, étant ronde, il y a entre
elles des surfaces non couvertes laissant échapper une certaine quan-
tité de chaleur et amenant, par suite, dans la masse delà couche, une
température moyenne sensiblement plus basse que celle de la couche à
châssis où toute la surface est exactement close et où les causes de
déperdition sont sensiblement amoindries.
En examinant les racines de chacune de ces plantes cultivées sur
couches, il est facile de se convaincre que celles-ci ne pénètrent pas,
le plus habituellement, dans la masse du fumier ; elles restent, au
contraire, dans le terrain qu'elles ne quittent le plus souvent pas. Le
fumier de la couche est donc placé à peu près dans les mêmes conditions
qu'un fumier de plate-forme, avec cette différence à l'avantage de la
couche, qu'il se trouve recouvert d'une certaine quantité de terreau et
de vitrage empêchant une grande partie de la déperdition de se pro-
duire. Si donc cette couverture avait une action sur la conservation de
la valeur du fumier, il en devrait forcément résulter que, dans les con-
ditions identiques dans lesquelles je m'étais placé, le fumier le mieux
recouvert devait être plus riche que celui dont la couverture à l'aide
de cloches était imparfaite. C'est ce que les chiffres de mes analyses
m'ont amené à déduire. En efîet, les analyses pratiquées sur les deux
fumiers m'ont donné les chilïres suivants :
Fumier provenant de la couche couverte de châssis :
Eau et acide carbonique 72.. 'î
Matière sèche 27.7
La matière sèche se décompose comme suit :
Matière minérale 34.5
Matière organique 65.5
EMPLOI DU FUMIER DE CHEVAL. 339
L'azote contenu dans 1,000 de matière organique sèche =3.67.
Comparativement, dans la couche couverte de cloches, j'ai obtenu :
Eau et acide carbonique 73.82
Matière sèche ÎG.IS
.La matière sèche contenait :
Matière minérale 37 . S
Matière organique 62.2
avec azote pour 1 ,000 de matière organique sèche = 3.11 .
Ces chiffres nous amènent à conclure que le fumier employé pen-
dant le temps moyen que durent les couches en amas capables de faire
bénéficier de la chaleur produite ne perd pas comme engrais. 11 con-
serve en effet une valeur, une composition, un aspect même qui le ren-
dent en tout point comparable à un fumier riche provenant des plates-
formes. Il est certain que dans ces conditions la couverture joue un
grand rôle; l'expérience comparative que je viens de décrire le montre
clairement. Mais, dans tous les cas, on doit tirer cette déduction que
toutes les fois que les cultivateurs peuvent s'assurer d'un débouché
pour les denrées produites, ils ont un intérêt considérable à faire pas-
ser les fumiers des écuries par les couches de culture pour les restituer
ensuite à leurs champs. Que l'on ne vienne donc pas dire que si l'on
n'emploie pas le fumier dans le potager, que si l'on ne produit pas de lé-
gumes pour la vente, c'est afin d'économiser le fumier destiné à la grande
culture. Ce raisonnement ne tient pas debout. Il ne faut au contraire s'en
prendre, pour ce manque de production légumière, pour ces masses
énormes de chaleur perdue dans les cours de ferme, qu'à la routine,
qui empêche les cultivateurs de s'occuperde la production des légumes,
parce que, disent-ils, leur affaire est de s'occuper des champs et non
du jardin, comme si la culture devait toujours rester identique à elle-
même sans tenir compte des modifications qu'apportent forcément le
temps et les circonstances. Il faut encore s'en prendre au manque
d'instruction horticole, qui cependant est appelée à jouer un rôle im-
portant, du jour où l'on sera convaincu delà nécessité qu'il y a de la
reprendre, surtout chez le cultivateur, qui doit, dans les circonstances
économiques actuelles, apporter des modifications profondes dans son
système de culture. J. Dybowski,
charge des conférences d'horticulture à l'Ecole nationale de Grignon.
DÉCANTATION DES VINS
La décantation des vins en bouteille est une opération délicate qui
nécessite diverses précautions, entre autres celle d'éviter au vin de
subir le contact de l'air qui lui fait perdre une partie de son bou-
quet et de son alcool. M. Kehrig, à Bordeaux, qui s'occupe spécialement
d'outillage vinicole, a imaginé un décanteur destiné à faire passer le
liquide de la bouteille pleine dans la bouteille vide, à l'abri de l'air,
et dune manière pratique.
La figure 14 représente l'opération faite sur une bouteille couchée.
Dans la décantation, on doit, autant que possible, retirer les bouteilles
du casier sans les changer de position, afin de ne pasdéplacer le dépôt
qui s'y est formé. Mais lorsqu'on n'a pas dans le caveau l'installation
voulue pour pratiquer ce mode de décantation, et qu'on est obligé de
transporter les bouteilles en un autre lieu pour les décanter, il faut les
2kO
DEGANTATIOI^ DES VINS.
laisser reposer, puis les décanter debout. Pour cette opération, M. Keh-
rig a construit un autre siphon, (fig. 15), qui fonctionne de la même
manière que l'autre et qui n'en diffère que par la forme.
La tige G s'introduit dans la bouteille pleine, à la hauteur que l'on
veut, suivant le dépôt contenu. Le bouchon A la ferme hermétiquement.
Une légère insufflation produite avec la bouche par le petit tube A
envoie de l'air qui sort par B et se trouve comprimé au goulot, entre
la surface du liquide et le bouchon. Sous cette impulsion, le liquide
entre dans G, monte, et le siphon se trouve amorcé sans la moindre
secousse susceptible de troubler le vin.
Le robinet E sert à arrêter le liquide, quand d'une bouteille on veut
faire deux demi-bouteilles. Inutile de dire que le siphon reste amorcé,
Kig. 14. — Décantation d'une bouteille couchée. Fig. 15. — Décantation d'une bouteille debout
et que pour tirer la seconde demi-bouteille il suffit de rouvrir le ro-
binet. Ce robinet est également utile pour arrêter instantanément
l'opération dans le cas oii le liquide se présenterait trouble.
Toutes les pièces qui composent l'instrument peuvent être démon-
tées à volonté par le premier venu, et nettoyées. Ge décanteur est en
métal nickelé et en métal blanc; son prix est de 15 francs.
L. DE Sakdriac.
SITUATION AGRICOLE DANS LA MARNE
La moisson touche à sa fin; il reste aux champs, encore un peu d'avoine, une
partie des regains, les sainfoins, trèdes et luzernes pour semences. La période
extrêmement sèche que nous venons de traverser, a favorisé la fenaison et la
rentrée des récoltes qui sont d'excellente qualité. La sécheresse a fait tort aux
regains, herbages, maïs, plantes racines et tubercules. En résumé l'année 1884,
en ce qui concerne les foins et les céréales, peut être considérée comme bonne
moyenne. On ne peut rien dire maintenant des pommes de terre et des betteraves.
La vigne fait la joie de ceux qui la cultivent; que le soleil de septembre mûrisse
les nombreux raisins qui garnissent les ceps, et les vignerons, ainsi'que les gour-
mets, pourront marquer l'année d'une croix blanche.
La chaleur a été accablante, elle a rendu le travail des champs très pénible.
Nous aTons eu quelques averses iosignifiantes et des pluies orageuses sans
SITDATION AGRICOLE DANS LA MARNE. Ski
importance ; il faut venir jusqu'au 25 juillet et au 13 août pour avoir toute la pluie
en quantité convenable. La vaine pâture est très maigre, les bêtes parcourent la
prairie et les champs sans y trouver leur nourriture journalière. Li gibier est
abondant, ses jours tran({uilles et heureux s'abrègent, l'ouverture de la chasse
étant fixée pour le département au 31 août. L'état sanitaire est excellent dans
toutes les communes du département : nos comités d'hygiène fonctionnent régulière-
ment et prennent des mesures propres à rassurer les populations.
L.-G. Maurice.
QUELQUES BONS CERISIERS DU SUD-OUEST
Cerise belle de la Rochelle. — Voilà un des plus beaux arbres frui-
tiers de première saison, grand ornement de nos jardins fruitiers et
grands vergers. Sa végétation est remarquable. Ses branches de sommet
droites et érigées sont couvertes sur toute leur longueur de jolis
fruits d'un rouge vif et de première grosseur et qualité, mîirs dès la
première quinzaine du mois de juin. Sans être aussi prolongée que la
tructiûcation des cerises anglaises, on peut la conserver pendant près
d'un mois avec toutes ses qualités.
Voilà bien des années que je cultive cette excellente variété et Je n'ai
eu qu'à me féliciter de l'avoir introduite dans mes cultures oii elle riva-
lise avec les May et les Kerry-Duck anglaises; on peut en faire comme
avec ceux-ci d'excellents gùteaux de pâtisserie : le fruit ne fond pas ni ne
s'écrase trop facilement et on le trouve encore entier sous la dent
aprèsl'enlèvement du noyau. Sa fertilité est suffisante et ces beaux fruits,
légèrement acidulés jusqu'à parfaite maturité, sontà l'abri des attaques
de la mouche et du ver si désagréables de visu et de guslul
Les guignes et guinieles guindoux. — Ce sont de jolis petits arbres à
rameaux pendants de cinq à six mètres seulement avec leur tête en boule,
et tellement fertiles que le vert et sombre feuillage disparaît sous les
centaines de petits fruits d'un rose vif de seconde et troisième saison.
C'est avec leurs petits fruits, presque toujours d'une remarquable
abondance, que l'on confectionne ces délicieuses gelées, l'ornement de
nos desserts d'hiver; on en fait aussi des gâteaux d'une grande finesse
de goût. Ces arbres fort nombreux dans nos vignes, à la Bêche, s'y re-
produisent par marcottages avec la plus grande facilité.
La facilité de leur croissance dans des terrains de médiocre fertilité,
leur grande production, leur robusticité, leur méritent une bonne
place dans nos vergers; leur place sera dans les parties du sol les plus
sèches et les moins fertiles.
Merise toupie. — Les catalogues des pépiniéristes toulousains men-
tionnent avec éloge cette variété dont je n'ai obtenu que de mauvais
résultats dans mes cultures, les branches et les rameaux se dessèchent
dans le cours de l'été après une rare et stérile floraison. L'arbre néan-
moins prend de très forts développements et je ne sais pourquoi je lui
laisse encore occuper un vaste espace de terrain. Je crois cette variété
bonne à supprimer complètement.
Les bigarroliers. — Ces grands et beaux arbres forment une nom-
breuse tribu dans la famille des cerisiers et des merisiers avec lesquels
lis forment un parfait contraste; autant ces derniers se distinguent par
leur port, leur grandeuret grosseur de premier ordre, autant les bigar-
roliers s'en séparent par leur port fort et trapu, par leurs branches
nombreuses et formant une belle tête régulière.
La première espèce ou variété de primeurs, mûre dans les premiers
342 QUELQUES BONS CERISIERS DU SUD-OUEST.
jours de juin, donne en grande abondance de gros fruits à chair épaisse,
charnue, croquante et un peu abondante ; on vante beaucoup la va-
riété Napoléon ou médaille, remarquable surtout par la beauté et le
vert sombre de son feuillage.
On peut les utiliser, et leur fructification peut se prolonger jusqu'à
celle des gros Gobits et des Montmorency. Léo d'Ounous,
Arboriculteur.
L'INDUSTRIE LAITIÈRE ET LES FABRIQUES
DES PRODUITS DU LAIT.
L'une des conséquences économiques les plus frappantes de ce que
Ton est convenu d'appeler la crise agricole, est la transformation
nécessaire de l'agriculture française en deux groupes bien distincts.
Dans l'un de ses excellents discours aux derniers concours régionaux,
M. Méline, ministre de l'agriculture, a constaté le fait et en a tiré les
conséquences pour nous donner des conseils qui méritent toute l'atten-
tion des hommes compétents. L'agriculture continuera sans doute les
anciennes traditions pour l'exploitation de la terre en céréales ou en
plantes industrielles sur tous les territoires et dans toutes les contrées
où la richesse du sol permettra la production de 35 à 40 hectolitres
de blé par hectare. Dans les autres territoires moins favorisés par
les conditions de fertilité ou de possibilité du sol, on arrivera soit à
la culture pastorale, — à la création de prairies permanentes ou tempo-
raires, permettant par l'élevage, l'engraissement ou l'exploitption du
lait, des produits rénumérateurs, — soit à des cultures maraîchères ou
fruitières qui dans certaines conditions déterminées peuvent aussi
rendre des bénéfices suffisants.
L'exploitation du lait a pris dans ces derniers temps un développe-
ment considérable ; nos concours régionaux ont pour la plupart des
annexes où l'on expose tous les procédés les plus récents de fabrication
du beurre et du fromage. Ces expositions correspondent à l'une des
transformations que je signalais plus haut : elles appelleront à brève
échéance, la réalisation d'une création nouvelle pour la France et qui,
déjà réalisée depuis longtemps aux Etats-Unis et dans le nord de
l'Europe, ne peut pas manquer de faire prochainement son apparition
chez nous. Il arrivera un temps où, de même que se sont élevées par-
tout des fabriques de sucre, on verra dans tous les centres herbagers
et aux environs des grandes villes apparaître des fabriques de produits
laitiers.
Il faut s'y prendre d'avance pour étudier toutes les questions
techniques et autres qui se rattachent à cette création. Le moment n'est
pas venu d'en tracer le programme. ]Mais le Journal de l'agriculture a
pensé qu'il fallait d'abord faire connaître ce qui se passe à l'étranger
pour soumettre une sorte d'enquête préalable à l'appréciation des
hommes les plus compétents. Nous donnons dans ce but la traduction
d'un article publié d'abord dans The fariner et reproduit par The
provisioner dans les numéros du 16 juin et du 1" juillet 1884, sous
le titre : Une laiterie fabrique allemande. « German dairy factory ».
Tout est si nouveau pour nous dans cette matière que nous ne savons
comment désigner le nom même de ces fabriques : nous ne pouvons
pas dire en effet « fabrique de lait ou fabrique des produits du lait ».
Nous reproduisons avec son idée complexe le titre anglais : laiterie
l'industrie laitière et les fabriques des produits du lait, 343
fabrique, dainj factory ou laiterie iitdustrielle. De même le mot
« fabrique » est insuffisant, puisque dans le mot anglais « factory >> il
y a à la fois l'idée de l'agent (factor) et celle de fabrication, ce qui
indique qu'il s'agit d'une fabrique dont le but est de trarailler indus-
triellement le lait des producteurs associés ou fournisseurs. La pratique
trouvera le mot en appliquant la chose, par exemple « Société
d'exploitation du lait. »
L'auteur de l'article que nous analysons rappelle qu'en 1882 il a
rendu compte d'une visite faite alors à la fabrique de Brunswick. Il
est maintenant en état de rendre compte des résultats obtenus par
deux années d'exploitation. M. Hirschfeldt, directeur de cette laiterie,
lui a envoyé tous les renseignements, plans et chiffres nécessaires ; il
lui a même envoyé des échantillons de fromage de Limbourget autres
fromages de lait écrémé, avec un kilog. de beurre dans les petits pots
de terre blanche oii on le renferme pour les expéditions. La première
laiterie industrielle fut fondée à Iviel en 1876 sous la direction de
M. Block, qui plus tard fonda celle de Magdebourg, tandis qu'il faisait
les plans pour celle de Brunswick, qui fut fondée dans l'été de 1880.
La construction commencée en septembre fut à la fin de l'année en
état d'être exploitée partiellement. Dans les premiers mois elle tra-
vaillait 2 mille litres de lait par jour, à la fin de l'été de 1883 elle
atteignait le chiffre de 8 mille litres.
La construction a trois étages et elle est bien pourvue de caves. Au
rez-de-chaussée se trouvent le bureau, la boutique et la salle pour les
vendeuses, la salle d'expéditions, la chambre à beurre, la salle pour le
lait écrémé, la- salle pour rincer, l'espace réservé pour la machine (en
dessus la chaudière), le magasin à charbon, près duquel sont
les étables. Sur le côté de la cour, devant les salles d'expédition et du
lait écrémé, on voit un escalier couvert qui débouche en face delà
salle à rincer, qui fait saillie sur le bâtiment de toute la largeur des
marches. Cet escalier couvert et le rez-de-chaussée sontà un mètre au-
dessus de la cour et de la rue, sauf la boutique qui se trouve en contre-
bas de la rue. Au premier étage sont : la pièce du centrifuge, celle de
la crème, les chambres où l'on fait le beurre et le fromage, et sur le
devant le logement du directeur. Au second la pièce oii l'on reçoit le
lait nouveau, la chambre aux fromages, et sur le devant des pièces
réservées à quelques employés de la fabrique.
Dix-huit associés (caria fabrique est coopérative) fournissent le lait
soit par le chemin de fer (2,000 litres) soit en l'apportant à la laiterie
dans leurs voitures. En été on le fournit deux fois par jour; en d'autres
saisons, une seule fois. Celui qui vient par le chemin de fer arrive en
toute saison une seule fois par jour. Le lait est déchargé auprès de
l'escalier, il est partagé entre les personnes chargées de la vente ou
porté à l'élévateur qui l'élève au deuxième étage pour le verser dans les
cuves au lait nouveau. L'élévateur est fermé de tous côtés, mais il y a
des portes donnant sur les pièces à rincer, celle du lait écrémé, du cen-
trifuge, de la fabrication du fromage, et de la plate-forme en face de la
chambre aux fromages. Sur cette plate-forme Se trouvent la poulie et
la roue pour l'élévateur. Dans la chambre à lait, le lait est versé à tra-
vers un tamis métallique dans les cuviers collecteurs, qui sont faits de
fer étamé et se trouvent placés dans desjbassins de bois remplis d'eau
pour le refroidissement. Chacun de ces cuviers collecteurs contient
344 l'industrie LAITIÈRE ET LES FABRIQUES DES PRODUITS DU LAIT.
2,500 litres ; ils se vident par le moyen de siphons sur lesquels sont
fixés des tubes de cuir ;ces tubes amènent le lait dans le chauffeur où
il est élevé à la température de 86 degrés (Fahrenheit) pour couler
dansle séparateurcentrifuge. Surletube sontfixés un régulateur mobile
et un robinet ordinaire. Le chauffeur se compose d'une double cuve ou
chaudière, le lait y est chauffé par la vapeur qui se répand dans
l'intervalle entre les deux cuves. Il s'y trouve aussi un agitateur qui
remue le lait pendant l'opération. Dans le centrifuge (c'est l'appareil de
Fesca, de Berlin) qui fait 2,000 révolutions par minute et n'est pas
continu, la crème se sépare du lait. Elle coule dans un réservoir de
fer étamédans la machine, et le lait écrémé coule de côté à travers des
trous qui sont ménagés dans ce but. Quand 300 litres de lait ont passé
à travers, l'intérieur du centrifuge dans lequel se trouve le réservoir,
est rempli de crème. Après le travail, l'intérieur est rincé avec du lait
pour chasser le restant de crème, et le centrifuge est mis de nouveau en
mouvement pour commencer une autre manipulation. La crème est
retirée jusqu'à concurrence de 2,500 litres de lait pour un centri uge,
le lait écrémé destiné à la vente contient environ 5 pour 100 de
matières grasses ; celui destiné à être transformé en fromage en contient
2à3 pour 100, si bien qu'il ait été écrémé. Le lait écrémé destiné
à la fabrication du fromage coule à travers des canaux du centrifuge
à l'endroit où on fabrique le fromage dans la cuve à fromage, et le
lait écrémé destiné à la vente coule en été dans le chauffeur qui, comme
le petit chauffeur à côté du centrifuge, est une double chaudière avec
agitateur et possède une superficie assez grande pour que le lait y
soit porté à 1 67° Fahr. Il s'échappe alors du chauffeur par-dessus le
refroidisseur pour se rendre dans la cuve au lait écrémé. En hiver le
lait coule directement dans cette cuve sans passer par le chauffeur. On
chauff3 aussi à 167° Fahr. la crème destinée à la vente et on la refroi-
dit dans le refroidisseur de la chambre à crème. La crème destinée à
être convertie en beurre arrive dans la chambre à beurre où elle est
poussée dans de grands tonneaux placés dans des réservoirs remplis
d'eau pour réchauffer ou refroidir la crème. Elle est alors barattée
dans la fabrique de beurre, dans deux barattes du Holslein de 300 litres
de capacité. Le beurre fabriqué est passé dans la chambre à beurre
dans laquelle il est travaillé sur le malaxeur circulaire, salé et déposé
dans l'auge à beurre. Le jour suivant il est pesé pour la vente en ville,
par quantités de quarts et huitièmes de kilog., il est mis au moule et
marqué de la marque de la fabrique, une partie étant envoyée dans
des tonneaux et des barils pour d'autres places, tandis qu'en hiver il
va à Hambourg et de là en Angleterre. Une machine à vapeur de
12 chevaux fait mouvoir toutes les machines. La vapeur est produite
par l'une des chaudières qui sont employées chacune à son tour. La
pompe tire l'eau de deux puits profonds. L'eau est seulement à 48°
Fahr., de telle façon que l'on s'en sert pour le refroidissement. Elle se
répand par des tuyaux des réservoirs dans toutes les pièces de la
fabrique. La vapeur va de la machine à travers le chauffeur au réser-
voir d'eau de la pièce à rincer, où elle chauffe l'eau nécessaire à cette
opération, de là elle se déverse dans la cour.
La vente dans la ville se fait au moyen de cinq voitures et de trois
baquets ; les voitures attelées d'un seul cheval contiennent chacune
douze boites de 50 litres, deux de 30 litres, ce qui fait que chaque voi-
L'INDUSTRIE LAITIÈRK KT LES FABRIQUES DES PRODUITS DU LAIT. 345
ture en plein chargement contient GGO litres de lait. Dans le milieu de
la voiture, d'arrière en avant, sont de longs tiroirs qui roulent sur des
galets, se tirent par derrière par une porte. Dans ces tiroirs est le
beurre, chaque morceau enveloppé dans un papier de parchemin. Les
vendeurs prennent aussi des fromages dans des boîtes d'étain. Les ba-
quets à bras contiennent quatre boîtes de 50 litres et une de 5 litres
pour la crème. Une voiture va chaque jour dans une ville du voisi-
nage; il y a une boutique dans la fabrique et une dans la ville de
Brunswick, tandis que le beurre en kilog. et demi-kilog. est vendu
par plusieurs marchands de comestibles. On reprend aux vendeurs les
marchandises non vendues et leur compte est réglé tous les jours. Le
lait écrémé non vendu est employé presque exclusivement à faire des
fromages de Backstein ou Limbourg; 100 litres en produisent à peu
près 8 kilog., dont la valeur est de 20 à 24 shillings par quintal [20 à
30 fr. par 50 kilog. 802 gr. s'il s'agit du act anglais),[0 fr. 25 à 0 fr.
30 la livre. Le fromage est expédié au loin en boîtes de 30 kilog. nets,
sans compter la boîte. 108 litres de lait écrémé donnent 10 kilog. de
caillé à 20 pfœnings par kilog., et le restant vaut 2 pfœnings. Le
système de la construction en trois étages a l'avantage que le lait
coule d'une cuve ou d'un appareil dans un autre ; l'inconvénient est la
difflculté du contrôle.
Dans la fabrique, il y a un gérant pour la partie technique et
commerciale; il prend soin des livres de caisse et de la correspon-
dance. Le directeur est nommé par le gérant' et reçoit de lui toutes
les instructions ; mais les auxiliaires sont nommés par le directeur et
le gérant {ménager) décide des salaires.
Le lait perdu, comme le petit lait et une partie du lait de beurre, est
employé pour la nourriture des porcs que l'on se procure à trois mois
pour les revendre à six ; dans les dernières semaines, on ajoute un
kilog. de farine par jour au lait. Ils atteignent à peu près le poids de
100 kilog., quand on les revend pour continuer leur engraissement.
Une partie du lait de beurre est donnée aux chevaux, c'est-à-dire 6 à
10 litres par jour ; cette nourriture leur profite bien, de là une réduc-
tion sur la quantité de grains qu'on leur donne. La fabrique avec la
valeur du terrain et du matériel a coûté à peu près 250,000 francs
(10,000 liv. sterl.). Elle est située dans le faubourg de la ville, ce qui
permet un commerce de détail. Le beurre est vendu 3 fr. 75 le kilog.,
la crème pour le café (c'est le nom qu'on lui donne) 25 sous le litre
et la crème épaisse 37 sous, car on en fait de deux qualités comme
dans plusieurs quartiers de Londres. Le nouveau lait se vend 16 sous
les 4 litres et demi (legallon équivaut à 4 litres 543,458 millionièmes);
le lait écrémé 7 sous, le lait de beurre 10 sous ; le prix de détail des
fromages du Limbourg étant, pour ceux du poids de trois quarts de
livre, de 6 sous. On fabrique ces fromages sur le rendement moyen de
1() livres de fromage par 100 litres de lait, de façon que comptant le
lait à 16 sous les4^1itres et demi' ou 10 fr. 35 les 100 litres, les fro-
mages coûteraient environ 8 sous la livre en Angleterre. En 1881-82,
1. Il est à peine utile de faire remar([uer que les termi^s par lesquels on désiine ces fonctions
seraient renversés dans notre langue : il semble évident que le directeur serait chez nous au-
dessus du gérant.
2. On ignore si l'auteur de l'article a parlé de la mesure anglaise du gallon, ou s'il a voulu
dire les 4 litres : du reste dans ce passage il doit y avoir des erreurs de chiffre ; car après avoir
dit II) sous les 4 litres '/i il ajoute ou liieu 5 shillings 6 deniers (6,85) les cent litres; or à 16 sous
le gallon cela fait au moins 18 fr. les cent litres : il faut lire 15 shillings 6 deniers.
SiiS L'INDUSTRIE LAITIÈRE ET LES FABRIQUES DES PRODUITS DU LAIT.
le rendement en beurre s'est élevé à 2.76 pour 100, en crème à 15
pour 100, tandis que dans la campagne 1882-83, la crème a été ré-
duite à 13 pour 100 et le beurre à 2.61. On a employé cette même
année 2 millions de litres de lait; sur cette quantité, 600,000 litres
ont été vendus à l'état frais, le reste, saut' 2 pour 100 de perte, a été
passé au centrifuge et écrémé, produisant 200,000 litres de crème sur
lesquels 3,000 vendus et le reste baratté; le lait écrémé mesurait
1,300,000 litres sur lesquels 650,000 ont été vendus, et le reste
converti en fromage. On a retiré 170,000 litres de lait de beurre,
duquel 17,000 ont été vendus, 120,000 employés à la nourriture des
chevaux et des porcs, et le reste utilisé pour les fromages. On a fabriqué
130,000 fromages provenant de 700,000 litres de lait écrémé et de lait
de beurre. Le lait est examiné périodiquement et tenu remarquable-
ment pur par les analyses du chimiste nommé pour cet emploi.
L'atfaire a été menée avec tant de succès qu'un grand nombre de
fermiers attendent pour devenir membres de la Société.
L'auteur entre ensuite dans diverses considérations sur les quantités
fabriquées pendant certains mois de Tannée. Il rappelle que l'Alle-
magne a commencé à pratiquer cette industrie juste au moment où
l'Amérique commençait à lui donner de l'extension, il y a dix ans.
M. Merlin a reçu aussi des détails intéressants sur la gigantesque
fabrique de Berlin appartenant àBoUe et Cie, qu'il a visitée l'annéeder-
niére et qui emploie 80 voitures pour la distribution de ses produits. On
y paye le lait 12 sous le gallon (4 litres et demi) pour le revendre 21
sous et demi au détail. Le lait écrémé s'y vend au prix remarquable de
7 sous et le lait de beurre à 10 sous : il y a beaucoup de gens à
Londres qui n'en voudraient pas, même à titre de cadeau. M. Merlin
remarque que l'échantillon de beurre qui lui a été adressé était d'un
kilogramme, sous la forme d'un modèle rond répondant à peu près à
deux livres anglaises; il était reniérmé dans des petits pots en terre
blanche, tous de forme similaire, et tenant juste cette quantité, assez
propres pour être mis sur une table. Ce pot n'est pas d'un prix élevé.
Il est extraordinairement utile et ne contribue pas peu à décider les
acheteurs à mettre un bon prix à leur beurre. C'est une réclame per-
pétuelle pour la Compagnie dont le couvercle porte le nom.
En Angleterre on s'occupe beaucoup de la création ou de l'extension
de ces fabriques : c'est le moment de multiplier les enquêtes et les
renseignements qui les concernent.
Une des plus grandes diflicultés de ces sociétés coopératives, c'est
de trouver une base équitable pour la rétribution du prix du lait de
chacun des asssociés : celte question n'a été résolue nulle part pas
même en Amérique. Dans cette dernière contrée on mesure à l'aide
d'un instrument, la richesse en crème du lait; mais cet instrument
n'offre pas de garanties suflisantes. 11 vaudrait mieux payer suivant
la qualité du lait. Le lactobutyromètre, l'aréomètre lui-même, donnent
des indications insuffisantes ou ne peuvent être que très difficilement
employés chaque jour. Il faut que la science trouve un moyen pratique
et certain de reconnaître la qualité du lait; en payant d'après la
qualité, les fermiers chercheraient à obtenir de meilleurs produits et
les races laitières s'amélioreraient sans aucun doute. '
1. Il peut être intéressant de connaître que loni Scusdale est sur le point de créer près de
Derby, dans le village de Kedlestou, une fabrique de beurre ou laiterie scientifique, « scientific
dairy ».
l'industrie laitière et les FABRIuaES DES PRODUITS, DU LAIT. 347
Si r Angleterre se juge en retard sur l'Amérique, l'Allemagne, le
Danemark' et la Suède, sous ces divers rapports, que dirons-nous de
la France? Que nos producteurs y songent sérieusement! Le marché
anglais reçoit moins de produits de Normandie ou de Bretagne. Dans
toutes les branches de l'agriculUire se manifeste la terrible loi de la
lutte pour l'existence. Ne nous laissons pas distancer par nos voisins
dans toutes les routes du progrès. Nous pouvons aisément créer ces
exploitations industrielles des produits du lait; elles seront produc-
tives si on les élève tout de suite à une hauteur scientifique conve-
nable. La petite culture spécialement trouverait, par la vente certaine
du lait, une source de profits bien commode à utiliser.
P. DU Pré-Collot
LA PRIME D'HONNEUR ET LES PRIX GULTURAUX
DANS LA MARNE EN 1884-
Depuis l'institution de la prime d'honneur en 1856, quatre concours régionaux
ont eu lieu dans le département de la Marne. Chaque fois de nombreux concur-
rents se sont présentés et la plus haute récompense a été méritée par trois d'entre
eux.
Rappeler ces faits, c'est donner la preuve des efforts tentés et des progrès réa-
lisés. De tels résultats ne sauraient être mis trop en relief, car ils honorent ceux
qui les ont obtenus et indiquent justement ce que peuvent la volonté et le savoir
professionnel, lorsque ces deux éléments de prospérité se trouvent réunis.
Le département de la Marne forme, avec celui do l'Aube, un groupe bien ca-
ractérisé dans la région du Nord-Est. Et plus que l'Aube, il se trouve déshérité
sous le rapport de la constitution d'une grande partie de son sol arable. Plus des
deux tiers de sa surface appartiennent à la formation crétacée, et dans cette for-
mation à l'étage de la craie qui fournit les terres les plus rebelles à la production
agricole. C'est qu'en effet les sols crayeux sont incomplets sous le rapport de la
composition minérale, et leurs propriétés physiques les exposent aux etfets les
plus désastreux de la sécheresse.
La production des fourrages s'y trouve fort limitée, et le mouton est à peu près
la seule ressource des éleveurs. Gomme conséquence, le fumier de ferme fait sou-
vent défaut, et la terre, dont la fertilité naturelle est faible, ne peut donner que de
petits produits.
Dans la partie est du département, les terres ont un tout autre aspect. Elles
sont presque exclusivement composées d'argile et de sable appartenant aux deux
groupes du néocomien et du gault, puis, comme dans le riche Perthois, aux allu-
vions anciennes et modernes. Là aussi, elles sont le plus souvent incomplètes, et
l'élément qui leur manque, le carbonate de chaux, est précisément celui qui con-
stitue à peu près exclusivement le sol de la Champagne proprement dite. L'im-
perméabilité du sous-sol et l'abondance des sources indiquent suffisamment l'im-
portance des améliorations foncières (ju'il serait possible de réaliser par la pra-
tique du drainage et des irrigations. L'herbe y croit facilement, ce qui permet
l'extension des herbages et l'entretien d'un plus nombreux bétail. En revanche,
la culture est moins facile, et si les récoltes sont abondantes, les dépenses de pro-
duction sont plus grandes.
A l'ouest, au delà des calcaires crayeux, la terre arable provient des roches
tertiaires, dont le relief très prononcé donne une physionomie particulière à cette
contrée.
La composition du sol est mieux équilibrée que dans les deux zones précé'
dentés. Ce qui ne dispense pas de l'apportde certains amendements, non plus que
de l'emploi à haute dose de matières fertilisantes appropriées.
1. L'importation du beurre de Danemark en An},'leterre s'est élevée pendant les vingt dernières
années de UOO.OOO livres à 3 millions de livres par année. (Discours de lord Ensily à la Chambre
des lords, i l'occasion de la discussion du bill sur le marché de CorkI.
2. Rapport fait au no.-n de la Commission composée de MM. Randoing, inspecteur de l'agri-
culture, prjisidcnf; Perdrix, Thiry, Fagot, Dupoat-Saviniat ; Sauvage, rapporteur; Pargon,
secrétaire.
348 LA. PRIME D'HONNEUA ET LES PRIX CULTURAUX DANS LA MARNE.
Telles sont, rapidement esquissées, les conditions générales, relatives au sol,
dans lesquelles se trouvent les cultivateurs de la Marne.
Nous verrons, au cours de ce rapport, comment les candidats que nous
avons visités ont compris leur situation et quels moyens ils ont mis en œuvre
pour l'améliorer.
Pour la prime d'honneur, les prix culturaux et les médailles de spécialité,
quatorze concurrents se sont fait inscrire.
Voici les appréciations de la Commission sur chacun d'eux.
M. Tétard-Pérardel (Pierre-Antoine), à Montmirail. — M. Têtard est un
ancien bourrelier qui s'est adonné à l'arboriculture. Le jardin qu'il nous a montré
renferme un grand nombre de fruitiers et de la vigne.
A part quelques pommiers soumis à la forme en vase, aucun arbre n'est mé-
thodiquement taillé. Mais M. Têtard se préoccupe peu de l'irrégularité de ses
espaliers. Quand une branche se dégarnit, ce qui arrive fréquemment, il remplit
les vides en greffant des dards qui, l'année suivante, deviennent des branches à
fruits. Il met souvent plusieurs variétés sur le même sujet.
M. Têtard place ses arbres à une faible distance les uns des autres. C'est sans
doute à cette disposition qu'est dû leur laible vigueur et leur courte durée.
Quoi qu'il en soit, M. Têtard est un propriétaire actif et soigneux, qui trouve la
juste récompense de ses efforts dans les résultats qu'il obtient, tant chez lui que
chez ses voisins, oi!i il est souvent appelé pou'- mettre à fruits des arbres rebelles.
M. Lequec.x: (Al(red), à Villers-aux-Corneilles. — La propriété de M. Lequeux
a une contenance de 125 hectares. Elle comprend un château entouré d'eau et un
parc où se trouvent des arbres d'une remarquable vigueur. Puis des terres en
culture dont M. Lequeux a voulu indiquer la limite en les bordant de plantations
fruitières. C'est le cerisier qui a été choisi. La distance entre chaque pied est de
10 mètres. Les sujets sont des merisiers sauvages provenant en grande partie de
la forêt de Sainte-Menehould. Chaque plant revient à 75 centimes mis en place.
Les greffes sont prises à Dormans, et la variété préférée est celle qui donne la
cerise dite de Montmorency. Les fruits sont expédiés en Angleterre.
La tentative de M. Lequeux est à encourager. Bien des propriétaires de la
Champagne pourraient accroître leurs revenus en l'imitant.
La Commission regrette que les plantations encore trop récentes de M. Le-
queux ne lui permettent pas de témoigner sa satisfaction autrement que par des
éloges.
M. Tartier (Cyrille), maître d'horticulture aux Ecoles normales d'institu-
teurs et d'inst'tutrices de Châlons. — Le jardin de l'Ecole normale de Châlons
est parfaitement tenu et bien disposé pour l'enseignement pratique de l'horti-
culture.
M. Tartier, qui est un maître dans toute l'acception du mot, s'y livre avec un
■plein succès à la multiplication et à la taille des arbres fruitiers.
Par une application ingénieuse du marcottage, M. Tartier reproduit rapide-
ment les bonnes variétés sans amoindrir les pieds mères, et il entretient ensuite
avec une grande facilité la productivité des nouveaux sujets.
La Commission adresse ses sincères félicitations à M. Tartier, qu'elle ne peut
récompenser autrement, l'habile horticulteur châlonnais se trouvant en dehors
des conditions exigées par l'arrêté ministériel.
M. Hattat (Arsène-Hippolyte), à Bouy, canton de Suippes. — M. Hattat
cultive pour son compte depuis 1855. Il a débuté avec 40 hectares dont 7 lui
appartenant et 33 à fermage, pour lesquels il payait une redevance annuelle de
1,500 fr. Actuellement son avoir foncier se compose de 57 hectares de terre et de
bâtiments suffisants pour leur exploitation.
La culture de M. Hattat ne diftei-e en rien de celle de ses voisins. Son assole-
ment, dont la rotation n'est jamais inférieure à dix années, débute par une orge
ou un blé fumé à raison de 160 à 200 mètres cubes par hectare ; vient ensuite une
prairie artificielle composée d'un mélange de luzerne, de trèfle et de sainfoin, qui
occupe le sol pendant deux ans, puis du blé ou de l'avoine, de l'orge, delà jachère,
du seigle, de l'avoine et du seigle jusqu'à ce que la terre soit complètement épui-
sée. Après quoi il recommence une nouvelle rotation. Quelques pommes de terre
et un peu de betteraves, dont l'étendue totale est d'environ 50 ares, forment la sole
des plantes sarclées.
Il est facile de comprendre qu'avec un tel système le bétail soit peu nombreux.
Cependant nous avons été surpris de ne rencontrer chez M. Hattat qu'un trou-
LA. PRIME D HONNEUR ET LES PRIX GULTQRAUX DANS EA MARiVE. 349
peau de 100 bêles à laine, agneaux de l'année compris; d'autant plus que le
mouton est le seul animal qui puisse lui donner des profits assurés et des engrais
en quantité suffisante. Il est vrai que le prix de la laine a beaucoup baissé et que
M. Hattat achète chaque année au moins 100 mètres cubes de fumier.
Malgré toutes les conditions défavorables qui frappent tout d'abjrd quand ou
parcourt le territoire du Bouy, les cultivateurs de cette commune ont réalisé des
Déiiéfices considérables. C'est que depuis la création du camp de Chàlonsjusqu'en
1870, ils ont trouvé un débouché facile pour leurs denrées et des engrais en
grande quantité et à bas prix. Actuellement les terres ont perdu la moitié de leur
valeur, ce à quoi n'a pas peu contribué l'abaissement du prix des laines et des
céréales.
M. Hattat a aménagé de vieux bâtiments, notamment une étable dont la dispo-
sition intérieure est très bonne ; il a aussi construit une bergerie où se trouvent
de bons spécimens de râteliers
M. Haitat ne tient point de comptabilité, mais il nous a paru se rendre bien
compte de sa situation financière. M. Hattat est un travailleur actif, laborieux et
économe, qui, tout en suivant les errements de ses voisins, arrivera certainement
à l'aisance parla culture.
M. M ciiKL (Louis-Stanislas), à Moeurs, canton de Sézanne. — Le sol exploité
par M. Michel a;ipartient au terrain éocènc. Il est silico-argileux, mélangé de
silex ; le calcaire et l'acide phosphorique y font défaut. Le sous-sol, qui est en
partie imperméable, se laissse difficilement pénétrer par les racines pivotantes.
D'jnner à ses terres les éléments minéraux dont elles ont besoin, et assainir
celles que gêne l'humidité, semble être pour le moment, à en juger du moins
par l'état médiocre de l'ensemble de son exploitation, la principale préoccupation
de M. Michel.
En 1867 et 1868, il a fait drainer 9 hectares 23 pour la somme de 1,471 fr.
Le plan dressé par les agents des ponts et chaussées n'a pas été suivi, à cause de
la dépense élevée qu'aurait nécessitée son application. Néanmoins, si le résultat
obtenu n'est pas aussi complet qu'on pourrait le désirer, il est relativement assez
satisfaisant.
M. Michel a employé, en 1882, sur ses terres en culture, 18 mètres cubes de
chaux provenant de l'usiue à gaz de Sézanne. H se sert, en outre, d'engrais qu'il
pré()are lui-même et cru'il estime à 16 fr. les lOOkilog. La quantité fal)riquée an-
nuellement est d'environ 4,00J kilog. Ce sont des mélanges composés de super-
phosphate de chaux, de chlorure de sodium et de sulfate d'ammoniaque. Le super-
phosphate est obtenu sur place avec des phosphates de l'Auxois et de l'acide
sulfurique à 54 degrés. L'installation de M. Michel est récente, et il nous a
paru qu'il ne se rendait pas bien exactement compte de la valeur fertilisante de
chaque matière utilisée, non plus que des proportions à observer dans les mé-
langes, suivant que les engrais sont destinés à telle ou telle plante.
Au moment de la visite de la Commission, on ne voyait sur les blés aucune
différence qui accusât l'action des engrais qu'ils avaient reçus.
La (Commission espère, néanmoins, que M. Michel arriverai de bons résultats,
et l'engage à se bien pénétrer de l'action si complexe qu'exercent les engrais clii-
mii^ues sur les différentes terres et les difl'érentes cultures.
M. 'Vigy-Brémont, à Vitry-la-Ville, canton d'Ecury-le-Coole. — M. Vigy est
un cultivateur qui a fait ses preuves. Depuis trente-deux ans, il exploite comme
fermier un teirage de 150 hectares. Pendant les quinze premières années, il a été
associé avec son père, ensuite il a repris pour son compte la culture commencée
en commun.
Les terres, qui comprennent 126 hectares en labours et 24 en prairies naturelles,
s'étendent de la vallée de la, Marne aux coteaux calcaires qui la bordent, jusqu'à
6 kilomètres du village. Elles sont légères, à sous-sol crayeux, excepté sur le bord
de la rivière oii elles se trouvent constituées par des alluvions modernes argilo-
calcaires.
Les récoltes visitées par la Commission ne présentaient rien de remar-
quable.
L'intérieur de la ferme a un bon aspect. Les fumiers sont bien tenus, et la Com-
mission a trouvé dans les divers locaux un bétail bien entretenu.
L'outillage est suffisant. M. Vigy se sert de la faucheuse et de la moissonneuse
depuis douze ans.
M. Vigy a réalisé des améliorations importantes. Vingt hectares de terres en
3£0 LA PBIME d'honneur ET LES PRIX CULTURAUX DANS LA MARNE.
friches ont été, par ses soins, mis en bon état de culture. D'autre part, se ren-
dant ciimpte du rôle important que devait avoir le mouton dans son ex[)loitation,
et manijuant de logement, il a fait construire à ses frais une bergerie q^ui lui a
coijté 4,000 fr.
Enfui, il a transformé en prairies naturelles celles de ses terres qui se trouvent
près de la Marne et dont les inondations détruisaient trop souvent les récoltes.
M. Vigy ne tient iioiut duciimptaliiliié. Aussi a-t-il été impossible à la Commis-
sion de se rendre compte du résultat de ses opéralions.
M. Vigy possède l'iuielligcpce de son métier; il est actif et dévoué aux intérêts
agricoles, comme le prouve sa propagande en faveur des bons reproducteurs
bovins.
La Commission accorde à M Vigy-Brémont une méd^iille d'argent grand module,
pour sa création de prairies naturelles en terrain submersible.
M BbRiON-MÉRt':! ZE (Arthur), à la terme de la Gomimnderie, commune de
Tréfols, canton de Moutmirail. — M. Berton appartient à l'ancienne et laboiieuse
race des cultivateurs, dont les représentonts deviennent de plus en plus rares.
Depuis quatre-vingt-onze ans, la terme de la Coramanderie est entre les mains de
sa lamille, dont il continue modestement et intelligemment les traditions.
Avant 1875 il n'e>istait sur cette ferme qu'-; 1 hectare 9i de prés pour 154liec-
tares de terres en culture. Celle disproportion, que ne pouvaient compenser les
prairies artificielles et les fourrages annuels, ne permettait pas au fermier d'entre-
tenir un bétail en rapport avec létenduc de son exploitation.
Mais pour laire des prairies productives et durables, des conditions spéciales
sont nécei-saires ; il faut un sol fertile et frais uu susceptible d'être arrosé. Une
source relativement abondante, en hiver surtout, existe à la Gommanderie et de
glandes surfaces, inclinées vers le petit ruisseau auquel cette source donne nais-
sance, fournissent des eaux pluviales chargées de matières terreuses fertiles.
Capter les eaux de la source et les accumuler dans un réservoir suflisaminent
spacieux était la première opération à entreprendre. C'est ce qu'a compris M. Ber-
ton. Et pour l'aider dans ce travail assez dispendieux, il sollicitait et obtenait de
son propriétaire la construction du barrage dere'.eiiue.
D'autre part, au-dessus du niveau du réservoir, M. Berton a creusé de larges
fossés destinés à recevoir et à diriger les eaux pluviales venant de ses terres
labourées.
Par suite de cette ingénieuse disposition, M. Berton a pu établir 10 hectares de
praiiies qui lui lournironi une quantité très notable d'excellen' fourrage et lui
permettront d'augmeniei', à siui grand profit, le nombre de ses animaux de rente.
La Commission lélicite m. B-rton de >on initiative et lui décerne à l'unanimité
une médaille d'or, pour la création de ses prairies naiurelles.
M. GoLLi.M (Fr.iuçois-Augu>te), à Passavant, canton de Sainte-Menehould. —
La giande diusion du sol, qui a pour corollaire l'encldve, rend difficile et coû-
teuse son exploitation. A Pa savant, le sous sol est imperméable et l'humidité qui
en résulte augmente les Irais de culture et porte préjudice aux récoltes en limitant
la quantité et la qualité.
Agglomérer les surfaces éparses, débarrasser la terre de l'eau qui lui nuit, el
utiliser cette eau au profit de la production, c'est réalisur une triple amélioration,
bien digne de tenter les esprits courageux et clairvoyants.
C'est en s'inspiiant de ces idi'e.s que .M. CiUin a entrepris les travaux multiples
dont nous avons été à même de consiater les bons résultats.
Depuis 1«61, 32 parcelles, provenant de 30 propriétaires, ont été groupées
au'onr de 9 parcelles uppirtcnant à M. Collin. Le drainage, pratiqué depuis la
même époque, cnmporte un dévelopi.craent de 2,305 mètres,, y compris les canaux
souterrains i[ui couluiseiit les eaux sur les terres à irriguer. Les prairies natu-
relles créées, jointes à celles qui ont été améliorées pir l'arrosage et l'assainisse-
ment, représentent une suiiace, de 6 hectares 78. Toutes sont en bon état de
produ.:lion et rendent. Ion an mal an, 3,500 kilog. de foin environ par hectare,
première t'oupe et regain cuiiipr s.
Les dépenses se sont élevées à 1,883 francs, dont l,3'-3 francs pour le drainage
et 500 francs pour les irrigations et le nivellement du sol.
En agissant comme il vient d'être dit, M. Cillui a donné un très bon exemple
et il a procure à ses terres une [iLusrvalue qui le dédommage largement de ses
sacrifices.
Pour récompenser M. Collin de ses efforts et espérant qu'il trouvera autour
LA PRIME D HONNEUR ET LES PRIX CULTURAUX .DANS LA MARNE 351
de lui des imilatciirs, la Commission lui décerne à l'ananimité une méJailla d'or.
M. DE Bjhwi (Uusiuve). à Fre-nes, canton de Bourfro;^nc. — L'étendue Jes
terres cultivées par M. de Bohara est de 100 hectares. Elles sont fortement cal-
caires. Le sou<-sj1, complète août crayeux, e-^t recouvert, dans quelquHS rares
endroits, par une faible couche de grève. L'épaisseur de la couche arable varie de
G m. 15 àO ra. 30.
L'assolement suivi dans le pays est l'assolement triennal pur, qui comporte
deux années de céréales et une année de jachère.
Les renJeU'-nts eu grain et en piille sont relativement peu ftlevés. (La prodiuc-
tion du lumier est peu abondante. Et comme tout s'enchaîne dans la cultnre, les
profits sont faibles.
Rechercher les causes do celte inférioiité pour y porter remède, était un pro-
blème aussi intéressant qu'utile, bien digne de tenter l'activité et le savoir de
M. de Boham. C'est ce qui arriva.
Pditant de ce principe, que, piur qu'une plante se développe normalement, il
fautqu'elle trouve à sa portée les éléments <iui doivent la coastnucr, M. de B jhara
fut couduit à l'aire analyser ses t-^rres et à en coinpirer la c:)m,ioitioi avec celle
d'autres terres donnant d'^hnalants proluits. C est alors qu'il put cîns'ater
qu'une matière importante, la potasse, ne se trouvait pas en quantité siini<anie
danssonsol. Et lourse bien convaincre que, dans ces conditions, le l'u.aœr de fenne,
qui n'est que l'expression, sous une autre forme, des fourraires consommés et des
litières, était insutfisanl pour élever le niveau de la fertilité de ses champs, il fil
analyser soQ fumier et en même temps celui provenant d'un villa.;e des Ardeunes,
où la terre lui piraissait m, eux é [uilibrée. Dj ces de ix analyses, il résulta que la
richesse en potasse du second était plus grande que celle du premier. D'où il
conclut que l'apport d'eni^rais potassique devait avoir pour conséjueace d'accroître
le produit de ses récoltes.
i)es expériences furent tentées à Fresn«s, et vo;ci, en résumé, ce qu'elles
donnèrent.
De 1876, date de la reprise de la cu'ture de son père par ÎM de Boham-, ù
1880, les résultats furent loin d être encourajents. Go n'est que depuis ISSOque,
guidé par de bons conseils et aussi par l'expérience des années précédentes,
M. de Boham trouva la voie du succès. Sur des terres rest-ies sans fumure depuis
dix ans, il obtint de bonnes révoltes, et sur des sols m )ins négligés, il arriva à
des rendements vraiment remarquables en céréales et en fourra.ges.
Les matières employées sont le chlorure de 'potassium pour la potasse, le
nilrati de soude pour l'azote et le supirphosphate de chaux pour l'acide phospho-
rique.
Les doses, les proportions à observer dans les mélanges, le moJe et l'époque
de l'emploi varient suivant la fertilité du sol et la naiure des cultures.
Les (juantités consommées eu 1883 ont été les suivantes : chlorure de potas-
sium, I2,00j kllog., représentant 6,950 kilog. de potasse ; nitrate de soude,
•2,500 kilog., éc[uivalant à 390 kil ig. d'azote; superjihosphatfs minéraux,
9,000 kllog., équivalant à 1,170 kilog. d'acide phosphariquie. Le tout pour une
somme de 5,500 francs.
Les dé[iensespar hectare varient pour le blé de 6":» à lui francs ; pour les bet-
teraves à sucre, de 135 à 180 francs; pour les prairies artiliciellcs et temjioraires,
de S5 à 80 francs.
Les engrais chimiques sont semés seuls ou associés avec du fumier de ferme.
Leur emploi, quia déj'i occisionné dans la culture de M. de Boham des luo li-
lications sérieuses, pourra lui permettre d'ici peu d'années de suppriqaer la jachère
morte et de soumettre ses terres à une production plus intensive.
Depuis 1876, la surface ensemencée en blé a été doublée et celle du seigle
augmentée il'iin tiers. De plus, et c'est là un fait important, la betterave à sucre,
({ui avait jusqu'alors été considérée comme impossible à produire dans it-s terres
(le Coampague, occupe depuis trois ans chez M. de Bjhiia une surface de
12 hectares.
L>;s reiideiTients, en 1883, ont été en moyenne do 20 quintaux par hectare pour
le blé et de 27,3.00 kilog. pour la Lettenive. Ce dernier produit est inférieur à ceux
de IS'^l et de 1S82, qui ont atteint >I3,000 kilog. et 3u,850 kilog., ]iar suite de
certains retards dans lès soins d'entretien, que le mauvais temps n'a pas permis
d'éviter.
Les faits mis en relie!' par M. de -li ihiin avaient, il est vrai, été con.s'tatés
3p,, LA PRIME d'honneur ET LES PRIX GULTURAUX DANS LA MARNE.
depuis longtemps. Mais il n'est pas sans intérêt de les voir se maUi,-)lier, car
s'ils se reproduisent toujours dans le même sens, c'est qu'ils sont dus à une cause,
bien définie, et leur renouvellement prouve qu'il faut savoir en tenir grand compte
dans les sols de Champagne surtout.
Si M. de Bûham n'est point un novateur, c'est dans tous les cas un intelligent
et actif vulgarisateur qui peut donner de précieuses indications à ceux qui voUi-^
draient l'irailer. i ,.^
La Commission, à l'unanimité, décerne à M. de Boliam une médaille d'or, pour
l'emploi et la vulgarisation des engrais chimiques dans les terres calcaires de la
Champagne. ii)r,
{La suite prochainement.) A. Sauvage, .^î
Professeur d'agriculluicde la Haute-Marne.
NOUVELLES INVENTIONS AGRICOLES
ANALYSE SOMMAIRE DES DERNIERS BREVETS DÉLIVRÉS :'^
161,354. Lahaye. 5 avril 1884. Sysiéine de bordures de^jardin, parc, etc., m
ciment de toutes espèces el faisant des objets de toutes formes, dimensions, dessins
et couleurs. — (Ce brevet avait été signalé sans analyse dans le dernier numéro^'
parce que l'administration n'avait pu nous le communiquer.) ■>'
Le breveté ne donne pas d'autres indications que celles contenues dans le titre,
si ce n'est qu'il revendique pour ses produits l'avantage d'être plus économiques
et moins fragiles que ceux faits en terre cuite.
161,492. Société Jean-Baptiste Julien et Gie. 11 avril 1884. Système de
pieux de barrage pour clôtures d'herbages et autres. — Le pieu est en l'er ou en
fonte malléable et à section de T; il se distingue par l'adjonction de ce que l'in-
venteur appelle une platine et qui consiste dans un fer cintré en forme do fer à
cheval et fixé au pieu par trois rivets, de 0 m. 20 à 0 m. 25 du pied de celui-ci.
Il est dit dans le bievet que cette platine donne aux pieux une grande résistance
contre les poussées exercées en tous sens par les animaux contre les clôtures.
161,500. PiiiLiPONNET. 11 aviil \%%k.Charrueperfe(:tionnép, dite charrue tourne-
sep. — Cette charrue est plus spécialement destinée à être employée sur les terrains
en pente, afin de remonter la terre plutôt que de la descendre, mais elle est
d'ailleurs ap[ilicable aussi dans les autres cas. Elle est caractérisée par un sep
susceptible de tourner autour de l'âge et que l'on solidarise à volonté, au moyen
de verrous, avec l'une ou l'autre de deux oreilles venues d'une même pièce et
pourvues chacune d'un soc ; pendant le travail, l'un ou l'autre de ces socs se
trouve dans le prolongement de la partie antérieure du sep. Lorsqu'on est arrivé
au bout d'une raie, on peut immédiatement commencer une autre raie en retour
nant la charrue, et la terre se trouvera versée toujours du même côté, pourvu
qu'on ait soin de faire pivoter le système d'un demi-tour. La construction de
l'instrument permet de régler l'entrure du soc, et de le relever ou de l'abaisser,
pour triompher des obstacles que rencontre sa marche.
161,507. ScHLiWA. 17 avril 1884. Procédé pour l'extraction des pho<:phates
solubtes dans l'eau des dépôts produits par ta déphosphoration des fers hasiques.
— Les dépôts en question sont réduits en poudre, puis sont fondus avec de la
soude en proportions telles que l'acide phosphorique 'qu'ils contiennent reste
en combinaison avec la soude. Le phosphate de snudc produit est lavé à l'eau, et
l'on a alors une solution que l'on peut incorporer à un engrais quelconque,
plâtre, tourbe, etc. La soude peut ûtie lemplacée par la potasse ou le salpêtre. Le
breveté se réserve d'appliquer le même procédé à tous les j'hosphates naturels.
161,531. FoUHNfeT. 16 avril 1884. Système de paragelées pruitanièrcs pO'ivant
servir de paragrêle. — Le système, destiné plus particulièrement aux vignobles,
consiste à planter en terre des rangées de pieux, avant la pousse des premiers
bourgeons, et à articuler sur ces pieux, au moyen de pivots horizontaux, des
planchettes en bois bruts, qui, lorsqu'il ne gèle ni ne grêle, sont maintenus dans
une position verticale, mais qu'on laisse se rabattre horizontalement quand il
devient nécessaire de protéger les plants de vigne.
Alin de rendre la mai œuvre plus expéditive, l'axe de rotation des planchettes se
trouve un peu plus bus que leur milieu, et leur partie supérieure s'yppuie contre
des verrous qu'il sullit de tirer pourquelesdites planchettes s'abattent d'elles-mêmes
horizontalement ; tous les verrous d'une même ligne de pieux sont reliés ensemble
par des fils de fer et se commandent, par suite, tous à la fois.
NOUVELLES INVENTIONS AGUICOLES. 353
Les pieux et les planchettes sont sulfatés, en vue de leur conservation et aussi
pour éloigner les limaçous et les limaces. Le système peut servir eu lout temps à
abriter les plantes du vent du nord et à réllécliir les rayons solaires. Le breveté,
indique le prix de 250 à 350 fraies pour une ligne de pieux d'un kilomètre. -j
161,553. Derome. 15 avril lc84. Dislribuleur universel Deroiw, réduit à tes
proportions les plus simples et les plus économiqae.s, pour la disLnbulion des
engrais et des graines. — L'appareil est basé t>ur le même principe que le semoir
pour betteraves et céréales quia fait l'objet des brevets obtenus en 1876 et en 1881
par M. Derome et qui, en même temps que la semence, distribuait les engrais
complémentaires, lesquels doivent, dit l'invenieur, être distribués en dessous ou à
côté de la ligne de graine pour produire les meilleurs effets possibles. Mais l'appa-
reil est maintenant simplifié.
La simplification consiste à n'avoir plus qu'une seule poulie, un seul agitateur-
expulseur, etc., au lieu d'en avoir autant qu'on voulait ensemencer de rangs.
Maintenant, avec une seule poulie, on peut ensemencer 3, 4, 5 ou 6 rangs de
betteraves, ou le double pour les céréales, tout en distribuant l'engrais par les
nrêmes organes. Le système permet d'ailleurs de semer en lignes ordinaires, en
bandes ou à la volée, indifféremment.
En fait, voici quelle est la disposition de l'appareil. Dans le bas de la trémie,
tourne un arbre muni de bras agitateurs-mélangeurs-expulseurs, et an-dessous se
trouve la poulie sus-mentionnée, qui, dans sa rotation, se recouvre sur sa circon-
férence de la matière à distribuer. Une plaque, dite régulateur, que l'on approche
plus ou moins de la poulie, règle l'épaisseur de la couche adhérente; un peu plus
bas, un décrottoir ou ràcloir détache cette couche, et en même temps la divise en
bandes grâce à des ailettes tranchantes disposées sur la face postérieure de ce
ràcloir; chique intervalle de deux ailettes correspond aune des hottes qui
constituent la tète des tubes distributeurs; on voit donc comment ces derniers se
trouvent alimentés.
La poulie peut être cannelée ou non: et elle peut ou non être munie de nervures
correspondant comme position aux ailettes tranchantes du ràcloir. On peut faire
de grands semoirs à deux ou plusieurs poulies.
1(51,555. Ducos. 10 avril 1884. (Brevet de 5 ans ) Tombereau dis'ribuleur
d'engrais à quatre compartiments, à timon raide ou articulé, pouvant éjatemenl
servir au transport des terres et engrais pou,r V amélioration des viqnes sans endom-
mager Its ceps où il peut passer. — Gomme le titre du brevet l'ndique, le tombe-
reau de M. Ducos est divisé en quatre compartiments, d'une part par une cloi-
son transversale située au milieu de sa longueur, et, d'autre part, par la disposi-
tion du plancher, lequel est formé de deux parties très inclinées se rejoignant
dans l'axe par leur partie supérieure. Chacun de ces quatre compartiments se
ferme par une porte latérale qui est en surplomb ; de sorte qu'il suKit de tirer des
verrous à mentonnet pour que les portes s'ouvrent d'elles-mêmes, vu leur tendance
à reprendre la verticale, et permettent ainsi la chute du contenu, qui glisse sur le
fond incliné. La première traction exercée sur les verroux n'ouvre que les com^;
partiments de devant ; en continuant, on ouvre ceux de derrière.
Quant à l'articulation du timon, elle a pour but de permettre au tombereau de
tourner plus facilement dans certains cas.
161,557. GoKY. 16 avril 1884. Ptrfectionnement aux silos portatifs et aux mé-
canismes à employer pour l'ensilage ou pour comprimer les substances végétales
ou autres matières. — Le brevet établit des silos circulaires formés de douves
cerclées comme des tonneaux et qui sont placés à l'intérieur de la maçonnerie ;
le fond est fait en béton, terre glaise, bois, etc. ; la toiture est en fer uni ou can-
nelé, bois, carton, feutre, chaume ou autre matière imperméable. Ces silos peuvent
être munis d'une porte qu'on lute pour empêcher les rentrées d'air. Des chaînes
s'attachent au fond par une extrémité, et ell s s'élèvent verticalement jusqu'à des
poulies de renvoi fixées sur les sommiers du plancher supérieur; après quoi elles
vont s'accrocher à un tendeur-raidisseur, à un ci ic ou autre dispositit permet-
tant de les tendre pour opérer la compression des matières ensilées. L'extrémité
inférieure de ces chaînes pourrait aussi, au lieu de s'attacher à des points fixes du
fond, pas er sur un plancher mobile servant de lit aux céréales ensilées.
lt-1,576. FRA.Nciii.YN. 17 avril 1884. Composé perfectionné pour la gw^rison du
phylloxéra et d'autres maladies des plants de vigne et des plantes généralement. —
Quand il s'agit de traiter la vigne contre le phylloxéra, le produit est composé de:
savon mou (savon noir), 500 grammes; acide carbolique, 31 grammes. Dans les
:;354 NOUVELLES INVENTIONS AGRICOLES.
■autres cas, on réduit la proportion d'acide carboiique. Oq amèue le produit à
• rétat d'éiuulsion ou de li-|uid,een l'étenilant d'eau daus lat[ueUe onpeut ajouter de
la iparalfme ou du pétrole. Pour l'emploi, on se sert d'une seriugue ou d'une
pompe.
Cërtii'ic.\ts d'addition. Barue. h avril 18S4. (Brevetn" 158,370.) Prod iclion
cl apiilicaiion induslrieVe d'un nouveau phnspiviie df, chuix sol.idf, non dUiqmsemt
et fMip.remciit solMe dans Ctaii. — Ce certificat d'addiiion a pour objet la soli-
diiication de l'acide phosjihorique par l-i cli .uk et sa trausformatioa eu un corps
solide dont tous les éléments sont assimilables, non déliquescent, cimpletement
soluble dans l'eau, contenant autant d'acide phosphoriiue anhydre PhU', qu'il en
e.\istHit dans la lii(ueur sirupeuse employée à sa fabrication, présentant une
composition chirai |ue constante et ne pouvant pis être confondu avec le phos-
phate acide de cluux, qui est moelleux et délii[uesi:eat.
Ou indique l'emploi de ce nouveau produit, l'aciie phosphorique solidilié, pour
fabriquer des superphosphates de forces variables.
Gir. Assi ET L. Genès,
Ingénieurs-conseils en malière de brevets d'invention,
36, boulevard Voluire, à Paris.
SITUATION AGRICOLE D.INS L'ALLIER
Pétrassin. par Arfeuilles, le Î5 août lS8i.
Pendant l'exécution de la moisson dans nos paiMges,Ia température a fait rage,
car tous les jours nous avions de la pluie ou d'affreu.x orages, au grand désa-
vantage de la classe ouvrière et des pauvres agriculteurs, qui sont déjà, si
éprouvés par Ja crise agricole et la surcharge de leurs impôts et de la main-
d'œuvre, surtout celle à 1 année; il y a donc eu beaucoup de céréales avaiiées et
de fouriages détériorés. Malgré tout cela depuis quelques temps nous souffrons
d'une afl'reuse sécheresse qui hrùie tout, et finit de griller le peu de raisins qui
restent attachés après nos ceps.
En géuéral, la i école des cérdales est bien meilleure que celle de l'année
, dernière, mais est loin d'atteindre le but que l'on atteodtit d'elle ; ce sont d'abord
la sécheresse des mo'S d'avril et mai, qui lui a été nuisible, puis les pluies
froides et les brouillards des mois de juin et juillet, qui ont nui à sa fécondation, il
en est de même de la vigne qui montrait dès le dé',)ut beaucoup d-. forniances,
puis la plus grande partie a coulé et tombé, et une autre partie est restée inféconde.
La recoke des lourrages a été en général l'oit minime, et, suivant les zones
climaléri'iues, fort avariée par les pluies et orages de juin et juillet. Il en est de
même des pommes de terre où les orages sont passés, elles sont de toute beauté,
et brûlées parle soleil ou elles n'ont pas eu assez d'eau. Nojs n'avons pas de regains
ni de léga ues dms nos potagers, tout est grillé.
L'état smitaire de tous nos bestiaux est très bon, mils la sécheresse leur a
fait subir une grande baisse, elles cochons sont à vil prix, surtous les petits.
Nebout.
SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE
Séance du 27 mûl 1884. — Présidence de M. Chevreul.
M. Barrai, qui s'est rendu à l'exposilion agricole d'AiiisLerdain pour
y reiiiplir les foticLioas de membre du jury, s'excuse de ne pouvoir
Tissisler à la séance.
51. Sacc, correspondant, envoie une note sur la composition chimique
de quelques plantes de l'Uruguay (Amérique méridionale).
iM. Plucliet fait une communication sur les expériences auxquelles il
■s'est livré à Trappes sur la culture de quatre variétés de blé: le blé
Alepli el le blé Daltel, nouvelles variétés obtenues par M.W. Vdinorin-
Andrieux, le blé Durand et le blé Shireff à épi carré; il résulte de ces
expéiienees que ces nouvelles variétés ne lui ont pas fourni des rende-
-ments de nature à leur l'iire donner la préférence sur les ani-ieiines va-
■riélés, et que la qualité du grain n'est pas exceptionnelle. A la suite de
ces détails, M. Pluchet présente quelques considérations sur la situa-
SOCIETE NATIONALE D AGRICULTURE. 355
tion fâcheuse dans laquelle se trouve la culture, et il demande à la So-
ciété d'envoyer au ministre de raii;ric(ilture un vœu conforme à celui
qui a été présenté récemment par les dislillaleurs agricoles. M. Heiizé
t'ait observer qu'il n'est pas dans les usages de la Société de prendre l'ini-
tiative de vœux de celte nature, et M. Ctievreul fait remarquer que ce
n'est pas dans une séance de clôture qu'on peut prendre des décisions
aussi graves. M. Chatin appuie les observations de \1. Pluchet sur la
situation pénible de la culture aux environs de Rambouillet.
M. Heuzé présente une lettre de M. Jules Cormouls-Houlès, asjricul-
teur à iMazamet (Tarn), sur les résultats qu'il a obtenus par l'ensilage
des fourrages verts en plein air. Cette lettre est reproduite dans ce nu-
méro (page 327). M. Heuzé insistesur lesavanlages que procuce la mé-
thode décrite dans cette lettre, sous le rapport de l'économie tant de la
main-d'œuvre que de la dépense de construction des silos ; cette écono-
mie est telle que M. Cormouls-Houlès abandonne ses silos maçoanés
pour la conservation en plein air. Quelques observations sont présen-
tées par MM. Pluchet, G^ireau, Bouquet de la Grye et Clialin. M. Piuv-het
rappelle que la Section de grande culture ayant eu h examiner ce sysfcrae
qui lui avait été présenté par M. Rouvière, a cru devoir réserver son
opinion relativement à l'économie de main-d'œuvre qui en résulterait.
11 pense qu'il serait utile de multiplier les expériences.
A l'occasion du procès-verbal de la séance précédente, M. Doniol
rappelle l'importance destravauxauxquels s'est livré M. Cliancel, aacien
doyen de laFdcaltédessjieniîes de M )ntpeUier, sur le plàtra:5edds vins.
La Société entre en vacances, et s'ajourne au mercredi 5 novembre.
Henry Sagmer.
REVUE G0ini3RGI\LE ET mi OÎRVNF D3S DS\!{SSS AGRICOLES
(30 AOUT 1884.)
1. — Situation générale.
Les marchés agricoles ont encore présenté une assez grande activité durant
eette semaine; mais les transactions sont difliciles pour la plupart des denrées,
principalement pour les céiéales.
n. — tes grains et les farines.
Les tableaux suivants résuin3nt les co^irs des céréales, par quintal métrique,
sur les principaux marchas de la France et de l'étranger.
Blé Seigle. Orge. Avoine
fr. ir. Ir fr.
., . • Annr. l blé tendre.. 18.00 b » d
Angleterre. Londres 20. LO » 18 75 18.05
Belgique. .Xiivers 21. .00 16.7.T 31. .50 21.75
— Bruxelles 22 00 1G..SU 1S.75 iS.UO
— Lié-B 20.75 17.iiO 17.50 17.00
— Naiiiur 22.50 16. 7:.- 20.25, 19.75
Pays-Bas. imsterd.iui 19.15 15.00 » »
Luxembourg. LuxeuOoiirg 22.00 23.25 2050 20.50
Aisace-Lorraine Slrusliourg 24.25 19.75 21.75 19.25
— C-.loiar 2o.OO ia.;5 20.50 20. .ÎO
— Mulhouse 24.25 19.75 2J.75 21.25
Allemagne. Berlin 18 10 l(j.7.) » »
— Cologne 23.25 17.50 » »
— Fraa;lort 21 85 20.011 22.50 17 00
Suisse. Gsuève. 24.75 19.01) 19.00 20.50
hiUie. Milan 22.00 18. .50 » 16.00
Espagne. liaj-celuiie 22.50 ■> » »
Amricke. Vienne 18.0) 15 20 15.50 15.00
Hongrie. Budapest 17.30 14.4) 17.00 13.00
liusite. Siinl-rétersl)ourg.. lo.i-O 13.50 » 11.00
Etats-Un%'. New-ïork 17.25 » » •
356
REVUE COMMERCIALE ET PRIX GOURANT
I" RÉGION. — NORD.OrEST.
Calvados. Cordé
— Lisieux
C~du-!^'ni d Lannion..
— Tieguier
Finistère. Morlaix
— Quimper
llle-el-Vilnine. Rennes
— SditiL-Malû
Manche. Avrartches. . .
— Ponlorson
— Villedieu
Mayenne. Laval
— Mayenne
Morbihan. Mennebont.
Orne. Bell, me
— Seez
Sarthe. Le Mans
— Sablé
Prix raoyeos.
î" RÉajo
Aisne. Laon
— Chauny
— Chàteau-Tbierry.
Evre. Evreux
— Le Neubourg
— Pacy t —
Ewe-et Loir. Chartres..
— Autieau
— KORenl-le-Rotrou.
Nord. Cambrai....
— Douai
— Valeiiciennes
Oise, Beauvais
— Compiègne
— Senlis
Pas-de-Catais. Arras. . .
— Saini-Omer
Seine. Parts
S.-el-Marne. Meaux
— Nemours
— Provins
S.-ei-lHse Etauipes
— i'onloise
— Versailles
Seine-lnfêri eure. Rouen.
— Fecaiiip
— Diepp-
Somme. Amiens
— Doulieiis
— Roye
Prix moyens
3" RKGION. -
i4rdenr!es. Charleville.
— Sedan
Aube. Bar-sur-,4ube
— Meiy sur-Seine...
— Tioyes
Marne. Ch.ilons
— Epern ly
— SainLe-Menehould.
Hle-Marne. Langres ...
Meurthe-et'Mos. Nancy.
— Hiiieville
— Toul
Meuse. Bar-Ie-Duc....^ .
— Verdun
Haute-Saône. Gray
— Vesoul
Vosges. Epinal
— Ndutchàteau
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22,00
22.00
22.50
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16.00
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16 50
17.00
13.25
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19.00
19.00
17.50
17.25
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17.00
17 00
19.50
18.00
19.25
2.' 00
21 80
20. (JO
20.00
20 75
Prix moyens 2î.ll 15.72
4' RÉGION. — OUEST.
Charente. Angoulérae.
— RuiTec
Char.-mfèr. Marans..
Deux-Srvres. Niort ..
Indre-et-i.oire. Blérê.
— Tours 22.50
Loire-Inf. Nantes 20 . 00
Af.-eï-Z.oir*'. Saumur 2o 65
— .\uter5 20.50
Vendée. Luçon 20.00
— Font'*nay-le-Cle .. 22 00
Vienne. Chàleilerault... 22.25
— Louduii 21 .00
Haute-Vienne. Limoges
,Prlx roovens
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Loiret Orléans
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Nièvre. Nevets
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Vonni' Uiieiion
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18.50
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Ain. Bourg
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— P"nt-de-Vaux...
21.00
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Côle-d'Or. Dijon
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18.20
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22.00
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Douhs. Besançon
22.25
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15.00
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Jura. Dôle
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Saône- et- Loire. Chàlon
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19.00
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21.00
Dordogne. Beigerac, . .
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Hic-Garnnne. Toulouse
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— t)t-Gaudens
24.00
16.00
17.00
17.25
Gers. Coruiom
22.50
23.00
22.30
20.50
18.50
— Mirande
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Gironde. Bordeaux
21 45
»
— BaZ'is
22.00
18 00
B
„
Landes. Dax
24.00
20.50
„
19.00
Lot-et-Garonne. Agen. .
21.00
19.25
18.00
18.00
— Nèrac.
22.00
11
B
19.00
B.-Pyrénées. Orlhez
21.50
„
»
20.70
Hten' Pyrénées. Tarbes.
22.00
20 00
»
20.50
Prix moyens
22.58
18.54
17.50
19 31
8" RÉGION. — Sri>.
Aude. Carca«;«onne .. .
23.50
17 00
18 25
19.00
Aveyron. Rodez
22.00
16.80
;,
18.00
Gantai. Mauriac
23.00
21.25
))
20 50
Correze. Tulle
2J.25
18. oO
18.75
18.25
Hérault. Montpellier . . .
23.25
»
18.25
18.50
— Cetle
23.50
23.70
18.25
18.50
Lot. Cahors
18.50
Lozère Mende
25.65
25.00
23 30
17.80
24.00
28.05
P/yrfnres-O)'. Perpignan
25.65
23.00
22'. 85
u
18.25
18.50
— Moîitauban
19.50
Tarn~ei-Oar. Moissac.
20.75
I6.O1)
n
18.00
Prix moyens
23.20
18.52
19.37
20.49
9* RÉGION.
— Sri>-EST.
Brnises- Alpes. Manosque
24.60
»
a
21.0»
Hautes- Alpes. Briançon.
23.50
IS.OO
18.75
19.00
Alfif s- Maritimes. Nice. .
24.20
19.00
20.50
21.00
Ardecke. privas
26.75
18.00
16.50
19.3»
B.'du-iHiône. Arles
23.00
n
ji
18.00
Drame Romans.
21 .25
14.50
B
17.50
Gard. Nimes
23.20
23.50
18.75
17.00
21 50
17.25
Ilaute-L'ùre. Brioude...
17.00
Var. Dru^uignan
23 50
»
B
»
Vauciuse. Carpentras..
23.25
u
II
17.00
Prix moyens
23.67
17.65
18 85
18.57
Moy. de toute la France
— de la semaine précéd.
22.20
16.46
18 47
18 37
22.87
16.73
18.61
1» 52
Sur la seiiiaineiHausse.
*
.
>
B
précédente. .iBaisse..
0.67
0 27
0.14
0.
DES DENRÉES AGRICOLES (30 AOUT 1884). 357
Blés. — La situation des marcliés aux blés ne s'est pis l)eaucoup modifiée
depuis huit jours; les affaires sont toujours ;uissi lilficiles, et la baisse domine
toujours dans la])lupai't des départements. Toute'ois, elle ne paraît pas devoir
prendre, du moins d'ici quelque temps, de nouvL'iles proportions. Mais la vente
des farines est toujours pénible, et il est difficile de prévoir (jue les prix se relèvent,
en raison des offres nombreuses et des iraporiations qui se font sur une grande
échelle. — A la halle de Paris, le mercredi 27 août, il n'y a eu que des affaires
restreintes sur les blés, les prix ont été cotés de 20 fr. 50 à 21 fr. 75, par 100
kilog., ou en moyenne 21 fr. 25, soit 75 centimes de baisse depuis huit
jours. Au marché des blés à livrer, on cote : courant du mois, 21 fr.; septembre
-20 fr. 75; septembre et octobre, 20 fr. 75; quatre derniers mois, 20 fr. 75à 21 fr.;
quatre mois de novembre, 21 Ir. — .\\i Havre, les blés exotiques sont offerts à des
prix toujours faibles; ceux d'Amérique se cotent de 21 fr. à -21 fr. 50 par
100 kil.jg. ; ceux des Indes, de 21 fr. à 21 fr. 50. — A J/ar.«ei'/e, les affaire-;
sont toujours calmes; en raison de la baisse générale sur les cours, les
ffres sont tout à luit restreintes. — A Londres, le mouvement de baisse continue
à s'accentuer, de môme que sur la plupart des marchés de la Grande-Bretagne;
les prix moyens se fixent à 20 fr. 50 pour les blés indigènes, de 19 fr. 5u à 20 fr.
pour les blés exotiques, dont les olïres sont toujours nombreuses.
Farinrs. — Le mouvement de baisse est constant sur toutes les sortes. Les farines
de consommation se cotaient à Paris le mercredi 27 aoiît : manjuc de Gorbeil, 47 fr.;
marques de choix, 47 à 50 fr.; premières marques, 46 à 47 fr ; bonnes marques,
44 à 45 fr.; sortes ordinaiies, 43 à 44 fr.;le tout par sac de 15;-t kilog., toile à rendre
ou 157 kilog. net, ce qui correspond aux prix extrêmes de 27 fr. 40 à 31 fr. 85 par
100 kilog., ou en moyenne 29 fr. 60; c'est une baisse de 25 centimes sur le prix
moyen du mercredi précédent. — Pour les farines de spéculation, on cotait le
27 août au soir: farines neu /'-marques, courant du mois, 43 fr. 25 à 43 fr. 50;
septembre, 43 fr. 25 ; septembre et octobre, 43 fr. 25 à 43 fr. 50 ; quatre derniers
mois, 43 tr. 50 ; quatre mois de novembre, 4 1 fr. î 5 ; le tout par sac de 159 kilog. ,
toile perdu ou 157 kilog. cet. — Pour les farines deuxièmes, les prix sont en
baisse, de 20 à 22 fr. par 100 kilog.
Seiijli's. — Il y a un ])eu de baisse dans les prix. On cote à la halle de Paris, de
15 fr. 75 à 16 fr. par 100 kilog. Les farines de seigle valent de 20 à 23.
Orge. — Baisse aussi sur les prix de ce grain. On cote klalialle de Paris, de 18 à
19 fr. par lOJ kilog., suivant les sortes. Les escourgeons se cotent d 18 fr. 2'i
à 19 fr. En Angleterre, les orges se cotent de 15 fr. 50 à 19 fr. — On paye les
malts d'orge, de 3l à 38 fr.; ceux d'escourgeon, de 31 à 32 fr.
Avoines. — Quoique les offres soient assez abondantes, les prix sont soutenus à
la halle de Paris. On paye les orges noires de 18 à 19 fr. 75 par 100 kilog.; les
autres sortes, de 17 à 18 Ir. 50.
Sarrasin. — Prix très ferme de 17 à 17 fr. 75 par 100 kilog. à la halle de Paris.
Issues. — Les ours sont toujours fermes, en raison des demandes nombreuses.
On paye par 100 kilog. à Paris : gros son seul, 16 à 17 fr.; sons gros et moyens,
15 fr. 50 à 15 tr. 75 ; son trois case-, 15 à 15 ir. 25 ; sons fins, 13 fr. 50 à 14 fr.;
recou|.ettes, 13 fr. 50 à 14 fr.; remoulages bis, 15 à 16 fr.; remoulages blancs, 17
à 17 fr. 50.
III. — Fourrages et graines fourragères.
Fourrages. — Les prix sont toujours soutenus. On paye par i,ÛOO kilou'.. ta
Paris ; foin, 100 à 116 fr ; luzerne, 96 à 112 fr.; sainfoin, 80 à 96 fr.; paille de
blé, 60 à 74 fr.; paille d'avoine, 48 à 64 fr.
Graines fourrai/éres. — Les allaiies s-ont assez restreintes. Les graines nou-
velles paraissent, en général, être de très bonne qualité.
IV. — Vins. — Spiritueux. — Vinaigres. .— Cidres.
Vins. — La vigne continue à bien marcher; les raisins grossissent et tournent.
un peu plus lentement peut-être qu'on y comptait il y a quelques jours, mais avec
régularité; On est toujours salislait des apparences en ce qui concerne ia i[ualité,
et même dans quelques régions on compte aujourd'hui sur un rendement plus
considérable que celui qu'on espérait naguère. Sauf dans quelques parties de la
Franche-lJomté, le mildew. tant redouté des viticulteiirs, ne parait pas avoir fait
de dégâts sérienx. Les vendanges commen^^eront, dans le Midi, avec les premiers
jours de septembre : les anciennes vignes, les vignes de sable, les vignes submer-
gées, les vignes américaines y promettent un abondant et boa produit. Quant aux
transactions, elles sont très calmes. Voici les cours pratiqués au Havre pour les
358 REVUE COMMERCIALE ET PRIX GOURANT
vins étrangers : vins rouges d'Espagne, 42 à 50 fr. par hectolitre; de Portugal,
49 à bk fc. — A Alg^r, les vins de montagne valent de 20 à 28 l'r. l'hectolitre ;
ceux de plaine, 15 à22fr.
Spirilue^iX. — La siuaiion est toujours la même : peu d'at^aires et prix sans
changements. Dans le Mi li, le^ alcools de vin se cotent aux mêmes taux qu^ pré-
cédemnipnl. On cote pur ho.ct ilitre à Montpellier : trois-~ix. bon f,'oùt, 105 fr.-
marc, 95 l'r.; Nîmes, trois-six bun goût., 100 fr.; r.;arc,95fr. — A Paris, on paye:
truis-six fin Nord 90 degrés. !"■ qualiré, disponible, 41 fr.; septembre, tt\ Ir. 50",
quatre derniers mois, k-i fr. 25; quatre premiers mois, 43 fr. Le stock diminue :
il étnit, au 20 août, de 12,650 pipes contre i 3,350 en 1833.
Tartres. — Les cours varient peu. 0 i paye, à Bordeaux, les tartres blancs
225 à 23jfr. par 100 kilog.; les crèmes de tartre, 290 à 295 fr.
V. — Sucres. — Uélaixes. — Fécules. — Houblons.
Sucre'!. — La situation est restée la même depuis huit jours; les affaires sont
restreintes les cours ne subissent pas de nouvelles biisses, mais ils ne se
relèvent pas. On cote par 100 kilog. à Paris : sucres bruts, 88 degrés, saccha-
riraétrique, 35 fr. 50; le-i 99 degrés, 40 l'r. 2J à 40 fr. 50; sucres blancs,
40 fr. 75 ; — à Vale tiennes, sucres bruts, 34 fr. 25; à Lille, sucre bruis, 34 fr.;
sucres blancs, 40 fr. 50. Le stock de l'entrepôt réel des sucres était, ù Paris,
de 575,000 sacs pour les sucres indigènes, le 27 avril, avec une diminu-
tion de 17,0 DO sacs depuis huit jours. — Les sucres ralfinés se vendent de 100
à 111 fr. par 100 kilog. à la con-îoramation, et de 4S à 53 fr. 25 pour l'expor-
tation, sans changements depuis huit jours.
.]lê'a<^es. — Les cours des mélasses de raffinerie restent fixés à 10 fr. 50 par
100 kilog.
Fécales. — Maintien des prix. On cote à Gimpiègne 31 fr. par 100 kilog. pour
les fécules premières de l'Oise; à Paris, 31 fr. 50 à 32 fr. pour celles du rayon.
Hoiihinns. — Oa signale quelques ventes dans les centres de production;
néanmoins elles sont encore peu importantes Les prix accusent beaucoup de
fermeté, d'une part parce qufî le rendement définitif no sera probablement pas
très élevé, et d'autre part parce que la qualité par.iît devoir être très bonne.
VI. — Tourleaux. — Noirs. — Engrais.
Tourle.nux. — L?s cours varient peu. On cote par 100 kilog.: à Rouen, tour-
teaux de colza, 16 fr. 3); de lin, 21 fr.; d'arachides 15 fr. 50 à 15 fr. 75; à
Arras, tourteaux d'œillette, 13 fr. 50; de colza, 16 fr. 50; de bn 24 fr. fcO;à
Marseille, tourteaux de lin, 18 fr.; d'arachides en coque, 9 fr. 50; décortiquées,
14 fr.: de sésame, 12 à 12 fr. 75; de cocotier, 13 fr. 25; de colza, 12 fr.; d'oeil-
lette, 11 fr. 50; de coton, 12 fr.; de pilmiste naturel, H fr.; de ravison 1 L fr.
Noirs. — On cote à Valenciennes : noir animal neuf en grains, 33 à 36 fr. par
100 kilog ; noirs vieux grains, 10 à 12 fr. par hectolitre.
En irais. — Les prix demeurent slationnaiies. On cote par 100 kilog. : sulfate
d'amnoniaque, '8 à 39 fr.; nitrate de soude, 25 à -6 fr.; poudre d'os, 15 à 17 fr.;
guano disso'is Th. Pilter, 27 'r. 50 à 3i fr.; guano du Pérou égalisé (garantij),
38 fr.; phosplio-guano, 26 fr. 50.
VII. — Matih-es résineuses, colorantes. — Textiles.
Matières résineuses. — Maintien des prix. On paye, à Dax, 47 fr. par 100_ ki-
log. pour l'essence pure de térébenthine; à Bazas, 25 à 27 fr. 50 par barrique
pour les gemmes.
Ck'wvres. — Très peu d'affaires sur les marchés de la Sarthe.
Laines. — Sur les marchés du Berry, les laines nouvelles en suint valent 1 fr. 50
à 1 fr. 80 par kilog.
VIII. — Suifs et corps gras.
Suifs. — Il y a plus de fermeté dans les cours. On paye à Paris 82 Ir. par
100 kilo?, pour les suifs purs de l'abat de la boucberie, 61 fr. 50 pour les suifs
en branches.
S'ii'iiloux. — Maintien des anciens prix. On paye au Havre de 101 à 102 fr. par
100 kilog. pour les suifs purs de l'abat de la boucherie.
IX. — Beurrei. — Oiufs. — Fromages. — Volailles.
B'vrres. — lia été vendu pendant la semaine à la halle de Paris, 657,324 ki-
log. do beurres. Au dernier jour, on cotait par kilog. : en demi-kilog.,
1 fr. 98 à 4 fr. 10 ; petits beurres, 1 fr. 80 à 2 fr. 82 ; Gournay, 2 fr. 40 à 3 fr.96;
Isigny, 2 fr. 20 à 6 fr. 58.
DES DENRÉES AGRICOLES (30 AOUT 1884;. :;5 9
(£vfs. — Du 18 au 24 août, on a vendu à la halle de Pans 4^418,332 œufs.
On cote par mille : choix 102 à lie fr.; ordinaires, 67 à 8S l'r.; petits, 60 à
64 fr.
Froninrjes. — Derniers cours ds la balle de Pari« : par douzaioie : Brie, 4 à
18 fr.; Montlliéry, 15 fr.; — par cent. Livarot, 21 à 85 fr.; Moril-d'Or, 8 à 28 îr.;
Neulchacl, 3 à'27 fr. ; divers, 5 à 47 fr.; — par 100 kilog. : Gruyère , 110 ii,
190 ir.
X. — Chevaux. — Bétail. — Viande.
BélaU. — h" tableau suivant ré-inrae le na')uvetient officiel du marché aux bes-
tiaux de la Villette, du jeudi 21 au mardi 26 août :
Poida Prix du kilog. de viande nette aar
Vendus moyen pied au raarctiedu 2iaoi>t.
Pour Pour En 4 quartiers. 1'° 2' 3« Prix
Amenés. Paris, l'extérieur, totalité. kil. quai. quai. quai. moyen,
Bœufs 5, 207 2,9:r.i 1,704 4,637 :W.i l.ac, 1.54 1.30 1.47
Vaches 1,7.Ô3 808 595 l,.'i93 Î30 1.60 1.44 l.îi 1.41
Taureaux 326 259 39 2.-)8 386 1 .46 1 36 1.24 1.35
Veaux 3.8.56 2.241 991 3,232 76 1.74 1.6U 144 l.-ôS
Moutons 46 997 18,018 19.798 37,816 19 1.94 1.72 1 52 1.70
Porcs .^ras 5,839 1,946 3,851 5,797 82 1.44 1.38 1.32 1.35
Los arrivages des mirchés de la semaine se décomposent comme il suit :
Bœ'ifs. — Ai«ne, 13: .allier, 9; .4ubf. 3: Avevron, 10; Calvados, 1.249; Cantal, 12; Charente-
Inférieure, 26; Clier.SO; Cote-d'Or, 213; COies-ilu-Ncrd, 407; Ueu.x-Sèvre'i, 21; Dordogne, 39;
Eure-el-Loir, 25 ; Finistère, 77;lndic, 30; Indre-el-Loire, 8; Loi te. 62 ; Loirelnféneuie, 29;
Loiret, 5; Maine-et-Loire, 178; Manche, 178; Haute-Marne, 2; M lycnne, 250 ; Nièvre, 528;
Oise, 8; Orne, fj40; Puy-cie-Dôtne. 50; .^aône-et-Loire, 461; .Sarlhe, 51; Somme, 16; Vendée,
53 ; Vienne, 10; Yonne, 71; Italie. 73; Suisse. 20.
Vaclies. — Allier, 9 ; Aube. 6; Aveyroii, 4 ; Calvados, 258; Cantal, 72'; Charente-Inférieure, 8 ;
Cher, 27; Cote-d'Or, 51 ; r.ùtes-du-.Nur,1, 8; Eure, 18; Eure-et-Loir, 10; llle-et-Vilaine, 6 ;
Indre-ct-l oire, 3; Loire, 15; Loiret, 11; .Maine-et-Loire, 52; Manche. 153; Ma;enne, 11;
Nièvre, 402 ; oise, 10; Orne, 148; Puy-de-Dôme, 62; Saône-et-Loire, 149; Seine, 91; Seine-
Inférieure, 10; Seine-et-Marne, 3; Seine-et-'jise. 43; Vendée. 28; Yonne, 66.
Taureaux. — Aisne, 1 ; Allier, 1 ; Aube, 3; Calvados, 65; Cher. 6; Cûte-d'Or, 10; Côtes-du-
Nord, Il . Eure, 3 ; Eure-ei-Loir, 9; Finistère, 2; Ille-et-Vilaine, 41; Indre-et-Loire, 4; Loiret,
8; Maine-et-Loire, 6; Manche. 23; Marne, 2; Haute-Maine, 9; Mayenne, 9; Meurihe-et-
Moselle, 1 ; Nièvre, :<1; Oise, 2; Orne, 19; Puy-de-Dôme, 2; Saône-et-Loire, 15; Sarlhe, 8;
Seine-et-Marne, 3; Seine-et-Oise. 14 ; Yonne, 8,
Veaux. — Aulie, 402; Calvados, 18; Eure, 287 ; Eure-et-Loir, 472 ; Indre, 522; Indre-et-
Loire, 41 ; Loiret, 2:)7; Marue, 447; Oise, 76; l'as-de-Calais. 78; Puy-ile-Uôme, 166; Sarthe,
332; S-ine-Inlérieure, 187; Seiiie-et-Murne, 264; Seine-et-Oise, 52; Yonne, 100.
iloutdiis. — Aisne, 242; Allier, 686; Ardennes, 752; Aube, 830; Aveyron, 405; Cantal,
2,464; Charente, 989; Cher, 813: Corrèze, 878; Côle-TOr, 126; Creuse, 1,048; Deux-Sèvres,
456; Dord<igne, 51.1; Ille-et-Vilaine, 261; Indre, l,0;i4; Iiidre-el-Loiie, 130; Loiret, 233; Lot,
'820 : Lozère, 448; Mame-et-Loire, 476; Marne, 29û; Nièvre, 841: Oise, 171; Saûne-ei-Loire,
222; Seiiie-Iulérieure, 54; Saiiie-et-Marne 553; Seine-et-Oise, 120; Somme, 50; 'farn-elT
Garonne, 151; Hauie-Vienne, 126; Yonne, 62; Afiique, 1,665 ; Allema^'ue, 6,066; Autriche,
400; Hongrie, 12,510 ; Italie, ^i 5; Russie, 10,964.
Porcs. — Allier, 31 1 ; lîouches-du-Rhone, 38 ; Calvados. 1 14 ; Charente, 88 ; Charente Infé-
rieure, 38; Cher, 25; Côles-dii-Nord, 96; Creuse, 2:6; Deux-Sèvres, 606; Dordogne, 20; lUe-et-
Vilaine, 126; Indre. 68- Loire-lnléneure, 134; Loir-et-Cher, 111 ; Maine-et-Loire, 662 ; Manche,
82; Mayenne, 60; Pui-de-Doine, i90; Sarthe, 695; Seine, 145; Seine-Inférieure, 108; Seinc-et-
Oise, 25; Vendée, 745; Vienne, 51.
Les ventes ont été assez difficiles pour les diverses catégories d'animaux, mais sur-
tout pour les veaux et pour les moulons. Il y a eu un peu de baisse sur les prix des
gros animaux, mais surtout sur ceux de ces deux sortes. — Sur les marchés des
départements, on cote : Cnen, Iccuf, I fr. 70 à 1 fr. 90 par kilog. de viande nette
sur jjied; vache, 1 tr. 60 à 1 iV. 80; veau, 1 fr. 50 à 1 fr. 70; mouton, I fr. 80
à 2 fr. ; porc, 1 fr. 20 à 1 fr. 4t' ; — Roucrt, tœuf, 1 fr. 60 à 1 fr. 90 ; vache,
1 fr. 55 à I fr. 85; veau, 1 fr. 45 à 1 fr. 80; mouton, 1 .fr. 85 à 2 fr. 15; porc,
1 fr. 10 à 1 fr. 35; — Le Mans, hœuf, 1 fr. 55 à 1 fr. 65; vache, 1 fr. 50 à
1 fr. 60; veau, 1 Ir. 70 à I fr. 80 ; mouton, 2 fr. à V fr. 10; — Aanies, hœtiif,
0 fr. 85 à 0 fr. 90 par kdog. brut sur pied; vache, 0 fr 85 ; veau 1 fr. lu; mou-
ton, 1 fr.; — Nuncy, bœuf, 86 à 90 fr. par IOj kiiog. bruts; vache, CO à 88 fr. ;
veau, 52 à 60 fr. ; mouton, 95 à 105 fr.; porc, 64 à 70 fr. ; — Nevtrs, bœuf,
1 fr. 60 à 1 fr. 80; vache, 1 fr. 40 à 1 fr. 60; veau, 2 fr, ; mouton, 2 fr, ; porc,
1 fr. lO ; — W/O", bœuf, 1 fr, 6i' à 1 fr. 72 ; lauifau, 1 fr. 30 à 1 Ir. 46 ; vache,
1 fr. 24 à 1 fr. 68; veau (poids vif), 1 fr. à 1 fr. 12; mouton, 1 fr. 60 à 1 fr. 90;
porc (|ioids vif), 0 fr. 92 à 0 fr. 96; — Lyon, bœuf, 1 fr. 2^ à 1 fr b6 ; veau (poids
vif), 1 fr. à 1 fr. 12; mouton, 1 fr. 4u à 1 fr. 80; — Mmes, bœuf, 1 t>. 26 à
1 fr. 50; taurtau, 1 fr. 35; vache, 1 fr. 15 à 1 fr. 45 : mouton, 1 fr. 80 à 1 fr. 87 ,;
360 RKVUE COMMERCIALE ET PRIX GOURANT (30 AOUT 18841
moutons étrangers, 1 fr. 40 à 1 fr. 70; brebis, 1 fr. 25 à 1 fr. 65: agneau.
I fr. 15à l fr. 20; — Nice, bœuf, 1 fr. 50 à 1 Ir. 55; vache, 1 fr. 35 à 1 fr. 40;
veau, 1 fr. 60 à 1 fr. 65; mouton, 1 fr. 50 à 1 fr. 55; brebis, I fr. 40 à 1 fr. 45 :
chèvre, 1 fr. 10 à 1 fr. 15; — Genève, bœuf, 1 fr. 60 à 1 fr. 70 ; vache, 1 fr. 20 à
1 fr. 50; mouton, 1 fr. 70 à 1 fr. 90; veau (poids vif), 0 fr. 72 à 0 fr. 85;
porc (poids vif), 0 fr. 90 à 0 fr. 95.
Viande à la criée. — On a vendu à la halle de Paris du 18 au 24 août :
Prix du kilog. le 2S août.
kilos;. 1" quai. ■'•qual.ual. 3* q Choix. Basse ^cuiherie
Bœuf 011 vache... ir.3,20.j I.6iàl.'Ji 1.4'tà:.6a 1.06àl.:i8 1.46 à 2.70 *
Veau 161,951 1.70 1.86 1.48 1.68 1.30 l.iC . >. i •
Moutoa 64,849 1.46 1.7U 1.24 1.44 0.90 1.22 1.46 2.!)6 .. .
Porc 36,763 Porc frais 1.10 à 1.46.
426,768 Sou par jour 60,967 kilog.
Les ventes ont été supérieures de plus de 8,000 kilo?;, par jour à celles de la
semaine précédetite. Il y a baisse dans les prix, principalement pour la viande de
veau et de mouton.
XI. — Cours de la viande à l'abattoir de la Villelte du jeudi 28 aoiït {par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On jend à la Villette par 50 kilog. : 1" qualité,
73 à 75 fr. ; 2% 65 à 70 fr. Poids vif, 48 à 56 fr.
Bœufs. Veaui. Moutons.
1" W 3* 1" 2* 3* ' !'• 2'
quai. quai. quai. qr.al. quul. quai. quai. quai. quai,
fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr.
81 76 70 95 88 78 90 84 76
XII. — Marché aux bestiaux de la Villette du jeudi 28 août 1884.
Cours des commissionnaires
Poids Cours ofllciels. en besilaus.
Animaux gênerai. 1" 2* 3" Prix 1" 2* 3' Prix
amenés. lo'endus. kil, quai. quai. quai, extrêmes. quai. quai. quai. extrêmes.
Bœufs 2.852 116 3'iG 1.68 1.54 1.30 1.26ài.72 1.66 l.iï 1.28 1.24àl.70
Vaches 676 40 234 l.6i 1.46 1 26 1.18 1 66 1.60 l.4i 1 24 1.16 1 64
Taureaux... la:) „ 390 1 4S 1.36 t. 24 1.20 I ii 1 46 1.3i i.22 1 18 1.50
Veaux 1 Zo; 138 81 1 76 1.64 1.44 1.34 1 92 • > » »
Moutons 11.7.'!7 1.S26 19 2 00 1.78 1 58 I 48 2 04 » • • »
Porcs sras.. 4.005 - 82 1.52 1.46 1.38 1.30 1.58 » • » •
— maigres.. » » s»*»»»»»»*
Vente lenti sur le gros bétail, ordinaire sur les autres espèces.
XIII. — Rdsume'.
Baisse dans les prix des céréales, mais maintien des cours de la plupart
des autres denrées agricoles, tel est le bilan de ;la semaine.
A. RÉMY.
BULLETIN FINANCIER
Les événements militaires survenus depuis huit jours ont produit un recul dans
les cours des fonds publics; mais il y a (ilus de fermeté aujourd'hui. Les valeurs
françaises se cotent : 3 pour 100, 78 fr. 25; — 3 pour 100 amortissable, 7âfr. 40;
— 4 et demi pour 100, 108 fr. 6i»; — 4 et demi pour 100 nouveau. 107 Ir. 40.
On cote les actions des établissements de crédit : Banque de France, 5,050 fr.,
Banque Je Paris et des Pays-Bas, 770 fr.; Comptoir " d'escompte, 9,060 fr.;
Crédit foncier et agricole d'Algérie, 496 fr. 25; Gréiiit foncier, l,-275 fr. ; Banque
d'e-^compte de Paris, 517 fr. 50; Crédit industriel, 680 fr. ; Crédit lyonnais,
352 fr. 50, Compagnie foncière, 433 fr. 75; Crédit mobilier, 315 fr. ; Société
des dépôts et comptes courants, 630 fr.; Société générale, 462 fr. 50; Banque
parisienne, 380 fr.; Banijue franco-égyptienne, 558 f^r. 75.
Les litres des Compagnies de chemins de fer valent : Est, 765 fr.; Paris-
Lyon-Méditerranée, 1,230 fr ; Midi, 1,161 fr. 25; Nord, 1,665 fr. ; Orléans,
1,32 > fi' ; Ouest, 833 fr. 75. — Actions du Canal maritime de Suez, 1,931 fr. 25;
d légations, 1,135 fr. g
Escompte à la Banque de France, 3 pour 100 ; intérêt des avances, 4 poiu- 100.
E. Féron.\
Le Gérant : A. Bouché.
CHRONIQUE AGRICOLE (.sefikmb.ii: i88i).
ExposUion iiili'inalionali' agrii'uk' l^.\nl^ll■n^■llu. — liislrilitilinri m-^ rirompcnses. — l'rnfî'»
verbal <lu jm;. — l.i' lail ili' lu IVinio ilAii-y. — |,os IV-lc-s à Am^lcnl.irn. — Evaluations
sur la récolte (iés céréales. — Publication annuelle de la maison llarllieleruy Ksiienne, à Mar-
seille. — Résumé des appréciations sur la recuite du froment. — Calcul du rendement
approximatif. — Tableau du classement des liépartemeritssur la récolte du seiy'e, de l'avome,
de l'ortie et du maïs. — Comparaison avec l'aimée 1HS3. — Evaluations sur les recolles en
Alsace-Loiraine, en Algérie tl en Tunisie. — La récolle du froment dans les principaux pays
producteurs. — Nécrologie. — Mort de .M. Charles du l'eyrat. — Le phylloxéra dans la
Loire-lnférieure. — Concours de charrues sulfureuses k Carcassonne. — Les éducations de
vers à soie dans les Pj rénées Orientales. — Concours pour un emploi d'inspecteur de la bou-
cherie à Paris. — TAninen-i d'adniis'iion à l'Inslilut agronomiipie et dans les écoles nationales
d'agriculture. — Concours du (Comice agricole de Chàlons-sur-.VIarne. — Exposition de raisins
à Âlbi. — Exposition et vente d'instruments .à Albi. — Concours du Comice de Châtelle-
[_ rault. — Société d'agriculture de Douai. — Discours deM. Edouard Bernard. — La betterave
à sucre et l'élevage du bétail.
I. — Exposition Internationale Agricole d' Amsterdam.
2 septembre 1884.
Les préparalifs de l'exposition s'étaient fait.s par un très beau temps;
mais il n'en a pas été de même de la première partie du concours : se
pluie est arrivée, et quelle pluie ! lille a duré tout le temps de la
visite olficielle des animaux, pendant les expériences des machinla
agricoles, ainsi que pour l'examen des laits, des beurres et des fro-
mages. Il en résultera tout simplement des additions à la seconde
distribution des récompenses hollandaises qui aura lieu le 13 courant,
sans compter les récompenses données directement par le gouver-
nement français.
La première distribution des récompenses a eu lieu aujourd'hui
2 septembre sous la présidence de M. J. Sickesz, président du Comité
exécutif de l'exposition, assisté de 31. Waldeck secrétaire. M. Méline,
ministse d'agriculture de France, honorait la séance de sa présence;
il était accompagné de M. le comte de Sainte-Foise, consul de France
à Amsterj:lam, commissaire général de la partie française à l'expo-
sition ; de M.Louis Legrand, ministre plénipotentiaire de France en
Hollande; de M. Tisserand, directeur général de l'agriculture; de
M. le marquis de Kamford etc., etc.
Un des principaux lauréats a été M. Albaret pour ses diverses
machines. Il a triomphé des Anglais en obtenant uu prix unique, mé-
daille d'or, pour sa locomobile à vapeur de cinq chevaux, la meil-
leure pour les travaux agricoles — Un r' prix, médaille d'or, pour
sa presse à fromage. — Un I" prix médailles d'or pour sa batteuse
à vapeur à grand travail. Les mêmes prix ont été accordés à la célèbre
maison anglaise Ramsomes; de plus M. Albaret a obtenu une médaille
d'argent pour son haclie-paille et son coupe-racines à élévateur.
Parmi les autres exposants français de machines en travail, il faut
encore citer M. Pilter pour sa presse à fromage et sa délaiteuse; —
M. Merlin, de Vierzon, constructeur de machines à battre.
Nos beurres d'isign}', si lins, si délicats, n'étaient malheureuse-
ment pas dans les conditions du programme pour obtenir des récom-
penses individuelles, cela a fait une grosse difficulté, lorsque, enfin
sur la proposition de M. Morière, a été voté un procès-verbal ainsi
conçu :
« Les membres du jury, chargés d'apprécier les beurres qui
figuraient à l'exposition internationale agricole d'Amsterdam, ont
reconnu, à l'unanimité, que les beurres envoyés par la Société d'agri-
culture de Biyeux (France) étaient d'une qualité supérieure, et que
N* 804. — l'orne 111 de ISS'i. — 6 Septembre.
352 CHRONIQUE AGRICOLE (6 SEPTEMBRE 1884).
l'un des échantillons occupait sans contredit le premier rang parmi
tous les beurres exposés.
« Toutefois, les lèj/lements de l'exposition ne permettent pas d'attri-
buer le prix d'honneur a une collectivité mais bien à une individualité,
le jury s'empresse d'offrir à la Société d'agriculture de Baveux un objet
d'art, qu'il prie celte Société de recevoir comme un témoignage de la
baute valeur à laquelle ses beurres ont été cotés à l'exposition d'Am-
sterdam.
« AnisterJani, le 27 août ISSi. «
Le lait de la ferme d'Arcy deM. Nicolas a obtenu un grand succès ;
il est vraij qu'il était présenté par une jeune normande dans tous ses
atours. Dans tous les cas, il a été trouvé supérieur au lait néerlandais,
il a obtenu le premier prix. A cette occasion, il faut dire que les Hol-
landais donnent leurs récompenses en valeur, mais qu'une véritable
boutique d'objets d'arts de tous genres, se trouve dans une des galeries
de l'exposition, de sorte que tout lauréat peut acheter avec l'argent d«
son prix l'objet d'art qui lui convient.
Des fêtes nombreuses ont eu lieu pendant quatre jours à Amsterdam
à propos de l'exposition. La première a été donnée par M. le bourg-
mestre d'Amsterdam, dans le palais municipal. Cette belle fêle a con-
sisté en un concert et une représentation ihéàtralc suivie d'une promes-
nade en bateau sur i'Amstel et d'un feu d'artifice lire sur 1 eau. La
seconde a été un banquet offert parle Comité exeeulif, dans la salle
royale du jardin zoologique.
Un déjeuner à bord du Coligny (corvette française venue exprès de
Cherbourg) a été la troisième. M. Méline et toutes les autoriiés françai-
ses et néerlandaises assistaient à ce déjeuner.
M. Récipion, membre de la Chambre des députés, président du Co-
mité exécutif français et de la Société d'encouragement à l'agriculture
a voulu se souvenir de tous les titres qu'ils avaient, en donnant une
seconde réception qui a consisté en une soirée dansante à bord du Co-
ligny.
Tel est le premier aperçu du concours d'Amsterdam sur lequel il y
aura lieu de revenir plus d'une fois.
IL — La production des céréales.
En l'absence de tout document officiel sur la production des
céréales en 1884, l'agriculture et le commerce cherchent à connaître
les informations particulières qui peuvent les guider dans l'appré-
cialiou des résultats de la moisson. Cliacun s'est fait aujourd hui une
opinion sur le rendement dans le rayon qu'il habite; mais chacun
cherche aussi à savoir comment les choses se sont passées ailleurs.
C'est pourquoi les renseignements que la maison Barthélémy Eslienne,
de Marseille, publie chaque année sur la récolte des céréales en
France et à l'étraniier ont été accueillis cette année avec une faveur
spéi',iale. Ces renseignements émanent de ses correspondants, non
seulement des départements français, mais encore des pays étrangers;
la plupart remontent à la deuxième quinzaine de juillet. A celte date,
la moisson était achevée datis le Midi; elle se poursuivait dans un
très grand nombre de départements; dans la plupart des cas, aucun
phénomène contraire n'est venu contrarier les appréciations qu'on
pouvait alors émettre. On peut dire que les avis ont été recueillis
CHRONIQUE AGRICOLE (6 SEPTEMBRE 1864). 363
presque partout dans des circonstances tout à fait favorables.
Nous allons résumer ces docunaents, d'abord en ce qui concerne
la France. — Voici le classement des 8G départements pour la récolte
du froment :
Récolte 1res bonne. — 4 départemeats : Calvados, Finistère. Manche, Orne.
BécoUe bonne- — 52 départements : Ain, Aisne, Allier, Basses- .\lpes, Ardèche,
Ariège, Aube, Aveyron, Ciiarente-Inferieure, Ciicr, Clorrèze, Corse, Gôie-dOr,
Côtes-duNord, Eure, Eure-et-Loir, Gironde, Isère, Jura, Loir-et-Cher, Loire,
Haute-Loire, Loire-Inférieure, Loiret, Lozère, Maiine-et-Loire, Marne, Haute-
Marne, Mayenne, Morhihaa, Nièvre, Nord, Oise, Pas-de-Calais, Hautes-Pyré-
nées, Haute-Saône, Saône-et-Loire, Sarthe, Savoie, Haute-Savoie, Seiue, Seine-
et-Marne, Seine-et-Oise, Seine-Inférieure, Deux-Sèvres, Somme, Tarn-et-Garonne,
Vendée, Vienne, Haute- Vienne, Vosges, Yonne.
Recolle assez bonne. — 21 départements : Hantes-Âlpes, Alpes-Maritimes,
Ardennes, Aude, Cantal, Creusa, Dordogne, Doubs, Haute-Garonne, Gers, lUe-
et- Vilaine, Indre, Indre-e! -Loire, Lot, Lot-et-Garonne, Meurthe-et-Moselle, Meuse,
Puy-de-Dôme, Basses-Pyrénées, Rhône, Tarn.
AeC'i/ie médiocre. — k départements : Charente, Drôme, Landes, Pyrénées-
Orientales.
Récolle mauvaise. — 5 départements : Bouches-du-Rhône, Gard, Hérault, Var,
Vauoluse.
Il ressort de ce classement que la récolte du froment a été très
bonne, bonne ou assez bonne dans 77 départements, c'est-à-dire dans
les neuf dizièines. En 1883, on en comptait 39 seulement dans ces
trois catégories; en 18S2, on en comptait 74; en 1881, il y en avait
55. Voici, d'ailleurs, pour les douze dernières années, la compa-
raison des classements indiqués par M. Barthélémy Estienne en ce qui
concerne la récolte du froment :
Nombre de départements dans lesquels la récolte a été
Très bonne. Bonne. Assez bonne. Passable. Médiocre, Mauvaise. _^i
1873 ■ 8 13 51 12 »
1874 4.5 36 4 » 1 1 ^^^
1875 » 13 26 15 24 8
1876 2
1877 •>
i878... 2
1879 4
1880 5
1881 3
188-2 20
1883.
1884.
20
19
16
29
11
21
7
22
34
26
29
23
43
11
12
2T
52
21
29
6
31
8
44
8
38
15
15
6
23
8
11
1
43
4
4
5
Il faut ajouter que, dans le classement des départements en 1884,
la plupart de ceux qui produisent le plus de blé appartiennent aux
premières catégories. Mais, pour tirer des déductions de ce tableau, il
faut employer une méthode plus rigoureuse. C'est pourquoi nous
allons reproduire l'échelle comparative que nous avons établie les
années précédentes, d'après les notes données à chacune des caté-
gories, en y ajoutant le résultat du calcul pour la dernière récolte.
Voici ce tableau :
1873 12.4 " 18:9.. • 11.1
1874 17.4 18S0 13.7
1875 12.0 1881 12.9
1876 10.9 1K82 15.3
1877 12.2 1S83 11.9
1«78 11.5 1,SS4 14.7
En comparant ces notes aux évaluations publiées antérieurement par
le ministère de l'agriculture pour les récoltes précédentes, on trouve
que celle de 1884 serait comprise entre M5 et 118 millions d'hec-
364 CHRONIQUE AGRICOLE (6 SEPTEMBRE 1884).
tolitres. Dans notre dernière chronique, nous avons indiqué le chiffre
de 110 millions d'hectolitres comme résultant de l'ensemble des ren-
seignements que nous avons réunis. Ces différences sont de celhs qui
n'ont rien de surprenant dans les calculs de probabilités de cette
nature. Quoi qu'il en soit, il paraît certain que la récolte de 1884 est
sensiblement supérieure à celle de 1883 qui a été officiellement de
près de 104 raillions d'hectolitres, mais qu'elle est inférieure à celle
de 1882 qui avait été de 122 millions d'hectolitres.
Pour le seigle, les renseignements recueillis par M. Barthélémy
Estienne portent sur 75 départements, répartis comme il suit :
Récolte très bonne. — 3 départements : Aveyron, Calvados, Haute-Saône.
Récoiie bonne. — 35 départements : Hautes-Alpes, Ardèclie, Ardennes, Ariège,
Aude, Cantal, Corrèze, Côtes-du-Nord, Uordogne, Doubs , Eure, Finistère,
Haute- Garonne, Gironde, Loire, Haute-Loire, Loire-Inférieure, Lot, Lot-et-
Garonne, Lozère, Manche, Morbihan, Nièvre, Pas-de-Calais, Rhône, Saône-et-
Loire, Savoie, Haute-Savoie, Seine et-Marne, Seine-et-Oise, Deux-Sèvres, Tarn,
Tarn-et-Garonne, Haute- Vienne, Vosges.
Recolle ass';z bonne. — 18 départements : Ain, Basses-Alpes, Aube, Cher,
Côte-d'Or, Eure-et-Loir, Indre-et-Loire, Isère, Jura, Landes, Loiret, Maine-et-
Loire, Marne, Mayenne, Basses-Pyrénées, Seine, Seine-Inférieure, Vaucluse.
Récolte médiocre. — 17 départements : Aisne, Allier, Charente, Drôme, Gers,
Indre, Loir-et-Cher, Meurtlie-et-Moselle, Meuse, Nord, Oise, Orne, Pyrénées-
Orientales, Sarthe, Somme, Vienne, Yonne.
Récolte mauvaise. — 2 départements : Gard, Hérault.
La récolte serait sensiblement meilleure que celle de 1883 : on
compte, en effet, 38 départements dans les deux premières catégories,
au lieu de 13. — En ce qui concerne l'avoine, Jes renseignements
portent sur 83 départements ; en voici le classement :
Récolte très bonne. — 5 départements : Calvados, Cher, Eure, Alanche,
Orne.
liécolte bonne. — 34 départements : Ain, Allier, Hautes-Alpes, Ariège, Aude,
Aveyron, Cantal, Charente-Inférieure, Côtes-du-Nord, Haute-Garonne, Gers,
Gironde, Ille-et-Vilaine, Indre, Loire, Haute-Loire, Loire-Inférieure. Loiret, Lot,
Lot-et-Garonne, Lozère, Nièvre, Nord, Oise, Pas-de-Calais, Puy-de-Dôme, Saône-
et-Loire, Haute-Savoie, Deux-Sèvres, Tarn, Tarn-et-Garonne, Vendée, Vienne,
Haute-Vienne.
lUcolic assez bonne. — 26 départements : Aisne, Basses-Alpes, Ardèche, Ar-
dennes, Charente, Corièze, Côte-d'O'', Dordogne, Doubs, Eure-et-Loir, Finistère,
Isère, Jura, Maine-et-Loire, Marne, Mayenne, Meuse, Hautes-Pyrénées,
Rhône, Seine, Seine-et-Marne, Seine-et-Oise, Seine-Inférieure, Somme, Var,
Yonne.
Récolte médiocre. — 14 départements : Aube, Drôme, Indre-et-Loire, Landes,
Loir-et-Cher, Haute-Marne, Meurthe-et-Moselle, 'Morbihan, Pyrénées-Orientales,
Haute-Saône, Sarthe, Savoie, Vaucluse, Vosges.
Récolte mauvaise. — 4 départements : Alpes-Maritimes, Bouches-du-Rhône,
Gard, Hérault.
La récolte serait inférieure à celle de 1 883 : les deux premières ca-
tégories ne comptent, en effet, que 39 déparlements, au lieu de 71 . —
Pour l'orge, les documents se rapportent à 70 départements, répartis
de la manière suivante :
Récolte très bonne. — 9 départements : Aisne, Calvados, Finistère, Loire, Haute-
Loire, Lozère, Manche, Nièvre, Orne.
Récolle bonne. — 38 départements : Ain, Allier, Basses-Alpes, Hautes-Alpes,
Ardèche, Aube, Aude, Aveyron, Cantal, Charente-Inférieure, Cher, Côte-d'Or,
Côtes-du-Nord, Duubs, Eure, Eure-et-Loir, Gers, Ille-et-Vilaine, Isère, Jura,
Loir-et-Cher, Loiret, Marne, Meuse, Oise, Pas-de Calais, Hautes-Pyrénées,
Saône-et-Loire, H lute-Savoie, Seine-et Marne, Seine-Inférieure, Deux-Sèvres,
Tarn-et-Garonne, Var, Vendée, Vienne, Vosges, Yonne.
CHRONIQUE AGRICOLE (6 SEPTEMBRE 1884},'; 365
Récolle assez bonne. — 13 départements: Ardennes,Drôme,Haute-&aronne, Indre,
Loire-Inl'érieure, Maine-et-Loire, Mayenne, Nord, Puy-de-Dôme, Rhône, Savoie,
Seine, Seine-et-Oise.
Recolle médiocre. — 7 départements : Charente, Indre-et-Loire, Landes, Meur-
the-et-Moselle, Sarthe, Somme, Vaucluse.
Récolle mauvaise. — 3 départements : Bouches-du-Rliône, Gard, Hérault.
Comme pour l'avoine, il y aurait une infériorité assez notable sur la
récolte précédente ; les deux premières catégories ne comptent que
47 départements, au lieu de 56 en 1883; la sécheresse a été nuisible
aux céréales de printemps. — -La dernière céréale sur laquelle portent les
documents de M. Barthélémy Estienne est le mais; dans 32 départe-
ments, la récolte serait classée comme il suit :
Recolle bonne. — 16 départements : Ariège, Charente, Charente-Inférieure,
Gorrèze, Doubs, Haute-Garonne, Isère, Haute-Loire, Lot-et-Garonne, Pyrénées-
Orientales, Savoie, Haute-Savoie, Tarn, Tarn-et-Garonne, Vauchise.
Récolle assez bonne. — 8 départements : Ain, Aude, Gôte-d'Or, Jura, Lot,
Basses-Pyrénées, Rhône, Saône-et-Loire.
Récolle médiocre. — 7 départements : Drôme, Gard, Gers, Landes, Meurthe-et-
Moselle, Var, Vienne.
Récolle mauvaise. — 1 département : Dordogne.
En Alsace-Lorraine, la récolte du blé serait bonne; celle du seigle
et celle de l'avoine, médiocre; celle de l'orge, très bonne ; celle du mais,
assez bonne.
Pour l'Algérie, les récoltes des diverses céréales sont appréciées
comme il suit, pour les trois provinces :
Blé. Seigle. Avoine. Orge. Maïs.
Province d'Alger Assez bonne. Mauvaise. Bonne. Assez bonne. Mauvaise.
— d'Oran Bonne. » Bonne. Très bonne. Bonne.
— de Constanline. Très bonne. » Assez bonne. Très bonne. »
En Tunisie, la récolte des blés et des orges, qui donnait de grandes
espérances, a été assez irrégulière, comme en Algérie.
Les renseignements recueillis par M. Barthélémy Estienne sur la
récolte du froment dans les principaux pays étrangers, peuvent se
résumer comme il suit : Angleterre, Ecosse et Irlande, récolte moyenne,
surtout en Angleterre; Belgique, récolte bonne; Allemagne, récolte
bonne; Suisse, récolte très bonne; Italie, récolte médiocre; Espagne,
récolte passable; Autriche-Hongrie, Russie, Turquie, Roumanie,
récolte bonne ; Etats-Unis, récolte bonne en quantité et en qualité;
Indes, récolte égale à la précédente. — Il résulte de l'ensemble de ces
documents que Tannée 1884 serait une année d'abondance, principa-
lement dans les pays d'exportation et dans quelques-uns de ceux de
grande consommation du froment.
III. — Nécrologie.
C'est avec une vive émotion que nous apprenons la mort de
M. Charles du Peyrat, inspecteur général de l'agriculture. Chargé de
l'inspection des régions du sud et du sud- est depuis un cerlam nombre
d'années, M. du Peyrat y avait donné la preuve de qualités d'esprit et
de cœur qui lui avaient gagné la sympathie et l'estime de tous les
agriculteurs de ces régions. C'était un des fonctionnaires les plus
jeunes et les plus distingués de l'administration de l'agriculture : un
long avenir lui paraissait réservé. Il emporte les regrets de tous ceux
qui l'ont connu.
366 CHRONIQUE AGRICOLE (6 SEPTEMBRE 1884).
TV. — Ecoles nationales a agriculture.
Les demandes des candidats pour l'admission dans les écoles natio-
nales d'agriculture de Gri^on, Grandjouan et Montpellier, doivent
être adressées au ministère de l'agriculture ou au sièaedeces établisse-
ments avant le 1^ octobre 1884. C'est dans les mêmes formes que
pour 1 Institut agronomique que ces demandes doivent être faites. —
Les examens d'admission précéderont la rentrée des cours dont la
date est fixée au 15 octobre.
Y. — Le phylloxéra.
Encore nn département à ajouter à la longue liste de ceux dans
lesquels la présence du phylloxéra a été constatée : il s'agit de la
Loire-Inférieure que l'on considérait jusqu'ici comme indemne. Le
fléau a été signalé presque simultanément dans les vignes de la
commune d'Oudon (arrondissement d'Ancenis) et dans celles de îa
commune de Mauves arrondissement de Nantes); plusieurs dizaines
d'hectares y ont été reconnus comme contaminés. C'est un fait d autant
plus regrettable que la production viticole a pris une très grande
importance dans le département de la Loire-Inférieure ; ce département
occupe, en effet, depuis quelques années, le cinquième rang en France
pour l'étendue de ses vignes.
La Société centrale d agriculture de l'Aude organise des concours
spéciaux de charrues sulfureuses et autres instruments propres au
traitement des vignes phylloxérées par le sulfure de carbone et les
sulfocarbonates alcalins . Ces concours auront lieu du 1 0 au 1 2 novembre.
Les machines et instruments y seront divisés en quatre sections : char-
rues sulfureuses, pals injecteurs, bidons doseurs, appareils propres
à l'emploi des sulfocarbonates alcalins dans les vignes. Les récom-
penses consisteront en médailles d'or, d'argent et de bronze, et en
primes en argent d'une valeur de li'O à 500 fr. Les concurrents
devront envoyer leurs déclarations avant le I ^' novembre, au secré-
tariat de la Société centrale d'agriculture de l'Aude, rue Courtejaire, 6,
à Carcassonne.
\I. — Sériciculture.
La production sérieicole a été, en 1884, de l'avis général, inférieure
àcelie de l'année précédente. La principale cause en a été la diminution
dans les éducations, que l'on a eu à constater dans plusieurs régions.
Mais cette diminution n'a pas été générale. Nous en trouvons la preuve
hecreuse dans un rapport que M. S'uma Lloubes, président de la Com-
mission départementale de sèricicultare de- Pyrénées-Orientales, vient
de publier sur la dernière campigne. Il résulte de ce rapport que l'in-
dustrie sérieicole y a pris, cette année, un plus grand développement. Le
rendement moyen en cocons, par once de 25 graines, a été de 55
kilog. dans les trois arrondissements. Le nombre des éducateurs s'est
élevé à 53S, au lieu de 457 en 1 883 ; la production en cocons a été de
3n,4l5kiloiï., au lieu de 23,764, et la graine produite de 91,245 onces,
au lieu de 7 1,290 en 1883. Afin de maintenir aux graines du Roussillon
leur ancienne réputation, la Commission de sériciculture a créé un cer-
tificat d'origine, destiné à empêcher la vente de graines étrangères
sous le nom de sraine du Roussillon ; comme corollaire, elle a mis à
l'étude l'installation, dans chacun des arrondissements, d'un bureau
pour l'examen des graines au microscope, qui fonctionnera dès l'année
CHRONIQUE AGRICOLE (6 SEPTEMBRE 1884). 367
prochaine. Ce son* là d'excelleates mesures qui assureront au dépar-
tement des Pyréoées-Orientaies des débouchés de plus eu plus impor-
tants pour le commerce tant des cocons que de la graine.
Vn. — Inspection de la boucherie à Paris.
Un concours pour l'admission à l'emploi d'inspecteur de la b3a-
cterie à Paris, au traitement variant de 3000 à 4000 fr., aura lieu
à la préfecture de police, le 17 septembre prochain, à 10 heures et demie
du matin. Il comprendra une épreuve écrite surun sujet de la compé-
tence des vétérinaires et une épreuve pratique à l'abattoir de la Viliette.
Les candidats devront se faire inscrire par avance au secrétariat
général de la préfecture de police (bureau du personnel), en justifiant
par leur acte de naissance qu'ils n'ont pas plus de 50 ans d'âge et en
produisant en outre : T un extrait de leur casier judiciaire; 2" leur
diplôme de vétérinaire; 3' des pièces établissant leur situation au
point de vue militaire.
TIII. — Comice agricole de Chdhns-sur-Marne.
Le Comice agricole de l'arrondissement de Châlons-sur-Marne, présidé
par M. Ponsard, tiendra sa fête annuelle le dimanche21 septembre, à
Châlons. A cette occasion, il organise un concours spécial de machinea
à battre -locômobiles, une exposition d'instruments d'intérieur
de ferme et un concours d'orges propres à la brasserie. Le concours
de machines à battre comprendra deux catégories : machines mues
par des machines \ vapeur de la force de 4 chevaux et au-des-
sous, machines mues par des chevaux. Quant au concours dorç^es
propres à la brasserie, il est institué par la Société française de bras-
serie et de mallerie de Chàlons-sur-Marne, qui, afin d'encourager la
culture de 1 orge dans 1 arrondissement, a mis à la disposiiion du
Comice des médailles d or, d'argent et de bronze, pour les meilleurs
échantillons d'orge présentés à ce concours.
IX. — Iiulilut national agronomique.
Les demandes d'admission pour l'Institut national agronomique
doivent être adressées avant le I" octobre au ministre de l'agriculture
ou au directeur de l'Institut agronomique, 29*2, rue Saint- .Martin, à
Paris. Le candidat écrit cette demande sur papier timbré, et il v fait
connaître ses titres scientifiques, les matières facultatives sur les-
quelles il désire être interrogé, son adresse. La demande doit être
accompagnée de l'acte de naissance du candidat, d'un certificat de
vaccine, d un certificat de moralité, d'une obligation souscrite par les
parents pour garantir le payement de la rétribution scolaire. — Les
examens d'aJ mission pour l'année 1884-85 auront lieu dans la
deuxième quinzaine d'octobre, au siège de l'Institut agronomique.
X. — Comice agricole d'Albi.- -r *£
Le Comice agricole de l'arrondissement d'Albi tiendra son concours
annuel le 18 octobre prochain, à Albi. Des primes y seront attribuées
aux animaux reproducteurs des races bovines, ovines et porcines. En
même temps auront lieu une exposition d'instruments d'extérieur de
ferme et la veale à l'amiable de ceux de ces instruments qui ne sont
pas déj'i subventionnés par la Société d'agriculture du Tarn, c'est-à-
dire les moissonneuses, faucheuses, râteaux à cheval, hache-paille,
faneuses, semoirs en ligne et à la volée. Les primes consisteront à
doubler la remise faite par le constructeur sur le prix normal porté
368 CHRONIQUE AGRICOLE (fi SEPTEMBRE 1884).
au catalogue. Les constructeurs sont invités à faire connaître à
l'avance le prix des instruments qu'ils ont l'intention d'exposer.
XI. — Comice agricole de ChâteUerault.
Le Comice agricole de l'arrondissement de ChâteUerault (Vienne)
tiendra son concours annuel, sous la direction de son président M. de la
Massardière, membre de la Société nationale d'agriculture, à Lei"né-
sur-Usseau, le 14 septembre courant. Les primes cultiirales qu'elle
décernera sont réservées au canton de Leigné; ces primes seront
attribuées aux exploitations ayant, comparativement à leur étendue, le
plus bel ensemble de bétail et la plus forte proportion de cultures four-
ragères, et aux vignobles se faisant remarquer par la taille, la culture
et les procédés de vinification.
XII. — Société d'agriculture de Douai.
Le concours agricole de l'arrondissement de Douai (Nord) s'est tenu
le 24 août à Somain, sous la présidence de M. Edouard Bernard, pré-
sident du Comice. Ce concours, spécialement destiné aux cantons de
Marchiennes et d'Orchies, a eu un réel succès. Pour la première fois,
a eu lieu la vente aux enchères publiques de trois jeunes taureaux de
race flamande achetés par le Comice. A la distributid'n des récom-
penses, M. Bernard a insisté spécialement dans un excellent discours
sur les avantages que présenteront la culture de la betterave et Je dé-
veloppement de l'élevage du bétail. Voici un extrait de ce discours :
ce Les fourrages se consommant dans la ferme, la bourse vide du cultivateur ne
pourra désormais se remplir qu'avec le produit de plantes industrielles et la bette-
rave riche est aujourd'hui la seule possible.
a Nous avons bien aussi une autre corde à notre arc : l'élevage du bétail, qui est
aujoul'd'hui par la force des choses la base de notre régime agricole, et je ne
saurais trop vous encourager, messieurs, à vous porter de ce côté. A ce sujet, la
sollicitude de M. le miuistre de i'tigriculture ne tarit pas. Les nouvelles propo-
sitions qu'il vient de faire, sur l'introduction du bétail étranger le prouvent sura-
bondamment. M. le ministre demande 10 fr. d'augmentation par tête de bœuf,
soit 25 fr. au lieu de 15 fr., payés actuellement; pour les vaches et les taureaux,
12 fr. au lieu de 8 fr, ; pour les veaux, 4 fr. au lieu de 1 fr. 50, et pour les mou
tons, 3 Ir. auli^u de 2 fr.; pour ces derniers, la dilïérencs n'est pas bien grande,
bien que leur situation soit la plus grave et la plus digne d'intérêt à cause de la
laine. Vous le voyez, nous arrivons à cette protection, réclamée depuis si long-
temps, et j'espère que ces propositions, relativement modérées, seront chaudement
soutenues par nos courageux représentants et décideront le Parlement à y donner
un assentiment unanime.
« Je dois vous parler aussi, messieurs, de l'acquisition faite par la Société.
Dans notre arrondissement, la race bovine est généralement défectueuse et les
primes offertes, depuis l'institution des concours, ont donné peu de bons résultats.
!Sur l'avis d'un grand no- bre de membres de la Société, il a été décidé que l'on
achèterait 3, 4 ou 5 taureaux, selon nos ressources, et que ces reproducteurs
seraient vendus publiquement le jour du concours. Nous avons fait aujourd'hui
la première expérience et j'espère que, l'an [irochain, nous pourrons vous offrir un
plus grand nombre de sujets.
« Mais, pour faire 1 élevage dans de bonnes conditions, il ne suffit pas d'avoir un
bon reproducteur et une bonne mère, il faut encore certains soins et une nourri-
ture assez abondante, pour développer le jeune sujet. Je vous citerai à l'appui de
ma recommandation, l'appréciation d'un savant agriculteur, Mathieu de Dom-
basle. La race, disait-il, est le patron sur lequel on modèle l'animal, la nourriture
est l'étoffe dans laqu lie on le taille. Cette métajihore me parait très juste'. »
Les principales primes ctilturales ont été décernées à M. Dorchies,
agriculteur à la ferme d'Herbomez, à Nonain, et à M. Dangremont,
agriculteur à Bouqvignies. J.-A. Bakral.
DISCOURS AU COMICE DE REMIREMONT. 369
DISCOURS DE M- MÊLINE, MINISTRE DE L'AGRICULTURE
AU COMICE DE HEMtREMONT (VOSGES), LE 2*1 AOUT 18S4
Messieurs,
Je remercie votre lionorable président des sentiments qu'il veut bien,
m'cxprimer en votre nom. J'en suis touché sans en être surpris; car je sais
par expérience que l'agricullure n'est pas ingrate quand on se dévoue à son ser-
vice. Depuis que je travaille pour elle, elle m'a prodigué des témoignages qui
sont pour moi la plus précieuse des récompenses.
Je ne lui ferai pas l'injure de repousser ceux que vous m'offrez aujourd'hui si
cordialement ; je les accepte sinon pour moi. au moins pour le cabinet dont j'ai
l'honneur de faire parlieet qui, je puis vous l'assurer, place la question agricole au
premier rang de ses préoccupations. Le jour oi!i son chef, dont les Vosges sont si
justement fières, a prononcé ceite parole : la République sera la République des
paysans ou elle ne sera pas, croyez nien que ce n'est pas une phrase qu'il a voulu
faire, mais bien un engagement solennel qu'il a entendu contracter vis-à-vis de
l'agriculture française. Il ne dépendra pas de son ami, le ministre de l'agricul-
ture, que cet engagement ne soit scrupuleusement rempli.
J'ai la prétention que nous l'avons tenu depuis que nous sommes au pouvoir
et que nous avons fait pour secourir et aider l'agriculture française, dans la crise
si douloureuse qu'elle traverse, tout ce qu'il était possible et raisonnable de faire.
Nous lui avons appliqué la même méthode qu'en politique : eu tout, nous avons
cherché les résultats.
Certes, messieurs, si je voulais jeter un regard en arrière sur le chemin par»
couru depuis dix-huit mois et faire 1 inventaire de tout ce qui a été accompli
pendant cette période, il ne me serait pas difficile de démontrer que nous avons
exécuté rigoureusement notre programme de la première heure. Je ne voudrais
pas sortir du cadre et de l'objet de cette réunion : cependant il me sera bien
permis de dire en passant qu'un gouvernement qui a fait en moins de deux ans la
réforme de la magistrature, la conversion de la rente, les conventions avec les
grandes Compagnies de chemins de fer. la loi municipale, la loi sur les syndicats
professionnels, qui a pu enfin traverser cette crise redoutable de la revision sans
ébranler nos iustitutions et en leur donnant au contraire une nouvelle force,
qu'un gouvernement qui a tait tout cela, n'est pas précisément, comme le répètent
ses détracteurs, le gouvernement de l'anarchie et de l'impuissance. (Applaudisse-
ments répétés.)
Voyons mamtenant ce qu'il a fait pour l'agriculture :
Je me suis expliqué si souvent sur les causes de la crise agricole que je me fe-
rais un scrupule d'y revenir aujourd'hui. J'ai établi, à maintes reprises, que ces
causes étaient nombreuses, complexes, et que chacune comportait un remède ou des
remèdes particuliers qu'il fallait chercher et étudier. J'ai toujours reconnu que
certains de ces remèdes dépendaient du gouvernement et je n'ai jamais décliné sa
responsabilité. De ces remèdes, les uns sont d'ordre général en ce sens qu'ils
réagissent sur l'ensemble de la production agricole, les autres sont particuliers à
chaque brancnj de cette production.
J'ai toujours proclamé que le premier de tous était le développement de l'ensei-
ment professionnel agricole et je n'ai pas changé d'avis à ce sujet, au con-
traire : l'expérience de charrue jour ne fait que fortifier ma conviction sur ce
point.
Votre honorable président vous le disait très justement tmt à l'heure dans son
excellent discours, il faut que l'agriiuiUure devienne scientilique. C'est la science
en effet qui Lii do me aujourd'hui ses plus larges profils; sans elle, tous les autres
procédés sont stériles et condamnés d'avance. Aussi, messieurs, le principal
ellort du ministère de l'agriculture est-il lournéde ce côté ; il n'épargne rien pour
introduire partout et perfectionner l'enseignement agricole sous toutes ses formes.
Nous avons fait plus dans ces dernières années qu'on n'avait fait en un demi-
siècle, et, cependant, j'ai le regret de dire que nous sommes encore loin d'être
à la hauteur de certains de nos voisins. Aussi, je suis résolu à saisir la
première occasion pour adresser un nouvel appel au Parlement en faveur
de l'enseignement agricole et pour lui demander de le doter plus largement en-
core: je ne doute pas que cet appel ne soit, entendu.
c
370 DISCOURS AU COMICE DE REMIREMONT.
Vous devinez maintenant, messieurs, pourquoi, dès le lendemain de mon arri
vée au ministère, je me suis occupé de la création d'une école pratique d'agricul-
ture dans n.tre département : j'ai pensé que c'était le plus grand service que je
puisse vendre à notre agriculture, le meilleur souvenir que je puisse lui laisser de
mon passage aux affaires. Aujourd'hui, cette école est fondée : elle est l'ondée
glace au concours généreux de votre honorable sénateur M. (Uaude, qu'on trouve
toujours à la lète de tous les progrès, grâce à la bonne volonté de la commune
de Saulxures, grâce enfin à l'aide du Conseil général qui a voté sans hésiter, à
l'unanimité, tous les crédits nécessaires pour l'installation de l'école.
J'ai mis à sa tête un homme de science et d'expérience qui répond de son ave-
vir, et je n'hésite pas à penser qu'avant quelques années elle exercera une véri-
table influence dans toute noire région de l'Est. Je compte sur elle pour porter
sa première industrie agricole, celle des produits de la laiterie, à son plus haut
degré de développement. C'est à vous i|u'il appartient maintenant de la soutenir
en y envoyant vos enfants et je vous la lègue avec confiance.
Il est bien de donner l'instruction aux cultivateurs, il est mieux encore de leur
donner les moyens de s'en servir et d'utiliser ce puissant levier. L'un de ces
moyens, un des plus eificaces assurément, consiste à leur donner la facilité de
se concerter, de réunir leurs forces, de s'associer, de s'organiser en un mot.
Jusqu'à présent, ils ont été très en retard à ce point de vue. Le producteur agri-
cole vit à l'état d'isolement presque complet; sans doute, il s'occupe avec tieau-
coup de siin et d'intelligence de son exploitation personnelle, mais son hori.zon
est forcément restreint à son action limitée. Il s'élève rarement aux vues d'en-
semble qui sont nécessaires en agriculture comme dans toutes les autres branches
d'activité humaine.
L'agriculture françaisee a le sentiment exact de son infériorité sous ce rap-
port, et elle réclame depuis longtemps sa représentation officielle , à l'exemple
du commerce et de l'industrie qui tirent un si grand parti de ce précieux
avantage.
Nous avons pensé qu'on ne pouvait lui refuser plus longtemps une satisfaction
aussi légitime, et nous avons déposé sur le bureau de la Ciambre un projet de
loi qui constitue les Chambres d'agriculture par arrondissement, sur la base
électorale la plus large et la plus démocratique. Ce projet est soumis en ce moment
à une Commission de la Chambre qui l'a adopté en principe, et je ne doute pas
que dans un an, à pareille époque, la nouvelle organisation ne soit en plein fonc-
tionnement. Ou je me trompe tort, messieurs, ou cette institution donnera à l'a-
griculture une impulsion qui se fera sentir jusque dans ses profondeurs.
Je n'ui pas abandonné davantage la poursuite d'une autre réforme du même
ordre à laquelle je n'attache pas moins d'importance : je voudrais qu'après avoir
accordé à l'agriculture l'égalité devant la représentation des intérêts, on lui accor-
dât aussi l'égalité devant le crédit. Pourquoi traiter le cultivateur autrement que
le commerçant? Pourquoi accorder à ce dernier tous les avantages d'une législa-
tion sim[ile, d'une procédure facile, économique, et la refuser au premier? Pour-
quoi attirer la confiance et les capitaux d'un seul côié?
Et cependant je le reconnais, cette idée si simple, si juste, rencontre des con-
tradicteurs nombreux et de bonne foi. Les uns ne veulent pas du crédit agricole
parce qu'ils n'en ont pas besoin; les autres le comprennent mal et s'en défient.
Aux premiers je me borne à demander d'être indulgen's pour ceux qui n'ont pas
l'avantage de pouvoir se passer des facilités du crédit. Aux seconds je ne cesserai
de répoudre qu'ils font une conlusion entre le crédit foncier et le crédit agricole
mobilier. Il ne s'agit pas de fournir aux agriculteurs des capitaux pour acheter de
la terre, mais b:cn pour se procurer un capital d'exploitaiion indispensable.
Acheter du bétail, des engrais, des machines, c'est aujourd'Inii la première de
toutes les nécessiiés pour se livrer à l'exploiiation lucralive du sol; c'est bien sou-
vent, trop souvent, l'unique différence cpii fait la fortune ou la ruine entre agri-
culteurs. Aussi suis-je résolu à ne pas abandonner cette idée si féconde du crédit
agricole et à la défendre jusqu'à son triomphe définitif qui n'est, j'en ai l'absolue
conviction, qu'une question de temps.
J'ai maintenant, messieurs, à vous entretenir d'une amélioration récente, défi-
nitivement acquise à l'agriculture, et que je considère comme un grand triomphe
pour elle. Elle est le complément, le couronnement bienfaisant de ces conven-
tions avec les grandes Compagnies de chimins de t'er dont je vous pirlais tout à
l'heure, qui ont eu l'avantage de mettre un terme à cet état d'incertitude qui pa-
DISCOURS AU COMICE DE REMIREMONT. 371
ralysait tous les progrès en matière de transport, et cet autre avantage non moins
appréciable de nous permettre de terminer notre réseau ferré sans recourir aux
emprunts de l'Etat.
Elles ont eu une autre conséquence plus heureuse encore, plus profitable au
pays : le remaniement des tarifs, qui domment de si haut la situation de l'agri-
culture et de l'industris. Les intérêts spéciaux de l'agriculture ont été défendus
devant la Commission instituée au ministère des travaux publics par un de mes
meilleurs collaborateurs, M. Tisserand, directeur de l'agriculture, qui, pendant
trois mois, a livré pied à pied cette ingrate bataille.
Ses efforts n'ont pas été inutiles et j'ai la satisfaction de vous annoncer qu'ils
ont abouti à la rédacîion d'un tarif nouveau accepté par la Compagnie de l'Est,
et homologué il y a quelques jours par mon collègue des travaux publics, chez
lequel j'ai toujours rencontré l'appui le plus résolu.
La Compagnie de l'Est a fait'à l'intérêt agricole des sacrifices considérables et je
suis heureux de lai en témoigner ma reconnaissance au nom de l'agriculture
française. Je suis convaincu qu'elle n'aura pas à le regretter et qu'elle retrouvera
avant peu, dans l'inévitable accroissement de la circulation des produits, l'équi-
valent des réductions de tarifs qu'elle a consenties.
Ces réductions sont considérables : elles s'appliquent à l'ensemble de la pro-
duction agricole, au bétail, aux céréales, au lait, aux œufs, aux foins et pailles
comprimés, à la betterave, aux bières, aux liqueurs et enfin aux engrais; elles
varient, pour la plupart de! ces produits, de 25 à 45 pour lÛO.
Il me suffira, pour vous permettre d'en apprécier l'importance, de vous dire par
exemple que le prix des transports par grande vitesse pour le gros bétail qui était
de 1 tr. 20 par wagon et par kdomètre, a été abaissé à 95 c, 65 c. et même 55 c,
selon les distances. P'jur la petite vitesse, le tarif de 50 c. a été descendu, au-
dessus de 50 kilomètres, à 35 et 3 5 c, selon les distances.
Pour les engrais, les concessions sont plus considérables encore; le tarif varie
entre 4 et 2 c. par tonne et par kilomètre quand il s'agit d'engrais naturels, et
entre 6 et -2 c, s'il s'agit d'engrais minéraux. C'est à peine le prix de revient de
la Compagnie.
Je crois, messieurs, qu'il était impossible de faire un dégrèvement plus proS-
table à l'agriculture; car je n'en cona-ais pas de meilleur q le ceux qui ont pour
résultat d'améliorer les conditions générales de la production elle-même.
Pour en finir avec les mesures d'ordre général que le gouvernement a cru
devoir prendre dans l'intérêt de l'agriculture, parmettez-moi d'enregistrer ericore
un pi'ojet de loi que j'ai déposé sur le bureau de la Ciiambre à la veille de sa
séparation et qui est relatif à la répression de la fraude dans le cominerce des
engrais. Il répond à une des plus pressantes nécessités de l heure présente; car
la falsification des engrais tend à devenir chique jour plus audacieuse. La répri-
mer, assurer la bonne qualité des engrais mis dans le commerce, ce n'est pas seu-
lemeut rendre service au cultivateur qui paye si cher sa crédulité, c'est rendre ser-
vice au pays lui-même, atteint dans les sources mèm^s dts sa richesse par un
genre de tromperie qui s'exerce aux dépens de la fécondité et de la valeur du sol.
Tel est, messieirs, dans ses granles lignes, le travail d'ensemble que nous
avons opéré pour mettre dans la mesure où nous le pouvions l'agriculture fran-
çaise en état de se déi'endre contre les difficultés qui l'assaillent de toutes parts.
G )mmi je vous l'ai dit, nous avions une autre mission à remplir, c'était d'exa-
miner une à une nos ditlérentes branches de production agricole, en recherchant
les moyens particuliers de les secourir par des modifications à la législation qui
les régit.
C'est ainsi que nous avons été amenés à faire cette grande loi sur l'industrie
sucrière qui a sauvé la fortune de plus de vingt départements en France; ainsi
encore que, quelques jours après, nous no is sommes associés à un remaniement
de la législation sur le titrage des viu-î, qui aura pour résultat de mettre nos
malheureux viticulteurs en état de lutter à armds à peu près égales contre l'in-
vasion des vins espagnols.
Faut-il rappeler encore la loi sur les échanges de parcelles qu', en abaissant les
di'oits d'enresîistrement sur ce genre de contrat, apportera un remède à ce mor-
cellement infini des propriétés qui oppose un si grand obstacle au progrès agri-
cole; la loi sur les vices rédliibitoires qui, en Ji;ninuant le nombre des maladies
qui donnent lieu à la rédhibition, protège nos éleveurs de bétail contre des chan-
tages dont ils sont trop souvent victimes ?
372 DISCOURS AU COMICE DE REMIREMONT.
Je termine cette longue énumération par un mot sur un projet important qui a
clos la série des mesures que nous avons cru devoir prendre dans l'intérêt de
l'agriculture. Il est relatif au relèvement des droits d'entrée sur le bétail étranger.
Le J)ut principal de la loi est d'engager de plus en plus nos agriculteurs dans la
voie de l'élevage du bétail qui convient si bien à notre pays et qui peut seul leur
permettre de sortir victorieux de la lutte qu'ils soutiennent en ce moment. Nous
ne faisons pas une révolution en matière de tarifs : nous nous bornons à les
mettre en rapport plus exact avec la valeur du bétail lui-même, avec l'écart qui
sépare la production des différents pays.
Certes, messieurs, ce n'est pas moi qui essayerai de faire croire à l'agriculture
qu'il suffit de l'abriter derrière des tarifs de douane pour h dispenser du reste et
la sauver, mais je ne suis pas non plus de ceux qui méprisent l'emploi de ce
moyen de défense et qui en nient la valeur. Rien n'est à dédaigner dans une crise
comme celle que nous traversons, et nos concurrents se chargent de nous le
prouver tous les jours.
J'en ai fini, messieurs, avec cette longue, trop longue revue de notre histoire
agricole depuis dix-huit mois. J'aurais voulu vous l'épargner, mais elle était
nécessaire pour répondre à ceux qui s'en vont répétant qu'on ne fait rien pour
l'agriculture, qu'on lui prodigue les belles paroles, les promesses et qu'on s'en
tient là. Je crois, messieurs, vous en avoir dit assez pour vous prouver que jamais,
à aucune époque, elle n'avait été l'objet d'une sollicitude aussi sincère et de me-
sures aussi efficaces.
Je ne le proclame pas, vous le devinez, pour le plaisir de me décerner un com-
pliment personnel qui serait absolument déplacé; je le fais, messieurs, par un sen-
timent de justice et pour l'honneur du Parlement à qui il faut faire remonter le
:2]érite de tant d'excellentes mesures, du Parlement qui m'a soutenu avec une iné-
branlable fermeté toutes les l'ois que j'ai pris en main la défense de vos iniérèts.
Il est peut-être à propos de le dire très haut à un moment où cette majorité répu-
blicaine, qui fait preuve tous les jours de tant de sagesse et de courage, est si
violemment attaquée et outragée. Aux attaques, aux outrages, elle répond de la
seule manière digne d'elle en continuant à travailler silencieusement pour le bien
du pays, et elle a raison. Car c'est sur ses actes que le pays la jugera et elle sait
qu'elle peut hardiment affronter son verdict.
Je termine, messieurs, en prenant la place que votre honorable président a bien
voulu me laisser et en portant la santé des lauréats de notre concours, de ces
vaillants défenseurs de l'agriculture qui n'ont jamais désespéré de son avenir et
qui auront un jour, je n'en doute pas, le bonheur d'assister à soa triomphe.
CONSERVATION DES FOURRAGES VERTS A L'AIR LIBRE
Bon nombre d'agriculteurs m'ayant demanié des renseignements
pratiques sur le mode de conservation de fourrages à l'air libre qui a
t'ait l'objet de mes communications à la Société nationale d'agriculture
et à celle des agriculteurs de France, permettez-moi d'emprunter la voie
de votre honorable Journal pour répondre à ces demandes.
Tout d'abord, laissez-moi constater que ce système si simple et si
économique donne d'excellents résultats au point de vue nutritif; l'ex-
périence que j'en ai faite dans ma vacherie, ainsi que les analyses
chimiques {Bulletin de la Société des agriculteurs de France, \" mai
ISS-'j) démontrent que le fourrage ainsi conservé est très riche en
matières alimentaires.
Mes essais de l'année dernière ont été confirmés par d'autres que
j'ai faits ce printemps, et c'est d'après ces expériences successives et
concordantes que je résume ainsi le mode d'opérer :
Entasser bien également et par couches régulières le fourrage sur le
sol (qui doit être horizontal), en donnant au tas une forme rectangu-
laire, dont la plus petite largeur est déterminée par la longueur des
madriers ou des planches dont on dispose (chez moi elle est d'environ
3 m. 50);
COîvSEKVATION DES FOURRAGES VERTS A L'AIR LIBRE. 373
Entourer la surface occupée par une petite rigole, creusée de façon
à erapêclicr les eaux pluviales, en coulant sur le champ, de venir bai-
gner le pied du las et d'en pourrir la base ; celle rigole de circonvalla-
tion doit se jeter dans un fossé d'écoulement.
L'emplacement du tas peut être choisi n'importe où ; pour mes
essais, c'était dans un cliamp exposé à tous les vents.
Le tas étant arrivé à hauteur, le couvrir avec des planches. Ces
planches, de 0"'.0!27 d'épaisseur (I pouce), doivent être placées jointi-
ves, et dans le sens de la plus pelite largeur du tas, de façon à le cou-
vrir entièrement, même à déborder un peu de chaque côté. Sur cette
première couche de planches, en poser une seconde placée dans le
même sens et de la même manière, mais en ayant soin de contrarier
les joints de façon à ce que chaque planche supérieure serve de cou-
vre-joint à celle de dessous. Toutes ces planches étant de même dimen-
sion, l'ensemble formera une sorte de plancher étanche. — Les plan-
ches do la couche supérieure sont fixées ensemble au moyen d'un
cours de planches semblables, placées perpendiculairement au sens
des premières, et clouées sur leurs extrémités; il est bon de les faire
un peu déborder, afin de les dégager plus facilement lors de l'exploi-
tation du tas. Pour consolider encore cet ensemble, on peut clouer sur
le milieu du plancher quek^ues taquets de peu de longueur, reliant
ensemble deux ou trois planches, toujours de la couche supérieure.
Enfin sur le plancher ainsi formé, je fais entasser des blocs de
pierre (du moellon) en quantité suffisante pour produire une pression
de 800 kilog. à 1,000 kilog. pour mètre carré.
Toutes les phases de celle expérience ont été détaillées dans le
mémoire que j'ai eu l'honneur de présenter à la Société nationale
d'agriculture et dans ma communication à la Société des agriculteurs
de France; qu'il me suffise de dire ici que le tassement se fait très
vite, et que la température, après s'être rapidement élevée jusque vers
AS'centisrades, s'abaisse ensuite et reste stalionnaire aux environs de
34°. — Le tas reste ainsi abandonné à lui-même, et le fourrage qu'il
renferme (sauf une couche peu considérable sur les côlés), est admira-
blement conservé.
L'exploitation du tas se fait par tranches, dans le sens de la plus
petite largeur; on commence par enlever les pierres de chargement
qui se trouvent sur la partie à exploiter, puis deux ou trois planches
de chaque tranche, suivant la grandeur de la tranche, et on coupe
avec un instrument quelconque.
Le système qui consiste à ne relier les planches qu'avec de courts
taquets, en rend la disjonction bien plus facile. Le las peut rester en
vidange, à l'air, sans inconvénient, pourvu que la charge demeure sur
la partie restante; l'hiver dernier, j'en ai gardé un en vidange pendant
deux mois sans altération.
Une bonne précaution à prendre, c'est, lors de l'exécution du tas, de
forcer la quantité de fourrage mise sur les bords; il en résulte que,
par le tassement, ces bords sont rendus plus denses, plus imperméa-
bles à l'air, et la perte sur les faces est bien amoindrie.
11 est bon aussi de ne pas mettre toute la charge de pierre à la fois ;
il y aurait danger si le fourrage n'est pas en couches bien homogènes,
ou si le poids n'est pas bien uniformément réparti, de voir le tas s'in-
cliner fortement de côté. Il vaut mieux mettre d'abord demi-charge,
374
CONSKRVATIiJN DES FOURRAGES VERTS. A L AIK LIBRE.
puis le lendemain, quand un grand tassement s'est déjà produit, la
compléter.
I Dans mes premières expériences, j'avais chargé à raison de 1 ,200 ki-
og. par mètre carré; cette année je n'ai mis que 800 kilog., et la
conservation a été excellente. J'avais tout d'abord employé, pour cou-
vrir le tas, des madriers d'assez grande épaisseur, placés sur une seule
couche; je les ai remplacés dans mes ensilages ultérieurs par de
simples planches, comme je l'indique plus haut; elles sont plus faciles
à manier, permettent, par leur superposition, de faire un plancher que
l'expérience m'a démontré être à peu près étanche et qui, par sa légère
flexibilité, transmet mieux et partout la pression du chargement.
L'année dernière, jai laissé pendant plusieurs mois du regain de
luzerne ainsi exposé à toutes les intempéries (pluie, neige, vent), il
s'est très bien conservé. Cette année, malgré les pluies que nous avons
eues ce printemps, j'ai conservé, encore en plein air, une première
coupe de luzerne qu'il m'eût été impossible de dessécher, et qui aurait
été entièrement perdue pour moi. Je ne puis donc qu'engager les agri-
culteurs, et en particulier ceux qui m'ont fait l'honneur de me con-
sulter à ce sujet, à employer ce moyen si simple et si économique de
conservation. A. Uouvière,
Lauréat de la prime d'honneur du Tarn, à Aussillon (Tarn),
PESAGE DES BETTERAVES DANS LES SUCRERIES
La nouvelle législation sur l'impôt du sucre a rendu nécessaire la
création d'un nouvel outillage pour le pesage des betteraves à leur
Fig. 16.
■^•iZ^. V,
■ Pont bascule de M. Paupier pour le pesage des Ijctteiaves.
réception dans les sucreries abonnées. Cet outillage comporte des appa-
reils pour le lavage des racines et pour le pesage; car il est indispen-
sable que les racines soient complètement débarrassées de la terre qui
y est adhérente et que le poids en soit déterminé avec une exactitude
rigoureuse.
PESAGE DES BETTERAVES DANS LES SLCUiLlUKS. 37ô
Parmi les appareils destinés au pesage des betteraves, nous devons
signaler un pont-bascule construit par M. Paupier, mécanicien à
Paris. Ce pont-bascule est représenté par la figure 1G. Les wagonnets
chargés de betteraves sont amenés sur le tablier qui peut recevoir des
rails d'un petit chemin de fer, et là ils sont pesés avec la plus grande
rapidité. Comme les pesées sont minutieuses, la bascule est munie
d'un double contrôle; elle porte, en outre, le compteur exigé par lad ■
ministralion des contributions indirectes. La valeur des instruments
qui sortent des ateliers de M. Paupier est trop connue, pour que nous
ayons besoin d'insister sur le soin avec lequel cette bascule a été con-
struite, et sur les services qu'on peut légitimement en attendre dans les
sucreries. L. de Sardruc.
PISCICULTURE - NAPLES
La pisciculture appliquée tenant nos lecteurs au courant du mouve-
ment piscicole, nous mène forcément à : Die Hocbschiile des
schalze des Meeres, à celte université des trésors de la mer, comme on
récrit au delà des Vosges, mais qu'en deçà nous nommerons simple-
ment l'aquarium de Naples.
Après Howietoun, IN'aples ! ces créations sans égales de la piscicul-
ture en Europe; nous en exceptons bien entendu l'Amérique, dont h
budget de la pisciculture est dans de telles proportions, que la lutte
avec elle serait pour nous impossible, si leur fond scientifique était
comme celui de leur bourse.
En dehors des travaux sur l'anguille du docteur Mather, et de l'étude de
leurs côtes par les ingénieurs hydrographes et même les officiers de la
marine fédérale, nous n'y voyons que découvertes et inventions fai-
sant honneur à leur esprit d'initiative et leur ingéniosité ; leurs appa-
reils d'incubation, par exemple, à 500 ou 601) francs l'exemplaire,
mais à l'utilisation pratique desquels nous nous garderons bien de
recourir.
Le mot du mieux, ennemi du bien, semble avoir été dit comme pour
eux. Qu'on alloue aux trois départements denotre Bretagne (Morbihan,
Finistère et Côtes-du-Nord), dont population et surface sont à peu près
égales à l'état du Massachussets le quart de la somme, 125 ou
130,000 francs que ce seul état de l'Union donne à la pisciculture, et
nous verrons bien si, avec nos poissons sédentaires et surtout les sau-
mons, nous ne saurions pas aussi intéresser l'opinion publique
à nos travaux, autrement que par la création annuelle de milliards de
morue, dont en ce jour nous ne pouvons découvrir les résultats pra-
tiques et. . . sonnants !
L'art pour l'art ainsi entendu et appliqué n'a rien de commun
avec l'empoissonnement de nos rivières et de nos ruisseaux par les têtes
de bassins, comme cela se pratique avec tant de succès dans le grand
duché de Luxembourg ; succès dont nos lecteurs n'ont pas perdu le
souvenir.
De là à la station zoologique de Naples, il n'y a qu'un pas, bien que
l'ordre d'idées que nous venons de suivre semblerait nous en éloigner;
là aussi il s'y fait de l'art pour l'art, mais un art au bout duquel
se trouvent méthode, application, utilisation.
Entrons donc dans le palazzo de la Villa Nationale ou royale que la
376 PISCICULTURE. — NAPLES.
science et la pisciculture doivent ù l'initiative et à la persévérante
énergie de M. Dohrn et de Garibaldi.
Le n° 800 du Journal a dit à nos lecteurs comment, en 1878 (n° 478
du Journal), nous avons été amené à visiter cette création et notre but,
en prévision de la grande exposition de pisciculture, que pour l'année
1880 l'Allemagne organisait à Berlin.
M. Dohrn a choisi le golfe de Naples parce qu'il est un des poiiits
dont la faune et la flore sont les plus riches du bassia méditerranéen,
et cela depuis la tortue à cuire jusqu'aux créations inférieures, bêtes
et plantes, que MM. Eisig et Kahnann , comme chez nous le créateur
de Roscoff, notre maître vénéré de l'Institut national agronomique de
Versailles, M. de Lacaze-Duthiers, nous ont si magistralement fait con-
naître.
Depuis ces travaux, l'étude des animaux inféi'ieurs présente moins
de difficultés. Cependant pour celle des animaux de grande eau, tels
que les cartilagineux : méduses, polypes; les nageurs aux couleurs
vives mais passagères; les céphalopodes, les poulpes, crustacés, sépiens
et calmars, leurs proches parents, si recherchés des Napolitains, sans
oublier les nageurs de surface, rapides comme l'éclair, et la masse des
colorés, coraux anémones, les torpilles, les anguilles, les pleuronectes
aux yeux brillants, les oursins, bref tout ce monde d'inconnus, d'affa-
més, pour lesquels des conditions spéciales d'examen et d'étude doi-
vent être créés, dont la nouveauté ne le cède en rien à la curiosité,
tel fut le but de M. Dohrn.
Comment le remplit-il? La station internationale de 1884 est loin,
comme on le peut penser, de la plus que rudimentaire installation de
1874, dont nous avons parlé après noire première visite en 1878.
Une promenade dans ce bel établissement, aujourd'hui si bien nommé
Palazzo Nationale^ dépasserait de beaucoup la place dont nous dispo-
sons ici. Nous n'en mentionnerons que la bibliothèque, une des plus
riches déjà en ouvrages d'histoire natui-elle, auteurs et éditeurs, par
dons et échanges, tenant tous à y prendre place.
Au moment où souffle le siroco, qui apporte les poissons de surface de
gr'ande eau et surtout des microscopiques, les diverses embarcations
partent aussitôt, les unes pour la pêche des premiers et les autres pour
la capture des seconds, les études physiologiques et biologiques devant
toujours marcher de front.
Deux chaloupes sont affectées à l'étude des courbants, leur tempéra-
ture. L'une est munie de fins filets en soie pour ne prendr'e que les
microscopiques, les larves, aussitôt déposés dans un baquet où méduses
et polypes transparents difficiles à voir, même dans l'eau, sont très
minutieusement conservés et aussitôt transportés au laboratoire.
Quant à la pêche des poissons de grande eau, à laquelle se livre
l'autre embarcation, elle se fait comme partout : seines, chaluts, arts
traînants; la manœuvre de ces derniers ne se fait que sur des bancs
Ressac, des petites profondeurs.
A côté de ces embarcations consacrées à la petite pêche, l'établisse-
ment possède un petit vapeur pour la haute mer, auquel sont spécia-
lement réservées l'étude et l'observation de la migration, de la stabula-
tion et de la sélection des espèces au moment surtout de leurs amours,
c'est-à-dire du frai.
j La baie de Gaëte est, sous ce rapport, une mine inépuisable de
PISCICULTaRE. — NAPLES. 377
curieuses et nouvelles observations qui s'y poursuivent au moyen du sca-
phandre, jusqu'àjdes profondeurs de 30 mètres. A cause des pressions
aux fermetures de l'appareil, ila été jusqu'ici impossible de descendre ;
plus de deux heures , il n'est pas possible de demeurer, et encore
faut-il y employer un rude et courageux scaphandrier. L'admission
■ des étudiants (environ treute), lesquels sont pour la plupart profes-
seurs déjà dans des universités, y est des plus difficiles, M. Dohrn
n'acceptant que ce qui a déjà fait ses preuves dans la science ou la pra-
tique de la pisciculture.
Karl Vogt, dans une récente publication sur cette création de la
science allemande^ travail où comme toujours on ne sait ce que l'on
doit le plus admirer, de sa science la plus profonde jointe à l'esprit
le plus pétillant, ou de l'esprit le pbis alerte et le plus prime-sautier
se jouant dans l'érudition la plus profonde, Karl Vogt avouait, p. 376
du t. IV des Landi uns Meers, que sans s'arrêter trop à l'étude des
grandes profondeurs sur lesquelles on ne nous sert plus que du
vieux neuf, mais dont il admettait cependant l'importance aux points
de vues théorique et biologique, il fallait pourtant reconnaître que
tout ce grand et beau mouvement de l'étude de la mer avait eu son
point de départ dans la pisciculture fluviatile. Aveu précieux que
nous nous empressons d'enregistrer, et dont nous ne saurons trop
féliciter cette intelligence au-dessus des préjugés, le savant en un
mot, né Allemand, mais francisé par l'esprit. Mouvement du reste
dont-il fut un des précurseurs par ses travaux de science pure et pra-
lique, en 1834 et 1842 dans le canton de Neufchâtel (voir n" 534 du
Journal).
L'aquarium de Naples a eu jusqu'à ce jour 268 étudiants, soit une
moyenne de 28 par an. Après lesAUemends qui comptent pour environ
la moitié, ce qui n'est que justice puisque dans les frais ils parti-
cipent pour davantage encore, ce sont surtout les Anglais et les Russes
qui suivent avec le plus d'assiduité les trois travaux internationaux
de la paix.
Pourquoi la France, la France qui les fit naître, n'a-t-elle jamais figuré
à ce noble congrès en permanence des peuples, fraternisant dans la
science par le travail et le respect du droit?
Nos idées démocratiques au-dessus des mesquineries d'un jacobi-
nisme scientifique auquel heureusement nous ne sommes pas le
seul à dire ce que nous croyons être la vérité, nos principes démo-
cratiques, disions-nous, protestaient déjà il y a dix ans, comme ils
protestent encore contre ce patriotisme à l'envers.
Pour 2,500 fr. par an, la France pourrait y avoir sa table (on appelle
ainsi l'installation d'un étudiant); espérons qu'elle ne se frappera pas
plus longtemps d'un ostracisme dont elle souffre la première, dans un
présent si peu digne de son brillant passé dans cette question.
La division du travail est la base des études qui se poursuivent
toute l'année avec tant de suite et de succès; les rapports qui en sor-
tent sur les crustacés, les éponges, les actinées, les anémones, sont
des pages fixées dans la science moderne et que doivent connaître
tous ceux qui veulent être au courant de la pisciculture de la mer.
On comprend bien que les Allemands, avec la mer du Nord et la
Baltique si pauvres en types, aient profité de cette occasion unique
pour entrer dans le mouvement; car, fait curieux à noter, ce n'est
378 PISCICULTURE. — NAPLES.
qu'après la possession de notre Huningue, que gouvernement alle-
mand, universités, sociétés privées, initiatives individuelles, se sont
groupés pour la création de cette lentille de la science, plus tard phare
éclairant f Europe, pour ne rien changer à leur langage un peu
métaphorique mais dont nous nous garderons de rire en face des
résultats acquis.
Naples devra être toujours, selon les fondateurs, la Salerne du
dix-neuvième siècle, où les savants du monde doivent se donner ren-
dez-vous, comme jadis les médecins du onzième siècle se rendaient à
c3tte dernière ville à l'appel de Robert Guiscard {voiv Modicina Saler-
iiita de Jean de Milan, par René Moreau. Paris, 1G25).
Le directeur, M. Dohrn, dont les éludes sur les poissons inférieurs
ont donné à la science des directions toutes nouvelles, a surtout tenu
la main aux. deux grandes divisions suivantes dans les travaux de
l'établissement: i" le côlé technique; 2" la science organique ou l'é-
lude de la morphologie, de l'embryogénie et de la biologie. Il faut noter
et c'est par là que nous finirons, que le créateur de l'aquarium de
Naples est un Darwiniste, c'est-à-dire un de ces savants qui croient,
nprès Aristote, que la vie sur la terre a pris son origine dans la vie de
la mer. Aussi les études biologiques sur les animaux marins leur pa-
raissent-elles bien plus importantes que celles des animaux terrestres.
Or, nulle part en Europe, on ne pouvait trouver mieux qu'au golfe de
Naples où, sous ce doux climat, il existe une source d'une si inépuisa-
ble richesse.
Nous avons dit avec quelle confiance il avait consacré à cette pensée
sa fortune et sa vie, ce n'est donc que justice si le succès couronne
tant d'efforts et de persévérance.
Dans le numéro 556 du Journal 1879, nous avons aussi traité la
question du tout naît d'un œuf du grand Stagirite, et cela à propos des
travaux sur ce grand inconnu de la science qui s'appelait alors l'an-
guille, mais sur lequel heureusement, depuis les belles découvertes des
docteurs Syrkis et Mather, le doute ne saurait exister.
Chabot-Karlen,
Membre de la Société nationale d'agriculture de France.
PULVÉRISATEUR RILEY
L'invasion de nos vignobles par le miklew a provoqué l'invention
de nombreux remèdes pour combattre cette terrible maladie. Les
poudres qu'on a essayées, sous des noms divers, ont donné des résul-
tats médiocres, ce qui s'explique aisément par ce fait que, le mildew
se développant exclusivement à la face inférieure de la feuille, il est
très difficile que la poudre s'y fixe en quantité suffisante pour amener
la destruction de la cryptogame.
C'est pourquoi l'on s'est adressé aux substances liquides qui, pulvé-
risées au moyen d'appareils spéciaux, se fixent facilement, sous forme
de gouttelettes extrêmement fines, au revers des feuilles que l'on
traite.
Plusieurs instruments ontélé essayés, l'année dernière et cette année,
pour pulvériser efficacement les liquides; aucun ne présente, à beau-
coup près, les avantages du pulvérisateur (fig. 17 et 18) que nous
a récemment apporté d'Amérique M. Riley, l'entomologiste bien connu
dans le monde viticole.
PQLVÉRISATEUR RILEY.
379
Le pulvérisateur de M. Riley est remarquable tout à la fois par sa
simplicité et par l'efficacité des effets de pulviTisatiou que l'on en
obtient. L'appareil est formé d'une boîte cylindrique en bronze,
de 0 m. 01 de diamètre intérieur, fermée par un bouchon discoïde,
creux, de même métal ; un bout de tuyau servant àl'amenée du liquide
Fig. 17. — Pulvérisateur Riley, muni tic son tuyau.
vient aboutir tançrentiellement à la face intérieure de la boîte. Un trou
d'environ 0 m. 0015, percé au centre du bouchon et très légèrement
évasé vers le dehors, sert à l'échappement. Le pulvérisateur est mis en
Fig. 18. — Mode tl'emiiloi du pulvérisateur.
communication avec une petite pompe foulante, au moyen d'un petit
tuyau de caoutchouc un peu épais et dur.
Lorsque l'on fait arriver l'eau sous pression dans l'appareil, elle prend
par suite de la disposition du, tuyau d'arrivée, un mouvement de
giration rapide, et elle sort en formant une sorte de tulipe tournante
dont les bords finissent par se séparer en une poussière d'eau. On peut,
en évasant plus ou moins l'ouverture de sortie, modifier la forme de la
tulipe, et par suite, dans une certaine mesure, les effets de pulvé-
risation.
Les avantages de l'appareil de M. Riley sont, en premier lieu, son
3?0 PULVÉRISATEUR RILEY.
extrême simplicité qui le rend peu coûteux et d'un entretien on ne peut
plus facile; en second lieu, la possibilité de supprimer, pour en faire
usage, les pompes à air. En outre de son usage spécial contre le mil-
dew, le pulvérisateur Riley nous semble appelé à rendre de grands
services aux horticulteurs, pour l'emploi des insecticides liquides con-
tre les milliers d'insectes qui dévorent leurs arbres fruitiers.
Le pulvérisateur Riley est construit et mis en vente par M. Vermorel,
mécanicien à Villefranche (Rhône), au prix de 2 fr. 50.
L. Degrully.
UNE FERME A BETTERAVES RICHES
DANS LE FAS-DE-GALAIS.
La nouvelle loi sur les sucres, si impatiemment attendue par l'indus-
trie sucrière et l'agricullure du Nord, donne de nouveau de l'actualité
à la production de la betterave riche.
Un a dit et trop souvent répété qu'en France, dans la région du
Nord, la terre élatt épuisée pour la betterave; on a dit surtout que, dans
nos terres fertiles, il était impossible d'obtenir des racines sucrées, et
que jamais nous ne pourrions faire de la betterave riche comme on en
fuit en Allema"ne.
J'ai entendu souvent ces propos tenus même par de bons cultivateurs,
par des hommes instruits. C'est une erreur grave que je tiens à rectifier.
Je ne connais pas de meilleur moyen pour le faire, que de décrire en
quelques lignes le système d'un cultivateur du Pas-de-Calais, M. Mas-
clef, deLoison, près Lens, lauréat d'un des prix de spécialités, lors du
dernier concours régional de Saint-Omer.
La plupart des chiffres que je vais citer sont tirés du mémoire que
ce cultivateur a présenté à la Commission chargée de décerner la prime
d'honneur et les prix de spécialités dans le Pas-de-Calais. Ils peuvent
être contrôlés par l'examen des livres de la fabrique de Pont-ù-Vendin
(Pas-de-Calais).
M. Masclef possède deux fermes : l'une à Loison, d'une contenance
de GO hectares, l'autre à Noyelles, localité distante d'un kilomètre à
peine de la première et composée de 20 hectares.
Les terres de Loison sont argilo-siliceuses ou argilo-calcaires, à sous-
sol calcaire; et celles de Noyelles sont argilo-siliceuses, assez com-
pactes et assez humides.
En 1879 M. Masclef conclut pour neuf années consécutives avec
IMM. Cambier frères, fabricants de sucre à Ponl-à-Veadin, un com-
promis que nous- ne croyons pas nécessaire dereproiluire ici.
D'après ce contrat, le fabricant de sucretra vaille à façon ; M. Masclef
lui donne 14 fr. par 1,000 kilog. de betteraves pour le travail, et de
son côlé, le fabricant lui paye 75 pour 100 du sucre extractible qui a
été observé contradictoirement par deux chimistes désignés. Le prix
de la betterave est calculé d'après la moyenne des cours des sucres à
Lille du 15 octobre au 15 janvier.
Ce contrat, que je ne veux pas discuter, que je ne compte pas plus
offrir ici comme modèle (surtout parce qu'il n'est pas applicable par-
tout), oblige M. iMasclefà produire de la betterave riche, et même à la
produire très riche, puisqu'il est payé d'après les cours qui sont très
bas depuis qljelques années.
UNE FERME A BETTERAVES R'.GHES DANS LE PAS-DE-CALAIS. 331
Dès 1 879 M. Masclef se mit à l'œuvre, concilia ses moyens d'action
au résultat qu'il devait obtenir et adopta enfin, après quelques tâton-
nements, le système de culture suivant :
L'amcnagcinent des fumiers. — M. Masclef est convaincu de l'inlluencc
heureuse d'un fumier mis avant l'hiver; par conséquent de la néces-
sité de le conserver avec le moins de pertes, jusqu'au moment de l'en-
fouissement. C'est dans ce but qu'il a aménagé ses étables de manière
à obtenir cette conservation dans de bonnes conditions.
Un madrier horizontal est placé de chaque c5té de l'étable, contre le
mur, dans le sens longitudinal de celle-ci. Ces deux madriers peuvent
être n ontés ou descendus à l'aide de quatre crémaillères situées aux
quatreextrémilés de ces pièces de bois. La mangeoireest placée transver-
salement et repose à ses deux bouts sur les madriers; elle peut donc
glisser horizontalement; elle est double et quatre animaux sont attachés
à chacune de ses foces.
Voici les avantages de cette disposition :
Les animaux nesorlent jamais des étables (ils boivent dans de petits
bacs en fonte placés dans la mangeoire). Le fumier s'amoncelle sous
eux et plus la couche s'épaissit, plus on monte la mangeoire en rele-
vant les madriers qui la supportent au moyen des quatre crémaillères.
Si cette mangeoire restait toujours dans le même plan vertical, le
fumier serait constamment tassé au même endroit et les déjections
seraient toutes à la même place. L'engrais ne serait pas homogène.
C'est pour remédier a cet inconvénient que l'on glisse la mangeoire
chaque jour deO m. 75 dans un sens; quand le train de derrière des ani-
maux du rang qui a reculé se trouve près du mur, on recommence le
mouvement horizontal de la mangeoire en sens inverse en déplaçant
toujours de 0"'.75 par jour jusqu'à ceque les animaux de l'autre rangée
arrivent au mur opposé. Il y a donc un déplacement continu des ani-
maux et par conséquent un tassement constant, égal, dans toute la
masse du fumier et les détections sont bien réparties.
Il en résulte un engrais qui fermente uniformément, et cette fermen-
tation est réduite à son minimum, puisque l'air estchassé constamment
par la pression des animaux. lien résulte aussi que le dégagement des
gaz ammoniacaux est nul, et l'on peut entrer par les journées les plus
chaudes de juillet ou d'août dans ces étables, sans percevoir la plus
petite odeur ammoniacale.
Si l'on coupe ces fumiers, qui sont cependant là depuis le mois de
février et qui n'ont pas moins de 1"'.20 d'épaisseur au commencement
d'août, on ne doute plus de la qualité.
Ils ne sont pas décomposés puisqu'il n'y a eu qu'une fermentation
partielle et lente, ils ne sont pas à l'état de beurre )ioir, pas plus qu'à
l'état pai lieux. Ils sont à demi consommés et se tranchent facilement.
Le purin, dont pas une goutte n'est perdue, est réparti dans toute la
masse et l'on ne peut y voir, bien entendu, aucune trace de moisissure.
Le fumier des chevaux est mis chaque jour sous les bêtes à cornes;
quant à celui des moutons, il est traité comme celui des bovins.
M. Masclef, ainsi que nous allons le voir, l'unie ses terres à betteraves
en deux fois. La première demi-fumure se met en août, la seconde en
février. Celle d'août se compose donc de tous les fumiers faits de février
à août; et celle de février, de tous ceux produits d'août à février.
Fumure et façons préparatoires. — Chaque hectare de betteraves
382 UNE FERME A BETTERAVES BICHES DANS LE PAS-DE-CALAIS.
reçoit suivant la quantité d'engrais dont on dispose 23 à 30,000 kilog.
de fumier de ferme.
La première demi-fumure est donc mise au mois d'août. Elle est recou-
verte immédiatement par un labour très léger. En octobre on donne
un labour aussi profond que possible.
En février, vient la seconde demifumure à laquelle on ajoute
1 ,000 kilog. de tourteaux de sésame et colza, et 200 kilog. de super-
phosphates de noir que M. Masclef fabrique lui-même.
Celte seconde fumure est enfouie par un labour léger en mars. On
fait suivre la charrue qui l'exécute d'une fouilleuse qui remue la partie
profonde du sol (qui est déjà fumée) et la laisse en place. La terre est
alors attaquée à l'extirpateur qui divise les derniers engrais enfouis
superficiellement, les répartit uniformément dans la masse, ameublit
complètement la surface et prépare la semaille.
Cette manière d'opérer semble on ne peut plus rationnelle. On voit
que la préoccupation constante de M. Masclef est d'abord de mettre
tout ce qu'il p3ul de son fumier avant l'hiver, afin que sa décompo-
sition soit faite, pour le moment oii la betterave en aura besoin, dans
sa période de végétation, c'est-à-dire avant le mois d'août. Cette pre-
mière fumure enfouie profondément est divisée, aérée, au printemps
par la fouilleuse; quant à la seconde demi-fumure, qui est mise au
printemps, elle doit se décomposer très vite, car elle subit constamment
le contact de l'air par suite des façons successives données à l'extir-
pateur.
Le terrain est admirablement préparé; il est chargé d'engrais et
aéré dans toute sa profondeur. Cet engrais est devenu assimilable au
moment où la plante va prendre possession du sol, et ce sol est par-
faitement ameubli.
SemaiUes. — Du 25 mars au 25 avril, M. Masclef sème à plat, à
44 centimètres d'écartement. Les 44 centimètres sont nécessaires, car,
comme nous le verrons, les betteraves qu'il cultive sont si abondam-
ment pourvues de feuilles qu'il serait impossible de faire passer une
houe à cheval entre les lignes de betteraves semées à une distance
moindre.
Ces semailles sont faites à raison de 25 kilog. par hectare.
M. Masclef a adopté à son semoir, un distributeur d'engrais qui
dépose devant les socs de cet instrument l'engrais qui doit nourrir la
plante dans son enfance. Ce mélange se compose par hectare de :
Superphosphates 75 kilog.
Nitrate de soude 40
Sulfate d'ammoniaque 25
Chlorure de potassium 35
Au premier binage à la houe à cheval, qui a lieu aussitôt après la
mise en place, on sème une nouvelle dose d'engrais composé de :
I
Superphosphates 75 kilog.
Nitrate de soude. 35 J i rhectare.
Sullate û ammoniaque 3b i
Chlorure de potassium 35 J
Ces engrais sont semés en avant des socs de la houe à cheval, au
moyen d'un distributeur placé sur cet instrument. La matière ferti-
lisante tombe sur la ligne de bettera.ves et est recouverte immédiate-
ment par la terre déplacée par les couteaux. Cet engrais est destiné à
UNE F£RME A BETTERAVES RICITi':S DiNS LE PAS-UE-GALAIS. .T-3
donner de la vigueur à la plante, qui languit toujours après la mise
en place et le démariage.
Un troisième mélange est enlin semé avant le 15 juin; il est dis-
tribué à la volée, car M. Masclef suppose qu'à cette époque la plante
a assez de chevelu pour pouvoir prendre la nourriture ailleurs que sur
la ligne. Ce mélange se compose de :
■ Superphosphates lôO kilog. ',
Nitrate de soude. 25 U rhcctare.
.suliate d ammoniaque 40 i
Chlorure de potassium , 30 J
Les houes à cheval travaillent pendant toute la balle s:iisoa, jus-
qu'au moment où les feuilles sont devenues trop grandes ; on les
munit de fers d'autant plus petits que la saison est plus avancée, afin
de ne pas endommager le chevelu.
On remarquera que celte manière de distribuer l'engrais en plu-
sieurs fois, de nourrir, pour ainsi dire, la betterave pendant toute sa
végétation, est très bien comprise.
M. Masclef est convaincu qu'uae exagération d'engrais azoté nuit à
la betterave et que cet engrais azoté est d'autant plus nuisible à
mesure que l'on avance vers le mois d'août. Le nitrate, selon lui,
serait l'aliment du premier âge, le sulfate d'ammoniaque serait moins
préjudiciable au mois de juin que le nitrate. C'est pourquoi la quan-
tité de ce dernier engrais est plus forte aux semailles qu'à la troi-
sième distribution et que la quantité de sulfate d'ammoniaque
augmente en sens inverse. Le superphosphate est considéré comme
correctif des engrais azotés et sa quantité augmente à mesure que la
saison avance.
Cette méthode me semble tout à fait rationnelle et elle concorde, si
je ne me trompe, avec tous les faits démontrés jusqu'ici par l'expéri-
mentation. D'ailleurs, les résultats sont là pour le prouver.
Vai'iété et porle-gr aines. — La betterave cultivée par M. Masclef est
une racine blanche bien pivotante, pesant de 600 à 1,000 grammes.
Le feuillu est très abondant. Il est inséré sur un collet qui est réduit
au minimum. La racine est bien en terre et s'arrache facilement.
Cette betterave provient surtout de silésiennes acclimatées ; tous les
ans, au moment de l'arrachage, M. Masclef choisit ses porte-graines
Ce choix se fait surtout par la forme extérieure et le bain salé.
Afin de renouveler un peu la variété, il achète chaque année quel-
ques kilog. de graines qui proviennent de betteraves allemandes accli-
matées un an en France. Il choisit les meilleures, qu'il joint à celles
des siennes qui ont été mises de côté.
Les betteraves porte-graines sont ensilées; elles sont couchées à
plat, et on ne met jamais plus de quatre betteraves d'épaisseur.
Elles sont plantées très tôt, assez profondément pour que les jeunes
pousses qui partent du collet soient recouvertes de 2 à 3 centimètres
de terre. La betterave peut alors supporter les gelées du printemps.
Les porte-graines sont fumées avec du fumier très décomposé et des
superphosphates.
Résultats. — Dès 1879, année d'essais et d'expériences, les bette-
raves de provenance allemande et acclimatées donnaient déjà un pro-
duit en argent de 300 francs supérieur à celui des bonnes betteraves
du pays.
384 UNE FERME A BETTERAVES RICHES DANS LE PAS-DE-CALAIS.
A la ferme de Loison, on obtenait déjà des produits qui accusaient
7 de densité. A Noyelles, une pièce de deux hectares sur avoine après
luzerne donnait 55,000 Uilog. à l'iiectare, avec une densité moyenne
de 6.8 et une richesse en sucre de près de 14 pour 100. (Cette même
pièce de terre rendait l'année suivante, et sans engrais, 45 hectolitres
de blé à l'hectare.)
Une autre pièce de 2 hectares et demi avait été semée, moitié en
bonnes graines acclimatées, moitié en graines qui avait été fournies
par un marchand dont on ne connaissait pas la qualité des produits.
La première parcelle a donné 33,000 kilog. à l'hectare, la deuxième
guère plus; les premières étaient vendues 37 francs les 1,000 kilog.,
les secondes, 9 francs. C'est un des plus beaux exemples à citer pour
prouver l'influence de la graine.
En 1880 et 1881, M. Masclef obtenait de fort beaux résultats. Une
grande partie des betteraves accusaient 15 à 17 pour 100 de sucre.
En 1882, il cultivait 'il hectares de racines, qui produisirent
1,046,550 kilog. de betteraves; le rendement industriel était de
9 pour 100. Les 1,000 kilog. étaient payés 33 francs, c'est-à-dire
34,536 francs, soit 1,644 francs à l'hectare.
Ces chiffres sont copiés sur les comptes de la fabrique de Pont-à-
Vendin.
En 1883, M. Masclef obtenait 49,000 kilog. à l'hectare; les racines
avaient un rendement industriel de 8.98, mais le prix moyen des
sucres n'étant que de 47 fr. 61, les 1,000 kilog. ne lui furent payés
que 28 fr. 78.
Voici le tableau des recettes et des dépenses pour 1 hectare de bette-
raves, que M. Masclef présentait dans son mémoire à la Commission
de la prime d'honneur. Il s'agit de l'année 1882-83.
DÉPENSES. RECETTES.
25,000 k il. de fumier 27.Î fr. 49,835 kil. de betleraves à 33 fr. 1,644 fr.
1,000 kil. de tourteaux IHO Feuilles.. HO
500 kil. de superphosphates... 50 Tntil I 7'""i Ir
100 kil. de nitrate de soude... 36 '
luO kil. de sulfate d'ammo-
niaque 52
100 kil. de chlorure de potas-
sium 28
FermaRe et contributions 178
Chevaux 250
Sarclages 50
Arrachage, nettoyage, chargement. 80
Semences 30
Total l,20'.l fr.
Si nous comparons ces résultats à ceux que l'on obtient en Alle-
magne, on peut se convaincre que l'avantage reste à M. Masclef.
Les Allemands produisent 35,000 kilog.de betteraves 16 à 17 pour
100, et, en prenant le chiffre de 17, ils ont 5,950 kilog. de sucre à
l'hectare; M. Masclef, de son côté, a un rendement de 50,000 kilog.,
mais ses betteraves n'ont que 14 pour 100. Ce qui fait 7,000 kilog. de
sucre à l'hectare, soit une différence de 1,000 kil. en faveur de ce
dernier.
Ces chiffres n'ont pas besoin de commentaires. Ils prouvent que
nous pouvons (dans nos terres du Nord, qui ont été accusées d'être
épmsées pour la betterave) produire, en grande et moyenne culture, une
betterave riche. Louis Como>,
Professeur départemental d'agriculture du Pas-de-Calais.
LA. PRIME d'honneur ET LES PRIX CULTURAUX DANS LA MARNE. 385
LA PRIME D'HONNEUR ET LES PRIX CULTURAUX
DANS LA MARNE EN 1884. — II'
M. TiiÉOBALD DE Felcourt, à Etang de Maisons, commune de Maisons-en-
Cliampagne, canton de Vitry-le-François. — M. do Felcourt a transformé en terre
labourable et en Lois un étang de 23 h. 50 situé à une faible dislance de son
habitation.
Cet étang était formé par la rivière de Maisons et recevait les eauK de plusieurs
sources qui permettaient d'alimenter un rao ilin établi sur la chaussée.
Il resta en eau jusqu'en 1805. A cette époque, un dessèchement naturel s'opéra
et il fut transformé en marais recouvert d'eau pendant 6 à 7 mois de l'année et ne
donnant que des roseaux et une herbe de peu de valeur.
En 1818, M. de Felcourt père, qui était propriétaire de l'étang de Maisons
depuis 1805, favorisa l'assainissement en faisant creuser des fossés dans les par-
ties les plus solides ainsi que dans les endroits où se trouvaient des puisards. Sur
les talus de ces fossés, qui tous aboutissaient à la rivière, des plantations de peu-
pliers, de frênes et d aulnes furent faites. Ce travail a élé..continué jusqu'en 1830:
à cette époque, les premières plantations donnaient des résultats satisfaisants;
les racines des arbres consolidaient les bords des fossés, et les émanations mal-
saines qui, auparavant, occasionnaient des fièvres paludéennes étaient considéra-
blement diminuées.
En 1840, 17 hectares environ restaient encore à l'état de marécage. C'est alors
que M. Théobald de Felcourt, afin de compléter l'œuvre commencée par son
père, fit creuser un canal de 8C0 mètres de longueur sur 4 mètres de largeur
dans la partie la plus liasse du terrain, et dans le sens de sa plus grande pente.
Pour assurer un écoulement aux eaux du canal, il a fallu abaisser de 0 m. 35 le
plat-fond de la rivière sur une longueur de 2,400 mètres. Cette opération impor-
tante a été complétée par des fossés latéraux, plantés comme les précédents, ce
qui porta leur longueur totale à 18,770 mètres.
Au bout de quel((ues années, 1 1 hectares encore purent être plantés en bois, et
le terrain, petit à petit, se consolida par suite de l'écoulement régulier des
eaux.
Il restait 6 hectares à assainir sur la rive droite de la rivière, à proximité du
moulin, dont le drainage fut commencé en 1860. Ce terrain destiné à la culture
produisit des betteraves en 1864. Mais, dès l'année suivante, on constata que sur
une surface de 3 hectares, voisine de la rivière, le sol n'était pas apte à une pro-
duction régulière, et malgré les amendements calcaires et les engrais qu'ils
reçurent, on dut les planter en peupliers.
Les trois autres hectares, fertilisés par des superphosphates de (chaux, des
boues de route et du nitrate de soude, ont été maintenus en culture et continuent
de donner des produits avantageux.
Les dépenses occasionnées par l'assainissement et la plantation des 23 h. 50
de l'étang de Maisons se sont élevées à 9,200 francs. Le revenu, qui, en 1818,
n'était que de 300 francs environ, a été évalué par le propriétaire, en 1882, à la
somme de 3,000 francs.
L'œuvre continuée par M. Théobald de Felcourt, tt qui pourra être complète-
ment achevée le jour où il voudra supprimer son moulin et faire une tranchée
profonde dans la digue sur laquelle il a été construit, est d'un bon exemple qu'on
ne saurait trop recommander à l'attention des propriétaires qui se trouvent dans
des conditions analogues.
Transformer en sol productif un terrain stérile et malsain, aussi peu utile à celui
qui le possède que nuisible à ceux qui l'entourent, c'est en réalité rendre un
double service, dont le mérite ne saurait être contesté.
La Commission, se plaçant à ce point de vue, décerne à M. de Felcourt une
médaille d'or grand module, pour son boisement en terrain marécageux.
M. Jacquy (Charles-Emile), à Saint-Memmie-lès-Châlons, canton de Châlons.
— La terre des environs de Châlons est de nature calcaire, légère, perméable,
mais susceptible de donner, avec des engrais appropriés, des produits assez éle-
1. Rapport fait au nom de la Commission composée de MM. Randoing, inspecteur de l'agri-
culture, président; Perdrix, Thiry, Fagot, Dupont-Saviniat; Sauvage, rapporteur; Pargon,
secrétaire. — Voir le Journal du 30 août, page 347 de ce volume.
386 L\ PRIME D'HONNtUR ET LES PRIX CULTURVUX DANS LA MARNE.
vés. Les principales plantes fourragères : luzerne, sainfoin et tièlle, y croissent
bien, et le rendement moyen de la betterave peut facilement atteindre de 35 à
40,000 kilog. par bectarp. Les céréales peuvent également y acquérir un assez
grand développement. La ville de Châlons est un centre de consommation impor-
tant, tant pour les productions animales que pour les productions végétales.
Telles sont les conditions générales dans lesquelles se trouvent les cultivateurs
de la banlieue de Châlons.
En 187-2, M. Jacquy débuta à Saint-Memmie avec 25 hectares 'de terre qu'il
reprenait de son fermier. Actuellement, par suite d'acquisitions successives, il
exploite 75 hectares répartis en 65 parcelles sur les territoires de trois communes.
M. Jacquy a défriché une pièce de terre de 16 hectares plantée en sapins, et
une autre pièce de 5 hectares en arbres feuillus. De bonnes récoltes ont été obte-
nues sur ces défrichements.
L'assolement, qui n'est pas régulier, peut être considéré comme ayant une
rotation de neuf années. Il comprend une soie de plantes sarclées, deux soles de
blé, deux soles d'avoine, une sole d'orge, une de seigle, une de jachère. En
dehors se trouvent des luzernes et des sainfoins dont la durée est variable suivant
la richesse du sol.
Lors de la visite de la Commission, les cultures de M. Jacquy n'offraient rien
de remarquable. Cependant ses fumiers sont abondants, bien entretenus et de bonne
qualité. Pour eu accroître la valeur, il fait dissoudre des engrais chimiques
azotés et potassiques dans le purin avec lequel on les arrose.
Dès son début, la principale préoccupation de M. Jacquy fut de se procurer
des matières fertilisantes en quantité suffisante pour élever la production de son
sol. Il eut d'abord recours aux engrais du commerce et au fumier, mais il s'aper-
çut bien vite que la dépense était trop élevée par rapport aux résultats obtenus.
Il fallait produire ses engrais soi-même.
Par suite des règlements de pâture existant dans les communes où se trouvent
ses terres, le mouton n'était pas possible, faute de parcours. Piestait la vache laitière.
Mais une difficulté séiieuse se présentait. On vendait alors le lait 15 centimes le
litre à des intermédiaires qui le distribuaient en ville.
A ce prix, la spéculation ne valait pas la peine d'être entreprise. C'est alors que
M. Jacquy eut la pensée de faire porter son lait à domicile. Il commença au
mois d'avril 1880 par un seul client, auquel il fournissait un litre, et actuelle-
ment il vend 250 litres en moyenne par jour.
Au moment de notre visite, 32 bonnes vaches laitières, pnrfaitemenl entretenues,
se trouvaient dans les étables de AI. Jacquy.
Le rendement moyen est de 8 litres par bête, ce qui à 0 fr. 25 l'un, donne un
produit journalier de 2 fr. par animal. Le montant de la vente totale annuelle varie
de 20 à 22,000 francs.
Pour répondre aux désirs exprimés par plusieurs familles, qui lui demandaient
pour leurs enfants du lait de la même vache, M. Jacquy acheta plusieurs bêtes de
race Schwitz, qu'il soumit à un régime ali iientaire spécial. Elles ne consomment
jamais de fourrages verts, ni de betteraves, ni pulpes, ni drèches. Leur nourri-
ture consiste exclusivement en farineux et en foin de première qualité. Leur bois-
son est légèrement salée et additionnée de farine d'orge.
Le lait, ainsi obtenu, est connu à Châlons sous le nom de lak de santé ; il est
vendu 40 centimes le litre rendu à domicile. Son débit est de 20 litres par jour.
La laiterie de M. Jacquy est parfaitement installée. L'eau chaude en hiver,
l'eau froide en été, y est distribuée suivant les besoins. Un réfrigérant Lawrence
est utilisé pendant les grandes chaleurs. Les vases à lait, clos et plombés avant
leur départ de la maison, sont en porcelaine et en verre incassable. Leur conte-
nance est de un et deux litres.
Tous les ustensiles sont lavés avec de l'eau contenant une dissolution de carbo-
nate de soude, dans la proportion de 1 pour 100.
M. Jacquy a annexé à sa ferme une industrie toute spéciale. Il fabrique des
enveloppes pour l'emballage des vins de Champagne. Cent dix personnes occupées
à ce travail emploient par jour 2,0û0 kilog. de paille de seigle, dont les résidus
et les rognures suffisent à la litière de 36 vaches et de 9 chevaux.
M. Jacquy se rend aussi exactement compte que possible de ses opérations
agricoles.
Une comptabilité, confiée aux soins intelligents de Mme Jacquy, est tenue
régulièrement.
LA PRIME D'HONNEUR ET LES PRIX CULTURAUX DANS LA MARNE 38?
De celte comptabilité, il résulte que des bénéfices importants ont été réalisés
depuis quelcjues années surtout, et que l'organisation générale de l'exploitation
est arrivée au point voulu pour assurer à son chef de forts beaux revenus.
M Jacquy, du reste, est un homme d'initiative!, très industrieux, sachant calcu-
ler et ne s'attardant point dans des spéculations à résultats douteux.
La Commission décerne à M. Jacquy une médaille d'or grand module pour sa
vacherie.
M. Herment-Bidaut (Cyrille), à Jussécourt-Minecourt, canton de Heiltz-le-
Maurupt. — L'exploitation de M. Horraent-Bidaut comprend actuellement 58 hec-
tares 75 ares dont 45 hectares 75 ares en terre arable, 7 hectares 41 en prairies
naturelles, 20 ares en jardin et 5 hectares .39 en bois. Sur cette surface, 45 hec-
tares 20 appartiennent à l'exploitant et 1.3 hectares 55 sont ariérmé-; par lui au
prix de 9 .i fr. l'hectare. La terre est très morcelée, mais les enclaves sont relative-
ment peu nombreuses.
Le sol de Jussécourt est en général très fertile. Il est nalurellemenl bien équilibré
dans sa composition minérale, et le fumier de ferme peut seul suffire à l'entretien
de sa fertilité. Le sous-sol est en partie formé par les alluvions anciennes, que
l'on rencontre dans tout le Perthois, et que l'on désigne sous le nom de grèves,
et en partie par une argile jaunâtre, très compacte.
M. Herment-Bidaut suit l'assolement triennal sans jachère. La betterave à
sucre ouvre la rotation avec une iumure de 120 mètres cubes à l'hectare, et la
pomme de terre avec 90 mètres; vient ensuite le Iroment d'automne, auquel suc-
cèdent des avoines et des orges de priniemps. Après quatre rotations successives,
on sème de la luzerne que l'on conserve pendant quatre ans. 3 hectares 20 d'her-
bages temporaires sont réservés pour le pâturage des moutons. Ils recevront, au
moment de leur défrichement, 45 mètres cubes de fumier par hectare.
En 1883, la répartition des cultures était la suivante:
h. a.
Froment d'iiiver... 12 » Produit moyen, 30 hectolitres
.Seigle '. 0 ââ (Pour des liens.)
Avoine 10 75 Produit moyen, 42 hectol.
Orge .5 50 — 3.ô lieciol.
Pomme de terre . 1 » — ISO hettol.
Betterave à sucre 7 l.ô — 35,000 kilog.
Trèfle incarnat 0 35 —
Luzerne 5 25 — 10, .500 kilog.
Pâturages . 3 20 en trois coupes.
Total , i,b 75
Lors de notre première visite, au mois de juin 1883, les récoltes de M. Her-
ment-Bidaut ne présentaient rien de remarquable, comparativement à celles de
ses voisins, si ce n'est une grande homogénéité, indice presque toujours certam
d'un reniiement élevé. Ses betteraves laissaient à désirer sous le rapport de la pro-
preté, ce qui pouvait être attribué à la tardivité des sarclages occasionnée par le
mauvais temps.
C'est au concurrent qu'est duc l'introduction de la betterave à sucre dans la
commune de Jussécourt. La quantité d'engrais obtenue annuellement, estimée à
1,100 mètres cubes par M. Herment Bidaut, n'est pas exagérée. Elle correspond
à 29 mètres 1/2 par hectare de terre en labour, et à 24 mètres, luzernes et prai-
ries temporaires comprises.
Les fumiers sont disposés, dans la cour, sur deux plates-formes parallèles à
l'extrémité desquelles se trouve une fosse à purin garnie d'une pompe. Ils sont
bien entretenus.
Les bâtiments n'offrent rien de particulier. Ils sont suffisamment spacieux et
bien tenus.
L'outillage est bon et bien approprié à sa destination.
Le bétail comprenait, le 28 juin dernier : 6 chevaux de trait, 1 jument pouli-
nière, 1 poulain d'un an, 2 taureaux schwitz, 7 vaches schwitz, 3 élèves d'un an,
2 ans et 3 ans, 300 moutons, 4 porcs à l'engrais, 112 volailles.
En comparant le poids de tous ces animaux avec l'étendue cultivée, on trouve
un rapport élevé qui indique une exploitation bien dirigée.
Outre les fourrages produits sur la ferme, le bétail consomme environ 200, OÛO
kilog. de pulpes de diffusion, coûtant 6 fr. les 1,000 kilog., prises à Pargny, et
pour 2,400 à 2,700 fr. de tourteaux, son et menus grains. Les principaux pro-
duits de vente sont le blé, l'orge et la betterave à sucre; toute l'avoine est consom-
388 LA PBIME D HONNEUR ET LES PRIX CULTURAUX DANS LA MARNE.
mée sur place. Mennent ensuite le bétail gras et le lait. Ce sont surtout les mou-
tons qui donnent les plus forts revenus. Huit à neuf cents bêtes à laine sont cha-
que année dirigées sur Paris. La vacherie fournit pour 1,000 à 1,200 fr. de lait,
■vendu à une fromagerie, à raison de 0 fr. 10 pendant l'été et de 0 fr. 12 en
hiver, plus un certain nombre de vaches et de taureaux pour la boucherie.
Le personnel à gages est aussi réduit que possible. Il comprend deux garçons
de charrue, un raarcairc, un berger. Les travaux de moisson, de faiichaison et
ceux concernant la culiure des betteraves sont faits par des tâcherons.
Dans son administration bien pondérée et sagement conduite, M. Herment-
Bidaut s'occupe plus spécialement de la partie commerciale. Il est secondé avec
beaucoup de zèle et de soins par sa femme à laquelle incombe la surveillance de
l'intérieur de la forme, et par un de ses fils qui le supplée, au besoio, dans la
direction des travaux des champs.
Depuis son entrée dons la culture, en 1853, M. Herment-Bidaut a réalisé des
bénéfices importants. Il n'est pas nécessaire de suivre pas à pas ses tentatives, ses
essais et ses succès, pour prouver qu'aujourd'hui sa situation est excellente. Il a
toujours pensé que le cultivateur, dans les conditions où il se trouvait du moins,
devait faire grand cas du bétail et accorder à cette partie de la production agricole
une plus large part que celle qu'on lui réservait habituellement. Ses prévisions se
sont réalisées.
En 1853, M. Herment-Bidaut possédait 16 hectares de terres labourables et
4 hectares de bois, le tout estimé 54,000 fr., plus un capital mobilier de 6,300 fr.
Aujourd'hui il est propriétaire de 45 hectares estimés 128,500 fr., de bâtiments et
de valeurs mobilières, s'élevant à 76,000 fr., soit un total de 2i 4,500 Ir. La diffé-
rence se traduirait par une plus-value de 144,200 ir. réalisée en trente années, à
raison de 4,806 fr. par an. Ce chiflVe n'est certainement pas exagéré, car à en
juger par les profits qui doivent résulter de l'organisation actuelle et tout en
accordant une part assez large à l'inconnu, que sa comptahilité ne permet pas de
déterminer, il nous parait plutôt restreint qu'augmenté.
M. Herment-Bidaut s'est depuis longtemps illustré dans les concours régionaux,
où il a remporté 52 primes pour ses animaux.
La Commission décerne le prix culturai de la première catégorie à M. Herment-
Bidaut.
M. Charles LnOTErAiN, rue du Faubourg- Cérès, à Reims. — M. Charles
Lhotelain a été le premier lauréat du concours régional de la Marne, en 1876, où
il a obtenu le seul prix culturai décerné.
Pour le concours de cette année, il s'était présenté comme concurrent à la
prime d'honneur. Ensuite il s'est désisté, bornant son désir au rappel de son prix
culturai.
C'est dans ces condilions que la Commission a été appelée à visiter son exploi-
tation.
M. Ch. Lothelain exploite 76 hectares. Il est propriétaire de 26 hectares et loca-
taire do son père pour 50 hectares Cju'il paye à raison de 50 fr. l'an.
Les bâtiments d'habitation et d'exploitation appartiennent également à son
père qui lui en abandonne la jouissance, moyennant une redevance annuelle de
2,000 fr.
Le sol arable des environs de Reims est calcaire, à sous-sol crayeux.
]\L Lhotelain ne suit point d'assolement régulier. Il en est empêché, comme ses
voisins du reste, par la fréquence des gelées et de la sécheresse qui, sans comp-
ter les campagnols trop souvent, viennent troubler l'ordre de succession des cul-
tures.
Les principales récoltes consistent en céréales et en founages artificiels. En
1883, leur répartition était la suivante :
Froment d'hiver
Seigle
Escourgeon d'tiiver
Orge de printemps
Avoine
LcnliUas
Betleraves fourragères
Prairies artificielles formées d'jii mélange de luzerne, de
trèfle et de sainfoin
Jachère
Total 7e
11.
a.
12
6
U>
35
4
78
5
23
13
43
7
C.9
3
»
13
46
Néant.
LA. PRIME d'honneur ET LKS PRIX GULTCJRAUX D\N3 LA MAKME. 389
Les blés et les orges dans lesquels sont semées les prairies artificielles reçoi-
vent de 90 à 100 mètres cubes de fumier de ferme |);ir bectare.
La terre destinée aux betteraves est fertilisée avec des vidanges à raison de
gOO beclolitres par hectare.
Jusqu'à présent, les engrais chimiques n'ont été employés qu'à titre d'essais.
La quantité du fumier produite annuellemeat varie de 1,100 à 1,200 mètres
cubes, pesant 775 kilo:^. l'un, au moment où il est conduit sur les terres. Une
plate-forme et des fosses à purin permettent de lui donner tous les soins néces-
saires à sa bonne confection.
La Commission a trouvé les récoltes de M. Gb. Lbotelain en très bon état,
notamment les blés, les seigles et les fourrages.
Le blé a donné par hectare 33 hectolitres, le seigle 35 et l'avoine 38. Les four-
rages ont été particulièrement abondants ; leur produit en foin s'est élevé à
7.940 kilog. par hectare.
L'outillage de M. Lhotelain est aussi coTiplet que possible. Il comprend
tous les instruments et les machines d'intérieur et d'exérieur de ferme, suscepti-
bles d'économiser le temps et les bras.
Les bâtiments sont proprement tenus et bien appropriés aux divers services
auxquels ils sont destinés.
Au moment de notre visite, les animaux comprenaient : 6 chevaux de trait ;
1 taureau; 18 vaches laitières ; 60 agneaux de l'année; 56 antenaises, 80 brebis;
104 moutons de deux à trois ans; 2 por:s à l'engrais; 50 volailles. Tous en très
bon état d'entretien.
Le poids vif de ces animaux, comparé à l'étendue cultivée, représentait une
moyenne d'environ 333 kilog. par hectare.
Au fourrage récolté, qui est entièrement consommé par le bétail, viennent
s'ajouter do la drèche, 2,500 kilog. de tourteaux, 18,000 kilog. de son et
100,000 kiloo;. de pulpes ou betteraves.
Les produits végétaux exportés sont le froment, le seigle, l'orge, l'avoine, etde
5.000 à 10,000 bottes de paille. Les produits animaux comprennent le lait :
50,000 litres à 0 fr. 25, des vaches et des moutons gras et la laine du troupeau.
M. Lhotelain tient une comptabilité qui lui permet de se rendre compte de
toutes ses opérations et le met ainsi à même d'éviter les spéculations onéreuses.
Les bénélices donnés par sa culture sont incontestables et il pourrait certaine-
ment les accroître en étendant sa production laitière.
Mais M. Lhotelain s'est créé d'autres occupations que celles qui concernent
l'administration direct de son faire-valoir. Son activité lui permet d'embrasser un
plus vaste horizon.
M. Lhotelain n'est point un fermier ordinaire, dont la seule préoccupation
serait de viser quand même et toujours aux plus gros profits.
C'est en même temps un de ces hommes vaillants et convaincus qui mettent au
service de la cause cju'ils croient bonne toutes les qualités dont ils ont été dotés.
Profondément dévoué au progrès agricole, doué d'un jugement sain et d'une
rare affabilité, il a su, dans ses fonctions de secrétaire et de président du Comice
agricole de Reims qu'il remplit depuis vingt et un ans, entretenir au sein de cette
belle association une vitalité qui lui fait le plus grand honneur.
De telles qualités ne sauraient passer inaperçues pour tous ceux qui, de près
ou de loin, s'intéressent aux choses de l'agriculture. Car elles sont de nature à
réchaurter les plus tièdes, à encourager les timides, à fortifier les convaincus.
La Commission, après avoir constaté que M. Lhotelain n'a point déméiité, au
contraire, depuis le concours régional de 1876, est heureuse de lui décerner un
rappel de son prix cultural.
(La suite prochainemenl.) A.' Sauvage,
Professeur d'agriculture de la Haute-Marne,
LES HARICOTS NAINS, HATIFS, LONGS ET RONDS
La culture de ces excellents légumes, qui font l'objetd'un commerce
considérable dans le vaste bassin sous-pyrénéen, nous donnera cette
année une abondante récolte.
Les premiers qui ont paru ces jours derniers sur le grand marché
de Patniers, d'oi^i parlent pour les grandes villes du Midi nos beaux
390 HAUtCOTS NAINS HATIFS.
produits ariégeois, s'y sont vendus 40 fr. l'hectolitre. La variété pré-
férée est le liaiieot blanc, nain, rond, que l'on sème fin avril, dans la
commune de Bounac, et y sont récoltés fin juillet et dans le courant du
mois d'aoîit. Je place cette hâtive et excellente variété à côté des meil-
leurs haricots de Soissons. Ils paraissent depuis quelques années sur
le grand marché parisien. Pendant les quinze ans de la députation
de mon père, M. Henri d'Ounous, et malgré la lenteur du roulage à
cette époque reculée, nous avions soin d'en faire porter deux ou
trois hectolitres fort appréciés de nos plus fins gourmets. Rien de meil-
leur que ces haricots cuits à l'eau de rivière, assaisonnés d'un peu
d'ail et d'oignons, et engraissés par des ailes ou cuisses de nos beaux
canards. Leur culture est facile et fort productive, lorsque le vent du
sud ne vient altérer ni leurs nombreuses fleurs ni leur vert feuillage
fortement fumés. Le blé qui leur succède donne presque toujours de
beaux produits.
J'en fais opérer la cueillette et le battage cette semaine, on doit se
hâler pour en obtenir ces hauts prix. Léo d'Ounous.
LA RÉCOLTE DE 1884 DANS LE CHER
La récolte, considérée dans son ensemble, est bonne. L'agriculture,
si souvent frappée par les éléments, si délaissée par ceux qui pour-
raient beaucoup pour elle, aurait trouvé cette aa.aée, par le rendement
des céréales, quelque compensation à ses soufi"rances,si les prix de vente
pouvaient atteindre un taux rémunérateur. Ce que l'on nous annonce
à ce sujet est tout le contraire de ce qu'il nous faudrait. Les frais qui
incombent à l'agriculture, notamment ceux du battage, sont considé-
rables cette année, comme il arrive chaque fois que la quantité de
paille est abondante. Il faut donc espérer que le cours actuel des mar-
chés se relèvera, sans quoi le malaise de l'agriculture ne trouverait pas
encore en l'année ISS-i- le remède si nécessaire et jusqu'ici vainement
attendu. Après avoir formulé ce vœu, nous allons passer en revue,
céréales, légumes de fjrme, betteraves, fourrages et vignes.
Seifjle. — Comme grain, qualité et quantité, il ne laisse rien à dési-
Beaucoup de paille.
Froment. — ■ Bonne récolte moyenne. Beaucoup de blés versés par
les pluies d'orage. Blés qui rendront peu. Ceux mal fumés ont été saisis
par la chaleur, ce qui revient à dire à nos fermiers : faites peu,
mais faites bien, vous y trouverez mieux votre compte. Lés cultiva-
teurs mal aisés s'obstinent à ne ])as nous comprendre. Les blés
anglais ont mieux résisté à la sécheresse que les blés bleus et les blés
du pays. Beaucoup de paille.
Les avoines donnent abondamment dans notre contrée, grain,
paille et qualité.
Escourgeon. — Assez de grains, mais un peu maigres.
L'o/v/e faite au printemps a rendu beaucoup. Hors donc, de ce côté,
qualité et quantité.
Pommes de terre. — Les pommes de terre dites de Saint-Jean sont
grosses et de bonne qualité; les tardives ayant eu à supporter une
sécheresse des plus prolongées sont abondantes, mais petites.
Betteraves. — Les betteraves, si précieuses pour nos fermes, pro-
mettaient beaucoup : elles semblent également compromises par la
LA RÉCOLTE DANS LE CHER. 39'
sécheresse. La pluie qui paraît vouloir enfin nous arriver, pourrait
améliorer beaucoup leur situation.
Haricots. — Bonne récolte.
Fourrages. — Première coupe excellente comme quantité et qualité,
tant pour les prairies naturelles que pour les prairies artificielles. La
seconde coupe laisse à désirer : comme compensation, les maïs-four-
rages sont bons et abondants.
La vigne, envahie un peu partout par le phylloxéra, est soumise à
un traitement par le sulfure de carbone, traitement qui parait amener
d'excellents résultats : nous espérons de ce côté obtenir qualité et
quantité.
L'ensemble de la récolte, ainsi que nous le disions plus haut, est donc
satisfaisant; que les prix le deviennent et l'année ISS'i sera pour
notre pays une bonne année, Eugénie Casanova.
COURRIER DE L'OUEST
Les départements de l'Ouest ont connu cette année des chaleurs exception-
nelles qui semblent avoir pris fin depuis quelques jours.
Dans le centre de la Bretagne, notamment, tout semblait brûlé par une tem-
pérature qui s'est élevée à certains jours à 35, 36 et 37 degrés à l'ombre. Les
nuages venant du sud et du sud-ouest se montraient bien à certains jours, mais
les vents du nord et du nord-est reprenaient dans l'apiès-midi, et le soleil recom-
mençait à nous brûler comme de plus belle.
Les côtes du F'inistère et le littoral norl de la Bretagne, et même de la Nor-
mandie ont reçu, il est vrai, quelques ondées et éprouvé même, le 17 août, un
orage mêlé de grêle ijui a occasionné des dégâts importants, de Saint-Malo jus-
qu'à Avranches et au delà, notamment dans les riches terrains des polders du
mont Saint ^Michel, les marais deDol, etc.
Dans le centre tout semblait biùlé, les prairies n'otl'raient rien à paître aux
bestiaux et force a été, depuis le commencement de juillet, de recourir au foin et
ensuite à la paille et à quelques herbes ramassées daus la poussière. Les provi-
sions d'hiver en sont naturellement diminuées.
Beaucoup de cuUivateurs n'ont eu qu'une faible coupe de trèfle, tandis que le
jeune trèfle semé dans les orges et les blés de printemps semble brûlé. Les choux
sont gravement atteints et les betteraves et les pommes de terre auxquelles l'eau
nécessaire à leur développement a manqué, ne donneront pas grand'cliose.
La récolte du blé, de l'orge et de l'avoine s'est faite dans des conditions très
favorables et préseote un caractère de siccité exceptionnelle. Quelques champs de
froment, sur ancien trèfle notamment, ont été saisis par une chaleur trop vive et
le grain y est flambé. Ge phénomène qu'on a longtemps attribué aux brouillards
du matin n'en provient pas, car les brouillards ont été fort rares.
Les blés n'atteignent pas le poids de ceux de l'année 1882; nous avons fait
peser rigoureusem-nt des blés bleus inversables qui ne dépassaient pas 75 kilog.
à l'hectolitre, chitlre de la production moyenne, et pris pour type pour la région
de l'Ouest lors de la division douanière en circonscriptions. Nous avons fait peser,
il est vrai, dans l'intérieur des blés pesant 76 kilog. l'hectolitre et même 77.
Les avoines d hiver, favorisées à tous les moments de leur développement, ont
donné un bon rendement en paille et en grain, qui atteint ^iS à 49 kilog. à l'hec-
tolitre. Quelques avoines do printemps donuent 45 à 46 kilog. à l'hectolitre;
d'autres sont mauvaises, surtout en paille.
Le poids des céréales à l'hectolure, bien qu'en somme la vente au quintal de-
vrait être adoptée, nous a toujours paru le renseignement commercial le plus
utile à donner.
L'orge est bonne comme qualit/;, non comme rendement, et il est possible que
quelques demandes nous viennent d'.-\.nglcterre, mais à des prix très modérés.
Quant au sarrasin, pour celui qui a été semé de bonne heure et sur les côtes,
il est bon ; mais celui semé plus tard et surtout dans l'intérieur, levé à deux
reprises, est mauvais, en outre que quelques champs ont été atteints et pour
ainsi dire brûlés par les vents du sud qui ont régné quelques jours.
392 GOURRIEa DE L'OUEST.
En somme, l'année, pour les céréales, doit être classée comme bonne moyenne,
supérieure à celle de 1883, mais inférieure à celle de 1882, comme rendement et
même comme qualité.
Malheureusement le prix du blé s'est affaissé autour de 20 fr. les 100 kilog, et,
à ce prix, même avec un rendement moyen de 20 hectolitres, ni le travail, ni le
fermage, ni les intérêts du capital engagé n'obtiennent de rémunération. Aussi
nos cultivateurs découragés tournent-ils leurs regards vers un relèvement des
tarifs, ils savent qu'aux prix actuels, l'Amérique, dont la récolte est évaluée à
200 millions d'hectolitres, nous enverra ses excédents en Lié ou en fnrine. Le
Conseil général des Côtes-du-Nord, avec tous les départements où. le blé joue
encore le rôle principal, s'est prononcé pour le relèvement des droits de douane
sur les céréales.
Les bestiaux ont naturellement baissé avec la perspective de la diminution de
la ration fourragère pour l'hiver même. A. de la Morvonnais.
ACTION NITRIFIANTE COMPARÉE
DE QUELQUES SELS CONTENUS NATURELLEMENT OU AJOUTÉS
DANS LES TERRES ARABLES ^
L'importance du rôle des nitrates dans la végétation nous a conduit
à déterminer la part relative qui revient, dans leur production, à quel-
ques sels contenus naturellement ou ajoutés dans le sol.
Nos expériences ont porté sur les carbonates et sulfates de potasse,
de soude, de chaux et de magnésie.
Ces sels ont été incorporés avec une' substance organique azotée
dans du sable siliceux aussi pur que possible.
Les mélanges ont été placés dans des vases en verre percés à leur
partie inférieure et reposant sur des cuvettes en verre recevant de
l'eau distillée destinée à humecter la masse par infiltration capillaire
de bas en haut.
La matière organique azotée choisie est le tourteau d'arachides
décortiquées, très employé dans la culture méridionale, offrant une
composition bien définie, et facile à manier, à doser et à -incorporer.
Les quantités de tourteau ajoutées ont été telles que l'azote intro-
duit dans les mélanges ne dépasse pas 1 gr. 5 par kilog., dose assez
fréquente dans les terres végétales.
Les proportions des sels ajoutés ne s'écartent pas sensiblement de
celles qui se rencontrent dans les sols ; 3 gr. à 3 gr. 5 par kilog. pour
les carbonates alcalins, 5 gr. environ pour les sulfates, 35 gr. pour les
carbonates terreux.
Pensant que la grosseur des particules de nos sols artificiels, en
facilitant plus ou moins l'aération ou l'imbibition, pouvait avoir de
l'influence sur la nitrification, nous avons employé deux sables sili-
ceux : l'un, à grains grossiers, de 1 à 3 millim. de diamètre, prove-
nant de Mondragon (Vaucluse); l'autre, à grains fins, de moins de
1 millim. de diamètre, provenant de BoUène (Vaucluse'i. Ces sables
sont employés dans les verreries pour la fabrication des pots de fusion.
Comme termes de comparaison, on a préparé deux mélanges de
tourteau avec sable gros et sable fin, sans addition d'aucun sel.
Préparalion des mélanges. — Les sels et le tourteau pulvérisés ont
été mélangés intimement avec le sable, et le tout introduit dans les
vases de veere. Ces vases, d'une forme légèrement conique, ont une
capacité de 3 litres environ. Ils portent à leur base quatre entailles
disposées à angle droit, permettant le passage de l'eau et de l'air.
1. Comptes reudiis Je l'Académie des sciences, l'J mai 1S84.
ACTION NITRIFIANTE DES SELS DANS LES TERRES ARABLES. 393
Sur le tond du vase repose une couche de fragments de verre de
5 à 6 centim. de hauteur. Sur cette couche s'appuie le sol artificiel.
Le vase est placé dans une cuvette en verre dans laquelle on verse
de l'eau distillée pour humecter la masse par imbihition capillaire, de
bas en haut.
Tous les vases préparés ainsi le 30 mai 1883 ont été placés dans la
cour de la Station agronomique d'Avignon, ahrités contre la pluie, les
poussières et débris divers soulevés par le vent, ne recevant les rayons
solaires que deux ou trois heures au plus par jour, entre dix heures du
matin et deux heures de relevée.
Observation des vases en expérience. — Du 3i) mai au 30 août, on a
ajouté de temps à autre la même quantité d'eau distillée dans chaque
cuvette pour maintenir un état d'humidité suflisant.
Le 30 août, on a cherché à constater la présence de l'acide nitrique
dans les vases. On n'en a pas trouvé, fait que permettaient de prévoir
les résultats obtenus par MM. Schlœsing et Miintz, et que nous avons
tenu à vérifier.
Le 31 août, on a ajouté dans chaque vase, 20 gr. de la terre du
champ d'expériences de laStition, séchée à l'air et pulvérisée.
Le 7 novembre, on constate la présence de l'acide nitrique, en pro-
portions variables, dans les vases.
On a laissé en place jusqu'au 15 mars, date à laquelle le contenu
des vases a été soumis à l'analyse pour la teneur en acide nitrique.
Données thcnnoméirir^ues. — Des observations thermométriques ont
été faites pendant toute la durée des expériences.
En voici le relevé, rapporté à la moyenne de chaque mois :
1883. Septembre 18°. 8
Octcjbre 13'. 8
Novembre 10"
Décembre 5". 2
1K84. Janvier 7°.d
Février 10°
Mars (du 1" au 15) 10°. 2
Résultats obtenus. — Les vases ne renfermant que de l'arachide et
du sable, conservés comme témoins, ont présenté, à l'analyse, une
petite quantité d'acide nitrique provenant de l'action nitrifiante de la
terre du champ d'expériences ajoutée le l'' septembre 1883. On a
retranché cette quantité de chacun des résultats obtenus pour les autres
mélanges, de sorte que les différences représentent bien l'action nitri-
fiante provenant des divers sels expérimentés.
Le fait qui frappe tout d'abord, c'est la nitrification plus abondante
dans le sable fin que dans le sable gros. Il y a, sans doute, une aéra-
tion et une imbibition plus régulières avec le premier qu'avec le
second. Comme agent favorisant la nitrification, le sulfate de chaux
l'emporte de beaucoup sur tous les autres; le sulfate de soude vient en
en deuxième ligne, et est notablement supérieur à cet égard au sulfate
de potasse, fait qui pourrait s'expliquer par l'équivalent plus faible de
sa base (les sels ayant été employés à poids égaux, et non à poids pro-
portionnels à leurs équivalents).
Les carbonates de chaux et de magnésie viennent ensuite, avec un
pouvoir nitrifiant notablement inférieur à celui des sulfates, pour le
même poiis de sel aux doses employées ; les carbonates de soude et
de potasse, et le sulfate de magnésie n'ont pas eu d'action nitrifiante
marquée.
394 ACTION NITRIFIANTE DES SELS DANS LES TERRES ARABLES.
La supériorité du sulfate de chaux comme agent nitrilicaleur, mal-
gré son insolubilité relative, eu égard aux sulfates de potasse et de
soude, tient, sans doute, à sa facilité d'être désoxydé au contact des
matières organiques et réoxydé au contact de l'air, alternance de phé-
nomènes qui favoriserait la nitrification. A cause de son insolubilité
relative, on peut admettre (jue la dose, compatible avec une bonne
nitrification, est susceptible de varier dans des limites étendues,
l'effet maximum étant subordonné à une répartition uniforme dans
la masse.
Les proportions d'azote organique nitrifié ont été respectivement
pour les sels suivants :
Sable fin. Sable gros.
Sulfate de chaux 41.43 0/0 25.2S 0/0
Sulfate de soude 20.10 0/0 12 07
Sulfate de potHsse 16 00 0/0 ii.O.i
Carbonate de chaux " ) i 22.61
Carbonale de magnésie, « i 21.23
Ces proportions d'azote nitrilié sont considérables, si l'on tient
compte de la durée de la nitrification qui n'a commencé réellement
qu'à partir du T'' septembre 1883 pour prendre lia au 13 mars 1884,
avec des temps d'arrêt probables pendant les mois de décembre, jan-
vier et février.
Aussi, étant donné le taux très ordinaire de la température sans
laquelle ces expériences ont été faites, est-on fondé à reconnaître que,
sous le climat du Midi de la France, la nitrification de l'azote orga-
nique du sol dans les terrains calcaires ou pauvres de gypse (de 1|2à
1 pour 1 00) est très active pendant les mois de septembre et octobre
et peut acquérir, de l'enlèvement de la récolte au printemps suivant,
un développement notable, très favorable à la végétation ultérieure.
Le pouvoir nitrifiant, à poids égal de sel nitrifiant, rapporté à celui
du sulfate de chaux représenté par 1 00, est :
Sulfate de chaux 100
Sulfate de soude 47.91
Sulfate de polas*f 35.78
Carbonate de chaux 13.32
Llarbonate de magnésie 12.52
Ces rapports peuvent varier, en ce qui concerne les sulfates de
potasse et de soude, employés en solutions non saturées, mais parait'sent
devoir être teims comme constants pour le sulfate de chaux et les car-
bonates de chaux et de magnésie.
Coîiscqueiices pratiques à déduire de ces expériences. — Ces données
nous permettront d'expliquer des faits bien connus en agriculture.
L'influence favorable du plâtre sur la luzerne et aussi des superphos-
phates qui renferment toujours une forte proportion de sulfate de
chaux, doit être, en grande partie, attribuée à son pouvoir nitrifiant.
On sait que les nitrates ont une tendance marquée à s'infiltrer dans
les couches profondes du sol, où ils ne sont pas perdus pour les
longues racines de la luzerne.
L'heureux effet du sulfate de potasse sur le développement et la
combustibilité du tabac, s'explique aussi par sa transformation en
nitrate dans le sol ; car l'effet s'amoindrit, si l'on irrigue abondam-
ment, lu nilrate s'éloignant alors des racines de la plante.
1. L'insullisance de vases n'a pas permis d'expérimeuler les carbonales de chauï et de
magnésie en sable fin.
ACTION NITRIFIANTE DES SELS DANS LES TERRES ARABLES. 395
Quant aux carbonates de chaux et de magnésie, leur action nitri-
fiante est bien connue et justifie les pratiques anciennes du marnage et
du chaulage.
Dans les terrains pauvres en calcaire, on ne saurait trop recom-
mander l'emploi du plaire comme agent de fertilisation, à des doses
pouvant aller à I pour 100 et plus. Car, sous ce rapport, il est bien
supérieur au calcaire. Son effet sera surtout très marqué dans les ter-
rains peu perméables, ne laissant pas filtrer les nitrates.
On s'étonnera peut-être que, malgré le pouvoir nitrifiant du plâtre,
les terrains gypseux ne jouissent pas d'une grande réputation de fertilité.
Cela peut tenir à la proportion insuffisante de matières organiques
dont l'azote disparaît rapidement, à une grande perméabilité du sol, à
une dose excessive de plâtre, et le plus souvent à la présence des chlo-
rures alcalins et terreux, surtout du chlorure de sodium, qui accom-
pagnent presque toujours le gypse à 1 état naturel, et qui sont notoi-
rement nuisibles à la végétation. P. Pjchard,
Directeur de la Station agronomique de Vauclase,
COURRIER DU SUD-EST
On travail'e en ce moment, à Lyon, à l'installation de la prochaine exposition
d'horticulture et de viticiiluiro, qui aura lieu du II au 15 septembre. On annonce
qu'elle sera très remarquable. La Section viticole otîrira surtout un grana in-
térêt à cause des collections magnifiques de cépages américains et de leurs pro-
duits qui y seront exposés.
Une auire solennité agricole, moins prochaine, mais plus importante, le con-
cours régional de 1885, s'annonce aussi sous d'excellents auspices. Le Conseil
général du Rhône a, dans sa dernière session, voté un crédit de 35,000 fr. Le
onseil municipal de Lyon a, de son côté, voté un crédit de 100,000 l'r. ; avec
toutes ces ressources, on pourra bien faire les choses. Pierre Valin.
REWE GOIIUERGIÂLS ET PUIS OUR.WT DES DENRÉES AGRICOLES
. (6 SEPTEMBRE 1884.)
1. — Situation générale.
Il y a toujours une assez grande activité dans les offres sur les marchés agri-
coles. Mais, principalement pour les céréales, les aBaires sont assez difficiles.
H. — Les grains et les farines.
Les tableaux suivants résumgut les cours des céréales, par q'jintal métrique'^'
3ur les principaux marchés de la France et de l'étranger.
Algérie.
Angleterre,
Belyitjue.
Alaer S blé tendre..
^'^"^ ( blé dur
Londres
Blé.
tr.
20.25
16 50
19.75
20.25
50 25
19. .50
20.50
18.95
21.25
22.. 50
21.. 50
22.25
18 10
20.25
21.15
23.50
21.75
22.(10
m.75
17.00
iti.lO
17.55
Seigle,
fr.
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16.75
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17.75
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2O.I1O
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20.50
19.25
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17.50
18.00
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16.50
—
Lièi,'e
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17.00
19.00
Paijs-Bas.
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Aisuce-LorfuÎTie.
Lu.xeiiil)oui-g
20.50
19.00
Mulliouse
21.25
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20.00
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Ijerlin
»
»
16 50
Suisse,
Genève
18.25
Italie.
Milan
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Autriche.
lîarcelone
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Vienne
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Eure. Evreux 20.50 15.00 »
— Conches 21 00 14 50 20.25
— Le Neubourg 19.85 I3.b0 19 50
£Kre-el-toir. Cbartres.. 20.00 13.75 \7.00
— Anneau 20 75 14.50 19.25
— Nogenl-le-Rotrou. 20.75 15.00 »
Nord. Cambrai 20.50 15.50 »
— Douai 20.80 15.50 18.25
— Valericiennes 21.50 16 25 19.25
Oise. Beau vais 21.50 14.75 18.50
— Compiègne 20.25 15 50 19.50
— Senlis 20.00 15.00 »
Pas-de-Calais. Arv&i... 21.00 16.00 19.25
— Saini-Omer 20.50 15 80 19.00
Setn«. Paris 21.00 15.50 18 00
8.-e(-A/a>-ne. Meaux 20.50 15.50 »
— Melun 22.00 15.50 17.00
— provins 20.25 15 50 16.50
S.-et-Oise Houdan 20.00 14.25 18 5a
— Etampes 20.00 15.50 18. uO
— Versailles 21.00 14.75 18.50
Seine-Inférieure. Roaea. 20.80 14.85 »
— Dieppe 21.75 14.50 18.25
— Fécamp 19.90 14.00 »
Somme. Amiens 22.25 14.80 19.20
— Doullens 22.85 14.00 18.25
— Roye 20.25 14.75 17.50
Prix moyens 20.76 15.06 18.41
3" RÉGION. — NORD. EST.
Ardennes. Charleville. 23.25 16.25 19.00
— Rethel 20.50 14.50 16.50
ilu6e.Bar-sur-.lube 20.50 14.50 17.25
— Méry-sur-Seine... 20.50 15. uO 17.25
— Troyes 21.25 15.80 19.50
ifome. Chàlons 20.25 15.75 18.00
— Epernay 21.75 15.50 18 00
— Reims 21 25 16.25 19.00
Hte-Marne. Chauraont . 20.50 » »
Meurihe-el-Mos. Nancy. 21.25 ■ 17.50
— Lunevllle 22.25 » »
— Toul 21.25 16 50 18.00
Meuse. Bar-le-Duo 21.50 16.75 19.25
— Verdun 20.50 » »
Houie-Saône. Gray 21.00 15.25 15..50
— Vesoul 20.25 » 18.00
Fosges. Mirecourt 21.75 16.50 18.00
— Raon-l'Etape 22.25 » 18.25
Prix moyens 21.15 15.71 18.00
4" RÉGION. — OCEST.
C/iarenie. Angoulême... 22.00 » 18.00
— Rufîec 21.50 » 19.00
CJvor.-M/é»\ Marans.... 19.50 » 17 00
Deux-Si-.vres . Tlienezay. Î9.50 15.00 »
Indre-et-Loire. Bléré... 19.75 14 25 19.50
— Tours 21.25 15.00 17.25
Loire-//!/". Nantes 20.00 » »
Af.-e(-L(iîi"i'. Saumur. ... 20 65 15.50 19 25
— Anners 20.50 15.25 18.75
Vendée. Luçon 20.75 » 18.50
— FontPnay-le-Cte.. 21 25 » 18.00
Vienne. Châleilerault... 20.25 15.50 19.50
— Loudun 20.50 14.00 19.76
HavXe-Vienne. Limoges. 22.25 15.00 »
jPrijuiovens 20.69 14.94 18.59
AToioe.
fr.
21.00
21.00
16.58
14.75
16.25
15.00
15.50
15.75
20.40
20.50
21.00
î-
17-00
17,00
21.25
18.00
20.75
17.00
19.00
17.50
18.50
19.75
20.50
16.15
16.25
15.50
17.00
19.75
17.25
19.50
17.50
17.50
16.25
16 00
18.25
17.50
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18.25
18.00
16.50
21.50
20.25
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18.00
15 50
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15.60
15.75
18.00
17.53
16.25
16.00
15.00
15 50
18.50
16.75
16.15
17.25
13 00
15.00
16.25
15.25
16 50
17.00
16.38
5* HEGION. — CENTRE
Blé. Seigle. Orje. Aminé.
fr. fr. fr fr.
Allier. Montluçon 21.30 14.00 18.25 17.00
— Saint-Pourçain... 21.00 16.00 17.75 18'.''5
— Gannat 21.25 15.50 » 16 50
Cher. Bourges 20. 80 15.75 17.00 17.50
— Graçay 20.00 14.50 18.50 15.75
— Vieizon 19.50 14.75 18.50 16.00
Creuse. Aubusson 21.50 16.00 » 17.50
/ndi-e. Châteauroux 21.00 15.75 17 25 15.75
— Issoudun 19.75 15.00 18.50 16.00
— Valençay 20 80 15.00 18.35 15.50
Loiret. Orléans 19.50 15.00 18.00 18.25
— Gien 21.00 14.50 18-50 16.00
— Pithiviers 20.50 15.00 17.85 17.75
L.-el-Cher Blois 20.50 14.75 19.00 18.25
— Montoire 20.25 15.00 18.75 18.00
me»re. Nevers 20.75 • 20.09 1750
— Clamecy 21.00 » 18.25 18.50
Yonne. Joigny 19.50 14.80 16.50 17.25
— Tonnerre 19.50 13.50 » 16.50
— Sens 20.25 15.25 17 50 18.25
Prix moyens 20.49 15.00 18.13 17.10
6" RÉGION. — EST.
^in.Bourg 21.25 15.20 » 16. 00
— Pont-de-Vaux 21.00 15 50 17.75 21.00
Côie-d'Or. Dijon 20.50 15.75 17.00 16.50
— Beaune 21.50 » » 17.35
Dotids. Besançon 20.65 » » 16.50
/sèce. Grenoble 24.00 17.50 » 18.50
— Bourgoin 20.50 14.75 17.00 17.00
Jura. Dôle 20.75 » 18.50 1675
Loire. Roanne 20. SO 15.25 » 16.75
P.-de-Oôme.clermont-F. 23.00 16. 25 16.00 »
Rhône. Lyon 20.25 15.35 18. co 17.50
Saône-eî-ïoire. Chàlon . 19.00 15.50 16.75 17.00
— -Màcon 21.00 14.50 18.50 18.00
Cauoie. Chambéry 23.25 » » 18.25
//Ie-Sat)oie. Thonon 24.00 » » 17.50
Prix moyens 21.41 15 66 17.44 17.47
7* RÉGION. — SUD-OUEST.
ylriège. Pamiers 23.25 16.00 17.00 17.00
— Foix 23.90 19.00 » 20.25
Dordogne. Bergerac 21.75 18.50 18. co 19.50
//le-Garonne. Toulouse. 21.50 18.75 17.00 19.00
— st-Gaudens 22.75 16.25 17.00 17.50
Gers. Condom 21.75 » » 18.25
— Eauze 24.50 » » 22.00
— Mirande 20.80 > » 17.75
Gironde. Bordeaux 21.00 n » »
— La Réole 20.00 17 25 » »
Landes. Dax 2'i.25 19.00 » »
Loi-ei-Goroiine.Agen... 20.50 19.00 18.25 18.00
— Nérac 20.75 » » »
B. -Pyrénées. Bayonne.. 23.75 20.00 » 20.00
//(es-Pi/rénées. Tarbes. . 21.50 » » 21.50
Prix moyens 22.06 18.19 17.45 19.34
8* RÉGION. — SUD.
Aude. Carcassonne .... 23.00 17.25 13 00 18.50
.^ueyron. Rodez 22.50 17.50 » 18.00
C(jn(a(. Mauriac 33.00 21.25 » 20 50
Corrêre. Tulle 22.25 18.00 18.50 18.25
HérauU. Montpellier... 22.75 » 18.25 18.50
Lo(. Cahors 22.50 18.00 18.25 18.00
Lozère. Mende 22.00 18.50 20.00 17.25
— Marvejols 22.25 18.75 » »
Pyrénées-Or. Perpignan. 25.00 17.80 24.00 26.65
Torn. Gaîllac 22.85 » » 18.50
7'orn-ei-(iar.Montauban 22.50 18.25 18.50 19.00
Prix moyens 22.78 18.37 19.36 19.33
9" RÉGION. — SUD-KST.
Basses-Alpes. Manosque 24.60 » » 21.00
Hautes- Alpes. Briançon. 23.25 18.00 18.25 19.00
.4ipes-Mari/imes. Nice.. 24.70 20.00 16.00 21.00
/Irdec/ie. Privas 26.75 18.00 16.50 19.35
B.-du-Rhône. Arles.... 23.75 » » 17.50
Drame. Valence 21.50 14.50 » 17.15
Goï'd. Ni mes 22.85 » 17.00 17.35
//oule-Lotre. Brioude... 23.00 18.50 21 25 17.00
Kar. Draguignan 23. 00 » » 19.50
Kaiiciuse. Carpentras . . 23.00 » » 17.00
Prixmoyens 23.54 17.80 17.80 18.58
Moy. de toute la France 21.49 16.31 18 04 18 0!
— de la semaine précéd. 22.20 16.46 18.47 18.37
Sur la semainelHausse. » » » »
précédente.. (Baisse.. 0.71 0 15 0.43 0.3S
DES DENRÉES AGRICOLES (6 SEPTEMBRE 1884]. 39'
Blés. — Le mouvement de baisse que nous subissons depuis un mois n'a pas
fait de grands progrès depuis quelques jours; mais il est toujours aussi général.
Les ventes sont extrêmement difliciles sur tous les marcbés ; cela tient surtout à
ce que les nouvelles qui arrivent de presque tous les pays producteurs de céréales
signalent une moisson abondante ; car c'est le l'ait général cette année que la
plupart des pays producteurs de céréales ont été favorisés par une bonne récolte.
— A la halle de Paris, le mercredi 3 septembre, il n'y a eu que peu d'affaires
sur les blés ; les ofl'res sont beaucoup moins importantes que la semaine pré-
céaente : on cotait de 20 fr. 50 à ?,1 fr. 50, par 100 kilog., suivant les qua-
lités. — Au marché des blés à livrer, on cote : courant du mois, 20 l'r. 75 ;
octobre, 20 fr. 75 à 21 fr. ; novembre et décembre, 20 fr. 75 à 21 fr. ; quatremois
de novembre, 20 fr. 75 à 21 fr.; quatre derniers mois, 21 fr. 25. — Au Havre, les
affaires sont très restreintes sur les blés exotiques; ceux d'Amérique valent
de 20 fr. 50 à 21 fr. par quinlal métrique; ceux des Indes sont offerts de
20 fr. 2b à 20 fr. 50. — A Marseille, la situation reste la même; les affaires
sont toujours calmes sur toutes les sortes de blés. — A Londres, les transactions
sont toujours calmes, mais les prix présentent, après la baisse des derniersjours,
un peu plus de fermeté. — Les blés indigènes valent de 19 fr. 50 à 20 fr. ; les
blés exotiques, de 20 fr. à 20 fr. 50 par 100 kilug. ; suivant les qualités et les pro-
venances.
Farines. — Les cours ont peu varié depuis huit jours, avec des ventes res-
treintes. Pour les farines de consommation, on cote à la halle de Paris le mercredi
3 septembre : marque de Corbeil, 47 fr.; marques de choix, 47 à 50 fr.; premières
marques, 46 à 47 fr.; bonnes marques, 44 à 45 fr.; sortes ordinaires, 43 à 44 fr.;
le tout par sac de 159 kilog., toile à rendre ou 157 kilog. net, ce qui correspond aux
prix extrêmes de 27 fr. 40 à 31 fr. 85 pari 00 kilog., ou en moyenne 29 fr. 60;
comme le mercredi précédent. — Pour les farines de spéculation, on cotait à
Paris le mercredi 3 septembre au soir : farines neuf-marques, courant du mois,
43 fr. à 43 fr. 25; octobre, 43 fr. 25; novembre et décembre, 43 fr. 25; quatre
mois de novembre, 43 fr. 25 à 43 fr. 50; quatre premiers mois, 43 fr. ?5; le tout
par sac de 159 kilog., toile perdue ou 157 kilog. — Les farines deuxièmes, se
vendent de 21 fr. à 24 fr. par 100 kilog. ; les gruaux, de 33 fr. à 38 francs.
Seigh'S. — Les aft'aires sont assez calmes, et les prix sont faibles. On cote à la
halle de Paris, de 15 à 16 fr. par 100 kilog. suivant les sortes. Les farines se
vendent de 20 à 23 francs.
Orge. — Les offres sont toujours peu importantes. On vend à la halle de Paris,
de 17 fr. 50 à 18 fr. 50 par 100 kilog., suivant les sortes. Les escourgeons
sont cotés de 18 fr. à 19 fr. — A Londres, les orges à malter sont offertes
aux cours de 17 à 18 fr. 50 par quintal métrique.
Avoini's. — Les offres sont devenues plus abondantes pour les avoines, et les
prix sont plus faibles. A la halle de Paris, les avoines noires valent de 18 à
19 fr. 50 par 100 kilog.; les autres sortes se cotent de 17 à 18 fr.
Sarrasin. — Les prix sont toujours ferme. Les sarrasins se vendent, à la halle
de Paris, de 17 fr. 50 à 18 fr. par 100 kilog., suivant les sortes.
Maïs. — Peu d'affaires. Dans les ports, les maïs exotiques se vendent de 14 à
à 14 fr. 50 par quintal métrique.
Issues. — Les cours varient peu. On paye par 100 kilog. à la halle de Paris :
gros son seul, 16 à 16 fr. 50 ; sons gros et moyens, 15 à 15 fr. 50 ; son trois case-,
14 fr. ii5 à 14 fr. 75; sons fins, 13 à 13 fr. 50; recoupettes, 13 fr. à 13 fr. 50;
remoulage.s bis, 15 à 16 fr.; remoulages blancs, 17 à 17 fr. 50.
III. — Fourrages et graines fourragères.
Fourrages. — Il y a peu de variations dans les prix. On cote à Paris par
1,000 kilocr.; foin, 100 à 118 fr.; luzerne, 96 à 116 fr.; sainfoin, 80 à 96 fr.;
paille de blé, 56 à 64 fr.; d'avoine, 48 à 64 fr.
Graines fourragères. — Les cours varient peu. On paye les trèfles incarnats à
la halle de Paris par 100 kilog. : hâtifs. 45 à 48 fr.; tardifs, 65 à 70 fr.
IV. — Fins. — Spiritueux. — Vinaigres. — Cidres.
Vitis. — La pluie demandi'e dans presque toute la France parles viticulteurs
est enfin arrivée; elle est tombée assez abondante, dans la plupart des départe-
ments, pour permettre le grossissement des raisins et assurer la formation régu-
lière du jus. Dans le Midi, les vendanges commencent ; on est généialement sa-
tisfait des apparences qu'elles promettent ; partout ailleurs les avis continuent à
398 REVQE COMMEHCIALE ET PRIX [COURANT
être assez contradictoires, ce qui est seulement à peu près certain, à moins que le
mois de septembre ne soit tout à fait défavorable, c'est la bonne qualité de la
récolte. Dans le Beaujolais et là Bourgogne, on se plaint toujours des effets des
orages de grêle. Les affaires en vins sont très calmes; le commerce reste dans
l'expectative. Dans le Midi, la pratiqua des achats sur souches n'a pas présenté
cette année la même activité que dans quelques-unes deg années précédentes.
Spiritueux. — Les transactions sont calmes; les prix varient peu. On paye,
dans le Midi, par hectolitre : Cette, trois-six bon goût, 100 à 105 fr.; marc, 95 fr.;
Nîmes, trois-six bon goût, 100 fr.; a;arc, 95 fr.; Pézenas, trois-six bon goût, 101 fr.;
marc, 92 fr. — A Saintes, les eaux-de-vie ncuvelles des Gharentcs"l883 valent
de 210 à 220 fr. — A Paris, on cote : trois-six fin Nord, 1" qualité, 90 degrés,
disponible, 41 fr. 25 à <il fr. 50; octobre, 41 fr. 75 à 42 fr.; deux derniers mois,
42 fr. ; quatre premiers mois, 42 fr. 50 à 43 fr. Le stock était au 3 septembre
de 12,125 pipes contre 13,050 en 1833.
Tartres. — Dans le Languedoc, on cote les crèmes de tartre 290 fr. par 10.0 ki-
log.; à Bordeaux, on cote de 275 à 280 fr.
V. — Sucres. — Mélasses. — Fécuks. — Houblons.
Sucres. — Il y a, depuis huit jours, un peu plus d'activité dans les transactions
et plus de fermeté dans les cours, mais sans reprise accentuée. Oa cote par
100 kilog. : à Paris, sucres bruts, 88 degrés saccharimétriques, 35 fr. 75;
les 99 degrés, 40 fr. 75 à 41 fr. ; sucres blancs n" 3, 41 fr. 25 à 41 fr. 50;
— à Yaleuciennes, sucres bruts, 34 fr. 60; — à Lille, sucres bruts, 34 fr. 25 à
34 fr, 75; sucres blancs, 40 fr. Le stock de l'entrepôt réel des sucres était,
le 3 septembre, à Paris, de 560,000 sacs pour les sucres indigènes, avec une
diminution de 15,000 sacs depuis huit jours. — Les prix des sucres ralfinés se
fixent de 111 à 112 ir. par 100 kilog. à la consommation suivant les sortes, et
de 48 à 53 fr. 25 pour l'exportation. — A Londres, les transactions sont res-
treintes sur les sucres de betteraves.
Mélasses. — Maintien des prix des mélasses de raffinerie à 10 fr. 50 par
100 kilog.
Fécules. — Les cours sont un peu plus faibles. On paye à Paris, de 31 fr. à
31 fr. 50 par 100 kilog. pour les fécules premières du rayon; à Compiègne,
30 fr. 50 à 31 fr. pour celles de l'Oise.
Houblons. — La cueillette est commencée, et elle se poursuit avec beaucoup
d'activité ; la récolte paraît devoir être moyenne, quoique les avis soient assez
partagés. Les premiers cours pratiqués sont de 275 à 300 fr. par 100 kilog. dans le
Nord; de 300 à 350 fr. en Bourgogne.
VI. — Tourteaux. — Noirs. — Engrais.
Tourteaux, — Les affaires sont calmes, avec des prix slationnaires. On paye
par 100 kilog.: à Arras, tourteaux d'œiilette, 12 fr. à 12 fr. 50; de colza,
16 fr. 50; de pavot, 13 fr. ; de hn, 21 fr. à 21 fr. 50; à Roueu, tourteaux de
colza, 16 fr. 25 à 16 fr. 50; de lin, 21 fr. 50; d'arachides décortiquées, 15 fr. 50
à 16 fr.
Noirs. — Maintien des cours à Valenciennes : noir animal neuf en grains,
33 à 36 fr. par 100 kilog.; noirs vieux grains, 10 à 12 fr. par hectolitre.
Engrais. — On cote par 100 kilog. : sulfate d'ammoniaque, 39 fr.; nitrate de
soude, 25 fr. 50 fr.; chlorure de potassium, 19 fr. ; sulfate de potasse, 24 fr. ;
nitrate de potasse, 50 fr. — Dans les engrais composés, les principes utiles valent
par unité : azote, 1 fr. 80 à 2 fr.; acide phosphorique immédiatement soluble,
0 fr. 72 à 0 fr. 75. ; acide phosphorique insoluble, 0 fr. 25 ; potasse dans les
sulfates, 0 fr. 45 à 0 fr. 50.
VII. — Matières résinexises, colorantes. — Textiles.
Matières résijieuses. — Prix plus fermes. A Dax, l'essence pure de térébenthine
est cotée 48 fr. par 100 kilog. A Bazas, les gemmes valent de 25 à 27 fr. 50
par barrique suivant les sortes.
Chanvres. — Dans la Sarthe, les prix se fixent de 68 à 84 fr. par 100 kilog.
suivant les sortes.
Lames. — Les ventes sont presque nulles sur les marchés français; dans les
ports, les prix des laines exotiques sont sans changements.
VIII. — iuifs, cuirs et peaux.
Suifs. — Prix faibles. On cote à Paris 81 fr. par 100 kilog. pour les suifs
purs de l'abat de la boucherie ; 61 fr. 75 pour les suils en branches.
DES DENRÉES AGRICOLES (6 SEPTEMBRE 1884). 399
Cuirs et peaux. — Aux ventes mensuelles de la boucherie de Paris, le 30 août,
on cotait par 50 kilog. : gros bœuTs, b2 fr. 55; moyens bœufs, 49 fr. 50; petits
bœul's, 43 fr. 40; vaches, 44 fr. 85 à 49 fr. 20; taureaux, 40 fr. 85; gros veaux,
69 fr. 15; petits veaux, 84 fr. 95.
IX. — Beurrei. — lEtifa. — Fromages. — \olailles.
B&urres. — lia été vendu pendant la semaine à la halle de Paris, 225,256 ki-
log. de beurres. Au dernier marché, on payait par kilog. : en demi-kilog.,
2 fr. à 3 fr. 80 ; petits beurres, 1 fr. 60 à 2 fr. 94 ; Gournay'^ 2 fr. 16 à 4 fr. 08;
Isigny, 2 fr. 40 à 7 fr. 52.
Œufs. — Du 25 au 31 août, on a vendu à la halle de Paris 4,255,850 œufs.
Au dernier jour, on cotait par mille ; choix, 112 à 125 fr.; ordinaires, 68 à
92 fr.; petits, 60 à 66 fr.
Froniar/es. — On vend à la halle de Paris : par douzaine, Brie, 4 à 22 fr.;
Montlhéry, 15 fr.; — par cent, Livarot, 23 à 91 fr.; NeufchHel, 9 à 23 fr, ;
divers, 7 à 55 fr.
X. — Chevaux. — Bétail. — Viande.
BetaU. — Le tableau suivant résume le mouvement officiel du marché aux bes-
tiaux de la Villette, du jeudi 28 août au mardi 2 septembre :
Poids Prix da kilog. de viande nette sar
Vendus moyen pied au marchédu i" septembre.
Pour Pour En 4 quartiers. 1" 2° 3= Prix
Amenés. Paris. Textérieur. totalité. Itil. quai. quai. qnal. moyen,
Bœufs .0.185 3,'4Û5 1,474 4,8:9 341 1.68 1.56 1.30 1.49
Vaches 1,639 701 647 1,348 232 1.62 1.46 1.20 1.42
Taureaux 362 380 43 353 387 1.48 1.36 1.26 1.37
Veaux 3,527 2,095 963 3,058 81 1.74 1.60 1.40 1.59
Moulons 40,745 20,337 16,416 36,753 19 2 00 1.78 154 1.74
Porcs^ras.... 6,687 2,340 4,217 6,.Vd7 83 1.34 1.28 1.22 1.28
Les arrivages des marchés de la semaine se décomposent comme il suit :
Bœufs. — Calvados, 1,375; Cher, 178; Côte-d'Or, 337; Côles-du-Nord, 427; Creuse, G; Dor-
dogne, 71; Eure, 28 ; Eure-et-Loir, 8; Finisière, 67 ; Haute-Garonre, 8; Indre, 62; Indre-el-
Loiro, 8; Loiie. 50 ; Loire-lniï'rieure, .^i8 ; Lnir-et-Clier, 8; Loiret, 8; IVlaine-et-Loire, 126;
Manche, 177 ; Mayenne, 161 ; Morbihan, 46; Nièvre, 576; Orne, 801; Puy-de-Dôme, 47 : Saône-
et-Loire, 550; Sartlie, 40; Seine-lnleneure, 24: Scine-et-Oi'e, 14; Somme, 8; Tai-n-et>
Garonne, 3; Vendée, 21 ; Haute-Vienne, 6; Yonne, 45; Italie, 41.
Taches. — Aube, 3; Aveyron, 12; Calvados, 320; Cantal, 70; Cher, 56; Côte-d'Or, 58; Côtes-
du-Nord, 8; Creuse, 2; Deux-Sèvres, 13; Eure, 34; Eure-et-Loir, 29; Loire, 5; Loire-Infé-
rieure, 14: Loiret, 19; Lot-et-Garonne, 21; Maine-etrLoire, 37; Manche, 69; Nièvre, 257;
Orne, 176; Puy-de-Dôme, 114 ; Saône-et-Loire, 121 ; Sarthe, 17 ; Seine, 110; Seine-et-.Marne, 12;
Seine-et-Oise, 37; Tarn-et-Garonne, 8; Yonne, 42.
Taureaux. — Aisne, 2; Allier, 4; Calvados, 56; Cher, 12; C6te-d'0r, 10; Côtes-du-Nord, II;
Eure, 19 ; Eure-et-Loir. 12; Finisière, 1 ; Ille-et-Vilaine, 14; Loire-Inférieure, 1; Loiret, 16;
Maine-et-Loire, 4; Manche, 29; Marne, 8; Mayenne, 10; Meuse, 3; Nièvre, 29; Oise, 16;
Orne, 20; Haute-Saone, 3; Saône-et-Loire, 14;Sarlhe, 3; Seine-Inférieure, 4; Seine-et-Marne,
'.}; Seine-et-Oise, 24 ; Y'onne, 16.
Veaux. — Aube, 218; Calvados, 19; Cantal, 41; Eure, 238; Eure-et-Loir, 377; Loiret,
283; Marne, 247: Oise, .52 ; Orne, 12 ; Puy-de-Dôme, 117 ; Sarthe, 245 ; Seine-Inferieure, 122 ;
Seine-et-Marne, 361; Seine-et-Oise, 43; Yonne, 88.
Moutons. — Allier, 664; Aube, 1,048; Aveyron, 339; Cantal 1,464; Charente, 372; Cher,
1,298; Corrèze, 696; Creuse, 542; Deux-Sèvres, 165; Dordogne, 525 ; Eure-et-Loir, 40; Indre,
762; Loi, 240; Lot-et-Garonne, 297 ; Lozère, 390; Maine-et-Loire, 123; Meurthe-et-Moselle, 328;
Nièvre, 1,108 ; Puy-de-Dôme, 180; Saùne-et-Loire, 150; Seine-Inlerieure, 52; Ssine-et-Marne,
359; Seinc-et-Oise, 451; Tarn-et-Garonne, 143; Vienne, 90; Yonne, 216; Afcique, 1,113;
Allemagne, 3,81 1 ; Hongrie, 11,171 ; Italie, 3,:i45; Russie, 7,322.
Porcs. —Allier, 328 ; Calvados. 104 ; Charente, 87 ; Cher, 70; Creuse, 256 ; Deui-Sèvres,
640; Ille-et-Vilaine, 355; Indre, 100; Loire-Inléneure, 317; Loir-et-Cher, 294; Lot, 25; Maine-
et-Loire, 904; Manche, 50; Mayenne, 58 ; Puy-de-Dôme, 227; Saône-et-Loire, 149 ; .Sarlhe, 1,027;
Seine, 109; Seine-Inlérieure, 43 ; Seine-et Oise, 34; Vaucluic, 38;, Vendée, 956; Vienne, 158;
Yonne, 30.
Les ventes sont toujours assez difficiles; les prix sont faibles pour toutes les
catégories, principalement pourles moutons, cfuoi qu'il y ait eu un peu de reprise sur
les cours de la semaine précédente. — Sur les marchés des départements, on cote:
Rouen, bœuf, 1 fr. 55 à I fr. 85 par kilog. de viande neite sur pied ; vache,
1 fr. 50 à 1 fr. 80; veau, 1 fr. 40 à 1 fr. 75; mouton, 1 fr. 80 à 2 fr. 10; porc,
1 fr. 10 à 1 fr. 35 ; — Caen, bœuf, 1 fr. 70 à 1 fr. 90 ; vache, 1 fr. 60 à 1 fr. 80;
veau, 1 fr. 50 à 1 fr. 70 ; mouton, 1 fr. 80 à 2 fr. ; porc, 1 fr. 20 à 1 fr. 40 ; —
Nanies, bœuf. 0 fr. 86; vache, 0 fr 84 ; veau 1 fr. 2u ; mouton, 1 fr.; — Nancy,
boauf, 89 à 91 fr. par 100 kilog. bruts; vache, 65 à 88 fr. ; veau, 45 à 58 fr. ;
mouton, 95 à 105 fr.; porc, 66 à 68 fr. ; — Nevers, bœuf, 1 fr. 60 à 1 fr. 80;
vache, 1 fr. 40 à 1 fr. 60; veau, 2 fr. ; mouton, 2 fr. ; porc, 1 Ir. 60; — Dijon
400 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT (6 SEPTEMBRE 1884)
bœuf, I fr. 62 à 1 fr. 72; taureau, 1 fr. 20 à 1 fr. 46 ; vache, I fr. 24 à 1 fr. 68
veau (poids vif), 1 fr. à 1 fr. 10; mouton, 1 fr. 60 à 1 fr. 90, porc (poids vif)
0 fr. 94 à 1 fr. 02 ; — Lyon, bœuf, 1 fr. 40 à 1 fr. b5 ; mouton, 1 fr. 40 à 1 fr. 90
veau (poids vif), 0 fr. 97 à 1 fr. 10 ; — Bourgoin, bœuf, 66 à 76 fr. par 100 kilog
bruts ; vache, 60 à 70 fr. ; mouton, 80 à 90 fr. ;porc, 84 à 88 fr. ; veau, 95 à 100 tr
— Nîmes, bœuf, 1 fr. 45 à 1 fr. 65: taureau, 1 fr. 50; vache, 1 fr. 1 7 à 1 fr. 55
mouton, 1 fr. 75 à 1 fr. 85; moutons étrangers, 1 fr. 40 à 1 fr. 65; brebis
1 fr. 30 à 1 fr. 65 ; agneau, 1 fr. 15 à 1 fr. 30 ; — Nice, bœuf, 1 fr. 55 à 1 fr. 60
vache, 1 fr. 25 à 1 fr. 40; veau, 1 fr. 60 à 1 fr. 65; mouton, 1 fr. 50 à 1 fr. 55
brebis, 1 fr. 40 à 1 fr. 45; chèvre, 1 fr. 10 à 1 fr. 15; — Genève, bœuf, 1 fr. 60
à l fr. 70 ; vache, 1 fr. 20 à 1 fr. 50 ; mouton, 1 fr. 70 à 1 fr. 80; veau (poids
vif), 0 fr.. 90 à 0 fr. 96; mouton, 1 fr. 70 à 1 fr. 80.
Viande à la criée. — Il a été vendu à la halle de Paris du 25 au 31 août :
kilog.
Bœuf 011 vaclie... I3't,367
Veaa lV.i,SS2
Mouton 70,801
Porc '20,412
Prix da kilog. le 1"' septembre.
•2'qual.ual. 3" q Ctioii. Basse Dcaoherie!
1" quai.
1 56 à 1 90 1.34 à '..54 1.00 à 1.32
1.64 1.S6 1.42 1.62 1.20 1.40
1.40 1.76 1.18 1.3H 0.80 1.16
Porc frais 1.16 à 1.50.
1.40 à 2.50 0.20 à 1.26
u 1) )) . D
1.30 2.80 .. »
384,402 Soit par jour .44,923 kilog.
Les ventes ont été inférieures de 6,000 kilog. par jour à celles de la semaine
précédente. Les prix accusent de la baisse pour la viande de bœuf; les autres
catégories restent aux anciens taux.
XI. — Cours de la viande à l'abattoir de la Vitklte du jeudi 4 septembre {par bO kilog.)
Cours de la charcuterie. — On *end à la Villette par 50 kilog. : 1" qualité,
70 à 75 fr. ; 2", 65 à 70 fr. Poids vif, 46 à 54 fr.
Bœufs. Veaux. Moutons.
(,. .^. 3. ,.. 2- 3- 1" r
quai. quai. quai. quai. quai. quai. quai. quai. quai,
fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr.
80 74 67 95 88 80 90 82 75
XII. — Marché aux bestiaux de la Villette du jeudi k septembre 1884.
Cours des commissionnaires
Cours ofliciels. en bestiaux.
Animaux
amenés. InTendus.
Bœufs î.3'i!i 67
Vaches 619 40
Taureaux... 195 17
Veaux 1.282 182
Moutons.... 20 762 2 648
Porcs gras.. 4.52'i 61
— maigres,. » >
Vente difficile sur toutes les espèces.
Poids
moyen
gênerai.
kil.
3 '16
230
386
78
19
80
,,. 2- 3-
quai. quai. quai.
70
1.62
1.48
1.72
1.94
t. 34
1.56
1 .46
1.36
1.62
1.74
1.28
1.30
1 .26
1.26
1.42
l..'i2
1.22
Prix
extrêmes.
I.21ài .72
1.16 l 66
quai. quai.
1.20
1.34
1 &2
1.8S
2 00
1.40
1.68
1.60
1 46
l.b4
l.4i
l.S-»
3*
quai.
1.28
1.24
1.24
Prix
extrêmes.
1.22 à 1.70
1.14
1.18
1.64
1.50
XllI.
Résumé.
Les prix du blé sont encore en baisse ; mais, pour la plupart des autres denrées,
les cours demeurent stalionnaires. A. RÉiMY.
BULLETIN FINANCIER
Le mouvement de reprise sur les cours des fonds publics s'est accentué depuis
huit jours. On cote : 3 pour 100, 78 fr. 80; — 3 pour i Où amortissable, 80fr. 15;
— 4 et demi pour 100, 109 fr. 25 ; — 4 et demi pour 100 nouveau, 108 Ir. 20,
Voici 1"S derniers cours des actions des établissements de crédit : Banque de
France, 5,090 fr. ; Banque de Paris et des Pays-Bas, 776 fr. 25; Comptoir
d'escompte, 947 fr. 50; Crédit foncier 1,295 fr.; Banque d'escompte de Paris,
522 fr. 50 ; Crédit industriel, 675 fr. ; Crédit lyonnais, 5t'6 fr. 25 , Compagnie
foncière, 435 fr.; Crédit mobilier, 317 fr. 50; Société des dépôts et comptes
courants, 625 fr.; Société générale, 462 fr. 50; Banque parisienne, 382 fr. 50;
Banque franco-égyptienne, 560 fr.
Les actions des Compagnies de chemins de fer se cotent : Est, 780 fr.;
Pans- Lyon-Méditerranée, 1.240 fr.; Midi, 1,160 fr.; Nord, 1,665 fr. ; Orléans,
1,325 fr.; Ouest, 840 fr.
E. Féron.
Le Gérant : A. Bouché.
MORT DE M. J.-A. BAIVRAL
Fontenay-sous-Bois (Seine), le II septembre 1.S84.
Le Journal de l'agricullure est en deuil.
Son fondateur, son directeur bien-aimé, est mort, et c'est auprès de
son dernier lit de repos que nous écrivons ces lignes.
Le dernier hiver n'a pas été bon pour lui. Il était très souffrant
lorsqu'il prit part, à la fin du mois de mars, à l'enquête agricole
ouverte dans le département de l'Aisne. Les fatigues de cette mission
furent extrêmes pour lui; dès son retour il s'alita, le 4 avril ; il ne
devait plus faire au dehors que des apparitions, hélas ! de plus en plus
courtes. Pendant cette longue et cruelle maladie, il a lutté avec une
énergie surhumaine, déployant, pour accomplir ses devoirs jusqu'au
bout, toutes les ressources d'une volonté qui ne voulait pas plier.
Spectacle douloureux, terrible pour ceux qui en étaient les témoins,
mais exemple admirable de la puissance de la force morale.
Il s'est éteint, après une douce agonie, à Fontenay-sous-Bois, près
Paris, chez sa fille, dont les soins délicats et infatigables l'ont disputé
jour par jour à la mort. Le 10 septembre, à 8 heures du soir, il est
entré dans le repos éternel, entouré de ses enfants et de ses petits-
enfants, sans souffrances, au moins apparentes. Né à Metz, le 30 jan-
vier 1819, M.Jean-Augustin Barral était dans sa soixante-sixième
année.
C'est un maître vénéré que nous perdons; mais c'est aussi l'ami le
plus dévoué, le cœur le plus chaud, tout entier d'affection et d'abné-
gation.
Devant ce lit de mort, nous ne pouvons que pleurer; plus tard,
nous dirons ce qu'il a été, et nous rappellerons les services qu'il a
rendus à la science et à l'agriculture.
Henry Sagnier.
Les obsèques de M. Barral auront lieu le samedi 13 septembre, à midi.
On se réunira à son domicile, rue de Rennes, 66, à Paris.
L'inhumation ïe fera au cimetière Montparnasse.
CHRONIQUE AGRICOLE (13 septembre i884).
Avis préliminaire. — Session des Conseils généraux. — Vœux relatifs au relèvement des tarifs de
douane. — Enseignement agricole et laboratoires départementaux. — Création d'écoles pra-
tiques d'agriculture dans la Somme et dans l'Eure. — Le herd-book de la race normande. —
Question de la prestation. — La culture des betteraves à sucre. — Note de .M. FI. Desprez. —
Bulletin du ministère de V agriculture. — Enquête sur les principaux marchés au bétail de
l'étranger. — Concours et congrès de l'Association pomologique de l'Ouest. — Session de la
Société pomologique de France. — Blés de semence. — Lettre de M. Desprez. — Ecole pra-
tique d'agriculture de la Molière. — Ferme-école de la Haute-Garonne. — Enseignement agri-
cole en Suisse. — Cours professés à Lausanne. — Concours du Comice agricole de Reims. —
Concours Je la Société d'agriculture de Bayeux. — La France à une exposilion japonaise. —
Notes sur la situation des récoltes dans les dcparlements des Vosges, de la Charente-Inférieure
et des Hautes-Alpes. — La moisson et les vendanges. — Le phylloxéra dans les Alpes.
Sous le coup du malheur qui nous frappe, nous ne pouvons que
reproduire ici les notes que nous avions préparées pour iiiire le
canevas d'une chronique à la fin de laquelle ou devait lire un autre
nom, qui sera longtemps regretté de nos lecteurs.
I. — Session des Conseils généraux.
Un très grand nombre de Conseils généraux se sont préoccupés,
dans leur dernière session, de la situation agricole et des questions
douanières. Dans une précédente chronique (page 321), nous avons
analysé quelques-uns des vœux «mis par ces assemblées ; nous devons
ajouter aujourd'hui que les Conseils généraux de la Côte-d'Or, du Cher,
de Loir-et-Cher, de l'Eure, des Côtes-du-Nord, de la Dordogne, de la
Vienne, ontémis des vœux relatifs à l'augmentation des droits de douane
sur les denrées agricoles, notamment sur les céréales et sur les bestiaux.
Le Conseil général de la Côte-d'Or a voté la création de deux bourses
d'élèves à l'École pratique d'agriculture et de viticulture de Beaune;
l'ouverture de cette école est fixée au mois d'octobre prochain. — Le
Conseil général de la Somme a voté la création d'une école pratique
d'agriculture à Warfusée-Abancourt,
La création d'un laboratoire agricole départemental, plusieurs fois
disculée au Conseil général du Gard, a été définitivement adoptée; le
crédit nécessaire a été inscrit au budget. — Dans la Loire-Inférieure,
le Conseil général a décidé la transformation en station agronomique
du laboratoire de chimie agricole établi et créé par M. Audouard dans
sa propriété de Vrézé. — Le Conseil général de Seine-et-Oise a voté
la création d'un laboratoire départemental agricole à Versailles.
Le Conseil général de l'Eure a porté de 500 à 1 ,000 fr. la somme
allouée au professeur départemental d'agriculture, afin qu'une conférence
soit faite dans chaque canton tous les ans. — Il a aussi adopté un rap-
port proposant d'autoriser le préfet à poursuivre avec le gouvernement
et la ville du Neuboura; les néa;ociations relatives à la création d'une
école pratique d'agriculture au Neubourg et l'alloealion annuelle d'une
somme de 5,000 tr. pour le loyer des terres et d'une somme ferme
de 30,000 fr. pour l'appropriation des bâtiments de l'école, la ville du
Neubourg mettant à la disposition de l'administration l'institution
Lenormand.
On sait de quelle importance sont pour la Normandie, depuis la
pointe du Cotentin jusqu'à Mortague, toutes les ojjérations portant sur
^"■^805. — Tome TH de 1884. — 13 Septembre.
CHRONIQUE AGRICOLE (13 SEPTEMBRE 1884). 403
la production, la multiplication, l'élevage de la race bovine. Les Con-
seils généraux de la Manche et du Calvados ont voté au budget de
1884 un crédit destiné à concourir au>c Irais d'un lierd-book normand.
Les Conseil généraux, de l'Orne et de l'Eure ne pouvaient se désinté-
resser de cette question si importante au point de vue des intérêts
agricoles du département ; le Conseil général de l'Orne a voté pour cet
objet, une somme de 2,000 francs, et celui de l'Eure une somme de
500 francs.
Nous devons signaler aussi le vœu exprimé par le Conseil général
de l'Ain relativement à l'abolition de l'impôt de la prestation, et celui
du Conseil général du Calvados pour une répartition, plus équitable,
des contingents fonciers entre les départements.
II. — La culture des betteraves à sucre.
Les cultivateurs de la région septentrionale se préoccupsnt avec grande
raison des méthodes à adopter pour transformer la culture des bette-
raves à sucre. Nous avons tenu nos lecteurs au courant des résultats
de plusieurs voyages entrepris par des délégués des associations agri-
coles, en Allemagne et en Autriche. Mais ce n'est pas seulement à
l'étranger qu'on peut étudier des cultures prospères ; il en est en
France, même dans les régions réputées comme rebelles à la production
de la betterave riche: nous en avons donné déjà quelques exemples.
En voici un qui nous est fourni par un des agriculteurs les plus dis-
tingués du Nord, M. Florimond Desprez. Dans une note par laquelle il
convie les agriculteurs à venir visiter ses cultures, il jette fièrement le
gant à l'agriculture allemande, et nous l'en applaudissons. Voici
cette note :
« Un grand nombre de cultivateurs et de fabricants de sucre ont l'heureuse
inspiration d^ visiter l'Allemagne et l'Autriche afin de prendre des renseignements
et de voir les moyens qu'on emploie dans ces contrées pour y cultiver avec avan-
tage la betterave riche en sucre.
« Pour ceux qui n'auraient pas ce loisir ou qui voudraient faire des compa-
raisons, je me mets à leur disposition pour leur faire visiter une culture française,
la mienne.
« Ils verront que les méthodes qui y sont employées pour cultiver la betterave
et le blé, ne le cèdent en rien à celles des Allemands et des Autrichiens. Elles ont
pour elles la sanction de l'expérience, puisqu'elles sont pratiquées depuis 1857, sauf
les améliorations.
« Depuis quinze jours, je laboure et je prépare mes terres destinées à la pro
duction de la betterave pour la campagne prochaine; ces travaux continueront tout
le mois de septembre.
« Dans tout le courant du mois d'octobre, j'arracherai mes betteraves au
brabant, moyen non seulement le plus économique, mais ayant en outre l'avan-
tage d'être le meilleur pour la bonne conservation de la betterave.
« Je préparerai mes terres à blé et je les ensemencerai à partir du 25 octobre
à raison de 56 kilog. de grains à l'hectare en moyenne.
« La ferme de Wattines, commune de Cappelle (Nord), est à 2 kilomètres delà
station de Nomain, Ugne directe de Lille à Valenciennes, et à 6 kilomètres de
Templeuve et d'Orchies.
« L'on vient de Paris à Orchies, via Douai, en 4 heures 10 m. Eaprévenant par
télégramme, Desprez Templeuve, une voiture sera à la disposition des visiteurs.
FI. Desprez,
vice-président de la Société des agriculteurs du Nord.
Nous sommes convaincu que tous ceux qui visiteront la ferme de
M. Desprez en reviendront, en se réjouissant d'avoir répondu à son
invitation. Il est difficile, disons plus, il est impossibledc trouver une
exploitation mieux combinée et où l'on ne sait ce qu'il faut le plus
404 CHRONIQUE AGRICOLE (13 SEPTEMBRE 1884).
admirer de l'habileté de la direction, des résultats obtenus et delà bonne
organisation qui préside partout. Le laboratoire pour l'étude des bette-
raves destinées à devenir porte-graines, à lui seul, vaut un voyage spé-
cial ; il en est de même des cultures, et notamment de celle du blé.
III. — Bulletin du minislère de Vagriculiure.
Le 5' ffiscicule du Bulletin du ministère de ragncuUurc pour
l'année 1884 a paru récemment. Ce fascicule présente un intérêt d'une
nature spéciale; en effet, il est consacré exclusivement à une enquête
sur les principaux marchés aux bestiaux d'Europe et d'Amérique. Les
conditions dans lesquelles cette enquête a été organisée sont résumées
dans une noie préliminaire dont voici le texte :
« Des plaintes s'étant élevées contre l'insalubrité du marché de la Villetto de
Paris, le ministre de l'agriculture a nommé une Commission pour étudier les
mesures qu'il pourrait être nécessaire d'ajouter à celles qui résultent déjà de la
loi du 'il juillet 1881, sur la police sanitaire des animaux et du règlement d'admi-
nistration publi'jue du 22 juin 1882, afin d'empêcher la conlaminatioa des ani-
maux amenés sur ce marché, et la sortie de ceux qui pourraient être atteints ou
suspects de maladies contagieuses.
« M. Méline a pensé, en outre, qu'il serait utile pour la Commission de
connaître l'organisation des principaux marchés d'Europe et d'Amérique, tant
sous le rapport du service qu'au point de vui sanitaire ; c'est pourquoi nos agents
consulaires ont été invités à réunir des renseignements à ce sujet. »
L'enquête a porté sur les marchés de Budapest, de Berlin, de Ham-
bourg, de Rotterdam, de Londres, de Liverpool, de New- York, de Chi-
cago. Nous ferons connaître les principaux faits qui résultent des
documents réunis par les agents consulaires et présentés dans ce
fascicule.
IV. — Concours el conrirès pomologiques à Rouen.
Nous rappelons que l'Association pomologique de l'Ouest tiendra
à Rouen, du 3 au 1 1 oclobre, son deuxième congrès pour l'étude des
fruits de pressoir et son concours d'instruments et de fruits de pres-
soir. — Le programme comprend trois classes, savoir :
Pommes et poires : huit» de Bretagne, 7 prix; fruits de Normandie, 7 prix;
fruits de toutes provenances, 4 prix ; fruits de semis, 2 prix: collections expo-
sées par des instiiuteurs, 10 prix; par des sociétés ou amateurs, 4 prix.
Cidres: de fût de Normandie, 4 prix; de Bretagne, 4 prix: de toutes prove-
nances, 3 prix; poirés de touies provenances, 3 prix; cidres en houteilles de
toutes firovenances, 4 prix ; cidres faits avec une seule variété de pommes, 4 prix ;
eaux-de-vie de cidre ou de poiré, 4 prix; pommes séchées, 2 prix; concasseurs à
bras, 3 prix; à manège, 3 prix; pressoirs, 4 prix; appareils de distillation, 2 prix.
Pompes, fûts, serpettes, greffoirs, armures d'arbres, etc., plusieurs médailles
d'or, vermeil, argent ou bronze.
Traité sur la fabrication du cidre, prix de 500 fr.; fruits moulés, travaux ou
traités spéciaux sur les pépinières, plantations, etc., plusieurs médailles d'or, ver-
meil, argent ou bronze.
Le.s personnes qui désirent prendre part à cet iinportant concours,
devront en fau-e la déclaration à M. K. Fortier, vice-président de l'As-
sociation, au plus tard le 15 septembre. Les instruments, fruits ou
objets exposés devront être présentés sur place le I" octobre.
La Société pomologique de France tiendra sa 26" session pour
l'étude des fruits de table, le 1" octobre, et la Société centrale d'horti-
culture ouvrira, du 3 au 11 octobre, un concours international de
fruits de table. Le programme comprend des récompenses : T pour la
collection la plus belle et la mieux dénommée de fruits de table de
CHRONIQUE AGRICOLE (13 SEPTEMBRE 188^1). t05
toutes sortes, se composant de poires, de pommes, de raisins, etc., etc.;
2" pour la collection de poires la plus belle, la plus variée et la
mieux dénommée; 3° pour la collection de pommes la plus belle, la
plus variée et la mieux dénommée; 4° pour la collection de fruits à
noyau la plus belle et la mieux dénommée; .j° pour la plus bfUe et la
plus nombreuse collection de raisins de table en maturité, qu'elle
qu'en soit la provenance; 6° pour la plus belle collection de laisins en
étal de maturité, récoltés à l'air libre dans le département; six variétés
au moins; un certificat d'origine pourra être exigé; 7" pour les
meilleurs fruits de semis obtenus dans le département depuis quelques
années et non encore récompensés. Ces fruits devront être accompa-
gnés d'un certiilcat d'origine de la Société la plus voisine.
Les demandes de places dans le local de l'exposition doivent être
adressées au président, au siège de la Société, rue Saint-Lô, 40,
au moins dix jours à l'avance; elles indiqueront le nombre d'assiettes
nécessaires à l'exposant et la nature des fruits à exposer.
V. — Blés dt semence.
Nous recevons de M. FI. Desprez, l'habile agriculteur de Cappelle,
la lettre suivante :
<c Monsieur le directeur, j'ai recours, comme tous les aus, à la voie de votre
estimable tourna/, pour informer les intéressés que je tiens à leur disposition des
blés de semence de diverses espèces récoltés sur mes terres, tels que : les blés
de Flandre blancs à paille blanche, les blés blancs Chiddam à paille rouge, les blés
blancs Hallett, Hunter, Nursery et Victoria à paille blanche, les Nursery roux à
paille blanche, les Kissingland et le Goldendrop roux, et les jaunes d'Australie.
Le prix en est de 27 francs les 100 kilog., mis en notre gare.
« tJn de mes amis d'Ecosse veut bien mettre à ma disposition quelques cen-
taines d'hectolitres de blés Scheriti' square head; je serais heureux de les céder
à ceux qui en seront amateurs, au prix coûtant.
« Veuillez recevoir, etc. Fl. Desprez. »
Les demandes relatives à ces diverses variétés de froment doivent
être adressées à M.Fl. Desprez, à Cappelle, près Templeuve (Nord).
VI. — École pratique (ïafjric allure de la Molière.
Conformément au désir exprimé par le Comité de surveillance et de
perfectionnement de l'école pratique d'agriculture de la Molière (Puy-
de-Dôme), le ministre de l'agriculture a décidé qu'un concours sup-
plémentaire serait ouvert pour l'admission de nouveaux jeunes gens
dans cette école, le 1" octobre 1885, dans une salle de l'hôtel de la
préfecture. Les pièces devront être adressées à la préfecture avant le
20 septembre, à Clermont-Ferrand.
VII. — Ferme-école de la Haute-Garonne.
Les examens de la ferme-école de Castelnau-les-Nanzes (Haute--
Garonne) auront lieu, dans une des salles de cet établissement, le
jeudi 18 septembre, sous la présidence de M. Randoing, inspecteur
d'agriculture. Les candidats qui désireront entrer dans cette institution
doivent adresser immédiatement au directeur ou au préfet de la Haute-
Garonne, les pièces suivantes : 1° une demande d'admission des
parents; 2° l'acte de naissance dûment légalisé; 3° un certificat de
bonne vie et mœurs, délivré par le maire de la commune où ils rési-
dent; 4° un certificat constatant qu'ils ont été affectés de la petite
vérole ou qu'ils ont été vaccinés et qu'ils ne sont atteints d'aucune
406 CHRONIQUE AGRIGOLK (13 SEPTEMBRE 1884).
infirmité ou défaut de conformation les rendant impropres au travail.
VIII. — Enseignement agricole en Suisse.
Chaque année, des conférences et des cours publics sont organisés
à Lausanne (Suisse), pour donner un enseignement agricole élémen-
taire, approprié aux besoins des jeunes gens de la campagne et por- '
tant sur toutes les branches dont les connaissances sont utiles à l'agri-
culteur. Ces cours sont gratuits. Pour l'année 1 884-85, ils commenceront
le 6 novembre pour finir le 15 mars, sous la direction de M. Bieler,
vétérinaire à Lausanne. Les professeurs sont : MM. Bieler; Schalzmann,
directeur de la station laitière de Lausanne; Bonnet, arboriculteur;
Francillon, ancien agriculteur; Curchon-Verdeil, inspecteur fores-
tier, etc.
Les élèves sont réunis, en dehors des heures de leçons, sous la sur-
veillance du directeur et des professeurs pour divers travaux, tels que
répétitions, interrogations, exercices pratiques, dessins de plans, et
courses. Les jeunes gens qui désirent suivre les cours en qualité d'élèves
devront être âgés de 16 ans au moins. Ils se feront inscrire, avant le
25 octobre, chez M. Bieler. A la fin des cours, les élèves réguliers ont
à subir un examen, et il est délivré des certificats à ceux d'entre eux
qui passent ces examens dune manière satisfaisante. Les auditeurs
peuvent, sur leur demande, être admis à subir les examens sur les
cours qu'ils ont suivis.
IX. — Comice agricole de Reims.
Le concours annuel du Comice agricole de Reims (Marne) se tien-
dra, le 14 septembre, à VilIe-en-Tardenois, sous la direction de son
président, M. Charles Lhotelain. Il comprendra un concours d'ani-
maux reproducteurs, des races chevalines, bovines, ovines et porcines;
des primes s'élevanl à la somme de 2,500 francs seront accordées aux
propriétaires des meilleurs animaux présentés. 11 y aura, en outre,
une exposition de machines et instruments agricoles, à laquelle tous
les constructeurs et entrepositaires ont été invités à prendre part. Les
concours du Comice de Reims présentent toujours un grand intérêt.
X. — Société d'agriculture de Bayeux,
Le concours de la Société d'agriculture de Bayeux (Calvados) se
tiendra à Caumont, le 21 septembre. — Parmi les primes offertes,
nous devons signaler une médaille d'honneur qui sera décernée au
propriétaire non exploitant qui aura fait le plus de dépenses utiles aux
fermes qu'il possède dans le canton de Caumont, afin d'approprier les
bâtiments d'exploitation de ces fermes aux besoins de la culture per-
fectionnée, pour construij'e les étables ou les hangars nécessaires à la
stabulation des bestiaux pendant l'hiver, pour fournir remplacement
le plus favorable à l'installation d'une bonne laiterie, et pour donner
à ses fermiers les moyens de recueillir et d'utiliser les engrais liqui-
des. En outre, il sera décerné des médailles d'honneur ainsi que des
mentions honorables aux propriétaires et fermiers du canton de Cau-
mont, qui auront été reconnus dignes de cette distinction par leur sys-
tème rationnel d'assolement, la bonne tenue de leurs herbages, de
leurs laiteries ou de leurs étables, l'élagage intelligent de leurs arbres,
les soins donnés à leurs pommiers et l'emploi judicieux des meilleu-
res machines agricoles, enfin par les produits divers de l'ensemble de
leur exploitation et l'ensemble du bétail.
CHRONIQUE AGRICOLE ( 1 3 SEPTEMBRE 1884}. 407
XL — La France à une exposition japonaise.
La première exposition au Japon vieat d'avoir lieu à Kyoto, célèbre
par ses fabriijues de porcelaines, et a très bien réussi. Elle était natio-
nale, mais on y a admis exceptionnellement une maison française, les
ateliers Decauville, de Petit-Bourg, près Paris, dont les cbernius de fer
portatifs y sont devenus extrêmement populaires et sont en usage
dans les deux arsenaux et sur les propriétés de presque tous les prin-
ces japonais. La plus haute récompense, le diplôme d'honneur, a été
décernée à l'unique exposant français, qu'on peut considérer comme
le pins hardi pionnier de l'industrie française dans I Extrême-Orient.
XIL — Nouvelles de l'êtaL des récolles.
Les conditions météorologiques sont devenues beaucoup plus dou-
ces. Sur la situation agricole dans les Vosges, AI. Jacquot nous adresse
de Chèvrerocbe, les renseignements suivants, à la date du G septembre :
«L'année, quoique très sèclie, sera bonne dans nos montagnes des Vosges. Les
récoltes ont fourni en quantité et qualité; mais nous voicidans une impasse : les
regains sont en grande partie coupés et la pluie dure depuis huit jours, sans
laisser d'espoir de finir bientôt. 11 serait grand temps que le beau temps revînt,
car les regains s'avarient promptement sous l'influence des intermittences de
pluie et de soleil. Les prairies sèches ne donnent pas une forte récolte; mais,
en comparaison du prolongement de la sécheresse, le rendement serait passable
si la qualité était assurée par la dessiccation faite à temps.
«Les pommes de terre seront abondantes et mûrissent plus promptement parla
pluie qu'en temps de sécheresse; c'est un indice qu'elles sont atteintes parla ma-
ladie, ce qu'il est facile de se convaincre par les tubercules gâtés qui se trouvent
nombreux en certains endroits.
« Peu de fruits aux arbres, si peu que les guêpes en auront facilement raison.
Ces insectes sont tellement nombreux qu'ils sont très incommodes pour hommes
et bestiaux.
<c Notre industrie agricole, les fromages, sont en hausse de prix comme cela a
toujours lieu en cette saison. Ils vont peut-être atteindre, sous peu. le prix de
50 t'r. les 50 kilog., mais je doute fort que le discrédit habituel qui atteint annuel-
lement le commerce de cette denrée ne fera pas défaut pendant catie campagne,
attendu que les mêmes conditions vicieuses de fabrication et le pêle-mêle commer-
cial existent encore. Cependant on ne peut que louer l'association fromagère
vosgienne des efforts persévérants qu'elle n'a cessé de faire dans ce but EUe a
déjà obtenu des succès pour ainsi dire inespérés, et si elle n'a pas encore défri-
ché tout le champ, elle n'a pas non plus rendu les armes. De concert avec le
Comice agricole de Remiremont, il faut bien croire que tout se fera à mesure
que les moyens d'améliorer la situation se présenteront au zèle et à l'activité qui
ont marqué les débuts de l'entreprise. »
Notre correspondant de Rochefort (Charente-Inférieure) nous trans-
met les renseignements suivants sur l'état acrricole des arrondisse-
ments de Rochefort et de Marennes :
« Dans nos deux arrondissements de Rochefort et de Marennes, les récoltes
de cette année ont été de bonne moyenne.
« Si les chaleurs torrides qui ont duré ici pendant plus d'un mois et demi ont
favorisé la maturité, le sciage et l'épiquage des céréales, elles ont horriblement
fatigué nos vaillants travailleurs; il s'en serait certainement suivi des cas de ma-
ladies graves sans le changement de température qui est survenu depuis huit
jours. La pluie tombée sans orage a été très salutaire ; le temps frais a succédé
aux grandes chaleurs ; nos cultivateurs ont pu se mettre bravement à la besogne.
« Le rendement des céréales a été bon; le dépiquage, qui se fait i^i près fue
totalement aux machines vannant, n'a pas tenu la promesse qu'on avait au sciage;
il y a eu pas mal de brûlé ; la qualité, malgré cela, est excellente.
« Les prix laissent à désirer : les avoines valent 7 fr. 50 les 50 kilog., et le blé
19 fr. les 90 kilog. C'est trop peu.
408 GHKONIQUE AGRICOLE; (13 SEPTEMBRE 1884).
« Le maïs et les pommes de terre ont eu trop de chaleur ; le rendement laissera
donc beaucoup à désirer.
« Les foins, qui ont donné très convenablement, en qualité et quantité, ont
pu être récoltés et mis en moules dans d'excellentes conditions ; ils valent 18 l'r.
les 500 kilog., pris sur place. — La bonne paille est payée 10 fr. les 500 kilog.
a Nos vastes et fertiles prairies ont horriblement desséché cet été ; les herbes
ont manqué ; le bétail a souffert de cet étal de choses. Malgré cela et Lien qu'il y
ait eu un peu de baisse pendant quelque temps, les prix sont restés assez rému-
nérateurs pour les bovins et les ovins. Les chevaux se vendent mal ; la remonte
achète peu et le commerce se montre circonspect.
« Nos sauniers ont fait bonne campagne ; les chaleurs ont considérablement
favorisé la production des sels; les prix resteront-ils assez élevés pour encourager
cette industrie, que de trop faibles prix avaient fait délaisser depuis quelques
anni'et-? .]us(|u'après, on attend avec conliance.
L'ostréiculture va commencer les affaires ; la campagne est ouverte depuis le
commencement de septembre. C'est en effet pendant les mois qui ont des R que
les huîtres sont bonnes et que les gourmels peuvent les savourer avantageuse-
ment. Restent les prix ; jusqu'à présent, ils sont bien élevés. N'arrêteront-ils pas la
consommation?... On parle de 70 fr. le œille pour les plus petites I...
« Les vignes sont généralement malades ; celles atteintes ont cependant con-
servé plus do force que les années précédentes, ce qui fait espérer à quelques
viticult urs des rétablissements partiels. Dieu le veuille ! Celles non malades ont
du raisin malgré la coulure qui a eu lieu à la floraison. Les vendanges, si quel-
ques jours de chaleur arrivent bientôt, auront lieu fin septembre; la qualité ne
laissera rien à désirer, car les raisins se développent considérablement.
c< On s'occupe assez de la reconstitution de nos vignes. Des essais sont faits
avec des cépages américains ; beaucoup reprennent des plants français, dont
queliiues-uns ont même commencé à produire; il y en a des français de cinq à
six ans indemnes jusqu'à présent du phylloxéra. Le seront-ils longtemps? On en
conserve l'espoir. »
Sur la siLiialioii agricole dans les Haules-xVipes, notamment sur celle
des vignes, M. Allier, professeur départemental d'agriculture, nous
adresse de Gap, la note suivante, à la date du 1" septembre :
«Les résultats des loulaisons, en partie connus à ce jour, confirmentles rensei-
gnements que j'ai eu l'honneur de vous adresser le mois dernier sur le rendement
des céréales dans les Hautes-Alpes. Si leur cours n'était pas si bas, la récolte
serait en somme assez satisfaisante ; mais le blé se vend actuellement dans le
département 23 francs le quintal métrique et ce prix ne couvre pas les frais.
«La sécheresse extrême qui règne dans notre région contrarie beaucoup les cul-
tivateurs dans l'exécution des labours préparatoires, et porte un grave préjudice
à la vigne dont les fruits n'acquièrent pas tout le développement désirable.
a Le 3 août la Commission du phylloxéra s'est transportée à Veynes pour visiter
les vignes traitées au moyen d'un engrais insecticide inventé par M. Métailler,
maître-d'hôtel dans cette localité. Cet engrais se cûm|)Ose, dans 100 kilog., de
45 kilog. de chaux, de 45 kilog. defumierde mouton, de 5 kilog. de fleur de soufre
et de 5 kilog. d'une substance insecticide dont l'inventeur garde le secret. —
Dans un terrain schisteux de l'étage oxfordien, où M. Métailler l'expérimente
depuis quatre ans, il a produit des effets vraiment remarquables ; à côté de vignes
abandonnées à elle-mêmes et agonisantes, les ceps traités, bien que nourrissant
de nombreux phylloxéras sur leurs racines, présentent une végétation luxuriante
et sont couverts de raisins. — Il est incontestable que l'engrais Métailler, dans
les.condilions où son inventeur l'applique, permet à la vigne de se reconstituer
et de fructifier malgré la présence de son ennemi. »
Depuis les derniers jours d'août, le temps s'est refroidi, et dans
une grande partie de la France, des pluies assez abondantes sont
tombées. La situation actuelle estplus favorable à laplupart des récoltes
d'automne, notamment à la vigne ; toutefois pour celle-ci, un excès
d'eau serait nuisible et entraînerait la pourriture du raisin. Quant à
la situation commerciale, elle est toujours assez précaire, sauf pour
les produits potagers et pour le bétail. Henry Sagmeu.
MÉTÉOROLOGIE DU MOIS (D'aOUT 1884. 409
METEOROLOGIE DU MOIS D'AOUT 1884.
Voici le résumé des observations météorologiques faites au parc
de Saint-Maur eu août 1 884 :
Moyenne barométrique à midi. : 758""". 63; minimum le 29 à 3 heures ua quart
du matin, 751"'". 37; maximum le 4 à 11 heures du soir, 763""". 93
Moyennes thermomélriques : des miniraa, 13".84; des maxima, 26". U ; du mois,
19°. 97; moyenne vraie des 24 heures, 19". 57. Minimum le 30 à 1 heure du
matin, 9°.0 ; maximum le 2 à 3 heures du soir, 33". 8 (le 7, entre 1 heure et
2 heures, 33".6).
Tension moyenne de la vapeur : 1 1""".56 ; la moindre, le 20 à 5 heures du soir,
6"™. 5 ; la plus grande le 7 à 3 heures du soir, 18°"". 5.
Humidité relative moijemie, 71; la moindre, le 2 à 4 heures du soir, 22; Ja
plus grande, loO en 7 jours.
Pluie: SB"""'. 6 en 31 heures 15 minutes, réparties en 12 jours. Sur ce total,
10'"°'.2 sont tombés en 4 heures le 19; 10""". en 5 heures et demie le 25 et
1 7""". 9 en 6 heures et demie dans la nuit du 28 au 29.
Il y a eu 7 jours d'o?-a(/e, les 7, U, 12, 14, 18, 19, 20 et 3 jours d'éclairs, les
2, 24 et 25.
Nébulosité moyenne, 39. Dix jours n'ont offert que quelques nuacres et aucun
n'a été entièrement couvert. Deux jours de petits brouillards, les 19 et 21.
Les vents du nord ont été dominants.
Température moyenne de la Marne, 22". 60 ; elle a dépassé de plus de 3" la
température moyenne de l'air; elle n'a varié que de 25". 11 le 8, à 19". 28 le 31.
Elle a été constamment basse et claire.
Moyennes ti 7 heures du matin : baromètre, 758""". 83 ; thermomètre, 16". 32;
tension de la vapeur, 11""". 73; humidité relative, 82; nébulosité, 45.
Relativement aux moyennes normales, le mois d'août 1884 pré-
sente les résultats suivants : baromètre plus élevé de ()""". 60; thermo-
mètre plus élevé de r.75; tension de la vapeur plus élevée de 0""".24;
humidité relative moindre de 6; pluie plus forte de 7""°; nébulosité
moindre de 15.
Le 22 août, floraison du Plumbago Larpentœ; le 23, floraison du
Funkia Japonica (hémérorable du Japon); le 5 on avait cessé de voir
les martinets, mais on en a revu un isolé le 28 et deux autres le 29.
L'été de I 884 a eu une moyenne plus haute de 0°.36 que la moyenne
normale. Le mois de juin avait été froid Jusqu'au 25 ; le mois d'août
s'est terminé par six jours froids, de sorte que nous avons eu deux
mois de chaleur complets. E. Re.nou,
Membre de la Société nutiunale d'agriculture.
LA PRIME D'HONNEUR ET LES PRIX CULTURAUX
DANS LA MARNE EN 1884. — III'.
M. Renard (Benjamin), à la ferme de Luthérnay, commune de Bouvancourt,
canton de Pismes. — La ferme de Lutliernay a été prise à bail le p'' janvier 1869,
par M. Renard, moyennant une redevance annuelle de 8,500 francs, plus les
impôts. Elle se trouve en plein terrain tertiaire, sur un plateau découvert, à une
altitude de 200 mètres. Sa contenance est de 197 hectares 1 are 50 centiares
d'un seul tenant, dont 163 hectares en terres labourables, 25 hectares 32 en
savarts improductifs, 3 hectares 40 en chemins, 2 hectares 39 ares 50 en bâti-
ments, cours et jardins, 1 hectare 35 en marais et 1 hectare en pépinière de
peupliers.
Les bâtiments sont situés dans une déclivité du sol, à proximité d'une source
et sur un chemin vicinal qui aboutit, dans \\ direction du sud, à la gare de Jon-
1. Rapport fait au nom ile la Commissioa composée de MM. Kandoing, inspecteur de l'agn-
culliire, président; Perdrix, Tiiiry, Fagot, Diipoiit-Saviniat: Sauvage, rappfiHeur ; Pargori,
secrétaire. — Voir le Journal du 3U aoiit, page aW, et du 6 septoiiibre, page J8Ô do ce volume.
410 LA PRIME d'honneur ET LES PRIX GDLTQRAUX DANS LA MARNE.
chery, distante de 8 kilomètres, et vers le nord à la route de Fismes à Pont-
Faverger.
■ Le chef-lieu de la commune est à 4 kilomètres, de même cpie les villages
d'Hermonville et de Pévy.
Le sol est en général argilo-caîcaire, mélangé d'une plus ou moins grande
quantité de silice. Sa profondeur, dans ^une partie de la ferme, atteint jusqu'à
2 et 3 mètres, ce qui le rend apte à toutes les cultures, tandis que dans l'autre
partie il se trouve réduit à une faible épaisseur et renferme des blocs de pierre
dont les plus superficiels ont dû être extraits afin de faciliter l'usage des instrn-
ments aratoires. Le sous-sol est presque partout imperméable et trop tassé pour
laisser pénétrer les racines pivotantes.
En dehors de la ferme de Lutheruay, M. Renard a loué, en 1877, sur le terri-
toire de Pévy, 32 hectares de terres labourables, ce qui a porté son exploitation à
195 hectares.
La ferme de Luthernay était loin d'être en bon état lorsque M. Renard en a pris
la direction. Les terres salies par les miuvaises herbes, insuffisamment travaillées
et manquant d'engrais, ne produisaient que des récoltes médiocres. Le bétail, peu
nombreux et mal'nourri, ne donnait que de faibles produits. Les eaux pluviales
délavaient les fumiers et leur enlevaient les parties les plus riches. Il n'y avait
point de prairies, point de logements pour le personnel ouvrier sédentaire, et
l'outillage était tout à fait élémentaire.
Dès son début, M. Renard s'occupa tout spécialement de l'étude de son sol. Et
après en avoir reconnu les défauts, il résolut de les faire disparaître, ou tout au
moins de les atténuer le plus possible. Durant les quatre premières années, il
lutta, avec l'énergie que donne la confiance dans la réussite, contre toutes les
difficultés qui se présentèrent, y compris la guerre de 1870, qui, pour lui, ne fut
pas la moins pénible.
Il obtint de sou propriétaire le drainage de 15 hectares 50 de terres humides. Il
s'engagea à payer l'intérêt de la dépense, à raison de 6 pour 100 pendant toute
la durée de son bail. D'autres parcelles furent assainies à ses frais. Il délonça
successivement tous ses champs, marna 55 hectares, fit disparaître des broussailles
sur un hectare environ, et rendit viable les chemins d'exploitation qui traversent
la propriété.
Aux bâtiments, il fit poser des chaîneaux, afin d'empêcher les eaux des toits de se
rendre dans la fosse à fumier. Il fit paver l'étable et disposer d^îs caniveaux des-
tinés à conduire les urines dans la fosse à purin. Il fit en outre construire^ deux
logements d'ouvriers, qui doivent, sans indemnité aucune, rester au propriétaire.
Enfin, le nombre de ses animaux augmentant, il édifia deux nouvelles bergeries.
Toutes ces aii-èliorations lui coiitèrent 8,25-2 francs. Depuis, il a créé 8 hec-
tares 40 de prairies et une pépinière de peupliers d'un hectare en terrain
humide.
Le système de culture adopté par M. Renard est basé sur la production des
céréales et de la betterave à sucre. Ce qui n'exclut point les plantes fourragères
auxquelles est réservé le tiers des terres environ.
Le tableau ci-dessous indique la répartition des emblavures en 1869 et 1883 :
1869 1883
hectares.
Froment ,. . 23 0-2
Seigle.., B 2S
Méteil 11- 29
Avoine 44 22
Maïs » ■• •
Prairies naturellps ■• "
Luzerne 12 »
Saintoin 4 "
Trèfle 6 »
Vgscg ....•...• — " •- •..•••••
Jarrosses 12 21 avec seigle.
liais Inurrager » »
Pommes de terre 1 »
Helteraves à sucre >• ■
Belteraves fourragères . 5 »
.laclière 3i 08
56
2'2
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Totaux 16:i ■• l'-''^
M. Renard soumet ses terres à deux assolements différents. L'un intensif,
biennal, dans lequel la betterave et le blé se succèdent à peu près régulièrement,
LA PRIME d'honneur ET LES PRIX GULTURAUX DANS LA MARNE. 411
est appliqué sur les parties les plus fertiles de son exploitation ; l'autre comporte
une rotation qui varie de trois à cinq ans, suivant l'état et la fertilité du sol.
La luzerne est conservée pendant quatre ans. Elle ne revient sur le même terrain
que tous les douze ans.
M. Renard attache une grande importance aux façons culturales. Aussi apporte-t-il
tous ses soins aux préparations qui précèdent les ensemencements. La terre destinée
à la betterave attire tout particulièrement son attention. Cette culture qu'il a
introduite à Luthernay a pour lui une grande valeur économique. En dehors des
revenus élevés qu'il en retire en livrant ses racines à la sucrerie, elle lui procure
des pulpes qui lui permettent de nourrir dans de bonnes conditions un bétail qu'il
ne pourrait pas utilement entretenir sans cet appoint.
Aussitôt après l'enlèvement des récoltes qui précèdent la betterave, le terrain
reçoit une façon à l'extirpateur pour le nettoyer, l'ameublir et le bien disposer à
recevoir la fumure.
Les deux tiers environ de la sole de betterave sont fournis par les terres qui ont
porté des fourrages consommés en vert, tels que trèfle incarnat, jarosse, dravière.
Le fumier est enfoui à partir du mois de septembre par un labour profond de
30 à 35 centimètres. La dose employée est d'environ 60,000 kilog. par hectare.
L'autre tiers de la sole est pris dans les terres qui ont porté du blé après
luzerne et auxquelles on a donné 500 kilog. de superphosphate de chaux par hec-
tare. On les défonce également à 30 ou 35 centimètres avant l'hiver. Toutes les
terres à betteraves fumées ou sortant de blé après luzerne reçoivent uniformément
un complément d'engrais composé de 500 kilog. de superphosphate de chaux,
150 kilog. de nitrate de soude et 100 kilog. de chlorure de potassium par hec-
tare. Dans ces conditions les rendements s'élèvent de 40 à 50,000 kilog. par
hectare.
Les blés sont semés en lignes après betteraves, luzerne, sainfoin, fourrages
verts et jachère morte. C'est la variété Kissengland que M. Renard préfère. Au
printemps, ceux qui se trouvent dans les terres froides sont hersés énergique-
ment et binés à la main s'il est nécessaire. Dans ce cas, la dépense est de
12 francs par hectare. Le produit varie de 15 à 25 quintaux par hectare suivant
les années.
L'avoine, qui est considérée à Luthernay comme une plante très épuisante,
n'est cultivée que pour la nourriture des chevaux. Elle est semée après le blé
dans des terres destinées à recevoir des prairies artificielles.
Les luzernes font partie de l'assolement, dans lequel leur place est marpée
pour un temps déterminé. Après la deuxième coupe de la quatrième année, en
août ou au commencement de septembre, elles sont labourées, et la terre est
ensemencée en blé à la fin de septembre ou dans les premiers jours d'oc-
tobre.
La Commission a trouvé à Luthernay de très belles récoltes, parfaitement régu-
lières, propres et bien venantes.
L'outillage de M. Renard est celui en usage dans la culture du Nord : brabants
doubles, extirpateurs-tricycles, semoirs à toutes graines, rouleaux Grosskill et
plombeurs, herses articulées, faucheuses, moissonneuses, etc. lia fait l'acquisition
d'un petit chemin de fer Decauville pour l'enlèvement de ses betteraves, qu'il
conduit à une bascule installée exprès pour lui par la sucrerie de Berry-au-Bac, à
proximité de sa ferme.
Les bâtiments sont bien tenus.
Le fumier est disposé dans une fosse où se trouve un réservoir à purin muni
d'une pompe. Tous les matins les écuries, les étables et la porcherie sont net-
toyées. Le fumier des moutons est en partie mélangé à celui des autres animaux
et en partie employé seul.
La quantité produite annuellement n'est pas aussi considérable que l'a indiquée
M. Renard. D'après nos calculs, elle ne dépasserait pas 1,240,000 kilog., ce qui
correspond à 9,465 kilog. par hectare de terre labourable, non compris les prairies
naturelles et artificielles.
M. Renard achète cha(|ue année 30,000 kilog. de superphosphate de chaux à
12 francs les 100 kilog.; 10,000 kilog. de nitrate de soude à 32 francs les 100 kilog. j
5,000 kilog. de chlorure de potassium à 22 fr. les 100 kilog.
Ces engrais sont utilisés pour les betteraves et les blés, comme nous l'avons
indiqué plus haut.
Le bétail entretenu à Luthernay comprenait :
412 LA PRIME D HONNEUR ET LES PRIX GULTURAUX DANS LA MARNE.
En 1883 : 1(3 chevaux de trait. ' En 1869 : 20
— 2 poulains d'un an. . — »
— 15 biTufs de trav.jil. — 4
— 1 taureau. — 2
— tj vaches laitières. — 6
— t> veaux de l'année. — 6
— 11 bcTufs à l'engrais. — »
— 1 bélier. — 2
— 200 brebis. — l.=iO
— 150 agneaux de l'année. — 110
— 145 agneaux d'un an. — 120
— 265 botes de 2 et 3 ans. — 220
— 6 porcs à l'engrais. — 4 porcs.
1 verrat.
8 truies.
80 élèves.
— 420 poules et canards. — 250
— 300 pigeons. — 200
Tous ces animaux, estimés en poids, représentaient environ 67,214 kilog. ou
344 kilog. par hectare cultivé.
Gomme l'indiquent les chiffres qui précèdent, c'est le mouton qui constitue la
partie essentielle de la production animale à Luthernay.
Le troupeau de M. Renard est composé de fortes Lètes en bon état.
Les animaux soumis à l'engraissement sont relativement peu nombreux; c'est
réle%'age qui domine.
Peut-être M. Renard ferait-il bien de porter davantage sou attention sur la pro-
duction de la viande.
Depuis 1869, le nombre des animaux s'est sensiblement accru. De 4, les bœufs
de travail et d'engrais ont été portés à 22, et le troupeau a gagné 160 têtes.
Ce n'est que depuis 1876, date à laquelle les fourrages sont devenus suffisam-
ment abondants, que M. Renard a pu se livrer d'une façon régulière à l'engrais-
sement des moutons et des bœufs.
Les travaux de culture qui, au début, étaient faits à peu près exclusivement par
des chevaux sont maintenant exécutés, pour la moitié, par des bœufs.
Les fourrages récoltés sur la ferme sont à peu près tous consommés sur place.
En outre, on achète ordinairement 10,000 kilog. de son, 10,000 kilog. de tour-
teaux et 2,000 kilog. de menus grains chaque année.
Le personnel à gages, réduit au strict nécessaire, se compose de 3 charretiers,
2 bouviers, 2 valets de cour-, un berger, un jardinier, une servante. En tout'dix
domestiques qui à l'exception du berger, sont nourris à ]a ferme. Pour la fenaison
et la moisson, on emploie 6 journaliers, hommes et femmes, et 1 ou 2 suivant
les besoins pendant toute l'année. Les battages sont faits à la tâche, à raison de
0 fr. 65 du quintal marchand, de même ijue les bin;iges, sarclages et arrachages de
betteraves dont le prix est fixé à 95 fr. par hectare.
M. Renard tient une comptabilité qui lui permet de suivre exactement la marche
de ses spéculations.
Un inventaire, établi chaque année, au 31 décembre, lui donne l'état de sa
situation. Dans cet inventaire, une dépréciation de 10 pour 100 est attribuée aux
animaux de travail. Elle est de 50 pour 100 pour le matériel mort. Au l'' jan-
vier 1869, l'inventaire se montait à 82,000 francs ; au 1" janvier 1884, il s'élevait
à 166,197 francs.
Les débuts de M. Renard ont été difficiles.
En 1869, les terres de la ferme de Luthernay exigeaient des avances impor-
tantes, et une direction énergique et sûre était nécessaire pour les amènera
donner des produits rémunérateurs.
M. Renard est parvenu à surmonter tous les obstacles. Et aujourd'hui, par son
savoir et son savoir-faire, il est arrivé au succès. La voie étant déblayée, il n'y a
plus qu'à la suivre. Il ne paraît pas douteux que d'ici à dix ans, c'est-à-dire d'ici
la fin de son bail, il ne réalise des profits en rapport avec son capital, matériel et
intellectuel, qu'il a engagé dans son entreprise. En pareil cas, les résultats obte-
nus sont une garantie de l'avenir.
Les terres de Luthernay sont parfaitement cultivées, et les procédés suivis par
M. Renard peuvent être apphqués partout. Il peut donc être donné en exemple à
tous ceux qui désirent bien faire.
Mais, si M. Renard a su mériter la plus haute récompense qu'une Commission
de prime d'honneur puisse décerner, ce n'est pas à lui tout seul qu'en doit reve-
nir le bénéfice. Un collaborateur atiectueux, dévoué et discret,, l'a aidé dans sa
LA PRIME D'honneur et lks prix gulturaux dans la marne. 413
tâche : Mme Renard a eu sa part au rwie labeur, elle doit avoir sa part à
l'honneur.
A l'hunanimité, la Commission a décerné le prix cul tural de la deuxième catégorie à
M. Renard.
A l'unanimité, la Commission a décerné à M. Renard la prime d'honneur.
SAUv.AGn;,
Professeur départemenlal d'agriculture de la Haute-Marne.
DISCOURS PRONONCE AUX OBSÈQUES DE M- DU PEYRAT
Ea présence de cette tombe ouverte pour recevoir la dépouille mor-
telle de Charles du Peyrat, nous ferons taire les angoisses de notre
âme, pour ne voir que l'immense malheur qui frappe une jeune
femme, une digne et respectable mère, toute une famille éplorée.
Rien ne saurait donner la mesure de l'insoutenable douleur occa-
sionnée par ce cruel et fatal événement que personne n'aurait pu pré-
voir il y a quelques semaines à peine !
Et cependant, Messieurs, il faut nous rendre à l'inexorable évidence :
Charles du Peyrat est mort !
11 est mort, nous pouvons le dire hautement, au champ d'honneur,
victime de son dévouement à l'accomplissement de son devoir. Il est
mort courageusement.
Que vous dirai-je de sa vie? Elle est simple, une, droite, et peut se
résumer en trois mots : intelligence, travail, honneur.
Après avoir terminé ses études à Toulouse, il revint à Beyrie où
son respectable père, Auguste du Peyrat, fondateur et directeur de la
ferme-école, se l'adjoignit comme collaborateur, en lui donnant les
modestes fonctions d'agent comptable.
Dès ce moment, il entrait dans la carrière agricole pour ne plus la
quitter. C'est à dater de cette époque qu'un ami de sa famille, l'hono-
rable M. Chambellant, alors inspecteur général d'agriculture, frappé
de l'intelligence et de l'énergie du jeune Charles, et désireux de déve-
lopper ses connaissances, le fit entrer dans les concours régionaux
qu'il dirigeait chaque année, et se l'attacha en qualité de secrétaire
des primes d'honneur.
Pendant près de dix années, Charles du Peyrat parcourut tous les
départements de la région du sud-ouest de la Franco, et acquit au plus
haut degré ce sentiment int me des choses de l'agriculture, qui est le
résultat du véritable esprit d'observation.
Mêlé à tout ce grand mouvement agricole, il s'y jeta avec ardeur.
Ses fonctions le mirent en rapport avec les hommes les plus capables
de l'époque, et avec la merveilleuse sagacité dont il était doué, il com-
prit bien vite qu'il ne lui suffisait pas de voir seulement des faits, mais
qu'il lui fallait étudier à fond les principes de toutes les sciences se
rattachant plus ou moins directement à l'agriculture, pour pouvoir
remplir avec honneur le rôle auquel il aspirait timidement déjà, et
qui devint une réalité quelques années plus tard, par sa nomination
dans l'inspection générale de l'agriculture.
Nous qui, mieux que personne, avons pu apprécier la puissance de
volonté et de travail dont Charles du Peyrat était capable, nous pou-
vons affirmer l'immensité, la variété et la solidité de ses connais-
sances.
Seul, sans maîtres, dans la solitude de Beyrie, au milieu de ses
occupations journalières, il a étudié à fond et passé au creuset du
414 DISCOUKS PRONONCÉ AUX OBSÈQUES DE M. CH. DU PEYRAT.
solide jugement dont il était doué, la chimie générale et agricole, la
physique, la géologie, la minéralogie, la botanique, la sylviculture, la
zootechnie, l'économie rurale et politique, la littérature, l'histoire, la
philosophie, en un mot tout ce qui constitue le bagage d'un esprit large
et profond.
Aucune question agricole n'avait de secrets pour lui, et dans les
Commissions dont il faisait partie, nous avons vu bien souvent ses
avis officieux, donnés toujours avec la plus grande réserve et la plus
exquise convenance, rallier l'unanimité des membres du jury, com-
posé d'hommes d'une compétence éprouvée et indiscutable.
Partout et toujours Charles du Peyrat s'est promptement placé au
rang que lui méritait sa réelle valeur personnelle.
Nommé inspecteur général de l'agriculture, après avoir débuté
comme inspecteur adjoint, il fut chargé de l'importante région du
sud-est de la France, si cruellement atteinte dans sa richesse et dans
sa prospérité par le terrible fléau du phylloxéra.
Bien avant cette époque, il avait étudié cette grave question, sous'
tous ses aspects, et lorsqu'il se touva mêlé au mouvement d'opinion
qui avait pour but de rechercher une formule contre le mal qui mena-
çait de ruiner la viticulture de la France, son thème était fait.
Il se prononça nettement en faveur des deux seuls moyens vérita-
blement pratiques et économiques pour combattre le redoutable insecte,
savoir : la submersion et les cépages américains. Par ses conseils
bien des tentatives coûteuses et infructueuses ont été évitées à des viti-
culteurs auxquels les ressources pécuniaires ou la faible production de
leurs vignobles ne permettaient pas d'entreprendre la lutte par les
autres méthodes préconisées.
Nous n'entreprendrons pas, messieurs, de placer sous vos yeux tout
ce que Charles du Peyrat a fait dans sa carrière administrative, mal-
heureusement si courte, mais si utilement et si honorablement rem-
plie. Esclave de son devoir et de sa conscience, ses rapports étaient un
modèle de clarté et de sincérité.
Envoyé en Algérie pour y étudier l'organisation des concours régio-
naux, il fournit, sur notre grande colonie africaine, un important travail
qui a servi de cadre à tout ce qui a été fait depuis.
Ce fut lui qui organisa et présida le premier concours régional de
l'Algérie qui eut lieu à B(')ne.
Le 16 janvier 1883, Charles du Peyrat avait l'insigne bonheur de
donner son nom à une jeune femme digne à tous égards, par son
esprit et les hautes qualités de son cœur, d'embellir son foyer et de lui
assurer de longues années d'un bonheur basé sur une mutuelle et pro-
fonde affection et sur une estime réciproque.
Le soir même les jeunes époux, au mariage desquels nous avions
assisté, partaient pour l'Algérie oia une mission importante appelait
du Peyrat.
A peine arrivé sur le sol africain, un malaise chronique qui le sai-
sissait chaque fois qu'il se trouvait sous le brûlant soleil du Midi
s'empara de lui.
Cette indisposition qui avait préoccupé madame du Peyrat, comme
elle nous le disait hier tristement auprès du lit de mort de l'ami si
regretté, cessa dès le retour en France.
Sous l'impression de cette douloureuse et inquiétante pensée, que
DISCOURS PHONONCt; AUX OBSÈQUES 1)K M. C.H. UU l'EYHAT. 415
les climats chauds élaient dangereux pour son mari, madame du
Peyrat le suppliait de demander un changement de région que l'admi-
nistration lui avait d'ailleurs otTert.
Attaché aux bonnes relations qu'il avait su se faire dans sa circon-
scription et aussi par des intérêts importants qu'il s'y était créés, il
rassura sa jeune femme en lui promettant de prendreplus tard un parti
à cet effet.
Cette année, à la suite d'une longue et fatigante tournée d'inspection,
il rentrait à Beyrie dans les premiers jours du mois de juillet avec
le germe de la douloureuse et longue maladie qui l'a enlevé à l'affec-
tion des siens.
Charles du Peyrat est mort à l'âge de quarante-quatre ans dans la
plénitude de son intelligence, de sa force physique, après avoir donné
une large mesure de sa valeur, mesure trop petite toutefois, si par la
pensée on veut bien calculer ce qu'il aurait pu faire d'après ce qu'il
a fait.
La nombreuse assistance qui l'accompagne à sa dernière demeure
prouve les sympathies dont il était entouré; mais il manque encore,
ici, les innombrables amis répandus sur toute la France que l'éloi-
gnement a empêchés de venir à Beyrie lui dire un éternel adieu.
La mort de Charles du Peyrat sera un deuil pour toute l'agriculture
française.
Puisse cette bien faible et bien triste consolation adoucir dans la
limite du possible les regrets ineffaçables qui resteront au cœur de tous
les siens.
Adieu, cher et regretté ami ! Tu fus pour moi plus qu'un collabo-
rateur, tu fus un ami dévoué dans toute l'acception du mot. Dors en
paix avec toi-même, avec ta conscience, sous la terre que tu as tant
aimée. Elle te sera légère. Adieu. Lembezat,
Inspecteur général honoraire de l'agriculture
SITUATION AGRICOLE DANS LE VAR
La situation sanitaire de Toulon et de La Seyne ne saurait être plus
rassurante. Le choléra s'en va, c'est fort bien ; mais la misère des cam-
pagnes, elle, ne s'en va pas. Ce n'est pas un vain mot ici, le mot
mis^ere. S'il y avait un terme plus fort, il faudrait l'adopter. Des pro-
priétés, personne n'en veut plus ; elles n'ont aucune valeur. Je possé-
derais, à moi tout seul, tout l'arrondissement de La Seyne et de Tou-
lon, que je n'en serais pas moins pauvre comme devant!
Hier 1" septembre, il y avait à peu près six mois qu'on n'avait eu
une goutte d'eau.
L'eau, c'est le Messie, et ce Messie est venu sous forme d'une ondée
bienfaisante. Alors on respire, on est heureux; la poussière blanche
des chemins ne vous aveugle plus ; les oliviers reparaissent verts ; la
vigne sourit un peu là où elle n'est pas morte. Mais, combien de
temps cela dure-t-il ? Voilà déjà le mistral qui soufûe; il a séché le
sol dans une heure, et demain nous en serons encore au même point.
De vigne, il n'en est guère question ; on a fait son deuil des cépa-
ges indigènes; les vignes américaines font des progrès; j'ai personnel-
lement quelques parcelles de Jacquez en bon état ; mais quelle récolte
dérisoire ! Quant aux cépages greffés, ils ne se comportent pas tous
bien.
416 SITUATION AGRICOLE DANS LE VAR.
C'est de l'eau qu'il nous faudrait, voyez-vous, c'est une branche de
ce Rhône qui se perd dans la mer et qui donnerait la richesse à tout ce
Midi désolé !
Qu'attend-on pour exécuter un grand canal d'irrigation ? Le paysan
ne lutte plus, il est découragé, il laisse là sa bêche et sa houe ; il va
plus loin, dans les villes voisines, il va travailler ou se croiser les bras
dans un arse'ial ou dans une usine; il n'a plus que dégoût pour son
champ de terre, et quand on examine de près la situation, on voit
qu'il n'a pas tous les torts. Pourquoi coutinuerait-il à se ruiner, à
faire des avances au sol, lorsque ce dernier ne peut plus rien donner?
Aussi, de tous côtés, ne voit-on que ventes, expropriation, quand ce
n'est pas l'abandon complet do )a tpri-e ! l.ei ben soun de inaou : les
biens sont devenus des maux, disent nos cultivateurs. Et quand on
traverse ces champs que la pluie n'a pas arrosés depuis six mois, par
les soleils tropicaux qu'ils viennent de supporter, sans compter les
coups de vent qui, en quelques heures, calcinent la terre la plus hydra-
tée, on fait et on dit comme eux : Les biens sont des maux. Ce qui était
une source de richesse est devenu une source de dépenses et de décep-
tions.
Pour nous tirer de là, il n'y a pas raille solutions. Une seule s'im-
pose, c'est l'utilisation des eaux du Rhône et de la Durance, P'aut-il
donc que nos voisins, les Lombards et les Piémontais, nous montrent
éternellement comment on rend un pays prospère par les irrigations
bien entendues? F. Gos.
L'EFFEUILLAGE DU HOUBLON
L'utilité de l'effeuillage du houblon avant de le mettre en chaudière
est démontrée de la manière la plus complète. Il est prouvé que le
houblon employé en cônes entiers non effeuillés, retient 30 pour 100
de matières extractives que des brasseurs ont vainement essayé
d'extraire complètement par une deuxième coction, et celaau détriment
du bouquet de la bière. On a reconnu ainsi l'utilité pratique de séparer
les cônes de houblon en particules plus petites qui donnent au moût
un plus facile accès pour atteindre et dissoudre le tanin, la résine, la
lupuline que retiennent les feuilles.
En effeuillant le houblon, la brasserie peut profiter de la majeure
partie, sinon de la totalité de ces matières perdues. Le houblon
effeuillé trempe immédiatement, sans perdre d'arôme, les ouvriers ne
risquent pas de se brûler en le mouillant à la chaudière et l'ébullition
peut être moins longue.
L'opération de l'effeuillage doit cependant être faite avec précaution,
car il faut éviter de laisser échapper la poussière utile du houblon et il
importe aussi de ne pas lacérer, écraser celui-ci pendant le travail
d'effeuillaae. Plusieurs machines ont été inventées en Allemagne dans
ce but, et elles ont donné d'assez bons résultats.
M. G. Ilerbin, constructeur à Tournai (Belgique), vient de construire
également un appareil servant à effeuiller le houblon pour le mettre en
chaudière. L'appareil, représenté par la fig. 19, se compose essentiel-
lement : r d'un cylindre en fonte creux, recouvert extérieurement de
tôle-rape; 2° d'un demi-cylindre en fonte, recouvert à l'intérieur de
tôle-rape et dans lequel tourne le premier cylindre de façon que les
EFFEUILLEUSE DE HOUBLON DU SYSTÈME HERBIX.
417
deux surfaces sont très rapprochées sans se toucher. On peut du reste
régler l'écartement au moyen d'une vis. Le houblon tombe dans la
trémie à la partie supérieure de l'appareil; au fond de cette trémie un
distributeur à ailettes crochues désagrège le houblon aggloméré venant
de la balle; celui-ci tombe ensuite entre le cylindre et le contre-battant
où il est complètement effeuillé; en sortant de là, un couloir le conduit
directement dans un sac, sans que la lupuline puisse se perdre ou
s'altérer à la lumière.
Cette efïeuilleuse est fort simple et très solide. Un homme la tourne
facilement et elle peut aussi être actionnée au moteur; elle ne donne
que des cônes bien déchiquetés sans altérer aucune des propriétés les
Fig. 19. — F.ffeuiUeuse de houblon, de Herbin.
plus délicates du houblon. La lupuline se retrouve entièrement et toute
naturelle dans les débris des cônes qui passent très vivement dans
l'appareil effeuilleur.
Le poids de cet instrument est de 200 kilog. ; il occupe un empla-
cement de 1 mètre carré; sa production à bras d'homme est de 1 kilog.
par minute et sa production au moteur est de 1 kilog. i>(iO; son prix
est de 250 francs. L. de Sajidruc.
COMMERCE DU BETAIL ET DE LA VIANDE
A plusieurs reprises, nous avons fait connaître, depuis un certain
nombre d'années, le mouvement du commerce du bétail, tant à l'inté-
rieur de la France, qu'entre la France et les autres pays. Nous allons
reprendre cette revue, et nous ajouterons quelques détails sur le com-
merce du bétail en Angleterre, le pays qui consomme le plus de viande
et qui en demande le plus à Fétranger.
Pour se rendre compte du mouvement commercial, il ne suffit de
418 COMMERCE DU BÉTAIL ET DE LA VIANDE.
relever les nombres relatifs à une ou à deux années ; il faut comparer
plusieurs années successives, afin de saisir la porté des mouvements
qui se produisent. C'est pourquoi nous allons rapprocher le commerce
des trois dernières années de celui des trois années par lesquelles a
débuté la période décennale.
Voici d'abord le tableau relatif aux importations et aux exportations
des années 1874 à 187G :
Importations. Exportations.
18T4 1875 1870 187'i 1875 1876
Chevaui entiers 503 491 455 1.017 1.704 1,733
— liongres 6,145 8.451 9.026 14.008 14,3fi7 13,274
Juments ; 2.531 3.556 3.573 6.425 7.354 6.327
Poulains.... I.IU 1.450 1.695 2.256 2.562 1.882
Mules et mulets 330 411 541 12.253 14.892 11.887
Bœufs 25.482 33,544 70.694 25.349 31,149 28.153
Vaches 46,882 È0.422 60.600 24.578 36,163 3'.l.677
Taureaux 1.186 1,347 1,539 1,203 1,299 979
Bouvillons et taurillons 4,558 5.355 4.822 932 1.086 855
Génisses 3,'i31 3,097 3,182 2,534 4,015 3,792
Veaux 45.269 40. 810 50,016 21.365 24.136 18.620
Béliers, brebis et moutons 1,136,707 1,294,360 1,574.734 64,007 78,895 70,328
Porcs 81,045 78,835 129.712 173,282 127,555 103.234
Un deuxième tableau fournil les taêmeâ renseignements pour les trois
années 1881 à 1883 :
importations. . Exportations^
1881 18S2 1883 "7881 ~~" 1882 1883
Ciievaui entiers 1,811 l,00i 701 2,635 3.187 4,234
— hongres 13,709 13,928 12,848 4,836 4.S62 7,145
Juments 3,964 ^,939 2,710 2,680 3.390 3,936
Poulains 2,688 2,539 2,868 1,493 1.744 1.870
Mules et mulets 930 781 645 15,65s 10,547 18,973
Bœufs 54,133 77,612 76,423 27,531 40,819 28,335
Vaches 44,093 50,104 62^908 30.455 29.355 27.1.86
Taureaux 1,794 1,724 1,904 1,306 l,o22 754
Bouvillons et taurillons 2,953 4,278 7,277 1.064 *.,22j 377
Génisses ; 2,139 4,204 7,154 5,058 4,223 3,244
Veaux 45,230 56.573 «0.088 10.651 8,990 8.249
Béliers, brebis et moutons. .. . 1,711.964 2,15fl,016 2.277.695 31.306 30.434 24,232
porcs 167,611 99.148 74.501 41,950 50,225 79,504
La compai'aison des deux tableaux montre qu'il s'est produit, depuis
dix ans, des changements assez considérables dans le commerce des
animaux. Pour la plupart des catégories, on constate un accroissement
considérable des importations, avec des oscillations suivant les années,
et une diminution dans les exportations. Il n'y a d'exception à faire
que pour les mules et les mulets dont le commerce est toujours flo-
rissant. Examinons rapidement les mouvements pour les principales
catégories.
En ce qui concei'ne les chevaux, l'exportation nette, c'est-à-dire l'ex-
cédent des exportations sur les importations, variait de 8,000 à
13,000 têtes par an; de 1881 à 1883, l'importation nette a été de
12,000, de 7,000, puis de 2,000 têtes seulement. C'est un mouve-
ment inverse accentué.
Pour les bovidés, l'importation nette, défalcation faite des expor-
tations, a été de 51,000 têtes en 1874, de 57,000 têtes en 1875, puis
de 99,000 têtes en 1876; en 1881, elle n'était plus que 74,000 têtes;
mais elle atteint subitement 109,000 têtes en 1882 et 147j000 têtes
en 1883, C'est une progression rapide. Elle porte sur toutes les caté-
gories, principalement sur les bœufs et sur les jeunes animaux. En ce
qui concerne les bœufs, c'est surtout d'Italie et d'Algérie que vient
l'augmentation, ainsi qu'il ressort du tableau suivant qui indique les
principales pi'ovenances des bœufs importés daos les six années que
nous examinons :
COMMERCE DU BKTAII. ET DE LA VIANDE. 419
1874 187S 187G 1S8I 1882 1883
Belgique 2,335 4,li)i 3.335 5,320 3,144 3.U35
Allemagne 2,139 2,232 3,071 1,190 978 1,019
Italie 17,736 24,712 44.232 2U.678 61.503 J4.951
Etats-Unis » » > 211 » >
Algérie 1,058 l,l.'iO 18.088 14.(J0'J 18,730 16,279
Suisse 659 698 44'» » » a
Autres pays 555 557 924 6,125 3,257 1,139
25.482 33,5'i4 70,6Si 54,133 77,612 76,423
En ce qui concerne les moulons, l'importation nette a plus que
doublé depuis dix ans. Elle était de 1 million de têtes ; elle a dépassé
2 millions de têtes pendant les dernières années, et elle a été de plus de
2,300,000 tôtes en 1883. Ce n'est pas que l'importation des moutons
allemands ait beaucoup augmenté; elle reste à peu près slationnaire.
C'est d'Algérie et d'Autriche que viennent aujourd'hui les principaux
accroissements; ces deux provenances fournissent actuellement la moi-
tié de nos importations, ainsi que le montre le tableau suivant :
Iraporlalions des moutons. 1874 1875 187(i 1881 1882 1883
Allemagne 601,200 669,002 883,217 717. 020 6S3.759 700,1116
Italie 126,370 135,178 189,039 161,165 210,607 2lil,37l
Autriche • • » 226,584 594,343 585,267
Suisse 4,976 3,753 2,662 » » »
Algérie 304,080 359,182 371,3bli 438,884 486,235 559,031
Autres pays 100.021 126.64s 128.460 168.302 181,072 181.827
ÏOtaui 1,136,707 1,294.360 1,574,734 1,711,964 2,156,016 2,277,095
Les variations du commerce des porcs sont très grandes. En 1874
et 1875, l'exportation nette a été de 91,000 et de 51,000 têtes;
en 187G, il y a eu importation nette de 26,000 tètes. En 1881, l'im-
portation nette a été de 126,000 têtes; en 1882, de 49,000 tôtes; en
1883, il y a une exportation nette de 5,000 tètes. Ces variations
extrêmes proviennent surtout de la rapidité avec laquelle se fabrique la
viande de porc, et des nombreuses circonstances qui influent sur les
marchés.
Pour que l'examen comparatif soit complet, il faut se rendre compte
maintenant du mouvement du commerce des viandes abattues. Le ta-
bleau suivant résume les importations et les exportations pendant la
première période :
importations. Exportations.
^"1874 1875 1876 1874 1875 1876
kilog. kilog. kilog. kilog. kilog. kilog.
Viandes fraîches de boucherie 3.324.516 6,243.972 7,871,000 1,493,899 2,128,298 1.508,508
Viandes fraîches {gibier et vu-
laille) 2,252,478 1,773.001 1,847,200 1,863,378 2,324,144 2,096,065
Viandes salées de porc 7,842,506 3,384,798 7,885,900 2,703,974 2,151,409 2,109,300
Autres viandes salées 732,610 348.351 301,800 907,991 1,102,987 907,333
Pendant la deuxième période, de 1881 à 1883, le commerce des
viandes abattues a donné les résultats suivants (on remarquera que,
dans ce tableau, les conserves de viandes figurent pour un total assez
important; elles n'étaient pas enregistrées par la douane il y a
dix ans) :
Iiiiporlations^ Eiportationa.
isil """"^882 '" 1883~' 1881 1882 1883
Viandes fraîchestde boucherie. 5.745,149 6.045,615 6.22i.837 841,958 919,540 1,084,216
— (gibier et vo-
laille) 3,325,359 3,851.505 3.484,237 2,640,978 2,881.078 2,511,991
Viandes salées de porc 19,716,231 3.244,533 3,27i,966 1,950,856 1.484,604 2,011,383
— autres 4,140,294 470,374 225, i08 578,790 508,288 445,662
Conserves de viandes 2,774,833 5,194,676 4,054,434 246,620 552,261 686,143
Les changements dans le mouvement du commerce sont loin d'être
aussi considérables que pour les animaux sur pied.. Il n'y a à signaler
420 COMMERCE DU BETAIL ET DE LA VIANDE.
qu'une augmentation assez considérable clans les importations de viande
de gibier et de volaille^ et une diminution très notable dans celles de
viande de porc; ce dernier fait résulte de la prohibition des viandes de
porc d'Amérique, édictée à la fin de 1881.
Il est intéressant de rechercher si les changements apportés en 1880
au tarif général des douanes ont exercé quelque influence sur le com-
merce du bétail. A cette date, les tarifs ont été élevés de 3 fr. 60 à
1 5 fr. par tête de bœuf, de 3 fr. 74 et 1 fr. 25 à 8 fr. par tète de taureau
ou de vache, de 1 fr. 25 à 5 fr. pour les taurillons et les génisses, de
0 fr. 30 à 1 fr. 50 pour les veaux, de 0 fr. 30 à 2 fr. par tête de mouton,
de 0 fr. 12 à 0 fr. 50 par tète d'agneau, de 0 fr. 30 à 3 fr. par tète de
porc. Pour la plupart des catégories^ ils ont été plus que triplés; pour
quelques-unes, ils ont été presque décuplés. Cependant, sous l'influence
de ces augmentations considérables, les importations n'ont pas dimi-
nué, elles ont continué à s'accroître dans les proportions que nous avons
montrées. On estdoncobligé de conclureque les aggravations des tarifs
n'ontexercé aucune influence sur le mouvement du commerce du bétail.
C'est un fait incontestable; et il est permis d'exprimer des doutes sur
l'efficacilé réelle de la nouvelle élévation des tarifs dédouane, actuelle-
ment proposée. Nous ne prétendons pas nous opposer à une nouvelleexpé-
rience; mais le passé est là pour montrer qu'elle serait absolument im-
puissante à enrayer le mouvement des importations. Pour être réelle-
ment efficaces sous ce rapport, les tarifs devraient atteindre au moins
20 pour 100 de la valeur des animaux; ceux que propose le ministre
de l'agriculture soat loin de s'élever à cette proportion. En entrant
dans la voie actuellement proposée, on donnerait à l'agricilture une
satisfaction absolument illusoire, et lorsqu'elle fera entendre de nou-
velles plaintes, on lui répondra par une fin de noa-recevoir.
Pour achever l'exposé de la situation, il faut rechercher si l'augmen-
tation (les tarifs de douane a exercé quelque influence sur le prix du
bétail. Prenons, comme ternies de comparaison, le prix de la viande
sur pied au marché de la Villette, tel qu'il ressort des mercuriales
olficielles. A la fin du mois d'août des dix dernières années, de 1874 à
1883, on cotait par kilog. de viande nette :
1874 lS7b 1876 1877 1878 1879 1880 1881 1882 1883
Bœuf.- 1.5(j 1.56 1.55 1.67 1 60 1.54 1.39 1.37 I.5I 1 6»
Taureau 1.30 1.34 1.33 1.4ij 1.40 1.34 1.27 1.22 1.42 157
Vache..- I.li 1.22 1.25 1.48 1.36 1.38 1.16 1.11 1 35 1.51
Veau 1.70 1.75 1.70 1.96 1.89 1.70 1.65 1 80 1.71 1.83
Mouton . i.6b l.»5 1.70 1.77 1.76 1.70 1.84 1.69 1.99 1.93
Porc t. 56 1.50 1.70 1.76 1.(3 1.52 1.60 1.53 1 . 59 1.57
Prix moyens 1.47 1.54 1.51 l.bs 1.57 1.52 1.45 «.48 1.59 1.68
Il faut ajouter que, en 1884, les pri\ ont un peu baissé, princi-
palement pour le mouton et pour le porc; mais ils sont encore, sauf
pour le porc, supérieurs aux taux de l'année 1881 . Le prix de la viande
sur pied n'a donc pas subi, du fait de l'accroissement des importations,
de dépréciation réelle; au contraire, la marche générale est toujours à la
hausse, avec quelques oscillations dues principalement aux variations
inévitables des récoltes fourragères. Les prix auraient monté bien plus
vite si des tarifs prohibitifs avaient enrayé l'importation ; mais, pour
obtenir ce résultat, il faudrait, comme nous l'avons démontré, établir
des tarifs bien autrement élevés que ceux qui sont proposés.
Il est intéressant de rapprocher des renseignements précédents
ceux que nous avons recueillis sur le commerce du bétail en Angle-
COMMERCE DU BKTAIL ET DE LA VIANDE. 421
terre. Voici le relevé des importations pendant les deux dernières
années :
188} 1883
f Pays d'Europe 261,067 262,455
\ lies ant.'laiscs '2,628 2,570
Bûtes bovines.. \ Irlande 782,274 555,867
/ Canada 37,:)71 53,177
V Etats-Unis 47,686 154,631
[ Pays d'Europe 996,553 929,944
„., .„ 'Irlande 558,404 46U,729
''«"^5°""^= /Canada 68,873 94^29
V Etats-Unis 58,922 89,286
„., „„ „■ „ ( Pays d'Europe 15,657 38,723
Betes porcines... J j^,'^^jj^___l .^^.,'^^^,. ^gj^Q,^
Ce qui ressort surtout de ce tableau, c'est Taccroisseinent des im-
portations du bétail vivant amené des Etats-Unis et du Canada. Un sec-
vice à peu près régulier de navires spécialement aménagés pour le
transport, fonctionne actuellement entre les ports américains et les
ports anglais de Barrow, Bristol, Glasgow, Cardiff, Hull, Liverpool,
Londres, Newcastle, Southamptoa ; 192 cargaisons venant du Canada
et 536 des Etats-Unis y ont été débarquées en 1883. Le mouvement
continue : pendant les six. premiers mois de 1884. on a importé en
Angleterre 13,849 bœufs, 346 vacbes. 2 veaux et 1,165 moutons du
Canada ; 81,016 bœufs, 272 vaches, 3 veaux et 20,704 moutons des
Etats-Unis. La différence du prix de la viande, en France et en Angle-
terre, est heureusement la cause qui s'oppose jusqu'ici à l'organisa-
tion d'un commerce semblable entre l'Amérique et nos ports.
Henry S.\gnier.
L'EXPOSITION INTERNATIONALE AGRICOLE
D'AMSTERDAM EN 1884.
L'exposition internationale d'agriculture organisée, à Amsterdam, par les So-
ciétés agricoles des Pays-Bas, et placée sous le patronage de S. M. le Roi de
Hollande, a été inaugurée avec éclat, le 26 août lb84, par le ministre des travaux
publics de Hollande, assisté du Comité e.xécutif de l'exposition et des membres
des différents jurys.
Fait rare dans les annales des expositions universelles, tout était en place au
jour fixé pour l'ouverture et les visiteurs, venus en grand nombre de toutes les
parties de la Hollande et de l'étranger, ont pu apprécier immédiatement les ani-
maux, les instruments et les produits exposés.
Il importe tout d'abord de remercier les membres du Comité exécutif, sans
exception aucune, de l'empressement au'ds ont mis à aplanir les difficultés qui
ont pu se présenter et du dévouement qu'ils ont apporté dans l'accomplissement
de la mission qui leur avait été confiée. MM. Sickcsz, président ; Van der Onder-
meulen, vice-président, et WaMeck, secrétaire-trésorier, ont tout particulièrement
droit à la reconnaissance des Français qui ont pris part à l'exposition.
Le gouvernement français auquel les Chambres avaient accordé un crédit de
80,000 fr. pour assurer la participation de nos nationaux à ce concours interna-
tional, avait institué, sous la présidence de M. Méline, mini-trc de l'agriculture,
une Commission d'organisation dont la composition a paru dans le Journal.
Un Comité d'admission et d'exécution, présidé par M. Récipon, député, le sym-
pathique président de la Société nationale d'encouragement à l'agriculture, avait
été chargé de prendre les mesures nécessaires pour assurer à la France la repré-
sentation la plus forte possible. Malgré l'époque tardive à laquelle les crédits ont
été mis à la disposition du ministre de l'agriculture, les agriculteurs et les con-
structeurs français ont répondu avec empressement à l'appel qui leur avait été
adressé.
L'exposition de la section française venait comme importance immédiatement
après celle de la Hollande.
M. le comte de Saint-toix, consul général de Fracce à Amsterdam, commis-
422 EXPOSITION INTERNATIONALE AGRICOLE D'AMSTERDAM EN 1884.
saire général de la Section française, s'est montré pleinement à la hauteur de la
mission qui lui avait été confiée. En possession de restime et de la confiance des
notabilités de la grande cité hollandaise, il a pu assurer à nos exposants toutes les
satisfactions possibles; c'est grâce à son énergie, à sa ténacité que la France a
pu obtenir, dans l'exposition, remplacement auquel lui donnait droit l'impor-
tance des déclarations adressées par ses nationaux au Comité de l'exposHiin.
M. le comte de Saint-Foix était secondé par MM. de Cambefort, secrétaire du
commissariat général. xVubert, chancelier du consulat ; H. Mesnier, ancien élève
de l'Ecole d'agriculture de la Saulsaie, et Marsais, rédacteur au ministère de l'a-
griculture, secrétaire du Comité français d'admission.
Le gouvernement français avait envoyé dans les eaux d'Amsterdam la corvette
le Coligny, commandée par le capitaine de frégate Hamelin. La présence de l'é-
quipage de ce bâtiment a permis au commissaiiat français d'achever l'organisa-'
tion de l'exposition de quelques-uns de nos agriculteurs dont les produits sont
arrivés bien tardivement.
Nos Compagnies de chemins de fer ont mis une certaine négligence dans
l'expédition des trains de bestiaux et de marchandises. Peu soucieuses des inté-
rêts français, elles ont gardé en gare ou expédié par trains trop peu rapides, mal-
gré les promesses formelles faites au ministre de l'agriculture, les produits desti-
nés à l'exposition ; certains animaux ne sont pas restés moins de huit jours en
route : ils se sont donc présentés devant le jury dans des conditions marquées
d'infériorité. — Certains produits, entre autres un panier do beurre venant de
l'Eure, sont restés plus de douze jours en route, bien qu'expédiés en grande vi-
tesse et ne sont arrivés qu'après le passage du jury. Nous savons que ces expé-
ditions sont peu productives pour les Compagnies, mais leur patrioiisme eût dû
leur inspirer le devoir ou de se refuser à toute concession de tarif ou d'activer les
transports.
Malgré ces retards, la France comme toujours a montré que ses animaux, ses
instruments et ses produits pouvaient supporter lu comparaison avec les produits
similaires étrangers et une fois de plus, à Amsterdam, cette comparaison a été,
le plus souvent, à son avantage.
]\I. Môline, ministre de l'agriculture, accompagné de MM. Tisserand, conseiller
d'état, directeur de l'agriculture, et de Gormetle, directeur des haras, a honoré
l'exposition de sa présence; il a assisté à la distribution des récompenses qui a eu
lieu le l'' septembre.
Le Jury, présidé par M. Bauduin, comptait dans son sein un grand nombre de
Français, parmi lesquels MM. Récipon et Henry, députés. Barrai, de Lagorsse,
Morière, Philippar, Lavalard, Cossigny, Laverrière, Dubar, Muret, Boutfet,
Desprez, Nouette-Delorme, Boutet père, Basset, Teisserenc de Bort, Cornut,
Gâtellier, Ricard, Graton et Mangin.
Le concours avait des proportions considérables. Le vaste espace qui lui avait
été réservé derrière l'imposante façade du Rijk's Muséum, non encore inauguré,
avait une superficie de 24 hectares.
L'entrée principale de l'exposition était surmontée d'un arc de triomphe pour
la construction duquel le bois, la toile et le feuillage avaient été employés. Un
fronton en plein cintre, peint par M. Heemskert van Beest, représentait des
navires traversant à pleines voiles, une mer favorable ; au-dessus, ces deux mots :
Onze Baanbrekcrs (nos pionniers) ; de chaque côté, deux panneaux représentant, à
'-'■oite un taureau, à gauche un cheval.
choses lîTeemskert van Beest est un ancien officier de marine qui sait donner aux
paysans ne-- véritable aspect et ce n'est pas sans un sentiment d'orgueil que les
foule sous 1 ai-iandais, accourus pour visiter l'exposition agricole, ont passé en
Plusieurs consaingi consacré à la glorification des forces vives de leur pays,
universelle de 1 an^uctions restées sans emploi depuis la fermeture de l'exposition
bonheur pour les be.5ée dernière ont été utilisées avec autant d'intelligence que de
Le pavillon maures-^ins du concours actuel,
était consacré à lexposi.ug^ situé à gauche de l'entrée' principale et qui, en 1883,
coles, aux produits de laijoii coloniale, était réservé, celte année, aux produits agri-
animaux. terie, à l'enseignement agricole et à la protection des
Le pavillon de la ville d'A
duin, président du Jury, a oif^gterdam renfermait le musée agricole que i\L Bau-
plus généreux sacrifices. ^janigé au prix des plus longues recherches et des
EXPOSITION INTEHNATIONALK AGltlCOLE D AMSTERDAM EN 188'». 423
Les machine» se trouvaient inijtaliétis buiik les tuntea, à droite et à gaucho de
l'entrée principale; les machines en action attiraient surtout l'attention des
visiteur».
Lr;K chevaux étaient exposés dans des baraquements analogues à ceux adoptés
par h Hociété rojale d'aj^riculture d'Angleterre, pour ses concours. Dix-sept
pavillons abritant 416 animaux étaient lésorvés à cette section de l'exposition.
Les animaux de l'espèce bovine parqués dans 37 tentes étahhus perpendiculai-
rement à celles réservées aux chevaux étaient au nombre déplus de 1150.
L'n ring établi à proximité des écuries et des étables permettait de présenter
cliacjuo jour au public les animaux primés.
Les stalles réservées aux espèces ovine et porcine étaient installées parallèle-
ment à celles destinées aux animaux do l'esjièce hovine. — On comptait .'Jl'J ani-
maux de l'espèce ovine et 125 de l'espèce porcine.
Les produits apicoles avaient un pavillon spécial placé en avant du pavillon de
la ville d'Amsterdam.
Des installations particulières réservées au modèle de lu ferme de M. Van der
Onderraeulen, à la Iromagerie hollandaise et à l'exposition particulière de M. Bau-
duin, complétaient les bàiiment» de l'exposition.
Ayant lait connaître rapidement l'installation et l'agencement de l'exposition,
passons à l'examen des animaux, des instruments et des produits exposés.
Dans l'espèce chevaline, les chevaux hollandais présentés étaient au nombre da
185. — Le cheval zélandais, d'après le dire de j\L Oerlach, membre du Comité exé-
cutil, est un type assez remarquable qui se rapproche beaucoup des gros chevaux
de brasseurs que l'on voit dans la Flandre et les environs do Liège. La couleur do
sa robe varie, mais la plus appréciée est l'isabelle clair et doré, avec une raie
lauve ou noire sur le dos. Ce cheval est de bonne taille et trapu. Il a' la tête
grande, le poitrail très large, les jambes épaisses et fortes, les pieds plats. Il ne
se prête guère à une allure rapide et gracieuse, mais il est excellent pour le labou-
rage et capable de transporter de lourds iardeaux.
(Juant aux chevaux de la Frise et de Grroningue, on doit leur reprocher d'ôtre
trop ensellés, de manquer d'énergie et d'avoir de mauvais pieds, ce f[ui provient
évidemment de l'humidité persistante des pâturages sur lesquels sont élevés ces
animaux.
Les races anglaises n'étaient représentées que par quatre étalons de Clydesdale,
du Lancashire, du Somerset et au Gambridgeshire ; 6 juments seulement étaient
présentées. Les animaux exposés par 1\L Keevil et par la Stand Stud G", de Man-
chester, ont remporté tous les prix réservés à celte catégorie du programme.
Dans la race de Norfolk, le 2" prix a été remporté par un de nos éleveurs les
plus distingués, M. Modeste Berquet, d'Any-Martin-Rieux (Aisnej. — L'animal
présenté par lui, était bien supérieur au n" 197, qui a obtenu cependant le
l'' prix; il faut ajouter, il est vrai, que le Cercle agricole et horticole du grand
ductié de Luxembourg présentait ce dernier comme un don du roi de Hollande !
Les chevaux belges et ardonnais exposés ne présentaient rien de particulier.
— On doit toujours reprocher aux chevaux ardennais d'avoir été croisés ; ce croi-
sement leur a ôlé leur qualité principale, une grande résistance à la fatigue, ce
qui explique pourquoi nos attelage» d'artillerie sont empruntés de moins on
moins à celle partie du territoire. Quant aux chevaux fran(;ais, ils ont excité
l'admiration des connaisseurs ; l'étalon percheron de M. Dupont, du (Merlerault
(Qrnei et le boulonnais de M. Modeste Benjuet, ainsi que l'étalon breton-nor-
mand, de M. Gharlier, de Passesse (Marne), ont remporté les trois prix réservés à
cette catégorie.
Parmi les juments de trait, celle de MM. Moreau Irères, de Feignies (Nord),
était tout à fait remarquable. A signaler, aussi, l'étalon etla jument, de race niver-
naise, présentés par M. Closlre, qui ont obtenu une médaille d'argent du Comité.
Les étalons de demi-sang, de MM. Pierre et Lcdars, et les juments de M. Hur-
vieu, ont enlevé, haut la main, les premiers prix. — Dans les races diverses, le
!"■ prix a été également obte.iu par un Français, M. Lehon, de Sebourg (Nord).
Les animaux de l'espèce bovine présentés, appartenaient ])0ur la plus forte part
aux races locales (de Frise, de Groningue, de la Hollande septentrionale, de la
Zélande).
La race bovine hollandaise était bien représentée. Nous citerom le taureau
n" 546, appartenant à l'école d'agriculture de WageningeQ qui a obtenu I9 2' prix
de sa catégorie.
424 EXPOSITION INTERNATIONALE AGRICOLE D'AMSTERDAiM EN 1884.
Ses formes étaient absolument correctes, il rappelait les durhams de nos
concours par sa table absolument plane, sa croupe coupée droit et les flancs
droits; la peau était fine, l'animal bien engraisse.
Les animaux de la Zélande, catégorie dans laquelle M. Tiers, de Roubaix, a
remporté un 2' prix, étaient moins parfaits de formes. Gela tient, parait-il, à ce
que ces animaux ont presque tous été croisés avec les races de (jroningue et
de Frise.
On a surtout remarqué le succès remporté sur les Anglais dans la section des
durhams. — Deux animaux seulement étaient présentés par des éleveurs français,
un taureau, Naxos, n" 13,905 du Herd-Book, appartenant à M. Boyenval et une
vaclie. Trophée (10'" vol. p. 607), exposée par M. Basire. Le taureau de
M. Boyenval, parfait de forme, fut classé premier par le jury de sa catégorie,
mais les jurés anglais faisant partie de cette classe ayant trouvé mauvais que les
animaux présentés par le prince de Galles ne fussent pas classés en tète dé la liste
des prix, soulevèrent une difficulté : ils prétendirent que Naxos avait une tache
indélébile, une marque noire au nez. Les pièces authentiques établissant la généa-
logie exacte de Naxos furent produites; la bâtardise n'existait donc pas. — Les
jurés français devant cette réclamation restèrent sérieux, s'abstinrent de dire que
cette tache pouvait bien être un grain de beauté et finalement par 27 voix contre
3, le jury général de la Section maintint à Naxos le 1'"' prix qui lui avait été
décerné.
Nos races laitières indigènes : normande, flamande, bretonne, étaient bien
représentées; les animaux présentés par M. Céran-Maillard, de Turqueville, ont
remporté 4 prix ; les bretons de M. Henrat en ont obtenu trois. • — ■ M. Nicolas,
d'Arcy-en-Brie, présentait 1 taureau et 17 vaches ou génisses de race normande;
l'ensemble de son exposition lui a valu une médaille d'or qui lui a été accordée
par le Comité. — Dans la race flamande, citons la collection présentée par
M. le vicomte Marcotte de Noyelles et qui a valu à cet exposant le l'' prix de
cette catégorie.
L'Allemagne présentait une collection magnifique de la race d'Oldenbourg ;
hauts sur pattes, bien musclés, ces animaux au pelage noir et blanc ont fait l'admi-
ration des visiteurs. — Parmi les races de montagnes, M. Pestalozzi,
d'Altmorschen, présentait 2 taureaux et 8 vaches qui ont remporté les 5 prix
prévus au programme.
La race schwitz n'était représentée que par 27 animaux, la France en comptait
3, présentés par MM. Broquet, de Void (Meuse), pour lesquels elle a obtenu
trois prix.
Cinq attelages de bœufs de trait seulement étaient exposés: trois limousins,
un vendéen et un allemand. Comme toujours les limousins l'ont emporté ; le pre-
mier prix a été décerné à M. Parry ; le 2*', à M. Duquénel. Les connaisseurs
intervertissaient l'ordre des récompenses et accordaient à M. Duquénel le l'"' prix ;
mais les membres du jury (Hollandais pour la plupart) se sont laissés frapper
par la haute croupe des animaux de M. Parry.
A l'arrivée de ces animaux à Amsterdam, l'émoi avait été grand, la population
n'avait jamais vu de bœufs attelés ; aussi le succès a-t-il été complet, lorsque deux
attelages appartenant à M. Duquénel ont été mis au joug après un chariot et ont
défilé dans le ring, devant la tribune.
Le concours spécial de vaches laitières, appréciées au point de vue de la quan-
tité du lait produit, comptait 60 vaches ; le 1" prix a été remporté par M. Bosma,
de Acht Karspelen (Friesland) pour une vache de la Frise nommée Seeske
et née en mai 1874.
39 vaches se disputaient le prix réservé à la vache donnant le meilleur lait et en
fournissant au moins 18 litres par jour; le prix a été remporté par M. Jon-
gejan Poscli, de Westwoud (Noord-Holland), pour une vache de la Frise, née
en 1880.
L'exposition bovine était, comme on le voit par ces quelques chiffres, très
importante.
L'espèce ovine, à part les races anglaises et les races mérinos, était mal
représentée. — Les variétés locales (race du Texel, de Frise, de Drentlie, du
Gueldre et croisements avec les races indigènes) étaient en nombre minime;
cependant la Zélande possède un grand nombre de bêtes à laine; de Rosendaal
à Amsterdam, en passant soit par Utrecht et Broda, soit par Rotterdam, la Haye
et Harlem, on aperçoit dans les pâturages un grand nombre de moutons;
EXPOSITION INTERNATIONALK AGRICOLE D'AMSTERDAM EN 1884. 423
mais ces moutons livrés à la boucherie dès l'âge de 8 mois, sont envoyés à
Londres; le mouton vendu à Amsterdam est essentiellement mauvais; il ne peut
entrer dans la consommation.
La race ovine néerlandaise a cependant été considérablemeat améliorée et en
quelque sorte régénérée par un croisement soutenu avec la race de Leicester
(Dishley). — C'est M. Iman van des Bosch, de Wilhelmnadorp, qui, par un
croisement continu, a obtenu, en Zélande, une race locale qui se distingue par
des qualités exceptionnelles.
Les Dishley exposés par M.Turner, de Thorplands (Angleierre), ont enlevé tous
les prix réservés à cette section. M. Béglet, de Trappes, a seul trouvé grâce
devant le Jury,- il a obtenu un 2'' prix pour ses brebis.
Quand aux animaux de race squthdown, présentés par S. A. 1\. le prince de
Galles et par Lord Walsingham, du Norfolk, ils étaient doués d'une conformation
admirable. — M. Nouette-lJelorme, 1 un de nos éleveurs les plus distingués de
Southdown, membre de la société nationale d'agriculture de France, a trouvé les
animaux présentés par Lord Walsingham, tellement supérieurs, qu'il a cru utile
d'en acheter deux pour son troupeau.
Quelques Gotswold, Lincoln, et Shropshire avaient été présentés.
iJans la race mérinos, les Français seuls et M. Raedts de "Venraai (Limbourg),
exposaient.
MM. Gilbert (Victor] et Gonseil-Triboulet ont remporté tous les prix réservés
à cette catégorie. — La bergerie nationale de Rambouillet qui présentait hors
concours quatre béliers et 8 brebis a obtenu un prix d'honneur pour l'ensemble
de son exposition.
M. Lefebvre (E nile), de Saint-Florent (Loiret), a obtenu des seconds prix, dans
les races de tous pays, pour ses animaux de race solognote.
Les exposants français de l'espèce porcine avaient envoyé des animaux inlérieurs ;
nos races indigènes (craonnaise, normande, etc.) étaient mal représentées; la truie
n" 1706, présentée par M. Persac, de Gennes (Maine-et-Loire) a défavorablement
impressionné le Jury et nous a enlevé 2 prix au moins dans cette section du
programme.
Les truies de race sussex et berkshire présentées par M. Duthu, ont obtenu
une mention honorable; M. Camille Broquet a obtenu la même récompense pour
un verrat yorkshire croisé.
La section des beurres et des -fromages, installée dans le pavillon mauresque
situé à gauche de l'entrée principale, présentait un aspect tout à fait particulier.
M. Nicolas, d'Arcy en Brie, avait obtenu de faire déguster gratuitement aux visi-
teurs le lait des vaches envoyées par lui à l'exposition. Offert par une jeune
normande, en costume national, ce lait était accepté avec plaisir par les visiteurs et
cette partie de l'exposition n'a pas été une des moins fréquentées.
Le programme du concours n'admettait que les beurres frais, salés légère-
ment. Cependant, la Société d'agriculture de Bayeux avait envoyé 4 mottes de
beurre frais qui ont trouvé grâce devant le jury qui lui a accordé un 1'"'' prix, à
cause des démarches de M. Morière, et grâce aussi à l'excellence des produits
exposés. Le procès-verbal du jury a été reproduit dans le Journal du 6 sep-
tembre, il est donc inutile de revenir sur ce point.
Nos fromages n'étaient représentés que par 3 exposants : MM. Langlois, Che-
vallier et Dedron. — M. Langlois a obtenu un l'"' prix pour sa collection de fro-
mages français; M. Chevallier a eu un prix supplémentaire pour ses livarots;
M. Dedron une médaille de bronze pour ses fromages de Gruyère.
Les fromages de Hollande exposés étaient en grand nombre. Rouges, jaunes,
blondes, toutes ces tètes de mort fatiguaient la vue, et les fromages destinés à
l'exportation trouvaient seuls grâce devant le public.
Quelques chesters, des fromages du Canada, de Norwège complétaient cette
partie de l'exposition.
Les machines agricoles étaient largement représentées à l'exposition d'Ams-
terdam.
MM. Piiter, Rilter, Albaret et Marot ont soutenu l'honneur français en pré-
sentant leurs appareils perfectionnés qui ont obtenu les plus hautes récom-
penses.
M. Albaret a obtenu une médaille d'or pour sa machine à battre à vapeur
ex xquo avec la maison Ransomes, d'Ipswich ^Angleterre) ; et encore la décision
du jury pourrait-elle être attaquée, puisque, après trois épreuves successives, le
4SS EXPOSITIlW UJTEKNATIONALB AGRICOLK D'AMSTERDAM EX 1584.
dynamomètre a été appelé à trancher la question: ce djuamomètre qui avait été
roBçireit par M. Hartig, professeur à l'école polrte^hnique de Dresde, a mal
foncdc-Eê: il a afcnsé pour la mise en maicne de la machine présentée par
M. Aibaret, use force de It cheTaur. alors que la force nominale de la machine
aJimigitant la batteuse était is 5 chevaux. — Avec de pareils instruments, on
inry n« peut se pfononcer en eonnaîssance de cause et il est étrange que des
hommes eorapêtents aient a.lmb pour baser leur jugement, les indications four-
nies par un ajnamomètre qui avait si mai fonctionné. — Dans la même section,
M. Merlin, de Tierzon, a obtenu nne médaille d'argent. Les trieurs présentés
par MM. Marot et fila de Niort ^Deus-Sèrres- ont obtenu un succès bien jus-
tifié; un 1" prix leur a été accordé par le jurv qui a classé au î^ rans les trieurs
de MM. Mava' et Ge. de Keuien (Prusse). ' -
Dbbb k catégorie des presses à fourrages M. Albaret, a remporté le I* prii ;
un jHTX spédal a été créé pour M. Mter, pour sa presse à fourrages à bottes
cjUsdriqnes.
La maison Albaret a obtenu également un I" pris pour sa locomobile de cinq
chevaux, à chaudière tabulaire, une médaille d argent pour son hache-maïs à
fiirce centrifuge et son eoupe-rannes avec élévateur.
Dn l" prix a été accordé à M. Ritter. de Paris, pour son moulin à renî, et
une médaille d'argent pour sa collection de pompes. M. Lïclère, de Rouen, a vu
le Comité esécntff lui décerner une médaille d'or pour ses semoirs, bien que le
jurj chargé d'examiner ces iusinunents ait fonctionné au printemps dernier.
Cent quatre-^ângt -douze exposants se présentèrent dans la Section de renseigne-
ment agricole.
Le ministère de Fagricnlture de France erposaît un ensemble de travaus, de
publications agricoles. — Le jury n'a pas voulu paraître négliger cette exposition si
importante etsi intéressante, et un prix d'honneur hors concours; lui a été décerné.
L'exposition eoUectire des instituteurs du département du Nord attirait i' atten-
tion du jury à des titres nombreux. — Travairs; de maîtres, travaux d'élèves,
reliefs, cartes, coUeetions d'oiseaux, d'insectes, herbiers, étaient préeentés avec
art. Organisée par ;>DI. Bertrand, inspecteur primaire à Lille, Gumbault et
Ganoot, instituteurs, cette exposition était un des grands attraits de Fesposition.
M. Michelsin, directeur de l'école d'agriculture de !Mildesheim (Hanovre', membre
du jury de cette section, dès ia première tournée du jury, s'est arrêté devant l'ex-
poâticm des instituteurs du Nord et s'est brusquement découvert, en disant à ses
collègues français : ^ ^Messieurs, c'est superbe. i> Les instituteurs du Nord ont
obtenu, et c'est justice, un prix d'honneur bien mérité.
La maison Hachette a obtenu deux premiers prix pour ses publications spé-
ciales et ses cartes et planches agricoles. — M3Î. Yilmorin-Anorieui se sont vu
décerner un premier prix pour leurs adas de plantes agricoles.
la. Hollande n'a point été oubliée : c'est par une médaille d'or que le jury a
récompensé M. Banduin, créateur du musée agricole d'Amsterdam ; l'école d'a-
griculture de Wageningen, et M.Mulder, rédacteur du Courrier agricole d'Am-
sterdam.
M. Charles Baltet, de Troyes, a obtenu un prix pour ses publications agricoles
et horticoles : MM. Lezé et Le Saear ont obtenu des médailles d'argent, ainsi que
MM. Nicolas et Ghandora.
Peu de chose à dire de la Section apicole. — Beaucoup de manquants, parmi
lesquels la Société d'apiculture de la Somme. — Deux exposants français seule-
ment. M. Bertrand, de Boflon fCôte-d'Ori, a obtenu le l'' prix pour les miels et le
2* potir les cires.
Dans la Section des produits agricoles, la France a obtenu le l" rang.
Le programme portait : 10 prix d'honneur, sur lesquels les exposants français
en ont remporté 8.
Parmi les producteurs, les prix d'honneur ont été remportés par MM. Mayeui,
de Villejuif : Dantu-Dambricourt. à Steene Nord" : Desprez, à Cappella, pour
l'ensemble de leur exposition de produits végétaux.
Parmi les marchands, MM. Yilmorin-Andrieux, Forgent ont obtenu des prix
d'honneur pour leurs collections de céréales ; Maizier, pour ses collections de lin
et de chanvre travaillé.
La Société des agriculteurs du Nord a obtenu un prix d'honneur pour l'ensemble
de son exposition collective et le Comice agricole de Chàteau-Oontier, une médaille
de bronze.
EXPOSITION INTERNATIONALE AGRICOLE D'AMSTERDAM EN 1884. 427
Parmi les marchands, on remarquait également les expositions de M. Carter,
pour l'Angleterre, et Van der Bosch, pour la Hollande.
En résumé, le succès de la France, à l'exposition internationale agricole
d'Amsterdam a été complet; nos nationaux ont obtenu les récompenses
suivantes :
Bâ;ampenses obtenu»? r
Nombre Prix Mentions et prit
Sections. d'exposants, d'hooneur. 1" pru. T prix. 3' pri.x. sapplémeot.
B^pèce chevaline ;.. 13 » â j » 4
— bovine ib = 10 10 -i ii
— oviiie 7 I 3 6 • »
— porcine 7 » » » » ;t
Beurres et fromager. ... 7 » 1 - • i
Machines agricoles 12 -7 8 - >
Enseignement agricole. . 20 2 :S 1 » 8
Miels et cires 2 > 1 1 - ■
Produits agricoles 31 8 .S l> I |0
ToUux 124 a 35 3ô 4 41 _
^ 12.f ~ ^
La France représentée par 124 exposants a remporté 126 prix, dont 11 prix
d'honneur!
Nous pouvons donc affirmer une fois de plus que malgré les difficultés d'une
organisation précipitée, commencée à la dernière heure : malgré le chiffre minime
de la subvention mise par les Chambres à la disposition du ministre de l'agri-
culture, le patriotisme de nos exposants a su prouver aux étrangers qu'en agricul-
ture, nos animaux, nos produits et nos machines pouvaient hardiment lutter contre
leurs produits similaires. Georges Mars.us.
CONCOURS DE LA SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE
d'ille-et-vilal\e.
Le concours de la Société d'agriculture du département d'IUe-et-
Vilaine a eu lieu cette année à Saint-Jacques, commune habilement
dirigée par un maire qui a compris depuis longtemps que le progrès
en agriculture est en raison directe des facilités de communication et
fait même aujourd hui, à la dernière zone de ses chemins, 1 applica-
tion de la loi du '20 août 1881, tandis que la plupart des communes
n'ont pas terminé leur réseau vicinal. Cette loi, du reste, qui pouvait
avoir de si heureux, effets, contient des dispositions à peu près im-
possibles à réaliser, notamment en ce qui concerne la majorité exi-
gée pour les syndicats.
La formation de la Société d'agriculture d'Ille-et- Vilaine a précédé
celle de la Société nationale de Paris; elle remonte ainsi à plus d'un
siècle. Favorisée par les Etats de la province qui administrait alors ses
intérêts, elle compte parmi ses fondateurs le célèbre adversaire de
l'ordre des jésuites, M. de la Chalotiis, M. de Lorgeril, etc., etc. Pri-
vée aujourd'hui des allocations du département et du gouvernement,
elle n'en reste que plus chère, comme l'association bretonne, au.v
membres qui en font partie.
Les animaux, au concours de Saint-Jacques, attestaient des qualités
laitières, mais le progrès obtenu dans les vaches de la race ou sous-
race rennaise devait être attribué au croisement. Ce n'est pas qu'il ne s'y
trouvât anciennement de bonnes vaches laitières ; mais elles étaient
mal bâties avec une poitrine étroite, un large flanc et souvent un
ventre démesuré; lorsqu'elles étaient hors de service, pour une
cause ou pour une autre, on ne les engraissait que très diflicilement
et avec beaucoup de nourriture.
428 r.OXCODRS DE LA SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE D ILLE ET- VILAINE.
Ed 1S54, l'Etat s'empara définitivement des concours et partagea
la France en régions, en définitive plus administratives qu'agricoles;
mais en 187'2, 5l. L. de Kerjégu, appuyé du reste par le Journal de
ragricuUure. sollicita la formation, dans le concours de la région,
d'une catégorie de durhams-bretons, en vue surtout de l'amélioration
de la population bovine mélangée des départements d'IUe-et- Vilaine,
des Côtes-du-Xord et même du Finistère, où la taille des animaux
s'élevait progressivement et presque à vue d'œilavec l'amélioration de
la ration fourragère.
Quelques vaches exposées à Saint-Jacques provenaient des vaches
d'Avr. importées en assez grand nombre, il y a vingt ans. On a cru
depuis devoir les croiser avec les durhamsen vue même de l'améliora-
tion de la qualité du lait.
La société agricole des Trois-Croix habilement dirigée par M. Costy,
ainsique le svmpathique constructeur de Redon, M. Garnier, exposaient
leurs excellents instruments. M. Victor Chappellier, d'Ernée, exposait
ses barattes thermométriques qui gagnent de plus en plus dans nos
pays, ainsique son très bon pressoir. M. Crouazet, également d'Ernée,
exposait ses colliers et harnais brevetés, qui présentent les plus ingé-
nieuses dispositions.
La prime d'honneur est revenue à un habile fermier, M. Denys, maire
de Noval-sur- Sèche et ancien élève des Trois-Croix.
M. de Lorgeril a prononcé un discours qu'on peut diviser en deux
parties.
En présence du découragement de la culture et des prix du blé qui
ne peut paver ni travail, ni fermage, ni intérêts quelconques, il fait
appel à Tunion de tous les agriculteurs pour demander le relèvement
des tarifs douaniers.
Puis laissant là une mesure nécessaire qui ne peut être obtenue que
législativement, il s'est étendu sur l'emploi du phosphate de chaux
et son rôle dans la constitution des végétaux et des animaux, et rappe-
lant que la vraie théorie agricole, que ia pratique ne peut que sanc-
tionner, est de rendre à la terre, avec les matières carbonées et
azotées, les phosphates qui lui manquent, ou qu'elle peut avoir
perdus, il s'est référé à la communication d'un illustre savant M. Elle
de Beaumont à l'Académie des sciences.
La somme totale, avait dit M. de Beaumont. des productions
qu'un pays peut fournir dépend de la quantité de phosphate de chaux
qui se trouve engagée dans la masse des matières agricoles ou orga-
niques, et après avoir exposé les causes et les dangers de l'épuise-
ment du sol, l'illustre académicien faisait comprendre la nécessité de
remplacer la quantité de phosphate qui lui est soustraite chaque
année pour aller se perdre dans lOcéan.
La réparation des pertes annuelles en phosphate de chaux est donc
un travail nécessaire imposé à l'agriculteur ; mais il faut convenir que
si cette théorie n'a plus de mystères pour la science, elle n'est pas
encore à la portée des simples agriculteurs.
M. de Lorgeril a justement rappelé ensuite que des gisements, pour
ainsi dire inépuisables de phosphate, qu'on empruntait auparavant aux
os des animaux, même aux ossements humains, avaient été découverts,
dès 1856, par notre compatriote, le chevalier de Molon.
A. DE LA MORVOÎVNAIS.
ASSOCIATION FRANÇAISE POUR L'AVANCEMENT DES SCIENCES. 429
ASSOCIATIOX FRANÇAISE POUR L'AYANXEMENT
DES SCIENCES. — CONGBKS DE BLOIS.
L'Association française pour l'avancement des sciences vient de
tenir, à Blois, sa treizième session annuelle, sous la présidence
de .M. Bouquet de la Grye, membre de l'Académie des sciences, ins-
pecteur général des services hydroirraphiques. Sans présenter l'am-
pleur et l'entrain de quelques-uns des congrès précédents, la réunion
de Blois n en a pas moins offert un réel intérêt, tant par les travaux
des sections que par les séances générales et les conférences, qui ont
attiré une nombreuse aflluence d'auditeurs.
Nous avons à nous occuper surtout des travaux de la Section d'agro-
nomie. M. Barrai devait en présider les séances; éloigné par la
maladie, il a été nommé président d'honneur. Le bureau de la Sec-
tion a été formé comme il suit : président, M. Bouley, membre de
l'Institut et de la Société nationale d'agriculture; vice-président,
M. Salvat, président du Comice agricole de Blois; secrétaire, M. Tan-
viray, professeur départemental d'agriculture de Loir etCher.
Les communications faites à la Section peuvent se diviser en deux
catégories : r'^cherches de science agronomique et applications ou
expériences sur divers points spéciaux.
A la première catégorie appartiennent les études de M. Dehérain
sur la fermentation du fumier de ferme ; nos lecteurs ont eu sous les
yeux les principales expériences du savant professeur, et ils ont pu en
apprécier l'intérêt. Au même ordre d'idées se rattachent les recherches
de M. Ladureau, directeur de la Station agronomique de Lille, sur le
ferment ammoniacal; M. Ladureau en a étudié la nature, la présence
dans les eaux, dans les terrres arables, et il a mesuré l'énorme action
qu'il exerce dans les transformations des matières organiques. On
peut rattacher au même groupe les observations de M. Audoynaud,
professeur à l'Ecole nationale d'agriculture de Montpellier; ces éludes
ont eu pour objet principal de vérifier les données publiées par
M. Boussingault, sur la teneur de ces liquides en azote et en potasse
chez les chevaux, les vaches et les moutons.
Parmi les études pratiques présentées à la Section d'agronomie,
quelques-unes ont vivement frappé l'attention. C'est ainsi que M. La-
dureau s'est livré à des expériences directes sur l'emploi des phospha-
tes dans la culture des betteraves à sucre; dans ces expériences, on a
obtenu des résultats analogues de l'emploi de l'acide phosphorique
immédiatement soluble dans l'eau, et de l'acide phosphorique soluble
seulement dans le citrate d'ammoniaque. Dans des essais sur la cul-
lure du lin, avec divers engrais, M. Ladureau a constaté que les engrais,
renfermant l'azote sous forme ammoniacale, sont préférables aux nitra-
tes, souvent employés presque exclusivement par les agriculteurs du
Nord. Nous devons aussi signaler une monographie, due à M. Ladu-
reau, sur l'agriculture de l'Italie septentrionale ; il en ressort que cette
région a encore beaucoup de progrès à réaliser.
Les questions viticoles n'ont pas été oubliées. Dans une étude sur
le sucrage des vins, M. Lefort a rappelé une fois de plus les avantages
de l'emploi du sucre pour faire des vins de deuxième cuvée, ainsi que
les qualités de ces vins. M. Audoynaud a fait connaître ses études sur
430 ASSOCIATION FRANÇAISE POUR L AVANCEMENT DES SCIENCES.
la culture de la vigne dans les terres sablonneuses ; ses conclusions
confirment celles des recherches antérieures de M. Barrai sur ce sujet.
M. Souche a présenté une étude sur la marche du phylloxéra dans les
environs de Pemproux (Deux-Sèvres) et des observations sur les varia-
tions que présente l'invasion du puceron dévastateur.
M. de Verneuil, agriculteur en Sologne, possède des pinières qui
ont été profondément atteintes par le grand hiver de 1879-80. Il en a
opéré la reconstitution avec beaucoup de succès, par le recépage qui a
provoqué le développement de pousses secondaires vigoureuses/ par
une sorte de draeeonnement. M. de Verneuil a fait connaître ces
résultats, qui ont assuré la rénovation beaucoup plus rapide de ses
pinières.
M. Schlumberger, chimiste, est un ardent propagateur de l'acide
salicylique. Depuis plusieurs années, il lutte contre l'application des
mesures prohibitives édictées contre ce produit en France. Il expose,
dans une note présentée à la Section d'agronomie, les résultats obtenus
dans divers pays, pour le traitement des maladies contagieuses du
bétail, par l'emploi de cet agent qui se place au premier rang des
antiseptiques connus jusqu'à ce jour.
M. Chauvet, de Nanteuil-en- Vallée (Charente), s'est fait connaître
déjà par des succès sérieux obtenus dans la production de la truite en
eaux fermées. Les essais auxquels il s'est livré depuis deux ans sur
l'élevage du saumon de Californie (Salmo fontinalis) , n'ont pas été
moins heureux. M. Chauvet a appliqué à ces essais la subvention que
la Société piscicole de Nanteuil a reçue de l'Association française.
Signalons encore des études de M. Audoynaud sur les moyens de
reconnaître les adultérations de l'huile d'olive par le mélange avec des
huiles de graines; ces études, qui ne sont pas encore complètes, ont
porté principalement sur les mélanges avec des huiles de coton, de
sésame et d'arachide.
Il nous est impossible de passer sous silence la conférence dans
laquelle M. Bouley a exposé les dernières découvertes de M. Pasteur.
L'éminent conférencier est un disciple fervent de ce qu'on appelle
aujourd'hui la doctrine microbienne. Il a développé, avec le talent et
l'ardeur qu'on lui connaît, les conséquences des admirables travaux
de M. Pasteur sur le rôle des microbes dans les maladies contagieuses,
sur l'atténuation des virus, en insistant spécialement sur les dernières
recherches relatives à la rage ; il a fait ressortir le grand rôle que
jouent ces découvertes, non seulement par leurs applications, mais par
la transformation qu'elles imposent à la médecine scientifique. Nos
lecteurs ont eu tous ces travaux sous les yeux; la conférence de
M. Bouley servira à les vulgariser davantage encore, et à en confondre
les adversaires systématiques. Henry Sagnier.
NOUVELLES INVENTIONS AGRICOLES
ANALYSE SOMMAIRE DES DERNIERS BREVETS DÉLIVRÉS
161,586. Arriéta. 18 avril 1884. Batteuse dite batteuse Â7'riéla. — L'appareil
se compose : 1" d'un châssis en fer mesurant 1 m. 20 de long sur 0 m. 94 de
large, auquel on adapte, pour le transporter sur l'aire de battage, quatre roues
provisoires que l'on démonte ensuite ; 2° de sept cylindres transversaux portés par
ce châssis, sur lesquels sont montées des scies circulaires dentées qui sont au
nombre de onze pour les cylindres de rang impair et de dix pour les cylindres de
NOUVELLES INVENTIONS AGRICOLES. 431
rang pair, l'écartement des axes des cyliadres élaat tel qu9 les scies de l'un
s'en^o-agent entre les scies de ceux situés à sa droite et à sa gauche ; 3» de huit rou-
lettel portées par quatre des cylindres, à l'intérieur du châssis, el destinées,
dit le hreveté, à éviter le frottement des scies pendant l'opération.
Au moveu d'un seul cheval, après avoir démonté les roues porteuses qui ont
servi au transport, on traîne l'appareil sur l'aire, et l'inventeur déclare après
expériences qu'il bat 12Û gerbes en 6 heures, sans laisser un seul grain dans les
épisL il égrènC; ajoute-t-il, deux hectolitres à l'heure.
161,605. Vernhes. 19 avril 1884. Changements et perfectionnements faits sur
un système de charrue dite tournante, à unique versoir tournant et deux socs pour
aller et revenir sur le mrme sillon. ■ • -j.
Ce breTet décrit de nombreuses modilications apportées à 1 appareil primitif
du breveté, mais dont quelques-unes ne sont que des changements de détail dans
la construction, La principale concerne le modo d'étabhssement de la pièce que
M. Vernhes appelle la charrue proprement dite, et qui, au lieu d'être formée de
deux pièces en tonte assemblées, est maintenant d'une seule pièce ; c'est elle qui
forme soc par sa partie inférieure, dont les pointes sont munies chacune d'un soc
en fer rapporté; c'est elle aussi qui supporte le versoir unique, lequel est suscep-
tible de pivoter autour d'un axe vertical déterminé par deux pivots, de manière à
être dirigé vers l'avant ou vers l'arrière, selon les besoins. Elle est hxée à uu bloc
en bois disposé sous l'âge et qui permet d'utiliser toute la hauteur de cette charrue
dans les labours profonds, en même temps qu'elle donne un espace suffisant pour
vomir les herbes, racines, etc.. qui cmbarras.sent la mai-che. L'instrument nest
muni que d'une seule roue à l'avant.
161,638. iSoHY. 2) avril 1884. Application à son système d'arrosage d un nou-
veau serre-joint métallique. — Ce serre-joint, appelé bague-ligature, et employé
pour fixer les raccords en cuir ou caoutchouc sur les bouts de tuyaux en ter d'une
conduite mobile d'arrosage, est en fonte, fer ou cuivre ; le brevet ne permet pas
de voir très exactement quelle est la disposition de cette ligature, il est dit seu-
lement qu'elle est à brides croisées, serrées par un boulon. Bien que le titre
indique uniquement le serre-joint comme objet du brevet, le mémoire et le dessin
décrivent renserable du tuyau d'arrosage avec ses supports, comportant pour les
roulettes un essieu susceptible de tourner en tous sens parce qu'il se releva verti-
calement vers le haut pour former pivot. On indique aussi l'emploi d'une roulette
sphérique en bois, au lieu d'une roulette cylindrique lorsqu'il s'agit de l'arrosage
des pelouses et gazons; cette roulette sphérique est traversée par un essieu tenu
par une chape. Ch. Assi et L. Geinès,
^ '^ Ingénieurs-conseils en matière de brevets d invention,
36, boolevard Voltaire, 4 Paris.
PARTIE OFFICIELLE
Décret relatif à la police sanitaire des animaux.
Le Président de la République française.
Sur le rapport du ministre de l'agriculture, du ministre des finances et du mi-
nistre du commerce ;
Vu la loi du 21 juillet 1881 sur la police sanitaire des animaux ;
Yu le décret du 22 juin 1882, portant règlement d'administration publique
pour l'exécution de ladite loi ;
Vu l'article 4 de la loi du 5 juillet 1836 ;
Vu la loi des finances du 9 avril 1878;
Vu le décret du 6 avril 1883, relatif à l'importation du bétail en trance;
Vu l'avis du Conseil consultatif des épizooties, décrète :
Article premier. — Le bureau de douane de Foussemagne (territoire de Beltort)
est ouvert à l'importation des animaux des espèces chevaline, asine, bovine, ca-
prine et porcine, admissibles en France, après vérification de leur état sanitaire.
Art.2.— Le ministre de l'agriculture, le ministre des finances et le nainistre
du commerce sont cnargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du pré-
sent décret.
Fait à Mont -sous- Vaudrey, le 5 septembre 1884. ,
Jules Grevy.
Par le Président de la République : Le ministre de l' agriculture, J. Méline.
Le 7ninistre des finances, P. Tirard. Le minisire du, commerce, Gh. Hérisson.
432 DÉPERDITION D'AZOTE PENDANT LA FERMENTATION DES FUMIERS.
DÉPERDITION D'AZOTE PENDANT LA FERMENTATION
DES FUMIERS'
L'élude des fumiers produits dans les fermes présentant de grandes
difficultés, à cause du peu d'homogénéité des matières et de l'impos-
sibilité de former, pour l'analyse, des échantillons représentant
convenablement les masses dont on veut connaître la composition, j'ai
pensé qu'il serait utile d'entreprendre cette étude sur des matières
préparées dans des conditions spéciales, en quantités telles qu'il soit
facile de tout recueillir et de tout analyser exactement.
La fosse à fumier se composait d'une cloche de verre à douille, ren-
versée sur un vase conique. Le fumier était retenu dans la cloche par
une toile métallique, et le purin s'écoulait librement dans le vase infé-
rieur. La cloche était recouverte par une plaque de verre.
On a disposé six appareils semblables dans lesquels on a introduit,
le 18 février 1883, le mélange suivant :
Paille hachée et broyée 15 gr.
Crotiin de cheval séché et broyé 50 —
Urine putréfiée 300 ce.
Eau liistUlée 3'o —
L'appareil n° 1 a reçu ce mélange sans aucune addition; au n" 2 on
a ajouté 1 0 grammes de phosphate fossile du Cher ; au n" 3,
10 grammes de phosphate et 10 grammes de plâtre; au n" 4,
10 grammes de phosphate et 10 grammes de carbonate de chaux; au
n° 5, 10 grammes de carbonate de chaux seulement; et au n° 6,
1 0 grammes de plâtre seulement.
Un septième appareil, formé par une cloche trois fois plus large, a
reçu les quantités de matières suivantes, sans autre addition :
Paille 150
Crottin 200
Urine putréfiée 400
Eau distillée 850
Tous les jours d'abord, et ensuite tous les deux ou trois jours, on a
reversé sur le fumier le liquide qui s'était écoulé dans le vase inférieur.
Tous les appareils sont restés dans un laboratoire à la lumière
diffuse et à la température ordinaire jusqu'au 1" septembre 1883, soit
six mois et dix jours.
On a alors analysé les fumiers et les purins obtenus et, par compa-
raison avec les analyses des matières employées, il a été facile de se
rendre compte des changements que la fermentation avait fait éprouver
aux masses mises en expériences.
On a ainsi constaté :
1° Que la fermentation prolongée du fumier détermine une perte
totale d'azote, qui a été de W pour 100 dans nos expériences, mais
qui doit être plus élevée dans la pratique, où les surfaces d'évaporation
du carbonate d'ammoniaque sont relativement beaucoup plus étendues;
2" Que cette perte est uniquement due à la volatilisation ou à la
décomposition de l'ammoniaque contenue dans les purins, et qu'elle
porte, par conséquent, sur la partie la plus active et la plus assimi-
lable de l'azote des fumiers ;
3" Qu'une portion de l'azote- ammoniacal se fixe sur les matières
organiques pendant cette fermentation. L'importance de cette fraction,
1. Communication à l'Académie des sciences, 9 juin 1SS4.
DÉPERDITION D'AZOTE PENDANT LV FERMENTATION DES FUMIERS. 43
qui a varié dans nos expériences de 24.82 à ^'^.5^ pour 100 de l'azote
ammoniacal introduit, dépend des proportions relatives de l'azote
ammoniacal et des matières organiques ; elle est d'autant plus forte
que les purins sont relativement moins chargés d'azote ammoniacal ;
A° Que l'addition du phosphate de chaux ne modifie pas sensible-
ment la marche des phénomènes ni l'importance de la déperdition ;
5° Que le carbonate et le sulfate de chaux augmentent, tous deux,
dans une large mesure, la déperdition d'azote ammoniacal, tout en
diminuant sa fixation sur les matières organiques.
Au point de vue pratique, ce travail montre que, dans la préparation
du fumier de ferme la mieux organisée, il y a des déperditions très
importantes d'azote et qu'il est nécessaire de rechercher les moyens
de les éviter. Ce sera l'objet de mes études ultérieures. H. JotLic.
UNE CONVERSATION A L'ÉTABLE
Le Journal de VagricuUure a publié, numéro 794, une fantaisie fort
élégamment écrite de M. Sclafer sur les faiseurs de fleurs doubles, à
laquelle il a été répondu, au nom de la science, par M. Dybowski,
numéro 797. Au risque de nous attirer à notre tour une réponse au
nom des principes, nous ne résistons pas au plaisir de reproduire les
principaux passages d'un article publié en feuilleton dans la Gazelle
agricole de Vienne, du 9 juillet 1 884, où l'auteur prend à partie l'en-
graissement intensif des animaux et lui oppose les agréments de l'éle-
vage pastoral primitif. Nous pensons bien que l'au'leur n'entend pas
pour cela condamner les méthodes que le progrès scientifique a impo-
sées aux éleveurs de nos jours, et nous prions le lecteur de nepasyoir
dans cet agréable badinage autre chose que ce que nous y voyons
nous-mème, c'est-à-dire une boutade humoristique. L'auteur feint
d'avoir entendu, dans une conversation entre les animaux de l'étable,
les griefs que ces animaux eux-mêmes exhalent comme des plaintes
contre leur régime actuel comparé au régime de la montagne.
« Le diable emporte la soi-disant économie rationnelle, cette culture
intensive du sol", comme dit notre directeur. Le trèfle, les herbes les plus
belles et les plus suaves croissent presque sous nos fenêtres, tandis
qu'ils nous font l'emplir la panse de cette grossière nourriture, de cette
pâtée indigeste. Pendant ce temps, nos frères et nos sœurs, dans leurs
montagnes maternelles, se noient dans les herbes succulentes sur les
hautes alpes fleuries. Mon Dieu ! quelle existence ! » — Ainsi s'exprimait
une vache tachetée à sa robuste voisine du Pinzgau. « Je pleurerais
presque lorsque je pense à notre liberté d'autrefois, aux jours d'or que
nous passions sous le ciel libre, quand matin et soi nous livrions notre
lait aux fruitiers (vachers) de la montagne. Aujourd'hui nous sommes
enfermées dans des stalles poussiéreuses. Trois fois par jour nous sommes
martyrisées par le métayer qui nous trait! Heureuses encore quand
nous ne sommes pas en butte à ses grossièretés parce que nous don-
nons deux litres de moins que ces anglaises ou ces hollandaises là-bas,
cette canaille au long nez, nous la race joyeuse des montagnes. Qu'on
nous laisse seulement, pensait la vache du Pinzgau de son côté, dans ce
champ de trèfle qui attire tant mes regards et l'on verra bien qui donne
le plus de lait, de nous ou de ces « ladies, » qui s'abîment restomac
quand on leur laisse par hasard une poignée de luzerne dans leur foin.
434 UNE CONVERSATION A L ETABLE.
« Et que dis-tu du « Lord », comme l'appelle notre directeur, ce drôle
tout éreinté, à moitié pourri, qui ne manifeste ai étincelle de vie, ni
mouvement dans les membres? Pense à nos fermes et robustes gail-
lards, ces compagnons turbulents et audacieux, que l'on ne peut s em-
pêcher de regretter, que l'on veuille ou non. — Quelles folies, quelles
surprises ! Cette espèce là-bas, cet anglais aux jambes lourdes croit
nous faire beaucoup d honneur.
« Vois-tu, Lisette, c'est précisément ce qui me soulève le cœur. —
Cette contrainte, ce joug me mèneront prématurément au tombeau. Je
me révolte quand je vois cet insulaire, cet animal à courtes cornes!
En conscience, Lisette, ne penses-tu pas comme moi ?
« Assurément, mais je vois plus loin : considère les produits qui
résultent de ces accouplements mêlés. Trouves-tu chez ces malheu-
reuses créatures hybrides la moindre trace de gaieté et de grâces en-
fantines. Et quel fatigant papelage, quelles grimaces quand le jeune
animal prend sa première bouchée de foin? Vraiment, à quatre se-
maines, nos enfants là-haut en savent plus de la vie et du monde que
ces pauvres êtres élevés artificiellement, qui ne sortent jamais de leur
élable que juste dans la petite demi-heure de la pleine chaleur du jour !
« Mais poursuivons l'histoire et voyons un peu oii tout cela nous
conduit. Dans toutes ces nobles fermes, on n'entend parler que de ma-
ladies : fièvre aphteuse, charbon, maladies pulmonaires, stérilité, etc.
Tout cela provient de la vie contre nature excessive à laquelle les rois
de la création nous condamnent, bien que, comme de juste, nous sa-
chions bien mieux qu'eux ce qui nous est bon et ce qui nous est nui-
sible. Dans une ferme, ce senties betteraves ; dans une autre, les rési-
dus de distillation ; dans une troisième, les tourteaux qu'il nous faut
dévorer, tous aliments qu'on ne connaît pas là-haut dans nos alpes.
Avec la graisse le corps se pourrit; on perd toute joie de vivre, si bien
qu'à la fin cela nous est tout à fait égal, quand le boucher vient vous
chercher pour l'abattoir. »
En ce moment la cloche annonça l'heure du repas, les portes rou-
lèrent sur leurs gonds et le Suisse se mit à l'ouvrage.
P. ne PilÉ-CoLLOT.
SUR LA PRODUCTION DE LA VIANDE
Dans l'exposé des motifs déposé par M. le ministre de l'agriculture
sur le bureau de la Chambre, à l'appui du projet de relèvement des
taxes douanières perçues à l'importation des animaux vivants, il y
a une allégation erronée, selon moi, et dangereuse pour le projet lui-
même. M. le ministre paraît croire que le relèvement des droits amè-
nera un exhaussement parallèle du prix de la viande, et il ajoute que
c'est là le but poursuivi dans l'intérêt de l'agriculture française. Je
suis d'un avis tout opposé; je me permets de croire que tel ne sera
pas le résultat du relèvement des taxes et que néanmoins les vœux de
la culture seront satisfaits et ses intérêts sauvegardés par ce relève-
m.ent indispensable.
Supposez la loi votée; qu'arrive-t-il? une chose fort simple : l'im-
portateur avise son correspondant de Berlin, de Vienne ou de Turin
d'avoir à abaisser d'autant son prix d'achat : le producteur allemand
ou italien n'est pas heureux, c'est incontestable : peut-il résister à
SUR LA PRODUCTION DE LA VLVNDE. 435
cette baisse qui lui arrive par le télégraphe? non, car son bœuf existe,
il faut qu'il le vende, et le prix de Paris, même ainsi réduit, est
encore supérieur au prix de Turin ou de Vienne; donc au débat, il
n'arrivera pas un bœuf de moins sur le marché de Paris, et le prix de
la viande ne haussera pas d'un centime.
Mais alors où est la satisfaction donnée à la culture française? La
voici : au prix actuel, l'élevage des animaux est la seule branche de
la production rurale qui soit encore rémunératrice : l'instinct du cul-
tivateur, les conseils des agronomes et les nécessités de la situation
amèneront forcément ce résultat que la culture pastorale gagnant
chaque jour du terrain, la production du bétail s'augmentera rapide-
ment. Si, en face de cet accroissement de produit, l'invasion du bétail
étranger n'estpas réfrénée, nous arriverons vite à l'avilissementdesprix
de vente, etcette foisce seraitlafmde l'agriculture française, puisque
la dernière planche de salut qui lui reste s'effondrerait sous ses pieds.
Pour moi, je suis absolument convaincu que le résultat final du
relèvement de taxe proposé par le gouvernement suffira pour le
moment à empêcher l'avilissement des prix et c'est tout ce que nous
demandons pour entrer hardiment dans la voie qui s'offre à nous. Je
suis convaincu que par le développement de la production française,
lequel dépassera toutes les prévisions, avant dix ans d'ici, un nouveau
relèvement de taxes s'imposera, toujours dans le seul but ,d'empêcher
l'avilissement, qu'en un mot il sulfit que les gouvernants le veuil-
lent pour que la culture française fournisse seule, en telle quantité
que l'on voudra, la viande nécessaire à la consommation de la nation.
Puisse enfin la misère dissiper les utopies!
R. DE Castelmore.
REVUE GOiniEBGULE ET PEllï GlURVNr DES DENRÉES AGRICOLES
(13 SEPTEMBRE 1884.)
I. — Situation générale.
Les marchés agricoles présentent une assez grande activité, mais les affaires
sont toujours difficiles pour la vente de la plupart des denrées, principalement
des céréales.
n. — les grains et les farines.
Les tableaux suivants résument les cours des céréales, par quintal métrique,
sur les principaux marchés Je la France et de l'étranger.
Blé Seigle. Orge. Avoine
Angleterre. LonJres 19.50 » 20.75 17.50
Belgique. Anvers 19.25 16.75 21.25 18.75
— Bruxelles 22.10 15.75 18.50 16.00
— Liège 19.85 16. .50 17.00 17.00
— Namur 20.50 16.25 IS.OO 19.00
Pays-Bas. Amsterdaiu 18.25 15.20 »
Luxembourg. Lu.\embourg 21.00 19.50 20.50 20.25
Alsace-Lorraine. Strasbourg 22.25 19.00 20.75 18.85
— Mulhouse 21.50 20.00 » 21.00
— Colmar 21.25 19. .50 20.00 20.75
Allemagne. Berlin.... 18.50 17.00 » »
— Cologne 20.60 17.10 » »
— Hamliourg 18.25 14.75 • »
Suisse. Genève 23.50 18.75 18.50 18.25
Italie. Milan 23.75 16.60 17.80 IG.ûO
Espagne, Barcelone 22.00 • » »
Autriche. Vienne 16.75 14.50 15.50 14.00
Hongrie. Budapest 16.50 13.75 15.00 12.75
Rusne. Saint-Pétersbourg.. 16. UO 13.50 » 11.25
Etats-Ums. New-York 16.95 » • »
436
Calvados. Condé
— Lisieux
C'du-Noi d. Ponlrieux.
— Tl'eguier
Finistère. Morlaix ,
— Quimper
Ule-et- Vilaine. Rennes.
— Fou^'ères
Sdanche. Avraiiches. .. .
— Pontorson.
— ViUedieu
Uayeime. Laval
— Chàteau-Gontier.
iiorbihan. Hennebont.,
Orne. Bellême
— Fiers
Sarthe. Le Mans
— Sablé
REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT
- NORD
Blé.
fr.
20 2b
19.70
19. bO
19.50
19.50
18.75
19.50
20 25
21.00
21,50
21.50
19.25
19.25
20.00
19.50
19.75
20.25
19.25
-OUEST.
Seigle. Orge.
fr. fr.
16.00
15.00
14. bO
14.75
15.50
15.50
15.25
10, J5
18.50
20.25
15. bu
15.25
l'i.OO
1 i . Sfl
15.00
»
18.25
18.00
18.50
15.75
17.50
j*
14.50
18.70
15.50
16.00
Avoine.
fr.
21.00
22.00
15.50
14.50
13.75
15.00
15 00
15.80
20.40
20.50
20.75
17.00
14.50
21.00
16.75
20.25
17.00
Prix moyens..
Oise,
19.89 15.58 16 62 17. li'
2' RÉGION. — NORD.
ilïjne. Laon 19.75
— La Fère 19.25
— Villers-Golterets. 19.50
Eure. Evreux 19.25
— Le Neubourg.... 19.00
— Louviers 20.50
Eure-et-Loir. Chartres.. 19.25
— Anneau 19.00
— Nogent-le-Rotrou. 19.50
Nord. Cambrai 19.75
— Douai 19.50
Dunkerque 20.75
Beauvais 20.50
— Compiègne 20,00
— Seniis 20.00
Pas-de-Calais. XTT&i... 20.50
— Saint-Omer 20.25
Seine. Paris 20.75
8.-e(-il/arïie. Meaux 20. bO
— Dammartin 20.25
— Provins 20.25
8,-etrOise AngerviUe. . . . 19.00
— Houdan 19.00
— Versailles.... 21.00
Scine-/n/'êï-ieure. Rouen. 20.40
— Dieppe 21.25
— Fecainp 20.45
Somme. Amiens. 20.25
— Doullens 20.00
— Roye 19.75
Prix moyens 19.94 14.82 18.38 17.24
15.50
»
,1
15.25
»
lb.50
15.00
16.50
18.00
14.50
20.00
18.::5
13.75
20.25
19.00
15.10
20.50
20.25
13.50
17.00
16.20
14.25
19.25
16.50
i)
18.25
16.00
Ib.OO
18.75
15.50
15.7b
19.00
15.75
16.80
19.50
18.00
14.25
tS.bO
16.25
15 50
19.50
17.50
15.00
»
17.50
16.25
19.00
16.20
15.75
18.25
16.50
15.50
18 00
18.25
)j
j)
18.00
14.75
16.50
16.50
15 50
16.00
17.50
14.75
16.50
16.00
1 4 . 00
18.50
16.75
14.50
18. bO
21.50
14.00
19.60
20.50
14.25
16.75
19.75
14.00
p
18.00
14.75
19.25
16.00
14.00
18.00
14 75
14.50
17.2b
16.50
3' HÉGION. — NORD-EST.
jlrdeiines. Charleville. . . 21.75 16.15
— Sedan 22.20 16.25
Aube. Bar-sur-.lube 19.50 14.50
— Mêry-sur-Seine... 19.25 13.85
— Nogent-sur-.Seine.. 20.50 14.50
il/ame. Chàlons 20.00 16.00
— Epernay 21.00 15.00
— Reims 20. 75 16.25
H(e-Marne. St-Dizier... 20.25 14.50
Meurthe-el-Mos. Nancy. 21.25 »
— Lunéville 20.80 15.20
— Toul 21.50 »
Meuse. Bar-le-Duc 20.75 16.50
— Verdun 21.00 »
y/ou/e-Saône. Gray 20.50 15.25
— Vesou! 20.25 M
Fosges. E' inal 21. bO 16.50
— Neufchiteau 22.80 »
18.75
20.50
17.50
15.75
17.25
19.00
17.00
19.00
18.25
17.00
18.75
18.50
18.00
17 50
15.85
17.00
18.00
19.00
18.00
17.00
16. bO
18.00
18.00
17.75
Prix moyens 20.
4' RÉGION. —
C/iarenie. Angouléme... 21
— Ruffec 21
C/iar.-/n/êï\ Marans. ... 19
Deux-Sevres. Niort Î9
Indre-et-Loire. Tours... 20.
— Cliàteaii-Renault.. I9,
Loire-/n/^. Nantes 19.
20
20,
20.
21
20.
19
20.
M.-et-Loire. Saumur.
— -Angers
Vendée. Luçon
— Fontenay-le-Cte .,
Vienne. Chàleilerault...
— Loudun
Haute- Vienne. Limoges.
86 15.42
OUEST.
.50 »
,00 »
.50 »
.25
50
35
50 »
50 15.50
25 15.50
7b
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25
50
00
15.50 15.50
16.85 15.75
» 17.50
18.50 18.25
17.83 17.42
15.00
15.25
13,85
15.00
14.25
15.00
18.00
18.50
16.00
»
17.75
16.95
»
19.00
18.50
18.25
18.00
19.25
19.00
16.50
16.r,o
14.75
15.50
17.00
16.25
16.15
17.20
13 00
15.00
16. 2b
lb.50
16.25
17.00
fr.
Allier. Montiuçon 19.75
— Gannat 20.75
— Sainl-Pourçain... 21.00
Cher. Bourges 19.00
— Aubigny 18.7b
— Graçay 19.20
Creuse. Aubusson 21,00
/nrfre. Cbateauroux 19.75
— Issoudun 19.00
— Vatan 19 li
iotrel. Orléans 19.75
— Montargis 19.50
— Patay 19 75
L.'et-Cher Blois 19.20
— Montoire 20 00
Nièvre. Nevers. . .
— La Charité
Yonne. Joigny..
■ CKNTRB
Seigle.
fr.
14. bO
15.75
16.00
13.50
14.50
14.50
16.00
14.50
15.00
, 19.50
19.00
- . 19.00
— Saint-Florentin... 19.75
— Sens.
Prix moyens 19.64
14.75
14.50
14.50
14.75
15.25
1
14.00
n
lb.2b
14.83
Atoiu.
fr.
15.75
16.50
16.00
16.50
16.75
15.25
17.20
15.50
15.30
15.25
A
16.50
!S.5o
17.50
18.00
16.00
16.20
17.00
17.50
16.75
17.67 16.43
fr
17.50
17.00
17.50
18.00
19.00
*
17 00
18.00
17.50
17.00
17.00
18.70
18.50
19.20
16-50
16.75
17.50
6" RÉGION. — EST.
v4m. Bourg 30
— Pont-de-Vaux 20
Cô(e-d'Or. Dijon 20
— Beaune.... 19
Pow/)S. Besançon 20.
/«è)'«. Grenoble 23.
— Bourgoin 20.
./«fa. Lons-le-Saunier. . 20.
Loire. Roanne 20.
P.-de-Côme.Clermont-F. 20.
Rhône. Lyon 20.
Saône-et-Loire. Châlon . 20.
— .MAcon 20.
oauoie. Chambéry 23.
i/ie-3ai»oie. Thonon 22.
.75 16.00
.25 15 50
.50 15.70
.75 »
,50 »
00 16.75
■ 4.50
15.25
15.20
17.00
15.20
15.00
14.50
2b 15.00
25 »
17.50
17.50
16.80
16.00
18.50
18.00
17,00
16.50
Prix moyens 20.85 15.47 17.23 17.22
T RÉGION. — SITD-OUEST.
Ptixmoven» 20.20 14.92 18. 13 16.2,
.4riêge. Pamiers 21.75 16.00
— Foix 23.50 18.50
Dordogne. Bergerac 21.00 "
//(e-Garonne. Toulouse. 20.50 18.00
— St-Gaudens 22.2b 17.00
Gers. Condom 20.40 »
— Eauze 24.00 »
— Mirande 20.10 •
Giro7ide. Bordeaux 20.75 »
— La Reole 20.00 17.50
Landes. Dax 23.00 19.00
Lo(-e(-Gai'oime.Agen... 20.50 18.75
— Nérac 20.75 18.50
B. -Pyrénées. Bayonne. , 22.25 19.50
ffles-Pt/rénées. Tarbes.. 21.50 18.75
Prix moyens 21.48
8* RÉGION. — SUD.
..4urfe. Caslelnaudary . . 21.75 »
.4t)ei/ron. Villefranche.. 21.70 »
Caji(o(. Mauriac 23.00 21.25
Correze. Tulle 22.00 17.75
Hérault. Montpellier... 22.50 »
— Béziers 22.25 »
LoL Cahors 22.20 18.00
Lo;ère. Mende 22.00 18.50
Pyrénées-Or. Perpignan. 25.65 19.15
Tarn. Albi 21.70 »
— Castres 22.25 18.50
Tarn-et-^ïar.Montauban 21.00 18.25
Prix moyens 22,33 18.77
9' RÉGION. — sno-BST.
Basses-Alpes. Manosque 23.75 »
Hau(es-/l(pfs, Briançon, 22,50 18. 00
Alpes-Maritimes. Nice. . 24.00 20.00
Xrrfêc/ie. Privas 26.65 17.90
B.-du-Bhône. Arles.... 22.50 »
Drame. Romans 20.25 14.50
Gard. Nimes 22.75 »
Haute-Loire. Brioude... 21.00 18. 7b
Kar. Draguignan 22.35 »
Foucfuse. Orange 20.50 »
Prix moyens 22.63
Moy. de toute la France 20.87
— de la semaine précéd. 21.49
Sur la semainejHausse.
précédente. .JBaisse..
18.00
18.00
17.50
17.50
18.00
18.25
20.00
19.00
18.00
17.00
18.25
21.50
18.25
17.50
17.75
20.00
21.00
18.15 17.80 18.88
17.00
18.50
18.25
17.80
18.25
20.00
24.00
18.60
16.00
17.00
17.00
19.25
18,25
18.25
16.00
20.50
18.25
18.50
18.75
18.00
17.25
24.55
19.50
18.75
19.00
18. 94'
18.25
20.50
18.40
17.50
16.50
17.50
15.00
18.00
18.50
0.62
DES DENRÉES AGRICOLES (13 SEPTEMBRE 1884;. 437
Blés. — C'est toujours le mouvement de baisse qui l'emporte sur la plupart
des marchés. Les ventes sont partout de plus en plus difliciles, non pas que la
qualité des grains nouveaux laisse à désirer, mais parce que l'abondance des
oft'res influe sur les prétentions du commerce, et que d'autre part la mévente des
farines empêche la meunerie de l'aire des approvisionnements. Les dernières
appréciations confirment d'ailleurs celles qui out été émises précédemment sur
les résultais de la récolte dans la plupart des pays producteurs. — A la halle
(le Paris, le mercredi 10 septembre, les ofl'res étaient abondantes; les prix
se sont soutenus avec beaucoup de peine : on cotait de 20 fr. à 21 fr. 50,
par 100 kilog., suivant les qualités. — Au marché des blés à livrer, on cotait :
courant du mois, 20 l'r. 75 à 21 fr. ; octobre, 20 fr. 75 à 21 fr. ; novembre et
décembre, 20 fr. 75 à 21 fr. ; quatremois de novembre, 20 fr. 75 à 21 fr.; quatre
premiers mois, 21 fr. 25. — Au Havre, même calme que précédemment dans les
transactions, mais les cours se soutiennent. On cote les blés des Indes de
20 fr. 25 à 20 fr. 50 par quintal métrique; ceux d'Amérique de 20 à 21 fr.,
suivant les sortes. — A Marseille, les arrivages de blés exotiques sont relative-
peu importants; les affaires sont calmes, les prix restent sans changements. —
A Londres, les offres sont restreintes sur les blés étrangers; les cours sont faibles
pour toutes les sortes. Les blés d'Australie valent de 19 fr. 50 à 20 fr. par
100 kilog. ; ceux de Californie, 19 fr. 50. Sur les marchés anglais, les blés
indigènes sont cotés de 49 à 19 fr. 50 suivant les sortes.
Farines. — Les affaires sont calmes, et il y a maintien des cours pour les
diverses sortes. — Les farines de consommation se vendaient à la halle de Paris,
le mercredi 10 septembre : marque de Corbeil, 47 fr.; marques de choix, 47 à
50 fr.; premières marques, 46 à 47 fr.; bonnes marques, 44 à 45 fr.; sortes ordi-
naires, 42 à 43 fr.; tout par sac de 159 kilog., toile à rendre, ou 157 kilog. nets,
ce quf correspond aux prix extrêmes de 27 fr. 40 à 31 fr. 85 par 100 kilog., ou en
moyenne 29 fr. 60, sans variation depuis huit jours. — Pour les farines de spé-
culation, on cotait, à Paris, le mercredi 10 septembre au soir : farines neuf-mar-
ques, courant du mois, 43 à 43 fr. 25 ; octobre, 43 à 43 fr. 25 ; novembre et
décembre, 43 fr. 25; quatre mois de novembre, 43 fr. 25 à 43 fr. 50; quatre pre-
miers mois, 43 fr. 75; le tout par sac de 159 kilog., toile perdue, ou 157 kilog. nets.
— Les farines deuxièmes, sont cotées de 21 fr. à 24 fr. par quintal métrique ; les
gruaux valent de 33 fr. à 38 francs.
Menues graines. — Les prix des céréales diverses, seigle, avoine, orge, maïs,
varient peu sur la plupart des marchés. Les transactions sont calmes.
Issues. — On cote par 100 kilog. à la halle de Paris : gros son, 15 fr. 50 à
16 fr.; son trois case-, 14 fr. 25 à 14 fr. 75; sons fins, 13 à 13 fr. 50; recou-
pettes, 13 à 13 fr. 50; remoulages bis, 15 à 16 fr.; remoulages blancs,
16 fr. 50 à 17 fr. Les transactions sont assez actives.
III. — Fruits et légumes frais.
Fruits. — On vend à la halle de Paris : amandes, le cent, 1 fr. 50 à 2 fr. 25 ;
figues, le cent, 6 à 8 fr.; laelons, la pièce, 0 fr 50 à 1 fr. 50; noisetea,
le kilog., 0 fr. 35 à 0 fr. 60; noix vertes, l'hectolitre, 10 fr. à 12 fr. pêches com-
munes, le cent 10 fr. à 100 fr. ; le kilog., 0 fr. 70 à 1 fr. 20 ; poires, le cent, 6 fr.
à 20 fr. ; le kilog., 0 fr. 20 à 0 fr. 40; pommes, le cent, 5 fr. à 10 fr.; le kilog.,
G fr. 25 à 0 fr. 35 ; prunes, le kilog., 0 fr. 50 à 1 fr. ; raisins communs, le kilog.,
0 fr. 50 à 1 fr. 40.
Gros léfjumes. — Deroiers cours de la halle : artichauts de Paris, poivrade,
la botte, 0 fr. 20 à 0 fr. 30 ; le cent, 15 Ir. à 25 fr.; asperges communes, la botte,
0 fr. 75 à 2 fr. ; carottes communes, les cent bottes, 30 à 35 fr.; choux com-
muns, le cent, 8 fr. à 18 fr.; haricots verts, le kilog., 0 fr. 15à0fr. 40 ; en cosse,
le kilog., 0 fr. 20 à 0 fr. 30; écossés, le litre, 0 fr. 40 à 0 fr. 80; navets com-
muns, les cent bottes, 25 à 30 fr.; oignons communs, les cent bottes, 20 à
25 f r ; panais communs, les cent bottes, 12 à 15 fr.; poireaux communs, les
cent bottes, 3 fr. 50 à 4 fr,; pois verts, le kilog., 0 fr. 40 à 0 fr. 55.
Menus légumes. — On vend a la halle de Paris : ail, le paquet de 25 bottes,
1 fr. à 1 fr. 50; appétits, la botte, 0 fr. 10 à 0 fr. 15 ; céleri, la botte, 0 fr. 40
àO fr. 60; cerfeuil, la botte, 0 fr. 10 àO Ir. 15 ; champignons, le kilog., 0 fr. 70
à 1 fr. 60; chicorée frisée, le cent, 8 à 15 fr.; choux-fleurs de Paris, le cent,
20 à 60 fr.; ciboules, fa botte, 0 fr. 15 à 0 fr. 20; concombres, le cent, 4 à
8 fr.; cornichons, le kilog., 0 fr. 40 à 0 fr. 70; cresson, la botte de 12 bottes,
438 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT
0 fr, 07 à 0 fr. 62; échalottes, la botte, 0 fr. 70 à 1 IV. 20; épinards, le pa-
quet, 0 fr. 50 à 0 fr. 60 ; escarolle, le ceat, 7 à 12 fr. ; estragon, la botte, 0 fr. 10
à 0 fr. 15; laitue, le cent, 7 à 10 fr.; oseille, le paquet. 0 fr. 50 à 0 fr. 60 ; persil,
la botte, G fr. 15 à 0 fr. 20; pimprenelle, la botte, 0 fr. 10 à 0 fr. 15; potirons,
la pièce, 1 fr. à 5 fr.; pourpier, la botte, 0 fr. 10 à 0 fr. 15; radis noirs, le cent,
3 fr. à 4 fr. 50 ; romaine, la botte de 32 tètes, 3 fr. 50 à 5 fr.; thym, la botte,
0 fr. 10 à 0 fr. 15; tomates, le kilog., 0 fr. 25 à 0 fr. 40.
IV. — Vins. — Spiritueux. — Vinaigres. — Cidres.
Vins. — Les vendanges, commencées depuis quelques jours dans le midi, s'y
poursuivent avec activité; elles sont d'ailleurs favorisées par des circonstances
météorologiques favorables- les pluies survenues dans les derniers jours ont favo-
risé la maturation du grain et son grossissement. La pluie a fait aussi beaucoup
de bien aux vignes des autres régions; le retour du beau temps réjouit les vigne-
rons. L'eau a permis au grain de se développer, et le soleil assurera définitivement
la qualité de la récolte. — Quant à la quantité, il serait tout à fait téméraire de
hasarder des chitîres; elle sera probablement supérieure à celle de 1883, mais il
est impossible de dire dans quelle proposition. — Les affaires en vins sont extrê-
mement calmes ; les ventes qui se font n'accusent pas de changements dans les
cours.
Spiritueux. — Les affaires sont toujours aussi calmes, cpioique, sur quelques
marchés, il y ait plus de fermeté dans les prix. Dans le Midi, on cote par hecto-
litre : Cette, trois-six. bon goût, 100 à 105 lr.;marc, 95 fr.; Montpellier, trois-six
bon goût, 95 fr.; marc, 90 ir.; Béziers, trois-six bon goût, 103 fr.; marc, 95 fr.,
Pézenas, trois-six bon goût, 101 fr.; marc, 92 fr. Dans les Gharentes, les affaires
sont extrêmement calmes, aux mêmes cours que précédemment. A Paris, on cote
trois-six fin Nord, 90 degrés, V qualité, disponible, 43 fr. 25 ; octobre, 44 fr.;
deux derniers mois, 44 fr. 75 ; quatre premiers mois, 45 fr. 75. Le 10 septembre,
le stock était de 11,750 pipes contre 12,675 en 1883.
Ve7-deU. — Dans l'Hérault, les verdets se vendent de 130 à 136 fr. par 100
kilog. en boules ou en pains.
Tartres. — Les cours des crèmes de tartre sont fermes, de 290 à 295 fr. par
quintal métrique.
V. — Sucres, — Mélasses. — Fécules. — Houblons.
Sucres. — Les affaires sont un peu plus actives, et les cours sont devenus plus
fermes. On paye à Paris, par 100 kilog. : sucres bruts, 88 degrés sacchari-
méfriques, 36 fr. 25 à 36 fr. 50; les 99 degrés, 42 fr. 25 à 42 fr. 50;
sucres blancs n» 3, 42 fr. 50 à 42 fr. 75. Dans le Nord, les cours sont aussi
plus fermes pour toutes les sortes. Quant aux sucres ralfinés, les prix restent
stationnaiies; on les cote de 110 à 111 fr. par 100 kilog. à la consommation,
de 46 à 51 fr. 25 pour l'exportation, suivant les sortes. — A Londres, les affaires
sont toujours limitées sur les sucres bruts.
Mélasses. — A ^'alenciennes, les mélasses de fabrique sont cotées 8 fr. 50
par 100 kilog.
Fécules. — Les prix sont assez faibles. On cote à Paris, 31 à 31 fr. 50 par
quintal métrique pour les fécules premières ; à Gompiègne, 30 fr. pour celles de
l'Oise.
Houblons. — La cueillette des houblons se poursuit dans tous les centres de pro-
duction. Les demandes sont assez actives, car les prix sont faibles, à cause de
l'abondance de la récolte. On cote, à Alost, de 180 à 190 fr. par 100 kilog., sui-
vant les sortes ; à Haguenau, 300 fr.; à Dijon, 300 fr. pour les précoces, et
220 à 240 fr. pour les tardifs.
VI. — Tourteaux. — Noirs. — Engrais.
Tourteaux. — Les prix sont soutenus. Ou paye par 100 kilog. : dans le Nord,
tourteaux d'œillette, 13 fr.; de lin, 16 fr. 75; — à Rouen, tourteaux de colza,
16 fr. 30; de lin, 21 fr. 50; d'arachides décortiquées, 15 fr. 75; — à Marseille,
tourteaux de lin, 18 fr. 25; d'arachides en coque, 9 fr. 50 ; décortiquées, 14 fr.;
de sésame, 12 fr. 75 ; de cocotier, 13 fr.; de colza, 12 fr.; d'œillette, 11 fr. 25 ;
de coton, 12fr.; de palmiste naturel, 10 fr. 75 ; de ricin, 8 fr.; de ravison, 11 fr. 50.
DES DENRÉES AGRICOLES (13 SEPTEMBRE 1884). 439
Noirs. — Mêmes prix que précédemment. On cote à Valenciennes : noir
animal neuf en grains, 33 à 36 fr. par 100 kilog.; noirs vieux grains, 10 à 12 fr.
par hectolitre.
Engrais. — Cours sans chanijeiuents pour les principaux engrais du commerce.
— Dans les engrais composés, les principes utiles sont cotés par unité : azote,
1 fr. 80 à 2 fr.; acide pliosphorique immédiatement soluble, 0 fr. 72 à 0 fr. 75;
acide phosphorique insoluble, G fr. 25 ; potasse 0 fr. 45 à 0 fr. 50.
VII. — Matières résineuses, colorantes. — Textiles.
Matières résineuses. — Sur les marchés dn Sud-Ouest, les prix des gemmes se
soutiennent. Les gemmes du système ordinaire valent 25 fr. par barrique de
250 litres ; les gemmes système Hugn.ps, 27 fr. 50.
Chanvres. — Maintien des cours, de 70 à 84 fr. par 100 kilog. sur les marchés
de l'Anjou.
Laines. — Les laines en suint de la Brie valent de 1 fr. 80 à 2 fr. 20 par kilog.
Les ventes sont restreintes.
Mil. — iuifs et corps gras.
Suifs. — Les cours présentent plus de feimeté. On cote à Paris 82 fr. par
100 kilog. ywur les suifs purs de l'abat de la boucherie ; 62 fr. 50 pour les
suils en branches.
Saindoux. — Prix soutenu. Au Havre, les saindoux d'Amérique valent de 101 à
102 fr. par quintal métrique, avec peu de ventes.
IX. — Beurres. — Œufs. — Fromages.
Beurres. — lia été vendu pendant la semaine à la halle de Paris, 229,738 ki-
log. de beurres. Au dernier marché, on payait par kilog. : en demi-kilog.,
2 fr. à 3 fr. 94 ; petits beurres, 1 fr. 80 à 3 fr. 20 ; Gournay, 2 fr. à 3 fr. 80;
Isigny, 2 fr. 10 à 6 fr. 40.
Œufs. — Du 1'" au 7 septembre, on a vendu à la halle de Paris 4,063,585 œufs.
Au dernier jour, on payait par mille : choix, 106 à 120 fr.; ordinaires, 66 à
90 fr.; petits, 55 à 63 fr.
Fromages. — Derniers cours de la halle de Paris :"par douzaine. Brie, 4 à 2ôfr.;
Montlhéry, 15 fr.; — par cent. Livarot, 20 à 88 fr.; Mont-d'Or, 7 à 33 fr.;
Neufchàtel, 6 à 24 fr.; divers, 5 à 57 fr.
X. — Chevaux. — Bétail. — Viande.
Bétail. — Le tableau suivant résume le mouvement officiel du marché aux bes-
tiaux de la Villette, du jeudi 4 au mardi 9 septembre :
Poids Prix du kilog. de viande nette sur
Vendas moyen pied au marché du 3 septembre.
Pour Pour En 4 quartiers, i" 2° S" Prix
Amenés. Paris. rextérieuT- totalité. liil. quai. quai. quai. moyen.
Bœufs 2,349 1,538 744 2,282 342 1.70 1.5r) 1.30 1.48
Vaches 649 349 260 B09 235 1.62 1.46 . 1.26 1.41
Taureaux 190 164 14 178 370 1.48 1.36 1.26 1.36
Veaux 2,095 1,280 633 1,913 76 1.72 1.62 1.42 1.61
Moutons 20,762 10,277 T. 837 18,114 19 1.94 1.74 1 52 1.71
Porcs gras.... 4,524 1,736 2,749 4,485 80 1.34 1.28 1.22 1.28
Les arrivages des marchés de la semaine se décomposent comme il suit :
Bœufs. — Aveyron, 15; Calvados, 1,154; Charente, 15 ; Chareate-Inférieure, 8 ; Cher, 85;
Cùte-d'Or, 132; Côtes-du-Mord, 281; Creuse, 23; Deux-SCvres, 16; Dordogne , 99; Eure, 22;
Finistère, 34; Haute-Garonne, 8; Gironde, 12; lUe-et-Vilaine, 28; Indre, 53; Loiie, 25; Loire-
Inférieure, 46 ; Lot-et-Garonne, 16; Maine-et-Loire, 164 ; Manche, 88 ; Mayenne, 357 ; Mor-
bihan, 33; Nièvre. 578; Orne, 571; Puy-de-Dôme. 53; Saône-et-Loire, 328; Sarthe, 24; Seine-
Inférieure, 22; Xarn-et.Garonne, 6 ; Vendée, 44; Vienne, 6; Yonne, 28.
Foc/ies. — Allier, 9; Aube, 8; Aveyron, 39; Calvados, 259; Cantal, 25; Charente, 22; Cher,
31; Côte-d'or, 73; Dordogne, 4; Eure, 8; Eure-et-Loir, 16; Loire-Inférieure, 8; Loiret, 17;
Lot-et-Garonne, H ; Maine-et-Loire, 48; Manche, 143; Haute-Marne, 10 ; Nièvre, 261; Orne,
125; Puy-de-Dôme, 174 ; Saône-et-Loire, 91; Sarthe, 15; Seine, 124; Seine-Inférieure, 16;
Seine-et-Marne, 5; Seine-et-Oise. 36; Vendée, 17, Yonne, 57.
Taureaux. — Aisne, 2; Allier, 4; Calvados, 86; Cher. 5; Côte-d'Or, 9; Côtes-du-Nord, 22;
Dordogne, 2; Eure, 12; Eure-ei-Loir, II; Finistère, 1 ; lUe-et-Vilaine, 29; Loire, 2; Loire-
Inférieure, 2; Loiret, 8; Maine-et-Loire, 15; Manche, 26; Marne, 1; Haute-.Marne, 1 ;
440 REVUE COMMERCIALE ET PRIX GOURANT (13 SJÎPTEMBRE 1884)
Mayenne, lî ; Meuse, 2; Nièvre, 30; Oise, 3; Orne, S ; Puy-de-Dôme, I; Saône-et-Loire, 15;
Safthe, IH; Seine-Inl'érieure, 7; Seine-et-Marne, 11; Seine-et-Oise, 10 ; Yonne, 9.
Veaux. — Aube, 168; Calvaiios, 14; Cantal, 68; Eure, 255; Eure-et-Loir, 338; Loiret,
231; Marne, 239; Oise, 37; Puy-de-Dôme, 137 ; Sarthe, 230; Seine-Intérieure, 99; Seine-et-
Marne, 237; Selne-et-Olse, 60; Yonne, 82.
Moutons. — Aisne. 50; Allier, 546; Aube, 827; Aveyron, 806; Cantal 1,852; Charente, 617;
Cher, 1.072; Corrèze, 574; Côte-d'Or, 70; Creuse, 545; Deux-Sèvres, 86; Dordogne, 510 ; Eure-
et-Loir, 80 ; Indre, 1,469; Indre-et-Loire, 373; Loiret, 80; Lot, 329; Lozère, 235; Maine-et-
Loire, 58 ; Marne, 1.50 ; Nièvre, 946; Saône-et-Loire, 415; Seine, 88; Ssine-et-Marne 1,506; Seine-
et-Oise, 374; Haute-Vienne, 142; Yonne, 100; Afrique, 555; Allemagne, 5,085; Hongrie, 7,385;
Italie, 1,889; Russie, 10,02n.
Porcs. — Allier, 323 ; Calvados. 137 ; Charente, 139 ; Charente-Inférieure, 32; Cher, 53; Côte-
d'Or, 93; Côtes-du-Nord, 130; Creuse, 142; Deux-Sèvres, 981; Dordogne, 1; Haute-Garonne, 19;
lUe-et-Vilaine, 518; Indre, 304; Indre-et-Loire, 32; Loire-Inférieure, 396; Loir-et-Cher, 92 ;
Lot, 20; Lot-et-Garonne, 40; Maine-et-Loire, 667; Manche, 48; Mayenne, 60 ; Nièvre, 85; Puy-de-
Dôme, 537; Haute-Saône, 32; Saône-et-Loire, 220; Sarthe, 978; Seine, 41; Seine-lnl'érieure, 42; '
Vauclu-e, 33 ; Vendée, 680; Vienne, 249; Yonne, 72.
Les ventes ont été difficiles pour toutes les catégories d'animaux. Les prix sont
faibles, et il y a un peu de Laisse, sauf sur le prix des veaux. — Sur les marchés
des départements, on cote ; Rouen, bœuf, 1 fr. 60 à 1 fr. 85 par kilog. de viande
nette sur pied; vache, 1 fr. 50 à 1 fr. 80; veau, 1 fr. 40 à 1 fr. 75; mouton
1 fr. 80 à 2 fr. 10; porc, 1 fr. 10 à 1 fr. 35 ; — Nancy, bœuf, 80 à 91 fr. par
100 kiiog. bruts; vache, 65 à 88 fr. ; veau, 80 à 104 fr. ; mouton, 90 à 100 fr.
porc, 132 à 136 fr. ■, — Ncvers, bœuf, 1 fr. 60 à 1 fr. 80 ; vache, 1 fr. 40 à 1 fr. 60
veau, 2 fr. ; mouton, 2 fr. ; porc, 1 l'r. 60 ; — Nice, bœuf, 1 fr. 60 à 1 fr. 70
vache, 1 fr. 35 à 1 fr. 40; veau, 1 fr. 60 à 1 fr. 65; mouton, 1 fr. 50 à 1 fr. 55
brebis, 1 fr. 40 à 1 fr. 45; chèvre, 1 fr. 15 à 1 fr. 20; agneaux, 1 fr. 45 à 1 fr. 50
— Genève, bœuf, 1 fr. 60 à' l fr. 70; vache, 1 fr. 2-0 à 1 fr. 50; mouton, 1 fr. 70
à 1 fr. 80; veau (poids vif), 0 fr. 90 à 1 fr. ; porc, 0 fr. 90 à 1 fr. 05. — Sur
la plupait des marchés, les ventes accusent beaucoup de calme.
Viande à la criée. — II a été vendu à la halle de Paris du 1" au 7 septembre :
Prix du kilog. le 8 septembre.
kilog. 1'" quai. 2" quai. 3* quai. Choix. Basse 3o'.;cherie.
Bœufou vache... 130,355 1.5Sàl.94 1.34 à'.., 54 0.96 à 1.32 1.50 à 2.60 0.20 à 1.26
Veau 1.38,133 1.76 1.94 1.54 1.74 1.36 1..52 ...» »
Mouton 63,238 1.46 1.84 1.24 1.44 0.86 1.22 1.56 3.00 ..
Porc 36,273 Porc frais 1.24 à 1.56.
368,009 Soitparjour 52,573 kilog.
Les ventes ont été inférieures de 2,400 kilog. par jour à celles de la semaine
précédente. Il y a de la hausse pour toutes les catégories de viande.
XI. — Résumé.
Peu d'affaires sur la plupart des marchés; prix stationnaires, à l'exception des
blés sur lesquels il y a toujours de la baisse. A. Rémy.
BULLETIN FINANCIER
Les affaires sont toujours très calmes. Peu de variations dans les cours. Les
cours d'Etat français se payent : 3 pour 100, 78 fr. 85; — 3 pour 100 amortis-
sable, 80 fr. 25 ; — 4 et demi pour 100 nouveau, 108 fr. 40.
Les actions des établissements de crédit valent : Banque de France, 5,085 fr.'.
Banque de Paris et des Pays-Bas, 770 fr. ; Comptoir d'escompte, 960 fr.;
Crédit foncier agricole d'Algérie, 495 fr.; Crédit foncier 1,312 fr. 50; Banque
d'escompte de Paris, 520 fr. ; Crédit lyonnais, 560 fr.. Compagnie foncière de
France 430 fr.; Crédit mobilier, 317 fr. 50; Société des dépôts et comptes
courants, 630 fr.; Société générale, 460 fr. ; Banque parisienne, 380 fr.; Banque
franco-égyptienne, 565 fr.
On cote les actions des Compagnies de chemins de fer : Est, 783fr. 75; Paris-
Lyon-Méditerranée, 1,243 fr. 75; Alidi, 1,170 fr.; Nord, 1,672 fr. 50 ; Orléans,
1,327 fr. 50; Ouest, 837 fr. 50.
Les actions du canal maritime de Suez valent 1,937 fr. 50; celles du canal de
Panama, 491 fr. 25.
Escomptée la Banque de France, 3 pour 100 ; intérêt des avances, 4 pour 100.
E. Féron.
Le Gérant : A. Bouché.
Jean-Augustin BARRAL
NF A METZ. LE oO JANVIER l'-ilO
DÉCÉDÉ A FON'TENAY-SOUS-nOIS, LE 10 SEI'TEMBRE Iii84.
(D'après une photographie expruléo on 1878.)
N" 806. — Tome III de 188i. — 20 Septembre.
OBSÈQUES DE M- J-A- BARRiL
Les funérailles de M. i.-k. Barra,! ont eu lieu le samedi 13 sep-
tembre, à midi.
Dans la matinée, le cercueil a été ramené de Fonteaay-sous-Bois à
Paris, par M. Henry Saguier, accorapagaé de M.M, Maurice et
Paul Joleaud-Barral, petits-fils de notre directeur.
Le cerceuil disparaissait sous les couronnes et les bouquets. Parmi
ces couronnes, nous devons signaler celles offertes par le Journal de
ra(/nc«/^u/e, parles Lorrains de Paris, par la Société d'encouragement
à l'agriculture et par des Sociétés agricoles de plusieurs départements.
■ Les honneurs militaires étaient rendus au commandeur de la Léçfion
d'honneur par un bataillon du 1 13" régiment d'infanterie, sous les ordres
de son colonel, avec le drapeau et la musique du régiment.
Une très grande aflluence de notabilités scientifiques et agricoles,
avait tenu à venir rendre les derniers devoirs à 3L Barrai ; nous les en
remercions.
Au premier rang figuraient M>L Méline, ministre de l'agriculture;
Tisserand, conseiller d'Etat, directeur de l'agriculture; un grand nombre
de membres de l'Institut et de la Société nationale d'agriculture, des
agriculteurs accourus des départements voisins de Paris. Une grande
émotion se reflétait sur tous les visages.
Après les prières récitées à la maison mortuaire, par M. le pasteur
Bridel, le convoi s'est mis en marche vers le cimetière ^Montparnasse.
Le char funèbre était précédé d'une voiture dans laquelle sont
montées, avec le pasteur, madame Barrai, madame Joleaud-Barral et
sa fille Madeleine. La douleur de ces trois dames était poignante à voir.
Les cordons du poêle étaient tenus par MM. H. Bouley, vice-prési-
dent de l'Académie des sciences, inspecteur général des écoles vétéri-
naires; Louis Passy, député, vice-secrétaire de la Société nationale
d'agriculture; Adolphe Dailly, agriculteur à Trappes (Seine-et-Oise),
membre de la Société nationale d'agriculture ; Henry Dutasta, maire
de Toulon.
Le deuil était conduit par MM. Georges, Jacques et Léon Barrai, ses
fils, et MM. Maurice et Paul Joleaud-Barral, ses petits-fils.
Au cimetière, après la cérémonie religieuse, quatre discours ont été
prononcés : par M. Louis Passy, au nom de la Société nationale d'agri-
culture; — par M. Henry Sagnier, au nom du Journal de l'agriculture;
— par M. Dutasta, au nom des amis personnels de M. Barrai; — par
M. Caubert, au nom de la Société centrale d'agriculture de la Seine-
Inférieure.
L — Discours de M. Louis Passy, au nom de la Société nationale
d'agriculture.
Après le discours éloquent du pasteur que vous venez d'entendre,
permettez-moi, au nom de la Société nationale d'agriculture et de
notre ilinstre président M. Chevreul, d'adresser à celui qui n'est plus
quelques paroles d'adieux et de remerciements.
Il est impossible de ne pas ressentir une vive émotion au moment
suprême où nous allons pour toujours nous séparer de notre cher et
444 OBSÈQUES DE M. J.-A. BARRAL.
infatigable confrère, M. Barrai. Nous l'avons vu depuis des mois s'épui-
ser dans des efforts surhumains pour surmonter les souffrances d'une
impitoyable maladie. En vain, nous lui disions de se soigner, de se
reposer, de résister à son propre courage. Il marchait toujours, par-
lait toujours, écrivait toujours. Il était mourant quand il partit ces
jours derniers pour l'exposition d'Amsterdam el il n'en est revenu
que pour rendre le dernier soupir. Le spectacle de cette volonté, qui
s'acliarne contre le péril et ne céda que devant la mort, a quelque
chose d'imposant qui attire le respect. On dirair un blessé qui se fait
porter sur le champ de bataille pour mourir d'une balle ennemie. II
est mort sur la brèche. 11 est mort debout.
Barrai était un lutteur. Il avait dans lesprit toutes les qualités d'un
savant, mais dans le tempérament il avait toutes les ardeurs d un
homme d'action. Il n'était pas de ces intelligences profondes qui
s'absorbent dans l'étude spéciale d'un ordre de faits et qui, com-
mençant par régner sur eux-mêmes, finissent par régner dans la
science. Il était de ces esprits admirablement doués et perpétuellement
ouverts dans lesquels s'introduisent les travaux des autres, pour en
sortir au profit de tous avei; une clarté nouvelbi et un charme qui les
fait valoir. Aussi, le vit-on d'abord s'adonner à des travaux de phy-
sique et de chimie qui relevaient de k science pure. Ses études sur la
composition des eaux de pluie aux différentes époques de Tannée lui
avaient acquis une notoriété bien méritée. Quand il compléta avec son
ami Bixio ses observations sur les variations atmosphériques, dans
une ascension célèbre, le public accueillit cet acte de courage avec une
vive sympathie.
Il fallait qu'il fût entré dans l'estime des savants et des plus illus-
tres savants, puisqu'il devint l'exécuteur testamentaire de François
Arago, dont il publia les œuvres complètes. Mais peu à peu l'avidité
de savoir s'unit 'jhez lui à l'ardeur d'agir et on le vit s'eno;a2;er dans
des voies où son talent d'écrivain el sa capacité de travail devaient
lui assurer de rapides succès.
C'est ainsi qu'avec Bixio il dirigea le Journal d'agriculture pratique,
qui le conduisit à publier tant d'ouvrages excellents dans lesquels il
vulgarisa la science agricole et fit faire de réels progrès à l'agriculture.
L'agriculture fut, en effet, la pensée maîtresse, ou plutôt la passion
de sa vie. Dans ce cadre, il trouvait groupés tous les problèmes de la
nature et de la société, et son ardeur naturelle pouvait s'exercer sur
les sujets les plu^; divers sans jamais se fatiguer ou s'épuiser.
Les services qu'il a rendus sont incontestables. On consultera
toujours avec fruit les articles, discours, rapports, mémoires,
éloges, qu'il publia dans leJuurual de l'agriculture ou dans le Recueil
de notre Société. Le gouvernement l'honorait de sa confiance. Toujours
en mouvement, toujours en mission, toujours prêta la peine et au tra-
vail, il parcourait s:ins cesse la France, inspectant des concours, diri-
geant les enquêtes, faisant des rapports, et il tenait la presse, le gou-
vernement et notre Société au courant de tous les changements que le
cours du temps amène dans les conditions de la culture et des cultiva-
teurs.
La Société nationale d'agriculture, en lui confiant le poste éminent
de secrétaire perpétuel, couronna ses efforts. Il répondit à ce témoi-
gnage de confiance par un dévouement absolu.
OBSEQUES DE M. J.-A. BABKAL. 445
On sait la part considérable qu'il prit à la réorganisation de notre
Compagnie et à son installation dans liiôtel que nous a généreusement
légué i\l. de Béhague; mais ce qui mérite particulièrement notre
reconnaissance, c'est qu'il lutta énergiquement pour maintenir au pre-
mier rang des institutions savantes la plus ancienne et, oserai-je dire,
la plus célèbre des Sociétés d'agriculture.
La science ne pouvait pas confisquer un homme d'une pareille
ardeur, et la politique devait tenter son ambition. Il était membre du
Conseil général de la Moselle, quand de cruels événements vinrent
arrêter sa carrière politique en surexcitant son patriotisme.
Il y a quelques semaines, le visage livide et la voix affaiblie, il se
levait comme par un dernier effort et il prononçait l'éloge de notre
regretté confrère Delesse. Avec quelle émotion il nous parlait de
l'année terrible et de la patrie perdue! On sentait que son cœur était
déchiré et qu'il parlait de Delesse comme il eût aimé qu'on parlât de
lui-même. Aussi en vous annonçant à tous la triste cérémonie qui
nous rassemble, son billet de faire part rappelle cette phrase que je
me plais à répéter parce qu'elle est de lui et qu'elle s'applique bien
à lui :
« Son cœur était lorrain, c'est-à-dire essentiellement patriotique,
car nulle part le patriotisme n'est aussi grand, aussi profond, aussi
pur qu'en Lorraine, en Alsace et dans notre pays messin. Au moment
de s'en aller vers Dieu, son âme eût voulu pouvoir sonder l'avenir et
deviner le jour oii notre terre natale redeviendra libre et rejettera bien
loin l'étranger qui pèse sur elle sans pitié. »
Séparons-nous, messieurs, sur ces paroles. Le silence est l'expression
la plus noble de toutes les douleurs.
IL — Discours de M. Henry Sagnier, au nom du Journal de l'agriculture.
Messieurs.
Au nom du Journal de l'agricullure, de ses rédacteurs, de ses admi-
nistrateurs, je viens dire un dernier adieu à celui qui fut pour nous
tous un guide, un ami, et, pour celui qui parle ici, un véritable père.
Associé à sa vie depuis plus de qumze ans, son collaborateur de
chaque jour pendant cette longue période, j'ai le droit de dire que nul
ne l'a mieux connu, et que, en dehors de sa famille, nul ne l'a davan-
tage aimé.
Les qualités de l'esprit, les qualités du cœur, il les possédait au plus
haut degré ; il les a prodiguées dans une carrière, hélas ! trop courte.
Lutteur infatigable, il a dépensé pendant près d'un demi-siècle la plus
prodigieuse activité au service de la science et de l'agriculture.
Né à Metz en 1819, fils d'un ancien officier de la Grande- Armée,
Jean-Augustin Barrai suça avec le lait maternel le patriotisme le plus
ardent; dans toutes les phases de son existence, ce sentiment profond
l'a toujours guidé, et la cruelle séparation de la terre natale fut une
des plus amères douleurs des dernières années de sa vie.
Elèvebrillant de l'Ecole polytechnique, il débuta dans l'administra-
tion des tabacs; dès ce premier pas dans la vie scientifique, il se dis-
tingua par des recherches importantes sur la nicotine. Il fréquenta
successivement les laboratoires d'Alexandre Brongniart, de Gay-Lus-
sac; puis, en même temps qu'il rentrait à l'Ecole polytechnique comme
446 OBSEQUES DE M. J.-A. BARRAL.
répétiteur de chimie, il devenait le secrétaire de François Arago, dont
il devait plus tard publier les œuvres coinplètes. Sa carrière dans
l'enseignement officiel ayant été brisée arbitrairement, il se consacra à
l'enseignement libre ; à Chaptal, à Sainte-Barbe, des générations
d'élèves ont connu sa parole toujours claire, toujours précise.
Vers 1S50, Alexandre Bixio, qui avait pour lui une grande amitié,
l'appela à la direction du Journal d'agriculture pratique. Dès lors, sa
Yoie était trouvée; c'est à l'agronomie, à l'application des sciences à la
production des champs, qu'il devait vouer son existence, ses forces
tout entières ; c'est surtout de ce côté qu'il devait trouver la légitime et
grande autorité qu'il a rapidement conquise. II en conserva toujours
une vive reconnaissance à Alexandre Bixio. Les deux amis reposent
aujourd'hui presque côte à côte. Réunis deux fois pour explorer les
hautes régions de l'atmosphère, ils sont de nouveau rapprochés dans
leur dernier sommeil.
Dès ses débuts, Barrai conquit la première place dans la presse agri-
cole, et je puis dire qu'il l'a toujours conservée. En 1866, il fonda le
Journal de l'agriculture. Il avait alors toute la maturité de son talent,
et il continua à y déployer toutes les ressources du savant, de l'agro-
nome, de l'économiste, embrassant avec l'esprit le plus vil les pro-
blèmes qui se présentaient, prompt dans la solution, n'hésitant jamais
dans l'application. Et lorsqu'on lui demandait où il avait puisé cette
sûreté de jugement, pour ainsi dire infaillible : C'est bien simple,
répondait-il, j'ai habitué mou esprit à envisager toutes les questions
qui se présentent, sous le rapport des intérêts seuls de l'agriculture.
Au milieu des veilles incessantes de cette vie fiévreuse du journaliste
pour lequel le labeur revient chaque jour, toujours pressant, sans qu'il
puisse jamais s'arrêter. Barrai a trouvé encore le temps de se livrer à
des recherches multipliées, de mettre au jour des ouvrages magistraux
dont quelques-uns sont de véritables monuments de science et d'expé-
rience.
Ses principaux travaux personnels ont porté sur le rôle de l'eau dans
la production agricole. Ce sont d'abord ses Recherches sur la composition
des eaux pluviales, recherches dont les résultats sont devenus classiques ;
ensuite viennent ses études sur le drainage et les irrigations; plus
tard, nous arrivons à ses grands rapports sur les irrigations en Pro-
vence, rapporls que tons les ingénieurs ont accueillis avec enthou-
siasme et qu'ils rechercheront toujours. Ces travaux n'étaient pas ache-
vés : un autre rapport, sur les irrigations du Limousin, est actuelle-
meat en cours d'impression. Barrai en corrigeaitles dernières épreuves
sur son lit de mort; il en désirait ardemment la publication, dont hé-
las ! il ne sera pas le témoin.
Vous citerai-je ses autres travaux? Les titres de ses ouvrages sont
présents à l'esprit de tous les savants, de tous les agriculteurs. La
Statique chimique des animaux, le grand Atlas du Cosmos d' Alexandre
de Humboldt, la Presse scientifique des Deux-Mondes, le Bon Fermier, des
Monographies des fermes du nord delà France, de la grande exploita-
tion de Daœpierre, des ouvrages d'enseignement agricole, même élé-
mentaire, une importante étude sur le phylloxéra, la publication des œu-
vres de François Arago, celle du sixième volume du Cours d' agriculture
du comte de Gasparin, et puis des conférences sans nombre, des
rapports sans cesse renouvelés sur des problèmes de chimie, sur
OBSÈQUKS DE M- J.-A. BARRAL. 447
des expositions, sur des inventions et des découvertes, voilà, mes-
sieurs, ce qui n'a pas encore suffi pour remplir la vie de Barrai.
J'ai nommé le comte de Gasparin; l'illustre ao;ronome avait, comme
notre grand et vénéré Chevreul, prévu l'avenir de Barrai et il avait
encouragé ses travaux. Puisque je parle au nom du Journal de l'agri-
culture, je dois remercier ici la famille tout entière des Gasparin
du concours qu'elle n'a jamais cessé de donner à celui que nous
pleurons, de l'inaltérable amitié qu'elle lui a toujours témoignée.
Avec une telle activité, Barrai devait rapidement conquérir un rang
élevé. Jeune encore, il entra à la Société nationale d'agriculture; il fut
appelé dans tous les concours, dans toutes les grandes assemblées,
dans toutes ^les ^commissions où s'agitent les problèmes de la pro-
duction agricole. Toujours prêt, toujours alerte, parcourant la France
dans tous les sens, aujourd'hui au nord, demain au raidi, à l'est ou à
l'ouest, traversant les frontières sans s'arrêter, revenant aujourd'hui,
repartant demain, domptant la fatigue avec une énergie surhumaine,
usant ses forces, se retrempant ensuite dans le travail, tel vous
l'avez tous connu, messieurs, toujours victime du devoir, je devrais
dire martyr du devoir, car il en est mort.
Lorsque, en 1871, il succéda à Payen en qualité de secrétaire per-
pétuel de la Société nationale d'agriculture, un nouvel aliment fut
donné à son activité. Ce qu'il y fut, je n'ai pas à vous le rappeler;
mais vous me permettrez de constater qu'il a apporté une infatigable
passion à maintenir, à accroître le prestige et l'autorité de votre grande
Compagnie.
Est-ce tout, messieurs? Il y a quelques années, Ba.rral conçut une
idée audacieuse. Désormais sûr de lui-même, ayant acquis des trésors
de science et d'observation, certain, avec un légitime orgueil, qu'il
possédait dans sa tète une véritable encyclopédie des connaissances
agricoles, il résolut de réaliser cette encyclopédie sous la forme d'un
grand dictionnaire d'agriculture. Pouvant compter encore sur de nom-
breuses années, il se mit résolument à l'oeuvre; jusque dans les der-
niers mois de sa vie, il s'y consacra avec l'ardeur qu'il apportait ;i
toutes ses entreprises. La mort impitoyable a seule pu rariêler; son
œuvre reste inachevée.
Après celte esquisse rapide de la vie du savant, de l'écrivain, je dois
vous dire 'quelques mots de l'iiomme.
Homme public, il fut constamment fidèle aux principes libéraux; ii
lutta toujours pour la cause de la liberté; il avait une foi inébranlablr
dans l'avenir de la démocratie.
Homme privé, il était bon, affable, aimant. Mais, parmi les rares el
éminentes qualités de Barrai, il en est une sur laquelle je dois et je
veux spécialement insister, parce que personne n'a pu la mesurer
autant que moi. Je veux parler de sa passion du dévouement, passion
qu'il a poussée jusqu'à l'héroïsme. Avez-vous jamais rencontré quel-
qu'un qui soit venu frapper à sa porte, et qu'il ait repoussé/ Avez-vous
jamais vu un agriculteur, un chercheur, un travailleur, quel qu'il soit,
qui lui ait demandé un avis, un conseil, et qu'il ait rebuté? Les fruits
de son travail, de sa science, de sa longue expérience, il les prodiguait
pour tous ; il n'a jamais compté avec personne. Lorsqu'il s'agissait de-
siens, ce dévouement devenait la plus complète des abnégations. Vous
le savez bien, Madame, qui pleurez sur cette tombe, et qui l'avez vu
448 OBSÈQUES DE M. J.-A BAHRAL.
à l'œuvre depuis qu'un double mariage a uni, il y a près de vingt ans,
votre famille à la sienne. Puissent les regrets qu'il laisse être pour
vous la consolation suprême.
Sa mort laisse un vide profond dans nos rangs. On pourra succéder
à Barrai, mais on ne le remplacera pas. Le devoir de ceux qui viendront
après lui sera de s'inspirer de son esprit, de son amour du travail, de
son inaltérable attachement à l'agriculture. Qu'ils ne cherchent pas à
le faire oublier, il est des sillons sur lesquels les années passent sans
les aplanir. Notre ambition, et elle est grande, c'est de continuer son
sillon, sinon à la même profondeur, au moins avec la même ardeur
et une persévérance égale.
Adieu, maître aimé, maître vénéré, ta grande ombre planera sur
nous pour nous guider.
J'ai un dernier devoir à remplir.
Lorsque la plus cruelle des maladies terrassa ce lutteur jusque-là
indompté, vous êtes accourue, Madame, et vous avez revendiqué
l'honneur de soigner votre père. Vous vouliez à tout prix le ravir à la
mort. Tâche, hélas ! impossible à réaliser. Mais, dans l'immense dou-
leur qui vous frappe, vous avez une consolation : vous avez prolongé
sa vie, vous avez adouci ses derniers jours. Nous vous avons vue
accomplir ce miracle, de passer cinq longs mois, sans une interruption
d'une heure, au chevet de votre père; nous vous avons admirée et nous
vous disons merci. Tous les témoins de ce spectacle déchirant vous
garderont une profonde reconnaissance de ce que vous avez fait pour
celui qu'ils aimaient tant!
III. — Discoui's de M. Dutasta, au nom des amis de M. BarraL
Messieurs,
Vous venez d'entendre l'éloge du savant, de l'agronome, de l'homme
public ; laissez-moi vous dire un mot de l'homme privé.
M. Barrai était la bonté, la bienveillance, la tendresse même.
Comme on le disait, il y a un instant, il ne sut jamais rien refuser :
son expérience, son cœur, sa bourse étaient ouverts à tous.
Cette bienveillance universelle, il la concentrait sur ses fils, sur sa
fille, sur ses pelits-anfants; et comme si sa famille eût encore été,
pour son cœur, trop étroite, il l'élargissait, pour ainsi dire, en nous
l'ouvrant toute grande, à nous, jeunes gens qu'il instruisait et formait,
sous son toit, de ses conseils et de son exemple.
Le trait essentiel de ce caractère, c'était la volonté, l'énergie, la per-
sévérance; et cette persévérance, il l'apportait partout : dans ses tra-
vaux, dans ses affections, dans ses opinions philosophiques. Sa fière
et libre pensée limita toujours la connaissance humaine au domaine
de l'expérience et n'admit au rang des vérités que les vérités démon-
trées. Au delà il n'entrevit jamais qu'un inconnu vide et sombre,
vaguement éclairé peut-être, à l'une de ses dernières heures, d'un
fugitif rayon d'espoir.
Tellefut safoi philosophique, et j'en puis témoigner, moi, qui le con-
naissais depuis vingt ans et qui reçus si souvent les confidences
non seulement de son cœur, mais de son esprit.
Adieu, ô toi le plus bienveillant des hommes, le plus dévoué des
amis, le plus tendre des pères, le plus indépendant des penseurs!
OBSÈQUES DE M. l.-.l. BA.RUAL. 449
IV. — Discours de M. Caubert, au nom de la Société centrale d'agriculture
de la Seine-Inférieure.
Messieurs,
La Société centrale d'a^riciilture de la Seine-Iiiférieure m'a donné la
triste mission de la représenter ici. Le mobile qui l'a guidée est dou-
ble : rendre un dernier hominage à un de nos plus illustres agrono-
mes, lui donner une marque spéciale de reconn:iissance,car un des der-
niers actes de sa vie publique a été sa présence au concours régional
de Rouens lorsque déjà la maladie avait diminué ses forces.
L'agriculture Irançaise, déjà si éprouvée cette année par la mort de
M. Dumas, vient encore d'être frappée en la personne de M. Barrai
qui laissera, surtout au Conseil supérieur et à la Société nationale, un
vide bien difficile à combler.
Partout, à Paris, en province, et même à l'étranger, M. Barrai était
universellement aimé et apprécié de tous ceux qui portent un réel
intérêt à la plus importante de nos industries, à celle qui occupe plus
delà majorité des enfants de la France et qui traverse depuis quelques
années une crise fort regrettable, engeuirée, en grande partie, par les
transformations incessantes de ce siècle, de vapeur, d'électricité, qui
déroute parfois même les vétérans delà science agricole.
Des sommités comme les Dumas, les Birral, sont des phares bien
précieux pour traverser sans sombrer d'aussi redoutables épreuves, et
l'on pourrait concevoir des craintes lorsque ces illustres pilotes
viennent à manquer. Mais ce serait mal honorer nos morts que de pleu-
rer silencieusement sur leur cercueil. M. Barrai ne connaissait pas les
défaillances, et il avait une confiance absolue dans la vitalité de l'agri-
culture française. Je crois donc être le fidèle interprète de la pensée
de l'excellent ami qui vient de s'éteindre, en affirmant ici devant ce
cercueil que la France serait ingrate envers la Providence comme
envers ceux qui la dirigent, si elle n'avait pas une foi entière dans
l'avenir de son agriculture.
J'ai l'honneur, au nom de la Société centrale d'agriculture do la
Seine-Inférieure, que M. Barrai affectionnait tout particulièrement, de
dire un dernier adieu à l'éminent savant que la France vient de
perdre et de rendre un suprême hommage à sa mémoire, qui vivra
éternellement au milieu de toutes les personnes dévouées aux progrès
de l'agriculture.
TÉLÉGRAMME DU MINISTRE DE L'AGRICULTURE
Le ministre de r agriculture à la famille Barrai, Fontenay-sous-bois [Seine).
Le Th.illot, 11 septembre 188i.
Le ministre de l'agriculture exprime à la famille de M. Barrai la part
bien vivequ'ilprendau malheur qui la frappe. L'agriculture française
perd un de ses plus éuiinents et de ses plus utiles défenseurs, et le
ministre de l'agriculture un de ses meilleurs collaborateurs.
J-A. BARRAL
Une grande lumière vient de s'éteindre. Le plus grand agronome
que la Fx'ance ait possédé depuis la mort du comte de Gasparin,
450 M. J.-A. BARRAL.
J.-A. Barrai, vient de disparaître de ce monde de l'agriculture oîi il
exerçait une royauté incontestable, sinon incontestée.
Eu effet, pour prétendre à ce sceptre, il ne suffît pas d'être chimiste
ou physicien, ou économiste, ou naturaliste, ou zootechnicien, ou méca-
nicien, ou ingénieur, ou agriculteur dans le sens élevé du mot ; il faut
réunir toutes ces connaissances, et les posséder assez profondément
pour ne laisser échapper aucun des liens qui les rattachent à la pro-
duction agricole; à cet ensemble d'armes scientifiques il iaut joindre
la connaissance exacte de toutes les régions agricoles, de leurs forces
productives, de leurs marchés et des crises qui viennnent akérer leur
condition économique.
Pour atteindre cet idéal de l'agronome, il faut une puissance d'in-
telligence, une puissance de travail et une dépense d'activité qui ne
se rencontrent que très rarement dans un seul homme. Aussi l'agro-
nomie, en France comme dans tous les pays, est représentée par
des savants qui ont abordé, chacun de leur côté, les problèmes qui
reliaient les sciences mères à cette science technologique qu'on appelle
l'agronomie. Ces savants, dont plusieurs sont de véritables maîtres,
ont rendu d'immences services et ont contribué puissamment aux
progrès de l'agriculture contemporaine.
La mécanique agricole, l'emploi des engrais complémentaires, la
lutte contre les ennemis des produits de la terre, la répartition de ces
produits entre les consommateurs, ont ainsi réalisé, grâce aux efforts
réunis des savants et des praticiens, d'immenses progrès.
Il n'en reste pas moins que l'agronome complet est celui qui a réuni
dans son cerveau et y a classé toutes ces conquêtes, et a su commu-
niquer au public cet ensemble qui constitue la science agronomique.
J.-A. Barrai a réalisé ce prodige, et celte universalité de connaissan-
ces a presque fait oublier ses recherches personnelles si nombreuses
et marquées toutes au coin du véritable esprit scientiliiiue et de l'in-
tuition pratique.
Les lecteurs dn Journal de ragricuUure ont une consolation. M. J.-A.
Bari'al laisse un continuateur digne de lui dans la pursoiine de M. S,i-
gnier, qui a vécu à la fois de sa vie et de son travail, qui s'est en
quelque sorte incarné dans cette lumineuse intelligence.
Quant aux amis de M. Barrai, quant à ceux qui ont joui de
cette inaltérable amitié, de ce dévouement, qui ont profité de ces clartés
sans nombre sur tous les sujets, ils sont inconsolables.
P. DE Gaspaeik,
Membre de ta Kociété nationale d'agnoulture de France,
Correspondant de l'Insiitut.
CHRONIQUE AGRICOLE (20 septembre i884).
Regret? \inani mes exprimés à l'occaHion de la mort île M. Barrai. — Remerciements à nos amis.
— Derniers travaux de M. Barrai. — Rapport sxti- l'afrrictiiture et les irrigations dans le dépar-
tement de la Haute-Vienne. — VAlmanach de l'auricuUure pour 188ri. — Nouvelle édition de
la Lutte contre le pli'iIJoxera. — Décorations dans l'ordre du Mérite agricole. — Programme
des concours généraux agricoles de Paris en 18S5. — Examens d'admission à l'Ecole pratique
d'agriculture du Rhône. — Examens d'admission à la ferme-école des Trois-Croix. — Excuses
à nos lecteurs.
I. — La moi't de M. Barrai.
' La nouvelle de la mort de M. Barrai a produit partout une vive
émotion. Los témoignages nous en arrivent chaijue joui- de toutes les
CHRONIQUE AGRICOLE (20 SEPTEMBRE 1884). 451
parties de la France et de l'étranger. L'accord est unanime pour répé-
ter les sentiments exprimés dans le télégramme de M. le ministre de
l'agriculture, que nous avons inséré plus haut. On nous écrit des
châteaux comme des plus humbles chaumières, pour nous dire la
part que l'on prend à notre douleur; des amis inconnus trouvent
les termes les plus chaleureux et les plus touchants pour exprimer
leurs sentiments de regrets. Il nous est impossible de répondre indi-
viduellement à toutes ces marques de sympathie. Au nom de la veuve
de M. Barrai, au nom de sa fille, en notre nom personnel, nous adres-
sons à tous ces amis disséminés de toutes parts, les remerciements les
plus vifs. Puisse cette unanimité de regrets servir à calmer la dou-
leur dont nous sommes le témoin. Nous remercions aussi nos con-
frères de la presse qui, tous, ont rendu justice à notre maître.
IL — Derniers travaux de M. Barrai.
Dans les dernières semaines du mois d'août, M. Barrai, dont les
forces faiblissaient rapidement, calmait les impatiences d'un repos
prolongé, en corrigeant les dernières épreuves d un rapport sur l'agri-
culture et les irrigations du département de la Haute- Vienne. Ce rap-
port, publié par le ministère de l'agriculture, a été écrit à la suite du
dernier concours de la prime d'honneur et de deux concours spéciaux
d'irrigation. C'est un fort volume de plus de 800 pages in-8", rempli
de faits et d'observations; nous espéroas qu'il pourra paraître dans
quelques jours. La préface, que nous reproduirons ici, peut être consi-
dérée comme le testament agricole de M. Barrai.
C'est aussi pendant les derniers jours du mois d'août que VAlma-
nach de ragricuUure, pour 1885, a été mis sous presse; il vient de
paraître. M. Barrai aimait tout spécialement, parce qu'il s'adresse aux
petits, ce livre modeste.
Enfin, le lendemain de la mort de M. Barrai, nous avons reçu le
premier exemplaire de la 5" édition de son livre sur la Lutte contre le
phylloxéra. Cette nouvelle édition a été mise au courant de tous les
faits nouveaux qui se sont produits dans les derniers mois.
Ce simple exposé justifie, en dehors de ce que nos lecteurs ont vu
par eux-mêmes, cette affirmation de M. Passy, que M. Barrai est
mort sur la brèche, qu'il est mort debout.
IIL — Dècoralio'is pour servias rendus à l'agriculture.
Le Journal officiel du 17 septembre publie la liste suivante de déco-
rations dais l'ordre du Mérite agi-icole conférées par M. le ministre de
l'agriculture :
M. GÉRAiiD [LoLiisl, agriculteur -éleveijir à Trémignaa, eomcauae de Gombour"
(Ille-et-Vilaine) président duG)inLce agricole deGjinboiir^ depuis Ik aas ; a coa-
tribué aux progrès de l'agriculture de la régioa par la façon doat il dirige deux
importantes cultures : l'une de 3 7 hectares, l'antre de- 300, et par l'exploitation
d'une station d'étalons; a rais à la disposition des agriculteurs des reproducteurs
de premier choix de races bovine, ovine et porcine. 18 premiers prix, 31 seconds
et troisièmes prix dans les concours et comices, médiille d'or et médaille spéciale
décernées par la Société d'agriculture d'Ills-ot-Vilaine pour ses étalons. Services
exceptionnels.
M. Gaiuiassin-Lafite (Léon), propriétaire à Vavres (Gironde), vice-présiden
du Gomice agricole de l'arroudissement de Libourae; a contribué à la reconstitu-
tion des vignobles par la culture des pknts américains et lutté contre le phyl-
loxéra par soa e.'cemple et des conférences très suivies ; j24 ans de services.
M. CrROLLiER ^Léopoid;, président du Gjmice de Durtal (iMaine-ct-Loire) ; a
452 CHRONIQUR AGRIGOLK (20 SEPTEMBRE iBS't).
vulgarisé les meilleurs procédés de culture et d'élevage dans le canton et a obtenu
de nombreuses récompenses dans les concours régionaux et expositions. Services
exceptionnels.
M. Chambon (Jean-Martin), vétérinaire à Ladon (Loiret), vice-président de la
Société des vétérinaires du département, secrétaire de la Commission du phyl-
lo.\era et vétérinaire du service des épizootios; a rendu, dans ce dernier poste,
de bons services; a reçu, en outre, une médaille du ministère de l'agriculture pour
services agricoles; 21 ans de services.
Les agriculteurs dont on vient de lire les noms sont trop connus
pour qu'il soit nécessairô d'ajouter quoi que ce soit à l'éauméralion de
leurs litres.
IV. — Concours généraux agricoles de Paris en 1885.
Le concours général annuel, qui se tient au palais de l'Industrie,
à Paris, aura lieu, en 1885, du 2 au I 1 février. Le programme vient
d'en être publié. Ce concours comprendra les animaux gras, les ani-
maux reproducteurs, les volailles vivantes et volailles mortes, les pro-
duits agricoles, une exposition scolaire et une exposition d'instru-
ments, de machines et d'appareils agricoles. De nouvelles sections ont
été ouvertes pour les vins d'Algérie, pour les cidres et poirés, pour la
pisciculture et l'ostréiculture; un concours spécial de matériel de lai-
terie y sera annexé. Les exposants doivent adresser leurs déclarations
au ministère de l'agriculture, à Paris, avant le 1" janvier. Nous ana-
lyserons le programme du concours dans notre prochain numéro.
V. — Ecole pratique d'agriculture d'EcuUy,
Les examens d'entrée pour l'Ecole pratique d'agriculture du Rhône,
à Ecully, prés Lyon, auront lieu, au siège de l'établissement, le lundi
6 octobre prochain. En raison de sa proximité de Lyon, cette Ecole
possède un corps enseignant d'élite recruté dans les meilleures insti-
tutions de cette ville. Aussi a-t-elle tout le nécessaire pour former des
jeunes ge capables, pouvant se spécialiser en agriculture proprement
dite, viticulture ou horticulture.
VI. — Ferme-école des Trais-Croix.
Les examens d'admission à la ferme-école des Troix-Croix, près
Renues, auront lieu le 15 octobre 1884, à huit heures du matin, au
siège de l'établissement. Les candidats devront adresser au préfet
d'Ilie-et- Vilaine : leur demande d'admission écrite par eux, une copie
de leur acte de naissance, un certificat constatant qu'ils ont été vacci-
nés ou qu'ils ont eu la petite vérole.
La durée des études est de deux ans. L'enseignement est complète-
ment gratuit, et les frais d'entretien du trousseau sont supportés par
la ferme-école. Les apprentis qui, après avoir accompli régulièrement
les deux années d'apprentissage, auront subi avec succès leur examen
de sortie, recevront, lors de leur sortie, le brevet de capacité et une
prime de 300 francs. Le brevet de capacité donne droit, sans autre
épreuve, aux bénéfices du volontariat militaire. Quinze places sont
vacantes. Un programme détaillé sera adressé à toute personne qui
en fera la demande à M. Hérissant, directeur de la ferme-école.
VII. — Excuses à nos lecteurs.
Nous prions les lecteurs du Journal de T agriculture d' excuser la briè-
veté de cette chronique ; ils comprendront facilement les causes pour
lesquelles nous ne pouvons pas nous étendre davantage aujourd'hui.
Henry S.\gnier.
CULTUKK DE LA BETTEKAVE A SUCKE. 453
CULTURE DE LA BETTERAVE A SUCRE
EXEMPLE DE GOiMPROMiS
I>e nouveau régime des sucres aura probablement, entre autres consé-
quences, la généralisation du mode de vente de la betterave d après
sa richesse en sucre; aussi les fabricants de sucre et les cultivateurs
qui jugent utile de faire des conventions réglant, pour uu temps déter-
miné, les conditions d'achat et de vente de la betterave, seront-ils
obligés de signer de nouveaux compromis.
Plusieurs modèles de marché dans lesquels on fait intervenir la
qualité pour l'achat de la betterave, sont actuellement présentés
comme offrant toute sécurité à l'acheteur et au vendeur; mais, la
plupart de ces compromis n'ont pas encore fait leurs preuves et il est
dilïicile d'apprécier, a priori, les résultats que donneront ces traités.
Dans la situation actuelle il est utile de recueillir, à titre de ren-
seignements, les compromis qui, partout oîi la vente de la betterave
s'est faite d'après sa richesse saccharine, ont donné des résultats
satisfaisants pour le cultivateur et pour le fabricant de sucre. C'est à
ce titre qu'il nous paraît intéressant de faire connaître un compromis
qui n'a jamais donné lieu à aucune difliculté entre les intéressés et qui
a eu d'heureuses conséquences culturales. Ce compromis fait dans l'un
des départements de la région du nord est ainsi rédigé :
Entre les soussignés :
Monsieur A..., fabricant de sucre, demeurant à V..., d'une part, et mon-
sieur J..., demeurant à L..., d'autre part, ont été faites les conventions sui-
vantes :
M. J..., s'engage à ensemencer en betteraves y sucre, pendant une période de
neuf années consécutives qui prendront cours le premier janvier 18. ., la quan-
tité de hectares de tyrre au minimum.
Toutes les betteraves produites sur le nombre d'hectares ci-dessus indiqué
seront payées par le fabricant d'après leur rendement industriel et selon le cours
des sucres.
Le rendement industriel sera constaté de la manière suivante :
Pour les betteraves mises en silos au 15 octobre de chaque année et avant la
dé|)lantation pour celles rendues en fabrique.
Les deux parties ou leurs représentants se rendront sur les parcelles ensemen-
cées pour y prélever des échantillons qui ne devront dans aucun cas être pris dans
les quatre premières lignes formant le tour de la pièce, à moins que la qualité
n'en soit pas conforme.
Le nombre des pieds à soumettre à l'analyse sera environ de vingt à l'hectare;
d'accord avec le planteur le fabricant désignera avant d'entrer dans la pièce, sur
quel point du champ et sur quelles lignes il désire prendre lesdits échan-
tillons.
Une fois prélevés, les échantillons seront bien lavés, coupés en quatre parties
égales, mis en sacs plombés ou cachetés et confiés à deux chimistes ([ui en feront
l'analyse complète.
Si leurs analyses ne concordent pas entre elles et qu'elles présentent une diffé-
rence de plus de cinquante centièmes, un troisième échantillon devra être soumis
à un troisième chimiste qui en fera le départage.
Une fois le rendement industriel connu, le prix en sera payé au prorata du
cours du sucre en prenant pour base la moyenne des cours prati(jués à la
bourse de L... en sucres dix-treizième 88 degrés, depuis le 15 octobre jusqu'au
15 janvier de chaque année.
En prenant pour base le cours de 60 francs, la betterave ayant un rendement
industriel de 5 pour 100 sera payée 16 francs les 1,000 kilog. Celle de 6 pour 100
sera payée ±1 francs les 1,000 kilog.; celle de 7 pour 100, 28; celle de 8 pour 100,
34; celle de 9 pour 100, 40.
454 CaLTUUE DE LA BETTERAVE A SOCRE.
Les prix ci-dessus sont pour la betterave rendue à l'usine.
La tare des betteraves sera i'aile à la fabrique, et les betteraves devront être
coupées à vifs collets
Le fabricant s'engage à fournir 20 pour 100 de pulpe du poids de la betterave,
au prix de les 1,000 Vûog.
Il est bien entendu que quoique le rendement industriel ait été constaté vers
le 15 octobre de chaque année, le cultivateur n'en devra pas moins les soins ordi-
naires à la bonne conservation de la betterave.
Si, par la suite, le fabricant venait à monter «oit les presses continues ou la
diffusion, le cultivateur serait obligé de prendre la pulpe telle quelle et le prix en
serait fixé par la richesse reconnue par l'analyse, comparativemeùl aux pulpes
des presses hydrauliques.
Fait double et de bonne foi à V..., le 22 janvier 18
Un semblable compromis me semble beaucoup plus équitable que
la plupart des modèles pi'oposés dans lesquels les betteraves sont
vendues à un prix déterminé à l'avance, croissant avec leur richesse
en sucre ou avec la densité de leur jus qui, comme on le sait, permet
d'apprécier approximativement la quantité de sucre contenue dans ces
racines. Il est même diflicile de concevoir qu'un compromis, dans
lequel le prix des betteraves est arrêté d'avance, puisse donner des
résultats avantageux, soit pour le cultivateur, soit pour le fabricant
de sucre. Ce qui, en général, lègle le prix de la matière première, c'est
le prix de vente de l'objet fabriqué; or, la valeur du sucre est variable,
il ne dépend pas plus du fabricant que du cidtivateur de faire que ce
prix soit constant dans un court espace de temps, à plus forte raison
ne peut-on prévoir le prix du sucre dans une série d'années, et en
fixant à l'avance le prix des betteraves, c'est marcher quelque peu à
l'aventure, c'est se placer dans des conditions défavorables et pour la
prospérité industrielle et pour la prospérité agricole.
Au contraire, si le prix de la betterave est réglé comme dans le
compromis ci-dessus, par le cours moyen du sucre, le fabricant et le
cultivateur profitei'ont à la fois de toute élévation des cours, et il sera
juste qu'ils subissent ensemble les conséquences de la baisse. F^es
intéressés se rapprocheront ainsi de cet état d'association qui est l'une
des principales causes de la prospérité des fabriques de sucre en
Allemagne.
Il est à remarquer, dans le contrat qui précède, que le prix de la
betterave est basé non pas sur sa richesse absolue en sucre, mais bien
sur sa richesse relative d'après laquelle on détermine le rendement in-
dustriel. Cette clause paraît juste, car la quantité de matières étrangères
contenue dans le jus joue un rôle important dans la fabrication. Si la
proportion des cendres est de plus de 6 parties pour 100 de sucre, les
jus se travaillent mal, les masses cuites sont plus colorées et. ne four-
nissent qu'un moindre rendement en sucre cristallisé, tout en exigeant
des frais de fabrication plus élevés.
Par exemple, quand 1,000 Ivilog. de betteraves dont le jus contient
9 pour 100 de sucre et 0.550 de corps étrangers d'origine minérale
ou organique valent 20 francs, une tonne de betteraves de même
richesse saccharine, mais renfermant 1 .700 de substances autres que
le sucre dans son jus, vaudra sensiblement 13 francs. Ces betteraves,
quoique contenant la même quantité de sucre, n'auront pas la même
valeur industrielle; il est donc important de tenir compte du quotient
de pureté dans la vente de la betterave.
Comme ce n'est pas seulement la proportion de matières étrangères
CULTURE DE LA BETTERAVE A SUCRE. 45b
qu'il importe de connaître, mais aussi la proportion qui peut en ôtre
éliraiiiéo, il serait prudent, dans un contrat analogue au précédent,
de préciser le mode de détermination du rendement industriel.
Il est à remarquer, dans ce traité, que la détermination de la
richesse saccharine de la betterave est faite avant la livraison, ce qui
permet d'éviter plusieurs diflicullés qui peuvent se produire au
moment où les racines sont rendues en fabrique.
On se tromperait entièrement si l'on supposait, après la lecture de
ce compromis, que le cultivateur s'était imprudemment engairé et
qu'il ne devait pas tarder à regretter une signature qui l'obligeait de
faire des betteraves riches en sucre dans un pays où l'on prétend,
sans le démontrer, que la production de betteraves d'une richesse
saccharine élevée est chose impossible. Le cultivateur signataire de
ce marché eut recours aux métiiodes scientifiques pour améliorer ses
racines, et dans ces dernières années, l'analyse de divers échantillons
de ses betteraves donnait les résultats suivants :
Matières Rendement
Poids des betteraves. Densité du jus. Sucrep. loo étrangères. industriel.
(i.2 13.76 1.54 9.16
6.-3 13.94 1.46 9.32
245 à 375 gr 5.9 13. .^8 0.92 9.49
6.5 14.30 1.60 9. .52
6.3 14.12 1.28 9.G3
90 à 160 gr 6.6 14.67 1..53 9.85
410 à 505 gr 6.4 14,49 1.21 9.96
1,700 gr 6.7 14.85 1..55 9.97
340 à 530 gr 6.4 14.67 1.03 10.23
7.1 15.50 1.80 10.27
395 à 460 gr 6.5 14.85 1.05 10.35
140 à 485 gr 6.3 14 67 0.73 10.45
280 à 470 gr 6.4 15.21 0.79 10.81
3.55 il 415 gr 6 9 15.76 1.24 10.89
395 à 460 gr 7.0 1614 0.96 1138
290 à 395 gr 6.8 15.94 0.66 11.4G
320 à 370 gr 7.4 16.66 1.24 11.56
290 à 355 gr 6.6 15.40 0.80 11.95
Malgré les fortes variations que l'on constate dans les nombres qui
expriment la proportion de matières étrangères dans le jus de la bet-
terave, il est aisé de reconnaître que, en général, la quantité de ces
substances diminue à mesure que la proportion du sucre augmente;
c'est un résultat qui est une conséquence directe de l'une des clauses
du compromis et qui fait le plus grand lionneur au cultivateur qui l'a
obtenu.
Dans les analyses énumérées ci-dessus, on remarque que le poids
des betteraves ne dépasse guère 500 grammes; une seule pesait
1,700 grammes, et il n'est pas sans intérêt de constater que sa ri-
chesse saccharine était égale à celle de betteraves quatre fois plus
petites, cultivées exactement dans les mêmes conditions.
Ces betteraves, récoltées sur une surface de 10 hectares, furent
jiayées en moyenne 31 fr. 60 les 1,000 kilog. en 1880, 28 fr. 70 en
1 881 , et 33 fr. en 1 882.
Rien ne démontre que la richesse moyenne obtenue ne pourra être
dépassée ; il est même probable qu'elle n'a pas encore atteint son
maximum, car les betteraves récoltées sur un hectare ont été vendues
44 fr. la tonne.
Si le cultivateur a réussi à élever la proportion du sucre dans ses
betteraves, ce n'a pas été au détriment du poids. En effet, la récolte
moyenne oscille autour de 40,000 kilog. à l'hectare; la plus faible
456 CULTURE iDE LA BETTERAVE A SUCRE.
:i été (le 35,000 kilog., et ia plus forte a fourni 52,000 kilog. de ra-
cines par hectare.
Avec la pi us faible récolte, le produit brut par hectare a été de 1 ,1 06 fr. ,
el avec la plus élevée il a atteint 1,492 fr. Des cultivateurs voisins,
ayant sensiblement les mêmes frais de production et vendant la bet-
lerave au poids, obtenaient un produit brut moyen de 950 fr.
Ces résultats suffiront pour attirer l'attention sur un compromis
qui, dans plusieurs circonstances, pourrait servir de guide et même
être avantageusement imité en subissant les modifications que la
situation actuelle peut comporter. Sai?<t-Andué.
LA PRIME D'HONNEUR DE L'HORTICULTURE
DANS LA MARNE EN 1884 '
L'établissement de M. Maquerlot (Elie-Edmond),pépiniénste, à I- ismes, date de
1862. Son fondateur, alors journalier horticole à 55 sous par jour, débuta sur
un terrain de 50 ares de superficie, acheté avec les économies du ménage, car il
faut dire qu'à cette époque, Mme Maquerlot était déjà la collaboratrice dévouée
de son mari. Actuellement M. Maquerlot exploite 43 hectares; 13 nouveau.x hec-
tares sont en voie de préparation et seront plantés dans le cours de 1884-1885;
ce qui, au printemps de l'année 1885, formera un total de 56 hectares. Cette
belle superficie horticole se divise en 19 parcelles formant un total de 56 hec-
tares.
La composition du sol et du sous-sol de ces parcelles diffère avec l'emplace-
ment qu'elles occupent. La Commission a rencontré des terrains marécageux,
tourbeux, sablonneux et même argilo-calcaires ; dans les terrains marécageux, la
tourbe se trouve à une profondeur suffisante pour que les plantes du dessus ne
puissent souffrir de sa présence; les terrains secs, où le sable entre en petite quan-
tité, sont de culture facile. Ils sont la base de la plupart des parcelles que nous
avons visitées.
Nous rendons immédiatement compte de cette visite faite avec tous les soins
que réclamait une exploitation horticole aussi importante.
Le siège de l'établissement, sis à Fismes, faubourg de Soissons, comprend
la maison d'habitation avec cour et bâtiments d'exploitation entourés d'un jar-
din clos par de grands mui's garnis de treillages qui servent au palissage des
arbres fruitiers, tels que poiriers, pêchers, vignes de sortes diverses. Un terrain
attenant (allée des Missions) sert de dépôt pour la mise en jauge des arbres et
plantes ; c'est un magasin d'hiver qui facilite les expéditions à l'époque de la vente,
La partie close forme un jardin à fleuis, dans lequel on remarque une grande
serre chaude et des châssis qui servent à la multiplication des plantes de toute
sorte, de magnifiques haies en thuya de la Chine qui abritent des milliers de rho-
dodendrons variés, plantés en terre de bruyère. Des arbustes et arbrisseaux
d'ornement, à ieuiUts caduques ou persistantes, occupent les parties ombragées
de la ])ropriété.
La fosse Benoite est un charmant endroit bordé d'une part par la Vesle, de
l'autre par le chemin latéral à la voie ferrée de lleims à Soissons. l'arfaitoment
dessiné, avec rivière anglaise, pièces d'eau, ponts rustiques, chalets, etc., etc., ce
jardin a été créé il y a quatre ans, dans un terrain de mauvaise qualité, dont la
partie basse était un marais fangeux qu'il a fallu assainir par des canaux et des
rapports de terre de près de 1 mètre de hauteur. On y trouve, poussant vigoureu-
sement, tous les arbres, arbustes et plantes d'ornement nécessaires à la construc-
tion et à l'aménagement des jardins d'agrément.
Les jardins du faubourg d'Epernay sont affectés aux semis d'arbres fruitiers et
forestiers. Le terrain, très riche en humus, est traversé par une allée bordée de
plates-bandes où sont plantés des conifères choisis parmi les espèces les plus
raies; il est divisé en planches larges do 1 m. 30, qui reçoivent les semis. Une
distribution d'eau très bien aménagée, permet d'arroser le jardin en un instant.
La pépinière de Verlac, sur la route de Saint-Gilles, est plantée en arbres frui-
1. Extrait du rapport de M. L.-G. Maurice sur les primes d'iionneur de la petite ciiUure, de
riiorticullure, et les rcoompenses aux serviteurs rurau.x dans la Manie en 1SS4.
LA PRIME D'HONNEUR DE L'HORTICULTURR DANS LA MARNE- khi
tiers, forestiers et d'apiréraent. Un carré de 500,000 plants forestiers, soigneuse-
ment repiqués, est remarquable par la belle véi^'étation des sujets et la bonne
culture dont il est l'objet. La pépinière de la liriqueterie est également alTectée aux
arbres fruitiers et forestiers. On y cultive aussi plusieurs vignes pour pieds-
mères, des milliers d'églantiers, des rosiers à haute tige en cent quarante varié-
tés remontantes, choisies parmi les plus belles espèces.
Les terrains du chemin de Villesavoye et de la Groix-Magitot contiennent
80,000 pommiers, poiriers, pruniers, pêchers disponibles, d'une beauté et d'une
vigueur remarquables. Les arbres sont à haute tige, quenouille, palraette, etc., etc.
et appartiennent à plus de cinquante variétés différentes Un plant d'asperges de
10 ares, en pleine production, fait suite aux plantations.
■ Le bois Aubriot est destiné entièrement au repiquage de=! jeunes pins, sapin»
propres au reboisement. C'est la dernière parcelle qui est proche de Fismes ; celles
dont l'examen va suivre, à part la propriété de Trigny, près Reims, sont éloignées
de plusieurs kilomètres, mais on peut encore les comprendre dans 'e rayon de
l'établissement, M. Maquerlot en conservant la direction et la surveillanre.
Le teirain de la pépinière de Blanzy n'est autre chose que l'emplacement d'un
étang desséché, il y a de lot gués années. Les espèces dominantes de plant fores-
tier qu'on y trouve par millions de sujets, sont : aulne, acacia, bouleau, chêne,
frèoe, hêtre, châlaignier, érable, épine, saule-marsault, Sainte-Lucie, tilleul,
charme, sapin. Le rupt de Blancy, qui traverse la propriété, a été aménagé pour
donner de l'eau en temps de sécheresse. Un grand canal complète le système d'irri-
gation, et permet d'inonder légèrement la pépinière en une heure.
Les six hectares de la Tuilerie de Muizon sont spécialement consacrés à la
production du peuplier dit le régénéré. M. Maquerlot, aidé par M. Tassin de
MoBtaigu, propriétaire du terrain, a le mérite d'avoir transformé ces marais tour-
beux en une pépinière magnitique où l'on peut compter plus de 80,000 peupliers
d'une croissance admirable. Ce résutat a été obtenu par l'ouverture de fossés
larges de 3 mètres, creusés perpendiculairement au lit de la Vesle, qui longe la
propriété au sud, et à la construction de banquettes larges de 6 mètres sur les-
quelles les plantations ont été faites.
Le moulin de Baslieux-lès-Fimes et la vallée qui porte le même nom, lorraent
une vaste pépinière de 25 hectares d'un seul tenant, dans laquelle on entre par une
magnifique allée, large de 6 mètres, qui prend ouverture sur le chemin rural du
gravier de Baslieux. Seize lignes d'arbres fruitifrs et d'ornement bordent cette
voie principale, destinée au passage des visiteurs et des voitures d'expédition.
Cette propriété qui est entre les mains de M. Maquerlot depuis un an seulement,
a été entièrement transformée par ses soins : la maison d'habitation et les dépen-
dances restaurées; la cour de service nivelée et rendue praticable ; le ruisseau endi-
gué et dirigé de façon à alimenter deux pièces d'eau cle création récente et desti-
née à la pisciculture ; un drainage parfaitement compris, établi pour l'assainis-
sement d'une partie marécageuse d'environ 3 hectares; le grand fossé collec-
teur où s'écoule l'eau drainée, utilisée pour la culture du cresson, des défonce-
ments pratiqués et des déplacements de terre effectués en différents endroits. Les
plantations qui se composent uniquement de variétés fruitières : pommiers, poi-
riers, pruniers, cerisiers, cognassiers et Sainte-Lucie pour greffes, sont d'une
régularité parfaite ; les grandes divisions sont partagées en rectangles de 50 mè-
tres carrés, la distance entre les lignes est cle 0 m. 90 et de 0. m. 70 entre les
sujets. Le contremaître, qui habite l'ancien moulin, est en même temps le garde
de la propriété.
M. Maquerlot cultive l'asperge d'Argenteuil, à Trigny, près Reims, sur une
vaste échelle. Une parcelle de 5 hectares, légèrement sablonneuse, en bonne
exposition, dont les produits suffisaient à peine pour en payer l'impôt, fut plantée
en asperges dont le rendement actuel est de 12,000 bottes, vendues au prix moyen
de 1 fr. 25 l'une, pour les marchés de Reims et de Paris. Les frais de premier
établissement, y compris une construction de 4,000 fr., ont été de 26,000 fr.; la
dépense annuelle d'entretien et d'exploitation monte à 5,800 fr.
La partie florale est confiée à Mme Maquerlot. Elle comprend les bouquets à
la main, les fleurs coupées, les fleurs de luxe, les plantes d'appartement : camé-
lias, azalées, œillets, fougères, palmiers, orchidées, etc., etc. La culture maraî-
chère n'a d'autre but que de satisfaire aux besoins de la maison.
Le nombre d'ouvriers employés est de 40 en hiver et 20 en été; les salaires
sont de 3fr., 3 fr. 25 et 4 fr. par jour sans nourriture. A la tète de ce personnel
458 LA PRIME D'HONNEUR DE L'HORTICULTURE DANS LA MARNE.
est placé un exellent chef de culture, M. Louis -Alfred-Adrien Péon, âgé de
■quarante ans, qui est au service de M. Maquerlot depuis le l"novembrel866.
La Commission regrette vivement de ne pouvoir récompenser les bons et loyaux
services de ce fidèle serviteur pour lequel une demande a été formulée trop tar-
divement, c'est-à-dire après les délais fixés par l'arrêté ministériel.
M. Maqueilot a renoncé aux engrais chimiques, qui restaient sans effet, pour
n'employer que le fumier do ferme sous diverses formes, à raison de 60 mètres
cubes à l'hectare ; il renouvelle les fumures tous les trois ans. Toutes les cultures
s'exécutent à bras ; les chevaux ne sont employés qu'au transport des produits
et des engrais; néanmoins M. Maquerlot a l'intention d'introduire chez lui une
charrue défonceuse pour la préparation de la terre et des houes à cheval pour les
cultures superficielles.
La tenue de la comptabilité est bonne. Le chiffre des ventes, du 1'' octobre 1883
au 1''' avril 1884, a été de 80,000 fr. Les frais se répartissent ainsi : main-d'œuvre,
32,000 fr. ; frais généraux, de maison, exploitation, engrais, fumier, entretien
de matériel, 20,000 fr. ; montant des locations des terrains horticoles, 5,3 0 fr. ;
ce qui forme un total de 57,300 fr., à déduire du montant des ventes, 80,000 fr. ;
bénéfice net 22,700 fr. M. Maquerlot est locataire de la presque totalité des par-
celles qui composent son exploitation horticole, mais il possède à Fisme et dans
les environs des propriétés foncières évaluées, avec le siège de l'établissement, à
85,000 fr., auxquels il faut ajouter la somme de 150,000 fr., valeur superficielle
des propriétés.
M. Marquelot a beaucoup perdu en 1879, la gelée ayant détruit en grande par-
tie les arbres fruitiers, les arbustes verts, les conifères en plus de soixante va-
riétés, à l'exception de ceux qui étaient entièrement couverts de neige. La perte
subie n'a pas été inférieure à 40,000 fr., mais la fertilité du sol aidant, les vides
furent comblés dans un temps assez court; il n'a reçu aucune indemnité de l'Etat
et il n'a pas tenté la restauration des arbres avariés.
Les principaux débouchés de l'établissement sont la Marne, les Ardennes,
l'Aisne, la Belgique, le Nord, la Seine, Seine-et-Marne, Seine-et-Oiso, la Meuse,
Maine-et-Loire, etc., etc. Il expédie même à Angers qui est un de nos grands
centres agricoles.
Nulle part la Commission n'a trouvé une aussi grande surface cultivée, des
pépinières aussi régulières, des arbres aussi beaux, des cultures aussi soignées,
des améliorations aussi importantes que chez M. Maquerlot; son établissement a
un grand avenir et on peut dire sans conteste que son directeur est le premier
horticulteur du département. La Commission est heureuse de le présenter à
M. le ministre de l'agriculture; elle le prie de décerner à M. Edmond-Elie
Maquerlot, lauréat de plusieurs Sociétés horticoles, l'objet d'art et la somme de
1,000 fr. qui constituent la prime d'honneur de l'horticulture.
L.-G. Maurice,
Rapporteur général du jury.
LE PROGRES DANS L'ÉTENDUE DES CULTURES
Le Journal de l'agriculture a plusieurs fois ' entretenu ses lecteurs
d'un travail considérable fait par l'administration des contributions
directes, et contenant une nouvelle évaluation du revenu foncier des
propriétés non bâties. Depuis la distribution du volume contenant ces
évaluations, le ministère des finances a publié un atlas in-folio qui,
imprimé avec un grand luxe, résume par nature de culture les évalua-
tions actuelles, celles faites au moment du complet achèvement du cadas-
tre, les contenances aux deux époques, enfin une série de renseigne-
ments précieux qu'un travail administratif pouvait seul nous donner. Il
est vrai que certains chiffres publiés sont contestés; mais suivant que le
disait, l'année dernière, au concours de Houdan, M. Léon Say, auquel
on doit la présentation de la loi du 9 août 1879, qui a décidé les éva-
luations nouvelles, « on a fait, par la séparation de l'impôt rural des
autres impôts fonciers, un progrès qui permet d'étudier la question à
I. Voir le Journal del'ayricuUure des 1" août ISs:; et l" mars 18S4.
LES PHOGRKS DANS L'ÉTENDUE DES CULTURES. 459
un poinl do vue purement agricole ». C'est une étude de ce genre que
nous voudrions présenter h nos Ipclcurs ; tout en faisant aussi des
réserves, les Conseils généraux étant, par une circulaire de M. Tirard,
du 20 février dernier, appelés à donner leur avis sur l'exactitude des
évaluations.et sur l'opportunité de les prendre pour base de nouveaux
continijents.
En parcourant les cartes de l'at'as officiel, en faisant abstraction de
la partie purement fiscale, on reconnail qu'on en peut extraire des
renseignements i^ur la contenance des cultutres, sur le revenu de la
propriété, sur sa valeur vénale. Les comparaisons sont établies, non
seulement entre les départements, mais entre deux époques relative-
ment lointaines ; car si, en 1850, on a mis la dernière main au cadas-
tre, on commençait dès lors à ressentir les premiers effets de l'établis-
sement des chemins de fer. Une révolution économique, prodigieuse,
commençait; on entrait dans un monde nouveau. Nous voudrions
aujourd'hui parler en détail des contenances des cultures, dont les chif-
fres généraux actuels ont été déjà présentés à nos lecteurs.
Dans une époque de progrès agricole, le premier phénomène qui doit
se présenter, c'est la disparition d'unie portion de la surface dus landes
et autres terrains incultes convertie on cultures productives. 1 ,262,000
hectares de landes ont changé de nature, et la plus grande partie a
été convertie en terres arables. Mais cette modification n'est pas la
seule, certains départements ont changé leur mode de culture, les con-
tenances ont, par suite, diminué d'un côté, augmenté de l'autre; ce
sont ces oscillations qui! importe de constater. Ouel est le progrès
général accompli ? Quelles sont les défaillances partielles? Les résul-
tats qu'on va présenter ne seront point d'une justesse mathématique,
la séparation entre la propriété bâtie et la propriété foncière ayant été
cette fois mieux opérée qu'au moment de la confection du cadastre.
On rencontre surtout des terres incultes dans la partie ouest et sud-
ouest de la Bretagne , le long de l'Océan, depuis la Gironde jusqu'aux
Pyrénées, enfin, et pour une momdre quantité, dans la région qui
s'éiend du massif central et des Alpes jusqu'à la Méditerranée. Quelle
quantité de terres incultes a-t-on fait disparaître dans ces contrées ? Il
n'a été fait de sérieux progrès que dans la Gironde et dans les Landes
qui ont été l'objet d'une si étonnante transformation. Dans les Landes,
au lieu de 405,000 hectares de terres incultes, il n'en reste plus que
170,000; dans la Gironde, 102,000 au lieu de 313,000; dans le Morbi-
lian, on a défriché 24,000 hectares ; dans le Finistère, 28,000 ; les deux
départements en possèdent encore près de 500,000 ; c'est un champ
assez vaste pour l'activité des cultivateurs courageux qui ont com-
mencé la régénération de ces contrées. L'IlIe-et-Vilaine a défriché
55,000 hectares et la Loire-Inférieure 91,000. On ne peut guère citer,
comme ayant marché dans cette voie, bien qu'à grande distance, cer-
tains départements du centre de la France : Cher, Indre, Allier. Près de
7,000,000 d'hectares de terrains incultes existent encore au soleil,
espérons qu'une grande partie est destinée à changer de nature.
Les terres qui ont été défrichées étaient presque toutes certainement
dans l'état où les avaient trouvées nos aïeux les Gaulois-, en arrivant
du fond de l'Asie. C'est une conquête; comment a-t-elle été répartie?
Les contenances en terres labourables, prés et vignes, etc., se sont
enrichies d'autant. Une partie des Landes a été consacrée aux terres
4 30 LES PROGRÈS DANS L'ÉTENDUE DES CULTURES.
labourables, dont l'étciicUio s'est élevée de 25,452,000 hectares à
à 26,173,000 hectares. L"aiigmentatioa la plus considérable en terre
labourable, s'est portée naturellement sur les départements où les
défriciiemenls ont pris le plus d'importance, comme la Loire-Inférieure
et l'Indre. Toutefois, dans certains départements, ce sont d'autres cul-
tures qui se sont étendues. Ainsi, dans la Gironde et les Landes, les
bois. L'étendue des terres labourables a rétrogradé dans la Marne,
dans la Dordogne, dans l'Aude, dans le Calvados ; dans ce dernier
département, c'est au profit des prés et herbages; il en est de même
dans la Loire-Inférieure. Dans les autres départements, on a converti
beaucoup de terres en vignes, nul ne pouvant prévoir alors la cata-
strophe qui devait atteindre la plus française de nos cultures.
Quoi de plus français, en effet, de plus gaulois que la vigne! Nous
ne voulons pas parler seuleuient des vins si divers entre eux, si géné-
reux, et tels que ceux des autres pays ne peuvent leur être com-
parés, mais du rôle pour ainsi dire social de la culture ds la vigne. La
division de la propriété, due en grande partie à la Révolution de 1789,
n'apparaît nulle part autant que dans les pays où domine la cul-
ture de la vigne. Que sont les vignobles, sinon d'immenses vergers,
nécessitant un travail constant : taille, accolage, labourages spéciaux;
il y a là une source incessante de travail, au grand bénéfice des popu-
lations rurales. Le coup qui nous a atteints est donc rude. On a beau-
coup discuté sur l'étendue de la culture de la vigne au moment de la
Révolution ; le plus simple était pourtant de s'en rapporter à Lavoi-
sier, qui, mêlé au recouvrement de l'impôt commt fermier généra!,
était à même de fournir un chiffre exact. En 1790, il fixait l'étendue
des vignes à 1,567,000 hectares. La quantité établie par le cadastre,
lors de son achèvement, était de 2,109,250 hectares ; c'était donc une
augmentation d'un tiers, quanta la surface, mais elle était bien plus con-
sidérable, eu égard à la valeur, à raison des procédés de culture et de
fabrication. Enfin le vignoble, en vieillissant, avait gagné. Qu'est-il
arrivé depuis ?
Le travail du ministère des finances, commencé en 1879, achevé en
1881, cest-à-dire pendant la durée progressive du fléau, ne peut don-
ner des notions exactes. L'enquête sur la situation des vignes phylloxé-
rées a constaté, avant la maladie, une étendue de 2, .370, 809 hectares.
Les départements qui avaient le plus gagné en étendue étaient l'Aude,
dassé de 57,000 hectares à 134,000;" le Gers, de 93,000 hectares
à 117,000; la Dordogue, de 87,000 hectares à 116,000; le Lot, de
55,000 hectares à 81,000. Le Journal a, déjà publié le rapport pré-
senté par M. E. Tisserand, directeur de l'agriculture, sur Ja situation
du vignoble français, en 1883. On a perdu 858,000 hectares de vigne,
mais 452,000 hectares ont été reconstitués, ce qui réduit la perle
sèche à 406,000 hectares, et dénote toute l'énergie du vigneron. Mais,
d'autre part, il faut constater que 6i2,000 hectares de vignes sont
atteints et résistent encore. Ces chiffres sont bien faits pour attrister,
m.ais il faut songer à ces centaines de mille hectares replantés; nous
aurons certainement raison de la violence du fléau.
L3 progrès des herbages est naturellement moins considérable que
celui des terres labourables, que celui même des vignes avant l'arrivée
du fléau. Toutefois, l'étendue, qui était de 4,804,440 hectares, au
moment de l'achèvement du cadastre, s'est élevé, d'après la nouvelle
LES PROGRÈS DANS L'KTENDUE I)KS CULTURES. 461
cvainalion, ;i ■'i,0!)8,2S0 hectares. Le Calvados a converti une paî-tio
de ses terres en herbages. lien est de même du département de la Manche;
chacun de ces deux départements s'est enrichi de plus de 30,001) hectares
d'nne culture dont les avantages nouveaux sont dus à la persistance
des éleveurs. On peut citer encore les progrès de la Nièvre, de l'Orne,
de Saône- et-Loire, de la Seine-Inférieure. On a rétrogradé dans dix-
sept départements, parmi lesquels il faut citer le Cher, les Deux-Sèvres,
la Somme, Seine-et-Oise.
La culture des bois est le plus souvent immobile, des mesures sévè-
res étant prises pour le maintien des forêts, dont l'existence joue un
rôle important dans la température et les phénomènes météorologirpies.
Les modifications dans l'étendue, qui ont eu lieu depuis l'établissement
du cadastre, ne pouvaient mentionner qu'une augmentation de la sur-
face boisée, bien que partiellement cette surface ait diminué dans
trente-six départements. Au lieu de 8,144,(J18 hectares, cliilTrc accusé
de la contenance imposable en bois, il en existe aujourd'hui
8,3'J7,131 hectares. Cette différence tient surtout aux modifica-
tions de culture qui ont eu lieu dans la Gironde et dans les Laudes,
modifications indiquées ci-dessus. Lue partie des landes delaSologne
a été convertie en bois ; la contenance boisée du département de Loir-
et-Chei se trouve, par suite, augmentée de 30,000 hectares. La Marne
a vu des plantations considérables s'élevant à plus de 50,000 hecta-
res. Ci'ons encore des plantations très étendues dans l'Aube et même
dans l'Indre-et-Loire. Les défrichements, d'autre part, ne pouvaient
être considérables. On a cependant défriché plus de 20,000 hec-
tares dans l'Aisne, une quantité à peu près égale dans la Somme ;
tiennent ensuite : Nièvre, Saône-et-Loire, Haute-Garonne, Tarn,
Seine -Inférieure, Pas-de-Calais.
Il est inutile de parler des changements opérés dans les cultures
diverses et les terrains de qualité supérieure; il faudrait de trop
nombreux détails pour en expliquer le sens. La dernière carte, conso-
crée à la contenance imposable, fixe l'ensemble des natures de culture
à 50,035,159 hectares. Tel est notre domaine.
Au congrès international de statistique de- Saint-Pétersbourg, tenu
. en 1872, la France fut chargée d'établir une statistique internationale
de l'agriculture. Du travail fait au ministère de l'agriculture et du
commerce, et publié en 187P, il résulte que le territoire agricole de la
France est le plus étendu de toute l'Europe, et celui qui contient le
moins de terres incultes. Aujourd'hui, avec la facilité des communica-
tions, il n'existe pour ainsi dire qu'un marché agricole. La France,
on vient de le voir, a, depuis une période de près d'un deini-siècle,
cultivé avec un grand soin sa part du patrimoine commun; la portion
du sol qui se trouve en bas de l'échelle de la production, a subi une
diminution d'étendue énorme et le progrès, qui en a été la conséquence.
s'est étendu depuis la terre jusqu'aux terrains de qualité supérieure.
Un fléau terrible est venu, il est vrai, frapper notre plus belle culture,
mais il n'est pas dû à l'incurie; onsait dequels soins le Français en-
toure la vigne. Le progrès dans le revenu et dans la valeur s'est égale-
ment développé, on l'établira ici prochainement avec des éléments
empruntés au beau travail de l'administration des contributions direc-
tes. . Achille Mr.iicuiii,
Menioie de la Société d'économie politiinie.
462 EMPLOI DE L'AILANTR DANS LES REBOISEMENTS.
EMPLOI DE L'AILANTE DANS LES REBOLSEMENTS-
Après avoir lu, avec beaucoup d'intérêt, dans le Journal de l'agri-
cuUnre du 28 juin dernier (n" 794), l'article sur le reboisement de la
Sologne, je me suis rappelé qu'au mois d'aoiht 1879, j'avais fait un
rapport, au nom de la Commission du reboisement des montagnes,
par l'ailante glanduleux. Ce rapport avait été fait pour la Société
d'acclimatation, dont le Conseil, comprenant combien la plantation
de l'ailante était utile, avait décidé qu'un prix de 1,000 francs jSerait
décerné à la personne, ou à la commune, qui justifierait de la plan-
tation de 5 hectares de cette essence^ depuis 5 années. Ce prix a-t-il
été gagné ■(' A-t-il été seulement réclamée' Je crains bien que non,
puisqu'un nouvel appel est fait, par un autre organe, bien compétent
aussi, pour encourager le reboisement, il est vrai, de la Sologne. Le
pin se convient dans les terrains de cette partie de notre pays; ne
pourrait-on pas y essayer la culture de l'ailante? L'administration
forestière est seule compétente pour nous répondre. Voilà ce que je
disais en août 1879 : cet arbre croît partout à souhait; il ne lui faut pas
un terrain particulier. Sa force végétative, sa croissance rapide, avec
beaucoup de drageons, doivent le recommander.
Dans un sol qui lui convient, il croît de 1 mètre par an, et dans
les pays d'oii il nous a été importé, il s'élève jusqu'à 1 5 et 20 mètres ;
est-ce pour ce motif que les Chinois l'ont appelé aitanlo , qui
veut dire arbre du ciel, allusion à la hauteur à laquelle atteignent ces
arbres. Le bois et les feuilles de l'ailante ont un double mérite ; le bois
est employé par la carrosserie et par la menuiserie ; les feuilles qui
répandent une odeur vineuse, et qui sont d'un goût désagréable, sont
délaissées par les troupeaux qui ne les broutent pas, mais les accep-
tent pendant l'hiver, lorsqu'elles sont séchées ; nous nous appuyons,
pour le dire, sur l'observation qu'en a faite notre collègue, M. Bar-
rau de Muratel. Le second mérite de la feuille est de servir de nourri-
ture à VÂtlacus cyntht'a vera, qui peut y vivre en liberté et y produire
une soie dont je parlerai tout à l'heure.
Au sujet du reboisement par l'ailante, il est inutile de préparer la
terre, ainsi qu'on est forcé de le faire pour certaines essences, dont il
faut repiquer le plant; on doit semer la graine à la volée, ainsi que le
conseillait M. Christian Le Doux, qui était membre aussi de la Société
d'agriculture de Mende (Lozère).
Au sujet de l'acclimatation du ver à soie Atlacus cynthia vera, qui se
nourrit de préférence des feuilles de cet arbre, l'industrie avait fait des
essais; la difficulté du dévidage de la soie deVAttacus avait fait renon-
cer à l'utiliser; mais notre collègue Le Doux qui avait toujours présent
à la mémoire, la maxime : clierches et lu trouveras, avait cherché, et un
jour, comme Archimède, il avait pu s'écrier : j'ai trouvé. Grâce à son
procédé, peut-être améboré depuis cette époque, on peut dévidei- en
soie grege la soie de ce ver et avec l'outillage employé pour le cocon du
ver à soie du mûrier; donc profit important à réaliser. E. Vayin.
RINÇAGE DES BOUTEILLES A YIN
Rien n'est plus important, quand on met le vin en bouteilles, que de
se servir de récipients d'une grande propreté. Nettoyer les bouteilles,
rinça(;e des bouteilles a vin.
463
les rincer à fond est une opération longue et délicate. Un petit appareil
très ingénieux a été imaginé récemment pour rincer ces ustensiles; il
est représenté par la figure 20.
Il consiste en une petite pompe à main qu'on peut monter sur un
baquet; l'axe de la manivel-
le de la pompe est prolongé
par une brosse qu'on intro-
duit dans la bouteille. En
faisant tourner la manivelle,
la brosse frotte toute la par-
tie intéiieure de la bouteille,
pendant que la pompe y in-
jecte de l'eau. Une.femme ou
un enfant suffit pour manœu-
vrer l'appareil. On peut rin-
cer en très peu de temps un
grand nombre de bouteilles.
Cet appareil est vendu
par M. Kehrig, 45, rue No- „• „n «« u- ■ • i i, . m
r ^ V; 1 i~. '^'S- 20. — Machine a rincer les bouteilles.
tre-Dame, a Bordeaux. Son
prix est de 75 francs sans le baquet, et de 90 francs avec le baquet.
L. DE Sardriac.
NOUVELLES INVENTIONS AGRICOLES
ANALYSE SOMMAIRE DES DERNIERS BREVETS DÉLIVRÉS.
161,639. SoHY. 21 avril 188^. Application d'an jiouveau joint en caoutchouc
ou en cuir, enchâssé dans la rotule en cuivre de l'appareil d'arrosage. —
L'inventinn s'applique à un genre de tuyau d'arrosage dans lequel les bouts de
tuyaux en fer montés sur roulettes sont reliés ensemble au moyen de tubulures
en cuivre qui se terminent l'une par un boulet creux et l'autre par une rotule
recevant ce boulet. Elle consiste à disposer une garniture en cuir ou en caoutchouc
entre le boulet et la rotule, pour assurer l'herméticité du joint ; une bride mobile
qui enveloppe la partie du boulet située en dehors de la rotule permet de serrer
celui-ci contre la garniture en cuir, à l'aide de trois boulons introduits dans les
oreilles de celte bride mobile et de la bride venue de fonte avec la rotule. Le
breveté fait remarquer que la forme de rotule qu'il indique est nouvelle. Les tubu-
lures en cuivre appartenant au joint sphérique se fixent à vis sur les bouts de
tuyaux en fer.
Ce brevet reproduit le genre de roulette sphérique indiqué dans le brevet Soliy
n" 161,638 pour les tuyaux destinés à l'arrosage des pelouses et jardins.
161,666. Gossi. 22 avril 1884. Système de manultnlion des grains. — Toute
l'invention repose sur cette idée : envoyer de l'air comprimé, par des tuyaux per-
forés, dans les masses de grain entassées soit dans des bateaux, soit dans des
greniers ou magasins quelconques, de manière à les aérer et même à les remuer
ou les retourner suivant la force du courant. Gela permet, comme il vient d'être dit,
de remuer le grain et de le sécher au besoin ; de plus, cela écarte les rongeurs et
autres animaux nuisibles ; on peut d'ailleurs faire passer l'air préalablement sur
des matières nuisibles à ces animaux et inoffensives pour le grain. On emploie
des tuyaux transportables, qui peuvent être placés en des points quelconques de
la masse.
1.61,690. MoLiNAS. 5 avril 1884. Appareil pour empêcher les fourmis de grimper
sur les arbres fruitiers. — Afin d'empêcher les fourmis d'arriver sur les arbres,
.et particulièrement sur les orangers, mandariniers et citronniers, le breveté
entoure chaque pied d'arbre d'un cylindre de zinc, fer-blanc, etc., qui est en deux
parties réunies par des broches. Le pied de ce cylindre est légèrement enfoncé
en terre ; à sa partie supérieure, il est entouré d'une gouttière circulaire que l'on
remplit d'eau ou autre liquide ; pour que les fourmis ne puissent point passer par
/j64 nouvelles inventions agricoles.
les joints existant entre les deux moitiés du cylindre, on prend soin d'attacher une
mèche de coton imbihée de pétrole à la partie supcrieure de cha([ae hroche ; on
verse également un peu de pétrole dans l'eau de la cuvette, dans laquelle les
mèches trempent. Enfin, l'espace annulaire, restant libre entre le tronc de l'arbre
et l'appareil, est rempli de cendre, matière sur laquelle les fourmis ne peuvent pas
grimper.
161,691. FouRNiER. 24 avril 1884. Râteau en fer et acier, à course variable. —
Ce râteau, destiné à râteler les foins et àjaveler les avoines, se compose d'un fer
cornière portant les dents en acier et muni en son miheu d'une plaque demi-cir-
culaire embrassée par la douille du manche, qui est dans ce but pourvue d'une
fente et qui peut se fixer par un écrou à oreille dans une inclinaison quelconque
par rapport au fer cornière portant les dents.
161,700. Bertrand. 24 avril 1884. rerfectionnernenls dans kx tarares. — Tout
le mouvement est donné à l'aide d'une roue montée sur un arijre horizontal cl (|ui
sert à la fois de poulie à gorge et de roue d'angle; au moyen d'une courroie elle
commande le ventilateur, et par sa denture elle actionne .un pignon conique;
l'arbre sur lequel ce pignon est claveté porte une manivelle qui communique un
rapide mouvement de va-et-vient au criblour ou « sabot i>.
161.712. BissET. 25 avril 18S4. Greffoir. (Brevet de cinq ans.) — Ce brevet
décrit un instrument pour exécuter sur place la greffe anglaise en fente, pour
la vigne. L'instrument se compose d'une forte règle en fonte dont l'une des
extrémités forme cisaille avec l'aide d'une lame non tranchante munie d'une poi-
gnée ; la cisaille ainsi constituée sert à couper des boutures, en ayant soin de
faire la section entre deux Bœuds. Sur la longueur de l'instrument sont échelonnés
huit logements ou ouvertures, de diamètres gradués, partant de l'une des grandes
faces verticales de la règle pour aboutir obliquement à sa face supérieure ; sui-
vant l'expression du brevet, l'inclinaison est d'un quart, par rapport à la face
supérieure de l'instrument. Sur cette lace peut se mouvoir une grande lame
tranchante avec poignée, qui coupe en sifflet la bouture que l'on a placée dans
l'orifice correspondant à sa grosseur et en poussant le premier nii'ud contre un
épaulement intérieur de cet orifice. Il reste à pratiquer dans l'extrémité de la bou-
ture une lente parallèle à son axe; cela s'effectue au moyen d'un instrument séparé,
semblable à un tourne-vis dont l'extrémité serait tranchante ; ce couteau est guidé
par une fente ménagée dans la garniture en bronze, du logement de la bouture,
et par le bord du couteau supérieur mentionné plus haut. Aux deux extrémités
l'appareil présente des oreilles qui permettent de le fixer à une table par des
boulons.
161.713. Prégaldino, 28 avril 1884. Appareil faisant subir aux tarares acturl-
lemerden usage une transformation qui les rend propr(,%, en même temps., à balire
les céréales. — Pour pouvoir battre et vanner en m ème temps, au moyen du
tarare, le breveté dispose, du côté opposé à la manivelle, une bielle double
formée de deux leviers articulés l'un sur l'autre et d'inégale longueur; l'oiré-
mité du bras inférieur s'attache à la manivelle du tarare; le bras supérieur
actionne un arl)re horizontal situé en haut de la caisse et sur lequel sont fixées
normalement trois liges flexibles en acier terminées par des fléaux en bois can-
nelé. L'ouvrier présente les gerbes sur un treillis en fil de fer tendu sur la caisse,
au-dessous de ces fléaux; ceux-ci s'abattent dessus, et, en ayant soin de les
retourner, elles se trouvent convenablement battues. Un couvercle, recouvrant
l'appareil, et muni seulement d'une ouverture pour l'introduction des gerbes,
empêche les grains de sauter de tous côtés.
Certificats d'addition.
PiQUEMAL. 17 avril 1884. (Br. n° 154,964.) Appareil servant à la désinfection
et il la décantation des eaux vannes et matières de vidanges. — Ce certificat d'ad-
dition porte sur des modifications appporlées à l'appareil breveté au profit de
M. Piquemal. Le tampon de fermeture est remplacé par une vanne à glissière;
d autre part, le breveté emploie maintenant une cloison qui fonctionne au moyen
d'une chaîne et qui ramasse ainsi dans sa course toutes les matières éparses au
fond de l'appareil; il suDstitue au filtre tournant qu'il employait précédemment
une boîte rectangulaire qui a une plus grande puissance de filtration ; oniin IL
remplace le niveau d'eau contenant les agents de désinfection par un assemblage
de cloisons superposées.
LefÈvre. 22 avril 1884. (Br. n" 154,987.) Perfectionnement à la charrue a
ancre renforcée système Lefèvre. — JVI. Lelèvre décrit dans ce certificat d'addition
NOUVELLES INVENTIONS AGRICOLES. itiS
divers perfectionnements de construction apportés au traîneau enrayeur adapté
à la charrue qu'il a fait breveter en 1883. Ces perfectionnements ont pour but,
dit-il, d'en faire non seulement un a[)pareil utile pour le transport de divers
instruments aratoires, mais un véritable frein empêchant tout danger dans les
descentes. Ch. Assi et L. Genks,
Ingénieurs-conseils en matière de brevets d'invenliciu
LES TOURTEAUX DE SÉSiME ET LEUR EMPLOI
DANS l'alimentation DU BÉTAIL.
Beaucoup de cultivateurs et d'engraisseurs de bétail ignorent encore
quel excellent parti ils peuvent tirer d'un résidu que l'industrie livre
aujourd'hui en quantité considérable, et qui n'est guère utilisé jusqu'ici
(ju'à l'engrais du sol ; je veux parler des tourteaux de sésame.
Ce n'est guère que dans certaines régions de l'Aisne et de l'Oise, dans
le Laonnois, et chez quelques rares agriculteurs du Nord et de la Bel-
gique que l'on emploie ces tourteaux à la nourriture du bétail. Partout
ailleurs, c'est uniquement à la fertilisation des terres que l'on fait servir
ces produits; ce qui, à notre avis, est un tort, car ils possèdent une
valeur beaucoup plus grande comme aliment que comme engrais.
Aussi croyons-nous utile de signaler les services qu'en retirent les cul-
tivateurs qui l'emploient ainsi, afin que tous puissent en faire également
leur profit.
Le tourteau le plus employé à la nourriture dans toute notre région
du Nord est celui du lin; il est recherché par les animaux à cause de
son goût fin, il est en outre très rafraîchissant; mais, à poids égal, il
est beaucoup moins nourrissant que certains autres, tels que le tour-
teau de colza, celui d'arachide et celui de sésame. En effet, la ma-
jeure partie des subslances qui entrent dans sa composition sont des
matières mucilagineuses, gommeuses, que l'on désigne généralement
sous le nom de matières extractives.
Ces corps ne nourrissent qu'à la condition d'être absorbés en même
temps que d'autres substances appelées les matières protéiques ou la
protéine. C'est cette matière azotée qui se transforme dans le corps de
l'animal, en viande, en muscles, en sang, en cornes, poils, ongles et
en lait. L'animal que l'on nourrit avec des aliments complètement
dépourvus de ces éléments azotés, non seulement ne prend aucun
accroissement, mais de plus, il ne tarde pas à mourir avec tous les
symptômes de la mort par suite d'inanition,
La matière protéique exerce donc un rôle considérable dans la nutri-
tion des animaux, et cela est tellement connu aujourd'hui que c'est
généralement d'après la teneur des divers aliments en cette substance
que s'établit leur valeur marchande. Dans l'achat des tourteaux en
particulier, c'est la quantité d'azote que l'on y trouve qui sert à établir
leur cours commercial. Il n'y a qu'une exception à cette règle,
exception qui existe eu faveur du tourteau do lin qui est le plus cher
de tous quoi qu'il soit un des plus pauvres en azote. Mais cela tient
d'une part à ce que la production de ce résidu est peu considérable,
([uo, de plus, les cultivateurs qui out l'habitude de l'employer l'achè-
tent quand même, malgré son prix élevé, et qu'enfin il jouit do
propriétés rafraîchissantes que d'autres n'ont pas au même degré.
Mais son prix élevé est un obstacle à son emploi, et depuis quel-
ques années beaucoup de cultivateurs l'ont remplacé par les tourteaux
466 LES TOURTEAUX DE SÉSAME ET LEUR EMPLOI.
de coton, puis par ceux de cocolier ou de palmier qui offrent l'avan-
tage d'augmenter beaucoup la sécrétion lactée chez les vaches.
Nous recommandons aujourd'hui, dans ce même but, le tourteau de
sésame, qui peut rendre de très grands services, surtout si on le donne
aux animaux en demi-ration, avec le tourteau de lin. On peut très
bien remplacer ainsi, dans ses étables, la nioitié de sa consommation
de tourteaux de lin par le tourteau de sésame. Or comme le premier
coûte 22 fr. 50 les 100 kilog., et le second seulement 15 fr. 50,
il en résulte une économie de 7 fr. par chaque 100 kilog. absorbés,
c'est-à-dire de 700 francs par wagon de nourriture sèche, entrant à la
ferme, économie qui n'est pas à dédaigner, en des temps ou les béné-
fices de la culture sont aussi réduits qu'aujourd'hui, et où le cultiva-
teur doit réaliser toutes celles qu'il peut dans sa ferme.
La substitution de la moitié de la ration de tourteaux de lin en tour-
teaux de sésame, offre en outre cet avantage de renforcer notablement
la proportion de matières protéiques donnée aux animaux et de les
nourrir par conséquent davantage. En effet, d'après toutes les analyses
que nous avons faites depuis douze ans, la richesse du tourteau de
sésame, en matières protéiques, est de 38 à 40 pour 100, correspon-
dant de 6 à G. 50 d'azote, tandis que le tourteau de lin n'en renferme
que de 29 à 33 pour 100, correspondant de 4.75 à 5.28 d'azote. Voici
du reste l'analyse complète de ces tourteaux que nous avons pu nous
procurer avec toutes les garanties de pureté et d'authenticité désirables,
grâce à l'obligeance de MM. Marchand frères, de Dunkerque, qui les
fabriquent sur une très grande échelle dans leurs importantes usines.
Ces analyses ont porté sur des échantillons de fabrication récente :
Tourteaux de sésame. Tourteaux de lin.
Humidilé 12.54 11.53
Matières protéiques azotées 38.93 31.37
Huile grasse 9.60 «.94
Amidun, dextrine, glucose 3.07 5.37
Pectine et matières extractives diverses . 12.09 22.91
Cellulose 10.57 9 43
Phosphate de chaux 5.20 4.73
Carbonate et sulfate de chaux 4.62 1.84
Sels de potasse et de soude 0.36 0.57
Silice, oxyde de fer, silicates insolubles 3.06 2.31
Total 'lUO.UO 100.00
Azote 6.230 p. 100 5.022 p. 100
Acide phosrhorique 2.420 — 2.172 —
Potasse 0.121 - 0.213 -
La comparaison de ces chiffres montre que le tourteau de sésame est, à
poids égal, beaucoup plus nourrissant que celui de lin. Ajoutons à cela
que l'emploi de cet aliment donne d'excellents résultats chez tous les
cultivateurs qui l'emploient ; il facilite l'engraissement et augmente la
sécrétion lactée chez les vaches : le lait qu'il donne est d'un goût
agréable et de très bonne composition. Ces résultats étaient à prévoir,
étant donnée la richesse de ce tourteau en éléments azotés et en sub-
tances nutritives diverses. Nous espérons que la lecture de ce travail
pourra être utile à nos lecteurs en leur faisant réaliser d'importantes
économies. A. Ladureau,
Directeur de la Station agronomique du Nord.
CONCOURS DE L'ASSOCIATION BRETONNE A LANNION
Le concours de l'Association agricole spéciale aux cinq départements
de la Bretagne, s'est tenu cette année à Lannion, jolie ville du littoral,
CONCOURS DE L'ASSOCIATION BRETONNE A LANNION. 467
enricllic autrefois par le commerce et l'agriculture qui souffrent l'un
et l'autre aujourd'hui delà crise économique que nous traversons.
Malii;rc le véritable effondrement du prix des hlés et des avoines qui
faisaient l'aliment du commerce d'exportation dans un pays oi^i la
culture des céréales est favorisée par les engrais du littoral qui pré-
sente, dans sa large étendue, trente baies ou estuaires, il ne se fait
aucune expédition au dehors et l'on n'aperroit guère dans le port que
le stationnaire de l'Etat.
Mais, depuis quelques années, la production de la viande et les
progrès de la ration fourragère ont atténué la crise dans le Nord-Fini-
stère, etquelques parties du département d'IUe-et-Vilaineet même des
Côtes -du-Nord. I/élable de M. le comte Paul de Champagny (;i Keran-
roux près Morlaix) a fourni aux comices et aux éleveurs du pays des
reproducteurs qui, par le croisement avec la race rouge du littoral et
de Carhaix, a donné l'aptitude incontestable à la production de la
viande qu'assure la race durhara.
Quelques étables de bonnes laitières de Jersey existent pourtant
dans l'arrondissement de Lannion; mais la difficulté, comme pour la
raced'Ayr, est le maintien des reproducteurs de cette race.
Disons de suite que pour l'espèce bovine, et même l'espèce che-
valine, le concours de Lannion était supérieur au concours régional de
Brest. Lannion est d'ailleurs une jolie ville fort hospitalière, et les
concours agricole et hippique favorisés par un solcilresplendissant se
sont tenus sous la feuillée d'une agréable promenade bordant la
rivière.
Les races porcines anglaises, et quelques bons craonnais ont amé-
lioré le porc dans l'arrondissement de Lannion, à ce point qu'après
M. Lebrun qui est pour beaucoup dans cette amélioration, on a
expédié du Nord Finistère et de l'arrondissement de Lannion 12,000
porcs, tandis que l'exportation dans le Morbihan atteint à peine 700
porcs par an.
La production du cheval dans le Nord-Finistère, le centre Bretagne
et les Côtes-du-Nord, y a donné les plus heureux résultats. La loi
de 1874, à laquelle le regretté M. de.Forsant prit une part importante,
y a fixé le but à atteindre et avec le complément de l'eirectif de
2,500 étalons, l'administration des haras a pu pourvoir les éleveurs
de ces centres des étalons qui leur sont le plus avantageusement
appropriés. On a fait le cheval de selle, le postier et le cheval de gros
trait sur le littoral des Côtes-du-Nord.
Nous n'avons, quant à nous, jamais compris la désignation de pos-
tier donné au cheval de trait léger. D'abord la poste aux chevaux
n'existe plus et on ne peut pas dire en définitive on commence le
postier et oîi il finit. Pour être qualifié de postier, il ne suffit pas qu'un
cheval soit attelé avec des grelots ou qu'il ait la queue à l'anglaise. II
me semble que des exhibitions comme celle de Lannion ne devraient
donner lieu qu'à trois désignations : chevaux de gros trait, chevaux de
service et d'attelage et chevaux de selle.
On sait que dans les Côtes-du-Nord on poursuivit longtemps par
l'introtluction de reproducteurs du Perche, le type du percheron-bre-
ton, recherché par l'administration des Omnibus, que dans le Nord-
Finistère le croisement avec l'étalon anglo-normand pour obtenir le
cheval de service ne donna pas toujours de bons résultats, au dire de
468 CONCOURS DE L'ASSOCIATION BRETONNE A LANNION.
beaucoup d'éleveurs, et on reconnut l'étalon norfolk comme étant
plus confirmé. Cette famille est en voie de formation et l'administra-
tion des haras, répondant au désir qui lui en avait été exprimé, no-
tamment lors du concours de Brest, s'occupe aujourd'hui d'un stud-
book pour le norfolk-breton. .
Pour le cheval de selle, dans le Centre, les éleveurs recherchent au-
jourd'hui l'étalon anglo-arabe ou même le cheval de pur sang.
Une intéressante conférence de M. le comte de la Touche sur la pro-
duction du cheval dans les Côtes-du-Nord, a fait connaître que la re-
monte exige aujourd'hui même, pour les chevaux de trait, l'aptitude
au trot que donne le sang même à un premier croisement, (l'est un
ordre d'idées contraire à la voie suivie dans le Perche oîi l'on fait le
cheval en quelque sorte au poids pour les Américains.
L'exposition des produits nous a révélé un véritable progrès au
point de vue de l'élevage et de l'engraissement de la race bovine. C'est
la généralisation de la culture du rutabaga, remplaçant le panais dans
l'arrondissement de Lannion et le centre de la Bretagne ; la cause en
est que le rutabaga exige moins de calcaire que le panais et fournit
une nourriture plus abondante.
Le concours de Lannion avait, pour les fabricants de la province,
une exposition d'instruments qui donnait l'idée de la décentralisa-
tion qui s'est accomplie de la fabrication des instruments. A Lannion,
M. Paul Pérat construit, sur les meilleurs modèles, tous les instruments
nécessaires au progrès de la culture du pays : hache-paille, broye-
ajoncs, herses articulées, batteuses, et une baratte avec batteuse inté-
rieure, à des prix très modérés, 22, 25 et 30 fr. Mme V" Gélard, à
Troquery, etJ\L Gélard aîné, à la Roche-Uerrien (Côtes-du-Nord), cons-
truisent également : machines à battre, moulins à pommes, coupe-
racines, tarares, charrues, pressoirs, à des prix inférieurs aux fabri-
cants étrangers au pays, à cause, sans doute, de la main-d'œuvre à
meilleur marché et de l'abaissement général du prix de la fonte et de
l'acier.
Les ateliers de MM. Texier père et fils, à Vitré et àLanderneau, ont
un rayonnement plus étendu et, avec toutes les machines agricoles,
construisent même les voies ferrées et leur matériel roulant applicable
aux besoins de l'agriculture et de l'industrie. Le Journal de l'agricul-
turc a déjà parlé de leur presse à foin.
En constatant le succès de l'Association bretonne fondée en 1840 à
Vannes par M. Rieffel, qui poursuit parmi nous sa vieillesse honorée,
on est tenté de se demander si la centralisation de l'agriculture répond
aux conditions variées nécessaires à son progrès et si, comme le pen-
sait M. de Lavergne, les associations qui résultent des initiatives du
pays ne sont pas préférables en restant chères au pays et à ceux qui
les composent. L'Association bretonne joint à la vérité à une section
d'agriculture, une section d'archéologie et d'histoire qui ajoute au
charme de ses réunions par l'étude du passé et de ses monuments.
En 1854 l'Etat s'empara définitivement des concours et partagea la
France en régions plus administratives que géologiques et climaté-
riques. L'Association bretonne subit en 1858 une éclipse forcée pour
reprendre en 1872, à Saiut-Brieuc, oii une partie de ses anciens mem-
bres se trouvèrent réunis. Espérons pour elle longue vie et des succès
comme à Lannion. A., m la Morvonaais.
TROIS NOUVEAUX BLÉS.* 469
TROIS iNOUVEAUX BLËS '
A l'automne de 1883 j'ai présenté au public trois blés que je cul-
tivais depuis plusieurs années déjà et qui provenaient de croisement
raisonné entre variétés différentes. La quantité limitée de semence
dont je disposais alors a été partagée entre un grand nombre d'expéri-
mentateurs et des essais nombreux ont été faits avec ces blés dans
toutes les parties delà France pour ainsi dire. — Il est assurément
intéressant de rechercher aujourd'hui fjuel a été le résultat de ces
diverses expériences. J aurais préféré qu'un autre le fît à ma place,
car en parlant de ses propres œuvres on est toujours suspect à soi-
même et aux autres de prévention favorable et d'indulgence excessive.
Mais comme la plupart des lettres rendant compte des essais de cul-
ture m'ont été adressées à moi-même ou à ma maison, je me trouve
par la force des choses mieux placé que personne pour donner, de
l'ensemble des résultats obtenus, un aperçu général et, je l'espère, suf-
fisamment impartial.
Et d'abord, je dois le dire, le succès n'a pas été complet partout, et
les jugements portés sur les divers blés ne sont pas concordants. On
devait s'y attendre; aucune variété, quelque parfaite qu'on la suppose,
ne peut être partout et toujours la meilleure. S'il en était autrement,
la nomenclature serait bien simplifiée; un blé, une pomme de terre,
un chou suffirait à tous les besoins et les catalogues des maisons de
graines seraient déchargés de longues listes de variétés justifiées et
exigées par la diversité des besoins culturaux.
("ela ait, passons à l'examen des résultats obtenus avec les blés
métis en rappelant qu'ils sont au nombre de trois : le f)at!el, produit
du croisement du blé Chiddam d'automne à épi rouge avec le Prince-
Albert; le Lamed, qui provient du même Prince-Albert fécondé par le
blé de l'île de Noé ou blé bleu; et enfin VÀlepli, obtenu du blé de Noé
et du blé de Flandres ou blé de Bergues. L'ordre dans le(juel je les
énumère est celui dans lequel les classent la plupart des agriculteurs
qui m'ont fait part de leurs appréciations.
Le blé Daltel est une variété à grand rendement. La paille en est
de hauteur moyenne, blanche et forte; il talle beaucoup et mûrit éga-
lement. L'épi est rouge, ordinairement courbé, le gram blanc, assez
long, gros et bien plein. Il a réussi surtout aux environs de Paris et
dans les conditions de climat analogues à celles du Nord-Ouest de la
France. Presque partout il a été le plus productif des trois blés nou-
veaux, mais dans les contrées un peu chaudes et sèches le grain n'a
pas toujours acquis la qualité dont il est susceptible.
Un correspondant du département de Seine-et-Marne, qui évalue le
rendement de son essai à 32 ou 33 hectolitres à l'hectare, dit que le
blé Dattel, moins productif en paille que le Prince-Albert, l'est plus
que le Chiddam, et, par ce motif, lui convient mieux. C'était précisé-
ment ce que j'avais en vue en opérant le croisement : obtenir un Chid-
dam plus productif en paille et conservant du reste toutes ses bonnes
qualités. A Crèvecœur, dans l'Oise, le blé Dattel a donné, sur un hec-
tare, 3,150 kilog. de grain, soit à 80 kilog. l'hectolitre, tout près de
40 hectolitres à l'hectare. A Verrières, près de Paris, j'ai obtenu, en
j. 1. \oir Journal de l'agriculture, tume UI de IbSiJ, p. Vi9.
470 TROIS NOUVEAUX BLÉS.
grande culture, un rendement encore supérieur, 3,400 kilog., ou
42 hectolitres et demi par hectare, mais j'aime mieux citer les chiffres
de mes correspondants que les miens. Un grand fermier de la Brie,
qui en a récolté plusieurs milliers de kilog. cette année, évalue le
rendement à 28 qyintaux (2,800 kilog.) par hectare.
Par ses caractères de végétation et son tempérament, le blé La-
med diîîère complètement du Dattel. Il esi plus précoce et par consé-
quent convient mieux aux localités où les blés souffrent parfois de
l'excès de chaleur au moment de la maturation. Son grain, rouge pâle
et très gros, remplit complètement les balles. L'aspect de l'épi rappelle
beaucoup celui du blé de Bordeaux, et ce caractère n'a pas échappé à
plusieurs des expérimentateurs ; mais la paille est toute différente,
plus grosse, plus blanche que celle du blé de Bordeaux, et surtout
creuse et souple au lieu d'être pleine comme celui de ce dernier. —
En Beauce et au midi de la Loire, le blé Lamed a été généralement
placé au premier rang des trois. Un cultivateur des environs d'Ablis
me dit : « Le blé Lamed est le meilleur pour la Beauce; c'est un blé
précoce, à bel épi et beau grain, ayant une belle paille et donnant un
bon rendement. »
Quant au blé Aleph, qui arrive dernier dans la course au succès,
j'avoue que j'avais à son endroit quelque faiblesse et le considérais
avec une complaisance que l'événement n'a pas justifiée. Soutallement
considérable, la longueur de son épi bien rempli de grains longs,
pleins et d une beauté peu commune, m'avaient fait concevoir à son
sujet des espérances dont je vois qu'il faut rabattre. Ce bel épi est
porté par une paille de force parfois insuffisante. ^
Faciès ut soepe décora
Molli fulta pede est....
de plus, il est tardif, peu rustique, il a hérité du blé de Noé, une
tendance trop accusée à prendre le charbon ; enfin il verse quelque-
fois. Le voilà par terre, ne l'accablons pas. Il est visiblement con-
damné, au moins en première instance, et je n'oserais insister auprès
de personne pour l'essayer à nouveau, quoique, chez moi, les épreuves
précédentes lui aient été souvent très favorables.
Au blé Lamed donc la première place dans ({tielques cas spéciaux,
là oîi la précocité est un point capital. En règle générale, c'est le Dattel
qui l'emporte pour le produit en grains et en" paille; c'est lui seul ((ui
s'élève par son lendement au-dessus de la plupart des autres blés ten-
dres. Quant au blé Alepli, il n'est pas placé. Voilà les résultats posi-
tifs que donne l'expérience, autant qu'on peut regarder comme posi-
tives les conclusions formulées après une seule campagne, et lorsque
les avis exprimés no représentent qu'une faible proportion des essais
faits. Qu'on me permette de proliter de celte occasion pour demander
l'avis des agriculteurs qui n'ont pas encore exprimé leur appréciation.
H. Vilmorin.
EXPOSITION INTERNATIONALE D'AMSTERDAM
Nous publions aujourd'hui, conima complément de l'article de
M. Georges Marsais, paru dans notre dernier numéro (page 421), la
liste complète des prix remportés par les exposants français à l'e.vposi-
tion internationale agricole d'Amsterdam.
EXPOSITION INTERNATIONALE D'aMSTERDAM. 471
Espèce chevaline.
Race lie Norfolk. 2' prix, à M. Modesse-Berciiiet. à Aiiy-Martin-Kioiix (Aisne), pour son étalon
lord Dirby.
Races françaises de trait. Mâles, l" prix, à M. Jaste Dupont, an Merlerault (Orne), pour son
étalon perolieron Bu.;/ard,- 2". à M. Modesse-Berquet, pour son étalon boulonnais Troubadour :
prixsapplémentaire, à M. (Jharlier, .i l'o^sesss (Mirne), pour son étalon bretoii-normanH Coquet.
— Femelles. 1" prix, à aMM. Moreau frères, à Feignies iNorJ), pour leur jument boulonnaise,
Brillante.
Race anglo-normande. Mâles. 1" prix, à M. Pierre, à Caen (Calvados) pour son étalon. Action;
2", à M. Ledars, à EterviUe (Calvados), pour son étalon, Camembert ; prix supplémentaire, à
M. Pierre, pour son étalon Caen. — Femelles. 1' prix, à M. Horvieu, à Varaville (Calvados),
pour sa jument suitée. Miss Marqot.
Races de tous pays. Mâles. 1" prii, à M. Lebon, à'Sebourg (Nord) , pour son étalon belge croisé,
Montebello .
Espèce bovine.
Race^ de Zélande. 2' prix, à M. Thiers, à Roubaix (Nori), pour son taureau de 40 mois.
Race dxirham. M;iles. 1" prix, à M. Boyenval, à Neuville-Coppegueule (Somme), pour son tau-
reau Ifaxos ; 2% à M. Dantu-Dambricourt, à Steene (Nordj, (our son taureau durham croisé. — '
Femelles. Mention honorable, à .M. Basire, à Dragey (Manche), pour sa vache Trophée.
Rcu:es schwit:. Mâles. 3° prix, à M. Victor Broquet, à Vonl (Meuse), pour son taureau de
26 mois ; 3", à M. Camille Broquet, à Void (Meuse), pour son taureau de 23 mois. — Femelles.
2° nrix, à M. Victor Broquet, pour sa vache de Sans.
Races de France. — Races laitières. — Mâles. — 1™ Section, l" prix, à M. Boyenval, à Sainte-
Geneviève-des-Bûis (Loiret), pour son taureau de race norminde de 29 mois, h jours; 2', à
M. Céran-iMaiUard, à ïurqueville (Manche), pour son taureau de race normande de 20 mois.
15 jours ; 3% à M. Victor Broquet, pour son taureau de race normande de 26 mois ; prix supplé-
mentaire, à M. Edmond Duriez, à Bourbourg-Campagne (Nord), pour son taureau de race man-
celle, âge de 28 mois. — 2" Section. 1" prix, à U. Céran-Maillard. pour son taureau de race
normande de l.j mois, 2.ïj urs ; 3", à M. le vicomte Marcotte deNoyelles, à Blendecques (Pas-de-
Calais), pour son taureau de race flamande de 15 mois. — Femelles. 1" prix, à M. Céran-Mail-
lard, pour sa vache normande de 4 ans, 3 mois; 1"". à M. Heurat, à Qucven (Morbihan), pour sa vache
bretonne de 4 ans; 2", M. Heurat, pour sa vache bretonne de 4 ans, 2 mois; M. Nirohi.^ à Arcy-en-
Brie (Seine-et-Marne), pour sa vache normande de 36 mois, 2 jours; mentions honorables, à
MM. Leblond, à Bailleul (Nord), pour sa vache flamande : Dumoulier, à Claville (Eure), pour sa
vache normande ; Boyenval, pour sa vache normande ; Heurat, pour sa vache bretonne ; Nicolas,
pour sa vache normande; Gy à Carnac (Morbihan), pour sa vache bretonne
Races de travail. Mâles, l"' prix, à M. Parry, à Limoges (Haute-Vienne), pour son taureau
limousin ; 2', à M. Werlein, à Besançon (Doubs), pour son taureau charolais. — Femelles.
1" prix, à M. Werlein , pour sa vache charolaise.
Races de tous les pays. Mâles. 2" prix, à M. Victor Broquet, pour son taureau flamand-meu-
sien. — Femelles. 2» prix, à M. Victor Broquet, pour sa vache hollandaise-meusienne.
Attelages de bœufs de trait, l" prix, à M. Parry, |iOur ses bœuf-' limousins; 2', à M. Duquénel,
à Saint-.Sorliii de Conac (Charente-Inférieure), pour ses boeufs limousins.
Collections de bétail, l" prix, à M. le vicomte de Noyelles, pour ses animaux de race
flamande; ]u'ix supplémentaire, à MM. Déclémy, à Peuphngues (Pas-de-(-alais), pour ses ani-
maux de race flamande; Le Faisant, à LongueviUe (Calvados), pour ses animaux de race
normande.
Espèce ovine.
Race dishley. 2* prix, à M. Beglet, à Trappes (Seine-et-Oise), pour son lot dp brebis.
Race mérinos. Béliers. \" prix, a M. Victor 'jilbert, à Wideville (Seine-et-Oise) ; 2°, à M, Con-
seil-Triboulet, à Oulchy-le-Chàteau (Aisne).
Prix d'honneur, à la Bergerie nationale de Rambouillet, pour l'ensemble de son expo-sition.
Brebis. 1" prix, à M. Victor Gilbert; 2% à M. Couseil-Tnboulet. — Ayn^aux. \" prix, à
M. Charles Leiebvre, à Artenay (Loiret); 2", au même.
Races de tous pays. Béliers. 2° prix, à M. Emile Lefebvre, à Saint-Florent (Loiret), pour son
bélier solognot. — Brebis. 2", à M. Emile Lefebvre, pour ses brebis solognotes.
Espèce porcine.
Race de Sussex. Mention honorable, a .M. Dulhu, à Nancy (Meurthe-et-Moselle), pour sa
truie.
Race berkshire. Mention honorable, à M. Duthu, pour sa truie.
Races de tous pai/s. .Mention honorable, à. M. Camille Broquet. pour son verrat yorkshire croisé.
Beurres et fromages.
ISfurres. \" prix, à la Société d'agriculture de Baveux, pour son exposition collective de
beurres frais.
Fromages. \" prix, à M. Langlois. 2, rue Pierre-L'Escot, à Paris, pour sa collection de fro-
mages français; prix supplémentaire, à M. Chevalier, à Lessard-le-Ghéne (Calvados), pour ses fro-
mages de Livarot.
Machines agricoles.
ilachines à battre à vapeur. Médiille dor. \ |M. Albaret, à (Liancourt-Rantigny (Oise). —
ilédaille d'argent, àM>I. Merlin et Cie, à Vierzon (Cher).
Trieurs. l°'\mii.k MM. Marot et fils, à Niort (Deux-Sèvres), pour leur collection de trieurs.
Presses à fourrages à vapeur. Méd-iilles d'or, à M. Albiret, pour sa presse à fourrages La
D^dt'ncfc: médaille d'or (prix créé), à M. Pilter, rue Alibert, 24, à Paris, pour sa presse a
fourrages.
Chemins de fer portatifs. 2'^' prix, à M. Decauville aine, pour son chemin de fer portatif,
voie de 0 m. 40.
Force motrice. Médaille dor, à M. Ritler. boulevard Contrescarpe. 12, à Paris, pour son m -u-
lin & vent; à M. Albaret, pour sa locomo*nle de cinq chevaux à ûhaujièro tubulaire.
47 2 EXPOSITION INTERNATIONALE D'AMSTERDAM.
ilachinei el apiiarr.ils non prévus an prnqramnu. Médailles d'argent, à M. Albaret, poui' son
hache-maïs à fore centrifuge el son cûUii'i-racliies (dàpulpeur) avec élévateur à force centrifuge;
àM. Rilter, pour sa pompe à piston à transvaser les vins, si pompe à trois corps et ses pompes
hydronettes.
Enseignement agricole.
Livri's pour l'enseiqnement de la bntaniriue, l" prix, à MM. Vilmorin-.Vndrieux et Cie, à
Paris, pour leurs atlas rie plantes potagères et l'ouvrage Lus meilleurs blés.
Collections de liores agricoles. Pri.t d'honneur (hors concours), au ministère <ie l'agriculture, à
Paris, pour l'ensemble de son exposition; 1" pri\-, à MM. Hachette et Cie, à Pans, pour leurs
collections de livres agricoles; 'i", à M. Charles Baltet, à Troyes, pour ses ouvrages agricoles ;
prix supplémentaire, médaille d'argent, à MM. Horlin, institut ur, à Echinghem (Pas-de-Calais),
pour ses travaux sur l'agriculture ; Le Sueur, à Saint-Vigor-le-Grand (Calvados), pour son manus-
crit sur l'industrie laitière; l.é/.é, professeur a l'Kcole nationale d'agriculture de Grignon. pour
son travail sur l'industrie laitière en Hollande.
Collections de planches, cartes, tableaux. [" prix, à MM. Hachette et Cie, à Paris, pour l'en-
semble de leur exposition de caries et plans.
modèles de constructions. Médailles d'argent, à M. Nicolas, pour son plan du domaine d'Arcy;
'à M. Chandora, à Moissy-Cramayel (Seine-et-Marne), pour ses plans de drainage.
Objets utiles à l'agriculture. Prix d'honneur, h l'exposition collective des instituteurs du dépar-
tement du Nord; prix supplémentaire, à M. Kondeur, à Viry-Noureui! (Aisne), pour son grapho-
mètre-équerre.
Miels et cires.
Miels. I"' prix, à M. Bertranl, à BufTon (Côte-d'Or).
Cires. '}' prix, au même.
Protection des animaux.
Pas d'exposants.
Produits agricoles.
I. Producteurs. Propriétés de moins de 20 hectares. Prix d'honneur, à M. Mayeux, .à Villejuif
(Seine), pour l'ensemble de son exposition; l" prix, à M. Dugardln-Gardin, à Saint-.\maud-les-
Eaux (Mord) : T. à MM. Duquesnel; De la Roche-Macé, à C uiffé (Loiro-Inférieure) ; mentions
honorables, à MM. Couesnon. à .\ulnoy (Seine-et-Marne); Lieiraaeit, .i Bergues (Nord).
Propriétés de '20 à GO hecttres. Prie d honneur, à M. Dantu-Dambricourt; l"' prix à
MM. Bienssart. à Saint-.imand-les-Eam (.Nord); Porion, à "Wardrecques (Nord); •'% à Mvi. Leblond ;
Grandin, à Cocherel (Seine-et-Marne) ; mention honorable, à .M. Stévenot, à Armbouts-Cappel
(Nord).
Propriété.-, de plus de GO /iccfarev. Prix d'honneur, à MM. Desprez, à Cappelle (Nord); l"' prix,
à M. .leanjean, à Carignan (Ardennes); 2", à M. Dumoutier, à Ciaville (Eure).
Lins bruts. \" prix, à M. Maizier, à Plessis-Brion ("Ise).
II. ExposANrs marchanus, Colleitions de céréales. Prix d'honneur, à MM. Vilmorin-Audrieux
et Cie, à Paris; Forgeot el Cie, ù Paris.
Collections de tub rcules. 2" prix, à MM. 'Vilmorin-Andrieux et Cie.
Colles linris df ^ciieiues de foin et de trèfle. '.'," prix, aux mêmes.
CoUeciions de lin traiaillé. Prix d'Iionnenr. à M. Maizier.
Collections de chanvre travaillé. Prix d'/ionnetir, au même
III. Expositions COLLECTIVES. Prix d'honneur, àla Société des agriculteurs du Nord, à Lille, pour
l'ensemble de son exposition. — Médaille de bron%e, au Comice agricole de Château-Gcntier,
pour l'ensemble de son exposition.
Prix décernés par le Comité, en exécution de l'article 14 du règlement général
de l'exposition.
Médailles d'or, à MM. Nicolas, pour ses plans de I àlioients ruraux; Nicolas, pour ses vaches
de race normande; Dalle, à Bousbecque (Nord), pour ses lins rouis; Leclère, à Rouen, pour
ses semoirs.
Médaille< d'argent, à M.M. de Sauvage, à Paris, pour son travail sur les prix de revient agri-
coles; Vincent, fils, à Corps (Isère), pour ses semences de prairies naturelles; Leblond, pour
sa collection de végétaux agricoles; Clûstre , à Saint-Pierre-le-Moutier (Nièvre), pour son étalon
et sa jument de race nivernaise ; Dollé, à RoUencourt (Pas-de-Calais), pour sou étalon Bril-
lant; Marot et fils, pour leur trieur à pommes de terre; Fondeur, à Viry-Noureuil (Aisne), pour
l'ens mble de son exposition; Eimoud Duriez, pour ses animaux de race bovine raancelle
croisée.
Médailles de bronze, à MM. F. Duriez, à Craywick (Nord), pour sa génisse de race flamande ;
Dantu-Danibricourt. pour ses alcools, huiles, potasses; Guibert, à Beiiugency (Loiret), pour ses
vins et ses vinaigres ; Dedron jeune, à Paris, pour ses fromages; Seulfort-Meurant, à Landrecies
(ÎSord), pour sa voiture agricole; Sjuliac aine, à Riom (Puy-de-Dome), pour ses mesures de
capacité.
SOLOGNE- — MORT DE M- J.-A- BARRiL
La mort fait le vide dans le ranji' des membres honoraires du
Comité central agricole de la Sologne. Il avait perdu MM. Becquerel,
Brongniart, Elle de Beaumont, Moll ; cette année lui enlève M. de Bé-
liague, M. Dumas, M. J.-A. Barrai.
Hier nous écrivions dans le projet d'ordre du jour de notre séance
d'automne du Comité : « Offrir à M. Pasteur le siège de président
SOLOGNE. — MOHT DE M. J -A. BARIUL. 473
lionoraire de son maître, M. Dumas; à M. Barrai, celui de M. de
Béhague... », et nous recevons la triste nouvelle des obsèques de
M. Barrai, le fondateur du Journal de l'acjrmillure ^ le secrétaire
perpétuel de la Société nationale d'ai;riculture, le savant, le tra-
vailleur infatigable de notre grand laboratoire de science et d'économie
agricoles, « le maître vénéré, l'ami le plus dévoué, le cœur le plus
chaud, tout entier d'alï'ection et d'abnégation», écrit en pleurant
M. Sagnier.
Pour nous, c'est un deuil commandé par la reconnaissance.
M. Barrai a regardé la Sologne; il l'a aimée tout d'abord «parce
qu'elle était délaissée par beaucoup». Il l'a étudiée, particulièrement
à Burtin, sur le terrain des ensilages de M Auguste Goffart. Il a pro-
clamé « qu'elle méritait d'être aidée, qu'elle deviendrait un champ
d'agriculture productive ».
Le Comice de Lamotte-Beuvron conservera dans les meilleures pages
de ses archives le souvenir de la visite qu'il a faite, en 1877, à son
exposition de produits, et des paroles encourageantes qu'il y a pro-
noncées, comme son humble président conservera, parmi les meilleurs
de ses titres, le brevet qu'il lui a donné de « secrétaire des œuvres de
la Sologne ». Ernest Gaugihan.
13 septembre 1884.
ELEVAGE DES POULETS
DANS LE DÉPARTEMENT DU TARN
Dans le département du Tara, les paysans, simples cultivateurs ou
métayers, élèvent des quantités considérables de vulailles qu'ils ven-
dent très avantageusement pour alimenter les marchés du bas Langue-
doc et de la Provence. La qualité principale qu'ils recherchent dans
leurs poules, c'est d'être bonnes pondeuses; car bien avant l'invention
des couveuses artificielles, ils avaient trouvé le moyen de faire couver
et élever les poulets en se servant le moins possible des poules mères.
Ils arrivent à ce résultat, en faisant couver les œufs de poule par des
dindes (couveuses hors ligne), qui, grâce à leur taille, peuvent ré-
chauffer trente œufs à la fois et faire trois couvées de suite. Quelques-
unes de ces pauvres bêtes succombent aux fatigues de ce rude métier ;
celles qui y résistent sont très épuisées, mais se rétablissent assez
facilement, et sont conservées pour la saison suivante.
Voilà bien les poulets éclos, mais à qui les confier, puisque la poule
couveuse manque et que la dinde recommence à couver de nou-
veaux œufs? Pour sortir d'embarras, le paysan tarnais a trouvé une
idée vraiment originale : il s'est adressé aux chapons, supposant que
ces malheureuses victimes de la gourmandise humaine, ne pouvant
être pères, seraient heureuses de se donner l'illusion de la paternité
en acceptant les fonctions de tuteur ; le succès a couronné ses espé-
rances. Rien, en effet, n'est plus facile que de décider un chapon à se
charger de l'éducation d'une couvée de poulets, à la naissance des-
quels il n'a eu cependant aucune part. Il suffit pour cela de choisir un
chapon bien fin, suivant l'euphémisme employé par les filles de
basse-cour, et de l'enfermer avec quatre ou cinq petits poulets dans
un panier recouvert d'une toile et placé dans une demi-obscurité.
Après une réclusion de vingt-quatre à quarante-huit heures, selon le
474 ÉLEVAGE DES POULETS DANS LE DÉPARTEMENT DU TAUN.
caractère plus ou moins docile de l'animal choisi, le tour est joué;
le chapon est devenu pour les poulets, dont la couvée tout entière lui
est confiée, le père le plus tendre et le plus isoigneux.
Ici se produit un phénomène bien étrange. Aussitôt que le chapon
a franchement accepté les poulets, il subit une transformation inexpli-
cable : sa voix change, il imite immédiatement et très exactement le
gloussement de la poule ; ce qui lui restje de crête et de caroncules $e
décolore ; il prend absolument l'aspect extérieur de la poule. Cet état
persiste aussi longtemps que le chapon a des poulets à conduire ; après
quoi il reprend sa voix ordinaire, le rouge reparaît sur sa tête, et le
célibataire forcé recommence sa vie insouciante.
Pendant la conduite de sa couvée, le chapon montre pour ses pu-
pilles une tendresse, une sollicitude, une vigilance au moins égales,
sinon supérieures, à celles de la poule elie-mèine. Plus gros qu'elle,
il peut mieux les abriter sous ses ailes; chaque chapon peut élever
vingt-cinq poulets ; il peut mieux les défendre, ce qui est fort utile
dans le département du Tarn, où les poulets, lâchés en toute liberté
autour des fermes, ont à compter avec les oiseaux de proie, les pies,
les belettes, etc., qui en enlèvent toujours un certain nombre.
De plus, le chapon a sur la poule l'avantage de conserver beaucoup
plus longtemps la direction de ses élèvos ; tandis que la poule, pressée
de recommencer sa ponte, abandonne ses enfants quand elle les juge
en état de se suffire à eux-mêmes, le chapon, qu'aucun autre devoir
ne réclame, ne se sépare pas de ses fils adoptifs avant qu'ils ne le
quittent spontanément, à moins qu'on ne Tait repris pour lui confier
une seconde couvée, qu'il accepie et qu'il soigne avec le même dévoue-
ment.
Quelques chapons sont pourtant rebelles à celte paternité imposée,
mais ils sont rares ; ceux-là, après épreuve négative, retournent à
l'épinette et sont préparés pour la broche. Quant à ceux qui ont fait
preuve d'aptitudes spéciales, ils sont soigneusement conservés pour
servir de nouveau, et quelquefois pendant quatre ou cinq ans de suite.
11 n'y a plus alors aucun soiu à prendre pour leur faire accepter des
poulets ; il suffit de les mettre sous une mue avec la couvée tout en-
tière, pour qu'ils acceptent immédiatement la charge d'une nouvelle
éducation.
Quelques filles de basse-cour, pour vaincre la résistance de cha-
pons trop rebelles, leur arrachent les plumes du ventre et frottent la
partie dénudée avec du vin ou des orties pour provoquer une chaleur
factice; mais celte pratique barbare est peu employée et ne réussit pas
toujours.
Les jeunes canards sont élevés d'une manière analogue. On les tient
enfermés pendant quelques jours après leur éclosion, puis on les
lâche; mais, comme ils ne sauraient se tirer d'affaire tout seuls, on
leur donne pour guide un jeune oison plus âgé de quelques jours
seulement et qui, donnant un démenti à l'idée attachée à son nom, se
montre beaucoup plus intelligent que ses petits camarades. 11 sait
parfaitement les conduire à la mare et les ramener à la ferme aux
heures des repas et du coucher. De leur côté, les petits canards, con-
vaincus que la taille de leur grand ami est l'indice d'une haute supé-
riorité, le suivent avec la plus grande soumission; pas un ne s'écarte.
L'oison a sur la poule l'avantage de pouvoir prendre part aux ébals
ÉLEVAGE DES POULETS DANS LE DÉPARTEMENT DU TARN, 475
aquatiques de ses compagnons; mais ce n'est pas un protecteur, un
défenseur : c'est un simple conducteur inconscient.
La première nourriture des jeunes canards consiste principalement,
outre les insectes et les vers qu'ils savent découvrir eux-mêmes, en
herbes telles que fenouil, laitue, orties hachées très menu et mêlées
à de la farine de maïs. J'appelle surtout l'attention des éleveurs sur le
fenouil sauvage qui, dans le Tarn du moins, croît abondamment le
long des chemins et dont les propriété aromatiques sont considérées
comme des plus salutaires. Ad. de Baiirau de Mcratel,
Conseiller général.
CONCOURS DE LA RACE OVINE DU LARZAC
Le concours annuel ouvert à la Cavalerie (Aveyron) pour les animaux
de la race ovine du Larzac se tiendra le 23 septembre prochain. Les
animaux de cette race sont seuls admis au concours, soit qu'ils appar-
tiennent à des domaines situés dans le département de l'Aveyron, soit
qu'ils proviennent des départements du Gard, de l'Hérault et de la
Lozère; les femelles seront divisées en deux catégories : 1° race du
Larzac née et élevée sur les plateaux; 2° race pure du Larzac élevée
dans les vallons. La première catégorie forme deux classes : l'une pour
les troupeaux du plateau supérieur, l'autre pour ceux du plateau infé-
rieur de Longue-Rouvière. Chaque année, plusieurs milliers de bêtes
ovines figurent à la Cavalerie : c'est un des concours de ce genre les
plus importants; en effet, ce n'est pas un concours de lots de bêtes,
mais bien un concours de troupeaux.
En 1883, nous y avons assisté avec M. Barrai : c'est une des
dernières excui'sions que nous ayons faites ensemble.
Henry Sagnier.
REVUE GOÏÏ\IEBG[.\LE ET PRIX GlURVNr DSS DENRÉES AGRICOLES
(20 SEPTEMBRE 1884.)
I. — Situation générale.
Les marchés agricoles contiauenl, à présenter une assez grande activité ; pour
la plupart des denrées, les oiTres sont abondantes, avec des alïiires difficiles.
II. — f.es graiyis et les farines.
Les tableaux suivants résument las cours des céréales, par quint-^l métrique,
sur les principaux marchés de la France et de l'étranger.
Algérie.
Angleterre.
Belgique.
Alger (blé tendre..
* ( ble dur
Londres
Blé
fr.
20.00
16 25
19.25
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fr.
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16.50
—
Liège
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17.00
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Pays-Bas.
Luxembourg.
Luxembourg
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Allemagne.
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16.75
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Italie.
Milan
16.00
Espagne.
Autriche.
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Hongrie.
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Budapest
Saint-l'éterstiourg. .
New-York
13.20
11.50
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476
REVUE COMMERCIALE ET PRIX GOURANT
1" BEGION. —
Calvados. Cordé
— Lisieux
C.-du-Noid. Pontrieux.
— Treguier
Finistère. Morlaix
— Quimper
JUe'et-Vitaiîie. Rennes.
— Fout^eres
Manche. Avranchea. . . .
— Pontorson
— ViUedieu
Mayenne. Lava!
— Mayenne
Morbihan. Hennebont..
Orne. Belléme
— Fiers
Sarthe. Le Mans
— Sable
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Blé.
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18 70
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19.35
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1S.75
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19.75
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fr. fr.
16.00
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19.25
15.75
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15.00
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1S.25
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18.25
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fr.
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Prii moyens 19
2" RÉGION.
ili«ne. Soissons 19
— Château-Thierry. 19
— Villers-GoUerets. 19
Eure. Le Neubourg.... 18
— Pacy 19
— Louviers 19
Eure-et-Loir. Chartres.. 13
— Anneau 18
— Nogent-le-Rolrou
Nord. Camlirai
— Douai 19
— Valenciennes 20
Oise. Beaiivais 20
— Compiegne 19
— Senlis 19
Pas.de-Calais. Ams.. , 1
— Saint-Omer 19
Seine. Paris 21.
S.-et-Marnc. Dammartin. 20.
— Meau.x 20.
— Neraours 20.
S.-ei-Oise. Donrdan 19.
— Pontoise 20.
— Versailles 21.
Seine-M^érieure. Rouen. 20.
— Dieppe 21
— Yvetot 20
Somme. Amiens 19
— Montdidier 20
— Roye 19
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— NORD.
30 15.20
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— Méry-.sur-Seine. . .
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Meurthe-et-Mos. Nancy.
— Lunéville
— Toul
Meuse. Bar-Ie-Duc
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Haute-Saône . Gray
— Vesoul
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— Loudun
Haute-Vienne. Limoges.
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Nièvre. N.evers.
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— Pont-de-Vaux 20.60
Cd/e-d'0)\ Dijon 19.75
— Beaune î9.75
flou/is. Besançon 19.75
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— Bourgoin 20.00
Jura, haie 20.00
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P.-de-£>ôme. Clermont-F. 22.00
Rhône. Lyon 20.25
Saône-e(-ioi»'e. Chilon . 20.25
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oavOT'e. Chambéry
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17.96 17.95 17.93
llle-Garnnne. Toulouse. 20.50
— st-Gaiidens 21.75
Gers. Goridoni 20.40
— Ëauze 22.75
— Mirande 20.00
Gironde. Bordeaux 20.25
— La Roole 20. 25
Landes. Dax 23.75
Lot-et-Garonne. Agen... 20.25 18.75 18.00
— Nérac -20.50
B. -Pyrénées. B^yonne. , 23.50
Htes-Pyrénées. Tarbes.. 21.25
Prix moyens 21.3''
S* RÉGION. — Sl'n.
Aude. Castelnaudary .. 22.50
Aveyron. Bodez 21.00
Cantal. Mauriac 22.50
Correze. Tulle 22.00
Hérault. Montpellier... 22.85
— Béziers 22.00
Lo/. Cahors 22.25
Lozère. Mende 22.00
Pi/ranées-Or.Perpignan. 25.65
Tarn. Lavaur 23 . 00
Tam-et-rtaï'.Montauban 22.25
— Moissac 20.00
Prix moyens 22.33 18.13
9' RÉGION. — SPU-EST
Basses-.ilpes. Manosque 23.75
//auies-zlipes. Briançon. 22.25 IS.oO 18.25
.4ipes-(l/aH(imes.Nice.. 23.75 19.50 16.00
Ardeche. Pnvss 26.65 17.90 17.00
B.-du-Hhône. Arles 22.25
Drame. Valence 20.50
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Haute-Loire. Brioude... 20.75
Far. Draguignan 22.25
Kouduse. Carpenlras. . 22.50 »
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Moy. de toute la France 20.60 16.09
— de la semaine précéd. 20.37 16.19
Sur laaemainelHausso. T"" %
précédente. .(Baisse.. 0.27 0,19
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13.00
16.50
20.00
16.50
21.00
17.75
18.00
18.50
19.15
18.00
13.25
16.00
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14.50
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18.50
19.50
18.25
19.00
20 50
18.25
18.50
18.25
18.00
17.25
24.55
18.50
19 00
18.00
19.03 19 00
18.00
20.00
18.40
17.50
17.15
17.50
15.00
17.80
17.00
17.59
17 27
17 54
17.00
13 70
13.00
17.49
17 94
17.82
0.12
DES DENRÉES AGRICOLES (20 SEPTEMBRE 1884). 477
Blés. — Les appréciations sur la nouvelle récolle se multiplient de plus en
plus ; elles conlirment complètement celles qui ont été données dans nos co-
lonnes. Quant à la situation commerciale, elle est toujours aussi précaire ; sur le
plus grand nombre des marchés, les ventes sont difficiles, et les cours accusent
de la baisse. Néanmoins, ce mouvement trop continu paraît vouloir s'arrêter. —
A la halle de Paris, le mercredi 17 septembre, les affaires ont conlinué à être
calmes, quoique les offres de la culture fussent nombreuses pour toutes les sortes
de blés. On cotait de 20 fr. 50 à ?.l fr. 50 par 100 kilog., suivant les qualités.
Le prix moyen s'est fixé il 21 fr. — Au marché des blés à livrer, on cotait :
courant du mois, 20 fr. 75 à 21 fr. ; octobre, 20 fr. 75 à 21 fr. ; novembre et
décembre, 20 fr. 50 à 20 fr. 75; quatre mois de novembre, 20 fr. 50 à 20 fr. 75 ;
c(uatre premiers mois, 20 fr. 75 à 21 fr. — Au l/avie, les offres continuent à être
assez importantes ; les blés d'Amérique se vendent de 20 à 20 fr. 25 ; ceux
d'Australie sont off'erts à 21 fr. ; ceux des Indes valent de 19 à 19 fr. 50. —
A Marseille, on signale une assez grande activité dans les arrivages de blés étran-
gers ; les transactions sont toujours calmes, et les cours demeurent sans change-
ments. — A Londres, les prix accusent de la baisse, principalement ceux des
blés indigènes, que l'on regarde généralement comme d'assez mauvaise ([luilité.
— Les blés étrangers sont cotés de 19 à 20 fr. 50 par 10 > kilog., au marché des
cargaisons ffottantes, suivant les provenances et les qualités.
Farines. — Les farines se cotent encore en baisse depuis huit jours. — Pour
les farines de consommation, on cotait à la halle de Pans, le mercredi 17 septem-
bre : marque de Corbeil, 46 fr.; marques de choix, 46 à 49 fr.; premières mar-
([ues, 45 à 46 fr ; bonnes marques, 43 à 44 fr.; sortes ordinaires, 42 à 43 fr.; le
tout par sac de 159 kilog., toile à rendre, ou 157 kilog. nets, ce qui correspond
aux prix extrêmes de 26 fr. 75 à31 fr. 20 par 100 kilog., ou en moyenne 28 fr. 95 ;
c'est une baisse de 65 centimes sur le prix moyen du mercredi précédent. — Pour
les fai'ines de spéculation, on cotait, à Paiis, le mercredi 17 septembre au soir :
farines neuf-marques, courant du mois, 44 fr.; octobre, 42 fr. 50 à 42 fr. 75;
novembre et décembre, 42 fr. 50 à 42 fr. 75; quatre mois de novembre, 42 fr. 50
à 42 (r. 75; quatre premiers mois, 42 fr. 50 à 42 fr. 75. — Les farines deuxièmes
sont cotées de 21 à 22 fr. par 100 kilog.; les gruaux de 33 à 37 francs.
Céréales diverses — On cote actuellement à la halle de Paris: seigle, 15à 15fr. 75;
orge, 17 à 18 fr. 50; escourgeon, 18 à 18 fr. 50; avoine, 16 fr, 75 à 19 fr. 50,
suivant poids, couleur et qualité. — Les farines de seigle valent de 20 à 23 fr.
par quintal métrique.
Issues. — Les prix sont faibles. On cote par 100 kilog. : gros son, 15 fr. 25
à 15fr. 50; son gros et moyens, 14 fr. 50 à 15 fr.; sons trois case , 13 fr. 25 à
14 fr, ; sons fins, 12 fr. 50 à 12 fr. 75 ; recoupettes, 12 fr. 50 à 13 fr. ; remoulagcs
bis, 15 à 16 fr.; remoulages blancs, 17 à 17 fr. 50.
III. — Fruits el légumes frais.
Fruits. — On vend à la halle de Paris : melous, la pièce, 0 fr. 50 à 1 fr. 50 ;
noix vertes, l'hectolitre, 18 fr. à 22 fr.; pêches communes, le cent lô fr. à 100 fr.;
le kilog., 0 fr. 60 à 1 fr. 20 ; poires, le cent, 6 fr. à 20 fr. ; le kilog., 0 fr. 20 à
0 fr. 60; pommes, le cent, 5 fr. à 12 fr.; le kilog., 0 fr. 25 à 0 fr. 35; prunes,
le kilog. ,0 fr. 30 à 1 fr. 10 ; raisins communs, le kilog., 0 fr. 50 à 2 fr. ; noirs,
0 fr. 30 à 0 fr. 80.
Gros légumes. — Derniers cours de la halle : artichauts de Paris, poivrade,
la botte, 0 fr. 20 à 0 fr. 25 ; le cent, 12 fr. à 30 fr.; carottes communes, les cent
bottes, 30 à 35 fr.; choux communs, le cent, 9 à 12 fr.; haricots verts, le kilog.,
0 fr. 10 à 0 fr. 45 ; en cosse, le kilog., 0 fr. 12 à 0 fr. 18 ; écossés, le litre, 0 fr. 30
àOfr. 70; navets communs, les cent bottes, 18 à2'< fr.; oignons communs, les cent
bottes, 25 à 30 fr ; en grain, l'Iicctolitre 9 à 10 fr.; panais communs, les cent bottes,
10 à 15 fr.; poireaux communs, les cent bottes, 3 fr. 50 à5 fr.; pois verts, le kilog.,
0 fr. 35 à 0 fr. 55; pommes de terre Hollande communes, l'hectolitre, 8 à S fr.;
le quintal, 11 fr. 42 à 12 fr. 85; jaunes communes, l'hectolitre, 6 à 7 fr.; le
quintal, 8 fr. 57 à 10 fr.
Menus légumes. — On vend à la halle de Paris : ail, le paquet de 25 bottes,
G fr. 75 à 1 fr. 25; appétits, la botte, 0 fr. lu à 0 fr. 15 ; céleri, la botte, 0 fr. 40
àOfr. 6Û; cerfeuil, la botte, 0 fr. 15 àO Ir. 20; champignons, le kilog , 0 fr. 60
à 1 fr. 50; chicorée frisée, le cent, 4 à 12 fr.; choux-fleurs de Paris, le cent,
20 à 50 fr.; ciboules, la botte, 0 fr. 10 à 0 fr. 15; concombres, le cent, 4 à
10 fr.; cornichons, le kilog., 0 fr. 40 à 0 fr. 75; cresson, la botte de 12 bottes,
478 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT
0 fr, 25 à 0 fr. 65 ; échalottes, la botte, 0 fr. 75 à 1 fr. 25 ; épinards, le pa-
quet, 0 fr. 50 à 0 fr. 60 ; escarolle, le cent, 8 à 12 fr. ; estragon, la botte, 0 fr. 10
à 0 fr. 15 ; laitue, le cent, 5 à I 2 fr.; oseille, le paquet, 0 fr. 40 à 0 fr. 60 ; persil,
la botte, 0 fr. 15 à 0 fr. 20; pimprenelle, la botte, 0 fr. 10 à 0 fr. 15 ; potirons,
la pièce, 1 fr. à 5 fr.; pourpier, la botte, 0 fr. 15 à 0 fr. 20; radis roses, la botte,
0 fr. 03 à 0 fr. 05 ; noirs, le cent, ;3 fr. 50 à 6 fr.
IV. — Vins. — Spiritueux. — Vinaigres. — Cidres.
Vins. — La situation change à vue d'œil, en ce sens que la maturité des rai-
sins se produit dans la plupart des régions avec la plus grande régularité. Pres-
que partout, le beau temps a succédé à la période de jours pluvieux. Dans le Midi,
sur quelques points, on a interrompu les vendanges commencées, afin que les rai-
sin profite des circonstances actuelles. Les prévisions antérieures relatives à la
qualité générale de la récolte, paraissent devoir se réaliser complètement. Quant
à la quantité, on doit toujours se tenir sur la plus grande réserve. Les marchés
présentent un peu plus d'animation; les ventes sont plus nombreuse;. Dans
l'Aude, on cote par hectolitre : Aramon, 20 à 22 fr.; petits montagne, 26 à 23 fr.;
montagne et Lézignan, 30 à 32 fr.; Narbonne et Lézignan, 34 à 36 fr.; Narbonne
et Gorbières, 38 à 40 fr — A Celte, les vins d'Espagne valent : Alicante, 28 à
36 fr.; Valence, 24 à 29 fr.; Catalogne, '22 à 26 fr.
Spiritueux. — Affaires calmes, et maintien des cours pour les diverses sortes.
Dans le Midi, on cote : à Béziers, trois-six bon goût, 103 fr.; marc, 95 fr., Nî-
mes, trois-six bon goût, 100 à 105 fr.; marc, 95 fr.; Montpellier, trois-six bon
goiît, 95 fr.; marc, 90 fr.; Pézenas, trois-six bon goiit, 101 fr.; marc, 92 fr. Dans
les Gharentes, les eaux-de-vie nouvelles valent de 240 à 255 fr. par hectolitre. —
A Paris, on paye : trois-six fin Nord, 90 degrés, 1"^ qualité, disponible, 42 à
42 fr. 25; octobre, 42 fr. 50 à^ 42 fr. 75; deux derniers mois, 43 fr. 25; quatre
premiers mois, 44 à 44 fr. 25. Le stock était, au 10 septembre, de 11,050 pipes
contre 12,375 en 1883.
Yerdels. — Dans l'flérault, on paye, comme précédemment, de 130 à 136 fr.
par quintal métrique pour les verdets marchands en boules ou en pain.
V. — Sucres, — Mélasses. — Fécules. — Houblons.
Sucres. — H y a peu de changements dans la situation. Les cours osciUent
toujours autour des mêmes taux. On paye par 100 kilog., à Paris : sucres bruts,
88 degrés saccharimétriques, 36 fr. ; les 99 degrés, 40 fr. 75 à 41 fr. ;
sucres blancs n" 3, 41 tr. à 41 fr. 25; à Valenciennes, sucres bruts, 35 fr. ;
à LiUe, sucres bruts, 34 fr. 75; à Saint-Quentin, sucres bruts, 34 fr. 75 à 35 fr.
Pour les sucres ralfmés, les prix se fixent de 110 fr. 50 à 111 Ir. 50 par
100 kilog. à la consommation, et de 45 fr. 50 à 50 fr. 75 pour l'exportation. — A.
•Nantes, les sucres bruts coloniaux sont cotés à 35 fr. 75 par quintal métrique.
Mélasses. — A Valenciennes, maintien des cours, à 8 fr. 50 par 100 kilog.
Fécules. — Lesprix sontsans changements. On cote àParis de31 fr. à 31 ir. 50
par 100 kilog. pour les fécules premières ; à Gompiègne, 30 fr. pour celles de l'Oise.
Houblons. — La récolte des houblons est favorisée par un temps très propice.
Les affaires en houblons précoces sont assez actives ; les prix sont assez fermes,
et ils se fi.xent ; dans le Nord, de 180 à 200 fr. par quintal métrique ; en Alsace,
de 300 à 325 fr. ; en Bourgogne, à 300 fr.
VI. — Tourteaux. — Noirs. — Engrais.
Tourteaux. — Les prix se maintiennent pour toutes les sortes. A Marseille, les
cours sont ceux de notre dernière revue. — à Rouen, on paye par quintal métrique :
tourteaux de colza, 16 fr. 30; de lin, 21 fr. 50; d'arachides, 15 fr. 25 à 15 fr. 50 ;
— à Cambrai, tourteaux de colza, 16 fr. ; d'oeillette, 13 fr.; de lin, 21 fr. à
21 fr. 75; de cameline, 16 fr. 50.
Noirs. — A Valenciennes, on cote : noir animal neuf en grains, 33 à 36 fr.
par 100 kilog.; noirs vieux grains, 10 à 12 fr. par hectolitre.
Engrais. — On cote par 100 kilog. : nitrate de soude, 25 fr. 50; sulfate d'ammo-
niaque 39 fr.; sulfate de potasse, 22 fr. 50; chlorure de potassium, 19 fr.; sanç
desséché 2 fr. le degré d'azote; superphosphates, 0 fr. 70 à 0 fr. 75 par degré
d'acide pnosphorique soluble dans l'eau.
vil. — Matières résineuses, colorantes. — Textiles.
Matières résineuses. — A Dax, l'essence pure de térébenthine est cotée 47 fr.
par 100 kilog. Les gemmes marchandes valent 22 fr. 50 par barrique; celles du
système Hugues, 25 fr.
DES DENRÉES AGRICOLES (20 SEPTEMBRE 1884}. 47!)
Chanvres. — Les chanvres nonveanx se vendent, an Mans, 76 à à 80 fr, par
100 kilog.; à la Flèche, 68 à 82 fr. Peu d'affaires pour la plupart des sortes.
Laines. — Il n'y a toujours que très peu de ventes sur les laines nouvelles.
Dans fa Brie, les prix des laines en suint sont cotés de 1 fr. 80 à 2 fr. 20 par
kilog.
VIII. — Suifs et corps gras.
Suifs. — Les cours sont sans changements. Ou paye à Paris 82 fr. par 100
kilog. pour les suifs purs de l'abat de la boucherie; 61 fr. 50 pour les suifs en
branches.
Saindoux. — Les prix sont soutenus. On cote au Havre, de 101 à 102 fr. par
quintal métrique, pour les saindoux d'Amérique.
IX. — Beurres. — Œufs. — Fromages.
Beui'res. — lia été vendu, pendant la semaine, àla halle de Paris, 229,901 ki-
log. de beurres. Au dernier marché, on cotait par kilog. : en demi-kilog.,
2 fr. 20 à 3 fr. 96 ; petits beurres, 1 fr. 80 à 2 fr. 90 ; Gournay, 2 fr. 20 à 4 fr.l2;
Isigny, 2 fr. 30 à 8 fr. 28.
Œufs. — Du 8 au 14 septembre, on a vendu à la halle de Pai-is 3,639,000 œufs.
On vend par mille : choix, 102 à 120 fr.; ordinaires, 72 à 92 fr.; petits, 58
à 66 fr.
Fromages. — Derniers cours de la halle de Paris :par douzaine, Brie, 4 à 32fr.;
Montlhéry, 15 fr.; — par cent, Livarot, 18 à 86 fr.; Mont-d'Or, 9 à 35 fr.;
divers 5 à 13 fr. ; — par 100 kilog.; Gruyère, 110 à 192 fr.
X. — Chevaux. — Bétail. — Viande.
Bétail. — Le tableau suivant résume le mouvement officiel du marché aux bes-
tiaux de la Yillette, du jeudi 11 au mardi 16 septembre :
Poids Prix du Ivilog. de viande nette sur
Vendus moyen pied au marciie du 15 septembre.
Pour Pour En i quartiers. I" 2° 3" Prix
Amenés. Paris, l'extérieur, totalité. Iiil. quai. quai. quai. moyen.
Bœufs 4.747 2,831 1,432 4,263 348 l.o8 1.56 1.28 1.48
Vaches 1,781 1,U7 510 1,627 237 1.60 1.46 1.24 1.39
Taureaux 370 302 45 347 394 1.44 1.34 1.24 1.34
Veaux 3,447 2,011 648 2,6,i9 79 1.70 1.60 1.40 1.58
Moutons 36,072 16,852 H, 242 31,094 19 1.98 1.78 l 58 1.75
Porcsgras.... 6,489 2,118 4,280 6,398 a2 1.44 1.38 1.32 1.37
Les arrivages des marchés de la semaine se décomposent comme il suit :
BcB«/"s. — Aisne, 8 ; Allier, 20; Calvados, 995; Charente, 68; Cher, 102; Cote-d'Or, 228;
Côtes-duNord, 262; Deux-Sèvres, 126; DorJogne, 99; Doubs, 1 ; Eure, 52; Finistère, 88;
Gironde, 28; Indre, 50; Loire, 26; Loire-Inférieure, 22; Loir-et-Cher, .S ; Loiret, 4; Lot-et-
Garonne, 17; Maine-et-Loire, 162 ; Manche, 181 ; Mayenne, 296; Oise, II ; Orne, 616; Puy-de-
Dôme. 28; Saôneet-Loire, 331; Sarlhe, 39; Seine-Inférieure, 13; Seine-et-uise, 9; Somme,
3; Vendée, 101 ; Yonne, 40.
Vaches. — Allier, 10 ; Aube, 3; Aveyron, 21 ; Calvados, 438; Cher, 26; Côte-d'Or, 67 ; Eure,
25; Eure-et-Loir, 17; Loir-et-Cher, 3; Lot-et-Garonne, 2 ; Maine-et-Loire, 42; Manche, 154;
Orne, 157; Puy-de-Dôme, 111 ; Saôiie-et-Loire, 77; Sarthe, 20; Sîine, 108; Seine-Inférieure,
14 ; Seine-et-Marne, 11; Seine-et-Oise, 55; Somme. 1; Yonne, 22; Suisse, 18.
Taureaux. — Allier, 2; Aube, 6; Calvados, 58; Cher, 6; Côte-d'Or, 19; Côtes-du-Nord, 23;
reux-Sèvres, 2; Doubs, 6; Eure, 13 ; Eure-et-Loir, 12; Finistère, I; llle-et-Vilaine, 7; Loire-
Inférieure, 2; Loir-et-Cher, 11 ; Loiret, 10 ; Maine-et-Loire, 10; iManche, 29; Mayenne, 14;
Oise, 10; Orne, 13 ; Saône-et-Loire, 12; Sarthe, 10; Ssine-lnférieure, 14; Seine-et-Marne, 10;
Seine-et-Oise, 15 ; Vendée, 15, Yonne, 17; Suisse, 3.
Veaux. — Aube, 242 ; Calvados, 24 ; Cantal, 59; Eure, 210 ; Eure-et-Loir, 342; Gironde,
22; Loiret, 266; Marne, 128; Oise, 80; Puy-de-Dôme, 212; Sarthe, 153; Seine -Inférieure, 106 i
Seine-et-Marne, 2'iO; Seine-et-Oise, 67; Yonne, 141.
Moutons. — Aisne, 322 ; Allier, 425 ; Aube, 665; Aveyron, 229; Cantal 1,905 ; Charente, 454;
Cher, 604;Corrèze, 269; Crease, 391; Eure, 160; Eure-et-Loir, 407 ; Indre, 376 ; Indre-et-Loire,
447 ; Lot, 154; Lot-et-Garonne, 51; Marne, 365 ; Meurlhe-et-Moselle, 132; Nièvre, 785; Nord,
104; Ssine-et-Marne 1,584; Seine-et-Ûise, 1,013; Allemagne, 6,903; Hongrie, 6,271; Italie,
1,613; Russie, 8.248.
Porcs. — Allier, 581 ; Calvados, 167 ; Charente, 73 ; Charente-Inférieure, 56 ; Cher, 20; Côte-
d'Or, 83; Côtes-du-Nord, 82; Creuse, 295; Deux-Sèvres, 594; Eure, '20; Ule-et-Vilaine, 313 ;
Indre, 170; Lou-e-Inféneure, 577; Loir-et-Cher, 193; Lot, 90; Maine-et-Loire, 745; Manche,
171 ; Nièvre; 63; Nord, 1 ; Puy-de-Doms, 138; Sa3ne-et-Loire, 91 ; SartUo, 853; Seine, 65; Seine-
Inférieure, 6; Somme, 12; Vendée, 784; Vienne, 132.
La vente a été assez lente pour les diverses catégories d'animaux amenés sur le
marché. Les prix ne présentent que de faibles variations comparativement à la
semaine précédente. — Sur les marché des départements, on cote: Caen, bœuf,
1 fr. 60 à 1 fr. 80; vache, 1 fr. 50 à 1 fr. 70; veau, 1 fr. 50 à 1 fr. 70; mouton,
1 fr. 80 à 2 fr.; porc, 1 fr. 30 à 1 fr. 50; — Neubourg, bœuf, 1 fr. 60 à 1 fr. 70;
480 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT (20 SEPTEMBRE 1884)-
vache, 1 fr. 40 ; porc, 1 fr. 35 à I fr. 45 ; veau 1 fr. 80 à I fr. 90 ; mouton,
2 i'r. à 2 fr. 10; — Sedan, bœuf, 1 fr. 60 à 1 fr. 80; veau, 1 fr. 40 à 2 fr. ;
mouton, 1 fr. 50 à 2 fr. 4ii; porc, 1 fr. 40 à 1 fr. 70; — Nancy, bœuf, 94
à 96 fr. par 10 i kiiog. bruts ; vache, 84 à 94 fr. ; veau, 112 à 136 fr. ; mouton,
95 à 105 fr. ; porc, 85 à 90 fr. ; — Nevers,hœa(, 1 fr. 60 à 1 fr. 80; vache, 1 fr. 40
à 1 fr. 60; veau, 2 fr. ; mouton, 2 fr. ; porc, 1 fr. 60; — Dijon, bœuf, 1 Ir, 64
à 1 fr. 72; taureau, 1 fr. 20; vache, 1 fr. 20à 1 fr. 68; veau ^poids vif), 1 fr. 06
à 1 fr. 14; mouton, 1 fr. 50 à 1 fr. 80; porc (poids vif), 0 fr. 90 à 0 fr. 96; —
Bourgoîn, bœuf, 66 à V6 fr. ; vache, 60 à 70 Ir. ; mouton, 80 à 90 fr. ; porc, bO
à 95 fr. ; veau, 85 à 95 Ir.
Viande à la criée. — Il a été vendu à la halle de Pans du 8 au 14 septembre :
Prix du kilog. le 15 septembre.
kiloK. I" quai. 2' quai. 3* quai. Choix. Bdase 2cucherie.
Bœuf on vache... 137,235 \.b2 à 1.84 1.30 à i..>n 0.9.3 k 1.28 1.32 à 2.40 0.20 à 1.22
Veau 151,3fil 1.56 1.74 1.34 1.64 1.16 1.32 « .. »
Mouton 66,191 1.36 1.68 1.14 1.34 U..S2 1.12 1.46 2.36 •>
Porc 37,508 Porc frais 1.24 à 1.36.
302,296 Soit par jour 56,042 kilog.
Les ventes ont été supérieures de 4,000 kilo;;, par jour à celles de la semaine
précédente. Les prix sont faibles pour toutes les catégories.
XI. — Cours de la viande à l'abattoir de la TxUelte du jeudi 18 septembre {par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On ■jend à la Villette par 50 kilog. : 1" qualité,
69 à 74 fr. ; 2", 64 à 69 fr. Poids vif, 45 à 53 fr.
Bœufs.^ Veauj. Moutons.
I" •!• 3* 1" 2- 3- 1" î-
quai. quai. quai. quai. quai. quai, quai. quai. quai,
fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr.
78 71 64 90 84 77 86 79 70
XII. — Marché aux bestiaux de la Villette du jeud "' 4 septembre 1884.
Cours des commissionnaires
Poids Cours ofliciels^ en bestiaux.
Animaux gênerai. V T 3' Prix r* 'i* y Frix
amenés. Invendus. kil. quai. quai. quai, extrêmes. quai. quai. qnal. extrêmes.
Bœufs 3.331 ibî 348 1.64 1.52 1.26 1.2l)àl.68 1.62 i bo 1.24 l.SOàl 64
Vaches 769 16b 232 1.58 1.42 1 22 1.12 I 62 1.55 1,40 I 20 1.10 1 60
Taureaux... 215 56 340 1.42 1.30 1.20 1.16 1 46 1 40 I 30 1.20 l 10 1 44
Veaux l.SH'i 374 7D 1.66 1.56 1.36 1.26 1.80 » > > >
Moutons 18 937 4.223 19 1.92 1.72 1.52 1 42 1 96 » > p c
Porcs gras.. 4.754 357 80 1 38 1.32 1.26 1.12 1.42 « . . ■
— maigres.. » » »»»»»>>*»»
Vente difficile sur toutes les espèces,
XIII. — Résumé.
Pour la plupart des denrées agricoles, les cours sont demeurés à peu près sta-
tionnaires depuis huit jours. A. Rémy.
BULLETIN FINANCIER
Le calme est complet dans les transactions sur toutes les valeurs. On cote à la
Bourse de Paris : 3 pour 100, 78 fr. 40; -- 3 pour 100 amortissable, 80 fr. 45;
— 4 et demi pour 100 nouveau, 108 Ir. 55.
Les actions des principaux établissements de crédit se vendent : Banque de
France, 5,087 fr. fcO; Banque de Paris et des Pays-Bas, 771 fr. 25; Goinptoir
d'escompte, 952 fr. 50 ; Crédit foncier et a^'ricole d'Algérie, 492 f'-. 50; Crédit
foncier i ,310 fr. ; Banque d'escompte de Paris, 520 fr. ; Crédit lyonnais, 5' 5fr,,
Crédit mobilier, 315 fr. ; Société des dépôts et comptes courants, 630 fr.; Société
générale, 460 fr. ; Banque parisienne, 395 fr.; Banque franco-égyptienne,
562 fr. 50;
On cote les actions des Compagnies de chemins de fer : Est, 785 fr. ; Paris-
Lyon-Médilerranée, 1,247 fr. 50; Midi, 1,161 fr. 25; Nord, 1,665 fr.; Orléans,
1,335 fr. ; Ouest, 842 fr. 50.
Les actiiins du canal maritime de Suez valent 1,948 fr. 7.'; les délégations,
1,135 fr. Les actions du canal de Panam.i, sont cotées 488 fr. 75.
Escompte à la Banque de France, 3 pour 100 ; intérêt des avances, 4 pour KO.
E. Fébon.
Le Gérant : A. Bouché.
CHRONIQUE AGRICOLE (27 septembre 1 884).
Kegi'cts à l'occasion de la mort de M. Barrai. — Situation financière des communes en France .
— Les aggravations des cenlimes additionnels. — La récolte du blé en France. — 151és de
semence. — Lettre de M. Denin. — Le phylloxéra. — Les vignes de Plaud-t^liermignac. —
Le mildew. — Lettre de M. Bidault. — Elèves diplômés de l'Institut agronomique. — Ecoles
pratiques d'agriculture de Saint-Remy et de Saint-Bon. — Examens aux fermes-écoles du Lot,
de l'Arlège, de la Nicvie. do la Cliarente-Inirrieure. — Syndica. agricole dans la Drome. —
Expériences de MM. Andouaril et Dezaunay sur l'alimentation des vaches par la pulpe. — Con-
cours généraux agricoles 'ie Paris en 1885. — Analyse des principales innovations. — La France
à l'exposition fure^lière d'Edimbourg, — Préparalifs pour l'expotition générale d'horticulture
de la Nouvelle-Orléans. — Concours de la Société d'agriculture de Wassy. — Vente de taureaux
et de génisses du race schwilz. — Concours de vignes dans le Tarn. — Exposition de raisins à
Albi. — Concours du la Société d'agriculture di? Chàlon ;ur-Saône. — Discours de M. Petiot, —
Transport et uiilisation des gadoues. — Vœux de l'Association française pour l'avancement des
sciences. — Nouvelles de l'éiat des récoltes en terre. — Note de M. de Lentilhao. — La produc-
tion des betteraves. — Les vendanges.
I. — La mon de M. Barrai.
Nous recevons encore clnquc jour de nombreux témoignages de re-
grets et de sympathie à l'occasion de la mort de M. Barrai. Les journaux
nous apportent aussi, de tous les points du pays, la preuve de la vive
émotion que la disparition de notre cher directeur a causée partout.
Nous adressons nos remerciements à tous; nous en devons de particu-
liers à la presse agricole. Ceux-là même qui paraissaient les plus éloignés
de lui par leursopinions, par leurs tendances; ceux qui parfois ont été
ses adversaires, qui ont soutenu contre lui des luttes ardentes, sont
aujourd'hui le^ premiers à s'incliner devant son cercueil, à rendre
justice à ses travaux, à mettre en relief ses grandes qualités. C'est un
hommiige que nous enregistrons pieusement. Le nom de M Birral est
de ceux qui grandissent avec le temps, et qui, lorsque les années ont
passé, s'imposent aux générations futures.
H. — L'i situation des cjinmuies en France.
La situation financière des communes intéresse vivement les intérêts
agricoles. C'est, en effet, surtout dans des impôts qui frappent direc-
tement la culture : centimes additionnels, prestations, que la plupart
<les communes trouvent les ressources nécessaires pour subvenir aux
I harges croissantes qui pèsent sur elles. Lorsqu'il s'est agi d'opérer un
dégrèvement de l'impôt foncier, une des principales difficultés aux-
quelles on s'est heurté a été de trouver les moyens pratiques d'assurer
aux communes les moyens d'équilibrer leurs budgets, lorsque le prin-
cipal de l'impôt foncier aurait été diminué, et que, par suite, la valeur
des centimes additionnels aurait été forcément restreinte. Cette diffi-
culté ira toujours en s'aggravant. C'est ce qui ressort du travail que le
ministère de l'intérieur publie chaque année sur la situation financière
des communes en France et en Algérie. Un nouveau volume a été pu-
blié récemment; on y trouve des renseignements fort utiles à con-
naître. Ainsi, il résulte des relevés qui y sont contenus que, actuelle-
ment, la moyenne des centimes additionnels perçus par les communes
est de plus de 51 centimes; d'autre part, les départements percevant
en moyenne 51 centimes, on arrive à constater que le total des cen-
times additionnels dépasse le principal de l'impôt foncier. On le savait
déjà, mais ce que l'on connaît moins, c'est la marche sans cesse crois-
sante des budgets communaux. La moyenne des centimes y était de
.'i9 en 1882, de 50 en 188-3 ; elle dépasse 51 en 1884. D'autre part, le
nombre des communes le plus faiblement imposées, celles qui payent
moins de 15 cenlimes, va en diminuant; de 5,540 en 1880, il est
N* 8o7. — Tome III de IJS'e. — 27 Septembre.
482 CHRONIQUE AGRICOLE (27 SEPTEMBRE 186'»).
descendu à 5,103 en 1882, et à 4,473 en 1884. Au contraire, le
nombre des communes dans lesquelles le nombre des centimes est
supérieur à ]00, va en augmentant; on en comptait 3,094 en 1880;
depuis, ce nombre s'est élevé à 3,248 en 1882, à 3,553 en 1883, et a
atteint 3,768 en 1884. Ce n'est certes pas un bon signe; sans doute
des dépenses très utiles ont été effectuées, et on a dû recourir à des
emprunts parfois élevés, dont l'amortissement se fera graduellement.
Il n'en reste pas moins acquis que l'accroissement des dépenses des
communes se produit avec une rapidité sur laquelle il est nécessaire
que l'allention soit bien fixée. On peut affirmer que, dans les deux
tiers des communes de France, cette aggravation de charges pèse prin-
cipalement sur l'agriculture.
III. — La récolte du blé en France.
Le Journal a. déjà donné son appréciation sur le résultat approximatif
de la récolte du blé en France; il a résumé aussi les principales éva-
luations qui ont été publiées jusqu'à ce jour. A ces renseignements,
nous devons ajouter aujourd'hui ceux qui ont été réunis par noire con-
frère, M. Bivort, dans le Bid'.elin des halles. D'après M. Bivort, la ré-
colte du blé atteindrait un peu plus de 107 millions d'hectolitres; elle
serait donc comprise, sous le rapport de la quantité, entre celle de
1882, qui a été officiellement de 122 millions d'hectolitres, et celle de
1 883, qui a atteint près de 1 04 millions. Nous avons indiqué le total de
110 millions d'hectolitres, comme représentant, à nos yeux, la limite
du rendement probable. L'évaluation faite par M. Bivort se concorde
donc avec la nôtre, dans des proportions très rapprochées.
lY. — Blés de semence.
A l'occasion des prochaines semailles de blé. nous recevons de
M. Th. Denin père, la lettre suivante :
« Monsieur, je tiens à la disposition de mes collègues plusieurs centaines de
quintaux de Idé de semence (Ghiddam, Goldendrop, Blanc de Flandre^, au prix de
28 francs les 100 kilog. pris ici (Hodeng-Senarpon, en gare), sur wagon.
a Veuillez les annoncer dans votre estimable Journal, et agréer, etc.
« Th. Denin. »
On doit adresser les demandes à M. Th. Denin père, à Courvalt, par
Senarpon (Somme).
V. — le phy 'taxera.
Le phylloxéra fait peu parler de lui depuis quelques semaines. Ce
n'est pas que le fléau s'arrête, mais c'est que nous ne sommes plus
dans la saison où l'on constate le plus généralement son extension.
Lefficacité de la lutte, d'une part, par le sulfure de carbone, d'autre
part, par les vignes résistantes sur lesquelles on greffe nos cépages fran-
çais, s'accentue d'ailleurs de plus en plus. En voi:;i encore un exemple :
31. le docteur Menudier nous prie d'annoncer que les personnes qui met-
tent en doute l'efficacité du sulfure de carbone pour la conservation des
vignes, et la possibilité de reconstituer les vignobles avec cépages fran-
çais, greffés sur américains résistants, peuvent se présenter tous les
jours chez lui, au domaine du Plaud-Chermignac, par Saintes (Charente-
Inférieure), où elles sont assurées d être bien accueillies. Le domaine
est situé à 7 kilomètres de Saintes, et les voitures de place font le tra-
jet en 35 minutes.
CHRONIQUE AGRICOLE (27 SEPTEMBRE 1884). 4S3
VI. — Le mildew.
Le mildew a fait, cette anné3, des ravages assez sérieux dans plu-
sieurs parties delà Bourgogae et du Maçonnais. A cette occasion, nous
recevons de M. Louis Bidault, propriétaire à Cliandenay, par (".ha^ny
(Saône-et-Loire), une lettre qu'ion lira certainement avec intérêt :
« Monsieur le directeur, je viens porter à votre connaissance un fait qui doit
intéresser un certain nombre de vos lecteurs. Les vignes sont atteintes cette
année d'une malidie, le mildiou, qui a l'aii sécher et tomber les feuilles depuis
plus de quinze jours
a Nous paisielons nos vignes avec des échalas trempés dans un bain de sulfate
de cuivre. Or tous les ceps sans exception, ({ui ont reçu cette année un écbalas
neuf, sor t verts et bien portanis. Il y a là, je crois, un remède certain contre ce
terrible fléau.
«Recevez, etc., Louis Bidault. »
Soua le titre /e Mildiou ou l'eronosp'ira (If la vi(}ne, WSX. Gustave Foex,
directeur et professeur de viticulture, et Pierre Viala, répétiteur de viti-
culture à 1 Lcolo nationale d'agriculture de Montpellier, viennent de
publier (librairie Goulet, à Montpellier) un excellent livre sur cette
funeste cryptogame qui cause une si grande terreur à tous les viticul-
teurs. Ce livre renferme l'exi'osé pré.senié aux réunions viticoles du
mois d'avril '1SS4; il est accompagné de plancbes dessinées avec le
plus grand soin, qui montrent les diverses formes du parasite et les
altérations qu'il fait subir aux feuilles. Nous n'avons pas à insister
sur la compétence des auteurs; les viticulteurs trouveront dans leur
livre les indications les plus précises sur les caractères du mal et sur
les moyens préventifs et curatifs présentés jusqu'ici.
VIL — Institut nalional agro7tomi(jue.
Le Journal officiel du 12 septembre a publié la liste suivante des
élèves de l'Inslitut national agronomique qui ont obtenu le diplôme
de l'enseignement supérieur de l'agriculture ou le certificat d'études
aux examens de soi lie de 1884 :
DiplâiiVs de l'enseignement supérieur de l' agricullurp. : MM. Dugast, Biguet,
Masson, Grauel, Golorab-Pradel, Baudoin, Laiiglois, Rolland, Danguy, I3allacey,
Béghiïn, Morain, Nicolas», Bordas, Petit, L-'jourdan. L-^bailly, Osirowsky,
Sardina Pouasier, Berlin, Decker, Vincens, de Glugny, Scellier , Notlet, Besnard,
Coslet, Péric.
Cerit/icals dléludxs : MM. Laprunièie, Lescophy, Boisseau, Gourcy.
Cottl'ormément à la loi, des missions complémentaires d'études
sont accordées aux deux élèves placés en tête de celte liste. — Les
examens d'admission pour la nouvelle promotion ont commencé le
22 octobre.
VIII. — Ecole pratique d'agriculture de Saint-Remy.
Le. ministre de l'agriculture, par un arrêté du 15 septembre courant,
rendu sur la demande de M. Cordier, directeur de l'Ecole pratique
d'agriculture de Saint-Remy (Haute-Saône), a étendu pour cette Ecole,
la durée des études à deux années et demie au lieu de deux seulement
qu'elle comprenait jusqu'ici. A cet effet, l'époque de l'examen d'entrée
est fixée au second mardi d'octobre de cliaque année, et les examens
de fin d'année et de sortie au 1" lundi d'avril. Le cours complet se
trouvera ainsi réparti en trois semestres d'hiver, plus spécialement
consacrés aux études théorifjues, et deux semestres d'été principalement
employés à la pratique. En conséquence, cette mesure devant avoir
484 CHRONIQUE AGRICOLE (27 SEPTEMBRE 1884).
son application dès cette année, un examen d'entrée aura lieu à l'Ecole
le 14, deuxième mardi d'octobre prochain.
IX. — Ecole pratique d'agricullure de Sainl-Bon.
Le Comité de surveillance et de perfectionnement de l'Ecole pratique
d'agriculture de Saint-Bon s'est réuni, le 16 septembre, au siège de
l'établissement, sous la présidence de M. Boitel, inspecteur général
de l'enseignement agricole, pour faire subir aux élèves les examens
de passage de première en seconde année, ainsi que les examens de
sortie à ceux qui ont achevé la durée réglementaire de leurs études.
La section des jeunes gens aspirant au cerlificLit d'instruction compre-
nait 9 candidats; tous en ont été jugés dignes et classés par ordre de
mérite dans l'ordre suivant :
MM. Albert Labbé, d'Aubepierre (Haute-Marne) l"'; Beaupoil, deNully (Haote-
Mane) 2"; Ms^ry, de Thou (Loiret) 3'', Léon Labbé, de 8ainl-Marlin (Haute-
Marne) k^; Aubriot, de Montribourg (Haute-Marne) 5'' ; Lavocat, de Lévigny
(Aube) 6", René Driat, de Somraevoire iHaute-Marne) 7"; Eléonore Driat, de
Soinmevoire (Haute-Marne) 8''; Hagry, de Planrupt (Haute-Marne) 9".
La somme de 1000 francs, attribuée par le Conseil général, à titre de
prime de sortie, aux trois premiers, a élé répartie comme il suit ; à
M. Albert Labbé 500 francs; à M. Beaupoil, 300 francs; à M. >'«-y,
200 francs. M. l'inspecteur général, au nom du ministre de l'ugricul-
ture, a décerné en outre à M. Albert Labbé une médaille d'or, à
M. Beaupoil une médaille d'argent et à M. Méry une médaille de bronze;
à M. Léon Labbé une médaille supplémentaire de bronze.
La rentrée des classes a été fixée au 3 octobre prochain. Le directeur
de l'Ecole est autorisé à adniellre jusqu'à cette époque les élèves qui
se présenteront pourvus du certilicat d'études de l'enseignement pri-
maire ou qui justifieront de connaissances suffisantes devant les pro-
fesseurs de l'établissement.
X. — Ferme-école du Loi.
Le concours d'admission et des examens de passage et de sortie des
élèves de la ferme-école du Montât (Loi), dirigée par M. Pierre Dufour,
ont eu lieu, au Montât, les 15 et Ui septembre, sous la présidence de
M. Vassillière, inspecteur de l'agriculture. L'instruction de tous les
élèves de première année a été jugée suffisante pour les admettre à
passer dans la division supérieure. Lu Commission a été également
très satisfaite des connaissances théoriques et pratiques des élèves qui
■ ont accompli leurs deux années d'études et qui vont sortir le \" octobre
prochain. Elle leur a accordé à tous le certificat d'instruction et les a
classés dans l'ordre suivant :
1. Rajade. — 2. Izoulet. — 3. Durand. — 4. Delsahut. — 5. Soulié. —
6. Moles. — 7. Bouysson. — 8. Pages. — 9. Martin. — 10. Landou. — II. Gour-
niUn. — 12. Maurel. — 13. Jonglas. — 14, Gourrejon. — 15. Gouderc (Basile).
— 16. Rescoussié.
A la suite de ce classement, le jury a prié le ministre de l'agricul-
ture de récompenser les élèves Rajade et Izoulet par une médaille
d'argent et les élèves Durand, Delsahut et Soulié par une médaille de
bronze.
Un bon choix a pu être fait parmi les candidats âgés de seize i\
dix-neuf ans qui ont pris part au concours. Seize candidats ont été
admis, et doivent entrer à la ferme-école le \" octobre prochain.
CHRONIQUE AGRICOLE (27 SEPTEMBRE 1884). ';85
XI. — Ferme-école de l'Ariefje.
Les examens de fin d'apprentissaf^e ont eu lieu à la ferme-école de
Uoyal (Ariège), !e 1 5 et le 16 septembre, sous la présidence d.j M. Kan-
rioing, inspecteur de l'agriculture. Les 15 élèves formant la série sor-
tinte, tour à tour interrogés sur l'agriculture, la viticulture, l'arbori-
eulture et la culture maraîchère, la zootechnie, l'arpentagâ, le nivel-
lementetle cubage, l'arithmétique, la comptabilité et la géographie, ont
tous obtenu le certificat d'instruction et la prime de 300 francs qui y est
.attachée. Le maximum des points étant fixé à 20 et le minimum à 12,
le jury a classé les élèves comme il suit :
1. Henri Lannelongue, de Tazanbon (Gers). — 2. Raymond Savit, de Mire-
raont (Haute-Garonne). — 3. Pierre Galiuzac, de Gastelnaudar}- (.A.ude). —
'. Léon Arabeyre, d'Arlix (Ariège). — 5. Jean Lafitte, d'Auterive (Haute-
(raronne). — 6. Jean-Pierre Lavergne, de Saubens (Haute-Garonne). —
7. Baptiste Canière, de 5aint-Félix-de-Rieutort (.\riège). — 8. Baptiste Verge, du
Mas-d'Azil (Ariège). — 9. Baptiste A'ignes, d'Auterive (Haute-Garonne). —
10. Zéphirin Ribaute. de Gintegabelle (Haute-Garonne). — II. Louis Busca, de
Montesquieu (Haute Garonne). — 12. Paul Bourgailh, du Fossat (Ariège). —
13. Jean Salva, de ^'ariIbes (Ariège). — 14. Jean Sainte-Marie, de Belloc (Gers).
~ 15. Baptiste Marty, de Marquein (Aude).
Le Comité a demandé à M. le ministre de l'agriculture d'accorder
une médaille d'argent à M. Lannelongue, une médaille de bronze, à
BL Savit et une 2'" médaille de bronze, à M. Cahuzac. — ■ Les ]h élèves
composant la 2' année ont tous été reconnus aptes à passer en 3° et les
15 de V année en 2\
Le concours pour l'admission aux 15 places qui seront vacantes le
30 septembre prochain a également eu lieu le 16. Trente et un aspirants
se sont présentés et, sur ce nombre treize ont été reçus en qualité
d'apprentis titulaires, les deux autres places devant être occupées par
deux surnuméraires déjà reçus en 1883; en outre, quatre candidats ont
été admis comme surnuméraires. — Au V octobre, le personnel des
apprentis comprendra 14 élèves de 3" année, 15 de 2'" année, 15 de
1"" année et 4 surnuméraires; au total, 48 élèves.
XIL — Ferme-école de la Nièvre.
Un concours s'ouvrira le lundi 6 octobre, à neuf heures du matin,
dans la salle d'études de la ferme-école de Saint-Michel, commune et
station de llémilly, canton de Luzy (Nièvre), pour l'admission de seize
élèves boursiers. Les concurrents devront être âgés de seize ans au
moins. Ils seront examinés sur les éléments de l'instruction primaire:
lecture, écriture, calcul, sui' leurs dispositions agricoles et leur apti-
tude physique.
XHL — Ferme-école de la Charente-Inférieure.
Les examens d'admission à la ferme-école de Puilboreau, près la
Rochelle (Charente -Inférieure), auront lieu le 7 octobre au siège de cet
établissement. La ferme-école de Puilboreau est dirigée par M. Bous-
casse, lauréat de la prime d'honneur.
XIV. — Syndical agricole du département de la Drame.
La Société des agriculteurs de la Drôme, s'organisant en vue de
servir d'intermédiaire entre chacun de ses membres et les fabricants
d'engrais commerciaux, invite les maisons qui désireraient participer
aux fournitures, à vouloir bien adresser les renseignements concernant
((8e CHRONIQUE AGRICOLE (27 SEPTEMBRE 1884).
leurs produits à M. Bréheret, professeur départemental d'agriculture,
à Valence. Outre les conditions de vente, de livraison et de payement,
l'association prie les fabricants d'indiquer dans leur note le mode
de dosage auquel ils entendraient se rapporter pour la vérilicatioa de
la richesse des engrais qui pourraient leur être demandés.
XV. — Alimentation du bétail par les pulpes.
MM. Andouard etDézaunay ont continué cette année les expériences
qai'ils avaient commencées., dans la Loire-Inférieure, en 1S83 (voir
tome IV du Journal de 1883, page 87), relativement à rinfluence de
la pulpe de diffusion sur le lait des vaches. Les résultats de ces nou-
veaux essais ont été récemment communiqués à l'Académie des
sciences. Les essais ont porté sur sept vaches, qui ont été soumises
pendant plusieurs semaines à des régimes alimentaires dans lesquels
on a fait varier la proportion de pulpe; de zéro, cette quantité, a été, par
étapes successives, portée jusqu'à 45 kilog. Les résultats obtenus sont
résumés par les auteurs des expériences dans les termes suivants :
<c La discussion des résultats conslatés nous conduit aux conclusions suivantes:
a 1" La pulpe de betterave, obtenue par diffusion et conservée en silo, aug-
mente la sécrétion lactée des vaches dans une proportion généralement élevée,
qui varie avec les aptitudes des sujets et avec la nourriture complémentaire qui
leur est donnée.
« 2" Elle augmente également la quantité du beurre contenu dans le lait, sans
paraître nuire à sa qualité.
« 3" Mais elle a le double inconvénient d'altérer la saveur et d'accélérer la coa-
gulation spontanée du lait, lorsqu'elle est administrée à haute dose et sans un
correctif tel que celui des fourrages verts.
« 4" Toutes les substances alimentaires facilement fermentescibles prpsentent
vraisemblablement les mêmes défauts et doivent être écartées le plus possible du
régime des vaches laitières, lorsque le lait est destiné à être consommé en
nature.
<c 5° Elles sont au contraire avantageuses pour l'engraissement du bétail et
pour l'industrie du beurre. »
Nous croyons devoir présenter une observation relativement aux
trois derniers paragraphes de ces conclusions. Il est bien rare que l'on
emploie exclusivement la pulpe ou la dréche à la nourriture des
vaches laitières; par conséquent, dans la pratique, l'inconvénient que
signalent MM. Andouard et Dezaunay n'existe en réalité presque
jamais. Quant au beurre provenant du lait de vaches nourries à la
pulpe, il est démontré par l'expérience depuis longtemps qu'il n'a
jamais les mêmes qualités que celui fourni par les vaches nourries
avec des fourrages verts ou secs.
XVL — Concours généraux agricoles de Paris en 1S85.
Nous avons promis de signaler les principales innovations apportées
dans le programme du concours général agricole qui se tiendra à
Paris du 4 au 1 I février 1885. Quelques-unes de ces innovations pré-
sentent une grande importance. Nous allons les résumer pour chaque
partie du concours.
ANI^îAUX GRAS. — Espèce bovine. — Une catégorie spéciale est ouverte pour
les bœufs de ra^ce normande. — Un prix d'honneur, de la valeur de 1,500 fr., est
créé pour la meilleure bande de vaches.
Espèce ovine. — Trois nouvelles catégories sont ouvertes pour les races de la
Charmoise, berrichonne et analogues, sol.nguule, et une autre pour les brebis de
races Irançaises diverses pures. — Uo prix d'honneur, consistant en un objet
d'art de la valeur de 1,000 fr., est créé pour le lot de brebis reconnu le meilleur
parmi tous les lots primés.
CHRONIQUE AGRICOLE (27 SEPTEMBRE 1884). 487
Animaux recroducteurs. — lùpèce booine. — Une section spéciale est
ouverte, dans Li catégorie de la race durham, pour les tauriUoas de 7 mois à
1 aJi. — Quatre .latégo'-ies spéciales sont ouvertes pour les races flamands, hollan-
daise, schwi'z, franc uses ou étrangères diverses.
Volailles vivantes. — Ddux catégories sp'ciales sont ouvertes pour les coqs
et poules de la race de Caussade et de la race de Barbezieux. — Deux prix d'hon-
neur pourront être attribués, l'un pour les coqs et poules, l'autre pour les din-
dons, oies et canards. — Outre les primes en argent, les lauréats recevront, pour
les premiers prix, une médaille d'argent, et pour les autres prix, une médaille de
l)ronze.
Beurres et fromages. — Il y aura deux prix d'honneur pour les fromages :
l'un pour le meilleur lot de fromages à pàto molle, l'autre pour le meilleur lot de
fromages à pâte dure.
Laits. — Le premier prix consistera en une médaille d'or.
Concours spécial de matériel de laiterie. — Ce concours est divisé en dix
catégories : 1° types d'installation de laiteries, de fromageries, etc.; — 2° véhicules
et appareils pour le transport du lait; — 3" appareils propres à refroidir le lait:
— 4° barattes ou appareils propres à séparer le beurre du lait ou de la crème,
divisés en trois sous- catégories : barattes à bras, barattes à manège ou mues par
machine à vapeur, crémeuses mécaniques; — 5" appareils pjur le délailement,
le pétrissage du beurre, etc., divisés en deux sous-catégories; malaxeurs et appa-
reils divers ; — 6° presses à Iromages ; — 7" vases pour la conservation et la vente,
l'emballage, etc., du lait, de la crème, du beurre et des fromager; — 8" vases et
ustensiles divers non dénommés dans la classe précédente, à l'usage des laiteries,
beurreries et fromageries (tamis, spatules, vases à crème, diviseurs du caillé,
moules à fromages et à beurre, etc.); — 9" instruments scientifiques à l'u-^age
des laiteries et fromageries (thermomètres,, baromètres, hygromètres, pèse-lait,
crémomètres, etc.) ; — 10" matières colorantes du beurre et du (romage, présures,
sels, etc. Dans chaifue catégorie, des médailbis d'or, d'argent et de bronze pour-
ront être décernées ; il y aura un prix d'honneur consistant en une médaille d'or
grand module.
GoNCûQRs DE PiSGicuLTQRE ET d'ostbéicultqre. — P iscicul.ture , deux catégo-
ries ; 1° alevins, produits; 2" matériel et procédés de pisciculture. — Oitréicut-
lure, deux catégories : 1° naissains, huîtres diverses; 2" matériel et procédés
d'ostréiculture. — Dans chaque catégorie, il y aura des médailles d'or, d'argent
et de bronze.
Produits agricoles. — Cinq nouveaux concours. 1" Balaie ou patate douce et
Ignames, chaque variété étant représentée par 3 kilog. au moins de racines. —
■1" Plantes d'ornement fleuries, divisées en onze catégories : jacinthes de Hol-
lande, jacinihes de Paris, cyclamens de Perse, tulipes simples et doubles, nar-
cisses à bouquets variés, crojus variés, anémones éclatantes, cynéraires hybrides,
primevères de Chine, violettes variées, muguet de mai. — 3" Uiels et cires. Diux
catégories pour les miels : miel coule et miel en rayon; pour les miels coulés, le-
apiculteurs sont divisés en trois sections, suivant l'importance de leur production.
— 4" Vins d'Algérie des récoltes de lS83et de 1884, présentes parde^ producteurs ;
chaque variété sera représentée par deux litres au moins. — 5'" Cidres et poirés,
divisés eu tr.iis catégories : 1" cidres de Normandie; 2" cidres de Bretagne et du
Maine; 3" cidres de divers autres pays; chaque variété sera représentée par six
litres au moins. — Deux prix d'' homieur , consistant en objets d'art, seront décernés
aux deux plus beaux lotri, lie premier 'pour les fruits et légumes, le second pour
les produits agricoles. — Au\ prix réservés aux exposants marchands est ajoutée
une médaille d'or grand module.
Exposition scolaire. — Elle sera divisée en deux sections : I" matériel d'ensei-
gnement agricole (collections, dessins, objets de cours, etc:); 2° travaux et objets
d'enseignement agricole présentés par les professeurs, les instituteuts et les élèves
des écoles priiudires ou spéciales. — Les livres, cartes, engrais, pourront être
admis au concours; mais aucune récompense ne leur sera décernée.
E\PosiTiON u'mstrumgnts et de machines agkicoles. —II n'y aura ni essais,
ni récompenses. Toutefois, les appareils pour distilleries, brasseries, féculeries,
sucreries, meuneries, etc., pourront être examinés par un jury spécial et rece-
voir des médailles.
Les nouvelles sections que nous venons d'énumérer ajouteront cer-
tainement à l'allrait du concours de Paris; elles répondent d'ailleurs
488 CHRONIQUE AGRICOLE (27 SEPTEMBRE 1884).
à des vœux formulés par les agriculteurs à plusieurs reprises. — L s
exposants doivent adresser leurs déclarations au ministère de l'agi i-
culture, à Paris, avant le 1" janvier 1885.
XVII. — Exposition forestière à Edimboury.
Le Journal Sideya. signalé l'exposition forestière internationale actuel-
lement ouverte à Edimbourg. Plusieurs exposants français y attirent
une attention légitime. Tout d'abord, MM. Vilmorin-Andrieux o;il
fait une exposition très-intéressante; elle comprend une magniliqi.i'
collection de cônes, renfermant 158 variétés de pins, 90 de sapins cl
87 d'essences diverses; (325 échantillons de graines, et des spécime.iK
remarquables d'eucalyptus. M. le comte des Cars, membre de li
Société nationale d'agriculture, a exposé des échantillons montrant les
résultats de son système d'élagage des arbres et les outils employés j
ce travail. M.M. David Cannon et E. Brace, propriétaires-sylviculteuis
aux Vaux, près Salbris (Loir-et-Cher), ont exposé des caisses contenaiu
des plants de conifères forestiers d'un an, notamment des pins syl-
vestres, laricios, des sapins de Douglas, etc., ainsi que des échantillons
de troncs montrant la croissance des pins sylvestres dans les sables
de Sologne. Parmi les exposants de matériel forestier, nous devons
signaler les chemins de fer portatifs de M. Decauville, de Petit-Bourg.
Si les exposants français sont peu nombreux à Edimbourg, la valeur
de leurs exhibitions est incontestable.
XVIIL — Exposition d'horliculiure à 'a Nouoelle-Orléans.
Dans une précéddnte chronique (page 286), nous avons donné des
indications sommaires sur l'exposition universelle d'horticulture pro-
jetée en Amérique, à la Nouvelle-Orléans. AQn de faire saisir l'impor-
tance des préparatifs faits pour cette solennité, nous devons ajouter quel-
ques détails. Le bâtiment dans letjuel se tiendra l'exposition est une
immense serre de 300 mètres de longueur sur 40 mètres en moyenne
de largeur. La section de poraologie occupera un espace suffisant pour
25, 000 plats. Autour de cette serre, le gouvernement du Mexique s'est
déjà réservé 2 hectares pour l'exposition de ses produits d'horticul-
ture; les Etats de l'Amérique centrale, la Floride et d'autres Etats de
l'Union, ainsi que différentes,nations, ont aussi retenu des surfaces con-
sidérables pour leurs exposants. Il y aura certainement à la Nouvelle-
Orléans une excellente occasion pour l'éluJe et la comparaison des
produits de l'hortic ilture sur tous les points du globe.
XIX. — Sociélè d'agriculture de Wassy.
La Société d'agriculture de l'arrondissement de Wassy (Haute-
Marne), présidée par M. le vicomte Ch.de Hédouville, a tenu sou con-
cours annuel les 20 et 21 septembre, à Chevillon. Dans ce concours, elle
a distribué des primes pour les animaux reproducteurs, pour les
instruments agricoles, pour les cultures diverses de l'arrondissement,
pour l'horticulture et la culture maraîchère, etc.
En outre, la Société ayant reçu du ministère de l'agriculture une
subvention extraordinaire de 1 ,000 francs pour être enijjloyée à l'ac-
quisition de reproducteurs bovins, se propose d'acheter des tau-
reaux et des génisses de race schwitz; il sera attribué un des taureaux
à chacun des quatre cantons suivants : Chivillon, Jainville, Poissons
et Wassy. Ces taureaux seront revendus aux enchères, entre les mem-
CHRONIQUE AGRIGOLK (27 SEPTEMBRE 1884). 489
bres de ces Comices; la réduction de prix sera de 25 pour i()(( pour
les génisses, et de 40 pour 100 pour les taureaux, sur leur prix de
revient, rendus à Wassy. Les personnes qui désireraient devenir coH'
cessionnaires de ces taureaux doivent en taire la demande à .M. CoUin,
secrétaire de la Société, à Wassy.
XX. — Société d'agriculture du Tarn.
La Société d'agriculture du Tarn, présidée par M. Espinasse, distri-
buera, en primes, une somme de 500 fr. aux propriétaires qui pourront
présenter au concours une contenance minimum de 50 ares de plants
américains greffés en plants du pays. Les primes seront attribuées
principalement aux ouvriers gruffeurs.
Une exposition de raisins, de fruits, de fleurs coupées et de boutiuels
montes aura lieu à Albi, dans une des salles de THôtel de ville, à la
fin de septembre. Le jour sera fixé lorsqu'il sera possible de pré-
juger l'époque des vendanges. Autant que possible, les raisins seront
attachés au sarment garni de ses feuilles. Des médailles et des primes
seront mises à la disposition du jury pour récompenser les lauréats.
XXL — Société d'agriculture de Chulon-sur-Saùne.
La Société d'agriculture de l'arrondissement de Chalon-sur-Saône
(Saône-et-Loire) a tenu récemment son concours annuel à Sennecey,
sous la direction de son président, M. Petiot. Ce concoui's avait amené
une grande affluence de cultivateurs. Dans l'excellente allocution qu'il
a prononcée à la distribution des récompenses, >L Petiot a résumé
les conditions nécessaires pour la transformation des systèmes de cul-
ture. Voici un extrait de ce discours :
« Pour modifier avantageusement l'ordre de choses actuel, qui est intolérable
pour le fermier, comme pour le propriétaire, il est nécessaire tout d'abord de
transformer profondément l'essence même (ies baux anciens, qui sont contraires
à tout progrès, et transformer aussi les rapports qui existent entre les propriétai-
res et l';s fermiers.
« Faire de la viande, améliore)' le bétail, créer des prau'ies, c'est, il est vrai,
plus l'acile à dire qu'à faire. Il faut du temps, de l'argent, du calme, de la sécurité
dans l'avenir, pour que la spéculation ne soit pas aléatoire.
« Or, le fermier, avec des baux de trois à six ans, n'a ni le temps, ni la sécurité
nécessaires pour changer son mode de culture. Rarement il a les capitaux suffi-
sants. Le propriétaire devra donc, à moins de voir diminuer son patrijnoine, s'ha-
bituer à des conditions de plus longue durée, et arriver à faire des avances au
fermier qui en payera l'intérêt sous une forme quelconque, à débattre entre eux.
Ce sera de l'argent bien placé pour l'un et pour l'autre.
« Mais si, à notre époque, certains devoirs incombent aux propriétaires, les
fermiers n'en ont pas de moindres à remplir. Ils doivent, à tout prix, modifier
leur élevage du bétail, choisir leurs reproducteurs, mieux nourrir leurs veaux, éle-
ver plutôt moins, que de le faire dans de détestables conditions. Une bonne tète
vaut mieux et fait plus d'argent net, que trois mauvaises.
« Tel est, à notre avis, messieurs, le côté le plus important du problème <à
résoudre, pour concilier les divers intérêts qui s'entrechoi|uent dans ce moment,
afin d'arriver à une solution. Nous avons cru devoir vous le signaler, car c'est le
critérium de tout progrès dans notre pays. »
^L Petiot fait ressortir très clairement les caractères de la crise agri-
cole actuelle : c'est surlmit une crise de fermage. Il indique, avec
l'autorité qui appartient à un éleveur émérite, que lun des moyens
d'y mettre fin, c'est de faire comprendre aux propriétaires et aux
fermiers que leurs intérêts sont solidaires, et de les amener à agir en
commun pour sauvegarder l'avenir et le rendre plus prospère que le
présent.
490 CHRONIQUE AGRICOLE (27 SEPTEMBRE 1884),
XXII. — Transport et utilisation des gadoues.
Nous avons rendu compte des principaux travaux de la Section
d'agronomie au congrès de l'Association française pour l'avancement
sciences, tenu récemm.ent à Blois. Nous devons compléter aujour-
d'hui ce compte rendu en faisant connaître un vœu émis par l'Asso-
ciation, sur la proposition des sections d'agronomie et d'hygiène. Voici
le texte de ce vœu :
« Le congrès émet le vœu :
« 1° Que les gadoues ne soient pas détruites, mais seulement modifiées par
des moyens qui leur enlèveraieut leurs propriétés nocives sans les priver de leurs
qualités comme engrais;
« 2" Que le stationnement prolongé des wagons de gadoues dans les gares et
les prolongements de délais pour leur transport, soient interdits ;
« 3" Que l'on étudie les moyens d'effectuer les transports de gadoues en wagons
clos;
« 4° Qu'on applique les lois et décrets n'autorisant les dépôts de gadoues que
dans les lieux acceptés pardes commissions d'hygiène et aménagés le mieux pos-
sible pour empêcher la diffusion par les vents ;
« b" Que les dépôts de gadoues ne puissent être établis sans autorisation et que
leur aménagement et leur étendue soient réglés par une ordonnance de police. »
L'adoption de ces mesures aurait pour effet d'assurer la salubrité
publique, en sauvegardant les intérêts de l'agriculture.
XXIII. — Nouvelles de l'état des récolles.
La principale préoccupation des agriculteurs est de rentrer les der-
nières récoltes et de préparer les terres pour les semailles d'automne.
Ces travaux sont favorisés jusqu'ici par des circonstances météorolo-
giques favorables. — Sur la situation agricole dans la Dor-logne,
M. de Lenlilhac nous adresse de SaintJean-d'Ataux, à la date du
18 septembre, les renseignements suivants :
« Dans la troisième dizaine d'août sont survenues quelques averses, mais si
légères que l'effet en a été absolument nul sur les végétaux qui ont continué d'être
fort éprouvés tout le courant du mois d'août par une sécheresse qui remonte à la
deuxième quinzaine de juillet. Nos prévisions du mois précédent ne se sont que
trop réalisées, les pluies du -2 septembre sont arrivées trop tard pour réparer le
mal ; pas de raves, de regain, ni de maïs -fourra ge ; les carottes et les betteraves
ne pourront acquérir leur développement normal, non plus que le- tabacs, qu'on
récolte de toutes parts dans la cramte qu'ils ne soient atteints par les premières
gelées, la température ayant considérablement baissé dans les premiers jours de
septembre. On commence l'arrachage des pommes de terre: elles sont petites et
d'un produit inférieur du huitième de celui de l'an dernier.
a Le raisin mûrit, mais irrégulièreraenf ; l'oïdium a fait plus do mal qu'on ne
l'avait supposé au début, une bonne moitié des grappes devra pissir aux rebuts.
« La terre n'est encore qu'imparfaitoment humectée; on se hàlc cependant
d'achever de déchaumer et d'ensemencer les seigles- fourrage, le farouch et la
jarosse. »
La campagne sucrière commence, et on se préoccupe de la récolte
' des betteraves; presque partout on constate que les racines sont res-
tées petites, et qu'elles ne grossissent que lentement; on s'attend à un
déficit assez sérieux relativement à l'année précédente, défieit d'autant
plus probable qu'il y a eu diminution dans l'étenilue di^ terres consa-
crées à cette plante. Les pommes de terre paraissent devoir donner une
récolte abondante et de bonne qualité. Quant aux vignes, les vendan-
ges sont en pleine activité dans plus de la moitié des départeinents viti ■
coles; la maturité du raisin est généralement bonne; on compte
presque partout sur un vin d'excellente qualité.
Henry Sagmer.
LE CONGRÈS LAITIER DE GL0CE3TER. 491
LE CONGRÈS LAITIER DE GLOGESTER
MÉMOIRE DE M. GGLINSÛN ilXLh.
M. Colinson Hall est un agronome anglais de grand mérite. La
presse agricole de l'Angleterre le compte parmi ses principaux écri-
vains. C'est non seulement un homme de plume, un savant écono-
miste agricole, mais c'est encore un praticien éminentdont l'expàrience
fait loi dans le monde agricole de l'Angleterre; c'est en outre un esprit
dislingué, exempt de parti pris, et s'atlachant surtout à ce qui est in-
contestable, comme tliéorie, et absolument vrai, comme pratique.
Le mémoire de M. Colinson Hall est intitulé : Lait et viande. l\ eût
été difficile d'exprimer, d'une manière plus concise, les deux points
essentiels de l'industrie laitière, c'est-à-dire le double objet que doit
viser l'agriculteur-éleveur, lenourrisseur ell engraisscur; car la branche
de l'art de l'agriculture qui comprend la production du lait doit néces-
sairement comprendre aussi l'élevage du bétail laitier, le traitement
des vaches laitières et l'engraissement de celles-ci lorsqu'elles sont
arrivées à la période de leur existence oii leurs qualités laitières ne
sont plus assez puissantes pour donner un profit.
31. Colinson Hall, au début de son admirable mémoire, exprime la
conviction que la race durham est à la tète de toutes les autres races
bovines, à tous les points de vue du rendement en lait et en viande,
comme à celui de la beauté et de l'ampleur des Formes et de la préco-
cité. C'est un honneur, ajoute-t-il, pourleconité du Yorkshire, d avoir
été le berceau de cette race incomparable, la plus belle et la plus
lucrative qu'il y ait au monde. Il ajoute, dans un transport d'enthou-
siasme convaincu, que l'origine de celle race sulllt pour donner à ce
comté un lustre que le temps ne saurait effacer. J'éprouve, je dois
l'avouer, un plaisir tout particulier à noter celle appréciation, si géné-
rale d'ailleurs, des mérites d'une race que j'élève depuis tant d'années
et dont une longue expérience m'a fait reconnaître les mérites excep-
tionnels.
Les Américains, dit M. C. Hall, se servent, dans une large mesure,
de taureaux durhams pour faire des croisements, dans le but de pro-
duire de bonnes vaches à grand rendement laitier, tout en acquérant
par le sang durham, une précieuse aptitude à l'engraissement et à la
précocité. Ils sont ainsi parvenus à créer une race réunissant les qua-
lités lailièresàla production lucrativede la viande, et cela àun de^ré fort
remarquable. D'après des expériences fort exaetemen conduites dans un
grand nombre de districts en Amérique, on est arrivé au résultat suivant :
il a été constaté que dans un troupeau décent vaches croisées durham,
ia quantité moyenne de lait est de M à 13 litres par jour et par lète
pendant dix mois, c'est-à-dire d'un veau à l'autre. M. Colinson Hall
cite une vache de trois ans, ayant trois quarts de sang durham, qui,
pendant cinq sema'nes après le vêlage, donnait jusqu'à 33 litres de
lait par jour. 11 on cite une autre qui, dans les mêmes circonstances,
donnait le même produit. Il est évident quecetle moyenne considérable
de 1 1 à 13 litres de lait, par jour, dans un troupeau de cent vaches, ne
p'^ut se maintenir qu'avec une succession constante de vaches en lait
prises dans les troupeeaux d'élevage; mais une race qui produit des
vaches laitières, capables de maintenir une moyenne semblable, doit
492 I.E CONGRÈS LAITIER DE GLOCESTER.
être considérée comme appartenant aux meilleures races laiLières
connues. Il est évident aussi que la nourriture d'un semblable troupeau
doit être, par son abondance et la qualité nutritive, adéquate à une
semblable production, tout en maintenant les animaux dans une
condition de chair satisfaisante, c'est-à-dire suffisante pour empêcher
!e moindre dépérissement. Quand une vache ne donne plus que quatre
litres de lait, tout en étant en bonne condition d'embonpoint, elle doit
être immédiatement livrée à la boucherie. C'est là, d'ailleurs, une
considération qui plaide en faveur de la nécessité économique de main-
tenir en bonne condition de chair, les vaches d'un troupeau laitier;
car cela permet, aussitôt que le rendement en lait cesse d'être rému-
nérateur, de réaliser l'animal sans perte de temps et sans qu'on soit
obligé de le garder à l'étable, pendant plus ou moins de temps, pour
l'engraisser. Par une bonne et constante alimentation, on réalise ainsi
une grande économie de temps et de nourriture.
Au point de vue delà production du lait, on peut établir en principe
qu'il n'est point avantageux de garder, dans un troupeau laitier, une
raclie après son quatrième veau, car il est reconnu que la sécrétion lai-
tière s'amoindrit en quantité eten qualité après laquatrièmeparturiiion .
Il en est autrement quand il s'agit de la production de la race pure;
car, ici, les produits ayant souvent une grande valeur de race et de
famille, il est avantageux de conserver les bonnes mères, en supplé-
ant, le cas échéant, à l'appauvrissement de leur lait, par celui des
vaches plus jeunes.
La consommation du lait dans les grandes villes telles que Londres,
par exemple, varie très peu en hiver et en été, bien que la production
soit plus abondante en été. La différence dans l'approvisionnement se
trouve comblée par l'importation del'étranger. Il importe donc aux agri-
culteurs anglais de viser à produire eux-mêmes cet appoint de con-
sommation qu'on est obligé de demander à l'étranger, et à retenir ainsi
entre les mains des agriculteurs nationaux, dans son intégrité, un com-
merce auss 'ucratif, dont, aujourd'hui, une grande partie leur échappe,
au grand proût des agriculteurs étrangers. Si les agriculteurs voulaient
se décider à produire une succession constante de fourrages en grains,
en racines, en foin et paille, de manière à assurer un approvisionnement
continu pour leur bétail en stahulation permanente, ils réaliseraient
un bien plus grand revenu de leurs terres arables, ils produiraient une
plus grande quantité de nourriture et, dans ces conditions, l'agricul-
ture serait une industrie prospère et lucrative.
Il est incontestable qu'avec le système de stahulation permanente on
peut élever une plus grande qu.uitité de bétail. Dans un récent voyage
que je viens de faire en Suisse, j'ai été frappé de ce faitque dans un pays
aussi essentiellement pastoral, on nevoitjamais les troupeaux dansles
pâturages. Tous sont retenus àl'étable, les prairies sont régulièrement
fauchées et le foin soigneusement emmagasiné pour la consommation
à l'intérieur des étables. Avec ce système, les agriculteurs suisses
pe uvent nourrir beaucoup plus d'animaux sur un espace donné, que
si les troupeaux étaient lâchés dans les prairies, foulant aux pieds et
gaspillant beaucoup plus de nourriture qu'ils n'en consomment. Ce
n'est que lorsque quand la dernière récolte de foin est terminée,
qu'on peut avantageusement lâcher les troupeaux dans les pâturages.
D'ailleurs le changement, dans l'entretien des animaux, leur est fort
Lii CUiNGHti LAI 1 IKK UK GLUCKS'i'KH. 493
salutaire et les prépare fort avanlaiieuseinont à la stabulation rigoureuse
du la période hivernale : c'est ainsi que l'on parvient à établir un heu-
reux équilibre entre les exigences de la proiluclion de la nourriture et le
maintien de la bonne sanlé des animaux de la ferme. Cette considéra-
tion a naturellement plus d'importance pour les vaches de reproduc-
tion, que pour les vaches de rente. Les mères en gestation ou allai-
tant leurs veaux doivent être soumises à un régime se rapprochant
le plus possible de la nature, en ce qui concerne leur nourriture
et leur hygiène. Evidemment l'herbe des pâturages est la nourriture
qui leur convient le mieux, et il importe d'éviter de donner aux va-
ches-mères toute nourriture purement artificielle, quand les circon-
stances le permettent. Mais le point sur lequel M. Colinson Hall
s'appesantit avec le plus de force, c'est de mettre à la disposition des
troupeaux un accès libre à l'eau la plus pure pour étanclier leur soif,
toutes les fois qu'ils en ressentent le besoin, ou tout au moins à de fré-
quents intervalles. 'Voilà, observe M. Hall, un des points essentiels
d'une bonne et lucrative exploitation laitière.
Ace propos, jM. Hall raconte que son père subit une perte de vingt-
sept animaux dans l'espace de quelques jours, seulement, pour avoir
bu dans une mare dont l'eau était impure. Le soin d'inspecter
les mares, auxquelles les troupeaux ont accès, devrait incomber au
gouvernement, ajoute .M. Hall, car les maladies causées aux animaux
par l'impureté de l'eau qu'ils boivent sont de la nature de celles qui
se communiquent à l'homme.
Un autre point fort important au point de vue de l'élevaiie et de
l'entretien hygiénique des vaches laitières, c'est la construction des
étables oi^i elles sont abritées. Il est essentiel que ces étables ioient bien
aérées, bien drainées, et que l'air s'y renouvelle librement par une
ventUalion parfaite et constante. La construction de ces abris doit être
solide et d'une nature permanente; les expédients, sur ce point, doi-
vent être soigneusement évités. C'est au propriétaire qu'incombe le
devoir de faire les avances nécessaires, soit en les prenant à sa charo-e
absolument, soit en faisant les avances d'argent nécessaires, à un taux
raisonnable d'intérêt, et remboursable par termes libéralement éche-
lonnés, d'après le même principe que celui qui règle les avances de
fonds accordées par les compagnies de drainage et autres améliorations
agricoles.
Malheureusement l'art de traire les vachesafait peude proo-rès denos
jours. Ce travail, éminemmenladapté à la femme, ou vriraitpar'cela même
une carrière des mieux appropriées à ses aptitudes et à sa capacité.
La douceur de la femme, la délicatesse de la manipulation, son affa-
bilité naturelle, la rendent particulièrement propre à cette fonction qui
exige toutes ces qualitésau plus haut degré. Mais, hélas! lesfemmesde
la campagne ont abandonné, en la dédaignant, celte fonction domes-
tique et se croiraient déshonorées de la remplir. Autrefois la mnlsion
des vaches laitières des grandes laiteries de Londres, et mèine la
distribution du lait à domicile étaient faites par des femmes. Aujour-
d'hui tout cela a été changé, et certes ce n'est pas un progrès.
En terminant, M. Colinson Hall exprime l'espérance que l'industrie
laitière, en Angleterre, réussira par ses elforts et ses progrès, à rame-
ner l'agriculture anglaise à son ancienne prospérité et à son importance
normale comme branche essentielle de l'industrie nationale. Pendant
494 LE CONGRÈS LAITIEK DE GL0GE3TËR.
les quatre premiers mois de t88V, observe -t-il, l'importation du bétail
vivant de l'étranger a augmente de 256,258 tète? sur la période cor-
respondante de 1883, tandis que l'exportation a diminué dans une
très forte proportion. Cet état da choses est fort iniporcant à considérer,
quand on vient à songer que tout cet excédent d'importation pourrail
être facilement fourni par la production nationale. Cet important appoint
de la richesse publique qui s'en va à l'étranger, il appartient h. l'agri-
culture anglaise de le retenir entre ses mains. La tâche n'est point au-
dessus des forces et de l'énergie des agriculteurs anglais, il suffit d'un
peu de calcul et de dévouement à l'intérêt public.
Les agriculteurs français peuvent faire leur profit de css bons avis
Eux aussi ont à lutter bien péniblement contre la concurrence étran-
gère. La lutte, quelque difficile qu'elle soit, n'est point au-dessus de
notre courage, de notre intelligence et de nos efforts persévérants. Sur-
sum corda ! Hue cela soit notre devise et notre cri de ralliement.
Sortons résolument de la routine, elle a fait son temps et ne peut plus
nous secourir. Avec elle ect la ruine; avec le progrès, la prospérité.
F.-R. DE LA TrÉHONNAIS.
DISCOURS AU CONCOURS D'ÉTRÊPAGNY (EURE)
Il y a vingt ans, à un concours tenu à Etrépagnj, je vous disais,
en portant la santé dés lauréats du concours, je vous disais : courage
et persévérance. Ces sentiments, qui reviennent en même temps sur
mes lèvres et dans mon cœur, me sont inspirés non seulement par le
succès de cette belle fête, mais encore et surtout par la crise agricole
que nous traversons, et qui jette dans votre vie un trouble si profond.
Je sens qu'avant de nous réjouir nous devons nous entretenir ensem-
ble, que c'est votre pensée, que c'est mon devoir, et que les lauréats
eux-mêmes sont d'autant plus dignes déloges qu'ils luttent contre des
difficultés plus grandes et un avenir incertain.
Je cours donc au devant de nos communs désirs et réponds à la
question que vous vous posez tous les jours à vous-mêmes. Que faut-il
tenter? Que doit-on espérer? Que peut-on faire pour donner à lagri-
culture un soulaoement immédiat?
Les temps sont bien changés, et mon sentiment s'est modifié peu
à peu avec les circonstances. Avant 1877, on pouvait croire que d'a-
bondantes récoltes et des dégrèvements d'impôts pourraient calmer les
justes plaintes des cultivateurs. On ne peut plus conserver cette illu-
sion, puisque ]a politique des dégrèvements est compromise par les
difficultés de la situation budgétaire, l'accroissement continuel des
dépenses publiques et l'accroissement prochain des charges militai-
res; puisqu'enÛn le gouvernement s'aperçoit que les meilleurs prin-
cipes })euvent subir des exceptions légitimes, puisqu'il cherche une
voie nouvelle et que la majorité de la Chambre ouvre une enquête qui
ne produira rien.
Vous vous souvenez qu'en 1870 notre Société et le Conseil général
avaient fait des vœux pour l'établissement de droits compensateurs.
Dans un banquet qui a suivi le concours tenu aux Andelys, je vous ai
dit publicjuement que sans l'appui du gouvernement aucune majorité
ne se formerait et ne se formera jamais dans le Parlement pour établir
des droits dédouane sur les produits agricoles venant de l'étranger, mais
DISCOURS AU CONCOUKS D'fÎTRKPAGNY. k9b
que si des Imités de commerce étaient renouvelés, les produis agricoles
pourraient en être distraits, et que la question resterait entière et
réservée. Tout ce que je vous ai dit s'est réalisé de point en point, et
je serais obligé de vous le répéter, si les l'aits n'avaient pas amnné dans
l'esprit et dans les intentions du gouvernement des modifications que
je crois profondes et qui permettront très probablement de faire une
expérience que vous réclamez. .\ ce point de vue, la norainalion de
M. Meline au ministère de l'agriculture est une circonstance favorable.
J'ai eu l'honneur de l'avoir pour collègue dans le cabinet de 1876, et
je connais personnellent son dév(tuement à l'industrie et à l'agricul-
ture nationale. Mais comment ce dévouement s'exercera-t-il, et quelle
suite pourra-t-il donner à ses projets? C'est la question.
Ce qui me préoccupe le plus, c'est d'arriver à une solution pratique
et immédiate. 11 ne s'agit pas- de vous plaire, ce soir, par des décla-
rations et des promesses, mais de vous servir par un acte. Je cherche
et je me demande s'il ne serait pas possible de reprendre une idée
soutenue jadis avec beaucoup d'éclat par des économistes éminents,
des amis et des serviteurs éclairés de l'agriculture. Cette idée serait
d'établir, sur tous les produits agricoles qui arrivent de l'étranger, un
droit fixe, uniforme, qui serait pour les animaux d'une somme de
tant par tète, et pour les autres produits d'une somme de tant par
hectolitre. Ce droit aurait pour objet d'établir une sorte de compensa-
tion avec les charges supportées sous forme d'impôt d Etat par les
produits agricoles français. 11 produirait des sommes assez considé-
rables qui pourraient servir de base à des projets de loi favorables à
l'agriculture.
Malgré les encouragements qu'il doit recevoir de divers côtés, je ne
crois pas que le gouvernement parvienne à faire quelque chose de juste
et d'utile, s'il attaque successivement, dans une suite de projets de
■ lois, les denrées alimentaires et les diverses catégories de la produc-
tion agricole. A chaque projet, vous verrez surgir des récriminations
particulières suscitées par le froissement d'intérêts respectables, et
vous entendrez revivre les arguments déjà vieux, mais toujours sai-
sissants, sur l'antagonisme entre les producteurs et les consomma-
teurs, entre l'industrie et 1 agriculture, entre le commerce et l'agri-
culture. Au contraire, en établissant un droit fixe, uniforme, sur les
produits agricoles venant de l'étranger, vous 'donnez à ce droit uu ca-
ractère d'équité, d'égalité et de justice générale; vous répartissez cette
taxe sur un grand nombre de pi'oduits qui ne sont pas toujours des
denrées alimentaires, et cela sans eu exagérer le taux pour aucun
d'eux, et vous faites tout de suite une expérience qui pourrait être,
soit dans un sens, soit dans un autre, l'objet i'un redressement ulté-
rieur. Dans la situation exceptionnelle où se trouvent depuis la guerre
de 1871 les relations commerciales, et depuis -1877 les finances et
l'agriculture de la France, qui donc pourrait se plaindre gravement?
Ne serait-ce pas un essai loyal, une transaction patriotique entre les
producteurs et les consommateurs?
Ce qui m'a confirmé dans mes réflexions, c'est lincerlilude des
données sur lesquelles le gouvernement et les membres du Parlement
appuieraient l'établissement de droits compensateurs, en prenant au
hasard les diverses catégories de produits agricoles qui entieraient en
France, et la convenance d'établir entre le montant de ces divers droits
496 DISCOURS AU CONCOURS D'ÉTRÉPAGNY.
une sorte de concordance. Ainsi, lors de la discussion du tarif c;éné-
ral, le inDUvernenienl proposait de frapper l'entrée d'un nioiitop.
étranger d'une taxe de 5U ceniluT s. Je suis monté à la tribune et j'ai
fait relever le droit à 1 fr 50, parce qu'il n'y avait pas concor-
dance entre le droit sur le blé et le droit sur le mouton. J'ignore, bien
entendu, si le principe de concordance que j'ai fait adopter à la
Chambre pour un mouton aurait la grande fortune d'êire adopté par
le gouvernement et le Parlement pour tous les produits agricoles, mais
on peut tenter cette étude et cet effort, et, puisque les discours les
plus éloquents n'aboutissent à aucune solution, et qu'en lin de compte
l'opiuiou publique exige qu'on en trouve une, je me réserve de déve-
lopper les raisons d'un projet qui a l'avantage d'être simple, équitable
et surtout d'une application immé liate.
Si jal tout de suite abordé la question des droits compensateurs,
sans examiner les autres moyens de soulagement que le Parlement et
la presse étudient, c'est que, suivant une opinion généralement accré-
ditée parmi vous, il n'est pas d'autre remède et que tout pourrait être
sauvé du jour au lendemain. Et cependant vous savez aussi bien que
moi que nous sommes en présence d'ime révolution scientifique et
économique qui travaille toutes les nations du monde, change com-
plètement les conditions d'équilibre entre la production et la consom-
mation, et impose à l'agriculture des transformations successives et
profondes. La consommation a des limites. La production n'en a pour
ainsi dire plus, et les elTets qu'on peut naturellement attendre de l'ap-
plication ordinaire des lois sont déjoués tous les jours par des faits
qu'on n'a pu prévoir. JN'ayez donc pas une confiance absolue dans un
changement de législation. Je vous en prie, comptez aussi sur vous-
mêmes. Aucune loi ne po irrait vous faire autant de bien que votre
découragement pourrait vous faire de mal. Nos efforts seront vains si
vous n'y joignez les vôtres.
A Dieu ne plaise que je veuille vous donner des conseils pratiques
sur ia manière de conduire vos exploitations, et je vous répète solen-
neilemeiil ce que vous me dites dans nos causeries a.nicales, ou ce que
je lis dans les journaux d'agriculture; mais, ce que j'ai le droit de
vous affirmer, c'est que l'union fait la force, et que si nous avons la
satisfaction de constater que la crise n'atteint pas les ouvriers agri-
coles, du moins, nous autres propriétaires, nous souffrons avec vous,
et sentons de plus en plus la puissance des intérêts communs qui
nous lient. Courage donc, comme je le disais à l'instant, courage et
persévérance, courage! Lnissons-nous et serrons les rangs; mais
quanil, dans une pensée commune de devoir et de relèvement, nous
aurons achevé péniblement notre journée, si nous nous trouvons
coinuie ce soir à table avec de bons amis, oublions un moment les
embarras de la vie et les tracas du lendemain, jouissons de l'heure
qui coule heureusement en reprenant ces sentiments d'espérance qui
sont une force toujours et peut-être la vérité de demain.
C'est dans ces sentiments, chers lauréats, que je bois à votre santé.
Je bois d'abord à la santé du lauréat de la prime d'honneur, ii M. Doré-
Letailleur. Dois-je louer d'abord le vaillant cultivateur qui porte sur
ses lobnstes épaules la culture de 480 hectares, et dont la vigilante
et intelligente sollicitude a mérité les applaudissements de tous ses
collègues ! Dois-je louer le patron excellent qui travaille à faire le bien
DISCOURS AU COxMGOUKS |d'kTREPAGNY. 'i97
de tous ceux qu'il emploie, et comment oublierai-je de remercier pu-
bliquement l'aini fiiJele qui, dans la Sociélé de secours mutuels du
Vexiu, [)oursuit avee moi le rêve de fonder et d'entretenir une Société
de secours mutuels entre ouvriers agricoles!
Je bois à la sanle de .MM. lilot, Menu et Juhel, dont .M. Lesage, avec
son autorité ordinaire, a loué, au nom de la Comiuission, les mérites
éclatants et divers. Je les loue à mon tour et je leur adresse une prière :
tous trois sont jeuues, et tous trois représentent une génération nou-
velle. Qu'ds viennent plus souvent dans nos rangs et qu'ils nous amè-
nent tous leurs jeuues amis! Sur eux retombent déjà les lourdes char-
ges de la cri.se actuelie. Ce sont eux qui auraient le droit de parler, de
conseiller et d'agir. Nous les attendons. Les anciens leur tendent la
main. Ils ne la refuseront pas.
Et je flnis, messieurs, en portant le toast le plus cher à vos cœurs :
Aux ouvriers agricoles, aux braves serviteurs de l'agriculture! Vous
tous, qui formez aujoiird'hui un véritable bataillon, nous vous saîunns
.avec reconnaissance et respect, lîelournez dans vos villages, et dites
à tous ceux que vous verrez, combien vous avez été heureux de rester
.'idèles à vos bons maîtres; comment aujourd'hui vous 'avez été hono-
rés par nous, fêtés, choyés et remerciés ! Puisse votre exemple appor-
iiT à la crise que nous traversons, quelque consolation et quelque
lemède, et démontrer que le dévouement, la concorde et l'amitié font
!c bonheur de la vie. A tous les lauréats du concours.
Louis Passy,
Di-pute, vioe-secivtaire de la Société nutionale d'agriculliire
LES MACHINES AGRICOLES DE M. MERLIN
Le compte rendu de l'exfiosition internationale agricole d'Amster-
dam, qui a paru dans nos colonnes, a iî:is en relief la place qui a appar-
icnu à nos constructeurs français dans la section de mécanique, ('ette
place a été brillante ; nous tenons à le répéter. Les mécaniciens français
ii:it soutenu, avec honneur, la lutte contre leurs rivaux étrangers,
uotamuical contre leurs rivaux anglais, dont la réputation est univer-
selle. Ce fait donne la preuve que lorsque les agriculteurs se seront
lances plus résolument encore dans la voie de l'emploi des machines,
ils trouveront dans nos ateliers tous les ensrins dont ils auront besoin.
Parmi les constructeurs qui ont soutenu dignement, à Amsterdam,
l'honneur du nom français, nous voulons parler aujourd'hui spéciale-
ment de l\L iMerliu, de Vierzon (Cherj, bien connu par les agriculteurs de
la région du centre et par les visiteurs des grands concours agricoles,
!\L Merlin a été, pendant seize années, le directeur des ateliers de
la célèbre maison Gérard; lorsqu'il créa son us'ne actuelle, il était
donc déjà uu vétéran de l'industrie, et il avait passé par tous les éche-
lons du travail. Celte haute expérience était, fiour la nouvelle maison,
la plus puissante des garanties; aussi celle-ci a-t-elle rapidement
prospéré.
M. Merlin a l'oncentré son activité dans la construction des machi-
nes à vapeur et des machines à battre, et il y obtient de très léiritimes
succès.
La figure 2! représente le tvpe de la machine à vapeur Infonmbile
de j\5. .Vlcrliu. (.!eue machine est uionlee sur quatre roui's. Elle est à
498
LES MACHINES AGRICOLES DE M. MERLIN.
flamme directe, tubulaire; les tubes sont en cuivre, au nombre de 27 ;
le diamètre du piston est de 180 millimètres, la course de 300 milli-
mètres; la surface de chauffe totale est de 13 mètres. Le foyer intérieur
est en acier doux; un bouchon fusible est fixé au ciel du foyer pour
prévenir les accidents provenant du manque d'eau; une soupape de
siîreté est appliquée à la chaudière pour l'alimentation de Teau ; un
réchauffeur d'eau d'alimentation par la vapeur de l'échappement
permet d'économiser le combustible. La dépense moyenne de
cette machine est de 2 kilog. de charbon par heure et par cheval;
la dépense en eau est estimée à 18 litres par cheval et par heure. Tout
le mécanisme est monté sur une plaque de fondation boulonnée sur la
Fig. 21. — Macliine à vapeur looomobile de M. Merlin.
chaudière. Le cylindre est à double enveloppe de vapeur et à circula-
fion continue avec la chaudière pour éviter la condensation. La distri-
bution de vapeur se fait au moyen d'un tiroir, système Farcot, à dé-
tente et vitesse variable par le régulateur à masse centrale, qui est d'une
sensibilité constante. Le prix de cette machine est de 6,400 francs;
son poids est de 3 200 kilog.
Les machines à battre Merlin se recommandent surtout par le soin
apporté à leur construction. Nous insisterons spécialement sur le type
le plus complet, vannant et criblant le grain. Cette machine (fip;. 22)
est d'une trrande largeur, son diamètre intérieur étant de I^.OO. Le
batteur est mixte et tout en fer; la moitié des battes sont perforées,
dans le but de tirer les pailles. Le grain, à la sortie du batteur, tombe
à travers le contre-batteur, qui est tout en fer et à jour, ainsi que sur
LKS MACHINES AGRICOLES DE M. MERLIN.
499
la grande table de seeouage. Les pailles sont agitées énergiquement
sur des secoueiirs très longs et tombent sur la grille du devant pour
être botlelées; les uienues ou courtes pailles tonibcut sous la grille au
bottelage. Une cliaîne à godets sert d'élévateur pour remonter le grain
et le verser dans un appareil servant à ébarber les orges ou les blés
l'ill'"'
vêtus; 'on peut, en tournant une manivelle, supprimer le passage du
grain dans l'ébarbeur. L'appareil du nettoyage se compose d'un grand
crible placé à l'arrière, muni de grilles à trous divers pour obtenir le
triage du petit blé, ou faire de la semence; le premier ventilateur
placé sous la batteuse a pour but de dépouiller le grain de toutes les
petites pailles et les balles qui tombent à l'arrière ; le deuxième, placé
500
LES MACHINES AGRICOLES DE M. MERLIN
en haul, près de la chaîne à godets, est destiné au double nettoyage en
soui'tlant sous les grilles du cribleur.
Pour rendre cette batteuse plus complète, M. Merlin y a ajouté un
appareil de son invention qu'il nomme tambour batteur à élévateur
d\itloiis. Il se trouve placé sur le même axe que le ventilateur sans
compliquer cet organe. Jusqu'ici les otlons, pilons, grosses têtes, épis
cassésetnon battus, etc. ,tombaientàterre, mélangés avec une certaine
proportion de grain, et à la finde la journée on était obligé de repasser
tous ces débris dans le batteur ou sur les secoueurs, pour en obtenir la
séparation et le nettoyage. Ily a là une perte de temps considérable pour
le personnel occupé au battage. Par ce nouveau système de remonteur
d'oltons, rien ne tombe à terre; tous les menus, suivant l'expression con-
sacrée, disparaissent et sont repassés au fur et à mesure et mécanique-
ment dans un tambour à élévateur strié, qui enlève l'enveloppe des
LES MACHINES AGRICOLES DE M. MERLIN. 501
blés vêtus OU bat les têtes des épis cassés. De cet organe, tous les ot"
Ions sont lancés de nouveau sur les grilles, et après avoir subi l'opé-
ration par le premier ventilateur, renontent dans la chaîne à godets
et se mélangent avec l'autre grain. Il y a, parce nouveau système,
économie de main-d'œuvre, économie de temps et par conséquent
économie d'argent.
Cette grande batteuse peut battre environ 250 à 300 hectolitres en
dix heures. Le prix de celte machine est de 3,350 francs ; son poids est
de 3,000 kilogrammes.
Nous devons signaler enfin une nouvelle batteuse de graines four-
ragères, qui sort également des ateliers de M. Merlin. Cette machine,
(|ui tait l'objet de brevets spéciaux,, est représentée par la ligure 23.
Pendant longtemps les machines destinées au battage des graines four-
l'agères étaient doubles : l'une séparant les bourres de la paille,
l'autre nettoyant les uraines. Quelques constructeurs réunissent
aujourd'hui les deux machines en une seule; c'est la méthode que
M. Merlin a suivie. Avec deux batteurs sur le même luUi, et un élé-
vateur de bourres à force centrifuge, il obtient un exeelleni résultat.
Les pailles, après êtres passées dans un batteur en fer, tombent sur
des secoueurs oîi s'elTectue la séparation de la bourre. Les pailles
tombent sur une claie en avant de la batteuse; la bourre est conduite
dans l'appareil à force centrifuge qui la remonte à la partie supérieure
de la machine, dans un batteur spécial à hélice, pour enlever les graines
de leur enveloppe. Les graines passent ensuite sur des séries degrilles
et sont ventilées d'une façon complète; les balles, menues pailles sont
séparées ; les graines, nettoyées, tombent dans des sacs, prêtes à être
livrées au commerce. Cinq personnes suffisent pour alimenter cette
machine, qui peut donner un rendement de deux, à six hectolitres à
l'heure. Une force motrice de 5 clievaux-vapeur suffit; le prix de cette
machine est de 3,300 francs. Henry Sagmer.
L'AGRICULTURE AUX ÉTATS-UN18, AUX INDES
ET AU CHILI.
Nous détachons des derniers rapports officiels consulaires de Bel-
gique les passages suivants :
Etals-Unis. — L'année 1 883 n'a pas été favorable pour l'agriculteur ;
à part l'avoine, les pommes de terre et le foin, tous les autres pro-
duits ont donné une récolte médiocre ou moyenne.
Voici, d'ailleurs, quelques estimations des rendements :
Maïs I,mI,034,39.') bushels (1 bushel = 3.0 liires 2:n).
Froment 420,104,500 —
Avoine ô7i,233,400 —
Sarrasin 10,000,000 —
Pommes dp terre 195,000,(100 —
Coton 6,014,220 lialles.
Sucre de canne 170,000 boucauls.
Sorghuin Médiocre.
Orge , Rendement moyen.
Seigle A I eine une récolte moyenne.
Tabac Rrcùlle inuyenne.
Foin Récolte abondante.
En ce qui concerne le maïs, non seulement la quantité produite a
été moindre, mais la qualité est inférieure. La proportion de maïs
non vendable a été, pour la récolte de 1883, double de celle d'une
502 l'agriculture AUX liTATS-UNlS, AOX INDKS ET AU GHILL
année ordinaire. La quantité marchande correspondait seulement
aux trois cinquièmes de la récolte, soit environ 93(.) millions do
busliels. Dans une année moyenne, elle serait de 1,*240 millions de
busliels pour la même prodiiclion. En d'autres termes, 304 millions
de busheis dont la valeur moyenne aurait pu être de 51 cents le
bushel, ne valent actuellement que 27 cents (100 cents = I dollar).
C'est la iiélée qui a occasionné cette dépréciation du maïs. Pour les
principaux Etats producteurs de ce grain : l'illinois, l'Iowa, l'Indiana
et rOliio, qui récollent le tiers de la quantité totale, il y a eu seule-
ment 35 pour 100 des. produits sains. Dans lensemble, le résultat
général a été :
Maïs vendable. Maïs non vendulile.
Prodnction. Prix. Vnlenr. Prodnclion. Frix. Valeur.
Busliels. Ci.-nts. Dollare. lîushels. Cents. Dollars.
1)j5,I)IIU,ô41 .il, 4 4KO,7:i.i,04:3 (il.'),i:i3,8.i4 21.-' Iliî.i.Ol ,C>:',1
Le froment, en 1883, a été aussi de qualité inférieure. Le poids pui'
bushel est de 59 livres environ (I livre = 453 gr.). 11 s'est produi:.
très peu de n" 1, et l'on remarque que le froment du printemps est
celui qui fournit les moindre.s quantités de qualité supérieure. Ainsi
à Chicago, on a constaté pendant 5 ans que 3.0 pour 100 du froment
d'hiver et 3.1 pour UIO du froment de printemps étaient classés
comme n" 1 ; 64 pour lOO du fruuu'nt d'hiver, et bl.C) pour 100 du
froment de printemps furent du u' 'i ; S. 4 pour lUO d hiver et 12.0
pour 100 de printemps fuient du ii° 3.
La production et la dislribiilion de celle céréale depuis 1877 se
résument comme suit :
DistribiUion
Ann es. Profluclion. Pour noiinilure. Pour siTnences. P. le.ïportalion. to'ale.
Busheis. Busliels. Bnsliels. Busheis. Bnshels.
1X77 3K4,194.14r) 223.302,:WS 4U,'Jl:!,:in8 90,l(i7 ,;ij9 3:)4 , 383 , 6ÔÛ
1H7S .420.1 22. 4nri 22S,,S77,97S 48,lli2,H40 147,(j.S7,6V) 42i,728,4ii7
lX7i) 4.'.9,47::i..')0.'> 23(i, 182,103 .',;i, I4r),n7(i 180,304,180 469,631 ,3.i9
1880 iiyS.,'.49,8i;8 242 086,6;..') ôii ..'.63.03!) 1X6,321,214 484,971,39!)
1S8I M83'.280,090 2:5), 249, 8)2 .'.:), 2l.i, 573 121.892.389 412,3.'.7,774
1S82 .Ô04,18ù,470 250,500,000 52,770,312 147,811,316 456,681,628
On voit que l'année 1b82 a laissé un suipliis de 48 millioiis de
hushels. ce qui porte les quantités totales disponibles de 1883 à 408
millions de hushels.
Les besoins de la consoiumntion, basés sur une population de
55,500,000 habitants, sont de 25'.) millions de busheis; les semences
exigeront près de 53 millions de busheis, soit en tout 312 millions de
busheis. Les exportations du 1" juillet 1883 au 29 février 1884 mon-
tent seulement à 71,321,539 biishels; ;'( ce taux, si l'année finit de
même, elles n'atteindront que le chilYre de 97 millions de busheis
Au r'mars, il restait 119 millions de busheis dans les mains des
fermiers, plus 31 millions dans les élévateurs et les magasins, soit
150 millions en tout; à ce total, il faut encore ajouter les quantités de
farine existant dans les moulins et sur le marché. Ces chiffres indi-
quent que le commerce d'exportation a loissé beaucoup à désirer. Les
spéculateurs américains ont maintenu les prix élevés; l'Europe, d'autre
pari, s'est approvisionnée en Australie, aux Indes anglaises et autres
pays producteurs, et la conséquence de cette situation a été, dans ces
l'agriculture aux états-unis, aux INDES ET AU CHILI. 503
derniers temps, une baisse assez sensible sur le prix du froment et
un iirand malaise chez les négociants de cette contrée.
Ih-t'iil. — Nombre de bestiaux, bêles de somme et autres existants
au.x Etats-Unis :
Nombres.
A'alenr moyenne.
Espèces.
1SS3
Chevaux
Mulets
Vaches laitières
Bœufs et autre hélail.
Moutons
Porcs
10,83S,111
1.871,079
13,125,685
28,0 '(6,077
49,232,291
43,270,08(1
11,169,(183
1,914,126
13,501,206
29,(146,101
.50,626,(126
•44,200,893
70 d.
79
30
21
59
49
21
80
53
1S84
t d. 64
84
31
23
22
37
52
37
Les fermiers attribuent o;éiiéralement la réduction dans la valeur
?iioyenne des moutons à l'abaissement des droits d'entrée sur la laine.
Pour les porcs, une des raisons de la moins-value est le ralentissement
dans les exportations amené, d'une part, par les hauts prix et, d'autre
part, par les mesures que plusieurs gouvernements ont prises contre
les importations des produits du porc américain.
(kujes /les ouvriers agricoles. — Je crois utile de donner, d'après un
rapport du département de l'agriculture, publié en février 1884, le
tiux moyen des salaires des ouvriers agricoles. PeiU-êlrj ces chilïres
feront-ils rétlécliir ceux de nos cultivateurs qui auraient linteutiou
démigrer aux Etats-Unis. La contrée est partagée en -'i classes, suivant
le rapport du nouii.ire des ouvriers agricoles à celui des personnes
employées dans toutes les industries eu général.
La première catégorie comprend les Etals ou territoires m'i cette pro-
porlion varie de '2 à 28 pour 10'), moyenne 18 [)our luO. Les gages
mensuels, en 1882, ont de de 24 d. 14 sans la pension, et de 15 d. 10
avec la pension.
La seconde classe com|)rend les Etats oii le rapport vai-ie de 31 à
49 pour 100, moyenne 42 pour 100; les salaires par mois ont été
de 23 d. 51 sans la pension, et de iO d. 93 avec pension.
Dans la troisième catégorie, la proportion est de 51 à t)9 pour 100,
moyenne 58 pour 100; les gages mensuels ont été de 19 d. 51 sans
la pension, et de 13 d. O'i avec la pension.
Eulin dans la quatrième où la proportion varie de 72. à 8o poiu' 100,
moyenne 77 pour 100, le taux des gages mensuels a été de L5 d. 67
sans la pension, et de 9 d. 24 avec la pension.
La moyenne du coût de transporc par bushel de froment de Chicago
à ,*iiew-York a été :
1868..
1869
Années.
Par lac et canal. 1
Cents.
25.3
24 1
17.5
21.(1
26.6
19.2
14.2
11.4
9.7
7.5
10.1
13
13.2
8.4
8.7
9.16
Mf lac et rails. I
Cents.
29
25
22
25
28
26.9
16.9
14.6
11.8
15.8
11.4
13.3
15.7
10.4
10.9
12
»ar raiK si
Cents.
42.6
35.1
187U. .
33.3
1871..
187-'..
31
33.5
1873.
33 2
1874. .
28. 7
1875..
24.1
187(1. .
16.5
1877 . .
20.3
1878. .
17.7
1879. .
17.3
1880. .
19 7
1881..
14.4
1882..
14.6
1883 (
I.anvier .lu 1"'
déccnil
irri. ...
16.1
504 LAGRIGULTUliE AUX ÉTATS-UNIS. AUX INLiES ET AU CHILI.
En 18S3. le prix du fret tend à augmenter et à s'approcher du prix
de 1876.
En 1868, New-Yoric recevait 24 millions de bushels de grains;
en 1882. 79,773,926 busliels.
Les airivages de maïs à Boston, par rails se chiffrent, en 1868,
à 483,875 hushels; en 1882, à 8,596,838 bushels. En 1^68, Boston a
reçu 606,038 bushels d'avoine; en 1882, 4,377,209 bushels; 733,955
bushels de farine de froment, en 1868; 2,283,026 bushels, en 1882
(en barils réduits en bushels).
Pour Baltimore, les arrivages de grains de toute espèce montent,
de 7,753,508 bishels en 1868, à 37,867,054 bushels en 1881, et
à 22,7 70,461 bushels en 1882, cette dernière diminution provient
des mauvaises récolles en 1881.
Les exporlalions des céréales à l'éf.r.ingpr se chiffrent par
20^,040,850 dollars en 1883, contre 1 82,670,528 dollars en 1882;
en 1883, ces exportations représentent 77 pour 100 du total de.s expor-
tations; les produits des fabri(]nes 13.91 pour 10i';les produits des
mines y compris les huiles minérales 6.40 pour 100; les produits des
forêts 1.24 pour 100; les produits des pêcheries 0.78 pour lOl); les
produits d'aulres industries 0.67 pour 100.
La part la plus grande du commerce extérieur de ce pays revient
toujours à la Grande-Brelagne, elle est de près de 40 pour 100 du
total : de 51 .6 pour 100 pour les exportations et de 26 pour 100 pour
les importations. Les expéditions de coton vers les ports britanni-
ques, pour l'année fiscale finissant au 30 juin 1883, ont atteint
60.53 pour 100 de la valeur totale des exportations ; pour le froment
et la farine de froment, la proportion est de 62 pour 100; pour le
maïs et la la farine de maïs, elle arrive à 71.45 pour 100; pour les
comestibles, à 64.39 et, pour les animaux sur pied à 77.76 pour 100.
La valeur des expéditions vers l'Angleterre, pour ces différents
articles, monte à 356,082.280 dollars et constitue 62.59 pour 100 de
l'exportation totale des mêmes articles.
Les Etats-Unis traversent actuellement une crise commerciale
intense, et le manque de travail se fait sentir a peu près dans tous les
genres d'industrie.
{La suile prochainement.) Hoffmann.
SOCIÉTÉ AGRICOLE ET HIPPIQUE DE PO.NT-AUDEMER
C'est en 1883 seulement que la Société agricole et hippique de Pont-Audemer •
s'est constituée, formée d'tiomraes actifs et décidés à mettre en œuvre toutes leurs
forces pour développer et favoriser les proférés agricoles dans la contrée.
Environ un mois après s'être constituée, elle organisait à Ponl-Audemer un
concours d'instruments agricoles, réunion destinée à faire prendre date à la So-
ciété plutôt qu'à amener des résultats utiles sur lesquels on n'osait pas encore
compter; un plein succès couronna ce premier effort ; mais, en réalité, le premier
concours agricole complet, tenu par cette institution, était fixé aux 6 et 7 sep-
tembre et avait la ville de Routot comme siège.
Le premier jour avait lieu un concours de faucheuses et un essai public
d'ensilage; ce dernier, annoncé depuis quelque temps déjà et demandé même par
les cidlivateurs, à la suite d'une conlérence faite par le professeur départemental
d'agriculture.
Le rendez-vous était donné sur la ferme de Thibauville, exploitée par M. Bis-
son et appartenant à la Société nationale d'agriculture; ce fermier avait mis com-
plaisaminont à l;i disposition des organisateurs du concours et du professeur
SOCIÉTÉ AGRICOLE KT HIPPiyUK DU PONT-AUDEMKK. 505
d'agriculture une piîice de rcgaia de tièlls d'une étendue de 72 ares environ.
Quatre faucheuses ont pris part aux expéi'iences : trois apparlenant à des culti-
vateurs de la répion et conduites par eux; la dernière, présentée par M. Liot,
constructeur à -Boif-Gruillaunie. (jliacua. des instruments a fauché une parcelle
de 18 ares, dans un temps variable de 31 à 45 minutes.
L'après-midi, le regain de tiélle a été rassemblé à l'aide d'un râteau à cheval,
construit également par M. Liot, et charrié pour être ensilé. Le genre de silo
adopté était le silo rez-terre, qui offre sur tous les autres systèmes l'avant.ige de
présenter aux yeux du public le mode de faire qu'un culiivaieur, uyanl fauché ses
herbes et se trouvant surpris par les mauvais temps, peut toujours adopter, car il
ne demande aucun tr.ivail préparatoire.
Les charrois de tiéile et de tassement ont (h\ré environ deux heures, exécutés
au moyen de quatre tomberaux et de dix à onze travailleurs, parmi lesquels ou
comptait plusieurs assistants de bonne volonté qui n'avaient pas hésité à prêter
leur concours. Le fourrage vert, convenablement tassé sur une surface de 4 mètres
de large, de 8 mètres de long et sur une hauteur au milieu d environ 3"'.5U, fut
ensuite recouvert de la terre voisine prise en creusant une iosse autour du tas.
Le travail de terrassement, commencé le samedi, a été terminé dans la matinée
suivante.
250 personnes au moins s'étaient rendues sur la ferme de Thibauville pour
suivre le travail des laucheuses et celui de l'ensilage, et ce public était exclusive-
ment composé de propriétaires et do cultivateurs venus pour étudier ce mode de
conservation des fourrages qui se répand à grands pas dans la Seine-Intérieure,
mais qui est resté à peine pratiqué dans l'Eure jusi|u'à ce jour.
Ilendez-vous sera donné en temps voulu à tous ceux qui s'intéressent à cette
question dans le canton de lioutot et dans les cantons voisins, pour assister au
mois de mars à l'ouverture du silo et constater ainsi de visu les résultats de cet essai.
Ajoutons que AL Davey, propriétaire à Longuemare, avait ensilé au printemps
des trèfles rouges qui ont donné un excellent résultat, ainsi qu'on a pu le voir
par l'échantillon qu'il a bien voulu apporter et soumettre au public durant l'ex-
périence de Thibauville.
Le dimanche 7 septembre, au matin, le concours de labourage a eu lieu,
devant une assistance très nombreuse, puis les différents jurys ont examiné les
expositions d'instruments, d'animaux et de produits agricoles. De nombreux
exposants, constructeurs ou propriétaires de machines, avaient répondu à l'appel
de la Sociét". Les batteuses, les pressoirs, les mouims casse-pommes, les se-
moirs, les faucheu-es, les moissonneuses, les tarares, les coupe-racines, les
charrues, les herses, etc., etc., formaient une collection très complète, occupant
en grande jiartie la [ilace du raarclié.
Les principuux con-tructi-uis exposants étaient MM. Filoque, de Bourgthe-
roulde; Liot, de lioisguillaume ; Bodin, de Rennes, représenté p.r M. Diguet,
de Puiil-Audemer, Piquet, de Sartiouville ; Lapierre, de Rouen; Gaumont et
Lhermilte, de Louvicrs.
Le concours des animaux, que nous n'avons pu voir, retenu que nous étions
comme membre du jury des instruments, comptait, paraît-il, un nombre con-
sidérable de sujets des espèces chevaline, bovine, ovine et p ircine. Dans cha-
cune des catégories on rencontrait des animaux hors ligne. Un étalon, de race
percheronne sous robe baie, a été, entre autres, très remarqué. Des poics anglais
ont excité la curiosité, car ils i-ont encore à peu près inconnus dans ce p^ys où
la race porcine normande a été conservée pure malgré son peu de précociié.
Dans l'exposition des voladles, on trouva t plusieurs lois de laces étrangères
ou de la race de fioudan; la pcule de ferme, cette bonne pondeuse, n'était pas
réprésentée; c'est d autant plus regrettable que c'est par milliers que l'on vend
les œufs au marché de liouiot, tous les mercredis,
kjous la halle étaient exposés les produits agr.coles parmi lesquels nous avons
remarqué certains lots de pommes de terre, de céréales, de miels et de beurres. Ce
dernier produit est aussi dans le pays l'objet d'un commerce très considérable
pour l'exportation.
A deux heures de l'après-midi, le concours a été visité par le cortège officiel, à
la tète duquel étaient: le secrétaiie général, représentant le préfet; le général
Lecointe, sénateur; MM. le comie d'Osmoy et Jules Develle, députés ; M. Mon-
tier, président de la Société; M. Mattard, conseiller général, et M. Laisné, maire
de Routot.
506 SOCIÉTÉ AGBIGOLK ET HIPPIQUE DE PONT-AUDËMJÎR.
A la distribution des récompenses qui a eu lieu à auatre heures, les lauréats
sont venus recevoir de nombreuses médailles parmi lesquelles un certain nombre
avaient été offertes par la Société nationale d'encouragement à l'agriculture; les
vieux serviteurs ont eu une large part dans cette distribution.
Le soir, un banquet de cent cinquante couveits réunissait les organisateurs
du concours, les membres du jury et les principaux lauréats. Au dessert, de nom-
breux toasis ont été portés ; M. Levelle, dans un remaïquable discours sur la crise
agricole, a prononcé les paroles les plus encourageantes pour l'agriculture, en
faisant ressortir tout ce qui a déjà été fait [lour elle par le gouvernement, et la
marche que celui-ci se propose de suivre pour la protéger dans l'avenir.
Ainsi s'est terminé le premier concours de la Société agricole et hippique de
Pont-Audemer, qui, comme l'a fait remarquer AI. Montier, président, s'est ouvert
au milieu d'une influence considérable de personnes, et a obtenu un véritable suc-
cès dû à l'activité et au dévouement du bureau de cette jeune Société.
A. BOURGNK,
Professeur d'agricuUurii de l'Eure.
LES LIERRES, LES GLYGLNES, LES BUIS,
LES BIGNONIAS.
Comme je vous l'écrivais dans une récente notice sur les arbres
indigènes ou exotiques d'ornement, l'horticulture s'est enrichie sur-
tout depuis quelques années d'un grand nombre d'espèces ou de
variétés de buis exotiques bien plus ornementales que nos petits buis
de l'Ariège.
Les lierres, qu'on emploie si fréquemment dans les squares et les
grandes cours des palais de Paris, servent à t'oriuer de jolies bordures
soigneusement taillées. Dans le département de l'Ariège, et surtout
sous ses frais ombrages de saules, de peupliers, d'aulnes et de frênes,
les lierres communs et à petites et moyennes feuilles y forment d'épais
gazons. L'arbrisseau est si vigoureux que les tiges sarmenteuses ne
tardent pas à envahir les arbres voisins et recouvrent leurs plus hautes
branches, ainsi que les bignones de la Chine à grandes et moyennes fleurs
de longue durée et d'uneiïét si ornemental. Les pieds qui entourent des
noyers noirs d'Amérique et des tulipieis plantés en 1820 et qui mesu-
rent à hauteur d'homme, de trois à quatre mètres de tour, ont acquis
la ifrosseur du bras, et leurs rameaux s inclinent et portent des cen-
taines de fleurs.
Un arbrisseau d'ornement, dont on ne saurait trop recommander la
culture, est la glycine de la Cliine, à fleurs bleues et à fleurs blanches.
Les amateurs de beaux végétaux d'ornement ont pu, comme moi, à
diverses reprises, admirer le magnifique sujet qui orne la façade de la
grande orangerie du Jardin des Plantes de Paris, et qui mesure plus de
50 mètres de long. Dans les années favorables, celle de 1884 par
exemple, il n'est pas rare de voir les glycines refleurir comme celles
du printemps. Léo d'Ol>ous.
SITUATION AGRICOLE EN MAINE-ET-LOIRE
Les fermiers de l'Anjou ont été bien partagés au point de vue de la
récolte des céréales : les rendements les moins bons ont été de 15 hectolitres à
l'hectare et les meilleurs de 20 hectolitres. Malheureusement les blés nouveaux
sont restés jusqu'à ces derniers marchés à trf'S bas prix, c'est à peine s'ils trou-
vaient acquéreur à 2 fr. 80 le double décalitre, soit 14 francs l'hectolitre. Au
dernier marché de samedi, une sorte de relèvement a semblé se produire ; on
vendait difficilement, mais on vendait à 2 fr. 95 le double décalitre. La grande
foire de la Saint-Maurice de Brissac, qui a lieu jeudi et qui est toujours le prin-
SITUATION AGUIGOLlv DANS MAlNE-ET-LOIRi;. 507
cipal marché de blé dans notre département, apiè.s celui de Saumur, nous appor-
tera peut-être une nouvelle augraeutatioti.
La récolte des avoines d'hiver a été très bjaae, et minvaise pour les orges et
avoines d'été.
Les pommes de terre, saisies trop brusjuement par la chaleur, ne donneront
qn'une récolte restreinte. Los tubercule-^ s)nt petits mxis sains.
Quant aux chenevières, elles ont été littérale:nent sauvées par une pluie bien-
faisante qui est arrivée fort à propjs pour l'iire monter le brin, de sorte que
leur produit sera excellent, tant au point de vue de la qualité qu'à celui de la
quantité.
Les vignobles du Maine-et-Loire vont tenir les promesses qu'ils avaient
faites dès le printemps. Nos coteaux donneront des vins blancs de qualité, et les
vignes rouges également, avec cela que la quantité ne fera pas défaut dans beau-
coup de centres. Cependant les gelées tardives du printemps avaient brûlé pas
mal de bourgeons ; mais les effets de condensation étaient plutôt cantonnés que
généraux. Et chez ceux-là qui en ont été les victimes, les sous-œlls sont venus,
en se développant vigoureus-iment, combler un grand nombre de vides.
Mais l'Aniou est profondément envahi par le phylloxéra. Tout le groupe de
communes qui est aux approches de Martigné-Briand, est gravement et gran-
dement contaminé. De plus les taches phyiloxérifpies de cet important canton-
nement viticoie menacent à droite les vignoble du Saumurois, et à gauche les
riches coteaux du Layon.
D'autre part, les taches de la commune de Sainte-Gemmes-sur-Loire, res-
treintes tout d'abord à quatre hectares, s'élargissent de jour en jour, et en face
d'elle, de l'autre côté de la Maine, se déroule la côte de la Loire, toute plantée
de vignes.
Bien que les traitements administratifs au sulfure de carbone aient produit déjà
des effets notablement sensibles, vous voyez d'après ce court exposé que je viens
de vous faire, que la situation est menacée par un grand nombre de points noirs.
Il est vrai et je dois ajouter que les effets de la contamination se font lentement
sentir, dans les terres riches et profondes de Mirtigoé ; mais le mal ne s'arrête
pas, et telle'vigne qui, l'année dernière, avait encore des sarments de 1 m 50 de
long, n'a donné c^tte année que des pousses grêles et étiolées.
Et puis, le service départemental, en dehors de la contamination, par essais
mage ou par voie directe, a encore à combattre contre le transport des bouture
racinées de vignes, de provenance des cantons phylloxérés, sans compter les plants
de la Vienne qui entrent frauduleusement sur les marchés. C'est ain:^i qu'au cours
du printemps dernier, j'ai du faire dresser sept procès-verbaux contre les délin-
quants et les faire condamner.
Lundi dernier, je trouvais encore, dans un établissement horticole des environs
d'Angers, toute une pé|)inière de vignes américaines entièrement phylloxérées, et
l'on vient de me signaler d'importantes introductions de cépages da même essence
qui viennent d'être faites à Tencontre des décrets, lois et règlements, dans l'arron-
dissement de Segré, c'est-à-dire dans une contrée où depuis quelques années,
chaque fermier a pour ainsi dire planté au seuil de sa porte, le clos de vignes qui,
dans un avenir procliain suffira à li consommation de sa famille.
Je ne veux point clore cette lettre, sans vous du'e un mot d'un essai de traite-
ment qui a été fait à Martigné, dans une vigne phylloxérée, au moyen de prépara-
tions arsenicales. Vous comprendrez facilement que je dois conserver toute
l'éserve. Cependant, je dois dire que les résultats, s'ils ne sont pas parfaits, sont
certainement bons. Dans la partie de la vigne traitée une seule fois avec le
mélange on 'rouve encore des insectes; dans celle qui a reçu deux fois le remède,
les insectes ont disparu et la végétation est vigoureuse. Mais ce n'est qu'un essai,
et il faut attendre avant de se prononcer qu'une contre-expérimentation soit faite,
non seulement dans les terrains de Martigné , mais encore dans d'auties centres.
A. Bouchard.
LA BASSE-COUR A L'EXPOSITION D'AMSTERDAM
Une exposition internationale d'atiiinaux de basse-cour a clôturé le
grand concours agricole d'Amsterdam. Elle s'est tenue du samedi
matin 6 au mardi soir 0 septembre, dans les boxes qui avaient servi à
508 LA. BASSK-COUrt A LKXPOSITION D'AMSTERDAM.
l'exposilion des espèces ovine et porcine. Les animaux y étaient fort à
leur aise.
On doit regretter de n'avoir pas vu ce concours se tenir en même
temps que les autres; les cultivateurs accourus de toute les contrées de
lu Hollande auraient pu apprécier nos belles races françaises, qui y
figuraient avec honneur. j\Jais primitivement il n'était pas compris
dans le programme, c'est sur les int.lances de M. le comte de Saint-
Foix qu'il a été obtenu; à ce moment il paraît que le temps manquait
■ pour l'installer parmi les autres.
Voici un rapide exposé des principales variétés exposées :
Brahma faibles, un seul lot brahma l'once res.=oftait de l'ordinaire.
Cocliinchinois bons, un très beau lot de blancs et un autre très beau de perdrix.
Gièvecœurs superljes (Lasseron).
Un bon lot d(_^ jeunes dominiques.
Pas un bon lot de dorking.
Un bon lot de Barbczieux (Bouchereaux.)
Langshan bons.
Très beaux la Fiècbe (Lnsseron).
Bons lots du Mans et courtes-pattes. (Lasseron.)
Un beau lot Plyinouth-RocU.
Des Rammoisloher et des Elberfelds assez bons.
D excellents lots du poules et coqs de Houdan (Lasseron) ; de très bons lots de
poulettes.
Toutes! les variétés de Lighorn, les exemplaires étaient beaux.
Breda, mauvais.
Hambourg, passables.
Un très bon lot de Campine dorée.
La lace espagnole faiblement représentée.
Un atsez bon lot d'andalouses.
Deux lots, dont un très bon et très curieux, de cosaque ou bollandaise barbue.
Les dindons, en général, étaient petits; un lot de blancs cependant doit être
signalé.
Deux très bons lots de pintades, les autres très mauvais.
Oies blancbcs magnifiques.
D'is oies de Toulouse (Fuwler) splendides comme on n'est pas habitué d'en voir.
Plusieurs lots insignifiants de canaids tauvages.
Très teaux canarils Pékin et Aylesbury (Fowler).
Beaux canards Lalirador (Lasseron et Bouchereaux).
Très bons canards de Rouen trançais (Lasseron).
Seule la société Amerika and Co de Bruxelles exposait quelques
volailles grasses, mais quelle pauvre exposition à côté des produits de
nos engraisseurs français, qui ne s étaient pas décidés à envoyer leurs
produits.
Les incubateurs ne fonctionnaient pas et on n'a pu juger leur réel
mérite. iNéanmois on a accordé une médaille d'argent à MM. Rouiller
et Arnoult, de Gambais, et une médaille d'urgent à M. Boucheruux, de
Clioisy-le-Roi.
M. Lemoine, l'éleveur bien connu de Crosne, avait exposé le plan
de son élevage qui répondait parfaitement au programmera Plan ou
dessin d'un parc pour volailles, spécialement pour l'exploitation de
l'aviculture en grand. » En outre, on y voyait les dessins avec cotes de
son poulailler, de sa boîte à élevage, des vues d'ensemble de ses par-
quets, les dessins des phases de 1 incubation de l'œuf.
Des corbeilles, artistement arrangées par Mme Lemoine, représen-
taient des quantités de races; chaque corbeille représentait une race,
elle était bordée avec le plumage de la poule et l'intérieur était garni
LA. BASSE-COUR A L'EXPOSITION D'AMSTERDAM. 509
des œufs, de sorte que l'on se rendait compte du plumage de la race,
du volume de ses œufs et de leur couleur. Cette exposition a été très
appréciée par les visiteurs.
Les lapins de M. LemoineeldeM. Lasseron ont eu un véritable succès.
!\I. Dantreville a eu une médaille d'argent pour sa poudre toni-nu-
tritive au sang de bœuf desséché.
En somme, très bonne exposition, surtout si l'itii considère que nous
sommes pendant la période de la mue, qui est le moment le plus défa-
vorable pour faire une exposition de volailles ; c'ust en grande partie ce
qui a empêché plusieurs exposants français de participer cà ce concours.
Des exposants anglais, au dernier moment, n'ont pas envoyé leurs
animaux, depuis qu'ils ont su que M. Fowler était membre du jury et
exposant; du reste M. Volschau était dans le même cas, ce qui était
regrettable.
Les animaux les plus remarquabes de 31. Lemoine étaient des crê-
vecœurs parfaits, de très belles Iloudan, de belles Dorking, déjeunes
Lang-Shan et des cochinchinoises blanches, des courtes-pattes et des
Mans, des Campine et des Hambourg cliarmantes, des Padoue éton-
nantes avec leur huppe, d'admirables hollandaises, de mignonnes
Bantam, un dindon noir extraordinaire par sa taille, des oies blanches
et de fortes oies de Toulouse.
Pour une catégorie de sa collection, M. Lasseron a eu une médaille
d'or; pour l'auti'e partie, il a eu une médaille d'argent, en outre le jury
lui a attribué 10 médailles d'argent et 12 de bronze.
M. Bouchereaux a eu G médailles d'argent et 3 de bronze.
Les concurrents, pour la plup:jrt, avaient de beaux animaux, et nous
voyons avec satisfaction nos nationaux remporter un éclatant succès.
Nous ne doutons pas que cette exposition n'ait un bon résultat pour
l'amélioration de la volaille dans la Hollande. G. Gaudoï.
NOUVELLES INVENTIONS AGRICOLES
ANALYSE SOMMAIRE DES DERNIERS BREVETS DÉLIVRÉS.
161,715. Flamain et Darcq-Flamain. 29 avril 1884. Perfectionnemenls aux
pressoirs Eliqvet dits : systèmes Philippot-Sparnacien, soit à vis parallèles rotatives,
soit à vis parallèles ascendantes. — Dans les pressoirs à vis tournantes non ascen-
dantes, afin que les vis n'aient pas besoin de dépasser la face inférieure de la
« charge », pour obvier ainsi à la nécessité de pratiquer dans le panneau des
ouvertures correspondantes qui nécessiteraient une garniture, MM. Flamain et
Darcq augmentent la distance laissée entre le dessous du sommier-chapeau et -le
dessus de la charge, et ils donnent aux écrous une plus grande hauteur.
La vis sans fin qui attaque les roues dentées montées sur les vis peut être
commandée par trois moyens différents, à mesure que la pression a besoin d'être
plus forte; pour la dernière pression on emploie un levier à double chquet.
Dans les pressoirs Etiquet d'un autre type, comportant des vis tournantes et
non ascendantes, les brevetés se sont appliqués à rendre possible de faire tourner
la « charge »; ils montent donc cette dernière sur un pivot vertical, et ils
boulonnent à la partie supérieure de ce pivot un étrier maintenant les embases
ou culasses des vis, au heu de fixer ces embases à demeure sur la charge.
Enfin, le brevet décrit un troisième type de pressoir, dont les deux vis paral-
lèles out à la fois un mouvement de rotation et un mouvement vertical, et sont
filetées moitié à droite, moitié à gauche ; une rainure longitudinale dont elles
sont munies permet à une clavette fixée à l'intérieur des roues dentées de les
entraîner dans leur rotation.
161,725. Fontaine. 25 avril 1884. Système d'application au montage des meules
des moulins à blé, supprimant complètement le pointai et l'anille. — Le breveté a
510 NOUVELLES INVENTIONS AGRICOLES.
remarqué que dans le mode ordinaire de montage des meules, dans lequel l'anille
est montée sur un pointai, les meules arrivent souvent à se toucher, pendant la
maiche, ce qui écrase la son, en diminuant la blancheur de la farine, et ce qui.
d'autre part, détériore le rhabillage. Pour faire disparaître ces inconvénients, il
propose de supprimer le pointai et l'anille et de faire tourner la meule de dessous,
en la rendant solidaire de l'arbre, tanJis que la meule supérieure resteia fixe.
La réunion de la meule courante et de l'axe se fait à l'aide d'un moyeu en fonte
alésé conique.
Sur la charpente du beffroi est monté un croisillon en fonte à trois branches,
muni en son centre d'un boîtard graisseur dans lequel la portée de l'arbre tourne
sans jeu, et qui la maintient conplèteineat dans l'huile. A l'extrémité des trois
branches de ce croisillon se trouvent des montants sur lesquels reposent des vis
de rég'age introduites dans des oreilles fixées sur la meule dormante.
Cette disposition s'applique surtout au cas de la transformation d'un ancien
moulin : pour les installations nouvelles, le breveté préfère fixsr la meule supé-
rieure dans une cuvette en f()nte.
161,767. De Livo^inière. 2S avril 1884. Si/f^tàine de herse-rdteaii clile : l'An-
gevine.— Cette herse-iàtfau est destinée à l'entretien des allées de parcs et
jardins; elle permet de ratisser les allées très rapidement, ce qui, entre autres
avantages, diminue le danger de voir compromettre par une pluie le travail à
demi-eÛ'tclué.
L'apjiareil, qui, suivant ses dimensions, peut être traîné par un seul cheval ou
même par un homme, se compose de trois ou quatre traverses parallèles garnies
de dents et reliées les unes aux autres. Il se distingue par ce double caractère :
([ue les dents sont recourbi^es en sens inverse de la marche, afin de ne pas péné-
trer en terre trop profondément, et qu'il existe une brisure au miliiu de la lon-
gueur des traverses garnies de dents, pour leur permettre de suivre l'inclinaison
du sol; il pourrait même y avoir plusieurs articulations semblables. L'instrument
peut se constiuire en fer ou en bois.
En accrochant l'un derrière l'autre deux râteaux dans le second desquels les
dents seraient plus rapprochées que dans le premier, on pourrait achever le travail
en une seule opération. Cn. Assi et L. Gênés.
Ingénieurs-conseit5 en matière de brevets d'invention,
3f>, boulevard VoUaire, à Pai-is.
REVUE CainiSEIGLVLS ET P:il^ GlUlVXr D3S DSNPiÊES AGRICOLES
(27 SEPTEMBRE 1884.)
I. — Situatinn générale.
Les marchés agricoles ont présenté, durant cette semaine, une assez grande
activité. Les affaires sont plus faciles et les ventes plus régulières. Le mouvement
de désarroi que nous avons eu à signaler, paraît arrêté dans la plupart des régions.
IL — Les grains et les farines.
Les tableaux suivants résumant le-î coirs des céréales, par quintal métrique,
sur les principaux marchés de la France et de l'étranger.
Blé Seigle. Orge. .Wolne
fr. fr. fr fr.
., . ,T * blé tendre.. 20.00 » » »
Algérie. ^^'S«^' ( blé dur 16 bû . U.>5 U.M
Angleterre. Londres I9.7â » 20 2ô l(i 95
Belgique. Anvers 18.2!j 15.75 21.2.i 18 ÔO
— Bruxelles 19. 2& 1.5. SFi « Lï..tO
— Liège 19.10 16.2» IT.50 16.50
— Nanmr 18.60 Ib.OO 17.53 15.00
Pays-Bas. Amslerdaiu I8.U0 15.25 » •
Luxembourg. Luxeailiouig 22 50 20. .50 21.00 20.50
Alsace-Lorraine. Strasbourg. 21-80 17.75 20.35 18.25
— Mulhouse 21.75 18.25 21.00 18.75
— Coloiar 22.25 19.50 20.00 19.50
Allemagne. Berlin..., 18 50 17.25 » "
— Cologne 20.60 17. .50 • »
— Hambourg 18 10 14.75 » •>
Suisse. Genève 23.25 19.00 18. .50 18.25
Italie. Turin 22.75 16.50 " 16.50
Espagne. Barcelone 22 . 25 • » »
Autriche. Vienne 16.75 14 25 16.00 1425
Hongrie. Budapest 16.50 14.20 15.25 13.50
Husite. Saint-l'étersbourg.. 16. cO 13.80 » 11-50
Etats-Uni. New-York 16.75 o » .
RKVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT (27 SEPTEMBRE 1884). 511
l" néoroN. — IfORB.OrEST.
Blé. Seiele. Oreê.
Calvadot Caen
— Lisieux
C-du-Norfi pontriaux.
— Tre;;uier
Pinisterr. Morlaix
— Quîmper
Ille-et- Vilaine. Rennes,
— Foujieres
Uancht. Avraiicbes. ...
— PonLorson
— Villedieu
Uayenne. La va)
— Mayenne.
Morbihan. Hennebont..
Orne. Moriagne
— Fiers
Sor(h«, Le Mans
— Sablé
fr.
19.85
19.50
13 50
18.25
18.50
18.75
19.50
20 00
10.50
J0.75
ît.OO
18.50
19.25
20.00
19.50
19.75
19 75
20.55
fr.
16.00
15.00
15.50
14.50
»
15.50
fr.
18.00
19. Ï5
14.75
14 25
13.00
15.. >5
15.50
»
18.25
18 00
18.50
16.25
17.25
j>
17.25
18.20
15.50
AToioe.
fr.
20.50
21 .00
ri.5e
n.2i
13.50
lâ.'iO
15.00
15.50
20.25
20.25
20 . 50
f
17 50
15.50
16.00
16.50
20 25
Prix moyens 1'.).
3* RÂOION. -
Aiint. Laon 19
— Châteuu-Tliierry. 19
— Villers-GoUerets. 19.
Sure. Evreu-v 19,
Les Andelys 19
13.
19
18
19
19
20
62 15.70 16 61 17.21
— Pacy
Ewt-ei Loir. Chartres.
— Auneau
— No^ent-le-Rotrou
Nord. Cambrai
— Dou;ii
— Valenciennes 20
Oist. Bearivais 20
— Compiegne 19
— Senlis 19
Po«-de-Caiais. Arraa... 19
— Saini-Omer 19
Seine. Paris 21
6.-ôl-.l/arne. Damraartin. 19
— .Vontereau 20
— Provins 20
S.-ei-CHst Uoudan 18
— Angerviile 19
— Versailles 20
Seine-M/erieure. Rouen. 20
— F-'camp 21
— Vvetol 21.
Somme. D-ullens 20.
— MoiiLdiiier 19
— Roye 19
Prix moyens 19.
,25 » B »
75 15 20 17.00 16.25
50 14.50 17. uO !6 50
50 14.50 18 25 18 00
25 13.60 18.00 16.75
50 14.75 18. SO 16.25
.00 13 50 16.50 15 80
50 14.50 18.25 16.00
50 16.15 18.00 15 85
25 15 00 18.50 14.00
25 » » »
on 15 30 19.25 16.50
.50 14. 00 20.00 19.00
25 11 25 20.00 16 50
01) 14 50 » 17.50
50 16.00 19.25 15.00
25 15 75 18.50 15 80
25 15.70 18 00 18.10
75 14.75 16.50 16.00
00 15 50 » 18 00
00 16 00 16.50 17 25
sa » 18 OJ 16 00
25 14.75 17 00 15.75
00 14.50 18-50 21.50
90 13 90 19 !5 20.00
15 14.00 » 18.50
15 14.00 18.50 18 00
50 14.00 18.25 15 25
00 14.50 16.50 16.50
75 " » »
64 14.72 18.09 16.86
— KOiin.EST.
15.00
15.00
14.50
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16 00
15 75
15.50
13.50
20. 50
21 .00
19.23
19 50
20.00
21.00
20 7b
20.00
19.50
20 75
21.25
2 1 . 00
20.75
21.50
20.00
19.75
21 .00
20 00
20.42 15. .•b
. — OUEST.
20 00
■■9 50
19.25
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19. bO
18.75
17.50
16.25
17.01)
18 00
17 50
16.50
15.00
17.50
17.50
17. 00
18.50
19.00
18.00
17 25
15.50
17.00
16 00
15.75
16.50
15.00
16 50
16.50
16 00
16.75
3* RÉGION
Arde^xnes. Charlevilie. . .
— Sedan
Aube. B;ir-3ur-.\ube .. ..
— Me ry sur-Seine. . .
— Nogenl-sur-Seine..
Marne, cb ilon-î
— Sainte-Miîneboiild.
— Sezanne
Hte-Marne. Langres
Meurthe-et-.Mo.*! . Nancy.
— Lnneville
— Toul
Meuse. Bar-le-Duc
— Verdun
Haute-Saône . Grciy
— Vesou!
Vosges. Epinal
— Neufchàteau
Prix moyens
4* nÉoiON
harenle. Angonlême
— Ruflec
Char.-tnfèr. Marans. ...
Dt.ux-Sfvres. Niort
hidre-et- l.nire. Tou'S...
— Cliâtean-R-nauIl..
Loire-Inf. Nantes
M.-ei-Lnir-'. Saumur....
— Angers
Vendée. Lnçon
— Font-nav-le-Cle..
Vienne. Poitiers
— Loutiun
Jlante-Vieniie. Limoges.
Prlxmovens 19 42 15.2* 18.14 16.05 |
17..; 15.42
Cher.
Allier. Montiuçon
' — Saifit-Pourçain. . .
Gannat
Bourges
Saint-Araand
— Vie non
Creuse. Aubusson
Indre. Cb.Meauroux . . . .
^ Issoudun
— ValtMii;ay
Loiret. Orléans
— Gien
— Patay
L.-et-Cher Blois
— Mondonbleau
Nièvre. Nevers
— La Charité
Yonne. Brierion.
— Sainl-Florentin...
— Sens
Prix moyens 19.41 14.84 17.50 16.37
6" RBJION. — EST.
^in. Bourg 20.75 17. 00
— Pont-de-Vaux.... 20.50 15 75
Cd(e-d'Or. Dijon 19 75 »
— Beaune 19.75 »
/Pau/>s. Besançon 19.75 »
/séi-e. Grenoble 21.00 17.25
— Bour^oin 20.00 (4.75
Jura, Dôle 20.00 14.50
Loire. Charlieu 20.00 15.50
P.-de-iiôme.Clermont-F. 21.00 16 50
Rhône. Lyon ÎO.25 15.00
Sao»ie-e/-i.oire. Châlon . 19 00 15.75
— .M:lcnn 20.50 14.50
iauoie. Gbambéry 19.25 16.25
7.50
7.50
.25
7.50
9.00
8.00
8 25
7 00
8.50
17.50
17.25
15.75
16.50
•
18.50
17.00
17.2»
16.75
i>
17.00
17.00
17.50
15 50
1 j.uo
Prix moyens.
T RÉGION.
Ariége. Pamiers
— Foii
Dordogne. Bergerac...
ihe-Garoiine. Toulouse.
— isl-Gaudens
Gers. CoTidorn
— Eauze
— Mirande
Gironde. Bordeaux
— L,i Reole
Landes. Dax
Lot-et-Garonne. Agen...
— Nerac
B. -Pyrénées. Bayonne..
Hies-Pyrénées. Tarbes..
Prix moyens
8" HÉOli
Aude. Carcassonne . . . .
— Casîeina dary.. ..
AvGyron. Rodez
Cantal. Maonac
Correze. Tulle
Hérault. Montpellier...
— Béziers
Loi. Cabors
Lozère. Mende
Pi/ rriuees- Or. Perpignan.
Tarn. Liv-iur
rari>-et.(îor.Monlauban
Prix moyens 22 61 18.4s
9* RÉGION. — SlIO-KST,
Basses-.ilpes. Manosque 23.75
Hautes-. Mîtes. Bria^gon. 22.25
ALpes-Mariiimes.^KZQ. . 21.00
^rdi'c/ie. Privas 26.60
B.-da-Rhnne. Arles 22.00
Drôtne Romans 20.25
Gard. Niilcs 21.80
Haute-Lnire. Brioude... 20.75
Var. ll;aguiïnan 22.25
Vauctuse. Orange 20.75
Prix moyens 22. i4
Moy. de toute la France 20.54
— delà semaine précéd. 20.60
Sur la semaine\Hausse.
précédente. . i Baisse. .
. 20.32 15.71 17.83 17.04
— SUD-OUEST.
17.50
18.00
17 50
20.50
18.50
18.50
19.50
18.25
17.50
2i.4U
18.50
18.50 19 00
19.03 18 97
17.85
18.25
18.00
20.00
16.00
20.00
17,30
16 80
18.40
B
B
17.75
13.50
B
16.75
t
17.00
17.50
18.25
18 70
16 00
»
18 no
17.75
15.00
18.25
18.00
17.07
17.57
17.79
16.11
17 80
17 13
16.0»
17.94
17.27
0 06
O.U
512 REVCIE COMMERCIALE ET PRIX GUURANT
Bl('s. — A la période de trouble et de désarroi que nous venons de traverser
succède une situation plus calme : la baisse est enrayée sur un grand nombre de
marchés. Il s'en faut de beaucoup que cette situation soit brillante, car il n'y a pas
de reprise dans les cours; mais au moins l'effondrement qui s'est produit depuis
le milieu du mois d'août est arrêté. Puisse un mouvement de hausse se produire
maintenant ! — A la halle de Paris, le mercredi 24septembre,lesaffairesont été plus
actives, et les cours accusent de la fermeté. On cote de '20 fr. 50 à 22 fr. par 100
kilog., suivant les sortes, ou en moyenne 21 fr. 25; c'est une hausse de 25 cen-
times sur le prix moyen du mercredi précédent. — Au marché des blés à livrer,
on paye : courant du mois, 21 fr. 50 à 21 fr. 75; octobre, 21 fr.; novembre et
décembre, 20 fr. 75 à 21 fr.; quatre mois de décembre, 21 fr.; quatre premiers
mois, 21 fr. — Au l'twre. quoique les affaires soient assez restreintes sur les blés
exotiques, les prix sont plus fermes. On paye les blés d'Amérique de 20 fr. 50 à
21 fr. par quintal métrique; ceux d'Australie, 21 fr. 50 ; ceux des Indes, 20 à
20 fr. 50. — A Marseille^ les affaires sont toujours restreintes, et les cours varient
peu. On cote par 100 kilog. : Berdianska, 20 fr.; blé dur, 18 à 19 fr.; Irka-Azoff.
20 fr.; Bon-bay, 18 fr. 50. — A Londres, les atfairessont toujours assez calmes, mais
les prix snnt plus lermes que la semaine précédente, aussi bien pour les blés
indigènes que pour les blés exotiques. On cote de 19 fr. tO à 21 fr. par quintal
métrique, suivant les provenances et les qualités.
Farines. — Les ventes sont plus faciles; les prix ont repris depuis huit jours.
Pour les farines de consommation, on cotait, à Paris, le mercredi 2^^ septembre :
marques de Gorbeil, 47 fr.; marques de choix, 47 à 50 fr.; premières marques,
46 à 47 fr ; bonnes marques, 44 à 45 fr.; marques ordinaires, 4.3 à 44 fr.; le
tout par sac de 159 kilog., toile à rendre, ou 157 kilog. nets, ce qui correspond
aux prix extrêmes de 27 fr. 40 à 31 fr. 85 par 100 kilog., ou en moyenne 29 fr. 60.
avec une hausse de 65 centimes sur le prix moyen du mercredi précédent. — Quant
aux farines de spéculation, on cotait, le mercredi 24 septembre : farines neuf-
inarqiU'S, courant du mois, 47 fr.; octobre, 43 fr. 75; novembre et décembre,
43 fr. 50 à 43 fr. 75; quatre premiers mois 43 fr. 50 à 43 fr. 75; le tout par sac
de 159 kilog., toile à perdre, ou 157 kilog. net. — Les farines deuxièmes se
vendent comme précédemment de 21 à 22 fr. par 100 kilog.; les gruaux do 3 ;
à 37 francs.
SerqUs. — Les prix sont plus fermes. On paye à la halle de Paris de 15 fr, 26
à 16 fr. par 100 kilog. (Juaiit aux farines, elles vallent de 20 à 23 fr. par quintal
métrique.
Orges. — Les ventes sont faciles avec des prix soutenus. On vend, à la halle de,
Paris, de 17 fr. 50 à 18 fr. 50 par quintal métrique. Les escourgeons valent de 18 à
18 fr. 25. — Le« malts d'orge se vendent de 26 à 30 fr.
Avoines — Maintien des cours pour toutes les sortes. On vend, à la halle de
Paris, de 16 fr. 75 à 19 fr. 50 par 100 kilog., suivant poids, couleur et qualité.
Les avoines de Suède se vendent aux cours de 15 à Ib fr. 50.
Sarrasin. — Les prix sont soutenus. On vend à la halle de Paris, de 16 fr, 50
à 17 fr. par 100 kilog., suivant les sortes.
Maïs. — Il y a peu de variations dans les cours. Au Havre, les maïs d'Amérique
valent de 14 à H fr. 50 par quintal métrique.
Issues. — Prix sans changemenis. On paye par 100 kilog.; gros son, 15 à
15 fr. 50; sons gros et moyens, 14 fr. 25 à 14 fr. 75; sons trois cases, 13 fr. 75 à
14 fr.; sons fins, 12 à 12 fr. 50; recoupettes, 12 fr. 50 à 13 fr. 50; remoulages
bis, 15 à 16 fr.; remoulages blancs, 17 à 17 fr. 50.
III. — Fourrages et graines fourragères.
Fourrages. — Les ventes sont assez régulières. On paye par 100 kilog. à Paris :
foin, 90 à 112 fr.; luzerne, 88 à 112 fr.; sainfoin, 80 à 96 fr.; paille "de blé, 54
à 62 fr.; paille d'avoine, 50 à 5S fr.
Graines fourragères. — Les luzernes de Provence sont cotées 150 fr. par 100
kilog., à Paris. Les trèfles de Poitou valent de 120 à i;-;0 fr. par quintal métrique.
On offre les trèfles d'Amérique de 102 à 105 fr. au Havre.
IV. — Vins. — Sfiirilueux. — Vinaigres. — Cidres.
Vins. — Les vendanges continuent ; elles sont en pleine activité dans la plupart
des régions. Les appréciations sur la qualité sont encore très variables, suivant
les localités, mais on est unanime à reconnaître la bonne maturité des l'aisins et
à en pronostiquer une excellente qualité pour les vins nouveaux. Quant aux
transactions, elles sont calmes sur la plupart des marchés; c'est seulement dans
DES DENRÉES AGRICOLES (27 SEPTEMBRE 1884;. 513
le Midi que l'on signale uae certaine activité. — Les vins nouveaux de plaine su
cotent à Béziers, de 2 i à 26 fr. par hectolitre ; dans la Haute-Savoie, les vins nou-
veaux valent de 40 à 50 l'r. par hectolitre. A Cette, les vins espagnols valent par
hectolitre: Alicante, 34 à 40 fr.; Valence, 32 à 35 fr.; Catalogne, 21 à 24 fr.;
Majorque, 18 à 22 fr. ; Dalmatie, 40 à 44 fr.
Spiritueux. — Nous n'avons que peu de changements ù signaler dans les cours.
D:ins le Midi, on cote par licclolitrc : Pézenas, trois-six bon goût, 101 fr.; Mont-
pellier, trois-six bon goût, 95 fr.; marc, 90 fr.; Cette, trois-^ix. bon goût, 100 à
105 fr.; marc, 95 fr. — A Saintes, les eaux-de-vie 1883 sont payées de 210 à
220 fr. par hactolitre. — A Paris, on cote : trois-six fin Nord, 90 degrés, l" qua-
lité, disponible, 42 fr. 25; octobre, 42 fr. î 0 à 42 fr. 75; deux derniers mois.
43 fr. à 43 fr. 25 ; quatre premiers mois, 43 fr. 75 à 44 fr. A Lille, les trois-six
mélasses se cotent 44 fr. par hectolitre.
Rai.ùns secs. — Peu de variations dans les cours. On paye à Cette, par
100 kilog. : Corinthe, 34 à 40fr._; Tliyra, 28 à 33 fr.; Saraos, 36 à 38 fr.; Vourlai,
28 à 32 fr.; Chesmé, 38 à 40 fr. Les figues d'Espagne, valent de 13 à 14 fr.
V. — Sucres, — Hélasses. — Fécules. — Houblons.
Sucres. — Quoique les offres soient restreintes sur tous les marchés, les prix
sont encore en baisse. On cote à Paris par 100 kilog. : sucres bruts, 88 degrés
saccharimétriques, 34 Ir. 50; les 99 degrés, 38 fr. 75 à 39 fr. ; sucres blancs,
39 fr. à 39 fr. 25; à Valenciennes, sucres bruts, 33 fr. 50; à Péronne, 34 fr.; à
Lille, 33 fr. 1.0 à 33 fr. 75. Le stock de l'entrepôt réel à Paris était, le 24 sep-
tembre, de 498,000 sacs, pour les sucres indigènes. — Les sucres raifinés sont
cotés à Paris de 110 fr. 50 à 111 ir. 50 par 100 kilog. à la consommation, et
de 45 fr. 50 à 50 fr. 75 pour l'exportation. — A Nantes, les sucres bruts coloniaux
valent de 34 à 35 fr. par quintal métrique, pour toutes les provenances.
Mélasses. — A ^'alenciennes, les mélasses de fabrique valent 8 fr. 50 par
'lOO kilog.
Fécules. — Les prix sont laibles. -A Paris, les fécules premières du rayon valent
de 30 à 30 fr. 50 par 100 kilog.; à Compiègne, celles de l'Oise valent '29 fr.
Houblons. — On est généralement satisfait de la lécolle, principalement i/n ce
qui concerne la qualité. — Les prix se fixent aux cours suivants : dans le Nord,
de 170 à 180 fr. par 100 kilog.; en Alsace, de 240 à 550 fr. ; en Bourgogne,
20 j à 220 fr. En Angleterre, les transactions sont très calmes.
VI. — Tourleaux. — Noirs. — Enyrais.
Tourteaux. — Les prix varient peu. On paye par 100 kilog. : à Gaen, tourteaux
de colza, 17 fr.; à Cambrai, tourleaux de colza, 16 fr. ; d'œiliette, 12 fr. 50; de
lin, 21 à 21 fr. 75; de cameline, 16 fr.; — à Rouen, tourteaux de colza, 16 fr.
Noirs. — Mêmes prix ijue précédemment. On paye à Valenciennes par 100
kilog.; noir animal neuf en grains, 33 à b6 fr. par lOO kilog.; noirs d'engrais,
10 à 12 fr. par hectolitre.
Enyrais. — Prix soutenus. On paye, par luO kilog.,: nitrate de soude, 25 fr. 50;
sulfate d'ammoniaque 39 à 40 fr.; sulfate de potasse, 22 à 23 fr. ; chlorure de
potassium, 19 fr. — Les principes fertilisants sont cotés dans les engrais com-
posés : azote, 1 fr. ^^b à 2 fr. -iO par unité: acide phosphorique immédiatement
soluble dans l'eau, 0 fr. 70 à 0 fr. 75 ; acide phosphorique insoluble, 0 fr. 25 à
0 Ir. 30 ; potasse, 0 fr. 50 à 0 fr. 60.
\ II. — Matières résitieuses. — Textiles.
Maiiéres résineuses. — A. Dax, l'essence pure de térébenthine est cotée 47 fr.
par 100 kilog. A Bazas, Ls gemmes nouvelles valent de 20 à 22 fr. 50 par bar-
rique; les gemmes ;-ystème Hugues, 25 ir.
Chanvres. — Maintien des prix pour les chanvres nouveaux, de 76 à 80 fr.
an Mans, de 68 à 82 fr. à la Flèche.
Lames. — \ Bordeaux, il y a eu quelques ventes en laines de Buenos-Ayres,
aux cours de 150 à 160 fr. par 100 kilog. en suint.
VllI. — Suifs et corysyras.
Suifs. — Les prix sont plus faibles cette semaine. On paye à Paris 81 fr. par
100 kilog. pour les suifs purs de l'abat de la boucherie; 60 fr. 75 pour les suifs
en branches.
Saindoux. — Les prix sont plus fermes. On cote de 102 à 103 fr. par quintal
métrique, au Havie, pour les saindoux d'Amérique.
514 REVUE COMMERCIALE ET PRIX GOURANT
IX. — Beurres. — Œufs. — Fromages.
Beurres. — Il a été vendu, pendant la semaine, à la halle de Parii5, 259,634
kilog. de beurres. Au dernier jour, on cote par kilog. : en demi-kilog., 1 fr. 70
à 4 ir.; petits beurres, 1 fr. 12 à 2 fr. 98; Gouinay, 1 fr. 80 à 3 fr. 82; Isigny,
2 fr. 08 à 8 fr.
Œufs. — Du 15 au 21 septembre, on a vendu à la halle de Paris 4,010,805
œufs. Au derniei marché, on payait par mille : choix, 103 à 116 fr.; ordinaires,
73 à 95 fr.; petits, 57 à 69 fr.
Fromages. — Derniers c&ursdela halle dePari'i; par douzaine, Brie, 2 à 12fr.:
Montlhéry, 15 fr.; — par cent, Livarot, 100 à 102 fr.; Mont-d'Or, 4 à 22 fr.;
Neufcbàtel, 2 fr. 50 à 21 fr. 50; divers, 3 à 69 fr.; — par 100 kilog.. Gruyère
110 à 190 fr. '
.\. — Chevaux. — Bétail. — Viande.
Bêlait. — Le tableau suivant résume le m >uvement officiel du marché aux bes-
tiaux de la Villette, du jeudi 1 8 au mardi 23 septembre :
Poids Prix du kilog. de vian-ie nette sur
Vendus moyen pi&d au marche du 2'2 septembre.
Pour Pour En 4 quartiers, i" T 3» Prii
Amenés. Paris, reztérieur. totaLité. kil. quai. quai. qaai. moyen,
bœufs 4.185 2,-^09 1,102 3,611 S^î 1.7* 1.62 1.36 1.56
Vaches 1.517 867 465 1,332 234 1.68 1.52 1.32 1.46
Taureaux 422 315 43 3.58 376 1.48 1 36 \.1<\ 1.37
Veaux 3,090 1,908 772 2,680 82 1.80 1,70 1..50 1.70
Moulons 36 556 17,969 13,546 31,515 19 2.02 1.84 160 1,79
Porcs gias ... 7,182 2,49,5 4,277 fi, 772 81 1.3i; 1.30 1.24 1.25
Les arrivages des marchés de la semaine se décom^oosent comme il suit :
Bœufs. — Aisne, 4: Allier, 35; Aveyron, 21 ; Calvados, 1,095 ; Charenle, 91 ; Charente-Infé"
rieure, 12, Cher, 102; Côte-d'Or, 240; Côies-iia Nord, 281; Deux--tvres, 127; Dordogne, 97 '■
Cure, 44; Finistère, 90; G-iroiida, 16; Indre, 28, Loire-Inférieure, 33; Loir-et Cher, 6; Lozère, 47-
Maine-et-Loire, 114; IVIanche, 162; IVIiycniie, lOJ ; Morhiban, 30; Nièvre, 655; Oise, 2; Ornei
563; Puy-de-Dôme, 78; Saôue-et-Loire, 311 ; Sanhe, 47 ; Seine-Inféneure, 10; Ssiiie-et-Uise, 23>
Somme, 3; Tarn-ei-Gar.mne, 14; Vendée, 9) ; Yonne, 24.
Vaches. —Allier, 16; Aube, 5; Aveyron, 42 ; Calvados, 394; Cantal, 8T; Cher, 34; Côte-d'Or,
79; Creuse, 10; Do dogne. 3; Eure, 29 ; Eure-et-Loir, 11; Lozère, 6; «auie-et-Loire, 29: Manche,
J53 ; Marne, 3 ; Nièvre, 233; Oi-e, 8; Orne, 216; Puy-de-Dôme, 192 ; Saô;ie-et-Loire, b8; Sarlhe.
13; Seine, 75; Seine-lnferieure, 14; Seme-et-.Marne, 22; Seiiie-et-Oise, 29; Somme, 1; Vendée.
15; Yonne, 18.
Taureaux. — Allier, 6; Aube, 8; Calvados, 76; Cher, 6; Cote-d'Or, 15; Côtes-du-Nord, 20;
Detix-Sèvres, 2; Eure, U; Eure-ei-Loir, 16; Finistère, 1 ; lUe-et-Vilaine, 12 ; Loire-Inférieure,
2; Loir-et-Cher. 3; Loiret, !0 ; Maine-et-Loire, 14; Manche, 33 ; Marne, 1; Haute-Marne, 8:
Mayenne, 12. Moibihan, 4; Nièvre, 25 ; Oise, 13; 0 ne, 19 ; Saône-et- Loire, 12; Sarthe, U;
Sfine-lnlérieure, U ; Seine-et-Marne, U; Seine-et-Oise, 14 ; Yonne, 12.
Veaux. — Aut>e, 229; Calvado":. 18; Cantal, 61 ; Eure, 228 ; Eure-et-Loir, 356 ; Gironde,
22 : Loire-Inférieure, 170; Loiret, 90;Marue, lli6; Oise, 69; Puy-rie-Dome, 277; Sarlhe, 140;
Seine-lnferieure, 95 . Seine-et-Marne, 2J0, Seiiie-et-Oise, 65; Yonne, 131.
Moulons. — Aisne, 377 ; Aube, 1,088; Aveyron, 14^9; Cantal 2,l'88 ; Charente, 501; Cher,
1,051; Corrèze, 92; Creuse, 94; Dordogne, 3.)4 ; Eure-et-Loir, 25S ; Indre, 497; Indre-et-Loire,
:i26 ; Loire Inférieure, 63; Lot, 254: Marne, 261 ; Nièvre, 1.322; Oi.^e,'253 ; Ssine-et-Marne
1.786; Seine.-et-Oise, l,2:il; Vienne, '2.)l : H lute-Vienui, ISJ; Yonn-, 120; Afrique, 62; Alle-
magne, 6,006; Hongrie, 8,184; llalie, ' 1,379 ; Luxembourg, 180; Russie, 7.838; Vala-
ciiie, 30U.
Porcs. — Allier, 416; Calvados. 199 ; Charente, 131 ; Chirente-Inférieure, 28; Cher, H; Côte-
d'Or, 53; C6t-s du Nord, 9.1; Creusi, 200; Deux-Sèvres, 8i7; Djrdo^iie, 19; Eure, 20; llle-
rl-Vildine, 259; Indre, 120; ludie-el-Lure, 37 ; Loire-Iuféneure, 286; Loir-et-Cher, 126; Lot,
70; Maine-et-Ln'ire, 787; Manche, 95 ; Mayenne, 40; Nièvre, 118; Puy-de-Dùm •, 133; Rhône,
:;0; Saùne-el-Loire, 243; Haute-Sjùne, 36; Sarlhe, 1,031; Seine-Inférieure, U; Vendée, 1,039;
Vienne, 189.
Quoique les approvisionnements du marciié aient été abondants, les ventes ont
('■té beaucoup plus faciles que durant les semaines précédentes ; il y a eu une
I éprise accentuée dans les cours, principalement en ce qui concerne les gros
animaux et même les moutons. — Sur les marchés des dcparlemcnts, on cote :
Le. Mans, vache, 1 fr. 45 à 1 fr. 55 par kilog. net sur pied; veau, 1 fr. 55 à 1 fr. 66;
laouton, 1 fr. 90 à 2 fr.; — Le Havre, hœaf, 1 fr. 65 à 1 fr. 77; vaclie, I fr. 63 à
1 fr. 75; veau, 1 fr. 72 à 1 fr. 82; mouton, 1 fr. 79 à 1 fr. 91; porc, 1 fr. 50
a 1 fr. 60 ; — Caeii, bœuf, 1 fr. 65 à 1 fr. 85; vache, 1 fr. 55 à 1 fr. 75; veau,
1 fr. 30 à 1 fr. 5 ' ; mouton, 1 fr. 60 à 1 fr. 80 ; porcs 1 fr. 20 à 1 fr. 40 ; — iXimtes,
liœuf, 0 fr. 85 à 0 fr. 87 par kilog. brut sur pied; vache, 0 fr. 84; veau, 1 fr. 15
à 1 fr. 20; mouton, 0 fr. 95; — Namy, bjîuf, 89 à 93 fr. par 10 J kiiog. bruts;
vache, 65 à 90 fr. ; veau, 45 à 52 fr. ; mouton, 90 à 105 fr. ; porc, 64 à 68 fr. ;
DES DENRÉES AGRICOLES (27 SEPTEMBRE 1884). 515
— IVevers, bœuf, 1 fr. 60 à 1 fr. 80 ; vache, 1 fr. 40 à, 1 f'r. 60 ; veau, i i'r.; mouton,
2 fr. ; porc, 1 fr. 60 ; — Dij m, bœuf, 1 Ir. 62 à 1 ir. 72; vaclie, 1 fr. 26 à 1 fr. 60;
veau (poids vif), 1 fr. 08 à ] fr. 14; mouton, l fr. 50 à 1 fr. 80; porc (poids
vif), 0 fr. 90 à 0 fr. 98; — Ltinn, bœuf, 1 fr. 20 à 1 fr. 65; mouton, 1 fr. 30 à
1 fr. 80; — Bowgoin, bœuf, 66 à '6 fr ; vache, 60 à 70 Ir. ; mouton, 80 à 90 fr. ;
porc, 90 à 95 fr. ; veau, 90 à 95 ir. ; — iMnies, bœuf, 1 fr. 35 à 1 f. 50 ; taureau,
1 fr. 30; vache, 1 fr. 10 à 1 fr. 45 ; mouton, 1 fr. 70 à 1 fr. 80 ; brebis, 1 fr. 30
à 1 fr. 60; agneau, 1 fr. 30 à 1 fr. 35 ; veau (poids vif), 0 fr. 75 à 1 IV. 05.
Viande à la criée. — Il a été vendu à la halle de Pans du 15 au 21 septembre :
Prix du kilog. le 22 septembre.
kilof?. 1" quai. 2" qudl. 3* quai. Chou. Basse 3:'aûherie.
Bœuf ou radie... 135,488 1.68 à 190 1.32à;.6<; 1.16 à 1. 30 1.78 à -2.86 0. IJ à 0.:«>
Veau.... ll.j,880 1 80 l.'J8 t. 56 1.78 1.3i 1.54 • » a .
.Motilûii .55. -216 1.48 1.78 1.22 1.40 0.86 1.20 1.4G :i.04 .. •
l'orc 31,035 Porc frais 1.38 à 1. 60.
338,510 SoUparjour 48,359 kilog.
Les ventes ont été inférieures de 8,000 kilog. par jour à celles de la .semaine
précédente. Il y a un mouvement de hausse dans les prix de toutes les catégories.
XI. — Cours de la viande à Vabatloir de la Villette du jeudi 25 septembri: {par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On *end à la Villette par 50 kilog. : l" qualité,
70 à 73 fr.; 2«, 65 à 70 fr. Poids vif, 43 à 49 fr.
Bœufs. Veaux. Moutons.
t" i* 3- !•• 2- 3" !'• 2-
quai. quai. quai. q -al. quai. quai. quai. quai. quai,
fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr.
83 77 70 10-J 07 92 93 87 82
XII. — Marché aux bestiaux de la Villette du jeudiih septembre 1884.
Cours des commissionnaires
Poids Cours ofliciels. en besiiaus.
Animaux gênerai. 1" 2* 3* Prix 1" 2* 3* Prix
amenés. In en'ius. lîil. quai. quai. quai, extrêmes. quai. quai. quai, extrêmes.
Bœufs 2.397 37 348 l . 7S 1.60 i.35 l.SOài.SU 1.7i i 60 1.34 1.30àl.3o
Vaches 856 22 230 1.68 I 50 1 30 1.18 1 70 1 64 I 50 1 30 1.15 1 68
Taureaux... I8i 6 384 ! 16 1.36 1.26 1.22 I 50 1 44 1 . 34 1.25 1.20 1.50
Veani 1.382 48 8l 1.90 1.80 1.60 1.50 2 10 » ■ » »
Moulons.... 15 973 438 19 2 02 1.84 1 50 1 52 2 (S » » » »
Porcs gras.. 4.75b » 30 1.36 1.30 1,74 1.10 1.40 » » • •
— maigres., '» s *>»B»>Ba»B
Vente active sur le gros bétail et les moulons; ordinaire sur les autres espèces.
XIU. — Résumé.
Les prix des céréales sont plus fermes, ainsi que ceux du bétail et de la plu-
part des denrées; mais ceux des sucres sont toujours en baisse. A. Rémy.
BULLETIN FINANCIER
Après quelques oscillations dans des sens variés, les cours des fonds publics
sont revenus aux taux de la semaine précédente. Oq cote les rentes frauçaises :
3 pour 100, 78 fr. 60; — 3 pour lOO amortissable, 80 fr. 40; — 4 et demi pour
100, 107 fr. 10; — 4 et demi pour 100 nouveau, 108 Ir. 85.
Les actions des établissements de crédit se cotent : Banque de France,
5,0^0 fr. iO; Banque de Paris et dfS Pnys-Bas, 775 fr. ; Comptoir d'escompte,
956 fr. 25 ; (Jrédil foncier et agricole d'.\lgérie, 1495 f'-. ; Crédit foncier 1 ,307 fr. 50;
Banque d'escompte de Paris, 518 fr. 75; CiéJit lyonnais, 55 fr.; Compagnie
foncière de Fraijce, 431 fr. 25; Crédit mobilier, 306 fr. 25; Société générale,
460 fr. ; Banque parisienne, 390 fr.; Bin|ue franco-égyptienne, 555 fr.
On paye les titres des Cimpagni'^s de chemins de fer : Est, 781 fr. 25; Paris-
Lyon-Médilerranée, 1,235 fr.; Midi, 1,161 fr. i5; Nord, 1,660 fr.; Orléans,
1,^30 fr. ; Ouest, Skb fr.
Les actiuns du canal maritim'î de Suez valent 1,940 fr. ; les délégations,
1,130 fr. Les actions du canal de Panama, sont à 481 fr. 25.
Escompte à la Banque de France, 3 pour 100 ; intérêt des avances, 4 pour 100.
E. Férox.
Le Gérant : A. Bouché.
516
TABLE ALPHABETIOUE DKS AUTEL'P.S
TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS
DU TROISIÈME VOLUME DE 18 84.
ALLIER. — Concours régional de Gap, ri9, 93.
— Nouvelles de l'état des récoltes dans les
Haule^-Alpes, Vr,, 408.
AMBHOISE (E.). — Sur la vaine pâture, 269.
ASSI (Ch.). — Brevets délivrés pour de nou-
velles inventions agricoles, 192; 232, 273,
:!|l), 3r.2, 4:10, 463, .509.
AYBAUD (S.-V.), — Sur l'o-ganisation du crédit
agricole, I.S2.
BAXTET (Cliarles). — Procédés pour comb;ittre
les cryptogames de la vigne, 74.
BARBAL (J.-A.). — Chronique agricole du
.i juillet, &; — du 12 juillet, 41 ; — du 19 juil-
let, 81; — du 26 juillet. 121; — du 2 août,
161 ; — du 9 août, 201; — du 16 août, 241 ;
— du 23 août, 281 ; — du 30 août, 321; —
du 6 septembre, 361. — Travaux de la
- Société nationale d'agriculture, 170,212, 2,ï3.
— Moissonneuse-lieuse de Samuelson. 220.
BAREAU DE mUBATEL (A. de). — Elevage dfs
poulets dans le département du Tarn. 473.
EATTANCHON (G.). — Sur les courses de tau-
reaux. Th.
BÉNARO (Jules). — Notes sur l'agriculture
allemaiide, 329.
BERNARD (Edouard). — Discours prononcé au
ciiucours agricole de l'arrondissement de
Uouai, 368.
BEKTHELOT. — Sur la présence universJle
des azotates dans le règne végétal, 17.i.
BESNARD. — Discours prononcé au concours
lin Comice agricole de Seine-et-0:se, |G6.
EiDAULT. — Sur la destruction du mildew,
4 «3.
bind:}r (.\.). — La maladie des écrevisst's,
lO'J.
80ITEL (A.). — Discours prononcé sur la
tombe de M. Thenard, 289.
BOKCENNE. — Situation agricole dans la Ven-
dée, 32.
Bosc (Ernest). — Maladie des arbres fouruis-
s.inl les bois de construction, 224, 2.ï7.
BoncRARD. — Situation agricole dans Maine-et-
ioire, !S(i6.
BOURGNE. — Société agricole et hippique de
Ponl-Audemcr, .504.
CARRIER-LADEVÈZE. — Nouvelles de l'otat
des récoltes dans la Dordogne, 132.
CASANOVA (Eugénie). — La récolle de 1884
dans le Cher, 390.
CASSÉ (Elle). — Etat de la culture en Nor-
mandie, 273.
CASTELMORE (R. de). — Sur la production de
la viande, 43j.
CAUBERT. — Discours prononcé aux obsèques
de M. J -A. Barrai, 449.
CBABOT-KARLEN. — L'ostréiculture au rocher
de l'Estic^es, 67. — La maladie des écrevisses,
111. — Pisciculture; la sardine, 216. — Les
as.solenients, 306. — Naples, 375.
CHAinpiN (Aimé). — Le battage des plants
gieflés, 301.
CHARI.IER (H.). — Les vices rédhibitoires dans
les ventes et échanges d'animaux domesti-
ques, lu2, 149.
CBARPENTIER. — L(s moulins à vent agri-
coles, 20. — Locomobile du système Buzelin,
183.
CHERVILLE (G. de). — Sur l' exposition canine
de Pans, 13t».
CHEVREUi.. — Discours prononcé à la séance
solennelle de la Société nationale d'agricul-
ture, ,50.
COMON (L.). — Concours régional de Saint-
Omer, 25, 245 — Une ferme à betteraves
riches dans le Pas-de-Calais , 380.
coHiaOTTLS-HOnLÈs (Jules). — Ensilage des
fourrages verts à l'air libre, 327.
DANGUY (R.). — De la climatologie de Grand -
Jouan, 185
DEGRULLT (L.) — Pulvérisateur Riley, 378
DEHCRAIN. — Sur l'emploi agricole des su|er-
liliosphates, 331.
DENIN (Th.). — Oflre de diverses variées de
lilcs lie semence. 482.
DESPREZ (FI.). — Culture des betteraves 'i
sucre, 403. — Offre de blés pour semences,
^O.S.
DUFOUR (Pierre). — Concours des prix cul lu -
raux et d'irrigation .dans la Haute-Loue,
249, 295.
DiTPTJT-MONTBRUN. — Nouvelles de l'état des
recolles d..ns la Haute-Garonne et le Tarn.
47, 2(i7. — Les petits animaux de la ferni'?,
146.
DUROSCLLE (E.). — Elevage et engraissement
intensifs, 133.
DUTASTA. — Discours prononcé aux obsèques
ne M. J.-A. Barrai, 448.
DYBOWSKt (J.) — Fli-urs doubles et fleurs
simples, III. — Emploi du fumier de che-
val, 33.
ELOIRE (Aus.). — La législation et la police
sanitaire des animaux devant la vaccination
préventive, 335.
FÉBON. — ISulleiin financier du 5 juillet. 40;
— du 12 juillet, 80; — du 19 juillet, 120:
du 26 juillet, IBO; — du 2 août, 200; — du
9 août, 24n; — du 10 août, 280; — du
2:; août, 320; — du 30 août, 360; — du
6 sept» mbre, 400; — du 13 septembre, 440 :
— du 20 septembre, 480; — du 27 sep-
tembre, 515.
FERRET (Eug.). — La mésange herbivore,
235.
FOEX. — Expériences relatives au moyen de
comliattre le mildew, 74.
GALLICHER. — Nouvelles de l'état des récoltes
dans le Cher, 2' '6.
OARIN. — Nouvelles de l'élat des récoltes dans
l'Ain, 206.
GASPAHii» (P. de). — J.-A. Barrai, 450.
GATELLIEH. — Mis^ion agricole en Ademagne
ei eu Autriche, 89. — Expériences sur la
cullure du hlé, 209.
GAUDOT. — Sur les courses de taureaux, 75. —
La basse-cour à l'exposition d'Amsterdam, 507.
GAUGIRAN. — Le superphosphale en Sologne,
2 M. — Mort de M. J.-A. Barrai, 473.
GÊNÉS (L.). — Brevets délivrés pour de nou-
veiles inventions a),'ricclfcs, 192, 232, 273,
310, 3,52. 430, 463, 509.
GiRAN (Albert). — Culture de la vigne dans les
sable?, 10.
Gos. — Situation agricole dans le Var, 415.
GY DE KEHMAVlc (J.). — Situation agricole en
Belgique, 195.
HÉQOUviiLE (Ch. de). — Culture des blés en
mélange, 245.
Hzvzé. — Discours prononcé au concours
régional de Dole, 222.
HOFFMANN. — L'agriculture aux Etats-Unis.
aux Indes et au C.iili, 501.
HouzEAn. — Discours prononcé sur la tombe
de M. Girardin, 7.
JACQUEMART-BENOT. — La question des
pâtures, 105.
JACQDOT. — Nouvelles de l'état des récoltes
dans les Vosges, 407.
TABLE ALPHABETIQUE DES AUTEURS.
517
joiTi.iE (H.). — Déperdition d'azote pendant la
lerrneiitation des fumiers, 432.
KIEHER (Jean). — Sur l'ablation des cornes,
■io:!.
LADUREAU (A.). — Lcs tourtcaux de sésame
et leur emploi dans l'alimentation du bétail,
4g;) .
lAFiTTE (Pro'iper de). — Badigeonnage des
vi>;nes iilijlioxérces, 187.
LASzczYNSKi (L.). — Les mérinos au concours
de ^.niitûmer. 169.
LEMBEZAT. — Discours prononcé aux obsèques
de M. du Peyral. 413.
LENTILHAC (de). — Nouvciles de l'él.it des
récoltes dans la Dordogne, 132, 287, VM.
LE SUEUR — La création du herd-book nor-
mand, 106.
MARES (H.). — .Sur l'irrigation des vignes, 168.
niARSAis (Georges). — L'exposition internatio-
nale .igricole d'Amsterdam en If^Ki, 421.
MAURICE (L.-G.) — Situation agricole dans la
.Marne. 340. — La prime d'hoimeur de l'bor-
ticulture dans la Marne en 1884, kb6
MÉLINE. — Discours prononcé à la séance
solennelle de la Société nationale d'agricul-
tuie, 48. — Circulaire relative aux c;ondi-
tions du transport des plants, arbres et
arbustes provenant des arrondissements pliyi-
loxérés, 283. — Expos'é des motifs et projet
de loi portant modification du tarif géiiér.il
des douanes, 311. — Discours prononcé au
Comice de Rerairemout, 369.
MERCIER (.\chille). — Le progrès dans l'étendue
des cultures, 4.')8.
MOBTiLiET (H. de). — Le Fusaritun nmise-
qninn du platane, 267.
MOHVONNAis (A. de la). — Nouvelles de l'état
des récoltes dans l'IUe-et-Vilaine, 46. — Con-
cours bippiqui; de Brest, 64. — Les Chambres
consultaiives d'agriculture devant le Parle-
ment, L 3. — Courrier de l'Ouest, 391. —
Concours de la Société d'agriculture d'ille-et-
Vilaiue, 427. — Concours de l'Association
bretonne à Lannion, 466.
mULLER (Paul). — Le sucre en Allemagne, 71.
NEBOUT. — .Nouvelles de l'état des récoltes
dans l'Allier, 47, 3.'i4.
NOËL (Paul) . — L'origine du chai'bon de terre,
227.
OUNOUS (Léo d'). — Quelques bons cerisiers
du Sjd-ûuest, 341. — Les haricots nains,
liàtifs, longs et ronds. 389. — Les lierre».
les glycines et les buis, .')06.
FASNOUL. — Nouvelles de l'état des récoltes
dans le Pas-de-Calais, 131, 286.
Partie nllirielle. — Décret portant règlement
des mesui es à prendre pour e/npécUer l'intro-
duction du phylloxéra en Algérie, 33. — Loi
sur les Fucres. 191. — Loi sur le Code rural
(vices rédhibitoires dans les ventes et
échanges d'animaux duinestiques), 233- —
Décret relatif à la circulation des raisins, des
marcs, etc., d^ins les zones frontières de la
France el de l'.VUemagiie, 274. — Circulaire
relative au transport des plants, arbres et
arbustes piovenaiit dei ar'ondisseiuents phyl-
loxêrés. 282. — Projet de loi ponant modi-
lication du laiif général des douanes, 311.
— Déciei relatif à la police sanitaire des ani-
maux, 43'.
PASST (Louis). — Discours prononcé aux
obsèques de M. J.-A. Barrai, 443. — Discours
prononcé au concours d'ICtrépagny, 494.
piCHABO (P.). — Action nitrifiante des sels dans
les terre-, arables. 392.
POIRSON (Cil.). ^ Des façons culluralcs à don-
ner aux terres après la" moisson. 300.
POLO. — Sur l'enquête agricole dans l'Aisne,
128, 204.
FOUILLET (Lug.). — Servitudes réelles; foi. d-i
enclavés, 22. — Fossé séparatif de deu.\
héritages ; mitoyenneté, 184.
PRÉ-cOLioT (P. du). — L'industrie laitière et
les fabriques des [iroduits du lait, 342. —
t ne conversation à l'éuble, 433.
HAVOUX. — Situation agricole dans la Diome,
11.-..
KEiriY. — Revue commerciale et prix courant
des denrées du ,t juillet.. 3.S ; — du P2 juil-
let. Ta ; — du 19 juillet, ll.'>; — du 26 juil-
let, 154; —du 2 aoiU, 19:); — du 9 août,
23.=) ; — du 16 ao\1t, 27.'); — du 23 août,
315 ; — du 30 aolU, 3f-.T ; — du 6 septembre,
39.=): — du l.i septembre, 43.5 ; — du 20 sep-
tembre, 47,=) ; — du 27 septembre, .MO.
BEHOU (E.). — .Météorologie du mois de
juin 1884, û3; — du mois de juillet, 290 ;
— du mois d'aoïit, 409.
ROBLIN. — Le trèfle violet d'Amérique, 19.
BOUViÉaE (A.) — tlon^ervation des fourrages
verts à l'air libre, 372.
SAGNIER Henry). — Société nationale d'agri-
culture; séance solennelle du 2 juillet, 34;
séances hebdomadaires, 52, 115, 154, 194,
207, 275, 288, 3.J4. — Concours régional de
Rodez, 13. — Le commerce des fruits, 31.
— Scies circulaires à bras d homme, 58. —
A propos du mddew, 73. — Le progrès agri-
cole e; le choléra, 113. — Concours régional
du Puy, 134. — La ferme du Chalet, près de
Bennes, 144. — Le blé de Shirrif à épi
carré, 234. — Nettoyage des semences de
froment, 260. — .Appareils pour le char-
gement et le déchargement des macérateurs
dans les distilleries. 298. — Bibliographie
agricole, 309. — Mort de M. J.-A. Barrai,
401. — . (!:ommerce du bétail et de la viande,
417. — Association française pour l'avan-
cement des sciences ; congrès de Blois, 429.
— Chronique agricole du 13 sepienibre,
401 ; — du 20 septembre, 441 ; — du 27 sep-
tembre, 481. — Discours prononcé aux
obsèques de M. J.-A. Banal, 445- — Con-
cours de la race ovine du Larzac, 475. — Les
machines agricoles de M. Merlin. 497.
SAINT-ANDRÉ. — Culture de la betterave à
sucre ; compromis pour la vente. 453.
SALOmON. — Coinptabiltté agricole ; essii de
classification, 264.
Sur l'engraissement intensif.
SANSON . ^
163.
SABDHIAC (L, de).
.Mac-Cormick, 63.
tème Deroy, 141.
339. — Pesaue
— Moissonneuse-lieuse de
— Alambic brûleur sys-
— Décantation des vins,
des betteraves dans les
sucreries, 374. — L'effeuillage du houblon,
416. — Rinçage- des bouteilles à vin, 462.
SAUVAGE (A.). — La prime d'honneur et les prix
culturaux dans la Marne en 1884, 347, 385,
;03.
SCHHIBAUX (E.). — Une variété de blé à culti-
ver, 99.
SOL (Paul). — Le vinage à prix réduit, 141.
TISSERAND. — Discours prononcé à la distri-
bution des récompenses du concours régional
du Pu;, ;.3
TRÉBON(.-Ais-(F.-R. de la). — Une conférence
laiti'.re en Angleterre, 89. — Sélection et
élevage du bétail à lait, n-*, 290. — Le con-
grès laitier de Glocesler, 491.
VALlif. — Courrier du Sud-Est, 395.
VAUVBL. — Procédé (le M. Dupuy-Jamain pour
combattre le mildew, 73.
VAVIN. — Emploi de l'allante dans les reboi-
sements, 462
VILMORIN. — Trois nouveaux blés, 469.
ziPCT. — La pisciculture dans le Limousin
en 1884, 23.
518
TABLI': ALPHABETIQUE DES GRAVURES NOIRES.
TABLE ALPHABÉTIQUE DES GRAVURES NOIRES
Alambic brûleur du système D^roy, 141.
Hatteuse de céréales de Merlin, nettoyant le
araiu, 499. — Batteuse de graines fourragères,
500.
Blé de Shirrif; épi et grains, 100.
Coupe-racines centrifuge d'u système de
M. Stepiien Davi.l, 299.
Décantiition îles vins en bouteille, 310.
EfTeuilleuse de boublou construite par M. Her-
bin, 417.
Machine à rincer les bouteilles, 483.
Machine à vapeur locomjliile construite par
M. Buzelin. 183. — M ichine à vapeur locomo-
bile du système Merlin, 498.
Moissonneuse lieuse de Mac-Cormick, en tra-
vail, 63.
Moissonneuse-lieuse du svstème Samuelson.
221.
Moulin à vent dit VEclipse, vu de face, 20 ; —
Orientation sous l'action d'à ■ vent violent, 21 .
Portrait de M. J. -A. Barrai. 441 .
Pont-ba-icu'e de M. Paupier puur le pesage des
betteraves, 374.
PuKérisati-iir-Riley muni de son tuyan, 379:
— Mode d'emploi du pulvéii?ateiirRiley, 37y-
Scie circulaireà brasdu système Reynolds, 58.
l'arare du système Presson, 261.
Trieur du système Presson, 262.
TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES
Académie des sciences. — Election de M. d'An-
drade Corvo, membre corre-pondant, 202.
Allante. — Emploi dans les reboisements, 462.
Alambic brûleur, sysième Deroy, 140.
AUemagne. — Noies sur l'agriculture a'.le-
mande, 329.
Anguillules d3s avoines, 115.
Arboriculture. — Maladies des arbres fournis-
sant les bois de construction, 2V(, 2o7.
Association française pour l'avancement des
sciences. — Congrès de Blois, 42 K
Azotates. — Présence univeisellc dans le règne
végLHal , 1 '5.
narrai {.].- A.) —Sa mort, 401.— Sesfuni^Tailles,
443. — Discours prononces sur sa tombe, 444.
— Témoignage de regrets. 449. 472, 481.
Batteuse deceréales de Merlm, 4,18. — Batteuse
de graines fonriagères de Merlin, 499.
Bétail. — La fièvre aphteuse en Alsace, 45. —
Les vices rédhibitoires dans les ventes et
échanges d'an ni:uix domestiques, 102, l'i9,
167,201. 233.— Le berd-bûCik noimand. i(l6.—
Elevage et engraissement intensifs, 133, 16!-
433. — H r l-book suisse, 164. — Séle lion et
élevage du bétail à lait, 178, 290 — L'abla-
tion des cornes, 263. — Mammite contagieuse
des vaches laitières, 288, — Comme-ce du
bétail en France et en Angleterre. 417. —
Iniluence du relèvement des taxes douanières
sur la production du bétail français, 434. —
Emploi des touiti-aux rie sésauie dans l'ali-
menlalion du bétail. 405.
Retteraves. . — Discussion relative à l'établisse-
ment de l'impôi sur la betterave, 6, 43, 81,
121. — Pesage des beiteraves dans les su-
creries, 374. — Pruductinn de la betterave
riche, dans le Pas-de-Calais, 380. — Spéci-
men de binne culture de la b'tterave dans
le Nord, 403 — Mudèle de marché pour la
production de la b Iterave à sucre, 453.
Bibliographie agricole. — Petit vnyaue de dé-
couvcrles an.r pays des sueivs, Allemaifne t
Autriche. |iar M. Lambert, 6. — Bulhlin du
vninisIÈre de lagricwlure. 42,247, 404. —
Traitement des riynes phyllo.iérces ; eimdoi
du sulfure de carbone, par MM. Gastine et
Couaiion,248 — Préeis de l'élevage deilai.'iiis,
liévies et 'tjjnndes, par M. A. Gobin, 309.
Blé.. — Comparaison des récoltes des dix der-
nières années, 42. — Le blé ^hlrrif square
head, 99, 234. — Culture des blés en mélange,
195, 245. — Expériences sur la culture du
blé, 2u9.— Offres débits de semence, J23, 405,
482. — 1rois nouvelles variétés de blés, 46".
Boissons hygiéniques en temps de moisson, 167.
Boulangeiirf. — Travaux du Congrès de boii-
langeiie de Paiis, 46. — Rapport sur l'élude
des dilTéients systèmes de mouture, 194.
Bourse. — Bulletin financier du 5 juillet, 40,
— du 12 juillet, 80 ; — du 19 juillet, 120: —
du 26 juillet, 160; — du 2 août, 200 ; — du
9 août, 240': — du 16 août. 280; — du 23
août. 320; — du 30 août, 360 ; — du 6 sep-
temb e, 400; — du 13 septembre 440; —
du20septejibre, 480; — du 27 septembre, 515.
Bouleilles. — Machine à rincer les bouteilles,
462.
Céréales. — Production en 1R83, 42. — Eva-
luation de h récolte de 1884, 3 2, 482.
Ceri iers. — Bonnes variétés du Sud-Ouest, 341.
Chambres consultatives d'agriculture. — Dis-
cussion du projet de loi ministériel, 11. —
Les Chamhres consultatives d'agriculture
devani le Parlr-ment, 153.
Chasse. — Dates de l'ouverture. 248.
Chevaux. — Concours hippique iie B est, 64% —
L°s cheva'ix de Irait dans les haras de l'Etat,
244. — Concours hiipiques dans la Seine-
Inférieure, 285. — Achat d'étalons pour les
haras de l'Etat, 326. — Concours de poulains
à Abbeville, 326.
Chiens — Exposition canine à Paris, 130. —
Herd-book des races canines en Suisse, 204.
Choléra. — Interdiction de 1 entrée à Paris des
légumes et fruits provenant du Var et des
Bûuches-du-Rhône, 45. — Le progiès agri-
cole et le chidéra, 113.
Chronique agricole du 5 juillet, 5; — du 12
juil et, 41 , — du 19 juillet, 81; — du 26
juillet, 121; — du 2aoùl, 161 ; — du 9 août,
201 ; — du 16 août, 24f ; — du 23 août,
281 ; — du 30 août, 321 ; — du 6 septembre,
361 ; — du 13 septembre. 401 ; — du 20 sep-
tembre, 441 ; — du 27 septemhre, 481 .
Comices. — Discours prononcé par M. Méline
au Comice de Remircmnnt, 372.
Commerce agricole. — Revue commerciale du
5 juillet, 35; — du 12 juillet, 75; — du 19
juil et, 1.5; — du 26 juillet. 154:- du 2
août, 195 ; — du 9 août, 235; — du 16 août,
275; — du 23 août, 315;— du 30 août, 355;
— du 6 septembre, 395; — du 13 septembre,
435; — du 20 septembre, 475; - du 27 sep-
tembre, 510. — Le commerce des fruits, 31.
B.iiss; du prix des blés, 281. — Commerce
du bét:iil et de la viauile en France et en
Angleterre, 417.
Communes. — Situation financière des com-
munes, 481.
Comptabilité agricole. —Essai de classification
des ciimptcà 264.
Concours genéial agricole de Paris en 1885. —
Public uion du [iroïiamme, 452. — Analyse
de ce programme, 4*57.
Concours régionaux. — Les concours régionaux
de 1884 , 5. — Comptes rendus des concours
régionaux de Rodez, 13 ; — de Saint-Omer,
23; — de Gap, 59, 93 ; — du l'uy, 134 —
Discours prononcé par M Tis-erand. au con-
cours du Puy,53. — Les mérinos auconcour"
TABLE ANALYTlQrJE DES .MATIKRES.
51
(loSaint-Omei-, 160. — Discours protioiioépar
M. Heuzé au concours de Dôle, '2TÎ-
-Concours divers. — Confuurs internaliunaux de
macliines agricoles à Turin, 11. — lixpo^i-
tion-raarclié d'inslrumenls ayrico'es à lic-
sançLin, 11. — Concours de nioissùoneuses à
Bar-6ur-AuLie et à Issoudun, 45. — Saciùtii
■d'agriculture de llhàion-sur-Saône, li(>, 489. —
Concours liippique de Brest, (14. — Comice de
Luneviile, 89. — Société d'agriculture de
l'oitiers, 129. — Goricjurs de livrets de caisse
d'épargne eu Sologne, 130. — Association hre-
tonne, 164. — Société d'agriculture de Fon-
tainebleau, 16.'). — Comice de Seine-et-Oi>e,
llia. — Société d'.ig iculture de Tarn-el-
■Garonne, 'lO'j. — Coacoursde moissonneuses-
lieuses en Angleterre, 2't6, -iS'i. — Coicouis
départeuieiral delaSarthe, 285. — Concours
hippiques dans la Seine-Ioféneu-e, 28ô. —
Socicté d'igriculture de Douai, 286. — Co-
mice de Trevouï, 286 — Concours de char-
rues sulfureuses dans l'Aude, 366. — Comices
de Cliâlons-sur-Marne, 367; — d'Albi, 367;
— de Ciiàtelierault, 368. — Société d'agri-
culture de Douai, 368. — Comice de Reims,
406. — Société d'agriculture de Bayeux,4Q7.
— Société d'agi iculture d'ille-et- Vilaine,
427 ; — de Wassy, 48J; — du Tarn, 489; —
de l'Eure, 494; — de Pont-Audemer, 004. —
Concours de l'Association bietonne, 466. —
Concours de la race ovine du I.arzao, 475.
Congrès de boulaiigerieà Paris, 46. — Congrès
de laiterie à Giocssier, 91, 491. — Congrès
phyllixérique à Turin, 163, 203. — Congrès
de l'Association bretonne, 164. — Congrès
pomologique de Rouen, 4(14.
Conseils gé éraux. — Session d'août des Con-
seils généraux, 3 21, 402.
Courses de taureaux. — Sur leur imporlation
en Fiance, 75
Crédit agricole. — Organisation du crédit agri-
cole, 152. — Enquête sur le crédit agricole,
154.
Distilleries. — Appareils pour le chargement et
le déchargement des macéraleurs, 298.
Distinctions pour service> à l'agriculture, 162.
Douanes. — Projet de loi portant modification
du tarif général des douanes, 311, 434.
Droit rural. — Servitudes réelles; fonds encla-
vés, 22. — Les vices rédhibilores dans les
ventes et échanges d'animaux domesiiques,
102, 140, 167, 201,233. — Fossé séparatif de
deux heriiages; mitoyenneté, 184.
Echanges d'immeubles ruraux. — Projet de
loi sur les droits fiscaux, 81, 123, '202.
Economie rurale. — Le progrès dans 1 étendue
dts cul ures, 458.
Ecoles nationales d'agricullurB. — Admission
des candidats, 366.
EcreviïSes. — Réglementation de la pèche des
écrevisses, 89. — La maladie des écrevisses,
109.
Effeuilleu-e de houblon de Herbin, 417.
Eleclricilé. — Transport de la force par l'élec-
tricité, 164.
Engrais. — Le stiperphosphate en Soloffiie, 219.
— Expi'Tiences sur l'empl ii desengrais "ZOtés,
247. — Emploi des superphosphaie-, 331.
Enquêtes. — Enquête parlementaire sur lasi-
toulion de- ouvriers de l'industrie et de l'agri-
culture en France, 86. — L'enquête agricole
de r.^i-ne,128, 204.
Ensei^'nementagr-cole. — EJ;o)e nationale d'hor-
ticulture de Versai lle.s, 87. 128. — Ecole pra-
tique d'a-riculture des .Merchii.es, 88. —
ContXJUrs d'admiasion à la ferme-école Je la
Pilletière, 2U3. — Nomination de M. Lacoste
à la chaire d'agricullure du Gers, 203.—
Conférences rurales dans laCôte-d'Or, 2(.'i.
— Ecole pratique d'agriculture de Rouïini,
•248. — Conléreiices viiicolesde Villefranche,
283. — Ecole pratique d'agricultuie Mathieu
de Dombasie, 283. — Ecole pratique d'agri-
culture d'Kcully, 284; — de la Haute- .Marne.
284, 484 ; — de la iMolière. 40.> ; — de Saint-
Remy, 483. — Ferme-écde de la llaule-
Gaionne, 40.î;— de l'Arièg--, 485;— du Lot,
4S4 ; — de la Nièvre, 485 ; — de la Cliarenle-
Inférieure, 'i8.'). — L'enseignemeat agricole
eu Suisse, 406.
Ensilage. — Ensilage 'des fourrages verts à
l'air libre, 327, S.'jO, 372.
Ktats-Unis. — L'agriculture aux Etats-Unis en
1883, 501.
E.\posiiion agricole internaiionale d'Amsterdam.
— .Nombre d'ex|iosints français, 43. — No-
mination du commissaire général, 87. —
Participation de la France, 282 — Liste des
membres du jury, 244. — Distribution des
récompenses, 361. — Compte rendu général,
421, 007. — Liste des prix, 470.
Exposition internationale à Anvers, 43. — Ex-
position forestière à Elimbourg, 130, 488. —
Exposition canine à Paris, 130. — Exposition
universelle d'horticulture à la Nouvelle-Or-
léans, 286. — Les chemins de fer portatifs à
l'exposition japonaise de Kioto, 407.
Fermes. — La ferme du Chalet près de Rennes,
144. — Une ferme à betteraves riches dans
le Pas-de-Calais, 'i<0.
Forêts. — Exposition à Edimbourg, 488.
Fourriges. — Conservation des fourrages verts
à l'air libre, 327, 3.i0, 372.
Fumier. — Emploi du fumier de cheval, 32. —
Déperdition d'azote pendant la fermentation
des fumiers, 432.
Fruité. — Le commerce des fruits, 31.
Fusa'iun iienisequuin [[e] du platane, 267.
Greirige. — Buttage des plants greffes, 301.
Grêle. — Crédit voté pour secours aux agri-
culteurs éprouvés par la grêle, 282.
Haricots. — Les haricots nains, de l'Ariègc,
389.
Herd-book. — Création du hcrd-book normand,
106. — Le herd-book suisse, 164. — Herd-
book des races canines en Su'sse, 204.
Horticulture. — Les fleurs doubles et les (leurs
simples, 111. — Exposiiion universelle d'hor-
ticulture à la Nouvelle-Orléins, 286, 488. —
Cerisier.^ du Sud-Ouest, 341. — Exposition
d'horticulture et de viticulture à Lyon, '39Ô.
— La prime d'honneur de l'horticulture dans
la Marne en 1884, 456. — Lierres, glycines
et bu. s, 506
Houblon. — L'efTduil'age du houblon, 416.
Houille. — Etude sur son origine, 227.
Institut national agronomique. — .\dmissioii
des candidats, 367. — Kièves diplômés en
1884, 483.
Inventions agricoles. — iinalyse des brevets
pris, 192, 2.52, 273, 310, '352, 431, 463, 509.
Irrigations. — L'irrigation ues vignes, 168.
Labours. — Façons à donner aux terres après
la moisson, 3;j0.
Laiterie. — Importance de l'imlustrie laitière
en Angleterre, 89. — Création d'une école de
laiterie à Sadbury,328. — L'industrie laitière
et les fabriques 'le produit du lait, 342.
Légion d'honneur. — Décorations pour services
l rendus à l'agriculture, 9, 82.
Levure. — Culture de la levure du vin, 127.
Locjmobil-i du système Rjzulin, 183. — Loco-
i mobile à vapeur du système Merlin, 497.
Loups. — Frimes payées en 1883 pour leur
destruction, 45.
.Maladi-s coiitigieiises Eludes de M. Pasteur
sur leur prophylaxie, 123, 208, 241.
Mérite agricole. — Décorations dai.s l'ordre du
.Mérite agricole, 83, 282, 323. 4.-)l.
Méléorolog e agricole. — Observations du mois
de juin, 53; — du mois de juillet, 290; —
du mois d'août, 409. — Climatologie de
Graiid-Jouaii , 180. — La sécheresse en Aus-
tralie, 275.
520
TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES.
Mission a{;riinl(' en Allemagne et en Autriche,
A3, 88, I'j4, 'iKS, 324.
Mildew. — Moyens de destruction. 73,
483.
Moisson. — La moisson de 1884, 4L 81, 161,
273, 281, 322. — Boissons hygiéniques en
temps de moisson, 167.
Moissonneuse lieuse de Mac-Ccmick. 6S. —
Expériences de moissonneuses-lieuses, 16.ï
— Moissonneuse-lieuse de Samuelson, 220.
— Concours de moissonneuses- lieuses en An-
ylelerre, 246, 284.
Moulins à vent agricoles, 20.
Moutons. — Les mérinos au concours de S.iint-
Ome^, 169, 245. — Concours de la race ovine
du Larzao, 475.
Nécrologie. — MM. Girardin, 7; — de Gines-
tons, 8; l'abbé Moigno, La Caze, 124; — le
baron Thenard, 245, 289; — Ch. du l'eyral,
365, 413; — J.-A. barrai, 401, 449, 472. —
Obsèques de M. J.-A. Barrai, 443.
Nitrates. — Présence dans les végétaux, 6. —
Action nitrifiante des sels contenus dans le
sol. 392.
Oiseaux. — La mésange herbivore, 235.
Orphelinats agricoles d'Algérie, 88.
(Mlréiculture (!') au rocher de TEstrées, 67.
Pâtures. — Création des pâtures, 105.
Phylloxéra vasiatrix. — Vente et transport du
sulfure de carbone par la Compagnie de Lyon,
9. — Projet de loi relatif aux zones fianches
de l'Ain et de la Haute-Savoie, 10. — Mtsures
contre l'inlroiluclion du phylloxéra en Al-
gérie, 33. — Subventions accordées à des syn-
dicats de viticulteurs, 44. — Effets de la
greffe des vignes, 45. — Remède proposé par
M. Riley, 88. — Congrès phylloxérique inter-
national à Turin, 162, 2o3. — Badigeonnage
des vignes phyllo.xérées, 187. — Sociélé pour
faciliter la reconstitution des vignes dé-
truites ,■ 203. — Extension du phylloxéra, 246.
— Circulaire réglant les conditions du trans-
port des plants, arbres et arbustes provenant
des arrondissements phylloxérés, 282. — Appa-
rition dans la Loire-Iiilérieure, 366. — Les
vignes du Plaud-Cbermignac, 482.
Pisciculture. — Li sardine. 12, 216. — La pis-
ciculture dans le Limousin en 1884, 23. —
L'ostréiculture au rocher de l'Estrées, 67. —
Les écrevisses, 109. — Enquête sur la situa-
tion piscicole du Cher. 20.5. — Les assole-
ments en pisciculture, 306. — Station pisci-
cole de Naples, 375.
Plantations. — Choix des arbres pour les plan-
talions des villes, 208.
Police sanitaire des animaux. — Concours pour
un emploi de vétérinaire de la ville de
Troyes, 12. — Concours pour l'inspection de
la boucherie à Paris, 129, 367. — Décret re-
latif au département de Maine-et-Loire, 204.
— Arrêtés interdisant ou autorisant l'intro-
duction d'animaux en France, 45, 326, 431.
— La légi.-lation et la police sanitaire devant
la vaccination préventive, 334.
Pomologie — Concours et congrès pomolo-
giques de Rouen, 404.
Primes d'honneur et prix culluraux décernés
dans l'Aveyron, 15; — dans le Pas de-Calais,
28; — dans les Hautes-Alpes, 95; — dans la
Haute-Loire, 136, 249, 29o; — dans la Marne,
347, 385, 409, 456.
Pulpes. — Emploi des pulpes de diffusion pour
l'alimentation du bétail, 486.
Pulvérisateur Riley, 378.
Rage. — Résultat des recherches de M. Pasteur
sur la prophylaxie de la rage, 208, 241.
Reboisements. — Emploi de l'allante dans les
reboisements, 46i.
Récolles. — Nouvelles de l'état des récoltes en
terre, 41, 46, 115, 131, 161, 194, 206, 287,
407, 490. — Situation agricole dan« la Vendée,
32; -— dans la Drôme, 114; — en Belgique,
195; — en Normandie, 272; — dans la Marne,
340; — dins l'Allior, 354; — dans Seine-et-
Oise,355; — dansl'ooest, 391 ; — dans le Var,
415 ; — dans Maine-et-Loire, 5U6. — Les résul-
tais de la récolte de 1883, 42; — de 1884, 362.
— La récolte de 1884 dans le Cher, 390.
Revenu foncier. — Evaluation du revenu des
propriétés non bâiies, 322.
Scies circulaires à bras d'homme, 58-
Semences. ^ Nettoyage des semences de fro-
ment, 261.
Sériciculttire. — Les éducations de versa soie
(tans les Pyrénées-Orientales, 366.
Société nationale d'agriculture de France. —
Séance solenoelle du 2 juillet, 34, 48. —
Comptes rendus des séances hebdomadaires.
52. 115, 154,194, 207,275, 288, 354.—
Récompenses décernées en 1884, 34. — Dis-
cours piononcéspar MM. Mt-'ine et Chevreul
à la séance solennelle du 2 juillet, 48. —
Election de M. Carnot comme membre
associé, 124. — Hommage à M. Chevreul,
328. — Compte rendu annuel des travaux de la
Société, 170,212, 253.
Société des agriculteurs de France. — Tarif du
laboratoire. 162.
S.c'été viticole de France. — Fondation,
203.
Statistique agricole. — Atlas statistique de
l'étendue des diverses cultures en France.
4.58.
Sucres. — Discussion de la nouvelle loi sur le
régime des sucres, 6, 43, 81, 121, 161. —
Texte de la loi, 191 . — L'industrie sucrière en
Allemagne, 71. — Règlement relatif à l'abon-
nement dans les conditions de la nouvelle
loi, 202. — Les sacres allemands en Amé-
rique, 324.
Sulfure de carbone. — Etude de la diffusion du
sulfure de carbone dans le sol, 325.
Syndicats agricoles. — Syndi( it pour l'achat
"des engra's dans la Dordogne, 325; — dans
la Drôme, 485.
Tarares et trieurs du système Presson, 261.
'l'ourteaux. — Emploi des tourteaux de sésame
dan? l'alimentation du bétail, 465.
Trèfle. — Le trelle violet d'Amérique, 19.
Vaccination préventive. — Utilité de la vacci-
nation préventive des animaux, 334.
Vaine pàiure. — Suppression ou réglementation
de la vaine pâture, 269.
Vigne. — Culture dans les sables, 10. — Pro-
cédés de destruction des cryptogames de la
vigne, 73. — Situation en Bourgogne, 155.
— Irrigation des vignes, 168. — badigeon-
nage des vignes phylloxérees, 187. — Expo-
sition viticole d'Epernay, 205. — Décret rela-
tif à la circulation des raisins et des marcs
dans les zones frontières de la France et de
l'Allemagne, 274.
Vinage à prix réduit, 141. — Discussion du pro-
jet de loi sur le vinage. 167.
Vins. — Pétition relative au commerce des vins,
124. — Culture de la levure du vin, 127. —
Fabrication des vins de sucre, 288. — Décan-
tation des vins, 339.
Volailles. — Les petits animaux de la ferme,
146. — Elevage des poulets dans le Tarn,
473. — La basse-cour a l'exposition d'Amstei-
I dam, 507.
FIN DE LA TABLE DU TROISIÈME VOLUME DE 1884.
JOURNAL
DE
L'AGRICULTURE
ANNÉE 1884, TOME QUATRIÈME
(octobre a décembre)
Le JOURNAL DE L'AGRICULTURE, fondé le 20 juillet 1866, a
successivement fusionné avec le Journal de la Ferme et des Maisons
DE campagne et avec la Revue de l'Horticulture. Il s'occupe de toutes
les questions de pratique et de science agricoles, de législation rurale,
d'économie politique ou sociale dans ses rapports avec la vie rurale,
enfin il donne tous les développements nécessaires aux progrès de
la viticulture, de l'horticulture, de l'arboriculture et de la culture
maraîchère; il traite aussi bien de la production des jardins que de
celle des champs.
11 appartient à une Société composée de 840 agriculteurs ou agro-
nomes de toutes les parties de la France et de l'étranger.
JOURNAL
DE
L'AGRICULTURE
DE LA FERME ET DES MAISONS DE CAMPAGNE
DE LA VITICULTURE, DE L'HORTICULTURE
DE L'ÉCONOMIE RDRALE ET DES INTÉRÊTS DE LA PROPRIETE
FONDÉ PAR J.-A. BARRA L
RÉDACTEUR EN CHEF : HENRY SAGNIER
Conseil de direction Scientifique et Agricole :
ALM. GASTON BAZILLE, a\REAU, P. DE GASPARIX, KOUETTE-DELORMi:,
HENRY SAGNIER. A. VANDERCOLME. N...
ANNÉE 1884, TOME QUATRIEME
(octobre a décembke)
/r-f7c.
PARIS
Al\ BlREAliX Dl JOLRXIL DE L'AGRlCtLTlRE
Chez M. G. MASSON, libraire-éditeur, lîO, boulevard Saint-Germaiu
1884
Le Journal de l'Agriculture paraît tous les samedis en une livraison de 52 à
68 papes, avec de nombreuses gravures noires intercalées dans le texte et des
planches noires ou coloriées hors texte. — Il forme par an quatre volumes de
500 à 600 pages chacun.
PRIX DE L'ABONNEMENT :
FRANCE: un an, 20 fr. ; — six mois, 11 fr.; — trois mois, 6 fr. — On numéro, 50 centime
Pour tous les pays de l'Union postale : un an, 22 fr.
Pour tous les autres pays, le port en sus.
LES PAYS FAISANT PARTIE DE L UNION POSTALE SONT :
Allenagne — Autriche — Belgique — Danemark — Espagne — Etats-Unis — Grande-Bretagne — Grèce
Hongrie — Italie — Luxembourg — Monténégro — Norvège — Pays-Bas — Portugal
Ruuroînie — Russie — Serbie — Suède — Suisse — Turquie — Egypte — Tanger et Tunis
Perse — B~ésil — République argentine — Pérou — Colonies françaises
La plupart des colonies étrangères.
JOURNAL
DE
L'AGRICULTURE
CHRONIQUE AGRICOLE (4 octobre ,884).
liôuniou des Caiiseils de direction et de siii-veillance du Journal de l'agriculture. — Nomination
de M. Henry Sagnier. — Programme de la direction du Journal. — Aperçu de la situation
agricole en France. — Discussions relatives aux tarils de douane sur les denrées agricoles.
Les transformations culturales à opérer. — nuestions qui demandent des solutions. —L'avenir
de l'enseignement agricole. , — Les grands travau.x publics agricoles. — Le phylloxéra.
— Rapport de M. Balbianisur ses expériences relatives à la destruction de l'œuf d'hiver du
phyloxera. — Décret sur l'exportatton des ceps et des sarments de vigne. Recherches de
M.Deliérain survies fermentations du fumier de ferme. — Conclusions de ces recherches. Elèves
admis à l'Ecole nationale forestière de Nancy. — Le prochain congrès et le concours pomolo-
gique de Rouen. — Concours de fromagerie à -Meaux. — Concours spécial pour la race bovine
gasconne. — Concours d'instruments d'agriculture et de viticulture dans l'Ariège. Nouvelle
société d'agriculture d'Avranche — Concours internationaux de bétail à Budapest en 1885.
L'emploi du pavot double pour la consolidation des talus en remblai. — Note de ,'\L Cambier.
— Obser\'ations de M.M. Vilmorin-Andrieux. — Les foins de Thonon. — Arrachage des bet-
teraves. — Ouverture ce la campagne sucrière. — Discours de M. de Hédouvile au concours de
Chevillon. — Comptes rendus des concours des associations agricoles.
I. — La direction du Journal de l'agriculture.
Les Conseils de direction et de surveillance de la Société du Journal
de l'agricuUure, dans leur réunion du 30 septembre 1884, ont adopté la
résolution suivante :
« Les Conseils de direction scientifique et de surveillance expriment leurs refrets
unanimes pour la mort de M. Barral, et ils décident d'envoyer à sa veuve et à
sa famille l'expression de ces regrets et de la part qu'ils prennent à leur
douleur .
« Vu les propositions de l'Administration, et le désir plusieurs fois exprimé
par M. J.-A. Barral, conformément aux droits qui lui étaient attribués par les
statuts : l'assemblée des deux Conseils décide qu'il y a lieu de confier à
M. Henry Sacnier les fonctions de rédacteur en chef du Journal de l'agricuUure,
jusqu'à la réunion statutaire des fondateurs au mois de février I88i, où sa nomi-
nation définitive sera soumise ati vote de l'Assemblée.
Les membres du Conseil de direction :
Gaston Bazille, sénateur membre de la Société nationale d'agriculture ;
Gareau, membre de la Société nationale d'agriculture ;
Paul de Gasparin, membre de la Société nationale d'agriculture, correspondant
de l'Institut ;
Nouette-Delorme, lauréat de la prime d'honneur du Loiret, membre île k
Société nationale d'agriculture ;
Vandercolme, agriculteur à Rexpoéde [Nord), correspondant de la Société
nationale d'agriculture.
Les membres du Conseil de surveillance :
Bignon, membre de la Société nationale d'agriculture ;
A. Lauure, imprimeur à Paris ;
DE LA MoRvoNNAis, agriculteur à Bruz, près Rennes (Ille-et-Vilaine) ;
Savalle, directeur de la maison D. Savalle et Cie, à Paris.
« En conséquence, M. Henry Sagnicr est nommé r,4dacteur eii chef du Journal
de l'agriculture. »
La confiance que nous témoignent des hommes aussi distingués que
ceux dont on vient de lire les noms est un grand honneur pour nous.
Nous ferons tous nos efforts pour la mériter de plus en plus dans
l'avenir.
N» 808. — Tome IV de IBSi. — 4 Octobre.
6 CHRONIQUE AGRICOLE (4 OCTOBRE 1884).
II. — Notre programme.
Lorsque M. Barrai fonda le Journal de l'agriculture, il en rédigea le
programme dans les termes suivants : « Le Journal défendra toujours
les intérêts et les vœux de l'agriculture ; il sera une tribune toujours
indépendante et toujours abordable à tout cultivateur, à tout écrivain
consciencieux qui aura une idée à émettre sur les choses agricoles; il
tiendra toujours à rapprocher et non à diviser la grande classe des
hommes qui travaillent à l'amélioration des masses par la fécondation
du sol. 5) Il ajoutait encore : « Il est nécessaire qu'il y ait une enquête
permanente, spontanée, dans laquelle la vérité soit dite avec fermeté.
Le devoir du publiciste agricole n'est pas de chercher à faire prévaloir
un système particulier envers et contre tous : son devoir est de faire
en sorte que la lumière pénètre dans tous les coins et recoins de la
constitution du domaine agricole. Il doit laisser chacun exposer ses
propres observations. Les conclusions doivent en quelque sorte sortir
d'elles-mêmes de l'examen universel auquel toutes les questions sont
soumises. On peut combattre soi-même avec ardeur pour un syslèmedé-
terminé; mais il faut aussi laisser à ses adversaires le champ libre pour
exposer avec non moins. d'ardeur, si cela est nécessaire, les opinions
opposées. M
Le Journal de t agriculture est toujours resté fidèle à cette ligne de
conduite. Nous voulons le maintenir dans la même voie, et nous espé-
rons que tous nos collaborateurs nous seconderont dans la tâche que
nous entreprenons ; nous les connaissons depuis assez longtemps pour
compter sur leur concours.
C'est au milieu de circonstances particulièrement difficiles que le
fardeau de la direction du Journal nous incombe. Jamais peut-être
l'agriculture française ne s'est trouvée dans une situation aussi pénible
que celle dont nous sommes les témoins. Les prix d'un grand nombre
de denrées se sont avilis, la valeur de la terre s'est dépréciée dans
maintes régions, le découragement se manifeste de toutes parts. Des
trois grandes productions de la culture : blé, vin, viande, cette der-
nière est la seule qui donne aujourd'hui des profits assurés. La vigne
est profondément atteinte par le phylloxéra, et le commerce des vins
est troublé par les conséquences de traités de commerce mal conçus,
et surtoutmal appliqués. Quantau blé, les prix en sont tombés aux taux
les plus bas que l'on connaisse; c'est seulement dans les cultures
à rendements élevés et organisées avec une grande habileté, que l'on
peut arriver à obtenir des résultats rémunérateurs. Aussi, de toutes
parts, les Conseils généraux, les Associations agricoles réclament
l'intervention du gouvernement, pour réaliser une revision des tarifs
de douanes établis sur les denrées agricoles, en d'autres termes, pour
relever ces tarifs en faveur de la production nationale. Le ministre
de l'agriculture a pris les devants en ce qui concerne le bétail; la
question sera certainement soulevée, à la rentrée des Chambres, pour
les autres produits du sol.
Est-ce à dire qu'il suflira d'un relèvement de tarifs pour mettre fin
à la crise qui nous étreint? Personne ne peut le prétendre. La princi-
pale, la vraie cause de l'effondrement des cours, c'est la rupture de
l'ancien équilibre entre la production et la consommation dans le
monde entier, dont toutes les parties sont désoi'mais solidaires. La pro-
duction a marché plus vite que la consommation : il en est ainsi pour le
CHRONIQUE AGRICOLE (i OCTOBRE 1884). 7
blé, pour le sucre, pour les laines, etc. Il y a pléthore et, par suite de
l'eacombrement des marchés, les prix de vente sont avilis. Il faut donc
réagir contre cette pléthore, en cherchant des voies moins battues, en
s'ingéniantà produire des denrées dont la vente serait plus facile. On
doit rendre cette justice au Journal de ragricuUurc qu'il a toujours été
au premier rang de ceux qui ont prévu le danger et ont indiqué les
moyens de le conjurer. A la fin du programme que nous rap|)elions
plus haut, M. Barrai disait : « Le progrès de l'agriculture nationale
n'est plus seulement attaché aujourd'hui au perfectionnement des pro-
cédés techniques; il doit surtout ressortir d'une meilleure organisation
de toutes les forces qui concourent à la production et à larépirlition
des richesses agricoles. » Dans ce même premier numéro du Journal,
en 1866, Léonce de Lavergne appelait l'attention des agriculteurs sur la
nécessité de réduire les emblavures et d'accroître les cultures fourra-
gères, et M. Paul de Gasparin insistait sur les ditûcultés des transfor-
mations qui s'imposaient déjà. De ces trois fondateurs du Journal,
M. de Gasparin reste seul aujourd'hui, et nous sommes heureux: de
nous appuyer encore sur sa grande autorité. On lira plus loin dans
ce numéro un article magistral qu'il nous a envoyé sur la question
du blé; nous serions heureux que son exemple fût suivi par un grand
nombre dé nos correspondants.
Le mal est désormais aigu : malgré de bonnes récoltes de céréales,
la plupart des cultivateurs sont dans une situation de gêne extrême;
ceux-là seuls V échappent à peu près qui consomment les produits qu'ils
récoltent et combinent leurs cultures de façon à ne faire que des achats
très restreints. Le temps où les fermiers comptaient sur la vente du
blé pourpayerle loyer de la terre, est loin: on doit faire flèche de tout
bois pour se tirer d'affaire. Mais on ne transforme pas un assolement d'un
trait de plume, on ne change pas d'un coup de baguette magique les
habitudes de toute une contrée. D'autre part, on ne peut pas modifier
le cours des saisons; il faut au moins deux ans pour que des prairies,
des pâtures donnent quelque produit, pour qu'un troupeau soit
constitué. En admettant même que tous les cultivateurs se livrent
immédiatement aux transformations qu'on leur conseille, il y a une
période de transition à traverser, pendant laquelle l'agriculture a le
droit d'être sauvegardée. On ne peut pas l'abandonner sans secours aux
charges écrasantes qui pèsent sur son dos. Nous nous asso-
cions donc, sans arrière-pensée, aux demandes ayant pour objet
d'apporter des modifications aux tarifs de douanes sur les denrées
agricoles; nous sommes prêt même à les provoquer, parce que nous
pensons que c'est aujourd'hui un acte de justice. On a commencé pour
les sucres ; aucune raison ne s'oppose à ce qu'on applique la même
règle aux autres produits du sol. Si ces accroissements de tarifs ne
produisaient pas l'effet qu'on en attend, il sera toujours temps d'y
revenir. En tous cas, ainsi que le disait Léonce de Lavergne dans
l'article que nous citons plus haut, « le Trésor y gagnera des recettes
qu'il pourra employer à dégrever d'autres charges, et, ce qui vaut
mieux eocore, la grande famille agricole, aujourd'hui divisée, y recou-
vrera la pais et l'unanimité. «
Bien d'autres questions réclament des solutions. Les capitaux ne
manquent pas en France, mais ils s'éloignent des champs, parce que
le cultivateur a été placé par le code civil dans des conditions d'infé-
8 CHRONIQUE AGRICOLE (4 OCTOBRE 1884).
riorité qu'une bonne loi sur lecréclit agricole doit faire disparaître. Les
tarifs de transport, surtout les tarifs internationaux des chemins de fer,
doivent être revisés. L'enseignement agricole n'est pas encore populaire
chez nous, il doit le devenir; nous comptons beaucoup à cet égard sur
une application éclairée de la loi de 1 882, sur le professorat agricole qu'il
ne faut pas se lasser d'encourager, sur les écoles spéciales qu'il faut
multiplier et dont on doit étendre l'action. Toutes les œuvres de cette na-
ture trouveront ici un concours empressé ; nous ne ferons d'ailleurs que
suivre les traditions qui nous ont été léguées. Il en sera de même pour
toutes les entreprises propres à développer la prospérité de l'agriculture;
nous réclamerons l'exécution des grands travaux d'irrigation, que plu-
sieurs régions attendent avec impatience, notamment l'exécution des
canaux dérivés du Rhône. Nous nous associerons de toutes nos forces
à toutes les mesures qui seront de nature à assurer une meilleure
répartition des charges publiques, et par suite à soulager la produc-
tion du sol.
Le programme est vaste, mais nous espérons qu'il ne sera pas au-
dessus de nos forces et de celles de nos collaborateurs. Le Journal reste
libéralement ouvert à l'exposé de toutes les opinions, de toutes les
théories, en laissant à chacun la responsabilité de ce qu'il aura écrit.
Mais nous interdirons absolument les discussions purement per-
sonnelles, car la courtoisie et l'estime mutuelle sont les liens
suprêmes dans une famille telle que celle que nous formons et que
nous aspirons à resserrer encore. Les incursions sur le domaine poli-
tique ou religieux seront rigoureusement proscrites; respectueux de
toutes les convictions, nous ne voulons en froisser aucune. Le progrès,
toujours le progrès, tel est le drapeau arboré par M. Barrai; nous y
resterons fidèle.
IlL — Le phylloxéra.
Onsait quedepuis plusieurs années M. Balbiani, profeseur au collège
de France, s'est occupé avec ardeur de la recherclie des moyens de
destruction de l'œuf d'hiver du phylloxéra en vue de mettre obstacle à la
propagation du fléau par les foyers créés par les descendants des
insectes ailés. Le badigeonnage des ceps de vignes avec des solutions
insecticides a donné Jes meilleurs résultats. Le Journal officiel du
\" octobre publie un important rapport de M. Balbiani au ministre
de l'agriculture sur l'ensemble de ses recherches et les résultats
auxquels il est arrivé; la solution que M. Balbiani recommande est un
mélange d'eau, d'huile lourde, de naphtaline brute et de chaux vive.
Nous publierons ce rapport dans notre prochain numéro.
Nous pjblierons aussi le texte d'un décret, rendu à la date du
10 septembre, qui interdit l'exportation, à destination de l'un des
pays contractants de la convention internationale phylloxérique de
Berne, des ceps arrachés, des sarments, échalas, tuteurs et feuilles de
vigne.
IV. — Recherches sur le fumier de ferme.
Nous publions plus loin (page 18) une deuxième note de M. Dehé-
rain, professeur au Muséum d'histoire naturelle et à l'Ecole nationale
d'agriculture de Grignon, sur ses recherches relatives aux fermenta-
tions du fumier de ferme. Cette note résume la deuxième partie de ses
études sur cet important problème de chimie agricole. Dans le der-
CHRONIQUE AGRICOLE (4 OCTOBRK 1884}. 9
nier fascicule des Annales agron.orni')ues, M. Dehéi-ain publie le texte
complet de son mémoire; il a porté ses reclierelies, d'une part sur la
fermentation de la paille, d'autre part sur celle du fumier, et il a dé-
terminé la nature des ferments auxquels ces transformations sont dues.
L'étendue de ce mémoire nous en interdit la reproduction, mais nous
devons placer sous les yeux de nos Iscteurs l'ensemble des conclusions
auxquelles le savant professeur est arrivé. En voici le texte :
1° La paille ne s'oxyde énergiquement que sous l'inlliience d'ua ferment (figuré;
2° L'oxydation du fumier est due à la fois à un ferment figuré et à une action
chimique ;
3" Les fortes élévations de la température constatées dans le fumier de ferme
ne s'observent qu'aux points où l'air peut pénétrer; elles sont dues à l'action de
l'oxygène libre ;
4" A l'abri de l'air, le fumier de ferme éprouve une fermentation neutre, avec
dégagement de formène;
5" Il peut éprouver également une fermentation acide avec dégagemeut d'hydro-
gène ; l'acide produit dans ce cas paraît être de l'acide butyrique;
6'^ Il arrive parfois qu'on observe une fermentation acide, et que le gaz domi-
nant soit du formène; toutefois il n'a pas été démontré jusqu'à présent qu'il se
produit dans le fumier une fermentation acide avec déj^ageraent de formène pur;
7" Les expériences précédentes semblent indiquer qu'il existe au moins deux
ferments anaérobies différents ;
8" Il paraît probable que les ferments en activité dans le fumier proviennent du
tube intestinal des animaux.
On voit que M. Dehérain est entré dans la voie ouverte par les
grandes découvertes de M. Pasteur sur la fermentation. Dans le travail
dont nous venons d'exposer les conclusions, il rend d'ailleurs com-
plète justice aux recberches antérieures de M. Reiset et de M. Tlienard,
et à celles plus récentes de M. Gayon, directeur de la station agrono-
mique de Bordeaux.
V. — Ecole nationale foreslière.
Le Journal of/icicl publie la liste suivante, par ordre de mérite, des
candidats nommés élèves à l'Ecole nationale forestière de Nancy par
arrêté ministériel du 27 septembre 1884 :
I. Violette (Auguste-Albert). — 2. Cornefert (Louis-René). — 3. George (Pierre-
Camille-Auguste). — 4. Boutilly (Victor-Joseph-.4.drien). — 5. Léger (.Jcan-Baptiste-
Gaston). — 6. Grosjean (Daniel-Robert-.Jules). — 7. Pournier (Jean-Baptiste-
Antoine-.^lbert). — 8. Pommeret (Pierre-.^gnan-Joseph-Roger). — 9. ûeroye (Jean-
Fernand). — 10. Morel (Charles-Frédéric- Victor). — II. Picard (Louis-Ferdi-
nand-Joseph).— 12. Potel (Louis-Amédée-Raoul). — 13. Longueville (Edouard-
Marie). — 14. Ingold (Hubert). — 15. Campagne (Antoine-Jean-Paul). — 16. D'Es-
parbès (Henri-Marie-Léonce). — 17. MoUeveaux (Joseph-Marie). — 18. Griess
(George-Frédéric).
Ces élèves devront se présenter devant M. le directeur de l'Ecole
nationale forestière, à Nancy, le 15 octobre courant, à midi.
VI. — Concours et congres pomologiques à Rouen.
Le concours et le congrès organisés à Rouen par l'Association po-
raologique de l'Ouest s'ouvrent le 3 octobre. C'est dans l'hôtel des
Sociétés savantes, rue Saint-Lô, 40, que se tiendront les séances du
congrès et l'exposition des instruments de pressoir. On y comptera plus
de 4,000 lots de pommes à cidre; c'est, par conséquent, l'exposition la
plus importante qui aiteu lieu en France jusqu'ici. Un banquetpar sous-
cription aura lieu le lundi 6 octobre; la distribution des récompenses
se fera le jeudi 9 octobre. Le Journal rendra compte de ces solennités.
10 CHRONIQUE AGRICOLE (4 OCTOBRE 1884).
Le Woolhope-Club, société pomologique de Hereford (Angleterre),
a délégué son président et ses principaux membres pour prendre part
au concours pomologique de Rouen. Cette délégation sera accompagnée
de plusieurs savants pomologistes anglais : elle apportera plus de
deux cents variétés de pommes à cidre et des écliantilioris de tous les
grands crus de cidre et poirés du Herefordskire, qui sont fort célèbres;
nos ancêtres normands sont certainement les fondateurs de cette
grande culture, qui est un des plus beaux revenus des grands comtés
du sud de l'Angleterre. Le Woolbope-Club offre à la société son
grand ouvrage : la Pomona du Ilcrefordshire, un des plus beaux qui
aient été édités sur ce sujet ; les membres du Club ont souscrit entre
eux une somme de 75,000 fr. pour les frais d'édition de ce volume
qui n'a pas été publié dans un but commercial, el dont les planches
ont été entièrement l'œuvre des membres de la Société; la der-
nière livraison restant à paraître sera spécialement réservée au concours
pomologique de Rouen.
YIL — Concours de fromagerie à Meaux.
Nous avons annoncé que la Société d'agriculture de l'arrondissement
de Meaux organise un concours de fromages de Brie et d'Instruments
de laiterie. Ce concours se tiendra à Meaux les 11 et 12 novembre.
Cette ville est la métropole de cette importante industrie et l'on peut
espérer que cette exposition y présentera un intérêt exceptionnel. La
municipalité de Meaux prête son appui le plus sympathique à l'organi-
sation de cette fête, qui attirera un grand nombre de concurrents. —
Pour les fromages de Brie sont admis : les producteurs des arrondis-
sements de Meaux, Coulommiers, Château-Thierry et Senlis qui fré-
quentent habituellement le marché de Meaux. La section des instruments
sera ouverte aux fabricants de tous pays; elle comprendra aussi les
objets et produits relatifs à l'industrie laitière : présures, emballages,
brochures, etc. Les déclarations pour les instruments devront être
envoyées, avant le 1" novembre, à M. Labouré, trésorier de la Société,
à Meaux.
Vin. — Concours pour la race bovine gasconne.
La Société d'agriculture et de viticultuee de l'arrondissement de
Mirande (Gers) organise un concours spécial pour la race bovine gas-
conne, qui se tiendra à Mirande le lundi 1o octobre. Des primes y
seront décernées pour les taureaux, les génisses et les vaches. Les
taureaux primés devront être livrés à la reproduction pendant six
mois au moins; les animaux devront appartenir aux exposants depuis
trois mois au moins.
IX. — Concours d'instruments d'agriculture et de viticulture.
La Société d'agriculture de l'Ariège, de concei't avec les Comices
agricoles de Foix et de Pamiers, organise un concours d'instruments,
de machines, d'appareils et de tous les objets servant à l'exploitation
du sol ou à la mise en œuvre de ses produits. Ce concours aura lieu
dans la ville de Foix, sur l'emplacement du champ de foire, les 1 5 et
16 novembre prochain. Seront admis à y prendre part tous les fabri-
cants, inventeurs ou importateurs français de toutes les régions, qui
en feront parvenir la demande à M. le Préfet de l'Ariège ou à M. Lau-
rens, Président de la Société d'agriculture du département, avant le
1" novembre prochain.
CHRONIQUE AGRICOLE (4 OCTOBRE 1884). Il
X. — Société d'agriculture d'Avranches.
La nouvelle Société d'agriculture de l'arrondissemerit d'Avranclies
(Manche) tiendra son 17" concours le 5 2 octobre courant. Ce concours
comprendra les animaux reproducteurs des races bovines, ovines et
porcines, les instruments et l'enseignement primaire agricole. 11 y
sera joint deux concours spéciaux auxquels tous les fabricants sont
appelés à preudre pirt. Ce seront : 1" un concours de charrues, autant
que possible propres à la petite culture; de charrues ordinaires, de
Brabant; et 2" un concours de barattes, malaxeurs et instruments de
laiterie de toutes provenances. Les primes consisteront en médailles
d'or, d'ar^^ent et de bronze. Les concurrents devront adresser leurs
déclarations, avant le 10 octobre, à M. Gombert, trésorier-adjoint de
la Société, à la mairie d'Avranches.
^XI. — Exposition inteenationale à Budapest.
Onsaitqu'une exposition générale hongroise se tiendra à Budapest
en 1885. Pendant cette exposition, d'après une note que nous rece-
vons du consulat général d'Autriche-Hongrie à Paris, auront lieu des
expositions internationales d'animaux vivants, dont les dates auront
lieu aux époques suivantes : du 5 au 10 mai, animaux de basse-cour et
chiens; du 17 au 24 mai, hôtes à cornes et moutons de boucherie; du
20 au 30 mai, béliers et brebis de reproduction ; du 20 au 30 août,
abeilles; du 1" au 8 septembre, verrats et truies; du 10 au 18 sep-
tembre, porcs engraissés; du 1" au 10 octobre, bêtes à cornes pour
la reproduction; du 5 au 10 octobre, chevaux. L'exposition a princi-
palement pour objet de montrer un tableau de l'élevage des animaux
domestiques en Hongrie et dans les autres pays. Les demandes d'ad-
mission doivent être adressées, en janvier 1885, au bureau de l'expo-
sition générale hongroise, N;iko-haz, à Budapest.
XII. — L'emploi du pavot double dans les talus.
Nous recevons de MM. Vilmorin-Andrieux communication d'une
note intéressante sur l'emploi de la graine de pavot double pour la
consolidation des talus de remblai. Voici cette note :
a Jusqu'à ce jour, la graine de pavot double varié n'a guère été utilisée que
pour certains produits phirmaceutiq-ues oa pour en extraire de l'huile.
« Considérée au point de vue de la consolidation des talus, ello est cependant
appelée à rendre de réels services. L'expérience que nous en avons faite pendant
dix ans sur nos travaux nous permet d'en garantir l'efficacité.
a Semée en octobre ou en mars, sur des talus de terrassements nouvellement
dressés, cette graine est sans pareille pour la consolidation presque immédiate
de la surface des talus en remblai.
« Ce qui fait généralement lo désespoir des ingénieurs et des entrepreneurs,
c'est devoir, à la première pluie ou à la suite d'une forte gelée, la surface des talus
se désagréger, couler et se répandre au pied du remblai. Avec la semence de
pavot on prévient cet état de choses, car en quinze jours elle a pris racine et com-
mencé à faire résistance. Excessivement prompte à pousser et pivotante par excel-
lence, elle s'enfonce dans le terrain fraîchement remué au point de le maintenir
assez énergiquement en moins d'un mois.
a Un résultat aussi rapide est loin d'être atteint par les plantes généralement
employées dans ces travaux : luzerne, ray-grass, fromenlal, vulpin, ajonc, paturin,
agrostis, fétuque, etc., qui ne présentent des racines un peu tenaces que plusieurs
mois après leur semaille.
t La graine de pavot, en outre, permet aux autres semences en plants
d'acacia, etc., de prendre racine et de se substituer par la suite au pavot, qui n'est
qu'annuel, mais qui cependant se reproduit de lui-même sur les mêmes points
par la chute des graines, jusqu'à ce que l'acacia en ait eu raison.
12 CHRONIQUE AGRICOLE (13 OCTOBRE 1884).
« Nous n'iiésitons donc pas à signaler le pavot aux constructeurs comme devant
leur rendre de très grands services. Nous n'en conseillons pourtant l'emploi que
dans les talus de remblai, parce qu'en déblai la pousse est moins certaine par la
raison que la racine, trè;; tendre, ne parviendrait pas toujours à pénétrer assez
profondément dans le talus. Dans les remblais, au contraire, la racine atteint une
longueur de 25 à 30 centimètres en très peu de temps, etaa bout de trois ou quatre
mois elle est arrivée au maximum de sa lorcc.
" Le pavot a encore l'avantage de pouvoir être semé presque en toute saison et de
résister à de très fortes gelées. A. Cambier,
chef de section principal aux chemins de fer de l'Elat.
En nous transmettant cette note, MM. Vilraorin-Andrieux présentent
les observations suivantes :
1 Nous n'ajouterons qu'un mot; c'est que, soit comme plante oléagineuse, soit
pour l'usage pharmaceutique, ce n'est pas précisément le pavot des jardins qu'il
faudrait recommander, mais le pavot œillette ou œillette grise pour la fabrication
de l'huile, et le pavot blanc pour la pharmacie. Ces derniers, l'œillette grise en. par-
ticulier, ne rendraient-ils pas les mêmes services? Gela nous semblerait assez pro-
bable, seulement ce n'est qu'uue déduction, tandis que le pavot des jardins aurait
pour lui dès à présent l'épreuve de l'expérience. »
Ce n'est pas seulement dans les entreprises de travaux publics
qu'on a des talus à planter. Les détails qu'on vient de lire seront utiles
à beaucoup d'ai^riculteurs.
XIII. — La tome des foires et marchés.
Rien n'est n'est plus utile, pour la régularité des transactions, qu®
l'ordre dans la tenue des foires et des marchés. A cet égard, nous de-
vons signaler ce qui vient de se passer à ïhonon (Haute-Savoie). Jus-
qu'ici le désordre régnait dans les foires de cette ville; il a suffi dun
arrêté du maire, rendu à la date du 10 septembre, délimitant le champ
de foire et en organisant la police, pour rétablir l'ordre dans cette com-
mune. Rien n'est plus important, sous le rapport de maldies contagieuses .
XIV. — Sucre et betteraves.
L'arrachage des betteraves est commencé, et la nouvelle campagne
sucrière est ouverte. Le déficit de la récolte devient de plus en plus cer-
tain, mais dans un certain nombre de départements les betteraves
présentent une richesse normale. Sur les 472 fabriques de sucre qui
existent actuellement, on en compte 152 qui se sont abonnées afin de
proliter du nouveau mode d'impôt sur la betterave, et 320 qui fonc-
tionnent encore d'après l'ancien système fiscal. Les trav?ux de défé-
cation n'étaient commencés, au 15 septembre, que dans 14 de ces
dernières, savoir : 9 dans le iNord et 5 dans le Pas-de-Calais.
XV. — Société d'agriculture de Wassy.
Nous avons signalé dans notre dernier numéro le concours tenu
à Chevillon par la Société d'agriculture de Wassy (Haute-Marne).
Nous publierons prochainement le discours prononcé, dans cette solen-
nité, par M. le vicomte Gh. de Hédou ville, président de la Société.
XVI. — Concours des associations agricoles.
Pendant le mois de septembre, se sont tenus beaucoup de con-
cours de Comices et de Sociétés d'agriculture. Nous sommes en
retard pour la publication d'un grand nombre décomptes rendus que
nous avons reçus. C'est un devoir que de signaler les efforts faits par
les associations agricoles et les résultats qu'elles obtiennent; nous
espérons nous en acquitter, au moins en partie, dans notre prochaine
chronique. Henry SAGiNiEii.
LhTTKE DK POLOGNE. — HuAiMAGE A J.-A. BAHUAL. 13
LETTRE DE POLOGNE - HOMMAGE A J--A. BARRAL
Monsieur, la nouvelle de la mort de M. Barrai a profondément
emu les agricuUeurs polonais, et nous tenons à cœur de vous exprimer
leurs regrets les plus sincères.
Si nous prenons une vive part au deuil de l'agriculture fran(;aise,
c'est que nous perdons aussi un ami aussi bienveillant que désin-
téressé, qui jamais n'a manqué, même à l'appel le moins autorisé, à
nous prodiguer ses conseils précieux, basés sur une science profonde
et une longue et solide expérience. Il n'est plus, ce guide prudent et
sage qui maintes fois nous conduisit dans la voie du véritable progrès.
Mais le souvenir reconnaissant vivra toujours dans nos cœurs, et nous
ne cesserons de soubaiter à celte âme généreuse la récompense éter-
nelle qu'elle a si bien méritée ici-bas.
Agréez etc., D' L\i)isl\s Laszczynsri,
Vico-p résident de la Société des agriculteurs de Pologne.
ENQUÊTE A FAIRE SUR L'ËTAT PRESENT
DE LA CULTURE DU BLÉ EN FRANCE
Cher monsieur, une des dernières œuvres de notre éminent et
regretté directeur J.-A. Barrai a été une enquête sur la situation agri-
cole du département de la Haute- Vienne, à la demande du ministre
de l'agriculture. Nous ne pouvons espérer une analyse aussi complète
dans tous nos départements; mais nous ne devons jamais perdre de
vue que celte enquête doit être toujours non seulement ouverte, mais
provoquée dans le Journal de /'agricullme. En effet, la France agricole
traverse une crise dont il serait puéril de se dissimuler la gravité, mais
que nous devons envisager en face, avec ce sang-froid et ce discerne-
ment qui, seuls, permettent de préparer les sacrifices et les transfor-
mations nécessaires.
Nous avons eu, après bien des avertissements en termes ménagés,
publiés par les correspondants du Journal de l'agriculture, une procla-
mation retentissante en quelque sorte dans la démarche des délégués
de l'Aisne parmi lesquels se trouvaient MM. Waddington et de Saint-
Vallier, demandant au gouvernement, comme le seul remède à la situa-
tion qu'ils exposaient, un droit d'entrée de 5 francs par 100 kilog.
sur le blé étranger et un droit proportionnel sur les farines.
C'est un retour à la protection dans toute son étendue, bien préfé-
rable sans doute à l'échelle mobile; car les opérations commerciales
sur les grains ne sont pas entravées par l'incertitude sur le taux des
droits de douane qui restent fixes, mais ce n'en est pas moins l'aban-
don de ces principes de libre échange développés dans notre législa-
tion commerciale par M. Bouher avec l'aide puissante de Barrai.
Certainement il est chimérique de vouloir faire passer dans la pra-
tique des théories abstraites. Si l'on se trouve en présence de nations
qui repoussent vos produits grâce à des droits élevés, et qui vous
inondent, grâce à la franchise, des produits similaires à ceux de votre
sol, vous y trouvez bien un abaissement du prix de certaines consom-
mations, et par conséquent du prix de revient des objets manufac-
turés. Mais l'abaissement du prix de la main-d'œuvre n'est pas assez
sensible pour faire baisser les prix de fabrication de manière à faire
14 ENQUÊTE A FAIRE SUR L'ÉTAT DE LA CULTURE DU BLÉ.
disparaître les barrières qu'opposent à vos produits des droits quasi
proliibitifs ; et s'il s'agit du blé, les souffrances de l'agriculture sont
hors de proportion avec les profits de l'industrie, d'autant plus que
l'agriculteur ruiné se retire du marché et n'achète plus, et que ses
frais de production ne profitent pas, par compensation, des bienfaits
du libre échange, une doctrine au moins singulière conservant sur les
objets employés dans l'industrie agricole (fer, charbon, tissus,
machines, etc.) une protection à l'entrée qui empêche l'abaisse-
ment des prix par la concurrence étrangère.
Il serait extrêmement intéressant, cher monsieur, de mettre en
regard, dans un tableau établi par années, pour des localités choisies
dans l'ensemble du pays : d'un côté le prix courant des céréales, de
l'autre le prix des journées. On verrait si l'abaissement du prix de la
main-d'œuvre est parallèle à l'abaissement du prix des céréales ; c'est
un travail de statistique facile à l'aire, et dont le Journal de l'agricul-
ture pourrait demander les éléments aux correspondants très compé-
tents qu'il a dans divers départements. On verrait, je crois, que
l'abaissement des prix de revient par le bon marché du prix du pain
est une pure fantasmagorie, dont on a fait, pour défendre des thèses
économiques, un usage abusif.
Me bornant en ce moment à la question du blé, voici la situation
actuelle; le blé marchand de bonne qualité vaut 21 francs les 100
kilog., sans espoir de relèvement, vu la production des principaux
pays importateurs, les Etats-Unis et la Russie. L'abaissement du prix
va-t-il s'arrêter là? On nous annonce, et ce n'est pas un simple
« on-dit» (ilexistedéjà des faits commerciaux), que le blé produit dans
l'Hindoustan pourrait être livré à Marseille à18francs les 100 kilog. H
faut ajouter tout de suite, sur les renseignements fournis par les éco-
nomistes anglais, que la production de l'Inde n'excède pas les besoins
du pays, et que son développement demande du temps. 11 n'en est pas
moins constant que le développement d'une culture aussi simple peut
être plus rapide qu'on ne pense et que sauf dans ce qu'on appelle les
calamités publiques, les années de disette, les prix du blé oscilleront
à l'avenir entre 21 et 18 francs les 1 00 kilog.
On ne manquera pas de dire, à cet exposé, que la faute est aux agri-
culteurs français, qui ne savent pas profiler des progrès de la science
et appliquer, pour l'abaissement de leurs prix de l'evient, toutes les
ressources que leur offrent la mécanique dans la préparation des terres
et la rentrée des produits, et la chimie dans l'emploi des engrais com-
plémentaires propres à porter les rendements au maximum. Il y a
sans doute une part de vérité dans ces reproches, mais c'est une faible
part, et je pourrais me contenter pour le prouver, d'en appeler aux
lecteurs mêmes de ce Journal qui, depuis sa fondation, leur raconte
fidèlement les efforts intelligents, courageux et constants faits par les
agriculteurs français pour soutenir cette lutte pour l'existence. Mais
cette querelle n'est pas nouvelle; nous racontions, il y a peu de temps,
dans ce Journal même, les divergences d'opinion entre les partisans de
la liberté absolue du commerce des céréales, comme J. -A. Barrai, et les
défenseurs des droits, non pas protecteurs mais fiscaux, comme Léonce
deLavergneet le comte de Gasparin. Ces deux agronomes, qui étaient
en même temps des économistes de premier ordre, ne consentaient pas
à admettre que des droits fiscaux pussent être assimilés à des droits
ENQUÊTE A FAIHE SQH L'kTAT DE LA CUM'URE DU BLÉ. 15
protecteurs. Ils trouvaient absurde qu'un produit national supportât la
lourde charge d'un impôt énorme avant d'arriver sur le marché, et
que le produit similaire étranger, dont les charges étaient quelque-
fois bien plus légères (comme en Amérique), arrivât sur le même mar-
ché, exempt de tous droits. Ils admettaient donc la justice d'une
taxe à l'entrée sur le blé étranger, représentative de ce que le blé
français supportait d'impôt, non pas un simple droit de balance,
mais un droit fiscal percevant sur le blé étranger ce que le fisc avait
perçu sur le blé français, ce qui n'est pas non plus un droit protecteur,
qui serait calculé de manière à assurer sur le marché français un prix,
minimum aux blés produits en France. On pouvait différer d'avis sur
le chiffre des charges fiscales, afférentes à la production de 100 ki-
log. de blé; mais c'est encore une étude statistique à faire, et une
moyenne équitable à déterminer. Sur un point, Léonce de Lavergne et
le comte de Gasparin différaient d'avis. Léonce de Lavergne ne pré-
voyait pas l'abaissement du prix des céréales au point oîi nous le
voyons arriver. Le comte de Gasparin le considérait comme inévitable
aux Etats-Unis (on ne songeait pas alors à IHindoustan), à cause des
espaces illimités offerts à la culture dans le Far-West, ce qui permet-
tait l'emploi des moyens mécaniques dans une mesure impossible à
réaliser en France, à cause du morcellement du sol. Quant aux trans-
ports, le développement des voies ferrées et fluviales tendait à abaisser
chaque jour les frais occasionnés par la distance entre les lieux de pro-
duction et les ports d'embarquement.
Après ces digressions nécessaires pour faire toucher du doigt la po-
sition de celle grave question, il faut revenir à notre point de départ.
Quelle est la situation faite en France à la culture du blé parla presque
certitude que les prix oscilleront désormais entre 2t et 18 francs les
100 kilog., sous le régime de la franchise de droit à l'entrée des blés?
Une enquête sérieuse sur l'état agricole des différentes régions de la
France peut seule donner la réponse. Sans vouloir tracer un programme,
j'indiquerai sommairement quelques observations sur la région que
j'habite et dans laquelle je tiens à ma main des domaines de quelque
importance. En outre, je puis suivre, sans sortir de ma famille, des
propriétés affermées et des métairies.
Dans le Bordelet (Ardèche) tenu à ma main avec l'aide indispen-
sable d'un excellent maître- valet fortement intéressé, j'ai introduit par
nécessité les moissonneuses et les faucheuses ; le sol est d'alluvion
et de première classe, et la variété des cultures fourrages, millet, cé-
réales, etc., à terre couverte, maintient un revenu; ce revenu dispa-
raîtrait entièrement si je faisais cultiver ajournées.
Avec six chevaux et deux paires de bœufs dans un domaine de
80 hectares en culture environ, j'ai toute la force dont j'ai besoin, et
je ne loue pas un voiturier dans toute l'année; mon maître-valet a
trois fils, tous laboureurs. Avec un valetetun berger pour le troupeau,
j'ai tout mon personnel pour les travaux courants. Au moment des
récoltes j'emploie en outre six hommes, toujours les mêmes, que j'ai
attachés au domaine en leur fournissant quelques travaux d'amélio-
ration des terres ou de défense contre l'Ardèche pendant la morte
saison, et en leur louant à moitié quelques parcelles pour améliorer
leur situation domestique, ce qui leur assure à peu près la continuité
du ^travail pendant toute l'année. Grâce à ces procédés administratifs,
16 ENQUÊTE A FAIRE SUR L*ÉTaT Dh LA CULTURE bU BLÉ.
ie ne me suis jamais ressenti un seul jour du manque de bras, et je
n'ai pas eu à subir ces exigences des rares ouvriers restés attachés au
sol, au moment où ils sentent qu'ils sont indispensables. Comme je
l'ai dit plus liaut, le maître-valet fortement intéresssé, ayant la moitié
du troupeau, la moitié de la basse-cour (ce qui n'est pas sans impor-
tance), les pommes de terre nécessaires à la consommation de son
ménage, des gages fixes de valet et 4 0/0 sur le revenu net, veille à ce
qu'il n'y ail pas un moment de perdu, et joint à une énergie rare
une intelligence de l'agriculture locale tout à iait exceptionnelle. C'est
la cheville ouvrière de l'exploitation; ôtez-la, commandez directement
à des ouvriers payés à l'année et doublés dans de certains moments
par des cultivateurs loués dans les villages voisins, il faudra mettre la
clef sous la porte. Le secret de l'exploitation du Bordelet est là tout
entier"; c'est une exploitation en famille entre le maître-valet qui se
fait une fortune, ses enfants et des ouvriers attachés au sol par le lien
d'une vie assurée, et le propriétaire qui surveille, fait les inventaires,
tient les comptes et pourvoit à l'entretien complet du cheptel.
Dans ces conditions, au prix de 20 francs les 100 kilog., la culture
du blé reste possible dans des terres qui rendent en moyenne, en com-
prenant les bonnes et les mauvaises années, 25 hectolitres par hectare.
Au-dessous de ce prix je l'abandonnerais, la nature du terrain me
permettant de poursuivre d'autres produits, mais je ne me dissimule
pas que c'est une révolution agricole qui sera encore plus dilficile à
traverser que toutes celles dont l'abandon successif de la garance et de
la soie nous a rendus depuis quelques années les victimes.
Je tiens à ma main une autre propriété de 1 50 hectares à Saint-Gilles
sur Rhône, dans le Gard, contenant environ 70 hectares en prés
palustres, 30 hectares en terres labourables et le reste en fossés ou
chambres d'emprunt, la propriété ayant été créée en quelque sorte
par l'exhaussement des deux tiers du sol aux dépens de l'autre tiers.
Bien que les terres à blé qui sont les plus hautes soient sensiblement
salées, les emblavures s'y faisaient dans de bonnes conditions, grâce
à la masse de litières fournies par le reste de la propriété, ce qui per-
mettait à la fois d'ameublir le sol et de recouvrir les semences pour
favoriser la sortie en maintenant la fraîcheur de la surface. IMalgré ces
avantages, mes comptes sur la dernière période décennale m'ont
démontré que je produisais le blé à perte dans cette région où le prix
des journées est resté très élevé. J'y ai renoncé absolument. Je mets
les meilleures terres à blé en luzernes, et j'abandonne le reste à la
végétation spontanée pour faire des pâturages, ce qui sera également
le sort des terres en luzernes quand celles-ci disparaîtront. J'ai donc
abandonné toute culture dans cette propriété, la nature du sol et le
salant s'opposant à la recherche d'un autre produit que les céréales.
Dans mes propriétés de Pomerol et du petit Mont-Blanc, dans la
commune de ïarascon-sur-Rhône, j'ai des fermiers. Je leur ai laissé
entièrement la fixation du prix de ferme au dernier renouvellement de
bail, et bien qu'il soit réduit de manière à leur permettre de payer
avec les profils du troupeau, de cultures spéciales, telles que le char-
don à foulon et la production des graines, l'avilissement du prix du
blé, qui est resté la culture principale, m'expose à des lamentations
continuelles et à des retards de payement. Je vois arriver le moment
où je serai obligé de reprendre à ma main ces deux propriétés.
ENQUÊTE A BRAIRE SUR L'KTAT DF LA CULTURE DU BLK. 17
Les propriétaires qui, moins rapprochés que moi de la terre, ont voulu
continuer l'exploitation de leurs domaines par des fermiers sur les
errements du passé ne sont pas payés, elles fermiers restent là insol-
vables, les propriétaires hésitant à les renvoyer parce qu'ils sont à peu
près certains de ne pas pouvoir les remplacer dans des conditions plus
sûres, et d'un autre côté parce qu'ils s'etîrayent avec raison delà pen-
sée d'exploiter directement leurs domaines dans des conditions de dé-
penses plus désavantageuses que celles des cultivateurs de profession.
Quant aux métayers, ils ne sont pas encore morts de faim parce
qu'il a bien fallu leur abandonner la presque totalité des profits de la
basse-cour et du troupeau, mais c'est le petit propriétaire non cul-
tivateur qui est tombé dans la plus affreuse détresse, réduit à sa moitié
de la récolte des céréales avec des prix avilis.
Voilà, cher monsieur, la situation de la région que j'habite. Mais le
tableau serait incomplet et poussé au noir si je ne disais pas qu'il y a
dans une grande mesure des compensations, non pus individuelles,
mais régionales, dans les propriétés arrosées, les cultures jardinières,
la pioduclion des graines et des millets à balai et très probablement la
réussite des vignobles fort étendus qu'on a pu traiter par l'inondation
d'automne. Ces compensations sont sérieuses malheureusement elles
ne [leuvent s'appliquer qu'à une fraction de la propriété, quand bien
même on résoudrait la question des grandes dérivations du Rhône ou
de l'Isère, et nous restons toujours en face de cette redoutable question:
faut-il renoncer aux emblavures?
Certainement l'abandon sera lent, les petites parcelles cultivées
directement par leurs propriétaires sont en très Grand nombre, et
jusqu'à présentées propriétaires-cultivateurs se sont peu inquiétés du
prix du blé, n'en produisant que pour leur consommation. Ils seront
lents à s'apercevoir qu'il y aurait profit pour eux à abandonner celte
culture et à acheter leur blé au marché, d'autant plus que cet achat est
un déboursé, c'est-à-dire la chose qui leur est le plus antipathique.
Mais, pour être lent, cet abandon ne s'arrêtera pas si le prix du blé,
dans les circonslanres ordinaires, reste à 20 francs les 100 kilog., et à
plus forte raison s'il tombe au-dessous. Les terres de 3" classe, puis les
terres de '2'^ classe successivement ne recevront plus de blé dans leurs
sillons, et il est permis de se demander alors ce que deviendrait la
France dans le cas où la mer serait fermée. Elle serait dans la situation
d'une ville assiégée.
Enfin la capacité imposable de la France agricole est arrivée bien
près de sa limite. Serait-il hors de propos de trouver des ressources
pour le Trésor dans un droit fiscal sur les blés étrangers, double soula-
gement pour les contribuables et pour les agriculteurs qui verraient
ainsi diminuer l'étendue des terrains où les emblavures devraient être
abandonnées? "Voilà, cher monsieur, une grave question dont la solu
lion me paraît devoir être poursuivie par le Journal de l'agriculiure, ert
faisant un appel sérieux à ses correspondants pour éclaircir toutes hh
questions qui se rapportent auxvariiitions de la valeur foncière des terres
à ble, des prix de fermai/e, du chiffre de la populalion agricole et do
prix des journées sous l'influence des variations du prix du blé.
Veuillez recevoir, cher monsieur, l'assurance de mes senlimenli
dévoués. Paul de Gasparin.
Membre de la Société nationale d'agriculture,
corresponilant de l'Institut,
18 SUR LES FERMENTATIONS nU FUMIER.
SUR LES FERMENTATIONS DU FUMIER DE FERME'
Les nombreuses expériences que j'ai exécutées sur les fermentations
du fumier de ferme m'ont conduit à observer quelques faits nouveaux,
que je demanderai la permission de résumer dans cette seconde note.
]" La paille ne s oxyde énergiqueinenl à F air que sous V influence d'un
ferment figuré. — -Si l'on place de la paille, non ensemencée par du jus
de fumier, dans un ballon, qu'on l'bumecte convenablement et qu'on la
maintienne à une température de 40° environ, puis qu'on fasse passer un
courant d'air pur, on observe bientôt un abondant dégagement d'acide
carbonique ; en même temps le liquide se peuple de nombreux
vibrions.
Si Ton place de la paille dans des tubes dont quelques-uns sont
additionnés de chloroforme, puis qu'on scelle à la lampe et qu'on
maintienne à 40° pendant quelques jours, on trouve que tout l'oxygène
a été transformé en acide carbonique dans les tubes sans chloroforme ;
mais qu'au contraire, dans ceux qui en avaient reçu, il ne s'est formé
que très peu d'acide carbonique.
2" Fermentation anaérohie de la paille. — Si la paille renferme un
ferment aérobie, capable de déterminer son oxydation, elle ne paraît
pas en général être chargée de ferments anaérobies.
Il arrive cependant parfois que, en plaçant de la paille dans un fla-
con avec des dissolutions étendues de carbonates et de phosphates
alcalins, on obtienne de l'acide carbonique et du formène, ou encore
que ce dernier gaz soit remplacé par de l'hydrogène; mais très sou-
vent il ne se dégage aucun gsz, et il est probable que, lorsque la fer-
mentation a lieu, elle est due à la présence fortuite de germes de fer-
ments. La conservation des fourrages par ensilage démontre au reste
que les végétaux ne renferment pas habituellement des ferments anaé-
robies bien actifs.
3° Fermentation forménique du fumier de ferme. — Ainsi que je l'ai
dit dans ma première note, je n'ai jamais pu extraire du tas de fumier
de Grignon que de l'acide carbonique, de l'azote et du formène,
jamais je n'y ai trouvé d'hydrogène libre.
On reproduit facilement au laboratoire cette fermentation formé-
nique; elle dure fort longtemps, plusieurs semaines, à la seule con-
dition d'ouvrir les flacons de temps à autre, comme si le contact de
l'air était nécessaire à l'évolution des nombreux spores que renferme
le liquide; cett<^, fermentation ne donne naissance à aucun acide éner-
gique capable de décomposer les carbonates alcalins introduits. Cette
fermentation du fumier me paraît être la plus fréquente; c'est au
moins celle qui prend naissance dans le mode de fabrication suivi à
Grignon, car presque toute l'ammoniaque du purin s'y rencontre à
l'état de carbonate; en effet, quand, après avoir distillé le purin sans
addition et avoir recueilli un peu plus de 1 gr. d'azote ammoniacal par
litre, on ajoute de la magnésie pour séparer l'ammoniaque retenue par
des acides fixes, on n'obtient plus que des quantités insignifiantes.
4° Fermentation butyrique du fumier de ferme. — Il arrive parfois
que du fumier ou même du crotin de cheval, additionné de liqueurs
1. Communication à l'Académie des sciences. — Voir le Journal du 29 mars dernier (tome 1"
de 1 S84. page 505).
SUR LES FERMENTATIONS DU FUMIER. 19
alcalines maintenues à 40", donne, au lieu de formène, de l'hydro-
gène pur; le liquide présente une réaction acide très nette, due en
grande partie à l'acide butyrique, reconnaissable à la facilité avec
laquelle il donne le bu ty rate d'étyle, dont l'odeur est caractéristique.
Il m'est arrivé de prélever des échantillons à la partie supérieure du
tas de fumier de Grignon, à quelques jours d'intervalle, et de les faire
fermenter en tubes ?;cellés; dans un cas, j'ai obtenu do, l'acide carbo-
nique, de l'azote et de l'hydrogène pur; dans l'autre encore, de
l'acide carbonique, de l'azote et du formène qui, dans une des fermen-
tations, était pur, et, dans l'autre renfermait une trace d'hydrogène.
La fermentiUion avec production d'acide est particulièrement fré-
quente dans la paille ensemencée avec quelques gouttes de liquide
provenant de la trituration du fumier dans l'eau, et il m'est arrivé
très souvent de constater la présence du formène dégagé de flacons
dont les liquides étaient très acides. Peut-il se produire de l'acide
butyrique en même temps qu'il apparaît du formène pur? c'est ce que
je recherche en ce moment, mes expériences actuelles ne me permet-
tent pas de l'affirmer.
5° Fermentalions mixtes. — 11 arrive assez rarement qu'on rencontre
à la fois d:ins les gaz de la fermentation du formène et de l'hydrogène;
quand j'ai trouvé ce mélange, habituellement un des deux gaz domi-
nait beaucoup sur l'autre.
G° Orighin (ha ferments nnuérobies du /umier. — Eu résumé, on peut
observer dans le fumier une fermentation neutre donnant de l'acide
carbonique et du formène, et une fermentation acide dans laquelle
apparaissent de l'acide butyrique, tantôt de l'hydrogène, tantôt du for-
mène; or, l'étude des fermentations qui se produisent dans le tube
digestif des herbivores a conduit récemment M. Tappeiner à y distin-
guer deux fermentations différentes, l'une acide, l'autre neutre; les
gaz dégagés sont, outre l'acide carbonique, de l'hydrogène et du for-
mène; les ferments s'attaquent à la cellulose; leur description se rap-
porte très bien aux microbes du fumier, et si l'on se rappelle que la
paille non ensemencée fermente diflicilement, que M. Gayon a reconnu
que les microbes du fumier attaquent la cellulose comme ceux de
M. Tappeiner, qu'enfin les gaz dégagés sont identiques, il devient pro-
bable que les ferments anaérobies du fumier proviennent du tube
digestif des animaux et que, suivant leur abondance relative et les
conditions dans lesquelles ils sont placés, ils déterminent l'une et
l'autre des fermentations constatées dans le fumier de ferme.
P. -P. Dehérain.
BARATTES ET MANÈGES DU SYSTÈME SIMON
Dans les régions à grande production laitière, notamment en Nor-
mandie et en Bretagne, la fabrication des appareils propres à la pré-
paration du beurre a fait des progrès remarquables depuis quelques
années. Ces progrès ont été mis en évidence dans les expositions spé-
ciales de laiterie annexées aux concours régionaux de Caen et de
Rouen en 1883 'et en 1884. Parmi les constructeurs qui se sont adon-
nés spécialement à produire ce genre d'appareils, il faut citer M. Si-
mon et ses fils, mécaniciens à Cherbourg (Manche). Depuis près de
vingt ans, M. Simon s'est consacré tout spécialement à la fabrication
20
bAfiATTES ET MANÈGES UU SYSTÈME SIMON.
des barattes et des manèges dont on se sert pour les mettre en mou-
vement.
M. Simon construit surtout la baratte à tonneau (fig. 3), appelée
généralement baratte normande. Pour la fermeture herniétique et ra-
pide des barattes, il a imaginé un bouchon obturateur en métal
(fig. 1). Ce bouchon est d'une grande simplicité; il se compose d'un
iJi Fig. l. — Bouchon obUiraVeur mélallique iioiir les baralles.
couvercle circulaire, muni d'un anneau en métal qu'on fixe sur la ba-
ratte; le couvercle est garni de deux boutons pour la manœuvre. Pour
ouvrir ou fermer la baratle, il suffit de tourner le bouchon à droite ou
à gauche d'un sixième de tour. La fermeture est donf. presque instan-
ts.
Manège de M. Simon, conslructeur à Cherbourj.
tanée. L'emploi de ce bouchon supprime l'usage de la traverse et de
la vis centrale dont on se sert dans les anciennes barattes normandes ;
il présente moins de saillie sur la baratte et il est plus facile à net-
toyer. En outre, le poids du bouchon est plus faible, et, par suite, il
exerce moins d'influence sur la rotation de l'appareil. Ce bouchon peut
d'ailleurs être adopté pour toutes les barattes, quel qu-en soit le genre
de construction. Suivant les dimensions des bouchons obturateurs,
dont le diamètre intérieur varie de 11 à 28 centimètres, leur prix
varie de 6 fr. 50 à 25 fr.
Le manège pour barattes que construit M. Simon est représenté par
BArtATTKS BT MANÉtiES bll SYSTÈME SIMON. 21
la fig. 2. C'est un manège à double couronne dentée, dont l'arbre de
transmission court sur le sol ; tout le mécanisme est très bas, de telle
sorte que les jeunes animaux peuvent circuler et jouer dans la cour
de la ferme, sans que l'on ait à craindre qu'ils se blessent au manège ou
à l'arbre de transmission. Il et d'ailleurs à peu près complètement
couvert. Le calcul des roues d'engrenage a été établi de telle sorte que
l'arbre de transmission fasse quinze tours par tour complet de cheval
attelé au manège. Le prix de ce manège, sans l'arbre de transmission
ni bras d'attelage, est de 13()fr. ; il est augmenté de 50 fr. quand
l'appareil est muni d'un bras d'attelage avec son palonnier, et de deux
bouts d arbre de transmission. Le montage et le démontage de toutes
les parties du manège sont d'ailleurs simples et faciles.
Mais ce qui constitue chez M. Simon iinn invention réellement origi-
Fig. 3". — Commande par friction du manège à li Im-jil'j
nale, ce sont les systèmes de commande qu'il a imaginés pour trans
mettre à la baratte le mouvement du manège. Il a eu pour but d^
supprimer les chaînes, les courroies et les engrenages généralement
adoptés pour cet objet, et de régler à volonté la vitesse de la baratte,
sans qu'on ait à modifier l'allure du cheval.
Le premier de ces systèmes est une commande par friction (lig. 3).
La baratte repose sur deux colonnes; d'un côté de son axe, elle est
reliée directement à la colonne ; de l'autre côté, l'axe porte une poulie,
puis s'engage dans un tourillon mobile qu'on peut élever ou abaisser
au-dessus de la colonne à l'aide d'un petit levier à main. Une deuxième
poulie verticale est fixée plus bas sur la colonne et reçoit son mouve-
ment de l'arbre de transmission du manège. Lorsque le petit levier
est baissé, les deux poulies sont langentielles ; la- poulie inférieure,
22
BARATTES ET MANEGES DU SYSTEME SIMON.
mise en mouvement, entraine la poulie supérieure et, par suite, la
baratte, dans son mouvement de rotation. En agisssant sur le petit
levier, on soulève légèrement la poulie supérieure et la baratte, on
supprime le contact des deux poulies, et la baratte s'arrête, Pour la
faire tourner à nouveau, il suffit de rétablir le contact, en abaissant
le petit levier. Le prix des colonnes et du mécanisme est de 95 francs;
avec le manège, il s'élève à 275 francs. La baratte est en dehors de
ces prix.
Le deuxième système est une commande à changement de vitesse
(fig. 4). Le mécanisme est encore très-simple. La baratte est montée
de la même manière, mais la commande est supportée par deux
colonnes. La poulie supérieure est commandée par un tronc de cône
qui tourne sur lui-même sous l'action de l'arbre de transmission.
Fig. 4. — Transmission de mouvement à changement i de vitesse.
C'est aussi par friction que le mouvement est obtenu. On obtient un
changement de vitesse en faisant tourner le petit volant qui termine
l'axe de la poulie supérieure ; on fait ainsi varier la position de la
poulie par rapport au cône. Ce changeaient de vitesse permet de régler
la marche de la baratte sans arrêt, suivant les différentes phases de la
fabrication du beurre. Pour arrêter le mouvement total, il suffit de
renverser le^^levier portant le petit contre-poids qu'on voit sur l'axe du
tronc de cône; ce levier établit ou supprime le contact au moyen de
coussinets excentrés. On n'est pas obligé d'arrêter le cheval. Le prix
de la commande à changement de vitesse, à deux colonnes seulement,
est de 180 francs; à trois colonnes, de 200 francs, et avec le manège,
de 380 francs. M. Simon a remporté, pour ce système, au concours
international de matériel de laiterie à Caen, en 1883, le premier prix
consistant en une médaille d'or. Henry Sagnier.
SUR LA GREFFE DE LA VIGNE. 23
SUR LA GREFFE DE LA VIGNE
On a beaucoup exagéré les diflicultés que présentent la greffe et le
prix de revient d'une plantation nouvelle à raisins américains;
MM. Fœx et Bender se sont chargés d'élucider ces deux questions aux
récentes conférences viticoles de Villefranche (Rliône).
Prenant la greffe à son point de départ, le premier conférencier a
été amené à parler de la récolte des greffons et de leur conservation.
C'est en novembre, sous notre latitude, qu'il convient de lever les
sarments destinés à faire des greffons.
Coupés et aussitôt liés en paquets de 25, on les place par couches
dans un fossé creusé dans un cellier ou sous un hangar, en les cou-
vrant de sable aux deux tiers sec; le dernier lit est recouvert de 20
à 25 centimètres de sable frais ou de terre que l'on tasse, puis on les
laisse à cet état jusqu'au moment oii on les utilisera.
Ainsi tenus dans un milieu frais, privés d'air, ces greffons conser-
veront leur fraîcheur sans pousser; on les trouvera dans les meil-
leures conditions pour en assurer la reprise.
On donne les mêmes soins aux boutures américaines récoltées avant
l'hiver ou levées en février, dont on se servira pour faire des boutures
ou des greffes-boutures à mettre en pépinière.
Si l'on veut greffer sur table des plants racines enlevés à la pépi-
nière, il sera convenable de les arracher avant que la sève se soit mise
en mouvement au printemps ou avant la gelée en automne. Ces plants
seront mis en jauge en terre meuble, ou mieux dans du sable, dans un
lieu couvert.
L'époque la plus convenable pour greffer se place au départ de
l'ascension de la sève et au moment où elle semble arrêter sa tluidité ;
on aurait moins de chance de réussir à l'époque intermédiaire où la
sève est dans son plus grand développement; on doit aussi tenir
compte du retour possible des gelées tardives.
D'après ces données, on pourrait greffer en sol chaud, depuis le
commencement d'avril, et ne commencer qu'à la fin de ce mois ou en
mai lorsque l'on opère dans un terrain froid.
Le mode de greffe à préférer dépend de la grosseur du sujet et de la
position où se trouve le cep à greffer.
On est d'accord pour reconnaître que toutes les fois qu'on a des
sujets de moins de 6 à 8 millimètres de diamètre, c'est à la greffe
anglaise qu'il faut donner la préférence, parce que bien faite, c'est
celle qui présente le plus de chance de réussite, surtout lorsque l'obli-
quité de la coupe n'est pas trop allongée, et que la fente ne dépasse
pas les deux tiers de la longueur de cette coupe.
Toutes les fois que le sujet a plus de 8 millimètres, on est amené à
se servir de la greffe en fente simple, et en feule double sur les gros
sujets. La greffe en fente, étant plus facile à faire que la greffe anglaise,
compte du reste un grand nombre de partisans.
La machine Petit, de Toulène (Gironde), est utilisée avec avantage
pour la greffe anglaise sur table; le greffoir Prades et celui du docteur
Besson sont des guides pour la greffe anglaise en place.
Comme nous le dirons plus loin, dans les écoles de greffage du
Rhône, on habitue les greffeurs à opérer exclusivement toutes les
24 SUR LA GREFFE DE LA VIGNK.
grefYes à la main, ils arrivent en peu de temps à opérer avec une
grande rapidité et une grande précision.
Bien qu'on ait préconisé un grand nombre de ligatures, c'est de
celle au raphia qu'on obtient les meilleurs résultats; celte ligature doit
couvrir entièrement les coupures et même les déborder. On en est
arrivé à considérer comme inutile l'engluement; cependant, il a son
utilité, lorsque l'on greffe en fente de forts sujets, pour fermer les
fentes qui, sans cette précaution, resteraient béantes et se dessé-
cheraient.
On ne doit pas enterrer la greffe de plus de deux centimètres, pour
éviter qu'elle ne s'affranchisse.
On amasse ensuite de la terre meuble ou du sable autour du greffon,
en élevant ce petit mamelon protecteur jusqu'au niveau de l'œil supé-
rieur; il en est même qui le recouvrent entièrement de sable.
Il sera utile de débuter en juillet, après une pluie et par un temps
couvert, pour débarrasser à la serpette le greffon des racines qui
auraient pu se développer, et aussitôt après le nettoyage on butte de
nouveau Au mois d'août, alors que les grandes chaleurs ont cessé,
on débulle tout à fait.
Dans les localités où le froid sévit fortement en hiver, il sera bon
de protéger les greffes par un huilage.'
Le moment où la soudure s'opère paraît coïncider avec une tempé-
rature de 15 à '20 degrés; elle se produit plus lût et plus régulièrement
sur les sujets greffés en place que sur ceux enlevés de ]a pépinière
pour être greffés.
Le porte-greffe américain a-l-il une influence utile ou nuisible sur le
greffon français?
Celte question posée à la réunion a amené M. Gaillard, de Briguais,
dont l'autorité est bien connue, à aflirmer que la greffe sur américain,
lorsqu'elle est bien faite et bien réussie, lorsqu'elle est pratiquée sur
un sujet sain et quand la vigne est plantée sur un sol qui lui convient,
augmente la vigueur et la production de la vigne greffée; il a même
ajouté que si le phylloxéra venait à disparaître, on devrait continuer à
planter les vignes américaines, pour les greffer, dans le but unique
d'augmenter la fécondité de nos vignes par l'infusion de la sève
américaine.
iVode de plantation à préférer. — Convient-il d'opérer la plantation
d'une vigne en plants américains en place et en bouture, comme on a
l'habitude de le faire pour les cépages français, ou vaut-il mieux gref-
fer en pépinière, puis mettre en place, lorsque la soudure est assurée,
ou greffer les plants racines sur table et les mettre ensuite en place?
Ces trois systèmes de plantation ont des partisans. Dans le Midi,
on met de fortes boutures en place après un défoneemenl, et l'année
suivante on greffe. Dans le Bordelais, on préfère s'assurer d'avance
de la réussite de la greffe; on greffe donc sur table les racines à un an
ou à deux ans, on les remet en pépinière, et à la troisième année on
met en place; ou encore on greffe à deux ans et on plante de suite en
place. Forcément, si l'on a des greffes-boutures élevées en pépinière,
qui réussissent très bien dans le centre de la France, on devra les
planter après deux ans de pépinière. M. Bender et, avec lui, M. Gaillard,
sont partisans d'opérer comme on le faisait autrefois dans le Lyonnais
et le Beaujolais.
iiUR LA GREFFE DE LA VIGNE. 2S
Le terrain que l'on veut garnir étant préparé parundéfoncement et
fumé, on plante en ligne, à 1 mètre en tous sens, deux fortes boutures
de plants américains, en croisant leurs têtes pour éloigner les talons
des deux racines.
Selon la réussite de la plantation, on grert'e au printemps suivant
ou l'on attend le second, et l'on arrache avec précaution les boutures
doubles. Après la seconde ou la troisième année, on a une vigne gref-
fée; on remplace par des plants cultivés en pépinière les greffes inan-
quées, et à la quatrième année on a un premier rendement.
On voit qu'en agissant ainsi, on a aussitôt reconstitué une vigne à
racines résistantes qu'une vigne française, et grâce à la puissance de
la végétation des cépages du mouveau monde, on marche rapidement à
un rendement rémunérateur.
Sans doute, celte vigne aura coûté quelques centaines de francs de
plus par hectare à rétablir que nos vignes anciennes ; mais celte dé-
pense, une fois faite, on n'aura plus à compter avec le traitement au
sulfure de carbone, avec les doubles fumures et avec les embarras qui
sont les conséquences d'un produit qui n'a rien d'assuré et d'un capital
qui s'amoindrit chaque jour.
La longueur de notre travail nous oblige, à regret, de ne parler
qu'incidemment des intéressantes communications de MM. Lichlens-
tein, Vialla et Mercanlon.
Le savant entomologiste de Montpellier s'est appliqué à rechercher
les causes du ralentissement de la marche du phylloxéra à mesure
qu'il pénètre dans les régions [tempérées : il les trouve dans le petit
nombre de pontes que peut faire l'insecte pendant la saison estivale,
et aussi à la rare et tardive apparition du phylloxéra ailé.
M. Licbtenstein a aussi appelé l'attention de la réunion sur un nouvel
insecticide trouvé par M. Riley du Missouri, qui serait, d'après cet
entomologiste, d'un effet infaillible. Il paraît consister dans la dilution
dans de l'eau d'un savon à base de pétrole, avec laquelle on arroserait
les racines des vignes. Son coiit est minime, son application facile
partout où l'on a de l'eau à sa disposition. Ce savon est en même
temps un poison actif pour le puceron et un engrais énergique pour
la vigne. M. Riley doit venir en France pour soumettre son insecticide
à des expériences concluantes.
M. Mercanlon, professeur de viticulture du canton de Vaud (Suisse),
pays où la culture de la vigne est arrivée à l'apogée de la perfection,
a fait une communication sur les leçons qu'il donne, sur l'inspection
des vignes et sur les récompenses décernées, tous les trois ansj aux
vignerons qui ont donné le plus de soins à leurs vignes. Ces données
ont présenté un vif intérêt, et le conférencier a été fort applaudi
M. Vialla a pris une dernière fois la parole pour entretenir la
réunion de la nécessité de réunir les efforts de la viticulture française
afin de lutter contre l'envahissement de nos marchés par les vins et
par les pseudo-vins étrangers qui font aux nôtres une concurrence
effrayante.
Le vrai moyen d'arriver à ce résultat, a dit comme conclusion le
président de la Société d'agriculture de l'Hérault, de paralyser cette
concurrence, est de produire des vins naturels, agréables et hygié-
niques, et de les donner à un prixassez bas pour les mettre à la portée
de tous les ménages.
26 SUR LA GHEFFE DE LA VIGNE.
Ce résumé succinct, quoique déjà long, donnera une idée de l'impor-
tance des questions théoriques et pratiques que les conférenciers de
Villefranche ont eues à traiter devant de nombreux auditeurs appar.
tenant surtout à la classe des petits propriétaires et des vignerons-
Les résultats, nous ne pouvons en douter, seront considérables pour
la reconstitution des vignobles du département du Rhône et surtout
du Beaujolais, qui a le plus à souffrir des atteintes du phylloxéra.
P. TOCHON,
président de la Société centrale d'agriculture de la Savoie.
FERRURE GHARLIER PERFEGTIOiNNÉE
PAR L'EMPLOI DE L'AGIER RESSEMER
M. le colonel Gillon,de Wallhouse, l'un des membres les plus dis-
tingués de la Société d'agriculture d'Ecosse, vient de publier une bro-
chure intitulée : De la meilleure manière de ferrer les chevaux de chasse,
de voilure el de ferme, prouvée par neuf années d' expérience de V acier
Bessemer employé pour la ferrure Char lier \
Grand ami du cheval, homme de progrès et de science, M. le colo-
nel Gillon est le véritable propagateur, en Angleterre, de la ferrure
Charlier, dont il n'a cessé de rester le partisan convaincu depuis 1 870,
et à laquelle il vient d'apporter un grand perfectionnement.
Voici un extrait de cette étude très intéressante :
« Le fer (métal) est une matière trop fragile pour la confection d'un objet aussi
mince et aussi léger que le fer Charlier, et duquel on exige un service aussi rude
et aussi durable. Cependant mes premiers fers appliqués à Wallhouse, par
M. Charlier fils, durèrent un mois et même six semaines; mais j'eus beaucoup
d'ennuis au début, les fers s'écarlant, s'ouvrant en talons, ou se cassant, d'où je
commençais à conclure que les fers en métal, même de bonne qualité, ne conve-
naient pas à la ferrure Gliarlier.
« Alors j'essayai un fer à cheval, composé de deux bandes minces soudées
ensemble : l'une supérieure, en contact avec la corne, en fer; l'autre inférieure,
posant sur le sol, en acier. Cette composition était un peu meilleure, mais
l'acier rendait ce fer à cheval cassant et glissant.
« Ensuite j'essayai de l'acier et du fer mélangés, fondus ensemble en barres
laminées ; j'obtins ainsi une matière excellente, que j'employai avec grand succès
pendant quelques années ; les fers duraient deux mois et même davantage.
« Mais, depuis, la découverte de l'acier Bessemer a produit des résultats mer-
veilleux dans son application à la confection du fer Charlier '^ J'ai maintenant
une expérience acquise de cette remarquable matière que j'emploie depuis huit ou
neuf années ; mes fers de chasse durent en moyenne treize semaines, en les rele-
vant, bien entendu, au bout de six semaines. Je ne ferre mes chevaux que deux
fois pendant la saison des chasses, c'est-à-dire d'octobre en avril. D'avril en octo-
bre, une seule l'errure sulfit. Mes chevaux de voiture, marchant continuellement
sur les routes'', portent des fers durant neuf semaines ; les chevaux de ferme, dix
semaines. Jamais les fers ne cassent ni ne s'écartent.
« J'ai donc atteint, je le soutiens, la perfection dans la ferrure Charlier.
Jamais je n'ai de chevaux boiteux, et je ne les ferre que trois fois par an pour la
chasse, quatre fois seulement pour l'attelage ou pour le service de ferme. Il est
vrai que les vétérinaires n'aiment pas le premier de ces avantages et que les maré-
chaux n'aiment pas le second, et sont ennemis du système.
« Mes fers coiitent à peu près le même prix que les fers ordinaires.
« Je connais beaucoup de propriétaires de chevaux qui, comme moi, ont persé-
véré dans l'application de cette ferrure perfectionnée et en ont recueilli tous les
avantages. »
1. MM. blackwood and sons, éditeurs; Edimbourg el Londres.
2. L'acier Bessemer est un acier pur préparé de façon à être aussi doux et aussi malléable que le
fer, pouvant être forgé et manié facilement, tout en étant beaucoup plus résistant à l'usure, sans
être cassant ni glissant.
3. Les routes empierrées sont très dures en Ecosse : c'est un granit.
LA FERRUHK CHARLIER. 27
Ici, M. le colonel Gilloii cite des noms biea connus de nos voisins
d'outre-Manche, entre autres le capitaine King, rédacteur du Field,
et qui a publié dans ce journal un article favorable à la ferrure Charlier.
En outre l'auteur joint à ses allirmations des attestations d'une
notoriété incontestable : un rapport du capitaine Cockerell, présenté
au Parlement, des lettres de M. George Fleming, médecin-vété-
rinaire militaire (Royal Eugineers), qui a obtenu, pour son excellent
ouvrage sur la maréchalerie, le premier prix au concours ouvert par la
Société d'agriculture d'Ecosse ; une lettre de M. le professeur Williams,
directeur du collège vétérinaire d'Edimbourg; un article du profes-
seur Mac'Call, directeur du collège vétérinaire de Glasgow.
Nous pourrions joindre aux faits cités par tous ces grands connais-
seurs les expériences concluantes du professeur Ferguson, médecin-
vétérinaire du gouvernement, à Dublin, de M. Henry Stevens, vétéri-
naire à Londres, qui, depuis quatorze ans, appliquent avec succès
la ferrure Charlier, en employant aussi de l'acier pur préparé.
L'acier Bessemer est certainemeot le meilleur de tous les aciers
essayés ; c'est le dernier mot de la métallurgie appliquée à la ferrure
du cheval ; il réalise un immense progrès.
La ferrure Bessemer-Charlier (ces deux noms deviennent insépara-
bles) retour d'Angleterre, est appelée à un grand succès en Fi*ance, où
elle fera revivre certainement l'ancienne ferrure Charlier, tombée
un peu en désuétude, grâce à l'indifférence des propriétaires de che-
vaux, et à la mauvaise volonté des maréchaux ou des cochers.
Il est vrai de dire que le fer Charlier français était trop épais, exi-
geait une feuillure trop profonde, était d'une application difficile pour
des mains inhabiles ; de plus les fers étaient trop flexibles, trop fragi-
les et s'usaient trop vile. Tous ces inconvénients disparaîtront avec
l'emploi de l'acier Bessemer.
Les maréchaux, un peu découragés'par l'ancienne ferrure, adopteront
la nouvelle avec plus de complaisance. Quant à nos cochers, ils seront
enchantés d'avoir des chevaux tenant bien le pavé, ne glissant pas et
ne boitant pas.
A Paris, la nouvelle ferrure deviendra le digne corollaire du pavatje
en bois, par sa légèreté et sa solidité. Pour partir à la campagne, on
n'aura pas besoin d'une grande provision de fers, et si les maréchaux
sont récalcitrants, il sera facile d'appliquer les nouveaux fers comina
des fers ordinaires.
En province, cette ferrure conviendra surtout pour les chevaux de
chasse. Eifin elle pourra être appropriée aux bœufs de travail, suivant
la modification inaugurée avec succès par notre célèbre agronome, le
regretté M. de Béhague.
Reste une question qui a son importance.
Cette ferrure coùtera-t-elle, en France, plus cher que l'autre? Nous
pouvons répondre : non ; au contraire, elle sera meilleur marché.
En effet, la ferrure étant excessivement légère, il faut très peu de
matière ; de plus, elle dure le double. L'acier Bessemer, fabriqué en
France, ne coûte pas plus cher que le fer de bonne qualité.
Et doit-on compter pour rien la conservation du pied, qui est la
conservation du cheval, les boiteries et les glissades en moins?
La ferrure Bessemer-Charlier devant coûter moins que le fer ordi-
naire, la question d'économie est résolue. A. BEKTllA^D.
28 LES PRIX GULTURAUX DANS LES HAUTES-PYKÉtNÉÉS-
PRIX GULTURAUX ET D'IRRIGATION
«ANS LES HAUTES-PYRÉNÉES EN 188i'
La création des concours de domaines dans les départements où doit avoir lieu
le concours réc;ional avait pour objet d'exciter l'éraulalion des propriétaires et des
cullivatenrs, d'encourager leurs travaux et de favoriser, par suite, le progrès agri-
cole. Pendant la dernière période septennale, dans presque tous les départe-
ments dii Sui-Ouest. ce résultat a été obtenu. L'augmentation du nombre des
concurrents et des récompenses que le jury a dû accorder est une preuve que la
pensée du gouvernement avait été comprise. Un mouvement contraire semble
s'être produit dans le département des Hautes-Pyrénées. Au lieu de répondre
aux espérances que nous avaient données les trois concours antérieurs, celui de
cette année nous a causé une véritable déception.
En 1860 et !!:62, la prime d'honneur était décernée à deux grands proprié-
taires, et les rapports de mes prédécesseurs établissent combien ils étaient dignes
de cette haute distinction. En 1875, si la prime d'honneur était réservée,
l'attribution de deux piix culturaux et de nombreuses médailles de spécialité
démontraient, du moins, la richesse du concours et les mérites des divers do-
maines.
Il n'en a pas été de même cette année; sept domaines seulement ont été
inscrits, et pas un ne dépassait une contenance de 40 hectares. La petite culture
seule a pris part à la lutte. La plus grand partie du département y est restée
étrangèie. Nous n'avons trouvé aucun concurrent dans l'arrondissement d'Ar-
gelès, dans neut cantons de l'arrondissement de Taibes, dans sept de l'arrondis-
sement de Bagnères-de-Bigorre. Les cinq cantons de Tarbes, Bagnères, Tour-
nay, Gastelnau-Magnoac, Saint-Laurent de la Neste ont été seuls l'objet de nos
visites.
Nous recherchons vainement les causes de cette abstention bien regretlable,
surtout lorsque nous nous rappelons l'empressement et les riches résultats
constatés, il y a trois ans, dans le département des Basses-Pyrénées. Placés sous
la 'même intluence climatérique, ces deux départements se rappruchent non
seulement par leurs limites, mais encore par la nature du sol et la similitude des
cultures, et ils devaient se présenter, nous avions tout lieu de le croire, dans les
mêmes conditions.
La crise que traverse l'agriculture, les années désastreuses qui se sont succédé
depuis le dernier concours, expliqueraient peut-être ce découragement, mais ne
sauraient le justifier. La principale cause de cette crise est, en effet, dans le laible
rendement des céréales et la vente à des prix peu rémunérateurs, presque au-
dessous des frais de culture et des prix de revient. Mais, par une situation excep-
tionnelle, de tous les départements de la région du Sud-Ouest, le département
des Hautes-Pyrénées est celui qui en a le moins ressenti les funestes effets.
Pour lui, la culiure fourragère et l'élevage du bétail sont la première source
des revenus agricoles; à 1 abri des intempéries des saisons et des variations
atmosphériques, ces revenus n'ont rien à redouter de l'importation et de la con-
currence des marchés étrangers. Si les cultures fourragères n'ont pas toujours
répondu à leurs désirs, les propriétaires ne peuvent accuser que leur négligence.
Le gouvernement, qui a tout lait pour en assurer le développement et pour favo-
riser l'élevage, leur a donné les moyens d'améliorer leurs terres et d'en accroître
la production.
La loi organique des haras de 1874 a pour principal but l'élève de la race che-
valine dont votre département est le berceau, et les encouragements de toute
nature qu'elle affecte à l'anglo-arabe doivent surtout être attribués aux proprié-
taires de cette région.
Non content de donner un nouvel élan à l'élevage du cheval du Midi et du
cheval de guerre, le gouvernement a voulu également faciliter l'élevage de l'es-
pèce bovine. L'administration des forêts^ a choisi vos montagnes pour y faire
l'essai d un regazonnement et augmenter ainsi les pacages, y créer les premières
fruitières, assurant, par les associations pastorales, les revenus d'une industrie
laitière presque inconnue dans les contrées pyrénéennes.
1. Rapport présenté au concours régionat de Tarbes, en 1884, au nom de Ja Commission ctiar-
gée de décerner les prix culturaux et les médailles de spécialité.
LES PRIX CULTURAUX BANS LES HAUTES-PYRÉNKES. 29
Il ne s'est pas seulement préoccupé de créer des pacages dans les montagnes,
il a voulu améliorer les prairies de la plaine en donnant tous les moyens d'arro-
sage, et grâce à ces ressources mises à la disposition de l'agriculture, en provo-
quer la création de nouvelles. Tandis que d'autres départements limitrophes
attendent depuis de longues années l'exécution de pareils travaux encore à l'étude,
les eaux des lacs supérieurs de vos montagnes, recueillies et utilisées, alimentent
les rivières qui, pendant les chaleurs de l'été, n'avaient pas un débit sultisant
pour porter la fertilité daus les plaines qu'elles enrichissent. On n'a pas même
hésité à sacrifier pour vous des droits acquis.
Des eaux ont été détournées de leur cours naturel, enlevées au fleuve qui de-
vait les recevoir et au pays qu'il traverse, et le département des Hautes-Pyré-
rénées est appelé à en profiter, grâce aux divers canaux d'irrigation qui leur ont
donné une direction nouvelle. La mise en culture après défrichement sera ainsi
rendue plus facde et plus productive.
Malheureusement, les populations agricoles n'ont pas suivi le mouvement que
le gouvernea.ent a voulu provoquer. Le concours d'irrigation ne nous a montré
que de rares créations de prairies nouvelles, et si quelques hectares de landes
défrichées ont fixé l'attention du jury, nous avons le regret de constater que
c'est une œuvre d'initiative privée entreprise sur un seul point du départe-
ment. En 1873, l'enquête agricole portait à lySjSSS hectares l'étendue des terres
incultes dans les Hautes-Pyrénées, et avec les éléments dont on dispose, cette
œuvre aurait dû avoir une bien autre extension.
Rappelez-vous le département des Landes, placé dans des co ditioiis bien
moins avantageuses, et qui, dans ces trente dernières années, a vu augmenter
de plus de 200,000 hectares la surface des terres cultivées et où le même travail
se poursuit toujours avec la même activité. L'agriculture est restée stationnaire,
et c'est la véritable cause de la faiblesse du concours des domaines en 1883.
Pourquoi n'a-t-eile pas suivi la marche progressive qu'a eue dans votre département
l'élève de l'espèce chevaline. Sur ce point, vous avez répondu à la pensée de l'ad-
ministration des haras et à ses sacrifices. Le concours hippique au;iuel nous
venons d'assister a maintenu une prépondérance justement méritée. Les pouli-
nières sont dignes de leur vieille réputation, et l'importation de leurs poulains
se propage dans les départements où l'élevage leur donne un développement et
une force qui en augmentent le mérite.
Nous avions espéré que, dans le concours des domaines, nous aurions eu l'oc-
casion d'apprécier cette branche importante do votre industrie agricole. Sur
ce point encore, nos espérances ont été déçues. Un seul de nos concurreuts nous
a présenté une coUectioQ d'animaux remarquables, il est vrai, par leur type, leur
origine et dont la famille avait paru avec éclat sur les hippodromes et dans les
concours généraux de Paris. Nous aurions été heureux de donner une nouvelle
récompense à leur propriétaire, mais les prix culturaux s'appliquent à l'ensemble
d'une exploitation agricole et non à une branche spéciale à laquelle des encoura-
gements importants sont afiéctés.
La visite des écuries de M. le docteur Sempé a laissé dans notre esprit la plus
agréable impression, et le jury me charge de lui adresser ses félicitations les plus
sincères. Nous aurions voulu apprécier l'élevage dans d'autres parlies du dépar-
tement et juger par la comparaison les résultats que le concours hippique vient de
confirmer.
L'extension des cultures fourragères aurait amené une augmentation notable
dans les revenus de la propriété teiritoriale, et alors, au li;.u du découragement
qui éloigne des concours, nous aurions trouvé ce zèle et cette ambition qui y
attirent et leur donnent plus d'éclat. Les regrets que je considère comme un de-
voir d'exprimer ne diminuent en rien le mérite de nos lauréats. Quand, autour
d'eux, on resiait dans une indifférence blâmable, ils ont travaillé avec ardeur; et
plus leur action a été isolée, plus elle a créé des titres en leur faveur et leur a
donné droit à des éloges.
GûNCOURS DES DOMAINES. — Mcd'iiUes de spêcialilé. — Sur les domaines pré-
sentés, cinq seulement oui obtenu des récooapeuses et, pirmi eux, quatre avaient
concouru pour le prix cultural de la (|uairième catégorie.
M. Pavo (Jean), propriétaire à Uzer, canton de Bagnères-de-Bigorre, nous a
présenté un petit domaine de 11 hectares, ainsi répartis : terres arables, 5 hec-
tares; prairie naturelle, 3 hectares; bois, 2 hectares; châtaigneraie, 74 ares;
vignes, 20 ares; jardins, 6 ares.
30 LES PRIX GULTaRA.UX DANS LES HAUTES-PYRÉNÉES.
L'assolement est biennal; au froment, seigle et méteil succèdent alternative-
ment le maïs et les pommes de terre. Lors de notre visite, le blé n'était pas
mauvais, mais la prairie méritait une mention toute particulière. Elle est très
bien soignée. Un réservoir placé au-dessous de la ferme reçoit les eaux de
diverses sources, et leur distribution, bien faite, augmente la production four-
ragère.
Grâce à cette récolte plus abondante, M. Puyo peut entretenir, dans des locaux
bien appropriés, un bétail nombreux, près d'une tête par hectare. Nous avons
trouvé 5 vaches, 2 bœufs, kO brebis qui, pendant l'été, sont conduits au pacage
dans les montagnes et qui, pendant l'hiver, résident à la ferme.
M. Puyo père cultive lui-même sa terre avec l'aide de ses trois enfants qu'il a
élevés dans l'amour de l'agriculture. Le travail et l'économie ont donné, dans
cette maison, l'aisance et le bien-être. Il résulte des renseignements qui nous ont
été fournis que Puyo s'était chargé de son immeuble, il y a vingt ans, en partage
de famille, pour le prix de 22,4u0 Ir. Avec ses revenus, qui "étaient ses seules
ressources, il a désintéressé quatre frères, quatre sœurs, a doté sa fille et élevé
une famille nombreuse.
Cette vie de travail et d'ordre est un exemple salutaire donné aux enfants qu'il
a su attacher au sol qui les a vus naître, et que nous devons encourager. Nous
avons pensé qu'une médaille d'argent, grand module, ne pouvait être placée en de
meilleures mains ; et en s'appliquant à la partie la plus complète de son exploita-
tion, la culture fourragère, elle récompensera une vie laborieuse et honnête, exclu-
sivement consacrée à l'agriculture.
Le domaine de M. Lucien Noguès, propriétaire à Garaison, commune de Mon-
léon-Magnoac, canton de Castelnau-Magnoac, arrondissement de Bagnères-de-
Bigorre, a une étendue de 19 hectares divisés en trois lois : l'un de 12 hectares,
formant un enclos autour delà maison d'habitation; les deux autres, de 3 hectares
chacun, à une distance d'environ 800 mètres; 12 hectares sont en terres labou-
rables, 4 en prairies naturelles, 2 en vignes et 1 en bois.
L'assolement est triennal et permet de faire passer successivement, sur chaque
pièce, maïs, froment, avoine, trèfle de Hollande, etc. L'emploi des marnes a mo-
difié la nature froide et ingrate du sol et lui a donné une fertilité qu'ont dévelop-
pée les fumures abondantes et les engrais chimiques.
Grâce à ces amendements, toutes les cultures sont en bon état, mais les luzernes
et les vesces sont sut tout remarquables.
M. Noguès connaît l'importance des fumiers et les soigne en véritable agri-
culteur; les fosses à purin sont une des meilleures parties de son exploitation.
Les écuries n'offrent pas toutes les conditions d'aération ; les animaux y sont très
nombreux: deux bœuf<, dix vaches, six élèves de l'espèce bovine, une jument,
deux pouliches, sans compter les divers sujets de l'espèce porcine.
M. Noguès n'est pas seulement propriétaire, il ajoute à son domaine une
double industrie. Représentant de plusieurs fabricants d'instruments agricoles,
il s'occupe du placement de leurs machines et a pu ainsi s'en procurer pour son
compte personnel à de meilleures conditions. Maître d'hôtel, il utilise pour son
domaine les fumiers des noubreux animaux qui séjournent dans les écuries de
son établissement. C^ sont là des ressources particuhères qui le mettent dans une
autre situation que plusieurs de ses concurrents.
Des améliorations importantes ont été faites, et, sans nul doute, le domaine a
acquis une plus-value depuis que M. Noguès en est le propriétaire; mais il n'a
pas eccore cet ensemble qui eût pu le mettre en ligne pour le prix cultural.
Le jury, néanmoins, a voulu lui donner un témoignage de sa satisfaction en lui
accordant une médaille d'argent, grand module, pour sa culture des prairies arti-
ficielles. Louis Féral,
{La suite procUainement.) Membre du Conseil général de la Haute-Garonne.
L'AGRICULTURE DANS LES ÉTATS-UNIS, AUX INDES
ET AU CHILI. — II
Indes. — Voici des renseignements très utiles sur le prix de revient
du blé blanc venant de Delhi, dans les Indes britanniques. Le
blé blanc de Delhi est de bonne qualité et très estimé sur les marchés
d'Europe. Il était coté dans la deuxième semaine de janvier à 38 shel-
l'agriculture aux ÉTATS-UNIS, AUX INDES ET AU CHILI. 31
]ina,s 3 pence par quarter de 492 livres anglaises, pour marchandiso
délivrée franco sous vergues, dans un port du continent, entre Bor-
deaux et Hambourg, au choix de l'acheteur, Bordeaux par exemple,
bien entendu par chargement complet de navire :
Soit les inO kilog. renrius franco à Bordeaux : 38 sll. 3 p. à 25 fr. = 47 fr. 8i); VM livres
anglaises à 4:)3 gr. 5 = 223 kiiog. 122 gr 21 fr. 44
La distance sur rail de Delhi à Calcutta est de 98i milles = l.fi.Sô kilom. et le
tarif pour ce parcours est de (il rupees (i îfr. 10= U8 fr. 10) par 100 bïzar-mounds
(à 37 kilo,'. 250 = 3,720 kilog), soit pour 100 kdûg 3 fr. 44 ,
Frais de mi.-e à bord à Calcutta : 1 rupee (2 fr. 10) par tonne 1
(1016 kilog.) 0 20 V 7 94
Fret : Calcutta-Bordeaux, 32 sh. (40 fr.) la tonne 'i » \
Assurance maritime 1 1 2 pour 100 sur 20 fr. (fret déduit) 0 30 )
Reste à Delhi pour 100 kilog 13 fr. 50
Ces chiffres auront le mérite de démontrer à quel point est arrivée
la lutte entre le cultivateur d'Europe et son concurrent de l'extrême
Orient. Il est à remarquer que dix années seulement se sont écoulées
depuis que le blé des Indes a fait sa première apparition sur nos mar-
chés. Chaque nouveau kilomètre mis en exploitation aux Indes ouvrira
de nouveaux districts à la culture, augmentera les quantités à exporter
et fera diminuer le prix du blé en Europe.
Chili. — Au Chili, le commerce a formé trois groupes, avec échantillons-
types, des blés du Chili : le premier, comprenant les blés les meilleurj-
etles plus choisis ; le deuxième, les blés de qualité courante, à l'exclu"
sion de ceux naturellement inférieurs compris dans le troisième groupe
composé de blés foncés de couleur, de grain petit, connus sous le
nom de blés « de frontière », ou « de grains de lin ». Au lieu de
dire comme précédemment « blé du Chili », l'exportateur annoncerait
ses embarquements comme blé de V% 2% 3' groupe, et la vente se
ferait, en Europe, d'après la classification ainsi opérée.
En mars 1 884, la cote est :
Pour orge, 80 kilog., 2 piastres 75, à Conception (1 p. ^4 fr. OC»).
Pour maïs fanègue, 5 piastres, à Valparaiso.
Pour blé blanc. 82 kilog.. 3 piastres 50, à Talcahuano.
Pour haricots, 92 kilog., S à 9 piastres, à Valparaiso.
A Santiago, le 15 mars dernier on cotait :
Blé blanc, 72 kilog., 3 piastres 42. — Blé jaune, 74 kilog.. 2 piastres 92. — Blé rond,
74 kilog., 2 piastres 75.
Farine 1'° classe, 46 kdog., 3 piastres 55. — Farine 2"> classe, 2 piastres 85. — Farine
3'- classe. 2 piastres 10, — Farine « candeal » fine, 2 piastres 70.
Orge, 72 kilog., 1 piastre 90. — Orge pour brasseurs, 72 kilog., 2 piastres 10. — Orge
anglaise, 72 kilog., 2 piastres 80.
Graines de lin, 46 kilog., 2 piastres 50.
Maïs, 80 kilog., 4 piastres.
Le chiffre du blé exporté atteignit, en 1882, près de 130 millions de
kilog. d'une valeur de plus 6,500,000 piastres; soit une augmentation
de 40 millions de kilog. environ ou 2 millions de piastres en valeur
sur 1881. En 1883, les chiffres de production et d'exportation du blé
n'ont pas diminué. Dans la jvovince de Conception, le rendement de
cette année a contenté les agriculteurs, le blé y est beau ; il en est de
même dans les provinces d'Aconcagua, de Curico (où les récoltes ont
été abondantes), de Valdivia, du Maule, de Valparaiso, de Languihué,
d'Aranco, du Nubie, de Linarès, du territoire d'Angol. Les résultats
ont laissé à désirer dans diverses parties d'autres provinces, telles
que celles de Talca, de Biobio, de Colchagua, de Conception, de
Coquimbo, d'Atacama. Dans le territoire de Magellan, le blé et l'orge
viennent bien. La Patagonie chilienne est très fertile et couverte de
végétation de tout genre; elle pourra fort bien être exploitée.
32 l'agriculture AUX ÉTATS-UNIS, AUX INDES ET AU CHILI.
En général, la petite culture, comprenant celle des pommes de
terre, du maïs, des légumes, des melons d'eau, etc., a souffert des
chaleurs et du manque d'eau. Cependant, les résultats dans plusieurs
provinces et surtout dans celle de Curico ont été excellents.
Partout le manque de bras s'est fait sentir et a même retardé, en
certains endroits, la rentrée de la récolte. L'émigration des travail-
leurs qui du sud se dirigent vers la république Argentine, est très
sensible. Beaucoup de gens sont aussi occupés aux travaux de chemins
de fer en Araucanie, etc. Dans certaines « haciendas », les femmes ont
fait presque toute la besogne.
Les raisins sont mal venus en Cauquenes, ils sont bons et abon-
dants dans le Nubie, à Ghillan surtout, des propriétaires qui ne récol-
taient que 1,000 arrobes (1 arroba mayor espagnol = 16 litres 137)
annuellement, en récolteront cette année 3,000 ; cette abondance s'y
fîvit sentir dans le prix très bas de la populaire « chicha » (espèce de
cidre de raisin) ; elle ne coûte qu'une piastre l'arrobe, alors qu'en
temps ordinaire elle se vend deux fois plus cher. Dans la province de
Talca, la vigne a donné une production régulière ; dans celle de Ran-
cagua (San Felipe), elle a été médiocre; dans celle de Curico, bonne,
mais pas abondante comme l'année dernière ; dans la province de Con-
ception, le rendement est réduit; dans celle de Colchagua, les raisins
sont beaux ; dans la province de Valparaiso, à San Francisco de
Limache par exemple, les vignes ont été extraordiaairement chargées
et ont produit le double de l'année dernière.
En 1882, le nombre des animaux de race bovine était de 311,000,
de race porcine 100,000, des moutons et des chèvres 1 million environ,
des chevaux 53,000. Le prix des animaux tend à baisser, à cause, sans
doute, de l'importation toujours croissante, et cette année vraiment
exceptionnelle, s'opérant de la république Argentine. Voici les prix
de vente à l'un des derniers marchés de Vina del Mar près Valpa-
raiso :
Bœufs, selon la qualité, de6i à 75 piastres. — Jeunes bœufs ou jeanes taureaux, 32 à 59 piastres.
Vaches, maif;res et petites, 31 piastres. — Vaches, qualité régulière, 40 piastres. — Vaches
ayant vêlé, maigres, 33 piastres. — Vaches métis, 44 piastres.
Veaux de 1 an, 13 piasires 50 à 13 piastres 60.
Moutons petits, classe courante, 2 piastres 70.
Mules, selon qualité, 39 à 44 piastres.
Chevaux ordinaires, 14 à 00 piastres. — Cheval petit (poney), 20 piastres. — Cheval de selle,
221 piastres.
Poules brahma, 2 piastres ch?Otpe. • — Poules métis, I piastre 60.
La maladie dite la « picada » ou le « carboucle » s'est propagée
dans plusieurs étables : elle a même attaqué les personnes. ALiis des
mesures de salubrité ont été prises, surtout du côté de la frontière par
où s'introduisent les animaux de la république Argentine.
Max Hoffmann.
DISCOURS AU CONCOURS DE PONT-ÉVÈQUE (ISÈRE)
Nous allons examiner ensemble la situation agricole de nos trois cantons.
La récolte des céréales a été bonne ou moyenne, c'est-à-dire que rf«cédent
disponible a été considérable.
La sécheress'i, comparable à celle de 1871, a réduit considérablement la pro-
duction des fourrages indispensables pour l'alimentation du bétail.
La récolte des vignes, si réduite par la disparition de nos cépages, sera mau-
vaise ou médiocre ; les gelées tardives dans les vallées et la coulure ont produit
ce résultat fâcheux.
DISCOURS AU CONCOURS DE PONT-liVÈQUE (ISÈRE;. 33
L'élevage des bestiaux va se trouver arrêté pir la pénurie des fourrages et leur
prix amoindri par la nécessité de les livrsr à la boucherie à des coadilions peu
rémunératrices.
La gène générale, suite des années mauvaises ou médiocres que nous venons
de subir et des impôts écrasants auxquels il nous faut faire face, a contraint nos
agriculteurs, à bout de ressources, à otl'rir même avant le battage leurs jiroduits
en céréales, de là une baisse désastreuse de 5 à 6 francs par quintal métrique.
Cette abondance est encore augmentée par l'entrée gratuite des céréales étran-
gères, qui viennent faire une concurrence à nos propres produits sans être sou-
mises à toute la série de nos impôts directs ou indirects, départementaux ou
communaux.
Nous ne plaçons même nos vins qu'avec difficulté en présence de l'intro-
duction des vins italiens et espagnols, qui entrent en France presque affranchis
des droits de douane, tandis que ces deux pays ne reçoivent les nôtres qu'avec
des droits exorbitants.
Les traités passés avec les puissances voisines, relatifs aux bestiaux, vont
amener un tel abaissement des prix que l'élevage deviendra impossible.
Cette situation mise à nu, est-il possible d'y remédier? — Je vous répondrai
oui, ce changement peut et doit venir de voire concours.
Dix-liuil miUions d'agricu'teurs vivent de la culture de la terre; le jour où
vous voudrez imposer vos volontés, vos élus seront obligés de modifier les droits
de douane qui vous sont si préjudiciables.
Des droits protecteurs établis sur tous les produits agricoles, vous verrez les
prix se relever, la prospérité renaître, et vous aurez la possibilité de payer les
impôts si élevés, et les frais de culture qui deviennent de plus en plus coiiîe"x,
par suite de l'émigration de la population rurale.
Que demandons-nous? L'égalité devant l'impôt, c'est-à-dire un droit de
douane sur tout produit agricole introduit en France; du reste ce droit de pro-
tection existe pour toutes les autres industries. C'est en réclamant énergi([uement
ces modifications que vous finirez par avoir gain de cause. P roclainom-le bien
haut, la ruim de l' agriculture sera celle, de notre France.
Les producteurs de betteraves et de sucre du nord de la France viennenir (^'ob-
tenir gain de cause; un droit de 7 fr. par 100 kilog. sur les sucres étrangers a
été volé par les Chambres.
Calculé à raison du chiffre des impôts de toute nature payés par l'agriculture
et le prix de plus en plus élevé de la main-d'œuvre, nous devons réclamer un droit
minimum de 6 francs par hectolitre sur toutes les céréales étrangères, l'égalité
réciproque sur les vins avec les pays producteurs, et un sérieux droit de protec-
tion pour nos bestiaux.
La grande République américaine, après sa guerre civile, a établi des droits de
douane élevés sur tous les produits étrangers; cette mesure lui a permis de payer
15 milliards de dettes, et de développer à l'intérieur une prospérité inouïe, qui
lui permet aujourd'hui de nous inonder de ses productions agricoles et indus-
trielles.
Cette excursion économique pour vous signaler la marche àsuivre afin de sortir
de cette crise sans précédents, était indispensable.
Nous allons maintenant vous faire connaître les progrès constatés dans nos trois
cantons. L'emploi des engrais chimiques se propage avec des succès bien con-
statés, dans les cultures des céréales, des fourrages et des vignes.
En \%'ik, les analyses des sols faites dans notre laboratoire de chimie agricole
devienne, ont été nombreuses. Un habile chimiste, M. Marc, a succédé à l'ho-
norable M. Boulet. Tout agriculteur intelligent doit s'adresser à ce laboratoire
avant la contection et l'enfouissement de ses engrais.
Les plantations* de vignes résistantes se multiplient; les récoltes obtenues sur
ces cépages greffés ou sur des producteurs directs, sont appréciées à leur juste
valeur. Les variétés de ces derniers sont devenu3s plus nombreuses, et aujourd'hui,
on peut obtenir avec eux des vins égaux ou supérieurs à ceux de nos anciens
cépages.
L'emploi du sulfure de carbone pour la conservation du reste de nos vignes
devient de plus en plus fréquent, avec l'aide des syndicats. Dans les terres com-
pactes et argileuses, les résultats ont été médiocres ou nuls, mais dans celles per-
méables, ils sont remarquables. La végétation et la fructification sont revenues
après deux ou trois ans de traitement.
3i DISCOURS AQ CONCOURS DE POlî^T-ÉVÈQUE (ISÈRE).
Nous devons user de ces moyens de reconstitution et de conservation.
Les sacrifices faits par l'Etat et le département pour leur propagation à l'aide
des pépinières des plants résistants et des allocations pour les acliats de sulfure
sont un encouragement qu'aucun viticulteur ne doit négliger.
Votre commission de viticulture a pu constater la semdne dernière, sur de
grandes surfaces, des résultats pratiques très intéressants. Ces viticulteurs vont
vous être signalés. Les commissions pour l'examen des grandes et petites cul-
tures ont été également très satisfaites.
Il me reste maintenant à vous engager à suivre mes conseils et les traces de
ceux qui vont recevoir les récompenses dues à leurs travaux.
H. Tbénel,
Président du Comice agricole de Vienne-Roussillon.
NOUVELLES INVENTIONS AGRICOLES
AiSTALYSE SOMMAIRE DES DERNIERS BREVETS DÉLIVRÉS.
161,769. FiECHTER. 28 avril 188'i. Perfeclionnemenls aux machines à nettoyer
le blé et autres graines — Le nettoyeur décrit dans ce brevet se compose d'un
tambour en tôle perforée ou en tôle métallique, tournant lentement autour d'un
axe presque horizontal, tambour à l'intérieur duquel tournent avec une plus grande
vitesse une série de disques en émeri ou en pierre, séparés par des bagues en tôle
dont la surface est rugueuse comme celle d'une râpe; aux deux extrémités, se
trouve disposé un disque-brosse garni de poils sur ses deux faces et aussi à sa
circonférence, si on le juge utile; le nombre de ces brosse? pourrait être augmenté,
au détriment des disques de pierre ou d'émeri, suivant l'état du blé que l'on veut
nettoyer et rendre Ijrillant.
Sur les deux joues du tambour, des secteurs pleins alternent avec des ouver-
tures, et des disques ou registres découpés de même et montés sur l'arbre per-
mettent de régler l'espectivement l'entrée et la sortie du grain, en fermant plus
ou moins les ouvertures du tambour. L'appareil est muni d'un ventilateur pour
aspirer les poussières, lesquelles s'accumulent dans une caisse à la partie infé-
rieure et sont évacuées par une hélice tournante.
Comme on le voit, le principe de ce système est de nettoyer le grain par le
irottement de pièces mobiles n'exerçant sur lui aucune compression.
161,775. Karasek. 28 avril 1884. Moulin à éqruger^ muni de, cylindres en
pierre pouvant être fermés à volonté et être placés l'un à côté ou au-dessus de
l'autre. — Ce brevet décrit un moulin pour broyer les graines do fourrage ou
moudre le blé, qui dans le cas de la première de ces applications peut être mis en
mouvement à bras, tandis qu'il doit être commandé par courroie dans le second
cas. Dans le type représenté, au bas delà trémie se trouve un cylindre horizontal
qui distribue le grain sur les deux cylindres broyeurs placés côte à côte plus bas;
un tiroir, commandé par pignon et crémaillère, règle l'arrivée do grain; l'un des
cylindres broyeurs peut être rapproché de l'autre à volonté au moyen d'une vis à
manette agissant sur les coussinets.
161,803. Braun. 29 avril 1884. Perfectionnements dans la construction des
cylindres à chemise en acier oi,-n,utre'! métaux pour concasser les grains et autres
matières. — Ce brevet décrit vme série de dispositions ou modes de construction
différents, qui ont comme seul caractère commun que le revêtement en acier est
formé soit de bandes longitudinales, soit d'anneaux juxtaposés qui peuvent être
serrés sur l'âme en fonte par des moyens variés.
Dans une première disposition, chacune des bandes formant la chemise d'acier
présente, sur sa face inférieure, une saillie qui se loge dans une cannelure longi-
tudinale du tambour en fonte et qui reçoit un boulon se serrant contre la face
intérieure de cette fffi'nelure.
Le brevet décrit, d'autre part, un cylindre conique dont l'âme en fonte pré-
sente extérieurement des portées étagées en gradins ; sur ces portées se posent
des bagues en acier que l'on serre ensuite les unes contre les autres.
Il décrit ensuite plusieurs dispositions de cylindres dont la chemise est égale-
ment formée de bagues et qui ne diffèrent que par la manié e d'obtenir le serrage
en bout.
Dans un autre type, la garniture est formée de lames longitudinales dont une
sur deux est retenue dans 1 âme en fonte par une queue d'arronde, et maintient
par ses bords les deux bandes situées à sa droite et sa gauche.
Enfin, dans une dernière variante, chaque bande d'acier porte un té sur sa
NOUVELLES INVENTIONS AGRICOLES. 35
face postérieu re ; l'ùme porte elle-même des tés qui viennent se loger entre ceux
des bandes, et on fait le serrage au moyen de coins.
Cerlificat d'addilion. — Couteau. 24 avril 1884. (Br. n" 156,048.) Couverture
mobile pour meules de blé, de foin et autres agglomèrutions de denrées ou de mar-
chandises. — Ce certificat d'addition décrit divers perfectionnements de détail
apportés par le breveté à un système do couverture caractérisé par l'emploi exclu-
sif de la tôle pour faire les chevrons, les faîtaf,^es et les plaques qui s'accrochent
sur les chevrons. Ch. Assi et L. Genès,
Ingénieurs-conseils en matière de brevets d'invention,
36, boulevard Voltaire, à Paris.
SITUATION AGRICOLE DANS LE MORBIHAN
Carnac, le 23 septembre 1884.
L'année, pluvieuse à son commencement, est devenue d'une longue sécheresse
excessive, on avait même dans ces derniers temps assez de difficultés pour trouver
l'eau nécessaire à la boisson des bestiaux. Depuis nous avons eu des pluies assez
abondantes qui ont trempé suffisamment le sol et font reverdir les prairies et
pâtures qui étaient complètement grillées ; malheureusement ces pluies bienfai-
santes sont arrivées beaucoup trop tard pour pouvoir semer des navets en culture
dérobée et la plantation des choux à vaches, ces produits qui viennent très bien
rendront la nourriture des bêtes pendant l'hiver beaucoup plus difficile, malgré
la récolte des foins qui a été trè s abondante. Les blés et les avoines ont parfaite-
ment réussi ; les pommes de terre exemptes de maladie ont été arrêtées dans
leur croissance par les chaleurs ; dans plusieurs endroits le rendement sera faiîyjie.
La récolte des mils et sarrasins est complè tement manquée, celle des pommes
à cidre laisse beaucoup à désirer; on termine l'arrachtment des pommes de terre,
on va bientôt s'occuper de préparer les terres pour les ensemencements d'au-
tomne. Malheureusement la culture est fortement éprouvée par la crise indus-
trielle et commerciale, qui dure toujours ; la plupart des produits sont vendus à
des prix qui constituent les producteurs en perte, fl est triste de travailler toute
une année sans profit et le plus souvent à perte; il n'y a que nos vaches bretoimes
qui se vendent très bien et enchérissent à chaque marché. Emile Gy.
REVUE Gi}\niERGI4LE ET PRIX GJUR.VNr DES DENRÉES AGRICOLES
(4 OCTOBRE 1884.)
I. — Situation générale.
La situation s'est un peu améliorée pendant cette semaine. Après une hausse
sur les blés et les seigles, les marchés agricoles restent aujourd'hui bien tenus
et la tendance à une amélioration des cours persiste généralement.
II. — les grains et les farines.
Les tableaux suivants résumeat les cours des céréales, par quintal métrique ,
sur les principaux marchés de la France et de l'étranger.
Blé. Seigle. Orge. Avoine
Algérie. Alger j ^jé leadre.. 2o"oO '» '^ J
•' ( ble dur 16.50 » 11.23 13. oO
Angleterre. Londres 17.85 » 12.55 13.75
Belgique. Anvers 18.50 15.25 14.50 15.50
— Bruxelles 19.50 15.75 10.00 16.25
— Liège 19.50 16.25 17.00 16.25
— Namur 18.50 15.00 17.50 15. CD
Pays-Bas. Amsterdam 17.85 16.00 » •
Luxembourg. Lu.xernljourg 24.00 21.50 18.45 21.00
Alsace-Lorraine. Strasbourg 20.80 17.75 20.40 18.25
— Mulhouse 21.75 18.25 20.25 18.75
— Colmar 22.40 19.75 18.40 19.00
Allemagne. Berlin 18.75 17.50 >> »
— Cologne 20.25 17. .50 « »
— Hambourg 18. -50 15.00 » »
i Suisse. Genève 23.50 » » 18.75
llalie. Turin 22.25 16.00 » 16.50
Espagne, Barcelone 22.25 » 8 s>
Autriche. Vienne 17.10 14.25 16.00 14.25
Hongrie. Budapest 16.40 14.00 12.00 12.40
Bussie. Saint-Pétersbourg.. 17.30 15.50 « 12.75
— Odessa 13. .50 11.80 '
Etats- Unis. ISew-York 1 7 . 25 » » •
36
REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT
!•• RÉGION. — NORD. OUEST.
Calvados . St-Pierre . . .
— Lisieux
C.-du-l^oi d- Lannion.
— Pontrieux
Finistère. Morlaix
— Quimper
llU-el- Vilaine. Rennes,
— Fougères
Manche. Avraiiches. ..
— Pontorson
— Villedieu
Mayennt. Mayenne....
— Laval . . ,
Morbihan. Hennebonl.
Orne. Vi mou tiers
— Fiers
Sarthe. Le Mans
— Beauniont
Blé.
fr.
21.00
22.00
18.25
19.50
19.50
19.00
19.25
20 00
21.25
20.75
21.25
19.50
19.50
20.50
19.75
, 19.75
20 75
20.00
Seigle. Orge
fr. fr.
14.65
16.45
15.50
15.75
£ur«.
14.00
14.75
14.30
13.75
15.25
15.70
Prix moyens 20-11 15.63
2" RÉGION. — NORD.
Xwne. Laon 19.50 15.75
— Vic-sur-Aisne ... 19.00 15.25
— Villers-Cotterets. 19.50 14.50
Evreux 20.20
eteiiil 20 00
— Pacy 22.30
Ev.rt-el-Loir. Chartres.. 20.23
— Dreux 20 00
— Auneau 19.55
Nord. Lille 20.25
— Cambrai 20.00
— Bergues 20.40
Oi«e. Beauvais 20.50
— Compiegne 21.55
_ Senlis 19.00
Pa«-de-Co(ois. Arras... 20.20
— Saint-OTiier 19.50
Seine. Paris 21.75
6.-et-A/a™e. Moatereau. J0.40
— provins 20.60
— Nemours 19.75
S.-e(-Oise. Angerville . . . 19.50
_ Versailles 20.00
— Rambouillet 19.50
Setne-M/'irieure. Rouen. 20.95
— Fecamp 21.55
— Goderville 20.80
Somme. Amiens 21.10
— Albeit 22.00
— Mouldidcer 19.00
15.40
17.60
15.00
15.75
l'i.OO
15.00
15.25
15.00
18 00
18.00
17.25
16.00
17.00
18.70
15.25
15.00
16.14
fr.
19.00
20.00
15.00
15.50
15.11O
15.25
15.00
15.50
20.00
20.25
20.00
17.00
15 00
19.00
16.75
20.75
15.50
17.30
18.25
0
16.50
17.70
16.15
15.90
16.50
16.75
16.40
18.50
»
19.25
17.50
»
18.00
19.00
18 00
17.25
16.80
16.75
16 25
18.50
»
19 30
17.70
17.00
17.50
17.00
16.00
17.00
18.00
15.10
16.50
15.80
15.90
16.00
17.50
15.00
19.50
16.00
17.50
14.75
16.00
18.00
16.00
16.50
16.00
16 00
21.50
14.50
22.45
17.50
18.00
20 25
17.00
16.00
Prix moyens 20.29 14.91 17.41 17,02
3* REGION. -
Ardennes. Retiiel
— Sedan
— Chaileville
Aube. Nogenl-sur-Saine.
— Mery-sur-Seine. ..
Marne. Reims
— Sainte-.Menetiould.
— Cliàlons
Hle-Marne. Langres
Uturthe-et-Mos. Nancy.
— Luneville
— Toul
Meuse. Bar-le-Duo
— Verdun
HaMte-Saone. Gray
— Vesoul
Vosges. Epinal
. NORD.EST.
— Mirecourt. .
19.00
21.00
21.00
20.25
19.50
20.00
20.50
20.00
20.00
21.50
21.25
20 . 25
20.60
20.60
20.25
20.00
23.00
21.25
14.50
15.00
16.10
U.25
13.75
16 00
15.00
16.00
15.00
16.50
15.50
»
15.75
»
15.75
16 50
19.00
18.50
16.50
16.25
18.50
17.25
19.00
15.00
tj
«J.OO
18.00
18.00
17.75
»
16.50
Prix moyens 20.55 15.29 17.34
4- RÉGION. — OUEST.
16.50
18.00
17 00
16.00
15.50
16.50
15.75
16.00
15.40
17.00
16 00
17.75
15.00
15.75
16.25
16.29
harente. Angoulèrae...
— Rufleo
Char.-lnlér. Marans....
Deux-Sevret. Niort
Indre-et-Loire. BIcre...
— Tours
Loire-Inf. Nantes
M.-et-Lnire. Saumur....
— .ini^ers
Vendée. Luçon
— Fontenay-le-Cte..
Vienne. Loudun...
— Poitiers
Haute- Vienne. Limoges.
18.25
19.00
16.00
15.00
14.00
14.30
16.00
15.50
17.00
15.00
15.00
17.50
18.75
16.50
17.50
18.10
18.75
18.25
16.25
15.50
14.50
15 50
15.00
16.50
15.75
17.00
17.00
15.50
16.25
16.25
16.50
16.50
Priiœovens 19.29 15.23 17.85 16.00
5' REGION.— CENTRR
Blé. Seigle. Orge. AToine.
fr. fr. fr. fr.
Allier. Montluçon 19.50 16.00 17.50 16.25
— La Palisse 19.50 15.25 17.00 16.25
— st-Pourcain 20.99 18 00 17.70 1450
C/ier. Bourges 19.40 14.30 15.00 15.80
— Vierzon 21.85 !3.9l) 14.50 14.70
— Sancerre 21.00 » 14.80 14.30
Cî-euse. Aubussùn 20.25 15.25 » 15.50
/niire. Issoudun 19,50 16.50 15 75 13.50
— Cbàteauroux 19.60 14.75 16.75 15.10
— Vatau 19.70 15.70 15.75 14.00
Loiret. Montargis 20.00 14.40 16 50 16.25
— Orléans Ji) (10 15.00 16.50 16.00
— Gie» 21.00 13.50 14.60 15 OU
L.-et-Cher Blois 20.80 I6.6.i 18.50 18. Ou
— Montoire 19 7u 15.70 14.60 15.00
A'iètire. Nevers 21.35 16.00 n.30 17.50
— Cûsne 22.63 ■ 15.40 18.00
Yonne Sens 211.00 15.00 16 50 17.25
— Brienon 19.50 16.00 16.00 17.00
— Saint-Florentin... 20.00 16.10 16.50 16.75
Prix moyens 20.31 15.44 16.17 15.83
6" RÉGION. — EST.
^in. Bourg 25.30 17.80 17.70 15.80
— Pont-de-Vaux 20.50 15 25 » 16.85
Cd<e-d'Or. Dijon 20.50 15.50 17.00 16.50
— Beaune 20.00 15.00 17.50 16.75
floM'is. Besançon 19.85 • • 17.00
/sère. Vienne 21.25 15.00 17.00 16.50
— Grenoble 20.50 iO.25 » 18. 50
Jura. Dùle 20.00 15.70 14.30 15.00
luire. Montbrisson 20.25 16.00 19.50 17.00
P.-de-flôme.Clermont-F. 22.00 16-50 18.00 »
Rhône. Lyon 20.50 15.25 18.50 17.00
Saone-et-Loire. Cakion . 20.25 15.75 18.25 16.75
— .Micon 21.40 16.10 16.90 16.00
oayoie. Chambéry 2J,75- » » 17.75
//fe-6'afote. Annecy 21.25 » » 16.75
Prix moyens 21.10 15 8i 17.47 16.80
V REGION. — SCD-OCEST.
.,4riège. Pamiers 2:60 19.30 • 17.00
— Foix 24.75 19.70 » 16. OO
Dordogne. Bergerac 20.75 » 18.25 18.50
i/le-Goromie. Toulouse. 21.50 18.00 18.50 18.00
— St-Gaudens 24 90 20.00 » 18.00
Gei-s. Condom 20.40 » » 18.00
— Eauze 22.75 » » JO.OO
— Mirande 20.50 ■ • 18.25
Gironde. Bordeaux 20.50 18.25 » 17.00
— La Reolo 20.50 17 00 » »
Landes- Dax 23-75 19.75 » »
to<-e(-Go>-onne. Agen. . . 20.25 20.50 >• 18.00
— Villeneuve-sur-Lot20.00 » « «
B.-Pyrenées. Bayonne.. 23.50 21.00 » 16.75
//(e5-Pyé?iêeî. Tarbes.. 21.50 18.50 » 20. ou
Prix moyens 21.86 19.25 18.40 17.97
8* RÉGION. — SCD.
.4ude. Carcassonne 22.50 17.80 15.75 17.50
yluei/ron. Rodez 22.40 19.50 » 17.21
— villefranche 20.30 » « 16 50
Can(a(. Mauriac 22.50 21.00 » 20.00
Correie. Tulle 22.00 18. 00 18.50 18.25
Hérault. Béziers 20.25 18.00 16.10 19.50
Lo(. Cahors 22.25 18.00 18.25 18.00
Lozère. Mende 22.00 18.50 20.00 17.50
Pi/rénées-Or. Perpignan. 25.65 19.15 24.00 24.50
Tarn. Lavaur 23.00 18. 00 » 1860
Tam-et-rtar.Montauban 21. uo 18.90 16.50 19.00
r-.— Moissac 20.00 16.25 19.50 18 00
Prix moyens 21 99 18.46 18.57 18.71
9" RÉGION. — SUD-EST.
Basses-Alpes. Manosque 23.75 » » »
Hautes-Alpes. Briançon. 22.25 18.00 18.00 18.00
.4(aes-A/oH(imes.NiGe.. 22.00 19.00 16.00 20.00
.4rdec/.e. Privas 25.15 17. IS 16.20 18.80
B.-du-/î/ione. Marseille. 21.00 » » 15.50
Dréme. Valence 20.50 14.50 » 17. 00
Gord. Alais 25.00 » » 2I.0U
//aule-toire. Le Puy... 23.30 18.55 18 40 17.00
Foi-. Draguignan 22.25 » 18.00 17.80
Vaucluse. Carpenlras.. 20.50 » » n.oo
Priiraoyens 22.77 17.45 17.32 18.01
Moy. de toute la France 20.92 16.39 17 4t 17 10
— delà semaine précéd. 20.60 16.09 17.94 17.27
Sur lasemainejHausse. 0.32 » » "
précédente..) Baisse.. » 0 30 0.53 0.17
DES DENRÉES AGRICOLES (4 OCTOBRE 1884). 37
Blés. — La situation générale du marché est meilleure depuis quelques jours ;
ce n'est pas qu'il y ait une reprise sensible dans les cours, mais la baisse n'a pas
fait de nouveaux progrès, et dans un certain nombre de départements il y a plus
de fermeté dans les cours. Du l'''' août au 15 septembre, il a été importé en France
1,461,000 quintaux de blés et 40,0 Jû quintaux de farine; les exportations sont
toujours très laibles. — A la halle de Pmis, le mercredi 1''' octobre, il y a eu peu
d'affaires, les ofl'res de la culture étant très restreintes; On cotait de 20 fr. 50 à
92 fr. par 100 kilog., ou en moyenne 21 fr. 25, comme le mercredi précédent. —
Au marché des blés à livrer, les jirix varient peu On cotait : courant du mois
21 fr.; novembre, 21 fr.; quatre mois de novembre, 21 ir.; quatre premiers
mois 21 ir. 25 à 21 fr. 50; quatre mois de mars, 21 fr. 50 — Au Havre, les prix
sont un peu plus fermes. Les blés d'Amérique valent de 20 fr. 75 à 21 fr.; ceux
d'Australie, 22 fr.; ceux des Indes, 20 fr. 50. — A Marseille, les arrivages de la
la semaine ont été de 6,000 quintaux ; le stock n'est que de 19,000 quintaux. On cote
par 100 kilog. : Red-Winter, 22 fr.; Berdianska, 22 fr. fr. 50; Irka-Azoiî 19 fr.;
Borrbay, 20 fr. à 20 fr. 25; Azoô' dur, 19 fr. 50 à 20 fr. 50; Burgos, 19 fr. 25.
— A Londres, en signale un peu plu* de fermeté sur la plupart des marchés; les
blés exotiques sont cotés de 19 Ir. 60 à 20 fr. 50 par 100 kilog., suivant les pro-
venances et les qualités.
Farines. — Les atfaires sont toujours calmes. Les prix des farines de consom-
mation restent sans changement. On cotait, à Paris, le mercredi l''' octobre :
marques de Corbeil, 47 fr.; marques de choix, 47 à 50 fr.; premières marques,
46 à 47 fr.; bonnes marques, 44 à 45 fr.; sortes ordinaires, 4.3 à 44 fr.; le tout
par sac de 159 kilog., toile à rendre, ou 157 kilog. nets, ce qui correspond aux
prix extrêmes de 27 fr. 40 à 31 fr. 85 par 100 kilog., ou en moyenne 29 fr. < 0,
comme le mercredi précédent. — Les farines de spéculation étaient cotées lem'&i-
credi 1" octobre au soir : farines neuf-viarques, courant du mois, 44 fr. 50;
novembre 44 fr.; quatre mois de novembre, 44 fr.; quatre premiers mois, 44 fr.;
quatre mois de mars. 44 fr. 50 à 45 fr; le tout par sac de 159 kilog., toile perdue,
ou 157 kilog. net. — Les farines deuxièmes valent de 21 à 22 fr. par 100 kilog.;
les gruaux, de .32 à 37 francs.
Seigles. — Peu d'affaires. IjBS prix sont soutenus. On cote à la halle de P^ris
de 15 à 16 fr. par 100 kilog. suivant les sortes. — Les farines valent de 20 à
23 fr.
Orges. — Les bonnes qualités sont recherchées On cote de 17 fr. à 18 fr. 75
par 100 kilog, suivant les sortes, — Les escourgeons valent deI8fr.25à 18 fr. 50.
— Quant aux malts, les prix se fixent de 28 à 30 fr. quintal métrique, pour les
malts vieux.
Avoines — Les cours sont sans cliangements. On cote à la halle de Paris, de
16 fr. 75 à 19 fr. 50 par 100 kilog., suivant poids, couleur et qualité. — Les
avoines de Suède valent de 15 fr. 50 à Ib fr. 50.
Sarrasin. — Les sarrasins nouveaux sont offerts aux cours de 16 fr. à 16 fr. 50
par quintnl métrique.
Maïs. — Peu d'ail'aires dans les ports. Les maïs d'Amérique se cotent de 14 à
14 fr. 50 par 100 kilog. au Havre.
Issues. — Les cours sont encore sans changements. On cote à Paris par 100
kilog.; gros son, 15 à 15 fr. 50; sons gros et moyens, 14 fr. 50 à 14 fr. 75;
sons trois cases, 13 fr. 50 à 14 fr. 25; sons lius, 12 à 12 fr. £0; recoupettes,
12fr. 50 à 13 fr. ; remoulages bis, 15 à 16 fr.; remoulages blancs, 17 à 17 fr. 50.
IV. Fruits et légntnes frais.
Fruits. — Où vend à la halle de Paris : raisins blancs ordinaires, le kilog.
0 fr. 60 à 0 fr. 75 ; du Midi 0 fr. 90 à 1 fr. 10; noirs 0 fr. 50 à 0 fr. 80 ; poires,
le kilog. 0 fr. 35 à 0 fr. 60 ; pommes 0 fr. 25 à 0 fr. 35 ; figues, 0 fr. 40 à
0 fr. 50 ; marrons, 0 fr. 30 à 0 fr. 35; noix, le kilog 0- fr. 40 à 0 ir. 80.
Légumes. — Dernier cours de la halle haricots verts, le kilog, 0 fr. 20 à 0 fr. 30;
tomates, 0 fr. 25 à 0 fr. 30.
V. — Vins. — Spiritueux. — Vinaigres. —Cidres.
Vins. — Les vendanges se poursuivent avec la plus grande activité. Dans le
Midi, elles sont assez avancées pour que l'on puisse prévoir un récolte satisfai-
sante quant à la qualité. Malgré quelques orages qui ont entravé les travaux aux
environs de Narbonne et de Béziers, le Languedoc est favorisé par le beau temps.
Il en est de même dans le Bordelais, où la quantité des raisins est faible, mais où
la maturation est excellente. Le Beaujolais est également "satisfait de la valeur des
38 REVUE GOMMEKCIALB ET PRIX GOURANT
moûts. Seuls, la Champagne et le Beaujolais ont une récolte abondante et d'un
bel aspect. EnBourgogne, on commence seulement à cueillir le raisin. En Algérie,
on est très content du rendement et de la qualité.
Les transactions commerciales sont toujours rares. ABéziers, les petits vins de
plaine se vendent 15 à 18 fr. l'hectolitre. Dans les autres régions, quelques
affaires se sont entamées, mais dans des conditions trop peu certaines pour qu'on
puisse établir des cours. A Marseille, les vins nouveaux étrangers sont cotés aux
prix suivants par hectolitre : Alicante, 40 à 42 fr. ; Beni-Carlo, 36 tr.; Bequen,
25 à 32 fr.; Scoglietti (Italie), 38 à 40 fr.; Dalmatie, 44 fr.; Kumi, 28 à 30 fr.
Spiritueux. — La situation est toujours lourde, et les cours se soutiennent diffi-
cilement. A Paris, on cote par hectolitre : trois -six fin Nord, 90 degrés, dispo-
nible; 41 fr. 50 à 41 fr. 75; octobre, 41 fr. 75; deux derniers mois, 42 fr.; quatre
premiers mois, ^3 fr. à 4>i fr. 25. — A Lille, les alcools de mélasse disponibles
sont à 43 fr. et 43 fr. 50. — A Béziers, trois-six bon goût, 103 fr. l'hectolitre ; à
Pézenas, trois-six bon goût, 101 fr.; à Nîmes, trois-six bon goût, 100 fr.; à
Cette, trois-six bon goût, 105fr.;marc, 95 fr. — A Aillevilliers (Haute-Saône),
les prix des kirchs sont établis corùme suit : kirsch pur. 350 fr. l'hectolitre en
bombonnes ; kirsch fin, 180 fr.; kirsch de commerce, l"' choix, en hombonnes,
80 fr. l'hectolitre; en fûts, 70 fr. — A Bordeaux, les trois-six Languedoc sont à
113 fr. l'hectolitre; les trois-six fins Nord, à 50 fr. avec des demandes assez
actives. — Dans la Charente, les eaux-de-vie 1883 disponibles sont cotées 200 fr.
l'hectolitre, sans fûts.
Cidres. — La récolte des pommes à cidre, qui s'annonçait comme devant êtr e
peu abondante, donne un résultat meilleur qu'on ne l'espérait. Les prix actuels,
sont dans la Manche et dans l'Eure de 2 fr. à 2 fr. 50 l'hectolitre, et de 4 fr
dans le Calvados.
VI. — Sucres. — Mélasses. — Fécules. — Houblons.
Sucres. — Les cours ont encore fléchi cette semaine. A Paris les sucres bruts s
88 degrés saccharimétriques, sont cotés, par 100 kilog., 33 fr. 50 à 33 fr. 75>
avec 1 fr. de baisse; les 99 degrés, 38 fr. à 38 25 ; les sucres blancs se payent
de 38 fr. 50 à 38 fr. 75. A Yalenciennes, sucres bruts sans affaires, à 33 fr. 50;
à Lille, 32 fr. 75 à 33 fr. Le stock de l'entrepôt réel à Paris était, le 29 sep-
tembre, de 467,294 sacs, pour les sucres indigènes. — Les sucres raffinés sont
cotés à Paris de 110 à 111 Ir. par 100 kilog. à la consommation, et de 46 fr. 25
à 50 fr.pour l'exportation. — A Nantes, les sucres bruts coloniaux valent de
33 fr. 50 à 33 fr. 75 par quintal métrique ; les raffinés, 114 fr.
Fécules. — Les prix ont laibli depuis la semaine dernière. A Paris, les fécules
premières du rayon valent 30 fr. par 100 kilog.; à Gompiègne, colles de l'Oise
sont descendues à 24 fr.
Houbloris. — La situation semble s'améliorer quelque peu, quoique les affaires
soient calmes dans la plupart des centres de production. — Les prix se fixent
aux cours suivants : dans le Nord, de 170 à 176 fr. par 100 kilog. pour la qua-
lité d'exportation; de 160 à 174 pour les houblons nouveaux; des acliats ont été
faits en culture, de 180 à 200 fr. en Alsace, les prix varient de 220 à 250 fr.
VII. — Tourteaux. — Noirs. — Engrais.
Tourteaux. — Les prix sont sans changements. On paye par 100 kilog. : à
Marseille, tourteaux de lin, 18 fr. à 18 fr. 25; d'arachide décortiquée, 14 fr.; en
coque, 9 fr. 75; de sésame, 12 fr. 25; à 13 fr.; de cocotier, 12 fr. 75; de colza,
du Danube, 12 fr.; d'œillette exotiipie, 11 fr. de coton, 12 fr.; de palmiste,
10 fr. 75; de ricin, 8 fr. 25 ; de ravison, 11 fr. 75; — à Cambrai, tourteaux de
colza, 16 fr. 50 à 18 fr. 50; d'œillette, 14 fr. 50; — à Caen, tourteaux de colza,
17 fr.; — à Bouen, tourteaux de colza, 16 fr.
Noirs. — A 'Valenciennes, on cote sans changement, par 100 kilog.; noir ani-
mal neuf en grains, 33 à 36 fr.; noir vieux grains, 10 à 12 fr.
Engrais. — Les uffaires sont rares et la tendance des cours est à la baisse. On
cote par 100 kilog,. sulfate de potasse, 20 fr. à 20 50; chlorure de potassium,
18 fr. 50; nitrate db soude, 24 fr. 50. —Les principes fertilisants sont cotés dans
les engrais composés : potasse 0 fr 46 à 0 fr. 47, carbonate de potasse. 0 fr. 38.
VIII. — Huiles et graines oléagineuses.
Huiles. — A Pai'iS on cote, par 100 kilog. : huile de colza 67 Ir. 75 à 68 fr.;
huile de lin, 5i à 54 fr. 50 pour le disponible; — à Rouen, huile de colza
68 fr.; à Caen, huile de colza, 64 (v. 25 ; à Cambrai, 70 fr.; dans le Nord, huile de
DES DENRÉES AGRICOLES (4 OCTOBRE 1884;, 39
colza, 60 à 60 fr. 50; huile de lia 49 à 49 fr. 50. — A Nice, les huiles d'olive
supérieures sont tenues à des prix fermes, mais sans affaires. On cote par 100
kiiog. : huile extra-line, 175 à 180. fr.; surûne, 160 à 170 fr.; mi-iine et fine, 130
à 155 fr. ; mangeable, 100 à 125 fr.
Graines oléagineuses. — A Gaen, la graine de colza vaut 21 fr. 50 l'hectolitre ;
— A Marans, on paye par 100 kilog.. graine de lin, 26 fr. 50; de moutarde,
43 fr.; de colza, 32 fr.; do chanvre," 36 fr. — A Cambrai, les œillettes valent
23 fr. à 25 fr. 50; la cameline, 12 à 16 fr.
IX. — Matières résineuses. — Textiles.
Matières résineuses. — A Dax, l'essence de térébenthine se cote 47 fr. les 100
kilog.; à Bordeaux, 51 fr. — Les gemmes nouvelles de 18S4 valent, à Bazas,
22 fr. 50 par barrique; les gemmes système Hugues, 25, fr.
Laines. — Au Havre, les laines de Buenos-Ayres en suint valent 140 fr. les
100 kilog.
Lins. — Les lins sont cotés à Doullens, par 100 kilog., de 62 fr. 50 à82fr. 50.
X. — iuifs et corps gras .
Suifs. — Les suifs .purs de l'abat de la boucherie de Paris conservent leurs
cours de 81 à 82 fr. les 100 kilog.
Saindoux. — Ventes nulles, prix nominaux au Havre, de 103 fr. par quintal
pour les saindoux d'Amérique.
XI. — Ileurrcf. — Œufs. — Fromages.
Beurres. — 11 a été vendu pendant la semaine, à la halle de Paris, 230,637
kilog. de beurres. Au dernier jour, on cotait par kilog. : en demi-kilog., 2 fr. 04
à 4 fr. 30; petits beurres, 1 fr. 76 à 3 fr. 28 ; Gournay, 2 fr. 70 à 4 fr. 72 ; Isigi^y,
2 fr. 24 à 8 fr. 1 2
XII. — Chevaux. — Bétail. — Viande.
Bétail. — Le tableau suivant résume le mouvement officiel du marché aux bes-
tiaux de la Villette, du jeudi 25 au mardi 30 septembre :
Poids Prix du kilog. de viande nette snr
Vendus tnoven pied au marché du 29 septembre.
Pour Pour En 4 quartiers. I'° 2° 3" Prix
Amenés. Paris, l'eitérieur. totalité. liil. quai. quai. quai. moyen.
Bœufs 4,7«8 3,021 1,546 4,567 346 1.74 l.GO 1.34 1.53
Vaches 1,933 1,107 664 1,771 228 1.66 1.50 1.28 1.45
Taureaux 358 285 41 326 390 1.46 1.36 1.26 1.36
Veaux 3,433 1,570 906 2,476 77 1.90 1.80 1.60 1.78
Moutons 35,899 20,179 12,463 32,642 19 1.96 1.80 1 54 1.74
Porcs;; ras.... 6,897 2,418 4,461 6,879 81 1.40 1.34 1.-30 1.32
Les arrivages des marchés de la semaine se décomposent comme il suit :
Bœufs. — Aisne, 10; Allier, 16; Aveyron, 10 ; Calvado,-;. S64 ; Cantal, 2; Charente, 86; Cha-
rente-Inférieure, 18, Cher, 131; Corrùze, 8; Côte-d'Or, 136; Côtes-du-Nord, 213; Creuse, 54;
Deux-Stvres, 72; Dordogne , 17; Eure, 30; Kure-et-Loir, 21 ; Finistère, 32; Gironde, 8; ladre,
40; Loire, 16 : Lot, 22 ; Lot-et-Garonne, 5; i^laine-et-Loire, 137; Manche, 162; Meuse, 8; Nièvre,
512; Orne, 525 ; Puy-de-Dôme, 93; Saône et-Loire, 321; Sarlhe, 48 ; Seine-Inférieure, 18; Ven-
dée, 118; Haute-Vienne, 2; Vosges, 8; Yonne, 59; Italie, 32.
Vaches. — Aisne, 2 ; Aube, 5; Aveyron, 14; Calvados, 300; Cantal, 10; Charente, 9; Cher,
22; Corrèze, 1; Côte-d'Or, 40; Creuse, 10; Doubs,6; Eure, 22 ; Eure-et-Loir, 31 ; Indre, 2 ;
Loiret, 4 ; Lot et-Garonne, 2 ; Maine-et-Loire, 29; Manche, 121 ; Nièvre, 217; Orne, 108; Puy-de-
Dôme, 212 ; Saône-et-Loire, 79; .Sarthe, 20 ; Seine, 105; Seine-Inférieure, 14; Seine-et-Marne,
13; Seine-et-Oise, 31; Vendée, 7; Haute Vienne, 12; Vosges, 3; Yonne, 28; Suisse. 16.
Taureaux. — Ain, 7; Aisne, 2 ; Aube, 7 ; Calvados, 56; Cher, 2 ; Côte-d'Or, 9; Côtes-du-Nord,
12; lieux-Sèvres, 2; Doubs, 5; Eure, 16 ; Eure-ei-Loir, 13; Finistère, 1 ; Gironde, 6; lUe-et-
Vilaine, 10; Ii dre-et-Loire, 3; Loiret, 7; Maine-et-Loire, 18; Manche, 44 ; Nièvre, 25 ; Oise,
12; Orne, 17 ; Puy-de-Dome, 1 ; Saône-et-Loire, 14 ; Haute-Saone, 9; Sarthe, 5 ; Seine-Infé-
rieure, 13; Seine-et-Marne, 10; Seine-et-Oise, 12 ; Yonne, 9; Suisse, 6.
Veaux. — Aulie, 386; Calvados, 34; Eure, 284: Eure-et-Loir, 315 ; Loiret, 268; Marue,
100; Nièvre, 1 , Oise, 36; Puy-de-Dôme, 132; Sarthe, 95; Seine -Inférieure, 87, Seine-et-
Marne, 294; Seine-et-Oise, 36; Yonne, 66; Bel^iique, 20.'
Moutons. — Aisne, 152 ; Allier, 459; Hautes-Alpes. 260; Ardennes, 323; Atlbe, 802; Aveyron,
320; Cantal 2,l'i5 ; Charente, 224; Cher, 328; Corrèze. 260; Côte-d'Or, 189; Creuse, 180; Dor-
dogne, 286; Eure, 56; Eure-et-Loir, 334; Indre, 381; Indre-et-Loire, 119; Loiret, 834; Lot,
719 ; Lozère, 159; Marne, 65; Haute-Marne, 384 ; Meurthe-et-Moselle, 244 ; Nièvre, 1.371; Nord,
177; Oiïe, 50; Seine, 123; Seine-et-Marne, 1,510; Seine-et-Oise, 2,208; Yonne, 184; Alle-
magne, 5,968; Hongrie, 6,840; Ilalie, C65 ; Portugal, 145 ; Russie, 4.212
Fores. — Aisne, 75 ; Allier, 583; Bouches-du-Rhùne, 29; Calvados. 171 ; Charente, 181 ; Cha-
rente-Inférieure, 31 ; Cher, 120; Côte-d'Or, 101; Côtes-du-Nord, 172; Creuse, 124; Deux-Sèvres,
423; Ille-et-Vilaine, 474; Indre, 141; Indie-et-Loire, 34; Loire-Inféneure, 350: Loir-et-Cher,
117; Lot, 70; Maine-et-Loire, 679; Manche, 132 ; Mayenne, 23 ; Meurthe-Moselle, 30; Nièvre,
140; Puy-de-Dôme, 172; Rhône, 25; Saône-et-Lùire, 190; Haute-Saône, 32; Sarthe, 1,2.54;
Seine, 30; Seine-Inférieure, 28; Vendée, 894; Vienne, 155.
40 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT (4 OCTOBRE 1884)
Les arrivages ont été, durant cette semaine, à peu près les mêmes que durant
la semaine précédente. Pour la plupart des catés^ories, les ventes ont été assez
lentes, et les prix accusent un peu de baisse ; mais les prix des veaux sont fermes.
— Sur les marchés des départements, on cote : Bourges, breuf, I f'r. 40 à 1 fr. 60
parkilog. de viande net sur pied; veau, 1 fr. 60 à 1 fr. 80; mouton, 2 fr. à 2 fr.
10; porc, 1 fr. 40 à 1 fr. 50 — Nevers,bœuï, 1 fr. 60 à 1 fr. 80; vache, 1 fr. 40
h 1 fr. 60 ; veau, 2 fr.; mouton, 2 fr. ; porc, 1 fr. 60 ; — Nancy, bœuf, 88 à 91 fr.
par 100 kiiog. bruts ; vache, 60 à 88 fr. ; veau, 46 à 58 fr. ; mouton, 80 à 95 fr.;
porc, 68 à 70 fr. ; — Dijon, bœuf, 1 fr. 60 à 1 fr. 72; taureau, I fr. 10 à
1 fr. 34; vache, 1 fr. 20 à 1 fr. 66; veau (poids vif), 1 fr. 06 à 1 fr. 16; mouton,
1 fr. 50 à 1 fr. 80; porc (poids vif), 0 fr. 90à 0 fr. 96; — Lyon, bœuf,
1 fr. 30 à 1 fr. 54; veau (poids vif), 0 fr. 96 à 1 fr. 04; mouton, 'l fr. 38 à
1 fr. 80; porc, 1 fr. 06 à 1 fr. 17; — Le Put/, bœuf, 1 fr. 60; vache, 1 fr. 40 .
veau, 1 fr, 60; mouton, 1 fr. 70 : porc, 1 fr. 50.
Prix du kilog, le 29 septembre.
kilog. 1" quai. ?• '{ual. 3* quai. Choix. Basse 3o'.:cherie.
Bœufou vaclie... 151,979 1.56 à 1.96 1.28 à 1.54 1.10 à 1.26 » à » • à
Veau 169,753 1.82 1.90 1.42 1.80 1.20 1.40 • .. ., «.
Mouton 78,264 1.5Ù 1.76 1.32 1.54 1.14 1.30 1.70 3.00 »
Porc 43,898 Porc frais 1.2ùàl.40.
443,894 Soitparjour 63,414 kilog.
Les ventes ont été supérieures de 15,000 kilog. par jour à celles de la semaine
précédente. Les prix sont fermes pour la viande de bœuf, mais en baisse pour les
autres sortes.
XUI. — Cours de la viande à l'abattoir de la Villelte du jeudi 2 octobre {par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On vend à la Villette par 50 kilog. : 1" qualité,
65 à 70 fr. ; 2", 60 à 65 fr. Poids vif, 44 à 48 fr.
Bœufs. Veaux. Moutons.
j„ ,y 3. •,.. 2- 3. II. 2-
quai. quai. quai. qiial. quai. quai. quak quai. quai.
fr. fr. fr. fr, fr. fr. fr. fr. fr.
80 73 68 97 92 87 88 82 76
XIV. — Marché aux bestiaux de la Villette du jeudii octobre 1884.
Cours des commissionnaires
Poids Cours officiels. en bestiaux.
Animaux gênerai. 1" 2* 3* Prix 1" 2' 3" Prix
amenés Io7endus. kil. quai. quai. quai, extrêmes. qual.qual. quai. extrêmes.
Bœufs 2.219 110 3bO 1.72 l.b8 1.32 l.2Sàl.76 1.70 1.56 1.30 l.21al.72
Vaches 752 3b 23i 1.64 1.48 1.2S 1.20 1.63 1.62 1.46 1.26 1.20 1.6S
Taureaux... 164 9 398 1 46 1.3» 1.26 1.22 1.50 I 42 1.32 1.26 1.20 1.50
Veaux 1.187 91 76 1.90 1.80 1.60 1.50 2 96 » • . »
Moutons 21.163 3.133 20 1.94 1.76 1.50 1.44 2 00 » » » »
Porcs gras.. 4.»91 362 80 t. 32 1.26 1.20 1.12 1.38 • • . "
— maigres.. » ■ ,, .»»•.»»»
Vente ordinaire sur toutes les espèces.
XV. — Résume'.
La situation s'est améHoriée pour les céréales. Les vendanges s'annoncent
comme bonnes pour la qualité ; les prix des autres denrées agricoles restent à peu
près stationnaires. A. Rémy.
BULLETIN FINANCIER
Un mouvement général de hausse s'est produit sur les cours de la plupart des
fonds publics et surtout sur ceux des rentes et des grands établissements de
crédit. On cote les rentes françaises: 3 pour 100, 78 fr. 75; — 3 pour 100
amortissable, 80 fr. 65 ;— 4 et demi pourlOO, 107 fr. 20 ; — 4 et demi pour 100,
nouveau, 109 fr. 15.
Les actions des établissements de crédit se cotent : Banque de France,
5,050 fr. 50; Banque de Paris et des Pays-Bas, 770 fr. : Comptoir d'escompte,
957 fr. 50 ; Crédit foncier et agricole d'Algérie, 496 îr. 25 ; Crédit foncier, 1 ,325 fr.;
Banque d'escompte de Paris, 520 fr. Crédit lyonnais, 550 fr., Compagnie
foncière de France, 431 fr. 25; Crédit mobilier, 286 fr. 25; Société de dépôts
et comptes courants, 628 fr. 50 ; Société générale, 460 fr. ; Banque parisienne,
387 fr. 50. _^ E. FÉRON.
Le Gérant : A. Bouché.
CHRONIQUE AGRICOLE (u octobre i884).
Date de la rentrée des Chambres. — Discussions à ouvrir sur la crise agricole. — Les droits
compensateurs sur les produits du sol. — Lieux et dates des concours régionaux en 18K5. —
Concours pour les primes de culture à décerner en 1886. — La récolte du blé en Angleterre
d'après sir J.-B. Lawes. — Les récoltes en Suisse. — Rapport sur la produclion agiicole aux
Etats-Unis- — Le sucrage des vins à prix réduit. — Letire de .M. Tirard. — Cnngiés phyl-
loxérique de Turin. — Nécrologie : .M. de Luesemans. .M. Graeff, M. Audran. — Blés de semence.
— Lettre de M. de la Trélionnais. — Syndicat des agriculteurs de Loir-et-Cher pour l'achat des
engrais. — Marché conclu avec son lournisseur d engrais. — Programme de la station agro-
nomiqud d'Arras. — Travaux de la station agronomique d'Avignon. — Recherches de
MM. Berlhelot et André sur la marche de la végétation dans les plantes annuelles. — Vœux
de la réunion des Comices d'Eure-el-Loir et de la Société des agriculteurs du Nord. — Con-
cours des associations agncules, — Société d'agriculture de l'Eure. — Société d'émulation de
Lisieux. — Comi.ie du Cotentin. — Di'^cours de M. Hervé Mangon. — Comice de LavaL —
Discours de M. Le Breton. — Essais de batteuses au Comice de Chàlons. — Discours de
M. Lholelain au Comice de Reims. — Comices de Sancerre et de Vendôme. — Allocution de
M. de Monicault au Comice de Trévoux. — Comice de Riom. — Société d'agricullure de Bour-
goin. — Discours de M. Genin. — Comice de Nérac. — Allocution de M. Laporte. — Décoration
du Mérite agricole. — Regrets exprimés par laSociété des arts agricoles du Havre à l'occasioa de
la mort de M. Barrai.
I. — Le Parlement et l'agricu'ture.
La rentrée des Chambres est fixée au 14 octobre. Pendant les
vacances parlementaires, les sénateurs et les députés ont été en con-
tact permanent avec les populations, et ils ont pu constater combien
sont fondées les plaintes que les cultivateurs font entendre. Nous
devons nous garder des exagérations, dans quelque sens que ce soit :
nous ne voulons pas suivre les pessimistes qui proclament la ruine
imminente de tous les producteurs du sol, de même que nous nous
éloignons de ceux qui affirment que l'agriculture peut et doit se tirer
d'afi'aire sans qu'on lui vienne en aide. L'absolutisme est la pire des
choses dans les affaires sociales. Nous croyons à la vitalité de l'agri-
culture française; nous sommes convaincu qu'elle sortira victorieuse
de la crise amenée par la révolution qui s'opère dans le monde entier.
Mais, pour qu'elle ne soit pas étouffée dans la lutte, il est absolument
nécessaire que des mesures énergiques sauvegardent ses intérêts, dont
la situation s'aggrave chaque jour. Elle dit au Parlement : « Vous avez
protégé toutes les industries ; mais c'est contre moi que la protec-
tion industrielle a été organisée. Puisque cette protection subsiste,
qu'elle est consacrée par des traités, que vous avez été les véritables
auteurs de l'infériorité dans laquelle je suis placée, votre devoir est de
réparer cette injustice. Je ne réclame pas la protection dans le sens
absolu de ce mot, mais je demande l'équité; je réclame un droit com-
pensateur, tel qu'il a été défini par Léonce de Lavergne, pour les pro-
duits que je tire du sol, pour celui surtout qui a été jusqu'ici la prin-
cipale production de la terre française, le blé. « Tel est le l'ésupié des
vœux unanimes des agriculteurs; voilà ce qu'ils demandent, et ce
qu'il est aujourd'hui impossible de leur refuser. La lumière est com-
plète sur la situation agricole; on ne peut différer d'avis que sur les
détails d'application. Nous espérons qu'une discussion large, appro-
fondie, signalera la nouvelle session qui va s'ouvrir, et que cette dis-
cussion se terminera nar une surélévation légitime des droits de douane
sur les denrées agricoles. Bien d'autres questions sont encore a 1 étude,
mais celle-ci prime toutes les autres, elle doit être abordée et résolue
sans ambages.
IL — Les concours régionaux en 1885.
Le Journal officiel fait connaître les dates des prochains concours
N» 809. — Tome IV de 1884. — 11 Octobre.
42 CHRONIQUE AGRICOLE (11 OCTOBRE 1884).
agricoles régionaux qui auront lieu^ en 1885^, "dans les villes et aux
époques suivantes :
Montpellier, du 2 au 10 mai.
Angers, Angoulême, Toulouse, du 9 au 17 mai.
Moulins, Valence, Vesoul, du 16 au 25 mai.
Beauvais, Lyon, Montauban, du 30 mai au 7 juin.
Chartres, Nancy, du 6 au 14 juin.
Pour être admis à exposer dans ces divers concours, on doit en faire la
déclaration au ministère de l'agriculture. Cette déclaration devra être parvenue
au ministère, à Paris, aux dates désignées ci-après : Montpellier, le l"'' avril 1885 ;
— Angers, Angoulême ot Toulouse, le 5 avril; — Moulins, Valence et Vesoul, le
lû avril; — Beauvais, Lyon et Montauban, le 25 avril; — Cliartres et Nancy,
le l-'' mai.
On peut se procurer les programmes de ces divers concours et les
formules de déclaration au ministère de l'agriculture et à toutes les
préfectures et sous-préfectures.
[in. — Les primes d'honneur en 1886.
Nous croyons utile de rappeler que les concours pour la prime
d'honneur et les prix culluiaux, les primes d'honneur de la petite
culture et de l'horticulture, les prix d'irrigation et les récompenses
dites de spécialités, auront lieu, en 1886, dans les départements sui-
vants : Eure, 3Iayenne, Nord, Cher, Ardennes, Côte-d'Or, Haute-
Vienne, Lot-et-Garonne, Creuse, Puy-de-Dôme, Bouches-du-Rhône^
Savoie. Les concurrents doivent adresser leur déclaration, avec les
notes et plans à l'appui, à la préfecture de leur département, avant
le 1"' mars 1885.
IV. — La recolle en Angleterre et en Suisse.
L'agronome bien connu d'Angleterre, sir J.-B. Lawes, de Rolham-
sted, vient de publier, comme il le fait chaque année, une appréciation
sur la récolte du blé dans le Royaume-Uni. D'après lui, la récolle de
1884 y dépasse la moyenne, mais ne doit pas être considérée comme
une grande récolte; elle s'élèverait à 27 millions d'iiectolitres environ.
Pour subvenir aux besoins de la consommation jusqu'au mois d'août
prochain, l'Angleterre aurait à importer 47 millions d'hectolitres de
. blé étranger-, pendant l'année ISi^tVH'j, l'importation nette a été de
46 millions d'hectolitres.
■ D'après notre confrère, M. Borel, direteur du Journal d'agriculture
suisse., les résultats des récoltes dans la Suisse romande, comprenant
les cantons de Vaud, Genève, Fribourg, Neuchàtel, Jura bernois et
Valais, seraient les suivants : blé, avoine, pommes de terre, vigne,
récolte bonne ; fourrages, récolte assez bonne.
V. — La producUon agiicole aux Etats-Unis.
- On sait que chaque année le département de l'agriculture, aux
Etats-Unis d'Amérique, publie un rapport sur la producliim agri-
cole dans les Etats de l'Union. Nous venons de recevoir le rapport,
pour Tannée 1883, de M. Geo. B. Loring, commissaire de l'agricul-
ture : c'est un volume de 500 pages, avec de nombreuses planches
hors texte. Il renferme les rapports spéciaux de M.M. Detmers. vétéri-
naire; Geo. Vasey, botaniste; C,-V. Riley, entomologiste; de M. Saun-
ders, intendant des Jardins et parcs; de M. Ricliardson, chimiste; de
de M. Dodge, statisticien. Viennent ensuite des études sur le sorgho
CHRONIQUE AGRICOLE (11 OCTOBKK 1884). 43
sucré, sur les questions forestières, sur la production de la viande.
Tous les côtés de l'activité a2;ri(;ole sont passés en revue dans ces rap-
ports. Le volume est tiré à 300,000 exemplaires aux frais de l'Etat;
un crédit de 2'20,000 dollars (plus d'un million de francs) a été affecté
aux frais de la publication. Li distribution en est faite gratuitement
dans toutes les parties des Etals-Unis.
VI. — Le sucrage des vendançics.
Les vendanges sont à peu près terminées; de différents côtés on
nous demande où en est l'application de l'article de la loi récente sur
les sucres, qui a réduit à 20 fr. le droit sur les sucres employés au
sucrage des vendanges et à la préparation des vins de seconde cUvée.
La réponse à cette question se trouve dans la lettre suivante que
M. Tirard, ministre des lînances, vient d'adresser au président du syn-
dicat des négociants en vins de Champagne :
« Monsieur le président, vous avez demandé à l'administration des finances de
prendre des mesures en vue de l'application immédiate des dispositions de l'ar-
ticle 2 de la loi du 29 juillet dernier, qui a réduit à 20 Ir. par 100 kilog. la taxe
sur les sucres employés au sucraye des vendant;es.
« Lors de la discussion de celte loi, j'ai fait connaître au Parlement que le
sucrage des vins à prix réduit ne pourrait être pratiqué que lorsqu'ou aurait trouvé
un moyen de dénaturer le sucre de telle façon que ce produit ne subisse aucune
moditication de nature à le rendre impropre au sucrage, et ne puisse cependant
être détourné de sa destination pour rentrer dans la consommation ordinaire ou
servir à la préparation de certains produits.
" Tel a été également le sentiment du Parlement lorsqu'il a voté le paragraphe 2
de l'article 2 de la loi précitée, qui stipule expressément que l'emploi des sucres
destinés au sucrage devra être préalablement déterminé par un règlement d'admi-
nistration public|ue.
■< Dès les premiers jours qui ont suivi le vote de cette loi, l'administration des
finances s'est préoccupée de rechercher un procédé de dénaturation répondant au
double but que j'ai indiqué. Plusieurs méthodes lui ont été présentées, mais une
seule a paru devoir fixer l'attention, et je me suis empressé de la faire soumettre
à l'examen du Comité consultatif des arts et manufactures, la seule autorité com-
pétente pour décider si l'emploi de ce procédé peut être autorisé.
M Mon collègue du commerce ne m'a pas encore fait connaître l'appréciation
du Comité, et je ne puis dès lors prévoir l'époque à laquelle l'administration
des finances sera en mesure d'élaborer et de soumettre au conseil d'Etat le projet
de règlement à l'adoption duquel l'emploi des sucres, sous payement de la taxe
réduite, reste subordonné,
i; Recevez, etc. Le ministre des finances, Tirard. »
Il résulte de cette lettre que l'article 2 de la loi sur les sucres est
resté jusqu'ici à l'état de lettre morte. Nous ne pouvons que le déplo-
rer; mais le fait était trop prévu pour nous étonner. Ce n'est pas la
première fois que les meilleures mesures sont paralysées par la lenteur
ou même par le mauvais vouloir que l'on apporte à leur exécution.
VU. — Le phylloxéra.
Le congrès phylloxérique international, qui devait se tenir à Turin
au mois d'août dernier, a été retardé à cause de l'épidémie cîiolérique.
La date de l'ouverture de cette réunion est déûniiivement fixée au
lundi 20 octobre courant. M. Pierre Toclion, président de la Société
centrale d'agriculture de la Savoie, rendra compte à nos lecteurs des
discussions et des faits que ce congrès mettra en lumière.
Yin. — Nécrologie.
L'agriculture belge vient de perdre un de ses plus éminents défen-
seurs, M. Robert de Luesemans, décédé à l'âge de soixante-quinze ans.
44 CHRONIQUE AGRICOLE (Il OCTOBRE 1884),
Il a été un des fondateurs de la Société agricole du Brabant, dont il a
été longtemps vice-président; il a été un des principaux organisateurs
des grandes expositions agricoles qui ont eu lieu à Bruxelles ; il était
membre du Conseil Supérieur d'agriculture de Belgique.
M. Michel Graeff, ancien inspecteur général des ponts et chaussées,
ancien ministre des travaux publics, est mort récemment. On lui doit
principalement la création du canal d'irrigation du Forez (Loire).
Nous apprenons aussi la mort de M. François Audran, ancien pré-
sident de la Société d'agriculture de l'arrondissement de Quimperlé
(Finistère).
IX. — Blés de semence.
Notre excellent collaborateur, M. de la Tréhonnais, nous adresse la
lettre suivante :
« L'année dernière un grand nombre d'agriculteurs ne purent recevoir les blés
de semence Broioick impérial rouge et mon nouveau blé blanc de Mold anobli,
qu'ils m'avaient demandé, les quantités dont je pouvais disposer ayant été rapide-
ment épuisées. Je prie les cultivateurs qui désireraient se procurer de ces blés,
qui ont donné partout la plus entière satisfaction, sous le rapport des grains et
de la paille, do vouloir bien me faire parvenir leurs demandes le plus tût possible
alin de ne pas arriver trop tard.
« Je signale aussi à leur attont ion un nouveau blé de printemps que j'ai cultivé
cette année pour la première fois, et qui m'a donné des résultats inespérés,
malgré les gelées du mois d'avril et la sécheresse inusitée que nous avons subie
cette année à l'époque de la croissance.
« Veuillez agréer, etc., de lA Tréhonnais.
Les demaudes relatives à ces blés doivent être adressées à
M. de la Tréhonnais, agriculteur au château de Saron, par Marcilly-
sur-Seine (Marne).
X. — Syndical des agriculteurs de Loir-et-Cher.
Le Journal A signalé l'initiative prise par les agriculteurs de Loir-et-
Cher, sous l'impulsion de M. Tanviray, professeur départemental
d'agriculture, pour la constitution de syndicats pour l'achat des
engrais. Cette initiative a été imitée dans un grand nombre de dépar-
tements. AGn de répondre h des désirs exprimés plusieurs fois, nous
croyons uLile de donner ici le texte de la convention signée le 30 août
dernier entre le syndicat et son adjudicataire d'engrais pour l'an-
née 1 884-85 :
Entre les soussignés : M. Tanviray, professeur d'agriculture, demeurant à
Blois, agissant au nom du Syndicat des Agriculteurs de Ijoir-et-Gher; et M. Beau-
gendre-Garnier, demeurant à Contres, il a été convenu ce qui suit :
M. Beaugendre s'engage à livrer aux membres du Syndicat qui lui seront
désignés, et avant le 10 octobre prochain, les matières premières et engrais
sui\ants :
(Suit la liste et la quantité des engrais, dont le total s'élève aujourd'hui à
270,000 kilogrammes.)
Ces engrais devront être dans un état pulvérulent parfait, et ne contenir que
10 pour 100 d'eau au maximum. Ils seront facturés sur analyse à l'état normal, et
d'après les bases suivantes :
Entrais faliri([iié^. Matières preinière-A.
Azote ammoniacal 3 fr. 30 l'unité. 2 l'r. 06 l'unité.
Azote nitrique.- I IV. 80 — I fr. 72 —
Azote organii^ue (corne, os) 1 fr. S.', — 1 fr. 76 —
Acida phosphorique soluhlo dans l'eau 0 l'r. .S.') — 0 fr. 68 —
Acide phosphorique soluble dans le citrate à froid. 0 fr. 80 • — 0 fr. 64 —
Acide phosphorique insoluble' — 0 fr. '25 —
Potasse à l'état de chlorure 0 fr. .55 — 0 fr. 50 —
1. Cet élément ne sera facturé ni dans tes superphosptiates, ni dans les engrais fabriqués.
CHRONIQUE AGRICOLE (II OCTOBRE 1884). 45
Les prix seront établis en gares de Blisis, Gjur-Glieverny, Fontaine-Soings
Saint-Aignan et Vendôme, mais seulement par wagons complets pour cette der-
nière gare ; les frais de transport seront à la charge des destinataires.
En sus de ces prix, les acheteurs auront à payer un supplément de 1 Ir. par
100 kilog. pour l'emballage des superphosphates et des engrais iabriqués.
Les acheurs auront le droit de réunir plusieurs commandes pour former des
wagons complets ; dans ce cas chaque sao devra porter une étiquette indiquant le
nom du destinataire et la nature de l'engrais.
Le payement des engrais aura lieu au domicile des syndiqués, à trois mois de
date de livraison. Ceux qui payeront comptant profiteront d'une remise do 2 pour
100. Pour les payements à 30 jours, l'escompte sera de I pour 100. Enfin les
acheteurs qui auront besoin d'un crédit dépassant trois mois, devront tenir
compte au iournisseur de l'intérêt du retard, à raison de 5 pour 100 l'an. Le
vendeur se réserve, dans ce cas, le droit de demander des garanties.
Le syndicat n'étant pas responsable de la solvabilité de ses membres (art. 20
des statuts), le fournisseur ne sera pas tenu de livrer à terme aux personnes d'une
solvabilité douteuse.
Les prises d'échantillons auront lieu aux gares d'arrivée ou en gare de Blois,
en présence des paities ou de leurs représentants.
Les irais d'analyse seront à la charge du vendeur pour toutes les livraisons de
5,000 kilog. au moins.
La vérification des dosages sera faite, au choix de l'acheteur, au laboratoire dé-
partemental à Blois ou à celui de la Société des agriculteurs de France.
Outre les quantités ci-dessus énoncées, M. Beaugendre s'engage à livrer jus-
qu'au 1" mars \88b, aux mêmes conditions, telles quantités d'engrais qui lui
seront demandées, dans un délai de quinze jours après la réception de la demande.
Pour le syndicat et par autorisation du Bureau : le président, J. Tanviray ; —
le fournisseur, Beaugendrk.
Enivrais qui pourront être demandés au fournisseur du Syndicat. — Matières
■premières. — Sulfate d'ammoniaque. — Nitrate de soude, — Corne. — Phos-
phate fossile riche. — Phosphate fossile bas titre. — Superphosphate minéral riche.
— Superphosphate minéral bas titre. — Superphosphate d'os. — Chlorure d';
potassium. — Acide sulfurique. [PriJO variables suivant djsages.)
Engrais fabriciués. — Engrais complet pour céréales : azote ammoniacal,
6.5 pour 100; acide phosphonque assimilable, 6.5; potasse, 8. Prix 24 fr. 20.
Engrais incomplet pour céréales (phospho-guano) : azote ammoniacal 2.5
pour 100; acide phosphorique soluble, 14. Prix 17 fr. 40.
Engrais pour prairies naturelles : azote ammoniacal, 6.5 pour 100; acide phos-
phorique assimilable, 4; potasse, 8. Prix 22 fr. 10.
Engrais pour prairies artificielles : acide phosphorique soluble, 10; potasse, 5.
Prix 11 fr. 25.
Engrais pour racines (betteraves, carottes, etc.) : azote nitrique, 6.5 pour 100 ;
acide phospbjrique assimilable, 6.5; potasse. 8. Prix 21 fr. 60.
Engrais complet pour vigne : azote nitrique, 4 pour 100; acide phosphorique
assimilable, 6.5; potasse, 14. Prix 15 fr. 45.
Engrais incomplet pour vigne: acide phosphorique assimilable, 12 pour 100;
potasse, 5. Prix 12 fr. 95.
Il est certain qae, par l'association largemeat pratiqués, la situa-
tion agricole doit s'améliorer sùreinent et d'une manière duraijle. Le
syndicat de Loir-el-Clier compte aujourd'hui 480 membres.
XI. — Stations agronomiques.
Nous avons reçu récemment le nouveau programme de la Station
agronomique du Pas-de-Calais, dirigée par M. Pagnoul, dont on con-
naît les travaux importants de chimie agricole. On y remarque des
réductions de priv sur le tarif des analyses ; ces réductions ont été
obtenues en simplifiant les méthodes et surtout en perfectionnant le
matériel du laboratoire. M. Pagnoul se propose de continuer à encou-
rager les entreprises qui ont pour but d'améliorer la betterave ou de
favoriser les modes de vente basés sur la richesse de la plante.
45 CHRONIQUE AGRIGOI.E (11 OCTOBRE I8ik).
Le rapport de M. Pichard, directeur de la station agronomique d'Avi-
gnon, sur les travaux exécutés dans l'année agricole 1883-84, permet
de constater une activité réelle dans celte station. En dehors des recher-
ches personnelles du directeur, lesquelles oui porté sur la vigne, sur
plusieurs cultures appropriées aux hesoins du Midi, sur la nitriflcation
des terres arables, etc., le laboratoire a exécuté 225 analyses d'engrais,
de terres, de produits alimentaires, qui ont comporté 4'22 dosages.
L'achat des engrais sous le contrôle d'une analyse de garantie tend
heureusement à se répandre dans le département de Vaucluse.
XII. — Marche de la végétation dans les plantes annuelles.
Le Journal a publié récemment une élude présentée à l'Acadé-
mie des sciences par J\L Berthelot sur la présence universelle des
azotates dans le rèsne véççétal. Le savant chimiste vient de faire
connaître les résultats d'un travail auquel il s'est livré avec M. André,
sur la marche de la végétation dans les plantes annuelles. Les
recherches ont porté principalement sur l'accroissement relatif des
diverses parties de la plante, et sur la formation des principes immé-
diats aux diverses époques de la végétation. Les plantes dont M. Ber-
thelot s'est occupé jusqu'ici sont la bourrache, plusieurs espèces d'ama-
ranle, la célosie et la luzerne. Nous ferons connaître les conclusions
définitives auxquelles MM. Berthelot et André arriveront dans la suite;
ces conclusions pourront avoir une utilité réelle pour les agriculteurs,
notamment en ce qui concerne l'emploi des engrais.
XIII. — Réunion des Comices d' Eure-et-Loir.
Les quatre Comices du déparlement d'Eure-et-Loir ont provoqué, le
20 septembre, à Chartres, une réunion générale agricole qui s'est ter-
minée par le vœu suivant :
Réunis en assemblée générale, à Cliarires, le 2Ù septembre 1884, sur
l'appel des quatre Comices du département, — les cultivateurs d'Eure-et-Loir :
Après avoir étudié la situation de l'agricuture, constaté qu'elle traverse une
crise tellement aiguë qu'elle est menacée d'une raine complète à bref délai.
Reconnaissant que cette crise est due, savoir : 1" à l'énormité des charges
publiques qu'elle supporte et à la surélévation incessante de la main-d'œuvre,
qui font sans cesse augmenter le prix de revient de ses produits; i" et surtout à
la concurrence des étrangers, dont les produits, d'un prix de revient mmime
comparé au nôtre, favorisés par un régime douanier qui n'oppose aucune barrière
à leur importation envabissante, circulant à l'intérieur même de la Fi'ance à l'aide
de tarifs dits de pénétration, excessivement réduits, appliqués exclusivement à
eux par les chemins de fer français, abaissent sans cesse le prix de vente des
produits agricoles nationaux;
Considérant que, dans l'état actuel des finances publiques, des dégrèvements
sont et seront probablement longtemps encore impossibles, et, dans tous les cas,
seraient insuflisants pour relever l'agriculture de sa ruine;
Considérant que le seul moyen de lui venir immédiatement en aide est la
revision jirompte et radicale de notre tarif général de douanes, en ce qui concerne
les produits agricoles non compris dansles traités de commerce;
Demandent instamment : que le tarif des douanes soit revisé dès la rentrée
des Chambres ;
Que des droits de douane soient établis sur tous les produits agricoles étran-
gers, droits suffisants pour mettre l'agriculture sur le pied de l'égalité avec les
autres industries nationales et représentant au moins la difl'érence des prix de
revient des produits étrangers et des produits français. Ces droits devront être :
- Pour le blé, de 5 francs ; la farine, 7 francs ; le seigle, 3 francs ; l'orge, 3 francs;
l'avoine, 3 francs; le maïs, 5 francs; les sons et issues, 3 francs, par quintal; —
les chevaux, 45 francs; les bœufs, 45 francs; les vaches, 35 francs; les mou-
tons, 7 francs; les porcs, 12 francs, par tête; — les viandes fraîches, 15 francs ;
CHRONIQUE AGRICOLE (Il OCTOBRE 1884). 47
les viandes salées, 15 francs pir 100 kiloj^rammes ; — les laines en suint, 0 l'v. 20
les laines lavées. 0 fr. 60 par kilogramme.
Qiw les traités de commeroe en cours soient dénoncés dans les délais de
rigueur ;
Que, dès Lfue les nécessités budgétaires le permettront, une lai-^e part des plus
values douanière ( soit consacrée à dégrever l'agriculture des charges énryrmes
qu'elle supporte.
Les pri^iidenis des quatre Comices d' Eare-al-Loir : Gr. Waddiin'gton. Présiilm'
du Comice de- Dreux; — Le baron de L\yre, Président, du. Comice d; Nogent-le-
RolroiL. — Dreux, Président du Comice de Cfiâteaudun. — P. Roi'SSIlle, Prési-
dent du Comice de Chartres.
M. I.ahiche, sénateur, qui assisUift à cette réunion, a déclaré en son
nom et au nom de ses collègues, MM. Delacroix et Maunoury, députés,
qu'il voterait les relèvements do tarifs ([ui seront proposés par le gou-
vernemeot et acceptés par la Cliambre des députés.
XI\'. — Sûciétù des agriculteurs du Nord.
Le mardi 7 octobre a eu lieu à Lille une réunion que la Société des
agriculteurs du Nord, avec le concours des présidents des comices du
département, "avait provoquée. Parmi les membres présents on remar-
quait le préfet du département, les sénateurs et les députés, divers
membres des Conseils général et d'arrondissement, et un grand nombre
d'agriculteurs. La réunion a décidé à l'unanimité: 1° de réclamer
un droit compensateur sur les blés et autres céréales, l'élévation des
droits d'entrée sur le bétail et un droit égal sur les viandes abattues;
2° l'application immédiate de la loi sur le sucrage des vins et boissons
alcooliques; 3" le vote d'une loi sur le vinage à droit réduit; 4° la
suppression des tarifs de pénétration qui sont plus favorables aux pro-
ducteurs étrangers qu'aux producteurs français.
XV. — Concours des associations agricoles.
Nous allons passer rapidement en revue quelques-uns des comptes
rendus que nous avons reçus sur les récents concours tenus par les
Sociétés d'agriculture et les Comices.
Nous avons publié le discours prononcé par M. Louis Passy au
concours de la Société d'agriculture da l'Eure, à Etrépagny. Nous
devons ajouter que, sur le rapport de M. Lesage, le prix d'Iionnneur
des cultures a été décerné à M. Doré, pour les fermes de Gamacbes,
qu'il exploite.
La Société d'émulation de Lisieux (Calvados) a tenu son concours
agricole à Orbec le dimanche 21 septembre. Ce concours a été suivi
par une grande affluence de cultivateurs. Les principales primes, con-
sistant en grandes médailles d'argent, ont été décernées à M. de Vigan,
propriétaire à Cerqueux, qui a introduit' la machinerie agricole dans
la contrée; à M. Lecomte, fermier à Préaulx, pour les exploitations
où dominent les labours; à M. Achille Lemaître, à Urbec, pour les
fermiers d'herbages.
Le Comice agricole du Cotenlin a tenu le dimanche 14 septembre
son concours annuel à Carentan, sous la direction de M. Hervé Man-
gon, député, membre de l'Institut et de la Société nationale d'agricul-
ture. Dans le discours qu'il a prononcé à cette occasion, M. Mangon a
principalement insisté sur les progrès à réaliser dans la production
chevaline.
« L'industrie chevaline, considérée dans la France entière, fait depuis rjuolques
années do rapides progrès. En 1881, nous avons acheté à l'étranger 11,308 cho-
48 CHRONIQUE AGRICOLE (II OCTOBRE ISSi).
vaux de plus que nous n'en avons vendu. En 1882, l'excès de nos importations
sur nos exportation» se réduisait à 7,233 tètes, et tombait l'année deraière au fai-
ble chillre de 1,942 têtes. Si cette progression continue, nos exportations ne tar-
deront jias à l'emporter de beaucoup sur nos importations.
« xi l'origine des chemins de fer, on s'inquiétait de la concurrence que les
locomotives feraient aux chevanx de trait. Celte industrie nouvelle devait ruiner
l'agriculture. Parodiant le mot de Victor Hugo : Ceci luera cela, criaient les alar-
mistes, car alors comme aujourd'hui, il y avait des voix pour maudire l'invention
nouvelle, il y avait des hommes pour nier que l'agriculture est la première à pro-
fiter de l'accroissement de la force et de la richesse sociale. Eh bien non ! les
locomotives n'ont pas tué les chevaux; bien au contraire : vers 1845, la France
possédait 1,250,000 chevaux, elle a piug du double aujourd'hui, soit exactement
2,848,800.
« En même temps que nos chevaux augmentent en nombre, ils gagnent en qua-
lité. On trouverait diflicilement chez nous des chevaux comme ces turcomans,
descendant de la meilleure jument de Mahomet, qui, dit-on, parcourent en trois
jours, avec une charge de 100 à 125 kilog., dans les terrains les plus difficiles,
une distance de 450 kilomètres. Mais nous obtenons une force et une résistance
moyennes des plus satisfaisantes. En 1883, par exemple, la 6'' brigade, avec tous
ses services, équipages et artillerie, a pu faire 60 kilom. en i4 heures, après
avoir parcouru 60 kilom. la veille, 55 kilom. l'avaut-veille et 45 le jour |)récédent.
"Vers la même époque, 900 cavaliers ont fait les uns 82 kilom. et les autres jus-
qu'à 102 kilom. eu 19 heuies, résultats fort remarquables pour des opérations
d'ensemble.
« Les haras nationaux possèdent maintenant au complet l'effectif fixé par la loi,
savoir ; 430 étalons de pur sang anglais, arabe et anglo-arabe ; 1854 étalons
demi-sang, dont 125 du type Norfolk et 230 étalons de trait, en tout 2,514 che-
vaux. Les étalons approuvés en 1883 étaient au nombre de 1,222, dont 1,142 ont
pu toucher la prime.
ce Eu évaluant les naissances ') 60 pour 100 du nombre des saillies, la France,
en 1883, a dû produire 115,000 poulains ou pouliches nés des étalons améhora-
teurs des haras ou des particuliers. La Manche, a elle seule, fournit plus du
dixième de ces produits, soit 12,000jeunes animaux, presque tous excellents. Noire
département se place en première ligne pour la production du cheval; il en four-
nit plus à lui seul i(ue le Finisière et les Côtes-du-Nord réunis, qui viennent en
seconde et en troisième ligne, le premieravec 5,993 elle second avec 5,448 nais-
sances. Le Calvados se place en quatrième ligne, seulement avec 4,395 nais-
sances. Viennent ensuite les départements de la Seine-Intérieure, de Maine-et-
Loire et de la Haute-Maine, qui comptent chacun un peu plus de 3,000 nais-
sances ; puis une douzaine de départements qui fournissent chacun de 2,000 à
3,000 produits, tandis que les autres présentent des chiffres de production relati-
vement insignitiants.
« La puissance hors ligne de notre élevage est inconte'- table, mais ce serait une
erreur de croire qu'il présente tout le développement nécessaire et qu'il donne
des bénéfices en rapport avec les dépenses, les soins et le travail qu'il exige. Il
est urgent de chercher à améliorer la situation qui nous est faite.
a Certains changements dans nos habitudes culturales, quelques sacrifices pour
le dressage, nous permettraient de vendre moins souvent aux marchands inter-
médiaires et de conserver une partie du gain dont ils profitent à notre détri-
ment.
ce D'un autre côté, la remonte fait à Caen, nous le savons tous, beaucoup d'a-
chats qu'elle pourrait faire dans la Manche avec économie pour l'Etat et bénéfice
pour nous. Il y a vingt-cinq ans déjà que M. Lenoël, notre sénateur actuel, a
demandé qu'il fût créé à Saint-Lô un dépôt de remonte, absolument indépendant
de celui de Caen. Dans ces derniers temps, nous nous sommes énergiquement
associés à cette revendication dont les avantages vous sont bien connus. Ce chan-
gement sera difficile à obtenir, car les grandes administrations n'aiment point
à changer leurs habitudes ; mais vos sénateiirs et vos députés républicains ne né-
gligeront aucun effort pour obtenir de M. le général Gampenon, ministre delà
guerre, la création à Saint-Lô d'un nouveau centre spécial de remonte.
ce Une Commission, c[ue j'ai l'honneur de présider, a préparé une proposition
de loi tendant à accorder aux étalons particuliers, sur le budget de l'Etat, une
somme égale à celle que leur attribueraient les départements, les communes ou
CHRONIQUE AGRICOLE (11 OCTOBRE 1884). ug
les associations agricoles. J'espère que cette loi secondera puissamment l'initia-
tive locale et qu'elle imprimera au perfectionnement de nos races chevalines une
impulsion nouvelle, d'autant plus nécessaiie que le nombre des étalons de l'Etat,
lixé par la loi de 1«74, parait maintenant insuffisant, et que l'industrie si inté-
ressante des étalonniers, concurrencée par les haras, ne saurait se développer
sans de sérieux encouragements.
a Mais n'oublions jamais qu'il vaut mieux user d'une vigoureuse initiative et
faire ses affaires soi-même que de compter sur l'aide d'autrui. En attendant les
secours de l'Etat, hà(ons-uous d'organiser nous-mêmes, pour la Manche, une
Commission hippique analogue à celle du Calvados ; elle sera l'organe autorisé de
vos réclamations, elle créera sous son patronage les institutions que réclame l'in-
dustrie de l'élevage et du commerce des chevaux. Que les hommes de_ bonne yo-
lonté se réunissent; n'attendez pas davantage pour fonder cette Commission hip-
pique, si nécessaire au groupement de vos efforts, à la défense de vos intérêts et
au développement de votre inlluence. »
C'est le 16 septembre que le Comice agricole de Laval (Mayenne) a
tenu son concours annuel sous la présidence de M. Le Breton. Le pre-
mier prix pour la culture et la tenue des fermes a été attribué à
M. Louis Foucault;, à Cliangé. Du discours prononcé par M. Le Breton
à la distribution des récompenses, nous extrayons les conclusions
suivantes :
« La plupart des conseils généraux viennent de signaler les causes de la crise
agricole et d'eu indiquer les remèdes. Celui de la Mayenne s'est prononcé à cet
égard avec une précision, une unanimité dont nous devons lui savoir gré, et qui
doit nous servir d'exemple. Les Conseils municipaux du département tiendront
sans doute à honneur de s'as-;ocier à un vœu qui exprime si bien la volonté du
pays. Que les agriculteurs n'hésitent pas à user de tous les moyens que la loi
leur donne pour rendre plus i;uposante et plus décisive cette grande manifestation
de l'opinion publirjue. Car si jamais occasion ne fut plus propice pour faire
triompher nos revendications légitioies, il ne faut pas perdre de vue que bonnes
ou mauvaises, les innovations législatives, sont le prix de luîtes ardentes et d'éner-
giques efforts. Combien de fois avez vous vu une minorité, intime par le
nombre, .mais disciplinée et tenace, imposer sa volonté au reste du pays?
« Yous, au contraire, vous formez plus des deux tiers de la nation; vos
demandes ne blessent aucun sentiment ; vous faites appel à ce qu'il y a de plus
cher aux âmes françaises, à l'idée de justice, à l'idée de patrie. Qui donc pourrait
vous contraindre à subir plus longtemps cette situation humiliante et ridicule
d'une maj rite sacrifiée à une minorité, de Français impuissants à obtenir en
France un traitement égal à celui dont y jouissent les étrangers?
a II dépend de vous, ne l'oubliez pas, d'obliger vos mandataires à alléger le
fardeau da vos charges, à vous défendre contre des tarifs iniques et des traités
imprudents. Il dépend de vous d'assurer enfin à l'agriculture ce grand bien, qu'il
est étrange d'avoir encore à réclamer pour elle presque à la veille du centenaire
de 1789 : l'égalité devant la loi, l'égalité de la douane, l'égalité de l'impôt! »
Le concours du Comice de l'arrondissement de Ghàlons (Marne)
s'est tenu le 21 septembre sous la présideace de M. Ponsard. Des essais
de machines à battre y ont été organises; ils ont donné les résultats
suivants :
Batteuses à manège. — \" prix, M. Etianne aine, à Givry-en-Argonns, pour «a machine
mobile à djux chevaux ; 2% Mme Vve Goarguillon, pour sa macUioe Gautreau ; 3', Maie Vva Caz&«
nove, poar sa machine mue par des chevaux; 4», M. Berlin et fils, à Monlereau ; 5', Mme Vve
Gûurguillon, pour sa machine k baltre eu bout ; (i°. M. Charles Ferry, à Arcis-sur-Aube.
Batteuses à vapeur (grand travail). — -Alédaille d'or, M. Pécard, représenté à Chùlons par
MM. Mignon frères. — Médaille d'argent, M. Gautieau. Médaille de bronze, .M. Mdlot. — ■
Petiltravail. Médaille d'argent, .Mme Vve Cazcnove. — Méd^Ue de bronze, M. .Milljt.
Le 14 septembre, le Comice agricole de Reims tenait son concours
annuel à Ville-en-Tardenois, sous la direction de SI. Charles Lhotelain,
son président. Les races chevalines et ovines y étaient bien représentées ;
il y avait une exposition remarquables de produits. Les principales
récompenses pour les améliorations agricoles ont été décernées comme
50 CHRONIQUE AGRICOLE (11 SEPTEMBRE 1884).
il suit : objet d'art, M. Anatole Bailliot, à Muizon, pour l'exploitation
la mieux dirigée du canton; médailles d'or, à M. de Sapicourt,
pour ses vignes et ses opérations de reboisement; à M. Lagarde, à
Chaumuzy. pour l'ensemble de son bétail. Voici la conclusion du dis-
cours de M. Lhotelain à la distribution des récompenses :
« Réclamons donc jusqu'à complète satisfaction ce que nous avons constam-
ment demandé, des droits compensateurs. Ils auront le double avantage de pro-
téger l'agriculture tout en procurant à l'Etat des ressources pouvant diminuer
d'autant les impôts qui pèsent sur les contribuables.
a Nous ne sommes d'ailleurs pas les seuls à réclamer ces réformes. Non seule-
ment tous les Comices ont toujours été unanimes à protester contre le prétendu
libre échange que nous subissons depuis 1860, mais des corps électifs, les con-
seils d'arrondissement et les conseils généraux commencent aussi à s'agiter et
demandent avec nous la revision des tarifs de douane.
a Un grand nombre de conseils généraux ont exprimé des vœux énergiques en
faveur des droits d'entrée, et entre autr-s le conseil général de l'Aisne a pris à ce
sujet une résolution d'une grande importance. Bien pénétré de la réalité et des
causes des souffrances de l'agricullure, il a, à l'unanimité de ses membres,
réclamé des droils proleclcurs et décidé de demander audience à M. le Président
de la République et à ses ministres pour leur présenter les vœux des agriculteurs
du département.
c Que tous les coiistlls généraux en fassent autant, et nos représentants présents
ou futurs, sous la pression de l'opinion publique, seront bien obligés, bon gré,
mal yrc, de voter le relèvement des droits de douane. »
A l'occasion de ce concours, les membres du Comice ont voulu
offrir à leur président un objet d'art en bronze, comme témoignage
de leur reconnaissance pour les services qu'il a rendus à Tagriculture
dupa^'s; nous pouvons ajouter que c'est un hommage bien mérité.
Les mêmes sentiments ont été exprimés par M. le marquis de Vogué
au concours tenu à Léré (Cher) par le Comice agricole des cantons de
Sancerre, Sancergues et Léré. La prime pour la ferme la mieux tenue
du canton de Léré a été décernée à M. Sahiion, fermier à Chassepain,
commune de BouUeret.
La même opinion a été encore émise au Comice agricole de Vendôme
Loir-et-Cher), par M. de Sonnier, député, dans les termes suivants :
« Il faut donc se résoudre à établir sur les céréales un droit qui puisse
indemniser le cultivateur de ses frais, et réparer l'inégalité qui résulte
pour lui d'une production qui se fait dans des conditions anormales
et de l'abaissement des frais de transport. On ne payera pas le pain
plus cher qu'on n'est habitué à le payer en France depuis bien des an-
nées, et on peut espérer d'ailleurs que les écarts seront moins fré-
quents entre le prix du blé et celui du pain. «
Le Comice agricole de Trévoux (Ain) a tenu son concours annuel à
Montluel le 4 septembre, sous la présidence de M. de Monicaull, Dans
le discours qu'il a prononcé, W. de Monicault a principalement insisté
sur le développement de la production du bétail, sur la nécessité de
l'enseignement agricole, et il a terminé en ces termes :
a II ne faut pas nous lasser de demander aux pouvoirs publics d'accorder à
l'agriculture les légitimes satisfactions qui lui sont dues.
• « Ce ne sont pas des faveurs, disions-nous dernièrement, que, comme
agriculteurs, nous demandons aux pouvoirs publics, mais égalité et justice.
« Nous leur demandons de traiter l'agriculture comme ils traitent l'industrie,
ce qu'ils ne font pas, car les tarifs de douane sont établis de la manière la plus
inique, la moins rationnelle et la plus préjudiciable aux intérêts agricoles.
« Nous ne demandons pas qu'on nous fasse remise de charges que no comporte
pas en ce moment la situation d'un budget invraifembla))le de trois milliards,
mais qu'on cesse d'accroître chaque jour des impôts dont l'augmentation ne profite
CHRONIQUE AGRIGOLK (11 OCTOBRE IbS't). 51
en rien à l'agriculture ; que les dépenses excessives (parce que le même résultat
aurait pu être atteint avec moitié moins d'argent) faites pour l'enseignement ne
tournent pas au détriincat de l'agriculture, pour l'enseignement professionnel de
laquelle on ne fait rien d'efficace; que les nouvelles lois militaires ne soient pas
conçues de manière à donner le coup de grâce à la dépopulation des campagnes.
Ce ne sont pas des faveurs que nous demandons pour l'agriculture, mais un peu de
prévoyance et d'équité à son égard.
« Ces réclamations, nous les formulons depuis longtemps sans aucune aigreur,
mais avec fermeté et avec une conviction profonde et une persévérance inébrau-
lable, assurés que nous sommes ds ne défendre que des idées justes et raison-
nables ; mais ces réclamations ont acquis une force nouvelle depuis que les aveux
de M. le ministre de l'agriculture ont proclamé officiellement la crise agricole,
reconnu le bien-fondé de nos réclamations et annoncé que le gouvernement
pense que le moment est venu de donner satislaction aux cultivateurs.
« Il dépend de vous, messieurs, il dépend des cultivateurs que ces promesses
ne soient pas lettre morte. Quant à nous, nous ne faillirons pas à notre devoir et
nous ne cesserons de prêcher par l'exemple et par la parole, en faveur des
transformations agricoles nécessaires. »
Au concours tenu à Moiitaii:;ut par le Comice agricole de Riom (Puy-
de-Dôme), la prime d honneur a été décernée à M. J.-B. Ilaymond,
fermier à Perdecbat, commune de Virlet.
La Société d'agriculture de Bourgoin (Isère) a tenu son concours le
14 septembre sous la direuiion de .M. Genin, lauréat de la prime
d'honneur. Après avoir rappelé le vote de la loi récente sur les sucres,
M. Genin s'est 'xprimé comme il suit :
■c Les producteurs de sucre sont-ils donc plus intéressants que les producteurs
de blé, de vin ou de viande? assurément non, bien au contraire, mais ils ont su
demander et obtenir. Tâchons de suivre ce bon exemple.
« .\ quel spectacle assistent de nos jours les producteurs de blé ; ils voient
chaque année le prix de cette denrée diminuer sans qu'ils puissent prévoir où
s'arrêtera cette baisse. Produire du blé à 20 francs les 100 kilog' n'est-ce pas
se condamner à une perte annuelle, puisqu'il est établi avec les chiffres les moins
irréfutables que le cultivateur français ne peut produire cette céréale qu'au prix de
23 à 25 francs les 100 kilog. selon les circonstances.
« Si cette i>ituation devait être passagère, on se dirait : Prenons patience. Mais
plus nous consultons l'boiizou économique, plus nom voyons se multiplier les
pays disposés à nous inonder da leurs produits dont nous n'avons aucun besoin.
te C'était d'abord l'Amérique qui avait inondé la France de ses blés, mais voici
l'Inde, l'Austrabe et d'autres encore qui ne se contentent plus de nous envoyer du
blé, mais de la farine, ce qui met dans une situation difficile la meunerie, cette
autre grande industrie française.
« Pourquoi la douane ne deviendrait-elle pas un impôt qui ferait participer les
importateurs de produits étrangers à nos charges publiques ; puisque la douane a
procuré à l'industrie des bras et des capitaux, pourquoi n'en ferait-on pas béné-
ficier l'agriculture? La France redeviendrait alors maîtresse de son marché et
pourrait s^aus doute retrouver sa prospérité perdue, qu'il lui faudra encore de
longues années pour reconquérir. »
Au Comice agricole de Nérac (Lot-et-Garonne), tenu sous la prési-
dence de M. Fallières, ministre de l'instruction publique, M. Laporte,
vice-président du Comice, a présenté, en termes éloquents, un exposé
de la situation. Voici un extrait de ce discours :
« Nous agriculteurs, endurcis à la fatigue, élevés à l'école de la résignation,
frappés dans notre modeste aisance, nous sentons à présent notre énergie morale
se distendre, nous sentons dans ce pain de farine américaine ou indienne, comme
un levain d'amertume contre ce libre échange, qui enlevé nos ressources, et fait
perdre à l'ouvrier des francs comme travailleur, pour lui faire gagner quelques
centimes comme consommateur. Voilà ce tjii'il faut dire !
« Et d'abord, est-ce bien le libre échange i[ui nous régit ? Non, nous n'en avons
qu'une contrr-façon. Gbose bizarre, contradiction étrange 1 Entre ces mêmes fron-
tières, jdans ce pays où, il y a bientôt un siècle, une nuit d'été emporta tous les
52 GHaONIQUE AGRICOLE (11 OGTOBRK 1884).
privilèges et établit l'égalité, nous trouvons encore aujourd'jiui une B'rance indus-
trielle placée sous le régime de la protection, et une France agricDie livrée à elle-
même sans ressource et sans appui.
« Pourquoi ces distinctions, pourquoi ces inégalités dans le monde de la pro-
duction? A l'industrie sachant s'unir, faire écouter sa voix, et dont les prix de
revient étaient supérieurs aux prix de vente, on a accordé des droits protecteurs
de 20 à 30 pour iOO; à l'agriculture plus divisée, plus résignée, plus habituée à
la gêne et aux privations, à l'agriculture qui produit aussi en général à un prix
plus élevé qu'elle ne vend, on lui a laissé quoi? le droit de gémir et celui de se
plaindre. Ce n'est pas assez.
« Effaçons ces tarifs de pénétration qui favorisent les produits étrangers aux
dépens de nos produits similaires; que l'alcool allemand sons le nom de vin
d'Espagne n'envahisse pas notre marché; que la farine américaine ou le blé indien
acquittent dans nos ports ouverts des droits qu'une mesure sage devrait employer
à des dégrèvements promis, et impatiemment attendus! et nous supporterons avec
plus de courage le dur traite de Francfort.
« Messieurs, élevons la voix, et demandons avec sagesse mais avec énergie un
régime d'égalité qu'un gouvernement comme le nôtre ne saurait nous refuser. Des
réunions comme celle-ci ne peuvent être seulement des occasions de réjouissances
et de fêtes, elles doivent être surtout l'occasion de faire connaître publiquement
nos aspirations, et les travaux accomplis par notre société. Mou éminent collègue
et ami M. de Massonneau, qui est dans le pays le véritable fondateur de la vraie
viticulture américaiae, vous a dit en termes brillants et convaincus ce qu'a fait le
Comice, les études entreprises, les résultats acquis.
« Mais il vous revient une grande part de ces succès, Monsieur le ministre ;
n'est-ce pas à vous que nous devons en effet, la plupart des encouragements que
nous donnerons tout à l'heure ?
« Veuillez accordera l'agriculture la même protection qu'à l'industrie, et vous
remplirez envers elle un devoir de justice : faites de l'égalité par la douane, par
des droits d'entrée et par prévision de l'avenir. Conservez à notre sol sa produc-
tion nationale, et notre patriotisme confiant dans les élus de la nation, nous com-
maudera encore le travail, la persévérance et le dévouement. »
Dans celte soleaaité, la croix du Mérite agricole a été remise à
M. de Massonneau, vice-président du Coinice, à qui l'on doit la propa-
gation dd la culture de la vigne américaine dans l'arrondissement.
xVvons-nous des conclusions à tirer de ce voyage sommaire à travers
les associations ag.'icoles? Nous ne le pensons pas. Les conclusions
ressortent elles-mêmes des paroles que nous avons reproduites.
XYI. — Société des sciences et arts agricoles et horticoles du Havre.
M. Beaugrand, secrétaire de la Société des sciences et arts agricoles
et horticoles du Havre, nous adresse l'extrait suivant du procès-verbal
delà séance tenue le 20 septembre par celte Société :
« Présidence de M. Gaudon, vice-prési dent.
« M. le président fait part à la Société de la perte que vient d'éprouver l'agri-
culture française, dans la personne de M. Barrai : savant d'une autorité incontes-
table, travailleur qu'aucune fatigue ne rebutait, Barrai fut un des hommes qui
ont le plus contribué à vulgariser les notions scientifiques, aujourd'hui indispen-
sables en agriculture. Déjà malade, mortellement atteint, il voulut prendre une
part active à l'enquête ouverte sur l'état actuel de l'agriculture, et l'on peut dire
qu'il a succombé au champ d'honneur. Après la mort de Wurtz et de Dumas,
cette perte sera encore plus douloureusement ressentie.
« La Société s'associe aux sentiments exprimés par son vice-président, et, sur
la proposition d'un des membres pré-ents, dé:idâ à l'unanimité qu'un extrait du
procès-verbal sera adressé au Journal de l'ayricullure, dont Barrai était directeur.»
Nous adressons nos remercîments à la Société des sciences a2;ri-
coles du Havre pour l'hommage qu'elle a rendu à M. Barrai. — C'est
aussi un devoir pour nous de remercier M. Léon Say pour les paroles
éloquentes qu'il a prononcées à la dernière réunion de la Société d'éco-
nomie politique. Henry Sagnier.
DESTRUCTION DE L'ŒUF D'HIVER DU PHYLLOXERA.
DESTRUCTION DE L'ŒUF D'HIVER DU PHYLLOXER.^'
Monsieur le ministre, la Gomcnission supérieure du phylloxéra ayant reconnu
qu'il y avait lieu d'étendre nos moyens d'actioa contre le parasite de la vigne en
le corubaltant non seulement dans sa vie souterraine, mais aussi dans son exis-
tence aérienne, à l'état d'oeuf d'hiver, émit, dans sa séance du 13 janvier 1882,
le vœu que votre administration voulût bien prendre l'initiative des i-eclierches à
faire à cet égard; vous m'avez fait l'honneur de me confier la direction de ces
recherches. Malheureusement, les préparatifs que celles-ci nécessitaient, notam-
ment le choix des vignobles destinés à servir de champs d'expérience, prirent un
temps assez long, et les travaux ne purent commencer que dans la campagne sui-
vante, c'est-à-dire dans l'hiver de 1882-1 883.
On mit à profit ce retard involontaire pour tracer le plan des opérations à exé-
cuter et se livrer dans le laboratoire à des études préliminaires sur les expériences
à instituer en pleine campagne.
Il y avait d'abord à choisir la méthode qui convenait le mieux' pour la destruc-
tion de l'œuf d'hiver. Trois moyens principaux, ayant chacun ses avantages et
aussi ses difficultés pratiques, se présentaient comme dignes d'être essayés :
1° la destruction mécanique des œufs d'hiver par la décorticatiou des vignes;
2° l'emploi de la chaleur sous forme d'eau bouillante ou autrement; 3° le badi-
geonnage des vignes avec des substances propres à tuer l'œuf d'hiver.
Le premier de ces moyens, ou la décortication, est depuis longtemps à l'essai
chez un viticulteur distingué de la Gironde, M. Sabaté, qui l'emploie d'une ma-
nière presque exclusive dans le traitement de ses vignes et la pratique à l'aide d'un
instrument particulier de son invention. 11 m'a semblé que cet instrument, que
j'ai vu fonctionner chez M. Sabaté, n'opère qu'une décortication incomplète des
vignes et que bien des œufs doivent échapper à son action ; néanmoins M. Sabaté
lui attribue la conservation de son vignoble et les belles récoltes qu'il en obtient,
d'où je conclus que, s'il perfectionnait son procédé, les résultats en seraient
encore meilleurs '-.
L'ébouillantage des ceps par l'eau ciiaude a l'avantage d'être une pratique
ancienne et familière à beaucoup de viticulteurs, qui l'emploient contre la pyrale.
J'ai montré, par des expériences déjà anciennes, qu'on pourrait également se
sffl-vir avec avantage de l'eau chaude pour la destruction de l'œuf d'hiver % mais
ce moyen, un des meilleurs quand il est bien appliqué, expose plus que tout autre
à des négligences dans l'application, qui en annuleraient tous les efl'ets.
Il reste enfin la troisième méthode, celle des badigconnages, qui se recom-
mandait à 'priori comme un moyen expéditif, à la condition d'y joindre aussi le
bas prix de la matière et son efficacité contre les œufs. C'est dans cette voie que
j'ai cru devoir chercher la solution du problème des traitements aériens contre le
phylloxéra. A la suite de nombreux essais préliminaires dans le but d'étudier les
conditions que doit remplir une substance destinée à agir à travers des couches
d'écorce plus ou moins épaisses pour atteindre et tuer les œufs qu'elles renfer-
ment, conditions que j'ai examinées dans un rapport antérieur adressé à M. le mi-
nistte de l'agriculture ', j'avais proposé un mélange composé de neuf parties de
coaltar et d'une partie d'huile lourde de houille comme satisfaisant à ces condi-
tions. Quelques-uns des effets du mélange avaient pu être étudiés dans le labo-
ratoire, tandis que d'autres ne pouvaient être .reconnus qu'au cours des appli-
cations en grande culture qu'on se proposait d'en faire.
Par des essais préliminaires, on s'était assuré des faits suivants : 1" le mélange
tuait sûrement et rapidement les œufs du phylloxéra placés sous les écorces;
2" appliqué en badigeonnage à de jeunes vignes de trois ou quatre ans, non
1. Rapport à M. le ministre de l'agriculture, publié par le Journal officiel du !" octobre.
2. Ce procédé consiste à dépouiller les vignes de leur écorce par le frottement des m ans
armées de gants à mailles d'acier. Il s'exécute d'une manière rapide, mais donne des résultats
incomplets, le vieux bois seul pouvant être décortiiiué par ce moyen, tandis que les sarments,
qui récèlent aussi bien des reufs d'hiver, en seraient grandement endommagés. Il serait facile à
M. Sabalé de compléter le traitement de ses vignes par un badigeonnage des sarments avec le
mélange que ce rapport fera connaître. Malgré l'imperfection de sa méthode, je dois dire que j'ai
trouvé les vignes de M. Sabaté dans un état florissant, lors d'une visite que je leur fis
en 1882.
3. Recherches sur la vitalité des oeufs du phylloxéra (Comptes rendus de l'Académie des
sciences, 1876).
i. Journal officiel du 20 septembre 1882.
54 DESTRUCTION DE L'ŒQP D HIVER DU PHYLLOXERA.
décortiquées, et en pleine végétation, il ne leur causait aucun dominage, à la con-
dition de restreindre le badigeonnage au bois et de respecter les parties vertes et
herbacées ; 3" enfin, il était; d'une application des plus faciles dans les conditions
de température et de saison où se faisaient les essais, c'est-à-dire en été et à une
température de 18 à 20" centigrades.
Les questions réservées pour être étudiées en grande culture et dans la saison
des opérations agiicoles se rapportaient aux trois points suivants :
1" Les badigeonnages coaltarés sont-ils d'une exécution facile dans leur appli-
cation en grande culture ?
2" Quels en sont les effets sur la vigne, et principalement sur la vigne décor-
tiquée?
3" Pour rendre l'opération plus rapide et par suite moins coûteuse, pourra-
t-on, sans danger pour la vigne, badigeonner celle-ci sans avoir égard aux bour-
geons et aux sections de taille?
Afin de préciser les résultats acquis et ceux qui restaient encore à étudier, des
instructions pratiques furent l'édigées pour les viticulteurs qui auraient voulu se
livrer à quelques essais personnels sur la nouvelle méthode. Parmi les personnes
les plus aptes à seconder l'administration dans les expériences qu'elle entrepre-
nait, je dois citer M. Prosper de Lafitte, qui avait puisé dans nos travaux sa con-
fiance dans les traitements dirigés contre l'œuf d'hiver, et très exactement saisi
les applications pratiques que l'on pouvait déduire du rôle joué par ce dernier
dans le cycle biologique du phylloxéra. Il proposa ces traitements, et particuliè-
rement les badigeonnages, en raison de leur économie, comme seul moyen de
défense des vignes d'un faible revenu, qui sont les plus nombreuses de beaucoup,
et a soutenu avec fermeté ses idées dans un grand nombre d'écrits'.
M. de Lafitte était donc particulièrement a])pelé à devenir mon collaborateur
dans ces recherches. Je dois nommer aussi M. Henneguy, mon préparateur au
Collège de France, qui m'a aidé avec son dévouement habituel, et M. Georges
Gouanon, délégué régional du ministère de l'agriculture, qui avait été spéciale-
ment désigné pour m'assister dans l'exécution pratique de ces expériences, et qui
a rempli sa tâche avec zèle et habileté.
Dès le début des opérations, dans l'hiver de 1882-1883, on se heurta à une
difficulté imprévue, qui devint la source de sérieux embarras. G' est la consistance
épaisse que prend le coaltar sous l'influence du temps froid, et qui augmente en
raison directe de l'abaissement de la température. Même mélangé à un dixièjne
d'huile lourde, suivant la formule du mélange à essayer, il conserve encore une
épaisseur qui ne permet pas de l'étendre avec le pinceau.
On chercha par divers moyens à lui donner la fluidité nécessaire, soit en main-
tenant le vase contenant la matière sur un fourneau portatif que les ouvriers
déplaçaient avec eux dans le vignoble, soit en ajoutant au mélange une certaine
quantité d'essence de térébentliine ou en élevant à 15 pour 100 la proportion
d'huile lourde. On ne se dissimulait pas les dangers de ces derniers mélanges
qui, rendus trop pénétrants par la forte proportion des huiles essentielles, expo-
saient la vigne à des accidents graves par l'absorption de celles-ci. Cette crainte
n'était que trop fondée, comme on put s'en convaincre à la reprise de la
végétation.
Une autre difficulté d'application, non moins imprévue que la précédente,
résultait du conseil qui avait été donné dans l'instruction, de respecter, pendant
le badigeonnage, les bourgeons et les surfaces de taille, qu'on suspectait d'être
des points vulnérables de la plante, jusqu'à ce que des expériences directes eussent
démontré le contraire. On reconnut bientôt qu'il fallait renoncer à ces ménage-
ments, qui rendaient l'opération excessivement lente et auraient, par suite, augmenté
dans des proportions considérables le prix de la main-d'œuvre. J'ai été person-
nellement témcin, chez M. de Lafitte, de ces difficultés pratiques du traitement :
MM. de Lafitte et Henneguy, qui s'y sont essayés, ont dû, malgré leur dextérité
de main, abandonner bientôt la partie.
Des divers moyens essayés pour rendre le mélange plus liquide, l'emploi de la
chaleur est celui qui réussit le mieux et se montra le moins dangereux pour la
vigne. La matière, même chaulîée à undegré élevé (80 à 100 degrés centigrades) ,
ne détermine presque pas d'accidents lorsqu'on l'applique à des vignes non décor-
tiquées et en ayant soin d'éviter de toucher les bourgeons avec le pinceau, ainsi
1. Réunis en un volume sous le litre de : Quatre ans de luttes jiour nos vignes et nos vins de
France. Paris et Bordeaux, 18S3.
DESTRUCTION DE L ŒUF D idIVEU DU PHYLLOXERA. 55
que nous l'avions reconnu dans nos expériences de laboratoire. Dans un essai qui
fut fait dans ces conditions sur une partie d'une jeune plantation de Riparia, on
ne put remarquer, pendant toute la belle saison, aucune différence dans la végé-
tation de la partie traitée et de la partie non traitée
Sur un certain nombre de vignes, on avait même essayé un badigeonnage com-
plet, bourgeons et surfaces de taille compris, avec le mélange chauffé, quoiqu'on
eût peu d'espoir de ne pas provoquer des accidents graves, tant étaient défavo-
rables les conditions de l'opération : celle-ci avait dû être retardée jusqu'au milieu
de février, les bourgeons commençaient à s'entrouvrir, — l'expérience était faite
dans le Midi, — et les vignes, qui venaient d'être taillées, présentaient des surfaces
de section encore toutes fraîches. Malgré ctda, les accidents se réduisirent à
quelques bourgeons tués, mais qui furent promptement remplacés par la pousse
des yeux latents à la base des coursons, de manière qu'au fort de la végétation
ces vignes ne firent aucune tache sur la belle apparence du reste.
Bien différents furent les résultats obtenus avec les mélanges liquéfiés par la
térébenthine ou une dose plus forte (15 p. 100) d'huile lourde. On peut réelle-
ment qualifier de désastreux les effets qu'ils produisirent sur les vignes, principa-
lement sur les vignes décortiquées : sur la plupart des pieds, un grand nombre
de bourgeons furent atteints et désorganisés jusqu'au centre, d'autres ne four-
nirent que des pousses chétives; quelques ceps fuient même entièrement détruits
et durent être plus tard recépés ou arrachés. On put se rendre compte de la cause
de ces accidents en examinant des coupes longitudinales ou transversales du bois :
l'huile lourde y avait pénétré plus ou moins profondémeut, en brunissant le tissu
sur son passage, et son odeur Se percevait encore longtemps après. L'infiltration
s'était principalement produite sur les parties où la décortication avait été plus
complète, et s'avançait sur certains points jusqu'à la moelle : l'intoxication avait
été absolue.
Des accidents, moins nombreux et moins intenses, mais assez graves néan-
moins encore, se produisirent aussi sur les ceps décortiqués badigeonnés avec le
mélange à un dixième d'huile lourde, qui avait été spécialement recommandé, et
qu'on avait simplement chauffé pour le rendre plus fluide. Il devenait dès lors
évident que, pour les vignes décortiquées tout au moins, — et les neuf dixièmes
des vignes à traiter doivent être soumis à cette décortication préalable, — les
mélanges de coaltar et d'huile lourde sont nuisibles, et présentent en outre des
difficultés d'application qui n'ont pu être surmontées dans la pratique. Nous
avons d'autant plus lieu de regretter ce résultat que nous avons acquis la preuve,
par nos expériences en grande culture, qu'ils constituent d'excellents toxiques
pour l'œuf d'hiver; cette action, rendue probable déjà par nos expériences faites
dans le laboratoire sur les œufs ordinaires des racines, a été pleinement confirmée
par un essai direct sur les œ'ufs d'hiver, fait sur une vaste échelle dont nous
allons actuellement rendre compte.
Dans les instructions pratiques rédigées à l'occasion de nos essais, nous avions
proposé une expérience qui devait être un contrôle certain de l'action exercée
par les badigeonnages sur l'œuf d'hiver. Elle consistait à choisir une vigne por -
tant habituellement des galles phylloxériques, à en badigeonner un certain
nombre et à laisser les autres intactes afin de servir de témoins. Il est reconnu
que les insectes des galles ont pour origine les phylloxéras issus des œufs d'hiver;
si donc tous les œufs d'hiver ont été tués par le badigeonnage, les galles ne
doivent pas se représenter l'année suivante.
Une vigne de lUparia, au domaine de la Paille, près de Montpellier, se trouvait
précisément dans les conditions voulues pour faire cette expérience. Cette vio-ne
formée de jeunes plants de quatre ans, se couvrait chaque année de nombreuses
galles phylloxériques. Au mois de février 1883, une moitié de la vigne fut badi-
geonnée avec le mélange de coaltar à un dixième d'huile lourde; l'autre moitié fut
laissée sans traitement. Malheureusement, ce premier essai échoua. On s'attendait
au printemps, à voir apparaître des galles dans la partie non traitée, tandis que
la partie traitée n'en présenterait point. Or, il n'y eut de galles dans aucune des
deux parties : l'année 1883 n'était pas favorable à la production des "ailes
phylloxériques. Là, où d'habitude on voyait apparaître un plus ou moins grand
nombre de ces excroissances sur la vigne, — comme dans notre champ d'expé-
rience, par exemple,— il n'y en eut point ou presque pas. C'est ce qu'on remarqua,
notamment sur les vignes de M. Laliman, à Bordeaux, vignes renommées pour
l'abondance et la régularité d'apparition des galles dont elles se couvrent chaque année .
56 DESTRUCTION DE LŒUF DRIVER DU PHYLLOXERA.
On recommença l'expérience dans les mêmes conditions dans l'hiver de
1883-1884, et cette fois elle fut couronnée du succès le plus complet. M. Hen-
neguy, (|ui visita la vigne dès le 10 avril, constata dans le lot non traité des galles
nombreuses, presque chaque cep en présentant quehjues-unes, jusqu'à cinq ou
six ])arrois sur une même feuille. Au contraire, dans le lot traité, pas une galle
ne put être découverte, malgré des recherches assidues. Cette ditlérence entre les
deux lots était surtout saisissante lorsqu'on examinait les vignes placées de chaque
côte de la ligne de sép-iration : ici, des galles nombreuses, là absence totale de
galles sur toute la longueur de celte ligne'.
Ce remarquable résultat ne prouve pas seulement la possibilité de tuer tous les
œufs d'hiver déposés sur les ceps, il met aussi à néant les objections qui ont été
faites contre l'utilité pratique de cette destruction. On a prétendu que les œufs
d'hiver n'étaient pas tous pondus sur les souches, que les pieux, les plantes autres
que la vigne, le sol lui-même, pouvaient en receler quelques-uns, et que dès lors
la destruction des œul's qui se trouvent sur les vignes est inutile, puisqu'elle laisse
subsister et éclore ceux déposés ailleurs.
Remarquons d'abord que les œufs qui ont pu être rencontrés dans les circon-
stances que nous venons de rappeler — si toutefois il n'y a pas eu erreur de la
part des personnes qui les ont attribués au phylloxéra — peuvent être considérés
comme des œufs égarés de leurs lieux de ponte naturels, comme on en trouve
chez tous les insectes, et sont, par conséquent, inliniment rares comparativement
aux œufs pondus dans leur lieu d'élection, c'est-à-dire sous les écorces des vignes.
En outre, il parait résulter des observations de M. Boiteâu que l'insecte issu de
l'œuf d'hiver ne descend pas aux racines, sur lesquelles il ne peut vivre, mais
monte sur les feuilles pour y former une galle, et que ce sont ses descendants
seulement qui, après un certain nombre de générations, vont aux racines pour y
fonder des colonies durables. Admettant l'exactitude de cette observation, et
supposant, d'autre part, qu'il y avait de ces œufs égarés dans notre vigne de la
l'aille au moment du badigeonnage. il faut conclure que les insectes éclos de ces
œufs n'ont pu monter aux feuilles et sont morts de faim, puisque, dans toute la
partie traitée, d'une superficie de plusieurs ares, de notre champ d'expérience,
pas une seule galle n'a pu être trouvée par les personnes les plus habituées à ce
genre de recherches-. On n'a donc pas dès lors à se préoccuper de ces œufs, et
il importe seulement de détruire ceux qui sont placés sur les vignes, et, qui, en
donnant naissance à des insectes capables d'y trouver leur subsistance, consti-
tuent seuls un danger pour celles-ci.
L'expérience de la Paille éclaire aussi une autre question de l'évolution du
phylloxéra, sur laquelle planait encore une certaine obscurité : je veux parler de
l'origine des a^ufs d'hiver. On connaît depuis longtemps la relation existant entre
ces iL'ufs et les essaims ailés qui sortent du sol des vignes phylloxérées, mais
quelques observateurs avaient pensé — et j'étais de ce nombre — que les
phylloxéras gaUicoles pouvaient eux-mêmes se métamorphoser en ailés et faire
souche de sexués et d'œufs d'hiver, ou bien pondre directement, à l'état de larves,
sur les ceps, des œufs d'où naissent des sexués et des œufs d'hiver.
La comparaison avec le phylloxéra du chêne, où les œufs d'Iiiver ont cette
double origine, autorisait par analogie cette manière de voir. Cette question n'a
pas un simple intérêt théorique, elle a aussi une importance pratique assez con-
sidérable, car, s'il était prouvé que les larves peuvent sortir de leurs galles pour
déposer directement sur la souche leur progéniture sexuée, l'utililé de la destruc-
tion des galles serait évidente. En eS'et, les œul's d'hiver qui dériveraient des
individus gaUicoles seraient spécialement destinés à légénérer sur place les colo-
nies souterraines, et ne pas s'opposer à leur production serait hâter la ruine du
vignoble.
Heureusemeat les galles sont rares sur les vignes indigènes, et aucune obser.
vatiou digne de confiance n'est venue démontrer jusqu'ici que les choses s
1. Celte vigne fut visitée le 4 mai iiar MM. Couanon et Mouillefert, qui furent également frappés
lie la netteté du résultat. Le l"' juin, je m'y rendis moi-même, en compagnie de MM. Henri
Mares, Henneguy et Couanon. A celle époque, la dilférencc des deux lots, loin de s'être effacée
ou amoindrie par l'oxlension des galles du lot non traité au lui traité, était plus tranchée que
jamais. Les galles s'élaient mnlUpliêrs en quantités énormes dans le premier lot. au puint de
lais.ser à peine une place libre sur beaucoup do feuilles, tandis que dans le deuxième lot, les
feuilles se montraient encore complèlement indemnes de ces excroissances.
2. MM. Henneguy. Couanon, Mouillefert et moi-même. Je puis ajouter les noms de MM. Plan-
chon et Foëx, qui, dans les premiers jours de juin, ont visité ces vignes et constaté aussi l'absence
totale de galles dans toute ta partie traitée.
DESTRUCTION DE L ŒUF I) lUVKH DU PHYLLOXERA. 57
passent comme nous l'avons supposé. L'expérience de la l'aille conduit même à
une conclusion toute dill'érente. Il sullit, en elïet, de ne rapiieler que, dans l'année
qui précéda cette expérience, il n'y eut de galles nulle jjart dans la vigne; par
conséqui^nt, les galles si nombreuses qu'elle présente actuellement dans sa partie
non traitée sont sans relation avec des galles antérieures, et ne peuvent avoir dès
lors pour origine que les essaims d'ailés (|ui se sont échappés du sol de la vigne ou
plus probablement des vignes environnantes'.
Ces essaims devaient être nombreux, si l'on en juge par l'abondance des galles
primitives qui ont apparu l'année suivante, chacune de celles-ci étant le produit
individuel d'un insecte sorti d'un œuf d'hiver, et nous avons vu qu'il y avait quel-
quefois jusqu'à cinq ou six galles sur une même feuille-.
Tels sont, monsieur le ministre, les résultats que nous avons obtenus dans nos
expériences de badigeonnage dos vignes avec des mélanges de coaltar et d'huile
lourde. La conclusion à tirer de ces expériences, c'est que ces mélanges, excellents
pour tuer l'œuf d'hiver, exposent la vigne à de graves accidents et présentent en
outre des diflicultés d'application qui rendent leur emploi à peu près impossible
dans la grande pratique. lia fallu, par conséquent, selivreràde nouveaux essais pour
trouver d'autres substances qui n'eussent pas ces deux derniers inconvénients, tout
en étant des toxiques pour l'œuf d'hiver. Nous croyons que le mélange suivant
réalise ces conditions ;
Huile lourde 20 parties.
Naphtaline brute ;jO —
Chaux vive 100 —
Eau 400 —
Pour préparer ce mélange, on dissout la naphtaline dans l'huile lourde, on
verse celle-ci sur la chaux préalablement humectée avec une petite quantité d'eau
pour l'échauficr et la faire foisonner, et on ajoute le reste de l'eau en remuant
constamment le mélange. Sous l'influence de la chaleur dégagée par la chaux
hydratée, l'huile lourde s'incorpore intimement à la chaux, et il en résulte un
mélange homogène, d'une stabilité presque indéfinie'.
Afin d'éprouver l'action de ce mélange sur l'œuf d'hiver, j'ai employé le
même dispositif que dans mes précédents essais avec les mélanges coaltarés'.
Des œufs du phylloxéra des racines ont été placés sous des écorces qu'on a ba-
digeonnées avec le mélange dont nous venons de donner la formule. Ce mélange,
ayant l'eau pour véhicule, ne pénètre pas les écorces comme font les mélanges de
coaltar et d'huile lourde, mais la chaux forme, en se desséchant, un enduit qui
reste adhérent aux écorces et retient la naphtaline et l'huilelourde, dont les vapeurs
traversent les écorces et asphyxient les œufs placés dessous. L'action est par con-
séquent plus lente que celle des mélanges de coaltar et d'hmle lourde, qui agissent
non seulement par leurs vapeurs, mais aussi par contact direct en imbibant les
écorces. Il en résulte que le temps nécessaire à la production des elléts toxiques
varie suivant les facilités que trouvent les vapeurs pour traverser les écorces
facilités qui dépendent surloui de la constitution physique de celle-ci.
Lorsque, comme dans les vieilles vignes, 1 écorce présente des fissures nom-
breuses, qu'elle est remjilie de petites cavités ou canaux intérieurs qui résultent
de destructions locales du tissu subéreux, et lui donnent une structure presque
spongieuse'^, il suffit d'une exposition de cinq à six jours pour que la plupart des
1. Je dis |j1us probabiement, parce que j'avais constaté, la rareté des pliylloxeras sur Its racines
des vignes de la Paille — je rappelle que co sont des riparia — l'année précédant celle de l'expé-
rience, tandis que tout autour se trouvaient de nombrevises vignes phylloxérées, tant indigènes
qu'américaines.
2.11 n'est pas douteux que les premières galles constatées sur ces vignes ne fussent des galles
primitives, d abord en raison de lépoque peu avancée de l'année où elles furent aperçues
(10 avril); ensuile, toiUesces galles renl'errnaient un insfcle qui n'était ]jas encore arrivé à tuute
sa grosseur, et qui n'avait pas encore commencé a pondre ou n'avait iioiidu qu'un petit nombre
d'oeufs dont aucun n'était éclos.
S. En proposant ce nouveau mélange, je n'ai pas la prétention d'avoir trouvé quelque chose de
bien nouveau ni de bien original. Depuis longtemps on se sert de préparations pb/s ou moins ana-
logues comme agents insecticides. Dans quelques provinces de l'Autri.he, on emploie, paraît-il, un
mélange de chaux, de naphtaline et d'eau pour débarrasser des insectes la vigne et' les
arbres fruitiers. Récemment, M. Boileau a préconisé et employé, dit-il, avec succès contre l'œuf
d'hiver du phylloxéra un mélange de chaux, d'huile lourde et d'eau. J'abandonne donc à qui vou-
dra la priorité de l'invention de pareils mélanges, mais je crois être le premier à avoir démontré
par des expériences directes leur action toxique sur les œufs du phylloxéra. Si d'autres s'en sont
loués, je n'en suis que plus heureux de pouvoii invoiiuer leur témoignage.
4. Voir mon rapport au ministre de l'agriculture dans le Juurnal (ifjiriel du 20 septembre 1882.
5. C'est dans ces canaux ou galeries intérieures de l'écorce que sont souvent logés les
œufs d'hiver.
58 DESTRUCTION DE L'ŒUF D'HIVER DU PHYLLOXERA.
œufs soient tués; avec des écorces jeunes, d'un tissu neuf, plus ou moins serré,
sans fissures, l'action toxique demande une durée d'exposition plus longue. Dans
Sa pratique, cette question de durée n'a pas beaucoup d'importance, les œufs sé-
journant plusieurs mois dans les écorces, et le dégagement des vapeurs toxiques
continuant beaucoup au delà du temps nécessaire pour les tuer dans le
laboratoire.
Une autre cause qui, en activant ou ralentissant l'émission des vapeurs, influe
aussi sur la rapidité de leur action mortelle, est la température. Pour me rappro-
cher des conditions de la pratique agricole — les badigeonnages devant se faire
en liivcr — j'ai placé les écorces badigeonnées dans des caves où la température
se maintenait sensiblement à 14» centigrades. En retardant l'éclosion des œufs,
cette température relativement basse donnait au toxique le temps d'agir sur
l'embryon à travers les enveloppes de l'œuf, qui-était généralement tué dans un
espace de dix à douze jours, à quelques rares exceptions près. On obtiendrait
facilement des mélanges plus énergiques et d'une actioQ plus rapide en augmen-
tant la proportion d'huile lourde ou de naphtaline, en diminuant celle de l'eau
servant de véhicule. Ces mélanges forment des enduits plus épais à la surface des
écorces et donnent lieu à un dégagement plus abondant de vapeurs toxiques. Tel
est le suivant, que j'ai étudié d'une manière plus particulière :
Huile lourde 30 parties.
Naphtaline brute 30 ^
Chaux vive 100 —
Eau 300 —
Des œufs ont été soumis, pendant huit jours, à la température de 14", àl'actioa
de ce mélange. Dans une première expérience, il y eut 26 œufs tués sur 28; dans
une deuxième expérience, tous les œufs, au nombre de 43, furent tués. Les deux
œufs survivants de la première expérience s'expliquent par ce fait que la lamelle
d'écorce était prise sur une vigne jeune^ qu'elle était d'un tissu serré et exempte
de fissures, moins pénétrable par conséquent aux vapeurs que l'écorce de la
deuxième expérience, qui provenait des couchds exfoliées d'une vigne âgée.
Des deux mélanges à la cliaux dont j'ai donné ci-dessus la formule, le premier
est le seul dont l'action sur la vigne ait été vérifiée. Les essais ont été faits sur une
vaste échelle, au cours de l'hiver dernier. Ils ont eu Heu à la fois sur un grand
nombre de points : dans les vignobles de MM. de Lafitte, de Peyrelongue et Uinet
dans le département de Lot-et-Garonne, chez M. Ernest Mabille, à Nazclles, près
d'Amboise, et enfin chez M. le docteur Doutrebente, à Blois'.
A Paris même, je faisais badigeonner sous mes yeux, avec le même mélange,
des jeunes plants de quatre à cinq ans. Les vignes étaient décortiquées ou non,
et les badigeonnages ont été pratiqués sur toute leur surface, y compris les bour-
geons et les sections de taille. Nulle part il ne s'est produit le moindre accident,
et, suivant les expressions de M. de Lafitte, rendant compte de ses essais au
comité central du jihylloxera de Lot-et-Garonne (séance du 19 juillet 1884^, « à la
pousse, pas un bourgeon n'est resté en arrière ». Quant à la question écono-
mique, le même expérimentateur estime que le traitement ne reviendra pas àplus
de 40 francs pour 5,000 souches.
Pour conclure d'une manière définitive à la valeur pratique des badigeonnages
avec le mélange calcaire, — leur action inoffensive sur la vigne étant bien établie
par les faits dont je viens de rendre compte, — une dernière expérience resteraità
faire : c'est un essai de contrôle sur les vignes portant des galles, analogue à celui
fait avec tant de succès, à l'aide du mélange coaltaré, sur les vignes de la Paille,
Je me propose do faire ces essais l'hiver prochain sur ces mêmes vignes. Si, comme
il y a tout lieu de l'espérer, le résultat est le même avec le nouveau mélange
qu'avec l'ancien, nous serons en possession d'un moyen qu'on pourra employer en
confiance au traitement de nos vignes, car il réunira efficacité, bon marché et
absence de danger pour la plante. Je ne pense pas, toutefois, qu'il soit néces-
saire d'attendre cette dernière épreuve pour nous en servir.
Ce sera d'abord une année de gagnée pour le tiaitcment; puis, le remède
n'étant ni coûteux, ni dangereux pour la vigne, les viticulteurs pourront se fami-
liariser avec son emploi en badigeonnant dès l'hiver prochain leurs vignes. Des
1. Dans cette derniùre localité, les badigeonnages ont été effectués sous la direction de M. Tan-
viray, professeur départemental d'ajïricuUure. Je saisis ici l'occasion de remercier toutes les per-
sonnes qui, dans ces expériences, m'ont prêté ou offert leur obligeant concours, notamment les
propriétaires de vignobles nommés plus haut.
DESTRUCTION DE L'ŒDF D'HIVER DU PHYLLOXERA. 59
instructions détaillées sur le mode de préparation et d'emploi du mélange seront
publiées avant le commencement des opérations.
Il aiipartient à votre administration, monsieur le ministre, d'examiner s'il n'y
aurait pas lieu de prescrire les badigeonnagos comme complément des traitements
officiels, particulièrement dans des conditions où leur iniluence sur la marche
du phylloxéra pourra être reconnue d'une manière plus certaine.
Personnellement, je vous remercie de m'avoir fourni les moyens de soumettre à
la vérification expérimentale la plus larg-e mes idées théoriques sur l'évolution du
phylloxéra, et de m'avoir permis ainsi de prendre une part modeste à la lutte dont
le salut d'une de nos principales richesses nationales est le prix.
Agiéez, etc. G. Bai.biani,
Professeur au Collège de France, membre de
ia Commission supérieure du phylloxéra.
CULTURE EXPÉRIMENTALE DE BAVAY
Voici la comparaison, dans le même champ et dans les mêmes con-
ditions de culture en 1884, du semis en bandes avec les semis ordi-
naires en lio;nes et les semis à la volée :
Blé. — Semis de blé enbandcs de 0 m. 12 et 0 m. 28 d'intervalles hbres. Les
avantages constatés l'an dernier se représentent encore cette année dans des con-
ditions identiques. Les tiges sont plus fortes et plus hautes de 0 m. 10 à 0 m. 15
suivant la variété du blé. Les épis sont également plus forts et plus pleins. La
différence au bénéfice du système en bandes peut être évaluée suivant les terres
et les espèces de blé entre 100 et 200 francs à l'hectare.
Avoines. — 1° Semis en bandes de 0 m. 12 de largeur, avec intervalles libres de
0 m.28. Sarclage avec la houe à cheval à betteraves. Tiges fortes, rigides, épis
proporiionnés. Valeur de la récolte : 700 francs l'hectare.
2" Semis en lignes Tégnhhvemeni espacées à 0 m. 20. Sarclage à la binette à
main. Tiges moins hautes, moins fortes, épis proportionnés. Valeur de la récolte :
600 francs l'hectare.
3° Semis à la volée. Sarclage à la main. Valeur de la récolte : 550 francs à
l'hectare.
4" Seinis à la volée. Non sarclé. Valeur de la récolte : 350 francs l'hectare.
Aspect dulrè fie semé dans l'avoine. — Dans les semis en bandes, les plants sont
drus[et vigoureux. Dans les semis en lignes, à 0m.20, les plants sont sensiblement
moins forts. Ils font défaut en maints endroits, du fait qu'ils ont reçu moins d'air
et de lumière et qu'ils sont envahis par les parasites. — Dans les semis à la vo'ée
sarclés, les plants sont maigres, plus éclaircis. Ils sont plus envahis par les para-
sites que dans le semis en lignes ordinaires. — Dans le semis à la volée non
sarclé, le trèfle ne vaut rien. Il a été anéanti en majeure partie par les parasites.
FÈVES. — 10 hectares en une seule pièce, après avoine venue d'un blé de trèfle,
' fumure de 800 kilog. à l'hectare de superphosphate potassique azoté dans le rayon
avec la semence.
1" Semis en bandes. Tiges fortes et grenues. Rendement de 37 hectolitres à
l'hectare.
2" Semis en lignes de 0 m. 20. Tiges fines et moins grenues. Rendement de
28 hectolitres à l'hectare.
Le champ de fèves était çà et là plus ou moins infesté de sénés, en majeure
partie levés au moment où les fèves commençaient à poindre. Pour les détruire j'ai
fait armer la houe à cheval à betteraves, d'une lame et de deux pics pour chaque
ligne. J'ai fait travailler assez profondément pour tuer le séné, dans les intervalles
libres, et en même temps je recouvrais d'une forte couche de terre (0 m. 05 au
moins) la bande semée. Tous les sénés levés dans les bandes ont été ainsi détruits.
Avec un second binage exécuté delà même façon, j'ai eu entièrement raison de
ces parasites qui menaçaient de compromettre gravement ma récolte. Voilà un
procédé bien simple qui a produit tout à la fois deux effets remarquables : le
sarclage complet du champ en même temps qu'un binage essentiellement utile et
dont le résultat immédiat a été d'assurer une pleine récolte qui aurait été réduite
de moitié et peut-être plus si je n'avais pas usé de ce procédé.
Aspect du. frèfle semé dans ce champ de fèves. — Le trèfle est énergique daca les
bandes. Il est entièrement manqué dans les lignes de 0 m. 20.
60 CULTURR EXPÉRIMENTALE DE BÂVAY.
Conditions essentielles de la culture en bandes. — Seniiir en temps
opportua ; ajouter l'engrais nécessaire pour atteindre le maximum de
rendement qui seul donne leprofit; biner soigneusement quinze jours
à trois semaines au plus tard après la levée ; un second binage donné
dix à quinze jours après, équivaudra à une nouvelle addition d'engrais.
Les fortes récoltes dans les terres bien équilibrées sont moins sujettes à
verser que les récoltes moins fortes dont les tiges sont plus faibles.
Les semis en bandes, toutes choses égales, sont également moins
sensibles à la, verse et si celle-ci doit les atteindre sous l'influence
d'intempéries trop fortes, la verse ne se fait pas complètement, c'est-à-
dire que la récolte ne se couche pas littéralement comme dans les
semis en lignes ou à la volée. Lorsque le semis en bandes vient à
tomber, les pieds ne se cassent pas et les épis restent suflisamment
relevés de terre pour que te grain continue à mûrir normalement. J'ai
des raisons pour croire que la plantation en bandes du nord au midi,
c'est à-dire sur le vent qui provoque la verse, est préférable à toutes
les autres orientations.
BiUonnage. — Les petits socs de binot, au moyen desquels on fait
le semis en bandes, ont cet avantage par la disposition des dents de
herse qui recouvrent les bases, de former un buttage sur la semence
(comme pour les pommes de terre) et de laisser ainsi un creux assez
profond entre les ados sous lesquels le grain est enfoui, ce qui établit
dès lors une rigole entre chaque bande par où les eaux s'écoulent à la
surface.
Ce fait est très important en ce sens que l'eau qui s'écoule le long
de ces rigoles n'enlève aucune parcelle d'engrais répartis dans les
couches labourées.
Propreté du sol. — La moisson faite, il est à remarquer que toutes
les terres qui ont été semées en bandes soigneusement binées à la
houe à cheval, sont absolument propres, tandis que les terres plantées
' en lignes ordinaires et à la volée, sont plus ou moins infestées de para-
sites. Ce fait à lui seul sufflt pour démontrer la supériorité de la culture
en bandes sur les semis ordinaires en lignes serrées, et à la volée.
Chose également remarquable, c'est que le trèfle ou la luzerne semés
dans une culture en bandes, poussent avec une vigueur double de ceux
semés dans les lignes à écartements réguliers.
En résumé, plus une terre est en bon état d'engrais, plus s'impose
la culture en bandes, autrement dit, dans la raie du binot. C'est le seul
moyen de combattre utilement la verse et d'assurer la propreté du
sol, la venue du trèfle et de la luzerne et le maximum de rendement
en tous genres de céréales, y compris la fève, le maïs, les pois, le colza.
Le semis en bandes n'est autre que l'ancien semis sur raie de binot
perfectionné, c'est-à-dire qu'au lieu de semer à la volée sur les raies
de binot ou de scarificateur, on sème en ligne dans des raies à fond
plat et ferme, tracées par les petits socs spéciaux que l'on substitue
aux socs ordinaires du semoir. On obtient ainsi des bandes régu-
lières de 0".13 en largeur environ, semées à la volée avec intervalles
libres, de Q-'.^S, qui rendent plus faciles les sarclages et la pénétra-
tion de la chaleur, de l'air et de la lumière autour des plants.
La majeure partie des socs des semoirs sont susceptibles d'être
modifiés pour faire le semis en bandes. A. Derome,
Agriculteur à Bavay (Nord).
r,ES MALADIES DU HOUBLON. 61
LES MALADIES DU HOUBLON
Nous avons déjà souveat eu l'occasion de citer avec éloge dans les
colonnes du Journal de Fagriaillure, les Bulletins de la Société d'agricul-
ture de la Basse-Alsace. On ouvre rarement un fascicule sans y trouver
quelque document important. Aujourd'hui le Bulletin de septembre
nous donne une excellente étude du professeur de Bary sur les mala-
dies du houblon. Nous allons la résumer.
Les maladies du houbon, quoique fréquentes et variées, sont peu
connues au point de vue scientifique. On peut considérer comme
maladie tout mal occasionné par quelque ennemi de la plante, surtout
le mal occasionné par des ennemis invisibles.
Parmi les animaux qui attaquent le houblon, on cite la phalène
{Ilepialus) dont la chenille ronge les racines, et fait languir et périr la
plante; la pyrale [llypena), qui dissèque les feuilles ; les vers blancs,
la courtilière, les limaçons, les escargots. On a constaté récemment
qu'un coléoptère, le Homotaplia hrumea, s'attaque aux jeunes pousses.
Certains acariens produisent de graves dégâts. L'araignée rouge [Tetra-
nychus tclarius) provoque la brûlure ou rouille qui s'observe dans les
années sèches. De petites araignées, rouges, ovales, mesurant un quart
de millimètre, habitent en grand nombre le dessous des feuilles; celles-
ci se colorent d'abord en rouge, puis en brun, en jaune, se dessèchent
et tombent. La maladie peut envahir en quelques jours de grandes
houblonnières. Ce phénomène est encore peu connu. Quelquefois
les araignées disparaissent pendant des années ; leur présence n'est
pas exclusivement connexe de la sécheresse. Les pucerons (Âphis)
occasionnent le miélat et sont par conséquent liés à une maladie que
nous examinerons plus loin sous le nom de noir ou suie.
Les deux principales maladies du houblon, le blanc ou moisissure,
le noir ou suie., sont dues à des champignons microscopiques.
Le blanc est produit par un érysiphe, champignon analogue à celui
de l'oïdium de la vigne; il s'observe sur le houblon sauvage et cultivé,
se développe sur les parties vertes, feuilles et cônes, qui paraissent
couvertes d'une fine farine. Les filaments se ramifient sur l'épiderme.
Quelques-uns, terminés en vésicules, pénètrent dans l'épiderme. La
destruction de la partie verte ne s'étend qu'à la surface. En trois ou
quatre jours, ces parasites recouvrent toute une feuille ou tout un cône.
Ce champignon pousse l'hiver; il résiste au froid. L'érysiphe du hou-
blon appartient à un groupe de végétaux' parasites qu'on trouve sur le
chardon, le pissenlit, le plantain. On n'a pas encore établi l'identité
des champignons qui se rencontrent sur ces différentes plantes. Je
signale celte étude aux botanistes.
Le 7ioir ou suie est dû à un champignon qu'on rencontre sur les
plantes les plus diverses, le citronnier, l'olivier, le chêne, le sapin, les
saules; il forme sur les feuilles des taches noires, limitées d'abord,
plus larges ensuite, ressemblant aux taches de la fumée, d'oi^i le nom
vulgaire de suie. Ce sont des filaments s'enchevêtrant; sur ces filaments
se développent les spores qui à leur tour deviennent des filaments.
Ces champignons se développent à la surface des parties vertes, sans
pénétrer à l'intérieur, sans même attaquer les parties superficielles.
On peut les enlever avec le doigt et même par un lavage à l'eau.
62
LES MALADIES DU HOUBLON.
L'action du noir est peu importante, elle ne produit qu'un faible
étiolement.
Le noir accompagne le miélat qui est dû à des pucerons. La matière
sucrée sécrétée par les pucerons permet au champignon de la suie
d'adhérer à la feuille et de s'y multiplier. Les pucerons préparent le
terrain pour le noir du houblon dont l'origine reste cependant encore
inconnue.
Que sait-on en matière de prophylaxie? Pour les araignées et puce-
rons, on ne connaît pas de remèdes certains. Pour le blanc, M. de Bary
recommande le soufrage qui, paraît-il, a donné de bons résultats. Le
remplacement de la perche par le fil de fer est certainement avanta-
geux. La perche est un réceptacle de parasites. Elle devrait tout au
moins être imprégnée de matières parasiticides. Paul Muller.
TRANSPORT HYDRAULIQUE DES BETTERAVES
Parmi les dépenses les plus coûteuses de la culture des betteraves
figurent les frais de transport des racines aux silos et des silos aux
fabriques de sucre. Dépense considérable de force, détérioration des
chemins, tels sont les résultats inévitables du transport par voitures.
Aussi on s'est ingénié à trouver les moyens de diminuer, sinon de
supprimer cette dépense. Les chemins de fer portatifs des systèmes
Decauville, Paupier, Suc, etc., rendent des services appréciés pour cet
objet. Nous voulons signaler aujourd'hui un nouveau système de
transport des betteraves, qui a fait déjà ses preuves dans plusieurs
pays, et dont les applications en France commencent à se compter.
Fig. 5. — Caniveau en maçonnerie
Fip;. G. — Caniveau en maçonnerie
muni d'un couvercle en fonte.
Fig. 7. — Couvercle
en tôle.
C'est le transporteur hydraulique du système Riedinger, ingénieur au-
trichien, qui aélé perfectionné par M. Vivien, à Saint-Quentin (Aisne),
concessionnaire pour ses applications en France.
On aura compris le principe du transporteur hydraulique, lorsque
nous aurons dit qu'il consiste en caniveaux remplis d'eau, parlant des
silos ou des magasins, avec une pente douce vers la sucrerie; les bet-
teraves, dont le poids spécifique est à peu près égal à celui de l'eau,
sont jetées dans les caniveaux, et elles nagent dans le courant, qui les
entraîne; à la sucrerie, elles sont saisies par un laveur ou un élévateur,
l'eau, la terre et les impuretés étant dirigées d'un autre côté. On obtient
ainsi un double résultat : transport économique et lavage des micines.
Chacun connaît l'importance du lavage préalable des racines avant le
pesage définitif dans les fabriques abonnées à l'impôt sur la betterave.
TRANSPORT HYDRAULIQUE DE BETTERAVES.
63
L'avantage, pour ces fabriques, de l'emploi du transporteur, est donc
manifeste.
La disposition des caniveaux, leur aménagement, leur longueur
Fif'. 8. — Caniveau rectiligne en fonte.
Fis
9. — Valve de distribution dans deux
caniveaux raccordés.
dépendent de la topographie des lieux ; ils varient nécessairement sui-
vant les usines. On construit les caniveaux en maçonnerie, en fonte,
en tôle, en bois. etc. La section intérieure varie
de 20 à 35 centimètres pour la largeur, et de
35 à -'lO pour la hauteur. Le débit d'eau diffère
suivant la section et la pente : avec une pente
de 8 millimètres par mètre dans les parties droi-
tes et de 9 dans les courbes, on obtient une vi-
tesse de transport de 1 mètre environ par seconde.
Les fig. 5 et 0 représentent deux caniveaux en
maçonnerie; le premier a 35 sur 35 intérieure-
ment, et le second 30 sur 30; ce dernier est repré- ^'S- 'O-- ^^''Qiveau en bois.
sente avec des bordures pavées et un couvercle
en fonte pour le passage des voitures. On fait aussi, pour cet objet,
Fig. II. — Coupe longitudinale du récepteur de betteraves.
des couvercles en tôle (flg. 7), avec longrines en bois. Les caniveaux
en tôle ou en fonte (fig. 8) sont aussi adoptés. Pour les raccordements
64
TRANSPORT HYDRAULIQUE DES BETTERAVES.
de deux caniveaux, on établit des valves de distribution, comme le
montre la figure 9. Les caniveaux en bois (fig, 10) reviennent à bas
prix ; on peut les établir de diverses manières, avec des pièces d'épais-
seur variable, avec des longrines ajustées ou des planches. RI. Trouvé-
Becker (menuiserie mécanique de Uemicourt,à Saint-Quentin) fabrique
des madriers en bois, construits en demi-madriers de 35 à 38 milli-
mètres d'épaisseur, en sapin blanc, maintenus par des fers agrafés,
Fig. 12. — Vue en plan du récepteur de betteraves.
coûtant G francs le mètre courant en partie droite; M. Trouvé peutren
livrer 50 mètres par jour.
Lorsqu'une sucrerie peut disposer d'une assez grande quantité d'eau,
l'établissement du transporteur hydraulique ne présente pas de diffi-
cultés sérieuses; il en est autrement pour les sucreries qui manquent
d'eau, car la circulation d'eau, dans le transporteur, est au moins
de 4,000 mètres cubes, et elle peut atteindre 10,000 mètres cubes. On
s'est donc ingénié à trouver des dispositions qui permettent de se servir
indéfiniment de la même eau, en la décantant chaque fois qu'elle a
servi au transport. Les combinaisons peuvent varier suivant les res-
sources dont on dispose; nous citerons celle adoptée par M. Dervaux-
Ibled, fabricant de sucre à Wargnies-le-Grand (Nord). M. Dervaux a
installé, cette année, un transporteur hydraulique en maçonnerie,
TRANSPORT HYDRAULIQUE DES BETTERAVES. 65
dont la longueur totale dépasse 700 mètres. Plusieurs branchements
amenant la betterave de plusieurs points des silos, débouchent dans
un collecteur qui se termine à un laveur à palettes placé au-dessous du
niveau du sol de la sucrerie. De place on place, des chutes compensent
les différences de niveau. La même eau sert indéfiniment. Des bassins
d'épuration où elle est prise par une pompe centrifuge, elle se rend
à l'extrémité du transporteur; elle arrive au laveur avec les betteraves,
et de là elle est dirigée sur les bassins d'épuration. La circulation est
donc continue.
Les betteraves amenées par le transporteur arrivent soit directement
au laveur de la sucrerie, soit à un récepteur spécial que représentent
les fig. 1 1 et 12. Les caniveaux, venant de directions diverses, débou-
chent sur une grille circulaire, à travers laquelle l'eau s'écoule en
entraînant la terre dans un conduit inférieur, représenté à gauche de
la fig. 11, et par un pointillé dans la fig. 12. Quant aux betteraves,
elles restent sur la grille, et elles sont poussées dans un élévateur
par trois brosses qui font office de raclettes, et qui sont mises en mou-
vement par un arbre vertical.
Il est assez difficile d'évaluer les frais d installation du transport
hydraulique ; il est même impossible de fixer un prix de revient,
lequel varie avec les conditions de lieux. Nous nous bornerons donc
à dire qu'on peut visiter les applications qui en ont été faites en France
aux sucreries de Fouilly et d'Epénancourt (Somme), de Pont-de-Périn
et de Wargnies-le-Grand (Nord), à la distillerie de Hantay (Nord), et
dans d'autres localités. En Belgique on peut visiter, à cet effet, les
sucreries de Hall, Enghien, Oppertingen, etc.
Nous ajouterons, dans un prochain numéro, quelques détails sur di-
verses dispositions adoptées tant pour l'a ménagement de l'eau, que
pour le départ des betteraves des silos ou des magasins.
IIliNRY SaGMEU.
PARTIE OFFICIELLE
Décret relatif à l'exportation des ceps arrachés, des sarments, éclialas, tuteurs
et feuilles de vigne.
Le président de la République française,
Sur les rapports des ministres de l'agriculture, du commerce et des finances;
Vu la loi des 15 juillet 1878, 2 août 1879;
Vu le décret du 15 mai 1882, rendant exécutoire en France la convention inter-
nationale phylloxérique de Berne, du 3 novembre 1881 ;
Vu notamment les paragraphes 3 et 4 de l'article l" de la convention interna-
tionale phylloxérique de Berne, décrète :
Art. 1". — L'exportation, à destination de l'un des Etats contractants de la
convention internationale phylloxérique de Berne, des ceps arrachés, des sar-
ments secs, de composts et terreaux, des éclialas et tuteurs déjà employés, des
feuillep de vignes servant à l'emballage, est interdite.
L'exportation des plants de vigne, des sarments, avec ou sans racines, à desti-
nation d'un des Etats contractants, est également interdite, à moins d'une auto-
risation spéciale de ces Etats.
Art. 2. — L'exportation, à destination de l'un des Etats contractants de la
convention internationale de Berne, des raisins de table et de vendange, des
marcs de raisin, n'est autorisée que si l'envoi est accompagné de certificats
d'origine et sous les conditions suivantes : 1° Les raisins de table doivent être
soigneusement enfermés dans des boîtes, caisses et paniers bien clos et néan-
moins faciles à visiter; 2" les raisins de vendange doivent être foulés et expédiés
dans des fûts bien fermés, d'une contenance de 5 hectolitres au moins; ils doivent
être débarrassés de tous débris de terre ou de vigne; 3" les marcs de raisin
doivent être enfermés dans des caisses ou des f'ùts bien clos.
66 PARTIE OFFICIELLE.
Art. 3. — L'exportatioB, à destination de l'un des Etats contractants de la con-
vention internationale de Berne, des plants d'arbres, arbustes et tous végétaux
autres que la vigne, provenant de pépinières, de jardins, de serres ou d'oran-
geries, n'est autorisée que ])ar les bureaux de douane désignés par le décret du
8 juillet 1882, relatif à l'importation des plants, débris et produits de la vigne
venant de l'étranger.
Ces objets doivent être bien emballés, mais de façon à permettre les visites.
Ils doivent être accompagnés d'une déclaration de l'expéditeur et d'une attestation
de l'autorité compétente du pays d'origine.
Art. 4. — La déclaration de l'expéditeur devra : 1" certifier que le contenu de
son envoi provient en entier de son établissement; 2" indiquer le lieu de récep-
tion définitive avec l'adresse du destinataire; 3° porter la signature de l'expé-
diteur.
Art. 5. — L'attestation de l'autorité compétente certifiera : 1" que les objets
proviennent d'un terrain, plantation ou enclos séparé de tout pied de vigne par
un espace de 20 mètres au moins, ou par d'autres obstacles aux racines, jugés
suffisants par l'autorité compétente; ï" que le terrain ne contient lui-même aucun
pied de vigne; 3" qu'il n'y est fait aucun dépôt de cette plante; 4" s'il y a eu des
ceps phylloxérés, que l'extraction radicale en a été opérée, que des opérations
toxiques réitérées ont été effectuées, et que des investigations, répétées pendant
trois ans, assurent la deslrucliou complète de l'insecte et des racines.
Art. 6. — Les contrevenants au présent décret seront poursuivis conformément
à la loi des 15 juillet 1878 et 2 août 1879.
Art. 7. Les ministres de l'agriculture, du commerce et des finances sont char-
gés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent décret.
Fait à Mont-sous- Vaudrey, le 10 septembre 1881. Jules GréVy.
Par le président de la République : Le minisire de l'agricullure^ J. Méline. —
Le ministre du commerce, Gh. Hérisson. — Le ministre des finances, P. Tirar d
SUR L'ORGANISATION DU CRÉDIT AGRICOLE
Répondant à ma lettre, publiée par le Journal de l'agriculture
(n° du 17 mai dernier), relativement à l'organisation du crédit agri-
cole, M. Ayraud nous dit entre autres choses {Journal du 26 juillet)
qu'il ne propose point l'émission de billets, mais d'obligations.
Ici, je l'avoue, je ne vois pas bien clair dans le projet de M. Ayraud.
De quel genre d'obligations s'agit-il, en effet? S'il s'agit d'obligations
semblables à celles généralement émises par diverses sociétés, dans le
but de se procurer des fonds, on sait que la négociation de ce genre de
titres est toujours quelque peu onéreuse, et qu'en outre il faut servir
aux obligations un intérêt d'environ 5 pour 100 l'an, en sorte que,
dans ces conditions, le nouvel établissement de crédit projeté ne
pourra pas prêter à bon marché ce qu'il devra payer relativement
cher.
S'il s'agit d'un papier-monnaie, quelle qu'en soit la forme ou la
couleur, il y a similitude complète, quant à l'effet et à l'usage, avec le
billet de banque et, partant, concurrence, qui ne peut être autorisée
que par une décision spéciale du Parlement, ce que, je le suppose,
nous ne sommes pas près d'obtenir. J'espère que M. Ayraud nous dira
clairement de quoi il s'agit.
Pour ce qui concerne la seconde objection, je suis de l'avis de
M. Ayraud, à savoir qu'une marchandise peut être d'un prix élevé,
quoique abondante sur le marché, pourvu que les preneurs soient plus
abondants encore; mais, il faut cette condition.
Je ferai néanmoins remarquer que dans le cas qui nous occupe il
s'agit d'effets de circulation, et non de consommation; que par consé-
quent il pourrait très bien se faire qu'un établissement de crédit
l'organisation du CaiÔDIT AGRICOLE. 67
qui, par un moyen quelconque, comme par l'émission de billets,
pourrait prêter à des conditions avantageuses pour l'emprunteur, pour-
rait se trouver dans l'obligation, pour satisfaire aux nombreuses
demandes de sa clientèle, de créer une quantité considérable de papier-
monnaie qui, restant dans la circulation, exercerait une dépréciation
relative sur la valeur intrinsèque du capital monnayé préexistant.
Fauiie.
NOUVELLES INVENTIONS AGRICOLES
ANALYSE SOMMAIRE DES DERNIERS BREVETS DÉLIVRÉS.
161,804. Braun. 29 avril 1884. Concasseur universel de grains, à cylindres
coniques ou, parallèles, munis de cannelures de grandeur variant d'une façon
continue ou discontinue, avec tamis diviseur automatique. — L'aDpareil se dis-
tingue par les caractères suivants : les cannelures varient d'une façon continue
ou discontinue d'un bout à l'autre des cylindres.
Ces cannelures présentent des faces curvilignes. L'alimentation se fait d'une
façon automatique par une vis et un tamis rotatif diviseur. Il y a huit cylindres
cylindriques ou coniques, qui sont groupés d'une manière spéciale évitant la
déplacement de leurs axes.
161,811. Wedekind. 29 avril 1884. Système de monture de meules. — Ge sys-
tème est caractérisé par les points suivants : 1" Division des meules en un cer-
tain nombre de sections, sis par exemple, au moyen de rayons d'aérage qui sont
disposés tangentiellement à un cercle dont le diamètre est égal à l'œdlard de la
meule, et qui, à leur origine, sont étroits et profonds, pour s'élargir et s'aplanir
vers la périphérie ; sur la meule courante, la profoadeur de ces rayons s'éten d
sur une grande partie de la hauteur de l'œillard. 2" Engrenage de la meule par
la couverture au moyen de canaux disposés en cercle et qui aboutissent dans les
rayons d'aérage. 3° Emploi d'attrape-vent ou buses d'aérage, qui se trouvent sur
la couverture de la meule et y amènent l'air à travers les canaux dans les rayons
d'aérage. Les portants peuvent être rhabillés ou non.
161,813. Ortman, Taylor et Urban. junior. 29 avril 1884. Système perfec-
tionné d'appareils pour recueillir la poussière folle des moulins et autres usines.
— Ordinairement, pour débarrasser l'air de ses poussières, il faut le faire passer à
travers un tamis ou surface filtrante quelconque, ou bien l'amener dans de grandes
chambres de repos où les corps légers tenus en suspension aient le temps de se
déposer. Les brevetés se sont proposés de créer un appareil tenant peu de place et
qui remplisse complètement le but ci-dessus. Ils ont imaginé, dans ce but,
d'employer un conduit contourné on forme de volute et disposé à plat, qui reçoit
à son extrémité extérieure l'air venant du sé|-iarateur ordinaire chargé de séparer
les ])lus grosses poussières, et qui le laisse échapper ea son centre dans une che-
minée d'aérage, après avoir achevé de le purifier. Ge conduit en spirale a pour
paroi externe une tôle perforée d'une façon particulière; toutes ses autres faces
sont pleines. A côté delà paroi perforée se trouve un canal dont la face inférieure
est perforée, ses trois autres faces étaut pleines, et qui suit les circonvolutions du
conduit d'air; c'est ce canal qui est chargé de recevoir les poussières et de les
laisser tomber par les perforations du iond, dans une caisse située au-dessous.
Voici sur quel principe agit l'appareil : l'air chargé de folles poussières, entrant
dans le conduit en spirale qui s'adapte à la sortie du séparateur ordinaire, avec une
vitesse déterminée parle refoulement du ventilateur de ce dernier, les poussières
qui ont une force vive supérieure à celle de l'air, par suite de leur densité plus
grande, tendent à continuer leur marche en ligne droite, mais la paroi externe
perforée vient leur barrer le chemin; elles traversent alors cette paroi par les
lentes qui y son; pratiquées et s'introduisent d,-i.as le canal latéral, dit « d'air
mort », d'où elles tombent dans la caisse disposée au-dessous ; les poussières les
plus légères ne se séparent pas dès l'entrée du conduit, mais, entraînées par le
courant d'air, elles se séparent un peu plus loin de k même minière ; de sorte que
l'air s'échappe dans la cheminée centrale, complètement débarrassé de la folle
farine ou autre poussière qu'il tenait en suspension.
Lorsqu'on n'est pas gêné par le manque de place, le conduit double constitué
comme il vient d'être dit, au lieu d'être disposé en spirale, peut affecter la forme
68 NOUVELLES INVENTIONS AGRICOLES.
d'un S, forme qui procure également des coudes arrondis propres à produire l'effet
cherché.
161,814. Simon. 26 avriL 1884. Nouveau système de moulin à cyltndrei,
faisant simultanément un nombre indéterminé de concassag's di/férents de blé. —
L'appareil décrit dans ce brevet ressemble, comme consiruclion générale, au mou-
lin pour lequel M. Simon a précédemment pris un brevet (n" 151,820) et un
certificat d'addition.
Ce qu'il y a de nouveau dans le présent brevet, c'est que les deux cylindres
placés côte à côte sont divisés en plusieurs sections de diamètre et de cannelure
différents: à une extrémité, on trouve le plus petit diamètre et la cannekue la
plus grosse, pour le premier passage; à l'autre bout, la plus fine cannelure et
le plus grand diamètre, et aussi le rapprochement maximum des cylindres, cela
va sans dire, puisqu'ea ce point ils sont plus gros. Le changement dans la dimen-
sion des cannelures et dans le diamètre est graduel. Des cloisons verticales divisent
complètement l'appareil en plusieurs sections.
161,822. Jammes. 30 avril 1884. Appareil dit échenilleur. — L'appareil es
destiné à débarrasser le sainfoin des pucerons ou autres insectes. Il se compose
d'une paire de roues, à l'essieu de laquelle s'attache un manche à poignée servant
à un homme à le pousser devant lui ; à l'essieu se fixe également une sorte de large
gouttière, dite « lit >>, destinée à servir de réceptacle aux insectes que l'on a fait
tomber de la plante, et qui peuvent être évacués par un orifice après qu'on les a
tués par un baia bouillant ou acide ; au-dessus de ce lit est supporté un arbre
horizontal mis en rotation par Fur.e des roues porteuses, et muni de quatre
palettes en bois ou en tôle chargées de coucher la plante et de faire tomber les
insectes dans une sérielle poches fixées au bord antérieur du lit. Le breveté dit
que les essais faits avec son appareil lui ont donné de très bons résultats.
161,850. Grii lon. .3 mai 1884. Brevet de dix ans. Système de batteuse à trèfle
ébosseuse dont le batteur, placé à r arrière-train, reçoit directement la bosse venant
de la trémie placée au-dessus. — La hatteuse se compose d'une capote d'engre-
nage du fourrage, placée sur le plancher supérieur et conduisant le fourrage à
battre dans le batteur ébosseur. Le fourrage est nettoyé par quatre secoueurs
placés au-dessus de la trémie, laquelle reçoit la bosse et l'engrène naturellement
dans le batteur à trèfle situé à l'arrière-train sous ladite trémie. Ensuite, la
graine poussée par l'air de ce batteur, tombe dans une chaîne à godets, est remontée
par elle sur la table, et s'y trouve nettoyée par un seul ventilateur; puis, elle est
conduite en sac.
Certificats d'addition. — Pirard. 26 avril 1884 (Br. n" 159,469) Manchesexlen-
sibles ou à rallonge pour bêches, pelles, fourches, etc. — M. Pirard apjiorte les
additions suivantes au système de manches extensibles précédemment breveté par
lui : 1° modification permettant de séparer la douille métallique du manche en
bois et, par suite, de les faire porter par deux personnes différentes ; 2" nouvelle
disposition rendant le système applicable aux échenilloirs, émondoirs et autres
instruments agricoles exigeant un long manche; 3° variante de cette dernière dis-
posion, dans le but d'appliquer le système aux manches de têtes de loup pour
appartement.
Paquelle de Larret. 28 avril 1884. (Br. n" 144,569). Faucheuse-moisson-
neuse perfectionnée dite : le Furet. — Outre des modifications apportées ? la
construction de l'instrument et qui concernent surtout les transmissions de mou-
vement, ce certificat d'addition indique les additions suivantes faites au brevet
principal : 1" nouveau mode de réglage de l'alternance variable et facultative du
fonctionnement des râteaux, soit comme javeleurs, soit comme rabatteurs ;
2° genre d'aiguiseur mécanique |)Our les dents de la scie, qui permet de leur con-
server exactement leur forme primitive.
FouitNET. 28 avril 1884. (Br. n" 161,531). Système de paragelées printanières
pouvant servir de paragrêle. — Le breveté décrit deux moyens de maintenir les
planches-abris dans la position verticale. Le premier consiste à retenir contre
i'échalas, an moyen d'une broche enfoncée obliquement dans ce dernier, le liteau
qui est cloué à la planche de droite et qui vient appuyer sous la planche de gauche.
Le second moyen consiste dans l'emploi d'une aiguille à crochet disposée horizon-
talement sur un échalas, et qu'il suffit de tirer pour qu'elle laisse les planchettes
retomber en basculant sur leurs tourillons.
Cn. Assi ET L. Genès,
ingunieurs-conseils en matière de brevets d'invention,
36, boulevard Voltaire, à Paris.
LKS PRIX GULTORAUX DANS LES HAUTES-PYRENKES. 63
PRIX GULTURAUX ET DTRRIGATION
DANS LES HAUTËS-PYUKNÉES EN 188i— 11'.
Celait aussi pour le prix cultural de la 4'" catégorie f(ue M. Frachingue, pro-
priétaire à Saint-Laurent de la Neste, avait demanda de concourir. M.Noguès avait
amélioré son domaine, M. Frachingue a créé le sien. En lb74, il a acheté, pour
le prix de 20,000 francs, 20 à 25 hectares de landes. Il en a transformé en terres
labourables et in prairies une partie considérable, 18 hectares environ, qu'il a
soumise à notre examen. Il cnntinue la même opération. Au moment même de
notre visite, neus avons vu exécuter les travaux de défrichement. M. Frachingue
n'a reculé devant aucune dépense, et l'évaluation de son mémoire, qui porte à
50,000 fr. le prix de revient de son immeuhle, ne nous paraît pas exagérée. Pour
arriver au lésultut obtenu, il a fallu, en outre des défrichements, employer une
quantité considérable de marnes, de chau.x et de phosphates. Avec ces amende-
ments seuls, il a pu créer des prairies aussi remarquables que celles qui sont
entre son habiiation et la route de Montréjeau à Lannemezan. Elles auront un
rendement encore plus élevé lorsqu'il aura obtenu la concession d'eau sur le canal
de laLouge qu'il sollicite et pour laquelle il s'engage à payer une redevance an-
nuelle de 15 Ir. par hectare. Grâce à l'arrosage, il pourra augmenter sa culture
fourragère et rendre encore plus productive son agriculture.
M. Frachingue a donné un grand exemple qui devrait avoir de nombreux
imitateurs. Créer la fertilité et, par suite, la richesse dans un pays où il n'y avait
autrefois que des landes arides, est une œuvre digne de toutes nos faveurs. Le
jury n'hésite pas à encourager ses efforts en lui accordant une médaille d'or pour
ses défrichements et la création de ses prairies; il lui donne rendez-vous dans
sept ans, certain que, par la continuation et le perfectionnement de ses travaux,
il aura mérité peut-être, à cette époque, nos premières palmes.
Seul de nos lauréats, M. Lozès concourait pour h prix cultural de la première
catégorie. Son domaine de Barsous, commune de Tibiran, canton de Saint-Lau-
rent, arrondissement de Bagnères-de-Bigorre, a une contenance de 57 hectares
en un seul tenant. M. Lozère père l'acheta il y a vingt-cinq ans, pour le prix de
50,000 francs. Depuis cette [époque, il a été transformé : au lieu de landes in-
cultes, il nous a présenté 15 hectares de terres labourables, 23 hectares de prai-
ries naturelles et 2 hectares de vignes. De grands travaux ont été exécutés à
chers deniers. En jetant les pierres qui en étaient extraites dans de vastes tran-
chées pratiquées dans les landes, on en a'assuré le drainage. Non content d'obte-
nir de la sorte l'écoulement des eaux, M. Lozès n'a pas hésité à construire sur
toute la longueur de sa propriété un mur de défense contre les crues de la
Garonne. Il est difficile de se rendre uu compte exact du chiffre de toutes ces
dépenses, mais on peut les évaluesr comme le concurrent lui-même, à plus de
150,000 francs.
Elles ont augmenté considérablement la valeur de l'immeuble, mais les reve-
nus sont loin de représenter l'intérêt du capital engagé. Néanmoins, les prairies
naturelles, qui atteignent près de la moitié de la contenance en culture (23 hec-
tares), sont très bonnes et permettent un élevage de bétail qui ne pourra que s'ac-
croître sous la direction de M. Lozès fils. Nous y avons trouvé 4 bœufs de travail,
12 vaches, 1 taureau, 9 élèves de respè:e bovine, 2 juments poulinières, 2 élèves,
4 chevaux de service et un troupeau de 150 bê(es à laine. Les bâtiments d'ex-
ploitation sont bien couçus; les écuries pour bœufs de travail laissent seules à,
désirer. Tout est disposé pour les besoins du service; un réservoir est établi au
milieu de la cour de la ferme, et un moteur hydraulique permet d'élever et d'y
conduire les eau.r de la Garonne. Un vaste hangar renferme les machines agri-
coles. L'outillage est complet, rien ne manque à la collection : faucheuses,
faneuses, râteau à cheval, machines à battre, rouleau Crosskil, herses perfec-
tionnées, etc.
En présentant son domaine, M. Lozès a voulu rendre un hommage à la mé-
moire de son père, et, par la constatation de l'état actuel, faire apprécier une
œuvre qui a apporté le bien-être dans la contrée et lui a acquis la reconnaissance
des populations ; mais de pareilles entreprises ne sont permises qu'aux privilégiés
de la fortune, et en l'absence de toute comptabilité, le prix cultural ne saurait
être décerné. Le jury manquerait à sa mission s'il laissait, sans les signaler, la
1 . Voir le Journal, du 4 octobre, page '^S de ce volume.
70 LES PRIX GULTURAUX DANS LES HAUTES-PYRENEES.
mise en valeur des terres défrichées et épierrées, la création de prairies natu-
relles et les travaux de défense contre les crues de la Garonne ; c'est pour cela
qu'il lui accorde une médaille d'or. Il désire associer, dans les mêmes éloges,
celuique M. Lozès père avait associé à ses labeurs. Aux termes de l'article 6 de l'ar-
rêté relatif aux spécialités, il a décerné une médaille d'argent à M. Navarre,
couti'B maître, qui, depuis vingt-cinq ans, dirige l'exploitation. M. Lozès fils va
continuer l'œuvre de son père. Initié depuis longues années à l'agriculture, qui
a été le sujet de ses études, il consacrera son activité à améliorer son domaine. Le
père créa, le fils perfectionuera, et nous sommes certains que, dans un avenir
prochain, la terre de Barsous réunira toutes les conditions pour être citée comme
un modèle.
pHix CULTUR.\L. — AI. l'omc.<: exploite depuis 1875 le domaine du Château, dans
la commune de Luc, canton de Tournay, arrondissement de Tarbes. La conte-
nance totale est de 17 hectares. Les terres labourables comprennent 7 hectares
25 ares, les vignes 2 hectares 50, les prairies naturelles 8 hectares. L'assolement
est biennal ; le blé, semé sur trois hectares, a été très bien soigné et promet
un joli rendement; lus vignes, récemment plantées, sont en bon état; quant aux
prairies naturelles, elles ont été déjà présentées au concours de 1881 et obtinrent
le second prix. Le jury avait constate alors l'assainissement, le drainage et la
bonne répartition des eaux. M. Pomès a pefectionné, depuis cette époque, son
irrigation; un nouveau réservoir, de 50 mètres cubes de capacité, a été ajouté à
ceux qui existaient déjà et dans lesquels il avait recueilli les eaux de source à
faible débit, et le rendement pour les deux coupes est de 7 à 8,000 liilogrammes
par hectare.
L'ensemble du domaine est parfait; les bâtiments d'exploitation sont bien
installés, les animaux très bieu choisis et de bonne qualité; deux bœufs de travail
race béarnaise, deux vaches de Lourdes, deux élèves de deux ans, deux veaux de
l'année, tiois juments poulinières, dont deux de demi-sang et une de race bre-
tonne, deux poulains de l'année occupent des écuries spacieuses, bien aérées et
représentent plus de deux tiers de tête par hectare. Une comptabilité très simple,
consistant dans un registre de recettes et de dépenses, permet de se rendre
un compte exact de toutes les opérations agricoles.
Après avoir passé les premières années de sa jeunesse en Amérique, oîi un
commerce lucratif lui avait permis de réaliser une jolie fortune, M. Pomès n'a
pas voulu prendre- du repos. Il est rentré en France, a fixé sa résidence dans la
commune où il était né, et au lieu de se condamner à une vie oisive, il a consa-
cré toute son activité à cultiver le domaine dont il est propriétaire depuis plus
de huit années. Sa seule pensée a été d'en assurer le revenu et d'en augmenter
la valeur. Pendant cette période, il a fait construire la maison qu'il habile avec
■sa famille, les bâtiments ruraux, a acheté les animaux qui composent son cheptel,
s'est placé à la tête de son exploitation, travaillant lui-même avec ses ouvriers
et ses serviteurs, dirigeant les plantations de vignes, les créations de prairies et
les irrigations dont les travaux ont été exécutés sous sa surveillance. Il a apporté^
à l'agriculture l'esprit d'ordre qu'il avait apporté à l'industrie, et les assertions
de soQ mémoire, vérifiées et reconnues exactes, nous permettent d'affirmer que
les résultats en ont été larjjement rémunérateurs. La vente des récoites et des
animaux donne un revenu de 6,000 francs environ, d'où il faut déduire tout au
plus 2,000 francs pour les salaires des employés à gages, les frais de main-
d'œuvre et de toute nature. C'est donc un revenu net de 4,000 francs pour un
domaine dont la valeur actuelle, à raison de 5,000 francs l'hectare, ne dépasse
pas 75,000 francs pour les quinze hectares de prairies et de terres labourables.
Les vignes sont encore trop jeunes pour avoir produit une récolte; lorsqu'elles
seront en plein rapport, les 2 hectares 50 ares plantés donneront un accrois-
sement au delà de l'intérêt à 5 0/0 des 12,500 francs représentait leur valeur.
Voilà une agriculture lucrative et qu'on peut présenter pour exemple.
Les habitants des contrées pyrénéennes subissent un penchant presque irrésis-
tible qui les porte à déserter les lieux de leur naissance et à aller chercher au
delà des mers, dans les chances de l'industrie ou du commerce, les ressources
que ne leur offre pas toujours la culture du sol. Certains ont. trouvé la justifi-
cation de leur désertion dans la réalisation d'une fortune facilement acquise. Nous
n'osons blâmer ceux qui, séduits par leur exemple, cherclient à les imiter; mais
nous devons des éloges sans réserve aux hommes qui, réagissant contre ces ten-
dances, ne veulent pas quitter leur pays. Nous exprimions ce sentiment, lorsqu en
LES PRIX GULTURAUX DANS LES HAUTES-PYRÉNÉES. 71
1881, dans notre rapport sur le concours des domaines, dans le département des
Basses-Pyrénées, nous faisions ressortir les titres du j>etil cultivateur des pays
basques, lauréat de la prime d'honneur qui, atiaclié au sol ([ui l'avait tu naître et
aux traditions do sa famille, né laboureur, était resté laboureur. S'il y a un mérite
à ne pas quitter ses champs, il y en a un plus grand peut-être, à y revenir après
les avoir quittés. Tel a été M. Pomès. Il était né agriculteur; après avoir fait sa
fortune en Amérique, il est redevenu agriculteur. Le travail a éié la préoccupation
de toute sa vie, et celui de ces dernières années l'aura placé le plus haut dans
l'estime de ses concitoyens.
Aucun concurrent ne se présentait dans des conditions plus favorables et avec
de meilleurs titres; aussi le jury n'a pas hésité à ajouter une nouvelle récompense
à celles obtenues déjà en 1881, dans le concours d'irrigation, en 188i', dans le
concours organisé par le Comice agricole de l'arrondissement de Tarbes et à
accorder à M. Pomès le prix cultural de la 4'' catégorie.
En résumé, le jury a distribué les récompenses de la manière suivante :
Prix cultural do la 4' calégorle. — M. Pomès (Antoine), propriétaire dans la
commune de Luc, canton de Tonrnay, arrondissement de Tarbes.
Médailles de spécialité, Médailles d'or. — M. Frachingue (François), pro-
priétaire au (jostas, camrnune de Saint-Laurent de la Neste, arrondissement de
Bagnères-de-Bigorre, pour ses défrichements et la bonne création de ses prairies
naturelles.
M. Lozès (Lucien), propriétaire à Barsous, commune de Tibiran-Jaunac, can-
ton de Saint-Laurent de la Neste, arrondissement de Bagnères-de-Bigorre, pour
mise en valeur de landes défrichées et épierrées, pour création de prairies
naturelles et travaux de défense contre les eaux.
Médaille d'argenl (grand module). — AL Noguès (Léon), propriétaire à Garaison,
commune de Mouléon-AIagnoac, canton de iJastelnau-Magnoac, arrondissement
de Bagnères-de-Bigorre, pour ses cultures de prairies artificielles.
M. Puyo (Jean), propriétaire à Bertranet, commune d'Uzer, canton de
Bagnères-de-Bigorre, arrondissement de Bagnères-de-Bigorre, pour sa bonne
producMon fourragère.
Médaille d'argent. — M. Navarre, contremaître, attaché au domaine de
Barsous, appartenant à M. Lozès.
Cûxcou us d' IRRIGATION. — Les inscriptions pour le concours d'irrigatiou, quoique
jjlus nombreuses que pour le concours des prix culturaux, n'ont pas répondu à
notre attente" L'initiative du gouvernement, r^ui avait établi dans les Hautes-
Pyrénées un du ces concours avant répojue fixée pour Je concours régional, avait
traité ce département d'une manière privilégiée et aurait dû produire d'autres
résultats. B y avait lieu de croire, qu'avertis d'avance, les propriétaires s'effor-
ceraient de mériter ces faveurs et qu'en 1883 ils se présenteraient en plus grand
nombre et dans de meilleures conditions que deux années auparavant.
Il n'en a pas été ainsi ; nous avons eu quatre concurrents pour les prix de la
première catégorie, six pour ceux de la seconde. Parmi eux plusieurs avaient été
déjà lécompensés dans le précédent concours, et ceux qui se présentaient pour
la première l'ois, nous ont soumis des travaux exécutés depuis de longues années.
Nous n'avons pu, dès lors, constater, d'une manière générale, ces améliorations
récentes que M. le ministre de l'agriculture désirait encourager, et nous n'avons
trouvé que de rares pi-ojets d'irrigation en cours d'exécution, qui n'ont pas encore
été complétés et qui nous donnent une espérance pour l'avenir.
Gomment expliquer une pareille indiilérence ' clans un département où l'élève
du bétail est une des premières richesses et où les prairies sont une source impor-
tante de revenus.
Première, catégorie. — Les quatre concurrents pour les jirix de la première
catégorie étaient :
M. Ferran et Mlles de Garrère, propriétaires à Salles et Sous, canton de
Tarbes ; le syndicat de la Gespe, à Horgues ; M. Abadie, propriétaire à Ghis,
canion de Tarbes ; M. Baoul, propriétaire à Mazères, canton de Saint-Laurent
de la Neste, arrondissement de Bagnères-de-Bigorre.
M. Ferran et Mlles de Garrère ne nous ont pas présenté des praiiies, mais un
canal d'amener d'un moulin, dont les eaux servent à l'irrigation des prairies
appartenant à divers propriétaires. Gomme le dit l'arrêté ministériel, le concours
est ouvert entre ceux qui aui'onl utilisé de la façon la plus profitable les eaux
suacepdfales d'être employées à l'arrosage, à la submersion ou au colmatage et a,.
72 LES PRIX GULTURiUX DANS LES HAUTES-PYREiSTÉES.
par suite, pour objet le bon aménagemBnt des eaux courantes et pluviales, et le
meilleur emploi pour l'iirrosage des terres.
Or, M. Ferran ne présente pas de prairies arrosées, mais le canal qui met en
jeu sa papeterie, et dont Allies de Garrère profitent pour leur moulin à farine.
C'est sur l'usage du canal et non sur les prairies que portent leur association
et, par suite, leur déclaration collective. Quant aux prairies de Mlles de Carrère,
elles ont déjà concouru en 1881, une médaille de bronze et 300 francs leur
furent accordés pour le nivellement du terrain, la bonne disposition des rigoles
pour assurer la submersion. Les prairies sont exactement ce qu'elles étaient
lors du premier concours ; il n'est pas possible de leur accorder une nouvelle
récompense. Louis Féral,
[La sniUr prochainement.) Membre du Conseil général de la Haute-Garonne.
BIBLIOGRAPHIE AGRICOLE
Emploi du sulfure de carbone contre le pliiillu.i:era, par MM. G. Gastine et Georges Couanon ,
délégués régionaux du miaistère de l'agriculture. —Un volume in-S avec de nombreuses
planches et gravures. — Librairie de G. Masson, 120, boulevard Saint-Germain, à Paris. —
l'rix : a fr,
Le Journal a déjà fait coaaaître la publication du volume dont on
vient de lire le titre, mais nous devons y revenir pour en faire ressortir
l'importance. C'est, en effet, un des ouvrages les plus utiles que
puissent consulter soit les viticulteurs, soit les associations syndicales
constituées en vue de la défense des vignes. D'ailleurs, les auteurs
étaient mieux placés que personne pour donner des indications pré-
cises sur des opérations qu'ils suivent constamment; on doit à l'un
d'eux des procédés pratiques et des outils précieux pour le traitement
des vignes par le sulfure de carbone.
L'ouvrage de MM. Gastine et Couanon est divisé en cinq parties qui^
se suivent avec ordre. C'est d'abord une notice sur le phylloxéra, son,'
histoire naturelle, ses mœurs; viennent ensuite l'examen des méthodes
insecticides, la théorie des traitements, des développements sur leur
application et les conditions de succès, des appréciations sur la culture
de la vigne en pays phylloxéré, des détails sur l'emploi des engrais qui
doit toujours suivre les traitements. La partie qu'on peut appeler
technique a été traitée avec un soin tout particulier; elle est relative à
la disposition pratique du traitement, aux modes d'opérer, aux prix de
revient. Les viticulteurs et les agents chargés du traitement trouveront
dans ces pages les conseils les plus autorisés. Sous le rapport admi-
nistratif, le volume n'est pas moins complet : il se termine, en effet,
par le texte des lois, des décrets et des arrêtes relatifs au phylloxéra et
aux moyens de sauvegarder les régions non encore envahies.
Nous n'en dirons pas davantage sur cet ouvrage. Les détails dans
lesquels nous sommes entrés suffisent d'ailleurs pour en faire saisir
la valeur pratique, et pour montrer les services que les viticulteurs et
les syndicats vilicoles peuvent en retirer. Nous souhaitons que cette
œuvre se répande rapidement pour le plus grand profit des opérations
du traitement des vignes, et en même temps pour apprendre aux
propriétaires des régions non encore contaminées à se mettre en garde
contre le fléau.
Culture du, pommier à cidre , fabrication, du, cidre , et modes divers d'utilisation des pommes et
des marcs, par M. Jules Nanot, maître de conférences à l'Institut national agronomique. —
Un volume in-18 de 312 pages, avec 50 gravures. — Librairie agricole, 26, rue Jacob, à Paris,
— Prix: 3 fr. 50.
L'attention est plus que jamais portée sur la production fruitière ;
les cultivateurs comprennent de plus en plus qu'il peut y avoir pour
BlBLIOURAPIllE AGRICOLE. 73
eux, de ce côté, une source abondante de profits. C'est d'ailleurs à la
combinaison du pâturage avec le verger que la culture pastorale nor-
mande est redevable de sa prospérité; les pommiers y donnent un pro-
duit brut de 300 à VOO francs par hectare, et ils servent, en outre, à
abriter les animaux qui pâturent l'herbe poussée à leur pied. La con-
sommation du cidre s'étend aujourd'hui en dehors des limites dans les-
quelles elle était naguère confinée, et la valeur du produit des pom-
miers tend à augmenter . M. Nanot, maître de conférences à l'Institut
national agronomique, a été bien inspiré en écrivant une monographie
du pommier, monographie qu'on peut dire complète.
L'ouvrage, qui a paru récemment, est divisé en quatre parties :
culture du pommier en pépinière, culture en plein champ, fabrication
du cidre, de l'eau-de-vie et du vinaigre de cidre, utilisation des
pommes et des marcs. Chaque partie est traitée avec soin, et sur
chaque phase de la culture ou de la fabrication, des détails précis se
succèdent; nous recommanderons spécialement ceux qui se rapportent
à la formation des tiges et des têtes des arbres. Sans doute M. Nanot
a profité des travaux de ses devanciers ; mais il y a là des faits qui lui
sont personnels, notamment des essais sur une méthode d'extraction
du jus des pommes par diffusion. Son livre se recommande à l'attention
dans tous les cantons où l'on se livre à la fabrication du cidre.
Hotioni de sylviculture enseignées à l'Ecùle normale des Vosges, par M. E. Muel, inspecteur
des forèls. — Un volume iii-8 de 224 pages, avec G7 ligures. — Librairie Duclier et Cie, .M,
rue des Ecoles, à Paris.
L'enseignement agricole est donné aujourd'hui dans toutes les écoles
normales primaires ; c'est une condition essentielle, indispensable,
de l'application régulière de la loi da 1882, qui a rendu cet ensei-
gnement obligatoire dans les écoles primaires. Il est, en effet, néces-
saire que les instituteurs soient préparés à donner aux jeunes enfants
une instruction réellement solide. Cet enseignement, pour être etiicace,
doit varier avec les régions. Dans les régions forestières, on devra
porter d'une manière spéciale son attention sur la conduite et l'exploi-
tation des forêts, sur l'utilisation des produits qu'on en retire. C'est ce
qui a été réalisé déjà dans plusieurs écoles normales, où un enseigne-
ment spécial de la sylviculture a été créé; c'est le cas pour les Vosges.
La chaire en a été confiée à un inspecteur distingué des forêts, M. Muel,
ancien professeur de sylviculture à l'Ecole nationale d'agriculture de
Grignon.
Son cours, qu'il vient de publier, renferme des notions précises sur
la culture, l'aménagement et la production des bois, sur le rôle écono-
mique et climatérique qu'ils remplissent, ainsi que sur les prescrip-
tions légales et réglementaires qui en assurent la conservation, l'exploi-
tation, l'amélioration, et qui les défendent contre les abus de jouis-
sance. Vulgariser et répandre des notions exactes sur ces importants
sujets est une œuvre utile, digne complément d'un enseignement bien
organisé.
Traité pratifiue d'analyse chimique, en d'^ux volumes : 1" H''thod':s (jrai)imctri<iues, par M. Sta-
nislas .Meunier, avec 1 1 1 gravures ; — 2'' Uéthodes ro'umtKriV/ijej, par MM. E. FiNor et A. Ber-
trand, avec 9,"j gravures. — Librairie de .1. RûtlischilJ, 13, rue des Saints-Pères, à Paris. —
Prix de chaque volume cartonné : 0 fr.
Ces- deux volumes renferment la description concise, mais exacte,
des méthodes employées dans les laboratoires pour le dosage des
matières minérales ou organiques et des substances en usage dans la
74 BIBLIOGRAPHIE AGBIGOLi:.
métallurgie, l'agriculture, la chimie, les arts, le commerce et l'indus-
trie. Ces traités sont des traductions libres, accompagnées d'additions,
d'ouvx-ages qui jouissent en Angleterre d'une légitime considération :
le traité d'analyse quantitative de Thorpe, et le manuel d'analyse volu-
métrique de Francis Sutton. Au nombre des additions qui concernent
les choses agricoles, nous signalerons l'analyse des super|)hosphate»
d'après la méthode de M. Joulie. Ces deux, volumes, par la nature
même des sujets qu'ils traitent, échappent ail résumé; ils nous parais-
sent propres à rendre de véritables services à tous les analystes.
Hekuy Sagmeu.
COURRIER DU NORD-EST
La température de cette semaine est bien différente de celle du mois de sep-
tembre. Le thermomètre a subi une baisse considérable, et s'il n'a point gelé,
c'est que les vapeurs ameaées par les dernières plaies ont empêché le rayonne-
ment. Les semailles sont entièrement terminées dans notre région, et ce travail a
été l'ait dans d'excellentes conditions.
Les vendanges sont commencées sur tous les coteaux ; les craintes de pluie et
de gelée ont déterminé les vignerons à devancer l'époque habituelle de cette
récolte. On pense obtenir une qualité de vin bien supérieure à celle des ainnée»
précédentes ; les prix sont plus élevés et les acheteurs empressés de faire^
leur provision avant la J'abrication. On a déjà offert, pour des lots sérieux, 70 à
80 francs, pour 176 litres, ce qui est très cher pour les petits vins de nos pays.
L'arrachage des pomme:^ de terre est également commencé ; la récolte, soit dans
la plaine ou dans la montagne, est excellente comme qualité et (piaatité. La
moyenne delà récolte dépasse par endroit 3,000 kilog. pour 20 ares. On a pesé des
tubercules du poids de 750 grammes. Les détenteurs ne se pressent point de vendre,
vu la qualité des pommes de terre, dont la conservation est certaine. Les prix de
7 àSfr. 50 les 100 kilog. ne paraissent point leur suffire. Si les prix ne se relèvent
point, bon nombre de cultivateurs les conserveront pour engraisser les bestiaux.
Nos marchés continuent à présenter le plus grand calme, après l'échange des
semences, qui avait donné un peu d'animation dans nos centres de productions; les
cultivateurs ne se décident point à livrer des blés dont le prix est Éien en dessous
des frais qu'ils ont coûtés pour les récolter. Ea admettant que la récolte des céréa-
les ait été bonne pour la région, il faut, pour que le cultivateur y trouve son
compte, un relèvement dans les prix pour balancer les frais de culture en pré-
sence de l'exigence toujours croissante des prix de la main-d'œuvre. A la mois-
son, on a pu ainsi acheter des blés nouveaux à 20' fr. 50 les 100 kilog., et d'es
blés vieux à 19 fr. Aujourd'hui il y a un peu plus de raideur sur les marchés et
on a payé 22 fr. pour des blés de clioix. La moyenne reste établie à 21 fr. 50 les.
100 kilog. La meunerie fait toujours des difficultés pour achètera la hausse.
Les avoines ont Lien moins donné que les autres années. La paille, restée petite
pendant les longues sécheresses qui sont survenues, a laissé la plante chétire. On
recherche d'ailleurs les avoines noires du pa'ys, mais sans offrir plus de l'6 à
16 fr. 50. Les seigles se payent 15 fr. 50, les orges 17 fr., et les fajrines 29 à 31 fr..
Le prix du pain a été diminué dans plusieurs localités, et les municipalités ont
établi des taxes fort à propos en vue de la diminution exceptionnelle des farines.
A. Bronsvick.
REVUE GOiniEBGIiLE ET PRLÏ OURiNT DES DENREES AGRICOLES
(11 OCTOBRE 1884)
I. — Situation générale.
Les marchés agricoles sont assez bien tenus en général, mais sans variations
sensibles dans les cours. La culture est encore occupée des dernières récolles et
n'approvisionne pas encore abondamrnent les marchés.
II. — Les grains et les farines.
Les tableaux suivants résument le^ cours des céréales, par quint.vl métrique,
sur les principaux marchés de la France et de l'étranger.
REVUE COJIxMKRGIALK ET PIUX
1" RBGioN. — NOIin-OlTEST.
Blé. Seigle. Ore«-
fr. fr. Ir.
Calvados. St-l'ionc... 20 45 17. 6S lU.tS
— Lisieux -Ji.aà 16.00 I6.no
C.-du-Nord. Tlt^uier.. 18. io » 14. 7b
— Ponlriouj: la. 50 14.50 15.75
Finistère. MurUii îi.ao » iij.OO
— Quimper la.-W 15.50 15.50
llle-et- Vilaine. Rennes. 10.50 » 15.75
— Fougères TO 00 » »
Manche. Avrauches. . . . -iZ.Ot » 15. 40
— Pontorson '20.75 » 18.00
— Villeaieii 21. '25 18.00 18.00
Mayenne. ."Mayennii 17.50 » 15.00
— ■ Luvul 19.50 i> lii.oo
ilorbiliiin. tiennuiionl.. 10.35 l't.OO n
Orne. Vimonliers iy.7a 10.10 la. 00
— Fiers 111.75 » 18.70
Sarthe. Le Mans 20.00 » 15.00
— Sablu '20.10 « 15.75
Prix moyeas 20.00 15. 'JO 16. à5
•!• RÉGION. — NORD.
ilwne. Soissons 20.25 15.60 »
— Chiteau-Tliierry. 20.40 15. '25 17.00
— Samt-Queotui... 21.00 16.50 18.50
Eure. livreu.K 10.45 13.00 17.70
— Le .Seubourg 20.00 12.65 18.45
— Louviei's 19.60 13.00 iS.IO
£we-6(-/-oti'. i;harlres.. 23.00 i3.;5 16. 50
— ChAle.illilu" 2i 75 14.65 17.25
— Auiieau 13.80 14.15 16.30
Nord. Bergues 10.00 » 17.50
— Caniurai -20.65 15.35 »
— Doo.ii 21.35 » »
Oise. Beauvais 20.50 16.00 18.00
— Connjlcyne 10.75 14 75 20.00
— Semis 19.50 14.50 i>
Pas-de-Calais. Arras... 21.50 16.00 17.70
— Can'ill 20.35 18 00 10.50
Seine. Paris 21.50 16.40 18 00
6'.-e»-A/arae. Dammartin. 20. '25 14.75 16.58
— Melurl 21.70 15.50 16.50
— Montereau 20.40 14. 80 »
S.-tt-Oise Aiigerville ... 19.50 14.S5 16 50
— Dould.lu 21.00 15.20 20.20
— -Versailles 20.40 14.50 19. 00
8ein&-Inferieure. Rouen. 20.6.» 14.35 17.50
— Yvetût 21.10 13.50 18.50
— Guderville 20.10 14.00 16.00
Somine. Âoiieiis 20.40 15.65 lu. 15
— Hoye 10.50 14.25*16.75
— Moiildi'iler 20.60 14.50 »
Prix moyens 20. aO 14.31 17.57
3- REGION. — NORD. EST.
^rdcîines. ReLhel 10. .lO 15.50 16. 50
— Sedan 20.75 15.75 10.75
Xu6e. Bar-sur-Aul.e... , 10.50 lt.50 16.50
— Mei-y ^ur-Seine... 10. 00 14.00 16.25
.l/urnB. Heinis 20.00 16.00 16.75
— S.iilUe-.MeneilOuld. 20 75 15.25 17.50
— Fiâmes 19.50 15.50 16. 00
Hte-Marne. Langres.... 19.75 15.00 16.00
Ueurllie-el- .\los . Nancy. 21.50 • 18. 00
— Luneville 23.00 15.50 17.00
— Toul 20.50 16.00 16.50
Meuse. Bar-le-Duc 21.50 16.75 18.75
— "Verdun 20.60 » d
Waule-ijad/ie. Gray 20.50 y 1»
— Vesonl 20.00 15.25 16. 7j
Fosje». Epinal 21.50 15.50 »
*- Mireconrt 21.25 » »
— NeafchàLeau 20.15 » 18.50
Prix moyens 20.55 15. 'i2 17.3'i
4" HÉGION.— UUES'r.
(^Aarenfe. Angoulëme... 20.25 1» îS.25
— Ruffec 20.00 » 18.75
C/iar.-/n/cr. Marans..., 19.25 » I6.00
— St-Jean-d'Angélz.. 20 60 » 16.15
DeuX'Snvres. Niort î9.oo 15.00 »
Indre-et-Loire. Blcre... 10. 35 i.j.io 15.40
— Tours 18.50 14.30 »
/.oire-/ii/^. Nantes 19.80 16.00 11
A/.-e(-Z.oi>e. Angers 18 50 16.65 17.00
— Saunuir 20.25 15.25 19.00
Vendée. Luçon 19.50 • 15.60
KienTicî. Lou'lun 18.35 » 18. 00
— Poitiers U.50 15.00 18.75
HoMte^Vienne. Limoges. 20.00 15.00 18. 25
PrixiBOYen» i9,4j 15.23 17.38
Avoioe.
fr.
18. 50
22.00
14.5(1
15.50
!3.90
15.00
15.00
15.50
10.80
20.25
'20.00
17.00
14.00
19.00
16.75
20.50
»
17.33
16.50
16.00
•7.50
18.00
18.00
17.10
16.25
14.90
10.00
14.00
15.50
16.50
17.50
14.50
13.50
17.75
16.00
18.00
18.00
15.90
17.65
18.50
22.80
16.00
18.50
■23 25
16. On
18.8
16.25
15.50
14.50
15.50
16. OJ
16.50
15.75
18.00
16.80
15.00
16.25
16.50
16.50
16.08
GOUU.\iN(T (11 OOTOBUE 1884).
s" anoioN. — CEN'rRK
Blé. Seigle. Orge.
fr. fr. (r.
Allier. Moulins 20.50 >< »
— Muntluçon 20.00 16.65 16,90
— St-Pourcain 20.45 16.00 20.50
Cher. Bourges 13.90 13.40 15.00
— St-Amand 18.35 » 15.40
— Graç.iy 21.40 15.65 16.60
Creuse. Aubiisson 21.40 14.65 »
— Vatan 19.70 15.50 15.75
/ndre. CUàteauroux.... 19.75 14. '25 16.25
— ISSOU'lllU -Jo.lS 10.00 15.50
Loiret. Montargis 20.25 14.20 16 50
— Gicn 19.70 12.80 14.75
— Orléans 20.00 15.00 16.00
L.-et-'Oker Blûis 20.80 13.6.'. 18. 05
— Montoiro 10. 43 15.65 »
A^ieure. Nevers 21.10 14.65 17.30
— Cosne 22.50 • 15. io
Yonne. Sens 20.00 14.75 16.00
— Tonnerre 10.60 13.60 16.00
— Saint-Florentin... 20.10 \) 16.50
Prix moyens 20.15 14.77 16.38
6* RB310N. — EST.
^m. Bourg 21.00 17.80 17.70
— i'unt-de-Vaux.... 20.50 15.25 »
Cûle-d'Or. Dijon 20.00 Î4.50 17.50
— Beaane 23.0» 17.35 18.<iO
/îowfïs. Besançon 20.00 » »
/sere. Vienne 20.50 » »
— Boargoia 20.25 15.00 17.25
Juro. Dole 19.75 15.00 18.00
Loire. Roanne 20.50 15.75 18.00
P.-de-Zvdnie.Clermûnt-F. 23.00 16.50 18.00
Hhûne. Lyon 20.75 16.15 18.50
SadilB-ei-Loice. Cllâion . 19. 5o 16.00 17.50
— Louhans 20.75 16.00 17.50
6auote. Cbambéry 22.50 » »
IUe-.Savoie. AniiQcy 21.25 » »
Prixmoyens 20.82 15.94 17.83
7* RÉGION. — SITD-OCEST.
..4riè(je. Paniiers 22 10 16. 115 »
— Fou 24.10 17.35 «
ûordog^ie. Sailat 23.00 18-00 »
H;e-Garo;me. Toulouse. 21.25 17. Oo 16.00
— St-Gaudeas 24.00 17. 35 >•
Gers. Condonl 22.00 » »
— Eauze 22.65 » i»
— Mirande 18.75 • »
Gironde. Bordeaux 21.25 18 25 »
— Le. pane 22.85 15.40 "
Landes. Dus. 24.00 19.35 »
Lol-et-Oaronne. NévSLC. 23.40 » w
— ViUeneuve-sur-Lotio. 30 17.35 »
B.-Pyrenées. hiiyonne. . 23.25 20.00 »
Hles-i'yrênées. Turh&s.. 21.50 18.50 i)
Prixmoyens 22.30 17.74 16.00
«• RÉGION. — SUD.
Aude. Casteinaudary.. 23.10 is.oo 17.00
Aueyron. Bodez 21.80 18.00 *>
— Aubin... 22.00 10.00 »
Ca/i(af. Mauriac 22.50 20.00 )»
Correïe. Tulle 22.00 18.00 18.25
MrauU. Beziers 21.25 is.oj Iii.l5
— Cetle 22.50 18.00 I0.15
Loi. Cahors 22.25 18.00 18.25
Lozère. Mende 22.00 18.50 '20.00
f-j/ré/KJes-Ur. Perpignan. 24.09 17.80 24.00
Tarn. G'aillao 22.40 » »
ï"orn-et-(/ar. Moissac, 20.00 16.25 19.50
Prix moyens 22.15 li),l4 18.66
9* RÉGION. — SCD-KST.
Basses-.iipes. Manosque 23.75 » »
llaiUes-.ltpi:<!. Briançon. 22.25 18.00 18.00
ALpes-Marilimes.^Ke. . 20.15 19.00 16.00
Xrdec/ie. Privas 25.00 17.15 16.20
/î.-da-/f/iû)it;. Marseille. 21.00 n »
Drame, aïontélimar. . .. 21.25 » 19.00
Gard. Alais îo.su 17.00 18. 20
Haute-Loire. LePuy... 22.70 16.65 16.15
Var. Draguignan 22. 2j » 18.00
Vauctuse. Avignon.... 22.50 » »
Prixmoyens 22.17 17.5(i 17.37
Moy. de toute la France 20.91 16.12 17.21
— de la semaine précéd. 20.02 16.39 17.41
Sur la semainejHausse. » » »
précédente.. IBaisse.. 0,01 0,27 0,20
75
Anoioe.
fr.
15.00
15.00
16.10
15.00
14.00
15.50
14.00
15.20
13.50
16.25
15.50
16.50
19.00
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17.00
18.00
16.50
15.50
17.50
15.28
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16.75
IT.50
16.75
16.75
17.00
15.75
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»
17.30
17.00
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17.75
16.75
17.01
17.00
16. 00
18.50
17.00
18.00
17.50
18.60
17.00
l«.7S
19.50
17.39
13.50
19.35
15.25
19.50
18. '25
19.50
18 60
18. UO
17.50
25.55
19.00
18.00
19.00
76 REVUE COMMERCIALE ET PRIX GOURANT
Blé Seigle. Orge. Avoine
fr. fr. fr fr.
Algérie. "^'^"^ \ h\é dm- 16 50 » 11.25 13.00
Angleterre. Londres 19.80 s> 13 00 14.25
Belgique. Anvers 17.80 10.00 19.60 18.25
— Bruxelles 19.50 Ki.OO » »
— Liège 19.35 16.50 17.50 16.50
— Namur 18.50 15.00 17.50 15.00
Pays-Bas. Amsterdam 17.75 15.70 » »
Luxembourg. l,uxembourg 24.00 21.50 18.45 21.00
Alsace-Lorraine. Mulhouse 21.50 19.30 » 16.50
— Allkirch 19.15 17.35 16.15 15.50
— Colmar 21.7.) 19.70 19.25 19.00
Allemagne. Berlin..., 18.60 17.85 >. »
— Cologne 20.25 17. ,50 » »
— Hambourg 18.50 15,10 » »
Suisse. Genève 24.00 » » 18.00
Italie. Turin 22.25 16.00 . 16.50
Espagne. Barcelone 22.00 • » »
Autriche. Vienne 17.15 14.25 16.00 14.25
Hongrie. Budapest 16.40 14.00 15.25 12.90
Busiie. Saint-Pétersbourg.. 14.70 14.40 » 11.00
Etats-Unis. ISew-York 16.40 n . >
Blés. — La tenue des marchés français est sensiblement la même qu'il y a
huit jours. Les cours sont sans variation, avec une tendance générale à la fer-
meté. — A la halle de Paris, le mercredi 8 octobre, les offres de la culture
étaient encore très rares, et la difficulté de la vente laissait les prix soutenus. On
cotait de 20 fr. 50 à 22 fr., c'est-à-dire, 21 fr. 25 en moyenne, comme mercredi
dernier. — Pour les blés à livrer, les affaires, peu actives, donnaient la cote sui-
vante : courant du mois et novembre, 21 fr. à 21 fr. 25; quatre mois de
novembre, 21 Ir. 25; quatre premiers mois, 21 fr. 50 à 21 fr. 75; quatre mois
de mars, 21 fr. 75. — Au Havre, les prix sont sans changement. Les blés d'Amé-
rique valent de 20 fr. 75 à 21 fr.; ceux d'Australie, 22 fr.; ceux des Indes, 20 fr.
à 20 fr. 50. — A Marseille, les afl'aires sont très peu actives; les importations
n'ont pas dépassé les chiffres de la seoiaioe dernière. — A Londres, les affaires
sont calmes ; les prix sont nominalement sans changement, toujours bien tenus
du reste; on cote de 19 ir. 60 à 20 fr. 50 les 100 kilog., suivant les provenances
et les qualités.
Farines. — Les afl'aires ont été très calmes cette semaine, les ott'res de la meu-
nerie et les demandes de la boulangerie ayant toutes peu d'importance. On
cotait, à Paris, le mercredi 8 octobre ; marques de Corbeil, 47 fr.; marques de
choix, 47 à 50 fr.; premières marques, 46 à 47 fr.; bonnes marques, 44 à 45 fr.;
sortes ordinaiies, 43 à 44 fr.; le tout par sac de 159 kilog., toile à rendre, ou
159 kilog. nets, ce qui correspond aux prix extrêmes de 27 fr. 38 à 31 fr. 85
par 100 kilog., ou en moyenne 29 fr, sans changement sur la semaine précé-
dente. — Les farines de spéculation étaient cotées le mercredi 8 octobre au soir :
farines neuf-marques, courant du mois, 45 fr. 25 à 45 fr. 50 ; novembre, 44 fr. 75
à 45 fr.; novembre-décembre, 44 fr. 75 à 45 fr.; quatre mois de novembre,
44 fr. 75 à 45 fr.; quatre premiers mois, 44 à 45 fr.; quatre mois de mars. 45 fr. 50
à 45 fr. 7.5; le tout par sac de 159 kilog,, toile perdue, ou 157 kilog. net. —
Les farines deuxièmes sont sans variation aux cours de 21 à 22 fr. par 100 kilog.;
les gruaux, de 32 à 37 francs.
Seigles. — Les affaires sont toujours calme--, avec des offres très rares, mais
avec une demande un peu plus suivie, et une tendance ferme des cours. On cote
à la halle de Paris, de 15 à 16 fr. les 100 kilog. suivant les sortes. — Les farines
valent de 20 à 23 fr. les 100 kilog.
Orges. — Les achats sont plus suivis et la demande plus active. Les bonnes
qualités sont en hause de 25 centimes et se cotent de 17 fr. 25 à 19 fr. par '
100 kilog, suivant les sortes, — Les escourgeons valent de 18 fr. 50 à 18 fr. 75.
Avoines. — Vente peu active; offres modérées; prix bien tenus. On cote à la
halle de Paris, de Ib fr. 75 à 19 fr. 50 suivant poids, couleur et qualité. — Les
avoines de Suède sont tenues à 16 fr. 50 ; les avoines de Russie valent de 14 fr. 75
à 16 fr.; celles d'Irlande, 16 ir. 50 à Ib fr. 75.
San'asin. — Les sarrasins nouveaux sont abondants aux prix de 15 fr. 75 par
quintal métrique, en baisse sur ceux de la semaine dernière.
Maïs. — Les prix se soutiennent au Havre, pour les maïs du Danube et de la
Mer-Noire, qui sont cotés de 14 Ir. 25 à 14 fr. 50 les 100 kilog.
DES DENRÉES AGRICOLES (11 OGTOBRK 1884). 77
Issues. — Il y a eu de la faiblesse depuis la semaine dernière sur les cours,
qui se maintiennent aujourd'hui comme suit : gros son. 14 ir.' 75 à 15 fr. ; sons
gros et moyens, 14 fr. à 14 fr. 50; sons trois cases, 13 fr. à 13 fr. 50;
sons iins, 12 fr. à 12 fr. 50; recoupettes, 12 fr. 50 à 13 fr. ; remoulages blan(î^,
17 à 17 fr. 50; remoulages bis, 15 à 16 fr.
III. Fourrages et graines fourraijères.
Fourrages. — Les prix des fourrages sont bien tenus avec des ventes courantes.
On cote, à Paris, par 1,000 kilog. : foin, 90 à 120 fr.; luzerne, (-8 à 120 fr.; sain-
foin, eo à 100 fr.; paille de blé, 60 à 63 fr.; paille d'avoine, 50 à 62 fr.
Graines fourragères . — Voici les cours pratiqués à Paris par 100 kilog. : trèfle
violet, 105 à 17 5 fr.; trèfle blanc, 150 à 170 fr.; trèfle hybride, 160 à 170 fr.; lu-
zerne de Provence, 140 à 150 fr.; luzerne d'Italie, 120 à 130 fr.; luzerne de Poi-
tou, 100 à 110 fr.; minette, 40 à 43 fr.; ray-grass anglais, 35 à 40 fr.; d'Italie,
40 à 42 fr.; sainfoin à une coupe, 32 à 34 fr.; à deux coupes, 36 à 38 fr.; vesces
d'hiver, 19 à 24 fr. — A Marans, le trèfle, 115 fr.; la luzerne, 90 fr.
IV. Fruits et légnmes frais.
Fruits. — On vend à la balle de Paris : fraises, 1 fr. à 1 fr. 50 le panier;
noix, 23 à 26 fr. l'hectolitre: pèches, 10 à 70 fr. le cent; poires, 6 à 20 fr. le cent;
0 fr. 25 à 0 fr. 60 le kilog.; pommes 5 à 12 fr. le cent; 0 fr. 20 à 0 fr. 30 kilog.;
raisins blancs 0 fr. 50 à 2 fr. 10 le kilog.; noirs, 0 fr. 30 à 0 fr. 70.
Gros légumes. — Dernier cours de la halle ; Artichauts, 3 à 30 fr. le cent;
0 fr. 15 à 0 fr. 25 la botte; betteraves, 0, fr. 30 à 0 fr. 70 la manne ; carottes,
25 à 28 fr. les 100 bottes ; choux, 8 à 15 fr. le 100; haricots verts, 0 fr. 10 à 0 fr.
30 le kilog ; en cosse, 0 fr. 15 à 0 fr. 35; navets, 15 à 20 fr. les 100 bottes;
oignons. 8 à 9 fr. l'hectolitre; panais, 8 à 10 fr. les 100 bottes; poireaux 4 fr. à
4 fr. 50 les 100 bottes.
Menus légumes. — Champignons, 0 fr. 90 à 1 fr. 50 le kilo^.; chicorée sauvage,
0 fr. 15 à 0 fr. 20 le kilog. choux-fleurs, 15 à 20 fr. le cent; choux de Bruxelles,
0 fr. 20 à 0 fr. 25 le litre; concombres, 3 à 7 fr. le cent; escaroUe, 6 à 12 fr. le
100 ; oseille, 0 fr. 30 à 0 45 le paquet ; potirons, 0 fr. 75 à 4 fr. la pièce ; romaine,
2 à 4 fr. la botte de 32 têtes; tomates, 0 fr. 25 à 0 fr. 45 le kilog.
Pommes de 1er re. — Hollande commune, 7 à 8 fr. l'hectolitre, 10 à 11 à ,fr. 40
le quintal; jaunes communes, 5 à 6 fr. l'hectolitre : 7 fr. 15 à 8 tr. 60 le quintal.
V. — Vins. — Spiritueux. — Vinaigres. — Cidres.
Vins. — Les vendanges se sont continuées pendant cette semaine dans d'excel-
lentes conditions et ont été favorisées par une tenrpéralure exceptionnelle qui
a beaucoup amélioré la qualité des raisins encore sur pied : On prévoit déjà
que l'année sera parmi les bonnes sous ce rapport. Quant à la quantité,
elle sera certainement moins satisfaisante, car si dans les vignobles médi-
terranéens et surtout dans ceux du Centre on accuse un rendement considé-
rable, les autres régions, surtout le Bordelais et la Bourgogne resteront en
déficit. Les affaires sur les vins nouveaux sont encore trop rares pour permettre
d'établir des cours; en général, elles se traitent à des prix assez modérés, dont
voici un aperçu : Beaujolais, 200 à 225 fr. la pièce; Sancerrois, 80 à 85 fr.;
Montais : muscadets, 60 à 65 fr. la barrique logée; gros plants, 22 à 24 fr. la
barrique nue; Blois, 50 à 60 fr. la pièce; Vincelle (Auxerrois), 180 à 190 fr.;
Fleury, Thorins, 200 à 225 fr. ; Saint-Julien 145 à 155 fr.; — En Champagne
des cuvées ont été vendues àAy de 5^0 à 660 fr. la pièce.
Pour les vins vieux, les transactions sont toi>jours calmes. Voici les derniefs
cours pratiqués à Bercy-Paris : vins rouges, 100 à 160 fr. le muid; Blois, 100 à
115 fr.; 145 à 220 fr. la pièce: Charente, 112 à 130 fr. ; Cher, 125 à 130 fr.-;
Chinon, 160 à 210fr.; côtes Chalonnaises, 125 à 140 fr. ; Gaillae 115 à 1 25 fr.;
Maçonnais et Beaujolais, 145 à 220 fr. la pièce; Montagne, 35 à 42 fr. l'hectolitre;
Narbonne, 42 à 50 fr. l'hectolitre; Orléans 125 à 160 fr. la pièce: Renaisoti, 140
à 145 fr. lloussillon, 50 à 70 fr.; l'hectolitre; Sancerre, 110 à 120 fr. la pièce;
Selles-sous-Cher, 120 à 140 fr. ; Touraine, 80 à 85 fr. la pièce; — vins blancs,
Anjou, 135 à 160 fr. la pièce; Basse Bourgogne, 140 à 160 fr.; Bergerac et
et Sainte-Foy vieux, 150 à 170 fr. ; nouveau, 155 à 160 fr.; Chablis et environs,
vieux 230 à 310 fr.; Pouilly, 210 à 250 fr. ; Pouilly-Sancerre, 160 à 180 fr. ;
Sologne, 28 à 30 fr. l'hectolitre; Vouvray, 165 à 220 fr. la pièce; Espagne, 35 à
40 fr. l'hectolitre; — vins étrangers, EaiYd^ne, 38 à 50 fr. l'hectolitre; Portugal,
48 à 50 ir.; Sicile, 37 à 45 fr.; Riposto \ieux 35 à 37 fr. ; Italie, 45 à 60 fr. ;
Dalmatie, 42 à 4S fr. ; Turquie, 45 à 50 fr.
78 REVUE GOMMERCIALB ET PRIX GOURANT
Spiritueux. — Les cours des alcools se sont relevés d'une manière sensible
depuis la semaine dernière, sous l'influence des nouvelles défavorables de la
récolte de la betterave comme quantité et comme qualité. A Paris, les trois-six fins
du Nord, 90 degrés, se cotent par hectolitre, disponible. 45 fr. 25 ; ociobre, 45 ir. à
45 fr. 25; novembre, 45 fr.; quatre premiers mois, n5 fr. à 45 fr. 25; quatre mois
chauds, 44 fr. 25 à 46 fr. 50 — A Lille, les alcools de mélasse disponibles sont
à 44 fr. — A Cette, alcool de vin disponible, 105 fr. à 110 fr.: Nord, 58 fr.:
marc, 95 fr. — A Nîmes, trois-six bon goût, 100 fr.; marc, 95; à Béziers, trois-
six bon goût, 103 fr.; marc, 93 fr. — A Bordeaux, les trois-six Languedoc sont
à 113 fr.: les trois-six fins du Nord, cO fr. — Tonnay-Charente, les eaux-de-vie
preuve de Hollande se cotent 67 fr. l'hectolitre.
Pommes à cidre. — Les pommes à cidre, se vendent de 2 fr. 30 à 2 fr. 80
l'hectolitre, sur les marchés de l'Eure, de la Sarthe et de la Manche ; à Rouen il
en a été acheté jusqu'à 4 fr. et 4 fr. 50.
VI. — Sucres. — Mélasses. — Fécules. — HouMons.
Sucres. — Les affaires ont eu cette semaine plus d'animation. Il en est
résulté un mouvement de hausse qui s'est fait sentir surtout sur le livrable. On
cote à Paris par 100 kilog. : sucres bruts, 88 degrés saccharimétriques, 34 fr. à
34 fr. 50; les 99 degrés blancs se payent 41 fr.; les sucres blancs n" 3, 42 fr. à
42 fr. 25; — à Yalenciennes, la cote est de 32 fr, pour les sucres blancs
88 degrés; à Lille, de 32 fr. 25. — Le stock de l'entrepôt réel à Paris était, le
6 octobre, de 436,500 sacs, pour les sucres indigènes. — Les sucres raifmés sont
cotés à Paris de 107 à 108 fr. 50 les 100 kilog. à la consommation, et de 45 fr. à
46 fr. 50 à l'exportation.
Mélasses. — A Paris, on cote : mélasses de fabrique 9 fr. à 9 25 les 100 kilog.;
mélasse de raffinerie 9 à 10 fr. — A Yalenciennes, 9 fr.
Fécules. — Les cours sont sans changements à Paris, où l'on cote nominale-
ment 25 fr. par 100 kilog.; à Compiègne, celles de l'Oise valent 25 fr. — A
Marseille, la fécule première vaut de 35 à 38 fr.; la deuxième de 32 fr. à 33 fr.
Houblons. — Une hausse s'est produite cette semaine sur les marchés à hou-
blon. A Dijon, la foire de Beire, qui s'est tenue le 30 octobre, a vu des trans-
actions assez importantes aux prix de 250, 260 et même 270 fr. par 100 kilog.
— Dans le Nord, on cote aujourd'hui 180 et 200 fr. — A Bischwiller, on atteint
le prix de 290 à 300 fr.
VII. — Tourteaux. — Noirs. — Engrais.
Tourteaux. — A Arras, les tourteaux d'œillette sont l'objet de demandes assez
suivies au prix de 13 fr. 75 les 100 kilog.; ceux de colza valent 17 fr.; ceux de
lin. 24 fr. 50; ceux de pavot, 12 fr. 25 à 12 fr. 50; — à Caen, on paye 17 fr. les
tourteaux de colza; à Rouen, 16 fr.
Noirs. — Prix sans changement à Yalenciennes, par 100 kilog.; noir animal
neuf en grains, 33 à 36 fr.; noir vieux grains, 10 à 12 fr.
Engrais. — Les cours sont un peu plus élevés que la semaine dernière. A
Paris, on cote par 100 kilog. : nitrate de soude, 25 fr. ; sulfate d'ammoniaque,
39 fr.; sulfate de potasse, 21 fr. 50; chlorure de potassium, 19 fr.; sang dessé-
ché, 1 fr. 90 le degré d azote ; superphosphate de chaux, 0 fr. 70 par degré d'acide
phosphoriquc soluble dans l'eau. La potasse vaut 0 fr. 40 à 0 fr. 47 par unité
dans les engrais composés. — .1 Lille, on paye par 100 kilog. : nitrate de soude,
26 fr.: sulfate d'ammoniaque, 40 fr.: superphosphates, 0 ir. 72 à 0 fr. 78 par
degré d'acide phosphorique soluble.
VIII. — Matiires résineuses. — Textiles.
Matières résineuses. — A Bordeaux, l'essence de térébenthine se vend 51 fr.
les 100 kilog., sans changement, quoique avec un bou courant d'atlaires. — A
Dax, elle vaut 47 fr. — Los gemmes nouvelles de 18;4 sont cotés à Bazis,
22 fr. 50 la barrique; celles au système Hugues, 25 fr.
Laines. — Au Havre, les laines de Montevideo en suint valent 120 à 175 fr.
les 100 kilog.
Chanvres. — Quelques lots de chanvres nouveaux se sont vendus au Mans au
prix de 74 à 80 fr. le quintal métrique; les chanvres vieux toujours de 70 à
76 fr.; à la Flèche, on cote 76 à 92 fr.; à Ambrières, dans la Mayenne, 60 à 70 fr.
Lins. — Les lins valent toujours à Douili-ns de 62 ir. 50 à 82 fr. 50 les.
100 kilog.
UKS DENRÉES AGRICOLES (11 OCTOBRE 1884;. 79
IX. — Cuirs et peau.r. — iuifs et corps gras.
Cuirs. — Aux ventes mensuelles de la boucherie, à Paris, on cote, par 50 ki-
log. : bœuls, 45 fr. 60 à 55 fr. 70 ; vaches, 47 fr. à 50 fr. 20 ; taureaux, 45 fr.;
veaux, 72 à 89 fr.
Sui/'s. — Le «!uif frais de l'abat de la boucherie de Paris vaut 80 fr. les
100 kilog. — A Marseille, on cote les suifs du pays 80 fr. : ceux de la Plata.
83 à 85 Ir.
Saindoux. — Le saindoux disponible est coté au Ha\Te, 52 fr. les 50 kilog.
X. — Beurres. — Œufs. — Fromages.
Beurres. — On a vendu pendant la semaine, à la halle de Paris, 2.36,260 ki-
log. de beurres. Au dernier marché, on cotait par kilog. : en demi-kilog., 2 fr. 30
à 4 fr.; petits beurres, 1 fr. 80 à 3 fr. 28;Gournay, 2 fr. à 3 fr. 92 ; Isigny,
2 fr. 60 à 7 fr. 64.
Œufs. — Les ventes à la halle ont été de 4,102,850 œufs pendant la semaine ;
les prix restent par mille : de 105 à 126 fr. pour le choix; 76 à 94 fr. les or-
dinaires ; 56 à 68 fr. les petits.
Fromages. — On vend à la halle: par douzaine, Brie, 3 fr. à 29 fr. ; IMontIhéry,
15 fr.; — par cent. Livarot, 21 à 109 fr.; Mont-d'Or, 5 à 33 fr.; >.eufchàtel,
3 à 19 fr. ; divers, 3 à 57 fr.; par 100 kilog., Gruyère, 110 à 190 fr.
XI. — Chevaux. — Bétail. — Viande.
Bétail. — Le tableau suivant résume le mouvement officiel du marché aux bes-
tiaux de la Villette, du jeudi 2 au mardi 7 octobre :
Poids Prix du kilog. de viande netle sar
Vendus moyen pied au marché da 6 oct^lire.
Poor Pour En 4 quartiers, i" i* 3' Prix
Amenés. Paris, rextériear. totalité. kil. quai. quai. quai. moyen.
Bœufs 5.436 3.136 1,488 4,614 SnO 1.68 1.56 1.28 1.48
Vaches 1.943 1.033 668 1,701 23S 1.60 1.^6 1.23 1.40
Taureaux S'JS 278 iâ 333 391 1.44 1.32 1.20 1.33
Veaux 3,074 2,139 796 2,925 79 2.06 l.So 1.64 1.83
Moulons . ... 41,(194 25,057 12,234 37,291 20 2.02 1.8-5 1 5'! 1.78
Porcs gias.... 7,341 2,834 4,3.53 7,177 81 1.32 1.26 1.22 1.28
Les arrivages des mArchés de la semaine se décomposent comme il suit :
Bœufs. — Aisue, 4; Allier, 4 ; .4veyrûn, 6; Calvados, 1,114: Charente, 36: Cher, 170;
Corrèze. 12; Oite-d'Or, 220; Cotes-du-Xcrd, 2o5 ; Ueux-îivres, 117; Dordogne, 101; Eure, 36;
Eure-et-Loir, 37: Gironde, 24; Indre. 10: Loire, 14 ; Loirti-lnferieure, 36; Lot-et-Garonne. 16 ;
Maine-et-Lùire, 156; Manche, 175; Marne. 5; Mayenne, 282; Nièvre. 474; Orne, 649 : Puy-de-
Dôme. 83; Saône-et-Loire, 305; Sarihe, 59; Seine-Infénejfe, 2": Seine-et-Marne, 2 ; Tarn-el-
Garonne, 27; Vendée, 109; Hante-Vienne, 8; Yonne, 32; Italie, 21.
Tacites. — .\isne, 2 : Allier, 2; Aube, 14; Aveyron, 31 ; Calvados, 290; Cantal, 54; Charente,
2; Cher, 55; C5te-d"0r, 79; Cotes-du-Nord. 5; Dordog-ie, 6; Eure, 28; Eure-et-Loir, 26; Loire,
2; Loiret, 9; Lot et Garonne, 16; Maine-et-Loire, 37; Manche, 132; Marne, 6; Mayenne, 17;
-Niiivre, 230; Oise, 12; Orne, 163; Puy-de-Dôiue, 192 ; Saôiie-et-Loire, 59; Seine, 148; Seine-
Inférieure, 4; Seineet-Marne, 26; Seîiie-et-Oise, 61; Haute Vienne, 5; Yonne, .59: l'alie, 2.
Taureaux. — Allier, 1; Aiibe, 4; Calvados, 49; Cher, 4;- Côte^d'Or, 15; Gôtes-du-Nord, 4;
Deux-Sèvres, 5; Dordogne, 2 ; Eure, 9 ; Eure-ei-Loir, 15; Ille-et-Vilaine, 16; Loir-et-Cher, 4;
Loiret, 10; Maine-et-Loire, 15; Manche, 63; Marne, 3; Mayenne, 7: Meurthe-et-Moielle, 6;
Nièvre, 10; Oise, 14; Orne, 12 ; Saône-et-Loire, 5; Sarthe, 3; Seine-Infériein-e, 7 ; Seine-et-
aame, 7; Seine-et-Oise. 12 ; Haute-Vienne, 4; Tonne, 13: Italie. 1.
Veaux. —Aube, 303: Calvados, 13; Eure, 2S0 : Eure-et-Loir. 273; Ii:dre cl-Loire, 44 ;
Loiret, 280; Marne, 169; Oise, 59; Puy-de-Dôme, 215; Sarihe, 104; Seine-Inférieure, 65;
Seine-et-Marne, 24:j; Seine-et-Oise, 69; Yonne, 121.
Uoutons. — Aisne, 331 ; Allier, 646; Aube, 841; Avejroi), 398; Cantal 1,836; Charente. 178:
Cher, 419;Cote-d'Or. 158; Creuse, 435: Dordogne, 47; Eure. 200; Eure-et-Loir, 857 : Indre. 403
Loir-et-ChiT, h'i : loiret, 676: Lot, 364: Haine-et-Loire, 120; Marne, 125; Haute-Marne, 273 ;
Deurthe-et. Moselle, 1.405; Nièvre, 1.166: Oi^e, 235; Pny-dé-Dùme, 171; Saùne-et-Loire, "4;
Saine-el-Mame 1.916; Seine-et-Oise, 1.7Û0; Somaje, 117; Vienne, lOÛ; ïoane, 372; Alle-
magne, 9,201 ; Hongrie, 6,069; Italie, '397; Russie, 7.298.
tores. — .\isne, 17: .411ier. 617: Calvados, 138: Charente, 100; Charente-Inférieure. 64;
Cher, 70: Cùle-<i"Oi-. 142: Ciles-du-Notd, 28: Creuse, 191; Dcin-Sèvres. 7l;8; Ule-et-Vilaine,
bi'iO-; Indre. 197: Indre-et-Loire, 91; Loire-Inférieure, 323; Loir-et-Cher, 156; Lot. 19; Maine-
et-Loire, 602; Manche, 169; Marne, 121; Mayenne. 30; Nièvre, llfl: Puy-de-DOme, 328;
Saône-et-Loire, 398; Sarthe, 1,160; Seine, 50; Seine-Inférieure, 36; Seine el-Oise, 18 ; Venilée,
ÏA3; Vienne, 166.
Les arrivages sont très ;tbondants, sauf pour les veaux et les moutons; il y a
de la baisse sur les cours depuis huit jours. — Sur les marchés des dépaile-
mcnts on cote : Evreux, ba-uf, 2 fr. 10; veau, 2 fr. 30; mouton, 2 fr. 30; porc,
1 fr. 70; — i\euboiirg,hœu{, 1 fr. 70 à 1 fr. 80; vache, 1 fr. 50 àl fr. 60; veau,
1 fr. 90 à 2 fr.; mouton, 1 fr. 90 à 2 fr. ; porc, 1 fr. 40 à 1 fr. 50; — Louviers,
bœuf, 1 fr. 40 à 2 fr.; veau, 2 fr. à 2 fr. 40; mouton, 2 fr. à 2 fr. 40; porc,
80 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT (11 OCTOBRE 1884).
1 fr. 80 à 2 fi.; — Nancy, bœuf, 88 à 92 fr. par 100 kiiog. bruts; vache, 80 à
88 i'r. ; veau, 48 à 53 fr. ; mouton, 100 à 105 ir.; porc, 60 à 66 fr. ; — Sedan,
bœuf, 1 fr. 60 à 1 fr. 80 le kilog.; veau, 1 ir. 40 à 1 90; mouton, 1 fr. 50 à
2 fr. 40; porc, 1 fr. 40 à 1 fr. 80; — Dijuv, bœuf, 1 fr. 60 à 1 Ir. 72: taureau,
1 fr. 10 à 1 fr. 34; vache, 1 fr. 20 à 1 fr. 66; veau (poids vif), 1 fr. 06 à 1 fr. 76;
mouton, 1 fr. 50 à 1 fr. 80; porc (poids vif), 0 fr. 90à 0 fr. 96; — Bourges^
bœuf, 1 fr. 40 à 1 fr. 60; veau, 1 fr. 60 à 1 fr. 80; mouton, 1 fr. 90 à 2 fr. 10;
porc, 1 fr. 40 à 1 fr. 60; — Ncvers, bœuf, 1 fr. 60 à 1 fr. 80; vache, 1 fr. 40 à
1 fr. 60; veau, 2 fr.; mouton, 2 fr. ; porc, 1 fr. 60.; — Bourgoin, bœuf, 66 à
76 fr. les 100 kilog.; vache, 60 à 70 fr.; veau, 90 à 100 fr.; mouton, 80 à 90 fr.;
porc, 90 à 100 fr.; — ViUefranche, bœuf, 0 fr. 85; vache, 0 fr. 75; veau^ Ofr. 95;
mouton, 0 Ir. 95; porc, 0 fr. 85.
Viande à la criée. — Il a été vendu à la halle de Pans, du 29 septembre au
5 octobre ;
Prix du kilog. le 5 ui-tobre.
kilos. !'• quai. 2* quai. 3* quai. Clioix. Basse Scjûherie.
Bœuf OU vache... 142,339 1.70 à 2 10 1.48 à 1.68 l.Oo à 1.46 1.56 à 2.96 0.20 à 1.40
Veau 143,595 1.8S 2.06 1.66 1.86 1.45 1.64 • » » »
Moutoa 68,588 1.50 1.78 1.28 1.46 1.00 1.26 1.76 3.36 » »
Porc 47,447 Porc frais 1.16àl.44.
401,969 Soitparjour 57,410 kilog.
Les ventes ont été inférieures de 6,000 kilog. par jour à celles de la semaine
précédente. Les prix sont en hausse pour la viande de bœuf et de veau, mais en
baisse pour les autres sortes.
XII. — Cours de la viande à l'abattoir de la Villette du jeudi 9 octobre [par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On \rend à la Villette par 50 kilog. : 1" qualité,
65 à 68 fr. ; 2% 60 à 65 fr. Poids vif, 42 à 48 fr.
Bœufs, Veaux. Moutons.
1" ■ U' 3* 1" 2" 3* 1" 2*
qnal. quai. quai. quai. quai. quai. quai. quai. quai,
fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr.
81 75 68 105 100 93 88 82 76
XIII. — Marché aux bestiaux de la Villette du jeudi 9 octobre 1884.
Cours des commissionnaires
Poids Cours ofllciels. en besliaui.
Animaux gênerai. 1" 2* 3" Prix i" 2' 3* Prix '~
amenés. Inrendus. kil. quai. quai. quai, extrêmes. quai. quai. quai. extrêmes
Bœufs 2.4S7 80 346 1.0» l.blj 1.28 1.24il.72 1.1)6 1.54 1.26 1.22àl.70
Vaches 796 31 230 1.62 1.46 1 2i 1.16 1.64 1.60 1.44 1.20 1.14 1.62
Taureaux... 174 21 380 1.44 1.32 l.20 1.16 1.40 1.42 1.30 1.18 1.14 1.44
Veaux 1.204 -219 79 2 00 1.80 1.&8 1.44 2.10 • » » »
Moutons 16 459 637 19 2.00 1.S6 1.56 1 . 50 2 06 » » » »
Porcs gras.. 4.461 11 80 1.40 1.34 1.28 1.22 1.46 » « » •
*- maigres,. » » »»9>»>s>>»
Vente difli.-ile sur toutes les espèces.
XIV. — liésumé. :
Les cours des céréales sont sans variation sensible, avec tendance à la fermeté ;
les alcools et les sucres reprennent un peu de faveur ; les autres denrées conservent
leurs cours. A. Rémy.
BULLETIN FINANCIER
Les cours des fonds publics ont baissé depuis huit jours d'une manière géné-
rale. On cote les rentes françaises : 3 pour 100, 78 fr. 10; — 3 pour 100
amortissable, 79 fr. 75; — 4 et demi pour 100, 103 fr. 75; — 4 et demi pour 100
nouveau, 108 Ir. 80.
Les actioiis des établissements de crédit sont aux cours suivants : Banque
de France, 5,020 fr. 50; Banque de Paris et des Pays-Bas, 770 fr. ; Comptoir
d'escompte, 945 fr. ; Crédit foncier et agricole d'Algérie, 496 f'. 25; Crédit fon-
cier, 1,300 fr. Banque d'escompte de Paris, 518 fr. 75; Crédit lyonnais,
543 fr. 75, Crédit mobilier, 275 fr. ; Société de dépôts et comptes courants,
625 fr. ; Société générale, 457 fr. 50; Banque parisienne, 395 fr. ;
On paye les titres des Compagnies de chemins de fer : Est, 782 fr. 50^
Paris-Lyon-Méditerranée, 1,230 fr.; Midi, 1,148 fr. 75; Nord, 1,620 fr. ; Orléans
1,297 fr. 50; Ouest, 825 fr. ' E. Féron.
Le Gérant : A. Bouché.
CHRONIQUE AGRICOLE (i8 octobre i884).
Premiers travaux de la Chambre des députés intéressant l'agriculture. — Nécessité de se mettre
en garde contre les exagérations des partis extrêmes et des idées absolues. — De l'influence du
relèvement des tarifs de douane sur l'industrie. — Le prix du blé et cemi du pain. — L'igno-
rance et la routine sont-elles les causes réelles de la crise agricole? — Les fêtes du centenaire
de Corneille à Houen. — Proposition de récompenses à l'occasion de l'exposition internatio-
nale d'Amsterdam. — Décorations dans l'ordre du Mérite agricole. — La peste bovine à Pres-
],ourg. — Mesures prises par le gouvernemcnl belge. — Congrès agricole départemental dans
l'Aube. — Ecoles pratiques d'agriculture dans le Pas-de Calais et dans la Cùte-d'Or. — Le
phylloxéra et les semis de vignes américaines. — Excès de zèle d'un délégué départemental.
— La pisciculture dans la Creuse. — Distribution d'alevins d'anguilles. — Un élan au jardin
zoologique d'acclimatation. — Créat'on d'une Société mycologique. — Réunion de la Société
d'agriculture de Vaucluse. — Hommage rendu par M. le D' Villars à MM. du Peyrat et Barrai.
Consours de la Société d agriculture de l'ont-rEvoi[ue. — .Vllocution de M. Conrad de Witt. —
Discours de M. de HédouviUe à la So^-iété d'agriculture de Wassy. — Concours du Comice de
Nevers et du Comice de Chàteau-Cbinon. — Notes de MM. Pagnoul, Jacquot, Bronsvick, Allier,
sur l'état des récoltes dans les départements du Pas-de-Calais, des Vosges et des Hautes-
Alpes.
I. — Lrs préoccupations agricoles.
Ainsi que nous l'annoncions dans notre dernière chronique, la
Chambre des députés s'est occupée, dès sa première séance, des ques-
tions qui intéressent l'agriculture. Elle a décidé que la Commission
chargée d'étudier le projet de loi présenté par M. le ministre de l'agri-
culture sur des modifications à ajtporter au tarif général des douanes
serait immédiatement nommée. En outre, M. de Roys, député de
l'Aube, a demandé à interpeller le gouvernement sur sa politique éco-
nomique; la date de la discussion de cette interpellation a été fixée au
samedi 18 octobre. D'autre part, on annonce que M. Jametel, député
de la Somme, doit présenter une proposition relative au relèvement
des tarifs de douane sur les céréales, et notamment sur le blé. La nou-
velle session va donc débuter par une large discussion sur les pro-
blèmes qui préoccupent si vivement les agriculteurs.
Ces problèmes sont aujourd'hui agités dans toute Ja presse; ils y
font l'objet de discussions vives, parfois passionnées, dans lesquelles
on se laisse trop souvent emporter par les exagérations. Nous avons dit
que, lout en faisant connaître toutes les opinions émises, nous vou-
lions rester ici dans la voie que nous regardons comme la seule juste,
celle des droits compensateurs, en nous écartant autant du protection-
nisme absolu que du libre-échange absolu. Ces deux doctrines sont
aussi dangereuses l'une que l'autre. Il en est de l'économie nationale
comme de la politique : ni l'une ni l'autre ne peuvent avoir, dans leur
application, des règles immuables; on doit chercher à défendre et à
appliquer, sans parti pris, sans théorie d'école, ce qui, dans une
circonstance donnée, doit être le plus utile à son pays ; la grandeur et
la prospérité nationalesdoivent servir d'uniques guides. Or, aujourd'hui,
étant donnée la pléthore de production dans le monde entier, il est du
devoir de to'jt homme politique qui aime son pays, de provoquer les
mesures indispensables, transitoires si l'on veut, qui periuettront à
l'agriculture française de traverser la période d'évolution à laquelle elle
s'est franchement consacrée. Le relèvement des tarifs de douane est la
seule solution immédiate dans les ci inconstances actuelles.
Au milieu des innombrables articles de journaux que l'agitation
agricole a provoqués, il s'est commis bien des erreurs que nous ne
pouvons pas relever, car la place nous manquerait. Mais il est deux
ordres d'arguments que nous devons combattre.
On prétend, d'une part, que le relèvement des tarifs de douane sur
N° 810. — Tome IV de 1884. — 18 Octobre.
82 CHRONIQUE AGRICOLE (18 OCTOBRE 188ii.
les denrées agricoles aurait pour conséquence de porter un grave pré-
judice à toutes les autres industries dont les frais de production
seraient accrus, et qu'il entraînerait un renchérissement général des
denrées alimentaires. C'est là un argument spécieux, mais qu'il est
facile de réfuter. Ce qui se passe aujourd'hui pour le pain en est la
preuve. Est-ce que l'effondi'ement des prix du blé sur tous les marchés
sans exception a amené une baisse égale sur le prix du pain? Le
ministre de l'agriculture n'a-t-il pas ouvert récemment une enquête
pour s'éclairer sur les causes de ce fait anormal? Eu admettant, ce
qui est fort problématique, que le relèvement des tarifs de douane ait
son plein effet, le prix du blé reviendrait au cours du printemps der-
nier; qui donc alors se plaignait du prix du pain? Ne vaut-il pas
mieux, dans l'intérêt national, que la baisse, qui est inévitable, se
produise graduellement, sans ruiner les cultivateurs, comme elle les
ruine aujourd'hui? Et qui serait, en définitive, victime de cette ruine?
Tout le monde; car tous les Français touchent par quelque point à la
terre. Poser la question, c'est donc la résoudre.
D'autres accusent les cultivateurs d'ignorance et de routine ; ils les
blâment sévèrement de marcher à la remorque de procédés surannés;
quelques-uns même font de l'érudition et, compulsant les rapports
des derniers concours régionaux, ils cherchent à prouver que ceux
qui savent gagnent encore beaucoup d'argent en cultivant le sol. Nous
avons exprime notre opinion sur l'enseignement agricole; nous déplo-
rons la lenteur avec laquelle il se répand, nous faisons tous nos efforts
pour en faire comprendre l'urgente nécessité. Ce n'est donc pas ici que
Fignorance et la mauvaise routine (car il y a une bonne routine) trou-
veront des défenseurs. Mais il faut dire que ceux pour lesquels l'igno-
rance et la routine seraient les causes des souffrances actuelles de
l'agriculture, montrent une connaissance bien faible de la situation.
Ce sont précisément les agriculteurs les plus réputés jusqu'ici, ceux
qu'on a couverts de lauriers, et à juste titre, qui souffrent le plus; ce
sont les grandes fermes, celles dans lesquelles on fait usage des ma-
chines perfectionnées, où l'on emploie beaucoup d'engrais commer-
ciaux, qui ne peuvent plus payer leurs loyers. Quant au petit cultiva-
teurs, celui que vous appelez le plus routinier, il est beaucoup moins
malheureux, parce qu'il n'est pas écrasé par le prix de la main-
d'œuvre. Dans le système du métayage, le propriétaire est beaucoup
plus à plaindre que le métayer. La crise actuelle est surtout une crise
de fermage.
Telle est la vérité qu'il faut savoir dire. Mais si le présent est
sombre, on ne doit pas désespérer de l'avenir. A la. suite du concours
pomologique de Rouen, nous avons vu les fêtes du bicentenaire du
grand Corneille, et nous avons applaudi à ces vers de M. Sully-
Prudhomme :
Ah ! du moins, pour un jour, au pied de ta statue,
Imposant l'accalmie au forum agité,
La France, de sa gloire ancienne revêtue,
Peut jouir, gjùce à toi, de l'unanimité .
Et devant loi l'espoir ose en elle renaître,
Car, après deux cents ans, ses maux n'ont point tari
Le sang vivace et pur qui t'avait, donné l'être,
Et n'ont point épuisé le sol qui t'a nourri.
Non, le sol français n'est pas épuisé; mais l'unanimité qui acclame
DES DENRÉES AGRICOLES (18 OCTOBRE 1884). 83
les grands poètes doit se retrouver quand il s'agit des intéréls de
l'agriculture nationale.
II. — Exposition internationale (VAmsUrdam.
Dans la séance de la Chambre desdt'-putés du 14 octobre, M. Méline,
ministre de l'agriculture, a déposé un projet de loi relatif aux récom-
penses honorifiques à décerner à l'occasion de l'exposition interna-
tionale agricole d'Amsterdam. Nous pensons que ce projet de loi sera
rapidement voté par le Parlement.
III. — Décorations pour services rendus à l' agriculture.
Le Journal officiel du 13 octobre fait connaître les nominations sui-
vantes dans l'ordre du Mérite agricole, faites par des arrêtés du mi-
nistre de l'agriculturCj en date du 21 septembre, du 3 et du 1 1 octobre :
M. Herbet (Pierre), secrétaire <;ênérril du Comice agricole de l'arrondispement
de la Réole (Gironde). — Auteur de publications agricoles et -vétérinaires, orga-
nisatenr de concours d'animaux dans la région. Services exceptionnels.
M. Merle de Massonneau (Jean-Antoine), vico-présidentdu Comice agricole
de Nêrac (Lot-et-Garonne), lauréat dans les concours régionaux. — A le premier,
dans son département, appliqué à la grande culture le greffage des fignes fran-
çaises sur cépages américains. Services excepticmnels.
M. Ressayée (Joseph-Gervaisl, vétérinaire à JMoissac (Tarn-et-Garonne). —
Tice-président du Comice agricole du canton de Moissac, dont il a été le réorga-
nisateur. Membre de la Commission départementale contre le phylloxéra. A puis-
samment contribué, depuis 35 ans, à l'amélioration des races chevaline et ovine de
la région.
M. Paniez (Joseph), cultivateur à Mouchaux (Nord); 69 ans de services comme
ouvrier agricole chez le même propriétaire. — A obtenu de la Société. des agri-
culteurs de France une médaille d'argent et une prime pour le dévouement et la
fidélité avec lesquels il a servi pendant sa longue carrière.
Nous voyons avec plaisir dans cette liste le nom d'un ouvrier agri-
cole; les bons ouvriers sont des auxiliaires indispensables pour la pro
spérité de l'agriculture.
IV. — La peste bovine.
On sait que la peste bovine règne à l'état endémique dans une par-
tie de l'Europe orientale. Il arrive parfois que le fléau sort de ces limites,
d'ailleurs assez indéterminées, et apparaît soudain sur des points qui
en sont généralement indemnes. C'est ce qui vient d'arriver. La peste
bovine a été constatée récemment iiir marché de Presbourg, en Hongrie.
Ce marché est un de ceux d'où partent de nombreux convois pour
l'Europe occidentale. En présence de oe fait, un arrêté spécial a été
rendu par le gouvernement belge, à la date du 8 octobre. Cet arrêté
interdit, jusqu'à disposition* canLraires., l'importation et le transit, par
les frontières de terre e,t.de m,er, des ^bétés bovines, ovines, et de tous
les autres ruminants provenant de l'Aulriche-Hongrie. Les liètes bovines
de cette provenance De peu^'ent pas pénétrer en Franoe.; , c'est seulement
pour les bêtes ovines qu il pourrait être opportun de prendre, chez
nous, des mesures analogues à celles dont la Belgique a pris
l'initiative.
V. — Conrjr'es agricole départemental.
On nous annonce que les membres de la Société d'encouragement
à l'agriculture appartenant au département de l'Aube sont convoqués
à un congrès départemental agricole qui sera présidé par M. le mar-
quis de Roys, député. Ce congrès se réunira àTroyes les 8 et 9 novem-
84 CHRONIQUE AGRICOLE (18 OCTOBRE 1884).
bre prochain; il a pour objet d'examiner la situation de l'agriculture
dans le département et d'étudier les moyens d'y porter remède. Toutes
les communes rurales du département de l'Aube sont invitées à
envoyer des délégués à cette réunion.
VI. — Ecoles pratiques d'agriculture.
Le Conseil général du Pas-de-Calais a commencé, dans sa dernière
session, l'examen d'une proposition relative à la création d'une école
pratique d'agriculture dans ce département. Après une assez longue
discussion, le Conseil a voté en principe, sur l'avis de M. d'IIavrin-
court, et conformément à la demande du préfet^ la création de cette
école; il a été décidé qu'une commission de sept membres serait
nommée pour étudier la question au point de vue pratique et pour
présenter une proposition ferme au Conseil général, loi's de sa session
d'avril.
L'organisation de l'Ecole pratique d'agriculture et de viticulture de
Beaune (Côte-d'Or) est à peu près achevée ; l'ouverture de cette école
aura lieu au mois de janvier prochain.
^.; VII. — Le phylloxéra.
Les règlements qui régissent aujourd'hui, dans les départements
non encore envahis, la culture des vignes, sont très sévères, et nous
les approuvons complètement, car il est trop souvent arrivé que le
phylloxéra a été introduit dans des régions indemnes par des plants
importés de départements contaminés. Mais s'il est important que ces
règlements soient rigoureusement appliqués, il importe aussi que cette
application soit faite avec discernement. Voici un fait qu'on nous
signale, et que nous devons regretter. Dans un département viticole,
un propriétaire a semé des pépins de vignes américaines; il a obtenu
des plants robustes, bien caractérisés, qu'il a multipliés; puis il a
donné autour de lui quelques centaines de boutures. L'origine de ces
boutures est donc bien déterminée; rien de contraire ni à la loi ni à
son esprit. Un délégué départemental survient chez un horticulteur
qui a reçu une partie de ces boutures, et qui en a introduit également
d'un autre département officiellement indemne, où on les avait obte-
nues de semis. Ce délégué départemental ordonne l'arrachage et, sur
le refus de l'horticulteur, il fait dresser procès-verbal par la gendar-
merie. Quant au premier propriétaire qui a fait les semis, on le laisse
tranquille en déclarant qu'il est dans son droit. Il y a là un abus de pou-
voir contre lequel nous devons protester. Aucune loi, aucun décret, aucun
arrêté n'interdit la culture des vignes américaines venant de semis,
dans quelque département que ce soit; les règlements interdisent l'in-
troduction des vignes étrangères dans certaines zones, mais il n'y a
rien au delà. Les vignes venues en France d'un pépin de vigne étran-
gère sont nées en France, et leurs produits sont aussi français que
ceux de nos anciennes vignes jadis importées d'Asie. Permettre les
semis de pépins et interdire la propagation du bois cueilli sur les
sujets provenant de ces pépins, c'est créer une contradiction. L'Etat a
naguère tenté de former à Grand-Jouan une pépinière de vignes améri-
caines venues de semis; si cette pépinière avait réussi, on en aurait
réparti les boutures partout, et personne n'aurait protesté contre cette
distribution. Il n'y a plus de viticulteur, heureusement, pour pré-
tendre que certaines variétés de vignes engendrent le phylloxéra. Nous
CHRONIQUE AGRICOLE (18 OCTOBRE 1884). 85
espérons donc qu'un fait analogue ù celui que nous venons de signaler
ne pourra pas se renouveler.
VIII. — Pisciculture.
Dans sa dernière session, le Conseil général de la Creuse, en vue
de continuer l'œuvre si importante du repeuplement des cours d'eau
du département, a voté au budget de 1885 un crédit de mille francs.
Sur ce crédit, une somme non déterminée sera spécialement affectée à
l'achat d'alevins d'anguilles pour être distribués aux propriétaires
d'étang qui en exprimeront le désir. Les demandes à l'effet d'obtenir
un ou plusieurs paniers de ces alevins devront être adressées, avant
le l"" février prochain, soit à la préfecture, soit à l'ingénieur en chef
des ponts et chaussées, à Guéret.
IX. — Jardin zoologique d'acclimatation.
Le jardin d'acclimatation de Paris vient d'ajouter à ses collections
un animal des plus intéressants, un élan. Cette espèce de cerf gigan-
tesque est rarement représentée dans les jardins zoologiques. Elle
n'existe à l'état sauvage que dans les forêts de Lilhuanie, en Livonie,
en Suède et Norwège, et encore tend-elle à disparaître de ces régions.
L'élan est d'une conformition bizarre. Son corps, relativement court,
est perché sur des membres d'une longueur démesurée, si bien qu'il
dépasse en hauteur nos plus grands chevaux; l'encolure est si petite
que l'animal ne peut pas brouter l'herbe par terre, sans se mettre à
genou. D'ailleurs, ses lèvres très développées paraissent être disposées
pour saisir les feuilles d'arbres dont il est très friand. Sa taille est
encore élevée par des bois plats de grande dimension, qui sont l'apa-
nage des mâles.
11 y avait une femelle au jardin d'acclimatation, depuis deux ans
déjà, et c'est aujourd'hui seulement que le couple a pu être complété.
X. — Création d'une Société myco logique.
Une société mycologique s'est fondée récemment dans le but d'en-
courager et de propager les études relatives aux champignons, tant au
point de vue de l'histoire naturelle que sous le rapport de l'hygiène et
des usages domestiques. Les membres français sont répartis en sec-
tions correspondant aux principaux centres d'études mycologiques. La
Société tiendra chaque année, dans une région différente, une session
générale, à laquelle seront conviées toutes les sections. Cette session
générale comprendra : 1° une exposition mycologique; 2° des confé-
rences ; 3° des herborisations.
La Société mycologique s'est réunie à Epinal, sous le patronage de
la Société d'émulation du déparlement des Vosges, les 5 et 6 octo-
bre. Elle a constitué ainsi son bureau pour la première période
biennale : président, M. Quelet; vice-président, M. Boudier; secré-
taire, M. Mougeot; trésorier, M. R. Ferry; archiviste, M. Forquignon.
XI. — Hommage à M. du Peyrat et à il. Barrai.
M. le docteur Villars, secrétaire général de la Société d'agriculture
et d'horticulture de Vaucluse, nous communique l'extrait suivant du
procès-verbal de la séance tenue par cette Société le 7 octobre cou-
rant. Voici les paroles qu'il y a prononcées :
« Quelques jours après notre dernière réunion, nous apprenions la mort impré-
vue de M. du Pej rat, inspecteur général de l'agriculture pour la région du sud-
Sn CHRONIQUE AGRICOLE (18 OCTOBRE 18rf4)
est et à quelques jours d'intervalle celle de AI. Barrai, secrétaire perpétuel de la
Société nationale d'agriculture.
« MM. du Peyrat et Barrai étaient membres correspondants de notre Société,
tous les deux très connus dans notre région et très sympathiques aux agricul-
teurs, auxquels ils n'épargnaient ni leurs sages conseils ni les encouragements,
car tous les deux avaient également à cœur le relèvement de notre agriculture
méridionale.
« M. Charles du Peyrat, inspecteur général de l'agriculture, est décédé à
Beyrie en Gbalosse, dans le département des Landes, à l'âge de quarante-quatre
ans.
« Fils de l'ancien fondateur de la ferma-écale des Landes,. M. du Peyrat, sur
les consHils d'un inspecteur distingué de l'agriculture, se décida à suivre la car-
rière agricole; mais, comprenant toute l'étendue des connaissances qui lui étaient
nécessaires, il se mit à étudier, avec cette ténacité qui était une de ses facultés
dominantes, les sciences physiques et naturelles, Féconomiie politique, le droit,
la mécanique, dans leurs rapports avec la science agricole, dont il avait puisé la
savante pratique à la ferme-école que dirigeait son père avec habileté et savoir.
« Complètement préparé pour pouvoir occuper avec distinction les premiers
rangs M. du Peyrat fut nommé sous-inspecteur, et dès ses débuts, il se lit remar
quer par l'étendue de ses connaissances, la rectitude de son jugement et sou apti-
tude à la carrière qu'il venait d'embrasser.
« Sa pénible et diflicile mission en Algérie, et ses rapports sur l'état de l'agri-
culture dans cette province, le désignaient hautement pour la prochaine inspec-
tion qui deviendrait vacante.
« Nous avons pu ajiprécier M. du Peyrat à l'œuvre dans les divers concours de
notre région, et jamais un agriculteur n'a pu contester sa compétence quand il
avait donné son opinion.
« Tout dévoué aux intérêts agricoles vauclusiens, sur la proposition de notre
président, M. le marquis de l'E.spine, vous avez nommé, dans la séance du 24 mai
1879, M. du Peyrat, membre correspondant de notre Société, où il comptait
plusieurs amis très dévoués, qui avaient été à même d'apprécier ses connaissan-
ces lors des visites faites pour décerner les prix des concours régionaux. Satis-
fait de la position qu'il occupait, marié à une femme d'élite, notre inspecteur
général devenait presque notre compatriote, par suite de la création, dans une
commune voisine, d'un important vignoble soumis à la submersion. Quand, dès
les premiers jours de septembre, la nouvelle imprévue de la mort de M. du Pey-
rat se propagea dans notre pays, nul ne voulait croire à la mort de cet homme si
distingué, que l'on avait vu bien portant quelques semaines auparavant, jouissant
de toute la plénitude de ses facultés et de toutes les appaiences de la santé.
te La nouvelle n'était ipie trop véritable, et sa m.jrt Idi.^si! uu grand vide pour les
intérêts en souifrance de notre agriculture méridionale dont il était le défenseur
naturel auprès des pouvoirs de l'Etat.
« Jean-Augustin Barral est né à Metz le 30 janvier 1819. Elève très dis-
tingué de l'Ecole polytechnique, il débuta dans l'administration des tabacs, où il
eut à s'occuper spécialement de physique et de chimie. Bépétiteur à l'Ecole, il
eut l'honneur d'être secrétaire de François .Yrago, et plus tard, en 1850, Alexandre
Bixio le fit nommer directeur du Journal d'agriculture pratique, journal qui
continue sa publication sous l'habile direction de M, Leeouteux, M. Barral ayant
fondé en 1866 le Journal de l'agriculture.
« Le journal de Barral, ainsi que tout le monde le nomme, malgré la mort de
son f mdaleur, ne saurait péricliter; l'ami de M. Barral, le continuateur de son
œuvre M. Henry Sagnier, en pronouçant en termes chaleureux et émus sur la
tombe de Barral, au nom du Journal de l'agriculture, les paroles suivantes, nous
affirme qu'il restera le continuateur de Barral. « Notre ambition, et elle est
« grande, dit-il, c'est de continuer son sillon, sinon avec la même profondeur,
« au moins avec la même ardeur et une persévérance égale. »
« Nommé en 1871 secrétaire perpétuel de la Société nationale d'agriculture,
M. Birral trouva dans ces fonctions le nroyen de rendre à l'agriculture les plus
grands services. Suivre les concours régionaux, remplir les diverses missions que
lui confiait le ministre de l'agriculture, visiter plusieurs fois dans l'année les
départements du midi de la France ravagés par le phylloxéra, ou les départements
du nord impuissants à continuer avec profit la culture de la betterave; écrire
régulièrement ses savantes chroniques pour son journal l'Agriculture, régler les
CHRONIQUE AGRICOLE (18 OCTOBRE 1884). 87
séances de la Société nationale d'agriculture, auxquelles il assistait très régulière-
ment, M. Barrai suffisait à cet immense travail. Il trouvait même le temps de
visiter les diverses expositions internationales, afin d'apprécier l'état de l'agricul-
ture et de vulgariser les progrès accomplis.
« Il y a quelques semaines, très gravement malade, M. Barrai aurait re^rardé
comme un acte de faiblesse coupable son absence à l'exposition d'Amsterdam.
^( Malgré ses incessantes occupations, M. Barrai a publié un grand nombre
d'ouvrages sur l'agriculture, et au moment où je trace ces lignes, j'ai sous les yeux
ses remaïquables Bapporls sur les irrigations des dêparlcmcnis des Bouchcs-du-
Rhône et de Vaucluse, quatre gros volumes grand in-8°, contenant plus de deux
mille pages.
« Sans doute, pour composer cette œuvre, M. Barrai recevait de l'adminis-
tration les documents de statistique et d'histoire, et des Sociétés agricoles les
renseignements sur les produits principaux du pays. Mais quel n'a pas été le
travail de l'auteur pour mettre en ordre tout cet amas de documents et écrire ex
professa de très longs articles sur toutes les cultures de ces deux départements.
« Cette œuvre de M. Barrai est pour nous, Vauclusiens, la plus utile, c'est un
ouvrage qui sera toujours consulté par l'agriculteur, le savant et par l'ingénieur;
c'est le véritable code des irrigations dansles Bouches-du-Rhône et dans Vaucluse.
« Les années passeront, les méthodes de culture changeront, mais les principes
posés dans cet ouvrage subsisteront toujours.
« Insister sur la valeur de ces rappoi'ts serait vous faire injure et croire que
vous n'avez pas iu cette œuvre, la plus utile pour nous depuis la publication du
Cours d'agriculture de notre célèbre compatriote M. le comte de (rasparin. J'ai
nommé un ouvrage excellent, que M. Barrai appréciait hautement, au point d'avoir
surveillé l'impression et corrigé les épreuves du sixième volume qui forme le
complément et le résumé du Cours d'agriculture de ~Sl. de Gasparin.
« M. Ba.rral avait trouvé dans notre pays de nombreux amis, et c'est avec le
plus grand plaisir qu'il venait se mêler à nos fêtes agricoles, dont il relevait l'éclat
par son savoir et par son éloquence.
« La dernière fois qu'il nous a été permis d'assister aux leçons du grand agro-
nome, c'était en 1882. A l'occasion du concours régional agricole d'Avignon, de
nombreuses conférences furent faites, et M. Barrai voulut bien nous l'aire sa con-
férence sur les irrigations.
« Sa pai'ole était toujours facile et élégante, et sa leçon, qui a été reproduite par
notre très sympathique vice-président, M. le commandant Ducos, eut le plus
légitime succès ; vous la trouverez dans le compte rendu du concours du mois d e
mai 1882, publié par notre Société.
« M. Barrai n'assistera plus à nos concours ; nous n'entendrons plus. Messieurs,
cette voix vibrante et chaleureuse, si sympathique aux agriculteurs vauclusiens,
maie ses œuvres resteront,. »
Nous remercions M. le docteur Villars d'avoir réuni dans un même
hommage deux hommes qui s'estimaient el s'aimaient depuis de nom-
breuses années. Le Messager agricole du. Midi, dirigé par M. Frédéric
Cazalis, et V Algérie agricole viennent aussi de rendre à M. Barrai un
hommage éclatant que nous devons signaler spécialement.
XII. — Concours des associations agricoles.
Au concours tenu à Dozulé par la Société d'agrieulture de Pont-
l'Evêque (Calvados), l'exposition du bétail était surtout nombreuses
A la distribution des récompenses, M. Conrad de ^yitt, président de
la Société, a insisté, dans les termes suivants, sur les changements
qui s'imposent à la culture normande :
« L'épreuve du temps, si nécessaire dans toutes les relations sociales, est
une loi absolue pour l'agriculture, et les agriculteurs le savent bien. Oa se plaint
parfois que les progrès sont lents dans la vie des champs, et que les procédés
nouveaux ont de la peine à pénétrer dans les carapagies. C'est que les agriculteurs
sont prudents et prévoyants, économes aussi des bénéfices lentement achetés à
la terre.
* Ils ne sont pas contraints, comme les hommes voués à l'industrie, de se
88 CHRONIQUE AGRICOLE (18 OCTOBRE 1884).
bâter vers la productioa par une ardeur fiévreuse, afin de lutter avec avantage
contre des rivaux nombreux et babiles. Il y a de la place au soleil pour tous les
agriculteurs, et notre France est encore bien loin de fournir à la subsistance de
tous ses enfants. C'est votre effort et votre légitime ambition de la mettre chaciue
année plus en état de satisfaire aux besoins de ces Français, qui ont tant de peine
à s'éloigner de la patrie pour cbercber à l'étranger la nourriture de leurs familles.
Et ne vous y trompez pas, malgré les souft'rances actuelles de l'agriculture, c'est
encore à elle que l'avenir est le plus assuré ; ce sont ses conquêtes à elle et sa
paisible activité qu'il est le plus difticile de remplacer par le développement
excessif du commerce lointain.
« iMais l'activité est nécessaire, même paisible, les conditions du succès se
sont modifiées pour l'agriculture comme pour l'industrie ; la rareté et le prix
éleïé de la main-d'œuvre, l'attrait déplorable qu'exercent les villes sur la popu-
lation rurale, et l'énorme importation étrangère tendent à rendre certaines cultures
difficiles et improductives. Vous en souffrez moins que tous les autres, dans ces
cantons couverts d'berbages naturels et fertiles, où l'engraissement du bétail et
le développement des produits de la laiterie laissent encore uncbamp lucratif au tra-
vail. Vous aussi, cependant, vous avez été amenés à modifier vos antiques coutumes
et c'est parmi ces populations si lentes, dit-on, à accepter les changements, que
les faucheuses, les faneuses et les râteaux mécaniques prennent tous les jours
davantage la place de l'ouvrier des champs, devenu si difficile à se procurer.
« Le lait, lui-même, ne reposera bientôt plus en paix dans ses crémières et se
verra forcé de céder à l'action toute puissante de la vapeur.
« Nous ne pouvions pas rester oisifs, Messieurs, dans ce grand mouvement
si nécessaire à la prospérité publique. Vous appartenez à une race de fondateurs.
Les Normands ont toujours su fonder. »
Nous avons déjà signalé le concours tenu à C hevillon par la Société
d'agriculture de Wassy (Haute-Marne). Du discours prononcé par son
président, M. Ch. de Hédouville, nous citerons l'extrait suivant :
« M. le ministre, très convaincu qu'il faut que le gouvernement aide l'agricul-
ture à se relever, déclare qu'elle attache une importance particulière à l'élévation
des tarifs de douane sur certains produits agricoles.
a Ces tarifs ont déjà été relevés sur quelques points en 1880. A ce moment nous
vivions sous le régime de libre échange; mais la surélévation avait été insuffi-
sante, on le reconnaît, c'est pour ce motif que M. le ministre propose de nouveaux
droits qui deviendront une garantie pour l'agriculture et donneront au trésor un
revenu dont il a besoin. Si, en effet, le relèvement des droits d'entrée ne diminue
pas l'importation, ce qui est probable, ces droits de douanes auront à s'exercer
sur plus de 3 millions de têtes de bétail de toute provenance et de toute nature.
« ^lais, pourquoi s'arrêter en si bon chemin? Pourquoi, après avoir relevé les
tarifs de douanes pour l'importation des animaux, ne pas appliijuer la même
mesure aux céréales? Aujourd'hui, par la force des choses, surtout dans les nom-
breux pavs où règne l'assolement triennal, il est difficile, pour ne pas dire
impossible, aux cultivateurs de diminuer la production du blé? Or, peut-on
aujourd'hui faire du blé avec profit, même en se servant du semoir et en choisis-
sant avec soin de bonnes semences? Il est certain qu'au prix actuel, c'est impos-
sible. Pourquoi donc ne pas accorder à l'agriculture, non pas une protection, elle
ne l'a jamais réclamée, mais l'égalité devant l'impôt, en faisant payer aux impor-
tateurs des droits compensateurs'? A qui d'ailleurs profite aujourd'hui cette baisse
formidable du blé? Ce n'est pas à l'ouvrier, car depuis que la taxe n'existe plus,
le pain se paye beaucoup plus cher qu'on ne devrait le payer s'il était taxé. La
baisse profite donc exclusivement aux intermédiaires, moins nombreux nécessaire-
ment que les producteurs et les consommateurs.
« En supposant que pour des motifs politiques que je ne comprends pas,
mais qui peuvent avoir leurs défenseurs, on ne veuille pas frapper d'un droit
compensateur l'entrée en France des blés étrangers, pourquoi ne frapperait-on pas
les autres céréales, l'avoine, le seigle, l'orge, le mais, le sarrasin, les pommes
de terre, etc.? En imposant ces produits, on créerait des ressources au trésor et
on pourrait ainsi arriver au dégrèvement de l'impôt foncier tant de fois promis et
si souvent ajourné. Il est entré en France en 1883 près de 18 millions de
quintaux de céréales; vous voyez que si on les grevait d'un droit de 2 ou 3 francs
par quintal, on arriverait à un chiffre respectable.
CHRONIQUE AGRICOLE (18 OCTOBRE 1884). 89
M Tels sont les moyens que nous proposons pour soulager les souffrances des
agriculteurs; plusieurs, nous l'avons dit, sont à leur portée, c'est à eus de les
emplû3'er ; les autres dépendent de vos mandataires au Parlement, c'est à vous
de prendre les mesures nécessaires pour vous faire écouter. Le gouvernement a
pris résolument l'initiative d'une réforme des tarifs de douanes, nous l'en remer-
cions, mais son projet nous semble incomplet; nous le supplions d'appliquer sa
réforme aux céréales comme aux animaux. Nous pourrions peut-être demander
davantage encore; mais si nous avons satisfaction sur ces deux points, nous
pourrons espérer de continuer avec succès la lutte contre les produits étran-
gers qui nous envahissent ; sans cela il faut nous résigner à voir disparaître la
culture des céréales comme ont disparu celles des plantes oléagineuses et des
plantes testiles. Il ne nous resterait alors que l'élevage du bétail. Or, si toutes
nos campagnes étaient transformées en pâturages, ce serait la ruine des ouvriers
agricoles, auxquels il ne resterait plus qu'à s'exiler. Ce n'est pas là évidemment
le désir des hommes intelligents, car les villes regorgent d'ouvriers souvent
menacés de chômages, tandis que dans nos campagnes les bras manquent
presque partout. Serrons nos rangs, nous avons le bon droit pour nous, nous
serons écoutés si nous le voulons. »
Le Comice agricole de l'arrondissement de Xevers a tenu son con-
cours le 21 septembre, à Saint-Pierre-le-Moutier, sous la présidence
de M. Tiersonnier, membre de la Société nationale d'agriculture. Le
premier pris de cheptel a été remporté par M. Charles Bouille, de
Mars-sur-AUier, lauréat de la grande médaille d'or réservée à la meil-
leure culture; le pris de vacherie a été décerné à M. François Robet
père, au Crot-Barret, commune de Livry.
Au concours tenu à Moulins-Eugilbert, par le Comice de Tarron-
dissement de Chàteau-Chinon, le prix cultural offert par la Société
d'agriculture de la Nièvre a été décerné ex œquo, à M. le marquis de
Chabannes, à Saint-Hilaire en Morvan, et à M. Naudin, fermier à
Achun; chacun a reçu un objet dart.
Nous continuerons cette revue dans notre prochaine chronique.
XIII. — Nouvelles de l'état des récoltes en terre.
Les cultivateurs poursuivent avec ardeur les travaux de préparation
des terres et des semailles. — M. Pagnoul nous envoie d'Arras la note
suivante sur la situation dans le Pas-de-Calais :
« Le temps a été très favorable à la préparation des terres. On a commencé les
semailles de seigle et même celles de blé. Les pluies du commencement de sep-
tembre ont beaucoup nui aux avoines, qui n'étaient pa? encore rentrées. Le ren-
dement et la qualité de la betterave paraissent devoir laisser beaucoup à désirer ;
les conditions météorologiques de septembre ont cependant é!é favorables, mais
le jaunissement prématuré des feuilles, dû peut-être à la chaleur du mois d'aoiit
et à quelques périodes trop prolongées de sécheresse, n'a pas permis à la plante de
profiter de cette situation. La betterave ordinaire du pays, encore malheureu-
sement cultivée partout, était d'une pauvreté extrême, d'après les analyses faites
à la station à la lin de septembre. La récolte des pommes de terre est bonne, mais
les pluies du commencement de septembre ont fait apparaître la maladie sur
plusieurs points. Ces pluies ont été favorables à la dernière coupe des foins. »
Dans les Vosges, le beau temps a permis de rentrer les dernières
récoltes dans de bonnes conditions, d'après la note que M. Jaequot
nous envoie de Chèvreroche, à la date du I I octobre :
« Les appréhensions que j'émettais dans ma dernière note au sujet des intem-
péries qui ont marqué les débuts de la récolte des regains n'ont, heureusement, pas
eu lieu de se prolonger : le beau temps, et un beau temps qui a duré jus pie avant-
hier a permis de rentrer cette dernière récolte fourragère en parfait état de des-
siccation. Une bonne moitié des pommes de terre est rentrée bien nette d'humi-
dité, les tubercules dégarnis de terre.
« Depuis deux jours, nous avons des vents violents, du tonnerre, de la pluie, et
90 CHRONIQUE AGRICOLE (18 SEPTEMBRE lR8i).
enfin de la neige, qui aujourd'hui tombe et tourbillonne comme en plein hiver.
Le thermomètre est à 0°, quoique le vent soit au sud-ouest.
« La pluie est la bienvenue pour raviver un peu les cours d'eau et les sources
nécessaires aux usines et aux ménages, qui souflVent de bi pénurie d'eau. «
D'autre part, M. Bronsvick noas écrit de Mireconrt (Vosges), à la
date du 12 octobre :
« Les mauvais temps survenus pendant cette semaine ont entravé les derniers
travaux qui restent à faire. Aussi les retardataires des vignobles n'auront point à
récolter le raisin dans d'aussi bonnes conditions qu'il y a huit jours.
« Les derniers labours seront finis cette semaine, ainsi que l'arrachage des
pommes de terre, dont la quantité est extraordinaire.
« L'époque de la Saint-Martin approche et va domier un peu plus d'animation
aux affaires. Les fermiers qui rendent en argent leur loyer seront forcés de vendre
aux conditions actuelles, c'est-à-dire à la baisse ; ils vont éprouver une porte sen-
sible sur la veate de leur blé, la meunerie du rayon restreignant ses besoins et
n'achetant que par petites quantités. On avait espéré qu'uue légère liausse se
manifesterait ea présence de la fermeté des farines, mais il n'en est rien, et les blés
de mouture ne trouvent acheteurs qu'à 20 fr. 50 les 100 kilog. »
Dans les Hautes-Alpes, les céréales ont levé dans des circonstances
favordbles, d'après la note que M. C. Allier nous adresse de Gap, à la
date du 2 octobre :
_ « Le mois de septembre a été très beau dans les Alpes et on ne peut plus pro-
pice aux travaux de la saison.
" Les seigles et froments de montagne, semés à la fin du mois d'août ou dans
les premiers jours de septembre, ont très bien levé et présentent le plus satis-
faisant aspect; dans les parties inférieures du département les semailles s'effec-
tuent dans de bonnes conditions. La récolle des pommes de terre, à peu près
terminée, aurait pu être plus abondante et atteindra à peine la moyenne; on peut
en dire autant des regains; aussi le prix du foin a-t-il augmenté, et les cours du
bétail ont subi une baisse considérable. Le fruit (pommes et poires-, très abon-
dant, est à vil prix : 8 à 12 francs les 100 kilog. On a commencé à vendanger; il
y a.nva. peu de vin, mais on est généralement satisfait de la qualité ^des raisins. »
L'automne s'est présenté jusqu'ici dans des circonstances régu-
lières, tant pour les dernières récoltes que pour les semailles et les tra-
vaux de préparation du sol. Les vendanges sont presque terminées, et
presque partout on se montre satisfait, au moins de la qualité des
raisins; dans quelques parties du centre seulement, on signale une
maturité incomplète. HE.^'RY Sagnieu.
LA GRISE AaRIGOLE ET LES DROITS DE DOUANE
Cher Monsieur, dans un premier article {Journal du 4 octobre),
j'ai indiqué les lignes principales de la crise agricole dans le sud-
est de la France, crise qui a commencé depuis plus de dix ans, dont
les causes sont multiples et qui est arrivée à l'état aigu par l'avi-
lissement du prix des céréales, venant après la perte de la soie, de
laigarance et du vin. J'ai montré également, en termes un peu vagues
peut-être, dans quelle mesure l'établissement de droits de douane
pouvait en atténuer l'intensité.
Je veux aujourd'lmi serrer cette double question déplus près, afin
de mettre en pleine lumière ma pensée et me séparer nettement de
ceux qui poussent à l'agitation protectionniste comme à l'agitation
libre- écJi angi&te .
En «ffet, cher Monsieur, les exagératiorts les plus étranges sont
mises en avant de part et d'autre, je n'ose pas dire mises en crédit,
bien qu'elles soient avancées par des plumes autorisées. Des libre-
LA CKlûE AGRICOLE ET LES DROITS DEDOUANE] 91
échangistes, à la seule pensée qu'on songe à établir un droit quelconque
sur l'entrée des céréales, nous ramènent d'un bond à la nourriture
primitive des glands de chêne, et les plus modérés au pain noir. Des
protectionnistes, d'autre part, condamnent sans appel possible la na-
tion aux produits nationaux, sans penser ua moment qu'ils con-
damnent la nation à la famine si la récolte venait à manquer; car des
droits de douane comme ceux qu'ils proposent, équivalant presque à
la prohibition dans les années ordinaires, le commerce des céréales
avec l'éti'anger serait désorganisé, et les relations qui permettent de
parer aux conséquences d'une mauvaise récolte ne s'improvisent
pas.
La polémique en de pareils termes est facile ; les lecteurs de sens
rassis en ont bientôt fait justice. Par malheur ce ne sont pas des
armes de raisonnement, mais des armes de combat avec lesquelles on
veut exciter les passions des classes les plus nombreuses, en persua-
dant aux uns qu'on veut les affamer, aux autres qu'on veut les
ruiner.
Ces excitations malsaines sont étayées des données statistiques les
plus étranges quelquefois, et en tout cas, les plus étrangères au fond
de la question. Vous savez comme moi que ia statistique est la par-
tie la plus difficile et la plus importante de l'économie politique; c'est
la base la plus nécessaire de tous les traités de commerce et de tous
les tarifs de douane, et par conséquent l'étude constante de ceux qui
sont appelés à contribuer à leur rédaction. Dans le débat qui nous
préoccupe on s'en inquiète peu. L'enquête à laquelle nous convions
les correspondants du Journal de ragriciillure leur paraît superflue,
leur siège est fait. Pour les uns, l'agriculture française est en état de
lutter par l'abaissement des prix de revient avec l'Amérique et l'Hin-
doustan, en ce qui concerne la production du blé, et au lieu d'éludier
l'abaissement constant et progressif des prix de fermage pour les terres
à blé dans la France entière depuis plusieurs années, ils n'hésitent pas
à affirmer qu'il ne s'agit que d'un embarras momentané, et ils citent
des exemples d'agriculteurs qui se tirent d'affaire dans des circon-
stances tout à fait exceptionnelles.
Pour les autres tout est perdu, l'agriculture est ruinée sans remède
dans toutes ses branches, et ils réclament des droits protecteurs pour
le bétail comme si le bétail ne donnait pas un profit réel, comme si
les propriétés où s'exerce cette industrie agricole n'avaient pas échappé
à la dépréciation des terres labourables. Il va sans dire qu'ils de-
mandent pour les autres produits du sol une protection énergique sans
distinguer entre eux, sans faire en un mot ce travail de statistique
qui permet, en quelque sorte, de doser chacun des éléments de la pro-
duction açrricole.
Dans cette mêlée nous voulons garder notre sang-froid, et nous espé-
rons y réussir.
Nous avons dit dans notre dernier article que nous demandions
des droits fiscaux, et on nous répond : le mot ne fait rien à la chose;
fiscal ou protecteur, c'est tout un. Le droit, quelle que soit sa quotité,
constitue une protection, et nous n'entendons protéger l'agriculture
qu'en l'aidant à se développer par ses propres forces sans secours exté-
rieur. Nous appelons de tous nos vœux cet âge d'or oii tous les peuples
ne feront qu'une seule famille, où les rivalités auront disparu, où
92 LA GRISE AGRICOLE ET LES DROITS DE DOUANE.
l'on renoncera à protéger l'industrie tout aussi bien que l'agriculture,
où il n'y aura plus de barrières, où un droit de douane sera un non-
sens. Mais nous n'en sommes pas encore là, et en attendant il faut
vivre. Toutes les nations, et en particulier la nation française a
besoin d'un budget pour son armée, sa marine, ses travaux publics,
l'instruction publique de ses enfants et son administration. Ce budget
est pris dans le revenu des Français; et malgré l'élévation des charges
presque toutes les sources qui alimentent le budget ont diminué de
volume. Il ne paraît pas que les dépenses publiques aient rétrogradé
dans la même mesure.
A quelle source puisera- t-on les différences ? Il paraît difficile de les
demander à une agriculture en détresse. L'accroissement de la dette pu-
blique effraye les financiers les plus accrédités. Il est par conséquent na-
turel de penser aux droits de douane, et ce sont justement ces droits
établis sur l'entrée des produits étrangers que j 'appelle des droits fiscaux,
parce que ce sont les besoins du fisc qui en sont la raison première.
Leur origine même est lagarantie de leur modération. En effet, pour
obtenir le maximum d'effet d'un droit de douane, il faut que le pro-
duit du droit multiplié par les quantités importées soit un maximum.
Il ne peut pas être un maximum si le droit est exagéré; on n'importe
pas ou on importe peu. On n'obtient rien si le droit est un simple droit
de balance, puisque quelles que soient les quantités importées le produit
est minime. Revenant au blé, il faut que le droit fiscal n'interrompe
pas les relations commerciales, permette l'entrée du blé étranger en
France, et même soit assez modéré pour ne pas influer d'une manière
appréciable sur le prix du pain. Il arrivera sans doute qu'on ne
pourra plus économiquement faire du blé en France sur les terres
qui ne sont pas propres à cette culture ; mais la crise sera arrêtée et
le prix du blé, à travers des oscillations, s'arrêtera en moyenne au prix de
la production américaine, russe et indienne, augmenté des frais de
transport et du droit d'entrée.
Pour fixer les termes, je prends le prix courant actuel des blés
importés au Havre et à Marseille, qui est de 21 francs les 100 kilo-
grammes; supposons un droit de 2 fr. 50 par 100 kilogrammes qui
me parait être raprocbé de l'idéal du droit fiscal et qui, par un singulier
rapport, se trouve aussi très rapproché de celui de l'impôt direct sur
la production française, que j'indiquais comme base de tarif dans
mon dernier article; le prix du blé introduit sur la place du Havre
de 23 fr. 50 les 100 kilogrammes, soit 18 fr. 80 l'hectolitre, c'est-à-
dire un prix très inférieurà la moyenne des cinquante dernières années,
un prix auquel on peut maintenir le prix actuel du pain, et un prix
qui permettra au fisc de recevoir des douanes, pour ce seul article,
entre 10 millions et 25 millions, suivant les années, mais en moyenne
bien près de 20 millions, à condition bien entendu qu'un droit propor-
tionnel fût établi sur les farines.
Voilà, cher monsieur, une hypothèse également éloignée des affir-
mations qui nous ramènent au pain noir, et de celles qui nous
regardent comme perdus sans une protection à outrance. Et enfin ne
se préocuppe-t-on pas un peu aussi de la réciprocité dans les tarifs de
douane? ne fera-t-on rien payera ceux qui nous rançonnent sans merci?
Veuillez recevoir, etc., P. rb Gaspauin,
Membre de la Société nationale il'ai:;ricuUure,
correspondant de l'Institut.
LES PRIX CULTURAUX BANS LES HAUTES-PYRÉNÉES. 93
PRIX CULTURAUX ET D'IRRIGATION
DANS LES HAUTES-PYRÉNÉES EN 188i — HI '
Le syndicat de la Gespe est à peu près dans les mêmes conditions. Il a déjà
concouru et a obtenu, en 1881, une médaille d'argent grand module et 700 francs.
Il forme une association entre des propriétaires de plusieurs communes échelon-
nées des deux côtés de la route nationale de Tarbes à Bagnères-de-Bigorre, et
qui utilisent, pour les irrigations de leurs terres, les eaux d'une dérivation de
l'Adour. Ce syndicat remonte à une époque reculée. D'après les documents
déposés dans ces archives, il aurait été constitué en 1527; mais depuis 1766, il
a une existence réelle, il a fait exécuter des travaux considérables dont le relevé,
dans le rapport de M. le président du syndicat, porte la dépense à la somme
de 56,000 francs. Ce chiffre n'a rien d'exagéré quand on sait que la prise d'eau
est à une distance de 12 kilomètres, et que la surface arrosée a une contenance de
cinq cents hectares. L'inondation de 1875 créa de lourdes charges pour le syndi-
cat, et la réparation de la prise d'eau, emportée par la crue de l'Adour, n'a pas
coiité moins de 13,000 francs. L'association des divers intéressés a permis de
réaliser cette somme et de reconstruire rapidement un ouvrage dont la destruction
avait compromis l'arrosage de toute la plaine. Le syndicat avait présenté ses tra-
vaux au concours de 1881, et le jury, qui les visita, lui accorda le 2° prix de la
première catégorie. Depuis cette époque, la situation n'a pas été modifiée; il
n'est pas possible d'accorder une nouvelle récompense.
Le jury tient à rappeler avec éloges le prix donné par ses prédécesseurs.
Le syndicat pourra toujours se présenter dans un nouveau concours. Si d'ici à
cette époque de nouveaux travaux ont été exécutés, soit pour préserver le canal
de la Gespe de toute dégradation, soit pour améliorer l'arrosage et augmenter la
surface des terres qui en profitent, il n'est pas douteux qu'il n'obtienne une
récompense plus élevée.
Les deux seuls concurrents restés en présence sont : M. Abadie, à Gh\s, et
M. Baoul, à Mazères.
M. Abadie, jjropriétaire à Chis, canton de Tarbes, nous a présenté une prairie
de 7 hectares 50, à laquelle il a appliqué deux modes d'irrigation. Il a su profiter
de l'élévation des eaux du canal d'Alaric, qui domine sa prairie, a fait construire
à ses frais, il y a six ans, un barrage dont la dépense a atteint la somme de
3,200 francs et conduit les eaux par un canal d'amener d'une longueur de
150 mètres. Ce travail, bien conçu, mérite des éloges : mais dans l'irrigation, la
commission i constaté des imperfections regrettables qui ne lui ont pas permis
de concourir pour le premier prix. Les divers canaux de distribution sont trop
éloignés les uns des autres et l'assainissement est incomplet. La récolte,, médiocre
sur plusieurs points, en est la meilleure preuve.
Le second mode d'irrigation s'applique surtout à la partie inférieure de la
prairie, la plus éloignée du cours d'eau. j\l. Abadie a recueilli les eaux du village
dans un canal qui reçoit dans son parcours les produits des égouts et des fosses
à fumier, et, à travers la route, les amène dans sa parcelle où elles sont une cause
de fertilisation.
Cette innovation, due à son initiative, a plus de mérite que le premier mode
d'irrigation où M. Abadie n'a eu qu'à tirer parti de la situation même de son
immeuble et à diriger les eaux par la pente naturelle du terrain.
Les prairies présentées par. AI. Raoul, propriétaire à Mazères, canton de Saint-
Laurent, sont situées sur les bords de la Neste, à quelques kilomètres du dépar-
tement de la Haute-Garonne, et ont une contenance de 8 hectares 44 ares; 4 hec-
tares 76 existent depuis les temps les plus reculés, 3 hectares 68 ont été convertie
en prairies arrosables depuis 22 ans environ. Elles sont divisées en deux par-
celles : l'une entourée d'un mur de clôture, à la gauche ; l'autre à la droite de la
route qui traverse le village. Elles sont arrosées toutes les deux au moyen d'une
prise d'eau sur le canal et sur la Neste. A cette prise d'eau a été établi un canal
d'amener construit en 1860 et dont la bonne exécution nous a frappés. La dis-
tribution des eaux est très bien faite.
Les résultats obtenus sont plus que rémunérateurs. M. Raoul afferme ses
récoltes sur pied à raison de 420 francs l'hectare, ce qui, à 5 pour 100, donne
1. Voir le Journal des 4 el 11 octobre, payes 28 et 69 de ce volume.
94 LES PRIX GULTURAUX DANS LES HADTES PYRÉNÉES.
le revenu d'un capital de 8,000 (rancs. On comprend qu'il n'ait pas hésité à créer
les 3 hectares, à fouiller un sous-sol composé en grande partie de gravier, à l'aire
des remblais et déblais pour établir les pentes nécessaires à l'écoulement des eaux.
La commission a comparé les mérites des deux concurrenls : pour une partie
de leur irrigation, la situation est analogue et les travaux exécutés sont de la
même nature, mais le mode d'irrigation de la partie inférieure de la prairie de
JVI. Abadie a fait pencher la balance en sa faveur.
Le jury a formulé sa décision pour les prix d'irrigation de la première catégorie,
de la manière suivante :
l^prix : Réservé.
Rappel de 2'^' prix : Au syndicat de la Gespe, canton de Tarbes, représenté par
M. Berrens, son président, à Horgues, pour la bonne continuation de l'œuvre
du syndicat, déjà récompensé au concours d'irrigation de 1881.
2° prix : Une médaille d'argent grand module et 700 francs, à M. Abadie
(Pierre), propriétaire à Chis, canton de Tarbes, pour la bonne irrigation de
7 hectares 50 de prairies arrosées à l'aide d'eau dérivée du canal d'Alaric au
moyen d'une digue construite à ses frais et pour la bonne utilisation des eaux du
village.
3'' prix : Une médaille d'argent et 400 francs, à M. Raoul, propriétaire à
Mazères, canton de Saint- Laurent, arrondissement de Bagnères-de-Bigorre, pour
l'irrigation de 8 hectares 48 ares ae prairies, avec des eaux dérivées et pour la
bonne exécution du canal d'amener qui alimente cette irrigation.
Deuxième catégorie. — Les concurrenls pour la seconde catégorie étaient plus
nombreux, et le jury a accordé les quatre prix portés dans le programme.
Les 5 hectares de prairies arrosables présentées par M. Laij (Dominique), pro-
priétaire à Escala, canton de Lannemezan, arrondissement de Bagnères-de-
Bigorre, l'ont de suite placé en première ligne. Ces prairies étaient des landes
que M. Lay avait achetées sur le plateau de Lannemezan à raison de 1,000 francs
l'hectare. Après de grands travaux et des dépenses considérables, elles ont été
transformées et mises en culture. Les défrichements ont un mérite sérieux. Si
l'irrigation n'avait pas été bien établie, M. Lay aurait eu droit à une médaille de
spécialité ; mais il n'a pas besoin de faire valoir ces titres, l'irrigation suffit pour
lui faire accorder la première ré:ompense.
L'eau est prise, au moyen d'un bairage, dans la rivière de la Save, distribuée
par divers canaux d'une manière uniforme et dans les meilleures conditions. En
agriculteur pratique, M. Lay ne s'est pas seulement occupé des nivellements,
l'assainissement de la prairie a été le sujet de ses préoccupations, et les récoltes
abondantes obtenues sur des terrains autrefois incultes, grâce à l'arrosage et à un
bon emploi des fumiers, sont une preuve de la bonne exécution de ces divers tra-
vaux.
M. Yilon-Marceau, propriétaire à Montgaillard, arrondissement de Bagnères-
de-Bigorre, n'est pas un inconnu pour nous. Il avait déjà concouru en 1881, mais
à cette époque il n'avait présenté qu'un projet d'irrigation. Depuis deux ans, les
travaux ont été exécutés et le jury a eu à apprécier un ensemble complet.
Le lot, qui a une surface de 5 hectares 72, est composé de 4 parcelles : trois
sur les bords du canal d'Alaric, une sur la roule de Montgaillard à Tournay. Los
trois premières parcelles étaient dans les mêmes conditions sur les bords d'une
dérivation de l'Adour, dont les eaux abondantes, retenues par un barrage, pou-
vaient être très facilement utilisées, M. 'Vilon-Marceau en a fait un sage et
intelligent emploi. Les travaux commencés en 1881, à peu près terminés
aujourd'hui, ont re(;u notre approbation complète. L'irrigation de la parcelle
supérieure mérite une mention particulière. Les eaux de source et les eaux plu-
viales ont été captées, recueillies dans un bassin supérieui', conduites de là
dans un réservoir et distribuées dans toutes les parties de la prairie ; à une autre
extrémité de la parcelle ont été amenées les eaux venant du coteau, par un
aqueduc au-dessousd'un chemin d'intérêt commun. Le propriétaire a ainsi augmen-
té l'arrosage de sa terre.
M. Vilon-Marceau réunit toutes les conditions du programme. Il obtient un
2'= prix, médaille d'argent et 400 francs, pour l'irrigation de ses prairies, au moyen
• d'eaux pluviales et de sources pour les prairies hautes, et pour dérivation des
eaux de l'Adour sur prairies basses.
Gomme M. Vilon-Marceau, M. Oustein, propriétaire à Aragnouet, canton de
Vieillt-Aure, arrondissement de Bagnères-de-Bigorre, avait présenté, en 1881,
LES PRIX CULTURAUX DANS LES HAUTES-PYRENEES. 95
87 ares de prairies, et avait obtenu un 4' prix. Son fils, instituteur dans la com-
mune, et héritier de sa fortune, nous a présenté cette année ) liectare 92.
Lors du premier concours, le jury n'avait pu récompenser que des ])rojets d'ir-
rigation. Il avait un réservoir où les eaux avaient été recueillies, mais la distri-
bution n'avait pas été faite. Depuis cette époque, le fils a continué l'œuvre de son
père, des travaux complémentaires ont été exécutés sous sa direction. Deux déver-
soirs portent les eaux dans des rigoles parallèles qui traversent la prairie supé-
rieure et de là dans la prairie inférieure se dirigeant vers le torrent qui coule au
midi.
M. Oustein a appliqué avec fruit pour les nivellements et l'écoulement des eaux
les études qu'il a faites. Son exemple devrait avoir des imitateurs. Si l'on remarque
que ses terres sont à une altitude de 1,270 mètres au-dessus du niveau de la
mer, on verra qu'en lui accordant un 3'' prix, le jury a fait une appréciation juste
des mérites de son irrigation.
M. Jean Vigneaux, propriétaire à Uieucla, commune de Saint-Paul, canton de
Saint-Laurent, n'obtient cette année que le k' prix, mais ce que nous avons
constaté dans notre visite, nous promet pour l'aveuir un des lauréats les plus
sérieux.
Le jury n'a pu récompenser que la partie de l'irrigation qui fonctionne. Elle
consiste dans l'utilisation des eaux prises de l'autre côté du chemin de fer de
Toulouse à Bayonne et qui, conduites par un aqueduc souterrain, sont distribuées
dans 3 hectares de prairies, situées au-dessous de la maison d'habitation.
Le système complet d'irrigation, dont le plan nous est soumis, sera surtout
remarquable. Les eaux, captées à une grande distance, au ruisseau de la Goutte,
sont conduites, dans un canal d'alimentation au moyen d'un siphon, dans un
immense réservoir où elles seront emmagasinées, et après avoir alimenté un
abreuvoir pour le service de la propriété, distribuées dans d'autres prairies et
d'autres terres à côté de celles qu'arrose la dernière prise d'eau. Ces travaux sont
à peine commencés; mais en les visitynt, nous avons pu apprécier l'intelli-
gence" de celui qui les a conçus et qui, certainement, en retirera de sérieux
bénéfices.
Le jury a attribué ainsi les quatre prix d'irrigation de la 2' catégorie :
1" prix : Médaille d'or et 500 francs à M. Dominique Lay, propriétaire à
Escala, canton de Lannemezan, arrondissement de Bagnères-de-Bigorre, pour
irrigation de 5 heclares 50 de prairies naturelles arrosées par dérivation des eaux
de la Save et créées sur défrichement de landes.
2'' prix : Médaille d'argent et ^iGO francs à M. Vilon-Marceau, propriétaire à
Montgaillard, arrondissement de Bagnères-de-Bigorre, pour l'irrigation de 5 hec-
tares 77 de prairies, au moyen d'eaux pluviales et de source sur prairies hautes et
par dérivation des eaux de l'Adour sur prairies basses.
3'' prix : ^Médaille de bronze et 300 francs à M. Bertrand Oustein, propriétaire
à Aragnouet, canton de Vieille-Aure, arrondissement de Bagnères-de-Bigorre,
pour emmagasinement des eaux de source dans un réservoir bien construit et
leur bonne utilisation pour l'irrigation de 1 liectare 92 de prairies situées à une
altitude de 1,270 mètres.
4^ prix : Médaille de bronze et 200 francs à M. Vigneaux, propriétaire à
Rieucla, commuiie de Saint-Paul, canton de Saint-Laurent, arrondissement de
Bagnères-de-Ijigorre, pour bonne captation d'eaux de source et d'eaux pluviales,
conduites et réparties sur des prairies hautes, au moyen de divers aqueducs tra-
versant le chemin de fer.
Lorsi(ue le jury du dernier concours visitait les domaines de votre département,
nous étions au mois de juillet 1875, et cette date nous rappelle les tristes cir-
constances dans lesquelles il accomplissait son mandat. Un terrible fléau avait
frappé notre Midi : l'inondation avait détruit les travaux et ravagé toutes Ic-i
récoltes. Mais, comme le disait en termes émus le rapporteur, les populations ne
se laissèrent pas abattre par ces désastres, et, soutenues par l'espérance, elles
demandèrent au travail la réparation de tous ces maux. L'élan dont vous fûtes les
témoins dans les Hautes-Pyrénées se produisit dans tous les départements de la
région du Sud-Ouest.
Grâce au ciel, nous n'avons pas eu à déplorer le renouvellement de pareils
malheurs, mais nous avons constaté avec regret que, depuis cette époque, la cul-
ture des céréales, principale source des revenus agricoles, a donné des résultats
de plus en plus médiocres que compromet, même dans les années peu produe-
96 LES PRIX COLTURAOX DANS LES HAUTES-PYSENKES.
tives, l'avilissement du prix de vente. Telle est la cause de la crise que traverse
l'agriculture et dont je vous parlais dans la première partie de mon rapport.
Elle doit être le sujet de nos préoccupations, et des mesures efficaces doivent
être prises pour la conjurer. Loin de moi la pensée de condamner le régime du
libre échange et de demander le retour à l'ancien système de l'échelle mobile, qui
semble définitivement abandonné. Mais il est impossible de ne pas reconnaître
que le but poursuivi par nos économistes n'a pas été atleint, et qu'au heu d'assu-
rer la défense des droits du consommateur, le système adopté a compromis sur-
tout les intérêts du producteur français au bénélice des producteurs étrangers
placés dans des conditions plus avantageuses. L'introduction de leurs denrées sur
nos marchés avec des frais presque insignifiants a produit une baisse dont notre
agriculture est la seule victime puisqu'elle se trouve dans l'impossibilité de sou-
tenir la concurrence.
Cette inégalité dans les frais de culture et le prix de revient, il appartient au
•gouvernement de la faire disparaître, non en rétablissant sur les anciennes bases
les droits de douane, mais plutôt en frappant le blé étranger d'un droit corres-
pondant à celui que paye le blé indigène, surtout en diminuant les charges qui
pèsent sur 1 agriculture et en mettant les frais de production en rapport avec les
revenus qu'elle pieut donner.
L'heure est venue d'accorder le dégrèvement d'impôts promis depuis de si lon-
gues années et, par suite de nouveaux classements sagement étudiés, de ne
trapper les terres que proportionnellement à ce qu'elles peuvent jjroduire.
Pourquoi l'Etat n'accorderait-il pas à la culture des céréales les encouragements
qu'il donne à toutes les cultures? Il favorise par ses subventions le regazonne-
ment et le reboisement des montagnes, facilite par la construction de canaux et
l'exécution de travaux d'irrigation la création de prairies et le développement des
cultures fourragères, protège les vignobles contre le phylloxéra qui les menace,
en contribuant par des crédits budgétaires aux dépenses faites pour le combattre.
Pourquoi ne ferait-il pas pour les céréales les mêmes sacrifices?
Cette culture, gravement compromise depuis ces dernières années, tend à
décroître dans tous les départements de la région. Son abandon aurait dos consé-
quences qu'on ne peut envisager qu'avec une profonde tristesse et que, par tous
les moyens, il faut éviter. Une grande nation doit tirer du soi les ressources
nécessaires à son alimentation et ne jamais être obligée de recourir à la produc-
tion étrangère.
Permettez-moi aussi, en terminant, d'appeler votre attention sur des faits qui
pourraient avoir dans l'avenir des conséquences aussi déplorables. Heureusement,
il ne s'agit pas de provoquer une législation nouvelle, mais seulement l'applica-
tion d'une loi existante, la- loi organique des haras de 1874. Une tendance
funeste a fait diminuer d'une manière sensible dans ces deux dernières années
l'achat des étalons du Midi. Les nouveaux sujets de race anglo-arabe introduits
dans les établissements de l'Etat sont avec l'etïectif dans une proportion bien infé-
rieure à celle admise pour les étalons du Nord.
Si l'on n'accordait pas aux éleveurs du Midi la part légitime qu'ils réclament
et qui leur est due, le découragement auquel ils céderaient porterait un coup fatal
à l'élevage du cheval de guerre et pourrait rendre dans- l'avenir bien difficile,
sinon impossible, la remonte des haras.
Corollaire de la loi de 1872 sur le recrutement et le service obligatoire, la loi
de 1874 a été édictée dans un intérêt national. C'est dans un intérêt national que
nous réclamons son application, qui seule nous dispensera d'aller chercher à
l'étranger les chevaux nécessaires à la cavalerie légère de notre armée.
Vous me pardonnerez, messieurs, ces observations que nous a inspirées notre
visite dans le département des Hautes-Pyrénées et qui se rattachent du reste à
l'état actuel de notre agriculture méridionale.
La bienveillance de M. le ministre m'a appelé à. faire partie du jury du con-
cours dans cinq départements, et la vôtre, mes cliers collègues, m'a donné la
mission de présenter quatre fois en votre nom le rapport de vos travaux. La
meilleure manière de me montrer digne de la confiance dont j'ai été honoré et de
remplir utilement mon mandat n'est pas seulement de faire ressortir le mérite de
nos concurrents, mais d'apprécier franchement la situation de notre agriculture et
de ne pas dissimuler les inquiétudes dont nous avons été les témoins. Si les der-
nières paroles de mon rapport avaient pour résultat d'appeler sur ces questions
l'attention du gouvernement et l'élude de mesures réparatrices, le mandat que
LES PRIX CULTUllAUX DANS LUS HAUTIiS-PYRKiSrKES. 97
vous m'avez donné me serait encoi'o plus précieux, car il m'aurait permis d'associer
mes efl'nrts à l'accomplissement de réformes inspirées par un siacère patriotisme
et dont le )iays ressentira les salutaires cll'ets.
En me faisant l'intorprèle des plaintes que nous avons recueillies dans les dépar-
tements de la région, en demiuidant la réalisation do leurs es|)érances et de leurs
vœux, je croirai avoir bien mérité des populations agricoles de notre Midi et avoir
servi les véritables intérêts de la République. Louis Fi5r.\l,
Membre du Cunaoil gùnùral de la Ilaule-Garonne.
SUR LA CULTURE DES PALMIEllS
La t'ainille des palmiers fournit à Tari des jardins et à la décoration
des serres el des appartements, des arbustes et des arbres d'ornement
(le premier ordre; la croissance de la plupart do ces véiïétaiix est assez
rapide, très rapide inôiue chez certaines espèces et toujours remar-
quable. De magnifiques feuilles sortent droites et rigides d'ua tronc,
elles sont portées sur un stipe d'une vigueur incomparable. Ces feuilles,
en forme d'éventail {feuilles llabcllifonnes) ou de plume (feuilles pcima-
lifroiules). ont souvent sur leurs bords des sortes de filaments blancs
ou rougeàlres qui les protègent contre les intempéries de l'air ('coups
de soleil, vents brûlants, grêle, etc.). Cette sorte de iilasse fournit
également aux jeunes pousses et aux jeunes feuilles une certaine dose
d'humidilé, elle agit pourainsi dire à la manière d'une éponge servantà
liuuudilier el d'un matelas pour amortir les chocs et le froissement
des jeunes feuilles entre elles.
La magniiique et riche famille des palmiers comprend des végétaux
d'espèces diverses : Pha'uix ou palmiers ayant donné le nom à la
famille, Chamairops, Cocos ou cocotiers, Corypha, Areca, Acrocomia,
Artrocaryumarenga, iJorrassus, 15rahea,Calamus, Cliam;edorea, Caryota,
Geroxyliun, Diplolhemium, Goonama, Jubasa, Latania, Licualil, Livis-
tona, Martinezia, Oreodoxa, Rhapis, !?:ibal, Seaforlhia, Tlirinax, etc.;
car il faut bien nous arrêter dans celte nomenclature qui est fort
longue. Nous n'avons donné ci-tlessus que les espèces les [)lus répan-
dues dans les serres ou qui croissent en grande partie on plein air,
sous le climat de l'oranger.
Ce n'est pas seulement h cause de leur élégance, de leur grâce ou
delà beauté majestueuse de leur port que les palmiers occupent le
premier rang dans le règne végétal, mais encore parce que la plu[)art
de ces végétaux fournissent aussi, principalement dans les régions
tropicales, d'excellents fruits, une fécule nourrissante, de l'huile
(tiuile (le palme), du sucre, enfin des boissons fermentées très alcoo-
liques, connues sous le nom de inn de palme [arack, lar/mi, loddi).
Le bourgeon central ou cœur des forts palmiers fournit, même vers
le milieu du printemps, un légume très recherché ; l'/lrecw o/eracm
principalement, dont le cœur est assez volumineux, donne le chou
palmiste.
Enfin beaucoup d'espèces fournissent des libres textiles, qu'on uti-
lise dans la fabrication du papier; d'autres servent à faire des nattes,
des paniers, des chapeaux, des cnu/fins, etc.
Avec les stipes de diverses espèces arborescentes on fait même des
solives ou des i)ièces de bois qu'on utilise pour des travaux de menui-
serie et surtout d'ébénislerie.
Si le dattier et le cocotier sont avant tout des arbres fruitiers, d'au-
tres, au contraire, le sagoutier, par exemple {Sanua Rumpliii, sayoutier
98 CULTURE DES PALMIERS.
des Malaqucs) contiennent dans leur stipe une excellente fécule; d'au-
tres espèces, saignées à la manière des pins, mais moins profondément
que ceux-ci, laissent s'écouler une sève abondante de laquelle on peut
extraire du sucre et du vin, si la sève entre en fermentation.
Par ce qui précède, on voit que les palmiers sont, presque au même
degré que les graminées, des végétaux d'une utilité extrême; ce fait est
incontestable et généralement admis; mais ce qui n'est pas aussi
connu, c'est leur culture, le milieu ou l'habitat qui leur convient le
mieux. On admet trop, par exemple, que le palmier se plaît ou du
moins s'accommode fort bien delà sécheresse. C'est là une grave erreur
fort accréditée, parce qu'on a dit sur tous les tons que le palmier est
l'arbre du désert; or ce terme désert représente à l'esprit, du moins à
ceux qui ne le connaissent pas, une vaste solitude sèche et aride,
désolée, briilée par le soleil d'Afrique, comme le zouave de la chan-
son : Le vrai démon brûlé par le soleil d'Afrique.
Ce terme désert rappelle le simoun et son haleine desséchante. Or,
rien n'est plus éloigné de la vérité que ces suppositions. Le désert, le
désert de sable est en grande partie sec et aride, desséché, en effet, par
un soleil tropical; mais ce n'est pas là où poussent et vivent les pal-
miers, mais dans les oasis, dans les clairières fraîches arrosées par une
source ou un ruisseau et qui pendant les nuits se saturent d'humidité,
tel est le milieu dans lequel végètent d'une façon luxuriante les pal-
miers. Voilà donc un fait qu'il ne faut pas perdre ds vue dans la cul-
ture de ces arbres. Ce qu'il leur faut, c'est une eau abondante et en
rapport direct avec l'intensité de la chaleur. On peut môme ériger en
axiome ce principe : plus le palmier a de l'eau et de la chaleur, plus sa
véo'étation est remarquable. Ceci bien établi, il est très évident qu'on
ne peut le faire prospérer dans un sol compact, glaiseux ou schisteux.
Le terrain qui convient le mieux au palmier, c'est une terre
rouge, ferrugineuse, calcaire ou fortement additionnée de sable. Un
sous-sol naturellement drainé par des cailloux ou des pierres calcaires
lui est très nécessaire et, pour restituer au sol les éléments minéra-
lisateurs qu'une eau abondante lui enlève, il faut, en outre, que ce
terrain soit riche en humus ; on voit par là que le palmier n'est pas
difficile, il se contente de tout ce qu'il y a de mieux comme terrain,
terre à cyclamens, terre à fraisiers et à orangers.
Il ne faut donc pas être surpris que dansbeaucoup de localités delà
Basse-Provence (Var, Alpes-Maritimes) on voit tant de palmiers malingres
et souffreteux dans les jardins publics et dans les jardins particuliers.
L'air de la mer, les forts vents d'est lui sont très préjudiciables. Voilà
pourquoi sur les bords de la Méditerranée, nous ne disons pas sur les
bords du littoral, les palmiers n'ont ni le port, ni l'allure, ni la robus-
ticité, qu'on nous permette ce néologisme, du palmier dans la pléni-
tude de la santé; voilà pourquoi dans les terres éloignées de 500 à
600 mètres elh fortiori de quelques kilomètres de la mer, la végéta-
lion et le port de ces arbres superbes sont beaucoup plus remarquables.
Nous concluons donc en disant : le palmier aime une eau abondante,
un terrain de première qualité et une riche fumure. Nous l'avons
expérimenté nous-mêmes sur des palmiers, des lataniers, des cha-
man'ops et des cocotiers plantés à des époques diverses (en octobre, en no-
vembre, en mars et en avril) ; tous ces végétaux plantés dans une excel-
lente terre calcaire légèrement sablonneuse ont reçu pendant des mois
CULTDRE DES PALMIERS. 99
entiers de grandes quantités d'eau, et loin de pourrir comme on aurait
pu le craindre, tous ces arbres ont végété d'une manière remarquable
et sont aujourd'hui au commencement de septembre couverts d'une
poussière bleuâtre, sorte de fleur, indice d'une vigoureuse santé, et ce-
pendant le vallon où ils se trouvent placés n'est guère éloigné delà
mer, de la baie des Anges, que de 300 mètres au plus. C'est là cer-
tainement un milieu moins favorable que s'ils étaient placés à 3 et à
4 kilomètres ou plus encore. .
Nous dirons en terminant cet article que beaucoup d'amateurs
d'horticidture et même des horticulteurs de profession croient que le
cocotier ne peut pas prospérer sur le littoral de la Méditerranée parce
qu'il n'y fait pas assez chaud d'abord et qu'ensuite en hiver, ou du
moius pendant certains hivers le thermomètre descend à moins deux
ou trois degrés; c'est là encore une profonde erreur. A Nice, àCannes,
au golfe Juan, il y a des cocotiers splendides, dans cette dernière loca-
lité, le comte d'Esprémesnil a même une charmante propriété, créée
par M. Mazel de Montsauve, où se trouvent de superbes cocotiers qui
mûrissent leurs fruits; certaines variétés peuvent même supporter
cinq, six et même sept degrés au-dessous de zéro.
Le Cocos australis d'après M. filazeP peut même supporter moins
dix et moins onze degrés au-dessous de zéro, et cet horticulteur dis-
tingué dit dans son catalogue : « Nos essais (des palmiers rustiques
sous le climat de l'oranger) ont été faits au golfe Juan et remontent
déjà à une quinzaine d'années; ils ont porté sur plus de 75 espèces de
palmiers. Nous donnons ici la liste de ceux qui ont supporté des
hivers durant lesquels le thermomètre est descendu jusqu'à moins
trois et moins quatre degrés centigrades : areca Boueri, monoslachya,
sapida ; Brahea dulcis, nilida, Roezli; caryota elegans, chamedorea,
quatre ou cinq variétés; les chamaerops cxcelsa, ekr/ans, gracilis, humi-
lis, martiana, slauracantha, tomentona; cocos australis, Boneli^ chilensis
[Jubea), ftexuosa, maximiliana, pluniôsa, Romandzofii , Cocos Weddellina.
Cette merveille a supporté nos hivers rigoureux sans broncher ; c'est
une plante d'avenir pour notre littoral ; cocos yataï; corypha aitsiralis,
filifera, gebanga Glasioua insignis ; jubea spectabilis supporte jusqu'à
moins douze degrés centigrades; Jabeo loralli ; Kentia balmorna, canlor-
burina, Fosteriana, Lindcni ; Livislona JenKinsi très rustique donne
des graines; Livislona Iloogendorpi, olivœformis, siiiensis ; Phœnix
canarieiisis dénommé à tort lenuis, Phœnix daclylifera, farinifera,
Leonensis, reclinaia ; Prilchardia filifera, Ptychosperma alexandrœ,
Rhapis flabelliformis, Sierotsik, humilis; Sabal andansoni, palmier
d'une rusticité étonnante, il supporte moins quatorze et moins quinze
degrés au-dessous de zéro, Sahal havanensis, Pabneteo Umbraculifera ».
Nous venons de parler de la maturité des fruits de certaines espèces.
Nous ajouterons que des auteurs autorisés, des savants même pré-
tendent que, dans le climat de Nice, le P/iœni.r dactylifera ne mûrit par
ses fruits, bien que la graine soit suffisamment mure pour germer,
c'est encore une erreur. Nous avons mangé des dattes sur l'arbre à
Bordighiera, dans la propriété de M. Vincent Moreno, vice-consul de
France. Mais dira-t-on Bordighiera n'est pas Nice, c'est très vrai; mais
à Nice même chez notre ami M. Sabatier nous avons mangé également
des dattes cueillies sur les palmiers de sonjardin qui est situé an cœur
1. Catalogue des jardins de Montsauve et du golfe Juan n" 7, pages 10 et 11.
100 CULTURE DES PALMIERS.
de la ville à l'angle du boulevard et de la rue de Longchamps. Enfin
à Ollioules près de Toulon, il existe une variété de pliœni.v qui mûrit
chaque année ses fruits ; il est vrai d'ajouter que cette localité assez
éloignée de la mer est extrêmement chaude pendant l'été, parce qu'elle
est entourée de hautes montagnes. Ernest 13osc.
SUR LA FERRURE CHARLIER
Depuis vingt ans je fais ferrer mes chevaux, toujours nombreux, au
système de M. Charlier. Les hommes pratiques non prévenus, parmi
lesquels je citerai M. Morin autrefois directeur du Tattersall,
aujourd'hui rédacteur en chef de la Revue des haras, M. de Carayon-
Latour, l'école de Séez (Orne) et d'autres, en ont constaté depuis long-
temps les grands avantages.
•l'ai écrit sur cette ferrure, il y a quelques années, un long article
dans ce journal. Ce sont les pieds de devant qui en bénéficient le plus.
Avec le fer Charlier, point de bleimes, point de seimes; la corne
devient bonne, résistante; le pied devient plus large, partant la soli-
dité plus grande.
Depuis longtemps, pour empêcher le fer de s'élargir pendant la
marche, soit aux liges de s'écarter et d'obliger ainsi de referrer le
cheval, j'avais fait augmenter la largeur de mes fers en pince. Le
résultat s'en est toujours montré excellent. Il est clair que c'est faute
de présenter une largeur suffisante que le fer s'élargit à ses exireaiilés
ouvertes, en l'aison même des chocs que lui fait subir la marche.
Je n'ai jamais dir recourir à l'acier. Quant à moi, j'estime l'emploi
do l'acier inutile. Le fer Charlier bien employé, avec les précautions
voulues, remplit tous les desiderata. Il me sert très avantageusement,
comme fer pathologique, pour remettre les pieds déformés par la
feurbure chronique. Le fer à planche ne fait en ce cas qu'étioler les
pieds. Jean Kiener.
LA VIGNE ET LE POURRIDIÉ
Le pourridié continue ses ravages dans la Haute-Marne.
La maladie est d'autant plus sensible, cette année, que les ceps
bien portants sont couverts de raisin, tandis que sur ceux qui se
trouvent atteints Yavorlage est général.
Le pourridié est une maladie parasitaire occasionnée par un petit
champignon, le Rœsleria hypogea, qui fait pourrir les racines.
Le développement de ce cryptogame est assez lent. Il lui faut une
année pour accomplir son évolution.
Ses sporules ou graines, qui apparaissent sous la forme d'une pous-
sière grisâtre excessivement fine, se disséminent à l'automne et en
hiver, depuis le mois d'octobre jusqu'au mois de mars.
Ce n'est guère que dans le courant de juillet, et surtout en août,
que le jeune champignon devient bien visible. On le trouve sur les
racines entre le bois et l'écorce. Un léger grattage suffit pour le mettre
à nu. Il est blanc et ressemble à des flocons de neige. Plus tard il
devient aranéeux — comme des fils d'araignées ; — son mi/célium^ qui
s'étend rapidement, s'enfonce dans l'épaisseur du bois, et pénètre par
les rayons médullaires, jusqu'à la moelle. Il intercepte alors la sève
à son passage et provoque la pourrituredes racines.
LA VIGNE ET LE POURRIDIÈ. 101
A partir de la fia d'octobre, ie parasite acquiert son entier déve-
loppement.
C'est un véritable champignon, dont la tige mesure de (J à 10 milli-
mètres de hauteur, et le chapeau de 2 à 4 millimètres de diamètre.
Il est de couleur blanc cendré. Peu de temps après il donne sa graine,
qui se répand dans la terre autour du cep malade.
Par l'aspect extérieur de la vigne on peut facilement reconnaître la
présence delà maladie, surtout à partir delà seconde année.
Au début le cep atteint du pourridié conserve l'apparence de la
santé. Souvent même il est plus vert et plus cliargé de raisin. Les
feuilles seules présentent une particularité qui ne trompe pas; les poin-
tes qui terminent leurs nervures principales sont d'un blanc jaunâtre.
La deuxième année la végétation est moins vigoureuse et ïavortage
est très accentué.
La troisième année les pousses sont rabougries, les feuilles frisées,
roncinécs, chicanées, comme disent les vignerons et l'avortage est complet.
La quatrième année la vigne est mourante, et la cinquième année
elle meurt.
C'est ainsi que les choses se passent dans les conditions ordinaires.
Mais la marclie de la maladie peut êti'e plus ou moins rapide suivant
les influences que la vigne subit.
Dans les terres argileuses, humides, à sous-sol imperméable, le
pourridié s'étend plus rapidement que dans les terres sèches et saines.
Par les étés secs et chauds il fait moins de progrès que par les
étés humides.
Enfin il y a des cépages plus ou moins résistants. Le gros gamay est
celui qui succombe le plus promptement.
Les divers modes de propagation dupourridiésont faciles à compren-
dre. Il se communique, tout d'abord, par le contact des racines saines
6t des racines malades, qui s'enchevèlrent les ures dans les autres,
et cela d'autant plus rapidement que les plantes sont plus rapprochées.
Il se communique aussi, et surtout, à l'insu des vignerons, par les
travaux de culture.
En bêchant profondément la vigne, on enlève, dans le pourtour
des ceps malades, de la terre qui contient des graines de champignon
et que l'on répand auprès des ceps qui n'ont point encore été conta-
minés, La j)luie fait descendre ces graines et dès qu'elles rencontrent
une racine elles s'y fixent et se développent. .
Ceci explique comment il se fait que dans les Vignes mal soignées,
qui ne reçoivent que des cultures superficielles, la maladie se propage
moins vite.
Quand le sol est en pente et susceptible d'être raviné par les pluies,
on a l'habitude de remonter les terres qui ont été entraînées à la partie
inférieure. Par ce moyen, on peut propager la maladie, si déjà elle
existe dans la vigne, en portant des germes là où il n'en existait pas.
Par les chaussures, par les outils mal nettoyés, on peut propager
le mal, même à de grandes distances, dans des plantations restées
saines pendant longtemps.
Le provignage, lorsqu'on le pratique sur des plants atteints du
pourridié, contribue aussi très puissamment à la propagation de la
maladie. A. Sauvagf,,
Professeur d'agriouUuio de la Haute-Marne.
102
TRANSPORT HYDRAULIQUE DES BETTERAVES.
TRANSPORT HYDRAULIQUE DES BETTERAVES- - II
Dans un premier article (voir le Journal du 1 1 octobre, page 62 de
ce volume), nous avons donné !a description du transporteur hydrau-
lique de betteraves du système Riedinger, en ajoutant que nous
fournirions quelques détails com-
plémentaires tant sur les disposi-
tions adoptées pour l'aménagement
de l'eau que sur celles prises pour
le départ des betteraves des silos
ou des magasins.
Dans les usines où l'on ne dis-
pose pas de grandes quantités d'eau,
il importe de pouvoir se servir indé-
finimentde la même eau. A cet effet,
le liquide sortant du transporteur
est amené dans un bassin d'épu-
ration ou de décantation ; là on y
ajoute un clarifiant. Il suffit généra-
lement de 6 à 10 litres d'un lait
de chaux à 20 degrés Baume par
mètre cube pour clarifier les eaux,
terreuses. Après qu'elles ont sé-
journé dans le bassin d'épuration,
les eaux sont reprises par un ap-
pareil élévatoire qui les restitue au
transporteur. Les appareils élé-
vatoires dont on peut se servir sont
nombreux. Tantôt, comme chez
M. Dervaux-Ibled, on emploie une
pompe centrifuge, tantôt on se sert
d'un pulsomètre, tantôt encore on
se sert d'une drague en forme de
noria. La fi". 13 montre
l'installation d'une noria;
les eaux sortant du bassin
d'épuration arrivent dans
la chambre oii descend
la chaîne à godets de la
noria ; elles sont élevées;
par les godets et tom-
bent dans une nochère
qui alimente le trans-
porteur. On comprend
facilement que le mouve-
ment de la noria doit être extrêmement régulier, car il est indispensa-
ble que la circulation de l'eau dans le transporteur soit ininter-
rompue.
Le transporteur part des silos établis dans les champs ou bien des
magasins à betteraves. Les dispositions que l'on peut adopter sont
nombreuses. On peut, par exemple, établir les caniveaux entre deux
Fig. 13. — Noria pour le retour des eaux purifiées
au transporteur hydraulique.
TRANSPORT HYDRAULIOUE DES BETTERAVES.
103
silos, y faire prendre les betteraves, et les jeter à la main dans le
caniveau; c'est le système primitif. Il est plus avantageux défaire
passer le transporteur sous les silos. Soit un silo de betteraves B
(fig. 1 i); avant de le remplir, on creuse le caniveau C, et on le recou-
vre de longrines D.
Le silo étant rempli de betteraves, pour le vider, on enlève la
première longrine à l'extrémité, et les racines tombent dans le Irans-
Fig. H. — Transporteur liydriiulique sous un silo.
porteur. On enlève successivement les longrines suivantes, jusqu'à ce
que le silo soit vidé. Par ce système, les betteraves sont enlevées dans
l'ordre où elles ont été placées dans le silo ; le courant d'air dû à la
présence du caniveau sous le silo a amené une première dessiccation,
Fig. 15.' — Magasin à betteraves, muni d'un transporteur.
la terre qui les entoure a perdu son adhérence, et le lavage est beau-
coup plus facile.
La figure !5 donne la coupe d'un magasin à betteraves, sous lequel
on a disposé un transporteur d'après les mêmes principes. Les voi-
tures peuvent amener les betteraves et se décharger à droite et à
gauche du magasin : quant au départ des betteraves, il s'opère auto-
matiquement. De même que dans le* silo, le courant d'air commence
la dessiccation des racines. Nous n'avons pas besoin d'insister sur
l'importance de ce commencement de dessiccation avant le pesage
définitif dans les sucreries abonnées à l'impôt sur la betterave.
Henry Sagnier.
104 L USINE AGRICOLE.
L'USINE AGRICOLE
Je crois devoir, en commençant, avoir recours à quelques détails
rétrospeclifs pour montrer que ce n'est pas d'aujourd'hui que je m'oc-
cupe de la question d'une organisation agricole.
Dès 1848, alors que depuis six ans je dirigeais l'installation en
même temps que l'exploitation, sur un étang à peine desséché, de l'un
des plus vastes domaines du Midi, et dès lors, déjà familiarisé avec
les grands travaux agricoles, je me trouvai tout à coup investi de.
fonctions de chef de la municipalité de mon villaçe. A ce moment le
travail manquait aux ouvriers. Sla première occupation fut de recher-
cher les moyens de leur en procurer.
Pour cela, j'eus recours aux terrains communaux, dont le revenu,
résultant de la location pour le pacage des bêtes à laine, atteignait à
peine 5 francs par an et par hectare.
Ce bas prix me permettaii de les offrir aux ouvriers à de bonnes
conditions.
Je leur en distribuai donc une partie moyenuant un simple engage-
ment d'en commencer immédiatement le défrichement et de payer une
redevance annuelle de 1 franc par sétarée (5 francs par hectare), leur
laissant la faculté de devenir propriétaires définitifs par le versement
de 20 francs par sétarée.
Cette opération qui, tout en créant de nouveaux propriétaires, aug-
mentait les revenus do la commune, fut généralement bien accueillie.
Cependant la tâche éiait rude; le terrain pierreux à l'excès présen-
tait de grandes difficultés pour la mise en culture, et déjà je voyais se
produire une certaine hésitation chez les ouvriers.
C'est alors que pressé par le besoin de leur inspirer la confiance, et
certain de la puissance de l'exemple, stimulé en même temps par
l'idée de créer une unité qui pût servir de base à une organisation
agricole quelconque, à ce moment oi^i chacun cherchait de son côté
une solution du problème social, c'est alors que je résolus de former,
sous le titre de Premier bataillon agricole de l'Hérault, une Société
dont le but était le défrichement des terres incultes et dans laquelle
les ouvriers d'industrie comme les ouvriers des champs, étaient inté-
ressés.
Cette Société avait pour base le versement mensuel d'une journée de
travail, soit en argent, soit en nature. Hommes, femmes, enfants,
cultivateurs ou non, tous pouvaient faire partie de la Société, et la
part de chacun, dans l'actif social, était déterminée par ses verse-
menls.
Telles étaient les conditions dans lesquelles la Société a fonctionné
pendant plus d'un au avec un tel succès que les ouvriers ne man-
quèrent pas de travail, qu'ils prirent confiance dans le défrichement
de terres dont ils devinrent propriétaires et que la liquidation de la
Société donna des bénéfices très satisfaisants.
Et si la Société, dans des conditions aussi favorables, ne se continua
pas, c'est qu'elle était attaquée dans son principe par divers journaux,
de Paris surtout, qui prétendaient que je voulais enrégimenter la na-
tion. Cependant, si en 1870, nos cantons s'étaient trouvés organisés,
même agricolemeat, quelle différence dans les résultats de la guerre!
L'aSINE AGRICOLE. 105
Mais à ce moment lesidées n'étaient pas à l'agriculture ; le dévelop-
pement incessant de l'industrie absorbait déjà intelligences et capitaux;
l'on ne songeait qu'aux grandes alVaires. Les cultivateurs eux-mêmes
n'étaient pas exempts de l'entraînement général, car non seulement ils
aidaient l'industrie de leur argent, mais encore ils prenaient de plus
en plus l'habitude de faire donner une instruction supérieure à leurs
enl'anls en vue de les pi'é[)arcr poia* l'émigration vers les sciences ou
les affaires; ils ne gardaient auprès d'eux, pour leur succéder, que les
moins instruits, car, pensaienl-ils, l'on en sait toujours assez pour
cultiver la terre.
Mais l'émigration ne s'arrêta pas aux fils des riches cultivateurs :
elle devint, au contraire, un stimulant pour les moins fortunés, et
toujours pour les plus intelligents, ceux qui ont de l'ambition, qui,
eux aussi, veulent voyager, aller à Paris et oii ils sont appelés le plus
souvent par leurs compatriotes qui ont fait fortune dans le commerce
ou l'industrie.
C'est ainsi que se trouve organisée de longue date cette émigration
dont le double effet a pour résultat de mécontenter la ville et la cam-
pagne.
Mais peut-on, du jour au lendemain, arrêter cette émigration qui
est entrée dans nos mœurs, qui est considérée comme le complément
indispensable de l'instruction de l'ouvrier comme du savant. Et si
déjà l'on redoute à ce point l'effet de l'émigration, que sera-ce donc
lorsque les conséquences de l'instruction obligatoire vont commencer
à se produire?
Il faudra bien songer à créer un débouché à toutes ces intelligences
dont elle aura provoqué le développement. Et le moment n'est-il pas
venu de s'en occuper sérieuiement, et au plus vite, si l'on ne veut pas
se laisser surprendre; et, pour l'agriculture, le moment n'est-il pas
venu aussi de tenir les promesses qu'on lui a faites depuis longtemps
de lui venir en aide. 11 a bien été question, pour elle, de créer un en-
seignement supérieur, mais il ne suffit pas de créer une école de
savants agriculteurs, faut-il encore avoir des emplois à leur offrir. La
grande culture réclame à son tour des contre-maîtres. Où sont les
écoles pour les former?
S'agit-il de crédit agricole, même embarras, l'on ne peut trouver le
moyen d'en faire bénéficier l'agriculture.
Enfin, tels sont les résultats de cette émigration continue des
hommes instruits de la campagne, que l'agriculture en vient à être
considérée comme inapte à jouir d'institutions qui pourtant enri-
chissent l'industrie.
Une pareille situation ne saurait se prolonger et elle mérite d'autant
plus d'attirer l'attention du pouvoir qu'elle seule suffit à démontrer
la nécessité d'une organisation générale capable de donner satisfac-
tion aux besoins, non seulement de la grande, mais surtout de la pe-
tite culture.
C'est que notre agriculture d'aujourd'iiui ne saurait être comparée
à ce qu'elle était autrefois, alors que toute la propriété foncière était
aux mains de quelques milliers de riches et puissants propriétaires.
Le morcellement a produit des raillions de petits cultivateurs ex-
ploitant leur terre par eux-mêmes, et ce serait se bercer d'illusions
que de songer, sans une organisation préalable, à leur venir en aide,
106 L USINE AGRICOLE.
à vouloir faire pénétrer des progrès sérieux dans des masses si profondes.
Déjà, dès 18''i8, en créant le premier bataillon agricole de l'Hérault,
je pensais en faire l'unité d'une grande organisation, mais aujour-
d'hui le bataillon agricole serait insuffisant.
En présence du développement considérable que prend Tinstruc-
tion générale du pays et de la nécessité qui s'impose de faire cesser
la situation équivoque de notre agriculture, toutes les demi-raesures
resteront inefficaces, et il devient de plus en plus indispensable d'avoir
recours à une organisation d'ensemble qui, tout en permettant de
venir en aide aux cultivateurs et de créer des emplois dignes des sa-
vants, laissera entrevoir la possibilité de donner satisfaction au be-
soin social d'une production à bon marché; il suffira, pour cela, de
suivre l'exemple que nous donne l'industrie et de créer à notre tour
l'usine agricole.
Ces établissements, indépendants les uns des autres, ayant leur vie
propre, seraient créés avec le concours de Sociétés financières' dans
chaque département, et n'auraient d'autres rapports avec l'Etat que
ceux pouvant résulter de l'organisation et de la surveillance de l'en-
seignement.
Pour compléter cet ensemble, il serait établi, le plus près possible
de Paris, une école d'agriculture universelle, où seraient admises
toutes les nations et oîi elles pourraient avoir chacune leur agriculture
particulière. Là, serait le siège del'Inslitut et sic l'Ecoled'enseignement
supérieur agricole.
L'usiNK AGiiicoLE. — L'usiue agricole devra, autant que possible,
être établie à proximité d'une voie ferrée ou navigable, qui la mette en
communication facile avec le chef-lieu. Elle devra avoir une étendue
d'au moins 2,000 hectares contiguset être entourée d'un chemin de fer
de ceinture. Cette voie, destinée à mettre en communication tous les
services de l'usine, sera formée de deux sections séparées par une ave-
nue de 150 mètres de largeur. C'est là que se trouvera le point central
d'exploitation pour la grande culture.
Pour la petite culture, les maisons des patrons, au nombre de cent,
seront réparties sur le parcours du chemin de ceinture. Cette disposi-
tion aura l'avantage de fournir un exemple de ce que pourraient un
certain nombre de petits cultivateurs syndiqués en vue d'une produc-
tion commune.
Des coiNSTRUCTioNs. — Les bâtiments divers, groupés avec méthode
sur l'espace réservé à cet effet entre les deux sections du chemin de
ceinture, comprendront :
Pour la grande culture : 1" Logement de directeur, sous-directeur,
comptables et emplois divers.
2° Amphithéâtre pour conférences ;
3° Ecuries suivant des plans spéciaux pour mille à quinze cents têtes
de gros bétail, ou dix mille bêtes à laine.
4° Remises, hangars pour l'exploitation ; boulangerie, boucherie, etc.
5° Magasins et hangars particuliers pour entrepôt de semences,
d'engrais et de machines agricoles destinées aux cultivateurs de la
région qui en feront la demande.
0° Enfin, l'usine proprement dite, dont la destination sera détermi-
née en raison du climat et de la production locale.
Les bâtiments pour la petite culture comprendront :
L'USINE AGRICOLE. 107
Cent habitations particulières, distribuées par groupe de deux, sur
le parcours du chemin de ceinture. Chaque habitation, indépendam-
ment du local nécessaire à la famille du praticien, devra avoir des
chamhres pour loger six apprentis, dont un élève contre-maître. Une
petite serre et un atelier rustique compléteront l'installation.
Du PERSONNEL. — Commc la culture intensive peut être considérée
comme l'agriculture de l'avenir, et qu'entre les mains du petit culti-
vateur elle donnera des résultats considérables, il est très important
d'en fournir le plus possible des exemples.
A cet effet, les cent habitations disposées sur le chemin de ceinture
seront occupées par des praticiens que nous désignerons sous le nom
de patrons.
Ces patrons seront choisis au concours parmi les jardiniers, maraî-
chers, pépiniéristes, fleuristes, etc.... du département.
Il leur sera attribué, attenant à leur habitation, 2 hectares de terrain
sur lesquels ils cultiveront tels ou tels produits en participation à rai-
son d'un tiers pour eux et deux tiers pour la Société.
Ces produits seront livrés à prix débattus, au moment de la récolte,
ou déterminés d'avance à l'administration centrale, oii chaque patron
aura son compte courant.
Chaque patron aura sous ses ordres six apprentis, dont un de
première classe et qui, par ce fait, deviendra élève contre-maître.
Il devra les loger, les nourrir, et les employer à travailler sur ses
deux hectares, sous sa direction.
Toutefois, il devra fournir journellement à l'administration centrale
tel nombre d'apprentis qui lui seront demandés et qui devront aller
au travail sous les ordres du contremaître de groupe.
Indépendamment de l'instruction pratique que nos modestes profes-
seurs seront tenus de donner aux apprentis, ils auront pour mission
non moins importante, de recevoir tous les dimanches les cultivateurs
qui voudront prendre leurs conseils sur les semis, les meilleurs
modes de plantation, de taille, etc.
De ce chef, une somme de cinquante francs par mois leur sera
allouée sur le budget spécial de l'agriculture par le gouvernement.
Un concours annuel entre les cent patrons leur permettra en outre
de recevoir des primes importantes.
Les lauréats seront choisis de préférence pour faire les essais de
cultures nouvelles qui présenteraient de l'intérêt.
Pour subvenir aux soins d'intérieur à donner aux apprentis, les
patron-, devront être secondés par une bonne ménagère.
Us recevront journellement de l'administration centrale les rations
de pain, viande et vin qui seront déterminées tant pour eux que pour
leurs apprentis. Antoine Rediek.
(La suite prochainement.)
NOUVELLES INVENTIONS AGRICOLES
ANALYSE SOMMAIRE DES DERNIERS BREVETS DÉLIVRÉS.
161,884. LiOT et ses fils. 3 mai IBS'i. Nouvelle disposilion pour enlever les
roues à qodets de la caisse des se7noirs mécaniques. — Ordinairement clans un
semoir, si l'on a besoin d'enlever l'arbre des disques à godets, on ne peut le faire
cfu'après avoir retiré les trémies servant à répandre la semence sur le sol, attendu
que ces trémies embrassent l'arbre par leur partie inférieure et que, de plus, elles
108 NOUVELLES INVENTIONS AGRICOLES.
s'opposeraient au passage des godets qui font saillie sur le côté des disques portés
par cet arbre. Il existe cependant un système qui évite la nécessite de l'enlève-
ment préalable des Irdmies, grâce à ce que celles-ci sont articulées par leur par-
tie supérieure ; mais outre l'inconvénient d'avoir des articulations qui risquent
de s'encrasser et de ne plus bien fonctionner, ce système oblige à déplacer succes-
sivement les diverses trémies.
Le breveté a imaginé un moyen qui permet, tout en conservant les trémies ordi-
naires non articulées, de les déplacer ensemble d'un seul coup, par un mouvement
à deux temps, de façon à pouvoir enlever l'arbre avec des roues à godets; le pre-
mier temps, horizontal, dégage les godets, et le second, vertical, dégage l'arbre
lui-même.
Dans ce but, chaque trémie est reliée par une tige rigide à l'une ou l'autre de
deux tringles horizontales parallèles, situées au-dessus, et qui peuvent glisser en
sens contraire l'une de l'autre, sous l'action d'un levier dont le pivot se trouve
entre les deux. On comprend qu'avec cette disposition, pourvu qu'on ait pris le
soin de fixer à la première tringle toutes les trémies de rang pair et à la seconde
toutes celles de rang impair, les trémies situées à droite et à gauche de chaque
disque <à godets s'en écarteront simultanément quand on agira sur le levier ; on
pourra alors sans obstacle enlever l'appareil qui porta toutes les trémies, ce qui
permettra de sortir ensuite l'arbre à disques, sur lequel ces trémies reposaient.
Cenificals il' a'klilion. — HaRTU. 1" mai 1884. (Br. n" 149,264). Système per-
fectionné de 1-dteau à cheval. — Ce certificat d'addition a pour objet une simplifi-
cation apportée au mouvement qui servait à relever le râteau, dans le brevet prin-
cipal du 30 mai 1882. Ce relèvement s'obtient maintenant par la simple pression
du pied du conducteur sur une pédale qui est articulée sur le support de la limo-
nière et qui représente le petit bras d'un levier dont l'autre bras s'attache par
une bielle et une manivelle à l'arbre portant les deux cames qui s'embrayent dans
les rochets des roues.
FouRiNET. 3 mai 1884. (Br. n» 161,531). Système de paragelées pdiitanières
pouvant servir de paragrêle. — Le breveté avait déjà indiqué précédemment qu'au
lieu de se contenter de manœuvrer à la fois un rang de planchettes, on pourrait
d'un seul coup mettre à couvert un carré tout entier, ou même plusieurs carrés,
en employant des fils et des navettes latérales pour la commande. Dans le présent
certificat d'addition, il décrit un modo de réalisation de cette idée, lequel consiste
à monte"- à la partie supérieure des échalas, des leviers coudés ou mouvements de
sonnettes en gros fil de fer, reliés entre eux par des fils métalliques.
Delesvaux. 5 mai 1S84. (Br. n" 157,393). Rouleau plombeur brise-moties arli-
culè en tous sens. — Le brevet décrit ici l'addition à son appareil de trois chapes
destinées à faciliter les mouvements des rouleaux dans tous les sens. La chape
d'avant est simple, afin que le rouleau qu'elle porte ne puisse jamais venir tou-
cher les deux rouleaux qui sont situés en arrière de celui-là et dans le prolonge-
ment l'un de l'autre ; quant aux chapes de ces deux derniers rouleaux, elles sont
doubles. Les rouleaux plombeurs peuvent à volonté se remplacer par des rouleaux
brise-mottes. Ch. Assi et L. Genès,
Ingénieurs-conseils en matière de brevets d'invention,
36, boulevard Voltaire, à Paris.
CONGRÈS ET CONCOURS POMOLOGIQUES A ROUEN
L'Association pomologique de l'Ouest a été créée en 1883, siu" l'ini-
tiative de M. Desplanques, président de la Société d'agi'icullure de
Saint-Lô ; elle a rapidement grandi, et elle a trouvé en ^formandia et
en Bretagne de nombreux adhérents. Son rôle est bien déterminé :
étude et propagation des meilleures méthodes de culture du pommier
et de fabrication du cidre; elle reprend, sur une base plus large, les
traditions de l'ancienne Société pomologique de la Seine-Inférieure.
C'est un grand travail qu'elle entreprend, car si la consommation du
cidre augmente rapidement, il a été encore réalisé peu d'améliorations
dans sa fabrication, qui reste trop souvent livrée à l'empirisme tradi-
tionnel. Bien des facteurs interviennent d'ailleurs ici '. variétés de
pommes employées, nature du sol, conditions climatériques, spins de
CONGRÈS ET CONCOURS POMOLOGIQUES A ROUEN. 109
fabrication. C'est comme pour le vin ; mais tandis que ce qui concerne
la vigne a été l'objet d'éludés nombreuses, on s'est encore trop peu
occupé du cidre. On voit que cette indifférence cesse heureusement.
C'est par des concours et des congrès que l'Association poinologique
de l'Ouest exerce son action. L'année passée, elle était à Rennes ; la
voici à Rouen, et en 1885 elle ira probablement au Mans. Ces dépla-
cements étendent l'action de la Société, et en assureront le succès. Elle
a su d'ailleurs donner aux régions qu'elle appelle dans son sein une
représentation constante. Ses vice-présidents sont M.M. Lechartier,
doyen de la Faculté des sciences de Rennes; Portier, président de la
Société centrale d'agriculture de la Seine-Inférieure; Courfillier, pré-
sident de la Société des agriculteurs de la Sarthe ; Morière, doyen de la
Faculté des sciences de Caen. Au concours de Rennes, JM. Lechartier a
assuré le succès du concours et les travaux du congrès ; à Rouen,
M. Forlier s'est consacré à cette œuvre avec une égale ardeur.
Le concours de Rouen a été très important : plus de 150 exposants
de pommes et de poires, de cidres et d'eaux-de-vie, avec plusieurs
milliers d'échantillons, le tout bien disposé, étiqueté avec soin, facile
à étudier. Nous ne pouvons entrer dans le détail ; mais nous devons
signaler la participation de la grande Société pomologique d'Angle-
terre, le Woolhope-CIub, du Hereford, qui a envoyé une magnifique
collection de poires et de pommes, avec des échantillons de cidre et un
exemplaire de sa grande Foinone. Les exposants sont venus de Bre-
tagne et de Normandie. Un concours spécial a présenté un vif intérêt :
M. Caubert, membre du Conseil supérieur de l'agriculture, avait fondé
un prix pour le meilleur traité sur la fîibrication du cidre, à l'usage
des écoles primaires; le lauréat a été M. Ilaucliecorne, déjà bien connu
pour ses importants travaux sur le cidre; un deuxième prix a été
décerné à .M. le D' Denis Dumont, de Saint-Lù. — Dans la section des
instruments, on remarquait surtout les concasseurs de pommes, et les
pressoirs de MM. Chapellier, d'Ernée (Mayenne) ; Cathelineau, de
Rennes, et de l'usine des Trois-Croix, près Rennes, ainsi que les
pompes de M. Beaume, et l'appareil de distillation de M. Rénaux.
Voici la liste complète des récompenses décernées :
PREMIÈRE CLASSE. — FRUITS. — CIDRES.
\" section. — Fruits de pressoir. — Fruits de Bretagne. — 1" prix,
M. Tanquerey, à Lamballe; 2" prix, M. Baslé, à la Perrine (Vitré, Ille-et-
Vilaine) ; 3" prix, M. Gralery, au Plessix-ea-Tliorigné, près Rennes; 4'' prix,
M. Champion, au Chalet, à Feins ([Ile-et-Vilaine] ; 5" prix, M. Ragot, à Loudéac
(Gôtos-du-Xord).
Fruits de Normandie. — l" piix, un vase de Sèvres offert au nom du président
de la république par M. le ministre de l'instruction publique, M. Power, à Saint-
Ouen-de-Thouberville (Eure); 2'" prix, M. Lacaille, à Frichemesnil (Seine-
Inférieure); 3'' prix, M. Toutain, àSaint-Liurent de Breveden (Seine-Inférieure);
4' prix, M. Guérin, à Quibou (Mauchej; 5'" prix, j\l. Renaud, à Saint-Ouen du
Mesnil-Oger (Calvados); 6'= prix, M. Brayé,aus Autieux, sur le port Saint-Ouen;
7'' prix, M. Morin, à Poniorso-i (Manche).
Fruits de toutes provenances. — 2" prix, M. Msrcier, à B illon (SartheJ ; 3" prix,
M. Frété, à Fresnay-sur-Sarthe (Sarthe) ; 4" prix, \Yoolhûpe-Glub, Hereford
(Angleterre).
Fruits de semis. — 1"'" prix, AI. Lacaille, à Frichemesnil ; 2'- prix, M. Legrand,
pépiniériste à Yvetot; 3" prix, M. Labey, à Beaumont-ea-Auge (Calvados);
4"^ prix, M. Dieppois, pépiniériste à Yvetot; 5" prix, M. Charles Duval, à Saiat-
Saens; 6° prix, AIM. Mallet et Carlo, à Lamballe; 7° prix. M. Toutain, à Saint-
Laurect de Brèvedent; 8" prix, M.Gélestin Pinel, à Rouen; 9" prix, MM, Omont
110 CONGRÈS ET CONGOURa POMOLOGIQUES A ROUEN.
et fils, au B(Jurgtheroulde (Eure); 10'^ prix, Î\I. Graillard, à la Neuville-Ghamp-
d'Oisel.
Fruits exposés par des instiluleurs. — l'"' prix, M. Pelletier, à Sainte-Croix
sur Bucliy (Seine-Iaférieure); 2"' prix, M. Inné, à Bosc-Edelme (Seine-Inférieure) ;
3' prix, M. Derloche, à Boisguillaume (Seine-Inférieure); k" prix, Ml Aubril, à
Sai'lilly (Manche); mention honorable, M. Vassard, au Troncnet-Plerguer (lUe-
et-Vilaine.
Fruits exposés par des sociétés ouchs-amaleurs. — T'' prix, médaille d'or offerte
par le gouvernement, MM. ^'adet et Carlo; 2" prix, M. Blot, à Saint-Pierre de
Franqueville (Seine- Inférieure); 3" prix, M. Gaillard, à la Neuville-Champ-
d'Oisel.
Deuxième section. — Cidres et romÉs. — Cidres de Normandie en fût.. —
1" prix, médaille d'or offerte par M. Caubert, M. Gruérin, à Quibou (Manche) ;;
2'' prix, M. Elle Cassé, à Saint-Aubin de Scellon ; 3° prix, M. Léger, au Mesnil-
Mauger (Calvados).
Cidres de Bretagne. — I^prix-, M. Baslé, a laPerrine (Ille-et- Vilaine) ; 2" prix,
M. Gougeon de la Thebaudière, à Erhiée (lUe-et-Vilaine).
Cidres du tous pays. — 1" prix, M. Venot, à Saint-(Jéuéré (Mayenne) ; 2" prix,,
M. Jules Philippart, au. Mans (Sarthc).
Poirés de tous paijs. — l" prix, M. Chapelier, a Ernée (Mayenne); 2" prix,
M. Thomas Martm, à Rennes ; 3" prix, M. Léger, à Mesnil-Mauger (Calvados).
Troisième section. — Cidres en bouteilles. — Cidre en bouteilles de tous pmjs.
— 1" prix, M. Edeline, à Notre-Dame de Franqueville ; 2" prix, Woolhope-
Club, Hereford, Angleterre; 3" prix, M. Blestel, à Dieppe; 4° prix, M. Floquet, à
Pont-l'Eèque (Calvados) ; 5'^^ prix, M. Blot, à Saint-Pierre de Franqueville ;
mention honorable, M. Leballeur, à Saint-Pierre de Franqueville.
Cidre en bouteilles d'une seule variété de pommes. — V' prix, M. Vardon, à
Lyons-la-Forêt ; 2'' prix, M. Mettais, à Anfreville-la-Campagne (Eure) ; 3" prix,
Woolhope-Club (Angleterre) ; 4- prix, M. Edeline, à Notre-Dame de B'ranqueviUe.
Quatrième section. — Eau.^-de-vie de cidre. — Yieilles eaux-de-vie de cidre.
1" prix, hors concours, les exposants n'étant point producteurs; diplôme de mé-
daille d'or à MM. Delafond père et fils, à Lisieux (Calvados) ; médaille d'or à
M. Floquet, de Pont-l'Evêque ; médaille d'argent à AI. Leclerc, à Vimoutiers
(Orne); médaille de bronze, M. Digeon, au Neubourg (Eure); mentions hono-
rables : MM. Adam, à Sotteville; MuUet, à Elbeuf-sur-Seine; Noyon, à Cher-
bourg (Manche). — Eaux-de-vie jeunes. Médaille de vermeil, M. Léger, à
Mesnil-Mauger; médaille d'argent, J\L Floquet, à Pout-l'Evèque ; médaille de
bronze, M. Leclerc, à Vimoutiers (Orne) ; mention honorable, MM. Delafond
père et fils, à Lisieux. — Eaux-de-vie de lies de cidre. Médaille d'argent, M. Cha-
pelier, à Ernée; médaille de bronze,. M. Blestel, à Dieppe. — Eaux-de-uic de
poiré. M. Elle Cassé, à Saint-Aubin de Scellon.
Deuxième classe. — Instruments.
Concasseurs à bras. — Médaille de vermeil, M. Duteurtre, à Sotteville-lez-
Rouen; médaille d'argent grand module, M. Lapierre, à Rouen; médaille de
bronze, M. Arcelin, à Rouen.
Concasseurs à 7nanè::ie. — Médaille de vermeil, M. Chapelier, à Ernée ;
médaille d'argent, M. Costy (Société des Trois-Groix), à Rennes; médaille de
bronze, M. Benech, à Saint-Lô.
Pressoirs. — Médaille de vermeil, M. Gosty (Société des Trois-Croix), à
Rennes ; médailles d'argent, M. Arcelin, à Rouen, et M. Cathelineau, à Rennes.
Concasscur-pressoir. — Médaille d'argent, M. Gœssant, à Villers-Ecalles.
Appareil de distillalion. — MM. Rénaux fils et Bonpain, médaille de vermeil.
Appareils, ustensiles. — M. Beaume, à Boulogne,' médaille d'or (pompes) ;
M. Moitié, à Rouen, médaille de bronze grand module (pompes) ; M. Delaunay, à
Bernay, médaille d'argent (instruments divers) ; M. Chapuis, à Rouen, médaille
de bronze grand module ("appareils divers) ; MM. Gandon et Lœvenbruk, médaille
argent (armures à pommiers].
Troisième.classe. — Traités sur la fabrication du cidre. — Fruits moulés.
Fruits moulés. — Diplôme d'honneur, Société centrale d'horticulture de Rouen;
médaille d'argent grand module, M. Legrand, à Yvetot; médaille de bronze
giand module, M. Delabroise, à Saint-James.
Ouvrages. — Diplôme d'honneur, Woolhope-Club Hereford (Angleterre), pour
CONGRES ET CONCOURS POMOLOGIQUEB A ROUEN. 1 1 1
l'ouvrage Pomona, partie des fruits à cidre ; médaille d'or, MAI. Vallet et Carlo ;
médaille d'argeut, AI. LacaiUe, à Friclimesnil; médailles de broaze grand module,
AIAI. Doussard, à Giiponvilie ; Duhamel, Duval, Toutaiu ; médaille de bronze,
M. Alettais, ; mention honorable, AI. Lemarchand ; médaille de bronze, M. Cha-
pelier; médaille de bronze grand module, AI. Léger; AI. Aloisy-Pcrrier.
Les séances du congrès pomologique sesont tenues du G au 10 octo-
bre, devant une grande atfluence de cultivateurs et d'arboriculteurs.
Le programme comportait plusieurs questions fort intéressantes ; elles
ont été traitées successivement, sous la présidence de M. Despianques,
assisté de MM. Portier et Lecbartier, vice-présidents, et de M. Le-
sueur, secrétaire général de l'Association. Parmi les autres personnes
qui ont pris part aux discussions, il faut citer MM. Jamin. président
de la Société pomologique de France; Cbarles Baltet, de Troyes; Na-
not, maître de conférences à l'Institut agronomique; Houzeau, direc-
teur de la station agronomique de Rouen; Audouard, directeur du
laboratoire agricole de la Loire-Inférieure; Constant Lesueur, doyen
des arboriculteurs de Normandie; ^'ivien, cbimiste à Saiat-Quentin.
M. de Lapparent,- inspecteur général de l'agriculture, a assisté au con-
grès et a pris part aussi à ses travaux.
Le premier jour, M. Leclerc, propriétaire dans la vallée d'Auge, a
exposé les moyens et les appareils perfectionnés nécessaires pour obte-
nir de bonne eau-de-vie de cidre. Après lui, M. Lecbartier a communiqué
à l'assemblée les résultats des comparaisons qu'il a faites entre Jes
chiffres donnés par l'analyse chimique des cidres et ceux obtenus à
l'aide de l'aréomètre. Il signale pour le dosage du sucre dans le moût
des écarifi \tariant de la proportion de 1 à 3 entre la quantité donnée
par l'aréomètre et la quantité obtenue par l'analyse chimique.
M. Constant Lesueur a présenté un rapport sur l'examen des résul-
tats annoncés par M. Bazire, de Mardilly (Orne), sur l'obtention des
pommiers de bouture. Le rapport de M. Lesueur conclut négativement;
après une discussion assez longue, une Commission a été nommée.
M. Bazire pratiquera, sous ce contrôle, l'éleyage du pommier par son
système dans le jardin de l'éoole normale d'Alencon.
Après une conférence de M. Vivien sur la fabrication du cidre par
lixiviation et l'emploi du sucre pour obtenir une augmentation de la
teneur alcoolique du liquide ainsi obtenu, une intéressante discus-
sion s'est élevée , à laquelle ont pri^s part MM. Lecbartier, Audouard,
de Lapparent, sur le nom que l'on doit donner aux boissons préparées
avec l'addition de sucre. Elle s'est terminée par l'adoption d'un avis
par lequel le Congrès admet qu'après avoir exprimé tout d'abord ce
que la pomme peut donner de jus (pure goutte), auquel le nom de
cidre devra être exclusivement conservé , le fabricant pourra utiliser
le sucre pour faire une boisson avec le surplus contenu par le marc ;
mais cette boisson ne pourra en aucun cas être vendue sous le nom
de cidre. Il a émis ensuite le vœu suivant :
« Le Congrès émet le vœu que le règlement d'administration publique eoacer-
nant la dénaturation du sucre devaat être employé sans réduction des droits au
sucrage soit publié à bref délai. »
L'assemblée a adopté également le vœu suivant :
« Les membres soussignés du Congrès po;nologique de l'Ouest, en session à
Rouen, émettent le vœu que les droits qui frappent les cidres à leur entrée à
Paris soient abaissés de façon à être mis en rapport avec le prix de cette boisson qui
est en train de devenir d'une consommition de plus en plus usuelle à Paris sur -
112 CONGRÈS ET CONCOURS POMOLOGIQUKS A ROUEN.
tout. Lss soussigoés peasent que cette mesure pourrait être d'autant plus utile-
ment prise en ce moment, sans préjudice pour les recettes d'octroi de la ville de
Paris, que les plantations nombreuses de pommiers faites depuis plusieurs années
dans les pays de production, et celles qui seront inévitablement d'ici peu la con-
séquence de la transformation d'un grand nombre de terres de culture en her-
bages, feront de plus en plus du cidre la consommation des classes laborieuses.
Les membres soussignés s'appuient, pour émettre cette opinion, sur la démons-
tration économique qui a été faite dans des cas très concluants que l'abaissement
de droit pour toute consommation d'un intérêt réellement général, quelle qu'elle
soit, provoque une augmentation de recettes compensant, et souvent beaucoup
au delà, la diminution réalisée. »
Ce vœu était présenté par MM. Morière, Castelain, Adrien Dan,
H. Tourmente, J. Desplanques, H. le Sueur.
M. Nanot a fait une intéressante conférence sur le procédé qu'il
propose pour la fabrication du cidre par diffusion.
Parmi les autres questions qui ont été discutées, nous devons signa-
ler les moyens de réprimer, dans le commerce des pommes, la fraude
qui consiste à altérer les noms des provenances des fruits, afin de
profiter de la plus-value qui s'attache à diverses provenances ; l'in-
fluence du porte-greffe de semis sur la variété greffée, l'influence du
sol et du sous-sol sur la qualité des fruits, l'effet du chauffage sur les
cidres pour en faciliter le transport. La plupart de ces dernières ques-
tions ont été maintenues à l'étude.
Le passage de l'Association pomologique de l'Ouest à Rouen aura
été utile pour la faire connaître et accroître le nombre de ses adhé-
rents. L'influence qu'elle exerce déjà en sera rapidement aug-
mentée. Hekry Sagimeu.
VISITE AU PLAUD-CHERMIGNAC
Nous avons tenu à visiter, avant les vendanges, le domaine de M. le docteur
Menudier, au Plaud-Chermignac, près Saintes (Charente -Inférieure), afin de
constater par nous-même ce qu'ont produit le traitement des vignes françaises par
les insecticides et la plantation de cépages américains. En effet, si la théorie est
une belle chose, la pratique vaut encore mieux. La preuve est préférable aux
affirmations. Nous avons entendu toute l'année attaquer ou défendre les insecti-
cides comme les cépages américains. Nous ne pouvions laisser échapper l'occasion
qui se présentait à nous de voir ce qu'il y avait de fondé dans les louanges des uns
ou les critiques des autres.
Nos vignobles sont à refaire. Il s'agit, si nous ne voulons pas voir notre con-
trée, autrefois si prospère, devenir aussi pauvre qu'elle était riche, de réparer au
plus vite les désastres du phylloxéra. La chose est-elle possible ? Après avoir vu le
vignoble du Plaud-Chermignac, nous n'hésitons pas à répondre alfirmativement.
Comment conserver le moindre doute en face de ces vignes françaises luxuriantes
grâce à l'emploi du sulfure de carbone, en face de ces grefl'es françaises sur racines
américaines, ployant, au bout de deux ans, sous le poids de leurs produits?
M. Menudier, ainsi que nous l'avons dit naguère a, dès le début de l'inva-
sion phylloxérique, divisé son vignoble en deux parties. Celle qui comprenait
les sols légers, superficiels, a été abandonnée au terrible insecte. La défense
n'était pas possible et on aurait sacrifié, en voulant la tenter, un argent et un
temps précieux. La partie composée de sols profonds et fertiles a été au contraire
l'objet de soins constants. Les fumures n'ont pas été ménagées et le sulfure de
carbone a été employé régulièrement. Un succès complet, magnifique, a récom-
pensé ces efforts. Non seulement ces vignes n'ont pas faibli, mais elles ont gagné
en vigueur et en fécondité. Nous les avons vues chargées de raisins.
Les cépages américains sur lesquels on comptait comme producteurs directs
ont donné quelques mécomptes sous ce rapport. Le Jacquez, dont les viticulteurs
du Midi nous parlent tant, ne donne, du moins dans notre contrée, que des pro
duits insuffisants. La coulure détruit vite les espérances de la première pousse.
VISITE AU PLAUD-CIIKRMIGNAG. 1 13
Il en est aiasi des autres variétés qui, du reste, toutes, sauf l'HerbemDnt, ont un
raisin à goût foxé, désagréable pour nos palais liabitués aux vins de France. La
coulure pourrait peut-être être attribuée, pour notre contrée, à l'humidité résultant
du voisinage de l'Océan. Quoi qu'il en soit, il est sage de renoncer à l'illusion
des producteurs directs américains, pour se bornera la greffe qui, elle, donne des
résultats vraiment merveilleux, Nous avons vu des greiïes du mois d'avril der-
nier, ayant des sarments d'un mètre à un mètre et demi de longueur. Il y avait
même quelques fruits. Quantaux greffes d'un an et de deux ans, les raisins étaient
très beaux et très nombreux. La greffe a pour effet, par un heureux piivilège, de
rendre la fructification plus hâtive et plus abondante.
Les porte-greffes peuvent être pris à peu près indifféremment dans les diverses
variétés américaines résistantes. Jusqu'à présent on n'a pas constaté de différence
sensible dans leur qualité. Le Jacquez cependant pourrait être l'objet d'une pré-
férence, à cause de la grosseur de son bois, se i approchant beaucoup de celle des
cépages français, mais il n'est pas encore prouvé que cet avantage compense les
insuccès assez nombreux que l'on éprouve dans la plantation des boutures.
Ajoutons que M. le docteur Menudier a adopté comme système, dans son
vignoble, l'alternance d'un rang français naturel et d'un rang américain greffé. De
cette façon il s'assure en quelque sorte contre les déceptions peu probables mais
possibles, que donnerait l'une ou l'autre espèce. Dans quelques années, quand la
végétation sera devenue trop touffue, il éclaircira ses vignes en airachant un rang
sur deux. Inutile de dire que les cépages français naturels sont traités au sulfure
de carbone. Les frais de ce traitement sont d'ailleurs bien moins élevés qu'on ne
se l'imagine. Une dépense da 75 francs suflit pour un hectare et par an; encore
l'Etat en fait-il la moitié. On le voit, c'est presque insignifiant en face du résultat.
Voilà ce que nous avons vu de nos propres yeux au Plaud-Chermignac. On ne
dira pas que c'est un récit fantaisiste; beaucoup de personnes ont pu constater
comme nous la réalité du fait. Il ne nous reste plus qu'à remercier M. le docteur
Menudier de son extrême obligeance et à lui adresser de publiques félicitations
pour ses courageux efforts que le succès a couronnés. Il n'a pas désespéré quand
l'espoir faisait défaut à tout le monde. Il a lutté et il a vaincu. La victoire doit
être d'autant plus douce pour lui qu'il a, en l'obtenant, rendu service à son pays.
Edmond Maguier.
MÉTÉOROLOGIE DU MOIS DÉ SEPTEMBRE 1884.
Voici le résumé des observati ons météorologiques faites au parc
de Saiut-Maur en septembre 1 884 :
Moyenne barométrique à [midi, 7 59""'. 24; minimum le 4, à 11 heures du
matin, 766""». 21.
Moyennes Ihermomèlriques des minima, 10°.97; des maxima, 21°. 76; du mois
16". 36; moyenne vraie des 24 heures, 15°. 54. Minimum le 24, vers 6 heures du
matin, 4''.1 ; maximum le 18, entre 1 heure et 3 heures, 28". 4.
Tension moyenne de la vapeur : 10""". 76; minimum le 26, à 6 heures du matin,
6""°.2; maximum le 18, à 7 heures du soir, 16"'"'.2.
Humidité relative vioyenne, 82.5; la moindre, le 17 à 1 heure, du soir, 44; la
plus grande, lHO en 22 jours.
Pluie : 35'"'". 5 en 31 heures 15 minutes, réparties en 12 jours ; presque toute
cette pluie est tombée dans les 7 jours, du 2 au 8.
Orages dans la nuit du 6 au 7, et le 21, entre '4 heures et 5 heures du soir.
Eclairs à Feutrée de la nuit, les 3, 12, 13, 14.
Nébulosité moyenne, 47. Il y a eu 6 jours de petit brouillard.
Les vents dominants ont été ceux du S.-E. à l'O., puis ceux du NNE au NE.
Température moyenne de la Marne, 18".40, n'a varié que de 20°. 6, le 19, à 17°.0,
Je 30. Du 18 au 21, pendant 4 jours, elle a eu dans la journée une température
supérieure à 20°. Toujours basse et très claire.
Relativement aux moyennes normales, le mois de septembre 1 884 '/iré-
sente les résultats suivants : baromètre plus élevé de 1""°.46; thermo-
mètre plus élevé de 0°.6I ; tension de la vapeur plus élevée de 0"""'.58;
humidité relative moindre de 1 ; pluie moindre de 1 9""". 1 ; nébulosité
moindre de 8. E. Renou,
Membre de la Société nationale d'agricnltare.
1,14 CONCuUKS ÛÉPAKXiSJIKXTAL DES HAUTES-ALPES.
CONCOURS UÉPMTEMENTAL DES MUTES-ALPES
Le 21 septeiu'bre a eu lieu à Briaiiçon le concours départemental
annuel de la Société d'agriculture des Hautes Alpes. La ligne
ferrée de Montdauphin à Briançon, récemment livrée à la circulation,
avait permis à un assez grand nombre d'agriculteurs de s'}' rendre.
Toute la représentation du département y assistait, ainsi que les auto-
rités administratives et la plupart des conseillers généraux. A la dislri-
'bution des prix, d'excellents discours ont été prononcés par MM. Lau-
rençon, député, Blanc, sénateur, le président de la Société d'agricul-
ture et le maire de Briançon.
La médaille d'or accordée par le Ministre de l'agriculture a été
décernée à M. Babey, directeur de l'bospice national de Mont-Genèvre,
qui a introduit d'importaates améliorations dans l'exploitation du
domaine de l'hospice, situé à la frontière, sur le col du Mont-Genèvre,
entre 1,900 et 2,000 mètres d'altitude.
L'exposition des animaux et produits était relativement importante;
sa partie la plus intéressante était la section des beurres et fromages,
oii l'on remarquait surtout les fromages façon Boquefort, provenant
des caves d'aftinage de MM. Gorlier et Borel, à Aiguilles, et les
■excellents fromages bleus, dits r/avots, fabriqués dans les fruitières de
Saint-Vécan (2,064 mètres d'altitude).
Ces petits concours, inaugurés dans le département en 1880^ y ren-
dent d'inappréciables services et y déterminent un courant lent mais
continu vers le progrès ; il serait à désirer que le gouvernement les
encourageât dans la plus large mesure possible. C. Allier,
Professeur départenieaial d'agriculture.
CONCOURS DÉPARTEMENTAL DE LA SARTHE
Le concours départemental annuel organisé au Mans par la Société
des agriculteurs delà Sartlie s'est tenu les 20 et 21 septembre, sous la
direction de M. Courtillier, son président L'importance de ces solen-
nités grandit chaque année. On y comptait 72 animaux de races che-
valines, 208 de races bovines, 20 de races porcines, 1 2 lots de races
ovines, 84 lots d'animauv de basse-cour. On se louait beaucoup de La
qualité de la plupart des animaux exposés, principalement pour les
chevaux, dont le plus grand nombre appartenaient aux races de trait.
Pour les races chevalines, les principaux lauréats ont été MM. Jules
Hubert, à Lignières-la-Carelle ; Lefeuvre, à Marolles-lez-Brault ; Mar-
chand, à Chassé. En ce qui concerne la race durham, la plupart des
principaux prix ont été remportés par M. de Villepin, directeur de la
ferme-école de la Pilletière ; pour les croisements durham, il faut
citer surtout MM. Trigolet, Bumas, Boisard, du canton de Sablé.
La. Société des agriculteurs de la Sarthe a créé au Mans un dépôt d'en-
grais où les cultivateurs pourront trouver, aux meilleures conditions,
les matières fertilisantes dont ils ont besoin. G. Gaudot.
.REVUE GO]IiIEBGIA.LE ET PRIX G'dUUm DES DENRÉES A&RIGOLES
(18 OCTOBRE 1884)
I. — Les gravis et les farines.
Les tableaux suivants résument les cours des céréales, par QUINTAL MÉTRIQUE ,
sur les principaux marchés Je la France et de l'étranger :
REVUE fiOlLMERCIALE ET PRIX COURANT ,18 OCTOBRE 1884)
115
1" RÉGION. — SORD.OrEST.
Blé. Seigle. Orge.
fr. fr. fr.
Coiuados. Coiidé-snr-\oir(lu. 20. SO 16.00 16.15
— Lisieui il. 50 15.35 16.90
C.-du-Nnrd. Lannion... 18.50 » 14.25
— Ponlrieux 18.50 14.50 15.50
Finistère. Mijiieiiz 22.20 » 10.00
— Quimper 19.50 15.50 15.50
lUe-et-Vilnine. Rennes. 19.25 » 15.50
— Redon 18 20 14.00 »
Manche, .\vranches. .. . 22. oj » 15.50
— Pontorson 20.50 » 17.00
Mayenne. Mayenna 19.50 o 15.00
— Evron 19.25 » 15.25
Morbihan. Vannes 20.25 15.00 »
— Hennebont 29.15 14.40 »
Orne. Vimoutiers 19.75 16. uo 17.50
— Fiers 19.75 '> 18.00
SaW/w. Le Mans 20.25 15.25 15.25
— Beaumont 20.25 » li.90
Prix moyens 20.01 15. u 15.38
2* RÉGION-. — NOR».
il»»ne. Chiteau-Thierry. 20.00 15.25 17.00'
Villers-CoUerets. 20.50 15.00 IJ.OO
— Soisaons 20.55 16.25 15.40
Bttre. Evreux 19.75 13.00 16.15
— Pacy 2000 14.40 16.2i>
— Bernay 20. SO 14.65 18.45
Evrtret- Loir. ChAtttm. 23.00, 13.. 75 17.00
— ChiteanJun... .. 2i 10 i4.G5 16.15
— Anneau 19.20 14.20 18.25
Nord. Cambrai 20.10 15.35 »
— Bergues 21.25 » 14.80
— Douai 22.75 » »
Oi»a. Beaiivais 20.00 IS.OO 18.05
— ComiJiegne 19.75 14.75 20.00
— Pùnt-Ste-Maïence 19.50 14.75 16.00
Pa«-d6-Coiois. Arras... 21.25 iti.oo 15.50
— Carvin 20.35 18 00 19.50
Seine. Paris 21.50 16.40 18.25
6'.-e(-jUo™e. iJammartin. 20.25 14.75 10.50
— Meaiix 21.00 14.75 »
Bray-sur-Seine.... 20.25 14.20 »
S.-«t-Oise. .\iigerviHe... 20.00' 14.75. 16 25
— Versailles 20.25 14..50 19.00
— Et:im|je3 21.25 » 18.00
Setn&-/n/èriBitre.Ronen. 20.00 13.85 18.00
— Yvelul 21.00 '14.00 15.00
_ Eu 21.40 13.35 18.50
Somme. Amiens 21. la 16. 00 16. 15
— Roye 19.75 14.50 17.00
— Moiildidier 13.00 14.50 17-50
Prix moyens 20. a2 14.34 16.91
3- RÉGION. — MORU.EST.
./Irdwmes. Sedan 21.00 15.00 18.75
— Rethel 20.25 14.50 16.50
— Charleville 21.25 16.25 18.25
ilitôe; Bar-sur--4ube.... 19.75 14.50 17.50
— Mery-sur-Seine... 19.40 13.90 16.10
il/orne. Chllons-stir-lljrae... 19.75 15.25 18.10
— Reims 19.75 15.75 16.50
— Samte-.Menehould. 20.65 15.25 17.75
Hte-Marne. Langres 19.75 15.00 16.00
Mau7'(^(i-el-.Wos. Nancy. 21.75 »• i'8.75
— Lunevllle 21.25 15.50 16.50
— Toul 20.75 16.25 17.00
Meuse. Bar-le-Duc 21.15 10.25 18.75
— Verdun 20.60 » »
flau/e-Sao/ie. Gray 20.40 15.00 »
— Vesoul... 20.00 15.75 17.00
Vosgas. Mirecourt 21.25 » »
— Rambervillers 20. 50 » »
Prix moyens 20.51 15.30 17.39
4' RÉGION. — oimsT.
CAarenle. Angoulème... 20.00 » 18.50
— RntTec 20.00 » 18.75
C/iar.-/n/ér. Marans . . . . 19.20 » 16.00
— St-Jean-d'.\ngély.. 20 50 » 16.00
Deux-Sevres. Niort Î9.00 15.00 »
Indre-et-Loire. Tours... 18.35 12.65 »
— Blére 19.25 14.65 15.40
Z.oirfr./n/'. Nantes 20.15 14.00 »
4f.-et-iotVe. Angers 18 75 16.50 17.00
— Saumnr 20.25 15.25 19.00
Vendée. Lnçon , 19.40 » 16.55
yieïine. Londun 19.30 » 16.55
— Poitiers 1.S.50 15.00 18.75
Haute-Vienne. Limoges. 20.00 15.00 18.25
Priimoveas 19.51 14.76 17.43
5* REGION. — GBNTRB
fr.
21.00
18.00
14.50
14.50
•.4.00
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15.00
15.00
19.00
2(1.00
16.50
17.25
15.00
18.50
16.75
20.25
15.50
16.31
18.25
16.00
16.50
15.80
16.30
17.00
15. 9«
16.05
16.00
14.00
17.50
n
15.50.
16.50
15.00
14.50
13.50
17.40
16.00
17.00
»
16.00
13.50
16.00
22.95
18.00
15.00
22 00
10.00
16.50
16.58
16.00
15.50
14.50
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15-50
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16.00
15.75
17.50
16-85
15.50
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16 50
16.50
16.08
Cher.
.iUier. Moulins....,
— Montiuçon. ...
St-Ponrçaia..
Bourges. ....
St-\mand
— Sancerre
Creuse. Aubusson..
— Vatan
Indre. Cbàteaurout
— Valençay. ... ,
Loiret. Orléans
— Patay
— Courtenay
L.-et-Cher Blois
— Montûire... . ..
Nièvre. Nevera.. ..„.,
— Gosne ..........
Yonne. Sens .....
— Tonnerre
— Saint-FlorentiQ.
Prix moyens
14.88 L6i32 16.14
6' REaiON. '
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17.50
15.50
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17. iû
14.75
14.75:
17.00
15.00
16.00
16.20
j4«n. Bourg 21.25
— St-Ljurent-les-llâcoD .. 21.75.
Côle-d'Or. Dijon 20.50
— Be.iune -. 19.75
Dowh*. Besançon 20.00'
/ière. Grenoble. ....... ,. 21.50
— Bourgoin 20.00
./wï'a. Lons-le-3aunier. . 19.50
Loire. Roanne 20.25
P.-de-flô»ie.Clermont-F. 21.50
Rhône. Lyon 20.85
âoôJie-el-Loire. Ghàlon . la. 25
— Micon 21.00
iavoie. Cbambéry 22. 2S »
//iti-6'ttuoie. Annecy. .... 21.25 i>
Prix moyens..... 20.71 15.75
V HÉ0I6N. — SCD-OHES
..iriêge. Pamiers- 21.50
— Foix 24.00
i^ordo^îie. Sai'iat 25.80
lite-îiafoiine. Toulouse. 2i.50
— si-Gaudens 23.00
Gers, Gondom 22.25
— Eauze 22.70
— Mirande 20.00
Girolle. Bordeaux..... 21.40
— Bazas 22.25
Landes. Dax 24.00
Lot-et-Garonne. Agen. .
— Nerac
B. -Pyrénées. Bayonne.
HteS'Pyrénées. Tarbes.
16.25
16.50
16.50
16^0
16.75
IS. 50
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»
17.25
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17.50
»
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18.25
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17.35
18.40
17.25
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19.35
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19.50
17. 9â 16.50' 17. 5Z
Prix moyens..,,
8" RÉGION. — SCB.
Aude. Carcassonne. . .. 23.40
Aveyron. RKidQZ 20.80
— Aubin 22.00
Ca7l£ai. Mauriac, 22.50
Corre:e. Tulle 22.00
Hérault. Beziers 22.10
— Montpellier. 13.00
toi. Cabors 22. '25
Lozère. Mende 22.00
Pi/ï'Bnêes-Cr. Perpignan. 24.00
Tarn. Gadlac 22.70
Tam-ei-Oar: Montauban 22.40
Prix moyens 22.01 18. 03 18.27 18.73
:o.6-i
15.75
10.50
17. 6U
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17.50
19.00
n
15.50
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18.00
18.00
18.25
18 00
16.15
19.50
18.50
13.00
13.25
18.00
13.50
20.00
17.50
17.85
24.00
25.55
»
j)
19.00
17.65
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19. 5«
9' RÉGION.
Basses-. -tlpes. Manosque
Hautes-. iipes. Briançon.
Alpes-Maritiiacs. Niée. .
Ardeche. Privas
B.-«iu-/f/iô'ie. Marseille.
Drame. Monteltmar. ...
Gard. Alais
Haute-Loire. Rrioude..
Var. Di'aguignaa
Vauciuse. Apt...»
Prix moyens...,.
Moy. de toute la France
— delà semaine précéd.
Sur la seraaine^Hausse,
précédente.. (Baisse.
— sri>-«sT.
23.75
18.00
18.00
17.50
22.25
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21.00
21.00
23-40
20.80
22.25
23.05 » »
22.30 17.87 17.43
20.95 16.00 17 09
20.91 16.12 17.21
0.04
18.00
16.00
16.20
»
18 50
18 00
17-30
18.00
20.50
18.00
20.25
18.50
15.00
18.10
a
14.00
17.80
»
17.77
16. 95
17.05
0.12 0.1
116
REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT
Algérie.
Angleterre.
Belgique.
Pays-Bas.
Luxembourg.
Alsace-Lorraine .
Allemagne,
Suisse.
Italie-
Espagne.
Autriche.
Hongrie.
Rus ne.
Etats-Unis.
Blé
fr.
AIffpr S '•''^ tendre.. 19.75
*^ I blédui- 16 50
Londres 20.30
Anvers 18.00
Bruxelles 19.00
Liège 19.35
Naniur 18.50
Amsterdam 17.65
Luxeml)Oiii-g 24.00
Strasbourg 2Î.25
Mulhouse 21.. 50
Colmar 22.40
Berlin 18.75
Cologne 20.40
Hambourg 18.IJ5
Genève 22.75
Milan 21.00
Barcelone 22.00
Vienne 17.10
Budapest 15.25
Saint-Pétersbourg. . 1 6 . 50
Riga 17.00
New-York 16.70
Seigle.
Orge.
Avoine
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12,
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.60
»
11
.75
^BU'S. — Les offres de la culture n'ont toujours qu'une importance restreinte
sur les marchés; il en résulte une certaine fermeté dans les .cours, qui maintient
les prix acquis il y a huit jours. — A la halle de Paris, le mercredi 15 octobre,
on cotait de 20 fr. 50 à 22 fr., c'est-à-dire, 21 fr. 25 en moyenne, sans change-
ment sur la dernière mercuriale. — Pour les blés à livrer, on constate une légère
hausse, malgré la difficulté des transactions, entravées par la perspective de
l'élévation des droits de douane, qui est à l'ordre du jour. La dernière cote du
marché est la suivante : livrable novembre, 21 fr. 25 à 21 fr. 50; novembre-
décembre, 21 fr. 50; quatre mois de novembre, 21 fr. 75; quatre premiers mois,
21 fr. 75 à 22 fr.; quatre mois de mars, 22 fr. 25 à 22 fr. 50. — A Marseille, les
arrivages de la semaine se sont élevés à 85,000 quintaux ; le stock e>t de 195,000
quintaux. On cote par 100 kilog. : Red-Winter, 22 fr. 25; Berdianska, 23 fr. 50;
Marianopoli, 22 fr. 50 à 22 fr. 75; Iika Nicolaïeff, 19 fr, 25 à 19 fr. 50; Irka-
Odessa, 18 fr. 20 à 18 fr. 50 ; Azoff dur, 18 fr. 50 à 19 fr. 75 ; Danube, 17 fr."50
à 19 fr. 50. — Au Havre, on paye les blés roux d'Amérique, 20 fr. 75 à 21 fr.;
ceux d'Australie, 22 fr.; les Bombay, 20 fr. à 20 fr. 50. — A Londres, les affaires
sont lentes, les prix sans changement; on cote les blés exotiques de 19 fr. 45
à 20 fr. 60 suivant les provenances et les qualités.
Farines. — Les offres en farines sont faibles à la halle ; les prix n'ont pas
varié pendant la semaine, mais la meunerie relève ses demandes de 1 fr. en der-
nier heu. On cotait le 15 octobre : marque de Gorbeil, 48 fr.; marques de choix,
48 à 51 fr.; premières marques, 47 à 48 fr.; bonnes marques, 45 à 46 fr.; marques
ordinaires, 44 à 45 fr,; le tout par sac de 159 kilog., toile à rendre, ou
157 kilog. nets, ce qui correspond aux prix extrêmes de 28 fr. 02 à 32 fr. 48
par 100 kilog., ou .en moyenne 30 fr. 20. — Les farines de spéculation étaient
cotées le mercredi 15 octobre au soir : farines neuf-marques, couriint du mois,
45 fr. 50 à 45 fr. 75; novembre-décembre, 45 fr. 75 à 46 fr.; quatre mois de
novembre, 46 fr. à 46 fr. 25; quatre premiers mois, 46 fr. 25 fr.; i|uatre mois de
mars, 46 fr. 75 ; le tout par sac de 159 kilog., toile perdue, ou 157 kilog. nets,
avec une hausse de 1 fr. au moins. — Les farines deuxièmes, sans affaires, sont
cotées 21 à 22 fr. les 100 kilog.; les gruaux, de 33 à 38 francs.
Seigles. — Les offres sont restreintes et les prix bien tenus. On cote à la halle
de Paris, de 15 fr. 50 à 16 fr. les 100 kilog.; les farines sont toujours aux cours
de 20 à 23 fr. les 100 kilog.
Orges. — On constate une hausse de 25 centimes sur les bonnes qualités, avec
une demande active; les prix de la halle sont de 17 fr. 50 à 19 fr. les 100 kilog.
— Les escourgeons sont cotés de 18 fr. à 18 fr. 75.
Avoines. — Les affaires sont courantes, avec maintien des prix de la semaine
dernière. On cote à la haUe de Paris, de 16 fr. 75 à 19 fr. 50 suivant poids,
couleur et qualité. — Les avoines de Suède sont au prix 16 fr. 50 à 16 fr. 75;
celles de Russie, 15 fr. à 16 fr.; celles d'Irlande, 16 fr. 50 à 17 fr. les 100 kilog.
Sarrasin. — Les sarrasins nouveaux sont otfeits à 16 fr. les ICO kilog.; mais
n'obtiennent que 15 fr. 25 à 15 fr. 50 en gare d'arrivée.
CHRONIQUE AGRICOLE (18 OCTOBRE 188't). 117
Maïs. — Les maïs du Danube et de la mer Noire sont bien tenus au Havre,
aux prix de 14 fr. 50 à 14 f'r. 75, «n hausse de 0,25 par 100 kilog.
Issues. — La lourdeur continue. On cote : gros son, 14 l'r. 25 à 14 fr. 50 ; sons
gros et moyens, 13 fr. 75 à 14 fr.; sons trois cases, 13 l'r. à 13 fr. 50; sons fins,
12 fr. à 12 fr. 50; recoupettes, 12 fr. 50 à 13 fr. ; remoulages blancs, 17 fr. à
17 fr. 50; remoulages bis, 15 à 16 fr.
II. Fourrages et graines fourragères.
Fourrages. — Les ventes sont faciles avec des prix bien tenus pour les foins et
les luzernes. On cote, à Paris, par 1,C00 kilog. : foin, 90 à 122 fr.; luzerne, 88 à
120 fr.; paille de blé, 58 à 68 fr.; paille d'avoine, 50 à 62 fr.
Graines fourragères. — Les cours ont subi peu de changements depuis huit
jours. A Paris on paye par 100 kilog. : trèfle violet, 100 à 110 fr.; trèfle blanc,
150 à 175 fr.; trèlle hybride, 150 à 170 fr.; luzerne de Provence, 140 à 150 fr.;
luzerne d'Italie, 120 à 130 fr.; luzerne de Poitou, 95 à 105 fr.; rainette, 40 à
43 fr.; ray-grass anglais, 35 à 40 fr.; ray-grass d'Italie, 40 à 42 fr.; sainfoin à
une coupe, 32 à 34 fr.; à deux coupes, 36 à 38 fr.; vesces d'hiver, 20 à 25 fr.;
pois jarras, 16 à 18 fr. — A Gaillac (Tarn) on cote : trèfle, 96 à 102 fr. les 100
kilog.; sainfoin, 90 à 104 fr.
Ii;. --■ Vins. — spiritueux. — Vinaigres. — Cidres.
Vins. — Les vendanges sont terminées aujourd'hui par toute la France. Il n'est
pas encore possible d'en apprécier le résultat dans son ensemble ; mais les rensei-
gnements nouveaux qui nous parviennent confirment ce que nous disions il y a
huit joui'p. C'est le Midi qui a lieu d'être le moins satislait; la (jualité laisse à
désirer comme couleur et comme force alcoolique. Les vins du Bordelais seront
supérieurs, mais en l'aible quantité, ainsi que dans le Alàconnais et le Beaujolais.
Dans les Charentcs, les vins blancs surtout auront de la valeur. Les vignobles
des rives de la Loire donneront une belle récolte, aussi bien en vins rouges qu'on
vins blanjs. En Bourgogne, on se plaint du rendement qui ne dépassera guère un
tiers de la récolte ordmaire. Quant aux affaires, elles n'ont encore d'activité que
dans peu de régions; le commerce attend d'être pleinement renseigné sur la va-
leur de la production générale.
En vins nouveaux, les achats sont assez nombreux dans l'Aude et l'Hérault, à
des prix basés sur une valeur de 2 fr. 25 à 2 fr. 50 le degré d'alcool. Dans le
Beaujolais, on a vendu des bons crus, tels que thorins, fleurie, etc., de ISO fr. à
230 fr. la pièce pris sur grosse lie, et des crus ordinaires, de 120 à 150 fr. Dans
le Maçonnais, les pieraières ventes faites donnent le prix de 200 fr. à 230 fr. la
pièce logé. La Champagne continue à bien vendre ses premières cuvées. Eu Algé-
rie, les afl'aires sont encore nulles ; les colons demandent 25 fr. à 30 fr. de l'hecto-
litre nu, pris dans la propriété. Dans l'île d'Oleron, on cote les vins rouges de
1884, 220 fr. le lonneau ; les blancs, 1 10 fr.
Spiritueux. — La hausse sur les alcools s'est continuée pendant cette dernière
semaine. Le rendement de la betterave sera, paraît-il, inférieur de 20 à 25 pour 100
sur celui de l'année dernière, et les jus moins riches de 1 degré. D'un autre côté,
d'importantes livraisons ont eu lieu en prévision de la hausse, et ont diminué
sensiblement le stock disponible. Il faut donc s'attendre à un relèvement général
du marché. A Paris, les trois-six fins du Nord, 90 degrés, sont en hausse de 2 fr.,
et se cotent par hectolitre : disponible, 47 fr. 50; novembre, 46 fr. 25 ù 46 fr. 50;
décembre, 46 fr. 50 à 46 tr. 75; quatre premiers mois, ^6 fr. 25 à 45 fr. 50;
quatre mois de mai 47 fr. — Le marché de Lille; s'est ressenti de la hausse de
Paris; l'alcool de mélasse disponible y est au cours de 44 fr. 50. — A Bordeaux,
les trois-six du Nord font l à 2 fr. de prime, aux cours de 5 1 fr. pnur le dispo-
nible et 52 fr. pour le livrable. — Lis prix des alcools de vin du Midi sont sans
changements. On cote, à Bordeaux, les Languedoc, 86 degrés, 113 fr. l'hecto-
litre; à Béziers, les trois-six bon goût, 103 fr.; et les marcs, 95 fr.; à Marseille,
trois-six bon goût, 105 fr.; marc, 95 fr.; à Nîmes, et à Pézenas, trois-six. bon
goùl disponibles, 100 et 101 fr. — ATounay-G'iarente, les esprits fine Champagne,
86 degrés, 158 fr. l'hectolitre. — A Cette, trois-six bon goût, 105 à 1 10 fr. — A
Aillevilliers (Haute-Saône), les kirschs sont cotés comme suie à l'hectolitre :
kirsch pur 350 fr. en bonbonnes; kirsch lin 18û fr.; demi-fin 140 fr.; kirsch de
commerce 80 fr.; kirsch de co.nmerce en fûts, 70 fr. — Les marcs, de Bour-
gogne, 52 degrés valent de 80 à 100 fr. l'hectolitre nu, suivant qualité.
Cidres. — On commence à pouvoir établir des cjurs pour les cidres nouveaux. .1
118 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT
Evreux, on paye de 21 à 24 fr. la barrique de ,226 litres pour les premières qua-
lités et de 15 à 16 fr. pour les petits cidres. — A Paris, on demande de 24 à
28 fr. l'hectolitre, octroi non compris. — Les pommes valent toujours de 2 fr. à
2 fr. 50; on fait en Normandie des achats considérables pour l'Allemagne.
IV. — Sucres, — Mélasses. — Fécules. — HntMons.
Sucres. — La hausse s'est également fait sentir sur les sucres, qui ont été, pen-
dant la semaine, l'objet de nombreuses transactions sur le marché de Paris. On
cote aujourd'hui par 100 kilog. : sucres bruts, 88 degrés saccharimétriques,
34 fr. 75 à 35 fr.; 99 degrés, '41 fr. 75; sucres blancs n" 3, 44 fr. à 44 fr. 75 ;
— à Valenciennes, les coûts se sont un peu relevés sur les sucres bruts, cpii
se payent de 33 fr. 50 à 33 fr. 75. — A Lille, les 88 degrés sont à 34 fr.; — à
Péronn-e, 33 fr. T5 ; sucres n» 3. 4175. — Le sloci de l'entrepôt- réel à Taris
était, le 13 octobre, de 435,000 sacs, pour les sucres indigèTies. — Les sucres
raffinés sont cotés à Paris de 104 à 105 fr. les 100 kilog. à la consommation, et
44 fr. 25 fr. à 48 fr. pour l'exportation.
Mélasses. — Les mélasses de fabrique sont sans changement à Paris, au cours
de 9 fr. à 9 25 les 100 kilog.: celles de raffinerie 9 à 10 fr. — A Valenciennes, les
mélasses disponibles valent 10 fr. 25, avec 1 fr. de hausse depuis huit jours.
Fécules. — Les fécules premières de l'Oise se payent 55 fr. 50 les 100 kilog.; à
Compiègne, — A Marseille, les cours n'ont pas changé : on cote ; fécule pre-
mière 35 à 38 fr.; deuxième 32 à 33 Ir.
Houblons. — Dans le Nord, les cours sont légèrement en hausse ; on a vendu
cette semaine, àBailleul, aux prix de 110 à 1"0 fr. les ICO kilog. — Dans la Gôte-
d'Or, la foire de Bèze a été très animée ; les affaires s'y sont traitées à 300 fr. po.ur
les bonnes sortes, et de 270 à 280 fr. pour les qualités ordinaires. — En Alsace,
les affaires sont actives ; les prix varient de 280 à 320 fr.
V. — Tourteaux. — Noirs. — Engrais.
Tourteaux. — Prix soutenus; affaires très faibles. — A Arras, on cote par
jOO kilog. œillette 13 fr. 50; colza 16 fr. 50 à 17 fr.; cameline, 16 fr.; pavot,
_2 fr.; lin, 21 fr.; — A Rouen, tourteaux de colza 16 fr.; à Caen. 17 fr. — A
ambrai, tourteaux de colza 15 fr. 50 à 16 fr.; œillette, 13 fr. 50; lin, 21 fr. à
^1 fr. 25; cameline, 16 fr. — A Marseille tourteaux de lin 18 fr. 25 à 18 fr. 50;
arachide décortiquée, 13 à 14 fr.; en coque 9 fr. 75; sésame blanc, 13 fr.; cocotier
ou coprah pour vaches iaitières, 12 fr. 50; colza du Danube, 12 fr.; œillette exo-
tique, Jl fr.; coton d'Egypte, 12 fr.; palmiste 11 fr. 50; ricin, 8 fr. 75.
Noirs. — Mêmes cours que la semaine dernière. A Valenciennes, par 100 kilog.,
on paye : noir animal neuf en grains, 33 à 36 fr.; noir d'engrais, 2 àB fr.; vieux
grains, 10 à 12 fr.
Engrais. — Les prix ont fléchi depuis huit jours. A Paris, on cote par 100
k;log. : nitrate de soude, 24 fr. ; sulfate d'ammoniaque, 38 fr.; sulfate de potasse,
21 fr. ; chlorure de potassium, 19 fr.; sang desséché, 1 fr. 90 le degré d'azote;
superphosphate de chaux, 0 fr. 70 par degré d'acide phosphoriquc soluble dans
l'eau. — A Marseille, le nitrate de soude est coté â4 fr.
VI. — huiles ot graines oléagineuses.
Huiles. — Affaires calmes, avec tendance à la baisse. — On cote, à Paris, par
100 kilog. : huile de colza 67 Ir. 25; huik' de lin, 54 fr. 75 à 65 fr. — A Rouen,
huile de colza, disponible, 66 fr. 50; huile de lin, 53 fr. 25; à Caen, colza, 63 fr. 50;
à Marseille, colza, 59 fr. 50 à 60 fr. ; lin, 5,0 fr. — A Nice, les huiles d'olive
restent aux cours suivants par 100 kilog. : extra-fme, 190 fr.; surfine, ,170 à
180 fr.; fine, 155 à 165 fr.; mi-fine, 140 à 150 fr.; mangeable, 100 àl35 fr.
Graines oléagineuses. — On cote par 100 kilog. : à Paris, graine de colza
32 ir. 50 à 33 fr. 50; graine de lin, 32 à 38 fr.; — à Caen, graine de colza
21 fr. 25 l'hectolitre; — A Marseille graine de lin, S,S Ir. 50 à 29 les 100 kilog.
de colaa 32 fr. — A Cambrai, œillette, 23 à 24 fr. ; cameline, 12 à 16 fr.
Vil. — Matières résineuses. — Textiles.
Matières résineuses. — Cours sans changements. A Bordeaux, l'essence de
térébenthine esta 51 fr. les 100 kilog.; à I)ax, 47 fr. — A Bazas, les gemmes
nouvelles sont cotées 22 fr. 50 la barrique de 250 litres.
Chanvres. La récolte dans la Sarthe sera, paraît-il au-dessous de celle de l'année
dernière comme qualité. Au Mans, on cote de 72 76 fr. les 100 kilog. pour les
bonnes sortes; les intermédiaires restent à 60 fr. et 70 fr. — A la Jf'lèche, on
n'obtient que 76 à 84 fr.; avec des cours en baisse; — à la Guerche, on paye 60 à
65 fr.; à Janzé, 80 fr.; à Chateau-Giron, 65 fr.
DES DENRÉES AGRICOLES (18 OCTOBRE 1884;. 119
l^ins. — Dans riUe-et-Vilaiiie, les lins valent de 40 à 70 tr.' les !00 kilog. —
A Doullens, cours sans variation, de 62 fr. 50 à 82 fr. 50 les 100 kilog.
Vin. — iuifs et corps gras.
Suifs. — Prix en hausse de 1 Ir. depuis huit jours, pour les suifs frais de
la boucherie de Paris, à 81 fr. les 100 kilog.
Saindoux. — Au Havre, prix également en hausse; vente calme à 53 fr. 50
les 50 kilog.
l.K. — lle.urrci. — Œnfs. — Fromages.
Beurres. — Les ventes d« la semaine, à la halle de Paris, se sont élevées à
24'4,5'il kilog. de beurres. Au dernier marché, ou cotait par kilog.,: en demi-kilog.,
2 fr- 30 à 3 fr. 78; petits beurres, 1 fr. 34 à 3 fr. 24;Gournay, 2 fr. 02 à
4 fr. 08 ; Isigny, 2 fr. 60 à 7 fr. 32.
Œufs. — On a VBndu à la lialle 4,462,67'1 œufs pendant la semaine, aux prix,
par mille, de 116 à 130 fr. pour le choix; de 75 à 93 fr. pour les ordinaires;,
de 48 à 66 fr. pour les petits œufs.
Fromages. — On cote à la halle : par douzaine, Brie, 5 fr. 50 à 50 fr. 50 ;,
Montlhéry, 15 fr.; — par cent, Livarot, 22 à 86 fr.; Mont-d'Or, 7 à 13 fr.;
divers, 6 à 50 fr.;par 100 kilog., Gruyère, 110 à 185 fr.
X. — Chevaux. — Bétail. — Viande-
Bétail. — Le tableau suivant résume le mouvement officiel du marché aux bes-
tiaux de la Viliette, du jeudi 9 au mardi 14 octobre :
Poids Prix du liiiog, de viande nelte sur
Vendus moyen pied au marcliê da 13 'ir;i..l)re.
Pour Pour En 4 quartiers. l'° 2" 3= Prix
Amenés. Paris, l'extérieur, totalité. Ifil. quai. quai. quai. moyen,
Bœufs B.09i 3,489 1,455 4,944 344 1.65 1.52 1.2^ 1.4b
Vaches 3,939 1,152 638 1,790 233 1.60 1.42 I.IS 1.38
Taureaux 377 273 46 319 390 1.42 1.32 1.20 1.31
Veaux.. 2,416 1,724 1,072 2,796 79 1.90 1.70 1.50 1.69
Moutons 4l,'!85 19,641 16,781 36,422 20 1.90 1.76 14.8 1.6T
Porcs gras.... 6,927 2, .582 4,334 6,916 82 1.38 1.32 1.26 1.32
Les arrivages des marchés de la semaine se décomposent comme il suit :
Bœufs. — Aisne, 6; Allier, 7; Aveyron, 12; Calvado.s, 1,125 ; Charenle, 67 ; Cher, 214;
Côte-d'Or, 300; Cùtes-du-Nord, 247; Creuse, 5; Deux-Sèvres, 68; Dordogne , 129; Eure, 35;
Finistère, 11; Gironde, 12; Indre, 151; Loire, 20 ; Maine-et-Loire, 269; Manche, 205; Mayenne,
228; Meuse, 12; Morljihan, 40; Nièïre, 664; Orne, 694 ; Puy-de-Dôme, 74; Rhôae, 11; Saône»et-
Loire, 451; Sarlhe, 47; Tarn-el-Garonne, 6; Vendée, 113; Haute-Vienne, 6 ; Yonne, 29;
Italie, 32.
Taches. — ,\Uier, "; Aube, 4; Calvados, 355; Cantal, 50; Charente, 8; Cher, 28; Côte-d'Or,
61; C6tes-du-Nord, 6; Creuse, 19; Eure, 42; Eure-et-Loir, 39; Finistère, 10; Loiret, 21 ; Maine-
et-Loire, 17; Manche, 171; Marne, 3; Nièvre, 228; Oise, 10; Orne, 219; Puy-de-Dôme, 157;
Saône-et-Loire, 93; Sarthe, 8; Seine, 140; Seme-et-.Marne, 12; Seine-et-Oise, 47; Vendée, 12;
Haute- Vienne, 10; Yonne, 28; Suisse, 8.
Taureaux. — Ain. 4; .4isne, 3; Allier, 4; Aube, 2; Calvados, 42; Cantal, 23; Cher, 7; Côte-
d'Or, 18; Cotes-du-N'ord, 8; Deux-Sèvres, 1; Eure, 15 ; Eure-ei-Loir, 12; Finistère, 7; Gironde,
5; lUe-et-Vilaine, 39; Loire-Inférieure, 5; Loiret, 0; Maine-et-Loire, 18; Manche, 38; Marne,
1; Haute-Marne, 8; Mayenne, 10; Nièvre, 17 ; Oise, 12; Orne, 11 ; Saône-et-Loire, 8; Sarthe,
7; Seine-Inférieure, 6; Seine-et-Marne, 10; Seine-et-Oise, 17 ; Vendée, 1 ; Haute-Vienne, i;
Yonne, 16; Suisse, 3.
Veaux. —Aube, 459; CalvacÈosi, 17; Charentre,. 16;. Huiler 241 ; Eure-et-Loir, 288 ; Indre-
et-Loire, 98; Loiret, 262; Marne, 69; .Nièvre, 3; Oise, 74; Puy-de-Dôme, 238; Sai'the, 147;
Seine -Inférieure, 107; Seine-et-Marne, 226; Seine-et-Oise, 53; Y'onne, 56.
iloutons. — Allier, 710; Ardennes 52; Aube, 1,418; Aveyronj 548;Cantal 1,531 ; Charente, 143;
Cher, 607 ; Cùte-d'Or, 477; Creuse, 124; Dordogne, 161; Èijre-et-Loir, 930; Indre, 227; Loir-et-
Cher, 366; Loiret, 227; Lot, 60: Marne, 478; Meurlhe-et-Moselle , 498; Nièvre^ 529 ; Nord,
150; Oise, 185; Seine, 75 ; Seine-Infeneure, 280; Ssine-et-Marne, 2,916; Seine-et-Oise, 1,633;
Haute-Vienne, 188; Yonne, 349; Allemagne, 8,547; Belà'ique, 60; Espagne. 80; Hongrie,
à.456 ; Italie, 552; Russie, 5.040.
Porcs. — Allier, 66G; Calvados. 134; Charente, 184; Charente-Inférieure, 29; Cher, 32.;
Corrcze, 20; CiJte-d'Or, i33 ; Côtes-du-Nord, 84; Creuse, 181; Deux-Sèvres, 563; Ille-et- Vilaine,
"376; Indre, 263; Indre-et-Loire, 38; Loire-Inférieure. 315; Loir-et-Cher, 109; Maine-et-Loire,
749; Manche, 142-; .Mayenne- 25; Nièvre, 149; Puy-de-Dôme, 149; Rhône, 57; Saône-et-Loire,
88; Sarlhe, 1,047; Seine, 98; Seine-Inférieure, 38, Vendée 734; Vienne, 129; Haute-Vienne,
Û2; Yonne, 32.
Les arrivages sont, comme la semaine dernière, très abondants ; les cours sont
en baisse sur toutes les t[ualités, excepté pour les porcs gras. — Sur les marchés
des dépaitements, on cote : Evreux, bœuf, 2 fr. 10 ; veau, 2 fr. 30 ; mouton,
2 fr. 30 ; porc, 1 fr. 70. — Ncubourg, bùeuf, 1 fr. 60 à 1 fr. 70; vache, 1 fv. 40 à
1 fr. 50; veau, 1 fr. 90 à 2 fr. ; mouton, 2 fr. à 2 fr. 10 ; porc gras, ! fr. 30 à
1 fr. 40; — Louviers. bœuf, 1 fr. 40 à 2 fr. ; veau, 2 fr. à 2 fr. 40; mouton,
120 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT (18 OCTOBRE 1884),
2 fr. à 2 fr. 40 ; porc, 1 fr. 80 à 2 fr. ; — Deauvais, veau gras, 1 fr. ; — Nancy,
bœuf,' 86 à 90 Ir. les 100 kilog. bruts; vache, 65 à 88 Ir, ; veau, 48 à 58 fr ; mou-
ton, 80 à 95 fr.;- porc, 66 à 70 fr. — Sedan, bœuf, 1 fr. 60 à 1 fr. 80; veau,
1 fr. 40 à 2 fr.; mouton, 1 fr. 50 à 2 fr. 40; porc, 1 fr. 40 à 1 fr. 80; — Ncvers,
bœuf, 1 fr. 60 à 1 fr. 80; vache, 1 fr. 40 à 1 fr. 60; veau, 2 fr.; mouton, 2 fr.;
porc, 1 fr. ; — Civray, bœuf et vache, 1 fr. 50 ; veau et mouton, 1 fr. 80, porc,
1 fr. 30; — Bowgoin, bœuf, 66 à 76 fr. les 100 kilog. en poil ; vache, 60 à 70 fr.;
mouton, 80 à 90 fr. ; veau, 90 à 100 fr. porc, 90 à 95 ir.; — Condom, bœuf,
1 fr. 50 à 1 fr. 70; veau, 1 fr. 50 à 1 fr. 70; vache, 1 fr. à 1 fr. 20; mouton,
1 fr. 70 à 2 fr. 10 ; agneau, 1 fr. 60 à 1 fr. 80 ; — Cavaillon, bœuf, 0 fr. 75;
mouton, 0 fr. 80; agneau, 0 fr. 95.
Yiande à la criée. — Il a été vendu à la halle de Pans, du 6 au 12 octobre :
Prix du kilog. le 12 ctclobre.
kilog.
Bœuf ou vaclie... 157,480
Veau 18:J,135
Mouton 87,1.32
Porc 51,433
479,185
1" quai.
1.50 à 1.90
1.87 2.10
1.50 1.80
Porc frais.
2" quai.
1.32 à ;..52
1.64 1.84
1.28 1.48
3' quai.
0.90 à 1.30
1.40 1.G2
0.96 1.26
Choix. Basse 3c'.:cherle,
1.50 à 2.60 0.20 à 1.24
1» « )> »
1.40 2.60 » »
. 1.12àl.44.
Soit par jour 68,455 kilog.
Les ventes ont été supérieures de 11,000 kilog. par jour à celles de la semaine
dernière. Les prix sont en baisée pour le bœuf et à peu près stationnaires pour
les autres sortes.
s. — Cours de la viande à l'alattoir de la Villelte du jeudi 16 octobre {par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On ■cend à la Villette par 50 kilog. : 1" qualité,
65 à 70 fr. ; 2% 60 à 65 fr. Poids vif, 42 à 48 fr.
Bœufs. Veaux. Moutons.
1" r 3- !'• 2-
qaal. quaU quai. quai. quai.
fr. fr. fr. fr. fr.
78 72 64 97 88
3. ,,. 2-
quai. quai. quai,
fr. fr. fr.
83 85 78
quai.
fr.
70
XI. — Marché aux bestiaux de la Villette du jeudi 16 octobre 1884.
Animaux
amenés. luTcndas.
Bœufs 2.910 'i92 >
Vaches 871 246 >
Taureaux... 127 27 >
Veaux 1.2'.3 281 '
Moutons 21 56G 2.447 )
Porcs gras.. 4.893 91 1
— maigres,, » » 1
Vente ilifliriie sur toutes les espèces.
Poids
moyen
gênerai,
kil.
Cours officiels.
Cours des commissionnaires
en bestiaux.
quai. quai.
1.68
1.60
l.SO
1.40
1.32
1.70
1.76
1.26
3-
quai.
1.24
1 18
1.20
l.bO
l.bO
1.22
Prix
extrêmes.
1.20 à 1.70
,,. j. 3.
quai. quai. quai.
1.14
1.16
1.34
1 44
1.18
1 64
1.48
2.04
1 94
1.38
1.64
( .iS
1 42
Prix
extrêmes
1.13àl.69
1.12
1 62
1 46
XII. — Ri'sumé.
Les prix de toutes les denrées se sont maintenus pendant cette semaine, à
quelques exceptions près; les alcools et les sucres sont en hausse; les blés ont
une tendance à la fermeté. A. Rémy.
BULLETIN FINANCIER
Les cours des fonds publics ont encore baissé depuis huit jours; aujourd'hui
on signale une légère reprise et des prix mieux tenus.
On cote les rentes françaises : 3 pour 100, 77 fr. 50; — 3 pour 100
amortissable, 78 fr. 80; — 4 et demi pour 100, 108 fr. 50; — 4 et demi pour 100
nouveau, i08 fr. 50.
Les actions des établissements financiers sont aux cours suivants : Banque
de France, 5,045 fr. ; Banque de Paris et des Pays-Bas, 717 fr. tO; Créclit
foncier et agricole d'Algérie, 490 fr. ; Crédit foncier, 1,280 fr. Banque d'es-
compte 517 fr. 50; Crédit lyonnais, 540 fr.; Compagnie foncière de France,
410 fr,; Société générale, 457 fr. 50.
On cote les titres des chemins de fer français : Est, 782 fr. 50; Paris-Lyon-
Méditerranée, 1,220 fr.; Midi, 1,145 fr. ; Nord, 1,607 fr. ; Orléans 1,297 fr. 50;
Ouest, 825 fr. 50,
Le taux de l'escompte à la Banque de France, 3 pour 100; intérêt des avances,
4 pour 100 E. Féron.
Le Gérant : A. Bouché.
CHRONIQUE AGRICOLE (r, octobre 1 884).
i;onilitions de la transformation des terres arables en prairies ou en cultures fourragères. — Pro-
portions ilans lesquelles elle peut s'opi'rer. — Réponse aux objections. — Exemple pris dans
le département du Cher. — Brochure de M. lialliclier sur la crise agricole. — Réforme des
tarifs dédouane. — Résultats de l'interpellation île M. de Roys. — Nomination de la Commis-
sion cliargée d'examiner le projet de loi relatif aux tarif-; de douane sur les bestiaux. — Amen-
dements présentes par M. Uemarçay et par .M. Sourigues. — Vreux des associations agricoles.
— Vote de la réunion des Comices de Seine et-Marne. — Résolution votée parla Société d'en-
couragement à l'agriculture de l'arronds-iement du Havre. — Réunion provoquée à Saint-
Etienne [lar M. de Honcins. — Vote adopté par cette réunion en faveur dune reunion extra-
ordinaire de la Société des agriculteurs de France. — Projets de loi sur la ré]iression des
fraudes dans le commerce des beurres et dans celui des engrais. — ■ Les récompftiscs pour
l'exposition d'Am.<=terdam. — Projet de création ^'une école pratique d'agricuUui-e dans la
Somme. — Propositions ou projets sur les échanges d'immeubles ruraux, sur les étalons de
trait, sur les forêts des communes, sur le maïs, sur les insectes nuisibles. — Rapport sur le
budget de l'agriculture pour 188.'). — Examen des réductions proposées. — Admission aux
écoles nationales d'agriculture de Grii;non et de Grand-Jouanr — Note de M. Peligot sur la
dissolution du sulfure de carbone dans l'eau. — ■ Distribution de vignes américaines dans la
Gironde. — Note de M. F. Vassillière. — Les vignes américaines de M. Bastide. — Propagation
de la vente du sucre cristallisé. — Brochure de M. Paul Jluller sur le sucrage des vins. —
Monographie du prunier d'Agen par M. Bruguiére. — Progrés de l'industrie laitière. — Etude
de M. Chevron. — La direction des forêts au ministère de l'agriculture.
I. — Céréales et prairies.
Il esl bien entendu aujourd'hui que les cultivateurs soucieux de
leur avenir doivent diminuer, dans des proportions variables suivant
les circonstances, les étendues consacrées au blé, et par contre
accroître celles consacrées aux cultures fourrasrères, notamment aux
prairies temporaires ou permanentes. C est une révolution qui s im-
pose, mais qui ne doit pas se faire partout sur une même échelle; la
nature du sol, le climat sont des fa'jteurs avec lesquels le cultivateur
doit toujours compter. Toutefois il se rencontre parfois des oppositions
assez énergiques; nous avons entendu récemment encore, nous avons
même reproduit des reproches amers adressés à ce qu'on appelle les
théoriciens, qu'on accuse de ne pas prévoir les résultats de la trans-
formation qu'ils préconisent, a Vous voulez, dit-on, transformer la
France en une immense prairie, en faire un désert d'où vous aurez
chassé la population agricole ; les derniers ouvriers ruraux quitteront
les champs oii ils n'auront plus de travail, et la dépopulation de la
France en sera la conséquence. » Tel est l'argument auquel il faut
répondre, parce qu'il est sorti parfois de bouches autorisées.
Tout d'abord, ce ne sont pas les théoriciens seuls qui conseillent
l'extension de la culture des fourrages. Qu'on ouvre la collection du
Journal de l' agriculture, et on y trouvera l'opinion de nombreux agricul-
teurs payant de leur personne derrière la charrue, qui ont été les pre-
mière, non seulement à conseiller, mais à pratiquer la transformation
dont il s'agit. Et puis, est-ce à dire que, dans le plan de réforme pro-
posé, il n'y aurait plus de terres arables, partant que le travail dispa-
raîtrait des champs? Jamais personne n'a tenu ce langage. Ce qu'on a
dit mille fois, et ce qu'il faut redire encore, c'est qu'à des conditions
nouvelles doit correspondre une conduite nouvelle. On doit réduire la
culture du blé, afin de pouvoir consacrer de plus énergiques efforts aux
terres qui seront destinés à en porter, et partant y obtenir un rende-
ment plus élevé. Quant à la surface enlevée à la culture du blé, on
doit, suivant les circonstances, ou bien y créer des prairies, ou bien faire
d'autres céréales, notamment de l'orge et de l'avoine. d(mtles prix ne
paraissent pas devoir subir, au moins d'ici longtemps, l'effondrement
qui a atteint le prix du blé. Encore une fois, il ne peut y avoir de for-
mule générale pour toutes les exploitations; c'est à Tinitialive de cha-
cun à régler sa conduite sur la situation dans laquelle il se trouve.
Citons un exemple. Un cultivateur distingué du département du
Cher, M. Gallicher, ancien député à l'Assemblée nationale, dans une
brochure sur la crise agricole, conclut en ces termes : « Lorsque le
N° 811. — Tome IV de 188'i. — 25 Octobre.
122 GHROTVIIQUE AGRICOLE (25 SEPTEMBRE 1R84).
cultivateur du Cher aura réduit de 1 00,000 à 60,000 hectares la surface
de ses emblavures eu froment et élevé à 20 hectolitres par hectare son
rendement qui n'est .aujourd'hui que de 14; quand il aura appliqué
ces 40,000 hectares, retranchés de la sole du froment, soit à la créa-
tion de prés et de pacages, soit à la culture de céréales communes des-
tinées à la nourriture du bétail, il sera armé, avec quelque chance de
n'être pas écrasé, pour ce combat terrible qu'ont déjà commencé à se
livrer toutes les forces productrices de l'univers, combat dont l'ardeur
augmentera chaque jour, avec les progrès de l'industrie des trans-
ports. » Voilà un exemple d'application des méthodes nouvelles; voilà
qui prouve encore qu'il pourra rester, dans l'avenir, du travail pour
les ouvriers agricoles.
II. — La réforme des tarifs de douane.
L'interpellation de M. de Roys sur la politique économique du gouver-
nement a eu lieu à la Chambre des députés le 18 octobre, comme
nous l'avons annoncé. L'agriculture en a fait tous les frais. Après une
joute oratoire à laquelle ont pris part M.M. de Roys, Jules Ferry,
Brialou, Le Provost de Lauuay, iMéline, Malarlre, la Chambre a
adopté, par 247 voix contre 170, l'ordre du jour pur et simple
demandé par M. Jules Ferry, président du Conseil des ministres, dans
les termes suivants : « Sous la réserve de tous vos di'oits, en présence
delà volonté du gouvernement de rechercher et d'étudier avec vigi-
lance, avec passion, tous les moyens de porter remède aux souffrances
de l'agriculture, étant donné son désir d'arriver à un relèvement à
débattre des droits sur le blé, je prie la Chambre de voter l'ordre du
jour pur et simple. »
D'un commun accord, c'est donc sur le projet de loi relatif au relève-
ment de.s droits de douane sur les bestiaux que va s'ouvrir la grande
discussion agricole. La Chambre des députés a nommé la Commission
chargée d'étudier ce projet; elle se compose de MM. Lechevallier, Cle-
menceau, Duvivier, Raoui-Duval, Dernier, Langlois, Ansart,, Armez,
Bernard Lavergne, Graux et Frédéric Passy. La majorité est favorable
à un relèvement des droits sur le blé, mais hostile au relèvement des
droits sur le bétail. La Commission a été saisie de deux nouveaux amen-
dements : l'un de M. Demarçay, proposant un droit de 4 fr. par
1 00 kilog. sur le blé, de 8 fr. sur les farines et de 2 fr. sur les autres
céréales ; l'autre, de M. Sourigues, demandant un droit de 5 fr. sur
les blés, et le retour à la taxe pour la vente du pain au détail. — 11
est probable que les travaux de la Commission seront poussés avec
activité, afin que la discussion publique arrive rapidement.
ïlî. — Les enquêtes sur la siluation agricole.
Les Comices agricoles du département de Seine-et-Marne ont décidé
de faire une réponse collective au questionnaire de l'enquête parle-
mentaire sur la situation des ouvriers de l'agriculture en France. Voici
les conclusions de cette réponse :
« Les Comices réunis de Seine-et-Marne, après avoir fait l'exposé sincère qui
précède de la situation malheureuse de l'agriculture, croient devoir conclure par
la demande de l'ét-iblisscment d"un droit de douane de 15 pour 100 à l'entrée de
tous les produits agricoles élrangcrs non compris dans les traités de commerce
actuellement existants.
« Ces 15 pour 100 devraient être calculés sur la moyenne des prix des cinq der-
nières années.
CHRONIQUE AGRICOLE (25 OCTOBRE 1884). 123
« Les produits de ces perceptions douaniè-es devraient être appliqué» au dé"
gèvement des impôts de toute sorte qui frappent la propriété foncière, dégrève-
ment solennellement promis par tous les ministères qui se sont succédé depuis
six ans, et même consacré par une disposition législative.
« La créalion d'un minisièrc spécial Au l'agriculture ne peut être vue qu'avec
faveur par l'agriculture françiise, car ell-i lui assure dans h'.n conseils du gou\fer-
nement la présence d'un représentant qui doit être l'organe de ses intérêts et l'in-
terprète de ses doléances. »
Cette délibération est signée par MM. Marc de Haut, président du
Comice des arrondissements de Melun, Fontainebleau et Provins; Jo.s-
seau, président du Comice de l'arrondissement de Coulommiers; Ga-
lellier, président de la Société d'agriculture de l'arrondissement de
Meaux.
M. Paul Casimir-Périer, député de la Seine-Inférieure, nous commu-
nique le vœu adopté dans, la séance du 7 octobre, de la Société d'en-
couragement à l'agriculture de l'arrondissement du Havre :
<c La mise en culture d'immenses terrains dans les deux Amériques, dans l'Au'^
tralie et dans l'Inde; l'énorme développement de la navigation à vapeur et la
baisse de prix des frets qui en est résultée ont amené une perturbation profonde
dans l'économie agricole de la France.
« Ces nouveaux producteurs, indemnes de toutes les charges ([ui pèsent sur
l'agriculture française, inondent nos marchés de leurs produits, offerts à des prix
tels qu'ils amèneront infailliblement la ruine totil-^ de la culture, la dépréciation
de la valeur du sol et, par suite, un déficit considérable dans le rendement des
impôts.
u C'est pourquoi, les soussignés, pour remédier à un étal de choses aussi pré-
judiciable, demandent que tous les produits du sol non compris dans les traités
de commerce, et venant de l'étranger, soient revisés conformément au tableau
ci-dessous :
Blés 5 fr. par quiii.la'.
Céréales autres 3 fr. —
Farines 9 fr.
Bœufs 60 fr. par tète.
Vaches 40 fr. —
Porcs 15 fr. —
Porcs de lait 3 fr. —
Moutons. 7 tV. —
Viande fraîclic 20 fr. par 100 lui oi;.
Viande salée , lô fr. —
«Et que le tarif général des douanes, en ce qui concerne les produits agricoles,
soit augmenté dans toutes ses parties, au fur et à mesure de l'extinction des trai-
tés aujourd'hui existants. »
M. le marquis de Poncins, membre de la Société nationale d'agricul-
ture, a provoqué une réunion qui s'est tenue le 16 octobre, à Saint-
Etienne, des membres de la Société des agriculteurs de France appar-
tenant au département de la Loire. Après une discussion à laquelle
ont pris part MM. de Poncins et Groualle, la réunion a émis à l'una-
nimité les vœux suivants :
1" L'Assemblée, considérant que la crise agricole prend une intensité telle que
cette crise devient un vrai péril social;
2" Considérant que les progrès du mal r'acc-ntuent avec une rapidité qui ne
permet pas de difi'érer d'un seul jour les moyuus à prendre pour le conjurer;
3" Considérant qu'il n'y a plus lieu de s'aiTêter à l'étude de mesures partielles,
comme la taxe des sucres, puisque toutes les branches de l'agriculture : blé, ani-
maux, vin, laine, bois, etc., sont atteintes par la crise actuelle;
4° Considérant que dès lors on ne doit plus envisager que l'ensemble de
l'effondrement agricole, lequel est dii à deux causes principales, savoir : l'exagé-
ration des charges dont nous sommes écrasés, et l'invasion excessive des produits
étrangers ; '
5" Considérant, en ce qui concerne les charges publiques, que la situation des
124 CHRONIQUE AGRICOLE (25 OCTOBRE 1884);
finances françaises ne permet d'espérer aucune diminution d'impôt, et que l'on
ne peut, en l'état actuel des choses, attendre de ce chef aucun soulagement;
6° Considérant que l'agriculture ne peut reprendre aucun essor et que, par
suite, l'ouvrier ne peut avoir aucune espérance de travail, tant que le prix de revient
général restera en dessous du prix de la production;
7° Considérant que sous le régime de la législation existante le prix de la vente
des produits agricoles est très notablement en dessous du prix de revient;
8° Considérant que cet état de choses doit être attribué principalement à la
franchise dont jouissent les produits étrangers qui entrent sur notre territoire, en
usant de nos ports, de nos chemins de fer, de nos canaux, de nos routes, etc.,
sans supporter aucune des charges qu'entraîne notre organisation nationale;
9" Considérant que l'égalité dans la répartition des charges est le premier des
principes du droit moderne ;
10° Considérant que dans l'état actuel de la civilisation aucune rareté des pro-
duits alimentaires n'est à redouter avec des droits de douane compensateurs;
11° Considérant qu'un grand pays comme la France ne peut se désintéresser
de pourvoir par lui-même aux besoins de l'alimentation générale et au bon fonc-
tionnement des grands intérêts nationaux ;
12" Considérant que l'abaissement du prix de revient de la culture française
formulé par certains économistes ne peut jouer qu'un rôle insignifiant dans la
situation de notre production agricole ;
13° Considérant enfin que les intérêts du consommateur ne sauraient être en
rien compromis par l'établissement des droits compensateur demandés ;
L'assemblée émet le vœu :
1° Que les pouvoirs publics soient saisis immédiatement d'un projet de loi qui
aura pour objet d'établir des tarifs douaniers suffisamment compensateurs pour
que 1 agriculture française puisse résistera la concurrence étrangère;
2" Que la loi votée à cet effet soit promulguée et mise en vigueur, avant la fia
de l'année 1884, c'est-à-dire en temps, utile pour protéger les opérations de la
récolte prochaine.
Passant ensuite à l'examen de la quotité à donner aux droits de douane qui
seront établis sur les produits étrangers, l'Assemblée propose les chiffres sui-
vants :
Blé 7 fr. les 100 kilog.
Farine p f''- —
Seigle, orge, avoine, maïs 'i fr. —
Chevaux (animaux vivants) 100 fr. par tète.
Bœufs, vaches, taureaux (animaux vivants) 10 fr. les 100 liilog.
Bœufs (viandes fraîches ou salées) lô fr. —
Moutons (animaux vivants) 12 fr. —
Moutons (viandes fraîches ou salées) 18 fr. —
Porcs (animaux vivants) , 1 4 fr. —
Porcs (viandes fraîches ou salées) 21 fr. —
Vins j f''- P*'' hectolitre.
Bois'en grumes ou ouvrés 15 fr- par mètre cube.
L'assemblée, considérant que la Société des agriculteurs de France signale
depuis de longues années les dangers devant lesquels succombe aujourd'hui l'agri-
culture française;
Considérant que cette Société est à ce jour la représentation la plus importante
de l'agriculture française, et que l'avis des cinq raille membres qui la composent
doit être pris en très sécieuse considération par les pouvoirs pubhcs ; estime qu'il
y aurait heu de convoquer une assemblée générale extraordinaire de la Société
des agriculteurs de Fiance, pour formuler de nouveau, relativement aux tarifs
douaniers, les vœux que comporte la situation actuelle.
En conséquence, elle demande au conseil de la Société d'examiner immédiate-
ment sa proposition et de lui donner la suite qu'elle peut comporter.
Il n'y a de réserves à faire, dans cette note, que sur les quotités des
droits de douane à établir. C'est là la principale difficulté du problème ;
pour l'élucider, M. deGasparin a demandé, dans nos colonnes, la réu-
nion de documents bien précis sur les frais de production, notamment
pour le blé, dans les diverses régions de la France. Il serait utile que
tous les vœux exprimés par les associations agricoles fussent transmis
sans retard à la Chambre des députés.
GHRONIQQE AGRICOLE (25 OCTOBRE 1884). 125
IV. — Propositions et projets concernant Vagvicullure.
En dehors de la grande discussion sur la situation économique de
l'agriculture, la Chambre des députés est saisie de plusieurs autres
projets qui touchent directement aux intérêts agricoles.
Ce sont d'abord deux projets de loi émanant du ministère de l'agri-
culture et concernant la répression des fraudes dans le commerce des
engrais et dans le commerce des beurres. — Le projet de loi relatif
au commerce des beurres établit des pénalités pour ceux qui, en ven-
dant de la margarine ou des beurres mélangés de margarine, de
graisse, d'huile ou d'autres substances similaires, n'auront pas indi-
que la nature du produit ou la composition du mélange, au moyen
d'une étiquette en caractères apparents sur le produit lui-même ou
sur ' les récipients qui le contiendraient. — ^En ce qui concerne le
commerce des engrais, le projet de loi a pour objet de remplacer la loi
du 27 juillet 1867, en la modifiant de manière à la rendre plus effi-
cace. Voici quel serait le texte des deux premiers articles de la nou-
velle loi ; ce texte en indique l'esprit et la portée :
Art. 1". — Sont punis d'un emprisonnement de six jours à un mois et d'une
amende de seize francs à deux mille francs :
1° Ceux qui, en vendant ou en mettant en vente des engrais ou des amende-
ments, auront trompé ou tenté de tromper l'acheteur, soit sur leur nature, leur
composition ou le dosage des éléments qu'ils contiennent, soit sur leur prove-
nance, soit en les désignant sous un nom qui, d'après l'usage, est donné à
d'autres substances fertilisantes, ou en faisant entrer ce nom dans la désignation
de ces engrais ou de ces amendements ;
2" Ceux qui, sans avoir prévenu l'acheteur, auront vendu ou tenté de vendre
des engrais ou des amendements qu'ils savaient être falsifiés, altérés, avariés ou
faussement désignés.
Le tout sans préjudice de l'application de la loi du 27 mars 1851.
Art. 2. — Sont punis des peines édictées par l'article 479 du Gode pénal, et
peuvent même l'être de celles de l'article 480 du même Code, ceux qui, au mo-
ment de la livraison, n'auraient pas fourni a l'acheteur une facture de fengrais ou
de l'amendement vendu, ou qui n'auront pas indiqué, sur cette factur.', le nom,
la nature, la provenance de l'engrais vendu, ainsi que son dosage en azote, en
acide phosphorique et en potasse pour 100 kilog. de la marchandise, dans l'état
oii elle est livrée.
Toutefois, les dispositions du présent article ne sont pas applicables à ceux qui
auraient vendu des fumiers, des matières lécales, des composts, des gadoues ou
boues de ville, des déchets de marchés, des varechs et autres plantes marines
pour engrais, des déchets frais d'abattoirs, de la chaux, de la marne, des faluns,
du plâtre, de la tangue, des sables coquiUiers ou autres amendements, en tant
que ces engrais ou amendements n'auront fait l'objet d'aucune fabrication, soit
par mélange, soit par addition, soit par dessiccatioti, torréfaction ou tout autre
procédé pouvant en modifier l'état ou la composition.
Relativement aux récompanses à décerner à l'occasion de l'exposi-
tion internationale agricole, le projet de loi présenté par M. Méline de-
mande l'autorisation de faire exceptionnellement des promotions ou des
nominations dans la Légion d'honneur, dont le nombre ne pourra dépas-
ser 1 croix de commandeur, 3 croix d'officier et 16 croix de chevalier.
Le ministre de l'intérieur a saisi la Chambre d'un projet de loi ayant
pour objet d'autoriser le département de la Somme à emprunter une
somme de 120,000 francs pour la création d'une école pratique d'a-
griculture. Cette école serait installée dans une ferme située à Aban-
court, à 2 kilomètres de la station de Marcelcave ; le domaine serait
loué par le département qui y ferait les aménagements nécessaires à
l'école, et il serait exploité pour son compte.
1-26 CHRONIQUE AGRICOLE (25 OCTOBRE 1884).
La Chambre aura encore à examiner, probablement une dernière
fois, la proposition relative aux droits fiscaux à percevoir sur les échan-
ges d'immeubles ruraux ; le rapport de M. Jametel propose, au nom de
la Commission, d'adopter le texte voté par le Sénat. — Nous devons
citer enfin la proposition da M. d'Aillières relative aux achats d'étalons
des races de trait, sur laquelle nous reviendrons ; une propo-
sition de M. Loranchet et plusieurs autres députés, tendant à rendre
aux conseils municipaux la libre administration des bois et forêts des
Communes; une proposition de M. Edmond Robert relative au relève-
ment des tarifs de douane sur le maïs, laquelle sera probablement
jointe à la discussion générale sur les tarifs des denrées agricoles. —
Si l'on ajoute qu une deuxième délibération doit venir relativement au
titre alcoolique des vins, on voit que la Chambre des députés se trouve
en présence d'un grand nombre de questions qui intéressent l'agri-
culture.
D'autre part, le Sénat vient d'être saisi, par M. le ministre de
l'agriculture, d'un projet de loi concernant la destruction des insectes
nuisibles, des cryptogames et autres végétaux nuisibles à l'agriculture.
Y. — Le budget de l'agriculture pour 1885.
Le rapport sur le budget du ministère de l'agriculture, préparé par
la Commission de la Chambre des députés, vient d'être distribue.
L'examen du service des forcis en a été détaché pour faire l'objet d'un
travail spécial. Le rapport que nous avons à analyser est dû à M. Hugot,
député de la Côte-d'Or. En présence de la diminution des receltes
financières, la Commission du budget s'est préoccupée des réductions
à opérer dans les dépenses; le ministère de l'agriculture n'a pas
échappé, plus que les autres services publics, à ce mouvement. Le pro-
jet de budget, défalcation faite du service forestier, s'élevait à
25,489,090 francs; la Commission propose do réduire ce total
à 22,818,470 francs; la diminution est donc de 2,670,620 francs.
En 1884, les crédits alloués se sont élevés à la somme de
25,034,280 francs. Toutes les réductions proposées sont-elles justifiées
par l'intérêt public? nous ne le pensons pas. En effet, elles portent sur
un trop grand nombre de chapitres pour ne pas prêter le flanc à la
critique ; examinons les principales.
Une réduction de 132,700 francs est demandée sur le personnel de
l'administration centrale ■ nous n'avons pas à discuter cette question
qui est d'ordre administratif intérieur. — Une autre réduction
de 100,000 francs est proposée sur les indemnités pour abatage d'ani-
maux en vertu de la loi sur la police sanitaire; cette loi commence ù
produire d'heureux résultats, les foyers d'infection des maladies con-
tagieuses diminuent en nombre et en importance. — En ce qui concerne
l'enseignement agricole, la, Commission propose une réduction de
50,000 francs sur les crédits demandés par le ministre de l'agriculture;
si l'on compare celte réduction aux crédits alloués pour 1884, on con-
state une diminution de 33,600 francs. C'est beaucoup trop; si l'on
veut réaliser des économies, il est imprudent de les prendre dans les
dépenses de l'enseignement agricole ; ce service est d'ailleurs loin d'être
aussi largement doté qu'il devrait l'être. Nous en dirons autant de
l'économie de 10,000 francs qu'on propose sur les fonds aff'ectés aux
écoles pratiques d'agriculture, fermes-écoles, orphelinats agricoles, etc.
CHRONIQUE AGRICOLE (25 OGTOBIiB l88't). 127
— Une autre rédaction de 29,000 francs est proposée sur l'inspection
de l'agriculture. — Un ne demuinde pas, heureusement, de diiuinulion
sUiT les encouragements à l'agricultuiect au drainage, sur le service diu
phylloxéra, sur les primes jx)ur la deslruclion des loups.
Pour le service des haras, k principale réductiou proposée est de
249,000 francs pour les courses, les épreuves d'étalons de derai-sani,
et les primes de dressaige.
Le budget du service hydraulique a été le plus maltraité par la Com-
mission du budget. Les principales réductions qu'elle propose attei-
gnent les chiffres de 233,000 fr. pour les études et les subventions
afférentes aux travaux d'irrigation, de dessèchement, de curage; de
1 ,690,000 fr. pour les études et travaux relatifs à l'améaagemeat des
eaux ; de 70,300 fr. pour les travaux hydrauliques en Algérie. Les tra-
vaux dont il est ici question sont, pour la plupart, des entreprises
d'intérêt général qu'il serait dangereux de laisser péricliter.
VI. — Ecoles nationales d'agriculture.
Les examens d'admission dans les écoles nationales d'agriculture
ont eu lieu les 1 5 et 16 octobre.
A Grignon, 53 candidats se sont présentés et 44 ont été admis
Voici la liste d'admission par ordre de mérite :
1. Ducros (Tarn), Lachelier es sciences. — 2.' Roidot (Seine). — 3. Gautiei
(Seine-Inférieure). — 4. Chalas (Saône-et-Loire). — 5. Robin (Indre). — 6. .lou-
vet (Nièvre). — 7. Essigne (Seine). — 8. Germann (Seine-et-Marne). — 9. Jarry
(Seine). — 10. Boreau (Seine-et-Oise). — 11. Lemasson, Ecole pratique d'agri-
culture (Finistère). — 12. Tanton, École pratique de Meurthe-et-Mosella. —
13. Da Silv-a Martins (Brésil). — 14. Vilcoq (beine-et-Marnej. — 15. Le Bel
(Seine). — 16. Luc, Ecole pratique de Meurthe-et-Moselle. — 17. Legrand (Pas-
de-Calais). — 18. Carion (Allier). — 19. Gliaiauqai (Indre-et-Loire). — 20^. Le-
paulmiev (Seine). — 21. Leeuyer (Xavier) (Eure-et-Loir). — V-2.Lemaître (Nièvre).
— 23. Vallois (Seine -Inférieure). — 2i. Jobard (Loire-Inférieure). — 25 Ricard
(Eurel. — 26. Hermann i Seine). — 27. Marcou (Seine-et-Oise). — 28. Masselin
(Seine). — 29. Douspis (Haute-Loire). — 30. Herbet (Seine). — Ml. Jenkens
(Angleterre). — 32. Gostandaki ;Roumanie). — 33. Tissier (Finistère). —
34. Bannier (Loiret). — 35. Wuillemet (Ardennes). ■— 36. De Piralta (Amé-
rique). — 37.' Jublot (Gher). — 38. Peugeot (Doubs). — 39. Leeuyer (Louis.
(Seine). — 40. Aubert (Sarthe). — 41. Afchain (Seine). — 42. Lamarez (Aisne).
— 43, Ariès (Sarthe). — 44. Malatrey (Côle-d'Or),
Ce nombre, joint à celui des élèves anciens qui est de 57, constitue
un effectif total, à l'Ecole, de 101 élèves, non compris les auditeurs
libres. -
A Grand-J'ouan, les examens d'admission ont donné les résultats sui-
vants :
1. Godeiroy (Sarthe) ; — 2. Grandjean (Nièvre) ; — 3. Lebeaa (Maine-et-Loire ;
— 4. L. de f'Aulnay (Côtes-du-Nordj ; — 5. Lavalou (Fmistèi'e) ; —6. Cuvyer
(Seine); — 7. Péchin (Doubs); — 8. Michau (Indre-et-Loire); — 9. Gascoin
(Mavenne);— 10. Marguerite (Nièvre) ; 11. Méry (Loiret) ; — 12. Gautier (Cher) ;
— 13. Lorieui: (Indre-et-Loire); — 14. Fosse (Tarn); — 15. Labbé (Haute-
Marne); — 16. Marhin (Morbihan); — 17. Poulet (Maine-et-Loire).
L'admission de ces 17 nouveaux élèves porte l'effectif de l'école au
grand complet.
VII. — Le phylloxéra.
On trouvera plus loin (page 130) une note importante de M. Peligot
sur la dissolution du sulfure de carbone dans l'eau et l'emploi de cette
dissolution pour le traitement des vigoes phylioxérées. Si, comme
128 CHRONIQUE AGRICOLE (25 OCTOBRE 188%).
tout le fait espérer, les prévisions de l'éminent chimiste se réalisent,
on aura fait un grand pas dans la diminution des frais du traitement
des vignes par le sulfure, ce qui est d'une importance capitale pour
l'extension de ce procédé. Toutefois, nous devons rappeler que l'em-
ploi des dissolutions du sulfure de carbone dans l'eau a été préconisé,
en 1882, par M. Rommier dans une brochure sur les traitements
insecticides et dans une lettre publiée par le Journal de l'agriculture
du 26 août 1882 (page 324 du tome III de 1882).
Conformément à une délibération du Conseil général de la Gironde,
le préfet de ce département vient de nommer une commission chargée
de la répartition gratuite de boutures de cépages américains au.\ pro-
priétaires, fermiers ou métayers. Les demandes seront centralisées
dans les mairies des communes avant le 25 décembre. Chaque demande
ne pourra excéder 200 boutures, en une ou deux variétés pour les porte-
greffes, et 50 boutures en une variété pour les producteurs directs. Les
variétés mises à la disposition des viticulteurs sont : pour les porte-
greffes : Riparia sauvage, Solonis, Taylor, Vialla. Cuningham, York-
Jladeira, Rupestris; pour les producteurs directs : Jacquez, Herbemont,
Clinton-Vialla, Elvira. — Afin de faciliter le choix des viticulteurs
girondins parmi les variétés de cépages américains mises à leur dispo-
sition, M. F. Vassiliière,. professeur départemental d'agriculture, a
résumé comme il suit les indications relatives à chacune de ces
variétés :
Porte-greffes. — Riparia sauvage. Très résistant, reprenant assez facilement
de bouture dans presque tous les terrains profonds, frais, sans être humides et
de fertilité moyenne. — Sulunis. Résistant, très vigoureux dans les bonnas terres,
préférable au Riparia dans les sols fortement calcaires et argilo-calcaires, peu
profonds à sous-sol peu perméable. — Clin'on, Taylor et Vialla. Suffisamment
résistants, propres à toutes les terres de consistance moyenne, ni trop fortes ni
trop légères, fraîches sans trop d'humidité. — Caningham. Assez résistant, de
bonne reprise dans les graves et les sables profonds, frais, de bonne fertilité
moyenne, s'égouttant facilement. — York-Madeira, Rupestris. Résistants, de
reprise assez satisfaisante ; particulièrement convenables pour les graves, les
sables, les calcaires peu profonds, secs, médiocrement fertiles.
Producteurs directs. — Jacquez. Vin rouge foncé, alcoolique, résistant, très
fructifère en terrain profond, riche, perméable, de plaine ou de coteau ; sujet à
l'anthracnose et au mildew. — Herbemont. Vin rouge, clair, moyennement alcoo-
lique, résistant, particulièrement apte à prospérer dans les graves siliceuses, cal-
caires ou argileuses, pourvu qu'elles soient profondes, perméables, de couleur
foncée, en coteau à l'est et au sud. Sujet à la chlorose. — Clinton et Ciinton-ViaUa.
Vin rouge foncé, alcoolique, foxé, prospérant dans les sols précédemment in-
diqués (porte-greffes). Sujet à la chlorose. — York-Madeira. Vin rouge très foncé,
alcoolique, foxé (voir pour le terrain aux porte-greffes). — Cuningham. Vin blanc
très alcoolique ; à mettre aux expositions les plus chaudes en terrain comme il a
été dit précédemment. — Elvira. Vin blanc alcoolique, résistant, productif dans
les sols argileux et argilo-calcaires, profonds, perméables, s'égouttant bien.
Puisque nous parlons de vignes américaines, nous devons rappeler
les succès obtenus par M. S. Bastide, au château d'Agnac, près
Fabrègues (Hérault). Il possède aujourd'hui 100 hectares de vignes
américaines et franco-américaines, d'âge variable; il vient de récolter
plus de 2,000 hectolitres de vin, qu'il a vendus au prix de 43 à
44 francs l'hectolitre; il espère obtenir 4,000 hectolitres en 1885.
Vin. — Sucres et betteraves.
La campagne sucrière est en pleine activité ; malheureusement, ainsi
que nous l'avons dit à plusieurs reprises, la récolte des betteraves est
CHRONIQUE AGRICOLE (25 OCTOBRE 1884). 129
faible, tant à raison du rendement peu élevé que de la diminution de
l'étendue des emblavures. Les fabricants de sucre se préoccupent des
moyens de faire pénétrer dans la consommation l'usage du sucre
cristallisé en grains ou en tablettes, ^ous devons signaler l'initiative
prise à Paris, parle magasin du Printemps^ qui, depuis le 20 octobre,
vend du sucre granulé en grains en paquets à 0 fr. 90 le kilog. Ce
sucre provient de la sucrerie centrale d'Origny-Sainte-banoîte (Aisne),
qui appartient à MM. Jaluzot et Cie. Dans tous les départements de
la région sucrière, l'emploi du sucre cristallisé tend d'ailleurs à se
généraliser rapidement.
IX. — Sucrage des vins.
Sous le titre : Le sucrage des vins et les vins de marc, notre excellent
collaborateur, M. Paul iMuller, correspondant de la Société nationale
d'agriculture, vient de publier (librairie Noisiel, à Strasbourg) une
brochure qui se recommande à l'attention des viticulteurs. [1 y donne
des détails précis et clairs sur les conditions à remplir pour réussir
dans ces opérations. Voici les conclusions de cette étude :
1" Dans les mauvaises années, l'addition modérée d'eau sucrée au moût est une
opération recommandable ; elle améliore le vin.
2" La fabrication des vins de marc est une opération licite ; aux prix du vin en
1884, elle est fort avantageuse pour le cultivateur.
On doit se servir de sucre pur, c'est-à-dire de cristallisé numéro 3 {Wcisser
Krystallzucker), ou de raffiné.
Je ne puis mieux terminer cette courte étude qu'en citant ces paroles typiques
d'un grand savant : « L'addition de matières sucrées au jus de raisins, disait Gay-
LussiC, constitue un véritable progrès dans l'art vinicole, et en faire une cause
de falsification, serait méconnaître les principes les plus simples de l'amélioration
des vins. S'il y avait lieu d'établir des peines relativement à la fabrication des
vins, elles devraient frapper, non ceux qui en fabriquent de lions, mais les mal-
adroits qui n'en font que de mauvais. »
Cette dernière phrase est une excellente réponse aux préventions de
certains chimistes qui prétendent encore que l'on doit considérer le
sucrage comme une falsification du vin.
X. — Le prunier d'Agen.
Il y a quelques années, le Journal a signalé une très bonne étude de
M. Louis Bruguière sur la prune d'Agen. M. Bruguière est un cultiva-
teur bien connu de l'Agenais ; il vient de faire paraître une deuxième
édition de celte monographie' Cette nouvelle édition a été revue et aug-
mentée. Les points principaux sur lesquels M. Bruguière a ajouté de
nouveaux détails sont les suivants : taille des arbres, pépinières,
insectes nuisibles, étuves à prunes, etc. Nous sommes convaincu que
l'accueil empressé qui a été fait à la première édition se retrouvera
pour cette deuxième; la culture du prunier, tant dans l'Agenais que
dans les régions limitrophes, augmente d'importance et donne des
revenus de plus en plus assurés, tandis que la vigne y périclite
sous les atteintes du phylloxéra.
XL — Les progrès de l'industrie laitière.
Des transformations importantes se sont produites depuis une dizaine
d'années dans l'industrie laitière; elles ont principalement porté,
comme nos lecteurs le savent, sur le matériel des laiteries, des beur-
reries et des fromageries. A mesure qu'elles se sont produites, ces
inventions ont été signalées dans nos colonnes. Mais il est utile de
1. Librairie de G. jMasson, 120, boulevard Saint-Germain, à Paris. — Prix ; I fr. ~
130 CHBOHKJDE AGRICOLE < 35 OCTOBii£ 1884 .
trouver ces renseignements réunb dans ane publication spéciale. A cet
égard, nous devons signaler une brochure que vient de publierai. Che-
vron, professeur à rinâtilut agricole de Gembloux lEfelgique , sous le
titre ; Le.$ procédés uouceaux de l iuduMne laihere. Profitant de l'étude
qu'il a pu faire dans lesespositioos internationales de laiterie organisées
«a Belgique, M. Chevron d on ae la description de» appareils récemment
proposés pour le transport du lait, récrémage, la fJabrication du l>eurre
et des fromages; il y a ajouté des détails sur les appareils servant à
l'examen scientifique du lait.
XII. — Questions foreslières.
31. Laurens, directeur des forêts an ministère de l'apiculture, a été
nommé récemment préfet du département de Seine-et-Oise. M. Laurens
avait été appelé à la direction des forêts par un décret du
13 novembre 1883; il a présidé à la nouvelle organisation des ser-
vices qui fonctionne depuis plusieurs mois. Hbsbt Sagsieb.
DISSOLUTION DU SULFURE DE CARBO^'E
DANS L'£AO POOR LE TKAITEMENT DES VIGKE3 PHYLLOXÉHÉES '.
Dans ime de nos précédentes séances, M. Ckiandi-Bey, ingénieur, a
adressé à lAcadémie d importantes observations sur les propriétés du
sulfure de carbone. Il a mis en relief un fait qui avait échappé à l'at-
tention des chimistes qui se sont occupés de ce corps : à savoir, sa
solubilité iJans l'eau. D'après M. Ckiandi, l'eau en dissoudrait par
litre 0 gr. Oo2 à 0 gr. 003 et 0 gr. 50, en agitant du sulfure de carbone
pur dans un flacon complètement plein d'eau.
Il était intéressant de vérifier les résultats indiqués par l'auteur de
ce travail. En ce qui concerne les propriétés antiseptiques de cette
dissolution, 31. Pasteur a bien voulu se charger de ce soin : d'après les
premières expériences faites dans son laboratoire, ces propriétés sont
fort remarquabies. Il est possible que celte dissolution devienne l'an-
tiseptique le plus efficace, comme elle est déjà l'antiseptique le moins
coûteux ; elle revient en effet à quelques 'centimes le litre.
A l'égard de la solubilité du sulfure de carbone dans l'eau, j'ai
constaté qu'elle est notablement plus grande que celle indiquée ci-
dessus. A la température ordinaire, l'eau dissout par litre y.5 de
sulfure de carbone, soit, en poids. 4 gr. 52, la densité de ce corps
étant égale à 1,203.
Ce résultat a été obtenu en agitant vivement et à plusieurs reprises
du -nlfure de carbone pur dans un flacon à moitié rempli d'eau dis-
liliée, il est le même avec de 1 eau ordinaire; bien qu'il représente la
rno-.enne de huit expériences, il n'est qu approximatif. .4 défaut du
dosage direct du sulfure dissous, j'ai dû me borner à mesurer dans
un petit tube gradué le volume de ce corps qui restait après son con-
tact avec un volume d'eau connu, le .sulfure de carbone étant employé
en e.xces. La forte tension de vapeur du sulfure de carbone, qui bout.
comme on le sait, a 45 degrés et, daulre part, la nécessité d'opérer
avec de l'eau déjà saturée d'air, rendent cette détermination un peu
incertaine.
Celte liqueur, alors même que la saturation n'est pas atteinte, pré-
bcnle une saveur sucrée, puis brûiaote : »>a olear, qu'elle ironsTv-
. C^iDOMoiiïïûoa ï Vkcsàéaiif Cet UMuoit, téaate dix 13 'xloijte hUilt.
EMPLOI DE LK DC330LUTION DU SULFURE DE CARBONE DANS LEAU. 131
lono'temps lorsqu'elle est soumise à révaporation spontanée, rappelle
celle du chloroforme. Portée à l'ébullition, elle laisse dégager le sulfure
de carbone; ce corps ne devient libre qu'autant que cette ébullition est
vive et prolongée : l'eau, qui se condense en même temps, renferme
des traces d'acide sulfbydrique et colore en noir un sel de plomb. La
dissolution, avant d'être soumise à l'action de la chaleur, ne fournit
aucune coloration.
La dissolution aqueuse du sulfure de carbone prend rapidement une
couleur jaune lorsqu'on la met en contact avec la potasse^ la soude ou
l'ammoniaque. En agitant du sulfure de carbone avec de l'eau de
chaux ou de baryte bien limpide, la liqueur se colore en jaune au
bout de quelques minutes et fournit bientôt un dépôt blanc de carbo-
nate de ces bases : il y a, en même temps, formation de sulfocarbo-
nates. En évaporant, en présence de l'air, la dissolution baryliqne, on
obtient du carbonate et de l'hyposulfite de baryte.
Lorsqu'on ajoute de la levure de bière à une liqueur contenant du
sulfure de carbone dissous et du sucre, aucune trace de fermentation
alcoolique ne se produit.
Les propriétés de la dissolution aqueuse du sulfure de carbone don-
neront à ce dernier corps une importance nouvelle. Le suif are de car-
bone est, comme on sait, l'insecticide par excellence^ et tout le monde
connaît les services qu'il rend pour la destruction du phylloxéra.
En 1809, M. Paul Thenard, que la mort vient d'enlever à la science
et à notre affection, essayait timidement à Florac, près Bordeaux,
l'emploi du sulfure de carbone enfoui en nature dans le sol : jusqu'en
1876, ce remède était peu employé; la période des essais a été longue;
mais aujourd'hui cette période est terminée et 30,000 hectares de
vignes reroivent annuellement plus de 4 millions de kilogrammes de
sulfure de carbone.
De plus, la viticulture doit à notre illustre et regretté maître et con-
frère l'amas l'indication et l'emploi du sulfoearbonate de potassium. Ce
sel a une dou[)le action : il tue l'insecte par le sulfure de carlione qu'il
renferme et il ajoute au sol un élément essentiellement lertusaut, la
potasse. De plus, il oblige adonner à la plante, qui en profite, une assfz
grande quantité d'eau, chaque cep recevant 80 grammes de ce sel
dilué dans 20 litres d'eau. Avec un prix de revient moins élevé, le
sulfoearbonate de potassium serait devenu d'un usage beaucoup plus
général.
C'est en définitive sous ces deux formes que le sulfure de carbone
est employé. Le plus souvent, ce corps est versé dans des trous pra-
tiqués dans le sol à une certaine distance des ceps de vigne : ces trous
sont creusés au moyen du pal. Comme il s'agit de produire une atmo-
sphère chargée de vapeurs sulfureuses, on consomme une quantité de
sulfure do carbone très considérable; cette quantité varie entre '20 ot
VO grammes par mètre carré, soit 200 à 'lOO kilogrammes par hectare.
.\u prix de 40 francs les 100 kilogrammes, la dépense pour l'achat du
sulfure do carbone est de 80 à 100 francs. En rendant délétère toulo
la niasse d'air coiilliié. on atteint l'insecte qui vit sur les racines de la
plante. La perméabilité du sol, son état de sécheresse ou d'humidité,
ont une grande inlUience sur le succès de l'opération. Parfois, sous
l'iiilluence d'une trop forte dose de sulfure do carbone, la plante péril
en même temps que le phylloxéra.
132 EMPLOI DE LA. DISSOLUTION DU SULFURE DK GA.RBONE DANS L'ilAU.
Il est permis d'admettre que la portion de sulfure de carbone qui
agit utilement se dissout préalablement sous l'iniluence de l'eau que
renferment la plante et l'insecte. Cette portion est assurément fort
minime. En conséquence, on peut espérer, à priori, qu'en substituant
au mode actuel d'opérer la dissolution du sulfure de carbone dans
l'eau, on réalisera une énorme économie, tant pour l'achat de cette
matière que pour la main-d'œuvre qu'exige actuellement son intro-
duction dans le sol.
Il ne s'agirait plus, en effet, que d'arroser chaque cep de vigne avec
quelques litres de la dissolution plus ou moins saturée, celle-ci étant
versée dans une cavité pratiquée au pied du cep. En suivant la tige et
les racines, le liquide atteindra l'insecte par la voie la plus directe et
la plus sûre. Nul doute pour moi que si la propriété que possède le
sulfure de carbone de se dissoudre dans l'eau avait été connue plus tôt,
ce mode d'opérer aurait été expérimenté avant tout autre ; en cas de
succès, il aurait évité bien des pertes d'argent et de temps.
En ajoutant à la dissolution une petite quantité d'un sel de potasse
(chlorure ou sulfate), soit, par exemple, 1 ou 2 grammes par litre, on
réaliserait en même temps l'un des avantages attribués au sulfo-car-
bonate de potassium. J'estime, de plus, que l'addition de quelques
décigrammes d'un sel de magnésie aurait également un effet utile, en
introduisant dans le sol un autre principe tout aussi nécessaire à sa
fertilisation.
Il n'est pas utile d'insister plus longuement, quant à présent, sur
une opération dont l'expérience n'a pas fait connaître la valeur. Si celle-ci
est favorable, la quantité de sulfure de carbone dont on fait usage
pour le traitement des vignes phylloxérées pourra être réduite dans
une énorme proportion.
Il est bien désirable que les délégués du Ministère de l'agriculture
et de l'Académie, les membres des syndicats et des comités d'études
et de vigilance qui fonctionnent dans les déparlements envahis par le
phylloxéra prennent en considération les donuées qui précèdent, et ne
tardent pas à instituer les essais qu'elles réclament.
De même que pour les méthodes actuellement usitées, il faudra passer
par la série d'épreuves et de tâtonnement qu'accompagne toujours une
nouvelle pratique agricole. Dans les pftys entièrement dépourvus d'eau,
on continuera à faire usage du sulfure de carbone en nature, bien que
l'eau, dont la consommation sera d'ailleurs assez minime, soit encore
de tous les remèdes celui qui coûte le moins. La difficulté la plus
sérieuse au premier abord est celle que présente la préparation de la
liqueur sulfureuse : il ne s'agit pas là d'un simple mélange; il est
nécessaire que les deux liquides soient fortement brassés, leur action
mutuelle étant entravée par la différence qui existe entre leur densité.
Il est probable que cette opération devra être faite sur place, dans une
sorte de baratte close, mobile sur des roues ou portée à dos d'homme.
Un robinet, placé à une certaine hauteur, permettra la distribution du
liquide plus ou moins chargé de sulfure de carbone, celui-ci se main-
tenant au fond du vase et devant être ensuite agité avec une nouvelle
quantité d'eau. La construction d'un appareil de ce genre ne doit pas
offrir des difficultés bien sérieuses à nos habiles fabricants d'instru-
ments agricoles. E. Peligot,
Membre de rinstilul et de la Société nationale d'agriculture.
LES PRÉTENDUS MÉTIS MKRINOS. 133
LES PRÉTENDUS MÉTIS MÉRINOS
A l'occasion d'un compte renrlu de concours régional, dans lequel
les niériiios prccoct^s du Soissonnais avaient élé qualiliés de métis
mérinos, le U' Ladi.slas Laczezynski, bien connu des lecteurs de ce
Journal, s'est cniu. Il a craint ({u'iine telle qualification fut nuisible,
aux yeux des étrangers, à la répatition de ces mérinos, dont il peut,
par sa propre pratique et par celle de ses voisins éclairés par lui,
apprécier les mérites.
L'auteur du compte rendu a loyalement et sagement avoué qu'il avait
commis une erreur, ou plutôt une inadvertance, en ajoutant que les
éleveurs du Soissonnais ciiés par lui sont producteurs de mérinos purs
et qu'ils n'avaient pas exposé de métis.
A ce propos, le Journal a fait remarquer que la race mérinos pré-
sente, d ms toutes les parties de la France, une assez grande impor-
tance pour qu'une catégorie lui soit spécialement réservée dans les
programmes des concours régionaux, et il a demandé qu'on en élimi-
nât les métis mérinos.
La question ainsi présentée appelle des explications qui ont été déjà
données depuis longtemps el bien des fois répétées, mais qu'il ne sera
pas superllu, paraît-il, de reproduire, puisqu'elles n'ont même pas
réussi à parvenir jusqu'à tous ceux qui sont chargés d'enseigner, soit
par la pirole, soit par la plume.
Il serait pourtant boa desavoir que les désignations dont il s'agit,
que la distinction usitée £ntre les mérinos et les métis mérinos, ne
sont pas aulre chose que des h ibitudes de langage, se rattachant uni-
quement à Ihisloire de l'introduction de la race en France, à la fin du
siècle dernier et au commencement de celui-ci. On pourrait sans
crainte défier les plus experts de distinguer objectivement les sujets que
leurs producteurs qualifient, pir simple habitude, de métis mérinos,
de ceux qui sont appelés mérinos tout court. 11 y a, pour que la dis-
tinction objective soit impossible, une raison physiologique péremp-
toire. Du reste, celte habiiude de langage, nous l'avons fait perdre à
plusieurs éleveurs, qui ne s'en servent plus dans leurs déclarations. Il
serait à désirer, pour couper court aux méprises comme celle qui
motive les présentes explications, que tous leurs confrères lissentcomme
eux; car en réalité leurs prétendus métis mérinos sont purement et
simplement des mérinos au même titre que tous les autres sujets de la
même race. Pour les en distinguer, il faut se tenir dans le domaine de
la métaphysique, qui n a rien de commun avec la zootechnie.
On sait que les tronpeiux de mérinos français ont été formés de
deux façons. L'Etat d'abord, puis un petit nombre de propriétaires de
diverses régions, ont importé d'Espagne à la fois des brebis et des
béliers. Ces propriétaires nous sont connus. On en trouvera l'indication
dans l'ouvrai^'c de Tessier sur 1 introduction des mérinos en France, et
aussi dans l'historique que nous avons écrit nous-même de cette intro-
duction, au chapitre spécial de notre Traité de zootechnie. Pourle reste,
c'est-à-dire pour le plus grand nombre, des béliers seulement, prove-
nant de ces troupeaux importés, ont été accouplés avec les brebis
imligènes, puis avec les premières métisses, puis avec les deuxièmes,
les troisièmes, et ainsi de suite durant de nombreuses générations. On
134 LES PRÉTENDUS MÉTIS MÉRINOS.
aopelait alors troupeaux de progression ceu\ qui étaient ainsi formés.
Ce sont cis troupeaux qu'on a pris au début la coutume (Je nommer
rnétis mérinos, pour les distinguer des mérinos directement importés.
La distinction a eu, durant un temps, sa raison. Elle a été jusiifiée
tant que se sont manileistés, dans ces troupeaus nouvellement formés,
des pliénomènes de reversion. C'est d'après leur observation qu'ont été
établis le Ràckichlacj, le Rûk%<:hrill des Allemands, le coup ou le pas
en arrière. AujourJ'liui, il ne peut plus en être q i^stioa. Il y a belle
heure que le type naturel du mérinos s'est substitué, avec tous ses
attributs anaiomiques et physiolOj^iques, à celui de la race indigène,
à nous d'ailleurs parfailement connue, partout où l'opération a été
coniinuée pour former li population actuelle des mérinos français.
L'expérience montra invari:ibleineat que, dans les opérations de
croisement continu, la substitution est etïectuée dès la qualriem^^éné-
ralioa. A partir de cette quatrième génération, l'influence héréditaire
de la souche maternelle, ce que nous nommons maintenant l'atavisme
maternel, ne se fuit plus sentr. Cet atavisme est élirai lé. C'est plus de
vini^l et même en certains cas plus de quarante générations qui se
sont écoulées depiiis le commencement de l'opération qui a peuplé
noire pays de mérinos. Scientifiquement et pratiquement il n'est pas
possible d'ohtenir des métis au delà du troisième degré, ou des troi-
sièmes métis, de ceux que dans le langage courant on appelle trois-
quarts tang. Objectivement, ceux-ci sonlsouventidentiques auxsujets
purs de leur race paternelle. Cela dépend de la puissance héréditaire
individuelle de leur père, et aussi de la sélection qui a été faite des
mères mélisses. ^Mais pour l'ordinaire ilss'en distinguent encore. Passé
ce degré il n'y a plus de réels métis, si ce n'est dans le monde idéal ou
imagi.'iaire, où se complaisent encore les personnes entichées du doj;me
du [)ur sang. Ces personnes allii'me.it qu'il y en a, que l'impureté du
sang subsiste indéliniment, mais il leur serait hien impossible de le
prouver. La science ne se fait point avec des aftirmations.
11 y a donc hien des années que les anciens méiis mérinos français,
dans le sens exact du terme, ont cessé d'exister. 11 y a bien des années
que tous nos mérinos, sans distinction, jouissent au même degré de la
faculté de transmettre invariablement leurs caractères spé;iUques et
leurs attributs zootechniques, soit de cjnformatioa, soit d'aptitude,
soit de toison. Il y a bien des années, conséquemment, qu'ils sont tous
également en possession de ce qu'on nomme la constance.
La connaissance de cette notion est bonne a repan Ire, et non pas
seulement au point de vue de l'uliliié qu'elle peut avjir en C3 qui c ju-
cerne la clientèle étrangère de nos producteurs de héliers. A l'étranger
comme chez nous, il y a encore des tenants du dog ne de la pureté
métaphvsique. Nous en avons eu dernièrement une nouvelle preuve
toute personnelle, à propos de h variété des mérinos précoces, qu'en
dehors de noire pays les éleveurs de mérinos reclierchent de plus en
plus. Avant que celte variété lut connue comme elle l'est à présent,
certaines personnes ne pouvaient almettre qu'elle eût été formée sans
lintervenlion d'un croisement avec les animaux anglais. Cela ne lai-
sail pas honneur à leurs connaissances zootecb.iiques, à vrai dire;
mais en somme elles étaient jusqu'à un certain point excusables.
Aujourd'hui l'on n'a plus 'd combattre de telles suppositions. Tous les
connaisseurs de mérinos s'aperçoivent bien que les précoces ne dif-
LES PRÉTENDUS MÉTIS MÉRINOS. 135
fèrent des autres que par leurs formes corporelles améliorées et par
leur précOL'ilé. Seuliment, (]iielques-uns tiennrnt à s'assurer, avant
d'en inlroduire les bélier» dans leurs propres tr.)n|ie;iux, s'ils sont bien
de souche originale, et non pas impl mlés par l'aucien cmisement
conlinu. Il y en a des deux soiles el ï'-tn peut ainsi facilement leur
donner salisi'aciion. Mieux vaudrait, louiefois pour eux s'alTi'ancliir du
prpj'ifié dogmatique. Le champ de sélection serait de la sorte considéra-
bleuiHUl agr-in li, sans qu'ils eussent lieu de le regretter pratiquement.
Mais la nolioa à la lois seienlilique et pratique en question ne tou-
che pas les seuls mérinos. Où il y aurait lieu, par exemple, de substi-
tuer avanlygeu.-emenl les soullidowns à une race indigène quelconque,
il ne serait pas indilTérent de saviiirque la substiluLion peut s'effectuer,
avec le temps, sans qu'il soit nécessaire de faire les fiais de l'intro-
duction d'un troupeau de brebis.
De tout ce qui précèJe résulle-til qu'on doive demander à l'admi-
nistration de modifier dès à présent la rubrique de s» s programmes
sous laquelle les mérinos français sont admis à concourir? Je ne le
pense pas. La modiûcalion, dans l'état actuel, ne serait point sans
inconvé.iient, ainsi que je vais l'expliquer.
Il n'est venu à l'idée d'aucun éleveur de présenter, pour concourir
dans la catégorie des mérinos et métis mérinos, des réels métis comme
les dishlev-u'.érinos ou les southdoxvn-mérinos. Point d'erreur de ce
genre possible. Ni les Soissonnais, ni les Briards, ni les Beaucerons,
ni les Bourguignons ne s'y trompent. Les éleveurs des vrais inélis se
garderaient bien de venir se (aire exclure, et d'ailleurs ils savent bien
que la place de leurs produits n'est point là. Mais en revanche il est au
moins probable que si, sans plus ample explication, le terme de métis
mérinos se trouvait tout à-coup supprimé du programme, ceux qui
ont conservé l'habilude de désigner ainsi leurs mérinos se croiraient
exclus du concours et feraient entendre des réclamations, ou peut-être
même s'a b^ tiendraient- ils.
Mieux vaut, croyons-nous, que 1 administration soit amenée à la
réforme désirée pur le fait même des déclarations qui lui seront faites.
Quand on ne lui déclarera plus, pour prendre part aux concours, des
métis mérinos, mais seulement des mérinos tout court, il n'y aura
plus lieu pour elle de conserver sa rubriquetraditionnelle. Ce^a dépend
des éleveurs. Bon nombre, je le répète, ont à mon instigation com-
mencé le mouvement. Que tous les autres les suivent, et ainsi
l'expression de métis mérinos aura disparu du langage zootechnique,
oîi elle n'a plus depuis longtemps de sens réel, à moins que la routine
administrative ne s'obstine à 1 y maintenir.
A. Saxson,
professeur de zoologie et zootechnie à l'École nationale de Grignoa
et à riQSlitutnat.onal agronomique.
LES IRRIGATIONS EN ALGÉRIE
l'ersonne n'ignore le rôle important que joue l'eau dans le dévelop-
pement des plantes en pays chauds, et l'Algérie plus que tous autres
apprécie les bienfaits de l'irrigation.
Aussi les colons intelligents considèrent-ils qu'en dehors des
roules et i.'es chemins de fer, si indispensables pour l'échange des
produits, il serait urgent que l'Etat créât un plus grand nombre de
136 LES IRRIGATIONS EN ALGÉRIE.
barrages. On pourrait ainsi maintenir et concentrer les produits des
rivières alimentées presque toutes par des montagnes dénuiJées qui
déversent en un seul coup dans les oueds, tranbfurniés en torrents,
toute leur eau chassée brusquement à la mer, en ravageant tout sur
leur passage.
Mais je crains que le problème à résoudre pour obtenir de l'irriga-
tion les meilleurs résultais n'ait pas encore été bien posé, surlout par
les ingénieurs de l'Etat chargés de le résoudre.
Jusqu à présent on s est appliqué à créer d immenses réservoirs per-
mettant d'irriguer pendant l'été des surfaces consi Jérables. Mais sou-
vent ces grands bassins ne se remplissent pas dans les anné.'s sèches,
et sont emportés par les grandes crues dans les années pluvieuses,
ce qui faisait dire à un propriétaire arabe, après la rupture du bar-
rage de l'oued Fergoug, près de Perrégaux : « A quoi servent ces
grands barrages ? Quand il t'ait sec, il n'y a pas d'eau, et quand il pleut
ils sont détruits. >'
Selon moi, on pourrait obtenir un aussi bon résultat avec de
moindres dépenses, si l'on se rendait bien compte du rôle de l'irriga-
tion dans les pays chauds.
Je suis persuadé, en effet, que, sauf pour le jardinage elles cnliures
spéciales donnant des produits de grande valeur, il est plutôt nuisible
qu'utile d'irriguer les plantes en élé. On s'en est bien aperçu dans
certaines plaines de la province d'Oran, cultivées surtout par des
Espagnols. Le fermier donne à la terre une culture de quelques centi-
mètres de profondeur, jette la semence et envoie de l'eau, toujours de
l'eau, pour faire germer, grandir et mûrir les récolles.
Qu'arrive-t-il alors? La plante trouvant à une faible profondeur une
terre battue par le talon de la charrue n'y peut faii'e pénétrer ses ra-
cines qui, chétives, s'étalent près du sol. Au premier soleil, celte
mince couche de terre travaillée se dessèche, et si la planle manque
un jour d'eau par suite ou de la rupture d'un barrage ou de l'insuffi-
sance de son débit, ses pauvres racines lymphatiques périssent et la
récolte est perdue.
C'est tout autrement qu'il faudrait procéder : donner d'abord un
labour profond, en autouuie, puis irriguer copieusement en hiver,
pendant que l'on est sûr d'avoir de l'eau à discrétion. Celle eau pénè-
tre au fond du sol défoncé, qui, travaillé au printemps, conserve l'hu-
midité dans le sous-sol. La graine alors lève facilement, et lorsque
viennent les chaleurs, la plante, vigoureuse, la tète haute, pénètre plus
avant dans le sol, et en prenant plus de force et de vigueur par la lon-
gueur de ses racines, trouve celle fraîcheur bienfais-ante qui permet à
sa lige de se développer et de grossir; alors, si tels sont, comme je le
crois, les phénomènes qui se produisent, et si lirrigatiun d'hiver
suffit, les travaux pour assurer cette irrigation deviennent plus faciles
à exécuter.
Au lieu de ces grands ouvrages comme ceux de Perrégaux, il suffit
de créer une série de barrages peu coûteux, une espèce de canalisation
des cours d'eau empêchant un enlraînement trop rapide, et sur ces
canaux principaux, des canalisations partielles construites par les
syndicats. Dans ces travaux simples et faciles à exécuter, les crues
subites ne peuvent pas produire de graves dégâts; l'envasement des
barrages n'est pas à craindre, et l'on peut compter sur des récoltes
LES IRRIGATIONS EN ALGÉRIE. 137
régulières finis C3tt3 zom irrigable biea déforicée et cultivée. Il est
facil-! ù tout c;)lo:i de fiirj à c;^; sujet des expériences, et si, comme je
n'en doule pis, tous reconnaissant que c'est celle voie qn ils doivent
suivre, qu'ils fassent comprendre à nos gouvernants que c'est dans ce
sens que doivent être compris les travaux de captalion et de régularisa-
lion des cours d'eau ; tout le monde y trouvera son compte.
A. Debains,
Ingénieur des arts el m.inur.ictures,
ancien professeur d'économie rurale à TEcole centrale
L.i GONFÉPtENGE LAITIERE DE GLOGESTEE
LES SUBSTITUTS DU LAIT
A l'occasion de la Conférence laitière de Glocester, j'ai déjà dit qu'on
avait organisé une exposition de tous les ustensiles, appareils, machi-
nes, etc., appartenant, deprèsou de loin, à l'industrie laitière. Parmi
ces choses diverses, l'atlenlion des éleveurs et des nourrisseurs était
surtout attirée vers les condiments farineux récemment introduits dans la
pratique dfs agriculteurs laitiers, eLsurtout des éleveurs, pour servir a la
nourriture, à l'élevage et à l engraissement des veaux el autres jeunes
animaux de la ferme, au lieu et place du lait. On comprend toutde suite
1 importance da ce non /eau produit industriel, qui p'rm3t l'économie
du lait de la mère, lequel p^ut être alors rendu à la laiterie. C'est un
appoint dont la valeur se cliilfre par des sommes énormes, qui vient
grossir, dans une proportion fort appréciable, le revenu de l'agriculture.
Cette nouvelle su'ostincs alimmlairea pris en Angleterre une exten-
sion qui témoigne de 1 importance qu'y attachent les éleveurs et les
engraisseurs, ei de l'appréciation qu'ils ont faite, tout d'abord, des
grands services qu'elle pmt rendre à l'industrie lailière, en en écono-
misant la matière première,, dans une notable proportion. En etTet,
l'éducation des veaux absorbe une quantité très considérable du lait
des vaches mères, soit qu on destine les veaux à la reproduction,
soit qu'on les engraisse pour la boucherie. L'emploi de celte nouvelle
substance qui contient ciiimiquement toutes les parties constituantes du
lait, sous une forme concentrée; permet île disposer du lait pour les
besoins du co:nmerce, soit en nalure pour l'alimenlalion des villes, soit
pour la fabrication du beurre et du fromage. Etant donnée l'eriicacité
de cette substance, laquelle est aujourd'hui inconteslableetincontestée,
on conçoit sans peine quelle révolution son emploi général ne peut man-
quer de produire dans la production du lait «t de la viande. Comme
je l'ai remarqué tout à l'heure, la substitution de cette nourriture au
lait dans l'almientation, l'élevage et l'engraissement des veaux, éco-
nomisera tout au moins un cinquième de la production générale du
lait, ce qui se chiffre par des millions de litres dont la valeur en argent
est énorme. Mais en ce qui touche à la production de la viande,
l'importance de ce nouveau produit est encore, peut-être, plus
grande. En effet, tout le monde sait que dans la pratique des nourris-
seurs et des fermiers-laitiers, surtout en Angleterre, les veaux sont
sacrifiés à un à ;e où leur chair ne s'est point développée; car on les
livre au boucher à n'importe quel prix, et à un âge trop tendre pour
qu'ils aient pu acquérir un développement et partant un poids rému-
nérateur, afin de pouvoir utiliser plus tôt le lait de la mère par la
vente immédiate, ou par la fabrication des produits laitiers. Tout le
138 CONFÉRENCE LAITIÈRE DE GLOCESTER.
monde souffre d'î celle réalisalion prématurée. La richesse publique
en est alleinte par la destruclioa de jeunes animaux, qui n'atieignent
point leur valeur normale. La consommation en souffre, d'abord par
la diminution dans Tapprovisionnement des marches qui en résulte,
et par la mauvaise qualité d'une vande si jeune, si peu nutritive
et si indigeste. L'agriculture en souffre plus encore, car elle se trouve
ainsi privée d'une des sources les plus fé:ondes de sa riciiesse et de sa
prospérité, par la destruction intempestive des éléments de sa produc-
tion. A tous les points de vue donc, la création de la nouvelle industrie
dont il s'agit, est un bien public, car elle satisfait tous les inté-
rêts matériels de la population, en ajoutant, dans une mesure considé-
rable, aux éléments de sa richesse et de son alimentation en lait, en
beurre, en fromage et en viande.
Pour donner une idée de l'économie énorme résultant de l'emploi de
ces farineux substituésaii lait, dans l'alimentation des veaux, il sulTira
de dire que 100 kilog. de celle larine s-ullisent pour faire S.Oi^O litres
de lait artiliciel, ayant la même puissance nutritive que la niè ne quan-
tité de lait naiurel, et coûtant seulement 2 centimes le litre. D'un autre
côté, avec ce lait arlificiel, on n'a point à craindre ces diarrhées meur-
trières, accidents souvent occasionnés par l'emploi du lait de vache
dans l'alimentation des veaux, ainsi que les autres mil.xlies qui, de
la mère, se communiquent au jeune animal, par le lait. Le farineux, dont
il s'agit, est toujours le même, et son absorption, comme nourriture,
maintient toujours le jeune animal en sanlé parfaite.
En ce qui regarde l'engraissement des veaux pour la boucherie, on
sait que Ja couleur blanche de la viande de veau est une condition
presque absolue de l'obtention d'un prix élevé sur le marché, et sur-
tout sur celui de Paris. 11 est évident que l'emploi du lait, pour l'en-
graissement des veaux, doit plus sûrement produire cette qualité que
toute autre nourriture; mais l'expérience a prouvé qu'en nourrissant
les veaux avec les farineux en question, jusqu'à une périoile de toutau
plus huit jours avant la livraison du veau gras à la boucherie, et en
substituant alors, pendant ces huit derniers jours, du lait pur en
quantité suffisante, on obtient à l'étal une viande aussi blanche que si
le jeune animal avait été nourri exclusivement avec du lait depuis sa
naissance. Dans les étables d'élevage, naturellement, cette considé-
ration n'a aucune importance. Dans tous les cas, on peut toujours
économiser plusieurs mois de consommation de lait, et c'est un point
tort important.
L'excellence de cette nourriture économique des jeunes animaux de
la ferme : veaux, agneaux, poulains, etc., etc., est aujourd liui si bien
reconnue en Angleterre que la consommation donne lieu îi un com-
merce considérable. Aujourd'hui l'Angleterre n'en fabrique jias moins
de 5 millions de kilogrammes par an, et M. Piller dit, dans une
récente circulaire, qu'en France, le nombre des nouvelles demandes
qui lui sont adressées, s'est dernièrement accru de plusieurs milliers.
Il y a plusieurs années déjà que, d;ins mon élevage, j'emploie ces
farineux pour raliinenlalion de mes veaux, ce qui m.e |iermct d'utili-
ser tout le lait de mes vaches dans ma lai crie. A partir du .«epiième
jour, je supprime absolument le lait de la mère, et je donne, en son
lieu et plate, un brouet clair préparé comme suit :
Pour 200 grammes de farine, lactina ou milkaline, car il y en a de
CONFÉRENCE LAITIERE DE GLOCESTER. 139
plusieurs composilions, lesquelles, du re^le, j'ai toutes essayées*,
j',ijoulc 5 libres d'eau, en délayant la larine avec une spalule en
bjis, de manière à en l'aire une honillie bi^^n mélangée; celle opération
demande peu de temps, le mélange avec l'eau s'elïectuant avec une
grande facilité.
Lursqu'on a à sa disposition le lait éc.rémé de la laiterie, il est on
ne peut plus avantageux d'en mélanger une certaine quantiié avec le
brouct. Dans ma pratique je me sers de ce petit lait pour rel'roiiJir la
bouillie préparée comme ci-dessus et en ramener la tcmpératiu-e à csUe
du lait de la mère imméilialement après la mu!^ion. C tle addition de
lait écn méest i'orl avantageuse pour le déveinpperaent rapide du ji^une
animal. Le lait écrémé contient les éléments de nutrition les plus
précieux, à l'exception de la graisse, laquelle se trouve d'ailleurs en
quantité suflis;inle, dans la farine préparée. Les jeunes animaux ainsi
nourris se développent rapidement et tout aussi bieo, sinon mitsux,
et sont beaucoup plus économiquement nourris, que s'ils l'étaient
exclusivement avec le lait de la mère.
Le tableau suivant donnera une idée de l'économie réalisée par
l'emploi de ces farines préparées, en comparaison avec l'alimentation
avec 1-^ lait de la mère.
D'après les données fournies par l'expérieacfî des éleveurs en Angle-
terre, le coût de l'élevage des veaux avec le lait di la mère comparé
avec les farineux peut être établi comme suit :
Lait. Farine préparée.
1"' mois 3i fr. 1" unis !) fr, 70
2' mo s 35 60 :;• moi^. ,.. 9 AU
:h° moii 3! 15 3' ruûi< li 15
4° mjis 22 80 4° rnuis i:i to
Total Ko 30 Total 4i 3j
Cette comparaison établit donc une économie de 81 fr. 20 par veau.
Dans le chiffre ci-dessus est compris lecoûl; des tourteaux oléagineux,
du foin et des farineux. Proportions gardées, ce calcul est apjjlicable
aussi à l'alimentation des poulains, porcelets, agnsaux, etc.
Voici maintenant les quantités nécessaires à l'alimeatation des
veaux, selon leur âge.
Juï^qii'au quatrième jour, ,1e jeune animal doit être exclusivement
nourri avec le lait de la mère. Ce lait contient un purgatif oui nettoie
les intestins du jeune animal des excréments (|ui s'y sont accumulés
pendant la gestation ; mais il importe, vu la délicatesse et le dévelop-
pement impirfait des organes digestifs, de réglemeeler soigneusement
la quantité de lait absorbée par le jeune animal; car si cette quantité
est excessive, il s'ensuit de graves accidents d'indigestion, lesquels
déterminent ordinairement une diarrhée souvent suivie de mort. Le
tableau suivant indique les quantités à donner :
Kalin.
Du 1" au 4* jour Lait seulement 1 li;re
Du S" au 9= jour Moitié brouet laitme et
moitié Uit I litre 1/5
Du 10«au 14° jour... — — 2 litres.
3° semaine Brouet seulement 2 litres.
4», .'i" et ti" pemniiies. . — — 3 litres.
7«, 8°, et !)° soriiaines.. — — 3 lilres.
10°, ird l^'s^iiiaiiies — — 4 litre?.
I. Je il i;ii |i U-. t inl le léi iltai 'les expérieii ; s hiix |ii;lios |; tri^ > iis livre et a q leile coin|io-
silion je (loi:ne la p-éférence au |iûiiit d; vrie J; l'cfiiiiaoïtéot Ja bou miuché ; je m'en abslieudrai
ici pour ne pas avoir l'air de f^ire une réclame.
Midi.
Soir.
1 litre.
1 litre.
1 litre.
1 litre 1/2.
1 liiro.
2 litres.
1 lilro
1/2.
2 liires.
point.
3 liires.
»
4 Mires.
»
4 lires.
no CONFÉRENCE LAITIÈRE DE GLOCESÏER.
A partir du commencement de la quatrième semaine, on commence
à donner au jeune animal, comme avec le régime du luit, un peu de
foin, de racines et de tourteau de lin, dont on augmente graduellement
la quantité à mesure que les capacités digestives du jeune animal
se développent et deviennent plus actives.
On assaisonne cette bouillie avec une pincée de sel. On fait alors
bouillir pendant quelques minutes seulement, en ayant soin de remuer
tout !e temps, le mélange avec la spatule pour empèi^lier de brûler ce
qui donnerait un mauvais goiU. Ce mode de préparation prend un peu
de temps et demande quelques soins, il est vrai ; mais pour les veaux
très jeunes et pour ceux qui sont, un peu délicats, ces précautions
sont fortement recommandées, d'après mon expérience. Mais quand il
s'agit d'animaux ayant déjà un mois ou six semaines, robustes et ve-
nant bien, ccs précautions sont moins nécessaires, et alors, dans ma
pratique, je me contente de verser de l'eau bouillan'e sur la farine et
d'en faire une bouillie de la consistance voulue; ou bien encore on peut
mélanger la farine avec de l'eau froide pour en faire une pâte comme
pour le pain, puis on délaye cette pâte avec de l'eau bouillante. On
laisse refroidir ce brouet jusqu'à la température du iait au sortir du
pis de la mère, c'est-à-dire jusqu'à une température d'environ 36 de-
grés centigrades.
.Jusqu'à ce que le jeune veau ait atteint l'âge de six semaines,
le maintien de cette température du brouet est nécessaire pour
que les fonctions digestives de l'estomac puissent s'accomplir d'une
manière normale, car la formation de Testomac des jeunes rumi-
nants ne se complète qu'à partir de cet âge, et une certaine cha-
leur est nécessaire pour que la nourriture ingérée dans les o''ganes
de la digestion, puisse être assimilée par le jeune animal; mais à
partir de six semaines ou deux mois, la rumination commence à
s'opérer, et, alors, la température des aliments n'a plus besoin d'être
aussi élevée. On peut donc dès lors diminuer graduellement celte tem-
pérature à raison de 3 ou 4 degrés par jour.
Voilà la méthode que j'emploie dans mon élevage pour l'alimenta-
tion de mes veaux avec ces farineux*.
Lorsqu'il s'agit de l'easraissement d'un veau pour la boucherie, on
peut aussi, à partir du second mois, augmenter progressivement la
ration de lactine ou de milkaline, comme on le fait, du reste, avec le
lait, et cela dans la même proportion.
Mon expérience qui, comme je l'ai dit, date déjà de plusieurs années,
des bons effets de l'emploi de ces farines condimentées pour l'élevage
à la foia économique et efficace des jeunes amimaux de la ferme, ma
tellement convaincu des avantages incalculables qui résultent de
l'emploi de ces substances, que je ne puis m'empècher d'être surpris
que la manufacture de la lactine et de la milkaline ne se soit pas encore
implantée chez nous. Il me semble regrettable que nous soyons tribu-
taires de l'étranger pour nous procurer ce précieux auxiliaire de la
ferme, et que nous soyons obligés, en outre, de payer des frais de
transport qu'il serait pourtant si facile d'éviter.
Dk L\ ïliÉHONNAlS.
1. On peut suivre le même mode il'aliint'niation avec lalacli a ilc BI. BowilI;. ia milkaline de
M. HorrldRe et avec toutes les autres espèces de préparations analosues. dont la Tibrication tend à
se multiplier en Angleterre, sons diver>e3 dénomiiiaiions , tant l'usage s'en est généralis(! parmi les
éleveurs des espèces diverses d'animaux agricoles, tels que veaux, poulains, agneaux, etc.
EMPLOI DES NORIAS POUR L'ARROSAGE.
141
EMPLOI DES NORIAS POUR I/ARROSAGE
On nous demande de fournir ici quelques déluils sur l'emploi des
norias pour l'irrigation des jardins unraîehers, et même des terres
arables dans le Midi de la France.
En 1883 (Joiinud du 28 avril, page 13') du tome II de 1883),
, nflT
"Ht.^
'K
Kig. l(i. — Noria primiUve.
M. Cil. Joly, vice-président de la Société centrale d'horticulture, a
donné ici la description des norias employées en Espagne dans beau-
' Fi4, 17. — Noria moderne construite par M. Dûiuiaïui.
coup de localités. On retrouve encore quelques types de ces installa-
tions primitives en Provence et dans le bas Linguedoc. La figure 16
en montre un curieux spécimen; avec ces vases en terre cuite et ce
manège d'une instabilité parfaite, on élève peu d'eau, on en perd
142 EMPLOI DES NORIAS POUR L'ARROSAGE.
pendant l'ascension, et le déversement en est tout à fait incomplet.
Aiijoiiid'liiii, la notia a clé bien perft'clionnée. Tous les liydrauli-
ciens en construisent, et ils se sont ini;éniés à en a«;croîtic le remleinent
utile; d'autres ont clierclié à la remplacer par la pompe à chapelet.
Actuellement on emploie, sur une très grande échelle, dans le dépar-
tement, de Vaucluse not;immcnt, et surtout dans la plaine d'Avignon,
la noria à déversoir intérieur que représente la figure 17. Elle sert
pour l'arrosage de petites contenances dans lesquelles on cultive les
plantes maraîchères.
Celle machine se compose de deux tambours placés, l'un dans un
puits, l'autre un peu au-dessus du sol, et d'une chaîne à godi ts qui
les embrasse. Elle est mise en mouvement à l'aide d'un uiauège allelé
d'un cheval ou d'un mulet, au moyen d'un engrenage à angle. Les
godets se chargent d'eau en passant sous le lanibour inférieur, et
déversent, quand ils arrivent sur le tambour supérieur, dans une auge
en métal placée au-dessus de l'axe de celui-ci et qui se vide elleraêuie
à travers les ravons de ce tambour. l>'eau est dirigée ensuite dans la
terre par une rigole. Cette noria est fabriquée par divers mécaniciens
et chaudronniers d'Avignon,
Celle dont nous donnons le type est construite par i\l. Donnaud, à
Avignon. Les norias sont plus ou moins puissantes ; la quantité d'eau
que contiennent les godets varie depuis 5 jusqu'à 50 litres ; leur nom-
bre dépend de la profondeur à laquelle on descend. Les fiMis d'instal-
lation varient dans chaque circousiance; or, c'est par milliers qu'on
compte les norias employées en Provence. L. de SAnoniAC.
GULTCRE DE Lk VIGNE EN BUTTES-BILLONS
SES RÉSULTATS DANS LA REGONSTITUT.ON DES VIGNOBLES
ET LA LUTTE CONTRE LE PHYLLOXERA.
Au commencement de l'année actuelle, nous avons fait connaîlreun
nouveau procédé de culture de la vigr^e, qui nous a paru oITrir de grands
avantages pour la reconslitutiim des vignobles phyltoxérés. Après
l'avoircssayé d'abord sur une surf ice d'un hectare, nous l'avons appliqué
sur un espace beaucoup plus étendu, planté de vignes forlementendom-
magées et ne produisant plus ni bois, ni vin. L'expérienceélait l'aile en
même temps à Roussillon, dans^I^ère, et à l'école îles vignes du jardin
botanique, au parc de la Têle-d'Or, à Lyon. Dans l'Isère, malheureu-
sement, la gelée du printemps et la giêie du 6 août ont causé des
dommages considérables Nous n'en croyons pas moins dcvoirappeler
l'allention sur les résultats généraux que la méthode mise en pratique
peut fiuruir; d'autant plus qu'outre l'avantage d'être applicable dins
un grand nombre de vignobles, elle a encore celui d être une des moins
coûteuses parmi celles qu'on a préconisées dans la lutte conire le
phylloxéra. Elle nous a élé suggérée par un ensemble de con-idéralions
tirées du développementdu terrible insecte, tel que l'ont l'ait connaître
les savants les plus autorisés, et notamment MM. Balbiani, Maxime
Cornu, Biu'teau, etc.
Le phylloxéra, en effet, présente dans le cours de son évolution une
succes.-ion de formes variées qu'il importe de bien connaître, si l'on
veut arriver à instituer des moyens de défense rationnels. Ce qu'il faut
avant tout, c'est rechercher si, parmi ces formes successives, il u'en
CULTURE DE LA VIGNE EN BUTTES-BILLONS. 143
est pas quelqu'une qui puisse être attaquco p;ir des moyens relative-
menL lacilcs el capa'.jles de conduira à l'ovlinciioa de l'espocîe.
Les diverses formes qr.e revèl le phylloxéra correspjiiddnl à des
modes d'e\ist,cnce très dillércnts Les uns, vivant sur les raci.ies de la
vigne, sont appelés pour celte raison radicicok's; les aulnes, vivanlsur
les leuilk's oh leur piqûre l'urme des galles, sa nomment (jatticoles.
Comme nombre, les [)remiers compos:nt presque toule la race;
d'ailleurs beaueojp de nos vignes fr.inçaises nepré-ententpas de galles.
Partons d'un radieicole pour donner une idée du cyole des méta-
mor|)lioses de l'insecte. C'est un très petit puceron, de couleur ;aunàtre
ou bronzée, dé()ourvu d'ailes, autremint dit nplbre, muni d'un suçoir
puissant au moyen duquel il pu:se dans les ra-ines les sucs dont il se
nourrit. Vers le mdieu d'avril, quand la tenq)ératurcdn sol commence
à s'élever au-dessus de 10 degrés, ce puceron sort de sa torpeur. Il
pond des œufs, et tous les œufs sont bons. Cependant il n'y a pas de
màles parmi les railicieoles; tous sont des femelles, ou plus e\acle-
meul des aiiami-s, ce qui veut dire qu'ils n'ont pas de sexe. L'éclosion
des œnCsalicu au bout dedix jours au plus, et une douzaine de jours
après, les jeunes pucerons so;it aptes à pondre à leur tour; comme
leurs parents, ils dé])osent leurs œufs sur les racines. Les (iicmes phé-
nomènes se renouvellent durant toute la belle saison. Mais, comme
une même mère peut pondre pendant trente àquaraule jours, il s'en-
suit ([u'on a dans le sol, pendant l'été, des œufs et des pucerons à tous
les étals de développement. En elï'et, la mère pondra encore, alors que
ses premies œufs auront déjà donné des filles capables de pon Ire à
leur tour; il y aura ainsi des tantes plus jeunes que leurs nièces. Tous
ces phylloxéras, nous l'avons dit, sont femelles ou plutôt agames; ils
se reproduisent sans fécondation, par parthénogenèse. Un seul œuf
peut donner plusieurs millions d'individus dans l'espace d'un élé.
Mais avant la fin de l'année, une seconde forme doit prendre nais-
sance. Vers le mois d'août on di>lingue aussi ça et là sur les racines,
et mêlée aux mères pondeuses, une forme plus allongée qui grandit
sans pondre : c'est une nijntph", qui va monter à la surface du sol et
se chinger en un [ihylloxera nilê, semblable à une très-petite mouche
à corps jaune pourvu de quatre ailes.
Ce phylloxéra ailé, emporié dans les airs, peut être entraîné au loin
parles vents el répindre le lléau d'une manière inattendue à des dis-
tances très-grandes. Or. en a trouvé un peu pirtout, mèm; sur les
vitres des wagons de cliemin de 1er. Fixé sur les feuilles de la vi^ne,
dans l'espèce de duvet de la face inférieure, l'ailé, qui est agame comme
les radicicoles restés dans le sol, pond à son tour, vers la lin de l'été,
des œufs de deux gros>eurs ddïérentes; les plus petits donnent nais-
sance à des mulrs aplères, les plus gros à des /'VifUcs aplcr-'s; les uns
el les autres sont donc sexués. L'accoiiplementa lieu presque aussitôt,
el le mâle meurt Quand à la femelle lécoadée, elle pond un seul œuf,
et meurl après l'avoir pondu.
C'est cet œuf résullant de la fécondation, el appelé œuf d'hiver,
qui nous iniéresse le [)ius. Il est toujours pondu sur le bois d'au moins
deuxans, sous l'écorce ou dans les fentes. MM. Balbiani cl llenneguy
l'ont liou\é sur toutes les parties de la souche. Il ne peut éclore que
vers le mois d'avril de l'année suivante, après avoir passé l'hiver sur
la tige aérienne.
144 CULTURE DE LA VIGNK EN BUTTES-BILLONS.
Que (]onne-t-il alors? Une mère pondeuse aptère, qui ne ressemble
ni à SCS |.èreet nièie, les jiiiylluxeras scruéa, ni à sa jriand'mère l'ailée,
mais l/i;n à sa bisaïeule qui \ildans le sol. En outre, et le fait est
important, au lieu de pondre un petit nombre d'œul's, comme les
autres, elle en pond jusqu'à GOlî ; de sorte que la fécondité de l'espèce
qui avait diminué de plus en plus auparavant, d'après les belles
observations de M. Baibiani, se trouve tout à coup redevenue prodi-
gieuse, par le fait même de la fécondation d'où est sorti l'œuf d hiver.
Disons de suite ce que deviennent ces œufs si nombreux. Ils donnent
des individus aptères, qui montent sur les feuilles, où ils forment des
colonies aériennes dont les piqûres produisent des galles; c'est alors
dans l'intérieur des galles qu'ils pondent des œufs, d'où naissent de
nouveaux phylloxéras gallicolcs.
Mais l'hiver approche. En nombre, après plusieurs générations, les
gallicoles redescendent aux racines, pour y rejoindre les radicieoles qui
n'étaient pas sertis du sol. Tous dès lors deviennent lubf-rnanls : il ne
reste rien au dcboi-s, à l'exception des œufs d'hiver pondus par d'autres
individus vers la fin de l'été.
Au printemps suivant, les hibernants sortent de leur engourdis-
sement; ils pondent, et le cycle du développement que nous venons
d'esquiïSPF recommince.
Nous ne voudrions pas fatiguer le lecteur par de plus longs et plus
minutieux détails. Ce qu'il importe de remarquer, c'est que les dilTé-
rentes formes de l'espèce viennent aboutira l'œuf d hiver; c'est ainsi
que, dans ces formes successives, la fécondité va en s'atténmint d'une
génération à l'autre, comme le prouve la décroissance iirogressive du
nombre des œufs de chaque pondeuse. Ce nombre est réduit à l'unité
pour l'œuf d'hiver. Mais par un de ces phénomènes communs chez
les èU'Ci inférieurs, la femelle issue de l'œuf d'hiver vient rendre à
l'espèce sa fécondité primitive, puisqu'elle pond jusqu'à 6i)0 œufs.
M. [}ill)iani a tiré de là cette conséquence pratique qu'on devra sur-
tout s'attaquer à l'œuf d'hiver, paurarriver à débarrasser la vigne de
son ennemi ; c'est pourquoi le savant professeur du collège de France
aconseillé de badigeonner les ceps avec des substances goudronneuses,
toxiques pour l'œuf d'hiver et inoffensives pour la vigne.
11 nous a semblé aussi, surtout en présence des critiques adressées
au badigeonnage, qu'on pouvait recourir à une autre méthode, qui
piésente en même temps l'avantage de rendre à la vigne une vigueur
consiilérable.
Un habile observateur, M. Boiloau, a constaté que si les écorces qui
retiennent ou protègent les œufs d'hiver viennent à tomber sur le sol,
les œufs se décomposent et périssent. Il semble donc que tous ceux
qui pourraient être pondus sous terre, fût-ce même sur une racine,
seraient coudamnés d'avance II devra en être de même, si l'on enfouit
dans le sol les tiges dont l'écorce porte des œufs d'hiver. Ce procédé
oflVe en outre cet avantai:e, que si l'œuf d'hiver est pondu seulement
sur le bois d'au moins deux ans, sous l'écorce destinée à le protéger,
on pourra, en recouvrant ce bois de terre pendant toute l'année,
empêcher le phylloxéra de pondre dans des conditions susceptibles
d'assurer la conservation des œufs.
Or, notre méthode nous semble conduire à celte fin. En outre, elle
a l'avantage d'être simple, peu coûteuse, très efficace pour rendre à la
CULTUHK DK LA VIGNE EN BUTTES-BILLONS. ïtb
vpgélalion un essor romarquahle. de derniei- résultat pont dés aujour-
d'hui t'Lre conslalé dans nos cultures, car nous no prétendons pns
encore, avoir détruit le pliylloxer.i sur les racines.
l'éjà, l'an dernier, toutes les souches cultivées en buttes billoas
avaient des pampres deux fois plus longs que ceux des antres ceps;
les t'euilles étaient pins larges, plus vertes; les grappes, plus grosses
avaient pu mûrir l'acilenient. Celle année, nous avons en jnsqu à ce
jour des résultats encore plus satisfaisants, et sans la grêle, la r.^coUe
eût été belle, alors que les vignes de nos voisins sontenlièrenienl p 'rdues.
La culture est des p'us faciles. En aulomne, après la chute des
feuilles et avant les froids rigoureux de 1 hiver, on supprime les rameaux
inutiles pour la taille du printemps, en ne laissant que les sarmants
fruclilères. On déeliansse le ci''p jusqu'aux premières racines pour y
mettre une bonne fumure; puis on forme les billonsavec la terre prise
de chaque côté à l'aide de la charrue ou de la pioche. Il importe beau-
coup (le l'ccouvrir complèlement le vieux bois et les coursons de l'année
précédente, et de ne laisser à découvert que les runeaux fruelileres
de l'année. Oa se rappelle pour ([uelle raison : afin d'empêchn" la
femelle du phylloxéra de [)ondre son œ.if d'hiver sous l'écorce cre-
vassée du bois des années précédentes. 11 faut, pour cela, que le bois
soit recouvert avec assez de ilxité, pour que les pluies, les labours et le
binage ne le découvrent [)as dans le courant de l'année.
Au printemps, dès les premiers beaux jours, on procède à la taille
habituelle pour chaque cépage ; mais c'est la seconde année, après avoir
obtenu des sarmcnis d'une longueur suffisante, qu'on a soin de laisser
aux sarments frucliières conservateurs plusieurs entre nœuds oiimcri-
thalles, alinde les cacher sous le sol, dans le billon, à une profonJeu,
de 4 à 8 centimètres, dans la crainte des gelées tardives du printompsr
et on ne laisse à la surface du sol que 1 extrémité du sarment avee un
ou deux yeux d'afipel. On peut ainsi remplacerau besoin les bourgeons
atteints par la gelée. Nous n'aurions pas éprouvé celte année les dom-
mages qu'elle nous a causés, si le nombre et la longueur des sarments
fructifères nous avaient permis d'opérer partout de cette façon. Les
viticulteurs savent encore que plus les souches sont basses, mieux elles
mùrissetit leurs fruits, plus le vin a de finesse et de sucre, et moins
sont coûteux les soutènements de la vigne.
En résumé, nous ne saurions trop engager les vignerons à expéri-
menter ce mo le de culture, qui n'est, au fond, qu'une sorte de pro-
vignage unilatéral de la souche. Non seulement il permet de réaliser
une économie notable ; il fournit encore à la vigne, en favorisant la
production des racines adventives. les conditions les plus favorables
pour augmenter sa résistance aux atteintes du phylloxéra. L'avenir
montrera si nos prévisions sont fondées ; en attendant, préoccupé de
trouver le mieux et le plus sûr, nous accepterons les crilicpies et nous
accueillerons avec reconnaissance les renseignements qu'on voudra bien
nous adresser. Th. Dems,
Chef de culture an jardin botanique, parc de la Téle-d'Or, i Lyoa.
ALIMENTATION DU BETAIL AVEC LES TOURTEAUX
DE M.VIîG DE PO-VMES.
Aujourd'hui que l'élevage du bétail devient partout la grande res-
source des agriculteurs, ils sont amenés à rechercher les moyens les
146 ALIMENTATION DU BÉTAIL PAR LES TOURTEAUX [DE MARC DE POMMES.
plus économiques de réussir, d'autant plus que l'on ne peut avoir
partout des fourrages en quantité suliisanle et que les aulres procédés
d'alimentation coûtent fort cher. Nous croyons donc rendre service à
nos lecteurs en appelant leur allention sur le marc de poinmps, qui
est très Leuieusemenl eu«j)loyé dans certaines parties de la France,
non pas tant pour l'engraissement que pour l'clevagc et la nourriture
des bestiaux.
Dans toute la Normandie, on donne le marc de pommes aux vaclics,
mêlé au son et délayé dans de l'eau chaude; c'est ce i|ue l'on nomme
des breuvéïs. Les animaux s'en irouveat fort bien, et le rendement en
lait en est C'éneralemcnl auirmenlé.
Dans phi leurs depaileuieuts de l'Est, la Marne notamment, où
beaucoup de br.isseurs fabriquent du cidie en grand, pendanl l'Iiiver,
ils vendent le mure aux cultivateurs, qui le font manger à leurs bes-
tiaux, molungéà la dirchc.
Les chevaux aiment aussi beaucoup celte nourriture qui a l'avan-
tage d'économiser le foin. Quant aux porcs, dans un grand nombre de
fermes, ils ne mangent pas autre chose. On les amène ainsi jusqu'à
l'âge où ils deviennent propres à un engraissement rapide.
Les qualilés du marc de pommes sont donc incontestables. Ladiffi
cullé consiste à le IransporLcr, età le bien conserver toute l'année. Celle
difficullé vient d èlre résolue par un propriétaire des environs
d'Avranches qui a l'ail de la fabrication du cidre une industrie, et qui
applique au pressurage des pommes des presses hydrauliques d'une
grande puissance. Ce propriétaire est ftl. d'Avenel, au château du
Champ-du-Genêt, près d'Avranches (Manche).
L'ne l'ois le jus extrait, il confectionne avec le marc des tourteaux,
séparés entre eux par une mince coucbede sel, el il les livre ain^i à la
gare la plus voisine de son domicile, au prix de 2 francs les 100 kilog.
Le sel a le double avantage d'être très "oùté des animaux et d'assurer
^ . . . , •
la conservation du marc, qui aiUremeut tournerait à 1 ai^re.
Les tourleaux, ainsi fabriqués, se tiennent frais jusqu'à la fin de l'élé
suivant, à la condition de les soustraire an contact de l'air, soit dans
des silos bien secs, soit dans des tonneaux défoncés.
G. Gaudot.
L'USINE AGRICOLE - II'
Des apprentis. — A partir de lâge de quatorze ans, les adolescents
pourront être admis comme apprentis, toutefois à la condition que
l^Elal, les villes ou les particuliers prendront l'engagement de verser
à la Société la somme de I fr. par jour pendanl les deux premières
années pour la nourriture et l'entretien de chaque apprenti.
Les apprentis beront placés sous les ordres im nié liais de leur pa-
tron; ils lui devront obéissance ab.<olue. C'est le patron qui désignera
ceux d'entre les apprentis qui resteront à travailler avec lui et ceux
qui devront se rendre à Tadminislralion centrale sous les ordres du
contre-maître de groupe.
Les apprentis nourris par les patrons seront habillés par l'admi-
nislralion et ils seront, à la lin du mois, crédités sur leur livret, tl'un
pécu'e dont le chilTre sera déterminé par le patron, en raison de leur
travail el de leur conduile.
1. Voir le ./oM/noiOu 1 S octobre, nage 104 de ce volume.
L'aSINE AGRICOLE. 147
A partir de la Iraisibnie anaiîj, l'appr^înti s^iM libre do choisir sa
profession dans les diverses brandies induslrielles ou agricoles dé-
pendant (le la Sociélé. •»
Dans l'un et l'autre cas, il devra subir une première épreuve au
concDurs pour passer élève conlro-inaître, une deuxième épreuve pour
passer contre-maître de deuxième classe, et enfin une troisième et
dernière épreuve pour passer à la première, qui sera la classe des
sorianls, sur la deminde de l'industrie privée.
Dks coNTiiE-M.ÛTiiEs. — Les éièvcs contre-maîtres, choisis au con-
cours parmi les apprentis les plus capibles, seront les chefs d éipiipe,
et à ce titre, devront veiller à la propreté et au bon ordre de leur
chambrée de six apprentis.
En cas d'absente momentanée du patron, ils devront le suppléer.
Les contre-maîtres de deuxième classe seront logés à part, entre
les deux chambrées d'un même groupe.
Ils seront l'intermeiliaire quotidien entre l'administration centrale et
les patrons. Us conduiront au travail les apprentis et les ramèneront
le soir au logis.
A l'épuque des récoltes, lorsque les cultivateurs demanderont des
machines, ce sont les contremaîtres qui seront chargés d'en diriger
le travail. Pendant leur absence,.ils seront remplacés par l'un des deux
élèves de leur groupe.
Les contre m ;iî très de première classe seront répartis dans tous les
services de l'administration centrale. Ils passeront d un service dans
un autre, afin qu'ils puissent se familiariser avec tous les détails de
l'exploitation.
Néanmoins quelques exceptions à ce principe seront indispensables.
lisseront en double dans chaque service, de manière qu'il en reste
toujours un certain nombre disponible pour satisfaire aux demandes
de l'agriculture.
En ce qui concerne les emplois supérieurs, les ingénieurs ont fourni
assez de preuves da leur talent d'administration et de direction pour
qu'il soit permis d'espérer qu'ils sauront faire pour l'agriculture ce
qu'ils ont fait pour leurs chemins de fer et pour leurs créations dans
l'industrie.
Viendiont ensuite les chefs des divisions diverses qui formeront
l'ensemble de l'exploitation, la comptabilité générale et les employés
divers.
Des dispositions générales qui précèdent, il résulte qus l'exploita-
tion de l'usine agricole comprendra trois grandes divisions : agricole,
industi'ielle, «lommerciale.
Les deux premières, agricole et industrielle, recevront des modifi-
lions en raison de la nature du terrain et du climat, qui détermine-
ront le genre d'industrie à établir.
Quant à la partie commerciale, elle aura surtout pour base, au
Nord comme au Midi, l'organisation du crédit agricole.
Les grands entre[)'jts de Sf-mences et d'engrais industriels, construits
à cet elïet, devront toujours être Lirgemenl pourvus et aux meilleures
conditions, de manière à se trouver en mesure de satisfaire aux de-
mandes des cultivateurs; il en sera de même pour les machines agri-
coles. Le dépôt devra en avoir toujours un assez grand nombre pour sup-
pléer le plus possible le manque de bras dans les moments de pressa.
148 1,'USINE AGRICOLE.
Engrais et semences de toutes espèces, michines agricoles avec leur
contre-maître pour diriger le travail, se trouveront ainsi à la portée
des cultivateurs qui pourront en user à un prix unique, soitau comp-
tant, soit à crédit.
Seulement les achats, de même que les travaux faits à crédit, de-
vront être mentionnés sur un engagement ou formule ad hoc visé par le
maire ou le juge de paix; ces titres seront négociables chez M. le re-
ceveur général qui en fera opérer l.a rentrée au Trésor, par douzièmes,
en même temps que les contributions.
Le crédit agricole, ainsi pratiqué, donnera des résultats d'autant
plus immédiats qu'il arrivera directement à sa véritable destination.
De l'enseickf-sient. — Gomme l'Etat ne saurait rester désintéressé
dans une question d'enseignement, quel qu'il puisse être, il est juste
qu'il intervienne dans la rétribution des praticiens cliargés de l'en-
seignement prolessionnel, et une allocation supplémentaire annuelle,
de 600 francs, par exemple, donnée par l'Etut, serait, pour ces mjdes-
les professeurs, un puissant encouragement aux soins à donner à l'in-
struction do la petite culiure.
lien serait de môme pour les primes à accorder dans les concours
tant des praticiens que des contre-maîtres ; d'ailleurs ce genre de con-
cours entre un certain nombre d'individus placés dans des conditions
identiques, permettrait à l'Etat lui-même d'établir, sur des résultats
plus positifs, l'avenir réservé aux usines agricoles.
Enlin, comme complément de l'enseignement agricole départemen-
tal, des professeurs des lycées voisins, pourraient être désignés pour
venir, à certains jours, faire des conférences, tantôt aux praticiens et
contre-maîtres, tantôt aux apprentis.
iMoYENs FiNA.NciiLus. — Il nous rcste à examiner, au point de vue
financier, cette organisation d'usines agricoles. Pour être complet, le
système devrait comprendre des usines de département et des usines
d'arrondissement. L'usine du département devant coûter, pour achat
de terrain, constructions, etc., environ 12 millions, 1 milliard envi-
ron serait nécessaire pour l'établissement de la première catégorie.
Si nous examinons la création de l'usine agricole au point de vue
des capitaux nécessaires pour une vaste organisation, nous devons
constater d abord que l'agriculture a toujours été considérée, sous le
rapport du crédit, comme présentant les garanties les plus sérieuses;
et si les capitaux lui préfèrent aujourd'hui les affaires industrielles,
c'est que depuis quelques années le commerce de l'argent a pris un
tel développement que les opérations à longue écbéance ne suffisent
plus à son activité.
Mais que l'agricnlture se décide à faire son entrée dans ce qu'on
appelle les grandes affaires, qu'elle organise de puissantes compagnies,
elle verra aussitôt ses litres d'autant plus recherchés que ses garan-
ties seront indiscutables, et les millions ne lui manqueront pas plus
qu'ils n'ont manqué à l'industrie.
Voici, du reste, un état approximatif des dépenses et recettes d'une
usine agricole de la première catégorie :
Ciipiinl, 11 mirions 4 pour 100 480,000 fr.
Hé a at ons, enlrelien 100,0)0
Habilltfiiionl ile< employés 50.U0O
Semences diverses de l'année 2.ï,OUO
6àô,000
l'usine 'agricole. 149
Pehsonn'el :
, , ( 1 directeur général 15,000 ( -m nnn r,
'"S^-^'eu"! 2 sous-directeurs, 5 et 10, OOU 15,000 s •^•'.000 f"^-
1 médecin, 1 pharmacien, 1 vétérinaire IJ.OOO
20 comptables (dont 2 inspecteurs) W.OOO
30 boulangers, bouchers, maréchaux ferrants, charrons.
bourreliers, à 1 ,000 fr 30 ,000
100 praticiens intéressés (GOO pour l'Etat), à 600 fr 60,000
bO contre-maîtres de première clafse, à 600 fr 30,000
tOO — de deuxième classe, à 400 fr 40,009
100 conducteurs d'attelage à 300 fr 30,000
600 apprentis (moyenne à 100 fr.) 60,000
Partie de la nourriture : pain. vin. viande, à 0 fr. 75 par
jour ; 26.5,000
Nourriture de 200 animaux de travail à 1 fr. 50 110,000
1,365,000
Des recettes. — Les recettes comprendront : 1° les bénéfices
réalisés sur lavante des semences et engrais au.v cultivateurs, « fr.
2° Produit de la location des machines et des travaux faits à l'en-
treprise, « fr.; 3° Subvention par l'Etat ou par les villes de 300 fr.
par apprenti, 180,000 fr.; 4° Enfin, produit des 2,000 hectares de
bonnes terres bien cultivées, à raison de 800 fr. bruts par hectare,
1,600,000 fr. La recette brute, constatée oniciellement en Allemagne,
atteint 1,200 fr. par hectare. Total, 1,780,000 fr.
Le total des recettes est loin d'être porté à son maximum, une aug-
mentation considérable ne peut manquer de se produire, soit par la
transformation des produits, par l'élevage ou l'engraissement des bes-
tiaux, soit par toute autre transformation par l'usine, ou même lors-
que l'usine agricole aura pour base la culture de la vigne. Une autre
cause d'augmentation des recettes consistera dans le développement que
prendront la vente des semences et engrais, et le travail à l'entreprise.
Le total des dépenses, au contraire, n'aura jamais lieu d'augmenter,
puisqu'il comprend déjà les frais d'un personnel deux fois plus nom-
breux qu'il ne le faudrait sur une ferme ordinaire.
Si l'on admet les chiffre ci-dessous :
Recettes 1 ,780,000
Et un chiflre rond de dépenses 1 .400,000
11 restera un bénéfice de 'àHO ,000
Des bénéfices. — Comme il faudra, tôt ou tard, tenir compte des
idées modernes, à l'égard de la propriété, ne pourrait-on pas faire ici
l'application d'un système qui donnerait satisfaction au capital et au
travail?
Et dans ces considérations, au lieu d'être distribués sous formes de
dividende, les bénéfices accumulés formeraient un fond de réserve
destiné à parer aux éventualités des mauvaises récoltes, et l'excédent
au remboursement par tirage au sort des actions de la Société.
Toutefois, à mesure que s'opérerait le remboursement des actions de
la première émission, l'on en créerait une deuxième série, dite de
propriété, qui seraient distribuées tous les ans aux travailleurs par
ordre de mérite et d'ancienneté.
En admettant que dans trente ans le capital social se trouve rem-
boursé, une troisième série d'actions sera de nouveau créée et donnée
à une nouvelle génération de travailleurs qui, à leur tour, auront à
rembourser leurs prédécesseurs.
Quelques résultats. — Les résultats d'une pareille organisation
seraient :
r De faciliter la création d'un enseignement supérieur agricole, et
150 L'asiNE AGRICOLE.
de tempérer l'esprit d'émigration à la ville, des liommes instruits de
la campagne;
2" Création d'écoles de contre-maîtres d'oii sortiraient des liommes
d'autant plus capables qu'ils auraient passé plusieurs années à la
pratique des travaux divers de la petite et de la grande culture;
3" Création d'un crédit agricole pratique et immédiatement appli
cable;
h° Création de nombreuses écoles pratiques, et exemples multiples
de cultures intensives qui exerceraient une influence considérable sur
le développement de la petite culture;
5° Création de la division du travail agricole, sans laquelle on
n'arrivera jamais à la production à bas prix ;
6" Organisation d'un personnel facilement mobilisable, ayant ses
cadre s, ses machines pour venir en aide aux cultivateurs de leur con-
trée dans les moments pressés;
7° Agrandissement considérable du cadre de la production en géné-
ral, résultant de l'exemple fourni par les nations diverses admises à
l'Ecole d'agriculture universelle;
8° Création d'une grande école de travail, salutaire surtout à la jeu-
nesse, à 1 âge critique où elle quitte l'école et oii son esprit, encore
indécis, tourne vers le bien comme vers le mal avec la môme facilité ;
9° Enfin au point de vue financier, si l'on considère l'état d'in léci-
sion où se trouvent les capitalistes pour le placement de leur argent,
il est certain qu'il saffirait d'appeler leur attention sur des affaires
essentiellement nationales présentant des garanties certaines ; ils les
préféreraient bientôt à toutes autres, et notre agriculture, recevant
ainsi l'appui de la science et des capitaux, ne tarderait pas à prendre
un nouvel essor et la place qu'elle mérite dans un pays essentielle-
ment agricole comme est la France. Antoine Redier.
AMÉLIORATIONS URGENTES
A APPORTER DANS LES PETITES EXPLOITATIONS RURALES
La crise agricole est, dit-on, la conséquence des mauvaises années.
Nous avons traversé, il est vrai, une des périodes les plus tristes que
nous ayons eues depuis longtemps, mais nous ne sommes pas maîtres
des agents atmosphériques; les étrangers, les Américains comme les
autres peuples, sont soumis aux mêmes lois, et ne sont pas plus que
nous exempts du vent, de la pluie ou de la grêle. Nous serions plutôt
qu'eux favorisés sous le rapport du climat par suite de notre situation
géographique. Cherchons donc la cause du mal, obligeons le cultiva-
teur à ouvrir les yeux et montrons-lui ce qu'il s'obstine à ne pas voir.
Cette crise, qu'on le sache bien, tient en grande partie aux anciens
procédés, mauvais généralement ou trop primitifs, encore en usage
dans les petites exploitations rurales.
Les cultivateurs demandent au gouvernement un système protecteur,
ils lui crient pour ainsi dire de leur venir en aide. Mais quelle est la
nature de cette protection dont on parle tant? Consisle-t-elle à élever
les droits sur les céréales et sur le bétail ? Croit-on vraiment que l'élé-
vation des droits sur ces produits tirera les cultivateurs de la situation
pénible dans laquelle ils se trouvent? Pour moi, je ne le crois pas.
Mais les temps sont changés, répond-on, nous ne sommes plus dans
AMÉLIOUATIONS A APPORTER DANS LES PETITES EXPLOITATIONS Ibl
les mêmes conditions écononiif|ues (|uo celles dans lesquelles nous
nous trouvions il y a cinquante ans.
A quoi donc attribuer les mauvaises récoltes? est-ce aux intempéries
ou à d'autres causes? Aux premières d'abord, et ensuite, je le répète, à
l'emploi des plus mauvais procédés, bons peut-être il y a cinquante
ans, mais détestables aujourd'hui par suite des progrès réalisés dans
tous les pays du monde.
Toutes les industries, y compris l'agriculture, s'enchaînent les unes
aux autres ; si l'une d'elles reste en retard, si elle se complaît dans la
routine alors que ses voisines transforment avantageusement leurs pro-
cédés, ses frais de production augmentent par suite de l'élévation de
la main-d'œuvre, qui va demander aux industries en voie de prospé-
rité de plus gros salaires.
Si les frais généraux augmentent quand les récoltes diminuent en
quantité et en qualité, il est évident que l'industrie agricole ne peut
pas donner de bons résultats.
Au lieu de nous lamenter et de recourir aux droits prohibitifs,
cherchons ce que nous ne pourrons jamais obtenir que par nos propres
efforts : à savoir, un abaissement du prix de revient, une auguien
tation de récoltes par suite de l'emploi judicieux des engrais, des
fumiers bien faits, et de la mise en pratique des bons procédés.
Examinons tout d'abord les pi'océdés en usage dans la plupart des
petites exploitations, et exposons les améliorations qu'il serait possible
d'y apporter.
Je ne vjux pas traiter sérieusement ici la question de savoir si tous
les cultivateurs, petits propriétaires et fermiers, peuvent, oui ou non,
mettre en pratique les conseils que nous allons leur donner; mon
intention est d'exposer purement et simplement certaines améliorations,
d'en démontrer l'utilité, la nécessité et l'urgence.
Bien des cultivateurs penseront qu'il est plus facile de parler que
d'agir; je répondrai que si plusieurs d'entre eux ne peuvent pas
adopter ces améliorations, ils n'ont qu'une chose à faire, plus pra-
tique etplus sensée que de rester ainsi sans rien tenter : c'est d'affermer
leurs terres ou de liquider, de se mettre fermiers s'ils sont propriétaires,
gérants ou chefs de culture s'ils sont fermiers; il vaut mieux, en effet,
faire face à ses engagements dans une position moins élevée que de
végéter avec l'apparence trompeuse de la richesse.
La première et la plus urgente réforme est sans contredit celle qui
concerne la confection et l'entretien des fumiers. Dans presquetous nos
villages, les fumiers sont tenus sans soins et sans intelligence. Ce sujet
a déjà été bien des fois traité, et cependant on n'y reviendra jamais
assez souvent. Quelles sont les dépenses que cette amélioration entraî-
nerait? Aucune. La bonne volonté seule suffirait.
Les fumiers sont on ne peut plus mal traités ; on les laissa exposés
au grand soleil comme aux pluies torrentielles; ils sont tour à tour
desséchés et lavés, si bien qu'au bout de peu de temps ils ne renfer-
ment plus la matière utile, fertilisante, nécessaire pour enrichir le sol
et obtenir de beaux produits.
Quand on les répand sur les champs, on empoisonne ceux-ci de
mauvaises graines qui donnent naissance à des plantes adventices très
difficiles ensuite à détruire. Pour suppléer au manque de matières fer-
tilisantes, on a recours à des engrais chimiques fort chers et trop sou-
152 AMÉLIORATIONS A APPORTER DANS LES PETITES EXPLOITATIONS.
vent falsifiés par des marchands peu consciencieux. Il serait très facile
cependant de recueillir les urines des animaux, qui constituent seules
les principes nécessaires à la production des végétaux, de les amener
au moyen d'une tranchée exécutée à la bêche vers un trou pratiqué
près du tas de fumier.
Le trou, tonneau ou fosse, recouvert de planches, conservera la
substance utile des fumiers, avec laquelle on les arrosera le plus sou-
vent possible à l'aide d'un seau. Autour du tas de fumier on devra
pratiquer une rigole destinée à recevoir le jus sorti de la masse, jus
qui retournera dans la fosse. Les fumiers, arrosés fréquemment, sur-
tout en été, pour en faciliter la décomposition, et traités comme il vient
d'être dit, acquerront une valeur considérable; amenés sur les champs,
répandus et enfouis aussilél dans le sol, ce qui est un point essentiel,
ils l'enrichiront de matières décomposées, fertilisantes et assimilables
par les plantes; celles-ci en profiteront immédiatement et donneront
par la suite, forcément, des récoltes plus abondantes que celles com-
munément obtenues au moyen des procédés actuels. C'est à cette con-
dition seulement, on le comprendra sans peine, qu'on diminuera les
frais de production, puisque pour une récolte plus que doublée, on
aura effectué le même travail ; en outre il ne sera plus nécessaire dé
laisser les terres en friche, ni d'exécuter plusieurs labours en vue de
la destruction des mauvaises herbes.
Autre amélioration urgente. — La culture du blé n'est plus assez
rémunératrice; elle exige des travaux considérables et, par suite,
d'énormes frais. Alors même que les récoltes sont bonnes, comme
celles de cette année par exemple, le cultivateur voit diminuer le prix
de celte céréale. Doit-il donc s'en tenir à l'assolement triennal (blé,
avoine, jachère) si défectueux en tous points?
Dans notre brochure sur la production de la viande (Berger-Levrault,
éditeur) nous avons essayé d'en démontrer le vice radical. Ainsi sur
les trois années dont cet assolement se compose, deux seulement pro-
duisent des récoltes; celles-ci ne restent pas dans l'exploitation, le
blé et l'avoine étant vendus sur le marché. On exporte par conséquent
du sol toutes les matières qui formaient primitivement sa richesse;
on l'appauvrit toujours de plus en plus, puisqu'on ne lui restitue pas
les principes que les plantes lui ont enlevés; on n'a pas d'engrais ani-
maux faute de bétail, et le peu de fumier dont on dispose est si mal
soigné que sa partie la plus utile disparaît dans les ruisseaux des
villages.
D'un autre côté, le cultivateur n'a pas de bétail parce qu'il n'a pas
de quoi le nourrir. Changeons donc nos systèmes de culture; nous
pourrons nous procurer ces engrais, ces fumiers qui nous font défaut,
sans grands frais en créant des prairies naturelles, artificielles ou tem-
poraires, je ne dis pas sur toutes les terres, cela serait impossible à
cause du trop grand morcellement de la propriété, mais sur beaucoup
de ces terres qu'il est si difficile de cultiver.
Les betteraves et les herbages viennent assez bien dans presque
toute la région de l'est; que le cultivateur cherche donc à transformer
son assolement triennal actuel de faron à en obtenir la plus grande
quantité possible, et il y parviendra en produisant alternativement
comme le font avec succès les cultivateurs du nord de la France
des betteraves, du blé et de l'herbe; il aura plus de fourrage, avec
AMÉLIORATIONS A APPORTEE DANS LES PETITES EXPLOITATIONS. 153
lequel il nourrira mieux et plus copieusement un i^rand nombre d'aai-
maux de boucherie, dont le prix augmente chaque jour et qui lui don-
neront une quantité considérable de fumier.
Telles sont, en peu de mots, les importantes et principales améliora-
tions à introduire le plus tôt possible dans la culture de nos petites
exploitations rurales. Ch. Poibson,
Répétiteur à l'Ecole nationale d'agriculture de Grignori
CONSERVATION DES FOURRAGES A L'AIR LIBRE
Monsieur le directeur, je viens de faire une nouvelle application de
mon système de conservation de fourrage à l'air libre, qui m'a parfai-
tement réussi ; il me parait utile de la porter à la connaissance de
vos nombreux lecteurs.
Je désirais utiliser ce procédé si simple d'ensilage, à la conserva-
lion du maïs-fourrage. La difliculté consistait en ce que, pour cette
précieuse plante, le hachage est considéré comme étaat d'une absolue
nécessité. Mais dans ces conditions, c'est-à-dire avec de petites ron-
delles, dresser le tas sur la grande hauteur que nécessite son affais-
sement ultérieur, ne laissait pas de présenter de très grande difficul-
tés. Je pensais d'abord à employer le système expérimenté par M. Jules
Cormouls, mon voisin et parent, c'est-à-dire de soutenir deux des
faces du fourrage en l'ensilant dans l'angle des deux murs d'un han-
gar, autrement dit dans un demi-silo; mais même avec cet appui, je
ne croyais pas pouvoir élever le tas à hauteur. Et puis je désirais
appliquer pour le maïs-fourrage le système que j'ai été le premier à
expérimenter et étudier, c'est-à-dire l'entassement sans abri d'aucune
sorte et en plein champ. J'eus alors l'idée de former les bords du tas soit
avec des fourrages verts, regains de luzerne, etc., soit avec de la paille,
la longueur des brins permettant de les entasser verticalement et de for-
mer ainsi une espèce de muraille, en remplissant à mesure l'intérieur
du tas avec le maïs haché; j'avais bon espoir de réussir par ce pro-
cédé, que je me propose d'expérimenter plus tard, quand, réfléchis-
sant que tout, au fond, revenait à une question de tassement, c'est-à-
dire de chargement, j'ai résolu d'essayer simplement avec le maïs en
tiges, suffisamment chargé.
J'ai donc fait établir un tas rectangulaire avec du maïs -fourrage,
dont les tiges étaient couchées horizontalement et avec soin ; trois
poteaux verticaux, ultérieurement enlevés, placés sur deux des côtés
opposés du tas, guidaient les ouvriers, et ont permis de monter jus-
qu'à une hauteur de 3 m. 50 environ, sans qu'il y ait glissement. Le
tas a été fait, du reste, en suivant les indications que j'ai données dans
le numéro du 6 septembre du Journal de V agriculture ; le seul change-
ment a consisté dans la charge, qui a été doublée, l,tiOO kilogrammes
par mètre carré, au lieu de 800 kilog.
Pendant le chargement, il est arrivé un léger accident : après avoir
mis une première charge de 800 kilog., mes ouvriers, en doublant le
chargement, le lendemain, l'ont sans doute mal réparti, car un affais-
sement considérable et irrégulier s'est produit; deux des faces du tas
sont restées verticales, mais les deux autres se sont fortement incli-
nées. J'ai fait étayer tant bien que mal, mais en vain, car le mouve-
ment a conliaué, et après le tassement complet, le tas n'ayant plus
154 CONSERVATION DES FOURRAGES A L'AIR LIBRE.
que 0 U1.80 de hauteur, l'inclinaison étail d'environ 45° pour la face
convexe, la face opposée touchant la terre.
Je craignais que cet accident n'eût compromis la réussite de l'expé-
rience; toutefois, je laissai les choses en l'état. Après environ sept
semaines, j'ai fait entamer ce silo, et j'ai trouvé :
Sur la face inclinée en dessus (convexe) et qui avait présenté à la
pluie et à l'air une surface absorbante et perméable, qui n'était plus
garantie par le plancher supérieur, il y avait une épaisseur d'environ
0 m. 20 de maïs gâté. Sur les autres faces, la partie gâtée n'excédait
pas une épaisseur de Om. 05; en haut, contre les planches, elle
était nulle, sur le sol nulle aussi, excepté toutefois au pied de la face
inclinée où il y avait une couche de Om. 08 d'épaisseur sur une pro-
fondeur d'environ Om. 50 gâtée. L'intérieur du tas formait comme un
conglomérat dont la coupe, dans le sens perpendiculaire aux tiges,
présentait un aspect analogue à celui de ces roches désignées sous le
nom de pouddingues, les tiges et les épis du maïs formant les noyaux
dont les feuilles, fortement tassées, remplissaient entièrement les
vides. Les tiges étaient légèrement aplaties et ovalisées, il en était de
même des épis dont les graines tendres avaient été fortement appli-
quées sur la rafle, de façon à présenter l'aspect des écailles d'une
pomme de pin.
Le fourrage dégageait une bonne odeur alcoolique et mes animaux
(vaches et chevaux) le mangent avec avidité.
11 arrive chaque année à bien des agriculteurs ce qui m'est arrivé à
moi-même, que les gelées viennent surprendre les maïs fourrages non
consommés et occasionnent la perte d'une partie de cette précieuse
récolte; par le procédé si simple que je viens d'expérimenter il sera
facile de la sauver à très peu de frais.
Je recommanderai seulement à ceux qui voudraient conserver du
maïs par ce système, de ne charger le tas que progressivement, par
exemple mettre chaque jour 300 kilog. par mètre carré; cela permet-
tra de surveiller le tassement et d'éviter l'accident qui m'est arrivé.
J'ai employé ce tassement progressif pour des feuilles de betteraives
fourragères que je conserve en ce moment, toujours suivant mon pro-
cédé; on a mis quatre jours à charger le silo, et le tassement s'est fait
de la façon la plus régulière.
Je conseillerai aussi, en déchargeant les chars, de le faire successive-
ment sur les quatre côtés du tas, et de ne pas jeter toujours le maïs
sur la même face; cela a l'inconvénient de tasser beaucoup plus forte-
ment ce côté-là, et lors du chargement du tas on risque de le voir
s'incliner et même se renverser.
Je serais heureux si ces indications pouvaient êtreutilesà quelques-
uns de mes collègues, et , en vous demandant de les insérer dans votre
Jonriicd, je vous prie d'agréer, etc. A. Rouvière.
REVUE G0\niERG[4LE ET PRIX OURYNC DES DENRÉES AGRICOLES
(25 OCTOBRE 1884)
\. — Situation générale.
Les marchés agricoles ont une assez bonne tenue: les cours de toutes les den-
rées se soutiennent, avec une activité moyenne dans les transactions.
1[. — les grains et Us farines.
Les tableaux suivants résument le^ cours des céréales, par quixtat. métrique,
sur les principaux marchés Je la France et de l'étranger :
REVUE OOMxMERGIALE ET PrUX COURANT (25 OCTOBRE 1334).
I'VrkOION. — HORD. OUEST.
Seide. Orge.
fr. fr.
155
Calvados. Lisieux
— Caen
C.-du-Nord Tréguier..
— Pontrieux
Finistère, xtorlaix
— Quimper
/ije-e(-l't(aine. Rennes
— Kedon
Sdanche. Avraiiches. ..
— Pontorsoil
SJayemte. Laval
— Kvron
Morbihan. Hennebont.
— Vannes
Orne. Vimouliers
— Beilêine
Sarlhe. Le Mans
— Beaumont
fr.
20 65
21.30
18.00
18.50
22.00
1(1. JO
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19.75
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15.50
14.00
17.50
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16.00
15.50
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15.40
16.50
15.75
(4.00
15.00
15.60
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Avoine.
fr.
20.00
19.75
14.25
15.00
14.00
15.00
15.00
15.00
19.00
19.75
15.50
17.50
I*
21.00
15.80
20.25
lb.50
Prix moyens 20.03 14 73 15.81 16.81
2- RÉGION. — NORD.
Aitne. Laon
— Soissons
Marie
Eure. Evreux
— Verneiiil
— Louviers
ffttr«-el Loir. Chartres..
— Nogent-le-RotTou.
— Auneau
Nord. Cambrai
— Bergaes
— Bourbourg
Oise. Beauvais
— Compiegne — ....
— Breieiiil
Pat~de-Caiais. Arras. . .
— Carvin..
^ine. Paris
<.-et-Marnr. Mf lun
— Donneniiirie
— CouJummieis
S. -««-Oise Versailles
— Doarian
— Etampes
Seine-Inferieure. Rouen.
— Vécamp
— Dieppe
Somma. Amiens
— Doullens
— Koye
(9. .50
20.50
20.25
19 4)
23 20
19.80
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19.00
I0.4O
17.30
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16.75
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15.50
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14 60
16.00
13.30
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U.oO
17.50
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2:1 . 35
18.00
18.50
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14.00
16.00
Prix moyens.
20. a8 15.03 17.;10 Ui.66
3* REGION. -
Ardennes. Sedan
— Charleville
Aube. Bar-su r-.\ube... .
— ■ Bar -^ur-Seine . . . .
.Marne-. Chiliins-inr-Barae...
— Epefnay
— Reims
Hte-Mame. CUautnunt..
— Bourbonne
Meurthe-el-ilos. Nancy.
— TonI
— ■ LUQêville ...
Meuse. Bar-le-Duc
— Verdun
Haute-Saône. Gray
— Vesoul
Vosges. Epinal
— Neufcbàteau
NORO.EST.
1.2i 16.50
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15.50
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Prix moyens 20.60 15.61
4* RÉGION. — OUEST.
C*«r»n(e. Angoulème... 20.00
— Barbezieux.- 20.45
Char.-/n/éf. Marans. .. , 19.15
— St-Iean-d'Angély.. 20.25
Deux-Seui-6«. Niort 19.00
Indre-et-Loire. Tours... iS-85
— Blére 19.15
Loire-Zn/". Nantes 20.60
M.-el-Lnire. cholet 19 45
— Anpers 18.75
Vendée. LugoD 19.50
Vienne. Loudun 19.50
— Civray 19.80
Haute-Vienne. Limoges. 20.00
Prixmoven» 19.60
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— Gannat
Cher. Bourges
— St-\raand
— Graçay
Creuse. Aubusson... , .
— Vatan
Indre. Cbrueauroux . . .
— Valençay
— Issoudun
Loiret. Orléans
— Gien
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L.-et-Chtr Blois ...
— .Montoire
Nièvre. Nevers
^ La Charité
Yonne. Sens...
— Sainl-Florentin.,
— Brienori
. — CB.N
Blé.
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20.45
19.00
20.40
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fr.
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16.25
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fr.
16.00
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18. 5u
16.00
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15.80
16.50
17.50
17.90
Prix moyens.
20.11 15.51 16.38 15.95
6' REGION. — I
.4tn. Bourg 21.25
— Pont-de-Vaux 21.00
Côte-d'Or. Dijon 20. so
^ Beaune 19.75
/)oufis. Besançon 20.50
Isère. Grenoble 21.50
— Bour^oin 20.25
Jura. Lons-le-Saunier. . 20.00
Loire. Firminy 21.25
P.-de-Oôine. Issoire 21.75
Bhone. Lyon 20.75
Saoïie-et-Loire. Gbillon . 20.50
— MAcon 21.00
ûauoie. Cbarabéry 20.25
//i6-Sat»oie. Annecy 22.75
16.50
16.2»
18.50
17.00
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19.25
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17. 2u
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16.50
Prix moyens 20.87 15.87 17.56 17.00
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17.50
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17.50
17.50
17.50
7" REGION. —
Ariège. Foix
— i'amiers
Dordogne. Sarlat
llte-Garonne. Toulouse.
— Si-Gaudens
Gers. Condom
— Eauze
— iWirande ........ ..
Gironde. Bordeaux
— Bazas
Landes. Dax
Lot-el-Garonne. -Vgen. . .
— VUleneuve-sur-Lot
B. -Pyrénées. Bayonne.,
Utes-Pyrênées. Tarbes. .
SCI) -OUEST.
24.00
22 10
25.50
22.10
23.40
22.75
22.30
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24.00
21.75
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prix moyens 22. 6î 18.07
8* RÉGION. — SUD.
Aude. Carcassonne 22.10 !7.0«
/l«j«!/ron. Bodez 20.80 17.60
— Aubin 22.00 19.00
Confoi. Mauriac 22.50 19.25
Corre^e. Tulle 22.60 18.00
Hérault. Bêziers 22.10 18.00
— Montpellier 23.70 »
io(. Caborb 22.25 18.00
.Lozère. Monde 22.75 18.00
Pj/rénees-Or.Perpignan. 24.00 I7.80
Tarn. Gaillao 22.40 •
Tam-el-Gar. Montauban 21.75 17.65
Prix moyens 22.36 18.03
9* RÉGION. — SUD-EST.
Basses-Alpes. Manosque 23.80 »
Uautes-.ilpes. Briançon. 22.50
Alpes-Maritimes. Nice. . 24.25
Ardrche. Privas 24 . 35
B.-du-fthone. Aix 21.75
Drôfne. Valence 20.50
Gard. Al.iis 24.00
Haule-Loire. Rrioude.. 21.10
Far. Draguignan 22.25
Vaucluse. Garpentras. 23.75
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18.25
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22.00
15.75
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18.00
18.00
16.65
18.35
Prix moyens 22.82
Moy. de toute la France 21.07
— de la semaine precéd. 20.95
17.10
16.09
16.00
Sur la semainelHausse, 0.12 0.09
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16.00
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13.00
156 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT
Blé.
Algérie. Alger j ^Jé 'endre.. ig^o
" ° t bledur 16.50
Angleterre. Bristol 18.40
Belgique. Anvers 18.00
— Bruxelles 19.25
— Liège 19.35
— Namur 19.00
Pays-Bas. Amsterdam 17.65
Luxembourg. Luxembourg 22.75
Alsace-Lorraine. .Strasbourg 22.25
— Mulhouse 20. .50
— Colmar 22.00
Allemagne. Berlin..., 18.75
— Cologne 20.40
— Hambourg 18.75
Suisse. Genève 23.50
Italie. Turin 22.25
Espagne. Barcelone 22 . 00
Autriche. Vienne 17.25
Hongrie. Budapest 16.75
Bussie. Saint-Pétersbourg.. 16.80
Etats-Unis. New-York 16.88 t
Blés. — ■ Les travaux préparatoires des semailles retieanent aux c'iamps les cul-
tivateurs, qui sont encore relativement rares sur le marché; le commerce, de son
côté, ne l'ait que des offres modérées : c'est une période d'attenre, pendant laquelle
les prix sont fermement tenus, avec une légère faveur depuis huit jours. — A la
halle de Paris, le mercredi 22 octobre, on cotait de 20 fr. 50 à 22 fr. 25 les
100 kilog., soit 21 fr. 40 en moyenne. — Les blés à livrer sont en baisse de
25 centimes pour les pre miers termes à la dernière cote du marché, établie ainsi
qu'il suit : livrable novembre, 21 fr. à 21 fr. 25; novembre-décembre, 21 fr. 25
à 21 fr. 5); quatre mois de novembre, 21 fr. 50 à 21 fr. 75; quatre premiers mois,
21 fr. 75 à 22 fr.; quatre mois de mars, 22 fr. 25 à 22 fr. 50. — A Marseille, le s
arrivages de la semaine ont été inféri eurs de 30,000 quintaux à ceux de la semaine
précédente, et n'ont été que de 54,000 quin taux ; le stock e-t descendu à 179,800
quintaux. On cote par 100 kilog. : Red-Winler, 22 fr. 50 à 22 fr. 75 ; Bordianska,
23 fr. 50; Marianopoli, 22 fr. 50 à 22 fr. 75; Irka-Odessa, 19 fr. 25: Azofl' dur,
18 à 18 fr. 50 ; Danube, 18 à 19 fr. — Au Havre, on paye les blés roux d'Amé-
rique, 21 fr.; les Californie, 21 fr. à 21 fr. 25 ; ceux d'Australie, 22 fr. à 22 fr. 50;
les Bombay blancs, 20 fr. — A Londres, les affaires sont lentes et les prix sans
variation; on cote les blés exotiques de 19 fr. 25 à 20 fr. les 100 kilog. suivant
provenances et qualités.
Farines. — Sans changement depuis huit jours ; les offres et les demandes sont
peu actives. On cotait le 22 octobre : marque de Gorbeil, 48 fr.; marques de choix,
48 à 51 fr.; premières marq ues, 47 à 48 fr.; bonnes marques, 45 à 46 fr.; marques
ordinaires, 45 à 46 fr.; par sac de 159 kilog., toile à rendre, ce qui corres-
pond aux prix extrêmes de 28 fr. 02 à 32 fr. 48 par 100 kilog., soit en moyenne
30 fr. 20. — Les farines de spéculation sont également aux mêmes prix le 22 octo-
bre au soir : farines neuf-marques, courant du mois, 45 fr. 50 à 45 fr. 75 ;
novembre, 45 fr. 75 à 46 fr,; novembre-décembre, 46 fr.; quatre mois de novem-
bre, 46 fr. à 46 fr. 25; quatre premiers mois, 46 fr. 25; quatre mois de mars,
46 fr. 75; par sac de 159 kilog., toile perdue, ou 157 kilog. nets. Farines
deuxièmes, cours nominaux, 22 fr. 50 les 100 kilog.; gruaux, de 33 à 38 francs.
Seigles. — Les prix sont mieux tenus et les transactions plus actives. A la halle
de Paris, on cote de 15 fr. 65 à 16 fr. 25 les 100 kilog.; les farines conservent
leurs cours de 20 à 23 fr.
Orges. — Mêmes prix que la semaine dernière, avec achats assez suivis, surtout
sur les bonnes qualités. On cote 17 fr. 50 à 19 fr. à la halle. — Les escourgeons
sont en faveur aux prix de 18 fr. 75 à 19 fr. les 100 kilog.
Avoines. — Les prix sont également bien soutenus, malgré les affaires restreintes.
Les avoines indigènes se cotent à la halle de 17 fr. à 19 fr. 50 suivant la pro-
venance et la qualité. — Les avoines de Suède sont tenues de 16 fr. 50 à 16 fr. 75;
les Liban noires, 16 fr.; les blanches, 15 fr. — Les avoines de Saint-Pétersbourg
sont offertes à 16 fr.; celles de Riga, à 15 fr. les 100 kilog.
Sarrasin. — Le sarrasin nouveau de Bretagne est offert de 15 fr. 25 à 15 fr. 50,
le vieux est nominalement coté de 16 fr. à 16 fr. 50 par 100 kilog.
Maïs. — Les mais du Danube et de la mer Noire ont perdu 25 centimes et
DES DENRÉES AGRICOLES (2b OCTOBRE 1884). 157
se tiennent faiblement, au Havre, à 14 fr. 25 et 14 fr. 50 par lOOkilog.; les livrables
sont offerts aux mêmes prix; des bigarrés d'Amérique sont tenus de 13 fr. à
13 fr. 25.
Issues. — Prix sans changement, les offres dépassant les demandes. On cote ;
gros son, 14 l'r. 25 à 14 fr. 50 par 100 kilog.; sons gros et moyens, 13 fr. 7 5
à 14 fr.; sons trois cases, 13 fr. à 13 fr. 50; sons fins, 12 fr. à 12 fr. 50; recou-
pettes, 12 fr. 50 à 13 fr. ; remoulages blancs, 17 fr. à 17 fr. 50; remoulages bis,
15 à 16 fr.
m. Fourrages et graines fourragères.
Fourrages. — Vente courante aux mêmes prix que la semaine dernière, avec
tendance à la fermeté sur les foins et les pailles de blé. On cote, à Paris, par
1,000 kilog. : foin, 90 à 122 fr.; luzerne, 88 à 120 fr.; paille de blé, 58 à 68 tr.;
paille d'avoine, 50 à 60 fr.; paille de seigle, 60 à 68 fr.
Graines fourragères. — Les graines de trèfle et de luzerne sont en bausse
depuis la semaine dernière, avec une demande assez active. Voici 1er derniers
cours à Paris, par 100 kilog. : trèfle violet, 105 à 120 fr.; trèfle blanc, 165 à
200 fr.; trèfle hybride, lôO à 170 fr,; luzerne de Provence, 145 à 155 fr.; d'Ita-
lie, 125 à 135 fr., du Poitou, 95là 105 fr. Les autres graines sont sans variation,
sauf les pois jarras, qui valent de 17 à 19 fr. et les vesces, de 22 à 27 fr. — .\
Sens, le trèfle se vend 125 à 130 fr. les 100 kilog., la luzerne, 120 à 125 fr. —
A Beauvais on cote la vesce d'hiver, 20 à 22 fr. EO l'hectolitre; à Issoudun,
17 à 18 fr.
JV. Li'gumes secs.
Haricots. — Les haricots de pays sont abondants à la halle, et les prix faibles.
On cote : flageolets ordinaires, 60 à 80 fr. l'hectolitre et demi; flageolets Ghevrier,
115 à 135 fr. ; nains, 38 à 42 fr.; Liancourt, 72 à 74 fr.; suisses blancs, 50 à
52 fr.; suisses rouges, 37 à 41 fr.; Soissons, 88 à 90 fr.
Lenlilks. — Les lentilles nouvelles valent 35 à 46 fr. les 100 kilog.; les pois,
24 à 26 fr.
V. — Vins. — Spiritueux. — Vinaigres. ■ — Cidres.
Vins. — Aujourd'hui que les vendanges sont partout terminées, les apprécia-
tions de la qualité future des vins de 1884 sont l'objet de la préoccupation géné-
rale. Il y a sous ce rapport quelques déceptions dans certains vignobles ; mais on
ne peut encore rien conclure pour le classement définitif de l'année. Les aflaires
continuent à s'engager sur les vins nouveaux, mais avec quelque lenteur; on hésite
encore, en attendant la sortie des cuves des dernières quantités récollées. Voici
les quelques prix annoncés depuis huit jours : dans l'Aude, les petits vins se pla-
cent de 15 à 19 fr. l'hectolitre, à Gasteinaudary et à Narbonne; les montagne, de
20 à 22 fr.; les quaHtés dépassant 10 degrés valent de 25 à 30 fr.; les supérieures
obtiennent de 36 à 38 fr. — A Béziers, les petits vins se cotent de 12 fr. 50 à
20 fr., suivant qualité. — Dans le Tarn-et-Garonne, on place à raison de 45 et
50 les 228 litres nus. — A Bergerac, les petits vins d'arrière-côte sont oflerts de
450 à 475 fr. le tonneau; les meilleures provenances sont tenues de 500 à 550 fr.
— Dans l'île de Ré, on a fait de petites aflaires en vins blancs à 100 fr. le ton-
neau. — A Issoudun, les prix sont de 45 fr. l'hectolitre pris à la cuve. — A
Oran, les prix vaiient de 22 à 25 fr. l'hectolitre nu. A Nancy, on cote : vin gris,
choix, 45 fr. l'hectolitre; ordinaire, 42 fr.; vin rouge, 38 à 40 fr. — Les vins nou-
veaux étrangers sont aux prix suivants sur la place de Marseille : Espagne pre-
mier choix, Alicante, 40 à 42 fr. Beni-Garlo, 36 fr. Requen, 25 à 32 fr.; Italie, 38
à 40 fr.; Dalmatie, 44 fr.; Kumi, 28 à 30 fr.
Spiritueux. — Les cours ne sont pas maintenus comme on le prévoyait; il y a
eu quelques fluctualions légères qui ont abouti, à la fin de la semaine, à une baisse
sur le disponible. On cote, à Paris, les trois-six fins du Nord, 90 degrés : dispo-
nible, 46 fr. 75 l'hectolitre; novembre-décembre, 46 fr. 25 à 46 fr. 50; quatre
premiers mois, "iô fr. 50. — A Lille, l'alcool de mélasse vaut de 45 fr. à 45 fr. 25,
et l'alcool de betteraves, 44 fr. 50. — Les prix sont sans changements dans le
Midi. A Béziers, les trois-six bon goiit, disponibles sont à 103 fr. l'hectolitre, et
les marcs à 95 fr. — A Gette, on cote : alcool de vin disponible, 105 à 1 10 fr.;
trois-si.Y du Nord, 58 fr.; marc, 95 fr. — A Nîmes, les trois-six disponibles sont à
100 fr., les marcs, à 95 fr.
Cidres. — A Evreux. le cidre se paye 28 fr. la barrique pour les premières qua-
lités, et 20 fr. pour les petits cidres. — A Paris, on cote, 23 fr. l'hectolitre. —
158 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT
Les pommes à cidre se vendent : à Fécamp, 3 fr. Thectolitre ; à Presnay (Sarthe),
3 fr. à 3 iV- 40; au Neubourg (Eure), 2 fr. 80; à Rouen, 4 fr. 50 à 5 fr.; à Sauil-
Lô, 2 fr.; à 2 fr. 25 dans la Mayenne, de 2 fr. 50; à 3 fr 50.
VI. — Sucres. — 3Iéla,s.<es. — Fécules. — Houblons.
Sucres. — Après un mouvement ascensionnel, les cours des sucres ont subi de
la baisse qui paraît vouloir continuer. En somme, les prix sont supérieurs à ceux
cotés il y a huit jours. A Paris, on paye, par 100 kilo<<., sucres biuts, 88 degrés
saccharimétriqués, 38 fr. 50 à 39 fr.; 99 degrés, 44 fr. ; sucres l)lancs n" 3,
44 fr. 50 à 46 fr. 50 — à Valenciennes, on signale une hausse de -2. fr. aux
cours de 35 fr. 50 à 35 fr. 75 sur les sucres Lruts. — Le stock de l'entrepôt
réel à Paris était, le 20 octobre, de 472,000 sacs, pour les sucres indigènes. —
Les ulTaires sont calmes sur les sucres ralfmés, qui sont toujours cotés 103 à
105 (r. les lOOkilog.à la consommation et 44 fr. 2?fr. à 48 fr. pour l'exportation.
Mélasses. — On cote toujours, à Paris, les mélasses de fabrique 9 fr. à 9 fr. 25
les 100 kilog.: celles de rallinerie 9 à 10 fr. — A Valenciennes, les mélasses dis-
ponibles valent 10 fr. 50.
Fécules. — On signale une hausse de 1 fr. 50 sur les cours de la fécule à Cam-
niègne ; on cote la première de l'Oise 27 fr. pour le disponible et le livrable
dans les trois mois d'oclobre. — A Paris, la fécule sèche vaut de 26 à 27 fr. les
100 kilog. — A Marseille, les cours sont sans changement.
Houblons. — Les aftaires sont calmes dans le Nord, les planteurs ne se pressent
pas d'écouler leur récolte, attendant que les cours s'affermissent encore. — A
Narcy, les prix sont tenus de £50 à 270 fr. les 100 kilog. ; à Bischwiller, 270 fr.;
à Dijon, 280 à 290 fr. En Belgique, on cote officiellement à Alost, 175 à 190 fr.
et 200 fr. les 100 kilog.
VII. — Tourteaux. — Noirs. — Engrais.
Tourteaux. — Cours bien tenus, avec légère tendance à la hausse. — On cote,
à Arras, tourteaux de graines indigènes : œillette, 12 fr. 75 les 100 kilog.; colza,
17 fr.; lin, 2k fr. 50; cameline, 16 fr.; tourteaux de graines étrangères : pavot,
12 fr.; lin, 21 fr. — .\ Saint-Quentin, tourteaux de colza, 15 fr. 50; de lin.
17 fr.; d'œillette, 15 fr. 50; de lin étrangers, 23 fr. — A Bouen, tourteaux de
colza, 15 fr. 50; à Caen, 17 fr. — A Marseille, les tourteaux pour engrais valent
de 8 fr. 25 à 12 fr. 25 les 100 kilog._ ■ "
j^oirs. — Les cours sont sans variation. A Valenciennes on cote : noir animal
neuf en grains, 33 à 36 fr. par 100 kilog.; noirs vieux grains, 10 à 12 fr. l'hecto-
litre; noir d'engrais, 2 à 8 fr.
Entrais. — A ^Marseille, les derniers prix sont les suivants : nitrate de soude,
24 à 26 fr. les 100 kilog. ; sulfate d'ammoniaque, 37 à 39 fr.; chlorure de potas-
sium, 23 fr.; sulfate de potasse, 23 fr.; phospho-guano, 26 fr.; sang desséché,
2 fr. le degré d'azote; superphosphate, 0 fr. 70 à 0 fr. 80 le degré d'acide phospho-
rique soluble .
YIII. — Maliires résineuses. — Textiles — Proiutis forestiers.
Matières résineuses. — Les gemmes sont sans changeaient à Bazas, où on cote '
gemmes nouvelles 22 fr. 50 la banique de 250 litres; gemmes, système Hu-
gues, 25 ff. — L'essence de térébenthine a baissé de 1 fr. , à Dax, et se vend 46 fr.
les 100 kilog.; les ventes sont assez importantes en ce moment,.
Chanvres. — Les prix dans la Sarthe sont mal tenus, avec affaires lourdes. Au
Mans, on a vendu : bonnes sortes, 70 à 76 fr. les 100 kilog.; sortes intermé-
diaires, 60 à 70 fr.; — à la Flèche, les prix sont de 68 à 84 fr.; — à Ambrières
(Mayenne, 60 à 70 fr.).
Bois. — Les ventes des coupes de l'administration des forêts s'effectuent en ce
moment. On a encore peu de renseignements sur les ventes. Dans le Jura et dans
les Vosges les sapins ont obtenu des prix en baisse sur ceux de l'année dernière,
soit 12 fr. 80 le mètre cube. Mais sur d'autres points les coupes de bois feuillus
ont été vivement enlevées. Dans le département de Saône-et-Loire, le chêne
de 0 m. 50 de diamètre a été vendu sur pied à raison de 40 fr. le mètre cube, en
grume; les bois de chauffage ont obtenu 8 fr. le stère, la charbonnette k fr. —
Sur les ports et sur les places de ventes, les affaires sont peu actives et les prix
sont plutôt en baisse.
IX. — Suifs et corps gras. — Cuirs et peaux.
Suifs. — Les prix ont encore haussé depuis huit jours pour le suif frais de
l'abat de la boucherie de Paris, qui est coté, 83 à 84 fr. les 100 kilog.
Saindoux. — Marché calme au Havre, où l'on cote 53 fr. 50 les 50 kilog.
DES DENRÉES AGRICOLES (25 OOTOBRE 1684}. 159
X. — Beurres. — Œufs. — Fromages.
Beurres. — On a vendu pendant la semaine, à Paris, 237,587 kilog. de beurres.
Au dernier marclié on cotait, par kilos:.; en demi-kilog., 2 fr. 50 à 3 fr. 60 ; petits
beurres, 1 ir. 76 à 2 fr. 80 ; Gournay,' 2 fr. à 3 fr. 86 ; Isigny, 2 fr. 40 à 7 fr. 20.
CEufs. — Les ventes à la halle se sont élevées cette semaine à 4,013,800 œufs
aux prix par mille, de 104 à 141 fr. pour le choix; 76 à 102 fr. pour les ordinaires;
et 48 à 58 fr. pour les petits.
X!. — Chevaux. — Bétail. — Viande.
Bétail. — Le tableau suivant résume le mouvement officiel du marché aux bes-
tiaux de la Villette, du jeudi 16 au mardi 21 octobre :
Poids Prii du kilog. de viande nette sur
Vendus moyen pied au marclié du .jo octnl>re.
Pour Pour En 4 quartiers. 1" 2" 3» Prix
Amenés. Paris, l'extérienr. totalité. kil. quai. quai. quai. moyen,
Bœufs .1,707 a, 416 1,2Î8 4, BU H48 1.66 1.50 \ .IZ 1.44
Vaches 3.tl96 857 617 1,474 237 1.58 l./)8 I.IS 1.37
Taureaux 291 170 35 205 395 1.44 1.34 1.20 1.32
Veaux 3,127 1,877 681 2,558 78 1.90 1.70 1.50 1.69
.Moutons,.,... 45,610 17,700 18,478 36,178 21 1.82 1.68 1,44 1.63
Porcs gras ... . 7,368 2,743 4,423 7,16à 81 1.32 1.26 1.22 1.27
Les arrivages des marchés de la semaine se décomposent comme il suit ;
Bœufs. — Calvados, 1,187 ; Charente, 87: Charente-Inférieure, 14; Cher, 172 ; Côte-d'Or.
276; Côles-du-Nord, 29; Creuse, 8; Deux-Sèvres, 123; Dordogne, 19; Doubs, 51 ; Eure, 36;
Finistère, 8; Gironde, 12; Indre-el-Loire, 8; Loire, 54 ; Loire-lnférieuré, 20: Loi-et-Garonne, 13;
Maine-et-Loire, 342: Manche, 3'i6; Haute.Marne. 18; Mayenne, 156; Morbihan, 16; Nièvre.
783; Orne, 881; Puy-de-Dônae. 28; Saone-et-Loire, 51l;"Sarihe, 51; Seine-Inférieure, 30;
Seine-et-Oise, 3 ; Tarn-el-Garonne, 12 ; Vendée, 202; Yonne, 58.
Vaches. — Aube, 3; Aveyron, 17 ; Calvados, 4o2;Câatal, 14: Charente, 11 ; Charente-Inférieure ;
14; Cher, 48; Côte-d'Or, 73; Doubs, 9; Eure, 54; Eure-et-Loir, 43; Loire, 2 ; Lot-et-Garonne,
25 Maine-et-Loire, 22; Manche, 269; Nièvre, 229; Orne, 287; Puy-de-Dôme, 75 ; Saône-et-Loire,
;6'4; Sarthe, 14; Ssine, 92; Seine-Inférieure, 16; Seine-et-Marne, 2; Seine-et-Oise, 17; Haute-
Vienne, 6; Yonne, 54; Suisse, 36.
Taureaux. — Aisne, 2 ; .*"ier, 1; Aube, 7 ; Calvados, 41; Cher, 2; Côte-d'Or, 10; Côtes-du-
Nord, 4. Creuse, 1; Deux-Sèvres, 3; Doubs, 3 ; Eure, 11 ; Eure-ei-Loir. 2 ; Finistère, 1 ; lUe-et-
Vilaine, 16; Loire-lnférieure, 2; Loiret, 12; Maine-et-Loire, 18; Manche, 52 ; Marne, 3; Haute-
Marne, 2; Mayenne, 8; Nièvre, 18 ; Oise, 8; Orne, 12 ; Saône-et-Loire, 8; Sarthe, 11 ; Seine-
Lnférieure, 2; Seine-et-Marne, 9; 'Seine-et-Oise, 7 : Yonne, 10; Suisse, 2.
Veaux. —Aube, 276; Aveyron, 121; Calvados, 16; Cantal, 27; Corrèze, 20 ; Eure, 208;
Eure-et-Loir, 276 ; 1 idre-et-Loire, 20; Loiret, 198; Manche, 115; Marne, 102; Oise, 32; Puy-
de-Dôme, 263; Sarthe, 72; Seine-Inférieure, 70; Seine-et-Marne, 252; Seine-et-Oise, 50
Yonne, 133.
Moutons. — Aisne, 579; Allier, 502; Aube, 1,153; Aveyron, 62; Cantal 1,318 ; Charente, 67.
Cher, 330: Corr-ze, 164 ; Côte-d'Or, 405; Creuse, 405; Dordosne, 82: Doubs. 156 ; Eure, 106 :
Eure-et-Loir, 628 ; Indre, 263; Loir-et-Cher, 60 ; Loiret, 96; Lot, 157; Marne, 616; Haute-
.Marne, 562; Meurthe-et-Moselle, 1,360 ; Meuse, 74: Nièvre, 1,303 ; Nord. 122; Oise, 237; Puy-
de-Dôme, 96; Ssine-et-Marne. 2,734; Seine-et-Oise, 1,917; Vosges, 108 ; Yonne, 436; Alle-
magne, 12,165; Hongrie, 7,942; Italie, 313; Ru.ssie, 8.160.
Porcs. — Aisne, 15 ;\4,llier, 664; Calvados. 148; Charente, 174; Cher, 74; Côte-d'Or, 59;
Côtes-du Nord, 99; Creuse, 159; Deux-Sèvres 202; Dordogne, 511 ; Doubs, 32; Ille-et-Vilaine,
192; Indre, 114: Loire-lnférieure, 303; Loir-et-Cher, 188; Loiret, 163; Maine-et-Loire, 759;
Manche, 151 ; .Mayenne 71; Nièvre, 245; Puy-de-Dôme, 149; Rhône, 87; Saone-et-Loire, 29 ;
Haute-Saône, 32 ; Sarthe, 1,771; Seine, 98; Seine-Inl'énaure, 5, Vendée 889; Vienne, 85.
Les arrivages ont été abondants pendant là semaine, en veaux, moutons et
porcs gras dont les prix sont inférieurs à ceux d'il y a huit jours ; les bœufs et
les vaches ont été moins nombreux ; leurs cours sont maintenus. — Sur les mar-
chés des départements on cote ; Nancy, bœuf, 84 à 86 fr. les 100 kilog. bruts ;
vache, 60 à 86 fr.; veau, 45 à 57 fr. ; mouton, 80^ à 95 fr. ; porc, 64 à 66 fr. —
.Sedaji, bœuf, 1 fr. 40 à 1 fr. 80 le kilog.; veau, 1 fi . 40 à 2 fr. ; mouton, 1 fr. 40
à 2 fr. 4;i; porc, 1 fr. 40 à 2 fr. 80. — Amiens, ;vache, 1 fr. 50 à 1 fr. 70; veau,
1 fr. 35 à 1 fr. 65; porc, 1 fr. 20 à I fr. 2f). — Ârras, veau, 0 fr. 90 à 1 fr. 15;
jiorc, 1 fr. . à 1 fr. 10. — Rouen, bœuf, 1 fr. 50 à 1 fr. 80 ; vache, 1 fr. 45 à
1 fr. 75; veau, 1 fr. 55 à 1 fr. 90; mouton, 1 fr. 75 à 2 fr. 05: porc, 1 fr. 05 à
1 fr. 30. — Evreux, bœuf, 2 fr. 10; veau, 2 fr. 30; mouton, 2 fr. 30; porc
1 fr. 70. — Dijon, Bœuf, 1 fr. 60 à 1 fr. 72; taureau, 1 fr. 10 à 1 fr. 40 ; vache
1 fr. 20 à 1 fr. 68, veau, 1 fr. 06 à 1 fr. 16; mouton, 1 fr. 50 à 1 fr. 90 : porc,
0 fr. 90 à 0 fr. 96.— Lyon, bœuf, 1 fr. 30 à 1 fr. 80; veau, 0 fr. 94 à 1 fr. 14.
— Neoers, bœuf, 1 fr. 60 à 1 fr. 80; vache, 1 fr. 40 à 1 fr. 60; veau et mouton,
2 fr.; porc, 1 fr. 60. — Bourges, bœuf, 1 fr. 60 à 1 fr. 80 ; veau, 1 fr. 60 à 1 fr. 30;
mouton, 2 fr. à 2 fr. 40 ; porc, 1 fr. à 1 fr. 50. — Condom, bœuf, 1 fr. 60 à
1 fr. 80; veau, 1 fr. 50 à 1 fr. 70; vache, 1 fr. à 1 fr. 20; mouton, 1 fr. 70 à-
160 RKVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT (25 OCTOBRE 1884i
2 fr. 20 ; agneau, 1 fr. 60 à 1 fr. 80; porc, 1 fr. 30. — Pamiers, bœuf, 1 fr. 50 ;
vache, 1 fr. 30 ; veau, 1 fr. 60 ; mouton, 1 fr. 50 à I fr. 80 ; porc, 1 fr. 40. —
Mende, bœuf, 1 fr. 70 ; vache, 1 fr. 60; veau, 1 fr. 80; mouton, 2 fr.; porc,
1 fr. 80. — Privas, bœuf. 1 fr. 60; veau, 1 fr. 63; mouton, 1 fr. 74; porc,
1 fr. 47. — Perpignan, bœuf, l fr. 60; vache, 1 fr. 50; veau, mouton, l'fr. 80.
A Londres. — Les importations d'animaux étrangers ont été, durant la
semaine, de 4,303 bœufs, 10,866 moutons, 582 veaux et 494 porcs, dontii52 bœufs
de Baltimore, 268 de Boston, 841 bœufs et 12S moutons de Montréal, et 864 bœufs
de New-York. — Prix par kilog. : bœuf, 1 fr. 38 à 2 fr. ; moutons, 1 fr. 72 à
2 fr. 28 ; veaux, 1 fr. 72 à 1 fr" 76 ; porcs, 1 fr. 24 à 1 fr. 65.
Viande à la criée. — Il a été vendu à la halle de Pans, du 13 au 19 octobre :
Prix du kilog. le 19 octobre.
kilog. t" quai. y quai. 3" quai. Chou. Basse Doucherie.
Bœuf ou vache... 152.260 1.54 à 1.90 1.32 à :..j2 0.91 à 1.30 1.50 à 2.60 0.20 à 1.24
Veau 164,617 1.86 2.10 1.64 1.84 0.40 1.62 ■ » » »
Mouton 81,142 1.50 1.80 1.28 1.48 0.96 1.26 1.40 2.60 » •
Porc 49,856 Porc frais 1.12 à 1.44.
447,875 Soil par jour 63,982 kilog.
Les ventes ont été inférieures de 4,500 kilog. par jour à celles de la semaine
précédente. Les prix sont sensiblement les mêmes.
XII. — Cours de la mande à rabattoir de la Tillette du jeudi 24 octobre [par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On -^end à la Villette par 50 kilog. : 1" qualité,
64 à 69 fr. ; 2", 59 à 64 fr. Poids vif, 41 à 47 fr.
Bœufs, Veaux. Moutons.
1" r 3* 1" 2- 3' 1" 2'
quai. quai. quai. qnal. quai. quai. quai. quai, quai.
fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr.
78 70 62 108 100 92 85 77 68
XIII. — Marché aux bestiaux de la Villette du jeudi 24 octobre 1884.
Cours des commissionnaire^
Poids Cours officiels. en bestiaux.
Animaux général. 1" 2" 3* Prix l" 2* 3" Prix
amenés. Invendus. kil. quai. quai. quai, extrêmes. quai. quai. quai. extrêmes
Bœufs 2.535 l'i6 34» \.66 l.bO 1.22 1.13àl.70 1.64 1.50 1,20 l.lôài.SS
Vaches 783 109 ■ï34 :,58 I.3S l 18 1.16 1.62 1.56 1.36 1.15 1.10 1 60
Taureaux... Uh 8 394 1.46 i.36 1.22 1.12 1 48 1.44 1.34 1.20 1.16 1,46
Veaux I.2!6 110 76 2 00 1,80 I 60 1.40 2.16 » » » »
Moutons 19 985 2.330 19 1 84 1.68 1.46 1 40 1.88 » » « »
Porcs gras.. 4.656 3.t «O l.34 1.28 1.24 1.18 1 40 • » •
— maigres a, » » »••»!•»»»»■
Vente difficile sur le gros btail, assez active sur les autres espèces.
XIV. — Résumé.
Les cours se sont foutenus cette semaine en général; il y a une légère hausse
sur les céréales; les autres denrées n'ont pas subi de variations importantes,
A. Rémy,
BULLETIN FINANCIER
Après un mouvement de baisse, les cours des fonds publics se sont relevés et
sont supérieurs aujourd'hui à ceux de la semaine dernière, — Les rentes françai-
ses sont cotées : 3 pour 100, 77 fr. 97 ; — 3 pour 100 amortissable, 79 fr, 50 ;
— 4 et demi pour 100 ancien, 105 fr. 25; — 4 et demi pour 100 nouveau,
109 fr. 05,
Les actions des établissements financiers sont en baisse, excepté celles du
Crédit foncier et du Crédit lyonnais. Voici leurs cours : Banque de France,
5,025 fr, ; Banque de Paris et des Pays-Bas, 725 fr,; Comptoir d'escompte.
960 fr.; Crédit foncier et agricole d'Algérie, 485 fr.; Crédit foncier, 1,297 fr. SO;
Banque d'escompte de Paris, 513 fr. 75; 517 fr, 50; Crédit lyonnais, 543 fr. 75 ;
Société générale, 457 fr. 50; Société de dépôts, 625 fr.
Les titres des chemins de fer français sont cotés en hausse : Est, 785 fr.; Pans-
Lyon-Méditerranée, 1,235 fr.; Midi, 1,150 fr.; Nord, 1,631 fr. 25; Orléans,
1,302 fr. 50; Ouest, 820 fr. — Les actions du canal de Suez valent 1890 fr.; les
Délégations 1,120 fr,; les actions du Panama sont à 485 fr. E, FérON.
Le Gérant : A. Bouché.
CHRONIQUE AGRICOLE d- novembre ;m).
Discussions relatives à la réforme des tarifs de douane. — Les menaces de représailles sont chi-
mériques. — Protestations des Chambres de commerce. — La marine et l'agriculture française.
.\ccusaiions nouvelles de routine et d'ignorance. — Véritable situation des choses. — Exemples
des pertes subies par l'agriculture. — Nécessité d'une prompte solution. — Unanimité des
vœux des associations agricoles. — Résolution votée par les Comices de l'Aisne et par le Con-
seil départemental d'agricullure de l'Isère. — Projet d'un congrès national agricole. — Ques-
tionnaire du groupe agricole de ia Chambre des députés. — Reunioa du conseil de la Société
d'encouragement à l'agriculture. — Vote de la loi sur les échanges d'immeubles et de celle sur
les récompense* pour l'exposition d'Amsterdam. — Proposition sur les boissons. — Rapport au
Sénat sur le phyllojera. — .amendements au budget du ministère de l'agriculture. — Rapport
de M. Vietle sur le service forestier. — Décoration du Mérite agricole. — Elèves admis à l'Inslitut
agronomique. — Huitième volume des Annales de l'Institut. — Station agronomique de Lille.
— Examens à la ferme-école des Troix-Croix. — Ecoles de fromagerie dans l'Ain. —
Recherches de .M. Lechartier sur l'emploi des engrais potassiques en Bretagne. — Bulletin du
ministère de l'agriculture. — Le fourrage arlihciel. — Société de médecine vétérinaire. — La
pe.ste bovine. — Concours de chevaux de trait dans la îsièvre. — Conccurs pour des semences
de céréales. — Transport des machines à battre. — Questions viticoles. — Note de M. Paul Sol.
— Questions d'arboriculture. — La poire Joigneaux. — Concours de la Société d'agriculture du
Gard. — Exposition de vins nouveaux à Constantine.
I. — Tous ignorants et routiniers.
Le nombre des adversaires des projets de réforme des tarifs de
douane sur le IjJé est devenu très faible; mais, en revanche, on ne
nous ménage pas les plus noires prévisions, et on se montre de plus
en plus acerbe pour les cultivateurs et leurs défenseurs. Le spectre du
consommateur affamé et celui du retour au pain noir ont fait leur
temps ; on nous menace aujourd'hui de représailles, et l'on nous pré-
dit que la moindre élévation des droits sur le blé donnerait le signal
d'une guerre de tarifs dirigée contre la France. De qui veut-on parler,
sinon de la Russie ou de IWmérique du Nord? M;iis à qui fera-t-on
croire que l'Empire moscovite et la République américaine acceptent
les marchandises françaises en franchise? C^^ no st it qu'ils ont établi
les tarifs les plus protectionnistes, parfois même prohibitifs, sur les
vins et sur les produits manufacturés, les seuls que la France exporte
dans l'Europe orientale et au delà de r.\tlantique? Les paysans
russes restent cois, mais les agriculteurs américains s'en plaignent
amèrement, parce qu'ils payent plus cher que de raison tous les pro-
duits industriels qu ils consomment; ils sont dans une situation ana-
logue à celle de nos cultivateurs français qui vendent à vil prix et qui
achètent cher; pour eux comme pour nous, c'est la conséquence de
l'inégalilé choquante créée par des tarifs de douane mal équilibrés. Il
n'y a donc pas, dans celte crainte chimérique, de raison suffisante
pour laisser agoniser l'agriculture française.
D'autre part, les Chambres de commerce de nos grands ports s'a-
gitent; elles protestent, au nom de la marine, contre des droits d'entrée
sur les céréales. « L'intérêt de la marine marchande, écrit la Chambre
de commerce de Marseille, est un intérêt national. » Nous n'en dis-
convenons pas, et nous pouvons répondre que c'est même un intérêt
très largement protégé ; notre budget en sait quelque chose. Mais est-ce
que, par hasard, l'intérêt de l'agriculture ne serait pas un intérêt na-
tional? Et puis vous savez bien qu'un droit compensateur sur le blé
n'arrêtera pas les importations ; le courant est établi, on ne le re-
montera pas, mais il fout faire ce qui est nécessaire pour que le dé-
sastre actuel ne se transforme pas en ruine irrémédiable. JNous avouons
ne pas comprendre les hésitations qui se manifestent encore à la
Chambre des députés ; nous savons qu'une majorité est acquise au
droit compensateur sur le blé, mais nous voudrions que cette majorité
N° 81-2. — Tome FV" de 1884. — 1" Novembre.
152 CHRONIQUE AGRICOLE (l" NOVEMBRE 1884) -
devîûtune quasi unanimité. Il faut en finir et ne pas laisser les excita-
tations malsaines se mêler au f^rand débat qui s'agite.
Mais une accusation contre laquelle je ne cesserai de protester, c'est
l'accusation de routine et d'ignorance qu'on jette à la tête de l'a^iri-
culture française. On doit la vérité, surtout à ses amis : il faut avouer
que cette accusation ne manque pas toujours de fondement. Mais à qui la
faute? N'est-ce pas aux conditions déplorables dans lesquelles l'en-
seignement, à quelque degré que ce soit, a végété en France? Tout
cela change, mais il faudra du temps pour que les fruits apparaissent.
Je suis heureux de im'appuyer ici sur le témoignage d'un homme
qu'on n'accusera pas d'être un rétrogade. M. Paul Bert écrivait hier :
« Il faut faire en sorte, à quelque doctrine qu'on appartienne, que
l'agriculture ne sombre pas, pendant qu'on lui prépare un personnel
nouveau. » Toutefois, il faut répéter ce qui a été dit déjà à cette place :
c'est surtout Sur ceux qui sont sortis de la routine, sur ceux qui font
l'honneur de l'agriculture française, que la crise actuelle pèse le plus
lourdement. Si je publiais toutes les confidences que je reçois, on serait
effrayé. A côté des témoignages qui ont déjà paru dans les colonnes
du Jotinml, de ceux qui paraîtront encore, je vais citer deux faits.
Un agriculteur du département de l'Aisne, en même temps industriel,
par conséquent habitué à compter, m'écrit que, sur 180 hectares qu'il
cultive, il subit en 1884 une perte de 20,000 fr. Un des principaux
agriculteurs delà région centrale delà France m'a confie que la baisse
des prix, malgré une bonne récolte, a réduit de 50,000 fr. le produit
des terres qu'il cultive. Du petit au grand, la situation est la même
partout; le résultat se répercute sur toutes les branches du commères
et de l'industrie, qui ne trouvent plus dans les populations rurales
leurs clients habituels. Que la crise agricole soit atténuée, et toutes les
autres crises en seront diminuées d'autant et disparaîtront rapi-
ment.
Une des principales difficultés est de fixer le taux du droit compen-
sateur sur les blés. Il faut éviter de tomber dans les errements du
protectionnisme; mais il est impossible de trouver un chiffre qui
réponde exactement à toutes les situations. 11 y a là une question de
mesure que le gouvernement, seul responsable, a pris l'engagement
de résoudre. Pour s'éclairer, il a les vœux des Conseils généraux, des
associations agricoles. Ce que nous réclamons, au nom des cultiva-
teurs, c'est une solution, transitoire si l'on y tient, mais immédiate.
II. — Vœux lies associations agricoles.
Les documents qui s'accumulent de toutes les parties de la France,
relativement à la réforme des tarifs de douane, accusent, dans toutes les
associations agricoles, une unanimité absolue. Nous ne pouvons que
signaler les principaux. Dans une réunion générale tenue le 22 octobre,
les Comices agricoles du département de l'Aisne ont exprimé à l'una-
nimité le vœu du relèvement des tarifs de douane sur les produits
agricoles, ainsi que la revision des tarifs de pénétration qui créent
une situation privilégiée, sur le grand marciié parisien, aux produc-
teurs étrangers. On trouvera plus loin un remarquable discours pro-
noncé par M. Paul Casimir-Périeràla Société d'encouragement à l'agri-
culture du Havre. Nous voudrions aussi pouvoir reproduire ceux pro-
noncés par M. Develle, député de l'Eure, au concours du Neubourg;
CHRONIQUE AGRICOLE (l" NOVKMBRK 1884). 163
par M. Seillan, à une réunion récente du Conseil ;,^énéral du Gers ; par
M. de Garidel, à la Société d'agriculture de l'Allier; par M. Uigal, au
Comice agricole de Pamiers (Ariège), et d'autres encore. Mais la place
nous manque, et nous ne pouvons que constater l'unanimité d'opi-
nion que toutes ces manifestations attestent entre les agricul-
teurs de toutes les régions, sans une seule exception. Toutefois nous
devons donner une place spéciale au vœu que le Conseil départemental
d'agriculture de l'Isère a émis dans sa séance du 4 oclobre, sur la
proposition de son président, M. Michel Perret, membre de la Société
nationale d'agriculture. En voici le texte :
«Considérant : I" que la concurrcice étrangère, de ])lus en plus active, a eu
pour effet d'abaisser jusqu'au 'oiniinuai de 20 fr. les 100 kilog. le cours du blé,
dont le prix de revient, au plus réduit, est actuelle nent de -25 fr., et que, dans
cette situation, la culture du blé en France n'est plus rérauaératrice ;
« 2" Que pour assurer aux agriculteurs le bénéfice sans lequel la culture du blé
ne saurait cire co'itmuêe dans les conditions actuelles, il faudrait surélever de 5 fr.
au moins par quintal la taxe sur les blés étrangers ;
« 3" Qu'il est absolument nécessaire de maintenir la production du blé dans
notre pays, et d'encourager les eftorts tendant à réaliser cliez nous les perfection-
nements économiques dont nos voisins nous ont donné l'exemple pour cette pro
duction;
« Le Conseil estime que le seul remède efficace dans la crise actuelle consiste
à établir sur les blés étrangers une surtaxe temporaire de 5 fr. par quintal,
comme celle dont les sucres bruts étrangers viennent d'être frappés. »
A une réunion récente de la Société d'agriculture de .Meaux, M. Bu-
tel a proposé l'organisation d'un Congrès national agricole qui se
réunirait pour la première l'ois en 1885, à Paris. Voici un extrait du
procès-verbal de cette séance :
« M. Butel donne lecture d'une proposition tendant à organiser un congrès
nalional agricole pour la défense des intérêts de l'agriculture. li constate avec re-
gret que les cultivateurs ne savent pas assez se servir des deux plus puissants
moyens d'action du siècle : la presse et l'association. Puis il ajoute :
« Puisque par suite du régime douanier qui nous est imposé par le gouver-
nement, nous en sommes arrivés à aclieter : à l'Amérique, le blé; à l'Australie,
la laine ; à la Russie, le lin ; à l'Allemagne, le sucre, l'alcool et les moutons ; puis-
que les efforts partiels ne présentent plus aucune chance de succès ; puisque les
souffrances de l'agriculture augmentent chaque jour et menacent de prendre des
proportions d'un désastre nalional, le moment est venu d'un effort général, d'un
mouvement en masse de toute la culture. Il faut que la France agricole, déshé-
ritée, sacrifiée, jetée en pâture à la concurrence étrangère, se lève comme un seul
homme, et prenne enfin le parti de se défendre elle-même; il faut, en un mot,
utiliser les deux puissants leviers dont je vous ai parlé, la presse et l'association,
en organisant un Congrès nalional agricole.
« Sur la demande de M. Butel, sa proposition est renvoyée à une Commission à
laquelle il se propose de fournir toutes les indications pour réaliser promptement
et efficacement cette idée d'avenir d'un Congrès agricole à Paris. »
Le projet de M. Butel n'est point de ceux que l'on puisse écarter par
la question préalable. Les cultivateurs n'ont pas encore suffisamment
appris à traiter eux-mêmes leurs propres affaires : ils s'en rapportent
trop volontiers à l'initiative d'autrui. C'est une des conséquences
de l'isolement dans lequel la plupart d'entre eux sont habitués à vivre.
Les associations agricoles n'ont pas de lien commun bien déterminé :
quelques-unes même sont tiraillées par des influences diverses pour
lesquelles l'agriculture n'est qu'un prétexte. 11 est certain qu'un con-
grès agricole bien organisé, auquel tous les cultivateurs pourraient
s'associer, les habituerait à s'occuper des choses qui les intéressent, et
donnerait une force irrésistible aux députés et aux sénateurs dévoués
164 CHRONIQUE AGRICOLE (l" NOVEMBRE 1884).
aux intérêts agricoles. Aiijourcrhui, la réforme des tarifs de douane
prime les autres préoccupations. Si elle est résolue, et on doit l'espérei',
avant la première réunion de ce congrès, il restera à celui-ci bien
d'autres sujets : l'examen des [)rojets du crédit agricole, l'étude com-
parative de l'enseignement agricole en France et en Allemagne, celle
des cinaux du Rhône, et bien d'autres encore. Nous pensons donc
que l'idée de M. Butel mérite d'être examinée par tous ceux qui s'in-
téi'essentà l'avenir de l'agriculture.
III. — Projets d' enquêtes.
On sait que, depuis plusieurs années, une réunion de députés s'est
constituée sous le titre de yroupe agricole; elle est formée par un certain
nombre de députés unis, sans distinction de partis politi([ues, pour
l'élude des intérêts de l'agriculture. Ce groupe agricole vient d'adresser
le questionnaire suivant à tous les sénateurs et députés :
1" Tout dégrèvement étant, aujourd'hui et pour longtemps encore sans doute,
reconnu impossible, existc-t-il pour le gouvernement d'autre moyen de venir effi-
cacement en aide à l'agriculture et de lui procurer un soulagement immédiat, que
d'augmenter les dioits de douane sur les produits similaires au.\ siens et venant
de l'étranger les concurrencer sur le marche français?
2" Cette augmentation des droits de douane, si elle est reconnue indispensable,
doit-elle porter sur lous les produits du sol nans exception ? sinon, quelle excep-
tion doit-on faire'?
3° L'augmentation doit-elieaussi portersur le bétail, même sur le bétail propre
à l'élevage?
4° Doit-elle être d'une durée illimitée, ou simplement temporaire? Dans ce
dernier cas, quelle durée doit lui être assignée?
5" Doit-on imposer à son maintien des conditions déterminées, telles, par
exemple, qu'une augmentation du prix de vente des produits français d'après les
mercuriales, et lorSL|ue ce prix arriverait à dépasser d'une proportion de... le prix
de revient?
6° Quels sont aujourd'hui, en moyenne, les prix de revient des produits du sol?
Ne doit-ou pas poui- cette a|ipréciation établir en France diverses régions? Cette
nécessité ne sera.it-elle pas de nature à exercer une influence sur la réalisation de
la condition indiquée ci-dessus?
7" Quelles devraient être les proportions de l'augmentation des droits de douane?
Doivent- elles simplement alleindre le chifire des impôts de toutes natures dont sont
gievés les produits du sol, ou doivent-elles dépasser celte limite?
8" Si elles doivent dépasser cette limite, quelle autre limite doivent-elles
atieindre? Doit-on ajouter au chifl're représentant les impôts celui représentant la
différence du taux de la main-d'œuvre, l'intérêt du capital engagé, etc.. etc. ?
9" Quelles sont les conséquences à prévoir de celte augmentation au point de
vue de l'alimentation publique et de sa répercussion sur le prix des salaires ?
10" Peut-on, par des mesures administratives ou législatives, réglementer ou
atténuer ces conséquences, au moins dans une certaine mesure?
Il" Quelles seraient les conséquences à prévoir du maintien du statu quo au
point de vue de la production, de l'industrse tout entière aussi bien que de l'agri-
culture, partant de la fortune publique?
12" Quels résultats budgétaires pourrait donner l'augmentation des droits de
douane sur les produits du sol?
13° Est-il possible de donner législalivement une indication de l'emploi à faire
des perceptions ainsi obtenues?
14" Si cela est possible, quel serait l'emploi le plus utileà prescrire dans l'in-
térêt de l'agriculture, de son avenir, de ses progrès? Dégrèvements, prestations,
droits de mutations, encouragements à obtenir déplus abondants produits, crédit
agricole, enseignement professionnel, assistance dans les campagnes, etc., etc?
It)" Quels seraient les moyens pratiques les meilleurs pour mettre, aussi direc-
tement que possible, en rapport entre eux les producteurs et les consom-
mateurs?
D'autre part, dans sa dernière réunion, le Conseil d'administration
GHRONIQUK AGRICOLE (1" NOVEMBRE|1884). 165
de la Société d'encouragement à ragriculture a décidé la nomination
d'une Commission chargée de rédiger un questionnaire, et de préparer,
sous l'autorité du ministre de l'agriculture, tous les éléments d'une
enquête qui serait faite à la fois dans tous les départements par des
commissions spéciales.
IV. — Travaux parlementaires.
Dans sa séance du 25 octobre, la Chambre des députés, après avoir
voté l'urgence, a adopté la proposition de loi concernant les droits fis-
caux à percevoir sur les échanges d immeubles ruraux. Le texte tle-
vient ainsi définitif, car ce texte est celui qui a été précédemment voté
par le Sénat. — Dans sa séance du 29 octobre, la Chambre a voté,
sur le rapport de M. Hervé Mangon, le projet de loi sur les récom-
penses à décerner pour l'exposition agricole d'Amsterdam, sans chan-
gement au projet du ministre de l'agriculture.
Dans la même séance, M. Benjamin Raspail a déposé jine proposi-
tion sur les boissons. Dans une séance précédente, M. Graux avait
présenté un contre-projet à la proposition élaborée par la Commission
sur le régime des boissons.
Au Sénat, M. Meinadier a présenté le rapport de la Commission
chargée d'examiner le projet de loi ayant pour objet d'étendre aux
zones franches du pays de Gex et de la Haute- Sa voie les mesures contre
le phylloxéra applicables en Algérie.
V. — Le liudgel du minisiere de ['agriculture.
Ainsi que nous le pressentions, la Chambre des députés est déjà
saisie de plusieurs amendements sur le budget de l'agriculture. Un de
ces amendements, présenté par MM. Mercier et Giguet, a pour oitjet
de rétablir le crédit de 10;00D fr. pour subvention aux établi s.semonls
privés d'enseignement agricole. Un autre, présenté par 39 députés, a
pour objet de porter à 3 millions de francs le crédit pour la destruction
du phylloxéra et des autres parasites.
Le rapport de M. Viette sur l'administration des forêts a été distri-
bué cette semaine. Les crédits demandés (>ar le ministère de l'agricul-
ture s'élevaient à 15,129,295 fr.; la Commission du budget propose
de les réduire à 14,335,310 fr., soit une diminution de 1,793,985 fr.
Les principales réductions portent sur le personnel dans les départe-
ments (702,885 fr.), et sur l'amélioration des forêts domaniales
(610,000 fr.).
VI. — Décoration dans l'ordre du Mérite agricole.
Par arrêté du ministre de l'agriculture, en date du 25 octobre 188i,
la décoration du Mérite agricole a été conférée à M. Larousse (Octave),
fermier-agriculteur aux Epées, commune de Lachy (Marne), membre
du Comice agricole de Sézanue depuis quatorze ans. Il exploite par les
meilleurs procédés une ferme importante, etja contribué par son exemple
et son initiative aux progrès de l'agriculture dans le département de la
Marne; plus de vingt ans de services.
VII. — Institut national agronomique.
Voici les résultats de la première session des examens qui viennent
d'avoir lieu pour l'admission à l'Institut national agronomique :
Elèves admis de plein droit : — MM. Aubert (Sartlie), diplômé d'Ecole d'agri-
culture; Aquirre (Chili), diplôme étranger équivalent); Barrion (Seux-Sèvres).
166 CHRONIQUE AGRICOLE (1" NOVEMBRE 1884).
Bussard (Doubs), Cartier '(Indre-et-Loire) , Gorblia (Seine), Gordebar (Haute-
Marne*, bacheliers es sciences; Glauzade (Gers), diplômé d'Ecole d'agriculture;
De Gliambrier (Suisse), diplômé d'Ecole d'agriculture; Dubuc (Seine-Inférieure);
Dubois (Seine), Ferdut (Seine), Gonin (Orne), Jenot (Lorraine), Jankowski (Rus-
sie), Laurent (Basses-Pyrénées), Lohmann (Seine-et-Gise), Le Barbier (Seine),
baclieliers es sciences ; Luc CVosges), diplôme d'Ecole d'agriculture; Monnier
(Drome), Nandin (Seine), Paulhiac (Dordogne), Penelle (Eure-et-Loirel, Reil-
lat (Pyrénées-Orientales), Rouzay (Sarthe), bacheliers es sciences.
Elèves admis api es examen. — 1. Plet (Seine-et-Oise); -2. Roidot (Paris); 3. De
l'Hortet (Vienne); 4. Garcet (Seine-et-Marne; 5. De Poncins (Var); 6. Duboc (Pa-
ris); 7. Blanchet (Gher); 8. Malet (Seine-et-Oise); 9. Alland (Ain); 10. Gault
(LoiretU 11. Gayon (Yonne); 12. Servia (Eure); 13. Harel (Paris); 14. Gibert (Gi-
londe;; 15. Saulgeot (Saôn-eet-Loire); 16. Binet (Galvados); 17. Essique (Paris);
18. Barruel (Paris); 19. Bonnet (Lozère); 20. Vallin (Guba); 21. Atrux (Paris);
a. Maschand (Paris); 23. Deloucle (Tarn-et-Garonne); 24. Chaptal (.Allier);
25. De Letamendi (Espagne); 26. Riza bey (Turquie); 27. Girurdot (Paris);
28. Meurant (Nord), précédemment admis; 29. Fournier (Paris), précédemment
admis.
La promotion de 1884 comprend jusqu'à présent 54 élèves sur 68
inscrits.
Le huitième volume des Annales de t'Inslitut national agronomique
vient de paraître. Ce volume renferme plusieurs travaux importants
que nous devons signaler : un intéressant mémoire de M. Eugène
Risler sur les observations de météorologie agricole faites sur son
exploitation de Calèves, près Nyon (Suisse), de 1867 à 1876; un
deuxième mémoire de M. Duclaux sur le lait; des notes de 3L Albert
Hérisson sur les dessèchements de la vallée du Pô; des recherches de
MM. Muntz et A.-Ch. Girard sur la valeur alimentaire de l'avoine, sur
la digestion des fourrages employés dans l'alimentation des chevaux,
sur les phénomènes chimiques de la digestion chez le cheval. Nous
aurons l'occasion de revenir sur la plupart de ces travaux.
VIII. — Station agronomique de Lille.
Nous apprenons que M. Ladureau quitte la station agronomique du
Nord qu'il dirige depuis dix ans, pour prendre à Paris la direc-
tion d'un laboratoire central agricole et commercial, rue Xotre-Dame-
des-Victoires, 44 (place de la Bourse). Il continuera à y faire tous les
travaux de recherches et d'analyses que les négociants, les industriels
et les agriculteurs lui confieront, et il compte également s'y livrer aux
études agrouumiques et de science pure qu'il poursuit. Son successeur
à la station agronomique de Lille est M. A. Dubernard, ex-préparateur
au Collège de France.
IX. — Ferme-école des Trois-Croix.
Les concours d'admission et de sortie ont eu lieu à la ferme-école
des Trois-Croix (lUe-et-Vilaine) dirigée par M. Hérissant, les 13, 14 et
15 octobre.
23 candidats se présentaient pour l'examen d'admission; 15 places
seulement étaient vacantes ; elles ont été vivement disputées.
Onze élèves avaient lermiaé leurs deux années d'études, ils ont tous
obtenu le certificat d'études et la prime de 300 francs. Ils ont été
classés ainsi qu'il suit :
1. Garré (Gôtes-du-Nord). — 2. Jouanny (Gôtes-du-Nord). — 3. Phelipeau
(Vendée). — 4. Sévegrand (lUe-et- Vilaine). — 5. Rolland (Finistère). — 6. Verron
(lUe-et-Vilaine). — 7. Uvoy (Côtes-du-Nord). — 8. Duhamel (Manche).— 9. Bou-
langer (lUe-et-Vilaine). — 10. Mestric (Finistère). — 11. Touffreau (Morbihan).
CHRONIQUE AGRICOLE (l" NOVEMBRE 1884). 167
Le comité a demandé à M. le ministre de l'agriculture une médaille
d'argent et deux de bronze pour les trois premiers : (^arré, Jouanny et
Plielipeau. Ce dernier vient (rétro admis le cinquième avec bourse
entière à l'école nationale d'iiorticuilure de Versailles La Commission
a constaté que des soins particuliers sont donnés à l'instruction pra-
tique des élèves qui sont initiés successivement à tous les travaux de
la Terme, et l'inspecteur général a adressé à 31. Hérissant des félicita-
tions pour les progrès réalisés dans l'instruction pratique des élèves,
pour les soins intelligents accordés aux cultures, et pour les études
spéciales dont elles sont l'objet sur divers points qui intéressent spé-
cialement la région.
X. — Ecoles de, fromagerie dans l'Ain.
On sait que deux écoles de fromagerie ont été créées dans le dépar-
tement de l'Ain, à Maillât et à Ruiïieu. Ces deux écoles recevront de
nouveaux élèves boursiers à partir du l" janvier 1885, date de l'ou-
verture de ces écoles. Les candidats qui désireraient y être admis avec
bourse entière, auront à adresser, avant le 1" décembre prochain, à la
préfecture de l'Ain : 1" une demande écrite et légalisée; 2° leur acte de
naissance; 3° leur casier judiciaire; A" un certificat de moralité. Ils
devront être âgés de 16 ans au moins et de '25 ans au plus. Us subi-
ront avant leur admission un examen dont le but principal sera de
s'assurer de leur aptitude aux travaux manuels et de leur instruction
élémentaire. Ils seront informés, en temps utile, de la date à laquelle
auront lieu les examens qui seront passés devant une commission
composée du directeur et des professeurs de chaque école.
XL — Emploi des engvMs potassiques en Bretagne.
M. Lechartier, directeur de la station agronomique de Rennes, vient
de présenter à l'Académie des sciences le résultat d'expériences qu'il
poursuit sur l'emploi des engrais potassiques dans les terres de Bre-
tagne. Nous n'avons pas besoin de rappeler les excellents résultats
que Ton a obtenus par l'usage des phosphates dans le défrichement
des landes; mais, ainsi que M. Lechartier le fait observer, l'action de
ces phosphates disparaît rapidement et, en outre, les engrais phos-
phatés, en produisant des suppléments de récoltes, font consommer
les réserves que le sol possédait en principes utiles, notamment en
potasse, quoique celle-ci existe dans les granités et les schistes. En
effet, la plus grande proportion de la potasse que ces roches renfer-
ment est engagée, d'après les expériences de M. Lechartier, dans des
combinaisons où elle est peu assimilable par les plantes. Il a donc
entrepris des recherches alin de se rendre compte des effets que pour-
rait produire l'emploi d'engrais potassiques. Ces essais ont été pour-
suivis, d'une part sur des défrichements de landes, chez M. Ilunault,
à Orgères, d'autre part sur les terres de la ferme-école des Ïrois-Croix,
depuis longtemps en culture. Dans les deux cas, l'effet des engrais
potassiques a été très sensible. M. Lechartier en conclut donc, "avec
raison, que la question des engrais potassiques en Bretagne mérite
d'être étudiée sérieusement; il se propose, d'ailleurs, de continuer
les expériences dont il vient de faire connaître les premiers résultats.
XIL — Bulletin du ministère de l'agriculture.
Le sixième fascicule pour 1884 du Bulletin du ministère de l'agri-
culture a été publié récemment. A la suite des documents officiels que
168 CHRONIQUE AGRICOLE (1'"' NOVEMBRE 1884].
nos lecteurs connaissent, ce fascicule renferme plusieurs travaux sur
l'agriculture étrangère que nous devons signaler. Ce sont quatre rap-
ports de MM. le baron de l'iancy, Mérou, de Piaa, sur la situation
agricole et le rendement des cultures en Allemagne, la fin du rapport
de M. Lézé, professeur à l'école nationale d'agriculture de Grignon,
sur les progrès récents de l'industrie laitière en Danemark et en
Hollande, le commencement d'un rapport de M. Sauvage sur l'exposi-
tion piscicole de Londres en 1883. Nous ne présenterons qu'une
observation : dans son mémoire très intéressant, M. Lézé donne des
détails sur la fabrication du fromage artificiel qui, paraît-il, se propage
en Prusse; cette fabrication, déjà signalée dans l'Amérique du Nord,
consiste à ajouter au lait écrémé de la margarine et du saindoux, afin
d'obtenir un fromage moins maigre. M. Lézé estime que le procédé est
rationnel et pratique; qu'il nous permetle de lui dire qu'il répugne à
nos idées, peut-être un peu rétrogrades. Pour nous, le fromage est un
produit exclusif du lait; si nous étions député, nous proposerions
tout de suite un amendement au projet de loi sur les fraudes dans le
commerce des beurres, afin de nous prémunir, au besoin, contre le
fromage artificiel de Prusse ou d'autres pays initiateurs du progrès.
XIII. — Sociale de médecine vétérinah'e.
La Société centrale de médecine vétérinaire a tenu, le jeudi 23 octo-
bre, sa séance publique de distribution des récompenses. Après un
discours de M. Weber, président, et le rapport de M. Cagny sur les
concours de 1884, on a entendu un très intéressant éloge biogra-
phique de M. Delafond, ancien directeur de l'école vétérinaire d'Alfort,
par M. H. Bouley, secrétaire général de la Société.
XIV. — La peslc burine.
Nous avons annoncé que le gouvernement belge avait, par un arrêté
en date du 8 octobre, interdit l'importation et le transit des animaux
des races bovines et ovines d'Aulriche-Hongrie. De nouvelles informa-
tions ayant établi que l'existence du typhus contagieux dans un trou-
])eau dd bœufs amenés au marché de Presbourg n'a pas été confirmée,
un nouvel arrêté, en date du 1G octobre, a rapporté cette mesure de
précaution.
XV — Concours de chevaux de irait dans la Nièvre.
La Société départementale d'agriculture de la Nièvre organise des
concours de poulains de gros trait âgé de dix-huit mois. Des primes,
s'élevant à la somme de 3,000 fr., seront décernées j)ar une délé-
gation de la Société, le 2 novembre à Champlémy, et le 8 novembre à
Nevers, aux poulains de gros trait, de robe noire, âgés de dix-huit
mois, reconnus capables de faire plus tard des étalons de gros trait.
Les poulains primés devront être conservés dans le département jus-
qu'au concours d'étalons de gros trait, qui aura lieu à Nevers en
188G, et être présentés à ce concours. Ils pouri'ont être vendus pen-
dant l'année 1885, à la condition expresse que les acquéreurs habitent
e département de la Nièvre et s'obligent à les présenter.
XVI. — Concours pour des semences de céréales.
Le Comice agricole de Sainl-Amand (Cher) a eu l'heureuse idée
d'or-ganiser, dans les cantons de sa circonscription oîi se tiennent des
marchés au blé, des concours pour les plus beaux blés de semences.
iPHBONIQIJE AGRICOLE (I" NOVEMBRE iSik). 169
Ces concours ont pu avoir lieu dans quatre cantons : à Saint-Amand,
à Chàteauneuf, à Lignières et à Cliàteaumeillant. Celui de Dun-le-Koi
n'a pu se tenir, les blés ayant été, l'année dernière, presque tous
atteints par la rouille. Ils ont aussi bien réussi qu'il était possible de
l'espérer pour une première année, et sont certainement dans le goût
du public agricole. Ils portent principalement sur les blés de pays,
sur les blés étangers et sur les avoines d'biver.
XVII. — Transport des machines à battre.
Le ministre des travaux publics vient d'Iiomologuer une proposition
qui lui a été adressée par l'administration des chemins de fer de
l'Etat; d'après celte disposition, les locomobiles et les machines à
battre envoyées en location à plus de 100 kilomètres, bénéficieront, au
retour, d'une réduction de 50 pour 1 00 sur les pris de transport, lorsque
le retour aura lieu dans les trois mois qui suivront la date de l'expé-
dition, à la charge par le propriétaire de justifier que les locomobiles
ou les machines à battre transportées en retour sont les mêmes que
celles livrées en location. Cette nouvelle disposition est mise en vigueur
depuis le 16 octobre 1884, sur toutes les lignes composant actuellement
le réseau de l'Etat (y compris les lignes à la compagnie d'Orléans).
XVIII. — Questions vilicoles.
La revue commerciale du Journal a tenu nos lecteurs au courant des
circonstances dans lesquelles se sont faites les vendanges et des résul-
tats qu'elles ont donnés. Au sujet de la récolte dans l'Aude, le Mes-
sager du Midi publie une note intéressante de lM. Paul Sol, dont nous
croyons utile de reproduire le passage suivant :
<< Nos vins sont fails; les quantités récoltées sont assez fortes pour nous faire
encore, cette année, tenir la lète des départements français; quant aux qualités,
elles sont généralement bonnes, mais quelques réserves devront être faites pour
les lots ayant supporté les ondées tombées pendant les derniers jours de sep-
tembre.
« Bien avisés ont été ceux qui, sans crainte de perdre un et même deux degrés
de liqueur et par suite d'alcool, ont commencé de bonne heure à enfermer leurs
raisins. Un coupage avec les vins provenant du fruit cueilli en dernier lieu,
sera le meilleur remède à employer; cette acidité naturelle, complétée par un
léger vinage, procurera à leurs produits toute la tenue désirable.
a Comme il fallait s'y attendre, les petits vins dominent, soit à cause des
ravages du phylloxéra bien plus grands sur les coteaux qu'en plaines, ou bien à
cause de la résistance beaucoup plus forte des aramons, ou des énormes fumures,
des arrosages, submersions, pluies, etc.. Vu cette abondance, les piquettes n'ont
pas un cours très rémunérateur et nous ne saurions trop engager les producteurs
à les livrer aux flammes, surtout s'ils reconnaissent que quelques-uns de leurs
foudres aient besoin d'être légèrement remontés.
« Qu'ils utilisent tout au moins leurs droits de bouilleurs de crû, puisqu'ils ne
peuvent tirer bénéfice de la loi récemment votée par le Parlement, touchant le
sucrage de la vendange. »
Nous espérons que les réclamations des viticulteurs permettront
d'arriver bientôt à une application réelle de l'article de la loi sur le
sucrage des vendanges à prix réduit.
XIX. — Arboriculture fruitière et d'ornement.
Nous avons reçu récemment le catalogue général des végétaux de
pleineterre provenant des établissements de MM. Jacquemet-Bonnefond,
horticulteurs et pépiniéristes à Annonay (Ardèche). Ce catalogue com-
prend les plantes d'ornement, les plants d'arbres fruitiers et d'arbres et
170 CHRONIQUE AGRICOLE ( 1" NOVEMBRE 1884''..
arbustes d'ornement, les rosiers, les plants de vignes, etc., obtenus sur
les sept fermes qu'ils exploitent dans le département de l'Ardèclie.
MM. Baltet frères, horticulteurs à Troyes (Aub-îj, mettent en vente
une nouvelle variété de poire, qu'ils appellent poire Pierre Joigneaux.
C'est un fruit volumineux, de forme pyramidale. L'arbre qui le porte
est d'une vigueur remarquable.
Les pépinières André Leroy, à Angers (Vlaine-et-Loire), sont dirigées
par les fils de l'éminent arboriculteur. Les effets de la gelée de l'hiver
1879-80 y ont entièrement disparu, et les prix des plants sont revenus
à leur taux normal; il y a même une diminution dans les prix des
arbres fruitiers et d'ornement pris par quantité de dix et de cent, et
sur les jeunes plants de ces mêmes sortes d'arbres.
XX. — Sociélc d' agriculture du Gard.
Nous apprenons que le concours annuel de la Société d'agriculture
du Gard, qui devait avoir lieu le 26 octobre est renvoyé au di-
manche 16 novembre prochain. Ce concours aura toujours lieu à La-
rignargues, canton de Saint-Mauierl, au domaine appartenanlà M. Louis
Guérin. Il comprendra : le concours d'instruments aratoires avec ou
sans avant-trains, charrues à quatre bêles, charrues à une bête ; le
concours d'instruments variés pour la culture de la vigne, tels que
greffoirs, herses à cheval, bineuses, scarificateurs, etc. Le même jour
seront également distribuées les récompenses afférentes au concours
d'instruction agricole primaire, de la race ovine, de reconstitutions
des vignobles, et des vieux serviteurs.
XXI. — Exposition de vins nouveaux en Algérie.
Les viticulteurs algériens ont pris l'habitude de faire, chaque an-
née après les vendanges, une exposition de vins nouveaux. Le concours
de 1884 aura lieu, sous le patronage du gouverneur général, à
Constantine. La date en est fixée du 20 décembre au 15 janvier. Il est
probable que ce concours présentera encore une plus grande impor-
tance que les précédents. Henry Sagmer.
DE LA TRAXSFORMATION DES TERRES ARABLES
EN PHAIRIES, PATUR.A,GES, ETC.
La crise que traverse en ce moment notre grande agriculture fran-
çaise, donne lieu à plusieurs suggestions plus bienveillantes que pra-
tiques, en vue d'apporter quelque remède à la situation lamentable
OLi les cultivateurs du sol de la France sont réduits, situation qui va
toujours en saggravant et menace, si un remède quelconque, prompt
et efficace, ne vient nous arrêter sur le bord du précipice, de nous y
précipiter fatalement. Entre autres remèdes, on nous recommande de
changer nos cultures et nos assolements, et de transformer nos terres
de labour en prairies et pâturages. Cela est facile à dire_, mais difficile
à exécuter. D'abord une semblable transformation ne peut se faire du
jour au lendemain. Les transformations et évolutions de l'agriculture
sont naturellement lentes à s'accomplir; cela demande un lon^ travail et
1 action des saisons qu'aucune puissance humaine ne saurait accélérer ;
puis celte évolution coûterait fort cher et demanderait un lourd capi-
tal que les cultivateurs n ont déjà plus à leur disposition. Finalement,
cette cessation, même partielle de la culture du blé, serait-elle pru-
TRANSFORMA.TIOi\ DES TËUKIiS AUABLBS E.N' PRAIIUES. 171
deate et politi([ue? Pour transforiaei' uae lerre do labour en prairie, il
n'y a que cju\ (jui se sont livrés à cette opération qui peuvent en ap-
précier les tiii'licultés et les dépenses. Ayant, au cours de nu carrière
d'agriculteur et d'agronome, conçu et exécuté cette sorte d'opération
maintes et maintes fois, je vais rapidement donner une descripûon
sommaire des travaux et des Irais considérables quelle nécessite.
Une des principales conditions de la création de prairies, c'est la
netteté des terres qu'on destine à celte opération ; c'est donc |iar une
récolte soigneusement sarclée et binée qu'il faut débuter. On commence
la préparation et on procède à la fumure préliminaire, dès l'automne,
par un labour d'éteulage sitôt après l'enlèvement de la récolle des céréales;
puis on fume pour la récolle sarclée avec de bon fumier de Ferme ([ueTon
enterre à la profondeur voulue. On laisse le cbamp, ainsi labouré, exposé
aux frimas de l'hiver, ce qui l'aère et l'ameublit. Au printemps, on donne
un labour plus léger pour ne pas ramener le fumier à la surface ; on
herse, on rouie, souvent plusieurs fois, dans les terres fortes, puis on
sème les betteraves, pommes de terre ou autres plantes exigeant un
nettoiement complet. A l'automne, après l'enlèvement des racines,
au lieu de semer du blé comme on le fait ordinairement, on laboure la
surface et on la laisse de nouveau exposée aux frimas de l'hiver, en
jachère morte, jusqu'au printemps suivant, époque où l'on peut semer
la prairie soit seule, soit avec une emblavure d'orge ou d'avoine, seule
de préférence, si l'on veut arriver plus vite et obtenir de meilleurs ré-
sultats.
S'il s'agit d'une transformation en prairie permanente, il convient
avant de semer l'herbe, d'enterrer à une boune profondeur une copieuse
fumure d'engrais de ferme, car les fumures subséquentes, une fois
l'herbe semée, ne peuvent plus se foire qu'en couverture, et il est iion
d'emmagasiner dans le sous-sol le plus de fumier possible, dont la dé-
composition lente donne aux légumineuses et aux graminées qui doivent
y végéter, une nourriture abondante et généreuse, alin que les plantes
puissent s'y établir tout d'abord avec luxuriance etvigueur. Ce n'est que
l'année suivante qu'on peut s'attendre à une première récolte d'herbe.
Ainsi il faut trois années consécutives de préparation, avantde récoller un
brin d'herbe, quatre ou cinq labours, plusieurs hersages, roulages,
sarclages, nettoyages, tout au moins une forte fumure de fumier de
ferme et une dépense de 250 à 300 francs de graines de pré par hec-
tare. Ainsi au débit, trois années de fermage, 300 francs de graines,
500 francs de fumier, autant de labours, herbages, sarclages, binages,
nettoyages, etc.; et à l'avoir, une récolte déracines qu'on peut évaluer,
nette des frais de culture et de récolte, à ^M)0 francs, et peut-être une
récolte de céréales de printemps tout au plus, soit en tout GOO francs.
On peut, en somme, évaluer la création d'une prairie à au moins
1,000 francs l'hectare.
Mais ce n'est pas tout. Pour tirer parti de cette augmentation de
production fourragère qui nous est recommandée, il faudra augmenter
notre bétail dans une proportion adéquate. Avec quelles ressources
pécuniaires, nos agriculteurs, moitié ruinés, pourraient-ils se procurer
cette augmentation de leurs troupeaux ? El en admettant qu'ils se la pro-
curent, quelles seront leurs ressources immédiatementdisponibles pour
vivre et payer leurs ouvriers et le loyer de leurs fermes, en attendant
qu'ils puissent réaliser le bétail engraissé? Tout cela est fort bien eu
172 TRANSFORMATIOiv! DES TERRES ARABLES EN PRAIRIES.
théorie; mais dans les circonstances actuelles, ce n'est qu'un songe
creux, irréalisable dans la pratique. Pour se procurer le bétail néces-
saire à l'aLignientation de la production fourragère qu'on nous l'econi-
mande, il faudrait pouvoir y consacrer au moins 5U0 francs par hec-
tare, ce qui, avec les frais ci-dessus énuaiérés, fait un total de
1 ,500 francs l'hectare, que coûterait celle transformation.
On peut se demander alors, surtout dans les circonstances actuelles,
combien il y a de fermiers et même de propriétaires qui peuvent
s'imposer un pareil sacrifice d'argent, de temps et de travail ? D'un
autre côté, serait-il d'une bonne politique d'opérer une pareille trans-
formalion, quand bien même elle serait praticable f* Serait-il prudent
d'amoindrir, dans une proportion aussi considérable, la cuhure du
blé dans notre pays? Vienne une guerre européenne, que nos ports et
nos chemins de fer soient bloqués, comment pourrions-nous approvi-
sionner notre population et nos armées? Serait-il prudent, pour
une nation continentale comme la nôtre, de dépendre, pour nos appro-
visionnements de blé, de l'importation de chez nos voisins, qui pour-
raient un beau jour nous fermer leurs portes et nous couper les vivres ?
D'un autre côté, si nous amoindrissons notre production de blé, com-
ment ferionsrnous pour nous procurer de la paille rendue encore plus
indispensables avec l'augmenlalion du bétail? La paille est une des
nécessités indispensables de l'économie de nos exploitations surtout
au point de vue de l'entretien de nos bestiaux el comme litière et
comme fourrage. Plus nous aurons de bétail, plus il nous faudra de
paille de blé, comme nourriture auxiliaire et comme véhicule du
fumier d'étable.ll n'estdonc pas possible de rompreainsi l'équilibre de
nos assolements et de l'économie de nos exploitations agricoles. On
ne peut, dans les circonstances générales de l'agriculture, augmenter
induement une de ses branches de production, aux dépens d'une autre.
Car toutes sont solidaires les unes des autres, et leur équilibre normal
doit être maintenu.
Non, mille fois non! ce n'est pas dans cette transformation de nos
terres de culture en pâturage, qu'il faut chercher le remède à notre
détresse. In pays comme la France, avec son sol et son climat, avec
sa situation si heureuse, au point de vue de la production et des mar-
chés, ne peut amoindrir sa production de blé, sans commettre un
véritable suicide. C'est ailleurs qu'il i'aut chercher le remède. Le re-
mède n'est point tant dans le relèvement des droits d'entrée sur le
bétail que dans celui des droits d'entrée sur le blé. Le libre-échange
appliqué à la production agricole, est une belle et séduisante théorie
C'est une idée noble, généreuse, mais ce n'est pas pratique. Nous en
avons fait l'essai, el cet essai n'a point réussi; il est temps de l'aban-
donner, Les Américains, après une guerre intestine qui avait ruiné
leurs linances, ont eu le bon esprit d'élever fortement leurs tarifs de
douanes. Ils ont aujourd'liui payé tous les frais de cette terrible
guerre, rélabli leurs finances, relevé leur crédit el assuré leur pros-
périté. Voilà un exemple à suivre ! Espérons donc que notre gouverne-
ment, éclairé par l'imminence de la ruine de notre agriculture et par
les remontrances qui s'élèvent si unanimement des quatre coins du
pays, saura dirii^er les débals de notre Parlement vers Tunique solution
possible de la difficulté qui nous étreint, en rendant la loi fiscale que
nous réclamons. De la Tkéhgnnais.
SUR LES BESOINS DE L ACRICULTURI':. 173
SUR LES BESOINS DE L'AGRICULTURE'
Tl y a trois mois à peine, en fondant avec vous à cette place notre institution,
j'exprimais encore timidement l'espoir d'un prochain réveil de bon sens, de clair-
voyance générale, et surtout de justice dans le Parlement. Et voilà c[ue depuis
trois mois, le réveil a sonné; partout la lumière éclate, le bon sens crie et la jus-
tice arrive. A tous les horizons du pays, votre cause est éloquemment plaidée, vos
avocats s'imposent, et les convictions se conquièrent. Et ce n'est plus seulement
dans les groupes où l'on parle entre soi, chez soi, dans des a parle d'iniérêts —
comme ici, je 1 avoue; — mais non, c'est dans des réunions libres et composites :
banquets, solennités, rencontres, assemblées de toutes sortes, c'est dans une
grande partie de la meilleure presse politique, et, ce qui pèse plus encore, c'est
dans les comptes rendus de mandataires à mandants qu'on ose, qu'on peut, qu'on
sent devoir enfin, non plus honorer seulement l'agriculture en paroles vaines,
mais !a rassurer, l'encourager pour de bon, et la gager par ces promesses qui lient
sans retour.
Acceptons, messieurs, ces augures d'un renouveau si longtemps attendu, et,
près de toucher aux réalités qui s'avancent, éclairons la route qui nous y conduira ;
passons une rapide revue des hypothèses, des systèmes, et permettez-moi de
vous dire d'où, pour ma part, j'estime que nous viendra le co nraenceraent du sahiL.
11 y a, messieurs, parmi les consultants, de nombreux traitements curatifs eu
dispute. D'abord, — et pour quelques-uns tout est là, — c'est un ensemble de
petits moyens, de réformes amalgamées, décodes simplifiés, de fiscalités adoucies ;
quelque chose comme des potions édulcorées, ou des toniques empruntés à la
vertu des simples. Dans tout cela, je n'entends pas, Dieu m'en garde, vous dé-
noncer des fioles de charlatans ou des procédés d'endormeurs. Non pas ; mais,
tantôt illusions d'optimistes, et tantôt refuge des embarrassés ; ici l'insuffisance
d'approfondissement des questions, et là leur ignorance à peu près complète.
On proposera par exemple d'abolir la prestation? — Soit! elle est abolie ; qu'y
gagnerez-vous, dites-moi, par année. ^
11 laut dégrever la terre; plus d'impôts fonciers sur la propriété non bâtie, ou
40 raillions de moins, tout au moins: — Soit encore! nous le voulions, nous
l'avions espéré; c'était superbe ! et, calcul fait, c'est en centimes que se chitTrait
le profit par hectare.
On doit abaisser les tarifs de transports? — La chose est fort désirable,
quoique peu commode en sérieuses proportions; mais pourtant voilà qui est fait !
De combien par sac de b!é, de combien par mouton tondu ou vendu la perte
actuelle du cultivateur en sera t-elle diminuée? et qui mettra l'épargne en poche,
du producteur ou du gros négociant?
On doit aussi réduire Iss droits de mutation entre vifs, supprimer ceux de tels
ou tels échanges et, là comme ici, rayer un décime, si ce n'est deux? On alfran-
chira des atteintes fiscales, dans les successions, le passif qui grevait le défunt?
— C'est parfait! Mais à moi qui ne vend pas, qui n'échange pas, qui n'hérite
pas ; à moi qui vis sur ma terre et qui la garde, qu'en reviendra-t-il ? — ou même
si je dois en passer par là forcément une fois en viugt ans, — combien par
année"? Mais soit encore! on me prendra moins, me donnera-t-on plus?
Voyons donc ailleurs : en remaniant le Gode rural, on rendra les procès moins
coûteux? — Eh bien! vous, messieurs les Normands, dont la réputation e.i co
genre est faite — et surfaite — eh bien ! là vraiment, en avez-vous, en savez-vous
tant que cela des procès? Et vous, fermier débonnaire, homme conciliant, pour
qui la crainte de la basoche est le commencement de la sagesse, cherchez encore
ici votre réélit, aubaine.
Messieurs, toutes ces ordonnances, tous ces expédients, tousces adjuvants sont
bons et baux, savants, avisés, admirables d'intention; mais, en vérité, pour
l'effet, ils m'ont trop un air de famille avec le fameux cautère sur une jambe
de bois. Le résultat le plus clair sera de grouper et d'additionner de la sorte une
kyrielle de moins-values qui feront une brèche effroyable au budget, et qui, ])our
chaque unité contribuable, — c'est vous, messieurs, — mettront quelques sous
de plus dans les tirelires. C'est toujours l'histoire des 40 millions.
Nous voilà donc loin du but. Y ferons-nous grand pas avec l'administratif et le
1. Elirait d'un discours prononcé le 7 octolirc à la Société d'encouragement à l'agriculture de
l'arrondissement du Havre.
174 SUR LES BESOINS m: L AGRICULTURE.
déliLérani, plus ou moios officiel ou privé? Il s'agit là d'associer, d'encommis-
sionner et presque de syndiquer tous les intérêts agricoles, Chambres au petit
pied, représentation permanente, rapports et procès-verbaux, comptes rendus,
vœux, circulaires, et tout ce qui s'ensuit !
Certes, mes chers collègues, il me siérait mal, dans la fonction d'honneur et
de confiance que je tiens aïe vous, et ce n'est à personne ici, denier l'efficacité par-
tielle des institutions de ce ^enre.
Sociétés d'agriculture, centrales ou locales ; sociétés d'études ou d'application,
d'enseignement ou de propagande, libres ou rattachées à l'Etat; associations au
travail et mise en commun des extra-dépenses, loutes ces utiles créations, toutes
ces tentatives méritent le concours empressé, l'aide matérielle et morale de qui-
conque a souci des progrès de notre agriculture; mais ce sont là des efforts lents,
successifs, qui demandent longue haleine, et n'aboutiront qu'à des succès minimes
et relatifs pour longtemps.
Or, dans le marasme où nous sommes, et qui, sans un secours immédiat, ne sau-
rait être une crise passagère ; en présence d'un mal aigu, ce n'est pas un traite-
ment chronique et temporisateur qu'il nous faut. Quand un malade peut mourir
tout à l'heure, quel médecin demandera des années pour lui refaire une constitu-
tion tout entière, à doses infinitésimales de science et d'expérimentations
méthodiques!
Il faut donc louer très fort et seconder ces sages visées d'avenir, les encourager,
les provoquer à l'œuvre, et puis... passer outre et faire autre chose. Car, pour bien
vivre demain, il est généralement reconnu nécessaire de vivre tant bien quç mal
aujourd'hui.
Avançons donc et poursuivons nos recherches. Nous allons, cette fois, appro-
cher du but quelque peu, si vous prenez rudement votre aide en vous-même, en
attendant que le ciel vienne vous aider.
Il y a longtemps, messieurs les cultivateurs, qu'on vous a conseillé de recourir
au crédit agricole, — quand il sera né, s'entend bien ! — de modifier vos cultures
ou vos assolements, d'adopter ou d'essayer tout au moins les engrais chimiques,
d'employer les machines quand vous le pouvez, et d'élever enfin partout du bétail.
Ici, j'aurai, comme tant d'autres, le médiocre courage de parler librement à
des hommes libres, et d'user d'une honnête franchise envers d'hon; êtes gens.
Eh bien ! messieurs, faites votre examen de conscience agricole, et demandez-
vous si, par ces moyens divers, vous avez fait tout ou partie du possible? Aux
appels, aux offres d'expériences gratuites prodiguées par la Société centrale de
Rouen, combien de communes onF seulement répondu? combien ont témoigné de
leur bonne volonté pour l'épreuve? combien d'entre vous se sont rendus aux con-
férences du dévoué M. Marchand? combien ont lu ses livres si pratiquement
utiles, ou les instructives publications des Sociétés de Rouen et du Havre? les-
quels ont recherché, puis tenté d'appliquer les conseils des plus autorisés? les-
quels ont profité des vieille» expériences d'un éminent voisin, tel qu'est mon voisin
de droite à cette heure', de celui-là qui devrait occuper la place dont sa modestie
m'a voulu charger malgré moi ?
Permettez-moi, mes chers collègues, une liberté nouvelle. Combien de vous ont
leurs comptes bien tenus, pour se rendre compte? une comptabilité seulement
rudimentaire, mais éloquente en sa simplicité? Connaissez-vous assez toujours les
éléments, les causes de vos profils ou de vos pertes? le coût spécial et distinct de
chaque culture, pour en pénétrer ainsi le fort et le faible, et la poursuivre ou
l'abandonner?
Vous êtes-vous ainsi, d'une part, protégés vous-mêmes avec toutes les forces de
l'intelligence comme des bras, et, de l'autre, êtes-vous enfin en mesure de prouver
à tous ce que vous êtes et ce que vous faites, vous, vos exploitations, vos décep-
tions, vos souffrances, vos plaintes et revendicaitions légitimes?
Mais si je viens d'être un peu l'accusateur, messieurs, si je me suis presque
fait témoin à charge, je redeviens bien vite le témoin à décharge. — Oui, sans
doute, vous pourrez beaucoup obtenir à la longue, avec du courage et de l'ini-
tiative, enchâssant la routine et n'ayant peur du nouveau. — Mais s'il est ques-
tion de crédit, et si vous y vouliez recourir, encore une l'ois, oiî est-il? où sont les
banques agricoles, avec des conditions aliordables — et des guichets ouveris
I. M. Arthur Barel, maire de Fongueusemare, avec tequel il convient de nommer aussi son
frore, M. Stanislas Burel, ancien élève de l'Ecole polytechnique, et culUvateur émérite
comme lui.
SUR Li:S BESOINS DK L'AGIUGULTURE. 175
volontiers — et des rapports de droit praticables, rassurants, protecteurs du faible,
entre emprunteurs et prêteurs? Et si de bonnes lois sur la matière sont difficiles
à faire, encore faut-il qu'elles soient faites avant qu'on vous reproche de n'en
point user.
Quand on parle d'engrais artificiels, vous répondez qu'ils sont falsifiés neuf
fois sur dix, et qu'une pénalité dérisoire n'empêchera jamais le voleur de voler.
Ah ! nous avons bien la grande panacée de l'élevage! c'est la selle à tous che-
vaux, enfourchée par quiconque prétend qu'il suffit de vouloir, et que jtout ira pour
le mieux dans les champs. — Faire du bétail, élever des chevaux? c'est facile à
dire dans le cabinet, comme tout à l'heure d'j dresser la carte imaginaire des
progrès théoriques, et celle d'un pays transformé par un coup de baguette. Mais
celui-là qui marche à travers la campagne, observateur sérieux et fugace, qui
visite la ferme et cause avec le paysan, celui-là sait bien ce que vaut la recette.
Pour faire du bétail, pour élever des chevaux, il faut des prairies naturelles ou
artificielles, et l'herbe des prairies ne pousse pas sans eau, sans eau disponible et
courante ; car l'eau du ciel n'y suflil. Allez donc créer des prairies dans les plaines
brûlantes, et sur ces vastes plateaux où la sécheresse de toute une saison réduit
parfois bêtes et gens à des puits vides, à des mares croupies, pt les force à des-
cendre aux vallées pour y chercher l'eau potable.
Ajoutons que si tout le monde se met à faire du bétail parce que aujourd'hui
le bétail se vend bien, demain, ipso faclo^ nous verrons le prix du bétail s'avilir,
et la question du blé deviendra la question de la viande.
Et puis, à changer vos cultures, à faire tant d'expériences et d'essais, à vous
exténuer pour produire davantage sur un même espace, avec les mêmes frais, si
rien ne vous garantit contre la dépréciation incessante, si la moins value menace
toujours de compenser la plus-quantité, si l'invasion du dehors demeure librement
déchaînée, qui donc trouvera le courage d'accuser votre découragement?
Et maintenant, mes chers collègues, après ce néant d'enquête, après ce triste
inventaire de moyens stériles ou lointains, quelle est la conclusion? Vous l'avez
pressentie.
Il faut sortir des errements funestes que l'exagération des systèmes et l'intran-
sigeance économique ont fait prévaloir. Il faut congédier les docteurs absolus du
laisser-faire et du laisser-passer, et les renvoyer à leurs livres, pour qu'ils ne
ravagent plus nos affaires.
L'agriculture est une industrie, la première de toutes, et sa santé vigoureuse
est la condition vitale d'un pays comme est l'air aux poumons de l'homme. Elle
couvre la France entière, elle occupe les deux tiers de ses bras. Elle doit être pro-
tégée, secourue, défendue autant que toute autre industrie^ plus encore; la traiter
comme une quantité négligeable est une absurdité monstrueuse; l'abandonner
dans le péril suprême serait une folie criminelle: aucune des rares cultures qui
vous restent ne doit périr et celle du blé, la première, doit être sauvée.
Si la France était tributaire du dehors pour son blé, quel Français pourrait
songer à la guerre maritime sans frémir?
Mais si le problème du pain est le plus redoutable de tous, il comporte avec lui
tous les autres, et qui veut protéger le blé français dans la mesure du possible
serait difficilement soupçonné d'indifférence à toute production agricole, comme à
toute autre grande industrie nationale. J'en ai donc dit assez, messieurs, pour que
vous ayez ma pensée tout entière, sans que je me livre aux détails et que je me
risque à des précisions impoi^sibles.
Je ne suis pas un outrancier de la protection, sachant que la France exporte et
doit exporter, sachant aussi que la vie matérielle de chaque citoyen en aurait trop
à souB'rir. Mais quand le libre-échange serait un libre suicide, je le maudis,
et je combats Us prôneurs qui le veulent imposer au pays, à l'agriculture, à
toute industrie, pour qui ce serait mort violente.
Je veux la protection raisonnée, raisonnable, mesurée aux besoins de ceux qui
produisent comme aux besoins de ceux qui consomment.
Et pour revenir encore au type de l'exemple, au critérium supérieur, s'il faut,
si l'on peut accepter un droit sur le blé, c'est à la seule condition que, par son
cbifl're et par un ensemble de mesures concordantes, on laissera le prix du pain
constamment et sûrement accessible à tout travailleur.
Ai-je à présent besoin d'affirmer, mes chers collègues, de quel co'ur je vais
m'associer au principe, au sens général du vœu que vous émettez. Je ferais plus
encore, si besoin était : ce vœu dont vous allez saisir les deux Ciiarnbrcs, je ne
176 SUR LES BESOINS DE L'AGRICULTURE.
me bornerais pas à l'approuver; je le conseillerais, je vous y provoquerais; car
il répond, vous venez de le voir, à mon sealiment de la justice et de l'intérêt natio-
nal, autant qu'à vos intérêts personnels.
Je me réserverais seulement, comme c'est mon devoir et mon droit, une cer-
taine latitude, une certaine marge d'appéciation ultérieure et de transaction,
éventuellement utiles au succès même de vos espérances.
Mais ces espérances, au moins, mes chers collègues, ayez-les tous avec moi.
Confions-nous à la haute force d'évidence que le fait univeisel apporte à vos
droits. Confions-nous à la sagesse, au patriotisme du Parlement, sans distinguer
ici la majorité républicaine et les minorités opposantes; car il n'y va point de la
politique des pariis. La majorité sans épithète comprendra que le simple mot
libre échange n'enferme pas la solution du problème dans une consonnance avec
le grand mot liberté.
Elle reconnaîtra que les protecteurs modérés ont, en face de leurs adversaires,
le droit au moins égal de se dire les champions sincères, logiques et pratiques du
travail intérieur.
Elle se gardera de cet étrange préjugé qu'il faille parler du consommateur
avant tout, et que celui-ci soit au producteur comme est la défense à l'attaque.
Dans un Etat démocratique, où l'exception oisive, où l'aisance toute faite sont
comme n'étant pas, il n'y a pour tout citoyen que trois façons de pourvoir à ses
besoins matériels : le travail, la mendicité ou le vol. — Le travail, c'est la produc-
tion, et dès lois, nul ne peut décemment, dignement, honnêtement, consommer
s-ans produire. Mais toute production active entraîne et fait croître à l'envi la con-
somma lion légitime, tandis {|ue la réciproque n'est pas vraie; — d'où suit que
nul homme valide n'a dioit à ce que les pouvoirs publics s'occupent en lui du
consnmmateui', sans qu'il se soit lui-même acquitté de son devoir de producteur.
Si donc on pouvait et s'il fallait choisir celui qu'il faut considérer d'abord, celui
des deux qui doit être avant tout encouragé, facilité, protégé, c'est le producteur.
Si ces élémentaires vérités ne devaient pas prévaloir, il faudrait désespérer du
bon sens humain. Encore un peu de patience; couiinuité d'efl'orls; persévérance,
modération, et confiance dans les institutions du pays ; c'est ainsi que vous pour-
rez concourir vous-mêmes le plus efficacement à la réalisation de vos souhaits.
Paul Casimir-Périer,
Députe de la seine-lnferieure.
ASSIMILATION CHEZ LA VACHE
Il peut être utile de rappeler que les magnifiques recherches de
M. Boussingault (voir sou Economie rurale) ont fait constater que ce
ne sont guère que les 55 pour 100 des éléments nutritifs contenus
dans les aliments qui sont retenus par les organes digestifs et assi-
milateurs. Le surplus, soit les 45 pour 100, disparaît, la majeure
partie se retrouvant dans les déjections solides et liquides.
Quoi d'étonnant dès lors que certains animaux, formant une race
douée de bonnes qualités, puissent assimiler une proportion d'éléments
nutritifs supérieure à 55 pour 100. Quoi qu'il en soit de cette propor-
tion, il est aisé d'admettre qu'une quantité considérable des sub-
stances nutritives n'étant pas absorbée, les animaux assimilant seule-
ment 5 pour 100 de plus que d'autres, les premiers auront sur les
autres un avantage considérable, 5 pour 100 représentant un bénéfice.
Tout est là. Or, pour se rendre compte de cette possibilité d'assimi-
lation, en plus, il importe de savoirles grandes pertes normales qui ont
lieu. Les durliams, que j'élève depuis dix-huit ans, ont l'incontestable
avantage d'assimiler mieux la nourriture que d'autres. Comme lait,
travail et engraissement, j'accepterai la lutte avec qui voudra, et je
suis prêt à fournir les preuves vivantes de la supériorité de celte race
pour ces trois aptitudes. 11 s'entend pour des animaux convenablement
nourris. Mais, à conditions égales, le durhain de bonne famille l'em-
portera toujours sur toute autre race. Jdan Kienek.
PISGICQLTURE. — LA SARDINK. 177
PISCICULTURE- - LA SARDINE- — XI
Ajoutons quelques faits à ce que nous publions ici depuis longtemps
sur la sardine.
Pour faire suite aux. dernières observations que contenait le n" 800
du Journal, nous ajouterons les faits qu'une récente excursion à nos
côtes de l'Ouest nous a permis de constater.
La campagne 1 88 '^ comptera, en effet, pour une des plus tristes de
ces dernières années; le mal semblerait entrer dans une de ces phases
chroniques que seul le découragement de nos pêcheurs égalerait.
J'ai qualre garçons, nous disait la vaillante compagne d'un inscrit :
trois sont au service de l'Etat, dont deux embarqués ; le quatrième
est mousse à bord d'un sardinier; ordinairement, dans la campagne
de pèche de cent jours, il rapportait cent francs à la maison ; cette
année, il a gagné vingt francs !
Les usines qui fermaient en octobre ont, depuis la mi-septembre,
renvoyé leur personnel. Bienheureux serons-nous si, l'année prochaine,
elles se rouvrent; quelques-uns, dit-on, veulent transporter leur
industrie sur les côtes d'Espagne, oi!i la sardine se pèche toujours en
masse.
On nous abandonne, nous disait dans son simple et touchant lan-
gage celte Française comme il y en a trop peu. Non, lui répondîmes-
nous, la République ne vous abandonne pas, mais doit-elle empri-
sonner vos maris ou vos lils quand ils pèchent la mouilliere de mars^
pu faire donner le poisson quand, après avoir été vu jouant autour des
barques, il ne veut pas s'enimailler.
Non, mais ce que la République doit pouvoir empêcher, c'est que qua-
treoucinq maisons accaparent /a ro^'M?, nous faisant payer 1 10 et 1 I2fr.
ce qui se payait 70 ou 72 francs ; mais nous dire surtout ce qu'est cette
rogne nouvelle, vendue sous le nom de rogue des colonies (farine des
colonies faite dans certains ports bretons que l'on pourrait nommer),
qui non seulement empoisonne le poisson, mais indispose ceux de nous
qui ont le malheur de goûter à la sardine que vous prenez avec elle.
Heureusement que l'odeur de péti'ole qui se dégage durant sa cuisson
nous avertit du danger.
La composition de ce nouvel appât, que nous ignorons, aurait pour
base des tourteaux de lin desséchés et pulvérisés préalablement, ma-
cérés dans un liquide d'une violence telle que des rats à qui on en
avait fait manger, en étaient à l'instant gonflés et paralysés.
Le secret d'un tel toxique ne doit pas être difficile à trouver, et aus-
sitôt il est possible au ministère de la Marine de protéger ses inscrKs
contre leur propre entraînement.
Si. transportant la question de la gravité de l'atteinte faite à un
des plus grands facteurs de la défense nationale à celle du peuple-
ment de nos côtes, auquel il faudra pourtant bien songer une fois , ne
serait-il pas à craindre que ce qui se produit sur la délicate petite
sardine, ne se produise sur les autres plus gros poissons, pour les
pleuronectes, pir exemple; qui, eux, rampant sur les fonds, y trou-
veraient de si terribles poisons.
Le bien comme le mal s'enchaîne dans la nature ; or, ne recule-t-on
pas de frayeur à la pensée qu'un jour se verrait oîi nos côtes pourraient
17S PISCICULTURE. — P.A SARDINE,
être délaissées, to.is ces riches cantonnemeats, domaines dont sont si
largement pourvus les plateaux sous-marins de nos rives de l'Ouest,
abandonnés par des familles que non seulement nous n'aurions pas su
y protéger, mais que nous y aurions même laissé empoisonner !
Non, cela ne sera pas, et la République, qui n'est pas le piétinement
sur place, y pourvoira.
Seul, après Pascal, le silence est grand, semblent vouloir redire nos
laboratoires marins, mais plus grande encore est la vérité, ce dogme
avant tout de notre moderne démocratie.
Les faits économiques se rattachant à cette question de la sardine
ont été, [mr nous, chiffrés ici tant de fois que nos lecteurs compren-
dront que nous n y revenions pas.
Un redoutable problème s'impose a nous : la pisciculture aidera-
t-elle la nation à le résoudre ?
Depuis les années que nous sommes à l'œuvre, d'autres en pour-
raient douter. Ouant à nous, le devoir nous dit, en attendant, de
répéter ce qui précède, ne serait-ce que pour prouver à la patriote de
Belle-Ile-en-Mer, notre digneet vénérée mère des quatre marins inscrits,
que la République n'abandonnera jamais de pareils enfants.
Le département de la Sartlie a, comme le Conseil général de la
Creuse, dont notre directeur parle dans une récente chronique, voté
des fonds pour la pisciculture, achats d'alevins entre autres.
Il nous permettra d'ajouter que dans ces deux mêmes départements
l'enseignement de la pisciculture est donné et appliqué dans les deux
fermes-écoles de la Villeneuve et de la Pilletière.
Dans celte dernière, les alevins de la dernière campagne, 1 883-1 884 ,
y ont atteint, au 15 octobre, jour de la pesée : les truitons un poids de
19 grammes, et les feuilles (petites carpes) 4 grammes. L'éloquence
de tels chiffres est la plus belle réponse de ces patriotiques initia-
tives. Chabot-Karlein,
Membre de la Société nationale d'agriculture.
NOUVELLES INVENTIONS AGRICOLES
ANALYSE SOMMAIRE DES DERNIERS BREVETS DÉLIVRÉS.
161,948. — Grégoire. 8 mai 1884. Nouveau traitement accéléré du rjreffuge
de la vigne, système Grégoire. — Ce système, qui a pour but de gagner du temps
et qui réussit avec les plants américains même les plus rnbelles, s'applique aux
grelïes laites d'après n'importe quel système, mais de préférence d'après le sys-
tème dit anglais.
Une fois la greffe faite, on met le plant dans une serre chauffée à 25 ou
30 degrés et garnie de sable de rivière, en ayant soin que la ligature soit recou-
verte d'une couche de sable d'environ 2 centimètres d'épaisseur; on laisse le
plant dans la serre pendant 25 ou 30 jours en l'arrosant chaque jour avec de l'eau
ayant la mène température de 25 à 30 degrés, puis on transplante le plant dans
un pot contenant du terreau, la ligature se trouvant alors au-dessus du niveau de
la terre. Au bout de quelques jours, on transporte en terre libre.
Pour éviter une brusque transition de température, on fait passer les pots suc-
cessivement dans plusieurs serres du plus en plus froides,
161,950. I^OBERT 9 mai 1884. Coupe-racines conique vertical. — Ce coupe-
racines est destiné à la moyenne et petite culture et se manœuvre à bras ; le tam-
bour, monté sur un axe vertical, a la forme tronconiquo, une trémie latérale
reçoit le chargement. La disposition de l'appareil a pour but d'éviter la projecti<)n
des cossettes au loin sur le sol de la grange où elles sont souillées, comme cela
a lieu avec les autres coupe-racines ; de plus, on n'a pas besoin d'autant déplace.
161,954. Machet. 9 mai 1^84. Ingrédient fertilisant cl inseclicide, applicable
aux vignes en général atteintes de n'importe quelle maladie. ==- L'ingrédient se
NOUVELLES INVENTIONS AGRICOLES. 179
compose de cliaux hydraulique en poudre, de cendre de bois, de poudrette, de
ilcur de soufre, le tout bien iaélan<:;é. On ne met jamais plus de un dixième de
soufre. On creuse jusqu'à un centimètre des racines, on enfouit une certaine quan-
tité du mélange, et on rejette la terre par-dessus.
161,979. Martin. 20 mai 1884. Nouveau produit dit .-huiles des orphelins,
pour la conservation de la vigne et la destruclion du phylloxéra, comme aussi pour
la conservation des arbres fruitiers. — Ce produit se compose d'huile et de phos-
phore pour activer la végétation et tuer les insectes ; on emploie 5 grammes de
phosphore par litre. Pour arriver à dissoudre le phosphore dans l'huile, on com-
mence par dissoudre 500 gi-ammes, par exemple, de phosphore dans un litre de
sulfure de carbone, puis on mélange à 100 litres d'huile, de préférence l'huile de
lin. On applique la composition vers fin octobre, en déchaussant les racines et en
les enduisant avec un pinceau jusqu'au collet; le liquide pénètre par endosmose
dans la plante, et la sève le transporto partout.
162,022. Preignan. Sécateur greffoir dit : gre/foir Preignan. — L'instrument
comporte les organes nécessaires pour taillerie greffon et le porte-greffe en biseau
et en V, suivant la manière dont on le tient, pour couper le greffon de longueur
une fois la ligature faite, et pour mesurer au préalable la grosseur du porte-greffe,
de manière à choisir un greffon approprié.
162,073. Baron. 13 mai 1884 (Brevet de dix ans). Nouveau système dit : sys-
Icme Baron, appelé à apporter une amélioration &n même temps quune économie
dans l'installation des récipients destinés à recevoir les résilies des arbres pins. —
Le breveté a pour but de supprimer la pointe que l'on enfonce ordinairement dans
l'arbre pour soutenir le pot destiaé à recueillir la résine, pointe qui peut nuire
à la végétation et diminuer la valeur de l'arbre. Cette pointe est remplacée par une
ceinture en fil de fer fixée à une plaque de zinc que l'on adapte sur l'arbre, f/outil-
lagc est complété par une cuillère, permettant de retirer l'eau de pluie sans enlever
les pots.
Certificats d'addition. Faure (dame). 5 mai 1884 (Br. n" 155.471). Nouvelle
machine écossanl les petits pois, haricots, flageolHs, etc.. — Les perfectionnements
apportés à la macliine sont relatifs à la disposition d'un batteur et d'un contre-
batteur animés de vitesses de même sens, mais inégales, et d'une toile sans lin
placée dessous et marchant en sens inverse. De plus, un filet tendu autour du
contre-batteur sépare les grains des cosses. Enfin le mode d'assemblage des
différentes parties de l'appareil est revendiqué spécialement.
Herbé-Ponson. 8 mai 1884 (Br. n" 156,147), Faux mécanique. — Le breveté
remplace le mouvement circulaire alternatif des lames par un mouvement cir-
culaire continu. Un tablier coucheur, fi.xé sur l'arbre rotatif, et pouvant être rem-
placé par des nervures des lames, facilite la récolte de l'herbe fauchée.
Gii. Assi ET L. Genès,
Ingénieurs-conseils en matière de brevets d'invention,
3U, boulevard Voltaire, à Pans.
BASCULES DU SYSTEME FAIRBANKS
Il n'est plus besoin, aujourd'hui, d'insister non seulement sur les
avantages, mais sur la nécessité de posséder une bonne bascule dans
une exploitation bien ordonnée. Chacun sait combien il est important
de peser tout ce qui sort de la ferme et tout ce qui y pénètre; autre-
ment, on ne peut ni établir une comptabilité exacte, ni se rendre compte
de ce qu'on vend ou de ce qu'on achète.
On construit dans plusieurs ateliers, en France, de bonnes bascules,
des ponis à bascule, etc.; à cette liste, on peut ajouter désormais les
bascules de la célèbre maison Fairbanivs que M. Pilter a récemment
introduites en France. Le type de ces bascules est représenté par la
fig. 18.
La bascule Fairbanks est entièrement métallique. Toutes les pièces
en sont montées très largement, avec des points de contact aussi réduits
que possible, ce qui assure la mobilité et la sensibilité de l'appareil.
Une disposition ingénieuse a été adoptée pour le système de suspension
180
BASCULES DU SYSTÈME FAIRBANKS
sur les couteaux. Au ^lieu d'être creuses^ les platines sont planes et
liorizonlales, de telle sorte qu'elle srestent toujours en contact avec les
couteaux, quelle que soit la position de la plate forme. Ces platines
sont d ailleurs en acier trempé, très dur. 11 résulte de cette disposition
que l'appareil est toujours prêt à fonctionner, et que l'on n'a pas à
craindre l'immobilité qui est la conséquence fatale, lorsque les couteaux
sortent des platines (■'■euses, (,c montage et le démontaoe de la bas-
Fif. 18. — Bascule du syslème F.irbaiiks.
culc sont d'ailleurs facilités par un système d'anneaux mobiles qui en
relient toutes les parties.
Les prix des bascules Fairbanks montées sur roues se ii\ent comme
il suit : for.e de 250 kilog., 1G0 fr. ; de 500 kilog., 210 fr. ; de
750 kilOf-j , 240 fr. ; de 1,0t)b kilog., 350 fr. L. de Saudui\c.
LES CULTURES FOURRAGÈRES AU BROHET-BEFFOU
Depuis quelque temps nous voulions signiler à nos lecteurs une
excellente monographie des transformations que M. le comte de Tro-
guindy a fait subir à son domaine du Brohet-Beffou, dans les Côles-
du-Nord'; le concours que l'Association bretonne a tenu récemment à
Lannion .nous permet de donner suite à ce désir.
Cette exploitation compte 190 hectares, dont 89 constituent le do-
I. Mi'iiiiiire sur le domaim' du ilIralwl-Belfou, pir M. le comie de Tru^uindy. — Un voluma
iii-1, avec plants coloriés, Librairie Rgncole, Î6, rtip Jacob, à Paris. — Prix : 4 fr.
CUI.TtlUES FOnuRAGKHKS AU BROIÎET-BEFFO(J. !8i
niaitiR ac^ricole. Rlle est située sur la commune de. Loguivry Plougras,
dans le canton de Piouaret. Lorsque M. de Troguindy en fil l'acquisi-
tion, en 1858, c'était une vallée boisée, marécageuse, dont la seule
production consistait on quelques taillis de maigre valeur. liCS pre-
miers travaux ont été des opérations d assainissement par un drainage
bien exécuté, et do déFricliement. Ensuite est venue la période démise
en culture dans laquelle M. de ïroguindy s'est préoccupé avec persé-
vérance, non seulement de la production d'abondantes récoltes, mais
de la réunion ou de la création de grandes quantités d'engrais pour
les terres arables. Après la première période, pendant laquelle il y aeu
quelques tâlonnements, .M. de Troguindy a consacré la plus grande
partie de ses terres à la production des plantes fourragères ; ainsi, tandis
qu'en 1871 , les céréales occupaient un quart des terres en culture, en
1879 elles n'en occupaient plus qu'un sixième. Le résultat a été que
le poids du bétail qu'on pouvait entretenir sur le domaine s'est élevé
de 371 kilog. par hectare en 1871 à G68 kilog. en 1879. Les recettes
pécuniaires se sont accrues dans des proportions semblables. Nous
pensons donc qu'on lira avec intérêt l'exposé que M. de Troguindy a
fait de ses opérations.
Aujourd'hui, nous voulons principalement insister sur la culture
des fourrages. Pour nourrir la proportion considérable de bétail que
nous venons d'indiquer, il faut réunir de grandes masses de fourra-
ges. Le foin des prairies ne suffit pas. Or, chez M. de Troguindy, les
récoltes de fourrages se succèdent pendant la plus grande partie de
l'année. A cet effet, il varie les semailles qu'il pratique à l'automne.
Ainsi, il fait un ememencement de navelle, qui donne, dès le mois de
février, un fourrage abondant; un ensemencement de navissraux qui sa-
tisfait au même besoin dans le commencement de mars; un ensemen-
scmcnl de ray-grass d'Italie, faisant suite au précédent; un ensemen-
cement de seigle, pour couper fin mars et courant [d'avril, et un en-
semencement de trejle incarnat, lequel est suivi du tre/le violet ordinaire;
enfin, des ensemencements de choux du Léon et de choux à mille-têtes,
d'ajoncs piquants, pour traverser, avec les racines, la saison d'octobre
à février.
La plupart de ces récolles sont suivies de racines (betteraves, ruta-
bagas), dont le rendement est de 60,000 à 80,000 kilog. à l'hectare,
ou de choux raille-têtes, qui donnent de 50,000 à 60,000 kilog. La
quantité de nourriture qu'on obtient par cette double récolte est pour
ainsi dire prodigieuse.
Il est utile de signaler celte succession raisonnée de fourrages verts;
elle peut être appliquée dans un grand nombre de circonstances. Par
son emploi, on obvie à la pénurie de' nourriture dont souffrent tant
d élables pendant la mauvaise saison, et on trouve le moyen d'entrete-
nir un nombreux bétail toujours en bon état.
La valeur du système a été démontrée au concours de Lannion par
les nombreuses récompenses que M. de Troguindy a remporlées pour
ses animaux, pour son beurre et pour l'ensemble des produits qu'il y
exposait. Henry Sagmer.
LE SULFURE DE CARBONE CONTRE LE PHYLLOXERA
Le sulfure de carbone est considéré aujourd'hui, avec raison,
comme l'agent le plus efficace pour la destruction du phylloxéra. Tout
182 LE SULFURE DE CARBONE CONTRE LEÎPHYLLOXKRA.
le monde sait que M. le baron Paul Thenard. membre de l'Académie
des sciences et de la Société nationale d'agriculture, a proposé, le pre-
mier, l'emploi de cet insecticide. Mais on connaît moins les circon-
stances dans lesquelles ont été faites ses premières expériences^ qui ont
eu lieu en 1869, aux environs de Bordeaux. Nous croyons donc utile
de reproduire la note suivante, qui porte la date du 2 août 1 869,Set dans
laquelle M. Thenard a raconté lui-même ses premiers essais. C'est à la
fois un hommage rendu à sa mémoire et la constatation d'un fait
désormais historique. II. S.
Vous ne recevrez pas sans intérêt des nouvelles de ma prolongation de séjour à
Bordeaux.
J'ai traité par le sulfure de carbone des ceps puceronnés.
La première expérience a eu lieu chez cet aimable et savant docteur Cbai-
gneau, auquel nous aurions volontiers souhaité le puceron, puisque c'est cette
vilaine bête qui nous a procuré l'occasion de le connaître; la seconde chez
M. Cahussac, dans le palud au pied de son château, près la Souys.
Chez M. Chaigneau nous avons délimité un espace rectangulaire, et nous
l'avons pioché comme dans un potager, puis, avec un plantoir à choux, enfoncé au
maillet de quelques centimètres dans le sous-sol, nous l'avons criblé de trous
à 35 centimètres les uns des autres.
Alors dans chacun de ces trous nous avons versé la valeur d'un petit verre
à liqueur de sulfure de carbone, rebouchant aussitôt ceux qui venaient d'être
remplis en appliquant un bon coup de talon à leur orifice.
Au bout de quarante huit heures, accompagnés de douze à quinze personnes,
presque toutes membres de la Société d'agriculture de Bordeaux, nous sommes
venus constater les effets.
Quoi que nous ayons pu faire, nous n'avoas pas trouvé un seul insecte
vivant, et c'est même avec peine que nous avons rencontré quelques cadavres qui,
examinés au microscope, ne donnaient pas signe de vie.
.Jusqu'ici les choses allaient donc très bien. Mais plusieurs ceps avaient un
triste aspect, surtout ceux de la ligne centrale.
Aujourd'hui les premiers malades sont tous morts, et le reste est en mau-
vaise voie : combien s'en sauvera-t-il? je l'ignore, mais il y en aura peu.
Une discussion s'éleva nécessairement à ce sujet, et tandis que les uns attri-
buaient la mort des ceps aux lésions que nous leur avions faites, soit pour con-
stater préalablement sur chacun d'eux la présence de l'insecte, soit par le travail
que nous avions exécuté sous une chaleur torride. Les autres, au contraire, y
voyaient comme effet prépondérant l'action vénéneuse du sulfure de carbone.
Quant à moi, j'ai dès l'abord été de l'avis de ces derniers : en effet, tous les
ceps complètement entourés de sulfure de carbone étant morts, il ne faut attribuer
la survie des autres qu'à ce que la moitié et même le quart de leurs racines seu-
leoaent étant compromises dans le sulfure, c'est par les racines non compromises
qu'ils ont survécu.
Mais le point capital, c'est que le puceron a été détruit par un agent qui
n'inféconde pas le sol.
Ainsi dans une certaine mesure, et avec dos moyens à discuter, la Commis-
sion a atteint le but, car elle a détruit l'iusecte, bien qu'en mèine temps elle ait
tué la vigne : ce qui n'est qu'un petit dommage, car, vous le savez, c'est par une
tache que se révèle le mal : or, si dès que le premier cep s; puceronne ou
traitait tous les ceps compris dans un rayon de dix mètres autour de lui, dût
on les tuer, dùt-on faire une dépense relativement importante en argent et en
main-d'œuvre, on arrêterait la maladie et, pour un petit dommage, on éviterait
un grand désastre.
La seconde expérience diffère de la première, taut dans le mode d'emploi du
sulfure de carbone que dans les proportions.
En effet, au lieu de travailler le terrain à la main, il l'a été à la charrue.
Pour ce faire, on a d'abord délimité un espace où le puceron exerçait ses ravages,
et afin de ne .rien laisser échapper, on a compris dans l'espace à limiter une zone
de trois à quatre rangées de ceps pris à la circonférence et qui n'étaient pas puce-
ronnés. La surface à traiter avait ainsi la figure de la tache agrandie, elle comptait
environ 12 ares et représentait sensiblement un ovale.
LE SULFUHE DE CARBONE CONTRE LE PHYLLOXERA. 183
Alors on a donné un premier trait de charrue aussi près que possible des
ceps de la première ligne : ceci l'ait, avec une bure à huile on a versé dans la raie,
et en marchant, un filet de sulfure de carbone, qui aussitôt a été recouvert de
tourteau d'arachide qu'un homme jetait à la main derriiire celui qui versait le
sulfure, puis la charrue venait incontinent et comblait de terre la raie ainsi traitée,
tout en en ouvrant une nouvelle, qui recevait à sou tour du sulfure et du tourteau.
Les interlignes étaient d'ailleurs de deux mètres, et le nombre de raies de six
par interligne. Quant à celui des interlignes traitées, il a été de onze.
N'ayant à ma disposition que 38 kilogrammes de sulfure de carbone (tout ce
que M. Fournet avait pu trouver à Bordeaux), et ne pouvant apprécier exactement
ce qu'en débitait ma bure, j'ai dû, comme vous le concevez, l'économiser pour
aller jusqu'au bout. Aussi ai-je négligé d'en mettre Jà où les ceps étaient morts ou
le plus atteints, c'est-à-dire vers le centre, d'où généralement, comme vous le
savez, le puceron se retire. Ce fut une faute, mais elle a son excuse dans la pénurie
de sulfure où je me trouvais et dans mon inhabileté à mesurer l'écoulement.
Quoi qu'il en soit, j'employai ainsi 26 kilogrammes de sulfure sur une sur-
face réelle de 9 ares environ, c'est-à-dire 300 kilogrammes à l'hectare; chez
M. Chaigneau, le rapport du sulfure à la surface avait été de 1,500 kilogrammes
à l'hectare.
ha lendemain de cette opération, le 24, je quittai Bordeaux, mais le 27,
MM. Dumout, Fournet, Meller de la Société d'agriculture, et mon parent, M. le
docteur Rozier, allèrent en constater le résultat.
Voici l'extrait d'une note écrite à ce sujet par M. Fournet :
« Sur cinq pieds de viguc déchaussés avec précaution et examinés avec le soin
«■ le plus scrupuleux, un seul nous a offert quelques insectes, les quatre autres
« étaient absolument exempts de phylloxéra, leur santé paraissait parfaite.
« Au centre de la zone ayant subi le traitement se trouvaient des ceps morts,
" et qui n'avaient pas subi le contact des substances insecticides, leurs racines
« étaient couvertes des animalcules dévastateurs. ■>
Quant à M. Rozier, il m'a aussi écrit au sujet de cette même expérience. Après
avoir constaté la bonne apparence des ceps, il me dit :
« Après avoir levé le plan des lieux, nous choisîmes d'un commun accord un
<' pied de vigne et nous fîmes creuser autour; dès les premiers coups de pioche,
« nous rencontrâmes des fragments de tourteau, il n'y avait donc pas de doute, ce
" pied avait dû subir l'influence insecticide du sulfure de carbone ; nous prîmes
'< au-dessous une racine et nous découvrîmes facilement à l'œil nu, et mieux à la
" loupe, des pucerons vivants ; une seconde racine, examinée delà même laçon,
<t nous offrit les mêmes insectes dévastateurs, mais en petit nombre.
<t Nous fîmes ensuite déchausser à l'autre extrémité de l'ovale un second pied
" de vigne, et à la stupéfaction générale, on ne trouva rien.
« Nous mîmes alors à nu un troisième pied de vigne, et comme sur le second,
a nous ne trouvâmes pas l'ombre d'un phylloxéra. Un quatrième pied de vigne
« nous fournit les mêmes résultats, un cinquième de même, et cependant nous
« avons passé une grosse heure à examiner dans tous les sens et à toutes lespro-
tt fondeurs toutes les racines, grandes et petites, de difl'érents pieds de vigne.
« A côté, en revanche, un cep qui n'avait pas reçu de tourteau, et par consé-
« quent de sulfure, était infesté d'animalcules : une seule de ses racines en portait,
« j'en suis siir, plus de 150. C'était un vrai piqueté. Un fait étrange dans tout
ic cela, c'est que les insectes ont disparu sur les pieds qui ont été traités par le
« sulfure de carbone. Ont-ils fui au loin ou sont-ils tombés eu deliquium ? Pour
« moi, qui suis un barbare en cette aff'aire, j'admettrais plus volontiers ([u'ils sont
H tombés en deliquium. Pour sortir de la zone sulfurée, ils auraient eu un espace
•t trop considérable à franchir. »
Au point de vue du principe, si les choses avaient dû en rester là, on aurait
encore pu s'en contenter ; car, de 1,500 kilog. qui tuent l'insecte et la vigne,
à 300 qui épargnent la vigne et ne tuent qu'uae portion des insectes, il y a de
la marge, et la vérité se serait trouvée entre les deux : mais voilà qu'aujourd'hui
2 août, je reçois une nouvelle lettre du docteur Rozier, qui me dit :
1" Que les ceps de M. Chaigneau vont toujours en dépérissant ;
2" Que les insectes reparaissent chez M. Cahussac sur les ceps où on ne les aval t
plus revus.
.l'abandonne les ceps de M. Chaigneau, mais si l'insecte renaît de ses cendres
ou plutôt de ses œufs , qui moins que le puceron adulte sont sensibles au sul-
184 LE SULFURE DE CARBONE CONTRE LE PHYLLOXERA.
fure, la chose devient grave et indique que, isi l'action du sulfure de carbonn est
énergique, elle n'est pas suffisamment soutenue.
\'ous dire que je n'avais pas par avance été inquiet de ce résultat, des mem-
bres de la Société d'agriculture de la Gironde me démentiraient ; car je leur ea ai
témoigné mon souci le jour même. Bai'on Paul Tiienaro.
COURRIER DU NORD-EST
Les observations météorologiques de septembre dans notre région ont donné
les résultats suivants : orages les 1" et 2, tempête le 4; le biromètre oscille avec
une grande amplitude, époq'ie qui caractérise les équinoxes. La température
moyenne a été de 1 3°. 6 ; les températures extrêmes, le 18, -I- 27". 4 ; le 26, +0°.l.
Quantité d'eau tombée, 49"""; nombre de jours de pluie, 10.
Le ciel a été couvert 7 jours; ciel entièrement pur, 6 jours.
Le 3, départ des hirondelles; commencemeat des vendanges, le 30, donnant
demi-récolte et très bonne qualité. On signale un cas de seconde floraison sur du
lilas et des marronniers.
Le cours des denrées de la semaine présente out été de '20 fr. à 2 fr. 50 les
100 kilog. pour les blés; 15 fr. pour les avoines; 15 fr. 50 pour les seigles;
17 fr. pour les orges; farines, iS à 30 fr. ; son, 13 fr. La meunerie commence à
faire des achats un peu plus importants, étant très dépourvue; cela donne
un mouvement dans Icî affaires traitées de gré à gré, mais les marchés ne
prennent point d'animation. Sur nos foires, il y a un peu plus de lourdeur sur
les transactions ; les chevauï ne sont l'objet d'aucun commerce actii ; peu de
beaux sujets sont présentés; on a vendu quelques chevaux de 250 à 450 fr. Les
bœufs de labour sont également sans prix. Les vaches laitières ne se vendent qu'à
la seule condition qu'elles soient de belle taille et bien portantes : on a vendu
quelques beaux sujets de 410 à 450 fr. Les veaux valent de 47 à 48 fr.; les porcs
gras 38 à 40 fr., et les porcelets de campagne, p3U demandés, de 10 a 25 fr. la
paire, suivant grosseur.
Acheteurs et vendeurs attendent avec anxiété ce que va décider notre P.irlemant
à propos df, la surélévation des droits de douane. Les Comices de la région
demandent tous un droit de 5 à 7 fr. pour le blé; aussi, le commerce se trouve-t-il
momentanément arrêté. A. BaoNsviCK.
LE CHOU EN ALSACE
Dans le beau pays d'Alsace, dont les événements malheureux, loin
de nous faire détourner les yeux, doivent avoir au contraire le privi-
lège de nos préoccupations de tous les instants, les cultures légu-
mières en grand sont assez peu répandues ; cependant deux ou trois
plantes y sont cultivées d'une façon toute spéciale, et à leur tète il
faut inscrire le chou servant à la confection de la choucroute. C'est de
cette plante que je désire m'occuper un instant ici, car, outre qu'elle
constitue un légume de premier ordre pour l'alimentation des cam-
))agnes, elle est capable, quand sa culture est bien conduite, de don-
ner des résultats pécuniaires très considérables.
La culture du chou faite spécialement en vue de la fabrication de la
choucroute est très communément répandue en Alsace. L'on en voit des
champs immenses dans toutes les belles vallées arrosées par les
aftluents de la Meuse et du Rhin, et tout spécialement aux environs
d'Altkirch et de Dannemarie.
Le chou y est cultivé surtout dans les terres fortes, les terrains
argileux ot marneux lui conviennent tout particulièrement ; c'est là
qu'il atteint ses plus belles dimensions. Los variétés cultivées pour
servir à la confection de la choucroute sont celles dont les feuilles lisses
constituent des pommes serrées et dures ; toutes celles, au contraire,
dont les feuilles sont cloquées et épaisses ne sauraient convenir à cet
LE CHOU KN ALSACE. 185
usatjo. I/on cultive surtout le chou quintal et ses dilTéreatiis sous-
variétés, telles que le chou de Melsbacli, par exeuiple. Quelquefois
l'on plante du gros chou rouge qui est considéré comme plus rustique,
mais qui donne par contre une choucroute beaucoup moins fine et par
suite moins estimée.
Le semis se fait soit dans le potager, soit dans un coin de terra avoi-
sinant l'habitation; le sol doit être fumé, puis bien préparé par un
labour à la bêche et un hersage au râteau. I.a graine est répandue à
la volée à raison de 101) grammes à l'are. On la secoue en donnant
un coup de râteau, puis on répand à la surface un léger paillis fait de
fumier décomposé, qui préservera le sol de la sécheresse. Ce semis se
fait dès le mois de lévrier, et habituellement à celte époque il n'est
guère utile d'arroser ; si cependant le printemps était trop sec, il serait
utile de hâter le développement du jeune plant par quelques arrosages
légers.
Dans le courant du mois d'avril, le plant qui possède déjà cinq à
six feuilles est bon à être mis en place. Pour procéder à cette opéra-
tion, on l'arrache d'abord dans la pépinière et on le soumet à un tri
sévère qui a pour but d'éliminer tous les plants trop faibles ou mal
faits, soit par suite d'un trop grand développement de sa petite tige
qui est alors coudée, soit parce que son bourgeon terminal qui doit
fournir la pomme a été détruit par un accident quelconque. 11 n'est
pas rare de rencontrer de ces plants dont le cœur a été mangé par les
insectes et qui, étant borgnes, comme l'on dit en pratique, ne sauraient
fournir de pomme. Un are de pépinière de choux bien conduit, fournit
habituellement 15,000 plants de choux bons à planter.
Avant de procéder à la mise en place, il faut préparer le champ dans
lequel les choux doivent être plantés ; il est utile de choisir un ter-
rain aussi propre que possible, afin d'éviter de nombreux binages à
faire dans le cours de la végétation. Dans tous les cas, le sol est fumé
à raison de 50,000 kilog. à l'hectare, et la fumure enterrée par un bon
labour qu'on fait suivre par un double hersage et un roulage. Quand
le terrain est préparé, on jalonne sur le champ des lignes distantes de
Om.80, suivant lesquelles on fera le repiquage, en ménageant sur les
lignes la même distance que celle qui existe entre elles. Pour repi-
quer, l'ouvrier prend dans la main gauche une poignée de plants de
choux, et dans la main droite un plantoir à l'aide duquel il fait un
trou dans le sol, y place un plant contre lequel il serre la terre en
refaisant un second trou moins profond à côté du premier. De cette
façon le chou se trouve solidement fixé dans le sol, et le trou de quel-
ques centimètres qui reste béant près de lui se comble peu à peu par
1 eau des pluies qui viendront s'y accu'm'.iler. Pour assurer la reprise,
il est utile de choisir un temps brumeux, car il est le plus souvent
impossible de songer à arroser.
Pendant l'été, on entretient le sol en bon état de propreté par deux
ou trois binages, qui ont l'avantage d'empêcher le sol de se dessécher
en constituant à sa surface une couche meuble qui isole la couche
sous-jacente.
La récolle se fait à la fin d'octobre ou au commencement de no-
vembre ; les choux sont alors arrachés en saisissant la pomme à deux
mains et faisant tourner le pied sur lui-même de façon à briser toutes
les petites racines. Les choux arrachés sont mis en chaîne dans le
186 LE CHOU EX ALSACE.
champ; un homme passe alors armé d'une serpe et coupe la pomme
en la débarrassant de toutes les feuilles vertes, de façon à la laisser
complètement blanche. Les feuilles coupées sont triées; celles qui.
sont absolument vertes serviront à la nourriture du bétail; celles, au
contraire, qui sont à moitié blanches sont mises à part et serviront à
faire une sorte de choucroute de ménage grossièrement coupée, que
l'on prise beaucoup en Alsace.
Les pommes sont entassées dans de grandes voitures, et il n'y a
rien de bizarre comme ces charrettes attelées de chevaus ou de bœufs
et surmontées d'un monceau de pommes de choux tellement blanches
qu'on les dirait couvertes de neige. C'est dans cet état qu'on les con-
duit soit à la maison où la choucroute sera préparée, soit au marche,
où elles seront vendues aux particuliers qui n'ont pas de champ de
culture, ou aux maisons de gros. Dans les années humides, qui sont
pour cette denrée des années d'abondance, le cent de choux est
vendu de 1 5 à 20 francs; mais il n'est pas rare, quand les cultures ont
mal réussi, de voir ce prix s'élever jusqu'à 30 francs.
En admettant un prix moyen de 18 francs, il est possible d'évaluer
ce que donne une semblable culture. Les frais culturaux peuvent en
effet s'établir comme suit :
Lover d'un hectare de terre I.ô0 francs.
Fumure : 50.000 kilog. à 5 fr. pour 100 kilo? 250 —
Labour et hersage ICO —
Graine et préparation du plmt bO —
Repiquage : à journées àSfr là —
Trois binages à 30 fr. l'un 90 —
Arrachage, 10 journées i 3 fr 30 —
Tolal 685 francs.
Etant donné que l'on récolte 15,000 choux à 18 fr. le cent, l'on
obtient une somme de 2,700 fr., représentant le chiffre brut de la
récolle. En en retranchant les frais de culture et de main-d'œuvre, il
reste une somme de 2,015 fr. comme bénéQce net.
En Alsace, toute ménagère soigneuse fait faire sa choucroute chez
elle, soit que la maison possède un coin de terre où l'on ait fait la
culture du chou, soit que. moins bien partagé, l'on ait été obligé d'en
acheter les pommes à l'automne. Dans chaque ménage, après s'être
procuré des choux en quantité suffisante, on fait venir des ouvriers
spéciaux qui parcourent la contrée, et ne font pas autre chose que de
préparer la choucroute à cette époque de l'année.
Ils apportent avec eux leur outillage, qui se compose d'abord d'une
sorte de tarière à bord coupant, et dont la lame roulée en tronc de
cône a environ 6 centimètres de diamètre à sa partie la plus large,
sur le bord de laquelle vient s'insérer une tige à poignée. Cette tarière
sert à enlever Ifes trognons de choux, tout en les conservant entiers.
Un second outil, dont sont munis les coupeurs, est une sorte de
rabot possédant quatre ou cinq lames fixées transversalement dans une
épaisse pièce de bois qui n'a pas moins de 0m.50 de large, sur I m. 50
de longueur, O^'.OS d épaisseur. Les lames sont mobiles ; on peut les
rapprocher ou les éloigner plus ou moins les unes des autres au moyen
de coins, suivant que l'on veut obtenir de la choucroute plus ou moins
fine. Elles sont fixées dans une ouverture ménagée dans la pièce de
bois, comme le serait le fer d'un rabot Sur le bois du rabot glisse,
dans des coulisses, un châssis en forme de caisse sans fond, dont la
dimension des côtés est égale à la largeur de la pièce de bois.
LE CHOU EN ALSACE. 187
Quand il s'agit de couper la choucroute, on commence par se pro-
curer une futaille défoncée, et l'on place le rabot sur son ouverture. Le
travail du coupage se fait avec deux hommes, dont l'un prépare les
choux en enlevant les trognons à l'aide de la tarière, ainsi que les
feuilles défectueuses, au moyen d'un couteau bien tranchant ; l'autre
place les choux préparés dans le châssis, en le serrant le plus possible,
puis il lui imprime un vif mouvement de translation. Les chous sont
coupés sur les lames et tombent en lanières dans le tonneau. Quand
celui-ci est plein, on le charge de pierres reposant sur une planche.
Le travail delà coupe est pénible, parce qu'il est nécessaire daller
vite si l'on veut obtenir de la choucroute bien faite. On le paye à rai-
son de 1 fr. 25 pour cent choux coupés, les outils étant fournis par les
ouvriers. Il faut, en moyenne, 125 choux pour faire 100 kilog. de
choucroute. J, Dybowski,
Chargé des conférences d'horticulture
à l'École nationale de Grignon.
CONSIDÉRATIONS SUR LA SITUATION AGRICOLE
Lorsqu'on constate les progrès accomplis par l'agriculture depuis
30 ou 40 ans, il semble qu'elle ait marché à pas de géant. Il paraît
extraordinaire qu'elle soit restée, pour ainsi dire, presque stationnaire,
pendant tant de siècles, demeurant obstinément dans la même ornière,
malgré les efforts tentés contre une routine, en apparence incurable,
par quelques précurseurs, et que tout à coup elle se soit mise en
route, certainement pour ne plus s'arrêter.
Et cela vous surprend d'autant plus que quiconque vit à la cam-
pagne sait quelles luttes on a à soutenir, quelle persévérance surtout
il faut déployer, pour tenter la moindre chose, essayer du plus petit
changement, c'est-à-dire, qu'il faut vraiment du courage, et une con-
fiance entière en soi-même et dans le résultat à obtenir, pour conduire
à bien et jusqu'au bout la plus simple expérience, je dirai même pour
faire accepter le fait le plus démontré. C'est pour cette raison certai-
nement que tant d'hommes intelligents et instruits se détachent des
choses des champs, lorsque leur inlluence y serait hautement bienfai-
sante, s'ils se voyaient secondés et non pas entravés, par ceux-là
même vers lesquels ils se sentaient portés.
Or en ce moment ci plus que jamais, l'agriculture aurait besoin,
non pas seulement de tous ses bras, mais surtout de toutes ses intel-
ligences, pour surmonter la crise indéniable au milieu de laquelle elle
se débat.
Pour qu'un médecin guérisse son malade, il faut avant tout qu'il
connaisse bien sa maladie. Or combien peu nombreux sont les culti-
vateurs se rendant clairement compte du mal dont souffre l'agricul-
ture, et surtout des causes de ce mal! La plupart accusent à ton et à
travers les choses les plus diverses, et demandent à grands cris des
remèdes, le plus souvent impraticables.
Beaucoup cependant, je ne dis pas tous, ont le remède à leur dis-
position : ils ne s en doutent pas, ou bien ils ne veulent pas l'em-
ployer !
Pour les uns, c'est la main-d'œuvre qui est trop chère; et ceux-là
vous les voyez coupant leurs blés à la faucille, piochant leurs vignes et
leurs cultures en lignes, fanant ou ramassant leurs foins, le ''tout à
188 CONSIDERATIONS SUR LA SITUATION AGnICOLE.
grand renfort d'hommes et de femmes, absolument comme si les ins-
truments destinés à leur épargner ces peines et ces frais n'étaient pas
inventés.
Pour les autres, c'est l'Amérique qui nous inonde de ses produits,
à tel point qu'en effet, l'hectolitre de blé arrive à peine maintenant au
prix de 17 francs! Ils sont dans le vrai. Mais où ils ont tort, c'est
lorsqu'ils s'obstinent à en faire de ce malheureux blé, avec une année
de jachère sur trois, de maigres fumures dont ils saupoudrent leur sol,
et des grattages réitérés quand il faudrait de profonds labours.
Certes, sans l'Amérique, la situation de la culture serait tout autre :
mais l'Amérique est là, nous ne pouvons songer à la supprimer; le
mieux est donc de nous arranger pour vivre avec elle. — « Elevons
les droits sur les blés! « répète-t-ou de tous les côtés. — On a déjà
dit et écrit beaucoup sur ce sujet, et l'on pourrait continuer encore
longtemps sans que l'accord soit établi. Cependant je crois que, grâce
à une foule de circonstances assez complexes, on aboutirait toujours
à ce dilemme : ou les droits ne seraie.it que peu ou insuOisamment
majorés, et la situation des cultivateurs n'en serait point améliorée;
ou ils le seraient beaucoup, et alors le remède pourrait bien être pire
que le mal. Il me semble que tout ce que l'on a écrit sur cette ques-
tion, vient à l'appui de cette thèse.
D'ailleurs lorsqu'il s'agit de droits fiscaux à établir il y a toujours
à redouter des représailles, et si l'Amérique a besoin de nous, peut-
être bien aussi avons-nous besoin d'elle.
Non, ni la douane ni les douaniers ne sont les soutiens de l'agricul-
ture; ce n'est pas en eux que celle-ci doit chercher du renfort, c'est
en elle-même : mais pour cela, je le répète, il faut envisager la
situation nettement et véritablement telle qu'elle est.
Or, je crois être absolument dans le vrai en disant que cette situation
dérive surtout et avant tout, de l'organisation générale actuelle des
relations commerciales et des transports sur toute la surface du giobe.
Evidemment on n'a pas enveloppé la terre entière d'un réseau de
fils télégraphiques, multiplié les lignes de chemins de fer, construit
de toutes parts d'immenses navires à vapeur, percé des montagnes et
coupé des isthmes, pour ne pas se servir de tout cela. On s'en servira
au contraire de plus en plus.
Dorénavant, forcément tout pays bien placé pour produire dans les
meilleures conditions telle ou telle denrée, la produira, et l'exportera
vers les régions que la nature aura, sous ce rapport, moins bien
dotées. Forcément aussi dans ces dernières régions, ceux qui, jusque-
là, avaient produit la denrée en question, souffriront de cette importa-
tion, et cela pendant une période plus ou moins longue, jusqu'à ce
que l'équilibre soit établi; ou mieux et plus rapidement, jusqu'à ce
qu'ils aient changé leur production en l'adaptant à leur propre
milieu.
Toutes les inventions, toutes les améliorations acceptées plus tard
pour le bien du plus grand nombre ont été la cause de catastrophes
pour quelques-uns. Les chemins de fer ont certainement ruiné bien
des maîtres de poste. Cependant beaucoup ont survécu, et cela cer-
tainement, parce que, suivant une expression courante, ils ont su se
retourner. N'en est-il pas de même dans toutes les industries?
Je ne dis pas pourtant que ceux qui étaient déjà mal dans leurs
CONSIDÉRATIONS SUR LA SITUATION AGRICOLE. 189
affaires, ou qui étaient au bout de leurs avances, peut-être de leur cré-
dit, aient pu résister ; probablement ils ont succombé. Et, malheureu-
sement, on ne peut se le dissimuler,, après tant d'années adverses,
bien des agriculteurs en sont là ! Beaucoup sont dans l'impossibilité
absolue de faire face plus longtemps à la crise, à plus forte raison de
trouver les ressources nécessaires pour la surmonter. Il faut de grands
sacrifices de temps et d'argent pour modifier du tout au tout un sys-
tème de culture : ceux-là seuls peut-être qui seront en mesure de les
supporter — j'entends là où ces modifications sont nécessaires, — pour-
ront être sauvé.s. Mais c'est pendant qu il en est temps encore, qu'il
importe d'agir, car on peut prévoir que plus on le laissera s'écouler,
plus nombreuses seront les ruines qui s'accumuleront. Combien déjà
n'ont que trop attendu !
Eh bien, l'agriculture française ne peutavoir la prétention d'arrêter, à
elle toute seule, le grand courant commercial moderne.. le ne sais qui
a dit que le commerce tend à faire des productions de toutes les
parties du globe une propriété commune à tous les peuples, et qu'à
côté des passions qui divisent les princes, il a placé le contrepoids des
besoins mutuels et des intérêts réciproques. Kien n'est plus vrai;
et bien mal inspiré serait un gouvernement qui, par des entraves quel-
conques, songerait à le restreindre. C'est à le développer, au contraire,
qu'il doit faire tous ses efforts, s'il est vraiment soucieux de sa propre
prospérité.
Pour toutes sortes de raisons, qui nous entraîneraient trop loin si
nous devions les énumérer, l'Amérique est productrice de blé dans des
conditions telles que les trois quarts au moins des agriculteurs français
ne peuvent songer à la lutte. Mieux vaut se retirer avec les honneurs
de la guerre, que de persévérer dans une résistance stérile et coûteuse.
Quant à espérer une diminution sérieuse dans les importations
étrangères, il n'y faut pas songer ! Pendant trop longtemps encore les
blés américains seront obtenus à des prix de revient inférieurs aux
nôtres, pour que l'on puisse escompter l'avenir dans ce sens. De plus,
les prix de transport, quoique bas déjà, pourront peut-être encore
être abaissés : une marchandise encombrante comme le blé, constitue
pour une marine un fret trop précieux !
Je ne dis pas que plus tard, dans des années et des années, quand
les vastes territoires de l'Union seront vraiment peuplés, l'équilibre
ne s'établisse pas entre le vieux et le nouveau continent. Mais pour le
moment, celte considération n'a rien pour nous arrêter ; ce sera à nos
petits-neveux d'aviser et de se remettre peut-être à semer du blé.
Or, la seule ressource de l'agriculture est de s'adonner franchement,
partout où cela est possible, — car il est certain que cela ne l'est pas
toujours, — à la production du bétail. En vérité, cela devient presque
banal à force d'être répété, mais c'est à force de frapper sur la tète du
clou qu'à la fin ou l'enfonce, et l'on nous pardonnera si, après tant
d'autres, nous essayons de donner notre coup de marteau.
Pour entrer résolument dans celte voie, que faut-il? Il faudrait,
avant tout, comme je disais au commencement de cet article, une par-
faite intelligence de la situation, et ensuite une suffisante connaissance
des moyens et procédés nécessaires pour arriver, par le bétail, à la
modifier.
Ce serait surtout, je crois, celte perception nette des conditions de
190 CONSIDÉRATIONS SUR LA SITUATION AGRICOLE.
la production moderne, qu'il faudrait tâcher d'inculquer aux cultiva-
teurs. Beaucoup, même parmi les plus ignorants, en ont déjà une vague
idée. Beaucoup, en revenant d'une i'oire, où ils ont fait et vu faire de
bonnes alTaires, se disent : « décidément il n'y a que le bétail qui nous
sauve! » Mais trop peu nombreux sont ceux sullisamment persuadés
de la nécessité inéluctable de transformer leur production pour se
mettre courageusement à l'œuvre, en laissant de cùté tout regret, tout
vain espoir et toute arrière-pensée. La plupart ou bien ne savent pas
comment s'y prendre, ou bien comptent vaguement sur quelque heu-
reux changement, ou tout simplement n'osent pas abandonner décidé-
ment leur vieux bateau, qu'ils connaissent depuis si longtemps,
mais qui ne lient plus, et cela au risque de sombrer avec lui !
Ce serait ie rôle et le devoir des sociétés d'agriculture, des comices
agricoles, des propriétaires aiséa et instruits de prendre la tête du
mouvement, en prêchant par la parole et surtout par l'exemple. Ce
ne sera qu'à force d'exemples multipliés que l'on convaincra les pay-
sans. Des concours et des expositions ne suffisent pas !
Il me semble qu'ici même, il y a quelque temps, l'on constatait
combien peu les concours régionaux étaient fréquentés par les petits
cultivateurs. C'est là une remarque que tous ceux qui les visitent
d'habitude ont pu faire. A part les habitants des campagnes immédia-
tement voisines, qui viennent au concours le dimanche, en partie de
plaisir, les /ja?/.vrt«.v de la région s'en occupent peu ou point; si peu,
que la plupart les ignorent complètement. Et au fond, cela est
moins étonnant qu'il ne semble au premier abord : il faut une certaine
instruction pour visiter un concours régional avec fruit et en retirer les
enseignements qu'il comporte. Or, chez le plus grand nombre, celte in-
struction manque ; un concours, pour la masse des cultivateurs, j'en-
tends les petits propriétaires, les petits fermiers et les métayers, est
une chose qui se passeau-dessus d'eux. J'imagine que les gens qui ne
savent pas lire ne doivent pas être attirés par les devantures des librai-
res, et pour le paysan un concours régional est un peu comme un gros
livre dans lequel il a grand'peine à épeler.
Les comices auraient un rôle plus efficace à jouer. Mais il faudrait
avant tout que ces comices eux-mêmes aient cette perception nette de
la situation, sur laquelle j'ai insisté plus haut. 11 ne faudrait pas
qu'après avoir émis un vœu en faveur du relèvement des droits de
douane, chacun s'en retourne chez soi en croyant avoir bien mérité delà
patrie! 11 s'agit en réalité de prendre le taureau par les cornes et de ne
plus le lâcher avant qu'il ne soit terrassé. Et pour celte besogne ce
n'est pas trop des efforts réunis de tous, je veux dire de tous les intelli-
gents, s'ils veulent entraîner à leur suite ceux qui le sont moins.
C'est qu'en effet pour l'agriculture et les agriculteurs c'est vérita-
blement une lutte pour l'existence qu'il s'agit maintenant de soutenir.
Plus nous hésiterons à l'entreprendre, plus nous différerons, plus
elle deviendra difficile, car nos ressources, c'est-à-dire le nerf de la
guerre, iront en diminuant. Il semble qu'à tous ceux qui font du blé,
cette année devrait servir de leçon. Les prix du blé sont plus bas
qu'ils ne l'ont été, certes, depuis bien longtemps; le prix de la viande
est exactement le contraire. De plus, c'est d'un mouvement ascension-
nel continu que progresse le prix de la viande au point d'avoir aug-
menté, pour le bœuf, d'environ 60 pour 100 de 1856 à 1883, de plus
CONSIDÉRATIONS SUR LA SITUATION AGRICOLE. 191
de "iO pour 100 pour la vache et pour le mouton. Malgré cette éléva-
tion constante des cours, la consommation s'est accrue de telle sorte,
que la France a dû, pour parer aux insuHisances par conséquent,
importer en 1877 près de lôO millions de kilog. de viande de l'étran-
i^er. Quoi de plus encourageant que ces chiffres pour la production
nationale du bétail? Et vraiment que faut-il de plus pour ouvrir les
yeux des moins convaincus?
D'un autre côte la main-d'œuvre, qui joue un rôle si important
dans la culture des céréales, ira sans cesse en enchérissant : je crois
qu'à cet éi^ard, tous sont un 'niraes. Et la loi sur le relèvement des
droits sur' les bestiaux, si elle est volée, pourrait bien y contribuer
pour sa part, dans le cas, admissible après tout, où le prix de la
viande en serait encore augmenté. Ce qui sera un avantage pour les
éleveurs, risquera donc d'être une source de dillicultés de plus pour
les producteurs de grains.
Supposons maintenant la situation bien comprise; supposons tous
les agriculteurs bien convaincus qu'elle provient d un état général
avant sa raison d'être dans le développement des communications,
entraînant forcément celui des relations internationales de toute
espèce. Admettons que tous voient très bien qu'un gouvernement ne
peut pas songer à entraver ce grand mouvement, qui est la vie même
des peuples. Dans cette hypothèse, tous ceux qui tournent les yeux
vers la protection de l'agriculture par des tarifs, croyant que là est
le salut, renonceront à cette espérance. Ils devront d'ailleurs se dire
que tout pas fait dans cette voie serait un antécédent déplorable, en ce
qu'il n'y aurait plus de raison pour refuser à toutes les industries qui
se croiraient en droit de le réclamer, un traitement analogue : or ce
i-etour vers les errements d'autrefois, serait le signal de leur déca-
dence à toutes.
Si tous les agriculteurs arrivent à comprendre les choses de la sorte,
ils verront la voie à suivre nettement éclairée devant eux, et ils
n'auront qu'une chose à faire, s'y engager résolument en y appliquant
toutes leurs ressources et toute leur intelligence.
Ce problème de la transformation de la productian des céréales en
production animale comporte évidemment plusieurs solutions sai-
vant les diverses régions de notre territoire : il y aura en effet une
question d'adaptation des procédés à chaque milieu, qui ne sera pas
toujours facile à résoudre. Seulement il ne faut pas de demi-mesure :
bien entendu à chacun il faudra plus ou moins de temps suivant ses
ressources de toutes sortes, mais tous aboutiront, s'ils ont la ferme
volonté d'aboutir. Trop souvent, en effet, aux tentatives agricoles
manque l'esprit de suite, parfois à cause de l'incertitude du résultat
à obtenir, et ce défaut fait avorter ce qui aurait dû réussir. Mais ici
point d'hésitation possible. 11 faut à tout prix sortir de la situation
actuelle! Que chaque cultivateur se dise donc que le temps des récri-
minations oiseuses est passé, qu'il n'a rien à attendre que de lui-
même, et qu'en définitive à une situation nouvelle il faut des procédés
nouveaux. Ces procédés pour la plupart sont connus ; c'est à les étu-
dier d'abord, à les mettre en œuvre ensuite avec discernement qu'il
doit s'attacher, en ayant sans cesse présent à l'esprit cet adage
anglais : Ce qui mérite d'être fait, mérite d'être bien fait.
G. Battanciion.
192 SITUATION AGRICOLE DANS LE PÉRIGORD.
SITUATION AGRICOLE DANS LE PERIGORD
En septembre, la température moyenne (-[- i4". 41) a continué d'être relative-
ment élevée ; mais comme les pluies sont arrivées tardivement, la formation de nos
divers produits s'est achevée sans augmenter leur développement. Les pommes
de terre, betteraves, carottes, n'ont pu acquérir leur volume normal. — Les
tabacs qui, dans notre contrée, ont été fortement atteints par la grêle du 2 sep-
tembre, sont restés relativement courts de feuilles. — La vigne seule a poursuivi
les phases de maturation de son fruit dans des conditions exceptionnellement
favorables; les pluies qui ont régné du 20 au 28, avec une température élevée,
ont fait gonfler à point le raisin, qui est très fondant et promet de donner un vin
d'excellente qualité. — La châtaigne est abondante, mais fort petite cette année.
Sriint-Jean d'Alau.x, le 14 octobre 1884.
E. DE Lentilhac.
FOIRES DE MACHINES AGRICOLES
Par arrêté de M. le préfet de l'Aude, en date du 6 septembre 1884, il est créé
à Narbonnedeux foires destinées aux objets agricoles, l'une du 1''' au 15 novembre
et l'autre à l'époque des courses de chevaux, en été. Chacune d'elles aura une durée
de quatre jours.
En conséquence, les constructeurs de machines ou leiu's représentants, les mar-
chands de cnevaux, etc., sont prévenus que la pieraière de ces foires s'ouvrira le
dimanche 9 novembre pour finir le jeudi 14, saut prolongation si on l'autorise.
Les instruments devront être installés le 8 au soir, sur le boulevard Vallière.
Tout objet utile à l'agriculture ou produit par elle sera admis à cette foire.
A la toire d'hiver sont plus spécialement convoqués les instruments de labours,
les machines et pompes à submersion avec leurs annexes, les tuyautages en ciment,
fonte, béton, etc., les chaudières à pyrale.
A la foire d'été sont conviés de préférence les instruments de culture légère
pour la vigne, les appareils à soufrer, toutes les machines servant à l'automne à
la fabrication du vin : seaux à vendanger, comportes, cuivrcrie vinicole, fouioirs,
pressoirs, pompes, etc.
A toutes les deux seront admises aussi les bœufs, chevaux, mulets, etc., ainsi
que les divers produits du sol. Les animaux logeront dans les écuries publiques
et des affiches spéciales annonceront au public les noms des vendeurs.
Il est important dans l'intérêt de tous, que les personnes qui désireront envoyer
soit des machines, soit autre chose, préviennent M ^Nlan^et, 203, rue des Nobles,
à Narbonne, afin que les dispositions nécessaires aux emplacements puissent et J
prises en temps utile. Le Piésident du Comice de iSarbonne,
Cte DE Beauxhostes. — Le secrétaire, Louis de Martin.
SITUATION AGRICOLE DANS LE PAS-DE-CALAIS
Arras, le 27 octobre IStji.
On est, dans le Pas-de-Calais, de plus en plus mécontent de la récolte des
betteraves. L'année, à ce point de vue, a été désastreuse : pea de poids, encore
moins de richesse. Le déficit cultural sera, dans le département considérable. On avait
peu emblavé de terres en betteraves; les fabricants de sucre ne sachant sous quelle
législation ils allaient tiavailler, n'ont offert au printemps que 15 à 16 francs des
mille kilogrammes aux rares cultivateurs qui ont signé des compromis pour
l'année. Les betteraves ont beaucoup souifert de la maladie des feuilles à la fin de
l'été ; les racines sont restées petites, et ne sont pas pour cela riches en sucre.
Elles donnent 3.5, 4, et 4.5 de densité. Les fabricants de sucre les prennent à
8, 10, 12 francs les 1,000 kilog.
Il est cependant une chose à noter, c'est que si la betterave rose à peau lisse a
donné cette année des résultats désastreux, les bonnes variétés (cultivées par très
peu de cultivateurs) ont donné quand même de bons résultats (5.5, 6, 6.5 de
densité). Je dis très peu de cultivateurs, parce que plus des neuf dixièmes de nos
planteurs conservent malgré tout l'ancienne variété, qui a été autrefois possible et
qui aujourd'hui est à supprimer radicalement.
SITUATION AGUICOLK DANS LE PAS-DE-CALAIS. 193
C'est dans ce but que le Conseil général du Pas-de-Calais a, dans sa session
d'août, voté une soinmo de 30,000 l'rancs pour en encourager la culture de la bette-
rave riche. Cette somme sera utilisée par tiers en trois ans. J'espère aussi que nos
Sociétés d'agriculture feront leur possible pour augmenter la somme, dans les
limites des ressources de leur budget. Le Conseil général a nommé une com-
mission qui a pour but un règlement de concours, en vue de la distribution de la
somme aux agriculteurs producteurs de betteraves riches. Cette commission s'est
réunie le 16 octobre dernier, et nous lerons connaître ultérieurement le pro-
. gramme élaboré par elle.
Il est bien à désirer la réussite d'un pareil concours ; car noti'e agriculture
est bien malade. Elle pourrait, j'en suis convaincu, se relever par la culture
rationnelle de la betteiave. Le concours dont il s'agit est un encouragement à la
richesse saccharine; mais il en est un autre qui serait bien autrement efficace :
c'est la bonne volonté des fabricants envers les cultivateurs. Chez nous, comme
ailleurs, les fabricants de sucre auront de la betterave riche quand ils voudront,
à condition d'intéresser les eu llivateurs à la produire, c'est-à-dire de la payer sui-
vant la richesse.
Quel([ues-uns de nos fabricants ont su le faire; ils n'ont pas à s'en repentir;
leurs planteurs leur fournissent tous les ans des racines riches qui leur donnent
des jus purs (jui peuvent se travailler avec avantage.
Notre Conseil général s'est beaucoup occupé, dans sa dernière session, de l'agri-
culture. Il a voté, comme vou', l'avez déjà annoncé dans le Journal de l'agricul-
ture, la création d'une école pratique d'agriculture dans le département. Il a
nommé une commission qui s'est réunie dernièrement et qui s'occupe en ce mo-
ment de rechercher un domaine où l'on pourrait installer la future école.
Le sucre en grains entre de plus en plus dans la consommation. Tous les
épiciers des villes en vendent, sous le nom de Sucre national, et les fabricants de
sucre font tous leurs efforts pour encourager l'élan. Beaucoup de sucreries ont
des dépôts dans les prmcipaux centres, et plusieurs d'entre elles vendent au détail.
C'est une véritable croisade contre les raflineurs. L. Gomon,
Professeur départemental d agriculture du Pas-de-Calais.
BIBLIOGRAPHIE AGRICOLE
Manuel de méléorolngic agricole appliquée aux travaux îles champs, à la physiolo;,'ie végétale et
à la prévision du leruns, par MM. F. Canu, mètéorologiste-publiciste, et Albert L,\rbalktrieh,
sous-directeur à la ferme-école de la l'illetière. — Un volume in-18 de 168 pages. — Librairie
(le J. Hetzel, IS, rue .lacob, à l'aris. — l'rix ; 2 fr.
Les ouvrages de météorologie sont aiijourJ hui assez noinbfeu.x,
mais la plupart sont des livres de science pure dans lesquels on trouve
peu d'applications aux choses de l'agriculture, et cependant peu de
sciences se rattachent aussi intimement que la météorologie aux choses ■
rurales. 11 est inutile de rappeler l'intluence des météores sur les ré-
coltes, leur action sur la santé des animauv, etc. ; on conçoit donc
combien il peut être intéressant pour les cultivateurs de suivre les
changements atmosphériques et de trouver les moyens pratiques
pour s'en garantir. Tel est l'objet du livre que ^IM. Canu et Larbalé-
trier viennent de publier.
Les auteurs se proposent : 1" d'exposer l'élat de la météorologie,
afin d'encourager les recherches; 2° de critiquer les mauvaises mé-
thodes et les résultats erronés; 3" de donner à leurs lecteurs toutes les
indications pratiques qui pourraient leur être utiles; 4" de montrer
les liens qui unissent la météorologie agricole à la [ihysiologie végé-
tale. Le cadre est vaste; pour le remplir, les auteurs ont bien fait de
s'inspirer des recherches faites avant eux, notamment de celles du
comte de Gasparin, ainsi que des publications du Bureau central mé-
téorologique de France. Ce qui fait la partie la plus originale de leur
travail, c'est la réunion d'un grand nombre de documents relative-
ment à l'action des divers météores sur un très grand nombre de
194 BIBLIOGRAPHIE AGRICOLE.
plantes cultivées. On pourra y trouver le goût d'augmenter le nombre
des observateurs, au profit général; car c'est par la multiplicité des
observations que la météorologie se constituera définitivement.
Traité sur la cullurede la ponimr de terri;, un volumo in-18. — Les Haies, un volume in-18; —
La Vigne et le Fhijlli>j;era rastalrij:, un volume in-lS, par M. Oukhen-Mallet, jardiniers
membre de la Société centrale d'horticulture de France. — Librairie de A. Goin, G2, rue de,
Ecolci, à Paris.
Voici trois petits livres écrits par un bon jardinier, et qui se recom-
mandent à l'attention, les deux premiers surtout. Ils renferment, en
effet, le résumé des nombreuses observations d'un bomme qui
s'est consacré avec passion à la culture des bonnes variétés de plantes.
Les détails qu'il donne notamment sur la culture forcée et la culture
bâtée de la pomme de terre, sont très instructifs. On doit en dire au-
tant de sa notice sur les haies vives d'épine ; c'est un véritable traité
didactique de la formation du plant d'épine, de son emploi pour la
création et l'entretien des haies. — En ce qui concerne la vigne, il y
a des réserves à faire; M. Quéhen-Mallet donne de bons conseils pour
la culture de la plante, mais il affirme l'efficacité d'un insecticide
qui en est à faire ses preuves; c'est une dissolution, dans l'eau, de
sulfate de fer et d'acide phénique dont il indique les doses, mais sans
dire dans quelles circonstances le succès a suivi l'application.
Guide jiratique de comptabilité agricole, par le vicomte de- Coruciie. — Un volume iii-8. —
Typographie de Lallemant frères, ti, rue du Thesouro Velho, à Lisbonne. — Prix : 4 fr.
M. le vicomte de Coruche est un grand agriculteur portugais, qui,
voulant faire connaître les résultats du système de comptabdité qu'il
a adopté sur son exploitation, a choisi la langue française pour ex-
primer ses idées. Nous n'avons pas à nous en plaindre, d'autant plus
qu'il manie notre langue avec beaucoup de clarté.
Ce n'est pas tant un système spécial de comptabilité qu'une orga-
nisation des livres de comptes que M. de Coruche présente au public ;
si nous voulions entrer dans les détails, nous dépasserions de beau-
coup les limites d'un compte rendu bibliographique. Mais nous de-
vons signaler l'esprit général qui domine son travail. M. de Coruche
adopte le système de ce qu'on appelle la comptabilité en partie double ;
la base en est un grand-livre dans lequel les comptes se suivent pour
arriver au compte final de profits et pertes. Mais ce qui fait l'origina-
lité de son grand-livre, c'est qu'il ne craint pas, au besoin, d'inscrire
des quantités échangées, sans déterminer de valeur en argent ; il essaie
d'échapper ainsi d'une part au danger de négliger des facteurs impor-
tants des comptes, et d'autre part au danger d;e leur assigner des va-
leurs arbitraires. Lesvaleurs arbitraires, voilà en effet ce qui met le chaos
dans la comptabilité agricole; en les supprimant et en déclarant qu'il
s'en trouve bien, M. de Coruche a fait une tentative sur laquelleil est
juste d'appeler l'attention. Henky Sagnier.
REVUE GO^niERGIALE ET PRIX GOURANT DES DENRÉES AGRIGOLES
(1" NOVEMBRE 1884).
L — Silualion générale.
Bien que les travaux des semailles retiennent encore les cultivateurs, les mar-
chés agricoles ont été assez bien approvisionnés cette semaine. La tendance géné-
rale est au maintien des cours.
II. —Les grains et les farines.
Les tableaux suivants résument les cours des céréales, par quintal métrique ,
sur les principaux marchés de la France et de l'étranger :
REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT (I" NOVEMBRE 1884).
195
RÉGION.
Caivadds. Lîsieux
— CoiiJé-sur-Xoîreau. ..
C.-du-A'oi d. TfKguier. . .
— PonLrieux
Fînistei'e. Morlaix
— Quimper
lUe-et'Vilaine. Rennes.
— Redon
Manche. Cherbourg....
— Villedieu
Mayenne. Mayenne
— Evron ; ..
Morbihan. Hennebont..
— Vannes
Orne. Atençon
— Laigle
Sarthe. Le Mans
— Beauraont
. NORD-OUEST.
Blé. Seigle. Orge.
fr. fr. fr.
20 30
■20.80
18.00
18. SO
22.00
19.50
la. 25
18 50
22.80
25.00
19.50
20.00
19.00
20.25
20.75
20.20
20.25
20 . 50
13.35
16.00
»
14.50
u
15.50
»
14.50
20.00
14.(15
15.00
17.35
lli.oO
15.25
18.15
16.20
14.75
«5.50
10. 00
15.50
15.50
»
15.50
10.15
14.60
14.60
19.20
15.25
14.50
Prit nioyeas
V RÉGION
Aisne. Vilters-Cotterets.
— La Fere
— St-Quentin
Bure, jivreux
— Louviers
— Le Neubourg....
Eure-et-Loir. Chartres..
— Nogent-le-Rotrou.
— Auneau
Nord. Bergaes
— Valeiiciennes
— Dlinkeique
Oise. Beauvais
— Compicgne
— Clermoiit
Pas-de-Calais. Arras. . .
— Bétbune
Seine. Pans
.S.-et-Manie. Melun
— Montercau
— Meaux
S.-€l-Oise. Versailles. ...
— Et.impes
— Houdan
Soirte-In^érieure. Rouea.
— M'jntiviUiers
— Dieppe
Somme. Amiens
— DoulleQs
— Roye
Prix moyens
3* REGION
Ardennes. Sedan
— Rethel
Aube. Nogent-sur-Seino
— .Mery-sur-Seine. . .
Marne. ChlloDS-sur-UjraQ.. .
— Ste-.Ueneliould. ..
— Reims
Hte-Mame. Langres...,
— Bourbonne
Meurthe-el-Mos. Nancy.
— Toal
— LuneviUe
Meuse. Bar-le-Duc
— Verdun
Haute-Saône. Gray
— Vesonl
Vosges. Neufch.^teau
— .Mirecourt
20.25 15.83 15.83
— NOKU.
Aïoiie.
fr.
20.00
21.00
14.25
15.00
! 4 . 00
15.80
15.00
15.25
20.60
21.00
16.50
15.75
16.00
ï-
16.91)
17.00
20.25
15.50
17.00
20.72 15.16 17.70 17.10
— NORB-EST.
20.90
20.00
20.70
19.90
21 00
20.75
20.50
19.50
20.00
21.25
20.70
21.00
20.90
20.60
21.00
20.25
21.30
20.15
15.75
15.00
14.55
l4.3i
16.50
15.75
16.25
14.25
15.50
16.75
15.50
15.25
16.25
19 00
17.00
16.75
16.40
19.00
17.50
18.25
15.75
D
13.50
16.75
1C.5Ô
19.00
16.75
18.25
18.25
15.73
17.00
15.00
17.00
15.75
16.50
14.50
14.25
17.50
15.75
16.00
17.15
16.00
15.75
15.10
15.00
Prix moyens 2
4* RÉGION.
0.58
15.51 17.53 16.01
OUEST.
CAarenle. Angouléme... 20.00
— Barbezieux 20. 't5
C/iar. -in/er. Marans 19.20
— St-Jean-d'Aiigély.. 20.15
Deux-Stvres. Niort (9.oo
Indre-et-Loire. Tours... 13.50
— Bléie 18.75
Loire-Inf. Nantes 20 . 35
M.-et-Lnire. Saumur... 20. 15
— Angers 19.00
Kendée. Luçon 19.20
Kienne. Loudun 19.80
— Civray 19.80
Haute- Vienne. Limoges. 20.00
Prix moyens 19.60 15. U
»
18
50
16
00
»
16
00
a
16
00
16
00
■
15
75
»
15
00
15
50
16.55
16
25
17
25
14.00
18
45
17
00
1
17
00
16
00
■ 4.90
19
00
16
00
16.25
17
00
17
50
»
16
90
15
50
)>
18
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16
25
14.00
15.
00
15.00
18
25
18
50
15.11
17
01
16
46
Ailier. Montluçou
— St-Pourçain
Cher. Bourges...
— St-Amand
— Graçay
Creuse. Aubusson
Indre. Chàteauroux
— Issoudun
— Valençay
— Vatan. . . .
Loiret. Orléans,
— Palay
— Gien
L.-et-Cher Blois
— Mon toi re
Nièvre. Nevers. .
— La Charité
Yonne. Sens —
— Tonnerre
— Brienon
Prix moyens 19.92
6" BÉaiON. — I
ilin. Bourg 21.50
— St-laiireiil-l«s-llJcon.. 21.75
CÔLe-d'Or. Dijon 20.50
— .Sermer 19.50
/>ou/>s. Besançon 20.45
Isère. \'ien[ie 20.75
— Bourgoin 20.50
/i4ra. Lons-Ie-Saunier . . 22.00
Loùv. .Moiubrisson 20.40
P.-de-Uàme. Clermont-F 20.50
Rhùne. Lyon 21.50
Saône-et-Loire. Chàlon . 20.50
— Autun 19.50
Sai'ote. Ghambéry 22.75
//ie-6'aiioie. Annecy 22.75
17.25
15 00
15.50
17.00
i4.75
16.65
16.00
17.00
15.25
16.00
15.75
16.00
Prix moyens 20.99 16.01
T RÉGION. — SUD-OUEST
17.60
1 8 . 1)0
»
17.00
18.45
»
18.50
18.75
17.50
17.50
1»
17.91
Ariège. Foix 24.10
— Pamiers 21 50
Dordogne. Sarlat 24.00
i/(e-GdroHjie. Toulouse. 21.75
— St-Gaudens 23.40
Cars. Coadom 23.10
— Eauze 22.30
— Mirande 20,00
Gironde. Bordeaux 21.50
— Bazas 21,25
Landes. Dax 23.00
Lof-ei-Goronne. Agen. . . 21.25
— Villeneuve-sur-Lot 21. aO
6. -P»/renée5. Bayonne. . 23.25
//(«i-Pi/j'értees. Tarbes. . 22.00
18.65
16.65
18.40
17.00
IS.OO
17 35
17.00
19.35
18.60
16.50
19.75
18.50
16.50
16.50
17.25
15.75
18.00
17.00
17. CO
15.00
16.25
17.00
17.25
17.25
15.50
17.75
16.75
16.72
16.00
17.86
18.50
18.00
13.00
19.50
17.80
16.75
Prix moyens 22.26 i?.9i
8* RÉGION. — SUD.
Aude. Carcassonne 22.10 17.00
■^oei/roji. Bodez 20.80 17.60
— Aubin 21.50 19.00
CaïUoi. IVJauriac 22.50 19.25
Correre. Tulle 22.00 18.00
Hiravtlt. Béziers 23.00 13.00
— Montpellier 22.80 »
£,01. Cahors 22.25 18.00
Lozère. Mende 22.75 18.00
Pyrénées-Or. Perpignan. 24.00 17.80
ram. GaiUac 22.50 »
Tam-el-Gar. Jlontauban 21.75 17.65
Prix moyens 22.33 18. o3
— SCO-EST.
22.80
16.75
17.30
n.75
16.20
15.10
18.25
18.45
22.00
»
15.75
17.60
9' BEOION.
Basses-Alpes. Manosque
Hautes-. Upfs. Briançon.
Alpes-Maritimet. Nice. .
Ardeche. Privas
B.-du-Rhône. Aix
Drame. Valence
Gard. Alais
Haute-Loire. Le Puy...
Var. Draguignan
Vauclase. Carpentras.
Prix moyens
Moy. de toute la France
— de la semaine precéd.
Sur la semaine^Uausse,
précédente. . 1 Baisse. .
22.50
24.40
24.35
21.00
20.50
23.70
21,75
22.25
22.50
18.00
18.00
16.65
1 8 . 00
16.00
16.15
17.30
18.00
17.50
18.80
15.50
19.50
18.25
19.00
18.75
18.00
18.00
24.40
18.50
19.50
18 31
20.50
18.00
19.50
18.65
»
17.25
21.25
15.00
17.80
18.00
196 REVUE CUMMERCIALK ET PRIX COURANT
Blé. Seigle. Orge. Avoine
Algérie. Alger < ^j« ''^"^^«•- js'ào
•' ° ( bledur 14.2» » 10 75
Angleterre. Bristol 18.7.0 » - I.S 3.)
Belgique. Anvers 18.00 16.2,'. 21.00 10. .OO
— Bruxelles 20.00 16.50 » »
— Liège 10. Ta 17.00 18.00 17.10
— Namur 19.00 15.7.J 18.00 15.50
Pays-Bas. Amsterdam 17.65 15.85 »
Luxembourg. Luxembourg 22.75 19.35 15.40 17.00
Alsace-Lorraine, Strasbourg 22.25 19.25 20.75 18.00
— Mulhouse 20.00 18.65 -i 16. UO
— Colmar 23.40 20.00 20.35 19.25
Allemagne. Berlin..., 18.75 18.25 ■•
— Cologne 20.00 18.10 » »
— Francfort 21.10 20.10 22.00 1.8.00
Suisse. Genève 22.75 18.50 18.50 18.25
Italie. Turin 22.22 16.00 » 16.50
Espagne. Barcelone 22 . 00 » b »
Autriche. Vienne 17.25 » »
Hongrie. Budapest 16. .50 14.25 14 50 12.60
Russie. Saint-Pétersbourg.. 17.00 13.15 » 12.55
— ndessa 14.45 12.10 .. 10.50
Etats-Unis. New-York 17.00 »
Blés. — La situation commerciale est la même qu'il y a huit jours. Les travaux
des champs ne sont pas encore terminés; il n'y a que peu de cultivateurs sur le
marché, et les offres du commerce et de la meunerie son très limitées. — A la
halle de Paris, le mercredi 29 octobre, on cotait, comme la semaine dernière
20 fr. 50 à?,2 fr. 25 les 100 kilog., soit 21 fr. 40 en moyenne. — Pour les blés
à livrer, nous n'avons pas non plus de changement k signaler, le courant et le
livrable novembre sont à 21 ir. 25; novembre-décembre, 21 fr. 25 à 21 fr. 5) ;
quatre mois de novembre, 21 fr. 50 à 21 fr. 75; quatre premiers mois, 21 fr. 75 à
22 fr.; quatre mois de mars, 22 fr. à 22 fr. 25. — Au Havre, on cote toujours,
21 fr.; les Liés roux d'Amérique, 21 fr. à 21 fr. 2b les Californie; 22 fr. à 22 fr. 25,
les Australie; 20 fr. les Bombay blancs. — A Marseille, les arrivages très faibles,
n'ont été que de 38,000 quintaux; le stock est descendu à 160,000 quintaux. On
cote par 100 kilog. : Red-Winter, 23 fr. 25; Berdianska, 23 fr. 75; Marianopoli,
22 fr. 75; Azoff dur, 18 fr. 50 à 18 fr. 75; Danube, 19 fr. — A Londres, les prix
ressortent à 18 fr. 50 les 100 kilog.; les affaires sont difficiles.
Farines. — Les prix des farines sont toujours stationnaires. Le 29 octobre, on
cotait : marque de Corbeil, 48 fr.; marques de choix, 48 à 51 fr.; premières mar-
ijues, 47 à 48 fr.; bonnes marques, 45 à 46 fr.; ordinaires, 44 à 45 fr.; par sac de
159 kilog., soit 28 fr. 02 à 32 fr. 48 les 100 kilog. ou 30 fr. 20 en moyenne. —
Les farines de spéculation sont cotées : Neuf-marques, courant du mois, 45 fr. à
45 fr. 25 ; novembre, 45 fr. 50 à 45 fr. 75; novembre-décembre, 45 fr. 75 à 46 fr.;
quatre mois de novembre, 46 fr.; quatre premiers mois, 46 fr. 25; à 4B fr. 50;
quatre mois de mars, 46 fr. 75 les 157 kilog. nets. — Farines deuxièmes, 22 fr.
les 100 kilog.; gruaux, 33 à 38 ir.
Seigles. — Demande assez suivie; offres rares aux. prix de 15 fr. 25 à 16 fr. 25
les 100 kilog.; les farines restent au cours de 20 à 23 fr.
Orges. — Demande active pour les bonnes qualités. On cote à la halle de
17 fr. 25 à 19 fr. 25 les 100 kliog ; — les escourgeons se vendent encore 19 fr.
et 19 fr. i5.
Avoines — Les prix sont soutenus de 17 fr. à 19 fr. 50, suivant qualité pour les
avoines indigènes; celles de Suède valent 16 fr. 50 à 16fr. 75; celles de Riga sont
tenues à 16 fr.
Sarrasin. — Le sarrasin de Bretagne est demandé à 16 fr. 50 les 100 kilog.
Maïs.. — Mêmes prix que la semaine dernière pour les maïs du Danube et de
la mer Noire, qui sont cotés aux Havre, 14 fr. 25 à 14 fr. 50 les 100 kilog. livra-
bles et disponibles. Les bigarrés d'Amérique sont offerts de 13 fr. à 13 fr. 50.
Issues. — Affaires dificiles aux cours suivants : sons gros et moyens, 13 fr. 75
à 14 fr.; sons trois cases, 13 fr. à 13 fr. 25; sons fins, 12 fr. à 12 fr. 50; recou-
pettes, 12 fr. 50 à 13 fr. 50; remoulages blancs, 16 fr. 50 à 17 fr.; remoulages
bis, 15 à 16 fr.
m. Fourrages et graines fourragères.
Fourrages. — La vente est facile sur toutes les sortes et les prix soutenus. On
paye, à Paris, sur le marché, par 1,000 kilog. : foin, 90 à 122 fr.; luzerne, 88 à
DES DENRÉES AGRICOLES (l" NOVEMBRE l^Sit}. 197
120 fr.; paille de blé, 58 à 68 fr.; paille d'avoine, 50 à 62 fr. — A Beauvais, les
prix sont, par 1,000 kilog. : foin, 80 à 90 fr. ; luzerne, 80 à 90 fr.; paille, 60
à 70 fr.
Graines fourragères. — Les prix sont les mêmes que la semaine, dernière,
sauf pour la luzerne qui a subi une baisse de 5 fr. par 100 kilof^. On cote à Paris,
trèfle violet, 105 à 120 fr.; trèlle blanc, 165 à 200 fr.; trèfle hybride, 150 à
170 fr.; luzerne de Provence, 140 à 150 fr.; d'Italie, 125 à 135 fr., du Poitou,
90 à 100 fr.; minette. 40 à 45 tr.; ray-grass anglais, 35 à 40 fr.; sainfoin à une
coupe, 33 à 35 fr.; à deux coupes, 37 à 38 fr. ; vesces de printemps, 22 à 23 fr.;
pois jarras, 17 à 18 fr. — A Tenezay, la graine de trèfle vaut 105 à 110 ir. ; la
luzerne, 85 fr. — A Sens, on paye : sainfoin, 30 à 38 fr.; trèfle, 125 à 135 fr. ;
luzerne, 115 à 125 fr.
IV. Fruits et légumes frais.
Fruits. — On vend à la balle de Paris : châtaignes, 18 à 20 fr. l'hectolitre;
coings, 5 à 20 tr. le cent ; nèfles, 1 fr. 25 à 2 fr. 50 le cent ; noix sèches, 0 fr. 40
à 0 fr. 85 le kilog.: ; poires, 6 à 60 fr. le cent; pommes, 5 à 80 fr. le cent;
a fr. 20 à 0 fr. 65 le kilog.; raisin blanc, 0 fr. 65 à 3 fr.; raisin noir, 0 fr. 80 à
1 fr. 20 le kilog.
Légunii's. — Artichauts, 10 à 32 fr. le cent ; betteraves, 0 fr. 30 à 0 fr. 80
la manne; carottes, 25 à 30 fr. le cent; choux, 12 à 16 fr. le cent ; haricots verts,
0 fr. 15 à 0 fr. 50 le kilog ; écossés, 0 fr. 40 à 0 fr. 80 le Htre; navets, 15 à
20 fr. le cent; panais, 12 à 15 fr.; oignons en grains, 10 à 12 fr. l'hectolitre;
poireaux, 3 à4 fr. les 100 bottes; champignons, I fr. à 1 fr. 60 le kilo-'.; choux-
fleurs, 10 à 60 fr. le cent; choux de Bruxelles, 0 fr. 20 à 0 fr. 25 le btie; épi-
nards, 0 fr. 20 à 0 fr. 25 le paquet; chicorée frisée, 6 à 12 fr. le cent; escarole,
4 à 10 fr.; laitue, 4 à 7 fr. ; mâches, 0 tr. 25 à 0 fr. 40 le kilog. ; romaine, 3 à
5 fr. la botte de 32 têtes; potirons, 0 fr. 50 à 5 fr. la pièce; barbe de capucin,
0 fr. 60 à 0 fr. 75 la botte.
Pommes de terre. — Hollande commune, 8 à 10 fr. l'hectolitre, 11 fr. 42 à
14 fr. 28 le quintal; jaunes, 6 i 7 fr. l'hectolitre, S fr. 57 à 10 fr.'le quintal.
V. — Vins. — Spiritueux. — Vinaigres. — Cidres.
Vins. — Les derniers renseignements qui nous parviennent sur la récolte de
cette année confirment ceux que nous donnions il y a quinze jours. Dans l'Est, la
Champagne, la Touraine, le Poitou, la Loire, l'Auvergne, le produit est satisfai-
sant comme qualité et quantité. En Bourgogne, dans le Beaujolais, et le Maçon-
nais, dans le jMédoc, la Gascogne, l'Armagnac, la quantité fait défaut, mais la
quantité sera bonnne. Le Languedoc a fait une récolte abondante de vins qu'on
avait jugés d'abord médiocres, mais qui s'améliorent chaque jour. Le Nantais est
satisfait de la quantité mais non de. la qualité de ses vins. Dans le Jura seul, l'an-
née doit être considérée comme entièrement mauvaise.
Les transactions ont pris quelque importance cette semaine dans le Midi aux
prix que nous avons déjà cotés; mais en général il y a encore de l'hésitation de la
part du commerce. En Bourgogne, il s'est traité à Meursault quelques affaires de
80 à 100 et 110 fr. la pièce "nue, suivant qualité. — A Château-du-Loir (Sarthe)
il a été vendu des vins de 40 à 42 fr. l'hectolitre. — Dans la Touraiue, on parle
de 120 à 125 fr. la pièce logée. — A Vouvray on pense obtenir 200 à 225 fr.
pour les vins de coteaux de choix, et 280 fr. à 300 ir. pour les premières mar-
ques. — A Surgères, quelques vins se sont enlevés sur la base de 32 fr. le degré
par tonneau. — A Agen, les prix sont de 120 fr. la pièce pour les vins ordinaires,
et 200 fr. et au delà pour les vins supérieurs. — A Moissac (Tarn-et-Garonne)
on paye de 40 à 60 et 65 fr. l'hectolitre. — En résumé les affaires ne sont pas
commencées dans les grands entrepôts et les cours ne se fixent pas.
Spiritueux. — La baisse des cours s'est accentuée depuis huit jours. Les
affaires sont très calmes, et la tendance générale est à la lourdeur en présence
d'un stock considérable. A Paris, on cote les trois-six fins du Nord, 90 degrés :
disponible, 45 fr. 50 l'hectolitre; livrable décembre, 45 fr. 25 à 45 fr. 50; qua-
tre derniers mois, 45 fr. 75; quatre premiers mois, "iS fr. à 46 fr. 25. — A Lille,
l'alcool de betteraves est à 43 fr. 50, l'alcool de mélasse, 43 fr. 50 à 44 fr. — A
Bordeaux, les trois-six fins Nord valent 54 Ir.; les extrr-.fins sont offerts à 55 et
56 fr.; les trois-six allemands disponibles sont à 85 et 86 fr — A Cette, on cote
les Nord 58 fr. — Les alcools de vin sont à des prix soutenus dans le Midi. On
cote, à Béziers, les bon goût, 103 fr.; à Nîmes, 100 fr.; à Cette, 105 à 110 fr.; à
Bordeaux, 113 fr. — Les marcs valent 95 fr. Thectolitre à Cette et à Nîmes et
198 REV[IE COMMERCIALE ET PRIX COURANT
93 l'r. àBéziers. — A Goguac, quolrfues échantilloiis d'eau-de-vie nouvelle de 1884
ont été olTerts aux prix de 230 à 260 fr. l'hectolitre.
Vinaigres. — A Orléans, le vinaigre nouveau se vend de 20 à 28 l'hectolitre
logé; le vieux, 34 à 38 fr.
VI. — Smctcs. — Mélasses. — Fécules. — Houblons.
Sucres. — La situation est à peu près la même qu'il y a huit jours, mais avec
de la lourdeur dans les affaires et une tendance à la baisse. Sur la place de
Paris, on cote par 100 kilog. : sucres bruts, 88 degrés saccharimétriques,
37 l'r. 50; sucres blancs, 99 degrés, 43 l'r. 75 à 44 l'r.; sucres blancs a.» 3,
44 l'r. 25 à 46 fr. 50. Les raffinés sont plus fermement tenus de 103 à 105 fr.
les 100 kilog. à la consommation et 44 fr. 25 à 49 fr. à l'exportation. — Le stock
de l'entrepôt réel était à Paris, le 27 octob're, de 534,000 quintaux, supérieur
de 40,000 quintaux à celui de la semaine dernière. A Valenciennes, les sucres
bruts sont encore en hausse à 37 fr. les 100 kilog.
Mélasses. — Sans changement à Paris, aux cours de 9 fr. à 9 fr. 25 pour les
mélasses de fabrique et 9 à 10 fr. pour celles de raflinerie. — Valcncicnnes cote
les mélasses disponibles 10 fr. 50.
Fécules. — Mêmes prix qu'il y a huit jours pour les fécules premières de l'Oise
sur le marché de Gompiègne, sait 27 fr. les disponibles, et 27 fr. 50 les livrables
trois mois de novembre. — A Marseille, on cote: fécule première supérieure,
36 à 38 fr. les 100 kilog.; ordinaire, 35 à 37 fr.; deuxième, 32 à 33 fr. — A Paris,
fécule sèche, 28 fr. à 98 fr. 50
Houblons. — Rien de nouveau sur les houblons; les affaires sont calmes et les
cours ne se modifient pas. A Alost, on cote officiellement 175 à 190 fr. les 100
kilog.; en culture, on n'achète pas à moins de 180 fr. A Nancy, on paye 220 fr.
les sortes ordinaires.
Vn. — Tourteaux. — Noirs. — Engrais. ■
Tourteaux. — Les cours des tourteaux ont une tendance plus ferme. — A
Arras, les tourteaux de colza valent 17 fr. les 100 kilog.; l'œillette, 13 fr.; le lin,
24 fr.; la caraeline, 16 fr. — A Rouen, tourteaux de colza, 15 fr. 50. — A Cam-
brai, colza, 15 fr. 50 à 16 fr.; œillette, 13 fr. 50; lin, 21 fr. à 21 fr. 75; came-
line, 16 fr. — La cote de Marseille s'établit comme suit: lin pur 18 fr. 25 à
18 fr. 50; Arachide décortiquée, 14 fr.; brune, 13 fr.; en coque, 10 fr. 25; sésame
blanc du Levant, 13 fr.; de l'Inde, 12 fr. 25; cocotier pour vaches laitières
12 fr. 25; colza du Danube, 12 fr. 25; œillette exotique, 11 fr.; coton, 12 fr.;
palmiste, 11 fr. 75; ricin, 9 fr. ravison, 12 fr.
Engrais. — Prix sans changements à Paris. — ADunkerquc, le nitrate de soude
est coté 23 fr. 75 les 100 kilog. — A Lille, on vend, nitrate de soude 23 fr. 75
à 25 fr. 25; sulfate d'ammoniaque, 3S fr. 50 à 39 fr. 50; chlorure de potassium,
19 fr.; superphosphate, 0 fr. 65 à 0 fr. 78 le degré d'acide phosphorique soluble.
VIII. — Huiles et graines oléagineuses.
Huiles. — 1\ y a de la fermeté sur les huiles de lin, qui se payent à Paris, 55 fr.
à 55 50 fr. les 100 kilog.; celle de colza sont tenues à 67 fr. 25. — à Arras, les
colza sont à 71 fr.; la cameline, 60 fr.; l'œillette surfine, 98 fr. A Rouen, colza,
66 fr. 25; lin, 54 fr. 50.
Graines oléagineuses. — On cote à Arras; par hectolitre : graine d'œillette,
24 fr à 26 fr.' 25; de colza, 18 fr. à 21 fr. 75; de lin, 18 fr. à 19 fr. 60; de
cameline, 13 à 17 fr. ^ A Orchies, on vend, graine de colza, 19 fr. 50 à 20 fr. 50;
de lin, 19 à 21 fr.; de cameline, 14 à 16 fr.; à Samt-Quentin, graine de colza,
20 fr. 50; d'œillette, 25 fr.
IX. — Matières résineuses. — Textiles — Produits forestiers.
Chanvres. — Au Mans, les chanvres blancs se maintiennent au prix de 70 à
76 fr. les 100 kilog.; les chanvres gris première qualité valent 68 à 72 fr.; qua-
lité inlérieure, 60 à 66 fr. — A La Guerche llUe-et- Vilaine), le chanvre vaut,_
60 à 65 fr.; à Janzé, 60 à 70 fr.
Bois. — Les bois de chauffage n'ont encore donné lieu qu'à peu d'affaires ; les
hivers doux des deux dernières années ont accumulé sur les ports un slok assez
considérable. Sur la place de Paris, on cote par décastère, octroi non compris :
bois de Ilot, 125 fr.; traverses, 125 fr.; pelard, 130 fr.; bois neufs durs gris, 1 -25 f^r.;
blancs, 115 à 120 fr.; pin gelé, 115 fr.; pin de Bordeaux, non gelé, 150 fr.;
falourdes de pin, le 100, 75 ou 80 fr. — A Clamecy, les prix sont par décastère :
bois de Ilot, 105 fr.; bois neuf dur, 115 fr.; bois blanc, 70 fr.; traverses en hêtre
DES DENRÉES AGRICOLES (1" NOVKMBRE. 1881*;. 199
de Ilot, 100 fr.; neuves, 115 fr.; charljonnelte, le stùre. 3 fr.; margolins, le cent'
4 fr. 25. — Sur les ports de l'Aisne et de l'Oise, on paye le décastèro de chènei
80 à 90 fr.; hêtre et charme, quartier, 100 à 110 fr.; les cotrets de bois hlancs,
le mille, 110 à 120 fr.; chêne pelard, ikb fr. à 155 fr.; bouleau, 135 à UO fr.
Les bois d'œuvre et d'industrie sont l'objet de demandes presque nulles, avec
avec des cours sans changement, excepté à Pontarlier, où la charpente a subi une
baisse sensible.
IX. — Suifs et corps gras. — Cuirs et peanx.
Suifs. — A Paris, le cours de 83 fr. les 100 kiiog. se maintient pour les suifs
frais de la boucherie. — A Merseille, les suifs de pays valent 80 fr. ; ceux de la
Plata : bo'uf, 85 fr.; mouton, 83 fr.
Saindoux. — Le cours est toujours de 53 fr. 50 les 50 kilog. au Havre.
X. — Jleurres. — Œufs. — Fromages.
Beurres. — On a vendu, à la halle de Paris, pendant la semaine, 244,147 kilog.
de beurres. Au dernier marché on cotait, par kilog.; en demi-kilog., 2 IV. kO à
3 fr. 68; petits beurres, 1 Ir. 80 à 2 fr. 82; Gournay, 1 fr. 94 à 4 fr. 16; Isigny,
2 fr. 20 à 7 fr. 32.
Œufs. — Les ventes se sont élevées cette semaine à 2,109,790 œufs, aux. prix
par mille, de 104 à 148 fr. les choix; 76 à lO-i fr. pour les ordinaires; 45 à 63 fr.,
pour les petits.
Fromages. — On cote, par douzaine : Brie, 5 à 23 fr.; ^lontlhéry,' 15 fr.; par
cent, livarot, 25 à 87 fr.; Mont-Dor, 10 à 20 fr. ; Neufchatel, 5 à 21 fr.; divers,
52 fr.; par 100 kilog. : Gruyère, 110 à 190 fr.
XI. — Chevaux. — Bétail. — Viande.
Bétail. — Le tableau suivant résume le mouvement officiel du marché aux bes-
tiaux de la Villettc, du jeudi 23 au mardi 28 octobre :
Poids Prix du kilog. de viande nette sur
Vendus moyen pied au marché du 27 ott^bro.
Pour Pour En 4 quartiers, l" -i" 3" Prii
Amenés. Paris. Textérieur. totalité. WW. quai. quai. quai. moyen,
«œufs .5.479 S.oî'i 1,:U2 4,88i .Wi 1.6i H8 1.10 l.-'iî
Vaclies 2.0.S9 1,048 627 1,1)75 235 1..5i5 l.:<6 l.l'i 1,3.5
Taureaux 242 1«S 33 221 38G 1.44 1.34 1.20 1.30
Veaux 3,111 2,0.50 7.53 2,804 76 2.00 1.80 l.C.O 1.78
Moulons . ... 4'i,.301 22,076 14,331 36,407 20 1.82 1.66 1.46 1.63
Porcs «:n.s.... 7,077 2,564 4,280 7,044 81 1.32 1.26. 1.22 1.28
Les arrivages des marchés de la semaine se décomposent comme il suit :
Bœufs. — Allier, 12; Aube, 10; Aveyron, 18; Calvados, 1,120 ; Cantal, 11; Charente. 55;
Charente-IiiKTieure, 6; Cher, 130; Cote-d'Or, 172; Cieuse, 12; Deux-Sèvres, 39; Dordogne,
97; Eure, 44 ; Eure-cl-Loir, 30; Finistère, 4; Indre, 35; Loire, 27 ; Loiret, 6 ; Lol-et-Garoniie, 6 ;
Maine-et-Loire, 256; Manche, 214; Mayenne, 224; M(îlhihan, 28; Nièvre, 557; Oise. S;
Orne, 731 ; Puy-de-Dôme. 33; Saône-et-Loire, 395; Sarihe, 46; .Seine-Inférieure, 39; Tarn-
el-Garoinie, 8; Vendée, 20() ; Vosges, 6; Yonne, 2/i; lialie, 24.
Yaehes. — Allier, 18; Aube, 7; Calvados, 316; Charente, 9; Cher, 42; Côte-d'Or, 43; Eure, 24;
Eure-et-Loir, 17; Maine-et-Loire, 21; Manche,216; Mayenne, 32; Nièvre, 207; Oise, 15;0rne,
178; Puy-de-Dôme, 91 ; .Saône-et-Loire, 108; Sarthe, 12; Seine, 135; Seine-Inlerieui'e. 5; Seine-
et-Marne, 14; Seine-et-Oise, 22; Vendée. 13; Haute Vienne, 4; Vosg-'s, 6 ; Yonne, 25.
Taureàtix. — Allier, 1; Aube, 2; Calvados, 3G; Cher, 3; Cote-d'Or, 11; Eure, 7 ; Eure-el-
Loir, 9 ; Finistère, 5; llle-et- Vilaine, 11; Loiret, 15; Maine-et-Loire, 12; Manche, 20; Marne, 4;
Mayenne; 6; Nièvre, 1! ; Oise, 7 ; Orne, 12; Puy-de-Dùme, 1; Saône-et-Loire, 7; Sarthe, 9;
Seine-Inlérieiire, 2; Seine-et-Marne, 7; Seine-et-Oise, 4 ; Y'onne, 2.
Veanz. — Aube, 289; Aveyron, 72; Calvados, 26; Eure, 188; Eure-et-Loir, 309; Loiret,
279 ; Marue, 116; Oise, 53 ; Puy-de-Dûme, 182; Sarihe, 79; Seine -Inférieure, 91; Seine-et-
Marne, 278; Seirie-et-Oise, 44; Y'onne, 104.
Moulons. — Aisne, 329; Allier, 994; Aube, 353 ; Aveyron, 126; Cantal, 865; Charente, 62;
Cher, 310; Correze, 92; C6te-dOr, 438; Côtes-du-Nord,.57 ; Eure, 35; Eure-et-Loir, 173 ; Indre-
el-Loirc, 120; Loire-lnlérienre, 72; Marne, 748 ; .Meurlhe-et-Moselle , 600 ; Nièvre, 227 ; Oise,
200; Puy-de-Dome, 85; Seine-el-Marne 1.437; Seine-el-Oise, 949: Somme, 55 ; Vosges, 146;
Yonne, 386; Allemat'ne, 10,554; Hongrie, ' 6.1 11 ; Italie, 111; Russie. 7.716.
Porcs. — Allier, 7!1; Calvados, 94; Charente, 219; Charente-Inférieure, 87; Cher, 150; ,
Côte-d'Or, 65 ; Côtes-du-Noid, 109; Creuse, 156; Deux-Sèvres 610; Dordogne, 22; Ille-et-
Vilaine,224; Indre. 237; I.oire-lnférieure, 108; Loir-et-Cher, 58; Maine-el-Loire, 635; Manche
77 ; Mayenne 6; Xièvre, 363; Puy-de-Ilôme, 35; Haute-Haône, 22; Sarihe, 1,993; Seine, 22;
Seine-Inférieure, 22; Seine-et-Oise, 18; Vendée, 552; Vienne, 156; Haute-Vienne; 96;
Yonne, 28.
Les arrivages ont eu à peu près la même importance que la semaine précé-
dente; les prix sont en baisse pour les bœufs et les vaches, en hausse de 0 fr. 10
pour les veaux, sans changement pour les moutons. On cote, sur les marchés
des départements : Le Havre, le kilog., bœuf, 1 fr. 54 à 1 fr. 64 ; vache, 1 fr. 50
200 RKVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT (1"' NOVEMBRE 1884).
à 1 fr. 60; veau, 2 i'r. 06 à 2 fr. 16 mouton, 1 fr. 70 à 1 fr. 80; porc, I Jr. 40 à
1 fr. 50. — Amiens, veau, 1 fr. 40 à 1 fr. 60. — Nancy, bœuf, 86 à 89 fr. les
100 kilog. bruts ; vache, 60 à 86 fr.; veau, 52 à 59 fr.; mouton, 80 à 95 fr.; porc,
60 à 66 ifr. — Sedan, bœuf, le kilog., 1 fr. 60 à 1 fr. 80; veau, 1 fr. 40 à 2 fr.;
mouton. 1 fr. 50 à 2 fr. 04; porc, 1 fr. 40 à 1 fr. 80. — Louvios, ba-uf, 1 fr. 40 à
2 fr. le kilog.; veau, 2 fr. à 2 fr. 40; mouton, 2 fr. à 2 fr. 40 ; porc, 1 fr. 80 à 2fr.
— Neubounj, bœuf, 1 fr. 50 à 1 fr. 60; vache, 1 fr. 30 à 1 fr. 40; veau, 1 fr. 80
à 1 fr. 90; mouton, 1 fr. 95 à 2 fr. 05; porc, 1 fr. 55 à 1 fr. 45. — Bourges, bœuf,
1 fr. 60 à I fr. 80 ; veau, 1 fr. 60 à 1 fr. 30, mouton, 2 fr. à 2 fr. 40; porc,
1 fr. 40 à 1 fr. 50. — Le Puy, bœuf, 1 fr. 70 ; vache, I fr. 50; veau, 1 fr. 50;
mouton, 1 fr. 70; porc, 1 fr. 60. — Bourgoin, bœuf, 66 à 76 fr. les 100 kilog.
sur pied; vache, 60 à 70 fr.; veau, 90 à 95 fr. ; mouton, 80 à90 fr.; porc, 90 à 95 fr.
Viande à la criée. — Il a été vendu à la halle de Pans, du 20 au 20 octobre :
Prix du kilog. le 27 ortobre.
1" quai. 2* quai. 3* quai. Choix. Basse 3;uclieria.
1.51', à 1.9^ 1.34 à :.r,'4 0.95 à 1.32 1.46 à 2.fi0 0.20 à 1.24
1.82 2.10 1.60 1.80 1.30 1.58 - » »
1.^0 1.10 1.18 1.38 0.86 1.16 1.46 2.76 » «
Porc frais 1.16 à 1.30.
430,485 Soil par jour 61 ,498 kilog.
Les ventes ont été inférieures de 2,500 kilog. par jour à celles de la semaine
précédente. Les prix sont en hausse pour le bœuf; en baisse pour le veau et le
mouton.
Xll. — Cours de la viande à l'abatloir de la Villette dit jeudi 30 oclnhre {par bO kilog.)
Cours de la charcuterie. — On vend à la Villette par 50 kilog. : 1" qualité,
6b à 68 fr.; 2% 60 à 65 fr. Poids vif, 43 à 47 fr.
Bœufs. Veaux. Moutons.
kilog.
Bœuf 011 vache... 141,180
Veau l.-,5,S24
Mouton 80,102
Porc 53,379
t"
quai.
fr.
quai,
fr.
68
3-
quai,
.fr.
63
1"
quai.
fr.
110
2-
quai,
fr.
100
3-
quai,
fr.
75
I"
quai.
fr.
80
2'
quai,
fr.
"0
60
XIIl. — Marché aux bestiaux de la Villette du jeudi 30 octobre 1884.
Animaux
amenés.
Bœufs 2.322
Vaches 857
Taureaux... 133
Veaux 1.228
Moutons. . . . 18.6io
Porcs gras. . 4.y25
— maigres.. »
Vente ralme sur tou
Inrendus.
250
137
8
257
1.804
1^0
Poids
moyen
général.
kil.
350
134
370
78
1!)
Cours ofliciels.
Cours des commissionnaires
en besUaux.
1" 2-
quai. quai.
1.64 1.43
1.56
t. il
1.96
i 82
1.28
I.3S
l.3i
1.76
1.66
1.22
3*
quat.
1.20
1.14
1.20
1.55
1.46
1.18
Prix
extrêmes.
I.iaài.63
quai. quai.
l.io
1.14
1.86
1 40
1.14
1.60
l.
1.54
1.42
1.46
1.34
1.32
3*
quai.
Prix
extrêmes
1.14àl.66
1.08 1.58
1.12 1.46
En résumé, les
et les sucres ; les
tes les espèces.
XIV. — Résumé.
cours des denrées agricoles se soutiennent, saul' pour les alcools
céréales et autres produits sont sans changements notables.
A. Rémy.
BULLETIN FINANCIER
Les cours sont un peu plus élevés que la semaine dernière pour les rentes fran-
çaises qui se cotent : 3 pour 100, 78 fr. 40; — 3 pour 100 amortissaable,
79fr. 70; — 4 et demi pour 100 ancien, 104 fr. 75; — 4 et demi pour 100
nouveau, 109 Ir. 27.
Les actions des établissements de crédit ont subi des flucluations diverses
qui se résument ainsi : Banque de France, 5,065 fr. ; Banque de Paris et des
Pays-Bas, 722 fr. 50; Comptoir d'escompte, 950 fr.; Crédit foncier et agricole
d'Algérie, 487 fr. 50; Crédit foncier, 1,285 fr.; Banque d'escompte de Paris,
512 iV. 50; Crédit lyonnais, 528 fr. 75 , Société de dépôts et comptes courants,
627 fr. 50; Société générale, 457 fr. 50. — Les actions des chemins de fer français
se cotent : Est, 783 fr. 85; Pans-Lyon-Méditerranée, 1.237 fr. 50 ; Midi,
1,157 fr. 50; Nord, 1,627 fr. 50; Orléans, 1,307 fr. 50; Ouest, 815 fr.
Escompte à la Banque de France 3 pour 100; intérêt des avances, 4 pour 100.
E. Féron.
Le Gérant : A. Bouché.
CHRONIQUE AGRICOLE (s novembre nu).
Lecture des travaux sur lu revision des tarifs de douane à la Chambre des députés. — Objec-
tions faites aux vœux des cultivateurs. — Abaissement du taux des fermages. — L'intérêt
agricole est le premier intérêt français. — ■ Importations du blé et de farines pendant les mois
d'août et de septembre 18S4. — Le projet de congrès national agricole. — Lettre de M. Gatel-
lier, président de la .Société d'agriculture de Meaux. — t'étition adressée au Sénat et à la
Chambre des députés par la Société d'agriculture d'Alger. — Société des agriculteurs de France.
— Réunion des délégués des Associations agricoles. — Création de la ligne des ag.itulteurs du
Nord-Est. — La proposition de loi sur l'impôt des vins. — Résumé de la question. — Vœux des
Chambres de commerce relativement au vinage à prix réduit. — Protestations nécessaire. —
Discussion au Sénat d'un projet de loi sur les mesures contre le phylloxéra dans la zone franche
du pays de Gex. — Recherches de .M. Romiuier et de M. Livache sur la solution du sulfure de
carbone dans l'eau. — Procédé proposé pour le sucrage des vendanges. — Programme du con-
cours générai agricole de Nevers eu 188j. — Date du concours général agricole de l'Algérie à
Sétifen 18S.J. — Analyse du programme. — Concours spéciaux d'instruments. — Concours pour
la culture de la ramie. — Cours de sciences agricoles au Conservatoiie des arts et métiers. —
Nécrologie. — M. Journiac. — Comparaison de l'agriculture anglaise en 1S70 et en 1884. —
Surfaces cultivées et recensements du bétail. — Le herd-book de la race bovine normande. —
Projet d'un herd-book de la race pie-noire bretonne. — .Falsifications dans le commerce des
engrais. — Lettre de .M. Roussille sur des analyses de superphosphates. — Mouvement de la
population en France en 1883.
I. — Toujours la réforme des tarifs de douane.
La question de la réforme des tarifs de douane sur les produits-
agricoles ne paraît pas avoir fait un pis durant celte semaine. La
Commission de la Chambre des députés ne se liâlepas de présenter son
rapport sur le projet de loi du gouvernement et sur les amendements
qui lui sont soumis. L'ardeur des premiers jours s'est beaucoup ralen-
tie; à la hàle d'apporter une solution aux graves questions soulevées
par l'agitation agricole, a succédé un calme trop complet. On a cru
avoir tout fait en nommant une Commission qui paraît chercher à
prolonger outre mesure ses travaux ; du 29 octobre au 7 novembre,
elle ne s'est pas réunie une seule fois. Pendant ce temps, les accusa-
tions portées contre les agriculteurs font leur chemin ; naguère on les
dédaignait, aujourd'hui on coinmence à les écouter. L'exagération est
maniieste, dit-on; l'agriculture est loin de souffrir autant que le pré-
tendent les Comices et les réunions de cultivateurs; la grande propriété
veut maintenir les hauts prix des fermages, elle cherche à surélever les
prix de la production au détriment de la bourse des consommateurs.
II a été répondu mille fois à tous ces arguments, mais il faut y ré-
pondre encore. Que sont devenus les hauts prix des fermages? quel
est le propriétaire qui n'a pas eu à subir de réduction au renouvellement
deses baux? quel est mèmecelui qui a touché intégralement le loyer de
sa terre depuis quelques années? Sans doute il y avait eu une hausse
peut-être exagérée dans les fermages; mais elle a disparu et elle a fait
place à un mouvement de baisse plus rapide encore que l'ancienne
hausse. C'est un fait indiscutable ; le nier, c'est aller à l'encontre de la
lumière la plus éclatante. D'ailleurs, les prétentions des cultivateurs
sont bien modestes; ils ne demandent pas, comme l'industrie, une pro-
tection de 30 pour 100, de /iO pour 100 sur la valeur de leurs pro-
duits; ils réchiment simplement un peu de réciprocité. Leurs vœux
sont simples : c'est queTéquilibre soit établi, dans une certaine mesure
au moins, entre les produits étrangers et les leurs ; c'est qu'ils ne
restent pas seuls chargés de l'écrasant fardeau des impôts qui pèsent
sur leurs épaules. Pour tout homme de bonne foi, il n'y a là que sim-
ple et élémentaire justice; les doctrinaires endurcis peuvent seuls pro-
tester. Nous ne cesserons de le répéter : le principal intérêt français est
l'intérêt de son agriculture; faites que l'agriculture soit prospère, et
toutes les crises industrielles et commerciales disparaîtront. Les culti-
N° 813. — Tome IV de 1884. — 8 Novembre.
202 CHRONIQUE AGRICOLE (8 NOVEMBRE 1884).
valeurs sont les premiers des consommateurs; ils en forment la pha-
lange la plus nombreuse ; leurs intérêts sont les intérêts de toute
la France. Le vrai patriotisme consiste à comprendre celte vérité et à
la mettre en pratique.
II. — Importation du blé en France.
Le Journal officiel vient de publier le relevé des quantités de froment
(gFains et farines), importées et exportées en France depuis le 1" août
jusqu'au 30 septembre, c'est-à-dire pendant les deux premiers mois
de la nouvelle campagne commerciale :
Imporlations (Quint, met.). Exportations (Quint, met.).
Grains. Farines. Grains Farines.
Du 1" au 31 août 1884 ],n5,r.>7 30.817 2,171 1I,.VJ6
Première quinzaine de septembre.. . 285, (ii7 9,410 519 36Ï
Deuxième quinzaine de septembre.. 656,86.î 26,4nî 6,15.5 7,190
Totaux 'i,017,G39 i;G,6-29 8 , 84.S 19,149'
Les importations qui s'étaient sensiblement accrues pendant le mois
d'août ont repris, pendant le mois de septembre, les proportions du
mois de juillet; mais c'est toujours beaucoup plus que les besoins delà
consommation. Quant aux exportations de farines, elles diminuent
constamment. Il est bon de remarquer que ces nombres se rapportent
au commerce spécial, c'est-à-dire aux marchandises destinées à la
consommation intérieure, et non à celles qui sont reçues en transit.
III. — Mouvement des associations agricoles.
M. Gatellier, président de la Société d'agriculture de Meaux, nous
communique la lettre suivante qu'il vient d'adresser, au nom de cette
Société, à toutes les associations agricoles de France :
<v Monsieur le président, l'intensité toujours croissante de la crise agricole a
suggéré l'idée à M. Butel, médecin-vétérinaire à Meaux, d'organiser un Congrès
national agricole qui se réunira à Paris le plus tôt possible, et qui aura à résou-
dre, comme principal problème, la question des droits compensateurs sur le blé
et les autres céréales.
« Ce congrès liabituera l'agriculture à se défendre elle-même, donnera une
force incalculable aux députés dévoués à ses inlérêts et si — par la pression que
son annonce ne peut manquer d'exercer sur les esprits — des droits compen-
sateurs suffisants sont votés avant sa réunion, il lui restera encore une assez
lourde tâcbe : Etude du régime douanier adopté par les pays étrangers au ])oint
de vue des produits agricoles. — Examen du projet de loi sur le crédit agricole —
Etude comparative de renseignement agricole en France et en Allemagne. —
Etude du canal d'irrigation du Rhône. — Représentation légale de l'agriculture.
— Etude critique de nos traités de commerce toujours au point de vue des jiro-
duits agricoles. — Etude des moyens de transport (système belge, tarifs de péné-
tration), etc., etc.
« Vous voyez, Monsieur le président, que ce n'est point la besogne qui man-
quera aux hommes de bonne volonté.
« La proposition de M. Butel, soumise à la Société d'agriculture de Meaux, a
été accueillie favorablement et la Commission à laquelle elle a été renvoyée vient
de décider, à l'unanimité, qu'il était urgent d'y donner suite.
« C'est pourquoi nous venons, Monsieur, demander votre concours et pourquoi
aussi nous vous prions instamment de bien vouloir nous signaler, aussi vite que
possible, les autres questions, qu'à votre avis, il conviendrait de soumettre à ce
Congrès, pour l'organisation duquel nous avons demandé l'appui de tous les
Comices et Sociétés d'agriculture du département de Seine-et-Marne.
a Veuillez agréer, etc. Le Président, E. Gatellier.
Le Rapporteur de la Commission, (j. B'jtel.
D'autre part, M. Xavier Bordet, président de la Société d'agricul-
ture d'Alger, nous adresse le texte d'une pétition à la Chambre et au
CHRONIQUE AGRICOLE (8 NOVEMBRE 1884). 203
Sénat, dont la Société a voté le texte clans sa séance du 1G octobre ;
« La Sociélé d'agriculture d'Alger vient joindre ces doléances à celles des cul-
tivateurs de France.
ce Elle a l'honneur de vous exposer que l'Algérie, colonie à céréales de longue
date, verra son sort bientôt pire que celui de la métropole.
« Eneftet, les prix de revient de la culture du blé en Algérie sont au moins de
25 francs par lOJ kilos rendus à quai d'embarquement, et de 17 francs pour
l'orge ; les frais ne peuvent que s'élever en raison de l'augmentation croissante
du prix de la main-d'œuvre provoquée par l'exécution de grands travaux publics,
chemins de fer, etc. Or, il y a plusieurs années déjà que nous vendois nos céréa-
les au-dessous du prix de revient.
te Les prix de vente actuels sont les suivants : 13 francs les 100 kilos pour le
blé dur, 18 francs pour le blé tendre, 8 francs pour l'orge, à quai d'embarque-
mcnl.
« Les ventes sont très difliciles et on ne prévoit pas que la baisse soit arrêtée.
e: Dans l'intérieur, le blé vaut 8 f'r., l'oige 3 fr. 50 les lOû kilos. Beaucoup de
moissons ont été abandonnées sur pied. C'était inévitable ; il ne faut pas s'en
étonner.
« Quant à la question des semailles nouvelles, il y a partout une grande hési-
tation.
« On nous conseille de transformer notre agriculture dans le sens de là pro-
duction exclusive du bétail ou de la culture de la vigne.
« Mais d'abord, sur une grande partie du territoire, le sol et le climat s'y
opposent et ne permettent que la production des céréales. De plus, pour plaater
de la vigne, nous n'avons pas de capitaux. Notre crédit, diminué pour tous, est
nul pour un certain nombre d'entre nous, déjà ruinés. C'est, d'ailleurs, une œu-
vre de trop longue haleine.
« Quant au bétail, sa production exige des capitaux et des constructions qui
nous font défaut. La concurrence indigène nous permet plutôt l'engraissement que
l'élevage ; mais l'engraissement, pas plus que l'élevage, ne peuvent se faire sans
cultures adjacentes de céréales. D'ailleurs, le bétail chasse l'homme de la terre,
et sa production unique amènera promptement une baisse de la valeur au-des-
sous du taux rémunérateur.
« Au surplus, les t»aités de commerce et les tarifs de pénétration des chemins
de fer qui favorisent les producteurs étrangers sont un sujet de découragement
pour les viticulteurs et les éleveurs.
<c Nous sommes donc prochainement voués à la ruine si des droits de douane
fortement relevés ne viennent conserver aux producteurs nationaux le marché
de la France et de ses colonies. G'e marché intérieur, naguère si envié quand les
campagnes étaient riches, est bien préférable, pour l'industrie comme pour nous,
aux débouchés vainement cherchés à l'étranger.
« Il faut prévoir, si l'on n avise pas de suite, que, d'une part, l'impôt arabe,
basé sur la valeur des céréales, baissera considérablement. Les droits de timbre,
d'enregistrement, etc., diminueiont par suite de la moins-value des propriétés;
les transactions seront arrêtées.
« D'autre part, bon nombre de colons, installés à grands frais pir l'Etat, ne
pouvant produire autre chose que des céréales à perte, menacés en outre de l'éta-
blissement prochain de nouveaux impôts, seront forcés d'émigrer à bref délai. Ce
sera la ruine de la colonie.
« Le relèvement des droits de douane, calculé de manière à compenser les
charges énormes résultant de la dette publique et du colossal budget de la France,
du service militaire, etc., doit être au minimum de :
5 francs pour 100 kilog. de blé.
3 — — d'orge.
3 — — d'avoioe.
6 — — graine de lin.
60 — par bœuf.
6 — par mouton.
20 — par porc.
« Le tarif pour les viandes abattues doit être proportionnel au rendement moyen
de ces diverses espèces d'animaux.
« Nous demandons un tarif de 6 francs par hectolitre de vin pesant moins de
11 degrés d'alcool, et les droits proportionnels sur l'alcool pour chaque degré
en sus.
204 CHRONIQUE AGKIGOLE (8 NOVEMBRE ISik) ,
« Le gouvernement |.eut prendre telles nresures qu'il jugera convenaLies pour
empêcher l'élévation du prix du pain. Le produit des douanes, d'un côté, et le
rétalilif^semer.t delà taxe, de l'autre, lui en donnent les moyers
« Toute autre mesure prise pour porter remède à la situation de l'agriculture
serait un palliatif insuffisant et arriverait trop tard.
« Le Piésidcnl, X. Boudet. — Le St'crélaire principal, Claude.»
Le mouvement des associations agricoles est réellement unanime :
les vœux des agriculteurs sont partout les mêmes, parce que partout
ils se trouvent dans la même situation : diminution constante de leurs
recettes. Nous savons bien qu'on a déjà traversé des crises très dou-
loureuses d'où l'agriculture française est sortie victorieuse; mais on
ne doit pas se lasser de répéter qu'alors ces crises étaient temporaires
et dues à des circonstances accidentelles. Aujourd'hui, il n'en est plus
de même; nous traversons une évolution qui demande du temps pour
s'achever; la permanence et l'aggravation de la crise actuelle ouvri-
ront les yeux de nos législaleurs. Ils doivent se hàler de répondre aux
vœux de l'agriculture tout entière.
IV. — Société des agriculteurs de France.
Nous recevons communication de la lettre suivante qui a été adressée
à tous les présidents des Sociétés et Comices agricoles de France :
Paris, le 4 novemlirc 18S4.
a Monsieur le président, tous les ans vers cette époque, la Société des agri-
culteurs de France, représentée par son Conseil d'administration, lient une ou
plusieurs séances auxquelles elle invile les délégués des associations agricoles
pour étudier les besoins et les aspirations de l'agriculture et fixer le progra urne
de notre session annuelle.
« L'ti gravité des circonstances donne, cette année, une importance exception-
nelle à cette réunion, et le Conseil a décidé qu'il y inviterait toutes les associations,
qu'elles soient affiliées ou non à la Socii'té des agriculleurs de France.
« On parle d'enquête nouvelle, c'est à-dire de nouveaux et mortels délais Pour
nous l'enquête est faite, nous savons d'où vient le mal, il s'agit d'y apporter des
remèdes, et ces remèdes nous les avons maintes fois indiqués. Nous avons une
nouvelle occasion de parler, nous la saisissons avec empressement. Un groupe
agricole de la Chambre des députés a formulé un questionnaire dont nous vous
envoyons cupie. Il nous semble que nous ne saunons mieux faire que de suivre
la voie qui nous est ainsi tracée pai" des mandataires du pays qui s'informent de
nos besoins. Ce questionnaire fera l'objet des délibérations des réunions du Con-
seil auxquelles nous avons l'honneur de vous inviter. Il sera dressé procès -verbal
de ces réunions et ceux de vos vœux qui auront été adoptés seront immédiate-
ment portés à qui de droit par le bureau de la Société et les commissaires
nommés par la réunion même des représentants des Sociétés et des Comices.
« Il faut de prompts et énergiques remèdes, il faut une autre direction im-
primée à notre politique économique. Arrière toutes les questions d'écoles; nous
combattons pour la vie et c'est faire injure aux plus illustres économistes du passé
que de leur attribuer des doctrines qu'ils seraient les premiers à modifier en pré-
sence des faits inattendus qui se manifestent d'un bout du monde à l'autre.
« A l'œuvre donc, messieurs et chers coopérateurs, venez pacifiquement mais
résolument affirmer quels sont nos droits, ce que vous voulez et ce C{u'il nous
faut: vous portez en vous deux forces irrésistibles, le nombre et li raison.
« Recevez, etc. Le président, E. de Dampierre.
Le secrétaiie général^ P. Teissonniére. »
« P. S. — La réunion du Conseil aura lieu le jeudi 20 novembre. Je 9 heures
très précises à 11 heures et demie du matin, et de 2 heures à 5 heures, rue de
Grrenelle, 84. La séance sera reprise, s'il y a lieu, aux mêmes heures, le lendemain
et les jours suivants.
« MM. les présidents des Sociétés et Comices sont priés de vouloir bien ren-
voyer, atHitit le 13 novembre, au siège de la Société, 21, avenue de l'Opéra, la
feuille ci-jointe après y avoir indiqué les noms et adresses des délégués. Dans le
cas oi^i la Société obtiendrait des compagnies de chemins de ier une réduction de
GHRONIQOE AGRICOLE (8 NOVEMBRE 1884). 205
moitié sur le prix dos places, nous enverrioas aux délégués désignés par vous, en
même temps que leur lettre d'entrée, une feuill"- di pirijours pjur leur viya^e.
« Les Sociétés et Comices qui seraient dans l'imiossibilité d'envoyer des délé-
gués, sont priés de faire parvenir leur réponse écrite au questionniire. Ils vou-
dront bien y joindre leurs vœux sur les questions qui intéressent les dii-erses
bran'hes de l'agriculture. Ces vœux seront groupés par les soins de la Sjiiété et
l'eront partie du programme de la session annuelle, au mîis de février 1835. »
Cette lettre est accompagiiée da questioanaire réli;i;ô par le groupe
a^i'icole de la Chauibre Jei députés, et que nous avons publie dans
noire dernière cliroaique.
V. — Lirjae des cullioaleurs du Nord-Est.
Un certain nombre de cultivateurs des départements de Meurlke-et-
Moselle, de la Meuse et des Vosges, réunis à Nancy le 25 octobre, ont
décidé la formation d'une ligue des cultivateurs du Nord-Est pour la
défense des iatérèls économiques de l'agriculture. Elle se propose
principalement d'étudier les nio lifications à apporter aux tarifs de
douane. Le Comilé provisoire, formé de .32 cultivateurs appartenant
aux trois départements, a provoqué une réunion générale du adhé-
rents, qui aura lieu le 15 novembre à iNancy.
VI. — L'impôt sur les vins.
Les discussions relatives au régime des boissons et au vinag^ à pri\
réduit reprennent à la Chambre des députés. Il est utile de bien déter-
miner l'état de la question. A la suite du traité da commerce conclu
avec l'Espagne, le gouvernement a saisi la Chimbre des députés d'un
projet de loi ayant pour objet de réduire à 20 fr. en principal l'impôt
sur l'alcool employé au vinage des vins français pour en porter la
richesse à 15 degrés au maximum. A ce projet, la Commission de la
Chambre des députés chargée de l'éludier a substitué une proposition
émanant de l'initiative parlementaire, qui a été adoptée en première
délibération, et qfte la Commission vient encore de modifier. Le texte
qu'elle présente à la deuxième délibération actuellement ouverte est le
suivant :
Article premier. — Lesvinsprésentant une Force alcooliquesupérieureà 12 degrés
seront soumis au droit simple de consi)m!nation, d'e;itrée et d'octroi pour 1 1 quan-
tité d'alcool comprise entre 12 et 15 de^'rés, et au double droit de consom-
mation, d'entrée et d'octroi pour la quantité d'alcool comprise entre 15 et
21 degrés.
Les vins présentant une force alcoolique supérieure à 21 degrés seroiit imposés
comme alcool pur.
Art. 2. — La tolérance de 1 pour 100 sur le degré résultant de l'article 7 de la loi
du 21 juin 187.3 est supprimée.
Art. 3. — Un règlement d'administration publique déterminera les conditions
dans lesi[uelles les vins présentant naturellement une force alcoolique supérieure
à 12 degrés sans dépasser 15 pourront être transportés avec exemption do
droit de la cave du récoltant au domicile du destinataire.
Art. 4. — La qualification et le terme de vin sont réservés exclusivementaux
produits résultant de la fermentation du jus de raisins frais.
Art. 5. — Les vins qui ne proviennent pas directement de la vendange, à savoir :
les vins coupés, les vins additionnés d'alcool, les vins ou piquettes de raisins secs,
les vins de seconde cuvée et en général toute boisson vineuse qui n'est pas le
résultat exclusif de la fermentation du jus de raisins frais, doivent être vendus
comme tels.
La nature de la marchandise doit être, le cas échant, mentionnée dans
la facture.
Art. 6. — Tout débitant de boissons mentionnées à l'article 5"devra : 1" En faire
206 CHRONIQUE AGRICÛLK (8 NOVEMBRE IR84).
la déclaratiou préalable, soit à la mairie de sa coin m une, soit à l'administration des
contributions indirecies de son domicile;
2" Afiicher dans les locaux de vente et à une place apparente la nature desdites
boissons.
Art. 7. — Les contraventions aux prescriptions des articles 4, 5 et 6 de la pré-
sente loi seront poursuivies à la requête de l'administration des contributions indi-
rectes, conformément aux lois sur la matière et punies des peines de simple police.
Art. 8. — En cas de récidive, ces contraventions seront punies des peines
édictées par l'article 423 du code pénal.
Il y a récidive toutes les fois qu'une contravention nouvelle est constatée dans
les douze mois qui suivent la précédente.
Art 9. — Toutes dispositions législatives contraires à la présente loi sont
abrogées.
Le premier article de cette proposition a soulevé de vives protesta-
lions chez les viticulteurs : nous les avons enregistrées, et nous les
avons appuyées, mais la Chambre des députés n'en a pas tenu compte
jusqu'ici. Avant la deuxième délibération, le ministre du commerce a
demandé l'avis des Chambres de commerce; ici encore nous retrouvons
les mêmes sentiments : les Chambres les plus autorisées dans le com-
merce des vins, celles de Bordeaux, de Montpellier, de Aarbonne, de
Perpignan, de Cette, s'élèvent avec énergie contre la proposition de la
Commission. Les arguments se pressent pour démontrer combien cette
proposition est irrationnelle. Ce serait, en efîet, créer la situation la plus
injuste à la viticulture française que de la placer sous une légi-lation
qui « condamnerait, ainsi que le dit très bien la Chambre de com-
merce de Bordeaux, à la fois l'œuvre de la nature, les encouragements
légitimement dus à la perfection du produit et les moyens les plus
efficaces de lutter contre la concurrence étrangère, sans remédier, en
rien, à la situation souvent précaire des vins fnnçais à bas titre, qui
sont les plus nombreux. » Nous espérons donc que la proposition de
la Commission ne sera pas adoptée par la Chambre des députés; les
défenseurs des intérêts vilicales doivent la combattre énergiquement.
VII. — Le phylloxéra.
Nous avons annoncé que M. le colonel Meinadier avait présenté au
Sénat le rapport sur le projet de loi présenté par le ministre de l'agri-
1 alture tendant à rendre applicable à la zone franche du pays de Gex
I L de la Haute-Savoie la loi relative aux mesures contre l'invasion et la
propagation du phylloxéra en Algérie. Ce rapport conclut à l'adoption
liu |)rojet, mais en en limitant l'application à trois années, c'est-à-dire
iusi|u'au 31 décembre 1887. Le Sénat en a adopté les conclusions en
[jremière délibération dans sa séance du 5 novembre.
Les comptes rendus de l'Académie des sciences publient deux notes
que nous devons signaler. Dans la première, M. Rommier rappelle ses
recherches antérieures sur l'emploi de la solution aqueuse de sulfure
de carbone pour faire périr le phylloxéra et, dans la seconde, M. Liva-
che indique un procédé pour la préparation rapide de liqueurs titrées
de sulfure de carbone. M. Rommier fait observer qu'il suffirait déten-
dre de quatre fois son volume d'eau la solution de sulfure pour obtenir
un liquide capable de faire périr le phylloxéra sans risquer de nuire à
la vigne. Aux prix actuels du sulfure de carbone et du sulfocarbonate
de potassium, cette solution pourrait remplacer le sulfocarbonate avec
grande économie, en ajoutant même, après le traitement, du chlorure
de potassium pour remplacer la potasse du sulfocarbonate. C'est une
CHRONIQUE AGRICOLE (8 NOVEMBRE 1884). 207
questioa que les viticulteurs doivent étudier de près, car il est de la
plus haute importance de chercher tous les moyens propres à obtenir
des réductions dans les frais de traitement des vignes.
VIII. — Sucrage des vendanges
Nos lecteurs savent, par la lettre du ministre des finances parue dan s
nos colonnes (Journal du 1 1 octobre, page 43 de ce volume), que le
Comité consultatif des arts et manufactures a été saisi de l'examen
d'un procède propre à dénaturer les sucres destinés au sucrage des
vendanges, avec réduction de droits. On annonce que le Comité con-
sultatif a, sur le rapport de M. Aimé Girard, approuvé ce procédé, qui
consiste à arroser le sucre avec du moût de raisin, à raison d'un hec-
tolitre versé sur 100 kilog. de sucre. L'opération devrait se faire sous
les yeux de la régie, el le vigneron emporterait ensuite le sucre
dénaturé.
IX. — Concours général agricole de Nevers.
Tous les agriculteurs connaissent l'importance du concours agricole
que tient chaque année à Nevers, avant le concours général de Paris,
la Société départementale d'agriculture de la Nièvre. Le concours
de 1885 aura lieu du 28 janvier au 1" février; il comprendra, comme
les années précédentes, des concours d'animaux gras des races bovines,
ovines et porcines, de volailles vivantes, de beurres, fromages et pro-
duits agricoles, de vins de la Nièvre, des expositions d'animaux repro-
ducteurs des races bovines nivernaise et durham, d'étalons de trait à
robe noire, des races asines, ovines et porcines, et enfin une exposition
générale d'instruments d'agriculture. Les exposants doivent adresser
leurs déclarations à M. Vallière, secrétaire de la Société d'agriculture,
à Nevers, avant le 3 1 décembre.
X. — Concours général agricole de l'Algérie en 1885.
Par suite de la succession, dans les trois provinces, du concours
général agricole organisé chaque année par le ministère de l'agricul-
ture en Algérie, le prochain concours se tiendra dans la province de
Constantine. Il aura lieu à Sétif, du i) au 14 juin 1885. Voici l'analyse
du programme de ce concours.
Pour la prime d'honneur, les prix culturaux, les prix d'ix'rigation
et d'améliorations diverses, les prix destinés aux agents et ouvriers,
le concours est ouvert entre les agriculteurs de la circonscription
ouest de la province de Constantine, comprenant les communes de
plein exercice de Aïn-Abessa, Aïn-Rouah, Aïn-Tagrout, Akbou, Bordj-
Bou-Arréridj, Bougie, Bouhira, Djidjelli, Duquesne, El-Kseur, El-
Ouricia, Oued-Amizour, Saint-Arnaud, Sétif, Strasbourg, et les com-
munes mixtes de Akbou, Bibans, Bord-bou-Arréridj, les Eulmas,
Fénaïa, Guergour, Oued-Marsa, Sétif, Sidi-Aïch, Tababort, Taher et
ïakiloun. — Les concurrents devront se faire inscrire à la préfecture
de Constantine, avant le l" janvier 1885.
Voici les principales parties de l'exposition de Sétif :
Animaux reproducteurs. — Espèce bovine, 3 catégories : 1" races africaines
(2 sous-catégories : race de Guelma et autres races africaines); 2" races d'Europe
(3 sous-catégories : races laitières, races spécialement aptes à la production de la
viande, races de travail) ; 3" croisements divers. — Espèce ovine, 4 catégories :
1" races africaines des hauts plateaux du Su 1, à face brune et à lace blanche:
2" croisements entre mérinos et races algériennes; 3" races mérinos et métis
mérinos d'Europe nées et élevées, soit en France, soit en Algérie; 4» races
203 CHRONIQUE AGRICOLE (8 NOVEMBRE 1884).
diverses. — Espèce porcine, 2 catégories : 1° races étrangères pures ou croisées
entre elles; 2" races irançaises pures ou croisées. — Animaux de basse-cour
(coqs et poules, dindons, oies, canards, pintades et pigeons, lapins et léporides).
— Espèce cauuline (chameaux, dromadaires, méharis et analogues). — Autruches.
Animaux gras. — 6 sections: 1° bœuls; 2" vaches; 3" moutons; 4" porcs;
b" bandes de bœul's (quatre animaux au moins de même provenance et de même
race); 6° bandes de moutons (quinze animaux au moins de mùme jîrovenance et
de même race).
Machines et instruments agricoles. — Exposition générale ouverte à tous
les constructeurs, inventeurs et marchands, sans condition de nationalité ni de
lieu de résidence. Il y aura en outre, cinq concours spéciaux : 1" appareils pour
la préparation et 1 ensilage des fourrages verts (hache-fourrages, spécimens de
silos, etc.) ; 2" semoirs et appareils ti leurs et nettoyeurs ; 3" appareils à décortiquer
et à préparer la filasse de ramie; 4° appareils propres à la création de vignobles
et à la culture de la vigne, répartis en cinq classes : appareils propres au défon-
cement du sol et à la plantation; charrues vigneronnes; herses, scarificateurs,
extirpateurs, etc.; matériel de vendange; apiiareils vinairos et matéiiel de chais;
5° appareils de sondage en vue de la recherche des eaux.
En outre, les récompenses suivantes sont mises à la disposition du jury :
1" Une médaille d'or, une médaille d'argent et quatre médailles de bronze pour-
ront être décernées, s'il y a lieu, par le jury, aux fabricants de machines agricoles
établis en Algérie qui auront présenté les meilleurs instruments. Ces récompenses
pourront se cumuler avec les prix mentionnés dans les concours spéciaux.
2" Des médailles pourroût être accordées par le ministre, sur la proposition, du
jury, pour les machines et instruments nouveaux qui seraient appropriés spéciale-
ment à la culture algérienne et de nature à favoriser son développement.
Pro3Uits agricoles et horticoles. — Les producteurs appartenant à l'Al-
gérie et aux pays africains limitrophes seront admis à exposer. — Les produits
seront répartis en 9 catégories : 1" échantillons des plantes agricoles cultivées ou
exploitées; 2° produits agricoles non alin:entaires; 3° produits agricoles alimen-
taires; 4° produits de l'horticulture et de l'arboriculture; 5" produits des exploi-
tations forestières; 6" produits de l'ostréiculture et de la pisciculture; 7" modèles
et dessins; 8" expositions scolaires; 9" expositions collectives faites par des
Sociétés d'agriculture ou d'horticulture.
Concours spécial de ramie. — En raison de l'intérêt que présente pour
l'Algérie l'extension de la culture de la ramie, des récompenses spéciales sont
mises à la disposition du jury, savoir : une médaille d'or et une médaille d'argent
pour les agriculteurs qui présenteront les meilleurs échantillons de tiges de
ramie; une médaille d'or et une médaille d'argent aux agriculteurs qui justiheront
des plus grandes surfaces cultivées en ramie.
Nous croyons utile d'appeler spécialement l'attention sur ce dernier
concours spécial. — Les exposants pour les diverses parties du con-
cours régional doivent adresser leurs déclarations au ministère de
l'agriculture avant le 10 avril 1885.
XI. — Conservatoire des arts et métiers.
Nous recevons le programme des cours de sciences appliquées aux
arts, qui seront professés, pendant l'année 1884-85, au Conservatoire
des arts et métiers, à Paris. Nous en détachons ce qui est relatif à
l'agriculture :
Chimie agricole et analyse chimique. Les mercredis et samedis, à neut heures
du soir. AL Boussingault, professeur; ]\L Schloesing, suppléant. Le cours
ouvrira le mercredi 5 novembre. Objet des leçons : Etude chimique de l'atmos-
phère au point de vue de la nutrition des végétaux. — Analyse minérale appliquée
aux matières agricoles.
Agriculture. Les mardis et vendredis, à sept heures trois quarts du soir.
M. Ed. Lecouteux, professeur. Le cours ouvrira le mardi 4 novembre. Objet
des leçons : L'agriculture comparée de la France, de l'Angleterre, des Etats-Unis,
de la Russie et de l'Algérie, en 1884. — Les divers milieux naturels et écono-
miques, sols, climats, débouchés. — Produits animaux et végétaux. — Frais de
production. — Profits et pertes. — La crise actuelle.
CHRONIQUE AGRICOLE (8 NOVEMBRE 1884). (209
Travaux agricoles et génie rural. Les mercredis et samedis, à sept heures trois
quarts du soir. M. Gh. de Comgehoussë, professeur. Le cours ouvrira le mer-
credi 5 novembre. Objet des leçons : Introduction : la ville et la campagne. —
Description et élude de la ferme ; habitation et dépendances; bâtiments ruraux ;
logements des animaux; conservation et préparation des récoltes; machines d'in-
térieur. — Apiculture.
Los cours du Conservatoire des arls-et-métiers sont publics et gra-
tuits.
XII. — Nécrologie.
Nous apprenons la mort de M. Jean Journiac, [arboriculteur à Bu-
chelay, près Mantes (Seine-et-Oise), décédé dans sa soixante et
onzième année. Un lui doit plusieurs travaux estimés sur l'arboricul-
ture; il a été pendant plusieurs années collaborateur du Journal.
XIII. — L'agriculture anglaise.
Chaque année, au mois de juin, on fait en Angleterre une statistique
des surfaces consacrées aux diverses natures de récoltes et au dénom-
brement du bétail. Nous croyons qu'on lira avec un certain intérêt le
résultat des évaluations pour l'année 1884, et le rapprochement des
mêmes évaluations pour l'année 1870. On saisira ainsi sans peine le
mouvement qui se produit dans l'agriculture britannique. Voici le
tableau des terres cultivées dans l'ensemble du Royaume-Uni^ y com-
pris l'Irlande :
1870. 1884. AugmenUtion. Diminution.
Heclare^. Hectares. Hectares. Hectares.
Céréales et graines légumineuses... 4, 702, 021 4,û4ô,.S05 » 6.ïG,7l.')
r'ommes de tei'i-e' 6ô.j,718 649,5^4 .. 106,184
Antrci récoltes vertes 1,3S7,136 1,344,010 .. 43,126
Tréne et fonri-aiçes assolés 2,.5.'8,0.i0 2,0.56,961 28,911
Pâtures pei-maiienles 8,83i,118 10,266,882 1,432,764 »
Lin 87,548 36, ,578 » 50,970
.Koublon 24,239 27,704 3,465 »
Jachères et terres sans récoltes 252,118 309.417 57 ,299 »
Surface cultivée totale 18,470,948 19,136,392 'l, 522, 439 's56,995
Les deux principales différences consistent dans la diminution des
terres consacrées aux céréales et dans l'augmentation, bien plus con-
sidérable encore, de l'étendue des prairies ou pâtures permanentes.
Cet accroissement est progressif, et il est constant dans toute l'agricul-
ture britannique; de 1883 à 1884, une augmentation de 151,475 hec-
tares de prairie est accusée. Pendant qu'en France on tergiverse,
qu'on discute encore sur l'opportunité de la transformation qui s'im-
pose, les cultivateurs anglais marchent sans s'arrêter dans cette voie.
Aussi, de 1870 à 1884, la population des animaux domestiques a sen-
siblement augmenté, ainsi que le montre le tableau suivant •
1870. 1884.
Chevaux 1 ,808..040 têtes. 1 ,904,515 têtes,'
Bêtesbovines 9,235,052 — 10,422,762 —
— ovines 32,786,7.s3 — 29,376,787 —
— porcines 3,6.50,730 — 3,906,205 —
Il est vrai qu'il y a une diminution de 3,410,000 bêtes ovines;
mais elle est largement compensée par une augmentation de plus de
9(i, 000 chevaux et de près de 1,188,000 bêtes bovines. Sans doute,
l'agriculture anglaise subit aujourd'hui une crise analogue à la nôtre ,
elle ne la traverse pas sans souffrir et sans laisser des victimes ; mais
cette crise est sensiblement moins aiguii que chez nous, les profits que
donne le bétail étant beaucoup plus élevés qu'en France. . ,> ...^.
210 CHRONIQUE AGRICOLE (8 NOVEMBRE 1884).
XIV. — Herd-book des races bovines.
Nos lecteurs ont été tenus au courant des efforts faits par les Con-
seils généraux et les Associations agricoles des départements du Cal-
vados, de l'Eure, de la Manche et de la Seine-Inférieure, pour la
création d'un lierd-book de la race bovine normande pure. Ces efforts
ont été couronnés de succès ; la Commission du lierd-book a parcouru
les étables des quatre départements; le premier bulletin des inscrip-
tions d'origine vient de paraître. On y compte 262 animaux inscrits,
dont 33 mâles et 229 femelles; ils se répartissent ainsi : Manche,
18 mâles et 94 femelles; Seine-Inférieure, 11 mâles et 69 femelles;
Eure, 1 mâle et 34 femelles; Calvados, 3 mâles et 32 femelles. Le
deuxième bulletin, qui paraîtra en 1885, contiendra la fin des repro-
ducteurs classés au même titre. Il est probable que le département de
l'Orne figurera alors dans le herd-book, car la somme nécessaire pour
sa participation aux dépenses a été réunie par les agriculteurs du
département.
L'exemple donné en Normandie est suivi en Bretagne, Une com-
mission s'est formée pour organiser un lierd-book de la race bretonne
pie-noire; elle a commencé ses travaux. Les Conseils généraux du
Morbihan et du Finistère lui ont alloué, le premier 2,000 francs, le
deuxième 1 ,000 francs ; elle a reçu, d'ailleurs, des Sociétés d'agriculture
de Vannes, Lorient, Pontivy et Quimperlé une somme de2,000 francs.
C'est une excellente initiative à laquelle nous devons applaudir, en
félicitant d'autre part, M. de Lapparent, inspecteur général de l'agri-
culture pour la région, du concours qu'il donne à cette œuvre d'inté-
rêt général, comme il l'a donné d'ailleurs à la Commission du herd-
book normand. L'organisation de livres généalogiques est le plus grand
service que Ton puisse rendre à l'élevage; lorsque toutes nos bonnes
races françaises auront leurs livres généalogiques, on apprendra
davantage à les apprécier. C'est le devoir des Associations agricoles de
mener ces entreprises à bonne fin, en secondant les hommes qui en
prennent l'initiative.
XV. — Fraudes dans le commerce des engrais.
M. Roussille, chimiste agricole, à Paris, nous communique la lettre
suivante qu'il vient d'adresser à un journal deJChâteaudun (Eure-
et-Loir) :
« J'ai écrit autrefois que jamais messieurs les fraudeurs ne seraient pris de
court, et que, dès qu'une de leurs manœuvres dolosives serait éventée, ils en
trouveraient rapidement une autre. C'est ainsi que le truc du pliospho-guano
ayant été signalé de tous côtés, ils se sont rabattus sur les superphosphates d'os
dits purs.
« Le superphosphate d'os pur est remarquable par la presque totalité de son
acide phosphorique soluble dans l'eau, par la très faible proportion de matière
minérale insoluble et aussi par l'absence jiresqae complète de phosphate de fer,
enfin par la présence d'une certaine proportion de matière azotée d'une nature
spéciale, sans parler d'autres caractères qu'il est inutile de publier, car chaque
fois qu'un chimiste publie un caractère d'une substance, on est siir que messieurs
les fraudeurs mettent la révélation à profit.
« Parmi les échaniillons qui ont été adressés cette année à mon laboratoire,
57, rue Truffaut, à Paris, par les agriculteurs d'Eure-et-Loir, une partie notable
était de superphosphates d'os purs ou prétendus tels. Les os purs ont fourni des
résultats analytiques dont le type est offert par un échantillon venant du canton
de Gloyes et dosant :
Aciile pliosptioriijue sohible dans l'eau 15.87
Acide phosphorique soluble dans le citrate l-H
CHRONIQaE AGRICOLE (8 NOVEMBRE 188'i). 211
X Les superphosphates indûment appelés superphosphates d'os ont fourni des
résultats dont les types les plus remarquables sont :
Echiintillon ii". 7S. Echantillon n° 85,
Acide phospliorique snluhle dans l'eau.. . 1.;10 1.7;i
Acide |jliosphoriquesoluhle.ians le citrate. I;i.l7 12.09
Acide phospliuiiciue insoluble 2.()8 4. HO
« La comparaison entre les divers chiffres de ces dosages en dit plus que tous
les raisonnements possibles, mais il n'y a pas eu que deux victimes de cette trom-
perie éhontée, bien d'autres cultivateurs ont été atteints et il importe que notre
malheureuse agriculture, si cruellement atteinte depuis nombre d'années par des
causes diverses, soit protégée eflicaceraont par les lois existantes. — Il ne faut
pas que les dupeurs puissent éternellement se moquer de leurs victimes. — Je
ne saurais donc trop engager les cultivateurs volés à s'adresser à M. le procu-
reur de la République qui saura bien leur faire rendre justice.
<c Veuillez agréer, etc. Albert Roussille,
Ancien professeur aux Ecoles nationales d'agriculture, chimiste agricole
La vigilance la plus extrême s'impose aux cultivateurs quand ils
achètent des engrais; mais il faut ajouterque ceux qui le veulent peu-
vent échapper aux fraudeurs. Se renseigner et ne s'adresser qu'à des
maisons honorablement connues, telle est la première condition; ne
prendre livraison qu'après garantie de composition, telle est la
deuxième. Cette dernière condition cause parfois des défangeraents,
des ennuis ; mais elle sauvegarde des mécomptes. Les habitudes bien
prises feront plus que les meilleures lois pour empêcher les fraudes.
XVI. — Mouvement de la population en France.
Le Journal o/ficiel vient de publier le tableau du mouvement de la
population en France pendant l'année 1883; ce mouvement dans son
ensemble, est à peu près le même qu'en 1882. On a compté
937,944 naissances contre 841,101 décès; l'excédent des naissances
sur les décès est de 96,843. En 1882, cet excédent était de 97,027 et
en 1881, de 108,229. Le fait qui domine la situation, c'est la dimi-
nution de la natalité ; on compte, en effet 29 départements dans lesquels
pendant la dernière année, le nombre des décès a surpassé celui des
naissances ; ce sont : Basses-Alpes, Alpes-Maritimes, Aube, Bouches-
du-Rhône, Calvados, Côte-d'Or,Drôme, Eure, Eure-et-Loir, Gard, Haute-
Garonne, Gers, Gironde, Hérault, Lot, Lot-et- Garonne, Manche,
Haute-Marne, Meuse, Oise, Orne, Puy-de-Dôme, Rhône, Sarthe, Seine-
et-Oise, Somme, Tarn-et-Garonne, Var, Vaucluse. Les départements
normands continuent, à l'exception de la Seine-Inférieui'e, à tenir le
premier rang dans cette liste trop longue. Henry Sagnier.
SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE
Séance du 5 novembre 1884. — Présidence de M. Chevreul.
M. Carnot, membre associé national, est invité à prendre place
parmi ses confrères. — Après la lecture du^procès-verbal de la séance
du 27 août, M. Passy, vice-secrétaire donne connaissance à la
Société des communications reçues pendant les vacances.
M. Passy fait ensuite part à la Société des pertes qu'elle a subies
pendant les vacances. « La Société, dit M. Passy, voudra s'associer
tout spécialement, par l'unanimité de ses regrets, à la douleur que
nous a inspirée la mort de notre cher et regretté contrère e^ecrétaire
perpétuel, M. Barrai. » M. le vice-secrétaire donne, suivant l'usage,
lecture des paroles d'adieu qu'il a prononcées sur la tombe de
M. Barrai. Cette lecture est accueillie par des applaudissements.
La Société a également perdu pendant les vacances, MM. Rodât,
212 SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE DE FRANGE.
lauréat de la prime d'honneur de l'ArdècIie, et M. Faucliet, de Rouen,
tous deux correspondants dans la section de jurande culture.
La Société d'agriculture du Var envoie le compte rendu du congrès
vilicole de la région du Sud-Est, tenu à Draguignan ; M. J. Richard,
une brochure sur le prolectionnisme rationnel; M. Paul Muller, cor-
respondant, une note sur le sucrage des vins et les vins de marc.
M. Sacc envoie de Cocliabamha (Bolivie) un échantillon d'amidon
d'arracacha, qui est, dans plusieurs parties de l'Amérique, une véritable
succédanée de la pomme de terre.
M. llenou, présente le résumé des observations météorologiques
faites à l'observatoire du parc de Saint-Maur, octobre 1884,
M. Bouquet de la Grye offre à la Société les Notions de sylviculture
enseignées à l'école normale des Vos2;es, par M. Muel, inspecteur des
forêts ; et une brochure rédigée par M. André Thil, inspecteur adjoint
des forêts et intitulée : Achat, récolte et préparalion des graines rési-
neuses employées pur V aduiinisiration des forêts.
M. Gayol présente un ouvrage traitant des haras français, de leur
production, de leur amélioration et de leur élevage, rédigé d'après les
notes dressées par M. le comte Gabriel de Bonneval, ancien inspec-
teur général des haras, de 1806 à 1833, par son petit- lils, M. le comte
Timcléon de Bonneval.
M. Gayot présente également, de la part de M. le directeur de la
ferme-école de la Pilletière (Sarthe), un ra[)port de M. Vezin, élève
diplômé de l'école de Grand'Jouan, sur l'influence qu'exerce l'incli-
naison du pavage des logements des animaux sur leur accroissement.
M. des Cars offre à la Société, de la part de l'auteur, M. Léonide
Guyot, ancien conservateur des forêts, un volume intitulé : Les Droits
de handile dans le comté de Nice, histoire, jurisprudence, opportunité
de leur extinction.
M. Bouley fait hommage de l'éloge biographique de M. Delafond,
ancien membre de la Société, éloge qu' il a prononcé à la Société cen-
trale de médecine vétérinaire dans sa dernière séance solennelle.
M. Gaston Bazille donne quelques détails sur les vendanges dans le
département de l'Hérault. La résistance des vignes américaines s'est
affirmée une fois de plus. Dans l'arrondissement de Montpellier, on a
fait une vendange véritable. — Presque toutes les communes ont récollé
du vin, et de bons vins. Les vignes greffées ont répondu aux espé-
rances que l'on avait fondées sur elles. Certains propriétaires, entre
autres M. S. Bastide, au château d'Agnac, ont vendu jusquà
90,000 francs de vins récollés sur souches américaines.
Trente mille hectares sont actuellement reconstitués dans l'Hérault
alors que l'année dernière 20,000 seulement étaient replantés, et cette
année, si la pluie arrive, on fera de grandes plantations.
Faisant allusion à certaines affirmations de M. de Lafitte, M. Gas-
ton Bazille ajoute que, dans l'Hérault, les vignes américaines ne sont
pas traitées par les insecticides et que le cas signalé par M. de Lafitte
s'applique simplement à une douzaine de pieds de Jacquez, situés dans
la commune de Vauvert (Gard) et qui dépérissaient parce que le sol
était trop peu profond. En résumé, dit M. Gaston Bazille, nous
sommes très satisfaits des résultats obtenus cette année; la reconsti-
tution du vignoble suit une marche ascendante dans laquelle elle ne
s'arrêtera plus. Georges Marsais.
LA CRISK AGRICOLE ET LE MKTAYAGE EN BOURBONNAIS. 213
LA. GRISE AGRICOLE ET LE METAYAGE
EN BOURBONNAIS
A voir et à entendre les nombreuses consultations que chacun
s'elïorce de donner au sujet de la crise ap;ricole, on peut aisément
croire notre jurande malade dans un état extrême de faiblesse.
Cependant toute triste et noire que soit sa situation, notre devoir tst
non point de nous désespérer, mais de l'envisager avec sang-froid.
Avant de se livrer tête baissée et tout entier à tel ou tel système éco-
nomique, il faut nous reconnaître. Nous devons éviter ces remèdes
extrêmes qui, pris sans mesure, nous mènent plus sûrement à la mort
qu'à la guérison : et Dieu merci, nous avons envie et besoin de vivre!
Sur un tel sujet, je n'aurais garde de me présenter avec une nouvelle
panacée. C'est simplement quelques observations sur un état particu-
lier de notre agriculture que je veux essayer de mettre en lumière;
car, comme le pensait si judicieusement M. Barrai, en pareille matière,
les conclusions doivent sortir d'elles-mêmes des observations uni-
verselles.
A quel degré d'intensité en est la crise en notre pays de métayage
du Bourbonnais? Telle est la question que je me propose d'envisager.
Le métayer, comme chacun le sait, n'est pas un ouvrier salarié,
c'est un véritable associé, et sa part est d'autant plus forte qu'il tra-
vaille avec plus de courage et d'intelligence. Son bien-être découle
donc de la prospérité de l'agriculture. Aussi le voyons-nous aujour-
d'hui sentir les durs contre-coups de cette crise que personne n'ose
nier, et qui menace de grandir s'il n'y est bientôt porté obstacle. Vous
n'avez qu'à suivre nos trop nombreuses et trop fréquentes foires et
vous verrez avec quelle mine désespérée on se raconte le vil prix du
blé et la difficulté de vendre sa récolle!
C'est que jadis le métayer était un homme aisé, et il lui semble dur
aujourd'hui de sentir les étreintes de la gêne. Croyant à l'éternité des
grasses années, il se plaisait à escompter l'avenir, car chaque récolte
venait augmenter son petit pécule. 11 ne craignait pas, lorsqu'une
terre se vendait en détail, d'en acheter une part de beaucoup supé-
rieure à l'argent qu'il avait en poche. — Bast! se disait-il, en trois
années nous payerons tout. Grâce à son travail, à son épargne, les
choses, le plus souvent, arrivaient ainsi. Le vieux métayer, il est vrai,
qui n'avait pas toujours été au large, savait apprécier la valeur des
vieilles réserves, et à force d'économie, il se mettait encore facilement
au-dessus de ses affaires.
Mais aujourd'hui le jeune, élevé dans une plus grande abondance,
ne se croit plus tenu aux mêmes errements de parcimonie. Entraîné
par les occasions plus nombreuses et plus impérieuses, il dépense
sans trop compter l'argent qu'il a en poche. Comme sa nature le pousse
lui aussi à arrondir le bien paternel lorsqu'une parcelle voisine s'y
prête, il achète, pense facilement payer, tout confiant qu'il est en un
heureux avenir. Mais au quart d'heure de Rabelais, il lui faut emprun-
ter : il n'avait pas prévu que les années des vaches maigres pouvaient
succéder aux années des vaches grasses. Et c'est ainsi que chaque
jour nous voyons le pauvre métayer s'endetter malgré son travail
opiniâtre, à ce point que cette année beaucoup ont eu fréquem-
214 LA CRISE AGRICOLE £T LE MÉTAYAGE EN BOURBONNAIS.
ment recours à la bourse de leur patron pour payer les menus frais
courants.
Cette gêne ne pourrait bien être que passagère et facile à conjurer
si la mévente des grains ne l'aggravait chaque jour et ne lui donnait des
proportions par trop alarmantes. En effet, malheureusement peut-être,
le métayer de notre pays aime par dessus tout la culture du grain.
Celle récolle lui donnait en une seule fois à la vente un assez grand
produit. Quant au bétail, il n'en comprenait pas la nécessité absolue,
et la crise lui ouvrira sans doute les yeux sur ce point. Si la crise eût
été moins brusque, il eût pris ses précautions; mais il a été complè-
tement surpris. 11 s'endort ayant cinq francs dans la main, il se ré-
veille et n'en trouve que trois ! Triste déception et que rien ne pouvait
compenser, puisque la quantité du grain récolté, loin d'augmenter,
aurait tendance à diminuer.
Le contre coup de cette baisse qui amenait la gène d'une classe
nombreuse de travailleurs, ne tardait pas à se faire sentir de toutes
les façons. Les propriétés qui se vendaient au détail jusqu'à 3,000 fr.
l'heclare et plus, ne trouvent plus preneur à 2,000. Avant, c'était au
plus adroit, la terre était à l'enchère; aujourd'hui on prie les gens, et
ils n'osent répondre aux offres qui leur sont faites.
Ce sont les terres réputées les plus fertiles qui accusent la plus
grande baisse. Dans la région de Bellenaves, Gannal, Saint-Pourrain,
plantureuse contrée que forme la suite de la Limagne, la valeur vénale
de la terre a baissé de plus de 30 pour 100 ; et il n'est point que les
terres où l'on cultive surtout le froment qui baissent, c'est un fait géné-
ral. Ainsi dans les cantons de Bourbon, Montmarault, Marcillat et
autres centres d'élevage où la culture fourragère et la prairie tiennent
une large part, nous constatons également une décroissance très no-
table dans le nombre et la valeur des ventes.
Dans un de ces cantons, en 1880 il avait été fait 244 actes pour un
capital approximatif de 990 OCO Francs.
En 1881 , 240 actes 950 000 —
En 1882, 2fi0 actes 730 000 —
En 1883, 235 actes 800 000 —
L'année 1884 s'annonce de beaucoup la plus mauvaise.
Chose très rationnelle, c'est qu'à mesure que le nombre et la valeur
des ventes diminuent, les prises d'hypothèques et d'obligations aug-
mentent, comme le prouve le tableau suivant :
En 1880, 350 actes pour 340 000 Francs
En ISSlj 329 actes pour 279 000 —
F,n 1882, 355 actes pour 420 000 —
En 1883, 395 actes pour 490 OOO —
Et sien 1881 le nombre el la valeur des obligations prises a élé
moindre, cela tient assurément à la récolte exceptionnelle de l'année.
Allez chez tous les notaires et partout il vous sera fait de semblables
aveux.
Pour la vente du bétail, il nous arrive ce que nous prévoyons tous.
Chaque année nos bons bœufs maigres partent pour le Nord où ils vont
faire une grande partie du travail des distilleries et des sucreries et
finalement s'engraisser à la pulpe. Plus atteints que nous, les sucriers
sont venus en très petit nombre et ils n'ont achetéà baisse que la mar-
chandise de premier choix. Nous voilà donc depar ce fait très inquiets sur
l'avenir du bétail. Nous espérions, et tout le monde nous le disait,
LA CRISE AGRICOLE ET LE MKTAYAGR EN BOURBONNAIS. 215
que ce serait là notre planche de salut, et à peine mettons-nous un
pied dessus que nous la sentons craquer.
Les souffrances du fermier sont encore bien plus fortes que celles
du métayer qui se trouve çjaranti par son association avec le proprié-
taire. Lorsqu'il a un Ions; bail ou une grande confiance dans celui
qu'il appelle son maître, il ose espérer de l'avenir. Il fera économie sur
tout, il travaillera davantage.
El puis, ceci sans le guérir le console peut-être un peu, il voit le
propriétaire plus atteint (jue lui ; car les frais augmentent chaque
jour, et le revenu diminue dans une grande proportion. Une propriété
qui rapporlail bonanmalan G, 000 francs, n'en donne plus que 4,000.
C'est là, ce me semble, pour les propriétaires un joli petit déficit.
Mais revenons au grand malade, au fermier.
C'est surtout du fermier-métayer que je veux parler. Les fermiers
^généraux en effet sont devenus peu nombreux. Leurs fermes sont géné-
ralement faites dans d'assez bonnes conditions. Comme ils ont d'ail-
leurs des avances sérieuses et les connaissances spéciales, ils sont
armés pour lutter plus que tous les autres. En un mot, leur posi-
tion se rapproche beaucoup de celle du propriétaire cultivant avec
métayers.
11 n'en est plus ainsi pour le métayer devenu fermier. A une époque,
qui n'est pas très éloignée, tous les métayers voulaient devenir fermiers.
Ils pensaient sans doute avoir une plus grande liberté, et peut-être
nussi un plus grand profit. Beaucoup de propriétaires éblouis par les
offres qui leur étaient faites affermèrent à leurs métayers. De celte façon
sans aucune peine, sans aucune responsabilité ils avaient un revenu
bien plus considérable que lorsqu'ils étaient chefs de leur culture.
C'est alors que le prix des fermes grandit dans une proportion
incroyable. En quinze ans, grâce au désir que possède chaque métayer
de devenir fermier, les fermes montent de 50 à 100 francs l'hectare.
Le bail n'a pas une longue durée, il est fait pour six ans tout au plus.
Notre homme ne pense ni à améliorer sa terre ni à créer des prés.
Partout où il le peut il fait du grain, et c'est avec sa récolte qu'il
compte payer sa ferme.
Lorsque le fermier avait signé son bail, il espérait vendre son blé
de 4 à 5 francs le double décalitre (mesure ordinaire), et ainsi il éco-
nomisait quelque chose pour l'imprévu. Mais ce n'est ni 5 francs, ni
4 francs le double décalitre que se vend le froment, c'est 3 francs.
Encore le faut-il de bonne qualité. Sur une récolte de mille mesures,
c'est donc un déficit moyen de 1,500 francs. Comment combler ce
grand vide. Avec les prix actuels d'une ferme la chose est matérielle-
ment impossible. Cependant nous ne pouvons point accuser ces braves
gens qui, pleins de confiance dans l'avenir, espéraient par leur travail
faire honneur à leurs affaires et augmenter ainsi la fortune publique.
Ceux qui ont une nombreuse famille à l'aide de laquelle ils travaillent
se tiennent encore, mais ils chancellent. Quant à celui qui a besoin
de bras étrangers, il tiendra autant que pourra durer la somme de ses
provisions, mais le jour où il n'en aura plus, il tombera infaillible-
ment après avoir mangé jusqu'à son dernier sou.
Un expert me disait à ce sujet que sur U) expertises de Saint-Marlin,
il en avait vingt pour cause de résiliation. Sur ces vingt, quinze fer-
miers demandaient à rentrer comme métayers, les autres, voyant leur
216 LA GRISE AGUICOLi: &T LE METAYAGE EN BOURBONNAIS.
communauté se dissoudre, seraient réduits à chercher les journées de
travail. 11 n'est point difficile de comprendre que les fermes aient dimi-
nué de ce l'ait de 25 à 30 pour 100. Si vous voulez en outre tenir
compte des nombreuses affiches qui se trouvent imprimées partout et
des annonces faites à la quatrième page des journaux de la région, vous
comprendrez avec quelle prudence on demande aujourd'hui une
ferme.
Tous ces faits ont été relevés par l'enquête très sérieuse que la So-
ciété d'agriculture de l'Allier avait ouverte sur la crise. De tous les
points du dépaitement les affirmations ont été les mêmes.
M. de Garidel, son président, résumait en ces termes, fort justes et
fort mesurés, les déclarations qui venaient de lui être faites : « Notre
département, disait-il, souffre moins que certains autres frappés :
ceux du Nord, par le malaise de l'industrie sucrière; ceux du Midi par
les ravages du phylloxéra ; mais il est lui aussi dans un état de crise
qui s'aggrave chaque jour. Les agriculteurs le constatent facilement :
ceux qui sont propriétaires, par la diminution sensible de leur revenu ;
ceux qui sont fermiers, par la difficulté qu'ils ont à payer leurs termes ;
les métayers, par la disparition de leurs économies, et le recours fré-
quent aux avances de leurs patrons; les simples ouvriers, par la dif-
ficulté plus grande à trouver du travail. L'épargne agricole, si impor-
tante il y a quelques années, n'existe plus. »
On ne saurait faire un tableau plus vrai et plus franc de notre agri-
culture bourbonnaise, et je ne pourrai, pour ma part, tirer une meil-
leure conclusion.
En face de ces plaintes si vives, qui, chaque jour, s'élèvent de tous
les côtés, que devons-nous espérer?
J'ai dit en commençant que mon intention n'était point d'apporter
un nouveau remède à la crise. Un de plus ou un de moins ne ferait
assurément rien à la chose. Sans doute nous agirons sagement en
transformant en prés tous les terrains qui peuvent facilement l'être ;
et j'estime que le nombre en est encore grand, 1/10° environ. Mais
aussi nul n'ignore qu'en agriculture, lorsqu'il s'agit de changer son
arme d'épaule, il faut du temps et de l'argent. Or, dans le cas présent,
qui pourra faire ces avances ! Les métayers seuls ? cela ne leur appar-
tient pas. Les fermiers? vous savez dans quel état ils se tr'iuvent. Ils
seront bien heureux de joindre les deux bouts sans pouvoir penser à
ces améliorations productives. Les propriétaires? un grand nombre le
pourrait; un nombre plus considérable encore ne le peut point. Us
ne le peuvent pas, parce qu'anciens fermiers heureux, ils ont employé
toutes leurs ressources à acheter le petit domaine qu'ils cultivent, et
parce que souvent aussi leur trop grande confiance dans l'avenir leur
a fait contracter des obligations sévères. Qui oserait s'engager dans un
emprunt même plein de promesses lorsque l'avenir est aussi problé-
matique ? Les chutes périodiques auxquelles nous assistons aujour-
d'hui, et que les ventes judiciaires confirment, nous conseillent la
plus grande prudence.
Du reste, lorsque je vois tous les Etats de l'Europe, l'Italie, l'Angle-
terre, l'Autriche, l'Allemagne, la Russie se livrer aux enquêtes les plus
u:inutieuses sur leur économie agricole, lorsque je vois tous ces Etats
s'armer contre l'invasion étrangère, et l'Allemagne elle-même récla-
mer un droit d'entrée de huit marks (10 francs) par quintal sur les
r-A CRISE AGRICOLE ET LE METAYAGE EN BOURBONNAIS. 217
blés américains, je me demande si nous ne sommes point ridicules en
restant simples spectalours. l'ouniiioi, nous qui souffrons peut-être
plus que CCS Ktats, ne nous servirions-nous pas des mêmes armes?
Est-ce qu'jiprès la guerre notre patriotisme ne nous a point commandé
les plus f^n-ands sacrifices pour reconstituer une armée capable de ré-
sister à une nouvelle attaque, et pour construire sur noire frontière
mutilée, des forts nombreux qui. doivent la proléger des atteintes de
l'ennemi ? Personne n'a hésité, et tout en souhaitant la fraternité de
tous les peuples, on n'a pas craint un seul instant de se mettre sur le
même pied de guerre que celui de ses voisins.
Pourquoi (hmc alors rester désarmé contre cette nouvelle invasion,
plus redoutable que l'autre, puisqu'elle attaque lentement et sans bruit
toutes les forces vives de la nation ? Là aussi il faut écouter notre
patriotisme et laisser de côté toutes les idées mesquines de système et
de coterie; car, comme le disait le vieux Sully : « Tout fleurit dans un
pays où fleurit l'agriculture. » Marcel Vacher.
DESTRUCTION DES RONGES DANS LES BOIS
Le Journal d'agriculture pratique du 16 octobre 1884, pages 588 et
589, répond ainsi à une demande de renseignements sur les moyens
les plus efficaces de détruire les ronces dans les bois : « Nous avons
le vif regret de déclarer que celle question nous embarrasse, nous ne
voyons que l'arrachage à la pioche comme moven de destruction;
mais moyen pou pratique, à cause des frais, et nous posons la ques-
tion à nos lecteurs; peut-être se trouvera-t-il parmi eux quelqu'un
qui pourra nous venir en aide. Un procédé radical et pratique existe-
t-il? Nous n'osons l'espérer. »
Pour répondre à cet appel, nous venons exposer le mode de des-
truction des ronces que nous employons avec succès dans nos bois de
basse Picardie. S'il n'est pas radical, ses résultats pratiques n'en sont
p;is moins satisfaisants.
Commençons par faire observer que, dans les sols tout à fait favo-
rables à la végétation des ronces, l'arrachage à la pioche ne suffirait
pas à leur suppression complète. Ici, nous avons, en elfet, sous les
yeux, certaines terres labourables de moyenne fertilité, sablo-argi-
leuses, dont la mise ea culture remonte à une époque inconnue de la
tradition locale, où, malgré des labours fréquents, des marnages, la
dépaissance de l'herbe des chaumes par les vaches et les moulons,
les ronces végètent néanmoins avec vigueur et fructifient chaque
automne. Leur destruction radicale ne peut donc pas être toujours
obtenue par les labours.
Faisons également observer que l'arrachage à la pioche des ronces
dans les bois aurait, outre l'inconvénient d'une dépense considérable,
celui bien plus grave, de détruire, en même temps, beaucoup de jeunes
semis naturels des diverses essences forestières, indispensables au
repeuplement du bois. Ces pousses nouvelles provenant de graines
germées sous l'abri frais et sufOsammentaérédes ronciers, sont souvent
déjà fortement enracinées, quoique le développement de leurs tiges ait
pu être relardé. Mais, si l'on coupe au ras de terre les ronces qui les
enveloppent, elles regagnent vile le temps perdu, et leur végétation
prenant le dessus paralyse bientôt celle des ronces.
218 DESTRUCTION DES RONCES DANS LES BOIS.
Les ronces sont assez recherchées dans nos campagnes pour le
chauffage des fours. A tort ou à raison, ce combustible passe même
pour donner au pain un goût particulièrement agréable. On s'en sert
aussi dans les foyers oîi il procure un feu vif et clair de peu de durée.
La coupe des ronces que nous permettons dans nos bois et leur enlè-
vement sont l'objet d'une surveillance attentive du garde qui doit
s'assurer si les énormes bourrées qui en proviennent n'enveloppent pas
des bois de délits.
Aux époques hivernales et printanières oîi nous autorisons les
familles ouvrières à ramasser les branches sèches tombées, nous
imposons l'obligation de l'enlèvement des ronces dans les divers can-
tonnements où s'opère la récolte des bois morts, toujours fort
recherchée.
Enfin, comme dans notre rotation forestière de quatorze ans, le
nettoyage des jeunes taillis ou scionnage a lieu la cinquième ou sixième
année, les ouvrières >^cionneuses coupent en même temps les ronciers
oubliés ou repoussés depuis les enlèvements antérieurs.
A partir de ce moment, le taillis reste à peu près débarrassé des
ronces. E. Hkcquet d'Orval,
Correspondant de la Société nationale d'agriculture de France.
UTILISATION DES EAUX DE CONDENSATION
POUR L'HORTICULTURE'.
De tout temps on a utilisé les forces naturelles, comme celle des
vents, pour la navigation, puis pour les moulins, surtout dans les pays
plats comme la Hollande : on a partout aussi utilisé les chutes d'eau et
jusqu'aux marées, quand elles varient suffisamment de hauteur; mais
on a moins employé, surtout pour la culture, les eaux minérales qui,
jaillissant du sol à de grandes profondeurs, en sortent quelquefois
à -\- 80° centigrades, comme la source du Par à Chaudesaigues, dans le
Cantal. Ces eaux sont employées là pour les bains et pour le chauffage
domestique, en circulant sous le sol des habitations.
Aux thermes d'Acqui, en Piémont, M. F. Cirio emploie les eaux des
bains pour faire des cultures maraîchères de primeur des plus lucra-
tives; ces eaux circulent dans le sol sous les châssis, dans des caniveaux.
11 y a une autre source de chaleur qu'on n'utilise pas assez dans les
villes manufacturières du Nord ; je veux parler des eaux de conden-
sation provenant des usines si nombreuses qui entourent certaines
villes et qui sont à proximité de cultures maraîchères dans les fau-
bourgs. Quels sont les cas où l'on peut employer ces eaux? Comment
doit-on en combiner l'usage avec celui de nos therraosiphons ? C'est ce
que je me propose d'examiner très rapidement.
Je prendrai pour exemple les maraîchers de Saint-Sever, vis-à-vis de
Rouen. Là, depuis très longtemps, les eaux de condensation de quelques
usines sont déversées sur les champs maraîchers dans des rigoles à
ciel ouvert et entre les planches, comme les eaux d'égout dans la plaine
de Gennevilliers, près Paris; c'est un système primitif qui, pour plu-
sieurs motifs, laisse beaucoup à désirer.
Je mentionnerai de suite une installation modèle, celle de
M. Charles Wood, l'un de nos plus habiles horticulteurs, rue Sablée,
à Saint-Sever-Rouen.
1. Communication à la Société centrale d'horticulture de France.
UTILISATION DES EAUX DK CONDENSATION POUR L'HORTICULTURE 219
Placé près d'une des plus importantes usines du pays, M. Wood
reroit les eaux de condensation à une hauteur suflisante pour les faire
entrer par leur pente naturelle dans un collecteur qui les distribue à une
série de serres parallèles.
Les eaux circulent alors dans des tuyaux de poterie de 1 5 à 20 centi-
mètres de diamètre, à joints cimentés, et cela dans le sol même des
bâches, à une distance suffisante des racines ou des pots, pour ne pas
nuire à la végétation, l^a terre, qui est un très mauvais conducteur, est
bien plus lente que l'eau des thermosiphons pour se mettre à la tem-
pérature des tuyaux qu'elle renferme; mais elle a ce grand avantage de
conserver longtemps cette température, même le dimanche, où les
machines à vapeur s'ari'êtent. On met de deux à troix tuyaux dans les
bâches, suivant leur largeur, et ces tuyaux peuvent être ou totalement
enfouis dans le sol, ou surmontés d'ardoises, de tuiles plates, etc., sur
lesquelles reposent les terres renfermant les plantes, pour donner à
certaines cultures chaleur et humidité.
A la sortie des serres, les eaux qui n'ont perdu qu'une partie de leur
chaleur, sont recueillies pour circuler à nouveau dans les châssis de
couches du jardin maraîcher et puissamment aider à la culture des
primeurs. C'est faire ce que M. Naudin a appelé delà culture géother-
mique, c'est-à-dire, avec la chaleur de fond.
Notons qu'après avoir passé dans les tuyaux des serres, les eaux ont
déposé, chemin faisant, la graisse dont les pistons sont enduits ; elles
sont alors bonnes pour l'arrosement et on les emploie de préférence à
l'eau des puits, car leur température permet d'arroser les plantes les
plus délicates, même au grand soleil.
Je n'ai pas besoin d'ajouter que cette circulation des eaux de conden-
sation dans les serres n'empêche pas d'y établir aussi des thermosiphons
avec circulation spéciale et indépendante , mais ces derniers ne sont là
que pour les grands froids ou pour les cas d'arrêt dans le travail de
l'usine.
En culture, il n'y a pas de petites économies : quand on est dans le
voisinage de fabriques et que les eaux qui en sortent, à des hauteurs et
à des températures variables, peuvent, sans frais sensibles, circuler
dans le sol des serres ou des châssis, il n'y a pas à hésiter; il faut faire
comme le manufacturier qui utilise une chute d'eau pendant les trois
quarts de l'année et qui pour les cas de sécheresse, en été, a son moteur
à vapeur tout prêt pour ne pas interrrompre le travail.
Ch. JOLY.
APPAREIL HOUDART POUR LE CHAUFFAGE DES VINS
Il n'est plus nécessaire aujourd'hui d'insister sur les avantages que
présente le chauffage des vins pour y arrêter les fermentations secon-
daires et empêcher le développement des maladies dues aux germes
que le liquide peut renfermer. La pratique du chauffage, recom-
mandée par Appert, a été réglée par M. Pasteur; l'illustre savant a
fixé les conditions dans lesquelles on doit conduire l'opération : élever
le vin au bain-marie, à la température de 55 à GO degrés, à l'abri du
contact de l'air, et le refroidir graduellement, pour qu'il ne perde
aucune de ses qualités.
Plusieurs appareils ont été imaginés pour chauffer les vins suivant
220 APPARKIL ilOUDAUT TOUR LE CHAUFFAGE DES VINS.
la mélliode Pasteur. Parmi les plus récents, nous devous citer celui
de M. E. Houdart, négociant en vins, à Paris. C'est un appareil à
chaudière thermo-siphon, à cliaufTage par le gaz ou par la vapeur. Les
plus petits modèles peuvent chauffer à GU degrés par heure, 5 à G
hectolitres de vin; les plus grands traitent, dans le même temps, 30 à
0
Fig. 19. — Appaieil a llieimusiphon pour le chauffage des vins.
32 hectolitres. La figure 19 montre l'ensemble d'un appareil: en
voici la légende :
A, réservoir d'arrivée du vin, à niveau constant. — B, réfrigérant. — G, cliauffo-
vii). — D, Chaudière tbermo-sijjiion. — E, r.'servoir d'eau du thermo-siphon.
— F, régulateur automatique de température. — G, serpentin sensibilisateur du
régulateur automatique. — A, tuyau conduisant le vin au réfrigérant. — I, robi-
net à volant divisé et à index, réglant le débit du vin. — J, tuyau allant du réfri-
gérant au chauffe-vin — K, tuyau allant du chauffe-vin au réfrigérant. — L,
tuyau de sortie de vin de l'appareil. — M, tuyau conduisant l'eau delà chaudière
au chauffe-vin. — N, tuyau de letour d'eau du chauffe-vin à la chaudière. — 0,
APPAREIL HOUDART POUR LE CHAUFFAGE DES VINS 221
tuyau recevant les gaz et arômes qui se dégagent pondant lo chaulîago du vin. —
P, thermomètres.
On voit que l'appareil se compose de deux colonnes : l'une C, le
chauffe-vin; l'autre B, le réfriti;érant, renfermant chacune un faisceau
tubuiairo; sous la colonne chaulTe-vin, se trouve disposée une cliaudière
thermo-siphon, destinée à chauffer l'eau servant de véhicule à la cha-
leur. Le chaulfe-vin porte à sa partie supérieure un petit réservoir à
air libre recevant le trop plein du thermo-siphon. Le réfri£;crant se
termine à sa partie supérieure par un réservoir alimenlaire dans lequel
le vin arrive par un robinet ilotleur, d'un réservoir supérieur. Ces
diverses parties de l'appareil sont reliées entre elles par des tuyaux
disposés de façon h obtenir une circulation rationnelle et par suite
l'échange de "température le plus complet possible, l'n régulateur
automatique, très sensible, assure la constance de la température qu'il
convient de communiquer au vin, en ne laissant passer à cet effet que
la quantité de gaz ou de vapeur nécessaire au chauffage. Des thernio-
mèlres placés en divers points du parcours du \\n permettent de véri-
fier le bon fonctionnement de l'appareil, Enlin, des robinets permet-
tent de vider et même de nettoyer toutes les parties de l'appareil.
Pour mettre en marche et conduire l'appareil, M, lloudart donne
les indications suivantes :
1° Remplir d'eau par le réservoir E la chaudière thermo-siphon D et le chauffe-
vin G.
2" Allumer la rampe à gaz ou ouvrir la vapeur, selon le cas, pour amener l'eau
du chauffe-vin à la température de 60" environ, cfui est indiquée par le thermo-
mètre placé sur la petite branche de retour de l'eau du thermo-siphon.
.3" Relier le tuyau de sortie du vin Li la barriijue, par un tuyau en caoutchouc
terminé par un robinet à Ion;; bec qui sera introduit dans le fût à remplir; la
Iwrriquc aura dû être préalablement bien rincée à plusieurs eaux bouillantes ou
mieux à la vapeur et ensuite bien raêchée.
4° L'eau du chauffe-vin (bain-marie) étant à 60" environ, introduire le vin dans
l'appareil par le robinet I et par une ouverture telle que le vin indique au ther-
momètre de sortie du vin la température de 55 à 60".
5" Régler ensuite le régulateur automatique de température pour que le débit
du gaz ou de la vapeur permette de maintenir l'eau du chauffe-vin de 60 à 65".
L'appareil pourra alors être presque livré à lui-même, et, ayant été bien réglé, il
fonctionnera littéralement seul. Le régulateur, une fois réglé, n'a plus besoin de
l'être les fois suivantes.
Les surfaces de chauffe, dans le plus petit modèle, sont de 3 m. 20
pour le chautfe-vin et 11 m. "iO pour le réfrigérant; dans le plus
grand, elles sont respectivement de 19 m. 20 et de 66 m. 50. Ces
appareils sortent des ateliers de M. Egrot, constructeur à Paris.
L. DE S.VRDRIAC.
LA VIGNE ET LE VIN EN SEINE-ET-OISE EN 1884
Monsieur le directeur, dans le but de me rendre compte de la quan-
tité et de la qualité du vin produit celte année en Seine-et-Oise, j'ai
parcouru pendant la semaine qui a vu commencer les vendanges en
cette région, c'est-à-dire du 21 au 27 septembre, les localités du dépar-
tement qui se livrent encore plus spécialement à la culture de la vigne.
Autrefois le département de Seine-et-Oise était presque un pays
vignoble, car la vigne y occupait une surface qui atteignait environ
20,0(10 heclares.
Malheureusement les gelées printanières qui sévissent avec une si
222 LA VIGNE ET LE VIN DANS SEINE-ET-OISE.
grande intensité depuis quelques années surtout, ainsi que l'antlirac-
nose dans certaines régions et le mildew partout, ont déterminé un
assez grand nombre de vignerons à arracher leur vigne pour lui sub-
stituer d'autres cultures dont la rémunération leur semble moins
aléatoire.
Il en résulte que de cette surface de 20,000 hectares, autrefois plantée
en vignes, avec de bonnes variétés pour la majorité, il ne reste plus
aujourd'hui que 6,500 hectares environ dont le plus gros noyau se
trouve groupé autour d'Argenteuil.
A lui seul, le canton d'Argenteuil possède encore un vignoble de
1 ,500 hectares dont le rendement moyen s'élèvera cette année à envi-
ron 55 hectolitres à l'hectare.
Cependant si l'on établissait la balance pour une période de dix
années, en exceptant toutefois les huit dernières qui n'ont pas été
défavorables à la vigne seulement, mais bien à toutes les cultures en
général, on ne tarderait pas à s'apercevoir que le précieux arbuste dont
il s'agit, même en Seine-et-Oise, malgré les gelées printanières et les
dévastations du mildew et de l'anthracnose, malgré les dépenses de
frais de culture et d'engrais relativement élevées qu'il exige impérieu-
sement pour produire de hauts rendements, procure encore, dans cer-
taines localités bien exposées et où le sol lui convient, déplus beaux
bénéfices à son propriétaire que beaucoup d'autres cultures que celui-ci
continue par tradition et sur lesquelles il se fait une véritable illusion.
Sans prétendre que, sur la limite extrême de la culture de la vigne,
il soit possible de fabriquer des vins de haute valeur, j'ose affirmer
cependant qu'en apportant quelques modifications simples et peu
coûteuses dans la culture d'une part et dans la fabrication du vin
d'autre part, il serait parfaitement possible d'obtenir des vins de
bonne qualité ordinaire, livrables directement à la consommation,
sans être obligé d'avoir recours aux intermédiaires qui emploient nos
petits vins pour la confection des coupages que plus tard l'on décore
de noms plus ou moins pompeux.
Les vins de Seine-et-Oise sont très goûtés de tous ceux qui les
connaissent; j'estime qu'ils le seraient encore davantage si les
méthodes rationnelles, que la pratique et la science nous enseignent,
présidaient à leur fabrication.
Ce qui prouve surabondamment la valeur attachée aux vins de
Seine-et-Oise, malgré leur qualité inférieure au dire de quelques-uns,
ce sont les prix auxquels ils se vendent, prix qui atteignent 65 et
70 francs la barrique de 228 litres dans certaines localités et qui s'élè-
vent jusqu'à 120 et même 13o francs dans les crus plus renommés.
L'amélioration des moûts par le sucrage est déjà entrée dans In pra-
tique courante; beaucoup de vignerons, qui s'en sont d'ailleurs très bien
trouvés, comme qualité et comme écoulement plus assuré du nouveau
produit, continueront à appliquer ce procédé qui sera bientôt suivi
par les plus timides.
Les petits vins de cette région s'accommodent fort bien de l'addition
du sucre pour élever leur titre alcoolique, précisément par ce fait que,
contenant une certaine quantité d'acide tartrique libre, l'interversion
du sucre d'abord et la térmentation ensuite s'opèrent très complète-
ment avec la plus grande régularité.
Je n'ignore pas que les courtiers en vins sont hostiles au sucrage
LA VIGNE ET LE VIN DANS SEtNE-ET-OISE. 223
des vcnrlaiiges en Seine-3l-Oi.se, cola se conçoit parfaitement; ils
apprélicndent le jour où nos petits vins sur lesquels ils comptent
encore aujourd'hui pour la confection de leurs coupages, viendront à
leur échapper par suite de la concurrence que provoquera forcément
l'élévation du prix de vente.
Ce jour-là le vigneron livrera directement au consommateur un vin
naturel de honne qualité.
A la porte de la capitale, dont le débouché immense est toujours
ouvert à tous les produits, avec un procédé légitime, comme celui du
sucrage direct, il est permis de penser qu'avant peu les vins de Seine-
et-Oise, encore qualifiés de médiocres, auront pris définitivement la
juste place qui leur revient dans la consommation. Toutefois, pour
arriver à ce résultat, il est indispensable, dans les années ordinaires
surtout, de les améliorer, car les années chaudes et lumineuses ana-
logues à celle écoulée ne se renouvellent malheureusement pas assez
souvent.
Cependant d'après les essais gleucométriques que j'ai efïectués pen-
dant la lin de septembre dans diverses localités et sur difîérentes
variétés de cépages, le vin de mère-goutte, même sans addition
aucune de sucre, contiendra plus de 10 degrés d'alcool.
Les chiffres ci-dessous que j'ai l'honneur de vous communiquer
ont été constatés à l'aide du densimètre de Gay-Lussac (à la température
de 15 degrés) dont chaque degré de l'échelle correspond à très peu
près à 2 kilog. 500 de sucre de raisin par hectolitre de moût ou à
1 litre 250 d'alcool dans le vin à en provenir :
Jus de Gamay lOSrt 8 degrés 6
Meunier noir. ... • 108f) 8 5
Mellier blanc 1083 S 3
Gouais ou planl de Lune.. . . . . . 1080 8 0
Si la récolte de 1884 ne peut pas être considérée comme ayant été
très abondante, on peut dès aujourd'hui cependant l'estimer comme
devant être de qualité.
Les chifTres ci-dessus ne laissent d'ailleurs aucune équivoque à cet
égard ; la qualité clf nos vins croissant proportionnellement avec leur
richesse alcoolique.
Je dis que la récolte de 1 884 ne peut pas être considérée comme très
abondante, quoiqu'on puisse toutefois l'évaluer dès aujourd'hui pour
tout le département à environ 40 hectolitres en moyenne à l'hectare.
Ce qui procure comme produit total (40 X 6,500 = 260,000)
260,000 hectolitres de vin représentant, à 40 francs l'hectolitre en
moyenne', une valeur de 10 millions 400 mille francs.
• De ce qui précède, il est permis de conclure que, comparativement
aux rendements de nos récoltes totales en vin, le département de Scine-
et-Oise occupe bien une petite place dans la production générale et que,
en ce qui concerne plus particulièrement le département, une somme
de plus de 10 millions rapportée par une culture unique mérite
quelque attention.
J'ajouterai que, en présence de la marche envahissante du phyl-
loxéra, l'ennemi acharné de la vigne, et des prix élevés auxquels sont
vendus nos vins, la replantation de l'ancien vignoble s'impose à tous
les cultivateurs de Seine-et-Oise soucieux de leurs intérêts, qui pos-
sèdent des sols convenables et bien exposés.
1. Les prix sont plus élevés dans certaines localités.
224 LA VIGNE ET LE VIN DANS SEINK-KT-OISE.
Il demeure bien entendu qu'il ne faudrait pas obliger la vigne à
croître dans tous les sols, comine cela s'était fait pour le froment
sans se soucier des rendements et des prix de revient; il faudrait au
contraire lui choisir les terrains dans lesquels elle se plaît le mieux
et lui réserver de préférence les coteaux orientés au sud, à l'est et au
sud-est. L'exposition du nord devrait toujours être rejetée d'une façon
absolue.
Malgré les fortes avances qu'exige la vigne, malgré les fumures
copieuses et les soins d'entretien dont elle ne saurait se passer, malgré
les nombreux ennemis dont elle est la proie, sa culture est encore
susceptible, dans les conditions présentes, de procurer de plus beaux
bénéfices que beaucoup d'autres.
Depuis 1870 et 1874, la qualité avait fait complètement défaut à nos
vins, le soleil s'étant trop souvent caché; l'année 1884 servira à rem-
placer les vieilles barriques disparues.
Veuillez agréer, etc. Gustave Rivière,
Professeur départemenlal tl'agricuUure de Seine-el-Ois
NOUVELLES INVENTIONS AGRICOLES
ANALYSE SOMMAIRE DES DERNIERS BREVETS DÉLIVRÉS.
161,949. Crépain frères. 2 mai 1884. Nouvel avant-corps de charrues à pointe
mobile s'oppliquant aux charrues Brabant, bisocs et ordinaires. — Dans le but
d'obtenir une attache solide à l'âge, même dans les charrues à âge en bois pour
labours ordinaires, tout eu évitant les engorgements et en profitant des avantages
que l'emploi d'une pointe mobile otFre au point de vua des réparations, les inven-
teurs emploient une tige en fer sur la partie supérieure de laquelle ils boulonnent une
pièce en fonte malléable ou en acier fondu, percée d'une coulisse pour recevoir
la pointe mobile, et ils munissent l'autre extrémité de cette tige d'une chape
qui vient embrasser l'âge, sur lequel elle se fixe par une plaque et deux écrous.
162,104. Société Savary ET Gie. 15 mai 1884. Appareil nouveau dit : manège
système Savary. — La disposition la plus caractéristique de ce manège consiste en
ce que la douille recevant la flèche à laquelle le cheval est attelé, au lieu d'être
calée directement sur l'arbre moteur vertical, n'entraîne ce dernier que parl'mter-
médiaire d'un ressort en spirale, de façon à rendre le démarrage moins brusque
et à diminuer ainsi la fatigue du cheval, tout en évitant des luptures dans l'appa-
leil. D'un autre côté, pour donner plus de rigidité et de solidité au bâti, le breveté
forme d'une seule pièce l'arcade qui sert de support supérieur aux arbres verti-
caux et qui vient rejoindre la plaque de fondation; il fait cette pièce en fer en V
ou autre fer à profil, qu'il cintre pour obtenir les deux pieds-droits par lesquels
l'arcade se relie à la plaque de fondation. L'arc transversal est fait avec un fer
semblable.
164,124. Testulat-Henrion. 14 mai I88k. Appareils perfectionnes protecteurs
de la vigne contre la gelée, la coulure, etc , dits : préservateurs champenois. — Le
système consiste dans l'emploi de piquets en fonte ou en bois, présentant sur
deux côtés opposés des dents relevées verticalement pour servir à y accrocher
une planche armée en fer, qui peut basculer autour de son point d'attache, de
manière à permettre de la maintenir horizontalement au-dessus des plants de
vigne (ce que l'on obtient en accrochant aux piquets des anneaux terminant une
chaînette fixée sur le bord extérieur de la planche), ou bien de la laisser pendre
verticalement. Dans le premier cas, la planche abrite les plants contre la gelée,
dans le second, elle les protège du vent du Nord ou sert à réfléchir les rayons du
soleil, faisant ainsi le même office que le mur d'une treille. Comme les piquets
sont dentelés des deux côtés, on peut avoir à la fois une plaque horizontale au-
dessub des plants, et une autre verticale, derrière eux. Ces abris protègent non
seulement contre la gelée et le vent, mais aussi contre la grêle et les grandes
pluies; il faut les accrocher et les décroclier à la main, un à un.
Les piquets sont de préférence la section d'une croix, ils sont appointés et pour-
vus d'une embase reposant sur le sol ; ils sont distants l'un de l'autre de 2 mètres
NOUVELLES INVENTIONS AGRICOLES. 225
et leur écartement est maintenu par des entretoises en sapin du nord de 4 mètres
de longueur, qui dépassent les piquets de 1 mètre de chaque côté.
Gomme variante, le breveté décrit un genre de piquet tout droit, muni de pis-
tons en remplacement des dentelures du premier type. Il indique encore un
piquet simplement percé de trous qui reçoivent des broches pour servir de sup-
ports aux planches-abris; ici ces dernières ne sont plus à bascule et restent for-
cément horizontales.
Tous ces systèmes permettent de remonter les planches à mesure que les plants
grandissent.
162,131. GrAJAC. 10 mai 18S4. Perfectionnements apportés au greffoir-outil
Prades. — Ce brevet est relatif à des perfectionnements apportés au greffoir
imaginé par M. Prades, de Bédarieux, et servant à faire la greffe anglaise. Ces
perfectionnements consistent : 1" dans l'adaptation d'un couteau oscillant qui
permet de faire la fente en biseau plus rapidement et plus sûrement, avec le
secours d'un support fixé; 2° dans l'emploi d'un support iixé à la pince, pour
soutenir le sarment pris par celle-ci; 3» dans l'application d'un vernier en tète de
la pincs, pour faciliter la lecture; 4° dans la disposition d'un renflement à la partie
inférieure de la pince pour empêcher le couteau de s'ébrécher; 5" enfin, dans
l'emploi d'un couteau à deux tranchants, avec levier formant excentrique.
162,133. GossoN. 17 mai 1884. Nouveau système d'avant-corps de charrue à
coulisse. — Dans ce système, l'avant-corps présente intérieurement deux coulisses
verticales dans lesquelles on glisse le soc à fond, après quoi on le boulonne pour
le fixer en place.
162,145. G-RiMAULT. 19 mai 1884. Dineuse dite : la Française. — Le
poids total de cette bineuse, suivant la déclaration du breveté, est de
1 1 kilog. et sa manœuvre exige deux hommes, dont l'un est attelé dans les bran-
cards et dont l'autre dirige la marche de l'instrument au moyen des mancherons.
Les mancherons et les brancards sont fixés sur un châssis en bois formé d'un
triangle dans lequel on en a inscrit un autre dont les sommets viennent rencon-
trer les côtés du premier au milieu de leur longueur ; ce châssis marche la pointe
en avant ; son côté postérieur et sa traverse intermédiaire appartenant au petit
triangle intérieur (ou, en d'autres termes, les deux traverses perpendiculaires à
l'axe de l'appareil) sont à couhsse pour permettre d'élargir ou de rétrécir le
châssis.
Les cinq sommets que ce châssis présente, en faisant abstraction de sa pointe
antérieure, sont munis d'autant de lames ordinaires.
Ces lames peuvent être remjjlacées, pour des cultures diverses, par un soc à
double versoir, qui se pose aux trois sommets du grand triangle, ou encore par
une lame râtisseuse.
En avant du châssis triangle, est monté un coutre, situé lui-même derrière
l'unique roue de l'instrument.
162,162. Maréchaux. 16 mai 1884. Système de montaqe des dents de herse ou
d'autres machines agricoles du même genre. — Le mode de montage décrit s'ap-
plique principalement au cas où le châssis de la machine est en fer cornière ; il
consiste à emboîter chaque dent dans une chape dont les ailes se boulonnent sur
le fer cornière, de telle sorte que la dent se trouve entourée des quatre côtés; en
outre, la face de la chape qui est parallèle au support est munie d'un goujon sail-
lant à l'intérieur et pénétrant dans un évidement de la dent.
162,170. Delahaye. 19 mai 1884. Genre d'extirpaleur dit : Herse exlirpateur
énergique à dents variables. — La caractéristique de cet instrument, c'est qu'il
n'est muni de dents que sur les deux côtés latéraux du châssis qui a la forme d'un
triangle équiangle, et qu'il n'y a pas de dents à l'intérieur du triangle ; c'est, de
plus, que ces côtés présentent une rainure suivant leur longueur, pour permettre
de disposer les dents en nombre quelconque et en des points quelconques. Ces
dents sont dîs dents de herse rondes, carrées ou ovales, à volonté. A chacun des
sommets postérieurs se trouve une petite roue porteuse; au sommet antérieur
est disposé un montant qui porte à sa partie inférieure un petit train de deux
roues, libre de pivoter autour du montant. Le dessin représente séparément un
soc déchaumeur. Pour le châssis, le breveté se réserve de substituer à la forme
triangulaire la forme demi-circulaire, toujours en formant ce châssis de deux
bandes de fer laissant entre elles un espace pour recevoir les dents.
162,174. Lei-èvre-Taconet. 21 mai 1884. Moyen d'embrayer et de débrayer
instantanément, sans arrêt de la machine, les semoirs à volée de toutes prove-
226 NOUVELLES INVENTIONS AGRICOLES.
nances, munis de débrayage. — Ordinairement, dans les semoirs à la volée pour-
vus d'un débrayage, il faut arrêter la machine pour pouvoir embrayer ou débrayer
le semoir; d'un autre côté, les roues de commande sont maintenues embrayées
par des ressorts à boudin, et il arrive que ceux-ci, n'exerçant plus une traction
suffisante, le débrayage se produit sans qu'on le veuille et la semence se trouve
« voyée », c'est-à-dire mal disposée dans le sol.
Le breveté évite ces deux inconvénients et obtient, de plus, l'avantage de pou-
voir ne l'aire fonctionner que la moitié du semoir s'il le désii'e, par l'emploi du sys-
tème de débrayage suivant appliqué à chaque extrémité de l'appareil. Un ressort
à boudin tend à débrayer le pignon de commande ; pour embrayei', on tourne
une canne à poignée qui produit l'embrayage en surmontant la résistance du
ressort ; lorque cette canne est arrivée à fin de course, uu ergot qu'elle présente
vient maintenir solidement le système embrayé.
Ch. Assi ET L. Genès,
Ingénieurs-conseils en matière de brevets d'invention,
36, boulevard Voltaire, à Pans.
LA VALEUR VENALE DE LA PROPRIETE FONCIÈRE
Dans un article précédent', le lecteur a été mis au courant des
modifications survenues dans l'étendue des cultures depuis l'achève-
ment du cadastre. Les recherches de l'administration des contributions
directes sur lesquelles on s'est appuyé ici avaient pour but principal
une nouvelle évaluation du revenu foncier; elles ont entraîné d'abord
une étude sur l'étendue des cultures, ensuite un examen de la valeur
vénale. Les chiffres principaux sur le revenu et la valeur de la propriété
rurale à deux époques éloignées l'une de l'autre vont être résumés ici.
Ils peuvent être l'objet de réserves sur la justesse absolue des appré-
ciations en ce qui concerne certains départements; il est bon pourtant
de faire remarquer que l'administration ne s'est pas contentée de
renseignements pris dans les communes rurales, mais qu'elle a puisé
dans les archives de l'enregistrement, qui contiennent, au point de vue
de la statistique, des trésors sans nombre malheureusement le plus
souvent restés intacts.
Il a été compulsé plus de quatre cent mille baux s'appliquant à une
étendue de plus de sept millions d'hectares de propriétés sises dans
tous les départements; on a examiné cinq cent mille ventes s'ap-
pliquant à une étendue de plus de neuf millions d'hectares.
La vigne est la propriété qui offre le plus de progression dans la
valeur vénale et dans le revenu net. C'est dans le département de la
Seine qu'on arrive au prix le plus élevé à l'hectare : 9,132 francs.
Mais ce prix était à peu près le même en 1850 ; il tient, on le sait, à la
proximité de la capitale, aux cultures accessoires qui sont demandées
au même champ produisant déjà le raisin. Le revenu, loin de s'accroître,
s'est légèrement abaissé : 244 fr. 80 l'hectare, au lieu de 247 fr. 8G.
L'augmentation la plus considérable se trouve dans la Marne; la vigne,
qui valait 4,51 1 francs l'hectare, est arrivée à 8,250 francs. Une aug-
mentation non moins remarquable a eu lieu dans le Puy-de-Dùme,
6,074 francs au lieu de 3,863 francs. Voici la valeur moyenne actuelle
dans certains départements grands producteurs : Côte-d'Or, 4,41 4 francs;
Gironde, 3,471 francs; Indre-et-Loire, 4,067 francs; Hérault, 3,891
francs; Loiret, 3,441 francs; Gard, 3,393 francs. La Drôme, l'Aube,
l'Ardèche ont vu le prix moyen diminuer; il en est de même dans la
Charente. Si on considère le revenu, on rencontre des proportions à
1. Voir dans le Journal du l'agriculture du 20 septembre l'article sur le Progrès dans
l'étendue des cultures.
LA VALKUR VKNALE ni', LA PROPRIÉTÉ. 227
peu près semblables. La Marne est en tête de la liste avec un revenu
qui s'est élevé de 153 à 394 francs.
Mais tous ces chiffres ne sont que des moyennes et ne sauraient indi-
quer les évaluations partielles les plus élevées. Nous allons en donner
quelques-unes. L'estimation oiïicielle est pour Vougeot de '24,500 fr.
l'hectare; autrefois on arrivait à 21,800 seulement. Autrefois à Saint-
Julien, 9,000 francs; aujourd'hui à Pauillac, Saint-Eatèphe, Saint-
Julien, 20,000 francs. On trouve à Bouzy 28,0u0 francs au lieu
de 10,000. Des communes dont les noms ne sont point retentissants
présentent pourtant des chiffres élevés : Amberieux, da^is l'Ain,
12,000 francs; Aiguilhe, dans la Ilaute-Loire, 14,000 francs ; Beau-
mont, dans le Puy-de-Dôme, 1G,000 francs; Bellecombe en Savoie,
15,000 francs.
Le revenu moyen est aujourd'hui pour toute la France de 129 fr. 95
l'hectare au lieu de 69 fr. 38; la valeur vénale de 2,968 francs au
lieu de 2,065. Quant à l'estimation totale du vignoble, elle était au
moment du travail de l'administration, qui a duré de 1879 à 1881,
au cours même de la période phylloxérique, de 6,885 millions.
Au point de vue du domaine agricole, ce n'est pas la plus impor-
tante des natures de propriété qui est dévastée par un fléau si difficile
à vaincre, mais la plus précieuse et la plus brillante. La terre labou-
rable, voilà la partie la plus importante du domaine agricole. Sa valeur
vénale a plié légèrement dans les départements suivants : Vaucluse,
Gard, Drôme, Vosges, Hautes-Alpes. Dans le Nord, l'hectare s'est
élevé de 4,011 à 5,742 francs. On le trouve coté au-dessus de
3,000 francs dans la Seine-Inférieure, la Somme, Seine-et-Oise, l'Oise.
Il est au-dessous de 1 ,000 francs dans la Haute-Marne, le Cantal, la
Haute-Vienne, la Creuse, la Lozère, la Corse. Dans l'Allier la valeur a
presque triplé. Une augmentation considérable se trouve dans l'Ariège,
la Vendée, la Loire-Inférieure, les Deux-Sèvres, l'Indre-et-Loire, où.
l'estimation est presque du double. Les estimations au point de vue du
revenu sont à peu près parallèles. Dans le Nord, le revenu s'est élevé
de 107 à 162 francs. Dans le Pas-de-Calais, on arrive aujourd'hui à
161 francs. Le chiffre 90 est dépassé dans Seine-et-Oise, Seine-Infé-
rieure, Manche, Calvados et Somme. La Beauce mérite une mention
spéciale. Dans le département d'Eure-et-Loir, le revenu s'est élevé de
47 fr. 16 l'hectare à 66 fr. 09. La valeur vénale, qui était de 1 ,405,
est arrivée à 2,105. Au point de vue des moyennes générales, consta-
tons que la valeur vénale pour toute la France s'est élevée d'un tiers et
qu'elle est arrivée à 2,197 fr. 43 l'hectare. Le revenu moyen est de
56 fr. 74. Le rédacteur officiel déclare entendre par revenu des
terres, ce qui reste au propriétaire, déduction faite sur lé produit
brut, des frais de culture, semence, récolte et entretien. La totalité
des terres labourables en France est estimée 57,514 millions.
Les prés et herbages n'ont point augmenté de valeur dans une propor-
tion aussi considérable que les cultures précédentes, en ce qui concerne
certains départements, bien que l'augmentation moyenne ressemble
à celle obtenue pour la terre arable. Il y a eu dans i'Eure une dimi-
nution légère. On trouve une moindre valeur estimative dans la Drùme,
Seine-et-Oise, le Gard, Seine-et-Marne, l'Aube, Hautes-Alpes. Dans
Vaucluse, l'estimation est de 7,840 francs l'hectare, c'est un chiffre
upérieur à celui de la Seine. L'hectare est d'une valeur supérieure à
228 LA VALKOR VKNALE DE LA PROPRIETK.
5,000 francs dans la Seine, le Var, le Nord, les Bouches-du-Rhône, la
Rhône. Nulle part, il n'est inférieur à 1 ,000 francs. Dans le Cantal, le
valeur de l'heclare a triplé. Nous devons une mention aux déparle-
ments grands producteurs de viande. Dans le Calvados, l'heclare vaut
4,570 francs ; dans la Manche, 4,533; dans Maine-et-Loire, 3,215;
la Nièvre, 3,676; la Vendée, 2,60 5. Les bestiaux bretons paissent
sur des prairies estimées : 2,217 francs dans le Finistère et 1 ,871 fr.
dans le Morbihan. Pour arriver aux chiiîres généraux, disons
que l'hectare de prés et herbages s'est élevé du prix moyen de
2,256 à 2^960 francs et le revenu moyen de 72 tr. 60 à 96 fr. 67.
Celte catégorie de culture entre pour une valeur de 1,799 raillions
dans l'estimation du patrimoine agricole de la France.
La valeur des bois est bien variable puisque, en laissant de côlé le
département de la Seine, qu'il faut négliger dans cette étude, en ce qui
concerne la plupart des cultures; on trouve une estimation de
2,287 francs dans le Nord contre 143 francs dans les Hautes-Alpes. La
valeur de cette propriété a diminué, mais légèrement dans Seine-
et-Marne, Orne, Haule-iMarne, Ariège, Yaucluse, et d'une façon plus
considérable dans Seine-el-Oise, Aube. Les augmentations importantes
sont dans le Nord et dans la Somme. La moyenne de la valeur des
bois était, en 1850, de 642 francs l'hectare; elle est, suivant les der-
nières évaluations, de 745 francs. Le revenu s'est élevé de 20 fr. 18 à
22 fr. 50. Celte partie si intéressante du domaine agricole représente
une valeur de 6,256 millions.
Nous ne parlerons point des terrains de qualité supérieure, estimés
à un total de près de 4 milliards. Rien de multiple comme cette caté-
gorie, qui comprend les vergers, les chènevières, les jardins, etc. C'est
là surtout que les moyennes seraient impuissantes à donner des idées
même approximatives des valeurs.
La catégorie des landes, pâtis ou pâtures et autres terrains incultes
offre peut-être plus d'intérêt. Il y a là une sorte de réserve dont la
diminution sera dans l'avenir intéressante à constater. Les terres in-
cultes sont loin d être dénuées de valeur et de revenu, notamment
dans les pays d'élevage. Dans la Nièvre, elles sont cotés en moyenne
1,500 fr. l'heclare, et 1,000 fr. dans Saône-et-Loire. En Bretagne, oii
leur quantité est si considérable, on trouve, dans le Finistère, 382 fr.,
dans le Morbihan, 2j.O. Le prix minimum est de 43 fr., chiffre des
Basses-Alpes. Le revenu moyen d'un hectare de landes est de 6 fr. 13,
et le prix moyen de 266 fr. 70. La valeur totale pour toute la France
est de 1 ,594 millions.
Veut-on connaître maintenant à quel taux on place les capitaux en
achetant telle ou telle nature d'immeubles dans lel ou tel départe-
ment? Le travail officiel nous renseigne encore sur ce sujet, et les
centaines de mille actes dépouillés par l'administration de l'enregis-
trement et des domaines donnent à ces indications une certaine va-
leur, quelque réserve qu'on ait pu faire.
Le rapport du revenu net imposable à la valeur vénale ou taux de
l'intérêt pour chaque nature de culture serait le suivant : terrains de
qualité inférieure, 3 fr. 02 pour 100; terres labourables, 2 fr. 58;
prés et herbages, 3 fr. 26; vignes, 4 fr. 38; bois, 3 fr. 02 ; landes,
2 fr. 96 : cultures diverses, 3 iV. 32 ; moyenne générale, 2 fr. 89. Ces
chiffres sont fort approximatifs; la propriété foncière ayant plus
LA VALEUR VÉNALE DE LA PROPRIÉTÉ. 229
qu'autrefois à subir des oscillations constantes. Un jour ce sont les
sinistres de la Bourse qui portent les capitaux de son côté ; une autre
fois les importations des i)lés étraniiçers, en diaiinfiant les fermages
poussent à un nouveau virement. Pourtant les cliitîres de détail qu'on
vient de donner comme résultats généraux ne sont pas sans intérêt,
a terre coule excessivement cher dans le Puy-de-Dôme, la Creuse,
le Cantal; est-ce parce qu'elle est disputée par les émii^rants de ces
départements qui, chaque année, y rapportent leurs économies? Dans
a Creuse, berceau d'une population laborieuse, on place en terre à
raison de 2 fr. 32. Le taux le plus eleve se trouve dans les Pyrénées-
Orientales, 3 fr. 82 ; le moins élevé, dans la Seine, 0 fr. 1*7. Le taux
dans Eure-et-Loir est de 3 fr. 14. Pour la vigne, ie rapport du revenu
net à la valeur vénale dépasse G pour 100 dans l'Héiault; il est entre
5 et G dans l'Ardèche, la Corse, la Haute-Garonne, l'Indre, le Lot, la
Haute-Marne, les Pyrénées-Orientales, le Tarn. Le revenu le plus faible
est celui de la Haute-Loire, qui n'arrive qu'à 2 fr. kl. Les terrains en
landes ou pâtures sont souvent d'un revenu avantageux; ils rapportent
h fr. 22 dans l'Ariège, 4 fr. 05 dans la Haute-Savoie, 5 fr. dans
Vaucluse. Dans les contrées où les terres vagues sont un secours pour
l'élevage, on trouve aussi des revenus relativement élevés ; ainsi
3 fr. 25 dans le Morbihan et 2 fr. 69 dans le Finistère. En ce qui con-
cerne les bois, le revenu minimum se trouve, en Savoie, 2 fr. 14,
et le revenu maximum dans Vaucluse, 4 fr. 97.
Terminons ces nomenclatures par des chiffres généraux. Le revenu
net de toutes les cultures est en moyenne de 2 fr. 69 ; Ihectare vaut
1,830 fr. 89; le patrimoine agricole, pris dans son entier, est estimé
91 ,583 millions. Aucun pays d'Europe ne présente de telles ressources
agricoles.
Les plus-values indiquées ci-dessus ont besoin d'être analysées.
On a vu que dans la Beauce la valeur vénale s'était élevée de 1,405 fr.
l'hectare à 2,104 fr. Est-ce à dire que la production du blé est de ôO
pour 100 plus considérable qu'autrefois î' La même question [lourrait
être posée en ce qui concerne les autres parties productives du do-
maine de la France. Le revenu total est passé, depuis l'achèvement
du cadastre, de 1,824 millions à 2,645 millions ; mais il faut en re-
trancher la somme d'impôts qui, depuis, e^t venue s'abattre sur la
propriété. De 1869 à 1877 seulement, les centimes additionnels ont
passé du chiffre de 243 millions à celui de 305. En ce qui concerne
la valeur vénale, il y a lieu de déduire, pour un espace de temps de
près d'un demi-siècle, la dépréciation des valeurs monétaires ; un
statisticien de premier ordre, M. de Foville, l'estime à 20 ou 25 pour
100. Enfin il y aurait lieu de rechercher quelle est la part de capital
nouveau incorporé dans le sol. Dans son beau livre : Essai sur la répar-
tition des richesses^ M. Paul Leroy-Beaulieu évalue à 1,500 raillions
de francs l'épargne annuelle qui vient se fixer à Paris en placements à
la Bourse, et pense qu'un capital égal au tiers de cette somme se di-
rige annuellement vers le sol et passe en améliorations. Cet emploi
fait régulièrement depuis vingt ans, forme la plus grande partie de la
plus-value. Enfin il faut mentionner le courage, l'énergie constante du
cultivateur dont le travail s'incorpore au sol.
Il faut en tout cas se féliciter de la publication du volume et de
l'atlas qui nous ont fourni ces renseignements ; sans doute les der-
230 LA VALEUR VÉNALE DE LA PROPRIÉTÉ.
nières années ne répondent pas aux précédentes, mais le mal ne peut
être que transitoire, surtout si les pouvoirs publics chercbent les
remèdes nécessaires dans une sage pratique de la liberté.
Achille Mercier,
Membre de la Société d'économie politique.
SUR L'OPiCANISATION DU CRÉDIT AGRICOLE
Dans le numéro du Journal du 11 octobre, M. Faure me pose une
question et émet un doute auxquels je crois avoir complètement
répondu. 11 suffit pour en être convaincu de se reporter à tout ce qui
a été écrit dans ce journal depuis le mois de février dernier sur le crédit
agricole. Néanmoins, comme un écrit de huit mois peut bien avoir
été oublié des lecteurs, je vais redire quelques mots au sujet de la
demande et de l'objection de M. Faure.
J'ai employé dans mon projet de banque agricole, non le mot de
billet impliquant pour unique garantie la bonne foi et l'honorabilité
des signataires ou, s'il s'agit de billets de la Banque de France, le
numéraire, monnayé ou non, enfoui dans les caves de cet établisse-
ment, mais bien celui d'obligation, c'est-à-dire valeur garantie, non
seulement par les gages donnés par les emprunteurs, garantie, en
outre et surtout, par hypothèque sur propriété foncière et rurale. Ce
sont donc bien des obligations et non des billets qu'il s'agit d'émettre.
Ces obligations n'ont pas besoin de nouvelles négociations; j'ai dit
comment elles seraient émises et quels taux d'intérêt recevraient les
propriétaires consentant à les garantir sur leurs immeubles.
Que ces nouvelles valeurs fiduciaires soient appelées à circuler en
même temps que les billets de la Banque de France, c'est là le fond
du projet; mais, qu'il puisse en résulter une dépréciation de 25
pour 100 sur le numéraire, c'est ce que je conteste, puisque la Banque
agricole ne pourrait mettre de ces obligations en circulation qu'au fur
et à mesure des besoins de l'agriculture et en proportion directe du
capital réalisé de la Société créatrice, à ses risques et périls, du nouvel
établissement de crédit, et pour une somme égale seulement au chiffre
des hypothèques consenties.
La Banque agricole, sagement conduite sous la surveillance spé-
ciale du gouvernement, n'aurait pas pour effet la diminution de la
valeur des capitaux, mais elle pourrait bien empêcher l'augmentation
de la valeur de ces capitaux, ce qui serait le résultat inévitable d'une
plus grande demande de numéraire circulant, si la clientèle des
cultivateurs venait, pour les établissements existants de crédit,
s'ajouter purement et simplement à celle du commerce et de l'indus-
trie. Tout ceci résulte clairement, ce me semble, des articles que j'ai
publiés et qu'il suffit de relire.
M. Faure nous donne à entendre que la Banque de France nous
opposera son privilège; j'ai démontré qu'elle aurait tort, à moins de
faire elle-même et dans des conditions analogues, ce qu'à son défaut
l'on sera obligé de confier à un autre établissement ; car il ne peut y
avoir concurrence quand on ne s'adresse pas à la même clientèle. En
fin de compte cependant, si ce privilège devait être un obstacle, j'ai
dit que le dernier mot resteraitau Parlement. D'après M. Faure, il faudra
du temps avant qu'une pareille loi soit votée. Peut-être a-t-il
raison I Et, ce ne sera pas la première fois que l'agriculture sera sacri-
SUR L ORGANISATION DU CRÉDIT AGRICOLE. 231
fiée à des intérêts fort légitimes, sans doute, mais qui ne sont pas
ceux de la majorité des Français.
Je dois remercier M. Faure d'avoir l'ait naître à nouveau la ques-
tion du crédit agricole. Je la croyais enterrée pour longtemps, en me
rappelant les paroles de notre dévoué ministre de l'agriculture,
M. Méline, lorsqu'il vint présider la séance de distribution des prix
de la Société nationale d'agriculture, le 4 juillet dernier. M. Méline
nous dit alors qu'en ce qui concerne le crédit agricole, il voyait qu'il
n'existait pas pour ceux qui n'en avaient pas besoin, mais qu'il n'en
croyait pas moins à sa nécessité et qu'il ne pourrait se résoudre à y
renoncer. Ceci voulait dire que les membres de la Société nationale
d'agriculture ne s'étaient pas, dans l'enquête qui venait d'être close,
montrés favorables à l'institution du crédit agricole, qu'il en voyait la
raison en ce que la plupart des membres de cette Société étaient de
grands propriétaires, n'ayant aucun besoin du crédit agricole.
Je ne connais pas autrement l'enquête faite par la Société nationale
d'agriculttu'e, puisqu'elle n'a pas encore été publiée; mais je doute que
si la majorité, peut-être l'unanimité de ses membres qui ont répondu
au questionnaire, est venue dire que le crédit agricole serait dangereux
et funeste aux agriculteurs, on ait entendu par là parler d'autre chose
que du crédit dans les conditions actuelles et avec le taux d'intérêt
généralement pratiqué. Quoique grand partisan du crédit agricole, je
n'ai pas dit autre chose et j'ai ajouté que si le commerce avait
encore la possibilité de s'en tirer en empruntant à 7 pour 100, c'était
que les commerçants pouvaient renouveler quatre ou cinq fois leurs
capitaux dans une année; ce n'était en définitive que de 1.50 à
2 pour 100 d'intérêt que chacune de leurs opérations se trouvait
grevée. Il n'en était pas ainsi pour les agriculteurs qui ne peuvent
rentrer dans leurs déboursés qu'au bout d'une année ou plus. C'était
pour eux de 7 à 10 pour 100 qu'il fallait prendre sur le bénéfice de
chaque opération. Or, un pareil taux d'intérêt est ruineux et mieux
vaut pas de crédit que des emprunts à semblables taux. Telle a dii être
la conclusion générale, je n'en doute pas. La majorité s'en est probable-
ment tenue là. En ce qui me concerne, j'ai ajouté que les emprunts ne
devaient pas être à un taux supérieur à 4 pour 100 (3 fr. ()5, un cen-
time par jour par cent francs). La chose est-elle possible'!* J'ai répondu
affirmativement, en faisant connaître le projet d'une banque agricole
susceptible de remplir ces conditions. Que ce projet soit encore consi-
déré comme une utopie, je le crois sans peine, car il faut du temps
pour qu'une idée, même des plus pratiques, puisse faire son chemin.
Si ma faible voix pouvait être entendue de M. Méline, je lui dirais :
Vous avez raison, ne renoncez pas à l'organisation du crédit agricole
qui eurichira l'agriculture et avec elle le reste de la France. Vous allez
réussir, ce n'est guère douteux, à faire justice des dostrines du libre-
échange, magnifiques en principe, mais jusqu'ici appliquées sans
réciprocité et à l'encontre des seuls intérêts agricoles.
Joignez-y la facilité de se procurer des capitaux à bon marché, saus
laquelle vous n'aurez atteint que la moitié du but. Je vous présente un
projet de Banque agricole pour arriver à ce résultat; s'il est défectueux,
corrigez-le! Si vous en trouvez un meilleur, appliquez-le! Mais pour-
suivez votre chemin sans écouter les clameurs. Il en sera de votre pro-
jet comme du tonnerre qui épouvante la plus grande partie des gens,
â32 SUR l'organisation du crédit agricole.
bien qu'il n'en tue qu'un sur cent mille, et qu'il nous faut bénir cepen-
dant, puisqu'il nous apporte la fertilité avec la pluie bienfaisante. Bien
des personnes également auront peur de l'idée que vous poursuivrez,
sans pour cela en être atteintes; et, comme après l'orage vei'sant l'eau
sur nos guérets, vous répandrez sur la première de nos industries
nationales les capitaux en ondées fertilisantes. P.-N. Ayra.i!d,
Membre delà Société nationale d'agriculture.
LES VENDANGES DANS L'HÉRAULT EN 1884
Notre dernière récolte a été favorisée par une continuation de temps
on ne peut plus favorable, et pourtant le degré alcoolique des vins est
relativement faible cette année, surtout pour les vins de Jacquez, qu'on
avait vus quelquefois titrer 13 à 1 4° d'alcool, tandis qu'ils n'ont géné-
ralement atteint, cette année, que 9° 1/2 à 10", bien exceptionnelle-
ment 11°; néanmoins la qualité en a été généralement assez bien
réussie pour que le commerce ait recherché et enlevé, dès la récolte, la
plupart des vins de Jacquez, en dépit de leur fj^iible degré, et n'ait pas
craint de les payer de 40 à 45 francs l'hectolitre, sortant de la cuve,
alors qu'on ne payait pas ces prix-là pour les plus beaux vins d'Es-
pagne et d'Italie titrant 15°. Cela a un peu surpris, d'autant plus
que le Jacquez a le défaut d'être un peu plus noirâtre que rougij, à
moins d'être assez fortement additionné d'acide tartrique à la cuve.
Les vins provenant des greffes sur Jacquez ont été également re-
cherchés et rapidement enlevés aussi, dans les prix variant de 20 à
30 francs l'hectolitre, suivant la variété (Aramon, Carignane, Cinseau)
et le lieu de production (plaine, coteau, etc.).
La note dominante, celle année, est la satisfaction générale, en
voyant que ce ne sont plus d'insignifiantes et trop modestes récoltes
qu'a procurées la vigne américaine, mais que la progression rapide
du produit, à mesure que les plantations se multiplient, assure déjà
pour l'an prochain une récolte déjà satisfaisante dans notre région, et
surtout, pour un avenir prochain, un retour à l'ancienne richesse viti-
cole du Midi qu'on avait désespéré de revoir jamais.
Tandis que, ces dernières années, on ne trouvait cà et là que quel-
ques rares propriétaires produisant quelques hectolitres ou quelques
centaines d'hectolitres, on les compte désormais par milliers.
Les caves où l'on récolte 500 à 1,000 hectolitres sur pieds améri-
cains (greffés ou non greffés) ne sont plus à compter dans l'arrondis-
sement de Montpellier et même dans celui de Béziers. On voit déjà
plusieurs caves, telles que Mézouls, Agnac, Layraigues, Venhant, le
Terrai et bien d'autres, donnerdes récoltes variant entre 1 ,0Q0 et 2,000
hectolitres : quelques-unes, telles que Valautre, Coussergues, dépas-
sent même ce cernier chiffre.
Un fait surtout réjouissant est de voir nombre de paysans et proprié-
taires récolter dans leur petit domaine d'un hectare au plus chacun sa
petite partie de vin de 25, 50, 100 hectolitres, dont la vente leur a
causé plus de joie que les récoltes antérieures au phylloxéra, alors
même qu'elles étaient dix fois plus importantes.
La satisfaction et la confiance sont générales ; il faut pourtant qu'il
y ait une ombre au tableau : cette année, c'est le peronospora ou mil-
diou, dont on redoute le retour, parce qu'on l'a revu ces deux dernières
années (quoique d'une manière bien moins générale en 1884). Nous
LES VENDANGES DANS L'H^RaULT EN 1884. 233
avons eu dans le courant de cet été six ou sept invasions diverses, dont
la durée ne se prolongeait pas au delà de trois [ou quatre jours,
jusqu'au moment où le vent du nord en enrayait les effets. Ces inva-
sions, toutes locales, n'atteignaient pas de grandes étendues de vignes,
et ont témoigné des bizarreries inexplicables dans leur manifestation.
Au lieu de sévir dans les plaines et dans les zones les plus humides,
ce sont souvent les coteaux les plus élevés, les plus aérés qui ont été
atteints, principalement pour la première invasion du 17 juin, qui a,
chez M. il. Mion, chez moi et chez quelques autres propriétaires,
atteint le fruit plus encore que les i'euilles de Jacquez, à tel point que
pour ma part, j'ai réellement perdu plus de 7 à 800 hectolitres par ce
seul fait. Bien des personnes n'ont remarqué cette disparition du fruit
dans les vignes très fourrées qu'au moment de la vendange, ils l'ont
attribuée à la coulure. Les invasions ultérieures ont plutôt atteint les
feuilles que le fruit et n'ont pas eu, du reste, de fâcheuses consé-
quences. Mais, par une nouvelle bizarrerie, tel cépage qui avait le plus
souffert l'an dernier n'était point atteint cette année-ci et vice versa. Le
.facquez est en tout cas le cépage qui reste toujours le plus accessible
à ce fléau, et, pour ma part, je compte greffer successivement tous
ceux que j'avais conservés pour la production directe. Je m'en console
du reste, en constatant que c'est un excellent porte-greffe.
Jules Leenhaudt.
MÉTÉOROLOGIE DU MOIS D'OCTOBRE 1884.
Voici le résumé des observations météorologiques faites au parc
de Saint-Maur, en octobre 1 884 :
Moyenne barométrique à midi : 760""". 77; minimum, le 10 à 5 heures du matin,
742""". 93 ; maximum, le 5 à 1 heure du matin, 771"'"'. 06.
Moyennes ihcrmo métriques : des minima, 5°. 62; des maxima, IG^.SS; du mois
9". 70; moyenne vraie des 24 heures, 9". 14. Minimum le31 au matin, — 1".7 ;
maximum le l''"' vers 1 heure et 2 heures du soir, 21". 9. Il y a eu deux jours de
gelée les 25 et 31 et 7 jours de gelée blanche.
Tension moijenne de la vapeur : 7""". 59; la moindre, le 31 à 5 heures du
matin, 4"'™. 1 ; la plus grande, le 2 à 5 heures du soir, 11™"'. 2.
Humidité relative moyenne : 87 ; la moindre, le 4 à 3 heures du soir, 44 ;
la plus grande 100, en 22 jours.
Pluie : 16™'". 6 en 35 heures réparties en 17 jours; la plus forte pluie 4'"'".1 est
tombée en 2 heures 1/4, le 10 octobre dans l'après-midi avec de la grêle; le ciel
était orageux ; il a en effet éclairé le soir à l'entrée de la nuit. Il n'y a pas eu
d'autre manifestation orageuse dans tout le mois.
Nébulosité moyenne, 67 ; il y a eu 3 jours entièrement couverts du 16 au 18
et 4 jours très beaux du 22 au 25.
Les vents ont presque toujours soufflé du SW à l'W; ou du NW au N. Un seul
jour do vent fort, du SW, le 26.
La température moyenne de la Marne, 12°. 33, a varié de 17°. 19 le 1", à 9°. 06 le
31. Elle a été constamment basse et extraordinaïrement claire ; le 21, j'ai pu dis-
tinguer un objet blanc jusqu'à 5"'. 10 de profondeur; c'est la plus grande transpa-
rence que j'aiejamais observée dans la Marne.
Moyennes à 7 heures du malin : baromètre, 760'"'". 74; thermomètre, 6°.87 ;
tension de la vapeur, 7'"". 31 ; humidité relative, 96; nébulosité, 80.
Relativement aux moyennes normales, le mois d'octobre 1884
présente les résultats suivants : baromètre plus élevé de 3""°. 77 ; ther-
momètre plus bas de 1°.34; tension de la vapeur plus basse de 0'"°'.A\ ;
humidité relative normale; nébulosité plus_graade de 3; pluie, un tiers
de la quantité ordinaire.
234 MÉTÉOROLOGIE DU MOIS D'OCTOBRE iSSi
On avait cessé de voir des hirondelles sédentaires le 19 septembre ;
nous en avons vu passer de petits groupes jusqu'au 17 octobre.
Le Pyrèlhre de la Ciiine a commencé à fleurir le 20. (Je note tous les
ans la même variété). A la tin du mois nos jardins ont conservé un
assez grand nombre de fleurs. Les Dahlia, Canna, Caladium, Bégonia,
ont été atteints par la gelée du 25 qui n'est descendu qu'à 0°,7 au-
dessus de zéro; la gelée de — 1°.7 du 31 a achevé les Dahlias et atteint
partiellement les Ageratum. Beaucoup d'arbres ont conservé presque
toutes leurs feuilles vertes : fresne, orme, lilas et surtout, nerprun
purgatif, sureau et saule pleureur. E. Renou,
Membre de la Société nationale d'agriculture.
PARTIE OFFICIELLE
Loi concernant les droits fiscaux à percevoir sur les échanges d'immeubles ruraux.
Le Sénat et ia Chambre des députés ont adopté.
Le Président de la République promulgue la loi dont la teneur suit :
Article premier. — A jiartir de la promulgation de la présente loi, il ne sera
perçu, sur les échanges d'immeubles ruraux, que vingt centimes (20 c.) par
cent francs (100 fr.) pour tout droit proportionnel d'enregistrement et de trans-
cription, lorsque les immeubles échangés seront situés dans la même commune
ou dans des communes limitrophes.
En dehors de ces limites, le tarif ainsi fixé ne sera applicable que si l'ua des
immeubles échangés est contigu aux propriétés de celui des échangistes qui le
recevra, et dans les cas seulement où ces ima-eubles auront été acquis par les
contractants par acte enregistré depuis plus de deux ans, ou recueillis à titre
héréditaire.
Art. 2. — Dans tous les cas, le contrat d'échange renfermera l'indication de la
contenamce, du numéro, de la section, du lieu dit, de la classe, de la nature et du
revenu du cadastre de chacun des immeubles échangés, et un extrait de la matrice
cadastrale desdits biens, qui sera délivré gratuitement, soit par le maire, soit par
le directeur des contributions directes, sera déposé au bureau lors de
l'enregistrement.
Art. 3. — Le droit réglé par l'article 52 de la loi du 28 avril 1816 sera payé sur
le montant de la soulte ou de la plus-value.
Art. 4. — Les dispositions des lois des 27 juillet 1870 et 21 juin 1875 sont
abrogées en ce qu'elles ont de contraire à la présente loi.
La présents, loi, délibérée et adoptée par le Sénat et par la Chambre des députés,
sera exécutée comme loi de l'Etat.
Fait à Paris, le 3 novembre 18S4. Joles Grévy.
Par le Président de la République : Le ministre des finances : P. Tirard.
COURRIER DU NORD-ESï
Après les pluies bienfaisantes de la semaine dernière, un temps splendide a
succédé; aussi voit-on les céréales se présenter sous le plus agréable aspect. Bien
des agriculteurs avaient eu des appréhensions pendant l'époque des semailles qui
ont été faites par une grande sécheresse, on craignait les insectes et les froids
prématurés. Fort heureusement la température a été on ne peut plus propice pour
les récoltes eu terre. Aussi voit-on la récolte future dans de bonnes conditions de
prospérité. Ad. Bbonsvick.
REVUE COMMERCIALE ET PRIX COUR.\NT DES DENRÉES AGRICOLES
(8 NOVEMBRE 1884).
I. — Situation générale.
La situation est la même qu'il y a huit jours : marchés suffisamment approvi-
sionnés, avec un courant d'atî'aires ordinaire.
H. — l.es grains et les farines.
Les tableaux suivants résument les cours des céréales, par QUINTAL MÉTRIQUE,
sur les principaux marchés de la France et de l'étranger :
KKVUK COMiMERGlALK KT PRIX GOCKANT (8 NOVEMUUE 1884).
5' HKOION. — CBNTRR
Bl6. Seigle.
fr. fr.
Allier. Montluçon. . . .
— St-puurçaia
Cher. Bourges
— St-\inand
— Aiibignv
Creuse. Aubussoii
Indre. Cbâtcauroux
— Valençay
— Issouduii.
Loiret. Orléans,
— Gien
— P;ilay
L.-el-Ciier Blois
— Montoire
Nièvre. Nevers
— La Charité,
Yonne Sens
— St-Florentin
— Bnenon
235
i" RBOION. -
- iHOHD.Ul'KST.
Blé.
Seitle.
Orje.
Aroioe.
fr.
fr.
Ir.
fr.
Calvados. Lisieux
20 75
17.35
18.45
22.00
— Caeu
■il.iO
15.20
16.50
20.05
G.-du-Noi ti. Tré^îuier. .
11) 00
))
15.00
14.25
— l'uiitrieux
18.50
15.00
15.50
15.00
Finislerir. Morlaix
Ti.OO
0
10.00
14.00
— Quimper
19.50
15.50
15.50
15.00
llte-el- Viiaine. Rennes,
19.50
»
15.50
15.00
18 50
22. SO
14.50
15.50
15.25
Wttïic/ie. t'.herboaig. ..
20.60
— Villedieu
2j.O0
20.00
16.15
21.00
Mayenne. Mayenne
19.50
D
14.60
16.50
20.00
19.00
»
14.65
,
15 75
Morbihan. Uennebont.
16.00
20. Jd
20 . 80
15.00
>
13.35
Orne. Mortagne
15.00
— Seez.
„
16.15
16.50
Sarthe. Le Mans
20. .0
15.50
15.60
19. 5o
— Bc.iumont
20 50
14.50
15 5o
Prix moyens
20.45
10.85
15.59
16. 3J
2* RBOION. — NOKU.
Aisne. Soissons
80.00
»
»
16.20
— ChiUeau-Tliierry.
19.70
15.50
16.50
(6.40
18.75
20.50
20 15
15.50
13.40
15.70
17.50
20.00
16.90
16.75
— Louvicrs
17.35
— Le Neubourg
19.75
1.S.35
16.90
18.00
Sure-et-Loir. obarires.
23.25
13.75
17.30
16.00
— niuUeaiidun
20 'i5
j)
16.55
17.15
— La rertiî-Viilaïue.
2J.I0
17.35
20.00
15.25
2j.i0
19.50
15.50
18.75
16.15
17.20
— Cambrai
17.00
— Lille
20.75
20.50
17.10
15. 2S
14. 50
111.50
17.00
Oise. Compiègne
16.50
— Clermont
19.50
12 SU
17.00
15.55
20.00
21.00
14.50
15.1)5
17.80
16.50
Pas-de-Calais. Arras. . .
14.50
20 . 80
21.. ',0
14 65
16.00
16.25
18.50
Seine. Pans
18.00
S.-el-Marne. Melun
20.40
15.50
17.50
16.60
— Montereau
20.40
15.25
17. ;5
16.50
20.75
21.25
14.50
15.25
17.00
18 50
i7.uO
S.-et~Oise. Versailles. . .
18.50
— Rambouillet
20.80
13.00
u
14.50
20.75
20.90
15.75
14.10
19.90
la.ld
17.95
Seine-hifêrieure. Rouen
23.15
19.50
20.25
20.00
14.50
15.25
16.00
18.00
18.50
Somme. Montdidier,.
16 50
22.75
20.45
20.62
14.65
14.50
15.01
16.90
16 90
17.54
13.00
— Peronne
13.50
Prix moyens
16.69
3* REGION.
— NUHU-ESr
Ardennes. Sedan
21 .25
15.00
13.75
17.00
— Ch.irteviUe
21.25
15.55
18.00
16.50
Aube. Troyes
20.40
14.00
17.25
16.25
— Merj-sur-Seine..
19.90
14.00
16.25
14.75
20. 25
20.25
20.40
15.75
15.75
15.75
1S.6U
18.00
18.00
16.25
16.50
— Sle-Menehould.. .
15.75
Hte-Marne. CUaumont..
21.00
15.00
»
15.25
19.75
20 . 00
15.00
14.50
16.00
I7.:.0
14.50
— it-Dizier
16.50
Meitrtli6-ei-Mos. Nancy
21.00
■
t
16.75
— Luneville
21.00
15.50
16.50
16.00
— Toul
20.50
16.00
17.50
15.50
Meuse. Bar-le-Duc
20.90
10.75
19.00
17.15
ilaute-.iyaoiiG. tiray
20.00
15.00
15.50
15.00
20.))IJ
21 .00
14.80
16.00
16.60
17.25
Vosges. Neufohâteau.. .
15.85
— Mirecourt
20.40
))
j>
16.50
Prix moyens 2o.i5 l&.3'2 17. J5
4' RÉGION. — OUEST.
Chare7Ue. Angouléme...
— Barbczieux
Char.'infer. Marans ....
— St-Jean-d'Angély..
Deux-Srvres. Niort
Indre-et-Loire, Tours...
— Blcre
Loirt-lnf. Nantes
M.-et-Lnire. Saumur...
— Aiii^ers
Vendée. Ltiçon
— I''ontenay-le-Comte
Vienne. Loaduii
Haute- Vien7ie. Limoges.
Prix novens.
20.00
»
18.50
16.00
20.80
»
»
16.00
19.25
»
16.00
15.00
20 00
»
15.75
15.50
19.00
»
15.00
15.50
19.00
14.35
16.25
17. 2S
18.75
13.65
19.20
16.00
20.25
1
17.70
15.90
20 45
15.00
17.00
17.00
19.00
16.25
17.00
17.50
19.50
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16.55
15.50
22.75
))
15.70
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19.80
»
18.00
16.25
20.00
15.00
18.25
18.50
19.90
14.85
16.98
16.30
Prix moyens
16.50 16.01
6* HÉ910N. — EST.
16.35
15 15
14.50
17.50
• 4.75
16.65
15.63
16.50
15.50
15.50
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15.75
16.00
18.25
18.00
17.50
17.25
18.45
18.45
15.50
17.50
17.00
16.25
17.25
16.50
16.50
18.00
18.50
17.00
15.50
16.00
17.00
17.40
17.25
))
15.50
17.75
16.75
^ttt. Bourg 22.10
— Pgnt-(ie-Vaux 21.50
Cùte-d'Ur. Dijon 20.75
— Beaune 19.75
Douhs. Hesaiiçon 20.45
Isère. Grenoble 22.00
— Bourguin 20.50
Juro. Lons-le-Sauiiier .. 22.00
Loire. Cnarlien 21.10
F.-de-Liome. Clermonl-F l'.i.oo
Hliône. Lyon 21.50
— VillefrancLie 21.50
Saàne-et-Loire. Màcon .''21.50
— Anluu 19.75
oayoï'e. Cbambéry 22.75
the-iSavoie. Annecy 22.75
Prix moyens 21.18 15. S2 17.54 16.8
7' BÈGION. — SCn-OlTEST.
Ariege. Foix
— Pamiers
Dordogne. Sariat
lite-Garonne. Toulouse.
— bt-Gaudeiis
Gers. Coiidoin
— Lauze
— Mlrande
Gironde, bordeaux
— Bazas
Landes. Dax
Lol-et-Oaronne. Nerac.
s- Agen
B. -Pyrénées. Bayonne..
Htes-Pyrénees. Tarbes. .
Prix moyens 22.29 :8.2s
8' BÉGION. — SCD.
Aude. Castelnaudary.. 22. 80
Aveyron. Rodtz 20.80
— Villefrancbe 20. so
CanlaL Mauriac 22.50
Vurreze. Tulle 22.00
HêraiUl. Bezlers 23.40
— Montpellier 21.85
Loi. Cahors 22.25
Lozère. Mende 22.75
i^yrénées-Cr. Perpignan. 24.00
Tarn. GaïUao 22.50
rar7i-el-l/a)*. .Montauban 21.00
Prix moyens 22.22 17,92
y RÉGION. — SITI)-KST
Basses-Alpes. Manosque 23.70
Hautes-Alpes. Briançon. 22.50
Alpes-Maritimes. K\c&.. 25.00
.4rdec/ie. Privas 24.30
B.-du-HUone. Marseille 23.25
Drame. Valence 20.75
«ard. Alais 24.70
Haute-Loire. Brionde.. 21.10
Kor. Draguignaa 22.25
Vaucluse. Avignon.... 22.80
Prix moyens 23.08
Moy. de toute la France 21.16
— de la semaine precéd. 21.02
24.10
18.05
j>
16.00
22.00
16.65
n
17.00
24.00
20.50
n
))
21.35
17.00
14.60
18.50
23,40
18.00
»
18.50
22.80
))
»
18.00
22.00
»
»
19.00
19. 3O
•
»
17.40
21.75
17 05
17.25
17.50
22.10
17.00
»
»
23.00
19.35
K
»
22.40
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»
20.00
20.23
13.00
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23.25
19.75
»
17.50
22.00
18.50
»
19.50
16.93 18.08
18.00
17.00
19.00
17.00
ii
I8.S0
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r,
16.00
19.25
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19.50
18.00
17.75
18.25
18.00
16.00
18.75
D
16.00
18.75
18.00
18.25
13.00
18.00
18.45
18.00
17.80
22.00
24.40
»
»
18.50
16.65
15.75
19.50
17.05 18 92
T,
»
20.00
18.00
18.00
19.00
18.00
16.00
19.50
16.15
16.50
13.60
»
11.75
15.00
15.50
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17.75
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»
21.25
18.35
17.30
14.00
»
18.00
17.80
fl
»
19.00
17.20
10.26
18.19
16.17
10.80
16.93
16.13
17.10
17.12
Sur la semaiae^Uausse. o.
précédente.. tBaisse. >
0.04
0,30 0.19
ii36 REV[IE COMMERCIALE ET PRIX GOURANT
Blé Seigle. Orge. Avoine
fr. fr. fr. fr.
Alnérie Alger i '^'"^ '""''''''•• "^-^0 " » "
Aloene Alger , ^^.^^^ 1^^^ ^ ^^ „
Angleterre. Londres 19.2.Ô 16.65 15 7.5 ÎLOO
Belgique. Aiiver.s 18 00 16. 2.') 20. '2.5 18. .'jO
— Bruxelles 20.00 16.50 » »
— Lièiçe 19.35 17.00 18.00 17.10
— Naiiiur 19.no 15.75 18.00 15.50
Pays-Bas. Amsteril.iin 17.55 15.55 » ■
Luxembourg. [,uxemlioiirg; 22.75 18.65 15.40 17.00
Alsace-Lorraine. Strasbourg. 22.25 19.25 21.25 18.00
— Mulhouse 20.80 18.65 » 16.00
— Coliuar 22.40 19. .'.0 20.75 19.25
Allemagne. Berlin 19.110 17.12
— Coiof,'iie 20.1)0 18.10 " »
— Hambourg 18 50 15.10 » »
Suisse. Genève 23.50 18.50 18.50 18.50
Italie. Turin 22 22 16.00 i> 16.50
Espagne. Barcelone 22.00 » 14.45 29.00
Autriche. Vienne 18.(0 » »
Hongrie. Budapesl 17.85 14.50 14 50 12.60
Russie. Sainl-l'étersbourg. . 17.00 13.35 » 12.50
Etals-Unis. New-York 16.40 » » •
BIcs. — Nous n'avons rien de nouveau à signaler depuis huit jours. Les culti-
vateurs sont encore retenus par les travaux des champs, et n'ont pas encore paru
en nombre sur le marché. Les olîres du commerce sont limitées; la tendance
générale est au calme. Le mercredi 5 novembre, on cotait, à la halle de Paris,
de 2 fr. 50 à 22 fr. les 100 kilog. , soit 21 fr. 40 en moyenne, avec un léger mou-
vement de baisse depuis huit jours. — Sur les marchés des blés à livrer, on
cotait le mercredi 5 novembre : courant du mois, 21 fr. 25 à 21 fr. 50; décembre,
21 fr. 5 1 à 21 fr. 75; janvier-février, 21 fr. 75 à 22 fr.: quatre premiers mois,
22 fr. à 22 fr. 25; quatre mois de mars, 22 fr. 50 à 22 fr. 75. — Au Havre, les
transactions sur les blés étrangers sont toujours calmes ; on paye par 100 kilog.
de 21 fr. à 21 fr. 25 pour les blés d'Amérique, 20 fr. pour les blés de Bombay. —
A Marseille, il n'y a toujours que peu d'alfaires, quoique les arrivages soient peu
importants. Les prix demeurent stationnaires ; les Azima Azoff sont cotés 18 fr. 75
h 19 fr. par 100 kilog,; quant aux autres sortes, elles restent aux anciens taux. —
En Angleterre, les ollres sont restreintes, et zi's cours varient peu. Sur l'ensemble
des marchés du pays, les prix du bl '^ sont fixés à 18 fr. iO [lar quintal métrique;
à Londres, les cours sont un peu plus fermes, de 18 fr. 50 à 20 fr. suivant les
provenances et les qualités.
Farines. — Les affaires se bornent aux besoins de la consommation courante.
Pour les farines de consommation, «n cotait à la halle de Paris, le mercredi
5 novembre : marque de Corbeil, 48 fr.; marques de choix, 48 à 51 fr.; premières
marques, 47 à 48 Ir.; bonnes marques, 45 à 46 fr.; sortes ordinaires, 44 à 45 fr.;
le tout par sac de 159 kilog., toile à rendre ou 157 kilog. net, ce qui correspond
aux prix extrêmes de 28 fr. 05 à 32 fr. lo les 100 kilog., ou en moyenne, 30 fr. 25
comme le mercredi précédent. — Quant aux farines de spéculation on cotait :
farines netif-inarques, courant du mois, 45 fr. 50 à 45 fr. 7o ; décembre, 46 fr. à
46 fr. 25; janvier-février, 46 fr. à 46 fr. 25; quatre premiers mois, 46 fr. 25 à
4h fr. 50; quatre mois de mars. 47 fr. à 47 fr. 25; le tout par sac de 159 kilog.,
toile perdue ou 157 kilog. net. — Les larines deuxièmes valent de 21 à 22 fr.;
les gruaux, de 33 à 38 ir.
Seigles. — I^lus de fermeté dans les cours. On paye à la halle de Paris, de
15 fr. 50 à 16 fr. 50 par 100 kilog. suivant les sortes. Les farines de seigle se
vendent de 20 à 23 fr.
Ori/es. — Prix plus soutenus; on paye à la halle de Paris, de 17 fr. 50 à
19 fr. 25 par quintal métrique suivant les sortes. Les escourgeons se vendent de
19 fr. à 19 fr. i5. — A Londres, le prix moyen se fixe à 18 fr. 10.
Avoines. — La fermeté l'emporte par suiie de demandes actives. On cote à la
halle de Paiis de 1 7 Ir. 25 à 2u fr. par 100 kilog ; suivant poids, couleur et quahté.
Issues. — Prix plus fermes. On paye par 100 kilog. à la halle de Paris : gros
son, seul, 14 fr. 25 à 14 fr. 50 ; sons gros et moyens, 13 fr. 7 5 à 14 fr.; son
trois cases, 13 fr. à 13 fr. 25; sons lins, 12 fr. à 12 fr. 50; recoupettes, 12 fr. 50
à 13 fr. 50 ; remoulages bis, 15 fr. à 16 fr.; remoulages blancs, 17 fr. 50 à 17 fr.
111. — Fourrages et graines fourragères.
Fourrages. — Le^marché est assez bien approvisionné. La venta est lente et les
DES DENRÉES AGRICOLES (8 NOVEMBRE 1884;. 237
pvix fans variation. On paye, à Paris : foin, 46 à 61 fr. les 100 boftes ou 500 ki-
log.; luzerne, 50 à 60 fr.; paille de blé, 26 à 33 fr.; paille de seigle, 2'i à 3k Ir.;
paille d'avoine, iV à 31 Ir.
Graines fourragères. — Les prix sont sans changements à Paris où Ton cote :
trèfle violet, 105 à 120 fr.; les 100 kilog. trèfle Liane, 165 à 200 fr.; trèfle hybride,
150 à 170 fr.; luzerne de Provence, 140 à 150 fr.; d'Italie, 125 à 135 i'r.; du
Poitou, 90 à 100 fr.; minette, 40 à 45 fr.; ray-grass anglais, 35 à 40 fr.; d' ta-
lie 40 à 44 fr.; sainfoin à une coupe, 33 à 35 fr.; à deux coupes, 37 à 38 fr. ;
vesces de printemps, 22 à 23 fr.; pois jarras, 17 à 18 fr. — A Marans, la graine
de trèfle vaut 105 fr. ; la luzerne, 85 fr.
IV. — Fruits et Irgumes friiis.
Fruits. — On vend à la ha l'o de Paris : poires, 10 à à 60 fr. le cent; 0 fr. 25
à 60 le kilog.; pommes, 5 à 60 fr. le cent; et 20 à 60 fr. le kilog.; raisin blanc
0 fr. 80 à 5 i'r.; à 5 fr. le kilog.; noir, 0. fr 9 0 à 2 fr.; coings, 5 à 20 Ir. le cent;
châtaignes, 16 à 22 fr. l'hoctolilre; fraises, 1 fr. 50 à 2 fr. le panier; noix, 0 fr.
32 à 0 fr 70 à le kilog.; nèfles, 1 fr. 50 à 5 fr. le cent.
Légumes. — Artichauts, 20 à 32 fr. le cent; carottes communes, 14 à 25 fr. les
cent; bottes; 4 fr. 50 à 5 fr. l'hectolitre; betteraves, 0 fr. 30 à 0 fr. 80 la manne,
choux, 12 à 20 fr. le cent; haricots verts, 1 fr. 80 à 2 fr. le kilog,; en cosse,
0 fr. 34 à 0 fr. 42 le kilog.; éc(jssés, 0 fr. 55 à 0 fr. 70 le litre; navets, 15 à 20 fr.
les cent bottes; oignons, 14 à 16 fr.; panais, 12 à 15 fr.; poireaux, 3 à 4 fr. les
cent bottes; potirons, 0 fr. 50 à 5 fr. la pièce; chonx-fleurs, 10 à 75 fr. le cent;
barbe de capucin, 0 fr. 60 à 0 fr. 75 la botte; cardon. 1 fr. à 1 fr. 25; céleri,
0 fr. 50 à i fr. la hotte; chicorée frisée, 6 à 14 fr. le cent; cresson, 0 fr. 27 à
0 fr. 82 la botle do 12 bo^es ; escarole, 5 l 8 fr. le cent; laitue, 4 à 5 fr. le cent ;
mâches, 0 fr. 25 à 0 fr. 30 le kilog. ; romaine, 3 à 5 fr. la botte de 32 tètes ; sal-
sifis, 0 fr. 30 à 0 fr. 40 la botte; tomates, 0 fr. 35 à 0 fr. 50 le calais.
V. — Vins. — Sf)iri(ue«a!. — Vinaigres. — Cidres.
Vins. — Les transactions sont devenus importantes dans le Midi pendant la
eeraaine qui vient de s'écouler; on a beaucoup acheté à Narbonne, à Béziers, à
Bordeaux. Ijes fêtes de la Toussaint ont un peu arrêté le mouvement, de telle
sorte qu'on ne peut encore établir des cours ; les grandes affaires ne se traiteront
que dans le courant du mois. Les prix que nous avons déjà donnés ne se inodi-
hent guère, et pour les transactions nouvelles, dans la Franche-Comté, ou espère
vendre 90 fr. les 200 litres en moyenne. A Sennecey, dans le Maçonnais, on de-
mande 100 fr. de la pièce. A Béziers, les petits vins de plaine ont atteint de 20 à
26 fr. l'hectolitre. — A Cette, les types présentés sont variables et les prix ex-
trêmes vont de 10 et 12 fr. à 30 et 32 fr. l'hec^tofitre. — A Condom, on a traité
aux prix de H fr, 50 à 4 fr. le degré pour fes 228 litres nu. — Dans la Côte-d'Or,
on attend la vente des hospices de Beaune, qui aura lieu le 9 novembre, pour
fixer les prix des grands crus.
Spiritueux. — Les cours des alcools se sont relevés depuis notre dernière revue.
Aujourd'hui les prix sont bien tenus et la tendance à la fermeté. On cote à Paris,
par hectolitre : trois-six fins du Nord, 91) degrés, disponible, 46 fr. 25, livrable
décembre, 46 à 46 fr. 25; quatre premiers mois, ib fr.; quatre mois chauds,
46 fr. 75 à 47 fr. 25. — A Lille, l'alcool de betteraves est à 42 fr,, l'alcool de
mélasse, 42 fr. 50 — A Bordeaux, les trois-six fins Nord valent 53 à 54 fr.; les
extra-^fins , 54 à 55 fr. — A Béziers, fes trois-six bon goût vaient 103 fr. ; à
Montpellier, 102 fr. Les marcs se payent 90 et 95 fr. sur ces deux places. —
Dans le Gers, on a vendu à Condom les armagnacs nouveaux aux prix suivants :
Haut-Armagnac, 100 à 102 fr. 50; Ténarèze ordinaire, 105 à 107 fr. 50 ; Ténarèze
supérieurs, 112 fr. 50 à 115 fr.; Bas-A magnac,' 152 fr. 50 à 157 fr. 50
Crème de tartre, etc. — A Montpellier on cote 145 fr. les 50 kilo^. la crème
de tartre.
Verdets. — Les verdets en pains valent 68 fr.; ceux en boules, 65 fr. les 100 kil.
Pommes à cidre. — A Paris, les arrivages sont nombreux; on cote la pomme
de l'Ouest disponible, 72 fr. les lOJ kilog.; et la livrable deuxième quinzaine de
novembre, 72 fr. — Sur fes marchés des départements, on cote toujours de 2 fr. 50
à 3 fr. 50, excepté dans les villes comme Caen et Rouen, où les prix sont de 4 et 5 fr.
VI. — Sucres. — Mélasses. — Fécules. — Houblons.
Sucres. — La tendance à la baisse persiste. Pour les sucres bruts 88 degrés
saccharimétriques, on paye aujourd'hui les 100 kilog., 36 fr. 75 à 37 fr.; soit
238 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT
0 fr. 50 de moias qu'il y a huit jours. — Les sucres blaacs, 99 degrés sont ^
42 fr. 25 à 42 fr. 50; sucres blancs n" 3, 43 fr.. T5 à 46 fr. Les raffinés restent
tenus de 102 à 105 fr. les 100 kilog. à la consommatioQ et 4^ fr. 25 à 49 fr.
pour l'exportation. — A Marseille, les prix sont soutenus de 37 fr. 25 à 37 fr. 50
les 88 degrés disponibles; les raffinés sont calmes aux cours de 105 à 112 fr.
pour la consommation et 55 à 59 fr. pour l'exportation. — A Nantes, on paye,
37 fr. les sucres bruts et 106 fr. les l'afrinés. — Le stock de l'entrepôt réel, à
Paris était, le 3 novembre, de 633,700 quintaux, soit 100,000 quintaux de plu
que la semaine dernière.
Fécules. — A Gompiègae, les prix ne changent pas pour la fécule première d
l'Oise qui est cotée, 27 fr. disponible et 27 fr. 50 livrable trois mois de novembre,
le tout par 100 kilog.
Houblons. — C'est la baisse qui prédomine sur tous les marchés aujourd'hui.
En Lorraine, les offres ne dépassent pas le prix de 203 fr. les 100 kilog.; peu
d'affaires. — Dans le Nord, àAlost, on cote, 180 fr. et à Poperinghe, 190 fr. Dans la
Bourgogne, les détenteurs sont forcés d'offrir la marchandise, qui ne dépasse pas
les prLx'de 200 à 230 fr.
VII. — Tourteaux. — Noirs. — Engrais,
Tourteaux. — Les prix n'ont subi que peu de variations. — A Arras, ou cote :
tourteaux de colza, 16 fr. 50 les 100 kilog.; d œillelte, 13 fr. 25; de lin, 24 fr.;
de cameline, 15 fr. 50. — A Cambrai, colza, 15 fr. a 18 fr. 50; œillette, 14 fr. 50.
— A Rouen, tourteaux de colza, 15 fr. — A Caen, colza, 17 fr. les 100 kilog.
Engrais. — Voici les cours pratiqués à Masnières (Nord) : nitrate, 15 et demi
à 16 pour 100 d'azote, 24 fr. 50 à 2'ifr. 75 les 100 kilog.; sulfate d'ammoniaiiue,
36 fr. 50 à 37 fr.; chlorure de potassium, 19 (r. 50; superphosphate riche, 13 à
15 fr. et û fr. 62 le degré d'acide pliosphorique soluble; superphosphate extra-
liche, 15 à 17 fr. et 0 fr. 7 0 le detçré d'acide pliosphorique soluble; superphos-
phate d'os, 15 à 17 fr. et 0 fr. 90 le degré soluble; nitrate de potasse, ^6 fr. 50
les 100 kiloD. Les phosphates fossiles sont en baisse.
VIII. — Huiles et graines oléagineuses. ,
Huiles. — Tendance faible pour les huiles qui se cotent par 100 kilog. à Paris
colza disponible 67 fr.; hvrable, 67 fr. 50 à 70 fr.; lin disponible, 54 fr. 50; livra"
ble, 54 fr. 75 à 55 fr. 50. — A Rouen, l'huile de colza est à 66 fr. 25; celle de
lin à 55 fr. — A Caen, on cote : colza, Gi fr. 75. — -i Cambrai, colza épurée,
70 fr. l'hectolitre ; lin, 55 fr.; œillette, 105 fr. — A Arras, colza, 71 fr.; cameline,
61 fr.; œillette, 100 fr. — A Nice, l'huile d'olive vaut de 125 à 130 fr. les
100 kilog.
Graines oléagineuses. — Les prix sont sans changements. — On cote à Paris:
la graine; de colza, 32 fr. 50 à 33 fr. 50 les 100 kilog. — .\ Cambrai, oncompte
à l'hectolitre : œillette, 24 à 25 fr. 50; cameline, 12 à 16 fr. — A .Arras, œillette,
24 à 26 fr. 55; camehne, 13 à 16 fr. 50 ; colza, 18 à 21 fr. 75; lin, 18 à 19 fr. 50.
— A Marans, on paye la graine de lin, 27 fr.; celle de chanvre, 36 fr.; celle de
moutarde, 44 fr. les 100 Isilog.
IX. — Matières résitieuses et textiles.
Matières résineuses. — L'essence de térébenthine est toujours l'objet de ventes
assez actives à Dax, au prix de 47 fr. les 100 kilog. — Les gemmes sont cotées à
Bazas : gemmes nouvelles, 22 fr. 50 les 250 litres; gemmes système Hugues,
25 fr.; gemmes vieilles, 20 ir.
Textiles. — On signale l'apparition dos chanvres nouveaux sur les marchés de
Maine-et-Loire. A Saumur, en attendant que les cours s'établissent à la foire de
Saint-Martin, on a payé quelques lots de 35 à 40 fr. les 52 kilog. 5ù0. — A
Ambrières, les chanvres valent de 60 à 70 centimes le kilog.
X. — iuifs et corps gras.
Suifs. — Les suifs purs de l'abat de la boucherie de Paris sont en hausse et
se cotent, 82 fr. les 100 kilog. — Au Havre, on cote suif de bœul, 44 à 45 fr.;
de mouton, 42 fr. 50 à 43 fr. les 50 kilog.
Saindoux. — Légère baisse au Havre, sur le disponible coté 53 fr. les 50
kilog.
XI. — Beurres. — Œufs. — Fromages.
Beurres. — Pendant la semaine, il a été vendu, à la halle de Paris, 237,013 ki-
log. de beurre. Au dernier marché on cotait: en demi-kilog , 1 fr. 92 à 3 h\ 78;
DES DENRÉES AGRICOLES (8 NOVEMBRE. 1881») 239
petits beurres, 1 fr. 0(s à 3 fr. 18; Gournay, 2 fr. à 4 fr. 06 ; Isigny, 2 fr. 12 à
S fr. 08 r
Œufs. — Les ventes ont porté sur 4,282,130 œufs, aux prix. par mille, de 116
à 148 fr. les choix; 90 à 1 12 fr. pour les ordinaires; 54 à 70 fr. pour les petits. —
Suivant les provenances, on paye: Beauce, 125 à 135 fr.; Picardie, 118 à 120 fr.;
Bourgoi;ne, 104 à 110 fr.; Champagne, 106 à 110 fr.; Nivernais, 100 à 108 fr.;
Bretagne, 86 à 94 fr.; Verdie, 94 i 102 fr.; Midi, 100 à 110 fr.
Fromages. — On cote, par douzaine : Brie, 4 à 32 fr.; Montlhéry, 15 fr.; par
cent, livarot, 22 à 126 fr.; Mont-d'Or, 7 à 13 fr. ; Neufchâtel, 3 fr. 50 à 20 fr. 50 ;
divers, 5 à 61 fr.; par 100 kiiog. : Gruyère, 110 à 190 fr.
XI. — Chevaux. — Bétail. — Viande.
Bétail. — Li tableau suivant résume le mouve nent officiel du marché aux bes-
tiaux de la Villette, du jeudi 30 octobre au mardi 4 novembre :
Poids Prix du kiloi. de viande nelte sar
Vendus moyen pied au marché du 3 novembre.
Pour Pour En 4 quartiers. 1'° V 3" Prix
Amenés. Paris, l'extérieur, totalité. Isil. quai. quai. quai. moyen,
Bœufs 4, .013 3,2(i6 '.116 4,18i 344 1.68 1.52 1.'34 1.40
Vaches l.obb 819 b4i 1,364 238 1.60 1.38 1.20 1.40
Taureaux 2o7 160 31 2i;0 389 i.48 1.38 1.28 1.30
Veaux 3,193 1,826 1-,a 2,r)66 77 1.90 1.70 1..Ô0 1.68
Moulons 38,062 20,940 12,646 33,o91 20 1.84 1.66 1,46 1.64
Porcs firas 7,341 2,927 4,241 7,168 82 1.28 1.22 I.IS 1.24
Les arrivages des marchés de la semaine se décomposent comme il suit :
Bœufs. —Aisne. 8: Allier, 26; Aveyron, 6: Calvados, 1,140; Charente, 59; Cher, 134:
Cùte-d'Or, 194; Creuse, 10; Deux-?èvrës, 63; Dordogne: 65; Eure, 68; Indre, 11 : Loire, 20 ;
Loire-Inférieure, 24; Maine-el-Loire, 315; Manche, 263; .Mayenne, 171 ; Nièvre, 617;
Oise. 6 ; Orne, 961 ; Puy-de-Dôme, IS; Rhoae, 27 ; Saône-et-Loire, 439; Sarlhe, 70; Seine-
Inférieure, 34; Vendée, 6'); Yonne, 62.
Vaches. — .4llier, 11; Aube, 7; Calvados, 463 ; Charente, 11 ; Charente-Inférieure, 16; Cher, 33;
Côte-d'or, 61, Creuse, 6; Dordogne, 8; Eure, 13; Eure-et-Loir, 19; Maine-et-Loire, 10; Manche,
201; Nièvre, 323; Oise, 6 ; Orne, 218; Puy-de-Dôme, 79 ; Saône-et-Loire, 241; Sarthe, 24;
Seine, 118; Seine-Inférieure. 5; Seine-et-Marne, 18; Seine-et-Oise. 40; Yonne, 44.
Taureaux. — Allier, 6; Aube, 5 ; Calvados, 44; Cher, 4 ; Côte-d'Or, 3 ; Côtes-du-Nord, 8 ;
Eure, 4; Eure-ei-Loir, 5; Loire-InfiTieure, 9; Loiret, S; Maine-et-Loire, 10; Manche, 28;
Haute-Marne, 4; Mayenne, 5; Nièvre, 13 ; Oise, 7; Orne, 9; Puy-de-Dôme, 1; Saône-et-Loire,
4 ; Haule-Saùne, 8; Sarthe, 18; Seine-Inférieure, 4; Seine-et-Marne, 7; Seine-et-Oise, 8 ; Yonne,
13 ; Suisse , 10.
Veaux. — Allier, 31 ; Aube, 372; Aveyron, 65; Calvados, 31; Eure, 225; Eure-et-Loir,
327; Haule-Garonne, 73 ; Loiret, 23 i ; Manche, lô ; Marne, 118; Oise, "8; Puy-de-Dôme, 83;
Rhône, 28; Sarthe, 60; Seine-Inférieure, 80; Seine-et-Marne, 292; Seine-et'-Oise, 10; Tarn,
20; Y'onne, 108.
Moutons. — Aisne, 438; Alher, 1,795; Ardennes, 104; Aube, 1,038; Cantal, 530; Cher,
410;Correze, 266; Côte-d'Or, 130; Creuse, 18S; Derdogne, 69; Eure, 169; Jîure-et-Loir, 812;
Indre, 85; Loir-ei-Cher, 295; Loiret, 141 ; Marne, 406 ; Haute-Marne, 193; MeurIhe-et-Moselle,
999; Nièvre, 324 ; Oise, 107; Puy-de-Dôme, 170; Sarthe, 923 ; Ssine-et-Marne. 2,184; Seine-
et-Oise, 2,084; Haute Vienne, 184; Yonne, 129; Allemagne, 8,807; Hongrie, 11,251; Italie,
150 ; Luxembourg, 140 ; Russie, 7.663
Porcs. — Ai -ne, 22; Allier, 669; Calvados, 162; Charente, 88; Charente-Inférieure, 23;
Cher, 100: Côte-d'Or, 93; Côtes-du-Nord, ' 53 ; Creuse, 164; Deux-Sèvres 659; llle-et-
Vilaine, 372; Indre. 328; Loire-Inférieure, 224; Loir-el-Cber, 106 ; Maine-et-Loire, 716: Manche,
148 ; Mayenne 37; Nièvre, 238; Puy-de-Dôme, 31 ; Soône-et-Loire, 150 ; Haute-Saône, 30 ; Sarthe,
1,113; Seine, 101; Seine-Inférieure, 25; Vendée, 610; Vienne, 115; Haute-Vienne; 46.
Les arrivages ont été moins importants que la semaine précédente, excepté pour
les veaux et les porcs gras; les prix sont donc en hausse, excepté sur ces deux
sortes de viandes. — Sur les marchés des départements, on cote : Sedan., bœuf,
1 fr. 60 à 1 fr. 80 le kilog.; veau, 1 fr. 40 à 2 fr.; mouton, 1 fr. 50 à 2 fr. 40;
porc, 1 fr. 40 à 1 ir. Su. — Louviers, bœuf, 1 fr. 40 à 2 fr.; veau, 2 fr. à 2 fr. 40;
mouton, 2 fr. à 2 fr. 40 ; porc, 1 Ir. 80 à 2 fr. — Eweux, bœuf, 2 fr. 10; veau,
2 fr. 30; mouton, 2 fr. 30; porc, 1 fr. 70. — Rouen, bœuf, 1 fr. 45 à 1 fr. 70;
vache, 1 fr. HO à 1 fr. 70; mouton, 1 fr. 75 à 2 fr. 05. — Nancy, bœuf, 84 à
88 fr. les lOO kilog. bruts ; vache, 60 à 86 fr.; veau. 52 à 64 fr.; mouton, 80 à
100 fr.; po'-c, 64 à 68 fr. — lieauvais, veau gras, 1 fr. le kilog. — NanO'S, bœuf,
0 fr. 82; vache, 0 fr. 79; veau, 1 fr. iO; mouton, 0 fr. 90. — Ville franche, bœuf,
0 fr. 80 à 1 fr. 38; vache, 0 fr. 70 à 1 fr. 25; veau, 1 fr. 05 à 1 fr. 70; mouton,
0 fr. 85 à 1 fr. 65; porc, 0 fr. 85 à fr. 40. — Ambrières, bœuf, 1 fr. 40 à
1 fr. 50 ; vache, 1 fr. 20 à 1 fr. 40; veau, 1 fr. 80 à 1 fr. 90; mouton, 1 fr. 90 à
2 fr.; porc, 1 Ir. 05 à 1 fr. 30. — Privas, bœuf, 1 fr. 60; vache, 1 fr. 47; veau,
1 fr. 66; mouton, 1 fr. 77; porc, 1 fr- 38. — Condom, bœuf, 1 fr. 60 à 1 Ir. 80;
240 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT (8 NOVEMBRE 1884).
veau, 1 fr. 50 à I fr. 70; vache, I fr. à 1 fr. 20 ; mouton, 1 fr. 70 à 2 fr. 20 ;
agneau, 1 fr. 60 à 1 fr. 80; porc, 1 fr. 30. — Alanosqua, bœuf, 0 fr. 85; mouton,
0 fr. 95.
A Londres, les importations d'animaux étranp;ers ont été, durant la semaine,
de 2,342 bœufs, 9,370 moutons, 429 veaux, 198 porcs, dont 518 bœufs et 625
moutons de Montréal. — Prix par kilog., bœuf, 1 fr. 38 à 2 fr.; mouton, 1 fr. 73
à 2 fr. 24; veau, 1 fr. 83 à 2 fr. 07 ; porc, 1 fr. 25 à 1 fr. 60.
Viande à la criée. — Il a été vendu à la halle de Pans, du 27 octobre au
3 novembre :
Prix dQ kilog. le 3 novembre.
kiloK- 1" quai. "ï* 'jual. ^* quai. Choix. Basse 3oucherie.
Bœuf ou vache... 149,. =)8l 1.50 à 1.88 1.28 à 1.48 0.96 4 1.32 1 .46 à 2.46 0.20 à 1 .24
Veau 162,180 1.78 2.06 1.56 l.tô 1.36 1.54 ■ » »
Mouton 82,663 1.36 1.62 1.14 1..3ï 0.86 1.16 1.46 2.90 » »
Porc 58,09.1 Porc frais I.i4àl.40.
4.ji,.il9 Soil par jour 64,645 kilog.
Les ventes ont été supérieures de plus de 3,000 kilog. à celles de la
semaine dernière. Les prix sont en baisse de 0 fr. 5 en moyenne pour toutes les
sortes.
XII. — Cours de la viande à Vabattoir de la Vtllette du jeudi 6 novembre (par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On v^end à la Villette par 50 kilog. : J'' qualité,
60 à 6b fr. ; 2% 55 à 60 fr. Poids vif, 44 à 47 fr.
Bœufs, Veaux. Moutons.
,,. .j. 3. ,.. 2- 3' !'• 2-
qnal. quai. quai, quai. quai. quai. quai. quai. quai,
fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr.
■ 78 "0 63 105 96 85 80 72 64
XlII. — Marché aux bestiaux de la Villette du jeudi 6 novembre 1884.
Cours des commissionnaires
Poids Cours officiels. en besliauï.
Animaux gênerai. 1" 2' 3' Prix 1" 2* 3" Prix
amenés. Inrendus. kil. quai. quai. quai, extrêmes. quai. quai. quai. extrêmes
Bœufs 2.613 220 346 1.6s l.bO 1.22 1.18àl.72 1.66 l.bO 1.20 l.l5ài.;o
Vaches 752 97 '38 i.58 I.3S 1 18 l.li t. 62 (.b6 1.34 1.18 1.12 1.60
Taureaux... 173 23 385 i.i6 l.âS 1.2S 1.16 I - bO 1.42 1.32 1.22 1.10 1.43
Veaux 1.154 205 78 1.90 1.70 l.bû 1.30 2.06 » » » »
Moutons 20 037 1.890 20 1 86 1.66 1.44 1 40 1.90 » ». »
Porcs Kras.. 4.839 2^5 82 1.23 1.22 1.18 1.12 1.32 . » . •
— maigres,. » • ». ,»-•»»»»
Vente lente sur le gros bétail, mauvaise sur les moutons et les porcs.
XIV. — Résumé.
En résumé, les cours des denrées agricoles restent sans changements impor-
tants. A. Rémy.
BULLETIN FINANCIER
Le 3 pour 100, après diverses fluctuations, reste un peu plus élevé que la
semaine dernière: on le cote 78 fr. 50 ; -- le 3 pour 100 amortissable, 80 fr. 30 ;
— le 4 et demi pour 100 est en baisse; l'ancien, à 103 fr. 75; le nouveau, à
108 fr. 10.
Sauf la Banque, de France, dont les actions sont redescendues à 5,010fr., les va-
leurs des établissements de crédit .se maintiennent aux cours suivants : Banque
de Paris et des Pays-Bas, 720 fr.; Comptoir d'escompte, 951 fr. 25; Crédit fon-
cier Pt agricole d'Algérie, 487 fc. 50; Crédit foncier, 1,295 fr.; Banque d'escompte
de Paris, 707 fr. 50; Crédit lyonnais, 52b fr. 25, Société de dépôts et comptes
courants, 625 fr.
Les actions des chemins de fer se cotent : Est, 782 fr. 50; Paris-
Lyon-Médiierranée, 1,230 fr.; Midi, 1,157 i'r. 50; Nord, 1,630 fr.; Orléans,
1,315 fr.; Ouest, 825 fr. — Les actions du canal de Suez valent 1,910 fr.; les délé-
tions, 1,125 fr.; les actions du Panama sont cotées 487 fr. 50.
Escompte à la Banque de France est toujours de 3 pour 100; intérêt des avan-
ces, 4 pour 100.
E. Fébon^
Le Gérant : A. Bouché.
CHRONIQUE AGRICOLE (u NovioiBKi. i,s«4).
Orginisalion d'une exposiiion universolli: i> Puris on 18S!). — Formation d'une commission cliargLe
d'en préijarer le pr()},'r;imine. — f'iace que l'aj^ricnlture doit occuper dans cette solennité, —
Réunions agricoles rclalives à la revision des tanl's de douane. — Les préoccupations poliliques
et l'agricnliurc. — Théories de Léonce do Lavergne relatives aux droits fiscaux. — Impoi talions
de froment en France du l"' août au 1.'! oclob.e. — Excédent sur les besoins de la con«om-
n];ilion. Nécrologie : .M. Victor Guichard — Discussions r. lalives à l'impôt sur les vins. —
Rejet du principe du viniige à prix réduit par la Cil mbie des députés. — Culture de la betle-
riivp. — ^éces^ité de choisir de bonnes variétés. — Annuaire des labriiiues de siu-re par M. Du-
reau. Le mildew. — Cnciilaire ilii minisire de l'agriculluie. — Vente des vins des Hospices
de Beaune. — Le phylloxéra. — .luge'i eut du tiibiiual d'Epernay relatilaux pépinipresde vignes
américaines. — Les vendanges dans l'Hérault. — Pro|iagalion des vignes américaines. — Vœux
exprimés par une réunion de Conii. es df la S'mnic. — Admssions de nouveaux élèves à l'école
naiionale d'agriculiure île Montpellier. — Evamen ds so'tie et d'admission à la l'eime école
de la iNiùvre. — Anahse des p ogrammes des coiicnurs régionaux d'.^njers, d'Angriiilênie, de
ToulO"se, de Moulins, de Valence, do Charries, de Nancy, de \'esiul en 188.'). — Principales
modifications apportées aux prngriimnics compnrativemeni aux concours di: 1884. — Nouvelles
de l'état des récolles en lerre. — Note de Al. Boiicenne sur la situation agricole dans la Vendée.
— EIFets de la sechercs e.
I. — L'exposition universelle de 1889.
Depuis quelques mois, !e projet d'une exposition universelle inter-
nationale qui aurait lieu à Paris, en 1889, a été agité. Ce projet, qui
a été accueilli partout avec la plus gramle laveur, eét désormais entré
dans la période de réalisation. Un décret du président de la Répu-
blique a décidé qu'une exposition internalionale, ouverte aux produits
de toutes les nations, aurait lieu à Paris, du f> mai au 31 octobre 1889.
En outre, sur la proposition du ministre du commerce, une commission
a été chargée de rechercher et d'étudier les moyens propres à réaliser ce
projet. Cette commission est présidée par M. Antonin Proust, député,
ancien ministre des arts. Les intérêts agricoles y comptent deux repré-
sentants éminents :M. Teisserenc de Boit, sénateur, ancien ministre de
l'agriculture, et M. Tisserand, conseiller d'Etat, directeur de l'agricul-
ture au ministère de l'agriculture. Ces intérêts sont donc en de bonnes
mains; les représentants de l'agriculture, dans la commission prépara-
toire, auront certaioempnt une influence suffisante pour que l'on n'oublie
pas de donner à la première des industries françaises la place qui lui con-
vient dans cette grande solennité. Quatre années nous séparent encore
de la date de cette fête du travail, à laquelle la France veut convier, de
nouveau, toutes les nations. C'est suffisant pour que l'agriculture fran-
çaise se prépare à y figurer dignement; mais ce n'est pas trop pour
arriver à faire ressortir les progrès réalisés depuis 1878. Malgré la crise
qu'elle traverse, l'agriculture nationale pourra montrer qu'elle n'est
pas restée en arrière, et qu'elle a sérieusement et définitivement rompu
avec la rouline, dans quelque branche de la production que ce soit.
II. — La réforme des tarifs de douane.
Voici qu'une nouvelle semaine s'est passée sans qu'une démonstration
quelconque ait fait faire un pas à la question, toujours vivace, de la ré-
forme des tarifs de douane. Pendant ce temps, les manifestations agri-
coles continuent. Le 8 novembre, a eu lieu à Troyes, le congrès agricole
de l'Aube organisé sur l'initiative de M. de Roys, député le même jour,
presque à la même heure, se tenait à Dourdan une importante réunion
de cultivateurs de la lieauce, dans laquelle M. Pouyer-Quertier a été
le principal orateur. D'autres réunions du même genre ont eu lieu ou
vont se tenir à Amiens, à Nancy, à Chaumont, à Dijon. Partout jus-
qu'ici, les mêmes vœux ont été exprimés en faveur de droits compen-
sateurs sur le blé. C'est la meilleure preuve que l'unanimité la plus
N° 814. — Tome IV de 1884. — \h Novembre.
242 CHRONIQUE AGRIGOLK (!5 N0Vf5MBRE 'I8':^4).
complète règne anjoui'd'hui chez les agriculteurs. Leurs adversaires
prétendent que cette agitation est factice, qu'elle a été provoquée et
qu'elle est entretenue par les ennemis du gouvernement républicain.
Nous nous sommes promis de ne jamais faire ici d'incursion sur le
terrain de la politique; mais, puisqu'on mêle la politique à la question
agricole, il faut bien y répondre. L'accusation qu'où vient de lire a pu
être exacte dans quelques cas, elle est entachée de fausseté dans Ja
plupart des circonstances. Il suffira, pour le démontrer, de rapprocher
les deux réunions de Troyes et de Dourdan, qui ont été provoquées
par des hommes appartenant aux opinions politiques les plus opposées;
il suffira aussi de rappeler tous les témoignages que nous avons rap-
portés, et qui viennent des points les plus divers de l'horizon politique.
Cen est assez sur ce sujet, mais il fallait le dire.
Dans un autre ordre d'idées, on affecte de se mettre à l'abi-i derrière
les principes défendus par Léonce deLavergne, qui a été le plus illustre
représentant de l'économie rurale en France, et dont l'autorité gran-
dira toujours. Mais Léonce de Lavergne était loin de considérer le
libre-échange comme un dogme absolu ; il en a donné maintes preu-
ves dans ses nombreux écrits ; c'est à lui que l'on doit la théorie des
droits compensateurs. Sans doute, il était bien loin de protectionnisme,
et il l'a proclamé aussi nombre de fois. Mais nous rappelions, il y a un
mois, ce qu'il écrivait en 1866 dans le Journal de l'agriadluri' , et nous
croyons utile de le rappeler encore : « Les droits perçus à l'entrée des
produits agricoles étrangers doivent être un peu relevés pour rentrer
dans le grand principe de l'égalité devant l'impôt. Le Trésor y gagnera
des recettes qu'il pourra employer à déi;rever d'autres charges, et, ce
qui vaut mieux encore, la grande famille agricole, aujourd'hui divi-
sée, y recouvrera la paix et l'unanimité. » Ces lignes ne paraissent-
elles pas écrites pour l'heure actuelle, et ne peut-on pas soutenir une
thèse aussi juste, sans soulever des passions?
III. — Itruportation da blé en France.
Le Journal officiel nous fait connaître le relevé des importations de
grains et de farines (commerce spécial), depuis le 1"^ aoi'it jusqu'aii
15 octobre :
importïtions fQoint. met.). Erportations (Quint, met.).
Grains (froment). Farin-es. Grains (froment) Farines.
Du 1" août au 30 septembre 1884... î,0iri,73!î mM'è 8,84.5 19,149
Première quinzaine d'sciobre 283,170 6,157 845 &36
Totaux 2,300,809 72,786 9,(390 49,6ÎS
De l'avis unanime, ladernière récolte de froment a atteint, sinon dé-
passé, 110 millions d'hectolitres, quantité jugée nécessaire pour les
besoins de la consommation. C'est ce qui ressort aussi du tableau offi-
ciel puldié plus loin. D'autre part, les stocks sont élevés dans les
entrepôts, et il reste encore de grandes quantités de blé de la ré-
colte de 1883. Les 2,300,000 quintaux métriques de blé, importés
depuis deux mois et demi, forment donc un nouvel excédent qui con-
tribue puissamment à maintenir l'avilissement des cours.
IV. — Nécrologie,
Nous avons le regret d'annoncer la mort de M. Victor Guichard, dé-
puté de l'Yonne, décédé subitement le 1 1 novembre à Paris, à l'âge de
quatre-vingt-un ans. Au Parlement, M. Guichard était un des repré-
CHRONIQUE AGRICOLE (15 NOVEMBRE 1884). 243
sentants les plus autorisés et les plus respectés des intérêts agricoles.
Il a d'ailleurs consacré une grande partie de sa vie active aux tra-
vaux dis champs, qu'il aimait passionnément; par son exemple et par
ses conseils, il a puissamment contribué au progrès dans le dépar-
tement de l'Yonne, où il jouissait d'une légitime autorité. Il a été sou-
vent lauréat des grands concours agricoles; eii 1859, au premier
concours régional d'Auxerre, il a remporté une médaille d'or pour sa
vacherie et son troupeau.
V. — Le vinufje et l'impôt sur les vins.
La deuxième délibération sur les projets et propositions relatifs h.
l'impôt sur les vins et au viuage a commencé le 8 novembre devant la
Chambre des députés. Elle a débuté par le rejet d'une proposition de
M. Raspail ayant pour but de modiUer complètement la base des
impôts sur les boissons alcooliques, et par la discussion de contre-
projets de M. Salis, qui a repris, en partie, l'ancien projet de loi
du ministre des finances et de M. Graux. Ces contre-projets qui con-
sacraient le principe du viaage à prix réduit, ont été repoussés à une
très faible majorité. Les mtérêls de la viticulture et du commerce des
vins français ont trouvé d'ardents défenseurs ; nous constatons avec
plaisir que M. Rouvier, ministre du commerce, a déclaré que la
faculté du vinage à 15 degrés pour les vins français, avec réduction
de droits, est la conséquence nécessaire des traités de commerce con-
clus avec l'Espagne et l'Italie. C'est là le vrai terrain de la discussion
actuelle; on ne doit pas l'oublier. C'est sur ce terrain que nous en ap-
pelons au Sénat.
VI. — Sucres et betteraves.
Pour assurer l'avenir de la culture de la betterave, et lui rendre son
ancienne prospérité, deux conditions sont absolument indispensables.
La première dépend du cultivateur : c'est l'abandon des anciennes
betteraves dites de pays, des betteraves à chair tendre et à peau lisse,
et leur remplacement par des variétés riches en sucre. La deuxième
dépend du fabricant de sucre : c'est le payement des racines propor-
tionnellement à leur valeur. Cela a été répété bien des fois ; mais l'appli-
cation rencontre des difficultés, surtout parce qu'un certain nombre de
fabricants de sucre ne veulent pas le comprendre. Seul, son union avec
la culture permettra à la sucrerie de profiter largement de l'impôt sur
la betterave. Ce qui se passe cette année en est la preuve; ainsi que
M. Pagnoul l'a démontré récemment devant la Société d'agriculture du
Pas-de-Calais, les bonnes variétés bien cultivées ont seules donné
d'assez bons résultats. C'est le fait général, que l'on constate partout.
Sur ce sujet; la Société des agriculteurs du Nord vient de publier une
excellente notice sous le titre : Conseils à suivre pour l'améliorai ion de
la culture de la betterave â sucre; nous aUrons à y revenir.
Notre excellent confrère M. Dureau, directeur du Journal des fabri-
cants de sucre, a fait paraître, comme il le fait chaque année, la liste
générale des fabriques de sucre, ralTineries et distilleries de la France
et des autres pays d'Europe. Cet annuaire présente, cette année, une
importance spéciale à raison des nombreux documents qu'il renferme
sur la nouvelle léijislatiou des sucres. Si l'on examine le nombre des
sucreries pendant la nouvelle campagne, on n'en trouve plus que 4'i-5,
244 CHRONIQUE AGRICOLE (15 NOVEMBRE 1884).
au lieu de 502 pour la campagne 1883-84. C'est une disparition
de 57 fabriques, doat la plupart appartenaient aux départements de
l'Aisne, du Nord et du Pas-de-Calais. Au contraire, en Allemagne, on
compte, cette année, 415 fabriques de sucre, au lieu de 389 pendant
la campagne 1883-84; en Autriche, 250 au lieu de 248. En Belgique,
il n'y a plus que 1 47 fabriques, au lieu de 1 49 ; en Hollande, le nombre
des fabriques est resté stationnaire.
VII. — Emploi du sulfate de cuivre contre le mildtw.
Nous avons fait connaître les observations d'où il paraît résulter que
des ceps de vigne munis d'échalas récemment injectés au sulfate de 1er
ont été indemnes des atteintes du mildew, tandis que des ceps voi-
sins, munis de vieux échalas, étaient atteints par le parasite. A cette
occasion. M. le ministre de l'agriculture a envoyé récemment la circu-
laire suivante aux professeurs départementaux d'agriculture :
Paris, le 11 octobre 1884.
« Monsieur, on a constaté, dans les vignobles de Bourgogne, que les pieds de
vigne maintenus par des échalas neufs, fraîchement injectés au sulfate de cuivre,
étaient préservés des atteintes du mildew, alors que les vignes voisines supportées
par des tuteurs anciens étaient attaquées jiar cette cryptogame, qu'elles avaient
perdu prématurément leurs feuilles et n'avaient donné qu'une maigre récolte de
vin pauvre en alcool.
« Ce fait a été d'autant plus facile à remarquer qu'il a été constaté sur des pieds
de vigne i«olés.
« Quelle que soit l'explication de l'immunité acquise par les vignes échalassées
avec des tuteur* neufs injectés au sulfate de cuivre, il pourrait y avoir, dans la
constatation de cette immunité, des indications précieuses, qui permettraient de
trouver un moyen de détiuire le mildew et de préserver notre vignoble des perles
considérables qu'il a déjà essuyées du fait de l'invasion de la cryptogame en
question.
« Il est peu probable, d'après certaines observations, que la partie du tuteur
injecté, exposée à l'air, ait eu de l'action sur le mildew; il semble que c'est la partie
enfoncée sous terre qui a agi.
« Quoiqu'il en soif et àcjuelque cause qu'on doive attribuer le résultat constaté,
l'importance du fait en lui-même ne saurait vous échapper, et j'appelle toute votre
attention sur les applications et les recherches qu'il y a lieu de provoquer.
« Si, dans votre dépai temeni , les vignes ne sont pas supportées par des tuteurs,
on pourrait e>périmenter l'emploi de brindilles de bois ou de saiments de vigne
tremfiés dans un baiu de suliate de cuivre et mis en terre au pied des ceps
« Je Compte, d'ailleurs, sur votre zèle, pour taire connaître le l'ait signalé plus
haut et provoquer des essais dont je vous serai obligé de me fane connaître ulté-
rieurement les résultats.
« Recevez, etc. Le minùlre de l'agriculture : J. Mélike.
Des expériences exécutées suivant le programme qu'on vient de lire
permettront certainement de vérifier les circonstances dans lesquelles
l'immunité s'est produite. L'intérêt de ces expériences n'échappera à
aucun viticulteur. 11 est aujourd'hui prématuré de chercher une expli-
cation du fait signalé; il faut d'abord bien le confirmer.
Mil. — Vente des vins des hospices de Beaune.
La vente annuelle di'S vins de ia récolte de 1884, provenant de»
vignes des hospices de Beaune (Côîv-d'Of), a 'ii Hiu le 9 novembre.
Celte vente n'a attiré que peu d'uclieltuit, i4 h s enchères ont été peu
animées; un lot est même resté invendu. Les prix d'adjudicalion ont
élé compris entre 700 et 1,250 francs la queue (la queue vaut 456 litres
ou 2 pièces de 228 lilret>). Ce deinier prix a été atteint par un lof
de 4 pièces de Volnay. En 1883, les pri\ a\ aient élé compris entre
720 et 1,300 francs, mais la production était bien plus considérable.
CHRONIQUE AGRICOLE (Ib NOVEMBRE 1884). 245
IX. — Le phylloxéra.
A plusieurs reprises, le Journal a sigaalé les difficultés soulevées
parfois coQtre les viticulteurs qui forment, dans les arrondisseuients
indemnes du phylloxéra, des cultures de vitçnes américaines venues
de semis. On sait que M. Vimont, propriétaire au iMesnil-sur-(!)ger
(Marne), y a établi une pépiniète d étude de vignes américaines; il y
a introduit notamment des ijoutures de vignes américaines venues de
semis dans l'arrondissement d'Albertville (Savoie), reconnu officiel-
lement indemne. Poursuivi pour ce fait par le ministère public, comme
ayant contrevenu aux lois et décrets sur le phylloxéra, il a comparu
le 7 novembre devant le tribunal d'Epernay, mais il a été acquitté sans
dépens. Ce jugement confirme les appréciations que nous avons sou-
tenues ici, à savoir que la circulation des vignes américaines venues
de semis dans des arrondissements indemnes, n'est pas interdite par
la réglementation relative aux mesures contre le phylloxéra.
Nous avons publié une note de M. Jules Leenhardt sur les vendanges
dans l'Hérault en 1884; les renseignements qu'elle renferme con-
cordent absolument avec ceux que Si. Gaston Bazilie a donnés à la
Société nationale d'agriculture. Dans une brochure qu'il vient, de
publier sur l'avenir des vignes, américaines, M. S. Bastide, au château
d'Agnac, commune de Fabrègues (Hérault), constate que cène sont plus
seulementles grands propriétaires qui plantent ces vignes; leur exemple
a été contagieux et il est imité avec ardeur par les petits vignerons.
C'est le meilleur signe pour la reconstitution, désormais certaine, du
vignoble méridional. Toute théorie à part, il faut faire du vin, et l'on y
est revenu.
X. — Vœux des associations agricoles.
Une réunion de Comices agricoles du département de la Somme a
eu lieu le 31 octobre à Amiens. Aux membres du Comice d'Amiens
qui avait provoqué cette réunion, s'étaient joints des délégués des
Comices de Montdidier, de Péronne et d'Abbeville. Les résolutions
adoptées sont résumées dans l'extrait suivant du procès-verbal :
« Les raembrfis des Comices prient MM. les sénateiiis ot députés de soutenir
de toute leur influence, dans la discussion qui va s'ouvrir aux Chambres sur la
revision des tarifs, les chiffres suivants qui ont été votés à l'unanimité :
« Blés, 5 francs par ([uintal, avec le vœu que ce droit devienne, parla suite, un
droit propoi tionnel au prix de revient.
« Autres céréales, 3 i'rsncs par quintal.
« Farines, 7 francs le quintal.
a Bœufs et vaches, 10 francs par 100 kilog., poids vif.
« Porcs vivants etporcsde lait. 15 francs par 100 kilog., poids vif.
« Pour les moutons, 15 francs par 100 kilog.
« La viande abattue, fraîche, -20 francs par 100 kilog.
a La viande salée, 15 francs les 100 kilog.
« Quant à la question des laines, l'assemblée regrette que sur ce point nous
soyons liés par un traité d'une aussi longue durée, exprimant le désir que ce traité
soit revisé aussitôt (]ue possible.
« Pour les tarifs de pénétration, l'assemblée en a demandé avec instance la
revision, se ralliant au reste sur ce point si important à la proposition du Conseil
général de la Somme.
« De plus l'assemblée adopte ce vœu : Pour éviter l'encombrement du marché
de sucre français par les sucres extraits di'S mélasses expédiées en distillerie,
donner lieu à la décharge en sucrerie de la moitié du poids de sucre qu'elles
contiennent suivant leur titrage saccliarimétri jue.
« De plus, pour faire disparaîire autant que possible la fraude sur la consom-
mation des eaux-de-vie, faites parle bouilleur de crus : Nous demandons de ne
246 CHRONIQUE AGRICOLE (15 NOVEMBRE 1884).
payer que 25 francs par hectolitre d'alcool versé sur les vins et cidres dg France
pour les remontera quinze degrés alcooliques; comme les vins d'Espagne, ceux-
ci ne payant que 2 francs pour tout droit d'entrée. »
Ce< vœix ont été transmis pir le président du Comice d'Amiens
aux sénateurs et aux députés du département de la Somme.
XI. — Ecoles nationales d' agriculture.
Le Journal officiel ^MhWa la liste des élèves admis à l'Institut natio-
nal ajTfonomique et dans les écoles nationales d';'.griculture. Nous
avons publié cette liste, sauf en ce qui concerna l'école de Mont-
pellier, à laquelle 60 nouveaux élèves ont été reçus comme il suit :
1° Eléi^es admis de droit, en vertu de diplômes dont ils sont possesseurs :
I>'Aygalliers. — Larohertie. — Dubost. — Beboutoff. — Bulto. — Fotiadis. —
Grammatopoulous. — Roigyventosa. — Sogomonoff. — Vitalis. — Stepaniantz,
— Bachtschiant.
2'" Elevés admis après examens : Bayle. — Thery. — Katz. — de Salve. —
Salvat. — Duchent. — Vieules. — Gibert. ■ — Rosier. — Glaret. — Dufaur de
Gavardie. — de Brczenaud. — Pouli'her. — Amiel. — Maurel. — Garric. —
Bauchet. — Duchein (F.). — Pannetier. — Donati. — Bosc. — Séfériades. —
Clievaly. — Combler. — Després. — Manoyer. — Marre. — Martin. — de,
Martin. — Vires. — Brandi. — Kien. — Raphaël. — Viallet. — Bounal. — du
Lac. — Mas. — Peirière. — Macary. — Molicier. — Connes. — Malabouche.
— Reynes. — Maray. — Valentin. — Jourdanne. — Daudet. — Grimm. —
Vallord. — Dugand.
D'autre part, 9 nouveaux élèves viennent d'être admis à l'école des
haras du Pin, et 184 élèves dans les écoles nationales vétérinaires,
savoir : 77 à l'école d'Alfort, 51 à celle de Lyon, et 56 à celle de
Toulouse.
XIL — Ferme-école de Saint-Michel.
Les examens généraux de la ferme-école de Saint-Michel (Nièvre)
dirigée par M. Salomon, ont eu lieu le premier lundi d'octobre, sous
la présidence de M. Randoing, inspecteur de l'agriculture.
Sur 14 élèves sortants, 13 ont été jugés dignes du brevet de capa-
cité. Il a été, en outre, attribué au premier une médaille d'or offerte
gracieusement parle Conseil général de la Nièvre qui, pour témoigner
sa sympathie à la ferme-école de .Saint-Michel, vole tous les ans des
médailles destinées à récompenser les élèves les plus méritants.
L'un de ces jeunes gens, François Jouvet, vient d'être reçu à Gri-
gnon et de remporter, à la suite de son examen, la première des
bourses affectées aux écoles d'agriculture; trois, Monniot, Chapuzy,
Beugnon, ont été également admis comme boursiers à l'école pratique
d'agriculture du Lézardeau; trois vont faire leur volontariat auquel
leur donne droit, sans avoir à passer d'examen spécial, le diplôme de
la ferme-école; tous les autres aident leurs parents dans la conduite de
leur exploitation. En outre, un ancien élève de Saint-Michel a été reçu
le second au dernier examen d'entrée à l'Ecole nationale de Grand-
Jouan. Ces résultats ne surprendront personne : la ferme-école de la
Nièvre est une des plus anciennes de France et l'on ne compta plus les
sujets distingués qu'a fournis à l'agriculture cet établissement qui
s'efforce sans cesse de remplir sa mission en suivant ses élèves d'un
œil attentif dans la carrière dont il leur ouvre les accès.
Douze candidats nouveaux se sont présentés le jour de l'examen ; ils
étaient dans des conditions d'aptitude et d'instruction satisfaisantes et
ont tous été admis par le jury.
CHRONIQUE AGRICOLE (15 NOVEMBRE 1884). 247
A ce sujet, il est utile de rappeler au\ familles que les règlements
leur accordent bien, il est vrai, une latitude de trois mois après l'exa-
men pour faire admettre leurs enfants à la ferme-école, mais que les
seize places annuellement mises à lour disposition par l'Etat sont ordi-
nairement occupées avant ce délai de tolérance et la liste des élèves
définitivement close. C'est ce qui arrive encore actuellement ; les
demandes d'admission ne pourront plus se produire utilement qu'à
partir du 15 août 1885, où elles seront classées successivement et
recevront satisfaction à l'époque de l'examen général, c'est-à-dire le
premier lundi d'octobre suivant.
XIII. — Les concours agricoles régionaux en 1885.
Les arrêtés fixant les conditions des concours ai^ricoles régionaux
d'Angers, Angoulème, Toulouse, Moulins, Valence, Chartres, Nancy
et Vesoul, viennent de paraître. Les dates de ces solennités restent
fixées comme elles avaient été antérieurement, sauf celle du concours
de Vesoul, qui est reporté du 13 au 21 juin. Nous allons analyse^
suivant la méthode adoptée ici chaque année, les programmes de ces
solennités :
Concours d'Angers, du 9 au 17 mai, pour la région comprenant les départe
menrs des Côtes-du-Nord, du Finistère, d'IIle-et- Vilaine, de la Loire- Inférieure
de Maine-et-Loire, de la Mayenne et du Morbdian. — Espèce bovine, 6 catéo-ories :
1" race durham; 2" croisements durham-breton ; 3" croisements duram-manceaus
et autres ; k" race bretonne ; 5" race parthenaise et ses dérivés (nantaise ven-
déenne); 6° races laitières pures ou croisées entre elles. Trois prix d'ensemble •
pour la race durham, pour les croisements durham et pour les races diverses-
Bandes de vaches laitières en lait, 2 prix. — Espèce ovine, 4 catégories : 1" races
françaises diverses pures ; 2" races étrangères à laine longue; 3" races étrani^ères
à laine courte ; 'i." croisements divers. Un prix d'ensemble. — Espèce porcine,
3 catégories : 1" races indigènes pures ou croisées entre elles ; 2" races étrangères
pures ou croisées entre elles; 1° croisements entre races françaises et races étran-
gères. Un prix d'ensemble. — Animaux de ba^e cour, 7 catégories : 1» coqs et
poules ,4 sections : race de La Flèche, races françaises diverses, races étrano-è-
res diverses; 1" croisements divers); 2' dindons; 3" oies; 4° canards; 5° pinta-
des; 6° pigeons; 7" lapins et léporides. Un prix d'ensemble. — Machines et
instruments arjricoles. Exposition générale avec trois concours spéciau.x : ]» char-
rues bisocs pour labours ordinaires (0m.l5 à 0 m. 20,; 2» instruments divers
pour cultiver la vigne et combattre l'oïdium ; 3° teilleuses à chanvre, mues par
manège ou à va[)eur. — Produits agricoles et matières utiles à l'agriculture
8 concours spéciaux : 1" beurres frais; i" beurres demi-sel; 3" cidres (avec indi-^
Cation des variétés et proportion de ces variétés de pommes entrant dans la
composition de chaque échantillon); 4" vins blancs de la région (années 1883 et
1884); 5" vins rouges de la région (années 1883 et 1884); 6" expositions scolaires
(2 sections : a, matériel d'enseignement agricole, collections, dessins et b tra-
vaux spéciaux et objets d'enseignement) ; 7° expositions collectives faites par des
administrations publiques, les Sociétés et comices agricoles et horticoles- 8° nro-
duits divers non compris dans les catégories précédentes : produits végétaux
produits des animaux domestiques, de l'horticulture et de l'arboriculture^ de là
pisciculture, des exploitations forestières.
Concours d'.'^.ngoulê.vie, du 9 au 17 mai, pour la région comprenant les
départements de la Charente, de la Charente-Inférieure, de la Dordo^ne de la
Gironde, des Deux-Sèvres, de la Vendée, de la Vienne et de la Haute-Vienne.
Espèce bovine, 8 catégories : 1" race limousine; 2° race parthenaise et ses dérivés
(nantaise, vendéenne); 3" race maraîchine; 4" race bazadaise; 5" race garonnaise-
6" race durham; 7" croisements durham ; 8" race laitières françaises ou étrano-ères
pures. Deux prix d'ensemble : pour les deux premières catégories et iiou"!- les
autres Bandes de vaches laitières en lait, 3 pri.x — Espèce ovine, 3 catégories •
1° races françaisea pures; 2" races étrangères pures; 3" croisements divers Uii
prix d'ensemble. — Espèce porcine, 3 catégories, et un prix d'ensemble comme au
248 CHRONIQUE AGRIGOJ.K (15 NOVEMBRE 188i).
concours d'Angers. — Anun/nix de bassr.-cour, 7 catégories : 1° coqs et poules
(4 seclioas, race de Baibezieux, races limousine et du Poitou, races françiises
diverses, races étrangères diverses); z° dindons; 3" oies; 4° canards; 5° pinta-
des; 6" pigeons; 7" lapins et lé|ioridL's. Un prix d'ensemble. — Mudiines et in-
slniineulx' ariricoUs. Evposilion générale , et un concours spécial de macliines à
greffer la vigne. — l'roduils agricoles et matières utile!; à l'aqricuUure, concours
spéciaux : 1" vins de la région (récoltes de 1882, rSSet ISSi); 2° eaux-de-vie
de la région (récoltes de 1832, 188 ( et l8-i4); 3° vins provenant de cépages
greffés sur vignes américaines (récoltes de 1882, 18S3 et 1884); 4» exposition
scolaire; 5" expositions collectives; 6" produits divers.
CoNcori'.s DE Toulouse, du 9 au 17 mai, pour la région comprenant les dé
Tiartements de l'Ariège, de la Haute Gaionoe, du Gers, des Landes, de Lot-et-
Garonne, des Basses-Pyrénées et des Hiutes-Pyré;iées. — Espèce bovine, H caté-
gories : r races gasconne et carolaise ; ï» race garonnaise; 3° race bazadaise;
4" races des vallées d'Auie et de Sainl-Girons ; b° race du Lourdes; 6" races
héarnaise, basquaise et analogues; 7° race d'Urt; 8° races laitières françaises ou
étrangères. Deux prix d'ensemble : l'un pour les 1", -i", 3' et 8'' catégories, l'autre
pour les 4% 5% 6'' et 7'" catégories. — Esiiéce ovine, 4 catégories : 1" races mérinos
et méiis-mérinos ; 2" races liançaises (deux sections : races des plaines et races
des montagnes) ; 3° races cirangères diverses; 4" croisements divers. Un prix
d'ensemble. — Espèce porcine, 3 catégories et un prix d'ensemble, comme au
concours d'Angers. — Anim'H'X de basse-cmr, 7 caiégiries : 1" co js et poules
(4 sections : race gasconne, races françiises, races étrangèies, croisements divers) ;
2" dindons; 3° oies; 4° canards; 5° pintades; 6° pigeons; 7° lapins et léporides.
— Mtichiws cl instruments agricoles- Exposition générale et six concours spéciaux :
1» charrues sulfureuses; 2" charrues vigneronnes; 3° charrues brabant doubles
pour labours ordinaires (0 m. 15 àO m. 20) ; 4» égrénoirs à ma'iïi; 5° décuscuteurs
de graines de légumineuses; 6° trieurs de graim s. — Produits nyricoles et
matières utiles à l'cuiricniture, 9 concours s]iéciaux : 1" vins de la région [2 sec-
tions : vins rouges des récoltes de 18S3 et 1884, vins blancs); 2" miels et cires
delà région; 3" fromages des fruitières des Pyrénées; 4° produits maraîchers'
5" semences des meilleures variétés de froment propres à la région ; t" semences
des meilleures variétés d'avoine propres à la région; 7" expositions scolaires;
8° expnsitions collectives; fe" produits divers.
G iNCO'JRS IjE Moulins, du lii au 25 mai, pour la région comprenant les dé-
partements de l'Allier, du Cher, de l'Indre, d'Indre-et-Loire, de Loir-et-Gher, du
Loiret et de la Nièvre. — Espèce bot'ine, 5 caléi-'oiies : 1" race nivernaise ou cha-
rolaise ; 2" race durham; 3° croisements durham; 4" laces laitières françaises ou
étrangères pures; 5" races de travail. Trois prix d'ensemble: un pour les charo-
lais, un pour les durham et leurs croisements, un pour les autres races. — Espèce
ovine, 8 catégories : 1" race southdown; 2" rai-e dishley ; 3° races mérinos et
métis mérinos; 4" race delà Gliarmoise; 5° race de Grevant; 6" races bel richoi. nés;
7" races solognotes; 8° croisements divers. Deux prix d'ensemble : un pour les
P'î, 2" et 8*" catégories, un jiour les autres. — Espèce porcine, 3 c^itégories :
1» races françaises; 2" races étrangères (deux sections, grandes races et petites
races) ; 3° croisements divers. Un prix d'ensemble. — Animaux de bnsse-rour,
7 catégories : 1" coi|s et poules (6 sections : race de Grèvecœur, race de la Flèche,
race de Houdan, races françaises diverses, races étrangères diverses, cioiseiueuts
divers); 2° dindons; 3° oies; 4" canards; 5° pinlades: 6" pigeons; 7"la[)ins et
léporides. — Machin.rs et imlrumenls agricoUs. Exposiiiou générale sans concours
s|iéciaux. — Prcdaits agricoles et matières uti'es à l'agriculture, 7 concouis spé-
ciaux : 1" semences de l'roment; 2° semences d'.ivome ; 3° semences d'orge;
4» produits horticoles (fruits et légumes) ; 5" expositions scolaires ; 6" expositions
collectives; 7° produit^ divers.
GoN.:ouus DE 'Valence, du 16 au i5 mai, pour la région comprenant les dé-
pârtemcnls des Basses- A l|ies, dc^ Hautes-.A.lpes, de la Drôme, de l'Isère, de la
Sivoic, delà IJaute-Savoie eu de Vauclusc. — Espèce bovine, 4 catégories :
1' race tarentai e ou tarine; 2" race de Vilhird-de-Lans ; 3" races liançaises
diverses pures; 4° races laitières françiises ou étrangères, puresoa croisées. Deux
prix d ensemble, pour la \" catégorie, et pour les auties catégories. — lîspèce
ovine, 5 catégories: 1" races mérinos et métis-mérinos; 2" races des Alpes ;
■ 3" races françaises divivrses ; 4° races étrangères diverses; 5" croisements divers.
Un prix d'ensemble. — Espèce porcine, 3 catégories et un prix d'ensemble, comme
CHRONIQUE AGRICOLE 1(15 N0VKM3KE iSS't).' SfiQ
s
au concours d'Angers. — Animaux de basse-cour, 8 catégories : 1° coqs et poiiln
(3 secliûDs, races françaises, races étrangères, croisements divers); 2" dindon"
(2 sections, dindons noirs, dindons gris et blducsi ; 3" oies; k" canards; 5° [nvi"
tades ; 6" pigeons; 7° lapins et léporides; 8" autres aaimaux de basse coui'. —
Mac/nues et iiisiruiuciits agricoles. Exposition générale, sans coiicour.s spéciaux. —
Produits afjricol''s et matwres ulih-s à l'iii/riculiure^ 7 concours spécinux : l"vinsd.!
la région provenant des récolles de 18S3 el I8S4 ; 2" produits des fruitières des Alpes
(IVoiniiges, beurres) ; 3" produits séncicoles ; 4" produits maraîchers; 5" expositions
scolaires; 6" expositions collectives ; 7" produits divers.
GoNCOURS DE Gii.vKraiis, du 6 au 14|uia, pour la région comprenant les dé-
partements du Calvados, de l'Eure, d'Eure-et-Loir, de la Manche, de l'Orne, de
la Sarthe et de la Seiae-Inf'érieure. — Espèce bovine, 4 catégories : 1" race nor-
mande; 2° race durham ; 3" croisements durham; k" races laitières. Trois prix
d'ensemble, pour les l"' et 4% pour la 2"=, pour la 3''. Bandes de vaches laitières en
lait, 5 prix . — Espèce ooinc, 6 catégories : 1" races mérinos et métis-
mérinos; 2" races françaises diverses ; 3" races étrangères à laine longue; 4° races
étrangères à laine courte ; 5" dishley-mérinos ; 6" croisements divers. Deux prix
d'ensemble, pour la l''' catégorie et pour les autres. — Es/jècc porcine, 3 catégories
et un prix d'ensemble, comme au concours d'.\ngers. — Animaux du liass--coiir.
7 caiégori>s : 1" coqs el poules ^6 sections ; race de Crèvecœur, race de la Flèche,
race de Houdan, races françaises diverses, races étrangères diverses, croisements
divers); 2" dindons; 3" oies; 4" canards; 5° pintades; 6" |igeons; T» lapins et
léporides. Un prix d'ensemble. — Machines et instruments agricoles. Exposition
générale, avec deux concours spéciaux : 1° moissonneuses-lieuses, en saison;
2" appareils pour le refroidissement du lait. — Produits agricoles et matières
utiles à l'agriculture, 8 concours spéciaux : 1° beurres frais ; 2" beurres d^. con-
serve; 3° fromages à pâte molle alfiaés ; 4" miels el cires; 5" produits maraîchers;
6" eXfjosiiious scolaires; 7" expositions collectives; 8" produits divers.
Concours de Nancy, du 6 au 14 juin, pour la région comprenant le départe-
ment des Ardennes, de l'Aube, de la Marne, de la Haute-Marne, de Meurthe-et-
Moselle, de 1-i Meuse et des Vosges. — Espèce bovine, 5 catégories : 1" race
durham; 2° croisements durham; 3" races laitières françaises (3 sous-catégories :
race normande, race vosgienne, autres races françaises) ; 4" races laiiières étran-
gères (2 sous-Cdtégories : races des pays de montagnes, de grande (aille et de
moyenne et petite taille; races des pays de plaine, hollandaise et analogues);
5" races diver.-es et croisements divers Deux prix d'ensemble: pour les deux pre-
mières catégories et pour les autres. Bandes de vaches laitières en lait, deux prix.
— Espèce ouine, 5 catégories: 1° mérinos et mélis-méiiiios; 2" races françaises
diverses ; 3" races étrangères à laine longue ; 4" races étrangères à laine cuur'te;
5" croisement-i divers. Un prix d'ensemble. — Espèce porcine, 3 catégories et un
prix d'ensemble, comme au concours d'Angers. — Animaux de basse-cour, 7 caté-
gories : 1" coqs et poules (ri sections : race de Crèvecœur, de la fjresse, de Hou-
dan, de Lorraine, races françiises diverses, races étrangèr'cs) ; 2" dindons ;
3° oies; k" canards; 5° pintades; 6° pigeons; 7° lapins et léporides. Un prix d'en-
semble. — Machines et instranienls agncutes. Exposition générile, sans concours
spéciaux. — Produits agricoles et nvUieres utdes à l'agriculture, 9 concours spé-
ciaux : 1" semences de froment ; 2° semences d'avoine ; 3" semences d'orbe :
4" vins delà région; 5" eaux-de-vie de vin et de fruits; 6" produits horticoles;
7" expositions scolaires; 8" expositions collectives; 9" [iroduits divers.
Ga.\'CùaRS de Vesoul, du 13 au 21 juin, pour la région comprenant les di'-par-
lemeiils de l'Ain, di la Gùte-d'Or, du Djubs, du .Jura, de Siùiie-et-Loire, de
l'Yonne et la circonscription de Belfort — Espèce bouin', 6 catégories ; 1° race
lémeline, comtoise nu bressane; 2" race cliarolaise ; 3" l'ace durham; 4" croisements
durham; 5" races Irançaises diverses; 6" races éti'aTigères laitières (2 sous caté-
gories : races de giunde taille, bernoise ou fribourgeoise, hoU mdaise et analjgues;
races de moyenne et de petite taille, Schwitz, A|)penzell et analo,'ues). Djux prix
d'ensemble : pour la race fémeline et pour les autres catégories. Bindes de vaches
laitières en lait, deux prix. — Etpèci ooi^v, 5 catégories : 1° mérinos et mélis-
mérinos; 2" raciîs fr-ançaises diverses; 3" races étrangères à laine longue; 4° races
étrangères à laine courte; 5° croisements divers. Un [irix d'ensemble. — Espèce
poiciae, 3 catégories et un prix d'cnsemb e, comme au concours d'Angers. —
Anima ic de b^nse-co ir, 7 citégories : I" co [s et poules (ï sections, raue de la
Bresse, race comtoise, races françaises, races étrangères); 2° dindons; 3° oies;
250 CHRONIQUE AGRICOLE (15 NOVEMBRE 188'*).
4" canards; 5° pintades; 6° pigeons ; 7" lapins et léporides. Un prix d'ensemble. —
Machines et instruments agricoles. Exposition générale, sans concours spéciaux. —
Produits agricoles et matières utiles à V agriculture, 11 concours spéciaux :
1° semences de froment; 2° semences d'orge; 3" graines fourragères pour prairies
temporaires; 4° kirsch de la Haute-Saône; 5° miel et cire; 6" houblon du départe-
ment delà Haute-Saône; 7° vins du département de la Haute-Saône; 8° produits
de l'horticulture; 9" expositions scolaires; 10° expositions collectives; 11" pro-
duits divers.
Signalons rapidement les principaux changements que ces pro-
grammes présentent comparativement à ceux de 1884. En ce qui con-
cerne les animaux: reproducteurs des races indigènes, ils devront être
nés et élevés en France, appartenir à des agriculteurs de la région,
être en leur possession et se trouver dans les étables, bergeries ou por-
cheries situées dans la même région, au moins depuis le 1" février
1885. Toutefois celte condition n'est pas applicable aux acquéreurs
d'animaux reproducteurs présentés au concours général agricole de
Paris qui aura précédé immédiatement le concours régional. — Au con-
cours d'Angers, le nombre des prix est augmenté pour la race durham.
Au concours d'Angoulême, deux sections nouvelles ont été créées pour
les taureaux de deux à trois ans, des races limousine et maraîchine;
des prix de bandes ont été créés pour les vaches laitières; la caté-
gorie des races laitières d'Ayr, Jersey et analogues a été supprimée,
de même que la section des verrats dans les croisements divers. Au
concours de Moulins, un prix d'ensemble spécial à la race charolaise
a été créé, Au concours de Chartres, des sections ont été créées pour
les taureaux et pour les génisses de race normande de six mois à un
an; le nombre des prix réservés aux mérinos a été augmenté. Au
concours de Yesoul, une section spéciale a été ouverte pour les coqs
et poules de la race comtoise. Pour les machines et instruments, des-
concours spéciaux auront lieu, en nombre variable, à Angers, à
Angoulême, à Toulouse, à Chartres; on en trouvera le détail plus haut.
Enfin, en ce qui concerne les produits agricoles, le nombre des con-
cours spéciaux a été augmenté dans la plupart de ces solennités. — Dans
un prochain numéro, nous donnerons l'analyse des programmes pour
les concours de Montpellier, do Beauvais, de l^yon et de Montauban.
XIV. — Nouvelles de l'état des récoltes en terre.
Les avis de nos correspondants ne signalent pas de changements
importants dans la situation agricole.
Dans la Vendée, d'après la note que M. Boncenne fils nous adresse
de Fontenay-le-Comte, à la date du 4 novembre, les dernières récoltes
ont donné de bons résultats :
« La température qui avait été chaude et sèche pendant tout le mois de sep-
tembre, s'est sensiblement refroidie dans la première quinzaine d'octobre. Nous
avons eu plusieurs gelées de 1 et 2" au-dessous de zéro. Le temps ensuite est
redevenu très doux, mais les labours d'automne, entravés par la sécheresse, n'ont
pu se faire en temps convenable, et malgré l'activité qu'on déploie, les ense-
mensements de blé sont encore peu avancés..
« Nos betteraves fourragères sont d'excellente qualité ; mais beaucoup moins
abondantes que l'an dernier. Nos pommes de terre sont aussi très saines. La plu-
part ont atteint une grossseur moyenne. Nous avons remarqué, parmi les nou-
veautés, la pomme de terre Adérondack à tubercules ronds, lisses, de couleur
rouge pâle, bien réunis sous la plante; la chair est blanche et farineuse. Cette
pomme de terre, d'origine américaine et déjà fort estimée en Angleterre, nous
semble digne d'être sérieusement expérimentée en France.
CHRONIQUE AGRICOLE (13 NOVEMBRE). 251
ce Li consolide rugueuse du Caucase, continue de nous donner des produits très
■ibondants- jusqu'ici, cependant, à cause de la sécheresse, nous n aurons eu que
cinrr coupes 'au lieu de six, que nous avions obtenues en 1883.
<c Malgré la présence bien constatée du phylloxéra sur plusieurs points de notre
anondis^ement, les vendanges ont donné, presque p inout, des récoltes satistai-
santes sous le double rapport de la quantité et de la qualité, nos vins nouveaux
"''ccTerrens'eio'nements' publiés sur leproduit des céréales dans l'Ouest concor-
dent avec ceux que nous avons recueillis nous-mêmes. Le rendement moyen du
froment récolté dans de bonnes conlitions, a été de 18 hectolitres al hectare.
L'or-e distique ou baiUarge a fourni 24 hectolitres, et l'avoine 28. Nos grains
bien%ecs et bien nourris se vendent malheureusement a vil prix. La crise agri-
cole pèse lourdement sur nos campagnes, et si cette situation déplorable se
prolono-eait encore, elle auraitles conséquences les plus désastreuses.
Ce qui ressort de tous ces renseignements, c est que 1 automne de
1884 a été surtout caractérisé jusqu'ici par une sécheresse excep-
tionnelle; mais, sauf dans la région méditerranéenne, celte sécheresse
n'a pas été telle qu'elle ait mis obstacle aux importants travaux de
labour de fumure et des semailles. ^Néanmoins, il serait à souhaiter
que la' saison reprît son caractère normal; l'avance gagnée ne serait
pas perdue et les jeunes plantes pourraient prendre assez de vigueur
pour résister à l'hiver. Henry Sagmer.
PARTIE OFFICIELLE
ttat approximatif de la récolte du froment, du méteil et du saigle en 1834.
Le ministère de l'a-riculture Direction de l'agriculture. — 2'' Division. — Bureau des subsis-
tances des secours et'de la statistique agricolel'publie, dans [.Journal officleUa 12 novembre,
le rele;é suivant des raoports transmis par les préFetsdans les six semaines qui ont suivi la mois-
son, en ce qui concerne la récolte du froment, du meteil et du seigle.
FROMENT MÉTEIL SEIGLE ^^____
DÉPARTEMENTS. s'^ces^l^iidmrtr^nT'sarfaoes Proaa^«a_grain9_^ Surfaces Produit en irr^Jns
«Bwaieiitto Uréiulilres. UilitoH^slr. e"nsementé«s. Occlolitrcs. QuinUai mêtr. ensemMcées. llecUliUes. ai.i«Uui m«lr
l« R.-7,-o» (iV.-O.). hecûres. ~ " hecires. hectares.
Finistère V',.bO ;jM-^^ ,nlAl, looo. 166 OOr) 118,03, 27.0)» 451,000 J14,00»
C6tes-du-Nord 9'..0.U) l."?-'» '■"'?"?* ?'°", •8W0 3 OB'! 7'.>,000 1,288,000 9i6,S80
Morb.han ^l^oo .7.,o .AU inn .,00 13,J8. ^^, ,^^^.^^^ ^^^^^^
Manche 116, lO '■J'!.''» •;i,?7, dJO l4 300 10,6>0 4,50» 83,000 58,630
Orne -4. 2' ■^'"■» » ^? ' ^^ \^\^; ,^7 .JfO 361,on ô,2oî 58,M0 40,482
S"' - 83;l3°7 !:n:l;,'.o '-^^u^o 2-;o9i .375,8.0 2s., 104 37^ j^%^ jiio^^
ro'ta,;;;'.'.'. .■.■.■.■.■.■..■.■. lï^:^^ TIT^^^J^ ^:i^^r^ ^^J^ '.^".«S l.»8'M« <8,,591 3.1.9,089 2,2i0,828
2« Bégion [Nord).
Nord ■., n..S60 3,»M67 2,6,8,707 , • ^_^^> H.»- -M- !^^
I^St!"^:!:::::::::::: \^^ ^?^^ V^^: -;.. i,».;., 774,^3 .m. ^^ .^
Selne-ln.„o.r.......... .^^^.7 ^ ;, g . ; ,; , 3.004, ^
è^:::;::;:::::::;::::: i g rpS ' ' é^ .!i^^ ^''^ "- i-- ^^^
l^-^î^t:^^::::::::::::: '^^^- ^;-| i:^ ?; ^: ^» -:-» -- -;-■ -;- ^^^
Toulx !......... MS6.7Ù liisiiiïso- 2-5;ïii;ï:r Kiïï- -îïïTTiiir .,577,18. .55,391 ,,«22,20. 2,147,099
3': Région (Sord-Esl). . ...,,,
rro.- ,n.3S101 303 3S9 2 250 52,30". 40,809 14,605 223,W2 172,434
Meuse • «".«JS '«".'I^ l'I^îi 535 11770 8,709 5,540 110,8^0 83,100
SSrS •;;::;; 'B s -iiS :^ lœ. m si JS jsn
,"",.. ..:.... ■i.i.ii iïS.ir wSiS' S55^ >«ïl^ '^wT ..i,». >."•."• '.»'.'■>
252
PARTIE OFFICIELLE
FRO.MKNT
M ÉTÉ IL
surfaces Pr^iliiii. nn jriins Surfaces '''■n luit e» ^jr.iins ^s urfaces
ensementte. llrelolilres. Qijialaiu niJlr. cn!fm?nc(tj. llpcloliln«. Qniolaui mi'lr. ensemencées.
4e Tiéfj'ori [Oiiesi],
Loue- Inférieure 100,000
Maine ei-Lou'e 160.300
Indre-et-Loire S9,500
Vendée 187,932
Charente-Inférieure 178,900
Deux-Sè«res 119,240
Charente 10.i),897
Vienne 9 ",ii40
Haute-Vienne 33,340
,770
.8.V.',
,401.
,756,
,444,
,506,
,-'13,
,744,
000
,0'>U
,240
,727
i612
,843
920
534
230
1,362.900
2,130,6.50
1,084,940
2,"96,n2
1,753,193
1,1!0,132
946,838
1,325,845
354,299
6no
5,600
8,000
2,0)C1
3,970
1,726
11,413
6,430
698
11,400
71,300
117, '(80
19,800
33,066
.15,823
170,015
146,888
12.240
Totaux.
1,091,899 16,144,105 12,165,i29 40,'i37 618,307
5» Région (Cenlre).
Loir-et-Cher 68,005
Loiret 78,675
Yonne 119.000
Indre 101,941
Cher 95,500
Mèvre 82,800
Creuse I6,2»3
Allier 98,291
Puy-de-Dome 68,500
Totaux ,
6" Ite'gion {Est).
1.5311
1,464
2.100
1,420,
l,4:i8
1,169,
77,
1,360.
1,3S7
380
Oil
000
.S!6
732
430
,530
5O0
123
718,9.15 11,952,764
C6te-d'0r
Haute-SaOr.e. .
Houbs
Jura
Saône-et-L:ire.
Loire
nhùne
Ain
Hàute-Savuie.. .
Savoie.
68,761
35,200
59,000
146,710
50,000
56,(00
S4,53'i
36,201
19,5uO
Isère 141,840
1,980
1,206
8 0
880
2,006
6.i0
800
^UO.
610,
23',,
2,626,
167
3i6
il 0
,000
.5(0
OjU
,000
091
4S9
655
500
1,180,014
1,112,671
1,596,000
I.u6t3,769
1,079,050
88^,766
58,147
I. 033. 980
1,067,237
1.584,133
640,835
604, 801)
677,6(10
1,524,910
4 '2,300
640,1100
1.072,508
■(61,971
183,U21
1,838.550
9,284
16, '(50
5,920
2,597
1,200
1,200
2,373
7,349
3,900
1,380
522
6,000
1.000
5,069
3,663
4,000
9,013
Totaux 831.166 13,225,448 9,902,913 46,231
7' Région (Sud-Ounst).
jironde 89,312
Dordogne 140, ooo
Lot-et-Garonne 126,465
Lardes r-8,430
Gers 1 30,9 1 5
Bayses-Pyrenées
Hautes -l'y rénées
Hauie-Garoi.'ne
Ariège
lolaux.
52,256
22,500
106,1 66
33,389
-.39,333
1,850
,91
,37
708
405
,332,
380,
,695
,000
,610
,476
,607
,068
000
,065
389
1,270,956
l,4i3,00O
1,534,880
385,071
1,101,485
552.080
311,850
1,081,650
296,208
436
4,800
1,052
7,400
;,875
4,369
érjion [Sud).
Cori('ze
Cantal
Lot
Aveyron
Lozère
Tarn-et-Garonne
Tarn
Hérault
Aude
Pyrénées-Orientales.,
18,500
8,965
64,000
78,000
8,000
108,000
101,750
38,000
ÈO, li'O
7,2UO
298,376
86,982
675,1100
701,950
110,500
1,048,111
1,303,:121
300,000
602,436
8!»,5uO
232,320
65,235
526,500
524,923
• 81,295
817,536
1,049.856
240 000
469,835
70.705
2,700
1,430
2,500
2,000
3,000
1,500
2,760
200
1,154
1,000
Totaux.
482,615 5,216,196 4,081,205 18,244
S" Région [Sun-Est).
Haute-Loire
Ardèclie
Drônie
Gard
Vaucliise
Basses -Alpes
Hautes- Alpes
Bouclies-du-llhùne
Var
Alpes-Maritimes
TntallX
10* Rctjion.
corse
Totaux généraux de la ré-
colte de 1884. iEvaluation )
11, 300
37,720
115,000
57,260
80,313
00,315
26,757
51,475
67,500
25,9:.3
536,833
35,120
127
288
950
387,
703,
595,
294.
970
735.
19:1,
295
>)73
,000
016
361
300
9?
000
"00
615
103,225
225,400
615,000
309,536
553,762
440,892
229,605
766, 09
583,OUO
149,711
8,500
377
4,500
483
393
1,625
2,439
600
802
5,231,361 4,011,132 19,719
210,900 168,720 •
242,163
224,700
121,(100
2l>,192
25,349
16,800
20,014
8,750
32,0')0
88,110
i4.917
24.433
26,976
123,130
105,739
8,812
181,765
166,273
9;,000
22,377
18.405
12,600
14,944
27,500
12,300
9,200
3,200
3,730
4, (.44
14,199
9,315
00,000
29,875
16,9(0
14,734
16,700
16, OOO
93,226
39,484
60,000
079,723 508,309 313,767
20,162
117,852
127,9110
2l.0f.0
11,000
66,000
16,000
96.871
58,392
32,000
74,192
16,129
84,444
9J,100
10,500
8,110
52,000
12,000
72,547
36,203
39,130
51,374
16,136
12,133
2,000
3,100
20,632
47,000
19,000
6,190
3,982
16,260
17,623
661,769 474,867 164,078
6,8S0
65,000
15,334
144,000
61, 800
61.305
5,512
49,100
10,054,900 7,976,180 23,932 353,329
18,800
10,000
8,224
96,300
670
934
8,200
9,680
11,229
257,016 163,337
10,216
103,680
42,230
45,078
36,530
7,791
23,100
16,329
54,001
18,235
14,655
1.450
11,623
12,480
261,102 196,200
,225
,673
000
,322
.985
,313
i5t
rlOO
630
OOO
61,300
64,600
12,000
54,000
50,000
2,300
33,300
6,600
8 209
10,000
85,545
6,408
23,100
4,284
4,20S
14,850
34,557
5,800
4,420
183,166
64,220
4,870
1(1,000
3,105
3.116
9,652
24,583
4,200
3.313
80,0flO
30,671
20,000
5,735
1,248
2,445
8,142
341
500
1,627
SFir L F
P. ■•'T II Ht .Ml fr.iins
llfclolitres. (Juinlaox melr.
450,0^0
156,200
92.530
17,378
45,327
53,34(
196,107
132,126
910,8110
2,076.412
425,504
328,860
233,500
184,744
194,37!
î6i,7H
753,345
631,500
1,737.160 1, ■.'93. 903
4,831,896 3,505,474
175, 6!8
166,808
34,850
35,250
499,300
564,000
280,000
80,857
82,166
217,152
222.010
2,386,061
343,060
144,0110
148,515
520,317
7,370
13,337
141,000
70,200
144.410
808
735
108
623
986
34,
55»
66
142
160
,7!3
187
iiOO
278
413
,307
882
,100
2)0
000
274,443
103,6811
109,9811
385,3 6
5,150
9,55!i
100.808
49,1511
102,530
598,109
529,334
75,600
«50.354
660,302
25,387
404,097
47,000
103.250
124,800
302,309 4.223,110 3,018,233
715,010
458,4119
200,000
96,025
13,354
19,125
146,157
5,l'i0
5,500
21,125
544,900
313,807
140,000
60, '45
10,015
12,240
99,245
3,600
3,600
15,844
170,709 1,669,805
3,950 47,600
1,233,396
Raprel des 4 der-
nières anr.ees.
{Résultats déû-
nitifsi.
6,976,203 111,141,845 84,803,731
103,753,426 79,2 1,591
1.2,153,524 93.4 3,716
96,81('.356 75.676,355
99,471.559 75,504,773
1883. 6,803,821
1882, 6. 407. 192
1881. 6,1.59,114
18S0. 6,879,875
363,577
6,804,049
4,984,363
1,765,616
25,487,589
13,343,935
366,926
396,316
401, 4'7
410,784
5,688,537
7,262,9i9
6,01 7,388
6,021.305
4,178,776
5,334, -JOO
4,420,135
4,459,730
1,719.666
1,871,052
1,777.268
1,848,107
21,842,602
29,487,099
23.731,^31
13.318,486
17,736,953
21,115,535
16.979.634
18,692,815
LES DROITS DE DOUANE ET LA PETITE CULTQRE. 253
LES DROITS DE DOUANE ET LA PETITE CULTURE
Monsieur le rédacteur en chef, je ne veux pas entrer dans une polé-
mique au sujet des droits de douane qui peuvent être imposés aux denrées
agricoles similaires à celles que nous produisons en France. Le Par-
lement est saisi de la question, et sans doute il aura souci des intérêts
de la classe la plus nombreuse et la plus vitale du pays. Jusqu'à pré-
sent les agriculteui's ont été traités par la législation commerciale et
fiscale comme des gens patients, capables de beaucoup souiîrir, sans
se plaindre autrement qu'en paroles emportées par les vents de la cam-
pagne, légitimes successeurs de la gent taillable et corvéable à merci. Le
suffrage universel, entre autres mérites, a celui de lui donner uneparole
effective qui se confie au bulletin de vote et n'est plus emportée par le
vent. En d'autres termes il faut compter avec les cultivateurs, et leur
patience traditionnelle ne va pas jusqu'à consentir à leur ruine.
Mon intention est donc de mettre en garde les lecteurs du Journal
de l'agriculture, et surtout ceux qui peuvent être appelés en consul-
tation pour les résolutions à prendre, contre une grave erreur de fait, je
ne veux pas dire un sophisme, caressé par les partisans à outrance de
la libre entrée de ce qu'ils appellent la matière première de l'industrie
et qui est en réalité le produit péniblement obtenu de l'industrie agri-
cole qui est bien la principale de nos industries pour tout économiste,
sauf pour ceux qui s'obstinent à la considérer comme une servitude.
Cette erreur de fait consiste à croire et à dire que l'établissement de
droits de douane sur les céréales n'est réclamé que par les grands
propriétaires, les aristocrates, qui trouveraientdur de voir baisser leurs
revenus, et voudraient en rétablir le chiffre aux frais du pays. Voilà ce
qui s'imprime sous la signature de personnes sérieuses, ce qui prouve
une fois de plus, ce que nous disions dans un précédent article, que
les spéculations de l'économie politique sans la base solide de la statis-
tique ne sont que des exercices théoriques reposant sur les nuages.
Et d'abord ceux qui font cette observation très vraie sur les souf-
frances du grand propriétaire ont-ils voulu pousser à la jalousie d'une
classe de citoyens contre une autre classe, je ne peux pas le croire,
car ce serait une mauvaise action, et les affaires de cette nature doivent
plus que toutes les autres être soustraites à l'influence des passions.
Non sans doute, ils ont voulu simplement constater un fait, l'abais-
sement de la rente; nous le constatons avec eux. Il y a plusieurs
années que cet abaissement se produit avec une vitesse toujours plus
grande, en sorte que, sur beaucoup de. points, on ne trouve plus de
fermiers même à prix réduit, et que je connais des propriétaires dont
la rente s'est abaissée au payement des taxes de diverses natures qui
grèvent la propriété.
Mais ce grand fait de l'abaissement de la rente de la terre (sauf pour
certaines exploitations spéciales), en d'autres termes de la terre de
labour, n'est-il pas à lui seul une preuve complète de la souffrance
des intérêts agricoles, et croit-on qu'on puisse isoler et exempter de ce
fait ceux qui ne sont pas grands propriétaires?
Evidemment il faut vivre loin de la terre, n'avoir jamais vécu avec
les populations agricoles pour pouvoir supposer un seul moment que
les intérêts soient distincts en ce qui concerne les mouvements de la
254 LES DROITS DE DOUANE ET LA PIOTITE GULTUHE.
rente, et que le petit cultivateur souffre moins que le grand propiiélaire.
La vérité est qu'il souffre beaucoup plus. N'ayant que le nécessaire, il
ne peut pas se restreindre dans ses dépenses comme le grand pro-
priétaire qui d'ordinaire a, en sus des revenus agricoles, d'autres res-
sources échappant à la crise. Le petit cultivateur tombe dans la
misère, et c'est le grand propriétaire résidant a la campagne qui le
soutient et le préserve des extrémités. Il y a non seulement solidarité
d'intérêts entre eux, il y a assurance mutuelle.
Ce qui trouble la vue de certains économistes, c'est qu'ils créent
dans leur imagination une division de classes artificielle. Ils ne pen-
sent pas qu'en France le nombre des petits propriétaires, en d'autres
termes des parcelles, estexcessivementconsidérableetque l'ouvrier agri-
cole proprement dit, ne possédant pas et allant de lieu en lieu louer ses
services, est l'exception au lieu d'être la règle comme en Angleterre.
La lutte entre l'ouvrier et le patron n'existe qu'à l'état d'exception
dans la France agricole; depuis longtemps l'exode des ouvriers agri-
coles non possédants est commencée, et elle touche à son terme. Ce sont
les petits propriétaires qui échappent anx dernières conséquences de la
crise en louant temporairementleurs services aux grands propriétaires.
Leurs intérêts sont absolument inséparables, et c'est une singulière
méprise que celle que nous signalons. 11 faut pourtant la signaler,
puisqu'on voit souvent des résolutions prises pour des i-aisons abso-
lument étrangères au sujet qui devrait les motiver.
La seconde erreur de fait que je veux signaler est celle-ci. Despubli-
cistes distingués, examinant les cours des céréales tout à fait en dehors
de la question brûlante qui s'agite en ce moment, constatent qu'il
y a une crise des céréales en Amérique. La perspective d'inonder le
continent européen de leurs blés avait donné à la production une acti-
vité exagérée. II y a pléthore ; l'abaissement des prix a dépassé les pré-
visions des spéculateurs américains, et il en est résulté, d'abord un
stock énorme, et en outre un véritable krach. Je crois ce renseignement
très conforme aux faits. Mais il en ressort deux conclusions évidentes.
D'abord l'existence de la spéculation qui, elle, avait une base sérieuse :
la différence entre les frais de production du blé américain et du blé
européen. Cette différence est réelle. On produit le blé en Amérique
à 13 francs les 100 kilog., et tout le monde peut comparer ce prix de
revient avec celui de nos blés (je ne parle ici que des frais de produc-
tion de toute nature, sans rente, impôt ni transport). Cette différence
persistera quand la crise actuelle sera liquidée, et nous resterons en
présence d'un pays qui surtaxe notre production industrielle et nous
envoie en franchise sa production agricole.
Enfin dans l'Inde anglaise on paye le blé au producteur 13 francs, et
ici ce prix comprend non seulement les frais de production mais
toutes les charges de l'agriculteur. Le négociant n'a plus qu'à s'occu-
per du transjjort. Ce fait est bien plus menaçant encore que la produc-
tion américaine. Quant au stock américain, il est évident que son exis-
tence est une raison de plus de se défendre à court terme.
Le bon marché du blé américain tient à la faible valeur capitale des
terrains et à l'emploi des machines sur de vastes étendues. Le bon
marché du blé indien tient au bas prix de la main-d'œuvre. Ces con-
ditions-là ne changeront pas du jour au lendemain.
Recevez, etc. Paul de Gasparin,
Membre de la Société natiatiale d'agricuUiire, correspollJ.nt de l'iiislitut.
SITUATiOiN FORESTIERE ET AGRICOLE AU CANADA. 255
SITUATION FORESTIERE ET AGRICOLE AU CANADA
L'exploitation des forêts canadiennes, quoique ayant été très active
pendant l'année écoulée, a été peu rémunératrice; les prix des bois de
tous genres ont été assez bas et la cause en est due à l'encombrement
dos marchés anglais. Nous donnons la liste des pays qui ont importé
le plus de bois du Canada :
Grande-Bretagne H 027 337 Piastres. France 417 080 Piasties.
Etats-Unis 9 !)1G 040 — Espar^nc Iô3 44o —
Terre-Neuve ViH 'J46 — Antilles espagnoles... 91 "iUO —
Antilles anglaises.. .. 304 821 — l'ùrlngal 88 209 —
Guyane anglaise 102 659 — Cliine 63 243 —
Uruguay 28S 09.t — Australie 250 784 —
République A rgcul:ne. 194 175 —
Les prix des principaux bois d'exportation étaient, au printemps de
1884, les suivants :
Pin j'aune, épaisseur 3 pouces; l" qualité, 17 € par Pétersbourg Standard i
franco bord à Québec; 2' qualité, 12 S. ; 3° qualité, 6 €. — La longueur de ces
madriers est généralement de 12 à 16 pieds et la largeur, 70 pieds carrés de
1 l pouces et au-dessus, 30 pieds carrés de 7 à 10 pouces.
Einueile blanche. F' qualité, 7 € par Pélersbourg-Slandard franco bord à
Québec ; 3'' qualité, k £. — Largeur généralement 9 pouces, soit 80 pieds carrés
de 9 pouces et 20 pieds carrés de 8 pouces donnant une moyenne de 12 à 13 pieds
de longueur.
l'in rouge. 1'" qualité, 10 £ par Pétershourg-Standard franco bord à Québec;
3'^ qualité, 5 €. 10 sh. — La longueur moyenne est de 12 y 16 pieds et de 9 à
] 1 pouces de largeur.
Planches de pin jaune sciées à une longueur de 12 à 16 pieds et de 8 poucesau
moins de largeur, épaisseur, 1, 1 1/4, 1 1/2 et 2 pouces. ■ — ï"' qualité, 14 £ par
Pétersbourg-Standard franco bord à Québec; 2'" qualité, 11 £.
Le Pétersbourg-Standard, l'étalon généralement employé pour l'exportation
est égal à 165 pieds cubes pour les madriers et à 2,750 pieds carrés, mesure de
planches (1 pouce d'épaisseur).
Le Québec-Standard, parfois aussi employé dans le commerce du bois, a
12 pieds de longueur sur 1 1 pouces de largeur et 2 1/2 pouces d'épaisseur ; il est
plus grand que le Pctershourg-Slandard : 72 Québec-Standard représBiitant
100 Pétersbourg-Standard. Pour le commerce des planches, le Québec -Standard
équivaut à 3,600 pieds carrés, mesure de planches (1 pouce d'épaisseur).
La récolte des céréales n'a pas été brillante en 1883 et l'exportation
s'en est ressentie. Le commerce canadien se ressent fortement de l'abo-
lition des péages sur le canal Erié, les céréales venant de l'Ouest ont
pris la voie du canal Erié et des ports américains de l'Atlantique, au
détriment de la voie du Saint-Laurent, pour éviter le payement des
droits du canal Welland et des autres canaux canadiens. Montréal a
beaucoup perdu par suite de ce détournement des traites, et tout le
commerce de cette ville use de son intlueiice sur le gouvernement fédé-
rai pour 1 engager à supprimer les droits de passage sur les canaux
canadiens conduisant des lacs à Montréal, port d'embarquement.
Au moment de terminer son rapport le consul a reçu des nouvelles
que pour empêcher la ruine de l'exportation, les commissaires du port
de Montréal ont réduit les droits de quayage de 7 cents la tonne à
1 cent; la Compagnie des élévateurs a rétabli son escompte de
20 pour 100 et les Compagnies de transports ont également accordé
une réduction de un quart de cent. De cette far on, toute dilïérence
de prix entre Chicago et New- York et Chicago et Montréal est aujour-
d'hui supprimée .
256 SITUATION FORESTIÈRE ET AGRICOLE AU CANADA.
L'inauguration de la ligne transcontinentale du Pacifique en 1886
sera un événement dont les effets ne tarderont pas à se faire sentir en
Europe ; ce sera en effet, la ligne la plus courte pour se rendre au Japon
et dans l'Extrême-Orient. On calcule que la distance entre Liverpool et
Yokohama via IVIontréal et le Canadian Pacific Railway sera de
11,019 milles, tandis que la même distance via New- York et San-
Francisco serait de 12,038 milles, soit une différence de 1,019 milles
en faveur de la voie canadienne.
De grandes améliorations ont été apportées dans la préparation du
beurre et du fromage. Rien que dans la province de Québec, il y a
280 fromageries, 47 beurreries et 28 fromageries et beurreries com-
binées; près de 1.50 fabriques nouvelles ont été montées en un an.
Aussi l'exportation des fromages a-t-elle été beaucoup plus considé-
rable pendant le dernier exercice.
L'exportation du bétail en 1884 est plus considérable que dans les
années précédentes. Presque tout l'espace réservé pour le bétail sur les
navires est déjà retenu pour l'année ; le prix moyen serait de 4 i (1 00 fr.)
par tête pour les bêtes à cornes, la nourriture étant à la charge des
navires, et la garde à la charge de l'expéditeur. Max Hoffmann.
COMITÉ CENTRAL AGRICOLE DE LA SOLOGNE
On sait que le Comité central agricole de la Solopfne. constitué officieileruent
en 1859, comme un^ sorte de Conseil général agricole des trois départements du
Clier, du Loiret et de Loir-et-Cher, dans le but d'améliorer et transformer cette
province du centre appelée la Sologne, a été reconstitué sur les bases de statuts
nouveaux, et est devenu une association libre, qui poursuit avec plus d'activité et
de dévouement que jamais ses travaux commencés. Il tenait sa session d'automne,
le 26 octobre, à son siège, l'hôtel de ville de Lamotte-Beuvron.
Après avoir salué les noms de MM. Dumas et Barrai enlevés à la science et à
leur siège de présidence honoraire, le Comité a unanimement oll'ert le siège de
M. Dumas à M. Pasteur.
Plusieurs admissions de membres ordinaires nouveaux ayant été prononcées,
M. le président, qui trouve dans son inépuisable dévouement à la Sologne et à
l'œuvre du Comité une source toujours nouvelle de bienveillante énergie pour pré-
sider et diriger ses travaux, a présenté les candidats pour les livrets de caisse
d'épargne de 100 francs, distribués chaque année aux ouvriers et petits cultiva-
teurs ayant donné l'exemple de la persévérance dans le travail et de l'accomplis-
sement des devoirs de la famille. Sept de ces livrets ont été accordés aux sieurs
Landillay, de Nançay, — Béguin, de Sainte-AIontaine, — Taillandier et Jeuillard,
d'Ennordres, — Legendre et Bouvassin, de Ncuvy-sur-Barangeon (Ciier.)
Il est désirable que les ressources de son trésor permettent au Comité d'inscrire
longtemps encore ces jjrix Monlhyon de l'agriculture sur le programme de ses
concours.
Les médailles destinées aux élcves-maîlres des écoles normales, aux insliluteurs,
aux élèves des écoles primaires de la Sologne pour encourager l'enseignement
agricole et horticole, ont été décernées sur le rapport de M. E. Gaugiran.
Sur le rapport de M. Ed. de Laage de Meux, le prix d'honneur de 1,000 francs
fondé dans le but de solliciter les grands efforts et les beaux exemples d'exploita-
tion des propriétaires et des fermiers, soit au point de vue cultural, soit au point
de vue forestier, a été partagé entreM. Léopold Dejoulx, propriétaire à Presly, et
M. Dusapt-Lucet, propriétaire à Aubigny ,Cher). Une médaille de bronze et
50 francs ont été donnés à M. Valet, garde-régisseur du domaine de M. Dejoulx,
en témoignage de ses bons services.
Le prix David-Cannon pour les gardes et régisseurs ayant le plus et le mieux
contribué au reboisement par leurs soins de direction et de surveillance donnés à
leurs semis et plantations, consiste en une somme de 120 francs, dont une
médaille d'argent; il a été attribué à M. F. Foussard, garde au château de Nancy
(propriétaire, M. Pepin-le-Halleur.)
COMITÉ CENTRAL AGRICOLE DE LA SOLOGNE. 257
Ont été décernés ensuite: Sur le rapport de M. André Gourtin, pour création
de pr-airies par l'irrirjation, un objet d'art de 400 francs à M. Rolland d'Estapes,
propriétaire à la Bergerie (Brinon, Cher);
Pour création de prairies temporaires, un objet d'art à M. Pornay, de La Jau-
draie (Roraorantin, Loir-et-Glier), un objet d'art à 'SI. EL Fougeu, de la Gou-
chère iMillançay. Loir-et-Glicr);
Une médaille "d'argent et 75 francs à M. Beaufils, pour la bonne surveillance
des travaux d'irrigation de Ja Bergerie.
Sur le rapport de M. Manteau, pour plnntalion et culture de la vigne, un rappel
de tous les prix remportés par lui dans les concours précédents, à AI le docteur
Burdel, de Vierzon; une médaille d'argent et 475 francs à M. Ghenault, fermier
à la Vannelière \Vienne-en-Val, Loiret); une médaille d'argent à titre d'encoura-
gement à AL Saget, fermier à La Loge [Coulions, Loiret).
Après l'attribution de ces prix, M. le président a exposé i[ue l'Etat des pépinières
de secour.fj créées sur les instances de M. le conservateur R. Boucard, appuyé
par les représentants des intérêts de la contrée, et par les soins persévérants de
l'administration des forêts, est très satisfaisant, — qm; 10,300,000 plants de pin
sylvestre, repiqués de deux ans, pouvaient être distribués cet automne, malgré une
perte de près de 4,000,000 de plants détruits par la grêle à Salbris, — que cette
dernière délivrance élèvera le total des plants produits par les pépinières, et pro-
duits économiquement dans les limites des fonds mis à la disposition du service,
à 34,000,000 de plants, — que grâce à ces secours et à l'activité déployée par
les propriétaires, on peut estimer à 40,000 hectares les pineraies reconstituées
depuis leur destruction dans l'hiver de 1879-1880.
M. E. Rousseau, président du Gomice de Salbris, a lu ensuite un travail très
intéressant sur le traitement dis vieux pâtis de Sologne par les engrais chimiques
et le séjour des bêtes à cornes, que les annales du Comité donneront in extenso.
Après une courte discussion sur les tarifs douaniers, et la décision prise par le
Comité de joindre ses vœux à ceux des Gouseils généraux du Loiret et de Loir-et-
Cher, AL Courtin a donné communication des premiers travaux de la Commission
spéciale chargée de rechercher les iaduitries qui pourraient être utilement intro-
duites en Sologne.
Plusieurs questions ont été renvoyées aux Commissions permanentes et la
séance a été levée à la fin du jour. i Ernest G-augiran.
LES MOISSONNEUSES-LIEUSES EN ANGLETERRE
La dernière moisson, en Angleterre, a donné lieu à de biea inté-
ressantes expériences, faites dans le but de déterminer quel est
aujourd'hui le liieilleur système et l'engin le plus pratique pour
effectuer cette opération si importante de la ligature en gerbes des
javelles au sortir de la moissonneuse, et de leur livraison, complète-
ment réunies en gerbes, au chariot qui doit les emporter, soit à la
grange, soit à la meule.
Depuis l'invention, aujourd'hui absolument pratique, des moisson-
neuses qui remplacent si avantageusement la faux et la faucille, au
double point de vue de la rapidité du travail et de celui, non moins
important, de l'économie de la main-d'œuvre, on a cherché avec ar-
deur, tant l'application en était urgente, un moyen efficace et pratique
de réunir et de lier en gerbes les javelles déjà coupées et formées en
faisceaux distincts par la moissonneuse. En effet, une fois cette opéra-
tion accomplie, il restait encore à faire mécaniquement l'assem-
blage et la ligature des gerbes, et tant que cette dernière opéra-
tion restait confiée h. la main de l'ouvrier, l'utilité de la moissonneuse
restait incomplète, et l'économie réalisée par son emploi demeurait
neutralisé, dans une certaine mesure, par le coût d'une main-d'œuvre
auxiliaire restée indispensable. Le problème à résoudre était donc de
munir les moissonneuses d'un appareil automatique, à la fois simple
258 LES MOISSONNEUSES-LIEUSES EN ANGLETERRE.
et léger, solide et pratique, n'ajoutant qu'une faible addition à la
traction des chevau.v, et éliminant complèlement la dépense de l'as-
semblage et de la ligature des gerbes par les mains de l'homme.
On peut dire que ce problème est aujourd'hui absolument résolu ;
l'art mécanique, qui a déjà tant fait pour simplifier, accélérer, amé-
liorer et économiser les travaux de l'agriculture, a réussi, encore
cette fois, à accomplir cette nouvelle conquête, à réaliser cette nou-
velle économie d'une main-d'œuvre qui tend à disparaître, et de
frais de temps et d'argent que l'agriculture, dans les circonstances
actuelles, ne peut plus supporter.
(Test sous les auspices de la Société royale d'agriculture de l'Angle-
terre que les expériences ont été organisées. Elles faisaient partie do
l'exposition annuelle de la Société, laquelle avait lieu, cette année, à
Shrewsbury; mais comme à l'époque où cette exposition était ouverte,
les récoltes n'étaient pas encore assez mûres pour être moissonnées,
on avait été obligé de remettre les essais au mois d'août, et c'est
le mercredi 6 de ce mois que commencèrent les expériences sur une
ferme aux environs immédiats de la ville de Shrewsbury, où s'était
tenu le grand concours de la Société royale le mois précédent.
Deux grands prix étaient offerts à la concurrence des moissonneuses-
lieuses : l'un de 2,r)t)0 fr., et l'autre de 1 ,250 fr.; mais ce qui ajoutait
encore à la valeur de ces prix importants, c'était la sanction de ces
expériences solennelles, organisées par la plus grande et la plus sé-
rieuse des Sociétés d'agriculture du monde entier; une telle récom-
pense, une si puissante recommandation, une annonce aussi retentis-
sante, valaient bien la peine et les frais considérables encourus par les
concurrents.
Aussi, parmi ces concurrents, on voyait figurer les constructeurs
les plus éminents de l'Angleterre et de l'Amérique : les Hornsby, les
Howard, les Wood, les Johnston, les Samuelson, etc. Seize machines
combinées avaient été déclarées et se trouvaient sur le terrain prêtes
à entrer en lice. Sur ce nombre, dès le premier jour qui fut entière-
ment consacré à des vérifications et à des expériences préliminaires de
réception, après quelques essais, deux de ces machines furent écartées,
les juges ne croyant pas nécessaire de les soumettre à d'autres expé-
riences.
Le second jour, on essaya deux lieuses indépendantes, sur une
avoine qui avait été coupée en andains et en javelles ; mais après un
essai peu satisfaisant, ces deux engins furent également écartés du
concours. C'est alors que commença le véritable combat entre les qua-
torze moissonneuses-lieuses, appartenant à MM. Hornsby etCie, J. etF.
Howard, Lankesteret Cie, ces trois constructeurs exposant chacun trois
machines; MM. Samuelson et Cie, Walter A. \yood, chacun deux;
et MM. Georges Kearsley, Johnston et Cie et M. King, chacun de ces
derniers avec une seule machine. Ce sont les machines de ces deux
derniers constructeurs qui, dès le premier jour, furent écartées du con-
cours. Les autres concurrents accomplirent la tâche qui leur avait été
mesurée, environ 30 ares, avec une perfection et une rapidité remar-
quables.
L'expérience suivante eut lieu sur une avoine d'hiver; chaque ma-
chine eut à couper et lier un espacé de 40 ares. La nature irrégulière
de la surface du champ et la condition de la récolte, laquelle était des
LO'S MOISSONNKUSES-UEUSIiS EN ANGLETERRE. 259
plus défavorables, vu l'état enchevêtré de l'avoine, forte de tige, lourde
d'épis et entremêlée avec confusion, rendaient le travail extraordi-
naireraent (liflicile ; il n'était donc guère posssible d'expérimenter dans
des conditions plus défavorables. Les quatorze machines s'acquittèrent
de leur tâche avec une telle rapidité (moins d'une minute par are,
c'est-à-dire 40 ares dans 3.'î minutes), que le jury ne trouvant point
dans cette expérience les données nécessaires pour arriver à une déci-
sion, dut les soumettre à une nouvelle expérience.
Le lendemain, vendredi, on attribua à chaque machine un espace
de deux acres de blé (80 ares). Huit concurrents entrèrent en iice et
accomplirent cette tâche avec le môme succès, en fait d'excellence du
travail accompli et de rapidité, c'est-à-dire en moyenne, un are à la
minute. Le seul accident à enregistrer dans cette expérience, fut la
mise hors de combat, d'une des machines de M.M. Samuolon et Gie,
dont une pièce en fonte défectueuse se brisa dès les premiers tours ;
les autres firent un travail parfait.
Le lendemain, samedi, dans la matinée, trois machines furent
essayées : en premier lieu celle de Kearsley, puis celle de M. Mac
(lormick, et enfin celle de Mornsby. La moissonneuse-lieuse de Kearsley
commença par donner rapidement de petites gerbes, telles qu'on les
fait ordinairement dans le comté de Yorkshire, et généralement dans
le nord de l'Angleterre ; mais à la suggestion du jury, le conducteur de
cette machine put immédiatement réajuster son appareil, de manière à
donner de plus grosses gerbes. Ce changement fut accompli dans quel-
ques minutes. La machine de M. Mac Cormick fit un excellent travail,
mais aurait pu donner ses gerbes avec un peu plus de régularité. La
lieuse de Hornsby fit son travail d'une manière presque irréprochable.
Dans l'après-midi, les machines de Wood et de MM. Howard en-
trèrent en lice. — La machine de Wood termina sa tâche de 80 ares
dans une heure 24 minutes, et celle de MM. Howard, dans une
heure 23 minutes. La machine de Wood, malgré quelques arrêts, fit
son travail d'une manière satisfaisante. Les gerbes, bien coupées,
tombaient de la plate-forme, à intervalles réguliers, bien formées et
solidement liées. C'est évidemment une machine pratique qui, avec
quelques améliorations, pourra devenir un précieux auxiliaire pour le
cultivateur. La machine de Howard, dont la coupe est de 1 mètre 50
centimètres de largeur, accomplit sa tâche avec rapidité, et une rare
perfection. Les arrêts étaient bien moins fréciuents qu'avec celle de
Wood, et l'impression que son travail produisit sur les spectateurs
était évidemment des plus favorables ; c'était évidemment et jusqu'alors
la machine favorite et celle qui semblait là plus appréciée par les
nombreux praticiens qui en suivaient le travail avec une attention
marquée. Cette machine, que je crois appelée à une grande faveur parmi
les agriculteurs sérieux, et doni je donne ici un dessin(fig. 21), possède
un grand avantage sur ses rivales, par sa facilité de transport sur les
routes et d'un champ à un autre. Elle est munie d'une paire de roues
attachées à un brancard, et on peut ainsi la transporter d'un lieu à
un autre, dans le sens de sa moindre largeur, de manière à la faire
passer sur les routes les plus étroites et par les barrières les moins
larges. Ce mode de transport évite aussi les secousses imprimées par
les chemins raboteux, les fondrières et les profondes ornières. Les
brancards sont agencés de manière à s'adapter à la machine dans le
260 LES MOISSONNEUSES-LIEUSES EN ANGLETERRE.
sens de sa loni?ueur. On arrive ainsi à en réduire la largeur à une
voie de tout au plus 2 m. 60.
Il restait à essayer !es machines sur un champ d'orge, et puis à eu
constater la résistance de tirage par des expériences avec le dynamo-
mètre. Cette partie du concours fut remise au lundi suivant.
Le lundi, M août, les essais furent repris, dès le matin, sur uue
grande pièce d'orge assez vaste pour occuper les 13 machines en
même temps. On avait mesuré pour chacune un lot de 80 ares qu'il
s'agissait de couper, d'enjaveler et d'engerber. La machine de Samuel-
son, écartée à cause de son accident, se mit aussi en travail, avec la
permission spéciale du jury, mais resta toujours hors concours.
La récolte d'orge, qu'il s'agissait do moissonner, était fort courte de
paille, et par conséquent offrait peu de rigidité et de résistance à la
scie, ce qui était une circonstance peu favorable au travail régulier des
Fig. 20. — Moissonneuse-lieuse de Samuelson.
machines, car celte récolte sans consistance se dérobait à l'action des
scies en cédant à la pression de la traction. C'était ce jour-là que
devaient avoir lieu les expériences avec le dynamomètre, et il avait été
entendu que les machines devaient employer dans la pièce de blé,
choisie pour ces expériences, la même scie qui leur avait servi
pour la moisson de l'orge ; seulement il avait été stipulé que chaque
concurrent emporterait avec lui une scie de rechange pour être em-
ployée à la discrétion du jury. IMais ce ne fut que vers cinq heures de
l'après-midi que les expériences avec le dynamomètre purent com-
mencer ; aussi on ne put y soumettre que trois machines avant la nuit.
La pièce d'orge sur laquelle les 14 machines concurrentes furent
essayées ce jour-là, présentait de sérieuses difficultés, comme je l'ai
remarqué plus haut; non seulement le chaume était très court, mais
toute la récolte était tellement enchevêtrée que même les meilleures
lieuses ne parvenaient pas à lier toutes les gerbes, et presque toutes
les gerbes présentaient une apparence des plus irrégulières.
Une des machines de MM. Howard fut mise hors de concours par
la rupture du marchepied du conducteur; mais l'autre machine,
présentée par ces constructeurs, connue sous le nom de «simplex»,
LES MOISSONNEUSES-LIEUSES EN ANGLETERRE.
261
accomplit sa tâche de 80 ares, sans Irop de difficulté, dans une
heure et demie. La machine Hornsby mit une heure 28 minutes et
demie, et son travail fut tout aussi satisfaisant, malgré les difficul-
tés à surmonter.
Les machines de Wood et de Samuelson ne mirent pas plus de temps,
mais leur travail laissait beaucoup à désirer. La moissonneuse-
lieuse de Mac Cormick ayant une voie de 1 m. 80, tandis que les autres
n'avaient que 1 m. 50, accomplit sa tâche en moins de temps (1 heure
et 16 minutes), mais le travail était peu satisfaisant.
En somme, cette première journée de la nouvelle série d'expériences
fit ressortir clairement les mérites et démérites des diverses machines,
en présence de diflicultés insolites et sérieuses, et le résultat de
cette journée fut la mite hors de combat de six autres des machines
concurrentes, et le mardi matin huit seulement se présentèrent au
Fig. 21. — Moissonneuse-lieuse de Howard, dite Simplew.
combat : une de Samuelson, une de Wood, une de Mac Cormick, deux
de MM. Howard et trois de Hornsby. Sur ces huit machines, comme
on le voit par les noms des concurrents, deux seulement étaient d'ori-
gine américaine et les six autres de fabrication anglaise.
Les épreuves au dynamomètre qui, comme je l'ai dit plus haut,
n'avaient pu se terminer la veille, à cause de l'heure avancée à laquelle
elles avaient commencé, furent reprises ce jour-là dès le matin sur une
pièce de blé et occupèrent toute 'la journée jusqu'à la nuit. Mais
dans l'après-midi et dans un intervalle pendant lequel les expériences
dynaraométriques furent interrompues, les huit concurrents furent
soumis à une nouvelle épreuve dans une pièce d'orge, sur laquelle on
avait mesuré un espace de 40 ares pour chacune des huit machines
concurrentes. Chaque machine, après un parcours préliminaire, aller
d'un côté et retour de l'autre, devait faire trois autres tours sur le même
lot, guidée par des conducteurs étrangers, sous la surveillance immé-
diate du jury. Seulement on permit à l'un des ouvriers de chaque con-
current d'accompagner la machine dans tout le parcours, mais sans y
toucher, ni intervenir autrement que par des recommandations orales.
Cette pièce d'orge présentait, elle aussi, des difficultés sérieuses. Au
262 LES MOISSONNEUSES-LIEUSES EN ANGLETERRE.
beau milieu du parcours, il y avait une fondrière marécageuse formant
un creux que les machines avaient à traverser, et dans certains endroits
la récolle était complètement couchée à phil sur le sol.
Dans ces circonstances la netteté du travail était chose impossible.
Dans celte épreuve difficile, la machine de Hornsby se tira d'affaire
avec succès. Celle de Wood fut moins heureuse, la Simplex de Howard
accomplit sa tâche sans beaucoup de peine. Celle deSarauelson fit des
gerbes de dimensions et de formes très diverses et comme celle de
Wood, ne fut pas heureuse, et enfin, celle de Mac-Cormick passa un
certain nombre de gerbes sans les lier.
Le résultat des expériences du mardi fut l'élimination entière des
machines américaines, et les concurrents pour les expériences finales
du lendemain, mercredi, furent ainsi réduits aux trois macliines de
Hornsby, aux deux de Howard et à celle de Samuelson. Les parties
du champ d'orge|sur lequel les expériences de la veille avaient eu lien,
et qui restaient intactes, avaient été réservées pour cette expérience
finale.
Dans cette dernière épreuve, la machine Samuelson fit un arrêt pro-
longé et fut écartée du concours, de sorte que la bataille resta imx
mains de Hornsby et de Howard, deux rudes jouteurs qui se disputaient
vaillamment la palme de la victoire.
La lutte entre ces deux champions avait surexcité un vif intérêt de
la pari du public qui suivait avec une anxiété fiévreuse les péripéties
du combat.
Dans l'après-midi, eul enfin lieu l'épreuve suprême entre une seule
machine de Hornsby et la Simplex de Howard. Pour cette éfireuve dé-
cisive, on avait choisi un morceau encore plus difficile que tous les
iutres. Mais les deux rivales s'acquiltèrent de leur tâche avec un succès
qui excita l'admiration des nombreux spectateurs assistant au com-
bat, el l'anxiélé manifestée par la foule était d'autant plus grande,
qu'il était impossible de discerner un degré quelconque de supériorité
chez l'une ou chez l'autre des deux rivales, et ce ne fut pas sans un
certain étonnement que peu de temps après la fin de l'épreuve, le
jury fit connaître son jugement qui donnait à Hornsby le prix de cent
livres, et à ,MM. Howard celui de cinquante.
Dans tous les cas et quelle que soilla supériorité de la machine de
MM. Hornsby et Cie sur celle de MM. Howard, la différence ne peut
être qu'une simple nuance qui ne diminue en rien le mérite de la
machine désormais célèbre de MM. Howard, tout en consacrant dune
manière incontestable celui de la machine Hornsby.
Les résultats de ces expériences mémorables acquirent de la lon-
gueur des épreuves, de leurs difficultés calculées et voulues, de la
publicité absolue de leurs péripéties, et de la direction si habile et si
désintéressée d'un jury si compétent et si honorable, une valeur pra-
tique et précieuse pour l'agricullure du monde entier. Le fait qu'on est
enfin parvenu à construire un instrument efficace pour la formation et
la ligature des gerbes de nos moissons, est d'une importance dont les
circonstances actuelles rehaussent la valeur. Au prix infime où la libre
concurrence des céréales étrangères vient avilir le prix de nos pro-
duits agricoles, l'économie réalisée par les nouvelles moissonneuses-
lieuses est un appoint considérable dans la réalisation -de nos ré-
coltes sur le marché. En effet, on ne peut calculer à moins de 15 fr.
LES MOISSONNEUSES-LIEUSES EN ANGLETERRE. 263
par hectare le montant do cette économie réalisée par l'emploi d'une
bonne moissonneuse-lieuse. C'est peu de chose, il est vrai ; mais en
présence des dinicultés que soulèvent la disette et la cherté des
ouvriers ruraux, et des prix infimes auxquels les produits du sol
sont tombés, c'est encore un appoint respectable dont l'agriculture
peut se montrer reconnaissante, non seulement comme accroissement
dans ses maigres bénéfices, mais encore comme moyen d'assurer son
indépendance relative des exigences de plus en plus onéreuses des
salaires demandés par les ouvriers et de la disette de plus en plus
grande de la main-d'œuvre agricole.
F.-R. DE LA TrÉHONNAIS.
LE FROMENT A 15 FRANCS L'HECTOLITRE
D'une manière approximative, on peut dire que la production du
froment en France s'est accrue d'un quart depuis vingt-cinq ans. Elle
était de 75 millions d'hectolitres en 1860; elle est aujourd'hui de
100 millions. Il faut attribuer cet excédent, pour moitié à l'extension
de la culture du froment, en place du seigle et de terres en fiiches, et
pour l'antre moitié au perl'eciionnement des procèdes de culture. Cette
moyenne de 100 mdlions d'hectolitres, en retranchant 14 millions
pour la semence, suffit à la consommation actuelle, et si celle-ci est
plus forte, avec une population guère plus nombreusequ'en 18G0, c'est
pnr la raison qu'aujourd'hui on blute mieux la farine et qu'on mange
du meilleur pain.
En 1860, la moyenne du prix du froment était de 20 francs l'hec-
tolitre, et la plupart des propriétés au-dessus de ;tO hectares ont été
affermées relativement à ce prix. C'est à partir de 1861, lorsque les
droits sur les blés étrangers ont été supprimés, que le prix moyen de
l'hectolitre de froment a toujours été en diminuant et est descendue
15 francs. Cependant jusqu'à présent, la valeur et le revenu des pro-
priétés en général ont été plutôt en augmentant, malgré cette baisse,
parce que celle-ci a été plus que compensée par l'élévation du prix du
bétail. Si, pour le moment, il y a une crise agricole?, elle n'existe pas
pour les propriétaires qui possèdent moins de 30 hectares de terres,
et qui représentent les neuf dixièmes au moins delà population rurale,
par la raison que, proportionnellement, ils nourrissent un plus grand
nombre de bêtes que la grande propriété, et que bien peu récoltent en
grains au delà de ce qui leur est nécessaire pour vivre. La crise n'existe
pas non plus pour ceuxqui, ayant une propriété de plus de 30 hectares,
la font \aloir à leur main, en suivant un bon système de culture. Elle
n'atteint que les propriétaires qui louent des domaines dont le princi-
pal produit est la récolte des céréales, à des fermiers ou métayers, en
se basant sur le prix du froment.
On peut dire, il est vrai, qu'en subissant les conséquences de la
funeste guerre de 1870, nous sommes, vis-à-vis des autres nations,
dans une situation bien moins avantageuse qu'auparavant. Aussi, les
propriétaires qui ont à se plaindre de cette crise, demandent, pour en
sortir, des droits compensant les charges plus lourdes qui nous sont
imposées. En obtenant un droit de 5 francs par hectolitre, ce serait,
pour la vente de 40 millions d'hectolitres de grain, un prélèvement de
20 millions de francs au détriment de toutes les autres classes de la
264 LE BLÉ A 15 FBANCS L'HECTOLITRE.
population. La prohibition, en élevant le prix des objets de première
nécessité, maintiendrait la cherté de la main-d'œuvre, et mettrait
ainsi notre industrie manufacturière dans l'impossibilité de soutenir la
concurrence étrangère. Elle amènerait infailliblement des représailles
qui seraient préjudiciables à notre commerce extérieur. Enfin, en por-
tant atteinte à la libre concurrence, elle deviendrait un obstacle pour
le progrès.
Cependant, en vue de concilier les divers intérêts, ou peut établir un
droit d'entrée sur les blés étrangers, à condition que cedroit soit mobile,
de manière qu'il ne soit appliqué que lorsque le prix du Croment res-
terait au-dessous de 15 francs l'hectolitre, et qu'il ne soit augmenté
qu'à mesure de la baisse. Le prix de 1 ."> francs par hectolitre forcera les
propriétaires qui ont des fermiers ou des métayers à s'entendre avec
eux pour améliorer leurs domaines, s'ils ne veulent pas voir diminuer
leur revenu; et ce sera un grand bien pour eux et pour la nation.
La principale amélioration à faire est de restreindre la culture du
froment, pour augmenter celle des fourrages et par suite le bétail. De
ce côté, on peut être assuré que le prix de la viande n'ira pas en dimi-
nuant; car tandis que la production du froment ne doit pas être dé-
passée pour la consommation, il s'en faut de beaucoup que celle du
bétail soit suffisante. Aussi, toutes les puissances, excepté l'Angleterre,
nous en fournissent. Cependant la quantité de viande consommée par
chaque habitant ne va pas, en moyenne, à 50 grammes par jour, tandis
qu'il en faudrait au moins quatre fois plus. On peut donc prévoir à
coup sûr, que la consommation de la viande ira toujours en augmen-
tant, pendant que celle du pain diminuera, par la raison que, plus on
mange de viande et l'on boit de vin, moins on mange de pain.
lln'est pas douteux que le territoire peut nourrir une plus grande
quantité de bétail. Sur 52 millions d'hectares dont il se compose, en-
viron 26 millions sont en terres incultes, bois, vignes, prés et
pâtures, et en terres dont une grande partie est mal cultivée faute
d'engrais et de travail. Pour rendre ces terres plus productives,
il faudrait en convertir la moitié en prés et pâturages, pendant que
l'autre moitié produirait, par égale portion, des céréales et des plantes
ou racines fourragères. Par ce moyen, au lieu de 15 millions de têtes
de gros bétail ou l'équivalent en moutons et cochons, on pourrait en
avoir le double, produire plus de fumier et faire plus de travail pour
la culture des fourrages et des racines. L'étendue consacrée aux cé-
. réaies, quoique diminuée de moitié, fournirait la même quantité de
grain qu'auparavant, et le revenu moyen d'un hectare, qui est actuel-
lement de 50 francs dans les propriétés de plus de 30 hectares, serait
doublé par l'excédent du produit du bétail.
Les partisans de la prohibition objectent qu'un pareil résultat ne
peut pas être obtenu sans beaucoup de temps et de capitaux. J'ai pour
voisin un propriétaire de 400 à 500 hectares, qui, depuis trois à
quatre ans, a déjà établi, avec des fermiers et des métayers, plus de
100 hectares de prés en dépensant moins de 200 francs par hectare.
A mon avis, il vaudrait mieux, pour ceux qui n'ont pas de capitaux
disponibles, faire un peu plus de dépenses en faisant moins de prés à
la fois et en y consacrant chaque année l'excédent du revenu qu'on en
retirerait. Les pâturages semés dans une céréale ne coiitent que la se-
mence, et il est bon de les renouveler tous les cinq ou six ans. Ils
LE BLÉ A 15 FRANCS L'HECTOLITRE. 265
peuvent être établis dans tous les terrains, principalement dans les
contn';es montagneuses, pendant que les pré^ , pour être fauchés,
exigent un terrain en état d'être arrosé par un cours d'eau ou par les
eaux de pluie découlant des terres cultivées. D'un autre côté, on ne
risque pas de laisser, avec ce système de culture, une partie des bras
inoccupés; au contraire, il exige plus de soins et de travail. Du reste,
il existe en France beaucoup de terrains improductifs ; si l'Etal ou des
compagnies les mettaient en état de culture et les vendaient ensuite
par petites propriétés, ce serait certainement un débouciié plus sûr et
moins coûteux que celui offert par nos colonies, pour le trop plein de
la population ouvrière qui, depuis vingt-cinq ans, ne trouve plus à
acheter de propriétés au détail, en raison de leur cherté toujours crois-
sante.
Je croisque ce simple aperçu de l'état de notre agriculture peut suf-
fire pour faire comprendre que, sous le rapport de ces deux principius
produits, il n'y a aucun danger à craindre pour son avenir. Il y aurait
plutôt à se préoccuper de la crise industrielle qui, étant autrement plus
sérieuse que celle de l'agriculture, demanderait pour sa solution uae
moditication profonde de notre état économique et social.
Alamartine.
GONliRÉS INTERNATIONAL PHYLLOXÉRIQUE DE TCRIN
Le phylloxéra en Italie. — Depuis longtemps la France, le Portugal, l'Espagne,
la Hongrie et les Provinces rhénanes avaient subi les atteintes désastreuses du
phylloxéra; lorsqu'en 1879 l'Italie reconnut que l'immunité dont elle paraissait
jouir jusqu'alors avait cessé : au mois d'août on avait découvert l'insecte dans les
provinces de Gôme et de Milan.
A ce moment, la Suisse se trouvait de son côté aux prises avec le phylloxéra.
Le mal était, il est vrai, localisé, il l'aliail à tout prix en limiter l'extensioa.
L'imminence du danger dont les riches vignobles de 'Jenève, de Neul'chàtel
étaient menacés, lit prendre aux hommes d'Etat de ces deux cantons des mesures
énergiques qui curent dès le début le plus grand succès.
Atin de n'èlre point arrêté par des considérations secondaires, on dut s'armer
de mesures législatives exceptionnelles; ces décisions fédérales permirent d'ex-
proprier momentanément, pour cause d'utilité publique, les territoires envahis
ou sur le point de l'être, et d'occuper les vignes contaminées, pour en opérer la
destruction immédiate.
Ces mesures eurent un plein succès dans le canton de Genève, où deux taches
seulement avaient été signalées. Aussi, lorsque l'invasion éclata en lialie, on
résolut de les adopter, malgré les dépenses considérables qu'elles devaient occa-
sionner.
On eut d'abord à s'applaudir des résultats obtenus du système d'extinction
appliqué dans les premiers foyers d'infection de Gôme et de Milan; mais l'Italie
est un grand royaume, et son vignoble de 1,926,882 hectares, le plus étendu
après celui de la France, est réparti sur toute la superficie de son territoire.
Aussi, tandis qu'on travaillait à enrayer le développement du mal là où on le
croyait seul concentré, des recherches le faisaient découvrir en 1880 dans les
provinces de Port-Maurice en Ligurie, de Messine et de Gatanisetta en Sicile;
en 1882, dans la province de Girgenti; en 1883, dans celles de Sassari, de Ga-
tane et des Calabres ; enfin, en 188't, dans celle de Syracuse.
Malgré l'énergie développée par le gouvernement italien pour entraver le déve-
loppement des foyers d'infection, on eut le ret;ret de constater qu'à la fin de 1883,
on comptait sur tout le territoire de la péninsule, en chiffre rond, 604 hectares
de vignes phylloxérées et 308 hectares compris dans la zone de protection.
A ce moment on avait opéré la destruction de 355 hectares de vignes, et 540
restaient à détruire. On s'est arrêté faute de ressources suffisantes pour opérer et
indemniser les propriétaires; les dépenses,- partie à la charge de l'Etat, partie à
la charge des proviaces,"arrivaient déjà à ce moment à 3,372,080 fr. 93; il en
266 CONGRES PHYLLOXERIQUE INTERNATIONAL DE TURIN.
fallait encore au moins autant pour détruire les 540 hectares condamnés à dispa-
raître.
L'élûvation des nouveaux sacrifices nécessaires pour continuer le traitement
commencé n'est pas sans doute le seul motif qui en a déterminé momentanément
l'abandon. On aura reconnu que la destruction des foyers d'infection, si utile
lorsqu'il s'agit d'opérer au début de l'invasion, ne donne plus de résultats sen-
sibles lorsque le mal s'est généralisé ; c'est ce qui est arrivé pour les provinces
les plus méridionales de l'Italie.
En réunissant l'étendue des vignes italiennes phylloxérées à la fin de 1883, à
celle de la zone de protection qui aura certainement été envahie pendant le cours
de 188'i, on trouve que 1,0ÛÛ hectares de vignes sont actuellement contaminées,
et comme d'après les recherches opérées, l'invasion remonte au moins à 1875, il
y a dix ans que cette superficie plantée de vignes est en partie attaquée, détruite
ou en train de l'être.
Il ne s'agit donc plus seulement aujourd'hui d'entraver la marche envahissante
de l'insecte, mais bien d'aviser aux moyens do soutenir en état de production les
vignes récemment attaquées, et de replanter avec des chances de succès celles
mortes ou mourantes.
Ces questions, d'un si haut intérêt pour l'avenir viticole de l'Italie, ont été
rob,et des préoccupations des agronomes les plus éminents que compte l'Italie ;
plusieurs sont des élèves de l'Ecole de Montpellier; chaque année, quelques-uns
d'entre eux viennent dans nos congrès, et MM. le chevalier Joseph de Rova-
senda, les professeurs Cavazza, Gerletti, Tarqioni-Tozzetti, sont avantageusement
connus en France, tant par leurs écrits que par leur utile intervention dans les
discussions de nos congrès.
Les nombreuses écoles d'agriculture, de technologie, de viticulture et d'œno-
logie créées par le gouvernement italien dans toutes les villes de quelque impor-
tance du royaume, ont, de leur côté, étudié avec soin toutes les questions se rat-
tachant à l'invasion phylloxérique, leurs écrits en font foi. Le terrain était donc
bien préparé pour la réunion d'un congrès auquel devaient prendre part, à titre
consultatif, les pays viticoles depuis longtemps aux prises avec l'insecte dé-
vastateur.
Ix Con/fTcs. — Son ouveriarc. — L'ouverture du Congrès, d'abord fixée au
8 août 1884, dut être ajournée par suite de l'apparition du choléra dans les
Bouches-du-Rliône; il fallut attendre la cessation des quarantaines établies à
toutes les frontières pour en fixer la réunion au 20 octobre.
Les invitations laites au nom de son excellence M. Grimaldi, ministre de l'agri-
culture, étaient nominatives ; le titre de membre effectif du Congrès, avec ses pré-
rogatives, y était attaché.
Toutes les provinces du royaume se trouvaient représentées au Congrès parleurs
hommes les plus éminents. Parmi les puissances étrangères, la France seule avait
répondu à l'appel de l'Italie, en lui envoyant la plupart des personnalités qui se
sont acquises une notoriété méritée dans la lutte entreprise contre le destructeur
de nos vignes. Citons, parmi les plus connus, M. Maxime Cornu, délé2;ué de
l'Etat; MM. Planchon, Foëx, Lichtenstein, Pulliat, ^Cazalis , Mouillefert,
D' Crolas.
Le Congrès s'est réuni et a tenu ses séances dans la partie du palais Carignan
occupée, sous le régime sarde, par la Chambre des députés. Son ouverture a eu
lieu avec une solennité que l'on n'a pas l'habitude de rencontrer chez nous; son
altesse royale le prince Amédée le présidait
C'est M. le comte de Sarabuy, syndic de la ville de Turin, qui le premier a
pris la parole pour souhaiter, dans les termes les plus sympathiques, la bienvenue
aux membres du Congrès; M. le ministre de l'agriculture, qui lui a succédé, a lu
un remarijuable travail, qui mériterait d'être reproduit tout entier, dans lequel il
a retracé à grands traits les phases de l'invasion phylloxérique de l'Italie, les
efforts réalisés par le gouvernement pour arrêter la marche de l'insecte, les résul-
tats jusqu'à ce jour obtenus, les sacrifices considérables faits par l'Etat et les pro-
vinces: il a terminé en exprimant l'espoir que les délibérations des hommes
éminents qui avaient bien voulu répondre à son appel, contribueraient à faciliter
la tâche du gouvernement en l'éclairant sur ce qu'il avait à faire.
Ce discours, fort applaudi, a été suifi delà présentation individuelle de chacun
des membres étrangers du Congrès par M. le commandeur Miraglia, directeur
général au ministère de l'agriculture, à son altesse royale le prince Amédée, à
CONGRKS PHYLLOXÉRIQUE INTER.v ATI JNA.L DK TURIN. 267
M. le ministre Griinaldi el à M. le syndic de la ville de Tarin, avec lesquels
chacun d'eux a bien voulu s'entretenir un instant.
Lors de lY'li'ction du bureau, qui a eu liea dans la première séance elîectivedn
Congrès, les délégués l'rançais ont été l'.dijet d'une attention à laquelle ils ont été
fort sensibles : jiar acclamation. AI. Planchon, qui est bien le père du phylloxéra,
puisiju'après l'avoir découvert, il lui a donné le nom qu'il porte, a été appelé à la
présidence d'honneur, et MM. Maxime Girnn et l'oé'; à la vico-présidencc, tandis
que M. Tar^nooi-Toz/.etti, écrivain de mcrile, dire; ci. et piofesseur de la station
d'entomologie agricole de Florence, en était nommé président.
Les discussions d'un Congrès ayant pour objet les intérêts de la viticulture,
peuvent porter sur des sujets si nombreux qu'il est souvent dil'iicile à un piéside:it
d'en limiter les débats. Le-; o ginisateurs de la réunion de Turin n'avaient, so is
ce rappoi-t, rien laissé à l'imprévu. Après avoir assigné dans le programme du
Congrès un but déterminé à ses travaux, résumé en quatre propositions, ils o it
formé pour chacune d'elles quatre commissions dont les membres, choisis par ni
les spécialistes, devaient soumettre au G)ngrès et s -utenir devant lui les conclu-
sions adoptées. C; sont CBS conclusions qui ont l'ait l'objet des délibjrations di
Congrès jugeant, en dernier ressort, de leur opportunité.
La première commission avait eu à s'occuper de la statisti]ue de l'invasion pliyl-
lo.xéri jue dans chacun des pays où l'insecte a pénétré et des moyens mis en
œuvre pour le combattre. Elle avait encore à indi([uer les limites de l'ingérence du
gouvernement dans la lutte entreprise contre le phylloxéra.
L'absence des représentants de la majeure partie des Etats phylloxérés n'a pas
permis à la commission de renseigner le Congrès sur ces deux questions. Ses
conclusions ont porté exclusivement sur le pouvoir et le devoir de l'Etat dans un
pays attaqué.
On n'a pas eu de peine à se mettre d'accord sur les pouvoirs absolus dévolus
à l'Etat toutes les Fois que l'intérêt public est en jeu, et dans le cas spécial dont il
s'agit, toutes les fois (]u'il est urgent de |;rendre des mesures préventives rapides
et énei'giques pour erapèciier le mal de s'étendre, alin, s'il est possible, de préser-
ver des vignobles jusque là indemnes.
Il est bien entendu que celte expropriation immédiate du sol au bénéfice de
l'Etat a pour corollaire l'attribution d'une équitable indemnité donnée aux proprié-
taires dépossédés.
On a encore reconnu qu'il entrait dans les attributions de l'Etat de faire opérer
des recherches afin de signaler les nouveaux foyers d'infection et d'y porter
remède ; de renseigner les populations sur les mœurs de l'insecte, sur les dom-
mages qu'il occasionne, en même tem^.s qu'on leur ferait connaître les divers
moyens mis jusqu'à ce jour en œuvre pour entraver son développement.
La généralisation du mal fait rentrer les vignes dans les conditions du droit
commun; chacun se défend comme il le croit utile à ses intérêts, et si l'Etat in-
tervient, c'est unii[ueniBnt pour encourager les efforts individuels ou syndiqués,
pour conserver les vignes à l'état de production par l'e^nploi d'insecticides, ou
pour repeupler les vignes détruites en cépages américains reconnus résistants aux
attaques de l'insecte.
La seconde commisnon avait à indiquer au congrès le parti qu'on peut tirer des
insecticides, de la submersion et de la culture de la vigne dans les sables pour
la défense des vignes phylloxérées. Ses conclusions précises sont uti'es à retenir.
Insecticides. — L'application d'un insecticide d'une vigne phylloxérée peut avoir
pour but, ou la destruction complète de l'insecte, ou sadestruction partielle, pour
atténuer ses ravages, ou enfin la destruction complète du phylloxéra, sans nuire
au végétal, comme cela arrive pour la désinfection des vignes racinées ou non des-
tinées à voyager.
Sulfure lie carbone el s al fo -carbonate de potassium. — C'est exclusivement au
moyen du sulfure de carbone, injecté à forte dose, que l'on arrive à la destruction
complète du phylloxéra.
On fait vivre la vigne en partie avec l'insecte détruit ; on la maintient à fruit en
utilisant le sulfure de carbone et le sulfo-carl)onale de potassium.
Il convient d'appliquer le sulfure de carbone dans les terrains fertiles et pro-
fonds, de moyenne consistance, à la dose de 15 à 32 grammes par mètre carié
avec des injections réitérées, à la dose de 25 grammes seulement, en opérant en
une seule lois.
Pour protéger les jeunes vignes, il est préférable de se servir du sulfo-carbo-
268 CONGRÈS PHYLLOXÉRIQUE INTERNATIONAL DE TURIN.
jiato de potapsium à la dose de 60 grammes par souche dilués dans 40 a 45 litres
d'eau.
Enfin, l'un et l'aulre de ces insoclicides sont sans effets utiles dans les terrains
calcaires, sans profondeur, pauvre j, et dans ceux fortement argileux, — surlout
si CBS conditions se présentent dans un sol sec, en colline, ei dans ceux sujets à
la sécheresse.
L'époque recommandée pour opérer ces traitements culturaux insecticides va
de novembre à mars. — Il faut éviter autant que possible de les pratiquer après
le départ de la végétation, d'abord parce qu'ils apportent un trouble dans la cir-
culation de la sève, et ensuite parce que les effets en sont peu sensibles pour la des-
truction du phylloxéra.
Les doses d'msecticides que nous venons d'indiquer n'empêchent pas le phyl-
loxéra, échappé à leurs atteintes, de se multiplier et de donner lieu à des réinva-
sio7is qui obligent à renouveler annuellement le traitement cultural.
La végétation, le développement des bourgeons est assuré par le traitement que
nous venons d'indiquer; pour obtenir la fructification, il est de toute nécessite
de fournir à la vigne une fumure facilement assimilable; c'est pour obtenir ce
résultat que l'on donne généralement la préférence aux engrais chimiques.
Les vignes, fortement attaquées, traitées avec les iusecticides, restent trois ans
pour se remettre à fruit. On obtient, dans ce cas spécial, de meilleurs résultats
des injections de sulfo-carbonate de potassium que du sulfure de carbone.
On estime de 130 à 240 fr. le traitement cultural d'un hectare de vigne au sul-
fure de carbone, selon que le terrain est plus ou moins fort, plus ou moins diffi-
cile à pénétrer.
A ce premier chiffre il faut ajouter 300 fr. par hectare pour la première année,
et la moitié pour les années suivantes, pour l'achat d'engrais chimiques composés
de 100 kilog. de potasfe, 50 d'azote et 30 d'acide phosphorique. Ce qui revient à
dire que le traitement d'un hectare de vigne au sulfure de carbone coûte, en
moyenne, de 450 à 500 fr. la première année et 300 fr. les années suivantes.
Si l'on préfère se servir du sulfo-carbonate de potassium, en supposant que l'eau
nécessitée par son emploi ne soit pas à une trop grande distance, le traitement
coLite de 500 à 700 fr. pour le traitement régénérateur, et 400 fr. pour les sui-
vants.
Les frais assez élevés des traitements cpie nous venons d'indiquer, réunis à
ceux de la culture ordinaire, limitent leurs applications aux vignes plantées dans
les meilleures conditions pour produire beaucoup, et à celles où l'on récolte des
vins d'un grand prix; partout ailleurs, sur les collines et dans de maigres ter-
rains, la récolte ne couvrirait pas la dépense.
Ces traitements insecticides nécessitent, du reste, des avances considérables que
le petit vigueron ne peut faire.
La submersion. — La submersion, partout où elle est praticable, est un excel-
lent moyen de rendre inottensives les attaques du phylloxéra ; il faut, pour atteindre
ce but, que la vigne soit sous 0 m. 20à 0 m. 25 d'eau pendant cinquante-cinq jours
dans les terres fertiles, pendant soixante-cinq dans celles de moyenne perméabilité
et de soixante-quinze dans celles perméables. Il est du reste inutile d'essayer la
submersion dans les sols trop perméables.
Il est nécessaire de renouveler annuellement la submersion et de fumer forte-
ment la vigne toutes les fois que les eaux dont on se sert ne sont pas chargées de
limon fécondant.
Le prix de la submersion d'un hectare de victne avec de l'eau canalisée, coûte
de 120 à 150 francs ; il s'élève de 500 à 1,000 francs lorsque l'on doit se servir
d'une machine élévatoire.
11 convient d'ajouter à cette première dépense 300 francs par hectare pour l'en-
grais nécessaire.
Les vignes plantées dans le sable. — Pour que le sable donne une immunité
phylloxérique aux vignes qu'on y plante, il faut que ce sable soit formé de grains
très fins, glissant facilement les uns sur les autres, se desséchant rapidement
après la pluie, sans mélange d'argile, et ayant une composition géologique qui
ne se prête pas à des formations terreuses.
Jusqu'à' ce jour, on ne s'est pas rendu un compte exact de l'action du sable sur
l'insecte, mais il est constant qu'il ne peut vivre dans ce milieu.
Le sable, pour jouir de cette prérogative, doit ètrequartzifère, avoir une couche
de 0 m. 60 de profondeur, et être naturellement assez frais et assez fertile pour
GJXGUES PHYLLOXÉRIQUE INTERNATIONAL DE TURIN. 269
maintenir la fécondité de la vigne sans addition d'enj^rais, qui lui feraient immé-
diatement perdre son immunité.
Oq n'obtient pas le même résultat des sables transportés au pied des vignes.
Il est du reste nécessaire, avant de planter, de se biea assurer de la nature du
sable qu'on a à sa disposition ; ceux provenant des gisements quartenaires,
pliocènes e'. miocènes nejouissent pas de la même résistances qu; ceux quartzi-
fères. P. TocHON,
[La suite pmrhninemenl.) Président île la Société d'agriculture|de la Sarthe.
PISCICULTURE. — LE POISSON DÉFExNDJ
Lorsqu'il y a iin an, à propos des mesures [jrises par l'adminis-
tration aux halles de Paris pendant le frais des salmones, nous
consignions notre si courte joie tlans le n° 756 da- Journal, nous étions
obligé, avec l'honoré chroniqueur du Temps, M. de Cherville, de con-
stater quelques semaines après (voir n° 770), qu'une t'ois encore nous
avions pris nos désirs pour la réalité.
Avec lui, hélas! depuis bien des ans, nous plaidons contre une es-
pèce de braconnage officiel, dont vraisemblablement nous ne verrons
pas la Qn. Quelle autre expression devons-nous employer pour dési-
gner l'écœurante et persistante violation des lois, dont nous allons
prendre la liberté de rappeler encore un fait !
La lecture des numéros précités pouvant mettre le lecteur au courant
de la question, il ne nous reste plus qu'à la lui faire juger. Nul doute
pour nous que le grand juge ne parle là aussi une fois en souverain;
aussi insistons-nous sur noire espérance dernière : Ah si le roi savait !
Mais pour que le roi sache, il faut le lui dire.
Jamais, depuis 1 8G2, époque oix Coste lit diriger et réglementer
par l'administration des ponts et chaussées le régime des eaux, jamais
nous ne fûmes témoin d'une pareille méconnaissance et ignorance
des intérêts de la nation.
Dans les deuxièiue et troisième travées du pavillon 7, aux tables
que nous pourrions désigner plus spécialement (mais pourquoi? Les
marchands ne sont pas ici la cause du mal; ren:ontons donc
plus haut et visons la tète), nous avons, sealenienl sur deux tables,
compté vendredi, 7 courant, 47 truites et 7 saumons, en pleine
œuvée ou laitée d'un poids moyen de 1 1/2 kilog. à 4 kilog.
Faisons maintenant un petit calcul pour bien faire ressortir les con-
séquences d'un tel massacre.
iUettons donc 54 pièces à 3 kilog, soit mâles défalqués, 78 à 80 ki-
log., ou 160,000 œufs; de ces œufs faisons naître 100,000 alevins,
lesquels, à 18 mois, nous donneront un poids moyen de 100 gram-
mes, pour nous tenir dans les plus petits, ou 10,000 kilog. de truites,
à l'automne de 1886, à 6 fr. le kilog., soit 6l),0i)0 fr., alors que les
que les 54 pièces vendues en 1884, pesant ensemble 162 kilog. à
6 fr., donnent 1 ,072 fram s.
Notons bien qu'il ne s'agit ici que dos deux tables des travées
citées que, sans crainte de nous tromper, nous pourrions porter à 10
pour le reste du pavillon.
Eh ! maintenant, n'aurions-nous pas le droit et le devoir d'aver-
tir encore une fois les é^itles de Paris, parmi lesquels nous comptons
des amis uiilitants de l'avint-veill--, qu'ils nous semblent pi'endre
un singulier chemin ponr faire grand avec une pisciculture municipale
créée dans les plus patriotiques intentions ?
2 70 PISOICULTaRE. — LE POISSON DÉFENDU.
C'est, qu'hélas ! ladistanoe est toujours grande entre travailler au
bien public dans une petite parlotte bien chauffée l'hiver et bien rafraî-
chie l'été, devant quehpes oisifs ou complaisants auditeurs, etl'action !
Veillez surtout à l'exécution des lois, d'une main ferme, tout en procédant
de l'autre à l'empoissonement de nos eaux, cet objectif unique des vrais
et sérieux amis de notre pays. Encore quelques années d'un réanime
dont personne n'ose prendre la responsabilité, et nul doute pour nous
que, malgré les espérances naissantes, tout sera de nouveau compro-
mis, et le vide fait pour les pauvres bêtes, dans plus des SjS du pays.
Qu'on le sache donc au moins encore une fois.
Chabot-Karlen.
DE L'USAGE DU CARBONATE ET DU PHOSPHATE
EN BRETAGNE (1).
A part quelques bassins du terrain tertiaire, en Ille-et- Vilaine et
dans les Côtes-du-Nord, le sol de la Bretagne appartient au terrain gra
nilique de formation primitive, dont la désagrégation lente par les
phénomènes atmosphériques n'a pu que constituer des couches arables
dépourvues des éléments carbonates et phosphatés. Or, chacun sait
aujourd'hui qu'un sol n'est fertile que lorsqu'il renferme tous les élé-
ments que les plantes peuvent s'assimiler jusqu'à leur complet déve-
loppement.
Le soc de la charrue ne perce que trop souvent, en Bretagne, un sol
trop maigre pour le revêtir, et auquel manquent, dans le centre au
moins, la chaux et le phosphate.
Il est vrai de dire que sur le littoral, l'emploi séculaire des
engrais de mer dont la science explique aisément la pratique,
rendait justement à la terre- l'élément calcaire qui lui manquait
et goémons, des traces d'acide phosphorique, et la soude qui remplace
et, par les varechs souvent la potasse dans les plantes du littoral.
Nous ne rappellerons pas ici la nécessité de remlre à la terre les élé-
ments que les récoltes lui enlèvent et qu'on a qualiQée de loi de resti-
tution, ni les travaux des Dumas, Liel)ig, Boussingault, Malaguti, à ce
sujet. Ils ont en définitive déterminé les cléments nécessaires qui en-
trent dans l'organisme animal par la ration fourragère.
La chaux et le pliosphate, manquant aux terres granitiques en Bre-
tagne, il fallait les en pourvoir.
En 1832, M. le comte de Lorgeril découvrit, dans le bassin du
Quiou, près Evran (Côtes-du-Nord), des gisements presque inépuisables
de sablon calcaire (carbonate de chaux), tandis que des agriculteurs
distingués de la Basse-Bretagne, au nombre desquels il faut placer
l'énergique comte de Saisy, s'entendaient avec divers Comices pour
introduire la chaux dans le centre de la Bretagne, par le canal de
Nantes à Brest.
Chauler, c'est apporter au sol un élément qui lui manque, c'est
aussi apporter un corps qui, par ses réactions sur la substaiice végé-
tale qui entre dans la plupart de nos terres nouvelles, en rend assimi-
lables les matières azotées.
Mais les terres riches en matières organiques sont en général très
pauvres en acide phosphorique, de sorts que, dit M. Joulie dans son
l.Note lue à VAssocialion hrel07ine.
KAiPLUl DjiS CARBONATES ET DES PHOSPHATES EN BRETAGNE. 271
livre sur les engrais, l'on doit leur donner des phosphates et particu-
lièrement des phosphates fossiles, dont le prix est moins élevé, et dont
l'acide phosphorique est plus facilement rendu soluble par l'acidité même»
de la terre. Mais on a remarqué qu'un chuulage préalable musqué en
grande partie l'action des phosphates. On devra donc en user avec la
plus grande circonspection, et donner à la terre, au commencement,
beaucoup de phosphate et peu de chaux, de manière à laisser au sol l'a-
cidité nécessaire à l'attaque des phosphates fossiles ; plus tard, lorsque
la proportion d'acide phospiiorique, assimilé au sol, devient suffi-
sante, moins de phosphate et beaucoup de chaux. On peut arriver
ainsi, en peu d'années, à transformer une lande en bonne terre arable,
tout en obtenant des récoltes rémunératrices.
Nous avons brièvement étabU le rôle des éléments nécessaires à la
fertilité de la terre, et il suffit de rappeler, en ce qui concerne le phos-
phate, que le froment en contient à l'analyse plus de AO pour 100, et
que le? os et les éléments plastiques du corps des animaux en contien-
nent des quantités considérables, si bien, disait un illustre savant,
M. Elie de Beaumont, à l'Académie des sciences, que là où le phos-
phate de chaux aurait complètement disparu, toute végétation serait
impossible, et il ne se trouve qu'en très minimes quantités dans les
principales roches de la Bretagne.
Le phosphate, dont le rôle si important dans la végétation avait
été mis en lumière par d'illustres savants, tels que MM. Dumas, Liebig,
après M. Elie de Beaumont, était demandé aux os des animaux morts,
aux résidus de raffinerie, etc. 11 allait peut-être manquer à l'agricul-
ture, lorsqu'un de nos compatriotes, chercheur inlaligable, découvrit
dans les terrains jurassiques, antérieurs à la formation des terrains
tertiaires, de véritables gisements de nodules qui, broyés, constituent
le phosphate de chaux du commerce. Depuis lors, .M. Ch. de Molon
est parvenu à en découvrir dans la majeure partie de nos départe-
ments.
Sans doute des sophistications sont faites de cet amendement néces-
saire à certaines de nos terres en Bretagne, malgré la loi qui reste
à peu près inappliquée par les parquets de nos tribunaux. Mais,
en exigeant l'analyse chimique et surtout en s'adressantà des maisons
honorables, on peut user, sans crainte des résultats, et sur une large
échelle, des phosphates, dans les terrains qui sont privés de cet élé-
ment. A. DE LA MonVONNAIS.
NOUVELLES INTENTIONS AGRICOLES
ANALYSE SOMMAIRE DES DERNIERS BREVETS DÉLIVRÉS.
162,128. Chevallier. 14 mai 183i. Système de vis sans fin pour entraîne)-
les farines, sables et toutes substances en général. — Le breveté, ayant remarqué
l'usure rapide des vis en fer-blanc, en bois, en cuir ou même en fer, employées
dans les meuneries et autres usines, par exemple, pour entraîner les farines, pro-
pose, pour éviter cet inconvénient, d'employer un genre de vis en fonte avec
douille centrale s'enfilant sur un arbre en fer, et qui sont formées de tronçons
d'une certaine longueur s'entraîuant l'un l'autre par des crans qui forment
épaulement.
162,132. Lacrolx. 14 mai 1884. Moulin à un seul ci/lindre métallique. —
L'appareil breveté par AI. Lacroix et qui, dans sa pensée, doit surtout constituer
un muulin agricole capable de rendre des services dans les campagnes, comporte
un cylindre unique, en foute ou en acier, muni de cannelures qui peuvent être
272 NOUVELLES INVENTIONS AGRICOLES.
droites, c'est-à-dire dirigées suivant les géaératrices, on être obliques et for.'aer
une hi>lice très allongée. Un segment de même métal entoure le tiers environ de
la circonférence du cylinlre. depuis la liauteur de Taxe jusqu'un peu au delà du
point iiplérieur; il porte la raê i)c cannelure, mais inclinée en sens opposé dans le
cas d'une cannelure héliçoïJalu : ce segment [leut pivoter autour de son extrémité
supérieure, qui est écariée du cylindre de manière à laisser l'enlrure nécessaiie,
tandis qu'une vis de serrage passant dans un écrou porté par le bâti permet de
ra|i|iroclier ]ilus ou moins son extrémité inférieure du cylindre, pour réglei' conve-
nablement la pression; cette vis n'exerce sou action que par l'intermédiaire d'un
ressort à boudin, afin d'éviter des ruptures fn permettant au segment de s'écarter
dans le cas où un corps dur s'introduirait dans le moulin.
Au-dessus de l'entrée du canal à aire décioissante formé par le segment sus-
mentionné, se trouve la trémie d'alimentation, dans le bas de laquelle tourne un
petit cylindre distributeur, commandé par pignon par un contre-arbre qui est
entraîné lui-même par l'arbre du cylindre cannelé au moyen d'une courroie; un
trapillon disposé sur la trémie permet de régler la quaniité de grain tombant sur
ce distributeur. Dps joues et i ne enveloppe en tôle entourent le cylindre cannelé
et forment une goulotte pour l'écoulement des produits de la mouture.
Le système, dit le breveté, permet de faire la mouture haute ou basse en
variant en conséquence la grosseur des cannelures. Dans le cas de la mculure
basse, on obtient au premier passage environ 50 pour 100 de farine.
L'appareil, en le munissant d'un cylindre en fonte très dure ou en acier, pour-
rait également seivir à broyer les cliaux, plâtres et ciments.
162,198. MecuwaRT. 17 mai 1884. Appnreil auVunalique de. déseinbrayage cl
de siipiul pour grenoirs. — Avec la disp isition ordinaire des greooirs et autres
appareils analogues, fait remarquer le breveté, si l'on n'alimente pas soigneusement
et que la mouture vienne à manquer dans la trémie, les cylindres l'rotient l'un
contre l'antre et séchauHent, qu'il y a usure des cannelures si les cylindres sont
cannelés. C'est pour éviter cet inconvénient qu'il a imaginé une disposition grâce
à laquelle les cylindres mobiles, aussi bien que les cylindres alimentaires que les
cylindres travailleurs, s'écartent automatiquement des cylindres fixes quand la
mouture commence à mani|uer, attendu que la charge de la trémie est nécessaire
pour les maintenir rapprochés. En même temps, un signal produit par une clocha
ou par un timbre se lait entendre et avertit qu'il y a besoin d'alimenter l'ap-
pareil. Ch. Assi ET L. Genès,
ingénieurs-conseils en matière de brevets d'invention,
3(>, boulevard Voltaire, a Pans.
VIGNES AMÉRIG.UNES ET INSECTICIDES
Mon cher directeur, daas le numéro du 8 novembre, au compte
rendu de la Société )iaLioaale d'aifricnlture (pag.^. 212, à la lin), je lis :
K Faisant allusion à certaines affirmations de M- de Lafitte, M. Gaston Bazille
ajoute que, dans l'Hérault, les vignes américaines ne sont pas traitées par les in-
secticides, et que le cas signalé par M. de Lafitle s'applique simplement à une
douzaine de pieds de Jacquez, situés dans la commune de Vauverl ^Gard), et qui
dépérissaient parce que le sol était trop peu prolond.... »
Comment M. Gaston li.izilie me prend-il à partie à la Société natio-
nale d'agriculture, oix je n'ai ni voix ni place, quand il était si simple
de le faire d'abord dans le Journal d' agriculture pratique, où a paru
l'article qui le chagrine"? Dans le Journal d'-a;/riculture pratique,
j'aui'ais prise sur une critique dont j'aurais le texte sous les yeux. —
Là, persoiîne ne m'a répondu, personne, et pourtant, ce que les expli-
cations fournies par l'honorable sénateur à la Société nationale d'(i;/ri-
culture, montrent le mieux, c'est que la chose valait une repunse.
Qu en pense ta Vigne américaine? Agréez, etc., Prosper de Lafitte.
Mon cher directeur, je ne veux phis faire de polémique à propos
des cépages américiiins; il y a aujourd'hui bien près de quinze ans
que je parle en leur faveur, c'est bien suffisant.
Je me contente de prier c^ux qui doutent encore, de venir voir les
foudres de mon cellier pleins de très bon vin, environ deux mille
VIGNES AMÉRICAINES ET INSECTICIDES. 273
hectolitres déjà ven lus à un bon prix et rénlisés pour moitié, en sep-
temljre, sur planls américains iiroiïus el jamais traités.
Mercredi dernier, à la Société nationale d'agriculture, notre véné-
rable et illustre président, M. Chevreul, m'engagea à dire quelques
mots sur les vendanges de l'année dans l'Hérault. Je parlai alors de
l'iraporlant produit des Jacquez dans le département, et notamment de
la récolte de M. Bastide à Agnac, vendue 86 000 Irancs.
Les Jacquez d'Agnac, pas plus que ceux des environs de Mont-
pellier, n'ont jamais reçu le moindre traitement insecticide.
Je me rappelai alors tout naturellement Le pot aux roses de
M. de Laffiie, au sujet des plants de Vauvert, dans le Gard. J'ajoutai que
si ces quelques Jacquez avaient élé traités, ce que je croyais parfai-
tement, puisque l'iionorable M. de LaCûlenous l'alTirmait, c'étaient les
seuls à ma connaissance, et que le président du Comité de vigilance du
Lot-et-Garo me avait fait d'une exception la règle.
C'est tout, et l'incident n'a pas eu d'autre portée.
Recevez, etc. Gaston Bazille.
SOCIETE NATIONALE D'AGRICULTURE
Sémce du 12 novembre 1834. — Présidence de M. Ctievreul.
M. le ministre de la guerre envoie à la Société la 54" livr.iison de la
carte de France au 0,80^000' revisée; — le directeur général des douanes
adresse le tableau général du commerce de la France avec ses colonies
et avec les puissances éirangères pendant l'année 1883.
M. Pardon, membre de la Chambre consultative de Chalon-sur-
Saône fait hommage d'une brochure sur les droits à mettre sur les blés
étrangers et les dispositions d'un crédit agricole réalisable; —
M. le maire de SainL-Ouen envoie le projet d'exposition universelle
de 188iJ, à établir sur les territoires de Saint-Ouen, Asnières, île de
Saint-Denis et Gennevilliers.
La Commission d'enquête d'Italie pour la revision des tarifs de douane
adresse le questionnaire qu'il a rédige pour son enquête agricole.
M. Balbiaai, professeur au collège de France envoie une brochure
intitulée : « L-ï jjhylloxera du chêne el le phylloxéra de la vigne; étude
d'entomologie agricole.
La Société royale d'agriculture d'Angleterre adresse le 20" volume de
son mémoire.
M. Deherain, professeur au Muséum d'histoire naturelle fait
hommage de diverses brochures traitant de la chimie agricole.
M. Magne offre la 9" édition de son ouvrage sur le choix des vaches
laitièms.
M. Hdgard adresse un procédé de destruction du phylloxéra basé sur
l'emploi du mercure; M. Briot de la Mallerie fait hommage d'un
article sur le herd-book breton.
La Société départementale d'agriculture de la Nièvre envoie sa réponse
à l'enquête sur le crédit agricole.
M. Cornu -présente le pied de mais qu'il a obtenu du grain qui lui a
été remis par M. le président. Ce grain envoyé par M. Sacc, de Bolivie,
appartient probablement à la variété dite maïs Cuzco. — 11 a été semé
en pot sur couche chaude, le 20 mai 188'i, mis en pleine terre le
25 juin et arraché le 1 1 novembre. 11 mesure 4 m. 30 de hauteur; ce
pied n'a pas produit de fleura femelles.
a74 SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE DE FRANGE.
M. Bouchardat appelle l'allentiou de la Société sur les remarquables
et récents travaux de M. Berthelot se rapportant à la vie végétale. —
La vie, dit M. Bouchardat, est une suite non interrompue de synthèses
et d'analyses effectuées dans les organes des êtres vivant?, dans
laquelle les synthèses dominent pour produire ces merveilleuses assi-
milations du règne inorganique. C'est surtout dans les cellules des
végétaux, sous l'influence de la radiation solaire, que ces synthèses
s'opèrent. Pour les principes immédiats azotés si variés, si impor-
tants que les plantes fournissent, en prenant pour guide les nouvelles
et belles recherches de M. Berthelot, on peut admettre que la première
phase de ces créations consiste dans la formation du salpêtre, qu'elle
est due au jeu de certaines cellules végétales; que l'accumulation du
salpêtre se manifeste surtout dans la tige et dans les racines.
La seconde phase, celle qui donne naissance aux matières albu-
minoïdes, s'opère surtout dans les feuilles sous l'influence de la fonc-
tion chlorophylliène. Ces réductions donnent très probablement nais-
sance aux principes immédiats azotés si variés qui se produisent dans
les plantes.
M. Chabot-Karlen fait ensuite une communication sur l'alevinage des
salmones par la nourriture vivante. — M. Duchartreoffreàla Société
la 3° édition de ses éléments de botanique.
M. Mille expose les résultats des irrigations de Gennevilliers. Il y a
actuellement dans la plaine de Gennevilliers 605 hectares irrigués par
la culture libre qui prend ou qui repousse à volonté les eaux ; c'est un
service moyen de 60,000 mètres cubes par jour, à peu près le cin-
quième du tout. Tout réussit, légumes, fourrages, pépinières, l'herbe
se coupe cinq fois et nourrit aujourd'hui 850 vaches laitières. Les
betteraves obtenues ont donné 11. 30 pour 100 de sucre. — Les cul-
tivateurs payent 450 francs de location par hectare.
M. Bouley présente un manuscrit de M. Goubaux, directeur de l'école
vétérinaire d'Alfort, traitant des pertes de poids que subissent dans la
cuisson les viandes qui servent ordinairement à l'alimentation de
l'homme; — le compte rendu d'une conférence faite à Patay, par
M. Daviau, vétérinaire, sur la vaccinatien charbonneuse, et une bro-
chure de M. Eloire vétérinaire à la Cappelle (Aisne), sur l'industrie lai-
tière dans le nord de l'arrondissement de Vervins.
M. Max. Cornu entretient ensuite la Société des vœu\ émis par le
congrès international phylloxérique tenu à Turin le 20 octobre
dernier. Le Journal reviendra sur cette communication importante.
La Société décide ensuite qu'elle procédera, dans sa séance du
17 décembre 1884, à l'élection des trois candidats qui doivent être
présentés au choix du ministre de l'agriculture, pour remplacer le re-
gretté secrétaire perpétuel de la Société, M. Barrai.
Georges MarsaisÎ
REYUE GO^niERGIALE ET PRIX G1UR\NT DES DENRÉES AGRICOLES
(15 NOVEMBRE 1884).
I. — Situation générale.
L'achèvement des travaux des semailles a amené sur les marchés un plus
grand nombre de cultivateurs ; mais les affaires n'ont pas pour cela pris un essor
à signaler.
II. — Les grains et les (arines.
Les tableaux suivants résument les courà des céréales, par QUINTAL MÉTRIQUE,
sur les principaux marchés de la France et de l'étranger :
REVUE OOMMERGIALE ET PRIX GOUaA.NT (15 NOVEMBRE 1384)
275
1" RÉGION. -
- MORI
-OUEST.
Blé.
Seigle.
Offe.
fr.
fr.
fr.
Calvados. Caen
21 3i
10.00
10.15
— Lisietix
20. 'i3
17.35
17.70
C.-du-Noi d. Linnion..
1».5U
»
1 4 . 25
— PoiUrieux
13. 30
15.00
• 5.50
Finistère.. Moi'UiX
'.9.10
0
14,00
— Qiiirnper
t>).6l)
15.50
15.25
Itle-el-Vitaiite. Rennes.
19 50
n
!5.50
18.75
19.75
14.50
„
Manche. S;iint-Lû
17.00
— f.outanoes
16.70
»
10 00
— Villedieu
JÎ.7D
20.00
15.75
Mayenne. Mayenne
19.50
8
14.0')
19.50
19.35
15.35
15.60
Morbihan. Hennebont.
«
Orne. BelUJue
20.60
20.80
20.40
»
15.00
15.75
15.75
Sarthe. Le M.ins
15.25
— Beaumont
21) 50
14.75
Prii moyens 19. S8 16.12 15.53
2" RÉGION. — NOKD.
^isne. Soissons 20.00 » »
.- Villers-Gotterets. 20.50 14.50 16.50
— La Père 20.00 » >•
Eure. Les Andelys 20.20 13.50
■— Pacy 20 15 15.511
— Gisôrs 20.15 i'i-65
E«re-et toir. ■■.hartres.. 23.25 13.75
— Cliàlea idun 20 00 »
— La Ferle-Vidame. 2i.l0 17.35
/ford. Lille 21.00 17.4»
— Cambrai 19.50 15.50
— Bergiies 20.50 »
Oi«. Baa ivais 20.50 IS.OO
— Clermont 19.65 13 35
— Compiegne 21.25 i4.00
Pas-de-Caiiiis. Ams,.. 21.40 15.65
— Bapaume 20.50 14 75
Seine. Paris 21.25 16.10
î<.-el-Marne. Montereau 20.40 15. 10
— Me.iux 20.50 14. 7o
— Dammartin 20.50 14.75
S.-6t-()is«. Versailles. .. . 21.25 15.25
— Elampes 21.25 18.25
— Angerville 20.40 14.75
Sôzn6-/rt/e''teure. Rouen. 20.10 14.00
— Fecamp 21.50 14.00
— GjJerviUe 20.55 »
Somme. Amiens 21.40 1$,35
— Doulleni 22.10 14.65
— Roye 19.50 13.35
15.50
16.50
15.40
17.50
16.80
20.35
16.00
16.50
18 75
18-50
17.50
21.50
17.30
16 50
18.75
17. ;5
17.00
16.50
19. 00
17 50
17.50
18.10
16.90
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Avoine.
fr.
20 00
21.00
14.50
15. Ou
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15.00
15 00
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21.60
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17.0,)
16. Oo
13.00
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17.00
20.2;,
15 5 0
17.46
15.70
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18.00
17,00
17.50
16.00
16 75
15.25
16.40
17.00
17.20
17.50
15.85
20.00
14.75
14.25
18.25
16 50
17.00
15.50
18.50
13 OU
16.10
23.73
13 50
18.00
21 50
14.00
15.00
Prix moyens 20.71 15.08 17.46 17.19
3' REGION. — NORD. EST.
Ariennes. Sjîlan 20.90 15.00 18 75
.— GharleviU; 2i.25 15.75 18.75
.4w()e. Bar-siir-Seiii-j. .. . 21.40 0 15.^0
— Mêry-sur-Seine... 19.90 14.25 16.50
fl/arn-i. Ghilons 20 25 15.75 18.50
— Reims 20. 2i 15.75 18.00
— Sle-vleaelioald 20.00 15.50 19.10
HLe'Marne. Llilgres.. , . 19.50 14.50 14.75
— GhaoïnoiU 19.75 14.50 »
Meurlhe-u-.Mus. î^anoy. 20.30 ■ «
— Tou: ...20.50 15.25 17.00
— Lunoville 21. OJ 15.25 17.50
.tfeuse. Bar-le-Duc 20.40 15.00 18.60
Wauie-Sudne. Vesoiil ... 20.60 i4.80 10.60
— Gray 18.90 15.00 14.60
fosges. Epinal 21.50 14,50 »
— NeafcllWean 20.50 15. '5 17.25
— MireL;oart 20.50 » «
Prix moyens 20. 4i 14.77 17. j3
4" RÉGION. — OUEST.
Charente, Kn%^n\émQ... 20.00
— Bari)^ziiu.ic 20.80
Chor.-/ii/e>'. .Uiraiis.... 19.15
— St-Jean-d'An^ély.. !9.15
Deux-S'.'u/'es. Niort 20 00
Indre-ei- Loire. Tours... 19.00
■— Blcre 18.20
Loire-liif. N.iiitâs 20.00
itf.-el-i.mVf. An,:ier3 19 00
Vendée. L ii;o;i 19.50
— Fontenay-le-Gomte 22.10
rie«ne. G vray 20.15
— Pûitiirs 19.30
Hau.te-Vii>i,nG. Limoges. 20.00
Priimo/eaj 19.06 14.83 17.19 16.11
16.50
16 ;.0
15.50
15.40
16 75
16.50
15.10
14.50
1 i . 00
18.00
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16.00
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15.40
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14.35
16.25
17.25
14.35
20.00
16 00
17.70
16.25
16.25
17.00
17.50
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15.50
15.70
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15.00
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18.00
5* RÉGION. — CEKTRB
Blé. Seide.
Ailier. Moulins
— St-Puuryaia.
Cher. Bo ir^es.
— St-\mand
— Grai;.iv
Creuse. Aubusson...
Indre. Gliàteauroax .
— Valençay
— IssouJtin
Loiret. Orléans
— Pilhiviers
— Muntargis
L.-et-Cht:r Blois....
— Montoire
Nièvre. Nevers
— La Gbarit.é., . .
Vonne. Sr.-Florenlin
— Tonnerre
— Brienon
Prix moyens.
20.23 15.04 16.74 15.65
15 10
Î5.75
17.00
14.75
15.00
15.73
16. 75
16.50
15.50
15.75
15.50
16.00
6' RBaiON. — EST.
.4m. Bourg 22.00 15.00
— Pùni-de-Vaux.... 21.50
Côte-d'Or. Dijon 21. Oo
— Ueaune 19.75
Oou/ïs. Besançon 20.75
Isère. Voiroii 20.50
— Bour'Oin 20.75
Jura. D'jle 20.50
Loire. Ujanne 21.25
— MjnLbriàon 20.75
P.-de-Ooine. Glermont-F 19.50
Rhône. Lyon 22.00
Saàiie-et-Loire. Màcon . 20.00
— .4uluri 19.75
oaooie. Ghambéry 22.75
tIle:S'ivoie. Annezy 21.55
Prix moyens 20.89
T REGION. — SCD-OUEST.
Ariége. Foix 24.10
— Pamiers 22.10
Dùrdogne. Sarlat 24.00
Ilte-Garo'ine. Toulouse. 21.85
— bt-Gaudens 22.10
Gers. Gojidom 22.00
— Eauze 23.35
— -Mirande 19. lO
Giroiide. Bordeaux 21.75
— Bazas 22.50
Landes. Dax 23.00
Lol'eC-'raroTine. Agen.. 20.60
— VilIeneuve-iur-Lot 2). 60
B.'Pijrcnf^. LJiyOïllie.. 2.J.i3
lUes-l^yren'ies. l'aroes.. 22.00
Prix moyens 22.17 18.25
8* RÉGION. — SU».
Au.de. Castelaaudary.. 22.80
.Ayeyron. Rodez 20.80
— Aubin 21.50
Caillai, .a-iarlai; 22.50
Corraze. Tulle 22.00
HérauU. Bèziers 22.10
— Montpellier 21.50
Lot. Cah'ics 22.25
Lozère. Mende 22.75
Pyrêiiées-O/'. Perpignan. 2.i.65
Tarrl. Gaillaa 22.40
Tarn-el-llar. Montauban 22.4»
Prix moyens 22.22 18.05
9* RÉGio:). — SCD-EST
Basses-Alpes. Manosi^ue 23.70
lfiu.le?-.itpes. Bnan^în. 22.50
.itp'iS-.Maritimes. Nice. . 24.40
.ird'iCle. Privas 24.80
B.-dii-Hhàne. Arles.... 23.75
Drimt Romais 21.50
(îard. Alais 23.75
l[ iute-Loire. Brioude.. 20. 8J
l'ur. Drajuignan 22. 2i
Vaucliise. Airigaon.... 21.50
Prix moyens 22.90
Moy. de toute la l'Vance 20.94
— de la semaine preced. 21.16
Sur la semaine) H lusse. • »
preoélente..! Baisse. 0.22 0 0
16.90
17.25
17.00
16.50
16.75
n.oo
17.00
16.50
16. ai
16.75
17.00
17.40
17.00
16.25
17.7»
» » 16-50
15,74 17.21 16.90
16.00
17.00
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18.50
18.50
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19.50
17.50
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» 19.50
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18.00
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16.01
19.00
18.00
15. OJ
19 50
16.50
16.50
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13.77
16.15
16 8*
17.18
16.17
16.80
16.93
276 REVUE COMMERCIALE ET PRIX GOURANT
Blé Seigle. Orge. Avoine
fr. fr. fr. fr.
Algérie. *'8^M blé dur 13.2.5 ,> 10.75
Angleterre. Londres 19.50 t> 12 50 15.40
Beigique. Anvers 18 liO 16.25 20.25 16.7.Ô
— Bruxelles 20.50 16.50 . 16.75
— Liège 19.35 11.00 18.00 17.15
— Namur 19 25 16.00 18.00 15.50
Pays-Bas. Amsterdam 17.15 15.60 » »
Luxembourg. Luxembourg 22.75 18.65 15.40 17.00
Alsace-Lorraine. Strasbourg 22.25 19.25 21.25 18.60
— Mulliouse 21.50 18.10 19 75 18.25
— Coliuar 22.4(1 18.65 20.35 19.25
Allemagne. Berlin 18.85 17.10 ■■ »
— Cologne 20.30 18.10 - »
— Hambourg 18 60 15.25 .. d
Suisse. Genève 23.50 18.50 18.50 18.50
Italie. Turin 22 00 17.00 » 15.50
— Mdan 21.10 16.50 » 14,25
Espagne. liarcelone 22 . 00 » 14.45 29 . 00
Autriche. Vienne 17.75 » » ..
Hongrie. Budapest 16.30 14.25 14 50 12.50
Busiie. Saint-Pétersbourg.. 16.65 13.35 » 12.60
Etats-Unis. New-York 16.35 » »
Blés. — Malgré la présence d'un plus grand nombre de cultivateurs, le marché
reste lourd, et la meunerie résiste aux demandes des détenteurs. On constate une
baisse de 25 centimes sur la semaine dernière. Le mercredi 12, on cotait à halle
de Paris, de 20 fr. 50 à ?,l fr. 75 les 100 kilog., soit 21 fr. 15 en moyenne. Les
marchés des blés à livrer s'effectuent également en baisse; le courant du mois
est fixé, le 13 au soir, à 21 fr.; le livrable décembre, 21 fr. à 21 fr. 25; janvier-
février, 21 ir. 25 à 21 5); quatre premiers mois, 21 fr. 50 à 21 fr. 75; quatre
mois de mars, 22 fr. à 2-2 fr. 25. — Au Havre, les affaires sont de plus en plus
difficile; la question de l'élévation des droits de douane préoccupant le commerce;
on offre les blés roux d'Amérique, de 20 fr. 50 à 21 fr. 25; les blés d'Australie,
21 fr. 25 à 22 fr., et les Bombay, 20 fr. à 20 fr. 50. A Marseille, les affaires ont
été plus actives. On cote : Red-Winter, 23 fr. 25; Berdranska, 2) fr.; Mariano-
poH, 22 fr. 75; Irka, 19 fr. 25; Azima-Azoff, 19 à 30 fr.; Danube, 18 à 19 fr.;
Azoff durs, 18 fr. 50 à 18 fr. 75 les 100 kilog,. A Londres, les affaires sont tou-
jours lourdes; on cote 18 fr. 30 à 19 fr. 70. Les marchés de l'intérieur de l'An-
gleterre sont peu approvisionnés ; les prix restent sans changements.
Farines. — Les prix sont stalionnaires depn.'s huit jours, avec une vente très
difficle. Le mercredi 12 novembre, on cotait, à Paris, pour les farines de consom-
mation : marque de Corbeil, 48 Ir.; marques de choix, 48 à 51 fr.; premières
marques, 47 à 48 fr.; marques ordinaires, 44 à 45 fr.; le tout par sac de 159 ki-
log., toile à rendre (lu 157 kilog. net, ce qui correspond aux prix extrêmes ue
de 28 fr. 02 à 32 fr. 50 les 1 00 kilog., ou en moyenne, 30 fr. 25. — Pour les fari-
nes de spéculation on cotait : [urines neuf-marques, courant du mois, 45 fr. 25;
livrable décembre, 45 fr. 50; janvier-février, 45 fr. 50; quatre premiers mois,
45 fr. 50 à 4' fr. 75; quatre mois de mars, 46 fr. 50; le tout par sac de 159 ki-
log., toile perdue ou 157 kilog. net., en baisse de 0 fr. 25 à Ofr. 50. — Le
farines deuxièmes valent toujours de 21 à 22 fr.; les 100 kilog. presque sans
affaires.
Seiiiles. — La fermeté persiste dans les cours; les offres sont plus rares. Oa
cote à la halle de Paris, 15 fr. 50 à 16 fr. 50 les 100 kilog. avec tendance à la
hausse. Les farines de seigle conservent leur prix fortement tenus de 20 à 23 fr.
les 100 kilog.
Orijes. — Affaires actives sur les orges de toutes provenances. A la halle de
Paris, on cote, par 100 kilng. 17 fr. 7 5 à 22 fr. ; les belles qualités sont rares et
demandées. Ijes escourgeons valent de 19 fr. à 19 fr. 50.
Avoi.nes — La vente est plus diiicile sur les avoines On cote à h halle 17 fr. 25
à 20 fr. les 100 kilog , suivant poids, couleur et qualité, comme la semaine pré-
cédente.
Issues. — Affaires nulles; prix sans changement. La cote de la hille de Paris
est de : gros son seul, 14 fr. 25 à 14 fr. 50 les 100 kilog.; sons gro-f et moyens,
13 fr. "S à 14 fr.; son trois cases, 12 fr. 75 à 13 fr. 25; sons lins, 12 fr. à
12 fr. 50; recoupettes, 12 fr. 50 à 13 fr. 50 ; remoulages blancs, 16 fr. 50 à 17 fr.;
remoulages bis, 15 à 16 fr.
DES DENRÉES AGRICOLES (5 NOVEMBRE. ISSi) 277
III. — Fourrages et ijraines fourragères.
Fourrages. — Les apports sur le marché continuent à être assez abondants. Les
afl'aires sont actives ; les prix de la paille se sont un peu relevés. On paye, à
Paris : foin, 50 à 58 fr. les 100 bottes de 5 kilog.; luzerne, 50 à 56 fr.; paille de
blé, 30 à 35 fr.; paille de seigle, 30 à 36 fr.; paille d"avoine, 24 à 28 fr.
Graines fourragères. — Prix sans changement. Voici les chiffres du prix cou-
rant àParis. par 100 kilog. : Irèile violet, 105 à 120 fr.; trèfle Liane, 165 à 200 fr.;
trèiïe hybride, 150 à 170 fr.; luzerne de Provence, 140 à 150 fr.; luzerne
d'Italie, 125 à 135 fr.; du Poitou, 90 à 100 fr.; minette, 40 à 45 Ir.; ray-grass
anglais, 35 à 40 fr.; d' talie, ,40 à 44 fr.; sainfoin à une coupe, 33 à 35 fr.;
à deux coup'es, 37 à 38 fr. ; vesces do printemps, 22 à 23 IV.; pois jarras, 17 à
18 fr. — A Gaillac (Tarn), on paye la graine de trèlle et de sainfoin de 90 à
100 fr. les 100 kilog. — A Strasbourg, la graine de trèfle vaut de 105 à 110 fr.;
au Havre, 112 à 120 fr. — Au Mans, le trèfle s'est vendu 98 à 105 fr.; lalu-
zerne, 80 à 90 fr.
IV. — Fruits et légumes frais.
Fruits. — A la hal'e de Paris, on cote : châtaignes, l'hectolilre, 12 à 18 fr.
nèfles, 1 fr. 50 à 5 fr le cent.; noix, 0 fr. 32 à 0 fr. 70 le kilog.; poires, 10 à
à 50 fr. le cent; 0 fr. 25 à 65 le kilog ; pommes, 5 à 90 fr. le cent; 0 fr. 18 à
0 fr. 60 le kilog.; raisin commun, 0 f i . 75 à 3 ir. le kilog.; noir, 0 fr. 90 à 1 fr. 50.
LcQutiies. — Artichauts de Paris, 3 à 40 fr. le cent ; carottes communes, 18 à
20 fr. les cent boties; carottes d'iiiver, k fr. 50 à 5 fr. l'hectolitre; choux, 12 à
16 fr. le cent; haricots vert«, 1 fr. 90 à 2 fr. 10 le kilog ; en cosse, 0 fr. 34 à
0 fr. 38 le kilog.; écossés, 0 fr. 90 à 1 fr. 20 le litre; navets, 18 à 20 fr. les cent
bottes; oignons, 14 à 16 fr.; panais, 12 à 15 fr.; poireaux, 3 à4 fr.; champi-
gnons, 0 fr. 80 à 1 fr. 60 le kdog ; choux-fleurs, 6 à 60 fr. le cent ; choux de
Bruxelles, 0 fr. 20 à 0 fr. 25 le litre; é|iinards, 0 fr. 20 à 0 fr. 25 le paquet;
oseille, 0 fr. 60 à 0 fr. 80 le paquet; potirons, 0 fr. 50 à 4 fr. la pièce; tomates,
0 fr. 35 à 0 fr. 50 le calais.
Po'/nws de lerve. — Hollande, 8 à 10 fr. l'hectolitre; 11 fr. 42 à 14 fr. 28 le
quintal; jaune, 6 à 7 fr. l'hectolitre; 8 fr. 57 à 10 fr. le quintal.
V. — Fins. — Spiritueux. — Vinaigres. — Cidres.
Vins. — Les ventes continuent dans les vignobles, et le commerce commence
à se préoccuper de ses achats dans les entrepôts. A Paris, il règne une assez
grande animation. Les vins nouveaux sont cotés à Bercy aux prix suivants : vins
rouges: .Auvergne, 125 à 13D fr. la pièce; Bdsse-Bourgogne, 120 à 160 fr. le
muid; Blois, 110 à 130 fr. la pièce ; vins noirs du Blésois, 115 à 140 fr. ; Bor-
deaux, 140 à 160 fr.; Cher, 1 10 a 145 fr. ; Fitou, 48 à 62 (r. l'hectobtre; Gaillac,
115 à 125 fr. la pièce; Maçonnais et Beaujolais, 1'° classe, 200 à 220 fr. ; 2'«
classe, 130 à 150 fr, ; Montagne, 36 à 44 fr. l'hectolitre; Narbonne, 45 à 60 fr. ;
Benaison, 115 à 125 Ir, la pièce; Boussillon, 50 à 65 fr. 1 hectolitre ; Sancerre,
120 à 130 h\ la pièce; Selles sur Cher, 115 à 125 fr. ; Tnuraine, 100 à 110 fr. ;
— Vins blancs: Basse-Bourgogne, l'" classe, 180 à 200 fr, le muid; 2""- classe,
140 à 150 ff., Bergerac et Saute-Poy, l'" classe la pièce 160 à 170 fr., 2'"' classe
135 à 150 fr. ; Chablis et environs, 180 à 220 fr. le muid; Nantais, 60 à 70 fr. la
pièce; Poitou, 60 à 70 fr. l'heciolitre. — Vins d'Espagne, 40 à 50 f.'. l'hectolitre ;
d'Italie, 52 à 60 fr, ; de DaliLatie, 52 à 55 fr. — Les vins vieux conservent leurs
cours.
La vente des vins fins des Hospices de B^aune a eu lieu le dimanche le 9 no-
vembre; elle a présenté peu d'animation. Voici les prix qui ont éié obtenus pour
les dilft'rcnts crus: Beauue 1,000a 1,300 fr. la queue île 456 litres ou deux pièces;
Pommard, 1020 fr. ; Aloxe-Goi ton, 1250 fr ; Volnay, 1350 fr. ; Sautenot, li20 fr.;
Santenot blanc, 700fr.; Savigny et Ver^elesses, 1,120 à 1,200 fr —A Cette, les
vins nouveaux d'Espagne ont dduné lieu à un bon courant d'aftaires; on peut
coter les prix comme suit: Mayor(ue sans plâtre, 19 à 24 fr. l'hectolitre; Cata-
logne, 25 à 27 ir.; Requence, 36 à 38 fr. Valence. 33 à 36 fr. ; Benicarla, 35 à
37 fr.; Alicante, 40 à 41 fr. — A Nice, ont cote les vins d'Italie : Scoglielii, 50
à 54 fr. ; Pacchino, 45 à 48 fr. : Mirsala, 48 à 59 fr.; G islelkmare, 52 à 55 fr. ;
Saint-Tro()ez, 53 à 55 fr. ; vins blanc de Gisleliamare, 38 à 40 fr. ; de Tarragone,
40 à 45 fr.
Spiritueux. — La hausse que nous signalions il y a huit jours s'est accentuée,
et la tendance reste ferme. A Paris, les trois-six lins du Nord 90 degrés disponi-
278 RKVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT (8 NOVEMBRE 1884).
bles se payent 47 fr. 50, en hausse de 1 fr.; les livrables en décembre, 47 fr.;
quatre premiers mois, 46 fr. 75 à 47 fr.; quatre mois de mai, 47 fr. 2î) à 47 fr. 75.
— A Lille, l'alcool de mélasse disponible est toujours à 42 fr. l'hectolitre. — A.
Bordeaux, les trois six du Nord sont côtés de 51 à 53 fr. — Les trois-six bon
goût con>ervent leurs prix de 110 à 105 fr.; à Montpellier, 103 fr. à Bé/iers.
105 à 110 fr. à Celle, 100 fr. à Nîmes, 101 fr. ' à Perpignan, 105 fr. à
Marseille. — L'esprit de marc se cote de 03 à 95 fr , suivant les localités. —
Les eaux-de-vie de la nouvelle récolte sont offertes à La Rochelle au prix ae
210 Ir.; mais le commerce se tient à celui de 20U fr. Thectolitre. — A Tonnay,
(Charente) les esprils line Champagne 86 degrés, récolte 1884, valent 150 fr.;
les 52 degrés, 97 fr.; les esprits preuve de Hollande, 55 degrés, 64 fr. l'hecto-
litre.
Matières à tartre. — A Bordeaux, le tartre brut naturel 70 degrés est coté
2 fr. 55 le degré; les matières de lartre, 2 fr. 65 à 2 ir. 70; les cristaux de Lie,
2 fr. 70 à 2 Ir. 75 les 100 kilogr. ; les tartres blancs criblés valent 225 à 2.'.5 fr. ;
les rouges 210 à 255 fr. ; la crème de tar(re 292 à 295 fr. les 100 kilogr.
Cidrea. — Les cidres vieux sont cotés 22 fr. la barrique de 2V,5 lities dans les
pays de production, et de 26 à 35 fr. à Paris. A Cherbourg, on paie le cidre nou-
veau 9 fr. l'hectolitre.
Pommes à cidre. — La vente est assez courante à Paris et les prix se sou-
tiennent à 70 et 72 fr. pour la pomme disponible; à livrer courant du mois, on
cote 75 à 78 fr. les 1,000 kilogr. sur wagons. En province, les prix varient de 2 fr.
à 3 fr. l'hectolitre.
VI. — Sucres. — Mélasses. — Fécules. — Houblons.
Sucres. — Les cours ont repris un peu de fermeté. On constate une légère
ha;usse de|iuis huit jours. Les sucres bruis 88 degrés saccharimétriques sont cotés
sur la place de Paris, 36 fr. 50 les 100 kilogr.; les sucres blancs 99 degrés,
42 fr. 50 à 42 fr. 75; les sucres m" 3 disponibles 43 fr. 75 à 44 fr; les livrables,
44 à 46 fr. Les sucres raffinés sont faiblement tenus de 101 fi. à 102 fr. les lûQ
Ikilogr. à la consommation, et 47 fr. 25 à 48 fr. 75 pour l'exportation. Le stock de
t'entrejiùt réel était, le 10 novembre à Paris, de 721, 000 quintaux, en augmen-
ation de près de 100, 000 quintaux. A Valenciennes, on cote les 88 degrés 35 fr.
25 les 100 kilogr. A Bordeaux, les raffinés valent de 108 à 109 fr. en pains. A
Lille, le sucre indigène 88 degrés est coté 34 fr. 50 à 34 fr. 75, les raffinés 106 fr.
50. A Saint-Quentin, les sucres roux sont demandés à 35 fr. 50.
Mélasses. — Les mélasses sont cotées à Paris par 100 kilogr. : celles de fabri-
que, 9 fr. à 9 fr. 25; celles de raffinerie, 9 à 10 fr. A Valenciennes, les mélasses-
disponibles valent 10 fr. 50.
Fécules. — Le prix de la fécule de l'Oise a baissé de 1 fr. sur le marché de Com-
piègne, où elle est cotée 26 fr. les lÛO kilogr. A Lyon, la fécule première vaut de
27 à 29 fr. suivant les provenances; la fécule verte s'écoule facilement au prix de
15 fr. à 15 fr. 50.
Houblons. — Cours toujours en baisse sur tous les marchés. A Alost, on a payé
160 à 170 fr. par exception les 100 kilogr. ; à Poperinghe, il y a eu quelques ventes
de 200 à 206 fr. en ville, et 180 à 174 fr. aux villages. A Nancy, les prix sont d«
220 à 224 fr. ; à Haguenau, de 220 à 230 fr. ; à Dijon, de 200"à 230 fr.
VII . — Tourteaux. — Noirs. — Enyrais.
Tourteaux. — Les prix se maintiennent dans le Nord sans donner lieu à beau"
coup d'affaires. A Arras, on cote : tourteaux d'œillelte, 14 fr. les 104 kilog.; de
colza, 16 fr. 50; de lin, 24 fr.; de cameline, 15 fr. 50; tourteaux de graines
étrangères, pavot, 12 fr.; lin, 21 fr. 50. — A Marseille, voici les cours de la
semaine : lin disponible, 18 fr. 75 les 100 kilog.; Arachide décortiquée, 13 fr. 50;
en coque 10 fr.; sésame du Levant. 12 fr. 75; de l'Inde, 11 fr. 75; cocotier ou
coprah pour vaches laitières, 12 fr. ; colza du Danube, 12 fr. 25; œillette exotique,
11 fr.; coton d'Egypte, 12 fr.; palmiste, 11 fr. 25 ; ricin, 9 fr. 25; ravison, 11 fr. 75.
]\foirs. — A Valenciennes, on cote le noir animal neuf en grains, 33 à 36 fr. les
100 kilog.; les vieux grains, 10 à 12 fr.; le noir d'engrais, 2 à 8 fr.
Engrais. — Prix sans changement pour le Nord et Paris. Le nitrate de soude
est côté, 23 fr. 50 les 100 kilog. en gare de Dunkerque.
VIII. — Huiles cl graines oléagineuses.
Huiles. — Cours assez fermes pour les huiles de colza. Ou cote à Paris par 100
kilog. : colza disponible 66 fr. 75; livrable, 67 fr. 25 à 69 fr. 75 ; lin disponible^
DES DENRÉES AGRICOLES (15 NOVEMBRE 1884;. 279
:.i fr. 50 à 5i fr. 75; livrable, 54 fr. 50 à 55 fr. — A Arras, les prix sont les sui-
•vants : huile de pavot, 80 fr. les lOD kilog.; de colza, 69 à 70 fr.; de lin, 59 fr.;
de cameline, 61 fr. de pavot (industrie), 71 fr. 50. — A Rouen, l'huile de colza
se paye 65 fr. 50; celle de lin, 55 fr, — A Bordeaux, on cote. Arachide surfine,
118 fr. les 100 kdosj;.; sésame, 98 Ir.; colza épurée, 34 fr. — A Lille, huile de
colza, 60 fr. l'hectolitre.; huile de lin, 53 à 54 fr.
Graines oléaiiineuses. — Cours sans changement à Paris. — A Arras, il y a eu
quelques variations. On paye les graines nouvelles : œillette, 24 à 26 fr. '25 ; colza,
18 à 21 fr. 50; lin, 18 fr. à ^Ifr.; cameline, 13 fr. à 16 75. — A Lyon, les
graines de colza valent, 32 fr. 75 à 3 i fr. 50 ; la navette, 32 fr. à 32 fr. 50.
IX. — Matières résineuses el teitiles.
Matières résineuses. — Les gemmes conservent leurs pri.x à Bazas. — L'essenoe
de térébenthine se paye à Bordeaux, 51 fr. les 100 kilog.; à Dax, 46 fr.
X. — iuifs et Saindoux.
Suifs. — Le suif frais de la boucherie de Paris est redescendu à 81 fr. les 100
kilog. avec peu d'affaires.
Saindoux. — Au Havre, les saiodonx valent toujours, 53 fr. les 50 kilog. dis
ponibles.
XI. — Beurres. — Œufs. — Fromages.
Beurres. — On a vendu pendant la semaine, à la halle de P.iris; 230,331 kilog.
de beurre. Au dernier marché on cotait : en demi-kiloî , 2 fr. 30 à 3 fr. 78 ; le
kilog.; petits-beurres, 1 fr. 66 à 2 fr. 54; Gouniy, 2' fr. à 3 fr. 92; Isigny,
1 fr. 90 à 8 fr. 10.
Œufs. — Les ventes se sont élevées à 3,837,475 œufs, aux prix, par mille, de
115 à 148 fr. les choix; 90 à lOi fr. pour les ordinaires: 5S à l-l fr. les petits.
Fromages. — On cote, par douzaine : Brie, 4 à. 30 fr.; Montlhéry, là fr.; par
cent; livarot, 31 à 81 fr.; Mont-d'Or, 10 à 16 fr.; Neufchâtel, 2 fr. 50 à 21 fr. 50;
divers, 5 à 67 fr.; par 100 kilog. : Gruyère, 105 à 185 fr.
X:i. — Chevaux. — Bétail. — Viande.
Bétail. — Le tableau suivant résume le mouvement officiel du marché aux bes-
tiaux de la Villette, du jeudi 6 au mardi 1 1 novembre :
Poids Prix du kilog. de vianie nette snr'
Vendus moyen pied au marche du 10 novembre
Pour Pour En 4 quartiers. 1" V 3« Prix
Amenés. Paris, l'extérieur, totalité. kil. quai. quai. quai. moyen.
Bœufs 5.337 3,302 1,443 4,79.i 343 I.G4 l.iS i.22 1.42
Vaches 1.908 915 612 1,527 235 1.56 1.34 ' l.lfi 1.3.S
Taureaux 367 242 41 283 398 1.42 1.32 1.22 1.31
Veaux 3.056 1 ,S;!} 675 2,514 79 l.SG 16) 1.4) 1.60
Moutons.. ... 43,56'J 2Û,4S9 15,892 36,381 20 1.80 1.62 1 34 1.57
Porcs sras 8,179 3,097 4,384 7,481 82 1.2i 1.18 1.16 1.17
Les arrivages des marchés de la semaine se décomposent comme il suit :
Bœufs. —Aisne, 7; Allier, 20; Aveyron, 6; Calvados, 1,223; Canlal, 10; Charente, 73;
Cher, 58 ; Corrèze, 8; Côte-d'Or, 164; Côies-du-Nord, 5; Creuse, 36; Deux-Sèvres, 60; Dor-
dogne, 86; Eure, 54; Eure-et-Loir, 34; In. ire, 17; Loire, 12; Loir-et-Cher, 16: Lot-et-
Garonne, 12; IVlaine-et-Loire, 358; Manche, 256; Mayenne, 63; Meuse, 7; Morbihan, 41 ;
Nièvre, 454; Orne, 729; Puy-de-Dôme, 62; Saône-et-Loire, 4S4; Sarlhe, 56; Seine-Infé-
rieure, 60; Seine-et-Oise, G; T,irn-et-Gar'ûnne, 26 ; Vendée, 245; Haute-Vienne, 4; Yonne, 57.
Yaclies. — Aube, S; Calvados, 342; Cantal, 14; Cner, 26; Côte-d'Or, 19, Dordogne, 17;
Doubs, 7; Eure, 40; Eure-et-Loir, 52; Loire, 9; Manche, 154; .Marne, 6; Meuse, 3; Nièvre,
175 ; Oise, 6; Orne, 174; Puy-de-Dôme, 56 ; Saôae-et-Loire, 83; Sarthe, 6 ; S?ine, 107; Seine-
Inférieure. 22, Seine-et-Marne, 19; Seine-et-Oise. 40; Vendre, 8; Hante-Vienne, 8; Yonne, 24.
Taureaux. — Allier, 3; Aube, 5; Calvados, 29; Cher. 2; Côte-d'Or, 10; Côtes-du N3rd, 4;
Creuse, 2; Deuv-Sùvres, 4 ; iJoubs, 4; Eure, 10; Eure-ei-Loi'r, 14; lle-et-Vilaine, 18; Indre, 2 ;
Loire, 2; Loire-Inférieure, 1 ; Loiret, 2 ; Maine-et-Loire, 14; Manche, 26 ; Marne, 2: Mayenne,
2 ; Meuse, 1; Nièvre, 13 ; Oise, 4;0.ne, 12; Puy-de-Dôme, 3; Saône-et-Loire,' 5; Haule-
Saône, 12; Sarthe, 14; Seine-et-Marne, 11; Seine-et-Oise. 13 ; Yonne, .5.
Veaui. —Aube, 245; Aveyron, 40; Calvados, 21; Cantal, 35; Eure, 196; Eure-et-Loir,
252; Haute-Garonne, 9(1 ; Loiret, 234 ; Manche, 3; Marne, 118; Oise, 55; Puy-de-Dôme, 164;
Sarthe, 45; Seine-Inférieure, 84; Seine-et-Marne, 271; Seine-et-Oise, 41; Yonne, 112.
Moutons. —Aisne, 426; Allier, 1,083; Aube, 695; Cantal, 401; Charente, 100; Cher, 60;
Correze, 90; Eure, 353; Eure-et-Loir, 41; Loiret, 165; Marne, 250; Haute-Marne, 2,067;
277; Meuse, 64; Nièvre, I8S; Seine, 46; Seine-et-Mirne, 2.(167 Seine-Oise, 2,110; Haute-Vienne,
108; Yonne, 202;Allemagne, 12,125; Hongrie, 6,785; Russie, 9.711.
Porcs. — Allier, 667; Calvados, 155; Charente, 281 ; Charente-Inférieure, 34; Cher, 160:
Côte-d'Or, 98; Côtes-du-Noid, 87; Creuse, 144; Deux-Sèvres 6.55; Ille-et-Vilaine, 204; Indre,
205; Indre-et-Loire, 38; Loire. 56; Loire-Inléneure, 195; Loir-et-Cher, 111; Maine-et-Loire,
584 ; Manche, 107 ; Mayenne 45; Nièvre, 644; Puy-de-Dôme, 172 ; Rhône, 83 ; ."^aôneet-Loire,
227; Sarthe, 1,499; Seine, 6; Seine-Inférieure, 18; Vendée, 580; Vienne, 15i; Haute-
■Vienne, 40.
280 REVUK COMMERCIALE (15 NOVEMBRE 1884).
Les arrivages ont été sensiblement supérieurs à ceux de la semaine précédente
Les prix de toutes les sortes sont en baisse de 0 fr. 05 au moins. — Sur les mar-
chés des départements, ou cote : Nancy, bœuf, 84 à 88 fr. les 1 00 kilog. bruts;
vache, 60 à 86 fr.; veau, 52 à 64 fr.; mouton, 80 àlOO fr.; pove, 64 à 68 fr. —
Rouen, veau, le kilog. 1 fr. 50 à 1 fr. 95; porc, 1 fr. à 1 fr. 35. Sedan, bœuf,
1 fr. 60 à 1 t'r. 80; veau, 1 fr. 40 à 2 fr. 10; mouton, 1 fr. 50 à 2 fr. 40; porc,
1 fr. 40 à 1 tr. 8j. — Bourg, bœuf, 60 à 85 fr. les 100 kilog. sur pied; veau
95 à 10 J fr. ; porc, 70 à 88 fr. — Ville franche (Rhône), bœuf, 1 fr. 35; vache,
1 fr. 25; veau, 1 fr. 75; mouton, 1 fr. 65; porc, 1 Fr. 45. — Bourgnin, bœuf,
0 fr. 66 à 0 fr. 76 sur pied; vache, 0 fr. 65. à 0 Ir. 75: veau, 0 fr. 95 à 1 fr.;
mouton, 0 fr. 80; porc, U Ir. 90 à 0 fr. 92. — Nevers, ba-ul, 1 fr. 60 à 1 fr. 80;
vache, 1 fr. 40 à 1 fr. 60; veau, 2 f r ; mouton, 2 fr.; porc, 1 fr. 60. — Lk Puy,
bœuf, 1 fr. 75 le kilog. — Barbezieiix, bœuf, 1 fr. 60 à 1 Ir. 80; veau, 1 fr. 80;
mouton, 1 fr. 40 à 1 ir. 60 ; porc, 1 fr. 30 à 1 Ir. 60. — Cnndom, bœul', 1 fr. 60 à
1 fr. f-0; veau, 1 fr. 50 à 1 fr. 70; vache, 1 fr. à 1 ir. 20; mouton, 1 fr. 70 à
2 fr. 20; agneau, 1 fr. 60 à 1 ir. ^0; porc, 1 fr. 30. — Nice, bœuf, 1 fr. 60 à
1 fr. 65; vache, 1 fr. 35 à 1 fr. 40; veau, 1 IV. 60 à 1 fr. 65; mouton, 1 fr. 50
à 1 fr. 55.
Viande à la criée. — Il a été vendu à la halle de Pans, du 3 au 9 novembre :
Prix du kilog. le 9 novembre.
kilog. t" quai. ■;• quai. 3* quai. Chou. Basse 3c.;cherle.
Bœuf ou vache... 150,633 \J,r> à 1 90 1.3i à L.'.'i 1.00 à 1..32 1.40 à l.hO 0.20 à 1.26
Veau 169,430 1.70 2.00 1.48 1.6S 1.16 1.46 ■ •• » .
Mouton 79,776 1.34 1.60 1.12 l.S> 0.86 1.10 1.46 3.00 » »
Porc 62,180 Porc frais 1.10 à 1.30.
467,019 Soitparjour 66,117 kilog.
Les ventes ont dépassé de 2,000 kilog. par jour celles do la semaine précé-
dente. Les prix sont in'érieurs surtout pour le veau et le porc.
XllI. — Cours de la viande à l'abattoir de la Tillelte du jeudi 13 novembre {par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On vend à la Villette par 50 kilog. : 1" qualité,
63 à 65 fr. ; 2% 55 à 60 fr. Poids vif, 43 à 45 fr.
Bœufs. Veaux. Moutons.
1" u' 3- I" 2- 3' I" 2"
qaal. quai. quai. quai. quai. quai. quai. quai. quai.
fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr.
80 74 67 108 100 94 84 77 68
XIV. — Marché aux bestiaux de la Villette du jeudi 13 novembre 1884.
Cours des commissionnaire'
Poids Cours officiels. en bestiaui.
Animaux gênerai. 1" 2* 3' Prix 1" 2* 3* Prix
amenés. Inrendos. kil. quai. quai. quai, extrêmes. quai. quai. quai. extrêmes
Bœufs 2 242 ■ 348 1.6» 1.54 1.26 l.20àl.72 1.66 1 &2 1.2S 1.20àl 70
Vaches 591 » '36 1.60 1.44 1 20 1.16 16» 1.60 1 42 1.20 l.lS 1 62
Taureaux... 130 » 390 1 48 1.38 1.28 1.20 I 52 1.46 1,36 1.28 1 20 1 52
Veaux 1.073 60 81 1.90 1.70 l.bO 1.30 2 10 » » » »
Moutons 16 984 740 19 I 90 1.70 1.48 1 40 1.96 » • • »
Porcs gras.. .4.119 49 80 1.28 1.2J 1.18 I.IO 132 » » • •
— maigres.. » > ■••»•»■»■•
Vente lente sur le gros bétail, mauvaise sur les moutons et les porcs.
XV. — Rf!sumé.
En résumé, les fluctuations de la semaine n'ont pas grande importance. Les
cours se maintiennent, et se sont même relevés un peu pour les sucres et les
alcools. A. Rémy.
BULLETIN FINANCIER
La baisse est à peu près générale sur toutes les valeurs. On cote : 3 pour
100, 78 fr. 10; — 3 pour 100 amortissable, 79 fr. 75 ; — 4 et demi pour 100
ancien, 103 fr. 25; 4 et demi pour 100 nouveau, i07 fr. 50.
Les actions des établ.ssements de crédit sont aux cours suivants : Banque de
France, 5,160 fr. ; Banque de Paris et des Pays-Bas, 710 fr.; Comptoir d'es-
compte, 958 fr. 75; Crédit foncier et agricole d'Algérie, 475 f'. ; Crédit foncier,
1,2«5 fr.; Banque d'escompte de Paris, 507 fr. 50; Crédit lyonnais, 510 fr.
Société de dépôts et comptes courants, 616 fr. 25. — Les chemins de fer sont
cotés : Est, 762 fr. 50; Paris-Lyoa-Médiierranée, 1,210 fr.; Midi, 1,750 fr. 25;
Nord, 1,620 fr.; Orléans, l,31ufr.; Ouest, 820 fr. E. Féhon.
Le Gerunl : A. BouonÉ.
CHRONIQUE AGRICOLE ,n novembre issa).
Discussion à la Conimission i!e la Chambre des députés chargée d'examiner le projet de loi sur
le relèvement des tarifs de dou.ine. — Rejet du projet relatif aux droits sur le bétail. — Vel-
léité de recommencer une enquête agricile. — Vote du principe du rclèvaraent du droit Eur les
céréales. — Ri>jet par la Chambre dos députés de toutes les propositions relatives :iux buissons
— La récolte du blé en Amérique en 1884. — Le phylloxéra — Reunion de la section per-
manente de la Commission supérieure. — Subvention à des syndicats. — Taches phylloxé-
riques dans ^arrondi^sement de Charollcs. — Travaux de défense dans la Côte-d'Or. — Rapport
supplémentaire de M. Hugot sur le budget de l'agriculture. — Héun'ou des Comices du Pas-
de-Calais. — Réunion des Comices et Sociétés agricoles de la Mayenne. — Vœux du Comice
central de la Loire-Inférieure. — Projet d'une exposition intemalion île de meunerie et de bou-
langerie. — Concours de la Société hippique fr.inçiise en 1885- — Projet de créaiion de stations
séricicoles. — Recherches de M. Aime Girard sur la migration du sa charose dans la betterave.
— Communication de M. Pagnoul à la Société d'agriculture du Pas-de-Calais sur les betteraves
de M. Deeoninck. — Concours de fromages et de beurre.^ à Salers. — Questions d'enseignement
agricole. — Concours pour la station agrom-mique de Nice. — Admissions à l'école nationale
d'horticulture de Versadles. — Election de M. L'on Say comme pri?sident de la Société centrale
d'horticulture. — Concours d'animaux de bouherie à Pauiiers et à Chàlon. — Analyse des pro-
grammes des concours régionaux île Montpellier, Beauvais, Lyon et Montauban. — Etude
M. de l'Epine sur la reprise de la culture de la garance dans Vauc^use. — Notes de MM. Pagnoul,
Bronsvick, Gy de Kermavic sur la sitijation des récoltes dans les départements d.i Pas-de Calais,
des Vosges, du Morbihan, de la Nièvre. — Réunion des délégués des Associations agricoles
à Paris.
I. — Un travail laborieux.
Il est assez difficile de suivre les péripéties des discussions de la
Commission de la Chambre des députés chargée d'étudier le projet
de loi sur le relèvement des tarifs de douane sur les bestiaux. Tout
d'abord, elle mène lentement ses travaux, elle passe des semaines
sans se réunir, elle convoque successivement les ministres, elle
se fait communiquer le rapport de l'enquête administrative sur la
situation agricole dans le département de l'Aisne. Après un grand
mois de travaux de cette nature, tout d'un coup elle émet un vote
rejetant le projet du gouvernement. C'est son droit. iVIais elle a des
amendements, et de nombreux amendements à examiner. Vous
croyez peut-être qu'elle va procéder à un nouveau vote, qu'elle les
rejettera ou les acceptera. Ce serait beaucoup trop simple. Suffisam-
ment éclairée tout à l'heure lorsqu'il s'agissait du bétail, elle ne l'est
plus lorsqu'il s'agit du blé. Il faut qu'elle interroge encore le gouver-
nement, qu'elle s'informe à droite et à gauche; elle réclame du minis-
tre de l'agriculture qu'il fixe le quantum du droit sur le blé qu'il est
prêt à défendre devant le l'arleuient. Harcelé, fatigué, le ministre lui
répond qu'il croit boa de s'en tenir à un droit de 10 pour 100. Le
télégraphe s'empare de cette déclaration, et deux jours après nous la
retrouvons dans tous les journaux des pays étrangers ; elle a filé en
Amérique, en Australie, aux Indes, et tous les commerçants ont com-
mencé leurs calculs sur cette base. Quant à la Commission, son opi-
nion n'est pas encore faite; sans crier gare, elle déclare qu'il lui faut
faire à son tour sa petite enquête dans le déparlement de l'Aisne; elle
délègue trois de ses membres, MM. Clemenceau, Georges Graux et
Frédéric Passy, pour mener celle enquête; et puis chacun rentre chez soi
jusqu'à nouvel ordre. Voilà l'histoire delà semaine dernière. Singulière
et bizarre conclusion; l'enquête faite par le ministère de l'agriciillure
était jugée excellente lorsqu'on a eu à discuter les droits sur le bétail,
elle ne vaut plus rien lorsqti'il s'agit des droits sur le blé. Les vœux
des Conseils généraux, ceux des Associations agricoles, sont considérés
comme non avenus; on déclare qu'on a le temps d'aviser et qu'on
pourra voir, en 1885, si l'on a le temps de s'occuper des intérêts agri-
coles; la session actuidle est bien chargée, pourquoi la surcharger
encore ? Hàtons-nous de dire que cette conduite a été sévèreinent jugée
dans la Chambre des députés ; le groupe agricole s'est ému, et il a
K 815. — Tome IV de 1884. — 22 Novembre.
282 GHRONIUUE AliKICOLE (22 NOV.CMBKE 18^4).
cUerché les moyens propres à sortir de celte impasse. Voyant qu'elle
i'.iisai'i fausse route, la Commission s'est réunie de nouveau le 18 no-
vembre : elle a abandonné son projet d'enquête et elle a ado[)té le
principe de la surélévation du droit de douane sur le fronr.ent et sur la
farine. C est quelque chose ; mais il faut en linir, prendre surtout une
lésolution définitive; les tergiversations ne sont plus de mise. Nous
espérions, avec tous les agriculteurs, que la question serait vidée
à la fin du mois de novembre ; noui nous sommes trompé, et nous
le regrettons, non pour nous, mais pour ceux qui ne veulent pas
comprendre les dangers de la situation actuelle. Toute solution,
quelle qu'elle soit, vaut mieux que l'incertiludj prolongée qui fait le
plus grand tort noa seulement à 1 agriculture, mais encore au com-
merce dont on prétend sauvegarder les intérêts.
II — L'impôt sur les vins et h'vinage.
Dans notre dernière chronique, nous avons donné les résultats des
premiers voles de la Chambre des députés dans la discussion rela-
tive à l'impôt sur les vins et au vinage. Cette discussion a été longue
et elle a passé par des péripéties assez inattendues. Après avoir re-
poussé la réduction des droits sur l'alcool employé au vinage das
vms jusqu'à 15 degrés, la Chambre a successivement rejeté un cer-
tain nombre de propositions subsidiaires, et finalement l'article I" du
projet de la Commission. Plusieurs séances ont été employées pour
arriver à ce résultat absolument négatif. On restera, temporairement
du moins, dans la situation actuelle; mais cela veut mieux que le
projet élaboré par la Commission de la Chambre, et dont M. Jean Da-
vid était le rapporteur. Le devoir du gouvernement n'en reste pas
moins étj'oii, c'est de faire surveiller rigoureusement à nos Ironlières
l'introduction des mixtures alcooliques qui pénètrent en France sous
le nom de vin qu'elles ne méritent à aucun égard.
III. — La recolle du blé en Amerujue.
Le département de l'agriculture à Washington viftnt dî publier ses
appréciations sur les recul tes aux Ktals-l^nis, au mois d'octobre, l'après
ce rapport, la récohe du froment dépasserait de 100 millions de bushels
(25 millions d'hectolitres) celle de 'I8S3, et le rendement moyen
sérail de 13 bushelset demi par acre (Il hectolitres .Si pu- heciarie'.
En admettant que la surface cultivée soit la même qu'en 1883, son
14,-s97,200 hectares, le rendement total serait de 172, 3113, OtlO hecto-
litres. — Pendant la dernière année fiscale (1" juillet 1883 an
30 juin 1884), les Etats-Unis ont exporté 70 millions de busheLs
(24,500,000 hecloliLresj de grain, et 8,15'2,(i>0l» barils de farine de
froment.
IV. — Le phylloxéra.
Dans sa séance du 18 novembre 18S4, la Section permanente de la
Commission supérieure du phyiloxera a ordonné le traitement admi-
nistratif au moyen du sulfure de carbone des taches phylloxériques de
Tournon (arrondissement d'Albertville, Savoie) eldu canton de Nemours
(Seine-et-Marne) Elle s'est occupée ensuite des taches constatées dans
les communes de Mauves et Oudon (Loire-Inférieure). — Après avoir
posé en principe qu'à l'avenir les propriétaires syndiqués, en vue d:
la défense de leurs vignes par le sulfure de carbone et le sulfocarbonate
de potassium, qui ont syndiqué une surface de 5 hectares au plus
CHRONIQUE AGRICOLE '(22 NOVE MB KE 1881). 283
seraient appelés à bénéficier des subventions de TEtat, la Section per-
manente a examiné les demandes de subvention suivaates :
r^ùmljre Noinlire
des syndicats, des projjrictaires. Sariaceg.
Hectares.
Ain 34 23.80
Alpes (Basses-) I 34 38.28
Ardèche ;! 152 136.00
Aube 139 l,883.1.'i
Aveyroii 25 'iO-ôâ
Bouches-du-Rhône lOi) 410. 2&
Cùte-d'Or 45 1,IH3 2,692.42
Diô:ne 4 154 2U9.89
Gard 4 246 .216.80
Garonne (Haïute-) 2 30 293. T4
Gironde 12 274 663.20
Hérault 1 18 60.80
Indre....; 1 12 4.90
Isère 5 143 133.85
Loir-et-Cher 9 594 628.00
Loire , 19 693 468.84
Lot-et-Garonne .. 2 24 147.92
Pyrénées (Hautes-) 2 79 18.5.32
Pyrénées-Orientales 5 124 819.85
Rhône 1K9 5,728 6,79'J.21
S,iône-et-Loire 16 420 525.11
Tarn-et-Garonne 1. 16 9.49
Var . 1 16 27.50
Vaucluse. 2 24 40.08
Vienne 1 li 3.ÛÛ
Soit en tout 348 syndicats coinpreaant 10,257 propriétaires pour
16,448 hectares 95 ares. — Jusqu'au 18 novembre 1884, la Section
permanente a eu à examiner 716 syndicats, comprenant 18,626 [»ro-
priètaires et -43,1 77 hectares.
Nous apprenons que la présence du phylloxéra a été constatée dans
des vignes de l'arrondissement de CharoUes (Saône-et-Loire). D'autre
part, on annonce une extension du fléau dans le canton de Beaumont
(Seine-et-Marne).
Le rapport présenté, dans sa dernière session, auGonseil général de
laCôte-d'Or, par .M. Alagnien, professeur départemental d'agriculture,
donne un tableau de l'invasion dn phylloxéra dans ce riche département
viticole. Les ravages de l'insecte ont été signalés jusqu'ici dans 58
communes, dont 33 dans l'arrondissement de Lîaaune, i'i- dans celui
de Dijon, et 1 dans celui de Semur; sur ce total, 'J ont été reconnues
pliyllo.xéfées en 1884. Des syndicats nombreux se sont constitués ; il
en existe aujourd'hui 42, comptant 1 ,2^7 associés, pour une surface
syndiquée de 3,16'! iiectares. Dans sa séance du 15 octobre dernier,
le Comité central contre le phylloxéra dans le département a repoussé
la demande présentée par le Comité d'agriculture de Beauue ausujel de
rinlroduction des cépages américains dans ce département.
V. — Bad'jel di l'agriculture.
En analysant le rapport présenté par iM. Hugot à la Chambre des
députés sur le budget du ministère de l'agriculture, nous avons pro-
testé contre quelques-unes des diminutions proposées. Nous sonimcs
heureux de constater qu'un rapport supplémentaire de M. Hugot donne,
en partie au moins, satisfaction à ces réclamations. La diminution
sur les dépenses de renseignement ai^ricole ne serait plus que de
6,000 fr., au lieu de 5O,000'fr. ; le crédit de 10,000 fr. pour subven-
tions aux établissements privés a été rétabli ; le crédit pour le personnel
des haras et dépôts d'étalons n'est diminué que de 30,600 fr., au lieu
284 CHRONIQUE AGRICOLE (22 NOVEMBRE 1R84).
de 40,600 fr. Par contre, une diminution de 48,500 fr. est proposée
sur les encouragements à l'agriculture et au drainage, aint.i qu'une
nouvelle réduction de 57,000 fr. pour les études et subventions aux
travaux d'irrigation.
VI. — Vœux des associations agricoles.
Une réunion générale des sociétés d'agriculture du Pas-de-Calais
a eu lieu à Bethune, le 1',) octobre, sous la présidence de M. Ddlory,
président du Comice agricole de Bélhune. Voici le texte des vœux qu'elle
a transmis aux sénateurs et aux députés du département :
1° Réclamer l'établissement d'un droit proportionné à l'écart qui existe entre
le prix de vente et le prix de revient sur les Liés, farines et issues, le prix Je
revient étant fixé à 22 francs l'hectolitre de blé.
2" L'établissement de droits compensateurs sur les autres céréales ;
3" L'élévation des droits d'entrée sur le bétail, ce droit étmt établi au poids.
Le même droit sur les viandes abattues.
k" Le vote de la loi sur le sucrage des vins et boissons alcooliques.
5» Le vote de la loi sur le vinage à prix réduits.
6° Le relèvement des droits sur les laines, textiles et les graines oléagineuses.
Une réunion des Comices et sociétés a,i;ricoles de la Mayenne a eu
lieu le 15 novembre, à Laval, sous la présidence de M. Le Breton, pré-
sident de l'Association des agriculteurs de la Mayenne et du Comice de
Laval. Elle a adopté les vœux suivants :
« A l'unanimité, elle émet le vœu qu'il soit établi à l'entrée des céréales étran-
gères un droit de douane équivalant au moins à la somme des charges de toute
nature supportées par les céréales récoltées en France.
« A la majorité de 57 voix contre 12, elle émet le vœu que les droits d'importa-
tion du blé soient gradués de la manière suivante : Au cours moyeu de 22 à 24 fr.
l'hectolitre, droit d'entrée, 3 fr. l'hectolitre; — au cours moyen de 24 à 25 fr.,
2 fr ; — au cours moyen de 25 à 26 fr., 1 fr.; — au-dessus du cours moyea de
26 fr. l'hectolitre, le droit d'entrée serait supprimé.
« Au contraire : au cours moyen de 20 à 22 fr. l'hectolitre, le droit d'entrée
serait porté à 4 fr.; — au cours moyen de 18 à 20 fr., ."S fr.; — au cours moyen de
16. à 18 fr., 6 fr.; — au cours moyen de 14 à 16 fr., 7 Ir.
« Pour tous les produits autres que le blé, admettant en principe que tous les
produits agricoles français supportant une somme d'impôts de toute nature éi^ui-
valant au moins à 15 pour luO de leur valeur moyenne, la réunion émet le vœu
qu'il soit établi à l'entrée de tous les produits similaires importés de l'étranger un
droit fixe et permanent représentant 15 pour 100 des valeurs moyennes de chacun
de ces produits, pendant les dix dernières années, telles qu'elles ont été fixées
par l'administration des douanes et publiées dans les documents officiels. »
Dans sa séance du 8 novembre, le Comice agricole central de la Loire-
Inférieure, après avoir rédigé ses réponses au questionnaire de l'enquête
parlementaire, a adopté les conclusions suivantes :
« Nous nous bornerons à u«er d'un droit, du droit de nous plaindre et de
réclamer, et tant qu'on maintiendra contre l'agriculture une situation exception-
nelle, nous nous ferons un devoir de pi'otester.
a Nous demandons dune pouri[uoi nous, l'agriculture, nous l'industrie la plus
nécessaire, l'œuvre par excellence, qui em[iloyons le plus de bras et faisons vivre
le pays, qui subissons toutes les charges, qui soames soumis aux durs travaux,
qui sommes en présence, le |)lus souvent, de tant de dilficult 'S, qui sommes livrés
à tous les éléments, pourquoi nous l'honneur et la grande ressouice de la France,
pourquoi sommes-nous condamnés au traitement le plus inégal et le plus rigou-
reux, et pourquoi seule de toutes les industries, restmis-nous sans protection? Le
devoii- du Comice est donc de réclamer, au nom de l'équité et de l'égalité, des
conditions qui soient une réparatio i du passé, une assuran';e d'avenir et rendent
enfin l'espéiance. Et nous bornant, quint à présent, à la question des blés et tra-
duisant par un chiffre Is nature et l'importance de la protection qui nous est
divenue de plus en plus nécessaire, nous Comice agricole central de la Loire-
CHRONIQUE AGRICOLE (22 NOVEMBRE 1884). 285
Inférieure demandons qu'un droit de douane de cinq francs par 100 kilosf. de blé
étranger introduit en France soit imposé à titre de campeniation des avantages
que ces blés rencontrent, sous tant de formes diverses, dans les pays qui les
ont produits.
« Le relèvement de nos cours avilis est à cette condition et le salut de notre
agriculture à ce prix. »
On trouvera plus loin un compte rendu de la réunion de la Ligue
des cultivateurs du Nord-Est, qui a eu lieu à Nancy, le 16 novemljre
courant.
\ll. — Exposition internationale de meunerie.
Une exposition internationale de meunerie, delà boulangerie et des
industries qui s'y rattachent, se tiendra à Paris du 1" mai au 31 octo-
bre 18!S5. Cette exposition est placée sous le patronage de M. le ministre
de l'agriculture ; elle a pour commissaire général Al. Louis Lockert,
ingénieur, rédacteur en chef du Journal de la meunerie. Nous lui souhai-
tons un succès complet; elle ne peut manquer de présenter un
grand intérêt, à raison des modilicalions qui se produisent dans le maté-
riel de la meunerie.
VllI. — Concours de la Société hippique française.
Les cinq concours de région et le concours central de chevaux de
service, organisés par la Société hippique française sous la présidence
(le M. le marquis de Mornay, se tiendront en IS<Sô comme il suit :
concours du Midi, à Bordeaux, du 8 au l5 février; — concours de
l'Ouest, à Nantes, du I" au 8 mars; — concours central de Paris,
du 28 mars au 16 avril; — concours du Sud-Est, à Lyon, du 3
au 10 mai; — concours du Nord, à Lille, du 2'i au 31 mai; — con-
cours de l'Est, à Nancy, du 23 au 28 juin. Dans ces six concours, il
pourra être décerné 1,641 prix, pour une somme totale de
340,902 fr. 50.
IX. — Travaux parlementaires.
Parmi les propositions soumises récemment à la Chambre des dépu-
tés, nous devons signaler une proposition présentée par M. des Ilotours
et plusieurs de ses collègues, ayant pour objet de dispenser delà licence
et de l'exercice les propriétaires qui distillent exclusivement les bette-
raves provenant de leur récolte.
M. Adolphe Pieyre propose, de son côté, de créer 12 stations séri-
cicolesà Nîmes, Al as, Uzès, Le Vigan, Saint-Ambroise, Ganges, Les
Vans, Pont-Saint-Esprit, Hagnols, Privas, Avignon et Valence. Les
producteurs et marchands de graines de VQi's à soie seraient tenus d'y
faire vérifier leurs produits.
X. — Sucres el betteraves.
Dans une note présentée à l'Académie des sciences le 10 novembre
M. Aimé Girard, professeur au Conservatoire et à l'Institut agrono-
mique, a fait connaître les résultats des nouvelles expériences qu'il a
exécutées en 188 V pour contrôler ses recherches antérieures sur la for-
mation du sucre cristallisable dans la racine de la betterave. De ces
expériences, il résulte que, formé dans les limbes des feuilles sous
l'influence de la lumière, le saccharose émigré ensuite vers la souche
à travers le pétiole, « Ces faits, ajoute t-il, ont non-seulement au point
de vue scienlilique, mais encore au point de vue pratique, unei.mpor-
tance que l'on ne saurait méconnaître. En nous apprenant que c'est
du fonctionnement des limbes que dépendent directement la formation
286 GHRONIQUK AGRICOLE (22 NOVEMBRE 1884).
du saccharose et, par suite, son emmagasinage dans la souche, ils
indiquent à quel degré le cultivateur et le producteur de graines de
betleraves doivent se préoccuper de la nature et de l'aptitude saccha-
rogènes des organes aériens des sujets qu'Us destinent à la repro-
duction. »
Les cultivateurs se préoccupent beaucoup de 1;î nature des graines
de betleraves à adopter pour les prochaines semailles. Nous publierons
prochainement une excellente notice que \I. Violette, doyen de la Faculté
des sciences de Lille, dont les travaux sur la betterave jouissent d'une
si grande autorité, nous a envoyée sur ce sujet. D'autre part, M. Pagnoul,
directeur de la station agronomique d'Arras, a présenté, dans sa
séance du 8 novembre, à la Société centrale d iigricuUure du Pas-de-
Calais, des observations que nous croyons utile de reproduire :
te M. Pagnoul dépose sur le bureau des betterrives prises par lui-même dans un
champ appartenant à M. Plaisant, du faubourg Ronville. et dont la graine a été
fournie par M. Deconinck. Ces betteraves sont de belle forme, peu racineuses et
lui ont donné à l'analyse les résultats suivants :
Poids. Densité. Sucre par décilitre de jus. Pureté.
630 gr. 6.8 15.31 87
&9fi 7.8 17.90 8K
610 7.9 17.9;i 88
867 8.1 18.73 89
<• Deux autres lots envoyés au laboratoire de la station provenant d'autres points
du département ont donné :
Poids Densité. Sucre par décilitre de jus. Pureté.
393 gr. 7.1 15.-44 82
470 7.1 16 04 87
« Ces dernières étaient plus courtes et plus racineuses.
■c On voit qu'au point de vuedelaricbesseet delà quantité, ces betteraves sont tout
à fait exceptionnelles; le rendement sur le cbamp de M. Plaisant était également
très élevé, puisque les plantes étaient à peu près à 10 au mètre carré, avec un
poids moyen de 678 grammes. On peut donc, avec cette variété de betteraves,
par une culture appropriée et dans une terre assez profonde, obtenir des résultats
réellement remarqualiles et M Deconinck aura rendu un service réel à l'agricul-
ture et à l'industrie en 1 introduisant en France.
« C'est ce que pense M. Bouillez-Bridou, président, en remerciant M. Pagnoal
de cette intéressante communication. Il fait ensuite remarquer que vu le bas
prix offert celte année par les fabricants de sucre pour la betterave commune
dégénérée, il devient indispensable pour l'agriculteur de produire une betterave
de qualité. On arrivera toujours à ce résultat : 1" en recherchant une bonne graine ;
2° en mettant, autant que possible, 10 racines au mètre carré; 3" en semant sur
umier de l'année précédente. Quant aux engrais, on pourra ajouter un tiers de
nitrates pour activer le développement des Feuilles et deux tiers de superphos-
phate. »
Le Conseil général du Pas-de-Calais a voté une somme de 30,000 fr.
à répartir en trois années pour encourager par des concours la pro-
duction de la betterave riche. Le premier de ces concours aura lieu
en 1885.
XL — Concours de l'industrie laitière.
Le 9 novembre, a eu lieu à Salers (Cantal), sous la présidence de
M. Tissandier d'Escous, président du Comice agricole, le concours
comprenant la bonne installation et la bonne tenue des burons, et la
meilleure fabrication des fromages et des beurres. Aucun candidat ne
s'est fait inscrire pour la bonne tenue des burons : néanmoins plu-
sieurs primes ont été décernées à des vachers. Les principaux prix ont
été attribués : pour les fromages, à M. Besson et à M. Guy-Rongicr,
CHRONIQUE AGRICOLE (22 NOVEMBRE 188i). 287
l'un et l'autre fermiers au Vieilmur; poar les beurres de lait, à
Mme Faure, propriétaires Salers. Aucune récompense n'a été décernée
pour les beurres de petit-lait.
XII. — Enseignement agricole.
Le projet de loi tendant à autoriser le département de la Somme à
contracter un emprunt de 120,000 francs pour la création d'une éode
pratique d'agriculture, a été définitivement voté par le Parlement. La
loi a été promulguée au Journal olficirl du IG novembre.
M. Adolphe Pieyre vient de présenter à la Chambre une propusition
de loi ayant pour objet de créer dans chaque lycée ou collège de 1 Etat
un emploi de professeur d'agriculture. Ce serait Fintroduction délini-
live des sciences agricoles dans l'enseignement universitaire. On a
beaucoup fait en introduisant les notions d'agriculture dans les
matières obligatoires de l'enseignement |)rimaire ; il faut que l'agricul-
ture pénètre dans l'enseignement spécial et dans l'enseignement secon-
daire. Nous espérons donc que la proposition de M. Pieyre sera favo-
rablement accueillie; tous les amis de l'agricultuj'e doivent 1 appuyer
énergiquement. Le collège municipal de Melun a donné, sous ce rap-
port, un exemple dont le succès doit encourager les initiuiives
analogues.
Le 8' fascicule du Bullelin de la Société des professeurs départemen-
taux d'agriculture fait connaître les efforts que l'association poursuit
pour faire entrer l'agriculture dans le programme du brevet supérieur
pour les institutfurs. Ce serait une excellente innovation, qui donnerait
enfin une consécration sérieuse à l'enseignement agricole dans les
écoles normales.
XIII. — Station agronomique de Nice.
La Préfecture des Alpes-Maritimes nous communique l'avis suivant :
Par suite du décès de M. Laugier. directeur de la Station agronomique de Nice,
un concours pour la nomination d'un directeur de cette Station aura lieu, le
lundi 15 décembre prochain, à Paris, à l'Institut national agronomique où les can-
didats se réuniront à 9 iieures du matin. Ceux-ci devront se faire inscrire avant
le I" décemi)re 1864, lerrne de, ri^i.cur, à la Pielectnrrt dea Alpes-Maritimes
(12° division), et. pioduire à l'appui de leur demande : 1» Leur acte de ]iais-anc«;
2" Un certificat constatant (ju'ils ont sati-1'.iit à la loi sur le lecrutement; 3" Une
notice sur leuis tiavauxet toutes les pièces permettant d'apprécier leurs antécé-
dents et leur mérite; 4" Un programme détaillé des études expérimentales et des
recherches scientiliquea qu'ils se proposent de faire sur les cultures et les diffé-
rentes industries agricoles a|ipropriées au département dos Alpes-Maritime.s,
ainsi que sur les matiè'cs utiles k i'agiiculture
Les épi'euves auxquelles seront soumis les candidats consisteront : 1" En une
épreuve de chimie pratique qui seia fa'te au lalioratoire de l'Institut agionomique ;
— 'i" En une épreuve de micrographie ; — 3" En questions si le jury le jufje né-
cessaire, sur la chimie agricole, la physiologie et l'agricultuiie ; — 4" Dans l'exa-
men des titres scienti[i.(ues et des travaux des candidats.
Un traitement de 5,000 fr. est attribué au directeur qui, en outre,
a son logement dans les bâtiments de la Station.
XIV. — Ecole naiionule d'horticulture de Versailles.
La rentrée des élèves à l'Ecole nationale d'horticulture de Versailles
a eu lieu le 1" oi^tobre dernier. Les élèves admis en première année ont
subi, à leur arrivée, un examen de classement dont voici le résultat :
1. Plament, d'Emmerin (Nord). — 2. Savès, deRoquefoit (Haute-Garonne). —
.3. Gouilot, de Cusnes (Nièvre;. — 4 Guillemain, de Sury (Gliarenle). — 5 Phe-
lippeau, de Vouillti-lcs-Marais ^Vendée). — 6. Pressoir, d'.icy (Aisne). — 7. Ro-
23S CHRONIQUE AGRICOLS (22 NOVEMBRE 1884).
qiie^!, de Villasavary (Aude) — 8. Sprécher, d'Azannes (Meuse). — 9. Arabeyre,
a Artis (Ariège). — 10. Prévost, de Saint-Gioud (Seiue-et-Oise). — 11. Arailhat,
des Allemands (Arisge). — 12. Blanchon, de Milly (Seine-et-Oise). — 13. Mail-
let de Guyancourt (Seine-et-Oisel. — 14. Berlhier, de Bourbon-l'Ancy (Saône-et-
Loire). — 15. Nomblot, du Creuzot (Saôue-et-Loire). — 16. Baiilaud, de Nevers
(Nièvre). — 17. Cliâtel, d'Elincourt (Oise). — 18. Divoire, de Gompiègne (Oise).
— 19. Girard, de Plaisir (Seine-et-Oise). — 20. André, de Gléder ^Finistère). —
21. Dehayes, de Gondé-sur-Vesgre (Seine-et-Oisel. — 22. Verjut, de Dôle
(Jura). — 23. Rémûnd, do Besançon (Doubs). — 24. Rabet, de Bue (Seine-et-Oise).
— 25. Franciiault, de Paris. — -26. Hébrard, de Fontenay- sous-Bois (Seine). —
27. Gistowski, de Paris. — 28. Sadornau, deDraveU (Seine-et-Oi-e). — 29. Es-
nault, de Meau.x (Seine-et-Marne). — 30. Delhaye, de Bohain (Aisnel.
Hors classement. — Leclerc, de Versailles. — Jaussan, de B ziers (Hérault).
Ce nombre, ajouté à celui des élèves anciens de 2" et de 3'" année,
constituait, au \" octobre, un effectif total de 70 élèves.
XV. — Société centrale d'horticulture de France.
Dans sa séance du 13 novembre la Société nationaleet centrale d'hor-
ticulture de France a procédé à l'élection d'un président en rempla-
cement du regretté M. Lavallée. Le nombre des votants était de 262.
M. Léon Say a été élu par 182 voix, contre 57 à M. Horace de Choiseul
et 23 réparties entre diver.s noms. M. Léon Say a été proclamé pré-
sident pour les années 1884 à 1887 inclusivement. Dans cette séance
avait été organisée une très remarquable exposition de Chrysantèmes,
qui fait Je plus grand honneur aux horticulteurs dont elle renfermait
les produits.
XVL — Concours d'animaux de boucherie.
Le concours d'animaux de boucherie, qui a lieu annuellement à
Pamiers, se tiendra en 1885 le dimanche 8 février. On sait que ce
concours est organisé par la Société d'agriculture de l'Ariège et par
le Comice agricole de Pamiers. L'importance de cette solennité va en
augmentant d'année en année.
Le concours d animaux gras organisé à Chalon-sur-Saône pour la
région de l'est, se tiendra, en 1885, du 19 au 22 mars. A ce con-
cours seront Jointes des expositions d'animaux reproducteurs, de
volailles vivantes et d'instruments d'agriculture. Ne sont admis à y
concourir que les animaux engraissés dans les départements du Jura,
de l'Ain, de Saône-et- Loire, de laCôte-d'Or, de l'Yonne, de la Haute-
Saône et du Doubs et dans l'arrondissement de Belfort, ayant au moins
trois mois de résidence dans ces départements. L'exposition d'instru-
ment est ouverte aux constructeurs et dépositaires de tous pays. Les
exposants devront adresser, avant le 1" février 1885, à M. Gréa,
à Rutalier, par Vincelles (Jura), président du Comité d'organisa-
tion, une déclaration portant la désignation exacte de la race, de
l'âge et de k\s robe de chaque animal, la section et la classe dans
lesquelles il doit concourir.
XVII. — Les concows agricoles régionaux en 1885.
Dans Qotre dernière chronique (page 247), nous avons commence
l'analyse des programmes des concours régionaux de 1885 ; nous de-
vons achever aujourd'hui celte analyse, en ce qui concerne les con-
cours de Montpellier, de Beauvais, de Lyon et de Montauban.
Concours de MoNTPELrjF.R, du 2 au 10 mai, pour la région comprenant les
dé[)arteraents des Alpes Maritimes, de l'Aude, des Bouches-du-Rhône, de la
Corse, du Gard, de l'Hérault, des Pyrénées-Oiientales et du Var. — Espèce bo-
CHRONIQUE AGRICOLE (22 NOVEMBRE 1884). 289
vine, 3 catégories : I^race tarentaise ou tarine; 2° races françaises diverses pures,
plus spécialemenl aptes au tras'ail et à la production de la viande; 3" races lai-
tières françaises ou étrangères, pures ou croisées. Deux prix d'ensemble pour la
race tarine et pour les autres catégories, — Espèce oinim, 8 catégories : 1° races mé-
rinos et métis-mérinos; 2"race barbarine; S'racîS du Larzac; 4" races des Causses;
5° races du L^uraguais ; 6° races diverses françnises pures; 7° races étrangères;
8° croisements divers. Deux prix d'ensemble : pour la race m'rinos et pour les autres
catégories. — En pèce porcine, 3 catégories : 1° races indigènes pures ou croisées entre
elles; i° races étrangères pures ou croisées entre elles; 3° croisements entre races
françaises ei races étrangères. Uu prix d'ensemble. — Aninviux de basse-cour,
7 catégories : 1° coqs et poules (3 sections traces françaises diverses, races étran-
gères diverses, croisements divers) ; 2" dindons; Broies; 4° canards; 5° pintades;
6" pigeons; 7° lapins et léporides. Prix d'ensemble. — M'ichines et inslrumtnls
agricoles Exposition générale sans concours spéciaux. — Produits agricoles et
matières miles à l'agricullure, 9 concours spéciaux : 1" produits séricicoles;
2" huiles d'olive 3° produits maraîchers; 4° vins delà région (cépages français)
des récoltes de 1883 et 1884 ; 5° vins des cépages américains à production directe,
avec indication des cépages, de l'âge de la vigne, etc., et de l'âge du vin; 6° vins
de plants français gretiés sur souches américaines, avec indication du plant, de
l'âge de la vigne, etc., et de l'âge du vin ; 7° expositions scolaires ; 8" expositions
collectives faites par des administrations, les Sociétés et Comices agricoles et hor-
ticoles; 9° produits divers.
Gtnco'JRS î e Bi-:AiJVAis.du30maiau 7 juin, pour la région comprenant les départe-
ments de l'Aisne, du Nord, de l'Oise, du Pas-de-Calais, de la Seine, de Seine-et-Marne,
de Seine-et-Oise et delà Somme. — Espèce bovine, 6 catc'^ories : 1" race normande ;
2° race flamande ; 3" race hollandaise; 4° race durham; 5° croisements duiham;
6° autres races françaises et cioisements divers. Deux prix d'ensemble : pour les
trois premières catégories et pour les trois dernières. Bandes de vaclies laitières
en lait, 3 prix. — Espèce ovine, 4 catégories : 1° races mérinos et métis mérinos;
2° races trançaises diverses et croisements divers; 3" 'aces étrangères à laine
longue ; 4" races étrangères à laine courte. Deux prix d'ensemble : pour les méri-
nos et pour les autres catégories. — Espèce porcine, 3 catégories et un prix d'ei.-
semble comme à Montpellier. — Animaux de basse-cour, 7 catégories : 1"' co {s
et poules 16 sections : race de Crèvecœur, race de la Flèche, race de floudan, races
françaises diverses, races étrangère-! diverses, croisements divers); 2" dindons;
3" oies: 4" canards; 5" pintades: 6" pigeons; 7" lapins et léporides. Un prix
d'ensemble. — Machines et inttru/nents agricoles. Exposition générale sans concours
spéciaux. — Pj'cduits agricoles et matières uti'es à l agriculiure, 11 concours spé-
ciaux : 1" pavot-œillette; 2" lins teilles; 3° pommfis de terre pour féculeries;
4° semences de froment ; 5" semences pour herbages ; 6° cidres de Picar-
die; 7° produits maraîchers ; 8" arbres fruitiers formés, de deux ans de greffe ;
9° expositions scolaires; 10 expositions collectives; 11° produits divers.
GoN'COUKS DE Lyon, du 30 mai au 7 juin, pour la région comprenant les dé-
partements de l'Ardèche, de la Lo;re, do la Haute-Loire, de la Lozère, du Puy-
de-Dôme et du Rhône. — Espèce bovine, 8 catégories : 1" race charolaise;
2° race tarentaise ; 3" race de Salers : 4" race d'Aubrac ; 5" race deMézenc ; 6" race
durham ; 7'' races françaises et étrangères pures; 8° croisements divers. Deux prix
d'ensemble : pour la race charolaise et pour les autres catégoiies. Bandes de
vaches laitières en lait, 4 prix. — Espèce ovine. 4 catégories : 1° races fran-
çaises à laine blanche; 2" races françaises à laine noire; 3" races étrangères di-
verses; 4" croisements divers. Un prix d'enseml>le. — Espèce porcine, 3 catégories
et un prix d'ensemble, comme au concours de Montpellier — Animaux de basse-
cour, mêmes divisions qu'au concours de Montpellier. — Machines et instruments
agricoles. Exposition générale , et 7 concours spéciaux : 1" charrues et herses
vigneronnes ; î" charrues sulfureuses; 2° pompes à vin ; 4" pompes à purin et à
vidange ; b" pressoirs à vins; 6° coupe-racines; 7° hache-paiile. — Produits agri-
coles et matiei-es utiles à l'agriculture, 12 concours spéciaux : 1'^ fromages de lait
de chèvre ou de brebis, dits chevretons; 2" fromages de lait de chèvre ou de bre-
bis, dits Mont-d'Or; 3° vins de la côte du Rhône (récoltes de 183.', 1883 et 1884);
4" autres vins de la rég on (récolles de 1882, 1C83 et 18S4); 5» fruits fiais et
fruits conservés de la région; t" beurres frais; 7» produits de l'horticulture;
8" produits forestiers; &" plantes pour plantations et reboisements ; 10" exposi-
tions scolaires; 1 i" expositions collectives ; 12" produits divers.
290 CHRONIQUE AGIUCOLK (22 NOVEMrUK 1S84).
CoNXOLTiS DE INToNiAUUAN dii i-'ûmai àu 7 ]uiii, |iour la région compreniint
les (léparlements de l'Aveyron, lïn Ciintal, tle U Coiiè/.e, do la Creuse, l'.u Lot,
du Tarn et de Tarn-et Gaioniuv — As èca lovinr^ 9 fatct!iirics : 1" race i^aron-
naise; 2" race d'Auhrac; 'A" liice df. Salers ; 4" race d'Angles ; 5" lace iiiuousuie;
6" race marchoise ; 7" races t'raiiÇHises diverses ; 8" races étrangères diverses ;
; " croisements divers. Deux piix d'ensemble : pour la race garonnaise et pour les
autres catégories. Bandes de vaches laitières en lait, 3 prix. — Espèce ovme,
7 calégories : Prace du Larzac; 2" race des causses de l'Aveyron et du Ségalas ;
: ° i:ice delà Muntairne-Noire; 4" race des causses du Lot; 5° race du Lauraguais;
6" races françaises diverses pures; 7" croiscmeiiLs .:ivers Un prix d'ensemble —
Esirce porcine, 3 catégories et un prix d'ensemble, comme au concours de Mont-
pellier. — Animaux de hassi'-cour, 7 catégories : 1" coqs et poules (^ sections,
race de Gaussade, races françai-es diverses, races étrangères diverses, croise-
ments divers); 2" dindons; 3" oies ; 4" canards; 5" p'ntddcs; 6° pigeons; 6" la
lins et Icporides. Un prix d'ensemble. — Machims et instnuncnis u(jricoh'S.
Exposition générale, sans concours spéciau-^-. — ProduUs uQricoL'S et vuiVcres
unes à l'nfirkuUure, 9 concours spéciaux : 1" vins (trois seclions : vins ronges do
Tai'u-et-Gaionne des récoltes de 1882, 1883 et 18^4; vins rouges du Loi iies ré-
rollos de 18'i2, 18':>3 et I 84; autres vins rouges de la l'égiou) ; 2° produits d«
l'Iiorticulture (légumes); 3" produits forpstiers ; 4" plantes pour plantations et
reboisements; 5" beurres (Jeux vections, beurres fiais et beurres de conserve);
b" fromages (cinq seclions, fi-om;ige du Cantal ei do l^aguiole dits de printemps,
fromage de montagne de l'îiaiice précédente, fromages d'hiver à [làio raolie et
aifinés, fromages de hit de brebis (Roquefort), fromage de iait de chèvre);
7" expositions scolaires; S" expositions eulioctives ; 9" produits divers.
Fn ce qui concerne les anitnatix: reprotlucleurs, au concours do
.Montpellier les prix onl ti^té diminués par les r.ices ovines barbarine
et (les Catisses, mais nm'. caléiiorie a été créée pour les croisements;
quant aux concours de iîeauvais, de i>yon et de Montauban, les ]iro-
ijr'inmes ne comportent pas de clianp;emenls, couqîarativemeut à ceu,v
des mêmes régions en IS'n'i. Au concours de Lyon, il y aura plusieurs
concours spéciaux importants de macliiues et inslruiuents. Enfin, pour
ics produits agricoles, le nombre des concours spéciaux a été augmenté
dans la plupart des concours; une part plus birge aéié faiteà la culture
potagère et à l'arboricullure.
Nous rappel leriins que les déclarations des exposants doivent être
par Menues au ministère de l'agriculture, ti Paris, pou ries divers concours,
aux dates suivantes: Montpellier, le 1" avril; — Angers, Aiigoulèuie
et Tniilniise, le 5 avril ; — Moulins et Valence, le 10 avril; — Beauvais,
I.vmii cl Alontauban, le 'J") avril ; — Chartres tt Nancy, le l"'' mai; —
\'e?uul, le 5 mai.
XVIII. — Ciiliiire lie In garance.
On connaît les conditions dans lesquelles la culture de la garance,
(pli faisait naguère la riclu\-se d'une partie du déparlement de Vaucluse,
a clé complèleiiient abandonnée; la baisse amenée par l'emploi des
roidiMirs d'anilineen a été la principale cause. Les entrepôts d'Avi^'uon
claient rein|ilis d'alizaris, dont on vendait parfois de laible.s quantités
au i^rix de lO Ir. les 100 kilog. Mais voici (pie ces alizaiis fonl de-
mandes maintenant à2i) et môme 30 tV. les it'O kilog. [)our IWiigletcrre,
la Hollande, l'Italie, les Etats-L!ni.<. C'est (pje, à Nuples, les garances
se payent aiijourd'bu; i'i) Ir. le.-* 1 1 () kilog.. et eu Hollande jusqu'à
l-Lô Ir. ; c est à ce dernier prix (pie le gouverneuienl lran(-ais, paraît-
il, achète en Hollande la garance nécessaire pour la teinture des draps
de troupe. M. le marquis de l'Espine, président de la Société d'agricul-
ture de Vaucinse, vient d'appeler lattenliou sur la reprise possible d©
le cu'ture de la gar mce dans les paluds du département; si le mou-
GHRONIQaE AGRICOLE (22 NOVEMBRE 1884). 291
vement actuel continue, la culture dans les bonnes terres du Comtat
Venaissin pourrait donner des résultats avantageux. Il appartient au
gouvernement de favoriser cette reprise, pour un de nos départements
les plus malheureux, en achetant la garance à Avignon au lieu d'aller
la cliercher en Hollande : il y trouverait économie, en môme temps
qu'il rendrait le courage à des cultivateurs dignes du plus grand intérêt.
XIX. — Nouvelles ch l'étal des réco'tes en teire.
Dans la plus grande partie de la région septentrionale, on se loue
de la manière dont les semailles de céréales ont été exécutées. M. Pa-
gnoul nous envoie d'Arras, à la date du iG novembre, la note suivante
sur la situation agricole dans le Pas-de-Calais :
« Partout les semailles s'effectuent dans les meilleures conditions, sur des
terres convenablement ameublies et bien préparées. Le seigle est beau et biea
levé, et il en est de môme de resi;o,irt,'eon. La pomme de terre a donné une
récolte abondante et de bonne qualité; on signale peu de cas de maladie. La
récolte des betteraves est tacilitée par le beau temps, mais on considère toujours
le rendement comme devant être inférieur ;i la moyenne. En outre, les mauvaises
espèces encore cultivées cette année ne pouvant plus être payées à un prix rému-
nérateur par le fabricant, une partie de la récolte est employée sur plusieurs
points à la nourriture des bestiaux. »
Voici la note que M. Bronsvick nous adresse de Mirecourt (Vosges),
à la date du 9 novembre :
« Bien des cantons de notre région se plaignent delà sécheresse et que les pluies
de fin octobre n'ont humecté qu'une partie bien faible du territoire. Il est à remar-
quer que les semailles faites immédiatement après les récoltes ne donnent qu'une
récolte passable, tandis que celles faites un peu i)lus tard sont mieux réussies.
« La généralité des emblavures se trouve cependant dans d'excellentes condi-
tions. Tous les travaux de culture d'automne se sont achevés sans encombre. La
situation actuelle est donc bonne.
« L'hiver cette année est tardif, pas de basses températures ni de précipi-
tations aqueuses. Le soleil continue à nous envoyer ses plus beaux rayons et la
saison actuelle appelée l'été de la Saint-Martin ne démérite point de sa bonne
renommée.
« On a constaté cette semaine une reprise assez active des affaires. Dans la
contrée on a l'habitude de payer les fermages vers la première dizaine de novem-
bre, le fermier est obligé de réaliser des fonds pour payer sa location. Si les
halles restent désertes, il n'en est pas de même des commerçants en grains qui
achètent en quantité. Le bon marché du blé, l'espoir d'une hausse prochaine sont
les seules causes du mouvement d'affaires qui vient de se produire. La moyenne
du prix est donc pour les blés 20 fr. 50 les 100 kilog. et les avoines nou-
velles. 15 francs.
« Les pommes de terre restent toujours à des prix relativement très bas. Dans
la montagne ou obtient de beaux tubercules à 2 fr. 80 l'hectolitre ; dans la plaine
les prix sont à peu près les mêmes.
« Les vins de nos coteaux peu recherchés d'habitude se vendent assez acti-
vement; on paye certains vins de 58 à 60 fr. les 176 litres.
« Les animaux de boucherie et les chevaux de culture ne sont l'objet d'auc une
transaction, les bas prix actuels forcent les éleveurs à garder leurs produits en
attendant qu'une hausse se produise et donne un résultat plus rémunérateur. »
Sur les occupations actuelles du cultivateur dans le Morbihan,
M. Jules Gy de Kermavic nous adresse de Carnac la note suivante, à
la date du 6 novembre :
« Nos ensemencements de froment sont terminés,. ils ont eu lieu dans un ter-
rain trop sec; on craignait pour la levée, mais heureusement il est tombé un peu
d'eau ces jours derniers et la levée se fait assez bien; quoique cette récolte ne
donne pas de bénéfice, on aime encore l'avoir bonne.
« On s'occupe de fumer les prairies et de ramasser du goémon quand la mer en
292 CHRONIQUE AGRICOLE (2 2 NOVEMBRE 1884).
apporte, ce qu'elle ne fait, pas souvent parce qu'il fait beau temps, trop beau
même, car nous manquons de bonne eau pour abreuver nos bestiaux.
« Voici le moment le plus favorable pour les plantations d'arbres et arbustes
notamment des arbres Iruitiers; en les faisant de bonne heure (ce qui peut se
faire partout en tous terrains cette année, parce que nulle part les terres ne sont
trop mouillées), la reprise est plus prompte et partant plus facile.
« L-d plantation actuelle dans les terrains plutôt secs qu'humides fait paj^ner une
année sur celle faite tin février, à plus forte raison en mars, parce que les racines
poussant plus vite amènent aussi l'échsion des feuilles plus tôt tindis qu'en mars
le hàle, quand il ne tombe pas assez de pluie, compromet la reprise.
« On doit toujours prendre les plus b eaux sujets des pépinières parce qu'ils
viennent beaucoup mieux et plus vite; quoiqu on les paye plus cher, ce sont en
définitive les meilleurs marchés. Ceux des rebuts sont toujours trop cliers Lors
même qu'ils réussissent, ils mettent trop de temps à acquéiir leur complet déve-
loppement qui n'est jamais aussi beau que celui des premiers.
« Je crois que l'on ne planie pas assez, car les arbres ne coûtent presque rien
d'entretien et donnent de très bons produits dont le débouché est assuré. »
Le Journal de la Nièvre n ous donne les renseignements suivants
sur la situation dans cet important département, à la date du
1" novembre :
« La température la plus favorable a accompagné les emblavures, qui se sont
effectuées dans les m-nlleures conditions. On peut se rappeler qu'en 1877, à la
même époque qu'aujourd'hui , un tiers seulement des ensemencements était fait,
et ce retard a été une des principales causes du déficit de la récolte de 1878; au
contraire, les semailles précoces de 1873 et de 1^81 ont préparé les mat,'niliques
moissons de IS?!* et cle 1882 : il est donc logique de concevoir les plus belles
espérances pour la récolte de 1885.
« Après une période de beau temps, toujours très favorable en cette saison,
quelrjues pluies semblent nous arriver. Elles vont avoir pour effet de faciliter les
labourages dans les pièces de trèfles et de fourrages artificiels que la sécheresse
avait durcies et rendues peu accessibles à la charrue; eu sorte que les débuts de
la campagne sont aussi heureux qu'on peut le désirer.
« L'extraction des pommes de terre, qui ont été plus productives qu'on ne
pensait, s'est opérée aussi bien que possible, et elles ont été de suite remplacées
par les nouveaux serais. Il n'y a plus à compter maintenant qu'avec les parcelles
occupées par les belteravîs et carottes ; mais, si la pluie ne vient pas contrarier
leur enlèvement, tout sera fiai dans quelques jours.
Après quelques jours d'une tenpératare froide le temps est deveuu
plus doux; la pluie est enfin arrivée, mais en faible quantité. Cette pluie
commençait à être impatiemment attendue par les cultivateurs dans
toutes les reliions. Le cammerce agricole reste dans la même situation.
XX. — Réunion des délégués des Sociélcs agricoles.
La réunion des délégués des Associations agricoles, organisée par la
Société des a2:riculteurs de France, s'est ouverte le 20 novembre à Paris.
La réunion est très nombreuse, et tlle compte des représentants des
Sociétés de toutes les régions du piys; ses discussions continuent au
moment oii paraît le Journal. Après un discours de M. de Dampierre,
aussi remarquable par la force des arguments que par la modération
de la forme, M. Teissonnière a présenté un tableau de la situation
agricole, puis M. Ny?safait l'historique des enquêtes poursuivies dans
le départeinent de l'Aisne. Les points sur lesquels doivent porter les
résolutions de la réunion sont les suivants : 1° dfoits de douane sur les
céréales; 2° droits de douane sur le bétail ; 3° droits de douane sur
les aulres produits du sol; 4" etnploi à faire des ressources provenant
des perceptions douanières. Le Journal en fera connaître le résumé.
Henry Sagisier.
TERRAINS C-LOS- — CHASSE EN TEMPS PROHIBÉ. 293
TERRAINS CLOS — CHASSE EN TEMPS PROHIBE
Une question, qui ne paraît pas avoir été encore soumise aux tri-
bunaux, a étH tranchée par le tribunal de Roanne dans un jugement
du T mars 1884. La loi du .3 mai 1844 l'art. 2) confère au propriétaire
d'un terrain clos, attenant à une habitation, le droit de chasser sur ce
terrain sans permis de cliasse, et même en temps prohibé. Si tout le
terrain compris dans la clôture appartient à un seul propriétaire, ou
même s'il appartient indivisément à plusieurs propriétaires, il est
certain que le bénéfice de l'exception établi dans l'article 2 s'appli-
quera, ^lais que décider dans le cas oii la clôture contient deux ou
plusieurs héritages appartenant à des propriétaires distincts, chacun
de ces héritages, pris isolément, n'étant pas clos?
Le tribunal de Roanne a déclaré que l'un de ces propriétaires, même
muni de l'autorisation de ses voisins, ne peut pas invoquer la protec-
tion de l'article 2.
On peut trouver au premier abord que cette décision est rigoureuse,
mais il ne faut pas oublier que nous sommes en matière d'exception et
que tout doit s'interpréter restrictivement. Ce jugement est d'ailleurs
longuement motivé. Le tribunal pose avec beaucoup de netteté ce prin-
cipe que deux héritages, appartenant à des maîtres différents, et non
séparés l'un de l'autre par une clôture, ne peuvent être considérés,
même fictivement, comme formant un seul héritage. Or, dans l'espèce,
il s'agissait de deux propriétés entièrement distinctes appartenant à
deux propriétaires différents. Prises isolément, elles n'étaient pas en-
tièrement closes. On ne se trouvait donc pas dans les termes de l'article
2 de la loi de 1844 qui n'accorde le droit de chasser à toute époque
qu'autant qu'on se trouve dans une propriété entièrement séparée par
une clôture des héritages environnants.
Quant à 1 autorisation donnée par les propriétaires voisins, elle ne
peut avoir aucune valeur ; car ces propriétaires, pas plus que celui à
qui l'autorisation est accordée, ne peuvent invoquer le privilège
institué par la loi, leur propriété, comme celle du voisin, n'étant clôturée
que sur trois côtés seulement : nemo dat quod non habel.
ElO. POUILLET,
Avocat à la Cour de l'aris.
FÉCONDATION ET GESTATION CHEZ LES ANIMAUX'
Pour l'examen de la plupart des questions relatives à la fécondation
des animaux et à la durée de la gestation, il est utile de tenir grand
compte de la manière dont ce phénomène physiologique s'accomplit, et
à cet égard il a régné jusqu'en ces derniers temps des opinions très
erronées. On sait maintenant que la fécondation n'est pas une consé-
quence immédiate du rapprochement sexuel, que la conception ne résulte
pas de l'inlluence exercée par le mâle sur l'organisme de la femelle,
mais du contact matériel de certains produits vivants fournis, les uns
par la mère, les autres par le propagateur mâle, savoir : des cellules
microscopiques, appelées ovtdes et fournies par les ovaires, et des .sper-
ma<osoà/es ou animalcules, également microscopiques, nés dans l'appa-
reil mâle. Or, les ovules se développent lentement dans les ovaires,
1. observations présentées à la Société nationale d'agriculture.
294 FÉCONDATION ET GESTATION CHEZ LES ANIMAUX.
antérieurement à tout rapprochement sexuel, et, arrivés à maturité,
se détachent de cet orijçane pour tomber dans l'oviducte correspondant
et descendre ensuite dans l'utérus, sans que le mâle ait aucune
influence sur ce phénomène que les physiologistes appsllentV ovulation
spontanée. Le retour en est d'ordinaire périodique et coïncide avec l'état
du rut et, chez certaines espèces animales, avec des évacuations san-
guines. Lorsqu'un ovule microscopique mis de la sorte en liberté ne
rencontre pas de spermatozoïdes vivants, il ne tarde pas à mourir et à
se détruire; mais lorsqu'il s'associe à des spermatozoïdes de son espèce,
un travail embryogénique commence dans son intérieur, et c'est de ce
moment que date en réalité la fécondation. Chez beaucoup d'animaux,
tels que la plupart des poissons et des batraciens, elle n'a lieu qu'après
la ponte, mais chez les vertébrés supérieurs, les spermatozoïdes déposés
dans l'appareil femelle y remontent plus ou moins rapidement vers
l'ovaire, et c'est dans l'utérus ou dans les oviductes qu'ils rencontrent
l'ovule en route vers l'extérieur. La fécondation, suivant les circons-
tances, peut donc s'efi"ectuer à dilîérentes hauteurs dans ce conduit, et
à un moment plus ou moins éloigné, soit de l'ovulation spontanée, soit
du rapprochement sexuel. Les dift'érences peuvent être de plusieurs
jours et cela explique comment, chez des animaux dont la durée nor-
male du travail embryogénique est fixe, la durée apparente de la ges-
tation varie notablement lorsqu'on l'évalue d'après le temps écoulé
entre le coït et la mise-bas. Les physiologistes ne possèdent que peu
de données positives concernant la durée possible de la vitalité des
spermatozoïdes dans l'intérieur des voies oviducales chez les divers
mammifères, mais il y a lieu de penser qu'elle peut être de plusieurs
jours, et que le mélange de la liqueur séminale provenant de deux ou
de plusieurs mâles ne l'abrège pas.
Il est également à noter que chez les mammifères, où il y a toujours
deux oviductes parfaitement indépendants et souvent deux utérus en
communication avec un vagin unique, la fécondation des ovules peut
avoir lieu simultanément ou à des moments plus ou moins éloignés
dans l'un ou l'autre de ces organes pairs, soit à la suite d'un rappro-
chement sexuel unique, soit après laccomplissement de deux ou de
plusieurs coïts. Dans des cas de ce genre il n'y a aucune relation
constante entre la primogéniture réelle des individus d'une même por-
tée et les dates des saillies, ou la succession des naissances. La
recherche de la paternité dans des conditions semblables ne saurait
donc conduire à des résultats dignes de grande confiance.
H. Mila'e-Edwards,
Membre de l'Institut et de la Société nationale d'agriculture.
BOULANGERIES COOPÉRATIVES DANS LES CAMPAGNES
La question brijlante de la vie à bon marché a été poursuivie jus-
qu'à pl'ésent au détriment et pour la ruine de la culture, sans que l'on
se soit trop inquiété si les corps d'état intermédiaires entre la culture
et les consommateurs ne faisaient pas parfois des bénéfices scanda-
leux. Je veux parler principalement de la boulangerie.
Il y a six ans, pour éviter cet inconvénient, nous avons formé à
Etreux (Aisne) une boulangerie coopérative, au capital de 0,000 francs,
divisé en deux cent quarante actions, représenté par cent vingt-cinq
actionnaires, avec l'intention de vendre au prix de revient. La location
BOULANGERIES COOPÉRATIVES DANS LES CAMPAGNKS 295
du local, les frais de premier établissement que l'on amortit par
dixièmes, le s,sis,e du boulanger et de sa Femme, Tenlretien et la nourri-
ture du cheval, et tous les autres frais, nous créent une charge de
12 francs par jour. La première année, nous cuisions deux sacs de
100 kilog. de farine par jour, c'était donc 6 francs par sacs de béné-
fice qu'il nous fallait; nous avons toujours établi la taxe d'après ce
chiffre, les autres boulangers ont également suivi notre prix.
Aujourd'hui nous fabriquons un peu plus de ti'ois sacs, ce ne serait
donc que 4 francs de bénéfice que nous devrions prélever par 1 00 kilog.
de farine; mais comme ce faible bénéfice pourrait occasionner une
grande gène pour les autres boulangers, nous avons continué de pré-
lever six francs. Nous avons, par ce moyen, doublé notre capital avec
nos bénéfices ; déplus, nous payons nos farines au comptant, moyen
sur d'être bien servis, et nous avons la remise de 1 pour 100. Le sur-
plus de notre bénéfice, qui ne nous est pas nécessaire, nous l'em-
ployons à acheter des rentes sur l'Etat, avec la pensée de faire plus
tard l'acquisition du local de la boulangerie.
Comme base du prix de notre pain, nous faisons en moyenne, par
sac, trente-quatre pains et demi de quatre kilog. Notre prix d'achat
est dans ce moment de 2G fr. 50 auxquels il faut ajouter les 6 francs
de bénéfice, ce qui fait 32 fr. 50 pour trente-quatre pains et demi, ou
0 fr. 94 les quatre kilog. Si la crainte de ruiner les autres boulangers
ne nous retenait, nous vendrions 0 fr. 88 les quatre kilog., somme
très suffisante pour nous couvrir de tous nos frais.
Toutes les boulangeries coopératives ne réussissent pas comme la
nôtre, il s'en faut même de beaucoup; mais cela tient à ce qu'elles
sont presque toujours faites dans un esprit politique; alors le conseil
d'administration, craignant de blesser les électeurs actionnaires, se
relâchent sur les conditions des statuts, de là viennent des difficultés
financières qui les font végéter ou échouer.
Pour réussir, il faut un homme en tète, désireux de faire le bien
sans autre espoir que de voir faiblir assez vite la reconnaissance que
l'on lui doit, et en même temps de voir grandir la haine de ceux à qui
la boulangerie coopérativepeut nuire. Les localités qui peuvent trou-
ver cet homme sont à peu près sûres de réussir.
Beaicamp-Brurois.
PISCICULTURE - LES NICHEURS
Par une froide et brumeuse journée de l'hiver 1853, deux inconnus
sonnaient à la grille du parc de Beaufremont, dépendance de l'établis-
sement d'Enghien-les-Bains dans lequel M. de Cursay avait installé la
pisciculture. La direction de cette nouveauté avait été confiée par ce
patriote gentilhomme à une épave de l'Institut national agronomique
de Versailles, brusquement fermé, aujourd'hui sorti de ses cendres
grâce à la République et à l'énergie de quelques-uns de ceux que l'on
avait voulu anéantir.
Le stagiaire que l'administration de l'agriculture de ces temps loin-
tains y avait placé, reçut donc les deux visiteurs, leur montrant avec
cette primitive installation, les alevins de truites récemment éclos pour
la vue desquels ils avaient expressément fait le voyage de Paris.
Telle fut l'origine des relations qui s'établirent entre MM. Barrai et
296 PISCICULTURE. — LES NICHEUHS.
Victor Borie, son secrétaire d'alors, relations que la mort vient d'in-
terrompre, avec le narrateur dudil incident.
Bien que 1 illusion ne nous fût plus permise en quittant à Paris
M. Barrai, les lecteurs comprendront notre émotion.
Par les poissons nous connûmes ce rude lutteur aux côtés duquel
durant plus de trente ans nous combattîmes ce bon combat; par les
poissons nous tenons à lui envoyer notre dernier salut.
Avec l'automne arrivent les travaux des pisciculteurs. Ici nous en
avons parle tant de fois qu'en nous contentant de les leur rappeler,
nous les entretiendrons d'un sujet sur lequel, à propos du Meunier, du
Chabot, dans le n° 554 du Journal 188t), nous avions pris l'engaj^e-
ment de revenir.
Cette question des mœurs, des habiludes des poissons, de la philo-
sophie des eaux, en un mot, est aussi obscure qu'attachante. La pisci-
culture aurait-elle enfin trouvé dansM.le professeurBrehms le Tousse-
nel de l'ichthyologie? A propos des nicheurs, conslatons-le en
l'espérant.
Mais rappelons d'abord que la pisciculture prend en Allemagne
une telle importance, en y inspirant tant d'intérêt, qu'il est rare que
des principaux organes scientifiques ou même littéraires ne lui con-
sacrent pas de périodiques articles.
Un nouvellement venu, Diefells zuin meers, l'a prise spéciale-
ment en main. Son numéro 2 de la présente année contient sur cette
question un travail du plus haut intérêt, précisément sur ces mêmes
études de la philosophie des eaux dont nous parlions ci-dessus.
D'après les idées qui dominent aujourd'hui en souveraines en Alle-
magne avec M. Dorhn, les études analogiques des animaux aquatiques
et terrestres devraient de plus en plus prendre le dessus, expliquant
ainsi pour nous cette comparaison entre les jardins de la mer, ceux des
côtes et les nôtres, selon les latitudes, et où la pauvreté des types du
nord est comparée aux exubérances des régions tropicales : les madré-
pores, les coraux entre autres logeant dans leurs pointes ces polypes
vert olive contrastant si agréablement avec le bleu foncé des eaux dans
lesquelles croissent les êtres aujourd'hui si connus, irisant comme des
cristaux ces profondeurs jusque-là ignorées.
Le Scanis Crelemis ou poisson papagaie au pourpre écarlate sur azur
au fond d'or ne nous frapperait pas moins que les coraux aux milliards
de pointes.
La fi'une du nord, plus sombre, ne nous ménagerait pas des sur-
prises moins étonnantes, l'analogie avec la faune terrestre n'en étant
pas moins frappante.
De cette analogie nous ne retiendrons aujourd'hui que celle dont
quelques familles nous offrent un exemple si complet avec les oiseaux,
c'est-à-dire la justification de notre titre : les Poissons nicheurs.
Si la science allemande nous trouve toujours prêt à lui rendre la jus-
tice due, elle nous permettra cependant de ne pas rayer la vérité his-
torique. Un malheureux privilège nous rend aujourd'hui à peu près le
seul survivant de ces beaux temps de la pisciculture renaissante. Notre
devoir n'en est que mieux tracé. Ce sera donc sans la moindre hési-
tation qu'encore une fois nous rappellerons le nom de Coste qui s'est
placé par son travail de la nidification de l'épinoche, à la tête des beaux
travaux qui se font aujourd'hui à peu près partout dans cette si
PISCICULTURE. — LES NICHEUaS.
297
curieuse et attrayante direction, mais où spécialement sur cette ques-
tion des poissons nicheurs, la curiosité allemande semble n'être jamais
rassasiée.
Après l'épinoche, connue de tous les amis des poissons par sa curio-
sité autrement grande que son utilité, citons quelques autres exemples.
Fig. 22 . — Poisson soleil .
Fij,'. Ti. — Nid de l'Aiitennana.
Le poisson soleil (£K/Jomoi(s) appellerait d'aljord notre attention. La
figure 22 donne une idée assez exacte du pénible labeur du petit ouvrier,
Fig. 24. — Nid du Weisfisch rhynchichlys.
Fig. 20. — Lamproies faisant leur nid.
avec ce détail que les bords en rond de la place si minutieusement
appropriée, tiges et cailloux enlevés, sont formés d'abord des petites
pierres transportées avec leur bouche, puis pour les plus grosses,
poussées, roulées par 2, 3 ou 4 poissons réunis, la petite colonie tra-
298
PISCICULTaRE.
LES NIGHEURS.
vaillant tout entière à la construction de cette frayère, toujours placée à
l'ombre des plus larges feuilles de nénufar.
Ils la construisent à l'arrière-automne, et ils s'y réunissent pressés les
uns contre les autres, pour y passer l'hiver, les pontes ne commençant
qu'au printemps.
Le JT''eisfisch rhynchichtys, petit poisson de mouvement et de gaieté,
construit en pyramide ce que le poisson soleil a fait en creux; inces-
sant et infatigable chasseur de libellules et de mouches, il fraye en juin,
déposant alternativement sur sa frayère, œufs et graviers. Sa frayère-
nid dépasse rarement 0 m. 20 de haut (fig. 24).
La lamproie [Pelromison], comme l'indique la fig. 25, a dans nos
climats les mêmes habitudes de nidification que le rhynchichtys amé-
ricain, à cela pi es que les grosses pierres transportées pour la confec-
tion du nid sont toujours prises à l'amont, le courant de l'eau étant le
;f%>;
Fig. 25. — Nid du Protopterus du Nil blanc.
Fig. 27. — l'uisson grimpeur
grand auxiliaire de ces architectes aquatiques auxquels, comme on le
voit, certaines lois de la physique ne sont pas inconnues.
Ce monument, d'un quart de mètre au moins, abrite la génération
jusqu'à un âge assez avancé, car aveugles et sans dents ils doivent y
attendre la fin de leur développement avant de gagner la mer. Mœurs
si diiïérentes de celles de l'anguille dont les formes sembleraient indi-
quer de plus identiques habitudes; il y avait avec ces deux poissons
un double mystère aujourd'hui parfaitement éclairci.
Par ie Challanger, le Talismann et tant d'autres, nous savons que les
70,000 milles carrés de la mer des Sargasses contiennent tout un
monde d'inconnus dont nous ne citerons que l'Antennaria, que la fig. 23,
fera connaître. Son œuf repose dans une espèce de cocon comme
ceux de nos vers à soie, solidement fixé aux ramilles qu'il transporte
partout avec lui.
Avec le Protopterus annectevs du Nil blanc (fig. 26) et le Periophthalmus
PISCICULTURE. — LES NICHEURS. 2,99
dipus (fig. 27), dit poisson grimpeur, nous finirons cet entretien.
Qu3 réserve l'avenir à ces curiosités du présent mises en nouvelle
lumière par les travaux de la pisciculture actuelle. C'est son secret ;
sans y attacher aucune importance économique, nous avons cru de
notre devoir d'en parler, puisque partout autour de nous l'on s'en
occupe.
Un seul mot à nos bienveillants lecteurs et correspondants allemands,
à M. F... de la Société de pisciculture de Wurlzbourg notamment.
Notre œuvre dans le Journal de l'agriculture est une œuvre de plus
de trente ans ; la reprendre par le détail serait donc puéril.
De nos articles sur Die Stamunultcr Iluningen en 1872 à nos appré-
ciations sur l'aquarium de Naples en 1884, qu'on nous signale un fait
sur. lequel notre sévérité n'était pas la vérité ! Se tromper est possible,
mais persister dans une erreur démontrée serait indigne du Joicrnal
dont nous tenons à honneur d'être un des plus anciens collaborateurs.
Chabot-Karlkn.
CONCOURS DE FROMAGERIE A MEAUX
Un concours de l'industrie laitière, spécial aux fromages de Brie et
de Coulomniiers, ainsi qu'au matériel des laiteries et des fromage-
ries, a eu lieu a Meaux les 11 et 12 novembre; il a été organisé,
comme nous l'avons annoncé, par la Société d'agriculture de l'arron-
dissement de Meaux. Nous devons déclarer, dès l'abord, que le con-
cours n'a répondu ni aux espérances des organisateurs, ni à l'impor-
tance de la production laitière en Brie. Ce n'est pas que les fromages
exposés aient manqué de qualité; au contraire, la présence des
plus habiles producteurs a fait peur, paraît-il, à leurs concurrents, qui
se sont abstenus de figurer au concours, même après avoir fait les
déclarations nécessaires pour y prendre part. Mais le nombre est tou-
jours un élément du succès d'un concours, et il a fait trop défaut dans
cette circonstance.
Les fromages étaient divisés en deux catégories : Brie et Coulom-
niiers. Les principaux lauréats ont été ; pour les Brie grand moule,
1" prix, un objet d'art offert par M. Siot-Decauville, M. Anatole Prof-
fil, à Bouillancy; 2° prix, une médaille d'or, à M. Paul Proffit, à Ois-
sery; — pour les Brie moyen moule, 1"prix, M. Laroche, à Forfry;
'^' prix, M. Lefèvre, à Charmentray; — pour les Brie petit moule, prix
unique, M. Hareng, à Oissery; — pour les Coulomniiers (fromage dou-
ble crème), prix unique, M. Sassinot, au Mée. — Eïi outre, des récom-
penses extraordinaires ont été décernées : une médaille d'or, à M. Châ-
telain père, dont la réputation, comme fromager, est universelle en
Brie, et deux médailles d'argent à mesdames AnatoleetPaul Proffit, les
habiles fermières de Bouillancy et d'Oissery.
L'exposition des instruments était peu importante. Toutefois, nous
devons signaler M. Lillemann. à Suresnes, qui a fait connaître l'écré-
meuse centrifuge Burmeister-Pétersen, et le contrôleur d'analyse de
Fjord; il a remporté une médaille d'or. M. Duvoir, de Meaux, a rem-
porté une médaille de vermeil pour son thermosiphon de fromagerie,
système Jules Bénard. La plupart des autres ustensiles de laiterie
exposés étaient ceux qui sont déjà connus.
Pour les présures, une médaille de vermeil a été attribuéeà MM. Ver-
300 CONGOUKS DE FROMAGERIE A MEAUX.
cheval et Joly, de Sézanne (Marne), et des médailles d'argent à
M. Boll et à M. Fabre, de Paris.
Enfin la Société d'agriculture a décerné une médaille d'or à M. Lézé,
professeur à l'école nationale d'agriculture de Grignon, pour son
remarquable rapport sur les progrès récents de l'industrie laitière en
Danemark et en Hollande.
La distribution des prix a été faite avec solennité sous la prési-
dence de M. Gatellier, président de la Société d'agriculture. M. Heuzé,
inspecteur général de l'agriculture, et la plupart des autorités de l'ar-
rondissement y assistaient, ainsi que des délégués des Associations
agricoles du département. M. Heuzé et M. Gatellier y ont prononcé
deux discours que nous reproduisons plus loin. M. Gassend, directeur
de la station agronomique de Melun, a donné lecture du rapport sur
les récompenses décernées. Ensuite, M. Guilloux a présenté un rapport
très intéressant sur le concours de tenue des fumiers, ouvert entre les
petits cultivateurs du canton de la Ferté-sous-Jouarre; le principal lau-
réat a été M. Constant Lorette. A l'occasion de ce concours, M. Guil-
loux a tenu à rappeler les conditions de la bonne tenue des fumiers.
Le soir, un banquet a réuni les lauréats et les membres de la Société
d'agriculture. Nous reproduisons plus loin le toast prononcé par
M. Gatellier. On y verra que le congrès national agricole provoqué par
la Société d'agriculture de Meaux se confond avec la réunion des délé-
gués des Associations agricoles organisée le 20 novembre, à Paris,
par la Société des agriculteurs de France. Henry Sagnier.
I. — Discours de M. Heuzé à la distribution des récompenses.
Messieurs, en prenant la parole, je cède aux instances réitérées de votre ho-
nor able président. J'aurais été très heureux de pouvoir constater une fois de plus
un Succès complet en l'honneur de la Société d'agriculture de Meaux, dont le zèle
est au-dessus de tout éloge, mais je me dois à moi-même de dire que son attente
a été un peu déçue et que l'exposition de fromages qu'elle a ouverte hier ne ré-
pond, vu le petit nombre des agriculteurs qui y ont pris part, ni à la renom-
mée des fromages de Brie et de Goulommiers, ni à l'importance de leur fabrica-
tion. Est-ce à dire pour cela que les fromages exposés manquent de qualité? Non
et je suis convaincu que si Legrand d'Aussy, qui s'est plu, il y a déjà longtemps,
à rendre justice à leur supériorité sur bien d'autres de même na'ure, si, dis-je,
il avait pu goûter ceux que le jury a récompensés, il se serait empressé de féli-
citer ceux qui les ont fabriqués. Ces lauréats ont un grand mérite parce qu'ils
exposent toujours d'excellents produits, mais les remarquables fromages qu'ils en-
voient dans les concours ont le grave défaut d'éloigner indirectement des exposi-
tions les agriculteurs timides ou qui produisent des fromages qui n'ont pas toute
la délicatesse voulue pour obtenir les premières récompenses. Faut-il blâmer vos
lauréats d'être toujours au premier rang dans vos luttes pacifiques? Evidemment
non ! Mais sans vouloir les évincer à tout jamais des concours, je crois qu'il faut
à l'avenir les ranger dans une catégorie particulière en leur offrant des couronnes
spéciales dignes de leurs nombreux succès, puis engager les producteurs qui
font un peu moins bien à perfectionner leur fabrication et à venir disputer les
premiers et les seconds prix.
Dans les circonstances actuelles on ne saurait trop appeler l'attention des agri-
culteurs sur les avantages que présentent les produits d'une cour de ferme bien
dirigée et surtout parfaitement surveillée. Ces produits sont très divers et tous,
je puis le dire, accroissent les revenus annuels du domaine dans une notable pro-
portion. Il y a plus même, ces divers produits sont peut-être les seuls qui, en ce
moment, donnent de véritables bénéiices. Ici, c'est le lait qu'on vend en nature à
un prix réellement rémunérateur. Ailleurs, on le convertit en excellent fromage,
et par le prix de ce produit on le vend ordinairement plus cher que si on le li-
vrait en nature, parce qu'on utilise avec succès le petit lait qui en provient dans
l'alimentation des animaux appartenant à l'espèce porcine. Plus loin, le lait est un
CONCOURS DE FROMAGERIE A MEAUX. 301
produit secondaire parce que l'exploitation est éloignée soit d'une ville ou d'une
importante bourgade, soit d'une gare à marchandise. Dans cette circonstance la
cour de ferme peut et doit fournir d'aulres produits oui ont aussi souvent une
grande importance. Il existe, en effet, des fermes dans les cours desquelles on
admire de belles et nombreuses volailles ; mais les personnes qui les surveillent
et qui savent apprécier à leur juste valeur les produits qu'elles donnent annuel-
lement n'oublient pas un seul instant que les poules ft autres volatiles demandent
des locaux spéciaux et propres, et des soins pour ainsi dire incessants. Il me se-
rait facile de signaler dans le département de Seine-et-Oise des fermes qui livrent
ciiaque année 30,000 à 40.000 œufs à la vente et à des prix très satisfaisants.
Mais ces produits très importants dans les circonstances Hctuelles imposent aux
agriculleurs l'obligation de bien nourrir les vaches auxquelles ils demandent du
lait etde donner une nourriture régulière et abondante aux volailles qui font l'orne-
ment de leurs cours de fermes. Une alimentation copieuse, variée, hygiénique et
bien appropriée à la destination des animaux, ne constitue jamais une vaine
dépense. J'ajouterai qu'une vacherie bien nourrie et dont l'empaillement est suffi-
sant concourt dans une large mesure à la fertilisation des terres labourables. On
ne saurait trop aujourd'hui se préoccuper des moyens d'accroître la richesse ini-
tiale des champs deslinés à la culture des céréales. C'est en élevant le degré de
lécondité du sol par des engrais complémentaires des fumiers qu'on pourra augmen-
ter le produit moyen du froment et en abaisser le prix de revient. Ce fait n'est pas
pour moi une espérance, mais bien une cerlitude. En me prononçant ainsi, je
m'appuie sur des faits sévèrement constatés depuis plusieurs années dans di-
verses exploitations appartenant aux départements de Seine-et-Marne et de Seine-
et-Oise.
Une bergerie peuplée de bons animaux a quelque chose de pastoral, mais elle
n'a pas l'atlrait qu'offre une étable dans laquelle se prélassent de belles vaches
laitières. Certes, je n'étonnerai nul Briard en disant qu'une vacherie bien tenue
est le plus bel ornement lucratif d'une exploitation. Avec quel plaisir on admire
des vaches bien propres, bien nourries et confinées, comme à Arcy, dans des bâti-
ments parfaitement aérés et éclairés. Avec quelle satisfaction on voit porter à la
laiterie deux fois par jour des seaux pleins d'un liquide remarquable par j^on écla-
tante blancheur et sa douce saveur et qui est pour tous les âges l'aliment le plus
complet, le plus salutaire, le plus hygiénique. Oui, la vache bien tenue plaît tou-
jours et elle est certainement l'animal qu'on caresse le plus quand elle est bonne
laitière ; aussi n'est-ce pas sans émotion souvent qu'on se voit forcé, à cause de son
âge, de s'en défaire et de la livrer au couteau du sacrificateur!
Je disais à l'insiant que les volailles, pour être lucratives, demandaient des soins
nombreux. C'est, en effet, par une surveillance pour ainsi dire de tous les instants
qu'on arrive à prévenir ces épidémies meurtrières qui sévissent principalement
sur les poules et qui ont souvent pour cause la rareté de l'eau pendant les grandes
chaleurs, une alimentation mal appropriée à leur tempérament ou des locaux trop
humides, ou trop froids, ou mal tenus, ou trop exigus. Les volailles bien soi-
gnées, bien nourries, sont vives et alertes, et chaque poule pond par an 120 à
130 œufs et donne dès lors un revenu brut minimum de 6 à 8 francs.
Les volailles ont un autre mérite qu'on ne saurait trop signaler à l'attention des
personnes étrangères à l'agriculture; elle-i font aimer la vie agricole, non parce
qu'elles fournissent des produits divers pour le ménage, mais parce que leur chant
rend la ferme plus animée, plus vivante, plus agréable à habiter. Une cour sans
volailles est bien triste, bien monotone, quelle que soit la disposition des bâti-
ments qui l'encadrent. Aussi n'est-ce point exagérer son aspect que de la com-
parer à un printemps sans roses, à un ciel sans étoiles!
La relation qui existe et qui doit exister plus intense f(ue jamais entre la ferme
et les champs, entre les engrais et les céréales, entre les cultures fourragères et le
bétail, justifie bien l'opportunité du Concours ouvert par la Société d'agriculture
de Meaux. Si cette exhibition n'a pas répondu aux sacrifices qu'elle a bien voulu
s'imposer, il reste néanmoins démontré que cette association avait très bien com-
pris l'importance des spéculations qu'on peut adopter à l'intérieur d'une exploi-
tation située dans l'arrondissement où elle exerce son heureuse influence.
Permettez-moi d'espérer que cette non réussite complète ne diminuera en rien
son dévouement pour les progrès de l'agriculture et que les cultivateurs fabri-
cants de fromages répondront désormais avec plus d'empressement à son bien -
veillant appel. Il ne faut pas l'oublier, l'esprit humain progresse sans cesse, et il
302 CONCOURS DE FROMAGERIE A MEAUX.
n'y a rien de fait tant qu'il reste quelque chose à faire. Le Concours qu'on a
annexé au Concours de fromages est intéressant sous divers rapports ; il démontre
jusqu'à l'évidence que le matériel agricole se perfectionne de plus en plus, et que
lu fabricant de fromages peut y puiser d'utiles appareils et des produits spéciaux,
appelés à simplifier les opérations ou à les rendre d'une promptitude véritable-
ment économique.
Je m'arrête, messieurs; j'ai des excuses à vous faire pour avoir occupé votre
attention si longtemps ; mais vous serez indulgents si je vous rappelle que c'est
sur les instances de votre président que j'ai esquissé rapidement les avantages
que présente l'intérieur d'une exploitation quand la fermière aime la vie des
champs, lorsqu'elle s'impose la mission d'être la directrice vraie des spéculations
qu'on peut y adopter avec profit, lorsqu'elle veut prendre véritablement en main
la fabrication des fromages, la multiplication et l'élevage des volailles, la surveil-
lance du jardin où les fleurs qu'efle y a fait naître et admirer pendant toutes les
saisons la dédommagent souvent des peines et des soucis que l'inclémence des
éléments elles fluctuations commerciales peuvent lui causer.
II. — Discours de M. Gatellier.
Mesdames et Messieurs, dans ce temps de crise agricole dont la réalité n'est
aujourd'hui que trop évidente, il ne manque pas de gens pour nous donner des
conseils afin de remédier à cette fâcheuse situation.
Les uns nous disent : il faut abandonner les céréales et faire des prairies pour
l'élevage et l'engraissement du bétail.
Les autres trouvent que notre agriculture est arriérée et que nous pouvons faire
des progrès de façon à augmenter nos rendements, et diminuer par cela même nos
prix de revient, ce qui nous permettrait de lutter contre la concurrence étrangère.
Permettez-moi de répondre aux uns et aux autres.
Mes arguments, j'en suis convaincu, vous sont déjà venus à l'esprit; mais il
faut le reconnaître, quoi qu'on fasse, ils aboutissent tous à la même conclusion.
A ceux qui nous recommandent de changer notre système de culture et de faire
du bétail au lieu de céréales, nous répondrons que ce conseil ne peut être suivi
p rtout, par exemple dans certaines contrées telles que la Beauce où le sol manque
de l'humidité nécessaire aux prairies, et où l'on ne peut y remédier par les irriga-
tions. Nous dirons plus, que là où il est possible de le faire, il n'est pas prudent,
dans un intérêt de défense nationale, d'abandonner la culture des céréales.
Nous sommes cependant d'avis que dans notre Brie, dont la majeure partie du
sol est de nature argileuse, il y a heu de diminuer cette culture des céréales sans
la proscrire entièrement, et d'augmenter les prairies non pas tant pour faire de la
viande que pour faire du fromage de Brie.
Nous avons ici, dans cet arrondissement, une ancienne industrie agricole, celle
du fromage, dont la réputation est parfaitement établie. Inutile pour la consacrer
de remonter jusqu'à Philippe-Auguste ni de rappeler le vieux cliché du congrès
de Vienne en 1815. Non ! cette réputation est bien acquise et nous devons* en pro-
fiter pour nous aider à traverser moins malheureusement la crise que nous subis-
sons aujourd'hui. Toutefois, ne l'oubliez pas, nous se saurions trop faire pour
maintenir toujours à sa hauteur cette vieille ré|)utation.
C'est pour cela que nous avons demandé et obtenu du ministre de l'agriculture
l'envoi en mission dans notre arrondissement d'un savant, M. Duciaux, pour étu-
dier cette fabrication ; c'est pour cela que nous avons organisé notre concours
d'aujourd'hui; c'est pour cela que nous arriverons probablement à la création d'une
école de fromagerie avec l'aide du Conseil général du département, du ministre de
l'agriculture et de M. Georges Bonjean.
Si nous parvenons à toujours faire de beaux, d'excellents fromages et d'un
transport facile, il n'y a pas d'inconvénient à augmenter notre production; car
l'agriculture française ne fournit pas en fromages la consommation nationale.
Pour les fromages à pâte molle, nous n'exportons qu'un million de kilogrammes,
tandis que nous en importons deux millions.
Pour les fromages à pâte cuite, nous n'en exportons que deux millions, tandis
que nous en importons quinze millions qui viennent surtout de Hollande et de la
Suisse.
Que nous considérions n'importe laquelle de nos industries agricoles, qu'il
s'agisse du sucre, de la farine ou du fromage, nous arrivons à ce résultat profon-
dément triste : nous n'alimentons pas notre consommation nationale. — 11 nous
ftut avoir recours à l'industriel agricole étranger, qui nous fournit un appoint
CONCOURS DE FROMAGERIE A MEAUX. 303
plus ou moins considérable au détriment de notre industrie nationale et de la
valeur des matières premières que nous produisons.
Ce résultat nous conduit à la nécessité d'augmenter les droits de douane pour
Ifes produits des industries agricoles.
On l'a déjà fait pour le sucre, un peu tard pour certaines sucreries françaises
et l'agriculture qui en dépend. — Il n'est que temps de le iàire pour la farine si
l'on ne veut pas qu'il soit plus avantageux, comme cela existe aujourd'hui, de
fabriquer de la farine à l'étranger plutôt qu'en France pour la consommation
française.
Malheureusement, pour les fromages nous sommes liés par des traités de com-
merce qui ont réduit de moitié le droit de douane établi par le tarif généi'aj,
mais nous devons espérer qu'à l'expiration de ces traités, en 1892, ils ne seront
pas renouvelés.
Quant à ceux qui nous reprochent d'être des cultivateurs arriérés, ne retirant
pas du sol tout ce qu'il peut produire, nous pouvons leur répondre, comme l'a
fort bien établi le rapporteur de notre réponse collective des sociétés de ce dépar-
tement au questionnaire delà conjmission des 44, que depuis trente ans les pro-
duits de l'agriculture française ont augmenté d'une valeur d'un milliard et que
cet accroissement a été absorbé par l'augmentation de la main-d'œuvre.
Nous pouvons, il est vrai, faire encore des progrès, et tous les effoi'ts de notre
société d'agriculture tendent à ce but.
C'est pour cela que nous avons créé un bureau de renseignements pour l'emploi
judicieux des mgrais complémentaires. — C'est pour cela que nous avons envoyé
dernièrement en Allemagne, avec l'aide du ministère de l'agriculture, une
m'ssion qui nous a rapporté, par l'intermédiaire de notre dévoué collègue,
M. Jules Bénard, des documents très intéressants sur une agriculture voisine en
voie de ])rospBrité.
Il devrait naturellement en ressortir pour nous une certaine atténuation à
notre fâcheuse situation, si l'extension de la culture des céréales dans les terres
vierges où l'on n'a pas besoin d'engrais pour récolter, coïncidant avec des faci-
lités de transport incroyables, ne marchait pas plus vite que les progrès que
nous avons ])u et que nous pourrions encore réaliser.
Déjà aujourd'hui nous sommes arrivés à ce point que la concurrence étrangère
nous (ait vendre nos céréales bien au-dessous de leur prix de revient.
Est-il possible daus ces conditions de faire de nouveaux progrès? Nous savons
tous que pour récolter il faut semer. De même pour augmenter nos produits il
faut faire des dépenses et nous ne pouvons les prélever que sur nos bénéhces. —
Quand ces bénéfices se traduisent en déficit, est-il rationnel de nous demander de
nouveaux sacrifices?
Nous arrivons donc encore lorcément à cette conclusion que pour nous per-
mettre de faire des progrès, il faut que nous vendions nos produits à des prix
rémunérateurs, et pour cela il faut frapper les produits étrangers de droits de
douane représentant au moins les charges que nos propres produits ont à sup-
porter par les impôts.
La Sociéié d'agriculture de Meaux a été l'une des premières qui a indiqué
cette solution en examinant attentivement nos tarifs de douane et nos traités de
commerce en ce qui concerne les produits agricoles, en prouvant que sur la
question des douanes il n'y avait pas de réciprocité avec les nations étrangères,
enfin en signalant les produits qui ne sont pas engagés par les traités de
commerce et dont nous pouvons librement surélever les droits d'entrée.
La gros'^e objection mise en avant par nos adversaires est la question du
consommateur.
Mais d'abord le plus gros consommateur est l'agriculture elle-même qui compte
24 milions sur 37 millions d'habitants.
Ensuite il ne faut pas se fig urer que le droit établi, quel qu'il soit, fera augmen-
ter d'autant le prix du blé.
L'Amérique, qui a un trop-plein énorme de blé, sera forcément obligée pour
l'écouler de baisser ses prix. — D'ailleurs la discussion qui a eu lieu récemment
au sujet du prix du pain nous a prouvé que pour l'établissement de ce prix le
taux de la farine n'était pas le seul facteur et qu'un autre au moins aussi impor-
tant résidait dans la quantité du débit journalier.
Quand bien même le prix du pain serait un peu augmenté, n'est-il pas évident
que la mauvaise situation de l'agriculture, en ne lui permettant plus de faire
304 CONCOURS DE FROMAGERIE A MEAUX.
aucune dépense, rejaillit sur le commerce et l'industrie, et qu'il vaut mieux
donner à l'ouvrier du travail avec le pain un peu plus cLer que du chômage avec
le pain à bon marché?
Nous demandons en conséquence, pour sauver l'agriculture et la nation tout
entière, une surélévation des droits de douane sur tous les produits agricoles non
engagés par les traités de commerce, céréales, farines et bestiaux. Et nous avons
dit aux pouvoirs publics :
« Votez ces droits compensateurs, mais faites-le vite; car pendant que vous
discutez, l'ennemi est à vos portes. — Rappelez-vous ce qui s'est passé lors de la
discussion sur ia surtaxe des sucres. Rappelez-vous combien il est entré de
sucre allemand entre le vote de la Chambre des députés et celui du Sénat. —
Nous assistons en ce moment au commencement d'une semblable opération. —
Il n'est pas d'usage en efl'i'tdans une année de bonne récolle comme celle-ci de
se hâter de faire entrer du blé étranger. Cependant il en entre actuellement environ
un million de quintaux par mois. C'est pourquoi, croyez-le bien, il n'y a pas un
instant à perdre. »
III. — Toast de M. Gatellier au banquet.
Messieurs, cette année, au Concours de Crèvecœur, j'ai porté un toast à l'union
des Sociétés d'agriculture et de.^ Comices du département de Seine-et-Marne.
Cette idée émise par mon honorable collègue, M. Josseau, a été suivie d'effet.
Les Sociétés d'agriculture et Comices de notre département se sont réunis pour
faire une réponse collective au Questionnaire de ia Commission des quarante-
quatre.
Permettez-moi aujourd'hui d'étendre ce toast et de le porter à l'union de tous
les agriculteurs de France et des Sociétés d'agriculture et Comices qui les repré-
sentent, en attendant que la représentation oliicielle projetée de l'agriculture soit
définitivement établie.
Nous avons essayé de réaliseï cette union en prenant l'initiative d'un congrès
national agricole, sur la proposition d'un de nos sociétaires, M. Butel.
La Société des agriculteurs de France a approuvé notre projet et a organisé,
pour le 20 novembre prochain, le congrès dont nous avons pris l'mitiative.
Comprenant que la Société des agriculteurs de France a des moyens d'action
plus puissants et plus prorapts que ceux que nous pourrions mettre en œuvre,
nous nous rallions de tout cœur au congrès national agricole organisé par la
Société des agriculteurs de France et lui souhaitons les meilleures chances de
succès.
En agissant ainsi, nous prouvons que nous voulons à tout prix éviter tout
désaccord entre les agriculteurs, dans ce moment où les intérêts les plus graves
de l'agriculture sont soumis aux pouvoirs publics.
Et c'est en m'inspirant de vos pensées et de vos actes que je porte ce toast à
l'union de tous les agriculteurs de France.
NOUVELLES INVENTIONS AGRICOLES
ANALYSE SOMMAIRE DES DERNIERS BREVETS DÉLIVRÉS.
162,235. Elans. 20 mai ISSk. Tombereau destiné aux transpnrls des ler7-es e
terreaux dans les vignes. — La caisse du tombereau est constituée par un lond
composé de deux faces inclinées qui forment comme un A dans l'axe du véhicule,
et de deux côtés qui viennent s'appliquer contre les bords inférieurs de ces faces
et qui sont inclinés en sens contraire, de telle sorte que la caisse, avec ses côtés,
figure deux V juxtaposés. Les côtés peuvent pivoter autour de leur partie supé-
rieure; si donc on cesse de les maintenir appliqués contre le fond, ils viennent
d'eux-mêmes prendre une position verticale en laissant ainsi une ouverture d'en-
viron 0 m. 25 sur toute la longueur pour la chute de la terre ou du terreau, qui,
n'étant plus retenu, glisse sur le fond incliné. Pour maintenir la fermeture, le
breveté emploie des châssis qui entourent les côtés mobiles, et dont l'extrémité
supérieure est attachée à des écrous disposés sur une vis à manette; cette dispo-
sition permet de régler à volonté la section de passage de la terre. L'essieu du
tombereau est coudé on forme de A, comme le fond lui-même, afin de lui per-
mettre de passer même par-dessus les plants les plus élevés.
Iii2,236. Marqués. 20 mai 1884. Appareil dit : siUfoscope, destiné à rechercher
le sulfure de carbone dans le sol et à en déterminer la quantité, — Cet appareil se
NOUVELLKS INVENTIONS AGRICOLES. 305
compose : 1° d'une sonde; 2" d'un tube effilé aux deux bouts ou présentant deux
étranglements dans sa longueur, et passant au-dessus d'une lampe à alcool ;
3» d'une éprouvette contenant le réactif; 4" enfin, d'un aspirateur; toutes ces par-
ties étant reliées entre elles par des tubes de caoutchouc.
La sonde est un tube métallique ayant environ 0 m. fjO de longueur, terminée
par une pointe au-dessus de laquelle se trouve une partie cylindrique de peu de
longueur ayant un plus petit diamètre que le reste et percée de trous d'aspira-
tion; depuis le milieu de cette partie, jusqu'au haut la sonde porte des divisions
de 5 en 5 centimètres. A sa partie supérieure, elle peut être pourvue de deux
poignées pour permettre de l'arracher plus l'acilement du sol; quant à son enfon-
cement, il s'exécute au moyen d'une tige percutrice en fer, assez mince pour pou-
voir pénétrer dedans, et armée d'une lourde poignée dont l'embase vient frapper
sur le bord supérieur de la sonde.
Dans le haut, cette dernière reçoit un bouchon, traversé par un tube recourbé
qui sert à la relier par un tube de caoutchouc effilé dont il a été question plus
haut et qui traverse horizontalement une sorte de lanterne où il est chauffé par
une lampe à alcool, par exemple. Un second tuyau en caoutchouc relie l'autre
bout de ce tube elfilé à un tube recourbé qui traverse le bouchon de l'éprouvette
contenant le réactif et descend jusqu'au fond de celle-ci; enfin, un tube plus
court disposé dans ce même bouchon se relie à son tour à l'aspirateur, qui est
monté sur pieds. Telles sont les indications purement descriptives que le breveté
donne sur son appareil.
162.239. Massonneau. 23 mai 1884. Batteuse égreneuse délivrant le grain
séparément en dessous. — Cette machine comporte un tambour-batteur, du genre
dit à dents ou égreneur, dont les dents sjiit portés par des 1ers en U fixés à
deux plateaux extrêmes en tôle, et maintenus en outre par un plateau intermé-
diaire en fonte. Le contre-batteur est également formé de fers en U,.et est à jour
pour laisser passer le grain. A la suite de cet organe se trouve un conduit en tôle
perforée qui conduit la paille sur un plan incliné où elle glisse, après avoir laissé
se séparer, pendant le trajet, les grains qui pouvaient s'y trouver mêlés; ceux-ci
tombent avec les autres, sur un couloir incliné situé en avant de celui par où sort
la paille. Une trappe à charnière sert à régler la section de passage.
162.240. ViRCONDELET. 24 mai 1884. Perfectionnementsapportés aux charrues.
— Dans la charrue que décrit ce brevet, il est fixé à la suite de 1 âge, au moyen
d'une chape, une barre dite sus-age, et près de sa naissance on en a articulé une
autre, dite sous-age, qui se teimine par les manchons et qui sert à porter: 1° une
crémaillère, disposée à peu piès verticalement, et qui est en prise avec un verrou
terminant un levier monté sur le sus âge, disposition qui sert à brider la char-
rue dans la position convenable ; 2° le sep; 3" le versoir; 4° une barre, terminée à
un bout par un contre ordinaire, et à l'autre par un contre spécial, barre que l'on
peut retourner de bout en bout, suivant les besoins. Le breveté indique comme
principal avantage de son mode de construction la grande solidité qu'il procure
à la charrue à laquelle on l'applique. Ch. Assi et L. Genès,
Ingénieurs-conseils en matière de brevets d'invention,
36, boulevard Voltaire, à Pans.
LES RAGES DE BETTERAVES A SUCRE
Il en existe un grand nombre qui peuvent être groupées en trois
grandes catégoriessesubdivisant en ungrand nombre de sou s- variétés :
1° Les races à chair très dure et à peau très rugueuse, ayant un col-
let assez large, des feuilles abondantes, une racine allongée et poussant
très profondément en terre sans en sortir;
2° Celles à chair tendre et à peau lisse, ayant un petit collet, peu de
leuilles, racine courte, moins exposées que les autres à produire des
racines latérales et sortant plus ou moins de terre selon la nature du
sol et la quantité d'engrais employés ;
3° Celles à chair intermédiaire, à peau rugueuse, à collet moyen,
feuilles larges, racine pivotante, courte ou allongée selon la nature de
la sous-variété employée.
Les premières sont celles qui produisent le plus de sucre du poids
306 LES RACES DE BETTERAVES A SUCRE.
de la betterave ; les secondes, celles qui donnent ordinairement le plus
fort rendement en poids des racines, mais souvent le moins de sucre à
l'hectare; les troisièmes, celles qui produisent toujours le plus de sucre
à l'hectare avec un rendement satisfaisant en poids.
Les variétés de betteraves pivotant le plus profondément en terre
sont les plus riches et ont toujours le quotient de pureté du jus le plus
élevé .
Lanouvellelégislalion sucrière française peut devenir, si l'on apprend
à en tirer bon parti, avantageuse et pour 1 industrie sucrière, et aussi
pour l'agriculture. Pour en retirer le plus de bénéfices, il faudrait cul-
tiver les variétés rapportant le plus de sucre du poids de la betterave.
Malheureusement, il n'en peut être ainsi, car chaque sol a une espèce
qui lui convient ; vouloir faire produire à tous la même race, c'est courir
à. un échec certain.
Il faudra cultiver les variétés à ch;iir très dure, à peau très
rugueuse, dans les terrains fertiles, labourés profondément, riches en
humus et ayant beaucoup d'engrais. Celle à chair intermédiaire, dans
les terres de fertilité moyenne, labourées moins profondément et oîi il
v a eu une moins grande accumulation d'engrais.
Les variétés à chair tendre et à peau lisse doivent être généralement
rejetées pour la fabrication du sucre. Néanmoins, l'on pourra encore
les employer dans les terres n'ayant pas de profondeur, peu fertiles,
ayant peu d'engrais, dans lesquelles on obtient quelquefois, avec ces
espèces, des betteraves de 12 à 13 pour 100 de sucre et des jus d'une
assez grande pureté; en tous cas, elles pourront toujours être utilisées
pour la distillerie et la nourriture des bestiaux.
Carrés (fessais. — La même variété de betteraves n'étant pas conve-
nable à tous les terrains, il est nécessaire d'en cultiver plusieurs espèces
si l'on veut être fixé à ce sujet, savoir la distance à laquelle il faut
espacer les betteraves, connaître les engrais les plus favorables et le
système de culture le mieux approprié au sol. C'est en établissant des
carrés d'essais qu'on peut faire des expériences sérieuses. Pour cela, il
faut chercher une terre homogène, ayant toujours été cultivée partout
de la même façon, sur laquelle il n'y a pas eu de charrois effectués, ni
d'animaux au piquet, et sur laquelle l'engrais employé a été répandu
avec un grand soin de façon à ce qu'il n'y ait pas un carré favorisé au
détriment d'uu autre. Il faut aussi que les betteraves que l'on veut com-
parer soient exactement mises à même distance et qu'il y en ait le
même nombre sur chaque ligne (Il en est autrement si les carrés
d'essais sont faits pour étudier le rapprochement des plantes dans
la ligne.)
La terre doit être dans de bonnes conditions de culture, labourée pro-
fondément avant Ihiver, chaque variété de graines employées bien
séparée. Tous les carrés d'essais doivent être semés le même jour et
chaque façon doit également être donnée le môme jour. Pendant la
croissance des betteraves, il est nécessaire de les visiter très souvent
pour voir si la levée et si la végétation sont partout égales, et enfin si
certains carrés n'ont pas souffert les uns plus que les autres.
Il faut noter toutes les observations qui ont été faites, pour qu'à
l'arrachage on puisse s'expliquer les anomalies que l'on rencontre par-
fois, si l'on veut'fiiire des expériences sur le rendement en poids et en
sucre à l'hectare.
LPS RACES DE BETTERAVES A SUCRE. 307
Lorsque le moment d'arracher est venu, il faut noter la quantité d'eau
tombée au moins quinze jours à l'avance; on commence par arracher
le même jour une ligne de chaque carré dont il est nécessaire d'ana-
lyser toutes les betteraves en un ou deux jours au plus, en ayant soin
de conserver à tous les sujets le même degré d'iniinidité, oud en consta-
ter la densité du jus au moyen d'un densimètre bien réglé. CJiaque
betterave doit être pesée et analysée séparément pour que, lors de la
classification des rendements en poids et de ceux en sucre de chaque
carré, elle soit portée pour sa valeur réelle.
Beaucoup d'expérimentateurs se contentent d'analyser 4 à 5 bette-
raves prises soit dans un carré d'essai, soit dans un champ, et ils
tirent des résultats obtenus des déductions de toute nature ; cette
manière de procéder est certainement très fausse, et les chiffres ainsi
trouvés n'ont aucune valeur. Fl. Desprez,
Agriculteur à Cappelle, près Templeuve (Noid).
CONGRÈS PHYLLOXÉRIQUE INTERNATIONAL
DE TURIN '. — IL
Traitement d'exlinclion. — Le sulfure de carbone, injecté à la dose de 140 à
à 300 grammes par mètre carré dans l'intention de détruire complètement le phyl-
loxéra, tue en même temps l'insecte et la vigne.
En opérant à la dose de 160 grammes, en trois traitements, ou mieux de
300 grammes en quatre, on est assuré de la destruction complète de l'insecte et
de la vigne, si des conditions spéciales ne viennent à se produire.
C'est ainsi que, contre les murs fraîchement construits et dans les fortes pentes,
l'influence toxifère du sulfure de carbone est moins assurée qu'ailleurs ; on doit
donc, dans ce cas, multiplier les injections et, malgré ces soins, rarement on
obtient la destruction complète du phylloxéra.
Dans les terrains de moyenne qualité, ayant un sous-sol perméable, le sulfure
de carbone injecté à forte dose pénètre jusqu'à 6 mètres de profondeur; au con-
traire, dans les terrains argileux, humides et poreux, il s'échappe plus facilement
au-dessus du sol ; on est obligé de renouveler les injections.
G'i'St donc dans les terrains de moyenne qualité qu'on obtient les meilleurs
résultats des injections à la dose d'extinction, et les moins bons dans les terrains
argileux et humides.
Dédnfecliùn des vignes hors de terre. — Les boutures de vignes peuvent sûre-
ment être débarrassées du phylloxéra à ses divers états, sans en éprouver de dom-
mages, en les plaçant pendant 36 heures dans uu bain contenant 214 à 322 gram-
mes de sulfure de carbone par mètre cube. On obtient le môme résultat en 2 heu-
res avec 25 à 50 grammes d'acide cyanhydrique, et en 6 heures, si le bain est
chauffé à 44 ou 46 degrés dans un milieu humide.
Toutes les plantes peuvent être désinfectées sur leur partie aérienne, en les
faisant séjourner dans un local contenant un demi-gramme d'acide cianhydrique
par mètre cube d'air.
Une fois la partie aérienne désinfectée, on opérera sur les racines et sur la
terre qui les environne, en les immergeant pendant une heure dans une dissolu-
tion contenant deux grammes de sulfo-carbonate de potasse et un gramme d'éther
sulfo-carbonaté par litre d'eau.
Gomme on le voit, la désinfection des plantes ne présente aucune difficulté ; en
agissant avec précaution, il ne peut en résulter aucun inconvénient pour l'opéra-
teur.
Ces conclusions si intéressantes sont suivies d'un voeu émis par la Commission,
pour que le ministre de l'agriculture envoie en France, le plus tôt possible, une
commission chargée d'étudier sur place toutes les questions qui concernen t les
insecticides, et que le rapport de cette commission reçoive la plus grande publicité.
Vignes américaines. — Tout ce qui concerne la vigne américaine a fait l'objet
des délibérations de la troisième commission.
Avant de donner les conclusions que nous avons à faire connaître sur ce sujet,
1. Voir le Journal du 15 novembie, page 2tiô iJe ce volume.
308 CONGRÈS PHYLLOXERIUUE INTERNATIONAL DE TURIN.
nous croyons devoir donner quelques renseignements sur les plantations de
vignes américaines faites en Italie.
Ce fut en 1851 que l'oïdium parut en Italie, occasionnant des dommages con-
sidérables à la récolte de la vigne.
Ayant remarqué que l'Isabelle et l'York -Madeira, qui se trouvaient dans une
collection de vignes, ne souffraient pas des atteintes de ce cryptogame, on en
lit venir des quantités considérables, qu'on cultive encore aujourd'hui pour leurs
fruits, malgré leur goîit foxé et le maigre rendement de l'York.
Frappé des résultats obtenus dans le Midi du la France par les plantations de
de cépages du Nouveau-Monde, le gouvernement italien comprit le parti qu'il
en pouvait tirer pour résister aux dommages causés par le phylloxéra, dommages
qui allaient toujours en s'augmentant. Aussi, en I88I, résolut-il de créer une
pépinière de plants américains ayant fait leurs preuves, et sans tarder, on fit dans
l'île de MoDte-Ghristo une plantation de 200, i 00 boutures. Malheureusement le
phylloxéra y fut découvert peu de temps après, et l'on se hâta d'en ordonner la
destruction sans tenir compte de la possibilité qu'il y avait, en faisant la part du
feu, de sauver cette magnifique plantation.
Dès lors rintroduction des cépages américains a été prohibée, mais de nom-
breux semis ont été faits, et les Italiens sont aujourd'hui armés pour la défense
sans avoir besoin de recourir à l'étranger.
Revenons aux conclusions de la Commission longuement discutées au Congrès ;
elles conslatent :
Que les vignes américaines ont affirmé leur résistance relative et que plusieurs
variétés ont prouvé par leur résistance prolongée, qu'elles peuvent vivre, se déve-
lopper et donner des fruits dans les milieux les plus phylloxérés, et qu'elles pré-
sentent comme porte-greffe et même comme plants directs un moyen efficace de
repeupler les vignes tuées par l'insecte.
De même que tous les végétaux, les vignes américaines ont besoin, pour
prospérer, d'un climat et d'un sol favorables à leur développement ; les variétés
résistantes sont assez nombreuses pour en trouver qui s'adaptent à toute espèce
de sol.
Cépaijes américains à bons fruits. — Il existe un certain nombre de vignes
américaines susceptibles de fournir des vins communs de commerce qui n'excluent
pas une certaine finesse.
L'expérience a prouvé que pour réussir, il faut planter le Jacquez dans la ré-
gion de l'olivier, l'Herbemont dans la région méridionale la plus fraîche, le Cor-
nucopia dans les terrains t|ui lui conviennent, l'Othello, le Canada et l'York-
Madeira dans les autres régions ; ils y miirissont.
Gre/fe de la vigne. — La greffe de la vigne européenne réussit sur les vignes
américaines sans modifier en rien leurs produits et leurs qualités spéciales; les
porte-greffes les plus recommandables sont les variétés sauvages du Biparia et du
fiupeslris, VYork-Madeira, le Sotonis, le Vialta, le Jacquez., VOporlo et le Taylor.
iMuUipïication des vignes américaines. — Les semis de pépins de vignes amé-
ricaines peuvent occasionner des variations dans les types que l'on a en vue
d'obtenir ; on ne les conseille pas pour obtenir des producteurs directs ; ils ne
peuvent même être conseillés pour obtenir des porte-greffes, sauf lorsqu'il s'agit de
se procurer les variétés sauvages du Riparia et du Rupestris.
Les procédés de culture employés jusqu'à ce jour pour la vigne européenne
sont applicables à la vigne américaine.
Qre/fe. — Pour obtenir de bons résultats de la greffe, on doit la pratiquer sur
des sujets racines provenant de boutures, et non de semis ayant un ou deux ans
au plus de plantation.
La greffe anglaise et la greffe en fente simple sont celles que l'on doit
préférer.
Quelle que soit la perfection apportée à faire la greffe, sa réussite dépendra sur-
tout de la bonne conservation du greffon et du porte-greft'e; des précautions
prises lors de leur plantation et des soins culturaux dont elles seront l'objet pen-
dant la première année.
Comment on assure la fécondité d'une plantation de vigne. — Pendant le cours
de la discussion sur la plantation de vignes américaines, le choix à faire et le
soin à prendre des greffons, pour ea assurer la fertilité, ont amené M. PuUiat, pro-
fesseur de viticulture à l'Institut agronomique de Paris, à faire connaître le pro-
cédé employé dans le Valais pour assurer cette fertilité.
CONGRÈS PHYLLOXÉRIQUE INTERNATIONAL DE TUniN. 3C9
Au moment des vendanges, le chef de famille parcourt ses vignes en marquant
d'un signe particulier les souches les plus chargées de raisins; chaque année,
pendant cinq ans, il renouvelle sa visite, et chaque lois il s'assure fjue la fertilité
se maintient ; c'est seulement après cette épreuve qu'il lève ^es boutures sur les
seules souches n'ayant pas faibli ()endant ce lajis de temps.
On devrait apporter ce soin judicieux dans le choix des greffons et les lever
exclusivement sur la partie médiane du sarment dont on a reconnu les qualités
fructifères, en rejetant la partie inférieure et le sommet qui le sont moins.
La qitalricme Commission avait à indiquer les mesures d'ordre intérieur et les
arrangements internationaux à prendre pour empêcher la propagation de l'insecte
par les échanges commerciiux.
Ses conclusions constatent la nécessité de mettre à la chirge du gouvernement
la recherche du phvlloxera, et lorsqu'on a trouvé de nouvelles taches, l'applica-
tion immédiate des moyens les plus efficaces pour circonscrire l'invasion
de l'insecte.
Il entre encore dans les attributions de l'Etat de prohiber l'exportation des
vignes provenant des localités infectées, d'interdire leur transport ain-i ([ue celui
de tous les objets ayant servi à leur entretien, tels que les pieux, les échalas, les
liens, etc. Cette prohibition, on l'étendra aux lingrais végétaux et animaux, aux
composts et aux terreaux.
On autoriserait le transport d'un Etat à l'autre des raisins écrasés, des vinasses,
des olives concassées cont'-nues dans des récipients fermés, mais faciles à visiter ;
il en serait de même des raisins de table mis en boîte sans y avoir placé des
feuilles de vigne pour l'emballage ; des œufs de vers à soie, des feuillfs de mûrier,
des fleurs coupées et des fruits qui ne croissent ni en teire, ni trop près de
sa surface.
Quant aux pommes de terre, rhizomes, concombres et légumes, ils devraient,
pour obienir la libre circulation, être préalablement débarrassés de la terre qui les
tache au moyen d'un lavage.
(Je lavage serait remplacé par un nettoyage à sec pour les rhizomes de Heurs, des
plantes ornementales et pour les plantes de serre.
On pourrait encore accorder la libre circulai ion aux végétaux destinés à des
plnntations autres que la vigne, pendant une période déterminée par chaque Etat,
correspondant à l'époque de leur mise en teire, à la condition que ces ])lantes,
emballées avec soin, seraient accompagnées d'un certificat d'origine délivré par les
autorités locales, constatant que les plantes expédiées ont crû dans un terrain
éloigné de plus de5J mètres de toute plantation de vignes, et que le pays n'est
pas phylloxéré.
Même après avoir rempli ces formalités, ces expéditions n'entreraient sur le sol
italien qu'après avoir été désinfectées en douane par un préposé chargé spécia-
lement de ce soin.
Ne pourraient en aucun cas circuler d'une circonscription infectée à une autre
ou d'un Etat à l'autre, les feuilles de toutes les autres parties de la vigne, quel
qu'en soit l'emballage.
Si l'un des végétaux indiqués ci-dessus, arrivé en douane, élait reconnu porter
du phylloxéra ou ses cejfs, il serait immédiatement brûlé avec son emballage
Tous les colis qui, arrivés en douane, ne rempliraient pas les conditions préco-
nisées ci-dessus seraient réexpédiés à leur point de départ aux frais de qui de
droit.
Le congrès, après avoir discuté et voté ces d fférentes propositions, a émis le
vœu que les divers Etats soumis aux atteintes du phylloxe a étudient, comme l'a
fait le gouvernement italien, les procé lés de désinfection des plantes ; ceux qu'il
a adoptés méritent d'être pris en considération par leur facile application et leur
commodité pour les plantes. En les adoptant, on diminuerait leseuiiaves appor-
tées aujourd'hui à la libie circulation de ces végétaux.
La plupart des conclusions de la commission sont depuis longtemps en pra-
tique dans les relations internationales du plus grand nombie des Etats
phyl'oxérés.
Exposition inlernalionnle phyllodé: ique. — Une exposition internationale phyl-
ioxérique avait été organisée par les soins du ministre de l'agriculture dans une
annexe du palais de l'exposition.
Cette ex|iosition, à laquelle la France a pris part, en envoyant la riche collec-
tion réunie à l'école de Montpellier de tout ce qui e t relatif à l'histoire de l'ia-
310 CONGRÈS PHYLLOXÉRIQUE INTERNATIONAL DE TQRIN.
vasion phylloxériqiie, à l'iatroduction, à la propagation et à la sélection des
vignes américaines, cette exposition, disons-nous, était fort riche en documents
pour tout ce qui intéresse directement ou indirectement la vigne et les no.nbreuses
maladies auxquelles elle est sujette.
L'Italie, nous l'avons dit, est mieux pourvue que nous en établissements an;-
pélographiques, œnologiques, entomologiques, et en écoles de viticulture.
Tous ces établissements ont concouru à Texposition piiylloxériquo du Valentin.
11 ressort des documents réunis par chacun d'eux, la preuve des travaux consi-
dérables auxquels ils se livrent sur toutes les branches de la viticulture, qui est
bien, en ce moment, la production agricole formant la plus riche de ses expor-
tations.
L'exposition du ministère de l'agriculture représentait tout le matériel néces-
saire pour combattre l'invasion phylloxérique.
L'Institut technique de Florence avait envoyé une carte à grande échelle des
vignobles attaqués par l'insecte.
L'école de viticulture et d'œnologie d'Alba, placée sous Li direction du sympa-
thique professeur Cavazza, avait apporté de nombreux documents relatifs aux
maladies de la vigne, des brochures, des raisins des principales variétés de
vignes américaines, conservés dans de l'alcool, tous les modèles de greffoirs
inventés jusqu'à ce jour, enfin la collection des vignes américaines cultivées à
Alba.
L'école de viticulture et d'œnologie de Gonegliano, d'Avellino, les écoles prati-
ques d'agriculture de Bergame, de Pesaro, la station agraire de Païenne, la sta-
tion œnologique d'Asti, et enfin la plus riche de toutes, la station d'eutomologie
agricole de Florence, dirigée par le savant professeur Targioni-Tozzetti, président
du congrès, formaient dans leur ensemble le plus riche musée que l'on puisse
trouver de tous les documents relatifs à l'étude de la vigne des deux mondes et
des maladies de toute espèce auxquelles elles sont exposées.
Le gouvernement central de la République helvétique et le royaume de Portu-
gal étaient représentés à l'exposition par les livres et les brochures se référant au
phylloxéra et aux moyens préventifs mis en œuvre pour en combattre la propa-
gation.
Un nombre considérable de livres et de brochures sur le phylloxéra, sur les
vignes américaines, sur les insecticides, sur les engrais chimiques, envoyés de
tous les points de la péninsule italique et de divers départements français, com-
plétaient l'ensemble de l'exposition.
Ces divers ouvrages, ainsi que les procédés proposés pour détruire le phylloxéra,
ont été l'objet d'un rapport d'une commission spéciale chargée du soin d'en
rechercher le mérite, pour décerner à lents auteurs des médailles mises à la dis-
position du congrès par M. le ministre de l'agriculture. Nous regrettons de ne
pouvoir donner la liste complète de ces récompenses; les seules dont nous ayons
gardé le souvenir se réfèrent à des médailles d'or décernées à MM. Planchon,
Foëx, Targioni-Tozzetti pour leurs travaux sur le phylloxéra et sur la vigne amé-
ricaine.
Les agréments du congrès. — Nous l'avons dit, mais nous ne saurions trop le
répéter, la réception faite aux invités du congrès par Son Altesse Royale le prince
Amédée, par le ministre de l'agriculture et par le syndic de la ville de Turin, a
été empreinte de cette franche cordialité que mieux que tous autres les Italiens
savent apporter dans leurs relations avec les étrangers.
Visite à la Superga. — La ville de Turin est bâtie dans une plaine fertile que le
Pô arrose et féconde ; les Alpes et les Apennins l'encadrent au loin de leurs nom-
breuses chaînes que des neiges éternelles couronnent au sommet, tandis que leurs
déclivités sont chargées de bois et de riches récoltes.
Plus près de la ville, adossé à une montagne boisée, s'élève Superga, mamelon
avancé d'où l'on embrasse le plus beau ])anorama que l'imagination la plus
féconde puisse créer. Au commencement du dix-huitième siècle, la maison de
Savoie y a construit une basilique destinée à recevoir les tombeaux de sa dynastie
jusque-là réunis dans celle d'Hautecombe.
L'accès de la Superga, anciennement long et fatigant, est aujourd'hui à une
heure de Turin, grâce à un tramway à vapeur, puis à un funiculaire récemment
construit. M. de Sambuy, le sympathique représentant de la ville de Turin, a eu
la bonne idée de conduire ses hôtes dans ce lieu, unique au monde par la vue dont
on y jouit, et de leur y offrir un banquet.
CONGRÈS PHYLLOXliaiQU;.: INTEllM.VTIO VA'^ DK TURIN. 311
Pendant, le; (lojemKM', dn même i[u'à la splendide réception de 250 couverts
ofïeite le lendemain à l'hôtel de l'KiiOfe. pnr M le ministre de l'agriculture,
l)iiii|uct ••luquel avaient été conviés, c'utre les membres du congrès, les som-
inirés du Parlement, du Sénat, de la' maiiislranire «r de l'^Timéo réumes à Turin,
fil! nfïuibreux Ina-'ls i nt été portés: tous étaient empieints de la plun traitche cor-
diialilé, léuioignant. des excellentes lelations e.\i>lanL et qui ne devraient jamais
cesser d'exister entre la France et l'Italie.
Qu'il noua soit fiermis, avant de clore ce compte rendu, d'être l'inlerprète des
seniim-nfs de reconnaissance de fous les invités français du coni;rès, en remer-
ciant les personne" avec lesquelles nous avon-t été en rapport, spéicialeraent S. E.
.VI. le minii>lre de l'agriculture, du com.inerce et des travaux piljlics, M. le syndic
de la ville de Turin et M. le président ' a congrès, des preuves d'atVectueuse
bienveillance dont nous n'avons cessé d'être l'objet. Pli:nRE TocilON',
Prt'Sideiit de ij Srtcieti; d'agricalftiire
de la .Sa.vu-e.
LlfiUE DES CULTIVATEURS DU" NOiiD-EST.
La réunion du cultivateurs du Nord-Est à laquelle |'ai «s-^i^té le 15 novembre
à N»ncy, co'nptait environs ôOÛ cultivitcurs. M. Clément du Lupcouit présidait,
assisté de 'SI. RaiUy. d'ArrauNcours.
M. Brice, de .Montauville. a lu un long discours dans lequel il dit que l'industrie
a produit dan-i des proportions exagérées. I.'Elat, c'est l'agriculiuro quiind il
iaut remplir U caisse, non pour y puiser. Pour écou.er le 1er ou invenie des
fravau.v de toutes so le. Le. Crédit pul)lic est suimené,
Î\I. Biidly estiaie ([ne Ini^riculture doit être en didiors de coter-ios ; il reproche
également aux pouvoirs publics de majorer les tarils industriels el de n'imposer
que des droits dérisoires au prolil de l'agriculture. Il récame ensuite que l'on
prenne poui- base dans la modilicalion des tarifs doaariiers le cbifire desàmiiôts-
ijue subit la production nationale.
iVI. Duroselle demande que l'argent produit par les ta'es destinées à la pro-
tection de l'agriculture retourne à l'agriculture sous forme de dégrèvement.
■ M. Genijy se plaint qu'en facilitant, la concurrence étrangère, on fournisse du
trava I aux ouvriers ftrangers.
iVl. Frederick Michel dem-inde rpie l'association prenne k; nom die fédération.
M. Duroselle demande que le turc soit celui d» l'alliance.
Les statuts de la ligne sont approuvés. M. Suisse est nommé syndic. Sont élus
membres du Comité MM. Bnce de Munluuville, Cl.'ment de Lupcouri, Flnrenlin
lie Manoncourt, Vanessun de Lei oncoiirt. Louis de Tomldaine, Hachette de'
Seicluimps, Gcnay de IJellevue, Yendanl de Ubesy, Colle' deThtaucoun, Lœven-
bruck de Dieourt, Bailly d'Anuancuuit.
A. Bkoksiîick.
SOCIÉTÉ N.VTIONALE D'AGIUCULTURB
S&uice du 19 nooem'irK 18S4 — Présidence de M. Cluvreul.
M. Boisselot, de Nantes, adresse uue commiinic;itiun sur le pai'li à
tirer des cliarmilles; — M. Lecliartier, directeur de fa station a^rono-
mir.iue de Rennes, envoie une note sur l'emploi des engrais potassiques
en Bretagne.
JM. Decroix fait Iioinmage d'une brochure intitulée : Prrjuifices
causés à la fortune publiiiue par le la'iac.
M. AngusSmitli envoie un volume contenant fes méinoires destinés à
célébrer le centenaire^cientifiquede la Société lillL'rairi; r.r, philosophique
de Manchester, ainsi que le volume Vfl des mémoires de cette société.
M. Chîiuibrelent communique à la Société les résultats des essais de
culture de la vigne et des eiitemenceiuents forestiers d'ans les Landes
de Gascogne.
Les vignes ont eu à souffrir de la gelée et d'une sécheresse excessive
pendant le mois d'août. — L'emploi des nu iges artidciels a permis de
312 SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE DE FRANCE.
lutter avec succès contre les gelées; la dépense ne s'est élevée de ce
chefqu'à 13 fr. 30 par hectare. Il a fallu soufrer quatre fois à cause de
l'oïdium ; l'anlliracnose a été combattue par des badigeonnages au
sulfate de fer. On n'a récolté à Sainl-Allian que G liectolitres et demi par
hectare. En ce qui concerne l'oxploilalion forestière, les résultats ont
été plus heureux; des poteaux télégi-aphiques ont été expédiés à Panama
ainsi que des traverses. L'Algérie, la Tunisie et l'Espagne s'approvi
sionnent presque exclusivement dans les Landes.
M. Gayot fait connaître que la ferrure Charlicr, dont l'inventeur a
été récom])ensé par la Société, est employée en Ecosse depuis plus de
dix ans; les inconvénients que cette ferrure présenlail ont disparu
par suite de l'emploi de l'acier Bessenier; la bande de fer ne s'écarte
pins, ne casse plus. Il suffit de ferrer deux fois les chevaux pendant
une période de chasse. La ferrure Cliarlier ainsi modifiée ne coule pas
plus que I;' ferrureordinaire ; elle n'est pas|)lus difficile queles autres.
Ces renseignements concordent avec ceux donnés déjà à plusieurs
reprises dans le Journal.
M.Passy, vice-secrétaire, donne lecture à la Société des évaluations
delà récolte de 188-'i, en blé, seigle et méteil d'après la Journal officiel
du 12 novembre dernier. — Ces renseignements ont été publiés dans
le dernier numéro du Journal.
RI. le vice-secrétaire annonce à la Société qu'elle recevra prochai-
nement le premier fascicule des documents étrangers de l'enquête sur
le crédit agricole.
M. le président déclare la vacance j)our une place de membre titu-
laire dans la Section dts sciences physico-i^liimiqnes agricoles, en rem-
placement de M. Dumas.
M. Cornu entretient ensuite la Société du 26" congrès pomologique
tenu à Rouen au mois d'octobre dernier et de la 2' réunion de l'Asso-
ciation pomologique de l'ouest. Il existe, dit "Sï. Cornu, un grand
nombre de variétés de fruits à cidre, mille variétés au moins étaient
exposées à llouen. Il importe d'étudier celles qui donnent le cidre le
plus alcoolique, un cidre de garde. La composition de ces fruits est
une question de la plus grande importance. M. llaucheeoriie, chimiste à
Yvetot, avait commencé le travail d'analyse; ce ti'avail a été repris par
M. Lechartier. — Les conclusions de M. Cornu sont qu'il faut avant
tout pour faire de bon cidre, éviter les pommes acides. Pour obtenir un
un cidre de garde, il recommande l'emploi des pommes amères. —
Les fruits actuellement préférés doivent être de la grosseur d'une noix,
ce qui justifie le proverbe ancien : « Petit fruit, bon cidre. «
En présence de la disette de vin qui sévit en ce moment, ajoute
M. Cornu, il est très intéressant de voir se développer et s'élever la
fabrication du cidre ; c'est une boisson de premier ordre, très saine, et
qu'il serait bon de voir remplacer les boissons frelatées que consom-
ment aujourd'hui les ouvriers des villes. — M. Pliichet confirme les ren-
seignements fournis par M. Cornu; chez lui, à Trappes (Seine-et-Oise),
tous les habitants consomment du cidre; quant aux marcs, ils ont été
employés à l'alimentation du bétail ou en couverture sur les prairies
artificielles. M. Boussingault signale le procédé qu'il employait pour
utiliser ses marcs de pommes. Les marcs, bien pressés, étaient mis
dans de grandes cuves, et soumis à un tasseruent énergique ; les
marcs, ainsi abandonnés à eux-mêmes, subissent des fermentations
sor.iÉn'; nation \lk d'agriculture de frange. 313
cellulaires ; au bout de six mois on les distille, et les eaux-de-vie
obtenues sont préférables aux eaux-d-î-vie de marcs de raisins.
M. Heuzé ajoute que dans les départements d'I!le-et- Vilaine, de la
Mayenne, de Maine-et-Loire et de la Charente-Inférieure, le marc, après
avoir été pressuré, est abandonné à lui-même; il prend une teinte
brune, puis noirâtre; il se charge d'eau. On le mélange alors de curu-
res de fossés ou de route, on en fait un compost; au mois de mars,
on ouvre le tas et on y ajoute de la cliaux vive. Après douze à quinze
jours, on procède à un mélange général ; le terreau obtenu e^t très
remarquable, il a produit d'excelh-nts résultats sur les prairies natu-
relles.— D'après M. Heuzé, la chaux aurait anéanti le tannin qui s'op-
pose à l'action fertilisante du marc. — M. Berlin confirme les renseigne-
ments fournis par M. Heuzé; il a employé le procédé sur sa propriété.
— MM. Cbevreul, Heuzé et Pluchet échangent quelques observations
sur le même sujet.
Voici l'analyse de la communication faite, à la séance précédente,
par M. Maxime Cornu, sur le Congrès phylloxériiiue de Turin. —
Quatre sous- Commissions avaient été instituées : la f' chargée
d'étudier la répartition des territoires phylloxérés dans les divers Etats,
les mesures à prendre pour empêcher l'apport du phylloxéra par les
voies ferrées; la 2*^, chargée d'examiner les procédés insecticides actuel
lement en vigueur; la 3% d'étudier la question des vignes américaines,
de leur existence, de leur adaptation, et la 4' de régler les conditions
dans lesquelles doit s'effectuer le commerce international des produits
agricoles, viticoleset horticoles.
La V Sous-Commission a puisé la plus grande partie de ses ren-
seignements dans les documents publiés chaque année par le minis-
tère de l'agriculture ; elle a admis que les vignes américaines étaient
le moyen le plus sûr de reconstituer le vignoble.
La 2" Sous-Commission a présenté, par lorgane de M. Freda, di-
recteur de l'institut agronomique de Rome, un rapport très bien fait,
résumant toutes les connaissances actuelles sur la question des insec-
ticides.
Dans la 3* Sous-Commission, on s'est entretenu lonsuement des
Vilis Labrusca, et parliculièrement de l'Isabelle. Dans notre pays, ce
cépage n'a pu réussir à cause du goût foxé du vin qu'il produit; les
paysans italiens s'y sont habitués, et comme Y Isabelle a une grande
fertilité, et qu'il résiste à l'oïdium que les vents du sud déterminent
fréquemment, on le cultive dans d'assez fortes proportions — Les
Italiens op.t également réclamé l'inscription du Yurk-Madeira parmi
les producteurs directs.
La 4' Sous-Commission a émis le vœu que la loi italienne fût révi-
sée dans un sens plus libéral. — On a notamment demandé que les
fruits, les tleurs coupées, les tubercules, le.5 légumes soient admis à la
libre circulation. Quant aux produits des pépinières, ils devront, pour
être introduits, avoir été au préalable désinfectés. Les parties aérien-
nes seront soumises à un traitement à l'acide cyanhydrique, les par-
ties souterraines à l'action du sulfocarbonated'éthyle. M. Cornu,
tout en constatant l'insuffisance des concessions obtenues, fait remar-
quer que l Espagne est actuellement le seul pays où la prohibition soit
absolue, et pourtant les surfaces phylloxérées y sont considérables.
Gkorges Maiisais.
311 DBUOC.RAPIIIE AGIur.OLE.
BiBLiOGRAPHIE AGRICCL'^
Rapport': snr tel er.ii'rie.nrp.'s cnmparaliies de^ il (fimi's sijsthnes df moii'ur/" failcs p.ir \". synli-
cule-î si':ii"S ei: fariin'- 'le \'nrU. avor fe coiiconrs ,[.- jl. le Miiiii-lre de r.igrj, ullirrr;. en 'l,SN3-
im4. — Lin vnlirne ni-H il'c los p\s<:s, iiv«-: |il,i:mlies ei gravures. — l.iiiturie (i«s Ualles i-l
.M irclio-, iii" lia S.irtuie, it, à Pari<. — Pnx : îi) IV.
Il ,1 Clé question plusieurs fois, dans nos colonnes^ des expériences
comparalives de imtulnre organisées par le syndicat des grains et
farines de Paris ; nous avons publié les résultais de ces expériences.
L'ensemble des rappo'ts rédigés sur les diverses parties de ces expé-
riences a paru rcceniment; c'c-t un Iravail magistral, qui dépeint la
sitnaiion exae'c de Tiiidr.sirie de la nihioterie.
La plus granle ])aitie du volume est consacrée à deux grands
rapports : l'un de M. Grandvoinnet sur la niarcbe et les résultais des
Cï^sais, l'autre de M. Aimé Girard sur l'analyse chimique et microsco-
pique des principaox produits de mouture. Viennent ensuite des rap-
ports de M. Lucas sur les expériences de panificalioji, de AI. Prager
aîné sur le classement des sons^ de M. Gnillier sur le classement des
farines bises et des remoulages. Le volume se termine par une élude
de .M. Gatellier, qui a éle l'organisateur des expériences, sur la culture
du blé; nous avons reproduit cetteétude, et on n'a pas oublié les lésul-
tats ipi'il a obLeaiis,sous le rapport delà richesse du blé en gluten, par
l'emidoi d'engrais de composition variée.
L^ [nri-fn lie l.'iiiduvlrie, pragws lie ).i puissance Inmiaine, par M. Lou's DSurdeiu. — Un
vnlunii.' III K .ie pré- île 400 pages. — Libr-iirie Je Kéiix Altan, lOS, boulevard Saiiit-Gemiaiii
à l'aiis. — l'i i\ : 5 IraiiC".
Le nouveau livre de M. Louis Bourdeau est une œuvre de grande
ériidiiion. G est, en elTel, un tableau historique des conquêtes p-'ogres-
sives d; riioinme >ur la nature, el de t'uiilisation qu'il a su faire d.'S
forcps naliircUes. (À's forces sont de diverse sorte : les unes senties
forces luimaines elles-uièmes, les autres sont les fiiirces animales ; puis
viennent les forces motrices naturelles ou artificielles, les forces phy-
siques dont les principales manifestations sont la chaleur, la lumière
el l'électricité. .\u|ourd"hui l'homme dispose libremeiil de la plupart
de ce.s liirces, et s'il ne les maîtrise pas toujours complètement, il peut
l'e plus souvent les diriger au mieux île ses intérêts. G'est donc un
tableau réellement saisissant que M. liourdeau nous présente dans un
styl« ferme et concis. A côté de l'intérêt élevé qui s'attache aux ques-
tions de cette nature, les airriculleurs trouveront d'ailleurs dans son
litre des détails très intéressants sur l'appropriation des forces ani-
males el s^iir le développement des machines agricoles à travers les
siècles. Henry Sagmer.
REVUE fioriEHCnALE ET PlilX C»llli\Nr DES DI-^NliEES AGRICOLES
(22 NOVEMBRE iSSk).
1. — Stlufitlini tji>h''riitp _
Lts maiclttis des céréales ont été calmes pendint toute la semaine; les cours
acquis ile|)iMS duu.^ mais pcrsislent avec lourdeur, et rieu ne lait prévoir uncliai;-
gemi-i t diuis la siluslion. Les vins sont l'objet de tnin'-attions actives, dansd'a-sez
bonnes coniliiiims. Les autres den-ées resl nt dans la même situaiion que la
sentaine dernière.
II. — fas grains et Us farines.
Les tablenu'x suivants résument les cours des céréales, par quintal métrique,
sur tes principaux marchés de la France et de l'étranger ;
REVUE nOMMERCLVLK ET PRIX COURANT (22 NOVEMBRE 1884). 315
- NOKII-OrKST.
Calvados. Cacn
— Uayeux.
C,-du-Noid .Lannioii..
— Tréguier
Finistère, .\lorlaix
— Quifnper
Ule-el'Vitaine. Rennes.
— Fougères
Manche. Saint-Lo
— Houtances
— Valogaes
Mayenne. Mayenne
— Evron
Morbihan. liennebont. .
Orne. Bellêmc ,
— Vimouticrs
Sar/V, Le Mans
— Beauraorit ,
B!é.
fr.
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18.75
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Seigle. Orgt.
fr. fr.
13.00 14.60
18.65 15 40
» 14.50
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(5.50 15.25
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B 14.60
» 15 75
15.35 •
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» 17.70
15.25 15 25
Prix moyens 11.76 15. o.
2* RBOION. — NOUI>.
i4tsne. I,.ion 18.75 15.50
Villers-Cotterets. 20.50 14.50
— Chauny '21.75 15.00
Sure. Evreu.K 19.50 13.70
— Pacy 19 75 15 bo
— Gisors 20.15 15 35
Eure-ei tûtr. Chartres.. 23.00 13.75
— nliileaiidun 19 80 »
— Lii Ferte-Vidame. 20.45 17.35
Nord. Douai 19.50 15. lO
— Boarboorg 20.15 16-40
— Bergiies 20.00 »
Oi«e. Beaiivais 20.75 16.00
— Cler.Tlont 19.60 13 35
— Corapiijgne 21.25 14.00
Pas-de-Caiais. Arras. . . 20.80 15.60
— Bapaume 20.80 13 50
Seine. Paris , 21.15 16.15
S.-el-Marne. Montereau 20.20 15.25
— Mea'ix 20 110 (4.50
— Melun 21.25 15.50
8..«t-0ise Versailles.... 21.25 15.25
— Elampes 20.40 17.75
— .-Vogervilie ... 20.00 14.60
Scine-Zn/^erieure. Rouen. 20.70 14.75
— Fécamp 24.00 14. OU
— Eu 20.15 14 56
Sommi. Amiens 20.60 15.00
— Uoullens 22.00 14.65
— Roye 19.15 13. 35
Prix moyens 20.60 1519
3* REGION. — NOKD-Esr
Arde)\nes. Sedan. 20.25
— Clurleville 2 1.25
4u6c. Bar-sur-Seine. ... 19.50
— Mery-sur-Seine. .. 19.70
.Warn;;. Chàions 20.60
— Epernay 20.75
— Ste-.Menehoûld 19.75
Hte-Marne. Sl-Diiier... 19.85
— Chaumont 19. 4o
Ueurtlie-ei-Mos. Nancy. 21.00
— Toul 20.25
— Einville ;i.25
Meuse. Bar-le-Duc 20.60
//au(e-Sao?ie. Vesoul . .. 20.60
— Gray 20.50
Vosges. Ep\a^\ 21.50
— NfiufcliUean 20.15
— .Mirecourt 20.50
Prix moyens 20.40 15.45
4" REGION. — OUEST.
Cxirente. Angoulème... 20.00 »
— Barbezieux 20.80 »
C/var. -/n/ér. .\larans. ... 19.25 »
— St-Jean-d'Angély.. 19.15 •
Deux-Sr-vres. Niort 20.00 »
Indre-et-Loire. Tours... 19.70 14.35
— Blére 18.10 14.35
Loire-Ittf. Nantes 19 50 t
M.-el-Lnire. Saumur... 20.75 15.25
— Angers 19.80 15.33
Vendée. Luçon iy..so »
— Fontenay-le-Comte 22.10 »
Kienne. Poitiers 19.80
Haute-Vïennu. Limoges. 20.80
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17.00
15.70
15.70
19.20
13.85
16.65
Ailier. Montliiçon..
— St-Pourçain. . .
Cher. Bourges
— St-Amand
— .\ubigny
Creuse. Aubassuu...
Indre. Châteauroox
— Valençay
— Issoudun
Loiret. Orléans
— Patay
— Muntargis
L.-el~CUer B1015....
— Monloire
Nièvre. Nevers
— Clamecy
— La Gbarité.. . .
Vonne ^ens
— Ti-Minerre
— Brienon
— Ce^iTKR
Blé. Seigle.
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19.80
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17.35
16.10
14.60
13.40
14.00
15.65
14.50
15.35
15.35
14 90
14.75
14.65
11.50
16 50
14.00
! 6.00
15.15
13.75
14.20
(r.
15. 40
16.00
IG.50
15.40
15.40
»
16 00
18.45
16.90
16 25
17.40
17.50
18.00
16.00
17.30
15.75
16.40
17.25
»
16.50
AToiot.
fr.
16.00
16.00
15.60
14 00
16,00
16 50
15.00
16 00
15.00
16.25
16.25
16 40
17.60
16.00
17 00
15.20
16.00
16.50
16.50
17.65
Prix moyens 20.02 i4.97 16.63 16.02
6" RBaiON. — EST.
13.7
15 25
15.50
.Ain. Bourg 22.00
— Pont-de-Vaux 21.75
Côl6-d'0r. Dijon 20.60
— Beaune 19.75
Dou'is. Besançon 20.75
Isère. Voiroii 21.00
— Bûurgoin 20.75
Jitra. Lons-le-Saunier . . 22.10
/.oire. Kjanne 21.25
P.-de-Uàme. Clermonl-F 20.60
tiliûne. Lyon 21.25
Saône-et-Loire. Màcon . 20.00
— AuLun ... 19.75
oauoie. Cbambéry 22 75
//(e-Sauoie. Annecy 21. 6J
Prix moyens 21.05 15.47 17.4; 16.86
T RÉGION. — SUD-OUEST.
.Ariëge. Foii 24.15
— Paniiers 22.10
Oordogne. Nontron 23.40
//(«-Garmme. Toulouse. 21.00
— Muret ÎI.20
Gers. Condora 22.50
— Eauze 23.30
— Miratidà 18.50
Gironde. Bordeaux 2 1. 50
— Bazas 22.50
Landes. Dax 22.50
Lot-et-i'aritnne. Agen.. 20.60
— ViUeneave-sur-Lot 21.75
B.-Pyrenees. tiixyoane. . 23.25
//<es-Pj/réiiee5. Tarbes. . 22.00
Prix moyens 22.02
8* RÉGION. — SUD.
Aude. Castelnaudary. . 22.80 ;8.00 17.00 19.00
Aveyrnn. Hndez 20.80 17.60 » 18.80
— Villelrano le 20.75 » » 16 00
Canlai. vliuilai; 22.50 19.25 » 19.50
Gorreie. Tulle 22.00 18.00 17.75 1&.25
Hérault. Beziers 21.75 17.65 17.70 19 50
— Montpellier 21.50 » 16.00 18.40
toi. Clhûrs 22. 2S 18.00 18.25 18.00
Lo:èrE. Mende 22.75 18.00 18.45 18.00
Pi/rênées-Or.Perpignan. 23.65 17.80 24.00 26.50
Tarti. Caillac 22.60 » » 18.60
Tarn-et-(iar. Moutauban 22.40 14.65 15.75 19-50
Prix moyens 22.15 17.66 19.36 19.17
18.65
•
16.00
16.65
n
17.Û0
14.65
»
»
17.00
15.75
IS.SÛ
s
15.50
))
»
v
18.00
»
m
19.50
•
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17.50
17 30
17.20
17.75
17 50
j»
»
19.35
>
s
13. 3o
»
18. ou
17.35
»
»
19.50
»
17.50
18.50
»
19.25
71 16. li 17.90
9' REGION.
Basses-Alpes. Manosque
Hautes-Alpes. Brianç-jn.
Aipes-Maritimes. Nice. .
Ardfcke. Privas
B.-du-likône. Arles
Drame Romans
Gard. Alais
Hauie-Loire. Brioude..
Var. Draguigaan
VaucliLse . Avignon
Prix moyens
Moy. de toute la Trance
— delà semaine précéd.
Sur la seraainelHausse.
précédeate . . ) Baisse. .
— SCU-EST
-23.70 »
2Î.92 16.87
20.98 15.96
20.94 16. là
316 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT.
Blé Seigle, Orge. Avoine
Algérie. Alger S f'-^'^"^^"^-- l^'^?
" " ( bledur 13. 2d » 10.25
Angleterre. Londres 19.25 » 12 aO l.S.ôO
Belgique. Anvers 18 LO 16.2.') 20. .îO 11 .1ô
— Bruxelles 20.00 Ki.OO » |6..=i0
— Lièpte 19.3.1 17.00 IH 00 K.IO
— Nanuir h) 25 16.00 IS.OO 15.50
Patjs-Das. Amsterdam 17.15 15..^5 » >
Luxembourg. Luxenilioiirg 22.75 18.65 15.40 17.00
Alsace-Lorraine Strashourg 22.2.5 19.25 2l.2;i 18.60
— MiilliOUse 21.50 18.25 19 75 18.25
— Colujar 22.10 19.3.5 21.30 19.25
Allemagne. Berlin 19 25 17.25 » »
— Cologne 20.30 18.10 . »
— Hambourg 18 GO 15.25 » »
Suisse. ùenève 23.50 18.50 18.50 18. .50
llnlie. Turin 22 00 17.00 » 15.50
Espagne. Barcelone 25.40 » 13.. 35 18.25
Autriche. Vienne 1 7 . 00 » » .
Hongrie. Budapest 17.30 14.5i,' 14.00 13.20
husite. Saint-l'étersliourg. . 16.70 i3 35 » 12.65
É(a(,^-(/n^s. New-York. 15.60 » ■ .
Blr.s. — La situation du marché ne s'amélioro pas. La demande est excessive-
ment restreinte, et quoique les ollres ne soient pas très abandante-t, les prix ont
beaucoup de peine à se maintenir. La cote du mercredi 19, à la halle de Paris,
accuse une baisse, légère il est vrai, sur la semaine dernière; les prix sont de
20 i'r. 50 à 21 fr. 50, soit 21 fr. en moyenne pour les bons blés de mouture. Les
blés à livrer se cotent: décembre, 21 fr.; janvier-Céi'rier, 21 Ir. à 21 25; quatre
premiers mois, 21 fr. 25 à 21 fr. 50; quatre mois de mars, 22 fr. avec 0 fr. 25 de
baisse. — Au Havre., les affaires sont à peu près nulles, et les prix sont les
mêmes que la semaine dernière; avec une tendance à la lourdeur. Les blés roux
d'hiver d Amérique sont oiïerts à 20 fr. 50 et 21 fr. lesGHlifornie n" 1, 20 I'r. 75 à
21 fr. -25; les Australie, 21 fr. 25 à 22 fr.; les Bombay, blancs, 20 fr. à 20 fr. 50.
— A Miirseilk, les piix du disponible sont mieux soutenus. On cote : Red-Winter,
23 fr. 25; Berdianska, 2* tr.; Marianopoli, 22 fr. -.5; Irka, 19 fr. 25 à 20 fr.;
Azima-Azût'f, 19 È 20 fr.; Danube, 18 à 19 fr.; Azoff durs, 18 fr. 50 à 18 fr. 75.
— A Lohdres, les affaires sont 1res calmes, avec prix plutôt faibles, de 18 I'r. 10 à
20 fr. les 100 kilog. Pour les marchés intérieurs de l'Angleterre, le prix moyen
de la semaine est de 17 fr. 55.
Farines. — Les prix restent sans changements depn.is la semaine dernière; les
offres de la meunerie ne dépassent pas les be.soins de la consommation, et la bou-
langerie se tient tur la léserve en attendant la solution de la question de la taxe
du pain. Le mercredi 19 novembre, on cotait, à Paris, peur les farines de consom-
mation : marijue de Gorbeil, 48 fr.; marques de choix, 48 à 51 fr.; premières
marques, 47 à 48 fr.; bonnes marques, 44 à 45 fr.; le tout par sac de 159 kilo;^.,
toile à rendre, ce qui correspond aux prix extrêmes de 28 fr. 02 à 32 fr. 48 les
JOO kilog., ou en moyenne, 30 fr. 25. — Pour les farines de spéculation, 1-s cours
sont inférieurs à ceux de la semaine précédente; on coiait : farines neiif-mirqiu's,
cour-tnt du mois, 4'4 fr. 50; à 4'-4 fr. 75; décembre, 45 à 45 fr. 25 ; janvier-février,
45 fr. 25; qualre premiers mois, 45 fr. 25 à 45 fr. 50; quatre mois de mars.
46 fr. à k6 fr. 25, — Les farines .-ont toujours cotées de 21 à 22 fr. les 100 kilog.
Seiiiles. — Prix fermement tenus, otfres toujours rares. On paye à Paris, 15 i'r. 75
à 16 fr. 50 les 100 kilog. Les prix de la farine de seigle resiont sans variation de
20 à 23 fr.les 100 kilog.
Orye^. — Les demandes sont plus actives pour l'exportation, et ont décidé une
fermeté dans les cours. On cote à la halle do Pans, 17 fr 75 à 22 fr. par 100
kilog. — Les offres sur les escourgeons sont rares et les affaires très calmes au
cours de 19 fr. à 19 fr. 50 fermement tenus
Avoiries — Affaires modérées, avec demande très ordinaire, les prix sont tou-
jours de 17 fr. 50 à 20 fr. suivant proveni'nce, poids et qualité.
Issues. — Les prix sont en hausse de 0 fr, i5 sur la semaine dernière, par suite
de la demande plus active et des ollres plus restreintes. On cote à la halle de
Paris [lar 100 kilog., gros son seul; 14 fr. 50 à 14 fr. 75; sons gros et moyens,
13 fr. '. 5 à 14 fr. 25 ; sons trois cases, I3 fr. à 13 fr. 50; sons lins, 12 fr. à 12 fr. 50;
rccoupettes, 12 fr. 50 à 13 Ir. 50; remoulages blancs, lo fr. 50 à 17fr.; remoulagcs
bis, 15 à 16 fr.
DES DENRÉES AGRICOLES (2 2 NOVEMBRK. 1881*) 317
Maïs. — Les maïs du Danube et de la mer Noire valent de 14 fr. '2b à 14 fr. 50
les 100 kilog.; au Hivie ou à Rouen; les livrables sont tenus à Paris, suivant pro-
venance de 13 fr. i5 à 14 fr. 15.
Sarrasins. — Le sarrasin de Bretagne disponible est coté en gare d'arrivée à
Paris, Iti ir. les 100 kilog.; le livrable, 15 l'r. 75.
III. — Fourrages et graines ftmrrar/ères.
Fourrages. — Les prix des fourrages se -soutiennent, surtout pour la paille de
seigle, qui est rare sur le raarclié ; les foins et les luzernes so;it également en
hausse. Voici les prix pratiqués à Paris par 100 bottes de 5 kilog. : foin, 48 à
61 fr. ; luzerne, 50 à 59 fr.; paille dj blé, il à 33 fr.; paille de seigle, 36 à
42 fi'.; paille d'avoine, 15 à 30 fr.
Graines fourragères. — Les graines sont toujours sans changement à Paris.
Oq cote, par 100 kilog. :. trèfle violet, 105 à 120 fr.; trèfle blanc, 165 à 200 fr.;
trèfle hybride, 150 a 170 fr.; luzerne de Provence, 140 à 150 fr.; luzerne
d'Italie, 125 à 135 IV.; du Poitou, 90 à 100 fr.; minette, 40 à 45 fr.; ray-grass
anglais, 35 à 40 fr.; d' talie, 40 à 44 fr.; sainfoin à une coupe, 33 à 35 fr.;
à deux coupes, -37 à 38 fr. ; vesces do printemps, 22 à 23 fr.; pois jarras, 17 'à
18 fr. — A Garpentras, la graine de trèlle vaut 1 10 fr. ; celle de luzerne, 130 fr.
les 100 kilog. — A Bordeaux, on paye : la luzerne, 160 fr. les 100 kilog. ; trèfle
de Hollande, 160 fr.; trèlle blanc 300 fr.; alpeste, 50 fr.; lupuline, 90 fr.; sain-
foin, 60 fr. ; trèfle farouch, 60 fr.; ray-grass, 70 fr.
IV. — Fruits et légumes frais.
Fruits. — Voici les cours de la halle de Paris : châtaignes, 17 à 17 fr. l'hec-
tolitre; coings, 3 à 25 fr. le cent; nèfles, 1 fr. à 4 fr. le cent.; nou, 0 fr. 50 à
0 fr. 80 le kilog.; poires, 10 à 50 fr. le cent; 0 fr. 22 à 6ô le kilog ; pommes,
5 à 80 fr. le cent; 0 fr. 20 à 0 fr. 60 le kilog.; raisin commun, 1 fr. à 8 Ir. le
kilog.; noir, 1 fr. à 2 fr, 50.
Lé!/um';s. — Carottes communes, 20 à 2.j fr. les cent bottes; d'hiver, 4 fr. 25
à 4fr. 50 l'hectolitre; choux, 8 à 15 fr. le cent; navets communs, 16 à 22 fr. les
cent bottes; oignons en grains, 14 à 16 fr. l'hectolitre; panais, 12 à 15 fr. les
cent bottes; poireaux, k à6fr. 50; chimpignons, 1 fr. à 1 fr. 60 le kilog.;
choux-fleurs, 6 à 75 fr. le cent; choux de Bruxelles, 0 fr. 20 à 0 fr. 25 le litre ;
épinards, 0 fr. 20 à 0 fr. 25 le paquet ; oseille, 0 ir. 60 à 0 fr. 80 le paquet ;
potirons, 0 fr. 50 à 4 fr. . la pièce; salsifis, 0 fr. 30 à 0 fr. 40 la botte ; tomates,
0 fr. 35 à 0 fr. 50 le calais.
V. — y'ins. — Spiritueux. — Vinaigres. — Cidres.
Vins. — La période d'activité des transactions continue, surtout dans le Midi.
Le Languedoc et le Bordelais font de nombreuses expéiitions, le Roussillon, le
Nantais, le Maçonnais sont le théâtre d'att'iires suivies, à des cours modérés,
mais soutenus. Le gros commerce des entre|iôts s'est décidé à faire ses achats;
la campagne se poursuit donc dans des conditions normales. — A Carcassonne,
les vins foncés ont obtenu une faveur de 2 à 3 fr. par hectolitre sur les prix de
début. — A Narbonne, les transactions avec les maisons étrangères ont été assez
actives; les vins sur place sont tenus à 34 et 36 fr. l'hectolitre; on demande
même 37 et 3S fr. pour les qualités exceptionnelles. — A Moissac, les vins ordi-
naires se maintiennent aux prix de 50 à 60 fr.; les meilleurs vont jusqu'à 70 et
80 fr. — A Nantes, on cote les muscadets de 60 à 65 fr. les ordinaires et 75 fr.
les supérieurs ; les gros i)lants de 1884 sont à '30 et 32 fr. sur lie, fût compris. —
Dans l'Orléanais, on a payé la pièce do 226 litres logée, li 0 et 105 fr. pour les
crûs ordinaires, et 110 et 120 fr. les meilleurs crûs. — A Dissangis (basse Bour-
gogne!, les vins blancs nouveaux valent 50 fr. la feuillette de 136 litres, les rouges,
55 à 70 fr. — A Lézignan (Aude), les ventes ont donné 26 à 30 fr. l'hectolitre. —
Dans la Cùte-d Or, les affaires sont relativement peu actives : les passe tout
grains de la côte de Dijon et de Nuits sont tenus de 145 à 185 fr ; les gamays
ordinaires valent 90 à 95 fr. ; les gamays choix, 105 à 110 Ir. la pièce.
Spiritueux. — Les alcools sur la place de Paris ont perdu la légère faveur que
nous signalions la semaine dernière; cependant la tendance reste ferme; les
fluctiialiuns des cours sont sans ira[iorlance. On cote les trois-six fins du Nord
90 degrés disfionibles de 46 fr. 25 à 46 fr. 50 l'hectolitre; les livrables décembre,
45 tr. 75 à 46 francs quatre premiers mois, kë fr. 25; quatre mois chaud,
46fr. 75. Les trois-six du Languedoc 90 degrés disponihlessonttenusde 110 à 112fr.
— A Lille, l'alcool de betterave disponible vaut 42 fr. — A Bordeaux, les trois-
318 REVCIE COMMERCIALE ET PRIX COURANT
six fins du Nord sont tenus à 53 fr. l'hectolitre; à Marseille, 63 fr. — Les trois-
six bon goût sent cotés à Nimes, 98 fr. l'hectol. ; à Béziers, 103 fr.; à Pezenns,
101 fr. : ci Marseille, 105 i'r. ; à Bordeaux, 113 fr. — Les eaux-de-vie nouvelles
sont offertes au prix de 215 à 2^10 fr. à Cognac ; et 200 à 210 fr. àLa Rochelle ; les
eaux-de-vie pour coupages valent 100 fr. I liectol. à Cognac. — Les marcs con-
servent leurs prix de 92 fr. à 95 fr. suivant qualités sur les place du Midi. Dans
la Basse-Bourgogne, les eaux-de-vie de marcs sont toujours rares et chères, au
prix de 2C0 à 250 fr. l'hectoliire
Vinaiffres. — Sur la place de Bordeaux, on cole les vinaigres pur vin blanc
370 fr. le tonneau; les vinaigres de table, 195 fr à 315.
Pommes à cidre. — A Evreux, les poinines à cidre valent 4 Ir. 20 l'heclol.; à
Caudebec, 4 fr, 30 et 4 fr. 80; k Rouen 5 fr. 35; à Sillé-le-Guilhume, 3 fr. 30,
en hausse sur' tous les marchés.
VI. — Sucres. — JTe'Jaçses. — Ficules. — Houblons.
Sucres. — Le marché fst lourd; ainsi que pour les alcools, la hausse acquise
il y a huit jours ne s'est pas maintenue. Voici les cours, à Paris, par 100 kilog.,,,
sucres bruts 88 degrés sacchiriinétriques 35 fr. 50; sucres blancs 99 degrés,
41 fr. à 41 fr. 25; sucres blancs n" i disponibles, 42 fr. 50 à 42 fr. 75; livrables,
décembre, 42 fr. 75; livrables aanée prochame, 43 fr. 2ià 44 fr. 75. Les rafiinés
valent 100 ft. à 101 fr, les loO kilog, à la consommation, et 45 fr. à 47 fr. 25
pour l'exportation. Le stock do rentrep(5t réel augmente toujours ; il était, 1b-
17 novembre, de 802,472 quintaux. .\ Saint-Quentin, les affaires ont été impor-
tantes sus les sucres blancs, qui se sont payés 42 fr. 50; les roux valaient 35 fr.
à 35 fr. 50. — A Valenciennes, les sucres bruts 88 degrés valent 35 fr. — A Lille,
les cours sont faiblement tenus à 31 fr. 75, pour les roux, et 42- à k'î fr. 25 pour
les blancs. — A Nantes, on cote 35 75. — Les raffinés valent 100- à 112' fr. les
100 kilog. à Bordeaux, 103 à 104 à Nantes. 105 à 109 Ir. à Marseille.
Mélasses. — Sans changement à Valenciennes, au prix de 10 ir. 50 les 100 ki-
log. : à Paris, on cote 9 fr. à 9 fr. 25 les mêlasses de fabrique, 9 à 10 fr. celles
d« raffinerie.
Fécules. — La fécule première de l'Oise est toujours au cours de 26 fr. les
100 kilogr., à Compiègne. ^ A Paris,- la fécule sèche vaut de 2T fr. à 2T fr. 50.
Houblons. — La baisse s'est encore accentuée sur tous les marchés, en raison
des exportations considéiables de houblons américains qui ont eu lieu en Angle-
terre. Dans le nord, à .Alost, on offre de la marchandiseà livrer à 150 et 160 fr les
100 kilogr. ; à Poperinghe, on cote 160 à 180 fr. — A Nancy, l'es ache'eurs sont
rares aux cours de 200 ir. : à Biscliwiller, de 110 à 130 i'r. — A Dijon, on ne paie
pa.s plus de 180 à 200 fr. Dans plusieurs centres, la moitié de la réculte est encore
invendue.
VII. — Tourteaux. — JVoi'rs. — EiiQrais.
Tourteaux. — Prix soutenus sans changements. On cote à Arrai.- tourteaux
dœillelte, 15 fr. 50 les 100 kilog.- de colza 16 fr. 50-: de lia, 2'i fr.; de cameliue,.
15 fr. 50; — à Rouen:, colza, 15 fr.; lin, 2;1 fr.; — à Caen, colza 17 fr.; — à
Cambrai,, colza, 16 fr. 50; œillette, 14 fr.; lin,, 21 à 22fr. ; carneline,. 15 fr. 50.
Noirs. — Ou cotetoujonrs à Valenciennes : noir animal neuf en grains, 33 à36.fr.,
les; 100 kdog. ; noir vieux grains, 10 à 12 fr.; noir d'engrais, 2 à 8 fr.
Eingrak. — Voici les comrs pratiqués à Masiiières (Nord) : Nitrate 15 et demi,
à li-< pour 100 d'azote 24 fr. les 100 kil.; sulfate d'ammoiùaqiue disponible, 35 Ir.. 50;
chlorure de paLassium,, 20 fr.; siiperphos jh:»le pur d'o-ti. 0 fr. 77 le degré d'acide
(ihosphorique soluble; superpho.s^phite blanc, 0 fr. 70 le degré ;, nitrate de. potds.se,
47 Ir,; poudre de matières organiques 7 à9 d'azote, 1 lir. 4=0, le; kilog. d'azoUe».
VIII. — Miitièri'S résineuses et textiles. — Bo(<.
Riisuies. — A Bazas, les vieilles gamrnes sont cotéas 20 ir. les 250 litres ; les
gemmes nouvelles système Hugues, 2j tr ; à Viliaadraut, les gemmes nouvelles
valent 22 Ir.
E^scncm. — .A Bardeaux, on paye l'essa.ice Je térébeulhine 50 fr. et à Dax,
46 fr. les 100 kilog. en lùts.
TeanUes. — L'is lins de première qualité valent 1 fr. 50 les 2 kilog. dajis la
Somme, ceux de deuxième qualité, i Ir 25.
Uuis de lonueUerie. — Il y a eu des ventes assez actives à Bordeaux sur les
merrains pour barii[ues qui sont cotés comme suit : les 1,616 douves de 34 à
35 pouces de longueur : 12 à 14 lignes d'épaisseur, 900 à 950 fr. ; l4 à 16 hgnes
UKS DENRKES AGRICOLES (22 NOVEMBRE 1884;. 319
1.075 à 1,12J ir.; 16 à 18 liicnes, 1 , 1 75 ;i 1 ,225 fr. ; 18 à 20 lijnjs, l,350à
i.kihir.
IX. — ^m'/"» d rorps (jntx.
Suifs. — Le silir irais do la LouctiRrie de Paris est oa Laisse de 1 fr. par 100
kilog. et se coie 80 fi-.
Snindoux — Au Havi-o, les saindonx ont uerdu 50 centimes, au cours de
52 fr. 50 les 50 liilog.
X. — Beurre . — Œufs. — Fromayes.
Beurres. — On a veudu peadaot la semaine, à la hiUe ds Pxris ; 2.17,902 kilnjr,
de beurres, coLùs au dernier marclié : en iemi-kilog., 1 IV. 80 à A Ir. 90; pelit--
beurres, 1 fr. 58 à 3 fr. 32; Gournay, 1 l'r. 86 à 4 fr. 16; Isl^'iiy, 1 l'r. U6 â
8 fr. 22. _ ^ ' "
Œufs. — Los vente- se sdhI élevées à 3,917,8'i5 reiTs, aux prix suivants, pir
mille : clioix; 116 à 152 fr.; orllnairns, 88 à 112 Ir.; les petils^ 5i à 6i fr.
.K'. — Chevaux. — Uetail. — Vinnde.
Bélni.i. — FjH lableiu laivant rés;iue le lao iiveUMit i>ffiairtl 'lu jaiir.-.iié aux bes-
tiaux de la Villeiie, du jeudi 13 au mardi 18 novembre :
Poi'la Pru (iiMihti. 'tu vinn'*** nette *'i"*
Veinittâ mav'en pied du 'jnHPdhe du 17 n-'vembre
Pour Po(jir En k quarlVars. I" '-'" 8' ^^^u
AmeHàs. Paris, l'eiterieux. tot^l'le. Jtvl. H'^^'- UUti. qu.i move".
tiœiifs .=..447 » •• 4."9i :!*'» 1.64 i..V) l.!i 1.14
Vaclies I.I.m; » . l..">'7 2:i.'> 1 .ô'i 1.41 I IS I.St
Taureaux :G7 • " 2?:! ;ISS H6 l.:tfi 1.26 I .;f.S
Veaux K,M'? » .. T.. .14 «2 1.9; 1 76 I..16 1.74
Moutons :i:,';6i » » â.,:i-tt 21.1 1 yi i.;o 1 16 iiis
t^orcs (îr;i.s 6,6ô'J « •> 7, 4SI 82 I.S2 1.22 I.IK I -il
Lts arrivajîes desmir.;hés de la seaiaiiu .sidii;) Qjjseut, co 0 Uti il s-uit :
Bœufs. — Aisne. 16; .AJiier, 6); nali'ido<, I.Û'fS; Oharcnle, 31; C.'i:ironte-Iiiférieure, i'> :
Cher, 80; Cote-(rOT, \hl -. ti'jles-du-Nord. 6; Crejse, Kl- Deux-=îvres, H; Dordoi^ne, 68;
Eure. 41; Eure-et-Loir, 12; Irilre, :jl : Lobre, Isl : L^ire-lnfécieurs, 26; Lot, 18; Lot-el-
<j,ironne. 8; Maine-et-Loire, 4'i.i; iVUnclie, 282; Mo-bih.in, 26: Nièvrs, 385.; Orne, 993:
Saone-et-Loire, 37C ; .Santi», 26; .Saine-Inrè'-ieu'e, 31; Tjrn-et-Garji;ne, 2't; Vendée, 160;
Haute-Vieane, 5; Yonne, 3.5.
Vaches. — AUier, 16; Aulie, 5; Ca4val.).<, 32t ; Cantal. .=i" ; Cner, 23; Côle-d'Or. 71;
Creuse, 16 ; Doubs, 3; Eure, 2i; Eure-et-Loir, 15 ; Loirj. 2 ; H.iul.!-Loire. 10 . Loire-Inféi ieure,
16 : Loiret, 3; Mancli". 244: .Marne, 2: Haute-Marne. 8; Ni.'.-vre, 187,. Orne, 273; Puy-de-Dôme,
23; Saô:ie-et-LDirÊ. 81;i5arlliH. 19;S;iue. 102; Seine-tnlerieuri;. 1 1 ; Seine-et-Mariie, 14; Sauie-
el.-Oise, 22; Haule-Vieirae, 11 : Ynaciie, 2i,i.
Taureaux. — Ain. 4, Allier, 17; Aube, 1 ; (ialvidos. 27; Cher, 3; Cùte-d'Or, 3; CôJes-du-
7\'ord, 7 ; Doubs, 6; Eure, Il ; Eure-ei-Loir, 3; lUe-et-Vilaine, 8; Loiret, 3 ; M.tirke-ct-Loire, 10 ;
Manche, 56; Marne, 2; Haute-Marne, 12: Mayenne, 21 ; Meu-e, 13; .Nii:vre. 19 : O'ne. 13;
Saône-et Loire, 5; H.iule-Saô'ie, 7; Sartlie , 1; Seino-et-Marne, H; Séi-ne-et-Oise, 8:
Yonne, 8.
Fn(iM.r. — Aubp, 320; Avevron, H'6: ralvado"!, ?4 ; Cantal, 30; Eure. ÎM ; Eure-et-Loir,
339; Loiret, 155; Manche, 19; Marne, 78;Oise, ô,S ; l'uy-ile-Uôine. 1,6; Sarlhe, 37 ; Seine-
Inlerieure, 41; Sein ■ Pt-M.irne, :i34; .Seiiie-et-Oi-,e, 27: Yonne, 106.
Uoutims. — Aisne, nS.l: Allier. 1,55<); Anbe, 741; Camal, 1,035: tCher, 397; :C4ta-dl,0r,
193; Creuse, 210; licux-Sc-vre.*. 412 : fiur(-e.l-.Loir, 433; Indre, 141 : ludre-et-LoIre., 73.; U-dnae,
716; .ileurlhe-el-.M..sa|lc, 445 ; Meuse, 162; .Mèvre, 701: Nord, 114 : Oise, 90: l'iiy-de-Dôm". 478:
.Seine, 74 ; Seine-et-.Mirne, 1.861 rieine-Oise, 2,491 ; Allemagne, 1 1,758; Autriche. 222; 'Hoiig-r.e,
8,101; Italie, 412; Rii-sie, 4.826; Va'acbie, 167.
/'orcv. — Allier, 812; Calvïdos. 23 ; Cliarenle. 241 ; Cher. 292; Côte-d'Or. 63 ; Côtcs-dn ■
Nonl, 51; Creuse, 312; Den\-.Sèvres 79 : III.' el-Vilaine, 181 ; Indre. '|82- Loire-Inléneurc, 311;
Loir-el-Cber, 119; Mame-el-Loire, .S39, M.inche, 46 ; Mayenne KS; Nièvre, 399; Saône-et-l.oire,
96: Sarlhe 1,703; Seine, 3; Seine-lnl^rijurtf, 2;. Venlée, Ta[ ; Vienne, 227; Haule-
Vionne, 74.
Les arrivages ont été à peu près les mêmes que la semaine dern-êre, sauf pour
les moutons et les porcs, qui ont été sensiMement moins -nombreux. Les |iri.\
sont plus élevés pour toutes les sortes. — Sur les ma relié..! d-'s dépHriements, on
cote : Arras. bœuT, 0 fr. 95 à 1 Ir. le kilo,^.: vache. 0 fr. 85 à 0 fr. 95. — /(«((.»«,
Lœiif, 1 tr. 60 à 1 fr. 80; vache, 1 fr. 45 à 1 fr. 75; veau, 1 fr. 50 à 1 f.-. 85-
mouton, 1 fr. 75 h 2 Ir. 06; porc, 1 fr. 05 à 1 fr. 30. — Nancy, bœuf, 86 à
89 fr. les 1 00 kiloir. bruts; vache, 60 à 85 ir.; veau, 56 à 63 fr.; mouton, 80 à
95 fr.; porc, 63 à 67 fr. — Erreux, bœuf, 2 fr. 10 le kilog. ; veau, 2 fr. 30;
mouton, 2 fr. 3); porc, 1 fr. 70. — Loaviers, bœuf, 1 fr. 40 à 2 fr.; veau, 2 fr.
à 2 fr. 40; mouton, 2 l'r. à 2 fr. 40; porc, 1 fr. 80 à 2 fr. — Hergun, vache,
I fr. 70; veau, 1 fr. 85; mouton, 1 fr. 90; porc, 0 fr. 85. — D//'«i, veau, 1 fr à
1 fr. 20: mouton, 1 fr. 30 à 1 fr. 40; porc, 0 fr. 80 à 0 fr. 90. — Muninrgh,
veau, 1 fr. 70 à 2 IV. 10; mouton, 1 fr. 80 à 2 IV. 10 — Le il/a 'li', vache, 1 fr. 48
320 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT (22 NOVEMBRE 1884).
à 1 fr. 58; veau, 1 fr. 80 à 1 fr, 90; mouton, I fr. 85 à 1 fr. 95. — Nantes bœuf,
G fr. 80; vache, 0 fr. 77; veau, 1 fr. 15; mouton, 0 fr. 98. — Barbezieux, bœuf,
1 fr. 60 k 1 fr. 80 ; veau, 1 fr. 80; mouton, 1 fr. 40 à 1 fr. 60 ; porc, I fr. 40 à
1 fi._ 60 — Moulins, bœuf, 0 fr. 90; vache, 0 fr. 80; veau, I fr. àl fr. 10; porc,
0 fr. 75 à 0 fr. 85. — Rodez, bœuf, 72 fr. les 100 kilog. sur pied; vache, 62 fr. 50;
ve^u, 75 fr. ; mouton, 70 fr.; porc, 86 fr. — ViUefranche (Rhône), bœuf, 1 fr. 35;
vache, 1 fr. 25; veau, 1 fr. 75; mouton, 1 fr. 65; porc, 1 fr. 45. — Nice, bœuf,
1 fr. 55 à 1 fr. 60; vache, 1 fr. 35 à 1 fr. 40; veau, 1 fr. 55 à 1 fr. 60.
A Londres, les importations d'animaux étrangers ont été, durant la seraaine-
de 2,965 bœufs, 821 veaux, 10,7^3 moutons, 45 porcs, dont 174 bœufs et 389 mouà
tons de Boston, et 272 bœufs de New-York. — Prix par kilog. : bœuf, 1 fr. .ik .
2 fr.; mouton, 1 fr. 73 à 2 fr. 25 ; veau, 1 fr. 83 à 2 fr. 06; porc, 1 fr. 20 à 1 fr. 55
Viaiideà la criée. — Il a été vendu à la halle de Pans, du 10 au 16 novembre ;
Prix do kilog. le 16 novembre.
kilog. I" quai. 2* 'lual. 3" quai. Clion. Basse 3ouoherie.
Bœufou vaclie... 156,102 l.CG à 2 08 1.4i à Mii 1.04 à 1.4-2 1.56 à 2.80 0.20 à 1.36
Veau 154,736 1.78 2.14 1.56 1.76 1.20 1.54 . .. » >
Mouton 79,998 1.48 1.70 1.26 1.46 1.04 1.24 1.50 3.30 »
Porc 69,946 Porc frais 1 .14 à 1.34; salé, 1 .40.
460,782 Soit par jour 65,826 kilog.
Les ventes ont été inférieures de 900 kilog. par jour à celles de la semaine der-
nière. Les prix sont en hausse sur toutes les sortes et qualités.
XII. Cours de la viande à l'abattoir de la VtUelte du jeudi 20 n'jvemhre {par 50 kilog.)
Cours de la charculerie. — On \rend à la Villette par 50 kilog. : 1" qualité,
63 à 6b fr.; 2", 55 à 62 fi*. Poids vif, 44 à 48 fr.
Bœufs. Veaux. Moutons.
(.. t? 3* 1" 2' 3- ' 1" î*
Qual quai. quaU quai. quai. quai. quai. quai. quai.
fr ■ fr fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr.
,S0 73 65 105 98 90 82 75 67
Xlil. — Marché aux bestiaux de la Villette du jeudi 20 novembre 1884.
Cours des commissionnaires
Poids Cours officiels. en bestiaux.
Animaux gênerai. I" 2- 3- Prix f 2' 3'. Prix
amenés Inrendus. kil. quai. quai. quai, extrêmes. quai. quai. quai. extrêmes
Bœufs ... 2 !i\l' m 348 1.6i 1.50 1.24 I.20à!.6S 1.62 I 48 1.22 I.ISàl 6S
Vaches .... 73i il '34 :.b6 1.40 1 20 1.12 1.60 1.54 1.38 I.IS I.IO 1 58
Taureaux... 140 il 38s ■. 46 i.3S l 26 1.20 1.50 1.41 1 34 1.24 1 18 1 48
Veaux 1.472 370 76 1 84 1 64 1 44 I 30 2 00 • » » »
Moutons 15 929 507 19 1 94 1 . 74 1 54 ! 43 1 9S • • » »
Porcs gras.. 4.813 128 8o i.îd l.!0 1.16 .08 i.3o > . • ■
— maigres.. » » ...»-.....
Vente lente sur le gros bétail, assez facile sur les autres espèces.
XIV. — Résume.
En résumé, la situation commerciale est assez bonne pour les vins, et ordinaire
pour les autres denrées. Les houblons seuls voient décroître leurs cours d'une
manière continue. A. Rémy.
BULLETIN FINANCIER
Les cours des fonds publics sont en hausse depuis huit jours. Les rentes fran-
çaises sont cotées comme suit : 3 pour 100, 78 fr. .'-0; -- 3 pour 100 amor-
tissable, 79 fr. tO; — 4 et demi pour 100 ancien, 104 fr. 10; — 4 et demi pour
100 nouveau, i07 Ir. 75.
Les actions des établ.ssements de crédit sont également mieux tenues. On
cote : Banque de France, 5,190 fr.; Banque de Paris et des Pays-Bas, 722 fr. 50;
Comptoir d'escompte, 955 fr. ; Crédit foncier et agricole d'Algérie, 485 fr. ;
Crédit foncier, I,;i0ûfr.; Banque d'escompte de Paris, 520 fr.; Ciédit lyonnais,
520 fr. Société de dépôts et comptes courants, 615 fr. ; Société générale,
452 fr. 10 — Actiona des chemins de fer : Est, 760 fr. ; Paris-Lyon-Méditer-
ranée, 1,210 fr.; Midi, 1,160 fr.; Nord, 1,640 fr.; Orléans, 1,315 fr.; Ouest,
828 fr. 75.
Taux de l'escompte à la Banque de France, 3 pour iOO: inléiêt des avances,
4 pour 100. E. FëRON.
Le Genml : A. BouuiiÉ.
CHRONIQUE AGRICOLE (29 novfoibre i,ss.'o.
Arrivée de l'hiver. — Les travaux de la saison. — Produit brut de la rfcolte du froment pendant
les trois dernières années. — Extension de l'agitation agricole. — Réunion de l'Allianoe des
fermiers anglais. — Discussion à la réunion des délégués des Sociétés agricoles provoquée par
la Société des agriculteurs de Frani-e. — Votes émis relativement aux tarifs de douane. —
Réponses du Comice agricole de Châlellerault au questionnaire du groupe agricole de la
Cliamlire des députes. — Vœux de la réunion des membres du la Société des agriculteurs de
France appartenant au département de la Vienne. — Rapjjort de M. Ducliilaux au Comice de
Reims sur la situation de l'agricdlure. — Klude de M. Barrai sur l'agriculture et les irriga-
tions dans la Haute-Vienne. — Recherches de M. Paul de Oasparin sur les gites phosphatés
dans le sud-est de 'a France. — La chaire de sylviculture à l'Institut national agronomique.
— Ouverture de concours pour des chaires départementales d'agriculture en lUSh, — La ren-
trée de l'école nationale d'agriculture de Montpellier. — Le phylloxéra. — Concours ouvert par
la Société d'agriculture de l'Aude. — Conférence de M. Millardet sur les vignes américaines. —
Concours de greffage de la vigne dans le Var. — Nouvelles expériences de M. Rornniier sur
l'action de la levure de vins cultivée. — Sucrage des vendanges. — Lettre de M. de Saint-
ïrivier. — Concours d'animaux de boucherie à Rourges. -^ Concours d'animaux gras en Angle-
terre. — La dentition des animaux de concours. — Journal de la Société royale d'agriculture
d'Angleterre. — Kludes de MM. Larvez et Gilbert sur la culture continue du froment et sur
l'emploi de divers engrais. — Société d'acclimatation. — Pépinières forestières de MM. Cannon
et Brace. — Hommage à la mémoire de Duhrunfaut. — La campagne sucrière. — Agenda du
fabricant de sucre par M. Spenlé. — Rapports au Comice de Saint-Quentin sur la sucrerie et la
betterave en Allemagne. = Notes de M.M. Bronsvick, de Lentdhac et Allier sur la situation des
récoltes dans les départements des Vosges, de la Dordogne et des Hautes-Alpes.
I. — La situation.
Rien de nouveau ne s'est produit depuis huit jours, sinon l'arrivée
définitive de l'iiiver, laquelle s'est manifestée par un refroidissement
soutenu de la température et par des chutes de neige, plus ou moins
importantes suivant les régions, sérieuses surtout dans les départe-
ments de l'Est. Toutefois, les travaux des champs n'en ont pas été
interrompus, et on les achève presque partout dans des conditions qui
donnent les plus belles promesses pour l'avenir des nouvelles réeoltes. 11
faut ajouter que, dans un certain nombre de localités, on se borne aux
travaux indispensables, et que beaucoup de cultivateurs ont pris la
résolution de remettre à de meilleurs jours les entreprises d'entretien
ou d'amélioration qui ne sont pas absolument indispensables. On
espère diminuer ainsi les frais de main-d'œuvre et réduire d'autant
les dépenses de l'exploitation. Poumons, c'est un mauvais calcul; car
il faudra toujours en arriver à exécuter ces travaux, et ils coûteront
alors d'autant plus cher qu'ils auront été davantage retardés. Quelque
dure que soit la situation, on ne doit pas se laisser aller au décourage-
ment. Malgré la lenteur calculée que la Commission de la Chambre
des députés apporte à l'examen de la réforme des tarifs de c'ouane, il
faudra bien que la question aboutisse, et cela dans un avenir pro-
chain. C'est surtout des droits sur les céréales que les agriculteurs se
préoccupent. Il suffît de quelque réflexion pour comprendre combien
leurs réclamations sont justes et fondées. Dans un précédent numéro,
nous avons publié, d'après le Journal officiel, l'évaluation approxima-
tive de la récolte du froment en 1884. Si l'on compare, d'une part, le
rendement des trois dernières années, et d'autre part les prix de vente,
on constate que le produit brut en argent de la récolte de 1882 a été de'
2,400 millions de francs, tandis que celui de 1883 a été de 1 ,980 mil-
lions, et que celui de ISS-'i ne dépasse pas 1,750 millions au maxi-
mum. De 1882 à 18813, la diminution du produit a été de 450 millions
pour la seule récolte du froment, et de 1883 à 1884, la chute est encore
de 230 millions; et l'on ne peut pas dire que les intempéries ont été
la cause de ce véritable efîondrement ; au contraire, les récoltes ont été
bonnes. Nous ne cesserons de le répéter, il y aaujourd'hui un excès de
production du blé, qu'aucune puissance humaine ne pourra arrêter;
ces circonstances ont placé l'agriculture européenne dans une situation
telle qu'on doit recourir à des mesures exceptionnelles pour lui per-
N° 816. — Tome IV de 1884. — 29 Novembre.
322 CHRONIQUE AGRICOLE (29 NOVEMBRE 1884).
mettre de reprendre son équilibre détruit. Ce n'est pas seulement en
France que ces questions s'agitent; elles inquiètent tous les pays euro-
péens. Allez en Allemagne, en Belgique, en Angleterre, partout vous
trouverez les mêmes préoccupations. L'Alliance des fermiers anglais a
tenu, la semaine dernière, à Londres, une grande réunion qui s'est ter-
minée par un vote en faveur d'une réduction immédiate, générale, du
taux des fermages, aussi bien pour les prairies que pour les terres
arables. Voilà oîi l'on en est dans le pays dont l'agriculture a été don-
née jusqu'ici, et avec raison, comme modèle à tout l'ancien monde.
IL — Réunion des délégués des Sociétés agricoles.
Ainsi que nous l'avons annoncé, la réunion des délégués des So-
ciétés agricoles, provoquée parla Société des agriculteurs de France,
s'est tenue à Paris le 20 et le 21 novembre. Nous publions plus loin
(page S'il) le discours prononcé par M. le marquis de Dampien'e,
président. La réunion éiait nombreuse, et les discussions ont été sui-
vies avec assiduité ; elles n'ont pas ajouté de nouveaux faits à ceux
qui ont été mis déjà en lumière; mais, malgré quelques exagérations
regrettables, elles ont montré l'unanimité presque complète qui règne
parmi les cultivateurs. Parmi les principaux orateurs qui ont pris part
à la discussion, nous devons citer MM. Pouyer-Quertier, IMarc de Haut,
de Monicault, Gatellier, Le Breton, de Poncins, Teyssonnière, etc.
M. le président a communiqué aussi une lettre de M. Paul de Gas-
parin, dont nos lecteurs ont lu les remarquables articles sur la ques-
tion. L'assemblée a repoussé un vote qu'on lui proposait pour un retour
à l'échelle îDobile; sur le rapport de M. Iloudailie de UaiUy, elle a
demandé la fixation des tarifs de douane ci-après :
Blé, 5 fr. par cfuinUd métrique; — seigle, avoine, orge, mais. 3 fr. — Farine
de toute nature, 9 ir.
Bœufs, 'iO Ir. par tète ; — taureaux et vaches, 40 fr. ; — tauriilons, bouvil-
lons et génisses ayant encore des dents de lait, 20 fr. ; — moutons, 7 fr. ; —
porcs, 15 fr.; — porcs de lait, 3 fr. ; — ■ chevaux, 70 fr. ; — poulains ayant
encore des dents de lait, 35 fr.
Viandes fraîches, 20 fr. par quintal métrique; — viandes salées, ^5 fr.
C'est à l'unanimité que ces votes ont eu lieu. Toutefois, nous de-
vons signaler une protestation écrite en faveur du régime douanier ac-
tuel, adressée par M. Fernand-ILioul Duval, membre de la Société na-
tionale d'agriculture, agriculteur à MaroUes (Indre-et-Loire).
III — Vœux des associations agricoles.
Dans sa réunion générale du 6 novembre, le Comice agricole de
l'arrondissement de Châtellerault (Vienne), sous la présidence de
M. de la Massardière, membre de la Société nationale d'agriculture, a
adopté le rapport préparé pour répondre à l'enquête parlementaire
sur la situation agricole. Ce rapport se termine par les vœux suivants :
l» Que les produits agricoles étrangers soient frappés de droit.s d'entrée suffi-
sants pour compenser les droits de toute nature qui grèvent les produits agri-
coles français ; et que les ressources provenant de ces droits soient employées à
alléger quelques-uns des impôts qui pèsent le plus lourdement sur notre agri-
culture.
2° Que l'agriculture soit représentée conformément aux vœux émis (lors de Sa
dernière session annuelle) par la Société des agriculteurs de France.
3" : 1° Que l'enseignement agricole ait une large part dans les écoles primaires
des campagnes, surtout qu'il soit pratique et que les bibliothèques scolaires
■reçoivent de bons livres élémentaires d'agriculture: 2" que, par suite de l'excel-
CHRONIQUE AGIUCOLR {29 NOVEMBRE 188i). 323
lente création do professeurs d'af^iiciilturu départementaux, les cours faits pa
ces professeurs soient assidûment suivis par tous les élèves des Ecoles normales
et cju'à leur examen de sortie on tienne un compte s-érieux de leur instruction
agricole.
4" Que les centimes additionnels soient réduits et ne puissent être établis, à
l'avenir, sans le concours des plus imposés.
5" Que les charges qui >{révent la fortune immobilière ne soient pas plus impor-
tantes que celles grevant la fortune mobilière.
6" Que les tarifs provisoires de pénciraiion soient abolis.
7° Que les objeis de consommation destinés aux approvisionnements do l'Etat
soient toujours de provenance iiatio)iale.
La réunion départementale des membres de la Société des ai^ricul-
teurs de France appaiienant à laViennea eu lieu le I 5 novembre à Poi-
tiers, avec la Société déj3artementale d'agriculture, sous la présidence
de M. de la Rîassardière. Les réponses au c[uestionnaire du groupe
agricole delà Cbambredes députés ont été adoptées comme il suit :
« II n'y a que les droits de douane çfficacenient appliqués qui puissent adoucir
la crise agricole.
oc Lea droits doivent porter sur tous les produits du sol sans exception. L'aug-
mentation doit porter sur le bétail.
« On doit assigner à cette augmentation une durée temporaire, mais la conserver
tant que la situation l'exigera.
« Inutile d'établir en France diverses régions. L'agriculture française comme
celle d'Algérie supportant, à des points de vue ditlérents, il est vrai, des souf-
frances analogues.
« Faire subir aux produits étrangers, sans distinction, le chiffre des impôts de
toute nature dont les produits agricoles français sont grevés. — Soit, 35 pour 100
du revenu net.
« L'augmentation des prix, au point de vue de l'alimentation publique sera in-
sigifiante.
« La consommation et la production n'ayant c[u'à se féliciter des dispositions
qui seraient prises, l'administration n'aurait nullement à intervenir.
« La ruine de l'agriculture et de l'industrie françaises, serait la consécpience
du statu quo.
« L'augmentation des revenus de l'Etat serait la conséquence de l'élévation des
droits do douane.
« Les ressources provenant de cette augmentation de revenus devront servir
au dégrèvement des charges qui pèsent si lourdement sur l'agriculture, mais par-
ticulièrement : abolition des prestations et abaissement des droits de mutation.
a Suppression, s'il était possible, des intermédiaires. Mais c'est une utopie. »
Ces réponses ne diffèrent de celles adoptées par le Comice de Chà-
tellerault que sur deux points : ce Comice dematide le retour à la taxe
sur le pain et la viande, et il est opposé ù l'élévation des droits de
douane sur le bétail propre à l'élevage.
Nous devons signaler aussi un rapport de M. Duchataux, président
honoraire du Comice de Reims, sur la situation de l'agriculture. Ce
rapport conclut, comme la plupart de ceux que nous avons déjà signa-
lés, à l'égalité du traitement entre l'agriculture et l'industrie.
IV. — L'agriculture dam la Haute- Vienne.
Nous avons dit que M. Barrai corrigeait, dans les semaines qui ont
précédé sa mort, les dernières épreuves d'un rapport important sur
l'agriculture et les irrigations dans la Haute-Vienne. Ce rup))orl, écrit
à l'occasion de deux concours spéciaux d'irrigation et du dernier con-
cours de la prime d'honneur dans ce département, est publié par le
ministère de l'agriculture; il vient de paraître, et on en lira plus loin
(p. 334) la préface. Nous n'avons pas à en faire l'éloge ; mais nous
324 CHRONIQUE AGRICOLE (29 NOVEMBRE 1884).
devons constater que jamais élude plus complète d'un départe-
ment français n'a été publiée. On n'y trouve pas moins de S9 mo-
nographies de fermes, dont un certain nombre sont très détaillées.
Une étude comparative de la composition des fourrages obtenus dans
les terres granitiques du Limousin, et de ceus récoltés dans les terres
calcaires du Midi, donne, en outre, à cet ouvrage une valeur scien-
tifique spéciale sous le rapport des recherches sur la physiologie végé-
tale.
V. — Les gtlcs phosphatés en Fiance.
Dans sa séance du 17 novembre, l'Académie des sciences a reçu
une intéressante communication de M. Paul de Gasparin sur les gîtes
phosphatés dans la région du sud-est de la France. Dans cette note,
l'éminent chimiste s'occupe spécialement de l'origine de l'acide phos-
phorique accumulé dans les fossiles et les coprolythes du gault. Pour
lui, l'hypothèse la plus plausible est celle qui attribuerait l'accumula-
tion de l'acide phosphorique dans les* fossiles à une filtration prolon-
gée d'eau contenant des phosphates solubles à travers un calcaire poreus
rencontrant là une place d élection pour la fixation de l'acide phospho-
rique. Quant à l'origine des eaux incrustantes phospiiatées, il estime
qu'il faut la rapporter aux convulsions volcaniques des massifs mon-
tagneux ; pour les gîtes de la rive droite du Rhône, c'est des mon-
tagnes des Cévennes que ces eaux auraient pu soi'tir.
VI. — Inslitut national agronomique.
Le Journal officiel annonce que, par arrêté en date du '21 novembre
courant, le ministre de l'agriculture a déclaré vacante la chaire de
sylviculture à l'Lislitut national agronomique. Un délai de 20 jours
est accordé aux candidats, à dater de la publication de la présente note,
pour produire leur demande. Les candidats devront adresser cette
demande au ministre de l'agriculture, en y joignant : 1° leur acte de
naissance; 2" un certificat constatant qu'ils ont satisfait à la loi sur le
recrutement; 3° un projet de programme du cours tel qu'ils entendent
que le cours doit être professé a l'Institut agronomique; 4" une notice
faisant connaître leurs titres et les travaux qu'ils auraient publiés;
5° deux exemplaires de leurs travaux imprimés.
"VII. — Chaires dcparternenlales cT agriculture.
Des concours seront ouverts, en 1885, dans 16 départements, pou r
l'emploi de professeur départemental d'agriculture. Ces concours
seront répartis entre deux sessions, comme il suit :
Première session. Jura, 6 avril. — Aisne, 7 avril. — Saône-et-Loire, 13 avril.
— Oise, 14 avril. — Cantal, 20 avril. — Haute- Vienne, 27 avril. — Charente,
4 mai. — Charente- Inférieure, 11 mai. — Nord, 15 mai. — Meurlhe-et-iMoselle,
20 mai. — Vosges, 26 mai. — Haute-Saône, l'-^juin.
Deuxième session. — Haute-Savoie, 3 août. — Vaucluse, 10 août. — Var,
17 août. — Alpes-Maritimes, '24 août.
Les candidats devront être âgés de vingt-cinq ans au moins. Ils
adresseront leur demande au ministre de l'agriculture par 1 intermé-
diaire du préfet de leur département, au moins un mois avant la date
fixée pour l'ouverture du concours. Ils y joindront :
1° Leur acte de naissance, un certificat de bonne vie et mœurs et un certificat
constatant qu'ils ont satisfait à la loi sur le recrutement ;
2° Une note faisant connaître leurs antécédents, ainsi que les travaux auxquels
ils se sont particulièrement livrés;
CHRONIQUE AGRICOLE (29 NOVKMRKE I88i). 325
3° Leurs titres, diplômes, et deux exemplaires au moins des livres, mémoires, etc.,
qu'ils ont publiés.
Chaque candidat ne pourra se faire inscrire, dans la même session,
que pour un seul concours, à son choix.
VIII. — Ecole nationale d'agricullum da Montpellier.
La deuxième session d'examens à l'école nationale d'agriculture de
Montpellier a eu lieu le lundi 17 novembre. Le nombre des candidats
qui se sont présentés aux deux sessions s'est élevé à 85, sur lesquels G9
ont été admis; ce qui porte l'erfectit' total de l'école à 135 étudiants,
déduction faite de ceux qui sont en congé.
IX. — Le phylloxéra.
On trouvera plus loin (page 340) les instructions pratiques pour le
badigeonnage des vignes phylloxérées, que M. Balbiani vient de
publier sur la demande du ministre de l'agriculture.
Nous avons annoncé qu'un concours d'appareils propres au traite-
ment des vignes phylloxérées, organisé par la Société d'agriculture de
l'Aude, se tiendraitaux environs deCarcassonne, du 1 0 au 1 2 novembre.
Ce concours adonné les résultats suivants :
Charrues sttifureuses. — 1" prix, M. James Lugan, à Lugan (Tarn-et-Garonne) ; 2=, M. Henri
Saturnin, à Béziers (Hérault); 3', M. Gasliiie, pour l'Avenir vilicole, Marseille; 4°, e,c œquo
MM. Boileau et Rous, à Saint-Michel-la-Rivière (Gironde) ; M Cliarabenl (Gers). '
Pats injectfun. — 1" prix, M. Philippe Boiteau, à Villegouge (Gironde) ; 2", MM. Boiteau et
Rous, à Saint-Michel-la-RivIère (Gironle); 3°, M. Gastine, pour l'Avenir vilicole, Marseille.
Bidons doseurs. — 1" prix, M. Auguste Mauger, à Sîmsay-li-Vache (Kure) ; T. M. Saint-Jean, à
Pézenas l'Hérault) ; 3°, M. Pierre Claude, à Péz'Mias (Hérault).
Appareils propres à l'emploi des sulfocarhonales alcalins dans les vignes. — I"' prix M. Gala-
vielle-Cauvy, à Montpellier (Hérault): T, M. Paul Culeron, k Lignan (Hérault).
Dans le tableau des syndicats subventionnés, qui a paru dans notre
dernière chronique (page 283), on a imprimé par erreur Aube, au lieu
de Aude. Le département de l'Aube est indemne du phylloxéra.
X. — Vignes américaines.
Dans une intéressante conférence faite récemment au Comice viti-
cole et agricole du canton de Cadillac (Gironde), M. Millardet, profes-
seur à la Faculté des sciences de Bordeaux, a exposé les résultats de
ses observations sur la reconstitution des vignobles par les vignes
américaines. Après un exposé des faits aujourd'hui acquis, il insiste
sur les conditions de l'adaptation des divers cépages proposés. Ceux
qu'il recommande surtout pour servir de porte-greffes sont : le Riparia,
dans les terrains profonds; le Rupestris, dans les terrains secs ; le
Solonis, dans les terrains crayeux ; le York-Madeira, dans les sols
siliceux ; le Vialla, dans les terrains assez profonds et fertiles. Ces
désignalions s'appliquent à la région du sud-ouest.
La Société d'agriculture du Var a procédé, le 16 novembre, à la dis-
tribution des récompenses de son concours de greffage de la vi'ne en
1884. Cinq prix ont été décernés sur le rapport de iM. Robert, de Vi-
dauban, ain.si qu'un grand nombre de mentions honorables. Grâce à
ces concours, dans plusieurs départements on a pu former non seule-
ment des pépinières de vignes américaines, mais aussi des escouades
d'ouvriers greffeiirs qui rendront de très grands services pour la re-
constitution des vignobles.
XL — La levure de vin cultivce.
Nos lecteurs ont été tenus au courant des études de M. A. Rommier
sur la culture du ferment de vin, et sur son emploi pour hâter la fer-
326 CHRONIQUE AaRICOLE (29 NOVEMBRE 1.S84).
mentation des moûts. M. Roramier a profilé des dernières vendanges
pour conlinuer ses recherclies, et il vient défaire connaître à l'Acadé-
mie des sciences le résultat de ses expériences sur ce sujet important.
Ces essais ont porté sur divers cépages, notamment le Pineau, le
Gamay et le Meunier. L'addition au moût de la levure de vin cultivée
a eu pour effet, dans toutes les circonstances, de diminuer la durée
de la fermentation, et, en outre de l'accélérer et de la régulariser
lorsqu'elle se produit par les temps froids. Il y a là une indication
pour les viticulteurs qui sont souvent obligés de vendanger par un
temps froid. Régulariser la fermentation, c'est arrêter le développement
des mauvais germes, comme le dit très bien M. Rominier, et c'est
assurer la conservation des vins.
XII. — Sui' le sucrage des vendanges.
A l'occasion d'une note parue récemment dans le Journal, M. le
vicomte de Saint-Trivier, agriculteur au Tbil, par Fleurie (Rhône), nous
adresse la lettre suivante:
« Monsieur le rédacteur, je lis dans la chronicfue du. Journal du 8 novembre
dernier que le comité consultatif des .\rts et Manufactures a, sur le rapport de
M. Aimé Girard, approuvé le procédé de dénaturation du sucre destiné au su-
crage des vendantes, procédé qui consiste à arroser 100 kilog. de sucre avec un
hectolitre de moût de raisin sous les yeux de la régie, et à emporter ensuite dans
son chais ce sucre dénaturé.
« Vous savez, monsieur, que je ne suis pas un savant, mais bien un simple pra-
ticien. Or, tel qu'il est indiqué dans votre Journal,, ce procédé de dénaturation m.e
semble absolument impraticable pour te plus grand nombre des vignerons.
« Si l'on avait dit : Sur la demande des intéressés, la régie se rendra dans les
chais, fera procéder sous ses yeux à la dénaturation du sucre, et donnera un bon
pour obtenir le remboursement des droits, je le comprendrais encore ; mais
aller transporter son moût de raisin dans un entrepôt quelconque, dénaturer le
sucre dont on a besoin, et le remporter chez soi après, c'est presque impossible,
surtout quand on agit sur des quantités considérables.
a II faut en effet à peu près 1,700 grammes de sucre pour élever d'un degré
d'alcool un hectolitre de vin. Rarement on se contente de relever le moût d'un
degré, et on le relève généralement de deux ou trois degrés.
a Prenons par exe rple un propriétaire qui veut relever de deux degrés sa
récolte évaluée à 200 hectolitres (c'est peu si on parle des récoltes de 2,000 et
-3,000 hectolitres, qui se font souvent dans le Midi) il lui faudra pour ces
200 hectolitres 340 kilog. de sucre et 3 hectolitres de moût. Pour 1 ,000 heLtolitres
il faudiait 1,700 kilog. de sucre et 170 hectolitres de moût.
« Or où seront les dépôts de sucre? A 5, 10 ou 20 kilomètres et quelques fois
plus du chais du vigneron. Gomment transportera-t-il le moût à l'entrepôt, et
comment rapportera-t-il le sucre dénaturé chez lui? Il faudra un outillage spé-
cial, des pprtes de temps e^ des dépenses considérables. Il y a de plus à craindre
que ce moût imbibé de sucre et soumis à l'action de l'air pendant un temps assez
long avant qu'on puisse In mettre dans les cuves, ne subisse des altérations nui-
sibles au vin qu'il est destiné à remonter. G'est pour toutes ces raisons que je per-
siste à dire que, si le vigneron n'e>t pas autorisé à faire la dénaturation du sucre
chez lui, la promesse d'abaisser les droits du vinage à la cuve avec du sucre ne
sera qu'une amère plaisanterie, parce qu'elle sera impraticable pour le plus grand
nombre.
. « Agréez, etc. Vte de Saint-Trivieb.
Les observations présentées par M. de Saint-Trivier nous paraissent
tout à fait judicieuses. JNous pensons qu'elles doivent être prises en
sérieuse considération pour l'application du sucrage des vendanges,
XIII. — Concours d'animaux de boucherie.
La Société d'agriculture du Gber a décidé que le concours d'ani-
maux de boucherie, ainsi que l'exposition des reproducteurs, de
GHRONIQ'JE AGRICOLE (29 NOVEMBRE 1884). 327
machines et instruments agricoles qu'elle organise tous les ans, aurait
lieu en 1885 à Bourges, du jeudi 22 janvier au dimanche 25 janvier.
A l'aide de ses ressources et des subventions fournies par l'Ktat, le
département et la ville de Bourges, la Société distribuera tant aux
meillurs animaux de boucherie, qu'aux meilleurs reproducteurs des
races bovines, ovines, porcines et chevalines, des primes tant en
argent qu'en médailles s'éievant à une somme d'environ douze mille
francs. Des programmes du concours et de l'exposition seront dès-
maintenant mis à la disposition des agriculteurs qui en réclameront
à M. iMarois, secrétaire de la Société d'agriculture et employé à la
mairie de Bourges.
XIV. — Concours du club de Smithfield.
Le concours annuel d'animaux de boucherie organisé à Londres
par le club deSmiihfield se tiendra en 1884, du 6 au 10 décembre; il
suivra le concours de Birmingham qui aura lieu du ]"'' au 4 décembre.
En Angleterre comme en France, on se préoccupe des moyens à
employer pour se servir de la dentition dans la classification des ani-
maux exposés. Dans sa dernière réunion, le Comité du club de Smith-
field a décidé que 31. le professeur Brown serait invité à examiner la
dentition des bêtes bovines et ovines présentées au concours, et à
rédiger ensuite un rapport qui servirait au Conseil pour prendre une
détermination relative aux règles à adopter pour les concours ulté-
rieurs.
XV. — Société royale d' agricullure cV Angleterre.
La deuxième partie du Journal de la Société royale d'agriculture
d'Angleterre pour 1 884 a paru récemment. On y trouve tous les rap-
ports sur les diverses parties du concours tenu parla Société à Shrewsbu-
ry, au mois de juillet dernier. Parmi les autres travaux que ce volume
renferme, nous devons signaler une étude de MM. Lawes et Gilbert sur
les résultats de la culture continue du froment sur les mêmes champs
à Rothamsted, de 18G4 à 188o; deux mémoires de M. A. Voelcker
sur la chimie de l'ensilage et sur l'emploi de la créosote pour les perches
à houblon; une étude de M. W. Robertson sur la fièvre delà partu-
rition chez les ruminants; un rapport de M. Anderson sur l'emploi
du fer pour la purification de l'eau, etc. — Nous pensons qu'on lira
avec intérêt la traduction des conclusions du mémoire de ^l\l. Lawes
et Gilbert :
Sùl. — 1. Un sol qui, dans les conditions ordinaires de la culture, aurait reçu
des engrais avant qu'on lui demandât une récolte, a produit 40 récoltes succes-
sives de froment, dont la moyenne est de 12 hectol. 20 par hectare, par sa seule
fertilité primordiale.
2. Au commencement de l'expérience, le sol renfermait une grande quantité
d'azote organique provenant des débris de la végétation antérieure, il contenait
aussi une grande quantité d'aliments minéraux des plantes.
3. Chaque année, une certaine proportion de l'azote organique a été nitrifiée
par les organismes existant dans le sol.
4. Une partie des nitrates formés a été employée dans la végétalion de la
récolte de froment; une partiea été lavée dans le sol, ou perdue d'autre.façon.
5. La perte d'acide nitrique est plus grande dans les saisons humides, et la
proporlion absorbée par la récolte est en conséquence plus faible. Les saisons
sèches seraient ainsi favorables à la production de fortes récolles de froment.
6. Le stock de la fertilité du sol sous forme d'azote organique a été considéra-
Mement réduit durant les quarante années d'expériences : la proportion de
cette réduction a été déterminée par les analyses du sol faites à diverses époques.
328 CHRONIQUE AGRIGOLB (29 NOVEMBRE 188'i).
Le stock de la potasse et de l'acide phosphorique a été aussi largement réduit.
7. Malgré la diminution dans la l'ertilUe du sol, on pourrait cependant obtenir
encoie des récoltes de froment pendant une très longue périole; toutefois, le
produit deviendrait, avec le temps, plus faible qu'il ne l'a été jusqu'ici.
Engrais. — 8. Les engrais minéraux employés seuls ont assuré une récolte
beaucoup plus abondante que sur la terre qui n'a pas reçu d'engrais.
9. Les engrais contenant seulement de l'acide nitrique ou des composés azotés
facilement nitriliables ont acci'u considérablement la récolte.
10. Le sol contenait un stock d'éléments minéraux que la récolte de froment a
été impuissante à épuiser, comparativement à l'insuffisance de l'azote sous forme
utile.
IL Les engrais contenant de la potasse, de l'acide phosphorique, de l'ammo-
niaque ou des niliates, paraissent propres à assurer de fortes récoltes continues
de froment.
12. Un prids donné d'azote nitrique a amené une plus vigoureuse végétation
du froment que le même poids d'azote ammoniacal.
13. La quantité d'azote fournie par les engrais dépasse toujours beaucoup celle
que l'on rencontre dans l'accroissement de la récolte.
14. Au delà d'une certaine limite de production, chaque accroissement de ré-
colte demande proportionnellement une plus grande quantité d'engrais. Quand
Je prix du grain est élevé, les récoltes très aLondanles donnent ainsi plus de profit
que lorsque le prix du grain est bas.
15. Quand on apijlique du fumier de ferme au blé, on doit appliquer une quan-
tité d'azote considérablement plus grande pour obtenir un accroissement donné
de récolte, d'autant plus que tout l'azote contenu dans le fumier n'est pas sous
une forme active.
16. Un poids donné d'azote, sous forme d'acide nitrique, produira un plus grand
accroissement dans la récolte qu'un même poids d'azote dans le fumier; mais
l'influence du nitrate sur les récoltes suivantes sera beaucoup plus faible.
17. Il ne ressort pas des expériences que l'effet total utile de l'azote soit plus
grand dans un de ces engrais que dans un autre.
Engniis non épuisés. — 18. En l'absence de végétation, ou lorsqu'on les ap-
plique aux cultures au delà de leurs besoins, la potasse et l'acide phosphorique
forment avec le sol des composés insolubles, et restent utilisables pour les récoltes
futures
19. En l'absence de végétation, ou lorsqu'on les applique aux cultures au delà
de leurs besoins, les nitrates et les sels ammoniacaux ne paraissent pas former
avec le sol de composés permunents, mais au contraire sont facilement lavés [lar
les pluies ou perdus d'autre façon.
20. L'application d'une plus glande proportion d'azote nitrique ou ammoniacal
que la récolte ne peut en utiliser comparativement à ses besoins en princifies mi-
néraux, ne parait pas mettre obstacle à la nitrilication de l'azote organique du sol.
21. La proportion d'azote dans le sol peut être réduite, quoique l'on ajoute
annuellement une quantité d'azote supérieure à celle enlevée par les récoltes.
22. Après l'enlèvement de fortes récoltes de froment obtenues par l'emploi de
nitrates ou de sels d'ammoniaque accompagnés d'engrais minéraux, le sol ne pa-
raît ni avoir gagné ni avoir perdu de sa fertilité. La nitrilication des matières
organiques du sol a pu se faiie comme d'habitude, mais la perte a été compensée
par la quantité d'azote provenant des débris et des racines des fortes récolles
obtenues anléiieurement.
23. Dans le cas de l'emploi continu du fumier de ferme, l'accumulation de fer-
tilité non épuisée devient très grande, et l'enlèvement par les récoltes des sub-
stances accumulées demanderait une longue série d'années.
24. Le lumier appliqué suivant les procédés ordinaires de la culture n'est en-
tièrement épuisé qu'après un nombre considérable d'années écoulées depuis sa
premièi;e application.
En publiant ce nouveau mémoire, MM. Lawes et Gilbert ont mis,
ur;e ibis de plus, à la portée de tous les agriculteurs les résultats d'ex-
périences qui ont désormais une durée de plus de quarante années.
X^'I. — Société d'accUmalalion.
La Sociélé nalioualc d'acclimatation, dont le siège est 19, rue de
CHRONIQUE AGRICOLE ;(29 NOVEMBRE iSS^i). 329
Lille, à Paris, rappelle aux intéressés qu'elle récompense chaque
année, par des prix ou des primes, et par des médailles, les travaux,
tant théoriques que pratiques, intéressant l'acclimatation : publications
diverses, introductions, reproductions, cultures, emplois industriels
ou autres, etc. Les Français et les élrangei's peuvent obtenir ces récom-
penses et encouragements. Les perionnes qui croient y avoir droit
devront envoyer franco, avant le 1 " décembre, un l'apport circonstancié
sur les résultats qu'elles auront obtenus.
XVIL — Pépinières forestières.
M. D. Cannon et E. Brace ont créé au domaine des Vaux, à Sal-
bris (Loir-et-Cher), une pépinière d arbres forestiers et d'agrément,
dont les essences soit choisies spécialement en vue du reboisement
des terrains vagues, notamment en Sologne, et des plantations d'ai^ré-
ment qu'on peut y établir. Parmi les vieilles essences, on a choisi
celles qui ont fait leurs preuves sous ce rapport, et parmi les plus
récemment introduites, celles qui, par leur vigueur et leur rusticité,
présentent le plus de chances de réussite ; ce sont, parmi les conifères
et les arbres à feuilles caduques, les variétés les plus recomniandables.
MlM. Cannon et lirace ont obtenu, pour leurs plants de pépinières, un
diplôme d'honneur à l'exposition forestière internationale d'Edimbourg,
en 1 884.
XVIIL — Hommage à la mémoire de Dubrunfaut.
Un décret du président de la République, en date du 14 novembre,
a approuvé i'rrrèlé du préfet de la Seine par lequel le nom de Dubrun-
faut a été donné à une voie publique de la ville de Paris. C'est un hom-
mage public, bien mérité, à l'un des hommes qui ont rendu le plus
de services aux grandes industries agricoles de la France.
XLX.. — Sucres et betteraves.
Les documents publiés sur les travaux de la sucrerie permettent
d'apprécier les conditions dans lesquelles se poursuit la nouvelle cam-
pagne. Un nombre relativement considérable d'usines achèvent leurs
travaux avec le mois de novembre. Ce fait met en relief l'importance
du déficit qui a été constaté, d une manière presque générale, au moment
d'; l'arrachage des betteraves.
M. H. Spenlé, ingénieur-chimiste, vient de publier une traduction
française de V Agenda cl calendrier de poche du fabricant d' sucre, par
le D'' Ch. Stammer. Ce petit vulume renferme un très grand nombre
de documents du plus haut intérêt pjur les .fabricants ; des tables
nombreuses peuvent servir de guide pour les différentes phases du
travail; enfin, des cadres spéciaux servent pour le contrôle des opé-
rations de la fabrication. Cet agenda est en vente chez Klem-Spenlé,
15, boulevard de Strasbourg, à Paris, au prix de 5 fr. 25 franco.
Parmi les publications récentes sur la culture de la betterave en
Allemagne, nous devons encore signaler un intéressant rapport pré-
senté par M. Séverin au Comice agricole de Saint-Ouentin (Aisne) sur
une mission envoyée par ce Comice en Allemanjne. Ce rapport est
accompagné d'observations duesiiM. Carlier, président du Comice, sur
plusieurs points des systèmes de culture adoptés en Allemagne.
XX. — Xùiivelles des récoltes et des travaux agricoles.
Les notes de nos correspondants signalent peu de changements dans
la situation générale des cultures et des affaires a'^ricoles. Voici la
330 CHRONIQUE AGRICOLE (29 NOVEMBRE 1884).
lettre que M. Broasvick nous adresse de Mirecourt (Vosges), à la date
du 23 novembre :
a L'hiver a commencé cette semaine à nous montrer ses rigueurs ; dans toute la
région il est tombé une assez grande quantité de neige dans la nuit du 20 au 21 ;
puis les froids se sont accentués.
« Les agriculteurs réclament toujours de l'eau pour l'abreuvement du bétail, er
ce sont les neiges seules qui pourront alimenter les sources. Les récoltes en terre
se trouvent donc dans d'excellentes conditions pour passer l'hiver ; cette année on
ne signale aucune plainte à ce sujet et les animaux et insectes rongeurs ne
commettent guère de dégâts.
i< La culture est fort gênée dans notre contrée. Les animaux produisent peu
d'argent ; les autres industries locales étant arrêtées, on est réduit aux propres
ressources des produits agricoles. Beaucoup de moulins situés sur des petits
cours d'eau sont arrêtés, cela ne donne lieu à aucun mouvement de hausse sur les
farines ; nos boulangers continuent à s'approvisionner au dehors. Le maintien
du statu quo influe énormément sur les cours des farines. Ce serait un grand avan-
tage pour la culture de trancher définitivement cette question de droits de douane
à imposer sur les produits étrangers. »
Dans la note suivante qu'il nous adresse de Saint-Jean-d'Ataux, à
la date du 18 novembre, M. de Lentilhac résume comme il suit la
situation agricole dans la Dordoirne :
« En octobre, ce sont terminées les vendanges; la température qui avait été
déjà très favorable à la maturation du raisin ne l'a pas été moins à sa cueillette,
ijui s'est faite sans pluie, ce qui est bien rare à cette époque. Le raisin riche en
glucose a fermenté rajiidement à la cuve et sept à huit jours après on pouvait
écouler. Le vin a de la vinosité, mais il est moins riche en couleur qu'on ne
l'avait espéré d'abord ; il en est de même de la quantité qui est de fort peu
supérieure à celle de l'an dernier. Néanmoins il faut se tenir pour très satisfait,
car voici bien des années que nous n'avions fait anssi bon; reste la question de
vente, qui devient pour nous un vérilable problème depuis que des liquides de
toutes sorles. fabriqués sous le nom de vin, inondent nos débitsde boissons et
nos tables bourgeoises.
« Huit à dix jours ont suffi pour enlever les semailles grâce au beau temps
qui persiste au moment oîi nous écrivons ces lignes (18 novembre). On avait
rarement vu le sol plus souple à la charrue, plus docile à la herse ; les embla-
vures ressemblaient à des carrés de jardm. Nous savons bien que les vieux
praticiens eussent préféré une terre plus alourdie par les pluies, condition qui
favorise le tassement, mais, sous le rapport de l'exécution, rien ne laissait à
désirer, et s'il reste cette année des terres à enserûencer les cultivateurs ne peu-
s'cn prendre qu'à eux-mêmes. »
M. Allier constate, dans la note qu'il nous envoie de Gap, le 17 no-
vembre, les mauvais effets de la sécheresse dans les Hautes-Alpes :
« J'attendais pour vous écrire que le ciel, plus clément, eût rendu un peu de
fraîcheur aux terres ensemencées et modifié la situation déplorable des embla-
vures d'automne dans les Hautes-Alpes; au lieu de la pluie, c'est le froid qui est
arrivé, et je me vois obligé de vous adresser des nouvelles peu satisfaifaisahtes.
« Dans ma dernière lettre, je constatais que les blés et seigles semés en septem-
bre avaient bien levé et étaient de fort belle venue; je vous disais que les
semailles continuaient à s'eifectuer dans de bonnes conditions. Je ne prévoyais
pas la sécheresse sans précédente qui règne depuis lors dans le département et
dans tout le JVlidi : du i'' octobre à ce jour, il n'est tombé à Gap que 2 millimètres
d'eau. Aussi les blés déjà levés sont-ils restés stationnaires, languissants, et les
blés semés en octobre n'ont-ils pas levé. Quelques-uns, mis eu terre au commen-
cement du mois, ont eu ^ssez d'humidité pour geraier; mais ensuite la plupart
des plantes ont péri avant de voir la lumière, et le terrain devra être réense-
mencé au printemps en orge ou en avoine; c'est un vrai désastre. Les blés qui
n'ont point encore bougé auront-ils un meilleur sort? Il arrive parfois que, ger-
mant sous la neige, ils se développent vigoureusement au printemps et donnent
une récolle passable. Il est à souhaiter qu'il eu soit ainsi celte année, dans l'inté-
rêt des malheureux cullivateurs dont s'empaie un profond découragement. Dans
CaRONIQUE AGRICOLE (29 iNOVEMBRE 1884). 331
la moitic Ju département, la productioQ fourragère ne saurait dépasser certaines
limites, parce que le sainfoin ne peut revenir dans le même sol qu'à d'assez
longs intervalles, parce que le trède, la luzerne et les prairies naturelles ne réus-
sissent qu à la condition d'irriguer et que les terres à l'arrosage sont encore très
rares; à moins de laisser les champs en friche, il faut donc yfaire du blé. Si les
semailles échouent et si les prix des céréales ne s'élèvent pas, les agriculteurs
seront réellement à plaindre et on peut se demander ce que acviendront'Leaucoui)
d'entre eux. »
Les semailles ont été presque partout exécutées dans de bonnes con-
ditions ; on peut espérer que les jeunes plantes supporteront bien
rhiver. Mais, dans la plupart des ré2;ions, on se plaint amèrement de-
là lenteur apportée à la solution des questions agricoles acluellemenl;
pendantes, Henry Sacmeh.
FALSIFICATIONS DU BEURRE
AU POINT DE VQE LÉGAL ET AGRICOLE. — DE LA MARGARINE
ET DES PRODUITS SIMILAIRES:
L'habitude de mélanger au beurre proprement dit des graisses pro-
venant des animaux n'est peut-être pis aussi nouvelle qu'on peut le
penser. J'ai entendu dire sous le manteau delà cheminée que certaines
marques des plus renommées en France, pour la qualité et la finesse de
leurs produits, devaient peut-être leur suecàs à l'introduction dans leur
marchandise de graisses d'une extrême finesse, provenant notamment
des rognons de bœuf ou de veau. Un industriel des plus importants
de Pans qui, pour les besoins de sa fabrication d'acides gras, savons et
bougies, achetait une immense quantité de matières grasses aux bou-
chers et aux abattoirs, prélevait les plus délicates pour l'une des
villes les plus célèbres de notre pays, par la cherté et sans doute
l'excellence de son beurre. J'en fis, il y a plus de vingt ans, la confi-
dence à une dame très scrupuleuse pour l'observation du maigre et
très difficile en même temps pour la qualité de l'ingrédient indispen-
sable à la cuisine du Nord. S'en est-on jamais plaint? La santé publique
en a-t-elle jamais souffert'? A-t-on jamais poursuivi les marchands ou
producteurs pour tromperie ou fraude? Nous ne le pensons pas. Le
mélange était absolument ignoré des consommateurs et des magistrats
du parquet. On ne se plaignait pas : on ne pouvait pas se plaindre. Et
pour deux raisons. D'abord les beurres ainsi raffinés (c'est la vraie
épithèle) étaient excellents et se vendaient très cher; il n'était pas à
craindre que leur sophistication nuisît à la production agricole, puis-
qu'ils coûtaient beaucoup plus que le prix du beurre de pur lait. La
deuxième raison, c'est que les graissés destinées à ces mélanges
étaient d'une qualité tout à fait fine, ne pouvant présenter aucun
inconvénient pour la santé et procuraient même au beurre un goût de
noisette exquis et distingué qui en doublait la valeur.
En sommes-nous là aujourd'hui? Le gros public a connu la marga-
rine pendant le siège de Paris. Dans le dur hiver i 870-71 les Parisiens
ne manquèrent jamais de beurre pour accommoder leurs aliments, mais
en revanche les aliments manquaient au beurre. On coinprend qu'il
ne fut plus question alors des fines graisses de rognons, je n'ai pas
besoin d'expliquer pourquoi : pour fiire un civet prenez un lièvre, dit
la sagesse universelle. Alors de sombres légendes, où se mêlaient les
plus lugubres matières, coururent dans les journaux sur la fabrication
332 FALSIFICATIONS DU BEURRE.
de la mari;ariiîo,. C'est depuis cette époque, chez nous, uu produit
abandonné surtout anx ejargotes économiques, et jamais la ménagère
ne se consolerait de faire faire ses omeleites avec cette substance
sinistre. Si on l'emploie^ c'est dans la plupart des cas absolument par
suite d'une fraude, d'un vol des fabricants ou des marchands. .<]
Malheureusement il faut convenir que si le consommateur répugne
absolument à faire un usage habituel de ces produits frelatés, le com-
merce de ce produit n'en prend pas moins, surtout à l'étranger, unQ,j
extension tout à fait inquiétante. M. Pouriau, avec sa compétence;
bien connue surtout en ce qui concerne le lait et ses prorluits'^ nous a.,
signalé, ici même, le danger de ces falsifications au point de vue du
bon renom de nos beurres à l'étranger. Il a reproduit l'opinion de
notre consul à Elseneur (Danemark) qui faisait remarquer l'extension.;
que, dès l'année 1881, la fabrication du beurre artificier prenait en
Amérique et ailleurs. Ce sont actuellement des plaintes générales de
toutes les parties du monde. Les noms de ces substances sont aussi
variés que les produits sont détestables. Après la margarine, c'est
l'oléomargarine, c'est la suine, c'est la b Utérine, variétés purement
nominales, la plupart du temps, des matériaux d'une fraude similaire. ^
La chaudière où se brassent toutes les graisses les plus infimes voit
s'accomplir sous ces divers noms les mêmes phénomènes. Tout au
fond se précipite la stéarine que l'on recueille pour les fabriques der,
bougies, au-dessus la margarine, plus superficiellement Voléine qui
surnage. On ralllne plus ou moins la margarine en enlevant avec plus
ou moins de soin l'oléine qui la ti-ahirait plus facilement à l'analyse,
au moins à l'analyse faite par le procède des différences de degrés dans
la fusion. De cette margarine barattée avec du lait on façonne un
beurre : parfois on se donne moins de peine encore. On évite même
l'emploi du lait qui pourrait augmenter le prix de revient du produit.
On parfume la margarine avec de l'acide butyrique, de telle façon que '
le résultat soit le chef-d'œuvre absolu dune synthèse chimique.
J'ose à peine citer les termes du rapport qui cependant aurait été
communiqué au gouvernement de Sa j^lajesté britannique par celui des
Etats-Unis au sujet du beurre sophistiqué fabriqué en Amérique :
« Il a été officiellement attesté" que sur cent millions de livres de
beurre vendues dans la cité de New-York, de quarante à soixante mil-
lions sont falsifiés. Uok'omargarine a abaissé le prix du beurre naturel
d'environ 0 fr. 53 par livre, occasionnant une perte de 4 millions de
livres sterling par année aux fermiers. Presque la moitié et plus du
tiers des entrées de beurre à New-York est classé comme butlerine",
article produit par le mélange de lard et du bon beurre, livre pour
livre. La suine apparaît sous le nom de butterine : c'est un produit ,
similaire, seulement avec une plus grande proportion de lard. L'o/éy-''
viargarine est fabriquée à l'aide de toutes sortes de graisses. Dans ce
but le suif, le lard, les graines de coton, la pea-nut, les autres huiles
sont recherchées et obtenues de toutes les sources et de toutes les
contrées. On enlève la mauvaise odeur de ces graisses et on les neutra-
lise en les traitant par l'acide nitrique, puis on les mélange avec du
lait, de la crème, des beurres inférieurs, et on les baratte. Dans cette
1 . Noies siLi' le L'ommerce du benne. Journal de Cmjricultare, 1881. T. I, p. 70 et suiv.
2. Tlie provisionner, Aug. 16, 1884, p. 179.
3. Notons eu passant la manière do certains marcliôn^'s anglais qui ^•tiquettent ainsi leur pro-
duit ; hntlerinc.
FALSIFICATIONS DU BEURRK. 333
composition, l'acide est, comme de juste, fort nuisible et le produit,
suivant la proportion qu'il en conserve, est plus ou moins dangereux:
quelques-uns de ces produits se distinguent difficilement du beurre
naturel, même pour les experts, et les analyses par le microscope et par
l'acide sulfurique sont essentielles pour en déterminer le véritable
caractère. Les lois en vigueur dans plusieurs Etats (des Etats-Unis
d'Amérique) exigent que les fabricants marquent leurs articles d'après
leur composition ; mais malheureusement, quand ces articles at-
teignent le point où on les distribue, les étiquettes sont retirées et le
consommateur est trompé. Le dégoût universel qu'engendrent ces
industrieuses productions produit son effet dans tous les p lys, et de
rigoureuses mesures seront prises sans doute pour découvrir et punir
les individus qui pratiquent ces fraudes.
«Tandis que cette contrée (l'Amérique du Nord) peut être accusée
justement de l'odieuse exportation de ces articles, leur fabrication
s'étend à plusieurs pays, et les autres feront bien de se mettre en garde
contre la propagation du mal. On affirme que des pieux sont enfoncés
dans les égouls de Londres, desquels pieu.v un dépôt graisseux, laissé par
le courant, est gratte chaque jour, produisant un grand profit par l'oléine
qui s'emploie pour faire du beurre artificiel. On fait aussi du fromage de
lard, mais la fabrication de cet article ne dépasse pas un demi-million
de livres par an. »
C'est à la suite de ce rapport que la législature de l'Etat de New-York
a adopté, le 14 avril dernier', une loi imposant des pénalités contre le
fabricant et le vendeur de ces produits nauséabonds. Les amendes
varient de 25 à 500 dollars, avec des alternatives d'emprisonnement
variant de un à six mois'.
Le rapport dont je viens de citer les termes parle, on le voit, d'une
production de 40 à 60 millions de livres de margarine rien que sur
le marché de New-York. Est-ce là un document statistique sérieux? Je
me le demande. M. Pouriau. dans son article (année 1881 du Journal
de l'agriculture, t. l, page 72), évaluait à 3 millions de kilog. la pro-
duction annuelle de ce beurre artificiel aux Etats-Unis. En admettant
qu'il ne s'agit que de livres, il y a encore une telle différence entre les
chiffres, que je suis porté à croire que le rapporteur à la législature de
l'Etat de New-York n'était pas un statisticien minutieux. Peut-on, en
effet, admettre qu'il y aurait eu en moins de trois ans une si prodi-
gieuse augmentation dans la fabrication de cet article? Mais si les
chiffres sont discutables, le fait d'une immense production ne saurait
cependant être douteux.
Aussi je le répèle, l'inijuiétude est universelle. Au mois d'août
dernier, M. Moore, membre de la Chambre des Communes, demandait
au sous-secrétaire d'Etat des affaires étrangères si l'on avait procédé à
une enquête sur les lois publiées dans les Etats-Unis, en Hollande et
ailleurs au sujet du commerce delà margarine et de la butterine.
1. n serait curieux de connaître le teite de cette loi pour définir exactement le dOlil
qu'elle prévoit.
2. Les lecteurs du Journal de l'agriculture ne doivent pas ignorer que dans la plupart des
législations étrangères les peines sont très souvent alternatives, c'est-à-dire composées de peines
d'emprisonnement qui peuvent être remplacées au gré du condamné ou du ju^e, suivant les cas
par des amendes. Ce principe est bien en harmonie avec les idées modernes et excellent pour
des délits de la nature de ceux i|Ui prévoient les fraudes. 11 est extrèmeemont regret-
table que notre article 423 du r:ode pénal édicté un maximum d'amende fort ridicule de 50 francs
alors que le fraudeur serait bien mieux puni s'il pouvait encourir des amendes de 16 à 3,000 ou
4,000 francs,
334 FALSIFICATIONS DU BEURRE.
Dans les Pays-Bas, une Société s'est formée pour la protection du
commerce contre le beurre artificiel. Le projet de statuts eu a été publié.
Le but spécial de celte Société est de combattre l'intluence domma-
geable qu'a prise le commerce du beurre artificiel contre le beurre
naturel. La Société doit user de tous les moyens légitimes: 1" pour
éclairer le public sur la véritable valeur des beurres artiiiciels ; 2" pour
1 institution de récompenses aux meilleures méthodes pour distin-
guer le beurre naturel du beurre artificiel; 3° pour obliger les négo-
ciants à vendre les beurres artiiiciels seulement sous leur véritable
nom: 4" pour l'obtention de dispositions législatives; 5" pour les pu-
blications statistiques sur la production et le commerce du beurre.
Enfin M. Méline, ministre de l'agriculture, que nous voyons toujours
si dévoué aux intérêts qu'il a pour mission de détendre, a présenté à
la Chambre un projet relatif au commerce de la margarine'. Le point
essentiel de ce projet est de punir tout individu qui vend ou met en
vente de la margarine ou des substances analogues sans que la véri-
table nature de la marchandise soit indiquée sur l'emballage, etc. La
même indication doit être reproduite sur les factures destinées à
l'acheteur et sur les lettres de voiture annexées à l'expédition. Les
peines varient de six jours à six mois d'emprisonnement et de 100 à
2000 francs d'amende. Nous félicitons le ministre de l'agriculture de
cette excellente proposition et nous faisons des vœux pour qu'elle soit
rapidement transformée en loi et exécutée.
Ce n'est pas le moment d'examiner le côté juridique de ce projet.
L'amende, disons-le tout de suite, nous parait trop limitée dans son
maximum. Il conviendra de l'augmenter au moins jusqu'à cinq mille
francs et même indéfiniment à concurrence de la valeur de la moitié
de la marchandise expédiée ou vendue. — J'aimerais assez aussi une
peine alternative de prison ou d'amende. Enfin cette loi sera d'une
application moins difficile que beaucoup de celles qui ont pour objet
la repression de la fraude alimentaire, parce qu'elle ne nécessitera pas
la recherche de la bonne ou la mauvaise foi du délinquant. C'est la
grande habileté du fraudeur de se retrancher derrière sa prétendue
bonne foi. Ici la simple contravention sullira pour faire encourir la
peine. Mais il restera encore bien des difficultés pour arriver à protéger
efficacement la production agricole du beuri'e et bientôt peut-être du
fromage. du Pré-Collot.
{La nulle pt'achainaincnt.)
L'A^GRIGULTURE, LES PRAIRIES ET LES IRRIGATIONS
DANS LA HAUTE -VIENNE -
Monsieur le ministre, vous avez bien voulu décider que les rapports
que j'avais adressés à quelques-uns de vos prédécesseurs, comme
membre des commissions chargées de décerner, dans la Haute-Vienne,
les prix d'irrigation en 1877 et en 1878, la prime d'honneur et les
prix culturaux en 1879 seraient, publiés. Vous m'avez autorisé à les
compléter par une étude approfondie de l'agriculture et des prairies du
Limousin. Je vous en remercie profondément, parce que je pense que
ce travail aura une utilité générale.
1. A Pari^ et pou toul le ressort de la préfecture île police, il existe déjà une ordonnance du
1 :i mai 188:i co icernant la vente des beurres artificiels et qui notamment interdit l'introduction
de ces beurres au pavillon n"> 10 drs hEiles centrales.
2. l'rélace des rapports sur les concours d'irrigation en 1877 et 1878, ul sur le concours de la
piinic d'honneur en lsl9. — Voir la chronique de C3 numéro.
L'AGRICDLTURE et les irrigations dans la HAUTE-VIENNE 335
Du dernier rang à la fin du xviii' siècle, le département de la Haute-
Vienne est monté au premier dès le milieu du xix" pour plusieurs
productions agricoles; il était le moins peuplé de tous les départe-
ments, il estmaintenant dans la moyenne; la prospérité agricole y est
assurée pour l'ouvrier des champs, le métayer, le propriétaire. Les
populations sont dans une aisance relative là où elles mouraient de
faim il y a cent ans à peine. Ce fait ne saurait être contesté en pré-
sence des comparaisons que j'ai pu faire de l'état présent avec les
descriptions de Jean de La Fontaine, de Turgot, d'Arthur Young, de
Léonce de Lavergne. Je le prouve par des textes authentiques. D'ail-
leurs les nombreuses exploitations dont j'ai donné la description té-
moignent de la réalité des immense^ progrès accomplis.
Comment ces progrès ont-ils pu être obtenus? J'ai dû rechercher les
moyens employés par les cultivateurs limousins; je crois les avoir
trouvés et je les ai exposés en appuyant mes démonstrations par de
minutieuses monographies d'exploitations rurales. Cette méthode a
pour avantage de multiplier les observations en variant les circon-
stances ; les observations ainsi répétées équivalent à des expériences
qui se contrôlent réciproquement. J'ai d'ailleurs eu la bonne fortune
de pouvoir étudier les beaux exemples donnés par des propriétaires
tels que MM. Teisserenc de Bort, Paulin Talabot, de Léobardy.
Je crois devoir signaler tout d'abord à votre attention les irrigations
créées dans la Haute- Vienne. Elles sont considérables, car elles se
font sur plus de 100,000 hectares. Il en existait quelques-unes dès le
siècle dernier, principalement en montagne ; Arthur Young les a dé-
crites; mais c'est depuis quarante ans surtout que, leurs bienfaits
ayant été reconnus, elles se sont propagées. Elles ont pour caractère
particulier tout à fuit digne de remarque, qu'elles sont dues entière-
ment à l'initiative individuelle et qu'elles ont été exécutées sans aucun
secours, sansaucune participation de l'Etat. C'est à ce point que, si l'on
s'en rapportait aux statistiques dressées par le service des ponts et
chaussées pour les irrigations faites dans le département avec les eaux
des cours d'eau non navigables ni flottables sur lesquels des permis-
sions de création de barrages ont été demandées, on ne trouverait pas
plus de 600 à 700 hectares irrigués.
L'étendue de 100,000 hectares arrosés, déterminée par une en-
quête spéciale que j'ai pu faire dans toutes les communes avec le bien-
veillant concours de l'administration préfectorale, résulte de la capta-
tion des sources, de l'emploi des petits ruisseaux, de l'emmagasine-
ment des eaux pluviales dans de nombreux réservoirs, appelés des pê-
cheries par les cultivateurs limousins. Chacun connaît, dans la Haute-
Vienne, la puissance de l'action de l'eau pour la production dos her-
bages. Chacun s'est mis et se met encore à l'œuvre. L'intégrale de
tous ces efforts individuels représente une somme énorme d'efîorts
accumulés qui correspond ;'i plusieurs dizaines de millions de francs,
avancés sans bruit par le travail opiniâtre de toute une population
rurale.
Les herbages créés par l'eau répandue au moyen de canalisations
improvisées par de simples cultivateurs sont d'ailleurs fécondés par
l'emploi de nombreux engrais; le fumier et les purins s'en vont par
partie aux prairies et ne sont pas exclusivement réservés comme ailleurs
aux cultures de céréales; après avoir eu recours d'abord exclusivement
336 l'AGRICULTQRE ET LES IRRIGATIONS DANS LA HAUTE-VIENNE.
au marnage et au chaulage pour les terres en labour, on répand en
outre sur les prés des phosphates depuis quelques années. Le foin
produit ainsi fournit un rendement plus élevé, en même temps que la
qualité en est considérablement accrue.
Pour mettre ce dernier résultat en évidence, j'ai dû entreprendre de
faire l'analyse d'un grand nombre de foins de la Haute-Vienne. J'ai
établi la composition chimique de quarante et un fourrages récoltés
dans les circonstances les plus diverses ; la richesse moyenne en est
plus élevée que celle adoptée pour les bons foins du reste de la France.
Je me permets de vous signaler ce travail de laboratoire qui a exigé
beaucoup de temps; il est sans précédent. Sus principales conséquences
sont que non seulement la qualité d'un fourrage dépend de la nature
des herbes qui constituent la prairie, mais que cette qualité peut en-
core varier sur le même sol et aVec les mêmes plantes du simple au
quadruple, selon qu'on a fourni à la végétation, outre de l'eau par
l'irrigation, des engrais complémentaires en proportions suffisantes et
appropriés à la nature des terrains. Si les éleveurs limousins tirent un
parti remarquable du bétail qui fait leur prospérité, c'est qu'ils ont
amélioré la qualité en même temps qu'augmenté la quantité de la
nourriture de leurs animaux domestiques.
Le système de culture qui domine dans la Haute-Vienne est celui du
métayage. Les autres modes d'exploitation des propriétés par le fer-
mage, par les régies intéressées, par les fermiers généraux sont dé-
sormais l'exception. Le métayage a mis l'agriculture limousine à l'abri
de la crise causée ailleurs par l'élévation du taux des salaires. Chaque
famille de colons partiaires donne sa main-d'œuvre sans compter ; elle
est d'ailleurs satisfaite de voir sa part des bénéfices s'accroître surtout
par le fait de l'augmentation du prix des animaux, qui a plus que
doublé en quarante ans.
Les métayers aiment les bêles qui peuplent leurs étables ; ils leur
prodiguent des soins attentifs. Ils savent qu'ils en seront récompensés
par les résultats des ventes. Tout naturellement, à cause des bénéfices
croissants dus au partage du prix de la vente du bétail, la création des
prairies a pris le dessus sur les cultures de céréales, qui ne donnent
pas de forts rendements dans les sols granitiques, sur l'entretien des
châtaigneraies, sur le parcours dans les terres incultes. La prairie
arrosée a été un instrument actif de civilisation. Néanmoins la produc-
tion de toutes les récoltes s'est améliorée, parce que la masse de fumier
obtenue s'est accrue au fur et à mesure que les animaux domestiques
étaient mieux nourris; la culture du froment a pris une extension no-
table à côté de celle du seigle. Au lieu d'être exposé à de fréquentes
famines, le Limousin est devenu un pays d'exportation pour les grains
aussi bien que pour le bétail.
Quant aux propriétaires, ils sont déchargés presque tous de l'impôt
foncier, qui est payé parles colons; mais ils s'occupent en général
avec activité et intelligence de leurs domaines; ils participent aux amé-
liorations en avançant le capital nécessaire soit pour le bétail, soit pour
l'achat de machines nouvelles, soit enfin pour l'emploi de la chaux et
des engrais commerciaux, notamment des phosphates; ils reconnais-
sent que leurs intérêts sont liés à ceux des métayers, qui sont vérita-
blement devenus, dans la plupart des cas, leurs associés. La condition
des métayers s'est ainsi beaucoup élevée; ils commencent à acquçrir
L'AGRICULTURE ET LES IRRIGATIONS DANS LA HAUTE-VIENNE. 337
de l'aisance; quelques-uns deviennent eux-mêmes propriétaires.
L'exemple du Limousin contribue à démontrer que les progrès ne sont
considérables en agriculture qu'autant que les propriétaires s'occupent
intelligemment de leurs domaines et aident les métayers ou les
fermiers .
La création de voies de communication nombreuses, permettant
l'accès de tous les grands centres de consommation intérieurs et des
ports de mer, a été une condition essentielle de la transformation d'une
contrée pauvre, naguère en proie aux horreurs de toutes les crises des
subsistances, en une contrée prospère qui exporte largement et qui ne se
ressent pas des souffrances des autres parties de la France. C'est à
l'administration de Turgot qu'il faut reporter l'honneur d'avoir donné
une vive impulsion à l'établissement d'un réseau de magnifiques routes ;
celles-ci ont été complétées par le réseau vicinal créé depuis 1836 et
par la construction des chemins de fer; ainsi ont été ouverts des dé-
bouchés que l'on peut dire insatiables aux produits dus à l'intlustrie
d'une population rurale laborieuse, ayant surtout besoin maintenant
d'une plus grande instruction.
Je vous prie d'agréer, etc. .I.-Â. Barr vl.
BETTERAVES BLANCHES ET BETTERAVES ROSES
Depuis trente ans que je m'occupe de la betterave à sucre, j'ai vu
plusieurs fois, en Frauce, selon les contrées, l'opinion des intéressés
changer sur l'influence que la couleur de la peau de la racine peut
avoir sur sa richesse en sucre.
De 1850 à 18,59, on ne cultivait, pour ainsi dire, que la betterave à
peau blanche. De 1860 à 1873-74, les espèces à peau rose étaient en
grande faveur.
Depuis cette dernière époque, la variété blanche est redevenue à la
mode, à tel point que des hommes sérieux qui font autorité dans la
matière, font paraître dans les journaux des erreurs comme celles-ci :
« Quant à la variété rose^ la récolte sera nulle 11 faut espérer que
la variété rose sera rigoureusement exclue delà culture l'an prochain. »
Un membre influent de la Société des agriculteurs du Nord disait,
dans la dernière séance tenue par cette Société : « La variété à collet
rose est presque aussi riche cette année dans notre rayon que la
blanche. »
Ce caprice de la mode serait sans inconvénient s'il n'exposait pas
les cultivateurs, les fabricants de sucre et les distillateurs à faire fausse
route en rejetant de bonnes variétés de betteraves, parfaitement appro-
priées à leur sol, pour prendre des espèces blanches inconnues qui
pourraient ne leur convenir en aucune façon.
Je crois donc, dans l'intérêt général, devoir réagir contre cette
tendance.
Dès le début de mes recherches, je me suis préoccupé de cette
question de la valeur relative des betteraves blanches et des betteraves
roses. Chaque année, je faisais établir, dans mes champs d'expé-
riences de Cappelle, près Templeuve (Nord) et autres, des semis de
variétés roses et blanches, de même valeur sucriere, dans le but de ré-
soudre la question. J'avais soin de comparer entre elles les variétés
roses et blanches, appartenant toutes deux à la race à chair très dure,
338 BETTERAVES BLANCHES ET BETTERAVES ROSES.
à peau rugueuse, à racine pivotante et provenant toutes deux de mères
analysées ayant même richesse, ou bien des variétés roses et blanches
de race intérieure, à peau lisse, à chair tendre, à racines peu pivo-
tantes et provenant toujours de mères de même richesse. J'ai toujours
constaté que, dans la même race, dans la betterave rose ou blanche,
de même valeur sucrière, la couleur de la racine n'avait aucune in-
fluence, ni sur la richesse, ni sur le rendement en poids, ni sur le
coefficient de pureté. Il n'en serait pas de même évidemment si l'on
con'parait la rose de la première qualité avec la blanche de la dernière,
ou la blanche d'une année avec la rose d'une autre année; ce sont
probablement des comparaisons de cette nature, faites dans des con-
ditions non identiques, qui ont donné naissance au préjugé que je
viens combattre.
Que les intéressés soient donc complètement convaincus que la
couleur de la peau de la betterave, qu'elle soit blanche^' rose, grise ou
jaune, n'exerce aucune influence; que la constitution de la chair de
la plante saccharine est le facteur dominant et que c'est d'elle que
dépendent la richesse en sucre, le rendement en poids, et le coefficient
de pureté de la variété. A cette occasion, je crois devoir rappeler une
observation que j'ai faite bien des fois sur les variétés de betteraves.
Il en existe un nombre considérable, exagéré, du reste, par les mar-
chands de graines dans un intérêt purement commercial que chacun
devine.
En écartant toutes les racines houleuses, toupies, toujours impropres à
la fabrication du sucre, qui n'ont été que trop cultivées en France jus-
qu'ici, on peut ranger toutes les bonnes variétés en trois grandes caté-
gories, pouvant se subdiviser elles-mêmes en plusieurs sous- variétés :
la betterave de très bonne qualité, la betterave de bonne qualité, la
betterave d'assez bonne qualité. Voici les caractères qui les distinguent.
1° Betteraves de 1res bonne (jualité. Leur chair est dure, leur peau est
rugueuse, leur collet, très large, porte des feuilles abondantes, leur
racine est allongée et pousse très profondément en terre sans en sortir.
2° Betteraves de bonne qualité. Leur chair est assez dure, leur peau
rugueuse, elles ont le collet moyen, la feuille large, la racine pivotante,
courte ou allongée, selon la nature de la sous-variété employée.
3° Betteraves d^assez bonne qualité. La chair est tendre, la peau
lisse, présentant cependant quelques rugosités, le collet porte peu
.de feuilles, la racine est courte. Les betteraves de cette catégorie sont
moins exposées que les autres espèces à produire des racines latéra-
les, et sortent plus ou moins de terre, selon la nature du sol et la
quantité d'engrais employée.
Les premières sont celles qui produisent le plus de sucre par rap-
port au poids de la betterave; celles de la troisième catégorie donnent
ordinairement le plus fort rendement en poids de racines, mais sou
vent le moins de sucre à l'hectare.
Les betteraves de la seconde catégorie produisent toujours le plus
de sucre à l'hectare avec un rendement satisfaisant en poids.
On ne doit jamais perdre de vue que les variétés de betteraves pivo-
tant le plus profondément en terre, sont les plus riches, et que leur
jus produit toujours le quotient de pureté le plus élevé.
La nouvelle législation sucrière françaisepeut devenir, sil'on apprend
à en tirer bon parti, avantageuse, et pour l'industrie sucrière, et aussi
BETTERAVES BLANfiHKS ET BETTERAVES ROSES. 339
pour l'agriculture. Pour en obtenir le plus de bénéfices possible, il fau-
drait cultiver les variétés rapportant le plus de sucre par rapport au
poids de la betterave ; mallieureusement, il n'en peut toujours être
ainsi, car chaque sol ne peut porter que l'espèce qui lui convient;
vouloir l'aire produire à tous les sols la niênie race, c'est courir à un
échec certain.
C'est dans les terrains fertiles, labourés profondément, riches en
humus et en engrais consommés, (ju'il faut cultiver les variétés à chair
très dure et à peau très rugueuse.
Celles à chair intermédiaire devront être cultivées dans les terres de
fertilité moyenne, labourées moins prolondément que les précédentes,
et ayant une moins grande accumulation d'engrais.
Les variétés à chair tendre et à peau lisse doivent être généralement
rejetées pour la fabrication du sucre. Néanmoins on poui-ra encore les
employer dans les terres n'ayant pas de profondeur, peu fertiles, ayant
peu d'engrais. Dans ces sols pauvres, on obtient quelquefois, avec ces
espèces bien cultivées, des betteraves de î"2 à 13 pour 100 de sucre et
des jus d'une assez grande pureté; en tous cas, elles pourront toujours
être utilisées pour la distillerie et la nourriture des bestiaux.
Ch. Violletti;,
Professeur de chimie appliquée à l'inJustrie et à l'.igiicuUiirej
Doyen de la Faculté des sciences de Lille.
ÉCHELLE GRADUÉE POUR LES POUDRES
M. Duras, à Cognac (Chai'ente), a imaginé récemment une ingé-
nieuse combinaison pour les tubes de niveau, à échelles graduées,
servant à indiquer le niveau auquel monte le liquide dans les foudres,
et par suite les quantités que ces récipients renferment à chaque jour.
Ces indications sont d'une grande importance, surtout pour les spiri-
tueux dans les rapports a\ec la régie.
Dans la plupart des tubes et échelles gradués employés jusqu'ici, le
robinet de prise (fig. 28) est vissé sur le devant du récipient sur le
côté du fond, ce qui laisse une couche relativement importante au-
dessous de l'orifice intérieur de ce robinet; mais comme en outre le
corps du robinet était d'une élévation de 4 à 5 centimètres, il s'ensui-
vait une quantité de 10 à 15 pour 100 de la capacité des futailles
tenue en dehors de la surveillance des intéressés. Le système de
M. Duras évite cet inconvénient : la prise de robinet du tube est fixée h
la partie la plus basse des récipients, ainsi qu'on le voit dans la
figure 29. La prise I étant à la partie la plus basse du récipient, alors
que le dessus du robinet B est lui-même légèrement en contre-bas du
bouge, la plus légère quantité de liquide versée se manifeste dans le
tube, car l'apjiareil de contrôle tout entier ne jauge pas plus de 2 à 3
centilitres.
Le tube de communication est légèrement cintré et il est mobile
dans son écrou, ce qui permet de placer le tube de graduation à droite
ou à gauche du récipient, et sa forme cintrée prévient aussi les dan-
gers qui pourraient résulter pour le caoutchouc C s'il foisait un angle
droit en arrivant au tube. Enfin, la manipulation très simple de l'écrou
et du bouchon permet de rincer les récipients facilement et sans danger
de détruire l'exactitude de l'échelle de graduation lorsqu'il est néceS'
saire de remuer lesfoudres pour les nettoyer.
3'i0
ÉCHELLES GRADUÉES POUR LES FOUDRES.
Mais lorsque les liquides à loger dans les récipients sont de nature
à formel' un dépôt, il serait à craindre que ce dépôt n'obstrue l'oriûce
du bouchon, rendant incertain ou au moins irrégulier le fonction-
nement de l'appareil. M. E. Duras a obvié à cet inconvénient par un
Fig. 28. — Ancien tube à niveau pour
les foudres.
Fig. 29. — Tube à échelle graduée du
système Duras.
tubedeprotection. L'orifice de ce tube, percé latéralement, est protégé
par un champignon, qui écarte, par sa forme même, les lies ou dépôts
qui tombent sur le tube de protection, et ne laisse pénétrer que le
liquide par l'orifice supérieur, lorsque cet orifice arrive à '
a ligne
O^^^^^^CK^
Fig. 30. — Appareil double pour deux foudres, du système Duras.
liquide de flottaison après avoir traversé la couche des dépôts. Le
tube de protection est élevé ou abaissé au moyen d'une vis de rap-
pel terminée à son extrémité inférieure par un volant, de manière que
l'ouverture puisse être amenée exactement au niveau de la couche de
dépôts. Un cône situé à la base de la vis de rappel tient lieu de
presse-étoupe.
L. DE Sardriac.
DISCOURS A LA RÉUNION DES DftLEGUÉS DES SOCIKTÉS AGRICOLES. 141
RÉUNION DES DÉLÈGUES DES SOCIÉTÉS AGRICOLES
Discours de M. le marquis de Dampierre, président
Messieurs, sentinelles vigilantes de l'agriculture, nous avons poussé le cri
d'alarme et nous vous avons réunis autour de nous. — Il importait qu'on entendît
en ce moment la voix des agriculteurs, et la Société des agriculteurs de France a
appelé à elle toutes les Associations agricoles du pays, Lien sûre de voir ainsi
toutes les opinions économiques et tous les intérêts représentés avec l'autorité qui
s'attache au mandat que chacun de vous a reçu pour venir siéger ici. Nous ne
pouvions mieux répondre, je crois, aux vœux de plusieurs de nos Sociétés alliliées,
notamment de celles de Meaux, do l'Aisne, ainsi qu'aux instances des membres
si dévoués de notre Société qui habitent le département de la Loire. Mon émi •
nent prédécesseur M. Drouyn de Lhuys, exposant le rôle qu'il appartenait à notre
Société de prendre dans le groupement des institutions agricoles du pays, disait,
il y a bientôt vingt ans, au congrès d'Arras : « Les voix parties de tous les points
delà France pour se réunir en un immense écho se feront entendre au loin; les
bras réunis dans un même etlort auront une puissance irrésistible; les lumière
convergeant de toutes parts auront un rayonnement qui frappera tous les jîux. >
Nous n'avons d'autre passinn que celle du bien public, et, en défendant le-.,
intérêts de l'agriculture, nous défendons les plus sûrs éléments de la prospérité
de notre pays, de sa grandeur, de son influence dans le monde. Notre ambition,
c'est de découvrir à travers les diflicultés financières et économiques qui nous
enserrent, la meilleure voie à suivre, le meilleur conseil à donner aux pouvoirs
publics, dont nous cherchons à éclairer la marche Gomment avec ces sentiments
ne rencontrerions-nous pas le concours de toutes les bonnes volontés'?
Mais, messieurs, pour arriver au but, il faut être francs, l'utilité de notre inter-
vention est à ce prix. Nous dirons donc hautement les causes du malaise et de
l'inquiétude de l'agriculture : l'exagération de notre budget des dépenses ; l'em-
ploi mal équilibré de nos impôts ; des traités de commerce désastreux; un mauvais
régime douanier ; l'inégalité de traitement de l'agriculture partout et toujours,
aussi bien devant l'impôt que devant la douane; les délais apportés à l'utilisation
des eaux qui relèverait de la ruine nos départements méridionaux, des confins de
la Méditerrannée au golfe de Gascocjne ; tout cela, combiné avec un ensemble de
circonstances économiques déplorables, des excès de production et de production
à vil prix en certaines contrées, du bon marché et de la rapidité des transports,
des tarifs de faveur pour les produits étrangers venant faire concurrence aux pro-
duits nationaux, des mesures de toute sorte qui favorisent l'émigration des
ouvriers de l'agriculture dans les villes, l'absence d'établissements de crédit,
l'absence de toute représentation légale de l'agriculture, tout cela, dis-je,
constitue une situation ruineuse, c'est-à-dire intolérable pour l'industrie nourri-
cièie de la France.
Je ne m'étendrai pas longuement sur des douleurs que personne ne nie plus.
M. le ministre actuel de l'agriculture, à peine entré au pouvoir, disait à Amiens,
il y a deux ans, qu'il savait bien que, de toutes les industries, c'était l'agri-
culture qui souffrait du mal le plus aigu, et il ajoutait : « .Te suis malheureusement
trop bien placé pour m'en rendre compte; quand je suis par exemple sur la carte
lus ravages de ce petit insecte, qui continue sa marche impitoyable, qui a déjà en-
vahi lingt de nos départements les plus riches et les plus flori-sants autrefois;
quand je Vois dans ces départements, toutes les fortunes anéanties et les popu-
lations des campagnes, saisies de désespoir, émigrer en masse dans toutes les
directions, laissant le désert derrière elles: quand je chiffre ce désastre et que je
trouve ainsi dans la fortune de la France une trouée annuelle de près d'un mil-
liard, je comprends alors que la consommation générale du pays soit ralentie et
que les magasins de nos industriels regorgent de produits qui cherchent en vain
des acheteurs; je comprends que les prix s'abaissent et que les plus-values de nos
impôts s'arrêtent comme par enchantement. Une seule chose m'étonne, c'est qua
la France ait astez de vitalité, d'énergie et de génie pour résister à ces coups re-
doublés et supporter sans succomber de pareils assauts. »
La situation des contrées à céréales est surtout en ce moment l'objet de nos
préoccupations. Producteurs de sucre et producteurs de blé font entendre
d'amères plaintes; la loi sur les sucres qui leur a été trop tardivement concédée
cette année, ne peut les relever que lentement, la ruine a déjà atteint beaucoup
342 DISCOURS A I>A RIÔUNION DES DÉLÉGUÉS DES SOniKTKS AGRICOLES,
d'usines et beaucoup de fermes, et vous savez quelle est l'intensité des souffrances
des départements du nord. Les délibérations des Comices agricoles de l'Aisne, les
démarches de son Conseil général aupiès du fçouvarnement, les vœux de la So-
ciété des agriculteurs du Nord, portés au gouvernement par les hommes les plus
autorisés et accentués par l'approbation d'un grand nombre d'autres Sociétés,
parlent trop haut pour qu'il soit utile d'insister sur ce point. Le mal que l'enquête
faite par noire Soéiété en 1880 avait signalé a décuplé. Des chiffres sont là,
écrasants dans leur douloureuse éloquence; en voici quelques-uns pour le seul
arrondissement de Saint-Quentin, relatés dans un rapport de M. Ernest Robert,
vice-président de son comice :
1* Terres dont la culture ;i été abandonnée dans ces rternirres nnnées
et qui sont acluellemem en friche 727 hectares.
2° Terres délaissées p r les exploitants et que les propriétaires ont diV
cultiver par eux-mêmes, ne trouvant plus de fermiers. ^ ,124 —
3° Terres abandonnées au cours du bail, par suite de la ruine de
l'exploitant fi,97.j —
11,836 hectares.
Le Comice de Saint-Quentin avait, en 1860, chaleureusement accueilli le régime
inauguré alors de la prétendue liberté commerciale ; comptant sur une réciprocité
qu'on oubliait d'assurer, il avait cru qu'à la faveur de la liberté des échanges le
commerce étendrait ses transactions, que le travail national augmenterait, que
l'agricultuie trouverait les issues qui lui manquaient, il acceptait la libre concur-
rence avec l'étranger, et, aujourd'hui, après vingt-quatre ans d'expérience, par
l'organe du même rapporteur, ce même Comice, avouant son erreur, fait entendre
le cri de sa détresse.
Une enquête a été faite par le gouvernement dans le département de l'Aisne, le
Bulletin de la Société des agriculteurs de France en a publié les premiers élé-
ments, et nous sommes surpris de ne pas connaître encore les résultats officiels
de cette enquête. " Le pajs, comme disait énergiquement M. le-.préfet de l'Aisne
dans l'audience donnée au Conseil général par M. le président ou Conseil et en
présence de M. le ministre de l'agriculture, le pays peut perdre son sang-froid,
et il supiilie le gouvernement dans l'intérêt de la patrie et de la République de
prendre l'initiative de mesures promptes et efficaces pour parer à cet état de choses. »
C'est ainsi que s'e.xptime le procès-verbal de cette audience que vous avez tous lu,
messieurs, avec émotion.
D'aussi unanimes manifestations étaient un avertissement pour le gouverne-
ment, et il répond aujourd'hui au vœu des agriculteurs en acceptant une majora-
tion modérée de queh^ues tarifs douaniers. Nous le louons de cette concession,
mais que l'on ne dise pas qu'en demandant des droits fiscaux compensateurs pour
nos pioduits nous nous rangeons sous le drapeau de la protection contre les doc-
trines du libre-échange ; ce n'est pas le libre échange qui est en cause, mais un
régime bâtard auquel on donne bien à tort ce nom. Pratiqué isolément par un
pays, le libre-échange n'est plus le libre-échange, et un député de l'Isère,
M. Couturier, disait bien justement, il y a peu de jours : « Le désarmement
douanier, comme le désarmement militaire, no peut se faire que par un consente-
ment simulLiné des Etats. » Le régime que nous pratiquons est une grande du-
perie ; il se fonde sur une prétendue opposition entre les iniérêts des consomma-
teurs et ceux du producteur, comme si tous les producteurs n'étaient pas des
consommateurs eux-mêmes, comme si la ruine des uns n'entraînait pas la ruine
des autres, et une juste pondération des prix ne devait pas être le salut de tous.
Le bon sens proteste contre les conséi|uences désastreuses qu'entraîne un tel état
de clioses, et voilà ce nom de libre-échange décrié et compromis désormais par la
faute de ses partisans, qui en ont laissé altérer la signification. Léonce de Lavergne
disait déjà de ces frères imprudents en 1855 : « C'est le langage des libre-échan-
gistes eux-mêmes qui a été la principale cause de l'erreur, » et il ajoutait : " La
liberté commerciale n'est pas une de ces divinités farouches qui exigent des
victimes humaines ; c'est une déesse toujours bienfaisante et toujours juste. Fa-
vorable en Angleterre aux consommateurs parce que ce sont eux qui soutfrent,
elle viendrait eu Frauce au secours des producteurs par le même motif. »
Messieurs, il ne faudrait pas croire que les pères de la doctrine de la liberté des
échangres, ceux qui portent les noms illustres de Smith, Jean-Baptiste Say, [''re-
déric Basliat, Léonce do Lavergne, aient jamais refusé aux proauits nationaux,
dans leur lutte avec les produits étrangers, la compensation des charges que ceux-
DISGOUHS A LA Rl'jUNlON DES DÉf.ÉGaÉS DES SOCIÉTÉS AGHICOLES. ikS
ci n'ont pas à supporter. Jean-Baptiste Say conseillait aux gouvernants de din^ aux
étrangers : « Vous apporterez chez nous toutes les marchandises que vous voudrez
en acquittant des droits proportionoés <à toutes nos autres contrihulions publiques.
Les produits du commerce étranger doivent payer leur part, aussi bien que ceux
des autres industries. » Ailleurs, Jean-Baptiste Say [Tr<nlé il'êcon. potil., liv. I,,
ch. 171 rappelle que Smith admet des circonstances où l'on peut avoir recours au
droit d'eutrée : « Une circonstance est celle où un produit intérieur, d'une con-
sommation analogue, est déjà chargé de quelque droit. On sent ipi'alorsun produit
extérieur par lequel il pourrait être remplacé, et qui ne serait chargé d'aucun droit,
aurait sur le prtMnier un véritable privilège. Faire payer un droit dans ce cas, ce n'est
point détruire les rapports naturels qui existent entre les diverses branches de pro-
duction : c'est les rétablir. En effet, on ne voit pas pour quel motif la production de
valeur qui s'opère par le commerce extérieur, devrait être déchargée du tait des
impôts que supporte ia production qui 's'opère par h moyen de l'agriculture ou
des manufactures. C'est un malheur que d'avoir un impôt h payer; ce malheur, il
convient de le diminuer tant qu'on peut. »
En 1847, mou éminent compatriote, Frédéric Bastiat, dans ses SopMsmes
économiques, faisait dire à l'utopisle (c'était lui) que s'il était ministre, il ferait une
loi de douane en deux parties : <t Article premier, toute marchandise importée
payera une taxe de 5 pour 100 de la valeur; art. 2, toute marchandise exportée
payera une taxe de 5 pour 100 de la valeur. » — Dieu me garde d'entrer dans
l'explication de !a doctrine de mon illustre collègue de députation de 1848 sur
cette simplification originale de notre régime douanier; mais il en ressortait évi-
demment que, dans sa pensée, le produit étranger devait contribuer à nos charges
publiques, parce qu'il profitait de nos ports, de nos roules, de notre sécurité, do
tout ce qui est la raison de nos impôts, en un mot.
Pour Léonce de Lavergne, rien de plus clair, rien de plus net que son opinion
sur cette question. En ce qui concerne le bétail, il disait : « Tout ce qui nuit à la
prospérité du bétail est un malheur public ; tout ce qui k favorise est un bien. Si
la libre introduction du bétail étranger devait avoir pour effet de diminuer la quan-
tité ou la qualité du nôtre, je serais le premier à la combattre. Quelle que soit ma
conviction sur les avantages de la liberté, je ne sais pas lésister aux faits et je
reconnais qu'il n'y a pas au monde de principe absolu. » — Plus loin, il ajoute :
« Dans un temps (1855) où pour subvenir aux intérêts des emprunts nouvel-
lement contractés il faut trouver de nouvelles sources de recettes, on doit cher-
cher à l'aire rendre aux douanes, comme aux autres branches du revenu public,
tout ce qu'elles peuvent rendre. Il convient alors de choisir le tarif qui donnera
le plus de recettes, en dehors de toute préoccupation protectionniste. »
A l'occasion des droits d'entrée sur les blés étrangers, et demantlant un chiffre
plus élevé que celui qu'on proposait, Léonce de Lavergne écrivait en 1861 :
« Depuis la lettre impénale du 5 janvier 1860, le gouvernement fait une guerre à
mort aux droits de douane; 100 millions de recettes annuelles ont ainsi disparu
du budget. Ce serait un bien si 100 millions de dépenses avaient disparu en même
temps; mais comme les dépenses ne font que s'accroître, au lieu de diminuer, ces
100 raillions et; bien d'autres encore n'ont l'ait que changer de foi'me. Ce que
payent en moins les produits étrangers, les produits Irançais doivent le payer en
sus. Nous ne comprenons pas, quoique partisan déclaré de la liberté commerciale,
cette faveur accordée aux produits étrangers aux dépens des nôtres. Qu'on efface
jusqu'aux dernières traces du système protecteur, rien de mieux; mais il est bon
de maintenir les perceptions fiscales qui ont pour but de répartir le fardeau de
l'impôt. Décharger les douanes pour charger à l'intérieur les contributions, c'est
sortir de la justice et de l'égalité, c'est faire de la protection à rebours. )> Et
ailleurs il dit : a II nous paraît contraire aux principes d'une bonne administra-
tion fiscale de laisser introduire en France une denrée quelconque sans payer
de droits. »
Depuis le temps où ces choses se disaient, un bouleversement profond est sur-
venu dans les relations commerciales de la France par h promptitude et le bas
prix des transports : ce ne sont plus seulement les blés d'Egypte ou de Crimée qui
viennent sur nos marchés, mais ceux de l'Amérique et de l'Inde, produits dans
des conditions exceptionnelles de b n marché; ce ne sont plus seulement les bes-
tiaux de nos voisins d'Europe qui nous arrivent, la viande nous vient de toutes
les parties du monde, et les 5 pour 100 ad valorem, considérés comme des droits
compensateurs suflisantsil y a vingt-cinq ans, ne le sont plus aujourd'hui. Je crois
344 DISCOURS A LA RÉUNION DES DÉLÉGUÉS DES SOCIÉTÉS AGRICOLES.
donc pouvoir conclure des citations abrégées que je viens de vous faire que ]es
illustres économistes qui avaient conçu la pensée d'une liberté des échanges, fondée
sur la réciprocité et sur l'égalité de situation de toutes les industries, c'est-à-
dire sur la justice, n'hésiteraient pas à se ranger de notre avis, en présence des
faits inattendus qui se manifestent.
Oh, assurément, on a eu raison de dire que ce n'est pas une augmentation des
droits d'entrée sur les bestiaux et sur les blés qui peut avoir une influence décisive
sur le relèvement de notre agriculture. Ce serait un acte de justice devenu néces-
saire, une atténuation de quelques souffrances; mais c'est sur un ensemble de
mesures d'une bien autre portée et que la Société des agriculteurs de France ne
cesse de réclamer depuis ffu'elle existe, que doit se porter l'attention des pouvoirs
publics. La revision des tarifs douaniers mérite votre intérêt certainement, mais
ce n'est là qu'un des côtés de la question. Je disais, à l'ouverture d'une de ros
sessions ; « Une pensée doit dominer toutes nos revendications, celle de la justice
qu'il y aurait à placer une bonne fois l'agnculture sur le même pied que toutes
les autres industries, devant les règlements administratifs, devant l'impôt, dans
Iss tarifs douaniers, dans les traités de commerce. Qu'on nous évite ainsi la dou-
leur d'avoir à demander sans cesse de faibles palliatifs aux crises qui sont la consé-
quence de cette inégalité, et on fera de la grande et bonne administration. » Tel a
été toujours le point de départ de toutes nos demandes et je dirais, si l'expression
ne jurait pas trop avec le but pacifique que nous poursuivons, que ['égalité est
devenue le cri de guerre de la Société des agriculteurs de France.
Qu'on nous exauce et nous demanderons à la culture, avec plus d'autorité, d'ap-
porter à ses méthodes tous les perfectionnements qui lui permettraient la concur-
rence avec les produits étrangers, de consentir à des dépenses utiles assurément,
mais qui sont aujourd'hui au-dessus de ses forces. Nous nous efforçons déjà de
mettre sous ses yeux les exemples qui montrent la possibilité de diminuer les prix
de revient par l'augmentation des rendements, nous lui montrons toutes les res-
sources que la science lui oflre; si elle était relevée de ses découragements, vous
la verriez bientôt, vaillante et laborieuse, se mettre à la hauteur de tout ce qu'on
exigerait d'elle.
Messieurs, nous devons une grande reconnaissance aux hommes de talent et de
dévouement qui défendent les droits de l'agriculture au Sénat et à la Chambre
des députés. Leurs sages discours étaient de nature à porter la conviction dans
tous les esprits, ils ont fait au dehors la plus vive impression ; on sait quel a été
le retentissement de celui de M. de Saint -Vallier au Sénat, et les regrettables
entraînements de la politique ont pu seuls détourner la représentation nationale
de porter à de tels avertissements l'attention qu'ils méritaient. — Je dois bien le
dire aussi, ceux qui aiment l'agriculture ei qui connaissent ses affaires, sont trop
peu nombreux dans nos assemblées parlementaires, et vraiment, messieurs, c'est
bien votre faute s'il en est ainsi : il s'agit de vos intérêts les plus directs et les
plus sensibles, du choix de vos défenseurs, vous formez les deux tiers delà nation,
et vous laissez à d'autres, qui n'ont ni vos aspirations ni vos besoins, le soin de
désigner les candidats qui recueillent vos suffrages. Si vous vous abandonnez
vous-mèoaes, comment voulez-vous qu'on vous secoure!
Il y a ici, messieurs, de nombreux représentants de la presse de tous les partis.
Je saisis cette occasion pour remercier la presse française du généreux concours
qu'elle prête à l'agriculture en faisant connaître partout ses revendications.
Je vous laisse la parole, messieurs; puissent de calmes délibérations éclairer
les problèmes que vous êtes ici appelés à débattre. Souvenez-vous qu; les vivacités
de langage n'ont jamais servi qu'à compromettre les meilleures causes et que le
bon droit n'a pas besoin de ces moyens de défense.
AGRICULTURE DE BASSE-PICARDIE EN 1884
I. — Concours agricole de r arrondissement d'AbbevUle en 1884. —
L'ordre alphabétique établi pour la rotation annuelle entre les onze
cantons' de l'arrondissement, ramenait, cette année à Ault^, le qua^
rante-rinquihne concours du Comice agricole d'Abbeville.
1. Un seul concours à Alibeville comprend les deux cantons de ce chef-lieu d'arrondissement.
1. Le précédent concours à Ault avait eu lieu en 1874. Nous eu avons rendu compte au Jour-
nal de l'ngricullure, du 15 août 1874.
AGRICULTURE DE LA BASSE-PICARDIE. 345
C'est le 29 juin dernier que cette réunion a eu lieu, favorisée par
un temps superbe
Le bourg d'Ault s'étend au sommet d'une des falaises calcaires qui
terminent brusquement, à la mer, les plaines fertiles du Vimu. L'es-
pace qu'il occupe, ayant peu de profondeur vers l'Est, et se trouvant
limité, à l'Ouest, par l'Océan, il y eut obli^^ation d'en éloigner un
peu le champ du concours. Les nombreux animaux exposés, la mul-
tiplicité des instruments dont la plupart dut fonctionner dans un sol
que la sécheresse avait durci, occupaient la surface assez étendue offerte
au Comice, à 2 kilomètres d'Ault.
Les récompenses auxquelles les concurrents ont eu droit furent dis-
tribuées dans l'ordre suivant :
Bonne culture. — Une prime avec médaille d'or offerte à une des
cultures du canton d'Ault.
Moralité. — Six primes, six médailles d'argent aux valets de char-
rue, filles de basse-cour et domestiques de cour.
Instruments opérant à pri.c d'argent le fauchage, le battage des grains
chez les cultivateurs. — Deux primes, deux médailles d'argent.
Espèce chevaline. — Poulinières suitées, pouliches de deux et trois
ans. Une médaille d'argent d'ensemble, offerte par la Société des agri-
culteurs de France. Vingt primes. Une médaille d'argent, six médailles de
bronze. L'espèce chevaline, représentée par des poulinières et des pou-
liches boulonnaises destinées à la reproduction, au moins pour la plu-
part, offrait un beau choix d'animaux. Cette brillante partie du concours
fut très appréciée des éleveurs. Succès prévu du reste dans une con-
trée aussi voisine de la portion occidentale du delta de la Somme,
connue sous le nom de Bassure de Cayeux. Les cultivateurs y entre-
tiennent des poulinières boulonnaises de gros trait, fort estimées, et
sont d'habiles éleveurs.
Espèce bovine. — Taureaux et génisses à dents de lait, et taureaux,
génisses et vaches plus âgés. Une médaille d'argent d'ensemble,
offerte par la Société des agriculteurs de France. Vingt-deux primes,
quatre médailles d'argent et cinq médailles de bronze.
L'espèce bovine présentait une réunion satisfante de bêtes issues des
races normandes, flamandes, hollandaises et diverses. Néanmoins,
l'élevage local semble accorder ses préférences aux normandes.
Le canton d'Ault confine à la Seine-Inférieure, ce qui permet aux
éleveurs de cette contrée d'apprécier les qualités maîtresses de cette
excellente espèce.
A côté des éloges bien mérités par les bêtes bovines, on a blâmé,
et non sans raison, l'excès d'embonpoint de la plupart de ces animaux.
C'est là une observation fondée et généralement applicable à presque
tous les concours. Dans la préparation qu'ils font subir aux bêtes des-
tinées à ces exhibitions, les éleveurs sont naturellement disposés à
cacher sous la graisse bien des défauts de conformation. Cela est infi-
niment plus commode que de chercher à les faire disparaître progressive-
ment par une étude attentive, une sélection judicieuse des producteurs
mâles et femelles, et un élevage rationnel des produits. Mais pour
arriver à obtenir des modiûcations zootomiques sérieuses et durables,
le temps est le facteur indispensable, car là rien ne peut être impro-
visé. Or, il faut reconnaître qu'il se trouve peu d'éleveurs disposés à
attendre, sans trop d'impatience et pour une époque indéterminée, les
346 AGRICULTURE DE LA BASSE-PICARDilv
résultats qui devraient provenir de la sagacité de leurs observations
ainsi que de l'habileté persévérante de leur élevage.
Espèce ovine. — Béliers. et brebis. Une médaille de bronze, d'en-
semble, offerte par la Société des agriculteurs de France. Neuf primes.
Espèce porcine. — Une médaille d'argent, d'ensemble, aux verrats
et truies. Huit primes.
Espèce asine. — Deux primes.
Animaux de basse-coiir. — Poules, dindons, lapins, pigeon s. Quatre
médailles d'argent et trois médailles de bronze.
Produils divers. — Pour les meilleurs cidres. Une médaille d'or
offerte par M. Douville de Maillefeu, député de la Somme.
Apiculture. — Mention très honorable, hors concours, à la Société
d'apiculture de la Somme. Trois médailles d'argent. Trois médailles
de bronze.
Inslniménls aratoires. — Une médaille de bronze, d'ensemble, offerte
par la Société des agriculteurs- de France. Une médaille d'argent,
d'ensemble, par le Comice d'Abbeville. — Charrues. Cinq primes.
Deux médailles d'argent. Deux médailles de bronze. — Exlirpateurs,
Scarificateurs, herses, houes à cheval, rouleaux et instruments divers.
Huit primes. Dix médailles d'argent. Sept médailles de bronze.
L'importance du concours d'Ault, soutenu, cette fois encore, par
les souvenirs et les traditions d'époques plus heureuses, aurait pu
faire illusion aux visiteurs étrangers qui, pour s'y rendre, venaient de
traverser des champs couverts de récoltes pleines de promesses. Néan-
moins on sentait au manque absolu d'entrain, à la morne tristesse des
cultivateurs, fermiers ou propriétiires, l'étendue des maux qui achèvent
de ruiner nos campagnes où l'agriculture, naguère pleine d'espérances,
est actuellement réduite à une douloureuse misère.
Dans un excellent discours qui précéda la distribution des récom-
penses, M. Lefebvre de Villers, président du Comice d'Abbeville, a
exposé cet état de profond découragement, en termes émus, mais avec
une modération et un tact qui lui ont valu de nombreux applaudis-
sements. Nous en extrayons quelques passages :
<t Les cultivateurs qui ont assisté au concours d'Ault de 1874 y sont venus sans
trop de préoccupations sur leur situation.
<f La vente de leurs produits leur permettait encore de couvrir leurs frais de
culture, de vivre et de faire honneur à leurs engagements.
« Les choses ont bien changé depuis.
« Atteints par la crise l'oriuidalile que subit l'agriculture, entrevoyant l'anéan-
tissement de leurs espérances et leur ruine dans un avenir prochain, ils viennent,
en oe jour, tristes et découragés, répondre à notre appel. Et peuvent-ils avoir le
cœur à la joie, à la vue delà dépréciation de leurs produits, résultat de la concur-
rence que leur font les nations étrangères, produisant à moindres frais?
« Quand, sans protection contre cette concurrence désastreuse, abandonnés à
leurs seules forces, ils reconnaissent qu'ils ne peuvent soutenir la lutte. Quand
ils se voient traités moins favorablement que l'industrie, défendue contre la con-
currence par des droits de douane élevés pour beaucoup de ses produits. Quand
ils considèrent les charges énormes de toute nature qui pèsent sur eux, charges
supérieures à celles qui pèsent sur les autres catégories de contribuables;
'•- Puisque la propriété rurale paye en impôts 30 francs de son revenu, tandis
que la propriété urbaine ne paye que 23 pour 100, la propriété industrielle et
commerciale que 19 pour 100, les valeurs mobilières que 11 pour 100 et que
l'égalité n'existe pas pour enx.
« L'agriculture, dans les conditions qui lui sont faites, ne pourra survivre à 1 1
crise, si on ne vient pas à son secours, sans délai, par des mesures efficaces et
non par des promesses stéfiles.Ces mesures, depuis longtemps, elle les réclame.
AaKlCULTUltK 1)K LA. BAiiSK-PlOARDIE. 347
<> Ne cessez pas de faire entendre votre voix, messieurs les agriculteurs; ce
n'est que par des demandes réitérées et pressantes que Ton obtient : vous ê;es
le nombre, vous êtes la force, il faudra bien enfin que justice vous soit rendue.
« Espérons que dans un avenir prochain, les hommes haut placés auxquels sont
confiées les destinées du pays, qui, jusqu'alors ont paru s'inquiéter faiblement
de l'état misérable de l'agriculture, mettant de côté des préoccupations d'un autre
ordre, et cédant à l'évidence, tiendront sérieusement compte de ses doléances et
porteront secours »
Nos pltis vivei sympathies sont acquises à ces sages et patrioliquei
paroles. Noas uaissons nos vœux à ceux de M. le président du Comice
d'Abbeville pour que les pouvoirs publics cessent bienlôo de consi-
dérer l'agriculture française comme une serve taillable el corvéable à
merci. On la pressure de toutes façons, puis on secroit quitte envers elle^
quand, à l'occasion de quelque solemnité, concours régional ou autre,
et surtout à l'approche de ({uelque élection politique, on a couronn ;,,
de tleurs de réthoriquei, cette mère nourrice de la nation, aima parens.
Mais les banalités n'iliusioniient plus les désespérés des campagnes.
Dans leur détresse, ils voient trop bien les fruits de leur rude labeur,
sacriGés, plus impitoyablement que jamais, à la désastreuse concur-
rence des produits exotiques affranchis des charges qui les oppriment.
II. ^ Des devoirs professionnels nous ayant empêché de publier,
aussitôt que nous le désirions, le compte rendu qui précède, nous
venons y ajouter d'autres documents relatifs à la situation actuelle de
l'agriculture en basse-Picardie.
Lors du concours d'Ault (20 juin 1884), la chaleur et la sécheresse
n'avaient encore compromis ni les champs, ni les pâturages de notre
contrée. Mais, leur continuité, d'abord si nuisible aux herbages, vint
hâter prématurément la maturité des céréales, arrêter la croissance
des betteraves, griller sur pied les secondes coupes de trèfle, rendre
impossible le travail des jachères d'été.
Ouragan Je grêle. — La culture, bien que ne vendant qu'à des prix
dérisoires, ses excellents blés de 1883, s'était trouvée, au commence-
ment de juillet, en présence de récoltes assez plantureuses pour faire
rêver d'un avenir peut-être moins mauvais, réservé aux cérea'es de
188'i. Tout au moins l'abondance des pailles promettait un auxiliaire
opportun pour la nourriture d hiver du bétail. Mais le 12 juillet, vers
sept heures du soir, un furieux ouragan, accompagné de tonnerre et
de grêle, tel que, de mémoire d'homme, il ne s'en était vu dans la
contrée, vint s'abattre sur le fertile plateau de Vimeu', ravageant les
cantons de Gamaehes, de Moyenneville, s'étendant dans plusieurs
communes suburbaines d'Abbeville et jusqu'à l'un de ses faubourgs.
Colzas, œillettes, lins, chanvres, betteraves, trèfles, céréales, pâtu-
rages, furent littéralement hachés, anéantis et enterrés de plusieurs
centimètres, par de véritables trombes de grêlons gros comme des
œufs de pigeon.
Les arbres, absolument dépouillés do leurs feuilles, prirent aussitôt
leur aspect hivernal. Les vergers furent jonchés déjeunes pommes à
cidre, les jardins, de tous les légumes, tleurs et fruits. La grêle écrasa
le gibier de plaine, à poil et à plume, les pies, corbeaux et autres oi-
seaux robustis, à plus forte raison ceux plus petits et moins résistants.
1. Les plaines du Vimcii, dune allitiido uiuyejinc de 120 mètres, sétendent enlre l;i rive
gauclie de ia Somme, la rive droite de la Bresie, qui les sépare de la Nûrmandie, et la mer,
Jusque sur une purtiou de l'arrondissement d'Amiens, [.a partie du Vimeu située d.ins l'arron-
dissement d'Abbeville, de beaucoup plus iinportanlc, forme à peu près la moitié de cet arron-
dissement,
348 AGRICULTURE DK LA BASSE-PICARDIE.
Enfin, elle causa des dégâts considérables aux habitations ainsi qu'aux
bâtiments ruraux.
Pour le seul arrondissement d'Abbeville, les pertes causées aux ré-
colles par ce cataclysme furent, tout d'abord, estimées à environ trois
millions de francs. Le chiffre adopté par l'administration, après véri-
fication des contrôleurs, s'élève à 2, 227, 212 francs, pour un total de
27 communes, comprenant 5,657 cultivateurs sinistrés, parmi lesquels
3,1 1 7 sont actuellement considérés comme absolument nécesiteux.
La solidarité qui, de tout temps, unit dans nos campagnes les pro-
priétaires à leurs fermiers, se manifeste hautement à l'occasion de
cette douloureuse épreuve. Les possesseurs du sol acceptent libérale-
ment une large participation aux charges nouvelles imposées aux
champs sinistrés. Beaucoup d'entre eux ont pris l'initiative d'une re-
mise du fermage de 1884 à leurs tenanciers et s'engagent, en outre, à
solder tous les grains nécessaires aux semailles. Tous suivront certai-
nement cette généreuse impulsion. C'est là une nouvelle et probante
confirmation de notre réponse du printemps dernier à l'enquête sur le
crédit agricole, faite par la Société nationale d'agriculture' :
a En Picardie, écrivions-nous alors, les propriétaires accordent ordi-
nairement de très longs délais pour le payement des fermages. N'ayant
à payer aucun intérêt, l'agriculture trouve amsi le plus avantageux des
crédits. «
La suppression momentanée du fermage et la fourniture gratuite
des semences dans les circonstances calamiteuses, ne constituent-elles
pas aussi l'application du vrai crédit agricole sous sa forme la plus
simple, la plus immédiate et la plus sérieusement utile?
m. Courses d'Abbeville. — Ce fut devant une assistance profondément
impressionnée par les désastres du 12 juillet qu'eurent lieu, le 14,
les courses d'Abbeville, sur le bel hippodrome de la prairie de Mali-
corne. Mais, malgré les circonstances atmosphériques les plus favo-
rables, cette réunion dont l'institution remonte déjà 1850, et qui a
toujours exercé une si grande altraction, manqua d'entrain cette an-
née, tant les calamités agricoles avaient frappé les esprits.
11 y fut couru trois courses plates, un steeple-chase militaire, une
course de haies, un steeple-chase à réclamer.
Sur le même hippodrome, les courses au trot, instituées, depuis
peu d'années, par la Société des courses au trot d'Abbeville, ont eu lieu
le 27 juillet.
Ces courses offrent d'ordinaire un intérêt agricole tout particulier
dans une contrée où le cheval boulonnais occupe une place si consi-
dérable parmi les productions rurales; mais la récente destruction de
tant de récoltes sur le plateau du Vimeu où l'élevage des poulains est
général, avait jeté les cultivateurs dans un tel marasme que l'assistance
fut infiniment moins nombreuse que d'ordinaire.^
Les cinq courses au trot furent courues dans l'ordre suivant :
1° Prix de Vimeu, offert par le gouvernement. Ait trot monté, pour chevaux
entiers et juments d'espèce boulonnaise de gros trait, de trois an-î, nés et élevés
dans la ciiconscription du dépôt de Gompiègne. Distance: 1,500 mètres; cinq
chevaux ont couru,
2° Prix des Haras. Au trot monté, pour chevaux entiers, hongres et juments,
d'espèce boulonnaise de trait, âgés de quatre à cinq ans, nés et élevés dans la
1. Le premier volume de cette importante emiuète ijui d paru récemmeal contient lu texte de
notre réponse.
AGRICULTURE DANS LA BASSE-PIRARDIE. 349
circonscription lia Jopôt de Compiègne. Distance : 2.000 mètres; neuf chevaux
ont couru.
3" Prix du Conseil général. Au trot monté, pour chevaux entiers, hongres et
juments do trait et de trait léger, d'espèce boulonnaisc, âgés de trois et quatre
ans, élevés dans la Somme. Distance : 2,000 mètres; sept chevaux ont couru.
4" l'rix du Ponthieu. Au trot, monté, pour chevaux et juments de toutes races,
âgés de trois, f[uatre et cinq ans, n'ayant pas couru dans les courses précédentes.
Distance : .'i,000 mètres; sept chevaux ont couru.
5" Prix de la ville dWbbeville. /1(( trot monlé, pour tous chevaux et juments de
toute race, appartenant, depuis le 1«'' avril 1884, à des propriétaires de la cir-
conscri|ition de Compiègne. Distance: 4,000 mètres; sept chevaux ont couru.
Concours départemental d'élalonw — Avant de terminer ce qui con-
cerne les institutions hippiques do la basse Picardie, nous devons
inentiotiner les succès obtenus par les étalons d'espèce boulonnaise de
l'arrondissement d'Abbeville au concours départemental de la Somme,
(jui eut lieu à Amiens le 19 juillet.
Sur les onze primes accordées aux étalons de gros trait, de 4 ans et
au-dessus, cinq primes dont les trois premières ont été décernées à
des étalons de l'arrondissement d'Abbeville.
Sur les huit primes destinées aux jeunes étalons de trois ans au
moins, quatre ont été obtenues par des étalons boulonnais de l'arron-
dissement d'AblDeville, la r% la 3", la 4'^ et la (V.
Concours départemental de jnnics étalons boulonnais. — Enfin, im
concours de jeunes étalons boulonnais, nés on 1882, attira à Abbe-
ville, le 29 septembre 1884, soixante-trois poulains. Vingt-six primes,
ont été décernées aux concurrents les plus méritants.
Sur ces vingt-six primes, deux seulement, lu quinzième et la vingt-
troisième, ainsi qu'une mention honorable, sont sorties de l'arromlis-
sement d'Abbeville. Vingt-quatre primes sur vingt-six, deux médailles
d'or, deux médailles d'argent, trois médailles de bronze, une des deux
mentions honorables, ainsi que la prime d'honneur (vase de Sèvres)
forment le bilan des brillants succès obtenus par l'élevage de notre
basse Picardie. C'est la démonstration la plus manifeste de l'impor-
tance toujours accordée ici à la production chevaline. Il est facile d'en
conclure que malgré tant de ruines agricoles, le goiît, nous devrions
plutôt écrire, la passion de l'élevage du cheval boulonnais, passion
liéreditairo dans les familles rurales, n'a pas encore été atteinte.
Cependant, malgré la haute estime oii le commerce tient toujours le
Vimeu une bons chevaux \ ces animaux puissants et vigoureux, mais
très gros consommateurs, sont, pour ceux qui savent compter, les
moins rémunérateurs des produits vivants de la ferme.
[La suite prochainement). E. .ÏIecquet d'Orval,
Correspomlant de lu Société nationale d'agriculture de France.
INSTRUCTIONS PRiTIQUES POUR LE BADIGEONNAGE
ANTIPHYI.LÔXKRIQUI-; DKS VIGNES.
But.'! et l'Ifets du hndigeonnagi;. — Le badigeonnage des vignes a pour but la
destruction des œufs d'hiver q\ii peuvent se trouver éventuellement sous leurs
écorces.
Appliqué à des vignes indemnes, miis ex:iosécs à l'invasion par leur proximité
de loyers phylloxériques, le badigeonnage constitue le traitement prérentif du
phylloxéra. Il a pour effet d'empêcher réclos'on des œafs d'hiver et la formation
des colonies radicicoles par les insectes issus de ces œufs,
1. Peu dVIeveurs du Vinieu loiit nniire leurs clievaux. Ils éK'veiit génêralemeiil des poulains
mâles provenant des juments du Ponthieu, du Marijucnlerre et des fermes du Boulonnais.
350 INSTRUCTIONS PRATIQUES POUR LE BADIGEONNAGE DES VIGNES.
Sant réputées indemnes les vignes placées à l'extérieur d'une zone de 15 à
20 kilomèlres autour d'une région phylloxérée.
Les -vignes situées dans cette zone elle-même doivent être tenues pour sus-
pectes, bien que le phylloxéra ne s'y manifeste encore par aucun signe extérieur.
Appliqué à ces vignes, ainsi qu'à celles qui présentent un ou plusieurs points
d'attaijue, sans être encore gravement atteintes, le badigeonnage doit avoir pour
moindre eflet de ralentir les progrès du mal. Il l'arrêtera probablement même
complètement, s'il est continué pendant trois ou quatre années consécutives, en
dé'.erminant l'extinction des foyers anciens et en empêchant la formation de foyers
nouveaux par les insectes issus des œufs d'hiver. L'effet du bidigeonnage sera
alors tout à la fois curatif et préventif.
A ces titres, il constituera un complément utile des traitements souterrains,
qui pourront ne plus être renouvelés chaque année, et donnera ainsi lisu à une
réduction con-iidérable des dépenses que ces traitemenl-i nécessitent.
Enfin, si le mal est déjà ancien et la plupart des plants d'un vignoble grave-
ment atteints, le badigeonnage, pas plus que les autres traitements, ne sauvera
ces vignes d'une destruction complète.
Maiiére a emplot/er pour le badigeo>ina'je,el sa prêparalion. — On aura recours
au mélange suivant :
Huile lourde 20 parties.
Naphtaline Iji'ule 31
Chaux vive 100 —
Eau 4U0 —
Pour préparer le mélange, on dissout la naphtaline dans l'huile lourde; on verse
celle-ci sur la chaux préalablement humectée avec la quantité d'eau nécessaire
pour en déterminer le foisonnement, et l'on ajoute le reste Je l'eau, en remuant
continuellement le mélange jusqu'à ce qu'il devienne bien homogène en prenant
une consistance crémeuse.
La chaux qui convient le mieux est celle fraicliemont cuite, dite chaux grasse.
Lorsque, au bout d'un certain temps, le mélange tend à se prendre en masse,
et ne se laisse plus facilement étendre au pinceau, on y ajoutera la quantité d'eau
nécessaire pour lui redonner sa consistance première.
Pour se procurer l'huile lourde et la naphtaline, on pourra s'adresser aux
usines à gaz de la plupart des grandes villes, ou aux usines spéciales où l'on
fabrique les produits dérivés du goudron de houille. L'huile lourde se vend de
10 à 15 francs les 100 kilog.; la naphtaline brute, de 5 à l'.i francs la même quan-
tité, et même 3 francs seulement sur certains marchés anglais. G^s prix sont
d'ailleurs susceptibles do baisser encore par la concurrence qui s'établira lorsque
ces substances seront devenues d'un usage général en viticulture.
Quant à la chaux, elle se trouve aboudamraeat partout.
Mode opératoire. — Les badigeonnages se feront à l'aide d'une bro<!se ou gros
pinceau rond fait de soies de porc. Ou étendra le mélange à plein pinceau sur
toiilc, la surface du cep, sans se préoccuper des bourgeons (yeux) et des sections de
taille.
Epoque du traitement. — Pour plus de commoditii et par mesure d'économie,
le badigeonnage se fera après la taille de la vigne. On pourra opérer durait tout
l'hiver, mais l'époque la plus convenable est celle oii l'œuf d'hiver touche au
terme de son incubation, c'est-à-dire le mois de février pour les régions du Midi,
et ceux de février et mars pour les autres parties de la Fi'ance. Mus comme à
l'époque la plus convenable un temps pluvieux pourrait empêcher l'opération de
se faire, on fera sagement de la pratiquer dès que les circonstances le permettront.
Dans au!-un cas, le badigeonnage ne devra se faire après le débourrage di la vigne.
Opérations prélionnnires. — Si les vjgnes sont vieilles et à éorces épiisses,
on n'efl'^ctuera le badigeonnage qu'après avoir pratiqué un décjrticage superfi-
ciel. Ce décorticage sera fait une fois pour toutes et, n'aura pas besoin d'être
renouvelé chaque année.
Dana le cas d; vignes jeunes et à écirces minces, le décorticage ne sera pas
nécessaire ; il pourrait même être nuisible.
Pour décortiquer, on pourra employer divers instruments, tels que les gants
à mailles d'acier de M. Sabaté, des làcloirs, des râpes ou même de simples cou-
teaux à lame forte et solidement emmanchée.
En ce qui concerne les précautions à prendre lors de la taille, il est recom-
mandé de làire ramasser avec le plus grand soin les sarments coupés qui peuvent
INSTRUCTIONS PUATIQUES POUU LK BADIGEûNNAGE DES VIGNES. 351
receler quelques œufs d'hiver; on les brûlera sur place ou, si oq le préfère, on les
emportera loin du vignoble, dans un endroit sec el abrité. — A ce propos, il est
utile de faire connaître que les sarments de taille ne doivent, en aucun cas, être
gardés, comme cela arrive trop souvent, à l'air et à l'humidité; les œufs peuvent
conservciT leur vilaiité et éclore au printemps, si l'on ne renferme pas les sarments
dans un lieu clos couvert et non liuraide.
Contrôle du trailement. — Pour les vignes portant des galles (les Riparia sont
surtout dans ce cas), un seul traitement sufiira pour juger de l'efiicacité du hadi-
geonnage. Il a été reconnu que les insectes des galles ont tous pour origine les
jiliylloxeras issus de l'œui d'hiver ; si donc tons les œufs ont, été détruits par l'opé-
ration, les galles ne doivent pas se représenter l'année suivante.
Pour les viynes françaises, qui portent rarement des galles, le contrôle précédent
n'est pas possible. On ne pourra reconnaître l'effet du traitement qu'après plu-
sieurs années. Les vignes saines ne devront pas être envahies, si ce n'est dans
les trois premières années de traitement, auquel cas elles seraient contaminées par
suite d'invasion remontant à une époque antérieure au premier traitement. Quant
au.\ vignobles qui présenteront des pomts d'attaque, il ne devra pas s'y produire
de nouvelles taches, isolées des anciens loyers.
\ùla. Il résulte de ce qui précède que les trois ou quatre premières années de
l'emploi de l;i méthode des badigeonnages devront être considérées comme une
période d'essai, pendant laquelle on étudiera l'inlluence du traitement 3ur la
marche du phyllo.xera. Par conséquent, il sera prudent de continuer les traitements
souterrains concurremment avec les badigeonnages partout où ces traitements
sont en usage aujourd'hui. L' expérience apprendra dans quelle mesure ceux-ci
pourront être suppléés par les badigeonnages employjs seuls. Tous les viticul-
teurs sont, en conséquence, invités à faire l'essai de cette méthode ]ieu dispen-
dieuse et inotïensive pour la vigne, et à faire connaître, dans un intérêt général,
à l'administration, les résultats qu'ils auront obtenus dans leur pratique.
G. Balbiani,
* Prcfesseur au Collèpe de France.
Membre de la Cointuission srpinieure du phylloxéra
CONCOURS DE LA SOCIETE D'AGRICULTURE DU GARD
Chaque année, la Société d'agriculture du Gard organise une série
de petits concours ayant lieu à des époques particulières et dont l'en-
semble constitue son concours annuel. Le siège de ces concours n'est
jamais le même, notre Comice ayant à cœur de promener son drapeau
de progrès dans les divers cantons de l'arrondissement de Nîmes.
En 1884, c'est la propriété de M. Louis Guérin, à Parignargues,
canton de Saint-Mamert, qui a été choisie. Dans ce canton, aujour-
d'hui que l'ancien vignoble a disparu, le progrès agricole demande
un puissant stimulant, appelle à son secours non seulement l'initiative
individuelle, mais encore celle plus imposante, sinon plus efficace,
des sociétés d'agriculture. Notre Comice l'a compris ainsi, et c'est ce
sentiment qui a guidé son choix.
M. Guérin, au reste, ne l'a pas fait regretter. Le 16 novembre, dès
le matin, les portes de sa ferme étaient ouvertes aux exposants, aux
concurrents ainsi qu'aux membres de la Société, et tout le monde n'a
eu qu'à se louer de l'hospitalité si large et si généreuse qui était si
gracieusement offerte. M. Guérin, ce jour-là, a dû se multiplier et dé-
ployer une grande activité, mais heureusement son grand amour
de l'agriculture et son vif désir de voir la prospérité renaître dans son
pays l'ont dédommagé de tant de charges.
Concours de viticulture. — La reconstitution des vignobles avec
toutes ses conséquences tiep.t actuellement une large place dans les
préoccupations de la Société d'agriculture du Gard. Il est même pos-
sible que la poursuite de cette œuvre finisse par devenir l'objet
352 CONCOURS ÛE LA SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE DU GARD..
unique de ses travaux, surtout si les lois économiques et purement
agricoles qui régissent la culture des céréales et des plantes fourra-
gères ne sont pas bientôt modifiées. C'est qu'une Société d'agricul-
ture ne peut encourager que des entreprises avantageuses, et il est
bien évident aujourd'hui que l'agriculteur ne peut vivre sur son fonds
et acquérir un certain bien-être qu'à la condition de devenir viticul-
teur. Il faut qu'il oublie de semer, mais non de planter; il faut qu'il
sème le moins possible et plante le plus possible. Tout, de nos jours,
doit être sacrifié à la vigne. Et c'est même très probablement dans la
culture de cette précieuse planie arbustive que réside, pour le Midi au
moins, la solution de la crise agricole dont on souffre.
Pénétrée de ce sentiment, notre Société organisa l'année dernière,
dans le double but de constater le chemin parcouru dans la reconsti-
tution des vignobles et de juger de l'importance et de l'efticacilé des
moyens généralement employés contre le phylloxéra, un concours de
viticulture dont le succès fut complet. A ce concours pouvaient prendre
part les petits comme les grands propriétaires, et ce ne fut ])as sans
contentement que la CuniMiission constata que, des deux côtés, on
avait fait des etVorts très louables et obtenu des résultats sérieux.
Cette année, un nouveau concours a eu lieu, mais en vue seulement
de primer les propriétaires qui présenteraient la plus grande surface
de vignes en bon rapport, par rapport à l'étendue de leurs propriétés.
Ce concours a été des plus instructifs et des plus intéressants et a
prouvé, une fois de plus, les bons résultats que l'on peut obtenir par
la culture des vignes américaines.
Concours d'nistruclion primaire agricole. — C'est dans le double but
d'encourager et de stimuler l'enseignement agricole primaire et de
faire naître et développer chez l'élève le goût et l'amour de l'agricul-
ture, que notre Comice créa il y a quelques anuées un concours spé-
cial d'instruction primaire agricole.
Depuis sa fondation, ce concours a subi constamment une marcha
ascendante; chaque année, le nombre des écoles qui ont concouru et
des élèves présentés a augmenté dans une proportion notable, et c'est
ce qui nous fait espérer que bientôt notre idéal, qui est de voir tous
les instituteurs venir soumettre a la grande épreuve d'un examen pu-
blic l'instruction agricole qu'ils donnent, et dont nous réclamons le
développement, sera atteint.
A la suite de ce concours, de nombreux instituteurs ont reçu des
médailles et des ouvrages; aux élèves les plus méritants, on a distribué
de jolis petits volumes.
Uécompemes aux avcicm servileurs. — Les bons ouvriers agricoles
ne sont pas rares, mais rares sont ceux qui restent au service du
même propriétaire pendant vingt ans, trente ans, quarante ans et
plus. Notre Société a voulu les récompenser, les offrir en exemple, ces
anciens serviteurs, ces auxiliaires précieux de l'agriculture. A cet
effet et pour se conformer à une tradition .constante, elle a ouvert un
concours, mais qui ne s'adressait, cette année, qu'à deux catégories
d'ouvriers : celle des valets de ferme et celle des bergers. Les deman-
des ont été nombreuses, et cinq prix représentés par des médailles
et une certaine somme d'argent ont été distribués.
Concours de charrues à quatre bêles et à une bête, et d'instrumenls de
binarje. — Dans le Midi, les labours de défoncement et superficiels
CONCOURS DE LA SOCIKTÉ D'AGRICULTURK DU GARD. 353
tirent une grande importance de la situation particulière faite à la
vin;ne. Aujourd'iiui que l'on reconstitue l'ancien vii^noble, on est
obligé de pratiquer des labours profonds sur une grande échelle, et on
se trouve aussi dans la nécessité, aliii de réduire les frais généraux,
d'user de petites cliarrues, d instruments qui permettent de faire vite
et bien les diverses façons exigées par la culture de la vigne.
Notre Société, cora[)rcnant ces besoins divers et désireux de les satis-
faire, inscrivit dans son programme de concours annuel un véritable
concours de labourage et de binage. Ce concours a eu lieu le IG novem-
bre, et il a prouvé encore une fois que nous avons dans le Gard de
bons laboureurs ainsi que d'excellents constructeurs d'instruments.
Concours d'animaux reproducleurs appartenant à l'espèce ovine. —
La production animale est aussi l'objet des préoccupations de notre
Comice. C'est qu'il n'ignore point que l'élève du mouton est pour la
plupart de nos exploitations agricoles la seule entreprise zooteclinique
possible et la seule rémunératrice. L'espèce ovine a donc des titres
nombreux à sa constante sollicitude.
Le concours spécial qui a eu lieu et auquel ont pris part les éleveurs
du pays a été satisfaisant. Quelques bêlesavaientune conformation irré-
prochable, et les croisements southdown-barbarins ont été très entourés.
LIne fois les résultats de ce concours connus, la distribution des prix
a commencé. Elle s'est faite en plein air et a été précédée par un
excellent discours de M. Molines, président de la Société, sur la crise
agricole. Un banquet des plus gais a terminé celle petite fête, et chacun est
ensuite rentré chez soi, empoitant la meilleure impression du concours
auquel il venait d'assister.
La Société d'agriculture du Gard fait une œuvre éminemment utile
en organisant chaque année des concours ayant pour but d'encourager
certaines branches de l'agriculture. Elle continuera dans cette voie ;
rien ne l'arrêtera sur la roule du progrès. C'est là le seul moyen au
reste de prouver son utilité et d'alïirmer qu'elle existe. En agissant
ainsi, elle s'attirera l'estime et la sympathie de tous les amis de l'agri-
culture, en même temps qu'elle rendra de grands services au dépar-
ment; ce sera là sa récompense et elle n'en veut pus d'autres.
B. CiiACzn-,
Professeur d'-parlemerilat du Gard.
SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE
Séance du 2o novembre 1884. — Présidence de M. Clievreul.
M. le Président invite M. Reiset, membre associé national, qui est
présent à la séance, à prendre place parmi ses confrères.
M. Jaubert, de Ville-d'Avray (Seine-et-Oise) envoie une notice sur
un procédé de son invention, pour la destruction du phylloxéra;
M. le docteur Guillon, d'Ayron (Vienne), une protestation contre la
modification des tarifs de chemins de fer en ce qui concerne le trans-
port des agglomérés de houille.
I\L le ministre du commerce adresse l'annuaire statistique de la
France pour 1884; M. le ministre d'agriculture d'Italie, une note sur
les écoles pratiques d'agriculture.
Le département de l'agricullLire de Madras fait hommage de son
rapport annuel pour l'année 1882-1883.
M. Alix envoie une brochure intitulée : De la charrue-drague, ou
354 SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURK DE FRANCK.
miiyens de doubler la profondeur, quelle qu'elle soit, des labours
actuels.
M. (]ornu dépose sur le bureau les documents qui ont été distri-
bués aux membres du Congrès international pliylloxérique de Turin.
M. Cornu olîre à la Société, de la part de M.M. Foëx, directeur de
l'école d'agriculture de Montpellier, et Pierre Viala, une brochure
intitulée : Le mildiou ou Perunospora de la vigne. Ce fascicule contient
l'exposé des connaissances relatives à ce. parasite présenté aux réu-
nions viticoles qui ont eu lieu au rao!s d'avril 1884, à Montpellier.
M. Aimé Girard appelle l'attention de la Société sur le déficit
sérieux qu'a subi, en 1884, le rendement cullural de la betterave:
c'est à 20 pour 100 environ du poids net des racines que ce déficit
est estimé; en certaines régions, eu outre, on l'a vu s'accompaiiner
d'une diminution notable dans la richesse saccharine de la plante. La
densité des jus, d'après les documents officiels publiés par Tadminis-
tration des contributio ;s indirectes ([ui, en septembre 1882 et 1883,
était de 3°. 5 et 3". G, s'est abaissée cette année à 3''.1, accusant ainsi
une diminution de 13 à 14 pour idO dans la proportion du sucre.
Tout en constatant que la sécheresse excessive des mois de juillet et
de septembre, l'abondance des myriapodes et des vers gris ont con-
tribué à entraver l'accroissement de la betterave, M. Aimé Girard dit
que c'est à une autre c.'use, non signalée jusqu'ici, qu'il convient
d'attribuer le mal.
Cette cause est le développement sur les radicelles de la betterave
des nématodes ou Heieredora Schachtii. Sous ce nom, on désiiïne une
variété d'anguillule, découverte il y a vingt ans par M. Schachtde Bonn,
et dont les mœurs ont été depuis étudiées par MM. Sfhmidt et Larc-
kart d'abord, et surtout par M. Kuehn de l'université de Halle. Les
nématodes, après s'être, sous la forme d'anguillules, logées sous l'écorce
des radicelles de la betterave, soulèvent cette écorce et la font éclater.
Elles se montrent alors fixées à la surface des radicelles comme autant
de vers allongés qui se g mfleut et affectent la forme de citron. Sous
cette forme, les nématodes apparaissent à l'œilsur les radicelles comme
de petits points blancs.
M. Girard a constaté la présence de ce parasite pour la première
fois, le 22 août dernier, dans ses carrés d'expériences à la ferme de
Joinville. Les feuilles se sont flétries tout d'un coup, se sont piquées
de taches de rouille et sont devenues bientôt toutes noires. Peu de temps
après, M. Têtard, de Gonesse (Seine-et-Oise), invita M. Girard à visiter
ses cultures; la présence des nématodes fut constatée. Au milieu de
pièces, saines en apparence, se montraient, tout analogues aux taches
phylloxériques de nos vignobles, de grandes taches circulaires de 10 à
20 ares sur le sol desquelles les pieds de betteraves ne se recon-
naissaient plus qu'à la présence de tas de feuilles mortes, noircies et
étendues sur le sol. Entre Lille et Séclin (Nord), sur plusieurs points,
la présence des nématodes a été constatée.
L'influence néfaste causée par la présence du parasite sur la
richesse saccharine des betteraves est très considérable. A Gonesse,
des betteraves attaquées ont donné des richesses de 8.29 — 7.88 —
6.32 — 5,!)S et même 3.'J2 poi,r 100 de sucre, alors que, dans les
pièces voisines, la richesse variait de 12 à 13 pour 100. — Le dan-
ger, bien qu'il existe, dit M. Girard, ne doit pas être exagéré.
SOCIETK NATIONALE D AGRICULTURE DE FRANGE. 355
Il n'en est pas, en effet, de la bellerave comme de la vigne : l'alter-
nance de la culture, la possil)ilité de modifier l'assolement mettent à
notre disposition des armes que la viticulture ne possède mallieureu-
sement pas. — Du reste, à côté du mal, M. Girard nous fait connaî-
tre le remèiie : le sulfure de carbone appliqué sur les taches némato-
dées aussitôt qu'elles sont reconnues, est un moyen qui réussira cer-
tainement. Ce moyeu, M. Girard va prochainement l'appliquer sur les
taches de Gonesse.
M. Cornu se demande si les nématodcs qui produisent la nielle du
blé ne seraient pas les raêines que M. Girard a retrouvées sur la bette-
raves ; dans ce cas, l'alternance des cultures, loin d'être un moyen de
destruction, augmenterailles chances de propagation du iïéau. — M. Pril-
lieux dit que cette hypothèse ne sai^rait être admise. L'anguillule qui
produit la nielle n'a rien de commun avec celle qui attaque la bette-
rave. — MM. Pasteur, Aimé Girard et Prillieux échangent quelques
observations sur la même question.
M. Bouchardat demande ensuite à la Société de vouloir bien décla-
rer la vacance pour une place de membre titulaire dans la Section des
cultures spéciales, en remplacement de M. Lavallée. — Cette propo-
sition est adoptée. Geokges Marsais.
REVUE GO\niERGL\LE ET PRIX G lURlNr DES DENRÉES AGRICOLES
(29 NOVEMBRE 1884).
I. — Situation générale.
La situation commerciale reste à peu près la même qu'il y a huit jours; les
affaires sont ordinaires, avec maintien des cours et plutôt tendance à la lourdeur.
IF. — t.es grains et les farines.
Les tableau.x suivants résumant les cours des céréales, par quintal métrique,
sur les principaux marchés Je la France et de l'étranger :
Blè. Seigle. Orge. Avoine
• fr. fr. Ir (r.
., . . ii™,„ ( blé tendre.. 17.01 on»
Alqérie. Alger ! . , . , ,„ .,- ,« -„
•' ( bledur l.).2.i » 10. oO
Angleterre. Bristol IS.OO » . LSC."»
Beiyi(jue. Anvers 18 UO 16.25 20.50 17.7.S
— Bruxelles 20.50 16.50 - li;.25
— Liège 18.85 16.75 18.00 K.15
— Nanuir H). 25 16.00 18.00 15.50
Pays-Bas. Amsterdam 18.10 15.55 » »
Luxembourg. Luxembourg 22.75 18.65 15.40 17.00
Alsace-Lorraine. Strasbourg 22.25 19.25 21.75 18.25
— Mulliouse 21.45 18.25 19 75 IG.UO
— Colmar » » s »
Allemagne. Berlin 19.25 17.50 » »
— Cologne 20 00 18.7.S » »
— Hambourg 19.00 15.25 » »
Suisse. Genève 23.25 17.75 18.50 18.50
Italie. Turin 22 00 17.00 » 15.50
Esp'njne. Barcelone 25.40 » l:i.25 18.25
Autriche. Vienne 17.00 » » ..
Hongrie. Budapest 1(3 30 14.50 14.00 13.50
BuSite. Saint-Pétersbourg.. lij.8i) 13.35 » 13.25
Etnts-Unif. New-York 15.50 » • »
{Voir le Lahleau des inarcliiis ilr.t IJ.'parti'inenta à lu piigeSoU.)
Blés. — Les affaires sont toujours restreintes; la demande est peu active, elle
se borne aux Le-^oins de la meunerie du rayon. D'un autre côté, les olTres de la
culture et du CQmmerce sont très ordinaires, les détenteurs attendeot la solution
de la question du relèvement des droits de douane. C'est en somme, la lourdeur
qui domine sur le marché. Le mercrc li 26, à la halle de Paris, on cote de
20 fr. 50 à ?.l fr. 50 les bons blés de raoïturc; les blés à livrer se tiennent à
21 fr. 25 les 100 kilog., pour le courant du mois; décembre, 21 ir. k 21 25;
janvier-lévrier, 21 fr. 25; quatre premiers mois, 21 fr. 50; quatre mois de mars,
356
REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT.
1" HÉGION. — NORD.OIIEST.
Blé. Seigle.
fr. fr.
Calvados. Caen 21 25 14.00
— Lisieux 20.75 17.35
C.-dU'Nmd. Lannion... 20.00 »
— Tré.giiier 19.00 >
Finisiere.. Morlaix 20.50 »
— Qilimper 19.50 15.50
JUe-et- Vilaine. Rennes. 19 50 »
manche. S^iint-Lô 19-35 »
— r.ou tances 18.35 »
— Valopnes 18.30 »
Mayenne. Mayenne 19.50 »
— Evron 19.00 »
Morbihan. Hennebont. . 18.75 15.35
Orne. Alem^ou 21.10 17.80
_ Fiers 21. 40 16,65
Sarthe. Le Mans 20.50 16.35
— Beaumont 20-25 ltï.65
— Mamers 20.25 »
Orge.
fr.
15.70
17.70
14.50
14.75
14.50
15.25
15.60
17. iO
15 15
17.50
14.75
16.90
n
15. 90
16.55
15.15
15.40
Aïoiae.
fr.
19.80
2!. 00
14.25
14.50
14.25
15.00
15 50
22.00
22.25
22.00
17.00
16.00
16.00
17.30
15.45
19.50
17.20
Prix moyens 19.58 16.21 15 76 17
2" RÉGION. — NOKD.
Aisne. Laon 20.00 15.50
Château-Thierry. 19.75 15.25
— La Fère 20.00 15.00
Eure. Evreux 19.80 13.35
pacy 19 00 15.50
_ Gisors 20.15 15.35
Evre-el-ioir. Chartres.. 23.25 13.75
— Chàlea.tdun 20.25 »
— Auneau f8.85 15.10
Word. Douai 1915 14.00
— Cambrai 20.05 15.35
— rtergues 19.80 »
Oise. Beaiivais 20.75 16.00
— Clermont 19.75 13 35
— Compiègne 20.80 14.00
Pas-de-Calais. \TTia... 21.20 15.65
— Bap.aume 20.80 13 60
Seine. Paris 21.00 16.15
S.-et-Marne. Montereau 20.00 15. ï5
— C-ulommier» 20.00 »
— Dammaitin 19.75 14.75
S.-e(-Oise. Versailles 21.25 15.25
— Etampes 24.00 17.75
— Houdan... 18.50 13.80
Seine-Jn/eiHciire. Rouen. 19.90 14.75
— Fecamp 2i.00 14. oO
— Fauville 19.00 14.00
Somme. Amiens 20. 60 15.00
— noullens 22.10 14.65
_ Roye 19.25 13 35
Prix moyens
3' REGION.
Ardennes. Seiian
— Charleville
— Rethel
Aube. Bar-sur-Seine...
— Mêry-sur-Seine. .
Marne. Gliiilûns
— Sêzaiine
— ."-^te-Vlenehould. .
17 50
17.00
)»
16.20
IG.'jO
18.45
17.^3
16,90
17.50
15.40
16.40
18 40
18.45
17.60
21.50
17.70
16 80
18.90
16.50
19.00
17 25
17.50
17.65
17.75
16.90
1(1.15
lô.^O
•6.50
20.00
15.60
16.10
17.50
16. Oo
16. 5J
16. 3i)
18.00
14.00
16. Oj
16.50
15 . 7 j
22. 2u
14. 00
15.50
18.20
16.23
17 5o
15.30
17. 7i
16. 4o
15,73
21.8o
17 5|)
19.33
20 5
iD.»,,
■20.3-' 14,79 17,50 16,9^
— NOBB-RST.
21.00
20.75
19,50
19.50
19.30
19.35
19.75
19.75
Hte-ilarne. Chaumont.. 19.25
— Bourboiine 20.00
MeuWhe-cl-.Uos. Nancy. 20.50
_ ToQl 20.50
Meuse. Bar-le-Duc 20.60
Wau(e-8aôue. Vesoul . . . 19.50
— Gray 20.50
Fosges. Epinal 21.00
— Niîufchàteai; 20.15
— Mirecourt 20.40
16.50
15.75
14.50
>
14.15
.15.85
14.50
15.75
15.00
n
16.55
16.50
16.25
»
15.50
14.50
15.75
■10 00
17.25
19.00
16 50
17.00
16.00
17.50
17.50
16.75
15.35
18. 75
16.90
17.00
15.50
18.75
15.23
a
13.50
»
14.75
19.00
le. 00
19.00
10.00
19.00
17 10
17.25
15 75
15.25
15.50
II
15 .io
18.50
16.75
»
15.00
Prix moyens
4* RÉGION
io.io 15.50
— OUEST.
13.05 16.01
Chorenle. Angoulèrae... 20.00
— Barbezieux 20.80
Char.'intér. Marans 19.25
Deux-Sci'res. Niort 20 00
Indre-et-Loire. Tours... I9 35
— BIcre 18.10
Loire-lnf. Nantes 19 75
M.-et-Lnirf. saumur... 20.10
— Ansers 19.80
Vendée. Lu i;on 19.50
— Fontenay-Ie-Corale 20.80
Fienne. CtuUellerault... 20.60
— LoucJun Î9.S0
ffoiae-Kienne. Limoges. 20.80
IPrlxDioven» 19.17-
s* RÉGION. — CENTRB
Blé.
fr.
Allier. Montluçon 19.80
— St-Pourçain 21.00
Cher. Bourges 19.75
— Vierzon 20.80
— Graçay 2u 15
Creuse. Aubusson 20,80
/ïidre. Ch;\teaaroux , ... 19.50
— Valençay 19.60
— Issoudun 20.15
Loiret. Orléans 20.20
— Montargls 20,25
— Courleilay 20 00
L.-et-Chtr Blois 21,10
— Montoire.... 19.45
A^iéure. Nevers 19.45
— La Charité 20, uo
— Premery 18.50
Yonne. Sens 20.00
— Joigny 19.75
— Brienon 19.80
Prix moyens 20.00' 15.15
6* HÉaiON. — EST.
>4in. Bourg 22.50 18.45
— . Sl-Laurenl-les-Uàcoa . . 21.50 14,75
Coie-d'Or, Dijon 20.50 15.50
— Se mur 19,50 »
ZJou/is. Besançon 20.50 »
Isère. Grenoble. 22.00 16.50
— Bour^oin 21.25 i5,25
,/um. Dôle 20,50 15.25
Loire. Moritbrisson 20.50 16, 2d
P.-de-Dôme. Clermout-F 2'). 50 16.50
fthune. Lyon 21,50 15.25
— Villefranche .. .. 21.15 15.25
Saone-el-LoiVe. Chalon . 20, co 15.50
oODOie. Chamhéry 19 50 15.60
i/(e-SaDOie. Annecy 22.20 16. 00
17.20
18.00
17.00
17.25
»
17.50
19.00
17.00
16,00
•14.73 16.76 16,05
Prix moyens
7" REGION. -
Ariège. Foix
— Pamiers
Dordogne. Nontron ....
Hle-tiaronne. Toulouse
— St-Gaudens 21.40
Gers. Condom 22.60
— Eauze 22.85
— Mirande 18.75
Gironde. Bordeaux 21.50
— Bazas 18.35
Landes. Dax 22.50
Lot-et-*'''n.rnnne. Agen.. 20.50
— Villeneave-sur-Lot 21,40
B,-Pi/re/iees. Bayonne, . 23.25
Wies-Z'i/renees. ïarbes.. 23.40
Prix moyens 21, »1
8* RÉGION
Aude. Castelnaudary.. 22.80
Avei/rnn Rodez 20.80
— Aubin 21.90
Cantal, .imuriao 21.50
6'orre:e. Tulle 22.00
Hérault. Beziers 21.75
— Montpellier
Lot. Cahors
Lozère. Monde
fi/ ré i»êes-Or. Perpignan
Tarti. Gaillao
20.91 15 85 17.37
- SITD-OOEST.
24.10
22 10
23.40
21.00
18.65
16.65
14.75
17.00
17.35
16.25
16.10
17.25
15.50
17.50
18.50
17.24
16 50
16.50
17.50
17.40
17.50
17.40
16.25
16.96
17.70
18.00
»
18.50
13 50
18.00
19.50
17.70
18.50
22.25
22.75
23.65
22.60
17 35 1
17 65 » »
14.65 » »
13.3» » 18.00
17.35 » >'
19.00 » 17.50
17.35 » >'
17.18 16.50 18. 19
SUD.
18.00
17.00
19.00
19.25
18.00
17.65
»
18.00
18.00
17.80
17.25
17.70
18.00
16.25
18.45
24.00
19.00
19.40
15.50
19.50
18.25
21 50
18.75
18.00
18.00
26.50
18.50
rorn-el-lior. Montauban 2 1 . 20 ' ' "
Prix moyens 22.17 18.08 18.38 19.35
9- RÉGION. — SCU-EST.
Basses-.lipes. Manosque 23.70
15.50
20.00
17.35
Hautes-Alpes. Briançon. 22.50 18.00
^iues-.V/orilimes. Nice.. 24.60 16.00
Ardcche. privas 23.95 16.40
B.-du-Hhàrie. Arles 23.75 »
Drame Ro.-naas 21.55
Gard. Aliis 26.00
Haute-Loire. Brioude.. 20.80
Kar. Diaguignan 22.25
Vaucluse. Avignon 21.25
Prix moyens 23.04
Moy. de toute la France 20.83
— lie la semaine précéd. 20 93
Sur lasemainejH.tusse. »
précédente.. (Baisse. 0.15
16.00
16.00
16.50
16.50
»
16.15
17. 30
18.00
20.00
19.00
19.50
18.90
20.25
18.25
20.00
15.00
17.80
18.80
DES DENRÉES AGRICOLES (29 NOVEMBRE' 188i»). 35?
22 ir. à 22 fr. 25. — Au Havre, les prix sont les mêmes qu'il y a liuit jours
pour les blés exotiques; on demande de 20 ir. 50 à 20 tr. 75 pour les roux a'iiiver
d'Amérique, et les Californie; 21 iV. 50 à 22 fr. pour les Australie, 20 IV. à
20 fr. 25 pour les Bombay blancs, — A Marseille, le marché a été calme pendant
la scmiine (|ul se termine avec un peu plus de fermeté sur le disponible. On
cote: Red-Winter, 22 fr. 75; Berdianska, 22 fr. 50 à 22 fr. 75; Alarianopoli,
22 fr.; Irka, 19 fr. 25 à 20 fr.; Azima-Azoff, 18 fr. 50 à 19 fr. 50; Danube, 18 à
19 fr.; Azolf durs, l8 fr. 50 à 18 fr. 75. — A Londres, on constate un peu de
fermeté sur le froment, qui est tenu 'de 20 fr. à 20 fr. 30 les 100 kilog. Sur les
marchés intérieurs de l'Angleterre, les transactions sont plus actives et les prix
mieux tenus, aussi bien sur les blés que sur les menus grains.
Farines. — "\'ente toujours lente, limitée aux besoins journaliers; prix sans
variations depuis huit jours. Le mercredi 26, on cotait, à la halle de Paris, les
farines de consommation : marque de Corbeil, 48 fr.; marques de choix, 48 à
51 fr.; premières marques, 47 à 48 fr.; bonnes marques, 45 à 46 fr.; marques
ordinaires, 44 à 45 fr.; le tout par sac de 159 kilog., ce qui correspond aux prix
extrêmes ue 28 fr. 02 à 32 fr. 48 les 100 kilog., ou en moyenne, 30 fr. 25. — En
farines de spéculation, 1"S cours se sont relevés sur le livrable et le rapproché; ils
sont établis comme suit : farines neuf-marques, courant du mois, 45 fr. 25 à
45 fr. 50; décembre, 45 à 25; janvier-février, 45 fr. 25 à 45 fr. 50; quatre pre-
miers mois, 45 fr. 25 à 45 fr. 50; quatre mois de mars. 46 fr. 25. — Les
farines deuxièmes restent au prix de 21 à 22 fr. les 100 kilog.
Seigles. — Les seigles sont toujourr, tenus, mais on constate moins de résistance
chez les vendeurs. On paye à Paris, 15 fr. 50 à 16 fr. 25 les 100 kilog. La farine de
seigle vaut sans changement 20 à 23 fr.les 100 kilog.; affaires très calmes.
Orges. — L'activité des demandes ne se ralentit pas ; les cours à la halle de
Paris sont de 17 fr. 75 à 22 fr. par 100 kilog. — Les escourgeons restent sans
affaires aux prix de 19 fr. à 19 fr. 50.
Avoines. — Prix sans changement; demandes et offres très modérées. On cote
à la halle 17 fr. 25 à 20 fr. suivant proven.ince, poids et qualité, pour les avoinrs
indigènes. Les avoines de Suède sont l'ermement tenues de 16 fr. 50 à 16 fr. 75 ;
on demande 14 fr. 50 à 15 fr. pour celles de Riga; les Liban noirs valent 16 fr.;
15 fr. le tout par 100 kilogr.
Maïs. — Les prix .sont toujours de li fr. 25 à 14 fr. 50 les 100 kilogr. sur
wagon au lîavre ou à Rouen, pour les maïs du Danube ou de la mer Nuire ; les
livrables valent à Paris 12 fr. 60 à 14 fr. 25.
Sarrasins. — Le sarrasin de Bretagne conserve son cours ferme de 15 fr, 75 à
16 fr. les 100 kilogr. livrable et disponible, en gare d'arrivée à Paris.
Issues. — Les affaires sont assez actives, et les cours se maintiennent comme
la semaine dernière. On cote à la halle deParis par 100 kilog., gros son seul :
14 fr. 50 à 14 fr. 75; sons gros et moyens, 13 fr. 50 à 14 fr. 25 ; sons trois cases,
12 fr. 75 à 13 fr. 25; sons lins, 12 fr. à 12 fr. 50; recoupettes, 12 fr. 50 à 13 fr. 50 ;
remoulages blancs, 16 fr. 50 à 17 fr.; remoulages bis, 15 à 16 fr.
III. — Fourrages et (/raines fourragères.
Fourrages. — La tendance est plus faible sur les fourragea, surtout pour les
bonnes qualités ; la paille d'avoine e^t en baisse. Voici les prix à Paris par cent
bottes de 5 kilog. : foin, 52 à 58 fr. ; luzerne, 52 à 56 fr.; paille de blé, 29 à
33 fr.; paille de seigle, 38 à 42 fr.; paille d'avoine, 22 à 26 fr.
Graines fourragères. — Peu de variations dans les prix; la graine de trèffo est
demandée. On cote à Paris : trètle violet, 105 à 120 fr.; les 100 kilog.; trèfle
blanc, 165 à 200 fr.; trèfle hybride, 160 à 180 fr,; luzerne de Provence,
140 à 150 fr.; d'Italie, 125 à 135 fr.; du Poitou, 85 à 100 fr.; minette, 40 à
45 fr.; ray-grass anglais, 35 à 40 fr.; d'talie, 40 à 44 fr.; sainfoin à une coupe,
33 à 35 fr.; à deux coupes, 37 à 38 fr. ; vesces de printemps, 22 à 23 fr.; pois
jarras, 17 àl8 fr. — A Marans, le trèfle se paye 105 fr. ; luzerne, 85 fr. les
les 100 kilog.
IV. — Frtiits et higumes frais.
Fruits. — On cote à la hal'e de Paris: châtaignes, 15 à 20 fr. l'hectolitre;
coings, 5 à 30 fr. le cent; nèfles, 2 fr. à 6 fr.; noix, 0 fr. 40 à 0 fr. 60; poires,
6 à 70 fr. le cent; 0 fr. 25 à 0 fr. 60 le kilog.; pommes, 5 à 90 fr. le cent;
0 fr. 20 à 0 fr. 55 le kilog.; raisin blanc, 1 fr. 50 à 4 Ir.; noir, 1 fr. 50 à 3 fr. le
kilog.
Pommes de terre. — Hollande commune, 8 à 10 fr. l'hectolitre, 11 fr. 42 à
358 REVUE COMMERCIALE ET PRIX GOURANT
14 fr. 28 les 100 kilog.; jaunes, 6 à 7 fr. l'hectolitre, 8 fr. 57 à 10 fr. les .
lOCkilog.
V. — Vins. — Spirilueux. — Vinaigres. — Cidres.
Viiu. — En présence de l'élévation des prix demandés par les délenteurs, les
affaires ont plus de calme qu'il y a huit jours, et le commerce attend des offres
dans des conditions plus modestes. Dans le Bordelais, la Bourgogne, la Gascogne,
les Charentes, on signale peu de transactions. A Lyon les affaires sont actives en
vins nouveaux, mais il y a une tendance à rechercher les vins vieux, à cause des
prix élevés. On cote les Beaujolais de 150 à 240 fr. la pièce; les Maçonnais 120 fr.;
les Bugey, 95 fr. — A Narhonne, les hons vins de plaine se payent de 20 à 22 fr.
l'hectoHtre; à Carcassonne, ils atteignent 23 t'r.; ceux qui titrent 10 à 12 degrés
se traitent de 30 à 40 fr. — A Celte, les vins étrangers conservent des coura
élevés. Mais les affaires sont restreintes. On cote par hectolitre : Alicante vieux,
33 à 40 fr,; nouveau, 42 à 44 fr.; Valence, vieux, 25 à 28 fr.; nouveau, 35 à 37 fr.;
Requena, 32 à 36 Ir.; Vinaroz nouveau, 34 à 35 fr.; Catalogne nouveau, 28 à
30 fr.; Mayorque vieux, 18 à 20 fr.; nouveau, 21 à. 23 fr.
Spirilueux. — Les offres sont très nombreuses en trois-si.x sur la place de
Paris, et les prix ont encore fléchi depuis la semaine dernière, dans une sérieuse
proportion. On cote aujourd'hui : trois-six fins du Nord 90 degrés disponibles,
44 fr. 25 à 44 fr. 50 l'hectolitre; les livrables dans les quatre mois chauds sont
demandés aux prix de 45 fr. 25 à 45 fr. 50. Les trois-six du Languedoc sont tou-
jours à 1 10 et 112 fr. suivant qualité. — L'alcool de betterave reste sans variation
à Lille au prix de 42 fr. — A Bordeaux, les trois-six fins du Nord sont offerts
de 51 à 52 fr. ; les extra-fins, 53 et 54 fr.; les neutres, type allemand, 60 à
70 fr.; les trois-six allemands premières marques de Berlin disponibles, 83 et
84 fr. — Les trois-six bon goi!it sent cotés à Nîmes, 98 fr. l'hectol. ; à Pezeuas,
101 fr. ; à Cette, 110 fr. ; à Béziers, 103 fr. — Les marcs valent de 95 fr. à
97 fr. dans le Midi. — A Barhezieux, les eaux-de-vie sont aux prix suivants ;
bons bois. 220 à 225 fr.; fin bois, 235 à 270 fr.; fiue Cliampagne, 265 à 310 fr.;
à Cognac, bois à terroir, 210 à 220 fr.; petite Champagne, 240 à 280 fr.
VI. — Sucres. — Mélasses. — Fécules. — Houblons.
Sucres. — C'est encore de la baisse que nous avons à signaler sur les sucres.
Après s'être un peu raffermis, les cours sont redescendus au dessous de ceux de
la semaine dernière. On cote à Paris, par 100 kilog. : sucres bruts 88 degrés
saccharimétriques, 34 fr. 75; sucres blancs 99 degrés, 40 fr. à 40 fr. 25; sucres
blancs n" 3 disponibles, 41 fr. 25 à 41 fr. 50; décembre, 41 fr. 50 à 41 fr. 75;
quatre premiers mois, 42 fr, 50; quatre mois de mars, 43 fr. 25 à 43 fr. 50;
quatre mois de mai, 44 à 44 fr. 25. Les raffinés sont faiblement tenus de 99 à
100 fr. pour la consommation, et 45 fr. à 47 fr. 25 pour l'exportation. Le stock
de l'entrepôt réel était, le 23 novembre, de 890,000 quintaux. — A Lille, les
sucres roux valent 33 fr. 50; les raffinés, 105 fr. — A Valenciennes, on cote
33 fr. 50 à 34 fr. les sucres bruts. — A Bordeaux, les raffinés valent 103 à 107 fr.
Mélasses. — A Paris, la mélasse de raffinerie est montée à 16 fr. les 100 kilog.
— A Valenciennes, on cote la mélasse disponible 10 fr.
Fécules. — Sans changements à Corapiègne, où la 'fécule première est cotée,
26 fr.; à Paris, la lécule sèche vaut de 27 fr. à 28 fr. les 100 kilog.
Amidons. — Les pris se tiennent quoique les demandes soient rares sur les
amidons de pur froment. On cote à Paris : amidons pur froment, 56 à 57 fr. les
100 kilog.; amidons de province, 41 à 45 fr.; amidons mi-fins, 30 à 32 fr.; ami-
dons de maïs, 38 à 40 fr.; fleur de riz, 34 à 36 fr.; riz de Louvain, 68 à 7 0 fr.
Houblons. — Même situation qu'il y a huit jours et mêmes prix; on ne signale
d'aff'aires qu'à Bischwiller, aux cours de 200 à 220 fr. les 100 kilog.
VII. — Tourteaux. — Noirs. — Engrais.
Tourteaux. — Voici les cours de Marseille : lin disponible, 18 fr.' 75 les
100 kilog.; arachide décortiquée, 13 fr.; en coque, 10 fr.; pour engrais, 11 fr. 50;
sésame blanc du Levant, 12 fr. 75 ; de l'Inde, [lour engrais, 1 1 fr. 50 ; cocotier ou
coprah, 12 fr.; colza du Danube, 12 fr. 25; œillette exotique, 11 fr.; coton d'E-
gypte, 12 fr.; palmiste, 11 fr. 50; ricin, 8 fr. 50; ravison, 11 fr. 50:.
Noirs. — Même cours à Valenciennes : noir animal neuf en grains, 33 à 36 fr.;
vieux grains, 10 à 12 fr.; noir d'engrais, 2 à 8 Ir.
Engrais. — Le nitrate de soude vaut 23 Ir. 50, en gare de Dankerque.
DES DENRÉES AGRICOLES (29 NOVEMBRE 1884;. 359
Vin. — Suifs et corps gras.
Suifs. — Le cour^ s'est relevé de 1 IV. à Paris où l'on cote suif frais de bou-
cherie, 81 à 82 fr. les 100 kilog.
Saindou.t. — Les saindoux sont toujours en baisse au Havre, avec affaires
nulles au prix de 51 fr. les 50 kilog.
IX. — Beurres. — Œufs. — Fromages.
Beurres. — Les ventes se sont élevées à la huile de Paris, nendant la semaine, *
216,214 kilog. de beurres, aux prix suivants : en demi-kilog., 2 Ir. 88 à 4 fr. 04!
petits beurres, 2 fr. à.3 fr.; Gournay, 2 fr. à :j fr. 98; Isigny, 2 i'r. 06 à 7 fV.70..
Fromages. — On cote par douzaine: Brie, 7 à 29 fr.; Moatlhéry, 15 fr.; par
100 : Livarot, 26 à 104 fr.; Mont-d'Or; 8 à 14 fr. Neufchàtel, 2 fr. 50 à 20 fr. 50;
divers, 7 à 65 fr.; par 100 kilog., (iruyère, 110 à 190 fr.
X. — Chevaux. — Bétail. — Viande.
Bétail. — L>>. tablciu suivant rési;ina le laoïve'uent ofticiel du inarclié aux bes-
tiaux de la Villette, du jeudi 20 au mardi 25 novembre :
Poids Prii ia kilog. rie viande nette snr
Vendus moyen pied au marché du ■2i novembre
Pour Pour En i^ quartiers, r" 2' 3" Prix
Amenés. Paris, l'extérieur, totalité. kil. quai. quai. quai. moyen.
Bœufs 5.i,r,fi 3,302 1,'m 4,.S|:( 347 l.iiO I . 'i8 1.20 l.iO
Vaches 1.925 1,035 oSI l,ô)o WJ l.ôi 1.3fi l.liî 1.3i
Taureaux -iijy 196 3S 23i 39.) \.i2 \.n t.î2 1.31
Veaux 3,313 1,828 661 2,4S9 75 l.Hi 1.6i 1.44 1.6.i
Moutons 3i, 3)3 23,772 9,213 32,985 19 1.S2 \.Cm 14fi 1.fi2
Porcsgras 7,420 2,81S 4,265 7,OS3 81 1.20 1.14 1.10 1 .li
Les arrivages des marchés de la semaine se décomposent comme il suit :
Bœufs. — Aisne. 8; Allier, 37; Aveyron, 6; Calvado-s, 1,154; Charente, 71; Cher, 87:
Côte-d'Or, 200; Cùies-du-Nord, 9; Creuse, 144; Deuï-Sèvres, 52; Dordogne, 180; Eure, 45;
Eure-et-Loir, 25 ; Ille-et-Vilaine, 29;lnJre, 54; Loire, 61 ; Haute-Loire, 33; Maine-et-Loire,
500; Hanche, 168; Haute-Marne, 10; Mayenne, 239 ; Morbihan, 58; Nièvre, 423; Oise, 10;
Orne, 910; Rhône, 12, saône-et-Loire, 427; Haute-.Sjône, 16; Sarlhe, 63; Seine-Inférieure,
53; Seine-et-Oise, 6; ï.i.rn-et-Oaronne, 15; Vendée, 266; Yonne, 47.
Vaches.— Allier, 22; Aube, 14; Calvados, 374; Charente, 26; Cher, 53; Côte-d'Or, 27;
Creuse, 19; Dordosne, 19: Eure, 28; Eure-et-Loir, 54; Loire. 7 ; Loiret, 18: Maine-et-Loire. 13;
Manche, 185; Marne, 3; >Jièvre, 250 ; Oise, 18; Orne, 255; Puy-de-Dôme, 49 ; Saône-et-Loire,
119; Sarthe, 17 ; Seine, 137; Seiae-lnférieure, 48; Seine-et-Marne, 6; Seine-et-Oise, 36; Haute-
Vienne, 16;Yonne, 34.
Taureaux. — Ain, 1; Allier, 8; Aube, 7; Calvados, 38; Cher, 5; Cûte-d'Or, 11; Creuse,
3; Eure, 5; Eure-ei-Loir, 16; llle-et-Vilaine, lû; In Ire, 2; Loire, 3; Haule-Loire, 4: Loiret, 9 ;
Maine-et-Loire, 10; iManche. 20; Marne, 3: Mayenne, 7; Nièvre, 14 ; Orne, 10; Saôoe-et-
Loire, 4; HauleSaône, 22; Sarthe, 8; Seine. 2; Seine-et-Marne, 8; Seiae-et-Oise, 15
Vendée, i; Haute-Vienne, 1; Yonne, 10; Suisse, 11.
Veaux, — Aube, 638; Aveyron, 25; Calvados, 17; Eure, 23S ; Eure-et-Loir, 362; Haute-
Garonne, 2; Loiret, 393; Marne, 26; Oise, 44; Puy-de-Dôme, 155; Sarthe, 118; Seine-
Inférieure, 116; Seine-et-Marne, 345; Seine-et-Oise, 33: Yonne, 112.
J/ou(ons. — Aisne, 100: Allier, 484; Aube, 1,157; Cantal, 634; Charente, 132; Cher,
128; Côte-d'Or, .iOS; Creuse, 203; Eure, 136; E ire-ei-Loir, 5)3; Loir-et-Cher, 201 ; Loiret,
371; Lot, 02; Marne, 55; Meuse, 9i); Nièvre, 351; Nord, 97 ; Oise, 2)4; Seine, 594; Seine-Infé-
rieure, 100; Seine-et-Mirne, 2.499 Seine-Oise, 4,794; Sjmme, 290; Yonne, 175; Allemagne,
13,315; Belgique, 85; Hongrie, 3,875 ; Russie, 1.239; Wesphalie, 190.
Porcs. — Allier, 927; Calvados. 'i2 : Charente, 13J; Charente-Inférieure, 30; Cher, 305;
Deux-Sèvres, ii74 ; Ille-et-Vilaine, 198 ; Indre. 736- Haute-Loire, 85 ; Loire-Inférieure, 221; Loir-
et-Cher, 87; Maine-et-Loire, 771; Manche, 63 ; .Mayenne, 48; Nièvre, 257; Puy-de-Dùme, 31:
Saône-et-Loire, 135; Sarlhe, 1,689; Seine, 58; Seine-Infénaure, 8; Vendée, 436; Vienne,
89; Haute-Vienne, 80.
Sauf pour les moutons, qui sont inférieurs d'environ 2,030 tètes, les ai rivages
ont été à peu près les mêmes que ceux de la semaine dernière. Les prix ont
fléchi en moyenne de 5 centimes par kilog. sur toutes les sortes. — Sur les mar-
chés des départements, on cote : Nancy, bœuf, 86 à 89 fr. les 100 kilog. bruts;
vache, 65 à 85 fr.; veau, 54 à 62 fr.; mouton, 80 à 100 fr.; pove, 60 à 63 fr. —
Sedan, le kilog., bœuF, l fr. 60 à 1 (r. 80; veau, 1 IV. 40 à 2 ir.; mouton, 1 fr. 50
à 2 fr. 40; porc, l tr. 40 à 1 fr. 70. — How-ii, veau, 1 fr. 45 à 1 fr. 80 ; mouton,
1 fr. 75; porc, 1 fr. à 1 fr. 25. Erreux, bœul', 2 fr. 10; veau, 2 fr. 30; naouton,
2 fr. 30; porc, 1 fr. 70. — Louviers, hœu\\ 1 fr. 40 à 2 fr.; veau, 2 fr. à 2 fr. 40;
mouton, 2 fr. à 2 fr. 40; porc, 1 fr. 80 à 2 fr. — Neubourçi, bœuf, 1 fr. 60 à
1 fr. 70; vache, 1 fr. 40 à 1 fr. 50; veau, 1 ir. 80 à 1 fr. 90; porc, 1 fr. 30 à
I fr. 40; mouton, 1 fr. 90 à 2 fr. — Bourges, bœjf, 1 fr. 40 à 1 ir. 60; veau,
1 fr. 60 à 2 fr. ; mouton, 1 fr. 80 à 2 ir. 20; porc, 1 fr. 40 à 1 fr. 50. —
Nevers, bœuf, 1 fr. 60 à 1 fr. 80; vache, 1 fr. 40 à 1 fr. 60; veau et mouton, 2 fr..
porc, 1 fr. 60. — Barbezicux, bœuf, 0 fr. 80 à 0 fr. 90; veau, 0 fr. 90 à 1 fr.'.
360 REVUE COMMERCIALE ET PRIX GOURANT (29 NOVEMBRE 1884).
mouton, 0 fr. 70 à 0 fr. 80; porc, 0 fr. 70 à 0 fr. 80. — Bordeaux, bœuf, 1 fr. 30 à
1 fr. 70; vache, 1 fr. 20 à 1 fr. 60; mouton, 1 fr. 50 à 1 fr, 90. — ViUefranche
(Rhône), hœuf, 0 fr. 80 à 1 fr. 38; vache, 0 fr. 70 à I fr. 25 ; veau, 1 fr. 05 à
1 fr. 70 ; mouton, 0 fr. 85 à 1 fr. 65 ; porc, 0 fr. 80 à 1 fr. 40. — Le Pvy, bœuf,
1 fr. 70; vache, 1 fr. 50; veau, 1 fr. 50; raoùtou, 1 fr. 75; porc, 1 fr. 70. —
Privas, bœuf, 1 fr. 59; vache, 1 fr. 45; veau, 1 fr. 64; mouton, 1 fr. 74; porc,
1 fr. 50.
A Londres, les animaux étrangers importés ont été, durant la- semaine, de
2,639 bœufs, 487 veaux, 9,599 moutons et 32 porcs, dont 410 moutons de Mont-
réal. — Prix par kilog. : bœuf, 1 fr. 38 à 2 fr.; mouton, 1 fr. 72 à 2 fr. 23 ; veau,
1 fr. 83 à 2 fr. 07 ; porc, 1 fr. 20 à 1 fr. 50.
Viande à la criée. — Il a été vendu à la halle de Pans, du 17 au 23 novembre :
Prix du kilog. le 23 novembre.
k-iloa. t" quai. 2* quil. 3* quai. Choix. Basse 33'.:oherie.
Bœuf ou vaclie... 164,913 l.fiOàl.'.n 1.3Sà:.5S 1.04 à 1.36 1.36 à 2.. 54 0.20 à 1 .30
Veau 168, .V28 1.58 1.9i) I.3Ô 1.56 1.04 1.34 . .> » »
Moutoa... 84, .524 1.48 1.68 1.26 1.46 1.00 1.24 1.46 2.96 .. »
Porc 80,975 Porc frais 1.18 à 1.32.
498,940 Soilparjour 71,277 kilog.
Les ventes ont été supérieures de plus de 5,000 kilog. par jour à celles de lase-
maine dernière. Les prix sont sensiblement en baisse.
XI. — Cours de la viande à l'abattoir de la VtUelte du jeudi 27 novembre (par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On vend à la Viilette par 50 kilog. : 1" qualité,
6b à 68 fr. ; 2% 60 à 65 fr. Poids vif, 43 à 48 fr.
Bœufs. Veaux. Moutons.
1" •.;• 3* 1" 2- 3- 1" 2*
quai. quai. quai. quai. quai. quai. quai. quai. quai.
fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr.
78 70 62 105 95 86 78 71 62
XIII. — Marché aux bestiaux de la Viilette du jeudi 21 novembre 1884.
Cours des commissionnaires
Poids Cours officiels. en besliaui.
Animaux général. I" 2* 3" Prix 1" 2" 3* Prix
amenés. Inrendus. liil. quai. quai. quai, extrêmes. quai. quai. quai. extrêmes
Bœufs 2.543 244 346 1.60 1.46 1.18 1.14àl.64 1.60 1.44 1.18 l.lOàltW
Vaches 762 93 !34 1.54 1.36 1 14 1.08 l.bS l.b2 1.32 1.14 1.05 1 64
Taureaux... lie s 395 142 1.32 t 22 1.16 1 46 1.40 t 30 1.20 1 15 144
Veaux 1.030 140 78 l.SS 1.68 1.48 1.34 2.10 » » » »
Moutons 18.211 507 19 1.82 1.66 ! 46 1 38 1.86 • ». »
Porcs gras.. 3.997 11.42 81 1.28 1.22 1.18 1.12 1.34 « • • •
— maigres., » » »»•»«»»»»■
Vente mauvaise sur le gros bétail, ordinaire sur les autres espèees.
Xlll. — Ri!sumé.
En résumé, les cours des menus grains se soutiennent ; ceux du blé ont peu
fléchi. Les vins ont donné lieu à des affaires plus restreintes; les sucres et spi-
ritueux accusent toujours de la baisse. A. Rémy.
BULLETIN FINANCIER
Les cours des rentes françaises ont regagné encore un peu de hausse sur la
semaine dernière. On cote : 3 pour 100, 78 fr. 95; — 3 pour 100 amortissable,
80 fr. 65; — 4 et demi pour 100 ancien, 104 fr. 10; — 4 et demi pourlOO nou-
veau, 108 fr. 65.
Les actions des établ'.ssements de crédit ont subi quelques fluctuations qui
se résument comme suit: Banque de France, 5,170 fr. ; Banque d'escompte,
522 fr. 50 ; Banque Je Paris et des Pays-Bas, 717 fr. 50; Comptoir d'escompte,
952 fr. 50; Crédit foncier, 1,310 fr.; Crédit lyonnais, 520 fr. Société de dépôts
et comptes courants, 610 fr. ; Société générale, 452 fr. 50 — Les Actions de
chemins de fer sont aux couis' suivants : Est, 767 fr. 50; Paris-Lyon-Médi-
terranée, 1,245 fr.; Midi, 1,175 fr. ; Nord, 1,660 fr.; Orléans, 1,325 fr.;
Ouest, 827 fr. 50.
Taux de l'escompte à la Banque de France, 3 pour 100: intérêt des avances,
4 pour 100. E. Fébon.
Le Gérant : A. Bouché.
CHRONIQUE AGRICOLE (6 décembre i884).
Déclarations faites par le gouverneraent à la Commission de la Chambre dos députés relativement
au relèvement des tarifs de douane. — Nécessité d'une solution rapide. — Création d'une ligue
contre le renchérissement du pain et de la viande. — I'roj,'ranimc de cette ligue. — L'agri-
culture rendue rcsponsaldc de la question du pain. — Les véritaliles responsabiliti-s. — Kn(|uête
de la Société nationale d'agriculture sur le crédit agricole. — V(eux des Associations agricoles.
— Rapports de M. Fortier au Comice de Kouen, île M. Carré au Comice de Sair]t-Ouenlin, de
MM. Cambon et Chassaignon au Comice de Lyon. — Importation du blé en Krance du 1"' août
au ',i\ octcihre. — Nécrologie. — M. le vicomte de Villa-Maïor et M. Pinta. — Irianguiation du
buste de M. Suint pierre à l'école nationale d'<ipricullure de .Monipellier. — Projet de loi sur
la destruction des insectes nuisibles. — La production fruitière. — Etude de M. Laverrière sur
le commerce des fruits en Angleterre. — Le phylloxéra. — Pépinières de vignes amprieaines
et franco-américaines chez M. Aimé Cham|iin, — Ouvrage de M. Fleischmann sur l'industrie
laitière au point de vue scientifique et pratique. — Importance des travaux récents sur la lai-
terie. — Concours d'animaux de boucherie à Quimper. — Concours pour un emploi de prépa-
rateur à la Station agroromique d'Amiens. — La production du blé. — Concours ouverts par
la Société des agriculteurs de France sur la culture du blé- dans les cinq départements de
l'Ariége, de l'Allier, de l'Ain, de l'Avejron et de la Meuse. — Nouvelles études de M. Dehérain
sur la betterave à sucre. — Notes de MM. Bronsvick et Vacher sur les récoltes et les travaux
agricoles dans les départements des Vosges et de l'Allier.
I. — La réforme des tarifs de douane.
La Commission de la Chambre des députés chargée d'étudier les
projets de réforme des tarifs de douane sur les produite agricoles, a
tenu, durant cette semaine, plusieurs réunions importantes. Après
avoir entendu les délégués de l'administration de l'agriculture qui ont
été chargés, au printemps dernier, de l'enquête sur la situation de
l'agriculture dans le département de l'Aisne, elle a reçu communica-
tion des propositions adoptées, le 29 novembre, par le conseil des mi-
nistres. M. le ministre de l'agriculture lui a fait connaître que le gou-
vernement soutiendrait une élévation de 2 fr. par quintal pour le droit
sur le blé (ce qui porterait ce droit à 2 fr. 60), et de 4 fr. sur les fa-
rines (ce qui porterait le droit à 5 fr. 20). Pour l'avoine, le gouverne-
ment propose l'établissement d'un droit de 1 fr. 50; il n'en propose
aucun ni pour le seigle, ni pour l'orge, ni pour le sarrasin ; quant au
maïs, il réserve son opinion sur ce point. Telles sont les limites dans
lesquelles le ministre de l'agriculture paraît devoir ^soutenir, devant la
Chambre, les relèvements des droits de douane. 11 n'en reste pas moins
acquis que le Parlement prendra, en définitive, sous sa responsabilité,
les résolutions qui feront la loi nouvelle. L'agriculture demande avec
instance que celte grave discussion ne soit pas retardée plus long-
temps. L'importation des blés et farines a pris, depuis quelque temps,
des proportions réellement menaçantes ; grâce à la lenteur qu'on
apporte à prendre une décision, les mesures adoptées ne donneront
probablement pas tout de suite les résultats qu'on était en droit
d'en attendre.
Une société s'est formée récemment à Paris sous le titre de « Ligue
nationale contre le renchérissement du pain et de la viande. » Le ma-
nifeste qu'elle vient de publier en montre nettement le but ; il s'agit
de protester contre l'agitation agricole et de mettre obstacle à toute
mesure « qui aurait pour résultat d'imposer aux classes laborieuses de
douloureuses privations, et d'aggraver le malaise présent par le ren-
chérissement artificiel des deux produits les plus nécessaires à l'ali-
mentation du peuple. » On place la lutte entre les producteurs et les
consommateurs, on accuse les agriculteurs de mal comprendre leurs
intérêts et de vouloir s'enrichir aux dépens des autres classes de la
société. C'est toujours le même raisonnement qui est mis en avant;
notre éminent collaborateur M. Paul de Gasparin y répond plus loin
N° 817. — Tome IV de 1884. — 0 Décembre.
362 CHRONIQUE AGRICOLE (ô DÉCEMBRE 1884;.
dans ce numéro. Mais il est une phrase que nous devons relever dans ce
inanifesle : « On ne craint pas, dit-il, de l'aire de pareilles propositions
à l'heure même où la question du prix du pain préoccupe vivement le
gouvernement et les municipalités. » A qui la l'aute si la question du
pain est agitée? Est-ce aux. agriculteurs? Vous savez bien que non.
Qui se plaignait du prix du [>ain il y a un ou deux ans ? C'est la baisse
rapide du prix du blo, non suivie d'une baisse équivalente dans le prix
du pain, qui a créé cette nouvelle question. Les agriculteurs sont les
victimes et non les auteurs de cet état de choses ; c'est aux industries
intermédiaires que vous devez vous en prendre, si vous voulez ac-
cuser quelqu'un. A chacun sa responsabilité : l'agriculteur a le droit
de vivre tout comme un. autre citoyen; il est aujourd'hui la bête de
somme, écrasé de charges, et parce qu'il commence à se rebiffer, vous
mettez en avant les accusations les plus erronées, pour employer une
expression adoucie. Ne créons pas de luttes de catégories de Fran-
çais armés les uns contre les autres; sachons nous soutenir les uns
les autres; évitons de nous écraser mutuellement sous les pavés des
principes les plus discutables.
II. — EiiquiJle sur le crédit agricole.
On se souvient que le ministre de l'agriculture a chargé la Société
nationale d'agriculture d'une enquête sur le crédit agricole. Le premier
volume de cette enquête, renfermant les réponses des correspondants
français de la Société, a paru au mois d'août; il renfermait un résumé
comparé de ces réponses, rédigé par M. Barrai. Le premier fascicule
du 2° volume vient de paraître sous la direction de M. Louis Passy,
vice-secrétaire de la Société. Il est consacré aux réponses adressées des
pays étrangers par les correspondants de la Société, en Alsace-Lor-
raine, en Autriche-Hongrie, en Allemagne, en Belgique, en Angleterre,
en Espagne, en Portugal, en Italie, en Roumanie. La plupart de ces
documents sont fort intéressants; nous citerons notamment ceux qui
viennentde Belgique et d'Italie. On pourray puiser des renseignements
précieux pour résoudre enûn le problème de L'organisation du crédit
agricole en France.
III. — Vœux des associations agricoks.
L'agitation agricole continue dans toutes les parties de la France.
Dans sa séance du 14 novembre, le Comice agricole de Rouen aadopté
un important rapport de son président, M. Fortier, dont les conclusions
se résument dans les vœux suivants :
1" Que les tarifs de douane soient revisés dans le plus bref délai possible, de
telle iaçon que les produits agricoles non compris dans les traités, venant de
l'étranger, soient, à leur entrée en France, fnipp^s des droits équivalents aux im-
pôts et charges qui grèvent les produits similaires français, et notamment que
les céréales et le bétail acquittent à la frontière un droit d'entrée en rapport avec
leur prix de revient en France, soit :
Pour le blé, 5 fr. par quintal; le seigle, l'orge, l'avoine, 3.fr. ; la farine, 7 fr. ;
— clievaux, bœufs, 45 fr. par tête; vaclies, 35 fr. ; moutons, 5 fr. ; porcs, 10 fr, ;
— viandes fraîches ou salées, 15 fr. le quintal.
2" Que les traités qui peuvent être dénoncés le soient dans le délai de rigueui-,
afin de permettre un relèvement de tarif pour nos laines, lins, colzas, etc.
3" Que le produit de ces droits d'entrée soit employé au dégrèvement de l'agri-
culture.
4" Que les tarifs des chemins de fer soient étudiés et révisés de telle sorte
qu'ils ne permettent jjIus à l'étranger, par aes tarifs do pénétration, de taire aux
producteurf. français une concurrence insoutenable.
CHRONIQUE AGRICOLE (b DÉCEMBRE 1884). 363
£" Que la représentation de l'agriculture par des Chambres d'agriculture soit
promptcment organisée, et sur les bases les plus larges.
Dans le même ordre d iilées, et aboutissant aux mêmes conclusions,
nous devons signaler encore un rapport sur les tarifs de douane pré-
senté au Comice de Cliàteau-Tliierry (Aisne), par son vice président,
M. Carré, dans la séance du 14 novembre; — deux notes sur les con-
ditions économiques de la culture du blé, par iM. Victor Cambon, et sur
la protection à l'agriculture, par M. Henri Chassaignon, président, lues
au (iomice de Lyon, dans sa séance du 23 novembre. Les vœux qui en
ont été la conséquence concluent à la réforme des tarifs de douane et
à l'emploi des ressources ([u'elle fournira à des dégrèvements en faveur
de l'agriculture.
Sous le titre : Le prnpriclaire ilevant sa ferme délaissée, M. Georges
Ville, bien connu des agriculteurs, vient de réunir (librairie de
G. Masson, à Paris) les conférences qu'il a faites en décembre 1883,
à la Société centrale .d'agriculture de Belgique. Ces conférences ont été
consacrées à l'examen des conditions de la production agricole, à l'em-
ploi des engrais, à l'aménagement des forces en agriculture. Il y a là un
plan de système de culture qui ne diffère pas sensiblement de ceux pré-
conisés jusqu'ici par M. George Ville, mais qui est de nature à appeler
la discussion, et par suite l'attention des agriculteurs. Quoiqu'il ait
une confiance extrême dans la culture par les engrais chimiques
employés exclusivement, M. Ville conclut à la nécessité économique
de relever les' tarifs de douane actuellement en vigueur.
l\. — L'importation du blé en France.
Li: Journal officiel publie le relevé, communiqué par le ministère de
l'agriculture, des quantités de froment («crains et farines) importées et
exportées du \" août au 31 octobre 1884 (commerce spécial) :
Importations (quinLrnêlr.). Exportations ^qniritMiifUr.).
Grains. Farines. Grain*. Farines.
Du 1" août au 30 septembre.... 2,017.639 66,6-39 8,845 !9,l'i9
Première quinzaine d'octobre... . 283,170 6,1.57 845 526
Ueuxieme — l,0a0,4.3Û .'37, «35 1,846 4,049
Totaux 3,391,259 110,421 11,536 23,724
On remarquera que, pendant la deuxième quinzaine d'octobre, les
importations de grains et celles de farines ont pris des proportions
absolument anormales ; elles ont atteint la moitié du total accusé pour
les deux mois nrécédents.
V. — Nécrologie.
Nous avons le regret d'apprendre la linort de M. le vicomte de Villa-
IMaïor, ancien commissaire général du Portugal à l'exposition univer-
selle de 1878, membre de la Chambre des pairs. Cétait un des ampé-
lographcs et des viticulteurs les plus distingués de notre époque, et il
jouissait d'une autorité universellement reconnue. Il laisse un Manuel
de vilicullnre pratique et une Amptlograpliie portugaise, deux ouvrages
fort estimés. Il a été un des collaborateurs du Vignoble de MM. Mas
et PuUiat.
M. Xavier Pinta, ancien agriculteur et fabricant de sucre, à Saint-
Laurent-Blangy (Pas-de-Calai.s), vient de mourir dans sa quatre-
vingtième année. On lui doit des essais intéressants sur ramélioration
de la culture du blé.
364 CHRONIQUE AGRICOLE (6 DÉCEMBRE 1884).
VI. — Inauguration du buste de M. Camille Sainlpierre.
Samedi dernier, 29 novembre, a eu lieu à l'Ecole nationale d'agri-
culture de Montpellier, l'inauguration du buste de M. Camille Saint-
pierre, son ancien directeur, décédé il y a trois ans. Nous recevons le
compte rendu suivant de cette cérémonie :
« L'inauguration du buste de M. G. Saintpierre, ancien directeur de l'école
nationale d'agriculture de Montpellier, a eu lieu le 29 novembre au milieu d'une
nombreuse et sympathique assemblée. On remarquait parmi les personnes pré-
sentes, M. le préfet de l'Hérault, délégué par M. le ministre de l'agriculture pour
le représenter à cette cérémonie, M. le sénateur Dupré, MM. les doyens et plu-
sieurs professeurs des facultés des sciences et de droit, Planchon, directeur du
jardin des plantes, F. Cazalis, directeur du Messager agricole, l'intendant Du-
moulin, de Gabrières, évêque de Montpellier, le président de la Ghambre de
commerce, Mares, correspondant de l'Institut, la plupart des membres de la So-
ciété d'agriculture de l'Hérault et de nombreuses notabilités.
« Mme Gamille Saintpierre était entourée d'un grand nombre de dames
de sa famille ou de ses relations qui avaient tenu à lui donner un témoignage de
leur vive sympathie.
« Après que Mme Saintpierre eut reçu dans les salons de la direction les pro-
fesseurs et employés de l'école, une délégation des élèves et les nombreux amis
qui avaient désiré la saluer, l'assemblée s est réunie devant le buste dû au ciseau
de M. Baussan, sculpteur à Montpellier.
« M. le préfet de l'Hérault a déclaré la séance ouverte et a découvert le buste.
Il a rappelé alors, en quelques mots heureux, les éminents services rendus par
M. Saintpierre, services dont l'Administration de l'agriculture tient à honorer la
mémoire en s'associant à cette cérémonie.
« M. Vialla, président de la Société centrale d'agriculture de l'Hérault, a ex-
primé ensuite la reconnaissance des agriculteurs méridionaux pour l'œuvre de
M. Saintpierre et les regrets unanimes dont il a été l'objet. Il explique ainsi le
sentiment qui a amené ses collègues de la Société d'agriculture, ceux de l'Ecole
Id'agriculture, de la Faculté de médecine, ses anciens élèves et ses amis à élever
e modeste monument dont l'inauguration a lieu en ce moment.
« Après quoi, M. Foi'x, directeur, a retracé la brillante carrière de son prédé-
cesseur et ami et l'œuvre remarquable qu'il a accomplie à l'école d'agriculture de
Montpellier. Il rappelle les conditions difficiles daos lesquelles il a pris cet éta-
blissement et la remarquable rapidité avec laquelle il a su le relever et le porter
au niveau des plus prospères et des plus anciennement connus.
« M. Pécholior prend la parole au nom des professeurs agrégés à la Faculté de
médecine et de sjsamis;M. — Ghauzit, profosseurdépartemental d'agriculture du
Gard, rend hommage au nom des anciens élèves de l'école de Montpellier à la
mémoire du regretté directeur r;ue tous ont aimé.
« Enfin, M. L. Vialla donne lecture d'un télégramme qu'il vient de recevoir de
M. L. de Martin qui lui exprime les sympathies des viticulteurs de l'Aude.
« La séance se termine ainsi, laissant dans le cœur de tous l'émotion que procure
le souvenir d'une belle existence consacrée au service des grands intérêts du pays. »
Le buste est placé dans la cour d'honneur de l'école oi^i il perpé-
tuera le souvenir d'un directeur qui fut cher à tous.
VII. — Destruction des insectes nuisibles.
Nous avons annoncé que M. le ministre de l'agriculture a présenté
au Sénat un projet de loi concernant la destruction des insectes,
des cryptogames et autres végétaux nuisibles à l'agriculture. L'esprit
de ce projet ressortira à la lecture des articles qui le compo.sent, et
dont voici le texte :
Article premier. — Les préfets sont autorisés à prescrire les mesures nécessaires
pour arrêter ou prévenir les dommages causés à l'agriculture par des insectes, des
cryptogames ou par des végétaux nuisibles, tels que le chardon, la cuscute, le gui
et autres plantes analogues, lorsqu'il est reconnu que ces dommages présentent
un caractère envahissant et calamiteux pour un ou plusieurs départements, ou
même pour une portion de département.
CHRONIQUE AGRICOLE (6 DÉCEMBRE 1884). 365
L'arrêté ne peul être pris par le ])rêret qu'après l'avis du Conseil général du
département, à moins qu'il ne s'agisse de mesures urgentes et temporaires.
L'arrêté préfectoral rendu en cette matière détermine l'époque à laquelle il
devra être procédé à l'exécution des mesures, les localités dans lesquelles elles
sont applicables, ainsi ({ue les modes spéciaux à employer.
Il n est exécutoire, dans tous lescas, qu'aprèsl'approbation du ministre de l'agri-
cullurc qui prend, sur les procédés à appliquer, l'avis d'une commissiou technique
instituée par décret.
Art. 2. — Les propriétaires, les fermiers, les colons ou métayers, ainsi que les
usufruitiers et les usaMrs, sont tenus d'exécuter sur les immeubles qu'ils possè-
dent et cultivent, ou dont ils ont la jouissance ou l'usage, les mesures prescrites
par l'arrêté préfectoral.
L'Etat, les communes et les établissements publics et privés sont astreints aux
mêmes obligations en ce qui concerne les propriétés leur appartenant.
Art. 3. — En cas d'inexécution, dans les délais fixés, des mesures ordonnées
par l'arrêté préfectoral, il y est procédé d'office, aux frais des contrevenants, par
les soins du maire ou du commissaire de police, sans préjudice des poursuites qui
peuvent être exercées, comme il est dit à l'article 4.
Le recouvrement des dépenses ainsi faites est opéré par le percepteur en vertu
de mandements exécutoires délivrés par les préfets et suivant les règles suivies en
matière de contributions directes.
Art. 4. — Les contraventions aux dispositions des articles 1 et 2 qui précèdent
sont punies d'une amende de six francs à quinze francs.
L'amende est doublée et la peine d'emprisonnement pendant cinq jours au plus
peut môme être prononcée, en cas de récidive, contre les contrevenants.
Art. 5. — Sont maintenues toutes les dispositions des lois et règlements con-
cernant la destruction du phylloxéra et celle du doryphora, ainsi que celles de la
loi du 26 ventôse an IV, relative à l'écheniUage, dont les délais d'exécution seront,
toutefois, fixés conformément à l'article premier de la présente loi.
Art. 6. — L'article 463 du Gode pénal est applicable aux pénalités prononcées
par la présente loi.
Depuis plusieurs années, le Sénat est saisi de projets et propositions
analogues qui n'ont pas encore abouti. Nous espérons que le nouveau
projet du gouvernement aura une solution plus rapide. Aujourd'hui la
loi sur l'échenillage, la seule qui soit un peu appliquée, n'est plus en
rapport avec les connaissances scientifiques ; il est temps que de nou--
veaux règlements interviennent.
VIII. — La production fruitière.
Le Journal a signalé, il y a quelques mois, une étude intéressante de
M. Charles Whitehead sur la production fruitière et ses débouchés en
Angleterre. Cette étude a été faite spécialement en vue de pousser les
cultivateurs anglais à donner un plus grand essor à leurs plantations
d'arbres à fruit. Notre excellent confrère M. Jules Laverrière a pensé,
avec raison, qu'il serait opportun d'en tirer des renseignements utiles
pour les producteurs français. C'est pourquoi il vient de réunir, dans
une brochure spéciale, les documents fournis par M. Whitehead sur la
consommation des produits de la culture fruitière en Angleterre, sur
le traitement et l'expédition de ces produits, sur l'importance des
débouchés offerts par le marché anglais. On estime, année moyenne,
à plus de 100 millions de francs le produit du commerce de nos fruits;
c'est un joli denier, que l'on peut accroître dans de grandes proportions
et à peu de frais, en augmentant les relations avec les pays septen-
trionaux, avides des fruits savoureux qu'un climat moins favorable leur
refuse.
IX. — Le phylloxéra.
Parmi les ouvriers de la première heure pour la reconstitution des
vignobles au moyen des cépages américains résistant au phylloxéra,
366 CHRONIQUE AGRICOLE (6 DÉCEMBRE 1884).
notre excellent coUoborateur M. Aimé Champin occupe un rang des
plus honorables. Par la parole, par une plume alerte el brillante, par
l'exemple, il a puissamment contribué à la solution des nombreux pro-
blèmes que suscite celte question grosse de difficultés. Dans le nouveau
catalogue des vignes américaines et franco-américaines introduites,
acclimatées et cultivées de 1873 à 1884 dans les plantations du châ-
teau de Saletles, près Montélimar (Drôme), il donne un nouvel
exemple de la rigueur des observations auxquelles il se livre. Ce
fascicule renferme'une description de plus de 250 variétés de cépages
producteurs el de cépages greffés, pour chacune desquelles des indi-
cations sont données sur la grappe, le grain de raisin, sa chair et son
goût, le moût, la maturité, la fertilité, les usages. Ces indications
sont sommaires, mais elles résultent toujours d'observations directes,
faites avec le plus grand soin.
X. — Études sur la laiterie.
En France, comme dans la plupart des autres pays d'Europe, on se
préoccupe aujourd'hui des moyens d'accruître les bénéfices que l'on re-
tire de la production laitière. Des recherches scientifiques ont été pour-
suivies et elles ont donné la clef d'un grand nombre de problèmes de la
laiterie. L'agriculteur qui veut réussir dans la fabrication et le coin-
mei"ce du beurre et des fromages n'a plus le droit d'ignorer ces solutions,
d'autant plus que des ouvrages nombreux les mettent aujourd'hui à sa
portée. Parmi les ouvrages les plus récents, nous devons signaler au-
jourd'hui celui de M. le docteur Wilhelm Fleischmann, directeur de la
station laitière de Raden (Mecklenbourg). Cet ouvrage intitulé : L'in-
duslnc laitière au point de vue srienli/ique el pratique', a été traduit
de l'allemand par MM. G. Brélaz el J. Oetlli. Il renferme la collection
la plus complète de documents qui ait encore été réunie sur le lait,
le beurre et le fromages. Les recherches poursuivies en Allemagne sur
cet important sujet ont été mises ainsi à la portée des agriculteurs
français; c'est un service réel que les traducteurs ont rendu. Toutefois,
il est à regretter que iM. Fleischmann n'ait pas tenu compte suffisam-
ment des recherches dues aux savants français, notamment de celles
de M. Duchaux, qui a contribué autant que personne à élucider les
problèmes relatifs à la composition du lait et à la fabrication des fro-
mages. Celte réserve faite, nous devons ajouter que l'ouvrage de
M. Fleischmann est de ceux qui seront consultés avec le plus de fruit
par les personnes qui veulent connaître à fond les questions complexes
de l'industrie laitière.
XL — Concours d'animaux de boucherie à Quimper.
Le concours annuel des animauv de boucherie et d'animaux repro-
ducteurs, organisé à Quimper sous les auspices des Sociétés d'agri-
culture de Quimper, de Quimperlé et de Lorient, pour encourager la
production et l'engraissement du bétail dans les arrondissements sud
de la Bieiagne, se tiendra le 19 déL^embre courant, sous la directi.')n
de M. G. Briot. Des prix en argent, des médailles d'or d'argent et de
bronze, seront distribués aux propriétaires des animaux les mieux
préparés pour la boucherie et reconnus les plus parfaits sous le rapport
de la c(mformalion. Les concours de Quimper ont une réelle importance.
1. Un volume grand in-8, de 1.1'2't pages, aveo 278 ll^'aics. Libraiiie Diiuod, 'tO, yuai des
GranJs-Auguslins, à Pans. — Prix : 50 fr.
CHRONIQUE AGRICOLE (6 ^DÉCEMBRE 1884). 367
XII. — Station agronomique de la Somme.
Nous avons annoncé qu'un concours serait ouvert pour la nomina-
tion d'un préparateur à la station agronomique de lu Somme. Voici le
programme de ce concours :
Les conditioQS à remplir sont les suivantes : 1° Etre Frani^ais ou naturalisé
Français; — 2" Posséder une instruction suFiisante sur les matliéraatiqu 'S élé-
mentaires, arithmétique, algèbre, y co:npris les équations du second degré et les
logarithmes, géométrie élémentaire, ainsi que sur Ips notions élémentaires de
physique, de chimie et de physiologie animale et végétile ; — 3» Bien connaître
le travail pratique des laboratoires de chimie.
Le jury d'examen sera composé du directeur de la station agronomique, de
doux membres de la Commission de surveillance de la station, cl de deux autres
personnes désignées par le préfet.
Les candidats auront à subir trois épreuves : 1" un examen oral sur les
mathématiques élémentaires, la physique, la chimie et la physiologie (lois géné-
rales et applications nouvelles); — 2" une épreuve écrite (composition sur un
sujet parmi les théories élémeataires les plus importantes) avec, une application
prise dans la pratique journalière du laboratoire; — 3" une épreuve pratique, ana-
lyses qualitatives et quantitatives exécutées au laboratoire.
Les examens auront lieu le IG décembre prochain, à la station agro-
nomique, boulevard Guyencourt, n" 7, à Amiens.
XIII. — Concours relatifs à la culture du blé.
La Société des agriculteurs de France ouvre, en 1885, des concours
dans cinq départements pour l'augmentation de la production du blé.
Ces concours seront répartis comme il suit :
Prix Destrais. — Départemmls de r Arièije et de l'Allier. — La Société des
agriculteurs de France ouvre dans ces départements un concours entre les agri-
culteurs, propriétaires, fermiers ou métayers, dont la moyenne des terres emblavées
en céréales (froment, seigle, orge, avoine, escourgeon, épeautre, maïs, sarrasin)
est de huit à douze hectares chaque année et dont le rendement en blé est le plus
considérable.
Une somme de 2,000 francs, provenant des intérêts du legs de 50,000 francs
fait à la Société par j\I. Destrais, sera divisée entre les deux départements et
distribuée aux lauréats eu un ou plusieurs prix, suivant la volonté du testateur.
Prix Godard. — Départements de l'Ain, de t'Aveyron et de la Meuse. — La
Société des agriculteurs de France ouvre dans ces départements un concours entre
ees agriculteurs, propriétaires, fermiers ou métayers dont la moyenne des terres
mbiavées en céréales (froment, seigle, orge, avoine, escourgeon, épeautre, maïs,
arrasin) est de dix à quinze hectares, et qui obtiennent en blé le rendement le
plus considérable.
Une somme de 3,000 francs, provenant de la rente léguée h la Société, par
M. Camille Godard, sera divisée également entre les trois départements et distri-
h uéô aux lauréats en un ou deux prix, suivant les intentions du testateur.
Les agriculteurs et cultivateurs de ces cinq départements qui désirent prendre
[ art au concours sont priés de faire connaître leur nom et leur adresse au siège
de la Société des agriculteurs de France, 21, avenue de l'Opéra, au plus tard
le 25 avril.
Une Commission locale sera formée dans chacun des cinq départements pour
visiter, au moment de la moisson de 1883, les exploitations inscrites, et se rendre
compte du rendement »btenu en blé.
Le rapport de la Commission locale devra contenir des renseignements complets
et précis sur les exploitations des divers concurrents et indiquer les noms de ceux
qu'elle proposera pour les prix.
Ce rapport devra être envoyé au secrétariat de la Société des agriculteurs de
France, 21, avenue de l'Opéra, avant le 1" novembre 1885.
Ces prix seront décernés en 1886, durant la session annuelle de la
Société des agriculteurs de France, après la lecture d'un rapport d'en-
semble approuvé par le Conseil de la Société. Des médailles seront
jointes aux principaux prix. * ,
368 CHRONIQUE AGRICOLE (6 DÉCEMBRE 1884).
XIV. — Sucres et belleraves.
Les expériences sur les conditions les plus avanUigeuses de la cul-
ture de la betterave à sucre ont été nombreuses celte année. Parmi les
plus importantes, nous devons signaler celles qui ont été poursuivies
à Grignon, par M. Dehérain ; elles ont porté à la fois sur diverses
qualiiés de graines, et sur les modes de fumure. Les résultats en ont
été communiqués récemment à l'Académie des sciences ; nous publie-
rons procbainement la note de M. Dehérain.
XV. — Nouvelles des récolles el des travaux agricoles.
L'hiver est arrivé avec ses alternatives de gel et de dégel. Sur ce
sujet, M. Bronsvick nous adresse de Mirecourt (Vosges), à la date du
30 novembre, la note suivante :
Pendant toute cette semaine la température a été très variable; nous avons eu
des gelées suivies de pluies et de neige. D'après l'avis des cultivateurs c'est un
excellent temps, pour la région en ce qui concerne l'arrêt d'une sécheresse qui
commençait à gêner non seulement l'abieuvement du bétail, mais encore les usines
et moulins situés sur les petits cours d'eau et ne pouvant plus fonctionner, vu les
basses eaux.
Quoiqu'il soit tombé beaucoup d'eau au commencement de cette semaine, les
rivières n'ont point augmenté de volume, ce qui prouve que la terre a absorbé les
pluies et en absorberait encore s'il en tombait d'autres.
Les marchés continuent à présenter' le plus grand calme. Aucun changement
notable ne se produit dans la région. Le bétail est en baisse un peu partout. Vu
le trop plein des élèves et des noiirrits, les cultivateurs se décident à vendre; mais
la boucherie en présence des otî'rcs demande de grandes concessions. Les pii.x des
vaches varient de 325 à 450 francs, des veaux, 43 à 48 francs les 50 kilog.,des
porcs gras, 38 à' 40 francs les 50 kilog., petits porcelets de 5 à 15 IV. pièce. Viande
sur pied: bœuf, 84 à 86 francs; vache, 80 à 84 francs; mouton, 80 à 95 francs.
Les phénomènes par lesquels l'hiver s'est maaifesté dans le
centre sont résumés par M. Marcel Vacher, dans la note suivante qu'il
nous adresse, le 30 novembre, de Montmarault (Allier) :
8i nous en croyons ce vieux proverbe : « Il vaudrait mieux être fol que semer
seigle en temps mol, « nous devrions espérer une abondante récolte pour cette
céréale, car il ne pourrait faire moins mol qu'à l'époque des semailles. En re-
vanche, ce pauvre froment que nous cultivons toujours par habitude et aussi dans
l'espoir de temps meilleurs et plus justes, n'a pas été servi suivant ses goûts. Il
aime, pour germer, la terre boueuse, et c'est en terre ;jou(/reuie qu'il a été cou-
ché. Aussi a-t-il été lent à sortir.
Du 20 au 25 novembre, la neige est tombée; elle a même couvert le sol et le
couvre encore dans les endroits les plus élevés du département. Ailleurs elle
fondait en tombant et procurait cette eau que chacun demandait. Nous étions
tous en grande pénurie de cet utile liquide, et je sais de nombreuses fermes oii,
tant pour l'homme que pour les animaux, il fallait faire plusieurs kilomètres pour
trouver de quoi se desaltérer.
Aujourd'hui la terre, légèrement humectée, se laisse fendre par la charrue, et
on commence, encore avec peine, les hibuurs d'hiver.
Ce que nous redoutons le plus, c'est la gelée de la nuit et le dégel du jour. Ces
brusques transitions déchaussent les plantes d'autant plus facilement qu'elles
n'avaient pu se fixer tout d abord à cause de la sécheresse.
Les foires grasses commencent à entrer dans leur période d'activité. Mais que
de mécomptes aux prix où se vendent actuellement toutes les bêtes !
La sécheresse persistante, qui s'est manifestée pendant les mois
d'octobre et de novembre par l'absence presque complète de pluie, a
pris fin dans la plus grande partie de la France. Les alternatives de
froid et de temps humide que nous traversons sont favorables à la
préparation des terres oîi l'on fera des semailles ou des plantations au
printemps. Henry Sagmier.
l'agriculture et les tarifs de douane. 369
L'AGRICULTURE ET LES TARIFS DOUANIERS
Je ne me lasserai pas de rétablir la vérité des faits et la justice de la
cause que soutient le Journal de l'agricullure. Notre intervention est
plus nécessaire que jamais; car ce que je prévoyais, et ce qui était
inévitable du reste, est arrivé; la question a été transformée par nos
adversaires en question politique, et l'on nous menace d'aller aux
urnes en nous qualitiant d'atTameurs du peuple.
Nous ne sommes pas effrayés de ces menaces, nous sommes un peu
moins ignorants et beaucoup moins protectionnistes qu'on ne le sup-
pose, et le libre-échange en théorie ne nous déplaît pas autant que le
gouvernement despotique, qui seul a osé le mettre en action aux dépens
de l'agriculture française. Mais nous ne voulons pas sortir de la pra-
tique, et notre regretté fondateur J.-A. Barrai, tout libre-échangiste
qu'il était, signerait ce (pie nous avons à dire.
Nous sommes voués à la défense des intérêts agricoles sous toutes
les formes : sans doute d'abord le progrès des pratiques agricoles,
l'emploi de toutes les ressources de la science et de l'expérience pour
augmenter les rendements ; mais en second lieu et au même degré,
l'égalité de l'industrie agricole et des autres industries devant les
charges de toute nature, impôts directs et indirects, droits de mutation,
droits de douane, etc., etc. Nous n'admettrons jamais que l'industrie
agricole soit simplement une servante au profit des autres industries,
servante à petits gages et dont on n'a à se préoccuper que pour tirer
d'elle le plus de services possibles au moindre prix possible, afin d'aider
au développement des industries maîtresses. Notre devoir vis-à-vis des
agriculteurs, notre droit, et la vérité veulent que nous affirmions les
droits égaux de tous les Français, agriculteurs, filateurs, tisseurs,
mineurs et fondeurs; que nous rappelions tous les jours sans nous las-
ser qu'il faut beaucoup plus de travail et d'industrie pour produire une
tonne de blé que pour extraire dix tonnes de charbon, ou livrer deux
tonnes de fer, ou tisser 100 mètres de toile, etc., etc.; que nous ne
vivons pas de pain seulement, qu'il nous faut du feu, des outils, des
vêtements, et qu'il n'y a ni raison, ni justice à nous faire surpayer ces
denrées nécessaires, grâce à une protection douanière, sans nous accor-
der l'équivalent. Nous sommes donc en théorie pour le libre-échange
absolu. Supprimez, si vous l'osez, les droits sur le fer, la houille, les
files, les tissus et tous les produits de l'industrie française qui servent
à la consommation courante, la justice sera satislaite. Nous douions
que le bon sens le soit également. Essayez seulement, voyez ce qui s'est
passé pour les filés de colon destinés à entrer dans les tissus mélangés
de soie. La clameur des filateurs menacés a été si forte qu'il semblait
qu'il s'agît tout au moins d'atîamer l'industrie de la ûlalure, ce qui
naturellement, aux yeux des intéressés, est un intérêt national de pre-
mier ordre. Certainement la menace d'élever le prix du kilog. de pain,
à raison d'un droit de douane de 1 0 pour 100 ad ualorem, de deux cen-
times, n'aurait pas provoqué chez les filateurs non plus que dans les
autres industries un toile pareil à celui que provoquerait la moindre
atteinte à la protection dont elles jouissent.
Voilà la vérité, et voilà la position que nous avons prise et que nous
maintiendrons, quoi qu'il advienne. «Nous ne pouvons autrement. »
370 L'AGHICULTURE ET LES TARIFS DE DOUANE.
Aussi n'avons-nous pas accepté une protection exceptionnelle ; nous
nous sommes séparés nettement dès le début, malgré les entraîne-
ments de l'agitation agricole, de ceux qui ne voient, le salut que dans un
droit de 5 francs par iOO kilog. ku* le blé, au minimum. Nous avions
un rôle, celui de demander* justice et égalité, et nous ne le déserterons
jamais.
Mais on revient à la charge, en insinuant toujours la question poli-
tique. Qu'êtes-vous, en définitive, nous dit-on? de faux démocrates, des
aristocrates qui ne veulent pas voir diminuer leurs rentes, et vous vous
composez en définitive de 800,(100 propriétés intéressant environ trois
millions de personnes, à peine un dixième de la population de la
France, et sans doute la moins intéressante. Et d'abord une industrie
qui nourrit directement, par ses profits, trois millions de personnes,
n'est pas, je pense, une quantité négligeable, et il n'y a pas beaucoup d'in-
dustries protégées, en France, qui puissent opposer un chiffre supérieur.
Mais, il y a plus; c'est de la statistique de bureau, dont il faut
savoir le sens. Les mouvements de la rente de la terre, nous dit-on,
n'intéressent que ces trois millions d'aristocrates et n'importent pas à
la richesse du pays. Je veux bien qu'on, considère ces trois millions
d'aristocrates comme des parias trop heureux qu'on leur laisse leurs
terres, et qui sauront proportionner leurs dépenses à la diminution de
leurs recettes. Mais a-ton réfléchi que l'abaissement de la rente sur
ces 800,000 grandes cotes ferait inévitablement baisser la rente des
petites cotes, que ces petites cotes ne sont pas pour une moitié culti-
véees par leurs propriétaires, qui ne pourraient vivre sur la terre, et
cherchent fortune ailleurs dans le commerce, dans les fonctions rétri-
buées des industries, surtout de l'industrie des transports. Ces pro-
priétaires louent leurs parcelles, et c'est abuser de notre simplicité de
venir nous dire qu'ils ne souffrent pas de l'abaissement de la rente.
Cet appoint leur manque cruellement; comme les trois millions d'aris-
tocrates, ils sont obligés de se restreindre ; ils réduisent leurs achats,
et le commerçant ne vend plus et souffre aussi cruellement que le pro-
priétaire.
Voilà le résultat vrai de l'abaissement de la rente ; ce n'est plus un
dixième du pays qui en soufTre, ce sont les deux tiers au moins.
Ce sont les défenseurs de la libre entrée des blés américains et indiens
qui, sans s'en douter, font de la fausse démocratie, et nous pouvons
dire hautement que si, au lieu de réclamer une justice, nous avions à
demander un privilège, nous ne signerions pas ces lignes.
P. DE Gasparin,
Membre de la Société nationale d'agriculture,
Correspondant de l'Institut.
FALSIFICATIONS DU BEURRE
AU POINT DE VUE LÉGAL ET AGRICOLE. — DE LA MARGARINE
ET DES PRODUITS SIMILAIRES. — II '.
La question se présente à un double point de vue : l'intérêt de
l'agriculteur, l'intérêt du consommateur. Je n'ai pas besoin de dire
que dans le Journal de l'a'jriculture nous avons à nous occuper avant
tout du premier, toutes les fois qu'on le peut faire, sans vouloir lui
sacrifier inju-îtement le second. Au surplus c<>s intérêts sont-ils aussi
1 Voir le Join'/iitt du 2y wûveuiore, pagu 331 d-' ce vuluiae.
FALSIFICATIONS DU BEURRK. 371
(lisUucLs qu'on le supposerait au premiep abord i' La production à bon
marché n'est-elle pas souvent plus nuisible qu'utile au consomma-
teur';' En malit're alimentaire surtout, le bon marché doit être examiné
avec soin par 1 acheteur. Il y a des gens (}ui soutiennent que c'est la
faute du comsoramateur s'il est trompé : il pousse le marchand à la
i'raude par ses exigences. Vn conférencier de la dernière exposition
internationale d'hygiène et salubrité à Londres. M. Georges Barham le
disait avec l'humour britannique : « Donnez l'ordre dans votre mai'
son de ne pas paver votre lait moins de 5 pence (50 centimes la
quarte ou I litre 1359, soit I litre un dixième et demi), votre mar-
chand de lait ne vous trompera pas, il ne mouillera pas d'eau son
lait, il tremblera à l'idée de perdre votre clientèle ». Je ne suis pas
aussi sûr que JL Barham de l'excellence de son préservatif contre la
i'raude. Je crois bien que les producteurs, s'ils pouvaient vendre direc-
tement leur lait, seraient heureux de le vendre 50 centimes ou 45 cen-
times le litre. Mais les revendeurs sont plus âpres au gain : c'est pour
eux que Vauvenargues a dit dans un moment de mauvaise humeur :
« le commerce est l'école du vol »; maxime révoltante, mais (jui vous
vient à l'esprit devant l'insatiable convoitise d'un certain nombre de
marchands.
Somme toute, le conseil de M. Barham n'est pas suffisant. L'un
des plus grands intérêts de l'agriculture est en jeu. Comme si tous
les tléaux que nous avons soufferts n'étaient pas assez désolants pour
nous abattre et nous réduire à néant, voilà à nos portes le plus grand
danger que la petite culture puisse affronter et sous lequel elle finira
par périr si l'on ne vient pas à son aide. On nous dit : vous ne pouvez
plus faire de blé, vous ne pouvez plus produire de betteraves, faites
des prairies; avec les pâtures vous élèverez du bétail : les produits de
la laiterie vous payeront de toutes vos peines. Si la grande culture
souffre de la concurrence étrangère, de l'abaissement des tarifs, des
importations de l'Amérique, des menaces de l'Inde, au moins le petit
cultivateur, l'herbager qui fait son beurre ou son fromage, esta l'abri
de ces grandes surprises des lois économiques, et son modeste bénéfice
est toujours assuré. Son travail sera toujours rémunéré; il vendra
cher son lait; son beurre, pourvu qu'il le fabrique suivant les bonnes
méthodes, sera toujours enlevé sur les marchés français ou étrangers;
la Bretagne, la Normandie n'ont rien à redouter pour l'écoulement de
leurs produits. Et voilà que la science elle-mène, esclave de l'industrie
et de la spéculation, se met aussi à lutter contre l'humble fermier et
l'écrase de ses inventions trop perfectionnées! Que faire? L'alarme est
donnée partout. New- York prohibe absolument le commerce de la
margarine; des sociétés se forment, des lois se proposent dans les
principales contrées du monde, en Aniéri jue et dans tous les Etats
du nord de l'Europe.
En L-lande, le célèbre chanoine \V. B;igot écrit cette lettre déses-
pérée au secrétaire de la Société royale d'agriculture à Dublin : « Cher
monsieur, à la dernière réunion du Conseil, j'ai été invité à envoyer
par écrit quelques propositions en ce qui concerne l'injustice soufferte
par les fermiers producteurs du lait de FL-lande par la vente presque
non réprimée de beurre de graisse ou butterine comnie beurre pur.
Récemment à Manchester, dans tous les cas oij des condamnations ont
été obtenues, la butterine était vendue comme le meilleur beurre d Ir-
372 FALSIFICATIONS DU BEUHKE.
lande; dans des poursuites récentes à Dublin, il a été prouvé que la
butterine était vendue comme du beurre d'herbes nouvelles. L'état le
plus démocratique peut-être du monde, Xew-Vork, par suite de
découvertes devant un comité choisi relativement à la composition de
l'oléo-margarine, qui est le principal principe de beaucoup de butte-
rines, a promulgué une loi prohibant tout à la fois la fabrication et la
vente de la butterine. Je suis convaincu que, si l'on ne met pas des
barrières immédiatement pour arrêter cet odieux trafic, notre indus-
trie laitière suivra le sort, hélas! de tant de nos industries irlandaises
et deviendra une chose du passé. I>e consommateur et le producteur
ont le droit de demander l'intervention législative puisque, dans tous
les cas, c'est une fraude grave (comme pour l'adultération des dro-
gues), aux vendeurs de vendre du lait ou du beurre falsiflés pour du
beurre ou du lait purs. Les amendes sont impuissantes pour arrêter
un commerce si fructueux. Les profits sont si grands qu'ils payeront
le montant des amendes. Je conseillerais au Comité de provoquer une
réunion générale des membres et autres intéressés, la semaine pro-
chaine à Kilkenny, dans le but de forcer le gouvernement à inlroduu'e
dans la loi sur les fraudes en matière alimentaire (the adultération of
food act', les changements nécessaires pour arrêtera la fois le tralic du
lait falsifié comme lait pur et de la butterine comme beurre. J ai donné
avis que je porterai ce sujet à la réunion annuelle des membres de la
Société royale d'agriculture en Angleterre, à Shreswbury et aussi à la
Société des Higlands, à Edimbourg. »
La citation de ce document dans son entier démontre l'inquiétude
que les représentants les plus autorisés de l'agriculture éprouvent en
face d'un danger aussi considérable. Cette inquiétude est des plus légi-
time.;. Nous savons que le premier résultat de l'apparition de ces pro-
duits a été de faire baisser le prix du beurre. M. Pouriau, dans Tarlicle
précité, qui remonte au mois de janvier 1881 ', faisait observer déjcà
que l'inondation des marchés anglais par les beurres américains ven-
dus à vil prix et par ceux de Hollande, dont beaucoup margarines se
vendent moins cher que les véritables beurres, avait eu pour consé-
quence de faireà nos beurres salés de Bretagne une concurrence facile.
Le même auteur signalait en 1879 un abaissement moyen de 0 fr. 34
par kilog. de beurre en France depuis 1874. l'our connaître la véritable
situation de ce commerce et des autres branches de la laiterie, la Société
française d'encouragement à l'industrie laitière a ouvert cette année
même une enquête dans toutes les parties de la France. Nous ignorons
si le questionnaire a élé assez exactement rempli pour permettre
d'établir les cartes de la France laitière comme elles existent es Alle-
magne ou en Italie. Mais j ai peur que cette statistique, si diflicile
d'ailleurs ii faire, ne nous révèle pas une situation plus favorable. La
baisse du beurre est générale.
Mais s'arrêtera-t-elle? Non, si elle a pour cause principale l'industrie
de la margarine. C'est la loi usuelle de chaque branche de l'industrie
de ne pas s'arrêter dans la production : à mesure qu'une industrie
s'élève à la prospérité, des concurrences se créent; la lutte s'engage;
les outillages se perfectionnent ; les procédés d'extraction deviennent
de moins en moins coûteux, à une production indéfinie ne corres-
pond pis une consommation sans limites. l)j là baisse nouvelle dans
1. Journal du l'ayrrcullnrc. lS81,t. I, p. 72.
FALSIFICATIONS DU BEURRE. 373
les prix, difficultés d'écoulement de la marchandise, surtout quand
celte marchandise ne peut pas se conserver au delà de quelques jours
en magasin. Voilà de nouveaux périls pour l'avenir déjà si menacé
de notre production agricole.
Le moment actuel a donc été choisi avec beaucoup d'opportunité pa.
le gouvernemenl pour proposer des mesures qui restreignent au moins
les Iraudes, lesquelles sans doute augmentent les chances de développe-
ment d'une industrie si contraire aux intérêts de la petite culture. Il
faut aider noire ministre dans des projets qui doivent au contraire
les favoriser.
M. Méline a parfaitement compris qu'il ne pourrait pas suivre la
législature de l'Etat de New-Vork dans sa prohibition absolue delà
fabrication et du commerce de la margarine. Une telle prohibition est
absolument contraire aux principes depuis longtemps admis sur la
liberté commerciale et industrielle. Elle ne pourrait être motivée que
si cette industrie était insalubre ou dangereuse pour la santé publique.
La margarine offre-t-elle au consommateur une alimentation saine et
absolument sans dangers?
Il n'est pas possible de répondre d'une manière catégorique à cette
question : les experts interrogés répondent qu'il faut examiner chaque
cas pour se faire une idée exacte des dangers ou de l'innocuité de cet
aliment.
La margarine se trouve dans les graisses végétales et dans les
graisses animales. Dans l'huile d'olive, par exemple, la matière
grasse se représente comme une substance grasse solide, — la marga-
rine, en dissolution dans une autre substance liquide, — l'oléine. Mala-
guti enseigne (t. II, p. 124) que cette huile renferme 72 pour 100
d'oléine et 28 pour 100 de margarine. Mais les fabricants de beurres
artificiels ne s'amusent pas à extraire de l'huile d'olive la margarine
qu'elle contient; le procédé serait trop coûteux.
On trouve dans les graisses animales, connues sous le nom de suifs
trois principes immédiats et non pas deux seulement comme dans
l'hude d'olive. Ces trois principes sont l'oléine , la margarine et la
stéarine : c'est de cette dernière matière que l'on fait la bougie.
Or en principe, si l'on peut dire que les graisses ne sont pas nui-
sibles à la santé, puisqu'on les emploie dans toutes les cuisines, il n'en
est pas moins csrtain qu'elles ne sont pas d'une digestion aussi facile
que le beurre. Ajoutez cette réflexion que les procèdes pour l'extraction
de la margarine, s'ils ne sont pas tous dangereux au même degré, sont
tous suspects. Traite-t-on vraiment les graisses par les acides et
notamment par l'acide nitrique pour leur enlever leur odeur, comme
le dit le rapport cité plus haut? Alors le danger me paraît évident pour
la santé publique. Il restera toujours quehiue chose de cette inter-
vention d'un agent aussi délétère que l'acide azotique. Se sert-on sim-
plement de la fonte des graisses? Nous devons faire remarquer que, si
habilement qu'elle soit faite, elle ne sera jamais complètement purifiée
de toute stéarine. C'est même fort heureux, car c'est celte présence de
la stéarine qui décèlera le principe de la falsification des beurres mar-
garines. Mais cette stéarine vous semble-t-elle d'un ragoût agréable,
ô naïfs consommateurs, qui prenez bien malgré vous de la bougie pour
accommoder vos beeftteacks '(
[La fin prochairtcmenl.) P. du Pré-Collot,
'lix à 100 kilotn. c
le distaace
, 8 fr. la
— 200 —
—
13 fr.
— 300 —
—
I(i fr.
— 400 —
—
18 fr. 50
— 500 —
—
21 fr.
— 600 —
—
23 Ir. 50
de distance,
26 fr. la
tonne.
—
28 fr. 50
—
—
31 fr.
—
—
33 fr. 50
—
—
36 fr.
—
—
38 fr. 50
—
374 NOUVEAUX TARIFS DE LA COMPAGNIE D'ORLÉANS
NOUVEAUX TARIFS DE Ll GOMPAaNIE D'ORLEANS
Voici quelques renseignements sur les nouveaux tarifs proposés par
la Compagnie des chemins de ter d'Orléans, et qui intéressent l'agri-
culture.
Pour /es 6/ex par tarifs spéciaux, sans aucune condition de tonnage,
tarif spécial D n° 2 :
la tonne. Prix à 700 kilom.
— 80(1 —
— 900 —
— 1,000 —
— 1,100 —
— 1,200 —
Sans condition du tonnage. l'Orléans effectue ainsi le transport du
blé à 1,200 kilomètres à 38 fr. .5i1 la tonne, ce qui en Allemagne
coûte pour la même distance et par charge de 5,000 kilog. à 8 m. 24
par 100 kilog. = 10 fr. 30.
Les prix exceptionnels sont par wagon complet :
Tarif 1, de Paris à Angers 338 kilomètres, 17 fr. par exemple, tandis qu'à
charge de 10,000 kilog. le blé est taxé pour cette distance en Allemagne à la
V classe du tarif spécial, soit à 1 m. 64 les 100 kilog. = iO fr. 50 la tonne.
Tarif 2, de Paris à Chàteauroux, par charge de 4,000 kilog., distance
118 kilomètres, 5 fr. 50, ce qui en Allemagne coûte pour la même distance et
charge de 10,000 kilog., 0 m. 65 les lOU kilog., soit 8 fr. 12b la tonne.
Tarif 8, de Nantes à Saint-Nazaire, par charge de 5,000 kilog., distance
65 kilomètres 2 fr. 75, pour les blés en sacs.
Engrais ne pouvant servir à d'autre etiiploi, à 100 kilomètres,
5 francs; 200 kilomètres, 8 fr. 50; 500 kihimètres, 18 francs;
1,000 kilomètres, 31 francs, sans condition de charge.
Engrais de mer ou de poisson comme ci-dessus et par tarif spé-
cial D 22.
Boues et vases de Paris à Châteaudun, charge et décharge par les
intéressés à dislance, 132 kilomètrs, 4 francs par tonne, et par
wagon complet.
Cendres, pour engrais fumiers, feuilles pour engrais, par wagon com-
plet à 500 kilomètres, 12 francs la tonne. Guano à 300 kilomètres,
10 fr. 75 ; de Paris à Angers, 338 kilomèti-es, 10 fr. 50; de Nantes à
Paris, 425 kilomètres, 13 fr.
Le tarif allemand taxe fumier IIP Cl. du tarif spécial, par charge de
10,000 kilog. soit à 100 kilomètres, à 4 fr. 25 ; à 300 kilomètres,
à9 fr. 75; à 425 kilomètres, à 13 fr. 25.
Bœufs et vaches, par tarif spécial D 1 par wagon et par kilomètre,
50 c, minimum, 18 fr.; de Poitiers au Mans, 199 kilom., 12fr. par tête.
Pour veaux et porcs, tarif spécial D 1, à 50 c. m. par wagon et par
kilomètre, minimum 1 8 fr. et par tète pour parcours ne dépassant pas
75 kilomètres, 3 c. par tète et par kilomètre; pour parcours dépassant
75 kilomètres, 2 c. par tète et par kilomètre.
montons, pour une bande de 60 moutons par tète et par kilomètre
0 fr. 005, à l'exception d Orléans à Maleshcrbes 0 fr. 0085, deSaincaize
à Orléans 171 kilomètres, 60 c. par tète.
Volailles vivantes par wagon et par kilomètre pour un parcours
n'excédant pas 1 00 kilomètres, 0 fr. 70 ; pour un parcours de plus de
100 kilomètres, 0 fr. 60; retour des cages pour parcours de plus de
100 kilomètres, 0 fr. 25. Max HoF^'MA^N.
MODELE DE GRANDE ÉCURIE.
375
UN MODELE DE GRANDE ÉCURIE
Nous avons visité récemment, aux portes de Paris, une écurie dont
l'installation nous paraît tout ;'i fait propre à appeler l'attention. Cette
écurie est celle de M. Antoine Kedier, entrepreneur de camionnage à
Charenton (Seine). Ce n'est pas une écurie de luxe, mais une écurie de
chevaux de service de trait, aménagée sans dépenses superflues, mais
dételle sorte que tous les services s'y fassent le plus économi(iuement
possible, et que les chevaux y trouvent toutes les conditions d'hygiène
nécessaires pour le maintien de leur santé, malgré un travail soutenue!
quotidien.
Les aménagements adoptés par M. Redierontété disposés de manière
à rendre le service absolument facile. La figure 31 montre le plan de
Fig. 31. — Plan de l'écurie île M. Antoiae Kedier.
l'écurie, les figures 32 et 33 représentent le devant et le derrière d'une
stalle, et dans la figure 34 on voit les dispositions adoptées pour
déposer les harnais.
L'écurie est divisée en deux sections parallèles A et B, renfermant
20 chevaux chacune. Dans chaque section, les chevaux sont placés
sur deux rangs par dix, et ils se font face. Entre les rangs, règne un
couloir E, de 1 m. 60 de largeur, dont 0 m. 80 libres et réservés à la
circulaliond'un wagonnet, et 0 m. 80 occupés par les trémies, les râte-
liers, les mangeoires, etc. Chaque cheval a sa stalle G de 1 m. (iUde
largeur. En façade (fig. 32), deux ouvertures de 0 m. 40 de largeur,
l'une à droite pour l'eau, l'autre à gauche pour l'avoine, et entre les
deux, un peu au-dessus, le râtelier.
Les stalles présentent les dispositions et les avantages de la stalle fixe.
En effet, les séparations sont pleines, mais elles sont mobiles et pré-
sentent par conséquent une plus grande garantie de durée, puisque
l'effort du cheval qui rue ou se roule n'a aucune action sur elles. Par la
376
MODELE DE GRANDE ECURIE.
manière dont elles sont suspendues, elles résistent aux efforts les plus
violents, et si elles se déplacent, elles n'en reviennent pas moins aussi-
tôt à leur point d'arrêt.
Les chevaux occupant le milieu de l'écurie, les murs restent libres
pour recevoir les harnais. A cet effet, derrière chaque cheval se trouve
(fig. 34) une cheville en accent circonilexe pour recevoir la selle et à
côté un caisson dans lequel le charretier place ses ustensiles et dont la
partie supérieure, ouverte, l'orme une sorte de yaîne sur laquelle
s'emboîte le collier. Celte manière de placer les colliers offre le grand
Kig. 32.
Vue d'une stalle ifécurie nar devan'.
avantage de ne pas les rompre ni les déformer, comme cela arrive géné-
ralement lorsqu'on les accroche à des chevilles.
Sur le côté de l'écurie, se trouve une galerie vitrée D, de 3 m. 50
de largeur, dans laquelle arrivent les wagons de paille, fourrages, etc.,
et qui est absolument réservée à la manutention. C'est dans cette gale-
rie que sont placés, sur un appentis G, les hache-paille, coupe-ra-
cines, etc., de telle sorte que les wagonnets arrivent au-dessous pour
en faciliter le chargement. Chaque écurie, disposée perpendiculaire-
ment à cette galerie, en reçoit le jour et 1 air par une grande ouver-
ture de 2 m. 40 de largeur sur 3 m. 50 de hauteur. Chaque écurie
possède en outre, du côté opposé donnant sur un couloir L, de 3 m.
de largeur, une ouverture de même dimension, qui sert exclusivement
au passage des chevaux. Dans ce couloir on voit d'abord un grand
MODÈLE DE GRANDE ÉCURIE.
377
réservoir d'eau R, et ensuite une piscine P par laquelle passent les
chevaux rentrant du travail. Sur le même couloir s'ouvre la maison
d'habitation H.
La largeur de l'écurie double est de 22 mètres, sur lesquels 1 m. 60
de couloir sont à déduire; il reste 5 m. 20 qui sont suffisants pour la
circulation. Les planchers ont 3 ni. 80 de hauteur, et l'écartement des
!^,•„^>,
|i ii)IIIU1i|liii^i//( Mtw -4-^^,^.
Fig 33. — Vue d'une stalle d'écurie par derrière.
fermes est combiné de manière que les montants qui forment l'enca-
drement des stalles leur servent de support dans leur milieu.
La voie ferrée I, qui part de la galerie vitrée D, est reliée au chemin
de fer de Lyon-Méditerranée à travers les magasins généraux de la
Compagnie de Bercy-Contlaus. Cette voie permet aux wagons de paille,
fourrages, etc., de décharger directement dans les greniers et maga-
sins. Elle sert en outre à la circulation du petit wagon qui enlève les
fumiers; ce petit wagon, muni de rails sur sa plate-forme, reçoit sur
celle-ci des wagonnets destinés à amener les rations dans chacun des
quatre couloirs de l'écurie. Cette disposition permet à un homme seul
de prendre et de distribuer les rations a toute l'écurie. Une fois chargé,
le petit wagon est amené en regard du couloir, un côté se rabat et les
wagonnets sont introduits dans le couloir.
378
MODELE UE GRANDE ECURIE.
Un palefrenier seul distribue ainsi, tout à son aise, d'abord la ra-
tion du soir et ensuite celle du malin. Celle-ci est versée dans des
trémies (fig. 33) dont le fond présente une inclinaison suffisante pour
■que la ration glisse dans la mangeoire dès que la clancheest soulevée.
Toutes les clanches aboutissent à une tringle commune se termi-
nant par un levier; il suffit de mettre celui-ci en mouvement pour que
tous les chevaux reçoivent leur ration du même coup.
Il en est de même pour l'eau. Il suffit d'ouvrir un robinet commu-
niquant par le tuyau r (fig. 31 ) au réservoir à niveau constant R, ettous
les chevaux ont à boire. A ce propos, plusieurs hommes compétents
ont manifesté leur crainte au sujet de cetle eau donnée à discrétion.
*-— ^^-.,
Fig. 34. — Remise des harnachements.
Mais l'expérience que M. Redier a faite depuis plusieurs années a
prouvé que cette crainte est chimérique : les chevaux commencent
à manger en rentrant, comme ceux que l'on renvoie au pâturage en
les dételant, et qui se gardent bien d'aller se gorger d'eau avant
d'avoir mangé.
Cette disposition rend la surveillance des rations d'autant plus
facile qu'aucun oubli, soit pour le boire, soit pour le manger, n'est
possible. Si un cheval est malade ou ne mange pas sa ration, ou pour
toute autre cause, on s'en aperçoit aussitôt; car les charretiers, ne
voyant pas l'avoine, ne peuvent la faire passer au voisin.
En outre les mangeoires, aérées des deux côtés, sont faciles à net-
toyer, et ne contractent jamais de mauvaise odeur.
MODÈLE dp: grande KHURIE, 379
L'écurie de M. Redier compte 40 chevaux; mais l'installation peut être
faite sur une plus petite échelle, de même qu'on pourrait l'augmenter.
Quant aux résultats, on peut les résumer en deux mots ; M. Redier
nous a affirmé avoir récupéré, en deux ans, d'une part par l'écono-
mie résultant de la bonne répartition de l'avoine, d'autre part par la
diminution des frais de manutention, la dépense occasionnée par l'in-
stallation de cette écurie. Excellente répartition de la nourriture, faci-
lité et économie d'entretien, telles sont les conséquences des ingé-
nieuses combinaisons qu'il a adoptées. Henry Sagnier.
AGRICULTURE MÉRIDIONALE. —DE MARSEILLE A NICE
Du pied des Alpilles où chante Mistral jusqu'aux bois de l'Estérel à
l'ombre desquels un autre grand poète_ Alphonse Karr, coule paisi-
blement ses vieux jours en chantant les roses, les paysages de Pro-
vence, riches de grâce et de majesté, parfaits de coupes et de con-
tours, malgré les tons sévères que le soleil leur imprime, n'ont rien à
envier aux paysages de l'Atlique. Qu'il suive à pied les sentiers décou-
pés dans les roches, les chemins du marinier, ou qu'il soit emporté
dans l'espace par la vapeur, le voyageur passe souvent, sans transi-
tion, de l'indifférence à l'admiration, de l'étonnement à la contem-
plation.
Longtemps délaissés ou peu fréquentés, les beiux rivages qui se
déroulent de Marseille à Nice ont subi aujourd'hui une véritable trans-
figuration. Des bourgades peuplées de pêcheurs vivant assez misérable-
ment dans des huttes en planches sont devenues comme par enchante-
ment des villes pleines d'attraits et de confort; des hôtels splendides
se sont élevés à la place des anciennes cabanes, et ces plaines,
autrefois malsaines, où croissaient le roseau et le laurier rose, sont
transformées en boulevards bordés d'eucalyptus et de palmiers-dattiers.
On a semé de l'or pour embellir et rendre coquettes ces petites villes
du littoral et pour y fixer l'étranger fortuné qui les visite. On allait
autrefois, sur des côtes étrangères, à la poursuite de ce climat, de ce
confortable qu'onavait sous la main. Aujourd'hui, les valétudinaires qui
cherchent à rétablir leur santé, les favoris de la fortune, les artistes
les plus aimés^ les hommes politiques les plus en vue, tout ce que
l'Europe renferme de grand et de fortuné vient à Menton, à Hyères, à
Saint-Raphaël, à Saint-Tropez, à Cannes, à Antibes, à Nice, pour y
jouir de la chaleur et de la lumière dont cette côte est inondée.
Le littoral méditerranéen offre en outre au savant des sujets d'études
variées, pleines d'intérêt, et à l'artiste un panorama des plus réussis,
une série de spectacles saisissants dignes du pinceau des grands
maîtres.
Là, des montagnes escarpées laissent affleurer très haut dans les
airs leurs roches nues et bleuâtres au sommet desquelles est bâti
le temple de la bonne Mère de la Garde. Du plus loin qu'il aper-
çoit l'humble chapelle, le marin provençal la montre an passager.
C'est la madone de la Garde que les pécheurs invoquent dans les mo-
ments de détresse lorsqu'ils sont surpris par l'orage; puis, quand le
beau temps est arrivé, ils vont pieds nus en marchant sur leurs
genoux, à travers les sentiers rocailleux, déposerl'ea; voto qu'ils avaient
promis. La région que nous parcourons rappelle par bien des côtés les
380 l'agriculture MÉRIDIONALE. — DE MARSEILLE A NICE.
sites de la Béotie et de l'Attique. Ces roches calcaires, aux formes
puissantes et imposantes, cette uniformité de couleur, celte pureté im-
placable des lignes, puis ces routes blanches et poussiéreuses qui
serpentent au fond des gorges pittoresques, tout cela donne à la contrée
un caractère empreint de grandiose et d'affreux qui se traduit dans
l'esprit par une idée de fatigue et de soif.
Ici se déroule une chaîne de collines couvertes d'oliviers au feuillage
grisâtre. La vigne qui rampe à ses pieds, entrelace ses pampres verts aux
membres rongés du vieux lutteur, et semble vouloir s'unir à lui pour
braver les feux du soleil. Sur ces coteaux exposés au midi, autrefois
couverts de vignes, aujourd'hui dépeuplés par le phylloxéra, fleurit
aussi la tendre immortelle dont la Heur jaune est vouée au culte des
morts. Le soleil prend soin de ses pétales dorées. On voit encore de
ci, de là, par touffes isolées, le sumac colorant, le thérébinthe,
le doux lentisque, le laurier-tin, aux baies noirâtres et aux petites
fleurs roses, qui forme des berceaux; le genêt doré au parfum péné-
trant; peu de bois, point de grands arbres, seulement quelques taillis
de chênes-verts et quelques massifs de pins d'Alep. Les pluies souhai-
tées souvent pendant un an sont toujours torrentielles, et ont entraîné
peu à peu dans la mer et dans les vallées la terre des montagnes.
Le soleil luit, éblouissant, calcinant la roche même ; le mistral souf-
fle, soulevant des nuages de poussière. Et dans les champs qui bjr-
dent les chemins, courbé sur son sillon, paisible et résigné, le paysan
endurci gratte cette terre ingrate sans se préoccuper du jeu étrange de
ces éléments qui conspirent contre son œuvre.
A la tombée de la nuit, tout change : le calme reparaît; au vent
impétueux succède, pendant les soirs d'été, une brise de mer,
fraîche, embaumée de romarin et de myrte odorant; une rosée
bienfaisante descend lentement sur les plantes et, entraînant avec elle
la poussière dont se recouvrent les oliviers, donne à l'atmosphère
cette limpidité, cette transparence qui sont l'attrait principal des nuits
du Midi, car elles laissent apercevoir la profondeur des cieux.
Poursuivons notre marche Dès que nous avons franchi le cap
Sicier, superbe bastion qui préserve le port de Toulon de la tempête
en brisant les vagues furieuses que soulève le vent du sud-ouest,
nous entrons dans une toute autre région. A des vallées fraîches et
ombragées où l'eau suinte des fissures du sol, succèdent des plaines
fertiles au milieu desquelles serpentent des rivières aux eaux argen-
tées. Des pins élancés, droits comme des colonnes, ombragent les
vallons; au fond coulent de petits filets d'eau ressemblant plutôt à
des nappes vermeilles dont la surface trahit à peine un léger tressaille-
ment. De Toulon à Fréjus, le département du Var n'a qu'une vallée
étroite et longue ; le reste est une série de plis de montagnes, de gor-
ges plus ou moins profondes qui méritent à peine le nom de vallons,
mais qui recèlent des beautés de premier ordre. Le sol, tout différent
de celui que nous avons vu de Marseille à Toulon, appartient à
l'époque primitive; les terrains phylladiens, d'une belle couleur, vous
font oublier la teinte cendrée et monotone des montacrnes calcaires
dont la Provence est écrasée; le granit et les schistes feuilletés ou
pailletés, avec leurs teintes variées, ont je ne sais quel aspect de fraî-
cheur et de vie que j'ai observé dans toutes les contrées où ces roches
se rencontrent et qui réjouit l'esprit. La vallée, proprement dite, que
l'agriculture méridionale. — DE MARSEILLE A NICE. 381
l'on suit en chemin de fer, et qui sépare très nettement la portion cal-
caire (le la région granitique, est elle-même formée de grès triasique,
de marnes aux teintes rouges, bleues, vertes, grises, du plus joyeux
aspect. Jusqu'à ce moment, les vignes plantées sur cette zone bigar-
rée ont ofiert un degré de résistance au phylloxéra bien supérieur à
à celles de la région crétacée. Les sols provenant de la désagrégation
d ■ s grès, sablonneux à l'excès, présentent le même phénomène d'immu-
nité que l'on observe sur les dunes de la Méditerranée et de l'Océan
et qui a produit de magnifiques vignobles là oii, vingt ans auparavant,
la mer venait encore vomir son écume blanche.
Enfin, entre ces grès et la mer qui baigne le pied des montagnes, se
trouve la chaîne des Maures qui s'étend sur le littoral méditerranéen,
sur une zone de 150 à 180 kilomètres de longueur, depuis Ilyères
jusqu'au petit ileuve le Var, qui, après avoir donné son nom à un
département, est allé rouler ses eaux torrentielles dans un départe-
ment voisin.
« Ce groupe de montagnes, dit E. Reclus, qui servit de boulevard
auN. Maures pendant le cours du neuvième et du dixième siècle, conserve
encore le nom de ses conquérants africains. 11 forme à lui seul un
système orographique parfaitement limité. Les massifs de granit, de
gneiss et de schistes sont séparés des montagnes calcaires environ-
nantes par les profondes et larges vallées de l'Aille, de l'Argens, du
Gapeau. En réalité, il constitue un ensemble aussi distinct du reste
de la Provence que s'il était une île éloignée du continent.
« La grande route et le chemin de fer de Marseille à Nice décrivent
une grande courbe autour des montagnes des Maures, sans pénétrer
dans un de leurs vallons; seulement deux routes à peine convenables,
très peu fréquentées, rattachent les bourgs et les villages de cette
réa;ion montueuse au réseau de voies de communication françaises. Ces
montagnes, dignes au plus haut degré de l'intérêt des savants par la
constitution géologique de leurs roches et le nombre de leurs plantes
rares devraient être également visitées par les simples touristes amou-
reux de la nature.
« Aussi bien que les Alpes et les Pyrénées, le système des Maures qui
couvre seulement une superficie de 80,000 hectares et dont la hauteur
moyenne ne dépasse pas 400 mètres, a sa chaîne principale et ses
chaînons latéraux, ses vallons et ses gorges, ses torrents et ses rivières.
Il a même son bassin fluvial complètement formé offrant en miniature
tous les phénomènes que présentent les vallées des grands fleuves. »
L'Esterel est séparé des Maures par la vallée de l'Argens; le sol de
cette contrée sauvage est formé aussi par les roches primitives d'érup-
tion autour desquelles se sont redressés des schistes.
La douceur du climat, la distribution uniforme de l'humidité à
travers les feuillures des schistes, la richesse naturelle du sol donnent
un puissant essorl à la végétation. La flore maritime de l'Algérie
donne la main à celle de la montagne. Les pms maritimes dressés en
haute futaie fournissent à Toulon et à Marseille les planches, chevrons,
pilotis et autres pièces que nécessite l'industrie du bâtiment. Les
bruyères, les cistes, les arbousiers, la lavande, le lentisque, le myrte,
le cytise, les fougères aux feuilles larges et crénelées forment des
fourrés impénétrables, causes des fréquents incendies qui désolent
les Maures au fort de l'été. Sur le penchant des montagnes, à leur
382 l'agriculture MÉRIDIONALE DE MARSEILLE A NICE.
base, dans les endroits frais, le châtaignier forme d'épais massifs ;son
feuillage gai se détache sur le 'vert sévère des chênes, contraste au-
quel sont habitués les voyageurs qui parcourent les régions grani-
tiques. Les marrons, fruits du châtaignier, sont emportés par chemin
de fer à Lyon et à Paris où ils sont connus sous le nom de marrons
du Luc ou de Lyon et particulièrement recherchés pour la confi-
serie.
L'industrie séricicole y est très avancée; eile a même engendré un
commerce international considérable; c'est le pays par excellence de
la fabrication des semences de vers à soie.
Mais la production la plus importante, depuis que la vigne chancelle
ou disparaît, celle qui fait qu'une véritable richesse se cache dans les
extérieurs et dans les intérieurs les plus modestes, celle dont on ne
parle guère dans nos livres d'agriculture, la vraie récolte enfin du pro-
priétaire des Maures, c'est celle du chêne-liège.
Le temps est bien loin derrière nous où l'on considérait le chêne-
lièo;e comme un obstacle à l'aménaoement des forêts et où on laissait
brûler, sans porter aucun secours, des forêts entières de cette précieuse
essence. Aussi bien en France qu'en Tunisie, qu'en Algérie et qu'en
Espagne, la faveur dont jouissent les forêts de liège me dispensent
d'entrer dans de plus longs détails pour le moment.
Que de fois j'ai couru les chemins impraticables de cette région des
Maures, allant dans tous les sens, quelquefois à l'aventure, et trou-
vant toujours à la Pabourette, à la Favière, et à la Mourre, sites poé-
tiques autant que sauvages, de bons amis qui ne ménageaient ni leur
temps, ni leur place, ni leur bourse pour me rendre chez eux le séjour
plus agréable, choses qu'on ne saurait faire à Paris car, comme le dit
quelque part Dumas I", à Paris on n'a réellement de temps, de place et
d'argent que pour soi.
Plus tard, emporté par une maladie qui ne m'est point particulière,
celle du voyage, maladie incurable s'il en fut. je visitais une contrée plus
pittoresque encore, et plus remplie d'imprévu :1a Catalogne. Là encore,
le chêne-liège s'offrait à mon observation ; mais il n'était pas seul. Dans
la province de Valence, les orangers que je connaissais de vue, car nous
en avons en pleine terre à OUioules qui laissent cueillir leurs beaux
fruits par-dessus les murs des vergers, les orangers dis-je, m'appa-
rurent vraiment ce qu'ils sont : des arbres élégants et grandioses, au
feuillage sévère cootrastant magnifiquement avec le beau ciel toujours
bleu de l'Espagne.
Chemin-faisant, de ci, de là, j'ai recueilli quelques notes que je
demande aux lecteurs du Journal do l'agriciiUiire la permission de
leur présenter. F. Gos,
Répétiteur à l'Instituî. agronomique.
NOUVELLES INVENTIONS AGRICOLES
ANALYSE SOMMAIRE DES DERNIERS BREVETS DÉLIVRÉS.
162,160. Le Callenec. 15 mai 1884. Semoir à simple et à double distribution,
appropriée à la petite et à la moyenne culture. — Ce semoir est entièrement
construit en fonte et en fer, sauf la caisse qui est en Lois et qui présente deux
compartiments superposés : celui d'en bas pour la semence et celui d'en haut
pour l'engrais convenablraeent préparé ; la semence et l'engrais peuvent être dis-
tribués séparément, et en telle quantité que l'on désire. Le compartiment supé-
rieur renferme des distributeurs circulaires à palettes, et l'inférieur est muni de
NOUVELLES INVENTIONS AGRICOLES. 383
brosses rotatives ; ces organes distribuent la matière dans les godets disposés
contre la paroi postérieure de la boîte, d'm'i elles tombent dans les « bottes » qui
la déposent dans le sol. La forme rétrécio de ces bottes à la partie pestérieure
permet à la terre de revenir d'elle-même recouvrir la semence et l'engrais déposés;
d'un autre côté, comme c'est à l'arrière qu'elles sont percées, le semeur peut
t'ac'lement surveiller le travail de la machine.
Le mouvement est donné aux organes distributeurs par une roue latérale rou-
lant sur le sol, et qui peut être relevée à volonté pour arrêter le travail. Les deux
roues de l'avant-train sont montées sur deux essieux séparés et peuvent se rap-
procher ou s'éloigner l'une de l'autre.
162,193. Société Knaoth et Cie. 17 mai 1884. Jardinière destinée à l'élevage
en chambre des plantes exotiques. — L'appareil décrit dans ce brevet n'est destiné
qu'à la culture des plantes en appartement ; il permet, dit le breveté, d'obtenir
une végétation durable. Il se compose d'un plateau à fond perforé, rempli de tai;, .
sciure de bois ou autre substance analogue, dans laquelle on place les plantes;
au-dessous de ce plateau se trouve une cuve pleine d'eau, chautfée par une lampe,
le tout supporté par un trépied. On peut laire tourner le plateau supérieur, indé-
pendamment de la cuvette et du pied, pour éviter que les plantes ne poussent
obliquement. Plusieurs variantes de l'appareil sont décrites.
162,200. YuLL, VoGi^L et Ihle. 17 mai 1884. Innovations aux macfiines_ à
battre le blé. — On s'est proposé dans ce brevet d'éviter l'inconvénient du poids
des courroies motrices, surtout lorsqu'elles sont longues, qui tend à détruire le
parallélisme du tambour de la batteuse. On les remplace par des cordes ; toute-
fois, si l'on emploie un chariot intermédiaire portant un débrayage, des courroies
peuvent conduire de là à la batteuse.
D'autre part, le brevet décrit une disposition pour empêcher le blé égrené sor-
tant du panier de se mêler aux menues pailles, et une disposition pour chasser
les grains mêlés à la paille venant du secoueur.
162.264. Brizion. 24 mai 1S84. Houe extirpntfur à charrue vii^neronne. — Le
brevet porte sur une houe à cheval dans laquelle les tiges qui portent les socs
sont rondes et assujetties par des vis de pression, dans les douelles de même
forme disposées sur les longerons. De plus, ceux-ci, articulés l'un sur l'autre à
l'avant, au sommet de leur angle, peuvent se rapprocher ou s'écarter, de manière
à diminuer ou à augmenter la largeur du champ de l'instrument : deux arcs de
ce'-cle fixés sur les longerons servent à les guider pendant ces mouvements de
rapprochement et d'écart, et une vis de pression disposée sur la tète des manche-
rons les assujettit en position et arrête les longerons. Enfin, un levier avec poignée
à verrou, placé à la disposition du conducteur, permet de faire varier la hauteur
de la roue d'avant et par conséquent l'entrure.
162.265. GHEVALitiR. 24 mai 1884. Xouvclle moissonneuse pour couper le blé
à sillon. — Cette moissonneuse, destinée à la petite et à la moyenne culture, est
caractérisée par sa disposition générale combinée en vue de permettre la coupe
du blé à sillon et de former une gerbe de grosseur variable. Le conducteur arrête
la machine pour poser la gerbe. Un lien posé à l'avance sur le tablier où la gerbe
est rabattue par les râteaux permet de la lier rapidement. Un homme et un seul
cheval suffisent pour la manœuvre et la conduite de la machine.
162.266. Renard. 24 mai 1884. Charrue avec ses agrès et pièces de rechange
servant à former différents inslraments agricoles. — Ce brevet décrit une série de
dispositions variées pour charrues et montre la forme d'une quantité d'outils sus-
ceptibles de remplacer les socs. Un seul homme sutfit à la conduite de la charrue.
Lorsque l'appareil forme une charrue bisoc, le retournement se fait automatique-
ment à la fin du sillon. De même, l'entrure est réglée automatiqueraunt. Un pa-
lonnier spécial facilite le tirage dans les diflérents cas. Grâce aux dispositions
adoptées, les instruments peuvent travailler indiiléremment en plaine on en pente;
on peut en outre éviter la culture en planches avec raies à intervalles divers qui
abîment les moissonneuses.
162,283. Vesterung et Semler. 21 mai 1884. Système perfectionné d'appa-
reil de séc/iafje jiour fruits et l-gumes. — L'appareil, en forme de caisse prisma-
tique élevée, contient une série de plateaux ou claies superposées chauffées par
de l'air chaud fourni par un caloiilère placé à la paitie inférieure. Les claies sont
disposées de manière à créer des chicanes pour l'air chaud, afin qu'il agisse d'une
manière uniforme sur toute la hauteur de l'appareil. A la partie supérieure, se
trouve une galerie qui permet de venir retirer la claie la plus élevée, qui vient se
384 NOUVELLES INVENTIONS AGRICOLES.
présenter à l'orifice de sortie lorsqu'on déploie un parallélogramme articulé placé
Las et manœuvré par une manivelle adaptée à un carré disposé à l'un de ses
sommets; ce parallélogramme fait ainsi remonter tous les plateaux superposés, et
pendant cette manœuvre le plateau le plus bas vient s'appuyer sur des taquets à
ressort, ce qui permet de replier le parallélogramme et de laisser libre de cette
manière la place nécessaire pour enfiler une nouvelle claie qui se trouvera située
sur toutes les autres et restera dans l'appareil jusqu'à ce qu'elle vienne se présen-
ter à son tour devant l'orifice de la sortie supérieure.
162,293. Maude. 23 mai 18S4. Modifications aux appareils exerçant une pres-
sion sur le contenu des silos. — Au-dessus de chaque compartiment du silo se
trouve une bielle centrale de pression agissant sur un plateau. Ces bielles cen-
trales peuvent être appuyées vers le bas par une pression hydraulique, avec ou
sans ressorts, ou par un levier actionné par une chaîne enroulée sur un treuil.
Gh. Assi ET L. Genès,
Ingénieurs-conseils en matière de brevets d'invention,
36, boulevard Voltaire, à Pans.
AGRICULTURE DE BASSE-PICARDIE EN 1884- — II
IV. Recolles (le 1884. — En ce qui concerne la production végétale,
nous devons constater que dans les champs épargnés par la grêle, les
céréales ont donné des moyennes assez satisfaisantes.
Les prairies artificielles, malheureusement peu abondantes, ont
fourni, en faible proportion, des foins d'excellente qualité, tant en
premières qu'en secondes coupes.
N'omettons pas d'ajouter que les jeunes trèfles, luzernes et sainfoins,
étiolés et fortement éclaircis pendant leur première végétation, par les
insolations de juin, juillet et août, laissent des craintes motivées pour
leurs produits de 1885.
Le lin, dont la culture autrefois avantageuse dans les terres spécia-
lement propres à cette plante, s'est prodigieusement restreinte par
suite des importations exotiques, a donné des résultats passables
en 1884. Il en a été de même pour le chanvre. La récolte des œillettes
s'est trouvée inférieure à la moyenne ordinaire et, en outre, les prix de
cette oléifère sont tombés de plus de 20 pour 100. Les betteraves, lan-
guissantes pendant les sécheresses estivales, ont repris une végétation
plus active cet automne. Les pommes de terre, belles et saines, otïrent
généralement un rendement satisfaisant.
La sécheresse prolongée fut très nuisible aux pâturages permanents.
Comme les bas prix des céréales et la rareté de la main-d'œuvre déter-
minent, tous les jours, la création de nouvelles pâtures, la valeur du
bétail maigre s'élève dans une progression tout à fait anormale. D'un
autre côté, les prix consentis par la boucherie, loin de suivre la même
proportion, ont plutôt baissé, et les herbagers, après avoir couru les
chances d'épizootie et autres pertes habituelles, voient leurs bénéûces
réduits à des chiffres infimes. Il en résulte un découragement qui se
traduit par une baisse inusitée et progressive du fermage des pâtures si
recherchées encore il y a peu d'années. Cette baisse atteint souvent
50 pour 100. La valeur vénale des fonds en herbages a décru suivant
la même progression.
Moutons. — Le prix des laines, tombé de 50 pour 100 depuis dix
ans, et celui du mouton gras s'étant peu relevés, il en est résulté une
diminution considérable dans le nombre, comme dans l'importance
des troupeaux.
Porcs. — Le bas prix des porcs gras a entraîné l'avilissement de
celui des porcelets. Cette branche de production avait une importance
AGRICULTURE DE LA BASSE-PICARDIE. 385
considérable ea basse Picardie, surtout en Marquenterre, oii l'entre-
tien des truies portières procurait souvent de sérieux, bénéfices à la
petite culture, et rémunérait les soins minutieux et intelligents des
ménagères.
Chevaux. — Le commerce des chevaux boulonnais, dont la produc-
tion et l'élevage se font à grands frais, en basse Picardie, dans l'espoir
rarement déçu, sinon d'un bénéfice important, tout au moins, d'une
vente régulière, est tombé à tel point qu'on trouve difficilement ache-
teurs, même à prix très réduit, pour les poulains des divers âges,
condition déplorable pour l'industrie chevaline locale.
V. — L'agriculture française se trouve, par son climat, dans une
situation exceptionnellement favorable à la production de toutes les
choses nécessaires à la vie.
Le blé fut de tout temps le principal objectif de ses assolements.
Peut-être, a-t-elle dépassé le but, en consacrant trop souvent aux
céréales des terres peu propres à leur culture. On pouvait apporter
quelques tempéraments à cette tendance agricole, en ce qu'elle avait
d'excessif. Mais, aucun économiste de bon sens, à quelque école qu'il
appartînt, n'eût contesté l'heureuse fortune pour notre pa}'s de tirer
de son sol fécondé par le travail des habitants, les produits nécessaires
à l'alimentation, ainsi que la plupart des matières premières requises
par les industries nationales.
Malheureusement, une application funeste et persistante des doc-
trines d'un fallacieux libre-échange, a créé une concurrence écrasante
pour les denrées issues du sol français et qui en faisaient naguère la
richesse. Pour ne citer ici, que les céréales, nos marchés ne sont-ils
pas encombrés de blés exotiques? Cet énorme stock grossit sans cesse,
avilissant les prix bien au-dessous des prévisions les plus pessimistes,
au-dessous de ce que la précieuse céréale coûte à produire chez nous.
Cet état de choses donne lieu chez les travailleurs agricoles, ouvriers,
ménayers, fermiers ou propriétaires, à un profond découragement
qui, malgré la baisse inouïe de la valeur vénale et locative des terres,
précipite encore l'abandon du travail agricole et la désertion des
campagnes.
Cet abandon a pris de telles proportions, dans ces derniers temps,
qu'un grand nombre de champs, même de petite étendue, restent en
friches; que bien des fermes très recherchées, il y a peu d'années,
aujourd'hui absolument délaissées, ne trouvent preneurs à aucun prix,
pas môme à la seule charge de payer l'impôt foncier'.
VI. — Bien des agronomes en chambre, bien des économistes de
cabinet, naguère libre-échangistes fanatisés, sont, par la force des
choses, obligés d'ouvrir les yeux sur les désastres de l'agriculture. Ils
ont d'abord plaidé les circonstances atténuantes en faveur du faux libre-
échange qui accumule, coup sur coup, tant de ruines dans la Somme,
de même que dans les départements limitrophes, l'Aisne % l'Oise, le
Pas-de-Calais, la Seine-Inférieure. Forcés enfin de se rendre à l'évi-
dence, ils viennent maintenant dire aux cultivateurs, avec cette in-
croyable outrecuidance que donne le demi-savoir : « Puisque la cul-
1. Nous en avons de douloureux exemples dans nombre de communes de notre voisinage et
jusque dans notre chef-lieu de canton.
2. Les assertions produites au Sénat par M. de Saint- Vallier relativement à l'abandon de huit
cents frrmes dans l'Aisne, n'ont pu être contredites Et il ne faut pas oublier que les terres de
l'Aisne sont généralement de baute fertilité.
386 AGRICULTURE DE LA BASSE-PICARDIE.
turc des céréales est devenue ruineuse, que les produits animaux seuls,
sont encore recherchés, transformez donc voli'e mode d'exploitation.
Plus de champs cultivés! Plus de moissons ! Plus de blés coûteux !
Créez des herbages ! Elevez de nombreux bestiaux ! Fabriquez-nous de
la viande, toujours de la viande, encore de la viande! Sa consomma-
tion ne peut que croître avec l'aisance générale. »
Etonnons-nous, en passant, qu'on ose invoquer l'aisance générale,
devant tant de sinistres, tant de ventes forcées, de mobiliers ruraux,
de récoltes sur pieds, tant d'annonces de fermes abandonnées, à louer
et à vendre !
Quant à la brus:jue transformation cullurale, prêchée aussi légère-
ment, par de soi-disant agronomes qui, n'ayant jamais cultivé, ne se
sont pas trouvés aux prises avec les faits tangibles et les difficultés de
la pratique, trop de motifs en interdisent la réalisation, même partielle.
Si théoriquement il est vrai que les méthodes de culture doivent être
modifiées peu à peu, en faisant une part de plus en plus large, aux
fourrages, à l'élevage des animaux, au système pastoral, ne perdons
pas de vue que le temps et le capital sont les facteurs indispensables de
ces modifications.
Pour les tenter avec quelques chances de succès, il faudrait d'abord
préparer de longue main, un stock de fourrages secs, beaucoup plus
considérable que d'ordinaire, pour la saison où le bétail est tenu à
l'étable, c'est-à-dire pour la moitié de l'année.
Pour l'autre moitié, il faudrait créer des pâturages, à grands frais et
avec des soins minutieux sur les champs qui conviennent à la produc-
tion herbagère permanente ou temporaire. Or, bien des terres sont peu
favorables à cette production qui ne peut être improvisée, même sur
les meilleures, où pour réussir, elle demande toujours une préparation
pins ou moins longue.
Si l'on destine ces pâturages aux bêtes bovines, il faut les entourer
de clôtures solides dont l'établissement et Fentretien ne laissent pas
que d'être fort dispendieux et réclament une surveillance continuelle.
Les animaux doivent aussi être pourvus, régulièrement et abon-
damment, d'eau fraîche qui leur est encore plus indispensable que
l'herbe. Enfin, la conservation des gazons oblige à un épandage très
fréquent des déjections, ainsi qu'à des fumures ou tout au moins à des
applications périodiques d'engrais commerciaux.
VII. — Après avoir pourvu par avance, tant à la nourriture d'hiver
des bestiaux, qu'à leur pâturage estival, il reste à se procurer les ani-
maux eux-mêmes qui transformeront ces fourrages, secs ou verts, en
élèves, produits laitiers ou viande. Le succès de ces achats demande
un tact qui s'acquiert par la pi-atique. 11 exige aussi beaucoup de pru-
dence, car le capital engagé est infiniment plus élevé que pour la cul-
ture des terres à céréales. Or, pour se procurer ce supplément de
capital, on est le plus souvent oblige de recourir à des emprunts assez
onéreux, ne pouvant être contractés qu'en fournissant des garanties
sérieuses.
La plupart des conditions sus-énonce'es s'appliquent également aux
terrains d'une fertilité moins élevée, qu'on destinerait aux bêtes à laine.
Là aussi, pour réussir, une abondante alimentation d'hiver à la ber-
gerie est indispensable, de même que des pâturages de bonne qualité
pour la belle saison. On n'a, dans ce cas, aucune clôture à installer,
AGRICULTURE DE LA BASSE-PICARDIE. 387
mais il faut aux bergers des salaires dispendieux qui constituent une
dépense au moins aussi élevée.
Vill. — Les explications sommaires qui précèdent, sulli.->ent à dé-
montrer que la translbrmation d'une ferme à céréales en une ferme à
élevage, produits laitiers ou engraissement, est une opération agricole
qui ne peut être improvisée ; quelle exige du tem[)s et ne réussit bien
que sur les sols préparés de longue main à la végétation fourragère et
berbacée ; qu'elle nécessite une avance, relativement importante, de
capitaux dont la rentrée ne peut s'opérer qu'à longue échéance; qu'elle
demande des connaissances de zootechnie pratique toutes spéciales;
enfin qu'en cela comme en tout ce qui concerne l'agriculture, le temps
et la persévérance sont indispensables au succès.
Ces réserves faites, n'hésitons pas à conclure, d'après l'expérience de
notre longue carrière agricole, que les produits animaux sont appelés
à conquérir, peu à peu, par la force des choses, une place de plus en
plus importante dans l'économie rurale française.
Nous sommes profondément convaincu que si les agriculteurs
trouvent dans l'avenir un palliatif à leur détresse actuelle, c'est l'éle-
vage du bétail qui le leur fournira.
A ceux de nos voisins de basse-Picardie qui réunissent encore assez
d'épaves de notre grand naufrage agricole, pour pouvoir résister viri-
lement au découragement général, et qui veulent bien accepter les con-
seils de notre vieille expérience, nous disons donc :
« Augmentez progressivement votre mobilier agricole vivant, en
réservant dans vos assolements une étendue de plus en plus large aux
plantes fourragères. Si vous avez des terres propres aux pâturages per-
manents, convertissez-en une bonne partie en herbages pour les bêtes
à cornes. Si, au contraire, la nature de votre sol convient mieux aux
pâturages temporaires, élevez-y toutes les bêtes à laine qui pourront s'y
nourrir profitablement. Etendez peu à peu tous ces pâturages en dimi-
nuant d'autant les surfaces en labour. Ne négligez pas la production
chevaline, ne serait-ce que pour renouveler vos attelages, au fur et à
mesure des remplacements nécessaires. Conservez une porcherie assez
importante pour consommer utilement vos pommes de terre, les issues
de la laiterie, les otons et les purures de vos grains.
« N'oubliez pas la production des œufs et de la volaille. Une bonne
ménagère y trouve de grandes ressources pour la consommation inté-
rieure de la maison et un profit qui dédommage largement des soins
consacrés aux oiseaux de basse-cour. » ■
Pour tous les propriétaires, des grands comme des plus petits
domaines, nous devons ajouter, avec insistance, aux avis qui précèdent,
le conseil d'augmenter progressivement les enclos qui confinent aux
fermes; de les engazonnerd'herbes de bonne qualité; d'y planter, avec
les soins désirables, des pommiers à cidre et au couteau des meilleures
espèces, surtout des plus tardives. Ces dernières sont les moins expo-
sées à souffrir des gelées printanières si fréquentes et si funestes aux
vergers de basse-Picardie. Des plantations de haute futaie autour des
enclos protégeront les pommiers contre les vents de mer et les bestiaux
contre le hàle et les insolations. Elles fourniront, en outre, des pro-
duits en bois réalisables dans l'avenir. Enfin, comme les bois de toute
espèce seront toujours nécessaires, qu'ils paraissent destinés à résister
à l'avilissement des autres produits végétaux, il sera d'une bonne éco-
388 AGRICULTURE DE LA BASSE-PICARDIE.
nomie rurale de planter annuellement quelques parcelles en taillis,
d'essences les mieux appropriées au terrain, dans les champs de mau-
vaise ou médiocre qualité, ou à pentes rapides, ou seulement trop éloi-
gnés de la ferme.
En opérant régulièrement les plantations annuelles que nous re-
commandons, on aura, en peu d'années, et à frais modérés, converti
en bois productifs des surfaces dont la culture est presque toujours
onéreuse. On créera ainsi, sur des champs ingrats, une valeur qui
augmentera d'année en année. Nous croyons devoir insister sur ce
mode d'amélioration, dont nous pouvons démontrer les avantages par
des exemples probants, sur nos terres de qualité inférieure. On y
constatera que la coupe des taillis ne tarde pas bien longtemps à
compenser les sacrifices faits pour leur plantation. Ajoutons qu'en
attendant l'époque où cette coupe donne des produits rémunérateurs,
c'est tout au moins une réelle satisfaction pour le planteur de voir se
développer continuellement la végétation ligneuse appelée à constituer,
à la longue, un nouveau capital forestier.
IX. — Résumons-nous, en affirmant que les agriculteurs des peti-
tes comme des grandes exploitations qui sauront restreindre les surfa-
ces cultivées, en augmentant d'autant celles destinées à la nourriture
du bétail de toute espèce, y trouveront les avantages suivants :
1° Economie d'une portion notable des frais de main-d'œuvre et de
culture;
2° Accroissement de la masse et de la qualité des fumiers à consa-
crer à une moindre étendue de terre à labour, d'où culture plus inten-
sive et récoltes relativement plus abondantes ;
o" Produits animaux plus importants, d'une vente infiniment moins
désavantageuse que celle des céréales ;
4" Enfin, conservation et amélioration progressive de la fertilité du
sol.
Ces conseils, nous les mettons en pratique pour la culture de nos
terres abandonnées. Ils s'adressent aux agriculteurs, fermiers ou pro-
priétaires assez énergiques pour envisager l'effondrement agricole
sans désespérer absolument de l'avenir. A ceux-là qui font de virils
efforts pour lutter jusqu'à la venue de temps meilleurs, nous dirons :
« Ne vous bercez d'aucune illusion. Malgré l'énorme baisse de la va-
leur des terres, la situation ne peut changer de sitôt, contentez-vous,
puisqu'il le faut, des plus modestes bénéfices. Sachez utiliser laborieu-
semnt tout ce que le vieux sol de la patrie nous laisse encore de res-
sources. Fragmenta colligite ne pereant. Pas de défaillance ! travaillons
sans relâche. » E. Hecquet d'Ohval,
Correspondant Je la Société nationale d'aj^TicuIture de France
LES VIGNES DU HAUT-BAILLY (GIRONDE)
Quand M. Bellot des Minières acheta le Haut-Bailly, dans les graves de Léo-
gnan (Gironde), en 1872, on y faisait d'excellent vin, mais un peu rude, à sève
courte et manquant de bouquet. En examinant les croupes, il fut frappé de ce
fait que les vignes étaient plantées sur de la terie des landes, noirâtre et friable,
au lieu de reposer sur le sol caillouteux que la constitution géologique du pays
et l'orientation indiquaient; de plus, que les 100,000 ceps dont se composait le
vignoble en comprenaient environ 60,000, tels que l'enrageat, le grappu, le tein-
turier, le périgord, cépages donnant un produit abondant mais inférieur. Un
travail de Romain lut alors conçu et exécuté : tous les cépages grossiers furent
LES VIGNES DU HAUT-BAILLY (GrRONDK). 389
arrachés et remplacés en plants et non en barbots, dans les intervalles qu'allaient
laisser les partants. Un trou d'un mètre de large et de profondeur, sur l m. 50
de long, bourré de compost, reçut ces plants. En creusant, k grave pressentie
s'était montrée à ,30 centimètres, aussi fut-il décidé d'y descendre également les
pieds restant. Ces derniers furent sapés, et une grande partie de leurs racines
allèrent jilonger dans ou près des trous, foyers de végiitation. qui avaient reçu
les plants nouveaux. C'était une véritable création! Deux ans après, les vieilles
vignes, qui avaient puisé leur vie dans ce nouveau terrain, donnaient ce nectar
de 1874 : la sève et le bouquet étaient trouvés, ainsi que le gras, le cuit ou rôti
et la robe.
A Haut-Bailly, le terrain est siliceux et caillouteux, parsemé d'oxydes ferrugi-
neux. La section des immenses fossés qui entourent en partie la propiiété accuse
une profondeur de terrain graveleux d'environ 5 mètres, et le puits artésien qu'on
y a creus'î laissa constater une couche graveleuse de 17 mètres d'épaisseur. Dans
certaines parties, à un mètre, on trouve un banc d'argile. Où l'on voyait jadis
des rochers, des ravins, repaires de reptiles, se trouvent aujourd'liui, et grâce
aux efl'orts énergiques du propriétaire, des pièces de vignes parfaitement nivelées :
complète transformation accomplie en peu d'années, mais au prix de quelles fa-
tigues 1 de quels sacrifices!
Toutes les pièces de vignes ont une pente qui permet dé recueillir les eaux de
pluie et de drainage dans des fossés qui aboutissent à un fossé coU-ecteur, lequel
s'écoule à volonté, parce que, au moyen d'une vanne, on retient les eaux pour en
retirer tous les fumiers ou matières fertilisantes qui s'y trouvent en suspension ;
elles ne sont donc lâchées qu'après cette opération
L4 domaine, qui comprend 80 journaux, est complètement entouré, notam-
ment par des fossés très profonds et très larges, doublés d'une forte clôture,
haute de 1 m. 75, et se trouve, par suite, entièrement à l'abri d,es maraudeurs et
des animaux.
Jjes croupes vont du nord au sud et au levant. En été, dès trois heures du
matin jusqu'au soir vers huit heures, le soleil inonde flaut-Bailly de ses rayons,
lui prodiguant ses longs baisers, pour parler comme le poète, sans que le moindre
arbre vienne projeter son ombre sur ce vaste champ de lumière.
Les cépages sont le Gabernet-Sauvignon, le Malbec, le Merlol, le Verdot, la
Carmenaire et divers autres de bon choix. Le Cabernet-Sauvignon occupe les
sept douzièmes du vignoble; les cinq autres, chacun un douzième; de sorte que
l'ensemble d'une barrique de vin de Haut-Bailly est composé Je : 7 douzièmes de
Gdbernet-Sauvignon, 1 de Malbec, 1 de Merlot, 1 de Verdot, 1 de Garmenaire,
1 de divers cépages fins.
11 est établi en principe, à Haut-Bailly, que chaque pièce de vigne doit toujours
.■lïoir un contingent de 3,200 pieds au journal, soit 10,400 pieds à l'hectare.
Uuand un cep décline et s'en va, il est immédiatement remplacé. Point de vides
dans cette armée dont le produit, véritable conquérant, a depuis longtemps fait
la conquête du globe! Aussi est-ce eu vain que le regard s'étendant au loin
cherche le sol : c'est un tapis de verdure sans le moindre trou. Et c'est en vain
aussi que vous chercheriez le chiendent.
On fait de huit à dix façons par an à Haut Bailly. Tous les cinq ans la propriété
est entièrement fumée, en procédant par cinquième chaque année. Et n'allez point
parler à son propriétaire d'engrais chimiques, etc., c'est du fumier d'étable qu'il
emploie et pas d'autre, avec bruyères, beauge et terre légère. Dans ce compost il
entre chatjue année de 800 à 1,000 charrettes de fumier des vaches laitières de
Gadaujac, Villenave, etc.
Le propriétaire de Haut-Bailly a abandonné la taille du .Médoc pour revenir à
l'ancieune taille kcôt qui lui semble préférable pour la contrée. Pour éviter l'an-
trachnose et l'oidium, il opère en temps opportun un badigeonnage général
avec de l'acide sulfurique au dixième, sans préjudice de cinq à six soufrages
ultérieurs.
Et que de précautions employées dans la vinification; c'est plus que de la
science, c'est de l'art vinicole. Certes, s'il est dans la Gironde dis vins qui mé-
ritent depuis longtemps de gravir l'échelle de la classification, — il n'en manque
point en Médoc, — le cru de Haut-Bailly s'impose d'une manière toute spéciale.
Loin de moi la pensée d'emboucher la trompette de l'éloge I Je constate un l'ait.
D'ailleurs, le commerce conlirme mon appréciation en payant les vins de Hiut-
Baillv un prix hors de pair parmi ceux de la contrée, et je dis simplement tout
390 LES VlGNliS UU HAUT-BAILLY (GIRONDE).
haut ce que plus d'un pense tout bis. — « C'est un Ghambertin réussi doublé
d'un Ghâtcau-Margaux, » a dit tel dé£^ustateiir que je connais; et tel autre, en
présence de deux bouteilles de 1874, l'une de Haut-Bailly, l'autre de Lalitte, s'est
prononcé en faveur du premier... Et les années suivantes sont à l'avenant.
Tel est le résultat d'un labeur incessant, làclie pénible, qu'a su obtenir
M. Bellot des Minières. Dès l'aube, il dirige son personnel et ne le quitte que le
soir, toujours payant de sa personne, encourageant les bons travailleurs, d'est
tout bonnement chez lui l'amour passionné de lu viticulture; aussi, dans la con-
trée, son nom est synonyme de « roi des vignerons. «
Ainsi que je le dis plus haut, le sol, à Haut-Bailly, est partout caillouteux.
On y trouve même le cnillou du kcdoc qui, une fois travaillé, est remarqua-
blement beau; aussi la dame du lieu peut-elle dire comme ce gentilhomme,
propriétaire en Médoc, interrogé par Louis XV sur la provenance de belles
pierres dont il se parait : « Je porle les diamants de ma terre. »
En terminant cette rapide et incomplète description du château du Haut-Bailly,
il me revient en mémoire une légende qui a fait remonter la renommée du cru
au temps des croisades. Je ne sais si elle dit vrai ; mais, ce qui est certain, c'est
que son propriétaire actuel a donné à la Gironde, ou pourrait dire à la France,
un des meilleurs crus qu'elle possède. • Ignis.
MËTÉOROLOUIE DU MOIS DE NOVEMBRE 1884.
Voici le résumé des observations météorologiques du parc de
Saiiit-Maur, en novembre 1884 :
Moyenne barométrique à midi : 762""". 45; minimum, le 21 à 2 heures du soir,
749""". 64 ; maximum, le 10 à 9 heures du malin, 771""". 53.
Moyennes thermo métriques : des minima, O^.Sl; des maxima, 7°. 88; du mois,
4". 34; moyenne vraie des 24 lieures, 4°. 09. Minimum le 26 vers 6 heures du
matin, — 6^.1 ; maximum le 7 dans l'après-midi, 19».!.
12 jours de gelée et 4 jours de gelée blanche.
Tension moyenne de la vâpcu'- : 5""". 70; la moindre, le 26 à 6 heures du
matin, 2"'". 9; la plus grande, le 4 à 1 heure du soir, 10'""'. 3.
Humidité relative moyenne : 91 ; la moindre, le 19 à 3 heures du soir, 43;
la plus grande 100, en 26 jours.
Température moyenne de la Marne, 6». 75; elle a varié de 10". 16, le 8, à 3°. 68
le 30. Plus basse encore que dans les mois précédents et extraordinairement
claire.
51 heures et demie de p^-tites pluies, réparties eu 14 jours; n'ont donné que
17""". 5 d'eau; la journée la plus luimile, le 29, a fourni 5""". 3 d'eau de pluie et
de neige; il était déjà tombé un peu de neige les 22 et 23.
Il y a eu 7 jours de brouillard à l'Observatoire et 2 jours de brouillard bas sur
la vallée de la Marne.
Les venls dominants ont oscillé autour du SW et du NE.
11 y a eu ni tonnerre ni éclairs.
Moyennes à 7 heures du matin : Baromètre, 762""". 55; thermomètre, 2'"û3;
tension de la vapeur, 5'""'. 34; humidité relative, 97; nébulosité, 62.
Relalivemenl aux. moyennes normales, le mois de novembre 1884
présente les résultats suivants : baromètre plus haut de 5"'".G1 ; ther-
momètre plus bas de r.7'2; tension de la vapeur moindre de 0"""'.C3;
luimidilé relative plus grande de 4; nébulosité moindre de 13; pluie,
un tiers de la hauteur normale.
Le Pelargonium zonale a résisté aux deux minima de — 5M qui
ont eu lieu les I 7 et 20 novembre. Jusqu'ici j'avais cru le point de con-
gélation de cette plante bien déterminé à — 4". 3. Cette résistance plus
grande tient-elle à la chaleur de 1 élé ou à ce que cette chaleur s'est
prolongée jusqu'en septembre, ou la sécheresse de l'année ou spécia-
lement un peu de pluie de l'arrière-sai.son ; c'est ce que je ne saurais
décider quant à présent; j'incline toutefois à l'attribuer à cette der-
nière cause. E. Rt-Nou,
Membre de l;i Socielé nalioniile d'agriculture.
SUR l'organisation du GRKDIT agricole. 39i
SUR L'ORGANISATION DU CRÉDIT AGRICOLE
Pour répondre à M. Ayraud, sur la question de l'orgaaisatioa du
crédit agricole, je commencerai par lui dire franchement ce que je pense
au sujet du projet qu'il nous propose, lui Liissant le droit et la liberté
de réplique.
En premier lieu, c'est bien de la création d'un papier-monnaie, qu'il
s'agit dans le projet de M. Ayraud; ce qui exciterait nécessairement
de la part de la Banque de France, une opposition très énergique, ce
qui ne veut pourtant pas dire qu'elle aurait tort, car, quand on défend
ses droits et ses intéjèts, on a toujours raison.
En second lieu, il est très probable que les nombreuses demandes
nécessiteraient la création d'une quantité considérable du papier-
monnaie dont il s'agit, ce qui exercerait nécessairement une dépré-
ciation sur la valeur du capital monnayé, dépréciation que chacun
peut apprécier à sa guise, et que, pour ma part, j'estime à environ
25 pour lut), dans le cas où l'émission dudit papier serait portée au
chiffre très respectable de 5 milliards, comme il en a été question.
En troisième lieu, l'émission de ce papier-monnaie, constituerait un
privilège, même pour ceux qui donneraient leurs propriétés en gage,
privilège qu'on ne pourrait accorder à tous ceux qui en feraient la
demande, car ils seraient sans doute très nombreux, vu les avantages
qu'on en retirerait.
En résumé, le projet de M. Ayraud n'est qu'un palliatif, qui pour-
rait être prolitabic aux uns, mais préjudiciable aux autres, et, par
conséquent, anti-économique, et qui, pour ces diverses raisons, n'a
aucune chance d être pris en considération par le Parlement.
Pour qu'un système de crédit ait chance de réussite, il faut qu'il
soit simple, économique, éminemment populaire, et pour ce, essen-
tiellement basé sur 1 équité; il faut, en outre, pouvoir puiser à une
source inépuisable, toutes conditions essentielles et indispensables
qui constituent un programme immense, qui peut paraître très diffi-
cile à remplir, sinon impossible. Et pourtant il n'en-est rien, car, par
la seule simplification de notre régime hypothécaire, le but serait pour
ainsi dire atteint.
Oui, le jour oîi notre régime hypothécaire sera réellement simplifié,
le crédit agricole ou populaire sera pour ainsi dire fondé.
Depuis longtemps déjà, on prête et on emprunte, et sans frais, sur
titres ou valeurs mobilières, et on s'en trogive bien. La loi sanction-
nant le fait, on pourrait tout aussi bien prêter et emprunter, sur titres
d'immeubles ou valeurs immobilières.
Dans tes conditions, une institution de crédit ayant un grand
nombre de succursales pourrait être organisée. Elle prêterait sur
titres d'immeubles, comme le banquier sur effets de. commerce : mais
indistinctement à court et à long terme, et sans déplacement de litres.
Dans de telles conditions, un tel établissement de crédit traiterait
de nombreuses et importantes affaires, ce qui lui permettrait de pou-
voir se contenter d'un bénéfice relativement peu élevé. J'estime qu'avec
un bénéfice de 1 franc par 100 francs il pourrait prospérer.
Les prêteurs ne feraient certainement pas défaut à un établissement
de crédit de ce genre qui ne prêterait que sur titres de tout re[)os et à
392 SUR l'organisation DU CRÉDIT AGRICOLE.
peu près à l'abri de toute chance aléatoire. Il est probable qu'à
4 pour 100, il trouverait à peu près autant de capitaux qu'il pourrait
en placer à 5 pour 100, ce qui, avec toutes facultés d'emprunt et de
remboursement, n'a rien d'exagéré. Parce moyen, le prêteur aurait
affaire directement avec l'établissement de crédit qui lui inspi-
rerait confiance et sécurité, et où il pourrait placer et retirer ses capi-
taux à peu près quand il voudrait.
De même l'emprunteur aurait affaire directement, et uniquement,
avec l'établissement, oîi il aurait à peu près toutes facultés pour
l'emprunt et pour le remboursement.
Tel est, en résumé, le système d'organisation de crédit que je pro-
pose, et qu'il sera, je crois, très difficile de remplacer avantageusement.
Faure.
SOCIETE NATIONALE D'AGRICULTURE
Séance du 3 décembre 1884. — Présidence de M. Chevreul.
M. Pierre Tochon fait hommrge à la Société de son compte rendu
du congrès international phylloxérique de Turin. — Ce compte rendu
a été publié dans le Journal.
M. le ministre du commerce adresse les tomes 1 12 et 113 de la
collection des brevets d'invention pris sous le régime de la loi de 1 884 ;
— M. le ministre de la guerre envoie la 54' livraison de la carte de
France au 80,000'.
M. Henry Vilmorin pose sa candidature à la place de membre titu-
laire vacante dans la section des cultures spéciales par suite du décès
de M. Lavallée.
M. le vice-secrétaire signale parmi la correspondance imprimée le
Bullclinn" 7 du ministère de l'agriculture et le volume intitulé L'agri-
culture^ les prairies elles irrigations de ta Haute-Vienne par J.-A. Barrai.
— M. Passy se réserve de revenir dans la prochaine séance sur
cette très intéressante publication dont la préface a été reproduite dans le
Journal.
M. le vice-secrétaire dépose également sur le bureau le premier fas-
cicule du tome II de l'enquête ouverte par la Société sur l'organis-ilion
du crédit agricole mobilier. — Ce fascicule contient les dépositions
étrangères.
31. Cornu complète les renseignements qu'il a donnés dans la der-
nière séance sur les dégâts causés par les anguillules. — Le nématode
de la betterave peut vivre et se multiplier sur un certain nombre de
plantes sauvages ou cultivées, telles que la moutarde des champs, la
moutarde blanche, le cresson alénois, les radis, la navette, le colza, la
rave, le navet, le chou, etc. On voit ainsi combien peut être difficile à
extirper un parasite tel que celui-ci, qui peut rester à l'état latent
dans les cultures, dans les haies, sans que rien fasse soupçonner son
existence.
M. Ilenou présente le résumé des observations météorologiques
faites pendant le mois de novembre 1884 à l'observatoire du parc de
Sainl-Maur et le résumé général des observations faites pendant
l'année 1884.
M. Prillieux analyse un travail de M. Fréchou, de Nérac (Dordogne),
sur les meilleurs moyens à employer pour préserver les vignobles de
SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRIGULTQRE DE FRANGE. 393
l\nvasion du mildew. — Après avoir essayé le traitement direct des
feuilles au moyen des antiseptiques les plus puissants (acide phénique,
créosote, sulfate de fer, sulfure de carbone), projetés à l'aide d'un pul-
vérisateur, M. Fréchou a pu constater que ces agents n'avaient pro-
duit aucun résultat sérieux. Ce fait constaté, il restait à examiner s'il
n'exislaitpas des mesures à prendre pour atténuer les ravages que cause
ce tléau. Pour M. Fréchou, il est nécessaire tout d'abord d abandonner
tous les cépages faciles à la contagion, notamment le Jacquez,et de ne
cultiver queles cépages à maturation hàlive.Mais il y a d'autres mesures à
prendre : le mycélium du Peronospera meurt avec la chute des feuilles,
les conidies perdent rapidement leur faculté de germination et la con-
servation du champignon pendant l'hiver est liée à l'existence des
spores dormantes; il importe donc de brûler les feuilles et de suppri-
mer les rejets intermédiaires qui sont indispensables à la réapparition
du champignon. — Pour les cépages produisant les crus renommés,
M. Fréchou recommande d'abriter les vignes.
M. Heiizé entretient ensuite la Société des moyens employés pour
éloigner les corbeaux au moment des semailles. Après avoir rappelé
l'emploi des ûls de coton, tendus de place en place sur le champ, des
cornets de papier munis d'un appât et enduits de glu, M. Heuzé décrit
un appareil ingénieux, la inilmiUeusc, qu'il a vu employer avec succès
sur le domaine d'Arcy-en-Brie. Cette machine, qui ne coûte que lOOfr.,
consiste en une brouette surmontée d'une caisse quadrangulaire en
bois. La partie supérieure de cette caisse est nmnie d'un réservoir à eau
terminé par un robinet dont l'écoulement peut être réglé à volonté.
Sous le robinet se trouve un godet d'une capacité déterminée ; ce godet
est fixé à l'une des branches d'un fléau articulé et maintenu en son
milieu par un support fixé sur la brouette; l'autre extrémité du levier
est terminée par un marteau qui vient frapper sur un disque de revol-
ver à dix ou douze coups, et détermine la déflagration de la poudre.
On coTiprend aisément la manière dont fonctionne l'appareil : lorsque
le godet est plein, il bascule, le tléau est entraîné et le marteau se
trouve soulevé ; une ibis vidé, le godet et le fléau auquel il est fixé
tendent à reprendre la position horizontale; le marteau qui termine
l'autre extrémité du fléau vient frapper sur le disque à revolver et fait
partir le coup. L'appareil peut être réglé comme on veut. Les cor-
beaux, ne pouvant souffrir l'odeur de la poudre, ne séjournent pas
dans le champ et ne causent pas de ravages. — M. Muret ajoute que
l'époque la plus favorable pour la destruction des corbeaux, est du 8 au
12 mai, car, à ce moment, lesjeunes ne volent pas encore facilement.
M. Bouquet de la Grye présente, de la part de M. Briot, une bro-
chure intitulée : Les questions alpines.
M. Tisserand offre à la Société au nom des auteurs, MM. Gastine et
Couanon, délégués régionaux du service du phylloxéra, un livre inti-
tulé : Evploi du sulfure de carbone contre le phylloxéra. M. Tisse-
rand appelle l'attention sur ce livre qui est un véritable traité clas-
sique pour l'emploi des insecticides contre le phylloxéra.
M. Pasteur présente à la Société, un travail de M. Joannès Chatin,
intitulé : Recherches sur l'anguillule de l'oigno/i.
M. de Poncins fait connaître les procédés qu'il a employés pour
faire entrer économiquement dans la pratique agricole, l'emploi du
téléphone. Il a remplacé les poteaux qui reviennent fort cher par les
394 SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE DE FRANGE.
arbres qui servent alors de supports. — Il a eu soin d'attacher aux
branches sullisantes à supporter le poids du fil une perche sur
laquelle a été fixé l'isolateur. La végétation des arbres n'a été nul-
lemeut entravée et la ligne téléphonique n'a pas eu à souffrir des grands
vents. — Répondant à une question de M. Léon Sav, M. de Poncins
ajoute qu'il paye une redevance annuelle de 25 francs par kilomètre
de fil et une somme égale pour chaque poste établi entre les deux
points extrêmes de la ligne. Georges Maiisais.
LES PÉPINIÈRES DE SECOURS EN SOLOGNE
Nous trouvons dans les communications laites au Comité central
agricole de la Sologne, en sa séance du 26 octobre dernier, des obser-
vations et des renseignements intéressants en ce qui concerne les six
pépinières de secours créées par décision du ministre de l'agriculture,
sous ladirectiondeM.Boucard^pour aider les propriétaires de la Sologne
à reconstituer leurs pineraies détruites par les gelées de 1879-1880.
Après avoir rappelé des distributions de graines et les délivrances
de plants àe pin sylvestre qui ont pu être faites, grâce à ces pépinières,
situées dans les centres des principaux groupes de pineraies dispa-
rues, jusqu'à cette année 1884, c'est-à-dire de 18,375,000 plants de
deux ans repiqués, et de 5,421,250 plants semés d'un an; après
avoir exposé que 584 propriétaires ont profilé de.s délivrances faites
en 1883, sans que le crédit de 30,000 francs ait été dépassé, M. le
président dit que les plants préparés pour la distribution de 188'
sont généralement plus forts que ceux de 1883, bien venus et dan.^
une proportion satisfaisante. Il pourra être attribué, suivant les de-
mandes, en cet automne 1884, 10,300,000 plants de deux ans repi-
qués, en bon état, et dans les proportions suivantes : 5,678,000 dans
le Loir-et-Cher; 3,090,000 dans le Loiret; 1,442,000 dans le Cher.
Le Comité, constamment préoccupé du caractère d'intérêt public du
reboistmerd de la contrée, considérant qu'il importe d'encourager et de
maintenir cette disposition des propriétaires à reconstituer et à aug-
menter leurs forêts, et qu'il reste encore 25,000 hectares de pineraies
sur les 80,000 hectares environ enlevés en 1880, a joint ses vœux à
ceux des Conseils généraux et de la Société des agriculteurs de France
pour que le service des pépit^ières de secours soit continué au moins
jusqu'au délai fixé par l'arrêté ministériel qui lésa fondés.
Le ministre venant d'autoriser la délivrance de 10,300,000 plants,
les préfets dressent les listes des propriétaires admis, suivant leur de-
mande, à profiter des délivrances, et vont fixer la quantité de plants à
distribuer à chacun d'eux. 11 est désirable que les permis d'enlever
indiquant cette quantité, le jour et le lieu de la délivrance, soient
adressés le plus prochainement possible. Ernest GAi;ciRA>-.
REVUE GO'iniERGlALE ET PRIX CIURVNT DES DENRÉES AGRICOLES
(6 DÉCEMBRE 1884).
I. — Situation générale.
C'est tonjour.s le calme qui domiae sur les iuarch<5s. Les approvisionnements
sont peu importants ; les demandes sont ordioaires ; les cours ne se modilieat que
peu.
It. — Les grains et les farines.
Les tableaux suivants résument les cours des céréales, par QUiNTAf. métrique,
sur les principaux marchés de la France et de l'étranger :
KKVUlîJ GOiMMERGIALE ET PHiK COtlHANT (6 DÉGËMBHE Î884). 395
NOKI>.OrRST.
CaLvadus. Caon
— Bayeux
C-du-Niiid. Linnion..
— Tic^iiier
Finisie.rr.. Murlaix
Ule'ei-VU<iin&. Keunes.
— Fougères
tdanche. S.iiiit-L6
— '^'.oti tances
— Valogniis
Mayenne. Mayenne....,
— Kvron . -
Morbihan. Hennebont.
Orne. Alenyou
— Laigle
SaW/te. Le Mati'^
— He;iiimont
— Mainers
B!é.
fr. ■
20 4:i
22.40
13. iO
I'J.2i
20, ao
19 75
19.80
19. 3b
18.30
18.30
19. 50
19. bO
19.35
, 20. 7i
20.80
19.60
20.80
20.30
fr.
I'i.03
17.3b
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18.00
10.00
18.35
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fr.
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17. Jb
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19.20
lb-7b
Ib.C.'i
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Avoine.
fr.
21.00
21.20
15.50
14.lii
14.50
15 50
IS.Oo
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22. 6o
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19.5,,
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5" REQIO.-). — CKNTKR
Prix fnoyeas.
19.91 16.51 16 ul 17.79
a* REGION
Aisne. Laon
Cliâteaa-ThitMTy.
— Vic-sur-Aisne . ..
Eure. Evreux
— Pacy
-~ GLSors
Eure-et Loir, '.hartres..
— CiiûLeA.iduil
— Auiieaa
^ord. Douai
— Cambrai
— liergues
Oise. Bea ivats
— Clermont .-...
— CompLegoe .,
Paade-Catdis. Arras...
— BëLhutie ..
Seine. Pans.
ti.-et-Marne. Dauimai lia.
— Monlereau
— Meaux
S.-et-Oise Vei-saïUes
— Eiamop^ï
— AngervilU
Seine-J/t/ (^.tiiure;. Rouen.
— Eu
— MonLiviUiers
Somm/i. Aiuien.s
— Meru
— Roye
Prix moyens
S" REGION. -
Ardennes. Sedan
— Ch,irleviU-3
— Reihei
Aube. Troyes
— Bar-sur-^ubj
Marne. Cliàlons
— Keims
— Sie- vlenehoiild.. ..
Hte-MaTiie. Chaumont..
— Langres
&leurtlie-e(.-Mos. Nancy.
— Tou!
Meuse. Bar-le-Diic
Haule-H'iône. Vei^oul...
— Gray
Vosges. Raon-l'Elape, . .
— Raml)ervilliers . , .
— Mirecûurt
19.75 15.00 19.50 16 60
19.00 15.00 - !S.3J
19.50 16.15 !• 15.90
19.45 14.00 16.20 15.60
19 40 13 35 16.30 22. UO
20.15 15 3b 17.70 17.50
23.25 13.75 17.^5 16.00
20.00 » 17.00 16 50
20 |5 15.00 17.30 16.50
19.30 15.35 n.4o 17.00
19.80 15.35 16.50 12.50
20.40 » 18 40 16.20
20.75 15 35 18.45 17.50
20.30 14.10 16.65 14 30
20.25 13.65 21.50 22.00
21.10 16.00 17.70 14.00
20.80 18 00 18 45 (4 00
21.00 16.40 11) 00 18.25
19.50 15. oa 16 50 1b 50
20.00 15.110 17.50 16.25
20.6b 15.00 17.00 (7 00
21.25 15.75 19.00 18.85
20.75 17.00 17 2b 16 50
20.20 14.7.'i 17.25 16.25.
19.90 14.75 18.50 22.00
19.80 14.65 1S.05 H 50
19.70 » » 18.60
20.75 Ib.OO 17.70 20 50
20.50 13.35 16 80 19.10
18.85 13.35 » Ib.OO
20.21 14.98 17.67 16. 9o
- NORD.P.ST.
16.50
15.75
14.50
14.75
14.50
16.15
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15.75
20.90
20.75
19.75
20 . 00
19.25
20.1b
19.75
19.65
19.75
19.50
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20.25
20.50
19.75
20.00
20.00
20.95
20.40
15.00
15.00
Î6.55
17.00
16.25
15.75
15.00
15. '5
»
18 90
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17.00
17.00
17.50
18 7.1
16.75
18.25
»
IS 00
19.00
19.00
19.00
17.00
15.50
Prix moyens.... 20.11 15.62
4' RESiON. — OUEST.
CAoren/e. An^onlème... 2Î.15 »
— Barbozi-iux 20.80 »
Char. -tn[ér. Wnmns. ... 19.15 »
— St Jeaii-J'An^ély . 20.25 »
Deux-S''vres Niort 20 00 »
Indre-et-Loire Tours... iy.3b 14.00
Loire-Jnf. Nantes 20.50 »
M.-et-Loir-'. S.luinuP. .. 19 50
— Angers 20.10
Vendée. Lnon 19.80
— Foriteiiay-le-Corate 22.10
Vienne. CiKUellerault.. . 20.60
— Civray 20.00
Haute- Vie-iine. Limoges. 20.80
16.00
15.10
15.00
15.35
14 65
16.00
»
15.40
14.75
16 90
16 90
18.75
(S. 70
15.70
17.80
15.40
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16 50
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16.00
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1-0. 9
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17.00
16.50
15 50
15 50
17.50
tS.25
15.50
17.50
15.5»
15.25
16.00
13.50
PrilDlovon» 20.30 lb.03 16.33 16.11
Aliier. Montliiçon..
— St-Pourçain.. .
Cher. Vieizoïi
— Aubigny
— Sl-Aniuiid
Creuse. Aiiba^son...
Indre. Ch;tteauroax.
— Valenr.ay
— Issoudiin .....
Loiret. Orléans,
— Montargis
— Gien
L.-et'Cher Blois.
— Roinoraatia
Nièvre. Nevers
— Claniecy
— Preinepy
Vo7ine. Sens
— Tuiin&rre
— St'I'Iorentin ....
Prix moyens 19 35
6" RÉaiON. — EST.
Ain. Bontg 21.75 15.65
— l'ont-de-Vaux... . 22. uo 16.25
Côle-d'Ur. Dijon 20.50 15.50
— Beauite 19.75 »
Z^ow'is. Besançon 20.50 »
Isère. Grenoble 22. bo 16 50
— Vo ron 21.25 (6.00
Jura. Uù\e 20.75 15.50
totj-e. Firminy 21.50 17.7a
P.-de-Dôme. ClermoiU-F 21.00 17.01)
fihôiie. Lyon 21.25 15.50
Saône-et-Loire. Chalon . 20.00 15.50
— Alltun 19.75 15.50
Cavoie. Chambéry 20 0» 15 60
i7(6-Savoie. Annecy 22.20 16. uo
Prix moyens 20.9s
7* RÉGION. — SUD-OUEST
Ariège. FoiiL 24.10 18.65
— Paraiers 22 10
Dordogne. Nùntron .... 23.40
Hte-Garonne. Toulouse. 22.20
— St-Gaodens 21.40
Gers. Coudoin 22.80
— Eauze 22.90
— Mirande IS.75
Gironde. Bordeaux 21.40
.— La Reole 20.00
Landes. Dax 22.40
Lot-et-Garonne. Agen.. 19.95
— Nérac 2.' 80
B. -Pyrénées. BuyonnQ. . 23.25
Hles-Pyrénées. TarhQS. . 23.^0
prix moyens 22.06
8* RÉGION. — SUD
Aude. Casteinaudary.. 22.90
— Carcassonne 22.75
.^uei/ron. Rodez 20.80
CaïUaL. MamciiiC 22.50
Correze. Tulle 22.00
Héraidl. Beziers 21.85
— iMonipelUer 21.85
£01. Cahor» 22.25
Lozère. Mende 22.75
Pi/renées-Oi-. Perpignan. 24.30
Tarn. GaïUao 22.60
Tam-el-f /ar. Moissac... 20.25
Prix moyens 22.23 17.77
9* RÉGION. — SUO-E8T.
Basses-Alpes. Manosque '>3.70
llaiites-.Atpes. Briançon. 22.50
Alpes-Maritinies. Nice. . 24.60 16.00
Ardeche. Pnvis 23.95 ■' '"
B.-du-fthône. Arles.... 23.45
Orome Valence 21.50
Gard. Àlais. 26.00
llaulf-Loire. BriouJe.. 20.81P
Var. Draguignan 23.25
Vauciuse. Avignon.... 22.00
Prix moyens 23. 3i
Moy. de toute la r'rance 20.9*
— delà semaine préced. 20 83
Sur la semaine^ Hausse, o.tl
précédente..) Baisse. >
16.77 16.12
16 50
17.40
16.00
16.50
17.50
18. 75
18.25
16 25
19.50
17.5»
17.75
17.30
15. 7S
M
16.75
16.02 17.43 16.26
18.00
17.50
16.00
17.50
B
13.50
18.50
16.00
15
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14
75
17
00
16
00
17
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16
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17
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17
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»
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50
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00
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17
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18
50
1
19
50
18
00
17
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17.21 16.50 18.31
:7.6b
16.90
19.00
17.35
;0.I5
17 ,25
17.00
»
19 40
19.25
»
19.50
18.00
17.25
18.25
18 00
16.15
20 00
»
1)
18.75
18.00
16.25
18.00
18.00
18.45
18.00
17.80
24 . 00
24.40
»
»
18 50
a
19.00
21 00
18.02 19.34
.
1»
20.00
18.00
16.00
19.00
16.00
16.00
19.50
16.40
16.50
18.90
B
17. OJ
19.50
16.00
»
18.00
2J.U0
16.15
26.00
18.35
17.30
■ 4 00
»
18.00
17.80
16.25
»
17.40
17.29
16 7!
18.41
16 16
17 02
17 38
16.08
17.03
17.34
0.04
0.06
396 REVUE COMMERCIALE JST PRIX COURANT.
Blé. Seigle. Orge. Avoine'
fr. fr. Ir. fr.
Algérie. ''^^ | blé dur 13. ÎS » 10.50
Angleterre. Liverpool 19.00 i> » .
Belgique. Anvers 18.00 16.2.> 10.7.=> 17.7.>
— Bruxelles 19.50 16.25 •
— Liège 18.35 16. .50 18.00 17.10
— Namur 19.00 16.00 18.00 15.50
Pays-Bas. Amsterdam 18.10 15.00 » »
Luxembourg. Luxembourg 22.10 18.60 15.40 17.00
Alsace-Lorraine. Strasbourg 22.25 19.25 21.75 18.25
— Mulhouse 21.50 18.25 19. .50 18.85
— Colmar 22.10 18.65 19.80 19.00
Allemagne. Berlin 19.10 17.60 » »
— Cologne 20.30 18.10 " »
— Hambourg 20.10 15.10 » »
Suisse. Lausanne 22.00 » » 18.50
/faite. Turin 23.00 16.50 » 15.50
Espagne. Barcelone 25.40 » 13.25 18.25
Autriche. Vienne 17.80 » »
Hongrie. Budapest 17.20 14.40 14.00 14.55
Busste. Saint-Pétersbourg.. 15.35 13.35 » 12.70
Etats-Unis. New-York IS.isO » » •
Blés. — La situation est toujours calme. Le marché ne présente pas plus d'ac-
tivité qu'il y a huit jours; les offres des détenteurs sont très ordinaires, la culture
attendant toujours la solution de la question du relèvement des droits, d'où il
pourrait résulter, sinon de la hausse, au moins un enrayement de la baisse. Les
acheteurs sont, de leur côté, très rares sur le marché; les affaires sont donc
assez dilliciles. Le mercredi 3 décembre, à la halle de Paris, on cotait les bons
blés de mouture du rayon, 20 fr. 50 à 21 fr. 50 les 100 kilog. ; les blés à livrer
courant du mois et janvier, '21 à 21 fr. 25 ; janvier et février, 21 fr. 25; quatre
premiers mois, 21 fr. 50 à 21 fr. 73 ; quatre mois de mars, 22 fr. à 22 fr. 25. —
Au Havre, les blés exotiques sont sans affaires aux prix de la semaine der-
nière, soit 20 fr. 50 à 21 tr. les roux d'hiver d'Amérique ; 21 fr. 75 à 21 fr.
les Cahfornie; 21 fr. 50 à 22 fr. les Australie; 20 fr. à 20 fr. 25 pour les Bombay
blanc; le tout par 100 kilog. sur wagon. — A Marseille, il y a eu également peu
d'affaires; les vendeurs et les détenteurs se tiennent sur la réserve; les prix sont
soutenus comme suit ; Red-\Vinter,22 fr. 50 à 22 fr. 75 ; Berdianska, 22 Ir. 75;
Marianopoli, 21 fr. 75 à 22 fr.; Irka-Odessa, 19 fr. à 19 fr. 25; Iska-Nico-
laïefff, 20 fr. à 20 fr. 25 ; Azima-Azoff, 18 fr. 50 à 19 fr. 50; Danube, 17 fr. 50
à 29 fr.; Azoffdurs, 18 fr. 50 à 18 fr.. 75. — A Londres, les prix restent faibles;
on paye de 20 fr. 30 à 20 fr. 75 les 100 kilog. Sur les marchés intérieurs, les
affaires sont plus actives et les prix en hausse de 1 fr. 25 pour le iroment et de
0 fr. 60 pour les menus grains.
Farines. — Même situalion qu'il y a huit jours : vente lente, prix sans varia-
tion. Le mercredi 3 décembre, on cotait, à la halle de Paris, les farines de con-
sommation : marque de Corbeil, 48 fr.; marques de choix, 48 à 51 fr.; pre-
mières marques, 47 à 48 fr.; bonnes marques, 45 à 46 fr.; marques ordinaires,
44 cà kb fr.; le tout par sac de 159 kilog., ce qui correspond aux prix extrêmes
ue 28 fr. 02 à 32 fr. 48 les 100 kilog., ou en moyenne, 30 fr. 25. — Sur les
farines de spéculation, il y a une légère hausse de 0 fr. 25 depuis huit jours sur
toutes les époques : on cote : farines neuf-marques, courant du mois, 45 fr. 50;
janvier et février, 45 fr. 50 à 45 fr. 75; quatre premiers mois, 45 fr. 75; quatre
mois de mars. 46 fr. 50 à 46 fr. 75. — Les farines deuxièmes valent toujours
21 fr. à 22 fr. les 100 kilog.
Seigles. — Les prix sont toujours soutenues de 15 fr. 50 à 16 fr. 25 les 100
kilog. à Paris, avec affaires restreintes. La farine de seigle se cote toujours de 22
à 23 fr. les 100 kilog.
Orges. — Les belles qualités sont très recherchées et les transactions nom-
breuses. A la halle de Paris on paye de 17 fr. 75 à 22 fr. les 100 kilog. suivant
provenances et qualités. — Les escourgeons sont offerts de 19 fr. 25 à 19 fr. 50;
mais on ne veut donner que 19 fr. par 100 kilog.
Avoines — Les avoines indigènes conservent leurs cours 17 fr. 25 à 20 fr. sui-
vant proven-^nce et qualité, par 100 kilog. — Les prix des avoines exotiques res-
tent également bien tenus comme suit : avoines de Suède 16 fr. 50 à 16 fr. 75 ;.
Liban noires, 16 fr.; blanches, 15 fr.; Riga, 14 fr. 50 à 15 fr.
Maïs. — Mêmes prix qu'il y a huit jours : lï fr. 50 à 15 fr. les 100 kilog.
DES DENRÉES AGRICOLES (6 DÉCEMBRE 1884;. 397
sur wagon au Havre ou à Rouen, pour les Danube et mer Noire disponibles. Sur
les livrables, il y a 25 centimes de baisse; on cote à Paris 12 fr. 75 à 14 fr.
Sarrasins. — On cote toujours à la halle le sarrasin de Bretagne, 16 fr. les 100
kilog. en gare d'arrivée, pour le disponible et le livrable mois prochain.
Issues. — Cours un peu plus faibles, avec demandes plus calmes que la semaine
dernière. On cote à la halle de Paris par 100 kilog. : gros son seul : 14 fr. 50 à
14 fr. 75; sons gros et moyens, 13 fr. 50 à 14 fr. 25 ; sons trois cases, 12 fr. 50 à
13 fr.; sons fins, 12 fr. à 12 fr. 25; recoupettes, 12 fr. 50 à 13 fr.; remoulages
blancs, 16 fr. 50 à 17 fr.; remoulages bis, 15 à 16 fr.
III. — Fourrages et graines fourragères.
Fourrages. — Sans changement depuis huit jours, les prix restent bien jtenus
avec affaires calmes. On cote à Paris, par 100 bottes de 5 kilog. : foin, 52
à 58 fr. ; luzerne, 52 à 56 fr.; paille de blé, 29 à 33 IV.; paille de seigle, 38 à
42 fr.; paille d'avoine, 22 à 26 fr.
Graines fourragères. — Il y a eu une légère baisse •-ur quelques sortes depuis
huit jours. Voici les cours pratiqués : trèfle violet, 95 à 120 fr.; trèfle blanc,
165 à 200 fr.; trèfle hybride, 160 à 180 fr.; luzerne de Provence, 140 à
150 fr.; d'Italie, 125 à 110 fr.; du Poitou, 85 à 100 fr.; minette, 38 à 42 fr.;
ray-grass anglais, 35 à 40 fr.; d'îtalie, 38 à 44 fr.; sainfoin à une coupe, 33 à
35 fr.; à deux coupes, 38 à 40 fr. ; vesce de printemps, 22 à 23 fr.; pois jarras,
17à 18 fr.
IV. — Fruits et légumes frais.
Fruits. — La vente des fruits est peu active à la hal'e de Paris, où l'on cote :
châtaignes, 12 à 16 fr. l'hectolitre; nèfles, 2 fr. à 6 fr. le cent; poires, 6 à
7 0 fr. le cent; 0 fr. 25 à 0 fr. 60 le kilog. ; fpommes, 5 à 90 fr. le cent;
0 fr. 20 à 0 fr. 55 le kilog.; raisin blanc, 1 fr. 50 à 4 Ir. le kilog.; noir, 1 fr. 50
à 3 fr.
Légumes frais. — Carottes communes, 20 à 25 fr. les cent bottes; carottes
d'hiver, 3 fr. à 4 fr. 50 l'hectolitre; choux, 10 à 14 fr. le cent; navets, 12 à
15 fr. les cent bottes; oignons en graines, 14 à 16 fr. l'hectolitre; panais, 10 à
12 fr.; poireaux, 3 fr. 50 à 4 fr. 50 les 100 bottes; champignons, 0 fr. 90 à
1 fr. 60 le kilog.; choux-fleurs, 15 à 80 fr. le cent; choux de Bruxelles, 0 fr. 20
à 0 fr. 25- le litre; épinards, 0 fr. 20 à 0 fr. 25 le paquet; oseille, 0 fr. 25 à
0 fr. 30 le paquet; potirons, 0 fr. 50 à 4 fr. la pièce; radis noirs, 6 à 10 fr. le
cent; salsifis, 0 fr. 30 à 0 fr. 40 la botte ; tomates, 0 fr. 45 à 0 fr. 55.
Pommes de terre. — Hollande 8 à 10 fr. l'hectobtre, 11 fr. 42 à 14 fr. 28 les
100 kilog.; jaunes, 6 à 7 fr. l'hectolitre, 8 fr. 57 à 10 fr. les 100 kilog.
Fruits secs. — A Moissac, les prunes communes sont très demandées au cours
de 12 fr. les 50 kilog. nus. La prune d'ente est en hausse et se vend de 20 à
20 fr. 50 les 50 kilog., suivant qualité.
V. — Vins. — Spiritueux. — Vinaigres. — Cidres.
Vins. — Le calme que nous signalions dans notre dernière revue continue en
général. Les achats importants du mois dernier ont donné aux cours une termeté
qui fait hésiter le commerce, et l'on peut prévoir que cette situation durera quel-
ques semaines encore; on attend Noél et la nouvelle année. A Béziers et Mont-
pellier, dnns le Nantais et les Charente, en Bourgogne, dans le Beaujolais les af-
faires sont lourdes. Le Médoc a un assez bon courant d'affaires en vins fins ; c'est
en Touraine et en Anjou que les achats sont les plus importants. En Touraine, on
cote : Ghinon, 120 à 140 fr.; Bourgueil, 130 à 160 fr.; Vouvray et Rochecorbon,
200 à 300 fr., crûs ordiuaires, 95 à 130 fr.; on estime la récolte de 1884 comme
supérieure à la précédente en qualité et en quantité. — D.ins l'Aude, les vins de
plaine sont tenus de 18 à' 22 fr. l'hectolitre, les vins foncés de 28 à 30 fr. — A
Surgères les vin- rouges 1884 se vendent 2 fr. 75 à 3 fr. la velte de 7 litres 60 ;
les vins de chaudière valent 180 à 270 fr. les 912 litres. — A Bourg, les vins nou-
veaux se payent de 600 à 800 fr. — A Frouton dans le Languedoc on demande
82 à 90 fr. la birrique nue prise à la propriété. — A Villandric (Haute-Garonne)
les vins de choix ont été achetés de 80 à 92 fr. la barrique de 228 litn^s; les vins
qui restent en cave obtiennent de 55 à 65 ir. la barrique. — Dans l'Aube, aux
Riceys, les vins nouveaux se cotent de 30 à 35 fr. l'hectolitre. — Dans l'Ain, les
prix sont de 90 à 110 fr.
Spiritueux. — La baisse a fait encore de nouveaux progrès pendant cette hui-
taine; mais aujourd'hui elle semble arrêtée, et l'on signalait une tenue meilleure
398 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT
des prix à la Bourse du 2 décembre, dont voici la cote : trois-six fins du Nord
90 degrés disponibles 42 fr. 25 à 42 fr. 50 l'hectolitre; livrable janvier, 42 f'r. 75
à 43 fr.; quatre premiers mois. 43 ir. 25 à 40 fr. 50 ; quatre mois de mai, 44 fr. 50
à 45 fr. — Les trois-six du Languedoc valent toujours 110 à 112 Ir. — A Lille,
l'alcool de betterave est descendu à 39 et 40 fr., suivant qualité. — A Bordeaux,
les trois-six du Nord sont également en baisse; le disponible est offert de 51 à
52 fr. l'hectolitre; le livrable de 53 à 54 fr.; les neutres, tjpe allemand, 60 à
70 fr.; les premières marques, 83 à 84 fr. — Les trois-six bon goût valent, 98 fr.
à Nîmes; 101 fr. à Pézenas ; 103 fr. à Béziers; 100 fr. à Alontpelller. — Les
marcs se cotent de 90 à 95 fr. — Les eaux-de-vie d'Armagnuc valent à Con-
dom : haut-Armagnac, 102 fr. 50 à 107 fr. 50; Ténarèze, 115 à 117 fr. 50; bas
Armagnac, 140 à 155 fr.
Vinai'ires. — A Bordeaux, le vinaigre pur vin blanc vaut 370 fr. le tonneau,
\'" qualilé; le vinaigre de table, qualité mixte, 275 fr.: le vinaigre de table d'al-
co,.l extra fin, 195 à 315 fr.; le tout en barriques d'exportation. — A Orléans, on
cote : vinaigre nouveau de vin logé, 20 à 28 fr. 1 hectolitre.; vieux, 34 à 38 fr.
Matières tartriques. — La crème de tartre est cotée 145 fr. les 50 kilog. à
à Montpellier; les cristaux de tartre, 128 fr. par demi-degré de rendement. — A
Bordeaux, on paye : tartres blancs criblés, ^25 à 235 fr. les 100 kilog.; tartres
rouges, 210 à 255 fr.; tartres bruts naturels, 2 55 le degré ; cristaux de lie, 2 fr.
70 à 2 fr. 75; crème de tartre, 292 à 295 fr. les 100 kilog.
Yzrdets — Les verdets en pains valent, à Montpellier, 68 fr. les 100 kilog.;
en boules, 65 fr., suivant qualités.
Pommes à ciilre. — Dans l'Ille-et- Vilaine, on paye les pommes à cidre 2i à
32 fr. les 500 kilog.; à Mayenne, 3 fr. 75 à 4 fr. l'hectolitre; dans la Sarthe,
3 fr. 50 l'hectolitre.
Cidres — Le cidre pris nu au cellier vaut de 12 à 20 fr. les 225 litres dans
riUe-et- Vilaine; à Mayenne, il se paye de 30 à 35 fr. la barrique.
VI. — Sucres. ^- Mélasses. — Fécules. — Houblons.
Sitcrcs. — Il y a eu pou de variations dans les cours depuis la semaine der-
nière; les sucres bruts 88 degrés saccharimétriques restent calmes au prix de
34 ir. à 34 fr. 25 les 100 kilog.; les sucre blancs 99 degrés sont à 39 fr. 50 et
39 fr. 75 avec 50 centimes de baisse. Les sucress n" 3 sont mieux tenus aux
cours suivants : disponibles, 40 fr. 25 à kO fr. 50; livrables janvier, 40 fr. 50
à 40 fr. 75; quatre mois de janvier, 41 fr, 50; quatre mois de mars, 42 fr. 25;
quatre mois de mai, 43 fr. a 43 fr. 25. Les raffinés se soutiennent de 99 à
100 fr les 100 kilog. pour la consommation, et 44 fr. 25 à 47 fr. 25 pour l'ex-
portation. Le stock de l'entrepôt réel était, le 2 décembre, à Paris, de 974,000
quintaux. — A Valenciennes, les sucres bruts sont en baisse à 33 fr. 25 ; à Lille,
on paye 32 fr. 75 à 33 fr.; le^ raffinés n" 1, 101 Ir. les 100 kilog. — A Saint-
Quentin, les roux à livrer valent 33 fr. 50 à 33 fr. 75. — ABordeaux, les raffinés
obtiennent 105 à 106 fr. — A Marseille, les sucres bruts 83 degrés de toute pro-
valent 35 fr. 50 à 36 fr. les 50 kilog.; les n" 3, 41 fr. à 41 fr. 50 ; les raffinés pour
l'exportation, 55 fr. à 58 fr. 50 les 100 kilog.
Fécules. — La fécule première de l'Oise est cotée, 26 fr. les 100 kilog., à
Gompiègne; la fécule sèche se paye, à Paris, 26 fr. à 26 fr. 50; en baisse.
Houblons. — Les cours sont toujours en baisse; mais on signale une légère
résistance de la culture. A Alost, les derniers prix payés sont 130 à 140 fr. les
100 kilog..; à Poperinghe, on ne livre pas au-dessous de 170 fr.; en Bourgogne et
en Alsace-Lorraine, quelques afi'aires se sont traitées à 180 et 210 Ir.; suivant
qualité.
Vil. — Tourteaux. — Noirs. — Engrais.
TourUnux. — A Cambrai, on cote: tourteaux de colza 17 à 18 fr. les 100
kilog.; d'oeillette, 15 fr. 50. — A Arras, œdlette, 15 fr. 50; colza, 16 fr. 50 ; lin
de pays, 24 fr.; cameline, 15 fr. 25. — A Rouen, colza indigène, 15 fr.; lin 21 Ir.;
le tout aux 100 kilog.
Noirs. — Mêmes prix que précédemment à Valenciennes : noir animal neuf en
grains, 33 à 36 fr.; vieux grains, 10 à 12 fr.; noir d'engrais, 2 à 8 fr.
VIII. — Huiles et graines oUagineuses .
Graines oléagineuses. — A Arras, la graine d'œiUette vaut 23 tr. 50 à. 26 fr.
l'hectolitre ; de colza, 20 à 21 fr. 25; dehn, 19 à 22 fr. 25 ; cameline, 14 à 17 fr.j
— A Saint-Quentin : colza, 20 fr.; œillette, 25 fr.; — à Cambrai : colza, 20 à
21 fr. ; œillette, 24 f i . à 24 fr. 50; camehne, 12 à 16 fr.
DES DENRÉES AGRICOLES (6 DÉCEMBRE 1881»). 399
IX. — iuifs et corp^ yras.
Si'ifs. — Les suifs frais de la boucherie de Paris conservent leur prix de 82 ir.
les 100 kilog.
Saindoux, -r On signale une baisse sensible au Havr^; le saini oux disponible
se paye 49 fr. 50 les 50 kilog,
X. — Beums. -^ Œufs. — Fromages.
Beurres. — On a vendu à la halle de Paris, nendant la semaine, 21 1,722 kilog.
de beurres, aux cours suivants : en demi-kilog., 2 fr. 20 à 3 fr. 60 ; petits
beurres,! fr. 92 à2 fr. 80; Gournay, 1 fr. 80_ à 4 fr. 12; Isigny, 2 fr. 02 à8 fr.
Œufs. — Les ventes de la semaine se sont élevées à 40,089,714 œufs, au prix,
par mille, de : choix. 107 à 150 fr.; ordinaires, 82 à 108 fr.; petits, 6i à 74 fr.
Fromages. — On cote à la halle : par douzaine : Brie, 4 à 26 fr.; Montlhéry,
15 fr.; — par cent : Livarot, 35 à 103 fr.; Moat-d'Or; 6 à 28 fr.; Neufchàtel, 3 fr.
à 25 fr.; divers, 5 à 67 fr.; — par 100 kilog. : (iruyère, 100 à 190 fr.
XI. — Chevaux. — Bétail. — Viande.
Bétail. — Le tableau suivant résiime le mouvement ofticiel du marché aux bes-
tiaux de la Villette, du jeudi 27 novembre au mardi 2 décembre:
Poids Prix du kilog. de viande nette sa ''
Vendus moyen pied au marché du 1" flLNv^rabre-
Pour Pour En 4 quart.ers. 1" 2° 3* Prix
Amenés. Paris. l'extérieur, totalité. Icil. quai. quai. quai. moyen,
fiœuls 4.3^!, 2,901 LKiO 4,0)1 342 I.136 1..Ô2 1.20 1.4i
Vaclies 1.680 1,084 463 l,ii7 229 l.GO 1.40 1.20 1.40
Taureaux 841 19.5 3! 228 390 ;.4'i 1.36 1.20 1.32
Veaux 2,875 1,9)3 657 2,rji;0 79 1.90 1.70 1.60 1.75
Moulons 38.946 25,834 9,322 35,156 20 1.82 1.68 1.46 1.62
Porcs «ras ... . 6,168 2,578 3, .5:)',) 6,137 81 1.28 1.22 1.18 1.23
Les arrivages des marchés de la semaine se décomposent comme il suit :
Bœufs. — Allier, 27; Calvados, 998; Charente, 26; Charenle-Inférieiire, 17; Cher, 58;
Cùte-d'Or, 122; Creuse, 52T ; Deux-Sèvres, 79; DorJogne, 29; Eure. 30; Eure-et-Loir, 18'
IiiJre, 6; Loire, 39; Loire-Inférieure, 73; Loiret, 8; Maine-et-Loire, 6ti7 ; Manche, 186;
Mayenne, 55; Morbihan, , 36 ; Nièvre, 287; Orne, 560; Puy-de-Dôme, 14; Saône-el-Loire,
498; Haute-S:i6ne, 25; Sarlhe, 23; Seine-Inférieure, 6; Vendée, 411; Vienne, 10; Haute-
Vienne, 4; Yonne, 13: Italie 17.
Vaches. — Allier, 35; Calvados, 403; Charente, 8; Charenle-Inférieure , 15; Cher, 26;
Côte-d'or, 68, Creus», 46; Eure, 23; Eure-et-Loir, 41); Indre-et-Loire, 6 ; Loire, 30; Loiret, 7;
Maine-et-Loire, 16. Manche, 92; Marne, 8; Ni'^vre, 225: Oise, 12; Orne, 1S8 ; Puy-de-Dôme,
20; Saône-et-Loire, 228; Sarthe, 7; S'iine, 89; tjeiae-lnférieure. 12 ; Seine,-et-.Marne, 8 ; Seine-
et-ùise, 3J; Haute-Vienne, 28: Yonne, 19.
Taureaux. — Allier, 5; Calvados, 26; Cher, 6; Cûte-d'Or, 17; Creuse, 2 ; Doubs, 4 ; Eure,
5; Eure-et-Loir, 10: lUe-et-Vilaine, 7 ; Indre, 2; Indre-et Loire, 9: Loire-Inférieure, 3; Loir-et-
Cher, 1; Loiret, 7; Maine-et-Loire, 9; Manche, 19; Marne, 3: Mayenne, 13: Nièvre, 5;
Oise, 9 ; Oine, 8 ; Puy-de-Dôme, 8: Saône-et-Loire, 2; Haule-Saône, 23; Sarthe, 12: Seine-
et-Marne, 5; Selne-et-Oise, 10 ; Vienne, 2; Yonne, 3.
Veaux. — .Ulier, 28; Aube, 259; Calvados, 19; Eure, 212; Eure-et-Loir, 257; Loiret, 264;
Marne, 53; Nord, 3; Oise, 49; Puy-de-Dôme, 34; Sarthe, 29; Seine-Inferieure, 79; Seine-
et-Marne, 228; Seiiie-et-Oise, 39; Yonne, 101.
Moulons. — Aisne, 684; Allier. 2,0'u ; Aube, .^01; Aveyi'on, 75 ; Cantal, 1,464 ; Charente,
227; t.:her, 4S:j; Corrèzj, 188; Côte-J'Or, 224; Creuse, 62; Ueux-Sùvres, 478 ; Kure, 223;
Enre-et-Loir, 377; Indre-et-Loire; 95; Loir-et-Cher, 1)9; Loiret, 364; Lot, 142; Marne, 118;
Meurthe-et-Moselle, 263; Nièvre, 246; Oise, 179; Puy-de-Dùme, 544 ; Seine-et-.Mirne, 2,174;
Seine-et-Oise, 2,698; Sonarae, 104; H^ute-Vienne, 188; Yonne, 265, Allemagne, 16,116;
Autriche, 173; Hongrie, 3,520; Lu-tembourg, 125; Russie, 2.880; W.>spliaUe, 161 '
Porcs. — Allier, 466; Calvados. 3; Charente, 1 12 ; Cher, • 148 ; Cùte-d'Or, 33 ; Côles-du-Nord,
22; Creuse, 639 ; Deux-Sèvres, 158; Ille-et-Vilaine, lïO; Indre, 561; Loire-Inférceure, 158; Loir-
et-Cher, 55; Maine-et-Loire, 740; Manche, 5; Mayenne, 20; Nièvre, 310; Puy-de-Dôme, 18;
.Sa6ne-et-Loire, 1 11 ; Haute-Saône, 2; Sarthe, l/i47 ; Seine, 3.1; Seine-Inférieure, 13; Vendée,
6-48; Vienne, 220; Haute-Vienne, 76.
Les arrivages de moutons ont été supérieurs de 3,500 tètes environ à ceux d"
la semaine dernière, tous les autres ont été moindres. Les prix sont en /•auss''
pour toutes les sortes excepté pour les moutons, qui ont conservé le même qu'il
y a huit jours. — Sur les marché:^ des départements, on ente : Stdan^ bœuf,
1 fr. 60 à 1 fr. 80 le kilog.; veau, 1 fr. 4U à 2 fr.; mouton, 1 fr. 50 'à 2 fr. iO;
porc, 1 tr. 40 à 1 fr. 70. — Nancy, bœuf, 84 à 86 fr. les 100 kilog. bruts; va-
che, 80 à 84 fr.; veau, 45 à 55 fr.; mouton, 80 à 95 fr.; porc, 55 à 60 fr. — F.rreux,
bœuf, 2 fr. 10 le kilog; veau, 2 fr. 30; mouton, 2 fr. 3i); porc, 1 fr. 70. — lloum,
boeuf, 1 fr. 'i5 à 1 fr. 75; vache, 1 fr. 40 ."i 1 fr. 70; veau, 1 fr. 45 à 1 fr. 80;
mouton, 1 fr. 75 à 2 fr. 05; porc, 1 fr. à 1 fr. 25. — Louvurs, bœuf, 1 fr. 40
à 2 fr.; veau, 2 fr. à 2 fr. 40; mouton, 2 fr. à 2 fr. 40; porc, 1 fr. 80 à 2 fr.
— Nevcrs, bœuf, 1 fr. .60 à 1 fr. 80; vache, 1 fr. 40 à 1 fr. 60; veau, 2 fr.;
400 REVUE COMMERCIALE ET PRIX GOURANT (6 DÉCEMBRE 1884).
mouton, 2 fr.; porc 1 fr. 60; — Le Pinj, bœuf, 1 fr. 80; vache, 1 fr. 60; veau,
1 fr. 70; mouton, 1 fr. 80; porc, 1 tr. 70. — Barbezieiix, bœuf, 1 fr. 60 à
1 fr. 80; veau, 1 fr. 80 à 2 fr.; mouton, 1 fr. 40 à 1 fr. 60; porc, 1 fr. 40 à
1 fr. 60. — Givrât), bœuf, 1 fr. 50; vache, 1 fr. 50; veau, 1 fr. 80; mouton,
1 fr. 80; porc, 1 ir. 40. — Condom, bœuf, 1 fr. 60 à 1 fr. 80; veau, 1 fr. 40 à
1 fr. 60; vache, I fr. à 1 fr. 20; mouton, 1 fr. 70 à 2 fr. 20; agneau, 1 fr. 60 à
1 fr. 80. — Bordeaux, bœuf, 0 fr. 80 à 2 fr. 45 ; veau, I fr. 40 à 2 fr. 40: mou-
ton, 0 fr. 90 à 2 fr, 50; porc, 0 fr. 65 à 2 fr. — Perpignan, bœuf, 1 fr. 60;
vache, 1 fr. 50; veau, 1 fr. 80; mouton, 1 fr. 70; porc, 1 fr. 35.
A Londres, il a été importé, pendant la semaine 1,833 bœufs étrangers,
353 veaux, 5,998 moutons et 28 porcs, dont 115 bœufs de Montréal. — Prix par
kilog. : bœuf, 1 fr. 38 à 2 fr. ; mouton, 1 fr. 72 à 2 fr. 19 ; veau, 1 fr. 83 à 2 fr. 07 ;
porc, 1 fr. 04 à 1 fr. 38.
Viande à la criée. — Il a été vendu à la halle de Pans, du 24 au 30 novembre :
Prix du kilog. le 1' Ji-cembre.
kilog. l" quai. V quai. 3' quai. Choix. Basse nciicherie.
Bœuf OU vache... 166,693 1.60 à 2.00 1.38 à \.b« 0.96 à 1.36 1.46 à 2.46 0.20 à 1.36
Veau 147,952 1.66 2.00 1.44 1.64 1.10 1.42 . » .
Veau 70,715 1.38 1.64 1.16 1.36 0.90 1.14 1.50 3.10 . »
Porc 61,42S Porc frais 1.10 à 1.34; salé, 1.18
446,688 Soilparjour 63,862 kilog.
Les ventes ont été moins importantes que la semaine dernière; elles ont dimi-
nué de plus de 7,000 kilog. par jour; les prix sont en hausse pour le bœuf, en
baisse pour le mouton.
XII. — Cours de la mande àl'ahattoir de la Villelte du jeudi 4 décembre (par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On ^end à la Villette par 50 kilog. : 1" qualité,
64 à 67 fr.; 2% 59 à 64 fr. Poids vif, 42 à 47 fr.
Bœufs. Veaux. Moutons.
1" T 3' i" V 3" l" 2'
quai. quai. quai. quai. quai. quai. quai. quai. quai.
fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr.
77 68 60 103 98 90 78 70 63
XIII. — Marché aux bestiaux de la Tillette du jeudi k décembre 1884.
Cours des commissionnaires
Poids Cours officiels. en bestiaux.
Animaux gênerai, l" i: 3" Prix 1" V 3* Prix
amenés. In7endas. kil. quai. quai. quai, extrêmes. quai. quai. quai. extrêmes
Bœufs 2.543 2S1 350 1.64 l.bO 1.24 ;.l(iàl.63 1.62 i bO l.2'2 1.24HI US
Vaches 753 99 i36 i.b6 1.38 I 16 I.IO 1 . tio l.b'i 1 36 1.1b I.U5 1 60
Taureaux... H6 !0 390 1.42 1.34 1-lS 1.14 I 46 1.40 1,30 1.15 1 10 1 42
Veaux 1. 118 164 » 1.90 1.70 i.60 I 40 1A0 » » » »
Moutons 15 242 2.497 20 l.PO 1.66 ! 44 ! 38 t 84 . . . »
Porcs gras.. 5.093 185 81 1.16 1.10 1 05 1.02 1.22 » » » '
— maigres.. » > »»•»..»»»»»
Vente difficile sur toutes les espèees.
XIV. — Résumé.
En résumé, les cours des céréales se maintiennent; ceux de toutes les autres
denrées sont sans changements notables, sauf pour les alcools qui ont encore subi
de la baisse. A. Rèmy.
BULLETIN FINANCIER
La faveur s'est maintenue sur les fonds d'Etat qui ont regagné encore quelques
centimes sur la semaine dernière. On cote à la Bourse : 3 pour 100, 79 fr. 17 ;
— 3 pour 100 amortissable, 80 fr. 75; — 4 et demi pour 100 nouveau, 108 fr. 70.
Les actions des établ.ssements de crédit sont cotés comme suit : Banque de
France, 5,180 fr. ; Banque Je Paris et des Pays-Bas, 720 fr.; Banque d'escompte,
525 fr.; Comptoir d'escompte 955 fr.; Crédit foncier et agricole d'Algérie, 483 fr. 7b;
Crédit foncier, 1.307 fr. 50; Csédit lyonnais, 520 fr.; Société générale, 452 fr. 50;
Société de dépôts et comptes courants, 605 fr. — Les Actions de chemins de
fer sont aux taux suivants : Est, 772 fr. 50; Pans-Lyon-Médilerranée,
1,240 fr.; Midi, 1,177 fr. 50; Nord, 1,665 fr.; Orléans, 1,321 fr. 25; Ouest,
837 fr. 50.
Taux de l'escompte à la Banque de France, 3 pour 100: intéiêt des avances,
4 pour 100. E. Féron.
Le Gérant : A. Bouché.
CHRONIQUE AGRICOLE (i. décb:mbre i8S4).
Vote de la Commission des tarifs de douane sur les relèvements relatifs aux céréales. — Dépùl
du rapport de M. Raoul Duvdl relatif à l'élévation dfis droits de douane sur le bétail. — Dis-
cussion et vote du budjjet du ministère de l'agriculture. — Prise en considération de la propo-
sition de loi de M. Fleury sur la mobilisation partielle «le la propriété foncère. — Iri'poriation
du blé en France jusi|u'au l.î novembre 1884. — Vœux des Associations agricoles sur le relève-
ment des tarifs de douane. — Vote de la Société d'agriculture des Bisses-Pyrénées du Comice
de Parihenay, de la réunion des agriculteurs du Loiret. — Visite du hureaa du Comice de
Seine-et-Oise au ministre de l'agriculture. — Etaploi du blé pour la nourriture ilu batail.
Ligne agricole du Mili. — Le prix de revient du blé. — Proposition de M. d'Aillières sur les
encouragements à la production du cheval de trait. — Nécrologie. — .M. Touatllon. — Société
des agriculteurs du N'onl. — Concours d'animaux de boucherie à Angouléme et à Reiras. —
Concours de volailles grasses à Louhans. — Le phyl oX'îra. — Fraude dans le sulfurage des
vignes. — Ecole de greffage dans l'arrondissement de Béziers. — Diminution de la rente du
sol dans la grande-Bretagne. — Rapport de M Grandvoinnet sur les fromageries de Suisse et du
département de l'Ain. — Syndicat des engrais à Qnimperlé. — Emploi des tourteaux de graines
de colon d'Egypte. — Bulletin du ministère de l'agriculture. — Analyse du 7' fascic île de 1884.
— Exposition d'horticulture à Caen. — Promotion de M. Renou au grade d'oflicier de la légion
d'honneur. — Décoration dans la légion d'honneur à l'occasion de l'exposition internaiionale
agricole à .\msterdam. — Médailles fic/te inm-enli envoyées à M-M. Grandvoinnet, Heuzé et
Prillieux.
I. — La réforme des tarifs de douane.
La question de la réforme des tarifs de douane sur les produits agri-
coles a fait un nouveau pas durant cette semaine. Nous avons fait con-
naître, dans notre précédente chronique, les tarifs que le ministre de
'agriculture avait proposés, au nom du gouvernement, à la Commis-
sion de la Chambre des députés. Celte Commission, après avoir discuté
ces tarifs, les a modifiés comme il suit : sur le blé, 3 fr. par quintal
métrique, au lieu de 2 fr. 60, chiffre du gouvernement ; sur les farines,
7 fr., au lieu de 5 fr. 20 ; sur l'orge, 2 fr,, au lieu de l'exemption. Le
taux de 1 fr. 50 pour l'avoine serait maintenu, ainsi que l'exemption
pour le seigle et le sarrasin, la question du droit sur le maïs étant
toujours réservée. La Commission a désigné deux rapporteurs :
M. Raoul Duval, pour la question du bétail, M. Graux, pour celle ces
céréales. Telles sont les conditions dans lesquelles la discussion s'ou-
vrira devant la Chambre des députés.
M. Raoul Duval a déposé son rapport dans la séance publique du
8 décembre. On sait que ce rapport conclut au maintien de l'état
actuel des choses en ce qui concerne le bétail. A côté de diverses consi-
dérations sur lesquelles il n'y a pas lieu d'insister en ce moment, le
rapporteur s'appuie sur un argument qui présente une force réelle.
C'est que, les viandes abattues étant comprises dans les traités de
commerce actuellement en vigueur, l'élévation du droit de douane
sur le bétail ne pourrait pas avoir actuellement d'effet sensible : les
importateurs tourneraient la difficulté en nous expédiant delà viande
abattue, au lieu de bétail sur pied. Le résultat serait donc nul pour l'a-
griculture française.
Nous en avons désormais fini avec les lenteurs de la Commision de
la Chambre des députés. Le rapport de M. Graux ne peut tardera être
déposé, et la discussion pourra commencer avant la fin de la session
de 1884. Les agriculteurs attendent une solution avec une légitime et
vive impatience.
IL — Le budget de l'agriculture.
Dans ses séances du 4, du 5 et du 6 décembre, la Chambre des
députés a discuté et volé le budget du ministère de l'agricilture
pour 1885. Dans un précédent numéro, nous avons annoncé que ie
ministre de l'agriculture s'était mis d'accord avec la Commission sur
la plupart des chapitres sur ce budget. Il en est résulté que, de ce
côté, sauf en ce qui concerne l'administration des forêts, la discussiofl
ri° 818. — Tome IV de 1884. — 13 Décembre
402 CHRONIQUE AGRICOLE (13 BÉCEMBRE 1884).
n'a pas été très animée. Mais beaucoup d'amendements ont été présentés
et vivement défendus par leurs auteurs : tous remplis d'excellentes
intentions, mais se heurtant facilement à cet inévitable obstacle de la
situation des finances qui exige impérieusement des économies. Une
brillante discussion a été engagée entre M. Viette, rapporteur du bud-
get des forêts, et M. Méline, ministre de l'agriculture: le premier,
attaqant avec force les rouages de ladministration forestière, le second
défendant énergiquement son personnel et son organisation qu'il
reconstitue d'ailleurs pour la mettre à la hauteur des nécessités des
travaux nouveaux dont la loi récente sur le reboisement lui a confié
l'exécution. La victoire est restée, en fin de compte, à la justice défen-
due par le minisire de l'agriculture; on ne peut pas, du jour au lende-
main, modifier jusque dans ses fondements, le corps forestier dont
les services sont hautement appréciés dans toutes les régions où il
exerce son activité.'
Entre temps, la Chambre des députés a pris en considération ime
proposition de loi de M. Fleury, ayant pour objet la mobilisation par-
tielle de la propriété foncière. Chaque propriétaire serait autorisé à
émettre des billets hypothécaires, jusqu'à concurrence du quart de la
valeur de sa propriété; ces billets, qui seraient remboursables à
échéance fixe, seraient garantis par l'Etat, qui percevrait une rede-
vance annuelle de 2. et demi pour 100 sur le montant des billets émis.
C'est une solution assez originale de la question du crédit pour le
propriétaire du soi; elle se rapproche du système Torrens, appliqué,
comme nous l'avons expliqué, dans plusieurs parties de l'Australie.
Mais serait-ce une solution pour le crédit agricole, quand l'exploitant
n'est pas propriétaire du sol? 11 est permis d'en douter. Par conséquent,
ce ne serait pas le crédit agricole complet. Toutefois, c'est une question
à examiner de près, à étudier à fond. Des systèmes analogues à celui
proposé par M. Fleury ont été exposés dans nos colonnes, notamment
par M. Ayraud. Il serait bon qu'une discussion approfondie ne tardât
pas longtemps devant le Parlement. Presque tout le monde est d'ac-
cord sur ce point que, dans beaucoup de circonstances, le capital du
cultivateur est insuffisant, et que celui-ci est obligé de payer trop cher
l'argent qui lui est nécessaire. 11 faut aboutir ta organiser le crédit agri-
cole, dont notre agriculture a le besoin le plus réel,
ni. — L'importation du blé en France.
Pendant que les discussions se poursuivent, le commerce des grains
ne reste pas inactif. Le Journal officiel publie le relevé suivant des quan-
tités de froment (grains et farines) importées et exportées du l" août
au 1 5 novembre :
Importations (quint, métr.). Exportations ^quint. métr.).
Grains. Farines. Grain?. Farines.
Du 1" août au 31 octobre 3,391,259 110,421 11,536 23,724
Première quinzaine de novembre. 304,173 14,950 081 1,188
Totaux , 3,695,432 125,371 12,217 24,912
Le mouvement commercial est moins accéléré que durant la quin-
zaine précédente; mais c'est surtout en ce qui concerne les exportations
que la diminution est considérable.
IV. — Vœux (les associations agricoles.
Nous continuons à enregistrer les vœux émis par les associations
agricoles. Dans une réunion qui a suivi le concours de MauléoUj
CHRONIQUE AGRICOLE (13 DÉCEMBRE I88i). 403
le 4 novembre, la Société d'agrieiillure des Basses-Pyrénées, prési-
dée par M. Sers, a émis un vœu relatif au relèvement des tarifs de
douane sur les denrées agricoles. Nous publierons prochainemeni les
excellents conseils que, dans cette occasion, M. Sers a donnés aux
agriculteurs pour l'amt-lioration de la culture du blé.
Dans sa séance du 12 novembre, le Comice agricole de Partbenay
(Deux-Sèvres), sous la présidence de M. Albert, a émis les vœux
suivants :
« Considérant que la crise qui pèse sur l'agriculture depuis plus d» cinq ans
devient, chaque joui- plus intense, et qu'à bref délai elle amènera la ruine de la
France entière et plus particulièrement des départements (jui, comme celui des
Deux-Sèvres, n'ont pas d'autre industrie que l'agricullure ;
a Emet à l'unanimité le vœu que, par une loi spéciale, les droits de douane
soient immédiatement augmentés sur les produits agricoles similaires aux siens,
et qui viennent de l'étranger leur faire concurrence sur les marchés français;
« Et que les droits à percevoir par la douane française soient ainsi lixés par le
Parlement :
« Grains. — Proment, épeautreet méteil, par hectolitre, 5 fr.; farine, par hecto-
litre, 9 Ir.; ssigle, avoine, orge, maï<, sarrasin, p-ir hectolitre, 3 fr.
_ « Bélail. — Bœu''s, 6Û fr. par tète; vaches, 40 fr.; taureaux, 32 fr.; bouvillons,
génisses, 20 fr.; veaux, béliers, moutons, brebis, 6 fr.; agneaux, 7 fr.; boucs,
chèvres, chevreaux, 2 fr.; porcs, 15 fr.; cochons de lait, 3 fr.
« Viande de boucherie, par 100 kilog., 20 fr.; viande salée, par 100 kilog., 15 fr.;
chevaux, mules, mulets, 50 fr.
« Elle a fixé les droits sur les céréales en raison du prix de revient qu'elle a
établi comme il suit; bl', par hectolitre, 21 fr.; seigle, par hectolitre, 14 fr.;
avoine, par hectolitre, 9 fr. »
Une réunion des agriculteurs du Loiret a eu lieu le 7 décembre à
Orléans, sur l'initiative des Comices d'Orléans, de Montargis, de
Pithiviers et de Gien, présidés par MM. Darblay, Nouette-Delorme,
Rabier et Augère. Les sénateurs et les députés du département y
assistaient. Après un important discours de M. Darblay, qui présidait,
une discussion s'est engagée à laquelle ont pris part MM. Rabier,
Thibault, de Courcy, Lefebvre, et MM. de Massy et Bernier, députés.
La réunion a voté les relèvements de tarifs de douane qui suivent:
Froment, 5 fr. par 100 kilog.; seigle, orge, avoine, maïs, riz et darie, 3 fr.;
farine, 8 fr.; chevaux, 40 fr. par tête ; bœufs, 60 fr.; vaches, 40 fr.; moutons 7 fr.;
porcs, 15 fr. — Viandes fraîches et salées, 20 fr. par 100 kilog.; laine eu suint, 30 fr.;
vin, 10 fr. par hectolitre. — Tous les autres produits non énumérés, 10 pour 100
de leur valeur.
Le bureau du Comice agricole de Seine-et-Oise, représenté par son
président M.Henri Besnàrd, accompagné de quinze autres membres,
a été reçu le 26 novembre, par M. le ministre de l'agriculture et lui
a exposé les souffrances de la petite et de la grande culture dans ce
département, dues surtout à la concurrence des produits agricoles
étrangers, dont l'entrée est libre. Les membres du Comice ont prié
M. le ministre de demander au parlement un relèvement des droits
payés par ces produits à leur entrée en France. Ils se sont retirés très
satisfaits des encourageantes paroles par lesquelles M. Méline a
accueilli leur démarche auprès de lui.
Relativement au découragement qui paraît se manifester chez ua
certain nombre de cultivateurs, M. G. Maleit nous envoie d'Angers
(Maine-et-Loire) la noie suivante :
« Voulez-vous me permettre de vous signaler un fait nonveau dans notre région
de l'Ouest? Le voici : beçLucoup de fermiers commencent à donner leur froment
kQk CHRONIQUE AGRICOLE {13 DÉCEMBRE 1884).
en pâture a leurs bœufs, à leurs porcs et aux animaux de basse-cour. Jusqu'ici on
se contentait de leur donner de l'orge, de l'avoine, du son. Mais le prix du
froment est tombé si bas que nos cultivateurs trouvent qu'ils ont avantage à
procéder de la sorte.
« C'est inouï avec nos traditions et nos préjugés, mais le fait n'est pas niable,
ci l'on doute, qu'on ouvre une enquête. »
Le Comice agricole de Vau vert (Gard) a pris l'initiative de l'orga-
nisation d'une Ligue agricole du Midi, analogue à celle dont nous
avons annoncé la création dans plusieurs régions. Dans une réunion
qui a eu lieu le 29 novembre, un comité provisoire a été désigné
pour poursuivre cette entreprise.
Dans la délibération du comice de Parthenay, que nous venons de
reproduire, le prix de revient de l'hectolitre de blé est fixé à 21 fr.
Ge prix est celui qui ressort aussi d'intéressants documents que nous
a remis M. le marquis de Poacins sur la moyenne du prix, du revient
du blé dans la Loire, dans les bonnes exploitations, et en se basant
sur un rendement de 16 hectolitres. Nous aurons à revenir sur ces
documents. Pour l'Algérie, M. Bastide, président du comice d'Oran.
nous communique les frais d'une exploitation de 200 hectares affectée
à la culture des céréales : le prix de revient du blé, à raison de
12 quintaux par hectare, ressort à 20 fr. par quintal, celui de
l'orge à 1 2 fr.
V. — La production des chevaux de trait.
On sait que M. d'Aillières, député de la Sarthe, et un grand nombre
de ses collègues ont présenté à la Chambre une proposition de loi ayant
pour objet de provoquer des mesures afin de sauvegarder les intérêts
de l'élevage des races chevalines de trait, notamment en augmentant
le nombre des étalons de trait dans les haras de l'Etat. D'après la loi
organique de 1874, l'administration des haras doit entretenir
400 étalons de trait dans ses dépôts; or, on n'en compte actuellement
que 230. Faut-il maintenir rigoureusement le nombre fixé par la loi,
ou peut-on airiver par d'autres moyens au but que l'on poursuit?
C'est ce qu'a recherché la Commission de la Chambre, chargée
d'examiner la proposition de M. d'Aillières. Elle tonclul à proposer la
disposition suivante : « Indépendamment des crédits inscrits au bud-
get |)Our encouragements à l'industrie chevaline, lorsqu'un dépar-
tement, une commune, ou une Société hippique ou agricole aura voté
une somme destinée à être employée en primes aux reproducteurs
approuvés de nos races de chevaux de trait, dans les pays et aux condi-
tions qu'aura déterminés un arrêté ministériel, l'Etat donnera une
somme égale qui viendra doubler la première et sera répartie avec
elle, par une Commission présidée par l'inspecteur général de la
région. »
Nous ne pouvons qu'approuver l'esprit dô cette mesure; mais nous
craignons bien qu'elle ne demeure platonique. Demander à un arrêté
ministériel de déterminer les régions dans lesquelles on pourra encou-
rager l'élevage du cheval de trait, c'est, dans l'état actuel des choses,
s'en rapporter exclusivement à l'administration des haras ; par
conséquent, c'est prolonger les errements actuels, et même c'est leur
donner une consécration. Or, les faits sont là pour prouver le peu
d'enthousiasme que l'administration des haras apporterai la nouvelle
mesure. Ne serait-il pas bien préférable de revenir, mais celle fois par
CHRONIQUE AGRICOLE (13 DÉCEMBRE 188'à). 405
une bonne loi au lieu d'un arrêté facilement révoc;ible, à la dispo-
sition qui a duré trop peu de temps, par la([uelle les encoura<i;emeat8
à la produclion du cheval de trait ont été mis à la disposition de la
direction de l'agriculture. Le cheval reviendrait figurer avec honneur,
au même rang que tous les autres animaux de la ferme, dans les con-
cours régionaux d'où il n'aurait jamais dû être éliminé.
VI. — Nécrologie.
Nous apprenons avec regret la mort de M. Charles Touaillon. in-
génieur civil, décédé le 3 décembre à l'âge de T,i ans. Il était un des
hommes les plus versés dans toutes les questions qui se rattachent
aux industries des céréales; comma constructeur de moulins, il a fait
faire d'importants progrès à la meunerie. Oa lui doit un ouvrage très
estimé sur la meunerie, l'araidonnerie et les industries annexes.
VII. — Société des agriculteurs du Nord.
La Société des agricuUeurs du Nord procédera, le dimanche 21 dé-
cembre, à la distribution solennelle des récompenses pour ses divers
concours, notamment pour celui de la culture de la bettsrave à sucre.
Nous n'avons pas à rappeler l'importance prise par ces concours qui
ont puissamment contribué à propager, dans le département du Nord,
la culture des bonnes races de betteraves à sucre.
VIII. — Concours d'animaux de boucherie.
La Société d'agriculture de la Charente a décidé, sous la présidence
de iM. Eug. de Thiac, que son concours d'animaux gras et de repro-
ducteurs aurait lieu à Angoulême les samedi 31 janvier et diman-
che 1" février 1885. Sont admis à ce concours les animaux gras nés
ou élevés dans la Charente et dans les départements de la région du
sud-ouest : Charente-Inférieure, Gironde, Lot-et-Garonne, Dordogne,
Haute-Vienne, Vienne, Deux-Sèvres et Vendée. Les animaux reproduc-
teurs sont spéciaux à la Charente. Des prix nombreux et importants et
des médailles y seront distribués. Les machines et instruments agri-
coles y sont admis. On doit s'adresser, pour les renseignements, à
M. Clément Prieur, secrétaire général de la Société, Hôtel de Ville, à
Angoulôme.
Un concours d'animaux de boucherie, organisé par le Comice de
l'arrondissementdeReims, sous ladireclion deson président, M. Charles
Lhotelain, se tiendra à Reims les 5 et 6 janvier prochain. Ce con-
cours est ouvert à tous les éleveurs et nourrisseurs des trois départe-
ments des Ardennes, de l'Aisne et de la Marne ; il comprendra les
animaux de boucherie des races bovines, ovines et porcines. Une
somme de 3,750 fr. est mise à la disposition du jury pour être
décernée en primes et en médailles. Les déclarations doivent êlreadres-
sées au président du Comice de Reims, avant le {"janvier.
IX. — Concours de volailles grasses.
La Société d'agriculture de Louhans (Saône-et-Loire) organise un
concours de volailles grasses qui se tiendra à Louhans, le dimanche
21 décembre. Les volailles vivantes de race bressanne seront admises
à ce concours à titre de spécimens, et des primes leur seront attribuées.
Chaque lot de ces volailles comprendra un coq et deux poules. Les
déclarations pour ce dernier concours devront être faites le lundi
15 décembre, au plus tard, au secrétariat de la Société, à Louhans,
40^ CHBONIQUE AGRICOLE (13 DÉCEMBRE 1S84).
X. — Le phylloxéra.
Le Progrès agricole et viticole, rédigé par M. Degrully, publie, dans
son numéro du 30 novembre, la note suivante, relative à des fraudes
commises dans le sulfurage des vignes contre le phylloxéra. Nous
croyons utile de la reproduire :
« Le Progrès agricole n'a jamais manqué une occasion de signaler les abus
dont sont victimes les viticulteurs ; il a aujourd'hui l'occasioa de signaler une
fraude qui pourrait faire le plus j^'rand tort à la viticulture régionale si on la lais-
sait continuer. C'est un ouvrier récemment congédié par un des nombreux entre-
preneurs de sulfurage à façon,- qui vient de nous la dévoiler.
« Il paraîtrait que certains ouvriers ont la consigne de travailler avec la ron-
delle de dosage peu serrée, en sorte qu'une grande partie du sulfure remonte
dans le réservoir, au lieu d'être projetée dans le trou. Avec ce moyen économique,
l'entr.'preneur n'emploie qu'un baril de sulfure au lieu de deux. Si le propriétaire
survient, il va sans dire qu'on fait tourner légèrement les manettes du pal pour
rétablir en partie le dosage. ^
11 n'est pas étonnant qu'avec cette façon d'opérer le phylloxéra ne soit pas
détruit; si le propriétaire se plaint, on lui répond que le terrain n'est pas
favorable.
« De tous les systèmes employés, le pal Grastine est prs.:;que le seul qui ne se
prête pas à cette fraude ; aussi nous dit-on qu'un certain nombre d'entrepreneurs
le reie.ttent systématiquement, pour employer les contrefaçons.
« "Nous ne saurions trop engager les propriétaires à surveiller le dosage des
pals des entrepreneneurs et surtout à acheter eux-mêmes le sulfure ; car il est bien
évident que, si le viticulteur fournit cet insecticide, l'entrepreneur n'a pas intérêt
à le ménager en employant des pals qui ne dosent pas. »
Le Comice agricole de Béziers (Hérault), présidé, par M. Janssan,
vient de suivre l'exemple donné déjà par plusieurs associations agri-
coles notamment par la Société de viticulture du Rb(5ne. 11 a décidé
que des écoles de greffage de la vigne, subventionnées par le Comice
et fonctionnant sous sa direction, seraient établies en 1885 dans les
communes suivantes : Béziers, Pézenas, Agde, Florensac, Servian et
Murviel. Chacune de ces écoles sera dirigée par un maître greffeur
nommé par le Comice. Les cours de greffage auront lieu dans ces com-
munes les dimanches et jours de fête de 2 heures à 4 heures depuis
le 21 décembre 1884 jusqu'au 15 mars 1885. L'entrée des cours de
greffage sera gratuite.
XI. — La rente du sol en Angleterre.
Dans une précédente chronique, nous avons fait connaître que la
crise agricole qui pèse en Frauce atteint aussi les autres pays d'Europe,
notamment l'Angleterre, et nous avons signalé les vœux émis par
l'Alliance des fermiers anglais, relativement à la baisse du taux des
fermages. En Angleterre, grâce à rincome-lax, on peut se rendre
compte assez facilement du mouvement de la rente du sol. La rente
adéjà subi un mouvement de recul assez considérable ; ce mouvement
résulte de la comparaison suivante entre les évaluations faites à trente
ans d'intervalle, de 1852-53 à 1882-83. Ce tableau s'applique à la
rente des fermes, des jardins maraîchers et des établissements d'é-
levage en Angleterre et eu Ecosse :
Accroissement Diminution
de 1S52-53 de 1879-80
1652-53. 1879-80. 188Î-83. à 1879-80. â 1383-33.
Fr. Fr. Fr. Fr. Pr.
Angleterre et pays de Galles. 1,028,930,425 l,290,r,39,000 l,20(i, 727,200 261,690,575 83,911,800
Ecosse....; 135. 37 1.900 Iv'i,i22,975 lSH,321,6i5 59.051.075 5,101.350
Totaux... ^ l,l«'i,302,325 1,485,061,975 1,398,043,825 331,741,650 89,113,150
GHRONIQaE AGRICOLE (13 DKGEMBRE 1884). 407
Ea dix-huit années, l'accroissement du revenu a été de plus de
320 millions de francs; en trois ans, la diminution a été de 89 mil-
lions de francs, c'est-à-dire qu'elle atteint presque 28 pour 100 de
l'augmentation totale. Le mouvement de baisse est beaucoup plus ac-
céléré ([ue ne l'avait été le mouvement de hausse.
XII. — L'induslrie laitière en Suisse.
Nous n'avons pas à rappeler l'importance de la fabrication du fro-
mage de Gruyère dans quelques-uns de nos départements de l'est,
notamment dans ceux du Doubs et de l'Ain. Des elTorts ont été pour-
suivis depuis quelques années par les associations agricoles, afin de
développer les progrès dans la fabrication, et surtout dans l'instal-
lation des fruitières. Parmi les travaux qui seront d'une grao'/^"
utilité pour donner de l'extension à ce mouvement, nous devons si-
gnaler un rapport que M. Grandvoinnet, professeur d'agriculture
dans l'Ain, vient d'adresser à la Société d'agriculture de ce dé-
partement, sur un voyage qu'il a fait en Suisse, au mois de mai
ièS'i. Dans ce rapport rédigé avec le plus grand soin, et accompa-
gné de nombreuses planches, M. Grandvoinnet passe en revue plu-
sieurs des meilleures fruitières pour la fabrication du Gruyère propre-
ment dit et pour celle du fromage gras ou d'Emmenthal. Il signale,
d'autre part, ([uelques-unes des fromageries du département de l'Ain,
qui peuvent aussi servir de modèle, notamment celles de Maillât, de
Ruffieu et de Revonnas. On consultera son rapport avec un réel pro-
fit. Notons, en passant, une étude de M. Roset, conseiller général,
sur le rendement du bétail de pays dans le canton d'Izernore; il en
ressort que quatre vaches ordinaires, nourries à l'étable avec foin et
regain, ont donné en fromage et en veaux vendus à la boucherie, un
produit brut de 1,156 fr. ; les frais de fabrication du fromage s'étant
élevés à 85 fr., le produit net aétéde 1,071 fr. pour les quatre bêtes.
XIII. — Commerce des engrais.
On nous prie de reproduire l'avis suivant :
Le bureau du syndicat des agriculteurs de rarroudlssement de Quimperlé
(Finistère) s'est définitivement constitué à la date du 16 novembre 1S84. Il prie
les négociants qui voudraient participer aux fournitures d'engrais d'adresser leurs
conditions de vente et les renseignements concernant leurs produits, à M. David,
président du syndicat agricole, à Quimpcrlé. Out e les conditions de vente, de
livraison et de payement, le bureau prie les fabricants d'indiquer dans leur note
le mode de dosage auquel ils entendraient se rapporter pour la vérification de la
richesse des engrais qui leur seraient demandés.
L'emploi des tourteaux de graines de coton d'Egypte, fabriqués
à Marseille par MM. Darier de Rouffio, a pris une grande exten-
sion dans beaucoup d'exploitations. On nous prie d'annoncer que
M. Th. Pilter, de Paris, est désormais le seul concessionnaire pour
la vente de ces tourteaux en France, en Algérie et en Tunisie. Ces
tourteaux sont vendus avec garantie de dosage ; les prix n'ont pas subi
de changements.
XIY. — Bulletin du ministère de f agriculture.
Le 7" fascicule pour 1 884 du Bulletin du ministère de l'agriculture
a paru récemment. Outre plusieurs documents officiels que nos lec-
teurs connaissent, on y trouve plusieurs rapports sur des questions
agricoles dans les pays étrangers : un rapport de M. le comte Fou-
408 CHRONIQUE AGRICOLE (13 DÉCEMBRE I88't].
cher de Careil, ambassadeur à Vieane, sur le crédit agricole eu Autri-
che-Hongrie; plusieurs rapports relatifs à la réunion des parcelles ter-
ritoriales en Allemagne; des rapports sur la sériciculture en Pologne,
sur la culture du pommier en Espagne, sur la production séricicole et
l'exportation des vins de Sicile ; une étude de M. Clavery sur l'insalu-
brité des viandes salées américaines ; plusieurs documents l'éunis par
M. Grosjean, sur l'agriculture américaine; la suite du rapport de
M. Sauvage sur l'exposition internationale des produits et engins de
pêche à Londres en 1883. On lira avec profit le rapport de M. Tisserand
sur les moyens employés en Allemagne pour combattre le parcellement
en pièces éparses des domaines ruraux.
XV. — Exposition d'horlicuUure à Caen.
A l'occasion du cinquantième anniversaire de sa fondation, la Société
d'horticulture de Caen et du Calvados organise une exposition géné-
rale, dont la date est fixée du 6 au 8 juin 1885. Elle fait appel à tous
les horticulteurs marchands et amateurs, français et étrangers. Ses
concours comprendront tous les produits de l'horticulture : plantes de
serre et de pleine terre, fleurs, arbres, arbustes, graines, légumes,
fruits, objets se rattachant à l'horticulture, etc. Des prix d'honnenr
consistant en objets d art et médailles d'or, de vermeil, d'argent et de
bronze, seront mis à la disposition du jury.
XVI. — Décorations pour services rendus à VagricuUure.
Par décret en date du 4 décembre, M. Renou, ancien membre de
la Commission scientifique de l'Algérie, directeur de l'observatoire
météréologique du parc Saint-Maur, a été promu au grade d'officier
de la Légion d'honneur. On sait combien sont importants les travaux
de M. Renou sur la météorologie. Nos lecteurs ont sous les yeux,
chaque mois, le résumé de ses observations.
Le Journal officiel du 1 1 décembre publie la liste des promotions ou
nominations dans la Légi m d'honneur, faites sur la proposition du
ministre de l'agriculture,. à l'occasion de la récente exposition interna-
tionale agric de d'Amsterdam. — Ont été promus ou nommés :
Au grade d'ojficier : MM. NûUette-Delorme, propriétaire-a£;ricuIteur à
Ouzouer-des- Champs (Loiret), membre du Conseil supérieur de l'agriculture,
membre de la Société nationale d'agriculture de France, lauréat de la prime
d'honneur de son département et des principales récompenses décernées dans
tous les concours régionaux, généraux et internationaux d'agriculture depuis plus
de vingt ans, membre du Comité d'organisation et du jury de l'exposition inter-
nationale agricole d'Amsterdam. Chevalier du 10 avril 1877.
Lavalabd, membre du Conseil supérieur de l'agriculture et du Comité des
èfiizooties. chargé de cours à l'Institut national agronomique, membre du Comité
d'organisation et du jury de l'agriculture à l'exposition universelle de 1878, mem-
bre du jury des concours généraux agiicoles de France depuis douze ans, membre
de la Commis-ion d'organisaiiou, du Comité d'aimission et du jury de l'exposition
internationale agricole d'Amsterdam. Chevalier du 17 septembre 1»71 .
CoRNUT, ingénieur en chef, président de l'Association des propriétaires d'appa-
reils à vapeur, à Lille, l'un des principaux organisateurs du musée industriel et
agricole de Lille, membre du jury de l'exposition internationale agricole d'Ams-
terdam. Chevalier du 20 octobre 1878.
Au gradô de chevalier: MM. Récipon, président du Comité d'admission et
président de section du jury international de l'exposition d'Amsterdam, vice-pré-
sident de la Commission d'organisation, membre du Conseil supérieur de l'agri-
culture, président de la Société nationale d'encouragement à l'agriculture; services
exceptionnels.
CHRONIQUE AGRICOLE (13 DÉCEMBRE 1884). 409
BoUFFET (Alexis-Gabriel), secrétaire général de la préfecture du Nord; services
exceptionnels pour l'organisalioa de l'exposition collective du Nord à l'exposition
universelle d'Amsterdam en 1883, et à l'exposition internationale d'agriculture
en 1884, président de section au jury international de l'exposition agricole
d'Amsterdam.
Bdyenval, agriculteur-éleveur à Sainte-Geneviève-des-Bois (Loiret), lauréat
d'un prix cultural dans son département et de nombreuses récompenses dans les
concours régionaux agricoles de France, 2 premiers prix à l'exposition internationale
agricole d'Amsterdam; services exceptionnels.
De (jAmbefort (Marie-Louis Riymond), secrétaire du commissariat général de
la section fiançaise et membre du jury international à l'exposition universelle
d'Amsterdam en 1883, secrétaire du commissariat général français à l'exposition
internationale agricole d'Amsterdam; services exceptionnels.
DANTU-DAMiiRicouRT, agiiculteur et distillateur de betteraves à Steene (Nord),
130 médailles dans les concours agricoles pour ses produits et son élevage, prix
d'honneur dans la 10' classe à l'exposition internationale agricole d'Amsterdam;
services exceptionnels.
DuQQENEt^ (Germain-Auguste), propriétaire-agriculteur à Saint-Sorlin-de-Go-
nac (Cliarente-Inférieure), lauréat de la prime d'honneur de son département,
nombreuses récompenses dans les concours agricoles français et étrangers
pour son élevage; 2 S ans de services. Lauréat des expositions internatio-
cales agricoles de Philadelphie, de Sydney, de Melbourne et d'Amsterdam ; ser-
vices exceptionnels.
Gilbert (Victor), propriétaire-agriculteur à Wideville (Seine-et-Oise), nom-
breuses récompenses pour son élevage de moutons mérinos dans toutes les expo-
sitions générales et régionales de P\-ance et dans les plus importantes evpositions
universelles de l'étranger tenues depuis quinze ans, lauréat de l'exposition inter-
nationale agricole d'Amsterdam ; 26 ans de services. Services exceptionnels.
Hervieu, propriétaire-éleveur à Varaville (Calvados), nombreuses récom-
penses dans les concours hippiques et dans les concours régionaux de France,
lauréat de l'exposition internationale agricole d'Amsterdam; services exceptionnels
Laverriére, publiciste agricole, nombreuses missions à l'étranger, membre
du jury de l'exposition internationale agricole d'Amsterdam; 30 années de ser-
vices agricoles.
Lemoine (Ernest), agriculteur à Crosne (Seine-et-Oise), membre de la com-
mission d'organisation, du comité d'admlsiioa et du jury de l'exposition interna-
tionale agricole d'Amsterdam, nombreuses récompenses dans les concours
régionaux et généraux, fondateur d'un grand établissement d'élevage de vo-
lailles, lauréat d'un prix d'honneur à l'exposition d'Amsterdam; services excep-
tionnels.
Muret, propriétaire-agriculteur à Noyen-sur-Seine (Seine-et-Marne), membre
de la Société nationale d'agriculture de France, membre du jury agricole et du
comité d'organisation à l'Exposition universelle de 1878, membre du jury de
l'exposition internationale agricole d'Amsterdam, lauréat des principales expo-
sitions iniernationales de France et de l'étranger et de l'exposition universelle
d'Am4erdam ; services exceptionnels.
Nicolas, propriétaire-agriculteur, à Arcy-en-Brie (Seine-et-Marne), lauréat
d'un prix cultural de son département, nombreuses récompenses dans les concours
généraux et régionaux, sept prix à l'exposition internationale agricole d'Amster-
dam ; services exceptionnels.
Pierre, propriétaire-éleveur, à Gaen (Calvados), nombreuses récompenses dans
les concours hippiques, lauréat de l'exposition internationale agricole d'Amster-
dam pour ses chevaux; services exceptionnels.
Plusieurs nominations dans l'ordre du Mérite agricole ont été faites
à la même occasion; nous en donnerons la liste.
Nous apprenons, d'autre part, que le roi de Roumanie vient d'en-
voyer à MM. Grandvoinnet, Hetizé et Prillieux, professeur à l'Institut
national agronomique, la médaille d'or Beiie merenti.i
Toutes ces distinctions sont venues trouver des hommes qui ont
rendu des services distingués à l'agriculture
Henry Sagmer.
410 LA LIGUE €ONTRE LE RENCHERISSEMENT DU PAIN ET DE LA VIANDFJ.
MANIFESTE DE LA LIGUE
CONTRE LE RENCHÉRISSEMENT DU PAIN ET DE LA VIANDE
Ce manifeste, sous le nom de programme, est signé par le président
du comité de la Ligue, M. Léon Say. M. Léon Say, notre confrère à la
Société nationale d'agriculture, n'est pas un simple docteur en écono-
mie politique ; rompu aux grandes affaires, ayant étudié et suivi avec
une rare distinction les intérêts et les institutions agricoles de la
France et des pays voisins, il est un de ces hommes qu'il n'est pas
permis de combattre sans le nommer, et quand il vient appuyer de sa
grande autorité morale les théories un peu trop idéales et beaucoup
trop absolues des économistes de profession, on doit se recueillir et
peser avec soin les motifs de son intervention.
Nous parlerons peu de la tactique qui s'imposait sux auteurs du
manifeste, que nous avions prévue et qui était inévitable. Pour peser
sur le vote d'une assemblée issue du suffrage universel et émue des
conditions d'une lutte prochaine, il fallait lui montrer la démocratie
blessée dans ses intérêts et marchant aux urnes au cri : Le pain et la
viande à bon marché 1 Mais il y avait un danger à cette tactique : n'al-
lait-on pas partager la France en deux camps? ne risquait-on pas de
compromettre l'avenir même de nos institutions, en sacrifiant l'agri-
culture dans l'avenir comme elle a été sacrifiée dans le passé, et en lui
interdisant, comme aux damnés de l'enfer du Dante, même l'espérance?
Pour parer à ce double inconvénient, il fallait amplifier les souf-
frances du prolétariat résultant d'un droit de douane de 2 fr. 60 par
100 kilos sur l'entrée de blés étrangers; de l'autre, il fallait dire aux
agriculteurs : « Nous compatissons à vos souffrances; mais ce n'est pas
à l'introduction des blés étrangers qu'il faut vous en prendre Vos charges
fiscales trop lourdes, les champs désertés et la main-d'œuvre rare, enfin
les droits de douane qui frappent les objets nécessaires aux agricul-
teurs et tout ce qui est de consommation courante pour tous les ci-
toyens, voilà les trois grandes raisons de vos soutîrances, et voilà ce que
vous devez poursuivre et renverser. Nous vous y aiderons. »
Les lecteurs du Journal de l'agriculLure ont vu dans notre dernier
article que nous connaissions ces trois chemins ouverts à notre dévoue-
ment pour les intérêts agricoles ; mais mon illustre confrère, M. Say,
me pardonnera si, en ma qualité d'ingénieur, je fais la vérification
des routes offertes, afin de savoir si l'on peut passer.
En ce qui concerne les impôts, pesant lourdement sur la propriété,
je rends hommage à M. Léon Say ; il ;i eu le courage de projeter un
large dégrèvement de ces charges ; mais qu'est devenu ce projet :
ce que sont devenues les neiges d'an tan ? Non seulement il n'en est plus
question, mais je doute fort que M. Say, lui-même, revenu au pouvoir,
eût l'audace d'en poursuivre la réalisation en présence de l'élat de nos
ressources. Je craindrais bien plutôt une aggravation si le souvenir
des 40 centimes de Garnier-Pagès ne nous servait pas de paratonnerre.
Voilà pour le premier point; la route est fermée. Le second point,
c'est la rareté de la main-d'œuvre : les campagnes sont désertées, et
le prix des journées s'élève; il en résulte une augmentation de frais.
Mais sans doute si la campagne est déserte, c'est que le simple culti-
vateur ne possédant rien qu'une parcelle insuffisante pour son entxe-
LA LIGUE CONTRE LE RENCHERISSEMENT DU PAIN KT DE LA VIANDE. 4] 1
tien, trouve plus avantageux de quitter les champs et d'employer ses
forces dans l'industrie ou le commerce. // loue sa parcelle (il faut rete-
nir ce fait capital), et sa journée dans l'industrie, accrue du prix de
location, lui font, sans compter l'attraction des centres, une vie plus
aisée que celle de journalier agricole. C'est un grand fait économique,
inéluctai)le, comme on dit aujourd'hui. Il ne dépend pas de notre
bonne volonté de le supprimer ; celte roule est fermée.
La troisième route est la suppression des droits de douane sur tous
les objets de consommation courante, en d'autres termes, la suppres-
sion absolue des droits de douane; car je ne vois pas un objet utile
aux commerçants et aux iJustriels qui ne le soit aussi aux agriculteurs,
sauf des articles tout à fait en dehors de ce qu'on appelle la consomma-
tion courante. Certes, on nous dira que les besoins du Trésor ne per-
mettent pas. la suppression des droits de douane, mais on ne nous dira
pas la vérité vraie, c'est qu'une partie notable de l'école économique
n'accepte pas l'agriculture comme une industrie; c'est pour elle un
monopole, et la protection qu'on doit à l'industrie nationale, on ne la
doit pas aux monopoleurs, dont l'Etat doit tirer tout ce qu'il peut sans
se préoccuper d'un appauvrissement mérité. Du reste, on n'osera pas
même essayer la suppression des droits sur les tissus, et j'en appelle à
noscontradicteurs eux-mêmes. La troisièmeroute est absolument fermée-
C'est qu'il y a loin de la coupe aux lèvres, de la théorie k l'applica-
tion. La théorie c'est 1 absolu, et nous vivons dans le contingent.
Les trois consolations qu'on nous offrait n'étant que de l'eau bénite
de cour, le programme revient à dire : vous souffrez, nous en conve-
nons ; mais la crise sera passagère, et puis, vous êtes la minorité :
Vas paucisl malheur au petit nombre! Il faut se mettre un triple ban-
deau sur les yeux pour la regarder comme passagère, puisque les causes
sont permanentes : le bas prix de la main-d'œuvre dans l'Inde, l'es-
pace illimité ouvert à la culture aux Etats-Unis. L'abaissement du
prix sera permanent, et ne sera interrompu que par les années de
disette, dont Dieu nous préserve.
Mais il faut dire encore quelques mots à propos de l'évaluation du
nombre des intéressés au relèvement du prix du blé, et sur les souf-
frances des victimes de ce relèvement. Quand on abuse à ce point des
figures de rhétorique, il faut revenir brutalement aux faits. M. Paul
Leroy-Beaulieu, dans un article de fond, inséré dans le numéro du
26 novembre, du Journal des Débats^ évaluait à 800,000 environ le
nombre des familles qui avaient un intérêt réel à la hausse du prix du
blé, c'est à-dire 3 raillions d'individus environ sur 36 millions. Nous
ne voulons pas insister sur la comparaison de ces 3 millions sacrifiés
avec les intéressés de telle ou telle des industries protégées ; c'est de
la petite guerre, et d'ailleurs, si nous défendons les agriculteurs, nous
n'avons pas mission d'attaquer les industriels. Mais en prenant les
chiffres de M. Paul Leroy-Beaulieu, et même les groupements un peu
fantaisistes qu'il fait des parcelles, nous trouvons 12,228,000 par-
celles qui, étant au-dessous de 1 0 hectares de superficie, n'ont, d'après
M. Paul Leroy-Beaulieu, aucun intérêt au relèvement du prix du blé,
et ont, au contraire, pour les 92 centièmes, un intérêt à son abaissement.
La statistique est une bien belle chose; mais encore faut-il que le
sens en soit bien établi. Comment ! les campagnes sont désertes, vous
le déclarez dans votre manifeste ; il y a rareté de main-d'œuvre, et
412 LA LIGUE CONTRE LE RENCHÉRISSEMENT DU PAIN ET DE LA VIANDK.
voilà 12,228,000 propriétés, appartenant à des familles comme celles
des 800,000 grands propriétaires, et qui seraient exploitées par leurs
possesseurs. Mais alors il y aurait pléthore d'ouvriers, toute la popula-
tion serait attachée à la glèbe. Puisque pour 800,000 gros propriétaires,
vous comptez 3 millions d'intéj'essés, pour 12,228,000 il en faudra
beaucoup plus que la population entière de la France. C'est que la vérité
n'est pas là. L'ordre des successions a divisé toutes ces parcelles,
mais plus des deux tiers sont inhabitées et ne sont pas cultivées par
leurs propriétaires. Ces parcelles sont louées à prix d'argent, vouloir
les faire cultivera journées serait une vraie folie, un cas d'interdiction.
Elles sont possédées par des petits marchands, des ouvriers de fa-
brique, des employés des entreprises de transport, etc. Le prix de lo-
cation est un appoint, quelquefois sérieux (selon l'importance de la
parcelle), de leur existence et de celle de leur famille. Et on vient
nous dire qu'ils n'ont pas d'intérêt au mouvement de la rente des
terres, que ce mouvement n'importe pas à la richesse du pnys, d'a-
près les axiomes delà science économique. Mais il y a plus : on connaît
l'influence considérable du taux des denrées sur le prix de la rente.
Non seulement les faits, mais la logique le veut ainsi. La rente n'étant
que l'expression de ce qui reste après avoir prélevé les frais de toute
nature du fermier, un abaissement de 5 fr. sur le prix du blé suffit à
la faire disparaître ou tout au moins à la réduire dans une proportion
au moins quadruple. Voilà une famille dont le chef louait une par-
celle d'un hectare bien placé près d'une ville 80 fr. ; il n'en tire plus
que 40 fr. (et ce fait est ordinaire) ; il a donc perdu 40 fr. sur ses
ressources. Supposons sa famille composée de qualre personnes
(comme celles des 800,000 aristocrates), un droit de 5 fr. par 100 ki-
log. de blé rétablirait sa rente, mais augmenterait pour lui le prix du
pain. Dans une famille composée de quatre personnes, femme et en-
fants, la consommation du pain peut être évaluée à 500 grammes par
jour et par individu ; un droit de 5 fr. repi*ésente donc, pour chaque
individu, 2 centimes et demi, et pour la famille 10 centimes par jour;
c'est donc pour la famille una perte de 3G fr. 50, compensée et au delà
par un bénéfice de 40 fr. sur la rente.
Voilà la réalité dégagée de toutes les exagérations, et notez bien que
j'ai supposé un relèvement de 5 fr. ; le gouvernement ne propose, et
nous ne demandons qu'un relèvement de2 fr. 11 s'agit d'une aggravation
de dépenses de 8 fr. 30 par an pour une famille de quatre personnes,
compensée et au delà par l'accroissement de la rente.
En résumé, le renchérissement est à peine sensible, et il faudra les
clameurs de la ligue faisant chorus avec les faux démocrates pour que
le consommateur s'en aperçoive ; quant aux intéressés au relève-
ment de la rente de la terre, ils sont au moins cinq fois plus nombreux
que ne le supposent les ligueurs.
Nous avons beaucoup insisté, parce que les erreurs dans ces ques-
tions sont funestes et ont des conséquences bien au delà de la pensée
de ceux qui les prennent de trop haut. En tout cas, ce n'est pas pour
nous une question économique, c'est une question de justice; nous
rélamons l'égalité pour les agriculteurs sous toutes leii formes. Qu'on
y prenne garde : une réclamation de cette nature devient un péril si
elle n'est pas écoutée. P. de Gasparin,
Membre de la Socielé nationale d'agriculture,
Correspondant de l'Institut.
INOCULATIONS PRÉVENTIVES DU CHARBON BACTÉRIf.N. 413
INOCULATIONS PRÉVENTIVES DU CHARBON BACTÉRIEN
ou SYMPTOMATIQUE EN SUISSE EN 1884.
Comme aucun traitement, aucua remède prophylactique n'a l'éussi
jusqu'à présent contre le charbon symptomatique, il était indiqué de
chercher un moyen efficace de prévenir l'évolution de cette maladie à
issue si funeste. Le chiffre énorme de victimes que fait le charbon
bactérien chaque année parmi les jeunes bovidés dans les différents
pays de l'Europe valait certes la peine qu'on s'en occupât. La Suisse
perdait jusqu'à présent annuellement près de 2,500 pièces de bétail par
suite de cette maladie. A eux seuls, sept à huit de nos cantons éprou-
vaient une perte annuelle sèche de plus de 500,000 francs.
A. mon avis, un assez bon moyen prophylactique se trouve dans
l'assainissement des pâturages humides. Malheureusement, ce procédé
rencontre, dans la règle, des difficultés insurmontables. 11 fallait donc
découvrir un autre mode de préservation, ce que MM. Arloing, Corne-
vin et Thomas ont réussi à faire. Leur découverte, qui a dû exiger de
bien patientes éludes, investit féconomie animale de l'immunité au
moyen de l'insertion ou du virus frais dans le milieu sanguin ou du
viru" atténué par la chaleur dans le tissu conjonctif sous-cutané. Le
premier procédé présentait, toutefois, trop de difficultés d'exécution
pour devenir pratique; et, de plus, il n'était pas sans quelque danger,
tandis que le second procédé, l'inoculation hypodermique caudale, tout
en étant aussi efficace que l'inoculation intra-veineuse, est beaucoup
plus simple et tout à fait pratique. C'est uniquement par ce dernier
procédé qu'ont été pratiquées cette année, en Suisse, les vaccinations
dont je vais rendre compte.
Les beaux résultats que les expérimentateurs lyonnais ont obtenus
en 1883 par ces inoculations sous-cutanées caudales dans le pays de
Gex avaient attiré l'attention de tout le monde, notamment des méde-
cins vétérinaires et des agriculteurs de la Suisse. Envoyé à ce moment
parle gouvernement du canton de Fribourg pour assister aux inocu-
lations opérées par M. le professeur Cornevin dans le pays de Gex et
ayant ainsi pu me familiariser avec le procédé opératoire, je cherchai,
au grand bénéfice de nos éleveurs de bétail, à propager en Suisse la
méthode d'inoculation préventive hypodermique que je venais de voir
employer avec tant de succès. Secondé vigoureusement par le Comité
de la Société fribourgeoise d'agriculture, je donnai dans le courant des
mois d'avril et de mai, à Mariahief, à La Roche, à Grandvillard et à
Châtel-Saint-DeniS; des conférences théorico-pratiques sur la nature et
l'étiologie du charbon symptomatique, suivies des démonstrations du
manuel opératoire de l'inoculation hypodermique faites sur de jeunes
bovidés. A toutes ces conférences assistait un public nombreux. A celle
de Mariahief, se rencontraient MM. Zschokké, professeur à l'école vé-
térinaire de Zurich, etisepponi, vétérinaire cantonal des Grisons, lequel
dans la suite a inoculé dans son canton un grand nombre déjeunes
bovidés. Répondant à une invitation de M. Steiger, directeur de
l'Intérieur du canton de Berne, je fis aussi une conférence à Erlenbach,
centre d'une vaste et riche contrée alpestre, mais des plus ravagées
par le charbon bactérien. Là, outre deux professeurs de l'école vétéri-
naire de Berne, se trouvaient de nombreux vétérinaires bernois ; j'y vis
414 INOCULATIONS PRÉVENTIVES DQ CHARBON BACTÉRIEN
aussi un des vétérans de la profession vétérinaire dans le canton de
Salnt-Gall, M. Eberlé, de Flunis, qui n'a pas craint de laire un loni^
voyage pour y assister.
Voici maintenant l'exposé des vaccinations pratiquées en Suisse au
printemps de 1884 et leurs résultats. On a inoculé 2,199 jeunes bovi-
dés, qui se répartissent entre les cantons nommés ci-après comme
suit : 743 animaux inoculés dans le canton de Fribourg, dont 392 par
l'auteur de ces lignes, 157 par son fds établi dans la Gruyère,
172 par RI. Sudan, à Bulle; 22 par M. Ruffieux, à La Boche; 300 par
M. Cottier de Cossonay, 295 inoculés par M. Kummer, à Wirainis,
dans le canton de Berne; 281 inoculés parM. Isepponi,;i Corre, dans le
canton des Grisons; 31 inoculés par M. Schindler, à Mollis, dans le
canton de Claris; 21 inoculés par M. Eberlé, à Flums, dans le canton
deSainl-Gall; 400 inoculés par l\1. Humbesset, vétérinaire à Begnino,
dans le canton de Vaud et 128 inoculés dans le Valais, à Vouvry, par
M. le professeur Cornevin, de Lvon.
A l'heure oîi j'écris ces lignes, je possède des renseignements abso-
lument certains sur 1,499 de ces bêtes, que j'ai suivies ou dont mes
confrères m'ont donné des nouvelles. De ces 1 ,499 bêtes vaccinées, qui
ont séjourné pendant l'été dans des pâturages dangereux et même très
dangereux pour la plupart, deux seulement ont été attaquées par le
charbon symptomatique, l'une deux et l'autre quatre mois et demi
après la seconde inoculation. En raison de ce que, dans quelques
alpages, les bovidés non vaccinés et les vaccinés ont été épargnés par
la terrible maladie, que, par conséquent, ici les résultats ne sont pas
comparables, je ne prendrai en considération que les pâturages où se
trouvaient des animaux vaccinés et des non vaccinés et où le charbon
symptomatique a fait des victimes. !1 y a en tout 21 de ces pâturages
dans lesquels ont eslivé 753 bêles vaccinées et environ 1,500 non
vaccinées. Parmi ces 753 bovidés inoculés préventivement, il n'y eut,
comme je viens de le dire tout à l'heure, que deux cas de charbon
symptomatique, c'est-à-dire 0. 26 pour 100, tandis que parmi les
1,500 non vaccinés, on a compté 88 cas ou 5.93 pour 100. Si l'on
examine le tableau des pertes dans les cantons que cela touche, on
trouve la proportion suivante : dans le canton de Fribourg, il y eut,
parmi les C6 non vaccinés, 9 cas de charbon bactérien, c'est-à-dire
13 pour 100; dans le canton de Berne, parmi 380 non vaccinés,
34 cas, 9 pour 100; dans le canton des Grisons, parmi 854 non vac-
cinés, 41 cas, ou 5.8 pour 100; dans le canton de Saint-Gall, parmi
169 non vaccinés, 4 cas de maladie ou 2.36 pour 100. Tandis que la
proportion des pertes chez les vaccinés n'est que de 0.26 pour 100, elle
est parmi les non vaccinés de 5.9 pour 100; d'où il résulte que le
chiffre de pertes est parmi les non vaccinés 24 fois plus grand que
chez les vaccinés.
De pareils chiffres, je veux dire de pareils résultats, parlent très élo-
quemment en faveur de l'efficacité de l'inoculation préventive du char-
bon symptomatique contre les attaques naturelles de celui-ci. Mais ces
résultats sont, en réalité, encore bien plus liivorables qu'ils ne le
paraissent. Voici pourquoi. Dans un pâturage de la commune de Vou-
vry, canton du Valais, on a perdu durant huit ans, de 1876 à 1883
inclus, 69 génissons sur 1,049, soit 6.3 pour 100 des bêtes qui y ont
alpé. Ce printemps, tout le troupeau, composé de 120 têtes, fut vac-
INOCULATIONS PRÉVENTIVES DU CHARBON BACTÉRIEN. 415
cine par M. le professeur Cornevin de Lyon. A Tautomne, il est des-
cendu tout entier sain et saui'de la montagne. De mon côlé, j'ai constaté
des faits analogues. Dans deux troupeaux vaccinés tout entiers et ayant
estivé dans des pâturages oii auparavant on avait chaque année des cas
de charbon symptomatique à enregistrer, il n'y a eu cette année-ci aucun
cas à noter. Il faut ensuite mentionner une autre circonstance impor-
tante. Parmi les 864 bêtes non vaccinées dans le canton des Grisons,
il y en avait 145 dépassant l'âge de trois ans, et dans le canton de
Berne parmi 380 non vaccinés, 80 dépassaient aussi cet âge après
lequel les animaux ne sont que 1res exceptionnellement attaqués du
charbon bactérien. En défalquant ces 225 animaux des 1,500 non vac-
cinés, il ne reste que 1,275 avec une perte de 89, c'est-à-dire de 7
pour 100. Je dirai aussi qu'à mon sens la perte de deux animaux vac-
cinés ne peut, rigoureusement, pas être considérée comme un
insuccès.
En voici les raisons. Le jour de la première inoculation — à la mon-
tagne— fut pluvieux et froid. On dut faire l'opération dans un chalet
trop rempli de bétail. On y manquait d'espace et de lumière
suffisants. La seconde inoculation se fit dans d'aussi défavorables con-
ditions. On opéra donc mal et l'insuccès s'explique du reste,
l'écoulement de sang auquel donne lieu parfois l'introduction
du trocart dans le tissu cellulaire sous-cutané peut mettre obstacle à
l'absorption du liquide vaccinal injecté, de sorte qu'il est possible que,
par ce fait, l'inoculation ne soit pas réelle et eff'ective dans un certain
nombre de cas. Quand cela se présente, il faut avoir soin de creuser
un nouveau canal ou retarder Tinjection du liquide vaccinal jusqu'à
ce que l'hémorrhagie ait cessé. Mais il n'est guère possible qu'un pro-
cédé opératoire atteigne la perfection absolue. Du reste, je le demande,
quelle est l'opération un peu complexe qui n'eut jamais un insuccès à
noter ?
Nous condensons dans le tableau ci-joint le résultat des vaccinations
observé dans les pâturages dangereux :
Nombre des animaux. Perles,
Cantons. Pâturages. Vaccines. Non vaccinés. Vaccines. Nou vaccinés.
Ellenbor,!^ 22 24 <■ ï
Bruch G .T » 2
Favel (étaVile) (3 ? M
Ftibour-' / Hohberg Xi » 1
' " °^ ^ ^ La Praz (Lessoc) 48 1 » 1
Fissenivaz 44 2 >• 1
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Cousimbei-j< 18 . !7 » 1
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f Churer-Alp .f,9 139 .. l:j
Fiimmiser-Alp 40 405' « 7
Mùlinare-Alp 15 ;>0 ' " 1
Grisons. ...'jLerch (Isris) 50 128 ■■ lu
Fainutz (Malans). 39 103 ■• ô
Pleun (Sagens) 13 14 ■• 2
Pieuls (Flims) 8 27 » 1
, Schleuis 28 63 » 2
Sainl-Gall. ..! Gastilon 15 45 t. 3
' Flums (village) 6 124 » 1
753 ' 1 ,500' 2 88
1 . Devenu malade 36 heures après le retour de lamoutagne Sclwferti.
2. Tous avaient plus de 3 ans.
;^ . 128 animaux ayant dépassé l'âge de 3 ans.
4. Nombre compté le plus approsuuativemenl possible.
416 INOCULATIONS PREVENTIVES DU CHARBON BACTERIEN.
En présence des résultats qui viennent d'être exposés, on peut sans
témérité affirmer que le printemps prochain on inoculera sur une très
vaste échelle en Suisse. J'estime à 20,000 le nombre de bêtes que l'on
va soumettre à cette opération.
Observations. — Accidents. — Des 1,499 vaccinations que j'ai sui-
vies, deux ont occasionné des accidents, peu graves dans un cas, plus
graves dans l'autre^ que je dois mentionner. Une génisse a, par suite
de nécrose, perdu les trois dernières vertèbres caudales. Cet accident
doit nécessairement être attribué à ce que le trocart a été maladroite-
ment enfoncé dans une vertèbre. Chez une autre génisse, huit jours
après la seconde inoculation, il y a eu mortification du dernier tiers
de la queue. D'après ma manière de voir, la cause de cet accident
doit être uniquement cherchée dans la circonstance que l'inoculation
a été imprudemment pratiquée vers la fin du mois de juin, c'est-àdire
dans une saison trop chaude oîi l'atmosphère se trouve considérable-
ment chargée de micro-organismes pathogènes, surtout de nature sep-
tique. Tous les autres animaux vaccinés n'ont pas trahi le moindre
signe d'une indisposition quelconque. Strebel,
Vt^térinaire à Fribourg (Suisse)
PRODUIT DES BOIS DANS LES LANDES
Dans notre dernière communication, après avoir dit avec quelle cir-
conspection on devait procéder à la culture de la vigne dans les Landes,
nous ajoutions qu'une des raisons principales, et la meilleure, pour
maintenir la culture en grand des bois dans les Landes, c'est que ces
bois donnaient des produits largement rémunérateurs.
Nous avons fait depuis, le relevé des bois exportés des Landes dans
ces dernières années et provenant des ensemencements entrepris depuis
1850, époque de l'assainissement du sol.
En 1881 et 1882, il a été fait en poteaux télégraphiques injectés au
sulfate de cuivre les exportations suivantes :
Nous avons expédié à Panama pour la ligne télégraphique du canal
interocéanique en construction, la quantité de 3,360 poteaux télégra-
phiques qui ont servi à la construction entière de la ligne, présentant
une longueur totale d'environ 100 kilomètres.
M. Daubrée, secrétaire général de la Compagnie, nous a donné lui-
même le relevé des réceptions de ces poteaux.
Une partie de ces poteaux vient de graines de pins semées par nous-
même de 1850 à 1854, dans les premières landes assainies.
On a également expédié à Panama, pour les chemins de fer provi-
soires, 4,1 GO traverses venant de ces semis. Le nombre en est relati-
vement beaucoup moindre que celui des poteaux télégraphiques, parce
que nos bois ne sont pas encore généralement assez âgés pour donner
beaucoup de traverses et qu'on trouve aussi plus de traverses que de
poteaux télégraphiques dans le pays.
Dans ces trois dernières années, les Landes ont expédié encore pour le
chemin de fer Rio-Grnnde do Sul à Bagé, de !280 kilomètres de longueur
dans la province de l'Uruguay (Amérique du Sud), 4,200 poteaux télé-
graphiques qui ont servi à la construction de toute la ligne.
Ces poteaux ont été livrés, au port de Bordeaux, à la Société de con-
struL-tiun de la rue Louis-le-Grand à Paris, et expédiés par Montevideo
à la Compagnie du chemin de fer américain.
PitODUIT DES BOIS DANS LES LANDES. 417
La presque totalité du bois des poteaux télégraphiques ettraverses de
chemins de fer du Sénégal ont été fournis par les semis des Landes.
L'Algérie, la Tunisie et lEgypte s'approvisionnent aussi presque
exclusivement dans nos Landes.
De nombreux envois ont été faits également ces dernières années au
Pirée pour le royaume de Grèce.
Il y a cinq ans, des poteaux et traverses de nos semis de 1850 ont
été envoyés à l'île Maurice.
Quant aux poteaux de mines qui proviennent des éclaircissages des
massifs aménagés pour fournir plus tard des poteaux télégraphiques,
des traverses ou de grands pieux de construction, ces poteaux, qui ne
sont en quelque sorte que le produit de nos aménagements par jar-
dinage, alimentent presque exclusivement les exploitations des usines
de l'Angleterre et de l'Ecosse. Les mines françaises commencent égale-
ment à les faire venir des Landes.
Dernièrement des agents de l'Angleterre nous demandaient si l'on
pouvait espérer d'en avoir toujours pour les besoins du pays, qui ne
saurait s'en passer aujourd'hui. Nous avons pu les rassurer à cet
égard.
Indépendamment des poteaux de mines que procurent des éclaircis-
sages des massifs aménagés pour poteaux télégraphiques, traverses de
chemin de fer et grands pieux de construction, beaucoup de pro-
priétaires pressés de récolter le produit de leurs bois, les exploitent à
blanc étoc, en les abattant tous à l'âge de seize à dix-huit ans pour en
expédier la totalité comme poteaux de mines.
Ces coupes peuvent aussi se reproduire tous les seize à dix-huit ans
sur une étendue de près de 800,000 hectares ; c'est dire combien on
pourra toujours répondre aux besoins des mines anglaises.
Ce qui fait surtout rechercher les bois des Landes pour les poteaux
de mines, c'est que, par suile de leur croissance rapide, ils sont plus
élastiques, moins cassants que les bois ordinaires. Sous ce rapport,
ils sont plus aptes à être employés pour le fonçage des puits des
mines. Ils sont en même temps moins chers que les bois plus durs
venus plus lentement et présentant un tissu plus serré.
C'est également ce tissu moins serré, venant d'une croissance très
rapide, qui fait rechercher nos poteaux télégraphiques des Landes.
Plus poreux que les bois venus moins rapidement, ils prennent plus
facilement et plus abondamment le sulfate de cuivre dont ils sont in-
jectés et peuvent ainsi résister, on peut dire indéfiniment, à l'action
du temps.
Ce qui est un avantage pour les poteaux télégraphiques et les po-
teaux de mines des Landes est au contraire un désavantage pour nos
traverses. Les clous qui y attachent les coussinets y sont moinssoli-
dement fixés que dans les tissus serrés et plus durs des traverses de
chêne et autres bois ; on ne prend des traverses de pin que parce
qu'elles coûtent moins cher.
Au surplus, il faut remarquer que tout pin qui peut donner des
traverses peutêtreutiliséauparavanlenpoteaux télégraphiques; o! quand
un massif, qui n'a pas été entièrement abattu pour poteaux de mines
à dix-huit ans, est arrivé à l'âge de vingt-cinq à trente ans, au moment
où tous les autres arbres restant peuvent être employés aux poteaux
télégraphiques, presque tous les propriétaires les abattent pour les
418 PRODUIT DES BOIS DANS LES LANDES.
utiliser comme tels, sans attendre qu'ils puissent être utilisés en tra-
verses.
Toutefois on peut faire encore de très bonnes traverses dans les
Landes avec les pins gemmés ; l'opération du gemmage rend le tissu
beaucoup plus serré et le bois dur.
Mais depuis déjà quelque temps on ne fait que très peu de résine
dans les Landes. Tous les semis qui atteignent trente ans sont abattus
pour poteaux télégraphiques. Le produit de la coupe est d'autant plus
avantageux que nous avons obtep.u del'administrationdes télégraplies,
en France, ce que les pays étrangers acceptent aussi, une très grande
latitude pour la flèche tolérée dans la longueur du poteau.
Le poids à peu près insignifiant. du fil de fer que ce poteau doit sup-
porter n'exige pas qu'il soit bien droit. Il résulte de cette tolérance
que, sur 400 sujets qui se trouvent dans un hectare, il n'y en a pas une
dizaine qui soient à rejeter comme poteaux télégraphiques.
Dans notre dernière communication, nous avions dit que nous avions
vendu une coupe de pins de 30 ares à raison de 1 ,200 francs nets
l'hectare. Les pins étaient dans des conditions spéciales, il est vrai,
comme nous l'avons dit; ils étaient à une petite distance de la gare
d'embarquement et avaient été l'objet de ces soins de culture spéciaux,
dont i'ai rendu compte dans une précédente communication ; mais on
peut dire, en moyenne, quun hectare de pins abattus, au bout de 30 ans,
et exploités en poteaux télégraphiques, donne un produit net de
600 francs au moins, qui s'ajoute aux produits annuels des éclair-
cissages précédents, lesquels peuvent être évalués eii moyenne à 30 fr.
par an, à partir de la dixième année du semis.
Ce résultat doit inspirer plus de confiance que celui à espérer de la
plantation de la vigne, qui ne pourrait d'ailleurs être jamais tentée sur
une aussi grande étendue de terrains, où la population n'estpas encore
très dense.
L'exploitation des bois des Landes, au contraire, qui nécessite bien
moins de bras et de frais de culture, donne un produit facile et assuré
contre tout aléa, et peut être maintenue sans crainte sur les 800,000 hec-
tares ensemencés. Ce qui prouve d'ailleurs la valeur de ce produit,
c'est le bien-être et l'aisance du pays au milieu de la crise agricole
actuelle qui sévit si malheureusement en France.
Ce bien-être, assuré aujourd'hui, ne l'est pas moins pour l'avenir;
car comme nous venons de le dire, le débouché des produits des
Landes s'étend non seulement à toute l'Europe, mais à une partie de
l'Afrique et de l'Amérique. Toutes ces contrées lointaines sont aujour-
d'hui tributaires d'une partie du sol de la France, récemment encore
la plus stérile de son territoire. Ciiambrelent,
Inspecteur général da service liydraulique.
Membre de la Société nationale d'agriculture
SUR LA CULTURE DES BETTERAVES A SUCRE
Lorsque, dans le nord de la France, l'assolement alterne a été sub-
stitué au vieil assolement triennal, on a considéré comme une règle de
placer en tête de la rotation, sur la fumure de fumier de'ferme, une plante
sarclée qui est habituellement la betterave.
On propose aujourd'hui d'agir autrement : on assure qu'en Alle-
magne, où la culture de la betterave à sucre a pris depuis quelques
SUR LA CULTURE DES BR.TTERAVES A SUCRE. 419
années un énorme développement, on a trouvé avantageux de mettre le
blé en tète de la rotation, sur la fumure, et de rejeter les betteraves à
la seconde année, en soutenant leur végétation par des engrais salins.
Les inconvénients de ce système sont évidents : on sait que les fu-
mures copieuses exposent le blé à verser ; on sait, en outre, qu'une cul-
ture de céréales est difficile à délivrer des plantes adventices dont les
graines sont amenées par le fumier, et l'on ne concevraitpas qu'on se
décidât à braver ces inconvénients si l'on n'y était poussé par de sé-
rieuses raisons.
En Allemagne, depuis longtemps déjà, l'impôt qui pèse sur l'indus-
trie sucrière est perçu sur la betterave au moment où elle pénètre à
l'usine : c'est ce même mode de perception qui est déjà appliqué cette
année à un certain nombre de nos usines. Or, on sait aujourd'hui, et les
travaux que nous avons publiés, M. Fremy et moi, il y a une dizaine
d'années, ont contribué à l'établir, que les betteraves qui reçoivent
d'abondantes fumures s'enrichissent en azote et s'appauvrissent en
sucre. Les fabricants payant l'impôt sur la betterave ont le plus grand
intérêt à obtenir des racines riches en sucre, et c'est précisément
pour éviter l'appauvrissement qui suit l'emploi des fortes fumures de
fumier de ferme qu'ils ont jugé utile de conseiller aux cultivateurs de
ne plus mettre les betteraves en tête de la rotation, sur la sole fumée.
Si l'abondance des engrais azotés influe sur la richesse des betteraves,
cette influence est très variable avec la race cultivée, et les expériences
que nous avons exécutées, M. Fremy et moi, nous ont fait voir qu'on
pouvait obtenir encore d'excellentes betteraves, même avec de fortes
fumures, à la condition de bien choisir les graines.
Avant donc d'appuyer une modification importante dans les règles
de culture généralement adoptées, j'ai voulu reconnaître si le fumier
de ferme, et d'une façon générale les engrais renfermant de l'azote
engagé dans une combinaison organique, exerceraient une influence
aussi fâcheuse qu'on le prétend actuellement, et les parcelles du champ
d'expériences de Grignon ont reçu cette année, soit du fumier à la
dose de 40,000 kilog., soit des doses plus faibles additionnées
d'azotate de soude, soit des engrais commerciaux riches en azote,
débris de viande, corne, azotine, soit enfin des engrais salins, pour
reconnaître si ces derniers présentaient la supériorité marquée qu'on
tend à leur attribuer.
On a semé des graines appartenant à la variété améliorée par
MM. Vilmorin ; la récolte a eu lieu au mois d'octobre et a fourni des
racines d'une richesse exceptionnelle, qui n'a pas varié avec la fumure.
Les betteraves de la parcelle sans engrais renfermaient en moyenne
19 de sucre dans 100 de jus, et l'on a trouvé exactement le même
chiffre pour celles qui ont été recueillies sur le sol qui avait reçu
40,000 kilog. de fumier; les autres engrais n'ont pas fourni de belle-
raves moins riches que les précédentes.
Sur G4 bfitteraves analysées séparément, on en a trouvé 10 qui ren-
fermaient plus de 20 pour 100 de sucre; 23 en contenaient de 19 à
20, 4 de 18 à 19, 12 de 17 à 18 et 5 seulement de 16 à 17.
Pour s'assurer, au reste, de la richesse générale des betteraves, on a
procédé à une seconde série d'analyses ; les racines ont donné les chiffres
compris entre 21 et 16 de sucre pour 100 de jus, avec des densités
comprises entre 11 et 8.
420 SUR LA. CULTURE DES BETTERAVES A SUCRE.
En général, les betteraves très riches sont d'un poids minime. 11 n'en
a pas été ainsi cette année : on a trouvé une richesse égale aux. bette-
raves de 600 à 700 grammes et à celles qui ne pesaient que 250 à
300 grammes.
La valeur de la récolte aurait été très élevée, en effet, en calculant
le prix des betteraves d'après les conventions habituellement en usage :
on en trouve de 33 à 35 francs la tonne ; or, tandis que la parcelle
sans engrais fournissait 29,700 kilog. à l'hectare, qu'on obtenait
35,000kilog. avec lefumier,onatteignait38,000, 39,000 et 43, OOOkilog.
quand le fumier était additionné d'azotate de soude.
En réduisant le prix des betteraves à 30 francs, la moyenne des ren-
dements à 35,000 kilog., on aurait pour la récolle d'un hectare
1,050 francs, qui dépasse de beaucoup le chiffre de 700 francs, qui est
considéré comme la limite inférieure au-dessous de laquelle le culti-
vateur de betteraves n'a plus de bénéfices.
Si les betteraves améliorées par MM. Vilmorin sont peu sensibles à
l'action des engrais, elles me paraissent l'être davantage à celle des
saisons. En 1876, je les ai cultivées à Grignon sans grand succès :
elles ne renfermaient en moyenne que 13 pour 100 de sucre; en
1877, au contraire, elles ont présenté une richesse analogue à celle de
1884.
On sait qu'une des causes aui influent davantage sur la richesse
en sucre des betteraves est la poussée tardive des jeunes feuilles qui
utilisent pour leur développement le sucre déjà accumulé dans la
racine; en consultant les registres météorologiques de Grignon, j'ai
reconnu que si le dernier mois de végétation est chaud et humide, la
betterave continue à végéter, et elle est pauvre en sucre, mais si au
contraire ce dernier mois est sec, que la hauteur de pluie ne soit pen-
dant cette période que 1 1""°.47, comme en 1877, ou 9"". 5, comme en
1884, les betteraves sont de bonne qualité.
Je crois que, dans les conditions difficiles oi^i se trouve aujourd'hui
la sucrerie française, il n'était pas inutile de montrer qu'en choisissant
judicieusement la graine, ainsi que M. Peligot le recommande depuis
si longtemps, on peut, en conservant l'assolement adopté dans le nord
de laFrance, obtenir des betteraves qui assurent une large rémunération
au cultivateur et au fabricant. P. -P. Dehéuain,
l'rofesseur au Muséum d'histoire naturelle
et à l'école nationale d'agriculture de Grignon.
TRAITEMENT DES SAPINIÈRES GELÉES
PENDANT l'hiver 1879-80
Au moment de l'hiver 1879-80, j'étais possesseur de semis de pins
maritimes nombreux et de presque tous les âges. J'en avais notam-
ment de 1 , 2, 3, 4, 5, 6, 7 et 8 ans.
Le froid a sévi chez moi avec une intensité sans pareille, et tous
mes pins maritimes, quelque âge qu'ils eussent, ont été littéralement
grillés par la gelée. Des sujets de 40 ans même, excessivement vigou-
reux, n'ont pas été épargnés, et il n'en est pas resté debout plus d'une
quinzame dans toute ma propriété.
L'aspect de mes sapinières était lamentable : les arbustes, grillés,
étaient rouge feu; les genêts qui parsèment les semis, calcinés par le
froid, étaient noirs comme charbon et faisaient l'effet, au milieu des
sapins roussis, d'affreux démons dans une fournaise ardente
TRAITEMENT DES SAPINIÈRES GELÉES EN 1879-80. 421
Mon désespoir fut grand, d'autant plusgrand que, vu la nature du sol,
composé de sable pur, je n'avais pas d'autre essence que du pin mari-
time. Tous mes semis étaient perdus, sauf celui d'un an, qui, couvert
par la neige, était indemne. Je n'ai pas besoin de dire avec quelle peine
et surtout avec quelles pertes je parvins à me débarrasser de mes
arbres gros et moyens. Ce fut une liquidation désastreuse; elle est ter-
minée à l'heure qu'il est, n'en parlons plus. Quant à mes jeunes
semis, de 2 à 8 ans, je n'avais qu'une chose à faire, au dire de tout
le monde : les arracher, en débarasser le terrain le plus promptement
possible, labourer, ressemer et attendre. C'est ce qu'ont fait, je crois,
la plupart des propriétaires de la Sologne. Je n'adoptai pas cette ma-
nière d'opérer.
Une étude attentive de mes semis gelés me fit découvrir qu'au pied
de presque chaque arbuste de2, -i, 4, 5, 6,7 et Sans, se trouvaient une
ou plusieurs branchettes, moitié branches, moitié racines, grêles, me-
nues, délicates, se traînant péniblement à la surface du sol. Ces branchet-
tes 6 (0g.35),de la grosseur au plus d'une aiguille à tricoter, s'étaient
trouvées cachées sous la neige, et semblaient avoir été épargnées par
la gelée; car elles avaient encore une apparence de verdeur, tandis
que le tronc B de l'arbusle et ses branches étaient absolument morts;
ces branchettes semblaient avoir conservé un reste de vie, ainsi que la
racine. Je me raccrochai à cet espoir, et au lieu de faire arracher mes
semis, je les fis couper par le pied, en recommandant bien aux ouvriers
chargés de ce travail, de couper l'arbuste, en c, un peu au-dessus des
branchettes rasant le sol, et de les ménager avec le plus grand soin.
Mon raisonnement était celui-ci : la racine de l'arbuste n'est pas
gelée, puisqu'elle est en terre et que la terre était couverte de neige. Si
les branchettes qui rasent le sol et sont fixées à cette racine ne sont
pas mortes, elles vont puiser de la vie et de la force dans les racines,
et comme le sapin cherche toujours la verticale, d'horizontales qu'elles
sont, elles se redresseront peut-être.
Je ne cacherai pas que tous ceux qui me virent opérer ainsi blâ-
mèrent ma manière de faire. Persuadés qu'il n'y avait rien de bon à
attendre de ce procédé, et que les branchettes que je respectais avec un
soin jaloux, ne pouvaient jamais arriver à faire des arbres (puisque
le pin maritime ne repousse pas du pied), ils estimaient que je dou-
blais à plaisir mes frais de main-d'œuvre ; car après avoir coupé les
arbustes parle pied, il faudrait plus tard arracher ce pied pour labourer
le champ et le resemer à nouveau.
Pour moi, je n'avais qu'une confiance médiocre dans mon procédé,
que je considérais comme un essai un peu hasardeux; et pendant
toute l'année qui a suivi l'opération du recépage, j'ai attendu avec une
véritable anxiété quel en serait le résultat. Cette opération du recé-
page, je l'ai faite dans tous mes jeunes semis, tous ceux qui présen-
taient encore, vu leur jeune âge, des branchettes basses qui avaient
été cachées par la neige. Ma foi dans mon système n'étant pas absolue,
je me suis laissé entraîner à arracher quelques hectares de semis, et je
le regrette bien vivement, car aujourd'hui ils font tache dans mes
sapinières renouvelées.
L'opération du recépage eut lieu dans le courant de 1880 : dès le
printemps de 1881, je constatais qu'à tous les pieds d'arbustes cou-
pés, les branchettes vivaces s'étaient fortifiées, relevées, et qu'elles
422
TRAITEMENT DES SAPINIÈRES GELÉES EN 1879-80.
étaient daiitanlplus grosses, qu'elles avaient puisé la vie à des racines
plus fortes. Chaque pied formait alors une véritable souche (Be;. 36 ,
composée d'un nombre variable de br-mchettes redressées, et l'on
aurait dit que le sapin, depuis l'hiver 1880, jouissait de la faculté
qu'a le chêne de diageonner.
Ce premier résultat était déjà satisfaisant, et je commençais à espé-
rer que je n'avais pas fait fausse route. Malheureusement, la maladie
ronde envahissait mes sapinières, et les branchetles qui ne demandaient
qu'à renaître à la vie et à se soulever, étaient écrasées par le mouche-
ron rouge, qui leur brisait la tête. Malgré ce contretemps, dès l'au-
tomne 1881, je fis une première élimination de branchettes. Chaque
pied renouvelé portait généralement 3, 4, 5 ou 6 branchettes, qui
toutes avaient repris delà vie et redevenaient verticales; je fis élimi-
i
r
/
Fig. 35. — Etat des jeunes sapins Fig. 36. — Arbuste
après la gelée. recépé.
Fig. 37. — Etat actuel de
Parbuste.
ner à chaque pied, les plus faibles, de façon à éviter l'éparpiilement
des forces végétales de la racine, et à les concentrer sur les deux ou trois
plus fortes branches. Lerésultatde cette opération lut merveilleux, etdès
le printemps de I88"2, je constatais que les branches restantes, malgré
les assauts de la maladie ronde, avaient pris un développement re-
marquable ; et je me voyais ainsi amené à faire, sans retard, une
nouvelle ablation de branches, qui toutes partaient du pied. Donc,
dans le courant de l'automne et de l'hiver de 1882, les ouvriers furent
remis à l'œuvre et eurent ordre de ne laisser à chaque pied qu'une
seule branche (fig. 37).
Voilà bientôt deux ans que cette opération est terminée, et on peut en
admirer le résultat. Mes pépinières sont reconstituées, elles présentent
actuellement le même aspect que lorsque le désastre de 1879-80 est
TRAITEMENT DES SAPINIÈRES GELÉES EN 1879-80 423
venu les frapper : les arbustes ont la mi'me taille qu'à cette époque.
Chose bien singulière, les branchettes ont repoussé avec une force
d'autant plus grande que les racines où elles jpuisaient la vie étaient
plus vieilles; et quoique l'opération ait été faite en même temps pour
toutes les sapinières, on voit la différence d'âge de chacune d'elles,
comme on la voyait en 1879, à la différence de hauteur des sujets.
Seulement l'arbuste reconstitué, formé seulement d'une branche laté-
rale au tronc primitif, présente encore à sa base un coude qui dispa-
raîtra dans quelques années, à mesure que le sujet grossira.
Une remarque à faire, c'est que le corps de ces arbustes est beau-
coup plus gros que ne le comporte leur hauteur. Cela tient-il à Texu-
bérance de sève produite par une racine vieille et déjà forte, ou est-ce
l'effet de la maladie ronde, qui ayant sévi deux ans de suite contre
ces arbustes, a gêné leur développement en hauteur et entraîné le
développement exagéré du tronc? C'est ce que je ne saurais décider.
Dans tous les cas, la maladie ronde a complètement disparu de mes
sapinières en 1883, et j ai l'espoir que je vais voirie développement
de mes semis suivre désormais une marche normale.
L'opération que j'ai pratiquée a donc eu pour résultat de me don-
ner une très grande avance pour la reconstitution de mes semis;
car en trois ans ils ont acquis le développement qu'ils n'auraient
eu qu'au bout de 4, 5, 6, 7 ou 8 ans. 11 est certain que mes semis,
surtout les plus vieux, sont moins serrés qu'autrefois; car tous les ar-
bustes n'ont pas pu fournir de branchettes vivaces, et il y en a eu
forcément d'éliminés; mais je ne regrette pas beaucoup ces éclaircies
forcées : il aurait toujours fallu arriver à les faire, et le développement
de mes arbres sera d'autant plus rapide qu'ils auront plus d'air et
plus d'espace; j'ai eu de plus une notable économie, puisque j'ai évité
les frais de labourage et d'ensemencement à nouveau. L opération du
recépage n'a pu porter sur les semis âgés de plus de 8 ans ; ceux-là ne
présentaient plus de branchettes à fleur de terre, et je n'ai eu d'autre
ressource que de les arracher.
Les semis sur lesquels j ai opéré présentent une surface d'environ
2.5 hectares. Le travail auquel je me suis livré ne m'a rien coulé.
J'habite un pa^'s fort peuplé : on y plante beaucoup de vignes; les
bourrées de sapin sont utilisées pour mettre dans les rigoles, et j'ai
pu faire faire le recépage et l'ébranchage en abandonnant le bois qui
en provenait.
Comme conclusion de ce travail, je dirai aux svlviculteurs solognots,
mes collègues : Si jamais désastre pareil à celui de 1879-80 nous
frappe encore, gardez-vous d'arracher vos jeunes semis ; recépez-les
en conservant précieusement les branchettes basses cachées sous la
neige. Antoine de Verkeuil,
Ancien capitaine d'étal- tEajcr.
Memî>re da Comice de l'arrondissement de Blois.
VAINE PATUR]^:
Le droit de vaine pâture est le droit réciproque que les habitants
d'une même commune ont d'envover leurs bestiaux paître sur les fonds
les uns des autres, à certaines époques. Lorsque la vaine pâture
s'exerce parles habitants de deux communes sur le territoire l'une de
l'autre respectivement, on sait qu'elle prend le nom de parcours.
La loi des '28 septembre et G octobre 1791, à laquelle le Codo civil
424 VAINE PATURE
n'a pas dérogé, inspirée des idées libérales de la Révolution, a voulu
fonder la liberté des héritages et exonérer la propriété privée des servi-
tudes nombreuses auxquelles elle était soumise. Le législateur de 1791
n'a pu d'un trait de plume abolir des coutumes immémoriales; il a
dû se contenter d'en restreindre l'étendue. Le droit de vaine pâture
n'a plus existé que dans les lieux oîi il était fondé soit sur un titre,
soit sur un usage local depuis longtemps établi. De plus, d; ns ce der-
nier cas, le propriétaire a pu désormais se soustraire a cette servitude
en faisant clore son terrain.
Il résulte de ces considérations que les tribunaux, lorsqu'il y aura
doute, devront appliquer la loi dans sou sens le plus large. Mais il ne
faut pas en conclure que les autorités communales puissent affranchir
leurs administrés de cette servitude. Le maire et le conseil municipal,
auxquels incombe le devoir de réglementer et de déterminer le mode
d'exercice et la durée de la vaine pâture, ne pourront pas prendre des
mesures aboutissant directement ou indirectement à la supprimer.
La Cour de cassation s'est conformée à. ces principes dans un arrêt
du 2 février 1859, par lequel elle a déclaré nul et non obligatoire un
arrêté municipal imposant aux habitants qui voulaient mener paître
leurs bestiaux sur le terrain d'autrui soumis à la vaine pâture l'obli-
gation de se munir d'une autorisation du propriétaire, visée par le
maire. Le 20 janvier 1876, elle a également annulé le règlement qui,
contrairement à l'usage et aux titres, exceptait du droit de vaine
pâture certaines espèces d'animaux.
Voici un arrêt de la Cour de cassation, en date du 17 août 1883, qui,
rendu dans le même sens, nous paraît être allé beaucoup plus loin :
La Cour, sur le moyen tiré de la violation par refus d'application de l'art. 471,
n" '•), du Gode pécal, en ce que le jugement attaqué a relaxé indûment Massonnet,
prévenu de contravention à un arrêté municipal interdisant l'exercice de la vaine
pâture avant l'enlèvement de la dernière récolte:
Attendu que d'après les lois du 28 septembre, 6 octobre 1791 et 18 juillet 1837,
art. 17, n" 3, 19,n'"8et20, le droit de réglementer la vaine pâture, d'en détermi-
ner le mode d'exercice et la durée, de fixer l'époque de son ouverture, appartient
au Conseil municipal de la commune où ce droit peut s'exercer, mais que ce pou-
voir de réglementation sur l'exercice d'un droit reconnu par la loi ne s'étend pas
jusqu'à permettre à l'autorité municipale de prendre des mesures qui auraient,
directement ou indirectement, pour résultat de supprimer la servitude elle-même,
ou de la restreindre au delà des prévisions du législateur;
Attendu que, par délibération en date du 14 avril 1882, approuvée par le pré-
fet du département de l'Ain, le 6 mai suivant, le Conseil municipal de Hrenod a
décidé qne le droit de vaine pâture qu'il reconnaît exister dans la commune « ne
pourra avoir lieu sur les prairies naturelles produisant plusieurs récoltes, qu'a-
près que la dernière récolte aura été faite ; »
Attendu que celte délibération et l'arrêté du maire du 20 juin suivant, pris
pour son exécution, en ajournant ainsi l'exercice de la vaine pâture jusqu'après
la dernière récolte des prairies naturelles sans aucune précision de terrain, ni du
nombre des récoltes, et sans aucune détermination d'époque, auraient pour eflét
de le rendre vain et d'exposer les ayants droit à l'arbitraire des propriétaires, en
même temps que d'exonérer indirectement ceux-ci de l'obligation de se clore, seul
procédé légal pour dégager la propriété de l'assujettissement à la vaine pâture;
Qu'en déclarant, dans ces conditions, que la délibération du Conseil municipal
de Brenod et l'arrêté du maire qui l'a suivie, portant essentiellement atteinte à
l'exercice d'un droit légitime, n'étaient pas obligatoires, et en refusant, en con-
séquence, d'appliquer dans l'espèce la sanction pénale de l'art. 471, n" 5, le ju-
gement attaqué n'a. en aucune laçon, violé cette dispositioii de loi;
Par ces motifs, rejette. Eue. Pouillf.t,
Avocat à Is Cour de Paris.
BIBLIOGRAPHIK AGRIGULK.
425
BIBLIOGRAPHIE AGRICOLE
Le mirru^copi", Ihrorie et applications, traduction etannotations sur !a 4' édition du docteur Hager,
par MM. L. Planciion, et le docteur HuGOi.tKNO, de la Faculté île médecine de Montpellier,
avec une introduction par M. .I.-K. I'lanjhon. — Un volume ia-l8, orné de 350 vignettes. —
Librairie de J. Rothschild. 13, rue des Saint^-I'ùres, à Paris.
Le microscope a pris possession du monde scientifique, et il en a si
bien pris possession qu'il est aujourd'hui, dans presque toutes les
branches des sciences physiques et naturelles, l'arme joiiriiahére du
chercheur. C'est à cet instrument précieux que l'on doit la plupart des
grandes découvertes des cinquante dernières années. Aussi, partout, on
apprend maintenant à s'en servir; il est même entré dans le domaine
des industries aciricoles, il sert chaque année à la sélection de laL,'raine
des vers à soie d'après la méthode de M. Pasteur. D'humbles ouvrières
ont donné un démenti au préjugé qui reléguait le microscope dans les
laboratoires de recherches transcendantes. Toutefois, pour bien utiliser
le microscope, il faut le connaître, il faut apprendre à s'en servir; c'est
un apprentissage délicat, qui demande un temps plus ou moins long
KIg. 3S. — Caractères des fibres textiles: L, Un; H. chanvre; J, ramic; B, coton; S, soie;
A.alpaca; E et W, laines.
suivant les dispositions naturelles, mais qui est absolument indispen-
sable à quiconque veut en surprendre les secrets.
Le nouveau livre que nous présentons au public est une traduction,
accompagnée de commentaires et de notes, d'un ouvrage qui a eu un
légitime succès en Allemagne, et qui est di\ au docteur Hager. Les
deux traducteurs appartiennent à la Faculté de médecine de Montpel-
lier, et ils ont eu la bonne fortune d'avoir, auprès du public; un intro-
ducteur très autorisé, M. Planchon, correspondant de l'Institut, dont
le nom est bien connu de nos lecleurs. Voici d'ailleurs l'appréciation
que M. Planchon en donne dans son introduction : c Tel qu'il est,
résumé succint de notions justes, introduction à des études plus com-
plètes, avant-goût de.s jouissances que le microscope réserve à ceux
qui sauront y trouver soit une distraction, soit une occupation sérieuse,
ce manuel aura la valeur d'une œuvre d'initiation et d'application
usuelle. »
L'ouvrage est divisé en deux parties. La première est consacrée à la
426
BIBLIOGRAPHIE AGRICOLE.
théorie du microscope, à sa description et à sa technique. La deuxième
est réservée aux applicalioQs; on y trouve la description des études
micrographiques sur un grand nombre de sujets d'ordre très varié. Ces
.-*\
- 'ra
J'ig. 39. — R, farine de seigle; r, grains de froment,
)M, ergot du seigle.
Fig. 40. — Fibres musculaires- garnies de trichines.
\
applications sont destinées à exercer le commençant à l'usage du micro-
cope, à lui montrer ce qu'il doit y voir sur des sujets bien connus, et
à lui faciliter ainsi
des recherches per-
sonnelles ultérieures.
On apprend à con-
naître les vrais carac-
tères des matières pre-
mières dont la plupart
appartiennent au rè-
gne végétal ou au rè-
gne animal ; on ap-
prend, par consé-
quent, à'dévoiler les
altérations qui s'y
produisent naturel-
lement et celles qui
sont dues à des opé-
rations frauduleuses :
farines, fécules, lait,
beurre, et un grand
nombre d'autres den-
rées aoricoles sont
ainsi passées en re-
vue. Beaucoup de gravures exécutées avec soin accompagnent ces
applications; nous en reproduisons quelques-unes (fig. 38 à 41), afin
de donner une 4dée de l'exactitude avec laquelle elles sont gravées.
Fig. 41.
Beurre.
BIBLIOGRAPHIE aUXUCOLE 427
Le public auquel .MM. L. Planehon et Ilugoiinenq s'adressent est un
public très nombreux ; nous pensons qu'il saura apprécier l'œuvre de
vulgarisation sérieuse qui lui est présentée. Henry Sagkier.
FALSIFICATIONS DU BEURRE
AU POINT DE VUE LÉGAL ET AGRICOLE. — DE LA MARGARINE
ET DES PRODGITS SIMILAIRES. — III '.
Les sociétés qui exploitent la bulLerine, la margarine et autres
drogues soi-disant alimentaires, font de grands efforts pour accréditer
dans le public l'opinion que leurs produits sont tout à fait inoffen-
sifs. L'une des principales usines à butterine de Chicago fait publier
des sortes de réclames dans les journaux, dans lesquelles le directeur,
qui est naturellement défenseur enthousiaste de son produit (loho icas
natural/y enthusiaslic m de/cnce oj Oie good lie tanis oui), fait voir
l'excellence de chacun des produits qui entrent dans leur composition.
Voilà notre lard, dit-il avec orgueil, c'est le plus joli lard que l'on
puisse trouver, et on le passe à la glace pour qu'il ne se gâte pas ; on
le fond à 140 degrés. Quelle est la trichine qui résisterait à cette tem-
pérature? (Notons en passant comme cette idée de trichine est rassu-
rante pour le consommateur qui veut acheter du beurre). Quelle huile
pure nous en retirons ! Melangeons-la avec de l'oléo-margarme extraite
des graisses de bœuf; nous la baratterons ensuite avec du lait ou de
la crème fraîche ou sure ou du lait de beurre, un peu de colorant
d'huile de sésame ou d amande, et voilà la butterine préparée! Et il ne
reste plus qu'à la refroidir, la saler et la vendre comme beurre. Et
voilà une usine qui en a fabriqué ainsi 2 millions de livres la saison
dernière, au rapport de la Tribune de Chicago. Remarquez que le di-
recteur en question reconnaît que la butterine a un mauvais renom,
au moins à New-York; il prétend que les vendeurs en détail, dans
cette dernière ville, n'y vendent que des graisses acides et rances,
bonnes tout au plus pour graisser les chariots, sous le nom de but-
terine.
Quoi qu'il en soit delà butterine de Chicago, « qui est la meilleure
butterine », une réflexion s'impose à. ma raison en face de ces pro-
duits. Quand bien même on referait de toutes pièces, à l'aide d'une
synthèse des plus exactes, un beurre artificiel, exactement composé
dans ses constituants, comme le beurre naturel, ayant le même goût et
le même parfum, sans danger si l'on veut pour la sanlé, ce produit
serait-il encore, au point de vue de notre alimentation, l'équivalent
du beurre ? — Non, pas plus que nous ne pourrions nous nourrir de la
même façon avec les aliments chimiques qui constituent les matières
alimentaires qu'avec les matières alimentaires elles-mêmes. Que diriez-
vous, par exemple, si l'on vous tenait ce langage : le bœuf rôti contient
3.5 d'azote, 18 de carbone, 5 de matière grasse et 70 pour 100
d'eau. Eh bien ! nous allons mettre dans un litre d'eau 3.5 d'azote,
18 de carbone et 5.0 de matière grasse, et au lieu de rosbif qui coûte
cher, vous aurez une alimentation identique par ses effets en absor-
bant ce mélange, que l'on pourra même parfumer avec un éther quel-
conque. Vous enverriez la chimie à ses fourneaux et vous demande-
riez à la cuisine un rôti de bœuf. H en est de même du lait. Voici un
1 . Voir le Journal du 29 novembre et du 6 décembre, payes 331 et 37U de ce volume.
428 FALSIFICATIONS DU BEURRE.
aliment qui est la source même du beurre. Obtenez-le d'une manière
factice et donnez à boire votre lait artificiel à de jeunes enfants, c'est
la mort assurée dans un bref délai qu'un tel breuvage pour des nour-
rissons. Et croyez-vous que la buUerine puisse, au point de vue ali-
mentaire, remplacer le beurre? Peut-être les inconvénients ne seront-
ils pas les mêmes que lorsqu'il s'agit du lait ; il ne faut rien exagérer,
mais j'ai la conviction que la nature possède un secret vivifiant qui
échappe à l'analyse, aussi bien que la source même de la vie. Le beurre
obtenu par une simple séparation du lait qui le renferme participe à
la nature du lait par les liens les plus intimes. Notre estomac, recon-
forté par l'alimentalion si plastique du lait et du beurre, ne prendra
pas la même dose de matière vraiment utile, en dépit de la chimie et
de toutes ses analyses. Dans ce sens, on peut hardiment proclamer
suspect l'emploi du beurre artificiel quand il n'est pas directement
nuisible.
Il faut que nos législateurs, secondant lesheureuses inspirations du
ministre de l'agriculture, se rassurent, à ces divers points de vue, sur
la portée très utile de la loi qu'ils vont voter. Mais les dispositions de
la loi nouvelle ne resteront pas lettre morte. On peut compter sur le
zèle des parquets pour les faire exécuter. Nous serions trop incomplet
sur ce sujet si nous ne disions pas un mot de la question des pour-
suites et des expertises.
Le projet de loi punit le défaut d'indication de la nature exacte du
produit dans les expéditions, étiquettes, factures, etc. Deux groupes
distincts de difficultés sont à prévoir pour l'exécution.
La mise en vente d'un produit permet facilement à un agent de se
procurer une marchandise suspecte chez le vendeur commerçant. On
saisira chez lui, avec les formalités d'usage. Il se retranchera immé-
diatement derrière son vendeur. Si le vendeur est un fabricant de
beurre artificiel, pas de difficulté; mais ce cas se présentera fort rare-
ment. La fraude est plus ingénieuse dans ses moyens. Il faudra saisir
le sophisticateur, c'est-à-dire celui qui a fait le mélange du beurre
naturel avec la margarine ou la butterine, car le plus souvent on se
trouvera en présence de beurres margarines. Donc le premier soin de
l'agent qui fera la saisie sera de demander au détaillant de lui faire
connaître son vendeur, la date de l'expédition, la quantité, le prix et
autres renseignements. Si l'inspecteur de police qui a saisi le beurre
suspect ne met pas en mesure l'autorité compétente de faire faire im-
médiate recherche chez le vendeur, la poursuite sera compromise dans
ses résultats. Les juges se trouveront bien embarrassés; le détaillant
devait, il est vrai, indiquer que son produit était de la margarine ;
mais s'il ne l'a pas su, s'il a cru avoir acheté du beurre, comment le
punir? car c'est un délit dont on Laccuse. Pour punir un délit, il faut
prouver 1 intention frauduleuse, et les tribunaux verront défiler le cor-
tège habituel de toutes les ruses de défense qui font de la répression
de la fraude une chose presque accidentelle. Il faut donc empêcher
toute entente préalable entre le vendeur et le négociant ou industriel
qui lui a fourni la marchandise. Dans ce but, les procès-verbaux de-
vront toujours être remis le jour même où ils sont dressés dans les par-
quets, assez à temps pour que des mesures soient ordonnées par le
procureur de la République par les moyens mis à sa disposition et
d'urgence.
FALSIFICATIONS DU BEURRE. ij29
Dans l'autre ordre de difficultés que nous prévoyions plus haut, on
rencontre toutes celles qui sont relatives à la partie scientifique, à
l'expertise. Nous avons parlé de la composition de la margarine, de la
butlerine; il nous reste à dire un mot, pour finir, des procédés que
l'on a imaginés pour reconnaître la nature exacte du produit. D'après
un journal anglais, le gouvernement britannique aurait presque re-
noncé à distinguer le beurre artificiel du beurre vrai pour la désigna-
tion en douane de ces substances. Le board of trade aurait pris la
sage précaution de désigner les importations sous le nom générique de
ff importation des beurres ou de la butterine ». Un journaliste sommait
plaisamment le board of (rade et ses officiers d'établir une distinction.
Il est malheureux qu'elle ne soit pas faite. Est-ce à l'imperfection des
méthodes d'analyse qu'il faut attribuer cette fâcheuse confusion?
Peut-être. Voici ce que nous pouvons dire sur cet important sujet.
La l\lilch Zeitung du 1" octobre de cette année traite cette question
sous le titre de propriétés des différentes graisses. Elle emprunte au
compte rendu failpar le professeur D' Fleischmann, de la station expé-
rimentale et de l'Institut de laiterie de Raden, pour l'année 1883,
les résultats suivants. Dans le margarimètre, le poids spécifique de la
graisse de porc pure et bien filtrée à la température de l'eau bouillante
et sous une pression barométrique de 764 mm. 52, est de 0.8609.
Le point de fusion de la graisse de porc a été, après plusieurs déter-
minations fixée à 36°. 35 du thermomètre centijjrade, et celui de la
fusion des acides gras retirés de la graisse à 39°. 30. De semblables
recherches faites sur de Toléomargarine provenant de Hambourg, ont
permis de fixer à 34". 50 centig., le point de fusion de ce corps.
Dans des analyses de la graisse du beurre, le poids spécifiqu^ à la
température de l'eau bouillante, sous une pression atmosphérique de
7G0mm.27, a été de 0.8658. Le degré où fondent les diverses «rraisses,
a été fixé comme suit :
Degrés.
Matière grasse du beurre 30.50
— (autre essai).. . 31.00
OUiomargarine 34.50
Graisse de porc 36 . 35
Acides irréductibles de la matière grasse du beurre 38 . 20
— — (autre essai)... 38.50
.Vcides de la graisse de porc 39.50
Nous n'avons aucune qualité pour contredire ces expériences, ni
même les contrôler. Nous ferons seulement remarquer que Malaguti
fixe à -|- 47° le point oîi se fond la margarine pure, et nous ensei-
gne que les suifs fondent presque tous à + 67°, suivant un rensei-
gnement trouvé dans un dictionnaire scientifique.
De là, il suit que la fusion du beurre se produit à une chaleur exces-
sivement moindre que les graisses de suifs, mais que les degrés de
fusibilité de ces corps ne sont pas assez constants pour prouver absolu-
ment une falsification.
Le microscope, suivant le D' Saffrey ', permet de reconnaître l'adul-
tération. Le beurre naturel, vu au microscope, se montre sous la forme
de globules transparents, dit-il, de taille à peu près uniforme, sauf
quelques-uns assez gros, formés par l'agglomération de plusieurs petits
globules, tandis que dans le saindoux, les globules seraient très gros
et très opaques,
1. ta Chimie des Champs, 3" édition. Hashette, 1880, p. 172.
430 FALSIFICATIONS DU BEJRRE.
iM. Rabol, docteur es sciences, pharmacien et chimiste expert, à Ver-
sailles, a lu à ce sujet à la Société de pharmacie une note résumant
une expertise qu'il a faite et au microscope et par l'analyse chimique.
Cette note n'a pas encore été publiée, et nous souhaitons qu'elle le
soit bientôt. 11 a fait son analyse à l'aide de la luniière polarisée. Les
résultats en ont été très concluants : l'aspect de fourrure et les cris-
taux lumineux qu'offre la margarine, vue de cette façon, les façons
de fils ou de fibres qu'on y retrouve, ainsi qu'un peu de tistre cellu-
laire, qui n'est jamais complètement détruit par la clarification la plus
attentive, forment des contrastes avec cette forme globuleuse lisse,
légèrement cerclée d'un nimbe lumineux, que présente le beurre, elle
fond noir du champ du microscope polarisant. M. Rabot considère que
cette analyse est très sûre, et permet de distinguer facilement les beurres
suspects. Le Journal de ragricuHure aura peut-être l'occat^ion de publier
cette étude, avec les figures qui la rendront facile à comprendre. Ce
sera un service à rendre au cultivateur et au consommateur.
On voit par ces renseignements que les fraudeurs n'auront pas le
dernier mot, et que la science saura réparer, par sa précision, les
maux qu'elle a involontairement causés. La loi peut venir : elle est
nécessaire, attendue; elle sera exécutée. P. du Pré-Collot.
NOUVELLES INVENTIONS AGRICOLES
ANALYSE SOMMAIRE DES DERNIIiRS BREVETS DÉLIVRÉS.
162,305. Colin. 23 mai 1884. Système de pièges à taupes. — Le piège décrit
dans le brevet, et qui d'ailleurs convient non seulement pour les taufies, mais
aussi pour les rats, souris, etc., consiste en un certain nombre de tiges en fer
verticales disposées en cercle et se recourbant à leur partie supérieure pour se
fixer à une douille centrale; la partie inférieure de chacune de ces tiges est con-
formée comme la pointe d'un hameçon. La douille qui leur sert de point d'at-
taclie, et qui est remplie de plomb pour lui donner du poids, est suspendue aune
ficelle qui passe sur des poulies portées par une sorte de potence, et l'autre bout
de cette ficelle .vient s'attacher à une bascule sur laquelle on place un appât quel-
conque. Lorsqu'un rongeur mange l'appât, la bascule se déclanche, et le faisceau
de tiges-harpons tombe sur l'animal qui ne peut s'en dégager.
Le brevet décrit également une fourche à main, dont les dents forment de
même harpon, et sont très rapprochées les unes des autres, de manière que l'in-
strument offre peu de largeur et ne puisse pas endommager les plantations.
162,319. Société Périnfrères. 26 mai 1884. Abri à ouverture mobile servant
à préserver des intempéries et particulièrement de la gelée ele vigne et les autres
■ végétaux. — Ce brevet décrit un genre de poteaux-supports pour les paillassons
ou les toiles servant à abriter les plantes contre la gelée, lèvent ou le soleil. Les
poteaux sont en fer et nervés; ceux qui sont situés aux extrémités d'une rangée
sont consolidés par des contrefiches, et ils sont munis, à leur partie supérieure,
d'uD disque en tôle fixé dans un plan vertical perpendiculaire à la ligne de pieux,
disque qui est percé de trous sur son pourtour. Au centre du disque de ctiaque
poteau extrême pivote une tige que l'on fixe, à l'aide d'une goupille, en face tel
ou tel trou du disque, c'est-à-dire dans une position plus ou moins inclinée, et
aux bouts de laquelle s'attachent des fils de fer qui iront s'attacher de même à
l'autre bout de la rangée ; les fils sont soutenus par les pieux inteimédiaires au
moyen de tiges articulées semblables, mais sans disque. Sur les fils ainsi tendus,
on étend les paillassons, ou mieux, une toile qui retombe sur les deux côtés.
162,344. Société Faurë Et Kessler et Dalbouze. 26 mai 1884. Perfectionne-
ments apportés aux appareils mélangeurs et plus spécialement aux mélanges desti-
nés à la fabrication des superphosphates, ainsi qu'au mélange des engrais. — Le
breveté reproche aux appareils ordinairement employés pour mélanger l'acide
suUurique ou l'acide chlorhydrique aux phosphates, dans la fabrication des engrais
superphosphates, leurs dimensions et' kur poids trop considérables. Il annonce
NOUVELLES INVENTIONS AGRICOLES. 431
être arrivé, par les dispositions qu'il a adoptées, à pouvoir traiter 100 à 200 kilog.
par minute de phosphate on poudre, avec uu appareil mesurant à peine une cen-
taine de litres et pesant moins de 100 kilog.
Les anciens appareils contenaient des palettesdontles talus formaient un3hélico
plus ou moins continue. Le breveté, en outre de ces palettes, emploie une ou
plusieurs palettes simples mélangeuses, parcnuiant le même champ que chacune
des palettes à talus; son appareil est de petit diamètre, et les organes mobiles
fonctionnent à très grande vitesse, ce qui permet de n'y laisser séjourner la
matière que pendant un temps très court.
162,3'i9. Kelner. 26 mai 188't. Couveuse artificielle électrique avec régulateur
thermo-électrique. — Un caractère saillant de cette couveuse, c'est qu'elle produit
et maintient automatiquement, dans le tiroir renfermant les œufs, la température
convenable (39" C), et cela au moyen, d'un thermomètre spécial à mercure, agis-
sant sur un régulateur électrique qui éteint le foyer quand la température s'élève
trop, pour le rallumer dès qu'elle est redevenue normale. Voici quelle est la dis-
position de l'appareil :
Au-dessous du tiroir est placé un réservoir d'eau chaude en communication
avec un thermosiphon^ situé, sur le côté, et chauffé par un four qui peut être un
bec de gaz ou une lampe à alcool; on verso l'eau à 70° G pour obtenir 39" C. dans
le tiroir, et l'on n'allume le foyer que lorsque l'appareil est plein, afin de ne pas
fondre le foyer, qui est en zinc. Tant que la température dans le tiroir reste à
39", il ne se produit rien de particulier, mais dès que cette température se trouve
dépassée, le régulateur entre en jeu et éteint le foyer.
Dans le cas, par exemple, où ce dernier consiste dans un bec de gaz, les choses
sont disposées comme suit : le gaz arrive dans une capacité dans laquelle est
vissé le bec, et dans laquelle il est amené par un tuyau horizontal traversant la
paroi latérale au delà de laquelle ii est percé d'un trou sur le dessus ; un petit
tampon conique porté par l'armature d'un électro-aimant peut venir boucher cet
orifice, si l'armature est attirée par suite du passage d'un courant dans l'électro-
aimant. Dans ce cas, le gaz cesse d'arriver dans la capacité et le foyer s'éteint;
par contre, un petit bec situé à côté et qui est alimenté de gaz par un branche-
ment pris en amont de l'orifice sus-mentiouné, reste allumé pour servir ultérieure-
ment au rallumage automatique du foyer.
Le régulateur qui vient d'être décrit est actionné par un thermomètre à mer-
cure placé dans le tiroir aux œuls. Ce thermomètre reçoit deux fils de platine dont
l'un pénètre dans la cuvette de l'instrument et dont l'autre entre dans le tube à
la hauteur de 39 degrés; ces fils sont en relation avec les deux pôles d'une pile
logée à la partie inférieure de la couveuse. On comprend que si la colonne de
mercure vient à monter jusqu'à ce degré, le mercure ferme le circuit électrique;
Far suite l'armature de l'électro -aimant du régulateur est attirée et intercepte
alimentation du bec de gaz qui s'éteint; dès que la température redescend au-
dessous de 39 degrés, le circuit électrique se trouve rouvert, l'armature se relève,
laisse de nouveau arriver le gaz et le foyer est rallumé par le petit bec voisin
à ce destiné. Gh. Assi et L. Genès,
Ingénieurs-conseils en matière de brevets d'inventioQt
36, boulevard Voltaire, à Pans.
AMÊLIORATlOiN DES FOSSES A FUMIER
A diverses reprises, et notamment cette année, le Journal a publié
plusieurs notes de M. Vandercolme sur la nécessité de corriger la
construction vicieuse des fosses à fumier dans un trop grand nombre
d'exploitations, et sur la possibilité d'arriver à ce résultat sans dépense
exagérée. M. Vandercolme, convaincu de l'impérieuse nécessité de
porter remède à cet état si fâcheux, s'est fait, dans l'arrondissement
de Dunkerque qu'il habite, l'apijtre de la transformation des fasses à
fumier, et il a entrepris, pour atteindre ce but, une véritable croisade.
Il fait l'avance des frais pour les cultivateurs qui consentent à suivre
ses conseils, à la condition qu'ils rembourseront ces frais en trois ans
sur les bénéfices qu'ils auront réalisés. Le Journal a publié plusieurs
résultats obtenus ainsi (voir le numéro du 1" mars dernier, page 333
432 AMÉLIORATION DES FOSSES A FUMIER.
du tome I" de 1884). Voici un nouvel exemple qui vient à l'appui de
ce que nous avons déjà publié :
M. Vandercolme a fait exécuter, cette année, Tamélioration de la
fosse à fumier de M. Alphonse Liévin, à Volekinckliove. Les frais ont
été les suivants :
20 mètres de gouttières à 1 fr. 80 3î f. 00
2 couches de peinture et pose des f^outtières. . ■ 13 Tn
Ferrures pour les gouttières 19 30
Soit pour les gouttières tiô 05
14 mitres de chêne de 0 m. 063 X 0 m. 27, à 2 fr, le mètre 28 00
12 journées de maçon et de charpentier à I fr. 75 l'une 21 00
Divers pquets en chêne •. 11 00
2,000 briques à 17 fr. le mille 34 00
Slble 3 00
Chaux 3 00
Menus frais payés de la main à la main, sans note des fournisseurs,
comme pour les articles ci-dessus 12 00
Total 177 U5
Dans une lettre écrite à M. Vandercolme le 24 novembre dernier,
M. Liévin constate comme il suit les résultats obtenus : «J'ai fumé,
celte année, 18 mesures de 33 ares,; j'ai mis, par mesure, 12 mètres
cubes de fumier qui vaut G fr. le mètre cube. Avant l'arrangement
de ma fosse, la qualité n'était pas supérieure à 5 fr. le mètre cube.
La différence de 12 fr. par mesure m'assure un bénéfice de 21Gfr. »
Ainsi, dès la première année, l'excédent de valeur du fumier dépasse
le total des dépenses.
Nous avons à notre disposition quelques exemplaires de la brochure
de M. Vandercolme sur sa méthode de transformation des fosses à
fumier; nous les enverrons gratuitement à ceux de nos lecteurs qui
nous en feront la demande. Henry Sagniër.
LA GRAINE DE LIN DANS L'ALIMENTATAION
DU BÉTAIL
Je crois utile d'appeler l'attention sur les avantages que j'ai trouvés
à employer la graine de lin comme supplément de nourriture pour
l'alimentalion des bestiaux.
C'est un correctif de lapidpe. — La pulpe échauffe (pas celle de diffu-
sion, hélas! qui contient de 88 à 94 pour 100 d'eau), je parle de la
pulpe de presse hydraulique; — la graine de lin rafraîcliiL Un trou-
peau d'élevage qui consommerait 200 grammes de graine de lin cuite,
additionnée dans les mélanges de menues pailles ou encore mélangée au
son que l'on distribue lorsque les brebis-mères nourrissent, éviLerait
bien des maladies, et aux brebis <'t aux agneaux. — Plus tard, lorsqu'à
deux mois l'agneau commence à manger, et qu'alors son estomac n'est
pas encore habitué à la nourriture sèche, donnez de la graine de lin,
et vous n'aurez pas de coup de sang, ce qui arrive fréquemment chez
les bons agneaux.
La u raine de lin pousse à rengraisement. — Pour une bête bovine, il
est d'usage de donner deux tourteaux pour commencer son engraise-
ment, trois et quatre ensuite. Or, le tourteau du Nord pèse environ
1 kilog., ce qui représente 22 centimes le tourteau. Donnez pour la
même somme d'argent de graine de lin, et vous constaterez que la bête
à l'engrais profitera plus vite par l'emploi de la graine de lin que par
celui du tourteau.
LA GRAINE DE LIN DHNS L'aLIMENTATION DV BÉTAIL. t33
La e;raine de lin est enfin le médicament le meilleur marché et le
plus sain pour les chevaux fatigués qui ne mangent pas bien l'avoine
ou qui la digèrent mal. Elle leur refait l'estomac et leur rafraîchit le
sang. Pour les chevaux qui toussent ou quigourment, la graine de lin
cuite jetée bouillante sur la ration d'avoine, et couverte alors pour en
empêcher l'évaporation en mettant une couche de son sur le tout,
constitue pour les chevaux une nourriture excellente qui est bien pré-
férable aux barbotages de son qui refroidissent l'estomac de l'animal
et n'aident guère à sa guérison. A, Prévôt.
SOCIÉTÉ NATIONiLE D'AGRICULTURE
Séance du 10 décembre 1884. — Présidence de M. Clievreul.
M. ïriana présente à la Société un mémoire de M. de Larret, à Nan-
'tilly (Haute-Saône) sur une faucheuse-moissonneuse perfectionnée dé-
nommée « Le Furet ».
M. Duclaux, professeur à l'Institut national agronomique, pose sa
candidature à la place de membre titulaire vacante dans la Section des
cultures spéciales.
M. Sacc, correspondant adresse de Cochabaraba (Bolivie) un travail
sur les principales variétés de maïs cultivées dans ce pays.
M. Bastide, de Chàteau-d'Agnac (Hérault), fait hommage d'une
brochure sur la reconstitution d'un vignoble français par les vignes
américaines. — Une analyse de ce travail a été publiée dans le Journal.
M. Lescuyer oft're à la Société une brochure ayant pour titre : Mélan-
ges (furiiïlhologie; — M. Huin, une note sur l'éducation des Altacus
Roylei et Perny et d'Actias Selene faite en 1882; — M. Flandrin
envoie un rapport sur l'agriculture des Bouches-du-Rhône.
M. Heuzé, revenant sur sa communication de la dernière séance,
ajoute que la mitrailleuse, dont il a donné la description, est fabriquée
par M. Fortin, mécanicien, à Chevry-Cossigny (Seine-et-Marne).
M. Passy annonce la nomination de M. Renou au grade d'officier de la
Légion d'honneur; M. le président félicite M. Renou de celte distinction.
M. le vice-secrétaire donne ensuite à la Société des nouvelles de
M. Pluchet, qui a été victime d'un accident de voiture; M. Pluchet,
ajoute M. Berlin, va un peu mieux; il pourra revenir prendre sa place
parmi nous dans cinq à six semaines.
M. le marquis de Poncins fait connaître les résultats des expé-
riences entreprises par lui sur le procédé Neilson pour le séchage du
foin. Les résultats obtenus en 1884, bien que supérieurs à ceux cons-
tatés l'année dernière, sont loin de lui donner satisfaction. — 11 im-
porte de les continuer en pressant le foin mis en tas de 3, 000 à 4,000 ki-
log., d'une façon uniforme; il convient d'éviter le tassement produit
sur place par suite du piétinement des hommes qui édifient le tas.
D'après M. de Poncins, il ne faut pas considérer le procédé Neilson
comme une méthode de séchage, mais bien comme un moyen permet-
tant d'empêcher l'altération du foin avant sa complète dessiccation.
M. Cornu entretient la Société d'une graine de graminée qui,
en Russie, s'introduit dans la peau des moutons. H a reconnu que
cette graine était celle du Slipa torlilis; cette graine est munie d'un
prolongement en spirale; la graine très pointue entre dans la peau
des moulons et détermine des abcès qui n'apparaissent pas à l'exté-
rieur. — M. Prillieux complète les renseignements fournis par M. Cornu ,
43-4 SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE DE FRANCE.
il fait connaître que l'examen de la structure du fruit de Stipa permet
de comprendre par quel mécanisme se fait cette singulière pénétration.
Les fruits ou grains, dans les stipas, sont vêtus; ils sont entourés d'une
balle qui les enveloppe très étroitement et ne s'en détache pas ; à sa
partie supérieure elle se continue en une très longue barbe, plumeuse
à son CN^trémité dans certaines espèces, et plus ou moins tordue à sa
base. Dans certains stipas, le Sùpa toriitis, par exemple, la torsion
est fort considérable et sur une grande longueur la barbe, forme une
spirale à tours fort serrés. La base du fruit se termine en une pointe
fort aiguë et très dure, dirigée un peu de biais, au-dessus de laquelle
se trouvent des poils roides fort abondants et tous dirigés de bas en
haut. La balle dans toute sa longueur et la barbe portent aussi une
quantité plus ou moins considérable selon les espèces de poils aigus et
roides dirigés dans le même sens. Il en résulte que s'il est facile de«
faire glisser à la surface d'une feuille de papier une graine de stipa la
base eu avant, il nest pas possible de la repousser en sens inverse. Le
fruit de stipa ne peut donc cheminer que dans ane direction, la pointe
en avant. En arrière, c'est la barbe tordue qui est le propulseur actif
capable d'enfoncer l'éperon qui est au bout opposé dans le corps qu'il
pique. Cette barbe est hygrométrique : à l'humidité, elle s'allonge en
se détordant; à la sécheresse, elle se retord et se raccourcit. A l'humi-
dité par suite de l'allongement de la barbe qui se détend, le grain est
donc poussé en avant; à la sécheresse, les poils qui le couvrent l'em-
-pêchent de retourner en arrière et la barbe doit, en se raccourcissant,
s'avancer à la suite du grain. C'est ainsi que les fruits de stipa engagés
dans la toison des moutons, pénètrent par une sorte de mouvement
de vrille jusque dans le corps des animaux. — Une autre graminée,
ajoute M. Prillieux, cause des blessures analogues aux moutons
dans la Nouvelle-Calédonie, c'est V Andropoçjoii Allioni signalé comme
produisant dans les troupeaux des accidents souvent mortels.
M. Ladureau présente un mémoire renfermant le résultat des expé-
riences auxquelles il s'est livré dans le but de reconnaître la présence
du ferment ammoniacal, c'est-à-dire de celui qui transforme l'urée en
carbonate d'ammoniaque dans les eaux et dans le sol arable. — Il con-
clut de ses études que ce ferment existe en quantités considérables dans
les eaux de la surface du sol, dans celles qui y tombent sans cesse,
dans beaucoup d'eaux souterraines et enfin dans le sol arable. Les
agents aneslhésiques n'entravent guère son action, sauf le chloroforme.
Quant aux antiseptiques, il en faut des quantités relativement assez
élevées pour l'empêcher de déterminer la fermentation. M. Ladureau
termine en exposant les conséquences de ces déi^ouvertes et le rôle
considérable que joue ce ferment dans la nature. Geokges Maksais.
REVUE GOUMERGIALE M PRIX CDURINF DES DENRÉES AGRICOLES
(13 DÉCEMBRE 1884).
I. — &iitialion généraXe.
Les pluies qui sont tombées depuis le commencement du mois ont été bien
accueillies, et en beaucoup d'endroits, ont amélioré la situation des récoltes en
terre ^ Les marchés agricoles sont toujours assez calmes, avec des approvisionne-
ments ordinaires ; néanmoins les prix des denrées ne subissent pas de nouvelle
baisse sensible.
II. — les grains et les farines.
Les tableaux suivants résument les cours des céréales, par quintal métrique,
sur Je» principaux marchés de la France et de l'étranger :
REVUE COMJaERCIALE ET PHIX GOURANT (13 DÉCEMBRE 1884).
435
f RéolON. — MOHD-OrBST.
Blé. Seigle. Orge. Aïoiie.
fr. fr.
Calvadd'. ii:ion 21 ;i.i 14. OO
— Lisieux 20.00 15.3b
C.-du-A'o» fi. 'Prêguier.. 19. jO »
— Pontrieux 19.25 14.50
Pinistrri'.. VlurUlx 20 00 13. 50
lUe-ct- Vilaine. Rennes. 19 25 »
— Fougères 19.80 «
Manche. S.iint-Lû t9.:i5 "
— Avranclies ,. 21.00 »
— Valognus 1» 30 »
Mayenne. Mayenne 19.50 »
— EvroQ 19.50 »
Morbihan. Hennebont. . 18.75 f4.C5
Orne. AleTuor] 20.75 18 00
— L.cigio 20 80 10 0»
9ôr(he. Le .Mans 19.90 15.75
— licaumoat 20 80
— Marnera îo.r.o
fr.
10. 25
17 70
15 25
15.50
14.50
11). 00
Oise.
Prix moyens 19. yj
2* mioiON
Aisne. Cli^teau-Thierry. 19.00
— .Soissons 19.10
— Sainl-Quentin 19 50
Eure. Evreux l'i.80
— Paoy. . • 19 30
— Louviers 18.20
EMre-el Loir Chartres.. 23.50
— I.a Furlé-vidame . 20.15
— ■ Aurieau 20 45
Nord. Dunkerque 21 30
— Cambrai 19 45
riergijes 19.80
Beaiivais 19.75
— Scnlia I9 00
— Clermont 18 60
Pa9-de-Calais. Xms... 19.50
— ' Bapaume |9.;5
Seine. Paris 21.00
S.-€l~Mar^e. Melon 21 45
— Datnnia-tiii , 19.50
— Coulonimiers 20.00
S.-et-iline Versailles.... 21.00
— K'unii.es 20.80
— Mante».., 20 00
S«ne-/t*/«;*-ït!ure. Rouen. 19.75
— Eu 19.80
— Fecamp 19 00
Somme, Amiens 20.75
— DouUons 20 80
• — .Montdidier 111.50
II). 75
lj.3^
— .\OItD.
l.'i.OO
16.00
fr.
•JO.'Ji
23.00
14.75
15.50
15.00
15 50
16.00
22.10
20.90
23.00
lu. 5a
10. »o
17.0„
17.3"
I8.0J
20.2"
'6%
16. 0„
17.25
10 .15
*
16.00
15.75
»
15 90
19.29
15.75
15. 6.^^
15 25
II) 14 17. y9
14.00
13 40
14 00
13.00
15.10
17.40
15.35
14 50
15.50
11. 65
15.65
15 00
15.90
15.00
15.00
15.25
15.00
1 ri . 00
14.75
14.65
14 00
15. .35
14.00
14 75
16.25
15.90
15.40
16.50
18.25
17.40
19.00
16.15
18 00
16.50
16.90
15.40
17.00
Prix moyens 19.94 14 96 17.25 16.42
3* RRGION. — î»ORI>.KSr.
<lrdeime«. Sedan 20.75 ni. 50 19 25 17. 3^
— Charlevllle 2100 1700 19.2» 19 0"
Av,be. Troyes I'.) 20 11.80 17.50 16.00
— Mery-sur-5«ine... 18.65 14.35 16.75 f5 6*
itartle. Chilons 19 50 15.90 18.50 16. 7^
— Reims 19.50 15.75 17.00 16.5"
— Epernay !0 50 15.00 18.50 17.59
Bte-Marne. chaumonl.. 19.75 14.00 » (4 2^
— st-Dizier 19.90 14.50 18 25 10.50
4feur»ie-e<-,Uos. Nancy. 20.50 16 55 19.00 17.40
— Toul 20.00 1700 IS.OO 15.6"
— Luncvllle 20 50 15.75 17.00 16.25
Weu«e. Bar-le-Diic 19.75 14 90 18.90 160"
Waule-Sutiae. Vesonl . .. i9.5o 15.75 17.25 15.7*
— Gray 2040 15.25 15.30 15.50
Votges. Epinal 21.25 15 25 » 16 00
— Mirecourt 20.15 " » 15. 2J
— Neiitcli,Ue,iu 20.25 » 17.00 15.1*
Prix moyens.
4' lllioiON.
Charente. Kn«^o\\\^-m<i... ',
— Barbezieux *;
Char.-infér. Marans I
DeuX'Sivres. St-Vlaixcnt
Indre-et-I.oire. Toui's... 1
— Blére
Loire-Inf. Nantes
M.-el-Lnirc. Saumur, .. '
— Arit;ar*. '.
Vendée. Lnçon
— Fontenay-ie-Comte
Ktenîtfl. CJiiUelleraull.. .
— Loudun
Haute- Vienne. Limoges. '
20.06 15.52
. — oresT.
16.00
14.00
13.35
15.75
15.10
17.25
17.00
16.50
17.50
15.50
16.25
16,40
17.50
15.50
AUier. Montliiçon..
— Gannat
Cher. Bourges
— Gra';ay
— Sl-Amand
Creuse. Guéret
Indre. Chateauruux .
— Valençay
— Issuudiin
Loiret. Orléans
— Montargis
— Gien
L.'et-Cher Blois..,.
— Montoire
Nièvre. Nevers
— La CliariU-
— Clamecj
Yonne Sens
— Jo'g^iy
— Brienon
. — CBNTRB
Blé. Seigle.
fr.
18.00
fr
20.15
20.45
. 19.50
, 20.25
. 18 80
. 20 80
. 20.00
20.80
. 19 60
. 19. 'lO
. 20 00
. 18 8.->
. 20.45
. 19.20
. 19.45
. 19 90
. 19.00
20.00
. 20.00
. 20.00
Otje. Aïoine.
fr. fr.
15.00
14.35
12 80
15 00
15.00
18.65
14.65
15 75
14.50
14.10
14.85
15.40
10.50
16.25
15. lO
18 25
16.50
16.90
1.) 00
»
16 50
16.90
18.45
18.00
17.50
16.15
17.80
15.40
17.30
1S.25
15.90
17 00
If). .10
16. 50
10.50
15.50
15 50
14 00
13.00
l'i 00
15.40
14 00
16.0»
17.50
16.10
15.75
17.75
16.00
17 00
16.25
15.00
17.00
16.00
16.60
Prix moyens 19 3.J 15.00 16.75 15.72
6' RâalON. — EST.
j4in. Bourg 21.75
Côie-d'dr. Dijon 20.50
— B'-ailrie 20.45
£lou/)«. Besançon 20.75
Uiire. Bourgoin 20.75
— St-Marcollin 21.75
Jura. Dôïe 20.50
— Lons-le-Saulnier. 20.25
Loire. Firininy 21.50
P.-de-l)àme. Clermonl-F 21.80
Rhùne. Lyon 21.75
Saône-et- Loire. Chalûn . 20.00
— Micon 21.00
davoie. Chambéry 22 75
//ift-Sttuoie. Annecy 21.55
15
65
17
25
15
50
18
00
17
25
18
05
17
50
%
17
50
14
75
17
25
17
00
16
35
»
17
50
15
75
17
50
16
50
10
73
16
75
17
75
19
50
17
00
10
75
15
10
15
50
18
00
17
75
15
.75
17
.00
18
00
15
50
•
16
00
17
75
lli
00
16
.75
Prix moyens.
21.14 15.95 17.47 17. SI
17.50
18.35
14.40
T HBOIO.-J. -
Ariège. Foix
- SCD-
24.10
22 20
22.60
22.10
22.20
21 40
22.90
22.90
21.25
22 . SO
22.40
21.00
22 15
23.25
23 . )0
22.44
aUEJÎT
18.65
Dordogne. Pêrigueux...
— Sarlat
Hte-Gnrnane. Toulouse
— St-Gaudens
111.70
16.00
17.00
16.00
^
Gironde. Bordeaux
— Lesparte
17 00
15 50
Lot-et-Garonne. Agen.
18.65
B.-Pyrenèes. Bayonne.
Utes-Pyrênêes. Tarbes.
Prl» moyens
19.00
17.35
17.27
18.25
18.80
20.00
18.50
16.60 17. SO
Prix movens..
20.12 11.70 17.03 16.35
Aude. Castelnaudary..
22.90
17.65
16.90
19.00
— Carcassonne
22 75
17.35
f6.15
17.50
Aveyron. Rodez
20.80
1 6 30
>
19.40
Gantai. Aunllac
23.40
18.70
17.00
16.60
22.90
21.75
18.00
17.65
16.60
17.70
16.20
Htruult. Bexiers
20 00
22.00
23.10
22.75
»
18.00
18.00
I2.ua
16.60
18.45
17.75
16.30
Lozère. Mende
18.00
/^^reTiêe«-Or. Perpignan.
23.70
17.10
22.00
24.45
22.75
22.10
»
17.00
15.75
18.50
Tarn-el-(îar . Montauban
19.59
Prix moyens
22.58
17.58
16.92
18 60
9' RÉGION.
— SITU-BST.
Basses-Alpes. Manosque
23.70
n
»
20.00
Hautes-. ilpes. Briançon
22.50
18.00
16.00
19.00
Atties-.Varilimes. Nice. .
25.00
16.00
16.00
19.50
ArdKhe. Privas
23.45
16.00
16.15
18.90
B.-du-lthone. Arles
22.50
»
17.50
20.50
Orùme Romans
21.75
14.50
»
17.50
Gard. Al.iis.
24.35
20.00
16.15
21.00
Haute-Loire. Le Pu y..
21.40
14.65
17 70
16.25
l'ar. Draguignan
23. 2S
x
18.00
17.80
Vaaciuse. Avignon....
21.50
16.25
s
18. 7J
Prix moyens
22.94
16.49
16 79
18.92
Moy. de toute la France
21.00
15 37
16 98
17.26
— de la semaine préced
20.94
16.16
17.02
17.38
Sur la semainelHausse
. 0. 06
V
>
»
précédente.. JBaisae.
a
0 29
».04
O.I2
436 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT.
Blé Seigle. Orge. Avoine
fr. fr. fr. (r.
,, , . »i„„, (blélendre.. 17.51 » » »
Algéru. Alger ,j^|,j^^, ^^ .^ ^ ^^ ^^ ^^ ^^
Anglererte. Londres 18.50 b lî.fiO •
Belgique. Anvers 18 110 16.25 10. ,50 18.00
_ Bruxelles 19.75 16.00
— Liège 18.40 16. ,50 18.00 17.10
— Naniiir 18 50 16.00 18.00 15.50
Pays-Bas. A m s le ni a m 18.05 16.05 » •
Luxembourg. Luxemlioiirg '22.10 18.60 15. 'lO 17.00
Alsace-Lorraine. Strashourg 22.25 19.25 21.75 18.25
— Mulhoase 21 50 18.25 19 .50 1S.15
— Culiuar 22 00 19.65 20.60 19.00
Allemagne. Berlin 19.10 17.35
— Cologne 19.25 17.50 • »
— Hambourg 19.00 15.10 • »
Suisse. Genève 2:i 00 17,50 18.50 18.50
Italie. Milan 21.25 16.50 » 14.25
Espagne. Barcelone « » 13.25 18.25
Auiriehe. Vienne 17.80 » » •
Hongrie. Budapest 17 10 14.50 14.00 14.55
Busiie. Sainl-Pélersbourg.. 15.35 13.40 » 12.70
Etats-Unis. New-York 15.75 » • .
Blés. — Le marché de Paris est toujours dans la mêine situation. Dans l'at-
tente de la surélévation des droits douaniers, les vendeurs sont rares et réservés,
et la meunerie, de son côté, continue à montrer peu d'empressement. Les trans-
actions sont donc très calmes et les prix sans variations On cote à la halle les
blés de mouture du rayon, 20 fr. à 21 fr. tO les 100 kilog. ; les blés à livrer cou-
rant du mois et janvier-février, 21 fr, à 21 fr. 25 ; les quatre premiers mois,
21 fr. 25 à 21 fr. 50 ; les quatre mois de mars, 21 fr. 75 à 22 fr. — Les blés e.xo-
tiques conservent également leurs cours au Havre; sous réserve des nouveaux
droits, on demande de 20 fr. 50 pour les roux d'hiver d'Amérique; 21 fr. 25 à
22 fr. pour les Australie ; 20 fr. 50 à 21 fr. pour les Cahfornie; 20 fr. à 20 fr. 25
pour les Bombay blanc; le tout par iOO kilog. sur wagon, disponible. — A Mar-
seiile, les affaires ont été calmes pendant toute la semaine; pour les mêir es raisons
qu'à Paris ; les détenteurs sont décidés à attendre. Les prix se soutiennent comme
.suit : Red-Winter, 22 fr. 50 à 22 fr. 75 les 100 kilog. disponibles; Berdianska,
22 Ir. 75; Marianopoli, 21 fr. 75 à 22 fr.; Irka-Oiessa, 19 fr. à 19 fr. 25;
Irka-Nicolaïffft, 20 fr. à 20 fr. 25 ; Azoff, 18 fr. 50 è 19 fr. 50; Danube, 17 fr. 50
à 20 fr.; — A Londres, on cote avec lourdeur, les Australie, 20 fr. 30 ; les Cali-
fornie, 19 fr. 50 ; les roux d'hiver, 19 fr. Sur les marchés intérieurs de l'Angle-
terre, le prix moyen du blé ressort à 17 fr. 2-5 les 100 kilog.
Farines. — Prix Fans changements pour les farines de consommation, qui
étaient cotées le 10 décembre, à la halle de Paris : marque de Gorbeil, 48 fr.;
marques de choix, 48 à 51 fr.; premières marques, 47 à 48 fr.; bonnes mar-
ques, 45 à 46 fr.; marques ordinaires, kkkkb fr.; le tout par sac de 159 kilog.,
toile à vendre, ce qui correspond aux prix extrêmes ue 28 fr. 02 à 32 fr. 48 les
IOO kilog., ou en moyenne, 30 fr. 25. — Les farines de spéculation ont fléchi
de 1 fr. depuis huit jours ; on cote: farines neuf-marques, courant du mois, 44 fr.
à 44 fr. 25; janvier, 44 fr. 25 à 44 fr. 50 ; janvier et février, 44 fr. 50 à 44 fr. 75;
quatre premiers mois, 44 fr. 75 à 45 fr. ; quatre mois de mars, 45 fr. 50 à
45 fr. 75. — Les farines deuxièmes valent de 21 fr. à 24 fr. les 100 kilog.
Seigles. — Demandes et offres restreintes. On place les belles qualités à 16 fr.
les 100 kilog.; les ordinaines de 15 fr. 50 à 15 fr. 75, à la halle de Paris. — La
farine de seigle se cote de 21 à 22 fr. 50 les 100 kilog.
Orges. — La demande est toujours suivie ; les cours se soutiennent de 17 fr. 75
à 22 fr. les IOO kilog., suivant provenances. — Les escourgeons sont rares; on
en demande 19 fr. à 19 fr. 25 par 100 kilog.
Avoines — Quoique la demande soit peu importante, les prix sont bien tenus
de 17 fr. 25 à 2o fr. 25 par 100 kilog. pour ks avoines ordinaires. — En avoines
avoines exotiques on cote comme suit Suède 16 fr. 50 à 16 fr.; Liban noires,
16 fr.; blanches, 15 fr.; Riga, 14 fr. 75 à 15 fr.
Maïs. — Les prix sont également bien tenus pour le disponible de l 'i fr. 25
à 14 fr. soles 100 kilog., sur wagon au Hivre ou à Rouen, provenance du Da-
nube ou de la mer Noire. Le livrable trouve acheteur de 12 fr. 65 à 13 fr. 90.
Sarrasins. — Peu d'affaires; le prix est toujours de 16 fr. les 100 kilog., en
gare d'arrivée à Paris.
DES DENRÉES AGRICOLES (13 DÉCEMBRE 1884). 437
Issues. — Affaires lentes, sans variation dans les cours On cote à la halle de
Paris jiar 100 kilog. : gros sons seuls, 14 l'r. 7o à 15 l'r. 25; sons gros et moyens,
13 IV. i5 à 14 fr. 50; sons trois cases, 12 l'r. 25 à 12 fr. 75; sons lins, 11 fr. 75
à 12 fr. ; rccoupettes, 12 fr. 25 à 12 fr. 75; remoulages blancs, 15 fr. 50 à
16 fr.; remoulagcs bis, 14 à 15 fr.
III. — Fourrages et graines fourragères.
Fourrages. — Les prix sont toujours hien tenus ; et les affaires courantes. On
cote à Paris, par 100 bottes de 5 kilog. : foin, 52 à 58 fr. ; luzerne, 52 à 56 fr.;
paille de blé, 28 à 32 fr ; paille à» seigle, 36 à 40 fr.; paille d'avoine, -.2 à 26 fr.
— A "Versailles les prix sont, par lOJ boites : foins, 40 à 44 fr.; luzerne, 35 à
36 fr.; paille, 25 à 28 fr.; sainfoin, 34 à 38 fr.; regain, 37 fr.
Graines fourragères. — Mêmes cours qu'il y a huit jours, à Paris, ou l'on cote :
trèfle violet, 95 à 120 fr. les 100 kilog.: tièlle blanc, 165 à 200 ir.; trèfle
hybride, ItO à 180 fr.; luzerne de Provence, 140 à 150 fr.; d'Italie, 125 à
liû Ir.; du Poitou, 85 à 100 fr.; minette, 38 à 42 fr ; ray-grass anglais, 35 a
40 fr.; d Italie, 38 à 44 fr.; sainloin à une coupe, 33 à 35 tr.; à deux coupes, 38 à
40 l'r.; vesc« de printemps, 22 à 23 fr.; pois jai ras, 17 à 18 fr. — A Toulouse, la
graine de trèfle vaut, 95 à 100 fr.; celle "de luzerne, 165 à 110 ir. les 100 kilog.
IV. — Frxiits et légumes frais.
Fruits. — Voici les cours de lahal'e de Paris, Poires, 6 à 60 fr. le cent, 0 fr. 25
à 0 fr. 55 le kilog., pommes, 5 à 75 fr. le cent, 0 fr. 20 à 0 fr. 60 le kilog., rai-
sins, 1 fr. 50 à 4 fr. le kilog.; raisin noir, 1 fr. tO à 3 fr. 50 le kilog ; noix, 0 fr. 35
à 0 fr. 70 le kilog.; coings, 15 à 35 fr. le cent; cl.'âtaignes, 12 à 16 fr. l'hec-
tolitre.
Légumes. — Carottes communes, 20 à 25 fr. les cent bottes; d'hiver, 4 fr.
à 4 fr. 50 l'hectolitre; navets, 10 à 15 f."-. les cent bottes; panais, 5 à 18 fr.;
poireaux, 3 fr. à 4 fr.; oignons en grains, 14 à 18 fr. l'hectolitre; choux, 8
à 12 fr. le cent; betterave 0 ir. 30 à 1 l'r 40 la manne; tomates, 0 fr. 50 à 0 fr. 65
le kilog; salsifis 0 l'r. 30 à 0 fr. 45 la botte; poliron, 0 fr. 50 à 3 fr. 50 la pièce
oseille, 0 Ir. 90 à 1 fr. 10 le paquet; épinardsO fr. 20 à 0 fr. 25 le paquet ; choux
de Bruxelles, 0 fr. 20 à 0 l'r. 25 le kilog; choux-fluurs, 5 à 85 fr. le ceut; cardon,
1 fr. à 1 fr. 25 la botle.
Salades. — Barbe de capucin, 0 fr. 45 à 0 fr. 60 la botte; céleri, 0 fr. 60 à
0 f r 70 la botte; céleri rave Ofr. 08 à 0 fr. 12 la pièce ; chicorée frisée, 8à 14 l'r.
le cent ; sauvage 0 fr. 20 à 0 fr. 30 le kilog ; cresson 0 fr. 30 à 1 fr. 40 la botte
de 12 boites; escarole, 9 à 15 fr. le cent, laiiue, 4 àô fr. le cent ; mâches 0 fr. 20
à Ofr. 25 le kilog.; pissenlits, 0 fr. 30 à 0 fr. tO le kilg.
Pommes de terre. — Hollande 8 à 9 fr. l'hctolitre, 11 fr. 42 à 12 fr. 85 les
100 kilog.; communes, 5 à 6 fr. l'hectolitre, 7 fr. 14 à 8 fr. 57 les 100 kilog.
V. — Vins. — Spiritueux. — Vinaigres. — Cidres.
Vins. — La période d'accilmie générale continue, aussi bien dans le Bordelais
et dans le Midi qu'en Bourgogne et en Beaujidais. Seule la Tuurdine a un bon
courant d'h flaires. Dans le Loir-et-Cher, les vins noirs se payent de 9b à 105 fr.
la pièce; les vins rouges supérieurs valent de 72 à 82 fr., et les secondaires de
72 à 76 fr. le tout logé. Les vins blancs de Sologne sont très demandés au prix
de 58 à 63 fr. les 200 litres nus; et ceux de la côte de 48 à 52 fr. suivant qualité.
— Dans le Nantais, les transactions sont plus dilficiles ; la qualité des vins étant
très irrégulière; les gros plants sont cotés de â5 à 37 fr.; les muscadets logés
sur tins, 60 à 65 fr. — A Bergerac, les cours des vins nouveaux sont établis
comme suit : !"'■ Bergerac, 600 à b50 fr. le tonneau, 2'' 550 à 600 ; ordinaires
500 à 520 fr.; V' .'.-signac, 450 à 500 fr.; 2'', 400 à 450 fr.; ordinaires, 350 à
400 fr.; vins blancs de Munlbazillac, 1", 1,000 à 1,200 Ir.; 2'", 900 à l.cOJ fr.
— En Algérie, à une période assez active, succède aujourd'hui le calme. On
cote à Orun, lus vins de premier choix, de 11 à 12 degrés, 25 à 26 fr. l'heclolitre;
ceux de deuxième choix, 10 à 12 degrés 23 à 24 fr.; ceux de troisième choix, 9 à
'10 degrés, 20 à 21 fr. le tout pris sur place.
Spiritueux. — Il y a une amélioration dans les cours depuis huit jours; au-
jourd'hui, les demandes sont ])lus actives et la tendance ferme avec une hausse
de 0 fr 50 sur toutes les époques. Ou cote à Paris, trois-six fins du Nord 90 de-
grés disponibles et courant du mois, 42 fr. 75 à 43 fr., l'hectolitre nu en entre-
pôt; janvier, 43 à %3 fr. 25 ; quatre premiers mois, 43 fr. 75 à 44 fr.; quatre
mois chauds, 45 à 45 fr. 25. — Les trois-six du Languedoc conservent leurs prix
438 REVaE GOMMERGIAXE ET PRIX GOURANT
àe 110 à 112 fr. — A Lille, l'alcool de betterave est remonté au cours de 40 à
40 fr. 50. — A Bordeaux, les affaires sont nulles et les prix encore en baisse.;
on cote les trois-six Nord fins 49 à 50 fr. disponibles, 50 à 55 fr. les durtbles^
les trois-six type.allemand, 60 à 70 fr.; les premières marques de Berlin 82 fr;
— Les trois-six bon goût valent 98 fr., à Nîmes; 105, 110, à Cette; 103 fr. à
Béziers ; 101 fr. à Pézenas. — Les marcs sont cotés de 93 à 100 fr.
Raisins secs pour boisson. — Voici les cours pratiqués à Cette. Goriathe extra,
24 à 35 fr. les 100 kilog. ; ordinaire, 20 à 21 Cr.; Ttiyra nouveau, 25 fr.; vieux,
21 fr. 50; Vourla, 30 à 32 fr. ; Samos noirs, 30 à 32 fr. ; Samos muscat, 31 à
34 fr.
Figues à distillerie. — On cote à Celte, 17 à 18 fr. avec tendance ferme.
Pommes à cidre. — Les prix sont en hausse, et l'on se hâte de terminer la récolte
des variétés tardives, qui obtiennent dans la Seine-Inférieure jusqu'à 5 fr. 50 et
'\ fr. par hectolitre.
VI. — Sucres. — Mélasses. — Fécules. — Houblons.
Sucres. — Nous avons encore de la baisse à signaler depuis huit jours sur le
marché des sucres. A Paris, les sucres bruts 88 degrés saccharimétriques sont
cotés 33 fr. 50 à 33 fr. 75 les 100 kilog.; les sucres blancs 99 degrés 38 fr. 75
à 39 fr. ; les n"' 3 valent 39 fr. 75 à 40 fr. le disponible; 40 fr. à 40 fr. 25 le
livrable janvier; 40 fr. 75 à 41 fr, les quatre mois de janvier; 41 fr. 50 à
41 fr. 75 les quatre mois de mars; 42 fr. 50, les quatre mois de mai. — Les
raffinés disponibles se cèdent de 98 à 101 fr. les 100 kilog. pour la consomma-
tion, et 41 fr. 25 à 44 fr. 25 pour l'exportation. — Le stock de l'entrepôt réel à
Paris dépassait le 8 décembre 1 million de quintaux. — A Lille, les sucres
bruts ont fait de 32 fr. à 33 fr. et les blancs, 38 fr. 75 ; les raffinés sont cotés,
103 fr. 50 à 104 fr. — A Valenciennes, on cote les 88 degrés, 32 fr. 50 en baisse
de G fr. 75. — A Péronne, les sucres blancs valent 39 fr., les roux, 32 fr. 75. —
A Londres, Amsterdam et Anvers, la situation des marchés est lourde, avec ten-
dance à la baisse.
Mélasses. — Dans le Nord, la mélasse vaut de 10 fr. à 10 fr. 50 les 100 kilog.
— - A Paris, la mélasse de raffinerie est cotée 16 fr. ; à Bordeaux, les cours sont
bien tenus, de 30 à 35 fr. les bonnes marques, et 25 à 35 fr. les ordinaires.
Fécules. — Sans changement pour la fécule première de l'Oise, à 26 fr. les
100 kilog.; à Paris, la fécule sèche vaut 26 fr. à 26 fr. 50.
Houblons. — Affaires calmes et cours sans changements. A la foire de Beire-le-
Chàtel, près Dijon, les transactions ont été nulles, les prix sont arrêtés de 150 à
180 fr. les 100 kilog. —En Lorraine, on cote 160 à 180 fr.
Amidon. — A Paris, on cote : amidon de pur froment, .=i6 à 57 fr. les 100 ki-
log ; amidon de province, 44 à 45 fr. ; mi-fins, 30 à 32 fr.; amidon de maïs, 38 à
40 fr. ; fleur de nz, 34 à 36 fr.
Sirops. — Sur les sirops de fécule, la tendance est faible aux cours suivant :
sirops de froment, 41 à 42 fr. les 100 kilog.; massé 34 à 35 fr.; sirop liquide
33 degrés 25 à 26 fr.; sirop de maïs, 35 à 36 fr.
VII. — Tourteaux. — Noirs. — Engrais.
Tourteaux. — Voici les cours actuels de Marseille, par 100 kilog.; lin, dispo C
nible, 18 fr. 25 ; arachide décorti [uée, 13 fr.; en coque, 9 fr. 75; sésame blan ,
du Levant, 12 fr. 50; sésame de l'Inde pour engrais, 11 fr.; cocotier ou coprah,
11 fr. 15; colza du Danube, 12 fr.; oeillette exotique, 10 fr. 75; coton d'Egypte:
12 fr.; palmiste, 11 fr. 75; ricin, 8 fr.; ravison, 1 1 fr. — Dans le Nord, on cote ;
à Cambrai, colza 15 à 18 fr. 50; œillette, 16 fr. 50; à Arras, œillette, 16 fr. 25
lin de pays, 24 fr.; cameiine, 15 fr.; pavot, 12 fr. 50.
Engrais. — .4. Paris, la cote est la suivante par 100 kilog. : nitrate de soude,
22 fr. 50 ; sulfate d'ammoniajue, 37 fr.; sulfate de potasse, 21 fr.; chlorure de
potassium, 19 fr.; sang desséché, 1 fr. 80 le degré d'azote; superphosphates
0 fr. 64 par degré d'acide phosphorique soluble dans l'eau.
VIII. — Huiles et graines oléar/ineuses.
Huiles. — Il y a eu delà baisse de, mis notre dernière cote; néanmoins la ten-
dance se raffermit aujourd hui. A Paris, on cote: par 100 kilon;. huile de colza
disponible, 65 fr. 75 à 66 fr. ; livrable, 66 fr. 50 à 69 fr. ; huile de lin, dispo-
nible, 54 fr. 25 à 54 fr. 50; livrable, 53 fr. 25 à 53 fr. 75 ; — à Arras, l'huile
d' œillette suifine vaut 95 fr. les lOO kilog.; de colza, 70 fr.; de lin, 6* fr.; de ca-
meiine, 61 fr.; — à Cambrai, colza 70 fr.; œillette, 105 fr.; lin, 55 fr.; — à Lille,
DES DENRÉES AGRICOLES (13 DÉCEMBRE 1884}. 439
lin, 56 fr.; colza, 60 fr.; — à Siint-Q i3Qtin, colza 72 fr.; œillette, 112 fr.; de lia
étrangers, 60 fr. — à Caeu, colza, 62 fr. 50; — à Rouen, colza, 65 fr. 50; lin,
55 fr.
Graines oléagineuses. — A Arras, on cote : œillette, 24 fr. à 26 fr.; colza, 18 à
21 fr.; lin, 18 à 21 fr. 50; cameline, 14 à 16 fr.; — à Cambrai, colza, 20 à
21 fr. ; œillette, 24 fi. à 25 fr. 25; cameline, 12 à 16 fr. le tout aux 100 kiiog.
IX. — Matières résineuses et textiles-
Matières résineuses. — A Bordeaux, on cote, aux 100 kiloof.; essence de têrében-
tbine, 51 f r ; Lrai sec, 12 fr.; demi-clair, 10 fr. 50 à 1 1 fr.; clair, 12 à 13 fr.;
demi-colophane, 16à 17 fr.; colopbaneordinaire, 14 fr.; colophane Hugues, 14 fr. 50
à 15 fr.; résine jaune, 11 à 12 fr. — A Dax, l'essence est à 54 fr. les 100 kilog. —
A Bazas, on paye : gemme vieille, 20 fr. à 22 fr. 50 les 250 litres; gemme nou-
velle 22 fr, 50; gemme système Hugues, 25 fr. ■
Textiles. — Les chanvres sont 1 objet de ventes assez actives sur les marchés
de la Sarthe et de l'Ille-et-Vilainc. Au Mans, des chanvres blancs se sont payés
de 36 à 40 fr. les 50 kilog.; des chanvres gris, 34 à 37 fr. — A La Guerche, on
cote par 100 kilog., 65 à 70 fr.; à Janzé, 60 à 70 fr.; à Château-Giron, 45 fr, —
Les 1ms valent de 45 à 70 fr., suivant qualité, dans l'IUe-et- Vilaine.
X. — Beurres. — Œvfs. — Fromage':.
Beurres. — On a vendu pendant la semaine à la halle de Paris, 211,605 kilog.
de beurres, aux prix suivants : en demi-kilog., 1 fr. 90 à 3 fr. 94; petits beurres,
1 fr. 82 à 3 fr. 14; Gournay, 1 fr. 84 à 4 Ir^ 14; Isigny, 2 fr. 08 à 8 fr.
Œufs. — Les ventes de la semaine ont été de 4,259,'200" œufs, au prix de :
105 à 150 fr. le mille; ordinaires, 80 à 102 fr.; petits, 61 à f^8 fr.
Fromages. — On cote à la halle par douzame : Brie, 6 à 28 fr.; MontUiéry,
15 fr.; — par cent : Livarot, 30 à 102 fr.; Mont-d'Or, 7 à 2^ fr.; Neufchâtel, 4 à
18 fr.; divers, 9 à 65 fr.; — par 100 kilog. : Gruyère, 100 à 190 fr.
XI. — Chevaux. — Bétail. — Viande.
Bétail, — La tableau suivant résume te inouvs'ûent officiel du marché aux bes-
tiaux de la Villette, du jeudi 4 au mardi 9 décembre:
Poids Prix du Idlog. 4e viande nette aa'
Vendus moyen pied au marché da 8 décembre.
Pour Pour En k quartiers, r" 2° 3" Prix
Amenés. Paris, l'extérieur, totalité. kil. * quai. quai. quai. moyen.
Bœufs 4,n68 3,tâ.î 1,269 4,4>2 H50 l.t)6 1.50 1.26 1.45
Vaclies 1,715 948 hb3 1,501 2:14 1.56 1.38 1.16 1.36
Taureaux 23? 195 26 221 396 1.44 1.36 1-20 1.31
Veaux 2,911 1,901 640 2,541 78 1.90 1.70 1.60 1.75
Moutons 33,3)4 23,013 7,106 30,178 21 1.86 1.70 150 1.67
Porcs gras ... . 7,489 3,239 4,135 7,374 81 1.18 1.12 1.06 1.14
Les arrivages des marchés de la semaine se décomposent comme il suit :
Bœufs. — Aisne, 18; Allier, 128;^veyron, 32; Calvados, 830; Charente, 81; Cher, 56 ; Côte"
d'Or, 26; Côtes-du-Nord, 22; Creuse, 316 ; Deux-Lèvres, 42; Dordogne, 303; Doubs, 9; Eure,
22; Indre, 12 ; Loire-lnfirieure, Vi ; Loiret, 3; Maine-et-Loire, 930; Manche, 80; Mo:bihan, 28;
Nièvre, 173; Orne, 352 ; Puy-de-Dôme, 32; Saône-el-Loire, 143; Sarlhe, 19; Seine-Inférieure,
40; Tarn-cl-Garonne, 27 ;Ven(lée, 409; Haute-Vienne, 22; Yonne, 45.
Vaches. — Allier, 32; Aube, 3; Aveyron, 22 ; Calvados, 428; Charente, 22; Cher, 43;
Côte-d'Or, Côte.s-du-Kord, 2; Creuse, 73; Dordogne, G; Eure, 20; Eure-et-Loir, 12; Loire, 2 ;
Loiret. 18; Maine-et-Loire, 13: Manche, 125: Nièvre, 203 ; Oise, 6; Orne, 150; Puy-de-Dôme,
58; Saôiie-et-Loire, 90; Sarlhe, 12; Seine, 46; Seine-Inférieure. 12; Seme-et- Marne, 33; Seine-
et-Oise, 42; Vendée, 14; Haute- Vienne, 73; Yonne, 25.
Taureaux. — Allier, 8; Aube. 6; Calvados, 20; Charente, 1; Cher, 9; Côte-d'Or, 9; Dor-
dogne, 2 ; Eure, 4 ; Eure-ei-Loir, 6; Gironde. 8; Ille-et-Vilaine, 7 ; Loire, 2; Loire-Inférieure, 7;
Loiret, 3 ; Maine-et-Loire, 22; Manche, 24; Hiute-Marne, 1 ; Mayenne, 11 ; Nièvre, 14 ; Oise, 5;
Orne, 5 ; Saône-et Loire, 5; Sarthe, 3; Seine-nférieure, 1; Seine-et-Marne, 5; Seine-et-Oise,
13 ; Haute- Vienne, 1 ; Yonne, 11; Sui^se, 11.
Veaux. — Allier, 40; Aube, 368; Aveyron, 79; Calvados, 22; Cantal, 41 : Eure, 2.i3 ; Eure-et-
Loir, 195; Ille-et-ViIaine, 7; Loire, 2; Loire-Inférieure, 2; Loiret, 208 ; Manche, 7 ; Marne, 25 ;
,Oise, 67; Puy-de-Dôme, 118; Sarthe, 67 ; Sdiae-Inférieure, 73 ; Seine-et-Marne, 275; Seine.
et-Oise, 39; Yonne, 110.
Moutons. — Aisne, 221; Allier, 2,858; Aube, 1275; Aveyron, 143 ; Cantal, 1,548 Cher, 544;
Côte-d'Or, 238; Creuse, 61; Eure, 46; Eure-et-Loir, 241; Indre, 132; L'it, 194; Meurthe-et-
Moselle, 186 ; Nièvre, 137 ; Nord, 68; Oise, 379; Puy-de-Dôme, 523; Sarthe, 147 ; Seine-et-Marne,
1,330; Seine-et-Oise, 1,958; Somme, 278; Yonne, 571, Allemagne, 18,824; Autriche, 2,207;
Hollande, 200; Hongrie, 3,427 ;; Russie, 2.470; W-stphalie, 185
Porcs. — Allier, 679; Calvados, :i6 ; Charente, 111; Cher, 175; Côtes-du-Nord, 23; Creuse,
225; Deux-Sèvres, 577 ; llle-et-Vildiiie, 339 ; Indre, 514; Loire-lnférieure, 278; Loir-et-Cher, 49 ;
Maine-et-Loire, 634; Manche, 84; -Moyenne, 136; Nièvre, 449; Puy-de-Dùme, 106; Saô.ne-et-
Loire, 60; Sarthe, 1,566; Vendée, 589; Vienne, 68; Haute-Vienne, 140; Yonne, 37.
440 REVUE COMMERCIALE ET PRIX GOURANT (13 DÉCEMBRE 1884).
Sauf pour les moutons, dont il a été amené près de 500 de moins, les
arrivages ont éié supérieurs à ceux de la semaine dernière. Les prix ont été
meilleurs piurles moutons, mais en baisse pour les vaches et les porcs. — Sur
les marchés des départements, on c^ite : Sadan, bœuf, 1 fr. 60 à 1 Ir. 80le kilog.;
veau, 1 fr. 4u à 2 fr.; mouton, 1 fr. 50 à 2 fr. 40; porc, 1 fr. 40 à 2 fr. 60.
— Nancy, bœuf, 82 à 86 fr. les 100 kilog. bruts; vache, 75 à 80 fr.;veau, 50
à 60 fr.; mouton, 90 à 100 fr.; po'-c, 60 à 65 fr. — Evreux, bœuf, 2 fr. 10 le kilog.;
veau, 2 fr. 30; mouton, 2 fr. 30; porc, 1 fr. 75. — Louviers, bœuf, 1 fr. 40 à 2
fr.; veau, 2 fr.à 2 ir. 40; mouton, 2 fr. à 2 fr. 40; porc, 1 fr. 80 à 2 fr. —
Amiens, vache, 1 fr. 40; à 1 fr. 60; veau, 1 fr. 50 à 1 fr. 85; porc, 1 fr. 05 ; à 1 fr.
15. — Rouen, bœul, 1 fr. kb à I fr. 75; vache, 1 fr. 40 à 1 fr. 70; veau,
1 fr. 45 à 1 fr. 80 ; mouton, 1 fr. 75 à 2 fr. 05 ; porc, I fr. à 1 fr. 25. — PUhiviers,
vache, 1 fr. 20 àl fr. 60 ; veau, 1 fr. 75 à 2 fr. 15 ; mouton, 2 fr. — Bourg, bœuf,
65 à 80 fr. les 100 kilog. bruts; veau, 98 à 115 fr.; porc, b5 à 88 fr. — Bou?--
goin, bœuf, 64 à 74 Ir.; vache, 6.3 à 73 fr.; veau, 80 à 90 fr.; mouton, 75 à
80 fr.; porc, 84 fr. à 86 fr. — Nevers, bœuf, 1 fr. 60 à 1 fr. 80; le kilog.;
vache, 1 fr. 40 à 1 fr. 60; veau, 2 fr. ; mouton, 2 fr. ; porc, ! fr. 60. — Le Puy,
bœuf, 1 fr. 80; vache, 1 fr. 60; veau, 1 fr. 70; mouton, 1 fr. 80; porc,
1 fr. 70. — Rodez, bœuf, 1 fr. 70 les 100 kilog. brut>; vache, 60 fr. ; veau et
mouton, 75 fr. ; porc, 86 fr. — Coiuhm, bœuf, 1 fr. 60 à 1 fr. 80; veau, 1 fr. 40
à 1 fr. 60; vache, 1 fr. à fr. 1 20; moutOQ, 1 fr. 70 à 2 fr. 20 ; agneau, 1 fr. 60
à 1 fr. 80; porc, 1 fr. 30. — Prioas, bœuf, 1 fr. 59; vache, 1 fr. 49 ; veau.
1 fr. 69 ; mouton, 1 fr. 73; porc, 1 fr. 44.
A Londres, les importations de la semaine se sont élevées à 1,967 bœufs,
19,229 moutons, 324 veaux, et 9 porcs, dont 180 bœufs et 247 moutons d'Ha-
lifax et Boston; 92 bœuls et 465 moutons de de Montréal, et 309 bœuls de New-
York. — Prix par kilog. :bœuf, 1 fr. 38 à 2 fr. 02; mouton, 1 fr. 72 à 2 fr. 19 ;
veau, 1 fr. 80 à 2 fr. 09 ; porc, 1 fr. 05 à 1 fr. 45.
Viandeà la criée. — Il a été vendu à la halle de Pans, du 1"^ au 7 décembre :
Prix du kilog. le 8 dn-embre.
kilog. !'• quai. 1' quil. 3* quai. Choix. Basse 3:ucherie.
Bœuf OU vache... lb'i,Oi)i l..=i6 à l 88 1.34 à l..i4 1.00 à 1.3i 1.46 à 2.46 0.20 à 1.36
Veau 146,913 1.6'; 2.04 1.44 1.64 1.04 1.42 , » .
Veau 67,457 1.32 1.62 1.10 1.30 0.80 1.08 l.oO 2.93 » »
Porc 6'i,394 Porc frais 1.14 à 1.30; salé, 1.32
433,766 Soit par jour 61,966 kilog.
Les ventes ont encore diminué cette semaine de 2,000 kilog. environ par jour,
es prix sont en baisse pour le bœuf et le mouton.
XII. — Cours de la viande à l'abattoir de la Villelte du jeudi 11 de'cemhre (par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On vfend à la Villette par 50 kilog. : 1" qualité,
65 à 68 fr.; 2% 60 à 65 fr. Poids vit, 43 à 48 fr.
Bœufs. Veaux. Moutons.
l" •!• 3* 1" 2* 3- 1" V
qaal. quai. quai. q>ial. quai. quai. quai. quai. quai.
fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr.
78 70 63 106 98 92 80 72 66
XlII. — Marché aui bestiaux de la Villette du jeudi U décembre 1884.
Cours des commissioanaires
Poids Cours officiels. en bestiaux.
Animaux gênerai. 1" V 3' Prix 1" V 3* Prix
amenés. Invendus. kil. quai. quai. quai, extrêmes. quai. quai. quai. extrêmes
Bœufs 1934 50 352 1.68 l.bî 1.26 1.20àl.74 1.66 1 50 1.25 l.20àl.70
Vaches 499 5 »36 1.60 I 40 1 20 1.14 1.64 1.60 1.40 l 20 1.10 1.62
Taureaux... 88 » 394 1 IS (.3! I 22 1.18 l 52 1.45 1.30 1.25 1.20 1.50
Veaux 1.124 116 31 1 90 1 70 1.60 1.40 2.10 • » » »
Moutons 14 979 .1 20 1 90 1.72 ! 51 I 46 l 94 « » » »
Porcs tjras.. 3.606 » 81 1.30 1.24 1.20 1.16 1.36 » » » '
— maigres.. » » »»•»»■»»»» ,
Vente assez active sur toutes les espèces.
XIV. — Résume.
En résumé, nous avons peu de changements à signaler depuis notre dernière
j.evuc, sauf les sucres dont les cours ont faibli, toutes les denrées se soutiennent,
j^vec un courant d'affaires assez suivi. A. RévîY
Le Gérant : A. Bouché.
CHRONIQUE AGRICOLE c2o décembre i8S4).
Rapport présenté à la Chambre des députés au nom de la Commission des tarifs de douane. —
Conclusions de ces rapports. — Le commerce de la viande abattue. — Rapport de M. Kisler
sur l'enquête agricole dans le département de l'Aisne. — Conclusions de ce rapport. — • Com-
merce général de la France pendant es onze ]n-eniiers mois de 1884. — Vœux des associations
agricoles. — Organisation d'une réunion agricole à Gisors. — Vote de la Chambre syndicale des
grains et farines de Paris. — Conclusions adoptées par la Société d'agriculture de la Savoie et
par celle de la Loire. — Vœu?i du conseil général de l'Oise. — Rapport de la Commis-^ion de la
Société des agriculteurs de France. — Prix de revient du blé et des betteraves dans la Loire.
— Prix de revient du cheval et du jeune bœuf. — Conclusions de M. de Poncins. — Eleclion à
la Société nationale d'agriculture. — Nécrologie. — M. le D'' Voelcker. — Décorations_ dans
l'ordre du Mérite agricole. — Concours d'animaux de boucherie à J'amiers. — Exposition inter-
nationale de menuiserie à Paris. — Deuxième fascicule des Annales de la science agronomique.
— Recherches de iU. Aimé Girard sur la composition du grain de froment. — Le pourndié de la
vigne. — Etudes de MM. Foex et Viala. — Sucres et betteraves. — Lettre de M. Olivior-Lecq.
— Crise de l'industrie sucrière en Belgique. — Production du sucre en France pendant les trois
premiers mois de la campagne. — Notes de MM. Pagnoul, Bronswick, Garin, sur l'élat des
récoltes et les travaux agricoles dans les départements du Pas-de-Calais, des Vosges,
et de r.Ain.
I. — Lu réforme des tarifs de douane.
Les travaux, de la Commission de la Chambre des députés chargée d'exa-
miner le projet de réforme des tarifs de douane sur les produits agricoles,
sont enûn achevés. On trouvera plus loin dans ce numéro ("page 450)
le rapport de M. Raoul Duval relatif au relèvement des tarifs sur le
bétail. D'autre part, M. Georges Graux a déposé, dans la séance du
15 décembre, son rapport sur les céréales; nous en publierons égale-
ment le texte dès qu'il nous sera parvenu. Nous avons fait connaître
les premières résolutions adoptées relativement au blé, aux farin; .,
à l'avoine, au seigle et à l'orge; en ce qui concerne le maïs, le riz et
les graines oléagineuses, la Commission a pensé qu'il y avait lieu de
maintenir l'exemption. Il est absolument nécessaire de rappeler que
la réforme des tarifs de douane réclamée par l'agriculture française
ne doit être considérée que comme une compensation des charges
écrasantes qui pèsent sur la production agricole du pays ; il ne s'agit
pas de faire prévaloir un système économique sur un autre, il s'agit
d'essayer de rétablir un équilibre désormais rompu. L'agriculture
française n'appartient à aucune école théorique; elle ne demande
aucun privilège, mais elle réclame des pouvoirs publics qu'ils la met-
tent en mesure de lutter, sur les marchés intérieurs, contre une con-
currence qui la ruine aujourd'hui. Faire fi de ses réclamations, ce
serait donner la preuve d'une imprévoyance dont nous nous refusons
à admettre la possibilité. Accordez à l'agriculture un peu de cette
réciprocité dont vous avez été prodigues à l'égard de toutes les indus-
tries, et elle s'en déclarera satisfaite.
Dans son rapport sur le bétail, M. Raoul Duval, rappelant que les
viandes abattues figurent dans les tarifs conventionnels, conclut que
le relèvement des tarifs sur le bétail vivant ne pourrait pas avoir
d'utilité réelle. Sur ce sujet, un de nos correspondants nous écrit :
« L'expédition des viandes abattues, c'est une industrie à fonder;
industrie dont l'organisation en Europe entraînera des frais assez
élevés, particulièrement pour en assurer le succès en toute saison,
sans compter une fréquente diminution dans la qualité de la marchan-
dise et la dépréciation de prix qui subsistera toujours pour les viandes
abattues par rapport au prix du bétail sur pied. Les bénéfices des
importateurs se transformeraient bientôt en pertes assez sensibles pour
réduire considérablement l'importation des viandes abattues.» Ces
ÎS° 81'.). — Tome IV de 1884. — 20 Décembre.
442 CHRONIQUE AGRICOLE (20 DÉCEMBRE 1884).
réflexions sont de celles gui s'imposent dans la solution d'un problème
aussi important.
IL — L'enqiéie agricole dans le dcpaiHement de l'Aisne.
Le rapport général sur l'enquête ordonnée par M. le ministre de
Tagriculture sur la situation de l'agriculture dans le département de
l'Aisne en 1884, vient d'être publié. Il est dû à M. Risler, directeur de
l'Institut agronomique. On peut dire que c'est un tableau exact de la
situation, non seulement dans ce département, mais dans une grande
partie de la France. Ce tableau est sombre; il se résume en ces
quelques mots que nous empruntons à M. Risler : « Avant 1865, il
restait au fermier 125 fr. par liectare, et en 1881 il ne lui restait plus
que 35 i'r. pour payer son travail, les risques et les intérêts d'un
capital d'exploitation qui doit être d'au moins 500 à GOO fr. par
hectare. En 1882, le produit brut a diminué. Pour la plupart des
fermiers, les campagnes de 1883 et 1884 se sont soldées par zéro ou
par des perles plus ou moins considérables. Ils sont aujourd'hui sous
cette triste impression, et ils craignent que la situation ne s'améliore
pas. » Faut-il y remédier par une élévation des tarifs de douane? Lai
Commission d'enquête a cru devoir en laisser juges le gouvernement
et les chambres. Mais elle indique des réformes urgentes à réaliser :
réforme des tarifs de chemins de fer, diminution des impôts, baisse
des fermages, progrès de l'instruction agricole, réforme des baux,
organisation du crédit agricole. Ainsi que nous l'avons dit à plusieurs
reprises, dans les pays de culture intensive, comme l'Aisne, la
question des fermages domine la situation. C'est ce qui ressort encore
de l'important rapport de M. Risler.
III. — Commerce de la France.
Les documents statistiques, publiés par la Direction générale des
douanes, donnent le résumé suivant du commerce de la France pen-
dant les onze premiers mois des deux dernières années :
Importalions. Exportalions^
18S4 1883 1884 1883
Francs. Francs. Francs. Francs.
Objets d'alimentatinn.. 1,326,617,000 1,447,260,000 712,342,000 743. 079)000
Matières nécessaires à
linilustrie 2,01.5,153,000 2,034,013,000 602,301,000 .':t)},91G .000
Olijuts fabriqués 579,2.(8,000 b43,Ui5,000 1,543,736,(100 1,(^9,931,000
Autres marchandises.. r0.100,(W) 183,154,000 143,1(18,000 144.772,000
Total 4,091,108,000 4, 307,. 592, 000 3,001,487,000 "37140,698,000
Les onze premiers mois de 1884 accusent, comparativement à
4883, une diminution de 355,095,000 fr., dont 216, 48'i,()00 fr. pour
les importations et 139,211.000 i'r. pour les exportations. En ce qui
concerne les objets d'alimentation, les importalions sont inférieures
dé 120,643,000 fr. à celles des onze premiers mois de 1883.
IV. — Vœux des associalwns agricoles.
Les réunions de cultivateurs pour manifester leurs vœux relative-
ment aux modifications à apporter aux tarifs dé douane continuent
dans un grand nombre de départements. Un comité d'agriculteurs des
départements de l'Eure et de l'Oise, présidé par M. Louvet, a organisé
ïine réunion qui se tiendra, à Gisors (Eure), le '28 décembre, et dans
laquelle M. Pouyer-Querlier, sénateur, traitera la question de la crise
agricole.
CHRONIQUE AGRICOLE (20 DÉCEMBRE 188^;. ^43
Les adversaires de la réforme des tarifs de douane prétendent que
cette réforme apportera une perturbation dans le commerce des grains
et des farines. Voici la réponse que leur fait la Chambre syndicale
des grains et farines de Paris :
La Chambre syndicale, dans sa séance du 9 décembre 1884, appelée à donner
■son avis sur l'opportunité d'un droit sur les céréales et farines, énaet à l'unanimité
les avis suivants :
1° Que l'établissement d'un droit fixe sur les blés et céréales supérieure céloi
actuel ii'udra les plus grands services à l'agriculture dont les membres de la
•Chambre constatent dans leurs transactions journalières la situation précaire ;
2° Que l'élévation projetée n'est pas de nature à produire une hausse appré-
ciable sur le prix du pain;
3" Que le droit sur la farine devra être proportionnellement plus élevé que celai
sur les blés, de manière à compenser les abus auxquels donne lieu l'applicatioii
de la surtaxe d'entreiôt ;
4" Qu'il est de la plus haute importance que la question reçoive sa solution à
très bref délai, dans l'intérêt de l'aLMiculturc et pour empêcher le développement
de l'importation avant le relèvement des droits.
La Société centrale d'agriculture du département de la Savoie, pré-
sidée par M. P. Tochon, avait invilé à sa séance hebdomadaire du
13 décembre les personnes qui s'intéressent à l'avenir de l'agriculture.
Un grand nombre de membres du Conseil général, des Conseils d'ar-
rondissement, des Comices et des autres sociétés agricoles du dépar-
tement assistaient à la réunion. Après un dél>at approfondi, les vœux
suivants ont été émis, à l'unanimité des membres présents :
Considérant que la rareté et renchérissement de la main-d'œuvre, le faible
rendement moyen des terres, l'élévation croissante des impôts, mis en présence
du prix actuel des denrées agricoles, est loin de rémunérer l'agriculteur de ses
■peines;
Considérant que cet état de chose est dii en grande partie à la faveur accordée
aux étrangers de venir vendre leurs denrées et leur bétail en concurrence avec le
nôtre, sans avoir à supporter les charges qui pèsent sur les produits nationaux
et que cette diSérence leur peimet ùe les livrer à un prix intérieur au nôtre :
Emet le vœu :
1" Qu'afin de relever le prix des denrées agricoles, l'Etat ait recours à un droit
protecteur, comme il le fait pour les produits industriels.
2" Que la réduction du prix de transport qui, .■•ous le nom de tarif de pénélra-
tion, est appliqué aux produits étrangers soit aboli et que l'économie qui en sera
la conséquence pour le chemin de fer so.t appliqué à réduire le prix des trans»-
ports de petite vitesse.
3" Que le nouveau tarif de douane soit fixé de manière à faire peser sur les pro-
duits agricoles étrangers la quantité d'impôts qu'ont eu à supporter les nôtre»
au moment où ils arrivent sur nos marchés.
Ce droit compensateur devrait être : pour le froment de 5 fr. par li 0 kilu^;
pour l'avoine de 3 fr. par 100 kilog.; pour l'orge et le maïs, 2 fr. par 100 kilog.;
pour les farines de toute nature, 7 fr. par 100 kilog.
Pour les bestiaux, les droits actuels imposés au bétail étranger à son cnirée en
France étant une compensation insulfisante aux impôts dont la nôtre est charité,
il est de toute justice que le tarif douanier actuel soit doublé.
Qu'enlin les ressources créées par ces nouvelles taxes soient intégralement
employées à dégrever i'tgriculture des charges qui pèsent sur elle.
Dans sa dernière Assemblée générale, la Société d'an;riciillure de la
Loire, après une importante discussion dans laquelle les intéi^êts agri-
coles ont été défendus par MM. Euverte, président, Maire, Croisier et
Noël Pardon, a voté à une très forte majorité une surtaxe de 5 francs
par 100 kilog. à l'importation des blés.
Le bureau du Conseil général de l'Oise, présidé par M. le duc d'Au-
male et accompagne ilii préfet du département, a pré.senté, le lOdécem-
444 CHRONIQUE AGRICOLE (20 DÉCEMBRE iBik).
bre, à M. le président du Conseil des ministres, un vœu émis par
cette assemblée le 23 août dernier, et demandant :
1" Que le tari!' général des douanes soit immédiatement augmenté sur tous les
Ï (réduits agricoles non compris aux traités. de commerce, d'une façon telle que
'agriculture française puisse lutter contre la concurrence étrangère;
2» Que le même tarif général soit augmenté dans toutes ses parties, au fur et à
mesure de l'extinction des traités aujourd'hui existants;
3° Qu'aucun traité de commerce ne soit consenti avant la revision du tarif
général.
La commission de la Société des agriculteurs de France, chargée de
poursuivre la réalisation des vœux émis dans la réunion des '20 et
21 novembre (voir le Journal du 29 novembre, page 322 de ce volume),
vient d'adresser aux présidents des Sociétés et des Comices agricoles
une lettre pour leur faire connaître les résultats de cette réunion. Elle
ajoute : « C'est un devoir rigoureux pour les représentants des Comices,
des Sociétés d'agriculture et pour leurs membres, d'éclairer leurs
députés sur la gravité de la situation, sur la nécessité et l'urgence des
mesures demandées, et de les amener à partager leur conviction. »
V. — Les prix de revient du blé et du bétail.
Dans les grandes discussions soulevées aujourd'hui, le prix de
revient des récoltes et celui du bétail jouent un rôle important. Un de
nos meilleurs correspondants, M. le marquis de Poncins, membre de
la Société nationale d'agriculture, nous a remis, sur les frais de cul-
ture du froment et des betteraves fourraicères, dans les conditions
moyennes du département de la Loire, qu'il habite, d'utiles renseigne-
ments. Nous reproduisons ces documents sous la forme même où ils
ont été établis.
Pour le froment, le rendement étant de 16 hectolitres de grains et
de 2,000 kilog. de paille, les frais sont les suivants pour 1 hectare :
Frais de culture (la journée de deux chevaux est cotée 11 i'r., celle
de deux bœufs est cotée 6 f r X8 fr.
Semences (2 hect. à 24 fr . ) 48
Moisson à la maclilne (1 f. 73 par hectolitre sur 16 hectolitres).... 28
Battage à la machine (2 f. par hectolitre), soit pour 16 hectolitres... 35
Engrais 100
Frais généraux (impôts, assurances, etc,) 4.S
Location de la terre 50
"394
En évaluant la paille â 3 fr. les 100 kilog., évaluation très faible,
les frais de culture ne seront couverts, que si l'hectolitre est vendu
21 fr.; son prix de revient, à raison de 16 hectolitres par hectare, est
donc bien de 21 fr. En effet on a :
2,000 kilog. de [aille à 3 fr. ;lcs 100 kilog 60 fr.
16 hei;lolitres de grain à 21 fr. l'hectolitre •*'"i
396
Pour les bîtteraves fourragères, le compte de culture de M. de
Poncins s'établit comme il suit, pour un hectare :
fr. c.
Frais de culture (même prix de journées que ci-dessus) 100 00
Sarclage (trois façons à la main, 70 fr. ; deux à la houe à cheval.
40 fr.; éclaircissement, 20 fr.) 130 00
Semences, 15 kilog. à 1 fr. 50 • • 22 50
Récolte (arrachage, charroi, mise en silo) 100 00
Engrais 200 00
Frais généraux 45 00
Location 50 00
"647 50
CHRONIQUE AGRICOLE (20 DÉCEMBRE 1884). 445
La récolte est en moyenne de 32,000 kilog., ce qui fait ressortir le
prix de revient de la betterave à '20 francs par 1 ,000 kilog. Pour que
le cultivateur ne soit pas en perte, il est indispensable qu'elle soit
comptée à ce taux pour le bétail ou qu'elle soit vendue au moins à ce
prix pour la distillerie,
En ce qui concerne l'élevage du cheval, M. de Poncins nous four-
nit le tableau suivant, établi sur la plus stricte économie ; l'année
agricole est comptée pour chaque exercice du 1 "'novembre au 31 octobre:
fr.
l" année. — Laiton âgé de (i à 8 mois (|il-ix on foire) 400 »
2° année.— Frais généraux (personnel, vétérinaire, divers) 4,S »
Nourriture. — Fourrages... ., .')74 Iciloj,'. estimés 341'. 44 ]
— Paille 722 kilog. - 16 25 ,„. „
— Avoine et farine 214 kilog. — 38 09 1 iw ai
— Pâturage 332 jours — 49 74 )
4' année. — Frais généraux 45 ,
Nourriture. — Fourrages 076 kilog. estimés 57 56 )
' "^ ' ■■ 22 99 (
Paille 1,022 kilog.
Avoine et farine 242 kilog. — 41 06 (
184 61
— Pâturage 302 jours — 63
3' année. — Frais généraux 45
Nourriture. — Fourrages... 1,437 kilog. estimés 87 97 ]
— Paille 65 kilog. — 14 30 / „, , , ,
— Avoine et farine 446 kilog. — 90 22 i -*^ *'^
— Pâturage 185 jours — 46 96 !
Total 7. 1,103 58
Accidents, mortalité, 5 pour 100 de la valeur 55 17
Total ~. 1,158 7
Le chiffre des rations de pâturage diminue, et au contraire celui
des autres rations augmente, à mesure que le jeune cheval prend de
l'âge : cette modification a pour but de préparer son entrée au service .
Il résulte de ce tableau que, dans ces conditions, le cheval non
dressé revient, à l'âge de trois ans et demi, à plus de 1,150 fr. Le
fumier n'est compté que pour mémoire, et n'est pas évalué, car on doit
le considérer comme le bénéfice nécessaire de l'exploitant.
Pour le cheval aussi bien que pour le bœuf, M. de Poncins donne
au laiton l'estimation des prix ordinaire des foires, lequel est d'après
lui le plus bas qu'il soit possible d'admettre, attendu qu'aucun sys-
tème d'élevage ne peut livrer les laitons à ce taux-là.
En ce qui concerne l'élevage des bovidés, le tableau suivant extrait
de la comptabililé du domaine des Places, exploité par M. de Poncins,
n'est pas moins instructif.
iccroisse- Ptids
Fr.i!S. ment total de
en poids l'animal
1'" année. — Laiton d'environ huit mois (estimation basée sur le prix fr. kitog. kilog.
moyen de nos foires ». » 190 « 221 2;i
2' aniw'e. — Frais généraux (personnel, vétérinaire, médicaments,
écuries, etc 38 . ■> ». » » »
Nourriture : Fourrages secs. . 672 kilog. estimés 40 32 \
— Paille 241 kilog. - 5 49
Racines ou maïs j
— fermenté 807 kilog. — lî> 10 [,„,,.„ ,^., .„ ,.,„ „, ,
Germe, farine, } 124.60 162.60 130 341
— son,tourl.,etc. 94 kilog. — 15 »
— Sel 8 kilog. — » 69
— Pâturages 243 jours. — 44 »
3" année. — Frais généraux (comme ci-dessus) 38 ,
Nourriture: Fourrages secs.. 858 kilo^;. estimés 54 77
— Paille 336 kilog. — 8 15
— Racines ou maïs
fermenté 824 kilog. — 19 47 s ,„ , „
Germe, farine, [ Idd. 40 193.40 132 483
— son,tourt., etc. 94 kilog. — 10 12
— Sel 7 kilog. — » 58
— Pâturage 246 jours. — 65 61
446 chronique; agricole (20 DÉCEMBRE 188'*!
4^ année. — Frais généraux (comme ci-dessijs) 38 .
Nourriture; Fourrages secs. 1,076 kiloy. estimés 64 61
— Paille Ô0-2 kilog. — 13 79
— Racines ou maïs
_ Geî^rtnuel'''''""'- " ^^ '« M88... 2.6..9 103 605
sou, lourl., elc 159 kilog. — 17 16
— Sel 5 kilnç. — » ^1
^— Pâturage îiSjours. — Ô7 16
Total des frais 772.29 W, ~
Mortalité et accidents divers calculés sur le taux de ô pour 100 de la valeur
de l'animal 38.60 j^ »
To'al 811.89 '.
Le fumier est toujours laissé à l'exploitaot comme son bénéfice
nécessaire.
De ce tableau, il résulte que le coût d'un bœuf non engraissé, au
31 octobre de la troisième année après sa naissance, c'esl-à-dire à
lan^e d'environ trois ans et huit mois, ressort à 81 1 fr. 8'J. M. de Pon-
cins ajoute :
« On est peut être en droit d'espérer des poids un peu plus élevés que ceux
obtenus chez moi; mais comme je parle de poids moyens pris sur l'ensemble d'un
élevage, et dans Icsifuels je fais entrer tous les animaux mal réussis, mes chif-
fres seront certainement de très peu dépassés. .Toutefois pour rendre l'exposé de
la situation plus saisissant, j'accepte un chiffre moyen plus élevé que le mien,
et j'admets celuide 650 kilog par animal. Quant à la dépense d'entretien, tous lef5
praticiens reconnaîtront qu'il est impossible de la diminuer en rieu.
« Donc notre bjeuf de trois ans et liuit mois eatreteiiu convenablemeat nuis
sans frais spéciaux et non engraissé, pèsera en moyenne 650 kilog. et coûtera à
l'exploitation 811 fr. 89, il reviendra par suite à 1 fr. ai le kilog. poids vivant.
Par suite l'élevage restera en perte de tout lîécart qui existe entre ce prix et
celui du marché. Il est facile, eo considérant cHte situation, de trouver l'expli-
cation du ralentissement constité en France dans l'élevage du bétail sur lequel
reposent cependant l'avenir de l'agriculture et le bien être des classes ouvrières.»
On pourra discuter les renseignements qu'on vient de lire; mais,
€omme ils sortent d'une comptabilité tenue avec précision, ils s'im-
posent à l'attention de tous ceux qui se préoccupent, à quelque titre
que ce soit, de la solution des graves problèmes agités aujourd'hui.
VI. — Élection à la Sociélé nationale ifugriculture.
Dans sa séance du 17 décembre, la Sociélé nationale d'agriculture a
procédé à la formation d'une liste de ti'ois candidats à présenter au
choix du gouvernement pour la nomination d un secrétaire perpétuel
en remplacement de M. Barra!. Celte liste a été formée comme il suit :
en première ligne, M. Louis Passy ; en deuxième ligne, M. Bouquet
de la Grye; en'troisième iigne, M. Cornu.
VU. — Nécrologie.
Les journaux anglais nous apportent la nouvelle de la mort du doc-
teur Auguste Voelcker, chimiste consultant de la Société royale d'agri-
culture d'Angleterre. Né en 18"23, à Francfoi-t-snr-le-Mein, le docteur
Voelcker, après s'être distingué dans les laboratoires de chimie de
Goeltingue, d'Utrecht, d'Edimbourg, devint, en 1851, professeur de
chimie au collège royal d'agriculture de Cirencester, en Angleterre.
Dej)uis 1857 il occupait, à Londres, le poste de chimiste consultant
de la Société royale d'agriculture. Comme analyste et comme écrivain,
il acquit rapidement une autorité qui s'étendit d'Angleterre dans les
autres pays : le Journal de la Société royale d'agriculture est rempli
des Mémoires qu'on lui doit sur la plupart des applications de la chi-
mie à l'agriculture. Récemment encore, il y traitait l'important pro-
CHRONIQUE AGRICOLK (20 DKGKMBKE 188ij. k\7
blême de l'iniluence de l'ensilage sur la composition des fourrages
verts. Le docteur Voelcker n'était âgé que de soixante-deux ans.
Vttl. — Décoralioiiî dans l'ordre du, Mérite agricole.
Le Journal officiel du 14 décembre annonce que, par arrêté du
ministre de l'agriculture en date du 13 décemjjre, la décoration du
Mérite agricole a été conférée aux personnes dont les noms suivent :
M. Albaret, constructenr de machines agricoles à Liancourt-Rantigny (Oise);
très nombreuses récompenses dans les expositions universelles internationales et
dans les concours régionaux agricoles, membre de la Commission d'organisatiott
et lauréat de l'exposition internationale agricole d'Amsterdam. Officier de la
Légion d'honneur.
M. Paury, propriétaire-éleveur, à Limoges (Haute-Vienne); très nombreuses-
récompenses dans les concours régionaux agricoles, lauréat de l'exposition inter-
nationale agricole d'Amsterdam.
M. Mayeux, propriétaire-agriculteur, à Villejuif (Seine); nombreuses récompen-
ses dans les concours généraux agricoles, lauréat d'un prix d'honneur à l'exposi-
tion internationale agricole d'Amsterdam.
M. Broqqet (Victor), agriculteur-éleveur, à Void (Meuse); nombreuses récom-
penses dans les concours régionaux agricoles, lauréat de l'exposition internatio-
nale agricole d'Amsterdam (cinq prix).
M. FoRGEOT, marchand grainetier à Paris ; nombreuses récompenses dans les
concours généraux et régionaux agricoles, lauréat d'un prix d'honneur à l'expo-
sition intern&tionale agricole d'Amsterdam.
M. DuGARDiN-GrARDiN, propriétaire-agricul leur à Saint-Amand-les-Eaus
(Nord); lauréat de l'exposition internationale agricole d'Amsterdam.
M. Langlois, à Paris, membre du jury des concours généraux et régionaux:
agricoles; nombreuses récompenses dans les expositions pour ses produits de-
laiteri\ lauréat de l'exposition internationale agricole d'Amsterdam,
M. Mesnier (Hcnii), attaché au commmissariat français de l'exposition inter-
nationale agricole d'Amsterdam; plus de 20 ans de services dans les commissariats
des concours généraux et régionaux agricoles.
M. Albert (Stéphane), chancelier du consulat général de France à Amsterdaro,,
commissaire adjoint de la section française à l'exposition d'Amsterdam.
Celte liste complète celle que nous avons donnée dans notre dernier-
numéro, relativement aux récompenses bonorifîques décernées à
l'occasion de l'exposition internationale agricole d'Amsterdam.
IX. — Concours d'animaux de boucherie.
Un concours départemental d'animaux gras des races bovines^
ovines, porcines, de volailles vivantes et de volailles mortes, aura
lieu à Tarbes, le dimanche 18 janvier 1885, sous la direction de^
M. Dupré, sénateur, président du Comice agricole de l'arrondissement
de Tarbes. Les animaux exhibés devront appartenir à des propriétaires
ou fermiers du département des Hautes-Pyrénées.
X. — Exposition internationale de meunerie.
Nous avons annoncé qu'une exposition internationale de meunerie
et de boulangerie, placée sous le patronage du ministre de l'agricul-
ture, se tiendrait à Paris en 1885. Cette exposition aura lieu du
1*"' mars au 31 mai, aux Champs-Elysées, dans le pavillon de la ville
de Paris et sur les terrains environnants. Les machines et objets,
exposés devront être arrivés au plus tard le 15 février. Les déclarations
des exposants doivent être adressées, sans retard, à M. Louis Lockert,
commissaire général, 24, rue Norvins, à Paris.
XI. — Annales de la science agronomique.
Nos lecteurs savent que, sous le titre d'Annale>; de la science agrono-
mique française et étrangère, M. Grandeau directeur de la station
448 CHRONIQUE AGRICOLE (20 DÉCEMERE ISS-i)
agronomique de l'Est, a commencé la publication d'une revue périodi-
que consacrée aux recherches que son titre indique. Le 2" fascicule,
qui vient de paraître à la librairie Berger-Leviault, complète le jiremier
\olumedecette revue. On y trouve un important rapport de MM. Ueuss
et Bartet, professeurs à l'école forestière de INancy, sur l'urganisalion,
lefonctionnemenlet les résultats obtenus par les stations d'expérimen-
tation forestière en Allemai^ne et en Autriche, des recherches chimi-
ques et physiologiques, dues à MM. Fliche et'jrandeau, sur la jjruyère
commune, un travail de M. Vivier sur les phosphates de Logrozan,
des recherches de M. Leclerc sur la déperdition d'ammonniaque dans
les sols fumés au sulfate d'ammoniaque, une étude de M. Ladureau
sur le dosage de l'acide phosph orique dans les engrais, des recherches
chimiques de M. Munlz sur la maturation des graines oléagineuses.
XII. — Coiiiposiiion du grain de fromenl.
Les recherches sur la composition chimique du grain de froment
et sur la valeur alimentaire des parties qui la constituent ont été
nombreuses jusqu'ici. Toutefois elles n'ontpas élucidé complètement la
question, cardes discussions s'élèvent assez souvent, et on en a signalé
récemment en Angleterre, sur les avantages que l'on pourrait retirer
de l'emploi du grain complet dans la fabrication du pain. M. Aimé
Girard, professeur à l'Institut agronomique, membre de la Société
nationale d'agriculture, a voulu résoudre définitivement ce problème;
il s'est livré à une étude approfondie de toutes les parties du grain de
froment : enveloppe, germe, amande farineuse. Cette étude a paru
dans le dernier fascicule des Annales de chimie et de physicjue. La con-
clusion de M. Aimé Girard confirme les méthodes adoptées par la
mouture : on doit séparer, autant que possible, l'amande farineuse de
l'enveloppe et du germe et n'employer que l'amande à la fobrication
du pain ; l'enveloppe et le germe trouvent d'ailleurs leur utilisation dans
l'alimentation des animaux domestiques, dont l'appareil digestif exerce
sur ces substances une action bien plus énergique que l'appareil di-
gestif de l'homme.
Xm. — Le pourridié de la vigne.
Des recherches assez nombreuses ont été poursuivies depuis quel-
ques années, sur le pourridié de la vigne ou pourriture des racines-
Dans une note qu'ils viennent d'adresser à l'Académie des sciences,
MM. G. Foex et P. Viala font connaître les résultats de leurs études
sur cette maladie. Il en résulte que, dans le midi de la France, la
cause la plus habiluelle du pourridié serait un cryptogame, le Dcma-
tophora nera'.rix ; des inoculations sur des vignes saines, cultivées
en pots avec excès d'humidité, ont déterminé la mort de ces vignes
au bout de six mois. MM. Foex et Viala considèrent l'assainissement
du sol comme le moyen le plus efficace pour détruire le parasite; ils
recommandent l'arrachage des vignes atteintes avant la destruction
complète des ceps, afin d'éviter les dangers d'ensemencement, résul-
tant du développement des fructifications, qui se produit au moment
de leur dépérissement.
XIV. — Sucres cl bellermes.
M, P. OlivierLecq, producteur de graines de betteraves à Tem'-
pleuve (Nord), nous adresse la lettre suivante :
CHRONIQUE AGRICOLE (20 DÉCEMBRE 1884). 449
'< L'impôt sur la betterave est venu, de concert avec les bas prix des sucres et
des alcools, révolutionner la culture betleravii'^re.
« Tous les cultivateurs, libres par leur muiché, d'acheter eux-mêmes leurs
graines se demandent où ils pourront trouver une variété riche et productive qui
leur permettra d'obtenir une juste rémunération de leurs peines.
« Tous ceux qui ont ess lyé les variétés blanches longues sont aujourd'hui à
peu près unanimes à reconnaître que celle variété, à rendement eu! tarai égal, est plus
riche que la rose. Beaucoup d'entre eux affirment même qu'elle est tout à la fois
plus riche et plus ■productive que la betterave rose de bonne qualité. .l'en ai de
nombreuses preuves sous la main, mais je me contenterai de vous donner le
témoignage de M. Moquet, l'excellent agriculteur de Brégy, conseiller généra! de
l'Oise, qui m'écrit :
« J'ai semé trois sortes de graines en 188^ : blanche Olivier-Lecq, prise à
l'usine, blanche de X, et rose n" 2 de la sucrerie.
« La densité moyenne de ces graines a été : blanche Olivier-Lecq, 6". 20 ; —
blanche, X, 5".7'J; — rose de l'usine, 5». 73.
a La betterave Olivier-Lecq m'a produit un rendement supérieur aux autres
graines : en poids de 4 à 5,000 kilog. à l'hectare, en densité de 4 à 5 dixièmes da
degré. Toutes mes betteraves étaient vendues à la densité.
« La même différence en faveur de la betterave Olivier-Lecq s'est proluite clu'/:
tous ceux qui eu ont fait usage ; c'est un fait bien constaté et acquis dans
notre région. Déjà l'année dernière j'avais remarqué cette supériorité et je suis
bien décidé pour la campagne prochaine à ne pas semer d'autres graines,
sauf quelques essais.
c< D'autres cultivateurs et M. Ragot, administrateur de la sucrerie centrale de
Meaux qui a employé 21,000 kilog. de graines Olivier-Lecq, confirment cette supé-
riorité qui se traduit, grâce au poids et à la densité, par un avantage de 180 francs
à l'hectare. P. Olivier-Lecq. v>
L'industrie suei'ière belge est aetuelleraent aux prises avec une crise
violente due à la baise du prix, des sucres ; elle s'agite pour la trans-
formation du système d'impôt qui pèse sur cette industrie. Les par-
tisans de l'impôt sur la betterave deviennent nombreux, et s'appuyant
sur les résultais obtenus en Fiauce, ils réclament l'adoption de ce mode
d'impôt en Belgique. Sur ce sujet, M. C.-P. Gieseker, à Angleur-lès-
Liègri, vient de publier une excellente brociiure, sous le titre : Uimpot
sur la belleraoc, son utilité, sa possibilité, sa nécessité et ses eflets éco-
nomiques pour la Belgique.
Le Journal officiel a publié le tableau de la production et du mou-
vement des succès indigènes depuis l'ouverture de la campagne
jusqu'au liO novembre. De ce tableau, il résulte qu'à cette date les
travaux de dclècalion étaiem aciicvus dans 17 1 fabriques, sur 447
qui ont travaillé durant cette campagne. La production est notable-
ment inférieure à celle de la campagne précédente; elle sera bien au-
dessous des premières évaluations faites.
XV. — Nouvelles des récoltes et des travaux agricoles.
M. Pagnoul, directeur de la station agronomique d'Arras, nous
envoie la note suivante sur la situation agricole dans le Pas-de-Calais.
«Toutes les céréales sont belles; Ic^ blés ont ('(é semés dnn« d'excellentes
conditions et plus tôt que les années précédentes; la levée a été bonne partout.
On se plaint sur quelques points de l'envahissement des mulots dans les blés et
les plantes fourragères. La récolte des betteraves a été favorisée par un temps
convenable et la plupart des sucreries avaient terminé leur fabrication à la fin du
mois. Les emblavures en betteraves seront probablement, l'année prochaine,
encore moindres que cette année. »
Dans la note suivante qu'il nous adresse de Mirecourt (Vosges), à
la date du 16 décembre, M. Bronsvick constate un revirement dans
Kîs conditions météorologiques :
450 CHRONIQUE AGRICOLE (20 ÛÉCEMBRE 1884).
« La température s'est remise peu à peu et les pluies, dont la continuité com-
mençait à gêner l'agriculture, ont cessé. Les traviux un moment interrompus
vont être repris dans nos campagnes. La situation des plantes en terre est pros-
père, de ce côté nulle plainte ; il n'en est pas de même pour le commerce.
« Les blés abaissés à des prix désastreux n'arrivent plus sur nos mcircliés, la
fameuse question des droits protecteurs n'ayant pas de solution, les cultivateurs
perdent espoir de ce côté et, ne songent plus qu'à tirer profit de leurs écuries.
Là encore ils se sont butés contre une trop grande production. — Sur les foires
de la région on a vu arriver des quantités de porcelets de campagne dont le trop
grand nombre a produit une baisse désastreuse, aucun écoulement ne se fait avec
activité. C'est une gène générale dont tout le monde se plaint. Les vaches d'en-
grais cependant maintiennent non-seulement leurs y rix ; mais accusent de la
hausse, celte nouvelle ressource va sans doute être exploitée par les éleveurs.
« Il est aussi dans l'intention de nos cultivateurs de semer des orges en plus
grande quantité, la hausse qui vient de se produire sur cette céréale, les demandes
actives que les étrangers nous font journellement, en sont les principales causes.
« Quant au commerce des vins de nos coteaux, on n'en entend plus parler; les
vignerons espéraient vendre dans de bonnes conditions, mais aucun aclaeteur ne
se présente; il y a une baisse forcée, quoique la qualité soit bonne. »
M. Gariri, dans la note qu'il nous adresse de Pont-de-Vaux, à la
date du 7 décembfe, résume la situation agricole dans le déparietnent
de l'Ain, pendant l'été et l'automne :
ce A la fin de juillet on avait généralement achevé la récolte des blés, qui s'esc
faite dans les conditions les plus avantageuses. Le froment a éié, comme partout
d'une beau'ié exceptionnelle. Seulement la paille était courte. Les autres céréales,
telles que le maïs, le blé noir ou sarrasin, et les pommes de terres, ont été très
abondantes. La vigne seule n'a rien produit. Les gelées des 22, 23 et 2*1 avril
avaient atteint tous les bourgeons sensiblement développés. L'oïdium a achevé ce
que la gelée n'avait pas fait.
« Nous avons eu cet été et cet automne une sécheresse tout à fait exception-
nelle, qui a été, dans les commencements, accueillie avec joie par les cultivateurs,
mais dont la persistance leur a causé par la suite de grands embarras, attendu
que, depuis quelque temps déjà, il n'y a plus d'eau dans les puits. Les serves
sont presque à sec il n'y reste plus qu'un peu d'eau croupie. Les sources tarissent.
On est obligé d'aller chercher fort loin de l'eau pour s'abreuver et pour abreuver
le bétail. La plupart des moulins sont muets, et chôment depuis des mois, et les
paysans de notre contrée qui se nourrissent presque exclusivement de gaudes
pendant l'hiver, ne peuvent pas faire moudre leur maïs, et sont obligés de se
passer de cet aliment jusqu'à nouvel ordre.
« Par suite de l'absence prolongée de la pluie, la. plupart des cultivateurs n'ont
pu semer leur blé, et attendent tous les jours un changement dans la tempéra-
ture. Depuis deux jours seulement nous avons eu un peu de neige qui a rafraî-
chi la surface des terrains ensemencés. Le temps cependant semble devoir se
mettre décidément à la pluie, malgré les indications du baromètre qui tend tous
les jours à monter de plus en plus. »
A une longue période de sécheresse a succédé, dans la plus grande
partie de la France^ une série de jours pluvieux qui dure encore. Jus-
qu'ici l'hiver ne s'est pas montré rigoureux. On comptait, dans quel-
ques régions, sur le froid pour détruire les campagnols; cet espoir ne
se réalise pas jusqu'ici. Quant aux récoltes en terre, elles se présen-
tent généralement sous un aspect favorable. Henry Sagmer.
LE RELÈVEMENT DES DROITS SUR LE BÉTAIL'
Messieurs, par un projet de loi déposé le 14 août dernier', M. le ministre de
l'agriculture, dans le but nettement proclamé de venir en aide à l'industrie agn-
cole, a proposé d'élever notablement les droits d'entrée sur le bétail vivant déjà
1. Rapport fait à la Chambre des diiputùs au nom de la Commission chargée d'examiner le pro-
jet de loi portant modificaiion du tarif général des douanes.
2. Voir le Juurnal du 23 août, page 311 du tome III de 1884.
RAPPORT SUR LE RI'XÈVEMENT DES DROITS SUR LE BÉTAIL. 451
surtaxé en 1881, et par voie de conséquence, ceux qui grèvent les produits et
dépouilles d'animaux.
La Commission que vous avez chargée d'examiner ce projet, ne croit pas devoir
vous en proposer l'adoption.
Il lui paraît, sans avoir à prendre parti entre les divers systèmes économiques,
que rien ne commande une mesure douanière, qui, à moins de demeurer inelli-
cace, augmenterait le prix de la viande au déti'iment des consommateurs peu aisés
et nous exposerait, de la part des nations qui uous avois.inent, à de regrettables
représailles.
Votre Commission a été tout d'abord frappée du peu d'importance des importa
lions de bétail étranger, par rapport à la production indigène, et s'est prompte-
ment convaincue que, tout en apportant à la consommation française un appoint
des plus utiles, l'importation des bestiaux étrangers ne peut actuellement exercer
qu'une influence très restreinte sur le cours de la viande de boucherie.
Elle a en outre constaté que cette importation qui ne s'était que lentement
accrue, pendant les années précédentes, avait un peu fléchi en 1883, pour les
bœufs, et ne s'est augmentée, pour les vaches, que par suite de la rareté des ani-
maux maigres dans la région du Nord.
D'un autre côté, les prix des diverses sortes de bestiaux ont considérablement
monté depuis quelques années ; — la production herbagère est certainement celle
des industries agricoles qui a le moins souffert. Il faut, du reste, lui rendre cette
justice qu'elle ne fait pas entendre des doléances analogues à celles que provoque
l'état de la culture des céréales.
M. le ministre de l'agriculture s'est ému de la diminution du nombre de tète"*
de bétail, accusée par les derniers recensements. — Votre Commission n'a pas
partagé les impressions que révèle le projet de loi.
Elle estime que M. le ministre aurait dû tenir compte de la précocité, inces-
samment croissante des races utilisées, et de la proportion, de jour en jour plus
satisfaisante, entre la quantité-nette de viaude, livrée à la consommation, et le
nombre des animaux abattus.
D'après les données des statistiques officielles, parfaitement d'accord en cela
avec l'expérience des hommes spéciaux, le poids moyen des moulons, par exemple,
aurait à peu près doublé depuis trente ans. 33 millions de ces animaux recensés
en 1856 étaient en effet évalués à 100 millions de kilogrammes, tandis que
23 millions et demi seulement atteignaient en 1877, le poids de 135 millions de
kilogrammes.
Votre Commission a été confirmée, dans son sentiment sur ce point, par ce
fait qu'une diminution analogue s'est produite dans les pays mêmes qui impor-
tent le plus en France.
C'est ainsi que, de 1869 à 1880, le nombre des moutons a diminué en Autriche
de 1,185,000,' soit 23.6 pour 100 et, en Hongrie, de 5,237,00.» tètes, soit 34.7
pour 100.
Deux autres considérations nous ont encore paru devoir être signalées à l'atten-
tion de la Charrbre. La première, c'est que l'Etat, qui, par ses soldats, ses
marins, les élèves de ses établissements d'instruction, même ses prisonniers, estle
plus grand consommateur de France, supporterait lourdement l'augmentation de
prix qu'entraînerait, vraisemblablement, la surélévation de la taxe douanière. La
seconde, que si le Parlement est libre d'élever le droit d'entrée sur les bestiaux
vivants, il n'en n'est pas de même en lait, pour la viande abattue; celle-ci figure
en effet aux tarifs conventionnels, annexés aux traités de commerce en cours
d'exécution. Tarifée à 3 francs par 100 kilog, elle continuerait à entrer au même
droit, et prendrait sans doute la place du bétail vivant, ce qui rendrait à peu ])rès
illusoire la mesure proposée. On ne découvre donc aucune raison d'intérêt général
de nature à justifier celle-ci.
Il faut, en outre, ne pas oublier que, dans la moitié de la France, les bœufs et
les vaches sont de véritables instruments de travail.
Si, d'autre part, on examine la façon dont s'opère le commerce extérieur des
animaux de boucherie, on est conduit à conclure que l'agriculture elle-même n'a
aucun intérêt à l'adoption des surtaxes proposées.
On constate, en effet, que déduction faite des animaux venus des départements
français de l'Algérie, les bœufs et vaches introduits en France ne représentent, en
1883, que 123,133 têtes d'animaux, sur lesquelles 40,000 proviennent d-i la Bel-
gique, de la Hollande et de la Suisse, pays avec lesquels nos départements limi-
452 RAPPORT SUR LE RELÈVEMENT DES DROITS SUR LE BÉTAIL.
troplies font un échange incessant d'animaux sur lequel on ne pourrait législati-
vement influer, sans dommage pour nos nationaux eux-mêmes. C'est ainsi que
pendant le cours de l'année dernière, 26,000 bœufs ou vaches ont passé la frontière
cie Belgique pour venir en France, tandis que 21,241 ont opéré le mouvement
inverse.
Quant aux départements de Bretagne et de Normandie, ils Jont encore plus
désintéressés. L importation des bestiaux étrangers y est, en effet, absolument
nulle, et l'inondation des bestiaux américains, dont on menaçait, il y a plusieurs
années déjà, les cultivateurs et lierbagers du nord-ouest, est encor<î à venir ; l'im-
portation américaine se réduit, bon an mal an, aux 140 à 150 animaux qui, em-
barqués sur nos paquebots U-ausaLlanLiques, pour les besoins de la traversée,
arrivent au Havre, avant d'avoir été consommés, et sont livrés à la boucherie de
cette ville, comme sont vendus, à la boucherie de New-York, les survivants des
bœufs embarqués au départ de France.
Il convient en outre d'ajouter qu'en dépit des entraves auxquelles les pres-
criptions sanitaires ont, dans ces derniers temps, servi de prétexte, les cultivateurs
des régions normandes et bretonnes, ont encore, en 18"i3, trouvé sur le marché
d'Angleterre un débouché pour 9,325 animaux de l'espèce bovine et
7,2:25 moutons.
En réalité la seule importation sérieuse de bœufs et vaches se fait par l'Italie
(80,184 têles en 1883), au grand profit de nos départements du sud-est, qui
manquent de prairies, et dont les villes industiielles et commerçantes seraient
insuffisamment approvisionnées en viande, sans les animaux qui proviennent des
pâturages qui couvrent les flancs dps Alpes Italiennes.
Le droit proposé de 2b francs serait exorbitant pour les bœufs de petite faille
que l'on importe, en France, de la vallée d'Aoste et de la Sardaigne. Quant au
droit de 60 francs que n'a pas craint de réclamer une réunion récente, dite des
agriculteurs de France, il serait absolument prohibitif.
Il y aurait d'autant plus d'inconvénients à surtaxer la viande que mangent les
ouvriers de Marseille, Lyon, Saint-Etienne, etc., que l'industrie de la région du
sud-est a aujourd'hui plus de peine à lutter, sur le marché du monde, avec la
concurrence des fabricants de la Suisse et de la Prusse Rhénane, que protège,
contre les industriels français, le tarif douanier de la France.
Quant à l'espèce porcine, elle figure dans le tableau du commerce extérieur de
1883 pour 74,588 têtes à l'importation et "9,280 à l'exportation. Ce mouvement
d'échanges est sans influence sur les cours de notre marché intérieur.
Tout en reconnaissant que la situation, au point de vue du bétail, est moins
défavorable que pour les autres produits agricoles, la minorité de la Commission
s'est prononcée en faveur du projet, par ce motif, que, dans la fâcheuse situation
de l'agriculture, il lui paraît nécessaire de relever les tarifs douaniers sur toutes
les denrées agricoles, non comprises dans les stipulations du tarif conventionnel,
et d'encourager ainsi le développement de l'élevage chez nos cultivateurs.
Dans le sentiment de nos collègues, le relèvement de taxe demandé par le gou-
vernement n'a rien d'excessif. Il ne représenterait à leurs yeux que la juste com-
pensation des avantages dont jouissent, suivant eux, nos principaux concurrents
étrangers.
A la majorité de six vois contre cinq, la Commission vous propose de ne pas
adopter le projet du gouvernement. E. Raoul Duval,
Député.
LE BLÉ FUMÉ ET SARCLÉ
L'agriculture française, basée sur la production des céréales, est
fixée depuis longtemps sur la méthode la plus convenable à suivre dans
cette voie. L'introduction, relativement récente, de la betterave à sucre
et à alcool n'a pas changé le mode d'assolement adopté, qui consiste
à faire précéder la sole de blé d'une sole de plantes sarclées : le but que
l'on se propose ainsi est d'empêcher le blé de verser en lui fournissant
des aliments préparés par une culture apte à ueltoyer le sol.
La verse est, en effet, l'obstacle contre lequel viennent échouer les
efforts de coux qui essayent les cultures intensives, c'est-à-dire qui
LE BLÉ FUMÉ KT SAIU'.LÉ. 453
tendent à obtenir des produits abondants par Fabondance de l'engrais
ordinaire (l'iunier d'étabie enfoui direcLemeat). Dans ces conditions, la
tic!;e du blé croît rapidement, mais elle reste d'autant plus longtemps à
l'état herbacé, qne les plantes parasitaires, dont le développement est
favorisé par l'excès de l'unuire, maintiennent l'humidité autour de cette
tige, (pi'ils enserrent et apjjauvrissenl en absorbant une partie de la
nourriture dontelle devrait profiter. Dès lors, la verse est presque inévi-
table avec ses conséquences : diminution et mauvaise qualité du produit.
On a cherché dans la composition des engrais un remède à ce grave
inconvénient, et l'on a obtenu quelques résultats en ajoutant au fumier
d'étabie un complément formé de substances appropriées à la nature de
la céréale. Néanmoins, dans la plupart des terres, les parasites sont
tellement abondants et se reproduisent avec tant de persistance malgré
tous les soins et les sarclages donnés à la culture précédant celle du
blé, que le seul moyen d'éviter les funestes effets de ces mauvaises
herbes, c'est de les détruire sur le sol emblavé lui-même.
Ici se présente une difficulté comportée par la nature même du blé
dans les conditions ordinaires où il est cultivé : l'espace compris entre
les tiges provenant du semis à la volée n'est pas suffisant pour que Ton
puisse pénétrer dans le champ sans endommager les plantes. La main-
d'oeuvre serait d'ailleurs beaucoup trop coûteuse.
Le seul moj'en pratique de détruire les parasites consiste à semer le
blé en lignes suffisamment espacées pour permettre l'introduction dans
les intervalles d'un instrument traîné par un cheval et susceptible de
nettoyer plusieurs de ces intervalles à la fois. A cet effet, il est nécas-
saire que l'écartement entre les lignes du blé soit de 30 centimètres.
On pourrait craindre que ce mode de culture n'entraînât une dimi-
nution dans le nombre des épis, et, par suite, une réduction du rende-
ment. L'expérience a montré qu'il n'en est rien. Soit que le tallage
multiplie le nombre des liges dans la ligne, soit que les épis soient
plus régulièrement chargés de grains, le lait est que, maigre une éco-
nomie de moitié au moins sur la semence employée, le rendement
peut excéder de moitié la production ordinaire.
Ainsi, dans la vallée du Graisivaudan, où l'on obtient en moyenne
dans les meilleures cultures vingt hectolitres à l'hectare, des blés sar-
clés ont donné depuis plusieurs années une moyenne de 31 hectolitres.
Ces blés i^de la qualité courante dans le pays dite blé bleu) sont fumés
fortement, sarclés fréquemment, et ne versent pas.
Cette opération du sarclage est répétée aussi souvent qu'il est néces-
saire pour ne laisser subsister aucune des herbes parasitaires qui pul-
lulent dans le sol d'alluvion de l'Isère.
Les frais de ces sarclages légers rapidement effectués, souvent par
quatre fois et, en premier lieu, avantl'hiver, sont compensés par l'éco-
nomie de semence que j'ai indiquée et n'augmentent pas, conséquem-
ment, les dépenses de la culture.
On peut donc, par le nettoyage du sol pendant la végétation du bit-,
en éviter la verse. Dans ces conditions, il est possible, on le conçoit,
de lui donner une forte alimentation et d'en augmenter le rendement
dans une proportion encore indéterminée. On parle en ce moment du
chiffre énorme de 3, 000 à 4, 000 kilog. à l'hectare obtenu par l'agriculture
allemande, qui a été conduite à ces résultats en cherchant à améliorer
la qualité des betteraves à sucre.
4b4 LE BLÉ FUMÉ ET SARCLÉ.
Cette amélioration a été réalisée en intervertissant l'ordre des asso-
lements suivi en France, afin de ne pas fumer directement la betterave;
dans ces conditions, c'est la sole blé qui, précédant la sole betterave,
a reçu tout l'engrais. Afin d'éviter la verse, on a étudié les sortes de
blés dont les tiges otïrent le plus de fermeté : un blé écossais à
épis carrés, nommé Square liead, a donné les meilleurs résultats
dans les terres convenablement nettoyées par le sarclage des légumi-
neuses alternant avec la céréale.
De tels efforts et de si grands progrès doivent stimuler notre ardeur
et nous encourager à suivre la même voie, en modifiant radicalement
nos vieux errements pour adopter les procédés nouveaux, qui consistent
pour moi, dans notre Daupbiné, à fumer direclement età. sarcler soigneu-
semenl les blés semés en lignes. Michel Perret,
Président du Conseil départemental d'agriciiltare de l'Isère,
membre de la Société nationale a'agriculture.
L'ÉGALITÉ DEVANT L'IMPOT
11 y avait, dans l'antiquité, un certain Procuste, lequel était un
partisan si zélé de l'égalité, qu'il avait inventé une machine fort
ingénieuse sous forme délit, pour satisfaire son idiosincratie égalitaire.
Tous ceux qui lui tombaient sous la main, il les couchait sur son
appareil d'uniformité, lequel avait une dimension fixe. Si son hôte
était trop grand et dépassait la mesure fixée, on le rognait bel et bien;
s'il était trop court, on l'allongeait comme s'il s'était agi d'un morceau
de caoutchouc. Ce n'était pas plus difficile que cela.
De nobis fabula narratur. L'ingénieux Procuste a laissé une longue
postérité, c'est elle qui règne aujourd'hui dans notre société de France.
L'égalité est le mot de notre époque, on en a mis partout dans une
société dont l'inégalité est l'essence et la raison d'être. Qu'importe
que les conditions de la vie soient aussi inégales que possible, qu'im-
porte que les aptitudes, les responsabilités, les devoirs, les moyens
d'action, les penchants, les besoins, etc., etc. soient forcément inégaux,
et cela en vertu d'une loi d'équilibre qu'il n'est pas plus possible de
changer que n'importe quelle autre loi delà nature.
Je disais tout à l'heure que celte folie égalitaire s'étendait à tout et
à tous, je me trompais gravement. Ily a des exceptions fort injustes,
mais qu'importe? On a le mot sinon la chose, et cela sui'lit. Dans cette
application piulùl verbale que réelle du faux principe de l'égalité
appliquée "Sans mesure, sans degrés, aux hommes et aux choses les plus
inévitablement inégales, on a oublié l'égalité devant l'impôt, c'est-à-
dire qu'on a laissé en dehors de cette application, toute une classe de
citoyens, celle qui, parle nombre, l'importance de ses fonctions, et la
valeur immense de ses intérêts représente, en même temps direc-
tement ou indirectement, ceux de toute la nation. Cette classe est celle
des agriculteurs, c'est-à-dire celle des hommes qui produisent la
nourriture et le vêtement, la satisfaction indispensable des besoins ma-
tériels de la société, en un mot, les éléments obligés de la vie matérielle.
Celte classe de citoyens est naturellement paisible, elle vit dans un
isolement comparatif, et reste étrangère, par ses goûts, par ses travaux,
et par son éparpillement résidentiel, à l'agitation bruyante des villes ;
elle se contente de travailler et de produire, dans le silence de son assi-
duité et de son isolement. Aussi est-elle devenue corvéable et taillable
L'ÈGALITI'; DEVANT LIMPOT. 455
à merci. Il n'y a eu que les grands administrateurs, les véritables
hommes d'Etat, les gouvernants à jurandes et larges vues qui se soient
occupés de l'agriculture et de ses intérêts.
Puisque l'on crie si haut le mot égalité, il semble logique d'appli-
quer ce principe, surtout aux charges qui pèsent et doivent justement
et équitablemenl peser sur toutes les classes de la société, dans la pro-
portion des moyens de chaque citoyen. Le principe de l'égalité, dans le
sens abstrait du mot, est juste, mais c'est l'application qu'on en fait
qui est souverainement injuste et inégale, comme il est facile de le
démontrer. L'application aveugle, absolue, sans égard pour les diffé-
rences de conditions et d'aptitudes, voilà ce qui est injuste et impra-
ticable. C'est le système de Procuste. Est-il rien, par exemple, de plus
inégal en pratique, que le service militaire, si onéreux surtout pour les
travailleurs qui n'ont que leur salaire pour soutenir leur famille, et
qu'on n'hésite point à soustraire à leur travail pendant vingt-huit jours,
pendant lesquels ils dépensent sans rien gagner, avec d'autres plus
favorisés de la fortune, pour qui cette corvée n'est qu'une diversion,
qu'ils subissent gaiement, et sans que personne en souffre au logis,
tant leur vie est pleinede loisirs et leurs poches pleines d'argent. Est-ce
que c'est là de l'égalité?
L'agriculture, elle, souffre surtout de la partialité de notre système
fiscal. La terre subit des charges excessives que ni l'industrie, ni le
commerce, ni les professions, ni les métiers, ni les autres moyens de
gagner les frais de l'existence, n'ont à supporter. L'impôt foncier est
exclusivement prélevé sur les produits de l'agriculture, mais cet impôt
ne va jamais seul, on l'augmente de charges additionnelles qui lui sont
propres, tels que les centimes qu'on ajoute à son fardeau, dans des
proportions qui souvent vont au delà du double de la quotité, ce qui
n'empêche, en aucune faron, ceux qui vivent de la terre, de payer les
mêmes impôts, les mêmes taxes que tous les autres citoyens, et cela
par surcroît.
Lorsqu'un industriel ou un commerçant veut disposer de son fonds
et de sa clientèle, il n'est soumis à aucun droit de mutation. L'ouvrier
peut vendre librement ses outils; l'avocat, le notaire, l'avoué, leurs
éludes, le marchand son fonds de commerce, le stock de ses marchan-
dises. Il n'en est pas ainsi pour le propriétaire. Dans le pays que
j'habite, la commission du notaire qui vend une propriété aux enchères,
ou bien l'outillage et le cheptel d'un cultivateur, s'élève à 15 pour 100,
dont 8 pour 100 appartiennent à l'Etat comme droit d'enregistrement.
Est-ce là de l'égalité?
Le rentier vend et achète ses valeurs, réalise son avoir comme bon
lui semble, touche les revenus sur les fonds d'Etat, sans payer une
obole; tandis que le propriétaire du sol est soumis à des taxes et des
impôts sans fin, presque sans limites, sur son revenu, sur ses
échanges, sur ses réalisations, sur sa production, sur ses dépenses,
sur ses profits, en un mot, sur tout ce qui le touche de près ou de
loin, de médiat ou d'immédiat. Ces contacts avec le flsc sont incessants,
universels, et quelle que soit la nature de ses produits, de ses ventes,
de ses achats, le fisc est son j»arasile inséparable, il s'attache à sa per-
sonne, à ses intérêts, à son avoir, à ses dépenses comme à ses pro-
duits, il ne le quitte pas même après la mort, car il revendique une
large part sur son héritage.
456 L'ÉGALITÉ DEVANT L'IMPOT.
Voilà l'homme que la législation fiscale de la France livre, pieds
et poings liés, à la concurrence des agriculteurs étrangers, qui viennent
librement offrir leurs produits sur nos marchés, s^ns payer une obole
de toutes ces charges, dé toutes ces taxes et de tous les impôts, de ces
conditions onéreuses de l'existence, de cette disette et cette cherté de
main-d'œuvre, de cet impôt foncier, de ces prestations, de ces centimes
additionnels et de tout ce lourd et écrasant fardeau,, dont nos épaules
sont surchargées et qui nous enfoncent de plus en plus sous le flot
envahissant de la ruine et du désespoir. Est-ce là de l'égalité?
Pourquoi, et en vertu dequel principe d'égalité etde justice, les pro-
duits de l'industrie sont-ils protégés par des droits tutélaires contre l'im-
portation des produits de l'étranger, lorsque les produits de l'agricul-
ture sont livrés à la concurrence libre du monde entier? Pourquoi ces
intérêts industriels qui ne payent ni impôt foncier, ni centimes addi-
tionnels, jouissent-ils de cette protection et pourquoi en sommes-nous
privés? Est-ce là de l'égalité?
Lorsqu'on vient à réfléchir sur cette flagrante injustice, sur cette
inégalité du fardeau qui consiste à décharger les épaules des uns,
pour surcharger celles desautres, on s'étonne qu'un abus si intolérable
soit resté si longtemps sans soulever, de la part des victimes, d'éner-
giques protestations. Mais il faut considérer que l'agriculture est une
bonne vache à lait, bonasse et patiente, qui se laisse traire sans ruer,
tant que ses pauvres mamelles laissent tomber une goutte de lait;
mais il arrive un moment, et ce moment est arrivé, où la mamelle est
vide, et ne peut plus rien sécréter. Alors le paisible animal se regimbe
et se plaint; faut-il s'en étonner.
Espérons que nos gouvernants, cette fois éclairés sur nos justes
griefs, se décideront enfin à nous venir en aide. Ce sera à la fois d'ua
grand patriotisme et dune bonne politique, dont le pays tout entier
leur sera reconnaissant.
11 ne s'agit point ici d'esprit de parti, il s'agit d'une nécessité impé-
rieuse, d'une mesure de justice et de salut pour la France tout entière.
Il s'agit de sauver notre richesse publique, que cette fatale lubie du libre-
échange a saignée à blanc. Il s'agit, avant qu'il soit trop tard, d'em-
pêcherla dernièreélincellede vie de s'éteindre toutà fait, etde préserver
comme éléments de future prospérité les forces qui nous restent encore
pour raviver notre puissance productive et ramener dans nos champs
appauvris et déserts la vive activité, le courage et la prospérité. Pour
cela, nous réclamons l'égalisation des charges par le dégrèvement
de l'impôt foncier, et celui encore plus onéreux des droits de mutation,
et par surcroît, l'imposition d'une taxe adéquate sur l'importation de
produits agricoles de l'étranger, céréales et bestiaux. Le régime répu-
blicain, qui, il faut le reconnaître, est innocent de cette mauvaise
situation économique que les régimes précédents lui ont si fatalement
léguée, laissera t-il échapper cette occasion si favorable de mettre fin aux
reproches de ses adversaires qui prétendent souvent qu'il n'est puissant
qu'à détruire, et impuissant à créer. Ce serait une grande faute, car
s'il laisse échapper cette occasion si favorable de prouver sa fécondité
et son action réparatrice, le pays pourra lui reprocher sinon la faute
économique d'avoir créé une si pénible situation, du moins la négli-
gence coupable de n'y avoir point remédié.
F.-R. DE LA TrÉHONiNAIS.
CURIOSITKS POMOLOGIQUES EN AMÉRIQUE.
457
CURIOSITÉS POMOLOGIQUES EN AMÉRIQUE
Les premiers fruits européens introduits aux Etats-Unis ont été, sur
la côte du Pacifique, les raisins delà Mission, ainsi appelés parce que
les missionnaires espagnols les cultivaient à l'instar de leur pays.
Cette variété existe encore, mais la Californie en compte aujourd'hui
un grand nombre d'autres qui lui sont supérieures, et de plu-, elle
perfectionne tous les jours ses procédés de vinification. Disons deux
mots du pied de la fameuse vigne « de la Mission » dont je donne ici
une vue (fig. 42).
Cette gravure, faite d'après une photographie, représente l'ancien
Fig. 42. — vigne de la Mission en Californie.
pied planté -i Montecito, près de Santa-Barbara, en Californie. On voit
sur la figure le treillis supportant les branches qui couvraient un es-
pace de 10,000 pieds carrés.: la récolte annuelle s'élevait à 10 ou
'12,000 livres ; les grappes, formées de grains noirs et écartés, pesaient
de 5 à 6 livres. Le pied que montre le dessin a été coupé pour être
montré à l'exposition universelle de Philadelphie, en 187G; le vin
qu'il produisait était très alcoolique; on lui préière aujourd hui des
variétés nouvelles qui donnent un produit bien supérieur en qualité.
A côié de l'ancien pied, dont je viens de parler, se trouve un plant
qui n'a guère que vingt-cinq ans, et qui produit déjà 6,U0U livres de
raisin annuellement. Sa circonférence, mesurée cette année, est de
458 CURIOSITÉS POMOLOGIQUES EN AMÉRIQUE.
1 m. 30, à 1 m. du sol. A cette hauteur, le pied se bifurque en plu-
sieurs branches qui ont de 50 à 60 centimètres de diamètre, et s'éten-
dent sur un treillis placé à 2 mètres d'élévation ; quelques branches
ont déjà 15 mètres de longueur.
C'est ici le cas de rappeler quelques pieds de vignes que j'ai eu
occasion de citer et qui sont de la variété Blacic Hambourg. C'est d'a-
bord le pied de Hampton-Court que tout le roonde a vu en allant à
0.
Londres ; puis celui de Cumberland lodge, dans le parc de Windsor •
ce dernier produit de 1 ,500 ù 2,000 livres de raisin annuellement.
Dans l'est des Etats-Unis, le père Marquette et les jésuites ont intro-
duit des fruits d'Europe par le Canada, en suivant les lacs jusqu'à
Saint-Louis; on voit encore quelques arbres vénérables qui, d'après
la tradition, auraient près de deux siècles.
Je donne (fig. 43) la vue du plus vieux poirier que l'on connaisse ; un
« Seckel pear tree » qui passe pour avoir plus de 150 ans; il se trouve
dans une ferme située près de Philadelphie, à Girard-Point.
CURIOSITES POMOLOGIQUES EN AMKBIQUE. 459
Son fruit, qui ressemble à notre Rousselet, est très parfumé, très
abonJant, et n'a qu'un défaut, sa petitesse. Il y a une quinzaine d'an-
nées, un orage a presque renversé cet arbre vénérable; mais il a été
redressé et a repris racine. Il a 2G pieds de haut; son tronc est creux
et sa circonférence est de 2 mètres à 1 mètre du sol.
Le digne et respectable président de la Société pomologique améri-
caine depuis trente-six ans, M. Marshall P. Wilder. dans son discours
d'ouverture de la dernière session, recommande d'éliminer impitoya-
blement tous les fruits nouveaux qu'on présente comme des acquisi-
tions précieuses et qui ne valent pas les anciens. Il conseille surtout
de favoriser les semeurs qui ont chance de trouver des fruits mieux
adaptés au sol et au climat du pays que ceux qui pourraient venir de
l'étranger. « Plantez, dit-il, les semences les plus parfaites des varié-
tés vigoureuses et productives, puis croisez les meilleures. Vous per-
fectionnerez ainsi sans cesse vos produits. Celui qui trouve un fruit
nouveau, de culture facile et de bonne qualité, est un bienfaiteur de
l'humanité tout aussi bien que celui qui applique un principe scienti-
fique au bonheur de ses semblables. » Ch. Joly.
SITUATION DE LA SÉRICICULTURE DANS LE VAR
Au moment où M. Dextrems, de la Société des agriculteurs de France,
établissant le prix de revient des cocons dans les Cévennes, arrive à
conclure que l'industrie séricicole est ruineuse pour les propriétaires
de cette région, et qu'il faut par conséquent arracher les mûriers, ce
dont notre grand patron, Olivier de Serres, se fût scandalisé, il n'est
pas sans intérêt de considérer l'état de l'industrie séricicole dans les
diverses régions où elle s'exerce, de voir ce qu'elle est et quel
avenir lui est réservé. Il y a, en effet, de très notables différences
d'un pays à un autre, et il est bon de les signaler. Certes, la séricicul-
ture est fort éprouvée dans la plupart des régions où elle fut prospère ;
mais il n'en est pas partout ainsi.
Laissons de côté les pays où l'on ne produit que des cocons
destinés à la filature, et dont la situation est, je le reconnais,
des plus précaires, et occupons-nous un peu de ceux qui se livrent
à la production des cocons pour la reproduction. Nous verrons de
suite que ces derniers : les Pyrénées, la Corse et le Var, sont, sous ce
rapport, dans un état de prospérité qu'il faut désirer voir se maintenir
longtemps. Je me trouvais justement dans les Maures, chez mon brave
camarade Bérenguier, au moment de la dernière récolte séricicole, et
j'ai pu me rendre un compte exact des conditions dans lesquelles s'ac-
complit l'élevage des vers à soie, et juger de son importance.
De tout temps, les éducations ont été dirigées en vue de la repro-
duction. L'éducateur des Maures ne néglige rien pour arriver à un bon
résultat de ce côté; il apporte, dans la conduite des chambrées, les
soins les plus minutieux. Rien n'est laissé au hasard chez lui, tout
au contraire est réglé pour arriver à cette fin, et les méthodes qu'il
emploie lui sont suggérées par une pratique plus que séculaire.
C'est aussi une des premières régions de la P'rance où le système
Pasteur qui, pendant quelque temps, a puissamment contribué au
relèvement de la sériciculture, ait été appliqué, et c'est à cette dernière
considération qu'il faut rapportef la faveur dont jouirent les graines
460 SITUATION DE LA SÉRICICULTURE DANS LE VAH.
des Maures, alors que le procédé Pasteur commençait à entrer dans la
pratique. Depuis, grâce aux conditions exceptionnelles du railieu.dans
lequel on opérait, la renommée de ces produits, non seulement s'est
maintenue, mais s'est accrue.
Il semble tout d'abord que la nature du sol ait une influence mar-
quée sur la production séricicole, puisque les trois contrées où cette
industrie est prospère appartiennent à la même période géolos;ique. Le
fait est au moins curieux à signaler. 11 est général que les mûriers
des régions granitiques se comportent mieux que ceux des ré-
gions calcaires, et donnent une feuille saine, nutritive et peu aqueuse,
ce qui, dans l'état présent où les chambrées périssent souvent de
la flacherie, est une des qualités les plus recherchées : la douceur
du climat, les soins particuliers qu'on donne aux mûriers, et celle
constance de la température qu'assure le voisinage de la mer,
contribuent aussi pour une grande part à la régularité dans la marche
des éducations.
Les conditions de l'exploitation ont une influence indéniable sur le
résultat final ; il faut en tenir compte. La division du travail s'est
introduite dans les opérations séricicoles. On dislingue dans le pays
deux sortes, de producteurs. Les industriels sont en général des pro-
priétaires produisant beaucoup de graines, et se chargeant en outre de
faire connaître et apprécier au loin leurs produits; ils font à propre-
ment parler du commerce, et trouvent leur.-; bénéfices dans ces négoces.
Puis, il y a le simple éleveur qui vend ses produits au négociant.
Les industriels se procurent les cocons pour le grainage au moyen
de deux combinaisons. La première consiste à donner les vei's à mège-
rie (lueger, moitié). Le négociant fournit la graine, la feuille, la ma-
gnanerie qui est presque partout un appartement quelconque muni
d'une cheminée, et lecombustible nécessaire. L'éducateur, lui, ne four-
nit que son travail. Après la récolle, on partage les produits par moi-
tié, et l'industriel rachète à l'éducateur sa part de cocons à un prix
convenu d'avance. Comme on le voit, c'est une façon de métayage
appliqué à la sériciculture ; elle esttrès avantageuse pour les deux parlies :
pour l'éducateur d'abord, qui est assuré de la réussite, car il aura de
bonnes graines, et il vendra toujours ses cocons à un prix rémuné-
rateur; pour l'industriel ensuite, car la part qu'il fournil dans la pro-
duction n'équivaut pas à la dépense qu'il serait obligé de faire s'il
devait acquérir la totalité de la récolte.
La deuxième combinaison consiste à acheter les cocons, à un prix
convenu d'avance h l'éducateur, qui reste chargé de tous les soins,
et qui prend à sa charge les risques de l'éducation.
Dans ces conditions, le sériciculteur obtient, d'une manière géné-
rale, des rendements s'élevant en moyenne à 60 kilog. par once de
25 grammes de graines, rendements qui sont considérés ailleurs
comme difficiles à obtenir.
Le prix des cocons a subi de très grandes variations. A l'époque la
plus critique de la sériciculture, alors que la pébrine sévissait dans
toute son intensité, on les payait jusqu'à 25 et 30 francs le kilog. Au
fur et à mesure que le procédé Pasteur se généralisait dans les magna-
neries, ce prix subissait des diminutions sensibles, et aujourd'hui on
vend couramment les cocons à 8 et 10 francs le kilog'.
I. Il ne s'agit ici que des cocons destinés à la reproduction, ainsi que je l'ai établi plus haut.
SITUATION DE LA SÉRICICULTURE DANS LE VAR. 461
A l'aide de ces données, on peut, dans les deux combinaisons que
je viens de décrire, établir la part et le bénéfice qui échoient à l'in-
dustriel et à l'éducateur.
Dans le premier cas, lorsque les vers sont donnés à megerie, les
frais de l'éducation peuvent être calculés de la manière suivante :
:in journées à 1 fr. 50 45 francs.
10 journées d'hommes à 4 fr 'lO — ■
Broussailles pour la montée, pnpier, etc., balai et frais
divers 10 —
Total des dépenses 95 francs.
Il est à noter que le chiffre de A5 francs est plutôt au-dessus qu'au
dessous de la vérité.
En effet, pendant les quatre premiers âges de l'éducation, la fer-
mière cueille la feuille pour la nourriture des vers, tout en vaquant à
ses travaux de ménage, et, à ce moment, deux heures de travail jour-
nalier suffisent pour la conduite de la récolte.
Quant au produit, nous pouvons le supposer de 60 kilog., quoique
les rendements de 70 et de 15 kilog. ne soient pas rares. La part du
métayer est de 30 kilog.
Au prix moyen de 9 fr. le kilotç.. c'est un revenu brut
de 270 francs.
A déduire pour frais d'éducation 95 —
Bénéfice net.. 175 francs.
Le calcul qui précède est établi comme si l'éducateur louait e*
payait le personnel qui lui est nécessaire; mais il n'en est pas ainsi
généralement. Le plus souvent, l'éducateur qui est en même temps
petit propriétaire, suffit, avec sa femme, aux travaux de l'éducation.
De sorte que dans l'espace d'un mois environ, il se constitue un pro-
duit de 270 francs.
Voyons maintenant la part qui revient à l'éducateur lorsqu'il prend
tout à sa charge :
U a d'abord les mème^ frais que précédemment soit 95 francs.
i Ach it de feuilles , . 110 —
Eu plus J Corabustibl j 5 —
[ Annuité du matériel de la magnanerie 15 —
Total 225 francs.
Il vend sa récolte, supposée comme précédemment de 60 kilog.,
9 francs le kilog.
Ce qui lui constitue un revenu de 5i0 francs.
Dont il faut déduire 225 —
Soit un revenu net de 315 francs.
Il ressort, au premier abord, à l'examen de ces chiffres que les
bénéfices de l'éducateur sont beaucoup plus élevés dans le second
cas que dans le premier. Mais il court de nombreux risques : la
feuille qu'il est obligé de se procurer à l'avance peut lui faire com-
plètement défaut au printemps, s'il vient à geler, et le mettre aussi
dans la nécessité de doubler et quelquefois de tripler les dépenses
prévues. En cas de non réussite par suite de maladies, il perd, outre
son temps, l'argent qu'il a avancé. Puis, il faut tout dire, il n'a pas
toujours les avances nécessaires pour acheter les feuilles et le mobilier
de la magnanerie, si restreint qu'il soit.
En résumé, la situation de la sériciculture dans les iMaures, loin de
suivre la marche qu'elle suit dans les grands centres de production,
devient de plus en plus prospère. Tous les petits propriétaires, les
462 SITUATION DE LA SÉRICICULTURE DANS LE VAR.
cultivateurs élèvent des vers ù soie et tous comptent sur ce revenu.
Pour quelques-uns même, c'est le produit principal.
Les opérations agricoles sont presque toutes lentes à s'accomplir ;
celle-ci au contraire s'effectue dans un temps très court, ce qui permet
à l'entrepreneur de rentrer rapidement 'dans ses avances et dans ses
bénéfices. Elle peut en cela être comparée aux spéculations ani-
males d'engraissement qui ont toujours engendré autour d'elles sinon
la richesse, du moins une grande somme de bien-être.
La sériciculture ne péréclite donc pas partout et ceux qui seraient
tentés de se livrer à cette industrie dans les régions granitiques mé-
ridionales, ne doivent pas se laisser décourager par les insuccès trop
réels qu'on constate dans les autres pays. Ils peuvent d'avance comp-
ter sur un revenu assez élevé; c'est là le point qu'il s'agissait d'établir.
F. Gos.
VIGNES AMERICAINES A SAINT-GYPRIEN (DORDOGNE)
M. Carrier-Ladevèze, notaire à Sàint-Cyprien, ancien lauréat de la
Société départementale (F agriculture de la Dordogne, a créé depuis
quelques années, sur sa propriété de Beynac, un vignoble considé-
rable, qui est l'objet de tous ses soins, et qu'il agrandissait tous les ans,
lorsque le phylloxéra est venu le lui attaquer sur plusieurs points à la
fois.
Sans se laisser abattre, M. Carrier-Ladevèze s'est mis courageuse-
ment à la recherche des procédés qui pouvaient combattre et détruire
le terrible fléau qui ravage nos vignobles. Deux moyens se présentaient
à lui : les insecticides pour l'un et les vignes américaines pour
l'autre. C'est ce dernier qu'il a pris énergiquement en mains, et il
s'est mis résolument à l'œuvre. Dès le printemps de 1882, il faisait
l'acquisition de plants américains en boutures simples et boutures enra-
cinées, producteurs directs et porte-greffes. Il arrachait, sur la moitié
d'une vigne française plantée de l'année précédente, un pied tous les
quatre dans chaque rangée et les remplaçait par des racines produc-
teurs directs. Dans le surplus de la jeune vigne, il remplaçait les bou-
tures françaises n'ayant pas réussi l'année de la plantation par des
boutures de Riparia, de Solonis, de Jacquezet d'IIerbemont. En même
temps il créait à Saint-Cyprien une pépinière de plants américains
destinés à reconstituer son vignoble au fur et à mesure de la destruc-
tion par le phylloxéra.
Sa plantation au milieu de jeunes plants français a parfaitement
réussi, et tandis que ces derniers commencent à dépérir sur plusieurs
points à leur quatrième feuille, les américains, qui sont à leur troi-
sième, se couvrent de fruits et leurs pampres atteignent jusqu'à 5 et
6 mètres de hauteur. On compte sur des pieds d'Herbemont jusqu'à
vingt-quatre raisins. Pas une des boutures non racinées de produc-
teurs directs n'a réussi dans celte vigne, mais les Riparias et les
Solonis s'y sont développés d'une façon extraordinaire, bien que le
terrain dans lequel ils plongent leurs racines soit d'une qualité très
inférieure et en coteaux calcaires et ferrugineux. En 1883, M. Carrier-
Ladevèze a planté, sur un terrain phylloxéré où la vigne, très ancienne
déjà, venait d'être arrachée, des plants américains et franco-américains :
llerbemont, Ja;quez, Elvira, Rupestris, Viala et greffés suv Hiparia, Solo-
LES VIGNES AMÉRICAINES A SAINT-CYPRIËN. 'i63
m's et Viala —, Petit-Bouscliet, Merlot, Manzac, Cabernet, Folle-noire,
Cot-rouge, Aramont, Carignan, Gamey, ]Malvoisie, Sémilion, Moiir-
vèdre, etc., etc. Presque tous ces plants ont parfaitement réussi; un
grand nombre de greffes ont déjà de magnifiques fruits, bien que
n'étant qu'à la deuxième feuille de plantation.
Au printemps dernier, M. Carrier-Ladevèze a continué sur trois
parcelles, dont une en terrains neufs et deux en terrains phylloxérés,
ses plantations de vignes américaines, et il a obtenu une réussite com-
plète. M. Carrier-Ladevèze, pour suivre avec exactitude la marche de
ses plantations, se rendre bien compte des causes des dépérissements
qui pourraient y survenir par la suite, et pour arriver à une bonne
sélection le cas échéant, a dressé de chacune de ses plantations un
plan sur lequel chaque pied de vigne est représenté par un numéro
correspondant à un catalogue qui fait connaître le cépage producteur
direct ou greffé, et quand il s'agit de ce dernier, le nom du porte-
greffe.
En quittant Beynac, nous nous sommes rendus à Saint-Gyprien pour
visiter la pépinière de M. Carrier-Ladevèze, consistant principalement
en greffes sur américains de vingt-trois variétés des meilleurs
cépages français. Ces greffes ont été faites sur table, quelques-unes en
fente anglaise, la plupart en fente évidée Ferrari, sur simples bou-
tures et sur plants racines. Des lignes de ces dernières ont donné
jusqu'à 100 pour 100 de réussite; la moyenne est de 75 pour 100. Les
greffes sur boutures ont donné un résultat bien inférieur, mais cela
n'a rien d'étonnant, en présence de la chaleur et de l'absence complète
de pluie pendant l'été.
M. Carrier-Ladevèze tient pour ces greffes une comptabilité particu-
lière, sous forme de tableau, qui permet de connaître toutes les phases
suivies par la greffe dans sa pépinière, depuis le moment où les deux
parties qui la composent sont réunies, jusqu'à la réussite parfaite.
Ainsi, d'un seul coup d'œil et sur une même ligne du registre sont
indiqués par différentes colonnes :
1" Le nom du cépage gretïé;
2" La date de la confection de la greffe ;
3° Le nom du porte-greffe ;
4" Si la greffe est sur bouture ou sur plant racine;
5° Le système de greffage employé ;
6" L'engluement, si on s'en est servi;
7" Le nombre de boutons de chaque greffe;
8" La ligature employée ;
9" La durée de la stratification, lorsqu'elle a été employée;
10" La date de la plantation en pépinière;'
11" Le numéro du carreau de la jjépinière occupé par la greffe;
12" Le numéro de la ligne du carreau ;
13° Le nombre de greffe plantées dans chaque ligne ;
14° Le nombre des greffes réussies dans chaque ligne ;
15° Et enfin les remarques et observations auxquelles peuvent donner lieu les
différentes opérations dont la greffe a été l'objet.
M. Carrier-Ladevèze est le grand propagateur des vignes américaines;
il engage ses voisins et amis à le suivre dans cette voie et, pour les y
amener, il fait don à beaucoup d'entre eux de boutures et de plants
racines.
M. Carrier-Ladevèze ne s'occupe pas seulement de viticulture, il
emploie encore une partie des loisirs que lui laissent ses fonctions de
464 LES VIGNES AMÉRICAINES A SAINT -CYPRIEN.
notaire à la taille des arbres fruitiers. Aussi avons-nous pu admirer,
dans son jardin de Beyuac, de magnifiques arbres taillés en gobelet à
branches croisées, en palmeltes Verrier, à branches droites et à bran-
ches croisées.
En conséquence, nous demandons que, par une dérogation spéciale
aux prescriptions du programme, et dans l'intérêt de notre viticul-
ture, sérieusement compromise, un encouragement particulier et de
nature à mettre en relief des recherches d'une haute portée soit accordé
à M. Carrier- Ladevèze, et nous prions la Société de lui voter, à titre
de prix exceptionnel, une médaille de vermeil. Glandier,
Président-rapporteur de la Commission
de la Société d'ab'riculture de l.i Dordogne.
OSTRÉICULTURE
Le Journal a rendu compte des beaux travaux ostréicoles du syndi-
cat des roches de l'Estrée qui, sous la direction de M. de Piolant, a
reçu, dans différents concours de l'Ouest, et plus récemment de la So-
ciété nationale d'agriculture de France, des récompenses si justement
méritées. Non seulement ïhuître à bon marché sera la conséquence
immédiate de cette belle œuvre, qui a su tirer d'un rocher nu, par la
mise en culture de l'huîlre portugaise, une ressource si inattendue, mais
encore elle donnera à un de nos pires monopoles, cekii du marchand
d huUrcs en gros, un de ces coups dont il lui sera difOcile de se relever.
Que sont les 15 ou 16 fr. par 100 kilog. de la boulangerie contre
les 100 p. 100 net de cet intermédiaire qui paye 14 et 15 francs le
millier d'huître marchande, qui sera revendue jusqu'à 1 fr. la dou-
zaine, mettunt à 12 p. 100 transport et droits d'octroi.
Lorsque nous avons traité celte question et que nous avons appelé
avec notre insistance ordinaire l'attention sur les conséquences de
cette initiative unique en ce jour, nous disions ici même aux objec
tions d'ordres scientifique et économique qui sont faites à cette mise
en assolement de la griphée : Voyez bien les faits présents si vous
voulez bien comprendre toute l'importance de la révolution qui se
prépare dans cette direction : Modification dans la forme, ayant pour
conséquence amélioration encore plus évidente dans le goût, faits
indéniables qui ne peuvent n'être pas vus que de ceux qui ne veulent
pas voir.
Mais prenez bien garde aussi, ajoutions-nous, car nous sommes
un de ceux, si rares aujourd'hui, qui l'ont aussi vu naître, cette
question huître, dans celte même région, où il y a environ trente ans
elle faisait ses débuts, près de ces mêmes rochers de l'Estrée.
Rélléchissez aux conséquences de votre indifférence, car des yeux
attentifs vous regardent : ce ne sont pas seulement les Allemands qui
les font étudier, ces côtes privilégiées d'entre Loire et Gironde; les
Anglais surtout suivent attentivement et avec la plus grande persévé-
vérance, tout ce qui s'y fait. La culture réussie des roches de l'Estrée
ne leur échappera certainement pas.
Voilà ce qui fut écrit ici même en 1883, et répété, en 1884, à la
Société nationale d'agriculture. Or, que se passe-t-il aujourd'hui? 1884
n'est pas encore passé que les navires anglais viennent charger par
100,000 des g'njo/iees pour leurs marchés, et ce qui est plus digne d'être
noté pour son acclimatation et son exploitation sur certaines côtes du
OSTREICULTURE. 465
Royaume-Uni, que le capitaine du steamer qui les a emportées n'a pas
voulu faire connaître. Notons encore que l'huître, qui se vendait
0 fr.80, et I fr. 20 la douzaine, Portugaises et Gravettes, se vend
aujourd'hui, dans ces régions, 0 l'r. .'^5 et 0 f'r.SO, soit pour les mêmes
qualités, une haisse de 70 à 100 pour 100, baisse due uniquement à
l'augmentation dans la proiiuction et aux cultivateurs heureux, intel-
ligents et persévérants, des rochers incultes, ravagés et sans valeur.
A eux donc honneur et remerciements, en espérant que nous ne
sommes qu'au début. Chabot-Karlen.
CLASSIFICATION DES ARGILES
La géologie nous apprend que l'argile est le produit d'une décom-
position lente des roches qui renferment du feldspath, telles que les
porpiiyres, les granités, les gneiss, etc.. L'analyse chimique nousy
t'ait reconnaître de la silice, de l'alumine, de l'eau.
L'air, l'eau, l'acide carbonique sont les agents principaux qui ont
présidé à la décomposition des roches. Sous l'influence de ces agents
chimiques, et aussi en tenant compte des phénomènes physiques qui
ont bouleversé notre planète, la roche primitive s'est désagrégée, pjis
a été amenée à l'état terreux, et ensuite entraînée par les eaux, elle
s'est fixée dans les endroits où nous la rencontrons aujourd'hui sous
forme d'argile.
Primitivement pure, cette masse argileuse, dans la longue suite de
ses pérégrinations, s'est chargée d'une foule d'éléments étrangers, sables,
matières bitumineuses, pyrites, carbonate et sulfate de chaux, frag-
ments de roche non décomposée, mica, feldspath, etc.
Voilà ce que nous disent la géologie et la chimie, concernant l'agro-
logie du sol. Mon but n'est pas de faire ici une élude purement scienti-
fique des argiles; je veux simplement essayer de classer ces produits
naturels du sol au double point de vue de leur emploi dans l'industrie et
de leur rôle en agriculture.
1 " Argiles plastiques. — Ces argiles sont onctueuses au toucher, on
peut très aisément les polir avec l'ongle et si on vient à les mouiller,
on obtient une pâte liante et très tenace. Soumises à l'action d'une
haute température, elles acquièrent une grande solidité.
Outre la fabrication des poteries fines, on s'en sert dans les verreries
et l'on en façonne aussi les cazeltes qui servent à la cuisson de la
porcelaine. Les sculpteurs en font emploi pour le modelage de leurs
figures.
Les gisements d'argiles plastiques, autrement nommées argiles
réfraclaires, sont nombreux. Chez nous, eî France, les principaux se
trouvent près de Dreux (Eure-et-Loir), Forges-les-eaux, Gournay
(Seine-Inférieure); Montereau (Seine-et-Marne); en Angleterre, on
fabrique les creusets à fondre l'acier avec l'argile réfraclaire de
Slourbridge,
2° Argiles communes ou terre glaise. — Les propriétés physiques de
ces argiles sont absolument les mêmes que celles des argiles plas-
tiques. Cependant il faut dire toutefois que les argiles communes sont
plus friables et qu'elles se délayent mieux dans l'eau.
Elles sont remarquables en ce sens qu'elles contiennent de l'oxyde
de fer et qu'elles fendent à une température moins élevée que les autres
466 CLASSIFICATION DES ARGILES.
argiles. Très souvent aussi, elles donnent une légère effervescence avec
un acide, ce qui dénote la présence de la chaux.
Dans le bassin de Paris, au sud-ouest de la capitale, on en rencontre
des bancs d'une étendue immense et mesurant souvent une très grande
épaisseur. Vanves, Vaugirard, Issy semblent en avoir le monopole.
Il n'est pas rare de rencontrer, empâtés dans ces masses argileuses,
des fragments brillants qui ne sont autres que de minuscules pyrites
de cuivre, des débris végétaux et des dents de squales antédiluviens.
L'imperméabilité des terrains causée par la présence de ces masses
argileuses serait un obstacle insurmontable pour l'agriculture, si, le
plus souvent, ces masses ne se rencontraient pas à des profondeurs
quelquefois considérables. Presque toujours, à moins que l'affleurement
ne soit visible, la couche de terre arable est suffisante pour permettre
au propriétaire du sol d'en tirer parti.
3° Argiles marneuses. — C'est un mélange intime de chaux et d'ar-
gile. Elles sont peu consistantes et se délitent facilement au contact de
l'eau, formant une pâte qui ne s'attache pas. Elles offrent celte parti-
cularité caractéristique de donner une vive effervescence avec les
acides. C'est avec elles qu'on fabrique industriellement la brique.
Les gisements sont nombreux; on en rencontre en grande quantité
dans certaines régions de la France. C'est ainsi par exemple que les
coteaux de Suresnes, cultivés depuis'des siècles, reposent sur un banc
d'argile ; la ferme de la Pouilleuse située derrière le Mont-Valérien est
assise, elle aussi, sur ce même banc des marnes du gypse.
La chaux qu'elles contiennent, en fait un précieux auxiliaire pour les
agriculteurs, à la condition cependant que cette chaux soit régulière-
ment répartie et qu'elle ne constitue pas exclusivement le sol arable.
Cette propriété d'apporter de la chaux, soit à l'état de carbonate,
soit à l'état de sulfate comme dans les marnes du gypse, la fait
rechercher comme amendement. C'est par les marnes vendues et
transportées à bas prix, qu'on a refait une partie des terrains tourbeux
de la Bresse, des plaines de sable de la Sologne.
4° Argiles kaolins. — Le kaolin est une pâte blanche ou grise pro-
venant de la décomposition directe, mais partielle, d'une roche grani-
tique. La pâte obtenue avec l'eau est peu liante et, une fois séchée,
elle devient très friable.
Plus son degré de pureté est grand, plus le kaolin devient infusible;
il acquiert alors une dureté grande, mais sans solidité. Il sert à la
fabrication de la porcelaine.
En France, les kaolins de Saint- Yrieix, qui servent à la fabrique de
porcelaine de Sèvres, sont connus de tous.
Récemment, on a découvert dans le département de l'Allier, sur le
territoire des Colettes appartenant au baron de Veauce, sénateur,
décédé il y a quelques mois, on a découvert, dis-je, des gisements con-
sidérables de kaolin.
On se sert du procédé dit de lévigation pour séparer les fragments
grossiers, non décomposés, de la poudre argileuse. Les eaux de lavage,
réunies dans d'immenses bassins ressemblant à s'y méprendre à des
marais salants, laissent déposer cette poudre. On décante une pre-
mière fois, puis une seconde; finalement, on mélange les eaux
de cette dernière opération avec du bleu en poudre comme font nos
ménagères pour blanchir le linge, et le dépôt qu'on obtient alors est
CLASSIFICATION DES ARGILES. 467
nommé impalpable; c'est le plus riche et le plus estimé sur les mar-
chés commerciaux.
Quel est l'état des cultures du côté de Saint- Yrieix? Je n'en sais
rien, mais j'ai noté précieusement celui que nous pûmes voir dans
notre voyage dans l'Allier. Partout dans les environs des Colelteset de
Veauce, les terres, sans avoir la richesse de celles de la Limagne
d'Auvergne, n'en possèdent pas moins une certaine dose de fécondité;
on peut dire d'elles, qu'elles sont bonnes et produisent bien.
Dans ces contrées, nulle question des engrais artificiels; on ne sau-
rait qu'en faire avec les richesses accumulées de siècle en siècle et
provenant d'anciens volcans éteints.
La vigne est en honneur depuis quelques années ; elle y vient bien.
Les vins du pays ne sont pas désagréables à boire, ils sont naturelle-
ment astringents, mais cela est si facile à corriger.
5° Argiles à foulon. — Onctueuses et grasses au toucher, ces argiles
offrent de curieux caractères. Délayées dans de l'eau et battues avec ce
liquide, elles moussent comme du savon; de plus, elles absorbent
facilement les huiles. Son emploi industriel est le foulage des draps
d'où son nom de terre à foulon.
Partout où se rencontrent les terrains oolithiques et crétacés, on
trouve l'argile à foulon en couches intercalées.
L'analyse nous révèle dans sa composition intime, de la chaux, de
la silice, de l'alumine et aussi de la magnésie en quantité notable.
L'agriculture ne peut pas repousser comme mauvaise, une terre
contenant cette argile. En effet, toutes ces substances sont propres à la
nutrition des végétaux, la magnésie, alors qu'elle serait en quantité
très notable, étant regardée de nos jours comme une substance plutôt
neutre que pernicieuse.
5° Argiles ocreuses. — Très colorées par de l'oxyde de fer, en rouge
lorsqu'il est anhydre, et en jaune lorsqu'il est hydraté, ces argiles sont
maigres et siliceuses.
Calcinées, elles donnent la terre d'Ombre, la terre de Sienne, le brun
rouge, etc.
Préparées à l'état naturel, après séparation par un lavage des corps
étrangers, elles servent à la fabrication des crayons de couleur, et
mélangées avec des huiles, elles constituent des peintures industrielles.
En France, on en rencontre près de Blois, de Saumur et aussi dans
l'Yonne sur l'arrondissement d'Avallon.
Une quantité de fer pas trop considérable peut être un obstacle
pour une bonne culture, mais un agriculteur intelligent qui peut dis-
poser ou d'un four ou d'un cours d'eau trouvera toujours moyen de
compenser les pertes que de pareilles terres peuvent lui occasionner.
C'est là une de ces industries qui peuvent, sans inconvénients, se
greffer sur l'arbre central qu'on nomme une exploitation agricole.
EuG. Ferret,
Diplômé de l'Institut agronomique.
LE PRÉSENT ET L'AVENIR DE L'AGRICULTURE '
« De la discussion naît la lumière » dit-on.
Pourra l-on appliquer cet axiome à la discussion qui, depuis
1. Uuoique les doctrinei soutenues par M. Reilier s'écartent de celles que nous défendons, nous
publions Son article, parce que le Journal est une tribune librement ouverte à toutes les opinions
sincères, exprimées par des hommes compétents. H. S.
468 LE PRÉSENT ET L'AVENIR DE L'AGRICULTURE.
quelques mois, se continue clans les journaux de toutes les nuances,
au sujet de la crise agricole.
Verra-t-on surgir de cotte discussion quelque projet, quelque idée,
capable de faire entrevoir une solution?
ftlalheureusement il est permis d'en douter, tant que cette discus-
sion ne tVancliira pas les limites mesquines qu'on lui a tracées.
La nomenclature des besoins de l'agriculture est pourtant dressée
depuis de longues années par des hommes compétents; cependant
celle-ci attend toujours son crédit, ses écoles de contre- maîtres, sa
division de travail, en un mot l'exemple d'une grande organisation
qui lui permettrait de soutenir la lutte qui s'engage à peine sur la
production à bon marché.
Que l'on ajoute à cette nomenclature la question des enfants aban-
donnés qui préoccupe à juste titre les municipalités, celle de l'émi-
gration de la campagne à la ville, et celle non moins importante des
vidanges, cause permanente de grandes dépenses en même temps que
d'insalubrité pour les villes, et l'on trouvera alors matière à discus-
sion à un point de vue général, c'est-à-dire de la production et de la
consommation.
Au lieu de cela, la discussion se trouve circonscrite entre deux termes
uniques qui, pas plus l'un que l'autre, ne peuvent être considérés
comme une solution.
D'un côte les libre-échangistes, fidèles à leur principe de liberté
pour tous, voudraient que l'agriculture fit par elle-même.
De l'autre les protectionnistes, généralement disposés à exagérer le
danger, et sans se préoccuper de ce qu'une pareille mesure présente
d'arbitraire pour l'industrie comme pour le commerce, ne trouvent rien
de mieux que d'imposer la nation tout entière au profit de quelques
privilégiés.
Donc, dans un cas comme dans l'autre, les deux propositions con-
cluent au statu qiio; car peut-on considérer comme une solution,
comme un aide sérieux, cet impôt que l'on prétend créer pour favo-
riser l'agriculture. Qui retirera le profit de cet impôt? Sera-ce le
pauvre diable de cultivateur qui récoite à peine le pain pour nourrir
sa famille; sera-ce celui qui récolte de quoi vendre de cinq à dix
quintaux de blé? Je veux admettre que la récolte de celui-ci lui don-
nera un excédent de recettes de 2.t à 50 francs de plus par an; sera-
ce avec celte somme qu'il parviendra à améliorer son domaine.
Mais alors si la protection est de nul effet pour ces deux catégories
de cultivateurs qui se comptent par millions, à qui profitera-t-elle si-
non aux gros propriétaires ou fermiers, aux privilégiés.
Et qui oserait affirmer que ces messieurs emploieront leur excédent
de receltes à modifier leur système de culture? Une catégorie surtout
parmi les plus favorisés y consentirait encore moins. Je veux parler
des propriétaires ou fermiers qui se trouvent voisins des grandes
villes.
Grâce à cette situation exceptionnelle qui leur permet de faire arri-
ver à peu de frais leurs produits à la consommation, d'en ramener
sans' frais des fumiers à bas prix, il leur arrive de retirer deux fois le
prix de leur récolte de céréales : une fois en grains, et ensuite en
paille.
Peut-on supposerquc ces cultivateurs vont même songer à modifier un
LE PRÉSENT ET L'AVENIR DE L'AGRICULTURE. 469
système de culture qui les enrichit? Dès lors, il est évident que le plus
clair de l'impôt que l'on veut établir au profit de l'aj^riculture en géné-
ral sera justement pour ceux qui en ont le moins besoin.
Mais est-ce ainsi que l'on peut entendre de venir en aide à l'agri-
culture? Est-ce par de pareils moyens qu'on la préparera à soutenir la
lutte avec les produits étrangers?
Pendant que propriétaires et fermiers s'endormiront en réalisant les
bénéfices résultant de la protection, peut-on supposer que les Russes
cl les Américains surtout resteront dans l'inaclion, et si, après quel-
ques années de doux, repos, nous recevions un beau jour des céréales
avec une nouvelle diminution de prix, faudrait-il avoir recours à une
nouvelle demande de protection?
Quand je dis que ces cultivateurs privilégiés s'endormiront dans un
doux repos, je n'entends nullement faire la moindre allusion désobli-
geante pour personne. Je veux démontrer, au contraire, que leur situa-
tion autour des grands centres présente de tels avantages, qu'elle
mérite de servir de base pour déterminer les points oîi la culture des
céréales peut se faire avec profit.
Qu'il me soit permis de fournir un exemple pour faciliter cette
démonstration.
Sans entrer dans les détails de culture qui restent les mêmes dans
l'un et l'autre cas, je supposerai, à 20 kilomètres au maximum de
Paris, un hectare de très bonne terre, et un autre hectare de terre
de même qualité, à 50 kilomètres. La récolte sera la même : 25 quin-
taux de blé et 6,000 kilog. ou 1 ,200 bottes de paille, et la fumure de
30,000 kilog.
Dans le premier cas, le champ est fumé avec du bon fumier de che-
val pris à Paris.
Dans le deuxième cas, la paille est convertie en fumier, et le com-
plément pour la fumure, acheté à Paris, arrive par chemin de fer.
Premier cas. — Le champ à 20 kilomètres de Paris (r° zone) :
Dépense. Recelle.
Achat de 30,000 kilog. de fumier 2i guint:iux de lilé .1 20 fr ... 500 fr.
de cheval, à 6 fr. pris sur place. ISO fr. 1,200 bottes de paille à 28 fr 336
6 voyages à 10 fr... 60 j, ^
2 voyages de paille a 10 fr JO j,^l,^„^^ «gf;
l'^P""*^ 260 j^ggjp ^
Deuxième cas. — Le champ à 50 kilomètres de Paris :
Dépense. Recette.
La paille convertie en fumier pou- 25 quitaux de blr à 20 fr 500 fr.
vaut en produire 10,000 kilog.. Paille passée au fumier »
complément, de 20,000 kiloj;. Trj;
acheter à Paris à 7 fr. sur wagon. 140 fr. ' minpnsp 'l'on
Transportparchemindefer, Scent. i^epense KiU
par kilomètre et par tonne 50 Reste aïO
190
Dans cette deuxième zone, la culture aura un certain profit à con-
duire à Paris ses pailles et fourrages et à ramener du fumier. Cependant
comme il faudra deux journées pour faire le double trajet, l'on peut comp-
ter que la fumure de l'hectare lui reviendra à 80 ou 100 francsdeplus
que dans la première zone. Mais au delà de cette distance, il faut se
servir des chemins de fer, et, dans ce cas, la différence des recettes
et dépenses avec celles de la première zone est tellement considérable
que la lutte n'est déjà plus possible.
470 'LK PRÉSENT ET L'AVENIR DE L'AGRICULTURE.
Faudra-t-il dès lors avoir recours à la transformation de la culture?
C'est ici que commencent les difficultés. '
L'agriculture n'a pas à sa disposition, comme l'industrie, un corps
de savants ingénieurs, des architectes, des entrepreneurs million-
naires, des maisons de banque et de crédit qui lui permettent de
tranformer, en quelque sorte du jour au lendemain, son outillage et
ses produits. Pour l'agriculture, tout reste à créer, et peut-on espérer
que, privée de ces puissants auxiliaires, elle pourra conduire cette
transformation à bonne fin?
Et que peut-elle attendre elle-même de son pet .<onnel insuffisant?
Je veux admettre que des hommes riches, d «sireux de se rendre
utiles, veuillent organiser une grande entrepris ^agricole, onî-its des
modèles à suivre? Peut-on leur montrer un seul domaine organisé sui
vant les principes rationnels qui régissent les granas etabiissemenis
industriels?
Tel est Tordre d'idées qui m'a suggéré le projet d'usine agricole
que j'ai eu l'honneur d'exposer dans le Journal de l" agriculture, et
dont l'organisation a pour base la recherche des moyens de produire
à bon marché. Antoine Redier.
NOUVELLES INVENTIONS AGRICOLES
ANALYSE SOMMAIRE DES DERNIERS BREVETS DÉLIVRÉS.
- 162,355. Guillaume. !i6 mai 1884. Syslénie d'un nioulin couplé, dit vioulin
français, destiné à moudre, à sec ou à mouitté. Le muïs, toutes les céréales
et lcul£s les matières qu'on désire pulvériser ou réduire en houillic ténue. — Ce
brevet décrit un appareil de mouture pouvant servir aussi de broyeur ou de dé-
libreur, par lequel le breveté se propose d'obtenir les avantages des moulins à
cylindre sans en avoir les inconvénients. L'appareil se compose d'une sorte de
tambour à axe horizontal dont les deux joues servent de meules dormantes, entre
lesquelles tourne une meule rhabillée sur ses deux faces. Le grain entre de chaque
côté ; les produits de la mouture s'échappent à la circonférence, dans deux
espaces annulaires séparés, en vertu de la force centrifuge et de la direction des
cannelures, et de là ils se rendent à la bluteric par des orifices. Les meules
peuvent être en fonte dure ou être en fonte ordinaire, à la condition d'y encastrer
des lames d'acier lors de la coulée ; elles peuvent aussi être tout en verre avec
stries à leur surface, ou être en verre ou ciment avec lames d'acier encastrées. La
meule courante se rapproche à volonté de l'une des dormantes par le moyen
d'une vis de rappel agissant sur le paher de l'arbre (ce dernier est à collets) ; en
outre, l'autre dormante peut être rapprochée de la courante, également à l'aide
d'une vis. Il est donc possible de régler à volonté l'écartement des surfaces
travaillantes, et, si on le préfère, on peut produire une mouture différente
de chaque côté de la meule volante. Si l'on désire faire de la mouture 'Hon-
groise exigeant un certain nombre de passages, on pourra donc ainsi diminuer
de moitié le nombre des appareils nécessaires.
Vue en coupe transversale, chaque meule dormante est limitée sur sa face in-
térieure, e'est-à-dire la face travaillante, par une ligne parabolique. Pour préve-
nir toute communication entre les deux espaces annulaires qui reçoivent les pro-
duits de la mouture et qui entourent les meules fixes, la meule courante porte
sur sa périphérie des saillies obliques qui la font ressembler à une roue d'en-
grenage à chevrons; ces plans inclinés ont pour fonction, en tournant, de ren-
voyer la mouture dans ses espaces respectifs.
162,370. Ghevallot et MciosKv. 29 mai 1884. Application du tétralhionate de
fer au traitement des maladies de la vigne. — Ce brevet propose l'emploi du
tétralhionate de fer comme moyen curatif du phylloxéra ou de l'oïdium, et il en
indique le mode d'application. Ge corps est obtenu rapidement en faisant agir
sur du fer, en présence de l'air, de l'acide sulfureux en dissolution dans l'eau.
Il est très instable et se résout facilement en sulfate ferreux, acide sulfureux et
soufre.
^
NOUVELLES INVENTIONS AGUlCOLIiS. ^71
Pour iiiUoduire le tétrathionatc de fer dans la circulation de la vigne (ou d'un(3
autre pUiiite) afin delà jTu<'.i-ii- d'une rnahidie parasitaires, on perce ' n trou dans le
cep, jusque dans sa partie ligneuse, au moyen d'une raèche à cuillère. Celte opi';-
ralion se fait à la première sève ou à la seconde; on introduit ensuite dans ce
trou le bec d'un petit entonnoir en l'er-blanc contenant environ 50 centimètres
cubes de liquide Si l'on upèie à la première sève, le sel ci-dessus dpit s'employer
en solution marquant au maximum 1" IJaumé; si c'est à la seconde sève, on peut
se servir d'une s'ibition à 5" B; 1 action du sel n'empêche pas la v6i,'étation.
162,37). Leclerc. "29 mai 1884. Système de noix composée de disques étoiles
cl dtsLlnée à broyer les fruits à cidre et à couper les racines. — L'appareil est
coinjiosé de deux arbres carrés lournant en sens inverse et sur chacun desquels
on eniile une série de disques étoiles portant sur une de leurs laces un moyeu
(|ui maintient leur écaiteraent. La circonférence des disques portés par chacun
es arbres fiasse très près de la circonférence des moyeux des disques portés [lar
l'autre; les moyeux sont très sensiblement plus épais i(ue les disques, de manière
à avoir un espace assez grand entre les faces planes des dis([ues d'une série et des
disques de l'autre. Le breveté indique comme étant la caractéristif(ue de ses
disques étoiles le fait que le bord antérieur de chaque branche est à double biseau
pour constituer un taillant, mais qu'à l'extrémité de la branche celle-ci conserve
toute son épaisseur et est en même temps appoinlie, de laçou à former un taillant
parallèle à l'axe de rotation; sur la face postérieure de chaque branche, un bos-
sage forme renfoit dans le voisinage du cintre.
162,382. Société dite : Thi-: Uniteu Statks Gotton seed Cleaning Company
(incorporated) . 27 mai 1884. Perfectionnements dans le traitement de la (jraine de
colon. — Pour débarrasser la graine de coton de son duvet, on propose, dans ce
brevet, de la soumettre à l'action de l'acide sulfurirpie étendu et de la chaleur,
puis d'ajouter, au moyen d'une (lommc d'arrosoir, de l'eau à la masse ciiaullee,
ce qui achève la carbonisation du duvet en trois minutes. On débarrasse enfin la
graine du duvet et de l'acide par un lavage. Gomme on le voit, c'est à un moyen
chimique que les brevetés ont recours pour obtenir un résultat (jui a déjà été
cherché de différentes manières.
162,at)3. Société J. WèbilK i^t Cie. 27 mai 18S4. Pcr/'ectlonnernents dans les mou-
lins àcijlindres. — Ce brevet décrit des dispositions qui permettent, tant dansles
moulins dont les cylindres sontplacés l'un au-dessus do l'autre ([uedansceux où ils
sont placés sur la même ligne horizontale, non seulement de débrayer le cylindre
alimentaire pour faire cesserren;;ieiiagB, lorsfiuehs cylindres se trouvent engorgés
ou qu'il se produit tout autre accident, mais en mêine temps d'annihiler l'action
di's ressorts qui en temps normal a(ipuient les cylindres l'un contre l'autre. Grâce
aux dispositions décrites, il suliit de manœuvrer un levier à main ])our obtenir
ce double résultat.
Ln outre, le brevet di'crit un moyen de régler rapidement, par un levier à main,
l'ouverture de la trappe d'alimentation. Gii. Assi et L. Gênés,
Ingcnieurs-consuib en inaliure «le brevets d'invention,
36, boulevard Voltaire, à Parie.
LE MARC DE POMMES GOMME ALIMENT
ET GOMME ENGUAIS.
Les congrès et les travaux de l'Association pomologiquc de l'Ouest
ont dirif^é l'aLtcnlion des agrictilteurs sur l'amélioralion do la qualité
du cidie el sui- les procédés les plus avanlagcu.v à employer p(jur uti-
liser Je marc, résidu de sa fabrication.
Comme le prouvent la pratique signalée par M. Boussingaull à la
Société nationale d'agricullui'o de France el les essais cITeclués à la
station agronomique de Rennes, on peut fabritjuer avec le marc de
l'eau-de-vie de bonne qualité. Il suffit de le lasser Ibrlemenl dans des
cuves ou des silos; au bout de six. mois on procède à la distillation.
Il m'a paru intéressant de rcclierclier quelle peut être la valeur du
marc de pommes, soit comme engrais, soit comme aliment desliné au
bétail.
Le marc analysé nous a élé fourni au mois de décembre 1883,
472 ^LE MARC, DE POMMKS COMME ALIMENT ET COMME ENGRAIS.
par M. Champion, iignculteur à Feurs, qui dans cette année d'abon-
dance, n'a fabriqué que des cidres sans eau et à utilisé tous les marcs
pour la nourriture de i^es vaches laitières. C'est dans ces conditions
qu'ils possèdent leur maximum de valeur alimentaire, parce qu'ils
n'ont pas été épuisés par des macérations et des pressurages avec de
l'eau.
Le marc qui sortait des pressoirs du Chalet avait une odeur franche
d'éther acétique et, au moment oii il nous est parvenu, il contenait déjà
une proportion très sensible d'alcool. Après l'avoir séparé de la paille
qui s'y trouvait mélangée, nous lui avons trouvé la composition en
centièmes suivante :
Eau et matières volatiles 75.7.'i pour 100.
Matières azotées 1-37 —
Substances grasses 1 • -'j —
Matières sucrées 3.17
Substances h ydrocarbonoes sacchariliables 5.01 —
Cellulose brute l'2-08 —
Matières minérales. 0.65 —
En comparant cette composition, soit à celle du maïs-fbiirrage,
soit à celle des pulpes de betteraves, on reconnaîtra que le marc de
pommes possède une valeur alimentaire sérieuse.
Pulpes de betteraves.
Maïs Caragua. Pressées. Fraîches de diiluaion.
Eau se. 20 71-77 92. S6
Matières azotées 0.90 1.91 0.59
Substances grasses 0 18 0.42 O.OS
Sucre et pruiciiics extracUl.-. Iiy-
drocarbonés S. 10 17.24 4.01
Cellulose brute 3.67 .5.59 1.71
Cendres 0.90 3.07 0.75
On ne saurait trop faire remarquer que la bonne qualité du marc
comme aliment dépend surtout des soins donnés à. la fabrication du
cidre. Il importe que les pommes ne soient pas altérées et ne soient
pas déjà envahies par des fermentations nuisibles. Si les pommes sont
en partie pourries, si elles sont le siège d'une fermentation butyrique,
le marc perd une grande partie de sa valeur et n'est plus accepté
qu'avec répugnance par le bétail.
Si le marc n'est pas immédiatement consommé, il est nécessaire de
prendre, pour le conserver, les mêmes soins que pour la conservation
des fourrages verts ou des pulpes de betteraves. Si on l'abandonne
sans précaution au contact de l'air, des acides acétique et butyrique se
développent rapidement dans sa masse aux dépens des principes nutri-
tifs qu'il contient. 11 cesse d'être uq aliment de bonne qualité.
Comme engrais, le marc do pommes apporte au sol par 1,00 log.:
Azote
Acide phosphorique.
Chaux
Magnésie
Potasse
Kilog.
Kilog.
■IMi
0.70
à
0.84
0.59
a
0.61
0.41
a
0.87
2.08
à
:i.05
Le marc est donc surtout un engrais azoté et potassique. Sa valeur
pour le cultivateur est d'environ 5 francs les 1,000 kilog. Mais avant
de l'employer, il faut en détruire l'acidité et en activer la décompo-
sition en l'employant à fabriquer des composts oîi l'on fait entrer de la'
chaux.
De cette étude comparative, il nous paraît résulter que le marc de
pomme, lorsqu'il ost de bonne qualité, a comme aliment pour le bétail
LE MARC DE POMMES COMME ALIMENT ET COMME ENGRAIS. 473
une valeur bien supérieure à celle qu'il possède comme en^^rais. Ou doit,
ajouter qu'en passant par l'étable le marc de pommes n'est paspeidu
pour le fumier et que la majeure partie des principes fertilisants qu'il
contient retournent au sol. Ces simples considérations devraient être
un encouragement de plus pour le cultivateur à prendre dans la conser-
vation des pommes et dans la fabrication du cidre des soinss intelligents
qu'on néglige trop souvent. Lecbartier,
*" Directeur de la statioû agrouoniique de Ueiines
LES COTES FONCIÈRES SUPERIEURES A lUO HECTARES
La division de la propriété en France va en s'accenluant, comme
tout le monde le sait. Le nombre des cotes foncières, qui était de
10,893,528 en 1835, de 11 ,51 1 ,841 en 1842, de 13,1 18,723 en 1858,
estde 14,074,801 en 1884. Malgré les changements que les événements
ont amenés dans la superficie territoriale de la France, le mouvement
est donc bien accentué. Néanmoins, la superficie afférente aux cotes
de plus de 100 hectares est encore considérable; pour l'ensemble de
la France, elle est de 25.1 pour 100 de la contenance imposable. C'est
ce qui ressort d'un document publié récemment par l'administration
des flnances. Ce document donne la répartition qui suit de l'im-
portance de ces cotes pour chaque département :
De 60 à 50 pour 100 de la contenance imposable, dans 3 départements :
Hautes-Alpes, Cher, Bouchos-du-Rhône.
De 50 à 40 pour 100, dans II déparlements : Alpes-Maritimes, Landes, Hautes-
Pyrénées, Nièvre, Pyréuées-OriBUtuks, Corse, Allier, Basses-Alpes, Loir-et-
Cher, Indre, Var ;
De 30 à 40 pour 100 dans 12 départements : Savoie, Aude, Loiret, Hérault.
Doubs, Ariège, Lozère, Basses-Pyrénées, Gironde, Côte-d'Or, Gard, Maine-et-
Loire ;
De 30 à 20 pour 100 dans 24 départements : Jura, Seine-et-Marne, Saône-el-
Loire, Haute-Marne, Bellorl, Vosges, Indre-et-Loire, Isère, Vendée, Haute-
Saôce, Vienne, Eure-et-Loir, Seine-ei-Oise, Ain, Meurthe-et-Mopelle, Sarthe,
Mayenne, Ardennes, Meuse, Yonne, Loire-Inférieure, Eure, Deux-Sèvres,
Vaucluse;
De 20 à 10 pour 100 dans 26 déparlements: Seine-Inférieure, Aisne, Haute-
Savoie, Oise, Marne, Aveyron, Drôme, Morbihan, Aube, Haute-Garonne, Gor-
rèze, Cantal, Tarn, Côtes-du-Nord, Orne, Haute-Vienne, lUe-et-Vilaine, Loire,
Somme, Finistère, Dordogne, Calvados, Lot-et-Garonne, Pas-de-Calais, Puy-de-
Dôme, Creuze;
Au-dessous de 10 pour 100 dans 11 départements : Cher, Charentes, Ardèche,
Manche, Nord, Haute-Loire, Lot, Charenle-Iniér., Rhône,Tarn-et-Garonne, Seine.
Le nombre des cotes de plus de 100 hectares est de 49,243; elles
correspondent ensemble à une superficie de 12,355,782 hectares.
G. Galdot.
SOCIETE NATIONALE D'AGRICULTURE
Séance du 17 décembre 1884. — Présidence de M. Chevreul.
M. le ministre de la République Argentine, à Paris, adresse à la
Société les tomes III et IV des Etudes et voi/ayes agricoles, de M. Eduardo
Olivera. ancien élève de l'Ecole de Grignon ; deux brochures concer-
nant l'agriculture argentine et l'émigration sont jointes à cet envoi.
Le Comité central des fabricants de sucre envoie trois brochures
intitulées : Sucrage des cidres, Sucrage des vendanges et l'roduclion de
la betterave riche.
474 SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE DE FRANGE.
M. le vice-secrétaire informe la Société que M. Nouette-Delorme,
memljre titulaire, a été promu au grade d'officier de la Légion d'Iion-
neur et que MM. Mur«t, membre titulaire, et Laverrière, correspon-
dant et bibliothécaire, ont été nommés chevaliers. M. le Président
félicite ces diverses personnes des distinctions dont elles ont été l'objet.
M. Prillieux, revenant sur sa communication de la dernière séance,
ajoute qu'il a reçu de M. le Directeur de l'Agriculture des échantillons
de la plante dont les graines pénètrent dans le corps des moutons.
Cette plante a pu être déterminée. C'est bien un Stipa, non pas le
Stipa torlilis qui est une espèce méditerranéenne, mais bien le Stipa
capillata, espèce répandue dans toute l'Europe Orientale et qui
s'étend dans toute la Russie, jusqu'en Asie au-delà du lac Baïkal.
M. Bouquet de la Grye rappelle que, dans la discussion du budget
des forêts, M. Viette s'est appuyé sur un avis de la Société concernant
la méthode préconisée par M. Gurnaud, ancien agent de l'administration
des forêts. — M. de la Grye constate que la Société n'a nullement ap-
prouvé, ni recommandé la méthode préconisée par M. Gurnaud ; elle
s'est bornée, dans sa séance du 4 avril 1884, ;à voter, sur la proposi-
tion de sa section de sylviculture, des remerciements à cet auteur pour
l'envoi de son ouvrage.
M. Chabot-Karlen met sous les yeux des membres de la Société,
du naissain d'huîtres récolté au rocher de l.'Estrées, près Rochefort.
Ce naissain est âgé de huit à dix jours. L'industrie ostréicole prend
un grand développement dans cette région; l'huître est vendue
en grande quantité ; celle qui est mise en vente à Paris est âgée de
huit mois environ. Les principaux faits mis en évidence par M. Cha-
bot sont résumés dans ce numéro (p. 464).
M. Gayot rappelle sa communication relative à l'emploi d'un essieu
propulseur; ce système est employé actuellement à Toulouse.
L'ordre du jour appelle ensuite Télection de trois candidats à pré-
senter au choix de M. le ministre de l'agriculture pour la place de
secrétaire perpétuel, vacante par suite du décès de M. Barrai; après
trois scrutins distincts, la Société adopte la liste suivante : en pre-
mière ligne, M. Louis Passy, en deuxième ligne, M. Bouquet de la
Grye, et en troisième ligne, M. Cornu. Georges Mahsais.
EXPOSITION INTERNATIONALE DE BUENOS-AYRES
Une exposition internationale de bétail, de produits et de machines
agricoles se tiendra à Buenos-Ayres, sous la direction de la Société
rurale argentine, en 1886. L'agriculture des pays de l'Amérique mé-
ridionale se développe avec rapidité; nous pensons qu'il y aurait,
pour nos constructeurs agricoles, un intérêt réel à se préoccuper des
débouchés qu'ils peuvent y trouver, et par conséquent à figurer à
l'exposition internationale de Buenos-Ayres. L. DE Sardriac.
REVUE COlDIERGIiLE ET PK\l G)UR.\NT DES DENRÉES AGRICOLES
(20 DÉCEMBRE 1884).
1. — Situation générale.
La situation des marchés agricoles ne s'améliore pas. Bien que les affaires aient
un courant ordinaire, les prix ne peuvent se soutenir. La tendance générale est à
la baisse.
II. — les grains et les farines.
Les tableaux suivants résument les cours des céréales, par quintal métrique,
sur les principaux marchés de la France et de l'étranger :
REVOK COMMERCIALE BT PRIX GOURANT (20 DÉCEMBRE 1884). 475
1" RBOION.
Calvados. Caen
— Lisieux
C.-dtt-Noid. Ti'i'guier.
— Pontrieux
Finistère. Uoi-laix
lUe-et' Vilaine. Keiines,
— Fougères
U€mche. S.iiiit-Lô
— Avranciies
— Vatognes
Uayentie. Mayenne
— Evron
Morbiiian. Hennebont. .
Orne. Ah^ngoii
— Vimoutiers
Sarthe. Le Mans
— Beaumont
— Marner
fr.
4l 00
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— Chiteau-Thierry
— Chauny
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— Pacy
— Conches
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— La»Ferté-vlUame
— Auneaa
Nord. Douai.. . .
^ Cambrai
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Beaiivais
— Senlis
— Compiêgne ,
Pas-de-Calais. Arras..
— Béthune
Seine. Pans
S.-et-Marne. Meaux
— Dammaflin
— Coulotnmiers. . ..
S.-et-Oise. Versailles...
— Ho Tfl.-ïn
— ADgerrilIe
Seine~lii.jt:.tL.:,t,-e. Rouen
— Doucieville
— Fécainp
Somme. .■Viuiens
— Doullens
— Roye
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13 65
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15.10
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14.7.5
16.25
16 65
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15. no
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Prix moyens.
3" REGION.
Ardennes. Relhel
— Chirle ville
Aube. Troyes
— Bar-sur-Aulje
Marne. Ghàlons
— . Reims. . .
— Ste-Meneliould. . .
Hte-Marne. Cliuumonl. .
— St-Dizier, -
Ueurthe-el-Mo^ Nancy.
— Toul
— Lunêville
Meuse. Bar-le-Duc
flaute-Saône. Vesoul . . .
— Gray
Vosges. Epinal
— Mi recourt
— Neufchàteaa
Prix moyens....
4* HÉOION
Ci^^snte, Ango ultime...
— Barbezieux
Char.-tnfér. Marans....
— St-Jear.-d'Angély .
Deux-S^'.vres. St-Muixent
fndre-et- I.oire. Tours...
— Blêré ...
Loire-hif. Nantes
U.-ei-Lnire. Saumur...
— Angers
Vendée. Laiton
— Roche-sur Yon. . .
Vienne. ChAtellerault.. .
Haute- ViemiG. Limoges.
19.71 15.0.! 17.15 16 0
— NOail-EST.
19.50
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19.79 15.41
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— Saint-l'oai'5»in .
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Indre. ^Ueauroux. .
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— Saint-Florentin.
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Prix moyens 19.78 14.85 16.
6* RBalON. — BST
^in. 51-Laurent 22.00
Châtillon-s.-chalarone. 21.25
Càle-d'Or. Dijon 20.50
— Beaune 19.75
Oou/)S. Besançon 20.50
Isère. Grenoble 22. 5o
— Bourgoin. 20.73
/ura. Oole 20.30
£/OtVe. Firininy 21.75
— Roanne. 20.50
P.-de-Uàme. Clermoht-F 20.00
Hfiône. Lyon 21.25
■•^aône-et-Loire. Chaloa . 22.00
.'^aiioie. Chambéry 22 60
/ftfl-.Sauoie. Annecy 21.53
Prix moyens 21.03 15 91
T BÉGION. — SUD-OUEST
.driège. Pamiers 22.20
— Foix 24.10
Dordopntî. Périgueiix. .. 22.00
//(e-ÏTrtronjie, Toulouse. 22 65
— St-Gaudens 21 40
G«rfi. Coiidom 22.75
— Eaiize 22.90
— .VLnnde 19 10
Gironde. Bordeaux 20*. 15
— Lesparre 22. so
Landes. Dax 22.40
Lot-et-Garonne. Agen. . 20-.60
— Nerac 22.80
B. -Pyrtiliies. Biiyonne. . 23.25
Htes-Pyrènées. Tarbes-.. 23.40-
Afolnt.
fr.
16.00
16.00
16.00
15.50
14.50
14 95
14,00
15.40
16.00
14 00
17.04
16.40
15.50
17.51)
16.00
16.00
15.50
17.00
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13 95
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B
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Prix moyens
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15.99
16.82
18.26
8* RÉGION. —
«UD.
Aude. Castelnaudary.
22.75
17.35
17.00
17.76
— Carcassonne
22 80
17.65
16.20
19.00
Aveyron. Rodez
20.80
17.60
»
19.40
Cantal. Aurillac
23.40
1S.70
17.00
16.60
Correze. Tulle
22.90
21.75
18.00
17.65
16.60
18.45
16.20
Hérault. Béziers
20 00
— Montpellier
2J.20
»
15.00
18.75
23.10
22.75
18.00
18.00
16.60
18.45
16.40
Lozère. Mende
18.00
Pi/cértMs-Oi-.Perpignan
23.70
17.25
22.00
24.45
22.80
1 22.10
16.35
15.75
18.30
Tarn-el-Gar . Montaubai
18. S«
Prix moyens....
22.59
17.66
17.31
18 63
9* RÉGION
— SDI>-EST.
Basses-Alpes. Manosque
^3.70
»
»
20.00
llautes-.ilpes. Briançon
12.50
18.00
16.00
19.00
Aipes-Marilimes. Nice. .
25.60
16.00
16.00
19.50
Ardeche. Privas
23.45
16.00
16.15
18.90
B.-du-8hône. Arles....
22.50
»
19.00
13.50
Drôme Romans
21.75
14.50
>
17.50
Gard. Alais
24.70
20.00
16.55
21.25
Haute-Loire. Le Puy..
21.40
16.65
17.70
16 50
Var. Draguignan
23.25
»
18.00
17.80
21.83
16.25
»
18.75
Prix moyens
23.07
16.77
17.06
18.47
Moy. de toute la France 20.90
15.33
17 13
17.23
— delà semaine précéd.
21.00
15.87
16.98
1T.26
Sur la seinaineJHaiisse,
précédente.. iBaisse.
seigle.
Orge.
Avoine
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12
35
»
12.
00
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»
476 REVUE COMMERCIALE ET PRIX GOURANT
Blé
Angleterre. Londres 18.. 35
Belgique. Anvers 18 00
— Bruxelles 19.50
— Liège 18.35
— Namur 18 25
Pays-Bas.' Amsterdam 18.10
Luxembourg. Luxembourg. 22. 10
Alsace-Lorraine. Strasbourg 22.25
— Mulhouse 21. .50
— Colmar 22,10
Allemagne. Berlin.... 18.90
— Cologne 19.35
— Hambourg 19.00
Suisse. Genève 23 00
Italie. Milan 21.40
— Florence 24.50
Espagne. Barcelone »
Autriche. Vienne 17.50
Hongrie. Budapest 1 6 90
Bussie. Saint-Pétersbourg.. 14.80
Etats-Unis. New-York 15.30
Blés. — Les marchés du rayon de Paris accusent de la baisse depuis huit
jours. La meunerie achète peu et les détenteurs ont été amenés à faire des conces-
sions Cjui se traduisent par une baisse de 0 fr. 25 à 0 fr. 50 par quintal. A la halle
de Pans, on cote les blés de mouture du rayon, 19 fr. 75 à 21 fr. 25 les 100 kilog.;
les blés à livrer courant du mois et janvier-février, 21 fr. à 21 fr. 25 ; les quatre
premiers mois, 21 fr. 23 à 21 fr. 50; les quatre mois de mars, 21 fr. 75 à 22 fr,
— Les blés exotiques sont sans affaires au Havre au cours de la semaine der-
nière, c'est-à-dire 20 fr. 25 à 20 fr. 50 pour les roux d'hiver d'Amérique ;
20 fr. 50 à 20 fr. 75 les Californie; 21 fr. 50 à 21 fr. 75 les Australie ; 19 fr. 75
à 20 fr. les Bombay blanc, par 100 kilog. disponibles. — A Mar^eAUe, malgré de
forts arrivages, les cours se sont soutenus, les blés étant à livrer; les affaires sont
calmes. On cote: Red-Winter, 22 fr. 25; Berdianska, 22 ir. 75; Marianopoli,
21 fr. 75 à 22 fr.; Irka-Odessa, 19 fr. à 19 fr. 25; Irka-Nicolaïefff, 20 fr.
à 20 fr. 25 ; Azima Azoff, 18 fr. 50 à 19 fr. 50; Danube, 17 fr. 50 à 20 fr.; Azoff
durs, 18 fr. 50 à 19 fr. 50; le tout disponible par 100 kilog. en gare. — A
Londres, les transactions sont calmes, les prix se soutiennent ; les blés d'Australie,
trouvent preneurs à 19 fr. 86. Sur les marchés de l'intérieur, la situation est la
même; le prix moyen du blé est toujours de 18 fr. les 100 kilog.
Fai'ines. — La semaine a été marquée également par une baisse sensible sur
les farines. Aujourd'hui la tendance reste lourde, les offres dépassant la demande.
Les farines de consommation étaient cotées, le 17 décembre, à la halle de Paris:
marque de Corbeii, 47 fr.; marques de choix, 47 à 50 fr.; premières marques,
46 à 47 fr.; bonnes marques, 44 à 45 fr.; marques ordinaires, 43 à 44 fr,; le tout
par sac de 159 kilog., toile à rendre, ce qui correspond aux prix extrêmes ue
27 fr. 30 à 31 fr. 85 les 100 kilog., ou en moyenne, 29 fr. 55. — Les farines
de spéculation se sont maintenues à peu près aux cours d'il y a huit 'jours ; on
cote: farines neuf-marques, courant du mois, 44 fr. ; janvier, 44 fr. 25 ; janvier-
février, 44 fr. 25 à 44 ir. 50; quatre premiers mois, 44 fr. 50; quatre mois de
mars, 45 fr. i5 à 45 fr. 50. — Les farines deuxièmes sont cotées de 21 fr. à
22 fr. les 100 kilog.
Seigles. — Les prix se maintiennent avec un assez bon courant d'affaires. Les
premières qualités valent 16 fr. à 16 fr. 25; les secondaires de 15 fr. 50 à
15 fr. 75 par 100 kilog. nets. — La farine de seigle est tenue aux prix de 20 à
23 fr. les 100 kilog.
Orfies. — Demande régulière pour les bonnes qualités ; prix fermes. On cote
de 18 à 22 fr. les 100 kilog., suivant provenances. — Les escourgeons sont plus
offerts que la semaine dernière. On tient les premières sortes 19 fr. à 19 fr. 25
les 100 kilog. ; les sortes secondes, 18 fr. 50 à 18 fr. 75.
Avoines. — Prix sans variations ; demandes et offres très modérées. Les prix
sont cotés de 17 fr. 25 à 20 fr. par 100 kilog. pour les avoines indigènes. — Les
avoines exotiques sont plus fermes aux cours extrêmes de 14 fr. 50 à 16 fr. 75
suivant provenances.
AVats. — Les prix restent bien tenus de 14 ir. 2: î 14 fr. 50 les 100 kilog.,
DES DENRÉES AGRICOLES (20 DÉCEMBRE 1884]. 477
sur wagon au Havre ou à Rouen, pour les Danube et mer Noire disponibles. Les
livrables valent de 12 fr. 75 à 14 ir. 25.
Sarrasins. — Le sarrasin de Bretagne disponible est demandé à 16 fr.
les 100 kilog., en gare d'arrivée à Paris.
Issues. — Prix en baisse ; les offres sont plus nombreuses et les affaires très
calmes. On cote à la halle, par 100 kilog. : gros sons seuls, 13 IV. 25 à 13 fr. 50;
sons gros et moyens, 12 fr. 50 à 13 fr. ; sons trois cases, 12 fr. à 12 fr. 25; sons
fins, 11 fr. 50; rccoupettes, 11 fr. 50; remoulages blancs, 15 fr. 50 à 16 fr.;
remoulagcs bis, 14 fr.
m. — Fourrages et graines fourragères.
Fourrages. — Les affaires sont peu actives à Paris; les cours ont uu peu fléchi
fiour la luzerne et la paille. On cote par 100 bottes de 5 kilog. : foiu, 52 à 58 fr.;
uzerne, 50 à 56 fr.; paille de blé, 28 à 32 fr ; paille de seigle, 36 à 40 fr.; paille
d'avoine, 22 à 26 fr. — A Nancy, on paye le foin 40 à 44 fr. les 500 kilog., la
paille, 24 à 28 fr. ; le régain, 40 fr. — A Beauvais, le foin et la luzerne valent de
35 à 50 fr. les 104 bottes; la paille, de 35 à Qg fr. — A Nîmes, les prix sont
établis aux 100 kilog., comme suit : luzerne nouvelle, 7 fr. 50 ; sainfoin, 6 fr. 50;
foin, 7 fr. 50; paille, 4 fr.; à Toulouse, luzerne, 7 fr.; sainfoin, 8 fr 25; foin,
8 fr.; paille, 5 fr.
Graines fourragères. — Il y a eu un pi u de baisse sur les graines de trèfle et de
minette. On cote, à Paris, trèfle violet, 100 à 115 fr. les 100 kilog.; trèfle blanc,
160 à 190 fr.; trèfle hybride, 160 à 180 fr.; luzerne de Provence, 140 à 150 fr.;
d'Italie, 120à 130 iV.; du Poitou, 75à 110 fr.; minette, 35 à 40 fr.; ray-grass,
anglais, 35 à 40 fr.; d'Italie, 38 à 42 fr.; sainfoin à une coupe, 34 à 35 ir.; à deux
coupes, 38 à 40 fr.; vesce de printemps, 22 à 24 Ir.; pois jarras, 17 à 18 fr. — A
Saint-.Amand, le trèfle vaut de 100 à 105 fr. les 100 kilog.; la luzerne, 90 à
à 100 fr. — A Avignon, les bonnes qualités de luzerne ont atteint 127 à 132 fr.;
les secondaires, 110 à 115 fr.; le trèfle violet se vend 108 à 112 fr. les 100 kilog.
IV. — Fruits et h-gumes.
Fruits. — Cours de la halle de Paris, Poires, 6 à 70 fr. le cent, 0 fr. 25 à
0 fr. 60 le kilog.; pommes, 5 à 75 fr le cent, 0 fr. 20 à 0 fr. 55 le kilog.; rai-
sin noir, 1 fr. 50 à 3 fr. 50 le kilog.; raisin blanc, 1 fr. tiO à4 fr. le kilog ; noix
sèches 0 fr. 35 0 fr. 60 le kilog.; nèfles, 1 fr. 50 à 7 fr. le cent; châtaignes,
13 à 16 fr. l'hectolitre.
Légumes frais. — — Choux, 12 à 16 fr. le cent; oignons en grains, 14 à
18 fr. l'hectolitre; carottes communes, 20 à 28 fr. les cent bottes; d'hiver,
3 fr. 50 à 4 fr. l'hectolitre ; navets, 15 à 18 fr. les cent bottes; panais, 8 à 12 fr.;
poireaux, 3 fr. 25 à 4 fr.; betteraves 0 Ir. 30 à 1 fr. 40 la manne; salsifis,
G fr. 30 à 0 fr. 45 la botte ; thym, 0 fr. 15à0fr. 20 la botte; radis roses,
0 fr. 03 à 0 fr. 04 la botte: radis noirs, 8 à 25 fr. le cent: persil, 0 fr. 25 à
0 fr. 40 la botte; cerfeuil, Û fr. 20 à 0 fr. 25: oseille, 2 fr. à 2 fr. 50 le paquet;
épinards, Û fr. 20 à 0 fr. 25 le paquet; choux de Bruxelles, 0 fr. 25 à 0 fr. 30 le
litre ; champignons, 0 fr. 90 à 1 fr 50 le kilog ; choux-fleurs, 6 à 90 fr. le cent ;
polirons, 0 fr. 50 à 3 fr. 50 la pièce ;
Pommes de terre. — Hollande, 8 à 9 fr. l'hectolitre, 11 fr. 12 à 12 fr. 85 les
100 kilog.; jaunes, 6 à 7 fr. l'hectolitre, 8 fr. 57 à 10 fr. les 100 kilog.
Fruits secs. — A Moissac, les prunes sont l'objet de demandes nombreuses et
donnent lieu à beaucoup d'affaires. On cote les piunes communes 12 fr. 50 les
50 kilog pour des rames de 125 à 130. Les prunes d'Enté sont en hausse aux
cours de, 20 à 45 fr. suivant grosseur.
Légumes secs. — Les lentilles de choix sont recherchées ; les autres sortes sont
ofi'erte-; et les achats restreints. On cote, à Paris, à l'hectolitre et demi : haricots
flageolets choix, 80 à 105 fr.; ordinaires, 58 à 80 fr.; Soissons, 92 à 93 fr.;
Liancourt, 70 à 72 fr.; nains, 34 à kO fr.; suisses blancs, 50 à 52 fr., rouges,
35 à 39 fr.; Chartres, 52 à 54 fr.; cocos roses, 35 à 43 fr. — Lentilles, les
100 kilog., 35 à 48 fr.; pois, 24 à 25 fr.
V. — Vins. — Spiritueux. — Vinaigres. — Cidres.
Vins. — Les vins de la nouvelle récolte continuent à s'écouler lentement, sauf
aans quelques centres, où une reprise d'activité commerciale s'est manifestée
cette semaine. Les transactions ont été assez animées dans l'Aude et le Roussillon
à la suite de concessions faites par les propriétaires. A Narbonne, on a payé de
22 à 27 fr. l'hectolitre les vins foncés: à Coursan les vins non plâtrés se placent
478 REVaE COMMERCIALE ET PRIX COURANT.
au prix de 16 à 19 f'r.; à Lésignan, les Aramans valent de 15 à 18 fr.; les monta-
gnes, 20 à 2" fr.; les Narbonne premier choix et Corbières, 34 à 35 fr. A Gour-
san, les prix ont varié entre 13 et 26 fr. suivant couleur et qualité; à Fitou, des
vins supérieurs ont obtenu, 43 fr. Dans le Bordelais, la Bourgogne, le Beaujolais
et le ÎSÎantais, le calme domine ; les affaires sont toujours assez difficiles.
Les arrivages de vins étrangers sont toujours nombreux à Cette, et à Nice, où
les prix des vins rouges d'Espagne et d'Italie sont compris entre 45 et 58 fr. l'hec-
tolitre, et ceux des vins blancs entre 38 et 40 fr. On se plaint de la qualité infé-
rieure des provenances d'Espagne et de la cherté des vins d'Italie.
A l'entrepôt de Paris, les livraisons sont toujours actives. Voici les cours éta-
blis par la mercuriale mensuelle des contrées de Bercy. Vins rovi;cs : .\uvergne,
125 à 130 fr. la pièce; Basse-Bourgogne, 112 à 160 fr. le muid; Blois, 110 à
140 fr. la pièce; Bordeaux, 140 à 220 fr.; Charente, HT) à 125 fr.; Cher, 115 à
145 fr.; Chinon, 160 à 210 fr.; côtes châlonnaises, 130 à 140 fr.; Fitou, 48 à
65 fr. l'hectulitre; Gaillac, 115 à 125 fr. la pièce; Maçonnais et Beaujolais, 130 à
220 fr.; montagne, 33 à 42 fr.; Orléans, 120 à 140 fr.; Renaison, 150 à 170 fr.;
Sancerre, 120 à 130 fr.; Selles-sur-Cher, 120 à 140 fr.; Touraine, 110 à 135 fr.;
Narbonne, 40 à 55 fr. l'hectolitre: Roussillon, 45 à 70 fr. Vins blancs : Anjou, la
pièce, 135 à 140 fr.; Bergerac et Sainte-Foy, 150 à 170 fr.; Nantais, 60 à 70 fr.;
Pouilly-Fuissé, 210 à 250 fr.; Pouilly-Sajicerre. 145 à 180 fr.; Sologne, 60 à 70 fr.;
^'ouvray, 170 à 230 fr.; Basse-Bourgogne, le muid, 140 à 200 fr.; Chablis, 175 à
300 fr.; Poitou, l'hectolitre, 60 à 70 fr. — Vim étrangers : Es^pagne, 40 à 55 l'r.;
Portugal et Sicile, 48 à 53 fr.; Italie, 52 à 60 fr.; Dalmatie, 52 à 55 fr.; Turquie,
52 à 60 fr.; Espagne blanc, 32 à 48 fr.
Plants de vignes américaines. — Voici les cours de Montpellier : boutures, le
mille: Riparia et Jacquez, 15 à 18 fr.; Solouis, 20 fr.; Othello, 90 fr.; Rupestris^
60 fr.; — plants racines; le mille : Riparii, 60 à 75 fr.; Jacquez, 60 à 100. —
Greffes-boutures, 300 à 400 fr.
Spiritueux. — La haus-se signalée il y a huit jours n'a pas persisté. Aujourd'hui
les affaires sont calmes aux cours suivants. A Paris, trois-six fins du Nord 90 de-
grés disponibles 41 fr. 75; janvier, 42 fr. LO ; quatre premiers mois, 43 fr. 25;
quatre mois de mai. — A Lille, l'alcool de betterave a gasné 1 fr. ; il est à
41 fr. 50. — Dans le Midi, les prix des trois-six bon goût et des mares restent
stadonnaires.
Cidres. — Les cidres nouveaux sont abondants sur le marché de Paris, où
ils sont cotés de 24 à 34 fr. les 228 litres, en gare d'arrivée ; les vieux se vendent
de 32 à 38 fr.
Pommes à cidre. — La lareté se fait sur les marchés de l'Ouest. A Rouen, on
cote 6 fr. à 7 fr. 50 l'hectolitre, droits d'entrée compris ; à Evreux, 4 à 4 fr. 20 l'hec-
tolitre: à Caudebec, 4 fr. 40 à 5 fr.; dans la Sarthe, 3 fr. 20; dans la Mayenne,,
4 fr. — A Paris, les prix sont de 75 à 85 fr. les l,000 kil. en gare d'arrivée.
VI. — Sucres. — JUélas.ies. — Fécules. — Houblons.
Sucres. — Les cours ont encore fléchi pour toutes les sortes. On cote à Paris,
par 100 kilog. : sucres bruts 88 degrés, 32 Ir. à 32 fr. 50; blancs 99 degrés
37 fr. 50 à 37 fr. 75: blancs n"' 3 disponible, 38 fr. 75 à 39 fr.; livrable suivant
époques, 39 fr. à 1 1 fr. 50. — Les raffinés disponibles sont faiblement tenus de
97 fr. 50 à 99 fr. pour la consommation, et de 41 fr. à 44 fr. 25 pour l'expor--
tation, avec demandes calmes. — Le stock de l'entrepôt réel à Paris, le 15 dé-
cembre, 1,089,000 quintaux. — A Valenciennes, maintien du cours de 32 fr. 50
pour les sucres roux — A Lille, on cote les sucres roux 31 fr. 50 à 35 fr. 25; les
blancs, 38 fr. :les raffinés sont cotés, 103 fr. les 100 kilog. J
Mélasses. — A Paris, la mélasse de fabrique est cotée de 9 fr. à 9 fr. 25 les-
100 kilog.: celle de raffinerie !'6 fr. — A ^'alenciences, le prix est descendu à
9 Ir. 50. '
féc'wks.. — La détule sèche de l'Oise est toujouis au cours de 26 fr. à Com-
ftiègne : à Paris, la fécule première du rayon vaut 27 fr. La fécule verte se cote
de 15 à 15 fr. 50 disponible, et 16 fr. à 16 fr. 50 livrable; le tout par liO kiog.
Houbtuiis. — Les marchés éli'angers sont toujours abondamment approvisionnés
et les cours fléchissent encore. En Belgique, à .\lost de nombreux achats ont été
laits à 70 fr.les 50 kilog.; à Poperingbe, les affaires ont éié également animées,
au prix de 85 à 90 fr. A Bischwiller, on cote 90 à 100 fr.: à Nancy, 80 à 85 fr.
VII. — Tonneaux. — Noirs. — Engrais.
Tovrieav.r. — A Arrôs les iiM,ule;iux de i^iaiues ind^ènes valent : œillette,
DES DENRÉES AGRICOLES (20 DÉCEMBRE 1884;. 479
15 fr. 25; colza, 16 fr. 75; lin, 2i l'r.; cameline, 15 tV.; ceux de graines étrau-
gères : pavot; 12 fr., lin, 22 fr. 25, le tout aux lOû kilog. — Rouen, les tour-
teaux de colza indigères se pavent 15 fr. — A Cambrai, on cote : colza de pays,
16 fr. 50; oeillette, 15 fr. 60 à 16 fr.; lin, 21 fr, 50 à 22 fr. 25; cameline,
15 fr. 50.'
Noirs. — Cours sans changement à Valenciennes : noir neuf en grains, 33 à
36 fr. les 100 kilog.; vieux grains, 10 à 12 fr.; noir d'engrais, 2 à fr. l'hectolitre,
vin. — lluili's nt rjraincs nléagincuxes.
Huiles. — Mêmes cours qu'il y a huit jours, avec tendance à la baisse. On cote
à Paris, par 100 kilog. huile de colza disponible, 65 fr. 75; livrable, 66 fr. 25
à 66 fr. 50; huile de lin, 52 fr. 25 à 52 fr. 75; livrable, 52 fr. 75 à 53 Ir. 25 ;
— à Arras, l'huile de colza vaut 70 fr.; celle de lin, Oi fr.; celle de cameline,
61 fr.; — à Rouen, on vend colza, 65 fr. ; lin, 54 fr. 50.
Graines oléaijiiuuses. — Les graines de colza des Indes sont offertes en abon-
dance dans le Nord. — A Lille, on les cote de 32 fr. à 32 fr. 25. Celles de lin de
Bombay sont faiblement tenues de 3ù fr. à 30 fr. 25 disponibles. — A Arras, les
graines indigènes valent : œillette, 24 fr. à 26 fr. 25; colza, 18 à 21 fr.; liii,
18 à 21 fr. 50; cameline, 14 à 17 fr.; — à Cambrai, on cote : colza, 20 fr. 6'»
à 21 ir. ; œillette, 25 f i . 25 à 25 fr. 50; lin, 19 fr. 50 à 20 fr. ; cameline, 12 à
16 fr., le tout à l'hectolitre.
IX. — Matières résineuses et textiles^
Matières résineuses. — A Bazas, on cote les gemmes de la récolte de 1883, 20 fr.
les S50 litres; celles de 1884, 22 fr. 50; c-^lles au système Hugues, 25 fr. —
J'esseuce de térébenthine vaut toujours 45 fr. les 100 kilog. à Dax, et 52 tr. à
Bordeaux.
X. — Suifs et corps gras.
'■ Suifs. — Le suif frais de la boucherie de Paris est coté 80 fr. avec des affaires
très calmes.
Saindoux. — Le saindoux d'Amérique disponible est à 48 fr. les 50 kilog, au
au Havre.
XI. — Chevaux. — Bétail. — Viande.
Bétail. — Le tableau suivant résume le mouvement officiel du marché aui bes-
tiaux de la Villette, du jeudi 11 au mardi 16 décembre :
Poids Prix du kilog. de viande nette sn
Vendus moyen pied au marciie du ij décembre*
Pour Pour En 4 quartiers. I" 2' 3« Prix
Amenés. Paris, l'extérieur, totalité. liil. quai. quai. quai. moyen,
Bœufs 4.710 3,-2'-7 1,2S9 4,oli; 357 l.o6 1.50 1.2'b 1.45
Vaches 1.351 812 485 l,-297 Î38 1.56 1.38 1.18 1.37
Taureaux 243 201 31 232 396 1.46 1.36 1.20 1.33
Veaux 2,861 1,923 648 2,571 80 2.00 1 80 1.70 1.85
Moutons 31,340 26,272 4,604 30,876 20 1.90 1.70 l50 1.69
Porcs sîras ... . 6,209 2,683 3,499 6,182 82 1-21 1.18 1.14 1.17
Les arrivages des marchés de la semaine se décomposent comme il suit :
Bœufs. — Aisne, 8;Allier, 454; Calvados, 743: Charente, 80; Cher, 49 ; Côte-d'Or, 13; Creuse^
173 ; Deux-Sèvres, 26; Dordogne, 280; Gironde, 3: Indre, 8 : Loire 10; Loire-Inférieure, 138 .
Maine-et-Loire, 1032; Manche, 106; Morbihan, 36 ;Nièvre, 112; Orne, 20S ; Puy-de-Dôme, 26 '
Sarlhe, 14; Seine-Inférieure, 19 ; Tarn-et-Garonne, 10; Vendée, 497; Haute-Vienne, 110; Yonne,
42: Italie, 24.
Vaches. — Aisne, 2; Allier, 71; Aube. 4: Calvados, 358; Cantal, 37 ; Charente, 39; Cher, l.i;
Côte-d'Or, 26; Creuse, 93 ; Dordogne, 10 ; Eure, 14; Eure-et-Loir, 20; Loiret. 4; Maine-et-Loire,
17 : Manche, 130; Marne, 6 ; Nièvre, 94; Oise, 6 ; Orne,- 10 l ; Puy-de-Dôme, 20 ; Saône-et-Loire,
100; Sarthe, 25; Seine, 151; Seine-Inférieure. 3; Seiae-et- Marne, 22; Seine-et-Oise, 39; Vendée,
13: Haute-Vienne, 44; Yonne, 17. '
Taureaux. — Allier, 24; Aube. 3; Calvados, 20; Charente, 3; Cher, 5; Côte-d'Or, 1: Creuse.
2; Eure, 2; Eure-et-Loir, 6; Finistère, 11; Gironde. 3: Ille-et-Vilaine, 5 ; Indre. 1; Loire-Infé-
rieure, 10; Loiret, 7 ; Maine-et-Loire, 14; Manche. 13; Marne, 3 ; Mayenne, 12; Nièvre, 13 ;
Orne, 6; Sarthe, 6: Seine, 2; Seine-et-Marne, 6; Seine-et-Oise, 9 ; Vendée, 5; Yonne, 6 ;
Suibse, 2.
Veaux. — Allier, 22; Aube, 388; .\veyron, 64; Calvados, 42; Eure, 214 : Eure-et-Loir, 26T;
Loiret, 193 ; Manche, 14 ; Marne, 77 ; Oise, 51 ; Puy-de-Dôme, 98 ; Sarthe, 63 ; Seine-Inférieure,
S6; Seine-et-Marne, 237; Seine-et-Oise, 53 ; Yonne, 90.
Moutons. — Aisne, 307: Allier, 1,124 ; Aube, 390; Cantal, 82; Cher, 115; Creuse, 84; Eure,
150; Eure-et-Loir, 103; Indre, 128 ; Indre-et-Loir, 104; Loiret. 611; Lot, 302; Lot-et-Garonne,
72; Nièvre, 240 ; Nord, 60;Puy-de-Dùaie, 531; Seine-et-.Marne, 1,004; Seine-et-Oise, 1,989; Somme,
50; Yonne, 149, Allemagne, 10,877; Autriche, 500; Hongrie, 4,075; Italie, 462; Russie, 3,281;
Turquie, 500.
Porcs. — Allier, 367; Calvados, 43; Charente, 125 ; Charente-Inférieure. 54; Cher, 200;
Creuse, 349; Deux-Sèvres, 594; lUe-et-Vllaine, 163; Indre, 783; Indre-et-Loir, 50: Loire-Infé-
480 REVUE COMMERCIALE ET PRIX GOURANT (20 DÉCEMBRE 1884).
rieure, 17 j; Loir-et-Cher, 51 ; Maine-et-Loire, ')57 ; Manclie, 32; Nièvre, 367; Puy-de-Dome, 180;
Saôneet-Loire, 73: Sarthe, 1,224; Seine, 26; Seine-Inférieure, 18; Vendée, 340; Vienne, 232;
Haute-Vienne , lU 2.
Les arrivages ont été uu peu plus faibles que ceux de la semaine précédente
surtout pour les moutons, qui sont inférieurs de 2,000 environ. Le prix du
bœuf est le même; les autres sortes sont en baisse légère, excepté le veau qui a
faibli de 10 centimes par 100 kilog. — Sur les marchés des départements, on
cote : Nancy, bœuf, 84 à 86 fr. les 100 kliog. bruts, vache, 60 à 82 fr.; veau,
50 à 60 fr.; mouton, 90 à 100 fr.; po'x, 60 à 65 fr. — Beauvais, veau, 1 fr. 10 le
kilog. — Evreux, bœuf, 2 fr. 10 le kilog.; veau, 2 fr. 30; mouton, 2 fr. 30 ; porc,
1 fr. 70. — Louviers, bœuf, 1 fr. 40 à 2 fr.; veau, 2 fr. à 2 fr. 40; mouton,
2 fr.; porc, 1 fr. 80 à 2 fr. — Vire, bœuf, 1 fr. 80; veau, 1 fr. 80; mouton, 2fr.;
porc, 1 fr. 50. — Chartres, veau, 1 fr. 50 à 2 fr. 20; porc, 1 fr. 15 à 1 fr. 20. —
Mirecourl, bœuF, 0 fr. 82 à 0 Ir. 86 le kilog. sur pied; vache, 0 fr. 68 à 0 fr. 75.
— Ambriéres, bœuf, 1 fr. 30 à 1 fr. 50 ; vache, 1 fr. 20 à 1 fr. 40 ; veau, 1 fr. 60
à 1 fr. 90; mouton, 1 fr. 80 à 2 fr.; porc, 1 tr. à 1 fr. 10. — Rouen, bœuf,
1 fr. 60 à 1 fr. 80; vache, 1 fr. iS à 1 fr. 75 ; veau, 1 fr. 45 à 1 fr. 85 ; mouton,
1 fr. 75 ; à 2 fr. 05 ; porc, 1 fr à 1 fr. 30. — Pilkiviers, vache, 1 fr. 50 veau, 1 fr. 80
à 2 fr. 20; mouton, 1 fr. 70 à 1 fr. 90. — Le Pvy, bœuf, 1 fr. 60; veau, 1 fr. 70;
mouton, 1 fr. 80; porc, porc, 1 70. — Condom, bœuf, 1 fr. 60 à 1 fr. 80; veau,
1 fr. 30 à 1 fr. 50; vache, 1 fr. à 1 fr. 20; mouton, 1 fr. 60 à 2 fr. 10 ; agneau,
1 fr. 60 à 1 fr. 80; porc, 1 fr. 40. — Nice, bœuf, 1 fr. 50; à 1 fr. 60 ; vache, 1 fr. 35
à 1 fr. 40; veau, 1 fr. 60 à 1 fr. 65; mouton, 1 fr. 35. à 1 fr. 50; chèvre,
1 fr. 05 à 1 fr. 10; porc, 1 fr. 40 à 1 fr. 45.
A Londres, les importations de hétail étranger ont été, pendant la semaine, de
229 bœufs, 232 veaux et 4,313 moutons. — Prix par kilog. bœuf 1 fr. 3S à 2 fr.l2;
mouton, 1 fr. 72 à 2 fr. 23; veau, 1 fr. 64 à 2 fr. 07; porc, 1 fr. 15 à 1 fr. 50,
Viandeà La criée. — Il a été vendu à la halle de Pans, du 8 au Ib décembre :
Prix du lïilog. le 15 décembre.
liilog. 1" quai. 1' quai. 3' quai. utioix. Basse acucherie.
Bœuf ou vache... 167,507 1.64 à 1 96 1.42 à 1.62 1.10 à 1.40 1..56 i 2.60 0.20 i 1.34
Veau , 174,748 1.62 2.00 1.40 1.60 1.00 1.38 . » .
Moutons 80,730 1.46 1.70 1.24 1.44 1.00 1.22 1.46 2.96 ■> »
Porc 81.547 Porc frais 1.14àl.30; salé, 1.40
5u4,5J2 Soitparjour 72,076 kilog.
Les ventes se sont accrues de 10,000 kilog. environ par jour ; les prix sont en
hausse pour le bœuf et le mouton, en baisse pour le veau, sans changement
pour le porc.
XII. — Cours de la viande à l'abatloir de la ViUette du jeudi 18 décembre (par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On >?end à la Villette par 50 kilog. : 1" qualité,
65 à 68 fr. ; 2% 60 à 65 fr. Poids vif, 44 à 49 fr.
Bœufs. Veaui. Moutons.
,,. .^. 3. ,.. j. 3. ,t. 2-
quai. quil. quai. quai. quai. quai. quai. quai. quai.
fr. fr. :fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr.
78 70 63 110 104 98 84 77 68
XIU. — Marché aux bestiaux de la YiUette du jeudi 18 décembre 1884.
Cours des cummisslonnaire
Poids Cours officiels. en bestiaux.
Animaux gênerai, i" 2" 3* Prix 1" î" 3' Prix
amenés. Inrendus. kil. quai. quai. quai, extrêmes. qual.qual. quai. extrêmes
Bœufs ■2.0O7 53 347 \.66 1.50 !.24 1. 2041.70 1.64 i 48 1.2i 1.18àl.68
Vaches 654 26 '30 1.56 I 38 l 20 1.16 1.60 < 54 1 36 1.18 1.14 1 58
Taureaux... 153 5 390 1 16 1.36 l 20 1. 16 1 bO 1.4^ 1 34 1.18 1 14 1 48
Veaux 1.174 174 31 2.00 1.30 1.70 1.50 2.20 » . » •
Moutons 17-094 210 20 1.94 1.74 ! 56 1 48 1 98 » » » »
Porcs gras.. 4.135 » 8i 1.30 1.24 t 20 1.16 1.36 » • • ■
— maigres.. » ■ »»•«■■»»»»
Vente lente sur le gros bétail, les porcs et les veau.v, active ^lur les moutons.
XIV. — Résumé.
En résumé, la baisse a fait encore un peu de progrès ; le prix du blé a fléchi;
ainsi que celui des spiritueux et dos sucres. Les vins ont une meilleure tenue-
Les autres denrées restent stationnaires. A. Rèmy
Le Gérant : A. Bouché.
CHRONIQUE AGRICOLE (.7 décembre i884).
Aperçu sur l'année 1884. — Pertes subies par l'agriculture. — Aggravation de la crise agricole. —
Me-ures favorables édictées depuis douze mo s. — Nouvel ajuuriienierit de la discussion sur les
larils de duuaue. — i\ouveiles accusitioi.s des aneesnire» de la réforme. — Création de la
Ligue lies brri ag'TS du Nord-Est. - Situuion i arliculière de la zone île la frontière. — Vœux
émis par le Congrès agricole de la H.iule-.Miune. — Obstacles i|ui s'opposent à la léfurme des
octrois. — Création incessante de sui t:i.xps. — LleLtion de M Reiseï à l'.'Vcadéniie d-s sciences.
— Extension du phyl'oxera en Espagne. — A p recuit on sur la dernière ié:i Ite de vins en
Italie. — Concours ne la S^ ciélé des agriculteurs du Nuid. — Séance de rentrée de la Société
nationale d'acclimatation. — Les livres géiié.lo^'iqucs pour les lac^s pures d'animaux d-ituesli-
ques. — Cré non il'un stu l-book mnlassier dans I Ouest. — Laboratoire central agricole tt vom-
muicial à Paris. — Les graines de [dautes fourragires pour la création de prairi-'S. — Décret
relatif â l'application dans la Hauie-Siôie de la I i sur la police suiilaire des aiiimiux. — Les
mul'.ts dans le Pas-le- alais. — Pn-parations ar-enioales p lur les délrune — E^sai de M. l'a-
gO'Ul sur le pmcédé de iVl. Aimé Girard i onr utiliser les calavies d'animaux. — Huniniage
rendu à M. Bairal [lar le Sojiélé centrale d agricnlmre de l'Aveyron. — .""lolfs de MM. Nantier,
Gy de Keriiiavic, Maurice, Bronsvvitk, sur la situation des récoltes dans le département de la
Somme, du M.rbihao, de la Marne et des Vosges.
I. — Bilan de f année 1884.
L'année 188'i- s'achève dans quelqu^^s jours : année sombre, année
triste, qui laissera peu de regrets derrière elle. L'agriculture Française
aélérutjement éprouvée depuis douze mois; elle a perdu quelques-uns
de ses plus brillants et de ses plus énergiques champions, et la crise
qui pèse sur elle s'est aggravée dans les proportions les plus in-
quiétantes. C est d abord notre bien-aimé maître et ami, Barrai, enlevé
dans un moment où l'on a besoin de réunir toutes ses forces. Puis
c'est de Béhague, le type accompli du grand propriétaire airricullfur,
qui sert de modèle pour les entreprises de progrès agricole. C'est
J.-B. Dumus, dont le fier génie a résolu tant de problèmes, au grand
bénéfice de l'agriculture. C'est encore Piul Tlienard, modèle de l'al-
liance du savant et du praticien. Bien d'autres encore devraient être
cités, les uns pour ce qu'ils ont fait, les autres pour les légitimes espé-
rances que les amis de l'agriculture fondaient sur eux. Fendant que
la mort fauchait ainsi d ins des rangs toujours trop peu serrés, la solu-
tion des grandes questions qui préoccupent les agriculteurs n'avan-
çait pas, et cepeadant la situation s'aggravait, au point de susciter la
plus grande agitition qui se soit m inifeslée jusqu'ici chez les agricul-
teurs, ordinaireaienl si calmes, si paisibles. L'avenir paraît sombre;
le sera t-il autant que quelques-uns le craignent? Pour noire part,
nous ne le croyons pas : car nous avons confiance, d'une part dms le
patriotisme du Parlement Français qui saura prendre enlin Ijs me-
sures néces-aires, d'autre part dans l'énergie et le ressort de notre
belle po[)ulalion agricole qui, du plus Forlunéau plus humble, cherche
avec une ardeur sans égale, les moyens de retrouver les bénéfices
d'antan. L'agriculteur suit toujours accomplir son devoir, puisse-l-on
en dire bientôt aulant du [iropriétaire foncier!
L'année 1884 n'a cependant pas été tout à fait stérile. A son actif
nous devons placer d'abord la transFormation de l'impôt du >ucre,
transformation lieureuse qui permettra à l'une de nos principales
industries agricoles de retrouver se.s anciens jours de prospérité. Uns
autre mesure doit être rappelée aussi aujourd'hui : c'est la ciéalion
des primes spéciales dans les concours régionaux, pour la pslite cul-
ture tt p')ur l'horticulture; celle innovation a complété heureusement
l'ensemble des encouragements distribués par l'Etat à la production
agricole. Lesjours de tempête |)asseronl, les nuages se diss'peront,
et ragriculleur rclr)uvera au firmimenl son étoile aujourJ liai voilée
N° 820. — Tome IV de 1884. — 37 Décembre.
482 CHRONIQUE AGRICOLE (27 DÈGEMERE 1884).
II. — La reforme des tarifs de douane.
Les atermoiments dont nous avons montré les phases depuis près
de trois mois ont eu le résultat auquel on devait s'attendre : l'année
1bb4 s'achève, sans que la discussion sur la réforme des l;i,rit's de
douane ait été ouverte de\anl le Parlement. Le rapport de M. Georges
Graux sur les céréales n'est pas encore entre les mains des députés au
moment où nous écrivons cette chronique; nous sommes donc obli-
gé d'-en ajourner la publication. La Commission de la Chambre
des députés a lini par comprendre qu'elle avait assumé une lourde
respons ibililé ; dans une note quelle a communiquée à la presse,
elle essaye de se dégager, et elle annonce qu'elle va inviter le gouver-
nement à s'engager à appuyer, dès la rentrée, la mise à l'ordre du
jour de la discussion de ses rapports. C est s'y prendre un peu tard,
et même nous ajouterons que c est inti^rverlir les rôles. Au mois
d'octobre, il n'était pas un député qui n'eût étudié la question, la plu-
part demandaient qu'on sût résolument prendre un parti, (^e sont
les lenteurs appportees aux. travau.K de la Commission qui sont l'unique
cause du retard actuel.
Pendant ce temps, les adversaires de la réforme relèvent la tête. Ils
crient siH' tous les tons que le relèvement des tarifs actuels constituerait
une iniquité et une absurdité, qu'il vaudrait mieux abolir tous les
droits sur le blé, réduire considérablement ceux sur le fer et sur les
tissus, que ce serait alors le signal delà grandeur industrielle et agricole
de la France. C'est toujours le même raisonneinent : on parle comme
si la France était seule au monde, ou bien comme si tois les peuples
n'attendaient, pours'incliner, que les ukases dune économie politique
autoritau'e. Tous ces arguments sont percés à jour, mais il ne *'aut pas
se lasser de le répéter : ce qui serait inique, ce serait de ne pas recon-
naître la situation désastreuse dans laquelle se trouve l'agriculture fran
çaise pour la plupart des branches, de sa production; ce qui serait
absurde, ce serait, le mal bien constaté, de se refuser à y apporter les
remèdes ou au moins les palliatifs que les circonstances commandent-
impérieusement.
III. — Une nouvelle liijue agricole.
A maintes reprises, le Journal a rappelé que l'on ne peut appliquer
à l'ensemble de la France agricole îles règles absolimient uniformes.
Par suite de la diversité des conditions économiques et climatériques
des régions qui forment le pays, ce qui est exact ici ne l'est plus
ailleurs, et réciproquement. En voici une nouvelle preuve. Parmi les
nombreux documents que nous recevons de tou.s les points du pays,
il en est un qui mériie d être signalé .spécialement, parce qu'il émane
d'une réunion d'agriculteurs qui se trouvent dans une situation tout
à fiit parliculière. On sait que, sur notre frontière du nord et du nord-
est, depuis le département du Nord jusqu'à celui de la Meuse, sur une
longueur de plus de 30it kilomètres et pénétrant, suivant les lieux,
plus ou mois profondémentà l'intérieur, règneunezoned ins laquelleun
grand nombred'agriculteurs ont pour principale industrie d'acheter au
dehors les bêles bovines jeunes, et de les revendre, après les avoir ame-
nées à point, sur les marches extérieurs, principalement sur celui de
Biuxelles; ils y trouvent généralement des prix plus avantageux que sur
le marché de Paris. On cou)prend immédiatement que l'élévation
CHRONIQUE AGRICOLE (27 DÉOKMBRE 18S4). 483
des droits sur les bêtes bovines gèneiviil eon-iiéiMbleinent cette
industrie. Aussi les culiivaleiirs <Jont iihiis iiai-lons se sont étnus-,
sous le nom de L'rjne dps herbirjprs ihi. So-d-Est. ils se sont constitués
en assticiaiion pour ciéiendre leurs intéiêls, et il viennent d'adresser
au Parls^ment un manifeste dans Iciiuel ils s'élèvent contre le projet de
relèvement des droits sur les bêtes bovines. On trouvera ce document
plus loin pai;eA9fl;. car notre devoir est {]<> donner h la liiiiie des
herbygers du Nord-Est la publicité qu'elle nous demande, comme
nous l'avons fait piur les autres manifestations. Nous ajouterons que
la nouvelle ligue se trouve en communion d'idées avec un certain
nombre d associations agricoles d'autres régions, lesquelles ont de-
mandé que le relèvement proposé de tarifs ne s'appliquât pas au bétail
d'élevage.
C'est dans le département des Vrdennes que le mouvement dont
nous parlons a pris naissance. Le Comité d'initiative delà ligne se com-
pose de Mil. René LalT(Ui, pro|)riétaire berbagcr au Clos-Btrieau,
commune de 1 Echelle, presideiil; Edouard lléuiarl, propriétaire ber-
baiier, maire à Rouvroy, par Aubiguy (Ardenne:*), secrétaire; Louis
Giilet, propriétaire lurbager, à Signy-le-Petit; Basilide Frougnut, pro-
priétaire lierbager. maire au Tremidois: Faucillon, iiroprietaire lier-
bager, à Signy-le-Pelit; Abraham, propriétaire herbiiger, à La Neuville-
auX'Jnùlcs ; Jonval, propriétaire herbager, à Rocroi; Jules Rirabcau,
propriétaire herbager, à la Taillette. l-es adbéreats doivent justifier de
l'importance de leur exploitation lierbagère.
IV. — Congres agricole de in Hauie-Marne.
Le congrès départenental organisé par les Sociétés agricoles de la
Haute-Marne s'est réuni le 3l> novembre à Chaumont, sous la prési-
dence de AI. Bizot de Fonteny, député. Cette réunion s'est terminée
par l'adoption des vœux suivants :
1* Que les tarifs de douane sur les denrées agricoles soient élevés comme il
sait : Wé, 5 f'r. par 100 kiloo;.; !--ei;ile, orge, avoine, 3 fr.; farine de froment,
3 fr.; — chevaux, jumeiils, 60 fr. par tète; bœufs, 40 Ir.; vaches, 25 tr.; houvd-
lons etgénissfs, i5l'r.; moutons. 5 fr.; porcs gras, 10 Ir; porcs d'élevage, 2 fr.;
— viandes fraîches, l.'i fr. par 100 kilog ; viandes salées, 10 fr.
2° Que le moment des droits perçus en >us de ceux fi\s par les tarifs actuelle-
ment en vigueur, soit employ ' au dégrèvement des charges qui pèsent sur l'agri-
ture, y compris les piestations.
3" Que tous les grains et les farines destinés aux approvisionnements de l'ar-
mée soient de jiroveianee Irançaise.
4° Que 1 homologation des tarifs dits de pénétration soit retirée aux com;iagnies
de chemin de fer.
Ces vœux concordent avec ceux qu'ont émis la plupart des réunions
agricoles et des Conseils généraux dans leur dernière session. Le mou-
vement agricole actuel est le plus imposant que l'on ait eu à constater
jusqu'ici,
V. — />i réforme drs octrois.
Parmi les réformes à apporter dans l'organisation de notre régime
fiscal, la suppression des octrois est une île celles que l'agriculture
réclame avec le plus d'insistance, et depuis longtemps. La démonstra-
tion des graves inconvénients que les octrois apporient au commerce
agricole a été faite maintes fois; c'est presque exclusivement sur
ces produits agricoles que ces droits sont établis, et c'est sur ces pro-
duits qu'ils pèsent le plus lourdement. Quand verra-t-on la réforme
484 CHRONIQUE AGRICOLE (27 DÉCEMBRE 1884).
des octrois? La réponse est bien difficile, et elle devient chaque année
plus h ypolhéliqne. C'est, en effet, de ce côté que les villes aiment surtout
à clierclier les augmentations de ressources dont elles ont besoin. On
crée des surtaxes temporaires, et, quand le temps pour lequel elles
ont été créées est passé, on les proroge. Le Parlement approuve tou-
jours. C'est un projet de loi d'inlérêt local ; cela se vote au début d'une
séance, quand les bancs sont à peine garnis. Chaque année, nous
assistons à ce délilé; c'est par dizaines qu'on compte parfois ces
créations ou ces prorogations de taxes votées sans discussion, dans
une seule séance. Le délilé constaté les années précédentes vient de se
reproduire à nouveau. Le chiffre des ressources demandées aux octrois
augmente ainsi constamment, et de plus en plus s'éloigne le jour où
l'on pourra en demander la suppression ou la transformation, sans
passer pour un dangereux utopiste.
VL — Election à l'Académie des sciences.
Dans sa séance du 22 décembre, l'Aeadémie des sciences a procédé
à l'élection d'un membre titulaire dans la section d'économie rurale,
en remplacement de M. Thénard. La section présentait la liste de
candidats suivante : en première ligne M. Reiset; en deuxième ligne
et par ordre alphabétique, MM. Le Bel, Dehérain, Duclaux, Aimé
Girard, Muntz. — Sur 55 votants, M. Ueiset a été élu par l'unanimité
des suffr.iges. On sait que M. Jules Ueiset, agriculteur à Ecorcbeliœuf
(Seine-Inférieure), s'est fait connaître par d'inipor:ants travaux d'agro-
nomiri. no'amment par des recherches sur le fumier et sur plusieurs
questions délicates de pbysiologie animale.
Vit. — Le phylloxéra.
Le fléau qui atteint les vignes françaises a déjà fait de grands ravages
dans les vignobles d'Espagne. Dans ce pays, dont la richesse viticole
s'est considérablement accrue durant les dirnières années, la manhe
du pbylloxera suit une rapide progression. C'est p »r dizaines de mille
que l'on compte aujour l'hui le nombre d'hectares détruits ou atteints,
notamment dans la province de Malaga. H est à craiadre que, dans
quebpies années, si l'on ne pir^'ienl pis à enrayer le mal, la proluc-
tion viticole espagnole soit aussi éprouvée que l'est, depuis trop long-
temps, la production viticole française.
YIII. — Les vendanges de 1884 en Italie.
La production viticole a été faible, durant l'année 1884, en Italie.
D'après la Gazette af/icii'lle de Ro'ne, le résultat des vendanges ne
serait pas supérieur à 14 millions d'bectolitr'es. On estime la produc-
tion moyenne de 20 à V2 'millions d hectolitres ; en 1883, la récolte
était évaluée à 28 raillions d'iiectolitres. Les vendanges de 1884
servaient donc, non seulement bien au-dessous de celles de l'année pré-
cédente, mais encore notablement inférieures à celles d'une année
ordinaire.
IX. — Société des agriculteurs du Nord.
La distribution solennelle des récompenses pour les concours agri-
coles organisés en 188V par la Socié;é des agriculteurs du Niu-d aura
lieu le dimanche *i8 décembre, à, trois heures et demie, dans la salle
des fêtes de l'ancien Cercle du Nord, à Lille, sous la présidence de
M.Méline, minisire de l'agriCuUure. La Société décernera des récom-
penses consistant en objets d'art, médailles d'or, de vermeil et d'ar-
CHRONIQUE AGRICOLE (27 DÉCEMBRE 1884). 485
gent, et primes en argent : I" aux fabricants de sucre qui, par l'achat
à la densité ou à la qualité, ou par tout autre, moyen, auront le plus
contribué à l'amélioration de la culture de la betterave; 2" aux culti-
vateurs qui se seront distingués par la bonne tenue de leurs fermes et
notainmtint par les méthodes qu'ils auront em|)loyées pour la produc-
tion et la conservation du fumier; '6° aux cultiva'eurs qui, dans l'en-
semlde de leur exploitation, auront prouvé qu'ils se sont le mieux
rendu compte des sols qu ils cultivent, ainsi que des engrais et amen-
dements qui conviennent à leurs terrains et des époques où ces engrais
doivent être appliqués; 4° aux auteurs de brochures dans lesquelles
seront élu liés les moyens les plus efficaces pour améliorer la betterave
dans le département du Nord; 5" aux instituteurs qui, par leurs
enseignements et leurs expériences, ont concouru aux progrès agri-
coles et spécialement à l'anélioralion de la betterave; 6° aux vieux
serviteurs qui ont rendu les meilleurs services dans les exploitations
agricoles.
X. — Société nalionale d'à climat ation.
La Société nationale d'acclimatation de France a tenu sa séance
de rentrée, vendredi dernier, sous la présidence de M. Bouley, membre
de riuslilut. L'honorable président, après avoir rappelé les travaux
accomplis pendant la dernière session, a constaté la valeur des docu-
ments adressés à la Société. M. Raveret-Wattel a donné lecture d'une
longue et intéressante correspondance. — Eufia, M. Pierre Picbot a
entretenu l'asseuiblé^, d'unî espèce de cerf fort rare, qui se rencontre
seulement dans les parcs impériaux de Pékin. Ce cerf, appelé Sni-pou
sia'^g, peut se voir actuellement au Muséum et au Jardin d'acclima-
tation.
XI. — Création d'un slud-book mulassier.
Nous avons signalé, à diverses reprises, les efforts poursuivis pour
la ciéation de livres généaloj^iques spéciaux à diverses races pures
d'animaux domestiques. Ces livres généalogiques s'appliquent surtout
jusqu'ici au^ races chevalines et aux races bovines. Une nouvelle
tentitive vient d'être faite; elle est due à la Sjciété centrale d'agricul-
ture des Deux-Sèvres. Il s'agit de créer ua registre généalogique des
races poitevines mulassières, chevaline 'et asine ; il est spécialement
destiné aux agriculteurs des dépirtements des Deux-Sevres, de la
Vienne, de la Vendée, de la Charente et de la Charente-Inférieure. Une
Commission, co nposée de délégués de la Société d'agriculture des
Deux-Sèvres et des autres Associations agricoles de ces départements,
est chirgée d'examiner les animaux présentés, et de les admettre à
l'insciiplion sur lestud-book. Les inscriptions comprendi'ont : 1° les
étalons, pouliches et juments, les baudets et ânesses de laracemulas-
sière, soumis à l'esamjn de la Commission; 2° les produits prove-
nant de pères et de mères préalablement inscrits. Une somme de 5 fr.
estpu'çue pour l'inscription de chiquî animal. Les demandes d'ad-
mission doivent être adressées : pour les Deux-Sèvres, à M. Déniau,
secrétaire de la Soeiété d'a.çriculture, h Niort; pour les autres départe-
ments, aux membres de la Comaiission permanente.
Xn. — Laboratoire anlral agricole et conmcrcial.
M. Ladureau, qui diri.çe le laboratoire central dont nous avons annon-
cé récemment la création à Paris, nous prie de faire connaître à noslec-
486 GHRONIQUIi AGRICOLE (2? DÉCEMBRE 1884).
leurs qu'il est en mesure de leur rendro les services que le laboratoire,
créé par la Sociélé des agriculteurs de Fr.ince, rend aux rneuibres de
celte Société. Il fera dé.sormais toutes les analyses aj^rii-oles aux. mêmes
prix et conditions que le laboraioire précté. Il suffit d'envoyer les
échanlillons dans dns tlicons ou d ms des boîtes bien fermées au labo-
rutoire central ogn'colc, 44, rue, NoIre-Dime-dej-Victoires, pour en
recevoir l'analyse dans les (juaranle-luiil heures. Cetie rommunicalioa
ne peut manquer d'ialéresser un grand nombre de nos lecteurs, en ce
moment surtout où la culture cummence à s'occuper de ses aciiats
d'engrais en vue de la prochaine campagne.
XIII. — Création de prairies permanentes et temfioraires.
On 86 préoccupe, dans beaucoup de régions, de la création de prai-
ries temporaires et pennanenles. La (pioslion du choix des graines à
employer est assez délicate. Nous ap^irenons que M. Jean Gaudet,
lauréat de la prime d'honneur, à IMagueux-le-Gabion, par Moniront
(Loire), dispose d'assez grandes quanlilés de g aines de bonne (jua-
lilé Ces graines, géneraleinoul connues sous les noms de fli'ur •h- fain,
graine de foin^ ffinsse, proviennent, de la récolle des foins, faite en
^883 sur des praii'ies nouvellemenl créées, et ensemencées avec des
graines très pures et suivant des mél mges raisonnes. Elles sont pur-
gées de tous les débris de foin et des poussières par un appireil bluieur
et secoueur qui les livre prêles à ôire semées. La quantité nécessaire
par heitare est d'environ VOO kilog. ; le semis peiil avoir lieu à l'au-
tomne ou au prinîem|)s; un coup île herse et un roulage, énergi(iue
sont nécessaires pour assurer une bonne germination. Les graines sont
livrées en sacs, sur wagon en gare de départ, au prix de 40 fr. les
100 kilog.
XIV. — Police sanitaire des animaux.
•^ar un décret en date du 13 dé^^embre, l'article 39 de la loi sur la
policd sanitaire des animaux a été rendue applicable dans le dépirte-
menl de !a Haute-Saône. Ot article e.-<t ainsi conçu : « Les communes
où il exi»i3 des foires et marchés aux chevaux el aux bestiaux seront
tenues de p^-époser à leurs frais, et sauf à se rembourser pur l'étahlis-
semenl d'une taxe sur les animaux amenés, un vétérinaire pour l'ins-
pection sanitaire des animaux conduits à ces foires et marchés. Cette
défiense sera obligatoire pour la commune. Le Gouvernement (loiirra,
sur l'avis des coa.>eils généraux, ajourner par décret dans les :ieparte-
menls l'exécution de celle mesure pendant une période de six années,
à partir de la promulgalion de cette loi. » La Hanle-Siône était Jus-
qu'ici au nombre des déparlements dans lesquels 1 application de cette
mesure a elé îijournée.
XV. — Destruction des mulots.
Dans la dernière, séance de la Soe.iélé centrale d'agriculture du Pas-
,de-Calais, M. (Jomon, professeur département il d'agriculture, a l'ail
connaître que les mulots exercent, dans les arrondissemenls de iMun-
, treuil el de Saiul Pul, des ravages considérables. Voici, sur ce sujet,
un extrait du pr(jcès-verbal de la séance :
« Les cullivalears sonl réduits à d-inandei' au préfet un arrêté perinettan' aux
pharmaciens k vente de préparations arsenicales. La destiiictinn des mulots par
l'arsenic, est, il est vrai, uue opéraiion assez dangereuse, mais c'est la saule qui
donne de bons résultats. Il indique à eu propos la recette suivante : « On preud
CHRONIQUE AGRICOLE (27 DÉCEMBRE 18S4), 487
10 litres de blé que l'on fait macérer psnianf plusieurs heures dans une eau coa-
tenant par litre 60 grammes de mélisse, on retire le b'é et on le liiss» séclier
jusqu'à ce qu'il devienne collant: on le roule alors dans 30 grammes d'arsenic,
puis dans 600 grammes de larine de blé. Oi prfud avec une spatule rinq ou
six des praUnis aiusi formées et on les plaça dans un trou que l'on a soin de
boueherd'un coup de talon. Il faut environ 10 litres de blé pour un hictare.»
On peut ajouter que le sulfure de carbone a rlonné d'excellents ré-
sultats aux environs de Rouen et dans le dépirlement de S>3ine-et-
Marne le Journal a publié le résultat d'essais concluants à cet égarJ.
XVI. — VlUisalion des cidavres d'animaux
Dans la même séance de la Société d'agriculture du Pas-de Calais,
M. Pagnoul, directeur de la station agronomique d'Arras, a fait con-
naître les résultais de ses estais suc lappliciiion du procédé de
ftL Aimé Girard pour utiliser les cadavres d'animaux, morts :
« M. Pagnoul appelle l'atlention de la Société sur les nouveaux procédés
empliiyés pour la desirujtion des amminx m )rts et leur transf trmitioaen en^'iais
à l'aide de l'acide sulfuri (ue et des phospliates. Ces procédés avai-^nt déjà été
essayés, mais sans grands |)ro(its, il j a ua certain nombre d'années, par
M. Decrombecque et dans les fabriques d'engr*is de G^juy et de Gjrbiliem. Plus
récemment M. Aimé G-irard les a moditiés et rendus pratiijues.
« M. Pagnoul présente les produits qu'il a obtenus en traitant le corps d'un
jeune mouton parle procédé (jir.ird Le li qui le aciie dins lequel l'animil a été
dissous a été partagé e-i deix pirlies égiles .^ui ont reç i l'une du n dr de blutage
en poudre fine, l'autre un pliosphite niturel assez pauvre, en pou Ire impalpible.
11 a lallu pour obtenir une rn isse solide et puUéruIenie, un poils de noir é;^al
au poids de l'acide et un poids de phosphate beaucoup plus grani. Les engrais
obtenus contenaient pour 100 :
Avec le noir. Avec le phosphate.
Acide phospliorique so'uble 12.20 7.6(5
Acide phjsphoriqae insoluble 1 .50 l.!*0
Azjle ■•• 0.8S 0.39
« Le détail des opérations et des analyses sera publié dans le' Bulletin de I
Station. )i
Après des observations présentées par.M. Viseur et par M. Dangréau,
la Sijciété a émis le vœ i que ce pi'ucédé fût adopté dans les abattoirs
et dans les établissements d'équarrissage.
XV IL — Hommage rendu à M. Banal.
Nous recevons communication de l'extrait suivant du procès-verbal
de la dernière séance de la Société centrale d'agriculture de l'Aveyron :
« La Société centrale d'agriculture de l'Aveyron, qui s'honorait de coTipter
M. Barrai au nombre de ses membres, vuulan donner un temoig lage public de
sa piofoode estime et de ses regrets pour l'homme é niuent qu'e le a perilu, on
faii parvenir l'e.K ir 'ssion au Jo'i n d d-. l''igrca t'ire dont M. Barrai lutlefouJa-.
leur et qui était demeuré l'organe de >a pensée. »
Le président de la S ici''-té d'ayricuUare, ■ Le s^c élaire,
VtMNlIliS. E. L.
Nous remercions vivement les agriimlteurs de l'Aveyron de l'iicm-
mage qu'ils ont tenu à re:idrjau uiiître ijue nous regrettons.
XVIIL — yonmlles des récd'es et des traviux afjHcoles.
Voici une note (\m M Nan'ier, directeur de la station agronomique
d'Amiens, nous e:ivoie, à la date du 20 décemiire, sur les semailles
et les travaux agricoles dans le département de la Somme :
« La lerapéialure s'est forrement abaissée dans la d'-rnière quinzrne de dé-
cerabie, pendai t laquelle les miiiima ont été au-dessous de zéro, ^ans cepcn^
daut dépasser — k°.'^. La température miyeuue du mois est aussi relaliviment'
488 'GHRONIQUK AGRICOLE (27 DECEMBRE 188't).
bas'se, piii«!qu'elle est inférieure de 3° à la moyenne générale. Cet abaissement de
tera .ératuri! a été des plus heureux, en perrcettant de continua et de terminer
les travaux açjricoles et en provo{[uant un temps d'ai'êt dans la végétation, qui
aurait pu snulïnr ulté'ienrement des froids qui se produiront jus |u'hu printemps.
La iiluie a été très inégalement répartie sur le département. La hauteur totale
d'eau varie de 5™" à SB""'". 7 et partout la quantité de iduie tombée est de beau-
coup intérieure à la moyenne générale qui est de 69""" 5, soit, une diUeience de
plus de 30""" en moins. Le mois a donc été relativement ^ec, le nombre de jours
de pluie n'a pas dépns-^é 14 et s'est maintenu généralement au-dessous de 10.
« Tous les travaux relatifs aux S"mailies se sont faits dans de lionnes condi-
tions, grâce à la sécheresse relative de ce mois et aux quelques jours de gelée
qui sont venus heureusement faciliter les charrois et les labours; ausi-i, dans
beaucoup d'endroiîs même, les façons pour les semailles de mars sont-elles
presqurt terminées. Les conditions climatériques de novembre ont donc été très
favorables à l'agriculture. »
Sur la situation agricole dans le Morbihan, M. Gy de Kerrnavic nous
adresse la note suivante, à la date du 18 décembre :
« Les récoltes en terre n' ont pas eu trop à souftiir de la pluie continuelle qu'il
y a eu, lateireen avait fort besoin. On continue à ramasser les feuilles pour
litières le-! plu-s sèches quant aux autres, on les met dans les chemins pour les broyer
a(in d'en mélanger avec le fumier d'étable pour fumer les prairies. On répare
les tilus qui enclosent les champs, on fait aussi la coupe des bois de 3 à 6 ans et
on coupe les branches ; on lait aussi des fossés à écoulements pour les eaux. »
Voici les appréciations que M. Maurice, secrétaire de la Chambre
consiiliative d'agriculture dt; Vitry-le-Franeois, nous envoie sur la
situation agricole dans la iMarnc :
« La période pluvieuse continue. La pluie était nécessaire pour alimenter les
sources presque mises à sec par la sécheresse persistante du trime- tre précé-
dent; mais sa continuité commence à gêner sérieusement les cultivateurs, car
il exi-te quantité de travaux d'extérieur (labours préparatoires, transport des
engrais, exploitation des bois, etc., etc.), en soullrance. Néanmoins il faut dire
que son influence a été excellente sur toutes les emblavures, elle a f.i-vorisë la
lovée des derniflis blés et causé le débordement des rivières; la crue de la Marne
n'a pas été sensible. On se plaint dans plusieurs cantons des dégâts causé- aux
blés par les corbeaux et les souris. Les prix de vente du bétail (animaux de bou-
cherie et autres) ont subi une forte diminution pendant les trois derniers mois;
les producteurs n'y trouvent plus leur compte. Le qui n'empêche nullement les
bouchers de débiter la viande abattue, 1 fr. 80 et 2 fr. le kilog. (bœuf et veau).
Je ne dis rien des céréales et des farines, nos marchés suivant les cours de Paris.
En résumé, mauvaise campagne pour les cultivateurs dont la bonne humeur s'en
va avec IfS bénéfices. Les pnpulations rurales verraient avec plaisir les Chambres
aborder au plus vite les propositions faites en leur faveur parle gouvernement.»
Nous nous trouvons encore, durant cette semaine, sous l'intluence
de pluies prolongées, de bourrasques et de vents violents, avec quel-
ques alternatives de jours un peu plus froids. La région du sud-est est
à peu près la seule qui échappe à cette situation; c'est cependant la
partie du pays où le besoin d'eau se fuit le plus vivement sentir.
Henuy Sagmer.
PISGICULTUPtE
S'il est une chose lUilf et agréable, c'est certainement la pisciculture.
Utile, car elle a pour oitjet l'exploitation économique des poissons, ces
habitants naturels des trois qutirls de notre planète. Agréable comme
tout ce qui nous laisse entrevoir quelque chose du grand mystère :
l'origine de la vie, le développement de 1 être créé.
Le poisson est un des aliments les plus^ains, les plus abondants
dont l'homme puisse se nourrir. Multiplier cet aliment, le mettre à la
portée de tous, luire du poisson comme on lait du bœuf ou du mou-
PISCICULTURE. 489
ton, voilà un problème qui se pose aux philanthropes comme aux
spéculateurs.
L'élen lue dd ses côtes, li surfice considérable occupée par ses lacs,
ses étangs, ses cours d'eau, Ibat de la France une nation piscicole au
premier chef. M. Chabol-Karlen, notre savant maître, signalait le peu
de lecondiié de nos eaux douces, comme équivalent à la stérilité du
plus grand des quatre-vingt-six départements.
Le poisson disparaît et peu d hommes s'en préoccupent chez nous;
tandis (|u'en Allemagne, en Angleterre, en Italie, en Autricbe, la pis-
ciculture, cette science toute française, a conquis ses droits de cité et
pris place parmi les facteurs les plus importants de la richesse
nationale.
La décroissance de la population de nos eaux peut être attribuée en
grande partie au déboisement; nombre de cours d'eau qui roulaient
des masses d'eaux courantes sont réduits à de simples filets; certaines
sources intarissables se dessèchent maintenant à la suite des plus
courtes sécheresses. Les crues sont plus fréquentes et surtout plus vio-
lentes. Il résulte de ces deux effets contraires des déboisements, que
tantôt les poissons sont à sec, tantôt leur frai ou leurs alevins sont
souvent entraînés par des eaux torrentueuses.
Le remède, facile à trouver, laissera longtemps encore attendre ses
bons eiîets, et pendant que nos crêtes se recouvrent de massifs fores-
tiers, il importe du moins d'assurer la protection des œufs et des
jeunes poissons contre les crues trop violantes; nous verrons bientôt
que la pisciculture artificielle répond à ces deux desidcr ita.
Quant au dessèchement altcrnalif des étangs, tel qu'il s'exécute en
Bresse, s'd estun obstacle à l'améaagimeit rationnel des eaux, il peut
produire des bénéfi ;es culturaux assez importants pour qu'on n'espère
pas voir de sitôt disparaître une pratique contre laquelle on s'est
élevé.
L'établissement de nombreuses écluses et d^ barrages abrupts em-
pèclie les poissons migrateurs de remonter Vr-rs leurs frayères natu-
. relies, c'est-à-dire vers les sources. Les échelles à saumons sont un
des moyens les plus eflicaces pour surmonter celte difliculté.
Li canalisation des cours d'eau a puissamment coatribuéà la des-
truction des poissons. Les faucardiges fréquents suppriment les herbes
aquatiques qui sont indispensables à la vie des espèces phytophages
et sont presque toujours un lit naturel pour les œufs de perches,
de cyprins, etc.
Les rives des canaux, dépouillées d'arbres à branches tombantes,
n'offrent aucun ombrage; les racines ne servent plus ici de soutiens
aux pirois des retraites souterraines qu'affectionnent nombre d'es-
pèces. Enlîn les infectes qui pullulent sur les bords ombragés et sont
une abondantes pâture, suKisent à peine pour nourrir quelques mai-
gres cabolins (meuniers). La navigation à vapeur, par les remous des
roues et de l'hélice, détache les œufs, les entraîne et les détruit.
En p'éjence des deux genres de destruction que nous venons d'ex-
poser, on aura nécessairement recours à l'aménagement rationnel des
eaux, à la multiplication artilicielle, à la crèition des abris indispen-
sables.
S.fuvent des propriétaires ne tiennent pas compte dans leurs essais
de repeuplement des affinités naturelles des espèces; on met de la
490 PISCICULTURE.
truite d:ins les eaux où la carpe seule peut vivre; on associe le bro-
chet et la perche sans leur offrir assez de menuaille pour se subvenir.
Pour répéter le mot d un pisciculteur, « on attache des chevaux devant
un (atelier vide. » Il fuut donc, et avant tout, bien connaître ki, nature
de IVau, ses extrêmes températures, sa flore et sa faune.
A côté de toutes ces causes de décroissance, il en est deux qu une
législation plus sé\ère ou mieux appliquée pourrait certainement faire
disparaître; nous voulons parler de rinléction des eaux par les résidus
industriels et du maraudage. (]e sont là deux sujets sur lesquels nous
reviendrons plus tard, si nos lecteurs veulent bien nous accorder
quelque attention. Jules Tardy,
Diplômé de l'ItisLtut na'ional agrononriiqtie,
sous-di' ecteiir de la leniie-ecolc de La Jioche (Doubs).
P. -S. — Si quelques personnes désiraient tenter elles-mêmes des
multiplications de truites, nous nous tenons à leur disposition pour
leur fournir tous les renseignemenls utiles; dans ce cas, elles nous
adresseraient leurs lettres à la ferinc-ecole de La Roche, par Marchaux
(Doubs).
LIGUE DES HERBAGERS DU NORD-EST
Pétition au Parlement contre la surélévation des d' oits d'entrée sur le bétail étranger
et en faveur de la libre pratique du commerce des bestiaux de Tespèce bovine avec
les pays voisins.
Les soussignés, tous propriétaires ou fermiers d'iierbai^es, éleveurs et embou-
cheuis delà rtgion du Nord-Bsl, juslifiant de leur qualité et de l'imporlance de
leursexpluilaliOMS par des attestations r. gujièies, viennent protester énergiqueraent
contre le projet de loi tendant à relever les droits d entrée sur le bétail étranger.
Ils estiment (jue la mesui'e projetée, loin de venir en aide à l'agrienltuie, lui «eiait,
au contraire, | rufondéraent nuisible, en ce qu elle aiteindiait dans ses sources
et dans sesdébouchés rengiaissemeut du bétail à l'Iierbage, et amrnerait en défi-
nitive une nouvelle dépréciation de la propriéié foncière déjà si gravement
atteinte.
Quel but Fe propnse-t-on ? — f'avoriser l'élevage du gros bétail. — Mais est-il
en souflumce? — Nullement. Tandis que la culture des céicales, la pioilnction de
la betterave et l'élevage 'lu 'nouion devenaient de moins en moins rémunérateurs,
la valeur des animaux de l'espèce bovine n'a cessé au contraire de suivre une
marche ùonslamment ascendante. Partout cil l'on fiil de bon bétail, on le vend
hors de prrx. Les marchés de l'Ouest et du Centre, où l'on trouve les remar-
quables races normande, ranncelle, nivernaise, cliarolaisp, etc., sont devenus
presque inaliorilables Dans l'Esl, les couis sont ég<ilement élevés. De touies Its
iDranelies a-gricoles, l'élevage est la seule pi espère, c est celle quia le moins
besoin d'eue protégée.
Quant a.x pays oij l'élevage n'est pas encore aussi rémunérateur, c'est que par
routine ou par' incurie on n'y fait que des ani naux médiocres. Le remède n'est
pas de cens iiuer une sorte de privilège à une produciion inférieure qui ne peut
donner que des bénéfices insulfisants, mais de pousser à la transfoimation des
races |iar l'introilucliou de types plus partaits. El pour la région du JStird-Est en
particulier-, la mesure la plus piolitalde consrsterait à faciliter l'impoilalion de
reproducteurs et de iemies animaux des meilleures races de Bclgii|ue et de Hol-
lande qui reus isseni si bien dans nos climals.
La mesure projetée vadoirc directement cnntre le but qu'on se propose. De plus
elle aui'ait, dans mie notab e partie du pa^s, les plus désas:reuses conséquences
pour l'industrie si inipor tante Je l'exploitaliori irci bagèie.
Pour loiile la légion fonlière, composée des de artiments duNoid, de l'.-Visne,
des Aidennes et de la Meuse, région qui comprend, sur une longueur de
'MO ki'.Oinèires, le plus vaste ensemble de pàtuiages i|ui soit en Fr.ince, les pays
voisins sont à la fors un ceniie d'approvisiouneracnt pour le bétail maigre et un
marché d'ecnilement p.iur le b'tail gras.
Cette sitiiatinn est forcée. Elle est commandée à la fois par les circonstances
éconoiniiiues et p^r la position géo:,M'aplii que des li-ux.
Par suiij des prix très élevés atteints par le bétail dans les pays d'élevage du
LIGOE DES HERBAGEUS DU NORD-EST. 491
Centre et de l'Ouest, dont il a éié parlé tout à l'heure, et à raison de l'importcfice
des Irais di; transport, les herbigfisdu Nord-En ne pouveil tirer de ces contrées
qu'une l'aible pai tie des bestiaux dont ils ont besoin. D'autre part, la production
local e, dont les cours sont d'ailleurs égalfinent élevés, étant néi;essairement insuf-
fisan'e à fournir de bétail maign les giandes élenlues de pâturages d'embou-
che de la région, les heibagers sont et resteront dans la nécessité d'allei' chercher
le complément i|ui leur est nécessaiie dans la Belgi(|ue et la Hollande, et plus
pailicnlièreraent sur la frontière b-lge où ils trouvent, pres.jue sans Irais de
transport, de bon bétail à un piix encore abonlablf.
Celte siiuation, qui résulte, répétons le, de i'insiifrisaucc f ircée de i'clevag'e
local et du prix irès élevé du bétail françtis, est-elle fâcheuse au point de vue
économique? |iorte-t-elle atteinte eux intérêts français?
A^surémeot non, puisque le béiad miigre n est pour l'herbager qn'um
mniii-ie pr- miP'e ']u\\ transforme en viande sur ses pàtnrage-î, et qo'en livrant
à la consoiamition son produit transformé, il enrichit en définitive i'éparoTie
française de toute la [ilus-value obtenue.
Avec les dimls prop )sés, cette source nécessaire de notre aporovisionn ement
se trouverait à peu près taiie. Le droit de 15 francs p ir bœuf et de 8 Irancs par
vache était déjà une charge sensib.e, un droit de 50 ou 60 francs sciait, en
quelijue soi te, p^ohibitil. Oi n'achètera plus en Belgique, nu on y achètera
extrêmement peu. Et, remarquons-le, ce ne sont pas seulement les herhajers, qui
se fournissent pour tout ou pour partie de bétail belge, qui sou'friront de cette
mesure. Ceux mèiues qui n'acliètent habituellem"nt que du bétail fançais en
subiront tout autant les conséquences, car l'une des sources d'afiprovisionnement
se trouvant fermée, et presque tous les acquéreurs éiant re|etes sur le mè ne
marché, la hausse des prix, déjà trop élevés, s'imposera aux uns aussi bien
qu'aux autres.
L'eX|doitation herbagère ne peut supporter sans péril cette aggravation de
charges. Depuis assez, longtemps déjà, les herbagers ont vu dininuer <i année en
année leur bénéfices à raison do renchérissement de leur matière première c'est-
à-dire du bétail maigre. Aojourd'hui l'industrie agricole de l'embouche à
l'herbage, dernière ressource des propriétaires qui ne tiouvent nlus de fermiers
et des cultivateurs qui ne peuvent plosse tirer d affaire avec le blé et la betterave,
l'industrie de l'embouche, disons-nous, n'est p'us que très strictement n'muné-
ràtrice de la valeur locative du sol augmentée de l'intérêt du ca uial engigc. Pour
peu qu'on en aggrave les conditions, elle deviendra aussi improductive que la
culture des céréales!
En l'éiat, ladoption des droits prohibitifs proposés, ou l'augmentation dans
une mesure queicon (ue des droits existants et le renchérissement dn bétail
maigre fiançais, qui en serait la conséquence, devien raient, pour les dé^jaite-
ments herbagers du Nord-Est, une véritable calamité.
Dira-t on ([ue les herbagers seraient, [.ar compensation, débarrassés de la con-
currence du bétail gras é'r.mger? Qu'il* retrouveraient à la vente l'augmentation
de prix (|u'ils auraient dû débourser à l'a quisiiion.
' S'il en devait être ainsi, si les cours du bétail iiras devaient hausser sensiblement,
la mesure serait encore plus n fasie pour l'intérêt généial. puisqu'elle aurait
pour conséquence l'auginentaiinn de la viande, dont les prix (90 centimes dans
les campagnes, 1 fr. dans les villes) sont déjà très élevés pour la masse dus con-
somraateuis.
Mais tous les gens du métier savent que le prix de vente du bét<il gras ne
dépend que dans une très lail)|p m^sore du prix d-i l'aquisition du bétail maigre.
On l'a bien vu cette année même oii les herbagers ont a heté 1res ciier et vendu
bon marché, sa s que d'ai leurs la boucherie ait pour cela dininué ses prix.
Quant à la p- rspective d'écarter la concurrence étrangère, c'est une puie liction.
Dans la plus grande partie di^ la Fiance, il n' y a pas de concurrence étran-
gère pour la viande grasse. S'il entre des bœufs tardes, c'est seuleineni dans la
partie du Midi oii la p'oduction est iiisu!ri~ante, et ce n'est qu'exceptionnellement
qu'on en voit paraître qoe|,|urs-uns sur le inarcliéde Pans. Mais pour b Centrv,!
l'Ouest, et la région du Nord-Est il n'y a pas, à jiroprement parler, d'importation
de viande étrangère.
Tout au contraire, c'est la France qui produit an delà de ses besoins et exporte
à l'étranger. Pour le Nord-Est en particulier, de même que l'élevage local ne
saurait fournir assez de bétail miigre pour garnir l'étendue des herbages eu
492 LIGUE DES HERBAGERS DU NORD-EST.
exploitation, de même la consorarnation locale ne suffirail pas à absorber toute
la viande produite: et cette situation ne fera que s'accentuer par suite de la créa-
tion incessante de nouveaux pâturages.
Lavéïité est donc que les nouveaux droits d'entrée sur le bétail étranger, ou
raugmentiilioQ de prix correspondanie pour les besliaux achetés en Fra 'ce
resteraient purement et simplement à la charge de ceux qui les auraient
déboursés, et que par suite de cet e aggravation l'herbager achetant plus cher et
vendant au même prix qu'auiourJ'hui, se t'ouvnrait en perte sur la situation
actuelle qui n'est déjà que médiociement satisfaisante et appelle impérieusement,
non l'augmeiitaiion des dmits, mais leur suppression.
11 y a |]lus. On vient de voir, dans la région du Nord-Est au moins, qu'il y a
surproduction de viande. L'excédent de la consommation locale ne ]ieut être
dirigé sur le marché de Paris qui e>t éloigu'î et très abondamment pourvu par
d'autres sources d'approvisionnement. Le bétail gras qui n'a pas été acheté par la
boucherie de la région est envoyé au marché de Bruxelles qui est plus rapproché,
moins encombré et dont les conditions de vente sont généralement beaucoup plus
favorables. C'est là que s'écoule presque tout le I étail non encore vendu en fin
de saison, et la Belgique en reçoit chaque année des quantités très importantes.
C'est la planche de salut des emboucheurs de la légion.
Avec les droits proposés cetie ressource leur est enlevée.
Si l'herbager français voit augmenter ses prix de revient et se trouve grevé
directement ou indirectement d'un droit que n'a pas à supporter le product(^ur
étranger, il est bien évident qu'il ne pourra plus lutter à armes égales avec celui-
ci, il devra renoncer à ailer lui faire concurrence sur les marchés du dehors. Il
sera dans l'impossibilité absolue d'exporter l'excédent de ses produits; et la
supfiression de cette faculté le laissant, sans compensation aucune, à la discrétion
des bouchers et des intermédiaires, il pourra voir ses prix de vente baisser tandis
que ses piix de revient se seront élevés. Cette protection à rebours constituerait
ainsi pour lui une double cause de ruine.
Au moment où les agronomes les plus compétents aussi bien que les praticiens
reconnaissent que l'agriculture proprement dite, c'est-à-dire la culture des céréa-
les, ne donne plus de bénéfices, si même elle ne laisse le producteur en perte, au
moment où l'on engage les propriétaires et fermiers à transformer partout où
faire se peut leurs terres arables en pâturages, est-ce ben le cas de ruiner dans
une notable partie du pays et sans profit pour personne le dernier mode d'exploi-
tation que l'on présente au cultivateur comme une su,rême ressource 1
Les soussignés n'ignorent pas que quelques vœux contra res aux conclusions de
la présente pétition ont été émis par plusieurs sociétés ou réunions agricoles. Mais
ils permettront de faire remarquer que ces vœux, en ce qui touche l'espèce bovine,
se trouvent englobés et dout ainsi dire noyés au milieu d'autres vœux relatifs aux
céréales, aux farines, au bétail de toute espèce, aux Uines, etc., en un mot à tous
les produits et dérivés de l'agi iculture ; et il leur semble que la fjénéralité même
de ces demandes leur enlève une partie de leur autorité, car il n'est guère a Imis-
sible que les personnes qui ont formulé et appuyé ces désidéraia soient à la fois in-
téressées et par consi'quent compétentes dans toutes les branches do la production.
Les soussignés, tout au contraire, entendent se maintenir sur leur terrain spé-
cial, et ne s'occuper que de ce qui les touche directement.
Mais, dans ces limites, ils pensent avoir plus que qui que ce soit qualité pour
parler en leur propre nom et être les meilleurs juges de leur propre intérêt
Dégagés de toute préoccupation politique ou autre, mus par la seu'e peu^éc de
défendre leur situation menacée et avec el'e la prospérité aj^ricole de la région;
Ils déclarent repousser de toutes leurs forces la prétendue protection qu'on
veut leur imposer et considérer la surélévation des droits d'entrée sur le bétail
étranger comme une mesure néfaste pour l'industrie agricole de l'élevage et de
l'engraissement à l'iierbage, seule branche encore relativement prospère de
l'agriculture française ;
Et persuadés qu'en cette matière la liberté absolue des transactions est la seule
solution qui puisse sauvi-garder tous les intérêts;
Ils sujiplicnt le gouvernement et les Chambres de r'server, s'il y a lieu, la
proteciion douanière pour les cultivateurs producteurs de céréales qui la récla-
me' t, elde témoigner leur sollicitude à rex[)loiialior. herbi^ère en sup|iriinant les
droits d'entrée existants sur les animaux de l'espèce bovine venant de l'étranger.
Le président, René Laffom.— Le secrétaire, Edouard HtiniAiiT.
PRODUCTION DU FROMENT DANS L'INDE. 493
PRODUCTION DU FROMENT DANS L'INDE
Le «gouvernement de l'Inde vient de publiei* des renseignements
détaillés sur la culture du froment dans ce pays. Ce pays où les con-
ditions climatériques sont si diverses, produit d'innombrables variétés
de froment. Au point de vue commercial, les blés forment deux groupes
tranchés, selon qu'ils sont tendres ou durs, et ceux-ci se subdivisent
chacun en deux nouvelles classes, celles des blés blancs et des blés
roux. Les froments tendres sont les plus estimés sur les marchés d'Eu-
rope; les autres conviennent mieux à la consommation indigène et ils
étaient autrefois plus chers sur les lieux de production; il est vrai
que la demande pour l'exportation a produit dans ce dernier temps
un mouvement de bascule en faveur du premier.
Chaque variété a une zone de culture qui, sans être nettement
définie, peut cependant être indiquée approximativement. Le froment
tendre blanc [soft lohite icheai) se cultive dans le Guzerat, au Nord de
Bombay, et, en remontant plus haut encore, dans le Rajpoutana. Sa
véritable pairie paraît être toutefois la région qui s'étend le long de
l'Himalaya à l'ouest de Delhi et qui est généralement susceptible d'ir-
rigation au moyen de l'eau des canaux ou des affluents du Gange et
de rindus. Le Guzerat et le Rajpoutana appartiennent de droit au bas-
sin commercial de Bombay; le reste devrait se partager, d'après les
indications géographiques, entre ce port et Kurrachee; mais de fait,
grâce aux tarifs du chemin de fer de l'Etat, Calcutta supplante en
partie Bombay. Cette variété demande un sol fertile et argileux, irrigué
et bien fumé^ et un hiver assez froid. Il s'agit, bien entendu, d'un
hiver comme celui du nord de l'Inde, oii les gelées blanches de la
nuit succèdent à des journées chaudes et ensoleillées.
Le blé tendre roux [soft red) s'obtient aussi dans le nord, où il se
sème fréquemment avec de l'orge et du pois chiche {Cicer arielinum);
c'est toutefois dans les provinces centrales, et nolam.ment dans la
vallée de la Nerbudda, que sa production atteint le chiffre le plus
considérable. La terre y est une argile noire très compacte, d'une
grande fertilité; elle donne, dans les années de pluie moyenne, une
moisson abondante sans engrais ni irrigation. Cette céréale se cote en
Angleterre 4 à 5 sh.par quarter(8 boisseaux) plus bas que la précédente.
Le froment dur blanc {Jiard ivhilc), sur lequel se porte de préférence
le goût natif, se localise surtout dans le Deccan et dans le pays des
Mahrattes, au sud-est de Bombay; il exige un sol irrigué et une culture
plus soignée que la variété rousse {hard red), qui peu connue dans le
. Nord, donne lieu à une culture répandue dans le Rajpoutana ainsi que
dans les provinces centrales et dans la présidence de Bombay. Les
blés durs s'acheminent généralement vers l'Europe par ce dernier port.
La totalité des terres ensemencées actuellement en froment couvre
une superficie de 26,188,000 acres, soit environ H raillions et demi
d'hectares, et se décompose comme suit :
Bengale (Bchar) SoO.boO
Provinces du noi-d-ouest et Oiulhe GjîOO.OijO
, , , . , 1 Punjab 7,000,000
Indes anglaises. i provinces centrales 4,000,000
Bombay 1 ,600,000
lierai- ■ 700, OUO
* »
494 PRODUCTION DU FROMENT DANS l'INDE,
( Haïdorabad 750,000
Ttnti iniihimdanls ' agences ijolitiquus de l'Inde centrale. ., 2, .500, 000
Ltats inaLpenaams. _ du Rajpouiana 2,510,000
( Baroda 88,000.
Total -26,188,000
Cette évaluation ne peut être qu'approximative; il est en un sens
difficile de préciser avec quelque certitude le rendement moyen du
froment par an. La fertilité des terres varie, le paysan n'apporte pas
partout les mêmes soins à la culture et il ne dispose pas toujours
d'une eau suffisante pour arroser ses champs. Dans le Nord-Ouest et
rOudlie, où la densilé de la population et la rareté relative des terres
poussent à une culture intensive, la moyenne du rendement s'élève à
13 boisseaux par acre (10 hectolitres et demi par hectire ) Elle descend
à 10 dans le Punjab, à 9 dans la présidence de Bombay, oii le sol sou-
vent pauvre du Deccan contrebalance la fertilité du Guzerat; elle tombe
à 8 boisseaux dans les provinces centrales, où l'abondance des terres
rend le cultivateur néoligent, et elle n'est plus que de 7 dans les Berars,
où le coton absorbe les meilleurs champs et où le froment n'est consi-
déré que comme un produit accessoire. Dans la principauté d'Haïde-
rabad, le rendement n'est probablement pus supérieur à celui des
Berars, tandis que dans les Etats de l'Inde centrale et dans ceux du
Rajpoutana oriental, où malheureusement l'absence de moyens de
transports économiques paralyse encore la production, la fertilité natu-
relle du sol fait entrevoir des récoltes aussi fructueuses que dans les
provinces centrales.
On est arrivé ainsi à estimer les quantités de froment obtenues
annuellement dans l'Inde à G millions trois quarts de tonnes, dont
750,000 ont été exjiortées en 1882, et 1,125,000 tonnes en 1883. Le
volume disponible pour l'exportation est-il susceptible d'une augmen-
tation sérieuse? On ne peut hésiter à répondre affirmativement à cette
question. Malgré l'extension rapide des expéditions pour l'étranger,
les prix n'ont pas haussé dans l'Inde depuis deux ans. Ceci implique
que la consommation intérieure, qui évidemment n'a pas pu se con-
tracter, les prix restant les mêmes, s'est trouvée en présence d'une
offre suffisante. Lacultures'estdoncétendueetelleestdevenue plus pro-
ductive. Si les prix du blé venaient à monter, soit que de nouveaux
besoins se fissent sentir en Europe, soit que d'autres sources d'appro-
visionnement s'épuisassent, la population native délaissserait, dans
une certaine mesure, le froment pour se contenter des céréales moins
chères qui jouent déjà un si grand rôle dans son alimentation. Enfin,
dévastes espaces n'attendent que la charrue pour se couvrir de mois-
sons, et cela dans les régions mômes qui cultivent déjà pour l'expor-
tation et qui sont aujourd'hui traversées par des chemins de fer. Ainsi,
dans les provinces centrales, où nous avons vu la fécondité du sol se
passer d'engrais et d'irrigation, la zone cultivée se limite, le long de la
voie ferrée, à une bande étroite où la jungle non défrichée fait souvent
irruption jusqu'aux stations. De même dans le Rajpoutana et dans le
nord de l'Inde, en deçà de Delhi, toutes contrées où la locomotive vient
seulement de pénétrer, les cultures de froment forment quelques rares
taches brillantes au milieu d'immenses plaines qui semblent pourtant
offrir partout un sol de qualité uniforme. Il est certain donc qu'ici la
production du blé n'a pas dit son dernier mot ; à plus forte raison en
est-il ainsi dans les districts fertiles de l'Inde centrale, où le manque
PRODUCTION DU FROMENT DANS LINDE. 495
de moyens de communications rapides arrête aujourd'hui la culture.
Mais le sol ne s'epuise-t-i) pas, notamment là où l'on ne lui restitue
rien sous forme de fumier, ou du moins sa fertilité n'est-eile pas
atteinte par cette méthode imprévoyante? Sous ce rapport on ne signale
rien d'alarmant. Dans les provinces centrales, le sol vierge perd une
partie de sa richesse première, grâce à l'insouciance du cultivateur;
mais il garde, toutefois, un degré de fertilité qui semble permanent.
Ailleurs, on se plaint vaguement que les récoltes ne sont plus aussi
belles qu'autrefois, sans que ces plaintes paraissent toutefois justifiées
par l'expérience. Il est vrai que le paysan fatigue parfois la terre par
une répétition fréquente des mêmes cultures et par l'absence de rota-
tions intelligentes. Cette tendance s'observe surtout dans les districts
oîi de nouveaux canaux d'irrigation apportent, pour ainsi dire soudai-
nement, une abondance inespérée d'eau; les engrais de ferme, les
seuls dont on fasse usage, ne sont plus suffisants alors, au moins les
premières années, pour conserver au sol surmené sa fécondité naturelle.
Quoi qu'il en soit, on n'a pas à craindre pour le moment que l'ap-
pauvrissement du sol devienne un danger, ni qu'il creuse un vide
dans la production des céréales.
L'irrigation joue un grand rôle dans l'agriculture de l'Inde, ce qui
s'explique par la sécheresse de 1 hiver, saison pendant laquelle le
froment se sème et mûrit ici. Dans tout le nord et dans la vallée de
riadus, les rivières, les canaux, les puits fournissent l'humidité que
lé cultivateur sait nécessaire à une bonne moisson.
Dans le Uajpoutana, on a recours aux réservoirs, tandis que dans
le Guzerat, des puits, creusés souvent à une grande profondeur, per-
mettent seuls d'inonder les champs. Dans toute la partie centrale de
l'Inde, les rares pluies hivernales et la singulière facilité avec laquelle
le sol conserve l'humidité, rendent superflus les soins d'une irrigation
artificielle.
Il est difficile de donner au coût de la production une précision même
approximative, et cela d'autant plus que si des récoltes variées récla-
ment les soins du cultivateur, on ne peut discerner la part qui revien
à chacune d'elles. Bien plus, à quel taux évaluer le travail des labou-
rejrs et de leur famille? Dans un district de l'Inde septentrionale, coupé
par une voie ferrée, on est parvenu à estimer, sur les lieux de culture, le
prix de revient d'un boisseau de froment à 1 shelli ng (3 fr. 43 par hecto-
litre) sans la rente de la terre, et à 1 shelling 6 p. (5 fr. 15 par hectolitre)
y compris celle-ci. Le montant des fermages s'élève au tiers du coût
total, et reste relativement stalionnaire, alors que la baisse du change
pousse les produits d'exportation à la hausse; je constaterai en consé-
quence que la dépréciation de l'argent vient, à chacune de ses étapes,
libérer le paysan. Dans le district dont il est fait mention, le cultiva-
teur réaliserait probablement pour son froment 2 sh. par boisseau
(6 fr. 90 par hectolitre), soit un profit de 6 pences par boisseau (1 fr. 75
par hectolitre). Si l'on prend pour base le rendement moyen de 10 hec-
tolitres et demi par hectare, on [)eut évaluer le profit du producteur à
1 8 dollars -lO par hectare. Cette marge représenterait le bénéfice net après
déduction de toutes dépenses quelconques de main-d'œuvre personnelle
et étrangère, de fumier, d'irrigation et de fermage. Dans les provinces
centrales, oii la terre est moins bien cultivée, la réduction des frais
compense la diminution du rendement et met probablement le coût
496 PRODUCTIOX DO FROMBNT DANS L'INDE
de production au niveau indiqué plus haut. Ce ne sont là que des
données conjecturales auxquelles il serait imprudent d'accorder une
confiance absolue.
Pour lepris du transport des lieux de production aux ports expéditeurs,
nous ne sommes pas bien renseignés. Comparativement aux prix payés
en Europeet aux Etats-Unis, nous pouvons cependant dire que ces prix
sont exorbitants, et les Compagnies ne sont pas prêtes à les diminuer.
Le développement de ces voies ferrées est rapide, l'Inde sera sans cesse
prête à verser sur les marchés d'Europe des quantités croissantes de
blé: mais je doute que les conditions de bon marché d'aujourd hui
soient dépassées. — De la récolte de 1883 un cinquième n'est pas
vendu. Les résultats de la récolte de 1884 sont satisfaisants dans le
Guzerat. daas la province de Bombay. La moisissure a détruit une
partie du froment dans le Sud, dans le district de Ilaïderabad. La
production est moyenne dans le Xord, sauf dans le district de Saha-
ranpore. oii la moitié des blés non irrigués est perdue, et dans la
partie sud-est de Pungad, où 1 on appréhende une fiimine partielle. En
résumé, Bombay aura, sans doute, à sa disposition des quantités plus
grandes de froment, tandis que la qualité dispooible pour Calcutta et
Kurrachee pourra être affectée par quelques récoltes manquées.
3Iax Hoffma>.\.
JURISPRUDEXCE AGRICOLE - CHASSE ET GIBIER
Le tribunal civil de Vienne, confirmant une décision rendue par le
juge de paix du canton de Saint-Jean-de-Bournay (^Isèrel, a rendu le
jugement suivant en matière de chasse :
En droit : attendu qTie le gibier est une res nullius d'une nature particulière,
que le droit de chasse a été organisé par des lois spéciales, qu'on ne saurait donc
1 assujettir d'une façon absolue aux principes qui régissent l'occupation;
Attendu notamment que dans la chasse aux chiens courants, le lancer et la
poursuite doivent constituer un droit de possession et de prétérenee au profit du
chasseur dont les chiens, après avoir levé la bête, n'en ont jamais perdu le pied
jusqu'à sa capture ou à sa mort; que ce droit de préférence, au profit du maître
des chiens, est surtout légitime, dans la chasse au lièvre, dont le fumet est parti-
culièrement subtil et la trace fugitive ;
Attendu que le système contraire porterait une grave atteinte au droit de
chasse, puisqu'il irait jusqu'à sanctionner l'intolérable abus de celui qui, s'atiachant
aux pas d'un chasseur, propriétaire de bons chiens, irait tuer impunément sous
leur nez tout le gibier qu'Us feraient partir :
Par ces motirs, confirme.
On sait que la jurisprudence est divisée sur la question de savoir à
quel moment le droit d'occupation est réalisé pour le chasseur sur le
gibier. Dans un premier système, c e.st le fait même de l'appréhension
qui seul constitue l'occupation et crée le droit au proQ' du chasseur.
Dans un second système, on exige que la bête chassée ait été mortelle-
ment blessée ou soit au moins sur le point d'être forcée, de telle sorte
que la capture soit imminente et certaine.
Le jugement que nous rapportons va plus loin encore : il admet
qu'il y a occupation et droit pour le chasseur de réclamer le gibier,
dès qu'il y a poursuite non interrompue par les chiens ; tous les chas-
seurs comprendront l'importance de cette décision qui n'est pas du
reste sans précédent. (V. notamment trib. de paix de Bulgréville,
28 mars 1000, sir. 03, I. 247, la note). Etc. Pocilleï,
AT&-:at à la Cour de Paris.
CULTURE DC BLÉ DAX3 LES PYRLXÉHS. 497
GULTURE DU BLE DANS LES PYRENEES
L'asriculturenepeut pas s'abandonner au découragement; elle peut,
elle doit réagir et lutter énergiquement, toujours lutter. La chose
principale et la plus immédiate, c'est d'obtenir labaisssement du prix
de revient du blé. Le moyen, et cela vous surprendra peut-être au
premier moment, c'est de réduire vos emblavures.
Que le cultivateur qui sème d'ordinaire quatre sacs de froment n'en
sème plus que deux et même moins; mais qu'il cultive son blé avec
beaucoup de soin pour obtenir sur la surface simple au moins ce qu'il
obtenait sur la surface double. Les frais de culture ne doubleront pas.
Ceux qui sèment leur blé en lignes, au lieu de le semer à la volée,
peuvent d'ores et déjà économiser la moitié de la semence. De plus le
champ sera plus facile à sarcler.
Le choix des semences est une chose capitale. M. Vilmorin, par des
mélanges de blés, ou par des espèces particulières, obtient un rende-
ment de 40 à 50 hectolitres à IheL-tare. Les Allemands et quelques dépar-
tements du Nord de la France en obtiennent autant. Comparez cela aux
résultats de notre pays qui, dans les circonstances favorables, sont de
13 ou 1 4 hectolitres à l'hectare. Au printemps, après avoir sarclé avec
soin la future récolte, il conviendra de lui donner un supplément de
fumure en engrais chimiques, du nitrate de soude, par exemple, repré-
sentant une dépense de 100 francs par hectare à peu près.
Ensuite vous vous efforcerez de faire la moisson en temps opportun
et de ne pas attendre que tout le blé soit miir pour y mettre la faux.
Il achèvera de mûrir dans la paille et vous ne l'égrènerez pas. Vous
n'arriverez sans doute pas d'emblée à des produits aussi magnifiques
que ceux que je vous ai cités, mais si vous obtenez le double de votre
récolte ordinaire, ce qui est possible, ne serez-vous pas déjà satisfait?
Votre froment vous reviendra à un prix plus doux.
Je viens de parler d'engrais chimiques et de nitrate de soude, ce
sont des mots peut-être bien scientifiques. II n'est pas que vous
n'en avez bien entendu parler. Aujourd'hui, l'agriculture ne peut
se passer de science. Vous en avez eu une preuve dans votrf arron-
dissement, lorsque la péripneumonie est venue faire le vide dans vos
étables. On a inoculé la maladie aux vaches contaminées ou mena-
cées ; elles ont échappé au fléau. Rendez en grâce, avec moi, à
M. Pasteur, un grand chimiste, l'honneur de la France, qui, par ses
admirables découvertes, que je ne vous énumère pas ici, a trouvé le
moyen de défendre l'agriculture contre d'épouvantables maladies qui
la déciment chaque année.
Nous ne pouvons, disais-je, nous passer de la science. La Société
que j'ai l'honneur de présider, vous offre, sous ce rapport, une res-
source dont on n'a pas fait grand u.*age jusqu'ici et qui sera accueillie,
je n'en doute pas, avec reconnaissance. Elle est en rapport avec un
laboratoire de chimie à Paris et vous procurera ainsi 1 analyse de tos
terres, analvse dont nous paverons la moitié du prix. C est par ce
moyen que vous pourrez exactement connaître ce qui manque à vos
sols et, par suite, quels sont les éléments chimiques qu'il convient de
leur apporter pour en tirer le meilleur parti.
Je vous ai conseillé de réduire la surface de terre ensemencée en
498 GU:-TUHË nu BLE DANS LES PYRKNEES.
froment; il va vous rester des champs inoccupés et vous voudrez les
utiliser; différents moyens sont à votre disposition. Certaines produc-
tions de notre sol ne sont pas aussi sujettes que le froment à l'avilis-
sement des prix. Je citerai par exemple : l'orge et l'avoine; ne pour-
riez-vous pas consacrer ces terres aussi à des productions fourragères,
betteraves, raves, topinambours, et vous assurer ainsi une plus
grande quantité de nourriture pour des animaux que vous entretien-
drez à l'étable. Les prairies temporaires, c'est-à-dire semées en
graines de choix durant 2, 3, 4 ou 5 ans et rentrant ensuite dans l'as-
solement, vous procureraient des ressources analogues. Dans quel-
ques contrées, on a préconisé la culture en grand des gros légumes
susceptibles d'être expédiés dans les centres de consommation. Il
y a encore bien d'autres ressources, mais je suis obligé de me res-
treindre.
Je veux, en terminant, vous citer un exemple de ce que l'on peut
faire avec du courage et de l'énergie : Il y a une contrée sur les bords
du Rhône qui a été éprouvée successivement par des fléaux qui l'ont
réduite à la misère.
La culture de la garance, très lucrative, a été détrônée par la décou-
verte de l'alizarine, une couleur tirée du goudron de houille.
La culture du miîrier a du être mise de côté, par suite de la maladie
lougtemps persistante des vers à soie, et enfin la vigne a été emportée
par le phylloxéra.
Les habitants de la Drôme ne se sont pas laissé aller à un lâche
désespoir. Ils se sont mis à cultiver les primeurs; ils les expédient
par masse à Paris et la prospérité ancienne refleurit parmi eux.
Serait-ce trop présumer de l'énergie des Basques et de leurs qualités
natives que de croire qu'en pareil cas ils sauraient aussi se défendre
en mettant en action le proverbe : Aide-loi, le ciel t'aidera.
Sers,
l'rciiilont de la Sociuto d'agriculture des Basscs-Pyrénées.
LE SUCRE EN ANGLETERRE •
Mon cher directeur, ily a environ un anj 'ai consacré dans les colonnes
du Journal de l'agriculture un long article à la sucrerie allemande. Je vous
demande aujourd'hui la permission de dire quelques mots sur la sucre-
rie anglaise. Je serai bref parce qu'ici l'intérêt agricole est secondaire.
J'emprunte d'abord des données générales à un important rapport
qu'un éminent économiste anglais, M. Roliert Giffen, a consacré à l'in-
dustrie sucrière. La production et la consommation du sucre ont con-
sidérablement augmenté depuis trente ans. L'ensemble de la produc-
tion en dehors de l'Inde et de la Chine, s'est élevée de 1,423,000 tonnes
anglaises (la tonne anglaise contient 20 quintaux de 1 12 livres et con-
vertie en poids français équivaut à 1,016 kilog. 04S) en 1853-1855, à
3,564,000 tonnes en 1880-1882 et dépasse actuellement 4 millions
de tonnes. L'augmentation de chaque décade, par rapport à la période
précédente, monte à 30 pour 100; elle porte sur toutes les variétés de
sucre, aussi bien sur le sucre de canne que sur le sucre de betterave.
Le sucre de belterave qui en 1853-1855 entre pour 14 pour 100 dans
le chiffre- delà production totale, s'élève à 46 pour 100 en 1880-1882.
J'arrive à l'Angleterre.
On sait que l'Angleterre ne produit pas de sucre brut. Comparée à
LE SUCRE EN ANGLETERRE. 499
l'importation du sucre de betterave, la proportion de l'importation du
sucre de canne dans le Royaume-Uni, celle du sucre de canne de prove-
nance anglaise spécialement, a diminué depuis trente ans; mais la
quantité tot^de de sucre de canne de provenance exclusivement étran-
gère a augmenté; l'importation pour le sucre de canne brut passe
de 3s9,00i) tonnes en 1853-185.') à 647,000 tonnes en 1880-1882, et
pour le raffiné de 52,800 quiniaux à 130,000 quintaux. L'excès de
production de sucre de canne dans les colonies britanniques et dans
d'autres contrées a été absorbé par les besoins croissants des Etats-
Unis, du Canada et de rAustralie.
La consommation annuelle du sucre dans le Royaume Uni atteint
maintenant le chiffre fabuleux de 1,083,000 tonnes, soit 6S livres par
tète, et une dépense annuelle de ;^0 millions de livres sterling, ou la
moitié de la dépense totale en pain du Royaume- Uni quand le blé est
coté au-dessous de 40 shillings le quarter (le quarter contient
8 bushels et converti en mesure française équivaut à 2 hectolitres
90 litres 70 centilitres).
La valeur du sucre fabriqué dans les Indes occidentales évaluée aux
lieux de production, s'élève à environ 4,500,000 £ tandis que le capi-
tal engagé dans les raffineries du Royaume-Uni peut être estimé
à 2,750,000 £. L'industrie sucrière ouvre au travail dans le Royaume-
Uni de vastes débouchés dont l'importance croît journellement. Le
nombre des raffineurs a passé de 2,820 en 1851 à 4,48'i en 1881.
Aujourd'hui le Royaume-Uni raffine plus de 800,000 tonnes. Les confi-
series emploient plus de 100,000 tonnes de sucre raffiné. Vous seriez-
vous douté que l'usage du plum-pudding et des bonbons développât une
pareille consommation?
Les quantités de sucre brut raffiné en Angleterre ont passé de
.320,000 tonnes en 1854-1850 à 400,000 tonnes en 1862-1864,
à 050,000 tonnes en 1877-1879 et s'élèvent maintenant au delà de
800,000 tonnes.
L'importation du sucre raffiné dans le Royaume-Uni n'a pas aug-
menté depuis 1877. Peut-être cette situation va-t-elle changer. Le pro-
blème du raffinage en sucrerie paraît résolu aujourd'hui, et si la tur-
bine Stepaneck donne les résultats dont on parle depuis quelques mois,
les sucreries produiront les piles ou agglomérés dans des conditions
particulièrement avantageuses. En admettant que la consommation
générale préfère le raffiné, on peut cependant supposer que la confiserie
s'approvisionnera de piles allemands au lieu de raffinés anglais.
Les exportations de sucre raffiné ont passé de 45,000 tonnes en 1 879
à 58,000 en 1883. Telles sont les principales données statistiques sur
le Royaume-Uni que je crois devoir vous signaler.
Paul Muller.
NOUVELLE CHARRUE VIGNERONNE
La nouvelle charrue que représente la fig. 44, est destinée par
son inventeur, M. Fermé des Cheneaux, à Dampierre, par Sau-
mur (Maine-et-Loire), à former un brabant simple, pouvant servir
au cultivateur pour les labours ordinaires et une charrue vigne-
ronne double. Comme charrue vigneronne; elle remonte les terres,
butte les ceps, et offre cet avantage particulier aux brabants de
500
NOUVELLE CHARRUE VIGNERONNE.
pouvoir revenir iramédialement sur elle-même en renversant les
versoirs à chaque bout de la raie. Comme bultoir, elle ouvre un
large sillon dans l'enlre-deux des rangées, sur une profondeur de
0'".'i2 à O^.lô pour l'épandage des engrais pulvérulents, que l'on peut
faire immédiatement en suivant le buttoir. Son poids semblerait à pre-
Fig. 44. — Charrue vigneronne de M. Fermé des Cheneaux.
mière vue devoir être un peu exagéré pour la légèreté que demande
ordinairement une vigneronne, mais son inventeur nous assure qu'elle
ne dépasse que de quelques kilos le poids des vigneronnes ordinaires,
soit 50 à 55 kilog. au lieu de 45 à 48 kilog.
Les mancherons sont mobiles, de manière à pouvoir raser les ceps
d'aussi près que possible. Les deux versoirs mobiles autour de la tige
sont maintenus par une clavette qui se retire, et sert à fixer alterna-
tivement celui qui doit fonctionner. Le conducteur fait donc, avec le
premier versoir, un sillon;
au bout du champ, il renverse
l'instrument; et revenant avec
l'autre versoir, il jette la terre
dans le premier sillon, et la
remet ainsi sur les parties en
côte. Corn me vigneronne, l'ins-
trument fonctionne avec une
simple roulette en avant (fig.
44); mais lorsqu'on veut l'em-
ployer comme charrue de la-
bour ordinaire pourla prépa-
ration du sol ou l'enfouissement des fumiers, il est monté sur un
avant-train dont la fig. 45. donne le dessin. F.a vigneronne devient alors
un brabant complet pour les labours de 15 à 20 centimètres. La chape
de la roulette de l'araire coiffe la pièce G qui est rendue mobile autour
de l'essieu. Cet avant-train sert aussi de cliariot pour le transport de
la charrue. Un coutre peut, ainsi que l'indique le dessin, être ajouté
sur l'âge, lorsqu'on traite des terres fortes ou pierreuses. Cette charrue
peut, suivant M. Fermé- des Cheneaux, ancien officier de marine,
membre de plusieurs sociétés agricoles, à l'aide de modifications
Coupe de l'avant-train adopté
i la même charrue.
NOUVELLE CHARRUE VIGNERONNE. 501
très simples, indiquées dans son prospectus, accomplir le travail de
cinq instruments divers. Son prix avec cliariot formant avant-train est
de 180 francs, et sans chariot, de 130 francs, livrée en gare de départ.
Charpentiek.
LES CULTURES, LES CULTIVATEURS
DANS LA RÉGION DU MAÏS
Je ne sais sous quel vocable placer cette note. Hésitation de tout
côté : je dis région du maïs; le Tarn, la Haute-Garonne sont-ils la
région du maïs? Pour la Haute-Garonne, cette culture pourrait bien
servir de caractéristique : dans la région voisine, le Tarn, malgré
une augmentation notable de surface consacrée à celte récolte, il n'en
est pas tout à fait ainsi. Du reste l'incertitude à ce point de vue n'est pas
de capitale importance, tout comme dans ce fait : si à l'heurre actuelle,
il vaut mieux porter son attention sur les plantes implantées au sol. ou
sur ceux qui les y ont placées.
Autrefois, il y avait un certain intérêt, un certain attrait à don-
ner des nouvelles de nos plantes en cours de végétation. Faire le diag-
nostic du futur rendement de nos hectares en notant les conditions du
sol, de température, et autres faits météréologiques sous la pression
desquels nous avions semé nos blés, nos maïs, avait utilité. L'agri-
culteur à la recherche du mieux y puisait l'occasion d'un rapproche-
ment : une indication lui était donnée. On perfectionnait son mode
d'opérer, grâce à ces notes éparpillées dans des correspondances
diverses.
L'avare aime à compter fréquemmentson trésor : ceux qui aiment et
s'intéressent aux richesses agricoles se livraient à des appréciations,
à des calculs qui les émouvaient à la perspective de cette vie facile,
de celle aisance à venir; d'autres y trouvaient des avis utiles et moins
généraux. Us sont peu nombreux aujourd'hui ceux qui liront avec intérêt
la note leur apportant la nouvelle, que dans les départements précités,
les céréales d'hiver, blé, avoine, orge, ont été confiées au sol dans
d'assez bonnes conditions.
Un été avec intermittence de pluies a donné toutes facilités pour
émietter nos champs. Lorsque l'heure des semences est venue, tout
était prêt, ou à peu près, le scarificateur et l'exlirpateur ne se trou-
vant que dans les magasins de dépôt d'outils agricoles. Est-il possible
d'avoir Tassurance d'un champ fouillé, ameubli dans toute la profon-
deur désirable, sans le passage, la vérification de ces précieux engins?
On peut espérer que, grâce à l'humidité du sol pendant la période
estivale, nos plantes nuisibles auront germé et leurs jeunes tiges dé-
truites par le passage de la charrue seule.
Je faisnéanmoins une exception pour lechardon des champs. Jamais
pareille pullulation de cette plante extra-nusible. Pendant de longues
journées nous avons vu le zéphyr disséminer dans l'air les graines de
cette composée, merveilleusement disposées pour aller au loin.
Les faits malheureux s'enchaînent aux faits malheureux dans notre
industrie. On a négligé la culture de la vigne, elle ne paye plus les
frais du nettoyage auquel on la soumettait autrefois; de là, celte
multiplication, de là infection probable de nos céréales.
A elle aussi on refuse et on refusera surtout les soins supplémen-
502 LES CULTDRES ET LES CULTIVATEURS DANS LA RÉGION DU MAIS.
laires de sarclage, d'échardoaaage. Nous avons semé avec ua sol sec ;
nos blés derniers semés ne naissent pas avec uniformité ; il y aura
des vides, surtout une très grande inégalité : la pluie leur manque et
les allures de notre hiver paraissent être vers l'absence, la rareté de
précipitations atmosphériques. La disette d'eau est telle que, dans
plusieurs exploitations rurales, on est contraint défaire boire aux
animaux une eau chargée de débris organiques, qui doit leur être
nuisible. Nos ouvriers assurent que les bœufs courent avec empres-
sement vers ces mares infectes; ils ne tiennent pas compte, ces ap-
préciateurs téméraires, de la soif que la fatigue entraîne, que le mode
d'alimentation exalte. Quel est le cultivateur qui met dans ses études
d'économie rurale, le bon et profitable repas à servir à ses animaux?
Je le disais en commençant, faut-il parler des plantes ou de ceux
qui les cultivent ? Est-il plus utile de s'occuper des uns que des autres.
Jamais depuis de longues années que je parcours les champs, que
je cause avec ceux qui les habitent, je n'ai touché à de pareiU^is
souffrances, constaté de telles difiicultés.
Je ne voudrais pas, dans une note d'aussi faible importance que celle
que je formule, toucher à ces délicates questions du commerce agri-
cole, des difficultés qu'il éprouve, des améliorations possibles.
Est-il uneculturequi ait moins progressé, plus abandonnée que celle
sur laquelle se crée le budget du cultivateur du Sud-Ouest. On a fait
quelques essais ; on les a vite abandonnés; quelle est l'expérience en
agriculture qui se clôt en une tentative? Le laboratoire est trop vaste,
traversé par trop de météores pour que la persévérance, la continuité
dans la lutte ne soit pas nécessaire.
On est mal venu à dire en présence de cette dépréciation, momen-
tanée peut-être, m lis très réelle de tous les produits du sol: améliorez
votre terre. L'outillage est primitif dans notre région à conditions
d'humidité si variables, où nous passons de l'hydratation extrême, à
l'extrême sécheresse. Le défoncement est une pratique qui s'impose ;
par le défoncement, vous placez votre blé, votre maïs, vos plantes
fourragères, dans un équilibre d'humectation du sol qui assure leur
réussite; avec labours superficiels, elles sont livrées aux caprices de
l'atmosphère.
Interrogez un agriculteur, un propriétaire suivant le langage com-
mun, demandez, lui pourquoi il n'approfondit pas la couche arable :
!a main-d'œuvre est chère, première phrase de la réponse. Pourquoi
alors n'achetez-vous une charrue defonceuse, le génie rural a fait
d'immenses progrès dans cette direction. Si la charrue Bonnet
d'Avignon était la seule, il y a vingt ans, elle a des rivales aujourd'hui.
Deuxième réponse ànoter, non à qualifier : Nospajjsans ne veulent pas s'en
servir, cela fatigue les bœufs. Je me refuse à qualifier cette réponse de
l'adjectif qu'elle .mérite, elle en mérite plus d'un.
A. DUPUY-MONTBUUN.
QUESTIONS PRATIQUES- ~ LA LUZERNE '
On nous adresse la question suivante :
«. J'ai semé en juiu dernier cim] hectares de luzerne que jo voudrais amender.
Dois-je y répandre un phosphate ((uelconque ou J)iea du plâtre, de la mirne ou
de la chaux? — A quelle époque répandre ces divers amendements ou engrais ?
— Peut-on ou doit-on plâtrer après avoir répandu de la marne ou de la chaux? »
QUESTIONS PRATIQUES. — LA LUZERNE. 503
L'ameniieinentà adopter doit varier suivant la nature du sol. — Si le
sol manque de chaux, l'emploi de la marne ou de la cliaux est in-
diqué; si, au contraire, Je sol est calcaire, on aura plus d'avantage à
eirployer du phosphate, ou mieux du superphosphate pour obtenir
une action plus rapide. L'emploi du phosphate naturel est surtout
utile dans les terres acides.
C'est à la fin de l'hiver qu'il convient de semer ces amendements,
après les avoir réduits en poudre.
Le plâtrage est inutile dans Tannée où l'on a fait usage des amen-
dements. Le plâtrage produit surtout son efîet dans les années un peu
humides, et lorsque la luzerne est déjà un peu forte. G. Galdot.
NOUVELLES INVENTIONS AGRICOLES
AN.ALYSE SOMMAIRE DES DERNIERS BREVETS DÉLIVRÉS.
162,402. GiBAUDAN. 21 mai 1884. NouveUe charrue sulfureuse, dite : sulfo-
charrue. — L'inventeur s'est proposé de faire une charrue sulfureuse qui put
passer en tout temps dans les vignes même quand les feuilles rétrécissent le
passage libre entre les plants; qui fût très légère et qui, enfin, permît de régler la
sortie du liquide suivant l'avancement de l'appareil sur le sol. Il est arrivé à ne
pas excéder le poids de 45 kilog. et un volume de 1 m. sur 0 m. 2b.
C'est le louloau compresseur, ou les roues roulant sur le sol, qui donnent le
mouvement au piston de la pompe, et la commande a lieu par des manirelles ré-
glables calées sur le rouleau ou sur les roues et auxquelles sont attachées des
bielles qui actionnent le piston par l'intermédiaire de cliquets ou de doigts de
friction; on peut ainsi obtenir soit un mouvement continu soit un mouvement
intermittent, et qui, dans l'un et l'autre cas, est dans un rapport choisi ave»
l'avancement de la charrue.
162.411. Société Br.vUlt et Tëisset. 28 mai 1884. Convertisseur de gruaux.
— Ce brevet décrit un genre de moulin à cylindres étudié par MM. Brault et
Toisset, de Chartres, et dont la manœuvre et le réglage sont très faciles, parce
qu'on a tout l'agencement sous la main.
Ce moulin, entièrement métallique, se compose de deux cylindres unis en fonte
trempée, avec axes en acier, plus un petit cylindre distributeur cannelé en fonte,
disposé au pied delà trémie et muni d'un débrayage. Le cylindre supérieur est fixe,
le cylindre inférieur est mobile et les paliers de son arbre sont poi tés par des
leviers qui peuvent s'élever ou s'abaisser en tournant autour de leur extrémité pos-
térieure ; sous leur extrémité antérinure, appuient les bouts d'un ressort arqné,
dont on règle la tension par un écrou à volant disposé au milieu. Afin d'assurer
le parallélisme des cylindres, les paliers du cylindre inférieur, portés par les
leviers, dont il vient d'être question, sont montés à la partie supérieure des tiges
de deux excentriques calés sur un même arbre que l'on manœuvre au moyen d'un
levier; un secteur denté arrête celui-ci dans la position où on l'a amené.
Les paliers des deux arbres sont garnis de rouleaux, pour substituer le frotte-
ment de roulement au frottement de glissement ; le tout baigne dans l'huile et est
soigneusement enfermé afin d'éviter les rentrées de poussières. Des panneaux en
bois garnis de feutre sont disposés aux extrémités des cylindies.
162.412. HouRDRY ET HiJRY. 24 mai 1884. Procédé destiné à la dcslrucllon des
insectes occasionnant la maladie de la vigne. — Le moyen décrit par les brevetés
pour protéger la vigne contre l'oïdium, le phylloxéra, etc., consiste dans l'emploi
du mélange suivant : carbonate de soude, 25 parties; carbonate de potasse,
75 parties. On place 70 grammes de ce mélange au pied de chaque cep, après
avoir mis à nu les premières racines, puis on recouvre la terre.
162,415. Lho.mme. 30 mai 1884. Pressoir hydrauliijuc destiné au pressurage
des vins, cidres, huiles, etc. — Dans cet appared, la vis centrale ordinaire est
remplacée par une tige dont la partie inférieure porte un piston se mouvant dans
un corps de presse hydraulique, de sorte que lorsqu'on foule de l'eau avec une
pompe au-dessus du piston, la tige descen I en entraînant la « charge pliante »
(supprimant les marcots ou bois de charge) qui y est fixée et qui comprime ainsi
la matière mise dans le pressoir. Cette tige centrale est filetée et porte un écrou
à poignées placé au-dessus de la charge pliante, pour permettre de descendre
504 NOUVELLES INVENTIONS AGRICOLES.
d'abord cette dernière, à la main, jusque sur la matière, qui peut être en quantité
plus ou moins grande.
En vue de pouvoir remonter rapidement la ti^re après la pression, sa partie
inférieure pénètre dans un second corps de presse taisant suite au premier et
pouvant être mis séparément en communication avec la pompe.
leiiifib., Woods. 29 mai 1884. Perfeclionnemenls dans la fabrication des ver-
soirs de charrues servant à labourer et pulvériser la terre. — Afin de mieux
briser la terre, tout en diminuant la résistance éprouvée par la charrue pendant le
travail, le breveté applique au versoir les dispositions suivantes : fil incline
cette pièce de manière qu'elle ne passe plus à angle droit sous la tranche du sil-
lon, mais bien suivant un certain angle ; 2" il y mélange des ajours qui le font
ressembler à une fourche à trois dents ; 3" il rapporte à l'extrémité de chaque dent
ainsi constituée une bigorne ou point- relevée vers le haut et qui herse ou pulvérise
la terre en passant sous la face inlérieure de la tranche du sillon.
162,45'». De Chaï,seloup-Laubat. 30 mai 1884. Procédé employé à la destruc-
tion du phylloxéra. — Dans une description très courte écrite de sa main
]\I. de Chasseloup-Laubat. le grand propriétaire de Coulonnieux (Dordogne),
indique comme suit en quoi consiste son moyen curatif. Il déchausse le pied de
vigne, à 0 m. 25 ou 0. m.3K; le badigeonne de chaux vive délayée dans l'eau et
l'entoure ensuite de vieux chiffons ou d'un petit bourrelet de menu foin; puis il
verse la composition suivante : sulfure de potasse liquide, 100 grammes; sel
marin, 200 grammes; eau commune, 70u grammes.
(Jh. Assi ET L. Genès,
Ingénieurs-conseils en maliere de brevets d'invention,
36, boulevard Voltaire, à Pans.
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR L'AGRICULTURE
L'agriculture traverse une crise à laq.uelle on n'a pns su encore
rennédier. Cependant elle n'est pas sans remèdes; il s'agit de les dé-
couvrir et de les mettre en pratique. Comment y arriver? Par l'étude,
et en approfondissant les choses; aussi allons-nous chercher à faire
ressortir, en peu de mois, l'importance que l'on doit attacher aujour-
d'hui aux études agronomiques, qui aideront les praticiens à découvrir
les causes du mal ; celles-ci étant connues, il ne sera plus difficile de
trouver les moyens de les faire disparaître, et l'agriculture, comme
toutes les autres sciences, les autres arts, les autres industries, repren-
dra son essor.
Doit-on négliger l'étude du sol et sa production, alors que de
sa fécondité dépend non seulement la prospérité de l'agriculture en
général, mais encore celle des autres industries, celle du pays tout
entier? Doit-on plutôt laisser de côté cette étude que celle de la chi-
mie, de la botanique, de la physique? Non, évidemment. Les études
agronomiques ont pour but de faire connaître : les lois de la végéta-
tion, le sol et son rôle au point de vue agricole, les plantes et leurs
exigences, les moyens et les méUiodes employés en vue de la produc-
tion de tous les végétaux dont nous avons besoin. Ce n'est pas tout,
elles ont encore pour but d'indiquer les systèmes de culture ou asso-
lements dont les combinaisons peuvent souvent, ou bien faire la for-
tune du cultivateur intelligent qui agit en connaissance de cause, ou
bien amener la ruine chez ceux qui, au contraire, auront laissé de
côté les procédés et les méthodes perfectionnés ou qui seront restés
indifférents à ce genre d études.
Le gouvernement, les Chambres, tout le monde enfin a reconnu
la nécessité d'étudier le sol, de savoir ce qu'il est capable de produire,
de rechercher les causes pour lesquelles la production ne peut se sou-
tenir d'elle-même.
Le public commence à ouvrir les yeux, il est moins indifférent
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR L'AGRICULTURE. 505
pour les choses agcicoles, il s'est aperçu que l'agriculture u'était
pas un métier vulgaire; c'est qu'aujourd'hui, en cITet, elle est devenue
tout à la fois une science, un art, une industrie.
Elle a trop longtemps été dédaignée et considérée comme un métier
de manœuvre; la noblesse, les sens riches et aisés l'avaient laissée aux
serfs et aux manants.
Depuis notre grande Ilévolution, les conditions sociales ont changé;
le commencement du siècle a vu naître une prospérité agricole remar-
quable, parce que la mise en culture d'immenses terrains, réservés
jusque-là aux chasses des seigneurs, a donné aux cultivateurs de
torts rendements. L'epuis une trentaine d'années, les récoltes lais-
sant à désirer, tant au point de vue de la quantité que de la qua-
lité, il fallut introduire dans le sol des engrais; alors la production
augmenta de nouveau, peu à peu, mais en même temps d'autres indus-
tries se développaient; l'agriculture étrangère faisait concurrence à la
nôtre, elle continue et ne s'arrêlera pas.
A la vérité, nos cultivateurs ont fait quelques progrès, mais avec
une lenteur désespérante; leur outillage n'a pas cessé d'être primitif,
en tout cas bien inférieur à celui de leurs rivaux; ils ont vu le prix de
la main-d'œuvre augmenter dans des proportions considérables ; pour
rendre quelque fécondité au sol ils ont dû se procurer à grands frais
des engrais de toutes sortes; enfin, de toutes les difficultés qu'ils ont
à surmonter, la plus considérable, sans contredit, consiste dans l'im-
possibililé où ils se trouvent de changer du jour au lendemain les
assolements et les procédés de culture en usage dans le pays depuis
des siècles.
Comment lutter aujourd'hui contre la concurrence? Faut-il déposer
les armes ? Evidemment non. Mais pouvons-nous l'éviter en fermant
nos portes aux produits dont nous avons le plus pressant besoin ? Non,
encore. Que doit faire le cultivateur français? chercher à produire à
meilleur compte ce qui se vend le plus facilement sur les grands
marelles européens : c'est ce que lui indiquera la connaissance parfaite
des lois économiques et entre autres celle de l'offre et delà demande.
De grandes quantités de céréales nous arrivent de l'étranger; pour-
quoi persisterions-nous à cultiver beaucoup de blé puisqu'il ne nous
donne plus un bénéfice suffisamment rémunérateur? Pourquoi ne de-
manderions-nous pas ce bénéfice à la culture des récoltes d'une autre
nature, plus recherchées sur le marché ? Notre sol. Dieu merci, peut
porter d'autres plantes que des céréales qui ne sont pas les seuls pro-
duits de grande consommation. Nous pouvons lutter avec avantage
contre l'étranger, les moyens ne nous feront pas défaut, mais nous ne
les découvrirons et les mettrons en pratique que par l'examen des phé-
nomènes de la végétation, c'est-à-dire en étudiant l'industrie agricole
et tous ses rouages.
Comme toutes les industries, l'agriculture a besoin de matières pre-
mières, d'instruments qui augmentent et multiplient les forces de
l'homme; elle doit chercher à utiliser les agents naturels : l'eau, le
vent, la vapeur, et les faire concourir au but qu'elle se propose, c'est-
à-dire à obtenir les plus forts rendements avec le moins de frais
possible.
Elle n'est pas, comme tant de personnes le supposent, un métier
grossier réservé aux pauvres gens, tant s'en faut; elle a été très hono-
506 GONSIDÉRA.TIONS GÉNÉRALES SUR L'AGRIGULUURE.
rée chez les peuples civilisés anciens, et aujourd'hui elle est devenue
la maîtresse science, l'industrie par excellence, sans laquelle toutes
les autres ne sauraient exister. Or, comment arriver à pi'oduire le plus
de végétaux dans le moindre temps et avec le mois de frais possible,
si l'on ne possède pas certaines notions empruntées aux sciences natu-
relles ?
Ne faut-il pas s'adresser à la botanique pour le choix des espèces à
cultiver? A la zoologie pour connaître les races d'animaux qui peuvent
être le plus avantageusement exploités en vue de la production de la
viande, du lait, de la graisse et de la laine? A la mécanique qui éta-
blira les machines et les outils propres à rendre les travaux faciles tout
en multipliant au centuple le travail de l'homme? A la physique, à la
chimie qui indiqueront le rôle des agents naturels et leurs effets sur
l'homme, les animaux, les végétaux les substances qui composent le
sol; qui rendront compte des réactions, des transformations, des
combinaisons qui s'y opèrent? Ne faudra-t-il par demander à la science
économique les moyens de tirer parti de toutes les situations et de
varier les cultures selon les besoins du marché et de la consommation?
N'importe-t-il pas au cultivateur de connaître parfaitement le sol
dans lequel il opère, sa composition, les éléments ou les substances
qui en font partie, ses propriétés, ses qualités et ses défauts, les
moyens de corriger les uns et de tirer parti des autres ; enhu les agents
de production tlont il peut disposer, les débouchés qui lui permettront
d'écouler facilement les produits tirés de sa terre ou fabriqués dans
son exploitation? En résumé, pour enrayer la crise actuelle, le premier
conseil que nous nous permettons de donner aux agriculteurs, pro-
priétaires ou fermiers, c'est d'étudier la science agricole et de mettre
en pratique, prudemment mais avec persévérance, les découvertes
qu'elle a faites et les principes qu'elle a consacrés.
Ch. PoiusoN,
Répétiteur à l'Ecole nationale d'agriculture de Grignon
COURRIER DE L'OUEST
L'hiver est enfin venu après un automne favorable à tous les ensemencements
de froment, d'avoine, et aux cultures dérobées, telles que celle de la navette qui
s'étend chaque jour, et procure à nos bestiaux le premier fourrage prialauier,
toujours si favorable à la lactation, après un tem])s prolongé de stabulation.
Les blés et les avoines ont très bonne mine, à de rares exceptions près résul-
tant d'un manque d'eau venue ti'op tardivement.
Au reste nos blés de 1884 étaient bans et ont atteint en moyenne 76 à 78
kilog. l'hectolitre et leur siccité, à peu près complète, a permis à beaucoup de
cultivateurs de les envoyer de la machine à battre au moulin.
Nos orges de bonne qualité, comme l'orge chevalier, ont trouvé un bon
débouché pour la brasserie anglaise; mais à quel prix! 15 fr. les 100 kilog.
et, telle est la force de l'habitude, qu'au môme prix le son est encore recher-
ché lorsijue le même poids d'orge concassée représente le double ou le triple de
la valeur nutritive du son du commerce. — Nos orges sont en général semées
trop tard, et, par les années humides, le trèfle qu'on sème très généralement
dans l'orge en abat les épis, et la récolte n'est plus marchande.
Nos froments en terre font présager dès aujourd'hui une bonne récolte si le
temps s'y prête; mais hélas! la culture du froment met nos cultivateurs en
perte.
C'est du reste une vérité incontestable aujourd'hui, que la valeur de nos
céréales est déterminée sur le marché non pas pir notre prix de revient, «mais
par celui des blés de l'Amérique et de l'Inde oii le producteur ne supporte pas
nos charges territoriales.
COURRIER DE L'OUEST. 507
Connaissant les intentions do notre gouvei-nomcnl et le relèvement demandé
par la culture frani^-aise et dont le vote, si tant est qu'il ait lieu, ne peut venir
avant la fin de janvier désormais, les Américains et les Anglais ont chargé à
destination de France de grandes quantités de blé qui n'acquitteront ni le droit
de 3 fr. demandé jmr la Commission parlementaire ni celui de 5 fr. dont la
demande par l'agriculture paraissait unanime, non pas tant comme droit pro-
tecteur que comme droit compensateur des charges qui pèsent sur nos céréales
avant même d'être semées.
Les pommes ont fourni cette année aux cultivateurs une ressource très appré-
ciable. Ce n'est pas le cidre qu'on expédie, mais les pommes à cidre dont l'expé-
dition a fourni un tel aliment aux chemins de fer de l'Ûuest que force a été à la
Compagnie de demander un grand nombre de voitures à la Compagnie du Nord.
Le cirlre bien fabriqué est une boisson saine et agréable et même un aliment
respiratoire dont les principes de conservation soat puisés dans les qualités
sucrées, parlant alcooliques, de< fruits à cidre; nous nous étonnons doncqn'imi-
tant, s;in-; doute nos représentants qui, àdeux voix de majorité, ont repoussé une
loi qui devait relever de leur infériorité nos Vins Français d'un degré alcoolique
insuflisant, le congrès pomologiquede Rouen ait condamné lesucrage des cidres'.
Le but pratic[ue d'une pareille réunion, en dehors des analyses qui peuvent
être faites sur les fruits des diverses contrées, est de mettreen lumière les condi-
tions qui peuvent rendre le cidre plus trausportable, et d'une consei'vation plus
longue et de vulgariser l'usage du densimètre dans les achats, celui de M Vivien
notamment.
Qu'après cela, un amateur recoure aux tableaux d'analyse pour planter chez
lui. les espèces qui lui paraîtront les meilleures sous le rapport du sucre et du
tanin, sans tenir compte de la nature argileuse, calcaire ou granitifjue du sol
c'est une expérience qui n'a rien d'une utilité générale.
L'agriculture doit aussi faire ses réserves au point de vue de la plantation abu-
sive des pommier-i qu'on plante en vergers dans la Normandie, en bordure dans
l'Anjou, et en plein champ en Bretigne. On pense généralement que vingt pom
miers à l'hectare sont un nombre suffisant. A. de la Morvo,nnais.
SITUATION AaRIGOLE DANS LE PÉRIGORD
La caractéristique de novembre est la persistance d'une sécheresse inaccou-
tumée à pareille époque. Les ré~ervoirs et les puits sont privés d'eau dans beau-
coup de villages, ce qui oblige à faire de longs parcours pour faire face aux besoins
journaliers des habitants et des bestiaux.
Les froments ne paiaissent pas s'accommoder de cet état de choses, ils sont
généralement clairs, irréguliers, filiformes, et semblent peu disposés au talle-
ment, c'est la conséquence assez ordinaire de semailles faites en terre sèche. On a
terminé dans de bonnes conditions l'enlèvement des dernières racines, cantces,
betteraves, rutabagas, qui n'ont été ni abondantes, ni sujfi>amment développées.
Si l'on joint -à ce mécompte la mauvaise réussite des raves d'hiver par suite de la
sécheresse survenue au moment du semis et le faible rendement celte année des
l'oins de prairies naturelles, on peut prévoir que la période hivernale sera dilficile
à passer pour nos élubles.
Aussitôt les semailles terminées, ont commencé les manipulations des tabacs
en feuille : dcpente, effeuillage, triage et maiioquage : sauf quelques jours de gelée
durant lesquels on a dû interromnre, la feuille étant brisante, ces diverses opéra-
tions se sont faites dans les meilleures conditions, le tabac n'offrant pas cette
année de cas de moisissure et sa couleur étant généralement uniforme; la seule
chose à lui reprocher, c'est le peu d'ampleur des feuilles et leur légèreté relative.
E. DE Lentilhac.
SITUATION AGRICOLE DANS LE PAS-DE-CALAIS
Etat des récoltes dans le Pas-de-Calais. — Les campagnols, {a fin de la fabrication. —
Les compromis de betteraves.
L'étal des semailles est des [jliis satisfaisants. L'arrachage des bette-
raves s'est terminé pour les pluies, et les céréales d'iiiver onlétéense-
1. Le cntigrè"! nnmolo^'ique île Rouen n'a |ias coiiilamiié le sucra;^'i; des enires, mais il a Jéclaré
i|u'(iii (levait s'aliSteiiir de do.iner le wjfo do cidre pur aux boissons préparées avec du sucre
(Voir le Journa! du 18 octobre dernier, paye 111 de ce volume), — A'o(c de la rédaction.
508 SITUATION AGRICOLE DANS LE PAS-DE-CALAIS.
mencées dans de bonnes conditions. La levée s'est faite normalement,
et tous nos cultivateurs sont satisfaits de leurs semailles.
La terre avait bien besoin de pluie. La sécheresse avait été cette
année, si grande, que les ondées réitérées dont nous avons été gra-
tifiés depuis six semaines n'ont guère, jusqu'à présent, fait que du
bien. L'eau a pu pénétrer, la pluie étant fine, et le terrain sec. Plu-
sieurs petites rivières du département qui n'avaient jamais été à sec
depuis plus de cinquante ans, n'ont pas encore, malgré les averses
qui sont tombées depuis quelque temps, une seule goutte d'eau dans
leur lit.
Les campagnols viennent de faire leur réapparition dans deux de
nos arrondiiisements. Plusieurs communes sont fortement atteintes,
et les cultivateurs réclament un arrêté préfectoral qui autorise les phar-
maciens à livrer des préparations arseniquées pour la destruction de
ces rongeurs, aux personnes munies d'un certificat du maire. Si les
pluies continuent, le fléau disparaîtra; mais s'il nous arrive un temps
sec, il est à craindre de voir l'invasion prendre une certaine extension
comme en 1881-82. Il est une chose à noter, c'est que les lieux conta-
minés sont exactement les mêmes qu'il y a trois ans.
Presque toutes nos fabriques de sucre ont fini leur fabrication. Celles
qui sont encore en activité auront terminé leurs travaux pour le
l" janvier.
Tout, il est vrai, a htâté cette prompte terminaison de la campagpc
sucrière : peud'emblavures, rendements faibles en poids (et en sucrej,
temps magnifique pour l'arrachage et les transports. On annonce un
déficit considérable dans la production du sucre ; le Pas-de-Calais en
aura sa bonne part.
On se demande ce que l'on va faire pour la prochaine campagne.
C'est avec plaisir que Ion voit un certain nombre de nos fabricants de
sucre disposés à encourager enfin la culture de la betterave riche, ce
qui s'était peu vu jusqu'ici. Espérons qu'ils proposeront un mode
d'achat rationnel et des conditions acceptables. Jusqu'à présent, on
ne connaît encore guère les prix qu'ils comptent offrir, parce qu'ils
ne savent quels seront les cours du sucre de l'an prochain. Evidem
ment, ils ne pourraient payer la betterave qu'à des prix en rapport
avec ceux des sucres. Il résulte de celte incertitude qu'on fera peu de
compromis ; et, le cultivateur n'ayant pas d'engagement formel avec le
fabricant, ne sera guère intéressé à faire des racines riches.
Il faudrait, pour remédier à ces inconvénients, fixer le prix des
betteraves d'après une méthode analogue à celle-ci :
On pourrait stipuler dans le compromis que l'on prendra la moyenne
des cours des sucres bruts a 88" de telle place, désignée, du 15 septembre
par exempte au 15 janvier; diviser ce chiffre par 2. Le quotient obtenu
représenterait le prix des 1 ,000 kilog. de betteraves, par exemple à 5° de
densité, soit 9.5 pour 100 du poids des betteraves environ
Pour fixer les idées, prenons un exemple : Si la moyenne des cours
des sucres à 88° du 15 septembre au 15 janvier est comme mainte-
nant d'environ 32 francs, 32 : 2 := 16.
Le prix de base serait de 16 francs les 1,000 kilog. de betteraves
à 5". Si l'on admet une diminution de 0 fr. 60 par dixième de degré
de 5° à 4.5, des betteraves à 4.5 seraient payées 13 francs.
Par contre, on pourrait admettre une majoration :
SITUATION AGRICOLE DANS LE PAS-DE-CALAIS. 509
De Ofr. r.0 entre 5.0 et 5 5
De ... 0 00 entre 5.5 et 6.0
De 0 7il euire 6.0 et 6.5
De 0 8J entre fi. 5 et 7.0
Ce qui donnerait les prix suivants :
5''.0 densimétriquei 10 fr. — les 1000 kilog.
5°. 5 — 18 50 —
ô'.O — 21 50 —
6°. 5 — 25 — —
7°.0 — 2 — —
Je n'ai pas l'intenlion de proposer l'échelle ci-dessus, qui n'est
choisie que pour montrer le fonctionnement du système. L'échelle, ou
es au^menliitions et les diminutions par dixième de degré, doit être
débattue entre labricant-i et planteurs, et peut varier suivant les cir-
constances. Je pensH, même que l'achat à la ricliesse saccharine est
meilleur, et aujourd'hui tout anssi pratii|iie. Mais les cliilTres que je
viens de citer n'ont pour but que de compléter l'exposé du principe de
prenlre la moyenne d^s cours, et de la diviser par 2, afin d'obtenir le
prix de base des 1,000 kilog. de betteraves à 5° densimétriques, ou
9.5 pour 101 de sucre.
Si l'on employait cette méthode, on pourrait faire des compromis;
le cultivateur serait certain qu'on lui payera sa betterave suivant la
qualité; le fabricant serait rassuré aussi, car il ne payerait ses racines
qu'à des prix en rapport avec les cours.
Ce système pourriit donc remédier à cette situation fâcheuse qui
laisse planteur et fabricant dins une incertitude nuisible à tous deux.
Je craiss bien que cette année on ne fasse que peu de compromis
pour cette rai>on. Dans ce cas les cultivateurs mettront encore moins
de betteraves. Je compte revenir dans peu de temps sur cette impor-
tante question. Louis Comon,
Professeur départemental d'Agriculture du Pas-de-Calais.
REVUE GO,niERGI\LE ET n\\ GlUl{V\r DliS DENRÉES AGRICOLES
(27 DÉCEMBRE 1884).
1. — Siluatinn génf'rale.
Les marchés agricoles ont été contrariés par le mauvais temps, et quoique les
apports en céréales aient été peu abondants la biisse a encore fait des progiès. Le^
besoins d'argent de la culture ont amené une diminution générale des cours.
II. — les grains et les farines.
Les tableaux suivants risumant les cours des céréales, par quintal métrique,
sur les principaux marchés de la France et de l'étranger :
Blé Seigle. orge. Avoine
fr. fr. tr. Ir.
., , . ,| jblé tendre.. 17.50 » » t
Algérie. *'8"|blédur I'...n0 » 10.00 13.75
Angleterre. Londres 18 55 16.65 15.40 21.10
Belgique. Anvers 17 75 16.25 19.50 18.00
— Bruxelles 19.50 15.75 » »
— Liège 18.35 16. .50 18.00 17.10
— Namur 18 50 16.00 18.00 15.40
Pays-lins. Amsterdam 18.20 15. 2i <> •
Luxuiihoiirg. LuKeiiilionrs; 22.10 18.50 « 17.00
Alsace-Lorraine Strasriour;^ 22.25 19.25 22.25 18.25
— Muliiouse 21.50 \n.ih 20 00 16.00
Allemagne. lierlm 19.10 17.35 » •
— Colo^-ne 19.;i5 18.10 • b
— Hambourg 19.00 15.10 . >
Suisse. Genève 23 00 17.50 18.50 18. .SO
/i.iLV. MiLm 21.40 » " 1350
I^spayne. liarcelone » • 13.25 18.25
AïKriche. Vienne 16.86 » d »
Hongrie. Buda|.esl 16 90 14.40 16.00 11.75
y.usic SaMil-l'étersbourg.. 10.75 13.70 » 12.50
Hiati-Unis. New-Vork 15.30 » » •
510
REV[IE COMMERCIALE ET PRIX COURANT
I" RÉGION. — (I«>«l>.«rKST.
Ble. Seigle. Orge Aïoiie.
fr. fr. fr. (r.
Calvaiing. Caen 2« bu 14 65 ib.75 w bo
— Condè-s.-NoireiJU vu vo 16 uo la.t^ -n tu
— b.iyeu.\ 2 ' 00 » 16 30 îu 6b
C.-dur^i'ff Tréguier. 19 .lO » la Ub l.i.(U
— Poritrieux m •'i 14. bO 15 bO Ib bu
Finixlerr.. >iulUiX l9 bO » 14.7b 14 60
lUe-el- l^ilaitit. Hennés, ly i,tt p 16. Oi) Ib bO
— Fougères 19 8il » • lbt«l»
iiaiichr S.lnl-Lô 19 3b » 17 25 'ii-lO
— Avranclieb VI.OO » 16 i5 io.9u
— Vaiugricjs. .... 18 30 » » 23.00
BâayeiniK. iviayeiine 19 bo » 16.1b 17.00
— Evrull 19 7j » 16 2) »
Uo>'biUait. Heniiebunt . 18 7b *4 6b 0 17.00
Or7t«. Aleiiyoi 2u 7b 18 00 Ib 90 17 3b
— Vimuuliers 19 lo » i8.05 20. bO
Sartlw. Le .vUii^ 19 7> ib.:0 i6 '*0 'iO.25
— Maniera ■ " '"i l-i.îb 15 2b 16.00
Pru moyens u oj ij 72 i6 07 17 3i
•!• RÈGlOff. — »l»«l(.
AUnc I.Hon 18 75 l.S.OO 18 5» 16 40
— Villeib-Cotteiets. 19. 'jo i4.30 16.00 Ib bo
— Siiuii-g.jrntin 18 2b » r «7.50
fiui». Evreux l.U 14 10 17.70 17 50
— Pacy 1» ,S> 12 6i lb.7j 16 35
— Luu'viers 19 oj i3 ni) ib 40 16 80
Eure-ii /.mr. i.liarlies.. 21 4ii 14.00 16.50 16 00
— AU I eau 18 30 II. 10 i'.dO I6 0'>
— Galllaidun 19. Ib 14 2j 16. 2b 15.60
P^ora Ll.lÊ 20 50 Ib 7b 16 00 17-00
— HO.irliOU-g 19 2i 14.33 17 25 15.60
— Duiikeique 2>.ao 17 M 1875 l7 :i
Oise Btaiivai» 19.25 i4 50 16. bO ;6 bu
— feerills 18 50 .5 bu " 16 ao
— , Coai|)iegiie... .. . 18 bO I5 00 17.00 16 00
Pas de-* "'"i.^. Arraa. . . 19 5 16. "0 17. dO 1:1. 7b
— helhuiie 2u 00 10 63 18 0' i3 00
Seint^. 1 ai 1» 20 50 ib 90 18 90 18 i>0
S.-el-Maiite. Melun ... . 2u ou 15. 01 17 00 IS 70
— Meaux 19 75 15 10 17 00 17.00
.< — ûatuiiia Lu: 19 ko 14 bO 16.50 5 5u
S.'6l-tns' Velballles. . . <l 2b 15 2j 18 50 17.75
._ Pamhn ,11 cl 18 85 13 35 16 55 14 .'rj
^ Etampes. . . . . . . 20 00 i7 oO i7.b» •
Seine;.., .rr. nouen. 19 75 (4-60 18.00 2J 00
— J>iu>ieville .. 18 90 > 17.00 18 00
— Fecaujp 19 00 14 Oi) » 18 bu
Sonnuc. Amiens 20. 3o 15.00 » 19 ':tt>
— DonW IIS 19 80 14. 3i 16 55 13.00
— Albelt 2'-15 1-1. lO 16.1a 14. uO
Pru moyens 19.^9 14 88 17.16 16 Oj
3' RRGJON. — mi-II.KS • .
Ardennex. Sedan 19 50 15.00 19 50 16.50
— Ch.irieillle 20 ..0 16 OJ i9.25 18 50
Aube. Truyes 19 Oi 14 35 17.50 1^.00
— Mely-^ur-S.ine. . . 18 20 la. .-5 16. 50 la, 00
Aforn. . Cliàloiis 19 lu la 2b i7 0 16.7b
— Heini^.., 19 2b lb-7a 18 50 16, ao
— Epernay ....... 20 2b » i7 jO 17. 23
Hte-Muruf. LhaumoiU.. 19 4o 14 23 » 1400
— Laiigres 19. bu 14.50 16 25 14.75
Meurl/ie-ei-.Uoii. Nancy. 19 75 16 40 19. .rO 17 5i
— ïou: 19. i5 16 50 19. uo 15.75
— Luneville 20 00 15 75 17. ■■0 16. aO
Ueust. b.ii-le-Unc 2'.u0 15.00 19.40 Ib bO
— VerJun 20 2j n.oo 19. »0 16.00
Haute.-aniutt.. vesoul ... ly 6» 15.75 16.75 16 23
Vtisj,e». Epinal -. 20 7b la uo » 16 2b
— Miieto..!! !9.7b » ■ 15 23
— NeufcU.ueau ly 73 » 18 60 i5 73
Prix il«uyen»... 19 08 15.45 16.11 16 17
4* Ht-.G.ON. — (»|IK2il'.
Clflï'en/R. Antiiiiilè.ne... 2Î.15 11 18. J5 17,25
— Bai'beiieux -tvtiii » « 17.00
Char.-Êiiie.i'. vioiaiia, ... 19.51 » 16 00 17 uu
— Sl-Jeai.T.rin^ety 20, ^5 » » 16 00
Dtltx O'-fie» ftt-walxeul 19.. 0 » » ji
InOii 6-tl-lAnri 'iou.a.. . ia 4j 12 65 n 17. bO
— bleiu ,.. 13.10 13 OU 17.70 li.bo
Lo\rt-tnl i\aiitc> 19 i'3 • 16 'iM 17 Ou
M.-tl-Luir- Sauniur .. 20,15 |5 4o <> 16 40
— Alliier» 211.10 15 10 18. 7a 17 ao
Vendef L..^nii lu 23 * 16 90 16. bo
— Itudie^ùur Yon . 19 8u » » 17 50
Vteniir. Loudun . . ... 19.70 15 35 16. 5«» la. 50
/luulc- klcAiiç. i^iluo^e.-). lU.'àO 15.00 16. 3O 14 5ii
Pni inoMJtih IS 79 14.41 17 20 16 47
S* BE310N. — CRNTRR
Blé. Seigle. Orje. Aïoine.
fr. fr. (r. fr.
Alher. Mnulirts....... '20.50 16.25 » 16 75
— Saint-l^our^ain . .. 21 00 » 18.00 17 00
Cher. Vieizoïi 20.45 14.6b i7.3u 15 00
— Smcerre. ...... . 19 45 r, 15, 3u i< 50
— Uiaçi 20 10 li 65 17. 3j 14 OO
Creuse. Gueret 2u.8ii 15 50 » 14 OO
/ndre. rbaleauroux ... 19 25 14.73 16 50 15 40
— Valeiiçiy 19 50 13 35 16-80 IJ 75
— ISSuuiJiin 20 65 14 60 la. 25 16 00
Loirel Oneaiis 19. iO 14 65 16 ou 16 25
— Montargls 19 50 14.70 17.50 10 30
— DuUfleii.iy 19 7b Ib. 0 16 50 15 SO
L.-el-VUer Hluis 2u lO U.60 18 4b 17.75
— Ronioi-anûn 20 15 14.63 16 55 15 50
/Vieure. Mevera 19.45 15. 00 16.90 17 00
— Liaineay 19 15 . 15 75 U 50
— La Cnarité 19.75 14.60 15.75 16 45
Vonne Suns 19 50 15 25 17 50 16 .'a
— Saiiit-H"lorentln... 19,00 16.70 16.50 16 50
— brieiion 19. 70 16.73 17 00 17.25
Pru moyens 19 8a 15 Oi 16.88 15 79
6" RBilON. — KST.
.lin, Bonrg 21. vS 16.35 • 17 00
Ponl-de-Vaux 21.25 16. bO » 17.50
Càtfitllr. iJijon 20 2a i5.bo 18.00 17.00
— Semiir lu.bO i4,bo • 15 50
— Beaucie 20.00 » 17 25 17 00
Ouu(i«. besatiçon 20 03 t » 17 25
het-e. Hourgoin 211.73 15 25 17.00 17. .0
Jura Dote 20 25 15 2b n 16 75
L:nre. ibarlin.... .. 20-80 >6 2j IS.45 16.25
H. -de- Dallée, liiom 20 23 15 80 18. .0 16 40
H/i.i/ie. Lyun 21 00 I..30 18 73 17 7u
SuOite-ei-Loii-e. Chaion . 20.20 16 00 17 00 17.75
— A lun 19.75 13 50 I) l3.7b
ii/avuie. Chdinlièry 22 75 u » 17 bb
ftte.àavdie. Antiecy .... 21.10 16 oO 1» 16 bo
Prix moyens 20 64 15 70 17.78 16. s
7" RSUIOM. — »lI|»-<HIKSr.
ilriêjje. Pamiers 2i.ao 16 00 » 13. 85
— fOA 24.10 16. uo » IS 50
Wurdoiyne, Périgueiix. . . 22.00 16. 7o ■ 15 00
Itte-Oarni'.iiK. Toulouse. 2i,8i 16.80 15.75 18.75
— iat-Gaiiilens ^2 10 16. uo » 18 00
Gers. Cuil. luiii ^2 7a » » »
— iùmiZf 22 90 » » 20.00
— \lr nl^ 25 00 0 » 20 00
Gironde. tioideaUX 2u 90 17 00 17.00 18.75
— Lesjiarre 22 bO ib 75 » »
Latidea. b.ix 24.i'0 10 00 i» »
Lvt el-(iarnniie, Agen.. 21 .bO 17. bo » 18 zO
~- Nerac 'tl 8j » » 18. uo
fi.-f'iyi-eMt-e.s- Bayonne. . 2.1-40 » » 22.00
Htes-l^yvi-nffs. t'arbes.. -ti.iQ n.35 » »
Prix moyens 22.67 :6.5; 16.37 18.76
8* RÉOluN. — sl'o.
Aude. Castelnaudary. . 22.75 :7.33 17.00 17. so
— carcassoiiiie. , 22 6fi 17.6'> '.6 25 I9 00
Aveyroit,. tludez 20.80 17 60 » 19 40
Cantal.. Aiiiili.tC 23.40 i5.70 17 oO 16-75
Cut-reze. Tulle 22 \I0 18. uO 16.60 16.30
tiérautt. beziers 2i.75 I? 65 16 15 2o uO
i.o;. Cahi-ira 23 10 18. uo 1660 16.40
Luzere. Mei.de 22.7a 18 uo 18.^5 18 00
H yrcafes-Ur.e&rf\^nin. 24.35 l7 80 2i.00 24 40
Tara GiUac 22.75 1» » 18 bo
— LaViUC 22 73 11 • IJ.bO
ro/-'u-el-i faV. Montauban 22 40 16,35 15.75 18 50
Prix raoyena.. .. 22 71 17 71 17.31 18 61
9* RÉGION. — sri>-H.*T.
Bas.sea-.^lpes. Mauoaque 15.95 ■ ■ 20.30
Uauua-.iti/es. briaiiii.in. 22.30 18 00 16.00 19. uO
/li/-.e.s ,Wa'"Uwnei. Nice. . 25.30 16-Uu lu 00 19 50
/lr</.^t;/te. t^nVrtS 23.20 16 25 16.15 18.60
fi. -au Itaoae. Arles... 22.50 » i-.ou 15.50
Oriunt: Ho.nans 21.50 14. bO » 18.25
■■(ja*'(i. Ai'ils. 24.70 • 2l.2j
UaaU-Uive. Le Puy.. 21.40 16 65 17 70 16 50
Kur. Dla.;Ulglian 23 2i ■ 18.00 17.80
VauctanG. Aù^non.. . 21.75 16.25 * 18 75
Piix iniiye.ia 23 21 16 27 17 i4 18.55
Moy. ne luute la r'rance 20, »8 15 74 16 89 i7 18
— lie la seii.ame pieucd. 20 90 15.83 17.13 17.25
âUr la seiiiaïuti lU.tusse. • ■ • *
pre<.eiieule..|baisse. 0,02 0 09 0.24 0.0
DES DENRÉES AGRICOLES (27 DÉCEMBRE 188i»;. 511
[liés — Les prix du blé sont en baisse sur ceux de la semaine dernière. A la
bulle de Paris du -3 déceiiil)re, on cotait les blésde mouture 19 IV. 75 à 21 Ir. 25
les lOOkiloo;. — Les blés à livrer courant du mois et janvier-lévrier, valaient de
SO fr. 50 à 20 fr. 75 ; les quatre [ireiniers mois, 20 Ir. 75 à 21 fr. les quatre mois
de mars, 21 Ir 25 à 21 Ir 50 — A iidr.sfil'f, l'approclie des fêtes de lin d'année
a complètement ralenti les Htlnires. On cote ^ans variations : Red-Winter, 12 fr.
Berdianska, 22 Ir. Alarianopoli, 21 fr.; Irka-Azoll, 20 Ir. 50; Irka-NicolaïeÛ',
19 fr., Irkii-OJessa, 18 fr. 50 ; Pologne jaune, 20 fr. 50 ; Pologne roux, 18 fr. 50 ;
Aziraa-Azoff, 16 fr. 50 fi is Ir. Danube, 16 fr. 75; Deieagh rouge, 17 fr. tuzel.e
d'Uran, 22 fr. 50 à 23 fr.; tuzelle d'Alger, iO fr. 50; blé dur d'Afrique, 16 fr. 50
à 17 fc; Taganrock dur, 17 fr. 50 les luO kilog. dispoaible-î. — A Londres, les
cours se soutiennent à 19 fr. pour la Caliloinie et 19 fr. 25 pour les Australie.
— Sur les mHrcbés intérieurs de l'Anglelerie, le prix moyen du blé ressorti
18 fr. 55 les 100 kilog.
F'iri. ifs. — Prix sans variations. En farines de consommation, on cotait le
23 décrabre, à l'aris, mar.|ue de Corlieil, 47 Ir.; marques de cboix, 47 à 50 fr.;
premières marques, 46 à 47 Ir ; bonnes marques, 44 à 45 fr.; marques ordinaires,
43 à 44 fr.; le tout par sac de 15^ kilo;,', bruts, toile à rendre, ce qui correspond
aux prix extrêmes lie 27 fr. 3 • à 31 fr. 85 les 100 kilog., ou en moyenne,
29 fr. .5 — Les farines de spéculation étaient aux cours suivants : fdriiies neaf-
ii(<iiiiues, cour nt du mois, 44 fr. à 44 fr. 25; janvier, 43 fr. 75 à 44 fr.: janvier-
février, 44 fr.; quatre premiers mois, 4i fr. à 44 fr. 25; quatre mois de mars,
44 fr. 75 à 45 fr.
Sei'i'lfS. — Les seigles conservent leurs prix de 15 fr. 50 à 16 fr. 25; mais
on constate de la lourdeur; les ali'aiies sont sans importance.
0;i,e>. — Les orges i ouvelles se ^ont cotéesde 18 ir. 50 à 21 fr. les 100 kilog.,
et les escourgeons 1« fr. tO à 19 fr. 25.
Aoiiini-s — Les adieleurs sont rares et la tendance reste lourde. La dernière
cote s'étiblit de i7 Ir. 25 à fr. à 19 50; les 100 kilog. suivant provenances, cou-
leur et qualité,
l'sue.s. — On cote à la halle de Paris, par 100 kilog. : gros sons seuls, 13 fr.
à 13 fr. 50; gros sons seuls, 13 fr. 50 à 14 l'r. ; sons trois cases, 12 fr. 5); re-
coupetles, 12. fr. à i2 fr. 25; remoulages blancs, 16 à 13 fr. remoulages bis,
1 4 à 1 5 fr.
III. — Fourragrs et graines fourragères.
Faiirritrifis. — Les prix se maintiennent pour les fourrages de yiremière qualité,
avec des ventes ordinaires. On cote à Pans : foin, 48 à 59 fr.; luzerne, 48 à
58 fr.; ]iaille de blé, 27 à 32 fr ; paille de seig'e, 34 à 40 fr.; paille davoine, t'6
à 27 Ir les \0a bottes de 5 kilog. rendus à Pai is, au domicile de l'acheteur. —
Les f.iurrau'es sur wagou en gare valent : foin <7 à 45 fr ; luzerne, h5 à 4* fr.;
paille do blé, 22 à ik fr.; paille de sei>,'le 30 à 39 fr. ; pallh d'avoine 19 à 22 fr.;
les 1(4 bottes de 5 kilog., déehargcment et octroi à la charge de l'acbetnnr. —
A Versailles, on cote : foin, 36 à 40 fr. les 10 ) bottes; luzerne, 36 *r.; pjiide de
blé, 2'j à 2' fr.; paille d'avoine, 22 à 24 Ir.; sainfoin, 34 à 33 Ir.; regain, 35 fr.
— A Bléié, lj foin \aut de v à 9 fr.; la paille 5 fr. les 100 kilog.
Grai"is InirriKièris. — Aucun changement dans les cours du marché de Paris.
— A Lyon, les alfaires sont lentes et les prix se soutiennent dillicilement comme
suit : lu/.erne de Provence, 120 à 150 fr.; du Poitou, 80 à 90 fr.; trèfles violets
do pays, 90 à 12U fr.; sam^oin^■, 30 a 32 fr.; vesces, 19 fr. 60 à ïO fr. 25; jiois
j;irias, 16 à 17 Ir., le tout aux 100 kilog. — .Au Havre, les trèfles d'Amérique
i-ont cotés de 98 a 101 fr. les 100 kil g. di-pouibles.
IV. — Fruits et Icyumes frais.
Friiils. — On cote à la halle de Paris, raisin, 1' fr. 20 à I fr. 50 le kilog; extra
noir et b'anc, 1 fr. 60 à 3 fr.; Punes, 0 fr. 20 à 1 Ir.; pommes, 0 Ir. 12à
I fr. 70 le, kilog ; noix 40 à 50 Ir. les 1 lO kilog; m;urons, 12 à 40 fr. oranges
de Valence, 10 à 13 l'r. la coulTe; mandarines 6 à 12 fr. le cent.
léijiiiiis — Hiricots veit'^, I fr. 60 à -i Ir. 20 le kilog.; moyens, 1 fr 30 à
1 fr. lO; gros, 1 tr. a 1 fr. 10; pois d'.Alger, 0 fr. 70 à i fr.. extra, l tr 10 à
1 fr. 20; pis>enliis veVts 0 fr. .-lÛ à 0 Ir. 40; blancs, U Ir. 80 à 1 Ir.; ch corée,
7 à 12 Ir. le cent; ariicliauls, 25 à 40 fr. le cent; cho ix-lluuis, 6 à 7 fr. U dou-
zaine; e.resson, 10 à 2 fr le panier de 18 à 2!, doiiziiiues ; oiguuns, 10à2ofr.,
les U 0 kilog. Je carottes. 5 tr.
Pommes de terre. — Hollande, 8 à 14 fr.; jaunes, 8 à 9 fr. les 100 kilog..
512 REVUE COMMERCIALE ET [PRIX COURANT.
V. — Vins. — Spiritueux. — Vinaigres. — Cidres.
Vins. — C'est dans le Lancruedoc que l'activité commerciale continue à se
eoncentrer. Les petiis vins de Bczieis et de Narbonnesoni l'obit^t d'achats assez
suivis. A Béziers les vins df 10 dei;rés sont cotés 25 fr l'hectolitie, ceux de 8 à
9 degrés 16 t'r., et reux de 7 degrés depcendeat jusqu'à 12 fr. A Narhonne, les
vins lie premiers choix valent -2 à 3ô Ir., les ordinaires, de 22 à 25 fr. Ce qui
ressort de la sit ation, c'est la délaveur croissante qui accueille l-.s vii.s étrangers,
dont la qualité et les prix ne répondent pas aux exigences du commerce. Les
vins d'Espagne sont cotés à Cette de 31 à 45 fr. et les vins d'Italie de 38 à 55 Ir.
— Dans le Bûrdelns, les affaires en vins de la récolte nouvelle s int à peu près
terminées, et les vins vieux reprennent laveur. — Partout, d'ailleurs, le calme
s'accentue. — Dans le Nantais les gros plants obtiennent un prix moyen de
35 fr. ftles muscadets de <iO à 6i fr. Dans le Loir-et-Cher les cours varient
entre 75 et 80 Ir. la pièce aux environs de Blois. Les vins blancs de Sologne se
paient au vignoble de 58 à 63 fr. la pièce nus. — La demande est moins active
sur les vins d'Algérie. A Oran, on cote, premier choix 12 à 13 degrés. 25 à
26 fr. l'hectolitre; 10 à 12 degrés, 23 à 24 fr.; deuxième choix, 9 à 10 degrés,
21 à 25 fr.
SiiiriixiP.iix. — La tendance est ferme sur les alcools à Paris; les prix se sont
relevés depuis huit jours On coee : trois-six fins du Nord, 90 degrés, disponi-
bles, 42 fi-. 50 l'hectolitre ; janvier 4 < à 43 fr. 25 ; quatre premiers mois, 43 l'r. 75;
quHlre mois de mai, 45 à 45 fr. 25. Les trois-six du Languedoc disponibles
valent de 110 à 112 t'r. l'hectolitre en cntiepùt. — A Lille, l'alcool de betterave
fin vaut 42 fr. — A Bordeaux, les trois six hns du Nord sont ollerts à 49 fr. et
tenus à 50 fr. l'hectolitre; les marques supérieures type allemand, valent 62 à
72 fr.; les premières marques de Berlin 82 fr; les trois-sixx bon goiit sont cotés
113 Ir. sans affaires. — Dans le Languedoc, les trois-six bon goiit valent de
101 à 103 fr.; les eaux-de-vie de marc, 93 à 97 fr. — En Bourgogne, les eaux-
de-vie de marc nouvelles se vendent 2,-i0 à 275 fr. la feuillette. — Les eaux-de-
vie d'Armagnac sont en hausse aux cours suivants : haut-Armagnac, 110 à
112 Ir. 50; Tenarèze ordinaires, 117 fr. à 122 fr. 50; bas-Armagnac, 132 fr. 50
à 140 fr. l'hectolitre.
VI. Surres. — Mélasses. — Fécules. — Houblons.
Sucres. — La situation du marché des sucres s'e«t également améliorée; la
tendance était très terme cette s raaine. On cote à Paris, par 100 kilog. : sucres
bruts 88 degrés 32 fr. les 100 kiloj;.; sucres blancs 99 degrés, 37 fr. '75 à 38 fr.;
blancs n" 3 disponibles 39 ir. à 39 fr. 25, livrables suivant époques, 39 fr. 25 à
42 fr. — Les raffinés disponibles se tiennent, avec une demande calme, au cours
de 68 à 9i fr. pour la consommation et 50 fr. pour l'exportation. — A Valen-
ciennes, les sucres roux sont descendus à àb fr. 75 les 100 kilog. sans atfaires; à
Lille, on demande de 30 fr. 50 à 31 fr. — Les sucres coloniaux sont en baisse à
Nantes; on coie 31 fr. 50 à 32 fr. les 88 degrés, ainsi qu'à Marseille. — Les
ralfinés valent à Nantes 100 à 101 fr.; à Marseille 103 à 109 fr.; à Bordeaux 104
à 105 fr. les 100 kilog.
Mél'i.<'Ses. — A Paris, on cote, en hausse sur la semaine dernière : mélasse de
fabrique, 10 f r ; de raftinerie, 18 fr. les 100 kilog. — A Valenciennes, la
mélasse disponible vaut toujours 9 fr. 50.
Féculfs. — La fécule première du rayon de Paris est colée 2'i fr. les
100 kilog. — A Marseille, on paye : fécule blutée supérieure 35 à 38 fr.; ordi-
naire, 35 à 37 Ir.; fécule deuxième, 32 à 33 fr.
Iloubldiis. — La situation est toujours aussi désavantageuse pour les ven-
deurs. La baisse qui persiste en Angleterre ne permet pas d'espérer un relève-
ment des cours. A Poperinghe, on a traité quelques achats de 70 à 85 fr. les
50 kilog.; en Alsace, on cote 75 à 95 fr.; en Lorraine, 60 à 70 Ir. et en Bourgo-
gne 75 a 90 fr. mais sans aflaires.
Vit. — Tourteaux. — Moirs. — Engrais.
Tourlenux. — A Arras, la demande en tourteaux est très calme, aux prix sui-
vants : œillette, 15 fr.; colza, i6 fr. 75; cameline, 15 fr.: pavol, 12 fr. —A Rouen,
les tourteaux de colza valent 15 fr. et à Caen, 16 Ir. les 10 i kilog. — .\ Marseille,
les cours de la semaine sont fixés comme suit aux 100 kilog. : lin, 17 Ir. 25, ara-
chide (lécoriiquée, 13 fr.; en coque, 9 fr. 50; sésame blanc du Levant, 12 Ir. 50;
sésame de l'Inde pour engrais, 10 fr. 75; cocotier, 11 fr. 75; colza du Danube,
DES DENRÉES AGRICOLES (27 DÉCEMBRE 1884;. 313
12 fr.; œi'lette exotique, 10 fr. 75; cotoa d'Egypte, 12 fr.; palmiste, II fr. 50;
ricin, 7 i'r. 75; ravisim, 10 IV. ^0.
i\oirs. — Shis changements à Valcncicnans.
Engriiis. — Voici les cours pi:iii'|ués dans le Nord : nitrate dft soude, 15 et demi
à 16 pour 100 d'azjtu, 24 fr. les IQj kiloj.; sulfaied'aimnonia pie, M li-.; chlorure
de potassium, 0 tr. 42 le kilog de potasse; suderphosphitî d os 0 fr. 78 le dc^ré
d'azote; superphospate blanc, 0 fr. 69 \e d^gré ; supliosplia'e riche solub e citrate
8 fr. les 100 kilog.; nitrate de potasse 44|45 potasse et 13[14 azote, 46 fr. les
100 kdog. livraison sur printemps. — A Paris, oa cote : nitrate de soude, 15
pour lÙO azoté, 22 fr. 5'; suUate d'amouiaqae, 37 ir.; suKate potasse, 21 fr.;
nitrate de potasse, 46 IV.; phosphate à 38 piur 100 d'acide phosphorique,
0 fr. 65 l'unité; superphosphate de chaux soluble, 0 fr 6^; sang desséché, 11 à
13 pour lOJ d'azote, 1 fr. 80 l'unité.
VIII. — Matières résineuses et textiles. — Combuslibles.
Ess'tice de térébenthine. — Les ventes de la semaine dernière à Bordeaux ont
donné le cours de 62 fr. les 100 k log. avec 1 fr. de hausse.
Clviivres. — On C'ite à .\bb'^ville l-t chanvre blanj de 2 fr. 20 à 3 fr. 60
selon qualité, et le chanvre gris de 1 fr. hO à 2 fr.
Bois. — Les bois de lea sont t'objet de transactions assez suivies sur les
ports de la Nièvre, quoique li consom u^itioa pirisi^nie ait été un p m ralentie
depuis la seconde quinzaine de novembre. Sur le port d.^ Clam-cy, le bois de flot
se vend 110 fr. le décastère, le b lis neuf dur 115 à 118 fr.; le bois blanc, 72 à
80 fr. les traverses en hêtre de lljt, 105 à 10^ tr.; les traverses neuves; 115 fr.
La charbinnette est cotée 8 à 9 Ir. la corde de 2 stères 33; les .mrgitins,
4 fr, 25 le cent. — Sur les poi-ts de l'Aisne et de l'Oise, on vend : chêne non
gelé, 80 à 90 fr. le décastère; chèn», g dé, 5) à 60 fr.; hêtre et c laran q urtier,
110 à 115 f.; cotrets, par mile, bois blanc, IIO à 120 fr.; chêne pelard, 130 fr.;
bouleau 135 à 140 fr. — Sur les ports de la Mirae et de TÛarcq, les bo.s de
flot durs valent 80 à 1 10 fr.; les tendres, 8 i à 90 fr
Les bois pour la vigne et la tonnellerie donnent également lieu à des afl'aires
actives. A Ulamecy, le merrain se vend 635 fr. le millier de 2 600 pièces; les
lattes de première qualité, 635 fr. les 104 bottes, 2'' qualité, 88 à ) > fr.; les é ha-
liers, aubier, 30 fr. le mille; cœur de chêne, 40 Ir ; acacia et cliàtaignier, 52 fr.
— A Raon-l'Etape, les perches à. houblon se ve-id^nt : 5 à 7 mètres de long,
65 fr. le cent ; 7 mètres et au-dessu-; 9 > ïr. — A Bordeaux, le merrain de B isnie
pour les barriques est coté, les l,hl6 douves de 34 à 36 p )uces sur 12 à 14 li-
gnes d'épaisseur, 90J à 95J fr.: 14 à 16 lignes, 1,075 à l,l25fr.: 16 à 18 lignes,
1,150 à 1,225 fr.; 18 à 2 i lignes, 1,350 à 1,425 fr.
Charbona de boU. — On cote à Cla necy 6 fr. 75 le ûouble hectolitre ; sur les
ports de la Marne, 2 fr. à 2 fr. ib l'iieciolitre; à (JhatiUoii-sur-Loipg, i fr. 75 à
3 fr.; à Arbois et à Salins, 13 à 14 fr. le mètre cube rendu en g ire.
Ecorci's. — Sans afl'aires. Le tan battu est en hausse dans la iSièvre à 135 fr.
les 1040 kilog.
IX. — Suifs et corp-: gras.
Suifs. — Il y a une baisse de 1 fr. sur le sud' frais de la boucherie de Paris, qui est
coté 79 fr. les 100 kilog. disponibles.
Saindoux. — Le cours des saindoux au Hivre s'est élevé de 25 centimes, à
48 fr. 25 les 50 kilog.
X. — Beurres. Œufs. — Fromages.
Beurres. — Les quantités vendies à la hiUe de Paris, du 15 au 21 décembre,
se sont élevées à 191,544 k'iog. aux prix suivants : en demi-kilog., t fr. 80 à
3 fr. 94 le kilog.; petits beurres, 1 fr. 52 à 3 fr. 06; Gjurniy, 1 fr. 90 à
5 fr. 2S; Isigny, 2 Ir. 18 à « fr. 2i.
Œufs. — Ou a vendu pendant la seraiinfî. 3,953,634 œifs, aux prix de : choix ,
102 à 146 fr. le mille; ordinaires, 80 à 101 fr.; petits 54 à 68 f: .
Froinig'S. — On cote à la halle, par douzaine : Brie, 5 à 57 fr. ; Mintlhéry,
15 fr ; — par cent, livarot, 26 à 78 fr.; MoiU-d'Or, 5 à 15 fr. , N-ul'chàiel, 2 fr. 50
à 13 fr. 50; divers, 4 à 58 fr.; — par lOd ki og.. Gruyère, 80 à 120.
.XI. — Ctievauc. — Bétait. — Viande.
Bétail. — L" tableau ^uivint rés :in' le <n > we. n<ini officiel du marché aux bes-
tiaux de la Villelte, du jeudi 17 au lundi 21 décembre :
514 REVUE COMMERCIALE ET PRIX GOURANT
Poids Prix du kilo^. de vianfle n*»tte sor
Vendus moyen pied au marche di- 21 décembre.
Pour Pour En 4 quartiers, i'" 2" 3" prix
Amenés, Paris, l'extérieur, lotatité. kil. quai. quai, quai. muyen.
Bœufs 2.007 1,590 364 I,9.d4 Hliî 1 tî6 l.oT 1.2't 1.4.>
Vaches 62'» 4:58 ItiO 5'W 237 155 1.38 120 1.33
Taureaux l.ô.i 137 13 I.i0 4li0 1.46 1.(6 1.20 1.33
Veaux 2.058 l,24d 515 1,814 81 2.03 18) 1 :0 1.85
Moutons 19 094 15,054 1,830 16,884 20 1 9i 1.74 1 56 1.70
Por.s ;ras..., 4,135 1,698 2,437 4,134 81 1.30 1.24 1.2.) 1.2S
Li's irtivages des marchés de la semaine se décomposent comme il suit :
Bœufs. — Ain, 72; Aisne, 3; Allier. 179; Aveyron, 8; BeKort, 11; Calvados, 643; Charente,
120; Cliai-enie-Inferieure, 4; Cher, 56; Côle-d'Or, 4; Creuse, 2i4; Deux-S^vTe.^i, 87, Dordogoe,
370: Eure-et-Loir, lOi Finist -i-e, 6; Indre. 39; Loire-Inferieure, 129; Loiret, 8; Lut, 20; .Maine-
et-Loire, 1.206; Manche, 00; Marne, 4; Ha>ite-.\I.trne. 2; Mayenne, 176; Mnrbilian, ,55; Nièvre,
150; Oise, 4; Orne, 66: Puy-ile DoQie, 35; Saùne-el-Loire, 5; Sinhe, 37, Suiiie-lurérieure, 21;
Somme, 11; Tarn, 24; T.irn-et-Garonne, 12: Vendre, 59j; H;iiite-Vienne, 317: Yon',e, 14.
l'a lies. — Ai<ne, 1; Allier, 64; Ardennes, 13; Auhe, 2; Calvadns, 276; ('..inlal, 14, Charente,
24: Cher, 4J; Côie-d'Ur, 26; Creuse, 9); Doidogne, 34; Doiibs, 3; Enre-et-Loir, 26; L'iiet, 7;
Maine-el- Loire, 33; Manche, 105; Mirne. 11: Hanie-Marne, 9; .Nievi-.?, 99; oise, 2 Orne, 2i; Hny-
de-Uôine, 88; SHÔife-el-Loire. 6; .S rihe, 3; Seoie, 165; Seine-lnlerieure, 8; Seine-et-Marue, 26;
Seine-ct-'hse, 38; Haute-Vienne, 154; Yonne, 18: S Osse, 12.
Taureaux. — Aisne, 1; Al ier, 21; Aube. 3; Cilvalos, 18; Cher. 23; CMe-rfOr, 5; Donbs, 6;
Eure. 2; Enre-el-Loir, 9; Fi-islère, 12; Gironde, 6; lll'-et-Viliin':,' 8; Loire-lnf-rie.ire, 21;
Loiret. 3: Maine-et-Loire, 24; Muno'ie, 12; Mirne, 9; Mayenne, IK; Nièvre, 23; Oi^", il ; Orne,
2; Haute-Saone, 19; Saribe, 12; Seine-lnleiieure, 1 : .Seme-et Marne, 11; Seine et-Oise, 14; Ven-
dée, 1: Hauie-Vieniie, 1; Ynnne, 6
Veaux. — Allier, 31 ; Aube, 465; Aveyro', 21 ; Calvados, 40 ; Eure, 132 ; Eure-et-l.oir, 219;
Loiret, 195 : Manie, 168 ; O.se, 61 ; Puy- le-Dô ne, ISJ ; Sarlhe, 72 ; Seine -Inlifie^re, 8i»; Se.ne-
el-Morne, 268 ; Seine-el-Oi^e, 46; Yonne; 115,
M'm«,ns. — Ai-ne. 1.039; Allier, l,i,4l ; Aube, 541; Calvalo^. 60; Cantal, 8i7 ; Chareiie, 60:
Cher, 2.(9; Côle-d or, 501 : Eure. 313 ; Eure-et-Loir, 916 : Loir-et-Cher, 191; Loirel,563; Lot,
213; Marne, 114; Menrthe et Moselle, I9J; Meue, 5i ; Nièvre, 1. 51; Nord. I.'O; Oise, 5 '8;
Puy-de-Uôuie, 44ii; Saône-et-LoIre, 367; Seine, 350: Seine-et Marne. 2,778; Seim-et-Oise,
4,625; .Somme, 112; Haiite-Vienne, 60; Yonne, 180; Allemagne, 11,315; Hjngr.e, 000;
Russie, 1 .3 1 .
Vorcs. — Allier, 465; Calvados, 126; Charente, 116; Chareme-lnféoieiire, 50; Cher, 214;
Creuse, 587: Deu«-Sèvrts, 512; Eure-et-Luir, M; llleet-Vilaine, 157; Indre, "87; Lire-Infé-
rieure, 135; Loir-et-Cher, 42; Maine-el-Luire, 647; Manche, 89; Mayenne, 137; .Nièvre, 5.59;
Puy-de-Dôme, 114 ; saô'ie et-Loire, 54; Sarlhe, 1,149; Seine, 62; VeuJée, 443; VienOt;, 105;
Haute-Vienne, 118.
Sauf pour le porc dont le prix à haussé de 9 cenlimes, les cours des autres
viandes sont les raèinas (|ue la seni;iine pipcédeiite. S r les marchés des dépar-
tements, on cote : Nnncy, iJoeuT, 82 à 86 l'r. les 00 kilog. bruts; vache, 60 à
80 fr.; veau, 50 à 60 fr ; mouton, 90 à KO fr.; po-c, h5 à 60 fr. — llou-n, b.eiil,
1 fr. 55 à I fr. ^5 le kilog. ; vaclie, 1 fr. 50 à I fr. 80; veau, 1 fr. 45 à 1 fr. 85;
mouton, 1 fr. 80; à 2 fr. lu ; porc, 1 fr i 5 à 1 fr. 30. — P.rreux, bœuf, 2 fr, 10 ;
veau, 2fr. 30; mouion. 2 fr. 30; pdc, 1 fr. 70. — Lonviers, bœuf, 1 IV. 40
à 2 IV,: veau, 2 fr. à 2 Ir. 40; mouton, 2 fr. à 2 fr. 40; porc. 1 fr. 80 à 2 fr.
— Pnhivier.'^. vdchf, 1 fr. -^Oà I fr.60; veau 1 fr. 85à2f . 25; mouton, 1 fr. 90 à 2fr.
— Bounje-, bœuf, i fr. 60 à 1 fr. 80; feau; 1 fr. 60 à 1 fr. 80; mouton, 1 fr. 80 à
2 fr.: pi-rc, 1 fi 20 à 1 fr. 50 — Ro uorajilut, bœuf, I fr. 50; vache, I Ir 40 veau,
1 fr. 60; mouton 1 fr. 9ù; porc-I fr. 4J. — l'^eoers, bœuf, 1 fr. 60 à 1 Ir. (-0 le
kiliig.; v:iche, 1 fr. 40 à i fr. 60; ve;'u, i fr.; mouton, 2 fr ; porc, 1 fr. 60. — Le
Pi.y, bœul, 1 fr. 80; veau, 1 fi . 70; inoulon, 1 fr. 80; porc, 1 70. — li rluzicux
— bœuf, 1 fr. 60 à 1 fr. 80; veau, 1 fr. 8 '; mouton ei fioro, I fr. 40 à 1 fr. 60.
A Loiid M, les imporialions de héiail étranger, pendant la semaine, oii' Pté de
1,554 bœufs, 5.:-i60 moulons, 1,16' veaux, -7 porcs, dont 46.3 bixnifs de
Bostnn, et 399 bœufs et 600 loouions de Nfw York. — Prix pHr kilog
bœuf, 1 fr. 3'i h 2 Ir,; mouton, 1 fr. 85 à 2 fV. 23; veau, 1 fr. 72 a 2 fr.; porc,
1 fr. 15 à i fr. 45.
Viandcà ta criée. — Il a été vendu à la halle de Pins, du 15 au 21 décembre :
Prix du tiiliig. le 'JI ili'i-embre, ^^^^___
kiloR. I" quai. '• mal ■!• quai. r.hoiv. R i^s» ^,-:;che^ie
Bœufon vache... 155.^37 1 62 à 2 04 1,41 à I 60 0 95 .i 1.38 1.50 i 2.70 O.îO à 1.32
Veaii 16i,0:)0 I 6S 2.04 1.46 1 1)6 1.10 1.^4 . » .
Moutons 7388i 1.51 172 128 I.4S 1,16 1.26 1.60 3.06 » » ,
?orc fi.i,4i9 l'ir." fr-ti, l,16il,32; salé, 1,44
458,2lil Soit pa jour 65 ,46'i Uilog,
~ Les ventes ont diminue de 7.000 kilog. environ p:ir jour. Les prix sont en
hausse iiour toutes les rorles.
DES DENRÉES A'^BÏGOLES (27 DÉriEMBRE 1884).
XII. — Cours de la Villi-lle du-yj décembre 1884.
515
Les nécessilés riu tirdoe à raison de la fête di3 Noël, aous empêchent de publier
aujourJ liui les derniers cours de la Vil ettc.
Xlll. — HiKiitmé.
En résumé, si la baisse s'est ace -ntaéw sur les céréales, les autres denrées n'en
ont pis été atteintes. Les sucres et spiritueux ont, au coatriire, ropris un ()C u
de laveur; les autres deurées restent slatioimares. A. HÈviy.
Lr (irrunl : A. Bot'i.ilK.
TABLE ALPILVBËTIQUE DES AUTEURS
• DU Q'J.VTRIÈ.MK VULU.ME DE 188'i.
*tAniARTmE. — Le froment "à l.i fr.incs l'Iirc-
toliiie. .'Bo.
At-i-I-iiR — Nouvelles d^ l'état des récf>lt''s
dans les Hac.te~-AI|iu-;, '.) I, 33 1, — Cmucoius
déporlHmeni.Tl îles Hauie^-Alpes, 114.
ASSI ('.Il )■ — B-ev ts délivrés pour de ninivpl'es
iiiveniions agrionle». 'i'i, (il, 10", fiS, Ti*,
271. :i l't, :i8->, d'JU. 47U, 5(13.
AYBAUD iP -N ). — Sur i'ori;anisalioii du cré-
dil :igricole, 230.
balbiaHI. — l);stru:tion de l'oBnf d'hiver du
pliylli.xera, .Ô3l. — liisti uctions pntiqu.s
pour le li.iditçeounige anliplij lloxerique des
vignes. 349.
SARkAL (i.-A ). — L'a;,'ricnllure. le< prairies et
les irii^'-iii'ins dans ;i Haute-Vjeiine, 3:*4.
BA-iTANCBON (G.). — ConsidéralioiiS sur la si-
tuaiidi a^ricule. 187.
BASILLE (liaslrin). — Vignes :iinéric;iines et
iiiseciii'.ides, îrl.
■EAUSAMP-BRUMOis — Boulangeries coopc-
ratiies dans les campagnes, 294.
BUanxHOSTES (de). — F.iresde machines agri-
cnles à Narbonue, I9>.
BERTRAND (A). — Ferrure Clnrlier perP^c-
tiuniiée pai' l'emploi de l'acier Bes-euicr, 26.
BO^ccNKE (fils). — Nouvelles d; l'éial des ré-
c 1 e-i en Vendée, 2 .0.
BOHDCT (X.'. — Péli iun de la .Soc'élé dagri-
cuiuire d'Alger relative à la ciise agricole,
203.
BOSC (Ernest). — Sur la culture des palmiers,
97.
BROHSVicK — Courrier du Nord- Est, 74, 184.
23.. — Nouvelle dHlé'atd-s lècoUes dans les
Vusges, 90, 2'il, 330, 36.S. 4'i!). — Ligue
des cuUivalaurs d i Noril-Esl. 311.
CASlmlR-'ERiEa (PruI). — Sur les besoins
de l'agricul ure, p. 173.
CBABOT-B.ARLEM'. — Piscicullure. la sardine,
177. — L.*" pois on défendu, 269. — Les ni-
clienrs, 290. — Oslréicnllure, 464.
CBAuBREiEMT. — Pruduil des buis dans les
Lande-, 4lti.
CBf BPîNTiEB. — Nouvelle charrue vigne-
rOiHie, 499.
CBAirziT fB ). — Concours delà Sjciété d'agi i-
culiure du daid, 3ôl .
conON |L.). — Suuuion agricole d.ins le P.is-
de-Calais. 192, .i07.
I>Aini>XSRaE (E de). ^ Appel delà .Société des
agriouUeu s de France à loutes les ass cui-
lioiis agric des, 204. — Uiscours prono ce à
la reunion des délégués des bociélés agricoles,
341.
DErAiKS (A.). — Les irrigali ms en Algérie,
13.1.
BEORUIXT. — Fraudes commises dans le sul-
fur ge des vignes contre le phylloxéra, 4"(3.
DEHÉBAIN. —Sur les l'ernientaiions du fuuii.^r,
9. !8. — Sur la culture des betteraves à su-
cre, 4i«.
DENi.-i (Th.). — Culture de la vigne en buttes-
bdloiis. 142.
DEHomE (A.). — Cul.urepxpérimenlale de Ba-
v-.y. .-,9.
deshhls (F!.). — Les races de betteraves à
l 'j r-
3I).S
D0PTJT moNTBHUN. — Les cultures et les cul'-
il' aiei rs iiaiis a légion du maïs, riOl
DUVAi. (Raou). — Rai'port sur le relèvement
des ilroiis sur le hé ail. 450.
DYBOWSKI (J.) — le ch'>u en Alsace, IS4.
faObE. — Suri organisa ion du Crédit agricole,
n(i, 391.
FÉKAL (L.). — Prix culturaux et d'irii.'ation
dans les Haut s-Pyrénées en U84, 28, 69,
93.
Fi.BRET (E.). — Classification des argiles,
4ti.î.
rÉHOH (F.). — B rictin fînancier du 4octobi'e,
40; — du 11 oc'ohre 80; — du 18 octobre,
120; — ilu 2.T octobre. liO; — du l" novem-
bre 200; — du 8 nov>-iiibi-e, 24"; — du l,ï
rovenib'C, 28i) ; — du 22 nove nbre, 320;
— du 29 novembre, 36 j; — du 6 dé.;em-
bie, 400.
GAMBiER (G.). — Emploi du pivot double
[lour la cuiisolidation des talus de remblais,
II.
GARIN. — Nouvelles de l'état des récoltes
dai.s l'Ain, 4rjO-
CASrAHiH {P de). — Fmiuète à Taire sur l'état
pré^eni de l,i culture ou ble eu F'rane, 13.
— La crise agricole et les droiis de dnu-ine,
90. — Les dnd s le douane et la peii.e cul-
ture, 253. — L'agciculiure et les tarif> doua-
niers, 369. — Manifeste de la lijue contiele
lenclierissement du pain et de U viande,
410.
OATELLIEB. — Proposition d'un congrès natio-
nal agricole, 202- — Di-cOurs piouifncé à la
distiibiiiion des recompenses du ton( onrs de
froniageiie de Meaux, 3u2 ; — toast au ban-
quet, 30 1.
GA0DOT. — Corcours di^partemental de la Sar-
tlle, 114. — Aliin^nlaiion du bétail avec les
louite'UX de marc d- pommes, l'i.i. — Les
eues foncière-^ su éneures à 10. ( hectare»,
473. — (Questions pratiques : la luzerne,
hiri.
CAnciBAM (E.l. — Comité ceniral agicole de
la S l.igne, !hC>. — Les pépinières de secours
en S.iliigne, 394.
GENES (1.). — Brevets délivrés pour de nou-
ve.le~ invenlions ag' ic l^s. ;i4. 6., 101, 178,
224, 271, 304, 382, 430, 470, 51'3.
OEHUt. — I)i cours prononce a , C.uic'iirsde la
société d agric ilture de Bourg un, âl.
oii, OM (Le Culuuel). — Sur la lerrure t^harlier,
26
516
TABLE ALPHABETIQUE DES AUTEURS
OLAifDiER. — Vignes américaines à Saint-
Cyi.rien (Dorilognel , 4i'2,
cos (F.). — AgricuUui'e méridionale; de Mar-
seilh à Nice. 379. — Situation de la strici-
cultiiie dans le Var, 4.i9.
GT (E.). — Situation agi'icole dans le Mor-
bihi'i, 3.').
GY D2 KERniAVIc (.T.). — Nouvelles de l'état
de* recolles d.ns le Morbihan, 291, 488.
Ri:C2'7ET o'okvai.. — Uest uciion des rinces
dans les bo s, 217. — Ajiiculture de Baass-
P cirdie en 1884. :i41, 3^4.
HÉDOirvitLE (Ch. de). — D s.;ours prononcé au
concours de la Sociéié d'dgncnllure de Wassy,
88.
HSHVÉ BIAN31N. — Progrès à réaliser dans la
prodiictioii cb.'valine. 47.
HSiTSÉ. — Dis'îours pro loncé à la distribu-
tion de-i réc impenses da concours de froma-
ge ie de .Meaux, 300.
HOTF.nAN.i (M X). — L'agriculture dans les
Eiits-Unis, aux Indes et a i Chdi, 31 — Si-
tuation forestière etagricoleau Canadi, 2iô.
— Nju>'eau« tarifs de la (iompi'^'nie d'Or-
léan-, 374. — Production du froment dans
l'Inde, 49.Î.
iSMis, — Les vignes du Haut-Bidly (Gironde).
38S.
jAcguOT. — Nouvelles de l'état des récoltes
diris l-s Vosges, 89.
JOLT (Cil.). — Ulilisa'ion cies eaux de conden-
sa.ion pour l'horliculture. 218. — Curiosités
p jmologiques eu Am^riij le, 4 >7.
KifiBEa (.1.) — Sur la ferrure Chirlier, 100. —
Assimila. ion chez U v-iclie, 16 •.
LAFFOH. — L'gue des herbag.-rs du nord-est,
490.
uiPORTE. — Discours prononcé au CoTiice
agricole de Nérac, 51.
LASZCZYNSKi (L.). — Hommagî à M. Barrai.
13.
LAWi:s ET GiLBEtiT. — Culture continue du
froment sur les mêmes clmnps, 327.
LESHETON. — Discours prononcé au Comice
agricole de Laval, 49.
ixaHARTiEA. — l.e mtrc de pommes comme
aliment et comme engrais. 471.
LEFEVHE DB VILLIURS. — Discours prononcé
au Co i.ice d'AblievilIc. S'il).
LEEHHAHDr. — Les vendanges dans l'Hérault
en 1884. 232.
LENTILBAC (E. de). — Sit^iation agricole
dans le Pcrigord, 192. — No ive les de l'état
des réo ii|es dins la Djrd5 ; ^e. 3 i i.
LBOrEt.Al!T. — Disiours pron'incé à la distri-
bution des récompenses du Comice agricole
de lieims, ,50.
MAOUiEa (E.). — Visite au Plaud-Chermi-
giia.;, 112.
MALBIT (G.). — Consommafon du froment par
le l)étail, 4U3.
BK&BSAIS (G.). — Séances deli SKicté natio-
nale d'.igriculture, 211, 273, 311, 35J, 39>,
433, 173.
MAURICE. — Nouvelles d3 l'état des récoltes
dans la Mar.ie, 418.
mÉLiNS. — Circuliire relative à l'emploi du
S'illatede cuivre contre le mildew, 24'*.
aiERCiEn (Ach.). — La valeur vénale de la pro-
priété foncière, 226.
niLHz-EDWARDS [H.). Fécondition et gesta-
li in chez les animaux, 293.
MOMIOault (de). — Discours prononcé au
Co.icoursd'i Comice agricole de l'révoux. .SO.
mOHVONKAlS (A. 'le la). — De lu-ag;dii c ir-
hoiiate et du plio-phale en Bre.aguj, 270. —
Courrier de l'iuest, .itJfi
ISULLGR (Paul). — Les nididi^s du houblon,
61. — Le sucrag'î des vins, 129. — Le sacre
en Angleterre, VM.
EAKTIBR. — Nouvelles de l'état des rJcoltes
dans la Somme, 487.
OLI7IER-LSC3. — La betterave blanche longue,
4»K.
PA -NDUL. — Nouvelles de l'éiat des ré.!olles
dmsle Pas-d-Cilais, 89, 291, 449. — Aiia-
lyses de batt-raves, 286.
Parlie n ji.-ieL e. — Décret relalif à l'exporta-
tioi des cep. airichés, des sarments, éclnlas,
tueurs et feudles de vigne. 6.i. — Loi con-
cern int les droits fis; iix il perc voir sur les
é hangesd'immeuiiles ruraux, 2 li. — État ap-
proximatif d : la riche du liomenl. du inéteil
et du seigle en 1884, 2.')l. — Projet de loi pré-
senté au S nal. coiic-rnait U di trucuoii des
insene-, des cryptog unes et autres végétaux
nuisihies à ragriculture, 36'4.
rsLcor ([•'..). — Dissolution d i sulfura de car-
bone da is I eau poar le tiauem;iit des vignes
phylloxérée-, 130.
pjHREr (.Micneli. — Le blé fumé et sarclé.
45; .
poiasoN (Ch.). — • Améliorations urgentes à ap-
pir.er d iiis les petites exploit ili m* rurales,
15';. — Considérations générales sur l'agn-
cu'ture, 50'».
P9if3iNS (M irquis de). — Frais de culture et
d'elev,ii,'e dms la Lo"'e. 444.
POjitLET (K ). — Te.rains clo>; chasse en
temps p uhibé, 293. — Vaine pâture, 423.—
Chasse e( g. hier, 495.
Pas-cOLiOT (du). — Falsifi:;ation du beurre
au point de vue légal et agricole, 331 , 370,
427.
PREVOT (A.). — Li graine de lin dans l'ali-
ment ni 'U du bétail, 432.
REDisR (\.\ — L'usine agricole, 104, 146. —
L t pré ent et l'.iveiur de l'agiicuiiure, 4 i7.
R3 >iY (A ). — Revu? com.urciale et prix cou-
rant d'S denrées du 4 octobre 3) ; — du 11
oot ibre, 74 ; — du 18 octobre, 114; ^ du 25
octobre, I5'«; — du 1" novembre, 194; —
du 8 iiuve ubre, 234; — du l.j n ivembre,
27i; — di il novembre, 31'i; — du2J no-
vemb-e, 3ici ; — d i 6 décembre, 3 )4 ; — du
13 dé .embre, 4'i4; — du 20 décembie, 474;
— du 27 décembre, 509.
BS!i3iT — .M ;t;o.ologie du mois de septembre
H8'i, 113;— di mois d'octobre, 233; —du
mois de novenbre. 3J0.
RivicaE (G ). — La v giie et le vin en Seine-
et 0 se en 1884, 2.'l.
R07SSILI.E. — Fraudes sur les superphosphates
d'os, 210.
Bouv ÉiiE (A.) — Conservation des fourrages
à l'air libre, 153.
SAGNIER Henry). — Chronique ajricole du
4 octobre, 5; — du 11 octobre, 41; — du
ISoctobre, 81; — du 25 oclohre, 121; -~
du 1" novembre, 161; — du 8 novenbre,
2'il : — du |.i nova iib e, 241; — di 22 no-
vembre. 281; — du 29 n ivemhre, 321 ; —
du 6 décembre, 361 ; ^ du 13 décembre,
401; - du 2) décembre, 441; — d i 27 dé-
c niihrî, 481. — Bar u tes et minège< du sys-
tème Simon, 19. — Tansport hydrauli iue
des betteraves, 6i, 102. — Biu iu,'ra(riie
agric.de, 72, 193, 314, 425. — C m^rès et
concours pom3lo,'ii4u-;s à R)uen, Ir8. — Les
cultures foiirra,'èr s ai B dut Belfou. 18i).
— Concours de fr.im ig-jric à .vleaux, 29'). —
U.i modèle de grande écurie, 3(5. — Amé-
lioritiiin d<=sl'os-es à fumier, 431.
SAiNr-TRiviE^ (de). — Sur le sucrage des
vendanges, 326.
SAKSON. — Les i prétendus métis-mérinos,
|.)3.
SAao.UA? (L. de). — l'.inril li des norias piur
r .rrusiue, 141. — Biscile dn 3yst'',n3 Fair-
ba iki. 179. — Ap^jare I Hniiirt pou" le
chiuffagi 'es vins, 2hl. — Edulle gradjee
puir lis f.i id es, :l i9. — E<n)sition inter-
iiaiioiiale de Liuenos-Ayras, '(74
SATr7AQa(A.). — La vigue et le pourridié, 100.
TABLE ALPHABÉTIQUE DES AQTEdRS.
517
SERS. — Culture du blé dans les Pyrénées,
4'J7.
SOL (Paul . — RAcoUe du vind.ins l'Aude, IfiT.
STR BEL. — Inoculntions préventivps du
cliarljon bancrien eu symptomaii ,ue en
Sa sse en ISS'i, il:j.
SUI.LT-PRUDHOXME. — Vers adressés à Cor-
neille, 8j.
TABDT. — Pisciculture, 4S9.
THENAHD (Pa.il). — Le sulTure de carbone
coiilre le phylliXera, 182.
TIHARD — Heduciion (les droits sur les sucres
eiuplov'L'S au su Ta;,'!' des «'«ndingjs, 43.
TOcaON (P ). — Sur U greiîj d^; la vigne, 23.
— Congres iiiteinational phyllo.iérique de
Turin, 20.1, 307.
TBÉBOirsAts (F.-R. de la). — N niveaux blés
de SB. nonce, 44- — La confëren;e lailire 'le
Glocester, 137. — De la Ira^sfaiinalion des
terres arab es en prairies, piturages, etc..
170. — Les moissonneuses-lieuses en Anjjle-
lerre, 2.i7. — L'égalité devant l'impôt, 4.i4.
TRÉNEt. (H.). — Discours prononcé au con-
cours lie Pont-Evé'iue (Kère) , 32.
VACHSH (.\LI. — Li crise agri;oleet le mé-
tayage en Bout 0 mais, 213. — Nouve.lesde
ret.it iles ré;oltes dans l'Allier, 358.
VASSlciÉaE (F.). — Variétés de cépages amé-
ricain-, 128.
vsRNEtl;L(A. lie). ^Traitement des sapinières
gelées penilant l'hiver 1S79S0, 42'l.
VILLARS. — Hommage à M. du Pcyrat et à
.M. lîirril, Kb.
viLni}RiN AMDRIE7Z, — F.mploi du pavot
double pjur la consolidation des talus de
remblais, 12.
vioiLETTE (Ch.). — Betteraves blanches et
betteraves roses, 337.
wiTT (C. de). — Discours prononcé au concours
de UOiUlé, S7.
TABLE ÂLPU.VBËTIQUE DES GRAVURES NOIRES
.\ppareil à thermosiphon pour le chauffage des
vin<, 220.
Barane à manège de M. Simon, 21.
Bascule du syslene Kairbanks, 180.
Beurre vu au inicro-cope, 42o.
Bouchon métallique obturateur pour les ba-,
raiies, 2.1.
Caniveai.'.x pour le transport hydraulique des
betteraves, 62, 63.
Charrue vigneronne de .M. Fermé des Cheneau.\',
500.
Ecurie de M. Reder. — Plan, 375. — Slalle
vue par devant, 376. — Stal e vue par der-
rière, 377.— Remise 'les harnachements, 378.
Er>;ol du seigle vu au microscope, 426.
Farines vu s au microscspe. 426.
Fibres te.vliles vues au microscope, •42.5. —
Fibres musculaires garnies de trichines,
426.
Lami)roie^ faisant leur nid, 297.
Magisin à betteraves muni d'un transporteur
hytraulique, 103.
Manège d-f .vl. Simon, 20. — Commande par
friciion ilu manège à la baratte. 21 . —
Transmission de mouvement à changement
de vitesse, 22.
Mj;s.sonneii~e- lieuse de Stmuelson, 2D0. —
Mjisso ineuse-lieuse de Hownd, dite Sim-
plex, 21.1.
Nid de l'Aii'ennaria, 297. — Md du U'iis/isr/i
r.'tyiic hi cluys, 297. — Nid du Proto;iterus du
Nil blanc, 298.
Noria pour le retour des eaux an transporteur
bydr ulique d^ betterave;, 102. — Noria
priimlive, lil. — Noria mo :erne de M. Bon-
nau'l, 141 .
Poirier de l.'jQ an«, près de Phila'elphie, 4.58.
Poiss m-so'eil, 297. — Poison giimpeiir, 298.
Récepteur de lietteraves dans le système de
transport hydraulique, 63,64.
Remise des harnachements de l'écurie de
M Rider. 378.
Sapins gelés et recépés, 422.
Stalles de l'écurie .le M. Redier, 376,377.
Tranport hydraulique des betteraves — Ga-
n veau en maçunneiie, 6!; — coevercle en
tôle, 62. — Caniveau rectiligne en fo.it-, 63.
— Val.'e de lisiriliuiion dans deux cainveaui
riccordés, 63 — Caniveau enbos, 63. —
Coupe du récepteur de betteraves, 63 ; plan,
04. — Noria pour le retour de- ea.x au trans-
porteur. 102. — Transporteur hydraulique
sous un silo, 103. — Magasin à betteraves
muni d'un transporteur, 103.
Tubes de niveau à échelles graduées pour les
foudres. — ,\ncien tube à niveau, 340. —
Tune à échelles graduées du système Duns,
340. — Appareil d"Uide pour" deux foudres
du système Duras, 340.
Vi^ne de la .Mission en Californie, 457.
TABLE ANALYTIQUE DES M.mÈRES
Académie des sciences. — Election de M Reiset,
484.
Agiicultiire. — Rapport sur l'agriculture dans
la Hanie-Vienne, 323. 334. — Agricultuie
de B,jss--Picardi.- en IH8i, 344. 384. — A^'ri-
culture méri lioaa e : de .Marseille à Nice, 3'9.
— In-'galitè des chirges de l'agriculture et
de celles de l'industrie, 454. — Le présent et
l'avenir de l'a^oiculture, 467. — Bilan de
l'année 1884, 481. — Cultures et cultivateurs
dans la région ilu sud-ouest, ôOI.
Angleterre. — L'agriculture anglaise en 1884,
209.
Arbor culture friiiiière et d'ornement, 16 i.
Ass.ileiients. — Modification envuede la pro-
duciion des e-'giais, 152.
.\rgiie-. — Cl issilicatioo, 465.
Birattes du système Simon, 13.
Barrai (.l.-A ) — Hommages rendus à sa mé-
moiic, 13, .52, 85.
Basculé's du sysième Fairbancks, 1)9.
Bétail. — Mesures à prendre contre la peste
bovine, 83. — Ali uentation avec les tour-
teaux de marc de pommes, 145, 471. — As-
similation chez la va he, 176. — Nécessité
de.l'evtension de sa proluctio i. 189, 26'i. —
Herd-book nornianl, 2i0 — Fécondation et
gesiation ch zlesaniaiaux 29t. — Inocula-
tion préventive d i charbon baclèrifii, 143.
— La graine de lin dins l'alimentation du
bétail, 432. — Prix de revi"nt de l'élevage
dms la Loire. 144 — Rapport a la Cliainhre
sur le relèvement des droits du b ta 1, 450.
Bette aies — transport hydraulique, tj2, 102.
— Clioix des vari-lés, 24i, 2.s6. — Migra-
lion di saccharo-e dans la b lierave, 285.
— Les races de betterave à sucre, 305. —
Betteraves blan'-hes et beleraves loses, 3'JÎ.
Défi^ii du lendem^-nt en ISSi, 35'i. — Cul-
ture 'les hetieravesà su'^ro, 418. — La va-
riété blanche Olii'iei-Le q, 4^9. — Compromis
entre cultivateurs et fabricanti, 508.
518
TABLE ANALYTIQUE DES MATIERES.
Beurre — Falsilic'lion an point de vue Icg.-.l
et a^rcole. 3 il, 310, «T.
Bibliographie agricole. — Em/doi du sulfnv
de ciiibone cotre 'C phyltoiern, par MM. i.as-
tine et Coinnnii, 11. — Culture du pom-
mier à cidre et fa'rii-iilinn du cidre p^r
M. .1. Nnnoi, lî. — JV lions de iylriciil' lire,
par M. K. Muel, ■;3. — Tr'ité vraiitpie
d'nna ysccli'mùiiie, par M. Staiiisl^isM un i-r,
Kiiuit t-tA. lîerliaiiJ, 73 — Le ynniierd'Aiien.
par M. L. Brugmere, W). — Les proe'Ies
«..UD aur.de l industrie laitière . par M. Che-
vron, 129 — Annaiex de l'institut a'iriinii-
miqùe, 106. — BnlUtin du vimislère de
l•agril^ulture.^6^ 'i07. — Momiel de n.éirn-
loyie agricole. p»r M- Cann, 193.— Culture
des pommes de terre; le- liaies ; la rigne -t
le phiil'o.rera., par M. Uuelien-îl.il el, 19=) —
Gu de pratique de comptnlnlité (u/rtcole. par
le vic.iiit-i (leCoruche, Uli. — Hippori ■■■nr
les expériences cuniparutires sur les dillèrents
sl^slèmes de montures, 31'i. — Les fnrres de
l'industrie, par M. Bonrd'aii, 314. — Agenda
et calendrier de poctic du fabricant de sucre,
329. - Le prnprièimre devant sa je' me
délai'xée, par M. G. Ville, 363. — Lmdtis-
irie laitière au point ae rue scientifvive il
pratique, par M. Kleisclimaun, 366. — Le
.Wicrosco'pe, par MM. I lanclioii el Hnngnu-
neuq, ii2.). — Annales de la i.cience agrono-
mique, par M. Giantleiin, 447.
Blé. — Etiittle 1.1 culiure du blé en Krance,
T3 — Pris de revient aux I des et au Chili,
30, 493. — Ollre de blés de semence ,44. —
iixpérlcncessiir les semis du ble, 59. — Im-
porlalion en France, 2n2, 242, 363, 402. —
Le froment à l.i fr. l'hecuditre, 263. — Pro-
duit en argent ne l.i recuite de 1883, 321. —
CullUie continue dans les mêmes cnainps.
327. — Pri.\ du- revient dans la Loire, 444.
— Le blé iumé et sarclé, 4.'i2. — Culture du
blé dans 1rs Pyrénées, 497.
Bois. — La product.on du Lois dans les Lan-
des, 416.
Boulangeries ooo|éralives dan^ les campagnes,
294.
Bourse. — Bulletin financier du 4 octobre.
40: — du 11 octobre, 80; — du 18 octobre,
120; — du .5 ociobre, 161); — du i" no-
vembre, 200: — du 8 novembre, 240; —
du 15 novemliie 2.SU; — du 22 novembre, 32U ;
— du 29 novembre 3 0; — du 6 décerr.lire,
400. — Cndavres. — Utilisation pou. la l'abri-
calinn d'i ngrais, 487-
Canada. — Si.lualio.n agricole et forestière, 255.
Céréales. — liéduction de l'éieudue consacrée
à leir culture, 121, 152, 170. — Récolte des
céréales en 1884, 251
Chaires départementales d'agriculture. — (/in-
conrs pour des emplois île professeurs, 324.
Chambre des députés. — Proiets et prnposi-
tiniis concernant lagriiultuie. 125, 165,205,
243, 282, 285. — Questionnaire ru groupe
agricole. 164. — Happoit de M. Ranul Dj-
val «ur le relèvement des droits sur le bé-
tail, 450.
Charbon — Inoculations préventives du char-
bon baciérien, 413.
Charrue vigneronne en Brabant, 499.
Chemin de fer. — Noiiveaux tarifs Ue la Com-
pagnie d'Orléans, 374.
Chevaux. — La produclinn des chevaux de
Irait. 40'i. — Création d'un slud-book mulas-
sier, 485.
Cliili. — L'agriculture aj Chili en 1883,
31.
Chronique agricole du 4 octobre, 5; — du
Il octobre, 41; — du 18 octobre, 81 ; —
du 25 octobre, 121; — du 1" novembre,
161 ; du 8 novembre 2(il ; — du 15 iio\em
lire 241 : — du 22 novembre, 281 ; — du
'J'.l no^e libre, 321 ; — du U décembre, 361;
— du ndéCTi bre 401 ; — d.i 20 décembre,
441 ; — du 27 drcemhrs, 481.
Chou. — .''ullure en Alsace, I8S4.
Cidre. — Fabricaiion. 312.
Comiio cen.ral agricole de la Sologne,
2. -je.
(omincrce agricole. — Revue commerciale du
4 ocinb- , 35; - 'lu 11 nciiibie, 74: — du
1- O'-tobre, 114; — 'In 25 ociobre, l.i4; —
du l"' novembre, 1 4; — du 8 novembre,
234 : — du 15 novi-mbre, 274; — du 22 uo-
v(^mbre, 314; — ilu 29 novembre, 355; —
du 6 oéc-mbre, 3'.i4; — du 13 décembre,
41(4; _ Jii ,0 dtcembie. 474; — du 27 dé-
cembre, 509. — I olice lits foires et mar-
chés, 12. — Résumé du commerce de la
Krance pendant les onze premiers mois des
deux di--inieresanin.es. 442. — Elévation des
droiis de douane sur IfS produits étrangers,
voir Crise agrico'e.
Cnnconrs régioianx. — Dates des concours de
]gj^5_ 41. — Programmes, des concours,
247, '28'. , .
Concours divers. — Concours pomologiqne a
Rouen, 9, li 8. — Concours de fromager e à
M anx, 10, 298. — Concours pour la race
bovine gasconne., 10. — ' oncours d iu^liu-
menis à Foi.'i, 10 — Concours de l'unt-
Evê|ue (I-^ère), 32 — Concours de poulains
de gro- trat dans la, Nièvre, 168 —Concours
poiTr semences de céréales, InS. — < oncours
général a.:ricole de l'Algfiie en 188.5, 207. —
(,om ours df l'iiiduslri- laitièie à Saleis, 286.
— C ncours dan maux de houclurie, 288,
366, 405, 447. — Concnurs de charrues sul-
fureuses' dans l'Aude, 325 — Concours de
boucherie du Chb de Siui'hlield, 327 —
Concours pour l'augmentai ion de la culture
du blé, 367. — Concours de volailles grasses
à l.ouhans, 405. — Concours d'animaux de
b' ucherie à l'amiers, à Chàlon-sur-<a<'ine,
28S; — à Oiiimper, 366 ; — à Angoulème, à
Reims, 405 : — à Tarh-s, 447.
Concoiirsdes .So' létésd'agriculinre de Mirande,
de l'Aiièiie, 10 : — d'AvrancbfS, 11; — de
l'Eure, 47 : — de Lisienx, 47 . — de Hourgoin,
51 ; — de Ponl-I Evoque, 87 ; — de W.'Ssy.
^S; — desHailes-Al] es. 114 : — de la. 'Marthe,
]I4. —du G.ird, 170; —de la Nièvre, 168,
207;' — de lAude, 32..; —de Louhans, 40.i.
— (; ncours dos (lomices d'Euie-et-Loir. -i6;
_du Coienlin, 47;— de Laval, deCl.àlons,
de Hennés, 49 ; — de S incerre, de Vemlôme,
de Trévoux, .50; — de Riom. 51 ; — de Né-
„c 51 ; ■_ ,le Nevcrs, de Cb:Heau-Chinon,
89; — deSi-Anuiud,2Û7; — d'Abbeiille, 344;
— du Comice de Salers, 286.
Congrès pnmologiqnc de Hoiien, 9, 108. — Con-
grès iibvlloxériijue de Tnrui. 43, 265, 307,
3i;j. _" Congr-s agricole départemental de
l'Anbe 83. — Projet d'un cnug-ès naloiial,
ag-icole, 163, 202. — Congiès de Chaumont,
483.
Conservatoire des Arts et-Méliers. — Pro-
i;ramme des cours concernant l'agriculture,
208.
Corbeaux. — Moyen de les éloigner des champs
emblavés, 393.
Cotes foncières siipéri-nres 5 lO'l beclares,
473.
Crédit agricole. — Organisation, 66, 230,
391. _ Enquête sur le crédit agr cole, 362.
— Mobilisation partielle de la propriété lon-
cière, 402.
Crise agricole — Discussions relatives à l'.'lé-
vatiiiii des droits sur les prnduts étra.igers,
41, 81. 90, 121, 1.50. 161. 173, 187, 201, i4l„
2.53, 281 321, 361, 402, 461. — Vœux des As-
TABLE ANALYTIQUE DSS MATIERES.
519
socialions agricoles en Viveur cIps droits pro-
tecteurs: Coiiii'es cl'Kin-' el-l,nir, 'i(i; — So-
ciété lies agriciilt'iir- du N rnl, W; — C i-
mice- (le S^iii -et Mirri , !;■>; — S )cicU'
d'eiK.'Oiira-'einent à riii^riciilture ilu H ivre,
12S; — Réunion des a^ncu'te ir< de la Loire .
123; — Ccmioes de l'Aisne, li>2; - Ciiiseil
.. dépar'e iieiital de l'isori!, IBJ; — S leiéle
d':igric'iUur-! do Meaux, 2i).'; — Société
d'à. nculiure d'Alger. "03: — tiongrès ajri-
cole de lAube; 241; — Comices du la
Somm>', lih; — Soci Hé d'agricalliire du Pas-
de-Calais, 2H4; — Comices et Soci-^lés de la
Mayenne. 28 i ; — Comice aurico a central de
la Lo're-Inferieiire; — [jguo de-; citliivaieiUN
du Nard-Esl. 311 ; —dm ce de idiiUedTaull,
322; — Soiîiétè d'.iirncidtiir ! de la Vn^nne
32a; — Comice d- Rennes. .■{!3; — Cimics
de Rouei. 3 "2; — Société d'agricnlture des
Basses-Pyrénées. 4ii3; — Co iiices di Loirei,
403; — Comice de Seine-ei-Oi-ie. 403: — r^o-
eiétê d'a'.;riciiltiir« de la Sipde, 443: —
S iciété d'aïric ilture di" la Lnii-e, 443: — (loii-
• seil général de l'Oise, 443, — Ro'inions l'agri-
-eulleurs à nminlan. Arniein, Naocr. Chui-
mont. Dijon, 2'tl. -^ L.i. crue agncol i et le
■ mètayne dms le Bjiirooti la s, 213.
Douanes. — Li rél'o-ini' des tarifs devant le
Pu'le 11 -iil, 1-22. 201,241, asi, V21. 361, 401,
441, 4-S2. — L,a crise a^'ncole et les d oits 'le
douine, 90. — Les dro ts de il iiiaue et la
pet te Ci lu'e, 2.')3. — L'a^'ri niltur i et les
tarifs ilouaniers, 3!)'i.
Droits fi<i-aux à éiahlir sur les produits agri-
coles étraigers. — Voir Crisi' ayi'icole.
Droit ru al. ^ Ternin clos; clia-se en temp^
proliil)é, 2 13. — Vaine pâture, 423. — Clias.-.e
et gibier, 4!I6.
Eau\ de coiide-isition. — Utilisation p au-
l'horticulture. 218.
Ecliaigos dimmeuliles ruraux. — Droits fis-
ciiux à percevoir, '.'34
Echelle graduée pour les foudres, 339.
Ecoles nitioniles l'a-iri okure. — Elèvesadrais
à Grigiion et à Giaud-Jou m, 127 ; — à Mont-
pellii-r, 246, 32'i. - luni-'ur ni m do buste
de M. Saii.l-Pierre à l'école d'agriculture d;
Montpellier. 31J4.
Eco 1p fores lié -e — Elèves admis à l'école natio-
nale forestière. 9.
Scono uie rurale. — L'usine agricole, 104,
14>i. — V ileurvenalede la iiropriéié foncière,
226. — C uisidérations gôiié aies sur l'agri-
eulture, h04.
Ecuries. — Un modèle de grande écurie
37 .T.
Eugrai.^. — Syndicats pour l'.icliat des engrais,
44 — Projet de loi pour la répression dos
fraudes couimerciaies, I2.>. — E'npioi dcî
cngr,iis polassiijus eu lirjtigne, ib7. —
Fra id(-s dans le commerce des superpbos-
- pliâtes. 210. — U'agi du carbuiate et ilu
phi s(di;ile en Belg.ie, 270. — Commerce
des en:;rais. 407.
Enqu-'ies agricoles. — Oueîtioniiiire du groupe
agricole .le la Chambre, 164. - Incpiète S'ir
le cre lit agricole, 362. — Enquête agricole
dans l'Aisne, 442.
Enseitineinent aaric de. — Création d'une é"olc
pr.ti'jue d'a,L;ricultui'c dans le Pas-de-Calais,
';. 84; — daFi-: la Somme, 12.i. 287, 367. —
Ecoles de Iromau'erie dans l'Ain. lo7. —
C.rpation de chiires d'iig^'icu lune d ms le-
!yp/es, '287. — Ecole d'iiorticoliure de V-r-
sailles, 28'*^. — Concimrs po ir des chaires
déparlemeutiles d agriotdtor ■, 324 — Fer. ne-
école des Trois-Croix, 166; — de baint-
Michel, 246.
Etats-Unis. — La pro.luclion agricole anx
Etits-Unis. 42, — Révolte du hé eu 1884.
282.
Exportations des blés et farines en iMancc,
2)2.
Exp 'Si'ioii internitioQale do Budapest, 11 ; —
J'Aniilerdam , récon-.penses honoiifiques
décernées. 83. 40S. 447 : — de Buenos-Ayres,
en 1886, '174. — Expo-iiion de vins nouveaux
eu A'g^rie. 170. — Exposiiion intern.ilioiiale
de menu. ri', 28.'). 4'i7. — Exposition il'hor-
licul ure à de i, 40'>.
Exposition univer.sflie de IHSi) à Taris, 241.
E.iriiies. — Imporiafion et exportation en l''rance,
242.
Ferrure Charlier p»rfecliounée, 26, 100.
Fore s. — Pépiniores foreslères, iV.). — Pro-
duit de la culture des bois dans les Laudes.
417.
Fourrages. — Exf'nsion de la culture d'S four-
rages. Ul. — C inservation des fourrages à
l'air libre, l,î3. — Cultures fotirrrauéres au
Br ocliei-BeH'ou, ISI. — Séchage du foin,
433.
Froment. — Le fronent il.Tfra'ic; l'hectolitre,
20!. — Composition du grain de froment,
4i8.
Fruits — La production friitière, 365.
Foraier. — Recherches sur les fermenlations
du fumer de f^Tuie, 8, 18. — Confection et
entretien des fu iiiers, tôl. — ■ Amélioration
des fos-es à fumier, 431.
Gara .ce — Reprise de la culture dans V'ju-
cluse, 290.
Honicultiire. — Culture des pal niers, 97. —
Uulisition des eaux de conden-aliou pour
riioiiicullure, 218. — Expasiiou d'horticul-
ture à Catn, 408.
HouMm. — Les maladies du houblon, 61.
H lities. — Progrès dins la culturedes huîtres,
4H'i.
I ijpoilitions des blés et farines en Fiance,
■J42.
Impôts. — L'égilité devant l'iinpôt, 4.'54.
Indes. — L'agriculture d nis les Indes en 1883,
311. — Production du froment dans l'iudc,
VJ3.
Insecte.s nuisibles. — Distruclion, 364.
Institut national agronomique. — Elève? rid-
ais. 16,1. — Vacance de la chaire de sylvi-
culture, 324.
Inventions a<.'ric des^. — Anatyse des brevets
pris, 3i, 67. 1U7, 178, 224, 271, 304, 3S2,
430, 47i), al 3.
Irrigiitiuus. — Les irrigations en Algérie, 1.Î5.
.Kirdio zodogique d'acclimatation. — Acquisition
d'un é.'an, 85.
Juuinaf de l'aijrkuUnre. — Nouvelle direction,
ô. — Progr.iuini?. 6,
Laboratoire centra! agricole et commercial,
48.J.
Lnilerie. — Conforcuiie laitière de Glocester.
137. — L'iudustiie laitière en Suisse, 407.
Légion d'honneur. — Décoralion.s pour services
rendus à l'agriculture, 408.
Lev tire. — Culture de la levure de vin, 327.
Libre-èchinge. — Discussions relatives au libre-
échange et à la protection. — Voir Crise
(i ijiiaile.
Ligue des cuUniteurs du Nord-Est, 20.'), 311.
— Ligue coiiire le réncliérisserneiit Ou pain
et de la viande, 361, 410 — Ligue agricole
du Midi, 404 — Ligue des herbagers du nord-
est, 4k'2, 490.
Luzerne. — Amendements qui conviennent aux
jiunes luzernes, ;)02.
Mjcliiiies agricoles. — Foires dans l'Aude,
192.
Machines à battre. — Pr.x de Iransport, 169.
Mililies contagieuses. — Inoculation préven-
tive du charbon bactérien, 413.
M inèges lu système Simo,), 19.
520
TABLE ANALYTIQUE DKS MATIERES.
Marc de pommes comme aliment et comme
engra's, 411 .
Méi'ite aj;ricolc. — Décorations dans cet ordie.
1G:>, k!tl .
Mélayave. — La crise agricole et le métayage
dans le Bourlioîiiiais, 2i3.
Métcurnloïie agricole. — Observai ion» du mois
de s>'[JlPmbre, ll:j; — du mois d'ociobre,
23!!; —du mOK de noveinijre, 390.
Mildew. — I e sulfaie de cuivre comme prpser-
valil', 24'i. — Moyen d'altenuer ses lavage-,
39,i.
Minisirre ds l'agriculture. — Discussion de son
budget, 126, 1C5, 283,401
Moissoi neuves- ie^ses en Angleterre, 257.
Moutons. — Les prétendus mélis-niérinos, 13S.
— Blessures causées par la graine du Sii/ja
tnrlilis, 433, 414.
Mulots — De-iruciion par l'arsenic, 4^6.
Néciologie. — MM. Robert de Luisenuin, 43:
— Michel Graeff, Audran, 44; — du Peyrat,
86: — Jouriiiac, 209; — Guicbard, 242: —
le vienne de Villamajor. X. l'irita, 3G:i ; —
Touaillon, 40j ; — Voelcker, 446. — Hom-
mage d la mémoire de Liubrurifaul, 329.
Norias — Emplui pour 1 arro-age, 141.
Octrois. — Uiiiicuilé de leur reforme, 483.
Ostréiculiure aux roches de l'Kstrée, 464.
Palmiers. — Culture, 97.
Pavot. — Emploi du pavot double dans les
talus, 1 1.
Pépinières forestières, 329. — Pépinières de
secours en Solog e, 394.
Peste bovine. — Inteidiclion d'enirée du bétail
autrichien en B-lgique, 83, 168.
Phosphates. — Gîtes phjspbalé» dans le sud-
est, a24.
Phyll'ixcra vnstalrix. — Destruction de l'oenf
d'hiver. 8, .î3. — Congres phylluxérique
inlrrnatinnal de Turin, 43. — Tiaileii.ent
par le sulfure de carbone, 18''; dissous dans
l'eau, 127, 130, 206. — Mesures contre le
ph)lloxHra dane la zore franche du pay-i de
Gex, 206. — Propagation des vigi.es améri-
caines. 84, 12S, 24.Î, 272. 325, 36.i. — Exien
sion d 1 phylloxéra, 2x3, — Badigeonna.'e
anti|diylloxérii|ue des vignes, 349 — Fraudes
commises diins le mlfuia^'e des vignes, 406
— Kxi'însion du jibylloxera en EsiMgne, 484.
Physique végétale. — Marche de la végétation
dans les pLiites anniiHlles, 46.
Pisciciiliure. — Hepeu| lenieiil des cours d'e u
daiis la Creuse, 85. — Li sardine, 177. —
Le poisson uélendu, 269. — Les niiheurs.
29.S.
Poirier âgé He 150 ans en Aménqn», 458.
Police SH itaire. — Son application dans la
Haute-S'.ôi.e, 486.
Poniolofjie. — Concours et congrès pomnlo-
gique de Rouen. 9. — Cuiiosilés puiuulogi-
quei en Amtri'iue. 457.
Population. — Mouvement en Fiance, 211.
Pourridié. — Le pounidié ue la vigne, 100,
448.
Prairies. — Tran-formalion des terres arables
(n prairi s, 121, nu. — Graines pour ta
créHlion de pian les, 486.
Primes d'Iioi neur et pnx cnlluranx. — Prix
ciill'irHuxet pnx d'irrigation dai s les Haiite^-
Pyréi.t'es, 28, 61), 93. — Les primes d'bun-
neiir en 1886, 42.
Proprié'e fnnciere. — Valeur vénale, 226. —
Sa uiobilisrtiion partielle, 402. — Les cotes-
foncières supéiieures a 100 beclaies,
473.
Proieciion. — Discussion relative aux droits
pio.ectcurs. — Voir Crue agricole.
Récoltes. — Nouvelles de l'état des récoltes en
terre, 3;), 89, 2.50, 291, 329, 3n8, 449. — Si-
luition agricole dms le Morbihan, 35; —
dans le nord-et, 74, 184. 234; — dans le
Péngonl, 192,. 507; — ilan-le l'a -de-Calais,
507, 192; — djns l'Ain, 450. — La récolte
en Angleterre et en Suis^e, 42.
Rente. — La rente du sol en Angleterre, 406.
nonces — Destruction dans le-- bois, 217.
Sjpiiis. — Tiaiiement des sapinières gelées en
lf-79-SU, 420.
Sardine — Culture, 177.
Sériciculture. — Klat actuel dans le Var
4.59.
Société natiomle d'agriculture de France. —
Comptes-rendus des séance- liehdumadaires,
211.273, 311, 353, 392,433. — Kl-cuon des
candidats aux fonctions de secrécaire perpé-
tuel, 4'i6.
Société des agriculteurs de France. — Réunion
des délègues des AssuciatiOiis agricoles, 123 ,
204, 292, 3.'2, 341. — (Joiicours poirl'aug-
meiilalion de la piotuctiun du ble, 367.
Socièlé royale d'agriculture d'Angleterie. —
Concours de moissonneuses-i.euses, 258 — ■
Travaux, 327.
Société do médecine vétérinaire; séance pu-
bliipie, 1*^8. — Concours de la So .icté hip-
pique tran 'aise, 285. — Ctéatinn de la Société
myculogique, 85. — Concours de la Société
des agriculteurs du Nord, 05, 484.
Stations agronomiques. — Travaux, 45, 46,
166, 167, '287.
Sucres. — La camp.ngne sucrière. 12, 243,
329, 449. — Emploi du sucre cristalisé,
129. — L'impôt sur les sucres en Belgique,
449. — Le sucre en A'igleterre, 498.
Sulfate de cjivre. — Emploi contre lemilJew,
244.
Sulfure de car''one. — Dissolution dans l'eau
pour le traitement des vignes phylloxérees,
130, 206. — Le sulfure de carbone contre le
ptiylluxera, 181.
?yndicats pour lâchât d'engrais dans le Loir-
et-! lier, 44.
Terre- arables. — 'transformation en prairies,
121, 170.
Torieaux. — Alimentation du bétail avec les
tourteaux de marc Me pommes, 145, 470.
Usine agricole, 104, 146
Vaine pâture. — Exercice du droit de vaine
pâlniv, 243.
Village. — Discussion du projet de loi sur le
village, 243.
Vigne. — La greffe de la vigne, 23. — Décret
leblif à I exportation de- ceps, sarments,
éclialas et tuteurs, 65. — Lu vigne et le ponr-
r.dié, 100. — Cultme ;iu Plauil Cuermignac,
112. — Culture en huites-hilions, 142. —
Récolle dans l'Au. le, 16:); — dans l'Hérault,
212. 212. — La vig.ie en Seine-et Oi.sc en
188'i, 2il. — Propagation des cépiges amé-
ricains, 34, 128, 245. 272,325, 365, 4.59. —
Les vignes du Haut-Bailly,:!88. — Causcsdu
pourndié de la vigne, 448. — Vigne de la
Mis-i.in en Calilornie, 457. — Vignes amé-
ricaines à Saint-Cyprien (DorJogne),
46i.
Vins. — Le sucr.ige des vendanges, 43, 129,
ï07. — Exposition de ^ins nouveaux en Algé-
rie, 171). — Diacu-sion du projet de loi sur
l'iuipôtiles vins et 1' viiingc, 205, 243. 282.
— Appa eil Houdart pnir le ch.iufTage des
vins, ■jig. — Venie des vins des hospices de
Beaune, 244. — La kvûre de vin cultivée,
325. — Vendanges de 1884 en Italie,
484.
FL\ DE LA TABLE DU QUATRIÈME VOLUME DE 1884.
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