Skip to main content

Full text of "Journal de l'agriculture"

See other formats


'^\ 


<^*\4 


rM 


f^C- 


^^«ir.. 


JOURNAL 


DE 


L'AGRICULTURE 


ANNÉE    1884,   TOME   TROISIÈME 

(juillet  a  septembre) 


Le  JOURNAL  DE  L'AGRICULTURE,  fondé  le  20  juillet  1866,  a 
successivement  fusionné  avec  le  Journal  de  la  Ferme  et  des  Maisons 
DE  campagne  et  avec  la  Revue  de  l'Horticultcre.  Il  s'occupe  de  toutes 
les  questions  de  pratique  et  de  science  agricoles,  de  législation  rurale, 
d'économie  politique  ou  sociale  dans  ses  rapports  avec  la  vie  rurale, 
enfin  il  donne  tous  les  développements  nécessaires  aux  progrès  de 
la  viticulture,  de  l'horticulture,  de  l'arboriculture  et  de  la  culture 
maraîchère;  il  traite  aussi  bien  de  la  production  des  jardins  que  de 
celle  des  champs. 

Il  appartient  à  une  Société  composée  de  840  agriculteurs  ou  agro- 
nomes groupés  autour  de  M.  J.-A.  Barrai. 


JOURNAL 


DE 


L'AGRICULTURE 

DE    LA.    FERME    ET   DES    MAISONS    DE   CAMPAGNE 
DE    LA    VITICULTURE,    DE    L'HORTICULTURE 

DE    L'ÉCONOMIE    RURALE    ET    DES    INTÉRÊTS    DE    LA    PROPRIÉTÉ 

rOSDÉ    ET    DIRIGÉ    FAR 

J.-A.     BARUAL 

SECRÉTAIRE  PERPÉTUEL   DE  LA    SOCIÉTÉ    NATIONALE   d'aGRICULTURE    DE    FRANCE 

Membre  du  Conseil  génér.il  de  la  Moselle  jusqu'en  1871  ; 

Ancien  élève  et  ancien  rèpûliteur  de  chimie  de  l'Ecole  polytechnique; 

Membre   du  Conseil  supérieur  de  l'agiiculUire.  du  Conseil   d'adniinisiralion   de   la  Société  natiojiale  d'encouragement  à 

l'agriculture  et  du  Conseil  de  la  Sociéi^  des  agriculteurs  de  Friuice; 

Lauréat  de  l'Académie  des  sciences  en  1863,  pour  le  prix  de  MoTogues.  décerné  à  l'ouvrage  ayant  fait  taire 

le  plus  <;rand  proprés  à  Vagncullure  en  France; 

Gommandeur  de  la  Légion  d'honneur;  de  I  Ordi-e  ottoman  du  Medjidté,  de  celui  des  Saints  Maurice  et  Liizare  tTitalie, 

de  celui  d'Isabelle  la  Calholi-ine  d'Espaj^ne;  Ciievalier  des  Ordies  de  Lèopold  de  Belgique, 

de  Notre-Dame  de  la  Conception  de  Portugal; 

Membre  de  la  Société  philomalique  cl  du  Conseil  de  la  Société  d'encouragement  pnur  l'industrie  nationale  ; 

Membre  honoraire  de  la  Société  royale  d'agriculture  d'Angleterre; 

Membre  honoraire  de  l'Académie  de  Metz,  de  la  Société  centrale  dagriculiuie  de  Belgique,  de  la  Société  royale  d'agriculture  de 

Portugal,  de  la  Société  des  af;riculteurs  italiens, 

des  Sociétés  d'Agriculture  du  grand-duclié  de  Luxembourg,  de  Moscou,  de  Varsovie,  de  Spolato, 

des  GêOTQotiles  de  Florence,  de  Grosseto.  de  Turin,  de  Saint-Pétersbourg,  de  Pesaro.  du  Chili,  de  Hongrie,  de  rUruguay  : 

Correspondant  de  l'Institut  genevois,  de  l'Institut  égyptien,  de  la  Société  des  sciences  naturelles  de  Milan;  Jes  Sociétés 

d'Agriculture,  de  Viticulture  ou  d'Horticulture  de  Pans,  d'Arras,  de  l'Aube,  de  l'iveyron.de  Bayeux.  des  Btmclies-du-Rhône, 

de  Coiiipié^ne,  de  Caen,  de  Clermont.  du  Nord,  de  la  Seine-Inférieure,  de  Mayenne,  "de  la  Haule-Garonne,  Ac  la  CÔte-d'Or. 
de  Joigny,  de  Libourne,  de  Lyon,  de  Mirecourl,  de  Nancy,  du  Pas-de-Calais,  de  Poitiers,  de   Poligny,  de    Senlis,  de   Vaucluse 

des  Comices   agricoles  d'Agen,  de  Lille,  de  Meaux,  de  Metz,  de  Brantûme,  de  la  Société  des  Amis  de  la  paix 

deValence  (Espagne),  des  Sociétés  d'Agriculture  de  Gaiui.de  New- York,  devienne  {Autriche},  delà  Gueldre  (Hollande),  de  Hongrie 

du   Cercle  agricole  et  horticole    du   gr;ind-ducbé   du  Luxembourg; 

Associé  étranger  de  l'Académie  royale  de  Suéde,    etc     etu 


Conseil  de  direction  Scientifique,  Politique  et  Agricole  : 

iMM.   J.-A.    BARRAL,    G.^TON    BAZILLE,     GAREAU, 
P.  DE  GASPARIN,  NOUETTE-DELORME^  HENRY  SAGNIER,  A.  VANDERCOLME 


ANNÉE  1884,    TOME  TROISIEME 
(juillet  a  septembre) 


PARIS 

AUX   BUREAUX  DU  JOURNAL  DE  L'AGRICULTURE 

Chez  M.  G.  MASSON,  libraire-éditeur,   120,  boulevard  Saint-Germaiii 


1884 


XJ 


.un 


Le  Jonrnal  de  l'Agriculture  parait  tous  les  samedis  en  une  livraison  de  52  à 
68  pages,  avec  de  nombreuses  gravures  noires  intercalées  dans  le  texte  et  des 
planches  noires  ou  coloriées  hors  texte.  —  Il  forme  par  an  quatre  volumes  de 
600  à  600  pages  chacun. 


PRIX   DE   L'ABONNEMENT  : 

FRANCE:  un  an,  20  fr. ;  —  six  mois,  11  fr.;  —  trois  mois,  6  fr.  — Un  numéro,  50  centimes 

Pour   tous   les   pays   de  rUnion  postale  :   un    an,    22   fr. 

Pour  tous  les  autres  pays,  le  port  en  sus. 


LES    PAYS    FAISANT    PARTIE    DE    L  UNION    POSTALE    SONT  i 

AUemagne  —  Autriche  —  Belgique  —  Danemark  —  Espagne  —  Etats-Unis  —  Grande-Bretagne'  —   Grèce 

Hongrie  —  Italie  —  Luxembourg  —  Monténégro  —  Norvège  —  Pays-Bas  —  Portugal 

Roumanie   —  Russie  —  Serbie  —  Suède  —  Suisse  —  Turquie  —  Egypte  —  Tanger  et  Tunis 

Perse  —  Brésil  —  République  argentine —  Pérou  —  Colonies  françaises 

La  plupart  des  colonies  étrangères. 


JOURNAL 


DE 


L'AGRICULTURE 


CHRONIQUE  AGRICOLE  u^  juillet  i884). 

La  fin  des  concours  régionaux  de  1884.  —  Aperçu  général  sur  ces  solennités.  —  Comparaison 
avec  les  concours  antérieurs.  —  Essais  spéciaux  do  machines  et  instruments  agricoles.  —  Les 
primes  d'honneur  de  la  petite  culture  et  de  l'horticulture.  —  Recherches  de  M.  lierthelot  sur 
fa  présence  des  azotates  dans  tous  les  végétaux.  —  Prochaine  discussion  de  la  loi  sur  le  régime 
des  sucres.  —  Modifications  apportées  au  projet  de  loi  par  la  Commission.  —  Etude  de  M.  Lam- 
bert sur  la  sucrerie  en  Allemagne  et  en  Autriche.  —  NécrolOEtie  —  Discours  prononcé  par 
M.  Houzeau  aux  obsèques  de  M.  Girardin.  — Moit  de  M.  le  marquis  de  Ginestous. —  Décorations 
dans  l'ordre  du  Mérite  agricole.  —  Le  phylloxéra.  —  Avis  publié  par  la  Compagnie  des  chemins 
de  Ter  de  Paris-Lyon-Méditerranée.  —  Mesure  contre  l'intrûduction  du  pbyllo.xera  en  Algérie. 
—  Projet  de  loi  relatif  aux  zones  franches  de  l'Ain  et  de  la  Haute-Savoie.  —  La  culture  de  la 
vigne  dans  les  sables.  —  Lettre  de  M.  Giran.  —  La  représenlation  de  l'agriculture  à  la  Chambre 
des  députés.  —  Programme  des  concours  internationaux  de  machines  agricoles  en  Italie.  — 
Exposition-marché  de  machines  agncoles  à  Besançon.  —  La  pêche  de  la  sardine  sur  le  littoral 
de  la  Bretagne.  —  Concours  pour  un  emploi  de  médecin-vétérinaire  inspecteur  à  Troyes. 

I.  —  Les  concours  régionaux  de  1 684. 

La  période  des  concours  régionaux  de  celte  année  est  maintenant 
terminée.  Le  concours  du  Puy,  le  dernier  en  date,  a  fermé  ses  portes 
le  dimanche  29  juin;  il  a  eu  la  visite  de  .M.  Tisserand,  directeur  de 
l'agriculture,  qui  a  reçu  des  populations  agricoles  de  la  contrée  l'ac- 
cueil le  plus  empressé  et  le  plus  sympathique.  A  deux  ou  trois  excep- 
tions près,  ces  soleiinilés  ont  été  absoluineut  complètes  :  les  expositions 
de  bétail,  de  produits,  de  machines,  ont  rivalisé  d'importance  etd'éclat, 
et  elles  ont  amené  un  grand  concuurs  de  visiteurs,  toutes  les  fois 
qu'elles  ont  été  favorisées  parle  temps.  Les  municipalités  des  villes  qui 
donnaient  asile  à  l'agriculture  de  leurs  régions  respectives,  ont  com- 
pris que  ces  fêles  agricoles  avaient  un  attrait  suffisant  pour  attirer  la 
foule,  et  la  plupart  se  sont  abstenues  d'organiser  des  expositions  plus 
ou  moins  attrayantes,  des  fêles  plus  ou  moins  tapageuses,  au  milieu 
desquellesle  concours  régional  passait  inaperçu  ou  bien  était  délaissé  ; 
elles  se  sont  bien  trouvées  de  celte  dérogation  à  des  habitudes  devenues 
trop  générales.  Il  faut  espérer  que  cet  exemple  seradésormais  toujours 
suivi,  que  les  solennités  agricoles  garderont  leur  caractère,  et  que  rien 
ne  viendra  en  entraver  le  développement  normal.  Quand  aux  concours 
eux-mêmes,  leur  ensemble  réfute,  en  1884,  de  la  manière  la  plus 
complète,  les  injustes  accusations  portées  contre  eux.  La  preuve  en  est 
que,  si  l'on  compare  les  concours  de  1884  avec  ceux  qui  ont  eu  lieu 
en  1 876  dans  les  mêmes  départements,  presque  partout  dans  les  mêmes 
villes,  on  constate  que  l'imporlance  de  toutes  ces  expositions  est  plus 
grande,  pour  le  bétail,  pour  les  produits,  pour  les  machines,  c'est-à- 
dire  pour  toutes  les  parties  qui  les  constituent.  C'est  d'un  excellent 
augure;  c'est  11  meilleure  réponse  aux  détracteurs  de  celte  utile  insti- 
tution. IJ  faut  cependant  signaler  que  l'absence  de  concours  spéciaux 
d'instruments  et  de  machines  se  fait  de  plus  en  plus  sentir,  ilans  la 

N»  795.  —  Tome  Ht  de  1884.  —  j  Juillet. 


6  CHRONIQUE  AGRICOLE  (5  JUILLET   1884}. 

plupart  des  concours,  et  qu'elle  suscite  des  regrets  de  plus  en  plus 
vifs,  surtout  chez  les  cultivateurs  qui  trouvaient  un  guide  dans  les  ré- 
sultats de  ces  essais,  guide  impartait  parfois  si  l'on  veut,  mais  qui 
valait  mieux  que  l'absence  de  toute  indication.  D'autre  part,  la  créa- 
tion des  primes  d'Iionneur  spéciales  pour  la  petite  culture  et  pour 
l'horticulture,  a  été  accueillie  partout  avec  faveur;  ces  primes  ont  été 
décernées  dans  la  plupart  des  concours.  Elles  créeront  une  nouvelle 
émulation,  fructueuse  pour  le  progrès,  chez  les  petits  cultivateurs 
dont  la  plupart  étaient  jusqu'ici  restés  étrangers  aux  grandes  solenni- 
tés agricoles. 

IL  —  La  présence  des  nilratesfdans  les  végétaux. 

On  sait  qu'une  station  de  chimie  végétale  a  été  créée  à  Meudon 
comme  annexe  de  la  chaire  de  chimie  occupée  par  M.  Berthelot  au 
Collège  de  France.  Un  des  premiers  problèmes  dont  M.  Berthelot  a 
cherché  la  solution  a  été  celui  de  l'origine  première  de  l'azote  qui  con- 
court à  la  formation  des  principes  immédiats  des  végétaux.  Il  vient  de 
faire  connaître  à  l'Académie  des  sciences,  dans  la  séauce  du  20  juin, 
les  résultats  des  expériences  qu'il  a  entreprises  sur  plusieurs  espèces 
de  plantes  dont  il  a  analysé  toutes  les  parties  pendant  toutes  les  phases^ 
de  la  végétation.  Ces  expériences  tendent  à  établir  l'existence  d'une 
nouvelle  fonction  végétale,  donnant  lieu  à  la  formation  des  azotates 
au  sein  de  certains  tissus  végétaux  et  pendant  une  période  déter- 
minée de  la  végétation.  Nous  publierons  cette  note  qui  présente  un 
très  grand  intérêt  pour  la  physiologie  végétale,  et  par  suite  .pour 
l'agriculture;  car  toute  conquête  scieutilique  de  ce  genre  sert  de 
guide  à  la  production  agricole, 

III.  —  Les  sucres  et  les  betteraves. 

La  Chambre  des  députés  a  enfin  placé  la  question  des  sucres  en  tête 
de  son  ordre  du  jour;  il  est  probable  que,  lorsque  paraîtra  cette  chro- 
nique, la  discussion  aura  commencé.  La  Commission  a  apporté  cer- 
taines modifications  au  projet  dont  nous  avons  publié  le  texte;  les 
principales  sont  les  suivantes  :  elle  a  porté  à  trois  années  le  délai 
pendant  lequel  l'abonnement  sera  facultatif,  elle  a  réduit  à  5.75  pour 
■100  le  rendement  légal  pendant  ces  trois  années  pour  les  fiibriques 
travaillant  par  la  dift'usion  et  à  5  pour  100  le  rendement  pour  les 
fabriques  travaillant  par  les  presses,  et  elle  a  décidé  que  le  rendement 
minimum  sera  porté  à  80  pour  100  pour  les  sucres  étrangers  d'ori- 
gine européenne  ou  importés  des  entrepôts  d'Eui'ope. 

Parmi  les  nombreux  travaux  publiés  récemment  en  France  sur  la 
culture  de  la  betterave  et  l'industrie  du  sucre  en  Allemagne,  un  des 
plus  intéressants  est  certainement  celui  que  vient  de  faire  paraître 
M.  Lambert,  fabricant  de  sucre  à  Toury  (Eure-et-Loir).  Sous  le  titre  : 
Petit  voi/afic  de  découvertes  aux  pays  du  sucre,  Allemagne  et  Autriche, 
et  sous  une  forme  très  agréable,  M.  Lambert  présente  des  faits  et  des 
renseignements  pris  sur  place  par  une  caravane  d'hommes  expéri- 
mentés, qui  ont  voulu  étudier,  pendant  l'hiver  dernier,  l'industrie 
sucrière  allemande.  Les  observations  s'y  succèdent  avec  précision,  et 
elles  sont  nombreuses.  La  conclusion  de  M.  Lambert  peut  se  résumer 
ainsi  :  ce  n'est  pas  l'outillage  des  sucreries  allemandes  qui  fait  leur 
supériorité,  mais  c'est  la  perception  de  l'impôt  sur  la  betterave  qui, 
d'une  part,  force  à  obtenir  régulièrement  des  betteraves  riches  par  des 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (5  JUILLET  188^4).  7 

procédés  de  culUire  absolmuenl  différents  de  ceux  usités  ea  France,  et, 
d'autre  part,  permet  d'extraire  avec  protit  le  sucre  des  mélasses.  Par 
conséquent,  une  fois  l'impôt  sur  la  betterave  établi  en  France,  le  sort 
de  l'industrie  sucrière,  dit-il,  sera  entre  les  mains  des  cultivateurs. 
Gela  est  vrai  jusqu'à  un  certain  point;  mais  il  faudra  aussi  que  les 
fabricants  de  sucre  sachent  reconnaître  les  efforts  que  les  cultivateurs 
ne  manqueront  pas  de  faire  et  qu'ils  sachent  payer  à  sa  juste  valeur 
la  matière  première  qui  leur  sera  fournie. 

IV.  —  Nécrologie. 

Nous  avons  annoncé,  il  y  a  quelques  semaines,  la  perte  cruelle 
infligée  à  la  science  et  à  ra;>riculture  par  la  mort  de  M.  Girardin.  Ses 
obsèques  ont  eu  lieu  à  Rouen  avec  une  grande  solennité;  parmi  les 
discours  prononcés  sur  sa  tombs,  nous  reproduisons  celui  de  M.  Hou- 
zeau,  directeur  de  la  station  agronomique  de  Rouen,  qui  retrace, 
avec  une  réelle  éloquence,  les  travaux  de  M.  Girardin  et  les  services 
qu'il  a  rendus  : 

te  Le  savant,  l'homme  de  bien  à  cfui  nous  venons  dire  un  dernier  adieu,  était, 
en  1858,  l'objet  d'une  manifestation  des  plus  touchantes.  Près  de  trois  cents  per- 
sonnes, fonctionnaires,  indu-itriels,  agriculteurs,  commerçmts,  réunis  dans  un 
banquet  offert  à  M.  Girardin,  étaient  venues  des  différents  points  du  départeiuent 
témoigner  des  regrets  que  leur  laissait  son  départ.  Le  professeur  de  chimie 
de  l'ancienne  école  municipale,  le  conférencier  agricole  si  distingué,  nomini  doyen 
de  la  Faculté  des  sciences  de  Lille,  quittait,  non  sans  émotion,  ce  pays  où  de 
longs  et  utiles  services  lui  avaient  valu  une  populirité  légitime. 

H  Au  premier  rang  de  ceux  qui  étaient  venus  lui  rendre  un  témoignage  éclatant 
d'affection  et  de  reconnaissance,  se  trouvaient,  avec  le  préfet  de  la  Seine-Infé- 
rieure, M.  Deschamps,  président  de  la  commission  du  banquet,  et  un  grand 
nombre  de  notabilités  de  la  ville  et  du  département. 

"  Dans  des  discours  inspirés  par  une  sincère  émotion,  on  rappelait  la  riche 
nomenclature  de  ses  services  comme  professeur  et  comme  écrivain,  en  même 
temps  qu'on  y  exprimait  le  regret  de  voir  partir  celui  qui,  selon  l'expression  d'un 
orateur,  était  depuis  trente  ans  l'enfant  adoptif  de  la  cité  et  de  la  Seine-Infé- 
rieure. 

«  A  l'issue  du  banquet,  un  bronze  d'art  était  iffert  à  M  Girardin  qui,  profon- 
dément ému,  remerciait  en  ces  termes  :  «  Quaad  je  serai  trop  vieux  pour  conti- 
nuar  mes  travaux,  quand  je  serai  affaibli  par  l'âge,  mes  yeux  se  porteront  encore 
avec  bonheur  et  reconnaissance  sur  ce  témoigtia^e  d'affection  qui  m'est  cher  et 
qui  me  rappellera  combien  j'ai  été  heureux  au  milieu  de  vous.  » 

«  Cette  noble  existence,  dont  les  services  étaient  ainsi  consacrés  par  une 
démonstration  publique,  dîvait  encore  se  prolonger  un  quart  de  siècle  avec  la 
même  continuité  dans  les  efforts  pour  vulgariser  la  science. 

«  Je  ne  ferai  pas  ici  une  sèche  énumération  de  ses  travaux  si  nombreux  comms 
professeur  et  comme  président  de  nos  sociétés  savantes,  énumération  que  la  presse 
locale,  toujours  si  bienveillante  pour  les  hommes  d'études,  s'est  empressée  da 
retracer. 

«  Qui,  d'ailleurs,  ne  connaît,  parmi  ceux  qui  se  livrent  à  l'étude  des  sciences 
appliquées,  son  Traité  de  cliiinie  éléincnlaire,  traduit  dans  plusieurs  langues,  et 
dont  l'épigraphe  :  «  Lï  science  ne  devient  utile  qu'en  devenant  vulgaire,  » 
exprime  mieux  que  ne  le  feraient  tous  les  discours,  la  nature  d'esprit  et  le  but  que 
l'auteur  s'est  proposé  d'atteindre.  Epigraphe  qui  est  le  complément  de  celle  adop- 
tée par  Babinet,  auteur  d'importants  mémoires  originaux  et  de  petits  livres  de 
vulgarisation  moins  technique  :  «  En  science,  le  mérite  n'est  pas  de  savoir,  c'est 
de  savoir  le  premier.  » 

«  Quel  est  l'agronome,  je  ne  dis  pas  normand,  mais  français,  qui  n'a  pas  dans 
sa  bibliothèque  les  Fumiers  considérés  comme  enjrais,  un  opuscule  de  cent  pages 
qui  résume  cent  leçons?  Non,  messieurs,  ce  que  j'essaie,  c'est  de  faire  en 
quelque  sorte  revivre  à  vos  yeux  la  physionomie  de  ce  savant  qui,  vivant  au 
milieu  de  nous,  s'iaspirant  des  conditions  du  travail  manuel  sous  ses  formes 
multiples,  s'est  appliqué  sans  relâche  à  fournir  par  la  mise  en  lumière  des  pro- 


8  CHRONIQUE    AGRICOLE  (5  JUILLET  1884). 

cédés  scientifiques,  des  éléments  de  prospérilé  à  l'industrie  et  à  l'agriculture; 
c'est  de  vous  le  représenter,  s'appliquaot  sans  cesse  par  la  plume,  par  la  parole, 
par  ses  élèves  à  dissiper  les  erreurs,  à  vaincre  les  préjugés,  et  à  faire  pénétrer 
dans  tous  les  esprits  la  nécessité  de  tirer  parti  des  ressources  qu'apporte  chaque 
jour  la  science. 

«  Pour  accomplir  ce  rôle  si  utile  et  si  bien  apprécié,  M.  Girardin  était  soutenu 
et  encouragé  par  l'intelligente  et  délicate  sollicitude  d'une  compagne  dévouée.  II 
avait  d'ailleurs  toutes  les  qualités  qui  com]ilètent  le  vulgarisateur;  l'élocutioa 
facile  et  claire,  la  nu'thode  précise,  la  persévérance  que  ne  rebutent  pas  les  diffi- 
cultés, et  par-dessus  tout  une  bienveillance  extrême  qui  faisait  de  ses  élèves  et  de 
ses  auditeurs  autant  d'amis. 

«  C'est  à  cet  ensemble  de  dons  précieus  qu'il  dut  ce  rare  privilège  de  parcourir 
une  longue  carrière  au  milieu  dune  sympathie  générale.  Plus  tard,  quand  l'ancieu 
doyen  de  la  Faculté  de  Ldle,  le  recteur  de  l'Académie  do  Clermonl-teiTand,  attiré 
par  les  souvenirs  et  l'affection  vers  ce  départemeni  auijuel  le  rattachaient  tant  de 
liens,  revint  parmi  nous  comme  directeur  de  cette  Ecole  des  sciences  et  des  let- 
tres à  la  fondation  de  laquelle  il  avait  si  puissamment  coopéré,  il  y  retrouva  une 
nouvelle  génération  toute  respectueuse,  à  laquelle  avait  été  transmis  le  souvenir 
de  ses  services  et  de  ses  talents. 

«  C'est  ainsi  que,  peu  à  peu  affaibli  par  l'âge,  il  vit  se  réaliser  les  paroles  pro- 
phétiques du  Banquet  de  1858,  et  que  cet  homme  de  bien,  ce  sage,  en  jetant  les 
yeux  en  arrière  sur  celte  longue  existence  si  utilement  parcourue,  n'y  trouva  que 
le  sentiment  du  bien  qu'il  avait  fait  et  que  le  souvenir  des  sympathies  qui  lui 
avaient  été  conservées. 

«  11  put  s'éteindre  ainsi,  sans  secousse,  sans  regrets,  avec  klsatisfaction  de  voir 
son  œuvre  de  vulgarisation  encore  continuée  avec  autant  de  ta  ent  que  d'autorité, 
par  son  gendre,  M.  Morière,  l'honorable  doyen  de  la  Faculté  des  sciences  deCaen, 
attaché  jusqu'à  l'année  dernière  à  notre  école  départementale  d'agriculture. 

't  Quant  à  nous,  messieurs,  en  même  temps  que  nous  rendons  un  pieux  tribut 
de  regrets  à  la  mémoire  de  M.  Girardin,  sachons  puiser  dans  le  spectacle  de  celte 
existence  sans  trêve,  un  exemple  et  un  encouragement.  Adieu!  cher  maitre,  tous 
ceux  qui  vous  ont  connu  conserveront  au  plus  profond  de  leur  cœur  le  souvenir 
de  vos  enseignements  et  de  vos  vertus.  Adieu!  » 

M.  le  marquis  René  de  Ginestous,  président  du  Comice  agricole  du 
Vigan  (Gard),  est  murl  récemment,  à  l'âge  de  87  ans.  Pendant  sa 
longue  carrière,  il  s'est  préoccupé  constamment  des  intérêts  agricoles, 
particulièrement  de  ceux  de  la  région  des  Cévennes,  et  notamment  des 
études  séricicoles.  11  a  été,  pendant  plusieurs  années,  président  de  la 
section  de  sériciculture  à  la  Société  des  agriculteurs  de  France. 

V-  —  Décorations  pour  services  rendus  à  l'agriculture. 

Par  arrêté  en  date  du  27  juin,  le  ministre  de  l'agriculture  a  conféré 
la  décoration  du  Mérite  agricole,  à  l'occasion  du  concours  régional  du 
Puy,  aux  personnes  dont  les  noms  suivent  : 

M.  ChOfand  (Auguste),  agriculteur  à  Saint-Ghristophe-sur-Dolaizon  (Haute- 
Loire).  Services  di.stingués  rendus  à  l'agricultuie  du  pays,  par  la  pratique  du  drai- 
nage et  des  assolements  et  l'emploi  des  machines  perlectionnées,  auteur  de  mé- 
moires agricoles,  médaille  d'or  au  concours  régional  de  1868  pour  la  culture  de 
la  luzerne;  40  ans  de  services. 

M.  Langlois  (Auguste-Adolphe),  docteur-médecin  au  Puy  (Haute-Loire),  pré- 
sident et  l'un  des  fondateurs  de  la  Société  agricole  et  scientifique  de  la  Haute- 
Savoie,  président  du  comité  d'études  et  de  vigilance  contre  le  phylloxéra,  prési- 
dent de  la  chambre  consultative  d'agriculture  du  département,  membre  du  jury 
dans  les  concours  et  président  de  la  commission  des  primes  d'honneur  pour  la 
petite  culture,  auteur  de  conférences  sur  la  viticulture  et  de  mémoires  agricoles; 
45  ans  de  services. 

M.  GeouDERCiiET  (Arthur-Antoie),  agriculeur  au  Puy  (Haute-Loire),  vice- 
président  du  comice  agricole  du  Puy,  me  mbre  du  jury  dans  les  concours  ;  a  ap- 
porté des  améliorations  dans  la  culture  des  très  et  l'élevage  des  bestiaux  par  la 
propagation  de  la  race  bovine  tarentaise  et  de  la  race  ovine  southdown;  153  ré- 
compenss  dans  les  concours  et  comices,  dont  65  médailles  d'or  et  8  objets  d'art  ; 


GHBONIQUE    AGRICOLE  (5  JUILLET  1864).  9 

30  ans  de  services.  Lauréat  du  prix  culturai  delà  4'=  catégorie  au  concours  rég-io- 
nal  de  1876. 

M.  Dumas  (Joseph-Benjamia-OJiion),  propriétaire  agriculteur  à  Saint-André- 
de-Cruîières  (.Irdècliej,  sériciculteur,  grand  propriétaire  de  mûriers,  a  créé  une 
strre  cliaude  pour  reconnaître  les  meilleures  graines  de  vers  à  soie;  a  aussi  con- 
tribué à  la  reconstitution  des  vignobles  par  la  plantation  de  cépages  américains  ; 
médailles  à  l'exposition  universelle  de  Pans,  en  1878,  et  à  celle  de  Bordeaux,  en 
1882;  20  ans  de  services  agricoles. 

M.  Ferran'D  (Etienne),  pharmacien  à  Lyon  Rliùne),  auteur  de  mémoires  sur 
les  produits  chimiques  pouvant  servira  la  destruction  des  insectes  nuisibles  à 
l'agriculture;  diplômes  d'honneur  aux  expositions  de  Lyon  et  de  Vienne,  en  1872 
et  1873;  25  ans  de  services. 

M.  SciiWARiz  (Joseph),  horticulteur  à  Lyon,  rosiériste  distingué,  membre  du 
jury  dans  les  concours;  106  médailles  d'or;  20  ans  de  services. 

M.  ClémEiNT  (Louis-Lucien-Viacent-Frédéric,  dit  Léon),  propriétaire  à  Pont- 
gibaud  (Puy-de-Dùmel.  A  contribué,  par  la  propagation  des  bonnes  méthodes  de 
culture,  au  progrès  agricole  de  la  regioa  montagneuse  du  déparlement  ;  a  créé 
une  association  agricole  pour  le  défrichement  de  400  hectares  de  bruyères  et  un 
établissement  de  chaux  agricole  à  Gioux  (Corrèze).  Membre  du  jury  dans  les  con 
cours-  premier  prix  et  médaille  d'or  au'concours  départemental  de  1883  pour  les 
améliorations  réalisées  dans  sa  propriété;  15  ans  de  services  agricoles. 

Les  décorations  ont  été  remises  à  leurs  titulaires  par  \1.  Tisserand, 
conseiller  d'Etat,  directeur  de  l'agriculture,  qui  présidait,  le  29  juin, 
la  séauce  sulennelle  de  distribution  des  récompense»  au  concours 
régional  du  Puy. 

VL  —  Le   phylloxéra. 

Nous  recevons  de  la  Compagnie  des  chemins  de  fer  de  Paris-Lyon- 
Méditerranée  la  note  suivante,  qui  intéresse  les  viticulteurs  et  les 
associations  syndicales  qui  ont  recours  au  sulfure  de  carbone  pour  le 
traitement  des  vignes  phylioxérées  : 

La  Compagnie  des  chemins  de  Paris  à  Lyon  et  à  la  Méditerranée  a  l'honneur 
d'informer  le  public  que.  cédant  aux  vœux  exprimés  par  plusieurs  Conseils  géné- 
raux dans  leur  dernière  session  (1)  et  aux  nombreuses  sollicitations  qui  lui  ont  été 
adressées  par  des  syndicats  et  des  particuliers,  pour  qu'elle  continue  aux  viticul- 
teurs les  fournitures  de  sulfure  de  carbone  et  de  chlorure  de  potassium  pour  com- 
battre le  phylloxéra,  elle  s'est  décidée  à  faire,  comme  précédemment,  des  livraisons 
de  ces  deux  substances,  aux  prix  et  conditions  ci-dessous. 


Pour  un  parcours  jusqu'à  200  kilomètres  à  compter  lie  Marseille.. 

—  au-Jessus  de  "200  kilom.  et  jusqu'à  :iOO  kilum. 

—  —  300  —  400       — 

—  _  400  —  .000      — 

—  —  500  —  lOO      — 
.  —             au  delà  de       700             — 

Comme  par  le  passé,  la  Compagnie  ett'ectuera  gratuitement,  tant  à  l'aller  qu'au 
retour,  et  sur  son  réseau  seulement,  le  transport  des  barils  et  boîtes  d'acces- 
soires. 

Des  moniteurs  expérimentés  seront  également  mis  par  la  Compagnie  à  la  dispo- 
sition des  propriétaires  pour  reconnaître  la  présence  du  phylloxéra,  indiquer  le 
mode  de  traitement  à  employer  et  pour  diriger,  s'il  y  a  lieu,  les  opérations  au  début 
d'un  premier  traitement. 

Les  traitements  par  le  suilure  de  carbone  ont  pris  une  telle  extension  qu'il  serait 
impossible  à  la  Com|iagnie  de  satisfaire  en  temps  utile  à  toutes  les  demandes,  si 
elle  n'était  fixée  longtemps  à  l'avance  sur  les  quantités  qu'elle  aura  à  lournir. 

Elle  prie,  en  conséquence,  les  viticulteurs  de  lui  laire  connaître  le  plus  tôt 
possible,  et  dans  tous  les  cas  avant  lu  fin  du  mois  d'aoùl  prochain,  les  quantités 
de  sulfure  de  carbone  et  de  chlorure  de  potassium  qui  leur  seront  nécessaires  pour 
la  campagne  1884-1885. 

I .  Conseils  yéQéraux  du  Rh  Jue,  des  Bouches-du-Rhône,  du  Gard,  etc. 


Prix  par 

100  kilog. 

SuKure 

Gtilorure 

de  carbone. 

de 

pot.issium, 

40  fr. 

23  fr. 

41 

26 

42 

27 

43 

28 

44 

29 

4Ô 

30 

10  GHRONIQUK  AGRICOLE   (5  JUILLET    1884). 

Les  commandes  et  demandes  de  renseignements  devront  être  adressées  à 
M.  Félix,  inspecteur  délégué,  gare  do  Maiseille. 

On  trouvera  plus  loin,  à  la  parlie  officielle  de  ce  numéro,  un  décret 
par  lequel  sont  réglées  les  mesures  prises  pour  empêcher  l'invasion 
du  phylloxéra  en  Algérie.  Ce  décret  remplace  celui  de  1879.  Le  texte 
que  nous  publions  est  corrigé  des  erreurs  qui  foisonnaient  dans  la  pre- 
mière publication  faite  au  Journal  officiel. 

Le  gouvernement  a  présenté  au  Sénat  un  projet  de  loi  tendant  à 
rendre  applicable  à  la  zone  franche  du  pays  de  Gex  (Ain)  et  de  la  Haute- 
Savoie  la  loi  du  21  mars  1SS3  relative  aux  mesures  contre  l'invasion 
et  la  propagation  du  phylloxéra  en  Algérie.  C'est  sur  la  demande  delà 
Suisse  et  en  exécution  de  la  convention  de  Berne  que  ce  projet  de  loi  a 
été  préparé  ;  les  trois  arrondissements  de  Gex,  de  Saint-Julien  et  de 
Thonon  sont  encore  considérés  comme  indemnes  du  phylloxéra;  les 
A'igDobles  y  sont  peu  importants,  et  dans  le  cas  oîi  le  fléau  vien- 
drait à  apparaître  dans  la  zone  franche,  la  mesure  projetée  n'entraîne- 
rait pas  à  des  dépenses  considérables. 

VIL  —  La  culture  de  la  vigne  dans  les  sables. 

Nos  lecteurs  savent  quelle  importance  a  prise  la  culture  de  la  vigne 
dans  les  terrains  sablonneux  de  la  région  du  bas  Rhône,  notamment 
dans  les  communes  des  Saintes-Maries-de-la-Mer  et  d'Aigues-Mortes. 
Nous  recevons  sur  ce  sujet  une  lettre  intéressante  qui  se  recom- 
mande à  l'attention  des  viticulteurs  : 

o  Frigoulès,  aux  Saintes-Mariés,  par  Arles,  le  20  juin. 

«  Monsieur  le  directeur,  la  vive  sollicitude  que  vous  apportez  à  tous  les  intérêts 
agricoles,  me  fait  un  devoir  de  vous  signaler  un  fait  grave  qui  se  produit  dans  nos 
vignobles  plantés  dans  les  sables. 

«Vous  avez  été  à  même  de  voir  combien  ces  vignobles  étaient  beaux,  vigoureux 
et  pleins  de  promesse,  beaucoup  d'entre  eux  vous  satisferaient  biens  moins  au- 
jourd'hui. 

<c  II  s'y  est  produit  des  taches  ressemblant  assez  aux  taches  faites  par  le  phyl- 
loxéra. Elles  ont  commencé  par  quelques  souches,  et  d'année  en  année  elles  s'é- 
tendent et  s'agrandissent.  La  végétation  est  jaune,  souffreteuse  et  rabougrie,  la 
souche  végète  ainsi  misérablement  sans  mûrir  ses  fruits  pendant  deux  ou  trois 
ans  et  finit  par  mourir. 

«  Quelques  faibles  recherches  ont  été  faites  par  nos  viticulteurs  à  cet  égard,  des 
opinions  diverses  ont  été  émises,  mais  rien  n'est  venu  encore  éclairer  mathémati- 
quement. L'opinion  générale  est  que  ce  n'est  pas  le  phylloxéra,  on  n'a  retrouvé 
ni  l'insecte,  ni  ses  traces  sur  les  racines. 

«  Quelques-uns  croient  à  un  retour  de  sève,  ce  qui  n'est  pas  probable,  d'autres 
croient  aux  suites  de  l'antrachnose  ou  du  mildew.  Je  ne  partage  pas  leurs  opi- 
nions. 

«Etfin  la  généralité  croit  que  le  dépérissement  est  dû  à  ce  que  les  racines  en 
plongeant  dans  le  sol  sont  arrivées  à  une  couche  de  terre  amère  ou  salée  (qui 
existe  dans  presque  tout  le  sous-sol  du  littoral  à  une  plus  ou  moins  grande  pro- 
fondeur) et  que  dans  cette  terre  saturée  de  sel  la  racine  ne  pouvait  pas  prendre  la 
nourriture  destinée  à  la  plante,  ou  que  cette  nourriture  salée  saturait  la  plante 
elle-même  de  sel  et  causait  son  dépérissement. 

«  Cette  opinion  est  plus  probable,  mais  elle  n'est  pas  bien  prouvée,  il  y  a  souvent 
au  milieu  même  de  ces  taches  des  souches  très  belles,  d'un  cépage  autre  que 
celui  qui  y  dépérit.  Ainsi  au  milieu  d'une  tache  d'aramons  mourants  se  trouvent 
des  morastels,  des  carignans,  des  esp;irs  magnifiques,  ce  qui  ne  d-vntit  pas 
exister,  les  racines  de  ces  derniers  cépages  allant  plus  profondément  d-nis  le  sol . 
que  celles  des  aramons.  D'autres  fois  c'est  juste  le  contraire  qui  se  produit,  les 
aramons  résistent  et  les  autres  meurent. 

«  Les  racines  des  souches  mourantes  ne  sont  relativement  pas  très  mauvaises, 
et  restent  passablement  saines. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (5  JUILLET  1884).  1! 

.<  Je  livre  ces  faits  à  votre  haute  connaissance.  Si  vous  jugez  à  propos  de  les  faire 
connaître  dans  votre  excellentjjournal,  peut-être  par  la  publicité  ferons-nous  la 
lumière. 

«  Dans  tous  les  cas  si  vous  ou  Messieurs  les  directeurs  des  Ecoles  d'agricul- 
ture, ou  même  des  particuliers,  désiraient  des  échantillons  du  sol  pris  à  diverses 
profondeurs  dans  les  taches  mourantes,  ou  des  souches  fraîchement  arrachées, 
je  me  tiens  à  leur  entière  disposition. 

«  Daignez  agréer,  etc.  Albert  Giran  fils, 

Membre  de  la  Sociiite  d'Agriculture  du  Gard- 

Des  faits  analogues  à  ceux  constatés  dans  celte  lettre  ont  été  signalés 
à  la  dernière  séance  de  la  Société  d'agriculture  de  l'Hérault.  Pour 
notre  part,  dans  l'étude  que  nous  avons  faite  des  sables  de  la  région 
d'Aigues-Mortes,  et  dont  nous  avons  publié  les  résultats  dans  le  Journal 
de  l'Agriculture  du  \~  février  1883  'tome  l"  de  1883,  page  248),  nous 
n'avons  jamais  constaté  dans  les  sables  plantés  en  vignes  une  proportion 
supérieure  à  5  dix-millièmes  de  sel  à  la  profondeur  de  1  mètre  ;  mais 
cette  proportion  atteint  parfois  I  pour  100  à  la  profondeur  de 
2  mètres. Pour  bien  dégager  la  cause  du  phénomène  décrit  par  M.  Gi- 
ran, il  faudra  entreprendre  des  études  spéciales  que  nous  sommes  tout 
à  fait  dispose  à  encourager. 

VIII.  —  La  représentation  de  l'agriculture. 

La  Chambre  des  députés  a  nommé  récemment  la  Commission  char- 
gée d'examiner  le  projet  de  loi  présenté  par  le  ministre  de  l'agricul- 
ture sur  les  Chambres  consultatives  d'aç^riculture.  Cette  Commission 
est  composée  de  MM.  Joigneaux,  Briens,  Hervé-Mangon,  Demarçay, 
Roudier,  Lasserre,  des  Rotours,  Bouteille,  Loranchet,  Ansart,  de 
Ladoucette.  M.  Joigneaux  a  été  élu  président  et  M.  Demarçay,  secré- 
taire. Dans  ses  premières  séances,  la  Commission  a  étudié  et  écarté 
une  proposition  spéciale  due  à  M.  de  Ladoucette;  elle  a  admis  le  principe 
de  la  création  de  Chambres  consultatives  d'arrondissement;  mais  elle 
a  décidé  que  les  ouvriers  agricoles  devraient  être  ajoutés  à  la  liste  des 
électeurs  proposée  par  le  ministre. 

IX.  —  Concours  internationaux  de  machines  agricoles  en  Italie. 

Nous  avons  anahsé  le  programme  de  deux  concours  internationaux 
annexés  à  l'exposition  nationale  d'Italie  à  Turin;  l'un  comprend  les 
appareils  et  machines  pour  le  labourage  à  vapeur,  l'autre  concerne  les 
appareils  de  distillation.  Nous  croyons  utile  de  rappeler  que  les  deman- 
des d'admission  doivent  parvenir  au  Comité  d'organisation,  pour  le 
premier  de  ces  concours,  avant  le  15  juillet  prochain,  et  pour  le 
second,  avant  le  15  août.  Les  constructeurs  et  négociants  français  qui 
désireraient  exposer  trouveront  des  programmes  au  ministère  de 
l'agriculture,  244,  boulevard  Saint-Germain,  bureau  des  encourage- 
ments à  l'agriculture. 

X.  —  Société  d' agriculture  du  Doubs. 

Nous  avons  annoncé  que,  à  l'occasion  des  fêtes  municipales  de 
Besançon,  une  exposition-marché  d'instruments  de  culture,  et  d'us- 
tensiles de  laiterie  et  fromagerie,  se  tiendra  dans  cette  ville,  du  samedi 
9  au  vendredi  15  août  18S4. 

La  Société  d'agriculture  du  Doubs  se  propose  de  répartir  2,000  fr. 
de  remises  sur  les  ventes  à  opérer;  les  priv  consisteront  en  médailles 
d'or,  d'argent  et  de  bronze.  —  Les  déclarations  doivent  être  adressées 


12  CHRONIQUE  AGRICOLE  (5  JUILLET  1884). 

avant  le  20   juillet    prochain,  à  M.   Gauthier,    vice-président  de  la 
Société,  rue  Charles-Nodier,  6.  à  Besançon. 

XI.  —  La  pêche  de  la  sardine. 

V Union  du  Finislere  publie  la  note  suivante  :  «  La  pêche  de  la  sar- 
dine débute  mal.  Ce  poisson  a  été  jusqu'à  présent  très  rare  sur  toute 
l'échelle  du  littoral.  F^i's  t^avants  qui  nous  avaient  annoncé  une  pêche 
abondante,  feront  bien,  à  l'avenir,  de  prendre  mieux  leurs  renseigne- 
ments. )i  Lorsque  la  publication  des  comptes  rendus  des  concours  régio- 
naux sera  terminée,  un  de  nos  collaborateurs  reprendra  celte  impor- 
tante question  de  la  sardine,  traitée  tant  de  fois  depuis  quelques  années 
dans  nos  colonnes,  et  dont  nous  aurions  quelque  droit  de  dire  qu'elle 
est  partie  de  notre  publication.  Les  immenses  intérêts  engagés  dans 
cette  étude  doivent  appeler  spécialement  l'attention  de  nos  laboratoires 
marins. 

XIII.  —  Concours  pour  un  emploi  de  vétérinaire. 

La  ville  de  Troyes  ouvre  un  concours  pour  la  nomination  à  une 
place  de  vétérinaire  de  la  ville,  préposé  à  l'inspection  sanitaire  des 
animaux  amenés  sur  les  foires  et  marchés,  à  l'inspection  générale  de 
l'abattoir  public  et  des  viandes  destinées  à  la  consommation.  Ce  con- 
cours sera  ouvert  le  1"''  septembre  1884.  Ne  seront  admis  à  concourir 
que  les  vétérinaires  français  ou  naturalisés  fronçais,  ayant  moins  de 
cinquante-cinq  ans  d'âge  et  justiliant  de  trois  ans  de  pratique  effec- 
tive de  leur  profession.  Ces  mscriptions  seront  reçues  jusqu'au 
20  août  prochain  inclusivement,  à  la  mairie  de  Troyes  (secrétariat^. 
En  se  faisant  inscrire,  les  candidats  déposeront  leur  extrait  de  nais- 
sance, un  extrait  du  casier  judiciaire,  les  pièces  établissant  leur  si- 
tuation au  point  de  vue  militaire,  leur  diplôme  de  vétérinaire  délivré 
par  une  des  écoles  vétérinaires  de  France,  et  des  certificats  des  maires 
des  localités  où  ils  ont  exercé.  Le  concours  comprendra  cinq  séances 
ayant  pour  objet  les  épreuves  ci-après  désignées  : 

Prcmicre  séance.  —  Rédaction  d'un  mémoire  ou  d'un  rapport  ayant  trait  à  la 
police  sanitaire  et  à  la  jurisprudence  commerciale  en  ce  qui  concerne  les  animaux 
de  boucherie. 

Deuxième  séance.  —  Rédaction  d'un  mémoire  sur  une  ou  plusieurs  questions 
relatives  aux  principales  maladies  qui  afï'eclent  les  animaux  de  boucherie. 

Troisième  séance.  —  Dissertation  orale  sur  une  ou  plusieurs  questions  ayant 
trait  à  i'anatomie  normale  ou  pathologique  des  animaux  de  boucherie. 

Quatrième  séance  — Disseriation  orale  sur  un  ou  plusieurs  sujets  relatifs  à  la 
police  des  abattoirs  et  des  marchés,  à  l'hygiène  des  animaux,  à  leurs  logements, 
leur  nourriture,  l'inlluence  des  modes  de  transport  d'un  lieu  dans  un  autre  sur 
leur  santé  et  snr  l'état  de  leurs  chairs. 

Cinquième  séance.  —  Examen  microscopique  des  viandes  insalubres.  Examen 
pratique  d'un  ou  de  plusieurs  animaux  de  boucherie  au  point  de  vue  de  leur  âge, 
leur  race,  leur  conformation,  leur  degré  d'engraissement  et  leur  rendement. 
Exposé  ayant  pour  objet  de  déterminer  si  ces  animaux  sont  sains  ou  malades  et, 
dans  ce  dernier  cas,  de  préciser  la  maladie  ou  les  maladies  dont  ils  sont  atteints 
et  le  préjudice  qui  en  résulte  pour  la  qualité  de  la  viande  qu'ils  pourraienl  pro- 
duire. Cette  dernière  épreuve  sera  suivie  de  l'abatage  des  sujets  examinés  par  les 
candidats,  ainsi  que  d'opérations  et  d'invesligations  destinées  à  contrôler  le  degré 
d'exactitude  des  jugements  portés  par  chacun  d'eux. 

Le  vétérinaire  de  la  ville,  nommé  au  concours,  entrera  immédiate- 
ment en  fonctions.  Il  recevra  un  traitement  annuel  de  4,400  fr.,  plus 
une  indemnité  de  logement  de  600  jusqu'à  ce  qu'il  puisse  être  logé  à 
l'abattoir.  Toute  clientèle  lui  sera  interdite.  J.-Â.   Baukal. 


CONCOUas  hÉGIONAL  DE  lîUlJlZ.  13 


CONCOURS  REGIONAL  DE  RODEZ 

Le  concours  régional  qui  s'est  tenu  du  7  au  15  juin,  à  Rodez,  était  ouvert  pour 
les  départements  de  l'Aveyron,  du  Cantal,  de  la  Gorrèze,  de  la  Creuse,  du  Lot,  du 
Tarn  et  de  Tain-et-Garonne,  formant  la  région  du  Sud  central.  Paitagée  entre  le 
bassin  do  la  Méditerranée  et  celui  de  l'Océan,  la  plus  grande  partie  de  la  régioi' 
appartient  au  massif  montagneux  du  centre  delà  France;  la  culture  pastorale  y 
domine,  et,  avec  la  vigne  dans  les  parties  méridionales,  elle  donne  au  cultiva- 
teur le  produit  le  plus  élevé  qu'il  puisse  retirer  d'un  sol  accidenté,  difticilc  à 
travailler,  et  où  il  faut  souvent  lutter  contre  un  climat  âpre  et  rigoureux.  La  pro- 
duction du  bétail  y  forme  la  base  principale  du  présent  et  de  l'avenir  agri- 
cole, comme  elle  a  assuré  jusqu'ici  l'accroissement  de  la  richesse  du  pays.  Il 
était  donc  probable  que  le  concours  régional  de  Rodez  présenterait  une  grande 
importance  ;  cetespoir  n'a  pas  été  déçu.  Si  l'on  compare  l'effectif  des  animaux  qui  y 
figuraient  à  celui  du  précédent  concours,  en  1876,  on  trouve,  cette  année,  266  bê- 
tes bovines  contre  211  en  1876,  133  lots  de  bêtes  ovines  contre  106;  le  nombre 
des  bêtes  porcines  est  à  peu  près  le  même,  mais  celui  des  animaux  de  basse-cour 
est  plus  que  doublé.  Pour  les  instrumentsetmachines,  il  ya  eu  744  déclarations 
contre  474,  en  1876;  pour  les  produits  agricoles,  l'accroissement  est  encore  bien 
plus  considérable,  411  lots  contre  166.  Ces  chiffres  démontrent  une  activité  sur 
laquelle  il  est  inutile  d'insister   davantage. 

La  ville  de  Rodez  possède  un  emplacement  tout  à  fait  propice  aux  concours 
agricoles  :  c'est  un  vaste  foirai,  sur  l'un  des  côtés  du  plateau  sur  lequel  la  ville  est 
assise,  et  où  l'on  jouit  d'un  panorama  splendide  sur  la  succession  de  vallées 
encaissées  qui  forme  cette  partie  du  département  de  l'Aveyron.  Mais,  par  suite  de 
la  négligence  des  autorités  municipales,  les  dispositions  prises  pour  le  concours 
ont  été  mal  combinées  ;  l'homme  qui  était  à  la  tête  du  comité  d'organisation,  et 
qui  en  était  l'âme,  M.  Georges  de  Ronald,  étant  mort  depuis  quelques  semaines, 
l'installation  a  été  mal  préparée.  Le  commissaire  général,  M.  Léon  Vassillière, 
a  dû  réparer  beaucoup  de  fautes  ;  grâce  à  son  activité  et  avec  l'aide  de  commissai- 
res expérimentés,  MM.  Girin,  Laporle,  Gourrégelongue,  Manteau,  Tord  et  Adrien 
Boitel,  les  visiteurs,  qui  ont  été  d'ailleurs  nombreux,  ne  se  sont  pas  aperçus  de 
ce  vice  originel. 

Passons  à  l'examen  des  diverses  parties  du  concours. 

Parmi  les  races  bovines,  la  première  place  appartient  à  la  race  locale,  la  race 
d'Aubrac,  race  forte  et  robuste,  qui  exécute  tous  les  travaux  du  sol  dans  un  pays 
montueux  et  sur  des  terres  souvent  rebelles  à  la  culture,  dont  les  vaches  forment 
les  nombreux  troupeaux  qui  utilisentles  pâturages  des  liants  sommets.  L'Aveyronnais 
soigne  avec  amour  ces  précieux  animaux,  dont  la  sobriété  permet  de  tirer  bon  parti 
des  ressources  fourragères  mêmes  restreintes.  D'une  croissance  lente,  mais  donnant 
d'excellente  viande,  le  bœuf  d'Aubrac  a  facilement  acquis  une  certaine  précocité 
et  de  la  finesse,  aans  les  exploitations  où  il  a  trouvé  une  alimentation  plus 
copieuse  et  plus  riche.  C'est  ce  qui  ressort  de  la  série  des  concours  régionaux  qui 
se  sont  tenus,  et  ce  que  démontre  encore  le  concours  de  cette  année.  La  catégorie 
réservée  à  cette  race  était  bien  fournie,  et  elle  présentait  d'excellents  types,  fins 
et  bien  développés,  notamment  parmi  les  taureaux.  Un  aurait  pu  espéier  une 
exposition  plus  nombreuse,  mais  l'ouverture  du  concours  régional  a  été  taidive, 
après  la  date,  qui  coïncide  avec  la  fin  de  mai,  de  la  montée  des  troupeaux  sur  les 
hauts  pla  eaux  où  ils  passent  la  saison  d'été.  Pour  cette  raison,  la  plupart  des 
exposants  appartiennent  à  l'arrondissement  de  Rodez,  quelques-uns  à  celui  d'Es- 
palion  ;  ils  sont  au  nombre  de  17.  Les  récompenses  ont  été  chaudement  dispu- 
tées ;  le  prix  d'ensemble  est  décerné  à  MM.  Galtayries  et  Scudier,  à  Montrozier, 
dans  l'arrondissement  de  Rodez. 

La  Société  d'agriculture  de  l'Aveyron  a  eu  Theureuse  idée  d'organiser,  en 
dehors  du  concours  régional,  une  exposition  d'attelages  de  bœufs  de  trait.  38  pai- 
res de  bœufs  d'Aubrac  y  ont  été  amenées.  Les  animaux  étaient  parés  avec  une 
coquetterie  rustique;  ils  ont  défilé  dans  la  ville  au  sou  de  la  musette,  ce  qui  a 
donné  à  cette  solennité  un  cachet  très  pittoresque.  La  plupart  étaient  des  bœuls 
d'âge  ;  presque  tous  étaient  réellement  remarquables.  La  valeur  du  bœuf  d'Au- 
brac a  été  mise  en  évidence,  une  fois  de  plus,  dans  cette  circonstance;  il  eût  été 
dilficile  de  trouver,  dans  cette  collection,  une  paire  de  bœufs  dont  la  valeur  fût 
inférieur  à  900  francs  ;  presque  tous  auraient  été  cotés,  en  foire,  à  des  taux  supc- 


14  CONCOURS  RÉGIONAL  DE  RODEZ. 

rieurs.  Le  pvemior  prix  et  un  objet  d'art  de  la  Société  des  iigricullenrs  de  France 
ont  été  altribués  à  M.  Turq,  de  Druello. 

La  plupart  des  autres  ra^-es  de  la  région,  races  de  Salers.  uiarchois^'.  garon- 
naise,  Limousine,  étaient  bien  représentées:  il  n'y  a  d'exception  à  faire  que 
pour  la  race  d'Angles.  Dans  les  catégories  des  races  diverses,  il  n'y  a  à  signa- 
ler que  quelques  bètes  durham,  envoyées  par  M.  Massé,  de  GerinignY  (Cher),  et 
de  très  beaux  animaux  de  la  race  suisse  de  Schwitz  ;  on  a  exposé  quelques 
croisements  de  celte  race  avec  celle  d'.\ubrac,  mais  sans  résultats  bien  remarqua- 
bles. Il  faut  citer  surtout  les  marcliois  de  JNI.  Nadaud,  à  qui  le  jury  a  donne  un 
piix  d'ensemble:  les  garonnais^,  de  M.  Lafiirgue,  les  .Inglés  de  M.  Jules 
Gormouls-Houlès.  i 

Les  races  ovmes  sont  nombreuses  dans  le  catalogue  du  concours  ;  mais  la  plu- 
part de  ces  races  appartiennent  au  même  type,  et  elles  ne  ditïèrent  que  par  des 
proportions  plus  ou  moins  develoiipées  ou  par  des  apti:udes  laitières  spéciales. 
Qu'il  s'agisse  du  caussinard  ou  du  iarzac,  c'est  toujours  le  même  mouton,  à  tète 
lourde,  un  peu  eftlauqué,  par  l'habitude  des  longues  courses  sur  les  maigres 
pâtures;  le  caussinard  du  Ségala  et  celui  des  Causses  ne  dilTèrent  que  par  la  taille, 
ce  dernier  trouvant  une  nourriture  plus  abondante  et  plus  substantielle  sur  les 
plateaux  calcaires  oii  il  rit.  Ce  qui  m'a  le  plus  frappé,  c'est  la  faible  exposition  des 
moutons  du  Larzac,  dont  les  brebis  fournissent  le  lait  qui  sert  à  la  fabrication 
du  fromage  de  Roquefort;  l'an  dernier,  à  La  Cavalerie,  j'avais  vu  5,000  tètes  de 
cette  race,  réunies  en  un  seul  jour  de  concours:  j'espérais  ti  cuver,  non  pas  un  sem- 
blable développement,  mais  des  collections  d  une  certaine  importance.  .\u  lieu  de 
cela,  une  vingtaine  de  têtes:  c'est  peu,  sinon  pour  la  qualité  qui  est  excellente, 
au  moins  pour  le  nombre.  J'en  ai  cherché  l'explication  :  la  seule  qu'on  m'ait 
donnée  et  que  je  livre  telle  quelle,  c'est  que  l'attribution  des  prix  auder  ier  con- 
cours régional  n'avait  pas  été  ratifiée  par  les  cultivateurs:  d'où  abstention  celte 
fois-ci.  Ces  montagnards  ont  la  mémoire  longue  ;  espérons  qu'ils  auront  oublié 
leurs  mécomptes  dans  sept  ans.  Quelques  bons  animaux  soutlidowus  et  dishiey, 
venant  de  climats  plus  se)itentrionaux,  complètent  l'exposition  ovine,  arec 
trois  belles  bandes  de  brebis  laitières.  Quand  on  sait  les  prohts  qu'elles  donnent  à 
leurs  éleveurs,  on  les  regarde  avec  respect. 

L'exposition  porcine  était  ce  qu'elle  est  presque  partout  :  les  porcs  indigènes 
s'ellaceut  de  plus  en  plus  devant  l'invasion  du  porc  du  Yorksiiire,  qu'on  élève 
soit  à  l'état  de  pureté,  soit  à  l'état  de  croisement  avec  les  races  locales  Sous  ce 
rapport,  la  belle  collection  pr,  venant  de  l'exploitation  de  M.  Georges  de  Bonald 
était  tout  à  fait  remarquable  :  elle  eût  certainement  remporté  le  prix  d'ensemble, 
si  les  déclarations  nécessaires  avaient  été  faites  en  temps  utile. 

ÎS'ombreuse  et  variée  était  la  collection  des  animaux  de  basse-cour.  Trois 
exposants  surtout  en  ont  fait  les  principaux  ornements  :  il]\L  d'Humières,  Cas- 
san  et  d.  de  Bonald.  Le  prix  d'ensemble  a  été  attribué  à  'M.  Cassan  :  ^L  d'Hu- 
mières a  eu  une  médaille  d'or  de  la  Société  des  agriculteurs  de  France.  Ces  mêmes 
exposants  montraient  des  collections  d'œufs  des  principales  races  de  basse-cour, 
qui  étaient  agencées  avec  beaucoup  d'art. 

Une  des  parties  les  plus  intéressantes  du  concours  était  l'exposition  générale  de 
laiterie,  malheureusement  trop  peu  importante.  D'une  part,  les  produits  :  d'autre 
part,  le  matériel. 

Les  exposants  de  beurres  et  de  fromages  étaient  peu  nombreux.  La  plupart  des 
beurres  exposés  étaient  de  qualité  très  ordinaire  ;  il  y  a,  de  ce  côté,  beaucoup  de 
progrès  à  réaliser.  Il  faut  en  dire  autant  des  fromages  de  lait  de  vache,  dont  le 
fromage  de  Laguiole  est  la  plus  hante  expression:  toutefois,  il  serait  injuste  de  ne 
pas  reconnaître  que  ces  fromages  se  conservent  mieux  que  naguère  ;  c'est  un  signe 
qu'ils  sont  mieux  préparés.  Sous  ce  rapport,  ^I.  Bonal  et  JNIM.  Fraisse  et  Didaret 
exposaient  des  produits  réellement  dignes  d'appeler  l'attention.  L'éloge  du  fro- 
mage de  Roquefort  n'est  plus  à  faire  :  le  premier  prix  a  été  remporté  par  la  Société 
anonyme  civile  de  Roquefort,  dirigée  par  INI  Eugène  Carrière,  qui  marche  con- 
curremment aujourd'hui  ave  l'ancienne  Société  des  Caves-Réuuies,  à  la  tète  de 
laquelle  se  trouve  'SI.  Coupiac  ;  cette  dernière  Société  exposait  ho'-s  concours. 

En  ce  qui  concerne  le  matériel  de  laiterie,  le  grand  succès  a  été  pour  les  appa- 
reils de  INI.  Pilter  :  écrémeuse  et  délaiteuse  centrifuges,  baratti  danoise,  réfrigé- 
rant du  lait,  crémoraètre,  etc.  Ces  appareils  ont  été  très  étudiés  au  concours;  ils 
rendront  certainement  des  services  signalés  dans  cette  contrée  où  le  lait  se  mani- 
pule par  grandes  quantités  à  la  fois.  Il  faut  citer  aussi  une  presse  pour  la  mise  en 


CONCOURS  RÉGIONAL  DE  RODKZ  15 

iorme  des  l'roraafjes  d'Auvergne  et  de  Laguiole,  expos(''(i  par  M.  Louis  lloques, 
constiucieur  à  Rodez:  elle  remplace  avaritajjeusement  l'antique  presse  de  la  mon- 
tagne ;  elle  permet  de  faire  une  pression  n'f^ulière  et  rnétliodiquc  sans  l'atif^ue. 
Citons  ciiiin  la  collection  d'ustensiles  de  fromagerie  piésentée  [lar  Mme  Vve  de 
Bonald  ;  on  y  trouvait  les  ustensiles  et  les  outils  les  mieux  appropriés  aux  iroma- 
geries  du  pays. 

L'expositiou  des  machines  et  instrumcints  était  assez  comi)lète  pour  qu  on  put  y 
trouver  tous  les  appareils  propres  à  un  but  détermine.  Parmi  les  machines 
spécialement  appropriée^  aux  besoins  du  pays,  nous  citerons  les  locoraobiles  et 
les  Datteuses  de  M.  Ilidien,  de  (jhàteauroux.  Cet  habile  constructeur  a  eu  l'ingé- 
nieuse idée  de  faire,  pour  ses  locoraobiles  et  ses  batteuses,  des  bâtis  spéciaux  aux 
pays  de  montagnes  ;  les  roues  sont  hautes  et  munies  de  freins,  le  corps  de  la 
machme  s'enlève  assez  haut  au-dessus  des  essieux  pour  (ju'on  n'ait  pas  à  craindre 
le  passage  dans  les  fondrières.  L'emploi  des  faucheuses  est  assez  répandu  dans  les 
grandes  et  dans  les  moyennes  propriétés;  mais  on  n'a  encore  ffue  peu  recours  aux 
moissonneuses.  La  plupart  des  constructeurs  du  centre  de  la  France  sont  venus  à 
Rodez  :  citons  M.VI  Rrouhol,  Hreloux,  Pécard.  Gumming,  la  Société  de  matériel 
agricole,  Boulet,  Fichot,  Maréchaux,  Lotz,  Sauzay.  A  côté  les  charrues  de  Gar- 
nier,  celles  de  Chambonnière,  les  herses  Puzenat,  les  faucheuses  et  les  moisson- 
neuses de  Mot,  Pilter,  Osborne,  etc.  ;  les  trieurs  de  Marot,  les  pompes  de  Noël, 
les  tuyaux  de  drainage  et  les  briques  de  Borie-Glianal,  de  Toulouse. 

La  Société  d'encouragementa  décerné  deux  diplômes  d'honneur  à  des  construc- 
teurs pour  l'ensemble  de  leur  exposition  :  M.  Hidien  et  M.  Borie-Ghanal.  Elle  a 
attribué,  en  outre,  une  médaille  d'or  à  M.  d'André,  professeur  départemental 
d'agriculture  de  l'Aveyron. 

Voici  la  liste  complète  des  récompenses  du  concours  régional,  proclamées  en 
séance  solennelle,  après  la  lecture  du  rapport  de  M.  Dubreuilli  sur  le  concours  de 
la  prime  d'honneur  et  des  prix  culturaux  : 

Prix  culturaux. 

V"  Catégorie.  —  Propriétaires  exploit.itit  leurs  domaines  liirecteineiit  ou  par  régisseurs  et 
matU'es-valels,  un  objet  d'art,  M.  Pierre  Pouget,  à  Klav'in. 

T  Calignrie.  —  Fermiers  à  prix  d'argent,  cultivateurs,  propriétaires,  tenant  à  terme  une  par- 
tie de  leurs  terres  en  culture  ;  métayers  isolés  cultivant  des  domaines  au-dessus  de  20  hectares, 
un  objet  d'art,  M.  Jean  Ramondenc,  à  Saintc-Eulalie-du-Larzac. 

4°  Catèfinrie.  —  Métayers  isoés,  propriétiires  ou  fermiers  de  domaines  au-dessus  de  i  hectares, 
et  n'excédant  pas  20  hectares,  un  nl)jet  d'art,  M.  Jean  Burguière,  à  Sainte-Radegonde. 

Prime  d'honneur,  non  décernée. 

Prix  des  spécialités. 

Médailles  d'or  (grand  module),  MM.  De  Bonald,  à  Vielvayssac,  pour  sa  culture  de  topinambours 
et  ses  pommiers  à  cidre  ; —  Galzin,  à  Gissac,  pour  sa  bergerie;  —  Scudier,  i  Montrozier, 
pour  sa  <:ulture  de  céréales  et  ses  bâtiments  agricoles. 

Médailles  d'or,  MM.  Canac,  à  Arvieu,  pour  ses  défrichements;  —  Gineston,  au  Neyrac,  pour  son 
vignoble 

Prix  u'irrioations.  — 1'"  Catégorie.  —  Propriétés  contenant  plus  de  G  hectares  arrosés. 
1"  prix,  M.  de  Bonald;  2%  M.  Victor  Teyssèdre,  à  Florentin  ;  3",  M.  Albert  de  Colonges,  à 
Sainte-Croix. 

2°  Catégorie.  —  Propriétaires  ayant  6  hectares  et  au-dessous  soumis  à  l'irrigation.  1"  prix, 
M.  Etienne  Pironnet,  à  Lacalm  ;  2".  M.  Amans  Bou,  au  Monastier  ;  3°,  M.  Roques,  à  Cassagnes- 
Bégonhès;  4",  M.  ."Vdrien  Carrié,  à  Bertholène. 

Récompenses  aux  agents  des  exploitations  primées.  —  Prix  cultural  de  la  1™  catégorie. 
MédailUs  d'argent,  MM.  André  Guilard;  Hippolyle  Amans;  Mlle  Marie  Pouget.  —  Médailles  de 
bronze,  MM.  Jean  Théron;  Amans  Moviel  ;  Joseph  Triadou.  —  .00  francs,  Mlle  .Sylvie  Bonneviale; 
M.  Hipiioiyte  Acr(uier.  —  Prix  cultural  de  la  2"  catégorie.  Médailles  d'argent,  M.  Basile 
Fabreguettes,  maître  valet;  Mlle  AnaïsRimondenc,  ménagère. —  Médailles  de  brniiZf,  MM.  Etienne 
Glandières,  berger;  Antoine  Rang,  charretier;  Justin  Comayras,  bouvier.  —  Prix  cultural  de  la 
4°  catégorie.  Médailles  d'argent,  MM.  Auguste  Burguière,  chef  de  culture;  Albert  Salomon, 
maître  valet.  —  Médailles  de  bmnse,  M.  Amans  Uouziech,  domestique;  Mlle  Rosalie  Julien, 
ménagère.  —  40  francs,  M.  Cy|]rien  Douziech,  vacher. 

Petite  culture. 

Prime  d'honneur,  un  objet  d'art.  M.  Louis  Pègues,  vigneron,  à  Marcillac  (Aveyron).  —  Men- 
tions très  honorables,  MM.  Jean  Périé,  à  Marcillac  ;  Jean-Baptiste  Froment,  à  Marcillac. 

Horticulture. 

Prime  d'Bonneuh,  un  objet  d'art,  M.  Ant^jine  Pélissou,  à  ,  Rodez.  —  Mentions  très  honorables, 
MM-  Buanton,  à  Rodez;  Lafabrègue  et  Pouget,  à  Rodez. 

Prix  pour  les  journaliers.  —  Médaille  d'or,  M.  Joseph  Froment,  à  Valady.  —  Médiilles 
d'arge-\t  (grand  module),  MM.  Augustin  I.alanne,  à  Rodez;  Pierre  Ygrier,  à  Bourguil.  — 
Médailles  d'argent,  MU.  Pierre  M issif,  à  Puech-Bisset  ;  Louis  Sauiel,  à  Pradinas;  Pierre-Jean 
Rafly,  à  Espalion.  —  Médailles  de  bronze,  M.M.  Victor  Mazenq,  à  Pradiiias  ;  Amans  Garrigou,  à 
Marcilac. 

Prix  pour  les  serviteu,rs  à  garjes.  —Médaille  d'or  M.  Antoine  Ginesty,  de  Salles-la-Source.  — 


16  CONCOURS  RÉGIONAL  DE  RODEZ. 

Médailles  dargeni  (grand  module),  MM.  Maurice  Libouret,  aux  Mour^uès  ;  Joseph  Ginesty,  à  Lenne. 

—  Médailles  d'argent,  MM.  Antoine  Bousquet,  à  Veyrac  ;  Henri  Andrieu,  à  Veyrac  ;  Jules  Bayol, 
à  La  Planque.  —  Médaillrs  de  bronze,  Mlle  Julie  Rigal,  à  La  Planque  ;  MM.  Augustin  Gêniez,  à 
La  Planque;  Basile  Termes,  aux  Mourguès. 

Animaux  reproducteurs.  —  Espèce  bovine. 
1"  Catégorie.  —  Race  d'Aubrac.   —  Mâles.  —  1"  Section.   Animaux  de  1  à  2  ans.    1"  prix, 
MM    Galtayries  et    Scudier,   a   Montrozier    (Aveyron)  ;    2".    M.  Louis    Denayrouze,    à  Montrozier 
(Aveyron)  ;  3',  M.  Henri  de  Uodat.  à    Druelle  {.\veyron)  ;   4",  M.  Galtayiies,  à  Rodelle  (Aveyron). 

—  2"  Section.  Animaux  de  2  à  2  ans.  1"  prix,  M.  L.  Denayrouze;  2',  MM.  Galtajries  et 
Scudier;  3",  M.  Jean-Antoine  Dijols,  à  Laguiole  (Aveyron)  :  4°,  MM.  Galtayries  et  Scudier.  — 
Femelles  —  1"  Section.  Génisses  de  1  à  2  ans.  \"  prix,  MM.  Galtayries  et  Scudier; 
2=,  M.  Georges  de  Donald,  à  Flavin  (Aveyron);  3»  et  4",  M.  Louis  Denayrouze.  Prix  stipplé- 
mentaire,  M.  Sébastien  Bessière,  à  Rodez  (Aveyron).  —  2°  Section.  Génisses  de  2  à  3  ans, 
pleines  ou  à  lait,  l"'  et  2'  prix,  MM.  Galtayries  et  Scudier;  3*,  M.  Pierre  Pouget,  à  Flavin 
(Aveyron)  ;  4',  M.  Charles  Raynal,  à  Montrozier  (Aveyron).  —  3"  Section.  Vaches  de  plus  de 
3  ans,  pleines  ou  à  lait.  1"  prix,  M.  Georges  de  BonalJ  ;  2".  MM.  Galtayries  et  Scudier  ; 
3",  M.  Louis  Denayrouze;  4"',  M.  Casimir  Verdeille,  à  Rodez;  5°,  M.  Jean-Baptiste  Pouget, 
à  Rodez. 

2"  Catégorie.  —  Race  de  Salers.  —  Mâles.  —  1"  Section.  Animaux  de  1  à  2  ans.  1°'  prix, 
M.  Jean  Raïuond,  à  AuriUac  (Cantal);  2",  M.  Pierre  Couderc.  à  Girou-de-Mamou  (Cantal); 
3%  M.  Pierre  Bonafé,  à  Arpajon  (Cantal).  Prix  supplémentaires,  MM.  Baptiste  Poignet, 
gérant  de  M.  Pierre  Lapeyre,  à  Ytrac  (Cantal)  ;  Delfour,  à  Aurillac  (Cantal).  —  2°  Section. 
Animaux  de  2  à  3  ans.  1"  prix,  M.  Jean  Ramond.-  3°.  M.  Rhodes-Guéraud.  à  Aurillac  (Cantal); 
3",  M.  Pierre  Couderc.  —  Femelles.  —  1"  Section.  Génisses  de  1  à  2  ans.  1"  prix,  M.  Jean  Ramond; 
2",  M.  Bap.  Poignet;  3°,  M.  P.  Couderc.  —  2°  Section.  Génisses  de  2  à  3  ans,  pleines  ou 
lait.  1'"  prix,  M.  Jean  Ramond  ;  2".  M.  Nicolas  Varret,  à  Aurillac  (Cantal):  3%  M.  Jean  Bcrgaud, 
à  Arpajon  (Cantal).  Prix  supplémentaire,  M.  Baptiste  Poignet.  —  3"'  Section.  Vaches  de  plus  de 
3  ans,  pleines  ou  à  lait.  1"  prix,  M.  P.  Couderc;  2%  M.  Bap.  Poignet;  3%  M.  Jean  Ramond. 
Mention  très  honorable,  M.  Rhodes-Géraud. 

3°  Catégorie.  — Race  d'Angles.  —  M.iles.  —  1'°  Section.  Animaux  de  1  à  2  ans.  l"  prix, 
M.  Jules  Cormouls-Houlès,  à  Mazamet  (Tarn);  M.  Numa  Rives,  à  Mazamet  (Tarn).  —  2*  Sec- 
tion. Animaux  de  2  à  3  ans.  2"  prix,  M.  Jules  Cormouls-Houlès.  —  Femelles.  —  l'"  Section. 
Génisses  de  1  à2  ans.  l"  prix,  M.  Numa  Rives;  2",  M.  Jules  Cormouls-Houlès.  —  2°  Section. 
Génisses  de  2  à  3  ans,  pleines  ou  à  lait,  l"  prix,  M.  Jules  Cormouls-Houlès;  2"',  M.  Numa 
Rives.  —  3'  Section.  Vaches  de  plus  de  3  ans,  pleines  ou  à  lait,  l"'  prix,  M.  Numa  Rives; 
2°,  M.  Cormouls-Houlès. 

4°  Catégorie.  —  Race  garonnaise.  —  Mâles.  —  1'°  Section.  Animaux  de  I  à  2  ans.  1"'  prix, 
M.  Etienne  Lafargue,  à  Miiab.-l  (Tarn-et-Garonne)  ;  2°,  M.  Jean  Lescure.  à  Corbarrieu  (Tarn-et- 
Garonne).  —  2°  Section.  Animaux  de  2  à  3  ans.  l"prix,  M.  Klienne  Lafargue;  2°,  M.  Jean  Jar- 
jeau,  à  Saint- Pantaléon  (Lot).  — Femelles.  —  l'°  Section.  Génisses  de  1  à2  ans.  ]""  prix,  M.  Etienne 
Lafatgne;  2°,  M.  Emile  Bouyer,  à  Beyssao  (Corrèze).  —  2°  Section.  Génisses  de  2  à  3  ans,  pleines 
ou  a  lait.  l'"'prix,  M.  Libéral  Imbert,  au  repaire  Vigeois  (Corrèze);  2°,  M.  Etienne  Lafargue.  — 
'i'  Section.  Vaches  de  plus  de  3  ans,  pleines  ou  à  Jait.  1"  prix,  M.  Louis  Raynal,  àMirabel  (Taru- 
et-Garonne)  ;  2%  .M.  Jean  Lescure.  ^ 

5' Catégorie.  — Race  limousine.  — Mâles.  —  1"  Section.  Animaux  de  1  à  2  ans.  1"  prix, 
M.  Léonard  Gayraud,  ■■>  Saint-Priest-Palus  (Creuse);  2"'.  M.  Paul  des  Places,  à  Meilliards  (Corrèze)  ; 
3"',  M.  Louis-Martial  Bach,  à  Naves  (Corrèze).  Prix  supplémentaire,  M.  Emile  Bouyer.  — 
2°  Section  Animaux  de  2  à  3  ans.  1""  prix,  M.  Charles  de  Léobardy,  à  Saint-Priest-Palus 
(Creuse);  2'',  M.  Belhic,  à  Montauban  (Tarn-et-Garonne).  —  Prix  supplémentaire,  M.  L.-M.  Bach. 

—  Femelles.  —  1"  Section.  Génisses  de  1  à  2  ans.  l"'  prix.  M.   P.  des  Places  ;  2',   M.  L.-M.  Bach. 

—  T  Section.  Génisses  de  2  à  3  ans,  pleines  ou  à  lait.  I"  prix,  M.  des  l^laces  ;  2»,  M.  Camille 
de  Meynard,  à  Saint-Bounet-Avalouze  (Corrèze).  —  i'  Section.  Vaches  de  plus  de  3  ans,  pleines 
ou  à  lait.  !'■'  prix,  M.  Paul  des  Places;  2°,  M.  de  Meynard  ;  3°,  M.  Jean   Belluc  ;  4",  M.  L.-M.  Bach. 

6"  Catégorie.  —  Race  marchoise.  —  Mâles.  —  l"  Section,  Animaux  de  1  à  2  ans.  1"'  prix, 
M.  Aristide  Nadaud,  à  Uiin  le  Pelleteau  (Creuse)  ;  2'',  M.  Victor  Bastier,  à  la  Souterraine  (Creuse). 
Prix  supplémentaire,  M.  Jean  Kaphauau.  à  Sainte-Feyre  (Creuse).  —  2°  Section.  Animaux 
de  2  à  3  ans.  1"  prix.  M.  A.  Nadaud  ;  2"  prix  et  mention  très  honorable,  M.  Victor  Bastie  .  — 
Femelles.  —  1"  Section.  Génisses  de  1  à  2  ans.  l"'  prix.  M.  Aristide  Nadiud  ;  2",  M.  Victorr  Bas- 
tier. —  2°  Section.  Génisses  de  2  à  3  ans,  pleines  ou  à  lait.  1"  prix  et  rappel  de  2%  M  Aris- 
tide Nadauil  ;  rappel  de  3",  M.  Victor  Bastier. 

""  Catégorie.  —  Races  françaises  diverses,  pures  ou  croisées  entre  elles.  —  Mâles.  —  1™  Sec- 
tion. Animaux  de  1  à  2  ans  2°  prix,  M.  F-îmand  de  Barrau ,  à  Aunac  (Aveyron).  Prix  supplé- 
mentaire, i\I.  Libéral  Imbert.  —  2°  Section.  Animaux  de  2  à  4  ans.  2°  [irix,  M.  des  Places.  Prix 
supplémentaire,  M.  Fcrnand  de  Barrau.  —Femelles.  —  1™  Section.  Génisses  de  I  à  2  ans.  1"  prix, 
M.  Emile  Bouyer  :  2%  M  Théophile  Angles,  à  Druelle  (Aveyron).  —  2°  Section.  Génisses  de 
2  à  3  ans,  pleines  ou  à  lait,  l"  prix,  M.  Libéral  imbert;  .y,  M.  Jean  Belluc.  —  3'  Section.  Vaches 
de  plus  de 3  ans,  pleines  ou  à  lait.  1"  prix.  M.  L.  M.  Bach  ;  2°,  M.  Jean  Belluc;  3",  M.  de  Bar- 
rau. Prix  supplémentaire,  M.  Jules  Cormouls-Houlès. 

8°  Catégorie.  —  Haces  étrangères  pures  et  croisements  divers  autres  que  ceux  de  la  7°  catégorie. 

—  Mâles.  —  ]"  Section.  Animaux  de  1  à  2  ans.  1"  prix,  M.  G.  de  Bonald  ;  2",  M.  Sylvestre 
Pitot,  à  Montpellier  (Hérault).  Mention  honorable.  M.  Albert  de  Barrau.  à  Salmiech  (Aveyron).  — 
i'  Section.  Animaux  de  2  à  3  ans.  1"  prix,  M.  Guillaume  Bajau  ,  à  Toulouse  (Haute-Garonne)  ; 
2=,  Mlle  de  Gauban  du  Mont,  à  Lézat  (Ariège).  Prix  supplémentaire,  M.  Sylvestre  Pitot.  — 
Femelles  —  l"  Section.  Génisses  de  I  à  2  ans.  l"  prix,  M.  Laurent  Delsol,  à  Montpellier 
(Hérault);!  2",  Mlle  Gauban  du  Mont.  Prix  supplémentaire,  M.  Numa  Rives.  —  2'  Section. 
Génisses  de  2  à  3  ans,  pleiaes  ou  à  lait,  l"  prix,  M.  Auguste  Massé,  A  Germigny  (Cher); 
2%  M.  Pitot;  3°,  M.  Jules  Cormouls-Houlès.  — 3"  Section.  Vaches  de  plus  de  3  ans,  pleines  ou  , 
à  lait.  1"  prix.  M.  G.  Bajau;  2',  M.  A.  Massé;  3°,  M.  S.  Pitot.  Prix  supplémentaire, 
M.  L.  Imbert.    Mention  honorable,  M.  Antoine  Richard,  à  Montpellier  (Hérault). 

Prix  d'ensemble,  \"  catégorie,  race  d'Aubrac,  un  objet  d'art,  MM.  Galtayries  et  Scudier.  — 
Autres  catégories  :  un  objet  d'art,  M.  Nadaud,  pour  ses  animaux  de  race  marchoise. 


CONCOURS  RÉGIONAL  l'E  RODEZ.  17 

Bandes  de  x-achcs  laitières  (en  lait).  —  I"  prix.  M.  Jean  Ramond,  vaches  de  .'îalers  ;  î",  M.  Cou- 
derc,  vaclies  de  Salers  ;  M.  Denayrouze,  vaches  d'Aiibrac. 

Espèce  ovine. 

1"  Catégorie.  —  Race  du  Larzac.  — M.Ues.  1"  prix.  M.  François  Thiers,  à  Calmels  et  le 
Viala  (Aveyron)  ;  2»,  M.  Zéphirin  Bertrand,  à  Loubière  (A veyron).  Mention  honorable,  M.  Ttiiers.  — 
Femelles.  —  1"  et  2°  prix,  M.  Thiers. 

2"  Catégorie.  —  Races  des   causses   de  l'Aveyron  et  du  Ségala.  —  Mâles.  1"  prix.  M.    Pierre 
Souliê,  à  Luc  (Aveyron)  ;  2°,  M.  Françoi*  Albouy,  à   Comps-Lagrandville   (Aveyron).  Prix  supplé- 
mentaire, M.  Galtayries.   Mention  honorable,  M.  Auguste  Soulié,  à  Olemps  (Aveyron). — Femelles. 
1"  prix,  M.  Auguste  .Soulié  ;  2",  M.  Pierre  Soulié.  Prix  supplémentaire,  M.  Emile  Blanc, à  Klavin 
(Aveyron).  Mention  honorable,  M.  Antoine  Costes. 

3"  Catégorie.  —  Race  de  la  Montagne-Noire.  —  Mâles.  1"  prix,  M.  Louis  Bouzac,  à  Saint- 
Amans-Soult  (Tarn)  ;  2°,  M.  Numa  Rives.  —  Femelles.  1"  prix.  M.  Numa  Rives;  2".  M.  Louis 
Bouzac. 

.  4"  Catégorie.  —  Race  des  causses  du  Lot.  — Mâles,  l"  prix,  M.  C.  de  Verninac;  2",  M.  Ray- 
mond Lafon,  à  Carcenac  (Lot)  ;  3°.  M.  Jean  Chaumeuil,  à  Betaille  (Lot).  —  Femelles.  1"  prix, 
M.  Raymond  Lafon  ;  2%  M.  de  Verninac  ;  3%    M.  Pierre  Gilel,  à  Turenne. 

5°  Catégorie.  —  Brebis  laitières.  1"  prix,  M.  Antoine  Costes;  2",  M.  J.  Bertrand,  à  Rodez 
(Aveyon);  3",  M.  Pierre  Pouget,  à  Flavin  (Aveyron). 

6"  Catégorie.  —  Races  françaises  diverses.  —  Mâles.  1"  prix,  M.  Maurice  Avy,  à  La  Bastide- 
Saint-Pierre  (Tarn-et-Garonne)  ;  V,  M .  Jean  Lescure  ;  3°,  M.  Aristide  Nadaud.  —  Femelles. 
l"  prix,  M.  Jean  Lescure;  2%  M.  Aristide  Nadaud. 

7°  Catégorie.  —  Races  étrangères  diverses.  —  Mâles,  l"  prix.  M.  Auguste  Massé;  2',  M.  G.  de 
Bonald-  Mention  honorable,  M.  Charles  de  Léobardy.  —  Femelles.  1"  prix,  M.  Auguste  Massé; 
2%  M.  G.  de  Boi:ald. 

8"  Catégorie.  —  Croisements  divers.  Mâles.  1"  prix,  M.  Pierre  Pouget  ;  2°,  M.  Zép.  Bertrand. 
Mentions  honorables,  MM.  François  Thiers;  Eugène  d'Humières  ,  à  Arpajon  (Cantal).  — 
Femelles.  l"prix,  M.  Galtayries;  2»,  M.  Antoine  Costes. 

Prix  d'ensemble,  un  objet  d'art,  M.  Thiers.  pour  ses  animaux  de  la  race  du  Larzac. 

Espèce  porcine. 

1"  Catégorie  .  —  Races  indigènes  pures  ou  croisées  entre  elles.  —  Mâles.  1"  prix,  M.  Jean- 
Baptiste  Chincholle,  à  Ouins  (Aveyron)  ;  2',  M  Eugène  Calvet,à  Moyrazès  (Aveyroi;). —  Femelle. 
l"  prix,  M.  Pierre  Pouget;  2°,  M.  Chincholle.  —  Prix  supplémentaire,  M.  de  Barrau. 

2"  Catégorie.  —  Races  étrangères  pures  ou  croisées  entre  elles.  —  Mâles.  1"  prix, 
M.  Georges  de  Bonald;  2",  M.  Georges  de  Bonald;  3°,  M.  Edmond  Bouscary ,  à  Montpellie. 
(Hérault)  ;  4%  M.  Paul  des  Places.  —  Femelles.  1"  prix,  M.  Georges  de  Bonald  ;  2%  M.  Georges 
de  Bouald  ;  3%  M.  Edmond  Bouscary;  4°,  Mlle  de  Gauban  du  Mont.  Mention  honorable. 
M.  Georges  de  Bonald. 

3°  Catégorie.  —  Croisements  divers  entre  races  étrangères  et  races  françaises.  —  Mâles. 
l"prix,  M.  Georges  de  Bonald;  2',  M.  Gravier,  à  Flavin  (Aveyron).  —  Femelles.  1"  prix, 
M.  Georges  de  Bonald. 

Prix  d'ensemble  à  décerner  au  meilleur  lot  d'animaux  d'espèce  porcine.  —  Pas  de  concurrents. 

Animaux  de  basse-cour 

1'°  Catégorie.  —  Coqs  et  poules.  —  1'°  Section.  Race  de  Caussade.  1"  prix,  M.  Fernand 
d'Humières,  à  Arpajon  (Cantal);  2%  M.  J.  Cassan  aîné,  à  Aurillac  (Cantal);  3°,  M.  Georges 
de  Bonald.  — 2"  Section.  — Races  françaises  diverses.  1"  prix,  M.  Georges  de  Bonald;  2", 
M.  Jules  Vors.  à  la  Loubière  (Aveyron)  ;  3",  M.  Cassan  aîné.  .Mention  honorable,  ,M.  d'Humières. 
—  2°  Section.  Races  étrangères  diverses.  1"  prix,  M.  Cassan  aine;  2",  M.  Georges  de  Bonal). 
Mentions  honorables,  M.M.  F.  d'Humières  ;  Cassan  aîné.  4"  Section.  —  Croisements  divers. 
l"  prix,  M.  Jules  Vors  ;  2",  M.  Cassan. 

2'  Catégorie.  —  Dindons,  l"  prix,  M.  A.  Rozier,  à  Rodez;  2",  M.  F.  d'Humières. 

3*  Catégorie.  —  nies.  1"  prix,  M.  F.  d'Humières;  2°,  M.  Cassan  aîné;  3',  M.  Cassan  aîné. 

4"  Catégorie.  —  Canards.  1"  prix,  M.  Georges  de  Bonald;  2',  M.  F.  d'Humières  ;  3", 
M.  d'Humières.  Mention  honorable,  M.  Georges  de  Bonald. 

5'  Catégorie.  —  Pintades,  l"'  prix,  M.  d'Humières;  2»,  M.  d'Humières. 

6"  Catétforie.  —  Pigeons.  1"  prix,  M.  d'Humières  ;  2'',  .M.  Georges  de  Bonald;  3",  M.  Cas- 
san aîné. 

7"  Catégorie.  —  Lapons  et  léporides.  1"  prix,  M.  Georges  de  Bonald;  2",  M.  d'Humières. 
Mention  honorable,  M.  le  directeur  de  l'asile  des  alliénés  à  Rodez. 

Priv  d'ensemble,  un  objet  d'art,  M.  d'Humières,  pour  i'ensemble  de  son  exposition. 

Serriteurs  primés  employés  chez  les  lauréats  et  récompensés  pour  les  bons  soins  donnés  aux 
animaux  primés.  —  Médailles  d'argent,  .MM.  Jean  Garrigoux.  vacher  chez  M.  Ramond  ;  Couzinié, 
vacher  chez  M.  Numa  Rives;  Jean  Tixier,  vacher  chez  M.  Nadaud;  Auguste  Salés,  vacher  chez 
MM.  Galtayries-Scudier ;  Jean.  Lacorre,  vacher  chez  M.  des  Places.  —  Médailles  de  bronze, 
Mlle  Anice-Bailac,  femme  de  basse-cour  chez  M.  d'Humières;  Pierre  Désyacques.  vacher  chez 
M.  de  Léobardy;  Isidore  Latapie,  vacher  chez  M.  Bajau  ;  François  Lachaud,  vacher  chez  M.  Libé- 
ral Imbert;  Petitjean,  vacher  chez  M.  Massé;  Gabriel  Chabert,  vacher  chez  M.  Cormouls-Houlés  ; 
Lougueyrou,  vacher  chez  M.  Lafargue;  Viguier,  vacher  chez  M-  de  Bonald  ;  Léonard  Madelmond, 
vacher  chez  M.  Bach;  Pigrre  Petitpied,  vacher  chez  M.  Emile  Booyer. 

Kfîcompen.ves  aux.  conducteurs  de  machines,  contremaîtres  et  ouvriers  des  constructeurs  d'in- 
struments agricoles.  —  Médailles d' argent ,  MM.  Louis Foucrès,  méc.inicien  chez  M.  Piltcr,  à  Paris; 
Arthur  Garnier,  ouvrier  chez  M.  H.  Mot,  à  Paris;  Boudet,  contremaître  chez  M.  Merlin,  à  Vier- 
zon.  —  Médailles  de  bronze,  MM.  Maurival,  coniremaître  chez  M.  .Sauzay,  à  Autun  ;  Ledoux, 
mécanicien  chez  M.  Brouhot,  à  Vierzon  ;  Guillaume  Clève,  chez  M.  Borie-Chanal,  à  Toulouse; 
Touzeau,  chez  M.  Maréchaux,  à  Montmorillon  ;  Chariot,  ouvrier  chez  M.  Hidien  à  Châteauroux  ; 
Saget,  ouvrier  chez  M.  Breloux,  à  Nevers.  —  30  fr.,  M.  Euzèbe  Michaut,  ouvrier  chez  M.  Heaume, 
à  boulogne-sur-Seine  ;  Nicolas  Moine,  coniremaître  chez  M.  Plissonnier,  à  Lyon  ;  Blandin,  ouvrier 
chez  M.  Cuniming,  à  Orléans;  Auguste  Beau,  conducteur  chez  M.  Pilter,  à  Paris;  Potier,  contre- 
maître à  la  Société  française  du  matériel  agricole  de  Vierzon;  Jules  Chaput,  contremaître  chez 
M.  Pécard,  à  Nevers. 


18  CONCOURS  RÉGIONAL  DE  RODEZ. 

Produits  agricoles  et  matières  utiles  à  l'agriculture.  —  Concours  spéciaux. 

1"  Catégorie.  —  Vins.  —  l"  Sims-Calégorie.  Vins  routes  de  l'Aveyron.  1"  prix,  M.  Joseph 
Viargues,  à  Roiisz  ;  2'',  M.  Hyacinthe  Ga-dès,  à  Peyreleau  (Aveyron)  ;  3*,  M.  Henri  Piialip,  à 
Maleville  (Aveyron)  ;  4%  M.  Auguste  Higonnet,  à  Balsac  (Aveyron)  ;  5',  M.  Joseph  Randon  ,  à  Mon- 
tézic  (Aveyron);  6°.  M.  Bonavenlure  Lunet,  à  Rodez.  —  2'  Sous- Catégorie.  Vins  rouges  du 
Tarn-et-Garonne,  l"prix,  Mme  VveCatellan,  à  Puy gaillard  (Taru-et-Garonne).  —  :i' Sous-Catégorie. 
Vins  rouges  du  Tarn.  1"  prix,  M.  Marcellin  Dupny,  à  Albi  (Tarn)  ;  2»,  M.  Jean-Louis  Cros,  à 
GraulhetÏTani);  3M«.  Sérafhin  Rolland,  à  Albi  (Tarn). 

5°  Catégorie.  —  Ex[)ositions  scolaires.  —  1"  Section.  Matériel  d'enseignement  agricole. 
l"prix,  ji.  Léon  Duru,  à  Bordeaux  (Gironde).  — 2"  Section.  Travaux  spéciaux  et  objets  d'en- 
seignement agricole  présentés  par  les  professeurs,  les  instituteurs  et  les  élèves  des  écoles  pri- 
maires, l"  prix,  M.  l'Inspecteur  d'académie  au  nom  des  instituteurs  et  des  professeurs  de 
l'Aïevron. 

7°  Catégorie.  —  Produits  divers  non  compris  dans  les  catégories  précédentes. —  Médailles  d'or, 
MM.  Cassan  aîné,  à  Aurillac,  pour  l'ensemble  de  son  exposition;  de  Bonald,  pour  l'ensemble  de 
son  exposition  ;  Adolptie  de  Pastorel,  à  Rivière  (Aveyron),  pour  ses  cocons  ;  Charles  de  Verninac, 
à  Croze,  commune  de  Sarrazac  (Lot),  pour  ses  céréales  ;  Société  anonyme  de  la  grande  distillerie 
à  Toulouse  (Haute-Garonne) ,  pour  ses  liqueurs;  Kernand  d'Humières,  à  Ariiajon  (Cantal),  pour 
son  exposition  d'œufs.  —  Médaille  d'argent  (grajid  module),  M.  de  Verninac,  pour  ses  vins 
rouges  du  Lot.  —  Médailles  d'argent,  MM.  Eugène  Celles,  à  Rodez,  pour  son  cidre;  Justin  Four- 
nialis,  à  Canet.  pour  ses  rutabagas  et  son  froment  ;  Sylvain  Galzin,  à  Gissac,  pour  ses  blés  et  four- 
rages; Léon  Lescure  à  Saint-Santin  (Aveyron),  pour  ses  blés  ;  Joseph  Moynier,  à  Montpellier 
(Hérault),  pour  l'ensemble  de  son  exposition;  A.  Rozier.  à  Rodez  (Aveyron),  pour  ses  asperges; 
Pierre  Audouy,  à  Varen  (Tarn  et-Garonne),  pour  ses  betteraves  fouvragères  ;  Jean  Jullian,  à  Vil- 
leneuve-les-Maguelonne  (Hérault),  pour  son  vin  de  Jacjuez;  Frédéric  Mugnier,  à  Dijon  (Côte- 
d'Or),  pour  son  cassis  ;  Roquelaure,  à  Rodez,  pour  ses  farines  ;  Biney  frères,  à  Rodez,  pour  leurs 
conserves.  —  médailles  de  bronze,  MM.  Joseph  Desmazes,  à  Rodez,  pour  ses  betteraves;  Pierre 
Guillon,  à  Rodi'Z,  pour  ses  fraisiers  ;  Pierre  Soulié,  à  Luc  (Aveyron),  pour  sf-s  betteraves  four- 
ragères; Louis  Barbe,  à  GaïUac  (Tarn),  pour  son  vinaigre  devin  blanc  ;  Emile  Blanc,  à  Flavin 
(Aveyron),  pour  sa  laine;  Louis  Bouzac,  à  Saint-Amans-Soult  (Aveyron),  pour  ses  toisons;  Joseph 
Viargues,  à  Rodez,  pour  ses  pommes;  Adrien  Dan,  à  Dangy  (Manche),  pour  son  cidre  ;  Seguin  et  Cie, 
à  Mende  (Lozère),  pour  leur  liqueur  ;  Casimir  IJasso,  à  Nice  (Alpes-Maritimes),  pour  ses 
huiles. 

Concours  spécia  1  de  laiterie. 
1"  CLASSE.  —  Produits  du  lait.  —  1"  Catégorie.  —  Beurres.  —  l"' Sous-Catégorie.  Beurres 
frais,  l"  prix,  M.  Antoine  Costes,  à  Onet-le-Château  (Aveyron);  2'  Al.  Justin  Fournialis,  à 
Canet  (Aveyron).  —  2°  Sous-Catégorie.  Beurres  de  conserve,  l"  prix,  M.  Costes;  2'.  MM.  Fraisse 
et  Didaret,  à  Rodez.  —  3'  Sous-Calégorie.  Beurres  de  petit  lait,  l"'  prix,  M.  Fournialis; 
2',  M.  Sylvain  Galzin,  à  Gissac  (Aveyron),  3",  M.  Joseph  Bonal,  à  Saint-Chély-d'Aubrac 
(Aveyron). 

2"  Catégorie.  —  Fromages.  —  l"  Sous-Catégorie.  Fromages  du  Cantal  et  de  Laguiole  (dits 
de  printemps).  T"  prix,  M.  Bonal;  2',  MM.  Fraisse  et  Didaret;  3°,  M.  Adrien  Gros,  à  Saint- 
Chély  (Aveyron).  Mention  honorable,  M.  V.  Mazencq  fils,  à  Rodez; —  2°  Sous-Catégorie.  Fro- 
mages de  montiigne  de  l'année  précédente.  1"'  prix,  MM.  Fraisse  et  Didaret;  2%  M.  Bonal; 
3",  M.  Gros.  —  3"  Sous-Catégorie.  Fiomages  d'hiver  à  pâle  molle  et  affinée.  Absence  de  concur- 
rents. —  V  Soui-Categorie.  Fromages  de  brebis  (Roquefort).  1"  prix.  Société  anonyme  civile  de 
Roquefort;  2°,  M.  Galzin  ;  3%  M.  Antoine  Coste.  Mention  très  honorable,  M.  Adolphe  de  Pastorel, 
à  Rivière  (Aveyron) .  Mentions  honorables,  MM.  Joseph  Blanc,  au  Pont-de-Salars  (Aveyron); 
Antoine  Mabru,  à  Polminhac  (Cantal).  —  5"  Sous-Catégorie.  Fromages  de  lait  de  chèvre.  Pas 
de  concurrents. 

■2«  CLASSE.  —  Matériel  de  laiterie.  —  P"  Catégorie.  Types  d'installation  de  laiteries,  fromage- 
ries, burons  ou  fromageries  du  Rouergue.  Pas  de  concurrents. 

2'  Catégorie.  —  Machines  et  appareils  pour  le  transport  du  lait.    2°  prix,  M.    Pilter,  à    Paris  ; 
3»,  M    François  Alazad,  à  Saint-Chély-d'Aubrac  (Aveyron). 
3°  Catégorie.  —  Appareils  propres  à  refroidir  le  lait,  l"  pjix,  M.  Pilter. 

¥  Catégorie.  — Barattes  ou  appareils  propres  à  séparer  le  beurre  du  lait  ou  de  la  crème. 
1"  Sous-Catégorie.  Barattes  à  bras.  1"  prix,  MM.  Mure  frères,  à  Lyon  (Rhône).  —  2"  Sous-Caté- 
gorie. Barattes  à  manège  ou  mues  par  machines  à  vapeur.  l°'prix,  M.  Pilter.  — 3°  Sous-Calégorie. 
Crémeuses  mécaniques.  l"prix,  M.   Piller. 

.'S''  Catégorie.   —  Appareils  pour    le  délaitement,  le  pétrissage  du  beurre.    1""  Sous-Catégorie. 
Malaxeurs,    p'  prix,  M.  Pilter.   — 2^  Soiis-Catégorie.  Àppureih  divers.    1°' prix,  M.  Casimir  Cou- 
goule,  à  Rodez  ;  Auguste  Galtier,  à  Saint-Georges  de  Luz  (Aveyron)  ;  3°,  M.  Louis  Roques,  à  Rodez, 
fi'    Catégorie.  —  Presses  à  fromages,  l"  prix,  M.  Louis  Roques;  2'',  M.  Pilter,  3',  M.  Alazad. 
7°  Catégorie.    —    Vases  pour   la  conservation,   la  vente   du  lait  et  de  ses  produits,    1"  prix, 
M.Georges  de  Bonald;  2»,  M.  Pilter;  3%  M   Alazad. 

8°  Catégorie.  —  Vases  et  ustensiles  divers  non  compris  dans  la  classe  ci-dessus.  1"  prix, 
M.Georges  de  Bonald;  2",  M.  Pilter  ;  3%  M.  Alazad. 

9"  Catégorie.    —  Instruments    scientifiques  à   l'usage   des  laiteries   et  fromageries.    2°  prix, 
M.  Pilter. 
10°  Catégorie.  —  Modèles,  figures,  plans,  livres,  etc.  Pas  de  concurrents. 

11"  Catégorie  —  Matières  colorantes  du  beurre  et  du  fromage,  présures,  sels,  etc.  Médailles 
d'argent,  MlM.  Joseph  Fabre,  à  Aubervilliers  (Seine),  pour  sa  présure  concentrée;  Louis  BoU,  à 
Paris,  pour  sa  présure  et  sa  matière  colorante. 

Le  concours  hippique  comptait  environ  75  animaux,  dont  la  plupart  étaient  des 
pouliches  et  des  juments  de  demi-sang.  Ainsi  quiil  .-irrive  toujours,  il  y  a,  dans 
ces  catégories,  de  fort  beaux  individus,  à  cùté  d'un  plus'grand  nombre  qui  ne  pré- 
sentent que  des  caractères  assez  médiocres.  Mais  il  y  avait  quelques  très  beaux 
spécimens  de  la  race  anglo-arabe,  venant  de  la  Gorrfeze  et  du  Cantal  ;  l'influence  du 


CONCOURS  RÉGIONAL    ÛE  RODEZ.  19 

haras  de  Pompadour  se  manifeste  ici,  quoiqu'on  eût  pu  espérer  une  démonstration 
pluscoinplète  de  l'action  quecet  établissementexerce  dans  cette  région,  plus  spécia- 
lement propre  à  donner  des  chevaux  d'allures  vives,  mais  solides,  aussi 
bien  pour  le  service  agricole  que  pour  ceux  de  l'armée.  Le  prix  d'honneur  du 
concours  a  été  décoriié  à  une  jument  anglo-arabe,  âgiio  de  4  ans,  appartenant  à 
M.  le  comte  de  Vineneuve,à  Castres  (Tarn).  Aucune  catégorie  n'avait  été  ouverte 
pour  les  chevaux  de  trait,  tandis  que  vingt  prix  avaient  été  réservés  aux  juments 
et  aux  pouliches  de  demi-sang  ;  il  y  a  là  a;it!  anomalie  contre  laquelle  on  ne  doit 
pas  cesser  de  protesier,  tant  qu'elle  subsistera.  —  Il  faut  aussi  regretter  que 
l'administration  des  haras  ait  refusé  de  créer  des  catégories  spéciales  pour  les 
races  asine  etmulassièrequi  sont  l'objet  d'une  production  importante  et  très  lucra- 
tive dans  le  pays.  Henry  Sagnier 

LE  TRÈFLE  VIOLET  D'AMERIQUE 

Par  suite  des  circonstances  météorologiques  défavorables  de  Tau- 
tomne,  la  récolte  de  graines  de  trèfle  violet  de  1882  a  été  particuliè- 
rement mauvaise  en  Europe,  et  beaucoup  de  graines  de  trèfle  ont  été 
importées  d'Amérique  pour  les  semis  de  printemps  de  1883.  La 
.France  en  a  reçu  une  part  d'autant  plus  considérable  que  les  cultiva- 
teurs français,  moins  bien  informés,  ont  accepté  cette  graine  à  des 
cours  élevés,  sensiblement  les  mêmes  que  ceux  du  trèfle  d'Europe. 
Ceci  n"a  pas  lieu  chez  toutes  les  autres  nations. 

Deux  fois  déjà,  il  y  a  quelques  années,  il  m'est  arrivé  de  semer  du 
trèfle  d'Amérique.  Ces  trèfles,  très  beaux  la  première  année,  au  point 
de  diminuer  le  rendement  de  la  plante  protectrice,  disparaissaient  en 
partie  pendant  l'hiver  et  même  au  printemps  ;  les  feuilles  rougissaient 
etjaunissaient,  la  souche  pourrissait  et  la  récolte  était  peu  considérable. 
En  1883,  j'ai  fait  semer,  sans  le  savoir,  quelque  peu  de  trètle  d'Amé- 
rique. L'hiver  ayant  été  exceptionnellement  doux,  je  n'ai  pas  constaté 
de  disparition  de  plants  de  trèfle,  mais  la  première  coupe  a  été  bien 
moins  élevée  que  celle  du  trèfle  d'Europe  dans  les  mêmes  conditions. 
Le  trèfle  d'Amérique  a  moins  tallé,  s'est  moins  ramifié  :  la  plante  est 
plus  ligneuse,  moins  feuillue  ;  elle  paraît  d'ailleurs  assez  impression- 
nable, et  les  végétations  cryptogamiques  l'envahissent  facilement  sur 
pied. 

Ces  défauts  du  trèfle  d'Amérique  ont  été  déjà  reconnus  depuis  long- 
temps. En  Allemagne,  sa  graine  se  vend  bien  moins  cher  que  celle  du 
trèlle  d'Europe.  j\o66e  s'est  fait  plusieurs  fois  l'écho  des  plaintes  des 
cultivateurs  saxons.  P.  Nielsen  a  fait  de  nombreuses  expériences  dans 
de  bons  sols  sur  le  trèfle  d'Europe  et  le  trèfle  d'Amérique  :  ce  dernier 
a  toujours  présenté  une  récolte  moins  élevée.  En  Danemark,  Sainsoe 
Lund  a  fait  des  expériences  comparatives  sur  le  degré  de  résistance  des 
deux  trèfles,  et  a  trouvé  le  trèfle  d'Amérique  trois  ibis  plus  impression- 
nable que  le  trèfle  d'Europe  dans  l'hiver  rude  de  1878-1879. 

Il  y  a  quelques  années,  on  reconnaissait  assez  facilement  la  graine 
de  trèfle  d'Amérique  à  certaines  graines  de  plantes  qui  sont  parti- 
culières à  ce  pays,  -par  exemple  :  Ambrosia  artemisiœfolia  L.  et 
acanthocarpa,  Plan'ago  major  L.,  var.  americana,  dont  la  graine  est 
généralement  contournée  en  carène.  Les  graines  renferment  encore 
généraletnent  beaucoup  de  graines  cassées,  mais  les  souillures  devien- 
nent plus  rares,  et  il  n'est  pas  toujours  possible  de  les  différencier 
de  celles  du  trèfle  d'Europe. 

Il  n'en  est  plus  de  même  de  la  planle.  Ici  la  distinction  est  facile. 


20  I.E  TlîKFLE  VIOLET  DAMÉRtQUE. 

Le  trèfle  d'Amériqae  est  couvert  de  poils  étalés,  apparents  surtout  sur 
les  tiges  jeunes  et  les  parties  les  moins  anciennes,  alors  que  le  trèfle 
d'Europa  ne  présente  dans  les  même  conditions  qu'un  très  petit  nom- 
bre de  poils  applirjuéit.  Les  tiges  de  l'une  des  plantes  sont  poilues  ; 
celles  de  l'autre  semblent  nues.  La  face  inférieure  de  la  feuille  du  trèfle 
d'Amérique  est  fortement  velue,  comme  hérissée;  sa  face  supérieure 
l'est  très  peu,  et  encore  les  poils  qui  s'y  trouvent  sont-ils  étalés.  Chez 
le  trèfle  d'Europe,  les  deux  parties  inférieure  et  supérieure  de  la  feuille 
sont  également  faiblement  recouvertes  de  poils  appliqués.     Roblin. 

LES  MOULINS  A  VENT  AGRICOLES 

L'ori2;ine  des  moulins  à  vents  est  assez  incertaine:  on  les  croit 
inventés  en  Asie,  et  rapportés  dans  nos  pays  à  la  suite  des  croisades. 


Fis.    1- 


•  Moulin  à  vent  dit  VEclipse,  vu  de  face. 


Ils  ont  été  employés  déjà  en  Bohême  vers  718,  et  certainement  l'idée 
d'appliquer  la  force  motrice  du  vent  remonte  à  la  plus  haute  anti- 
quité. De  nos  jours  ces  moteurs  sont  surtout  employés  à  la  mouture 
des   grains,  et  chacun  connaît  les  moulins  à  vent.  Mais  ils  ont  été 


LES  MOULINS  A  VENT  AGRICOLES.  21 

plus  rarement  appliqués  à  l'élévation  des  eaux,  soit  pour  l'agricullure, 
soit  pour  l'agrément  des  propriétés  rurales,  (l'est  que,  outre  la  néees- 
sité  d'en  bien  calculer  les  proportions  pour  l'elTet  qu'on  veut  en 
obtenir,  il  faut  surtout  en  disposer  le  mécanisme  pour  qne  ces  moteurs 


Fig.  2.  —  Moulin  à  vent  dit  VEclipse  s'orientant  sous  l'action  d'un  vent  violent. 


ne  soient  pas  sujets  à  se  briser  sous  l'influence  des  grands  vents  et 
des  bourrasques  brusques,  et  que  cependant  ils  puissent  produire  un 
effet  utile  même  par  un  vent  faible.  On  conçoit  que  leur  action,  par  la 
pompe  qu'ils  doivent  faire  mouvoir,  est  moins  active  par  un  vent  faible; 
mais,  cependant  il  faut  qu'elle  soit  encore  suflîsante  pour  que  celle-ci 
donne  un  rendement  utile.  Or  jusqu'à  présent  nous  avons  vu  de  nom- 


22  LES  MOULINS  A  VENT  AGRICOLES. 

breuses  tentatives  ingénieuses  pour  obtenir  un  résultat  pratique,  et 
nos  lecteurs  se  souviennent  sans  doute  d  avoir  observé,  dans  les  expo- 
sitions agricoles  ou  autres,  divers  appareils  qui  résolvaient  plus  ou 
moins  le  problème.  Parmi  les  différents  types  qui  se  sont  produit,  ils 
ont  sans  doute  remarqué  le  moulin  dit  ï Eclipse  que  re[)résentent  en 
détail  les  figures  1  et  ?..  Ce  moteur  a  le  mérite  de  fonctionner  d'une 
façon  régulière,  et  de  ne  pas  craindre  les  coups  de  vent  qui  pourraient 
briser  l'appareil,  grâce  à  une  ingénieuse  disposition  du  mécanisme 
qui  lui  permet  de  s'orienter  automatiquement,  et  de  s'effacer  instan- 
tanément s'il  se  produit  tout  à  coup  une  vitesse  anormale  dans  le  cou- 
rant d'air  où  il  se  trouve  placé. 

Une  sorte  de  gouvernail,  placé  à  l'arrière  de  la  roue  motrice,  force 
celle-ci  à  se  présenter  toujours  dans  le  plan  de  la  direction  du  vent, 
tel  faible  il  soit.  Un  autre  gouvernail,  plus  petit,  agit  dans  les  bour- 
rasques pour  faire  effacer  immédiatement  la  grande  roue  motrice  qui 
reprend  non  moins  immédiatement  sa  position  normale,  aussitôt  la 
bourrasque  passée. 

Cette  disposition  permet  de  présenter  toujours  au  vent  la  plus  grande 
surface  possible,  et  par  conséquent  d'obtenir  le  plus  grand  effet  utile. 
La  mobilité  de  la  roue  motrice  autour  de  l'axe  vertical  lui  facilite  de 
s'effacer  comme  le  montre  la  figure  2,  lorsque  le  vent  tourne  en 
tempête.  Il  est  évident  que  ce  genre  de  moteur  ne  peut  élever  de 
grandes  quantités  d'eau  à  la  fois;  mais  son  action  étant  continue,  jour 
et  nuit,  on  conçoit  que  la  quantité  d'eau  élevée  peut,  en  somme,  être 
assez  considérable. 

Un  de  nos  bons  constructeurs,  M.  Beaume,  s'est  chargé  de  propager 
en  France  cet  ingénieux  moteur,  qui  est  d'origine  américaine,  et 
après  quelques  perfectionnements,  il  en  a  fait  un  instrument  sérieuse- 
ment applicable,  soit,  aux  besoins  de  l'agriculteur,  soit  à  l'embellis- 
sement des  parcs  et  jardins,  où  sa  disposition  sur  une  tourelle  plus 
ou  moins  élégante  peut,  en  même  temps  que  son  but  utile,  servir  à 
l'ornementation  d'une  propriété.  M.  Beaume  (66,  route  de  la  Reine, 
Boulogne,  Seine),  l'habile  constructeur  de  ce  moulin  à  vent,  en  a  déjà 
établi  de  nombreux  spécimens,  soit  sur  un  simple  mât  pour  les  fermes, 
soit  sur  de  gracieuses  tourelles  dans  divers  parcs,  et  partout  où 
ces  moteurs  ont  été  appliqués,  leur  rendement  a  donné  les  plus  satis- 
faisants résultats.  Les  nombreux  succès  de  M.  Beaume  dans  les  con- 
.cours  ou  dans  les  expositions  françaises  et  étrangères  sont  venus 
constater  d'une  façon  incontestable  la  valeur  pratique  du  moteur  à 
vent  dit  l'Eclipsé.  Charpentier. 

SERVITUDES  RÉELLES:  PONDS  ENCLAVÉS  • 

La  loi  du  20  août  1881,  modifiant  l'art.  682  du  Code  civil,  n'a  fait 
que  consacrer  une  jurisprudence  constante.  L'ancien  texte  ne  donnait 
le  droit  de  passage  sur  les  fonds  voisins  qu'aux  propriétaires  dont  les 
fonds  étaient  enclavés  et  qui  n'avaient  aucune  issue  sur  la  voie  publique. 
Le  législateur  de  1881  a  élargi  cette  disposition  :  ce  ne  sont  plus  seu- 
lement les  fonds  qui  n'ont  aucune  issue  sur  la  voie  publique  qui 
peuvent  désormais  bénéficier  d'un  droit  de  passage  sur  les  héritages 
voisins,  mais  même  ceux  qui  n'ont  qu'une  issue  insuffisante  pour  leur 
exploitation  soit  agricole,  soit  industrielle,  toujours  à  la  condition  pour 


SERVITUDES  RKELLES  ;  FONDS  ENCLAVÉS.  23 

le  propriétaire  enclavé  de  payer  une  indemnité  proportionnée  au  dom- 
mage qu'il  peut  occasionner. 

Même  sous  l'empire  de  l'ancienne  rédaction  d*?  l'art.  682  du  Code 
civil,  il  a  été  maintes  fois  jugé  que  l'on  doit  considérer  comme  enclavé 
le  fonds  qui  n'a  pas  une  issue  suffisante  pour  son  exploitation  (Cour 
de  cass.,  14  mai  1879). 

Une  question  plus  délicate,  qui  n'était  pas  expressément  prévue  par 
la  loi,  sest  posée  :  Devait-on  considérer  comme  enclavé  le  fonds  qui 
a  issue  sur  une  rivière  ou  sur  un  cours  d'eau?  La  jurisprudence,  se 
conformant  à  l'esprit  de  la  loi,  avait  établi  la  distinction  suivante  :  On 
ne  peut  considérer  comme  enclavé  l'héritage  qui  a  issue  sur  une 
rivière,  si  ce  fonds  peut  être  exploité  par  bacs  et  bateaux  sans  difficultés 
ni  dépenses  excessives  (Cour  de  Paris,  17  juin  1873).  Au  contraire,  il 
y  a  enclave,  bien  que  le  terrain  ait  issue  sur  une  rivière,  si  le  pasï^age 
sur  cette  rivière  présente  des  dangers  tels  que  l'issue  soit  en  réalité 
impraticable  (Gourde  cass.,  31  juillet  1844). 

Avec  la  modification  introduite  par  la  loi  du  20  août  1881,  cette  dis- 
tinction devient  conforme,  non  seulement  à  l'esprit,  mais  au  texte 
même  de  la  loi.  Le  piincipe  est  posé;  la  question  de  droit  est  tranchée. 
11  n'y  a  plus  pour  les  tribunaux  qu'une  question  de  fait  à  résoudre  : 
Le  cours  d'eau  constitue-t-ii  une  issue  suffisante  pour  l'exploitation  des 
fonds? Car  ce  n'est  pas  pour  la  commodité  des  personnes,  mais  seule- 
ment pour  le  service  du  fonds  que  le  législateur  permet  de  porter 
atteinte  aux  droits  de  propriété  d'un  tiers.  Cette  doctrine  a  été  formel- 
lement consacrée  par  un  arrêt  de  la  Cour  de  Paris  du  20  mars  1884. 

Eug.      POCILLET, 

Avocat    à    la   Cour    de  'Paris. 

LA  PISCICULTURE  DANS  LE  LIMOUSIN  EN  1884. 

Malgré  les  découvertes  des  savants,  malgré  l'exemple  donné  par  les 
pays  voisins,  malgré  l'impérieuse  nécessité  de  produire  et  les  résultats 
si  concluants  obtenus  à  Huningue  et  par  M.  Coste  au  Collège  de 
France,  la  pisciculture  n'a  pas  pris  en  France  tout  le  développement 
qu'on  était  en  droit  d'attendre.  Nous  pouvons  nous  flatter  d'avoir  été 
les  premiers  à  enseigner  la  pisciculture,  mais  nous  nous  sommes  laissés 
devancer.  L'instruction  pratique  manquait.  La  pisciculture  est  une 
science  dont  les  éléments  s'apprennent  facilement;  mais  un  traité  de 
pisciculture  ne  peut  remplacer  le  manque  absolu  de  pratique.  L'en- 
seignement pratique  pour  tous  et  à  la  portée  de  tous,  l'enseignement 
pour  les  cultivateurs  possesseurs  des  eaux,  qui  peuvent  les  cultiver 
comme  ils  cultivent  leurs  champs,  faisait  défaut.  La  loi  du  25  juillet 
1875  a  comblé  la  lacune. 

M.  Chabot-Karlen  a  été  chargé  de  l'organisation  de  cet  enseigne- 
ment. Grande  et  difficile  était  l'entreprise,  grande  et  persévérante 
devait  être  l'énergie  de  l'organisateur,  car  là  comme  ailleurs  il  y  a  eu 
de  nombreuses  difficultés  à  surmonter.  Le  pisciculteur  n'a  pas  failli, 
et  de  sérieux  résultats  couronnent  ses  efforts,  Il  a  organisé  l'ensei- 
gnement théorique  et  pratique,  il  a  formé  des  pisciculteurs,  il  a  obtenu 
des  poissons.  A  Chavaignac,  il  a  été  vivement  secondé  en  cette  circon- 
stance par  M.  le  directeur  de  la  ferme-école,  toujours  dévoué  aux  inté- 
rêts du  pays  et  à  l'instruction  de  ses  élèves. 

Par  l'abondance  et  la  qualité  de  ses  eaux,  la  ferme-école  de  Chavai- 


24  LA  PISCICULTURE  EN  LIMOUSIN. 

gnac  se  prête  nalurellement  à  l'enseignement  piscicole.  Le  Limousin 
étant  une  des  contrées  qui  offrent  le  plus  de  facilités  naturelles  à 
la  production  du  poisson,  les  élèves  de  la  ferme-école  continueront 
chez  eux  l'œuvre  du  repeuplement. 

Chavaignac  possède  de  nombreuses  sources  et  un  grand  nombre  de 
ruisseaux  affluents  de  la  Vienne.  Les  étani^s  soat  également  nombreux. 
La  pisciculture  comprend  par  le  fait  la  production  des  salmonés  et  des 
cyprins,  truite  et  carpe. 

Nos  premiers  essais  de  fécondation  et  d'incubation  artificielles  ont 
eu  lieu  en  novembre  1883.  Quoique  faits  sur  une  petite  échelle  (notre 
installation  n'étant  pas  complètement  terminée),  ces  essais  ont  donné 
des  résultats  remarquables  et  très  concluants. 

Aux  yeux  des  ignorants,  tout  ce  qui  est  nouveau,  tout  ce  qui  déroge 
de  la  routine  est  toujours  taxé  d'insensé;  aussi  nos  voisins  suivaient- 
ils  les  opérations  d'un  œil  attentif  et  incrédule. 

Les  salmonés,  beaucoup  plus  délicats  que  les  cyprins,  supportent 
plus  difficilement  les  déplacements;  aussi  doit-on  prendre  de  grandes 
précautions  toutes  les  fois  qu'il  s'agit  de  les  transporter.  Ils  ne  doi- 
vent jamais  quitter  l'eau.  Les  ruisseaux  de  Cnavaignac  se  rendant 
directement  dans  la  rivière  où  avait  lieu  la  pèche,  nous  offraient  des 
voies  naturelles  de  transport  qui  ont  été  utilisées.  A  cet  effet,  des 
caisses  rectangulaires  ont  été  construites,  percées  de  trous  à  chacune 
des  extrémités  pour  que  l'eau  établisse  un  courant  à  l'intérieur.  Les 
truites,  n'ayant  pas  ainsi  quitté  le  milieu  dans  lequel  elles  vivent  na- 
turellement, sont  arrivées  jusqu'au  bassin  dans  les  meilleures  condi- 
tions. Ce  bassin  doit  présenter  des  dispositions  particulières  en  ce  qui 
concerne  les  truites.  La  nature  de  l'eau  et  sa  température  doivent  se 
rapprocher  autant  que  possible  des  conditions  naturelles.  La  source 
qui  l'alimente  doit  être  assez  forte  pour  donner  lieu  à  un  renouvelle- 
ment d'eau  assez  considérable.  Il  est  préférable  qu'elle  arrive  dans  le 
bassin  au  moyen  d'un  courant  intérieur  plutôt  que  par  la  surface. 

Les  différentes  opérations  de  fécondation  et  d'incubation  ont  eu  lieu 
en  présence  des  élèves  et  de  nombreux  voisins  à  deux  époques  diffé- 
rentes :  le  9  et  le  21  novembre.  La  première  opération  a  été  faite 
par  M.  Chabot-Karlen,  dont  la  eompétence  en  pratique  piscicole  a 
donné  un  enseignement  précieux  pour  tout  le  monde  et  nous  a  permis 
de  pratiquer  la  seconde  opération  avec  succès,  le  tour  de  mains  une 
fois  connu. 

Cinq  mille  œufs  environ  ont  été  fécondés  et  mis  en  incubation  dans 
des  rigoles  Coste.  Les  démonstrations  pratiques  ont  été  faites  dans  le 
laboratoire  pendant  l'incubation,  La  perte  pendant  cette  période  n'a 
pas  dépassé  3  pour  100. 

A  la  fin  de  janvier  l'éclosion  était  terminée  et  les  alevins  déposés 
dans  de  grandes  rigoles  abondamment  alimentées  d'eau  jusqu'à  la 
résorption  de  la  vésicule  ombilicale.  Pendant  ce  temps  qui  a  duré 
environ  deux  mois,  les  jeunes  alevins  ne  réclament  pour  tous  soins 
qu'une  surveillance  active.  Les  morts  doivent  être  immédiatement 
enlevés.  La  perle  pendant  cette  période  a  été  de  6  pour  100. 

Aux  4,500  alevins  produits  à  Chavaignac  viennent  s'ajouter  ceux 
provenantde3,000œufsdeM.  Rivoiron,  pisciculteuràServagette  (Isère), 
envoyés  par  le  ministre  de  l'agriculture,  tentative  d'acclimatation  d'une 
précieuse  variété  qui  a  déjà  parfaitement  réussi  dans  la  partie  extrême 


LA  FISC  ICULIUUË  EN  LIMOUSIN.  25 

(Ju  bassin  de  la  Haute -Vienne  aux  environs  de  Saint-Léonard,  par 
exemple,  avec  des  œufs  provenant  de  l'exposition  de  1878.  Pendant 
l'incubation  quia  duré  quelques  jours  seulement,  ils  ont  donné  lieu  à 
une  pîrte  de  4  pour  100.  La  perle  pour  les  alevins  a  été  de  8  pour 
100.  La  cause  de  ce  résultat  moins  satisfaisant  que  pour  les  œufs  de 
Chavaignac  doit  être  attribuée  au  voyage,  car  de  grandes  précautions 
ont  été  prises  pour  la  mise  en  incubation.  Au  déballage  les  œufs  accu- 
saient une  température  de  -|-5  degrés,  tandis  que  celle  de  nos  eaux 
était  de  -}-  11  degrés.  Au  moyen  de  fréquents  arrosages  avec  l'eau  du 
laboratoire,  leur  température  a  été  doucement  élevée  jusqu'à  10  degrés. 

La  dissémination  a  eu  lieu  en  mars.  Les  jeunes  truites,  au  nombre 
de  7,000  (4,500  de  Cliavaignac  et  2,500  de  M.  Rivoironj,  ont  été 
déposées  dans  un  ruisseau,  sur  une  frayère  spécialement  construite 
pour  elles,  et  qui  leur  servira  de  demeure  pendant  quelque  temps. 
Plus  de  deux  mois  après  la  m^se  à  l'eau,  les  jeunes  poissons  s'aperce- 
vaient en  nombre  autour  de  leur  frayère  dans  laquelle  ils  se  précipi- 
taient au  moindre  bruit. 

Tels  ont  été  les  résultats  de  notre  première  année,  résultats  qui 
nous  permettent  d'espérer  des  succès  encore  plus  décisifs  à  l'avenir. 
Ils  ont  fourni  un  précieux  enseignement  aux  élèves  et  au  pays.  Tout 
le  monde  a  vu  et  a  compris,  même  les  plus  incrédules,  tout  ce  qu'on 
peut  faire  en  pisciculture  et  tout  ce  qu'on  est  en  droit  d'espérer.  Ceux 
qui  ne  croyaient  pas  sont  aujourd'hui  les  plus  fanatiques,  car  ils  ont 
été  frappés  par  les  résultats,  et  tous  les  jours  nous  voyons  de  nouvelles 
tentatives  faites  par  les  propriétaires  voisins  pour  produire  du  poisson. 
Tous  savent  aujourd'hui  que  la  pisciculture  est  appelée  à  prendre  un 
développement  considérable  en  Limousin  et  à  devenir  une  nouvelle 
source  de  richesses. 

Chavaignac  a  sonné  la  charge,  il  a  donné  l'élan  dans  le  Limousin 
et  à  l'avenir  la  ferme-école  sera  encore  'i  la  tête  de  la  troupe  piscicole 
tenant  haut  le  drapeau  de  la  pisciculture  et  du  progrès  agricole. 

P.    ZiPCY, 

Sou5-direcleur,  professeur  à  la  ferme-ecole  de  Chavaigoac  iHaute-Vienne). 

CONCOURS  RÉGIONAL  DE  SAINT-OMER 

Le  concours  de  la  région  du  Nord,  qui  comprend  les  départements  de  Seine- 
et-Oise,  Seine,  Oise,  Seine-et-Marne,  Aisne,  Nord,  Somme  et  Pas-de-Calais,  a  eu 
lieu,  cette  année,  dans  ce  dernier  département,  du  7  au  15  juin,  à  Saint-Oraer. 

Si  l'on  traçait  une  ligne  droite,  qui  partirait  de  Calais  pour  atteindre  l'extrémité 
sud-est  de  ce  département,  on  le  diviserait  en  deux  parties  presque  égales,  dont 
l'une,  au  Nord,  comprendrait  les  arrondissements  d'Arras,  Béthune  et  Saint- 
Omer,  et  dont  l'autre  laisserait  vers  le  Sud  ceux  de  Saint-Pol,  Montreuil  et  Bou- 
logne. On  l'ormerail  ainsi  deux  légions,  bien  distinctes  au  point  de  vue  agricole. 
Elles  diffèrent  par  la  nature  de  leur  sol,  en  même  temps  que  par  leur  système 
de  culture  La  première  est  constituée  par  des  plaines  couvertes  d  un  limon  argilo- 
siliceux;  dans  la  seconde,  oi^i  les  accidents  de  terrain  sont  beaucoup  plus  consi- 
dérables, la  terre  est  de  nature  très  diverse  :  le  fond  des  vallées  est  formé  par 
des  dépôts  d'alluvion,  généralement  humifères,  quelquefois  tourbeux.  Les  ver- 
sants sont  souvent  calcaires,  et  les  plateaux  composés  d'une  terre  argileuse  parfois 
très  tenace. 

Le  climat  de  la  première  est  assez  doux  ;  celui  de  la  seconde  (quoique  plus  rap- 
prochée de  la  mer)  est  moins  régulier. 

Ces  conditions,  si  différentes,  devaient  donner  naissance  à  des  systèmes  de  cul- 
turc  différents. 

La  première  région  borde  d'un  bout  à  l'autre  le  département  du  Nord  ;  la 


26  CONCOURS  RÉGIONAL  DE  SAINT-OMER. 

culture  y  est  intensive.  On  y  fait  surtout  des  plantes  sarclées  et  des  céréales.  La 
culture  de  la  betterave  à  sucre  y  occupe  la  plus  large  place.  Depuis  quelques 
années,  le  colza  disparaît  ;  le  lin,  qui  autrefois  était  cultivé  sur  une  grande  échelle, 
est  presque  abandonné,  par  suite  du  prix  peu  rémunérateur  auquel  on  est  obligé 
de  le  vendre.  L'œillette  seule  semble  résister  un  peu  plus  dans  l'arrondissement 
d'Arraa. 

Les  céréales  (le  blé  surtout)  y  dominent  et  atteignent  les  plus  forts  rende- 
ments. On  y  élève  peu  d'animaux  (à  part  l'arrondissement  de  Saint-Omer). 
Les  industries  agricoles  vendent  à  l'agriculture  des  déchets  qui  servent  à  l'en- 
graissement. 

Malheureusement,  dans  ce  pays  oîi  la  culture  de  la  betterave  joue  le  rôle  pré- 
pondéiant.  les  effets  de  la  crise  sucrière  se  font  particulièrement  sentir;  ainsi, 
dans  certaines  localités,  le  taux  des  fermages  a-t-il  été  réduit  d'un  tiers. 

La  région  Sud-Ouest  du  département  est  moins  bien  partagée  que  savoisine,  sous 
le  rapport  du  sol  (qui  est,  comme  nous  l'avons  dit  plus  haut,  souvent  fort  tenace)  ; 
les  jîlantes  sarrlées  jouent  un  rôle  bien  moins  important,  et  la  jachère  (toujours 
pour  cette  même  raison)  n'est  pas  partout  di-parue.  Les  céréales  y  donnent  de 
moins  bons  produits  que  dans  la  partie  Nord-Çst  du  département.  On  s'applique 
surtout  à  la  production  fourragère.  Les  prairies  artificielles  réussissent  assez  bien 
sur  les  plateaux,  et  les  vallées  sont  couvertes  de  prairies  naturelles.  C'est  un  pays 
d'élevage;  on  y  produit  surtout  la  race  bovine  flamande,  qui  est  utilisée  pour  son 
lait,  et  le  cheval  boulonnais. 

Dans  la  première  région,  nous  trouverons  la  prime  d'honneur,  décernée  à 
M.  Pontfort,  à  Boery-Sainte-Rictrude  (arrondissement  d'Arras),  lauréat  du  prix 
cultural  de  i"  catégorie.  C'est  encore  dans  la  partie  Nord-Est  du  département  que 
l'on  rencontre  les  principaux  lauréats  des  prix  de  spécialités  :  MM.  Deligne  frè- 
res, à  Carvin  ;  Peltier,  à  Avion  ;  Masclef,  à  Loison  ;  Labitte,  à  Aire  ;  Hanicolte, 
à  Béthune. 

Dans  la  partie  Sud-Ouest,  les  médailles  décernées  sont  des  récompenses  d'irri- 
gation, d'élevage  et  de  cultures  fourragères,  à  MM.  Charles  Delattre,  à  Marant  ; 
Debuire,  à  Radinsghem,  et  Reptin,  à  Blangermont. 

Placée  sur  la  limite  des  plaines  du  Nord,  et  de  la  région  montagneuse  du  dépar- 
tement, la  ville  de  Saint-Omer  est  en  plein  pays  d'élevage.  Au  Sud-Ouest,  l'arron- 
dissement de  Boulogne  et  celui  de  Montreuil  ;  au  Nord,  l'arrondissement  de  Dun- 
kerque.  Au  Sud-Ouest,  le  pays  de  production  de  la  lacede  trait  boulonnaise  ;  au 
Nord,  le  pays  d'élevage  de  la  race  bovine  flamande.  Cette  ville,  à  qui  l'on  avait  repro- 
ché d'être  éloignée  de  certains  départements  de  la  région  du  Nord,  est  donc  ti'ès 
bien  placée  au  point  de  vue  d'une  exposition  d'animaux  reproducteurs  des  deux 
races  du  pays  que  nous  venons  de  mentionner.  Aussi,  le  concours  régional,  sous 
ce  rapport,  et  le  concours  hippique,  ont-ils  présenté  un  grand  intérêt. 

Saint-Omer  n'avait  aucun  emplacement;  d'importants  déplacements  de  terre 
furent  nécessaires  pour  niveler  une  partie  des  glacis  de  la  place,  afin  d'y  établir 
les  tentes  destinées  aux  animaux;  une  pâture  contiguë,  louée  pour  les  instruments, 
fut  reliée  au  reste  du  concours,  au  moyen  de  deux  larges  ponts. 

L'ensemble  ne  paraissait  pas  mauvais,  et  il  faut  reconnaiti'e,  à  la  louange  de  la 
municipalité,  que  l'on  a  utilisé  aussi  bien  que  possible,  l'emplacement  quelque 
peu  ingrat  dont  on  disposait. 

A  l'entrée  du  concours,  au  premier  plan,  sur  les  glacis,  apparaissait,  à  droite, 
la  ligne  de  machines  à  battre  à  vapeur  ;  en  face,  les  instruments  dans  la  pâture, 
et  à  gauche,  les  quatre  longues  tentes  des  animaux  de  l'espèce  bovine,  suivies 
par  celles  des  ovins,  porcins  et  animaux  de  basse-cour.  Les  tentes  des  produits 
étaient  au  centre,  devant  un  rond-point,  de  chaque  côté  du  second  pont  qui 
reliait  la  pâture  où  étaient  installés  les  instruments. 

Le  concours  d'animaux  reproducteurs  était  très  remarquable  tant  au  point  de 
vue  de  la  qualité  des  sujets  que  par  leur  nombre.  La  race  flamande,  qui  formait 
la  1™  catégorie,  comptait  125  individus,  dont  31  taureaux  en  l"^  section.  Le  jury, 
fort  satisfait  de  cette  exhibition,  a  dû  être  fcrt  embarrassé  pour  le  classement  des 
nombreux  animaux  qui  méritaient  des  récompenses.  Outre  les  trois  prix  régle- 
meniaires  qui  étaient  à  sa  disposition  pour  cette  section,  il  ne  décerna  pas  moins 
de  12  prix  supplémentaires. 

La  2'  section  (taureaux  de  2  à  4  ans)  était  aussi  très  bien  représentée  et  plu- 
sieurs prix  supplémentaires  furent  encore  nécessaires.  Il  en  fut  de  même  pour  les 
femelles,  où  les  étables  des  meilleurs  éleveurs,  tels  que  MM.  Cattoen,  Declémy- 


CONCOURS  REGIONAL  DE  SAINT-OMEK.  27 

Boulanger,  Marcotte  de  Noyelles,  Ardéans,  ctc,  avaient  fourni  leurs  plus  beaux 
modèles.  Dans  les  trois  sections  de  celle  catégorie,  aux  dix  prix  réglementaires, 
la  Commission  fut  encore  obligée  d'ajouter  15  prix  supplémentaires.  Ces  chiffres 
n'ont  pas  besoin  de  commentaire;  ils  prouvent  as<ez  les  efforts  ([ue  les  éleveurs 
flamands  font  pour  améliorer  la  précieuse  race  qu'ils  ont  entre  les  mains,  et  qui 
convient  si  bien  à  leur  pays.  On  tient  en  Flandre  à  lui  conserver  autant  que  pos- 
sible ses  «acuités  laitières,  tout  en  dévelop|iant  son  aptitude  à  l'engi-aisseraent. 

La  race  normande  (2*^^  catégorie)  n'était  pas  sur  son  terrain  ;  elle  n'était  repré- 
sentée que  par  une  trentaine  d'animaux  appartenanant  à  des  étables  connues  des 
départements  de  Seine-et-Oise,  Seine-et-Marne  et  Somme. 

La  race  hollandaise,  qui  était  en  3''  catégorie,  était  dans  le  même  cas  ;  aussi, 
M.  Tiers,  de  Roubaix,  a-t-il  remporté  la  plupart  des  prix  décernés. 

La  race  durliam,  dans  la  région  du  Nord,  ne  semble  pas  perdre  de  terrain,  et 
le  concours  de  Saint-Umer  a  prouvé  qu'elle  peut  y  prospérer  à  l'état  de  pureté  ou 
à  l'état  de  croisements.  Il  y  a  cependant  une  remarque  à  faire,  c'est  que  la  petite 
et  la  moyenne  culture  l'apprécient  peu.  Tous  les  sujets  présents  étaient  amenés 
p  r  des  éleveurs  que  l'on  est  habitué  à  retrouver  souvent  parmi  les  lauréats  des  con- 
cours de  la  région.  Tels, MM.  Boyenval,  Seyeux,  Debailly,  Marcotte  de  Noyelles, 
de  Glercq,  etc.  Il  en  est  de  même  pour  les  croisements  durham,  oii  l'on  retrouve 
les  noms  de  MM.  d'Havrincourt,  Chouin,  Lefebvre,  etc. Quant  à  la  6''  catégorie, 
elle  était  relativement  peu  nombreuse.  On  y  remarquait  surtout  les  croisements 
flamands-belges  de  M.  Bonduel. 

Les  prix  d'ensemble  ont  été  donnés  à  MM.-  Marcotte  de  Noyelles  et  d'Havrin- 
court. 

Si  les  animaux  de  l'espèce  bovine  étaient  nombreux,  on  ne  pourrait  en  dire 
autant  des  ovins.  Le  Pas-de-Calais  contient  peu  d'éleveurs  de  bêtes  à  laine,  et 
l'on  ne  voyait  à  Saint-Omer  que  des  lots  provenant  des  départements  sud  de  la 
région.  MM.  Delisy,  Duclert,  Camus-Viéville,  remportèrent  facilement  les  prix 
destinés  aux  métis- mérinos  ;  et  dans  les  autres  catégories,  on  retrouvait  les  ber- 
geries bien  connues  de  MM.  Compiègne,  Pluchet  et  Frissac,  Béglet  et  de  Ghé- 
zelles. 

Les  porcins  étaient  aussi  peu  nombreux.  On  remarquait  les  spécimens  des  croi- 
sements entre  races  françaises  et  les  croisements  anglais  de  M.  Boyenval  à  qui 
fut  attribué  le  prix  d'ensemble. 

Si  de  l'exposition  des  animaux  on  entrait  dans  les  tentes  des  produits,  on  était 
étonné  du  peu  d'importance  de  cette  partie  du  concours.  Beaucoup  d'exposants 
inscrits  manquaient.  Quoiqu'il  en  soit,  on  pouvait  y  voir  les  beaux  échantillons  de 
céréales  de  MM.  Belin,  Stevenoot  et  Dentu  ;  l'exposition  très  complète  de  la  So- 
ciété d'agriculture  de  Bourbourg  ;  mais  le  grand  attrait  était  cependant  pour  les 
betteraves  à  sucre  de  M.  Masclef,  de  Loison,  lauréat  d'une  des  médailles  de  spé- 
cialités. 

L'exposition  des  machines  et  instruments  n'était  pas  non  plus  ce  qu'elle  devait 
être.  88  constructeurs  s'étaient  fait  inscrire:  56  seulement  ont  exposé.  D'où 
provient  cette  désertion  du  concours  de_  Saint-Omer?  Il  est  permis  de  penser  que 
beaucoup  de  constructeurs  ont  abandonné  Saint-Omer  pour  Rouen,  et  qu'ensuite 
le  mauvais  temps  des  premiers  jours  a  décidé  bon  nombre  d'entre  eux  à  ne  pas 
exposer. 

Malgré  ces  nombreuses  abstentions,  beaucoup  des  meilleures  maisons  fran- 
çaises Ptaient  fort  bien  représentées.  Ainsi  M.  Albaret,  de  Liancourt,  avait  amené 
différents  modèles  de  ses  machines  à  battre  à  vapeur,  sa  presse  à  fourrages,  son 
hache-maïs  élévateur,  ainsi  que  son  nouveau  coupe-racines;  M.  Pilter,  sa  magni- 
fique collection  d'instruments  divers. 

On  y  remarquait  en  outre  MM.  Gumming,  Gérard,  Brouhot,  Wauquier,  Ûarin- 
Moray,  etc.,  avec  leurs  machines  à  battre;  MM.  Marot,  PernoUet,  avec  leurs 
trieurs,  etc. 

L'exposition  des  semoirs  était  assez  complète  :  on  y  trouvait  les  semoirs  Smyth, 
Liot,  Derôme,  ainsi  que  les  différents  constructeurs  du  département,  MM.  Ro- 
billard  et  Maréchal,  Valante  et  Christophe. 

MM.  Henry,  Bajac,  etc.,  avaient  apporté  leurs  collections  d'instruments  d'exté- 
rieur, sans  excepter  M.  Gaudelier,  l'habile  constructeur  de  Buquay,  qui  reçut  de 
M.  le  ministre  du  commerce,  le  jour  de  la  distribution  des  récompenses,  la  croix 
de  la  Légion  d'honneur. 

Je  ne  veux  pas  terminer  ce  rapide  aperçu  du  concours  de  Saint-Omer  sans 


28  CONCOURS  RÉGIONAL  DE  SAINT-OMER. 

mentionner  le  succès  obtenu  par  le  concours  hippique.  Il  est  difficile  de  voir  un 
ensemble  de  reproducteurs  boidonnais  des  deux  sexes,  plus  nombreux  et  plus  par- 
fait que  celui  que  l'on  pouvait  admirer  à  Saint-Omer.  Comme  la  race  flamande 
au  concours  régional,  la  race  boulonnaise  était  à  Saint-Omer  sur  son  terrain  ;  et 
ici  aussi,  le  jury  a  dû  être  bien  embarrassé  quand  il  a  voulu  récompenser  tous 
les  mérites.  Le  succès  du  concours  a  été  surtout  pour  M.  Charles  Delattre,  de 
Marant  (Pas-de-Calais),  lauréat  du  prix  d'honneur,  si  connu  parmi  les  meilleurs 
exposants  des  concours  hippiques  de  la  région  et  du  département.  Citons  encore 
M.  Testio,  de  Gonchil-le-Temple  (Pas-de-Calais),  MM.  Calais  et  Lédé,  et  enfin 
M.  Fougeron,  dont  les  étalons  boulonnais  sont  toujours  si  remarqués. 
Voici  la  liste  complète  des  récompenses  : 

Pbime  d'honneur,  un  objet  d'art,  pour  l'exploilalion  du  département  du   Pas-de-Calais  ayan 
réalisé    les   amélioralions   les   plus  utiles   et   les  plus  propres  à  être  offertes  'comme  exemple 
M.  Jean-Baptiste  Hontfort,  à  Boiry-Sainle-Rictrude,  arrondissement  d'Arras,  lauréat  du  prix  cul- 
lural  de  la  2'  catégorie. 

Prix  culturaux. 

2"  Catégorie.  —  Fermiers  à  prix  d'argent  ou  à  redevances  en  nature  fixes  remplaçant  le  prix  de 
ferme  ;  cultivateurs  propriétaires  tenant  à  ferme  une  parue  de  leurs  terres  en  culture  ;  métayers 
isolés  (domaines  au-dessus  de  20  lieotares),  M.  Jean-Baptiste  Pontlort. 

Par  décision  de  M.  le  ministre  de  l'agriculture  et  sur  la  demande  du  jury,  un  Objet  d'art  a  été 
décerné  à  MM.  Casimir  et  Ferdinand  Deligne,  agriculteurs  à  Carvin,  arrondissement  de  Béthune, 
pour  leurs  magnifiques  cultures  de  céréales  et  de  betteraves. 

Médailles  de  spécialités.  —  Méduilles  d'or  (grand  module),  MM.  Charles  Eugène  Peltier,  agri- 
culteur à  Avion,  canton  de  Vimy,  arrondissement  d'Arras,  pour  sa  belle  culture  de  betteraves  à 
sucre  ;  —  Joseph  Masclef,  à  Loison,  canton  de  Lens,  arrondissement  de  Bélliune,  pour  la  culture 
raisonnée  de  variétés  do  betteraves  riches  en  sucre. 

Médailles  d'or.^  MM.  Jean-Baptiste  Debuire,  à  Radinghem  et  à  Herbecf[,  canton  de  Fruges, 
Jarrondissement  de  Montreuil,  pour  son  élevage  de  chevaux  de  race  boulonnaise  ;  —  Théodore- 
oseph  Reptin,  à  Blangermont,  canton  et  arrondissement  de  Saint-Pol,  pour  ses  cultures  fourra- 
gères ;  —  Auguste  Labitte,  à  Saint-Quentin,  commune  d'Aire-sur-la-Lys,  arrondissement  de 
Saint-Omer,  pour  la  bonne  installation  de  ses  bâtiments  d  exploitation. 

Prix    d'irrigation. 

1"  Catégorie.  —  Propriétés  contenant  plus  de  (j  hectares  de  terres  arrosées.  ^  2'  prix,  M.  Léon 
Hanicotle,  distillateur  à  Eélhune,  pour  l'emploi  judicieux  de  ses  eaux  de  distillerie  à  l'irrigation 
d'une  surface  de  o3  hectares,  a  l'aide  d'une  canalisation  souterraine. 

2"  Catégorie.  —  Propriéiés  ayant  6  hectares  et  au-dessous,  soumis  à  l'irrigation.  —  l"prix, 
M.  Charles-François  Delaltre,  agriculteur  à  Marant,  canton  de  Campagne,  arrondissement  de 
Montreuil-.<ur-Mer,  pour  6  hectares  de  praiiies  irriguées. 

iieicoHipenscs  aux  agenls  des  exploitations  primées.  —  1"  Exploitation  Je  la  prime  d'honneur. 
.  — Médailles  d'argent,  MM.  Léandre  Guéant  ;  Hippolyte  Bertin,  p"  valet  de  charrue.  —  Médailles 
de  bronze,  UJA.  Augustin  Dailly,  vacher;  François  Monchiet,  valet  de  charrue;  Victor  Sergent, 
moissonneur.  —  40  fr,,  M.M.  François  Ijalice.  berger;  Joseph  Bolante,  valet  de  charrue  ;  Gulslain 
Denœux,  moissonneur.  —  25  fr.,  MM.  Victor  Binet,  valet  de  charrue;  Ernest  Froment,  moisson- 
neur. —  15  fr.,  M.  Omer  Pronier,  surveillant.  —  10  fr..  Mme  Zulma  Chery,  servante  de  cour. 

2°  Médailles  d'argent,  MM.  Romain  ïhorel,  chef  de  culture  de  M.  Peltier,  lauréat  d'une  médaille 
d'or  grand  module,  Ferdinand  Lépreux,  chef  de  culture  de  MM.  Casimir  et  Ferdinand  Deligne,  à 
Carvin,  lauréats  d'un  objet  d'art;  Eloi  Calis,  irrigateur  chez  M.  Hanicotte,  lauréat  d'un  prix 
û'irrigation. 

Petite  culture.  —  Horticulture. 

Primes  d'honneur,  un  objet  d'art,  non  décernées. 

Prix  pour  les  journaliets  ruraux.  —  Médaille  d'or,  M.  Désiré  Molon,  à  Monte-en-Ternois.  — 
Médailles  d'argent  (grand  module),  MM.  Augustin  Lesot,  à  Siracourt  ;  Xavier  Vénaciiue,  à  Nort- 
leugiiighem.  — -Médailles  d'argent,  MM.  Uelory-Venceslas,  à  Signy  ;  Victorien  Debofle,  à  Croi- 
setie;  Théophile  Pérus,  à  Noreuil.  —  Médailles  de  bronze,  MM.  Jean-Josepli  Delaplace,  à  Herma- 
ville  ;  Louis  Desoignies,  à  ProuviUe  ;  Isidore  Fiolet,  à  Blendecques  ;  François  Dupuis  à 
Lisliourg. 

Prix  pour  les  serviteurs  à  gages.  —  Médaille  d'or,  M.  Auguste  Mion,  à  Hinges.  —  Médailles 
d'argent  (grand  module),  MM.Victorie  Fontaine,  à  Ramecourt  ;  Pierre  Grimber,  à  Givenchy.  — 
Médailles  d'argent,  MM.  Martial  Hoguet,  à  Liettres;  Charles  Wiart,  à  Lagnicourt;  Mme  Flavie 
Gontran,  à  Noyelle-Vion.  —  Médailles  de  bronze,  MM.  Augustin  Flambry,  à  Amhrines  ;  Arsène 
Poiré,  à  Siracourt  ;  Mmes  Françoise  Létrant,  à  Licques  ;  Elise  Demoliu,  à  Cr^isette. 

Animaux  reproducteurs.  — Espèce  bovine. 

1™  Catégorie.  —  Race  flamande.  —  Mâles.  —  1"  Section.  Animaux  de  1  à  2  ans,  nés  depuis  le 
1"  mai  1882  et  avant  le  p'mai  ls,S3.  1''  prix,  M.  Catloen,  à  Quaédypre  (Nord);  2',  M.  Vanhaeck, 
à  Steene  (Nord)  ;  3",  M.  Edouard  Verriele,  à  Bambecque  (Nord).- Prix  supplémentaires,  MM.  Jules 
Baey,  à  Strazeele  (Nord)  ;  Haeuw,  à  Nordpeene  (Nord)  ;  Janssen,  à  (Japelle  (Nord)  ;  Auguste 
Rancy,  à  Hazebrouck  (Nord)  ;  Galonné,  à  Renescure  (Nord)  ;  Meesemacker,  à  Looberghe  (Nord); 
Déclemy-Boulanger,  à  Peuplingues  (Pas-de-(',alais)  ;  Iteumaux,  à.  Wemaers-Cappel  (Nord)  ;  Ver- 
lynde,  à  West-Cappel  (Nord)  ;  le  vicomte  Marcotte  de  Noyelles,  à  Blandecques  (Pas-de-Calais)  ; 
Vis.socq,  à  Bourbourg-Campagne  (Nord)  ;  Ardaens,  à  Pilgam  (Nord).  —  2°  Section.  Animaux  de 
2  à  4  ans,  nés  depuis  le  l"  mai  1880  et  avant  le  l"  mai  lb82.  1"  prix.  M.  Rancy;  2%  M.  Trottein, 
à  Hazebrouck  (Nord)  ;  3',  M.  Vermond,  à  Péronne  (Somme).  Prix  supplémentaires,  MM.  Dutrieu, 
à  Villereau  (Nord)  ;  Edmond  Duriez,  à  Bourbourg-Campagne  (Nord).  —  Femelles.  —  1™  Section. 
Génisses  de  1  à  2  ans,  nées  depuis  le  l"  mai  1882  et  avant  le  \"  mai  1883.  1"  prix,    M.  Cattoen, 


CONCOURS  RÉGIONAL  DE  SAINT-OMER.  29 

2",  M.  François  Duriez,  à  Craywicl»  (Nonl);  Déclemy-Boulanger.  Prix  supplémentaires,  MM.  Ca- 
lonne  ;  Arclaens;  de  Waziores,  à  Foufllin-Ricametz  (Pas-ile-Calais);  le  vicomte  Marcotte  de 
Noyelles;  Moryssc,  à  Pilgam  (Nord).  —  2"  SfClion.  (lénisses  de  2  à  3  ans,  nées  depuis  le 
1"  mai  1881,  et  a  ant  le  1"  mai  1S82,  pleines  nu  à  lait.  1"  prix,  M.  le  vicomte  Marcotte  de 
Noyelles  ;  2",  M.  Declemy  Boulanger  ;  :i»,  M.  Beharelle,  à  Nneux-lès-Mines  (Pas-de-Calai<,).  Prix 
supplémentaires.  MM.  D-groole,  il  Hnzel.iroiick  (Nord)  ;    Demol,  à    Nordpeene   (Nordi;   Vermond. 

30  SrctKiH.     Vaches  de    plus  de  3  ans.  1°'   prix,  M.  le  vicomte  Marcotte   de  Noyelles;    rappel 

de  2=  prix,  M.  Vermond  ;  2",  M.  Lechène,  à  Zuytpeene  (Nord):  3%  M.  Declémy-Boulauger  ; 
4',  M.  .vrenne-(;)anler.  à  Eperlecques  (Pas-de-Calais).  Prix  supplémentaires,  MM.  Hopsomer,  à 
Bailleul  (Nord);  Galametz,  à  Arrjues  (Pas-de-Calais);  Castier,  à  Saint-Momclin  (Nord)  ;  Beharelle; 
Verlynde  ;  Smagghe  frères,  à  Terdegliera  (Nord). 

2°  Catégorie.  —  Race  normande.  — .M.'ile-^.  —  1'°  ,<Jpcf ion.  Animaux  de  1  à  2  ans,  nés  depuis 
le  I"  mai  1882  et  avant  le  1"  mai  18H3.  2' prix.  M.  Boyenval,  a  Neuville  Coppegueule  (Somme): 
y.  M.  Nicolas,  à  Cliaunies  (.Seine-et-Marne).  —  2°  Section.  Animaux  de  2  à  4  ans.  nés  depuis  le 
1"  mai  1880,  et  avant  le  1"  mai  1882.  ]"  Prix,  M.  Boyenval.  —Femelles.  —  l'"  Srrtion.  Génisses 
de  1  à  2  ans.  nées  depuis  le  1"  mai  1882,  et  avant  le  1"  mai  1883.  1"  et  2"  prix,  M.  Nicolas; 
3',  M.  Bovenval.  —  2'-'  Section.  Génisses  de  2  à  3  ans,  nés  depuis  le  1"  mai  1881  ,  et  avant  le 
1"  mai  1882,  pleines  ou  à  lait,  l"'  prix,  M.  Boyenval  ;  2%  M.  Nicolas;  3",  M.  Vavasseur,  à  Fer- 
rières  en-Bru-  (Seine-et-Marne);  4",  M.  Seyeux,  k  Arthies  (Seine-et-Oise).  —  3°  Section.  Vaches 
de  plus  de  2  ans.  nées  avant  le  I"''  mai  1882,  pleines  ou  à  lait.  1",  2°  et  3"  prix,  M.  Nicolas; 
4",  M.  Seyeux.  Prix  supplémentaire,  M.  Boyenval.   Mentions  honorables,   M.  Seyeux. 

3"  Catégorie.  —  Race  hollandaise.  —  Mâles.  —  1"  Section.  Animaux  de  1  à  2  ans,  nés 
depuis  le  1"  mai  1882,  et  avant  le  ]"  mai  1883.  2°  prix,  M.  Emile  Tiers,  à  Roubaix  (Nord).  — 
2'  Section.  Animaux  (le  2  à  4  ans,  nés  depuis  le  \"  mai  1880,  et  avant  le  1"  mai  J882 
I"piix,  M.  Enii  e  Tiers  ;  rappel  de  2"  prix,  Mme  Vve  Wacambourg,  à  Marcelcave  (Somme). — 
Femelles.  —  1'"  Section.  Génisses  de  1  à  2  ans,  nées  depuis  le  1"  mai  1882,  et  avant  le  1"  mai 
1883.  1"  prix,  M.  Emile  Tiers.  — 2=  Section.  Génisses  de  2  à  3  ans,  nées  depuis  le  1"  mai  1881  et 
avant  le  1"  mai  1882,  pleines  ou  à  lait,  l"  prix,  M.  Emile  Tiers.  —  S"  Section.  Vaches  de  plus  de 
3  ans.  nées  avant  le  1"  mai  1881,  pleines  ou  à  lait.  1"  prix,  M.  Emile  Tiers. 

Prix  d'ensemble  3U  meilleur  lot  des  1",  2°  et  3'  catégories,  un  objet  d'art,  M.  le  vicomte  Mar- 
cotte de  .Noyelles,  pour  ses  animaux  de  race  flamande. 

4"  Catégorie.  —  Race  durham.  —  Mâles.  —  1'"  Section.  Animaux  de  6  mois  à  1  an,  nés  depuis 
le  1"  mai  1881, et  avant  le  1"  novembre  1881. Prix  unique,  M. B"yenval  Mention  honorable,  M.  Seyeu 
—  2°  Section.  Animaux  de  1  à  2  ans,  nés  depuis  le  1"  mai  1882,  et  avant  le  1"  mai  1883.  1"'  prix, 
M.  Seyeux  ;  2%  M.  de  Clercq,  à  Oigires  (Pas-de-Calais).  —  3'  Section.  Animaux  de  2  à  4  ans,  nés 
depuis  le  1"'  mai  1880,  et  avant  le  l"  mai  188'J.  1"  prix,  M.  Boyenval  ;  2',  M.  le  vicomte  Marcotte 
de  Foyelles,  —  Femelles.  —  1"  Section.  Génisses  de  G  mois  à  1  an,  nées  depuis  le  1"  mai  1883, 
et  avant  le  1"  novembre  1883.  Prix  unique,  M.  Debailly,  à  Mézières  (Somme).  Mention  honorable  , 
M.  Boyenval.  —  2'  Section.  Génisses  de  1  à  2  ans,  nées  depuis  le  1"  mai  1882,  et  avant  le 
1"  mai  1883.  1°'  prix,  M.  Seyeux;  2",  M.  Boyenval.  — :<"  Section.  Génisses  de  2  à  3  ans,  nées 
depuis  le  1"  mai  1881,  et  avjut  le  l»'  mai  1882.  pleines  ou  à  lait,  l"  prix,  M.  le  vicomte  Marcott, 
de  Noyelles  ;  3°,  M.  de  Clercq.  —  4*  Section.  Vaches  de  plus  de  3  ans,  nées  avant  le  l"  mai  1881, 
pleines  ou  à  lait.  1"  prix,  M.  Debailly;  2%  M.  de  Clercq;  3",  M.  Seyeux.  Mention  honorable. 
M.  de  Clercq. 

5"  Catégorie.  —  Croisements  durham.  —  Mâles.  —  l"'  Section.  Animaux  de  6  mois  à  1  an,  nés 
depuis  le'l'^''  mai  1883,  et  avant  le  l"  nnvemli'e  1883.  Prix  uni(|iie,  M.  Chouin-Lefèvre,  à  Fayet 
(Ai-ne).  .Meniion  honorable,  M.  Aimé  Slev  n  'ot.  ,1  Armliouls  Cippel  (Nord).  —  2°  Section.  Ani- 
maux de  1  à  2  ans,  né.s  depuis  le  I''  mai  1882.  et  avant  le  l"'  mai  1883.  l"  prix,  M.  Jules  Danllé, 
à  Ghyvelde  (Nord)  ;  2",  M.  Lavoine,  à  Ignaucouri  (Somme).  —  3°  Section.  Animaux  de  2  à  3  ans, 
nés  depuis  le  1"  mai  1881,  et  avant  le  1"'  mai  1882.  1"''  prix,  M.  Gruson,  à  Estaires  (Nord)  ; 
2",  M.  Edmond  Duriez.  Mention  honorable,  M.  le  vicomte  .Marcotte  de  Noyelles.  —  Femelles.  — ■ 
r*  Section.  Génisses  de  6  mois  à  I  an,  né»  depuis  le  !"'■  mai  1883  et  avant  le  1"  novembre  1883. 
l"'  prix,  .M.  le  marquis  d'Havrincourt,  à  Havrincourt  (Pas-de-Calais);  2",  M.  Chouin-Lefèvre. 
Mention  honoroble,  M.  Seyeux.  — -2'  Section.  Génisses  de  I  à  2  ans,  nées  depuis  le  l"  mai  1882, 
et  avant  le  I"  m.îi  1883.  1"  prix,  .M.  Edmond  Duriez  ;  2%  M.  Seynix.  Prix  supplémentaire. 
M.  le  manjuis  d  Havrincourt.  —  3'  Section.  Génisses  de  2  a  3  ans,  nées  depuis  le  1°'  mai  1881, 
et  avant  le  1"''  mai  1882,  pleines  ou  à  lait,  i"  prix,  M  le  marquis  d'Havrincourt  ;  2',  M.  Seyeux. 
MenliNii  honorable,  .M.  Edmond  Duriez.  —  4"  Section.  Vaches  de  plus  de  3  ?ns.  nées  avant  le 
1"'  mai  1881,  plemes  ou  à  lait,  l"'  prix.  .M.  le  vicomte  Marcûtie  d-;  Noyelles;  2%  M.  Hopsomer  ; 
3"  prix  et  mention  honoralde.  M    le  marquis  d'Havrincourt. 

6"  Catégorie.  —  Races  françaises  ou  étrangères  a  itres  que  celles  désignées  ci-dessus,  et  croi- 
sements divers  autres  que  ceux   delà  .y  catégorie.  —   Mâles     —  1"  Section.   Animaux  de  1  à 

2  ans,  nés  depuis  le  1=''  mai  1882,  et  avant  le  l"  mai  1883.  1"''  prix,  M.  Bonduel,  à  Wervicq-Sud 
(Nord);  2%  M.  Mahieu-Panet,  à  Enquiii  (Pas-de-Calais).  Mention  honorable,  M.  Jules  lîaey.  — 
2°  Section.  Animaux  de  2  à  3  ans,  nés  depuis  le  l'"'  mai  1881,  et  avant  le  T' mai  188i.  Prix 
unique,  M.  Bonduel.  Prix  supplémentaire,  M.  Ameux,  à  Vieille-Eglise  (Pas-de-Calais).  Mention 
honorable,  M.  Vermond.  —  Femelles.  —  i"  ■  Sec'inn.  Génisses  de  1  à  2  ans,  nées  depuis>le 
1"  mai  1882  et  avant  le  1"  mai  1883."  1"  prix.  M.  Déclemy-Boulanger  ;  2°,  M.  Benoît  Haouw. 
Mention  honorable,  M.  Philipson,  à  Saint-Omer  (Pas-de-Calais) .    —   2°   Section.    Génisses   de  2  à 

3  ans,  nées  d'  puis  le  l"'  mai  1881  et  avant  le  1"  mai  1883,  pleines  ou  à  lait.  1"  prix,  M.  Bonduel; 
2",  M.  Deconvelaére,  à  Renescure  (Nord).  Mention  honorable,  M.  Vermond.  —  3°  Section.  Vaches 
de  plus  de  3aiis,  nées  avant  le  I''  mai  1881.  pleines  ou  à  lait.  1"'  pri.x,  M.  Galonné;  2°,  M.  Decou- 
velaere.  Mentions  honorables,  MM.  Bonduel;  Galametz. 

Prix    d'ensemble  au    meilleur  lot  d'animaux  des    4°,   5°  et  6°   catégories,  un  objet  d'art.  M.  le 
marquis  d'Havrincourt,  pour  ses  animaux  de  race  croisée  durham-picarde. 
Ilandes  de  vaches  laitières  (eu  laii).   1"  prix,  M.  Déclemy-Boulanger  ;  2',  M.  Seyeux. 

Espèce  ovine. 

1"  Catégorie.  — Races  mérinos  et  métis-mérinos.  —  Mâles. —  1'°  Sec(i0)(.  Animaux  del8  mois  au 
plus.  l"prix,  M.  Delizy,  à  Montémafroy  (Aisne)  ;  2",  M.  Daclerl,  à  Edrolles  (Aisne);  3^  M.  Hin- 
celin,  à  Luupeigne  (Aisne).  —  2' Section.  Animaux  de  plus  de  18  mois.  1"  prix,  M.  Delizy; 
2%  M.  Hincelin  ;    3»,   M.   Camus -Viéville,   à   Pontruet  (Aisne).  Prix  supplémentaire,  M.  Duclert. 


30  CONCOURS  RÉGIONAL  DE  SAINT-OMER. 

Menlinn  honofaUe.  M.  Deli/y.  — Femelles.  —  {''"Section.  Anitoaux  de  18  mcisau  plus.  \"  prix, 
M.  Delizy  :  2'^  et  3".  M-Duclert.  —  2=  Svchvn.  Animaii.ii  rie  plus  de  18  mois,  1"  prix,  M.  DucUrt; 
2",  M.  Delizy  ;  :>'.   M.  Hincelin. 

Prix  d'ensemble  au  meilleur  lot  d'animaux  de  la  I"  ratéporie.  un  -objet  d"art.  M.  Duclert. 

■2"  Calégurie.  —  Races  françaises  diverses  etcroienienls  divers.  —  Mâles.  1"  prix,  .M.Compre,c;ne, 
à  Conchii-le-Temple  (Pas  di'-Calaisl  :  2'  et  3^  MM.  Pluchet  et  Frissard.  à  Boye  (Somme)!  — 
Femelles.  1"  prix,  MM.  Pluchet  et  Krissart  ;  2%  M.  Noël,  à  Noitleulinghem  (l'as-de-Calais). 
Menlii  n  hoiiO'able,  M.  CorapiL'gne. 

3°  Catégorie.  —  Races  étranfrères  à  laine  longue.  —  Mâles.  l"prix,  M.  Béglet,  à  Trappes 
(Seine-et-Oise)  ;  2",  M.  Beglet.  —  Femelles.  1"  et  2' prix,  M.  Béi^let. 

4°  Ciilèyorie.  — Races  étEangéres  à  laine  courte.  —  Mfdes.  1"  et  2"  prix,  M.  le  vicomte  de  Che- 
zelles  :  3%  M,  le  vicomte  Marcolte  de  Noyelles.  —  Femelles.  1='  prix,  M.  le  vicomte  de  Chezelles  ; 
2%  M.  le  vicomte  Marcotte  de  Noyelles. 

Prix  d'ensemble,  au  meillenr  lot  d'animaux  des  2",  'i"  et  4*  catégories,  un  objet  d'a:t,  M.  Béglet, 
pour  ses  animaux  de  race  dishiey. 

Espèce  porcine. 

1"  Catégorie.  — Races  indigènes  pures  ou  croisées  entre  elles —  Miles.  1'"  prix,  .M.  Auguste 
Rancy,  à  Hazebrouck  (Nord)  ;  2',  M.  Stevenoot.  à  Armbouts-Cappel  (Nord).  —  Femelles. 
l"  prix,  M.  Lobbedez,  à  Steenvoorde  (Nord,;  "2",, M.  Boyenval,  à  Neuvdie-Coppegueule  (Somme). 

2=  Catégorie.  —  Races  étrangères  pures  ou  croisées  entre  elles.  —  Mâles.  Rappel  de  1*'  pri.Y. 
M.  Paillart,  à  Quesnoy-le-Montant  (Somme)  ;  \"  prix.  M.  Boyenval;  2%  M.  le  vicomte  de  Chezelles, 
à  Lierville  (Oise)  ;  3".  M.  de  Clercq,  à  Oignies  (Pas-de-Calais).  —  Femelles.  P'  prix.  .M.  de 
Clercq  ;  2».  M.  Paillart;  3*.  M.  Boyenval.  Prix  supplémentaires.  M.  le  vicomte  de  Chezelles. 
Mentions  honorables.  MM.  le  vicomte  Marcotte  de  Noyelles  ;  de  Clercq. 

3'  Ciilégorie.  —  Croisements  divers  entre  races  étrangères  et  races  françaises.  —  Mâles. 
2'  prix,  .M.  Boyenval.  Mention  honorable,  M.  Stevenoot.  à  Hazebrouck  (Nord).  —  Femelles. 
l"prix,  M.  Paillart  ,  2',  M.  Boyenval.  Prix  supplémeniaire.  M.  Calonne,  à  Renescure  (Nord). 

Prix  d'ensemble  un  objet  d'art,  51.  Boyenval,  pour  ses  animaux  de  race  croisée  yorkshire-essex 

Animaux  de  basse-cour 

1"  Catégorie.  — Coqs  et  poules.  —  I"  Sention.  Race  de  Crevecœur.  1»'  et  2'»  prix,  M.  Becquet- 
Rattel,  à  Rumancourt  (Pas-de-Calais).  — 2'  Section.  Race  de  la  Flèche.  1"  et  2=  prix,  M.  Becquet- 
Ratlel.  Mention  honorable,  Mme  la  comtesse  de  Diesbach,  à  Hendecourt-lès-Ransart  (Pas-de- 
Calais).  —  3*  Section.  Race  de  Houdan.  1"  prix,  M.  la  comtesse  de  Diesbach:  2°  prix  et  mention 
honorable.  M.  Becquet-Rattel.  —  4'  Section.  Races  frança  ses  diverses,  l"  prix,  M.  Fleury-Lan- 
dry,  à  Arras  (Pas-de-Calais):  2%  M.  Becquet-Raitel:  '  3%  Mlle  Paillart.  à  Quesnoy-le-M'onlant 
(Somme).  —  b°  Secf/on.  Races  étrangères  diverses.  1"  prix,  M.  Becquet-Rattel;  2°,  M.  Fleury- 
Landry  ;  3',  M.  Duys-Cornat.  à  Lille  (Nord),  Mention  très  honorable,  MM.  Capelle,  à  Saint-Omer 
(Pas-de-Calais);  Duys-Cornat.  Mentions  honorables,  MM.  Duys-Cornat;  Becquet-Rattel: 
Mme  la  comtesse  de  Diesbach. 

2'  Catégorie.  —  Dindous.  1"  prix.  M.  Becquet-Battel  ;  2',  M.  Houzet,  à  Tatinghem 
(Pas-de-Calais). 

3"  Catégorie.  —  Oies,  l"  prix,  M.  Becquet-Rattel;  2°,  Mme  la  comtesse  de  Diesbach. 

4°  Catégorie.  —  Canards,  l"'  prix,  M.  Houzet;  2°.  Mlle  Paillart;  3", -M.  Houzet.  .Mention  hono- 
rable. M.  Becquet-Rattel. 

5"  Catégorie.  —  Pintades.   1"  prix,  M.  Becquet-Rattel  ;  2%  M.  Houzet. 

6"  Catégorie.  —  Pigeons,  p'  prix,  M.  Becquet-Rattel  ;  T,    M.  Houzet. 

7"  Catégorie. —  Lapins  et  léporides.'  1"  prix,  M.  Becquel  Rattel  ;  2',  M.  Joly,à  Saint-Sau- 
veur-lès-Ari'3S  (Pas-de-Calais).  Mention  honorable,  M-  Houzet. 

Prix  d'ensemble   un  objet  d'art,  M.  Becquet-Rattel, 

Produits  agricoles  et  matières  utiles  à  l'agriculture    —  Concours  spéciaux. 

1"  Catégorie.  — Lins  pu  tiges.  1"  prix,  M.  Dantu-Dambricourt,  à  Stecue  (Nord); 3»,  M.  Steve- 
noot. à  .\rmbouts-Cappel  (Nord).  "^ 

■2'  Catégorie.  -■  Lins  teillés.  1"  prix,  M.  Louis  Porquet.  àPetite-Synthe  (Nord). 

3'  Catégorie.  —  Graines  de  betteraves  à  sucre.  1"  prix,  .M.  Masclcf,  à  Loison  (Pas-de-Calais)  ; 
T,M.  Laurent-Mouchon,  à  cjrohies  (Nord)  ;  3«,  M.  Léon  Peltier,  à  Avion  (Pas-de-Calais}. 

4«  Catégorie.  —  Semences  de  froment.  1"  prix,  M.  Belin,  à  .Saint-Martia-au-Laërt  (Pas-de-Calais)  ; 
2".  M.  SIcvenoot. 

'5°  Catégorie.  —  Avoines  de  semences.  1"  prix.  M.  Belin;  2",  M.  Dantu-Dambricourt. 

6"  Catégorie.  —  Laines  en  toison.  \"  prix.  M.  Camus-Viéville,  à  Poutruet  (jiisne)  ;  2',  M.  Delizy, 
à  Montémafroy  (Aisne);  3%  M.  Dnclert,  à  EdroUes  (Aisne). 

1'  Catégorie.  —  Produits  maraîchers.  1"  prix,  .M.  Sapinart,  à  Saint-Laurent-Blangy  (Pas-de- 
Calais)  ;2'.  M.Joly.  à  Saint-Sauveur-lès-Arras    (l'as-de-Cilai.s). 

8'  Catégorie.  —  Expositions  scolaires.  —  1"  Section.  Matériel  d'enseignement  agricole,  collec- 
tions, dessins,  objets  de  cours,  etc.  3'-  prix,  M.  Duru,  à  Bordeaux  (Gironde).  —  2'  Section.  Tra- 
vaux spéciaux  et  objets  d'enseignement  agricole  présentés  par  les  professeurs,  instituteurs  et  les 
élèves  des  écoles  primaires,  2"  prix,  .M.  Hertin,  instituteur  à  Echinghem  (Pas-de-Calais); 
3°,  M.  Patte,  instituteur  à  Eblincourt-Sainte-Marguerite  (Oise). 

9'  Catégorie.  —  Expositions  collective*  faites  par  dis  administrations  publiques,  les  Sociétés 
et  Comices  agricoles  et  horticoles.  Médailles  d'or.  Société  d'agricu.ture  de  Bourbourg  (Aisne^ 

10°  Catégorie.  —  Produits  divers  non  compris  dans  les  calégories  précédentes.  —  ilédailles 
d'or,  MM.  Chivot  et  C;e.  à  Amiens  (Somme),  pour  leurs  huiles  ;  Blanquet  frères,  à  Saint-Omer  (Pas- 
de-Calais),  pour  leurs  malts  et  bières;  Bouvaist,  à.\bbeville  (Somme),  pour  leurs  malts  et  bières; 
AVirquin-Lejeune,  à  .Saiut-Folquin  (Pas-de-Calais),  pour  l'ensemble  de  ses  produits.  —  Médailles 
d'argent,  M.M.  Dantu-Dambricourt.  pour  ses  profluils  divers;  René  Ammeux,  à  Vieille-Eglise 
(Pas-de-Calais),  pour  ses  osiers  en  bottes  ;  le  vicomte  Marcotte  de  Noyelles,  à  Blandecques  (Pas- 
de-Calais),  pour  l'Misemble  de  ses  produits  ;  Chandora,  à  .Moissy-Craiiiayel  (Seine-et-Marne),  pour 
ses  plans  de  drainage  et  d'irrigation  ;  Fortin,  à  Saint -Germain  (Calvados),  pour  son  beurres  ;  Ber- 
tram-Monté,  à  Saint-Omer  (Pas-de-Calais),  pourses  coupages  pour  chevaux  et  bertiaux.  — Médailles 
de  broii:e,  .MM.  Reptin,  à  Blangermont  (Pas-de-Calais),  pour  son  cidre  ;  Colmant,  à  Saint-Eiuilion 


CONCOURS  RÉGIONAL  DE  SAINT-OMER.  31 

(Gironde),  pour  ses  vins  rougaet  blanc  ;  Deslandes,  à  Bellou   (Calvados),   pour  ses  fromages   de 
Livarot. 

Rt-compenses  aux  serrileurs  ruraux.  — .Widailles  d'argent.  MM.  Gérémy  .Stevenoot.  régissfui 
chez  M.  le  vicomte  Marcolle  de  Noyeiles  ;  Louis  L  ipar.  buiivier  olie/  M.  le  marquis  d'Havrincourt  : 
Poulet,  bertîor  chez  M.  Befilct  ;  Piliart,  bouvier  che/.  M.  Boyenval  :  Humbert,  berger  chez  M.  I)u- 
clert.  —Médailles  de  broiize.  MM.  Henri  Delleue,  bouvier  chez  M.  BonilHel-.  Camille  Lielaiighe, 
bouvier  chez  M.  Tiers;  Fraric;ois  Hède,  bouvior  chez  M.  Déclemy-Boulanger;  Jean  Willi.  tiouvier 
chez  .\1.  Seyeux ;  Léon  Dupuis,  ch-z  M.  Delizy  ;  Augaste  Pécourt,  chiîz  M.  Debailly;  Henri  Der- 
rendre,  bouvier  cIirz  M.  Caltoen  :  Henri  Hency,  chez  M.  Rancy.  —  20fr.,  MM.  Frédéric  Boyard, 
chez  M.  Edmond  Duriez;  Louis  .Marant.  chez   M.  Calonne. 

Récompenses  aux  con'i\icteiirs  de  machines  et  contremaîtres  des  constructeurs  de  machines. 

Médailles  d'argent,  MM.  Elmond  Edmond  Givry.  chef  d'atelier  chez  .M.  Albaret,  à  Liancourt 
(Oise);  Hébert,  contremaître  chez  M.  Piller,  à  Paris;  Lecailler.employé  chez  M.  Edouard  Wauquier. 
à  Lille  (Nord).  —  Médailles  de  bronze.  MM.  François  Luce,  employé  chez  M.  Cumniinï,  à  Orléans 
(Loiret)  ;  Lavallette.  employé  chez  .M.M.  Brouhot  et  Ce,  à  Vierzon  (Cher)  ;  Henri  Beze.ult 
employé  chez  .M.  Berlin,  à  Montereau  (Seine-et-Marne)  ;  Ernest  Cagniart,  employé  chez  M.  ..llba- 
rct  ;  Classiot.  employé  chez -Vl.M.  Brouhot  et  Cie,  à  Vierzon;  Blanchar,  employé  à  la  Société  du 
matériel  agricole  de  Vierzon  iCher).  —  4U  fr.,  M.  Henri  Parlot.  emplo.é  chez  .M.  .Maroc  à  Niurl 
(Ueux-Sère.s)  ;  30  fr.,  M.M.  Jules  Pauchel,  employé  chez  M.  Albaret  ;  Wallart,  employé  chez 
M.M.  Mot  et  Cie,  à  Paris. 

L.   CoMON, 
Professeur   départemental  d'agriculture  du  Pas-de-Calais. 

LE  COMMERCE  DES  FRUITS 

Il  est  peu  de  branches  du  commerce  agricole  qui  aient  pris  autant 
de  développement  depuis  quelques  années,  que  le  commerce  des  fruits. 
On  constate  une  lutte  acharnée  entre  les  pavs  de  l'Europe  pour 
s'assurer  la  clientèle  des  grands  marchés  Je  consommation.  La  pro- 
duction française  a  profité  de  cet  essor,  mais  quelques  autres  pays  ont 
progressé  plus  vite  que  nous  dans  cette  voie. 

En  première  ligne,  il  faut  citer  l'Italie.  L'exportation  des  raisins  et 
des  fruits  frais  de  ce  pays,  qui  était  en  moyenne  de  91,500  quintaux 
métriques  pendant  les  années  1871  à  1874,  a  atteint  107,800  quin- 
taux pendant  les  quatre  années  suivantes,  pour  s'élever  à  la  moyenne 
de  137,400  quintaux  pendant  les  années  i87'J  à  1882.  L'accroisse- 
ment a  porté  principalement  sur  les  raisins  frais. 

L'Angleterre  est  le  principal  marché  où  sont  expédiés  les  fruits 
frais  du  continent  européen.  La  Russie  et  les  autres  pays  du  nord 
viennent  ensuite.  Un  travail  récemment  publié  pariM.  Ch.  \Vhitehead, 
dans  le  Journal  de  la  Société  royale  d agrieuUnre  d  Angleterre,  donne 
la  comparaison  du  commerce  des  fruits  à  dix  années  d'intervalle, 
en  1871  et  en  1882.  D'une  date  à  l'autre,  l'importation  des  fruits  frais 
en  Angletî^rre  a  quadruplé:  mus  quoique  les  apports  de  la  France 
aient  augmenté,  ce  d  est  pas  notre  pays  ijui  a  le  plus  profité  de  cet 
accroissement. 

En  effet,  en  1871 ,  nous  exportions  en  Angleterre  354,000  boisseaux 
anglais  de  fruits,  c'est-à-dire  près  du  tiers  des  besoins  de  ce  pavs. 
En  1882,  nous  y  avons  exporté  524,700  boisseaux  de  fruits;  il  y  a 
augmentation  notable,  mais  les  envois  français  ne  représentent  plus 
que  1 2  pour  1 00  des  importations  totales  dans  ce  pays.  Ce  sont 
d'autres  pays  qui  ont  le  plus  profité  de  l'accroissement  du  marché 
anglais.  Au  premier  rang  se  place  l'Amérique  du  Nord;  puis  viennent 
l'Allemagne,  la  Hollande,  la  Belgique  et  l'Espagne,  dont  le  commerce 
a  augmenté  beaucoup  plus  que  le  nôtre. 

Cependant,  les  fruits  français  sont  fort  estimés  en  Angleterre.  Dans 
la  note  que  nous  signalons,  AL  Whitehead  rend  hommage  au  soin 
avec  lequel  nos  expéditeurs  choisissent  et  emballent  les  fruits;  il  cite 
ce  fait  que  beaucoup  d'acheteurs  anglais,  certains  d'être  bien  servis, 
payent  souvent  les  fruits   avant  même    de  les    avoir  vus,   sur   une 


32  LE  COMMEUGE  DES   FKUITS. 

simple  lettre  d'avis  de  l'expédition.  Il  faut  savoir  profiter  de  cette 
renoiniuée  de  loyauté  acquise  par  notre  commerce,  atin  d'augmenter 
celui-ci  dans  de  grandes  proportions,  afin  de  ne  pas  laisser  prendre 
par  d'autres  une  place  que  nos  producteurs  devraient  occuper  de 
plus  en  plus. 

Les  efforts  des  concurrents  étrangers  sont,  en  effet,  constants,  et 
ceux-ci  se  servent  de  tous  les  moyens  pour  accroître  leurs  débouchés. 
Non  seulement  les  producteurs  cherchent  à  s'assurer  des  relations, 
mais  les  compagnies  de  transport,  chemins  de  fer,  entreprises 
maritimes,  etc.,  vont  au-devant  d'eux  et  leur  donnent  toutes  les  faci- 
lités possibles  tant  pour  le  transport  et  l'emballage  de  leurs  denrées, 
que  pour  les  renseignements  commerciaux.  En  voici  un  exemple  que 
nous  empruntons  aux  Pays-Bas. 

La  petite  ville  de  Terneuse  a  un  port  dans  lequel  est  organisé  un 
service  de  bateaux  à  vapeur  entre  le  continent  et  l'Angleterre  ;  les 
bateaux  partent  le  mercredi  et  le  samedi  de  chaque  semaine.  A 
Terneuse,  aboutit  une  ligne  de  chemins  de  fer  qui  dessert  Gaad, 
IMalines,  ïermonde,  et  toutes  les  campagnes  environnantes.  La  com- 
pagnie qui  exploite  le  chemin  de  fer  a  eu  l'heureuse  idée  d'organiser 
un  bureau  de  renseignements  pour  les  producteurs  de  fruits.  Chaque 
station  est  tenue  ofiiciellement  au  courant  des  prix  du  marché  de 
Londres,  et  elle  doit  en  informer  le  public.  En  outre  dans  toutes  les 
stations,  on  peut  se  procurer  les  paniers  et  sacs  en  usage  pour  l'em- 
ballage de  chaque  sorte  de  fruits  :  paniers  avec  couvercle  pour  cerises 
ou  prunes  de  mirabelle,  de  la  contenance  de  G  kilog.  ;  paniers  avec 
couvercle,  pour  poires,  de  la  contenance  de  14  kilog.  ;  paniers  avec 
couvercle,  pour  pommes,  de  la  contenance  de  40  kilog  ;  paniers  a^  ec 
cou\ercle,  pour  noix,  de  la  contenance  de  25  kilog.  ;  sacs  à  noix  pour 
conserves  (demi-mûres),  de  la  contenance  de  4'J  kilog.  En  même 
temps,  on  se  charge  de  la  vente  en  Angleterre,  et  du  payement  aux 
expéditeurs  après  la  vente.  Dans  toutes  les  gares,  on  attiche  les 
recommandations  suivantes  : 

1"  Prendre  soin  de  bien  remplir  les  paniers  sans  cependant  abîmer 
le  fruit;  le  recouvrir  avec  du  papier  avant  de  fermer  le  couvercle; 

2°  N'envoyer  les  petites  prunes  appelées  mirabelles  que  lorsqu'elles 
ont  une  légère  teinte  rougeâtre  ; 

3"  Les  autres  prunes  et  groseilles  dès  qu'elles  sont  mûres  ; 

4"  Les  noix  de  conserve  avant  le  15  juillet; 

5°  Les  poires,  pommes  et  noix  presque  mûres. 

Toutes  les  autres  denrées,  pommes  de  terre,  oignons,  légumes, 
viandes,  volailles,  gibier,  lapins,  etc.,  qui  sont  vendues  publique- 
ment à  Londres,  sont  acceptées  dans  les  mêmes  conditions. 

11  est  utile  d'appeler  l'attention  de  nos  producteurs  et  de  nos 
expéditeurs  sur  ces  pratiques.  Les  résultats  en  sont  d'ailleurs  mani- 
festes :  les  expéditions  de  fruits  de  Belgique  et  de  Hollande  en  Angle- 
terre ont  presque  triplé  pendant  les  dix  dernières  années. 

Henry  SaGiMER. 

SITUATION  AGRICOLE  DANS  LA  VENDÉE 

Fontenay-le-Comte,  29  juin  1884. 
Nous  avons  eu,  à  la  fin  de  mai  et  dans  les  premiers  jours  de  juin,  des  yiluies 
abondantes  et  de  nombreux  orages  qui  ont  causé,  sur  certains  points,  de  sérieux 


SITUATION  AGRICOLE  DANS  LA  VENDÉE.  33 

dégâts.  La  dessiccation  des  fourrages  s'est  faite  très  difficilement  et  l'humidité 
leur  a  enlevé  une  grande  partie  de  leurs  qualités  nutritives.  A  partir  du  8,  la  si- 
tuation s'est  améiiorée,  puis  quelques  chaudes  journées  sont  venues  réparer  les 
dommages  causés  aux  récoltes  par  les  intempéries  de  la   semaine  précédente. 

Les  colzas  sont  coupés  et  promettent  un  bon  rendement.  On  commence  la  mois- 
son des  orges.  La  floraison  des  blés  s'achève  dans  des  conditions  normales;  les 
pommes  de  terre  végètent  assez  vigoureusement,  et  ne  présentent  jusqu'ici 
aucune  trace  de  maladie.  Nous  pourrions  donc  compter  sur  une  excellente  ré- 
colle si  de  fréquents  orages  ne  venaient,  tantôt  sur  un  point  et  tantôt  sur  un  autre, 
dévaster  les  champs  et  détruitre  les  espérances  de  nos  cultivateurs. 

Le  23  juin,  vers  les  quatre  heures  du  soir;  le  ciel  était  en  feu  tout  autour  de 
Fontenay.  Les  éclairs,  accompagnés  de  détonations  formidables,  se  succé- 
daient sans  discontinuer.  La  foudre  est  tombée  avec  un  tracas  épouvantable  sur 
un  pavillon,  à  25  ou  30  mètres  de  notie  demeure;  elle  a  mis  le  feu  dans  une 
grange,  au  village  de  Tesson,  et  aspliyxié  un  bœuf  attelé  à  une  charrette,  près  de 
Bouillé-Courdault.  Il  a  plu  abondamment  pendant  quelques  heures,  et  nos  fro- 
ments, dont  la  végétation  était  peut-être  trop  lu.xuriante,  ont  été  couchés  par  les 
averses. 

Nous  souffrons  beaucoup  aussi  des  déprédations  des  moineaux  qui  font,  celte 
année  encore,  un  mal  incalculable.  C'est  bien  à  tort,  qu'on  persiste  à  accorder  à 
cette  pernicieuse  enj^eani'e  la  jirotection  de  la  loi.  Aux  environs  des  bourgs,  des 
villages,  près  des  arbres  ou  des  buissons,  la  culture  des  céréales  est  devenue  tout 
à  fait  impossible.  Vainement  on  dresse  des  épouvantails,  rien  n'effraye,  rien  n'éloi- 
gne ces  bandes  affamées  qui  se  renouvellent  sans  cesse,  et  n'interrompent  que 
pendant  la  nuit  leur  funeste  besogue.  Le  mal  va  toujours  en  s'aggravant  ;  il  exige, 
selon  nous,  un  prompt  remède. 

Puisqu'on  multiplie  depuis  quelque  temps  les  enquêtes,  pourquoi  n'inviterait- 
on  pas  les  liaijitauts  des  campagnes  à  formuler  leur  opinion  sur  le  moineau  ? 
Tous,  assurément,  déclareraient  que  cet  effronté  pillard  est  devenu  un  véritable 
fléau  pour  l'agriculture,  et  réclameraient  l'autorisation  de  le  détruire;  les  services 
rendus  par  cet  oiseau  ont  été  fort  exagérés;  ils  ne  sauraient  compenser,  dans  tous 
les  cas,  le  sérieux  préjudice  qu'il  nous  cause. 

Les  poulains,  amenés  en  grand  nombre  à  notre  foire  de  la  Saint-Jean,  se  sont 
vendus  assez  facilement,  mais  à  bas  prix.  Le  lendemain,  25,  le  gros  bétail  était 
peu  nombreux,  et  toutes  les  transactions  se  faisaient  en  baisse;  les  vaches  laitiè- 
res seules  trouvaient  acheteurs  à  des  conditions  avantageuses.  On  se  plaignait 
généralement  de  la  stagnation  des  affaires.  E.  Boncenne  fds. 

PARTIE  OFFICIELLE 

Décret  portant  règlement  des  mesures  à  prendre  pour  empêcher  l'introduction 
du  pliylloxera  en  Algérie. 

Le  Président  de  la  République  française. 

Sur  le  rapport  du  ministre  de  l'agriculture  ; 

Vu  la  loi  des  15  juillet  1878,  2  août  1879. 

Vu  la  loi  du  21  mars  188^,  relative  aux  mesures  à  prendre  pour  empêcher  l'in- 
vasion du  phylloxéra  en  Algérie. 

Vu  le  décriât  du  24  juin  1879  relatif  aux  prohibitions  édictées  pour  protéger 
l'Algérie  contre  l'invasion  du  phylloxéra  ; 

Vu  l'avis  de  la  Commission  supérieure  du  phylloxéra  : 

Vu  l'avis  du  gouverneur  général  de   l'Algérie.  —  Décrète  : 
Article  premier.  —  Est  prohibée  l'importation  en  Algérie,  quelle  qu'en  soit  la 
provenance  : 

1"  Des  ceps  de  vigne,  sarments,  crossettes,  boutures  avec  ou  sans  racines,  mar- 
cottes, etc.,  des  feuilles  de  vigne  même  employées  comme  enveloppe,  couverture 
et  emballage  des  raisins  de  table  ou  de  vendange,  des  marcs  de  raisins  et  de  tous 
les  débris  de  la  vigne  ; 

2"  Des  plants  d'arbres,  arbustes  et  végétaux  de  toute  nature  ; 

3"  Des  échalas  et  des  tuteurs  déjà  employés  ; 

4"  Des  engrais  végétaux,  terres,  terreaux  et  fumiers. 

Ne  sont  pas  compris  dans  cette  dernière  catégorie  : 

Les  engrais  commerciaux,  tels  que  guanos,  phosphates,  poudrcttes,  sels  de 
soude  et  de  potasse,   sulfate  d'ammoniaque,  phosphates   de  chaux,   en  poudre, 


34  PAIITIK  OFFICIELLE. 

superphosphates,  les  chiffons  de  laine,  os,  tourteaux,  plâtres,  chaux,  cendres, 
marnes,  sangs  desséchés  et  frais,  et  les  engrais  composés  de  matières  animales  et 
minérales  et  analogues. 

Art.  2.  — Est  également  prohibée  l'entrée  en  Algérie  des  fruits  et  légumes 
frais  de  toute  nature. 

Art.  3.  —  Les  pommes  de  terre  seules  sont  admises  à  l'importation,  mais 
après  avoir  été  lavées  et  complètement  dégarnies  de  terre. 

Art.  4.  —  Est  et  demeure  rapporté  le  décret  du  24  juin  1879. 

Art.  5.  —  Le  ministre  de  l'agriculture  et  le  gouverneur  général  de  l'Al- 
gérie sont  chargés,  chacun  en  ce  qui  le  concerne,  de  l'exécution  du  présent  décret. 

Fait  à  Paris,  le   17  juin  1884.        ■  Jules  Grévv. 

Par  le  Président  de  la  Répubhque  :         Le  ministre  de  l'agriculture,  J.  Méline. 

SOCIÉTÉ    NATIONALE    D'AGRICULTURE 

SÉANCE    SOLENNELLE    DU    2    JUILLET    J884. 

La  Société  nationale  d'agriculture  a  teau,  le  mercredi  2juillet_,  sa 
séance  solennelle  annuelle  pour  la  distribution  de  ses  récompenses. 

M.  Méline,  ministre  de  l'agriculture,  présidait,  assisté  de  MM.  Che- 
vreul,  président;  Léon  Say,  vice-président;  liarral,  secrétaire  perpé- 
tuel; Bertin,  trésorier  perpétuel;  Passy,  vice-secrétaire.  Au  bureau, 
avaient  pris  place  aussi  MM.  Poubelle,  préfet  de  la  Seine;  Tisserand, 
directeur  de  l'agriculture;  de  Cormette,  directeur  des  haras;  Labarthe, 
chef  du  cabinet  du  minisire,  et  la  plupart  des  membres  de  la  Société. 

La  séanceaété  ouverte  par  M.  Méline.  Dans  un  discours  substantiel, 
le  ministre  de  l'agriculture,  après  avoir  rendu  hommage  à  la  mémoire 
de  M.  Dumas,  a  rappelé  le  concours  que  la  Société  nationale  d'agri- 
culture lui  a  apporté  tant  dans  l'étude  du  régime  du  sucre,  que  dans 
celle  du  crédit  agricole  ;  il  a  exprimé  l'espoir  que  ces  deux  importantes 
questions  recevraient  rapidement  la  solution  que  les  agriculteurs 
attendent  avec  impatience.  lia  termiiiéen  allinnanl  sa  coiiliance  duos 
la  vitalité  de  l'agriculture  française  et  dans  l'avenir  qui  lui  est  réservé. 

M.  Chevreul,  président  de  la  Société,  a  pris  ensuite  la  parole,  et 
dans  une  allocution  d'un  langage  élevé,  il  a  développé  les  caractères 
de  l'optimisme  et  du  pessimisme;  s'appuyant  sur  les  conquêtes  faites 
par  la  science,  il  est  arrivé  à  celle  conclusion,  qui  a  une  grande  valeur 
dans  la  bouche  d'un  illustre  savant  quasi  centenaire,  que  l'âge  actuel 
vaut  mieux  que  ceux  qui  l'ont  précédé  et  que  le  progrès  n'est  pas  un 
vam  mol. 

M.  Barrai  a  présenté,  avec  l'esprit  de  synthèse  et  la  clarté  qu'il  sait 
mettre  dans  ces  exposés,  le  résumé  des  travaux  de  la  Société  pendant 
l'année.  C'est  là  encore  un  travail  que  nous  ne  pouvons  que  signaler, 
sans  pouvoir  l'analyser.  Sont  venus  ensuite  les  éloges  biographiques  de 
M.  Becquet,  par  M.  Clavé,  et  de  M.  Delesse,  par  M.  Barrai.  Toutes  ces 
lectures  ont  été  écoutées  avec  une  religieuse  attention,  et  souvent  inter- 
rompues par  les  applaudissements  d'un  auditoire  très  nomh;'eux. 

La  disti"ibulion  des  récompenses  a  clos  la  séance.  Voici  la  liste  de 
ces  récompenses,  décernées  sur  les  rapports  de  M.  Boitel,  Henri  Mares, 
Gaston  Bazille,  Michel  Perret,  Bouquet  de  la  Grye,  Chambrelent, 
Bouley,  Chabot-Karlen,  Baudrillarl,  Doniol,  Barrai,  Tresca  et  Grand- 
voinnet  : 

Section  de  grande  culture.  —  Médaille  d'or  à  l'effigie  d'Olivier  de  Serres, 
à  M.  Schribaux,  directeur  du  laboratoire  d'essais  de  graines  à  l'Institut  national 
agronomique,  pour  des  études  sur  les  talsifications  des  semences. 

Section  des  cuLTauES  spéciales.  —  Grande  Médaille  d'or,  à  M.  Jules  Maistre, 


SOriKTÈ  NATIONALE    D'AGRICaLTURE.  35 

propriétaire-agriculteur,  à  Villeneuvelte  (Hérault),  pour  des  expériences  d'arrnsage 
des  vignes,  exécutées  à  Villuneuvttte  (Hérault).  —  Médailles  rl'or  à  reCfigie  d'Olivier 
de  Serres,  à  M.  Besson,  horticulteur,  à  Pont-de-Vivaux,  près  Marseille  (Bouches- 
du-Rhùne;,  pour  des  expériences  relatives  aux  semis  des  vignes  ;  — ■  à  M.  Sylvain 
Espitalier,  propriétaire-viticulteur^au  Alas-de-Iloy,  près  Arles  (Bouches-du-Rhône), 
pour  de  grands  travaux  do  culture  de  la  vigne  par  l'arrosage. 

Section  de  sylviculturk.  —  Mcilaillcs  d'or  à.  l'el'K^ie  d'Olivier  do  Serres,  à 
MM.  le  vicomte  Ch.  de  Hédouville  et  le  baron  L.  de  Hédouvillo,  propriétaires,  à 
SommermoEt  (Haute-"Marne),  pour  de  grandes  plantations  forestières  exécutées  sur 
leurdomaine;  —  à  Mme  Manicl,  pour  de  grandes  plantations  foreslières  exécutées 
sur  le  domaine  de  Sainte-Hélène  (Gironde)  ;  —  à  M.  Bailleux  de  Marisy,  pour  de 
grandes  plantations  forestières  exécutées  sur  le  domaine  dePipeyroux  (Gironde). 

Section  d'fcoj^omie  des  animaux.  —  MùItHIcs  d'or  à  l'ofiigie  d'Olivier  de 
Serres,  à  M.  Brousse,  médecin-vétérinaire,  à  Mur- de-Barrez  (Aveyron),  pour  des 
expériences  de  vaccination  charbonneuse  faites  en  1882  et  1883  dans  le  départe- 
ment de  l'Aveyron  ;  —  à  M.  Joannès  Cliatin,  maître  de  conférence  à  la  Faculté  des 
sciences  de  Paris,  pour  des  études  sur  la  ladrerie  du  mouton  ;  —  à  M.  Lavalard, 
administrateur  de  la  cavalerie  et  des  fourrages  à  la  Compagnie  générale  des  om- 
nibus de  Paris  et  à  M.  Muntz,  chef  des  travaux  chimiques  à  l'Institut  national 
agronomlijue,  pour  un  Mémoire  sur  la  paille,  la  sciure  de  bois  et  la  tourbe  em- 
ployées comme  litière;  —  à  M.  le  vicomte  G.  d'Aviau  de  Piolant,  président  du 
Syndicat  oslréicolc  de  l'Estrées,  pour  un  Mémoire  sur  l'historique,  l'organisation, 
la  marche  tt  les  résultats  du  Syndicat  ostréicole  des  parqueurs  de  l'Estrées.  — 
Médaille  d'argent,  à  M.  Paul  Gagny,  médecin- vétérinaire,  à  Senlis  ^Oise),  pour 
des    recherches  sur  l'emploi  des  injections  sous-cutanées  en  médecine  vétérinaire. 

Section  d'économie,  de  statistique  et  de  législation  agricoles.  —  Mé- 
daillt'S  d'or  à  l'effigie  d'Oliver  de  Serres,  à  M.  de  Foville,  chef  du  buieau  de  sta- 
tistique et  de  législation  comparée  au  ministère  des  linances,  et  à  M.  Pigeonneau, 
professeur  suppléant  à  la  Faculté  des  lettres  do  Paris,  pour  des  recherches  sur 
l'administration  de  l'agricullure  de  1785  à  1787;  —  à  M.  Fasquelle,  ancien  élève 
diplômé  de  l'Institut  national  agronomique,  pour  une  Etude  sur  l'agriculture  et 
l'économie  rurale  du  département  de  Scine-ct-Marne. 

Section  I'Es  scisnces  physico-ch  miques  agkicoles.  —  Objet  d'art,  k  M.  Jo- 
seph Boussingault,  pour  l'ensemble  de  ses  recherches  sur  la  composition  des  vins. 
—  Médailles  d'or  à  l'effigie  d'Olivier  de  Serres,  à  M.  Fouquier  d'Hérouel,  pro- 
priétaire-agriculteur, à  Vaux-sur-Laon  (Aisne),  et  à  M.  Lhote,  propriéiairr-agri- 
culleur,  à  Aulnois  (Aisnei,  pour  des  expériences  relatives  à  l'obtention  de  bette- 
raves riches  en  sucre. 

Section  de  mécanique  agricole  et  des  irrigations.  —  Médailles  d'or  à  l'ef- 
figie d'Olivier  de  Serres,  à  M.  Armengaud  aîné,  ingénieur  civil,  à  Paris,  pour  un 
Mémoire  sur  les  différents  systèmes  de  mouture  ;  —  à  M.  Vuaillet,  chef  des  tra- 
vaux du  génie  rural  à  l'Institut  national  agronomique,  pour  l'invention  d'un  dyna- 
momètre à  rotation.  —  Médailles  d'argent,  à  MM.  Beyer  frères,  constructeurs  à 
Paris  ;  —  à  M.  Georges  Ivolb,  constructeur  à  Lunéville  (Meurthe-et-Moselle);  — 
à  MM.  Philippot,  Schneider  et  Jaquet,  constructeurs  à  Joinville  (Haute-Marne), 
pour  des  appareils  de  mouture  à  cylindres. 

Ainsi  que  M.  Barrai  l'a  dit  avec  raison  dans  le  compte  rendu  des 
travaux  de  la  Société,  cette  séance  succède  dignement  aux  solennités 
précédentes  dans  lesquelles,  depuis  plus  d'un  siècle,  la  Société  natio- 
nale d'aççriculture  a  démontré  la  valeur  de  ses  travaux  et  les  services 
qu'elle  rend  à  l'agriculture  française.  Henry  Sagnier. 

REVUE  GOÏÏMERGIVLE  ET  PRIX  CDURYNC  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

('5  JUILLET  1884.) 
I.    —    Situation    générale. 

Peu  de  transactions  sur  la  plupart  des  marchés  agricoles.  Les  offres  des  culti- 
vateurs dont  les  stocks  sont  d'ailleurs  peu  fournis,  sont  extrêmement  restreintes. 

n.  —  Les  grains  et  les  farines. 

Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  quintal  métrique, 
sur  les  principaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger  : 


36 


REVaE  COMMERCIALE    ET   PRIX    GOURANT 


t"  RÉGION.  —  NOBI>-OlTBST. 

Blé.  Seigle.  Orge.  Avoine, 

fr.  fr.  tr.  fr. 

Calvados.   Condé 23   SO  17.75  2». 25  21). 50 

—  Lisieux 24.25  20.00  19.50  21.00 

C.-dtt-/Vo>d.  Ouingamp.  21.50  14.00  1G.50  16.50 

—      Tre:;uier..  22.50  »  16.50  16.75 

Finislere.  Morlaix 23.00  »  17.00  16.50 

—  Quimper 23.50  \6.2i  17.50  17.21) 

tlle-et- Vilaine,  rtennes.  22.50  l'i.âO  »  16.65 

—    Fougères 23  25  »  »  19  ol) 

Manche.  Avrancties.. ..  24.25  »  18  50  21.50 

—  Pontorson 24.00  »  19.00  21. 25 

—  Vîlledieu 24.25  18.25  19.25  20.00 

dfayeïiTie.  Laval 23.50  »  "  " 

—  M.iyenne 23.75  »  »  » 

Morbihan.  Hennebont..  23.50  16.00  »  17.20 

Orne.  Belléme 24.00  »  16.75  17.00 

—  Vimoutiers 24  20  16.25  19.00  20  00 

Sort/ie.  Le  M.ins 23.15  16.50  17.50  20.75 

—  Sablé 23. Ji  17.00  17.25  18.00 

Prix  moyens 2J.4!i  16.65  18.04  18.74 

2-  RÉOION.   —   «OllD. 

Aisne.  LtLon 23.50  »  »  18  50 

—  La  Fére 23.25  15.25  »  19.00 

—  Soissons 23.00  16.15  »  19.25 

Eure.  Beruay 24  00  H. 00  20.50  20.00 

—  Les  Andelys 23.60  14.50  17.50  20.00 

—  Pacy 23.50  »  20.75  19.50 

E«i«  ei-Loii-.  Chartres..  24.00  14.00  17.75  18.75 

—  Auneau 23.50  15.25  19.50  18.50 

—  NogenHe-Rotroa.  24.75  »  19.25  18.25 
Nord.  LiUs 24.50  1)  17.25  17. SO 

—  Cambrai 23.50  14.75  20-00  18.00 

—  Valenciennes 25.00  17.80  19.75  17.25 

Otje.  Beaavais 22.50  15.50  18.50  20.00 

—  Compiegne 23.25  15.50  19.50  18.50 

—  Senlis 22  50  15.00  »  17.50 

Pan-de-Oalais.  \rvni...    24.25  17.00  21.00  17-25 

—  Sa  ni-Omer 24.110  16.50  20.25  17.50 

Seine.  Paris 24-25  15  60  19  75  20.25 

S.-ei-.Waciie.  Melun 25.00  15.50  18.50  18.00 

—  Dammartin 22  25  15.25  17.75  18  50 

—  P.oviis 24.00  1450  20  00  20.00 

S.-«(-Otse   Etampes 23.75  •  •  19  25 

—  HoUflar. 23.00  14.50  19.50  18.25 

—  Versailles 24.00  14.75  19.00  21.00 

Seine-/n/ïi-ieure. Rouen.  23.55  15.10  19.65  21.80 

—  Dieppe 23.75  i>  21.75  21.50 

—  Fécamp 2J.25  15.00  »  22.00 

Somme.  Mont  iidier 22.80  15.50  18.00  19  OO 

—  DouildU 24  20  17. .50  19.00  18.23 

—  Roye 24.00  n  »  « 

Prii  moyens Î3.59  15.40  19.30  19.|J4 

3*  RKGion.  —  -Voao.Ksr. 

Arde>mes.  Retliel 23.50  15.50  17.75  18  50 

—  Sedan 23.50  17.00  20.00  20  00 

4ul)e.  Troyes... 24.00  15.50  18.25  18.00 

—  Méry-sur-Seine.  ..  23.25  15.50  17.50  18.15 

—  Nogent-sur-Seine.  23.75  15.50  »  19.50 
a/arnn.  Cbilons 23.50  17  00  19.00  19.00 

—  Reims 23.75  16.75  19.00  13.50 

_     Ste-Menehould...   23  25  15.75  18.50  l').50 

Hte-Marne.  Bourbonne  .  23.95  "  " 

Meurlhe-et-\lnx    Siiiay.  23-5-1  «  17.50  i7.50 

—  Lii'ieville -•4.15  »  »  17.21 

_     Toul 23.50  17.50  17.50  17.00 

ilfeuse.  Bar-le-Duo 23.75  16.25  19.00  19.25 

—  Verdun 23.70  16.20  »  19.00 

ffau(e-Saô»ie.  Gray 23.25  15.50  16.00  16.75 

_     Vesou; 24.30  16.75  17.70  18.00 

l'osjes.  Ne  if.-.hiteau.. .   23  75  «  »  18.25 

—  Rainberviliers 25. 00  »  »  18  00 

Prix  moyens 23.74  16.21  1S.14  18.36 

4-  RÉGION.—  OUEST. 

Charente.  Angoulème...  23.50  18.00  19.00  18.20 

—  RuITec 24.0)  »  13.75  18.00 

C/tor.-7ii^ir.  Mirans 22.75  »  »  17.2) 

Deu^S'wres.  Niort 23.75  •  »  (8. 00 

Mdr-e-e(-/,oii-e.  Tours...  22  75  14.50  17.50  17.50 

—  Château  Renault.  2'i.35  16  65  19.35  17. oO 

toire-M^  Nantes 23.00  »  •  16.50 

4f.-et-Z.oiV».  Saumur 23  50  17.00  »  18  50 

—  .iniers 23.50  16.30  19.25  18.25 

Kerede'e.  Luçon 23.50  •  18.50  17.00 

—  Fontenay-le-Cte..   23.25  »  18.20  17.25 
Tienne.  Cbalell.-rault...  2)50  16.25  19.00  17.00 

—  Loulun 23.00  »  20.50  17.50 

Haute-Vienne.  Limoges.  24.20  17.20  !8.75  17.25 

Priiraovens 23. 46  16.63  18  83  17.51 


5-  RÉGION.  —  CENTRE 

Blé.  Seigle. 

fr.  fr. 

Allier.    Montluçon 23.25  18.00 

—  Gannai 23.50  • 

—  Sainl-Pourcain..   24.00  16.00 
Cher.   Bourges 23.50  » 

—  Graçay 23.75  15.80 

Sainl-\mand 23.20  17.00 

Creuse.  Aubusson 2'i.oo  15.50 

/ndre.  Cbàteauroux  . . . .  24.25  ui.oo 

—  Issoulun -.  23.50  » 

—  Valençay 24.0.  15.00 

Loiret.  Orléans 23.50  16.00 

—  Montargis 23.75  14.80 

—  Gien 23.50  15.50 

L.-et-Cher.   Blois 24.20  15.50 

—  Mondoubleau 24.70  15.00 

Nièvre.  Nevers 23.50  » 

—  CUm^oy 23.75  • 

Yonne.  Briaion 23.25  15.00 

—  Tonnerre 23.15  14.00 

—  Sens 24.50  15.50 

Prix  moyens 23.74  15.64 

6'  HK  JION.  —  EST. 

/4£n.  Bourg 24.75  18. "0 

—  Pont-de-Vaux....  24.50  17.25 
Cdfe-d'Or.  Dijon 23.00  15.50 

—  Semiir ,  22.50  » 

/3oubs.  Besançon 23.75  d 

/«ère.  Vienne 23.65  » 

—  Bourgoin 23.75  16.25 

Jura.  Dôle 23.25  16  00 

Loire.  Kirnliny 24.50  17.75 

P.-de-Od»le.  ClermontF.  24.00  17.00 

Rhône.  Lyon 24.25  16.50 

Saône-et-Loire.  Autun. .   23.25  16.50 

—  M  icon 24.50  16  50 

6x('0ie.  i^hambéry 25.40  19.00 

//fe-.Sauoie.  Annecy 25.75  » 

Prix  moyens 24.07  16  93 

7"  RÉGION.  —  SUD-OUEST 

Ariège.  Poix 24.25  19.00 

—  .''amiers 24.00  18.50 

Dordogile.  Bergerac 24  00  20.00 

Hte-Garoiiiie.  Toulouse.  24.20  19.50 

—  bt-Gaudens 25  00  20.00 

Gers.  Condom 26.00  » 

—  Eauze 25.75  » 

—  Mirande 24.25  » 

Gironde.  Bordeaux 23.50  « 

—  La  Reole 24.00  19.50 

Landes.  Dax 25.50  20.00 

Lot-et-Garonne.  Xgen.*.  25.50  19.00 

—  Nêrac 25.70  r> 

8. -Pyrénées.  Pa.a 25.50  » 

//(es-P(/*'ertées.  Tarbes. .  25.85  20.00 

Prix  moyens 2i.87  19.50 

8*  RÉGION.  —  SUD. 

Aude.  Caslclnaudary....  24.75  » 

.4ue.7ron.  Rodez 23.50  19.00 

CoiHdL  ivlauriao 35.20  23.05 

Coi'ce^e.  Brive 24.25  18.00 

tléraW.t.   Montpellier...  24.00  0 

—  Beziers 23.25  18.50 

Lo(.  Cahors 34.00  18.70 

Lozère.  Mende 25.65  23.30 

Pj/rértées-Or. Perpignan.  25.65  16.80 

Tarn.  Aibi 25.00  18.50 

—  Castras 25.50  19.25 

rarM-et-^far.  .Montauban  2*. 00  19. 5o 

Prix  moyens 24.56  19.56 

9"  RÉGION.   —  .Sri>-EST. 

Basses-.ilpes.  Manosque  24.70  n 

Hautes-. 4lpes.  Briançjn.  34.50  19.20 

Alpes-.Maritin'.s.  Nice..  26.25  20.00 

Arducke., Privés 26.50  17.90 

B.-du-Rhône.  Arles 25.30  » 

Drone.  Rom  ins 24.25  16.50 

Gard.  Ni  nés 24.75  » 

H'iiUe-Loire.  Briouie...    24.20  19.00 

Kar.  Dra.inignan 24.75  " 

Kauciuse.  Orange 25.50  » 

Prixmoye.is 25. os  18.52 

Moy.  de  toute  la  Prance  24.06  17.23 

—  delà  seraiine  préced.  2'i  00  17.26 

Sur  la  semainejHausse.    0.O6  r. 

précédente.  .IBaisse..       •  0.03 


Ofn'e. 

Aïoiiie. 

fr. 

fr. 

20.50 

18.25 

20.25 

18.00 

» 

19  00 

B 

20.00 

19.75 

18.90 

20.50 

17.75 

n 

18.00 

19.75 

17.50 

22  25 

18,35 

21.50 

17.20 

» 

18.00 

18.50 

18.75 

19.50 

18.25 

21.00 

20.00 

20.25 

17.90 

21.00 

18.00 

18.50 

18.75 

18.00 

19.00 

17  00 

18.00 

17.75 

19.50 

19.75      18.45 


» 

19.35 

« 

19.50 

19.00 

18.25 

» 

17.50 

» 

18.00 

ff 

18.25 

18.50 

"8. 25 

13.00 

13.50 

» 

20.75 

n 

n 

21.25 

18.25 

17.50 

18.50 

■ 

20.50 

» 

19.00 

» 

19.50 

18.85     18.85 


n 

19.25 

19    25 

21.00 

19.00 

13.50 

20.00 

19.50 

19.50 

21.80 

« 

20.25 

» 

22.00 

A 

23.25 

» 

)i 

ff 

19.50 

» 

19.25 

» 

Î9.50 

18.25 

20.50 

j) 

20.25 

» 

22.00 

19.20     2  0.46 


19.00 

20.50 

f, 

19.00 

B 

26.65 

18.25 

17.50 

13.50 

19.25 

18.00 

20.50 

18.75 

17   25 

» 

28.05 

22.00 

24.45 

n 

20.00 

n 

21.50 

19.25 

19.75 

19.39     21.20 


9 

21  .00 

18.50 

19.00 

17.50 

18.25 

17.00 

19.80 

» 

19.00 

» 

18.00 

1  S .  00 

13.50 

30.50 

19.00 

» 

18.50 

17.00 

» 

18.03 

19.01 

18.35 

19.  07 

18    95 

19.01 

DES  DENRÉES  AGRICOLES  (5    JUILLET  ISS^i). 


37 


Alfjérie. 

Angleterre. 
Belgique. 


Pays-Bas. 

Luxembourg. 
Alsace-Lorraine, 


Allemagne. 


Suisse, 

Italie. 

Espagne. 

Autriche. 

Hongrie, 

R    sie. 

Etats-Uni' 


Blé. 
fr. 

Ai„„r(  l>lé  tendre..  22.50 

*'"     iblédnr 17.00 

Lonilres 24.00 

Anvers 22.50 

Bruxelles 23.50 

Liège 23.10 

Nanuir 22.50 

Anisierilani 21.50 

Luxeiiihourg 23.50 

Strasbourg 25.50 

Mulhouse 24.75 

Colmar 25  50 

Berlin 21.75 

Cologne 23.75 

Francfort 25.00 

Genève 26  00 

Turin 24.15 

Barcelone 2d .  50 

Vienne 21.00 

Budapest 20.75 

Saint-Pétersbourg..  17.00 

New-York 18.55 


Seit 

;le. 

Orée. 

Avoine 

fr. 

fr. 

fr. 

): 

» 

> 

D 

12.50 

13. 

.75 

) 

) 

19.75 

19, 

.25 

17 

.  ..:) 

23  50 

21, 

.00 

17 

.25 

. 

17 

.50 

J7, 

.75 

19.50 

19.85 

u; 

..50 

20.00 

19 

..50 

17 

.20 

B 

1 

21 

.on 

20.75 

19 

.00 

19 

(  o 

22.25 

20 

.00 

. 

21 

.00 

ly 

.50 

SI.. 50 

21, 

.25 

I!l 

.25 

» 

1 

» 

19, 

.35 

» 

1 

,) 

20, 

.85 

21.75 

19, 
22 

,50 
.50 

17. 

,t)0 

» 

17 

00 

Tt 

» 

» 

IS. 

00 

18.25 

17. 

50 

17 

.7t 

19.00 

16 

75 

13. 

00 

» 

U. 

25 

Blés.  —  La  moisson  est  cominencéedans  le  midi  de  la  France  ;  grâce  aux  pluies 
tombées  au  printemps,  les  céréales  et  principalement  le-s  blés,  se  présentent  au- 
jourd'hui dans  d'exceilentijs  conditions.  Oa  se  montre  satisfait  des  résultats.  Dans 
les  autres  régions  du  pays,  les  affaires  sont  moins  avancées;  mais  sous  l'influence 
du  temps  chaud  qui  règne  partout,  la  maturité  marche  rapidement;  les  seules 
craintes  que  l'on  entende  e.xprimer  sont  relatives  à  l'échaudas^e  que  pourrait  ame- 
ner une  température  torride.  Le-^  marches  sont  calmes,  mais  les  prix  se  main- 
tiennent bien.  A  la  halle  de  Paris,  le  mercredi  2  juillet,  les  affaires  ont  été  peu 
importantes  ;  les  cours  se  sont  maintenus  aux  taux  de  la  semaine  précédente  :  on 
cotait  de  23  fr.  à  25  fr.  50  par  100  kilog.,  suivant  les  sorte.s  et  les  quali'és,  ou 
en  moyenne  24  fr.  25,  comme  le  mercredi  précédent.  —  Sur  le  marché  des  blés 
à  livrer,  on  paye  :  courant  du  mois,  23  fr.  50  à  23  fr.  75  ;  août,  22  fr.  75  à  23  fr.  ; 
septembre  et  octobre,  23  fr.  50  à  23  fr.  75;  quatre  derniers  mois,  23  fr.  50  à 
23  fr.  75.  —  Au  Havre,  les  transactions  soiit  toujours  restreintes;  les  prix  sont 
sans  chatigements.  Les  blés  d'Amérii]ue  valent  de  -22  fr.  .^0  à  23  fr.  25  par 
100  kilog.  ;  ceux  d'Australie,  24  fr.  50  à  24  fr.  75;  ceux  des  Lides,  22  fr.  50 
à  23  fr.  50.  —  A  Marseille,  les  affaires  sont  très  peu  importantes,  les  arrivages 
sont  d'ailleurs  restreints  ;  quant  aux  cours,  ils  se  soutiennent  avec  peine.  — 
A  Londres,  la  fermeté  que  nous  avons  signalés  se  maintient  dans  les  cours,  les 
ventes  sont  restreintes;  on  cote  de  23  fr.  à  25  fr.  par  100  kilog.  suivant  les  pro- 
venances et  les  qualités. 

Farines.  —  Les  affaires  sont  assez  calmes;  les  prix  sont  sans  changements. 
Pour  les  farines  de  consommations  on  cotait  à  la  halle  de  Paris,  le  mercredi 
2  juillet  au  soir  .•  marque  de  Corbeil,  51  fr.  ;  marques  de  choix,  51  à  53  fr.  ; 
premières  marques,  50  à  51  fr.;  bonnes  marques,  48  à  49  fr.;  sortes  ordinaires. 
45  à  47  fr.;  le  tout  par  sac  de  159  kilog.,  toile  à  rendre,  ou  157  kilog.  net,  ce 
qui  correspond  aux  prix  extrêmes  de  28  fr.  65  à  33  fr.  7b  par  100  kilog.,  ou  en 
moyenne  31  fr.  20,  comme  le  mercredi  précédent.  —  Eu  ce  qui  concerne  les  farines 
de  spéculation,  on  cotait  à  Paris,  le  merdredi  2  juillet  au  soir  :  farines  neuf- 
marques,  courant  du  mois,  47  fr.  75  ;  aoiit,  48  fr.  ;  septembre  et  octobre,  48  fr.  50; 
quatre  derniers  mois,  48  fr.  75;  le  tout  par  sac  de  159  kilog.,  toile  perdue,  ou 
157  kilog.  net.  —  Pour  les  farines  deuxièmes,  les  cours  sont  changements, 
de  22  à  25  fr.  par  100  kilog.;  pour  les  gruaux,  ils  se  maintiennent  de  36  à 
41  fr. 

Seigles.  —  Les  prix  sont  assez  fermes  ;  ils  se  maintiennent  de  15  fr.  à  16  fr.  25 
par  100  kilog.  Quant  aux  farines,  elles  se  cotent  de  21  à'  24  fr. 

Orget.  —  Peu  d'affaires.  Les  prix  se  soutiennent  de  19  à  20  fr.  par  quinlal 
métrique.  Les  escourgeons  sont  plus  faiblement  tenr.s  à  19  fr.  par  quintal  mé- 
trique. 

Avoines.  —  Prix  très  fermes,  aux  taux  de  18  fr.  75  à  21  fr.  50  far  100  kilog.  à 
la  halle  de  Paris  suivant  poids,  couleur  et  qualité. 

Fourrages,  — A  raison  du  faible  rendement  des  foins,  les  prix  sont  très  fermes. 
On  p aye  par  1 ,000  kilog.  à  Paris  :  foin,  90  à  ISO  fr.  ;  luzerne,  78  à  1 1 8  fr.  ;  regain 
de  luz  erne,  68  à  88  fr.  ;  paille  de  blé,  78  à  90  fr.  ;  paille  d'avoine,  4S  à  58  fr. 


38  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT, 

m.  —  Fins.  —  Spiritueux.  —  Vinaigres.  —  Cidres. 

Vins.  —  L'épocpe  ciiliqiic  de  la  floraison  de  la  vigne  est  à  peu  jjrès  terminée; 
elle  se  sera  achevée  dans  des  conditions  très  favorables.  Dans  un  certain  nombre 
de  vignobles,  notamment  dans  le  Bordelais  et  le  Roussillon,  on  signale  des  cas 
assez  nombreux  de  coulure;  mais,  pour  le  moment,  on  peut  affirmer  que  ce  phé- 
nomène est  loin  d'être  général;  on  ne  peut  que  s'en  féliciter.  Malgré  les  intem- 
péries qu'elle  a  subies,  la  vigne  donne  encore  pour  cette  année  de  bonnes 
espérances;  le  tout  est  que  la  saison  soit  désormais  favorable  à  sa  végétation. 
Quant  aux  aft'aires,  elles  sont  toujours  aussi  calmes:  on  ne  signale  que  quelques 
transactions  sans  changements  importants  dans  les  cours.  Dans  le  Midi,  on  cote  : 
Aramon,  20  à  22  fr.  par  hectolitre;  petites  montagnes,  26  à  28  fr.;  montagne  et 
Lézignan,  30  à  32  fr.:  Narbonne  et  Lézignan,  34  à  36  fr.;  Narljonne  et  Corbièros. 
38  à  40  fr.;  —  à  Lyon,  vins  du  Beaujolais,  kb  à  60  fr.;  du  Maçonnais,  36  à  40  fr.; 
de  Yillefranche,  45  à  55  fr.;  de  Bugey,  32  à  38  fr.;  —  en  Sologne,  gros  noirs, 
75  à  100  fr.  la  pièce;  Gamays,  60  à  70  fr.;  Selles,  80  à  90  fr.;  vins  blancs, 
45  à  62  fr. 

Spiritueux.  —  Les  affaires  sont  toujours  restreintes;  les  cours  sont  faibles  pour 
toutes  les  provenances. Dans  le  Midi,  on  paye  par  hectolitre  :  Cette,  trois-six  bon 
goût,  105  fr.;  marc,  95  fr.;  —  Béziers,  trois-'^ix  bon  goût,  103  fr.;  marc,  95  fr.; 
clans  les  Charentes  les  cours  restent  fixés  de  240  à  245  fr.  pour  les  eaux-de-vie 
nouvelles.  —  A  Paris,  on  cote  :  trois-six  fin  Nord,  90  degrés,  première  qualité, 
disponible,  43  fr.  75  à  44  Ir.;  août,  44  fr.  25  à  44  fr.  50;  quatre  derniers  mois, 
44  fr.  75  à  45  fr.;  quatre  premiers  mois,  45  fr.  25  à  45  fr.  75.  Au  2  juillet,  le 
stock  était,  à  Paris,  de  15.475  pipes,  contre  18,350  en  1883. 

IV.  —  Sucres.  —  Mélasse  —  Fécules.  —  BouMons. 

Siicres.   —    Les  cours   sont  encore  dépréciés  lîepuis  huit  jours.  On  cote  par 

100  kilog.  :  à  Paris,  sucres  bruts  88  degrés  saccharimétriques,  37  fr.  75  ;  les  99 

degrés,  44  fr.  25  ;  sucres  blancs,  n"  3,  44  fr.  50  à  44  fr.  75  ;  —  à  Valenciennes, 

sucres  brufs,  36  fr.  75  ;  à  Lille,   sucs  bruts,   36  Ir.   75  à  \M  fr.  ;  sucres  blancs, 

44  fr.  25.  Le  stock  de  l'entrepôt  réel  des  sucres  était,  le  2  juillet,  à  Paris,  de 

814,000  sacs  pour  les  sucres  indigènes,  avec  diminution  de  22,000  sacs  depuis 

huit  jours  —  Le  prix  des  sucres  raffinés  se  maintiennent  de   101  à  102  fr.  par 

100  liilog.  à  la  consommation,  et  de  51  fr.  75  à  54  fr.  50  pour  l'exportation. 

Me  asse.  Ou  paye  par  100 kilog.;  mélasse  de  fabrique,  9  à  9  fr.  25  ;  de  raffinerie, 
9  à  1  0  fr. 

Fécules.  —  Prix  soutenus  partout.  On  cote  à  Paris,  31  fr.  50  à  32  fr.  par  100 
kilog.  pour  les  fécules  premières  du  rayon;  à  Gompiègne,  31  fr.  pour  celles  de 
l'Oise. 

Houblons.  —  Le  beau  temps  qui  règne-  est  très  favorable  à  la  végétation  des 
houblons.  La  plante  est  vigoureuse  dans  la  plupart  des  pays  de  production.  — 
Les  marchés  sont  nuls. 

V.  —  Tourteaux.  —  Noirs.  —  Jingrans. 

Tourteaux.  —  Prix  soutenus.  On  paye  dans  le  iS'ord  par  100  kilog.  ;  tourteaux 
d'œillette,  13  fr.;  de  pavot,  12  ir.;  de  lin,  21.  —  A  Marseille,  tourteaux  de  lin 
pur.  20  fr.;  d'arachides  en  coque,  9  fr.  50;  décortiqués  1"*  fr.;  de  sésame, 
12  fr.  25  à  13  fr.;  de  cocotier  13  fr.  50  ;  de  colza,  il  fr.  75  ;  d'œillette,  11  fr.  50  ; 
de  coton  d'Egypte,  12  fr.;  de  palmist*  naturel,  11  fr.  25;  de  ricin,  8  fr.  '2îi  ;  ^ie 
ravi  son,  1 1  fr. 

Noirs.  —  On  paye  à  Valenciennes  :  noir  animal  neuf  en  grains,  33  à  36  fr.  par 
100  kilog.;  noir  vieux  grains,  10  à  12  fr.  par  hectoHtre. 

VI.  —  Matières  résineuses,  colorantes  cl  tannantes. 

Matières  résineuses.  —  Prix  faibles.  On  paye,  à  Dax,  46  fr.  par  100  kilog.  pour 
l'essence  pure  de  térébenthine. 

Chanvres.  —  Les  cours  demeurent  sans  changements,  avec  peu  d'affaires.  A 
Saumur,  les  chanvres  de  la  Loire  valent  de  70  à  82  fr.  par  100  kilog. 

Laines.  —  Les  cours  que  nous  avons  indiqués  n'ont  pas  varié.  En  Beauce  et  en 
Brie,  on  cote  de  1  fr.  80  à  2  fr.  10  par  kilog.  en  suint  pour  les  laines  mères.  En 
Champagne,  les  laines  lavées  à  dos  se  payent  de  3  fr.  50  à  4  fr, 

VII.  —  Suifs  et  corps  gras. 

Suifs.  —  Les  prix  sont  stationnaiies.  On  cote  à  Paris  84  fr.  par  100  kilog. 
pour  les  suifs  purs  des  abats  de  la  boucherie;  63  ir.  pour  les  suifs  en  branches. 

Cuirs  et  peaux.  —  Aux  mensuelles  du  30  juin,  à  Paris,  on  cotait  par  50  kilog.: 


Amenés. 

Vendns. 

Prix  extrêmes. 

2.Î6 

0" 

170  à  1,U75  fr. 

aVi 

bh 

190  à  1,100 

377 

114 

20  à      910 

34 

?,\ 

:iO  à       410 

!*6 

96 

au  a      luO 

DES  DENRÉES  AGRICOLES     (5    JUILLET  ISS-*;.  39 

gros  bœufs,  50  fr.  72;  moyers  bœufs,  51  fr.SS;  petits  bœuf^,  46  fr.  38;  vaches, 
47   fr.  53  à  50  fr.  56;  taureaux,  37  fr.   83;  gros  veaux,  71  fr.  19  à  83  fr.  49 
VIII.  —  Beurres.  —  Œu/s.  —  Fromuyes. 

Beurres.  —  Il  a  été  vendu  pendant  la  semaine,  à  la  halle  de  Paris,  240,273 
kilog.  de  beurres.  Au  dernier  marché,  on  payait,  par  kilog.  :  en  demi-kilog., 
1  fr.  67  à  3  fr.  50;  petits  beurres,  1  fr.  04  à  2  fr.  32;  Gourna'y,  I  fr.  72  à  3  fr.  62; 
Isigny,  1  fr.  90  à  5  fr.  68. 

Œufs.  —  Du  23  au  28  juin,  ou  a  vendu  à  Paris,  4,351,346  œufs.  Au  dernier 
marché,  on  cotait,    par   mille:    choix,    90  [à  105    fr.  ;    ordinaires,    58    à  75    fr. 

Fromages.  —  On  ente  ,à  la  halle  de  Paris  :  par  douzaine,  Brio,  4  fr.  50  à 
12  fr.  50;  Montlhery,  15  fr.;  — par  cent.  Livarot,  22  à  88  fr.;  Mont-d'Or,  5  à 
19  fr.;  Neufcliatel,  4  fr.  50à  17  fr.  50;    par  100  kilog.,  Gruyère,  110  à  185  fr. 

IX.   —  Chevaux.  —  Bétail.  —    Viande. 
Chevaux.  —  Aux  marchés  des  25  et  23  juin,  à  Paris,  on  comptait  1,027  chevaux; 
sur  ce  nombre,  366  ont  été  vendus  comme  il  suit  : 

Chevaux  de  cabriolet 

—  de  trait 

—  hors  d'âge 

—  à  l'encliére 

—  de  boucherie 

Bétail.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  officiel  du  marché  aux  bes- 
tiaux de  la  Villette,  du  jeudi  26  juin  au  mardi  l"  juillet  : 

Poids     Prix  du  kilog.  de  viande  nette  sur 
Vendus 

Pour  Pour  En 

Amenés.  Paris,  l'extérieur,  totalité. 

Bœufs 4.538  2,960  1,224  4,184 

Vaches 1,066  462  485  907 

Taureau,x ;127  279  ;i7  297 

Veaux 3,166  2,062  1,100  3,162 

Moulons 3.S.S82  ;4,2.i1  7,351  31,603 

Porcs  sras  ...           7,299  2,724  4,U9ô  6,819 

Les  arrivages  des  marchés  de  la  semaine  se  décomposent  comme  il  suit  : 

Bœufs.  —  Aisne,  104:  Allier,  9;  Aveyron,  16  ;  Calvados,  479;  Charente,  48;  Charente-Infé- 
rieure, 492;  Cher,  ^9;  Cùte-d'Or,  21  ;  Coies-du-Nord,  129;  Deux-Sèvres,  180;  Dordogne  47  ;  Eure, 
•5;  Eure-et-Loire,  14;  Fmislére,  75;  Haute-Garonne,  8  ;  Loiie.  51  ;  Haute-Loire,  28  :  Loire-Infé- 
rieure, 115  ;  Loiret,  7:  Lot,  S:  Maine-et-Loire,  836  ;  Nièvre,  157;  Nord,  8;  Oise.  14;  Orne,  142; 
Puy-de-Dôme,  48;  Saôneet-Loire,  644;  Sarlhe,  21;  Seine-et-Oise,  26;  Vendée,  456;  Haute- 
Vienne,  8;    Youne,  48;  Afrique,  :i2  ;  Sardaigne,  16.5. 

Vaches.  —  Aisne,  1;  ,\llier,  10;  Aube,  22;  Calvados,  165;  Charente,  25;  Charenle-Infé- 
rieure.46;  Cher,  6;  Côte-d'Or,  25;  Creuse,  8;  Deu.v-Sèvres,  45;  Eure,  4;  Eure-et-Loir, 
22  :  Loire,  2  ;  Loire-Inférieure,  11;  Loiret,  3;  .Maine-et-Loire,  255;  Haute-Marne,  2;  Nièvre,  48; 
Oise,  5;  Orne,  39;  Puy-de-Dôme,  33;  .Saône-et-Loire,  ICS  ;  Sarlhe,  5;  Seine-Inférieure,  6; 
Seine-et-Marne,   14    Seine-et-Oise,  14;  Vendée,  133;  Yonne,  60. 

Taureaux.  —  Aisne,  5  ;  Aube,  5;  Calvados,  39;  (.harente,  1;  Charente-Inférieure,  5;  Cher, 
2;  Corrèze,  9  ;  Côte-d'Or,  7;  Côtes-du-Nord,  13;  Deux-Sèvres,  1;  Eure,  1  ;  Eure-ei-Loir,  21: 
Finistèie,  4:  Ille-et-Vilaine,  38;  Loire-Inférieure.  7;  Loir-et-Cher,  2;  Loiret,  II;  Maine-et- 
Loire,  66;  Marne,  8;  Nièvre,  9;  Oise,  7  ;  Orne,  6;  Saône-et-Loire,  10;  Sarlhe,  7;  Seine-et- 
Marne.  15;  Seine-et-Oise,  17  ;  Vendée,  2;  Yonne,  6. 

VeauT.  —  Aube,  258;  Calvado=î,  U  ;  Cantil,  2;  Côtes-du-Nord,  16:  Eure,  226  :  Eure-et- 
Loir,  433;  Loire,  10;  Loiret,  284;  Marne,  116;  Oise,  41;  Orne,  10;  Puy-de-Dôme,  95; 
Sarlhe,  244;  Seine -Inférieure,  2.59:  Seine-et-Marne,  242;   Seine-et-Oise,  70;  Yonne,  104. 

Sloutons.  —  Aisne,  1,283;  Allier,  777;  Aube,  566;  Avejyon,  5J0;  Cantal,  1,703;  Cha- 
rente, 638;  Corrèze,  586;  Côte-d'Or,  191;  Creuse,  5.53;  Deux-Sèvres,  71  ;  Dordogne,  3?3  ;  Eure.et- 
Loir,  280;  Indre,  669;  Indre-et-Loire.  56  ;  Loiret,  120;  Lot,  447  ;  Lot-et-Garonne,'  3.50;  Mame-et- 
Loire,  912;  Nièvre,  807  ;  Oise,  286;  Puy-de-Dôme,  90;  Saône-et-Loire,  400;  Seine,  40  ;  Seine-et- 
Marne  2,085:  Seine-et-Oise,  378;  Somme.  61  :  Haute-Vienne,  640;  Yonne,  130;  Afrique,  2,0.58; 
Allemagne,  7,079  ;     Autriche,  3,648;  Hongrie  3,631;  Ilalie,  1,884;   Prusse,  5,698. 

Porcs.  —  Allier,  520;  Calvados.  25;  Charente,  68;  Charente-Inférieure,  32;  Cher,  147; 
Côte-d'Or,  128;  Cules-du-Nord,  132;  Creuse,  165;  Deux-Sèvres,  613;  Kure-et-Loir,  2; 
llle-et-Vilaine, 446  ;  Indre,  198;  Indre-et-Loire,  XI;  Loire,  28;  Loire-Inlerieure,  202;  Loir-et- 
Cher,  115;  Maine-et-Loire,  817;  Manche.  21  ;  Meurie-et-Moselle,  79;  Puy-de-Dôme,  527;  Saône- 
et-Loire,  98;  .Sarthe,  747;  Seine  Inférieure,  45  ;  Seine-et-Oisei  26;  Vendée,  1,226;  Vienne, 
133;  Yonne,  19. 

Par  le  temps  de  chaleur  qui  court,  les  ventes  sont  difficiles;  pour  toutes  les  ca- 
tégories, les  cours  accusent  de  la  baisse  ;  celle-ci  s'accentue  principalement  sur 
les  veaux  et  sur  les  moutons.  -;-  Dans  les  départements,  on  cote  :  Rouen,  bœuf, 
1  fr.  55  à  1  fr.  85  par  kilog.  de  viande,  net  sur  pied;  vache,  1  fr.  50  à  1  fr.  80; 
veau,  1  fr.  55  à  1  fr.  90  ;  mouton,  1  fr.  80  à  2  fr.  10;  porc,  1  fr.  10  à  1  fr.  35  ;  — 
Nanles,  bœuf,  0  fr.  86  par  kilog.  brut  ;  vache,  0  fr.  80  à  0  fr.  85  ;  veau,  0  fr.  85  ; 


mov'.n 

pied 

au  mar( 

;tie  du  30 

1  juin. 

des 

- 

!■ 

,■- 

^ 

k  quarters 

.      V 

2" 

3" 

Prix 

kil. 

quai. 

quai. 

quai. 

moyen. 

347 

1.70 

1.56 

1.30 

1.50 

235 

1.62 

1.46 

1.24 

1.40 

392 

1.50 

1.40 

1.30 

1.39 

74 

1.84 

1.64 

1.44 

1.64 

20 

I    9i 

1.80 

1    60 

1.72 

82 

i.:î4 

1.28 

1.22 

1.27 

40  REVUE   COMMEKCIALE    ET    PRIX  GOURANT  (5  JUILLET  1884'. 

mouton,  0  fr.  90;  •—  Bordeaux,  bœut,  G  fr.  70  à  0  fr.   90;  vache,  0  fr.  65  à 

0  fr.  Si  ;  mouton,  0  fr.  85  à  1  fr.  05  ;  —  Nevers,  bœuf,  1  fr.  60  à  1  fr.  80;  vache, 

1  fr.  'iO  à  I  fr.  60  ;  veau,  2  fr.  ;  mouton,  2  fr.  ;  porc,  1  fr.  60;  —  Dijon,  bœuf, 
1  fr.  60  à  I  7!i;  vache,  ]  fr.  20  à  1  Ir.  60:  veau  (poids  vif],  0  fr.  80  à  0  fr.  92  ; 
mouton,  1  fr.  50  à'  1  fr.  80;  porc  (poids  vif),  0  fr.  86  à  0  fr.  96;  —  Lyon,  bœuf, 
1  i'r.  35  à  1  fr.  75;  veau  (poids  vil).  0  fr.  90  à  1  fr.  06;  mouton,  I  fr.  kS  à 
1  fr.  95;  porc,  0  fr.  94  à  1  fr.  07;  —  Bourgoin,  bœuf,  0  Ir.  66  à  76;  vache, 
0  fr.  58  à  0  fr.   68;  mouton,  0  fr.  85  à  0  fr.'90;  porc,  0  fr,  84  à  0  ir.  88  ;  veau, 

0  fr.  75  à  0  fr.  85  ;  —  Nimes,  bœuf,  1  fr.  30  à  1  fr.  60  ;  bœufs  étrangers,  1  fr.  35 
à  \  fr.  40;  taureau,  1  fr.  4-;  vache  l  fr.  12  à  1  fr.  55;  mouton,  1  fr.  75  à  I  fr.  85; 
moutons   étrangers,    1   fr.   30  à  1   fr.   55  ;  brebis,   1   fr.  30  à    1  fr.   60  ;  agneau, 

1  fr.  02  à  1  fr.  07;  veau  (sur  pied),  0  fr.  95  à  1  fr. 

Viande  à  la  criée.  —  Il  a  été  vendu  ù  la  halle  de  Paris,  du  23  au  29  juin  : 

Prix  du  kilog.  le  30  juin.  

kilog.  t'«  quai.               ■'•    iiml  y  qii.il.  Choix.       Basse  Boucherie 

Bœufou  vaclie...    ITi.l.Sî  l.Oi  à  2.96     0.98  à  2.20  1.20  à  1.80  1.40  à  2.96  0.20  à  l.;îO 

Veau .208,207  1.70       2  06     1.48       I.C.S  1.10       1.4fi  l.:!0       2.36     >i 

Mouton 73,3.i4  1.38       1.76     1.16       1.36  0.76       1.14  1.46       3.20     .. 

Porc 40,: 24                      Porc  frais 1.14  à  1.46. 

495,837  Soitparjour 70,834  kilog. 

Les  ventes  ont  été  inférieures   de   7,000  kilog.  par  jour  à  celles  de  la  semaine 
précédente.  Le.s  prix  accusent  beaucoup  de  fermeté  pour  toutes  les  sortes. 

X.  —  Cours  de  la  viande  à  l'abattoir  de  la  Villette  du  jeudi  ^juillet  [par  50  kilog.) 
Cours  de  la  charcuterie.  —  On  \fend  à  la  Villette  par  50  kilog.  :  1"  quaHté, 
65  à  70  fr.  ;  2",  60  à  65  fr.   Poids  vif,  42  à  48  fr. 

Bœufs.   Veaux.  Moutons. 

1"  T  3*  1"  2"  3"  1"  r  3' 

quai.  quai.  quai.  q>ial.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai. 

Ir.  fr.  fr.  fr,  fr.  fr  fr.  fr.  fr. 

76  71  63  98  92  84  90  83  77 

XI.  —    Marché  aux  bestiaux  de  la  Villette  du  jeudi   3  juillet  1884. 

Cours  des  commissionnaires 
Poids  Cours  officiels.  en  besiiaux. 

Animaux  gênerai,     t"        2*  3"           Prix  1"        2"  3'  Prix 

amenés.  Invendus.  kil.        quai.  quai.  quai,  extrêmes.  quai. quai.  quai,  extrêmes. 

Bœufs 2.241  301  3',9         1.68  1.5i  1.28  l.2iàl.72  1.66      i    52  i.ii  1.22àl.70 

Vaches 541  3!)  233         1.60  1.44  1   22  1.12     1.64  '.53     1.42  1.20  I.IO     1   62 

Taureaux...          169  20  3II0         1,48  (.38  1.28  1.22     1.52  i   4S     l   36  1.26  1,20     1.50 

Veaux 1.470  190  75          1   84  1,64  1.44  1.24     2  04  »              •  »  » 

Moutons 14   715  1   298  20         2  OO  1.8S  1   66  1   50     2.06  •              o  »  » 

Porcs  Eras..     4.724  405  81          1.34  1.28  l   22  1.14     1.40  »              »  •  • 

—  maigres,.         »  »  »»•»!»»»»»» 

Vente  calme  sur  toutes  les  espèces. 

Xll.   —  Résumé. 

Les  cours  do  la  plupart  des  denrées,  sont  assez  soutenus:  il  n'y  a  d'exceptions 

à  faire  que  pour  les  sucres  et  quelques  produits  animaux.  A.  Remy. 


BULLETIN  FINANCIER 

Les  difficultés  de  la  liquidation  de  juin  et  les  préoccupations  politiques  ont 
encore  ai-cru  le  mouvement  de  baisse.  On  cote  les  fonds  d'Etat  français  :  3  pour 
100,  76  fr.  75;  —  3  pour  100  amortissable, 77  fr.  90;  — 4  et  demi  pour  100, 
106  fr.  70;  —  4  et  demi  pour  100  nouveau,  106  Ir.  85. 

Les  titres  des  établissements  de  crédit  valent  :  Banque  de  France,  4,980  fr.; 
Banque  Je  Paris  et  des  Pays-Bas,  810  fr.  ;  Comptoir  d'escompte,  972  fr.  50; 
Crédit  foncier.  1,303  fr.  75;  flanque  d'escompte  de  Paris,  51lfr.  2b;  Crédit 
industriel,  680  fr.;  Crédit  lyonnais,  541  fr.  '25;  Compagnie  foncière  de  France, 
442  fr.  50  ;  Crédit  mobilier,  325  fr.  ;  Société  générale,  466  fr.  25  ;  Banque  franco- 
égyptienne,  570  fr. 

Peu  de  variations  sur  les  actions  des  Compagnies  de  clierains  de  fer,  qui 
valent  :  Est,  750  fr.;  Paris-Lyon-Médi(erianée,  1,205  fr  ;  Midi,  i,190  Ir.; 
Nord,  1,700  fr.  ;  Orléans,  1,295  fr.;  Ouest,  815  fr.  — On  cote  les  actions  du 
canal  maritime  de  Suez  à  1,942  fr.  50  ;  les  délégations  à  1,197  tr.  50;  les  actions 
du  canal  de  Panama  h.  485  fr.  E.   Féron. 

Le  Gérant  :  A.  Bouché. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  {12  iuille.  im). 

Le  commencement  de  la  moisson.  —  Apparences  des  diverses  snrtcs  de  céréales.  —  Les  blés, 
les  seigles  et  les  céréales  de  printemps.  —  Inlluenciî  de  la  sécheresse  sur  les  récoltes  sarclées. 
—  T:ibleau  ofticiel  de  la  produclion  des  céréales  en  France  en  1883.  —  Comparaison  des  récoltes 
du  Li!é  pendant  les  dix  dernières  années.  —  Tableau  relatif  aux  rendements  des  principales 
plantes  cultivées.  —  Discussion  à  la  Chambre  des  députés  sur  le  régime  des  .sucres.  —  Prin- 
cipaux faits  résultant  d;  la  discussion  génér.nle.  —  Voyage  en  Allemagne  de  la  mission  de  la 
Société  d'agriculture    de   M=aux.  —  Déclarations  pour   l'e.xposition    agricole  d'Amsterdam.  — 

Projet  d'exposition  internationale   à  Anvers.   —  Réunion  île  la  Commission  du  phylloxéra.  

Subventions  à  des  associations  syndicales.  —  Travaux  du  Comité  de  vigilance  dé  la  Cliaiente- 
Inféiieure.  —  Introduction  relative  aux  fruits  et  aux  légumes  de  la  Provence.  —  La  destruc- 
tion des  loups  en  1883.  —  La  fièvre  a[ihtheuse  en  Alsace.  —  Fermeture  du  bureau  de  douane  de 
Ventron.  —  Expériences  et  vente  de  moissonneuses  et  de  lieuses  à  Bar-sur-Aube.  —  l^oncours 
de  moissonneuses  à  Issoudun.  —  Programme  du  concours  de  )a  Société  d'agriculture  de  Chalon- 
sur-Saône.  —  Résultats  du  congrès  de  boulangerie  à  Paris.  —  Notes  de  MM.  de  a  Morvonnais, 
Nebout,  Dupuy-Montbrun  sur  l'état  des  récoltes  dans  les  départements  d'IUe-et-Vilaine,  de 
l'Allier,  de  la  Haute-liaronne  et  du  Tarn. 

I.  —  La  moisson. 

La  chaleur  qui  règne  depuis  les  derniers  jours  du  mois  de  juin,  a 
hâté  la  maturité  des  céréales.  La  faux  et  la  machine  à  moissonner 
fonctionnent  dans  toute  la  région  au-dessous  de  la  Loire  de  la  France  ; 
les  seigles  sont  tombés  les  premiers,  puis  1rs  orges,  et  enfin  les  blés  et 
les  avoines.  Les  cultivateurs  se  montrent  généralement  satisfaits  du 
nombre  des  gerbes;  le  grain  est  bien  rempli,  et  l'on  espère  un  bon 
rendement  au  battage;  c'est  que  les  pluies  tombées  au  printemps  ont 
été  suffisantes  pour  permettre  aux.  plantes  de  se  développer  sufûsa- 
ment.  Dans  le  reste  du  pays,  la  moisson  commencera  bientôt;  nulle 
part,  elle  ne  s'annonce  comme  devant  être  tardive.  C'est  un  bon  signe, 
car  plus  tôt  on  procède  à  la  moisson,  et  moins  on  a  à  craindre  les 
effets  du  mauvais  temps.  Toutefois,  les  excès  de  chaleur  font  naître 
quelques  appréhensions  ;  on  redoute,  dans  quelques  réo;ions,  l'échau- 
dage  des  grains,  qui  résulte  d'un  effet  trop  violent  des  rayons  du  soleil 
sur  le  grain  encore  insuffisamment  formé.  D'après  l'ensemble  des  ren- 
seignements que  nous  recevons,  on  est  généralement  satisfait  de  la  ré- 
colle du  froment;  peu  de  paille,  mais  des  épis  assez  nombreux;  les 
orages  qui  se  sont  succédé  pendant  quelques  semaines  n'ont  entraîné 
la  verse  que  dans  des  champs  assez  clairsemés.  Jl  en  est  autrement 
pour  les  seigles,  qui  ont  eu,  dans  un  assez  grand  nombre  de  cantons, 
à  souffrir  de  la  verse  ;  cette  circonstance  est  d'autant  plus  fâcheuse  que 
la  paille  de  seigle  est  généralement  employée  pour  le  liage  des  gerbes 
des  autres  céréales.  Les  orges  et  les  avoines  de  printemps  souffrent  • 
de  la  sécheresse;  sauf  dans  les  régions  maritimes,  où  l'atmosphère 
est  plus  humide,  et  dans  les  régions  montagneuses  où  la  chaleur  a  été 
moins  intense,  l'épiaison,  quoique  régulière,  s'est  terminée  trop  sou- 
vent par  une  sorte  de  brûlure  des  grains.  Il  y  a  donc  des  réserves  à 
faire  sur  les  résultats  de  ces  deux  récolles.  Le  maïs  pousse  partout 
vigoureusement,  et  il  est  permis  d'espérer  qu'on  aura  un  bon  rende- 
ment. Parmi  les  plantes  dont  la  récolte  est  achevée  ou  se  poursuit,  il 
faut  citer  le  colza;  le  rendement  est  satisfaisant  dans  la  plupart  des 
régions;  la  floraison  avait  été  régulière  et  les  plantes  se  sont  dévelop- 
pées avec  vigueur.  Les  pommes  de  terre,  les  betteraves  el  les  plantes 
potagères  commencent  à  souffrir  de  la  sécheresse  dans  beaucoup  de 
localités;  les  secondes  coupes  de  fourrages  seront  très  faibles.  La  florai- 
son de  la  vigne  a  traversé  des  phases  assez  criliques;  sous  l'influence 
d'un  temps  froid,  elle  s'est  eflectuée  lentement;  mais,  sauf  en  Bourgo- 
gne et  en  Franche-Comté,  la  coulure  ne  paraît  pas  avoir  eu  lieu  dans 

N»  796.  —  Tome  Ht  île  1884.  —  12  .luillet. 


42 


CHRONIQUE    AGRICOLE  (12  JUILLET  ISS^t), 


des  proportions  notables;  malgré  les  gelées  d'avril,  la  plupart  des 
vignobles  pourront  donner  une  récolte  fructueuse.  Tel  est  le  bilan  de 
la  situation;  le  point  noir  est  la  faible  récolte  des  fourrages,  surtout 
sur  les  plateaux  ;  car  dans  les  grandes  vallées  et  sur  le  littoral,  la 
fenaiiion  a  donné  de  bons  résultats. 

IL  —  Les  résultats  de  la  récolte  de  1883. 

Le  S""  fascicule  pour  l'année  1884  du  BulleUn  du  ministère  de  V agri- 
culture vient  de  paraître.  Cette  livraison  est  consacrée  aux  documents 
définitifs  sur  les  principales  récoltes  en  France  pendant  l'aanée  188;^, 
aux  importations  et  exportations  des  produits  intéressant  l'agriculture, 
pendant  les  trois  dernières  années,  et  enfin  au  commerce  du  bétail  sur 
le  marcbé  de  la  Villette. 

Voici  le  résumé  des  tableaux  relatifs  aux  récoltes  de  céréales  et  de 
pommes  de  terre  pour  1883  : 

Surface  cultivée.  Production  totale  Rendement  moyen. 


Froment 

Méteil 

Seule 

Orge 

Avoine 

Sarrasin 

Maïs 

Millet 

Pommes  de  terre.. 


Hectolitres. 

6,803.821 

3(ir),926 

1,719,666 

1,060,549 

3,729,472 

630,. 'iSa 

629,915 

49,679 

1,389,383 


Hectolitres. 

103,753,526 

5,683,537 

24,8V2,602 

20,726.587 

93.364,934 

10,749,972 

10,038,583 

717,834 

144,768,367 


Quml.  met. 

79, 2^ 1,591 

4,178,776 

17,736,953 

12,910,026 

44,010,763 

7,077,.S81 

6,985,665 

476,733 

103,412,542 


Hectolitres. 
15.25 
15.50 
14.45 
19.45 
25.03 
17.05 
15.93 
14.45 
104.19 


Si  l'on  compare  les  récoltes  de  blé  pendant  les  dix  dernières  années, 
on  arrive  aux  résultats  suivants  : 


1874. 
1875. 
1876. 
1877. 
1878. 


Hectolitres. 
133,130,163 
1011,634,861 

95,439,832 
100,115,651 

95,270,698 


1879. 
18S0. 
1881. 
1882. 
1X83. 


Hectolitres. 
79,355,866 
99,4:1,559 
96,810,356 
122,153,524 
103,753,526 


Le  rendement  moyen,  pendant  cette  période,  a  été  de  14  hectoi.  88 
par  bectare.  Celui  de  l'année  1883  le  dépasse  de  37  litres.  La  qualité 
du  froment  a  d'ailleurs  été  bonne;  d'après  les  résultats  du  pesage  offi- 
ciel des  grains,  le  poids  a  été  pour  toute  la  France  :  de  78  kilog.  73  par 
hectolitre  pour  la  première  qualité,  70  kilog.  740  pour  la  deuxième 
qualité,  et  74  kilog.  580  pour  la  troisième.  Les  importations  de  grains 
ont  été  un  peu  moins  considérables  que  pendant  les  deux  années  pré- 
cédentes; mais,  à  raison  des  stocks  considérables  qui  existaient  dans 
le  commerce,  les  prix;  du  blé  ont  été  cotés  en  baisse  sur  la  plupart  des 
marchés  depuis  un  an. 

Pour  les  autres  cultures,  le  Bulletin  du  ministère  de  V agriculture 
fournit  les  renseignements  suivants  relativement  à  l'année  1883  : 

Surface  cultivée.    Production  moyenne.  Production  totale, 
par  hectare. 


Betteraves  à  sucre .... , 
—        fourragères . 

Houblon 

Colza  (graines) 

Chanvre    '   gaines..,  . 
l>namre    ,  i^y^^^^^  __ 


Lin. 


!   graines . 

■  ■   '  lilasse 

Tabac 

Prairies  naturelles 

Ti-èHe 

Luzei-na 

Sainfoin 

Autres  cultures  fourragères. 


Hectares. 

226,365 

261,143 

3,46» 

122,860 

38,274 

70  ,345 

31,6.52 

49,582 

12,487 

4,492,119 

1,124,986 

878,497 

583,368 

231,257 


Kilog. 

36,568 

30,789 

1,188 

1,036 

432 

634 

606 

734 

1,188 

3,865 

4,287 

4,824 

3,725 

7,340 


Quintaux  met. 

83,378,268 

80,405,532 

41,250 

1,273,773 

165,692 

446,222 

192,060 

363,994 

148,462 

173,654,698 

48,237,936 

42,379,248 

21,7d4,430 

16,974,278 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (12  JUILLET  ISôk).  43 

La  culture  de  la  vigae  aurait  donné,  poui"  une  surface  de  2, 1 21 ,595 
hectares,  une  production  totale  de  44,575,943  hectolitres  de  vin.  Les 
renseignements  du  ministèredes  finances  accusaient,  au  mois  dé  janvier 
dernier,  un  produit  de  30,029,182  hectolitres.  Les  ditïérences  sont 
toujours  considérables  entre  les  deux:  évaluations  officielles. 

IIL  —  Les  sucres  el  les  belleraves. 

La  Chambre  des  députés  a  commencé  la  discussion  du  projet  de  loi 
sur  les  sucres.  Ainsi  qu'il  fallait  s'y  attendre,  cette  discussion  sera 
longue,  elle  est  loin  d'être  terminée;  au  moment  où  nous  écrivons  cette 
chronique,  on  en  est  encore  à  la  discussion  générale  ;  plusieurs  séances 
seront  nécessaires  pour  l'examen  successif  des  articles  du  projet  de  la 
Commission.  Les  principaux  points  sur  lesquels  la  discussion  a  porté 
jusqu'icisont  relatifs  à  l'égalité  de  traitement  entre  les  sucres  coloniaux 
et  les  sucres  indigènes, aux  conséquences  que  le  changement  d'assiette  de 
l'impôt  entraînera  pour  le  Trésor,  aux  avantages  qui  en  résulteront  pour 
l'agriculture  française.  On  a  successivement  entendu  MVL  des  Rotours, 
Eugène  Robert,  Daynaud,  Sarlat,  Gerville-Réache.  Villain,  rapporteur 
de  la  Commission,  Peytral,  Tirard,  ministre  des  finances,  Méîine,  mi- 
nistre de  l'agriculture,  Frédéric  Passy.  La  plupart  des  orateurs 
qui  ont  pris  part  à  cette  joute  se  sont  fait  applaudir  par  la  Chambre, 
quoiqu'ils  aient  souvent  défendu  des  opinions  contradictoires.  Il 
ressort  de  cette  première  partie  de  la  discussion  que  l'opinion  des  dé- 
putés n'est  pas  encore  arrêtée;  un  grand  nombre  d'amendements  ont  été 
présentés,  et  il  est  probable  que  leur  examen  entraînera  encore  de 
nouveaux  débats.  Mais,  comme  la  Chambre  des  députés  a  voté  l'ur- 
gence, après  la  délibération  actuelle  le  projei  adopté  sera  immédiate- 
ment transmis  au  Sénat. 

La  mission  envoyée  en  Allemagne  et  en  Autriche  par  la  Société  d'a- 
griculture de  Meaux  pour  y  étudier  la  culture  de  la  betterave,  a  quitté 
Paris  le  2  juillet  sous  la  direction  de  M.  Jules  Bér.ard;  plusieurs  délé- 
gués du  Comice  de  Soissons  se  sont  joints  à  cette  mission .  Le  voyage  du- 
rera une  vingtaine  de  jours;  nous  sommes  certains  qu'il  sera  des  plus 
fructueux.  Les  voyagejurs  ont  visité  jusqu'ici  les  environs  de  Coloj;ne, 
Hanovre,  Nordstemmen,  Hildesheim,  MagJebourg  et  Halle-sur-Saale. 

IV.  —  Exposition  inler nationale  agricole  à  Amsterdam. 

La  participation  de  la  France  à  l'exposition  internationale  agricole 
qui  s'ouvrira  à  Amsterdam  le  26  août  prochain  sera  aussi  brillante 
qu'on  avait  pu  l'espérer.  En  effet,  plus  de  180  exposants  ont  envoyé 
au  ministère  de  l'agriculture  leurs  déclarations  avant  le  1"''  juillet,  et 
il  est  probable  que  ce  nombre  sera  encore  augmenté. 

V.  —  Exposition  internationale  à  Anvers. 
Nous  avons  annoncé  qu'une  exposition  internationale  aura  lieu  à 
Anvers  (Belgique)  en  1885.  Elle  s'ouvrira  le  2  mai,  et  elle  aura  une 
durée  minimum  de  cinq  mois.  Les  exposants  français  qui  désirent  y 
prendre  part  sont  invités  à  envoyer  leurs  déclarations  avant  le  1"' 
septembre  prochain,  au  ministère  du  coniinerce  à  Paris.  Des  catégories 
spéciales  sont  réservées  aux  machines  agricoles,  aux  spécimens  d'ex- 
ploitations rurales  et  d'usines  agricoles,  aux  serres  et  au  matériel 
de  l'horticulture,  aux  plantes  de  toutes  sortes.  Des  concours  v  ^  ^^.aux 
d'animaux  vivants,  de  plantes,  de  fleurs,  de  légumes,  sont  projetés  ; 


44  CHRONIQUE  AGRICOLE  (12  JUILLET  1884). 

ces  concours  feront  l'objet  de  règlements  spéciaux  qui  ne  sont    pas 
encore  publiés. 

VI.  —  Le  phylloxéra 

La  Section  permanente  de  la  r.ommission  supérieure  du  phylloxéra 
s'est  réunie,  le  4  juillet,  sous  la  présidence  de  M.  Meinadier,  sénateur. 
Après  avoir  donné  son  approbation  à  des  traitements  administratifs 
proposés  pour  le  département  de  la  Haute-Savoie  et  pour  l'arrondisse- 
ment de  Brioude  (Haute-Loire j,  la  Section  a  décidé  que,  en  raison  du 
nombre  croissant  dederaandes  de  subventions,  elles  réserverait  ses  pro- 
positions d'allocations  pour  les  petits  vignerons,  et  que  cliaque  proprié- 
taire ne  pourrait  recevoir  d'allocation  dans  un  syndicat  que  jusqu'à  con- 
currence de  5  hectares  ;  celte  mesure  n'estpas  applicable  aux  syndicats 
de  recherches.  La  Section  a  ensuite  décidé  que  des  subventions  pour- 
raient être  accordées  à  des  syndicats  comme  il  suit  :  Un,  4  syndicats 
à  Briard,  Dogneux,  Torcieu  et  Laboisse,    comptant  98  propriétaires 
pour  traiter  44  hectares  par  le  sulfure  de  carbone.  —  Aude,  onze  syndi- 
cats, à  Limoux,  Lagrasse,  Fabrezan,  Lézignan,   Permantier,   Luc-sur- 
Orbieu,  Montréal,  Treilles,  Verzeille,  Fitou,  Fleury,  comptant  196  pro- 
priétaires pour  traiter  2,590  hectares  par  le  sulfure  de  carbone  ou  le 
sulfocarbonatede  potassium;  —  Bonchcs-du-Uhànc,  2  syndicats,  à  Cassis 
et  à  Simiane,  comptant  17  propriétaires  pour  traiter  13  hectares;  — 
Charente-Inférieure,  2  syndicats, àSaintes et  Marennesetà  Virson,  comp- 
tant 12  propriétaires  pour  29  hectares;  —  Côle  dOr,   3    syndicats,  à 
Beaune,  Corgoloin  et  Horges-la-Ville,  comptant  54   propriétaires  pour 
81  hectares;  —  Drôme,  3  syndicats,  à  Die  et  Andancette,  comptant 
110    propriétaires   pour    traiter   43    hectares;  -^— Gard,   3   syndicats, 
à  Saint-IIippolyte-du-Fort,  Cailar  et  Congenier,  comptant  33  proprié- 
taires pour  45  hectares;  —  llaule- Garonne,   8  syndicats  de   recher- 
ches, à  Carbonne,  Colomiers,   Cugnaux-Partels,    Léguevin,    Martres - 
Tolosane,  Menville,  Muret  et  Iroé,  comptant  632  propriétaires  pour 
2,538  hectares;  —  Gironde,  14  syndicats,  à  Anglade,  Arbanats,  Cadil- 
lac, Rayon,  Béguey,  Civrac,  Lalande  de  Cubzac,  Génissac,  Lesparre, 
Vayres,    Montagne,     Tertres,  Saint-Michel  la-Rivière,    comptant  288 
propriétaires    pour    traiter    517    hectares;   —   Indre,    2    syndicats, 
à  Issoudun,   comptant  20   propriétaires  pour  14  hectares;  —  hère, 
.11  syndicats,  à  Auberive,  Vienne,  Clouas,  Boussillon,  Sablon,  Saint-' 
Clair,    Saint  Maurice-l'Exil,    Salaize,    Péage    de    Roussillon,    Chanas, 
Morestel,  comptant  354  propriétaires  pour  traiter  178  hectares;  — 
Loire,  six  syndicats,  à  Sury-le-Comtal,    Saint-Michel,    Cellieu,  Pelus- 
sin,    Saint-Marlin-la-Plaine,    Montbrison,   comptant   88    propriétaires 
pour  82  hectares  ;  ■ —  Lot,  un  syndicat  de  3  propriétaires  pour  16  hec- 
tares; —  Lot-et-Garonne,  un  syndicat  de  17  propriétaires,  à  Astalfort, 
pour   traiter  88    hectares;   —  Pyrénées-Orientales,   deux   syndicats  à 
Latour-de-France  et  à  Rivesaltes,  comptant  36  propriétaires  pour  trai- 
ter   265  hectares;  —    Rhône,    4    syndicats,    à  Jarnioux,    Charnay, 
Echalas  et  Taluyers,  comptant  110  propriétaires  pour  145  hectares; 
—    Saône-et-Loire,   4     syndicats,    à   Prisse,    Mellecey,    Chenaves    et 
Laize,  comptant  97  propriétaires  pour  283  hectares  ;  —  Savoie,  neuf 
syndicats,   à   Coise,    Arbin,    Chambéry,    Cruet,    Montmélian,    Sa;nt- 
Badolph,  Saint-Jean-de-la-Po&te,  Saint-Hélène-du-Lac,  Serrières,  comp- 
tant 70  propriétaires  pour  257  hectares  ;  —  Tarn-et-Garonne,    1    syn- 
dicat de  20  propriétaire,  à  Saint-Forquier,  pour  traiter  55  hectares  ;  — 


CHRONIQUE  AGRICOLE   (!2  JUILLET  1884).  45 

Var,  un  syndicat  de  8  propriétaire,  à  Montauroux  pour  14  hectares; 
—  Vienne^  1  syndicat  de  59  propriétaires  à  Jaiiinay,  pour  traiter 
37  hectares.  Les  subventions  que  le  ministère  de  l"an;i'iculture  pourra 
accorder  à  ces  syndicats  ont  été  fixées,  suivant  les  circonstances,  de 
20  à  GO  fr.  par  hectare  traité. 

Dans  sa  séance  du  25  mai,  le  Comité  central  d'études  et  de  vigi- 
lance de  la  Charente-Inférieure,  présidé  par  M.  le  D'  Menudier,  a 
constaté  les  bons  résultats  obtenus  par  les  greffeurs  venus  du  Midi, 
qui  ont  opéré  pendant  le  mois  d'avril  et  de  mai  chez  trente  propriétai- 
res, sur  des  surfaces  considérables.  Après  avoir  constaté  que  la 
défense  des  cépages  français  est  possible  dans  les  terrains  profonds,  à 
la  condition  de  soutenir  les  vignes  par  les  fumures,  M.  Menudier  a 
fait  connaître  les  excellents  effets  qu'"l  a  obtenus  de  la  greffe  des 
vignes  françaises  sur  souches  américaines,  qui  continue  à  donner  de 
très  bons  résultats. 

VII.  —  Les  fruits   et  légumes  et  le  choléra. 

Par  un  arrêté  du  préfet  de  police  en  date  du  3  juillet,  l'introduction 
des  fruits  et  légumes  provenant  des  départements  du  Var  et  des  Bou- 
ches-du-Rhùne  a  été  interdite  dans  le  départemeut  de  la  Seine.  Cette 
prohibition  s'applique  aux  provenances  des  gares  situées  danslesdeux 
départements,  moins  celles  comprises  entre  Miramas  (inclusivement) 
et  Avignon,  sur  les  deux  lignes  d'Arles  et  de  Cavaillon,  et  celles  de  la 
ligne  de  Miramas  à  Carnouleset  au  delà,  les  stations  situéesau  sud  de 
cette  dernière  ligne  étant  interdites.  Cette  mesure,  dont  l'invasion  du 
choléra  à  Toulon  et  à  Marseille  est  le  prétexte,  cause  des  dommages 
sérieux  à  un  grand  nombre  de  cultivateurs;  elle  ne  paraît  pas  suffi- 
samment justifiée  par  les  circonstances,  et  il  faut  espérer  qu'elle  sera 
bientôt  rapportée. 

VIII.  —  Destruction  des  loups. 

On  se  souvient  que  la  loi  du  3  août  1882  a  créé  des  primes  pour  la 
destruction  des  loups.  Le  ministère  de  l'agriculture  vient  de  faire  con- 
naître les  résultats  de  l'application  de  cette  loi  pendant  l'année  1883. 
Il  résulte  de  pa  relevé  que  1,308  loups,  louves  et  louveteaux  ont  été 
détruits  ;  il  à  été  payé  un  total  de  103,720  fr.  de  primes.  C'est  dans  les 
départements  de  la  Dordogne,  de  la  Haute-Vienne  et  de  la  Meuse  que 
le  nombre  des  animaux  abattus  a  été  le  plus  considérable. 

IX.  —  La  fièvre  aphtheuse  en  Alsace. 

Par  arrêté  en  date  du  7  juillet  ]884,  le  ministre  de  l'agriculture 
a  interdit  temporairement  l'introduction  des  animaux  des  espèces  bo- 
vine, ovine,  caprine  et  porcine,  par  le  bureau  de  douane  de  Ventron 
(Vosges),  en  raison  de  l'épizoolie  de  fièvre  aphtheuse  qui  sévit  actuelle- 
ment en  Alsace  dans  la  région  voisine  de  cette  partie  de  la  frontière. 

X.  —  Expériences  de  moissonneuses. 

Le  Comice  départemental  de  l'Aube,  présidé  par  M.  Gustave  Huot 
organise  des  expériences  publiques  qui  seront  suivies  d'une  vente  avec 
prime  aux  membres  du  Comice  ;  ces  expériences  porteront  sur  les 
moissonneuses  à  un  cheval,  les  faucheuses-moissonneuses  à  un  cheval 
les  moissonneuses  -  lieuses  et  les  lieuses  indépendantes.  Elles 
auront  lieu  à  Bar  -  sur  -  Aube,  le  19  et  le  20  juillet  courant. 
Les  constructeurs  ou  les  dépositaires  devront  envoyer  leurs  déclara- 


46  CHRONIQUE  AGRICOLE  (12  JUILLET   1884). 

lions  avant  le  16  juillet,  au  bureau  du  BaUelin  du  Comiec,  imprimerie 
Dufour-Bouquot,  à  Troycs;  ils  pourront  ex:  poser  toutes  espèces  d'ap- 
pareils et  d'instruments  agricoles  ;  mais  les  moissonneuses,  les 
lieuses  et  les  faucheuses  donnei'ont  seules  droit  à  la  prime  offerte  par 
le  Comice.  Une  lieuse  indépendante,  acquise  par  le  Comice,  sera  mise 
en  vente  aux  mêmes  conditions. 

Le  (Comice  agricole  de  l'arrondissement  d'Issoudun  (Indre)  organise 
un  concours  de  moissonneuses  qui  aura  lieu  le  dimanche  20  juillet, 
dans  les  champs  du  domaine  de  Mez,  près  Issoudun.  11  sera  mis  à  la 
disposition  du  jury  un  certain  nombre  de  médailles  d'or  et  d'argent. 
Les  exposants  seront  tenus  de  se  procurer  les  attelages  nécessaires  pour 
conduire  leurs  machines. 

XL  —  Société  d'agriculture  de  Chalon-sur-Saône. 

La  Société  d'agriculture  de  Chalon-sur-Saône  (Saùne-et- Loire)  tiendra 
le  2  et  le  3  août  prochain,  son  concours  annuel  à  Sennecey-le-Grand  , 
sous  la  direction  de  M.  Petiot,  son  président.  Le  prix  d'honneur,  ainsi 
que  les  primes  et  médailles  destinées  à  récompenser  les  améliorations 
agricoles  et  viticoles,  les  récompenses  à  décerner  aux  valets  et  aux 
servantes  de  fermes  seront  réservés  aux  deux  cantons  de  Sennecey-le- 
Grand  et  deSaint-Germain-du-Plain.  Le  concours  du  bétail  sera  ouvert 
à  tous  les  cultivateurs  de  l'arrondissement  de  Chalon-sur-Saône,  qui 
devront  justifier  d'une  possession  d'au  moins  six  mois  ou  s'engager  à 
garder  l'animal  primé  pendant  le  même  laps  de  temps.  Le  concours 
des  produits  agricoles  et  maraîchers,  ainsi  que  des  instruments  d'in- 
térieur et  d'extérieur  de  ferme,  sera  ouvert  à  tous  les  exposants,  sans 
distinction  d'origine. 

XIL  —  Congrès  de  boulangerie. 
Le  congrès  de  boulangerie,  dont  nous  avons  anoncé  l'ouverture  à 
Paris  le  23  juin  dernier,  a  clos  ses  discussions  après  plusieurs  jours 
de  séances  qui  ont  été  présidées  parM.  Gatineau,  député.  Le  principal 
vœu  émis  par  le  congrès  a  été  en  faveur  de  l'abrogation  de  l'article 
30  de  la  loi  du  19-22  juillet  1791,  qui  donne  aux  municipalités  le 
droit  de  taxer  le  pain.  Il  a,  en  outre,  demandé  que  1b  commerce  adopte 
un  poids  uniforme  de  103  kilogrammes  net  pour  les  sacs  de  farine,  et 
qu'une  bourse  spécialede  commerce  soit  créée  à  Paris. Dès  délégués  de 
la  plupart  des  départements  ont  assisté  à  ce  congrès  et  ont  pris  part  à 
ses  délibérations. 

'  XIIL  — Nouvelles  dî  Vétat  des  récolles  en  terre. 

'Voici  quelques  notes  que  nos  correspondants  nous  ont  adressées  sur 
les  apparences  présentées  par  les  diverses  cultures.  M.  de  la  Morvonnais 
nous  écrit  de  Bruz  (lUe-et- Vilaine),  à  la  date  du  28  juin  : 

«  Tandis  que  dans  l'est,  dans  le  sud,  dans  la  région  de  Paris,  et  une  partie  de 
la  Normandie,  des  pluies  et  des  orages  sont  signalés,  avec  des  températures 
anormales  assez  froides,  les  départements  de  la  Mayenoe,  de  l'Anjou,  et  les  cincf 
départements  de  laBretagQe  éprouvent,  depuis  plus  de  deux  mois,  une  sécheresse 
qui  rapiiello  celle  de  1869. 

«  Si  des  pluies  étaient  survenues,  même  fin  mai,  les  prairies  qui  paraissaient 
prises  en  'nerbe,  bien  qu'elles  eussent  été  atteintes  par  deux  ou  trois  nuits  de 
gelée  assez  intense  en  avril,  auraient  donaé  une  année  ordinaire  de  foin,  mais  la 
faux  laisse  la  plus  triste  déception. 

a  D'un  autre  côté,  les  secondes  coupes  de  trèlle  n'ont  pas  poussé  et  les  jeunes 
trèfles  semés  dans  des  orges  qui  n'atteignent  pas  20  à  25  centimètres,  sont  très 


CHRONIQQE  AGRICOLE  (12  JUILLET  1884).  47 

compromis.  Les  betteraves  et  les  choux  branclius  souffrent  beaucoup  et  le  rem- 
placement en  est  impossible  par  la  sécheresse  qui  persiste. 

«Aussi,  sur  nos  foires,  les  bœufs  ont  baissé  de  100  à  150  fr.  par  paire,  et  les 
poulains  de  six  mois  à  un  an,  d'une  somme  à  peu  près  pareille;  quelques  bicufs 
gras  seuls  maintiennent  leurs  prix;  les  porcs  ont  beaucoup  baissé. 

«Tout  cela  tient  à  la  triste  assurance,  que  désormais  la  ration  fourragère  d'été  et 
d'hiver  ne  sera  pas  abondante. 

«  Les  sarrasins  semés  ne  lèveront  qu'autant  qu'il  viendra  de  l'eau  ;  quant  à  ceux 
qui  lèvent,  ils  semblent  grillés  par  le  soleil. 

«Restent  les  avoines  et  les  blés  d'hiver  qui  sont  très  beaux  et  seront  de  qualité 
exceptionnelle.  Quant  aux  avoines  de  printemps  et  à  quelques  orges,  dans  les 
terrains  calcaires  surtout,  elles  épient  très  difiicilement  et  ne  donneront  pas  de 
paille. 

«  Il  y  avait  encore  promesse  de  pommes  dans  les  contrées  où  il  n'y  avait  point 
abondance  l'an  passé;  mais  les  pommiers  souffrent  de  la  sécheresse  qui  leur  est 
contraire  et  les  pommes  tomberont.  » 

Dans  la  note  qu'il  nous  envoie  d'.Vrfeuilles,  à  In  date  du  6  juillet, 
M.  Nebout  constate  les  résultats  de  la  chaleur  sur  les  cultures  dans  le 
département  de  l'Allier  : 

«  Après  un  mois  de  mai  excessivement  chaux  et  sec,  juin  arrive,  qui  nous  donne 
quelques  jours  de  pluies,  pas  mal  de  brouillards  et  nous  ramène  une  tempéra- 
ture presque  d'hiver,  enfin  le  18  et  le  19  juin  nous  donnent  deux  nuits  de  gelées 
blanches  qui  ont  grillé  quelques  haricots,  pommes  [de  terre  et  quelques  branches 
de  vignes  ;  le  brouillard  et  ce  froid  si  anormal  à  cette  saison,  ont  fait  tomber 
une  partie  de  nos  fruits  et  de  nos  noix;  enfin,  le  20  juin,  le  beau  temps  et  la 
chaleur  nous  retournent,  poursuivent  la  floraison  de  nos  vignes  qui  était  déjà  com- 
mencée dès  le  28  mai,  et  sans  les  froids  de  juin  qui  aurait  complètement  déjà 
passé  sa  floraison  dès  le  15.  Les  grappes  sont  belles  et  nombreuses  cette  année 
dans  notre  contrée.  La  moisson  des  orges  et  avoines  d'hiver  est  terminée,  celle  du 
seigle  bien  enrayée;  la  sécheresse  que  nous  avons  eue  en  avril  et  mai  a  bien  di- 
minué leur  rondement  en  paille  qui  est  restée  courte,  dontla  principale  tige  seule  à 
pu  monter;  le  froment  sera  mieux  partagé;  les  avoines  de  printemps  ont  bien 
souffert;  dans  certaine  terre  légère  à  sol  arable  peu  profond,  c'est  à  peine  si  elles 
ont  pu  épier;  par  contre,  dans  nos  hautes  montagnes,  les  seigles  et  avoines  sont 
magnifiques- 

«  Les  pommes  de  terre  hâtives  ont  été  étouffées  par  l'a  grande  chaleur  des 
premiers  jours  de  juillet;  les  autres,  (fuoique  très  belles,  étaient  toutes  flé- 
tries, heureusement  que  le  4  et  le  5  juillet  il  nous  est  arrivé  deux  orages,  qui 
nous  ont  donné  une  grande  quantité  d'eau  qui  leur  a  redonné  la  vie,  mais  qui 
les  a  plus  ou  moins  ravinées,  ain?i  que  nos  champs  de  labour. 

«Nos  potagers  faisaient  aussi  triste  figure  sous  une  pareille  température,  mais 
battus  et  rafraîchis  par  la  pluie  diluvienne  de  ces  deux  orages,  ils  ont  vite  changé 
de  figure.  Partout  on  se  plaint  du  peu  de  fourrages  trouvés  dans  nos  prairies  na- 
turelles, les  artificielles  n'ayant  rien  ou  peu  donné;  mais  en  revanche,  jusqu'ici,  ce 
que  Ton  a  pu  rentrer  au  fcnil  est  de  premier  choix. 

«En  général  l'état  sanitaire  de  tous  nos  animaux  est  excellent.  » 

M.  Dupuy-Montbrun  nous  adresse  d'Auriac  le  résumé  suivant  sur 
l'état  (les  cultures  dans  les  départements  de  la  Haute-Garonne  et  du 
Tarn  : 

«  La  faux  est  dans  les  blés,  la  faucille  encore  et,  très  exceptionnellement,  la 
moissonneuse. 

«  Que  va  couper  la  faux?  D'assez  belles  récoltes,  bonne'  moyenne  diront  les  cul- 
tivateurs de  céréales  pour  les  hectares  qui  valaient,  quand  il  y  avaitJraarchand,  de 
1,500  fr.  à  2,000  fr.;  à  peine  moyenne,  répondront  les  exploitants  des  belles  et 
larges  vallées  de  notre  région.  Là,  est  venue  la  verse  précoce  et  ses  conséquences; 
elle  arrive  bien,  7  fois  sur  10,  grâce  à  la  bonne  volonté  des  cultivateurs.  On  n'y 
compte  jamais  néanmoins. 

«  Si  le  début  de  nos  cultures  de  céréales  avait  paru  heureux,  les  semailles  Lien 
réussies,  si  tout  avait  marché  de  mieux  en  mieux  jusqu'à  la  fin  d'avril,  au  mois 
en  apparence,  des  chutes  d'eau,  des  trombes  en  quelques  endroits,  ont  nui  à  nos 
blés;  même  ceux  qui  sont  restés  droits,  donnent  des  épis  à  alvéoles  vides  ;  il  y  a 


48  CHRONIQUE  AGRICOLE  (12  JUILLET    1884), 

ua  certain  balancement  des  épis  ffiie  nos  ouvriers  désignent  par  une  locution  que 
je  ne  saurais  traduire,  en  lui  laissant  son  côlé  pittoresque  et  expressif;  ce  fait  ne 
se  produit  pas  cette  année,  il  est  l'indice  d'une  bonne  année. 

«  Les  cultures  d'orges  et  d'avoines,  muins  fragiles,  nous  satisferont  davantage. 

«  J'ai  déjà  donné,  à  son  heure,  la  note  sur  nos  approvisionnements  pour  nos 
bestiaux,  les  foins  des  prairies  permanentes  viennent  en  quelques  endroits  mo- 
difier la  situation.  La  dessiccation  a  été  réussie  :  ce  qui  n'était  point  arrivé  pour 
nos  esparcettes,  dont  la  pluie  avait  surpris  les  menions  dans  nos  champs,  quelque- 
fois les  andains. 

«Nos  luzernes,  deuxième  coupe,  donnent  un  assez  bon  produit,  le  négril  [colap- 
sis  atra)  n'a,  peut-être  pas  étendu  ses  ravages,  grâce  à  l'abaissement  très  sen- 
sible de  température,  dont  nous  sortons  à  peine. 

«  Cet  abaissement  de  température  a  été  nuisible  à  toutes  nos  cultures  de 
printemps,  le  maïs  surtout.  Après  des  semailles  réussies,  après  une  levée  prompte, 
avec  ticelle  longue  et  virte,  il  y  a  eu  arrêt.  Les  chaleurs  de  ces  jours  passés,  qui 
ont  peut-être  un  peu  trop  précipité  la  maturité  des  blés,  ne  sont  pas  venus  don- 
ner à  la  précieuse  céréale  l'aspect  de  vigueur  et  de  santé  que  l'on  aime  à  voir.  .Te 
n'ai  rien  dit  du  seigle,  cependant,  je  parcourais  ces  jours  passés  de  vastes  pla- 
teaux où  le  sol  elle  climat  imposent  cette  culture;  ils  sont  assez  beaux;  tout  à 
côté,  grâce  aux  chaulages,  grâce  aux  phosphates  dont  l'usage  se  généralise  en 
mélange  aux  fumiers,  on  trouve  de  très  belles  surlaces  couvertes  d'épis  de  blés  à 
barbe  qui  promettent  ample  moisson. 

«  La  vigne  est  dans  nos  régions  assez  triste  d'aspect.  Tout  s'attaque  à  ce  précieux 
arbuste;  le  phylloxéra,  dans  les  deux  dép;irtements,  dont  par  suite  de  conditions 
diverses  je  siis  les  oscillations  des  cultures,  a  fait  cette  année  d'étonnants 
progrès;  là  où  l'on  ne  se  doutait  pas  de  sa  présence,  il  manifeste  son  entrée  par 
fa  destruction  complète  du  vignoble,  sur  lequel  il  s'est  abattu,  il  étend  démesuré- 
ment son  aire.   » 

Nous  avons  donné,  au  cominfincement  de  celle  chronique,  un  aperçu 
général  sur  la  situation  ;  nous  n'avons  pas  à  y  revenir.  Mais  nous 
devons  exprimer  le  vœu  que  les  circonstances  commerciales  soient, 
dans  la  nouvelle  campaççne  qui  va  commencer,  plus  favorables  aux 
cultivateurs  qu'elles  ue  l'ont  été  pendant  celle  qui  s'achève.  Ce  n'est 
pas  le  tout  que  de  bien  récolter,  il  faudrait  que  tous  ces  efforts  fus- 
sent couronnés  par  des  ventes  avantageuses. 

J.-A.  Baural. 

SOCIÉTÉ    NATIONALE    D'AGRICULTURE 

Séance  solennelle  du  2  juillet  18S4. 
.  Dans  le  dernier  numéro  du  Journal^  nous  avons  donné  un  compte 
rendu  sommaire  de  la  séance  solennelle  du  2  juillet.  On  lira  avec  un 
vif  intérêt  les  discours  prononcés  à  l'ouverture  de  la  séance  par 
M  Méline,  ministre  de  l'agriculture,  et  par  M.  Chevreuil  président 
de  la  Société. 

Discours  de  M     Méline,  ministre  de  l'agriculture. 

Messieurs,  en  ouvrant  cette  solennité,  je  ne  puis  m'empècher  de  jeter  à  côté  de 
moi  un  regard  attristé,  et  de  chercher  des  yeux  l'homme  émineut  qui  tenait  une 
si  grande  place  au  milieu  de  vous.  A  une  année  de  distance,  il  me  semble, 
comme  à  vous,  que  j'entends  encore  cette  voix  vibrante  et  harmonieuse  et  que  je 
suis  toujours  sous  le  charme  de  ce  magnifique  discours  qui  fut  comme  son  testa- 
'  ment  et  ses  adieux  à  l'agriculture  trançiise.  Jamais,  je  crois,  de|>uis  Homère  et 
Yirgile,  elle  n'avait  inspiré  une  plus  belle  page  ;  jamais  l'élévation  de  la  pensée, 
la  simplicité  et  la  grandeur  du  style  n'avaient  été  portées  plus  loin. 

Nous  ne  saurions  accorder  trop  de  regrets  à  une  telle  mémoire  :  des  hommes 
comme  M.  Dumas  ne  se  remplacent  pas. 

Je  laisse  à  d'autres,  plus  compétents  que  moi,  le  soin  de  vous  entretenir  des 
admirables  découvertes,  des  travaux  du  savant,  qui  ont  jeté  un  jour  si  éclatant 
svfr  les  problèmes  les  plus  difficiles   de   l'agronomie.    Mais   il   m'appartient  de 


SOCIKTI'':   NATIONALE  U'AaKl'"U[;rUUE.  49 

rendre  hotnmage  et  justice  au  premier,  au  plus  dévoué  de  mes  collal)orateuTS,  à 
riiomuieijui  a  c.onsHcré  les  ileruières  anaées  de  son  existence  à  surveiller,  jusque 
dans  leurs  plus  humilies  détails,  l'application  à  l'agriculture  de  toutes  les  granues 
lois  révélées  par  la  science  moderne. 

J'ai  eu  l'honueur  de  le  voir  à  l'œuvre  au  Conseil  supérieur  de  l'agriculture, 
dont  il  était  le  vice-président  et  où  sa  voix  si  autorisée  était  religieusement 
écoutée  :  il  savait  jeter  sur  tous  les  sujets,  même  les  plus  arides,  la  vive  lumière 
de  sa  parole  limpide,  de  son  esprit  si  précis  et  si  méthodique. 

Mais  c'est  surtout  comme  président  de  la  Commission  supérieure  du  phylloxéra 
qu'il  a  bien  mérité  de  l'agriculture  française.  M  Dumas  n'avait  pas  oublié  son 
pays  d  origine  et  personne  plus  que  lui  ne  compatissait  aux  souffrances  de  ces 
malheureuses  populations  du  ÎNIidi,  autrefois  si  llorissantes  et  si  riches,  aujour- 
d'hui si  éprouvées  et  si  pauvres.  Aussi  est-ce  avec  son  cu3ur  autant  qu'avec 
son  intelligence  iju'il  étudiait  la  marche  du  reloutable  lléau  et  les  moyens  de  le 
conjurer. 

Il  s'était  appliqué  à  son  sujet  avec  une  véritable  passion,  et  il  est  aujourd'hui 
permis  d'affirmer,  après  quatre  années  de  lutte,  que  ses  efforts  n'ont  pas  été  jjer- 
dus  :  car  nous  connaissons  enliu  les  causes  du  mal,  les  moyens  de  le  combattre, 
et  le  succès  définitif  n'est  plus  qu'une  question  de  temps.  Cet  excellent  résultat 
peut  être  attribué,  pour  une  large  oart,  à  l'habile  directioli  et  à  l'énergique  per- 
sévérance du  président  de  la  Commission  supérieure  du  phylloxéra. 

Après  lie  tels  services,  on  peut  bien  dire  que  M.  Dumas  fut  un  des  bienfaiteurs 
de  l'agriculture  française,  et  on  comprend  toute  l'étendus  des  regrets  qu'elle  a 
éprouvés  en  apprenant  sa  perte.  Ces  regrets  sont  d'autant  plus  vifs  que  M.  Dumas 
lui  fait  défaut  au  moment  où  elle  aurait  le  plus  besoin  de  ses  conseils  et  de  ses 
lumières,  quand  elle  tourne  ses  regards  désespérés  vers  tous  ceux  qui  peuvent  la 
secourir  et  la  soulager. 

Heureusement,  messieurs,  les  amis  ne  lui  manquent  pas  dans  son  infortune,  et 
ceux  qui  lui  restent  dans  une  grande  compagnie  comme  la  vôtre  doivent  suffire  à 
la  rassurer  sur  ses  destinées.  Comment  pourrait-elle  s'inquiéter  tant  (ju'elle  voit 
à  votre  tèce  ce  maître  de  M.  Dumas  lui-même,  qui  pour  notre  bonheur  semble 
voué  à  l'immortalité  et  qui  porte  si  vaillamniant,  si  glorieusement  votre 
diapeau  ! 

Sous  son  infatigable  direction,  vos  travaux  semblent  redoubler  d'activité.  Pen- 
dant l'année  qui  vient  de  s'écouler,  vous  vous  êtes,  on  peut  le  dire,  multipliés 
pour  étudier  et  résoudre  les  innombrables  questions  ipie  soulève  cette  doulou- 
reuse crise  qui  préoccupe  si  vivement  l'opinion  publique  et  pour  laquelle  chacun 
voudrait  trouver  un  remède. 

Il  n'est  pas  de  recoin  si  obscur  du  problèmî  ([ue  vous  n'ayez  fouillé  avec  une 
attention  scrupuleuse  :  il  suffit  de  parcourir  votre  annuaire  pour  connaître  la 
situation  vraie  de  l'agriculture  en  France  et  l'ensemble  des  moyens  qui  peuvent 
contribuer  à  la  relever. 

Vous  vous  êtes  particulièrement  attachés  aux  deux  grandes  questions  du 
moment,  aux  deux  [dus  pressantes,  à  celles  de  l'industrie  sucrière  et  du  crédit 
agricole,  prouvant  car  là  que  vous  avez  le  sentiment  très  exact  de  ce  que  l'agri- 
culture a  le  droit  d'exiger  avant  tout  des  pouvoirs  publi:'^. 

Elle  a  certainement  celui  de  demander  qu'on  lui  conser^fe  cette  admirable  cul- 
ture de  la  betterave,  qui  intéresse  à  la  fois  la  production  du  blé  et  celle  du  bétail, 
qui  est  si  bien  appropriée  à  notre  sol  et  si  féconde  en  résultats.  Je  suis  convaincu 
que  nous  la  sauverons  en  réformant  notre  législation  et  en  substituant  l'impôt 
sur  la  betterave  au  système  de  fis';alité  découra'.;eant  que  nous  avons  trop  long- 
temps pratiqué.  L'honneur  de  cette  victoire  vous  reviendra  en  grande  partie  :  il 
ne  fallait  rien  moins  que  votre  haute  autorité  et  l'éclatante  lumière  du  rapport 
de  M.  Peligot  pour  précipiter  une  réforme  qui  est  loin  d'être  comprise  partout 
et  qui  soulève  encore  bien  des  résistances. 

J'ai  lieu  de  croire  qu",  nous  aurons  le  mè-n;  succès  pour  le  crédit  agricole, 
bien  que  la  question  soit  eniore  plus  controversée.  La  divergence  de  vues  qui 
s'est  produite  au  sein  raèim  de  vo're  So;léré  et  parmi  vos  correspondants  ne  m'a 
nullement  surpris  ni  découragé.  Je  savais  d'avance  que  le  crédit  agricole  n'existe 
pas  pour  ceux  qui  peuvent  s'en  passer  et  qui  se  croient  autorisas  à  le  mépriser. 
Il  me  suffit,  pour  ne  pas  l'abindouner,  qu'il  soit  utile  au'C  autres,  et  ils  sont 
assez  nombreux  en  France  pour  qu'on  ne  leur  rel'usj  pas  ui  instruuent  di  pro- 
duction devenu  aujourd'hui  indispensable. 


50  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D  AGRIRULTURE. 

Je  n'ignore  pas  de  combien  de  méfiances,  plus  ou  moins  sincères,  il  est  l'objet, 
et  je  ne  me  dissimule  pas  qu'elles  ne  céderont  que  devant  la  pratique  et  l'évidence 
des  résultats.  L'important,  c'est  que  la  majorité  du  monde  agricole  suit  acquise 
à  l'idée  :  après  lenquêle  si  consciencieuse  à  laquelle  vous  venez  de  procéder  et 
qui  ne  laisse  aucun  doute  à  ce  sujet,  j'espère  qu'il  ne  viendra  plus  à  la  pensée  de 
personne  de  soutenir  que  le  crédit  agricole  est  inutile  à  l'agriculture  et  qu'elle 
n'en  veut  pas. 

Messieurs,  je  ne  saurais  trop  vous  remercier  du  concours  si  empressé  et  si 
dévoué  que  vous  voulez  bien  m'offrir  en  toute  circonstance  pour  la  défense  des 
grands  intérêts  qui  me  sont  confiés.  J'ai  grand  besoin,  je  vous  l'assure,  de  me 
sentir  d'accord  avec  les  véritables  représentants  du  monde  agricole  pour  marcher 
avec  courage  dans  la  voie  qui  m'est  tracée.  Jamais  les  devoirs  du  ministre  de 
l'agriculiure  n'ont  été  plus  pressants  et  sa  responsabilité  plus  grande.  Non  pas 
que  je  me  fasse  l'illusion  de  croire  qu'il  dépend  de  sa  bonne  volonlé  de  sauver 
l'agriculture  :  je  sais  trop  où  s'arrête  son  pouvoir,  mais  je  sais  aussi  jusqu'où  il 
va  et  j'entrevois  bien  des  choses  utiles  qu'il  peut  faire. 

Je  n'ai  pas  la  prétention  de  les  faire  toutes  :  mais  j'ai  celle  d'étudier  et  de 
résoudie  successivement  toutes  les  questions  en  suspens,  et  de  ne  négliger  aucun 
des  moyens  qui  peuvent  aider  notre  agriculture  dans  la  lutte  difficile  qu'elle  sou- 
tient contre  tant  et  de  si  puis^^ants  adversaires. 

Ces  moyens  sont  nombreux,  vous  le  savez  mieux  que  moi  :  je  n'ai  jamais  essayé 
de  faire  croire  à  personne  qu'aucun  d'eux  lut  décisif,  mais  je  persiste  à  penser 
que  tous  ont  leur  uiilité  et  que  c'est  de  leur  ensemble,  quand  nous  les  aurons 
appliqués  avec  suite,  que  sortira  le  relèvement  de  notre  agriculture. 

Autant  je  suis  ému  et  préoccupé  de  son  état  actuel,  autant,  je  vous  l'avoue,  je 
suis  rassuré  sur  son  avenir  :  elle  fait  preuve  en  ce  moment  de  trop  de  vitalité, 
elle  prend  en  main  ses  intérêts  avec  trop  d'énergie  pour  qu'il  n'y  ait  pas  là  un 
gage  cerlain  de  victoire. 

Pendant  longtemps  on  lui  avait  reproché  de  s'engourdir  et  de  s'endormir,  et  il 
y  avait  quelque  vérité  dans  ce  reproche.  Aujourd'hui,  la  malade  se  réveille  et 
déclare  qu'elle  ne  veut  pas  mourir. 

Je  crois,  messieurs,  que  nous  pouvons  la  prendre  au  mot  avec  confiance  et  lui 
donner  l'assurance  qu'elle  ne  mourra  pas. 

Discours  de  M.  Chevreul,   président  de    la   Société 
Monsieur  le  ministre,  chers  confrères  et  messieurs, 

Permettez-moi  d'exposer  les  conséqueaces  du  lait  que  l'espèce  humaine  est  la 
seule  perfectible,  et  de  les  développer,  non  par  des  suppositions  provoquant  des 
discussions,  mais  par  des  faits  assez  précis  pour  être  compris  de  tous. 

Le  but  que  je  me  propose  peut-il  être  atteint?  Je  le  crois,  si  l'on  veut  bien, 
avant  tout,  s'expliquer  sur  le  sens  qu'on  attache  aux  expressions  de  pessimiste, 
]iour  qui  tout  est  mal  dans  le  monde  social,  et  d'optijniste,  pour  qui  tout  est  bien, 
expressions  dogmatiques  qui  sont  de  véritables  conclusions  en  dehors  de  tout 
examen  expéri'iicnlal,  tandis  qu'il  en  est  autrement  de  la  proposition  énoncée  dans 
les  termes  suivants  : 

La  société  humaine  gagne-l-ellc  avec  le  temps  au  double  point  de  vue  de  la 
morale,  de  la  justice  et  de  la  science? 

La  question  ainsi  posée  se  prête  à  toutes  les  discussions  sérieuses,  quel 
qu'en  soit  l'objet,  et  en  cela  nous  verrons  qu'elle  ne  fera  pas  défaut  dans  son 
application  à  l'agriculture,  eu  égard  à  la  diversité  des  objets  compris  dans  cette 
application. 

Consultez  la  société  actuelle  sur  la  question,  eu  égard  à  l'agriculture;  vous 
n'aurez  pas  l'unanimité  des  suffrages,  mais  certainement  la  majorité  sera  favorable 
à  l'opinion  qui  préfère  l'état  actuel  de  l'agriculture  à  ce  qu'il  était  autrefois,  et  si 
l'Académie  de  Dijon  avait  à  décerner  un  prix  aujourd'hui  sur  la  question  qui  nous 
occupe,  je  doute  fort  que  le  lauréat  fût  un  disciple  de  J.-J.  Rousseau. 

Passons  aux  conséquences  relatives  aux  progrès  de  l'agriculture  pour  justifier 
l'opinion  d'après  laquelle  on  pense  que  le  temps  est  profitable  à  l'espèce  humaine. 
Mais  avant  de  jjronoucer  le  nom  qui  est  dans  toutes  les  bouches  de  mes  auditeurs, 
que  je  rappelle  les  nombreux  écrits  des  membres  de  la  Société  de  biologie,  parmi 
lesquels  (in  remarque  ceux  du  D''  Davaine;  l'ensemble  de  ces  écrits  a  eu  pour 
résullat  d'avoir  reconnu  les  causes  immédiates  de  maladies  contagieuses  des  êtres 
vivants,  microzoaires  et  microphytes,  et  c'est  ici  que  je  nommerai  M.  Pasteur, 
dont  l'esprit,  en  recourant  à  l'expérience,  a  démontré  que  le  meilleur  moyen  de 


SOCIKTK  NATIONALE  D  AGRIGQLTOaE.  51 

combattre  ces  maladies  est  i'iaoculation  même  de  cas  miorozoairss  ou  microphytes. 
Mais  ici  je  m'arrête  pour  reveaii-  sur  le  passé  et  faire  remarquer  qu'eu  1660, 
M.  Pasteur  m'avait  frappé  d'étoanemsnt  par  une  découverte  qui  ne  pouvait  être 
appiéciée  que  par  des  liommss  liabitués  à  la  pratique  de  l'analyse  immédiate 
appliquée  aux  êtres  vivants,  avec  l'intention  d-e  connaître  les  espèces  chimiques 
constituant  la  planté  ou  l'animal. 

Ûr,  des  hommes  les  plus  distingués  s'étaient  occupés  de  la  fermentation 
alcoolique  et  l'on  pensait  n'avoir  plus  rien  à  apprendre  sur  ce  fait  que  le  sucre, 
sous  l'inlluence  du  ferment,  se  transformait  en  alcool  et  en  gaz  aci  le  carbonique, 
en  sorte  que  le  poids  de  l'alcool  et  du  gaz  acide  carbonique  égale  le  poids  du 
sucre.  Eh  bien  !  cette  conclusion  était  erronée;  la  vérité  est  dans  l'opinion  de 
M.  Pasteur,  que  7  centièmes  environ  du  poids  du  sucre  se  changent  en  acide 
succinique  et  en  glycérine. 

Maintenant  interviennent  les  travaux  du  fils  de  notre  illustre  confrère, 
M.  Joseph  Boussingault;  je  les  cite  piur  deux  motifs  :  le  premier  pour  toutes  les 
analyses  de  vins  qui  ont  tiguré  à  la  dernière  exposition,  et  le  second  pour  une 
découverte  d'une  importance  et  d'une  nouveauté  incontestables. 

Avant  lui,  on  croyait  démontrer,  par  la  relation  établie  entre  le  poids  du 
sucre  et  ceux  du  gaz  acide  carbonique  et  de  l'alcool,  que  l'on  pouvait  déterminer 
le  poids  du  sucre  d'après  celui  du  gaz  acide  et  de  l'alcool  produits  dans  la  fer- 
mentation d'un  liquide  sucré.  Eh  bien  !  c'était  une  erreur.  M.  J.  Bjussingault  dit 
que  si  on  ne  sépare  paS;  comme  il  l'a  tait  dans  ses  analyses,  l'alcool  du  liquide 
à  mesure  qu'il  se  forme,  la  fermentation  du  sucre  est  toujours  incomplète.  Fait 
considérable  au  point  de  vue  de  la  science  comme  au  point  de  vue  de  l'application. 
En  outre,  le  jeune  auteur  a  constaté  dans  ses  analyses  la  présence  de  l'acide 
succinique  et  de  la  glycérine,  découverte  par  M.  Pasteur. 

Tels  sont  les  motifs  d'après  lesquels  M.  Joseph  Boussingault  va  recevoir  un 
objet  d'art  des  mains  de  M.  le  ministre.  La  découverte  dont  nous  parlons  a  été 
jugée  telle  en  Italie,  que  le  roi  a  décoré  M.  Jo-eph  Boussingault  d'un  de  ses 
ordres,  ainsi  que  je  l'ai  appris  quelques  minutes  avant  la  séance.  Je  ne  serai 
démenti  par  personne  en  disant  qu'un  tel  fait  honore  à  la  fois  celui  qui  donne  et 
celui  qui  reçoit  ! 

Un  fait  général  me  reste  à  développer  en  faveur  de  l'opinion  de  l'influence 
heureuse  du  temps  sui'  le  progrès  d',  l'esaeoi  liumainc.  Il  s'agit  d'une  institution 
libre  dont  l'idée  première  appartient  à  de  modestes  jardiniers,  qui  ont  fait  appel 
à  des  hommes  appartenant  à  toutes  les  positions  sociales  et  qui,  en  dehors  de  la 
poliiique,  ont  pris  part  à  l'association  dans  l'intérêt  de  la  culture  des  p'antes 
agréables  et  des  plantes  utiles  comme  alimentaires  ;  l'union  libre  de  cette  associa- 
tion est  devenue  la  Société  nationale  d  horticulture  di  France.  Et,  grâce  à  la  par- 
faite unioa  de  ses  membres  et  au  désir  de  chacun  de  faire  ce  qu'il  pourrait  en 
faveur  du  développement  de  la  Société,  son  influence  est  devenue  utile  à  la  science 
comme  elle  est  favorable  à  l'ordre  social. 

Etranger  à  la  Société  d'horticulture,  l'éloge  ne  peut  paraître  suspect  en  ma 
bouche;  mais  si  je  ne  lui  appartiens  à  aucun  titre,  elle  ne  m'ajamais  été  indiffé- 
rente; mes  vœux  n'ont  pas  cessé  d'être  pour  elle  el,  à  la  suite  de  la  seule  de  ses 
séances  à  laquelle  j'ai  assisté,  ayant  eu  l'avantage  d'être  placé  à  côté  de  mon 
honorable  collègue,  M.  Léon  Say,  j'ai  vu,  d'après  ce  qui  s'y  est  passé  et  mes 
questions  au  président,  que  mes  espérance  s'étaient  réalisées,  et  c'est  grâce  à  ces 
circonstances  qus  je  vais  considérer  la  Société  nationale  d'horticulture  de  France 
au  point  de  vue  de  la  science,  puis  au  point  de  vue  social. 

1"  Point  de  vue  scientifique.  —  Les  services  rendus  k  la  science  depuis  sa 
ondation  sont  incontestables,  grâce  à  l'in  iépendince  de  ses  membres  et  que  l'in- 
térêt d'un  grand  nombre  d'entre  eux  est  d'agir  sur  les  végétaux  de  manière  à  les 
modifier  sous  tous  les  rapports  par  l'expérience. 

Les  horticulteurs  de  profession  ne  sont  pas  livrés  seulement  à  la  culture  des 
végétaux  recherchés  pour  leurs  fleurs;  ils  s'occupent  d'un  grand  nombre  de 
plantes  utiles  comme  légumes,  comme  fruits,  comme  céréales;  en  un  mot,  tous 
les  horticulteurs  qui  aujourd'liui  sont  initiés  à  l'expérience  et  tous  ceux  qui  y 
recourent  avec  l'intention  d'y  réussir,  cessent  d'appartenir  à  la  rouiine;  leur 
esprit  s'agrandit,  et  pour  peu  que  le  bon  sens  se  porte  sur  l'intérêt  de  la  famille, 
on  aura  l'imagination,  qui  est  un  des  éléments  du  génie,  pour  peu  qu'elles 
soit  réglée  par  le  bon  sens. 

2"  Point  de  vue  social.  —   Tout  ce  qui  rapproche  les  membres  de  l'espèce 


b1  SOriKTÈ  NATIONALE  D'AGRICULTURE. 

humaine,  les  uns  des  autres,  consolide  l'ordre  et  la  paix,  et  à  cet  égard  les  hor- 
ticulteurs praticiens  n'ont  jamais  été  ingrats  envers  leurs  confrères.  L'union  a 
été  parfaite. 

«  Si  lin  grand  nombre  de  fils  de  cultivateurs  abandonnent  les  champs  pour  la 
ville,  les  horticulteurs  sont  intéressés  à  s^  rapprocher  des  centres  de  populations 
autant  qu'Us  le  peuvent  et  de  recevoir  dans  leurs  cultures  Te  plus  d'amateurs  et 
de  familles  mêmes. 

«  Enlin,  le  goût  des  Heurs  si  généralement  répandu  dans  toutes  les  classes,  le 
goût  des  voyages,  et  la  facilité  de  les  accomplir  sont  aujourd'hui  communs  à 
toutes  les  populations  civilisées. 

«  Conclusion.  —  En  rélléchissant  à  cet  ensemble  de  laits  cfui  est  la  consé- 
quence du  progrès  des  sciences,  comment  croire  à  un  mouvement  rétrograde  de 
l'espèce  humaine? 

«  Comment  croire  à  la  fin  d'un  état  de  choses  dont  nos  pères  n'eurent  aucune 
idée,  je  le  demande  à  tous  les  hommes  dont  l'intelligence  égale  la  raison,  s'ils 
ne  jugeront  pas  l'ensemble  des  faits  précédents  plus  favorable  à  l'optimisme 
qu'à  l'opinion  contraire;  et  si  l'état  actuel  du  monde  civilisé  n'est  pas  plus  con- 
forme au  rêve  de  ce  bon  abbé  de  Saint-Pierre  qui,  après  les  guerres  de  Louis XIV, 
croyait  à  la  paix  universelle?...  Mais  je  m'arrête  ici,  messieurs,  dans  la  crainte 
que  vous  ne  pensiez  que  celui  qui  vous  parle  est  plus  près  de  la.  jeunesse  que  du 
centenaire!  » 

Dans  notre  prochain  numéro,  nous  commencerons  la  publication 
du  compte  rendu  des  Iravau.v  de  la  Société,  présenté  par  M.  'J.-A. 
Barrai,  secrétaire  perpétuel. 

Séance  chi  9  }uUlet  1884.  —  Présidence  de  M.  Chevreul. 

M.  Arnaud,  aide-naturaliste  du  Muséum  d'histoire  naturelle,  envoie 
une  note  sur  la  recherche  de  l'acide  azotique  au  moyen  d'un  sel  de 
cinchonamine  ;  la  présence  des  azotates  se  reconnaît  facilement  à  l'aide 
d'un  sel  de  cinchonamine  en  solution  acide  étendue.  M.  Clievreul  fait 
ressortir  l'importance  de  ces  recherches  que  M.  Arnaud  continue,  et 
M.  Barrai  fait  remarquer  que  la  découverte  d'un  réactif  pour  déceler 
les  nitrates,  même  en  petite  quantité,  présente  un  vif  intérêt  après  les 
travaux  de  M.  Berthelot  sur  la  présence  des  nitrates  dans  tous  les  vé- 
gétaux. 

M.  le  ministre  des  travaux  publics  envoie  le  compte  rendu  des  opé- 
rations elïectuées  pour  le  recensement  de  la  circulation  sur  les  routes 
nationales  en  188'2,  et  le  minisire  de  l'intérieur  le  dernier  rélevé  des 
opérations  du   service  vicinal. 

M.  de  Mauroy,  ingénieur  civil  des  mines,  transmet  une  étude  sur 
l'utilité,  la  composition  et  l'emploi  des  engrais  chimiques  ;  —  M.  le 
D'  Coni,  une  étude  sur  la  province  de  Buenos-Ayres;  —  IM.  Dudouy, 
président  de  la  Société  d'agriculture  de  Pontoise,  un  rapport  sur  un 
voyage  d'une  délégation  de  celte  Société  en  Allemagne  et  en  Autriche. 

iVl.  Gréa  présente  un  rapport  sur  une  notice  de  M.  Gobin,  professeur 
d'agriculture  du  Jura,  sur  les  fruitières  de  ce  département  ;  il  fait  res- 
sortir l'importance  de  ce  travail,  qui  a  été  analysé  dans  nos  colonnes. 

M.  Gréa  présente  un  autre  rapport  sur  une  observation  de  M.  Lau- 
gier  relative  à  un  produit  double  d'une  jument  mulassière,  l'un  mu- 
let, l'autre  poulain;  ces  cas  de  superfétation,  quoique  rares,  ne  sont 
pas  inconnus.  A  cette  occasion,  des  observations  sont  présentées  par 
MM.  Barrai,  des  Cars,  Milne-Edwards,  Cornu,  sur  l'intérêt  que  pré- 
senteraient des  expériences  faites  sur  ce  sujet. 

M.  Renou  présente  le  résumé  des  observations  météorologiques 
faites  pendant  le  mois  de  juin  ;  ce  résumé  est  publié  dans  ce  numéro. 

Henry  Sagnier. 


MÉTÉOROLOGIE  DU  MOIS   DK  JUIN.  53 


METEOROLOGIE  DU  MOIS  DE  JUIN  1884. 

Voici  |le  résumé  (les  observations  météorologiques  faites  au  parc 
de  Saint-Maur  en  juin  1884  : 

Moyenne  barométrique  à  midi  :  758""". 67;  miaimum  le  2  à  minuit,  742""". 91; 
maximum  le  12  à  8  heures  du  matin,  765"'"'. 55. 

Moyennes  thennomélriqucs  :  des,  miniraa,  8".98;  des  maxima,  20".84  ;  du  mois, 
14".91  :  moyenne  vraie  des  24  heurrs,  14".  52.  Minimum  le  2  au  matin,  5". 6; 
maximum  le  28  entre  2  et  3  heures  du  soir,  30". 0. 

Tension  moyenne  de  la  vapeur  :  8'"'".5li;  la  moindre,  le  7  à  3  heures  du  soir, 
5'"". 4  (le  !'■"'  à  la  même  heure  5'""". 5);  la  plus  grande  100,  au   matin  en  5  jours. 

Pluie:  39""".  1  en  32  heures  un  quart,  réparties  en  11  jours;  presque  toute 
cette  pluie  est  tombée  en  9  jours  consécutifs  du  2  au  10.  Un  seul  jour,  le  2,  a 
fourni  une  hauteur  d'eau  un  peu  considérable,  11""". 2  en  4  heures  et  demie,  au 
commencement  de  la  nuit.  11  y  a  eu  5  jours  de  tonnerre  les  5,  6,  8,  22  et  24; 
nous  n'avons  pas  vu  éclairer. 

Nébulosité'  moyenne,  54,  un  seul  jour  entièrement  couvert,  le  9;  aucun  jour 
entièrement  clair. 

Le  vent  a  soufflé  5  jours  du  SW;  le  reste  du  temps  il  a  soufflé  presque  cons- 
tamment de  la  région  du  N. 

La  température  de  la  Marne  a  varié  de  16".0,  le  10,  à  25". 6,  les  29  et  30.  Tou- 
jours basse  et  assez  claire,  mais  comme  d'habitude,  moins  claire  que  la  Seine. 

Moyennes  de  7  heures  du  matin.  Baromètre,  758""". 89  ;  thermomètre,  12". 90; 
tension  de  la  vapeur,  8'""'. 99;  humidité  relative,  80;  nébulosité,  49. 

Relativement  aux  moyennes  normales,  le  mois  de  juin  1884  a  pré- 
senté les  résultats  suivants  :  baromètre  plus  élevé  de  0™"'.8;  thermo- 
mètre plus  bas  de  r.6;  tension  de  la  vapeur  moindre  de  1""".7;  hu- 
midité relative  moindre  de  5;  pluie  moindre  de  16""". 5;  nébulosité 
moindre  de  10. 

Le  6  juin,  les  tilleuls  des  avenues  commencent  à  fleurir  :1e  12,  les  plus 
précoces  sont  en  pleine  fleur,  la  plupart  ne  sont  qu'à  demi-fleuris,  ils 
ne  sont  tous  en  pleine  fleur  que  vers  le  18.  Le  11,  Robinia  viscosa  en 
pleine  fleur.  Le  13,  la  cretelleet  l'arrénathère  bulbeuse  commencent  à 
fleurir.  Le  26,  commencement  de  la  floraison  des  millepertuis  de  la 
Chine.  Le  27,  commencement  de  la  floraison  des  Bracbypodium  sil- 
vaticum.  Le  29,  commencement  de  la  floraison  de  l'œnothère  odo- 
rante. Le  28,  pleine  floraison  de  l'ailanthe  et  du  tilleul  à  petites 
feuilles.  E.  Rendu, 

Membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture. 

DISCOURS  DE  M.  TISSERAND, 

DIRECTEUR    DE    L'AGRICULTURE,   AU    CONCOURS    RÉGIONAL    DU     PUY. 

Discours  prononcé  à  la  distribution  des    récompenses  le   27  juin    1884. 

M.  le  ministre  de  l'agriculture  aurait  vivement  désiré  venir  au  Puy  pour  visiter 
le  concours  régional  de  cette  belle  région  qui,  avec  sa  ceinture  de  granit,  em- 
brasse le  grand  massif  volcanique  du  centre,  présente  un  aspect  si  grandiose  et  si 
pittoresque,  des  sols  si  variés,  des  cultures  si  diverses  et  une  population  si  labo- 
rieuse et  si  digne  d'intérêt. 

Il  avait  conservé  longtemps  l'espoir  de  pouvoir  se  rendre  au  milieu  de  vous  — 
les  travaux  nombreux  qui  lui  incombent,  la  nécessité  pour  lui  de  rester  en  ce 
moment  près  du  Parlement  pour  défendre  avec  le  zèle  et  le  dévouement  que  vous 
lui  connaissez  les  intérêts  de  l'agriculture,  l'en  ont  empêché.  Mais  U  a  tenu  à  ce 
que  le  directeur  de  l'agriculture  vînt  vous  exi)rim':!r  tous  ses  regrets. 

Vous  les  partagerez  avec  moi,  Messieurs,   car  certainement  vous  eussiez  été 


5i  DISCOURS  PRONONGl!:  AU  CONCOURS  RÉGIONAL  DU  PUY. 

heureux  d'entendre  cette  voix  si  chaude,  si  sympathique,  vous  parler  des  questions 
agricoles  qui  intéressent  la  région,  vous  indiquer  los  solutions  qu'il  prépare,  vous 
donner  avec  sa  grande  autorité  des  conseils  et  vous  inspirer  toute  confiance  dans 
la  sollicitude  du  gouvernement  de  la  République  pour  la  prospérité  de  l'agricul- 
ture. Je  ne  puis  être  qu'un  écho  bien  lointain,  bien  imparfait  de  sa  pensée! 

Permettez-moi  tout  d'abord  de  proclamer  le  grand  et  légitime  succès  du  concours 
du  Puy. 

Cette  exposition  comptera  dans  les  annales  des  concours  régionaux  :  près  de 
400  tètes  de  gros  bétail;  141  béliers  et  lots  de  brebis;  45  animaux  de  l'espèce 
porcine;  150  lots  de  volailles;  600  machines  et  instruments  agricoles;  500  numé- 
tos  des  produits  les  plus  variés  et  les  plus  remarquables  remplissant  une  vaste 
rente,  témoignage  du  zèle  de  vos  cultivateurs  et  des  associations  agricoles  de  la 
région;  une  magnifique  exposition  d'horticulture  et  de  floriculture  capable,  pour 
ses  débuts,  de  riva  iser  avec  les  plus  belles,  une  exposition  industrielle  étalant  les 
beaux  produits  de  l'industrie  locale,  une  collection  des  plus  intéressantes  attestant 
les  grands  progrès  réahsés  dans  l'enseignement  primaire  agricole  par  des  insti- 
tuteurs habilement  dirigés  par  un  inspecteur  éclairé  sur  les  vrais  besoins  de  l'ins- 
truction primaire  et  sur  l'utilité  de  répandre  chez  les  enfants  cette  semence  pré- 
cieuse qui  fera  d'eux  des  citoyens  patriotes,  en  même  temps  que  des  hommes 
éclairés  dans  leur  profession  ; 

Le  tout  visité  par  une  foule  avide  de  voir  et  d'apprendre  :  tel  est  le  bilan  du 
concours  régional  du  Puy. 

Quand  on  se  reporte  de  quelques  années  en  arrière,  au  début  des  expositions 
régionales,  alors  qu'une  centaine  de  mètres  carrés  était  un  trop  gnnd  espace  pour 
recevoir  les  animaux,  lesproduits  et  les  machines  amenés  sous  lesyeuxdu  public; 
quand  on  compare  surtout  les  animaux  et  les  instruments  d'alors  avec  ceux  que 
nous  avons  sous  les  yeux,  l'esprit  reste  saisi  d'admiration  en  contemplant  et  énu- 
mérant  les  progrès  accomplis  et  l'espace  parcouru  par  nos  vaillants  agriculteurs 
du  plateau  central. 

Au  dernier  concours  qui  s'est  tenu  au  Puy,  il  y  a  sept  ans,  il  y  avait  en  présence 
sept  départements,  c'est-à-dire  un  département  de  plus  que  n  en  compte  la  région 
aujourd'hui,  la  Creuse,  dont  le  territoire  est  de  plus  de  un  demi-million  d'hec- 
tares, et  cependant  le  concours  régional  de  1884  lui  est  très  notablement  supé- 
rieur. 

En  1876,  il  y  avait  sur  le  champ  de  l'exposition  3-28  tètes  de  gros  bétail,  c'est-à- 
dire  70  de  moins  que  cette  année.  Le  nombre  des  moutons  était  de  75;  au- 
jourd'hui il  est  doublé.  Pour  les  porcs,  l'augmentation  est  grande  aussi.  Et  quant 
aux  animaux  de  basse-cour  et  aux  produits,  nous  en  trouvons  cette  année  trois 
lois  plus  qu'en  1876.  Le  nombre  des  machines  était  de  561,  il  y  a  7  ans.  Vous 
avez  enfin  les  chevaux  en  plus.  L'espèce  chevaline  a  c  mquis  sa  place  dans  les  con- 
cours régionaux. 

Ce  sont  là  des  signes  non  équivoques  de  progrès  et  de  travail.  La  région  de 
l'est  central  a  suivi  le  mouvement  général. 

ÎNIais  le  nombre  n'est  pas  tout.  Il  faut  encore  considérer  la  qualité  et  la  valeur 
des  animaux  et  des  produits.  A  ce  point  de  vue,  l'exposition  du  Puy  ne  présente 
pas  de  moins  grands  progrès. 

A  la  faveur  d'une  sélection  raisonnée  et  persévérante  des  reproducteurs  et  d'un 
régime  alimentaire  plus  soigné,  vous  avez  grandement  amélioré  vos  races  domes- 
tiques. Les  beaux  animaux  ne  sont  plus  l'exception. 

L'amélioration  a  gagné  toutes  les  étables,  les  bonnes  races  se  sont  propagées. 
Les  formes  et  les  aptitudes  des  animaux  dans  leur  ensemble  sont  meilleures.  'Tous 
les  visiteurs  sont  unanimes  à  signaler  les  beaux  types  que  nous  avons  vus  dans 
l'exhibition  des  bêtes  de  la  race  du  Mezenc,  de  Salers,  d'Aubrac,  dans  la  collec- 
tion des  reproducteurs  durham  et  nivornais. 

Pour  être  juste,  il  faudrait  citer  le  nom  de  presque  tous  les  exposants  parmi 
ceux  qui  méritent  des  éloges;  les  animaux  de  qualité  médiocre  formaient  une 
infime  minorité. 

Pour  les  moutons,  une  sage  et  prudente  sélection  se  fait. 

L'efl'ectif  des  bêtes  ovines  subit  dans  cette  région  le  recul  que  l'on  constate 
partout  non  seulement  en  France,  mais  dans  les  pays  européens  où  la  jachère  dis- 
paraît, où  les  landes  font  place  à  de  bonnes  cultures,  à  des  plantureuses  prairies 
artificielles.  Avec  raison  vous  avez  cherché  à  compenser  la  réduction  du  nombre 
p;ir  l'augmentation  de  la  qualité,  par  l'accroissement  des  produits  en  viande,  en 


DISCOURS  PHONONCK  AU  CONCOURS  RÉGIONAL  DU  PUY.  b5 

lait  et  par  plus  de  précocité;  vous  avez  recherché  les  types  qui  conviennent  à  la 
plaine  et  aux  sols  fertiles,  sans  négliger  de  porter  vos  soins  sur  les  races  rusti- 
ques qui  utilisent  les  pâtures  maigres  des  coteaux  pierreux  et  les  herbages  ras  de 
vos  plateaux  élevés. 

Vous  n'avez  pas  oublié  que  le  véritable  progrès  ne  consiste  pas  à  introduire 
partout  les  races  les  plus  exigeantes  de  bonne  et  riche  culture,  mais  d'élever 
dans  chaque  district,  en  rapport  avec  son  sol  et  son  état  cultural,  les  animaux  qui 
savent  le  mieux  tirer  parti  des  ressources  locales.  Ici,  vous  avez  gardé  avec  raison 
le  mouton  des  landes  qui  a  besoin  d'être  bon  marcheur  pour  trouver  sa  subsis- 
tance et  prospérer.  Là,  dans  les  terres  très  améliorées,  c'est  le  mouton  à  viande 
que  vous  avez  introduit  :  c'est  le  soutlidown,  c'est  le  mérinos  amélioré  et  leurs 
croisements  ;  ailleurs  vous  avez  maintenu  sur  leur  sol,  les  animaux  de  ces  races 
rustiques  si  appropriées  à  leur  milieu  qui  fournissent  le  lait  servant  à  fabriquer 
ces  fromages  si  hns,  si  renommés  et  qu'on  retrouve  avec  plaisir  jusque  daas  les 
contrées  les  plus  lointaines  du  vieux  et  du  nouveau  continent. 

Le  grand  art  du  cultivateur,  vous  l'avez  compris,  est  de  savoir  bien  tirer  parti 
des  forces  naturelles  qu'il  a  sous  la  main  et  non  de  se  mettre,  au  prix  de  grands 
sacrifices,  de  la  ruine  trop  souvent,  en  lutte  ouverte  avec  elles. 

L'espèce  porcine  a  été  aussi  l'objet  d'une  amélioration  soutenue  :  les  soins  tout 
particuliers  donnés  à  ces  animaux  sont  bien  justifiés,  car  il  n'est  pas  de  bête  qui 
l'emporte  sur  le  porc  comme  machine  d'assimilation  et  de  fabrication  de  viande  et 
de  graisse:  nui  ne  rémunère  mieux  que  lui  le  cultivateur  de  sa  peine  et  de  ses 
frais  de  nourriture,  et  puis  c'est  l'ai'imal  de  la  petite  culture  qui  doane  le  bien-être 
dans  les  plus  modestes  exploitations. 

Persévérez,  Messieurs,  dans  la  voie  de  progrès  où  vous  êtes  engagés;  continuez 
àanéliorer  vos  bonnes  et  excellentes  races;  vous  avez  en  elles  tout  ce  qu'il 
faut  pour  réussir,  qualités  laitières,  qualités  pour  le  travail,  aptitude  pour  l'en  - 
graissement  ! 

Faites  un  bon  choix  de  reproducteurs,  bannissez  sévèrement  tous  ceux  qui  sont 
défectueux,  suivez  de  génération  en  génération  les  bons  sujets.  C'est  en  opérant  de 
la  sorte,  et  c'est  là  l'utilité  des  herd  books,  qu'on  marche  sûrement  et  qu'on  fixe 
les  améliorations  obtenues  isolément. 

Nourrissez  bien  vos  animaux,  nourrissez-les  bien  surtout  dans  le  jeune  âge,  car 
c'est  à  ce  moment  que  l'animal  se  fait,  que  les  organes  assimilateurs  acquièrent 
leurs  qualités,  leur  puissance  d'absorption. 

Améliorez  aussi  la  qualité  de  vos  pâtures,  de  vos  herbages,  de  vos  fourrages. 
Avec  une  mauvaise  nourriture  la  machine  animale  se  détériore,  tout  comme 
la  meilleure  locomobile  avec  du  mauvais  charbon  et  une  mauvaise  alimentation 
en  eau . 

Aujourd'hui  la  science  nous  montre  comment  on  peut  accroître,  par  des  engrais 
judicieusement  employés,  la  valeur  nutritive  des  fourrages.  Donnez  du  phosphate 
de  chaux  aux  terres  qui  en  manquent,  chaulez  vos  sols  d'origine  granitique,  des- 
séchez vos  terrains  marécageux,  assainissez  vos  champs  trop  humides,  arrosez 
ceux  qui  ?ont  très  secs  et  à  la  place  de  denrées  médiocre?,  insuffisantes  pour  dé- 
velopper la  charpente  et  aussi  les  muscles  de  vos  animaux,  pour  les  engraisser, 
vous  aurez  des  fourrages  plus  productifs. 

Le  bétail  est  l'une  des  principales  sources  de  revenu  de  l'agriculture  moderne  : 
le  champ  du  progrès  est  très  vaste;  la  consommition  de  la  viande,  cette  source 
de  force,  de  travail  et  de  santé,  est  encore  loin  d'être  ce  quelle  devrait  être  en 
France.  Nous  produisons  à  peine  50  kilog.  de  viande  par  hectare  cultivé,  alors 
que  certains  de  nos  voisins  en  réalisent  le  triple. 

Vous  avez  donc  une  large  marge  devant  vous.  Marchez  sans  crainte  ! . ..  n'avez - 
vous  pas  aujourd'hui  une  sécurité  dont  hier  vous  ne  jouissiez  pas? 

La  loi  du  21  juillet  1881,  due  à  l'initiative  du  gouvernement  de  la  République 
et  que  le  Parlement,  toujours  soucieux  de  vos  intérêts,  s'est  empressé  de  voter,  a 
organisé  la  police  sanitaire!  — Les  maladies  épizootiques  sont  surveillées  et  com- 
battues énergi  (uement.  L'Etat  y  consacre  annuellement  plusieurs  centaines  de 
mille  francs,  en  même  temps  que  les  mémorables  découvertes  d'un  homme  de 
génie,  M.  Pasteur,  vous  donnent  de  moyen  de  préserver  vos  troupeaux  des  mala- 
dies infectieuses  qui,  périodiquement,  les  décimaient  hier  encore,  ruinant  les 
malheureux  cultivateurs  dont  elles  envahissaient  les  étables  et  mena(;ant  tou- 
jours la  fortune  de  ceux  qu'elles  épargnaient. 

Le  choléra  des  poules,  le  charbon,  le  sang  de  rate  des  moutons,  le  rouget  des 


56  DISCOURS  PHONONGK  AU  CONCOURS  REGIONAL  DU  PUY. 

porcs  sont  vaincus;  et  voilà  qu'en  ajoutant  de  nouveaux  titres  à  la  reconnais- 
sance de  l'agiiculture,  de  l'humanité  entière,  M.  Pasteur  nous  donne  le  moyeu 
sûr,  efficace  de  nous  préserver,  de  préserver  nos  animaux  de  la  rage,  cette  horri- 
ble maladie  qui  pardonne  rarement  et  qui,  encore  tout  récemment,  ruinait  un 
nourrisseur  des  environs  de  Pans  en  lui  faisant  perdre  toute  son  étabie,  18 
vaches  mordues  par  un  chien  enragé  ! 

L'agriculture  perd  en  moyenne,  chaque  année,  par  suite  d'épizooties,  40  à  50 
millions  de  francs  :  c'est  un  lourd  tribut  qu'elle  n'aura  bientôt  plus  à  payer,  on 
peut  l'espérer.  Le  présent  répond  do  l'avenir.  Ce  sera  autant  d'ajouté  aux  profits 
des  cultivateurs  1 

S'il  faut  apporter  le  plus  grand  soin  à  conserver  et  à  améliorer  nos  races  ani- 
males, c'est-à-dire  les  machines  à  l'aide  desquelles  nous  transformons  nos  four- 
rages en  viande,  en  laine,  en  lait  ou  en  travail;  s'il  faut  les  perfectionner  de  façon 
à  en  tirer  le  plus  de  produits  possibles,  l'attention  du  cultivateur  ne  doit  pas 
moins  être  appelée  sur  la  plante,  qui  est  l'outil  à  l'aide  duquel  l'agriculteur 
fabrique  la  matière  végétale. 

Dans  cet  ordre  d'idées,  vous  devez  chercher  les  variétés,  les  espèces  qui,  dans 
chaque  situation,  vous  rémunéreront  le  mieux  de  vos  travaux  et  de  vos  avances. 

Toutes  les  variétés  n'ont  pas  les  mêmes  aptitudes.  Il  en  est  qui  rendent  beau- 
coup plus  que  d'autres.  Quand  votre  choix  est  tombé  sur  une  espèce,  ne  la  laissez 
pas  dépérir  entre  vos  mains,  soignez  vos  semences;  ne  prenez  que  les  meilleurs 
grains  des  meilleurs  épis,  améliorez-les;  les  végétaux,  rappelez-vous-le  sans  cesse, 
sont  perfectibles  comme  les  animaux  et  par  les  mêmes  procédés. 

Purgez  encore  vos  terres  des  mauvaises  graines,  examinez  vos  champs  et  vous 
verrez  que  le  dixième  de  leur  surface  au  moins,  souvent  bien  plus,  est  occupé  par 
de  mauvaises  herbes  qui  gênent  les  plantes  utiles,  prélèvent  leur  part  de  vos 
sueurs  et  de  vos  fumures. 

11  y  a  là  une  conquête  à  faire.  Vous  pourrez  augmenter  ainsi  en  quelque  sorte 
d'un  dixième  la  surlace  utile  de  vos  champs. 

Vous  soutîi'ez  du  manque  de  bras  et  de  la  cherté  de  la  main  d'œuvre  :  faites  un 
choix  judicieux  des  machines  qui  vous  permettront  de  parer  à  ces  difficultés  en 
vous  donnant  la  possibilité  de  mieux  cultiver  vos  terres,  de  les  netioyer  économi- 
quement, de  moissonner  plus  vite  et  à  un  prix  moindre,  de  mieux  payer  vos 
ouvriers,  d'épargner  à  ceux-ci  les  travaux  toujours  pénibles  et  parfois  dangereux 
de  la  moisson,  en  reportant  sur  les  bêtes  de  somme  lerude  labeur  et  réservantà 
l'homme  son  véritable  rôle,  celui  de  l'intelligence  et  de  la  direction.  Modifiez 
donc  votre  oulillage  au  fur  et  à  mesure  de  vos  besoins. 

C'est- là  la  réforme  de  votre  artillerie.  Messieurs,  artillerie  de  paix  dont  le  but 
est  d'accroître  la  puissance  productive  de  l'ouvrier,  de  faire  vivre  plus  d'hommes, 
d'augmenter  leur  force  et  de  prolonger  leur  existence. 

Je  n'ignore  pas  les  diflicultés  que  vous  rencontrez  dans  la  configuration  du  sol, 
dans  le  morcellement  de  vos  terres;  mais  ce  ne  sont  pas  là  des  obstacles  pour 
bien  des  outils  accessibles  à  la  petite  propriété  ;  ils  ne  sont  pas  insurmontables 
pour  les  autres. 

L'esprit  d'entreprise  a  déjà  beaucoup  fait  pour  mettre  à  la  porté  des  petits  agri- 
culteurs les  machines  à  battre.  Dans  beaucoup  de  localités,  des  entreprises  pour 
les  travaux  de  moisson  à  l'aide  de  machines,  pour  les  semailles  en  ligne  des 
céréales  et  leur  sarclage,  ont  réussi  également,  grâce  à  l'initiative  des  Sociétés  et 
aux  encouragements  qui  ont  été  distribués  aux  hommes  d'initiative  qui  se  sont 
mis  à  leur  tête. 

Ce  sont  là  des  indications  pour  les  Comices  de  la  région. 

Il  ne  faut  pas  désespérer  non  plus  qu'un  jour  l'esprit  d'association  ne  finisse 
par  grouper  les  cultivateurs  d'une  même  localité  pour  l'achat  et  l'emploi  des 
machines  coûteuses  et  même  des  semences  et  des  engrais.  Nous  avons  dans  des 
contrées  voisines  des  exemples  d'associations  des  plus  fructueuses.  Tel  est  le  cas 
des  fruitières  si  prospères  de  la  Suisse,  du  Jura,  du  Doubs  et  de  F  Ain. 

Plus  près  de  vous  encore,  le  besoin  de  groupement  pour  un  eS'ort  commun 
vient  de  se  révéler  de  la  façon  la  plus  remarquable  par  l'organisation  de  nombreux 
syndicats  pour  la  défense  du  vignoble  contre  le  phylloxéra. 

Dans  le  seul  département  du  Rhône,  3,996  propriétaires  de  vigne  se  sont  asso- 
cies et  ont  constitué  189  associations  syndicales  pour  le  traitement  de  5,033  hec- 
tares de  vigne  par  le  sulfure  de  carbone. 

Grâce  à  cette  union  des  forces,  le  département  du  Rhône  se  défend  vaillamment 


DISCOURS  PRONONCÉ  AU  CONCOURS  RÉGIONAL  DU  PUY.  57 

et  parvient  sinon  à  arrêter  le  iléau  au  moins  à  en  ralentir  considéraWeraent  la  mar- 
che. L'intensité  de  la  lutte  dans  ce  département  est  de  33  pour  100  de  la  surface 
du  vignoble,  tandis  que  dans  le  reste  des  départements  phylloxérés  il  est  à  peine 
de  11  hectares  traités  par  100  hectares  de  vignes  atteintes. 

C'est  la  petite  culture,  Messieurs,  qui  dans  le  Rhône  à  donné  ce  grand  et  bel 
exemple  de  la  lutte  et  qui,  ne  désespérant  pas  du  salut  de  U  viticulture,  a  voulu 
défenilre  pieJ  à  pied  son  vignoble  contre  l'invasion  du  terrible  ennemi. 

C'est  encore  la  petite  culture  qui  pourra  sauver  l'industrie  séricicole  qui  faisait 
naguère  la  fortune  de  plusieurs  clépartements  de  la  région;  elle  le  pourra  au  moins 
en  se  livrant  exclusivement  aux  petites  éducations  avec  le  concours  de  tous  les  bras 
de  la  famille  et  en  se  conformant  aux  indications  de  l'homme  illustre  dont  le  génie 
se  manifeste  sans  cesse  quand  il  s'agit  de  sauver  l'agriculture  d'un  désastre! 

La  petite  culture.  Messieurs,  qui  lutte  si  vaillamment,  cette  démocratie  agricole 
si  laborieuse,  si  énergique,  si  méritante,  si  sobre,  si  économe,  que  tous  les  étran- 
gers nous  envient,  qui,  dans  les  jours  de  malheur,  a  contribué  si  largement,  par 
ses  épargnes  accumulées,  au  salut  de  la  patrie,  qui  fournit  à  l'armée  ses  soldats 
les  plus  nombreux  et  les  plus  durs  à  la  fatigue,  la  démocratie  agricole,  dis-je, 
n'avait  pas  sa  place  dans  les  concours  régionaux  ou  du  moins  elle  avait  une  place 
effacée. 

Le  gouvernement  de  la  République,  qui  ne  veut  jamais  laisser  aucun  mérite 
dans  l'ombre,  a  voulu  que  les  petits  cultivateurs  qui,  sur  5  millions  de  domaines 
ruraux  existant,  en  possèdent  plus  de  quatre,  fussent  à  l'honneur  comme  ils  sont 
à  la  peine. 

Il  a  institué  la  prime  d'honneur  de  la  petite  culture  et  de  l'horticulture.  Les 
ouvriers  ruraux  auront  aussi  désormais  leur  médaille  et  déjà  l'étoile  du  Mérite 
agricole  que  les  plus  illustres  savants  s'honorent  de  porter  brille  sur  la  poitrine 
de  plus  d'un  de  ces  hommes  modestes  sous  la  blouse  desquels  bat  un  cœur  de 
patriote  et  d'homme  du  métier  aussi  intelligent  que  laborieux. 

Ces  encouragements,  ces  récompenses  porteront  leurs  fruits;  la  petite  culture 
qui  joue  un  si  grand  rôle  dans  cette  région  peut  beaucoup  pour  le  progrès 
agricole.  Elle  doit  apporter  sa  pierre  à  l'édifice  et  elle  excelle  dans  un  certain 
genre  de  productions  qui  ne  laisse  pas  d'avoir  de  l'importance. 

Il  n'y  a  pas  d'ailleurs  de  petite  économie  en  agriculture,  comme  il  n'y  a  pas  de 
petit  progrès  à  dédaigner. 

Dans  une  industrie  qui  opère  sur  un  capital  de  100  milliards,  la  plus  petite  amé- 
lioration se  traduit  toujours  par  des  avantages  énormes. 

Un  accroissement  de  1  pour  100  dans  la  production  agricole  semble  bien  peu 
de  chose!  Eh  bien,  Messieurs,  cet  accroissement  équivaudrait  pour  l'agriculture 
à  un  bénéfice  annuel  presque  égal  à  celui  de  l'impôt  foncier. 

Et  qui  de  vous,  agriculteurs,  ne  se  sent  capable  d'accroître  davantage  le  rende- 
ment de  ses  terres? 

Qu'est-ce,  en  etTet,  que  1  pour  100  d'augmentation  sur  le  produit  du  blé,  par 
exemple?  C'est  15  litres  de  grains  par  hectare! 

Economiser  un  centime  par  jour  sur  la  ration  journalière  de  nos  animaux  est 
chose  qui  paraîtra  bien  futile  —  une  quantité  négligeable  —  en  appliquant  à  cos 
besoins  les  règles  bien  connues  de  l'alimentation  rationnelle,  on  peut  économiser 
beaucoup  plus  tout  en  nourrissant  mieux.  —  Eh  bien,  1  centime  seulement  par 
jour  donnerait  plus  de  100  millions  de  francs  par  an  de  fourrage  qu'on  pourrait 
utiliser  pour  nourrir  près  de  un  million  de  têtes  de  bétail  en  plus  et  accroître 
d'autant  la  production  de  la  viande. 

Par  un  meilleur  choix  de  semences,  par  un  meilleur  traitement  de  celles-ci,  par 
leur  nettoyage  et  leur  mise  en  terre  bien  préparée,  une  économie  de  20  litres  par 
hectare  serait  ainsi  chose  facile  ;  il  y  aurait  là  avec  un  peu  de  succès  une  économie 
facile  de  50  à  60  millions  de  francs  ! 

Il  serait  facile  de  multiplier  ces  exemples. 

Mais  je  m'arrête,  car  je  crains  d'avoir  déjà  abusé  de  votre  patience  et  lassé 
votre  bienveillance. 

Vous  voyez.  Messieurs,  par  ces  seuls  faits,  combien  l'horizon  des  améliorations 
possibles  est  vaste  et-ce  que  vous  pouvez  faire,  ce  qu'il  vous  appartient  de  faire 
pour  l'atteindre. 

Le  gouvernement  de  la  République,  croyez-le.  Messieurs,  est  trop  soucieux  de 
vos  intérêts,  il  sait  trop  que  de  la  prospérité  de  l'agriculture  dépend  celle  du  pays 
entier  pour  vous  abandonnner  à  vos  seules  forces. 


58 


DISCOURS  PRONONCE  AU  CONCOUi^S    RÉGIONAL  DU  PUY. 


Il  VOUS  souliendra  énergiquement  dans  la  lutte  que  vous  soutenez  et  est  décidé 
à  vous  donner  les  encnuragoiuents  et  les  compensations  qui  vous  sont  dus  pour 
réaliser  le  programme  possible  des  améliorations  à  effectuer.  M.  le  ministre  de 
l'agriculture  l'a  proclamé  hautement  et  il  tiendra  sa  ])arole. 

Mais  il  laut  que  vous-mêmes  vous  fassiez  pour  le  salut  commun  les  efforts 
qu'il  vous  appartient  de  faire.  Repliez-vous  sur  vous-mêmes,  effectuez  les  amélio- 
rations réalisables  dans  votre  sol,  dans  vos  procédés.  Prenez  les  allures  de  l'in- 
dustriel qui  sait  compter  et  faire  des  sacrilices  momentanés  pour  gagner 
davantage  et  vous  arriverez  à  une  situation  plus  prospère. 

Je  connais,  Messieurs,  le  patriotisme  ardent  qui  anime  la  population  de  cette 
région  faite  de  granit  et  de  roches  volcaniques,  et  je  sais  qu'on  ne  fait  jamais  un 
vain  appel  à  son  énergie,  à  son  courage,  quand  il  s'agit  de  la  grandeur  du  pays  et 
de  sa  force. 

SCIES  CIRCULAIRES  A  BRAS  DTIOMME 

Un  des  lecteurs  du  Journal  nous  pose  la  question  suivante  :  «  Le 
renchérissement  de  la  main-d'œuvre  est  tel  qu'on  ne  peut  plus  scier 
les  bois  de  l'eu  à  la  journée.  A  forfait,  c'est  aussi  impraticable  avec  les 
outils  usuels.  Une  scie  à  manège  serait  une  excellente  introduction. 


Fig.  3.  —  Scie  circulaire  à  bras,  du  système  Reynolds. 

Même  à  bras  d'homme,  une  scie  circulaire  serait  de  meilleur  emploi 
que  la  scie  ordinaire.  » 

Depuis  quelques  années,  nous  connaissons  plusieurs  modèles  de 
scies  circulaires  qu'on  peut  mouvoir  à  bras  d'homme  ou  par  un 
manège,  ou  encore  un  petit  moteur  à  vapeur. 

M.  Arbey,  ingénieur-mécanicien,  cours  de  Vincennes,  à  Paris,  con- 
slrnit  des  scies   circulaires  combinées  spécialement  pour  tronçonner 


SCIES  GlilGULAIKES  A  BRAS  D'HOMME.  59 

les  bois  de  cliaiiffuge;  elles  peuvent  être  mues  à  liras  d'homme  ou  par 
un  moteur.  Le  diamètre  de  la  lame  est  de  30  centimètres;  dans  les 
plus  grands  modèles,  elle  atteint  50  centimètres.  La  scie  est  montée 
sur  un  large  bâti  en  bois.  Le  prix,  varie  de  300  à  GOO  fr.  suivant  les 
modèles. 

Un  constructeur  anglais,  M.  P.-W.  Reynolds,  qui  a  une  succursale 
à  Paris,  11,  rue  Bichat,  fabrique  aussi  des  scies  circulaires.  La  fig.  3 
en  donne  un  spécimen.  Ici,  la  scie  est  sur  le  même  arbre  que  le  volant. 
Le  bâti  est  en  fonte.  La  scie  est  munie  d'un  appareil  d'amenage,  qui 
permet  à  un  seul  ouvrier  d'exécuter  le  travail,  sauf  lorsque  les  bois 
sont  exceptionnellement  longs.  Avec  cet  appareil,  on  peut  scier  et  faire 
les  tenons  jusqu'à  12  centimètres.  Le  prix  de  la  scie,  avec  une  lame 
de  35  centimètres  et  une  de  23  centimètres,  mue  à  bras,  est  de 
AW  francs  ;  mue  à  bras  ou  à  moteur,  de  460  irancs.  Le  poids  approxi- 
matif est  de  300  kilog.  Henry  Sagnier. 

CONCOURS  AGRICOLE  RÉGIONAL  DE  GAP 

Le  concours  agricole  régional  de  la  région  du  Sud-Est  a  eu  lieu  à  Gap,  du  7 
au  15  juin,  sous  l'habile  dire:tion  de  M.  Du  Peyrat,  inspecteur  général  de  l'a- 
griculture, dont  la  haute  compétence,  la  sûreté  de  jugement  et  la  courtoise  im- 
partialité sont  si  justement  appréciées  par  tous  les  agriculteurs  de  la  région. 

Ce  concours  aurait  dû  avoir,  d'après  les  déclarations  des  exposants,  une  impor- 
tance relative,  si  l'on  tient  compte  de  la  pauvreté  du  département  des  Hautes - 
Alpes  et  des  diflicultés  que  présente  son  accès.  Le  catalogue  faisait,  en  effet,  men- 
tion de  234  animaux  d'espèce  bovine,  de  163  lots  d'animaux  d'espèc  ovine,  de 
40  lots  d'animaux  d'espèce  porcine,  de  95  lots  d'animaux  de  basse-cour,  de 
466  machines  ou  instruments,  de  296  lots  de  produits  et  de  118  lots  d'objets 
d'enseignement  scolaire. 

Malheureusement  de  nombreuses  abstentions  se  sont  produites  au  dernier  mo- 
ment parmi  les  exposants,  notamment  en  ce  qui  concerne  l'espèce  bovine  qui 
s'est  trouvée  réduite  à  190  animanx,  l'espèce  ovine  qui  n'a  compté  que  120  lots, 
et  les  ins'.ruments  et  machines  dont  plus  de  la  moitié  manquait  à  l'appel. 

Ces  abstentions  sont  regrettables  à  un  double  point  de  vue  :  elles  sont  une 
cause  de  dépenses  inutiles  pour  les  villes  où  ont  lieu  les  concours,  puisque  les 
stalles  et  les  tentes  vides,  destinées  aux  animaux  ou  aux  produits  absents  quoique 
déclarés,  sont  établies  à  leurs  frais  :  elles  nuisent  encore  à  la  bonne  organisantion 
des  concours  en  nécessitant  la  suppression  d'un  plus  ou  moins  grand  nombre  de 
numéros  portés  au  catalogue.  Il  serait  à  désirer  ijue  les  jurys  appliquassent  dans 
toute  sa  rigueur  l'article  de  l'arrêté  ministériel  aux  termes  duquel  tout  exposant  qui 
n'avertit  pas  le  ministère  de  son  désistement  peut  être  exclu  temporairement  des 
concours  de  l'Etat. 

Malgré  les  abstentions,  le  concours  de  Gap  a  été  plus  important  que  celui  de 
Digne  en  1883,  et  a  présenté  un  intérêt  plus  grand  que  les  concours  précédem- 
ment tenus  dans  les  IJautes-Alpes,  en  1869  et  en  1877. 

L'espèce  bovine  y  était  surtout  représentée  par  des  animaux  de  race  tarine.  Cette 
race,  proche  parente  de  la  race  schwitz,  est  la  plus  répandue  et  la  plus  recherchée 
dans  la  région,  à  cause  de  sa  rusticité,  de  sa  sobriété  et  des  qualités  laitières  de 
ses  vaches.  Elle  est  assurément  loin,  dans  son  ensemble,  d'atteindre  à  la  pevlec- 
tion,  et  beaucoup  de  sujets  exposés  à  Gap  prêtaient  à  la  critique  par  leur  croupe 
trop  étroite  et  trop  courte,  par  leur  culotte  t  rop  peu  distendue,  par  leur  queue 
trop  haut  placée;  mais  ces  défauts  disparaissaient  chez  quelques  animaux  d'élite, 
et  parmi  ces  derniers  on  peut  citer  au  premier  rang  ceux  de  MM.  Augier,  à  Avi- 
gnon, Courtet,  à  l'Isle-sur-Sorgues,  Duch  Amand  et  Séraphin,  'à  Avignon,  To- 
chon,  à  Bissy,  et  de  ]\Liie  'Vve  Taillofer,  à  Avignon.  Le  seul  reproche  que  l'on 
aurait  pu  adresser  à  quelques-uns  de  ces  animaux  aurait  été  de  se  trouver  dans  un 
état  de  graisse  trop  avancé  ;  le  jury  n'a  pas  jugé  le  cas  assez  grave  pour  motiver 
leur  mise  hors  concours. 

Bien  que  les  décisions  du  jury  ne  leur  aient  pas  été  très  favorables,  nous  ne 
saurions  passer  sous  silence  les  beaux  taureaux  tarins  présentes  par  la  Société  d'é- 


80  CONCOURS  RÉGIONAL  DE  GAP. 

levage  des  cantons  de  La  Mure,  Corps  et  Valbonnais.  Fondée  en  1882,  à  l'insti- 
gation de  trois  agriculteurs  éminents.  dévoués  à  la  cause  du  progrès,  M.  le  doc- 
teur Dufour,  conseiller  général  de  l'Isère,  M.  Bourron,  conseiller  d'arrondisse- 
meni,  et  M.  Reynier,  vétérinaire  à  La  Mure,  cette  société  a  pour  but  l'améliora- 
tion des  espèces  bovine  et  chevaline  dans  les  trois  cantons  où  elle  fonctionne. 
Elle  a  acheté,  en  1883,  18  taureaux  tarentais  de  choix  qu'elle  a  placés  chez  des 
éleveurs  du  pays,  elle  a  obtenu  la  création  d'une  station  des  étalons  de  l'Etat  à 
La  Mure.  Il  n'est  pas  douteux  que  la  Société  d'élevage  de  La  Mure,  Corps  et  Val- 
bonnais voie  bientôt  ses  efiorts  couronnés  de  succès  ;  son  exemple  mériterait 
d'être  suivi  par  les  Sociétés  et  Comices  agricoles  de  la  région. 

La  raci!  de  Villard-de-Lans.  qui  a  pour  berceau  le  chef-lieu  de  canton  de  l'Isère 
du  même  nom,  olfrail  aussi  de  très  remarquables  spécimens.  Améliorée  par  une 
patiente  sélection,  grâce  aux  conseils,  aux  exhortations  de  quelques  hommes 
d'initiative,  parmi  lesquels  on  doit  surtout  citer  M.  Bavière,  l'habile  et  dévoué 
vétérinaire  de  Grenoble,  et  M.  Dalmas,  1  honorable  président  de  la  Société  d'agri- 
culure  de  Grenoble,  la  rate  de  Yillard-de-Lans  est  incontestablement  en  voie  de 
progrès  et,  à  chaque  concours  de  la  région,  on  constate  que  ses  défauts  dé- 
croissent et  que  ses  qualités  se  perfectionnent. 

C'est  ainsi  que  chez  beaucoup  de  taureaux  et  de  génisses  expopés,  oh  pouvait 
apprécier  un  gain  réel  obtenu  dans  ,1e  raccourcissement  déplus  en  plus  prononcé 
des  membres  et  dans  l'élargissement  de  la  poitrine. 

Seulement  il  serait  possible  que  les  éleveurs  de  Villard-de-Lans  fissent  fausse 
route  en  cherchant  à  faire  de  leur  race  une  race  laitière.  Elle  paraît  avoir  des  pré- 
dispositions plus  grandes  pour  la  production  de  la  viande  que  pour  celle  du  lait; 
la  finesse  relative  du  poil,  la  souplesse  de  la  peau,,  la  longiseur  de  la  croupe,  la 
largeur  des  reins  et  du  dos  chez  un  grand  nombre  de  sujets,  et  d'autre  part  le 
peu  de  développement  de  l'écusson,  des  veines  mammaires  et  du  pis  chez  la  plu- 
part des  femelles,  sont  autant  d'indices  auxquels  on  ne  saurait  se  méprendre. 

Or,  suivant  le  but  que  l'on  se  propose  en  améliorant  une  race,  les  méthodes 
zootechniques  diffèrent  essentiellement;  le  choix  des  reproducteurs,  le  régime,  l'a- 
limentation, la  gymnastique  fonctionnelle  ne  sont  plus  les  mêmes;  et,  presque 
toujours,  en  cherchant  à  atteindre  deux  buts  à  la  fois,  on  échoue  misérablement 
des  deux  côtés.  Les  éleveurs  de  Villard-de-Lans  ont  donc  à  opter;  nous  pensons 
qu'ils  feraient  bien  de  renoncer  à  améliorer  leur  bétail  au  point  de  vue  de  la  pro- 
duction du  lait,  pour  s'attaciier  exclusivement  à  la  production  de  la  viande  ;  nous 
croyons  ne  pas  nous  tromper  en  avançant  qu'ils  obtiendraient  ainsi  des  résultats 
plus  prompts  et  plus  certains. 

Plusieurs  exposants  du  département  de  Vaucluse,  MM.  Gourtet,  Augier,  Prat, 
Reynaud,  MmeTaillefer,  avaient  exposé  de  magnifiques  tètes  derace  schwitz.  On 
remarquait  aussi  de  très  belles  génisses  et  vaches  comtoises  appartenant  à 
Mme  Taillefer  et  à  M.  Bouchet,  d'Avignon. 

Le  prix  d'ensemble  de  la  race  tarine^a  été  décerné  à  M.  Aurouze,  de  Gap,  l'ex- 
posant des  Hautes  Alpes  dont  le  bétail  est  le  plus  remarquable. 

Le  prix  d'ensemble  attribué  aux  autres  races  est  revenu  à  M.  Gourtet,  pour  ses 
superbes  animaux  schwitz. 

L'espèce  ovine,  comprenant  encore,  malgré  les  abstentions,  un  assez  grand 
nombre  de  lots,  présentait  de  très  beaux  sujets  mérinos,  métis-mérinos  et  soutli- 
down. 

Les  décisions  du  jury  de  celte  classe  ont  soulevé  d'assez  vives  critiques  parmi 
les  exposants  et  dans  le  public;  on  s'étonnait  que  les  magnifiques  béliers  mérinos 
et  métis-mérinos  présentés  dans  la  l"'  section  parMM.Genin,  d'Avignon,  et  Bey- 
vin,  de  Sonnaz  (Savoie),  n'occupassent  pas  les  premiers  rangs  et  fussent  relégués 
après  des  animaux  dont  la  qualité  de  la  laine  laissait  à  désirer. 

Il  se  produit  assez  fréquemment  chez  les  exposants  de  l'espèce  ovine  des 
méprises  (involontaires  ou  volontaires)  au  sujet  de  l'indication  de  la  catégorie 
dans  laquelle  doivent  être  classés  leurs  animaux;  ils  confondent  les  mélis-mérinos 
avec  des  croisemenls  très  divers.  Les  jurys  devraient  se  montrer  sévères  à  cet 
égard,  et  déclasser  soigneusement  les  animaux  mal  déclarés  par  les  exposants, 
soit  par  ignorance,-  soit  par  calcul  de  la  part  de  certains  habitués  des  concours,  qui 
spéculent  sur  l'indulgence  ou  l'inadvertance  des  jurés. 

Nous  devons  signaler  le  très  beau  lot  de  souihdown  de  M.  Tavan  auquel  le 
jury  a  décerné  le  lot  d'ensemble. 

L'exposition  de  l'espèce  porcine  se  composait  Je  40  lots. 


CONCOURS  RÉGIONAL  DE  ClAP.  61 

Les  races  étranc|^5res  étaient  bien  représentées  et  nous  devons  signaler  les  porcs 
de  M!M.  Aurouze  et  Duisit  aux  éleveurs  et  propriétaires  du  pays,  dont  les  animaux 
laissent  beaucoup  àjlésirer. 

M.  Aurouze  aurait  certainement  obtenu  le  prix  d'ensemble,  si,  à  son  lot  de 
berkshire,  ne  s'était  trouvée  mêlée  une  bête  blanche.  C'est  aux  porcs  indigènes  de 
M.  Duizit,  intérieurs  à  ceux  de  M.  Aurouze,  mais  formant  un  groupe  homogène, 
que  le  prix  a  été  attribué. 

Les  animaux  de  basse-cour  n'étaient  pas  aussi  nombreux  cfue  le  catalogue  l'au- 
rait l'ait  espérer  ;  mais  les  60  lots  exposés  étaient  bien  au-dessus  de  ceux  que  nous 
avons  vus  dans  les  concours  précédents. 

Deux  exposants,  ayant  obtenus  le  même  nombre  de  prix,  se  touvaient  en  concur- 
rence pour  le  prix  d'ensemble  :  M.  Augier,  d'Avignon,  et  Mlle  Lesbros,  de  Gap. 
les  lots  de  M.  Augier  étant  incomplets,  le  prix  a  été  décerné  à  Mlle  Lesbros, 
pour  ses  six  lots  de  volailles,  dont  la  pureté  de  race  et  le  mérite  étaient  indiscu- 
tables. 

L'exposition  des  instruments  était  la  partie  faible  du  concours.  Plusieurs  expo- 
sants faisaient  défaut;  MM.  Bajac-Delaîiaye,  Beaume,  Bouvier,  Ferrier,  Griffon, 
Lagneau,  Mabiile,  Marot,  Meunier,  Rittor,  Rouiller  et  Arnoult,  Tessier  et  Del- 
mas,  Voitellier,  etc.,  détournés  par  l'éloignement  et  peut-être  aussi  par  la  crainte 
de  faire  peu  d'affaires,  n'étaient  pas  venus  comme  ils  l'avaient  annoncé. 

M.  Plissonnier.  de  Lyon,  avait  exposé  une  remarquable  collection  de  bateuses 
à  vapeur  et  à  manège,  de  moissonneuses,  faucheuses,  et  autres  instruments. 

MM.  Decauville  et  Galland  exposaient,  le  premier  son  chemin  de  fer  |)0rtatif 
bien  connu;  le  second,  des  collections  de  porte-bouteille,  égouttoirs,  meubles  en 
fer,  etc. 

Les  autres  instruments  étaient  ceux  que  l'on  retrouve  dans  tous  les  concours  : 
charrues,  brabants  doubles,  défonceuses,  herses,  scarificateurs,  pompes,  voitures 
et  tombereaux,  batteuses,  taiares,  hache-pailie,  etc. 

Nous  signalerons  toutefois  : 

1°  L'ingénieux  appareil  d'arrosage,  inventé  par  M.  Barrachin  Fidèle,  à  Gap, 
auquel  la  Société  des  agriculteurs  de  France  a  décerné  une  médaille  de  bronze. 
Destiné  àl'anosage  des  jardins,  cet  appareil  se  compose  d'un  récipient  à  soupape 
inférieure,  s'élevant  ou  s'abaissant  au  centre  d'un  trépied  en  fer,  par  le  moyen 
d'un  treuil  auquel  il  est  relié  par  une  chaîne.  Le  trépied  étant  placé  sur  un  puits 
ou  sur  iin  réservoir,  on  abaisse  le  récipient  qui  se  remplit;  puis  on  l'élève  à  une 
certaine  hauteur  au-dessus  de  la  surface  du  sol,  et  au  moyen  d'un  tuyau  en  caout- 
chouc dont  un  bout  communique  avec  le  foad  du  récipient,  tandis  que  le  bout 
opposé  est  muni  d'une  lance,  on  dirige  l'eau  qui  jaillit  assez  loin,  et  on  arrose 
dans  toutes  les  directions. 

2°  Un  appareil  cylindrique  servant  à  nettoyer  et  à  laver  l'  bh',  ])erfeclionné  par 
MM.  Bernard  et  Gabillaud,  à  Liiragne  (Hautes-.\lpes).  Le  ])erfectionnement 
apporté  par  les  inventeurs  dans  la  construction  de  cet  instrument,  consiste  dans 
l'adjonction  à  la  laveuse  ordinaire,  sur  le  cylindre,  d'un  appareil  à  décorti  [uer  et 
d'un  aspirateur,  qui  nettoient  le  grain  avant  qu'il  tombe  dans  le  cuvier  de  la 
laveuse. 

3"  Un  régulateur  d'eau  pour  usines,  inventé  par  M.  Neyton,  à  Saint-Jean- 
d'Avelasse  (Isère),  et  honoré  d'une  médaille  de  bronze  par  la  Société  des  agricul- 
teurs de  France.  Cet  instrument,  très  simple  et  très  pratique,  consiste  en  un 
levier  du  premier  genre,  dont  le  petit  bras  supporte  la  tige  d'une  bonde  conique, 
et  dont  le  grand  porte  un  llotteur  assez  lourd  pour  l'entraîner.  Lorsque  le  réser- 
voir est  plein,  la  bonde  est  maintenue  soulevée  à  une  hauteur  déterminée  par  une 
chaînette  qui  relie  sa  tige  au  bâti,  et  l'eau  s'écoule  dans  l'intervalle  ainsi  laissé 
entre  la  périphérie  de  la  bonde  et  la  circonférence  de  son  trou.  Au  fur  et  à  mesure 
que  le  réservoir  se  vide,  la  pression  et  par  suite  le  débit  d'eau  vont  en  diminuant  ; 
c'est  alors  ([ue  le  flotteur  intervient;  s'abaissant  en  même  temps  que  le  niveau 
de  l'eau,  il  soulève  progressivement  la  bonde  conique  qui  fournit  à  l'eau  une  issue 
de  plus  en  plus  grande.  Eu  fixant  la  tige  de  la  bonde  et  le  flotteur  à  une  distance 
plus  ou  moins  considérable  du  point  d'appui,  on  règle  comme  on  l'entend  l'écou- 
lement de  l'eau. 

A  la  bonde  on  peut  substituer  une  soupape  reliée,  par  deux  chaînettes,  au  bâti 
de  l'appareil  et  au  petit  levier. 

4"  Une  bonde  automatique,  présentée  par  le  même  exposant.  Nous  ne  pouvons, 
faute  d'espace,  donner  ici  une  descriptiop  complète  de  cet  appareil  assez  compli- 


62  CONCOUaS  RÉGIONAI,   DE  GAP. 

que.  Qu'il  nous  suffise  de  dire  que  nous  le  croyons  appelé  à  rendre  de  sérieux 
services  pour  les  irrigations. 

5°  Une  bonde  hydroglycérique  automatique  pour  tonneaux,  e^cposée  par  M.  Four- 
nier,  pharmacien,  à  Gap.  Cette  bonde,  en  forme  de  cône  tron([ué,  et  garnie  inté- 
rieurement de  caoutchouc,  est  creuse,  et  loge  un  tube  deux  lois  recourbé,  muni 
d'un  entonnoir  et  de  deux  renflements,  dans  lequel  on  introduit  de  la  glycérine 
comme  liquide  obturateur.  L'extrémité  inférieure  du  tube  traverse  le  fond  de  la 
bonde,  et  communique  par  conséquent  avec  l'intérieur  du  tonneau  ;  l'acide  carbo- 
nique, pendant  la  seconde  fermentation  du  vin,  trouve  ainsi  une  issue  sans  crue 
l'air  pénètre  dans  le  tonneau  ;  et  lorsque  le  fût  est  mis  en  perce  pour  les  besoins 
journaliers  de  la  consommation,  l'air  trouve  accès  par  le  tube  pour  combler  le 
vide  produit  par  le  vin  tiré,  sans  qu'il  puisse  s'établir  un  courant  d'air  continu. 

6°  Deux  élégants  pavillons  de  jardin  en  osier,  construit  par  M.  Truphème 
Aimé,  à  Mont-Eglin  (Hautes-Alpes). 

Eniin,  M.  Ghabaneix,  commissaire  aux  instruments,  avait  installé,  pour  l'in- 
struction du  public,  un  modèle  du  siphon  automatique  pour  vider  les  réservoirs 
dont  la  description  a  été  donnée  dans  le  n"  du  Journal  du  l'Agriculture  du  9  août 
1879,  et  un  modèle  de  la  martellière  moulée  à  vanne  oblique,  inventée  par  lui,  et 
également  décrite  dans  le  Journal  [n"  du  18  juin  1881).  Ces  deux  appareils,  que 
recommandent  à  la  fois  leur  bon  fonctionnement  et  leur  extrême  simplicité,  con- 
stituaient une  des  parties  les  plus  intéressantes  de  l'exposition,  et  le  public  doit 
des  remerciements  à  M.  Ghabaneix,  pour  les  lui  avoir  (ait  connaître  et  apprécier. 

Les  produits  exposés  n'étaient  ni  aussi  nomlireux  ni  aussi  beaux  qu'ils  l'eussent 
été  si  le  concours  avait  eu  lieu  en  automne.  On  remarquait  pourtant  l'intéressante 
collection  de  greffes  (notamment  les  noyers  greffes),  les  belles  collections  de  légu- 
mes, de  plantes  ornementales  et  de  plants  de  pépinières  présentés  par  M.  Rey- 
naud,  horticulteur-pépiniériste,  à  Gap;  la  jolie  collection  de  vignes  américaines 
et  les  vins  de  Jacquez  exposés  par  M.  Louis  Léouttre,  à  Gap  ;  les  splendides 
asperges  de  M.  Robert-Blanc,  de  monstrueuses  pommes  de  terrre,  d'énormes 
betteraves  et  choux-navets,  présentés  par  divers  exposants;  les  excellentes  huiles 
d'olive  de  M.  François  Français,  de  Manosque  ;  les  pâtes  alimentaires  artistique- 
ment groupées,  par  M.  Granjon,  de  Grenoble;  les  beurres  et  fromages  exposés 
parles  fruitières  de  Saint-Laurenl-du-Cros,  de  Guillaume-Peyrousse,  et  par  plu- 
sieurs agriculteurs  des  Hautes-Alpes. 

L'exposition  scolaire  était  certainement  la  plus  importante  de  toutes  celles  qui 
l'ont  précédée  dans  la  région 

Elle  témoigne  des  eHorts  des  instituteurs  des  Hautes-Alpes  pour  répandre 
dans  les  campagnes  l'enseignement  agricole  si  négligé  jusqu'à  ces  dernières 
années.  Ces  modestes  et  dévoués  fonctionnaires  ont  compris  l'utilité,  la  grandeur 
de  la  mission  que  leur  confie  la  loi  du  16  juin  1879,  et  ils  s'appliquent'  avec 
ardeur  à  former  de  nouvelles  générations  d'agriculteurs  laborieux  et  instruits,  de 
citoyens  honnêtes  et  patriotes;  leur  zèle  persévérant  est  digne  de  tous  les  éloges. 

Musées  scolaires,  collections  d'animaux,  d'insectes,  de  minéraux,  herbiers, 
modèles  d'instruments  agricoles  construits  par  les  élèves,  cartes,  plans,  tableaux 
d'enseignement  et  d'histoire  naturelle,  dessins,  cahiers  et  devoiis  agricoles  d'élèves, 
tout  était  remarquabb,  et  mériterait,  pour  être  décrit  et  loué  dignement,  un  espace 
plus  grand  que  celui  dont  nous  disposons.  Signalons  pourtant  tout  spécialement 
l'exposition  collective  de  l'Ecole  normale  d'instituteurs  de  Gap,  et  les  études  pré- 
sentées par  plusieurs  de  ses  élèves  ;  la  carte  en  relief  des  Hautes-Alpes,  par 
M.  Romieu,  professeur  à  l'école  normale;  les  règlements  des  Sociétés  protectrices 
des  animaux  utiles  à  l'agriculture  organisées  par  plusieurs  instituteurs  du  dépar- 
tement dans  leurs  écoles;  les  expositions  de  MM.  Joubert,  instituteur,  à  Sainte- 
Marie  ;  Aubert,  à  Charges;  Durant,  à  Saint-Bonnet;  Chaix,  à  La  Roche-des- 
Arnauds  ;  Chevalier,  à  Aubessagne;  Reynaud,  à  Veynes  ;  Massot,  à  Aspremont; 
Orcier,  à  Vilnolles,  etc.;  la  Géographie  des  Hautes-Alpes,  présentée  par  M.  l'abbé 
Guillaume,  archiviste  du  département;  l'Atlas  agricole  de  la  circonscription  de 
Gap,  exposé  par  M.  Martin,  directeur  de  f  Ecole  communale  de  Gap.  Nous  nous 
arrêtons  ;  l'énumération  serait  trop  longue. 

Cette   exposition  fait  le  plus  grand  liot  neur  <à  M.   Rey.   l'éminent  inspecteur 
d'académie  des  Hautes-Alpes,  et  à  ses  collaborateurs,  MM.  les  inspecteurs  pri- 
maires, dont  les  exhortations,  les  encouragements  ont  dirigé  les  instituteurs  dans 
une  voie  qui  aboutira  sûrement  au  progrès  de  l'agriculture  dans  le  département. 
{La  siii te  prochainement. )  ■  C.  Allier. 


MOISSONNEUSE-I.IKUSK  DE  MAC-CORMICK. 


63 


MOISSONNEUSE-LIEUSE  DE  MAG-GOinilGK 

Mac-Cormick,  dont  l'agricullure  américaine  déplorait  récemment  la 
perte,  a  été  l'inventeur  des  moissonneuses  pratiques  :  c'est  également 
à  lui  qu'on  doit  la  construction  des  premières  moissonneuses-lieuses. 
Cette  dernière  invention  remonte  à  une  dizaine  d'années,  t.a  première 
moissonneuse-lieuse  qui  ait  été  envoyée  en  France  a  figuré  à  l'exposi- 
tion universelle  de  1878;  aux  célèbres  expériences  de  Mormant,  elle 
a  frappé  l'attention  de  tous  les  cultivateurs  par  la  régularité  de  son 
travail  et  l'ingéniosité  qui  présidait  à  son  mécanisme.  Un  nouveau 
type  a  été  créé  depuis  cette  date,  c'est  la  moissonneuse-lieuse  à  la 
ficelle,  que  représente  la  fig.  4.  Le  liage  à  la  ficelle  a  d'ailleurs  rem- 
placé le  liage  au  fil  de  fer  dans  toutes  les  machines  de  ce  genre  cons- 
truites soit  en  Angleterre,  soit  en  Amérique. 

Il  est  inutile  de  rappeler,  dans  tous  ses  détails,  la  description   de 


'^^l&làM^ 


iiis»!^t>w*W'''j*4^fl'i 


Fig.  4.  —   Moissonneuse-lieuse  de  Mac-Cormiok,  en  li  ivail 

cette  machine  qui  a  été  donnée  déjà  dans  les  colonnes  de  ce  Journal. 
I-es  épis  coupés  tombent  sur  un  tablier  sans  fin,  articulé,  qui  les  élève 
et  les  amène  sur  un  autre  tablier  incliné  portant  l'appareil  lieur.  Le 
liage  étant  opéré,  la  gerbe  tombe  doucement  sur  le  côté  de  la  machine. 
Toute  l'opération  se  fait  avec  une  extrême  régularité,  et  le  conducteur 
n'a  à  s'occuper  que  deson  attelage.  On  a  d'ailleurs  apporté  au  premier 
tablier  une  modification  qui  permet  d'opérer  la  coupe  aussi  près  que 
possible  du  sol,  ce  qui  n'avait  pas  lieu  dans  les  anciennes  machines. 
On  n'en  est  plus  à  compter  les  succès  de  cette  moissonneuse-lieuse 
dans  les  concours.  Elle  a  remporté  les  premiers  prix  aux  concours  de 
la  Société  royale  d'agriculture  d'Angleterre,  à  Bristol  en  1878  et  à 
Derby  en  1881.  Dans  les  nombreux  essais  quiont  eu  lieu  enAustralie 
pendant  l'année  1883,  la  moissonneuse-lieuse  de  Mac-Cormick  a  rem- 
porlé33  premiers  prix.  Enfin,  au  concours  international  tenu  à  Grosseto 
(Italie),  la  même  année,  elle  a  été  placée  encore  au  premier  rang.  — 
M.  Paul  Francey,  à  Tonnerre  (Yonne),  est  l'agent  général  chargé  de  la 
vente  en  France  de  cette  machine,  dont  le  prix  est  de  1 ,900  fr. 

L.  DE  Sarduiac. 


64  CONCOURS  HIPPIQUE  DE  BREST- 


CONCOURS  HIPPIQUE  DE  BREST 

S'il  est  une  circonscription  où  l'adjonction  de  l'espèce  chevaline  dans  les  con- 
cours agricoles  régionaux  soit  justifiée,  c'est  assurément  la  région  comprenant 
l'ancienne  Bretagne,  le  Maine  et  l'Anjou.  Le  gouvernement,  il  faut  le  reconnaître, 
a  répondu  sous  ce  rapport  à  un  vœu  exprimé  depuis  longtemps,  malgré  l'appui 
donné  par  les  conseils  généraux  et  quelques  sociétés  hippiques,  paràculièrement 
en  Normandie  et  en  Bretagne,  à  la  production  ou  l'élève  du  cheval,  suivant  ce 
qui  leur  paraissait  ie  mieux  approprié  à  l'état  du  sol  et  de  l'agriculture. 

L'administration  des  haras,  créée  sous  Golbert,  interrompue  en  1790,  recon- 
stituée en  1806  et  1815,  n'avait  en  principe  pour  but  que  d'encourager  la  produc- 
tion sur  le  sol  de  la  France,  des  clievaux  propres  à  nos  armées,  et  laissait 
implicitement  en  dehors  de  sa  mission  le  cheval  de  l'agriculture  proprement  dit. 
L'adjonction  de  l'espèce  chevaline  dans  les  concours  régionaux  la  met  à  même 
aujourd'hui  de  favoriser  les  races  locales  lorsqu'elles  le  méritent  en  leur  conser- 
vant leurs  aptitudes;  enfin,  d'infuser  dans  ces  races,  pour  le  cheval  de  service  et 
de  guerre,  ce  principe  de  régénération  qu'on  appelle  le  sang  et  qui  donne  une 
action  énergique  nécessaire  au  cheval  de  selle,  au  trotteur,  et  enfin  au  cheval 
d'armes  qui  doit  pouvoir  se  monter  et  s'atteler.  Les  hippologues,  au  contraire,  ne 
s'inquiètent  guère  que  des  variétés  de  conformation  individuelle  et  s'appliquent 
à  les  analyser.  Or  la  théorie  est  une  chose  dangereuse,  pernicieuse  même,  si, 
conséquence  d'une  longue  expérience,  elle  ne  se  justifie  pas  par  une  pratique 
réelle. 

On  voit  de  suite  la  séparation  d'intérêts  qui  a  valu  maints  griefs  à  une  adminis- 
tration à  laquelle  des  sociétés  hippiques,  comme  celle  de  Brest,  se  plaisent  à  rendre 
liommage,  aujourd'hui.  Les  uns  pensent  que  le  cheval  de  trait,  dont  l'élevage  est 
en  général  profitable,  n'a  pas  besoin  de  l'intervention  de  l'Etat,  et,  qu'en  tout 
cas,  c'est  aux  conseils  départementaux  seuls  à  en  encourager  la  production  ; 
d'autres  pensent  au  contraire  que  toutes  les  races  quelqu'opposées  ou  dissem- 
blables qu'elles  paraissent,  sont  en  réalité  solidaires  .et  liées  entre  elles,  dapnis 
les  plus  fortes  jusqu'aux  plus  faibles;  et  que  plusieurs  variétés  distinctes  peuvent 
se  fondre  en  un  type  nouveau  qui  réunit  à  un  haut  degré  les  qualités  diverses  de 
ses  devanciers,  et  on  cite  à  es  propos  le  cheval  anglo-normand  apte  à  tous  les 
services,  recherché  par  le  commerce  et  le  luxe. 

La  Bretagne  est  un  fond  inépuisable  de  production  chevaline  et  le  Finistère 
notamment  présente  aujourd'hui  un  stock  de  50,000  juments  améliorées  avec 
lesquelles  les  éleveurs,  qui  ont  acquis  un  degré  remarquable  d'habileté  dans  les 
accouplements,  peuvent  espérer  tout  faire.  —  Elln  ne  s'est  pas  reniérmée  dans 
l'éleivage  du  cheval  d  ■  trait  et  n'a  pas  repoussé  l'action  amélioratrice  des  haras, 
ni  r  ntluence  du  sang.  Ses  races,  si  malléables  d'ailleurs,  se  sont  modifiées  heu- 
reusement, et  ofl'rent  au  luxe  et  à  la  remonte  des  ressources  précieuses. 

Sous  ce  dernier  rapport  l'excellente  mesure  prise  par  le  ministre  de  la  guerre, 
à  l'instigation  du  général  Thorton,  mérite  d'être  signalée  :  la  remonte  achète  à 
un  maximum  de  1,200  des  pouliches  de  3  ans  qu'elle  laisse  jusqu'à  cinq  ans  aux 
mains  des  éleveurs  qui  les  nourrissent,  et  elle  leur  abandonne  les  produits.  C'est 
assurément  profitable  à  la  production,  et  moins  coiiteux  que  d'acheter,  au  même 
âge,  des  chevaux  pour  les  envoyer  au  camp  de  Ghâlons  et  les  y  maintenir  jusqu'à 
cinq  ans.  Elle  a  seulement  privé  le  concours  de  quelques  poulinières  restées  chez 
les  éleveurs  qui  ne  se  sont  pas  crus  autorisés  à  les  présenter. 

Il  n  'est  que  juste  d'attribuer  au  progrès  de  la  culture  et  à  l'amélioration  de  la 
ration  fourragère,  celle  des  races  chevalines  en  Bretagne.  Sur  les  terres  fertiles 
du  littoral  où  la  plante  rencontre  l'élément  calcaire  et  les  phosphates  nécessaires 
à  l'ossature  et  à  la  constitution  plastique  des  animaux,  on  a  toujours  élevé  le  gros 
trait  et  le  trait  moyen.  Le  département  des  Gôtesdu-Nord  et  celui  du  Finistère 
recouraient,  à  cette  fin.  à  l'étalon  percheron  et  on  créa  le  type  percheron-breton, 
excellent  cheval  d'omnibus.  Et,  bien  que  l'administration  des  haras,  pour  répon- 
dre à  la  mission  qui  lui  est  confiée,  ait  eu  toujours  à  lutter  contre  la  générali- 
sation du  cheval  de  trait,  elle  n'en  entretient  pas  moins,  au  dépôt  de  Laraballe, 
la  meilleure  collection  de  ce  genre  qui  soit  en  France.  Mais,  par  de  là  le  littoral, 
sur  les  terres  granitiques  de  l'intérieur,  on  produisait  l'espèce  légère  et  notam- 
ment ces  fameux  bidets  de  Briec  et  de  Gorlay,  dont  l'origine  arabe  se  manifeste 
encore  aujourd'hui  par  la  robe  truitée. 


CONCOURS  HIPPIQUK  DE  BREST.  65 

Les  Etats  de  la  province  qui  administrait  elle-même  ses  intérêts  jus':[u'en  1789 
sacrifièrent  à  diverses  reprises  des  sommes  importantes  à  l'achat  d'étalons  arabes. 
Il  est  vrai  que  quelques  chevaux  du  type  germanique  furent  introduits  eu  Bretatçne 
par  le  duc  d'Aiguillon  voulant  se  conformer  à  l'étiquette  de  la  cour,  qui  l'avait 
adopté  pour  les  carrosses.  Arthur  Young  remarque  que  les  nombreux  chevaux 
entiers  (fu'il  rencontre  soat  de  petite  taille,  et  étaient  sans  douie  les  bidets  qui 
menaient  aux  Etats  les  membres  d'une  assemblée  qui  ne  ressembla  que  trop  sou- 
vent à  une  diète  polonaise,  et  sur  lesquels  ils  disparurent  un  beau  soir,  dit 
M.  de  Carné,  au  milieu  des  fondrières  des  chemins  ruraux  d'alors  pour  ne  pas 
voter  le  don  g)'alidt  qui  ne  l'était  que  de  nom. 

Sur  les  hautes  terres  de  l'intérieur  de  la  Bretagne  où  l'on  élève  le  cheval  de  selle, 
l'étalon  anglo-arabe,  le  pur  sang  anglais  est  employé.  Sur  le  littoral  du 
Finistère  il  convient  d'améliorer  la  race  et  de  lui  donnei-  plus  de  distinction,  sans 
lui  enlever  de  sa  force.  L'éleveur  breton  n'est  pa*  comme  celui  de  la  Normandie, 
de  la  Vendée,  du  Poitou,  un  bouvier  qui,  au  milieu  de  soq  bétail,  entretient 
exclusivement  sa  jument  en  vue  de  la  production,  et  son  produit  en  vue  de  la 
vente  à  un  acheteur  spécial,  le  luxe  ou  l'armée.  C'est  ua  laboureur  qui  fait  tra- 
vailler sa  poulinière  et  attelle  son  jeune  cheval  à  la  charrue,  il  veut  bien  que  sou 
lourd  cheval  soit  dégrossi,  qu'il  prenne  de  la  tournure,  de  la  vitesse,  qu'il 
devienne  cheval  de  trait  léger,  mais  à  la  condition  que  ses  épaules  restent  aopro- 
priées  au  collier.  En  ua  mot,  il  veut  bien  faire  un  cheval  meilleur,  miis  pas  uq 
autre  cheval. 

La  race  bretonne  fournissant  l'étoffe  avec  laquelle  ce  type  p'ut  être  atteint, 
quel  est  le  sang  qui  la  façonnera  en  s'y  mêlant.  On  ne  pouvait  penser  au  pur 
sang  qui,  avec  des  juments  de  gros  trait,  donne  souvent  des  produits  décousus 
avec  des  dessous  ne  répondant  pas  au  poids  du  corps.  L'anglo-norminl,  dont  le 
type  uniforme  aujourd'hui,  au  pays  d'élevage,  a  eu  incoutestablemeat  des  succès 
en  'Vendée  et  en  Poitou,  qui  marchent  sur  les  traces  de  la  Normandie,  n'a  pas 
toujours  réussi  en  Bretagne  C'est  alors  que  plusieurs  éleveurs  distingués  qui 
obtinrent  aisément  le  concours  de  l'administratiou  des  haras  et  parmi  lesquels  il 
n'est  que  juste  de  rappeler  le  nom  de  M.  le  vicomte  de  Forsanz  qui  a  pris  une 
part  importante  à  la  préparation  de  la  loi  organique  de  1874  sur  les  haras,  firent 
importer  quelques  trotteurs  de  Norfolk  à  Saint-Pol-de-Léon.  Ils  furent  secondés 
de  la  manière  la  plus  compétente  par  M.  P.-J.  du  Laz,  chargé  de  la  statiou  de 
Saint-Pol  et  qui,  depuis  quarante-quatre  ans,  y  a  rendu  les  services  les  plus 
éminents  à  la  production  chevaline  du  Nord-Finistère.  Les  chevaux  venus  au  con- 
cours de  Brest,  de  cette  partie  du  département  formant  anciennement  l'évèché  de 
Saint-Pol,  étaient  tous  à  peu  près  du  type  Norfolk-Breton  et  attestaient  le  savoir- 
faire  des  éleveurs,  qui  savent  corriger  les  imperfections  des  reproducteurs  par  des 
accouplements  assortis. 

Le  succès  incontesté  de  la  formation  du  type  Norfolk-Breton  et  son  origine 
récente  devaient  naturellement  faire  penser  à  l'établissement  d'un  stud-book  qui 
permit  d'en  conserver  la  pureté.  M.  P.  du  Laz  qui,  depuis  l'introduction  de  l'éta- 
lon Pliénommon,  a  suivi  de  près  ce  croisement  parvenu  aujourd'hui  à  la  confir- 
mation d'un  modèle,  voulut  bien  s'en  charger;  mais  le  concours  de  l'adminis- 
tration des  haras  lui  est  nécessaire  pour  le  cas  où  elle  ne  croirait  pas  le  faire 
établir  elle-même  avec  les  documents  qu'elle  possède.  Les  membres  de  la  Société 
des  algriculteurs  de  France  appartenant  à  la  région  ont,  à  cet  égard,  émis  le  vœu 
que  le  premier  volume  du  stud-book  de  la  famille  Norfolk-Breton  soit  com- 
mencé et  nous  ne  doutons  pas  que  ce  vœu  ne  soit  accueilli  par  l'administration 
supérieure  des  haras. 

Le  sang  trotteur,  au  point  de  vue  du  cheval  de  service,  est  un  progrès  que 
pours  lit  l'administration  des  haras  avec  beaucoup  de  raison,  en  l'exigeant  de  tour 
les  étalons  qu'elle  achète  en  Bretagne  où  elle  pourra  cette  année  encore  recrutes 
de  nombreux  sujets. 

Une  société  hippique,  fondée  sous  le  patronage  de  la  ville  de  Brest,  présidée 
par  M.  Lcloup  de  Varenne,  dont  les  manières  sympthaques  contribuent  au  succès 
de  l'œuvre,  fut  fondée  il  y  a  douze  ans  par  deux  éleveurs,  MM.  Brouillard  et 
Leroux. 

On  croirait  vraiment,  à  entendre  certaines  personnes,  que  l'élevage  du  cheval 
n'intéresse  que  les  gens  riches  et  c'est  à  ce  triste  préjugé  qu'est  due  la  suppres- 
sion de  l'allocation  budgétaire  aux  écoles  de  dressage.  Le  commerça  des  chevaux 
se  compte  par  centaines  de  millions,  et,  en  Bretagne,  la  production,  soit  du  cheval 


66  '  CONCOURS  HIPPIQUE  DE    BKhST. 

de  trait,  soit  du  cheval  de  service,  voire  même  du  cheval  de  selle  dans  la  montagne, 
est  aux  mains  du  petit  propriétaire  ou  du  petit  fermier  qui  l'entretient  souvent 
jusi|u"à  trois  ans.  Or  tout  le  monde  sait  qn'un  jeune  cheval  au  sortir  de  la  prairie, 
de  l'écurie  même,  n'est  point  propre  au  service  et  que  son  dressage  est  nécessaire, 
si  on  veut  en  tirer  un  prix  rémunérateur.  C'est  pour  donner  à  la  production  bre- 
tonne ce  complément  nécessaire  que  s'est  fondée,  sur  les  errements  de  la  Société 
hippi([ue  française  et  pour  encourager  le  dressage  du  cheval  breton  amélioré,. la 
î^ociété  hippique  brestoise. 

La  Société  des  agriculteurs  de  France  adjoint  chaque  année  quelques  médailles 
à  la  distribution  des  récompenses  de  la  Société  hippique  de  Brest.' 

Si  on  parcourt  le  catalogue  des  chevaux  exposés  sur  la  belle  promenade  du 
cours  d'Ajot  plantée  d'arbres  séculaires  et  dominant  la  rade  de  Brest  dont  les  eaux 
bleues,  lorsque  le  soleil  les  éclaire,  rappellent  la  baie  de  Naples,  on  voit  que  la  très 
grande  majorité  appartient  au  Finistère.  Cependant  la  Loire-Inférieure  a  remporté 
le  premier  prix  des  poulains  de  selle,  et  le  même  éleveur,  M.  Carreau,  à 
Saint-Etienne  de  Montiuc,  a  obtenu  le  prix  d'ensemble,  tandis  que  M.  Parage, 
de  Maine-et-Loire,  obtenait  le  2'' prix  dans  la  3''  catégorie  et  méritait  le  premier  prix, 
aux  yeux  des  connaisseurs. 

Après  un  défilé  des  chevaux  primés  devant  le  ministre  de  la  marine  et  les 
députés  du  Finistère,  notamment  M.  Gamescasse,  prélet  de  police,  la  distribution 
générale  des  deux  concours  a  eu  lieu  au  théâtre. 

La  Société  des  agriculteurs  de  France,  par  l'organe  de  M.  le  comte  de  Lorgeril, 
président  de  la  Société  d'agriculture  d'IUe-et-Vilaine,  et  la  Société  d'encoura- 
gement à  l'agriculture  ont  ajouté  d'assez  nombreuses  récompenses  à  celles 
distribuées  par  l'Etat. 

L'objet  d'art  de  la  Société  des  agriculteurs  a  été  attribué  à  M.  de  Kertanguy 
possédant  une  importante  écurie  de  trotteurs  de  Norfolk.  Les  membres  de  la. 
Société  des  agriculteurs  réunis  à  Brest  se  sont  plu  à  rendre  hommage  à  l'inter- 
vention agricole  de  M.  le  vicomte  de  Cliampagny,  en  lui  attribuant  une  médaille 
d'or,  et  à  celle  de  M.  Tanguy,  vétérinaire  à  Landerneau,  pour  ses  diverses  initiatives 
en  faveur  du  progrès  agricole  dans  le  Finistère  et  la  production  du  cheval,  regret- 
tant de  ne  pouvoir  pour  cette  année  lui  otfrir  qu'une  médaille  d'argent. 

Le  ministre  de  l'agriculture  avait  attribué  au  concours  de  Brest  huit  décorations 
du  Mérite  agricole  et  parmi  les  nouveaux  chevaliers  c'est  pour  nous  plaisir  et 
justice  de  signaler  M.  G.  Le  Bian,  qui,  dans  sa  belle  propriété  de  l'Hermitage 
(commune  de  Lambezellec,  près  Brest),  a  donné  l'exemple  de  l'élève  du  cheval 
en  même  temps  que  de  l'horticulture  et  l'arboriculture  les  mieux  entendues. 
Quant  à  M.  Bordillon,  il  est  de  ceux  que  leurs  connaissances  des  difficultés  locales 
et  leur  impartialité  éclairée  par  la  pratique  font  apprécier  dans  les  nombreux 
jurys  auxquels  il  est  appelé. 

l"  Catégorie.  —  Trait.  —  \"  Section.  Poulains  de  3  ans.  Rouan-CUder,h  M.  du  Rusqnec,  de 
Sibiril  (Finistère),  1™  prime;  l.esiicven,  kM..  Denis  Le  Borgne,  de  Cléder  (Finistère),  2°  prime; 
Jean-Ban,  à  M.  Claude  Caill,  de  Plouzévédc  (Finistère) .  3°  prime.  Mentions  lionorables,  iord-o/'- 
Ihe-Manor,  à  M.  Crèacli,  de  PIounévez-Loolirisl  (Finistùrc)  ;  Kérim.  k  M.  Lagain,  de  Serve, 
(Cùtes-du-Ford).  —  2°  Section.  Poulicties  de  3  ans.  Berqère,  à  M.  Guennou,  de  Loberliet. 
1"  prime  jFifury,  àM.  Cueff,  dePlouénan,  2=  prime  ;  P/iniiip,  à.M  Bolec,  de  Ploud;iniel,  3'prime; 
La  Belle,  k  M.  Bizien,  de  Plouarzel,  4=  prime  ;  Lucie,  à  JL  François  Corre,  de  Lannilis,  .')•  prime; 
—  'i"  Section.  Poulinières.  Minette, kU.  LeFlanchec,  de  Servel  (Côtes-du-Nôrd),  l"  prime- 
Miss,  k  M.  Mènes,  de  Rosnoën  (Finistère),  2'  prime  ;  Bellonc,  à  M.  Haraonou.de  Servel  (Côtes-du, 
Nord),  3»  prime;  Fanmj,  à  M.  Rouallec  de  Plouénan  (Finistère),  4"  prime;  Rouanne,  à  M.  Pezron; 
de  Plonb'ezre  (Côles-du-Nord),  5°  prime;  X..  à  M.  Quéguiner,  de  Plourin  (Finistère),  6'prime- 
Minette,  à  M.  Le  Coat,  de  Servel  (Côtes-du-Nord),  7"  prime  ;  Hermione,  à  M.  Cougar,  de  Loc-Brè- 
valaire  (Finistère).  Mentions  honorables,  fMcie,  à  M.  le  Flanchec,  de  Servel  (Côtes-du-Nord)  ; 
Quanlic,  à  M.  Thomas,  de  Servel  (Cùles-du-Nord)  ;  Pichonne,k  M.  Héliès,  de  Plouarzel  (Finistère); 
Robuste,  à  M.  Péron,  de  Mespaul  (Finistère).  —  4"  Section.  Poulains  de  2  ans.  Hercule, 
à  IVI.  Claude  Caill,  de  Plouzévédé  (Finistère),  1'°  prime;  Kervella,  à  M.  Nicolas  Quentin,  de  Plon- 
nèventer  (Finistère),  2'  prime.  l\Ientions  honorables,  TroKawa;;,  àM.  René  Le  Duff,  de  Ploueseat 
(Finistère)  ;  Rubini,  à  M.Vincent  Le  DulT,  île  Cléder  (Finisière).  —5»  Section.  Pouliches 
de  2  ans.  Minette,  k  M.  le  Denmat,  de  Saint-Servais,  l"  prime  ;  Casse-Cou,  à  M.  Laot,  de  Plou- 
goulm,  T  prime;  Rosette,  à  M.  Guivarch,  de  .Sibiril,  3»  prime  ;  X.,  à  M.  Maurice  Quéguiner,  de 
Plourin,  4°  priire. 

2"  Catégorie.  —  Attelage. —  l"  Section.  Poulains  de  3  ans.  Si'négal,  à  M.  Cueff,  de  Plouénan 
(Finistère),  1"  prime.  Fir-King,,k  M.  Vigourous,  de  Lopcrhet  (Finistère),  T  prime.  Primau,  à 
M.  Lèa,  Efflam,  du  Folgoët  (Finistère),  3»  primo.  Printemps,  à  M.  Troadec,  de  Plouvénez-Lochrist 
(Finisière),  4  •  prime.  Foxhal,  k  M.  Vigouroux  de  Loperhet  (Finisière),  .î'  prime.  Mcriadec,  à 
M.  de  Lusunan,  de  Plouénan  (Finistère),  6'  prime.  Vainqueur,  à  M.  Bihan  de  Ploiigoulm 
(Finistère),  7"  prime.  Héro,  à  M.  Mesguen,  de  Sibiril  (Finistère),  S'  prime.  Gédéon,  à  M.  Bourhis, 
de  Plouénan  (Finistère),  9"  prime.  Cood-by,  à  M.  Le  Borgne  (Denis),  de  Cléder  (Finistère), 
10"  prime.  .Y...,  à  M.   Le  Nir,  de  CluUcauliii   (Finisière),  IP  prime.   Jean,  k  M.  Creach.  do  I>lou- 


CONCOURS  HIPPIQUE  DE  BREST.  67 

goulm  (Finistère),  12"  prime.  Argus,  à  M.  Rouallec,  de  Plouénan  (Finistère),  13'  prime.  .S'n/si'i, 
a  M.  VigoiMOux,(ic  Loperiiet  (Finistère),  14"  priniL".  Mentions  tionorahles  ;  César,  h  M.  Troaiiec, 
de  Plounévez-Lochiist  (Finiàtère).  Rabot,  à  M.  Créach,  de  Plouvénez-Lochrist  (Fiaistère).  Vain- 
queur, à  M.  Queniric,  de  Bodilis  (Finistère).  —  2"  Section.  —  Pouliches  de  3  ans.  Déa,  à 
M.  Garreau,  de  Saint-Etieniie-de-.Monlluc,  1"  prime.  Falène,  à  M.  Bilian  de  Plougoulm,  2°  prime. 
Beltone,  à  .M.  Ollivier  (Jean) ,  de  Plouénan,  y  prime.  Périnetle,  à  Jt.  Hardy,  de  Macliecoul, 
4"  prime.  Bichette,  à  M.  Rest,  de  Saint-Pol-de-Léon,  5'  prime.  Finette,  k  M .  Gucnnoc,  du  Folgoët, 
6°  prime.  Fleurdi'-Mai,  à  M.  OuelV,  de  Saint-Pol-de-Léon,  7°  prime.  Carmen,  à  M.  Mesguen,  de 
Saint-Pol-de-Léon,  8'  prime.  Ridol,  à  M.  Vlf,'ouroux,  de  Loperhet,  9'  prime,  llrune,  à  .M.  Sévère 
(OlUvier),  de  SaiiitPol-de-Léoii,  10°  prime.  Mignonne, k  M.  Sévère  (Pierre),  de  .Saint-Pol-de-Léon, 
Il  prime.  Emeutièrc,  à  M.  Guéguen,  de  Saint-Vougay,  12"  prime.  Florès,  k  M.  Caëll,  de  Lanriec, 
13°  prime  supplémentaire  Fleur-d' Epine,  à  M.  Huon,  de  Plouégat-Guerrand,  14"  prime  supplé- 
mentaire. Fieary,  à  M.  Marziii,  de  Landunvez,  15"  prime  supplémentaire.  3"  Section.  —  Pouli- 
nières demi-sang.  BeUc-de-jour  à.  M  Guivarcli,  père,  de  Sibiril  (Fini.stère),  1"' prime.  Bellone,  à. 
M.  Guivarch.  fils,  de  Sibiril  (Finistère),  2°  prime.  Bufine,  à  M.  Troadec,  de  Plounénez-Lochrist, 
3°  prime.  Mignonne,  à   M.  Marzin,  de  Landunvez  (Finistère),  4"  prime.  Troteuse,  à  M.  Mcrguen, 

de  Sibiril  (Finistère,  5"  prime.  Bijou,  à  M.  Bihan  (J.-M.),  de  Plougoulm,  (Finistère),  G"  prime. 
La  Patrie  ,  à  M  Huon  (Jean) ,  de  Plouégat-Guerrand  (Finistère),  7"  prime.  Chcerly,  à  M.  Marzin, 
de  Landunvez  (Finistère),  S°  prime.  Bellone,  à  M.  François  Ouéré,  de  Saint-Pol-de-Léon  (Finis- 
tère), 9"  prime.  Jeanne,  à  M.  J.-M.  Bihan,  de  Plougoulm  (Finistère),  10"  prime.  Hirondelle,  à 
M.  Guivarch,  père,  de  Sibiril  (Finistère),  11"  prime  Rohine,  k  M.  Souriman,  de  Plougoulm 
(Finistère),  12"  prime.  Mentions  honorables  :  Lucie,  à  M.  Yves  Péron,  de  Mespaul  (Finistère). 
Brune,  à  M.  Louis  Ouéré,  de  Saint-Pol-de-Léon  (Finistère).  Bergère,  à  M.  Marzin,  de  Landunvez 
(Finistère).  Finette,  à  M.  Reyer,  de  Plouider  (Finistère).  Aima,  à  M.  Louis  Quèré,  de  Saint-Pol- 
de-Léon  (Finistère).  Caroline,  à  M.  Louis  Adam,  de  Ploudaniel  (Finistère).  —  4"  Section.  — 
Poulains  de  2  ans.  Bégasse,  à  M.  Yves  Sévère,  de  Saint-Pol-de-Léon,  1'"  prime.  Echanson,  à 
M.  de  Kertanguy,  de  Garian,  2"  prime.  Sénégal,  à  .M.  Pierre  Henry,  de  Plourin.  3"  prime.  Fer- 
dinand, à  M.  Tanguy,  de  Bodilis,  4'  prime.  Veneur,  à  M.  Fr.  Caér,  de  Plouénan,  .i"  piime.  Bary- 
ton, à  M.  Porliel,  de  Mespaul,  G"  prime  Tourc'h,  à  M.  Grall,  de  Plouescat,  7°  prime.  Labyrin- 
the, à  M.  Ouentric,  de  Saint  Gervais,  8"  prime.  Milii,  à  M.  N.  Quentric,  de  Plounévenler , 
9"prime.   llasting,  à  M.  de  Rusunan,  de  Plouénan  (Fmistère).  Hermion,  k  M.  Roué,  de  Plouénan 

(Finistère).  Tridein,k  M.  Corre,  de  Tréflaonénan  (Finistère). — 5"  Section.  —  Pouliches  de  2  ans. 
Rosette,  à  M.  Fr.  Guère,  de  Saint-Pol,  V  prime.  Surprise,  a  M.  Ganeau,  de  Saint-Etienne- 
Montluc,  2"  prime.  Nubia.  à  M.  Fr.  Roualec,  de  Plouénan,  3"  prime.  Hirondelle,  à  Yves  Sévère, 
de  Saint-Pol-de-Léon,  4"  prime.  Clellic,  à  M.  Abéguillé,  de  Plouvénez-Lochrist,  .ô"  prime. 
Ruffian,  à  M.  Troadec.  de  Plouvénez-Lochrist,  G"  prime.  Finette,  à  M.  Marzin.  de  Landunvez,  7" 
prime.  Rosette,  à  M.  Bodériou,  de  Plougourvest,  8"  prime.  Mentions  honorables  :  Coquelte,  k 
M.  Cueff,  de  Plougoulm.  Ruffme,  à  M.  J.-P.  Rosec,  de  Mespaul. 

3°  Catégorie. —  Selle.' —  ]'""  Section.  —  Poulains  de  trois  ans.  Docteur,  à  M.  Garreau,  de 
Saint-Etienne-de-.Montluc  (Loire-Inférieure),  1"  prime.  Paris,  à  M.  Parage,  de  Chazé-sur- 
Argos  (Maine-et-Loire), 2"  prime.  pKimpcr.à  M.  LeHan,  de  Plounévez-Loclirist  (Finistère), 3  prime. 
Mentions  honorables  :  Dogan,  à  M.  Le  Bras,  de  Sizun  (Finistère).  Entier,  à  M.  Le  Nir,  de  Chà- 
teaulin  (Finistère).  2'  Section.  —  Pouliches  de  3  ans.  Bécassine,  à  M.  Garreau,  de  Saint- 
Etienne-de-Montluc,  P°  prime.  Pénitence,  à  M.  de  Kertanguy,  de  Garian,  2°  prime.  Bibiche,  à 
M.  Hardy,  de  Machecoul,  3"  prime.  Rosette,  k  M.  Alain  Thomas,  de  Ploudaniel.  4"  prime.  Miss,  à 
M.Tanguy  Seité,  de  Plouescat,  5'  prime.  Lisette,  à  .M.  Yves  Feuntun,  d'Ergné-Armel,  G"  prime. 
iV.,  à  M.  François  SaiUour,  de  Saint-Thégonnec,  7°  prime.  Espérance,  à  M.  Hervé,  de  Ploézal,  8" 
•prime  supplémentaire.  —  3°  Section.  —  Poulinière.  Oméga,  à  M.  de  Kertanguy,  de  Garian  (Finis- 
tère), I"  prime.  Lingère,  à  M.  Garreau,  de  Saint-Etienne-de-Montluc  (Loire-Intérieure),  2"  prime. 
Finette,  à  Mme  Vve  Mazurié,  des  Garennes-Quintin  (Côtes-du-.N'ord),  3"  prime.  Lucie,  à 
M.  Créach,  de  Mespaul  (Finistère),  4°  prime.  Ma  Coqueluche,  k  M. de  Kertanguy,  de  Garian, 
(Finistèfe),  5"  prime.  Coquette,  k  M.  Guivarch,  lils,  de  Sibiril  (Finistère),  6"  prime.  Brune,  à 
M. Elles,  de  Plourin  (Finistère),  7'  prime.  .Mentions  honorables  :  .1',  à  M.  Cosson,  de  Corlay 
(Côles-du-Nord),  Fille-de-l'Air,  k  U.  Quéré,  de  Corlay  (Côtes-du-Nord).  Pommc-cVApi,  à  M.  de 
Kervasdoué,  de  Locmaria-Plouzanné  (Finistère).  ^  4'  Section.  —  Poulains  do  2  ans.  X.,  à. 
M.  Quéré,  de  Corlay  (Cotes-du-Nord),  1'"  prime.  Eclair,  à  M.  de  Kertanguy,  de  Garian,  2"  prime. 
Enl,  k  M.  de  Kertanguy,  de  ^iarlan,  3"  prime.  Mentions  honorables  :  Bobe ,  à  M.  le  baron  Didelot, 
de  Guilers  (Finisière).  —  ô»  Section.  —  Pouliches  de  2  ans.  Eva,  à  M.  Garreau.  de  Saint-Eiienne, 
1"  prime.  Mimi,  à  M.  Pierre  Sévère,  de  Saint-Pol-de-Léon,  2"  prime.  Fleur-de-Mai,  à  M.  Gui- 
varch, de  Sibiril,  3"  prime.  Aima,  à  M.  Yves  Quiviger,  de  Saint-PoI-de-Léon,  4"  prime. 

A.    DE    LA   MORVO.XNAIS. 

L'OSTREICULTURE  AU  ROCHER  DE  L'ESTREES' 

La  Section  d'économie  des  animaux  a  l'honneur  de  vous  soumettre  les 
observations  et  résolutions  que  lui  a  suggérées  la  lecture  du  Mémoire 
de  M.  d'Aviau  de  Piolant,  sur  l'historique,  l'organisation,  la  marche 
et  les  résultats  du  Syndicat  des  rochers  de  l'Estrées,  dont  il  est  le 
président,  Mémoire  que  vous  lui  aviez  renvoyé  par  vos  décisions 
des  21  novembre  et  15  décembre  1883. 

Disons  d'abord  que  l'importance  de  ces  travaux  n'avait  point 
échappé  à  quelques-uns  do  nos  collègues  et  que,  grâce  à  leur  initia- 
tive  si  chaleureusement   secondée   par   l'honorable  président    de   la 

I.  Rapport  adopté  par  la  So;iéte  nationale  d'agriculture. 


68  L'OSTRÉIGUI-TURE  AU   HOCHEU  DE  L'ëSTRÉES. 

Société  des  agriculteurs  de  France,  notre  si  respecté  confrère  M.  le  mar- 
quis de  Dampierre,  une  des  plus  hautes  récompenses  de  cette  Société 
lui  l'ut  accordée  lors  du  dernier  concours  régional  de  Rochefort. 

Ces  travaux  furent  signalés  pour  la  première  fois  au  monde  pisci- 
cole par  notre  bibliothécaire,  M.  Laverrière,  à  propos  du  concours 
régional  de  Niort,  où  ils  obtinrent  une  première  médaille  d'or.  C'est 
à  la  suite  de  ces  deux  premières  manifestations,  que  les  Anglais, 
toujours  si  friands  de  nos  travaux  d'ostréiculture  et  si  au  courant  de 
tout  ce  qui  se  passe  sur  notre  côte  piivilégiée  d'Entre-Loire-et-Gironde 
(Hornsby,  le  major  Haies),  en  ont  fait  le  sujet  d'études  aussi  savantes 
que  minutieuses  dont  votre  rapporteur  a  eu  l'honneur  d'avoir  connais- 
sance en  Angleterre  en  1881. 

Les  Anglais,  disions-nous,  frappés  de  la  haute  importance  de  ces 
travaux,  leur  avaient  réservé  une  place  d'honneur,  ni  demandée,  ni 
occupée,  dans  leur  récente  exposition  piscicole  de  Londres,  en  1883. 

C'est  qu'en  effet,  Messieurs,  les  i^ésultats  de  ces  travaux  n'ont  point 
encore  eu  d'égaux  dans  cette  direction. 

Notre  érudit  bibliothécaire  parle  bien  d'essais  tentés  dans  la  baie 
de  Cheasepeake,  assez  satisfaisants,  dit-il,  grâce  aux  fonds  sur  lesquels 
on  avait  immergé  l'huître  américaine;  mais,  depuis  on  n'en  entendit 
plus  rien,  pas  plus  que  de  ceux  faits  au  nord  du  Royaume-Lni,  par 
les  ducs  de  Sutterland  et  Buchleuch.  Les  tentatives  de  la  Bryner  bay 
engloutirent  inutilement  près  de  2  raillions  de  francs. 

On  est  donc  en  droit  de  dire  que,  depuis  la  toute  première  initiative 
du  notaire  Pougnard  à  la  Tremblade,  en  1852,  les  essais  de  MM.  Bel- 
tremieux  et  Bellenfant,  précédés  des  travaux  de  MM.  d'Orbigny  et 
Eugène  Fobert,  dans  la  Charente-Inférieure,  en  1855,  ceux  de  Goste  à 
l'île  des  Oiseaux  du  bassin  d'Arcachon,  en  I86'i,  rien  de  pareil  ne 
s'est  vu. 

Inutile  de  dire.  Messieurs,  que  ce  qui  précède  ne  se  rapportait  qu'à 
YOstrea  edulis;  l'accident  du  Verdon,  qui  nous  fit  faire  malheureuse-  " 
ment  connaissance,  dit-on,  avec  la  grip/iœa  n'ayant  eu  lieu  qu'en  1864, 
à  50  kilomètres  plus  au  sud  dans  l'embouchure  de  la  Gironde. 

Nous  voilà  donc  en  présence  de  la  griphée  modifiée  non  seulement 
dans  sa  forme,  mais  encore  dans  son  goût.  Quelles  immenses  consé- 
quences. Messieurs,  n'apparaissent-elles  pas  avec  ces  faits,  pour  la 
portugaise,  dont  la  multiplication  par  milliards  de  milliards,  l'énergie, 
la  robusticité  si  nous  osous  dire,  surpasse  tout  ce  que  ion  savait  dans 
cette  direction,  à  ce  point  que  ces  qualités  inquiètent  tellement,  que 
l'on  en  est  à  se  demander  si  là  comme  partout,  le  faible  devant  dis- 
paraître  devant  le  fort,  notre  bonne  et  savoureuse  gravette,  notre 
marennes,  sans  seconde,  quoi  qu'on  en  ait  essayé  ©n  maintes  régions, 
n'en  était  pas  sérieusement  menacée,  non  seulement  dans  ses  lieux  de 
production,  mais  même  dans  ses  lieux  de  stabulation. 

La  portugaise,  d'après  M.  Rougier,  ne  cessant  de  frayer  que  durant 
les  gelées,  fait  absolument  nouveau,  sur  lequel  nous  tenons  d'autant 
plus  à  insister  après  en  avoir  mis  la  preuve  sous  vos  yeux,  qu'on  fut 
on  ne  peut  plus  étonné  dans  cette  circonscription  ostréicole,  où  le  fait 
est  admis,  de  voir  faire  par  un  délégué  de  l'administration  de  la 
marine  qui,  elle  ne  cherchant  que  le  mieux,  n'en  saurait  être  respon- 
sable, aussi  n'en  revient-on  pas  encore,  disions-nous,  d'avoir  vu 
essayer  l'hybridation  par  la  fécondation  artificielle  de  la  griphée  et  de 


L'uSTHKtCULTUUE  AU   llOGHEH   Dii   I.KSTUKES.  69 

l'edulis,  doux  parentes  à  mœurs  et  organismes  tellement  différents, 
dans  des  tonneaux  remplis  d'eau  de  mer  à  l'époque  de  la  dernière  dera- 
bation  il  n'y  a  que  quelques  mois. 

Tenez  pour  certain,  Messieurs,  que  les  choses  de  la  mer  ne  se 
traitent  pas  ainsi  et  en  attendant  ([ue  l'on  nous  communique  des 
résultats,  pour  lesquels  nous  n'hésitons  pas  à  faire  appel  à  une  longue 
patience,  revenons  aux  travaux  du  Syndicat  de  l'Estrées,  tout  d'ac- 
tualité, que  tous  à  toute  heure  peuvent  comme  nous  aller  vérifier. 

Votre  Section  vous  mettra  en  garde  d'entrée  contre  l'objection  sui- 
vante :  Mais  ne  serait-ce  pas  un  cas  spécial  à  l'Estrées,  à  son  orienta- 
tion, à  ses  courants  ?  Le  fait  qui  s'y  accomplit  sur  une  si  grande  échelle, 
la  modification  de  sa  coquille  surtout,  se  reproduirait-il  ailleurs? 
Nous  n'oserions  ni  affirmer,  ni  infirmer,  mais  nous  répoudrions  : 
essayez  ! 

Dans  le  Mémoire  de  M.  de  Piolant,  toutes  ces  opérations,  ces  résultats 
sont  observés,  commentés,  chilTrés.  Les  16  hectares  primitifs  delà 
concession  de  1876  à  141  associés,  sont  devenus  :  les  '25  hectares 
environ  de  1883,  à  1!)4  associés;  les  12  ares  de  la  part  du  président 
ayant  rapporté  1 85  francs  net.       , 

Vous  voyez  donc,  Messieurs,  que  les  rochers  de  l'Estrées  concession- 
nés,  rapportent  et  représentent  aujourd'iiui  un  revenu  d'environ 
40,000  francs,  qui  se  doublera,  là  où  avant  1876  il  n'y  avait... 
rien  ! 

Si  du  fait  argent,  nous  passons  au  fait  de  la  transformation,  nous 
lisons  page  Odu  Mémoire  :  «La  Charente  elle-même  se  met  de  la  partie 
et  ijontribue  à  nos  succès;  les  eaux  douces  corrigeant  l'amertume  des 
flots  de  l'Océan,  l'âcreur  de  la  griphœa  tend  à  disparaître  et  grâce  à  la 
violence  des  courants,  à  une  iévigation  constante  et  active,  nous  nous 
trouvons  en  présence  d'une  huître  de  forme  à  peu  près  régulière  à  goût 
agréable,  sinon  exquis.  » 

Quelques-uns  de  nos  honorables  confrères  ont  pu  constater  que, 
quant  au  goût,  il  y  a  sensible  diminution  de  l'âcreur  particulière  à  la 
griphée. 

i\L  de  Piolant  n'a  rien  dit  de  tro|),  relativement  à  la  transformation 
de  la  coquille.  Vous  avezvu,  Messieurs,  quelques  échantillons  recueillis 
par  nous  sur  les  lieux,  ainsi  que  le  collecteur,  pour  vous  mettre  à 
même  de  vous  prononcer  sur  un  fait  qui  vient  d'être  récemment 
constaté. 

Que  de  réflexions  n'aurions-nous  pas  à  vous  faire.  Messieurs,  sur  ce 
collecteur  en  pierre  au  point  de  vue  économique  d'abord,  et  de  l'heu- 
reuse composition  de  cette  roche  à  effrittement  facile  assurant  ainsi  si 
aisément  le  détroquage,  celte  opération  mère  de  tout  succès  en  ostréi- 
culture, comparé  aux  fascines  historiques  de  l'ensemencement  projeté 
de  la  baie  de  Saint-Brieuc  ! 

Que  de  fois  ne  disions-nous  pas  à  notre  toujours  cher  et  vénéré  ami 
M.  Coste  :  Trop  de  belles  choses  :  des  bois,  des  filins,  des  vieux  boulets  ! 
Une  pierre  qui  résiste  non  seulement  au  courant,  mais  sur  laquelle 
croissent  des  plantes  marines  servant  de  balayeuses.  Voilà  le  néces- 
saire dans  sa  plus  extrême  simplicité. 

Le  fait  constant  du  reculement  de  la  vase  devant  ce  collecteur,  si 
simple,  si  économique,  chargé  de  varech  ou  de  goémon,  n'étant  pas  à 
mettre  en  doute,  est  un  fait  que  l'avenir  utilisera,  soyez-en  certains, 


70  L'OSTRKICaLTUIiE  AU  UOGEER  DE  LESTRÉES. 

sur  une  échelle  autrement  Importante  que  celle  employée  par  le  Syn- 
dicat de  l'Estrées,  quand  l'administration  des  ponts  et  chaussées 
permettra  aux  ostréiculteurs  de  prendre  la  pierre  sur  la  grève  où  elle 
ne  sert  à  rien,  au  lieu  de  les  forcer  à  l'acheter  et  à  la  faire  transporter 
de  l'intérieur  des  terres,  où  raille  difficultés  sont  à  surmonter,  en 
dehors  de  la  première  de  toutes,  la  question  d'argent. 

Les  roches  de  l'Estrées,  situées  au  sud  de  l'embouchure  de  la  Cha- 
rente, en  face  de  la  rade  du  Doux  et  des  rochers  de  Derr,  avaient  du 
reste  été  déjà  signalées  par  Coste,  en  1854,  pour  des  essais  de  recueil- 
lement de  naissain,  essais  dont  nous  avons  eu  tant  de  fois  l'honneur  et 
le  devoir  de  parler  pour  rendre  justice  et  hommage  aux  deux  premiers 
pionniers  de  l'ostréiculture  française,  qu'il  en  avait  chargés. 

Vous  nous  permettrez,  Messieurs,  de  prononcer  ces  deux  noms 
devant  vous,  à  nous  le  seul  survivant  de  cette  époque  de  l'ostréicul- 
ture militante,  avec  notre  vénéré  ami  M.  le  D'  Kemmerer,  de  l'île  de 
Ré.  Ces  deux  pionniers  étaient  M.  le  commissaire  de  la  marine  Acker- 
mann  et  son  garde  Rabeau. 

Les  l'ésultals  du  Syndicat  de  l'Estrées  sont  d'autant  plus  heureux 
que  la  marche  de  la  portugaise,  du  sud  au  nord,  commence  à  prendre 
sur  certains  points  de  notre  côte  saintongcaise  d'inquiétantes  propor- 
tions comme  nous  vous  le  signalions  en  commençant. 

Inutile  de  vous  faire  remarquer  que  la  portugaise,  la  griphica,  mise 
aux  claires,  se  verdit  comme  notre  gravette  et,  déposée  simplement 
dans  les  parcs  où  elle  est  soignée,  remuée  comme  la  française,  y  prend 
une  forme  plus  régulière  et  cela  en  quelques  mois  seulement,  selon  des 
observations  de  M.  Rougier,  membre  de  la  Commission  de  l'Estrées. 

Votre  Section,  en  vous  rendant  le  travail  de  M.  de  Piolant,  tient  à 
appeler  votre  attention  sur  ce  qu'elle  n'hésite  pas  à  vous  signaler 
comme  le  plus  grand  fait  de  l'ostréiculture  moderne,  c'est-à-dire  faire 
produire  à  une  roche  nue  dévastée,  abandonnée,  de  1 ,200  à  1 ,300  fr. 
par  hectare  et  par  an,  et  cela  avec  une  première  mise  de  fonds  de 
10  francs,  aussitôt  remboursés  par  la  vente  des  produits  de  la  réserve 
commune,  aux  141  premiers  associés,  régis  par  cette  organisation  si 
simple  et  si  curieuse  du  Syndicat  des    ostréiculteurs  de  l'Estrées. 

Le  Bidlelin  de  la  direction  de  l'agriculture  (n"  8,  1883),  nous  parle 
de  quelque  chose  d'analogue  à  la  rivière  de  la  Trinité  (Morbihan;. 
Bien  que  le  rapport  du  jeune  professeur  chargé  par  elle  de  l'enseigne- 
ment des  choses  de  la  mer,  ne  nous  donne  pas  de  chiffres,  nous  ne  l'eu 
citerons  pas  moins  comme  un  heureux  rejeton  de  son  année  de  1876. 
Du  reste,  page  147  d'un  travail  sur  l'ostréiculture,  le  rapporteur  se 
joint  à  nous  pour  constater  l'amélioration  de  la  portugaise  cultivée 
dans  la  circonscription  de  Marennes. 

Votre  Section  doit  être  en  terminait,  près  de  notre  honoré  confrère, 
M.  Léon  Say,  l'interprète  de  la  reconnaissance  des  ostréiculteurs  de 
l'Estrées.  C'est  grâce  à  une  de  ses  nettes  et  libérales  décisions,  lors 
d'un  de  ses  passages  au  ministère  des  finances,  qu'ils  ont  dû  de  n'être 
point  enrayés  par  le  zèle  de  quelques  agents  des  domaines  et  qu'elle  a 
l'honneur  de  vous  entretenir  aujourd'hui  de  si  brillants  résultats. 

En  conséquence,  votre  Section  vous  propose  d'accorder  à  M.  d'Aviau 
de  Piolant  une  médaille  cfor  à  l'effigie  iVOlivier  de  Serres. 

Chabot-Karlen, 

Memhre  Je  la  Societù  nationale  d'agriculture. 


LE   SUCRE  EN   ALLEMAGNK 


LE  SUCRE  EN  ALLEMAGNE 

Monsieur  le  directeur,  j'ai  décrit  récemment  dans  le  Journal  de  l'A- 
gricuhure  les  conditions  économiques  de  l'industrie  sucrière  en  Alle- 
magne. Vos  lecteurs  connaissent  l'immense  développement  de  la 
sucrerie  allemande.  En  I8'i  l-iSVi,  liio  fabriques  opéraient  sur  2 
millions  et  demi  de  quintaux  métriques  de  betteraves;  en  1883-1884, 
376  fabriques  travaillent  89  millions  de  quintaux  métriques.  4,")  nou- 
velles fabriques  fonctionneront  en  1S84-1S>^r).  La  production  mini- 
mum peut  à  l'avenir  être  évaluée  à  100  millions  dequmtaux  métriques 
de  betteraves.  Je  veux  aujourd'hui  vous  sii;naler  la  modification  (pii 
doit  être  introduite  dans  la  législation  à  partir  du  1"  août  1885.  Le 
projet  de  loi  adopté  par  le  Bundesralh  sera  discuté  par  le  Ueichstag 
dans  la  prochaine  session.  La  Ciiancellerie  a  reconnu  que,  dans  les 
conditions  actuelles  de  l'industrie,  le  fisc  donne  une  bonification 
trop  élevée  à  l'exportation.  Elle  propose  donc  de  changer  la  taxe  inté- 
rieure et  la  prime  d'exportation. 

On  admet  que,  dans  les  cinq  exercices  de  1878-1879  à  1882-1883, 
1 1 .02  quinti\,ux  métriques  de  betteraves  ont  produit  \  quintal  mé- 
trique de  sucre  à  93.75  de  polarisation,  non  compris  le  sucre  extrait 
de  la  mélasse.  Il  est  assez  diflicile  d'évaluer  la  quantité  de  sucre  ex- 
trait de  la  mélasse.  On  ne  peut  recourir  qu'à  des  approximations.  En 
1882-1883,  sur  358  fabriques  travaillant  87,471 ,537  quintaux  métri- 
ques de  betteraves,  2U5  fabriques  travaillant  5 'i, 072, 990  quintaux 
métriques  de  betteiaves  utilisaient  leurs  mélasses.  Voici  comment  se 
répartissaient  ces  fabriques  : 

Betteraves. 

Osmose I3G  3'2, 743  ,419  quintaux  métriques. 

Elution TiO  15,542,27' 

Substitution 12  3.693,097 

Strontiane 4  1.3nO,(lC)7 

Autres  procédés 3  l.H(i:{.n3f> 

"205  54,ii72,yJU 

Il  faut  aussi  se  rappeler  que  ces  fabriques  achetaient  de  la  mélasse, 
et  qu'en  outre  quatre  fabriques  ne  travaillaient  que  la  mélasse.  Les  in- 
dications de  la  distillerie  montrent  que  la  mélasse  passe  de  moins  en 
moins  à  l'alambic.  Dans  les  quatre  derniers  exercices,  la  quantité  de 
mélasse  utilisée  dans  la  distillerie  a  considérablement  diminué  : 

Distilleries.  Mêlasse. 

1879-1880 32  1 ,  14«,  182  quintaux  métriques. 

1880-1881 26  880,882 

1881-1882 24  684,605 

1882-1883 17  425,032 

En  partant  de  ces  données,  l'administration  allemande  admet  que 
10.75  quintaux  métriques  de  betteraves  donnent  1  quintal  métrique  de 
sucre  à  93.75  depolorisation,  y  compris  le  sucre  extrait  de  la  mélasse. 

Le  développement  des  exportations  a  amené  la  diminution  des  re- 
cettes fiscales  nettes,  ainsi  que  le  montre  le  tableau  suivant,  donnant  la 
moyenne  annuelle  de  plusieurs  séries. 

Impôts,  Recettes 

bonifications  Frais  Droits  Recettes       nettes 

déduites.  de  régie.         de  douiine.  nettes,     par  tète. 

marcs.  marcs.  mares.  marcs.  marcs. 

1"  septembre  1869-31  août  1874.      42,089,0.59  1,85<,348  6,216.732  46,437,443  1.16 

_  IS7',  —     1879.       47,772,475  2,4..6,036  4,1.5,745  49,462,182  1.15 

—  1876  —     1883.       46,503,336  4,183,!!94  1,641,052  43,960,394  0.98 

—  1880  —    1883.      44,973,411  4,5ô;i,537  1,610,668  42,03u,542  0.93 


72  LE  SUCRE   EiN    ALLEMAGNE. 

Le  revenu  net  esltombed'un  maximum  de  49,462/18'2  marcs  à  un 
minimum  de  42,030,542  marcs.  Cette  moins-value  provient  de  la  di- 
minution des  recettes  d'impôt,  bonification  déduite,  de  la  diminution 
des  recettes  douanières  et  de  l'augmentation  des  frais  de  perception. 
La  recette  par  tête  est  descendue  de  TMo  en  1874-1879  à  0'".93  en 
1880-1883,  c'est-à-dire  de  22  pfennigs.  La  consommation  intérieure 
n'a  guère   augmenté.  Le  consommateur  et  l'exportateur  ont  largement 
bénéflcié  de  cette  diminution  des  recettes  nettes.  Si,  comme  l'admet 
la  Chancellerie,  10.75  quintaux  métriques  de  betteraves  suffisent  pour 
faire  1   quintal  métrique  de  sucre  à  93.75   de  polarisation,  l'impôt 
intérieur  descend  de  20  marcs  qu'il  doit  produire  dans  l'esprit  de  la 
loi  à  n^.20,  et  la  prime  de  sortie  qui  ne  devrait  être  pour  le  sucre  à 
88°  que  de  16'". 15,  étant  de  18'". 80  jusqu'en  1883,  l'exportateur  tou- 
chait du  fisc  un  bénéfice  de  2'". 05  par  sac  de  100  kilog.  Ce  bénéfice  a 
été  abaissé  à   1'". 85  par  la   réduction   de  la  prime  de   18"'. 80  à    18 
marcs.  En  fait,  la  prime  est  cependant  inférieure  pour  le  rendement 
de   1  quintal  métrique  de  sucre  par  10.75  quintaux  métriques  de  bet- 
teraves au  chiffre  que  je  viens  d'indiquer,  parce  qu'on  exporte  du  sucre 
polarisant  généralement  plus  de  90",  surtout  du  sucre  à  94". 

La  Chancellerie  désirerait  obtenirla  recette  nette  par  tète  de  l'^.l  5  ;  à 
raison  d'une  population  moyenne  de  46,500,000  âmes,  il  faudrait 
donc  percevoir  53  millions  et  demi  de  marcs,  c'est-à-dire  augmenter 
la  recette  moyenne  des  trois  dernières  années  de  11,250,000  marcs. 
C'est  dans  ce  but  que  la  Chancellerie  propose  au  Reichstag  le  projet 
suivant  adopté  parle  Bundesrath  : 

Un  impôt  intérieur  de  18  marcs  par  1 ,000  kilog.  de  betteraves  ; 
A  l'exportation  une  bonification  de  18"'. 60  pour  sucres  bruts  mar- 
quant au  moins  90  pour  100  au  polarimètre,  de  21". 40  pour  les  su- 
cres blancs'en  cristaux  et  en  poudre  marquant  au  moins  98  pour  100 
au  polarimètre,  et  de  22'". 80  pour  les  candis  et  les  sucres  en  pains,  en 
plaques  et  en  morceaux. 

Voyons  les  receltes  que  tirera  le  Trésor  allemand  de  ce  tarif  avec  une 
fabrication  portant  sur  100  millions  de  (juintaux  jnétriques  de  bette- 
raves. 

Admettons  d'abord  un  rendement  de  1  quintal  métrique  de  sucre 
à  93.75  par  10.75  quintaux  métriques  de  betteraves  et  une  consom- 
■aiation  de  3,150,000  quintaux  métriques  de  sucre: 

marcs. 
100,000,000  quint,  met.  de  Ijetteraves  (i".80  d'impôt  par  100  kilog.).       180,000,000.00 
Procuctioii. . . .      9,302,326  quint,  met.  de  sucre  à  yS".".'). 
(ionsoniraation .       3,l.î0.n00  —  — 

Exportation....       (j,  l.'i2,3';ii  —  — 

BoDilicatiou,  1K.60  par  100  kilrg.  ^  Il4,ii33.2ii3.60 

Excédent.  t!t),.'i6C.,7.!rt.'iO 

4  pour  100,  frais  de  perception.  7  ,200,001). 00 

Recet.e  nette.       58,366,736.40 

Supposons  pourlemèmerendement  une  consommation  de  3,500,000 
quintaux  métriques  de  sucre  : 

marcs. 
100,000,000  quint,  met.  de  betteraves  (l°'-80  d'impôt  par  103  kilog.).        180,000,000.00 
Production....      0,302,326  quint,  mot.  de  sucre  à  93°-76. 
Consommation.      3,510,000  —  — 

Exportation...      5,802,320         —  — 

Bonilication,  18".6Û  par  100  kilog.  107,923,-263.60 

Excédent,  72,07'iJjg.4U 

4  pour  100,  frais  de  perception.  7,200,0  0.00 


Recette  nette.       6'i,876.756.40 


LE  SUCRE  EN  ALLEMAGNE.  73 

Si,  au  lieu  de  10.75  de  betterave  pour  1  de  sucre,  on  arrive  h 
10.59  pour  1,  la  recelte  nette  est  évaluée  à  5'i,2'i7,'i;i4  marcs,  pour 
une  consouiraation  de  3/150,000  quintauv  métriques  et  à  00,757,  lITi 
marcs  pour  une  consornmaliou  de  3,500,000  quintaux  métriques.  Si 
enfin  on  tire  1  de  sucre  de  10.20  de  betteraves,  la  recette  nette  est 
estimée  à  'i9, 037, 052  marcs  pour  une  consommation  de  3, 1  5i), 000  quin- 
taux métriques  et  à  55,547,051  marcs  pour  une  consommation 
de  3,500,000  quintaux  métriques.  Comme,  suivant  toute  vraisem- 
blance, la  consommation  moyenne  oscdlera  autour  de  3,500,000  quin- 
taux métriques,  les  intérêts  du  lise  seront  sauvegardés,  et  le  Trésor 
toucliera  une  somme  supérieure  aux  53  millions  et  demi  de  marcs 
qu'il  désiie  tirer  de   l'impôt   sur   le   sucre. 

L'Allemagne  n'a  jamais  songé  à  donner  un  bénéfice  à  l'exporta- 
teur de  sucre.  Cette  légende  n'est  pas  plus  véridique  que  la  légende 
des  subventions  accordées  par  M.,  de  Bismark  à  des  industries  diverses. 
Pour  ce  qui  concerne  le  sucre,  1  Allemagne  cherche  certainement  à 
ne  pas  donner  à  l'exportation  une  somme  supérieure  à  celle  qu'elle 
touche  à  l'intérieur.  Ce  sont  les  progrès  de  la  culture  et  de  l'industrie 
qui  ont  constitué  les  bénéfices  que  tirent  les  Allemands  des  primes 
d'exportation.  Si  le  Reichstag  adopte  le  tarif  proposé,  il  iaudraque  nos 
voisins  améliorent  encore  leurs  procédés;  sinon,  ils  ne  toucheront  à  la 
sortie  que  l'équivalent  de  l'impôt  intérieur  ;  avec  le  rendement  de 
1  quintal  métrique  de  sucre  pour  10.75  et  10.50  quintaux  métriques 
de  ^betteraves,  le  fabricant  exportant  du  sucre  à  03.75  de  polarisation 
reçoit  même  à  la  sortie  une  somme  inférieure  à  l'impôt  intérieur. 

Agréez,  etc.  Paul  Muller. 

A  PROPOS  DU    MILDEW 

Plus  d'une  fois,  l'horticulture  est  venue  au  secours  delà  viticulture. 
Sans  parler  du  greffage,  il  nous  suffira  de  rappeler  les  recherches  sui' 
le  soufrage  contre  l'oïdium  dues  au  jardinier  Gontier.  Voici  mainte- 
nant un  procédé  préconisé  par  un  habile  horticulteur  \)Ouv  combattre 
le  niildevv  qui  fait  la  désolation  de  nos  viticulteurs  du  Midi. 

M.  Dupuy-Jamain,  l'un  des  vétérans  de  l'horticulture  française  en 
même  temps  que  l'un  de  ses  maîtres  en  arboriculture  fruitière,  com- 
munique au  Journal  de  vulgarisation  de  l'horticulture,  le  moyen  qu'il 
emploie  avec  succès  pour  entretenir  en  parfait  étatde  santé,  de  vigueur 
et  de  fertilité,  les  quelques  hectares  de  vignes  auxquels  il  donne  tous 
ses  soins  dans  sa  retraite  de  la  Touraine  : 

a  En  bon  praticien,  dit  M.  Vauvel,  notre  collèt^ue  et  ami  n'attend  pas  que  le 
mal  ail  tout  envahi  avant  de  cherclier  à  le  combattre,  ce  qui  alors  Jevieni  totijours 
dillicile  et  plus  dispendieux;  en  conséquence,  il  agit,  on  pourrait  dire  préven- 
tivement, et  voici  comment  il  m'a  verbalement  dicté  sa  recette  : 

"  Prendre  un  kilog.  de  fleur  de  soufre,  y  ajouter  un  volume  égal  mon  poids 
égal)  de  chaux  grasse  éteinte,  mettre  le  tout  dans  six  litres  d'eau,  mettre  sur  le 
feu  jus  [u'à  ébuUition  ;  laisser  refroidir  et  ensuite  tirer  au  clair;  on  obtient  ainsi 
une  \\queu:-  colorée  et  limpide,  dont  un  litre  dans  cent  litrej  d'eau  sera  sui'lisant 
pour  opérer  des  seringuages. 

«  Ces  seringuages  sont  au  nombre  de  trois.  M.  Dupuy  fait  le  premier  un  peu 
avant  \a  tloraison,  et  les  detix  autres  à  12  ou  15  jours  d'intervalle. 

«  Afin  de  ne  rien  perdre,  le  résidu  de  la  prépiration  est  délayé  à  raison  de  2  à 
3  litres  par  100  litres  d'eau  et  employé  comme  la  liqueur  ci-dessus. 

«  A'oici   donc  une  recette  à  la  t'ois  jiruti  (ue  et  économique,  dont   les  résultats 


74  A  PUOPOS   DU  MILDEW. 

sont  constatés  depuis  plusieurs  années  et  grâce  à  laquelle  les  vignes  ainsi  traitées 
sont  exemptes  aussi  bien  de  l'oïdium  que  du  mildew.  » 

Un  autre  horticulteur,  également  bien  connu,  M.  Charles  Baltet,  de 
Troyes,  recommande  les  procédés  suivants  contre  les  cryptogames  de  la 
vigne  [Traité  de  la  culture  fruilière,  commerciale  et  bourgeoise,  p.  597)  : 

«  U Oïdium  Ivckeri  attaque  les  sarments  herbacés  et  le  rai?in;  on  l'arrêtera  par 
le  soufrage  aux  époques  de  la  foliation  et  de  la  floraison  de  la  vigne  et  lors  des 
premiers  grossissements  du  fruit. 

«  Le  mildew  [P  cr  ono  s  por  avili  cola)  ^  sorte  de  moisissure  delà  feuille,  sera  com- 
battu préventivement  par  le  soufrage  des  bourgeons,  le  soufre  éiant  mélangé  de 
plâtre  et  de  sulfate  de  fer  en  poudre.  A  l'automne,  on  ramasse  les  feuilles  conta- 
minées pour  les  brûler,  puis  on  lave  le  cep  avec  une  eau  alcaline. 

ft  L'anthrachnose  ou  champignon  noir  [Phoma  vitis]  qui  pénètre  les  tissus 
ligneux  sera  frotté,  à  son  début,  avec  une  eau  contenant  une  dissolution  de  sulfate 
de  protoxyde  de  fer.  Il  faudra,  ensuite,  soufrer  à  sec  avec  de  la  fleur  de  soufre,  du 
sulfate  de  fer  pulvérulent  et  de  la  poussière  de  chaux  grasse.  Les  tiges  seront 
badigeonnées,  en  hiver,  avec  une  solution, de  sulfate  de  fer. 

«  Quant  au  Pourridié  de  la  vigne  (Roesleria  ou  Vibrissea  hypogea),  qui  gagne 
les  ceps  voisins  et  peut  anéantir  un  vignoble,  on  l'évitera  par  la  plantation  de 
cépages  qui  lui  résistent,  par  exemple,  le  Gouai.  On  le  greffera  alors  avec  l'espèce 
à  cultiver.  Les  matières  sulfureuses  dans  le  sol,  le  lavage  de  la  souche  et  l'arro- 
sage avec  une  solution  de  suUate  de  fer  ou  de  sulfure  de  potassium  à  40  pour  100 
sont  à  recommander. 

i  Les  primeuristes  de  Jersey  entretiennent  la  santé  de  leurs  vignes  sous  verre 
par  le  badigeonnage  à  la  chaux  de  la  serre,  répété  chaque  année,  par  des  fumi- 
gations fiéquentes,  par  l'écorçage  des  ceps  et  leur  pralinage  avec  la  terre  glaise 
additionnée  de  soufre,  de  savon  noir,  de  suie,  cette  préparation  étant  arrosée  avec 
une  infusion  de  tabac  ou  une  teinture  de  noix  vomique.  «  ' 

Dans  quelques  circonstances,  on's'est  bien  trouvé  de  l'emploi  contre 
le  mildew  du  Fungivore,  de  M.  Faiire,  à  Apt  (VaucluseX 

Enfin,  nous  devons  signaler  ie  résultat  d'expériences  faites  récem- 
ment par  M.  Foex,  directeur  de  l'Ecole  nationale  d'agriculture  de 
Montpellier,  et  communiquées  par  lui  au  Progrès  vilicole  du  Midi. 
Voici  un  extrait  de  la  note  de  M.  Foex  : 

a  Je  crois  devoir  signaler  dès  maintenant  une  substance  qui  m'a  donné,  dans 
le  laburaloire,  de  très  bons  résultats  contre  cette  cryptogame.  J'ignore  ce  qu'on 
obtiendra  en  plein  champ;  l'arrêt  actuel  du  mal  m'a  empêché  d'essayer  dans  ce 
milieu  dans  de  bonnes  conditions,  mais  il  me  semble  digne  de  fixer  l'attention 
des  viticulteurs  et  de  donner  lieu  à  des  expériences  si  la  maladie  reprend  de 
l'intensité.  Cette  substance  est  une  simple  émulsion  de  1  partie  d'acide  pliénique 
ordinaire  dans  100  parties  d'eau  de  savon.  Le  liquide  est  projeté  de  manière  à 
atteindre  le  dessous  des  feuilles  au  moyen  d'un  pulvérisateur  ;  l'application  doit 
se  faire  le  soir,  afin  d'éviter  une  évaporation  trop  rapide.  Au  bout  de  peu  d'heures, 
on  constate  la  mortification  complète  des  tissus  situés  sous  les  taches  de  mildew, 
le  dessèchement  des  filaments  et  conidies,  et  on  ne  voit  pas  reparaître  autour 
l'auréole  blanche  qui  indique  une  destruction  incomplète  du  mycélium. 

«  La  principale  difficulté  d'application,  que  je  prévois  et  que  l'on  devra  s'appli- 
quer à  résoudre,  sera  d'atteindre  toutes  les  feuilles  malades  sur  ie  revers  ;  mais 
elle  n'est  pas  insurmontable  avec  de  bons  pulvérisateurs  à  jet  d'une  puissance  suf- 
fisante; de  plus,  en  admettant  qu'un  certain  nombre  d'entre  elles  échappent 
au  liquide,  il  résultera  probablement  de  l'opération  une  amélioration  générale 
importante  pour  la  vigne.  » 

L'autorité  de  M,  Foex  dans  les  questions  viticoles,  le  soin  scrupu- 
leux avec  lequel  il  exécute  ses  expériences,  sont  autant  de  garanties 
pour  pousser  les  viticulteurs  à  essayer  le  procédé  qu'il  indique.  Plus 
les  expériences  bien  faites  seront  nombreuses,  et  plus  tôt  on  saura  à 
quoi  s'en  tenir  sur  le  mode  d'emploi  de  cette  émulsion. 

IIli.MVY  Sagnier; 


SUR  LES  COURSES  DE  TAUREAUX.  75 


SUR  LES  COURSES  DE  TAUREAUX 

Des  courses  de  taureaux  ont  eu  lieu  récemment  à  Nîmes  ;  elles  y 
ont  donné  lieu  à  des  scènes  violentes  sur  lesquelles  nous  n'avons  pas 
à  insister  ici.  A  ce  sujet  un  agriculteur  du  Midi  adresse  la  lettre  sui- 
vante au  directeur  du  Journal  : 

^>  Monsieur  le  dii'ectcur,  ne  croj-ez-vous  pas  qu'il  est  du  devoir  du  Journal  de 
C Agriculture  de  protester  hautement  et  énergiquement  contre  de  semblables  spec- 
tacles, indignes  de  toute  nation  civilisée  quelle  qu'elle  soit,  et  aussi  par  trop  en 
désaccord  avec  les  encouragements  dont,  de  plus  en  plus,  le  gouvernement 
favorise  l'agriculture? 

«  Par  la  presse,  dans  les  concours,  dans  les  Comices,  par  tous  les  moyens,  on 
recherche  et  recommande  tout  ce  qui  peut  servir  à  l'amélioration  du  bétail  ;  on 
tente  u'y  intéresser  les  masses,  de  le  faire  ainer  même  pour  que,  la  passion  s'en 
mêlant,  la  production  s'en  trouve  stimulée;  grâce  à  tous  ces  etl'orts,  peu  à  peu  le 
public  français,  —  suivant  en  cela,  quoique  de  loin  encore,  le  public  anglais,  — 
s'attache  à  l'agriculture  et  à  ses  animaux,  et  d'autre  part  on  tolérerait  de  pareils 
spectacles  !  Ce  serait  la  négation  dç  toute  logique. 

(I  Bien  heureusement  il  n'est  pas  dans  nos  mœurs  de  nous  délecter  à  la  vue  du 
sang  et  d'animaux  qui  souffrent;  le  spectacle  cruel  et  barbare  de  ces  scènes 
d'abattoir  est  répugnant  pour  piesque  tous,  et  la  plupart  de  ceux  même  qui,  par 
curiosilé,  tiennent  ù  y  assister,  ne  sont  pas  de  taille  à  les  supporter.  Cependant 
encore  faudrait-il  prendre  garde  que  l'habitude,  à  la  longue,  n'entraînât  l'indiffé- 
rence et  que  celle-ci  ne  prenne  le  dessus  sur  les  protestations  d'aujourd'hui. 

«  Et  alors  si  ces  ignobles  spectacles  s'implantaient  dans  notre  pays,  allez  donc 
parler  d'amélioration  du  bétail  à  ceux  qui  se  complairaient  à  le  voir  souffrir! 

a  Je  ne  sais  si  je  me  trompe,  mais  il  me  semble  que  l'homme  capable  de  s'en- 
thousiasmer à  des  courses  de  taureaux,  devant  un  bœuf  durham  ou  charolais 
restera  bien  froid. 

«  Malgré,  en  effet,  que  le  but  final  de  toute  spéculation  animale,  soit  un  but 
pécuniaiie.  il  faut  certamemcnt  aimer  les  animaux  pour  les  bien  connaître,  pour 
les  comprendre,  les  apprécier  et  avoir  le  désir  de  les  perfectionner;  or  cet  inté- 
rêt pour  eux  et  le  plaisir  devant  leurs  souffrances  seront  toujours  incompatibles. 

«  Voilà  pourquoi,  monsieur  le  directeur,  je  crois  que,  ne  serait-ce  qu'au  point 
de  vue  purement  agricole,  —  car  en  cette  question  le  cùté  humain  va  de  soi,  — 
le  J luni'il  de  C Agricidture  doit  joindre  sa  protestation  à  celles  qui  se  sont  déjà 
élevées,  et,  au  nom  do  l'agriculture'  que  l'on  veut  encouiager,  demander  que  les 
cour?es  de  taureaux  à  la  mode  espagnole,  soient  dorénavant  et  partout  formelle- 
ment interdites. 

«  Agréez,  etc.  G.  Batt.\nchon.  « 

Nous  ne  comprendrions  pas,  en  efTet,  que  l'habitude  des  combats  de 
taureaux  entrât  dans  les  mœurs  françaises.  Le  progrès  agricole  n'a 
qu'à  perdre  aux  encouragements  qu'on  pourrait  donner  à  de  telles 
institutions  qui  ne  peuvent,  à  aucun  litre,  acquérir  droit  de  cité  en 
France;  d'ailleurs,  des  mesures  ont  été  prises  pour  les  prohiber,  et 
tout  le  monde  y  a  applaudi.  G.  Gaudot. 

REVUE  G0UÏÏERGL\LE  ET  PRIX  GWR.VNT  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(12  JUILLET  1884.) 

l.    —   SiluMion    générale. 

Les  travaux  de  la  moisson  sont  commencés  dans  une  grande  partie  de  la 
France;  ils  sont  poussés  activement,  et  favorisés  d'ailleurs  pjr  le  beau  temps. 
Quant  aux  marchés,  ils  présentent  beaucoup  de  calme. 

II.  —  Les  grains  et  les  farines. 

Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  quintal  métrique, 
sur  les  principaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger  : 


76 


REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX   COURANT 


1"  REGION.  —  NORD-OUEST. 


Calvados.  Condé 2: 

— ■         Lisieux 2; 

C.-du-A'm  d.  Lannion...  2' 

—      Tieij;uier. .  •>; 

Finistère.  Moi'laix 2; 

—  Quimper 2: 

ilie-et- Vilaine^  Rennes.  2; 

—    Fougèi'es 2: 

Manche.  Avranches....  24 

—  Pontorson.. . .  2; 

—  Villedieu 2< 

Mayenne.  Laval 2; 

—  Mayenne.....   24 
Morbihan.  Hennebont.. 
Orne.  Fiers 24 

—  Vimoutiers 2!i 

Sarthe.  Le  Mans 23 

—  Mamers 23 

Prii  moyens ~ 

2*  RÉGION.    ■ 

Aisne.  Laon 2.> 

—  Soissons 23 

—  Villeis-Cotlerets.  22 
Eure.  Pacy 23 

—  Danville 24 

—  Louvjers 24 

Eure-ei- Loir .  Chartres..  23 

—  Anneau 23 

—  Nogent-le-Rotrou.  25 
Nord.  Cambrai 23 

—  Douai 24 

—  Dunkerqne 23 

Oise,  Beauvais 22 

—  Compiegne 23. 

—  Senlis 22, 

Pas-de-Calais.  XxTa.&..,  24. 

—  Saint-Omer 24. 

Seine.  Paris 24. 

S.-e(-iVarrtf .  Dammartin.  22. 

—  Meaux 23. 

—  Provins 24. 

S.-el-Qise   Etampes 23. 

—  Pontoisi* 23. 

—  Versailles 24. 

Seîne-/n/e?'ïeure. Rouen.  23. 

—  Fécamp 22. 

—  Yvetot 22. 

Somîne.  Don  liens 2V. 

—  Montdidier 22. 

—  Roye 23.; 

Prix  moyens 23. '1 


17.00 
20.00 
15.7b 
15.25 

9 
16.50 
14.75 


16.50 
17.00 
17.25 
16.00 


»  17.00 

30.00  20  50 

19. op  20.00 

17.50  20.75 

18. 30  18.80 


19.00 

ji 
17.50 
20.00 
19.00 
20.25 
17.75 
19.25 
19.50 
20.00 


20.50 
21.00 
19  25 
17.50 

» 
18  00 

17.50 
19.00 
19.75 


7     15.68     19.01      19.15 


3"  RÉGION 
Ardennes.  cbarleville 

—  Sedan 

Aube.  Bar-sur-.\ube 

—  Méry-sur-Seine... 

—  Troyes 

Marne,  châlons 

—  Reims 

—  Titry-le-François  . 
Hte-Marne.  Boiirbonne  . 
Afeurthe-et-Mos.  Nancy. 

—  Luneville 

—  Toul ,,. 

Meuse.  Bar-le-Duc 

—  Verdun 

Haute-Saône.  Gray 

—  Vesoul 

Vosges.  Epinal 

—  Saint-Dié 


—  noru.es  r. 


23.75 

24.00 

22.75 

23.5(1 

24.00 

23.50 

23.75 

25  00 

23.90 

24.00 

24.25 

23.75 

23.85 

23.75 

23.25 

24.30 

24.00 

23.90 


16.50 

15.25 

15.50 
17  00 
17.00 
16.00 
16-20 
16.00 

16.00 
16.25 
16.50 
17.50 
16.25 
16.50 
17.00 


21,00 
20.50 
17.50 
17.50 
18.00 
19.00 
18.50 


18.00 
19.00 


16.25 
18.00 


Prix  moyens 23.84     16.26 

4'  RÉGION.  —  OUEST. 
Charente.  Angoulérae...  23.50     18  ■'O 

—  Rullec 24.00        / 

Cnor.-/7i/i;r.  Marans....  22.7s  » 
Deux-Sevres.  Niort....  23.75  > 
Indre-et-Loire.  Bleré 23  25 

—  Château  Renault.  24.35 

Loire-lnf.  Nantes 23 .  00 

A/.-e(-ioi>!?.  Saumur....  23  10 

—  .\nsers 23.50 

Vendée.  Luçon 23.25 

—  Fontenay-le-Cle..  23.23 
Kienne.  Chatellerault...  23.10 

—  Loudun 23.00        » 

HO«(«-Kienne.  Limoges.  23.50    15.50 

Prix  moyens 23  3s    "" 


18.31      18.55 


13.50 


15.75 
16.50 


16.50 


(9.00 
18.50 
16.75 

» 
20.00 
19.35 


19  00 
19.25 
18.20 
19.00 
20.50 


18.25 
18.00 
I6.;,0 
17.30 
19.00 
19.70 
16.50 
18.15 
13.00 
17.00 
17.50 
17.10 
17  50 
19.00 


10.37     18,96     18.07 


5*   RÉGION. 


—  CBNTRR 

file.    Seigle. 


fr. 

22.75 

23.50 
24.00 
22.00 
23.25 


Allier.    Moulins 

—  Gannat 

—  Saint-Pourcain 
Cher.  Bourges 

—  Graçay ^.^^ 

Vierzon \  23.75 

Creuse.  Aubusson 24^00 

Indre.  Cbàteauroux  . . . .  23.50 

—  Issoudun 2350 

—  Vatan '>3  25 

Loiret.  Orléans .'.  23  75 

—  Montargis 23.'75 

,  -  „';a'ay 24.00 

L.-el-ther.  Blois ,.  24.00 

—  Montoire '>4  ■>() 

A'îeui-e.  Nevers 23.50 

—  Clanipcy 23  75 

Yonne.   Briaior. '. ,  23.60 

—  Tonnerre '.  23^25 

—  ^«ns 24.50 


fr. 
15.00 

■ 
16.00 
14.50 
16.00 
14.75 
15.70 
15.50 


15.00 

» 
15.25 


16.00 
14.20 
15.10 


Orge. 

fr. 

20.00 
19.50 
18.00 
18.00 
20.50 
20.25 

» 
17.50 
21-70 
20.50 

18.30 
19.50 

20.75 
19.1  0 
20.50 
18.50 
18.00 
17  50 
19.00 


Prix  moyens 23.59     15.25 

RÉ3I0N.  —  EST. 

25.00     16.75 


Afoint. 

fr. 

17.25 

18.20 

20.00 

17.50 

17.00 

17.50 

18. 00 

17.25 

18.50 

17.00 

* 
18.75 
19.40 
19.50 
17.20 
18.00 
18.75 
19.00 
18.50 
19.50 


Ain.  Bourg  . , 

—  Pont-de-Vaux 24.25 

Cole-d'Or.  Dijon 23.50 

—  Semur ^  22.75 

/7ow6s.  Besançon 23.50 

Isère.  Vienne 23.75 

—  Bourgoin....;;'.!  23! 73 

Jura.'ùoie. 23.00 

Loire.  Kirminy 24!50 

/■.-de-Odme.cIerniontF.  24^50 

Rhnne.  Lyon 24.50 

Saône-et- Loire.  Chalon  .  23.50 

—  Maçon 24.50 

Cavoie.  Chambéry 24.50 

//ie-Srtyoie.  Annecy., ,. .  25.75 


17.23 
14.50 


16.25 
16.25 
16  00 
17.50 
17.00 
16,00 
16.30 
16  30 
19.00 
18.'  0 


19.28     18.25 


19.00 
19  25 
19.00 
17.50 
19.15 
18.20 
18.25 
17.75 
20.50 


13.50 
19.00 


Arihge.  ."amiers  . 
—      Foix. 


Prix  moyens 24.08     ïi 

T  RÉGION.  —  SUD-OUEST 
.   23.50     19.00 

24.25 

Dordogne.  Bergerac 24  00 

Hte-Garonne.  Toulouse.  24.20 

—  St-Gaudens 24.70 

Gers.  Condom 25.90 

—  Eauze 25.75 

—  Mirande 24.30 

Gironde.  Bordeaux 24,00 

—  La  Rêole 24.00 

Landes.  Dax 26.50 

Lot-et-Garonne. AgQn...  24.00 

—  Nérac 25^25 

B. -Pyrénées.  Va.» 25.20 

lltes-Pyrénées.lîThes..  25.75 

Prix  moyens 24.77 

8*  RÉGION.  —  SUD. 

Aude.  Castelnaudary....  24.23        » 

yltiei/ran.  Rodez 23.50 

Can^a/.  Mauriac 23.75 

Corrèze.  Brire 24.20 

Hérault.  Montpellier...  24.25 

—  Bêziers...,. 23.75 

Lot.  Ca.hors 24.00 

Lozère.  Mande 23.65 

Pyrénées-Oi'.Perpignan.  25.65 
Tarn.  Castres 25.25 

—  Moissac 24.20 

rarn-et.fîo)-.  Montauban  24.00 

Prix  moyens 24  37 

9"  RÉGION.  —  SUD-EST. 
Basses-.ilpes.  Manosque  24.60 
Hautes-.ilpes.  Briançon.  24.50 
Alpes-.Maritimes.  Nice..  23.80 

Ardeclie.  Privés 26.55 

B.-du-8hône.  Arles 25.20        » 

Drame    Valence 23.50     16.25 

Goi'd.  Ni  mes 23.00         » 

Haute-Loire.  Brioude...  24.:;5 

Kar.  Dra.(iiignan 24.70 

Kauciuse.  Orange 25.20 

Prix  moyens 24.93 

Moy.  de  toute  la  France  23.99 
—  delà  semaine  précéd.  24.06 

Sur  la  semainejHausse.   ~  ~ 

précédente. .JBaisse..     o.07        0  14 


18.25 
1  18.50 
19.50 
19.00 
17.50 

3      18794     18.67 


19.00 
19.50 
19.25 
20.00 


19.23 
19.50 
19  25 
19.50 
19.00 

20.00 
19.39 


20.00 
21.50 
18.00 

9 
13.50 
18.50 
23.30 
17.80 
19.00 
16.00 
19.25 


19.00 
19.50 
19.75 


21.00 

19.50 

18.75 

19.25 

21.00 

»         20.25 

»         22.00 

»         22.50 

19.00     18.73 

»  I) 

»  19.00 

»  20.00 

•  Î8.75 

»      .20.50 

'         21.75 

19.31     20.21 


20.50 
19  00 
20.25 
18.00 
17.80 
21.75 
17  50 
28.05 
25.55 
21.50 
22.00 
19.50 


18.25 
17.50 
18.00 
18.75 

24.00 

19.00 
19.25 


19.18     19.25     20.95 


19.20 
19.30 
17.75 


18.30 


18.24 
17.09 
17.23 


18.50 
17.80 
17.00 


16.50 
20,25 

» 
17.50 
17.92 
18.81 
18  85 


21.00 
19.25 
18.00 
19.40 
18.75 
18.50 
17.50 
19.00 
18.50 

18.89 
19.06 
19.07 


DES  DENRÉES  AGRICOLES   (12  JUILLET  1884).  77 

Ble  Seigle.  Orge.         Avoine- 

Algérie.  Alger  j  ';''-: 'f'^J™- •  ^l-»" 

•'                                  °     Ibledur 17.00  »     .  12. .'jO  ]:i.50 

Angleterre.                Londres 2:i.95  o  19.90  19.:iO 

Belgique.                  Anvers 22.75  IT.T.j  23  50  21.00 

—  Bruxelles 23. ."lO  17. .50            .  17.,50 

—  Liège 2:i.lû  17.75  l'.i.50  19.85 

—  Namur 22. .50  16.50  20.00  19.50 

Pays-Bas.                 Ainslerilam 21.20  10.70             »  » 

Luxembourg.           Luxembourg 23.50  21.00  20.50  20.00 

Alsace-Lorraine.    Strasbourg 25.20  20  25  21.75  20.50 

—  Colmar 25.00  19.00  21.00  20.75 

—  Mulhouse 23  85  17.00  17.50  20.25 

Allemagne.             Berlin 21.25  18.75            »  i> 

—  Cologne 23.75  19.35             »  » 

—  Francfort 25.00  20.85  21.75  10.50 

Suisse.                     Genève 26  00  •                »  22.50 

Italie.                         Mdaii 23.50  18.50            •>  15.80 

Espagne.                   Barcelone 26.00  t                »  » 

Autriche.                   Vienne 20.50  17.50  18.00  17.20 

Hongrie.                  Budapest 2Q.25  17.25  18.50  17  75 

R  .sie.  Saint-Pétersbourg..  16.50  12.85            »  11.20 

Etats-Un:.              New-York 18.50  »               »  » 

Blés.  —  Les  travaux  de  la  moisson  se  poursuivent  avec  activité;  les  grandes 
chaleurs  qui  régnent  dans  tous  les  pays  hâtent  la  maturité  des  blés.  Les  rensei- 
gnements qui  nous  parviennent  de  la  plupart  dos  régions  sur  les  premiers  résul- 
tats sont  généralement  satisfaisants;  on  compte  s'ir  une  récolte  légèrement  au- 
dessus  de  la  moyenne.  Il  y  a,  en  outre,  de  la  qualité  dans  la  plupart  des  départe- 
ments. Mais  il  est  bien  difficile  de  prévoir  ce  que  seront  les  prix,  car  c'est  là  la 
grosse  affaire  pour  le  cultivateur;  toutefois  il  y  a  lieu  d'espérer  que,  à  raison  de 
la  faiblesse  des  stocks,  ils  se  maintien  Iront  pendant  la  plus  grande  partie  de  la 
campagne.  —  A  la  halle  de  Pac/.<,  le  mercredi  9  juillet,  les  transactions  ont  pré- 
senté beaucoup  de  calme;  les  cours  sont  demeurés  sans  changements.  Les  cours 
se  fixent  de  23  fr.  à  25  fr.  50  par  100  kilog.  suivant  les  quahtés  et  les  provenan-- 
ces.  Au  marché  des  blés  à  livrer,  on  cote:  courant  du  mois,  22  fr.  75  à  23  fr.  ;  fin 
août,  23  fr.  à  23  fr.  25;  septembre  et  octobre,  23  fr.  25  à  23  fr.  50;  quatre  der- 
niers mois,  23  fi.  50  à  23  fr.  75.  —  Au  Havre,  les  transactions  sont  toujours 
restreintes  sur  les  blés  exotiques;  les  prix  sont  assez  bien  soutenus,  sans  grands 
changements.  Les  blés  d'Amérique  valent  de  22  fr.  75  à  24  fr.  par  100  kilog. 
suivants  les  sortes;  ceux  des  Indes,  22  fr.  à  23  fr.  50.  —  A  Marseille,  les  affaires 
sont  assez  restreintes  ;  les  prix  restent  sans  changements  pour  les  diverses  pro- 
venances. A  Londres,  les  importations  de  blés  étrangers  ont  été  de  133,000  quin- 
taux depuis  huit  jours  ;  les  affaires  sont  assez  calmes,  avec  maintien  des  cours, 
de  23  fr.  à  10  24  fr.  85  par  par  100  kilog.  suivant  les  provenances  et  les  qualités. 

Fa7'ines.  —  La  situation  n'a  pas  beaucoup  varié  depuis  huit  jours;  les  affaires 
sont  calmes,  et  les  prix  restent  aux  anciens  taux.  Pour  les  farines  de  consom- 
mations on  cotait  à  la  halle  de  Paris,  le  mercredi  9  juillet:  marque  de 
Gorbeil,  51  fr.  ;  marques  de  choix,  51  à  53  fr.  ;  premières  marques,  50  à  51  fr.; 
bonnes  marques,  48  à  49  fr.;  sortes  ordinaires,  45  à  47  fr.;  le  tout  par  sac  de 
159  kilog.,  toile  à  rendre,  ou  157  kilog.  net,  ce  qui  correspond  aux  prix  extrê- 
mes de  28  fr.  65  à  33  fr.  75  par  100  kilog.,  ou  en  moyenne  31  fr.  20,  sans  chan- 
gements depuis  huit  jours..  —  Quant  aux  farines  de  spéculation,  elles  étaient 
cotées  à  Paris,  le  merdredi  9  juillet  au  soir  :  farines  neuf -marques,  courant  du 
mois,  47  fr.  à  47  fr.  25  ;  aoiàt,  47  fr.  50  à  47  75  ;  septembre  et  octobre.  48  fr.  25  ; 
quatre  derniers  mois,  48  fr.  25  à  48  fr.  50;  le  tout  par  sac  de  159  kilog.,  toile 
perdue,  ou  157  kilog.  net.  —  Les  prix  des  gruaux  restent  cotés  de  36  fr.  à  41 
fr.;  ceux  des  farines  deuxièmes,  de  22  à  25  fr.  le  tout  par    100  kilog. 

Seigles.  —  Les  prix  se  maintiennent  avec  assez  de  peine.  A  la  halle  de  Paris, 
on  cote  de  14  fr.  50  à  16  fr.  25  par  100  kilog.  suivant  les  sortes.  Les  farines 
valent  de  21  à  24  fr. 

Orges.  —  Peu  d'affaires  avec  des  prix  qui  varient  peu.  On  cote  à  Paris  de  18 
à  20  fr.  50  par  100  kilog.  suivant  les  sortes.  Les  escourgeons  valent  de  17 
à  19  fr.  — A  Londres,  les  orges  se  cotent  de  18  fr.  85  à  21  fr.  10  par  100  kilog. 

Avoines.  —  Peu  d'offres,  avec  des  prix  soutenus.  On  cote  à  la  halle  de  Paris  de 
18  fr.  75  à  21  fr.  50  far  100  kilog.  suivant  poids,  couleur  et  qualité.  —  A  Lon- 
dres, les  cours  sont  fixés  de  17  fr.  85  à  20  fr.  60  suivant  les  sortes. 

Issues.  —  Lts  cours  sont  assez  soutenus.  On  paye  par  l(i0  kilog.  à  la  halle  de 


78  REVUE  COMMERCIALE  ET  PHIX  COUJIANT. 

Paris  :  gros  son  seul  15  fr.~'25  à  15  fr.  50;  sons  gros  etmoyens,  14  fr.  50  à  15  fr.; 
son  trois  case-,  13  fr.  75  à  14  fr.  25;  sons  fms,  13  fr.  25  à  14  fr.  50  ;  recoupettes, 
12  fr.  50  à  H  fr.;  remoulages  bis  15  à  16  fr.;  remoulages  blancs,  17  à  18  fr. 
ni.  —  Vins.  —  Spiritueux.  —  Vinaigres.  —   Cidres. 

Vins.  — La  floraison  de  la  vigne  est  achevée;  elle  s'est  terminée  sous  l'in- 
fluence d'un  temps  splendide,  les  viticulteurs  se  réjouissent  presque  partout  de 
la  bonne  apparence  que  ]U-és(mte  le  vignoble.  On  ne  signale  de  plaintes  que  dans 
quelques  parties  du  Bordelais,  de  la  Franche-Gomté  et  de  la  Bourgogne  et  encore 
dans  €0116  dernière  contrée  les  lleurs  étaient  tellement  abondantes  qu'il  restera 
encore  beaucoup  de  grappes.  La  situation  visicole  est  donc  bonne,  mais  on  ne 
peut  pas  en  dire  autant  de  la  situation  commerciale;  les  affaires  sont  difliciles 
presque  partout,  les  ventes  sont  peu  importantes  et  elles  se  font  dans  des  con- 
ditions de  prix  peu  avantageuses,  car  la  baisse  l'emporte  généralement.  A  Bercy, 
les  vins  communs  de  soutirage  valent  actuellement  de  160  à  170  fr.  la  pièce  de 
225  litres,  tous  droits  payés.  Toutefois,  on  signale  un  peu  plus  d'animation  sur 
les  ventes  dans  quelques  parties  de  la  région  méridionale. 

Spiritueux.  —  Les  cours  sont  toujours  en  baisse  pour  toutes  les  catégories.  On 
paye  actuellement  sur  les  marchés  du  Midi  :  Pézenas,  trois-six  bon  goût,  101  fr.; 
marc,  92  fr.;  Béziers,  trois-six  bon  goût,  103  fr. ;  marc,  95  fr.;  —  Nîmes,  trois- 
six  bon  goût,  105  fr.  ;  marc,  95  fr.  —  Dans  les  Gharentes,  mêmes  cours  que 
précédemment,  de  240  à  245  fr.  par  hectolitre  pour  les  eaux-de-vie  nouvelles. 
—  A  Paris,  on  cote  par  hectolitre  :  trois-six  fin  Nord,  90  degrés,  première  qua- 
lité, disponible,  43  fr.  75  à  44  fr.;  août,  i4  fr.  25  à  44  fr.  50;  quatre  derniers 
mois,  45  fr.  à  45  fr.  25  ;  quatre  premiers  mois,  45  fr.  25  à  45  fr.  50.  Au  9  juillet, 
le  stock  était  de  15,275  pipes,  contre  17,850  en  1883. 

Raisins  secs.  —  Les  atïaires  sont  très  restreintes  dans  les  ports;  les  prix  demeu- 
rent sans  changements  pour  les  diverses  provenances. 

IV.  —  Sucres.  —  Mélasse  —  Fécules.  —  Houblons. 

Sucres.  —  Les  affaires  sont  toujours  aussi  peu  importantes  :  les  prix  sont 
demeurés  sans  changements  depuis  huit  jours.  On  cote  à  Paris,  par  100  kilog.  : 
sucres  bruts  88  degrés  saccharimétriques,  37  fr.  75  ;  les  99  degrés,  44  fr.  75  à 
45  fr.;  sucres  blancs,  45  à  45  fr.  52;  —  à  Valencicnnes,  sucres  bruts,  37  fr.;  à 
Lille,  36  ir.  75  à  M  fr.  Le  stock  de  l'entrepôt  réel  des  sucres  était,  le  9  juillet, 
à  Paris,  de  788,000  sacs  pour  les  sucres  indigènes,  avec  une  diminution  de  "26,000 
sacs  depuis  huit  jours.  —  Maintien  des  cours  sur  les  sucres  coloniaux  qui  se 
cotent  de  101  à  102  fr.  par  quintal  métrique  à  la  consommation,  et  de  51  fr.  75 
à  54  fr.  50  pour  l'exportation. 

Mélasses.  —  Les  prix  demeurent  sans  variations  de  9  à  9  fr.  50  par  100  kilog. 
pour  les  mélasses  de  fabrique 

Fécules.  —  Maintien  des  cours.  On  paye  à  Paris,  31  fr.  50  à  32  fr.  par  100 
kilog.  pour  les  fécules  premières  du  rayon;  à  Gompiègne,  31  fr.  pour  celles  de 
l'Oise. 

Houblons.  —  Le  calme  règne  toujours  sur  les  marchés.  Quant  aux  houblon- 
nières,  elles  présentent,  presque  partout,  une  vigoureuse  végétation. 

V.  —  Tourteaux.  —  Koirs.  —  Entjrais. 

Tourteaux.  —  Les  affaires  sont  très  calmes.  On  paye  à  Caen,  17  fr.  par  100 
kilog.  pour  les  tourteaux  de  colza;  —  à  Arras,  tourteaux  d'oeillette,  13  fr. 

Noirs.  —  Mêmes  prix  à  Valenciennes  :  noir  animal  neuf  en  grains,  33  à  3'6  fr. 
par  100  kilog.;  noirs  vieux  grains,  10  à  12  fr.  par  hectolitre. 

VI.  —  Matières  résineuses.  —  Tc.itilcs. 

Matièi'es  résineuses.  —  Il  y  a  plus  de  fermeté  dans  les  prix.  On  cote  à  Dax' 
47  fr.  par  lOO  kilog.  pour  l'essence  pure  de  térébenthine. 

Chanvres.  —  Les  atïaires  sont  calmes,  et  les  prix  ne  varient  pas.  A  Saumur, 
on  cote  de  70  à  82  fr.  par  100  kilog.  suivant  les  sortes. 

Laines.  —  Les  ventes  sont  toujours  pénibles.  A  Chartres,  on  cote  par  kilog.  en 
suint  :  laines-mères,  1  fr.  40  à  1  fr.  85  ;  laines  d'agneaux,  1  fr.  60  à  2  fr.;  —  A 
Beauvais,  laines-mères,  1  fr.  35  ;  agneau,  1  fr.  40  à  1  fr.  45  ;  à  Cherbourg,  laines 
en  suint,  2  fr.  10  à  2  fr.  20;  laines  blanches,  4  fr.  10  à  4  fr.  50;  —  dans  le 
Berry,  laines-mères,  1  fr.  40  à  1  fr.  60  ;  lames  d'agneau,  1  fr.  40  à  1  h'.  60 

VII.  —  Suifs  et  corps  ijras. 

Suifs.  — Maintien  des  cours  à  Paris.  On  cote  Sk  fr.  pour  les  suifs  purs  de 
l'abat  de  la  boucherie  ;  63  fr.  pour  les  suifs  en  branches. 


DES  DENRKES  AGRICOLES  (12  JUILLET  1884).  79 

Saindoux.  —  Les  prix  sont  en  baisse.  On   cote   au  Havre  98  i  99  fr.   par 
100  kilogi  pour  les  saindoux  d'Amérique. 

VIII.  —  Beurres.  —  (Eu/s.  —  Fromages. 

Beurres.  —  On  cote  à  la  halle  de  Paris,  par  kilog.  :  en  demi-kilog.  1  fr.  68  à 
3  fr.  76;  Gournay,    1  fr.  50  à  3  fr.   76;  Isigny,  1  fr.  80  à  5  fr.  88. 

Œufs.  —  Derniers  cours  de  la  halle,  par  mille  :  choix,    94   à  114  fr.  ;   ordi- 
naires, 56  à  75  l'r.;  petits,  46  à  54  fr. 

L\.  —  Chevaux.  —  Bétail.  —    Viande. 

Chevaux.  —  Aux  marchés  des  2  et  5  juillet,  à  Paris,  on  comptait  955  chevaux; 
sur  ce  nombre,  2'39  ont  été  vendus  comme  il  suit  : 


Chevaux  de  cabi'iolet. . 

—  de  trait 

—  hors  d'âge. .. 

—  à  l'enclicre. . . 

—  de  boucherie. 


jiiernjs. 

Vendus. 

Prix  extrêmes. 

2iÛ 

49 

170  i  1,UUIJ  l'r. 

24i 

50 

200  à  1,175 

3&1 

80 

20  à  1,000 

39 

39 

25  à      415 

71 

71 

20  à      100 

Bétail.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  officiel  du  marché  aux  bes- 
tiaux de  la  Villette,  du  jeudi  3  au  mardi  8  juillet  : 

Poids     Prix  du  kilog.  de  viande  nette  sur 
Vendus  moyen  pied  au  marché  du  7  juillet. 

des 


Pour 

Pour 

En          1 

quartiers,     i'" 

■>• 

3« 

Prix 

Amenés. 

Paris. 

l'extérieur. 

totalité. 

kil. 

qru.ai. 

quai. 

quai. 

moyen. 

Bœufs 

4.s:io 

2,832 

1,368 

4,200 

351 

1.68 

1.54 

1.28 

1.48 

Vaches 

1,3S8 

791 

468 

1 ,  259 

233 

1.60 

1.44 

1.22 

1.37 

Taureaux  

33S 

262 

41 

303 

379 

1.48 

1.38 

1.28 

1.37 

Veaux 

3,S70 

2,29î 

1,086 

3,383 

79 

1.86 

1.68 

1.50 

1.68 

Moutons 

34,628 

i0,880 

10,700 

3 1 , 580 

19 

1.98 

1.84 

1   64 

1.77 

Porcs  :^ras 

6,644 

2,475 

3,549 

6,024 

80 

1.34 

1.28 

1.22 

1.27 

Les  arrivages  des  marchés  de  la  semaine  se  décomposent  comme  il  suit  : 

Bœufs.  —  Ai'^ne,  12  :  Allier,  38  ;  Aveyron,  8  ;  Calvados,  667  ;  Cantal,  10  ;  Charente,  24  ;  Cha- 
rente-Inférieure, 377;  Cher,  18;  Cote-d'Or,  40;  C6les-du -N'ord,  217;  Deux-Sèvres,  293;  Dordogne, 
72  ;  Eure,  9;  Eure-et-Loire,  12;  Finistère,  93;  Indre,  8;  Loiie.  56;  H^uUe-Loire,  12;  Loire- 
Inférieure,  142  ;  Lot,  17;  Maine-et-Loire,  082;  Mayenne,  12;  Morhihan,  41  ;  Nièvre,  162  ;  Nord, 
12;  Oise,  9;  Orne,  165;  Puy-de-Dôme,  17;  Saône-et-Loire,  843;  Sarlhe,  -14  ;  Seine-Inférieure, 
2;  Seine-et-Marne,  7;  Seine-et-Oise,   8:  Vendée,  347  ;  It;die,  104. 

Vaches.  —  Aube,  22;  .\veyron,  14;  Calvados,  165;  Charente,  26  ;  Charente-Inférieure,  .53; 
Cher,  3;  Côte-d'Or,  22;  Cùtes-du-Nord.  4;  Creu.se,  19;  Deux-Sèvres.  58;  Dordogne,  8; 
Eure,  3;  Eure-et-Loir,  22  ;  Indre,  1  ;  Loire,  2;  Haute-Loire,  8;  Loire-Inférieure,  11;  Loir-et- 
Cher,,  2;  Loiret,  8;  Maine-et-Loire,  244;  Marue,  6  ;  Morbihan.  4  ;  Nièvre,  102  ;  Orne,  63;  Puy- 
•de-Dôme,  13;  Saône-et-Loire,  96;  Sarlhe,  7;  Seine-Inferieure,  20  ;  Seine-et-.Marne.  15;  Seine- 
et-Oise,  35;  Vendée,  98;   Yonne,   U. 

Taureaux.  —  .\isne,  3;  -Mlicr,  1  ;  Aube,  2  ;  Calvados,  27;  Charente-Inférieure,  4;  Cher,  4; 
Côte-d'Or,  12;  Côtes-du-Nord,  12  ;  Deux-Sèvres,  1;  Eure,  5  ;  Eure-et-Loir,  15  ;  Haute-Garonne,  4  ; 
llle-el-Vilaine,  63;  Indre,  2;  Indre-et-Loire,  U;  Loire-Inférieure.  3;  Loir-et-Cher,  5;  Loiret, 
3;  Maine-et-Loire,  50;  Marne,  9;  Mayenne,  8;  Morbihan,  4;  Nièvre, 5;  Oise,  3  ;  Orne,  11; 
Saône-et- Loire,  15;  Sarthe,  20;  Seine-Inférieure,  14;  Seine-et-Marne,  24;  Seine-et-Oise,  6  ; 
Vendée,  6;  Yonne,  9. 

Veaux.  —  Aube,  156;  Calvados,  33  ;  Charente,  28;  C6tes-da-Nord,  49;  Eure,  259  ;  Eure-et- 
Loir,  433;  Loire,  10;  Loiret,  284;  Marne,  116  ;  Nièvre,  16;  Oise,  49;  Puy-de-Dôme,  143; 
Sarthe,  355;  Seine -Inférieure,  196;   Seine-et-Marne,  254;    Seine-et-Oise,  60;  Yonne,  120. 

Moutons.  —  Aisne,  905;  Allier,  718;  Aube,  736;  Aveyron,  201;  Cantal,  2,329;  Cha- 
rente, 56;  Cher,  356;  Corrèze,  95;  Creuse,  1/164;  Dordogne,  542;  Eure-et-Loir,  32;  Indre,  777; 
Indre-et-Loire,  74;  Loiret,  143:  Lot,  757  ;  Lot-et-Garonne,  844;  Maine-et-Loire,  725;Nièvre,  707; 
Oise,  55;  Puv-de-Dùme,  2U5;  Seine,  12)  ;  Sïirie-et-.Miiiie  414;  Seine-et-Oise,  589;  Somme,  151  : 
Haute-Vienne,  231;  Yonne,  181  ;  Afrique,  2,928;  Allemagne,  4,287  ;  Autriche,  315;  Hongrie, 
6,160;  Ilalie,  487;   Prusse,  4,399. 

Porcs.  —  Calvados.  42;  Charente,  77;  Cher,  170;  Côte-d'Or,  145;  Côtes-du-Nord,  166; 
Creuse,  154;  Deux-Sèvres,  801;  Kure-et-Loir,  40  ;  llie-et- Vilaine,  463  ;  Indre,  502;  Indre-et- 
Loire,  132;  Loire-Inférieure,  239;  Loir-et-Cher,  95;  Maine-et-Loire,  725;  Mayenne,  lI6;Nièvre, 
S2;  Puy-de-Dôme,  714;  Saône-et-Loire,  155;  Sarlhe,  691;  Seine,  51;  Seine  Inférieure,  5  ; 
Seine-et-Marne,  19;  Vendée,  1,244;  Vi«nne,  200:  Yonne,  44. 

Les  arrivages  sont  toujours  abondants,  mais  la  vente  n'en  est  pas  plus  facile  : 
la  chaleur  qui  règne  n'est  pas  faite  pour  donner  de  l'animation  aux  transactions. 
Les  prix  des  gros  animaux  sont  encore  en  baisse  depuis  huit  jours  ;  mais  ceux  des 
"veaux  et  des  moutons  sont  uu  peu  plus  fermes.  —  Sur  les  marchés  des  dé,iarte- 
ments,  on  co*e  :  Rouen,  bœut,  1  fr.  50  à  1  fr.  80  par  kilog.  de  viande  nette  sur 
pied  ;  vache,  1  fr.  45  à  1  fr.  75;  veau,  1  tr.  50  à  1  fr.  85  ;  mouton,  1  fr.  80  à 
2  fr.  10;  porc,  1  fr.  10  à  1  fr.  35.  —  Le  Mans,  vache,   1  fr.  45  à  I    fr.  55  ;  veau, 

1  fr.  60  à  1  fr.  70;    mouton,   2  fr.   à   2  fr.    10  ;    porc,   0  fr.   75   à  0  fr.   85;  — 
Nevers,  hcc\xi,  1.  fr.  60  à  1  fr.  80 ;  vache,  1  fr.  40  à  I  Ir.  60  ;  veau,  2fr.;  mouton, 

2  fr.;  porc,  1  fr.  60  ;  —  Dijon,  bœuf,  1   fr.  60  à  1  fr.  72;  vache,  1  fr.  10  à   1  fr. 


80  KKVUE   COMMERCIALE    ET  PRIX  GOURANT  (12     UILLET  1884). 

64;  veau  (poids  vif).  0  fr.  76  à  0  fr.  90;  mouton,  l  .fr.  50  à  1  fr.  80;  porc 
(poids  vif),  0  fr.  80  à  0  fr.  90;  —  Lyon,  bœuf,  1  ir.  35  à  1  fr.'75;  veau 
(poids  vil),  0  fr.  90  à  1  fr.  06  ;  mouton,  1  fr.  48  à  1  fr.  95  ;  porc  (poids  vif),  0  fr. 
94  à  1  (r.  07  ;  —  Rodes,  bœu(  (poids  vif),  0  fr.  75  ;  vache,  0  fr.  70  ;  mouton  et 
brebis,  0  fr.  75;  —  Nîmes,  bœufs  i  fr  30  à  1  fr.  62  ;  bd'uts  étrangers,  1  fr.  30 
à  1  Ir.  :?  ;  vache  1  fr.  08  à  1  fr.  57  ;  mouton,  1  fr.  80  à  1  fr.  90;  brebis,  1  fr.  35 
à  1  fr.  70;  agneau,  1  fr.  65;  —  Genèoe,  bœuf,  1  fr.  70  à  l  fr.  80;  veau  (poids 
vil),  0  fr.  90  à  1  fr.  05;  mouton,  l  fr.  90  à  2  fr.;  porc,  1  fr.  20  à  1  fr.  25. 

A  Londres,  les  importations  d'animaux  étrangers  durant  la  semaine  dernière  se 
sont  composés  de  14,011  têtes,  dont  lk3  bœufs  et  275  moutons  de  Boston;  668 
bœufs  de  New-York.  Prix  du  kilog.;  bœuf,  I  fr.  4  '  à  1  fr.  99  ;  veau,  1  fr.  87  à 
2  fr.  16  ;  mouton,  1  fr.  81  à  2  fr.  10;  porc  1  fr.  17  à  l  fr.   46. 

Viande  à  la  criée.  —  Il  a  été  vendu  à  la  halle  de  Paris,  du  30  juin  au  6  juillet  : 

Prix  du  kilog.  le  6  juillet. 

kilog.  1"  quai.  i"    lu.ii  .1*  qu;il.  ciioix.       Basse  Boticherie 

Bœuf  011  vaclie...   I7S, 927     1.64  à:. 30     1.42  à'.. 02     0.0i;^1.40     1  ..".0  à  3.06  0. 10  à  1.3i 

Veau 209,471     1.52       1.90     1.30       l..",U     0.9J       1.28       -  ..         « 

Moiilon 64,649     1.46       1.80     1.24       1.44     0.90       1.22     1.40       3.90     ■. 

Porc 27,706  Porc  frais 1.14  à  1.44. 

480,753  Soitparjour 68,679  kilog. 

Les  ventes  ont  été  inférieures  de  2,000  kilog.  par  jour  à  celles  de  la  semaine 
précédente.  Les  cours  ont  peu  varié  depuis  huit  jours  pour  toutes  les  catégories. 

X.  —  Cours  de  la  viande  à  l'abattoir  de  la  Yillelte  du  jeudi  W  juillel  (par  50  kilog.) 
Cours  de  la  charcuterie.   —  On  ^end  à  la  Villette  par  50  kilog.  :   1"  qualité, 
70  à  73  Ir.  ;  2",  65  à  70  fr.  Poids  vjf,  45  à  51  fr. 

Bœufs.  Veaui.  Moutons. 

I"  -i'  3*  1"  2-  3"  1"  2'  3" 

quai.  quai.  quai.  qiral.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai. 

fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr. 

78  71  IJ.'.  97  90  82  90  83  76 

XI.  —    Marché  au%  bestiaux  de  la  Villette  du  jeudi   \0  juillet  1884. 

Cours  des  commissionnaires 
Poids  Cours  officiels.  en  besliaui. 

Animaux  général.     1"        2-        3*           Prix  1"        2"  3"  Prix 

amenés.  Invendus.  kil.        quai.  quai.  quai,  extrêmes.  quai. quai.  quai.  extrêmes. 

Bœufs 2  214  SO  352          1,68  1.52      1.28  I.2'iàl.70  1.66     1.50  1.26  l.22àl   69 

Vaches 680  33  232          1.60  1.42     l  22  1.10     1   6i  l.bS     1.40  I    20  1.08     1  62 

Taureaux...          207  16  375          1.46  1.36     1.26  1.20     1    50  1   44     t   34  1.24  1.18     1   'i8 

Veaux 1.769  376  73          1   80  1.62     1.44  1.2i     2  00  »              »  »  » 

Moutons 20  022  2.!8i  19         2  00  1.82     1   64  1   50     2.06  »              »  »  » 

Porcs  gras..     4.'i38  123  si          1.38  1.32     1.26  1.18     1.44  »              »  •  • 

—  maigres.,          »  »  »»•»»■»»»» 

Vente  assez  active  sur  toutes  les  espèces. 

XII.  —  Résumé. 
Les  prix  des  céréales  et  ceux  des  denrées  animales  accusent  un  peu  de  baisse. 
Pour  les  autres  produits,  il  y  a  maintien  des  cours.  A.  Remy. 


BULLETIN  FINANCIER 

La  faiblesse  continue  à  dominer  sur  le  marché.  On  cote  les  fonds  d'Etat  fran- 
çais :  3  pour  100,  76  fr.  05;  —  3  pour  100  amortissable,  77  fr.  55;  —  4  et  demi 
pour  100,  106  fr.  80;  —  4  et  demi  pour  100  nouveau.  106  Ir.  80. 

Les  actions  des  établissements  de  crédit  se  cotent  ;  Banque  de  France,  4,980  fr.; 
Banque  Je  Paris  et  des  Pays-Bas,  755  fr.  ;  Comptoir  d'escompte,  965  fr.  ;  Crédit 
foncier  et  agricole  d'Algérie,  495  fr.;  Crédit  foncier,  1,270;  Banque  d'escompte 
de  Paris,  512  fr.  50  ;  Crédit  industriel,  675  fr.;  Crédit  lyonnais,  532  fr.  50;  Com- 
pagnie foncière  de  France,  430  fr.;  Société  générale,  465  ir. ;  Banque  parisienne, 
385  fr.;  Banque  franco-égyptienne,  550  ir. 

On  paie  les  titres  des  Compagnies  de  chemins  de  fer  :  Est,  756  fr.  25;  Pans- 
Lyon-Méditerranée,  l,185fr,;  Midi,  1,150  fr.;  Nord,  1,650  fr.  ;  Orléans.  1,290  fr.; 
Ouest,  816  fr.  25.  Les  actions  du  canal  de,  Suez  sont  à  1,865  fr.;  les  délégations 
à  1,125  fr.;  les  actions  du  canal  de  Panama  à  472  fr.  50. 

Escompte  à  la  Banque  de  France,  3  ]iour  100  ;  intérêt  des  avances,  4  pour  100. 
E.  Féron'. 

Le  Gérant  :  A.  Bouché. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (u.  miLLET  iss.). 

Continuation  de  la  moisson.  —  Circonstances  qui  en  favorisent  le  travail.  —  Vote  par  la  Chambre 
des  députés  du  principe  de  l'impùl  sur  la  betterave.  —  Suite  de  la  discussion  sur  le  régime  des 
sucres.  —  Discussion  au  Sénat  sur  les  échanges  d'immeubles  ruraux  nm  bâtis.  —  Décorations 
de  la  Légion  d'honneur  pour  services  rendus  à  l'agriculture. — Nominations  dans  l'ordre  du 
Mérite  agricole.  —  Prochaine  élection  à  la  Société  nationale  d'agriculture.  —  L'enquête  parle- 
mentaire sur  la  situation  des  ouvriers  do  l'industrie  el  de  l'agriculture.  —  Répartition  de  la 
France  en  régions  pour  la  répHrlitiiin  de  )'•  n'|uète  agricole.  —  Nomination  d*  M.  rln  Saint-Foix 
comme  commissaire  général  de  la  section  française  à  l'exposition  internationale  d'Aniilerdam. 
—  Prochaines  admissions  à  l'école  nationale  d'horticulture  de  Versailles.  —  Concours  pour  les 
bourses  de  l'Elat  et  des  départements.  —  Examens  d'admission  à  l'école  pratique  dagricullure 
des  .Mcrchiues.  —  Organisation  d'orphe  inats  agricoles  en  Algérie.  —  Le  phylluxera.  —  Voyage 
de  M.  Riley  eu  France.  —  Nouveui  remède  qu'il  préconise  contre  le  phylloxéra.  — ■  Missions 
agricoles  en  Allemagne  et  en  Autriche.  —  Note  de  .\I.  Gatellier.  —  Concours  annuel  du  ComicB 
agrii;ole  de  I.unéville.  —  Essais  dynaïuométriques  de  machines  à  batlre  à  manège.  — 
Interdiction  de  la  pèche  aux  écrevisses  dans  le  département  des  Ardennes. 

I.  —  L'impôt  sur  la  betterave. 

La  moisson  se  poursuit  avec  une  grande  activité  ;  elle  est  d'ailleurs 
favorisée,  dans  la  plupart  des  départeinenls,  par  un  temps  propice. 
Une  chaleur  intense  a  hâté  la  maturité  des  "rains.  Des  orales  assez 
violents  se  succèdent  dans  presque  toute  la  France,  mais  les  circon- 
st  inces  dans  lesquelles  ils  .>-onl  accompagnés  de  grêle  sont  restreintes, 
et  les  localités  ravagées  par  ce  dernier  lléau  sont  peu  nombreuses. 

I.e  fait  capitfil  de  la  semaine,  au  point  de  vue  agricole,  s'est  passé 
au  Parlement.  Après  la   brillante  discussion  générale  que  nous  avons 
analysée,  la  Chambre  de.s  député.- a  aboi-dé,  dans  sa  séance  du  12  juillet, 
la  discussion  des  articles  du  projet  de  loi  sur  le  régime  des  sucres. 
Elle  en  a  adopté  le  premier  article  qui  consacre  le  principe  de  l'impôt 
sur  la  betterave,  en  remplacement  de  l'impôt  direct  sur  le  sucre.  C'est 
la  solution  qu'attendaient  avec  impatience  les  agriculteurs  et  les  fabri- 
cants de  sucre  :  son  application  permettra  à  notre  production  de  se 
relever  et  de  reprendre  l'essor  interrompu  par  les  conditions  désas- 
treuses qu'elle  vient  de  traverser.  Ce  n'est  pas  tout  que  de  voter   le 
principe;  il  faut  en  régler  l'application,   il  faut  établir  les  conditions 
du  traitement  dont  jouiront  les  sucres  indigènes  et  les    sucres   colo- 
niaux. La  plupart  de  ces  conditions  ont  été  adoptées;  mais  la  discus- 
sion n'est  pas  encore  achevé  ^  en  ce  qui  concerne  la  surîaxe  à  établir 
sur  les  sucres  étrangers;  plusieurs  amendements  proposent,  comme 
nos  lecteurs  le  savent,  d'élever  celte  surtaxe  de  3  francs  à  7  francs  par 
100  kilogrammes.  Au  moment  où  nous  écrivons  cette  chronique,  la 
lutte  entre  les  partisans  el  les  adversaires  de  celte  surtaxe  est  engagée 
devant  la  Chambre  des  députés  ;   il  faut  espérer  que  ces  discussions 
auront  pour  résultat  de  faire  cesser  l'inégalité  choquante   qui   existe 
aujourd'lmi  entre  la  situation  des  fabricants  de  sucre  et  celle  des  rafû- 
neurs.  Quoi  qu'il  en  soit,  la  réforme  déjà  adoptée  par  la   Chambre  des 
députés  sera  accueillie  avec  reconnaissance  par  les  agriculteurs   de 
notre  grande  région  sucrière. 

II.  —  L"s  échanges  d' immeubles  ruraux. 

Dans  sa  séance  du  10  juillet,  le  Sénat  a  commencé  la  discussion  de 
la  proposition  de  loi  adoptée  par  la  Chambre  des  députés,  relativement 
à  la  perception  des  droits  fiscaux  sur  les  échanges  d'immeubles 
ruraux  non  bâtis.  On  sait  que  cette  proposition,  dont  l'initiative 
revient  à  MM.  Girard  et  Jamelel,  a  pour  objet  de  fixer  à  20  centimes 

N°  797.  —  Tome  III  de  1884.  —  19  Juillet. 


82  CHRONIQUE    AGRICOLE  (19  JUILLET   1884). 

pour  100  francs  le  droit  proportionnel  d'enregistrement  et  de  trans- 
cription pour  les  échanges  d'immeubles  ruraux.  La  Commission  du 
Sénat  demande  que  cette  faveur  soit  restreinte  aux  échanges  effectués 
dans  le  même  canton  ou  dans  des  cantons  limitrophes.  Après  une 
longue  discussion  à  laquelle  ont  pris  part,  avec  M.  Luro,  rapporteur 
de  la  Commission,  et  M.  Méline,  ministre  de  l'agriculture,  MM.  Faye, 
Clément,  Buffet,  Gazagne,  le  projet  a  été  renvoyé  à  la  Commission 
pour  une  nouvelle  étude. 

III.  —  Décoralions  pour  services  rendus  à  l'agriculture. 

Le  Journal  officiel  du  14  juillet  publie  la  liste  des  promotions  et  nomi- 
nations faites  dans  l'ordre  de  la  Légion  d'honneur,  sur  la  proposition 
du  ministre  de  l'agriculture.  Ont  été  promus  ou  nommés  : 

Au  grade  d'officier  :  M.  Risler,  directeur  de  l'Institut  national  agronomique; 
dirige  avec  distinction  cet  établissement,  membre  de  la  Société  nationale  d'agri-' 
culture.  Chevalier  du  7  janvier  1880. 

An  grade  de  chevalier  :  MM.  Golnenne  (Camille),  inspecteur  général  des 
forêls,  à  Paris;  32  ans  de  services  dans  l'administration  desloiêts. 

Debonno  (Cliarles),  agriculteur  à  Bouffarick  (Algérie),  lauréat  du  prix  d'hon- 
neur des  irrigations  au  concours  général  de  l'Algérie  en  1881  ;  création  de  vastes 
vignobles,  améliorations  agricoles  très  importantes.  Services  exceptionnels. 

Rey  (Louis-Emile),  médecin  à  Saint-Denis  près  Gatus  (Lot),  président  de  la 
Société  d'agriculture  du  Lot,  lauréat  de  la  prime  d'honneur  du  concours  régional 
agricole  de  Gahors  en  1881  ;  services  exceptionnels  comme  viticulteur  et  conféren- 
cier agricole. 

Garrièrk  (Elie-Abel),  raembrede  la  Société  nationale  d'horticulture  de  France, 
auteur  de  nombreuses  publications  sur  l'horticulture;  40  ans  de  services. 

Boup.REL  (Jean-Anne),  vétérinaire  à  Paris;  35  ans  de  services.  Collaborateur  de 
M.  Pasteur  dans  ses  travaux  sur  la  rage.  Services  exceptionnels. 

Dqbar  (Gustave),  secrétaire  du  Comité  linier  de  Lille  depuis  1868,  secrétaire 
général  du  Comité  du  Nord  pour  l'Exposition  universelle  de  Paris  en  1878,  vice- 
président  de  la  Société  des  ai;riculteuis  du  Nord  ;  services  exceptionnels. 

BouciiET,  agriculteur  à  Piouilly  (Seine-et-Marne),  agronome  distingué;  a  puis- 
samment rontribué  par  son  exemple  au  progrès  de  l'agriculture  dans  la  région. 
Services  exceptionnels. 

Parmiles  décorations  décernées  sur  la  proposition  d'autres  ministres, 
nous  relevons  quelques  noms  qui  intéressent  l'agriculture.  Ont  été 
nommés  chevalier  de  la  Légion  d'honneur  : 

MM.  Dkiss,  industriel  à  Salon  (Bouches-du-Rhône),  vice-président  du  Conseil 
généial  des  Bouches-du-Rhône.  A  fondé  et  dirigé  avec  la  plus  grande  intelligence 
d'importa  nts  établissements  industriels  :  usines  pour  la  fabrication  des  huiles  par 
le  sulfure  de  carbone  à  Salon,  à  Marseille  (Pontvivaux),  à  Tortosa  (Espagne)  ; 
usines  pour  la  fabrication  du  sulfure  de  carbone  à  la  Capelette  et  à  Lyon  ;  mou- 
lins à  huile  d'olives  à  Pélisame   à  Eyguières,  à  Mausanne  et  à  Pézenas. 

Jarlaud,  négociant  en  vins  et  spiritueux,  à  Paris,  président  du  syndicat  géné- 
ral des  (hambres  syndicales  de  commerce  en  gros  des  vins  et  spiritueux  de  France, 
membre  de  la  Chambre  de  commerce  de  Pans. 

Vincent,  professeur  à  l'Ecole  centrale  des  arts  et  manufactures,  membre  du 
Conseil  de  perfectionnement  de  l'Eco'e,  auteur  de  nombreux  travaux  scientifiques 
et  de  plusieurs  inventions  industrielles.  Lauréat  de  l'Institut. 

PuECii,  vice-président  du  Conseil  général  de  Constantine;  a  contribué  pour  une 
très  large  part,  au  développement  de  l'agriculture  dans  la  région  de  Sétif,  et  fait 
preuve  du  plus  grand  dévouement  dans  l'accomplissement  de  différentes  missions. 
Services  exceptionnels. 

Aymé,  membre  du  Conseil  général  d'Oran,  délégué  de  cette  assemblée  au  Con- 
seil supérieur  du  gouvernement  de  l'Algérie,  adjoint  au  maire  de  Tlemcen  ;  pré- 
sident du  Comice  agricole,  commissaire  général  de  la  section  algérienneà  l'expo- 
sition de  Rouen.  Agriculteur  distingué  :  a  grandement  contribué  au  développement 
de  la  prospérité  dans  l'arrondissement  de  Tlemcen  ;  28  ans  de  services. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (19  JUILLET  I8ik).  83 

Tétrel  (Jules-François),  membre  du  Conseil  général  et  de  la  Commission 
départementale  de  la  Manche,  mnire  de  Viiledieu,  membre  du  Conseil  général 
depuis  1880,  président  de  la  délégation  cantonale,  du  Comice  agricole  et  de  la 
Société  de  secours  mutuels;  21  ans  de  services. 

Notis  félicitons  vivement  notre  éminent  confrère,  M.  Risler,  d'une 
promotion  à  laquelle  tout  le  monde  applaudira.  M.  Carrière  et  .M.  Dubar 
ont  rendu  des  services  distingués  par  leurs  publications;  M.  Rey  et 
M.  Bouchet  sont  des  agriculteurs  très  appréciés  dans  leurs  régions  ; 
M.  Debonno  est  un  des  pionniurs  agricoles  les  plus  actifs  de  l'Algérie, 
de  même  que  M.  Puech  et  iM.  Aymé.  M.  Deiss  et  M.  Jarlaud  ont  rendu, 
dans  des  voies  diverses,  des  services  signalés  à  la  viticulture.  Tous 
ces  choix  seront  ratifiés  par  l'opinion  publique  ;  mais  nous  regrettons 
toujours  qu'un  nombre  si  faible  de  croix  soit  réservé  à  l'agriculture. 

IV.  —  L'ordre   du   Mérite  agricole. 

Par  arrêté  du  ministre  de  l'agriculture  en  date  du  12  juillet,  la 
décoration  du  Mérite  agricole  a  été  conférée  aux  personnes  dont  les 
noms  suivent  : 

M.  Ghevreul,  membre  de  l'Institut,  président  do  la  Société  nationale  d'agri- 
culture, à  laquelle  il  appartient  depuis  52  ans.  Auteur  de  travaux  et  d'ouviages 
connus  du  monde  entier. 

M.  BoussiXGAULT,  membre  de  l'Institut,  membre  de  la  Société -nationale  d'agri- 
culture, à  laquelle  il  appartient  depuis  43  ans,  membre  du  conseil  supérieur  de 
l'agriculture.  Auieur  de  travaux  et  d'ouvrages  universellement  appréciés. 

JVI.  Challot  (Paul),  chef  de  division  au  ministère  de  l'agriculture  (direction  de 
l'agriculture);  31  ans  de  services. 

M.  FÉRv  d'Esclands,  propriétaire  dans  la  Gironde,  en  Corse  et  à  l'île  de  la 
Réunion,  président  de  la  société  protectrice  des  animmx;  a  créé  pl'n  de 
400  sociétés  enfantines  contre  la  destruction  des  nids  et  des  oiseaux  utiles,  auteur 
de  publications  agricoles  et  sur  l'élevage,  donateur  au  Muséum  d'une  coUectioa 
d'animaux  de  Madagascar,   meoibre   du  jury  aux  concours  généraux  de  Paris. 

M.  daPEYRAT,  inspecteur  général  de  l'agriculture;  services  exceptionnels. 

M.  PhiLiPpar  (Edmond- Anatole),  directeur  de  l'école  nationale  d'agriculture  de 
Grignon;  a  dirigé  pendant  plusieurs  années  avec  distinction  l'école  d'irrigation 
et  de  drainage  du  Lézardeau  ;  ancien  adjoint  à  1  inspection  générale  de  l'agricul- 
ture. 

M.  Albin  Ducamp,  propiiétaire-agriculteur  à  Cauviac  (Garl);  a  rendu  des  ser- 
vices par  des  améliorations  agricoles  et  en  propageant,  dans  les  cantons  de  Sauve 
et  de  Taissac,  l'usage  des  machines  agricoles. 

M.  Barillon  (Eugène),  propriétaire  à  Cbeny  (Yonne),  membre  du  Comice 
agricole  d'Auxerre;  drrige  une  exploitation  où  il  a  préconisé  les  bonnes  méthodes 
de  culture;  a  contribué,  par  son  exemple,  aux  progrès  de  l'agriculture. 

M.  Bastide  (Léon),  propriétaire,  président  du  Comice  ngricole  de  Sidi-bel-Ab- 
bès  (Algérie),  auteur  de  plusieurs  ouvrages  très  estimés  sur  l'agriculture;  planta- 
tions remarquables  d'oliviers. 

M.  Bauguil,  vétérinaire  à  Sétif  (Algérie)  ;  services  exceptionnels  rendus  à  l'a- 
griculture. 

M.  Bévière  (Gésar-Hippolyte),  fondateur  de  la  station  d'élevage  de  Villard-de- 
Lans,  inspecteur  départemental  du  S'crvice  des  épizooties  à  Grenoble,  mem- 
bre du  conseil  d'hygiène  et  do  salubrité  publiques,  auteur  de  diverses  publications 
sur  l'agriculture;  'i6  ans  de  services. 

M.  BoNFiLS  (Joseph-André),  fabricant  de  conserves  de  trulfes  à  Carpentraa 
(Vaucluse);  a  pris  le  premier  à  ferme  l'exploitation  de  forêts  produisant  la  truffe 
et  développé  celte  production;  a  contribué  ainsi  à  la  prospérité  agi-icole  de  la 
région. 

M.  BouTiN  (Joseph-Pierre-Marie),  agronome  à  Goven  (Ille-et-Vilaine),  prési- 
dent du  Comice  agricole  du  canton  de  Guichen  et  membre  de  la  Chambre  consul- 
tative d'agriculture  de  l'arrondissement  de  Redon,  membre  du  jury  dans  les  con- 
cours ;  a  rendu  des  services  à  l'agriculture  par  l'élevage  d'animaux  de  race  pure 
etl'emploi  d'instruments  perfectionnés;  47  ans  de  services. 


84  CHRONIQUE  AGRICOLE  (19  JUILLET    1884). 

M.  Brémond,  vétérinaire  à  Oran,  chargé  du  service  des  épizooties  dans  le  dé- 
partement d'Oran,  auteur  de  plusieurs  études  sur  les  maladies  des  animaux;  ser- 
vices dév(^ués  rendus  aux  colons  de  la  région  d'Oran  par  ses  bons  conseils. 

M.  Chasles  (Eugène),  cultivateur  éleveur  à  Crossay,  près  Prunay-les-Gillon 
(Eure-et-Loir);  dirige  une  très  imporlante  culture  où  il  se  livre  principalement  à 
i'élevHge  des  moutons  rafrinos  ;  a  obtenu  '29  prix  dans  les  concours  régionaux, 
dont  15  premiers  prix  et  un  prix  d'ensemble  au  concours  régional  de  Chartres,  en 
1877;  20  ans  de  services. 

M.  de  Chazelles,  président  de  la  Chambre  d'agriculture  de  la  Pointeà-Pitre 
(GuHdeloupe);  a  réalisé  de  notables  améliorations  dans  la  culture  de  la  canne  et 
la  tiibrication  du  sucre 

M.  CiiEVALLET  (Jacques),  agriculteur  et  éleveur  à  Vailly  (Haute-Savoie)  ;  a 
contribué  aux  progrès  agricoles  de  la  région  et  à  sa  prospérité  en  propageant  les 
méthodes  nouvelles  et  les  procédés  perfectionnés,  et  la  mise  en  valeur  de  40  hec- 
tares. Comme  maire,  a  développé  la  création  des  chemins  ruraa\;  membre  du 
jury  dans  les  concours  et  comices;  33  ans  de  services. 

M.  Colombier  (Jean-Antoine),  cultivateur  à  Saïgon  (Cochinchine),  a  dévelop- 
pé en  C  chinchine  la  culture  maraîchère  et  créé  celle  du  cacaoyer,  delà  vanille 
et  des  arbres  fruitiers  d'Europe. 

M.  CouHTOT,  agriculteur,  maire  de  Deile  (territoire  deBelfort),  président  de 
la  Société  d'agriculture  du  territoire  de  Bell'ort,  plus  de  30  ans  de  services 
agricoles. 

M.  Desattre  (Charles  François|,  agriculteur  et  éleveur  à  Marant  (Pas-de-Ca- 
lais, lauréht  du  prix  d'honneur  au  dernier  concours  régional  de  Saint-Omer.  Plus 
de  60  médailles  ou  oljjets  d'art  lui  ont  ét-j  décernes  dans  divers  concours;  36  ans 
de  services. 

M.  Didier,  commandant  supérieur  du  cercle  de  Ghardaïa  (Algérie;;  transfor- 
mation du  M'zab  au  point  de  vue  agricole. 

M.  Dupo^T  (Jean),  vétérinaire  à  Plazac  (Dordngne);  a  contribué  à  la  propaga- 
tion des  bonnes  méthodes  de  culture  et  publié  de  nombreux  travaux  sur  la  mé- 
decine vétérinaire    Médaille  d'or  au  concours  de  chirurgie  vétérinaire  en  1S7'2. 

M.  DupRESSOiR  père  (Gh. -Michel),  cultivateur  à  Ereuse,  commune  de  Bailleul- 
le-Fec  (Oise);  a  transformé  par  de  bonnes  méthodes  une  ferme  de  280  hectares 
qu'il  cultive  depuis  plus  de  40  ans.  Nombreuses  récompenses  dans  les  concours 
et  Comices. 

M.  Favry  (Emile-Adrien,  constructeur  de  machines  agricoles  à  la  Souterraine 
(Creuse);  a  le  premier  importé  dans  la  région  les  batteuses  à  vapeur  et  propagé 
les  engrais  chimiques;  14  récompenses;  21  ans  de  services. 

M.  GiLLAiN  (Victor-Aimable),  éleveur  à  Carentan  (Manche)  a  beaucoup  contri- 
bué à  l'amélioration  de  l'agriculture  de  la  contrée.  Eleveur  distingué.  A  obtenu 
plus  de  300  médailles  dans  les  divers  concours  ou  comices,  dont  cinq  prix  d'hon- 
neur ]iour  l'espèce  bovine  (race  noi  mande)  et  l'espèce  chevaline  demi-saug,  23  ans 
de  services. 

M.  GiMBERT  (Jean-Louis),  docteur-médecin  à  Cannes  (Alpes-Maritimes);  auteur 
de  nombreuses  publicitions  et  de  travaux  sur  les  propriétés  de  l'eucalyptus  glo- 
bulus  au  pnint  de  vue  de  la  culturn  et  de  l'hyg-iène. 

M.  GuiNON  (Louis-Edmond),  directeur  de  la  station  agronomiqne  de  Château- 
roux  Indre)  et  du  laboratoire  agricole,  auteur  de  nombreux  travaux  agricoles, 
horticoles,  vitico'es  et  sur  les  engrais;  a  rendu  de  grands  services  à  l'agriculture 
de  la  région;  28  ans  de  services. 

M.  ti\  M..\KD  (Plubert),  directeur  de  la  cnllure  à  la  brasserie  de  Tantonviile 
(Meurthe-et-Moselle)  ;  a  contribué  aux  améliorations  agricoles  du  pays  par  la 
bonne  exploitation  de  130  hectares  et  la  création  d'une  marcairie;  10  récompenses 
dans  les  concours  et  Comices,  dont  plusieurs  médailles  d'or. 

M.  HiGUNsoN  (John),  agriculteur  et  éleveur  à  la  Nouvelle-Calédonie;  a  contri- 
bué au  développement  de  l'agriculture  dans  la  Nouvelle-Calédonie,  et  à  l'élevage 
en  gland  du  bétail  et  fondé  plusieurs  fermes  importantes. 

M.  JuLLiEM,  agriculteur  à  Champotran  (Seine-et-Marne),  vice-président  du 
Comice  agricole  de  Coulomraiers.  Nombreuses  améliorations  agricoles.  A  con- 
tribué au  progrès  de  l'agriculturo  dans  sa  région  par  l'exemple  de  son  exploita- 
tion; plus  de  20  ans  de  services. 

M.  Labau  (Joseph  Jean),  professeur  départemental  d'agriculture  à  Perpignan, 
ncisE    sous-directeur   de   la  ferme-école  de  Germainville,  vice-président  de  la 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (19  JUILLET  1884).  85 

Chambre    consultative    d'agriculture  et  membre  de  diverses  sociétés  agricoles  ; 
47  ans  de  services 

M.  Laporte  (Albert-Suzanne-Jeanl,  propriétaire  à  Mézin  (Lot-et-Garonne), 
ancien  répétiteur  de  chimie  à  l'Ecole  d'aj^ricuUure  de  GrandjouaHj  vice-président 
du  Comice  agricole  deNérac;  en  sa  qualité  de  délégué  régional  pour  le  service 
pliylloxérique,  a  multiplié  les  conférences  et  les  expériences  pratiques.  Services 
exceptionnels. 

M.  Lhérailt-Salbcelf  (Jean-Antoine-René),  cultivateur  à  Argenteuil  (Seine- 
et-Oise)  ;  a  obtenu  le  premier,  par  sélection,  les  belles  asperges  d'Argeiifeuil  et 
a  beaucoup  contribué  à  l'amélioration  des  espèces  de  ce  proJuit  réputé;  54  ans 
de  services  agricoles. 

M.  LiiciTELAiN,  président  du  Comice  agricole  de  l'arrondissement  de  Reims; 
services  nombreux  rendus  à  l'agriculture. 

M.  Marcand  (Jean),  vélérinaii'e  à  Bazas,  délégué  par  l'administration  pour  le 
service  des  épizooties.  A  obtenu  diverses  récompenses  dans  des  concours  dépar- 
tementaux et  dans  les  concours  régionaux  d'Angoulême  et  de  Bordeaux;  30  ans 
de  services. 

M.  Marret  (Pierre),  vétérinaire  à  AUanche  (Cantal).  Nombreux  travaux  sur 
la  péripneumonie  contagieuse  et  l'inoculation  préventive,  auteur  de  mémoires  de 
médecine  vétérinaire,  président  du  Comice  agricole  du  canton  d'Allanche;  50  ans 
de  services,  dont  19  comme  vétérinaire  de  l'école  d'agriculture  de  Saint-Angeau, 
M.  Masson  (Alfred-Narcisse  Louis),  vétérinaire,  éleveur  de  volailles  à  Paris 
et  à  Ville-d'Avray  (Seine-el-Oise)  ;  s'occupe  depuis  longtemps  avec  succès  de 
l'élevage  des  animaiix  de  basse-cour  et  a  obtenu  18  médailles,  membre  de  plu- 
sieurs sociétés  savantes,  auteur  d'études  sur  le  traitement  des  maladies  des 
volailles. 

M.  Mohamed  ben  Slam,  propriétaire  agriculteur  à  Miliana  (Algérie);  un  des 
indigènes  crui  ont  le  plus  contribué  au  développement  du  progrès  agricole  en 
Algérie  par  l'emploi  des  meilleures  méthodes  de  culture  et  des  instruments  perfec- 
tionnés. 

M.  Morlain-Saimper  (Jean -Baptiste-Théodore),  constructeur  d'instruments 
agricoles  à  Chigny  (Aisne)  ;  a  contribué  aux  progrès  de  la  culture  par  les  perfec- 
tionnements qu'il  a  apportés  aux  instruments  et  machines  agricoles;  151  récom- 
penses, dont  13  prix  dans  les  concours  régionaux  et  6  médailles  d'honneur. 

M.  Pellet  (Henri-Jean-Baptiste),  chimiste  à  Paris;  a  rendu  de  très  utiles 
services  par  ses  travaux  sur  la  chimie  agricole.  Auteur  d'intéressantes  recherches 
sur  la  fabrication  du  sucre  et  de  publications  importantes  sur  le  même  objet. 

M.  PéieaUX  (Jules),  professeur  à  l'école  nationale  vétérinaire  de  Lyon;  a 
publié  plusieurs  mémoires  sur  des  questions  de  physique,  de  chimie  et  de  météo- 
rologie appliquées;  23  ans  de  services  dans  l'enseignement. 

M.  PiNTA  (Xavier),  agriculteur  à  Arras  (Pas-de-Calais)  ;  a  fait  f  ire  des  progrès  à 
la  culture  du  blé,  auteur  de  pub  ications  agricoles  importantes;  55  ans  de  services. 
M.  Renault  (Jean- Baptiste),  pépiniériste  à  Buignéville  (Vosges),  membre  du 
Comice  et  de  la  Chambre  consultative  d'agriculture;  a  ciéé  une  importance  pépi- 
nière d'essences  forestières  dont  il  exporte  les  produits;  récompenses  nombreuses 
dans  divers  concours  et  Comices;  35  ans  de  services. 

M.  Sa'^ny  (Isidore),  agriculteur  à  Trumilly  (Oise),  vice-président  de  la  société 
d'agriculture  de  Senlis;  services  exceptionnels. 

M    Sambet,  propriétaire  viticulteur  à  Chéragas  (Algérie);  a  contribué  aux  pro- 
grès de  la  viticulture  et  obtenu  un  diplôme  d  honneur  à  l'exposition  d'Amsterdam. 
M.  S^viN  DE  Larglause,  d  recteur  de  la  ferme-école  de  Montlouis  (Vienne), 
lauréat  du  [irix  d'honneur  des  ft-rmes-écoles  en  1869,  2S  ans  de  services. 

M.  SiCARD  (Guillaume),  pharmacien  à  Noisy-le-Sec  (Seine);  travaux  iranor- 
tunts  sur  la  culture  des  champignons;  a  réalisé  d'utiles  applications  à  l'agricul- 
ture; chargé  de  conférences  dé  chimie  à  l'association  polytechnique.  Sei  vices 
exceptionnels. 

M.  Stevexoot  (Aimé),  propriétiire-agriculteur  à  Armbouts-Gippel  (Nord);  a 
propagé  l'emploi  des  machines  agricoles,  lauréat  d'un  prix  cultural  au  concours 
régional  de  Lille  en  187-i;  27  ans  de  services. 

M  Sylvoz  (Charles),  président  honoraire  du  Comice  et  de  la  Société  horto- 
agricole  de  Ghambéry,  vice-président  de  la  Société  centrale  d'agriculture  ilu 
département  de  la  Savoie,  auteur  de  diverses  publications  agricoles.  Grande 
médaille  d'or  au  concours  régional  de  1853;  50  ans  de  services. 


86  GHRONIQUB  AGRiICOLK  (19  JUILLET  1884). 

M.  Tardy,  directeur  de  la  ferme-école  de  La  Roche  (Doubs)  ;  près  de  40  ans 
de  services  agricoles.  A  débuté  à  l'ancien  Institut  agionomitpe  de  Versailles 
com:ne  simple  employé  de  culture.  Initiateur  des  progrès  dans  le  Doubs. 

M.  Terrand-Nicole  (Jean-Iiaptiste),  cultivateur  à  Rull'ey-les-Beaune  (Gôte- 
d'Or),  lauréat  du  prix  cultural  de  la  petite  cullure  du  concours  de  Dijon  en  1879- 
a  contribué  à  l'amélioration  des  différentes  cultures,  notamment  de  celles  des 
asperges  et  des  pommes  de  terre.  Auteur  de  conférences  agricoles  estimées; 
25  ans  de  services. 

M.  Thomas  (Louis-Nicolas-Xavier),  vétérinaire  à  Daminartin  (Haute-Marne), 
président  du  Comice  agricole  de  Montigny-le-Koi,  auteur  de  travaux  sur  le 
charbon  ^^yniptomalirjue;  plus  de  VO  ans  de  services. 

M.  V.VUTRIN  (Jean),  propriétaire  agriculteur  à  Saint- André-le-Désert  (Saône- 
et-Loire),  membre  fondateur  de  la  Société  d'agriculture  de  Mâcon.  Mise  en  valeur 
de  terrains  incultes.  Nombreuses  récompenses  dans  les  concours  et  Comices  agri- 
coles; 30  ans  de  tervices. 

M.  Xajibeu  (François),  ancien  professeur  des  sciences  physiques  à  Saintes 
(Charente-Inlérieure),  meuibre  du  Comice  agricole  de  l'arrondissement  de  Saintes 
et  du  Comité  de  défense  contre  le  phylloxéra.  A  fait  partie  du  jury  dans  les  con- 
cours et  de  diverses  Commissions  agricoles,  auteur  d'un  grand  nombre  de  rapports 
et  mémoires  sur  l'agriculture. 

L'hommage  rendu  par  M.  le  ministre  de  l'agrictiUiire  à  M.  Clievreul 
et  à  M.  Boussingault  sera  apprécié  par  tous  les  agriculteurs. 

V.  —  Election  à  la  Société  naiLoiiale  d'agriculture. 
Dans  le  (loinité  secret  de  sa  séance  du  16  juillet,  la  Société  natio- 
nale d'agriculture  a  entendu  le  rapport  de  la  Section  d'histoire  natu- 
relle agricole  sur  les  candidats  à  une  place  de  membre  associé  national. 
La  section  présente  la  liste  de  candidats  suivante  :  en  première  ligne, 
M.  Carnot,  ingénieur  en  chef  des  mines,  professeur  à  l'Institut  national 
agronomique;  en  deuxième  ligne,  M.  Nivoit,  ingénieur  en  chef  des 
mines,  professeur  à  l'école  des  ponts  et  chaussées.  Les  titres  des  can- 
didats ont  été  discutés;  l'élection  aura  lieu  dans  la  séance  du 
23  juillet. 

VI.  —  L'enquête    parlementaire. 

Dans  la  réunion  qu'elle  a  tenu  le  11  juillet,  la  sous-commission  de 
l'enquête  parlementaire,  chargée  de  l'étude  des  questions  agricoles, 
s'est  occupée,  sous  la  présidence  de  i\I.  Devès,  de  régler  les  conditions 
et  la  méthode  d'enquête  applicables  à  l'agriculture.  Un  nouvel  envoi  de 
questionnaires  a  été  d'abord  décidé.  La  sorrs-commission  a  pris  ensuite 
les  résolutions  suivantes  :  elle  a  fixé  au  \"'  octobre  le  délai  pour  les 
réponses  au  questionnaire  ;  elle  s'est  réservée  de  recueilUr  à  titre  de  ren- 
seignements complémentaires^  à  partir  du  2Di  octobre  jusqu'au  21)  no- 
vembre, les  dépositions  orales  des  per.sonnas  qui  demanderont  à  être 
entendues  Elle  a  réservé  la  questioa  d'envoi  de  délégués  en  province. 
Elle  a  partagé  ensuite  entre  ses  membres  les  documents  à  dépouiller; 
ces  documents  se  rapportent  à  dix  régions  comnie  il  suit  : 

Pour  la  première  région,  comprenant  le  Finistère,  les  Côtes-du-Nord,  le  Mor- 
bihan, rille-et-Vilaine,  la  Manche,  le  Calvados,  l'Orne,  la  Mayenne  et  la  Sarthe, 
M    Récipon  a  été  désigné. 

Pour  la  deuxième  région,  comprenant  le  Nord,  le  Pas-de-Calais,  la  Somme,  la 
Seine-Inférieure,  l'Oise,  l'Aisne,  l'Eure,  Eure-et-Loir,  Seine-ec-Oise,  Seine  et 
Seine-et-Marne,  MM.  Jametel  et  Develle. 

Pour  la  troisième  région,  comprenant  les  Ardsïines,  la  Marne,  l'Aube,  la 
Haute-Marne,  la  Meuse,  Meurthe-et-Moselle,  les  Vosges  et  le  Haut-Rhin  (Beli'ort), 
MM.  Brugnot  et  Liouville. 

Pour  la  quatrième  région,  comprenant  la  Loire-Inférieure,  Maine-et-Loire, 
la  Vendée,  la  Charente-Inférieure,  les  Deux-Sèvres,  la  Charente,  la  Vienne  et  la 
Haute-Vienne,  M.  Pénicaud. 


CHRONIQUE  AGRICOLE   (19  JUILLET  1884).  87 

Pour  la  quatrième  région,  comprenant  Loir-et-Cher,  le  Loiret,  l'Yonne,  l'In- 
dre, le  Cher,  la  Nièvre,  la  Creuse,  l'Allier  et  le  Puy-de-Dôme,  MM.  LecherLon- 
nier  et  Auniiïret. 

Pour  la  sixième  région,  comprenant  la  Cùte-d'Or,  la  Haute-Saône,  le  Doubs, 
le  Jura,  Saône-et-Lciire,  la  Loire,  le  Rhône,  l'Ain,  lu  Haute-Savoie,  la  Savoie  et 
l'Isère,  MM.  Duvat  et  Hugot. 

Pour  la  septième  région,  comprenant  la  Gironde,  la  Dordogne,  Lot-et-Garonne, 
les  Lande-i,  le  Gers,  les  Basses-Pyi  énées,  les  Hautes-Pyrénées,  la  Haute-Garonne  et 
l'Anège,  MM.  Alicot  et  Deluns-Montaud. 

Pour  la  huitième  région,  comprenant  la  Gprrèze,  le  Cantal,  le  Lût,  l'Aveyron, 
la  Lozère,  Tarn-et-Garonne,  le  Tarn,  l'Hérault,  l'Aude  et  les  Pyrénées-Orientales, 
MM.  Mai'gaine  et  Mercié. 

Pour  la  neuvième  région,  compreiiant  la  Haute-Loire,  l'Ardèche,  la  Drôme, 
le  Gard,  Vaucluse,  les  Basses-Alpes,  les  Hautes-Alpes,  les  Bouches-Ju-llhùne,  la 
Var  et  les  Alpes-Maritimes,  MM.  Léon  Renault  et  Andrieux. 

Enfin  pour  la  dùtième  région,  comprenant  la  Corse  et  l'Algérie,  M.  Thomson. 

La  sous-coinœission  a  ensuite  chargé  MM.  Audiffret,  Develle,  Jaiue- 
tel  et  Pénicaud  de  déterminer  la  nomenclature  des  documents  à  deman- 
der au  ministère  de  l'airricuilure.  La  plupart  des  membres  présents 
ont  insisté  sur  l'importance  de  l'enseignement  agricole  et  sur  la  néces- 
sité de  le  développer. 

VII.  —  Exposition  in  1er  nationale  d'Amslerdam. 

Le  Journal  officiel  annonce  que,  par  un  arrêté  du  ministre  de  l'agri- 
culture, en  date  du  12  juillet,  M.  le  comte  de  Saint-Foix,  consul 
général  de  France  à  Amsterdam,  a  été  noînmé  commissaire  général  de 
la  section  française  de  l'exposition  internationale  agricole  d'Amster- 
dam en  188'k  ' 

VIII.  —  Ecole  nationale  dliorliculture  de  Versailles. 

L'école  nationale  d'horticulture  de  Versailles  fera  sa  rentrée  le 
V  octobre  prochain.  Son  but  est  de  former  des  jardiniers  capables  et 
instruits,  et  de  préparer  quelques-uns  d'entre  eux  à  l'enseignement 
horticole.  Ce  but  est  atteint;  car  l'école,  malgré  le  nombre  de  ses 
élèves,  ne  sutlitpas  aux  demandes  de  jardiniers  qui  lui  sont  adressées. 

Les  jeunes  gens  qui  désirent  y  entrer  doivent  faire  parvenir  leur 
demande  sur  papier  timbré,  avant  le  I"  septembre,  au  préfet  du  dépar- 
tement qu'ils  habitent.  Toutefois,  pour  les  départements  de  la  Seine 
et  de  Seine  et-Oise,  ces  demandes  sont  adressées  directement  au 
minisire  de  l'agriculture. 

L'examen  d  admission  qui  porte  sur  les  matières  de  l'enseignement 
primaire,  a  lieu  le  15  septembre  à  la  préfecture  ou  à  la  sous-préfec- 
ture, ou  même  au  siège  de  l'école.  Les  candidats  qui  ont  obtenu  le 
cerlillcat  d'études  primaires  ou  le  certificat  d'apprentissage  d'une 
école  pratique  d'agriculture  ou  d'une  ferme-école  sont  dispensés  de 
l'examen  d'admission. 

Au  !'■'  octobre  prochain,  il  y  aura  un  certain  nombre  de  bourses 
vacantes,  chacune  d'une  valeur  de  1 ,000  francs  :  six  de  l'Etat 
données  au  concours  (mais  comme  elles  ne  sont  accordées  qu'aux 
élèves  dont  la  situation  de  fortune  est  reconnue  insuffisante  pour  leur 
entretien  à  Versailles,  les  postulants  devront  s'adresser  direcieinent  à 
M.  le  ministre  de  l'agriculture,  le  plus  tût  possible);  une  du  départe- 
ment de  la  Seine;  deux  du  déparlement  de  Seine-et-Oise,  trois  de  la 
ville  de  Versailles,  etc.  Les  aspirants  à  ces  dernières  bourses  devront 
adresser  leur  demande  aussitôt  que  possible  aux  autorités  compétentes. 


88  CHRONIQUE  AGRICOLE  (19  JUILLET   1884). 

[    IX.  —  Ecole  pratique  d'agricukure  des  Merchines. 

Les  jeunes  gens  qui  désirent  enlrer  en  qualité  d'élèves  à  l'école  pra- 
tique d'agriculture  des  Merchines  (Meuse),  dirigée  par  M.  Millon, 
subiront  les  examens  d'admission  le  mercredi  17  septembre  prochain, 
à  la  préfecture  de  la  Meuse,  à  Bar-le-Duc.  Les  épreuves  auxquelles  ils 
seront  soumis  consisteront  en  une  dictée  et  un  examen  oral  qui  porte- 
ront sur  les  matières  comprises  dans  le  programme  de  l'enseignement 
primaire.  Nul  ne  sera  admis  s'il  n'est  âgé  de  15  ans  au  moins  et  apte 
aux  travaux  des  champs.  Les  candidats  devront  se  faire  inscrire  à  la 
préfecture  de  la  Meuse  (r''  division),  dix  jours  au  moins  à  l'avance, 
c'est-à-dire  le  6  septembre  au  plus  tard. 

La  durée  des  cours  de  l'école  pratique  d'agriculture  des  Merchines 
est  de  deux  ans.  Le  programme  des  études  comprend  l'agriculture  cl 
l'économie  rurale,  l'élevage,  l'hygiène  et  l'engraissement  du  bétail,  le 
cubage,  le  lever  des  plans  et  le  nivellement,  l'explication  et  l'usage  des 
machines  agricoles,  la  comptabilité  agricole,  les  éléments  de  bota- 
nique, de  géologie,  de  physique,  de  chimie  et  de  droit  rural.  Les 
élèves  exécutent  successivement  pendant  leur  séjour  à  l'école,  tous  les 
travaux  de  l'exploitation  et  notamment  ceux  qui  exigent  l'emploi  des 
instruments  perfectionnés. 

X.  —    Orphelinats  agricoles    d'Algérie. 

L'organisation  d'orphelinats  agricoles  ea  Algérie  a  été  poursuivie  ; 
depuis  longtemps.  Une  nouvelle  tentative  vient  d'être  faite  dans  la  pro- 
vince d'Oran,  par  une  Société  à  la  tête  de  laquelle  se  trouve  M.  Cou- 
turier, député  de  l'Isère.  Un  vaste  domaine,  dans  lequel  on  possède 
de  belles  cultures  de  vignes,  d'orangers,  d'oliviers,  c'est-à-dire  les  cul- 
tures les  plus  productives  d'Algérie,  a  été  organisé  pour  constituer  un 
orphelinat  de  300  enfants.  On  y  compte  aujourd'hui  42  élèves,  dont 
quelques  Arabes.  L'objet  de  cette  institution  est  de  former  des  colons 
instruits  et  capables,  qui  seront  d'une  grande  utilité  pour  le  dévelop- 
pement de  la  colonisation  en  Algérie.  Nous  souhaitons  vivement  le  suc- 
cès pour  ces  efforts. 

XL  —  Le  phylloxéra. 

Le  célèbre  entomologiste  américain,  C.-Y.  Riley,  à  qui  l'on  doit  des 
travaux  d'une  haute  importance  sur  le  phylloxéra  et  ses  mœurs,  vient 
de  faire  un  voyage  en  France.  11  a  été  reçu  avec  un  véritable  enthou- 
siasme par  la  Société  d'agriculture  de  l'Hérault,  devant  laquelle  M.  Lich- 
teinstein,  dans  une  note  rédigée  avec  son  talent  ordinaire,  lui  avait 
servi  de  précurseur.  M.  Riley  a  fait  connaître  un  nouveau  remède  qu'il 
propose  contre  le  phylloxéra,  remède  qui  aurait  donné  d'excellents 
résultats  aux  Etats-Unis  d'Amérique.  Ce  remède  consiste  dans  une 
émulsion  de  pétrole  avec  du  lait  ou  du  savon  pour  le  rendre  soluble 
dans  l'eau;  l'émulsion,  préparée  préalablement,  serait  ensuite  diluée 
avec  de  l'eau  froide,  au  degré  convenable  que  l'expérience  indiquera, 
et  employée  de  la  même  manière  que  le  sulfocarbonate  de  potassium. 
C'est  par  des  expériences  qu'on  pourra  reconnaître  la  valeur  pratique 
de  la  nouvelle  méthode  ;  nous  pensons  que  ces  expériences  seront 
bientôt  organisées. 

XIL  —  Mission,  agricole  en  Allemagne  et  en  Autriche. 

M.  Gatellier,  président  de  la  Société  d'agriculture  de  Meaus-,  nou;^ 
communique  la  note  suivante  : 


OHRONIQUE  AGRICOLE   (19  JUILLET   1884).  89 

«  La  délégation  de  la  Société  d'agriculture  de  Meaux,  jointe  à  la  délégation 
des  agriculteurs  de  France  et  à  celles  des  Comices  agricoles  de  S  lissons  et  de 
l'Oise,  a  été  très  bien  accueillie  en  Allemagne,  et  a  reçu,  surtout  à  Prague,  en 
Bohême,  un  accueil  enthousiaste. 

a  Nos  compatriotes  étaient  entrés  jeudi  soir  10  juillet  dans  une  grande  bras- 
serie-concert. Aussitôt  qu'on  eut  reconnu  leur  nationalité,  l'orchestre  composé 
de  25  musiciens  a  joué  la  Marseillaise.  Tout  le  monde  s'est  levé  et  a  applaudi. 

«  Nos  Français,  très  émus  d'un  pareil  accueil,  ont  remercié  les  assistants  et  ont 
demandé  à  leur  tour  l'hymne  autrichien  et  le  chant  national  tchèque,  au  milieu 
des  bravos  de  l'assistance.  » 

Nous  enregistrons  avec  plaisir  ce  fait  qui  prouve  que  notre  pays  a 
conservé,  quoi  qu'on  dise,  de  la  sympathie  à  l'étranger. 
XIII.  —  Concours  du  Comice  de  LunéviUe. 
La  fête  annuelle  du  Comice  agricole  de  l'arrondissetnent  de  Luné- 
ville  (Aleurlhe-et-Moselle)  se  tiendra  à  Lunéville  le  dimanche   10  août 
prochain,  sous    la   direction   de  M.    Paul  Genay,  son  président.    Des 
récompenses  spéciales  pour  la  bonne  culture,  pour  les  améliorations 
agricoles,  pour  les   animaux   reproducteurs,    pour   les   produits     des 
exploitations  rurales  y  seront  décernée?.   Il   y    sera  joint  une  expo- 
sition générale  d'instruments  agricoles  à  laquelle  tous  les  constructeurs 
sont  conviés.  En  dehors  des  médailles  qui  seront  décernées,  il  y  aura 
un  concours  spécial  dynanioinétrique  de  machines  à  battre  à  manège, 
vannant  le  grain;  les  expériences  dynamométriques  seront  dirigées  par 
M.  GrandVoinnet,  professeur  à  l'Institut  national    agronomique.   Un 
concours  de  ce  genre  présente  une  grande  importance  pour  la  moyenne 
culture;  les  constructeurs  y  trouveront  l'occasion  de  faire  apprécier 
leurs  machines  par  des  expériences  sérieuses  et  bien  conduites. 

XIV.  —  La  pêche  àl'écrevisse. 
On  se  plaint  presque  partout  de  la  disparition  des  écrevisses,  en 
dehors  même  delà  maladie  qui  lésa  atteintes.  Dans  quelques  départe- 
tnents,  on  a  eu  le  soin  de  réglementer  la  pêche  de  ce  crustacé.  C'est 
une  excellente  mesure.  Par  exemple,  un  arrêté  du  préfet  des  Ardennes, 
en  date  du  24  mai,  a  interdit  la  pêche  de  l'écrevisse,  pendant 
une  année,  à  partir  du  15  juin,  dans  la  rivière  de  Meuse  et  ses 
affluents.  Le  colportage  et  la  vente  des  écrevisses  ne  pourront  avoir 
lieu  dans  ce  département  qu'en  justiûant  d'un  certificat  d'origine. 

J.-A.  Barral. 

UNE  CONFÉRENCE  LAITIÈRE  EN  ANGLETERRE 

L'importance  de  l'industrie  du  lait  devient  de  plus  en  plus  appré- 
ciée par  nos  voisins.  Cette  industrie  tend  à  devenir  le  plus  salutaire 
compensateur  des  pertes  énormes  que  l'intempérie  de  plusieurs  saisons 
et  les  ravages  de  la  fièvre  aphteuse  ont  fait  subir  à  l'industrie  agricole. 
Aussi,  l'esprit  éminemment  pratique  des  agriculteurs  anglais  a  bien 
vite  saisi  le  côté  d'où  le  salut  pouvait  se  produire,  c'est-à  dire  celle 
branche  de  la  production  agricole  qui,  par  sa  nature  même,  est  la  moins 
exposée  à  la  concurrence  étrangère,  et  celle  qui  est  certainement  la 
plus  favorisée  par  le  climat,  la  nature  du  sol,  et  l'excellence  des  races 
bovines,  au  point  de  vue  de    la  production  du  lait,  trop  longtemps 
négligée  par  nos  voisins,  pour  celle  de  la  viande  et  des  céréales.  Cette 
dernière  production  est  devenue  de  moins  en    moins  lucrative  par 
l'adoption  du    libre  échange  lequel  est  nécessaire  en  Angleterre  bien 
plus    que    chez    nous,    vu    l'insuffisance  de    la    production    du    blé 


90  CONFÉRENCE  LAITIÈRE  EN  ANGLETERRE. 

môme  dans  les  années  les  plus  abondantes,  à  cause  de  la  densité  delà 
population  à  nourrir.  Quant  à  la  production  de  la  viande,  bien  mieux 
défendue  que  celle  des  céréales  par  les  plus  grandes  difficultés  de  trans- 
port, l'invasion  de  la  pesle  bovine  et,  dans  ces  dernières  années,  celle 
de  la  fièvre  aphteuse,  en  ont  tari  les  sources  par  une  mortalité 
excessive  ou,  tout  au  moins,  un  dépérissement  désastreux.  Seule 
l'industrie  laitière  semble  par  son  caractère  plus  local,  son  marché 
plus  immédiat,  offrir  une  stabilité  commerciale,  une  sûreté  de  place- 
ment, et  une  rémunérantion  mieux  garantie  contre  la  concurrence 
étrangère,  lesquelles  en  rendent  les  avantages  plus  certains  et  plus 
rémunérateurs  que  ceux  de  la  production  du  pain  et  de  la  viande. 

Il  y  a  quelques  années,  mus  par  ces  considérations  si  vraies  et  si 
pratiques,  les  agriculteurs  anglais  ont  établi  une  association  laitière, 
dont  j'ai  tout  d'abord  raconté  la  formation  dans  ce  Journal,  puis  enre- 
gistré les  progrès  et  le  développement  graduel,  et  enfin  décrit  les  expo- 
sitions annuelles,  dans  le  Hall  d'Islington. 

Celte  manifestation  du  grand  mouvement  en  faveur  de  la  production 
du  lait,  ne  suffisait  pas,  au  gré  des  hommes  éclairés,  tels  que  M.  Tis- 
dall,  le  chanoine  Bagot,  le  D'  Bond  et  tant  d'autres  hommes  dévoués 
à  la  cause  du  progrès  de  la  prospérité  de  l'agriculture  de  leur  pays.  Le 
caractère  sédentaire  et  fixe  des  expositions  d'/slington,  ne  convenait 
déjà  plus  au  besoin  d'expansion  d'un  enseignement  dont  l'utilité 
demandait  une  sphère  plus  étendue,  une  application  plus  générale  et 
plus  variée,  un  recrutement  plus  large  de  toutes  les  intelligences,  de 
toutes  les  expériences  et  de  tous  les  dévouements.  Cette  année  on  a 
suivi  l'exemple  donné  d'abord  par  la  France,  c'est-à-dire  l'adoption 
du  système  de  migration  déjà  suivi  par  nos  sociétés  savantes,  et  si 
fructueusement  pratiqué  par  la  Société  royale  d'agriculture  de  l'Angle- 
terre, qui  transporte,  chaque  année,  dans  des  comtés  différents,  le 
siège  de  ses  expositions  et  de  ses  assises. 

Ce  système  de  migration  dans  les  réunions  péi-iodiques  des  Sociétés 
dont  l'objet  est  la  dilfusion  d'un  progrès  d'un  intérêt  général  quel- 
conque, soit  industriel,  soit  scientifique,  possède  de  grands  avantages 
à  tous  les  points  de  vue  possibles.  D'abord  il  permet  aux.  gens  qui 
possèdent  l'expérience  de  leur  localité,  de  se  produire  dans  des  réu- 
nions qui,  loin  d'exiger  un  déplacement  souvent  onéreux  et  difficile 
pour  certains  hommes  sédentaires  et  modestes,  viennent  pour  ainsi 
dire  frapper  à  leur  porte  et  solliciter  leur  coopération  sur  un  théâtre 
immédiat.  De  cette  manière  on  obtient  de  précieux  enseignements 
locaux  de  la  part  d'observateurs,  dont  l'attention  est  concentrée  d'une 
manière  immédiate  et  permanente  sur  des  phénomènes  constants  et 
localisés.  Cette  sorte  d'observation,  quand  elle  se  trouve  recueillie  avec 
soin  et  coordonnée  avec  méthode,  forme  un  terme  de  comparaison 
d'où  jaillit  une  lumière  précieuse,  et  qui  fiiit  ressortir  bien  des  simi- 
litudes et  des  analogies  qui,  sans  ces  rapprochements,  passeraient  ina- 
perçues. Puis  ce  déplacement  de  réunions  périodiques  tantôt  dans  une 
région  tantôt  dans  une  autre,  otïre  d'excellentes  occasions  pour  pro- 
duire au  grand  jour  bien  des  esprits  supérieurs  cachés  dans  leur  isole- 
ment, et  qui,  en  se  produisant  à  l'éclat  delà  discussion,  jettent  parfois 
une  précieuse  lumière  sur  les  questions  que  ces  congrès  ont  pour  but 
spécial  de  définir  et  d'éclairer.  A  ces  points  de  vue  et  à  bien  d'autres 
qu'on  pourrait  indiquer,  la  migration  des  assises  et  des  conférences 


CONFLUENCE  LAITIKRE  EN  ANGLÏÏTEKRE.  91 

de  Sociétés  scienlilii(ues,  industrielles  et  autres,  ont  un  avanlago  sur 
lequel  il  est  inutile  d'insister. 

Une  fois  l'importance  de  l'imlustrie  laitière  admise  parles  a^i'icul- 
teurs  anglais,  une  l'ois  rallcnlion  éveillée  sur  celte  question^  une  simple 
exposition  annuelle,  dans  un  local  plus  ou  moins  accessible  d'une 
grande  cité  comme  Londres,  plutôt  commerciale,  politique  et  scienti- 
lique  que  purement  agricole,  ne  pouvait  suffire.  Aussi,  la  pensée  d'un 
congrès  nomade  devait-elle  naturellement  s'imposer  aux  hommes 
dévoués  qui  ont  pris  à  cœur  la  réussite  de  ce  grand  et  salutaire  mou- 
vement, tendant  à  venir  en   aide  à  l'agriculture  aux  abois. 

C'est  à  Gloucester,  milieu  essentiellement  lailier,  là  oii  fleurit  l'in- 
dustrie des  principaux  produits  du  lait  :  le  beurre  et  le  fromage,  là 
où  cette  fabrication  agricole  est  la  plus  généralement  pratiijuée  et  est 
devenue  l'objet  d'un  important  commerce  et  une  source  de  grande 
prospérité,  que  ce  premier  congrès  laitier  a  été  inauguré. 

Celte  seconde  innovation  a  été  accueillie  avec  un  grand  zèle  et  une 
grande  faveur,  par  tous  ceux  que  la  question  touchait  dans  leurs  in- 
téi'êts  et  dans  leurs  idiosyncrasies.  Propriétaires,  fermiers,  simples  culti- 
vateurs, etc.,  tous  se  sont  ralliés  à  cette  bonne  et  salutaire  entreprise, 
et  les  efforts  de  tous  ont  heureusement  abouti  à  un  succès  que  n'ob- 
tiennent pas  toujours  les  commencements  de  la  mise  à  exécution  des 
idées  les  plus  généreuses,  les  plus  salutaires  et  les  plus  fécondes. 

C'est  le  22  mai  dernier  que  le  congrès  s'est  réuni  dans  la  ville  de 
Gloucester,  et  ses  séances  se  sont  prolongées  jusqu'au  24,  c'est-à-dire 
qu'elles  ont  duré  trois  jours,  temps  bien  insuffisant  pour  entendre  et 
surtout  pour  discuter  les  sérieux  travaux  qu'on  y  a  lus,  travaux  dont 
le  nombre  et  la  longueur  souvent  prolixe  ont  rendu  la  discussion  im- 
possible. Nul  doute  que  l'expérience  de  cette  première  assise  ne  fasse 
adopter,  pour  l'avenir,  des  mesures  d'ordre  dont  la  nécessité  a  été 
démontrée  par  l'expérience  de  ce  début. 

Le  congrès  a  commencé  par  l'inspection  d'une  exposition  d'instru- 
ments et  d'ustensiles  laitiers,  laquelle,  malgré  l'abstention  de  plusieurs 
grands  fabricants,  a  paru  cependant  très  complète,  une  laiterie  modèle 
y  avait  été  installée  et  mise  en  plein  travail.  Là  on  a  pu  voir 
fonctionner  les  nouveaux  séparateurs  de  crème,  celui  de  Laval  et  celui 
dit  de  la  Norvège.  On  a  pu  ainsi  juger  du  mérite  respectif  de  ces  deux 
systèmes.  Cette  expérience  comparative  a  démontré  que  le  système 
norvégien  sépare  la  crème  d'une  façon  plus  complète,  ce  qui  augmente 
comme  résidu  la  quantité  de  lait  de  beurre.  Mais  la  perfection  du 
travail  de  ces  deux  instruments  a  été  fort  appréciée,  et  leur  utilité 
dans  les  grandes  laiteries  et  dans  les  fruitières  coopératives,  pleinement 
démontrée. 

La  partie  principale  et  la  plus  intéressante  du  congrès  a  été,  sans 
contredit,  la  lecture  des  différents  travaux,  presque  tous  lus  par  leurs 
auteurs,  tandis  que  d'autres,  envoyés  par  des  auteurs  absents,  ont  été 
lus  par  des  substituts  avec  tous  les  désavantagés  de  ce  mode  de  com- 
munication. Ces  travaux  étaient  trop  nombreux  et  trop  étendus  pour 
en  permettre  la  discussion,  et  c'est  là  un  point  qui  demande,  pour 
l'avenir,  une  réfoi'me  radicale.  Ces  mémoires  étaient  si  longs,  que 
malgré  des  coupures  indispensables,  le  temps  a  manqué  pour  en  dis- 
cuter les  propositions,  ce  qui  a  singulièrement  réduit  l'utilité  pratique 
de  celte  parlie  de  la  conférence. 


92  CONFÉRENCE  J-AITIÉRE  EN  ANGLETERRE. 

Une  de  ces  trois  journées  a  été  passée  au  raagaifique  palais  de 
Berkley  Gastle,  résidence  seigneuriale  de  lord  Fitzliardinge;  une  des 
réunions  a  eu  lieu  dans  une  des  vastes  salles  de  ce  magnifique  château. 
Après  avoir  visité  la  Terme,  et  la  belle  laiterie  munie  de  tous  les  meil- 
leurs ustensiles  modernes,  le  congrès  s'est  réuni  dans  cette  grande  salle 
et  on  a  commencé  la  lecture  des  mémoires  apportés  ou  envoyés  par 
leurs  auteurs.  Ces  mémoires  au  nombre  de  sept  sont  dus  à  la  plume  des 
hommes  les  plus  notables  de  l'agriculture  anglaise,  au  point  de  vue 
de  la  pratique  et  de  la  science. 

L'occasion,  l'intérêt  de  la  question,  la  réputation  des  auteurs  qui 
devaient  prendre  une  part  active  à  la  conférence,  l'importance  du  mou- 
vement qu'il  s'agissait  d'inaugurer,  avaient  attiré  un  grand  nombre  de 
propriétaires  et  d'agriculteurs  de  toutes  le.-  parties  du  Royaume-Uni, 
de  l'Ecosse,  de  l'Irlande  et  de  tous  les  comtés  de  l'Angle'erre.  La 
réunion,  il  faut  le  constater,  comme  un  trait  significatif  et  rempli 
de  promesses,  était  influente  et  nombreuse,  et  tous  les  travaux  de  la 
conférence  ont  été  suivis  avec  un  entrain  et  une  assiduité  remar- 
quables. 

Parmi  les  mémoires  lus  à  la  conférence,  je  citerai  d'abord  celui  de 
M.  Tisdall  sur  le  choix  de  la  race  et  l'élevage  du  bétail  laitier.  Puis  sont 
veaus  celui  de  iM.  Priée  sur  les  cours  couvertes,  celui  de  M.  Gilbert 
Murray  sur  les  bâtiments  d'une  ferme  laitière,  celui  de  M.  James  Long 
sur  l'ensilage,  celui  de  M.  Colinson  Hall  sur  le  lait  et  la  prorluction 
du  lait,  un  second  mémoire  par  M.  Waite  sur  les  cours  couvertes,  la 
séparation  de  la  crème  par  !\I.  Fawkes,  laiterie  domestique  et  laiterie 
en  fruitières,  par  M.  Oliver,  laiterie  domestique  par  M.  Nuttall,  sur 
les  écoles  de  laiterie  par  M.  Denton. 

On  voit  par  cette  liste  combien  le  sujet  des  mémoires  était  bien  choisi 
et  bien  approprié  à  la  circonstance,  ainsi  qu'à  l'objet  du  congrès. 
Parmi  ces  mémoires,  j'en  choisirai  quelques-uns  des  plus  reinar- 
quablps  et  des  plus  utiles  à  notre  industrie  laitièi-e  française.  Comme 
ces  mémoires  sont  très  complets  et  par  conséquent  tant  soit  peu  pro- 
lixes, je  me  contenterai  d'en  faire  une  analyse  aussi  étendue  que  pos- 
sible, de  manière  à  en  extraire  tout  ce  qui  s'y  trouve  de  plus  utile 
et  de  mieux  adapté  à  notre  industrie  laitière.  Je  commencerai  par  le 
mémoire  de  M.  Tisdall,  si  bien  connu  comme  le  plus  éminent  des  fon- 
dateurs de  l'association  des  fermiers-laitiers  de  l'Angleterre.  M.  Tisdall 
est  lui-même  lun  des  plus  grands  fournisseurs  de  lait  de  la  grande 
cité  de  Londres.  Les  fermes  laitières  de  Keusington,  l'un  des  fau- 
bourgs de  la  capitale,  et  des  environs  d'Epsom  dans  le  comté  d'Essex, 
sont  établies  sur  une  vaste  échelle,  et  nul  autre  n'est  plus  capable 
de  traiter  le  sujet  de  son  remarquable  mémoire,  c'est-à-dire  sur 
le  choix  et  l'élevage  de  la  meilleure  race  laitière.  En  effet,  il  ne  s'agit 
point  ici  d'un  partisan  fantaisiste  d'une  certaine  race  à  l'exclusion  de 
toute  autre;  il  s'agit  d'un  commerçant,  homme  pratique  s'il  en  fut, 
que  l'expérience  raisonnée  des  meilleures  races  laitières  a  naturelle- 
ment conduit  au  choix  de  celle  qui  lui  a  paru  dominer  toutes  les  autres 
comparativement  et  absolument. 

Je  n'ai  pas  besoin  de  dire  que  sa  conclusion  est  en  faveur  de  la  race 
durham,  et  dans  un  prochain  numéro  je  soumettrai  à  mes  lecteurs  les 
parties  principales  de  cet  intéressant  mémoire. 

[L%  suite  prochainement.)  V.-l\.  de  la  Tiiéhonnais. 


CONCOURS  RÉGIONAL,  DE  GAP.  93 


CONCOURS  PtÉGIONAL  DE  GAP  —  W 

Le  public  passait  indifférent  devant  un  modeste  cahier  manuscrit,  exposé  sous 
les  auspices  de  la  Société  d'as^riculture  des  Hautes-Alpes,  sans  se  douter  que  ces 
quel([ucs  pages  d'écriture  recelaient  des  révélations  susceptibles  de  provoi(uer  les 
plus  utiles  réformes  dans  l'exploitation  fourragère  et  pastorale  ainsi  que  dans  l'in- 
dustrie laitière  du  département.  Nous  voulons  parler  du  Mémoire  d'miahjses  com- 
paratives du  lait  de  vache  dans  le  département  des  Hautes-Alpes,  présenté  par 
M.  Léon  Faure,  pharmacien,  à  Gap. 

Les  conclusions  de  ce  remarquable  travail  sont  les  suivantes  : 
1°  La  vache  tarine,  dans  les  environs  de  Gap,  est  excellente  beurriers  ;  lors- 
qu'elle est  convenablement  nourrie,  son  lait  dose  en  moyenne  plus  de  4  pour  100 
de  matières  grasses.  Les  producteurs  du  pays  auraient  par  suite  intérêt  à  s'atta- 
cher à  la  fabrication  du  beurre  plus  qu'à  celle  du  fromage,  en  perfectionnant  leurs 
procédés  de  façon  à  produire  des  beurres  de  première  qualité. 

2"  Parmi  les  aliments  concentrés  complémentaires  que  les  agriculteurs  de  Gap 
ajoutent  aux  fourrages  qu'ils  récoltent  dans  les  rations  journalières  de  leurs  vaches, 
le  tourteau  de  colon  d  Eijijpte  est  celui  qui  augmente  le  plus  et  au  meilleur  mar- 
ché la  sécréton  du  lait  et  sa  richesse  en  bourre. 

3"  Dans  les  hautes  vallées  du  département  (Queyras),ie  foin  des  prairies  infestées 
d'ombcUifères,  produit  moins  de  lait  et  du  lait  plus  aqueux  que  le  foin  des  prai- 
ries proprement  tenues  et  principalement  composées  de  graminées  et  de  légumi- 
neuses. Les  cultivateurs  auraient  donc  un  double  intérêt  à  faucher  leurs  prés  plus 
tôt  qu'ils  nj  le  font,  c'est-à-dire  avant  la  maturité  des  semences;  le  foin  en  serait 
de  bien  meilleure  qualité  pour  deux  motifs  :  d'abord,  l'herbe  coupée  plus  jeune 
serait  plus  nutritive  ;  les  ombellifères  et  autres  plantes  inutiles,  qui  ne  se  repro- 
duisent pas  par  bourgeonnement  souterrain,  disparaîtraient  progressivement  de 
leurs  prairies. 

4"  Le  foin  court,  récolté  à  de  grandes  altitudes  sur  les  prés  dits  de  montagnes, 
est  beaucoup  plus  nutritif,  produit  un  lait  beaucoup  plus  abondant  et  beaucoup 
plus  gras  que  le  foin»des  prés  moyens  ou  bas,  situés  sur  les  versants  ou  dans  le 
îbnd  des  vallées,  et  surtout  que  le  foin  récolté  sous  le  couvert  des  forêts.  Les 
habitants  des  hautes  régions  alpestres  auraient  donc  tort  de  transformer  en  pâtu- 
rages, comme  le  leur  conseillent  de  très  bons  esprits,  leurs  prairies  de  monta- 
gnes. Le  progrès  à  réaliser  par  eux,  dar.s  l'exploitation  de  ces  prés,  consiste  à 
rendre  le  transport  du  fourrage  moins  long  et  moins  onéreux  en  ayant  recours  à 
l'emploi  de  câbles  ou  à  tout  autre  moyen. 

Les  conclusions  de  cette  étude,  qui  sera  publiée  par  la  Société  d'agriculture 
des  Hautes-.llpes,  ont  une  portée  qui  n'échappera  à  personne.  Les  agriculteurs  des 
Hautes- Alpes  y  trouveront  les  cléments  de  réformes,  d'améliortions  essentielles  à 
apporter  dans  le  système  de  culture  fourragère  et  pastorale,  et  dans  l'industrie 
laitière  qui  sont,  ou  doivent  devenir,  pour  la  plupart  d'entre  eux,  le  principal 
sinon  l'unique  but  de  leurs  efforts. 

Il  est  fâcheux  que  le  programme  du  concours  n'ait  pas  permis  au  jury  de  récom- 
penser comme  il  le  mérite,  un  si  utile  travail.  La  délégation  de  la  Société  des 
agriculteurs  de  France,  après  avoir  décerné  un  objet  d'art,  la  plus  haute  récom- 
pense dont  elle  disposait,  à  la  Société  d'élevage  de  La  Mure,  Corps  etValbonnais, 
a  honoré  d'une  médaille  d'or  l'étude  présentée  par  M.  Faure.  Sans  vouloir  criti- 
quer en  rien  celte  décision  et  sans  contester  les  services  qu'est  appelée  à  rendre 
la  Société  d'élevage  au  mérite  de  laquelle  nous  avons  déjà  rendu  hommage,  nous 
ne  pouvons  nous  empêcher  de  regretter  que  le  premier  prix,  offert  par  la  Société 
des  agriculteurs  de  France,  n'ait  pas  été  attribué  a  un  travail  remarquable  fait 
dans  et  pour  le  département  où  avait  lieu  le  concours. 

L'administration  des  forêts,  qui  a  une  tâche  si  utile,  si  nécessaire  à  remplir 
dans  les  Alpes  (nous  voulons  parler  du  reboisement  et  de  la  consolidation  du  sol 
des  montagnes,  do  l'extinction  des  torrents),  ne  pouvait  manquer  de  fournir  son 
concours  empressé  à  la  Commission  d'organisation  de  l'exposition,  et  de  rehausser 
l'éclat  de  cette  fête  agricole  en  olfrant  aux  yeux  du  public  le  tableau  des  travaux 
poursuivis  et  des  résultats  obtenus  par  elle. 

1.  Voir  le  Journal  du  ,ï  juillet,  page  59  de  ce  voluaie.  —  Dans  le  précédent  article  plusieurs 
fautes  se  sont  glissées  qu'il  faut  rectifier  ;  I>age  59,  ligne  33,  au  lieu  de  «  par  leur  culotte  trop 
peu  distendue,  lire  descendue;  —  page  60,  ligne  30.  au  lieu  de  :  magniliques  lèles  de  race  Schwit/, 
lire  bêles;   —  page  (il,  ligne  '28,  au  lieu  de  M.  Louis  Lcouttre,  lire  .)/.  Louis  Léouji'rc 


94  CONCOURS  REGIONAL  DE  GAP. 

Aussi  avait-elle  fait  construire,  à  ses  frais  et  par  le  soin  de  ses  agents,  dans 
l'enceinte  du  concours  et  à  la  place  d'honneur,  un  élégant  pavillon  en  bois  de 
mélèze  et  de  sapin,  dont  les  revêtements  étaient  tapissés  d'écorces  de  sapin,  et 
dont  la  charpente  était  ornementée  de  guirlandes  vertes  et  de  drapeaux. 

Les  environs  du  pavillon,  garnis  de  belles  plantes  ornementales,  présentaient, 
comme  sujets  d'étude,  de  magniliques  rondelles  de  sapin,  de  pin  sylvestre  et  de 
mélèze  ;  de  vigoureux  plants  d'essences  résineuses  de  divers  âges,  obtenus  dans 
les  principaux  périmètres  de  reboisement  des  Alpes;  et  dans  des  caisses,  des  spé- 
cimens de  semis  de  conifères,  les  uns  avec  de  la  mousse,  les  autres  avec  des 
pierres  comme  abri  entre  les  lignes.  Cette  dernière  méthode  est,  paraît-il,  préfé- 
rable à  l'autre  ;  elle  s'oppose  au  soulèvement  du  sol  par  la  gelée  ;  elle  maintient 
mieux  la  fraîcheur  pendant  l'été,  et  les  jeunes  plantes  acquèrent  un  plus  rapide 
et  plus  lort  développement. 

A  l'intérieur  du  pavillon,  et  disposés  avec  beaucoup  d'art,  à  côté  de  superbes 
plantes  de  serre  et  de  trophées  d'armes  de  chasse  et  autres,  on  remarquait  des 
collections  de  minéraux,  des  lossiles  du  terrain  jurassique,  de  magnifKjues 
empreintes  de  poissons  trouvées  à  Cérestos  (Basses-Alpes)  dans  un  dépôt  lacustre 
du  terrain  pliocène  ;  une  collection  complète  d'instruments  de  dendroméirie  ;  des 
objets  en  buis  tourné  fal)ri(jués  à  Tréminis  (Isère);  les  outils  du  bûcheron,  au 
grand  complet  ;  les  machines  et  produits  des  scieries  mécaniques  ;  plusieurs  modè- 
les réduits  de  maison  forestière,  de  fruitière,  de  schlitte,  un  modèle  d'installa- 
tion de  trois  câbles  diÔerents  pour  le  transport  des  bois  exploités;  des  reliefs  de 
périmètres  de  reboisement  ;  des  photographies,  des  plans;  un  herbier  forestier; 
une  carte  géologique  des  Basses-Aliies,  par  M.  Goret,  inspecteur-adjoint,  à  Gap; 
un  plan  de  refuge  forestier,  par  M.  Guinier,  inspecteur  à  Gap  :  une  flore  fores- 
tière par  M.  de  Kirvan,  inspecteur  à  Gap  ;  une  collection  des  ouvrages  les  plus 
estimés  sur  les  forêts  et  le  reboisement,  etc.,  etc. 

Nous  ne  saurions  passer  sous  silence  les  pâtes  pour  la  fabrication  du  papier, 
les  diverses  qualités  de  papier,  et  le  cuir  factice  obtenus  avec  le  bois  de  tremble 
et  avec  le  bois  de  sapin,  soit  par  des  procédés  mécaniques,  soit  en  ayant 
recours  à  l'intervention  d'agents  chimiffues.  Les  papiers  obtenus  par  cette  dernière 
méthode  sont,   paraît-il,  plus   résistants,   moins  cassants,   de  meilleure    qualité. 

L'exposition  forestière  a  été,  pendant  toute  la  durée  du  concours,  le  ç/real 
allraclion  pour  les  visiteurs,  et  chacun  payait  un  juste  tribut  d'éloges  à  M.  Ghar- 
vet  conservateur  des  forêts,  qui  en  avait  pris  l'initiative,  et  à  M.  Scelzer,  inspec- 
teur-adjoint, qui  l'avait  organisée. 

Le  concours  hippique,  qui  a  eu  lieu  en  même  temps  que  le  concours  agricole, 
n'a  pas  été  brillant,  aussi  bien  sous  le  rapport  du  nombre  que  sous  celui  de  la 
qualité  des  animaux  exposés. 

Une  cinquantaine  de  bêtes  seulement  y  prenait  part.  Un  seul  étalon,  demi-sang, 
présenté  par  M.  Courtet,  de  l'Isle  sur-Sorgues,  était  très  remarquable,  et  a  obtenu 
le  prix  d'honneur.  Parmi  les  juments  exposées,  nous  n'avons  guère  remarqué 
qu'une  jument  digne  d'attention,  celle  de  M.  Gassier  Aimé,  à  Barcelonnelte,  à 
laquelle'  le  jury  a  décerné  le  l"  prix  de  sa  catégorie.  Les  autres  péchaient  plus 
ou  moins,  soit  par  l'ensellemenl  du  dos,  soit  par  l'avalement  de  la  croupe,  par  la 
mauvaise  conformation,  la  faiblesse,  le  défaut  d'aplomb  des  membres. 

M.  de  Lagrange-Labaudié,' inspecteur  général  des  haras,  qui  a  présidé  le 
concours  liippique  avec  beaucoup  de  tact,  d'aménité,  et,  est-il  besoin  de  l'ajouter, 
avec  beaucoup  d'indulgence,  a  dû  emporter  le  plus  triste  souvenir  de  la  joopulation 
chevaline  des  Hautes-Alpes.  Il  faut  espérer  que  la  station  d'étalons  de  l'Etat,  que 
les  corps  élus  du  département  réclamaient  avec  instance  depuis  si  longtemps,  et 
qui  a  été  enfin  établie  à  Gap  cette  année,  contribuera  à  améliorer  k  production  du 
cheval  dans  le  pays,  et  qu'au  ])rochain  concours,  dans  sept  ans,  le  jury  n'aura  ])lus 
à  examiner  des  animaux  aussi  défectueux  que  ceux  qui  lui  ont  été  présentés. 

Au  concours  agricole  était  annexée  une  petite  exposition  industrielle,  où  l'on 
remarquait  surtout,  parmi  nombre  d'objets  très  dignes  d'intérêt,  l'élégant  coflVet, 
le  superbe  encrier  en  pierres  de  saint  Vincent  (encrinites)  monté  sur  or  et 
argent,  et  la  splendide  parure  en  brillants  exposée  par  M.  Lombard,  bijoutier  h. 
Gap.  Les  visiteurs  affluaient  aussi  devant  li  collection  de  meubles  anciens  pré- 
sentés par  M.  Artemale,  ébéniste  à  Gap. 

Li'  vendredi,  13  juin,  a  eu  lieu  la  réunion  des  délégués  des  associations  agri- 
coles, des  membres  du  jury  et  des  exposants,  pour  dchbérer  sur  les  modifications 
à  proposer  au  sujet  de  ï'arrêté  du  prochain  concours  régional. 


CONCOURS  RÉGIONAL  DE  GAP.  95 

Plusieurs  vœux  importants  ont  été  adoptés  par  l'assemblée,  entre  autres  un 
vœu  présenté  par  AI.  Demole,  délégué  du  Comice  de  Saint-Julien  (Haute-Savoie), 
tendant  à  obtenir  ([ue  les  tarifs  n"  51  et  70  de  la  Compagnie  des  chemins  de 
fer  P. -L. -M.,  spéciaux  aux  exposants  d'pnimaux  dans  les  concours  régionaux, 
soient  modifiés,  ou  ne  soient  plus  présentés  par  la  Compagnie  comme  des  tarifs 
de  faveur,  attendu  qu'ils  sont  un  véritable  leurre,  et  font  revenir  le  transport  d'un 
vagon  de  10  têtes  de  gros  bétail  beaucoup  plus  cher  que  les  tarifs  communs,  n"  11 
et  50. 

Le  dimanche  15  juin  a  eu  lieu  la  distribution  des  récompenses,  sous  la  prési- 
dence de  M.  Joucla-Pelous,  préfet  des  Hautes-Alpes. 

M.  le  préfet  ouvre  Ja  séance  par  un  raagnifi  |ue  discours,  dans  lequel,  exami- 
nant les  conditions  économiques  de  la  culture  dans  les  .\lpes,  il  signale  aux  agri- 
culteurs ce  qui  fait  leur  faiblesse  :  la  routine,  l'isolement,  le  défaut  de  capital; 
et  ce  qui  fera  leur  (orce  :  le  crédit  que  leur  donnera  bientôt  le  gouvernement  de 
la  République  à  qui  ils  doivent  déjà  tant,  la  science  et  l'associalion,  dont  ils  com- 
mencent à  apprécier  les  immenses  bienfaits. 

Eu  écoutant  cette  admirable  allocution,  ces  sagts  et  patriotiques  conseils, 
accueillis  par  les  applaudissements  unanimes  de  l'assistance,  les  habitants  des 
Hautes-Alpes  ont  dû  se  féliciter  de  posséder  à  leur  tète  un  administrateur  aussi 
habile  et  éclairé  que  soucieux  de  leurs  plus  chers  intérêts. 

Après  la  proclamation  des  cioix  du  Mérite  agricole  accordées  par  M.  le  mi- 
nistre de  l'agriculture  à  l'occasion  du  concours,  la  parole  est  donnés  à  M.  Goste, 
professeur  départemental  de  l'Aude,  rapporteur  du  jury  de  la  prime  d'honneur. 
Malheureusement,  à  peine  la  lecture  du  rapport  commencée,  un  orage  éclate, 
couviant  la  voix  de  l'honorable  rapporteur,  et  empêchant  d'entendre  un  mot  de 
son  intéressant  exposé.  Bientôt  la  toile  qui  couvre  l'estrade  d'honneur  et  les  places 
réservées  laisse  filtrer  la  pluie  qui  fait  rage;  alors  on  se  hâte  d'appeler  les  lau- 
réats des  objets  d'artet  de  les  leur  remettre,  puis  c'est  un  sauve-qui-peut  général. 
La  cérémonie,  commencée  sous  les  plus  favorables  auspices,  se  termine  en  véri- 
table déroute. 

Les  médailles  d'or  ont  été  délivrées  aux  lauréats  dans  le  courant  de  la  soirée  au 
bureau  du  commissariat  général. 

La  prime  d'honneur  de  la  grande  culture  n'a  pas  été  décernée  ;  il  en  a  été  de 
même  du  prix  cultural  de  la  l"  catégorie  (propriétaires),  et  du  nrix  cultural  delà 
S"""  catégorie  (propriétaires  exploitant  plusieurs  domaines  par  métayers). 

Le  prix  cultural  de  la  2""'  catégorie  (fermiers)  a  été  décerné  à  M.  Aurouze 
Charles,  fermier  à  Gap.  Cet  intelligent  agriculteur  ex|iloite  le  domaine  qu'il  a 
affermé  avec  autant  de  soinsque  s'il  lui  appartenait;  il  a,  un  des  premiers,  intro- 
duit la  race  bovine  tarentaise  dans  lepays  et  possède  un  nombreux  et  beau  bétail; 
il  emploie  un  outillage  très  complet  ;  fumant  largement  ses  terres  avec  les  vidan- 
ges des  casernes  dont  il  est  adjudicataire,  il  obtient 'de  splendides  récoltes.  Le 
jury  a  très  justement  récompensé  cet  homme  de  progrès,  et  sa  décision  a  été  ra- 
tifiée par  l'opinion  publique. 

Le  prix  cultural  de  la  4""'  catégorie  (exploitations  de  10  à  30  hectares)  a  été 
attribué  à  M.  Lucien  Mazan,  propriétaire  à  Laragne,  qui  exploite  avec  beaucoup 
dïntelligence  le  domaine  qu'il  a  en  partie  conquis  sur  les  alluvions  du  Buech, 
tire  un  parti  excellent  des  irrigations,  et  obtient  de  ses  prairies  un  rendement 
très  élevé. 

La  prime  d'honneur  de  la  petite  culture  a  été  décernée  à  M.  Guillaume-Dusserre- 
Bresson,  propriétaire  à  Orcières,  qui  a  le  mérite  d'avoir  inauguré  dans  le  haut 
Champsaur  la  culture  exclusivement  fourragère,  en  transformant  tous  ses  labours 
en  prairies,  et  s'adonnant  entièrement  à  l'industrie  laitière. 

Enfin  la  prime  d'honneur  de  l'horticulture  est  échue  à  M.  François   Reynaud, 
horticulteur-pépiniériste  à  Gap,  pour  la  bonne  tenue  de  ses  pépinières,  la  beauté 
des  plants  qu'il  y  élève,  et  le  progrès  qu'il  a  contribué  à  faire  faire  dans  le  dépar- 
tement à  la  culture  des  arbres  fruitiers. 
Voici  la  liste  complète  des  récompenses  : 

Prix  culturaux. 

2"  Catégorie.  — Fermiers.  Un  objet  d'art,  M.  Charles  Aurouze,  fermier  à  Gap. 
4"  Catégorie.  —  Métayers  isolés,  petits  cultivateurs,   propriétaires    ou  fermiers  de  domaines  de 
10  à  30  hectares.  Un  ohjet  d'art,  M.  Lucien  Mazan,  propriétaire  à  Laragne. 
Prime  d'honneur,  non  décernée. 

Prix  des  spécialités. 

Médailles  d'or  (grand  module),  MM.  Fidèle  Magallon,  propriétaire  à  Gap,  création  de   prairies 


96  CONCUURS  REGIONAL  DE  GAP. 

aitificielles,  eiilretien  d'un  nombreux  liéLail  et  bonne  tenue  de  ferme  ;  —  Fourès,  propriétaire  îi 
Saint-Laurent-Ju-Cros,  initiateur  et  président  de  la' fruitière  de  Saiut-Laurent ,  extension  donnée 
à  ia  culture  fourragère. 

Médailles  d'or.  MM.  Clément  Araat,  propriétaire  à  Lettret,  introduction  et  essais  de  cépages 
américains  ;  —  Clément  André,  propriétaire  au  Poët,  captation  d'eau  de  sources,  construction 
d'un  vasie  réservoir  et  essais  de  cépages  américains  ; —  Dastrevigne,  instituteur  et  propriétaire  à 
Oze,  établissement  d'un  rucber,  emploi  et  vulgarisation  de  bonnes  semences;  — Bruno  Faure, 
propriétaire  à  Lardier,  captation  de  sources,  établissement  d  une  conduite  d'eau  et  bonne  cuUure 
fourragère;  —  Mme  Vve  Guion, propriétaire  à  Gap,  élablissemcnt  d'une  porcherie  et  entretien  d'ani- 
maux de  r'ices  perfectionnées  ;  —  MM.  François  Lesbros,  propriétaire  à  Gap.  emploi  d'un  outil- 
lage perfectionné,  bon  choix  de  bétail  et  utilisition  de  vidanges;  —  Martin  Roche,  propriétaire  à 
l'ouillouse,  endiguement  et  conquête  de  terrain  sur  un  torrent  ;  —  François  ViUiers,  propriétaire 
à  Baratter,  colmatage  d'un  terrain  conquis  sur  un  torrent. 

Médailles  d  argent  (grand  module),  M,V1.  Depeyre  frères,  propriétaires  àMontclus,  défrichement, 
extraction  de  jrochers  et  construction  de  bâtiments  ruraux;  —  Gagnaire,  propriétaire  à  Gap,  créa- 
tion d'un  jard,- n  fruitier;  —  Philippe  Grimaud,  pro[)riélaire  à  Baicillonnette,  réunion  de  par- 
celles, captât  on  de  sources  et  dérivation  d'un  torrent;  —  Antoine  Hermitte,  propriétaire  à 
Gap,  culture  maraîchère  ;  —  .Iules  .lacques,  propriétaire  à  Valserres,  bonne  tenue  de  vignoble  et 
essais  de  traitement  au  sulfure  de  c^rboue  ;  —  Euclier  Lafl'anour,  pro|U'iétaire  à  Bruis,  culture 
perfectionnée  du  noyer  et  du  prunier  ;  —  Jean  Laurent,  fermier  à  Méreuil,  mise  en  cullure  de 
terrains  vagues  ;  —Louis  Leoufl're,  propriétaire  à  Chàteauvieu.v,  établissement  d'une  collection 
et  d'une  pépinière  de  vignes  américaines  ;  —  Antoine  Mauzan,  propriétaire  à  Méreuil, 
construction  d'une  digue,  conquête  de  terrain  sur  leBuech  et  reboisement  d'un  terrain  en  pente: 
• —  Jean  Pellenq,  propriétaire  à  Sigoyer,  e.xtension  donnée  à  la  culture  fourragère,  bonne  tenue 
du  fumier  et  travaux  de  drainage;  —  Joseph  Rabasse,  propriétaire  à  l'Epine,  bon  choi.x  de 
seniencis  et  mise  en  culture  d'un  ancien  lit  de  torrent  ;  —  Mme  Vve  Reybert,  propriétaire  à 
l'Epine,  captation  d'une  source  et  établissement  d'une  conduite  d'eau. 

Médailles  d'argent,  MM.  Augustin  Boyer,  propriétaire  à  Saint-Bonnet, établissement  d'une  digue; 
—  Marins  Gauthier,  propriétaire  à  Saint-Iîonnet,  captation  d'une  source  et  établissement  d'un 
jard.n  ;  —  Alfred  Joubert.  instituteur  et  propriétaire  à  Sainte-Marie,  plantation  de  pruniers  et 
greffage  de  noyers;  —  Pierre  Prel,  fermier  au  Noyer,  défrichements  et  création  de  prairies 
arlilicielles  ;  —  Michel  Chaîne,  propriétaire  à  Rousset,  captation  d'une  source  et  bonne  tenue 
d'un  jardin  potager. 

Prix  d'irrigations. 

1"  Catégorie.  —  Propriétés  ayant  plus  de  (j  hectares  de  terres  à  lariosage.  l"'  prix,  M.  Mar- 
cellin  Guillaume,  propriétaire  à  Vars;  V,  M.  Auguste  Lombard,  propriétaire  à  la  Fare. 

2°  Catégorie.  —  Propriétés  ayant  moins  de  G  hectares  de  terres  à  l'arrosage.  I"'prix,  M.  André 
liambaud,  propriétaire  à  Jarjayes  ;  2".  M.  Louis  Meyiiaud,  propriétaire  à  Kyguians  ;  :!",  M.  Jean- 
Marie  Nicollet,  propriétaire  à  Sigoyer;  Jean  Coutton,  propriétaire  à  Chanousse. 

llfCuriipcnses  aux  agents  des  exploitations  primée*.  —  2'-'  Catégorie.  —  Prix  cuUuraux-  — 
Médailles  d'argent,  MM.  Charles  Anrouzc,  chef  de  vacherie  ;  AI|)honse  Aurouze,  chef  d'atte- 
lages. —  Médailles  de  bronze,  Mme  Marie  Aurouze,  ménagère;  Mlles  Clémentine  Aurouze,  fille 
de  basse-cour;  Célestine  Laurent,  porchère.  —  4'-'  Catégorie.  —  Médailles  dargenl,  M.  Flavien 
(!:hevallet,  premier  domestique  ;  Mme  Victoire  Chcvallet,  ménagère.  —  Médailles  de  bronze, 
M.  Paulin  Clavel,  domestique;  .Mme  Kmiiia  Linas,  domestique.  —  frix  d'irrigation.  —  Médailles 
d'argent,  M.  Léon  Guillaume,  employé  chez  M.  Guillaume,  lauréat  du  1"  prix  de  la  1"' catégorie  ; 
Mlles  Rambaud,  collaboratrice  de  M.  Rambaud  son  père,  lauréat  du  l"  prix  de  la  2''  catégorie  ; 
Ociavie  Lombard,  collaboratrice  de  M.  Lombard  son  frère,  lauréat  du  2'  prix  de  la  1"'  catégorie.  — 
Médaille  de  bronze,  M.  Coution  Hls,  em|jloyé  chez  M.  Coutton  père,  lauréat  du  4°  prix  de  la 
T  catégorie.  —  l'rix  de  spécialités.  —  Médaille  d'argent,  M.  Auguste  Guion,  collaborateur  de 
Mme  Vve  Guion  sa  mère. 

Petite   cuUure. 

PiUME  d'honneur,  un  objet  d'art,  M.  Guillaume  Duserre-Bresson,  propriétaire  à  Orcières.    ] 

Horticulture. 

Pbime  n'iioNNEUR,  un  objet  d'art,  M.  François  Reynaud,  horticulteur  et  pépiniériste,  à  Gap. 

Journaliers  ruraux.  —  1"  prix,  M.  Jacques  Muret,  à  la  Freyssinouse  ;  2",  M.  Dominique  Clé- 
ment, à  Gap;  3".  M.  Adolphe  Marchand,  à  la  Fare;  4'',  M.  Pierre  Bégou,  à  Sainte-Marie; 
h',  M.  Joseph  Brutinel,  à  Gap  ;  6",  M.  Antoine  Amouriq,  à  la  Roche-des-Arnauds  ;  7°,  M.  Frédéric 
Chabot,  au  Forest-Saint-Julien  ;  A',  M.  Jean  Bourg,  à  Châteauvieux  ;  9%  M.  Auguste  Métallier,  à 
Furmeyer;  10",  M.  Philippe  Meizenq,  à  Nell'cs. 

Serviteurs  à  gages.  —  1"'  prix,  M.  Pierre  Arnaud,  à  Laragne;  2°,  M.  François  Chabal,  à  Serres; 
3",  M,  Joseph  Jùurcin,  à  Embrun  ;  4',  M,  Louis  Girousse,  à  Bruis;  5°,  M,  Louis  Chauvet.  à  Gap; 
6%  M.  Théodore  Escallier,  à  Embrun;  7°,  M.  Emmanuel  Gaulois,  à  Ventavon  ;  S",  M.  Victor 
Borel,  à  Gap;  9".  M.  Pierre  Para  et  Rosine  Masse,  sa  femme,  à  'l'allard;  10%  M.  Pierre  Gontard  et 
Elisa  Gabert,  sa  femme,  à  Orpicrre. 

Animaux  reproducteurs    —  Espèce  bovine. 

!"■'  Catégorie.  —  Race  tarentaise  ou  tarine.  —  Mâles.  —  1"=  Section.  Animaux  de  1  ù  2  ans. 
]"■  prix,  M.  Jean  Tochon,  à  Bissy  (Savoie);  2°,  Mme  Vve  Taillefer,  à  Monères  (Vaucluse)  ; 
3%  M.  Duparc,  à  la  Balme  de  Siilingy  (Haute-Savoie)  ;  4",  M.  Duisit,  à  Chambéry  (Savoie)  ; 
!■/■,  M.  Sourd,  à  Avignon.  Menlion  honorable,  M.  Courtet,  à  l'Isle-sur-Sorgues  (Vaucluse).  — 
2'  Section.  Animaux  de  2  à  3  ans.  1"  prix,  M.  Séraphin  Duch,  à  Avignon  (Vaucluse)  ;  1%  M.  Mil- 
Ion,  à  Bissy  (Savoie)  ;  3'.  M.  Herthet  de  la  Tour,  à  Saint-Hélène-du-Lac  (Savoie).  Prix  supplé- 
mentaire, Société  d'élevage  des  cantons  de  la  Mure,  Corps  et  Valbonnais  (Isère).  Mention  hono- 
rable, M.  Aurouze,  à  Gap.  —  Femelles.  —  !•"  Section,.  Génisses  de  1  à  2  ans.  1"  prix.  M,  Amand 
Duch,  a  Avignon  ;  2%  M  Reynier,  à  la  Mure  (Isère)  ;  M.  Séraphin  Duch;  4%  M.  Jean  Tochon; 
.V,  M.  Aurouze.  —  2'  Section.  —  Génisses  de  2  à  3  ans.  1"  prix,  M.  Courtet  ;  2°,  M.Morcl,  à 
Aubessagne  (Hautes-Alpes);  3",  M.  Duisit;  'l",  M.  Jarzuel,  à  Bourg-Saint-Maurice  (Savoie)  ; 
•j°,  M.  ^llllon.  Prix  supplémentaire,  M.  Tochon.  —  3'^  Scclioyi.   Vaches  de  plus  de  3  ans.  1"'  prix, 


CONCOURS  RKGIONAL  DE  GAP.  q? 

M.  Auzicr,  à  Avignon;  2",  M.  Millon  ;  3",  M.  nutsil. ;  4',  M.  Bernard,  à  Grenoble  ;  U%  M.  Ronnnt,  à 
Avignon;  G".  M    Sérapliin  Ducli.  Prix  supplénient;iir3,  M.  Mollî,  à  Avignon. 

Prix  d'ensemble  au  meilleur  ensemble  d'animaux  do  raee  tarcnlaise,  un  fihjet  d'art. 
M.  Aurouze. 

2"  Catér/drie.  —  Race  de  Villard-de-I.ans.  —  Mâles.  —  l"  Section.  Animaux  de  1  à  2  ans, 
l"prix,  M.  Bouvier,  à  Villard-de-Lans  (lsi;re)  ;  2',  M.  Elle  Belle,  à  Jléaudro  (Isère)  ;  M.  Moulln- 
Trafforl-Traflort,    à  I.ans   (Isère).  Prix  supplément.iire,  M.  Aiigier.  —  ""  Scr-d'ort.    Animaux   de 

2  à  Sans.  P'  prix,  M.  Augier;  2",  M.  Bouvier;  3°,  M.  Jean-Benoît  i^'iiure.  à  Villard-de-Lans 
(Isère).  Prix  supplémentaires,  MM.  Bernard;  Rozant,  à  Lans  (Isère).  —  FemeUes.  —  p°  Section. 
Génisses  de  1  à  2  ans  I"  prix,  M.  Zacliarie  Faure,  à  Aulrans  (Isère)  ;  2",  M.  Augier;  3°,  M.  Louis 
Faure,  à  Autrons   (l'ère).    Mention  lionoralile  .  M.  Z^chaiie  Kaure.  — 2"  .S'echo/i.  Génioses  de  2  à 

3  ans.  P'  prix,  M.  Lciuis  Faure  ;  2°,  M.  .\ugier;  3',  M.  Antoine  Belle,  à  Méandre  (Isère).  Prix 
supplémentaire,  M.  .losepli  Rochas,  à  Méaude  (Isère).  —  3' Section.  Vaches  de  plus  de  3  ans. 
l"  prix,  M.  LIernard  ;  2°,  M.  Zacharie  Faure  ;  3°,  M.  Abel  Monilahuc,  à  Avignon  ;  4",  M.  Blanclin, 
à  Villars-de-Lans.  Prix  supplémentaire,  M.  Antoine  Belle. 

■  3'  Catégorie.  —  Races  françaises  pures  (plus  spcccialement  aptes  au  l  avail  ou  à  la  production 
de  la  viande).  — Mâles.  —  1'°  Section.  Animaux  de  I  â  2 ans.  Prix  unique,  M.  fViigier.  ■•■  Femelles. 
P"  Seclinn.  Génisses  de  1  à  2  ans.  2°  prix,  M.  Pelissier,  à  Ancelles  (Hant'.^s-Alpes).  —  2'  Seciion. 
Gcnis^es  de  2  à  3  ans.  2"  prix,  .Mme  Vve  'l'aillefer.  —  3''  Section.  —  Vaches  de  plus  de  3  ans. 
1"  prix,  M.  Bouchot,  à  Avignon  ;  2'",  M.  Prat,  à  Avignon. 

4'  Catégorie.  —  Races  laitières,  françaises  ou  étrangères,  pures  ou  croisées.  —  Mâles.  — 
P"  Seciiiin.  .Vnimaux  de  1  à  2  ans.  1"  prix,  M.  Augier  ;  2%  M.  Prat;  3°,  .M  Cniirtet.  —  2°  Sec- 
tion. Aiumaux  lie  2à3ans.  l"'  prix.  .M.  Courtet  ;  2°,  M.  Jean  Hcynaud,  à  Avignon.  Mentions 
honorables,  Mme  Vve 'l'aillefer  ;  M.  Martin.  àLaye-en-Champsaur  (Hautes-Alpes).  —  Femelles. — 
1"  Section.  Animaux  de  1  à  2  ans.  1"  prix,  M.  Piat;  2",  .M.Auguste  B'juchet,  à  Avignon; 
3°,  M.  Duserre-Bresson,  à  Saint-Jean-Saint-Nicolas  (Hautes-Alpes)  ;  4°,  M.  Courtet.  Prix  supplé- 
mentaire, M.  Barthélémy,  aux  Costes  (Hautes-Alpes).  —  2°  Seciion.  Animaux  de  2  à  3  ans. 
]"  prix,  M.  Augier;  2",  M.  Louis  Prat;  3%  M.  Lombard,  à  la  Fare  (Hautes-Alpes);  4»,  M.  Courtet; 
h'.  M.  Amand  Duch.  Mention  honorable,  M.  Lombard.  —  3"  Section.  Vaches  de  plus  de  3  ans. 
1"  prix,  M.  Courtet;  2°,  M.  Augier;  3',  M.  Prat;  4',  M.  Reynaud;&°,  M.  Davin,  à  Chabotles 
(Hautes-Alpts);  (j',  M.  Caillet,  à  Bissy  (Savoie). 

Prix  d'ensemble  au  meilleur  ensemble  des  animaux  des  2',  3"  et  4''  catégories,  un  objet  d'art, 
M.  Courtet,  pour  ses  animaux  de  race  schwitz 

Espèce  ovine. 

P°  Catégorie.  —  Races  mérinos  et  mélis-mérians.  —  Mâles.  —  l"  prix,  M.  Duparc; 
2»,  M.  Tochon;  3°,  M.  Génin,  à  Avignon.  Mentions  honorables,  MM.  Paul  Fortuné,  aux  Mées 
(Basses-Alpes)  :  Pascal,  à  Rambaud  (Hautes-Alpes).  —  Femelles.  1°'  prix,  M.  Duparc;  2°,  M.  To- 
chon; 3";  M.  Duparc  ;  4°,  M.  Aurouze.  Prix  sup[ilémentaire,  M.    André  Génin,  â  Avignon. 

2'  Catégorie.  —  Races  des  Alpes.  —  Mâles,  l"  prix,  M.  Bonnardel,  à  la  Koche-des-Arnands 
(Hautes-Alpes)  ;  2°,  M.  Biochicr,  à  Saint-Léger-en-Champsaur  (Hautes-Alpes).  Mention  honorable, 
M.  Armand,  à  la  Hoche-des-Arnanils  (Hautes-Alpes).  —  Femelles.  I"  prix,  M.  Pascal;  2'',  M.  Au- 
rouze. Mentions  honorables,  MM.  Génin  ;  Joseph  Nicolas,  à  .Saint-Jean-Saint-Nioolas  (Hautes- 
Alpes). 

3°  Catégorie.  —  Races  fiançaises  diverses.  —  Mâles.  1"  prix,  M.  Jules  Clément,  à  Gap; 
2",  M.  Duisit  ;  3',  M.  Irénée  Nicolas,  à  Saint-Jean-Saint-Nicolas-(Hautes-Alpes).  Mention  liono- 
rable,  M.  Jébus  Eniperaire,  à  Savournou  (Hautes-Alpes).  —  Femelles.  1"  prix,  M.  Génin; 
2'",  M.  Aurouze;  3',  M.  Clément. 

4'  Catégorie.  —  liaces  étrangères  diverses.  —  Mâles,  l"'  prix,  M.  Tavan,  à  Malissard  (Dronie); 
2°,  M.  Tézier,  à  Valence.  —  Femelles.  l"pri.\,  }I.  Tavan. 

h'  Catégorie.  —  Croisements  divers.  —  Mâles,  p',  2°  et  3'  prix  .  M.  Tavan.  Prix  supplémentaires, 
MM.  Tézier;  J.  Nicolas;  Ricard,  à  Rometto  (Hautes-Alpes).  —  Femelles.  1"  prix,  .M.  Tavun  ; 
2",  M.  Tézier;  3'',  M.  Tavan.  Prix  supplémentaires,  MM.  Gaimard,  à  Bourg-Saint-Maurice  (Savoie)  ; 
Joseph  Nicolas. 

Prix  d'ensemble  au  meilleur  ensemble  d'animaux  de  l'espèce  ovine,  un  objet  dart,  M.  Tavan, 
pour  ses  animaux  de  race  southdown. 

Espèce  porcine. 

1'»  Catégorie..  —  Races  indigènes  pures  ou  croisées  entre  elles.  —  Mâles.  2°  prix,  M.  Eymar, 
à  Gap.  —  Femelles.  1"  612°  prix,  M.  Duisit.  Prix  supplémentaires,  MM.  Duparc;  Gabert,  à  Man- 
teyer  (Hautes-Alpes). 

2"  Catégorie.  — ■  Races  étrangères  pures  ou  croisées  entre  elles.  — •  Mâles.  1"  prix, 
M.  Goide,  aux  Mées  (Basses-Alpes);  2',  M.  Tavan  ;  3%  M.  Duisit.  —  Ftmelles.  P'ct2"  prix, 
M.  Aurouze  ;  3",  M.  Duparc  ;  4%  M.  Duisit.  ' 

3*  Catégorie  —  Croisements  divers  entre  races  étrangères  et  races  françaises.  —  Mâles. 
l"  prix.  M.  Lombard;  2',  M.  Aurouze.  —  Femelles.  P'  prix,  il.  Lombard  ;  2°,  Mme  Vve  Guion, 
à  Gap.  Prix  supplémentaires,  MM.  Aurouze;  Duisit. 

Prix  d'ensemble  au  meilleur  ensemble  d'animaux  de  l'espèce  porcine,  un  objet  d'art,  M.Duisil, 
pour  ses  animaux  de  race  indigène. 

Animaux  de  basse-cour 

1'°  Catégorie.  —  Coqs  et  poules.  —  P"  Section.  Races  françaises  diverses.  1°''  prix, 
Mlle  Lesbros,  â  Gap;  2'',  M.  Gassier.  à  Barcelonnette  ;  3",  M.  Tavan.  Menlions  honorables, 
MM.  Augier  ;  Robert-B:anc,  à  Gap;  Maurice  Abric,  â  Avignon.  —  2"  Section.  Race.~  étrangères 
diverses.  Prix  non  décernés.  —  3°  Section.  Croisements  divers.  1"  prix,  M.  Robert-Blanc  ; 
2°,  M.  iMaurice  Abric.  Mention  honorable,  M.  Camcin,  à  Veniavon  (Hautes-Aljies). 

2'  Catégorie.  —  Dindons.  —  {"Section.  Dindons  noir»,  l"  prix,  M.  Augier;  2°,  Mlle  Lesliros. 
—  2'  Section.  Dindui  s  gris  et  blancs.  l"prix,  M.  Tavan;  2'',  Mlle  Lesbros. 

3"  Catégorie.  —  Oies.  1"  prix,  M.  Augier;  2°,  Mme  Guion. 

li°  Catégorie.  —  Canards.  P'  prix,  M.  Augier;  2',  M.Robert-Blanc.  Mention  honoiable, 
Mlle  Lesbros. 

5=  Catégorie.  —  Pintades.  1"  prix,  Mlle  Lesbros;  2°,  M.  Tavan.  Mentions  honorables,  M.M.  Au- 
gier; Robert-Blanc. 


98  CONCOURS  RÉGIONAL  DE  GAP. 

G"  Catégorie.  —  Pigeons,  l"  prix,  M.  Camoin:  2",  M.  Marins  Lesbros,  à  Saint-.Tean-Saint- 
Nicolas  (Hautes -Alpes).  —  Mention  lionorsble,  Mme  Guion. 

7"    Catégorie.  —  Lapins   et  léporides.  l"  prix,  M.  .\ugier  ;  1',  M.  Claude  Millon,  à  Grenoble. 

Prix  d'ensemble  au  meilleur  ensemble  d'animaux  de  basse-cour,  un  objet  d'art,  Mlle  Marie 
Lesbros. 

Bf  10/7! penses  aux  serviteurs  ruraux  pour  les  bons  soins  donnés  aux  animaux  primés.  — 
Médai/lrs  d'argent,  M.M,  Eugène  Reynaiid.  chez  AI.  Courte',  lauréat  d'un  prix  d'ensemble  de 
l'espèce  bovine;  Charles  Aurouze  fils,  chez  M.  Aurouze  père,  lauréat  d'un  ]irix  d'ensemble  de 
l'espèce  bovine  ;  Eugène  Bec,  chez  M.  Tavan,  lauréat  du  prix  d'ensemble  de  l'espèce  ovine  ;  Carie 
Thomas,  chez  M.  Duisit,  lauréat  d'un  prix  d'ensemble  de  l'espèce  porcine;  Henri  Marc,  chez 
M.  Marcel  Augier,  lauréat  de  9  prix.  —  Idédailhs  de  bronze,  MM.  Germain  Petey,  chez  M.  Prat, 
lauréat  de  5  prix  :  Adrien  Marchand,  chez  M.  Lombard,  lauréat  de  3  prix,  1.5  ans  iJe  services  ; 
Claude  Berlioz,  chez  M.  Jean  Toclion,  lauréat  de  4  prix.  7  ans  de  services;  Emile  Cha|inis.  berger 
chez  M.  Duparc,  liiuréat  de  3  prix  :  Mlle  Célestine  Laurent,  porchère,  chez  M.  Aurouze.  lauréat 
de  C  prix  ;  MM.  Isidore  Orset,  chez  M.  Séraphin  Duch.  lauréat  de  3  prix;  Eugène  Théodore,  chez 
M.  Bouchet,  lauréat  de  2  prix  ;  Félicien  Chêne,  chez  .M.  Amand  Duch,  lauréat  de  2  prix. 

Récompenses  aux  conducteurs  de  machines,  aux  contremaîtres  et  ouvriers  des  constructeurs. — 
Médailles  d'argent,  MM.  Moine,  contremaître  chez  M.  Plissonnier  fîls,  à  Lyon  (Rhùne),  24  ans 
de  service  ;  Ollivier  Escallier,  charron  forgeron  chez  M.  Antoine  Pons,  à  Gap  (H3Utes-.\lpes), 
9  ans  de  service;  Emmanuel  Presson,  contremaître  chez  M.  l'resson,  à  Bourges  (Cher),  18  ans  de 
service.  —  Médailles  de  bronze.  MM.  Laurent  Ader,  condcteur  de  machines  à  battre  chez 
Mme  Nassivet.  à  Nantes  (Loire-Inférieure),  10  ans  de  service;  Alphonse  l'oncet,  contremaître 
chez  M.  Giroud,  à  Ponlcharra  (Isère) ,  8  ans  de  service;  Botton,  monteur  chez  M.  Pli.'-sonnier  Mis, 
à  Lyon,  8  ans  de  service  ;  Charles  Gatelet,  modeleur  chez  M.  Noël,  à  Paris,  8  ans  de  service; 
Auguste  Ange,  chef  ouvrier  forgeron,  chez  .M.  Victor  Pons,  à  Gap,  h  ans  de  service  ;  PhilippK  Bro- 
chier,  ouvrier  chez  M.  Eyraud,  à  Saint-Jullien-en  Champsaur  (Hautes-Alpes),  3  ans  de  service.  — 
30  fr.,  MM.  Joseph  Ncolas,  ouvrier  chez  .M.  Clavel,  à  .Samt-Borinet-en-Champsaur  (Hautes-Alpes). 
3  ans  de  service:  Léon  Taix.  forgeron  chez  M.  Léon  Nicolet.  à  Gap  (Hautes-Alpes),  3  ans  de 
service;  Joseph  Fleurand,  forgeron  chez  M.  Brasier,  à  Gap  (Hautes-Alpes),  1  an  de  service  ; 
Etienne  Rosa,  apprenti  forgeron  chez  M.  Louis  Nicolet,  à  Gap,  2  ans  de  service.  —  20  fr., 
M.  Marius  Pons,  ouvrier  chez  .M.  Barrachin  fils,  à  Gap. 

Produits  agricoles  et  matières  utiles  à  ragricultiire,  —  Concours  spéciaux. 

1"  Catégorie.  —  Vins  de  la  région  iiroveiiant  îles  récolles  de  1882  et  1883.  I''  prix,  M.  Passerat- 
à  Jarjayes  (Hautes-Alpes);  2%  M.  Granie,  à  la  Brillranne  (Basses-Alpes);  3%  M.  Albert,  à  Ma- 
nosqua  (Basses-Alpes)  ;  4'.  M.  Chaîne,  à  Rousset  (Hautes-Alpes). 

2"  Catégorie.  —  Produits  des  Iriutières  des  Alpes,  —  ]■■"  Section  Fromages,    1"^  prix,    fruitière 
de  Saint-L:uirent-du-Cros  (Haulcs-Alpes)  :   2",   Iruitière  d'Orcières.  (Hautes-Alpes)    —  T  Sectwn. 
Beurres,  1"  prix,  M.  Bellon,  à  Guillaunie-Pevrouse  (Hautes-Alpes);  '2%  fruitière  de  Saint-Laurent- 
du-Cros  (Hautes-Alpes)  ;  3*,  fruitière  d'Orcières  (Hautes-Alpes). 
3'  Catégorie.  —  ProJuits  séricicoles.  Pas  de  concurrents. 

4°  Catégorie. —  Huiles  d'olive.  1"  prix,  M,  François,  à  Manosque  (Basses-Alpesl  ;  2'',  M.  .Joseph 
Aimé,  à  Chàteau-Arnoux  (Bas-es-Alpes)  ;  3=,  M,  Albert,  à  Manosque  (Basses-Alpe^). 

5'*  Catégorie.  —  Produits  maraîchers,  I"  prix.  M.  Jean-Joseph-Charles  Giraud,  instituteur  à 
Montceau  (Isère);  2«,  M.  Robert-Blanc,  à  Gap  (Hautes-Alpes)  ;  3',  M.  Lesbros,  à  Gap  (Hautes- 
Alpes).  Prix  supplémentaire,  Mme  Vve  Lagier,  à  Gap  (Hautes-Alpes). 

6''  Catégorie.  —  Expositions  scolaires.  —  1™  Section.  Matériel  d'enseignement  agricole,  collec- 
tions, dessins,  objets  de  cours,  etc.  —  1"  prix,  M.  Joubert,  instituteur  à  Sainte-Mare  ;  2°,  Ecole 
normale  primaire  d'instituteurs  de  Gap  ;  3",  MM,  Orcier  frères,  instituteurs  à  Aiguilles  et  à  'Vi- 
troUes;  4*,  Mme  Blanc  (sœur  Marie  de  l'.Assomplion),  institutrice  à  Vevnes;  .5'',  M,  Bourcier,  insti- 
tuteur à  Upaix,  pour  sa  collection;  e%  M,  Dusserre.  instituteur  à  Tresclèoux,  pour  son  herbier; 
7'",  M,  Gravier,  élève  à  l'école  normale  de  Gap  ;  8°.  Mme  Arn.iud  (sœur  de  l'Annonciation),  insti- 
tutrice à  Aspres-lès-Veynes,  pour  ses  herbiers:  9",  Collège  de  Briançor.  pour  son  herbier:  10% 
M.  Giraud,  in>tituteur  à  Montceau  (Isère).  Mentions  honorables,  M,  Lombard,  M.  Brutinel, 
M.  .Augier,  M.  Chevallier,  M.  Amat,  .M.  Milliat.  élève  à  l'école  normale  de  Gap,  Mlle  Louise  Marin, 
à  l'exieniat  de  Saint-Joseph,  à  Gap.  —  2"  Section.  Travaux  spéciaux  et  objets  d'enseignement 
agricole  présentés  par  les  professeurs,  les  instituteurs  et  les  élèves  des  écoles  primaires,  1"  prix, 
M.  Aubert,  instituteur  à  Choiges;  2',  M.  Durand,  instituteur  à  Saint-Bonnet,  et  son  élève  Amar; 
;i',  M.  Chaix,  instituteur  à  la  Koche-ries-Arnauds;  4%  M.  Roniieu,  maître-adjoint  à  l'école  normale 
de  Gap  ;  5'^,  M.  l'abbé  Guillaume,  archiviste  des  Hautes-Alpes,  pour  sa  géographie  ;  fi".  Mme  Morel, 
institutrice  à  Tresclèoux  ,  7%  M.  Borel,  instituteur  à  Cherines  (Savoie),  pour  sou  herbier.  Mentions 
honorabl'S.  M.  Martin,  directeur  de  l'école  communale  de  Gap,  M.  Dastrevigne,  instituteur 
à  Oze,  M,  Imbard,  instituteur  à  Bruis,  M,  Ranguis,  instituteur  à  Gnillestre,  M  Massot,  instituteur 
à  Aspremont,  M,  Roux,  instituteur  à  Monlclus,  M.  Chevallier,  in  stituteur  à  Aubessagne, 

7"  Catégorie.  —  Expositions  collectives,  faites  par  les  administrations  publiques,  les  sociétés  et 
comices  agricoles  et  horticoles.  —  Sur  la  demande  du  jury,  M.  le  Ministre  de  l'.Aiiriculture  a 
accordé  :  Médaille  d'or  à  l'exposition  collective  de  l'administration  des  forêts  (conservation  de 
(iap).  —  Médaille  d'or  à  M.  Goret,  inspecteur-adjoint  à  Gap,  pour  sa  carte  géologique  des  Basses- 
Alpes.  —  .Médaille  d'argent  à  M.  Soelzer,  inspecteur-adjoint  à  Gap,  pour  l'org.inisation  de  I  ex- 
position forestière,  —  MétiaiUes  d'argent  à  M,  Ducrot,  brigadier  de  reboisement  à  Gap,  pour  soin." 
donnés  au  travaux  de  plantation  et  de  semis.  —  Médaille  de  bronze  à  .M.  Garrin  Vital,  brigadier 
de  reboisement  au  Pont-du-Fossé,  pour  soins  donnés  à  la  pépinière  du  Pont-du-Fossé  et  aux 
plantations  du  périmètre  de  Saiut-Jean-Saint-Nîcolas.  — Médaille  de  bronze  à  M,  Girardy,  brigadier 
des  forêts  à  Gap,  pour  participation  à  l'organisation  de  l'exposition  forestière, 

8°  Catégorie.  —  Produits  divers.  — Médailles  d'or.  .M,  Rcynaud  François,  à  Gap,  pour  l'easemble 
de  son  exposition;  M,  Comte-Bruno,  à  Puimoisson  (Basses-.AIpes),  pour  ses  conserves.  —  Médaille 
d'argent  grand  module,  il.  Léouffre,  à  Gap,  pour  ses  vignes  américaines,  —  Médailles  d'argent, 
M.  Gucydan,  à  Saint-Maurice  (Hautes-Alpes),  pour  ses  fromages;  M.  Pourroy,  k  Champoléon 
(Haute.s-.Aipes).  pour  son  fromage:  M.  Lombard,  à  La  Fare  (Hautes-Alpes),  pour  son  fro'mage; 
M.  Laffanour,  a  Bruis  (Hautes-Alpes)  (collections)  ;  M,  Benoit  Jacques,  à  Valserres  (Hautes-Alpes) 
(huile  de  noix);  M,  Blanchard,  à  liemollon  (Haiilcs-.Mpes)  (cau-dc-vie)  ;  M.  Savournin,  à  Gap 
(Hautes-Alpes)  {Vmueuvs).  —  Médailles  debronte,  MM.   Pons  père  et  fils,  à  Manosque  (Basses- 


CONCOURS  lîKGIONAL  DE  GAP.  99 

Alpos),  pour  leur  vinaigre;  M.  AUard,  à  Cluzeiet-I'àquii'.r  (l.sèrei  (cidre);  Mme  Aurou/.e  Marie,  à 
(;har;iiice-lès-Gap  (Hautes-Alpes),  pour  son  huile  rie  noix;  M.  Amouriq  Antoine,  à  la  Rocne-des- 
Arniiuds  (Uautes-Àlpes),  pour  son  miel;  M.  Bonnet  Jean,  à  Saint-Jean-Saint-N'icolas  (Hautes-Alpes), 
pour  son  miel;  M.  Granjon  Fortuné,  à  Grenoble,  pour  ses  pâtes  alimentaires  ;  M.  Isnard,  à  Digne, 
pour  ses  essences. 

Rf'compenses  décernées  au  nom  de  la  Socii'ti  nationale  d' enamragement  à  l'agriculture.  — 
1°  Diplôme  d'honneur,  la  fruitière  de  Saint-Laurent-du-Cros  (Hautes-Alpes).  —  2°  Médaille  de 
renncil,  .M.  Chaix,  instituieur  à  Lal!oche-des-Arnauds  (Haules-Alpes),  pour  .son  enseignement 
agricole.  — 3°  Médailles  d'argent,  M.  André  Baptiste,  à  Ventavon  (Hautes-.\lpes),  pour  sa  planta- 
lion  de  vignes  américaines;  M.  lieynaud  Jean,  àCharance,  près  Gap,  pour  la  bonne  exploitation  de 
son  petit  domaine.  —  4"  Médaille  de  bronze^  .M.  Vincent  Pierre,  à  Serres  (Hautes-Alpes),  pour  la 
bonne  tenue  de  son  exploitation. 

liécompenses  décernées  au  nom  de  la  Société  des  agriculteurs  de  France.  —  1°  Un  objet  d'art, 
la  Société  d'élevage  des  cantons  de  La  Mure.  Corps  et  Vallionnais  (Isère),  pour  la  production  et 
le  perfectionnement  des  espèces  bovine  et  chevaline.  —  2'  Médaille  d'or,  .M.  Faure  Léon,  phar- 
macien à  Gap,  pour  son  niéiioire  d'analyses  comparatives  du  lait  de  vache  dans  les  Hautes-Alpes. 
—  3"  .Médailles  d'argent,  M.  Pascal  Jean,  à  Itainbaud  (Hautes-Alpes),  pour  l'ensemble  de  son  ex- 
position au  concours  hippique;  M.  L^sbros  François  Laurent,  à  Gap.  pour  l'enéemble  de  son 
outillage  agricole.  —  4°  Médailles  de  bronze.  M.  Barrachin  Fidèle,  à  Gap,  pourson  appareil  d'arro- 
sage ;  M.  N'eyton,  à  Saint-Jeun-d'Avelane  (Isère),  pour  son  régulateur  d'eau  pour  usines  et  sa 
bonde  automatique;  M.  Joubert,  instituteur  à  Sainte-Marie,  pour  son  appareil  et  son  tableau  de 
blanchiment  des  pruneaux. 

Concours   hippique. 

1."  Catégorie.  —  Etalons.  —  2'  Section.  Étalons  de  4  ans  et  au-dessus.  —  1"  prix,  M.  Courtet 
(Alexandre),  à  l'Isle-sur-Sorgues  (\'aucluse). 

2°  Catégorie.  —  Juments  et  pouliches.  —  1'"  Section.  Pouliches  de  3  ans  saillies  en  1884.  — 
l""  prix,  M.  Florian  Faure,  de  Poligny  (Hautes-Alpes);  2",  .M.  Charles  .\urouze,  de  Charance 
(Hautes-Alpes);  3",  M.  Jean  Vincent,  de  Gap  (Hautes-Alpes)  ;  4',  M.  Baptiste  Bernarrl.  de  i.uedin- 
Lagrand  (Hautes-.\lpes);  .'v,  M.  Lucien  .Marin,  de  Fauvins,  Gap  (Hautes-Alpes)  ;6',  M.  JeanPascal, 
de  Rambaud  (Hnutes-.\lpes).  —  2°  Section.  Juments  de  4  ans  et  au-dessus,  suitées  de  leur  produit 
de  l'année  ou  saillies  en  1884.  —  1"  prix  :  M.  Gissier  (Aimé),  de  Barcelonnette  (Bas'es-Alpes)  ; 
2%  M.  Rambaud  (André),  de  Saint-Martin,  .larjayes  (Hautes-Alpes)  ;  3°,  M.  Courtet  (Alexandre), 
de  risle-^ur-Sorgues  (Vauchise)  ;  4%  M.  Bontoux  (Charles),  de  Rambaud  (Hautes-Alpes)  :  5', 
M.  Pellenq  (Emile).  d'Eyssanières,  près  Gap  (Hautes-Alpes);  6%  M.  Lesbros  François),  de  Gap 
(Haates-Alpes). 

3°  Catégorie.  —  Étalons  Baudets  de  3  ans  et  au-dessus.  —  1"  prix,  M.  Gaude  (Auguste),  à  Lus- 
la-Croix-Haute  ;Drùme)  ;  2%  M   Coustiei  (Joseph-Louis),  à  Leplan,  la  Rochette  f Hautes-Alpes). 

Prix  d'honneur.  Un  objet  d'art  offert  par  M.  le  ministre  de  l'agriculiure  pour  le  lot  le  plus 
remarquable  du  concours.  M.  Courtet  (Alexandre) ,  de  l'Isle-sur-Sorgues  (Vaucluse). 

UNE  VARIÉTÉ  DE  BLÉ  A  CULTIVER 

LE  SHIRRIF'S  SQUARE-HEAD 

Parmi  les  blés  d'origine  anglaise  recherchés  à  juste  titre  dans  les 
pays  de  haute  culture,  il  est  une  variété  jouissant  dans  le  nord  et  le 
centi-e  de  l'Europe  d'une  faveur  si  marquée,  que  je  crois  utile  de  la 
signaler  à  l'attention  des  agriculteurs  français  qui  en  ignoreraient  le.xis- 
tence  ou  ne  l'auraient  pas  encore  cultivée;  je  veux  parler  du  blé  à 
épi  carré,  le  Siiuare-head  des  Anglais.  A  qui  faut-il  en  faire  remonter 
la  création  ?  Diiïëi'entes  versions  circulent  à  cet  égard.  Dans  son  remar- 
quable ouvrage,  «  Les  meilleurs  blés  »,  M.  Vilmorin  le  déclare  obtenu 
de  semis  par  M.  Patrick  Sliirrefoc  Mungoswell  (Ecosse).  De  son  cùlé, 
Rimpan  '  raconte  que,  dans  un  voyage  en  Angleterre,  en  1879.  beau- 
coup de  fermiers  anglais  lui  mentionnèrent  le  Square-head  comme  un 
blé  très  anciennement  cultivé,  et  dont  l'origine  leur  était  inconnue. 
Ce  qui  est  hors  de  doute,  c  est  qu'un  directeur  d'une  importante  mai- 
son de  Copenhague,  le  markfrokontoret,  ayant  découvert,  il  y  a  un 
petit  nombre  d'années,  des  semences  d'élite  chez  un  fermier  écossais 
de  Saltcots,  M.  Daniel  D.  Shirrif,  fit  l'acquisition  d'un  lot  important 
qu'il  livra  à  ses  clients  danois,  sous  le  nom  de  Shirrif's  Square-head. 
Cette  dénomination  devint  en  Allemagne,  oii  il  pénétra  bientôt,  l'ob- 
jet d'une  erreur  en  somme  assez  excusable  :  on  confondit  M.  Shirrif 
avec  son  célèbre  compatriote  IVl.  Schirref. 

Les  titres  de  noblesse  du  Square-head   datent  de  son  imporlation 
en  Danemark  ;  il  couvre  dans  cette  contrée  plus  de  la  moitié  de  l'étendue 
1.  Mentzel  ii.  v.  Lengerke's  landw.  halender  1883.  —  i"  partie,  p.  54. 


100 


UNE  VARII^TK  DE  BUÈ  A  CaCTIVER. 


cultivée  en  blé;  c'est  la  variété  préférée  des  districts  sucriers  alle- 
mands ;  je  l'ai  trouvé,  il  y  a  deux  ans,  en  Scanie,  dans  la  Saède  méri- 
dionale, l'an  dernier  dans  le  royaume  de  Saxe,  et  si  je  suis  bien 
informé,  il  commence  à  être  cultivé  en  Suisse. 

Une  variété  qui  présente  une  telle  puissance  d'expansion,  dont  l'aire 
géographique  grandit  aussi  visiblement  dans  toutes  les  directions,  est 

assurément    une     variété     hors 


'\; 


w^-i 


ligne  qui  mérite  à  tous  égards 
les  honneurs  de  l'expérimenta- 
tion. M.  Wude,  un  des  agricul- 
teurs les  plus  distingués  de  la 
province  de  Hanovre,  chez  lequel 
j'eus  la  bonne  fortune  de  passer 
près  d'une  année,  m'écrivait,  il 
y  a  quelques  jours,  à  Paris  : 
«  L'introduction  du  Sqiiarr-head 
marque,  en  Allemagne,  le  com- 
mencement d'une  période  nou- 
velle dans  la  prodnction  du  blé; 
un  petit  nombre  d'années  lui  a 
suffi  pour  supplanter  presque 
absolument  les  variétés  indigènes 
ou  exotiques;  moi-même,  je  le 
cutiverais  à  l'exclusion  de  tout 
autre,  si,  dans  l'intérêt  d'une 
meilleure  répartition  du  travail, 
lors  de  la  moisson,  je  ne  croyais 
devoir  ensemencer  des  variétés 
mûrissant  à  des  époques  diffé- 
rentes ». 

Le  Square-hcad  est  un  blé  d'hi- 
ver ayant  une  maturité  deini-tar- 


Fig.  h.  —  Epi  de  blc.       Fig.  C.  —  Le  même 
de  Shii'rif's.  épi  vu  latéralement. 


Fis-  7.  —  Grains  de  blé  de  Sliirrifs. 


dive  qui  produit  une  paille  bien  droite,  extrêmement  rigide,  assez  peu 
abondante  relativement  au  grain  fourni  ;  ainsi  que  son  nom  l'indique, 
l'épi  (fig.  5et  6)  est  carré,  dense,  à  peine  atténué  vers  la  pointe;  le  grain 
(fig.  7),  bien  nourri,  de  grosseur  moyenne,  présente  une  teinte  jaune 
ou  rougeâtre.  Deux  circonstances  expliquent  la  faveur,  sans  précédent 
je  crois  dans  l'histoire  du  blé,  qui  s'attache  au  Sqiiare-head;  tout 
d'abord  la  résistance  de  la  paille  à  la  verse  et  aux  atteintes  des  para- 
sites, de  la  rouille  plus  spécialement.  Ces  qualités  sont  inséparables; 


UNE  VARIÉTÉ  UE  BLÉ  A  CULTIVER.  101 

personne  n'ignore  la  relation  étroite  qui  existe  entre  l'apparition  inquié- 
tante d'un  parasite  et  la  contexture  de  la  plante  hospitalière  :  le  chaurae 
qui  s'affaisse  sous  le  poids  de  l'épi  est  formé  d'un  tissu  làciie  n'opposant 
qu'un  faible  obstacle  à  la  pénétration  de  la  tarière  d'un  insecte  ou  à 
celle  d'un  mycélium  de  champignons. 

Le  Square-head,  né  sous  le  ciel  humide  de  l'Angleterre,  a  présenté  au 
plus  haut  degré  la  faculté  de  consolider  son  système  mécanique  sous 
l'influence  du  climat  plus  rude  du  continent. 

Si  sa  grande  rusticité  permet  de  le  cultiver  à  peu  près  partout,  le 
caractère  phytotechnique  que  je  viens  de  mentionner,  en  fait  la  variété 
par  excellence  des  sols  humides  et  froids,  des  riches  alluvions,  des 
terres  fortement  fumées,  de  toutes  celles  enfin  qui  poussent  à  un  dé- 
veloppement excessif  des  parties  foliacées  au  détriment  de  celui  de  l'épi. 

La  seconde  qualité  du  Square-head  que  je  dois  ftiire  ressortir,  c'est 
son  rendement  à  la  fois  régulier  et  très  élevé.  Des  récoltes  de  4  à  5  tonnes 
par  hectare,  taxées  de  fable  en  Allemagne  avant  l'importation  du  blé  à 
épi  carré,  ne  sontplus  rares  aujourd'hui.  M.  Jacobsen  de  Copenhague 
m'assure  qu'il  rend  en  Danemark  un  quart,  parfois  même  un  demi,  de 
plus  que  les  autres  variétés.  Les  agriculteurs  français  se  plaignent 
généralement  en  disant  que  la  culture  du  blé  est  ruineuse  aujourd'hui. 
Si  des  raisons  de  haute  convenance  ne  m'en  empêchaient,  je  pourrais, 
avec  des  documents  nombreux  et  précis  recueillis  dans  le  Hanovre, 
apporter  la  preuve  indiscutable  que  le  blé  a  une  part  très  large  dans 
les  bénéfices  réalisés  par  les  fermiers  allemands. 

Je  ne  veux  point  terminer  sans  rappeler  les  obstacles  qui,  en 
Danemark  aussi  bien  qu'en  Allemagne,  auraient  compromis  l'avenir  du 
Square-head,  s'il  ne  s'était  pas  montré  d'une  valeur  exceptionnelle  :  la 
lenteur  avec  laquelle  il  entre  en  végétation  au  printemps,  son  mode  de 
tallement  qu'on  pourrait  nommer /)«r«//è/e  à  cause  de  la  verticalité  et 
de  l'égalité  parfaite  des  difîérents  brins,  en  laissant  le  sol  faiblement 
couvert,  faisaient  supposer  qu'il  ne  talle  pas  et  redoute  les  froids  de 
l'hiver  aussi  bien  que  les  gelées  du  printemps  ;  l'expérience  de  plusieurs 
années  a  démontré  le  mal-fondé  de  ces  opinions. 

Il  ne  suffisait  pas  de  faire  choix  d'une  variété  très  productive,  il  fal- 
lait aussi  se  préoccuper  du  débouché.  Dès  l'apparition  du  Squâre-head^ 
les  meuniers  formèrent  une  véritable  coalition  afin  d'en  entraver  la 
culture,  reprochant  au  nouveau-venu  d'être  pauvre  en  gluten  et  de 
livrer  une  farine  de  qualité  secondaire.  Sans  doute,  le  Square-head^ 
ainsi  que  ses  congénères  anglais,  renferme  moins  de  matières  azotées 
que  les  continents,  mais  personne  n'ignore,  que  dans  ces  derniers  la 
différence  quantitative  observée  est  largement  compensée  par  l'élasti- 
cité et  l'extensibilité  plus  grande  de  leur  gluten.  La  consistance  rela- 
tivement faible  du  Square-head  réclame  pour  la  mouture  une  force 
assez  considérable.  La  boulange  était-elle  portée  pendant  le  broyage 
à  une  température  trop  élevée  altérant  la  structure,  les  qualités  plas- 
tiques du  gluten?  L'hypothèse  est  parfaitement  admissible.  Quoi  qu'il 
en  soit,  les  agriculteurs  étrangers  ont  préféré  dès  le  début  conserver 
une  variété  à  haut  rendement,  plutôt  que  de  revenir  aux  blés  de  pays 
achetés  un  peu  plus  cher  par  la  minoterie;  depuis,  les  meuniers  ont 
désarmé  :  ils  broyent  le  Square-head  en  le  mélangeant  avec  des  blés 
plus  durs;  quant  au  prix  de  vente,  il  se  trouve  être  sensiblement  le 
même  que  celui  des  variétés  les  plus  recherchées. 


102  UNE  VAIUliTI-';  DE  BLK  A  CULTIVER. 

Je  ne  saurais  trop  engager  nos  agriculteurs  à  cultiver  le  Square- 
head,  —  je  ne  dirai  pas  immédiatement  sur  une  grande  éclielie  — 
bien  que  le  succès  ne  nous  paraisse  pas  douteux,  —  mais  au  moins  à 
titre  d'essai,  comparativement  avec  les  meilleures  variétés  locales. 
En  multipliant  les  expériences,  en  coordonnant  les  faits  bien  observés, 
nous  saurons  rapidement  si  le  Square-head  mérite  d'occuper  dans  nos 
cultures  la  place  d'honneur  qu'il  a  conquise  dans  les  contrées  voi- 
sines. E.    SCHIUBAUX, 

Diri-cleiir  de  la  st;ilion  d'essais  de  semences 
ft  l'Institut  national  ai^ronomique. 

LES  VICES  RÉDHIBiTOIRES  D.INS  LES  VENTES 

ET    ÉCHANGES    D'ANIMAUX   DOMESTIQUES 

La  revision  du  Code  rural  est  à  l'ordre  du  jour  de  la  Chambre  des 
députés. 

Le  projet  de  loi  comprend  la  revision  de  la  loi  du  20  mai  1838  sur 
les  vices  rédhibitoires  dans  les  ventes  et  échanges  d'animaux  domes- 
tiques, une  revision  des  règlements  imposant  une  garantie  exception- 
nelle aux  animaux  de  boucherie,  etc. 

La  Chambre  doit  discuter  le  projet  déjà  adopté  par  le  Sénat  et  le 
Conseil  d'Etat,  et  aussi  par  la  Commission  dont  M.  Maunoury,  député, 
a  été  nommé  rapporteur. 

La  loi  du  20  mai  1838  a  donné  lieu  à  tant  d'abus,  surtout  di^  la 
part  des  acquéreurs  de  mauvaise  foi,  qu'elle  devait  être  revisée  :  cette 
nécessité  a  été  démontrée  par  l'expérience,  au  point  que  certains  légis- 
lateurs ont  même  désiré  son  abrogation  complète.  Avant  de  vouloir 
supprimer  cette  mauvaise  loi,  on  peut  chercher  à  l'améliorer.  Com- 
ment? C'est  là  la  question. 

(À^tte  question  est  très  complexe,  très  controversée;  pour  bien  y 
répondre,  il  faut  être  à  la  fois  versé  dans  l'étude  du  droit  et  de  la  juris- 
prudence, et  dans  l'étude  des  sciences  vétérinaires  et  agricoles.  Il  est 
peu  de  personnes  réunissant  cette  double  compétence  ;  c'est  ce  qui 
explique  la  divergence  des  opinions,  et  il  sera  dilficile  à  la  Chambre 
des  députés  de  donner  satisfaction  à  tous. 

Ayant  exercé  théoriquement  et  pratiquement  la  médecine  vétérinaire 
et  le  contentieux  agricole  pendant  un  certain  nombre  d'années  à 
Paris,  j'ai  étudié,  d'une  façon  spéciale,  la  question  des  vices  rédhibi- 
toires, et  je  suis  un  de  ceux  qui  sont  appelés  à  critiquer  le  projet  de 
loi  présenté  aujourd'hui  devant  la  Chambre. 

Ce  projet,  en  eflet,  contient  certaines  cont  radictions,  omissions  ou 
erreurs  qu'il  est  du  devoir  de  chacun  de  signaler  à  nos  législateurs 
dans  l'intérêt  général  et  surtout  dans  l'intérêt  de  l'agriculture,  princi- 
palement pour  les  éleveurs  exploités  par  les  maquignons. 

Ainsi  l'arlicle  3  du  projet  est  purement  illusoire.  Pour  l'admettre, 
il  faut  ignorer  les  ruses  des  marchands  de  chevaux. 

(]et  article  est  ainsi  conçu  : 

"  L'action  en  réduction  de  prix,  autorisée  par  l'article  1644  du  Code  civil,  ne 
pourra  être  exercée  dans  les  ventes  et  échanges  d'animaux  lorsque  le  vendeur  olTrira 
de  reprendre  l'animal  vendu,  en  restituant  à  l'acquiTeur  les  Irais  occasionnés  par 
la  vente.  » 

Cet  article  a  pour  but  de  déjouer  la  ruse  des  maquignons,  qui  con- 
siste à  intenter  une  action  redhibitoire   dans  l'espoir  d'obtenir  une 


LES  VICES  RÉDHIBITOIRES.  103 

réduction  de  prix,  manœuvre  assez  fréquente.  Ce  but  est  manqué.  En 
elTet,  l'acquéreur  de  mauvaise  foi,  se  gardera  bien  d'actionner  m 
réduction  de  prix,  sachant  à  (|uoi  il  s'expose;  il  actionnera  toujours  en 
garantie,  c'est-à-dire  ch  résolution  de  la  vente,  en  rrslilnli'in  du  },ri:r  lolal 
de  l'achat. 

Il  y  aura  ainsi  tout  autant  de  procès  qu'avec  l'arlicle  2  de  la  loi 
ancienne,  qui  défend  l'action  en  réduction  de  prix,  défense  dont  ri'-nt 
bien  les  maquignons. 

Autre  considération,  très  judicieuse,  présentée  par  M.  Emile  l.e  l'el- 
letier,  avocat  à  la  (^our  d'appel  de  Paris  et  collaborateur  de  la  l'resse 
vétérinaire  : 

«  On  vend  généralement  |iarce  qu'on  a  besoin  d'argent;  c'est  presque  toujours 
])nur  payer  une  detie  qu'on  mène  une  l)ète  à  la  i'oire,  ou  bien  encore  afin  d'en 
racheter  de  suite  une  autre.  Le  vendeur  sera  donc  bien  rarement  en  mesure  de 
ri'rabourser  l'acheteur  qui  le  menacera  d'une  action  en  justice,  et  celui-ci,  s'il  est 
homme  de  chicane  et  de  mauvaise  foi,  aura  beau  jeu  pour  tourmenter  son  vendeur. 
II  amènera  à  composition  son  vendeur,  que  la  seule  perspective  des  frais  troublera.  » 

Admettons  que  le  vendeur  soit  en  mesure  de  rembourser  le  prix  ;  si 
l'acquéreur  le  refuse,  il  fautlra  consigner  ce  prix  en  faisant  des  o/Jrrx 
réelles  sur  la  validité  desquelles  il  faudra  plaider;  procès  long  et  cnù  • 
teux,  sur  lequel  compte  bien  l'acquéreur  pour  en  exploiter  les  lenteurs 
et  lasser  le  vendeur  qui  attend  son  argent  ou  sa  bête  ! 

Ce  qu'il  faut  empêcher,  c'est  le  calcul  inavouable  de  l'acquéreur 
qui  cherche  dans  le  procès  un  moyen  d'obtenir  une  réduction  de  prix  : 
ce  calcul  ne  peut  être  déjoué  que  par  une  prompte  et  sévère  justice, 
laquelle  doit  être  exercée  par  un  juge  compétent,  juge  désintéressé  et 
impartial,  en  dernier  ressort,  ayant  pour  mission  de  rechercher  la 
véritable  cause  du  procès  et  d'en  arrêter  immédiatement  l'effet. 

Ce  juge,  c  est  le  juge  de  paix  ! 

Mais  pour  permettre  au  juge  de  paix  de  remplir  ce  rôle,  il  faut  lui 
donner  des  attributions  et  une  juridiction  dont  il  n'a  pas  joui  jusqu'à 
présent.  Il  faut  que  son  rôle  soit  actif,  et  non  passif,  qu'il  ne  consiste 
pas  seulement  à  nommer  un  expert,  sans  s'inquiéter  de  la  façon  dont 
il  opère  lexpert  qui  est  souvent  !e  vétérinaire  de  l'acquéreur),  mais  à 
contrôler  cet  expert. 

Il  faut  que  l'expertise  soit  contradictoire  et  soumise  immédiatement 
à  l'appréciation  du  juge. 

Il  taut  que  le  juge  de  paix  puisse  juger  en  compétence  et  en  dernier 
ressort  sur  le  rapport  de  l'expert  et  d'après  les  dires  contradictoires  des 
parties;  pour  cela,  il  faut  étendre  sa  juridiction  en  matière  rédhibi- 
toire. 

De  cette  façon  l'action  rédhibiloire  serait  réellement  jugée  comme 
matière  sommaire  et  on  éviterait  les  lenteurs  déplorables  de  procès 
onéreux,  lenteurs  habilement  exploitées  par  les  maquignons. 

Ceux-ci,  pour  arriver  à  leurs  lins,  ont  le  soin  d'emmener  leurs  ani- 
maux nouvellement  achetés  le  plus  loin  possible,  afin  de  profiter  du 
délai  de  distance  accordé  par  la  loi  pour  intenter  l'action  rédhibitoire  ; 
car  ils  savent  bien  que  la  frayeur  du  cultivateur  croît  en  raison  de 
cette  distance.  Ils  s'entendent  même  au  besoin  avec  des  compères  éloi- 
gnés en  faisant  des  ventes  simulées. 

Le  projet  de  loi  ne  fait  rien  pour  empêcher  ces  ventes  simulées;  au 
contraire,  il  les  favorise  en  maintenant  le  délai  de  distance  et  en  auto- 


10'4  LES  VICES  RÉDHIBITOIRES. 

risant  l'cxpertiso  même  à  l'absence  du  vendeur  en  raison  de  ré/Di- 
gnement. 

Cette  mesure  est  vraiment  faite  pour  les  maquignons  qui  y  trouvent 
beau  jeu  ! 

Il  i'aut  que  le  délai  de  distance  soit  excessivement  réduit;  grâce  à 
la  rapidité  de  nos  communications,  ce  délai  peut  aujourd'hui  être  ré- 
duit à  quarante-huit  heures  pour  toutes  les  distances,  c'est-à-dire  pour 
toute  la  France.  Nous  ne  sommes  plus  en  1830  ! 

Mais  cela  ne  sut'lit  pas  pour  empêcher  les  ventes  simulées.  Pour 
arriver  à  ce  résultat  tant  désiré,  il  Faudrait  :  ou  prononcer  la  déchéance 
en  cas  de  revente  de  l'animal,  ou  obliger  le  deuxième  acquéreur  à  le 
ramener  au  premier  acquéreur  qui  seul  aurait  le  droit  d'actionner  le 
premier  vendeur. 

On  reproche  à  la  première  de  ces  mesures  de  porter  une  atteinte  à 
la  liberté  commerciale,  d'empêcher  le  marchand  de  revendre  ce  qu'il 
a  acheté  avant  l'expiration  du  délai  de  la  garantie.  Nous  inclinons 
donc  pour  la  deuxième  mesure. 

On  a  proposé  d'étendre  même  à  l'acquéreur  direct  cette  obligation 
de  ramener  l'animal  au  lieu  de  la  vente. 

Nous  connaissons  le  danger  qui  résulte  de  la  nomination  d'un 
expert  au  lieu  du  domicile  de  l'acquéreur,  qui  est  souvent  son  client 
et  peut  l'influencer  ou  le  tromper  facilement.  Mais  c'est  au  juge  pré- 
venu à  choisir  un  expert  indépendant  et  impartial,  dont  l'honoralulité 
et  le  savoir  ne  lui  laissent  aucun  doute.  Si  le  juge  de  paix  était  appelé 
à  juger  l'action,  il  serait  plus   circonspect  dans  le  choix  de  l'expert. 

On  objecte  à  cela  qu'il  y  a  avantage  à  ce  que  le  vendeur  soit  jugé 
par  ses  juges  naturels,  qui  le  connaissent  mieux  et  peuvent  mieux 
établir  la  moralité  de  l'atTaire,  à  savoir  si  c'est  le  vendeur  ou  l'acqué- 
reur qui  est  de  mauvaise  foi.  Mais  pour  cela  il  faut  ramener  l'animal 
au  lieu  de  la  vente.  Ce  retour  est  plein  de  dangers  pour  la  santé  de 
l'animal  et  très  coûteux.  En  outre  l'acquéreur  peut  à  son  tour  repro- 
cher les  influences  de  la  localité.  D'un  côté  comme  de  l'autre  le  choix 
de  l'expert  peut  être  critiqué.  Quant  à  la  moralité  des  parties,  te! 
juge  peut  l'apprécier  aussi  bien  que  tel  autre. 

Ëniin,  si  le  vendeur  est  surtout  un  marchand,  celui-ci  se  gênera 
moins  pour  vendre  un  cheval  vicieux,  connaissant  l'obligation  pour 
l'acquéreur  de  le  lui  ramener  pour  venir  plaider  à  une  longue  dis- 
tance. 

N'est-il  pas  plus  simple  et  moins  dispendieux  pour  le  vendeur  de  se 
transporter,  d'envoyer  ou  de  charger  un  mandataire  le  représentant  au 
lieu  du  litige?  Cette  obligation  estprescrite  pour  tous  les  cas  litigieux  qui 
requièrent  célérité.  (Juand  il  s'agit  d'un  animal  exposé  à  tant  d'acci- 
dents et  de  maladies,  qui  peuvent  retarder  ou  empêcher  une  expertise, 
il  faut  agir  promptement. 

Ce  n'est  pas  ce  qui  a  lieu  aujourd'hui.  Quand  on  ramène  l'animal 
au  domicile  du  vendeur,  c'est  pour  plaider  devant  le  tribunal  civil,  ce 
qui  est  long  et  dispendieux;  on  doit,  autant  que  possible,  éviter  les 
frais  et  les  diuigers  de  la  fourrière.  On  voit  des  procès  durer  denx 
ans  !  Les  frais  ne  sont  plus  en  rapport  avec  la  valeur  du  litige. 

Le  législateur  ordonne  cependant  que  l'action  rédhibitoire  soit  jugée 
comme  matière  sommaire!  Maison  sait  ce  que  cela  vaut  ;*souvent 
cette  prescription  est  simplement  dérisoire. 


Li:.s  VICES  hp:l)1I1L!IT0ii;K5.  lus 

En  malière  rédhihitoire,  ce  qu'il  laul  c'est  la  procédure  ex|)éditive 
et  à  bon  marché.  On  ne  [)eut  l'obtenir  (ju'en  rendant  les  juives  de  paix 
compétents  ;  que  ce  soit  celui  du  lieu  où  l'animal  se  trouve,  ou  celui 
du  lieu  où  l'animal  doit  se  trouver. 

En  résumé  nous  demandons  : 

r  Le  maintien  de  l'article  2  de  la  loi  ancienne  défendant  l'action  en 
réduction  de  prix; 

2"  L'extension  de  la  compétence  des  juges  de  paix  en  matière 
rédhibitoire; 

3°  L'expertise  contradictoire  et  son  maintien  au  lieu  du  domicile  de 
l'acquéreur  direct; 

4°  En  cas  de  revente  de  l'animal  pendant  le  délai  de  la  garantie, 
obligation  de  le  ramener  au  lieu  du  domicile  du  premier  acquéreur 
qui  seul  aura  le  droit  d'actionner  le  premier  vendeur; 

5°  Réduction  du  délai  de  distance  pour  intenter  l'action  rédhibi- 
toire. 

En  un  mot,  nous  demandons  une  loi  moralisatrice  protégeant  mieux 
les  cultivateurs. 

{La  suite  prochainement.)  H.  Charlier, 

Ex-médecin  vétérinaire  et  ciief  de  contentieux,  à  Paris; 
membre  de  la  Société  des  agriculteurs  de  France. 

LA  QUESTION  DES  PATURES  -  II' 

* 

Quelques  personnes  nous  ayant  demandé  de  quelle  façon  on  pouvait 
créer  des  pâtures,  nous  croyons  utile  de  donner  ici  quelques  rensei- 
gnements complémentaires  sur  ce  sujet. 

En  étudiant  la  botanique  à  l'école  de  Grignon,  on  nous  a  appris  que 
sous  toutes  les  latitudes,  dans  tous  les  sols,  il  se  rencontrait  des  plantes 
pour  y  végéter  —  qu'il  ne  fallait  pour  cela  que  de  la  chaleur  et  de 
l'humidité.  Ceci  est  le  principe  du  système  pastoral  ;  sous  nos  climats 
nos  prairies  sont  presque  exclusivement  composées  de  graminées  et  de 
légumineuses,  en  variétés  divei'ses  suivant  la  nature  du  sol. 

Nous  distinguerons  quatre  genres  de  sols.  Nous  aurons  donc  quatre 
catégories  de  plantes  spéciales  à  ces  terrains;  toutefois,  il  y  a  des 
végétaux  très  rustiques  qui  vivent  bien  dans  tous  les  sols;  ceux-là  sont 
précieux  pour  constituer  des  pâtures  exposées  comme  en  ce  moment  à 
passer  d'une  grande  humidité  à  une  longue  sécheresse. 

1"  Plantes  pour  terrains  argileux,  souvent  humides  :  Agrostis  vulgaris,  Agros- 
lis  stolonifera,  Festuca  prateusis,  Festuca  duriuscula,  Holcus  lanatus,  Lolium 
■perenne,  Anthoxanthum  odoratum,  Alopecurus  pratensis,  Poa  trivialis,  Poa  pra- 
tensis,  Phleum  pratense,  Trifolium  repens,  Trifolium  hybridum,    Vicia  saliva. 

2°  Plantes  pour  terrains  calcaires  :  Bromus  pralensis,  Fesluca  heterophilla, 
Festuca  ovina,  Festuca  rubra,  Avena  flavescens,  Dactylis  glomerata,  Gynosurus 
cristatus,  Lolium  anglicum,  Lolium  commune,  Alopecurus  campeslris,  Hedysa- 
rum  onobrychis,  Poterium  sanguisorba,  Trifolium  repens,  Pisum  commune, 
Medicago  lupulina,  Lotus  corniculalus. 

3"  Plantes  convenant  aux  terrains  siliceux  :  Achillea  millet'olium,  Gynosurus 
crislatus,  Avena  llavescens,  Festuca  ovina,  Festuca  teauifolia,  Bromus  inermis, 
Alopecurus  pratensis,  Lolium  sutton,  Antlioxanthum  odoratum,  Aira  flexuosa, 
Elymus  arenarius,  Bromus  pralensis,  Gentaurea  jacea,  Pisum  arvense,  Lupinus 
albus,  Trifolium  repens,  Lathyrus  cicera,  Medicago  lupulina. 

4"  Plantes  convenant  aux  terrains  marécageux  :  Holcus  lanatus,  Alopecurus 
palustris,  Agrostis  stolonifera,   Anthoxanthum  odoratum,  Poa  aquatica,  Poa  tri- 


I 


Vuir  le  Journal  du  îl  juin,  [>.  -'iGj  du  lumc  11  de  lS8i. 


lOB  LA   QUESTION   DKS   PATURES. 

■vialis,  Plialai'is  aiunJinacea,  Phleum  pratense,  Bromus  giganteus.  Trifolium  hy- 
Lridain.  Tnlblium  repens.  Vicia  saliva. 

Ces  quatre  catégories  de  plantes  réponilent  suffisamment  aux  besoins 
des  cultivateurs  qui,  par  uu  mélange  habilement  proportionné,  devront 
arriver  à  un  excellent  résultat. 

Le  moment  le  plus  avantageux  pour  semer  des  pâtures  est  pour  nous, 
praticien,  après  la  moisson,  dans  une  terre  labourée  à  0'".  10  ou  0'".12, 
et  bien  affinée. 

On  sèmera  ses  graines  en  deux  fois  :  les  grosses  graines  d'abord,  puis 
les  fines  ensuite  ;  on  les  recoiivrira  à  la  herse,  énergiquement,  d'abord 
très  légèrement  pour  les  fines  graines,  et  l'on  fermera  sa  terre  par  un 
ou  plusieurs  roulages,  20  à  25  jours  après  les  semis  ;  la  levée  doit  être 
complète,  surtout  si  on  a  la  chance  d'avoir  eu  de  la  pluie  quelques  jours 
après  les  semailles.  L'humidité  est  indispensable  pour  les  levées  et  nous 
conseillons  beaucoup  d'attendre  plutôt  quelques  jours  que  de  confier  de 
la  semence  à  une  terre  desséchée  et  mal  arrangée. 

Nous  rappellerons  encore  que  non  seulement  on  doit  choisir  ses 
plantes  suivant  son  sol,  mais  encore  suivant  les  animaux  qui  doivent  y 
pâturer  ;  d'ailleurs  nous  renseignerons  obligeamment  toute  personnne 
qui  nous  honorera  d'une  demande. 

Pour  clôturer,  la  pratique  a  démontré  que  l'usage  des  ronces  arti- 
ficielles était  indispensable  pour  les  bêtes  à  cornes,  mais  dangereux 
pour  la  raee  chevaline  quand  il  était  exclusif. 

On  devra  donc  dans  ce  dernier  cas  se  contenter  de  mettre  un  rang  de 
ronce  à  sa  clôture,  et  trois  rangs  de  fil  de  1èr  ordinaire. 

Pour  les  bêtes  à  cornes,  trois  rangs  de  fil  à  épine  et  un  rang  de  fil 
ordinaire  sont  indispensables. 

Cette  disposition  permettra  d'éloigner  les  potelets  de  support  et  de 
réaliser  une  économie. 

Le  prix  de  revient  de  nos  clôtures  est  donc  très'  variable  suivant  ce 
que  1  on  veut  faire;  il  peut  n'être  que  de  0  fr.  60  le  mètre  et  s'élever 
à  1  franc.  Moins  une  pâture  présente  de  grandes  lignes  droites,  plus 
elle  coûte  à  entourer.  Nous  remplaçons  maintenant  le  fer  par  le  bois, 
comme  moins  cher,  plus  solide,  plus  durable  et  d'une  mise  en  place 
plus  prompte.  Nos  poteaux  de  décharge,  d'angle,  dont  nous  pouvons 
régler  l'ouverture  suivant  l'angulation  des  terrains,  peuvent  être  mon- 
tés et  démontés  rapidement  parle  premier  ouvrier  venu.  Leur  con- 
struction basée  sur  l'inextensibilité  des  triangles  leur  assure  une  soli- 
dité à  toute  épreuve;  d'ailleurs  les  différents  jurys  des  Comices  où  nous 
avons  présente  nos  clôtures  ont  été  unanimes  à  en  louer  le  bon  marché 
et  la  solidité.  Il  suffit  de  nous  envoyer  un  plan  coté  pour  que  nous 
donnions  un  devis  exact  du  prix  de  revient  d'un  clôturage. 

Jacqui:mart-Henot, 

Négociant-agncQileur,  à  Fargnier-Tergnier  (Aisnej. 

LA  CRÉATION  DU  HERD-BOOK  NORMAND* 

Le  22  octobre  1883,  la  Commission  du  Herd-Book  normand, 
dûment  constituée,  s'est  réunie  à  Caen. 

Etaient  présents:  MM.  Morière,  président  de  la  Société  d'agriculture 
et  de  commerce  de  Caen.    vice-président;   Hector  Le  Sueur,   à  Saint- 

1.  Rapport  sur  l'ensemble  des  opérations  de  la  Commission  du  Herd-Book  normand  du  '22  au 
28  octobre  1883. 


SUR  LA  GRliATION   D'UN   HERD-BOOK    NORMAND.  1U7 

Vigor-le-Grand,  secrétaire;  Jouenae,  agriculteur  à  Coupesarle  (Cal- 
vados; ;  Charles  Diiinouticr,  agriculteur  à  Claville  (Eure)  ;  Gustive  Doré, 
agriculteur  il  Gainaclies  lEure';  (^éran-Maillard,  agriculteur  à  Tui'(iue- 
\'ille  l'Manclie)  ;  Jules  Uesplanqucs,  vice-président  de  la  Société  d'agri- 
culture de  Saiut-Lô  (Manche)  ;  Basire  lilphège,  secrétaire  de  la  nouvelle 
Société  d'agriculture  d'Avranches,  à  Dragey  (.Manche)  ;  Rasset.  agricul- 
teur, maire  de  .Montérollier  (Seine-lnl'érieure)  ;  Forlier,  président  de  la 
Société  centrale  d'agriculture  de  la  Seine-Inférieure;  Manoury,  agricul- 
teur, maire  de  Saint-Clairsur-les-Monts  (Seine  Inférieure).  — S'étaient 
fait  excuser  :  MM.  Jules  Bastard,  agriculteur  à  Carpiquet  (Cilvados); 
Auguste  Hébert,  propriétaire,  maire  de  Villers-en-Vexin  (Eure). 

Les  statuts  déliniiifs  du  Ilerd-Book  normand  ont  servi  de  bases, 
mais  des  additions  et  des  moditicatious  importantes  y  ont  été  apportées. 

L'inscription  dite  d'origine  (art.  12)  est  faite  gratuitement.  Cette 
gratuité  était  nécessaire  au  début,  pour  engager  les  éleveurs  à  demander 
l'inscription.  Si  à  l  hésitation  naturelle  ù  l'éleveur  normand,  lorsqu'il 
s'agit  d'une  chose  nouvelle  sur  les  avantages  de  laquelle  il  n'est  pas 
bien  fixé,  était  venue  s'ajouter  l'obligation  de  dépenser  une  somme 
même  minime,  on  eut  risqué  de  voir  beaucoup  d  éleveurs  s'abstenir. 

C'est  aussi  la  connaissance  de  ce  caractère  hésitant,  déliant  même, 
de  l'agriculteur  normand,  qui  a  décidé  la  Commission  à  laisser  le 
registre  des  inscriptions,  dites  d'origine,  ouvert  pendant  deux  années 
à  partir  du  15  septembre  1883  (art.  11);  elle  s'est  dit  que,  soit  par 
apathie,  soit  par  défaut  d'appréciation  des  avantages  à  en  retirer,  soit 
par  défiance  de  la  manière  dont  la  chose  serait  conduite,  un  certain 
nombre  d'éleveurs,  possédant  des  reproducteurs  de  choix,  s'abstien- 
draient au  début,  et  qu'il  y  avait  avantage  à  leur  laisser  le  temps  de  la 
réflexion. 

Ce  sont  les  mêmes  raisons  qui  pourpartie  ont  fait  adopter  l'article  13 
qui  pose  en  principe  que  les  animaux,  dont  l'inscription  d'origine  aura 
été  demandée,  seront  examinés  dans  l'exploitation  même,  la  Commis- 
sion se  réservant  toutefois  la  possibilité  de  réunir  les  animaux  d'un 
même  centre  d'élevage  sur  tel  point  choisi,  comme  étant  à  la  portée 
des  éleveurs  demandant  l'inscription.  Mais  ce  qui  a  surtout  déterminé 
la  Commission  à  prendre  cette  grave  décision,  c'est  la  pensée  fort 
juste  que  l'examen  de  toute  l'étable  d'un  éleveur  demandant  l'inscrip- 
tion, ne  fût-ce  que  de  quelques-uns  de  ses  animaux,  devait  exercer 
une  légitime  influence  sur  les  décisions  de  la  Commission  en  ce  qui 
concerne  la  pureté  de  la  race.  La  Commission  a  sagement  agi  en  pre- 
nant ces  décisions,  elles  sont  une  garantie  de  succès,  tout  en  ayant 
comme  conséquence  une  dépense  première  plus  considérable. 

Les  ressources  de  la  Commission,  telles  qu'elles  existent  actuel- 
lement, ne  suffiront  pas  aux  dépenses  des  visites  en  1883-84-85  et  aux 
frais  de  publicité  ;  mais  il  y  a  lieu  d'espérer  que  les  conseils  généraux, 
se  rendant  compte  du  succès  de  l'entreprise  et  des  résultats  avantageux 
qu'on  est  en  droit  d'espérer,  donneront  de  nouvelles  subventions.  Une 
fois  cette  première  période  passée,  le  Herd-Book  normand  devra  lar- 
gement se  suffire  par  les  droits  d'inscription  des  animaux  issus  de 
pères  et  de  mères  déjà  inscrits,  droit  fixé  à  5  francs  (art  22). 

L'article  16  édicté  que  pendant  la  durée  des  sessions,  le  nombre 
minimum  des  membres  présents  doit  être  de  sept,  représentant  au 
moins  trois  départements  intéressés. 


lus  SUK  LA  CREATION  D  UN  HEUD-BOOK  NORMAND. 

Les  articles  19,  20  et  21,  en  obligeant  le  propriétaire  d'un  taureau 
inscrit,  qui  l'ait  la  saillie  d'une  vache  également  inscrite,  à  délivrer 
immédiatement  au  propriétaire  de  celle-ci  un  certificat  de  saillie  et  à 
envoyer  dans  la  huitaine  l'avis  de  cette  saillie  au  secrétaire-archiviste, 
assurent  autant  que  possible  contre  les  fraudes  par  leur  combinaison 
avec  l'article  2't  qui  oblige  le  propriétaire  de  la  vache  de  faire  la 
demande  d'inscription  du  veau  né  de  cet  accouplement  dans  la  huitaine 
qui  suit  la  naissance. 

Une  difficulté  sérieuse  se  présentait  au  sujet  de  l'atavisme.  Il  était 
à  craindre  que  des  produits  issus  d'animaux  admis  au  titre  d'origine 
vinssent  à  présenter  des  signes  de  croisement.  Les  articles  26,  27,  28, 
29  donnent  la  solution  de  celte  difficulté.  En  effet,  le  bulletin  annuel 
comprendra,  outre  la  liste  des  animaux  inscrits  par  suite  de  la  décla- 
ration des  propriétaires,  une  liste  des  animaux  confirmés.  Cette  confir- 
mation porte  seulement  sur  la  pureté  de  la  race,  elle  est  donnée  par 
une  délégation  de  la  Commission  et  ce  n'est  qu'après  la  cinquième 
génération  inclusivement  que  cette  confirmation  en  sera  plus  néces- 
saire. 

La  Commission  a  procédé,  jusqu'au  28  octobre  inclus,  dans  les 
départements  du  Calvados  et  de  l'Eure,  à  la  visite  des  étables  contenant 
des  animaux  pour  lesquels  leurs  propriétaires  avaient  adressé  des 
demandes  d'inscription. 

Pour  chaque  animal,  la  Commission  a  eu  à  se  prononcer  en  premier 
lieu  sur  l'admissibilité  et  sur  la  pureté  de  la  race.  Lorsque  l'une  et 
l'autre  étaient  prononcées,  chaque  animal  était  appelé  à  fournir  une 
note  de  Oà  20  sur  les  7  points  suivants  :  1"  formes;  2"  tète  ;  3"  cuir  ; 
4°  mamelle  ;  5°  veines  et  fontaines  ;  G"  écusson  ;  7"  caractères 
beurriers. 

Aucun  animal  n'a  été  admis  à  l'inscription  s'il  ne  réunissait  au 
moins  les  trois  quarts  du  maximum  des  points. 


'i-  taureaux  et  32  vaches  seulement  ont  été  reconnus  dignes  de  figurer 
sur  le  livre  généalogique  dans  cette  première  tournée,  sur  près  de 
500  animaux  examinés,  résultat  bien  minime,  étant  donné  la  réputa- 
tion des  vacheries  de  la  contrée  visitée,  résultat  qui  prouve  trop  net- 
tement l'utilité,  la  nécessité  même  de  l'œuvre  entreprise. 

En  constatant  cette  mauvaise  situation  de  l'élevage  dans  le  Calva- 
dos, la  Commission  a  ciierché  à  en  déterminer  les  causes. 

Un  grand  nombre  de  croisements  et  un  mauvais  système  d'accou- 
plement, telles  sont  les  principales. 

Depuis  longtemps  déjà,  les  éleveurs  ont  renoncé  aux  croisements, 
mais  ils  ne  tiennent  pas  assez  à  la  qualité  des  reproducteurs.  Quel- 
ques fermiers,  sur  les  marchés,  font  de  grands  sacrifices  pour  acheter 
un  taureau  d'un  bon  modèle  sans  connaître  ses  qualités  laitières  et 
beurrières;  et  après  s'être  procuré  un  bel  animal,  ils^  le  sacrifient  en 
le  laissant  en  liberté  au  milieu  du  troupeau.  Certainement  dans  les 
vacheries  nombreuses  il  est  difficile  de  maintenir  les  taureaux  à  l'étable 
et  de  suivre  les  phases  du  rut  pour  les  femelles;  de  là,  nécessité  de 
maintenir  les  taureaux  en  liberté  au  milieu  des  troupeaux  dans  les 
prairies. 

Mais  sans  recourir  au  système  de  la  stabulation  complète,  il  y  a 
urgence  pour  l'éleveur,  à  conserver  au  moins  pendant  quelques 
années  des  types  cjioisis,  pour  saillir  ses  meilleures  vaches.  Un  nom- 


SUR   LA  CRÉATION  D'UN  HEUD-BOOK  NORMAND.  109 

bre  de  saillies  trop  considérable  données  à  des  vaches  inférieures,  fati- 
guerait inutilement  le  taureau  et  empêcherait  les  bons  résultats  que  le 
fermier  est  eu  droit  d'attendre  des  sacrifices  qu'il  a  faits  pour  obtenir 
un  bon  animal.  Les  appareillemenls,  dans  les  conditions  actuelles, 
sont  généralement  mauvais  el  donnent  par  conséquent  des  types 
mauvais. 

Un  grand  nombre  de  fermiers,  exploitant  des  fermes  d'une  moyenne 
étendue,  n'ont  point  de  taureau,  el  \ont  a.u  plus  près  faire  saillir  leurs 
vaches  sans  s'inquiéter  des  défauts  ou  des  qualités  du  reproducteur 
auquel  ils  envoient  leurs  animaux. 

Cette  manière  de  faire  vient  de  ce  que  beaucoup  de  petits  cultiva- 
teurs préfèrent  nourrir  une  vache  laitière  de  plus,  au  lieu  et  place  d'un 
taureau  qui,  selon  eux,  consomme  sans  rien  rapporter.  Si  encore,  pour 
de  très  petites  exploitations,  ce  système  pouvait  être  admis,  les  fermiers 
qui  agissent  de  la  sorte  ont  le  défaut  de  ne  pas  vouloir  payer  cher  les 
saillies  et  de  laisser  complètement  de  côté  le  taureau  d'un  voisin,  qui 
leur  demanderait  un  prix  plus  élevé,  quelle  que  fût  la  qualité  de  son 
animal. 

A  de  très  rares  exceptions  près,  l'éleveur,  proprement  dit,  tend  à 
disparaître  en  Normandie  pour  faire  place  au  marchand.  Beaucoup  de 
fermiers  achètent  la  majeure  partie  de  leurs  vaches  prêles  à  faire  veau. 
Ils  s'adressent  à  des  engraisseurs  ou  herbagers.  Ces  derniers  n'ayant 
point  d'intérêt  immédiat  à  produire  de  bons  animaux  pour  l'élevage, 
puisqu'ils  ne  conservent  point  les  mères,  les  font  couvrir  par  des  tau- 
reaux de  bas  prix,  et  les  moins  chers  sont  les  meilleurs. 

Parmi  les  vaches  ainsi  vendues,  les  plus  belles  possédant  le  plus 
d'aptitudes  laitières  sont  payées  fort  cher  et  envoyées  chez  des  laitiers 
de  Paris  ou  des  environs.  Après  leur  période  de  lactation,  ces  vaches 
sont  engraissées  et  livrées  à  la  boucherie.  C'est  donc  autant  de  mères 
de  bonne  qualité  que  perd  l'élevage. 

Le  Herd-Book  normand  aura  le  grand  avantage  de  faire  conserver  un 
certain  nombre  de  bons  animaux  qui,  sans  cette  création,  auraient 
été  vendus  daiïs  des  conditions  semblables.  Lorsque  les  livres  généalo- 
giques seront  établis  et  connus,  les  produits  de  ces  animaux  acquière- 
ront  une  plus-value  considérable.  Le  fermier  tiendra  à  conserver  le 
plus  longlemps  possible,  dans  son  exploitation,  des  types  dont  les 
produits  seront  pour  lui  d'un  bon  rapport.  Ce  sera  donc  une  prime 
réelle  accordée  à  l'élevage  et  une  source  de  richesse  pour  la  Nor- 
mandie. Le  SiiEUR, 

Secrétaire-rapporteur. . 

PISCICULTURE  —  LES  ÉCIIEVISSES 

Le  Journal  de  l'Agriculture,  qui  se  fait  un  devoir  de  tenir  ses  lecteurs 
au  courant  de  tous  les  faits  nouveaux  qui  intéressent  de,  près  ou  de 
loin  la  production  organique,  a  ouvert  fréquemment  ses  colonnes  aux 
communications  qu'on  lui  adressait  au  sujet  de  la  maladie  des  écre- 
visses. 

La  lecture  de  l'article  du  D'  Olto  Zacharias  m'a  décidé  à  revenir 
sur  ce  sujet,  en  y  ajoutant  quelques  remarques  que  j'ai  eu  occasion 
de  faire  celle  année  dans  les  environs  de  lEcole  pratique  d'agricul- 
ture de  Sainl-Remy. 

En  France,  les  départements  de  l'Est  furent  les  premiers  éprouvés, 


110  SUR  LA  MALA.DIE  DES  ECREVISSES. 

el  la  maladie  y  causa  déjà  des  ravages  sensibles  dès  1878.  Dans  lef 
courant  de  l'année  suivante,  M.  Cliabot-Karlen,  attribuant  le  mal  aux 
intluences  atmosphén(|ues  et  surtout  à  la  basse  température,  expri- 
mait l'espoir  d'en  bientôt  voir  la  lin.  Ses  prévisions,  hélas  !  ne  devaient 
pas  se  réaliser.  Le  mal  lit  des  progrès  si  alarmants  qu'on  craignit  de 
voir  bientôt!  extinction  de  l'espèce. 

Celte  mortalité,  si  persistante  et  si  générale,  attira  l'attention  des 
savants  qui  se  mirent  à  en  rechercher  la  cause.  D'abord  la  maladie  fut 
attribuée  à  la  présence  de  certaines  espèces  de  distomes  et  de  sang- 
sues, que  fréquemment  on  rencontre  dans  les  organes  des  écrevisses 
malades;  mais  des  travaux  plus  récents  du  D''  Linstow,  médecin 
d'état-major  à  Hameln  (Allemagne),  et  ceux  du  D'  Leukhart,  ont  con- 
duit ces  deux  savants  à  rejeter  l'influence  des  distomes  et  des  sang- 
sues comme  cause  déterminante.  A  part  ce  point,  leurs  conclusions 
sont  loin  d'être  concordantes. 

Le  D''  Linstow,  qui  a  entrepris  ses  travaux  sur  l'invitation  du  pis- 
ciculteur allemand  .Max  von  der  Born,  attribue  la  peste  des  écrevis- 
ses à  des  animalcules  de  la  catégorie  des  Grégarines  ou  des  Amides 
qui,  à  l'état  embryonnaire,  rempliraient  les  organes  des  écrevisses 
d'une  multitude  de  corpuscules  ovoïdes  mesurant  0'""\020  sur  0""". 01 3. 

Le  D''  Leukhart,  dont  les  travaux  sont  postérieurs  à  ceux  du  D'  Lins- 
tow (voir  le  Journal  de  l  Ai/ricullure,  n°  792),  attribue  au  contraire  la 
cause  du  mal  à  un  petit  champignon  de  la  famille  des  Saprolégniées 
(Mycosis  astacina),  dont  les  filaments  mycéliens  envahiraient  surtout 
les  parties  molles  des  articulations.  Ces  conclusions  paraissent  des 
mieux  fondées,  vu  que  la  généralité  des  Saprolégniées  se  développent 
toujours  sur  les  poissons,  les  crustacés  et  les  matières  organiques 
noyées  dans  l'eau. 

Ce  qu'il  y  a  de  particulier  dans  la  propagation  de  cette  maladie  para- 
sitaire, c'est  qu'elle  s'étend  toujours  en  remontant  les  cours  d'eau. 
M.  Max  von  der  Born  arait  fait  cette  remarque  dans  le  cours  de 
l'année  dernière  ;  M.  Picquet,  maire  de  Groissiat,  dans  une  lettre 
adressée  à  M.  Chabot  (voir  n°  771  du  Journal),  attira  l'attention  sur  le 
même  fait,  et  des  remarques  semblables  ont  partout  été  faites  dans 
nos  rivières  de  l'est  (voir  les  n"'  G59  et  664).  Ainsi,  dans  un  petit 
ruisseau,  la  Superbe,  qui  longe  les  terres  de  l'Ecole  pratique  d'agricul- 
ture de  Saint-llemy  (liaute-Saône),  la  maladie  se  propageait,  comme 
partout  ailleurs,  en  remontant  le  cours  ;  les  écrevisses  avaient  depuis 
longtemps  disparu  dans  les  parties  les  plus  basses,  qu'on  en  trouvait 
encore  beaucoup  près  de  la  source,  mais  le  mal  finit  par  les  atteindre 
jusque  dans  leurs  derniers  retranchements,  et  dès  lors  l'extinction 
en  fut  complète. 

Lorsque  le  fléau  eut  ainsi  entièrement  dépeuplé  la  rivière  [il  y  a  quatre 
ans),  un  pêcheur  intelligent,  M.  Chibert,  eut  l'heureuse  idée  de  l'ense- 
mencer de  nouveau.  A  cet  effet,  il  plaça  dans  un  réservoir  flottant 
toutes  les  écrevisses  femelles  munies  d'oeufs  qu'il  put  se  procurer,  et 
des  milliers  de  ces  petits  crustacés  se  répandirent  ainsi  dans  les  eaux 
dépeuplées.  De  prime  abord,  on  pouvait  craindre  que  la  maladie  en 
ferait  des  victimes  ;  heureusement  il  n'en  fut  rien,  car  ces  jeunes  écre- 
visses se  développèrent  rapidement,  et  on  commence  à  les  pêcher. 
Tout  n'est  donc  pas  perdu  dans  la  question  de  l'écre visse,  et,  avec  un  peu 
d'intelligence  et  d'initiative,  on  peut  encore  espérer  faire  prospérer 


SUR  LA  MALADIE  DES  KCRE VISSES.  111 

dans  nos  cours  d'eau  ce  crustacé  qui  semblait  être  sur   le  point  de 
disparaître. 

11  me  reste  encore  à  citer  deux  faits  curieux,  dont  l'explication, 
jusqu'ici,  ne  me  paraît  pas  aisée.  Le  j)reniiep  est  que  toutes  les  écre- 
visses,  pèchées  actuellement  dans  la  Superbe,  sont  des  mâles  sans 
exception  aucune;  aussi  ne  trouve- t-on  pas  une  seule  petite  écrevisse 
dans  le  ruisseau. 

Le  deuxième  fait,  tout  aussi  curieux,,  est  le  suivant  :  Dans  une 
petite  rivière,  près  de  Jussey  (Haute-Saône)  où  jamais  l'écrevisse 
n'avait  élé  pècliée,  Ï\L  Chibert  cherchait  à  se  procurer  des  femelles 
munies  d'œufs,  mais  il  fut  très  étonné  de  n'y  trouver  aucune  écrevisse 
au-dessus  de  deux  ans,  tandis  que  les  petites  de  ces  crustacés  y  pul- 
lulaient. De  celte  dernière  remarque,  il  serait  permis  de  conclure  que 
les  petites  écrevisses  pourraient  résister  au  mal  dans  certaines  conditions  ; 
mais  les  causes  de  cette  immunité  n'ont  été  indiquées  nulle  part,  à 
ma  connaissance.  L'habitude  de  se  tenir  dans  des  £;aleries  creusées 
sur  les  bords,  ainsi  que  les  fréquentes  mues  qu'elles  subissent,  servi- 
ront-ils à  expliquer  le  fait? 

Quant  à  la  cause  prédisposante  de  la  maladie,  aucune  observation 
n'a  encore  été  faite;  on  ne  peut  que  se  borner  à  des  conjectures  sur  ce 
sujet;  mais  il  est  probable  que  raccumiilalion  des  matières  organifpies 
dans  le  lit  des  rivières  doit  jouer  un  rôle  important  dans  eette'matière. 

X.    BiNDER  , 

Élève  de  l'Institut  national  agronomi'iue,  professeur  d'agriculture 
à  Saint-Remy. 

De  cette  importante  communication,  il  faut  retenir  : 

1  '  Que  les  écrevisses  d'un  et  deux  ans,  grâce  à  leur  habitat,  se  con- 
taminent moins  facilement,  lait  que  la  lettre  de  M.  Picquet  faisait  déjà 
pressentir  ; 

2"  Que  la  cause  du  mal  est  enfin  connue; 

3°  Que  l'expérience  du  pêcheur  Thibert  ne  laisse  aucun  doute  sur 
la  possibilité  du  repeuplement. 

A  l'initiative  privét^,  secondée  par  MM.  les  préfets,  le  dernier  mot. 

A  l'œuvre  donc;  l'exemple  de  la  Superbe  est  là  pour  nous  prouver 
que  dans  quatre  ou  cinq  ans  le  terrible  fléau  ne  sera  plus  qu'un 
souvenir.  Chvbot-Kaulo. 


FLEURS  DOUBLES  ET  FLEURS  SIMPLES 

Rien  n'est  bon  en  ce  temps  de  progrès  agricole  comme  de  s'occup  er 
de  ce  perfectionnement,  de  ce  raffinement  de  l'agriculture  :  l'art  lior- 
ticole  tout  entier  qui,  dans  chacune  de  ces  parties,  mérite  bien  d'atti- 
rer l'attention  et  des  écrivains  et  des  lecteurs.  Mais  ce  n'est  pas  en 
s'emhallant  à  fond  de  train,  sur  un  faux  départ,  que  l'on  fera  faire 
au  public  horticole  un  pas  en  avant;  tout  au  contraire,  on  l'éloignera 
du  progrès  en  lui  montrant  comme  mauvaises  les  pratiques  horticoles 
dûment  établies  comme  bonnes. 

M.  Honoré  Sclalér,  dans  un  article  qui  ne  manque  pas  que  d'être 
agréable  à  lire,  part  en  campagne  contre  les  fleurs  doubles  ;  qu'il 
y  ait  beaucoup  d'esprit  ei  de  verve  dans  l'article  auquel  je  fais  allu- 
sion, j'aurais  mauvais  goût  de  n'en  pas  convenir,  mais  franche- 
ment, il  m'est  bien  permis  de  regretter  que  tout  cet  entrain  ne  soit 


I 


112  FLEURS  DOUBLES  ET  FLEURS  SIMPLES. 

mis  au  service  d'une  cause  meilleure?  Est  ce  donc  bien  le  moment 
de  crier  sus  aux  tleurs  doubles,  alors  que  le  goût  du  public  les  aban- 
donne déjà?  Ce  vœ  viclis  est  cruel,  d'autant  qu'il  ne  me  semble  pas 
toujours  absolument  justifié. 

Je  disais  que  le  goût  se  porte  pour  le  moment  vers  les  fleurs  simples  ; 
en  veut-on  des  preuves  autres  que  celles  du  dalbia  que  M.  SclaCer  a 
bien  voulu  mentionner?  Les  jacinthes  n'en  sont-elles  pas  un  exemple 
bien  frappant;  on  n'en  cultivait  que  des  doubles  dans  les  collections  de 
choix  ;  l'on  n'en  veut  aujourd'hui  que  de  simples  à  grandes  fleurs.  Le 
Pelargonium  double  est,  lui  aussi;  en  partie  délaissé.  Les  balsamines 
que  l'on  voulait  doubles  comme  des  roses,  sont  détrônées  par  les  I)ii- 
paliens  sultani  et  autres  congénères  à  fleurs  simples.  Et  tant  d'autres 
exemples  qu'il  serait  bien  facile  de  citer,  de  plantes  qui  étaient  doubles 
et  que  l'on  veut  à  fleurs  simples  aujourd'hui. 

Et  toutes  les  plantes  qui  sont  en  progrès  marqué  et  qu'on  laisse 
volontairement  simples,  qu'en  faites-vous  donc,  s'il  vous  plaît?  Est-il 
besoin  de  rappeler  les  Heurs  les  plus  en  vogue  qui  sont  simples  et  que 
l'on  veut  telles?  Toutes  ces  ravissantes  orchidées  pour  lesquelles  l'on 
se  passionne,  les  superbes  rhododendrons,  les  kalmias,  bon  nombre 
d'azalées  et  tant  d'autres,  ne  sont-elles  pas  volontairement  conservées 
simples?  Et  il  ne  faudrait  pas  croire  que  la  nature,  habilement  aidée 
par  l'horticulteur,  se  refuse  de  faire  ces  doublages;  non  pas,  c'est  le 
bon  goût  seul  qui  n'en  veut  point. 

Il  n'y  a  guère  de  plantes  qui  résistent  au  doublage,  quoi  qu'en  dise 
M.  Sclafer  ;  les  tulipes  pas  plus  que  les  lys  ou  les  personnées,  n'y  ont 
résisté;  pour  s'en  convaincre,  il  n'y  a  qu'à  ouvrir  le  premier  catalo- 
gue horticole  venu,  et  l'on  y  trouvera  de  nombreuses  variétés  de  tuli- 
pes à  fleurs  doubles,  de  lys  de  toute  nature,  y  compris  ceux  du  Japon, 
dont  la  corolle  a  doublé.  Pour  ce  qui  est  des  mufliers,  il  y  en  a  bon 
nombre  de  variétés  à  fleurs  pleines;  quant  au  liseron,  n'avons-nous 
pas  le  liseron  à  tleurs  pleines,  appelé,  à  cause  de  cela,  rose  de  Chine. 
Les  fleurs  ne  résistent  donc  pas  au  doublage  quand  l'opération  est  con- 
duite par  des  mains  habiles;  si  elles  restent  simples  dans  certains 
cas,  c'est  que  l'horticulteur,  à  qui  il  ne  faudrait  pourtant  pas  refuser 
le  bon  goût  pour  se  l'approprier  à  soi-même,  sait  bien  que  pour  cer- 
taines plantes,  en  les  laissant  à  fleurs  simples,  il  fait  mieux. 

Ce  qui  semble  tout  particulièrement  agacer  M.  Sclafer,  en  voyant 
les  fleurs  doubles,  c'est  que  ce  doublage  se  fait  au  dépend  des  étamines 
et  du  pistil;  mais  rassurez-vous, cela  ne  les  empêche  pas  de  se  repro- 
duire !  La  fleur  double  n'est  pas  aussi  eunuque  que  vous  le  voulez 
dire.  Les  Pclargoniums,  les  pavots,  les  anémones,  les  renoncules,  les 
roses  doubles  elles-mêmes  donnent  de  la  graine,  et  de  la  bonne,  mal- 
gré leur  plénitude.  Tout,  en  eiîet,  n'est  pas  converti  en  pièces  pétal- 
foides.  Rassurez-vous  donc,  cela  ne  leur  supprime  pas  cette  fonclion  à 
laquelle  vous  semblez  tant  tenir;  et  d'ailleurs  quand  elle  n'existe  plus, 
nous  la  remplaçons  avantageusement  par  les  moyens  artificiels  La 
greffe,  la  marcotte,  la  bouture  ne  sont-elles  donc  paslà  pour  nous  venir 
en  aide? 

Et  puis  les  fleurs  doubles  ont  souvent  des  mérites  que  leurs  congé- 
nères à  fleurs  simples  n'ont  pas.  Nous  admirons  tous,  et  nous  avons 
raison,  le  goût  artistique  du  Japonais.  Eh  bien  !  ces  amoureux  de  l'art, 
qui,  soit  dit  en  passant,  ont  transformé  le  bouquet  plat  qui  seul  était 


FLEURS   DOUBLES  ET  FLEURS  SIMPLES.  113 

pratiqué  en  France,  en  ces  gerbes  savamment  jetées,  que  nos  bouque- 
tières savent  maintenant  si  bien  construire,  n'ont  pas  hésité,  en  hor- 
ticulteurs habiles,  à  faire  leurs  admirables  pivoines  moutan  à  fleurs 
doubles,  de  simples  qu'elles  étaient.  Ce  sont  eux  encore,  qui  ont  fait  ces 
ravissants  cerisiers,  pêchers,  pommiers  à  fleurs  doubles  qui  se  sont 
si  vite  répandus  dans  tous  les  jardins. 

Les  fleurs  doubles,  outre  que  souvent  elles  sont  plus  belles  que  leurs 
congénères  à  fleurs  simples,  ont  toujours  le  grand  mérite  d'une  durée 
plus  longue.  La  fonction  génésique  y  est  afl'aiblie,  sinon  détruite,  et  il 
semble  que  la  nature  ait  voulu  donner  à  cette  fleur  une  compensation 
en  lui  procurant  plus  d'instants  à  vivre.  Beaucoup  de  fleurs  simples, 
les  primevères  de  la  Cliine  en  sont  un  exemple,  ne  peuvent  pas  être 
employées  pour  cette  raison  dans  les  bouquets  ;  elles  le  sont  au  con- 
traire, quand  la  fleur  est  double. 

Je  ne  m'étendrai  pas  sur  toutes  ces  considérations,  sur  lesquelles  il 
serait  si  facile  de  dire  tant  de  choses  encore  ;  je  tenais  seulement  à 
faire  constater  que  l'horticulteur, contrairement  à  ce  que  semblait  vou- 
loir établir  M.  Sclafer,  n'est  pas  toujours  un  bourreau  de  l'art,  qu'il  ne 
marche  pas  à  l'aveuglette  dans  ses  opérations  horticoles,  et  que  s'il 
fait  des  fleurs  doubles,  c'est  dans  le  but  voulu  de  les  rendre  plus  bril- 
lantes et  de  leur  assurer  une  durée  plus  grande.  J.  Dïbowski, 

Chargé  des  conférences  horticoles  à  l'Ecolo  nalionale  de  Grignon. 

LE  PROGRÈS  AGRICOLE  ET  LE  CHOLERA 

Le  Journal  a  signalé,  la  semaine  dernière,  la  mesure  qui  a  interdit 
l'introduction  à  Paris  des  fruits  et  légumes  des  départements  du  Var  et 
des  Bouches-du-Rhône.  L'arrêté  du  préfet  de  police  a  été  contagieux, 
et  immédiatement,  la  plupart  des  préfets  ont  pris  des  arrêtés  analogues 
pour  leurs  départements  ;  on  en  voit  le  texte  s'étaler  sur  tous  les  murs 
depuis  Avignon  jusqu'à  Paris,  de  Nîmes  à  Bordeaux.  Quelle  en  sera  la 
conséquence?  La  ruine,  sans  profitpour  personne,  des  malheureux  cul- 
tivateurs dont  le  principal  revenu  est  dans  la  vente  de  leurs  légumes  et 
de  leurs  fruits  qui  sont  recherchés^dans  le  monde  entier;  des  communes 
entières  sont  frappées  dans  leur  principale  ressource.  Un  commerce 
extrêmement  florissant  est  perdu  pour  le  présent,  compromis  pour 
l'avenir,  au  seul  bénéfice  du  commerce  italien.  Et  cela,  pourquoi?  Pour 
un  péril  imaginaire,  pour  donner  satisfaction  à  de  sottes  terreurs  pour 
lesquelles  l'ombre  du  choléra  se  profile  partout. 

Au  milieu  de  cet  affolement,  nous  devons  signaler  une  mesure  qui 
aura  la  sanction  de  tous  les  amis  de  l'agriculture.  Elle  émane  du  préfet 
de  la  Somme,  et  elle  peut  exercer  sur  l'agriculture  picarde  une  excel- 
lente influence.  Depuis  longtemps,  on  recommande,  sans  grand  succès, 
aux  petit-;  cultivateurs  de  ne  pas  laisser  perdre  le  purin  de  leurs  étables, 
et  de  prendre  quelques  mesures  peu  coûteuses  pour  améliorer  leurs 
fosses  à  fumier.  Le  préfet  de  la  Somme  vient  de  résumer  ces  excellents 
préceptes  dans  la  circulaire  suivante  qu'il  a  adressée  à  tous  les  maires 
et  aux  sous-préfels  de  son  département  : 

«  Mon  attention  a  été  appelée  sur  les  dangers  que  présente  l'écoulement,  sur 
la  voie  publique,  du  purin  ou  jus  de  fumier.  Ce  liquide  entre  rapidement  en  fer- 
mentation, sui  tout  à  l'époque  des  grandes  chaleurs,  à  cause  des  matières  animales 
qu  il  contient,  et  donne  naissance  à  des  produits  de  nature  variée  dont  quelques- 
uns  Sont  nuisibles  à  la  santé  de  l'homme  et  des  animaux  domestiques. 


114  LE  PROGRÈS  AGRICOLE  ET  LE  GHOLÉR'i. 

«  Beaucoup  de  maladies  contagieuses  n'ont  pas,  en  effet,  de  moyens  plus  sûrs  de 
se  propager.  Au  moment  où  l'épidémie  cholérique  vient  de  faire  son  apparition 
dans  le  Midi  de  la  France,  il  convient  de  prendre  les  mesures  qui  peuvent  éviter 
l'extension  de  ce  fléau  et  en  atténuer,  le  cas  échéant,  la  gravité. 

K  Vous  n'ignorez  pas  que  l'écoulement  du  purin  sur  la  voie  publique  ou  dans 
les  cours  d'eau  et  mares,  occasionne  à  l'agriculture  une  perte  considérable.  Il  est 
d'ailleurs  constaté  que  le  fumier,  fait  avec  une  faible  partie  des  déjections  liquides 
restant,  perd  près  de  la  moitié  de  sa  valeur  et  que  presque  toutes  les  graines  des 
mauvaises  plantes  que  contiennent  les  litières  y  conservent  entière  leur  faculté 
geirainatriceet  sont  cause  que  les  champs  se  trouvent  de  plus  en  plus  infestés  de 
mauvaises  herbes.  Dans  ces  conditions,  les  l'écoltes  sont  moins  belles,  n'étant 
fuijiées  que  par  un  grand  nombre  de  plantes  adventices. 

«  Il  y  a  longtemps  qu'un  agronome  des  plus  distingués  a  dit  qu'on  peut  juger 
du  degré  d'intelligence  d'un  cultivateur  par  les  soins  qu'il  donne  à  son  tas  de 
fumier. 

«  Pour  prévenir  l'écoulement  du  purin  au  dehors,  il  suillt,  dans  les  cours  étroites, 
de  pourvoir  les  toits  des  bâtiments  qui  entourent  le  fumier  de  gouttières  ou 
nochères  dont  les  eaux  se  déversent  dans  la  rue  sans  passer  par  la  cour  à 
fumier. 

«On  peut  encore,  le  plus  souvent,  obtenir  le  même  résultat  en  entourant  l'em- 
placement destiné  au  fumier,  d'une  petite  digue  ou  d'une  tranchée  dont  la  dépense 
est  insignifiante. 

«  Je  compte,  Messieurs,  sur  le  concours  dévoué  de  tous  aux  intérêts  de  l'agri- 
culture non  moins  qu'à  ceux  de  l'hygiène  pour  assurer  l'exécution  des  présentes 
instructions  que  vous  voudrez  bien  porter  à  la  connaissance  de  vos  administrés. 

«  Vous  trouverez  d'ailleurs  ci-après  le  texte  d'un  arrêté  que  je  viens  de  prendre 
et  que  je  vous  serai  obligé  de  faire   publier  et  afiic.her  dans   votre    commune 
aussitôt  sa  réception. 
■  a  Je  vous  prie  de  veiller,  le  cas  échéant,  à  son  application  rigoureuse. 

«  La  mesure  emprunte  aux  circonstances  présente  le  ciractère  d'une  incontes- 
table nécessité.  » 

Cette  circulaire. est  suivie  d'an  arrêté  dont  voici  le  texte  : 

Le  Préfet  de  la  Somme,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur. 

Considérant  qu'un  certain  nombre  de  cultivateurs  laissent  écouler  le  purin 
provenant  de  leurs  fumiers,  dans  les  fossés,  sur  les  chemins,  dans  les  cours  d'eau 
ou  les  rnares  servant  à  des  usages  publics  ; 

Considérant  qu'une  telle  habitude  dégrade  les  chemins  et  est  essentiellement 
contraire  à  la  salubrité  publique  ; 
Arrête  : 

Art.  l"'.  —  Il  est  interdit  de  laisser  écouler,  sur  la  voie  publique  ou  dans  les 
fossés,  cours  d'eau  et  mares  servant  aux  habitants  et  aux  bestiaux,  l'engrais 
liquide  ou  purin  provenant  des  fumiers. 

Art.  2.  —  Les  contraventions  aux  dispositions  du  présent  arrêté  seront  consta- 
tées et  poursuivies  conformément  aux  lois. 
Amiens,  le  8  juillet  1884. 

Nous  soupçonnons  fort  le  préfet  de  la  Somme,  d'être  un  agriculteur 
éclairé  et  un  disciple  fervent  de  notre  éminent  correspondant,  .M.  Yan- 
dercolme,  dont  il  s'est  inspiré  dans  la  circulaire  qu'on  vient  de  lire. 
Si  son  arrêté  est  exécuté,  et  nous  faisons  des  vœux  pour  qu'il  le  soit, 
une  amélioration  sérieuse  sera  réalisée  dans  un  grand  nombre  de 
fermes  de  Picardie.  Les  cultivateurs  en  profiteront  par  l'accroisse- 
ment de  let.rs  récoltes.  Le  proverbe  :  «La  crainte  d'un  mal  fait  tomber 
dans  un  pire  »,  aura  eu  tort  pour  cette  fois.  Le  choléra  aura  été  l'oc- 
casion d'un  sérieux  progrès  agricole.  Henry  S.\gnier. 

SITUATION  AGRICOLE  DANS  LA  DROME 

Le  Buis,  12  juillet  I8S4. 

La  récolte  des  vers  à  soie  a  bien  réussi.  La  flaeherie  a  cependant  décimé  quel- 
ques chambrées,  mais  eu  petit  nombre;  le  prix  des  cocons  a  été  de  3  fr.  75  à 


SITUATION  agricole;  DANS  LA  DROME.  115 

4  francs  suivant  qualité.  Les  lenaisons  se  sont  faites  daus  de  très  bonnes  condi- 
tions, les  prairies  ont  donné  une  coupe  très  abondante;  les  luzernes  étaient  fort 
belles,  le<  salnloins  seuls  ont  fait  défaut  et  ont  donné  fort  peu  de  graines. 

Les  blés  souffraient  beaucoup  de  la  sécheresse;  une  pluie  bienfaisante  est 
arrivée  au  moment  de  la  montée,  la  récolte  sera  relativement  passable  eu  égard 
à  ce  qu'elle  aurait  été  sans  cette  pluie.  Les  cerises  ont  été  très  abondantes  cette 
année,  ainsi  que  les  abrii-ots;  les  poiriers  promettent  une  belle  récolte.  Les  noyers 
et  les  amandiers  sont  chargés  de  fruits,  la  vigne  a  déjà  reçu  les  atteintes  de 
l'oïdium.  Ravoux. 

SOCIÉTÉ    NATIONALE    D'AGRICULTURE 

Séxnce  du  lô  juillet  ISSk.  —  Présidence  de  M.  Chevreul. 

M.  Barrai  s'excuse  de  ne  pouvoir,  à  cause  de  son  élat  de  santé, 
assister  à  la  séance. 

M.  de  Larclause,  directeur  de  la  ferme-école  de  Montlouis  (Vienne), 
envoie  plusieurs  échantillons  d'avoines  attaquées  par  un  parasite  dont 
il  demande  à  la  Société  de  déterminer  la  nature,  en  indiquant  les 
moyens  de  les  détruire. 

M.  le  ministre  des  finances  transmet  à  la  Société  l'Alhura  gra- 
phique qu'il  a  fait  exécuter  comme  complément  de  la  publication  des 
résultats  de  lenquête  sur  la  nouvelle  évaluation  du  revenu  foncier  en 
France. 

MM.  Muret,  Berlin,  Nouette-Delorme,  Bouquet  de  la  Grye,  Chalin, 
échangent  quelques  observations  relativement  à  la  situation  des  récol- 
tes en  terre. 

Il  en  résulte  que  les  espérances  qu'on  peut  concevoir  stir  la 
moisson  des  céréales  varient  beaucoup,  suivant  les  régions  ;  il  en  est 
de  même  pour  les  betteraves.  Quant  aux  cultures  fourragères,  elles 
ont  donné  généralement  un  rendement  assez  médiocre;  mais  la  dessic- 
cation s'est  faite  au  milieu  de  circonstances  favorables. 

M.  Clialin  ajoute  que,  aux  environs  de  Paris,  la  vigne  se  pré- 
sente bien  et  que  l'on  peut  compter  sur  uns  récolte  de  bonne  qualité. 
Il  rappelle  que,  en  I880,  il  a  obtenu  d'excellents  résultats  dans,  la 
préparation  des  vins  blancs,  en  ajoutant  à  la  vcmJange  du  sucre  pour 
augmenter  le  degré  du  moût;  il  a  réussi,  de  cette  manière,  à  fabriquer 
des  vins  d'une  qualité  tout  à  fait  remarquable. 

A  l'occasion  de  la  note  de  M.  de  Larclause,  signalée  plus  haut, 
M.  Cornu  entre  dans  quelques  détails  sur  les  anguillules  qui  attaquent 
les  céréales;  lai  maladie  des  avoines,  appelée  vulgairement  rond  du 
pied,  et  analogue  à  la  nielle  des  blés,  est  due  à  une  anguillule.  Des 
études  approfondies,  poursuivies  en  Allemagne,  ont  démontré  qu'un 
très  grand  nombre  de  végétaux  sont  ainsi  attaqués  par  un  nombre 
assez  considérable  de  variétés  d'anguilluies.  Henry  Sagnier. 

RETOE  GO]IÏÏERG[.\LE  ET  PRl.^  G)UR.\.*^r  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(19  JUILLET  1884.) 

I.    —    Situation    générale. 

Les  marchés  agricoles  continuent  à  présenter  peu  d'animation.  Pour  la  plupart 
des  denrées,  les  offres  des  cultivateurs  sont  presque  partout  restreintes. 

IL  —  Les  grains  et  les  farines. 

Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  quintal  métrique, 
sur  les  principaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger  : 


116 


REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX   COURANT 


!■•  RÉGION.  —  NORD.OITEST. 


Blé.    Seigle. 


fr.  fr. 

Calvados.  Condé 23  50  17.00 

—  Lisieux 24.50  18.7b 

C.-dU'Nofd.  Lannion...  22  1i        « 

—      Tieguier..  22.50  15.75 

Finistère.  MoiUix 22-25  10.25 

—  Qulmper 23.0)  16.75 

lUe-el- Vilaine.  Rennes.  22.00        » 

—    Fougères 23  25         « 

Manche.  Avrancliea.. ..  24.00        » 

—  Ponlorson 23.50        » 

—  Villedieu 24.00  18.00 

.l/oyenne.  Liival 23.50         » 

—  Mayenne 23.25         » 

Aforbi'iaM.  Hennebont..  23.00  15.75 

Orne.  Fiers 23.75  |6  50 

—  Viriioutiers 24  20  16.70 

Sor(he.  Le  Mans 23.50  16.35 

—  Sablé «3. 7.1  17.00 


St. 

19.50 

19  00 

15.74 

16.25 

15.50 

17.00 


U)   50 

18.25 
19.00 


Avoine. 

fr. 

21.00 

21.25 

15.75 

17.00 

15.50 

16.75 

16.00 

17.50 

22.00 

20.50 

20.00 


19.70 
19.00 
18.00 


Prix  moyeos J3.32    16.79    I8 


2"  RKOION.   —   i>i"KO. 

Aitne.Lîoa 53.00  16.00 

—  baiiil-Qiienlin  ...   23.00  15.80 

—  soissons 23.00  16.25 

Eure.  Les  Andelys 22  80  15  00 

_      Louviers.. 24.20     14.50 

—  Beinay 24  25        » 

l£we-el.-Loir.  Chartres..  24.25        » 

—  Anneau 23  50     15.00 

—  Nogenl-le-Rotrou.  24.70        » 
Word.  Cambrai 23.75     14.75 

_     Lille 24.00     17.25 

—  Valenciennes 24.50     17  50 

Oise.  Beauvais 21.80     15.50 

—  Compiegne 23.00     15.50 

_      Senlis 22  00     15  00 

Pas-de-Calais.  Ama...  23.70  17.25 

—  sani-Omer 23.25  16  50 

Seine.  Pai'is '^4  25  15.50 

S.-el-iUoMif.Dammartin.  22.50  15.25 

—  Melon 25  00 

—  p.ovins 24.00 

S.-et-Oise   Et.impes 23.75        » 

—  Houdan 23  00  14.65 

—  Versailles 24.00  14.50 

Seine-hi/'érjeure. Rouen.  23.25  19.25 

—  Dieppe 23.25        » 

—  Yvelot 2-'.50         » 

SoHime.  Doulloiiâ 23.75  17.00 

—-.    Moiitdidier 22  00     15.50 

—  Roye 23.25        ' 

Priï  moyens 23.41     15.85 

3-  RÉOION.  -  îiOKD.ESI 
Ardenn'.s.  Cliarleville. .  23.75     16.75 

_    Sedan 24.00    16.50 

j4u()e.  B,ir-sur-.\ube 22.75        » 

—  Mery-siir-Seine.  ..   23.00     15.25 

—  Nogent-sur-Seire  .  73.75        » 
Marne.  Châlons 23.75     16  75 

—  Reiras 23  75      17.00 

_    sezanne 23.50     15.50 

f/(e-A/aj'7ie.  Bourbonne  .  23.25  16. to 

Meurthe-el-Mos.  Nancy.  24.25        « 

—  LnneviUe 24.25        » 

_     Toul 23.75 

Meuse.  Bar-le-Duc 23.85 

—  Verdun 23.50 

Hauie-Saô.ie.  Gray 23.40 

—  Vesoul 23.85 

Vosqes.  Mireuourt 24  00 

—  Saint-Dié 24.00 

prix  moyens 23.68 

4' 


18.50 
19.00 

17.00 
21.00 
20.50 

19  00 
18.75 
19.25 

20  00 
17.110 
19.75 
19.50 
19.00 

21.00 
20.50 
19  25 
17.50 


15. 00  18  00 


19.50 
19.00 
19.50 
22.00 
19  50 
18.75 
18.00 


17  00 
20.25 
20 .  00 
20.50 


19.25 
19.00 
19.(10 
19. iO 
20.50 
20.50 
19.50 
18.25 
1800 
19.00 
19.50 
18  00 
20.00 
18.25 
17. 50 
18.00 
17.50 
20.00 
18.50 

18  75 
19.00 

19  15 
18.50 
21.50 
22  75 
21.50 
20.00 

18  25 

19  50 


19.23  19.23 


21  00 
19.00 
17.50 
17.50 

0 
19  50 
18.50 
17.50 


16.00 
10.25 
16.00 
16  25 
16.50 

tt 
17.50 

10.33 

RÉGION.—  OtTESr. 

18.00 


19  50 

20  00 
19.25 

18  25 

19  50 
19.00 
19.00 
18.40 
18.25 
17  50 
17.50 
18. 2j 
1 9 .  25 
18.50 
17.25 
18.25 
17.00 

a  20.00 

18.45      18.59 


18.00 
19.00 


18.00 


Chorenie.  Angoulème...  23-50 

_     BulTec 24  OO 

Chnr.-M/ér- Marans....  22.75  » 

Deux-Srvj'CS  ■    Niort....   22.25  » 

Indre-et- Loire,  lîléré  ...  23  25  15.50 

—  Chàleau  Renault.  23-50  16. uo 

totre-Z/ir  Nantes 22-50  15.80 

A/.-e(-i.m>»- Saumur....  23  00  14.50 

_    .Aii.jers 23-50  16.25 

Veyïdée.  Lnyon 23  25  » 

_     FontPnay-le-Cle..    23.50  » 

Vienne,  clialelltrault...  2)  50  16.50 

—  Loudun 23.25  » 

Haule-Vienne.  Limoges.  23-50  15  50 

Prix  moyen 23. 2J  16.01 


18.50 

1825 

16  75 

n 

19  50 
20.00 

18.50 
18  75 
19.20 
18. MO 

20  00 
20-50 


18. 25 
18.00 
16. jO 
16.00 
18-00 
17.50 
17.00 
18  75 
18.00 
17.00 
17.50 
17.00 
18  50 
»    18  70 

18.90  17.62 


y   RESION. 


Allier,    Moulins 

—  Gannat 

—  Sainl-Pourcain  . - 
Cher.  BOijrges 

—  Aubigny 

Vierzun 

Creuse.  Aubusson 

Indre.  Chiteauroux  . . . , 

—  Issou'lun 

— -     Valeiiçay 

Loiret.  Orléans 

—  JMontargis 

—  Palay 

L.'Bt'Cher.   BIois 

—  Monlolre 

Nièvre.  Nevers 

—  La  nharite 

Yonne    Saia -Florentin. 

—  Ju'ri'iJ 

—  Sens 


Prix  moyens 23.55     15.15 

6"   RÉHON.  —  EST. 

17.80 


19.03      13.23 


18.75 
20.50 
19.25 


19-00  19.75 

I)  n 

19-50  » 

19.110  » 

19.25  » 

21   00  » 

20-75  » 


.4in.  Bourg 25.00 

—  Pjnt-de-Vaux 23.75  16.50 

Côte-d'Or.  Dijon 22-50  14  50 

—  Heaume 23.00  15.25 

ZJoubs.  Besançon 23.50  » 

/sere.  Vienne 23.50  » 

—  Bourgoin 23  65  16-25 

Jlti-O-  Dole 23.00  16  00 

toire.  Kirminy 24.25  17.00 

P.-de-Dôme.  Issoire....  24-50  » 

Hhône.  Lyon 24.00  » 

Saàne-el-Loire.  Chalon  .  23.50  16.70 

—  Maçon 24.50  16.50 

iaiioie.  Chambéry 25.00  19.00 

//(6-Sai)0ie.  Annecy 25.75  18.  0 

Prix  moyens 23.96     16  68 

T  RÉGION. —  SUD-OCEST 

ylriège.  Pamiers 23.75     19.00 

—  Foil 24.20     18.75 

Dordogne.  Bergerac 24  00     19.00 

Hle-Garoani'..  Toulouse.  24.50     19.25 

—  st-Gaudens 24,50     20-00 

Gers.  Coiidom 25.50        » 

—  Eauze 25.70         » 

—  Mirande 24.50        » 

Gironde.  Bordeaux 24  00 

—  Lesparre 24.50 

Landes.  Dax 26.50 

Lo(-e(-Garon?ve. Agen...  23.75 

—  Nérac 25.50 

B. -Pyrénées.  B^yonne. .  25-00 
Htes-Pyrénées.TdrbiS..   25.00      

Prix  moyens 24.73     19.45 

8'  RÉGION.  —  SUD. 
-.4ude-  Caslelnaudary-...   24.00 

Aveyron.  Rodez 23.50 

Causai.  Mauriac 23-75 

Corrèje-  B  rive 24-00 

Hérault.  Monlpellier . . .  24.00 

—  Béziers 23.75 

Lot.  Caliors 24.00 

Lozère    Mende 25.65 

Pyrénées- Or. Perpignan-  25.65 
Tarn.  Lavaur 24-50 

—  -Mofitauban 24.00 

rorn-et-(îor.Moissao.. .  24-20 

Prix  moyens 24  25 

9'   RÉGION.    — 

Basses-.'llpes.  Manosque  24-60 
llnutes-.ilpes.  Briançon.  24.25 
.Alpes-.Maritimes.  Nice..  24.50 

Ardr.che.  Privas 26.55 

B.-da-fihône.  Arles 25.00 

Dr.ime    Valence 23.50 

Gard.  Nl-nes 24-50 

H'iiite-Loire.  Brioude...  24.00 

Vnr.  Dra.<iiiKnan 24  50 

Vauclase.  Orange 23.80 

Prix  moyens 24.52 

Moy.  de  toute  la  France  23.85 
—  de  la  semaine  précéd.  23  99 

Sur  la  sernaiuelHausse.       » 
précédente..!  Baisse..     0.14 


17  50 
19  50 
18.00 
17.50 
19.00 
18.75 
18.25 
18.00 
19-25 

18.65 
13.25 
20 .  50 
»  19.00 

»  17-50 

19.22     18.54 


20.50 
20.00 


18-50 
18.00 


17-80 
20.50 


20.50 
19.25 
19.00 
19.50 
20.75 
20.50 
22-00 
23-00 
20.00 


21.50 
20.25 


19.56     20.65 


siiii-Esr. 


0.07 


0.04 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (19  JUILLET   1884).  117 

Blé.  Seigle.         Orge.        Avoine' 

fr.  fr.  Ir,  fr. 

,,   .  .                        *if,or(  bic  tendre..         21.50  »  »  » 

Aloéne.  Alger^^,.^^^^. ^  ^  ^_^_^^^        ^.^  ^^^ 

Anqlelerre.  Londres 24.00  »  V.).V,  19  liO 

Beljii/ue.  Anvers 22.75  17. .SO  23  OJ  21.00     ' 

—  Bruxelles 23. .'lO  17.25             .  17.50 

—  Liège 23  00  17.50  11). 50  19.50 

—  Namur 22.50  1G.70  20,00  19.25 

Paijs-Bas.  Amslenlain 20.70  16.50             »  s 

Luxembourg.  Liixeiiil.oiirg 23.50  21.00  20.50  20.00 

Alsace-Lorraine.     Strasbourg 25.75  19  75             »  20.25 

—  Metz 25.20  18. tO  18.00  -20,25 

—  Coltnar 25  50  18.75             »  21, .50 

Allemagne.  Berlin 21.00  18.35            »  » 

—  Cologne 23.50  19.25             b  i> 

—  Francfort 25.00  20.85  21.75  10.50 

Suisse.  Genève 26  00  •                 .  22.25 

Italie.  Mdan 23. .50  18.25             »  16  25 

Espagne.  Barcelone 25 .  20  n                »  » 

Aulriclw.  Vienne 20.25  16  75  17.80  17.20 

Hongrie.  Budnpest 19.50  15.80  18.00  17  00 

R    .sie.  Saint-Pétersbourg..  17.0.)  13.00             »  11.25 

Etats-Vnv .  Kew-York 18.85  »                »  » 

Blés.  —  La  grande  préoccupation  des  agriculteurs  est  toujours  la  poursuite 
des  travaux  de  la  moisson.  G'-lle-ci  continue  d'ailleurs  a  s'ertectuer  presi(ui»  par- 
tout dans  di!s  conditions  normales.  Q.iant  auxré-5ultats,  il  faut  attendre  les  battages 
pour  s'en  l'aire  uneitlée.  Ce  que  l'on  peut  dire  en  ce  moment,  c'est  que  la  plupart 
des  cultivateurs  se  montrent  satisfaits  du  nombre  et  du  poids  des  gerbes,  et  que 
d'une  manière  générale,  on  compte  sur  un  proluit  à  peu  près  moyeu:  dans  quel- 
ques départements,  ces  résultats  seront  même  dépassés.  — Les  marchés  présen- 
tent toujours  bi'aucoup  de  calme,  et  presque  jiartout  les  affaires  sont  peu  impor- 
tanles.  —  A  la  halle  de  Paris,  le  mercredi  16  juillet,  les  ventes  ont  été  à  peu  près 
insigmliantes  :  les  prix  sont  demeurés  sans  changements  aux  taux  de  noire  précé- 
dente revue.  On  cotait  de  23  fr.  à  25  fr.  50  par  100  kilog.  suivant  les  qualités, 
ou  en  moyenne  24  fr.  25.  Au  marché  des  blés  à  livrer,  on- cote:  courant  du  mois, 
22  fr.  50  aniàt;  22  fr.  75  à  23  fr.;  septembre  et  octobre,  23  fr.  75;  quatre  der- 
niers mois,  23  fi.  50  à  23  fr.  75.  —  Au  Havre,  peu  d'affaires  sur  les  blé-^  exo- 
tiques; on  cote  ceux  d'Amérique  de  22  fr.  75  à  24  fr.  par  100  kilog.  suivants 
les  sortes  ;  ceux  des  Lides,  sont  vendus  22  fr.  —  A  Marseille,  la  situation  est 
toujours  assez  difficile;  il  n'y  a  que  très  peu  d'affaires:  les  offres  sont  assez  nom- 
breuses, et  les  cours  sont  faiblement  tenus.  —  A  l.ondres,  les  importations  ont 
été  assez  jieu  importantes  depuis  huit  jours;  les  prix  demeurent  sans  change- 
ments. On  cote  actuellement  2.3  kib  fr.  par  100  kilog.  suivant  les  provenances  et 
les  qualités.  On  compte  en  Angleterre,  sur  une  récolte  assez  ordinaire. 

Farines.  —  Les  affaires  sont  toujours  aussi  calmes  ;  pour  toutes  les  sortes  de 
farines,  les  ventes  sont  aussi  peu  importantes.  Pour  les  farines  de  consomma- 
tions on  cotait  à  la  halle  de  Paris,  le  mercredi '16  juillet:  marque  dp 
Corbeil,  51  fr.  ;  marques  de  choix,  51  à  53  Ir.  ;  premières  marques,  50  à  51  fr.; 
bonnes  marques,  48  à  49  fr.;  sortes  ordinaires,  45  à  47  fr.;  le  tout  par  sac  de 
159  kilog.,  toile  à  rendre,  ou  157  kilog.  net,  ce  qui  corresjiond  aux  prix  extrê- 
mes de  28  fr.  65  à  33  fr.  7b  par  100  kilog.,  ou  en  moyenne  31  fr.  20,  comme  le 
mercredi  précédent.  —  En  ce  qui  concerne  les  farines  de  spéculation,  on  cotait 
à  Paris,  le  merdredi  16  juillet  au  soir  :  farines  neuf-marr/ues,  cour^mt  du  mois, 
46  fr.  75  à  47  Ir.  ;  aoiÀt,  47  fr.  25  ;  Si-ptembre  et  octobre,  47  fr.  50  à  47  75  ;  quatre 
derniers  mois,  48  fr.  ;  le  tout  par  sac  de  ib9  kilog.,  toile  perdue,  ou  157  kilog. 
net.  —  Les  farines  deuxièmes  se  vendent  comme  précédemment,  de  22  à  25  fr. 
par  100  kilog.  ;  les  gruaux  de  36  fr.  à  41  fr. 

Seifilrs.  —  Les  cours  sont  assez  bien  tenus.  On  cote  à  la  halle  de  Paris,  de  15  fr. 
à  16  fr,  25  par   100  kilog.   suivant  les  sortes.   Les  farines  valent  de  -21  à  24  fr. 

Orgea.  —  Très  peu  d'affaires  pour  toutes  les  sortes.  Les  prix  se  maintiennent 
avec  peine,  de  18  à  20  fr.  par  100  kilog.  Les  escourgeons  sont  cotés  de  Irt  fr.  75 
à  19  fr. 

Avoines.  —  On  commence  à  faire  des  offres  sur  les  avoines  nouvelles.  Les  cours 
sont  très  soutenus.  On  cote  à  la  halle  de  Paris  de  18  fr.  75  à  21  fr.  50  far 
100  kilog.  suivant  poids,  couleur  et  qualité.  —  A  Londres,  maintien  des  prix 
depuis  huit  jours. 

Sarrasin.  —  Prix  soutenus.  On  paye  à  la  halle  de  Paris,  de  16  fr.  à  16  fr.  50 
pour  les  sarrasins  de  Bretagne. 


118  REVUK  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT. 

Issues.  —  Les  cours  se   maintiennent.  On  paye  par   100  kilog.  à  la    halle  de 
Paris  :  gros  son  seul  15  fr.  25  à  15  fr.  50;  sons  gros  et  moyens,  14  fr.  50  à  15  l'r.; 
sons  trois  case-,  13  fr.  75  à  14  fr.  25;  sons  fins,  13  fr.  25  à  13  fr.  50;  recoupettes, 
13  fr.  50  à  l'a  Ir.;  remoulages  bis  15  a  16  fr.;  lemoulages  blancs,   17  à  18  fr. 
III.  —  Vins.  —  Spiritueux.  —  Vinaigres.  —  Cidres. 

Vins.  —  Il  y  a  peu  de  choses  à  dire  cette  semaine  de  la  situation  du  commerce 
des  vins.  Les  ventes  sont  tout  à  fait  restreintes;  les  prix  ne  subissent  pas  de 
changements  importants.  On  signale  cependant  un  peu  plus  d'animation  à  Bercy 
dans  les  affaires  sur  les  vins  communs.  Quant  aux  vignes,  le  temps  qui  règne 
leuT  est  extrêmement  favorable;  les  grains  grossissent  avec  rapidité,  et  la  plante 
présente  une  grande  vigueur,  partout  où  elle  n'est  pas  atteinte  par  le  phylloxéra. 
Si  les  circonstances  météoiologirjues  continuent  à  être  favorables,  et  si  la  séche- 
reste  n'arrête  jias  le  développement  des  grappes,  on  peut  compter  sur  une  récoite 
de  bonne  qualité,  et  sur  un  lendement  dont  les  viticulteurs  auront  lieu  d'être 
satisfaits.  Mais,  dans  les  choses  agiicoles,  on  sait  combien  peu  on  doit  compter 
sur  une  récolte,  tant  qu'elle  n'est  pas  achevée. 

Spirilueiix.  —  La  situation  est  peu  brillante  ;  les  transactions  sont  restreintes 
sur  la  plupart  des  marchés.  Dans  le  Midi,  il  n'y  a  que  très  peu  d'atïaires,  sans 
changements  dans  les  prix  que  nous  avons  indiqué  précédemment.  Dans  les  Gha- 
rentes,  les  ventes  se  font  pour  les  eaux-de-vie  jeune  sans  variations  dans  les 
cours.  —  A  Paris,  on  cote  trois-six  fin  Nord,  90  degrés,  première  qualité,  dis- 
ponible, 43  fr.  25;  août,  ^3  fr.  '25;  quatre  derniers  mois,  44  fr.  à  44  fr.  50;  qua- 
tre premiers  mois,  44  fr.  25  à  4!»  fr.  75.  Au  16  juillet,  le  stock  était  de  14,950 
pipes,  contre  17,175  en  1883. 

Baisi7is  secs.  —  Très  peu  d'affaires  sur  les  marcnés    du  Midi.    On  cote  par 

100  kilog.,    Gorinlhe,  24    à    32    fr.;    Tyra.    26   à   28  fr..  ;    Samos  noirs,   30  à 
31  fr.  50;  Candie,  28  fr.  ;  Cheimès,  34  à  36  fr.;  Chypre,  30  à  36  fr.  • 

IV.  —  Sucres.  —  Mélasse  —  Fécules.  —  Houblons. 

Sucres.  —  Les  affaires  sont  très  peu  importantes,  et  depuis  huit  jours  les 
cours  accusent  une  nouvelle  tendance  à  la  baisse.  On  cote  par  100  kilog.,  à  Paris  : 
sucres  bruts  88  degrés,  37  fr.  50  ;  le-^  99  degrés,  43  Ir.  75  à  44  fr.;  sucres  blancs, 
44  à  44  fr-  52.  Sur  les  marchés  du  Nord,  les  affaires  ont  été  nulles  pendant  cette 
semaine.  Le  stock  de  l'entrepôt  réel  des  sucres  était,  le  16  juillet,  à  Paris,  de 
755,000  sacs  pour  les  sucres  indigènes,  avec  une  diminution  de  34,000  sacs  depuis 
huit  jours.  —  Les  prix  des  sucres  raifinés  restent  sans  variation  ;  on  les  cote  de 

101  à  102  fr.    par  100  kilog.  à   la   consommation,  et   de  49    fr.  i5    à  54  fr.  50 
pour  rex[)ortation. 

Mélasses.  —  Dans  le  Noid,  les  mélasses  de  fabrique  sont  cotées  9  fr.  par 
quintal  métricjue 

Fécules.  ~  Les  cours  ne  changent  pas.  On  paye  à  Paris,  31  fr.  50  à  32  fr. 
par  100  kilog.  pour  les  f»cules  premières  du  rayon;  à  Gompiègne,  31  fr.  pour 
celles  de  l'Oise. 

Houblons.  —  Dans  quelques  cantons  du  Nord,  on  se  plaint  des  atteintes  des 
pucerons  sur  la  plante;  presque  partout  ailleurs,  la  végétation  se  présente  dans 
d'excellentes  conditions. 

V.  —  Tourteaux.  —  Hoirs.  —  Engrais.  —  Bois. 

Tourteaux.  —  Les  atfaires  sont  calmes.  On  paye  à  Marseille  par  100  kilog.  : 
tourteaux  de  lin,  18  fr.  50;  d'arachides  en  coques,  9  fr.  40;  décortiquées, 
14   fr.  50;    sésame,  22  fr.  25    à    13   fr.;    cocotier,  13  fr.   50;  colza  du    Danube, 

11  fr.  75;  œillette,  11  fr.  50;  coton   d  Egypte,  12  fr.;   palmiste  naturel,    11    fr.; 
ricin,  7  fr.  50;  ravison,  11  fr.;  —  à  Arras,  tourteaux  d'oeillette,  13  fr. ;  de   pavot, 

12  fr.;  de  lin,  21  fr. 

Graines  oléagineuses.  —  Les  colzas  nouveaux  se  cotent  de  32  fr.  50  à  34  fr.  par 
100  kilog. 

Noirs.  —  La  situation  reste  sans  changements.  A  Valenciennes,  on  cote  :  noir 
animal  neuf  en  grains,  33  à  36  fr.  par  100  kilog.;  noirs  d'engrais,  10  à  12  fr. 
par  hectolitre. 

Bois.  —  Dans  les  Landes,  on  cote  :  bois  de  chêne,  biàches,  23  à  26  fr.  le  cent  ; 
faissonnats,  60  à  75  fr.;  bois  de  pin,  bûches  gemmées,  18  à  20   fr.;  communes, 
16  à  17  fr.;  faissonnats,  30  à  35  Ir.  Les  échalas  valent  50  à  55  l'r.  le  mille. 
\I.  —  Matières  résitieuses.  —  Textiles. 

Matières  résineuses.  —  A  Dax,  l'essence  pure  de  térébenthine  est  cotée  47  fr 


DES  DENRÉES  AGRICOLES   (19  JUILLET     884).  119 

par  100  kilog.  A  Bazas,  les  gemmes  pures  nouvelles  valeur  de  25  fr.  à  27  IV.  50 
Ja  barique  de  250  litres. 

Laines.  —  Dans  l'Oise,  les  laines-mères  se  vendent  de  I  fr.  35  à  I  fr.  kO  par 
kilog.  en  suint;  celles  d'agneau,  1  Ir.  40  à  1  fr.  45.  Dans  le  Berry,  les  cours  sont 
un  peu  plus  fermes,  de  1  fr,  40  à  1  fr.  60. 

VIT.  —  Suifs  et  corps  gras. 

Suifs.  —  Les  cours  sont  toujours  slationnaires.  On  paye  à  Paris  Sii  fr.  par  100 
kilog.   pour  les  suifs  purs;  63  fr.  pour  les  suifs  en  branches. 

Saindoux.  —  Il  y  a  tendance  à  la  baisse.  Au  Havre,  les  saindoux  d'Amérique 
valent  de  97  à  98  fr.  par  100  kilog. 

vin.  —  Beurres,  —  Œufs.  —  Fromages. 

Beurres.  —  Il  a  été  vendu,  pendant  la  semaine,  à  la  halle  de  Paris,  276,688 
kilog.  de  beurres.  Au  dernier  marché,  on  payait  par  kilog.:  en  demi-kilog., 
1   fr.  90  à   3  fr.  90;  petits  beurres,    1  fr.  86   à  2  fr.  90;  Gournay,  2  à  3  fr.  86. 

Œufs.  —  Du  7  au  13  juillet,  on  a  vendu  à  la  halle,  de  Paris  5,390,636  œufs. 
Au  dernier  marché  on  payait  par  mille  :  choix,  94  à  114  fr.;  ordinaires,  59  à 
75  fr.;  petits,  «iS  à  58  fr. 

IX.  —  Chevaux.  —  Bétail.  —    Viande. 

Bétail.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  tmuveraent  officiel  du  marché  aux  bes- 
tiaux de  la  Villette,  du  jeudi  10  au  mardi  15  juillet  : 

Poids     Prix  d\i  kilog.  de  viande  nette  sur 
Vendus  moyen  pied  au  marche  du  15  juillet. 

Pour  Pour  En         4  quartiers,     i"*  2"  3^  Prix 

Amenés.  Paris.    Textérieur.  totalité.  kil.  quai.  quai.  quai.  moyen. 

Bœufs. 4,l;i8  2,ô"8        1,251  3,829  341  1.68  1.52  1.28  1.47 

Vaches I,d98  1,00'*             523  1,527  236  1.60  1.42  1.22  1.37 

Taureaux 386            298             49  347  388  1.45  1.34  1.24  1.34 

Veaux 4,584  2,381         1,294  3,675  74  1.70  1.56  1.46  1.58 

Moutons......         38,835  16,895  15,895  32,793  19  2  00  1.82  164  1.80 

Porcsgras....          6,052  2,480        3,246  5,726  80  1.49  1.34  1.28  1.33 

Les  arrivages  des  marchés  de  la  semaine  se  décomposent  comme  il  suit  : 

Bœufs.  —  Aisne,  29;  Allier,  2;  Aveyron ,  11  ;  Calvados,  773;  Charente,  37;  Charente-Infé- 
rieure, 565;  Clier,  35;  Côte-d'Or,  121  iCôles-du-Nord,  286;  Creuse,  6;  Deux-Sèvres,  1P6;  Dordogne. 
42,-  Eure,  20;  Finistère,  69;  Haute-Garonne,  12;  Loiie.  82;  Loire-Inférieure,  166;  Maine-et- 
Loire,  444;  Manche,  16;  Nièvre,  269;  Orne,  79;  Puy-de-D8me.  58;  Saône-et-Loire,  763;  Sarihe, 
29;  Vendée,  475  ;  Vienne,  6;  Haiito-Vienne,  10;  Yonne,  20;  Italie.  64. 

Vaches.  — Aisne,  2;  A'Iier,  10;  Auhe,  6;  Calvados,  305;  Charente,  6  ;  Charente-Inférieure, 
128;  Cher,  7;  Câte-d'Or,  30,  Côtes-du-Nord,  1;  Deux-Sèvres,  18  ;  Eure,  16;  Eure-et-Loir,  40; 
Ille-et-Vilaine,  3;  Loire,  4;  Loire-Inférieure,  11;  Loiret,  7;  Maine-et-Loire,  198;  Mancl;e,9- 
Marue,  1  ;  Nièvre,  136  ;  Oise,  19;  Orne,  30;  Puy-de-Dôme,  28  ;  Saôae-et-Loire,  187  ;  Sirlhe,  4'. 
Seine,  33;  Seine-et-Marne,  14;  Seine-et-Oise.  48;  Tarn-et-Garonne,  2.  ' 

Taureaux.  —  Aisne,  2;  Aube,  4;   Aveyron,  6;  Calvados,  43;  ChOarente-Inférienre,  4  ;   Côte' 
d'Or,  5;  Côtes-du-Nord,  14  ;  Dordogne,  1  ;  Eure,  4  ;    Eure  ei-Loir,   20  :  Finistère,  1  ;  lUe-el-Vilaine, 
12;  Indre-et-Loire,  4;  Loire-Inférieure,  20;  Loiret,   11;  Maine-et-Loire,  31;  Manche,  2;  Marne.  2; 
Nièvre,  14;  Oise,  7  ;  Orne,   15;  Puy-de-D(Vne,  2  ;  Saône-et  Loire,  25;  Haute-Saône,   8;  Sartlie,    37 
Seine-et-Marne,    16;   Seine-et-Oise.  21  ;  Tarn-et-Garonne,  8  ;  Haute-Vienne,  2  ;  Yonne,  21. 

Veaux.  —  Aube,  334;  Calvados,  17;  Cantal,  24;  Charente,  26;  Cotes-du-Nord,  26;  Eure, 
246  ;  Eure-et-Loir,  464  ;  Haute-Garonne,  27;  Loire,  28  ;  Loiret,  255;  Marne,  200;  Nièvre,  26; 
Oise,  40;  Puy-de-Dôme,  229  ;  Sarthe,  505  ;  Seine-Inférieure,  196  ;  Seine-et-Marne,  29.5;  Seine- 
et-Oise,  19:  Yonne,  118. 

Moutons.'  —  Aisne,  1,299;  Allier,  1,101;  Ardennes,  120;  Aube,  767;  Aveyron,  219; 
Cantal,  2,0.i0  ;  Charente,  1,018;  Cher,  268;  Corrèze,  877:  Côte-i'Or,  265;  Creuse,  1,935;  Deux- 
Sèvres,  183  :  Dordogne,  660;  Eure-et-Loir,  141;  Indre,  846;  Loiret,  07;  Lot,  4.54;  Lot-et-Garonne, 
T2.57  ;  Lozère,  150  :  Mame-et-Loire,  090;  Marne,  321  ;  Nièvre,  650;  Oise,  310;  Puy-de-Dôme,  246; 
Saône-et-Loire,  200  ;  Seine,  86;  Seine-et-Marne.  1.482;  Seine-et-Oise,  1,208;  Somme,  74;  Vienne, 
64;  Yonne,  186;  Afrique,  2,864;  Allemagne,  6,188  ;  Hongrie,  6,383;  Italie,  136;  Prusse,  2,642; 
Russie,  1,283. 

Porcs.  —  Allier,  168;  Bouches-du-Rhône,  36;  Calvados,  33;  Charente,  76  ;-Charenle-Infé- 
rieure,  42;  Cher,  35;  Côte-d'Or,  95;  Côles-du-Nord,  163;  Creuse,  94;  Deux-Sèvres,  650; 
Eure-et-Loir,  97  ;  Ille-et-Vilaine,  563.;  Indre,  221:  Indre-et-Loire,  141;  Haute-Loire,  39;  Loire- 
Inférieure,  302;  Loir-el-Cher,  87;  Maine-et-Loire,  618;  Manche,  32;  Mayenne,  87;  Nièvre,  45; 
Puy-de-Dôme,  442;  Rhône,  51;  Saône-et-Loire,  68;  Sartlie,  742;  Seine,  20,  Seine  Infé- 
rieure, 49  ;  Seine-et-Oise,  30  ;  Vendée,  692;   Vienne,  202;  Vosges,  29;  Yonne,  29. 

Sauf  en  ce  qui  concerne  les  moutons,  les  approvisionnements  du  marché  ont 
été  moins  considérables  que  durant  la  semaine  précédente.  Malgré  l'affluence 
d'étrangers  à  Paris,  les  ventes  ont  été  difficiles;  les  cours  sont  toujours  aussi 
faibles,  et  ils  demeurent  stationnai  res.  Il  faut  toutefois  signaler  un  peu  plus  de 
fermeté  sur  les  prix  des  moutons  et  des  porcs.  —  Sur  les  marchés  des  dé|iarte- 
ments,  on  cote  :  Caen,  bœut,  1  fr.  60  à   1  fr.  80  par  kilog.  do   viande  nette  sur 


120  REVUE   COMMERCIALE    ET  PRIX  COURANT  (19    UILLET  1884). 

pied;  vache,  1  fr.  55  à  1  fr.  75;  veau,  1  ir.  30  à  1  fr.  50;  mouton,  1  fr.  65  à 
1  fr.  85;  agneau,  1  fr.  80  à2fr.  ;  porc,  0  fr.  90  cà  1  fr.  10.  —  U  Mans,  vache, 
1  fr.  50  à  1  fr.  55;  veau,  1  fr.  55  à  1  fr.  65  ;  mouton,  1  fr.  95  à  2  fr.  05  ; 
porc,  0  fr.  65  à  0  fr.  85;  —  Nantes,  bœuf,  0  fr.  85  à  0  fr.  90;  parkilog.  brut 
sur  pied;  vache,'  0  fr.  84;  veau,  0  fr.  90;  mouton,  0  fr.  95;  —  Dijon,  bœuf, 
1  fr.  64  à  1  fr.  74;  taureau,  1  fr.  10  à  1  fr.  44;  vache,  I  fr.  20  à  1  fr.  64  ;  veau, 
(poids  vil),  0  fr.    82  à    1  fr.  20;    mouton,    1  fr.  50  à  1  fr.  78;    porc,    (poids   vif), 

0  fr.  84  à  0  fr.  92.  —  Bowgnin.  bœuf,  66  fr.  à  76  fr.;  vache,  58  fr.  à  68  fr.; 
mouton,  85  fr.  à  90  fr  ;  porc,  84  fr.  k  8i  fr.  ;  veau,  70  fr.  à  80  fr.  —  Nice,  bœuf, 

1  fr.  55  àl  fr.  60;  vache.  1  fr.  35  à  1  fr.  40;  veau,  1  fr.  55  à  1  fr.  60;  mouton, 
1  fr.  55  à  1  fr.  CO  :  brebis.  1  fr.  35  à  1  fr.  40  ;  chèvres  et  boucs,  1  fr.  15  à  1  fr.  20; 

—  Geuévc,  bœuf,  1  fr.  70  à  1  fr.  80;  veau,  (poids  vif),  0  fr.  90  à  1  fr.  05;  mouton, 
1  fr.  90  à  2  fr.  ;  porc,  1  fr.  20  à  1  fr.  25. 

Viande  à  ta  criée.  —  Il  a  été  vendu  à  la  halle  de  Paris,  du  7  au  13  juillet  : 

Prix  du  kilog.  le  13  juillet. 

kilofç.  I"  quai.               2'  quai.  3"  quai.               Choix.       Basse  Boucheria 

Bœufoii  vaclie...    190,919  \Ai  à  1.80     1.22  à  l.'rl  0.86  à  1.20  1.20  à  1.90  0.04  à  l.U 

Veau 238,G9.Ô  1.36       1   80     1.14       1.34  0.70       1.12       -             »         >.            »      ' 

MoiUoii 60,897  1.26       1.60     1.04       1.24  0.70       1.02  1.20       3. GO     »            » 

Porc 3',, 2,6                      Porc  frais 1.00  à  1.36. 

ô:10,7l)7  Soit  par  jour 70,822  kilog. 

Les  ventes  ont  été  supérieures  de  7,003  kilog.  par  jour  à  celles  de  la  semaine 
précédente.  Les  pri.x  sont  en  baisse  pour  la  plupait  des  catégories. 

X.  —  Cours  de  la  viande  à  l'abatloir  de  la  VUlette  du  jeudi  17  juillet  (par  50  kilog.) 

Cours  de  la  charciilerie.  —  On  'lend  à  la  Villette  par  50  kilog.  :  l"  qualité, 
75  à  78  fr.;  2%  70  à  75  fr.   Poids  vif,  48  à  57  fr. 

Bœufs,  Veaux.  Moutons. 

(,.  ,^.  3.  ,,.  5.  3.  ,,.  j.  3. 

quai.  quai.  quai.  q'ial.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai. 

fr.  fr.  fr.  fr.  fr,  fr  fr.  fr.  fr. 

80  73  68  100  94  88  91  86  80 

XI.  —    Marché  aux  bestiaux  de  la  Yillette  du  jeudi   17  juillet  1884. 

Cours  des  commissionnaires 
Poids  Cours  ofliciels.  en  bestiaux. 

Animaux  gênerai.     1"        T        3*  Prix  1"        V         3"  Prix 

amenés.       Invendus.  kil.        quai.  quai.  quai,  extrêmes.  quai. quai.  quai.  extrêmes. 

Bœufs I   832  »  352          1.76      I .  SO  1.36  t.SOàl    80  1.71     1    60  1.3'i  1.30,11.78 

Vaches 587  »  237          1.65     1    48  1   28  1.18     1   70  «64     I   46  I    28  1.15     1.6« 

Taureaux...          123  »  375          1.48     1.38  I    30  1.22      1    54  1   44     1    38  1.30  1.22     1   54 

Veaux 1.419  89  30         1   80     1    06  1   50  l.iO     2,00  •              •            »  » 

Moutons 17   G2b  407  19          2  0!      1.86  1    66  1    56     2.08  •               «             «  » 

Porcs  Kras..      'i.àJS  51  82         1.46     1.40  f.3i  1.26     1.52  »              »            »  • 

—  maigres..          »  »  »»»»i»»»»»» 

Vente  très  active  sur  toutes  les  espèces. 

Xll.  —  Résume'. 

Ties  cours  de  la  plupart  des  denrées  sont  faibles  depuis  huit  jours,  sur  aucun 
marché,  on  ne  signale  de  hausse  pour  queirjue  produit  que  ce  soit.  A.  ReMY. 

BULLETIN  FINANCIER 

Depuis  quelques  jours,  il  y  a  un  peu  plus  de  fermeté.  A  la  Bourse  de  Paris, 
on  cote  :  3  pour  100,  76  fr.  50;  --  3  pour  100  amortissable,  78  fr.  05;  —  4  et 
demi  pour  100  ancien,  107  fr.  10;  — 4  et  demi  pour  100  nouveau,  107  Ir.  20. 

On  cote  les  titres  des  étab'issements  de  crédit  :  Banque  de  France,  5,000  fr.;  Ban- 
•  que  de  Paris  et  des  Pays-Bas,  762  fr.  50;  Comptoir  d'escompte,  965  fr,;  Crédit 
foncier  1,270  fr.;  Banque  d'escompte  de  Paris,  500  fr.;  Crédit  industriel  et  com- 
mercial, 600  fr  ;  Crédit  lyonnais,  533  fr.  75  ;  Crédit  mobiier,  330  Ir.;  Société  de 
dépôts  et  comptes  courants,  637  fr.  '0;  Société  générale,  465  fr. 

Les  actions  des  Compagnies  de  chemins  de  fer  valent  :  Est,  755  fr.;  Pans- 
Lyon-Médilerranée,  I,l'.l0  fr  ;  Midi,  1,1?0  fr.;  Nord,  1,650  fr.  ;  Orléans,  1,290  fr.; 
Ouest,  8-2U  fr.  Les  actions  du  canal  maritime  de  Suez  restent  colées  à  l,865|fr.; 
les  délégations  à  1,130  ir.;  les  actions  du  canal  de  Panama  valent  485  fr. 

Escompte  à  la  Banque  de  France,  3  pour  100;  intérêt  des  avances,  4  pour  100. 

B.  Fébon. 

Le  Gérant  :  A.  Bouché. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  cr,  juillet  isbo. 

VotP,  par  la  Chambre  (ics  députés  du  projctde  loi  relatif  au  li^gime  de  ssucres.  —  Etablissement  de 
l'iiiipûl  sur  labetleravo  et  d"une  surtaxe  sur  les  sucres  bruts  étrangers.  —  Consri|uences  du  nou- 
veau régime  dos  sucres.  —  Réiluclion  des  droits  sur  les  sucres  employés  au  sucrag-;  des  vendan- 
ges. —  texte  du  projet  de  loi  transmis  au  Sénat.  —  Etudes  de  M.  Pasteur  sur  la  prophylaxie  des 
m.dad.es  contagieuses.  —  Appropriation  du  d-imaino  do  Villeneuve-l'Elann'   pour  ses  travaux. 

—  Les  échanges  d'imTeuhles  rurauv  non  b;\tis.  —  Proposition  votée  |  ar  le  Sénat.  —  Election 
de  M.  Ca'not  comme  membre  associé  de  la  .So'dété  nationale  d'agriculture.  —  Nécrologie.  — 
M.  l'abbé  Moigno,  M.  La  Caze.  —  Le  conmierce  des  vins.  —  Pétition  il'un  grand  nombre  de  So- 
ciétés d'at!r  culture  sur  le  vlnageà  pri.x  réduit  ot  sur  la  franchise  de?  bouillovu-s  de  cru.  —  Re- 

;  cherches  de  M.  Roramif-r  sur  l'emploi  de  la  levure  de  vin  cultivée  pour  régulariser  les  fermen- 
tations alcooliques.  —  L'enquèleasricnle  dans  l'Aisne.  —  Lettre  de  M.  Polo.  —  Programme  des 
études  de  l'Ecole  nationale  d  horticulture  de  Ver.«aillcs.  —  Concours  pour  l'emploi  d'inspecteur 
de  la  boucherie  à   Paris.  —  Concours  pour  les  exploitations  dans  l'arrondissement  de  Poitiers. 

—  Exposition  forestière  internationale  à  Edimbourg.  —  Concours  de  livrets  de  caisse  d'épargne 
ouverts  par  le  Comité  central  agricolede  laSologne.  —  Exposition  canine.  —  Médaille  offerte  à 
M.  Pasteur  pour  s  s  travaux  sur  la  rage.  —  Concours  des  associations  agricoles.  —  Nutes  de 
MM.  Pagnoul,  de  Lentilhac,  Carricr-Ladevèze  sur  l'état  des  récoltes  dans  les  départements 
du  Pas  de-Calais  et  de  la  Dordogne. 

1.  —  Le  régime  des  sucres. 
La  Chambre  des  députés  a  achevé  la  discussion   des  propositions 
relatives  au  régime   des   sucres.  Ainsi   que    nous  l'avons  annoncé  la 
semaine  dernière,  l'impôt  sur  la  betterave  a  été  adopté,  des  mesure  sont 
été  prises  pour  l'application  progressive  du  nouveau  régime.  En  outre,  il 
a  été  décidé  que  la  surtaxe  sur  les  sucres  bruts  européens  serait  élevée 
jusqu'au  31  août  1880,  à  7  fr.  par  100  kilog.  et  qu'elle  ne  serait  pas 
remboursable.  Entre  temps,  le  taux  de  l'impôt  sur  le  sucre  a  été  élevé 
de  40  à  50  fr.  par  100  kilog.,  mais  il  a  été  réduit  à  20  fr.  pour  les 
sucres  employés  au  sucrage  des  vins,  cidres  et  poirés,  avant  la  fer- 
mentation. Telle  est  l'économie  générale  de  la  nouvelle  loi.  Elle  n'est 
pus  parfaite,  mais  elle  remplace  un  régime  absolument  défectueux.  On 
doit  doue  l'accueillir  avec  reconnaissance,  parce  que,  malgré  ses  défec- 
tuosités, elle  est  propre  à  faire  sortir  la  sucrerie  française  de  la  triste 
position  dans  laquelle  elle  se  trouve.  Le  sort  des  fabricants  de  sucre  est 
désormais  entre  leurs  propres  mains;  toutes  leurs  demandes  ont  été 
accueillies.  C'est  sur  leurs  déterminations,  sur  leurs  efforts  que  repose 
l'avenir  de  la  culture  de  la  betterave  en  France;   ils  doivent  le  com- 
prendre, et  ne  pas  s'endormir  dans  une  fausse  sécurité.  Ce  n'est  pas  le 
tout  que  l'assiette  de  l'impôt  soit  modifiée  ;  il  faut  savoir  prendre  viri- 
lement toutes  les  dispositions  nécessaires  pour  en  profiter.  La  surtaxe 
établie  en  faveurdes  fabricants  sera  un  leurre,  s'ils  necombinentpas  tous 
leurs  efforts  pour  user  de  tous  les  perfectionnements  industriels  qui, 
comme  on  Ta  dit  tant  de  fois,  sont  nés  en  France  pour  aller  faire  la 
richesse  des   nations  concurrentes.  Dans  les  articles  votés,  aucun  ne 
touche  directement  l'agriculture;  mais  cependant  c'est  elle  qui  sera  la 
principa'e  base  de  la  transformation  de  la  sucrerie.   11  faut  dé.-ormai3 
faire  à  tout  prix  de  la  betterave  riche;  les  agriculteurs  sont  tout  prêts 
à  consacrer  leurs  soins  à  obtenir  ce  résultat.  Mais,  après  avoir  puis- 
samment aidé  les  fabricants  de  sucre  dans  la  dernière  lutte,  après  avoir 
assuré  le  succès  par  leur  concours,   ils  estiment  qu'il  est  juste,  qu'il 
est  indispensable  que  les   sucriers  ne  les  traitent  plus  en  parias;  ils 
veulent,  et  ils  ont  raison,  que  leurs  travaux  soient  récompensés,  quela 
matière  première  qu'ils  livreront  soit  payée  suivant  sa  valeur,  qu'après 
avoir  été  appelés  à  la  peine,  ils  soient  admis  au  profit.  L'alliance  con- 
tractée pour  la  lutte  doit  subsister  après  la  victoire;  sans  quoi,  celle-ci 
restera  vaine  et  stérile. 

Une  sage  disposition  a  réduit  à  20  fr.  par  100  kilog.  le  droit  sur  les 
sucres  employés  au  sucrage  des  vins.  Un  règlement  d'administration 

N»  798.  —  Tome  III  de  1884.  —  2i>  Juillet. 


122  CHRONIQUE  AGRICOLE  (26  JUILLET   1884). 

publique  doit  déterminer  les  mesures  applicables  à  l'emploi  de  ces  sucres. 
Dans  la  discussion  qui  a  eu  lieu  à  la  Chambre  des  députés,  il  a  été 
parlé  de  dénaturalion.  C'est  une  idée  contre  laquelle  on  ne  saurait 
protester  trop  énergiquement.  Dénaturer  les  sucres,  c'est  les  rendre 
impropres  au  sucrage  des  moûts.  La  pureté  du  sucre  est  une  condi- 
tion indispensable  du  succès;  il  est  impossible  de  le  dénaturer  sans 
introduire  dans  lu  vendange  des  éléments  nuisibles  à  une  fermentation 
régulière  et  à  ia  qualité  des  vins.  Nous  espérons  donc  qu'on  aban- 
donnera complètement  toute  idée  de  dénaturation;  les  vignerons, 
instruits  par  l'expérience  qu'ils  ont  faite  des  glucoses,  refuseraient 
d'ailleurs  de  se  servir  des  sucres  dénaturés. 

Voici  le  texte  complet  des  onze  articles  qui  forment  le  projet  adopté 
par  la  Chambre  des  députés  : 

Article  1'''.  —  Les  droits  sur  les  sucres  de  toute  origine  et  les  glucoses  indigè- 
nes livrés  à  la  consommation  sont  fixés  ainsi  qu'il  suit,  décimes  et  demi-déciraes 
compris  :  sucres  bruts  et  raffinés,  50  fr.  par  100  kilog.  de  sucre  raffiné  ;  — 
sucre  candi,  53  fr.  50  par  100  kilog.;  glucoses,  10  fr.  par  lOOkilog. 

Sont  en  outre  modifiés  comme  suit  les  droits  des  dérivés  du  sucre  énumérés 
ci-après  : 

Mélasses  autres  que  pour  la  distillation,  ayant  en  richesse  saccharine  absolue 
50  pour  100  ou  moins,  15  fr.  par  100  kilog.; 

Mélasses  autres  que  pour  ia  distillation,  ayant  en  richesse  absolue  plus  de 
50  pour  100,  32  fr.  par   100  kilog.; 

Chocolat,  93  fr.  par  100  kilog. 

Art.  2.  —  Les  droits  sur  les  sucres  bruts  ou  raffinés  de  toute  origine,  employés 
au  sucrage  des  vins,  cidres  et  poirés,  avant  la  fermentation,  sont  réduits  à  20  fr. 
les  100  kilog.  de  sucre  raffiné. 

Un  règlement  d'administration  publique  déterminera  préalablement  les  mesu- 
res applicables  à  l'emploi  de  ces  sucres. 

Art.  3. —  Tout  fabricant  de  sucre  indigène  pourra  contracter  avec  l'administra- 
tion des  contributions  indirectes  un  abonnement  en  vertu  duquel  les  quantités 
de  sucre  imposable  seront  prises  en  charge  d'après  le  poids  des  betteraves  mises 
en  œuvre. 

Celte  prise  en  charge  sera  définitive,  quels  que  soient  les  manquants  ou  les 
excédents  qui  pourront  se  produire. 

Elle  aura  lieu  aux  conditions  ci-après  : 

Procédés  de  fabrication.  Rendement  par  100  liilog.  de  betteraves. 

Diffusion  ou  tout  autre  procédé  analogue 6  Icilog.  d<î  sucre  raffiné. 

Presses  continues  ou  hydrauliques !i  kilog.  ^ 

Les  sucres,  sirops  et  mélasses,  obtenus  dans  les  fabriques  abonnées  en 
excédent  du  rendement  légal,  seront  assimilés  au  sucre  libéré  d'impôt. 

Pendant  les  trois  campagnes  de  fabrication  1884-85,  1885-86  et  1886-87,  il  sera 
alloué  aux  fabricants  non  abonnés  un  déchet  de  8  pour  100  sur  le  montant  total 
de  leur  fabrication. 

Un  décret  déterminera  les  obligations  qui  seront  imposées  aux  fabricants  abon- 
nés pour  la  garantie  des  intérêts  du  Trésor. 

Art.  4.  —  A  partir  du  l"  septembre  1887,  les  quantités  de  sucre  imposable 
seront  prises  en  charge  dans  toutes  les  fabriques  d'après  le  ])oids  des  betteraves 
mises  en  œuvre,  quel  que  soit  le  procédé  d'extraction  des  jus. 

Les  rendements  seront  fixés  comme  suii  par  100  kilog.  de  betteraves  :  campa- 
gne 1887-88,  6  kilog.  250  de  sucre  ralfiné;  —  1S8S-89,  6  kilog.  500  ;  —  1889-90, 
6  kilog.  750  ;  —  1890-91 ,  7  kilog. 

Art.  5.  —  Les  sucres  des  colonies  françaises  importés  directement  en  France 
auront  droit  à  un  déchet  de  fabrication  de  12  pour  luO. 

Art.  6.  —  Les  sucres  en  grains  ou  petits  cristaux,  agglomérés  ou  non,  seront 
reçus  à  la  décharge  des  comptes  d'admission  temporaire  de  sucres  bruts,  pour  la 
quantité  de  sucre  brut  qu'ils  seront  reconnus  représenter,  lorsque  leur  rendement 
net,  établi  conlormément  aux  dispositions  de  la  loi  du  19  juillet  1880,  sera  au 
moins  de  98  pour  100. 


CHRONIQUE  AGRICOLE    (26  JUK.LKT   1884).  123 

Art.  7.  —  La  taxe  complémentaire  de  10  fr.  par  100  kilog.,  établie  par  l'ar- 
ticle l'"',  sera  appliquée  aux  sucres  de  toute  espèce  déjà  libérés  d'impôt,  ainsi 
qu'aux  matières  en  cours  de  fabrication  également  libérées  d'impôt  existant,  au 
moment  de  la  proinuigation  de  la  présente  loi,  dan-^  les  ralfineries,  fnbri((nes  ou 
magasins  ou  dans  tous  autres  lieux  en  la  possession  des  rut'tineurs,  fabricants  on 
commerçants;  les  quantités  seront  reprises  par  voie  d'inventaire;  seront  toutefois 
dispensées  de  l'inventaire  les  quantités  n'excédant  pas  1,000  kilog.  de  sucre 
ralliné. 

Art.  8.  —  Les  fabricants  el  raftineiirs  auront  à  souscrire  des  soumissions  com- 
plémentaires en  garantie  du  droit  de  10  fr.  par  100  kilog.  pour  les  sucres  bruts 
de  toute  espèce  et  les  matières  en  cours  de  fabricïition  placées  sous  le  régime  de 
l'admission  temporaire 

L'apurement  de  ces  soumissions  aura  lieu  dans  les  conditions  appliquées  au 
moment  de  la  mise  en  vigueur  de  la  loi  du  31  décembre  1S73. 

Art.  9.  —  Le  rendement  minimum  fixé  par  l'article  18  de  la  loi  du  19  juillet 
1880  sera  porté  à  80  pour  100  pour  les  sucres  d'origine  européenne  ou  importés 
des  entrepôts  d'Europe. 

Art.  10.  —  A  partir  de  la  promulgation  de  la  présente  loi,  et  jusqu'au  31  août 
1886,  les  sucres  bruts  et  les  sucres  non  assimilés  au<c  sucres  raflinés,  importés 
des  pays  d'Europe  ou  des  entrepôts  d'Europe,  seront  frappés  d'une  surtaxe  non 
remboursable  de  7  fr.  par  100  kilog. 

Art.  11.  —  Les  dispositions  des  lois  antérieures  continueront  d'être  appliquées 
en  tout  ce  qui  n'est  pas  contraire  à  la  présente  loi. 

Ce  projet  a  été  transmis  à  l'examen  du  Sénat.  La  Commission  chargée 
de  l'étudier  a  été  nummee  immédiatement;  M.  le  comte  de  Saiut-Valiier 
a  été  désigné  comme  rapporteur.  La  Commission  paraît  disposée  à  pro- 
voquer une  solution  rapide. 

IL  —  Prophylaxie  des  maladies  contagieuses. 

On  sait  que  les  travauv  de  M.  Pasteur  sur  la  prophylaxie  des  mala- 
dies contagieuses  se  continuent  avec  un  succès  de  plus  en  plus  mar- 
qué. Nous  avons  fiiit  connaître  récemment  les  résultats  des  recherches 
de  l'illustre  savant  sur  le  virus  de  la  rage.  Mais  à  mesure  que  les  tra- 
vaux augmentent,  la  place  fait  défaut  dans  les  laboratoires  mis  jusqu'ici 
à  la  disposition  de  M.  Pasteur,  laboratoires  dans  lesquels  se  préparent 
les  vaccins  du  charbon,  du  rouget,  du  choléra  des  poules;  dans 
le  seul  mois  d'avril  dernier,  il  en  est  sorti  les  doses  de  vaccins  né- 
cessaires pour  préserver  du  charbon  100,000  têtes  de  bétail.  C'est 
pourquoi  le  gouvernement  a  présenté  au  Parlement  un  projet  de  loi 
ayant  pour  objet  d'accorder  les  crédits  nécessaires  aûn  d'approprier  le 
domaine  de  Villeneuve-l'Etang,  commune  de  Marnes  (Seine  et-Oise), 
pour  la  continuation  des  expériences  de  M.  Pasteur.  Ce  projet  a  été 
adopté  par  la  Chambre  des  députés  dans  sa  séance  du  18  juillet;  il 
deviendra  bientôt  définitif  par  le  vote  du  Sénat.  L'agriculture  sera 
reconnaissante  envers  l'Etat  des  mesures  qu'il  adopte  p^our  assurer  le 
succès  des  travaux  dont  elle  a  jusqu'ici  retiré  de  .si  grands  bénéfices. 

III.  —  Les  échanges  d'immeubles  ruraux. 

Le  Sénat  a  adopté,  en  première  délibération,  dans  sa  séance  du  17 
juillet,  la  proposition  de  loi  déjà  votée  par  la  Chambre  des  députés 
sur  la  perception  des  droits  fiscaux  dans  les  échanges  d'immeubles  ru- 
raux non  bâtis.  La  réduction  à  20  centimes  par  100  fr.  du  droit  pro- 
portionnel d'enregistrement  et  de  transcription,  a  été  limitée  aux  échan- 
ges d'immeubles  situés  dans  la  même  commune  ou  dans  des  commu- 
nes limitrophes.  Il  a  été  décidé  que,  en  dehors  de  ces  limites,  ce  tarif 
ne  sera  applicable  que  si  l'un  des  imneubles  échangés  est  contigu  aux 


124  CHRONIQUE    AGRICOLE  (26  JUILLET   1884), 

propriétés  de  celui  qui  la  recevra,  et  dans  les  cas  seulement  oii  ces 
immeubles  auront  été  acquis  par  les  contractants  par  acte  enregistré 
depuis  plus  de  deux  ans,  ou  recueillis  à  titre  héréditaire.  Ces  mesures 
ont  été  adoptées  en  vue  d'empêcher  les  tentatives  de  fraude  qui  au- 
raient pu  se  faire  sous  le  couvert  des  nouvelles  dispositions. 

IV.  —  Election  à  la  Société  nationale  d'agriculture. 

Dans  sa  séance  du  23  juillet,  la  Société  nationale  d'agriculture  a 
procédé  à  l'élection  d'un  membre  associé  nalional  dans  la  Section  d'his- 
toire naturelle  agricole.  Sur  39  votants,  M.  Carnot  a  été  élu  par  28  suf- 
frages contre  1 1  donnés  à  iM.  Nivoit.  —  M.  Carnot  est  ingénieur  en 
chef  des  mines,  professeur  à  l'école  des  mines  et  à  l'institut  national 
agronomique.  On  lui  doit  des  travaux  remarquables  sur  les  procédés 
d'analyse  des  terres  arables,  notamment  une  méthode  pour  le  dosage 
de  la  potasse. 

V.  —  Nécrologie. 

Nous  avons  le  vif  regret  d'annoncer  la  mort  de  M.  l'abbé  Moigno, 
directeur  du  Cosmos-les  Mondes,  M.  Moiarao  était  un  des  vétérans  de 
la  presse  scientifique  française,  à  laquelle  il  appartenait  depuis  qua- 
rante ans;  nous  l'avons  connu  dès  ses  débuts,  en  1845,  et  nous  n'a- 
vons cessé  d'entretenir  avec  lui  le  commerce  le  plus  affectueux.  Il 
était  très  versé  dans  les  sciences  mathématiques  et  leurs  applications  ;  il 
a  rendu  surtout  de  très  grands  services  comme  propagateur  de  toutes 
les  découvertes;  il  a  fait  connaître  en  France  des  œuvres  étrangères 
d'une  haute  importance,  notamment  les  travaux  de  Faraday  et  de  Tyn- 
dall.  M.  l'abbé  Moigno  était  tâgé  de  quatre-vingts  ans. 

M.  Henri  La  Caze,  père  du  sénateur  de  ce  nom,  vient  de  mourir  au 
château  de  Lasseuble  (Basses-Pyrénées),  où  il  vivait  retiré  depuis  plu- 
sieurs années.  M.  La  Caze,  qui  était  d  un  âge  très  avancé,  avait  été 
envoyé  à  la  Chambre  des  députés,  sous  Louis-Pliilippe,  par  les  élec- 
teurs d'Oloron.  En  18A8,  il  renonça  à  la  vie  politique  et  se  consacra 
depuis  cette  époque  à  des  travaux  d'agriculture. 

VI.  —  Le  commerce  des  vins. 

A  plusieurs  reprises,  nous  avons  enregistré  et  appuyé  les  protesta- 
tions des  Sociétés  d'agriculture  et  des  Comices  contre  les  conditions 
déplorables  que  la  manière  d'exécuter  les  traités  de  commerce  crée  aux 
ventes  des  vins  français.  Les  négociants  délaissent  les  vins  de  nos  vi- 
gnobles, parce  qu'ils  peuvent  se  procurer,  sans  dilhcultés,  des  vins 
espagnols  vinés  à  près  de  16  degrés.  Cette  inégalité  choquante  doit 
enfin  cesser.  La  question  a  été  soulevée  devant  les  Chambres  sans 
aboutir;  elle  vient  d'y  revenir  en  discussion;  elle  doit  être  mûre- 
ment étudiée  et  recevoir  une  solution  équitable.  Une  nouvelle  pétition 
a  été  adressée  au  Parlement  par  plusieurs  associatioas  agricoles  ;  nous 
nous  empressons  d'en  donner  le  texte  : 

«  Messieurs  les  députés,  défenseurs  de?  intérêts  de  la  viticulture  française 
compromis  par  le  fléau  du  phylloxéra  et  par  la  concurrence  des  vins  artificiels; 
mis  en  éveil  par  la  proposition  de  M.  le  ministre  des  finances  relative  au  rétablis- 
sement de  l'exercice  chez  les  bouilleurs  décru,  nous  venons  de  nouveau  vous  prier 
de  nous  entendre  et  de  prendre  des  mesures  conservatrices  de  notre  grande  indus- 
trie nationale. 

«  Veuillez  observer,  messieurs  les  députés,  que  ce  ne  sont  ni  do  légères  déchar- 
ges d'impôts  ni  quelques  encouragements  aux  syndicats  de  reconstitution  vinico- 


CHRONIQUE  .\GRIGOLE  (26  JUILLET  1884).  125 

les  qui  exerceront  une  inilueace  prépondérante  sur  l'avenir  de  notre  viticulture, 
mais  la  création  des  condiiions  d'existence  et  de  possibilité  d'un  revenu. 

«  Quelle  est  aujourd'hui  la  situation  de  la  viticulture  française? 

«  Par  suite  des  rigueurs  d'un  iléau  ([ui  a  atteint  nos  vignobles  avant  ceux  de  nos 
voisins,  il  s'est  produit  des  nécessités  de  culture  intensive  et  de  dépenses  recons- 
titutives qui  élèvent  le  prix  de  revient  des  produits. 

«  Cet  état  de  choses  ne  durera  [)as  toujours,  mais  il  y  a  à  faire  en  ce  moment  un 
grand  effort,  et  le  meilleur  moyen  de  le  seconder  consiste  dans  l'amélioration  des 
conditions  économiques. 

«  Or  nous  ne  sommes  pas  même  traités  sur  le  pied  de  nos  concurrents,  (fuoique 
nous  puissions  irès  facilement  nous  y  placer  sans  sortir  des  obligations  sti[iulées 
par  les  traités  de  commerce. 

«  Pour  que  la  défense  de  nos  positions  devienne  possible,  il  faut  que  les  questions 
relatives  au  vinage,  à  la  circulation  des  vins  alcoolisés,  à  la  fabrication  des  pro- 
duits artiliciels,  à  la  franchise  des  bouilleurs  de  cru,  soient  tranchées  dans  un 
sens  favorable  aux  intérêts  de  notre  viticulture. 

«Tel  est  le  motif,  messieurs,  qui  nous  détermine  à  entrer  de  nouveau  en  relation 
avec  vous  pour  vous  soumettre  nos  observations. 

«  En  1881,  -22  sociétés  d'agriculture  représentant  les  plus  grands  vignobles  de 
France  sont  venues  vous  exposer  des  idées  qui  n'ont  point  varié,  mais  se  sont  com- 
plétées et  raiiiies. 

«  lilles  vous  demandaient  alors  de  ne  pas  autoriser  en  France  le  vinage  à  prix  ré- 
duit, et  par  le  vote  que  vous  exprimâtes  peu  après  sur  la  question  du  vinage,  vous 
vous  montrâtes  d'accord  avec  le  sentiment  (pi'elles  vous  avaient  exprimé. 

;v  Malheureusement  il  y  avait  uiie  question  connexe  ([ui  ne  fut  pas  traitée  et  dont 
la  solution  aurait  dû  cependant  suivre  de  près  le  rejet  de  la  proposition  minis- 
térielle. 

«  Opposer  en  France  des  obstacles  au  vinage  et  le  laisser  libre  à  l'étranger,  c'était 
ne  rien  faire  ou  plutôt  c'était  aggraver  la  situatinn,  c'était  obliger  nos  acheteurs 
à  aller  s'alimenter  au  dehors  pour  profiter  de  la  prime  sur  l'alcool  surajouté,  c'é- 
tait rendre  impossible  la  vente  de  nos  vins  sur  nos  propres  marchés. 

«  En  sorte  que  si  le  vote  contre  le  vinage  à  prix  réduit  ne  devait  pas  être  promp- 
tement  complété  par  l'adoption  d'une  loi  comprimant  parallèlement  les  additions 
alcooliques  chez  nos  voisins,  la  viticulture  franeiise  serait  placée  dans  une  si- 
tuation impossible  par  le  vote  qu'e'le  a  elle-même  provoqué. 

«  Il  devient  indispensable  en  effet  que  le  vinage  soit  autorisé  partout  ou  exclu 
de  partout. 

«  Nous  nous  sommes  prononcés  pour  l'exclusion  générale,  mais  on  ne  nous  a 
donné  que  l'exclusion  en  France,  c'est-à-dire  à  notre  détriment  et  au  prolit  de  nos 
voisins. 

«  Quel  est  le  correctif  que  nous  avions  demandé  et  que  nous  demandons  encore? 

«  (J'est  que  lesvins  étrangers  aussi  bien  que  les  vins  français  ne  puissent  circuler 
en  France  au-dessus  du  titre  de  12  degrés,  sans  acquitter  la  taxe  sur  l'alcool  pour 
les  degrés  supplémentaires. 

«  G'étHit  un  moyen  de  contenir  le  vinage  en  Espagne,  mais  insuffisant,  il  est  vrai, 
caries  vins  espagnols  de  12"  peuvent  être  étendus  d'eau,  réduits  à  t."  et  vinés  à 
12"  par  l'addiiion  de  12  litres  d'alcool  sur  un  hectolitre  de  vin  doublé  d'un  liec- 
tolitie  d'eau. 

«  11  conviendrait  donc  d'ajouter  au  moyen  de  compression  que  nous  avions  in- 
diqué un  second  moyen  répressif  qui  serait  très  légitime. 

«  Il  consisterait  dans  l'a[iplication  en  douane,  à  tous  lesvins  vinés  à  l'étranger, 
d'une  surtaxe  à  déterminer,  mais  qui  ne  saurait  être  moiiidre  de  8  l'r.  par  hecto- 
litre. 

«  Aucune  objection  ne  saurait  être  opposée  équitablement  à  la  pratique  de  ce 
régime  défensif. 

«  Les  traités  de  commerce  ont  autorisé,  il  est  vrai,  l'introduction  des  vins  étran- 
gers au  titre  de  15°. 99,  mais  en  tant  que  vins  et  non  en  tant  que  récipients  d'al- 
cool de  betterave. 

«  Ceux-ci  sont  passibles  en  douane  d'une  taxe  de  30  fr.  par  hectolitre  et  en  cir- 
culation du  droit  commun  de  210  fr.  ;  n'est-il  pas  évident  que  leur  introduction 
sous  le  couvert  de  vins  étendus  d'eau  est  de  la  véritable  contrebande,  un  moyen 
commode  de  percevoir  sur  le  Trésor  français  une  prime  avec  laquelle  on  écrase  nos 
vins  sur  nos  propres  marchés? 


12S  CHRONIQUE  AGRICOLE  (26  JUILLET    1884). 

«  IL  serait,  donc  jasto  que  les  alcools  iacorporés  artificielletnsiit  acifuitassent  des 
droits  particuliers,  et,  cimaia  il  n'est  pis  pissible  do  détarnainiir  pratiquement  la 
proportion  de  ces  alcools  ajoutés,  il  conviendrait  d'appliquer  uns  taxe  unique  à 
tous  les  vins  vinés. 

«  La  qu3StioTi  serait  de  savoir  si  l'on  peut  distinguer  facilement  un  vin  viné 
d'un  vin  naturel? 

«  Or,  tous  les  hommes  experts  déclarent  qu'au-des-îus  d^î  2  pour  103  le  vinage 
est  tellement  patent  qu'il  ne  peut  plus  donner  lieu  à  discussion. 

«  La  deuxième  observation  que  nous  avons  à  faire,  messieurs,  est  relative  aux 
fabrications  artificielles. 

<c  Lafaas'".  de  ces  fabrications  e^t  géaéralemint  le  raisin  et  quelques  autres  pro- 
duits organiques  similaires,  c'est  donc  sur  ces  marchandises  que  nous  devons  por- 
ter notre  attention 

«  Nous  demandons  en  conséquence  que  les  vins  provenant  dî  raisins  secs  et 
produits  similaires  soient  soumis  aux  mêmes  droits  d'octroi  et  de  régie  que  les 
vins  de  raisins  frais;  en  our.re  q.ie  ces  vins  ne  puissent  être  livrés  à  la  consom- 
mation sous  une  autre  dénomination  que  celle  qui  leur  convient. 

«  G'3s  vins  échappent  en  grande  partie  auï  impôts  m  tirects  :  las  raisins  secs 
payent  bien  un  dr.iit  d'entrée,  m  lis  ce  droit  n'e^t  pis  en  rapport  avec  celui  que 
payerait  le  vin  qui  en  est  extrait  s'il  se  présentait  fabriqué. 

«  Sur  le  deuxième  point,  nous  laissms  à  la  sagesse  de  la  Giiambre  la  recherche 
du  meilleur  miyen  de  prémunir  le  consommateur  contre  les  erreurs  dont  il  est 
victime  par  suite  des  mélanges  qui  se  pratiquent  aujourd'hui. 

c<  Il  nous  reste  à  traiter  la  question  dm  bouilleurs  de  cru  que  M.  le  mi- 
nistre des  finances  propose  de  résoudre  dans  un  sens  opposé  aux  intérêts  des 
viticulteurs. 

«  La  suppression  de  la  franchise  des  bouilleurs  de  cru  entraînera  : 

«  1"  hi  rétablisseme  itda  t  exercice  chez  le  propriétaire  récoltant; 

«  3"  La  perte  pour  le  viticulteur   de   ses  vins  gâtés  et  de  sas  lavages  de  mare. 

«  Si  l'on  considère  que  la  production  d'alcool  est  toujours  limités  chez  le 
producteur  par  la  mesure  des  vins  défectueux  provenailt  de  sa  propre  récolte, 
on  jugera  que  sa  fabrication  est  trop  étroite  pour  qu'il  y  ait  lieu  de  s'en  pré- 
occuper. 

«  Vouloir  pour  si  peu  le  soumettre  à  l'exercice,  calculer  sur  le  petit  bénéfice 
qu'il  peut  fiiic  en  utilisant  ses  vins  gâtés,  c'est  témoigner  une  rigueur  qu'il  vau- 
drait bien  mieux  tourner  contre  tant  d'autres  abus. 

«  Est-ce  bien  le  cas,  alors  que  les  vins  espagnols  jouiront  en  toute  hypothèse 
d'une  certaine  marge  d'alcoolisation  libre,  de  venir  scruter  les  plus  légers  béné- 
fices piélevîs  par  les  viticulteurs  français  sur  d'infinies  quantités  d'alcool,  pour  les 
leur  arracher? 

«  Est-ce  le  cas,  pour  atteindre  un  but  si  peu  productif,  de  les  soumetire 
aux  vexations  de  l'exercice  et  à  la  nécessité  de  sacrifier  entièrement  ses  vins 
avariés  ? 

«  C'est,  messieurs  les  députés,  ce  dont  nous  vous  laissons  les  juges. 

a.  Pour  résumer  notre  argumentation  et  par  les  motifs  ci-dessus  formulés,  nous 
venons  vous  demander,  messieurs  : 

K  1°  De  maintenir  l'interdiction  du  vinage  libre  en  France,  mais  en  complé- 
tant cette  mesure  par  le  correctif  prompt,  nécessaire,  impérieux  de  l'intordition  du 
vinage  libre  à  l'étranger. 

«  2"  Nous  vous  demandons  pour  atteindre  ce  résultat  d'établir  un  nouveau 
régime  de  taxes  en  vertu  duqu(d  :  —  1"  ne  pourront  circuler  en  France  au  simple 
droit  que  les  vins  titrant  12  degrés,  tout  degré  supplémentaire  restant  passible  du 
droit  sur  l'alcool;  —  2"  les  vins  étrangers  vinés  seront  frappés  en  douane,  lors 
même  qu'ils  n'atteindraient  que  le  titre  de  15.99,  d'un  droit  supplémentaire  de 
8  francs  au  moins  par  hectolitre,  comme  dédommagement  pour  le  Trésor  de  la  perte 
sur  l'alcool  soustrait  aux  perceptions  normales. 

«  3»  Que  les  raisins  secs  et  similaires,  destinés  à  la  fabrication  des  vins,  soient 
soumis,  en  douane  ou  à  l'intérieur,  à  un  droit  égalant  le  droit  qui  serait  perçu 
sur  les  quantités  de  vin  qu'ils  sont  susceptibles  de  produire. 

«  4"  Que  les  vins  de  raisins  secs  et  similaires  soient  vendus  en  nature  et  qu'ils 
soient  réservés  dans  des  entrepôts  particuliers. 

a  5°  Que  la  franchise  des  bouilleurs  de  cru  soit  maintenue. 

<'  Permettez-nous  d'espérer,  messieurs  les  députés,  qu'en  faisant    droit  à  des 


» 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (26  JUILLET  1884).  127 

doléaaces  qui  répondent  i  l'aggravation  progressive  Je  notre  situation  vili- 
cole,  vous  éviterez  à  notre  pays  la  mine  imminente  de  sa  grande  industrie 
nationale. 

Pour  la  Société  d'agriculture    ilu  département    de  la  Haute-Garonne'  :  le  président,  Caulin, 

Pour  la  Société  d'aîjricuUure,  de  commerce  et  d'industrie  du  Var,  ayant  son  siège  à  Draguignan*  : 
pour  la  président,  Ose.  Cantillon  de  Lacoutuhe,  secrétaire. 

Pour  lo  Coinico  agricole  de  Nér.ic  (Lot-et-Garonne)  :  le  président,  L.  DE  Montesquiou. 

Pour  h  Société  d'agriculture  Je  l'Allier  :  le  président,  de  Gakiuc:!.. 

l'ûur  II  Société  d'agriculture,  d'Iiorticulture  et  d'accliinition  du  Var,  ayant  son  siège  k  Toulon  '  : 
le  président,  C.  Fuguet;  le  secrétaire  général,  Grégoire. 

Pour  le  Comice  agricole  et  Société  de  viticulture,  horticulture  et  apiculture  de  Brioudo  (Haute- 
Loire)  :  le  président,  E.  Faure. 

Pour  la  Société  d'agriculture  des  Bouclies-du-Rhône  :  le  président,  J.  de  Rougemont. 

Pour  le  Comice  vilicole  dos  Pyrénées-Orientales'  :  le  président,  Numa-Lloubes. 

Pour  le  Comice  agricole  de  Narbonne  (Aude)  :  le  président,  de  Ueauxbostes. 

Pour  la  Société  centrale  d'agriculture  de  l'Aude  :  le  vice-président,  Rousseau. 

«  Les  Sociétés  agricoles  adhérentes  seraient  beiucoup  plus  nombreuses  si  elles 
avaient  eu  le  temps  de  s'unir.  En  outre  des  Sociétés  signataires  de  la  présente 
pétition,  nous  comptions  l'année  dernière  les  Sociétés  d'agriculture  de  Toul 
(Meurthe-et-Moselle),  de  l'Yonne  et  de  Joigny  (Yonne),  de  la  Savoie,  do  l'arron- 
dissement de  Grenoble  (Isère),  de  la  Gironde,  d'Agen  (Lot-et-Garonne),  de  Vil- 
leneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne),  du  G-ers,  de  Mirande  (Gers),  d'Albi  (Tarn),  de 
Béziers  (Hérault),  du  Gard,  d'Oran  (Algérie),  de  Tlemcen  (Algérie).  Or,  rien 
n'indique  que  ces  Sociétés  aient  changé  d'avis,  mais  le  temps  de  se  concerter  leur 
a  manqué.   « 

Cette  pétition,  comme  celle  de  l'année  dernière,  miirqtie  chez  les 
Sociétés  agricoles  une  tendance  à  se  grouper,  et  à  sortir  de  leur  iso- 
lement pour  agir  en  commun  à  la  manière  des  syndicats  du  commerce, 
pour  défendre  les  intérêts  de  l'agriculture.  C'est  un  événem^nL  heureux 
auquel  nous  ne  pouvons  qu'applaudir;  les  démarches  collectives  du 
genre  de  celle  que  nous  signalons,  ont  beaucoup  plus  de  chance  de 
succès  que  les  démarches  isolées,  trop  rarement  écoutées.  Le  succès 
que  les  efforts  réunis  delagriculture  et  de  la  sucrerie  française  viennent 
de  remporter,  en  est  une  preuve  éclatante. 

VIL  —  Culture  de  la  levure  du  vin. 
Un  chimiste  distingué  M.  Roinmior  a  présenté  récemment  à  l'Aca- 
démie des  sciences  le  résultat  des  études  auxquelles  il  s'est  livré  sur  la 
culture  de  la  levure  du  vin.  Il  a  cherché  si  l'on  ne  pouvait  pas  arriver 
à  régulariser  la  fermentation  des  moiits  en  y  introduisant  une  levure 
de  vin  pure,  en  pleine  activité,  et  à  paralyser  ainsi  le  développement 
des  autres  germes  qui  gênent  la  fermentation  vinaire.  Les  expériences 
auxquelles  il  s'est  livré  ontprouvé  que  la  levure  devin  cultivé,  ajoutés 
au  moût,  en  provoque  rapidement  li  fe'.'mentiition,  laquelle  p3ut  s'ef- 
fectuer alors  à  une  température  relativement  basse,  de  15  à  2'i  degrés. 
M.  Ilommier  a  obtenu  ainsi  de^  vins  de  chasselas  dosant  jusqu'à  18.75 

1.  La  Société  d'agnoulture  d;  li  H  lute-Oiroiiue,  djniie  s  in  alh'ision  cotnp'èle  à  la  pétition 
ci-dessus  et  observe  en  même  temps  qu'elle  a  adressé  directement  une  pétition  séparée  à  la 
Cliambrc  des  députés. 

ï.  La  Société  d'agriculture  du  commerce  et  d'industrie  du  Var  ajoute  ce  voeu  :  ••  La  Société 
d'agriculture  de  Dra'guignui  dit  en  outre  qu'il  y  a  une  dilférencî  notable  fait;:  par  les  clnmins  do 
fer  pour  le  transport  des  vins.  Ainsi  pir  exemple  de  Cette  à  Paris  la  tonne  paye  4't  fr.  9,"),  tandis 
que  d'Espagne  pour  le  môme  trajet,  le  tarif  est  de  35  fr.  .iO.  S'associant  aux  vœuï  ci-dessus 
exprimés,  elle  en  émet  un  sixième  à  savoir  :  que  les  tarifs  privilégiés  soient  supprimés;  elle  ajoute 
que  les  pertes  à  subir  par  le  Trésordu  fjit  de  l'intro  luction  eu  France  des  vins  a  coolisès  d'Es- 
pagne peuvent  être  évaluées  sur  l'alcool  à  6  millions  de  francs.  » 

3.  A  loption  à  l'unanimité  après  examen  d>,s  Commissions  d'agriculture  et  d'économie  rurale 
réunies  pour  cet  objet.  Les  Commissions  réunies  ont  rappelé  néan  nuns,  quî  dais  lear  pélitioa 
particulière,  leur  Société  avait  adopté  le  chiflfre  1 1  degrés  comme  titre  maximum  du  vin,  avec  la 
tolérance  de  neuf  dixièmes,  au  dessus  du-]uel  l'alcool  serait  soumis  aux  droits  ordinaires. 

4.  Le  Comice  viticole  des  Pyré  lé^s-Orieiitdes  a  raolifté  les  ariicles  1  et  'ides  c  inclusions,  de 
la  miinière  suivante  :  «  Maintenir  l'interdiction  du  vinig;  libre  en  France,  mais  à  la  condition 
que  les  vins  étrangers  seront  fiappés  eu  don  me,  lors  môme  qu'ils  ii'atteiadraieiii  pis  le  titre  de 
1.5». 09,  d'un  droit  supplémentaire  de  8  fr.  au  moins  par  hectolitre.  «  Les  articles  3,  4,5  sont 
adoptés  à  l'unanimité  dans  les  mêmes  termes. 


128  CHRONIQUE  AGRIGOLK  (26  JUILLET  1884). 

pour  100,  d'une  solidité  absolue,  et  ne  renfermant  plus  trace  de  sucre. 
La  méthode  indiquée  par  M.  Romniier  sera  soumise  à  des  expériences 
sur  une  yrande  échelle,  qui  en  indiqueront  la  portée  pratique.  Mais  on 
peut  prévoir  qu'elle  doit  trouver  une  application  utile  dans  la  fabrica- 
tion des  vins  blancs,  dans  l'industrie  des  vins  d'imitation  de  Cette,  et 
dans  un  grand  nombre  d'autres  circonstances.  M.  Rommier  s'est  livré 
aussi  à  des  expériences  curieuses  sur  la  fermentation  et  la  distillation 
des  fruits,  notamment  des  fraises,  dont  nous  espérons  qu'il  fera  con- 
naître bientôt  les  résultats. 

VIII.  —  Sur  l'enquête  agricole  dans  l'Aisne. 

A  propos  de  l'enquête  ordonnée  dans  le  département  de  l'Aisne  par 
M.  le  ministre  de  l'agriculture,  au  mois  de  mars  dernier,  nous  recevons 
la  lettre  suivante  : 

«  Monsieur  le  directeur,  par  ma  lettre  du  29  juin  dernier,  j'ai  eu  l'honneur  de 
vous  prier  de  vouloir  bien  renseigner  vos  lecteurs  aussi  exactement  que  possible 
sur  la  situation  agricole  du  département  de  l'Aisne,  qui  nous  avait  été  dépeinte 
sous  de  si  tristes  couleurs  par  M.  le  sénateur  de  Saint- Vallier. 

«  Bien  que  complètement  étranger  à  ce  département  et  n'y  ayant  aucun  intérêt, 
il  me  semblait  que  les  faits  qui  ont  été  allégués  (à  tort  ou  à  raison)  valaient  bien 
la  peine  d'une  discussion  sérieuse,  soit  en  eux-mêmes,  soit  parce  qu'ils  se  ratta- 
chent à  un  état  général  qui  n'a  rien  de  satisfaisant. 

«  D'un  autre  côté,  la  question  a  été  soulevée  déjà  depuis  longtemps,  et  sous 
peine  de  lui  faire  perdre  tout  mérite  d'actualité,  je  présume  qu'il  est  grand  temps 
désormais  de  l'aborder  et  de  la  traiter  à  fond. 

«  N'ayant  lu  dans  les  derniers  numéros  du  Journal  de  l' aijrkallure  aucun 
article  à  ce  sujet,  je  prends  la  liberté  de  vous  renouveler  ma  demande,  eu  invo- 
quant la  louable  habitude  de  discussion  libre  et  ouverte  dont  vous  vous  honorez 
à  juste  titre. 

«  D'ajjrès  mon  humble  avis,  les  lenteurs  de  l'enquête  qui  a  été  ordonnée  ne  peu- 
vent vous  imposer  un  silence  indéfini.  Ayant  attendu  plus  de  quatre  mois,  il 
me  semble  que  vont;  avez  été  aussi  large  et  aussi  accommodant  que  possible. 
Vous  ne  pouvez  évidemment,  malgré  la  meilleure  volonté,  vous  mettre  à  la  dis- 
crétion illimitée  de  l'administration. 

«  Je  désire  d'ailleurs  vivement  que  les  renseignements  que  vous  mettrez  en' 
lumière  puissent  prouver  que  la  situation  a  été  exagérée  et  que  de  riches  contrées, 
nagjuère  l'orgueil  de  l'agriculture  française,  n'en  sont  pas  encore  à  redouter  une 
véritable  ruine.  Mais  eu  tout  cas,  et  quelle  que  puisse  être  la  gravité  du  mal,  il 
convient  de  l'envisager  en  face  et  avec  une  résolution  virile,  pour  s'efl'orcer 
ensuite  d'y  apporter,  dans  la  mesure  du  possible,  les  remèdes  nécessaires. 

«  Veuillez  agréer,  etc.  J.  Polo, 

Propriéti'ire  à  Gorges. 

Ayant  reçu  une  mission  confidentielle  et  l'ayant  remplie,  je  n'ai  pas 
le  droit  de  publier  mon  rapport;  il  appartient  au  ministre  de  l'agri- 
culture. Le  divulguer  par  une  analyse,  ce  serait  un  acte  d'improbité 
que  je  ne  commettrai  pas.  D'ailleurs  que  notre  correspondant  se  ras- 
sure, la  discussion  aura  lieu  à  l'heure  utile. 

IX.  —  Ecole  nationale  d'horticulture  de  Versailles. 

Dans  notre  dernier  numéro  (p.  87),  nous  avons  rappelé  que  l'école 
nationale  d'horticulture  de  Versailles  ferait  sa  rentrée  le  1"  octobre 
prochain.  Nous  croyons  utile  d'indiquer  les  diverses  matières  sur 
lesquelles  porte  l'enseignement  général  de  cette  école.  Ce  sont  : 
r  l'arboriculture  fruitière  de  plein  air  et  de  primeur,  la  pomologie; 
2°  l'arboriculture  forestière  et  d'agrément,  compreuant  la  pépinière 
en  générale;  3"  la  culture  potagère  de  primsur  et  de  pleine  terre; 
h°  la  lloriculture  de  plein  air  et  de  serre;  5"  la  botanique  élémentaire 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (26  JUILLET  1884).  129 

et  descriptive;  6"  les  principes  de  l'architeclure  des  jardins  et  des 
serres;  7"  des  notions  élémentaires  de  physique,  de  météorologie,  de 
chimie,  de  géologie,  de  minéralogie,  appliquées  à  la  culture;  8°  les 
éléments  de  zoologie  et  d'enlomologie  dans  leurs  rapports  avec  l'horti- 
culture et  l'arboriculture;  [)"  rarillimétique  et  la  géométrie  appliquées 
aux  besoins  du  jardinage  (mesures  de  surface,  cubages,  levé  de 
plans,  etc.);  10"  le  dessin  linéaire,  le  dessin  de  plantes  et  d'instru- 
ments; 1  1°  des  leçons  de  langue  française  et  de  comptabilité;  12'  des 
leçons  de  langue  anglaise;  13"  l'exercice  militaire. 

L'instruction  pratique  est  manuelle  et  raisonnée.  Elle  s'applique  à 
tous  les  travaux  de  jardinage,  quelles  qu'en  soient  la  nature  et  la 
durée.  Les  élèves  sont  appelés  à  fournir  la  main-d'œuvre  nécessaire  à 
l'établissement  et  tenus  d'exécuter  ces  travaux,  auxquels  une  partie  de 
leur  temps  est  consacrée,  afin  d'acquérir  l'habileté  manuelle  indispen- 
sable. Indépendamment  des  cours  et  des  conférences  faits  à  l'Ecole, 
des  visites  aux  principaux  établissements  d'horticulture  permettent 
de  mettre  sous  les  yeux  des  élèves  les  meilleurs  exemples  de  la  pratique 
horticole  et  arboricole. 

X.  —  Service  vétérinaire  à  \Paris. 

Un  concours  pour  l'admission  à  l'emploi  d'inspecteur  de  la  bou- 
cherie à  Paris,  au  traitement  variant  de  3,000  à  4,000  francs,  aura 
lieu  à  la  préfecture  de  police,  le  mercredi  17  septembre  prochain  à 
dix  heures  et  demie  précises  du  matin.  Il  comprendra  une  épreuve 
écrite  sur  un  sujet  de  la  compétence  des  vétérinaires  et  une  épreuve 
pratique  à  l'abattoir  de  la  Villette.  Les  candidats  devront  se  faire 
inscrire  par  avance  au  secrétariat  général  de  la  préfecture  de  police 
(bureau  du  personnel)  en  justifiant  par  leur  acte  de  naissance  qu'ils 
n'ont  pas  plus  de  50  ans  d'âge  et  en  produisant  en  outre  :  1  "  un  extrait 
de  leur  casier  judiciaire;  2'  leur  diplôme  de  vétérinaire;  3°  des 
pièces  établissant  leur  situation  au  point  de  vue  militaire. 

XL  —  Concours  dans  L' arrondissement  de  Poitiers. 
La  Société  académique  d'agriculture  de  Poitiers,  présidée  par 
M.  de  Touchimbert,  organise  deux  sortes  de  concours  pour  les  exploi- 
tations de  l'arrondissement  de  Poitiers.  —  Le  premier  concours  est 
ouvert  entre  les  exploitations  d'une  étendue  de  15  hectares  au  plus. 
Des  primes  seront  décernées  aux  propriétaires  ou  fermiers  qui  auront 
le  mieux  dirigé  leur  exploitation,  comparativement  à  celles  des  autres 
domaines  ruraux  de  la  même  circonscription  et  qui  auront  réalisé  les 
améliorations  les  plus  utiles  et  les  plus  propres  à  être  offertes  comme 
exemples.  Voici  la  valeur  di^s  primes  :  1"  prix,  500  f'r.  et  une  médaille 
d'argent  grand  module;  2'  prix,  300  fr.  et  une  médaille  d'argent; 
3"  prix,  150  fr.  et  une  médaille  de  bronze.  —  Le  deuxième  concours 
est  ouvert  entre  toutes  les  exploitations,  sans  condition  de  contenance, 
pour  l'ensemble  des  instruments  d'intérieur  et  d'extérieur  de  ferme. 
Trois  prix  seront  décernés  :  l"  prix,  300  fr.  et  une  médaille  d'argent 
grand  module;  2'' prix,  150  fr.  et  une  médaille  d'argent;  3*'  prix, 
100  fr.  et  une  médaille  de  bronze.  —  Les  agriculteurs  de  l'arrondis- 
sement de  Poitiers  qui  voudront  concourir  pour  ces  primes  devront 
adresser  leurs  déclarations,  avant  le  1"  août  prochain,  à  M.  Djloze, 
secrétaire  de  la  Société  d'agriculture,  rue  de  l'Ancienne-Coraédie,  3,  à 
Poitiers.  L'accomplissement  de  cette  formalité  est  nécessaire  pour  que 


130  CHRONIQUE  AGRICOLE  (26  JUILLET  1884). 

leur  exploitation  soit  visitée  par  le  jury  spécial,  institué  par  la  Société 
d'agriculture. 

XII  —  Exposition  forestière  à  Edimbourg. 

L'exposition  forestière  internationale  d'Edimbourg  vient  d!ouvrir. 
Elle  est  fort  intéressante  et  comprend  tout  ce  qui  est  relatif  à  l'exploi- 
tation des  forêts.  La  Suède,  le  Danemark,  l'Italie,  la  Perse,  le  Vene- 
zuela, la  Californie  et  le  Japon  ont  exposé;  mais  la  France  n'est  repré- 
sentée que  par  un  seul  exposant,  M.  Decauville,  de  Petit-Bourg  près 
Paris,  dont  les  cliemins  de  fer  portatifs  ont  acquis  une  grande  popula- 
rité en  Angleterre.  Les  chemins  de  fer  portatifs  sont  fort  appréciés  dans 
l'exploitation  des  forêts,  car  ils  permettent  de  sortir  facilement  des 
chantiers  les  troncs  les  plus  élevés,  même  de  30  et  35  mètres  de  lon- 
gueur. 

XIII.  —  Concours  de  livrets  de  caisse  d'épargne  en  Sologne. 

Un  des  plus  grands  services  que  puissent  rendre  les  Associations 
agricoles,  c'est  d'instruire  le  cultivateur,  l'encourager,  le  retenir  dans 
ses  durs  travaux  des  champs,  récompenser  l'honnêteté  de  son  travail, 
faciliter  son  repos  dans  la  vieillesse.  C'est  de  ce  principe,  que  s'est 
inspiré  le  Comité  central  agricole  de  la  Sologne,  quand  il  a  décidé  ses 
distributions  de  médailles  aux  instituteurs,  aux  élèves-maîtres,  aux 
élèves  des  écoles,  ses  distributions  de  livrets  de  caisse  d'épargne  de 
100  francs  aux  ouvriers.  Depuis  188t  il  a  pu  reprendre  ces  concours 
de  livrets  fondés  en  1867  et  qu'un  instant  son  trésor  l'avait  obligé  à 
suspendre.  La  circulaire  suivante  vient  d'être  adressée  par  M.  le  pré- 
sident, E.  Boinvilliers,  aux  maires  des  communes  comprises  dans  la 
circonscription  d'Aubigny  et  dont  les  cultivateurs  ont  été  appelés  cette 
année  au  concours  du  prix  d'honneur  de  1,000  francs: 

K  Le  Comité  a  décidé  que  six  livrets  de  caisse  d'épargne  de  100  francs  chacim 
seront  accordés  chaque  année  à  des  ouvriers  des  campagnes  ou  à  de  petits  culti- 
vateurs, ayant,  dans  une  carrière  déjà  avancée,  donné  l'exemple  de  la  probité,  de 
la  persévérance  dans  le  travail  et  de  l'accomplissement  des  devoirs  de  la  famille. 

«  Ces  livrets  devant  être  distribués  cette  année  dans  votre  circonscription  de 
concours  d'Aubigny,  vous  voudrez  hien,  si  vous  croyez  pouvoir  présenter  des 
ouvriers  ou  petits  cultivateurs  réunissant  les  conditions  ci-dessus  énoncées,  me 
faire  connaître  leurs  noms  et  leurs  titres,  après  avoir  pris  l'avis  de  M.  le  curé  de 
votre  commune  et  du  doyen  d'âge  de  vos  conseillers  municipaux.  » 

Les  noms  et  titres  des  candidats  doivent  être  envoyés,  avant  le 
l*' septembre  prochain,  à  Lamotte-Beuvron,  à  M.  Ernest  Gaugiran, 
secrétaire-archiviste  du  Comité. 

XIV.  — Exposition  canine  à  Paris. 

Une  exposition  de  chiens  a  eu  lieu  récem  ment  à  Paris  ;  elle  a  été  assez 
nombreuse,  mais  elle  a  été  à  peu  près  réservée  aux  chiens  d'agrément 
et  aux  chiens  de  chasse.  A  cette  occasion,  notre  excellent  confrère, 
M.  G.  de  Cherville,  présente  dans  le  journal  te  Temps,  les  observations 
suivantes  : 

«  Ce  qui  est  absolument  regrettable,  c'est  l'absence  à  peu  près  complMe  des 
plus  intéressants  des  chiens  d'utilité,  des  chiens  de  berger.  M.  le  micislre  de 
l'agriculture,  avec  la  sollicitude  dont  il  témoigne  pour  tout  ce  qui  se  rattache  à  la 
vie  agricole,  avait  voulu  accorder  deux  médailles  d'or  et  une  médaille  d'arcrent^à 
l'exposition  de  la  Société  pour  l'amélioration  des  races  canines.  Le  jury,  qui  eût 
voulu  les  consacrer  toutes  les  trois  à  récompenser  des  gardiens  de  nos  troupeaux, 
n'en  a  pas  trouvé  le  placement.  Un  chien  de  toucheur  de  bœufs,  un  labrie  assez 


GHRONIQQE   AGRICOLE  (26     JUILLET    188'i).  131 

médiocre,  voilà  tout  ce  qui  reprùsenlait  les  auxiliaires  agricoles  français.  Les 
chiens  de  burger écossais,  les  colleys,  étaient,  en  revanche,  fort  nombreux  et  géné- 
ralement très  distingués.  Il  est  fâcheux  que  leurs  prix  toujours  élevés  (on 
demandait  1,500  francs  de  l'un  d'eux)  ne  permettent  |)as  d'espérer  qu'ils  se  propa- 
geront beaucoup  en  France  ;  ils  lont  un  excellent  service  et,  avec  la  physionomie 
renardière  que  leur  procure  leur  museau  pointu  et  leurs  oreilles  droites,  ils  ont 
plus  d'élégance  que  nos  labries  poilus.  Il  est  vrai  que  cette  considération  touchera 
médiocrement  nos  bergers.  Ceux-ci  et  le»  fermiers  eux-mêmes  lisant  rarement  les 
journaux  de  sport,  nous  croyons  qu'au  moment  de  ses  concours  la  Société  se 
trouverait  bien  de  faire  parvenir  aux  journaux  spécialement  ai^ricoles  une  note 
dans  laquelle  seraient  mentionnées  les  récompenses  qu'elle  destine  aux  chiens 
d'utilité.  Nous  sommes  certains  que  nos  confrères  de  celte  presse  ne  refuseront 
jamais  de  contribuer  par  leur  publicité  à  encourager  l'élevage  des  beaux  tyijes  de 
ces  auxiliaires.   « 

Les  expositions  n'ont  de  succès,  et  par  suite  d'utilité,  que  lorsque 
leurs  programmes  sont  connus  à  l'i^vance.  Pour  notre  part,  nous  ferons 
toujours  un  accueil  empressé  aux  communications  dont  parle 
M.  de  Clierville.  —  A  l'occasion  delà  distribution  de  ses  récompenses, 
la  Société  pour  l'amélioration  des  races  canines  a  décerné  à  M.  Pasteur  sa 
grande  médaille  d'or,  pour  reconnaître  les  services  que  l'illustre  savant 
a  rendus,  notamment  par  ses  recherches  sur  la  prophylaxie  de  la  rage. 

XIV.  —  Concours  des  associations  agricoles. 
En  même  temps  que  se  tenaient  les  concours  régionaux,  un  assez 
grand  nombre  de  concours  de  Sociétés  d'agriculture  et  de  Comices 
ont  eu  lieu  dans  plusieurs  déparlements.  Nous  avons  reçu  sur  ces 
solennités  beaucoup  de  notes  et  de  renseignements  ;  malheureusement, 
la  place  dont  nous  pouvions  disposer  a  été,  depuis  près  de  deux  mois, 
absorbée  par  les  comptes  rendus  des  concours  régionaux.  Maintenant 
que  l'immense  majorité  de  ces  comptes  rendus  a  paru,  puisque  nous 
n'avons  plus  à  donner  que  celui  de  Rouen,  nous  pourrons  revenir  sur 
les  solennités  des  associations  agricoles.  Dans  un  cercle  plus  restreint, 
ces  solennités  exercent  une  grande  influence  sur  la  marche  de  l'agri- 
culture; elles  mettent  en  relief  beaucoup  de  progrès  modestes  que  l'on 
doit  signaler  :  elles  sont  l'occasion  de  l'échange  d'un  grand  nombre 
d'impressions  d'où  résultent  des  améliorations  réelles.  —  Dans  notre 
prochain  numéro,  nous  commencerons  aussi  la  publication  du  compte 
rendu  des  travaux  de  la  Société  nationale,  présenté  dans  sa  séance 
solennelle  du  2  juillet, 

XV.  —  Nouvelles  de  l'état  des  récoltes. 

Les  avis  sur  la  situation  des  diverses  cultures  n'ont  pas  beaucoup 
varié  depuis  quelques  semaines.  — M.  Pagnoul,  directeur  de  la  station 
agronomique  d'Arras,  résume  comme  il  suit  ses  appréciations  pour  le 
département  du  Pas-de-Calais  : 

«  Les  blés  restent  beaux;  la  floraison  a  eu  lieu  vers  la  fin  de  juin  dans  de 
bonnes  conditions;  les  tiges  sont  hautes  et  nombreuses.  Le  froid  a  un  peu  nui  à 
la  floraison  du  seigle  et  le  grain  n'est  pas  uniformément  beau.  L'escourgeon  et 
l'avoine  promettent  une  assez  bonne  récolte.  Les  betteraves  sont  un  peu  en  re- 
tard ;  elles  paraissent  atteintes  sur  quelques  points,  surtout  celles  qui  ont  été 
semées  de  bonne  heure,  d'une  maladie  qui  a  jauni  les  feuilles  extérieures;  la 
température  trop  froide  et  trop  sèche  du  mois  de  juin  n'a  pas  permis  un  dévelop- 
pement assez  rapide  des  feuilles  ;  il  y  a  des  vides  sur  certains  champs,  et  ennn 
l'espacement  reste  toujours  beaucoup  trop  grand  partout.  Les  pommes  de  terre 
sont  très  belles,  la  floraison  s'opère  convenablement,  et  on  peut  espérer  une  bonne 
récolte  si  la  maladie  ne  survient  pas.  L'aspect  des  œillettes  est  également  très 
satisfaisant/La  fenaison  s'est  opérée  dans  de  très  bonnes  conditions,   mais   la 


132  CHRONIQUE  AGRICOLE  (26  JUILLET  1884). 

récolte  ne  sera  que  moyenne  pour  les  prairies  artificielles  ;  elle  paraît  devoir  être 
plus  abondante  sur  les  prairies  naturelles.  » 

Dans  la  note  qu'il  nous  adresse  de  Saint-Jean-d'Ataux  (Dordogne), 
à  la  date  du  15  juillet,  M.  de  Lentilliac  constate  que  la  maturation  des 
céréales  s'est  faite  généralement  avec  une  trop  grande  rapidité  : 

«  Le  mois  de  juin  a  été  caractérisé  par  une  moyenne  générale  de  température 
inférieure  à  celle  du  mois  de  mai  (l'°.03  pour  mai,  16". 31  pour  juin,  ;  on  doit 
l'attrilDuer  aux  neuf  jours  de  pluie  survenus  dans  la  première  quinzaine  de  ce 
mois  A  partir  du  15,  la  température  s'est  sensiblement  élevée  pour  atteindre  un 
maximum  d«  -)-  33  degrés  le  28  ;  c'est  dans  cette  période,  qui  n'a  pas  donné  une 
goutte  de  pluie,  que  se  sont  commet  ces  et  terminés  les  travaux  de  fenaison.  Depuis 
bien  des  années  une  température  aussi  favorable  ne  s'était  produite  à  cette 
époiue;  si  les  foins  de  prairies  naturelles  ne  sont  pas  aussi  abondants  «;u"on 
l'avait  espéré,  il  faut  raconnaître  du  moins  qu'ils  se  sont  sécliés  sans  pluie  et 
assez  rapidement  pour  conserver  une  bonne  couleur  verte  et  ce  parfum  aroma- 
tique si  recherché  du  bétail. 

«  Les  fromerits  ont  parcouru  un  peu  trop  vite  la  période  de  maturation.  Il  n'y 
a  point  de  cas  de  coulure,  mais  de  nombreux  épis  échaudés,  dont  le  grain  bien 
que  formé  sera  ridé  et  peu  lourd.  La  moisson  est  commencée  depuis  le  5  juillet. 

<t  La  vigne  présente  toujours  l'aspect  d'une  luxuriante  végétation,  mais  çà  et 
là  commence  à  appaïaître  l'oïdium,  et,  si  l'on  y  regarde  de  près,  plusieurs  cépages 
oiîrent  déjà  des  maniifs  roussies  et  flétries  avant  la  lloraison.  Il  est  à  ciamdre 
qu'il  y  ait  à  signaler  de  nombreux  cas  de  coulure. 

«  Peu  de  jours  après  leur  mise  en  place,  les  tabacs  ont  été  attaqués  par  le  ver 
jaune,  insecte  bien  connu  des  planteurs,  qui  perlore  l'intérieur  de  la  tige  j;_;SL|u'au 
sommet  qu'il  détruit,  et  cela  dans  la  proportioa  du  quart  et  souvent  du  tiers 
d'une  plantation.   » 

Sur  la  situation  agricole  dans  le  même  département  de  la  Dordogne, 
M.  Carrier-Ladevèze  nous  envoie,  de  Saint-Cyprien,  à  la  date  du  19 
juillet,  la  note  suivante: 

K  Le  mois  de  juin  et  la  première  quinzaine  de  juillet  se  sont  fait  remarquer 
par  une  sécheresse  extrême.  Faute  de  pluie,  le  ble  n'a  pas  donné  le  re.iJcment 
qu'il  promettait.  Gomme  les  années  précédentes,  les  moineaux  ont  fait  au  fro- 
ment un  mal  incalculable.  Si  le  gouvernement  accordait  aux  cultivateurs  le  droit 
de  détruire  ces  pillards,  il  rendrait  à  l'agiiculture  un  service  sérieux. 

»  Les  haiicots,  maïs,  betteraves  et  pommes  de  terre  souffrent  énormé.'nent  de 
la  sécheresse.  Ils  ont  un  pressant  besoin  d'eau.  ÎMème  observation  à  l'égard  des 
secondes  coupes  de  trèfles  et  de  prairies  dont  la  pousse  est  brûlée. 

«  Le  royer  présente,  principalement  sur  les  terrains  maigres  —  quelques  traces 
de  maladie.  —  Par  suite  de  la  gelée  du  printemps,  les  noix  seront  peu  abondantes. 
Les  prunii'rs  Reine-Claude  et  les  pommiers  sont  chargés-de  fruits.  Les  amandiers 
se  sont  gelés.   Il  y  a  eu  beaucoup   de  cerises  et  d'abricots. 

«  La  vigne  a  coulé  ! — Le  phylloxéra  est  signalé  sur  plusieurs  nouveaux  points. 
—  La  récolte  en  vin  sera  médiocre 

«  Les  tabacs,  malgré  un  ver  qui  les  ronge,  sont  assez  beaux, 

«  En  somme,  sans  la  sécheresse,  l'état  des  récoltes,  dans  nos  contrées,  serait 
satisfaisant.  » 

La  moisson  se  poursuit  avec  des  résultats  assez  variables  suivant  les 
régions.  On  est  généralement  salisfaitdu  nombredes  gerbes  et  dti  poiijs 
qu'elles  présentent,  en  ce  qui  concerne  le  froment;  les  récoltes  du 
seigle  et  de  l'avoine  sont  plus  faibles.  Cette  dernière  céréale  a  été  par- 
ticulièrement atteinte  par  la  sécheresse.  —  De  violents  oraiies  sont 
survenus  dans  une  grande  partie  de  la  France;  la  pluie  a  élé  abon- 
dante, et  elle  a  fait  beaucoup  de  bien  à  la  plupart  des  cultures. 
Malheurc'usetnent.  ces  orages  ont  causé  parfois  de  grands  (icgâls, 
notamment  dans  les  environs  de  Millau  (Aveyron)  et  du  Puy  (H.uie- 
Loire);  les  récoltes  de  quelques  communes  ont  été  presque  complète- 
ment anéanties.  J.-A.-  B.iRRAL. 


ÉLEVAGE  ET  ENGRAISSEMENT  INTENSIFS.  133 


ELEVAGE  ET  ENGRAISSEMENT  INTENSIFS 

Le  Journal  de  l'agriculture  du  2't  mai  dernier  renferme  un  article 
dans  lequel  M.  Sanson  dit  :  qu'ayant  introduit  dans  le  langage 
zootechnique  l'expression  d'engraissement  intensif,  il  lui  appartient 
d'en  déterminer  la  signification. 

En  1876,  j'ai  adres'^é  à  la  Société  des  agriculteurs  de  France  le 
traité  de  l'alimentation  des  bêtes  bovines  qui  a  été  récompensé  par  une 
médaille  d'or  en  1877,  etdans lequel  j'établissais  qu'il  y  a  deu.v  sortes 
d'élevage  pour  ces  animaux,  l'un  simple  et  l'autre  intensif  (engraisse- 
ment intensif  du  jeune  bétail).  Nous  avons  pu  nous  rencontrer  dans  le 
choix  de  cette  expression,  mais  il  m'ap;  artient  aussi  de  dire  quelques 
mots  dans  la  question  présente,  car  depuis  1841.)  j'ai  engraissé  des 
quantités  importantes  de  bœufs  et  de  moutons,  sans  avoir  jamais  subi 
d'autres  pertes  de  bestiaux  que  celles  qui  résultaient  de  l'imprudence 
des  bergers  ou  des  marcaires,  lorsqu'ils  voulaient  obtenir  un  engrais- 
sement trop  rapide  au  moyen  de  grains  moulus  donnés  en  quantités 
surabondantes. 

Alors  arrivaient  des  congestions  mortelles  qui  ont  toujours  été 
évitées  lorsque  l'opération  a  été  conduite  avec  quelques  précautions. 

Chacun  sait  qu'il  faut  aux  animaux  deux  choses  qui  ont  une  égale 
importance  :  les  soins  et  la  nourriture. 

Parmi  les  soins  nécessaires,  on  doit  compter  l'emploi  des  substances 
fraîches  qui,  tout  en  excitant  l'appétit,  facilitent  la  digestion.  Mais  les 
praticiens  habiles  ne  s'en  tiennent  pas  là  :  ils  saignent  leurs  bœufs  à 
l'engrais  dans  le  premier  mois  de  l'engraissement,  et  se  gardent  de 
vouloir  aller  trop  vite  au  début,  parce  que  c'est  alors  que  les  animaux 
affamés  sont  exposés  aux  plus  graves  accidents. 

D'ailleurs,  le  bœuf  acheté  dans  le  but  d'être  revendu  gras,  reste 
huit  ou  quinze  jours  sans  tirer  grand  parti  de  la  nourriture  qu'on  lui 
donne.  Il  faut  qu'il  s'habitue  à  l'étable,  pour  ainsi  dire  ;  et  si  l'on  vou- 
lait toujours  se  procurer  des  animaux  demi-gras,  on  courrait  grand 
risque  de  les  payer  cher  et  de  les  revendre  sans  bénéfice,  après  avoir 
perdu  tout  son  temps  à  courir  les  foires  et  sacrifié  les  intérêts  les  plus 
importants  d'une  exploitation  rurale. 

On  ne  saurait  rien  conseiller  de  semblable  à  la  plupart  des  cultiva- 
teurs; et  ceux-ci  devront  plutôt  s'attacher  à  l'élevage  intensif  de  jeunes 
animaux  qu'ils  pourront  vendre  fort  cher  avant  la  troisième  année,  ou 
à  l'emploi  du  bœuf  de  trait  qu'ils  auront  soin  de  laisser  reposer  quel- 
que temps  après  les  travaux  accomplis,  pour  l'engraisser  rapide- 
ment, après  l'avoir  amené  d'abord,  sans  grands  frais,  à  un  embonpoint 
modéré. 

C'est  une  bonne  méthode,  essentiellement  agricole,  qui  permet 
souvent  d'obtenir  à  la  vente  le  double  du  prix  d'achat. 

J'ai  pris  le  soin  d'expliquer,  en  1876,  qu'en  moyenne  le  bœuf 
seulement  en  bon  état  gagne  de  8  à  10  pour  100  (soit  9)  durant  le 
premier  mois  de  l'engraissement,  de  G  à  8  (soit  7)  durant  le  second, 
de4à6(soit  5)  durant  le  troisième,  de3à  5  (soit  4)  durant  le  quatrième, 
et  ainsi  de  suite.  Il  y  a  donc  lieu  d'examiner  si  la  qualité  compense 
toujours  la  quantité  dans  de  pareilles  conditions,  et  s'il  n'y  a  pas  avan- 
tage à  se  procurer  du  bétail  maigre  à  bas  prix  pour  lui  faire  con- 


134  ÉLEVAGE  ET  ENGRAISSEMENT  INTENSIFS. 

sommer  les  produits  les  plus  ordinaires  de  la  ferme  plutôt  que  de 
renouveler  sans  cesse  celui  que  l'on  aura  engraissé  très  rapidement 
après  l'avoir  payé  d'autant  plus  cher  qu'on  l'aura  acheté  sans  profiter 
de  l'occasion  et  de  la  saison. 

Bien  acheter  conduit  à  bien  vendre,  et  tous  les  frais  s'élèvent  en 
raison  de  la  rapidité  que  l'on  veut  mettre  à  renouveler  la  marchandise, 
au  profit  des  intermédiaires  et  au  détriment  de  soi-même. 

Sans  doute,  j'ai  établi  qu'il  est  nécessaire  de  faire  consommer  le 
plus  possible  au  delà  de  la  ration  d'entretien  qui  ne  donne  que  le  fu- 
mier en  échange  de  ce  qu'elle  coûte  ;  mais  il  ne  faut  pas  perdre  de  vue 
que  ce  fumier,  le  travail  et  surtout  l'emploi  du  temps  que  l'agricul- 
teur doit  consacrer  à  l'ensemble  de  son  exploitation,  comptent  pour 
beaucoup  dans  une  administration  bien  conduite.  Les  produits  de  la 
ferme  bien  utilisés  sont  d'ailleurs  la  base  la  plus  sûre  du  succès. 

Si  l'on  peut  approximativement  doubler  la  valeur  vénale  d'un 
bœuf  en  huit  ou  dix  mois,  tout  en  en  retirant  sans  grands  frais  les 
avantages  dus  au  travail  et  au  fumier  qu'il  produit,  c'est  dans  cette 
voie  surtout  qu'il  faut  diriger  notre  agriculture  dont  l'insuccès  tient 
en  grande  partie  à  ce  qu'elle  refuse  trop  souvent  d'employer  le  bœuf 
de   trait    à   Taccomplissemenl    de    ses   travaux. 

E.      DUROSELLE. 


CONCOURS  REGIONAL  DU  PUY 

Rarement  un  concours  régional  a  été  plus  favorisé  yjar  le  temps  que  celui  qui 
s'est  tenu  au  Puy,  du  21  au  29  juin,  pour  clore  la  série  des  grandes  solennités 
agricoles  de  l'année  1884.  Il  était  d'ailleurs  parfaitement  organisé  sur  la  promenade 
du  Breuil  dont  les  gazons  et  les  fleurs  lui  faisaient  un  splendide  décor,  tandis 
que  les  arbres  donnaient  aux  animaux  et  aux  produits  un  abri  salutaire  contre 
les  ardeurs  d'un  soleil  torride.  M.  Heuzé ,  commissaire  général,  avait,  avec 
son  esprit  d'organisation  si  bien  apprécié,  tiré  un  admirable  parti  de  l'heureuse 
disposition  des  lieux,  dans  un  des  plus  beaux  sites  de  France,  dont  les  volcans 
éteints,  qui  forment  ia  ceinture  du  Puy,  constituaient  l'encadrement  à  la  fois  har- 
monieux et  gigantesque.  Les  populations  rurales  des  montagnes  du  Velay  ont 
d'ailleurs  répondu  à  l'appel  qui  leur  était  adressé,  et  elles  sont  accourues  en 
rangs  pressés  pour  visiter  la  fête  agricole  qui  leur  était  offerte. 

On  ne  peut  pas  dire  que,  dans  son  ensemble,  le  concours  régional  ait  présenté 
l'importance  que  comporte  la  place  occupée  par  l'élevage  du  bétail  dans  les  préoc- 
cupations agricoles  de  la  contrée.  Nous  sommes  ici  en  pleine  région  montagnarde, 
puisque  la  circonscription  du  concours  comprend  les  départements  de  l'Ardèche, 
de  la  Lozère,  du  Puy-de-Dôme,  de  la  Haute-Loire,  delà  Loire,  du  Rhône.  Or,  ait 
cette  époque  de  l'année  (fin  de  juin),  dans  la  plupart  des  cantons,  les  Iroupeaux  sont 
montés  à  l'estivage  sur  les  hauts  plateaux.  Il  est  impossible  de  retarder  ceite  opé- 
ration qui  entre  dans  les  conditions  naturelles  de  l'exploitation  du  sol.  C'est  pour- 
quoi le  concours  ne  présentait  pas  un  aussi  grand  nombre  d'animaux  qu'on  aurait 
pu  l'espérer,  principalement  en  ce  qui  concerne  les  races  bovines.  Néanmoins,  il 
a  eu  une  importance  suffisante  pour  qu'on  ait  pu  se  rendre  compte  des  pro- 
grès réels  réalisés  depuis  quelques  années.  Ce  n'est  pas  à  dire  que  la  qualité  a 
complètement  suppléé  à  la  quantité;  mais  celle-là  n'était  réellement  pas  à  dédai- 
gner. Il  n'y  a  qu'une  observation  réellement  sérieuse  à  présenter,  et  elle  n'est 
pas  spéciale  au  concours  du  Puy.  Cette  observation  est  relative  aux  catégories 
que  l'on  persiste  à  maintenir  pour  les  croisements  :  tous  les  éleveurs  sont  d'accord 
aujourd'hui  sur  ce  fait  que,  pour  faire  souche  de  reproduction,  il  faut  user  d'ani- 
maux de  races  pures;  la  démonstration  en  a  élé  faite  mille  fois.  Le  maintien  de 
prix  oHerts  aux  croisements  dans  les  concours  d'animaux  reproducteurs  n'a  pas 
de  résultats  pratiques  ;  le  seul  effet  est  de  faire  faire  par  quelques  agriculteurs 
des  croisements  plus  ou  moins  heureux,  le  plus  souvent  malheureux,  uniquement 
en  vue  de  recueillir  quelques  primes,  sans  que  ces  croisements  aient  de  la  suite 


CONCOURS  RÉGIONAL  DU  POY.  135 

dans  leurs  étables.  Il  y  a  bien  un  autre  effet  qu'on  entend  parfois  articuler  ;  ce 
serait  de  faire  présenter  dans  ces  catégories,  qui  donnent  asile  à  tout,  des  animaux 
défectueux  qu'on  ne  pourrait  pas  présenter,  avec  chance  de  succès,  dans  les  caté- 
gories spéciales;  mais  c'est  aux  jurys  à  savoir  apprécier  ces  cas  heureusement 
isolés,  et  nous  n'avons  pas  à  nous  en  préoccuper  autrement  ici. 

La  première  place,  dans  les  races  bovines,  appartenait  naturellement  à  la  race 
du  Mézenc,  la  race  spéciale  au  pays.  Le  canton  de  Fay-le-Froid  en  est  le  princi- 
pal centre,  et  c'est  dans  la  commune  des  Eslables,  à  plus  de  1,300  mètres  d'al- 
titude, au  pied  du  mont  Mézenc,  le  plus  haut  pic  du  pays,  que  les  troupeaux  en 
sont  le  plus  nombreux. Vingt-sept  exposants  ont  amené  98  animaux  de  la  race 
du  Mézenc;  24  appartiennent  à  la  Haute-Loire,  2àr.Ardèche  et  1  à  la  Lozère.  Tous 
les  exposants  de  la  Haute-Loire  ."^ont  de  l'arrondissement  du  Puy  ;  c'est  d'ailleurs 
à  cet  arrondissement  qu'appartiennent  tous  les  exposants  du  département  pour  les 
races  bovines,  à  l'exception  de  deux  qui  viennent  des  environs  de  Brioude.  L'ex- 
position est,  en  général,  assez  bonne,  quoique  l'on  n'ait  pas  à  constater  de  per- 
fectionnement bien  sensible  dans  les  formes;  sans  rien  perdre  de  leur  rusticité  , 
les  animaux  pourraient  devenir  plus  fins,  acquérir  des  formes  plus  régulières  ;  la 
plupart  des  vaches  sont  toutefois  de  bonne  qualité.  Presque  tous  les  prix  sont 
remportés  par  les  éleveurs  des  Estables,  dunt  la  plupart  ont  une  grande  réputation 
dans  le  pays  :  MM.  Eyraud,  Michel  (Régis),  Descours,  Rochette  ;  c'est  à  ce 
dernier  que  le  prix  d'ensemble  est  attribué. 

La  race  tarentaise  est  classée  au  second  rang  dans  le  concours.  L'exposition 
n'en  est  pas  très  nombreuse,  mais  elle  est  bonne.  C'est  surtout  aux  environs  du 
Puy  que  les  étables  se  peuplent  de  ces  précieuses  bêtes  laitières  ;  le  renouvelle- 
ment des  vacheries  est  d'ailleurs  facile,  grâce  à  la  proximité  relative  du  berceau 
de  la  race  en  Savoie.  Tous  les  exposants  qui  figurent  au  concours  viennent  des 
environs  de  la  ville.  M.  Couderchet  est  le  principal  lauréat,  et  il  remporte  le 
deuxième  prix  d'ensemble  réservé  aux  races  bovines. 

Les  catégories  des  races  d'.Aubrac  et  de  Salers  sont  bien  fournies  :  la  première 
par  treize  exposants,  dont  dix  de  la  Haute-Loire  ;  la  deuxième  par  six  exposants, 
dont  quatre  du  Puy-de-Dôme  et  deux  de  la  Haute-Loire.  Les  animaux  sont,  en 
général,  bien  conformés  et  présentés  en  bon  état.  Cette  remarque  s'applique  sur- 
tout aux  salers  de  M.  .-Vmilhon-Billon.  —  Pour  la  race  charolaise,  deux  lots  très 
remarquables  sont  présentés  par  M.  Palluat  de  Besset,  de  la  Loire,  et  M.  Blet- 
tery,  du  Rhône;  la  lutte  a  été  vive  entre  ces  deux  concurrents.  M.  Blettery  a 
reçu  un  objet  d'art  delà  Société  d'encouragement  à  l'agriculture.  A  côté,  une  assez 
belle  collection  de  durhams,  présentés  surtout  par  M.  Aug.  Massé,  du  Cher,  et  par 
M.  E.  Raynaud,  de  l'Allier.  —  La  catégorie  des  races  diverses  était  aussi  bigar- 
rée que  possible;  quelques  bous  animaux  de  race  pure,  mais  à  côté  les  croise- 
ments les  plus  hétéroclites  et  les  plus  bizarres.  —  Pour  les  bandes  de  vaches  en 
lait,  les  honneurs  ont  été  pour  quatre  très  belles  vaches  Schwitz  présentées  par 
M.  Caiibet.  Sans  leur  être  comparables,  les  vaches  du  Mézenc,  de  M.  Louis 
Eyraud,  n'étaient  pas  à  dédaigner. 

Oa  élève  peu  de  moutons  dins  le  Velay  ;  mai^  des  troupeaux  assez  nombreux 
transhument  sur  ses  plateaux.  L'exposition  ovine  comptait,  au  Puy,  surtout  des 
animaux  des  races  dites  de  montagnes,  à  laine  blanche  ou  noire,  grossière,  de 
taille  peu  développée,  mais  donnant  une  viande  d'assez  bonne  qualité.  Les  brebis 
des  Causses  du  Gévaudan,  en  petit  nombre,  il  est  vrai,  faisaient  meilleure 
figure.  Les  honneurs  du  concours  ont  été  pour  les  mérinos  de  M.  Caubet  qui  a 
remporté  le  grand  prix  d'ensemble,  les  dishley  de  M.  Massé,  les  southdown  de 
M.  de  Bouille. 

Les  expositions  des  races  porcines  sont  presque  partout  analogues  :  nous  retrou- 
vons ici  les  mêmes  caractères  que  dans  les  autres  concours  régionaux.  Le  mélangée 
du  sang  anglais  gagne  de  plus  en  plus.  Le  principal  lauréat  a  été  M.  Jean  Gaudet, 
de  Saint-Laurent-la-Conche  (Loire),  éleveur  des  plus  distingués,  qui  avait  exposé 
des  berkshire  d'une  rare  per.'"ection. 

Parfaitement  agencée  au  milieu  d'un  jardin  de  plantes  vertes  et  de  fleurs,  l'ex- 
position des  animaux  de  basse-cour  était  assez  nombreuse  ;  elle  était  surtout  pourvue 
en  lapins  de  toutes  races.  La  qualité,  pour  l'ensemble,  laissait  un  peu  à  désirer. 
Toutefoip,  Mme  Caubet,  qui  a  remporté  le  pris  d'ensemble,  avait  une  collection 
bien  réussie.  Le  commerce  des  animaux  de  basse-cour  tend  à  se  développer  dans 
le  pays;  quelques  marchands  avaient  des  lots  assez  remarquables. 

Des  instruments,  il  y  a  peu  de  choses  à  dire.  Sur  les  600  déclarations  adressées 


136  CONCOURS  RÉGIONAL  D"J  PUY. 

au  ministère  de  l'agriculture,  plus  d'un  tiers  a  fait  défaut.  De  machines  nouvelles, 
il  y  en  a  bien  peu.  Toutefois  nous  devons  signaler  un  casse-pierres  exposé  par  la 
Société  française  de  matériel  agricole,  un  siphon  automatique  envoyé  par  un  con- 
structeur de  Langogne  (Lozère),  et  enfin  une  machine  à  vapeur  et  une  batteuse 
construites  par  M.  Saugnes-Giraud,  mécanicien  au  Puy.  Ces  machines  sont  les 
premières  qui  sortent  d'un  atelier  de  cette  ville. 

Le  concours  des  produits  n'était  important  ni  parla  quantité,  ni  par  la  qualité. 
Il  n'y  a  d'exceptions  à  faire  que  pour  quelques  produits  apicoles  et  d'assez  belles 
colleutions  d'orge.  Cette  céréale  est  cultivée  en  assez  grande  propor  ion  sur  les 
terrains  volcaniques  et  elle  y  est  d'une  belle  qualité.  Les  fromages  et  les  beurres 
étaient  médiocres.  Pour  les  liquides,  il  y  en  avait  peu  ;  mais  nous  devons  citer 
d'excellentes  liqueurs,  notamment  une  prunelle,  exposées  par  M.  Rumilli;t,  du  Puy. 
L'exposition  scolaire,  organisée  dans  les  salles  du  Musée,  faisait  réellement  hon- 
neur aux  écoles  du  département.  Quant  aux  produits  horticoles,  ils  formaient  au 
concours  un  cadre  qui  a  été  hautement  apprécié. 

Le  concours  régional  a  reçu  la  visite  de  JVE.  Tisserand,  directeur  de  l'agriculture. 
'Un  banquet  lui  a  été  offert  par  la  Société  agricole  de  la  Haute-Loire,  présidée  par 
M.  Langlois.  M.  Tisserand  a  présidé  la  distribution  des  récompenses.  Il  y  a  pro- 
noncé un  excellent  discours  que  nos  lecteurs  ont  déjà  eu  sous  les  yeux.  M.  Pierre 
Dufour  a  donné  lecture  d'un  rapport  intéressant  sur  le  concours  de  la  prime 
d'honneur  ;  il  a  tenu  à  rendre  justice  à  la  mémoire  de  M.  Nicolas,  directeur  de  la 
ferme-école  de  Nolhac,  enlevé  prématurément  il  y  a  quelques  mois.  —  Puis  les 
récompenses  ont  été  proclamées  comme  il  suit  : 

Prix  culturaux. 

1'»  Catégorie.  —  Propriétaires  exploitant  leurs  domaines  directement  ou  pnr  régisseurs  ou  par 

raaitrcs-valels.  Un  objet  d'art,  Mcue  Kaurot.  à  la  Chomette,  commune  de  Saint-Beauzire. 
4°  Catégorie.  —  Métayers  isolés  ou  petits  cuitivat^jurs,   propriétaires   ou    fermiers  de  domaines 

au-dessus  de  5  hectares  et  n'eicédant   pas   20  hectares.  Un  objet   d'art,  M.    Pradier,  à  Perthuis, 

commune  de  Chambon. 
Rappel  du  prix  cuUural  obtenu  en  1870,  M.  Couderchet,  à  Langlade,  commune  d'Aiguilhe.,  , 
Prime  d'honneur,  non  décernée.  ' 

Ferme-école,    un    objet     d'art   spécial    est    décerné,     sur    la    demande     particulière     du 

jury,  comme  récompense  exceptionnelle  à  M.    Jacques   Nicolas,   directeur  de    la   ferme-école 

de  Nolhac. 

Récompenses  dites  de  spécialités. 

Un  objet  d'art,  M.  de  Mars,  à  Joux,  commune  de  Tence,  pour  ses  importantes  cultures  fores- 
tières d'essences  résineuses  ;  M.  Arthur  Couderchet,  à  Langlade,  commune  d'Aiguilhe,  pour  ses 
remarquables  cultures  fruitières. 

Uédailles  d'or  (grand  module),  MM.  de  RioUet  de  Morteiiil,  à  Chilhac,  pour  création  de  vignes 
façonnées  à  la  charrue;  Vidal,  à  Aubenas,  commune  de 'l'aillac,  pour  création  d'un  beau  vigno- 
ble sur  un  terrain  rocheux  ayani  nécessité  des  travaux  d'une  exécution  difficile;  Bard,  à  Giza- 
guet,  commune  de  Saint-Géron,  pour  instruments  viticoles  destinés  à  suppléer  à  la  rareté  de  la 
main-d'œuvre. 

Uédailles  d'or,  MM.  Sabatier,  au  Monastier,  pour  une  vacherie  et  une  laiterie  bien  disposées; 
Pages,  à  Ussel,  commune  du  Brignon.pour  création  et  irrigation  d'une  petite  prairie  parfaitement 
nivelée. 

Médailles  d'argent  (grand  module),  MM.  Charbonnier  frères,  métayers  au  Mas-de-Fia,  com- 
mune de  Sanssac-l'Eglise,  pour  construction  de  murs  de  clôture  exécutés  au  moyen  de  rochers 
extraits  des  terres  labourables. 

Prix  d'irrigations. 

1"  Catégorie. —  Propriétés  contenant  plus  de  6  hectares  de  terres  arrosées.  2"  prix,  M.  IJafSe, 
ft  .''Mnt-Chrislophe-d'Allier,  pour  irrigalion  de  pituragi  s;  3",  MM.  Eugène  Gagne  et  Félix,  au 
l'ont-Neuf,  commune  de  Saint -Germain-Laprade,  pour  irrigations  d'une  prairie  do  14  hectares. 

2°  Calégorie.  —  Propriétés  ayant  G  hectares  et  au-dessous,  soumises  à  l'irrigation.  1'"  prix, 
M.  Barlet  à  Montraizon,  commune  de  Thoras,  pour  ses  irrigations  suivant  la  méthode  vosgiennc  ; 
2°,  M.  Pelissier,  à  la  Bougise,  commune  de  Beaulicu,  pour  ses  prairies  arrosées  à  l'aide  de  deux 
importantes  dérivations  du  ruisseau  do  Rozicres. 

Récompenses  cLiix  agents  des  exploitations  primées.  —  Agents  de  Mme  Faurot,  qui  a  obtenu  le 
prix  culturalde  la  première  catéirorie.  —  Médailles  d'argent,  MM.  Pierre  Verniôre,  chef  de  forme; 
Jules  Nicolas,  aide  de  pratique;  Eugène  Nicolas,  premier  bouvier.  —Médailles  de  hron:e, 
M.  Alfred  Michel,  jardinier  ;  Mlle  Marie  Vernier,  servante;  Mme  Vcrnière,  ménagère.  —  40  fr., 
Mlle  Marie  Dufour,  vachère;  30  fr.,  M.  Louis  Dufour,  petit  bouvier. 

Prix  d'honneur  de  la  petite   culture. 
Un  objetd'art,  M.  Ferrand  Martel,  propriétaire,  place  d'Alger,  à  Brioude. 

Prime  d'honneur  de  l'horticulture. 
t'n  objetd'art,   M.  Guilhot,  liorticulteur,  avenue  de  Vais,  près  le  Puy. 

Prix  pour  les  journaliers  agricoles  vigneron^,  draîneurs,  etc.,  reconnus  les  plus  méritants  par 
leurtravail,  leur  conduite,  l'ordre,  1  économie  et  la  bonne  tenue  de  leur  ménage.  — Médaille 
d'or,  M.  Régis  ICymard,  jardinier  à  Ai^uilhe.  —  Médaille  d'argent  (grand  module),  M.  Antoine 
Allary,  à  Nozeyrolles.  —  MédaUle  d'argent,  M.  Pierre  I^élissier,  à  Landos.  —  Médalle  de  bronze, 
MM.  Régis  Bonncfoy,  aux  Estables;  Pierre  Soulier,  i  Vais,  près  le  Puy. 


CONCOOUS  RÉGIONAL  DU  PUY-  137 

Prix  pour  les  serviteurs  à  gages  des  ileux  "îexcs,  les  plus  méritants  pour  I.i  luiigueur  île  leurs  ser- 
vices et  leur  conduite.  —  Médaille  d'rir.  M.  Haplisle  Darmentraiid,  chu?  M.  Cal(^mard  de  Lafayelte, 
à  Jalavnux.  —  Médailles  d'arfien'  (grand  module),  MM.  Simon  Cnfty,  clic!  M.  Cliorand,  à  l'alobre; 
André  Eymard,  chez  Mme  Je  KeLiaigiie,  à  la  Beruardc.  — IlédaiUes  d'arnent,  Mil.  Mathieu  Bcs- 
son,  che2  Mme  lioycr,  à  .Saint-Vincent  ;  .Mme  Victoire  Pages,  chez  Mme  l.ashiTmc,  au.t  Estreys  ; 
M.  Louis  tiuillon,  chez  Mme  Vve  de  Chardon,  à  l'olignac.  — Médaillm  de  bronze,  M.  .lean  Cliap- 
pon,  chez  Mme  Armand,  à  Saint-Paulien  ;  André  Cestier,  berger  à  Co-taro.s;  .Mme  Carmentrund, 
chez  M.  Cilemard  de  Lafayette,  à  .lalavoux;  M.  Michel  Boussouhule,  cl.ez  M.  Mofjat,  au  l'uy. 

Animaux  reproducteurs    —  Espèce  bovine. 

1"  CatérjOTie,  —  Race  du  Mezenc.  —  Mâles-  —  l'"  Section.  Animaux  de  1  à  2  ans.  1°'  prix, 
M.  Kochelie,  aux  Katahles  (Haute-Loire);  2",  M.  Louis  Eyraud,  aux  astables  Ufaute-Loire)  ;  ;i", 
M.  RégisMichel,  aux  Eôtahles  (Haute-Loire).  Mention  honorable,  M.  De.scoiirs.  aux  Estahles  (Haute- 
Loire).  —  2"  Seilion.  Animaux  de  2  à  li  ans.  —  1''  prix,  M.  Descours  ;  2',  M.  Régis  Michel  ;  3', 
M.  Rochette.  —  Femelles.  —  1"  Seclion.  —  Génisses  de  1  à  2  ans.  l"  prix,  M.  Berard,  à  Espaly- 
Saint-Marcel  (Haure-Lo're)  ;  2",  M.  Rochette;  3%  M.  Descours;  4°,  M.  Louis  Eyrauil.  —  2°  Section. 
Génisses  de  2  à  3  ans.  I"  et  2°  prix,  M.  Rochette  ;  3°  et  4°,  M.  Descours  ;  't°,  prix  supplémentaire, 
M.  Chanal,  à  Chaudeyrolles  (Haute-Saooe).  —  3"  Section.  Vaches  de  iilus  de  3  ans.  I"  |)rix, 
M.  Chanal;  2",  M.  Descours;  3",  Mme  Richond,  au  l'uy  (llaute-Lûire)  ;  4°,  prix  supplémentaire, 
M.  Rochette. 

Prix  d'ensemUe,  au  meilh'ur  lot  d'animaux  de   la  1"  catégorie,  un  objet  d'art,  M.  Hochette. 

2°  Calégnrie.  —  Race  tarontaise.  —  Mâles.  —  1'"  Section.  Animaux  de  1  à  2  ans.  l"prix, 
M.  Couderchet,  au  Puy  (Haute-Loire).  —  2'"  S/'clion.  Animaux  de  2  à  3  ans.  l"  prix, 
M.  Couderchet.  —  Femelles.  —  1"  Section.  Génisses  de  1  à  2  ans.  l"  prix,  M.  le  baron  Reynaud, 
au  Puy  (Haute-Loire  ;  2°,  Mme  Faure,  à  Pollgnac  (Haute-Loire);  3*.  prix  supplémentaire,  M.  Cou- 
derchet. —  2°  Seciio'i.  Génisses  de  2  à  3  ans.  1"  prix,  M.  Couderchet;  2%  M.  Triouleyre,  au  Puy 
(Haute-Loire).  —  3"  Sectton.  Vaches  de   plus  de  3  ans.  I"  et  2"  prix,  M.  Couderchet. 

3"  Catéijorie.  —  Race  d'Aubrac.  —  Mâles.  —  1'"  Section.  Animaux  de  2  à  3  ans.  Prix  unique, 
M.  Couderchet.  —  Mention  honorable,  .M.  Verdier,  à  Espaly-Saiiit-Marcel  (Haute-Loue).  — 
2°  Section.  Animaux  de  2  à  3  ans.  Prix  unique,  M.  Crueize,  à  Serverette  (Lozère).  Mention  hono- 
rable, M.  Couderchet.  —  Femelles.—  1™  Seclion.  Génisses  de  1  à  3  ans.  1"  prix, 
M.  le  comte  de  Riollet  de  Morteuil,  à  Chilhac-'I'ansac  (Haute-Loire)  ;  2*,  M.  Sylvain  Faure,  à 
l'olignac  (Haute-Loire).  — T  Seclion.  Génisses  de  2  à  3  ans.  1"  prix,  M.  Crueize;  2°,  M.  Couder- 
chet. —  3'-'  Section.  Vaches  de  plus  de  3  ans.  1"  prix  M.  Roland,  à  Espaly-Saint-Marcel  (Haule- 
Loire)  ;  2°,  M.  le  comte  de  Riollet  de  Morteuil. 

4°  Catégorie.  —  Race  charolaise.  —  Mâles.  —  1'»  Section.  Animaux  de  1  à  2  ans.  1"  prix, 
M.  Palluat  de  Besset,  à  Nervieux  (Loire);  2',  M.  Prost,  à  Samt-Germain-l'Espinasse  (Loire). — 
2''  Hection.  Animaux  de  2  à  3  ans.  l"pri.\,  M.  Palluat  de  Besset;  2',  .M.  Gallel,i  Saiiit-tiermain- 
l'Espinasse  (Loire);  3°,  prix  supplémentaire ,  M.  Farmond,  à   La  Roche-Blanche  (Puy-de-Dome). 

—  Femelles.  —  1'"  Section.  Génisses  de  l  à  2  ans.  1"  prix,  M.  Palluat  de  Besset;  2",  M.  Blet- 
tery,  ;'i  Saint-Vincent-de-Reins  (Rhône).  —  2"  Section.  Génisses  de  2  à  3  ans.  1"''  prix,  M.  Pal- 
luat de  Besset  ;  2°,  M.  Palluat  de  Besset  ;  3%  prix  supplémentaire,  M.  Blettery  —  3°  Section. 
Vaches  de  plus  de  3  ans.  1"  prix,  M.  Palluat  de  Besset;  2",  M.  Blettery.  Mention  lionorable, 
M.  Prost. 

5'  Catégorie.  —  Race  de  Salers.  —  Mdies.  —  1"  Section.  Animaux  de  1  à  2  ans.  l"  prix, 
M.  Jacques  Amilhon-Billon,  à  Saint-Floret  (Puy-de-Dôme)  ;  2'',  M.  Amilhon-Billon,  aine,  à  Rou- 
ziére  (Puy-de-Dunie).  —  2"  Section.  Animaux  de  2  à  3  ans.  Prix  unique,  M.  Jacques  Amilhon-Bil- 
lon. Mention  honorable,  M.  Amilhon-Billon,  aîné.  —   Femelles.  —  1"  Seclion.  Génisses  de  I  à 

2  ans.  l"prix.  M.  Jacques  Amilhon-Billon  ;  2',  M.  Amilhon-Billon,  aine;  3",  prix  sup|ilémentaire, 
Mme  Lenègre,  à  Besse  (Puy-de-Dome).  —  2°  Seclion.  Génisses  de  2  à3  ans.  1"  prix,  M.  Amilhon- 
Billon,  aine;  2°,  Mme  Lenégre.  Mention  honorable,  M.  Farmond.  —  3*  Section.  Vaches  de  plus 
de  3  ans.  l'-'  pris,  Mme  Lenégre  ;  2',  M.  Jacques  Amilhon-Billon. 

:<  6"  Catégorie.  —  Race  durham.  —  Mâles.  —  l"  ^iectiun.  Animaux  de  6  mois  à  1  an.  Prix 
'flinique,  M.  Massé,  à  Germigny  (Cher).  —  2'  Section.  Animaux  de  1  à  2  ans.  Prix  unique,  M.  IClie 
liaynaud,  a  Montaigut  (Allier).  — Femelles  —  l"  Seclion.  Génisses  de  6  mois  à  1  an.  Prix  unique, 
M  lilie  Kaynaud.  Mention  honorable,  M.  Massé.  —  2"  Seclion.  Génisses  de  I  à  2  ans.  Prix  unique, 
M.  Elle  Raynaud,.  —  3'  Seclion.  Génisses  de  2  à  3  ans.  1"  prix,  M.  Elle  Raynaud.  —  4'  Sec- 
lion. Vaches  de  plus  de  3 ans.  l"  prix,  M.  Massé  ;  2'',  M.  lOlie  Raynaud. 

7°  Catégorie.  —  Races  françaises  diverses  pures  ou  croisées  (ferrandaise,  foi'ézienne,  etc.)  — 
Mâles  —  ["Section.  Animaux  de  l  à  2  ans.  1"  prix,  M.  Desbos,  à  Borne  (Haute-Loire)  ;  '2°, 
M.  Claude  Thaural,  à  Briennont  (Loire)  ;  3°,  prix  supplémentaire,  Mme  Lenègre.  Menlion  hono- 
rable, M.  Couderchet.  —  2"  Sectiun.  Animaux  de  2  à  3  ans.  2'',  M.  Coudercliet.  —  Femelles.  — 
1'°  Section.  Génisses  de  1  à  2  ans.  1*'  prix,  M.  Blettery  ;  2',  M.  Farmond.  —  2"  Section.  Génisses 
de  2  à  3  ans.  l"prix,  M.  Caubet,  à  Villeurbanne  (Rhône);  2%  M.  Rochette.  —  3'  Seclioîl.  Vaches 
de  plus  de  3  ans.  1°'  prix,  M.  i.aubet;  2",  M.  'leissonneyre,  à  lispaly-Sainl-Marcel  (Haule-Loife)  ; 
3*,  prix  supplémentaire,  M.  Bessieres.  à  Saint-Bonnel-de-Chirac  (Lozère). 

.     8°  Catégorie.  —  Races  étrangères  diverses,  pures  ou  croisées,  -r-  Mâles.  —  1"  Seclion.  Animaux 
î'.de  1  à  2  ans.  Prix  unique,  M.  Dubost,  à  Ménétrol  (Puy-de-Dome).  —  2"  Section.  Animaux  de  2  à 

3  ans.  Prix  unique,  M.  Ferdinand  Baltie,  à  Saint-Christophe-d'Allier   (Haute-Loire).   —  Femelles. 

—  1"'  Section.  Génisses  de  1  à  2  ans  Prix  unique,  M.  Caubet.  —  2°  Seclion.  Génisses  de  2  à  3  ans. 
Prix  unique,  M.  Caubet.  Mention  honorable,  M.  Bartie.  —  3"  Section.  Va'jhes  de  plus  de  3  ans. 
Prix  unique,  M.  Caubet. 

Prix  d'ensemble  à  attribuer  au  meilleur  lot  d'animaux  des  2°,  3",  4",  b',  6*,  7'  et  8'  catégories, 
un  objet  d'art,  M.  Couderchet,  pour  ses  animaux  de  race  tarentaise. 

Bandes  de  vaches  laitières  (en  lait).  —  1"   prix,  M.  Caubet;  2",  M.    Eyraud;  3',  Mme  Lenègre 
4',  M.  Couderchet. 

Espèce  ovine. 

1"  Catégorie.  —  Races  des  montagnes.   —  l"   Sous-Catégorie.    —   Races  à  laine  blanche.  — 
^^'M;iles.  —  l"'  prix,  M.  Ferdinand  Baffie,  à  .'^aint-Christnphe-d'AlIier  (Haute-Loire);   2",  M.  Antoine 
Eyraud,  au  Monastier  (Haute-Loire).  —  Prix  sup|UémeBlaire,  M.  Debard;  à  Fay-le-Froid  (Haute- 
Loire).  —  Femelles.  1"  prix,  M.  Florimond-Hanc,  à   Cayres  (Haute-Loire)  :  2",  M.  Antoine  Eyraud, 


138  CONCOURS  RÉGIONAL  DU  PUY. 

au  Monastier  (Haute-Loire).  —  2"  Sous-Catégorie.  —  Races  à  laine  noire.  —  Mâles.  —  1"  prix, 
M.  Ferdinand  Baflïe  ;  2",  M.  Joseph  P.innelieu,  à  Saint-Vénérand  (Haute-Loire).  Prix  supplémen- 
taire, Mme  Vve  Gras,  à  Ambert  (Puy-de-Dôme)  ;  M.  Rocher,  à  Espaly-SaiQl-lLircel  (Haute-Loire). 
—  Femelles.  l"prix,  M.  Coudercliet,  au  Puy  (Haute-Loire);  2%  M.  Florimond  Ranc,  à  Cayres 
(Haute-Loire).  —  Prix  supplémentaire,  M.  Pierre  Chanal,  A  CliaudeyroUes  (Haute-Loire). 

2"  Calégnrie.  —  haces  de.s  Causses  du  Gévaudau  —  Mâ'es.  —  1"'  prix,  M.  J.-B.  Bessières,  à 
Sainl-Bonn-t-de-Clilrac  (Lozère).   —  Femelles.  — 2°  prix,  M.  Bes-ières. 

3°  Catégorie.  —  Races  françaises  diverses.  —  Mâles.  —  Prix  unique,  M.  ,I.-B.  Caubet,  à  Villeur- 
banne (Rhône).  —  Femelles.  —  Prix  unique,  M.  Caubet. 

4"  Catégorie.  —  Races  étrangères  diverses.  —  Mâles.  —  1"  prix,  M.  Massé,  à  Germigny  (Cher)  ; 
2°  et  3,  M.  le  comte  de  Bouille,  à  Villars  (Nièvre).  Mention  très  honorable,  M.  Massé.  — 
Femelles.  —  1"  prix,  M.  le  comte  de  Bouille;  2",  M.  Massé;  3°,  M.  Couderohet.  —  Prix  supplémen- 
taire, M.  Caubet. 

h' Catégorie.  —  Croisements  divers.  —  Mâles.  1"'  prix,  M.  Couderchet  ;  2°,  M.  Caubet.  — 
Femelles.  —  1"  prix,  M.  Couderchet  ;  2°,  M.  Caubet. 

Prix  d'ensemble  à  attribuer  au  meilleur  lot  d'animaux  de  races  ovines.  Un  objet  d'art, 
M.    Caubet,  pour  ses  animaux  de  race  mérinos. 

Espèce  porcine. 

1"  Catégorie.  —  Races  indigènes  pures  ou  croisées;  entre  elles.  —  Mâles.  —  l"'  prix,  M.  Dehard, 
à  Fay  le-Froid  (Haute-Loire);  2">,  M.  Cbarreyron,  à  Ctiarapclause  (Haute-Loire). —  Prix  supplé- 
mentaire, M.  Picq,  à  Vastres  (Haute-Loire).  —  Femelles.  —  l"'  prix,  M.  Eyraud,  au  Monastier 
(Haute-Loire);  2",  M.  Charreyion  ;  3'',  M.  Péohaire,  au  Puy  (Haute  Loire).  Mention  honorable, 
M.  Caubet. 

2'  Catégorie.  —  Races  étrangères  pures  ou  croisées  entre  elles.  1"  prix,  M.  Caubet;  2°,  M.  Jean 
Gaudet,  à  S.tint-Laurent-la-Conche  (Loire);  3°,  M.  Caubet.  — Prix  supplémentaire,  M.  le  comte 
de  Riollet  de  Morteuil,  à  Chillac-Tansac  (Haute-Loire).  —  Femelles. — 1"' prix,  M.  Gaudet;  2°. 
M.  Caubet;  S",  M.  Baflie.  Mentions  honorables,  M.'VL  Caubet;  Gaudet. 

3°  Catégorie.  —  Croisements  divers  entre  races  étrangères  et  races  françxises.  —  Mâles.  — 
1"  prix,  M.  J.-B.  Fabre,  à  Ceyssac  (Haute-Loire)  ;  2%  M.  Antoine  Eyraud.  —  Femelles.  — P'prix, 
M.  J.-B.  Fabre. 

Prix  d'ensemble  à  attribuer  au  meilleur  lot  d'animaux  de  race  porcine.  Un  objet  d'art,  M.  Gau- 
det, pour  ses  animaux  de  race  berkslnre. 

Animaux  de  basse-cour 

1'°  Catégorie.  —  Coqs  et  poules.  —  1"  Section.  Races  françaises.  1"  prix,  M.  le  ba- 
ron lieynaud,  au  Puy  (Haute-Loire);  '2',  Mme  Caubet  ;  3°,  M.  le  comte  de  Riollet  de  Morleuil; 
4",  Mmes  de  Châteauneul-Randon,  à  Malrevers  (Haute-Loire).  — 2°  Section.  —  Races  étrangères. 
1"  prix,  M.  Pébellier,  au  Puy  (Haute-Loire);  2°,  Mme  Caubet.  —  3°  Section.  — Croisements. 
1"  prix,  Mme  Caubet  :  2%  M.  Pébellier. 

2°  Catégorie.  —  Dindons.  1"  prix,  Mme  Morand-Trintinhac,  au  Puy  (Haute-Loire);  2°, 
Mme  Caubet. 

3°  Catégorie.  —  Oies.  ]"■  prix,  M.  Edouard  Cbambon,  à  Polignac  (Haute-Loire)  ;  2°,  Mme  Cau- 
bet ;  3".  Mme  Morand-Trintinhac. 

4'  Catégorie.  —  Canards  l"  prix,  Mme  Caubet;  2",  Mme  de  Chateauneuf-Randon  ;  3°,  M.  Bap- 
tiste Roche,  à  Aiguilhe  (Haute-Loire). 

5'  Catégorie.  —  Pintades.  1"  prix,  Mme  Caubet;  2°,  M.  Baptiste  Roche. 

6*  Catégorie.  —  Pigeons.  1"  prix,  M.  de  Mars,  à  Polignac  (Haute-Loire)  ;  2°,  M.  Durastel,  au 
Puy  (Haute-Loire). 

7'  Catégorie.  —  Lapins  et  léporides.  1"  prix,  M.  Benoist,  au  Puy  (Haute-Loire)  ;  2',  M.  Faure- 
Pomier,  à  Brioude  (Haute-Loire). 

Prix  d'ensemble  à  attribuer  au  meilleur  lot  d'animaux  de  basse -cour.  Un  objet  d'art 
Mme  Caubet. 

Produits  agricoles  et  matières  utiles  à  l'agriculture.  —  Concours  spéciaux. 

1"  Catégorie.  —  Fromages  de  lait  de  chèvre  ou  de  breb  s  dits  chevretons.  \"  prix,  M.  Cyprien 
Rocbette,  des  Establns  (Haute-Loire);  2',  M.  Gouderchet,  au  Puy  (Haute-Loire);  3%  M.  Debart,  à  • 
Fay-le-Froid  (Haute-Loire). 

2"  Catigorte.  —  Fromages  de  lait  de  vache,  dit  bleu  ou  persillé.  \°'  prix,  M.  Perrier,  de 
Laqueuillo  (Puy-de-Dôme);  2°,  M.  Bonnaud,  de  Landos  (Haule-Loire);  3%  Mme  Lenègre,  de  Besse 
(Puy-de-Dôme);  4°,  M.  Régis  Michel,  des  Estables  (Haute-Loire)  ;  5",  M.  de  Chaunieils  de  Lacoste, 
à  Taulhac. 

3°  Catégorie.  —  Vins  du  Lyonnais  et  du  Vivarais.  Pas  d'exposants. 

4°  Catégorie.  —  Vins  d'Auvergne,  de  la  Haute-Loire  et  du  Puy  (récoltes  de  1881,  1882  et  1883). 
3'  prix,  M.  Abrial,  à  Espaly  Saint-Marcel  (Haute-Loire). 

5°  Catégorie.  —  Fruits  frais  et  fruits  conservés  de  la  région.  Médailles  d'argent,  MM.  Charaoux, 
à  Vesseux  (Ardèchc),  pour  marrons;  Pierre  Triouleyre,  au  Puy  (Haute-Loire);  le  comte  de  Mor- 
teuil, à  Cbilhac-Tansac  (Haute-Loire)  ;  Bonnefoux,  à  Saint-Paulien  (Haute-Loire).  — Médailles  de 
bronze  MM.  Boyer,  à  Sanssac-l'Eglise  (Haule-Loire),  pour  fraises  ;  de  Chaumeils,  à  Taulhac 
(Haule-Loire),  pour  pommes. 

6°  Catégorie.  —  Beurres  frais.  1"  prix,  M.  Eyraud  Louis,  aux  Estables  (Haute-Loire)  ;  2",  M.  De- 
rard  ;  3",  M.  Couderchet. 

1°  Catégorie.  —  Miels  et  cires  de  la  région.  1"  Section.  Miel  en  gâteaux,  l"  prix,  M.  Faiire- 
Pommier,  à  Brioude  (Haule-Loire);  2°,  M.  Buisson,  à  Polignac  (Haute-Loirp);  3«,  M.  Vallon, 
à  Vais  (Haute-Loire).  —  2*  Section.  Miel  coulé.  1"  prix,  M.  Debard,  à  Fay-le-Froid  (Haute-Loire); 
2'',  M.  Thibaudier,  à  Lyon  (Rhône).  —  'A' Section.  Cire.  1"' prix,  M.  Foiirnier,  àlssoire  (Puy-de- 
Dùine)  ;  2',  M.  Thibaudier.  à  Lyon  (Rhône)  ;  3",  M.  Vallon,  à  Vais  (Haute-Loire).  —  4"  Section. 
Appareils  apicoles.  1"  prix,  M.  Vallon,  à  Vais  (H.mte-Loire)  ;  2",  M.  Faure-Pommier.  à  Brioude 
(Haute-Loire)  ;  3°,  M.  Thibaudier,  à  Lyon  (Uhône),  pour  ruches. 

S"  Catégorie.  —  Plantes  aromatiques  cultivées  vertes  et  sèches  (mélisse,  absinthe,  verveine, 
menthe,  etc.).  1"  prix,  M.  Rumillet,  au  Puy  (Haule-Loire). 

9°  Catégorie.  —  Produits  de  l'horticulture.  1"''  prix,  M.  Dumas-Farigoule,  au  Puy  (Haute-Loire), 


CONCOURS  RÉGIONAL  DU  PU  Y.  139 

pour  belle  culture  des  plantes  florales;  2',  M.  Guilhof,  auPuy  (Haute-Loire),  fleurs;  3",  M.  Triou- 
leyre,  au  Puy  (Haule-Loire),  pour  fleurs;  4",  M.  Dumas-Farigoule,  au  Puy  ( Haute- Le i re) ,  fleurs 
coupées;  â",  M.  Guilhol,  au  Puy  i  Haute-t.uire),  Heurs. 

10"  Catégorie.  —  Produits  foiestiers.  1"  prix,  M.  Grellet,  à  Allègre  (Haule-Loire),  spéciniea 
arbre  essence  sapin. 

11"  Caté/iorie.  —  Plantes  pour  plantations  et  reboisements.  l°'prix,  non  décerné. 

12°  Catégorie.  —  Expositions  scolaires.  —  1™  Section.  Matériel  d'enseignement  agricole,  col- 
lections, dessins,  objets  de  cours,  etc.  ?•"  prix,  M  Mourier,  à  Galvi-^son  (Gard),  pDur  collections 
d'instruments.  —  2°  Section.  Travaux  spéciaux  et  objets  d'enseignement  agricole  présentés  par 
les  professeurs,  les  instituteurs  et  les  élèves  des  écoles  primaires.  1"  prix,  école  norraile  du 
Puy,  pour  son  exposition  ;  2',  aut  frères  de  l'écjle  comm-inile  de  Brioude,  pourheibier;  3°,  aux 
frères  de  l'école  communale  du  Puy,  pour  herbier;  4°,  aux  frères  de  l'école  de  Polignac  (Haute- 
Loire),  pour  herbier  et  cahiers  d'horticulture;  -S",  à  l'école  laïque  de  Grange-Vieille  au  Puy 
(Haute-Loire),  pour  herbier;  mention  très  honorable  à  l'école  de  Vernes  (Haute-Loire),  pour 
lierbier;  mention  honorable  à  l'école  de  Prades  (Haute-Loire),  pour  herbier. 

13'  Catégorie.  —  Expositions  collectives  faites  par  les  administrations  publiques,  les  sociétés  et 
comices  agricoles  et  horticoles.  UédaiUes  d'or  M.  Djuvié,  inspecteur  adjoint  des  forêts  de  la 
Haute-Loire,  pour  l'organisation  de  l'exposition  de  l'administration  des  forets:  au  Comice  agricole 
de  Brioude  (lUute-Loire),  pour  l'ensemble  de  sou  ejposition.  —  Médaille  d'argent,  à  l'école 
normale  du  Puy,  pour  sa  collection  de  céréales. 

14°  Catégorie.  —  Produits  'Uvers  non  compris  dans  les  catégories  précédentes.  Médailles  d'or, 
M.M.  Couderchet,  au  Puy  (Haute-Loire);  Triouleyre,  au  Puy  (Haute-Loire),  pour  légumes; 
Rumillet-Charretier,  au  Puy  (Haule-Loire).  pour  liqueur;  Eckenstein,  au  Puy  (Haute-Loire),  pour 
orge;  Mouiiier,  à  Yssingeaux,  pour  sa  collection  de  plantes  ornemeniales.  —  }fé tailles  d'argent, 
MM.  Triouleyre,  au  Puy  (Hiute-Loire)  ;  Muller.  à  Mende  (Lozère),  pjur  sa  bière;  le  comte  de 
Morteuil,  à  Chilhac-Tansao;  Uzon,  à  Aiguide  (Haute-Loire),  pour  pommes  de  terre;  Faure-Pom- 
raier,  à  Brioude  (Haute-Loire),  pour  pommes  de  terre;  Chasld,  au  Puy  (Hauts-Loire),  pour 
herbier  agricole;  Chanuet,  à  Poliguao  (Hiute-Loire).  — Idédaiiles  de  bronze,  MM.  Buisson,  à 
Pol'gnac  (Haute-Loirei  ;  IJzon,  au  Huy  (Haute-Loire),  eau-de-vie  de  marc;  Seguin,  à  Minde 
(Lozère),  pour  liqueur;  Plasson  et  Biadry,  i  Clermont-Ferran  I,  pour  leur  vinaigre;  Chaumeil 
de  Lacoste,  à  Taulhac  (Haute-Loire),  pour  les  œufs;  Deleuze,  de  Villeneuve-de-Berg  (.Ardèche), 
pour  les  liqueurs  ;  Jouishomme,  à  Brioule  (Haule-Loire),  pour  si  bière. 

Serrileurs  ruraux.  —  Récompenses  aux  gens  à  gages  signalés  au  jury  par  les  lauréats,  pour 
les  soins  int-^lligents  donnés  aux  an;miux  primés  des  espèces  bovine,  ovine,  por  ine  et  aux 
animaux  de  basse-cour.  Médailles  d'argent  et  50  fr.  à  Schaller  Je  in,  vach-r  chez  \I.  Caubet,  à 
Villeurbanne  (Rhône)  ;  Lozère  Martin,  vacher  chez  M.  Couderchet,  au  Puy  (Haute-Loire);  et40fr- 
à  Boissy  liéiis,  vacher  chez  M.  Rocbette,  aux  Estables  (Haute-Loire);  et  3.5  fr.  à  NjaiUy,  vacher 
chez  M.  Palluat  de  Besset,  à  Nervieux  (Loire)  ;  Beylot,  bouvier  chez  M.  Raynaud  Elle,  i  Montaigut 
(Allier).  —  Médailles  de  bronze  et  30  fr.  à  Petit  Jean,  domestique  chez  M.  Masse,  à  Germii,'ny 
(Cher);  et  25  fr.  à  Roiier  Michel,  bouvier  chez  M.  .VTailhon-Billon  (Jacques),  à  Saint-Floret  (Puy- 
de-Dôme);  à  Siltel  Baptiste,  berger  chez  M.  Couderchet,  au  Puy  (Haute-Loire)  ;  à  Giraud  Calixte, 
domestique  chez  M.  Descours,  aux  Estables  (Haut'!-Loire)  ;  à  Gourdon  Désiré,  berger  ch'-z  M.  le 
comte  de  Boudlé,  àVillars  (iNièvre);  et  20  fr.  à  Baptifors  Pierre,  maître  vacher,  chez  Mme  Le- 
nègre,  à  Besse  (Puy-de-Dôme);  à  Ghatelard  Pie.re,  porcher,  chez  M.  Gaudet,  à  Saiiit-Laurent-la- 
Concr.e  (Loire):  à  Issartel  Pierre,  domestique,  chez  M.  Eyraud  Antoine,  au  Monastier  (Haule- 
Loire);  15  fr.  à  .ilix  Louis,  domestique,  chez  M.  Chanal,  à  ChaudeyroUes  (Haute-Loire)  :  à  Brager 
Jean,  domestique,  chez  .M.  Crueize,  ù  Serverette  (Lozère);  à  Dumas,  vacher,  chez  .M.  Blettery,  à 
Saint-Vincent-ife-Reitns  (Rhône)  ;  à  Jourdi  Jean,  vacher,  chez  M.  le  comte  Riollet  de  Morteuil,  à 
ChiUac-Tansac  (Haute-Loire).  —  lÛ  fr.  à  Besson,  domestique,  chez  M.  Chareyron,  à  Champ:lause 
(Haule-Loire);  à  Alirol.  domestique,  chez  .M.  Michel  Régis,  aux  Estables  (Haute-Loire);  à  Buel 
.Samu"!,  domestique,  chez  M.  Debard,  à  Fay-le-Froid  (Haute-Loire);  à  David  Jacques,  domestique, 
chez  .M.  Amilhon-Billon.  aîné,  à  Rouzière  (Puy-de-Dôme). 

Machines  et  instrumenis  agricoles.  —  Récompenses  aux  plus  habiles  conducteurs  des  machines 
aux  démonstrations  publiques,  et  aux  contremaîtres  et  ouvriers  des  constructeurs  des  dites  ma- 
chines. .Médailles  d'argent  et  45  fr.,  M.  Trolley,  conducteur  chez  M.  Pécard,  à  Nevers  ;  à  M.  Moine, 
contre-maitre  chez  .M.  Plissonnier,  à  Lyon;  à  M.  Boulet,  contremaître  chez  M.  Cumraing,  à 
Orléans.  —  .Wédaille  de  bronze  et  40  fr.  à  M.  Garnier  Joseph,  contre  maitre  chez  W.  Marot,  à 
Niort;  à  M-  Baujais  Joseph,  contre  maître  chez  M.  Charbonnière,  à  Cussot;  et  35  fr.  à  .VI.  Galelet 
Charles,  modeleur  chez  .M.  Noël,  à  Paris:  et  30  fr.  à  M.  .Manrival  André,  contremaître  chez 
M.  Sauzay,  à  Autun;  à  M.  Michot  Eusèbe,  contre  maître  chez  .M.  Benume,  à  Paris.  —  30  fr.  à 
M.  Piotté  Arsène,  contre  maître  chez  .M.  Voitellier,  à  Mantes;  à  .M.  Dacher,  contre  maître  chez 
M.  Daujat,  à  Lyon;  à  .M.  Lavalelle,  conducteur  de  machines  chez  .M.  Brouhot,  à  Vie'zon.  25  Tr.  à 
.M.  Boury,  mécanicien  chez  M.  Pécard,  à  Nevers;  à  M.  Brissaud,  mécanicien  chez  M.  Plissonnier, 
i  Lyon;  à  .M.  Potier,  conducteur  de  Ix  So.;iété  française,  matériel  agricole,  à  Vierzon. 

Pentiant  le  concours,  M.  Gornevin,  professeur  à  l'Ecole  vétérinaire  de  Lyon,  a 
fait  une  conférence  sur  le  charbon  symptomatirjue  et  s-ur  la  mélliode  d'inoculation 
préventive  'qu'il  a  trouvée,  avec  MM.  Arloing  et  Tliomas.  Cette  conférence  a  été 
écoutée  avec  un  vif  intérêt.  Nos  lecteurs  sont  au  courant  des  travaux  de  ces  savants 
vétérinaires;  nous  ajouterons  seulement  ce  t'ait  que  plusieurs  milliers  de  vaccina- 
tions de  bêtes  bovines  ont  été  e.\écatées  cette  année,  surtout  en  Franche-Comté  et 
en  Suisse. 

Il  nous  reste  à  parler  de  deux  expositions  annexes  :  le  concours  hippique  et 
l'exposition  forestière. 

Du  concours  hippique,  il  y  a  peu  de  bien  à  dire.  Il  était  peu  nombreux,  et  la 
plupart  des  sujets  étaient  assez  médiocres.  Hàtons-nous  d'ajouter  que  ce  concours 
était  loin  de  représenter  la  puissance  de  production  du  pays.  Nous  y  avons  cepen- 
dant   remarqué  de  très    beaux  étalons    de    demi  sang   Norfolk    présentés    par 


140  CONCOURS  RÉGIONAL  DU   POY. 

M.  Joseph  Ory,  de  Feurs  (Loire).  Le  prix  d'honneur  a  étéattriliué  à  M.  Henri  Gar- 
nier,  de  Craintilleux  (Loire).  L'élevage  du  mulet  est  important  dans  le  pays,  mais 
o-n  ne  lui  réserve  aucune  place  dans  les  coQcours  hippiques;  c'est  un  grand  tort. 
L'exposition  forestière  était  fort  intéressante.  A  côté  des  spécimens  des  résultats 
obtenus  dans  les  repeuplements  assez  nombreux  exécutés  dans  les  montagnes  du 
pays,  elle  présentait  d'intéressantes  collections  de  plants  de  semis  et  de  repiquage. 
Ces  plants  provenaient  de  la  pépinière  de  Taulhac,  non  loin  du  Puy,  créée  depuis 
une  vingtaine  d'années  et  qui  a  fourni  jusqu'ici  plus  de  30  millions  de  plants.  Les 
périmètres  à  reboiser  dans  les  montagnes  du  Velay  s'étendent  sur  plusieurs  mil- 
liers d'hectares;  jusqu'ici  on  s'est  livré  à  des  opéra'ions  Je  repeuplement,  plutôt 
qu'à  des  travaux  de  reboisement  proprement  dit.  Sans  présenter  les  grandes  pro- 
portions qu'ils  affectent  dans  les  massifs  des  Alj)es  et  des  Pyrénées,  les  travaux 
forestiers  ont  néanmoins  une  grande  importance  dans  la  région,  car  ils  auront 
pour  résultat  de  régulariser  le  cours  de  la  Loire  et  surtout  celui  de  l' Allier  dont 
î'irapoi  tance  est  bien  connue,  d'arrêter  les  ravinements  qui  sont  devenus  consi- 
dérables dans  quelques  parties  des  terrains  tertiaires  du  département  de 
la  Haute-Loire.  Ce  n'est  plus  aujourd'hui  qu'une  affiire  de  temps  et  de  soins. 

Henry  Sagnier. 

ALAMBIC  BRULEUR  SYSTÈME  DEROY 

Beaucoup  de  perfeclionnemenls  ont  été  apportés,  depuis  une  ving- 
taine d'années,,  à  la  construction  des  appareils  de  distillation.  Ces  pro- 
férés ont  été  réalisés  surtout  dans  les  i^rands  appareils  à  colonnes 
pour  les  dislilleriiBs'ÎQdustrielles;  plus  récemment,  on  s'est  préoccupé 
des  alambics  qui  servent  pour  la  distillation  des  vins,  des  cidres,  des 
piquettes,  des  marcs  et  des  lies,  de.s  fruits,  elc.  Parmi  les  alambics 
modernes  qui  répondent  le  mieu.x  aux  besoins  de  ce  travail,  il  faut 
citer  l'alambic  brfdeur  de  M.  Deroy,  constructeur  à  Grenelle-Paris. 
Cet  alambic  peut  servir  aussi  à  la  distillation  des  autres  matières  fer- 
mentées.  On  obtient,  parune  seule  distillation,  c'est-à-dire  sans  repasse, 
de  l'eau-de-vie  fine  dont  le  distillateur  peut  faire  varier  la  force  de  50 
à  G5  degrés,  et  même  au  delà. 

Une  courte  description  permettra  de  comprendre  le  fonctionnement 
de  l'appareil  qui  est  représenté  par  la  figure  8. 

On  cbarge  la  chaudière  I  du  liquide  à  distiller,  on  replace  le  cha- 
piteau 3  qui  s'emboîte  librement  dans  le  rebord  supérieur  de  la  chau- 
dière, on  relie  le  chapiteau  au  réfrigérant  8  par  le  col  de  cygne  6,  puis 
on  allume  le  feu  après  avoir  préalablement  rempli  le  réfrigérant  avec 
de  l'eau.  Les  vapeurs  venant  de  la;  chaudière,  arrêtées  par  un  dia- 
phragme intérieur,  sont  obligées,  avant  d'arriver  au  col  de  cygne,  de 
lécher  en  couche  très  mince  toute  la  surface  du  chapiteau,  lacpjelle, 
grâce  à  une  disposition  spéciale,  est  maintenue  humectée  d'une  façon 
uniiorme  par  le  déversement  à  l'aide  du  robinet  10,  d'une  partie  de 
l'eau  tiède  de  trop-plein  du  réfrigérant.  Les  vapeurs  d'eau  et  les  huiles 
eippyreumatiques  qui  s'élèvent  de  la  chaudière  avec  les  vapeurs  alcoo- 
liques sont  condensées  à  leur  passage  dans  le  chapiteau,  de  sorte  qu'il 
n'arrive  au  serpentin  réfrigérant  que  des  vapeurs  riches  et  épurées.  Ija 
simple  manœuvre  du  robinet  10  suffit  pour  faire  varier  le  degré  à 
yolonté.  L'eau  chaude  descendant  du  chapiteau  s'écoule  dans  le  rebord 
de  la  chauilière  et  forme  pour  ce  chapiteau  un  joint  hydraulique  par- 
faitement hermétique,  supprimant  ainsi  le  lut  de  cette  pièce  qui  pré- 
sente de  grands  inconvénients  dans  les  anciens  appareils.  Le  trop-plein 
de  l'eau  chaude  s'écoule  par  le  tube  2.  Les  appareils  de  fortes  dimen- 
sions portent  un  tampon  avec  robinet  de  vidange,  lequel  sert  à  la 
décharge  des  matières  épuisées. 


ALAMBIC  BRULEUR  SYSTÈME  UEROY. 


141 


Avec  cet  appareil,  on  obtient  des  produits  très  fins,  avec  économie 
considérable  de  temps,  d'oau  et  de  combustible.  De  plus,  en  enlevant 
le  chapiteau,  on  peut  appliquer  la  chaudière,  dont  la  l'orme  est  cylin- 
drique à  l'intérieur,  à  tous  les  usaii;es  domestiques  d'une  ferme  ou 
d'une  propriété  :  la  cuisson  des  aliments  pour  les  bestiaux,  le  chauf- 
fage du  lait,  la  préparation  des  fromages,  le  coulage  de  la  lessive,  la 
fonte  des  cires,  la  fabrication  des  cristaux  de  tartre,  etc. 

On  voit,  par  ces  détails,  que  M.   Deroy  est  parvenu  à  établir  un 


Fig.  8.  —  Alambic  brûleur  du  système  Deroy. 


appareil  simple,  dont  le  prix  est  à  la  portée  des  petits  producteurs,  de 
construction  solide,  et  qui  peut,  en  outre,  trouver  son  emploi  à  d'au- 

L.  DE  Sardriac. 


très  usages  en  dehors  de  la  distillation 


LE  VINAGE  A  PRIX  RÉDUIT 

RÉPONSE     AU     SYNDICAT     DE     MARSEILLE 

Par  13  voix  contre  11  et  4  abstentions,  le  syndicat  général  des 
Chambres  vinicoles  de  France  vient  de  repousser  la  l'acuité  du  vinage 
des  vins  à  prix  réduit. 

Les  partisans  de  la  législation  actuelle  ont  vivement  regrette  l'absence 
de  leur  collègue  du  syndicat  de  Héziers  chargé  de  voter  contre,  ce  qui 
aurait  porté  à  141e  nombre  des  Sociétés  repoussant  la  loi  qui  va  être 
discutée. 

Au  nombre  des  1 1  associations  ayant  voté  pour,  se  sont  naturel- 
lement trouvés  les  syndicats  des  grandes  agglomérations,  Paris,  Lyon, 
Marseille,  Bordeaux. 

Le  résultat  obtenu  n'est  pas  précisément  celui  sur  lequel  on  comptait; 
mais  de  sages  réflexions  aidant,  3  syndicats  qui  avaient  en  1883  voté 
pour,  sont  venus  cette  fois  repousser  la  loi  proposée,  ce  sont  les  asso- 
ciations de  Dijon,  Nîmes,  Saint-Etienne;  enfin  Tours  qui  précédemment 
avait  voté  pour,  s'est  abtenu. 


142  LE  VINAGE  A  PRIX  RÉDUIT. 

Malgré  cet  échec  des  plus  sérieux,  le  syndicat  de  Marseille  spécia- 
lement formé  en  vue  de  l'obtention  du  vinage  et  ayant  à  sa  tète  le  chef 
d'une  grande  vermoulherie,  ainsi  que  les  administrateurs  de  la  Société 
des  distilleries  de  la  Méditerranée,  a  rédigé  un  long  rapport  dont  les 
conclusions  doivent  être  soutenues  par  M.  Rouvier,  député  de  Marseille, 
président  de  la  Commission  du  budget. 

Nous  ne  reviendrons  pas  en  détail  sur  cette  grave  question.  Nous 
nous  contenterons  d'exposer  succintement  les  motifs  qui  nous  font 
repousser  la  mesure  proposée,  mettant  nos  réponses  à  la  suite  de 
chacun  des  arguments  dont  on  s'est  servi  dans  ce  rapport,  pour  démon- 
trer les  avantages  que  l'adoption  de  cette  mesure  procurerait  à  l'agri- 
culture, à  l'industrie,  au  commerce  et  à  l'Etat. 

1.  Les  traités  de  coramerce  permettant  l'introduction  des  vins  étrangers  alcooli- 
sés à  15",  la  viticulture  française  doit  être  protégée  contre  ces  importations  tou- 
jours croissantes. 

Réponse.  —  La  permission  d'introduire  des  vins  étrangers  alcoolisés  à  15°,  ne 
se  trouve  nullement  dans  les  termes  des  traités  de  commerce;  le  gouvernement  n'a 
qu'à  vouloir,  pour  mettre  fin  à  la  coupable  impéritie  qui  a  fait  tolérer  jusqu'à  ce 
jour  cette  introduction. 

2.  Un  propriétaire,  un  commerçant  qui  veut  améliorer  la  qualité  d'un  vin,  ou 
même  simplement  le  conserver,  par  une  addition  d'alcool,  est  obligé  de  payer  1  fr.  56 
par  litre  d'alcool  pur  qu'il  emploiera  à  cet  usage,  sous  peine  de  le  voir  se  gâter  et 
d'être  obligé  de  le  distiller. 

R, — Le  propriétaire  ou  le  commerçant  qui  a  besoin  de  vinerdu  vin  n'a  qu'à  uti- 
liser la  loi  naluretle,  primordiale,  imprescriptible  des  bouilleurs  de  cru,  opération 
facile  à  la  propriété  oi!i  on  peut  toujours,  à  défaut  de  distillerie  fixe,  se  procurer 
facilement  un  appareil  ambulant  et  distiller  une  partie  d'un  foudre  de  vin  com- 
mençant à  s'altérer  pour  conserver  l'autre  partie. 

3.  La  culture  de  la  betterave  et  de  tous  les  produits  servant  à  la  distillerie  pren- 
draient un  nouvel  essor. 

R.  —  Lorsque  les  viticulteurs  sont  dans  la  détresse,  les  betteraviers  ne  viennent 
pas  les  tirer  d'embarras;  en  ce  moment  nous  devons  d'autant  moins  avoir  souci  de 
leurs  intérêts,  que  l'accumulation  de  leurs  trois-six  provient  seulement  de  l'exagé- 
ration de  la  production  de  la  betterave. 

A  plus  forte  raison  ne  pouvons-nous  nous  apitoyer  sur  la  situation  des  produc- 
teurs de  figues,  caroubes,  etc.,  sans  oublier  les  maiss'introduisant  en  France  sous 
pavillon  étoile. 

4.  Le  vinage  profiterait  à  la  fabrication  du  vermouth  et  des  vins  de  liqueur, 
industrie  qui  emploie  des  quantités  considérables  de  vins  blancs  à  haut  titre,  parmi 
lesquels  entrent  beaucoup  de  vins  doux  dits  vins  mutés,  qui  ne  peuvent  se  prépa- 
rer qu'au  moment  de  la  vendange,  en  mélangeant,  au  moût  sortant  du  pressoir, 
V alcool  nécessaire  pour  en.  arrêler  la  fermentation. 

R.  — En  récapitulant  sur  leurs  livres  les  nombreuses  opérations  qu'ils  font  tous 
les  ans  dans  l'.-iude  et  le  Roussillon,  les  vermouthiers  et  négociants,  même  les 
plus  soucieux  de  leur  dignité,  trouveront  la  preuve  que  les  difficultés  de  la  situa- 
tion actuelle  peuvent  facilement  et  légalement  être  surmontées. 

Ces  opérations  leur  coûtent,  il  est  vrai,  quelques  francs  de  plus  par  hectolitre 
qu'eu  utiliî-ant  les  samos,  mais  ils  ont  agi  sagement  en  renonçant  aux  raisins  secs; 
de  la  sorte,  ils  n'ont  plus  à  supporter,  comme  il  y  a  quelques  années,  des  renvois 
journaliers  de  produits  mal  réussis. 

5.  Le  négociant  honnête  pourrait  recevoir  des  vins  en  nature  et  les  alcooliser 
cliez  lui  régulièrement. 

R.  —  Reaucoup  se  demanderont  si,  une  l'ois  que  le  négociant  lionnête aurait  reçu 
chez  lui  les  vins  nature  à  12",  qu'il  les  aurait  alcoolisés  régulièrement  jusqu'à 
15",  et  livrés  au  débitant  dont  le  seul  objectif  est  le  dédoublement,  un  tout  petit 
article  ne  devrait  pas  être  passé  au  débit  du  «  compte  honnêteté.  » 

6.  Les  grandes  maisons  d'armement  qui  se  livrent  à  l'importation  des  grains 
propres  à  la  distillation  donneraient  plus  d'élan  à  ce  genre  de  commerce,  importe- 
raient une  plus  grande  quantité  de  matières  premières  et  fourniraient  ainsi  un  nou- 
vel élément  de  fret  à  la  marine  marchande. 


I.K  VtNAGK  A  PRIX  RÉDUIT.  143 

R. — Quel  que  grand  que  soit  l'intérêt  que  nous  portons  à  la  réussite  des  distille- 
ries de  grains  établies  à  Rouen,  Agde,  Marseille,  ainsi  qu'à  la  prospérité  de  la 
marine  marchande  française,  nous  sommes  forcé  de  faire  pas-er  en  pi-eraière  ligne 
l'intérêt  de  l'agriculture  indigène,  et  surtout  de  la  viticulture  méridionale. 

7.  Le  Trésor  français  trouverait  lui-même  dans  cette  loi  un  immense  avantage. 
En  effet,  l'importaiion  des  vins  étrangers,  vinés  à  15°,  diminuerait  des  quatre 
cinquièmes.  Ces  vins  seraient  remplacés  par  les  vins  vinés  français  qui  payeraient 
au  Trésor  un  droit  de  25  francs  par  hectolitre  d'alcool  versé,  ce  qui  procurerait  à 
l'Etat  un  bénéfice  considérable  que  l'on  peut  évaluer  de  15  à  20  millions  de  francs, 
et  lui  permettrait  de  se  substituer  aux  fraudeurs,  ksquds  depuis  longtemps  déjà 
encaissent  la  prirnc  de  156  francs  par  hectolitre. 

En  l'état  actuel,  le  vinoge,  que  les  négociants  honnêtes  ne  peuvent  faire  parce 
qu'il  serait  trop  onéreux,  constitue  une  source  de  profits  scandaleux,  grâce  aux 
fraudes  que  la  régie  est  impuissante  à  empêcher,  bien  qu'elle  les  connaisse. 

Ce  sont  ces  fraudeurs  qui  ont  combattu  te  plus  ériergiquement  te  projet  libéral 
attendu  avec  impatience  par  les  propriétaires  et  les  négociants  soucieux  de  leur 
dignité,  et  qui,  en  évoquant  l'intérêt  de  la  santé  publique,  ont  pu  faire  surgir  des 
adversaires  de  bonne  foi  et  puruenir  à  le  faire  rejeter. 

R.  —  Nous  doutons  qu'il  existe  :  1"  des  négociants  assez  peu  comptables  pour 
préférer  payer  156  francs  aux  fraudeurs  et  s'exposer  ainsi  à  des  peines  correction- 
nelles au  lieu  de  travailler  tranquillement  en  versant  pareille  somme  entre  les 
mains  du  Trésor;  et  2"  des  fraudeurs  ayant  autant  d'influerice  que  l'un  dit. 

Nous  admettons  que  les  quatre  cinquièmes  des  vins  vinés  à  15",  entrant 
actuellement,  soit  environ  5  millions  d'hectolitres,  ne  rentrent  plus;  mais  comme 
ils  seraient  remplacés,  non  par  quantité  égale  de  vins  vinés  français,  mais  par 
quantité  triple,  toujours  d'après  les  chiffres  marseillais,  la  concurrence  faite  à 
nos  vies  serait  à  l'avenir  trois  fois  plus  lourde  à  supporter. 

Quant  au  bénéfice  des  15  à  20  millions  de  droits  qu'on  fait  miroiter,  c'est  un 
v!"ai  leurre. 

Présumant  une  alcoolisation  moyenne  de  4  litres  pour  100,  aux  droits  de  25  cen- 
times l'un,  les  20  millions  de  francs  prévus  représentent  bien  l'alcoolisation 
de  20  millions  d'hectolitres  que  nous  réduisons  à  15  millions,  taisant  toute  com- 
pensation avec  les  quantités  actuellement  importées. 

Mais  d'une  part,  les  5  millions  d'hectolitres  qui  ne  rentreraient  plus  donne- 
raient une  perte  de  10  millions,  puisqu'ils  payent  en  ce  moment  en  douane  2  francs 
l'hectolitre. 

D'autre  jiart,  ce  surnlus  de  15  millions  de  vins  alcoolisés  qui  permettraient  un 
dédoublement  efl'réné,  constituerait  l'Etat  en  une  perte  sèche  que  nous  évaluons, 
vu  surtout  les  taxes  des  grandes  agglomérations,  à  une  centaine  de  millions,  ce 
que  la  régie  serait  encore  plus  ([ue  maintenant  impuissante  à  empêcher. 

Enfin,  cette  énorme  augmentation  de  productioa  industrielle  empêcherait  d'au- 
tant les  transactions  sur  les  produits  purement  agricoles,  et  déprécierait  notable- 
ment la  valeur  de  la  denrée  produite. 

Le  besoin  d'un  nouveau  vastairix  se  fait-il  donc  bien  sentir! 

8.  Le  Conseit  d'hi/giène  a  déclaré  le  vitia/e  iiiiffensif,  pourvu  qu'il  soit 
pratiqué  avec  soin,  par  fractions  et  non  d'un  seul  jet  avec  des  alcools  de  bonne 
qualité  et  sans  exagérer  outre  mesure  la  richesse  aicoAii/uc  da  vin. 

R. — Tout  le  monde  connaît  trop  le  mode  expéditif  de  vinage  pratiqué  en  pré- 
sence des  employés  de  la  régie,  ainsi  que  la  façon  dont  on  a  toujours  éludé  la 
limite  d'alcoolisation  au  vingtième,  pour  ne  pas  voir  que  cet  article  se  retourne  en 
entier  contre  les  promoteurs  de  l'alcoolisation  universelle. 

Il  nous  semble  avoir  victorieusement  réfuté  les  arguments  que  s'est 
chargé  de  faire  valoir  M.  le  président  de  la  Commission  du  budget,  à 
moins  cependant  qu'il  n'existe  trois  arithmétiques,  l'une  pour  l'agricul- 
ture, l'autre  pour  le  commerce,  la  troisième  enfin  à  l'usage  de  nos 
législateurs.  Nous  persistons  donc  de  plus  fort  dans  nos  conclusions  : 

r  Rejet  du  vinage  à  prix  réduit; 

2°  Maintien  delà  loi  du  14  décembre  1875  sur  les  bouilleurs  de  cru; 

.■)"  Entrée  à  la  frontière  moyennant  le  simple  droit  de  2  francs  des 
seuls  vins  faisant  naturellement  15°  sans  addition  d'aucune  sorte. 

Paul  Sol. 


144  LA  FERME  DU  CHALET,  PPÉS  DE  RENNES 


LA  FERME  DU  CHALET,  PRÈS  DE  RENNES 

Il  }'  a  quelques  années  (voir  le  tome  III  de  1880,  p.  299),  notre  col- 
laborateur, M.  de  la  Morvonnais,  adonné,  dans  nos  colonnes^,  la  des-' 
cription  du  domaine  et  de  la  fromagerie  du  Chalet,  à  Feins  (Ille-et- 
Vilaine),  en  faisant  ressortir  les  travaux  que  M.  Champion  y  avait 
exécutés.  Ces  travaux,  complètement  terminés  depuis  plusieurs  années, 
ont  assuré  la  transformation,  non  seulement  du  domaine,  mais  du 
pays  environnant.  Les  résultats  en  ont  été  consignés  récemment  dans 
le  Journal  de  la  Société  d'agriculture  d'Ille-et-Vilaine;  les  agriculteurs 
liront  certainement  cette  note  avec  un  vif  intérêt  : 

La  Société  d'agriculture,  de  commerce  et  d'industrie  du  département  d'IUe-et- 
Vilaine  vient  d'être  honorée  de  la  croix  du  Mérite  agricole,  dans  la  personne  d'un 
de  ses  membres,  M.  Gha-apion,  qui  exploite  à  quelques  lieues  de  Reunes,  en  la 
commune  de  Feins,  le  domaine  du  Chalet. 

C'est  un  devoir  pour  elle  de  faire  connaître  aux  Sociétaires,  lecteurs  de  son 
journal  mensuel,  les  conditions  dans  lesquelles  M.  Champion  exploite  ses  terres, 
et  les  améliorations  qui  lui  ont  valu  cette  distinction  méritées. 

Le  Chalet  est  à  5  kdomètres  de  la  gare  de  Montreuil-sur-Ille,  sur  la  ligne  de  Ren- 
nes à  Saint-Malo;  il  est  divisé  en  deux  fermes,  la  Boissière  et  le  Mafay,  contenant 
ensemble  110  hectares,  répartis  comme  suit  ;  terres  labourables,  64  hectares; 
prairies,  16  hectares;  oseraie,  12  hectares-  vergers,  pâturages,  6  hectares;  bâti- 
ments, cours,  jardins,  parcs,  pièces  d'eau,  12  hectares. 

Au  début  de  l'exploitation,  en  1868,  cette  surface  consistait  en  :  landes,  taillis, 
pâtis,  31  hectares;  marais,  20  hectares;  prairies,  7  hectares;  terres  labourables, 
40  hectares  ;  bâtiments,  cours,  terrains  vagues,  12  hectares. 

Le  gibier  à  poil  et  à  plumes,  le  gibier  d'eau  surtout,  y  faisait  le  bonheur  des 
chasseurs  toute  l'année,  mais  les  habitants  des  environs  payaient  tout  cela  en  fiè- 
vres qui  y  régnaient  à  l'état  permanent.  La  ferme  delà  Boissière  était  louée  1,000  fr., 
celle  du  Mafay  1,600  fr. 

Aujourd'liui  les  améliorations  principales  sont  terminées.  Plus  de  landes,  de 
taillis,  de  chemins  creux,  ni  de  pâtis,  plus  de  marais,  et  par  conséquent  plus  de 
fièvres.  Une  oseraie  productive  l'a  remplacé.  A  la  place,  des  prairies  nivelées,  de 
vastes  champs,  des  bâtiments  agrandis,  améliorés,  et  on  y  compte  dans  le  meilleur 
état  d'entretien  50  vaches,  1  taureau,  4  bœufs,  6  chevaux,  70  porcs.  — Le  nombre 
de  ces  derniers  animaux,  qui  pourrait  paraître  exagéré,  est  motivé  par  le  besoin 
de  faire  consommer  le  petit  lait,  résidu  d'une  fromagerie  importante. 

Au  début  de  l'exploitation,  il  a  été  extrait  100,00tt  mètres  cubes  de  sablon  cal- 
caire, dont  la  contrée  voisine  a  fait  son  profit.  Le  domaine  du  Chalet  en  a  employé 
à  lui  seul  3,000  ou  4,000  mètres. 

Dès  le  début  de  l'exploitation,  M.  Champion,  prévoyant  les  transformations 
indispensables  qui  s'imposaient  à  l'agriculture  dans  l'Ouest  de  la  France,  visait  à 
restreindre  la  production  des  céréales  et  à  augmenter  celle  de  la  viande,  du  lait, 
des  pommes;  c'est  à  ces  deux  dernières  qu'il  s'est  surtout  attaché. 

Une  fromagerie  de  Camembert  a  été  créée  ;  elle  a  envoyé  des  produits  qui  ont 
mérité  au  propriétaire  deux  premiers  prix  dans  les  concours  régionaux  d'Angers 
et  de  Saint-Brieuc,  cinq  dans  les  concours  généraux  de  Paris,  et  en  1883,  au 
centre  de  cette  fabrication  spéciale,  un  5'  prix  à  Caen  sur  60  concurrents. 

La  fromagerie  est  dirigée  par  Mme  Champion,  qui  seconde  de  ce  côté  son  mari 
avec  une  activité  la  plus  louable,  et  peut  justement  réclamer  sa  part  de  la  distinc- 
tion qui  vient  de  lui  être  accordée. 

Le  beurre  fin  du  Chalet  est  payé,  aux  halles  de  Paris,  h  double  du  prix  qu'on 
obtient  sur  les  marchés  d'Ille-et-Vilaine. 

Les  vergers  sont  aujourd'hui  en  plein  rapport;  il  y  est  fait,  dans  les  années 
d'abondance,  du  cidre  sans  eau  et  de  l'eau-de-vie  de  cidre,  plus  rémunérateur  que 
le  cidre  commun  du  pays. 

Depuis  six  ans,  l'ensilage  du  maïs  est  pratiqué  avec  succès  ;  chaque  année  les 
fumiers  sont  stratifiés  avec  cinquante  sacs  de  phosphate  fossile.  Le  contremaître, 
intéressé  aujourd'hui  dans  les  produits  de  fentreprise,  était  un  simple  ouvrier 


LA  FERMK  DU  CHALET,  PRÈS  DE  RENNES.  145 

aux  "débuts  de  l'exploitation.  M.  Champion  avait  remarqué  son  aptitude  à  s'in- 
struire, il  l'a  formé  peu  à  peu  et  en  a  fait  le  directeur  de  ses  travaux  agricoles  ; 
ils  entretiennent  avec  soin  une  petite  colonie  d'ouvriers  choisis  ijui  trouvent  du  tra- 
vail assuré  an  Chalet,  pendant  toute  l'année,  l'hiver  aux  manipulations  de  l'osier, 
l'été  aux  récolles;  plusieurs,  nés  sur  l'exploitation,  sont  maintenant  chefs  de 
famille  ;  leurs  enfants,  dès  l'âge  de  douze  ans,  travaillent  à  l'oscraie  avec  les 
femmes,  et  deviendront  des  ouvriers  sur  les  fermes  comme  ont  fait  leurs  parents. 
Résultat  financier  depuis  1868,  abstraction  faite  de  12U  hectares  de  taillis  dans 
les  environs  du  Chalet,  d'une  ferme  de  33  hectares,  près  Redon,  dont  l'exploita- 
tion a  commencé  il  y  a  seulement  deux  ans,  et  du  compte  de  la  fromagerie.  Le 
propriétaire  a  pris  à  sa  charge  les  drainages,  la  confection  des  chemins  et  les 
améliorations  des  bâtiments;  l'ensemble  de  ces  dépenses  a  coûté  14,000  fr. 

Invealaire.  Dépenses.       '       Recetles.  Bénéfices  nets' ; 

^  t  ')■     . ,     M  i                                                                                         '■   i)     i  '■■  1  de  l'année. 

181)9.....". 19,01.S.OO  18,928.7.5'  13,445.8.-)  6,517. lo 

1870 17,701.40  l-2.3S:i.05  '17,987.10  4,35(1. 'if. 

1811....,    ...., 22,269.;)0  '.l.riSfi.HO  i:i,Kn.0O  10,73S.30 

iSn.:'.." ":..''.    .'■'.'.'..  21,900.80  10,350.90  2t.23S.10  10,518.50 

II'-  '1878/.'  -.' 27, 668. .50  13,576.40  18,895.90  12,087.20 

j;l    11874... } 43,686  50  21,830.65  15,997.00  10,184.35 

1875 48,506.65  15,145  57  21, .531. 13  11,205.71 

1876 47,914.95  16,200.70  29,656.90  12, 864. .50 

"■■'  \m.r-7>vA-m.,'i9V..  56,930.40  25,788.65  33,472,15  16,698.95 

1878..ig.».'i4,l.j..:;ijn.  i  57,552.50  21,962.32  32,458.35  11,118.13 

1879 51,331.15  15,177.65  28,096.30  6,697.80 

1880 56,783.15  20,308.75  27,781.70  12,924.95 

1881 54,416.05  18,329.60  .33,4:f9.05  12,742.35 

1882 58, 347. .55  23.490.80  33,632.00  14.07270 

^883.  —  Dépenses  diverses  et  bénéfircs  du 

"     ■             contremaître 17,237.10                   ».                    .       . 

Dépenses  de  l'oseraie 2,250.20 

Contrit)utions 335  00                   ..       „                   .       „ 

Petit  lait,  144,611  litres  à  0.01  c.  1,446.10 
Intérêts  du   capital   montant    de 

l'inventaire  à  5  pour  100 2,759.95                   .       »                   »      „ 

Reçu  de  divers  dans  l'année •>      »            23,281.00                   • 

Pour  82,038  litres  de  tait  livrés  à 

la  fromagerie  à  0  15  c.  le  litre.  »       »            12,305.70 

Vente  de  la  récolte  de  l'osier.. ..  •■       «              8,152.25                   »       » 


ï 


Inventaire. 
1883 .55,199.35  24,028.35  43,738.95  16,562.40 

^'^  Les  terres  se  louaient  dans  le  voisinage  environ  30  fr.  l'hectare,  il  y  a  quinze 
kns,  aujourd'hui  elles  atteignent  couramment  70  fr.  N'est-ce  pas  justice  d'en  faire 
remonter  la  cause  au  propriétaire  du  Chalet,  gui  a  répandu  à  un  bon  marché, 
iiiconnu  jusqu'alors,  ce  sablon,  matière  première  de  cultures  naguère  inconnues. 

"''Nous  nous  souvenons  d'avoir  admiré  à  cette  époque  les  champs  bordant  la 
foute,  où  il  y  avait  dus  bandes  sablonnées  alternant  avec  leurs  voisines  dépourvues 
de  ce  précieux  amendement;  le  résultat  éclatait  pour  les  yeux  les  moins  clairvoyants, 
la  preuve  était  convaincante  pour  les  esprits  les  plus  récalcitrants.  Aujourd'hui 
les  cultivateurs  voisins  suivent  d'assez  près  les  bonnes  pratiques  agricoles,  qu'un 
rofît  immédiat  justifie  plus  efficacement  que  tous  les  enseignements  théoriques, 
'el  voisin  du  Chalet  a  vendu  l'année  dernière  à  M.  Champion  pour  6,250  fr.  de 
lait,  produit  de  ses  25  vaches.  Vingt  autres  comme  lui  dirigent  leur  lait  vers  la 
fromagerie,  et  ils  tirent  de  ce  produit  33  pour  100  de  plus  qu'en  faisant  du  beurre 
dans  les  conditons  ordinaires  de  vente. 

Sur  le  domaine  du  Chalet  et  sur  les  fermes  voisines  qui  commencent  à  imiter 
sa  manière  de  faire,  les  emb'.avements  se  réduisent  et  les  récolles  fourragères  aug- 
mentent en  proportion  inverse,  par  suite  les  quantités  de  fumier  s'accroissent  et 
les  rendements  grandissent  progressivement. 

La  croix  du  Mérite  agricole  couronne  trente  années  de  services  rendus  par  le 
lauréat  dont  nous  sommes  heureux  de  constater  la  réussite  ;  ce  n'est  qu'une  médaille 
après  trente-cinq  autres  qu'il  a  conquises  depuis  son  premier  Comice  cantonal 
jusqu'aux  concours  généraux,  dans  lesquels  il  a  obtenu  neuf  premiers  prix  ;  jus- 
qu'ici il  avait  reçu  des  encouragements  personnels,  aujourd'hui  on  récompense  les 
services  publics  qu'il  a  rendus  autour  de  lui. 

,,i  Le  domaine  du  Chalet  donne  un  des  exemples  les  plus  remarquables 
de  la  création  d'une  prospérité  inconnue  jadis,  grâce  à  la  bonne  orga- 
nisation de  la  production  laitière.  Henry  Sagmer. 


146  LES  PETITS  ANIMAUX  DE    LA  FERME. 

LES  PETITS  ANIMAUX  DE  LA  FERME* 

Le  programme  que  nous  avons  à  suivre  m'amène  à  vous  parler  de 
cette  partie  de  rexploitalion  i'urale  oîi  s'ébattent  les  poules  et  autres 
petits  animaux  de  la  ferme. 

Il  m'arrive  fréquemment  d'exciter  l'étonnement  et  la  surprise,  si  ma 
première  demande  en  visitant  une  métairie  de  là  région  est  d'appeler 
les  poules,  de  réunir  la  gent  eraplumée  que  l'on  élève. 

J'ai  comme  oublié  l'étable  et  la  porcherie,  pour  porter  mon  intérêt 
sur  ce  qui,  aux  yeux  de  beaucoup,  doit  jouer  un  rôle  très  secondaire. 
Peut-être  même,  quelques-uns  d'entre  vous  éprouveront  également  une 
impression  pareille,  en  me  voyant  donner  une  importance  au  poulailler 
presque  égale  aux  autres  branches  de  l'exploitation  animale,  delà  pro- 
duction de  la  viande. 

Je  suis  presque  autorisé  à  avoir  cette  pensée.  L'expérience  de  chaque 
jour  m'apprend  combien  nous  nous  laissons  guider,  dominer  par  l'opi- 
nion commune,  quelle  énergie,  quelle  solicitude  il  faut  déployer  pour 
y  échapper.  Dans  mes  courses,  je  tâche  de  me  mettre  sans  cesse  plus 
intimement  au  courant  des  faits  et  pratiques  de  la  culture,  j'y  puise 
les  éléments  de  nos  leçons  :  tantôt  pour  vous  dire  que  la  voie  est  bonne, 
tantôt  pour  vous  mettre  en  garde  contre  telle  manière  d'opérer,  con- 
traire à  une  économie  rurale  bien  comprise,  soucieuse  du  succès. 

Il  est  quelquefois  difficile  d'atteindre  le  but,  néanmoins  le  langage 
des  faits  a  une  éloquence  toujours  convaincante. 

On  me  disait  un  jour  qu'il  était  difficile  d'intéresser  un  auditoire 
composé  de  cultivateurs,  en  leur  parlant  de  statistique  ;  le  mot  sonne 
mal,  il  n'éveille  spontanément  aucune  pensée  utile  dans  l'inlcUigonce. 
Si  le  mot  peut  paraître  étrange  et  nouveau,  les  renseignements  qu'il 
comporte,  les  enseignements  qu'il  donne  en  font  vite  saisir  la  valeur, 
essayons-le. 

Ceux  d'entre  vous  qui  habitent  près  d'une  gare  de  chemin  de  fer, 
peuvent  faire  delà  statistique  utile  et:ittrayante. 

Je  prends  une  modeste  station  du  chemin  de  fer  d'Orléans,  qui  longe 
le  côté  ouest  du  déparlement  :  celle  de  Vindrac. 

La  vigne  était  autrefois  prospère;  si  les  hectolitres  récoltés  à  l'hec- 
tare étaient  en  petit  nombre,  la  valeur  du  vin,  ses  qualités  le  faisaient 
rechercher.  Ce  trafic  alimentait  le  mouvement  commercial  de  ce 
point  de  la  ligue.  Le  propriétaire  vendait  sa  récolte  et  faisait  une 
piquette  très  agréable.  Vous  savez  comment  et  pourquoi  cette  richesse 
est  tarie.  Quel  mouvement  nouveau  s'est-il  créé  à  la  gare  en  question 'i? 
Celui  des  œufs,  de  la  volaille. 

Avec  des  méthodes  défectueuses,  on  est  en  marche  pour  rétablir 
l'aisance  ;  que  serait-ce  si  l'élevage  était  mieux  compris  ! 

Cherchez  encore,  glissez  sur  ces  mêmes  rails,  et  arrivez  presque 
jusqu'au  bout  de  la  ligne.  Que  verrez-vous  en  entrant  dans  le  large 
vallon  du  Girou,  sur  le  coteau  que  vous  venez  de  traverser  ?  Tout  un 
groupe  déniaisons  neuves;  une  d'elles  plus  élégante  que  ses  voisines 
émerge  le  matin  des  brouillards  chassés  de  la  vallée,  c'est  le  commerce 
de  la  volaille  qui,  en  moins  de  quinze  ans,  a  créé  ces  aisances,  peuplé  ce 
coteau. 

1.  Extrait  d'une  leçon  d'agriculture  à  l'Ecole  normale  d'Alhi  (Tarn). 


LES  PETITS  ANIMAUX  DE  lA  FERME.  I'j7 

Il  serait  téméraire  de  s'endormir  sur  ces  succès  et  de  croire  à  la  con- 
tinuité du  mieux,  si  nous  continuons  les  mêmes  modes  de  l'aire. 

Allons  plus  loin  dans  nos  investigations  de  statistique.  Profitons 
d'un  arrêt  en  gare  de  Narbonne,  chemin  de  fer  du  Midi,  pour  saisir 
l'avertissement  qui  nous  est  donné. 

En  industrie  rurale,  comme  en  toute  autre,  ce  n'est  qu'à  l'activité, 
à  la  recherche  incessante  du  mieux  qu'appartient  la  sécurité  dans  la 
réussite.  Autrefois,  encore  même  aujourd'hui,  c'est  le  haut  Languedoc, 
la  Gascogne,  une  partie  de  la  Gironde,  la  région  du  Tarn  qui  appro- 
visionnent en  volaille  l'Espagne;  le  mouvementcommercialestde  temps 
immémorial  dans  ce  sens.  Les  voies  nouvelles  de  communication  n'ont 
fait  qu'accélérer,  augmenter  le  transit.  Les  faits  que  je  vous  signalais 
en  commençant  pour  exciter  votre  attention,  vous  le  prouvent. 

Tout  cela  va  disparaître,  si  demain  nous  faisons  ce  qui,  hier,  nous 
paraissait  convenable. 

C'est  l'Italie,  ce  sontlesprovinces  lombardes,  qui  envoyent  en  Espagne 
les  volailles,  les  produits  de  leur  basse-cour.  Bientôt  si  nous  n'y  pre- 
nons garde,  nous  serons  distancés  dans  cette  lutte  comme  en  bien 
d'autres.  Chaque  vendredi ,  on  voit  passer  engare  de  Narbonne,  un  wagon 
venant  de  Marseille  et  d'Italie,  contenant  3,000  poules,  qui  se  dirige 
vers  l'Espagne.  Pour  quelles  causes  ce  mouvement  s'est-il  produit, 
quel  fait  a-t-il  déplacé  ou  est-il  en  train  de  déplacer,  au  grand  détri- 
ment de  nos  campagnes,  ce  trafic? 

Sur  plusieurs  causes,  je  m'arrête  à  une  seule  :  celle  qui  se  voit 
d'abord. Nos  marchands  de  volailles  n'ont  rien  changea  leurs  installations 
de  transport,  cesontdaffreusescages  où  les  poules  souffrent  et  pâtissent, 
perdent  sans  doute  les  résultats  du  léger  bien-être  qu'on  leur  avait 
procuré  pour  les  faire  paraître  au  marché.  Là  elles  sont  exposées  à 
toutes  les  intempéries,  une  odeur  fétide  est  l'atmosphère  dans  lequel 
elles  se  baignent,  des  parasites  de  toutes  sortes  les  torturent,  la  liberté 
leur  manque  pour  s'en  débarrasser,  tout  comme  le  bain  de  sable  qui 
faciliterait  leur  lutte. 

Les  éleveurs  italiens  ont  compris  qu'il  ne  suffisait  pas  d'avoir  de  beaux 
coqs,  de  belles  poules,  de  les  bien  nourrir,  si,  dans  le  voyage,  tous  ces 
avantages  acquis  à  grands  frais  étaient  perdus  par  suite  d'une  mau- 
vaise installation.  Ils  ont  fait  construire  des  wagons  spéciaux  où  tous 
les  aménagements  sont  si  bien  pris  au  point  de  vue  de  la  propreté,  de 
l'alimentation,  de  l'hygiène,  que  l'on  peut  dire  que  l'engraissement 
continue  pendant  leur  transport.  Quelle  différence  avec  les  nôtres! 

Une  opération  agricole,  comme  tout  autre,  parcourt  une  série  de 
phases  qu'il  importe  d'entourer  d'une  égale  sollicitude.  Pour  le  succès 
complet,  une  seule  négligée,  tout  est  compromis.  Quelles  sont  les 
réformes  que  demande  l'élevage  de  la  volaille? 

Si  l'habitation  du  transport  a  une  telle  importance,  que  le  mouvement 
commercial  puisse  être  déplacé  au  béoéfice  de  ceux  qui,  les  premiers,  en 
ont  constaté  les  avantages,  l'installation  première  permanente  n'en  a 
pas  une  moindre. 

Sans  doute,  avec  une  complète  liberté  dans  leurs  mouvements,  avec 
ies agents  de  propi'cté  que  leur  instinct  leur  l'ait  utiliser^  les  poules  n'ont 
pas  besoin  de  ces  installations  paraissant  luxueuses  que  je  con- 
templais à  la  gare  de  Narbonne.  Malgré  cela  une  excessive  propreté 
est  indispensable. 


148  LES  PETITS  ANIMAUX  UE  LA   FERME 

Ne  voyez-vous  pas,  tous  les  ans  à  la  même  époque,  lorsque  les  pre- 
miers froids  condamnent  la  poule  à  venir  passer  la  nuit  au  poulailler, 
des  épidémies  sévir  sur  la  gent  galline.  C'est  au  défaut  de  propreté 
qu'il  faut  s'en  prendre. 

Les  lavages  à  l'eau  de  chaux,  à  l'eau  fortement  phénlquée,  s'il  y  a 
épidémie,  doivent  être  fréquemment  employés.  Les  barreaux  sur  les- 
quels les  poules  perchent  sont  d'une  fabrication  facile,  peu  coûteuse  :  les 
bois  persillés  de  trous  servent  de  retraite  à  des  parasites,  qui  tour- 
mentent vos  poules;  il  faut  les  changer  fréquemment. 

Si  vous  avez  à  construire  un  réduit  pour  vos  poules,  ne  le  placez  pas 
à  l'exposition  la  plus  froide,  ni  la  plus  chaude  :  cette  dernière  van  irait 
mieux.  Voyez  vos  animaux,  lorsque  la  bise  souffle,  avec  quels  soins 
ils  s'abritent. 

Si  l'exposition  au  midi  peut  entraîner  une  pullulation  d'insectes 
plus  considérable,  il  est  facile  de  s'en  débarrasser. 

Dans  nos  contrées,  les  bénéfices  de  l'élevage  de  la  volaille  seraient 
plus  considérables,  si  nos  poulets  arrivaient  sur  le  marché  un  mois 
plus  tôt.  Si  vous  consultez  les  ménagères,  elles  vous  répondent  que  les 
poules  couveuses  leur  manquent.  11  est  facile  de  satisfaire  les  exigences 
d'un  élevage  lucratif:  nourrissez  mieux  vos  pondeuses,  donnez-leur 
une  nourriture  appropriée,  plus  excitante,  la  poule  débutera  plus  tôt 
dans  la  ponte,  plus  tôt  aussi  la  maladie  de  1  incubation  apparaîtra. 

Il  y  a  encore  mieux  que  cela  :  dans  les  expositions  de  concours 
régionaux  que  vous  avez  visités,  vous  avez  vu  des  couveuses,  et  une 
série  d'appareils  ingénieusement  combinés  pour  remplacer  les  véri- 
tables mères,  mauvaises  souvent,  rares  toujours. 

Je  n'ai  jamais  suivi  une  opération  d'élevage  pratiquée  d'une  manière 
complète  à  l'aide  de  ces  appareils.  Je  n'ai  même  pas  pu  obtenir  des 
renseignements  directs  sur  les  services  que  l'on  peut  en  attendre  ;  je 
le  regrette,  car  il  me  semble  qu'il  y  a  là  quelque  chose  de  très  utile. 

Il  se  produit  pour  ces  appareils,  ce  qui  arrive  le  plus  souvent  pour 
les  machines  agricoles  à  invention  ingénieuse;  les  premiers  acquéreurs, 
épris  de  la  découverte,  si  découverte  il  y  a  (les  Egyptiens  avaient 
des  fours  à  éclosionsde  poulets), croient  que  toute  sollicitude,  toute  fati- 
gue est  inutile;  la  machine  achetée  remplace  tout.  Ils  sont  vite  désillu- 
sionnés. 

Il  fallait,  dans  l'usage  de  l'engin,  ajouter  sa  sagacité  à  celle  de 
l'inventeur  et  l'on  eût  marché  ;  à  l'effort  de  l'un,  il  eût  fallu  faire  suc- 
céder l'effort  de  l'autre.  H  y  a  solidarité  dans  les  deux  tentatives  ;  on 
échoue,  la  machine  passe  aux  marchands  à  ferraille,  le  progrès  est 
arrêté. 

A  côté  des  soins  d'installation,  il  y  a  pour  réussir,  le  choix  des  ani- 
maux, le  croisement,  l'amélioration  des  races.  Si  les  Italiens  s'empa- 
rent du  marché  espagnol,  c'est  qu'ils  se  préoccupent  de  leurs  reproduc- 
teurs. 

La  série  des  concours  va  s'ouvrir,  ne  croyez  pas  comme  beau- 
coup, que  c'est  pour  le  plaisir  exclusif  des  yeux  que  l'on  dispose 
ces  longues  volières  ;  la  fantaisie  joue  sans  doute  un  rôle,  l'utilité  y 
trouve  sa  place.  Un  concours  régional  off're  plusieurs  champs  d'étude, 
celui  qui  nous  préoccupe  en  ce  moment  n'est  pas  le  moindre. 

Essayons  entre  ces  spécimens  aux  formes  variées,  au  plumage  dif- 
férent, de  faire  un  choix  profltable.  A.  Dupuy-Montbiiun. 


VICES  RÉDHIBITOIRES  DES  ANIMAUX  nOMESTKJUES.  1'j9 

LES  VICES  RÉDHIBITOIRES  DANS  LES  VENTES 

ET   ÉCHANGES   D'ANIMAUX   DOMESTIQUES  —   II 

■  Dans  notre  précédent  article  sur  les  vices  rédliibiloires  [Journal  du 
19  juillet,  p.  10'2),  nous  avons  traité  le  côté  juridique  de  la  question; 
nous  avons  à  examiner  le  côté  médical. 

Le  projet  de  loi  maintient  comme  devant  donner  lieu  à  l'action 
rédhibitoire  les  maladies  ou  dél'uiils  (;i -après ii'>i'i  jeat-jov]  «^^ 

Pour  le  clieval,  l'âne  et  le  mulet:  la  moroe,  h  fârrini,  l'immobilité, 
l'emphyshmr  jjidmonairc,  le  rorndfje  chroiiic/ne,  le  lie  proprement,  dit  avec 
ou  sans^sure  des  dents,  les  boiter  i  es  anciennes  intermittentes  ; 

Pour  l'espèce  ovine:  'a  clavclce ;  cette  maladie  reconnue  chez  un  seul 
animal  entraînera  la  redlubilion  de  tout  le  troupeau  s'il  porte  la  )narque 
du  vendeur; 

Pour  l'espèce  porcine;  la  ladrerie. 
-Ainsi  le  projet  suiiprime  :  'V 

Pour  l'espèce  chevaline:  la  fluxion  périodique  des  yeux;  l'épilepsi&ji 
la  maladie  ancienne  de  poitrine  et  la  hernie  inguinale  intermittente  ; 

Pour  l'espèie  bovine:  laphthisie  pulmonaire  ou  pommrlière,  l'épilcpsic 
ou  mal  caiuc,  les  suites  de  lu  non- délivrance,  le  renversement  du  vagin 
ou  de  l'utérus  après  le  part  chez  le  vendeur  ; 

Et  pour  l'espèce  ovine  :  le  sang  île  raie. 

Cette  élimination  va  soulever  bien  des  réclamations,  l^es  uns  veulent 
réduire  le  nombre  des  vices  rédlubitoires  ;  les  autres  veulent  l'aug- 
menter. >«  eijfcU;.  ".oimi 

Oui  a  raison? 

Des  esprits  sérieux  sont  ailes  jusqu'à  demander  la  suppression 
complète  de  tous  les  vices  rédbibitoires;  on  sera  peut-être  obligé  d'en 
arriver  l.i.  j:      ■      i      . 

,,En  atiendant,  qu'on  nous  |)ermeLte- d'analyser  le  projet  de  loi. 
,;;Pour  la  suppression  de  la  fluxion  périodique,  le  rapj  ort  de  la  Com- 
mission s'appuie  sur  de  bonnes  raisons.  Ce  vice  est  d'une  constatation 
dit'ticile,  qui  exige  des  délais  trop  longs  et  entraine  des  procès  trop 
coûteux;  il  peut  se  guérir  par  un  changement  de  climat;  il  peut  être 
simulé  assez  facilement,  etc. 

Mais  le  rapport  ne  nous  dit  p:is  pourquoi  il  supprime  l'épiiepsie, 
vice  plus  dangereux  (|ue  l'immobilité.  Nous  pensons  que  c'est  aussi  en 
raison  du  délai  trop  long  de  garantie;. si  jçe  n'est  que  cela,  on  peut  le 
réduire.  ,'      nr   ■>v-. . 

Nous  proposons  d'adjoindre  à  ï immobilité,  le  défaut  opposé,  la 
rélivilé,  c'est-à-dire  riinpo>hibililé  de  l'ei-rer  ou  de  harnacher  unanimal, 
ou  de  ra[)proprier  au  service  aucpiel  on  le  destine.  On  n'achète  pas  un 
animal  pour  le  dresser,  mais  pour  s'en  servir  sans  danger.  A  Paris, 
chez  Chéri,  cette  garantie  est  consacrée  par  l'usage. 

Dans  cet  ordre  d'idées,  nous  demandons  le  rétablissement  de  la 
méchanrclè  au  noudjre  des  vices  rédhibitoires,  ce  que  le  projet  combat 
assez  maladroitement. 

M.  Maunonry,  rapporteur,  n'a  pas  pu  trouver  une  définition  de  la 
médiane 'té.  Nous  |)riiposoi)s  celle-ci  :  Va  animal  méchant  est  celui  qui 
a  l'habitude  de  mordre  ou  de  frapper. 

Ce  vice  peut  avoir  pour  conséquence  fatale  des  blessures  graves  et 


150  VICES  RÉDHIBITOIRES  DES   ANIMAUX  DOMESTIQUES. 

même  mortelles,  non  seulement  pour  d'autres  animaux,  mais  pour 
l'homme.  Aiusi  dernièrement,  à  Paris,  un  enfant  qui  soignait  un  che- 
val, nouvellement  acheté  par  ses  parents  sans  méfiance,  a  eu  la  tête 
arrachée  par  cet  animal  féroce  ! 

La  méchanceté  est  un  vice  admis  par  la  Compagnie  dos  omnibus  de 
Paris  et  par  l'armée  ;  il  est  admis  par  la  majorilé  des  vétérinaires,  par 
les  rapporteurs  des  Chambres  précédentes,  et  par  la  généralité  des 
auteurs. 

«  La  méchanceté,  écrivait,  en  1 833,  Dalloz  dont  personne  ne  con- 
teste l'autorité,  est  tellement  un  vice,  d'après  l'opinion  générale,  que 
c'est  aux  chevaux  qui  en  sont  atteints  qu'on  a  réservé  la  qualili- 
cation  si  caractéristique  de  chevaux  vicieux.  » 

Quant  à  la  hernie  inguinale  intermittente,  malgré  sa  rareté,  mais  à 
cause  de  son  danger,  nous  préférons  son  maintien. 

Les  maladies  anciennes  de  poitrine  ne  se  révèlent  que  par  la  mort 
de  l'animal,  après  l'autopsie,  quand  une  jualadie  nouvelle  est  venue 
se  grefîer  sur  l'ancienne.  Mais  la  responsabilité  de  cette  nouvelle 
maladie  doit-elle  toujours  incomber  au  vendeur  ?  La  question  est 
difficile  à  trancher.  D  un  autre  côté,  on  a  abusé  de  ce  vice;  la  moindre 
altération  du  flanc  devient  matière  à  procès.  On  a  donc  bien  fait  de  le 
supprimer. 

Dans  les  vices  maintenus  parle  projet,  nous  remarquons  que  l'em- 
physème pulmonaire  remplace  avantageusement  la  pousse;  cette  der- 
nière est  mal  définie:  c'est  un  nid  à  procès.  On  peut  l'imiter  facile- 
ment; on  la  fabrique  à  volonté;  tandis  que  lemphysème  est  bien 
caractérisé  par  le  soubresaut  ou  entrecoupement  du  ilanc,  le  coup  de 
fouet,  la  toux  sèche  et  avortée,  sans  rappel,  la  sonorité  de  la  poitrine, 
le  bruit  de  souffle  perçu  par  l'auscultation,  etc. 

Nous  remarquons  encore  avec  plaisir  que,  dans  le  projet  de  loi,  le 
tic,  avec  usure  des  dents,  est  rédhibitoire  tout  aussi  bien  que  le  tic 
sans  usure  ;  c'est  très  juste. 

Mais  pourquoi  maintenir  la  morve  et  le  farcin,  depuis  que  la  loi  de 
1881  défend,  sous  des  peines  correctionnelles,  de  vendre  un  animal 
atteint  de  ces  maladies  éminemment  contagieuses  ?  Nous  trouvons  que 
cette  loi  suffit. 

Que  dirons-nous  de  la  suppression  de  toute  espèce  de  vice  pour  l'es- 
pèce bovine?  Quel  esprit  de  radicalisme  a  présidé  à  une  telle  mesure? 

Sans  doute  tout  animal  atteint  de  l'une  des  maladies  visées  par 
l'ancienne  loi  peut  être  livré  à  la  boucherie  sans  grand  inconvénient  ; 
ainsi,  quand  un  animal  est  acheté  pour  la  production  du  travail 
ou  du  lait,  ou  pour  la  reproduction,  et  que  l'un  des  vices  prévus 
et  découverts  empêche  d'utiliser  l'animal  comme  on  le  voulait,  le  ciian- 
gement  de  destination  n'occasionne  pas  une  perte  d'argent  réelle 
et  un  procès  serait  plus  coûteux  ;  en  conséquence  cela  manque 
d'intérêt. 

Par  exemple,  une  vache  phthisique,  quand  elle  est  en  bon  état,  peut 
être  utilisée  sans  danger  pour  la  boucherie.  Quand  elle  est  maigre,  éti- 
que,  on  ne  l'achète  pas. 

Les  accidents  après  la  gestation  sont  rai'es  et,  si  la  bête  est  bonne  à 
tuer,  on  peut  en  tirer  parti. 

Le  bœuf  gras  de  l'an  dernier  était,  je  crois,  phthisique  1  II  n'en  a  pas 
moins  été  primé. 


VICES  RÉDHIBITOIRES  DES  ANIMAUX   DOMESTIQUES.  151 

Ces  considérations  militent  en  faveur  de  la  suppression  de  ce 
vice  rédhibitoire. 

Cependant  si  l'animal  meurt  avant  qu'on  ait  eu  le  temps  de  l'abat- 
tre pour  la  boucherie,  des  suites  d'une  des  maladies  visées  par  la  loi, 
ou  s'il  est  saisi  par  les  inspecteurs  de  la  boucherie,  ne  doit-on  pas  en 
rendre  responsable  le  vendeur? 

Nous  posons  la  même  question  pour  le  sang  de  rate  du  mouton. 

Ces  réflexions  nous  amènent  à  la  garantie  nonaire  supprimée  com- 
plètement par  l'article  12  du  projet  de  loi: 

<.'  Sont  abrogés  tous  règlements  imposant  une  garantie  exceptionnelle 
aux  vendeurs  d'animaux  destinés  à  la  boucherie.  » 

La  garantie  nonaire,  qui  laisse  à  la  charge  de  l'expéditeur  la  perte 
de  l'animal  quelle  que  soit  la  cause  delà  mort^  est  une  loi  draconienne, 
que,  dans  l'intérêt  des  producteurs,  il  est  grandement  temps  de  faire 
disparaître. 

On  comprend  que  la  corporation  des  bouchers  de  Paris  et  sur- 
tout les  chevillards  défendent  pied  à  pied  leurs  privilèges,  les  mettant 
à  l'abri  de  toute  responsabilité  et  de  tous  risques  et  laissant  tout  sur  le 
dos  des  pauvres  cultivateurs  ! 

Mais  la  santé  publique  à  laquelle  ils  paraissent  tant  s'intéresser  n'est 
pas  compromise  autant  qu'ils  le  prétendent.  Nous  ne  partageons  pas 
non  plus  les  craintes  alarmistes  de  ceux  qui  prédisent,  grâce  au  pro- 
jet de  loi,  la  peste  noire  <à  Paris,  la  ruine  de  notre  bétail  en  France  par 
l'invasion  des  produits  malsains  de  l'Etranger.  Qu'on  se  rassure;  nos 
marchés  ne  seront  pas  inondés  de  viandes  insalubres  pour  deux  bonnes 
raisons  :  la  première,  c'est  qu'à  la  frontière  on  ne  laisse  pas  passer  un 
animal  suspect  ;  la  seconde,  c'estqu'aux  portes  de  Paris,  aussi  bien  que 
sur  le  marché  de  la  Villetle  et  aux  Halles  centrales,  un  service  d'inspec- 
teurs vétérinaires  est  maintenant  organisé  de  façon  à  assurer  la  salu- 
brité et  l'hygiène  au  peuple  parisien. 

Cependant  si  les  expéditeurs  de  bestiaux  empilent  trop  d'animaux 
dans  les  wagons  et  qu'il  en  résulte  des  accidents  ou  des  pertes,  si  des 
animaux  atteints  d'une  maladie  rédhibitoire  ou  pestilentielle  meurt 
dans  le  court  espace  de  temps  s'écoulant  depuis  l'arrivée  jusqu'à 
l'abatage,  il  est  juste  que  la  perte  incombe  à  qui  en  est  la  cause.  Pour 
le  premier  cas,  les  bouchers  sont  garantis  par  le  droit  commun;  pour 
le  second,  ils  doivent  l'être  par  une  loi  sage  sur  les  vices  rédhibitoires 
et  par  les  règlements  de  police  sanitaire. 

C'est  cette  loi  que  nous  demandons  à  nos  législateurs  actuels,  en 
les  priant  de  ne  pas  se  contenter  d'accepter  sans  discussion  un  travail 
tout  fait,  de  ne  pas  s'adresser  seulement  à  la  Société  nationale  de 
médecine  vétérinaire,  dont  certains  membres  voient  tout  à  leur  point 
de  vue,  mais  aux  écoles  vétérinaires,  aux  Sociétés  d'agriculture,  aux 
Comices  agricoles,  aux  Conseils  généraux;  de  relire  avec  attention  les 
écrits  de  nos  maîtres,  les  Renault,  Galosset  et  Mignon,  Rey,  etc.,  et  les 
discussions  qui  ont  eu  lieu  au  sein  des  assemblées  législatives  ou  des 
sociétés  savantes;  de  consulter  les  auteurs  de  droit,  tels  que  Dalloz; 
en  un  mot  de  faire  un  appel  à  toutes  les  sommités  scientiliques  dans 
les  deux  branches  auxquelles  se  rattache  cette  question  difficile,  com- 
pliquée, qui  divise  encore  aujourd'hui  agriculteurs,  vétérinaires  et 
légistes.  H.  Charlieu, 

Ex-médecin  vétérinaire  et  chef  de  contentieux  à  Paris, 
Membre  de  la  Société  des  agriculteurs  de  France. 


152  SUR  L'ORGANISATION   DU  CRÉDIT   AGRICOLE. 


SUR  L'ORGANISATION  DU  CRÉDIT  AGRICOLE 

Le  21  mai  1884. 
Monsieur  le  directeur,  dans  le  Journal  du  17  mai,  M.  Faure  a  fait  insérer  une 
courte  lettre  à  laquelle  je  demande  à  répondre  par  quelques  mots. 

D'abord,  en  ce  qui  concerne  la  crainte  exprimée  pirM.  Paure,  que  je  voie  dans 
son  écrit  une  opposition  systématique,  je  ferai  simplement  observer  qu'entre 
M.  Faure  et  moi,  il  ne  peut  y  avoir  d'opposition  systématique.  Nous  n'avons  l'un 
et  l'autre  qu'un  seul  désir  :  servir  de  tout  notre  notre  pouvoir  les  intérêts  de 
l'agriculture  ;  et  qu'un  seul  intérêt  :  arriver  par  tous  les  moyens  à  la  recherche 
éclatante  de  la  vérité. 

Quant  aux  deux  inconvénients  dont  parle  M.  Faure,  j'en  avais  prévu  un,  celui 
du  privilège  de  la  Banque  de  France,  et  la  preuve  s'en  trouvera  dans  les  documents 
de  l'enquête  qui  vont  être  publiés. 

Je  ne  crois  pas  cependant  que  nous  nous  heurtions  à  l'opposition  que  pourrait 
nous  faire  le  privilège  de  la  Banque  de  France,  seul  établissement  autorisé  à 
émettre  des  billets  de  circulation  ;  car  la  Banque  agricole  ne  pourrait  pour  elle 
être  considérée  comme  une  concurrence. 

Pour  que  la  concurrence  existe,  il  faut  noa  seulement  que  les  marchandises 
offertes  aient  plus  ou  moins  de  similitude,  il  faut  en  plus  que  la  clientèle  soit  la 
même.  Or,  la  Banque  de  France  a  pour  clients  les  commerçants  et  les  industriels; 
elle  prête  peu  ou  pas  aux  agriculteurs.  Tandis  que  c'est  à  la  clientèle  de  ces  der- 
niers que  devrait  s'adresser  exclusivement  la  Banque  agricole.  Elle  ne  pourrait 
faire  autrement,  puisque  son  but  unic(ue  serait  de  prêter  sur  gages  mobiliers 
purement  agricoles.  Le  nouvel  établissement  à  créer  devrait  avoir  pour  premier 
effet  de  supprimer  les  intermédiaires,  en  prêtant  sur  une  seule  signature,  afin  de 
rendre  le  crédit  réellement  économique. 

Du  reste,  si  la  Banquede  I^'rance  avait  intérêt  à  attacher  àson  char  de  triomphe 
une  nouvelle  clientèle,  celle  de  l'agriculture,  elle  n'aurait  qu'à  prendre  ses  dispo- 
sitions, en  modifiant  ses  siatuts.  pour  exécuter  elle-même  et  dans  les  mômes  con- 
ditions, ce  que  serait  appelée  à  faire  la  Banque  agricole. 

En  ce  qui  concerne  la  seconde  objection  :  la  crainte  de  voir  subir  au  capital  une 
dépréciation  de  25  pour  100,  par  suite  de  l'abondance  de  la  circulation  des 
valeurs  monétaires,  réelles  ou  fiduciaires,  je  n'avais  pu  y  songer;  car,  à  mon  avis, 
cette  objection  repose  sur  une  erreur  économique  évidente.  M.  Faure  paraît  croire 
que  l'abondance  de  la  marchandise  en  fait  forcément  baisser  le  prix,  c'est  inexact  1 
Ce  qui  agit  sur  le  prix  d'une  marchandise  (|ue;conque,  ce  n'est  pas  sa  quantité 
plus  ou  moins  considérable  sur  le  marché,  c'est  le  manque  de  proportion  entre 
l'offre  et  la  demande.  Une  marchandise  peut  diminuer  de  prix,  quoique  rare,  si 
les  acheteurs  se  montrent  plus  rares  encore.  Et  inversement,  malgi-é  l'augmenta- 
tion de  l'oftre,  la  hausse  pourra  survenir  si  l'augmentation  de  la  demande  est 
encore  plus  considérable. 

Dans  la  circonstance,  il  est  indiscutable  qu'il  résulterait  du  nouveau  mode  de 
crédit,  un  besoin  beaucoup  plus  considérable  de  valeurs  monétaires  circulantes. 
La  demande  en  devenant  plus  grande,  ii  ne  s'agirait,  pour  qu'aucun  trouble  iùt 
apporté  à  la  fortune  publique,  de  ne  satisfaire  cette  demande  qu'en  proportion  des 
besoins  successifs.  C'est  dans  ce  but  que  je  n'ai  jamais  proposé  de  mettre  tout 
d'un  coup  cinq  milliards,  — je  n'ai  pas  dit,  de  billets,  —  d'obligationiQn  circula- 
tion. Partant  du  principe  que  la  Banque  agricole  ne  pourrait  mettre  d'obligations 
en  circulation  que  pour  une  somme  égale  aux  hypothèques  volontaires  consenties 
sur  des  immeubles  et  que  ces  hypothèques  ne  pourraient  dépasser  un  chiffre  su- 
périeur à  dix  fois  le  capital  social  e/J'ecli'-cmenl  versé,  j'ai  dit  qu'il  ne  pourrait 
s'agir  de  verser  tout  d'un  coup  les  cinq  cent  millions  du  capital  social  souscrit, 
que  l'on  pourraitse  contenter  de  ne  libérer  les  actions  qu'au  fur  et  à  mesure  des 
besoins,  par  tiers  ou  par  quart.  Tout  d'abord,  ce  ne  serait  probablement  qu'un 
milliard  ou  un  milliard  et  demi  d'obligations  à  mettre  en  circulation  ;  et,  ce  ne 
serait  que  dans  un  avenir  plus  ou  moins  éloigné  que  les  cinq  milliards  que 
M.  Faure  croit,  comme  moi,  nécessaires  pour  les  besoins  futurs,  seraient  versés 
intégralement  entre  les  mains  du  public. 

Ainsi,  l'objection  du  privilèi^e  de  la  Banque  de  l^'rance  ne  me  paraît  pis  fon- 
dée, il  ne  s'agit  pas  pour  elle  d'une  conourreuce,  puisque  les  deux  établissements 


SUR  L'ORGANISATION  DU  CRÉDIT  AGRICOLE.  153 

ne  s'adresseraient  pas  à  la  mémo  clientèle.  Du  reste,  si  notre  grand  établissement 
national  actuel  de  crédit  venait  à  se  mettre  en  travers  d'un  besoin  universellement 
exprimé,  et  qu'il  déclarerait  ne  pouvoir  complètement  satisfaire,  ce  serait  au  Par- 
lement, qui  aura  toujours  le  dernier  mot  dans  la  circonstance,  à  examiner  le  bien- 
fondé  de  ses  prétentions. 

Quant  à  la  seconde  objection,  elle  me  parait  moins  sérieuse,  ayant  pour  fon- 
dement une  erreur  économique. 

Veuillez  agréer,  etc.  P.-V.  Ayraud, 

Membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture 

LES  CHAMBRES  CONSULTATIVES  D'AGRICULTURE 

DEVANT  LE   PARLEMENT 

Un  projet  de  loi  sur  les  Chambres  consultatives  d'agriculture  a  été 
déposé,  avant  les  vacances  de  Pâques  du  Parlement,  sur  le  bureau  de 
la  Chambre  des  députés,  par  M.  Méline,  minisire  de  l'agriculture,  et  il 
V  a  lieu  de  penser  qu'il  sera  discuté  au  cours  de  la  prochaine  session.  Le 
Journal  Je  l'agriculture  en  a  publié  le  texte  dans  le  numéro  du  12avril. 

Disons  de  suite,  qu'en  nous  préservant  du  s}'stème  anormal,  dont 
l'agriculture  semblait  menacée  par  un  projet  présenté  au  Conseil  supé- 
rieur d'agriculture,  dans  une  séance  du  14  novembre  1883,  et  dont  le 
Journal  officiel  avait  rendu  compte,  le  gouvernement  s'est  rendu  aux 
instances  de  l'agriculture  pour  une  représentation  spéciale  de  ses 
intérêts. 

Si  les  Chambres  de  commerce  ont  contribué  au  développement  du 
commerce  et  de  l'industrie  en  France,  il  est  bien  naturel  que  l'agri- 
culture ait  aussi  sa  représentation  oflicielle.  Les  agriculteurs  ne  deman- 
dent que  l'égalité  devant  la  loi  ;  est-ce  trop  que  de  la  leur  accorder 'i* 

D'après  le  projet  qui  s'était  fait  jour  au  Conseil  supérieur,  les  délé- 
gués d'une  Chambre  d'agriculture  au  canton,  dont  le  moindre  défaut  eiît 
été  le  manque  d'autorité  et  de  compétence  nécessaires,  devaient  être 
nommés  par  le  Conseil  municipal  de  chaque  commune,  à  raison  d'un 
délégué  par  commune,  et  c'était  tout,  il  n'existait  pas  de  représentation 
à  l'arrondissement  dont  le  rouage  prévalut  pourtant  à  la  discussion; 
la  Chambre  d'arrondissement  devait  être  Jormée  au  moyen  d'une 
délégation  des  Chambres  cantonales,  par  des  élections  au  second  degré. 

Quant  à  la  formation  d'une  chambre  départementale,  le  principe 
même  en  était  repoussé. 

Il  n'était  pas  malaisé  de  voir  les  préoccupations  des  auteurs  de  ce 
projet. 

Le  ministre  est  entré,  au  contraire,  par  un  projet  très  étudié  en 
33  articles,  dans  une  voie  véritablement  libérale,  réclamée  par  les 
Sociétés  agricoles  indépendantes,  parmi  lesquelles  nous  nous  plaisons 
à  citer   la  Société  d'agriculture  et  d'industrie  d'IUe-et-Vilaine. 

Une  Chambre  consultative  d'agriculture  par  arrondissement  est  élue 
directement  par  les  propriétaires,  agriculteurs,  etc.,  âgés  de  vingt-cinq 
ans  révolus  et  jouissant  de  leurs  droits  politiques. 

Une  liste  des  électeurs  est  dressée  tous  les  ans  pour  chaque  com- 
mune, où  a  lieu  le  vote  pour  des  éligibles  ayant  trente  ans  d'âge  et 
résidant  dans  l'arrondissement. 

Les  Chambres  d'agriculture  d'un  département  peuvent  être  réunies 
en  assemblée  générale  au  chef-lieu  du  département  par  le  miriislre  de 
l'agriculture. 


154  LES  CHAMBRES  CONSULTATIVES  D'AGRICULTORE. 

Les  réunions  d'arrondissement  ont  lieu  après  avis  au  préfet  et  au 
sous-préfet,  ce  qui  se  conçoit  aisément. 

Nous  aurions  voulu,  quant  à  nous,  qu'une  réunion  annuelle  des 
Chambres  d'agriculture  d'arrondissement  ait  lieu  au  chef-lieu  du 
département,  el  précédât  la  réunion  du  Conseil  général  auquel  les 
Chambres  d'agriculture  sont  appelées  à  présenter  leurs  vues,  comme  au 
gouvernement,  sur  toutes  les  questions  qui  intéressent  l'agriculture, 
et  qu'une  réunion  générale,  formée  par  représentation,  ait  lieu  chaque 
année  à  Paris. 

C'était  l'enchaînement  de  la  loi  de  1851  (abrogée  par  le  décret-loi 
du  25  mars  1852),  et  beaucoup  de  bons  esprits  en  souhaitaient  le 
retour  pur  el  simple.  Mais,  il  faut  le  reconnaître,  l'électorat  au  premier 
degré  prenait  sa  base  dans  les  Comices  et  Sociétés  agricoles  ;  or,  tout 
le  monde  sait  aujourd'hui  que  leurs  réunions  ne  sont  pas  étrangères  à 
d'autres  préoccupations  que  celles  de  l'agriculture,  et  que  parmi  elles, 
notamment;  les  unes  sont  plus  favorisées  que  les  autres,  au  point  de 
vue  des  allocations  qui  peuvent  leur  être  attribuées. 

Nous  ne  parlerons  pas  de  la  représentation  agriiiole  organisée  par  le 
décret-loi  du  25  mars  1852;  elle  était  à  la  désignation  du  pouvoir 
administratif,  n'a  jamais  fonctionné  que  dans  certains  départements, 
et  ne  pouvait  avoir  l'autorité  morale  d'un  corps  élu  par  des  gens 
indépendants,  et  n'ayant  d'autres  préoccupations  que  les  avantages  ou 
les  crises  de  l'agriculture. 

Plusieurs  branches  de  l'agriculture  française  sont  atteintes.  La 
sucrerie,  dont  le  sort  est  lié  à  la  production  des  céréales,  dans  le  Nord, 
fait  entendre  des  cris  de  détresse,  et  le  remède  viendra  peut-être 
trop  tard  pour  d'inévitables  désastres  ;  d'autres  productions  sont  pla- 
cées par  les  traités  de  commerce,  notamment  calui  de  Francfort,  dans 
des  conditions  de  lutte  d'une  inégalité  flagrante. 

Avec  une  représentation  effective  et  libérale  comme  celle  proposée 
par  M.  iMéline,  le  gouvernement  n'aura  plus  désormais  à  prêter  l'oreille 
aux  plaintes  de  l'agriculture;  il  lui  suffirait  de  ne  pis  la  fermer. 

A.    DE    LA   MORVONSAIS. 


SOCIÉTÉ    NATIONALE    D'AGRICULTURE 

Séance  du  23  juillel  ISSii.  —  Présidence  de  .ïï.  Cheoreul. 

M.  Destremx,  correspondant  de  la  Société,  envoie  une  brochure  sur 
la  crise  économique,  ses  causes,  ses  effets  et  ses  remèdes  ;  — 
M.  le  D'  Calliburcès,  une  étuJe  renfermant  ses  recherches  expérimen- 
tales relatives  à  l'influence  du  traitement  pnaumati que  sur  la  fermen- 
tation des  jus  sucrés;  —  M.  Schomburgk,  un  rapport  sur  les  progrès 
et  la  situation  du  jardin  botanique  du  gouvernerajnt  de  l'Australie 
méridionale. 

M.  Kremer,  ingénieur,  transmet  plusieurs  étude -i  sur  la  meu- 
nerie française  et  les  procédés  nouveaux  appliqués  par  la  meunerie 
étrangère. 

M.  Barrai  présente  le  premier  volume  de  l'enquête  ouverte  devant  la 
Société  sur  le  crédit  agricole;  il  expose  que  ce  volume  estconsacré  aux 
notes  envoyées  à  la  Société  par  ses  correspondants  l'ranç:iis,  et  qu'il  a 
fait  suivre  ces  notes  d'une  analyse  qu'il  arédigée  pour  chaque  partie  du 


SOCIETK   NATIONALE  DAGRICULTIJME.  155 

questionnaire  de  la  Société.  La  majorité  des  réponses  est  favorable  à 
l'organisation  du  crédit  agricole.  Un  deuxième  volume,  qui  paraîtra 
bientôt,  sera  consacré  aux  dépositions  venues  des  pays  étrangers.  La 
publication  en  sera  faite  de  telle  sorte  que  la  Société  puisse  ouvrir  dès 
la  rentrée,  au  mois  de  novembre,  la  discussion  sur  le  rapport  de  sa 
Commission. 

M.  Gayot  (ait  une  communication  sur  une  invention  de  M.  l'abbé 
Mathieu  relative  à  un  essieu  mobile  avec  les  roues  qu'il  porte  ;  cette  in- 
vention paraît  de  nature  à  diminuer,  dans  de  notables  proportions,  le 
tirage  des  voitures. 

M.  Paul  JMarès  présente,  en  en  faisant  ressortir  l'intérêt,  une  brochure 
de  M.  Xavier  Bordet,  renfermant  ses  observations  sur  la  vinification 
en  Algérie,  d'après  les  notes  recueillies  sur  les  vendanges  de  la  ferme- 
modèle  de  Birkadem,  de  1864  à  1881 .  —  M.  Mares  donne  lecture  en- 
suite d'une  note  sur  les  observations  viticoles  auxquelles  il  s'est  livré 
durant  un  voyage  récent  en  Algérie;  il  donne  des  détails  relatifs  à  l'ex- 
tension des  plantations  de  vignes,  aux  zones  les  plus  favorables  à  cette 
culture,  aux  dépenses  qu'elle  entraîne  et  aux  profits  qu'elle  donne. 

M.  Bouchardat  fait  connaître  la  situation  actuelle  des  vignes  dans  la 
Basse-Bourgogne.  11  résulte  de  ces  renseignements  que  les  gelées  prin- 
tanières  n'ont  pas  exercé  d'influence  très  pernicieuse,  notamment  sur 
le  pinot  noir,  et  que  l'on  peut  compter  sur  une  assez  abondante  récolte. 
Quant  à  la  qualité,  tout  promet  qu'elle  sera  bonne.  Si  les  circonstan- 
ces favorables  continuent,  on  fera  des  vendanges  hâtives,  ce  qui  est 
toujours  une  garantie  de  succès  pour  la  qualité  du  vi'û, 

La  Société  procède  à  l'élection  d'un  membre  associé  dans  la  Section 
d'histoire  naturelle.  M.  Carnet  est  élu.  Henry  Sagnier. 

REVUE  GÛÏÏlIERCliLE  ET  PRIX  GOUROT  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(26  JUILLET  1884.) 
I.     —    Situation    génifrale. 

Les  affaires  sont  toujours  calmes  sur  les  marchés  agricoles;  les  ventes  sont  un 
peu  plus  actives,  quoique  les  cultivateurs  soient  retenus,  dans  un  grand  nombre 
de  départements,  aux  travaux  de  la  moisson. 

I[.  — Les  grains  et  les  farines. 

Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  quintal  métrique, 
sur  les  principaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger  : 

Blé 
fr. 

Alaérie                       Alger i  '^''^ '^"''''^•-         ^^-^O 
Algérie.  ^'^'''i  blé  dur 16.25 

Angleterre.  Londres 24.10 

Belgique.  Anvers 21.50 

—  Bruxelles 23.,')0 

—  Liège 24.25 

—  Namur 22.75 

Pays-Bas.  AnislerJam 20.70 

Luxembourg.  Luxembourg 23.50 

Alsace-Lorraine      Strasbourg 25.75 

—  Mulhouse 23.85 

—  Colinar 25.00 

Allemagne.  Berlio 20.85 

—  Cologne 23.35 

—  Krancfort 25 .  00 

Suisse.  Genè-ve 26  00 

Italie.  Milan 23.75 

Espagne.  Barcelone 2."> .  00 

Autriche.  Vienne 20.25 

Hongrie.  Budapest l',4.75 

R  tste.  Saint-Pétersbourg..  16.80 

Etats-Unir.  New-York 19.05 


Seigle. 

Orge. 

Avoine 

fr. 

fr. 

fr. 

9 

D 

» 

D 

11.50 

13.25 

B 

19.50 

19.25 

17.85 

23.50 

21.00 

17.25 

. 

. 

18.25 

10.50 

19.85 

16.75 

20.25 

19.75 

16.00 

» 

0 

21.00 

20.50 

20.25 

iO  00 

A 

20.75 

17.00 

17.00 

20.25 

18.75 

18.00 

21.00 

18.35 

» 

a 

19.35 

B 

» 

20.85 

21.75 

19.60 
22.50 

18.25 

» 

16.50 

j> 

B 

> 

16  50 

17.50 

17.25 

15.75 

17.7^ 

17  00 

12.75 

> 

10.70 

156 


REVUE  COMMERCIALE   ET   PRIX    GOURANT 


1"  RÉGION.  —  NORD-OUEST. 


Orge. 


18    06      18. :i 


18.50 
19.00 


21.00 


Calvados     Condé 23.50  17.25  19.25  20.50 

—  Lisieux 24.20  20.00  20  50  22.00 

C.-du  Nm  d    Pontrieux..    21.75  16.50  16.50  15.75 

—  Tcei;uier 22.00        »  16.00  15.80 

Finistère,  .\lorlaix 22.25  16.50  15.75  15.50 

—  Quiinper 23.0)  16.25  17.00  16.70 

llle-el- Vi laine.  Keaa^i.  22.00        »  16.00  16  00 

—  Fougères -23  25         »  »  17.30 

—  Avraiiches 24.00        »  U)  50  21.50 

Manche.     Pontorson 23.50        »  18.50  20.25 

—  Villedieu 24.00  18.00  18.75  20.00 

Mayenne.  Laval 23.70        t>  »            » 

—  Ctlàle.iu-Goulier.    23.50         »  19.20         » 
Morbikan.  Hennebont..       »  15.50  »  17  00 
Orne.   Seez 23.50         »  2J.00  17.20 

—  Vinioutiers 24  00  16.50  19.20  20.00 

Sarthe.  Le  Mans 23.25  16.25  16.75  20.50 

—  Sablé 23.7.  17.00  »             » 

Prix  moyeûs i3.24 

2"  RÉGlo:^.  —  ."< 
Aisne.  Luon 23.25 

—  Saint-Quentin...   23.00 

—  Soissons 23.00 

Eure,  Pacy 23.25 

—  Coilchi'S 23.50 

—  Les  Andelys 22  75 

Eure  et  Loir _  lAinnres..   23.20 

—  Anneau., 23  50 

—  No?enl-le-Rotroil.  24.25 
Nord   Dunkerque 23.60 

—  Douai 23.25 

—  Cai:ibrai 23.00 

Oise.  Beauvais 21.50 

—  Corn[>:egne 2^.85 

—  Senlis 22,00 

Pas-de-Calais.  ArraiS.,.  23.75 

—  Sa  nl-Omer 23.50 

Setn*^.  Paris 24.25 

ë.-el-Marne.  P."Ovins..  ..  23.00 

—  Meliin 24.50 

—  iMontereau 23.110 

S.-et-(iise    Etampes 23.50         » 

—  Pontoise  23.25         » 

—  Versailles 24.00     14.50 

Seine-hiférieure. f^ouen.  23. Lo     15.35 

—  Fecamp 22.70     15. ÛO 

—  Yvelot 22.85         « 

SoïH7K(i.  Doullriis 23.50     18.00 

Moiitdidier 22  50    15.50 

—  Roye 23.35        »  »  1) 

Prii  moyens 23.20  (5  67     19  31     19  :i(i 

3*  RÉGION.  —  .'«««n.lîsr. 

Ardennes.  Ciiarleville  .  23.75  16.75 

—  Sedan 24.00  16.00 

Auhe.  Bar-sur- .4ube  ... .   23.  50  » 

—  Méry-snr-Seine. ..  î3.oo  15.50 

—  No!!-nt-sur-seine.  23.50  15.00 
4/Ofni-.  ClliilOns 23.63  16  85 

—  Epernay 23.60  là. 00 

—  Saint- vienehoold..  23  75  16.00 
W(e- Karne.  Sainl-Dizier.  23.50  li.50 
Meii>';/ie-rt.j1/o.s.  Nancy.  24  00  16. 5o 

—  Liineville 24.25  » 

—  Toul.. 23.50  16.50 

Meuse.  Bar-le-Duc 23.85  16.25 

—  Verdun 23.50  16.00 

Haule-Saàne.  Gray 23.25  15.50 

—  Vesoul 24.30  16.25 

Vosges    Epinal 25  00  16.50 

— '    Mi:ecourt 23.70     16  10 


15.25 
14.50 
15.25 

17.50 

14. 75 
15.50 
16.00 
15.00 
17.00 
18  50 
16.00 
14.25 

!5  25 


20.00 
1!1.50 
I9.0G 

21.00 
20.50 
18  50 

20. 10 


18  25    » 
IS.75  19.00 
19.00  21.50 
20.25  22  50 

Ji  22.00 

19  50  20.00 
19.00  18  50 
18.20  19  23 


20.50 
19.00 
17.50 
17.25 


18.00 
19.00 


16.00 
18.00 


Prix  moyens...    . 

4*   RÉGION 

Charente.  Angoulème... 

—  RuITec 

Char.-hifèr.  Marans.... 
Den.c~Set>res .  Tbenezay. 
Indre-et-l.nire    BliMê  ... 

—  Château  Renault . 

Loire-lttf.  Nantes 

M.-et-Lnir".  Saumiir.. . . 

—  A  ni' ers 

Vendée    Ln(;on 

Fonte^nay-Ie-Cte  . . 
Vienne.  Poitiers 

—  Loudun 

Haute-Vienne,  Limoges. 


23.75      U.95 

.  —  (MTiisr. 


23 .  .50 
24  00 
22.73 
23.20 
23  00 
23.50 
22 .  50 
V3  00 
23.50 
23  50 
23.50 
21  25 
23.110 
23.50 


18.00 


1.'.  .50 
1 5 .  50 

16    00 

15.00 
16.20 


16.00 
14.50 
15.50 


I.S.50 
18.00 
17  00 
20  00 
13.00 
!9.75 


18.70 
19.25 
18.00 
20.75 
20.50 


18.25 
17.85 
16. oO 
IS.OO 
18.50 
17. '.0 
17.00 
18  50 
18.00 
17.00 
17.50 
17.00 
13  50 
18  00 


Prii  moyens 23.26     15.80     18.95     17.69 


5*  RÉGION.  —  CENTRR 

Seigle. 

fr. 

17.00 

15.50 


,,,.  fr. 

Ailier.    Monllnçon 22.75 

—  La  Palisse 22.50 

—  Gannat 33.00 

Cher.  Bojrges 23.20 

—  Gracay js.'qo 

_  Vierzon 23. 00 

Ci'cuse.  Aubusson .  24.00 

Indre.  Chàteauroux 23.50 

—  Issoudun 23  25 

—  Vaiençay 23,50 

Loiret.  Orléans 23  co 

—  Montargis 23.'75 

—  Patay 23.50 

L.-et-Cher    Blois 23.30 

—  .Monloiru 23.30 

meui'e.  Nevers 23  25 

—  I.a  fhiri(e 23^00 

Yonne    Brie  ion 23.00 

~     J  "ooy 23.10 

—  Sens 23.75 


15.70 
15.30 
15.25 
15.50 
15.73 
15.50 
15.70 

» 
13.00 

15.00 

17.00 

9 
16.00 
14.50 
15.25 


Prix  moyens 

6"  RKJIO 
Ain.  Bourg 

—  Pont-de-Vauï.... 
Càle-d'Or.  Oijon 

—  Seaume 

Doubs.  Besançon...!!!.' 
Isère.  Gronoblo 

—  Boiirgoin !!!! 

Jura.  Dôle 

Loire.  Roanne  ...'..!!!! 
P.-de-Uôine.  Clermont-F 

lihône.   Lyon 

Saàne-et-Loire.  ciia'lon  ! 

—  M  icûn 

Cavoie.  Chambéry 

Ille-Savoie.  Annecy 

Prix  moyens 

T    REGION.  — 


23.24      15.61 
N.  —  EST. 


Ofge. 

fr. 
19.50 


18  00 

18.50 

20.50 

» 

17,75 
20  50 
20.50 
18,00 
18.50 
18.50 
20.70 
19.10 
19.75 

13.00 

17.50 
19.01 


Awine. 

fr. 

18.00 

17.50 

17.30 

17.50 

19.25 

17. so 

18  00 
17.50 
17  25 
17.30 

• 
18. 7i 

19  50 
20.50 
17.25 
19  00 
17  50 
19.00 
19.50 
t9_25 

18.30 


23.00 
23.75 
23.50 
23.00 
23.50 
25.20 
23  65 
23.00 
23.75 
24.00 
24.00 
23.00 
24.01) 
25.00 
23.50 


17.00 

16  50 
» 

15.50 

17  50 
16.25 

15  75 
16.23 
i7.00 
16.25 
16.50 

16  30 
19.00 


18.25 
17.50 
20  50 

» 
20.73 
17  50 
19  50 


Ariège.  Pamiers 

—  Foii 

Dordogne.  Bergerac 

Ute-Garotme.  Toulouse. 

—  st-Gaiideus 

Gers.  Condom 

—  Eauze  

—  Mirande 

Gironde.  Bordeaux 

—  Lesparre 

Landes.  Dax 

Lot-et-Garonne.  Agen... 

— •    Nérac 

B. -Pyrénées.  Bayonne.. 
Htes-Pyrénées.  farbes.. 

Prix  moyens 

8*   RÉGIi 

Aude.  Caslelnandary.... 

—  Carca>~onne 

Aveyron.  Rodez 

Cantal.  Mauriac 

Correze.  Brive 

IléranU.  .Monlpell'ier..! 

—  Bé/,iers 

Lot.  Cahors 

Lozère    \?ende 

Pi/rênées-f)i-.Perpignan! 

Tarn.  L;ivaur 

rocn-el.*;,!.-.  Monlauban 

Prix  moyens..   . . 

9"  RÉGlOf). 
Basses-. -Mpes.  Manosque 
Hautes-. Mpes.  Briançon. 
.Alfies  Maritimes.  Nice.. 

.Ardeche.  Privas 

B.-dii  Btiôae.   Arles.... 
Drntne    Montélimar.. . . 

Gard.  Nimes 

Haute-Loire.  Brioude... 

Var.  Dr.uoiynan 

Vaucluse.  Orange 

Prix  moyens. .... 
Moy.  de  louie  la  Krance 
—  delà  semaine  précéd. 

Sur  la  semameJHausse. 
précédente..  JBaisse.. 


23.99     16  67 
-  SUD-OUEST. 


17.23 
19.00 
IS.OO 
17.50 
19.00 
20 .  00 
Î8.25 
17.50 
18  25 
19.00 
18.30 
2i).50 
20.511 
19.00 
19.50 

18.78 


24-17  19.50 
—  SUK-EST. 

24.60  » 

24.23  18.50 

26.25  19.00 

26.60  17.50 

25.00  » 

24.50  » 

25 . 20  • 

24.00  18.25 

24,50  » 

24.30  » 

24  94  18.31 

23.81  17.09 

23  85  17  05 

•  0  04 


19.21     20.29 


2 1 .  00 
17.00 


16.00 
19  50 


16  50 


21.00 
19.25 
21.00 
19.60 
18.75 
17.7,5 
17.50 
18.35 
17.80 
17.50 


18.12  18.85 
18.79  18  99 
18   83     19.02 


DES  DENRÉES  AGRICOLES   (26  JUILLET  1884;.  15  7 

Blrs.  —  Nous  n'avons  presque  rien  à  ajouter  à  ce  que  nous  avons  dit  la 
semaine  dernière;  les  travaux  de  la  moisson  se  poursuivent  avec  activité,  parfois 
contrariés  par  des  orages,  mais  sans  pluies  continues  qui  entraveraient  sérieuse- 
ment la  dessiccation  des  gerbes.  On  signale  sur  un  certain  nombre  de  points 
l'écliaiidage  des  grains  dû  à  une  maturation  trop  liâtive.  Sur  la  plupart  des  mar- 
chés les  affaires  sont  calmes;  les  prix  se  soutiennent,  mais  les  ventes  sont  peu 
imjjortantes.  —  A  la  halle  de  P«r/s,  le  mercreili  23  juillet,  il  n'y  a  eu  que  très 
peu  d'alTaires.  Les  cours  sont  demeurés  aux  anciens  taux.  Ou  payait  de  23  à 
25  fr.  50  par  lOÛ  kilog.  suivant  les  sortes,  ou  en  moyenne  24  i'r.  25.  Sur  le  mar- 
ché des  blés  à  livrer,   on  cote:   courant  du  mois,  22  fr.   50  à  22   fr.  75;   ai  ût, 

22  fr.  75  à  23  fr.;  septembre  et  octobre,  23  à  23   fr.  25  ;    quatre  derniers  mois, 

23  fi.  25.  —  Au  Havre,  il  n'y  a  toujours  que  peu  d'affaires  ;  les  cours  se  lixent 
de  22  à  23  fr.  50  par  100  kilog.  pour  les  blés  d'Amérique;  de  22  à  22  fr.  50  pour 
ceux  des  Indes.  —  A  MarseUle^  On  ne  signale  toujours  que  dos  affaires  peu 
importantes  ;  le  marché  est  toujours  dans  une  situation  exceptionnelle  qui  en 
compromet  gravement  les  intérêts.  —  A  Londres,  devant  les  perspectives  d'abon- 
dance que  présente  la  prochaine  récolte,  les  transactions  sont  très  calmes,  et  les 
prix  accusent  une  certaine  tendance  à  la  baisse.  Les  cours  se  fixent  de  23  à  25  fr.  20 
par  100  kilog.  suivant  les  qualités  et  les    provenances. 

Farines.  —  Affaires  toujours  calmes,  sans  changements  dans  les  cours.  —  A 
la  halle  de  Paris,  les  farines  de  consommation  se  cotent  aux  taux  de  notre 
précédente  revue.  — Quant  aux  farines  de  spéculation,  on  payait  à  Paris,  le  mer- 
dredi  23   juillet  au  soir  :  farines  neul -marques,    cour^int    du   mois,  46    fr.    75  à 

47  fr.  ;  août,   47   fr.    25  ;  septembre  et  octobre,   47  i'r.  75  ;  quatre  derniers  mois, 

48  fr.  25;  le  tout  par  sac  de  I59  kilog..  toile  perdue,  ou  157  kilog.  net.  —  Les 
cours  des  farines  deuxièmes  demeurent  fixés  de  22  à  25  fr.  par  quintal  métrique; 
ceux  des  gruaux  de  36  iV.  à  41  fr. 

Seigles.  — ■  Les  ventes  sont  très  actives,  et  les  prix  sont  très  fermes.  On  cote  à 
Paris, de  15  fr.  75  à  16  fr.  2:)  par  100  kilog.  suivant  les  sortes.  Les  farines  de 
seigle  valent  de  21  à  24  fr. 

Orges.  —  Peu  de  ventes  sans  changements  dans  les  anciens  prix.  On  paye  à, 
halle  de  Paris,  de  18  à  19  fr.  par  100  kilog.  Les  escourgeons  se  cotent  de  19  fr. 
à  19  fr.  50. 

.4i:oincs.  —  Grande  fermeté  dans  les  cours.  On  paye  à  la  halle  de  Paris  de 
18  fr.  75  à  21  fr.  50  par  1^0  kilog.   suivant  poids,    couleur  et  qualité. 

Maïs.  — Les  prix  des  muïs  d'Amérique  se  soutiennent  dans  les  ports  de  14  fr.  75 
à  15  fr.  50  par  100  kilog. 

m.  —  Fourrar/cx,  graines  fourragères. 

Fourrages.  —  Les  ventes  sont  assez  importantes,  avec  des  prix  soutenus.  On 
cote  à  Paris  par  1,000  kilog.  :  foin  nouveau,  lOÛ  à  110  fr.;  luzerne,  96  à  lnSfr.  ; 
sainfoin,  80  à  100  fr.  ;  regain,  6S  à  88  fr.;  paille  de  blé,  92  à  104  fr.  ;  paille 
d'avoine,  62  à  62  fr. 

Graines  fourragères.  —  En  Beauce,  les  graines  de  trèfle  incarnat  sont  cotées  de 
45  à  46  fr.  par    100   kilog.  ;  celles  de  Irètle  tardifs  de  60  à  65  fr. 

IV.  —  Fruits  et  légumes  frais. 

Fruits.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris  :  abricots,  le  kilog.,  0  fr.  30  à  1  fr.  ; 
amandes,  le  100,  1  fr.  50  à  2  fr.  25;  cassis,  le  kilog.,  0  fr.  45  à  0  fr.  50; 
cerises  communes,  le  kilog.,  0  fr.  30  à  2  fr.  ;  figues,  le  100,  14  à  16  fr.  ;  fraises, 
le  panier,  1  fr.  50  à  2  fr.  50  ;  le  kilog.,  Ô  fr.  50  à  0  fr.  9J  ;  framboises,  le  kilog., 
0  fr.  50  à  0  Ir  90;  groseilles,  le  kilog.,  0  fr.  45  à  0  fr.  55  ;  melons,  la  pièce, 
0  fr.  50  à  2  fr.  50;  pèches,  le  kilog.,  0  fr.  80  à  1  fr.  40;  poires,  le  kilog., 
0  fr.  25  à  0  fr.  60;  prunes,  le  kilog.,  0  fr.  30  à  2  fr. 

Gros  légumes.  —  Derniers  cours  de  la  halle  :  artichauts  de  Paris,  poivrade, 
la  botte,  0  fr.  25  à  0  fr.  3);  le  cent,  12  à  16  fr.;  asperges  communes,  la  botte, 
2  fr.  à  6  fr.  ;  carottes  nouvelles,  les  100  bottes,  40  à  45  fr.;  choux  nouveaux,  le 
cent,  12  fr.  à  16  fr.;  haricots  verts,  le  kilog,  0  fr.  12  à  0  fr.  35  ;  en  cosse, 
0  fr.  25  à  0  fr.  50;  navets  nouveaux,  les  100  bottes,  3j  à  40  fr.;  oignons 
nouveaux,  les  100  bottes,  30  à  35  fr.;  panais  nouveaux,  les  100  bottes,  15  à 
35   fr.;    poireaux    communs,   les    100    hottes,  20  à  25  fr. 

Pommes  ,e  ferre.  —  Nouvelles,  le  panier,  1  à  2  fr.  ;  hollande,  communes,  l'hec- 
tolitre, 6  à  7  fr.;  le  quintal,  8  i'r.  57  à  10  fr.;  jaunes  communes,  l'hectolitre, 
5  fr.  à  6  fr.  ;  le  quintal,  7  fr.  14  à  8  fr.  57. 


158  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT. 

V.  —  Vins.  —   Spiritueux.  —  Vinaigres.  —   Ciilrss. 

Vins.  —  La  situatioa  est  toujours  la  mèmB.  Les  vignes  se  trouvent  très  bien 
dans  toutes  les  régions  des  circonstances  météorologiques  qu'elles  traversent.  Les 
orages  qui  sont  survenus  dans  un  grand  nombre  de  départements  n'ont  pas  pro- 
duitd'etiet  désastreux  sur  les  raisins,  sauf  dans  quelques  localités  heureusement 
très  restreintes.  Il  est  donc  permis  d'espérer  que.  si  des  phénomènes  contraires 
ne  surviennent  pas,  on  obtiendra  une  récolte  abondante  et  de  bonne  qualité.  Pour 
peu  que  le  temps, redevenu  beau,  se  maintienne,  on  pourra  compter  sur  des  ven- 
danges précoces.  —  La  situation  commerciale  est  toujours  aussi  calme  :  très  peu 
d'alfaires,  avec  des  prix  faibles  pour  la  plupart  des  provenances.  A  Paris-Bercy, 
les  vins  de  soutirage  se  vendent  actuellement  de  155  à  180  fr.  la  pièce  de  225  litres. 
—  Dans  le  Midi,  les  atteintes  du  railde'w  paraissent  évitées  jusqu'ici. 

Spiritueux.  —  Les  ventes  sont  toujours  restreintes  et  les  prix  sont  faibles 
sur  tous  les  marchés.  On  paye  dans  le  Midi  par  hectolitre:  Béziers,  trois-sixbon 
goût,  103  fr.;  marc,  95  fr;  Cette,  trois-six  bon  goût,  103  fr.  ;  marc,  95  fr.  ; 
Pézenas,  trois-six  bon  goût,  101  fr.;  marc,  92  fr.  Dans  les  Gharentes,  les  eaux- 
de-vie  jeune  valent  de  240  à  245  fr.  par  hectolitre.  —  A  Paris,  on  cote  trois-six 
fin  Nord,  90  degrés,  première  qualité,  disponible,  43  fr.  25:  août,  tS  fr.  50; 
quatre  derniers  mois,  44  fr.  50;  quatre  premiers  mois,  44  fr.  75  à  45  fr.  Le 
stock  était,  au  23  juillet,  de  14,750  pipes  contre  16,525  en  1883.  — A  Lille, 
l'alcool  de  mélasse  est  côté  44  fr.  50  par  hectolitre. 

Tarifes.  —  A  Lyon,  les  crèmes  de  tartre  valent  de  305  à  310  fr.  par  quintal 
métrique. 

VI.  — Sucres.  —  }Iéla<!se  —  Fécules.  —  Houblons. 

Sucres.  —  Lî  mouvemeat  de  baisse  est  toujours  sensible,  quoique  lent.  On  cote 
par  100  kilog.,  à  Paris  :  sucres  bruts,  88  degrés  saccharimétriques,  37  fr.  ;  les 
99  degrés,  43  fr.  25  à  4-i  fr.  50;  sucres  blancs,  43  fr.  50  à  43  fr.  75:  à  Valec- 
ciennes,  sucres  bruts,  36  fr.  Le  stock  de  l'entrepôt  réel  des  sucres  était,  le 
23  juillet,  à  Paris,  de  718,000  sacs  pour  les  sucres  indigènes,  ajec  une  nouvelle 
diminution  de  37,000  sacs  depuis  huit  jours.  —  Les  sucres  raifinés  se  vendent  à 
des  cours  plus  fermes;  on  les  cote  de  102  fr.  50  à  104  fr.  50  par  100  kilog.  à  la 
consommation,  et  de  4S  fr.  75  à  54  fr.  50  pour  l'exportation.  A  Londres,  les 
prix  demeurent  sans  variations. 

Fécules.  —  Cours  soutenus.  On  cote:  à  Paris,  fécules  premières  du  rayon  31 
à  32  fr.  par  100  kilog.  ;   à  Compiègne,  fécules    de  l'Oise,  31    t'r. 

Houblon.^.  —  Les  circonstances  sont  toujours  favorables  à  la  végétation  des  hou- 
blons; sauf  dans  quelques  régions,  la  plante  se  présente  bien.  On  ne  signale  en 
cnllure  aucune  affaire  sur  les  houblons  à  livrer. 

VIT.  —  Tourteaux.  —  Xoirs.  —  Engrais. 

TourUaua:.  —  Les  cours  varient  peu.  On  paye  à  Arras  par  100  kilog.,  tour- 
teaux d'œilletle,  13  fr.  25;  de  pavot,  12  fr.  :  de  lin,  21  fr.  ;  —  à  Caen,  tourteaux 
de  colza,  17  fr. 

Noirs.  — Peu  d'affaires.  On  cote  à  Valenciennes  :  noir  animal  neuf  en  grains, 
33  à  36  fr.  par  100  kilog.;   noirs  vieux  grains,  10  à  12  fr.  par  hectolitre. 

Engrais.  —  Les  principaux  engrais  valent  par  ICO  kilog.  ;  sulfate  d'ammonia- 
que, 37  à  39  fr.  ;  nitrate  de  soude,  24  à  26  fr.  ;  phosphates  iossdes,  3  fr.  50  à  5  fr. 
suivant  la  richesse;  poudre  d'os,  1,t  à  17  fr.  —  Les  principes  utiles  se  cotent  par 
degré  dans  les  engrais  composés  :  azote  1  fr.  90  à  2  fr.  ;  acide  phosphorique  immé- 
diatement soluble,  0  fr.  70  à  0  fr.  80;  acide  phosphorique  insoluble,  0  fr.  25  : 
potasse  dans  les  chlorures,  0  fr.  50;  potasse  dans  les  sulfates,  0  fr    60  à  0  fr.  65. 

VIII.  —  Matières  7-L'sineuses.  —  Tcitiles. 

Matières  résineuses.  —  Les  prix  restent  stationnaires  à  Dax,  à  47  fr.  par 
100  kilog.  pour  l'essence  pure  de  térébenthine.  —  A  Bazas,  on  cote  les  gemmes 
de  25  fr.  à  27  fr.  50  par  barrique. 

Laines.  —  Les  foires  aux  laines  sont  terminées  presque  partout.  Les  derniers 
cours  pratiqués   n'accusent  pas  de  variations  sensibles  sur  ceux  du  début. 

rx.  —  Suifs  et  corps  gras. 

Suifs.  —  Les  cours  sont  en  baisse  On  cote  à  Paris  82  fr.  par  100  kilog.  pour 
les  suifs  purs  de  la  boucherie;  62  fr.  25  pour  les  suifs  en  branches. 

Saindoux.  —  Au  Havre,  on  signale  un  peu  plus  de  fermeté.  Ou  vend  les  sain- 
doux d'Amérique  à  98  fr.  par  ipiintal  métrique. 


234 

41 

180  à  1,075  Ir 

281 

46 

2u0  à  1,1 7U 

247 

81 

20  à   965 

46 

46 

30  à   400 

9à 

95 

20  à   130 

DES  DENRÉES   AGRICOLES  (20  JUILLET   1884).  159 

X.  —  Beurres.  —  (Eu/s.  —  Fromayes. 

Beurres.  —  Il  a  été  vendu,  pendant  la  semaine,  à  la  lialle  de  Paris,  231,509 
kilog.  de  beurres.  Au  dernier  marché,  on  payait  par  kiloi,'.  :  en  dcmi-kilog., 
1  fr.  78  à  3  fr.  9k;  petits  J)eurres,  1  fr.  40  à  2  fr.  90;  Grournay,  2  ir.  04  à 
4  fr.;  Isigny,  2  fr.  10  à  6  Ir.  28. 

Fronioges. — Derniers  cours  de  la  halle:  par  douzaine,  Brie,  2  fr.  50  à  18  fr.  50; 
Moutlhéry,    15  fr.;  —  par  cent.  Livarot,  22  à  90  fr.;  Mout-d'Or,  4  à  20  fr.;  Neuf- 
cliatel,  3  à  19  fr.;  divers,  4  à  48  fr.;  —  par  100  kilog..  Gruyère,  105  à  175  ir. 
XI.  —  Chevaux.  —  Bétail.  —    Viande. 

Chevaux.  —  Aux  marchés  des  16  et  19  juillet,  à  Paris,  on  comptait  903  chevaux; 
sur  ce  nombre,  309  ont  été  vendus  comme  il  suit  : 

Amenés.    Vendus.    Prix  extrêmes. 
Chevaux  de  cal)riolet 

—  de  trait 

—  hors  d'âge , 

—  à  l'enchère 

—  de  boucherie 

Bélail.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  officiel  du  marché  aux  bes- 
tiaux de  la  Villettc,  du  jeudi  17  au  mardi  22  juillet  : 

Poids     Prix  du  kilog.  de  viande  nette  sur 
Vendus  raoven  pied  au  marché  du  22  juillet. 

Pour  Pour  En          4  quartiers,     i"  •>•  3"  Prix 

Amenés.  Paris,  l'extérieur,  totalité.  kil.  quai.  quat.  quai.  moyen. 

Bœufs 3,5i0  ■  .     ■■  3,407  345  1.76  1.00  1.36  1.55 

Vaches 1,763  »  •  1,702  240  1,66  1.48  1.Î8  1.44 

Taureaux 312  »  »  312  388  1.48  1   38  1.30  1.38 

Veaux 3,789  »  »  3,474  79  1.80  1.66  1.50  1.65 

Moulons......        38,043  »  »  36, 9U  19  2  04  1.88  166  1.82 

Porcs  g:ras 5,399  »  »  5,348  80  1.46  1.40  1.34  1.39 

Les  arrivages  des  marchés  de  la  semaine  se  décomposent  comme  il  suit  : 

Bœvfs.  —  Aisne,  33  ;  Allier,  16;  Calvados,  801  ;  Cantal,  2  ;  Charente-Inférieure,  134;  Cher,53; 
Côte-d'Or.  31  ;C6les-du-i\ord,  296;  Deux-Sèvres,  18;  Eure,  13;  Finistère,  140;  Loiie.  29;  Loixe- 
Inférieure,  6  ;  Maine-et-Loire,  304;  Manche,  2!);  Haute-Marne,  25  ;  Mayenne,  67;  Morbihan,  12  ; 
Nièvre,  316;  Orne,  185;  Pas-de-Calais,  14;  Puy-de-Dôme.  9;  Saône-et-Loire,  493  ;  Sarlhe,  17; 
Seine-et-Oise,  8;  Vendée,  307  ;  Yonne,  19;  It;ilie,  73. 

Vaches.  —Allier,  40;  Aube,  12;  Calvados,  238;  Charente-Inférieure.  30;  Cher,  12;  Côte-d'Or, 
11;  Eure,  9;  Eure-et-Loir,  19;  Loire,  27;  Loiret,  17;  Maine-et-Loire,  234;  Manche.  20;  Nièvre, 
128  ;  Oise,  20;  Orne,  16;  Pas-de-Calais,  48;  Puy-de-Dôme,  2S  ;  Saône-et-Loire,  196;  Haute- 
Saône,  22;  Sarlhe,  4;  Seino,  127  ;  Seine-Inférieure,  6;  Seine-et-Marne,  19;  Seine-et-Oise,  39;  Ven- 
dée. 61  ;  Haute-Vienne,  8  ;  Yonne,  26. 

Taureaux.  —  Allier,  l;'Aube,  1  ;  Calvados,  40;  Cher,  10;  Côte-d'Or,  5;  Côtes-du-Nord,  29  ; 
Eure,  6;  Eure-et-Loir,  13;  lUe-et-Vilaine,  37;  Indre-et-Loire,  1;  Loir-et-Cher,  4 ;  Loiret,  5; 
Maine-et-Loire,  17;  Manche,  16;  Marne,  7;  Mayenne,  3;  Nièvre,  15;  Oise,  8;  Orne,  9;  Saône-et- 
Loire,  11;  Haute-Saône,  1;  Sarthe,  4;  Seinelaférieure,  4;  Seine-et-Marne,  10;  Seine-et-Oise, 
10  ;  Yonne,  17. 

Veaux.  —  Aube,  2.50:  Calvados,  7;  Côtes-du-Nord,  42:  Eure,  274;  Eure-et-Loir,  392; 
Loiret,  263;  Haute-Marne,  152  ;  Pas-de-Calais,  220;  Puy-de-Dôme,  6ô  ;  Sarthe,  406;  Seine- 
Inférieure,  196;  Seine-et-Marne,  275;    Seine-et-Oise,  46;  Yonne,  114. 

Moutons.  —  Aisne,  1,175;  Allier,  501;  Aube,  390;  Aveyron,  565;  Cantal,  1,117; 
Charente,  260;  Charente-Inférieure,  391  ;  Cher,  63;  fjorrèze,  747:  Côle-l'Or,  230;  Creuse,  1,127; 
Dordogne,  249;  Indre,  794;  Loiret,  58;  Lozère,  165  :  Lot-et-Garonne,  527;  Maine-et-Loire,  852; 
Nièvre,  905;  Oise,  89;  Pas-de-Calais,  158;  Saôue-et-Loire.  735;  Seine-Inférieur'.',  61;  Saine-et- 
Marne.  1.034;  Sein<'-et-Oise,  192;  Haute -Vienne,  689  ;  Yonne,  398:  .ifrique,  3,387;  Allemagne, 
6,773  ;    Hongrie,    7,680;  Italie,    557;   Prusse,  2,312;  Russie,  60. 

Porcs.  —Allier,  141;  Calvados.  45;  Charente,  15;  Charenle-Inférieure,  113;  Cher,  50; 
Côtes-du-Nord,  95;  Creuse,  55;  Deux-Sèvres,  516:  Eure-et-Loir,  127;  Ille-et-Vilaine,  392; 
Indre,  299;  Indre-et-Loire,  198;  Loire-Inl'éneure,  268;  Loir-et-Cher,  136;  Maine-et-Loire,  598; 
Manche,  30;  Mayenne,  96;  Oise,  II;  l'as-de-Calais,  194;  Puy-de-Dôme,  162;  Saône-et-Loire, 
Sarllie,  665;  Seine,  205,  Seine-Inférieure,  3û.;  Seine-et-Marne,  8;  Vendée,  650;  Vienne,  129; 
Vosges,  15.  , 

Les  approvisionnements  ont  continué  à  être  assez  abondants  ;  les  ventes  ont  été 
plus  régulières,  par  suite  d'une  plus  grande  activité  dans  les  transactions.  — Les 
cours  accusent  plus  de  fermeté  pour  toutes  les  catégories,  principalement  pour  les 
veaux  et  les  moutons.  —  Sur  les  marchés  des  départements,  on  cote  :  Rouen, 
bœuf,  1  fr.  65  à  1  fr.  1  fr.  95  par  kilog  de  viande  nette  sur  pied  ;  vache,  1  fr.  60 
à  1  fr.  90;  veau,  1  (r.  40  à  1  Ir.  75  ;  mouton,  1  fr.  85  à  2  fr.  15;  porc,  1  fr.  15 
à  1  fr.  40.  —  Caen,  bœuf,  1  fr.  70  à  I  fr.  90;  vache,  1  fr.  60  à  1  Ir.  80;  veau, 
1  fr.  40  à  1  fr.  60  ;  mouton,  1  fr.  70  à  1  fr.  90;  agneau,  1  fr.  80  à  2  fr.  ;  porc, 
1  fr.  10  à  1  fr.  30;  —  Le  Mans,  bœuf,  1  fr.  60  à.  1  fr.  70;  vache,  1  fr.  50  à  1 
fr.  60  ;  veau,  1  fr.  60  à  1  fr.  70  ;  mouton,  1  fr.  90  à  2  fr.  ;  —  Nantes,  bœuf,  0  fr.  85 
àOfr.  90;  vache,  0  fr.  84;  veau,  0    ir.  96;   mouton,   0  fr.  95;  —   Dijon,   bœuf, 


160  RKVUE   COMMERCIALE    ET  PRIX   GOURANT  (26  UILLET  1884). 

1  fr.  60  à  1  fr.  70  ;  taureau,  1  fr.  10  à  1  fr.  45;  vache,  1  fr.  12  à  1  fr.  64  ;  veau 
(poids  vil),  1  fr.  06  à  1    fr.    14:  mouton,  1  fr.  50  à  1   fr.    78;    porc   (poids   vif), 

0  fr.  90  à  1  fr.  ;  —  Neoers,  bœuf,  1  fr.  60  à  1  fr.  80  ;  vache,  1  fr.  40  à  1  fr.  60  ; 
veau,  2  fr.  ;  mouton,  2  fr.  ;  porc,  1  fr.  60;  —  /-yn,  bœuf,  1  Ir.  20  à  1  fr.  60  ; 
vache,  1  fr.  20  à  1  fr.  60  ;  veau  (poids  vif),  0  fr.  90  à  1  fr.  02;  moutor.,  1  fr.  44 
à  1  fr.  8S  ;  porc  (poids  vif),  G  fr.  86  à  1  fr.  02  ;  —  Xîmes,  bœuf,  1  fr.  30  à  1  fr.  62  ; 
vache  1  fr.  08  à  1  fr.  57  ;  moutons  français,  1  fr.  80  à  1  fr.  90  ;  moutons 
étrangers  1  fr.  40  à  1  fr.  66;  brebis,  1  fr.  35  à  1  fr.  70;  agneau  de  champ,  1 
fr.  65;  — veau  (poids  vif),  1    fr.  05   à  1    fr.  15;    —  Genève,    bœuf,    1    fr.  70  à 

1  fr.  80;  veau  (poids  vif),  0  fr.  90  à  1  fr.  05;  mouton,  1  fr.  90  à  2  fr.  ;  porc, 
1  fr.  20  à  1  fr.  25. 

Viande  à  la  criée.  —  Il  a  été  vendu  à  la  halle  de  Paris,  du  14  au  20  juillet  : 

^^^      Prix  da  kilog.  le  20  juillet. 

kilog.  I"  quai.               2-  .|ual.  3*  quai.               Clioix.       Basse  Boucherie 

Bœuf 011  vaclie...    160,171  1.74  à  2.26     l.ô-2à:.72  1.06  à  1.50  1.76  à  3.90  0.20  à  1.4i 

Veau 1:16, .VM  l."2       2  00     l.oO       1.70  1.20       1.48       •             »         »            > 

Mouton fi5,492  1.54       l.SS     1.32       1.52  0.96       1.30  1.66       4.40     »            » 

Porc 29,561                     Porc  frais 1.22  à  1.64. 

441,745  Soit  par  jour 63,106  kilog. 

Les  ventes  ont  été  inférieures  de  12,000  kilog.  par  jour  à  celtes  de  la  semaine 
précédente.  Les  prix  sont  en  hausse  pour  toutes  les  sortes. 

XII.  —  Cours  de  la  viande  à  l'abattoir  de  la  Villelte  du  jeudi  24  juillet  [par  50  kilog.) 

Cours  de  la  charcuterie.  —  On  vend  à  la  Villette  par  50  kilog.  :  1"  quahté, 
70  à  75  fr.  ;  2",  65  à  70  fr.  Poids  vif,  45  à  52  fr. 

Bœufs.  Veaux.  Moutons. 

1"  W  3'  !■■  2-  3*  !'•  V  y 

quai.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai. 

Ir.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr. 

SI  74  68  90  84  74  90  83  75 

XlII.  — Marché  aux  bestiaux  de  la  Villelte  du  jeudi  24  juillet  1884. 

Cours  des  commissionnaires 
Poids  Cours  officiels.  en  bestiaux. 

Animaux  gênerai.     1"        2*        3*  Prix  1"        2"  3*  Prix 

amenés.  Invendus.  kil.        quai.  quai.  quai,  extrêmes.  quai. quai.  quai.  extrêmes. 

Bœufs 2.312  200  350         1.72  1.60     1.36  l.30àl.76  1.70     l.bS  1.34  1.28àl   74 

Vaches 6S8  42  234         1.64  1.50     1   30  1.20     1   6S  1.62     1.48  1   28  1.18     1   66 

Taureaux...          175  23  382          1   46  1.38      1,28  1.20     1   52  1   44     1   36  1.26  1    18     1   50 

Veaux 1.666  640  31          I   66  1.52     1   42  1.22     1.86  »              •  .  » 

Moutons 17  952  1.439  19         2  0!  1.85     1   65  1   56     2.08  »              •  »  » 

Porcs  pras..    14.4S9  187  82         1.44  1.3S     1.32  1.22     1.50  »              •  •  • 

—  maigres..          9  >  »■•»«»»»»» 

Vente  assez  active  sur  toutes  les  espèces. 

XIV.   —  Rtlsumé. 

Pour  la  plupart  des  produits  agricoles,  les  prix  sont  stationnaires  ;  mais  pour 
quelques  denrées  industrielles,  il  y  a  encore  de  la  baisse.  A.  Remy. 


BULLETIN  FL^^ANCIER 

La  Bourse  a  des  allures  très  calmes,  avec  plus  de  fermeté  dans  les  prix. 
On  cote  les  fonds  d'Etat  français  :  3  pour  100,  76  fr.  80;  —  3  pour  100  amor- 
tissable, 78  fr.  55  ;  —  4  et  demi  pour  100  ancien,  107  fr.  10;  —  4  et  demi  pour 
100  nouveau,  107  fr.  65. 

Voici  les  cours  des  titres  des  établiséements  de  crédit  :  Banque  de  France, 
5,045  fr.;  Banque  de  Paris  et  des  Pays-Bas,  775  fr.;  Comptoir  d'escompte, 
968  fr.  75;  Crédit  foncier  1,275  fr.;  Banque  d'escompte  de  Paris,  508  fr.  75; 
Crédit  lyonnais,  542  fr.  50  ;  G'impngnie  foncière,  44U  fr.;  Société  des  déjiôts  et 
comptes  courants,  635  fr.;  Sociétr  générale,  4(^5  fr.  ;  Banque  parisienne,  378  fr.  75  ; 
Banque  franco-égyptienne,  645  fr. 

On  cote  les  actions  des  Compagnies  de  chemins  de  fer  :  Est,  765  fr. 
Paris-Lyon-Médilerianée,  1,198  fr.;  Midi,  1,165  fr.;  Nord,  1,652  fr.  50;  Or- 
léans, 1,297  fr.  75;  Ouest,  820  fr.  —  Repri.^e  des  actions  du  canal  maritime 
de  Suez  à  1,880  fr.;  les  délégations  valent  1,12b  fr. 

E.    FÉRON. 

Le  Gérant  :  A.  BobxuÉ. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  ii^om-m'.). 

Circonstances  météorologiques  de  la.  fin  de  juillet.  —  Conlinuiiun  des  travaux  de  la  moisson.  — 
Premières  apprécialions  sur  les  résultats  qu'elle  donne.  —  Situation  dos  principal ;s  cultures.— 
Vote  par  le  .Sénat  de  la  loi  sur  les  sucres.  —  La  question  du  sucrage  des  vei^langes.  —  Mé- 
dailles Bene  Merenti  données  par  le  roi  de  Roumanie  à  M.\I.  ("^hevreul,  Pasieur  et  Barrai.  — 
Les  vignes  américaines  de  M.  Paul  Douyssel.  —  Résultats  obtenus  dans  la  culture  du  Jacquez . 
— Ajournement  du  Congrès  pliylloxérique  international  de  Turin. — Tarif  des  analyses  exécutées 
par  le  laboratoire  de  la  .Société  des  agriculteurs  de  France.  —  L'engraissement  intensif.  — 
Lettre  de  M.  Sanson.  —  Publication  du  herd-book  de  la  race  bovine  tacbetée  de  Suisse.  —  Ex- 
périences de  M.  Crova  à  l'Ecole  nationale  d'agriculture  de  Montpellier  sur  le  transpirt  delà 
force  par  l'électricité.  —  Congrès  et  Concours  de  l'Association  breionne  à  Lannijn  en  1884. 
—  Programme  des  questions  mises  en  discussion.  — Expériences  de  moissonneuses-lieases  or- 
ganisées par  la  Société  d'agriculture  de  Fontainebleau.  — Concjurs  du  Comice  de  Seine-et- 
Oise. — Discours  prononcé  par  M.  Besnard  sur  la  situation  agricole.  —  La  conservation  des 
fourrages  verts  par  l'ensilage.  —  Discussion  à  la  Cbambre  des  députés  sur  le  vinage.  —  Texte 
des  articles  votés.  —  Vote  de  la  loi  sur  le*  vices  rédhibitoires  dans  les  ventes  et  échanges  d'a- 
nimaux domestiques. —  Boissons  hygiéniques  pour  les  ouvriers  en  temps  de  moisson. 

I.  —  La  situation. 
Pendant  une  huitaine  de  jours,  la  température  s'est  refroidie  sensi- 
blement; les  grandes  chaleurs  ont  fait  place  à  un  temps  pluvieux  et 
sombre.  De  violents  orages  ont  causé  des  dégâts  sérieux  dans  quelques 
déparlements.  Heureusement  la  pluie  n'a  pas  été  assez  abondante  pour 
entraver  sérieusement  les  travaux  de  la  moisson  ;  ces  travaux  se  pour- 
suivent activement.  Les  battages  sont  commencés  dans  beaucoup  de 
départements.  Les  premières  appréciations  sont,  comme  il  arrive 
chaque  année,  assez  contradictoires:  ici,  l'on  se  montre  généralement 
satisfait  tant  de  la  qualité  que  de  la  quaniilé  du  grain;  ailleurs  on 
signale  des  déceptions.  Il  est  encore  trop  tôt  pour  que  l'on  puisse 
dégager  de  ces  évaluations  des  renseignements  positifs;  aujourd'hui, 
nous  ne  pouvons  que  répéter  ce  qui  a  été  dit  déjà  dans  nos  colonnes, 
c'est  que  dans  son  ensemble,  la  récoite  du  froment  présente  une  bonne 
moyenne;  celle  du  seigle  a  été  faible,  mais  c'est  principalement  sur 
les  céréales  de  printemps  que  la  sécheresse  a  exercé  sa  funeste  action; 
sous  ce  rapport,  il  y  aura  probablement  de  nombreuses  déce|)tions. 
La  vigne  est  toujours  vigoureuse;  mais  il  est  à  craindre  que  les  orages 
et  les  pluies  des  derniers  jours  aient  provoqué  le  développement  du 
mildevv,  tant  redouté,  et  à  si  justetitre,  parles  viticulteurs  delà  région 
méridionale.  La  végétation  des  betteraves,  des  pommes  de  terre,  des 
plantes  fourragères  d'arrière-saison,  est  satisfaisante,  quoique  un  peu 
en  retard;  la  pluie  a  donné  un  nouvel  essor  au  sarrasin  et  au  maïs;  sauf 
dans  quelques  parties  du  nord  et  de  la  Belgique,  les  houblonnières  se 
présentent  bien.  En  résumé,  malgré  quelques  accidents  heureusement 
traversés,  la  situation  de  la  plupart  des  cultures  est  bonne  ;  mais  on  ne 
peut  pas  en  dire  autant  de  la  vente  des  produits;  l'état  de  malaise  qui 
pèse  sur  quelques-unes  des  principales  industries  agricoles  et  sur  le 
commerce  général  n'est  pas  fait  pour  rendre  aux  transactions  l'activité 
qui  est  l'indice  d'une  véritable  prospérité. 

II.  —  Le  régime  des  sucres 
Le  Sénat  a  adopté,  dans  sa  séance  du  28  juillet,  le  projet  de  loi  sur 
les  sucres,  tel  qu'il  avait  été  voté  parla  Chambre  des  députés.  Le  texte 
que  nous  avons  donné  dans  notre  dernier  numéro  est  donc  désormais 
définitif;  quelques  amendements  présentés  par  plusieurs  sénateurs 
n'ont  pas  été  adoptés.  La  nouvelle  loi  a  été  promulguée  le  30  juillet, 
La  discussion,  à  laquelle  ont  pris  part,  avec  M.  de  Savnt-Vallier, 
rapporteur,  MM.  Méline,  ministre  de  l'agriculture,  Tirard,  ministre  des 
finances,  Gaston  Bazille,  Léon  Say,  Buffet,  etc.,  a  été  l'occasion  d'ob- 
servations intéressantes.  Nous  citerons  particulièrement  celles  de  notre 
éminent  confrère  ]\L  Gaston  Bazille  sur  le  sucrage  des  vendanges;  la 
réduction  du  droit  à  20  fr.  pour  les  sucres  ajoutés  aux   vendanges 

N»  799.  —  Tome  111  de  1884.  —  1  Août,- 


162  CHRONIQUE  AGRICOLE  (2  AOUT  1884). 

sera  un  leurre  si  le  règlement  d'administration  publique  qui  doit  inter- 
venir impose  la  dénaturalion  de  ces  sucres;  cette  opération,  ainsi  que 
nous  l'avons  dit  déjà,  aurait  pour  effet  de  les  rendre  impropres  à  tout 
usage  viticole.  Quoi  qu'il  en  soit,  le  sort  de  la  sucrerie  française  est 
désormais  entre  les  mains  des  fabricants  et  des  agriculteurs:  c'est  de 
leur  union,  de  leurs  efforts  combinés  que  sortira  l'efTet  utile  des  nou- 
velles dispositions  législatives.  Il  faut  savoir  profiter  sans  retard  de  la 
victoire  que  le  patriotisme  des  Chambres  vient  de  permettre  de  rem- 
porter sur  la  routine  et  les  entraves  qui  avaient  annulé  l'ancienne 
prospérité;  celle-ci  peut  désormais  et  doit  revenir. 

III.  —  Distinctions  pour  services  rendus  à  V agriculture. 

Le  roi  de  Roumanie  vient  d'envoyer  la  médaille  d'or  Bene  Merenli 
de  première  classe,  à  MM.  Cbevreul,  Pasteur  et  Barrai,  C'est  avec 
reconnaissance  que  nous  avons  reçu  cette  haute  distinction.  Noua 
en  avons  été  d'autant  plus  vivement  touché  que  notre  nom  était  ainsi 
uni  à  ceux  de  deux  savants  les  plus  illustres,  dont  les  travaux  et  les 
découvertes  ont  porté  si  haut  la  gloire  scientifique  de  la  France. 

IV.  —  I^es  vignes  américaines  dans  l'Hérault. 

M.  Paul  Douysset,  agriculteur  à  Saint-André-de-Sangonis  (Hérault)> 
nous  adresse  une  note  par  laquelle  il  invite  les  viticulteurs  à  aller 
visiter  ses  vignes  américaines  à  Saint-André-de-Sangonis,  parla  station 
de  Clermont-l'Hérault,  que  dessert  le  chemin  de  fer  du  Midi.  Il  existe 
entre  ces  deux  localités  un  service  d'omnibus,  et,  dans  chacune  d'elles, 
des  hôtels  convenables.  On  va,  en  deux  heures,  parvoitures  publiques, 
et,  en  quatre  heures,  par  chemin  de  fer,  de  Saint-André-de-Sangonis 
à  Montpellier.  La  vendange  commencera  comme  toujours,  le  \"  sep- 
tembre. La  plupart  de  ses  vignes  sont  en  Jacquez.  «  Des80,000  Jacquez 
que  je  possède  en  grande  culture,  dit  M.  Douysset,  la  moitié  est  âgée 
de  six  à  neuf  ans.  Après  les  Jacquez  de  Roquemaure,  près  d'Avignon, 
qui  résistent  depuis  vingt  ans  au  phylloxéra,  ce  sont  les  plus  vieux  de 
France.  Ils  ont  produit,  l'an  dernier,  55  hectolitres  de  vin  pa?  hectare, 
dans  les  terrains  médiocres,  et  ils  ont  dépassé  100  hectolitres  par  hec- 
tare dans  les  bons  terrains.  Le  vin  qui  était  rouge  vif  et  contenait  1 3". 9 
d'alcool,  était  excellent  et  a  été  vendu  56  fr.  l'hectolitre.  Il  n'y  a  pas 
de  vins  de  Narlionne  ou  de  Roussillon  qui  puissent  lui  être  comparés. 
Mes  vignes  de  Jacquez  sont  très  belles  celte  année-ci,  et  elles  portent 
une  récolte  extrêmement  abondante.  » 

V.  —  Le  phylloxéra. 

Un  Congrès  phylloxérique  international  a  été  organisé  par  le  gou- 
vernement italien  à  l'occasion  de  l'Exposition  nationale  de  Turin,  et  il 
devait  se  tenir  dans  cette  ville  du  14  au  21  août  prochain.  D'autre  part, 
à  raison  de  l'épidémie  de  choléra  qui  sévit  dans  quelques  villes  du 
midi  de  la  France,  des  quarantaines  ont  été  imposées  aux  voyageurs 
entrant  en  Italie  par  les  frontières  de  France  et  de  Suisse.  Afin  d'éviter 
ces  quarantaines  aux  délégués  qui  doivent  prendre  part  aux  travaux  du 
Congrès,  le  gouvernement  italien  a  décidé  que  l'ouverture  en  serait 
reculée  à  une  date  qui  sera  ultérieurement  fixée. 

VI.  —  Laboraloire  de  la  Société  des  agriculteurs  de  France. 
Nous  recevons  communication  de  quelques  changements  apportés  au 
tarif  des  analyses  de  terres  et  de  substances  alimentaires  exécutées  dans 


GHRONIQCJE  AGRICOLE  (2  AOUT  1884).  163 

le  laboratoire  de  la  Société  des  agriculteurs  do  France,  4,  rue  du  Bmiloi, 
à  Paris.  Voici  !e  tarif  acluellemeat  en  vigueur: 

Terres.  —  Analyse  complète r>0  fr. 

Elle  comprend  les  éléments  suivants  ;  e;iu,siil)!e   siliceux,  calcaire,  argile,  matière 

organique  (humus),  iizote,   acide  phospUorique, acide  sull'urique, silice  soluble, 

sesquioxyde  de  fer,  chauï,  magnésie,  potasse  et  soude. 

Analyse  pliysico-cliimique.  —  Sable,  argile,  calcaire,  acide  liumique 20 

Analyre  cliimique.  —  Azote,  acide  phosphorique,  chaux,  potasse 20 

Chaque  élément  dosé  séparément -S 

Substances  alimentaires  :  —  Lait.  —  Analyse  comprenant  les  éléments  suivants  : 

densité,  matières  fixes,  beurre,  sucre  de  lait 10 

Chaque  élément  dosé  séparément & 

Beurre.  —  Analyse   comprenant  :  le  point  de  fusion,  l'eaUj  les  matières  étrangères 

fixes,  les  acides  gras  insolubles  dans  l'eau  pour  la  détermination  de  la  margarine.         19 
Sucres  bruts.  —  Analyse  comprenaat  :  l'eau,  le  sucre  ciistallisable,  le  glucose  et 

les   cendres   10 

Betteraves.  —  Densité  du  jus,  richesse  en  sucre  cristallisable,  quotient  de  pureté, 

coefficient  salin  obtenu  par  pesées ."> 

Vins.  —  Analyse  comprenant  :  la  densité,   l'alcool,  l'acidité,  l'extrait  sec,  dans  le 

vide,  le  sulfate  de  potasse  (plâtrage),  la  matière  colorante  nuisible  ou  non  nui- 
sible           10 

Chaque  élément  dosé  séparément.  —  Crème  détartre,  glucose,  tannin,  glycérine, 

acide  succiniquo,  cendres,  alcalis  des  cendres,  etc.. h 

Bière  et  ciJre.  — Analyse  comprenant  :  l'alcoo!,  l'extrait  sec,  les  cendres  et  le  saly- 

cjlate  de  soude  et  matière  colorante  nuisible  ou  non  nuisible 10 

Chaque  élément  dosé  séparément. ., à 

Pour  les  analyses  qui  ue  sont  pas  indiquées  dans  le  tableau  ci-dessus,  le  prix 
reste  le  même  que  dans  le  précédent  tarif.  Il  sera  prélevé  5  Irancs  par  chaque 
élément  dosé  pour  les  a.na\ysesdes  malières aijricoles.  Pour  les  analyses  qualitatives 
le  prix  peut  être  réduit.  Une  réduction  importante  pourra  être  laite  lorsque  les 
analyses  se  présenteront  par  série. 

Dans  les  analyses  industrielles,  il  sera  prélevé  de  3  à  10  francs  par  chaque  élé- 
ment dosé,  selon  son  importance,  et  les  prix  seront  fixés  à  l'avance. 

Dans  les  expertises  dont  le  laboratoire  sera  chargé,  les  prix  seront  fixés  au 
début,  et  en  cas  de  déplacement,  il  ne  sera  pas  prélevé  moins  de  20  francs  par 
élément  dosé.  Pour  le  règlement  des  tiers-expertises,  une  convention  spéciale  sera 
établie  suivant  chaque  cas. 

Le  prix  fixé  par  la  Commission  d'administration  est  dû  intégralement  par  tout 
client  du  laboratoire,  même  par  les  membres  de  la  Société  des  agriculteurs  de 
France. 

Le  résultat  des  analyses  ne  doit  être  lim-6  qu'après  le  reçu  du  montant  de  ces 
analyses. 

Dans  sa  dernière  séance,  le  Conseil  de  la  Société  des  agriculteurs 

.  .     . 

de  France  a  voté  une  somme  de  300  francs  à  titre  de  souscription  pour 

le  monument  à  élever  à  M.  J.-I3.  Dumas,  et  une  somme  de  200  francs 

pour  le  monument  de  M.  Bella. 

\li.  —  Sur  l'engraissement  intensif. 

A  l'occasion  de  la  notice  sur  l'engraissement  intensif,  parue  dans 
notre  dernier  numéro  (page  133  de  ce  volume),  nous  recevons  de 
notie  excellent  collaborateur,  M.  Sanson,  la  lettre  suivante  : 

«  Alon  cher  directeur,  vous  connaissez  mon  avergion  pour  toute  poIémi((ii»e. 
Elle  me  porte  à  laisser  passer  souvent  des  prétentions  qu'il  vaudrait  peut-être 
mieux  relever  dans  mon  intéièt  personnel,  ainsi  que  mes  amis  me  le  conseillest. 
Mais  tout  a  des  bornes.  Puis-je  vraiment  me  dispenser  de  faire  remar/^Uie)-  à  niJS 
lecteurs  qu'ils  trouveront  dans  le  n"  276  (25  juillet  1874)  du  J'jurnal,  un  articj* 
sous  ce  titre  :  Exfiérience  d'enyraissemeiU  iiUemif,  et  que  conbéquemment  i'eiîpcce 
de  levcndicaticn  de  M.  Duroselk,  invoquant  un  écrit  adressé  par  lui,  en  IBlê,  à 
la  Société  des  agriculteurs  de  France,  et  récompensé  par  cette  Société,  en  1877, 
_  est  sans  fondement. 

v<  Eiant  arrivé  deux  aimées  avant  son  départ,  nous  n'avons  pas  pu  évidemtneBt 
nous  rencontrer. 

«  Bien -à  vous,  «  A,  S.\\sor.  « 

20  juillet  1«84. 


164  CHRONIQUE  AGRICOLE  (2  AOUT   1884). 

La  question  est  complètement  élucidée.  Nous  croyons  toutefois 
utile  de  rappeler  que  noti  e  règle  absolue  est  de  laisser  à  nos  collabo- 
rateurs ou  correspondants  toute  latitude  dans  l'expression  de  leurs 
opinions  personnelles. 

YIII.  —  Pubiication  d'un  herd-book  suisse. 
Nos  lecteurs  se  souviennent  probablement  que  nous  avons  fait  con- 
naître, il  y  a  quelques  années,  les  efforts  poursuivis  pour  la  création 
d'un  livre  généalogique  ou  herd-book  du  bétail  bovin  de  la  Suisse 
romande,  accessible  également  aux  propriétaires  de  tous  les  cantons 
suisses.  Ces  efforts  ont  complètement  réussi.  La  publication,  placée  sous 
le  contrôle  du  département  fédéral  de  l'agriculture,  en  est  à  son  cin- 
quième volume  ;  il  est  publié  par  M.  Borel,  secrétaire  général  delà 
Commission  du  herd-book.  Il  ne  comprend  que  les  animaux  de  la 
grande  race  bovine  tachetée,  formant  deux  sections  distinctes  :  les 
animaux  tachetés  rouge  et  blanc,  les  animaux  tachetés  noir  et  blanc; 
tout  autre  mélange  de  couleurs  en  est  absolument  exclu.  Le  cinquième 
volume  renferme  le  pedigree  de  plusieurs  centaines  d'animaux  mâles 
et  femelles  appartenant  à  281  éleveurs;  la  plus  forte  proportion  appar- 
tient au  canton  de  Fribourg. 

IX.  —  Transport  Je  la  force  par  l'éleclricité. 
Les  expériences  sur  l'application  de  l'électricité  au  transport  de  la 
force  se  multiplient.  Il  n'a  encore  été  rien  ajouté  aux  résultats  des 
célèbres  expériences  de  iM.  Marcel  Deprez  ;  mais  il  est  utile  que  la 
connaissance  des  procédés  employés  pour  le  transport  électrique  de  la 
force  se  propage.  Nous  devons  donc  signaler,  sous  ce  rapport,  les  expé- 
riences faites  récemment  par  M.  le  professeur  Crova  à  l'Ecole  nationale 
d'agriculture  de  Montpellier,  et  qui  ont  été  suivies  par  un  grand  nombre 
de  personnes.  Dans  une  conférence  écoutée  avec  un  vif  intérêt,  M. 
Crova  a  montré  l'avenir  réservé  à  ces  applications,  avenir  que  Ion 
peut  considérer  comme  désormais  assez  prochain,  si  l'on  considère  les 
immenses  progrès  réalisés  depuis  quelques  années  dans  l'utilisation 
de  l'électricité. 

X.  —  Association  bretonne. 
L'Association  bretonne,  présidée  par  M.  Rieffel,  tiendra  à  Lannion 
(Côtes-du-Nord),  sa  26''  session  du  8  au  14  septembre  prochain. 
Comme  les  années  précédentes,  celte  session  consistera  en  un  Congrès 
et  des  concours  d'animaux  reproducteurs  et  de  machines.  Voici  le 
programme  des  questions  qui  seront  traitées  dans  le  Congrès  : 

I.  Représentation  de  l'agriculture.  —  Bases  et  étendue  à  donner  à  cette  repré- 
sentation. Discussion  des  conclusions  du  Mémoire  deM.  Kersanté,  inséré  dans  le 
compte  rendu  de  l'Association  bretonne  de  1883. 

IL  Cércalfs.  —  Vaiiétés  cultivées  dans  les  Côtes-du-Nord,  et  principalement 
dans  l'arrondissement  de  Lannion.  Leurs  avantages  et  leurs  inconvénients.  Cir- 
constances locales  de  terrain,  d'exposition,  de  climat,  de  culture,  favorables  ou 
contraires  à  chacune  d'elles. 

m.  Cultures  fourragères.  —  Quelles  sont  celles  sur  lesquelles  repose  princi- 
palement la  nourriture  du  bétail  dans  les  Côtes-du-Nord?  Y  a-t-il  quelque  cul- 
ture fourragère  nouvelle  dont  l'introduction  ait  été  tentée  (le  maïs  géant,  la  con- 
soude,  etc.)?  Quels  en  ont  été  les  rendemeiits?  —  Les  cultures  fourragères  tien-_ 
nent-elles  dans  les  exploitations  des  Côtes-du-Nord  autant  de  place  qu'elles  le 
devraient  ? 

IV.  Prairies.  —  Comment  sont- elles  généralement  traitées  dans  les  Côtes-du- 
Nord  et  spécialement  dans  l'arrondissement  de  Lannion  au  triple  point  de  vue  : 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (2  AOUT  1884).  165 

r  de  l'assainissement;  2"  de  l'irrigation;   3"  des  engrais  ou  a'nendements   em- 
ployés? Avantages  et  inconvénients  de  ces  diverses  pratiques.  Progrès  à  réaliser. 

V.  lispcce  bovine.  —  Le  croisement  durliara  gagne-t-il  du  terrain  dins  les  Côtes- 
du-NorJ?  Sur  quels  points  principalement?  Dans  (juelles  circonstances  est-il  à 
conseiller?  Ecueils  à  y  éviter.  —  Quels  seraient  les  moyens  à  employer  pour 
empêcher  que  ce  croisement  ne  diminue  dans  notre  bétail  les  aptitudes  laitières, 
et  pour  encourager  l'élevage  de  reproducteurs  durham,  susceptibles  de  confirmer 
dans  leurs' produits  l'aptitude  laitière,  tout  en  les  améliorant  sous  le  rapport  des 
formes,  de  la  précocité  et  de  la  disposition  à  l'engraissement?  Croisements  des 
races  Cotentine,  Ayr  et  Jersey.  Quels  en  ont  été  les  résultats? 

VI.  Laiterie.  —  Quels  sont  pour  le  déj)artement,  et  principalement  pour  l'ar- 
rondissement de  Lannion  :  1"  l'importance  du  commerce  de  lait  et  de  beurre; 
2°  les  prix  ;  3"  les  débouchés  ;  4"  la  manière  de  faire  le  beurre  et  les  barattes 
employées  :  5"  les  progrès  réalisés  et  ceux  désirables  dans  la  manière  de  traiter 
le  lait  et  de  faire  le  beurre. 

\II.  Espèce  chevaline.  —  Géographie  delà  production  et  de  l'élevage,  dans  les 
Côtes-du-Nord,  de  chacune  des  variétés  de  l'espèce  chevaline  iselle,  carrossiers, 
postiers,  gros  trait).  Importance  numérique  et  commerciale  de  chacune.  —  Pro- 
cédés d'élevage,  commerce  et  débouchés. 

VIII.  Plantes  textiles.  —  Préciser  la  diminution  qu'ont  subie,  dans  le  départer 
ment,  les  cultures  de  lin  et  de  chanvre.  En  indiquer  les  causes.  Cette  diminution 
tend-elle  à  s'accentuer  encore  ?  Quels  moyens  de  l'arrêter  ou  bien  de  suppléer 
par  d'autres  cultures  rémunératrices,  au  vide  laissé  par  leur  absence. 

IX.  Ci'Ire.  —  Choix  des  variétés  de  pommes;  procédés  de  fabrication.  Pressoirs 
employés.  Importance  de  la  production  du  département  et  de  l'arrondissement. 
Consommation  locale  et  commerce. 

X.  E<;pèce  porcine.  — Qualilés  et  défauts  de  la  race  indigène.  Quels  croisements 
ont  été  tentés  pour  l'améliorer?  Ces  croisements  ont-ils  été  un  progrès?  Sous 
quels  rapports?  Se  sont-ils  généralisés?  Quels  sont  ceux  d'entre  eux  qui  ont  le 
mieux  réussi? 

L'Association  bretonne  décernera,  s'il  y  a  lieu  :  une  médaille  d'or, 
une  médaille  d'argent  et  une  médaille  de  bronze,  données  par  la  Société 
des  agriculteurs  de  France;,  aux  Mémoires  les  meilleurs  et  les  plus 
complets  sur  une  ou  plusieurs  des  questions  ci-dessus.  Les  Mémoires 
devront  être  adressés,  franco,  avant  le  25  août,  à  M.  Haugoumar  des 
Portes,  secrétaire  général  de  l'Association,  à  Lamballe  (Côtes  du-Nord). 

XI.  —  Expériences  de  moissonneuses-lieuses . 

La  Société  d'agriculture  de  Fontainebleau  a  organisé  un  concours 
de  moisonneuses-lieuses.  Les  expériences  ont  eu*lieu  le  1  7  juillet,  à 
la  ferme  du  Chapitre,  commune  de  Larchant.  Cinq  machines  y  ont 
pris  part  :  les  moissonneuses  des  systèmes  Hornsby,  Wood,  Johnslon, 
Mac-Cormick,  Osborne  et  Wood,  toutes  liant  la  gerbe  à  la  ficelle.  Le 
rapport  rédigé  par  M.  Gasselin,  agriculteur  aux  Fontenelles,  donne  les 
indications  les  plus  complètes  sur  la  marche  des  appareils.  Il  en 
ressort  que  toutes  ces  machines  fonctionnent  régulièrement.  Le  clas- 
sement, après  les  essais,  a.  été  le  suivant:  l"John3ton;  2'  Wood; 
3"  Mac-Cormiçk;  4'  Hornsby;  5"  Osborne.  Le  rapport  ajoute  que  les 
moissonneuses  Mac-Cormick  et  Osborne  se  trouvaient  dans  des  con- 
ditions trop  déplorables,  par  suite  de  l'état  auquil  un  orage  avait 
réduit  les  parties  qu'elles  avaient  à  couper,  pour  qu'on  puisse  en 
reconnaître  vraiment  les  qualités. 

XII.  —  Concours  du  Comice  de  Seine^sl-Oise. 

Le  concours  annuel  du  Comice  agricole  de  Seine-et-Oise,  fondé  en 
1834,  s'est  tenu  le  dimanche  15  juin,  sous  la  direction  de  son  prési- 
dent M.  Henri  Besn.ird,  membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture. 
C'était  le  cinquantenaire  de  sa  création.  Le  concours  a  eu  lieu  dans 


166  CHRONIQUE  AGRICOLE  (2  AOUT  1884). 

l'arrondissement  de  Mantes,  dans  la  plaine  de  Blamécourt,  près  de 
Magny-en-Vexin.  Les  animaux  étaient  nombreux,  mais  les  machines 
en  moins  grand  nombre  que  d'habitude,  à  raison  des  concours  régio- 
naux qui  se  tenaient  à  la  même  date.  Grande  afîluence  de  cuhiva- 
leurs.  A  la  distribution  des  prix,  M.  Besnard  a  prononcé  un  discours 
dont  nous  croyons  intéressant  d'extraire  les  passages  suivants  : 

«  Je  sais  bien  qu'il  existe  des  faiseurs  de  systèmes  qui  parlent  de  procédés 
nouveaux  pour  obtenir  à  bas  prix  des  récoltes  merveilleuses,  mais  ce  sont  de 
pures  chimères;  ces  procédés  ont  été  expérimentés  par  des  hommes  éclairés  et 
toutes  ces  tliéories  n'ont  pas  tenu  leurs  promesses.  L'occasion  était  belle  cepen- 
dant pour  ces  apôtres  du  progrès  de  produire  une  éclatante  démonstration  de  la 
supériorité  de  leurs  procédés,  ils  y  eussent  trouvé  honneur  et  profit,  proSt  surtout, 
car  il  leur  eût  été  facile  de  louer  à  très  bas  prix,  pour  leurs  expériences,  des 
fermes  étendues  délaissées  par  ceux  qui  les  cultivaient.  Jusqu'ici  cette  démons- 
tration n'a  pas  été  faite,  ce  qui  donne  à  penser  que  ces  novateurs,  malgré  le  sans- 
f-.çon  avec  lequel  ils  parlent  des  agriculteurs  sourds  à  leurs  conseils,  n'ont  pas 
dans  l'efficacité  de  leurs  systèmes  une  foi  bien  robuste.  Des  projets  vont  être  pré- 
sentés par  M.  le  ministre  de  l'af^riculture  au  Corps  législatif,  demandant  l'éléva- 
tion ou  la  création  de  droits  de  douane  sur  les  farines,  les  céréales  (le  blé  excepté) 
et  sur  le  bétail;  espérons  qu'ils  recevront  bon  accueil  et  que  le  t)lé  sera  compris 
dans  les  nouveaux  tarifs. 

«  La  France  ne  saurait  mieux  faire  que  d'imiter  l'Amérique  et  l'empire  d'Alle- 
magne dont  la  situation  financière  et  commerciale  s'est  fortifiée  par  des  droits 
protecteurs.  Elle  est  prête  à  entrer  dans  cette  voie  au  Tonkin,  sa  nouvelle  coa- 
OTiête,  et  d'y  assurer  un  privilège  au  commerce  français.  Qu'elle  agisse  de  même 
Baur  son  agriculture  et  protège  les  productions  du  sol  national  grevées  d'impôts 
contre  la  concurrence  des  denrées  analogues  que  lui  envoient  des  contrées  où  le 
loyer  du  sol,  la  main-d'œuvre  et  les  impôts  permettent  une  production  à  bas 
prix.  Pour  ramener  les  capitaux  vers  l'exploitation  du  sol,  il  faut  rendre  cette 
spéculation  lucrative  et  la  protection  seule  peut  amener  ce  résultat  :  l'expérience 
de  ce  qui  se  passe  chez  les  nations  voisines  et  les  conséquences  du  système  que 
BOUS  avons  pratiqué  depuis  une  vingtaiue  d'années,  ne  laissent  pas  de  doute  sur 
cette  solution. 

a  Ce  n'est  cependant  ni  l'énergie  ni  les  connaissances  spéciales  qui  man- 
quent aux  agriculteurs,  les  travaux  que  nous  récompensons  chaque  année 
en  témoignent  hautement;  mais  personne  n'ignore -que  s'il  en  est  que  le  sort  a 
favorisésj  plusieurs  aussi  ont  succombé  dans  la  lutte.  La  contrée  que  visite  celte 
année  notre  concours  est  une  de  celles  qui  ont  su  transformer  avec  le  plus  d'habi- 
leté leurs  procédés  d'exploitation  pour  conjurer  le  mal  que  nous  avons  signalé. 

a  L'élevage  du  bétail,  qui  toujours  y  a  été  largement  pratiqué,  a  reçu  de  nou- 
veaux développements;  des  herbages  ont  été  créés,  et  la  culture  fourragère  s'est 
consiléiablement  accrue;  les  procédés  d'ensilage  y  ont  trouvé  d'ardents  propaga- 
teurs et  celte  méthode  nouvelle,  habilement  prati^né^c,  a  permis  de  soustraire 
aux  intempéries  des  masses  im]>ortaiites  de  produits  dont  elles  causaient  autrefois 
k  perte.  Evidemment  les  fermes  qui  ont  intérêt  à  vendre  leurs  fourrages,  con- 
serveront l'ajicienne  méthode  de  fanage,  mais  les  autres  exploitations  se  hàlerorit 
de  pratiquer  l'ensilage  lorsque  la  pluie  s'opposera  au  fanage  ;  en  agissant  ainsi, 
elles  eQectueront  leurs  récoltes  sans  avaries.  C'est  en  effet  derrière  les  faucheurs 
et  entièrement  vert  que  le  fourrage  est  ramassé  pourètre  ensuite  placé  dans  les  silos. 
Ceux-ci  toutefois  ne  sont  pas  indispensables,  et  les  granges,  on  l'on  déposait 
autrefois  les  foins,  conviennent  admirablement  pour  l'application  du  procédé  que 
nous  développons.  Au  mois  de  mars  dernier,  nous  avons  vu  chez  notre  aimable 
hôte  M.  Guesnier,  des  granges  remplies  jusqu'à  la  charpente,  des  fourrages  verts 
de  la  conservation  la  plus  parfaite  :  aucune  avarie  contre  les  murs,  aucune  à  la 
partie  supérieure,  couverte  d'une  épaisse  couche  de  paille  ;  simplement  sur  la 
petite  façade  par  laquelle  l'emmagasinage  avait  été  terminé,  et  qui  était  ex- 
posée à  l'air,  y  avait-il  quelques  centimètres  de  foin  gâté.  Ce  fourrage  avait  con- 
servé toute  son  humidité;  il  exhalait  une  odeur  agréable;  tous  les  animaux  le 
-consommaient  avec  acidité.  Nous  n'insistons  pas  davantage  sut  la  valeur  de  celte 
méthode,  aujourd'hui  suffisamment  expérimentée.;  tout  le  monde  comprend  com- 
bien elle  est  précieuse  pour  opérer  les  récoltes  tardives  du  regain  lorsque  les  rosées 
du  matin  et  du  soir  ne  laissent  plus  que  quelques  heures  pour  les  sécher. 


CHRONIQUR  AGRICOLE  (2  AOUT   1884).  167 

«  Je  m'empresse  de  rendre  hommage  à  un  èmioent  agriculteur,  M.  de  Chezel- 
les,  dont  nous  apercevons  d'ici  le  domaine;  c'est  à  ses  louables  eQorts  et  à  ses 
expériences  que  nous  devons  la  propagation  de  cette   méthode.  » 

Lo  principal  lauréat-  du  concours  a  été  M.  Seycux.  qui  cultive  le 
domaine  de  la  Feugej  il  a  reçu  la  p;rande  médaille  d'or  du  Comice. 

XIII.  —  Le  vinage. 

Lu  Chambre  des  députés  a  consacré  plusieurs  séances  à  la  discussion 
du  projet  de  loi  sur  le  vinaye.  Après  une  longue  joute  oratoire  entre 
les  partisans  et  les  adversaires  du  vinage,  elle  a  adopté  le  texte  suivant 
proposé  par  la  Commission  : 

Article  premier.  —  Les  vins  présentant  une  force  alcoolique  su[)érioure  à 
12  degrés  sont  soumis  au  droit  simple  de  consommation,  d'entrée  et  d'octroi  pour 
la  quantité  d'alcool  comprise  entre  12  et  15  degrés,  et  au  double  droit  de  consom- 
mation, d  entrée  et  d'octroi,  poTir  laquantitéd'alcool  compriseentre  15  et  21  degrée. 

Les  vins  présentant  une  force  alcoolique  supérieure  à  20  degrés  seront  imposés 
comme  alcool  pur. 

Ai-ticlc  2.  —  La  tolérance  de  1  pour  100  sur  le  degré,  résultant  de  l'article  7 
delà  loi  du  21  juin  1873  est  supprimée. 

Deux  dispositions  additionnelles  ont,  en  outre,  été  adoptées  : 

L'article  3  de  la  loi  du  2 août  1872  est  applicable  aux  vins  présentant  naturel- 
lement une  force  alcoolique  supérieure  à  12  degrés. 

Les  négociants  en  vins  et  débitants  devront  indiquer  sur  leurs  fûts  e*.  réci- 
pients, et  sur  leurs  liactures  de  livraison,  la  nature  des  produits  qu'ils  mettroai  en 
vente,  sous  l'une  des  désignations  suivantes;  Vins  naturels;  — jus  de  raisin sec- 

Toute  intraction  à  la  présente  disposition  tombera  sous  l'application  de  l'ar- 
ticle 423  du  Code  pénal. 

La  Chambre  a  décidé  qu'elle  passerait  à  une  deuxième  délibéralioa 
sur  ce  texte. 

XIV.  —  Les  vices  rnlhibiioircs  des  animaux  domestiques. 

Dans  ses  séances  du  '29  et  du  30  juillet^  la  Chambre  des  députés  a 
adopté,  après  en  avoir  déclaré  l'urg.^nce,  le  projet  de  loi,  voté  par  le 
Sénat,  sur  les  vices  rédhibitoires  dans  les  ventes  et  échanges  d'ani- 
maux domestiques.  La  discussion  a  été  assez  longue;  nous  reviendrons 
dans  notre  prochain  numéro  sur  les  principaux  points  de  cette  loi. 
Nous  devons  dire  seideraent  atijourd'hui  que  la  nouvelle  loi  abi'ogetous 
les  règlements  qui  imposaient  une  garantie  exceptionnelle  aux  vendeurs 
d'animaux  destinés  à  la  boucherie. 

XV.  —  Buissons  hygicnhiues  en  temps  de  moisson. 

Les  ouvriers  occupésaux  travaux  de  la  moisson  souffrent  delà  grosse 
chaleur  des  jours  d'été,  et  depuis  longtemps  on  s'est  préoccupé  des 
moyens  de  leur  procurer  des  boissons  rafraîchissantes  et  hygiéniques, 
car  on  sait  que  l'usage  de  l'eau  pure  est  extrêmement  dangereux  quand 
l'homme  est  en  transpiration.  On  a  recommandé  de  couper  l'eau  avec 
du  vinaigre;  ce  mélange  n'a  d'autre  effet  que  d'aciduler  légèrement  le 
liquide,  sans  lui  donner  de  propriétés  toniques.  Le  café  étendu  d'eau 
est  bien  supérieur.  Mais  il  existe  aujourd'hui  des  boissons  à  la  fois 
toniques  et  rafraîchissantes  qui,  ajoutées  à  l'eau,  donnent  d'excellents 
résultats.  Tels  sont  le  bilth  au  vin  vieux  et  le  bitlli  au  rhum,  fabriqués 
par  M.  Pesqui,à  Bordeaux;  d'après  les  expériences  que  nous  en  avons 
faites,  c'est  un  liquide  aromatique  et  tonique,  qui,  ajouté  à  l'eau,  lui 
donne  à  la  fois  des  propriétés  hygiéniques  et  un  goût  agréable.  Dans 
les  temps  d'épidémie,  il  est  utile  d'avoir  recours  aux  boissons  aroma- 
tisées et  alcooliques,  qui,  prises  en  quantité  convenable  sans  abus,ex- 
. citent  l'orgaaisme,  sans  le  débiliter  J.-A.  Bakral. 


168  SUR  L  IRRIGATION  DES  VIGNES. 

SUR  L'IRRIGATION  DES  VIGNES 

L'irrigation  donne  de  bons  résultats  sur  les  vignes  chaque  fois 
qu'on  la  pratique  aux  époques  où  le  fond,  c'est-à-dire  le  sous-sol,  est 
desséché.  Cette  circonstance  se  produit  souvent  sous  le  climat  si  sec 
de  l'Hérault,  même  en  hiver.  11  faut  éviter  les  arrosages  quand  le  sol 
est  profondément  mouillé  par  des  séries  de  pluie  qui  le  pénètrent  et 
semblent  le  délayer,  ce  qui  arrive  parfois  en  automne  et  en  hiver.  Il 
faut  aussi  les  éviter  à  l'époque  de  la  véraison  des  raisins,  et  aux 
approches  de  la  vendange,  afin  de  ne  pas  déterminer  un  mouvement 
de  végétation  qui  appauvrirait  les  fruits  en  matière  sucrée  et  les  pous- 
serait à  la  pourriture.  L'époque  la  plus  favorable  aux  irrigations  jjaraît 
être  celle  des  mois  chauds  :  juin,  juillet  et  les  premiers  jours  d'août. 

Les  irrigations  qui  pénètrent  dans  les  sous-sols  donnent  les  meilleurs 
résultats.  J'ai  vu  un  seul  arrosage  pratiqué  à  Maraussan,  le  12  juin 
1883,  sur  une  vigne  fort  attaquée  et  si  compromise  qu'il  était  ques- 
tion de  l'arracher  après  la  vendange,  la  faire  revenir  de  la  manière  la 
plus  satisfaisante.  Les  sarments  se  sont  développés  vigoureusement  ; 
on  les  voyait  pousser  en  quelque  sorte  à  vue  d'œil,  quelques  jours 
après  l'arrosage;  les  fruits  ont  grossi  et  bien  mûri;  le  changement  a 
été  complet.  L'arrosage,  pratiqué  avec  une  forte  pompe,  tirant  l'eau 
de  la  rivière  et  la  refoulant  à  un  demi-kilomètre  de  distance,  avait  été 
fait  par  nappe,  de  manière  à  couvrir  la  surface;  il  avait  pénétré  à 
1  mètre  de  profondeur  au  moins  et  n  avait  duré  qu'un  jour. 

Il  est  regrettable  qu'on  n'ait  pas  pu  pratiquer  un  deuxième  arro- 
sage en  juillet.  D'autres  parcelles  dont  les  points  d'attaque  déjà  rabou- 
gris paraissaient  perdus,  sont  revenues  en  deux  ans  à  l'état  normal. 
Elles  étaient  arrosées  par  des  norias  en  faisant  arrêter  l'eau  autour  des 
souches,  afin  de  la  faire  infiltrer;  on  a  arrosé  une  fois,  chaque  mois 
chaud;  dans  d'autres  cas,  les  arrosages  ont  été  plus  fréquents. 

Tous  les  sols  ne  se  prêtent  pas  également  à  l'irrigation  des  vignes. 
Ceux  où  elle  réussit  le  mieux  sont  profonds,  perméables,  à  éléments 
à  la  fois  calcaires  et  siliceux.  De  plus,  les  vijnes  phylloxérées  qu'on 
arrose  doivent  être  fumées  d'une  manière  soutenue. 

Les  irrigations  de  vignes  que  j'ai  observées  soit  à  Vias,  soit  à  Ma- 
raussan, n'y  ont  pas  développé  le  mildew;  c'est  un  fait  très  remar- 
quable. Le  penorospora,  qui  a  ravagé  tant  de  vignobles  en  terrains 
secs,  paraît  plutôt  développé  par  l'humidité  atmosphérique  que  par 
celle  du  sol. 

Chez  M.  J.  Maistre,  à  Villeneuvette,  l'arrosage  des  vignes  est  prati- 
qué sur  une  grande  échelle.  Commencé  depuis  1873,  il  donne  de  bons 
résultats,  soutient  et  conserve  les  vignes.  On  le  réitère  fréquemment, 
et  jusqu'à  vingt  fois  dans  le  cours  d'une  année.  On  fume  tous  les  ans; 
les  eaux  d'arrosages,  provenant  des  lavages  des  laines  en  suint,  sont 
fertilisantes.  On  les  fait  séjourner  dans  des  excavations  pratiquées 
entre  les  ceps,  afin  de  favoriser  une  profonde  infiltration. 

La  pratique  des  irrigations  exigeant  une  quantité  d'eau  relativement 
faible,  si  on  la  compare  à  celle  qui  est  nécessaire  à  la  submersion,  est 
destinée  à  prendre  une  grande  extension,  et  à  rendre  d'importants  ser- 
vices à  la  viticulture  partout  où  la  nature  du  sol  et  la  présence  de  l'eau 
à  de  faibles  profondeurs  en  faciliteront  l'application.     H.  Marès, 

Membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture. 


LES  MERINOS  AU  CONCOURS  DR  SAINT-OMER.  169 


LES  MÉRINOS  AU  CONCOURS  DE  SAINT-OMER 

Les  concouFs  régionaux  qui  se  liennenten  France,  ont  cessé  d'avoir 
une  signification  purement  locale  ;  leur  importance  allant  toujours  en 
croissant  attire  de  plus  en  plus  l'atlenlion  des  pays  étrangers,  dont  les 
agriculteurs  trouvent  dans  ces  exhibitions  agricoles  non  seulement  un 
sujet  d'enseignement,  mais  encore  des  indications  précieuses  pour  gui- 
der le  choix  de  reproducteurs  d'élite. 

Le  public  agricole  polonais  s'intéresse  surtout  aux  concours  du  Nord 
et  particulièrement  à  la  catégorie  des  bêtes  ovines,  depuis  que  l'intro- 
duction des  mérinos  précoces  a  rendu  des  services  si  remarquables  à 
notre  élevage;  et  c'est  avec  plaisir  que  nous  avons  retrouvé  à  la  tète 
des  lauréats  du  concours  de  Saint-Omer  les  nom  î  des  habiles  éleveurs 
de  l'Aisne,  et  en  première  ligne  le  nom  de  M.  Duclert  bien  connu  des 
éleveurs  polonais. 

Il  s'est  glissé  cependant  dans  le  rapport  de  ce  concours  un  petit 
lapsus  pennas,  qui  est  passé  inaperçu  en  France,  mais  qui  parmi  nos 
éleveurs  pourrait  soulever  des  doutes  très  graves  et  les  détourner  de  la 
bonne  voie  dans  laquelle  ils  sont  entrés  eu  se  servant  des  béliers  fran- 
çais. Nous  croyons  par  conséquent  qu'il  serait  fort  désirable  que 
M.  Comon  lui-même,  ou  quelque  plume  spécialement  autorisée  reprît 
la  question  pour  la  poser  nettement,  avec  toute  la  clarté  possible. 

Les  éleveurs  de  mérinos  précoces  savent  bien  que  les  béliers  de  cette 
variété  sont  très  appréciés  depuis  quelque  temps  en  Pologne  et  aussi 
en  Allemagne,  et  que  nous  avons  été  un  des  premiers  —  sinon  le  pre- 
mier —  à  les  importer  du  Soissonnais  et  à  en  préconiser  la  haute 
valeur.  Or  ce  nouveau  débouché  pour  les  éleveurs  français  a  eu  pour 
conséquence  inévitable  d'affaiblir  le  débouché  <les  producteurs  de  soi- 
disants  Rambouillets  en  Allemagne;  il  s'est  formé  partout  une  asso- 
ciation jurant  haine  implacable  aux  mérinos  précoces  et  mouvant 
l'Achéron  pour  entraver  leur  introduction  ultérieure.  Désirant  en  outre 
relever  leurs  tendances  par  un  lustre  patriotique,  les  adeptes  de  cette 
association  ont  imaginé  de  préconiser  le  mouton  alleinan/l  â  laine  longue 
(das  deutsche  Kammwollschat),  une  espèce  de  bête  apocalyptique  qui 
n'existe  pas  encore,  mais  qui  doit  prochainement  réunir  en  un  individu 
toutes  les  qualités  imaginables  —  enfin  un  mouton  de  l'avenir,  quel- 
que chose  comme  la  musique  de  Wagner. 

L'argument  principal  cependant  consiste  à  prétendre  que  les  méri- 
nos précoces  ne  sont  pas  des  mérinos  purs,  mais  au  contraire  des  métis- 
mérinos  issus  d'un  mélange  de  sang  anglais  —  cotswold,  lincoln  et 
autres  pareils  —  ce  qui  serait  manifeste,  dit-on,  par  l'anatomie  du  brin 
de  laine. 

Les  béliers  du  Soissonnais  seraient  donc  des  reproducteurs  d'une 
hérédité  très  douteuse  et  même  dangereuse  pour  des  pays  où  la  pro- 
duction de  la  laine  prime  encore  parfois  la  production  de  la  viande. 

Or  dans  le  compte  rendu  du  concours  de  Saint-Omer  il  est  dit'  . 
«  .MM.  Delisy,  Duclert,  Camus-Viéville,  remportèrent  facilement  les 
prix  destinés  aux  métis-mérinos....  » 

Voilà  une  expression  qui  s'est  glissée  par  erreur  dans  la  plume  de 
l'honorable  rapporteur,    et  qui   ferait  bien    plaisir   aux   ennemis  des 

I.  Jountat  du  5  juillet,  page  '27. 


170  LES  MÉRINOS  AU  CONCOURS  DE  SAINT-OMER. 

mérinos,  s'ils  venaient  à  la  lire!  En  vérité  nous  savons  pertinemment 
bien  que  M.  Duclert,  notre  très  honorable  ami,  ne  produit  pas  de 
métis-mérinos,  mais  bien  des  mérinos  purs,  et  nous  croyons  pouvoir 
affirmer  la  même  chose  de  M.  Delisy  avec  qui  nous  avons  eu  le  plaisir 
d'être  en  relation  ;  nous  pensons  même  que  celte  assertion,  restant  sans 
démenti,  pourrait  compromettre  la  renommée  justement  acquise  de  ces 
deux  éleveurs  distingués. 

Nous  espérons  que  le  Journal  ne  refusera  pas  d'élucider  une  ques- 
tion qui  est  tout  aussi  importante  pour  la  prospérité  de  l'élevage 
en  Pologne,  que  pour  le  débouché  des  éleveurs  français. 

D'  Ladislas  Laszcztoski. 

TRAVAUX  DE  LA  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'AGRICULTURE' 

Pour  obéir  aux  ordonnances  et  décrets  qui  ont  établi  et  réglementé 
notre  Compagnie,  je  dois  prendre  la  parole  dans  cette  séance  solennelle 
afin  de  présenter  un  compte  rendu  de  nos  travaux  pendant  l'année  qui 
vient  de  s'écouler.  La  tâche  serait  longue  et  ardue  si  je  croyais  devoir 
analyser  toutes  les  communications  qui  vous  ont  été  faites,  toutes  les 
questions  qui  ont  été  agitées,  très  souvent  résolues  dans  cette  enceinte. 
Il  m'a  paru  que  je  devais  me  borner  aux  choses  principales,  d'un  ordre 
général  et  élevé.  Sans  doute  il  est  difficile  de  pouvoir  dire  à  l'avance 
qu'un  fait,  qui  paraît  de  mince  valeur  au  premier  moment,  ne  prendra 
pas  avec  le  temps  une  importance  considérable. 

I.  —  Qui  ne  sait,  par  exemple,  aujourd'hui,  le  rôle  capital  que  jouent 
dans  la  vie  des  animaux  et  des  plantes,  dans  l'harmonie  de  la  nature, 
les  êtres  infiniment  petits,  les  microbes,  dont  nos  prédécesseurs 
ignoraient  même  l'existence  et  qui  nous  apparaissent  maintenant, 
depuis  les  travaux  de  Davaine  et  surtout  de  notre  illustre  confrère, 
M.  Pasteur,  comme  les  agents  principaux,  je  ne  dirai  pas  de  la  des- 
truction de  la  matière  vivante,  car  rien  ne  se  détruit  dans  la  nature, 
mais  de  la  transformation  incessante  de  tout  ce  qui  est  organisé. 

Tout  naît  d'un  germe  infiniment  petit,  l'animal  le  plus  merveilleu- 
sement beau,  comme  le  végétal  le  plus  gigantesque,  et  tout  est  anéanti 
par  des  organismes  dont  le  microscope  seul  permet  de  reconnaître 
l'existence. 

Il  faut  donc  se  tenir  prudemment  sur  ses  gardes  quand  on  est  appelé 
à  classer  les  choses  de  la  nature.  Que  de  méprises  on  peut  commettre, 
lorsqu'on  passe  en  revue  les  objets  si  variés  de  la  préoccupation  des 
sciences  pures  ou  des  sciences  appliquées. 

Pour  ne  pas  m'égarer  au  milieu  des  sujets  si  nombreux  et  si  divers 
qui  ont  été  traités  devant  vous  avec  plus  ou  moins  de  profondeur,  je 
suivrai  l'ordre  des  Sections  dans  lesquelles  notre  Compagnie  a  été  si 
justement  divisée,  non  pas  à  son  origine,  mais  il  y  a  près  de  cin- 
quante ans,  sur  l'initiative  de  notre  incomparable  doyen,  M.  Chevreul, 
qui  sait  combien  l'ordre  est  nécessaire  dans  le  travail  pour  que  celui- 
ci  soit  fécond.  D'ailleurs,  la  division  en  Sections  était  le  moyen  d'assurer 
la  représentation  permanente,  dans  le  sein  de  notre  Compagnie,  de 
toutes  les  sciences  appliquées  à  l'agriculture.  Il  y  a  eu  naguère  une  ten- 
dance maj-quée  à  laisser  les  représentants  de  telle  ou  telle  branche  spé- 

1.  Compte  rendu  des  travaux  de  la  Société  depuis   le  27  juin    1883  jusqu'au  'l  juillet  18i^4, 
présenté  à  la  scance  publique  annuelle  de  1884. 


TRAVAUX  DE  LA  SOCIÉTÉ    NATIONALE    D'AGRICULTURE.  171 

ciale  prendre  une  influence  numérique  prépondérante  lorsque  la  mort 
frappait  dans  nos  rangs.  On  était  entraîné  naturellement  à  élire  par 
prétcrence  des  hommes  éminents,  sans  doute,  mais  dont  le  ciioix  était 
décidé  [)ar  des  considérations  personnelles,  au  lieu  d'être  dominé  par 
le  devoir  qui  nous  force  maintenant,  parfois  bien  à  regret,  de  faire 
attendre  des  candidats  d'un  rare  mérite. 

Et  hélas  !  la  mort  se  montre  trop  souveot  cruelle  envers  nous.  Il  y  a 
des  époques  néfastes  où  elle  accumule  ses  coups,  et  vous  savez  trop 
quels  vides  elle  a  créés  en  venant  soudainement,  en  moins  de  quatre 
mois,  enlever  M.  Dumas,  d'une  illustration  universelle,  dont  toutes  les 
académies,  toutes  les  associations  scientifiques  portent  le  deuil; 
M.  de  Béhague,  grand  éleveur  et  grand  agriculteur;  M.  Lavallée, 
célèbre  parmi  les  botanistes  des  deux  mondes  pour  ses  plantations  de 
Segrez;  M.  Gaudin,  jurisconsulte  et  économiste  distingué.  La  sagesse 
de  nos  règlementsoblige  d'élire,  pour  les  remplacer,  des  hommes  voués 
aux  sciences  physico-chimiques,  à  l'élevage  et  à  l'agriculture,  aux  cul- 
tures spéciales,  à  la  statistique,  à  la  législation  ou  à  l'économie  poli- 
tique. Quelle  que  soit  l'étendue  des  pertes  subies,  notre  Compagnie  est 
ainsi  assurée  de  continuer  ses  travaux  dans  la  voie  ouverte  et  tracée  par 
les  maîtres. 

II.  —  La  première  condition  du  succès  de  toute  culture  est  d'avoir 
de  bonne  semence;  si  cette  condition  n'est  pas  remplie,  c'est  en  vain 
qu'on  prodiguerait  à  la  terre  et  les  engrais  et  les  travaux  d'ameublis- 
sement  ou  d'approfondissement;  tout  deviendrait  inutile.  Depuis  plus 
d'un  siècle,  la  question  du  choix  des  semences  est  l'objet  de  la  sollici- 
tude de  notre  Compagnie  :  elle  n'a  cessé  de  prodiguer  aux  cultivateurs 
des  conseils  basés  s  jr  des  expériences  comparatives,  afin  de  les  engager 
à  s'assurer  de  la  qualité  des  graines  auxquelles  ils  ont  recours  pour 
leurs  semis.  Votre  Section  de  grande  culture  a  obéi  à  la  tradition  en 
s'occupant  des  moyens  à  employer  pour  empêcher  les  falsifications  des 
graines  de  trèfle  et  de  luzerne,  ou,  en  d'autres  termes,  des  graines  ser- 
vant à  donner  naissance  à  ce  qu'on  a  appelé  des  prairies  artificielles, 
dont  la  multiplication  est  certainement  une  des  plus  grandes  œuvres 
accomplies  par  notre  Compagnie.  Vous  avez  voulu  approuver,  par  le 
vote  d'une  médaille  d'or  à  l'effigie  d'Olivier  de  Serres,  l'initiative  prise 
par  M.  Schribaux  de  recherches  qui  ont  abouti,  grâce  au  concours  de 
nos  confrères,  MM.  Hisleret  Tisserand,  à  la  fondation,  près  de  l'Institut 
national  agronomique,  d'une  station  pour  l'essai  des  graines. 

Des  études  sur  les  prairies  naturelles  des  régions  de  l'est  et  du  centre 
de  la  France,  et  sur  les  moyens  de  destruction  de  la  cuscute  qui  porte 
tant  de  préjudice  à  la  production  fourragère,  ont  occupé  plusieurs  de 
vos  séances,  par  suite  de  communications  pleines  d'intérêt  dues  à 
MM.  Boitel  et  Heuzé.  La  pratique  agricole  trouvera,  dans  les  faits  qui 
ont  été  constatés,  d'utiles  enseignements  pour  garantir  les  exploita- 
tions rurales  contre  un  fléau  que  des  soins  attentifs  peuvent  conjurer. 

Les  procédés  de  buttage  des  pommes  de  terre  proposés  à  vos  médi- 
tations par  un  savant  agronome  de  Copenhague  qui  a  voulu  venir  lui- 
même  vous  les  exposer,  ont  donné  lieu  à  des  recherches  de  vérification 
très  bien  conduites  par  quelques-uns  de  nos  confrères,  particulièrement 
par  .MM.  Dailly  et  Pluchet  ;  il  s'agit  d'empêcher,  par  des  soins  de  cul- 
ture, la  propagation  de  la  maladie  qui  attaque  le  précieux  tubercule  et 
en  réduit  souvent  les  produits  de  plus  de  moitié.  Les   résultats  des 


172  TRAVAUX  DE  LA  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'AGRICULTURE 

expériences  n'ont  pas  été  décisifs;  mais  qui  ne  sait  qu'en  agriculture  il 
faut  répéter  les  essais,  et  persévérer,  souvent  durant  plusieurs  années, 
dans  l'observation  des  faits  avant  d'acquérir  la  certitude.  Cela  ressort, 
une  fois  de  plus,  de  la  discussion  qui  a  eu  lieu  dans  votre  sein  et  à 
laquelle  ont  apporté  tant  de  lumière  MM.  Chevreul,  Duchartre,  Prillieux, 
Michel  Perret,  Chatin. 

Je  ne  pourrais  non  plus  passer  sous  silence  les  recherches  entre- 
prises pour  continuer  par  la  sélection  des  semences  l'amélioration  des 
betteraves,  au  point  de  vue  de  leur  richesse  en  sucre,  sans  un  abais- 
sement trop  considérable  du  rendement  en  poids  par  hectare.  Maintenir 
entre  les  fabricants  de  sucre  et  les  cultivateurs  une  alliance  fondée  sur 
la  justice  et  sur  la  satisfaction  mutuelle  de  leurs  intérêts,  est  une  de 
vos  préoccupations,  parce  que  la  prospérité  de  l'agriculture  d'une  région 
qui  subit  une  crise  violente  après  avoir  été  longtemps  heureuse,  se 
trouve  dépendre  absolument  d'une  entente  dont  il  importe  de  fixer  les 
bases.  Il  faut  arriver  à  conjurer,  par  ce  moyen,  une  ruine  prédite  par 
les  esprits  pessimistes,  mais  dont  la  menace  ne  saurait  être  regardée 
comme  pouvant  s'accomplir  par  ceux  qui  ont  foi  dans  la  science  et 
dans  la  puissante  énergie  de  nos  cultivateurs  ;  ceux-ci  ont  déjà  vaincu 
tant  d'obstacles  que  la  lulle  ne  les  effraie  pas,  malgré  des  pronostics 
que  le  patriotisme  les  invite  à  repousser  comme  un  poison  mortel. 

Le  découragement  n'atteint  pas  ceux  qui  aiment  fortement  le  travail. 

III.  — Les  cultures  spéciales  forment  une  très  grande  partie  de  la 
richesse  du  pays;  mais,  sur  cette  richesse,  il  faut  constamment  veiller, 
comme  l'avare  veille  sur  ses  trésors,  car  nous  sommes  constamment 
menacés  de  nous  les  voir  enlever. 

La  sériciculture  a  été  sauvée  par  les  découvertes  de  M.  Pasteur  d'une 
ruine  qui  paraissait  définitive.  Elle  est  revenue,  sinon  à  son  ancienne 
prospérité,  du  moins  à  une  vie  maintenant  robuste.  Vous  vous  tenez 
constamment  au  courant  de  sa  situation.  Les  communications  que  vous 
font,  sur  les  résultats  de  chaque  campagne,  nos  confrères  MM.  de  Retz 
et  Cornu  et  plusieurs  de  nos  correspondants  du  Midi,  vous  permettent 
d'être  rassurés  sur  une  des  branches  importantes  de  la  production 
nationale.  S'il  y  a  une  sorte  d'engourdissement  dans  cette  source  de 
richesse,  cela  tient  à  des  circonstances  économiques  contraires,  mais 
non  à  des  maladies  dont  on  est  maître  désormais. 

On  commence  aussi  à  être  rassuré  sur  l'avenir  de  la  viticulture, 
puisqu'elle  résiste  encore  après  des  années  bien  sombres.  On  sait  com- 
battre le  phylloxéra,  empêcher  ou  arrêter  sa  propagation;  on  est  même 
arrivé  à  faire  vivre  la  vigne  malgré  son  ennemi,  par  la  découverte  et 
l'emploi  des  cépages  qui  résistent  à  ses  atteintes.  Nos  viticulteurs  savent 
greiïer  ces  cépages  pour  leur  faire  porter  les  races  de  raisins  auxquelles 
les  vins  français  doivent  une  juste  renommée,  que  d'imprudentes  mais 
inconscientes  publications  ne  parviendront  pas  à  détruire. 

Notre  Compagnie  a  beaucoup  contribué  aux  résultats  obtenus  dans 
la  lutte  contre  le  phylloxéra  ;  c'est  d'elle  que  notre  confrère  M.  Faucon 
a  reçu  les  premiers  encouragements  qui  l'ont  aidé  à  faire  triompher 
la  submersion  des  vignes  de  tous  les  préjugés,  de  toutes  les  objections 
qui  ont  d'abord  accueilli  l'exposé  de  son  procédé  et  la  démonstration 
expérimentale,  cependant  si  convaincante,  de  son  efficacité. 

En  même  temps  que  vous  donniez  aussi  votre  approbation  et  vos 
encouragements  aux  traitements  par  le   sulfure  de  carbone  et  par  le 


TRAVAUX  DE  LA  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'AGRICULTURE.  173 

sulfo-carbonate  de  potassium,  des  vignes  atteintes  du  phylloxéra,  vous 
n'hésitiez  pas  non  plus  à  reconnaître  que  certains  cépages  importés 
du  Nouveau-Monde  pouvaient  résister  contre  le  fléau.  L'Amérique, 
qui  avait  produit  le  mal,  pourrait  placer,  entre  les  mains  de  nos  culti- 
vateurs habiles  et  courageux,  le  remède  susceptible  d'en  triompher. 

D'ailleurs,  les  inventeurs,  les  propagateurs  des  moyens  de  vaincre 
l'invasion  du  phylloxéra  siègent  ou  ont  siégé  parmi  nous.  Je  vois  ici, 
ou  j'ai  vu  parmi  nous  MM.  Dumas,  Paul  Thenard,  Faucon,  Gaston  Ba- 
zille,  Henri  Mares.  Aujourd'hui  même  vous  récompensez  quelques-uns 
des  meilleurs  travaux  exécutés  pour  restituer  à  nos  vignobles  toute 
leur  splendeur.  Sur  les  rapports  de  M.  Henri  Mares,  de  M.  Gaston  Ba- 
zille,  de  M.  Michel  Perret,  vous  décernez  des  médailles  d'or  à  un  pépi- 
niériste de  Marseille,  M.  Besson,  qui  a  découvert  ou  plutôt  créé  de 
nouveaux  et  excellents  cépages;  —  à  M.  Jules  Maistre,  pour  ses  expé- 
riences sur  l'irrigation  et  la  submersion  des  vignes;  —  à  M.  Syl- 
vain Espitalier,  qui,  après  avoir  contribué  à  montrer  que  le  phylloxéra 
n'atteint  pas  les  vignes  plantées  dans  certains  sables  calcaires  très  fins, 
a  utilisé  les  eaux  du  Rhône  en  jetant  un  siphon  par-dessus  les  digues 
qui  opposent  un  frein  aux  inondations  du  fleuve;  il  peut  ainsi  y  puiser 
économiquement  toute  l'eau  nécessaire  à  la  submersion  d'un  vaste 
vignoble  de  110  hectares,  pouvant  donner  annuellement  un  produit 
net  s'élevant  à  175,000  francs. 

Dans  vos  délibérations,  vous  ne  cessez  pas  de  réclamer,  en  faveur 
des  départements  du  Midi,  si  éprouvés  par  de  nombreuses  et  terribles 
calamités,  la  création  de  canaux  d'irrigation  qui  leur  ont  été  si  souvent 
promis  et  qu'ils  attendent  depuis  tant  d'années  pour  retrouver  leur 
ancienne  prospérité. 

Vous  avez  écouté  avec  le  plus  vif  intérêt  les  communications  qui  vous 
ont  été  faites  et  les  observations  qui  vous  ont  été  présentées  sur  les 
plantations  de  vignes  dans  les  landes  de  Gascogne  par  nos  confrères 
MM.  Chambrelent  et  de  Dampierre,  et  par  M.  le  sénateur  Feray;  mais, 
comme  vous  le  faites  toujours  avec  sagesse,  vous  attendez  les  résultats 
des  expériences  pour  vous  prononcer  sur  les  conclusions  définitives 
que  vous  devrez  en  tirer. 

L'Algérie  a  créé  un  vignoble  dont  l'importance,  chaque  année  crois- 
sante, promet  de  grandes  richesses  à  la  France  africaine  ;  vous  avez 
été  tenus  au  courant  des  progrès  successivement  accomplis  dans 
notre  colonie  par  une  note  très  détaillée  de  notre  confrère  M.  Paul 
Mares. 

Nous  avons  aussi  suivi  avec  un  vifintérêtles  efforts  faits  à  l'étranger 
pour  lutter  contre  le  phylloxéra.  Les  communications  de  notre  confrère 
M.  Alberto  Levi  sur  l'enquête  phylloxérique  en  Autriche,  méritent 
d'être  citées. 

Un  nouvel  ennemi  de  la  vigne  donne  des  inquiétudes  très  vives  aux 
viticulteurs;  il  cause  déjà  beaucoup  de  mal  :  lePemnosporavitis,  appelé 
aussi,  mais  improprement,  mildow  par  quelques-uns;  des  communi- 
cations de  MM.  Gaston  Bazille,  Cornu,  (]hatin,  Prillieux  ne  vous  ont 
rien  laissé  ignorer  de  la  nature,  de  la  marche  du  mal,  et  des  moyens 
proposés  pour  l'arrêter. 

Il  convient  encore  de  citer  un  rapport  de  notre  vénéré  confrère 
M.  Bouchardat,  toujours  vif  et  alerte,  comme  il  est  coutume  dans  notre 
Compagnie,  quand  on  a  plus  de  quatre-vingts  ans,  sur  des  expériences 


174  TRAVAUX  DE  LA  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'AGRICULTURE. 

faites  en   vue   d'obtenir   de  fructueuses   récoltes  dans    des    terrains 
improductifs. 

Ce  résumé  des  travaux  de  la  Section  des  cultures  spéciales  ne  serait 
pas  complet,  et  une  grande  injustice,  presque  une  ingratitude,  serait 
commise,  si  les  communications  nomi^reuses  de  notre  confrère  tant 
regretté,  M.  Lavallée,  n'étaient  pas  rappelées.  Il  vous  a  parlé,  avec  un 
charme  qui  vous  faisait  toujours  l'applaudir,  de  ses  expériences  sur 
la  culture  des  kakis;  —  de  sa  belle  publication  sur  les  clématites 
à  grandes  fleurs,  qui  est,  en  quelque  sorte,  son  testament  scienti- 
fique; —  d'un  curieux  procédé  qu'il  a  employé  avec  succès  pour 
obtenir,  pour  ainsi  dire  artificiellement,  des  sujets  femelles  d'une 
plante  dioïque  dont  il  ne  possédait  qu'un  sujet  mâle.  Que  de  fois  nous 
éprouverons  de  douleur  en  nous  souvenant  de  la  mort  prématurée 
d'un  collaborateur  si  dévoué  au  bien  public,  si  ardent  à  chercher  les 
moyens  de  dérober  à  la  nature  végétale  quelques-uns  de  ses  secrets! 
L'horticulture  se  rattache  à  la  Section  des  cultures  spéciales  ;  elle  y 
est  représentée  particulièrement  par  notre  confrère  M.  Hardy,  le  savant 
directeur  de  l'Ecole  d'horticulture  de  Versailles,  dont  vous  suivez 
la  prospérité  avec  l'inlérêt  que  méritent  l'art  du  jardinage  et  la  science 
de  l'élevage  des  plantes  utiles  ou  d'ornement.  Notre  illustre  président 
vient  de  rendre,  dans  cette  séance  même,  un  juste  hommage  à  l'impor- 
tance des  travaux  des  horticulteurs,  et  au  rôle  qui  leur  appartient  dans 
les  progrès  de  la  civilisation. 

IV.  —  La  culture  forestière  occupe  une  partie  si  considérable  de 
notre  sol,  et  elle  est  pratiquée  par  des  hommes  si  distingués,  qu'elle 
constitue  certainement  une  des  gloires  de  l'agriculture  française.  Vous 
entendrez  tout  à  l'heure  l'éloge  biographique  d'un  de  nos  anciens  con- 
frères qui  fut  un  forestier  éminent,  éloge  prononcé  par  M.  Olavé,  dont 
je  n'ai  pas  à  faire  l'éloge,  parce  que  mon  rôle  consiste  surtout  à  louer 
les  morts,  triste  mission  que  je  remplis  trop  souvent.  Votre  Section 
(l'arboriculture  foreslicre  vous  a  tenus  au  courant  de  tous  les  travaux 
effectués  en  forêts,  de  tous  les  boisements  intéressants  qui  ont  été 
exécutés,  des  maladies  ou  des  fléaux  qui  attaquent  les  arbres  de 
diverses  essences.  Vous  récompensez  aujourd'hui,  sur  la  proposition 
de  cette  Section,  par  des  médailles  d'or  à  l'effigie  d'Olivier  de  Serres, 
des  plantations  habilement  faites  dans  la  Haute-Marne  et  dans  les 
landes  de  Gascogne. 

Il  a  été  créé  ainsi  des  richesses  remarquables  par  MM.  deHédouville 
et  par  Mme  Vve  31aniel  et  M.  Bailleux  de  Marisy. 

Une  importante  communication  vous  a  été  faite  par  notre  confrère 
M.  Bouquet  de  la  Grye,  sur  les  conséquences  pour  la  propriété  fores- 
tière de  l'application  d'une  nouvelle  invention  métallurgique,  celle 
du  procédé  de  fabrication  des  aciers  de  MM.  Thomas  et  Gilchrist.  Par 
ce  procédé  on  peut  obtenir,  avec  des  ciiarbons  minéraux  et  des  mine- 
rais de  dernière  qualitité,  des  aciers  valant  les  meilleurs  aciers  au 
charbon  de  bois.  De  li,  il  résulte  que  le  propriétaire  forestier  doit  res- 
treindre la  production  des  bois  de  feu,  accroître  celle  des  bois  d'oiuvre, 
et,  par  suite,  diriger  ses  exploitations  de  manière  à  faire  prédominer 
la  futaie  sur  le  taillis. 

Notre  confrère,  M.  Chambrelent,  nous  a  entretenus,  d'ailleurs,  des 
soins  de  culture  à  donner  aux  forêts  et  de  l'urgence  du  boisement  des 
montagnes,  en  montrant  par  des  expériences  combien  la  production 


TRAVAUX  DE  LA  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'AGRICULTUUE.  175 

des  arbres,  quand  elle  est  bien  conduite,  peut  être  avantageuse. 

Illaut  citer  encore  de  nouvelles  observations,  dues  à  M.  des  Cars,  sur 
les  désastres  causés  aux  l)ois  par  les  terribles  froids  précoces  de  l'hiver 
de  1879-1880,  dont  nos  Mémoires  contiennent  une  histoire  qui  sera 
précieuse  pour  nos  successeurs. 

Une  discussion  approfondie,  pleine  d'enseignements  sur  l'emploi  des 
succédanés  des  chilTons  dans  la  fabrication  des  papiers,  est  enfin  à 
signaler.  Le  papier  de  bois  n'a  pas  droit  à  la  reconnaissance  de  ceux 
qui  aiment  les  livres  durables  et  (jui  désirent  que  leurs  écrits  passent 
à  la  postérité. 

(La  suite  prochainement.)  J.-.\.  Bauiî.vl. 

SUR  LA  PRÉSENCE  UNIVERSELLE  DES  AZOTATES 

DANS  LE   RÈGNE  VÉGÉTAL   ' 

L'azote  est  un  élément  essentiel  de  tous  les  êtres  vivants;  il  n'est 
pas  moins  nécessaire  aux  végétaux  qu'aux  animaux,  quoi([ue  sa  pro- 
portion y  soit  moins  considérable.  C'est  même  des  végétaux  que  les 
animaux  tirent  en  définitive,  par  voie  directe  ou  médiate,  l'azote  néces- 
saire à  leur  constitution.  Mais  l'origine  première  de  l'azote,  qui  con- 
court à  former  les  principes  immédiats  des  végétaux,  n'est  pas  encore 
complètement  éclaircie,  non  plus  que  le  cycle  des  transformations  que 
cet  élément  s^ubit  à  partir  des  matières  azotées  du  sol  ou  de  l'atmo- 
sphère. J'ai  entrepris  de  soumettre  ces  questions  à  un  nouvel  examen, 
à  l'aide  des  ressources  mises  à  ma  dispositon  par  M.  le  ministre  de 
l'instruction  publique,  dans  la  station  de  chimie  végétale  de  Meudon, 
récemment  instituée.  Depuis  un  an,  je  me  suis  attaclié  spécialeroent  à 
l'examen  des  azotates  présents  dans  les  tissus  de  certaines  plantes, 
ainsi  qu'à  l'étude  de  leur  origine  et  de  leur  rôle  en  physiologie  végé- 
tale. Plusieurs  espèces  de  plantes  ont  été  suivies  et  analysées  dans 
toutes  leurs  parties,  depuis  l'ensemencement  jusqu'à  la  reproduction 
des  graines,  pendant  toutes  les  phases  de  leur  végétation. 

Ces  expériences,  appuyées  sur  plusieurs  milliers  d'analyses,  tendent 
à  établir  l'existence  d'une  nouvelle  fonction  végétale,  donnant  lieu  à 
la  formation  des  azotates  au  sein  de  certains  tissus  végétaux  et  pen- 
dant une  période  déterminée  de  la  végétation.  Elle  résulte  de  l'action 
de  certaines  cellules,  agissant  sans  doute  à  la  façon  du  ferment  nitri- 
que de  MM.  Mtintz  et  Schlœsing;  de  même  que,  dans  les  expériences 
de  M.  Lechartier,  les  cellules  des  fruits  jouent  le  rôle  de  la  levure  pour 
développer  la  fermentation  alcoolique.  Cette  fonction  est  corrélative 
avec  les  phénomènes  d'oxydation  et  de  réduction  qui  s'opèrent  dans 
les  tissus  et  avec  les  conditions  successives  de  la  vie  des  plantes. 

Je  me  propose  d'exposer  à  l'Académie  la  suite  de  ces  expériences, 
dont  une  longue  série  est  dès  à  présent  terminée.  Des  problèmes  très 
intéressants  et  très  controversés  se  présentent  ici  à  nous,  tels  que  celui 
de  savoir  si  le  salpêtre,  ou  plutôt  l'acide  azotique  qui  le  constitue, 
préexiste  dans  les  engrais,  dans  le  sol  arable,  dans  l'atmosphère  ;  ou 
bien,  s'il  est  formé  par  le  végétal,  au  moyen  des  principes  azotés  du 
sol  ou  des  engrais.  Avant  de  les  discuter,  je  vais  établir  aiijourd'iiui  la 
présence,  pour  ainsi  dire  universelle,  des  azotates  dans  le  règne 
végétal . 

1.  Note  communiquée  à  l'Académie  des  sciences. 


176       PRÉSENCE  UNIVERSELLE  DES  AZOTATES  DANS  LE  RÈGNE  VÉGÉTAL. 

Depuis  longtemps,  on  avait  reconnu  cette  présence  dans  quelques 
plantes.  Déjà  Stalil',  il  y  a  un  sièle  et  demi,  signalait  l'existence  du 
nitre  dans  la  pariétaire,  le  tabac  et  le  fumeterre;  il  en  donne  comme 
preuve  la  propriété  de  fuser  d'elles-mêmes  que  présentent  ces  plantes 
desséchées,  ainsi  que  la  formation  des  vapeurs  rouges  par  leur  fermen- 
tation. D'après  M.  Boussingault,  la  proportion  du  nitre  dans  le  tabac 
serait  parfois  si  grande  dans  la  vallée  du  Gange  qu'il  apparaîtrait  à  la 
surface  de  la  plante,  sous  forme  d'efflorescences  salines.  On  a  observé 
également  le  nitre  dans  la  bourrache,  qui  lui  doit  ses  propriétés  dui- 
rétiques,  dans  les  amarantacées,  oii  M.  Boutin  en  a  reconnu  des  doses 
considérables,  dans  un  certain  nombre  de  plantes  examinées  par  les 
observateurs,  tels  que  Vaudin,  qui  l'a  trouvé  dans  les  extraits  pharma- 
ceutiques; Reicbardt,  qui  l'a  rencontré  en  petites  quantités  dans  divers 
végétaux,  et  plusieurs  autres  savants.  Rappelons  encore  la  betterave, 
lù  le  nitre  est  signalé  depuis  plus  d'un  demi-siècle  par  les  tabricants 
de  sucre,  à  tel  point  que  le  service  des  poudres  et  salpêtres,  guidé  par 
les  travaux  de  M.  Corenwinder  et  par  ceux  de  M.  Faucher,  a  même 
cherché,  dans  ces  dernières  années,  à  l'utiliser  comme  agent  produc- 
teur du  salpêtre. 

Les  travaux  que  je  poursuis  jettent  une  lumière  sur  cette  question, 
qui  intéresse  au  plus  haut  degré  la  défense  nationale. 

Exposons  d'abord  les  expériences  qui  généralisent  l'existence  végé- 
tale du  salpêtre.  Voici  comment  j'opère.  Je  prends  un  poids  do  plante 
s'élevant  à  200  gr.  ou  300  gr.  (sauf  pour  les  plantes  riches  en  salpê- 
tre). J'en  fais  un  extrait  aqueux",  que  j'évapore  au  bain-marie  et  que 
je  reprends  par  un  mélange  d'alcool  et  d'eau.  J'évapore  de  nouveau 
pour  chasser  l'alcool,  et  je  dose  les  azotates  par  le  procédé  Schlœsing, 
c'est-à-dire  en  changeant  les  azotates  en  bioxyde  d'azote,  dont  on 
mesure  le  volume  en  l'absorbant  par  le  sulfate  ferreux  "'.  On  en  déduit 
le  poids  de  l'azotate  de  potasse.  Ce  procédé  est  le  seul  tout  à  fait  cor- 
rect et  décisif  qui  ait  été  étudié  jusqu'ici. 

On  a  parfois  déduit  le  poids  de  l'azotate  et  celui  du  carbonate  alcalin 
obtenu  par  l'incinération  du  végétal  ;  mais  ce  procédé  est  tout  à  fait 
inexact,  une  dose  considérable  de  potasse  existant  toujours  sous  d'au- 
tres formes  que  celle  d'azotate  dans  les  plantes. 

Le  procédé  qui  consiste  à  [changer  l'azotate  en  ammoniaque,  en  le 
réduisant  au  moyen  du  fer  et  du  zinc,  expose  aussi  à  de  graves  erreurs, 
à  cause  de  la  coexistence  des  principes  amidés  dans  les  plantes. 

Peut-être  l'ingénieux  procédé  présenté  dans  la  dernière  séance,  par 
M.  Chevreul,  au  nom  de  MM.  Arnaud  et  Padé,  procédé  fondé  sur  l'in- 
solubilité de  l'azotate  de  cinchonamine,  fournira-t-il  dans  ces  études 
des  ressources  nouvelles,  lorsque  nous  pourrons  disposer  de  quantités 
convenables  de  cet  alcaloïde. 

Disons  d'abord  que  les  azotates  doivent  être  recherchés  de  préfé- 
rence dans  la  tige  des  végétaux,  siège  principal  de  leur  production. 
C'est  ce  que  montrent,  par  exemple,  les  analyses  suivantes,  faites  vers 
le  début  de  la  végétation. 

Amaranlus  caudatus  (mai).  —  Une  plante  sèche  pèse  0e'.61O  :  la  tige    ren- 

1.  Fundameiita  chyniin',  pars  II,  p.  105;  Nurembei-g,  1774. 

2.  Quand  le  jus  est  acide,  par  exception,  je  le  neutralise  exactement  avec  du  carbonate  de 
potasse. 

3.  L'acide  carbonique,  tjui  existe  parfois  dans   le  mélange,  doit  être  absorbé  au  préalable  par 
la  potasse,  et  cela  très  soigneusement. 


PRÉSENCE  UNIVERSELLE  DES  AZOTATES  DANS  LE  RÈGNE  VÉGÉTAL.      177 

ferme  un  poids  d'azotate  é,£;al  àOB^0204;  la  racine,  O"'. 0039  ;  les  feuilles,  Û-'. 0024. 
Ces  poids  rapportés  en  millièmes  à  chacune  des  portions  correspondantes  envi- 
sagée isolément,  donnent  :  tige,  83»'. 8;  racine,  58«^6  ;  feuilles,  8'!"'.2. 

Amarante  à  feuilles  rouges,  naine  (mai).  —  Une  plante  sèche,  08'",518:  tige, 
0K^0054;  racine,  Os^0011;  feuilles,  0.00036. 

Borrago  of/icinalis  (mai).  — Une  plante  sfeche,  1«'.4195  :  lige,  O^^oaTO;  racine, 
0fc"-.0026:  feuilles,  Os-'.OOSS. 

Grande  consoude.  — Pour  1,000  de  plante  sèche  :  tige,  08M60  ;  racine,  0s''.044; 
feuilles  et  fleurs,  08^00. 

Luzerne.  —  Une  plante  sèclie,  0s''.616  :  tige,  O^''. 00018;  racine,  nul  ou  inap- 
préciable ;  feuilles,  nul. 

Triticum  sativum.  Blé  (mai).  —  Une  plante  sèche.  l^^SS  :  tige,  08''.00170; 
feuilles,  0-''.00023  ;  racines,  O-^DOOSl. 

Aliéna  Saliva.  Avoine  (mai).  —  Une  plante  sèche,  2-''.80  :  tige,  C"''.0032: 
racines,  0»'^0009;  feuilles,  0.0011. 

Je  reviendrai  sur  ce  point  :  mais  j'ai  dû  en  parler  d'abord,  pour 
expliquer  le  choix  que  j'ai  fait  des  tij>;es  dans  mes  analyses.  Celles-ci 
ont  été  exécutées  sur  des  familles  assez  variées  pour  permettre  de 
généraliser  les  résultats;  la  plupart  ont  porté  sur  des  plantes  non 
examinées  jusqu'ici  ;  on  a  dû  y  comprendre  aussi,  pour  opérer  métho- 
diquement, quelques  végétaux  dans  lesquels  les  azotates  ont  déjà  été 
signalés. 


Hypnum  triqiieti-am  (Mousses) •> 

Equisetum  telmateia  (Equisétaoées) Tiges 

Pteris  aquilina  (Fougères) — 

Sclrpus  lacustns  i  Cy péracées) — 

Juncus  coiiglomeratus  (.loncées) — 

Asparagus  ofticinalis.  .asperges  (Liliacées)  ...  — 

Scilla  nutans.  Jacinthe  des  bois  (Liliacées). . . .  Bulbes 

Dacij'lis  glomerata  (Graminées) Tiges 

Triticum  sativuui.  Blé  (Graminées) — 

Le  même.  Hut  jours  après — 

Avena  saliva.  Avoine  (Graminées) — 

Le  même.  Huit  jours  après — 

Pinus  sylvestris  (Conifères) Jeunes  pousses. 

Prunus  domestica.  Prunier  (Rosacées) — 

Pyrus  communis.  Poirier  (Rosacée.s) — 

Papaver  Rlieas.  Coquelicot  (Papavéracées) Tiges 

Chelidonium  majus  (Papavéracées) — 

Solanumtuberosum.Pommesdeterre  (Solanées)  — 

Bryonia  dioica.  Bruyone  (Cucubitacées] — 

Plantago  lanceolata.  Plantain  (Plantagmées)...  — 

Lychnis  dioica  (Caryophillées) — 

Galium  aparine  (Rubiacées) — 

Cherophyllum  temulum.  Cerfeuil  (Ombellifères)  — 

Euphorbia  Cyparistias  (Eupborbiacées) — 

Géranium  robertianum  (Géraniacées) — 

Senecio  vulgaris.  Séneçon  (Composées) ■     — 

Tanacetum  vulgare.  Tanaisie  (Composées) — 

Urtica  dioica.  Ortie  (Urticacées) — 

Lamium  album    Drtie  blanche  (Labiées) — 

Reseda  lutea.  Gaude  (Résédacées) . .  — 

Brassica  aljja.  Moutarde  blanche  (Crucifères)  .  — 

Rumex  acetosa,  Oseille  (Polygonées) — 

Id.                 id.            id.           Feuilles....... 

Ranunculus  acris  (Renonculacées) Tiges 

Trifolium  pratense.  Trèfle  (Légumineuses) ....  — 

Ainsi,  presque  tous  les  végétaux  contiennent  des  azotates,  au  moins 
pendant  une  certaine  période  de  leur  végétation  ;  aussi  bien  les  Dico- 
tylédones que  les  Monocotylédones  et  les  plantes  des  autres  classes 
(Mousses,  Fougères,  Equisétacées,  etc.)  ;  aussi  bien  les  plantes  ter- 
restres que  les  plantes  aquatiques;  aussi  bien  les  plantes  annuelles 
que  les  plantes  vivaces  et  les  arbres  mêmes  (Pin,  Prunier,  Poirier),  à 
la  condition  d'opérer  sur  les  pousses  de  l'année.  La  proportion  des 


AZOTATE 

DE  POTASSE 

POUR  1, 

000  P.XRTIES. 

Plante  sèche. 

Plante  humide. 

0.055 

0.050 

0.360 

0.066 

0.300 

0.053 

0.049 

0.012 

0.180 

0.065 

0.300 

0.044 

0.077 

0.024 

0.110 

0.024 

27.8 

4.40 

11.20 

2.10 

9..T 

1.03 

17.6 

2.80 

0.21 

0.049 

0.12 

0.026 

0.15 

0.043 

31.6 

1.60 

2.2 

0.24 

15.4 

1.06 

3S.3 

2.10 

0.77 

0.15 

1.90 

0.230 

0.10 

0.012 

0.18 

0.020 

traces 

,. 

7.0 

0.780 

0.49 

0.071 

0.75 

0.076 

12,60 

I.SOO 

0.19 

0.033 

5.90 

0.740 

2.80 

0.480 

0.38 

0.042 

0.15 

0.018 

traces 

. 

traces 

1. 

178  PRÉSENCE  UNIVERSELLE  DES  AZOTATES  DANS  LE  RÈGNE  VÉGÉTAL. 

azotates,  constatée  par  un  procédé  d'analyse  rigoureux,  varie  d'ailleurs 
depuis  des  quanlilés  presque  nulles  jusqu'à  15  raillièraes  dans  la 
Pomme  de  terre,  28  millièmes  dans  le  Blé,  et  même  150  millièmes 
dans  certains  Amarantus,  à  des  périodes  convenables  de  la  |végétation. 
Je  me  borne  à  signaler  aujourd'hui  ces  variations,  dont  je  présenterai 
bientôt  l'étude  approfondie.  Bekthelot, 

Membre  de  l'Acudémie  des  sciences. 

SÉLECTION  l'IT  ÉLEVAGE  DU  BÉTAIL  A  LAIT 

Voilà  le  titre  choisi  par  M.  Tisdall  pour  le  mémoire  magistral  qu'il 
a  lu  devant  le  Congrès  laitier  de  Gloucester.  Ce  travail  se  divise  eu 
deux  parties  distinctes,  l'une  traitant  du  lait,  1  autre  de  la  viande.  Ces 
deux  sections  du  sujet  sont  distinctes,  mais  elles  sont  étroitement 
connexes,  car  une  vache  laitière,  quelque  abondant  que  soit  son  ren- 
dement en  lait,  est  fatalement  destinée  à  l'étal  du  boucher,  et  il  im- 
porte qu'elle  y  arrive  avec  tous  les  avantages  d'une  aptitude  à  l'en- 
graissement, sans  quoi  elle  serait  privée  d'un  des  plusprécieux  avantages 
de  soM  élevage  et  de  son  entretien.  II  faut,  en  un  mot,  qu'une  bonne 
vache  laitière  continue  à  produire  un  bénéfice  au  nourrisseur,  après 
que  les  sources  de  celui  produit  par  son  rendement  en  lait,  se  sont 
taries.  C'est  alors  que  le  rendement  en  viande  doit  venir  couronner 
sa  lucrative  et  féconde  existence,  en  donnant  par  sa  réalisation  à  l'étal, 
sinon  la  totalité,  du  moins  une  grande  partie  de  ce  qu'elle  aura  coûté. 
Ce  résultat  ne  peut  s'obtenir  que  par  une  aptitude  de  race  à  l'en- 
graissement, c'est-à-dire  à  l'assimilation  complète  et  active  de  la 
nourriture  qu'on  lui  donne,  et  à  sa  conversion  rapide  en  graisse  et  en 
viande. 

M.  Tisdall,  au  début  de  son  mémoire,  pose  nettement  la  question. 
Lorsque,  dit-il,  un  accroissement  de  la  population,  mieux  instruite, 
ayant  à  sa  disposition  plus  d'argent,  avec  une  inclination  plus  accentuée 
à  le  dépenser  largement  pour  satisfaire  des  besoins  plus  grands  dans 
la  famille,  et  lorsque,  parmi  ces  demandes  agrandies,  celle  des  produits 
de  l'industrie  laitière  est  devenue  l'une  des  plus  impérieuses  et  des 
plus  insatiables,  la,question  surgit  de  savoir  comment  les  agriculteurs 
laitiers  de  l'Angleterre  [)ourrout  l'aire  face  à  cette  demande,  en  lui  offrant 
de  quoi  la  satisfaire.  Nous  avons,  ajoute-t-il,  à  nos  portes,  chez  nous, 
à  notre  portée  immédiate,  un  marché  pour  tous  les  produits  les 
plus  lucratifs  de  l'industrie  agricole,  sur  lequel  les  étrangers,  mal- 
gré la  distance  et  les  frais  de  transport  qui  en  résultent,  viennent 
nous  faire  une  concurrence  écrasante.  Il  s'agit  donc  de  déterminer  si 
nous  pouvons  prévenir  ces  concurrents  redoutables  et  recueillir  les 
fruits  de  cette  demande  sur  notre  propre  marché,  en  ce  qui  regarde 
les  produits  laitiers,  avant  que  l'étranger  ne  s'empare  tout  à  fait  de 
cette  branche  de  notre  industrie  agricole,  comme  il  menace  de  le 
faire  pour  la  viande. 

La  première  considération  doit  être  celle  de  la  sélection  des  races, 
qui  peuvent  nous  permettre  de  fournir  à  la  consommation  iles  produits 
laitiers  en  plus  grande  quantité  et  d'une  qualité  supérieure,  avec  avan- 
tage pour  nous-mêmes,  comme  producteurs,  et  pour  nos  clients,  comme 
consommateurs. 

M.  Tisdall  se  montre  surtout  en  faveur  de  la  qualité  des  produit  :  si 
je  puis  risquer  une  prophétie,  dit-il,  la  qualité  de  nos  produits  devien- 


SÉLECTION   ET  KLEVAGE  DU  BÉTAIL  A  LAIT.  179 

drâ  un  facteur  tout  aussi  important  que  celui  de  la  quantité,  dans  notre 
industrie  laitière.  Depuis  cinq  ans,  au  sein  de  l'Association  des 
ierniiers-laitiers  de  l'Auiileterre  on  poursuit  des  expériences  analytiques 
instituées  dans  ses  concours  d'Jslinj^ton,  lesquelles  aboutiront  peut-être 
à  la  solution  de  ce  problème.  C'est  le  savant  D''  Augustus  Vodcker  qui 
est  cbargé  de  ces  analyses.  Ces  reclierclies  ont  pour  but  d'aider  un 
Comité,  nommé  à  cet  effet,  à  déterminer  la  valeur  productive  en  lait 
et  en  beurre,  des  animaux  inscrits  comme  concurrents,  dans  les 
diverses  catégories  pour  les  prix  offerts.  Ces  expériences  ont  été  jus- 
qu'à présent  si  constantes  dans  leurs  résultats,  et  si  bien  adaptées  au 
but  rechercbé  qu'elles  oiï'rent  déjà  une  base  solide  pour  permettre  de 
formuler  une  conclusion  incontestable. 

Les  expériences  se  sont  faites  sur  les  vaches  laitières  comprises 
dans  les  classes  des  races  les  plus  renommées  pour  leurs  qualités  lai- 
tières, telles  que  la  race  hollandaise  et  du  Holstein,  d'Ayr,  races  croi- 
sées, race  durham  et  race  des  îles  de  la  Manche.  Outre  les  prix 
oiï'erts  pour  les  vaches  de  chaque  race,  donnant  la  plus  grande  quan- 
tité de  lait,  contenant  la  plus  grande  proportion  de  matière  solide, 
eu  égard  au  temps  écoulé  depuis  la  parturition,  on  a  offert  un  prix 
d'honneur  à  l'animal,  quelle  que  fût  sa  race,  présentant  au  plus  haut 
degré  les  qualités  requises  pour  une  vache  laitière,  c'est-à-dire  à  la 
meilleure  vache  laitière  pouvant  être  considérée  comme  type  de  per- 
fection. 

Les.  chiffres  suivants  indiquent  le  poids  du  lait  donné  par  chaque 
vache  dans  vingt-quatre  heures,  avec  la  proportion  de  beurre  et  de 
matière  solide  existant  dans  le  lait. 

Rendement  de  vaches  laitières  concourant  pour  les  prix  offerts  dans  les 
concours  de  f Association  des  fermiers  d'Angleterre^  tenus  à  Islinglon, 
dans  les  années  de  ]819  à  1883  inclusivement  : 

Nombre  Lai;,  Matières 

Races.  des  échantillons       Poids  en  livres      Matières  grasses. 

analysés.  anglaises,  453  gr.  solides. 

Pour  100.  Pour  100. 

Durham 23  44.91  3.79  12.7 

.lersey 19  29.27  4.26  Vi.6 

Guernesey 10  2.T.49     ,  4.80  14.09 

Hollandaise 6  4(5.99  2.97  11.8 

Races  croisées 3  51. 6t)  3.13  12.31 

On  pourrait  objecter  à  ces  expériences  qu'elles  ont  été  faites  sur  des 
animaux  choisis,  possédant  des  qualités  exceptionnelles,  flgurant  dans 
des  concours  s()éciaux  et  n'offrant  par  conséquent  que  des  termes  de  com- 
paraison particuliers,  ne  donnant  qu'une  idée  restreinte  et  exception- 
nelle n'ayant  qu'un  rapport  éloigné  avec  la  généralité.  Pour  répondre 
à  cette  objection,  M.  Tisdall  remarque  qu'avant  d'appliquer  les  résultats 
indiqués  dans  le  tableau  ci-dessus,  il  convient  de  les  comparer  avec 
les  rendements  obtenus  par  les  propriétaires  de  grands  troupeaux  lai- 
tiers, alin  de  vérifier  si  ces  rendements  des  vaches  de  concours  sont  con- 
formes à  ceux  qui  sont  constatés  dans  les  grands  troupeaux,  là  où  la 
production  du  lait  a  lieu  sur  une  grande  échelle,  et  dans  des  circon- 
stances diverses  d'alimentation  et  de  climat. 

Voici  donc  quelques  exemples  cités  par  M.  Tisdall  : 
Race  durham.  —  M.  Wright,  de  Chipstead,  dans  le  comté  de  Surrey, 
obtient    de  60  vaches,    pur   sang   durham,   un  rendement  annuel  et 
par  tète,  de  780  gallons  (le  gallon  est  de  4  litres  55  centilitres),  et 


180  SÉLECTION  ET  ÉLEVAGE  DU  BÉTAIL  A  LAIT. 

dans  une  seconde  ferme  appartenant  au  même  cultivateur,  on  a  con- 
staté un  rendement  de  650  gallons,  d'un  nombre  égal  de  vaches  de 
même  race. 

M.  Cellsbrook,  de  Notts,  a  enregistré  690  gallons  par  tète  de  race 
durham  pour  la  saison  de  neuf  mois,  dans  le  comté  de  Derbyshire. 

Sur  la  ferme  de  lord  Warwick,  on  a  enregistré  735  gallons  pax'  tête 
pour  un  troupeau  également  composé  de  50  vaches  durham,  pour  une 
période  de  dix  mois. 

Au  concours  laitier,  en  1880,  à  Islington,  pour  adjuger  le  grand 
prix  laitier,  on  fit  constater  sur  la  propre  ferme  de  M.  Tisdall,  le  ren- 
dement de  60  vaches  durham,  et  pour  une  période  de  dix  mois  et  trois 
semaines,  on  obtint  la  constatation  rigoureusement  établie  de  948  gal- 
lons par  tête.  En  ce  qui  regarde  cet  exemple  remarquable  d'abondante 
sécrétion  laitière,  il  est  juste  d'observer  que  ce  grand  troupeau  avait 
une  nouri'iture  abondante,  et  que,  pour  obtenir  un  rendement  ma- 
ximum, on  avait  choisi  les  60  meilleures  laitières  du  troupeau. 

Race  de  Jersey.  —  Dans  le  trente-sixième  volume  du  Journal  de  la 
Société  royale  d' Angleterre,  le  D"'  Sturtevant  a  publié  un  travail  fort 
remarquable  sur  cette  race,  au  cours  duquel  il  cite  la  ferme  de  M.  Bur- 
nett,  où  il  existe  un  très  grand  troupeau  de  cette  race.  Là,  se  trouve 
constaté  le  rendement  suivant.  Dans  une  période  de  sept  ans,  de  1 873 
à  1879,  le  rendement  moyen  atteignait  le  chiffre  de  605  gallons  par 
tête  et  par  an.  Le  rendement  ordinaire  peut  être  fixé,  de  450  à  550 
gallons.  Le  troupeau  de  M.  George  Simpson  à  Coray-Park  Reigate,  dans 
le  comté  de  Kent,  donne  un  rendement  moyen  de  500  à  520  gallons, 
chift're  qui,  on  le  voit,  peut  être  considéré  comme  le  rendement  ordi- 
naire de  cette  race,  ce  qui  correspond  du  reste  avec  le  résultat  moyen  ob- 
tenu dans  les  analyses  faites  aux  concours  d'Islingtan.  La  race  de 
Guernesey,  d'après  l'expérience  générale  acquise,  ne  paraît  pas  différer 
beaucoup  de  celle  de  Jersey,  et  par  conséquent  on  peut  accepter  le  ré- 
sultat des  expériences  faites  dans  les  concours  laitiers  d'islington, 
c'est-à-dire  un  rendement  de  450  gallons  comme  une  moyenne  absolu- 
ment correcte. 

Race  hollandaise.  — D'après  M.  Jenkins,  l'éminent  secrétaire  de  la 
Société  royale  d'agriculture  de  l'Angleterre,  dont  les  travaux  sur  l'in- 
dustrie et  sur  les  races  laitières  du  continent,  offrent  un  intérêt  si 
grand  et  forment  un  appoint  si  considérable  à  l'utilité  pratique  des 
derniers  numéros  du  journal  de  cette  Société,  une  laiterie  compo- 
sée de  500  vaches  hollandaises  à  Holedy,  Danemark,  donne  un 
rendement,  par  jour,  de  1,1 00  gallons,  c'est-à-dire  une  moyenne  d'en- 
viron 10  litres  par  tête.  M.  Jenkins  cite  un  autre  troupeau  de  36  va- 
ches qui  a  donné  638  gallons  en  1868  et  661  gallons  en  1872.  Le 
même  auteur  cite  un  troisième  exemple  d'un  rendement  de  660  gallons 
par  an.  Il  résulte  donc  de  ces  expériences  qu'on  peut  attribuer  à  la  race 
hollandaise  un  rendement  annuel  moyen  de  650  gallons. 

En  ce  qui  regarde  les  croisements,  les  observations  faites  au  concours 
d'islington  ont  mis  en  évidence  ce  fait  que  l'élément  durham  mâle 
allié  aux  vaches  laitières  des  meilleures  races,  telle  que  la  race  hollan- 
daise, par  exemple,  tout  en  conservant  toute  la  puissance  de  la  sécré- 
tion laitière  quant  à  la  quantité,  en  relève  singulièrement  la  qualité. 
Ce  fait,  au  dernier  concours,  a  été  mis  en  évidence  par  les  vaches  de 
race  durham-hollandaise  exposées    sons' les  numéros  102,  73  et  82. 


SÉLECTION  ET  ÉLEVAGE  DU  BÉTAIL  A  LAIT.  181 

L'emploi  d'un  taureau  durham  même  avec  les  races  les  moins  laitières, 
produit  un  effet  surprenant  chez  les  vaches  issues  de  ce  croisement. 
M.  Tisdall  cite  un  exemple  frappant  de  ce  fait  important  :  trois  vaches 
du  même  troupeau  ayant  un  quart  de  sang  Hereford,  et  trois  quarts  de 
sang  durham,  ont  donné  ce  rendement  remarquable  moyen  de  plus  de 
15  litres  de  lait  par  jour  pendant  une  période  de  près  de  dix  mois,  et 
leur  lait  était  d'une  qualité  supérieure  àceluide  la  race  hollandaise  pure. 

M.  Tisdall  remarque  qu'il  y  a  dans  le  Royaume-Uni  d'autres  races 
laitières  qui  sont  justement  estimées  dans  les  localités  où  elles  fleuris- 
sent, c'est-à-dire  au  milieu  de  circonstances  locales  où  elles  sont  à 
leur  place;  telles  sont  les  races  de  Kerrij  en  Irlande,  de  Ayrsliire  en 
Ecosse,  de  Pembroke,  dans  le  Pays  de  Galles,  du  iSor folk  sans  cornes,  etc., 
mais  pour  l'objet  principal  de  l'étude  dont  il  donne  les  résultats  dans 
son  remarquable  mémoire,  il  croit  devoir  limiter  ses  observations  aux 
races  principales,  c'est-à-dire  à  la  race  durham,  à  celles  des  îles  de  la 
Manche  et  à  la  race  hollandaise. 

Il  s'agit  maintenant  de  coordonner  les  chiffres  indiqués  par  les  re- 
cherches et  les  analyses  faites  au  concours  d'Islington,  afin  d'arriver 
à  une  conclusion  pratique,  et  déterminer  quelle  est,  en  somme,  la  race 
la  plus  lucrative  au  point  de  vue  du  rendement  en  lait.  Plus  tard 
M.  Tisdall  examinera  l'économie  générale  de  l'élevage  de  ces  races,  en 
ajoutant  à  cette  source  principale  de  profit,  celle  de  la  viande,  laquelle 
possède  aussi  une  grande  importance;  car,  comme  je  l'ai  dit,  toutes  les 
bêtes  bovines,  quelles  que  soient  leur  race  et  leur  aptitude  spéciale, 
doivent  fatalement  aboutir  à  l'étal  du  boucher. 

D'après  ce  qui  précède,  c'est-à-dire  d'après  les  expériences  faites  sur 
le  rendement  en  lait  des  vaches  exposées  aux  concours  laitiers  d'Is- 
lington, expériences,  corroborées  par  les  exemples  puisés  dans  la  prati- 
que journalière  des  grandes  fermes  laitières  situées  dans  des  conditions 
variées,  de  localités  et  de  climats  divers,  on  est  fondé  à  fixer  comme 
suit,  le  rendement  respectif  en  lait,  des  races  : 

Rendement  du  lait 
par  télé  et  par  an. 

Race  durham 700  gallons. 

Race  de  Jersey '  520      — 

Race  de  Guernesey    470      — 

Race  hollandaise 650      — 

On  voit  que  les  chiffres  pris  surtout  dans  les  grands  troupeaux,  et 
puisés  aux  sources  les  plus  authentiques,  coïncident  singulièrement 
avec  ceux  qui  résultent  des  expériences  faites  dans  les  concours  d'Isling- 
ton. Ces  chiffres,  par  conséquent,  peuvent  servir  de  base  pour  détermi- 
ner les  quantités  moyennes  ;  car  on  peut  affirmer  que  cette  base,  étant 
confirmée  par  les  données  de  la  pratique,  est  suffisament  exacte  pour 
qu'on  puisse  établir  sur  une  application  des  conclusions  irréfutables. 

M.  Tisdall  donne  ensuite  un  tableau  indiquant  la  valeur  commer- 
ciale du  produit  annuel  de  chaque  race,  comme  lait,  comme  beurre  et 
comme  fromage.  Voici  ce  tableau  : 

QuantitL*  Valeur  commerciale  Valeur  Valeur 

moyenne  de  lait  comme  beurre  comme  fromage  comme  lait 

Races.                       par  vache  à  1  fr.  80  la  livre  à  9i  fr.  à  1  fr. 

et  par  an.  poids  anglais,  453  gr.  les  w  kilog.  le  gallon. 

Gallons.  Fr.                              Fr.                                Fr. 

Durham 700  637.50  616-25  656.25 

Jersey 520  434.35  431. 2.î  487.50 

Guernesey 460  406.25  40875  431.25 

Hollandaise 650  405.00  498.75  611.25 


182  SÉLECTION  ET  ÉLEVAGE   DU  BÉTAIL  \  LAIT. 

Il  est  impossible,  s'écrie  M.  Tisdall,  de  ne  pas  conclure,  d'après  ce 
qni  précède,  que  c'est  la  vache  durham  qui,  toutes  choses  égales  d'ail- 
leurs, est,  au  point  de  vu3  de  la  production  du  lait  et  des  sous-pro- 
duits de  celui-ci,  tels  que  le  beurre  et  le  fromage,  la  plus  généreuse 
et  la  plus  lucrative  qu'on  puisse  élever  et  nourrir.  Quand  à  cette  su- 
périorité incontestable,  comme  on  le  verra  ci-après,  s'ajoute  la  supé- 
riorité de  la  race  durham  comme  race  de  boucherie,  on  ne  peut  s'empê- 
cher de  conclure,  comme  M.  Tisdall  le  fait,  en  faveur  de  la  race  durJiam. 
Car  je  l'ai  toujours  soutenu  même  en  face  des  préjugés  les  plus  incom- 
préhensibles et  les  moins  fondés  qui  existent  en  France  contre  les  qua- 
lités laitières  de  cette  race  supérieure  et  privilégiée,  c'est  elle  qui,  de 
toutes  les  races  à  lait,  remplit  le  mieux  et  le  plus  complètement  l'idéal 
de  la  vache  à  lait.  Je  répétais  tout  à  l'heure,  avec  M.  Tisdall  la  reserve: 
toutes  choses  égales  d'ailleurs.  Mais  l'égalité  des  conditions,  je  puis 
l'affirmer  d'après  ma  longue  expérience,  n'existe  plus  si  l'on  compare 
la  puissance  d'assimilation  de  la  nourriture  chez  les  animaux  de  race 
Durham  avec  celle  des  autres  races.  Les  animaux  de  race  durham  se 
nourrissent  et  s'engraissent  là  où  ceux  des  autres  races  et  surtout  ceux 
de  la  race  Hollandaise,  s'étioleraient  et  maigriraient.  11  y  a  donc  de 
ce  chef  une  très  grande  économie  dans  la  production  du  lait  et  de  la 
viande,  en  comparaison  avec  les  autres  races. 

Là  où  de  riches  propriétaires  exigent  un  lait  fort  riche  en  crème  ou 
du  beurre  d'une  saveur  exceptionnelle  et  d'une  couleur  jaune  d'or,  les 
races  des  îles  de  la  Manche  conviennent  le  mieux,  mais  ce  n'est  pas 
.seulement  pour  satisfaire  la  préférence  de  certains  gourmets,  que 
l'agriculteur  laitier  doit  rechercher  la  meilleure  race  qui,  par  ses 
produits  plus  abondants,  moins  coûteux  et  à  une  nuance  près  d'une 
saveur  tout  aussi  exquise,  lui  permet  de  payer  la  rente  et  de  réaliser 
un  bénéfice  légitime  de  l'emploi  de  son  capital.  M.  Tisdall,  dans 
le  dernier  tableau  qu'il  nous  donne,  met  en  évidence,  toutes  choses  éf/a- 
les  cf  ailleurs,  ce  fait  indéniable  que  le  rendement  des  vaches  duriiam, 
en  ne  considérant  que  la  production  laitière,  est  commercialement  s\i- 
périeur  à  celui  des  autres  races  même  les  plus  renommées. 

Un  autre  fait  très  important  ressort  des  chiffres  donnés  par  M.  Tis- 
dall :  c'est  que  le  sang  durham  infusé  dans  celui  des  autres  races  lai- 
tières, non  seulement  tend  à. augmenter  la  quantité,  mais  agit  aussi 
très  favorablement  sur  la  qualité.  On  peut  donc  conclure  avec  M.  Tis- 
dall, que  lorsqu'il  s'agit  de  pourvoira  la  consommation  des  villes,  les 
croisements  durham-hollandais  donnent  d'excellents  résultats  pratiques 
en  ce  que  ces  animauxdemandentnaturellementune  mise  de  fonds  bien 
moins  considérable  lorsqu'il  s'agit  de  former  une  élable,  qu'avec  des 
Durham  pur  sang  qui  demandent  naturellement  un  capital  plus  consi- 
dérable. Mais  ces  animaux  croisés,  quelque  moins  coûteux  qu'ils  soiant, 
comme  premier  établissement,  restent  toujours  inférieurs  à  la  race  du- 
rham au  point  de  vue  de  l'engraissement  ûnal  que  nous  allons  mainte- 
nant considérer. 

Ce  qu'il  y  a  de  plus  pratique  et  de  plus  avantageux  à  faire,  c'est 
donc  de  se  procurer  toujours  un  bon  taureau  durham  de  sang  très  pur  ; 
les  reproducteurs  mâles  de  snng  mêlé  font,  en  somme,  plus  de  mal  que 
de  bien.  A  la  longue,  les  défauts  de  la  femelle  reprennent  le  dessus 
dans  les  produits,  car  elles  possèdent  une  force  d'atavisme  que  le  croi- 
sement a  détruite  chez  les  reproducteurs  mâles.  Ceux-ci  ne  possèdent 


SÉLECTION   ET  ÉLEVAGE   DU  BÉTAIL  A  LAIT. 


183 


plus  cette  prépondérance  qui  imprime  aux  produits  le  caractère  et  les 
qualités  que  l'on  recherche  dans  un  taureau.  Le  sang  dilué  par  l'ad- 
mission d'un  sang  bâtard  chez  la  femelle,  ne  peut  plus  transmettre  aux 
produits  qu'un  caractère  alTaibli,  ne  pouvant  plus  résister  à  l'influence 
défectueuse  du  sang  de  la  mère.  C'est  cette  considération  qui  m'a  fait 
toujours  désapprouver  la  catégorie  des  taureaux  croisés  dans  nos  con- 
cours régionaux.  Au  lieu  d'êlreun  avancement  vers  les  progrès,  c'est  un 
véritable  reculement.  Le  mâle  de  sang  mêlé,  à  quelque  race  qu'il  appar- 
tienne, n'est  avantageux  que  pour  l'abattoir.  En  n'employant  que  des 
taureaux  pur  sang  durham  dans  les  vacheries  les  moins  homogènes 
comme  races,  quand  même  ces  races  seraient  les  plus  diverses  et  les 
moins  recommandables,  on  finira  toujours  par  former  un  bon  troupeau 
de  vaches  laitières,  et  au  bout  de  quelques  générations,  le  caractère  et 
les  qualités  supérieures  de  la  race  durham  finiront  par  prévaloir. 
{La  suite  prochainemenl.)  F. -H.  de  la  Tréhonnais, 

LOCOMOBILE  DU  SYSTÈME  BUZELIN 

Les  machines  à  vapeur  locomobiles  sont  maintenant  d'une  applica- 
tion si  courante,  en  agriculture  comme  en  industrie,  qu'un  grand  nom- 
bre de  constructeurs  se  sont  créés,  et  que  tous  produisent  des  types 
où  la  simplicité  des  organes  et  la  bonne  construction  en  font  des  outils 


Fiy.  9.  —  Machine  à  vapeur  locomoljile,  construite  par  M.  Buzelin. 


qu'on  peut  sans  crainte  mettre  entre  les  mains  des  ouvriers  les  moins 
expérimentés.  Le  type  que  nous  représentons  par  la  fig.  9  peut  être  si- 
gnalé aux  agriculteurs  pour  sa  simplicité  et  le  fini  de  son  exécution.  Le 
mécanisme  proprement  dit  est  absolument  indépendant  de  la  chaudière. 


184  LOCOMOBILE  BUZELIN. 

et  ses  dispositions  sont  telles  que  peu  de  jours  suffisent  à  un  ouvrier 
pour  savoir  le  conduire  avec  intelligence.  Il  est  monté  sur  un  bâti  en 
fonte,  ce  qui  permet  de  le  détacher  de  sa  chaudière,  et  d'en  faire  à  vo- 
lonté une  machine  fixe.  Un  récliauffeur  se  trouve  installé  dans  le  hàti, 
il  est  très  simple  à  démonter^  et  son  action  élève  la  température  de  l'eau 
arrivant  à  la  chaudière  jusqu'à  90%  d'où  une  économie  très  sensible 
dans  la  consommation  du  combustible. 

La  chaudière  est  construite  en  tôle  de  choix,  et  des  autoclaves  sont 
disposés  de  façon,  à  rendre  le  nettoyage  très  facile.  La  surface  de  grille 
est  très  grande  et  le  foyer  spacieux,  ce  qui  permet  d'y  brûler  toute  es- 
pèce de  combustible.  Enfin  la  surface  de  chauffe  est  aussi  très  grande, 
et  la  chaudière  tubulaire  vaporise  rapidement  et  sans  consommation 
exagérée.  • 

Les  glissières  des  tiges  de  tii'oir  et  de  piston  sont  cylindriques  et 
maintiennent  l'horizontalité  de  ces  tiges,  tout  en  ne  produisant  que  des 
frottements  très  faibles,  grâce  à  la  bonne  disposition  adoptée  par  M.  Bu- 
zelin. 

Le  prix  de  ces  excellentes  machines,  est  d'ailleurs  aussi  réduit  qu'il 
est  possible  pour  donner  au  consommateur  de  bons  appareils  qui  ne 
nécessitent  pas  de  continuelles  réparations.  Pourquatre  chevaux  ce  prix 
est,  avec  train  de  roues,  de  4,300  fr.  et  pour  six  chevaux  de  5,800  fr.; 
le  constructeur,  M.  Buzelin,  demeure  aux  Lilas,  près  Paris. 

Charpentier. 

FOSSÉ  SÉPARÂTIF  DE  DEUX  HÉRITAGES 

MITOYENNETÉ. 

Aux  termes  de  la  loi,  tout  fossé  creusé  de  main  d'homme,  qui 
sépare  deux  héritages  appartenant  à  des  propriétaires  différents,  est 
réputé  mitoyen.  La  question  s'est  bien  souvent  posée  devant  les  tribu- 
naux de  savoir  quelle  est  la  force  de  cette  présomption  légale.  Une 
jurisprudence  constante  déclare  qu'elle  ne  peut  être  combattue  que  par 
la  preuve  littérale  de  la  non-mitoyenneté,  par  la  preuve  de  la  possession 
exclusive,  pendant  trente  ans,  du  fossé  présumé  mitoyen,  enfin  par 
l'existence  de  signes  matériels  constituant  les  marques  de  non 
mitoyenneté. 

La  Cour  de  Bourges,  dans  un  arrêt  du  7  mai  1884,  décide,  en  ce  qui 
touche  la  preuve  littérale,  que,  pour  pouvoir  valablement  invoquer  un 
titre  destiné  à  combattre  directement  une  présomption  de  mitoyenneté, 
il  faut  que  ce  titre  soit  commun  aux  deux  parties  ou  à  leurs  auteurs. 

Cette  théorie  est  certainement  fort  juridique.  En  effet  un  titre  qui 
n'est  pas  commun  aux  deux  parties  reste  inefficace  à  l'égard  de  la 
partie  qui  n'y  a  pas  figuré,  parce  qu'il  ne  saurait  modifier  ou  détruire 
la  présomption  de  mitoyenneté  qui  équivaut  à  un  titre  pour  cette  der- 
nière. L'une  des  parties  est  déclarée  par  la  loi  co-propriétaire  du  fossé; 
elle  ne  peut  donc  pas  être  dépouillée  de  ce  droit  par  autrui,  en  vertu  de 
cet  adage  :  on  ne  peut  céder  plus  de  droit  qu'on  n'en  a  soi-même.  En 
conséquence,  comment  l'un  des  deux  co-propriétaires  pourrait-il  céder 
à  un  tiers  une  part  de  propriété  qu'il  n'a  pas? 

Tels  sont  les  principes  que  l'arrêt  de  la  Cour  de  Bourges  a  nette- 
ment mis  en  lumière  et  auxquels  on  doit  toujours  se  référer  en  matière 
de  preuve  littérale  de  la  non-mitoyenneté.  Mais  la  solution  n'est  pas 


FOSSÉ  SÉPARATIF  DE  DEUX  HÉRITAGES,  185 

toujours  ramenée  à  un  élément  simple  :  elle  est  la  plupart  du  temps 
compliquée  d'une  question  de  possession.  Une  possession  exclusive  du 
fossé  durant  trente  années  consécutives  détruit  la  présomption  légale 
de  mitoyenneté.  Les  circonstances  qui  peuvent  prouver  cette  posses- 
sion sont  nombreuses  :  Les  parties  en  cause  (ou  avant  elles  leurs 
auteurs)  se  sont-elles  comportées  d'ancienneté  comme  copropriétaires 
du  fossé?  Le  curage  a-t-il  été  effectué  à  frais  communs?  La  vase 
a-t-elle  été  jetée  moitié  sur  un  héritage,  moitié  sur  l'autre?  L'herbe 
poussée  sur  les  bords  a-t-elle  été  pacagée  par  les  bestiaux  des  deux 
parties?  La  réponse  à  ces  questions,  si  elle  est  négative,  peut  consti- 
tuer la  preuve  d'une  possession  exclusive.  —  Mais  les  tribunaux  sont 
bien  rarement  à  même  de  trancher  directement  la  difliculté  sans  avoir 
préalablement  recours  à  une  enquête,  car  en  cette  matière,  comme  en 
matière  de  propriété,  la  preuve  est  souvent  bien  difficile  à  faire. 

Cependant  il  est  un  cas  où  les  juges  ne  pourront  avoir  aucune  hési- 
tation :  lorsqu'il  existera  un  signe  matériel  déclaré  par  la  loi  consti- 
tutif de  non  mitoyenneté.  Le  Code  Civil  établit  encore  pour  ce  cas  une 
présomption,  mais  cette  présomption  de  non-mitoyenneté  est  plus 
forte  que  la  présomption  légale  de  mitoyenneté,  en  ce  sens  qil'elle  la 
détruit  et  la  supprime.  Un  fossé  est  situé  entre  deux  héritages  :  il  est 
réputé  mitoyen  ;  une  marque  matérielle  d'une  nature  déterminée  se 
trouve  sur  ce  fossé  :  il  est  réputé  non  mitoyen. 

C'est  là  la  théorie  du  Code  Civil  ramenée  à  ses  éléments  simples,  et 
dans  ces  matières  si  délicates  on  ne  peut  qu'admirer  la  sagesse  et  la 
prévoyance  du  législateur  qui  a  résolu  par  avance  la  plupart  des  ques- 
tions de  fait  qui  peuvent  se  présenter  et  restreint  par  cela  même  la 
liberté  d'appréciation  des  tribunaux.  Eug.    Pouillet, 

Avocat    à    la   Cour   de    Paris. 

DE  LA  CLIMATOLOGIE  DE  GRAND-JOUAN 

Pendant  le  stage  que  je  fis  l'automne  dernier  à  l'Ecole  nationale 
d'agriculture  de  Grand-Jouan,  il  me  parut  intéressant  d'étudier  les 
conditions  météorologiques  qui  régissent  la  contrée  et  de  consigner  le 
résumé  de  cette  étude  dans  des  notes  puisées,  soit  dans  les  annales  de 
la  Société  des  anciens  élèves,  soit  dans  les  archives  de  l'Ecole. 

Malheureusement  ces  observations  ne  renferment  pas  une  période 
d'années  assez  considérable  pour  que  l'on  puisse  en  déduire  toutes  les 
conclusions  qu'un  examen  plus  complet  donnera  à  l'avenir,  aussi  je 
ne  les  donne  qu'à  titre  de  renseignements,  espérant  qu'elles  pourront 
intéresser  l'agriculteur  soucieux  de  l'étude  de  la  climatologie. 

Les  observations  faites  embrassent  deux  périodes  distinctes,  l'une 
de  1864  à  1869,  et  l'autre  de  1880  à  1883;  je  les  ai  réunies  en  une 
seule  dans  l'impossibilité  où  je  me  trouvais  de  combler  cette  lacune 
de  dix  ans. 

La  pression  barométrique  corrigée  donnne  une  moyenne  générale 
de  778""'.  164;  le  minimum  de  pression  paraît  être  pour  le  mois  de 
décembre  de  '755""°. 74,  le  maximum  étant  en  février  avec  763""". 34; 
la  pression  minima  observée  est  de  731"'"'.92  en  janvier  1883;  la  pres- 
sion maxima  de  780"'"'. 20,  observée  en  janvier  1882. 

A  l'étude  de  la  pression  barométrique  se  rattache  celle  des  bourras- 
ques ':  il  y  en  a  eu  en  moyenne  de  15  à  16  par  an  ;  les  mois  qui  en 
présentent  le  plus  sont  ceux  de  mars,  novembre  et  décembre. 


186  CLIMATOLOGIE     DE   GRAND-JOUAN. 

Une  question  intéressant  également  l'agriculteur  est  l'étude  de  la 
température  locale;  de  ses  ma\ima  ou  miniraa  dépendent  en  effet  la 
possibililé  de  telle  ou  telle  culture.  En  Bretagne  surtout,  où  l'assole- 
ment a  pour  base  la  culture  du  chou  ou  du  rutabaga,  on  frémit  en 
pensant  aux  désastres  qui  résulteraient  d'un  abaissement  anormal 
de  la  température. 

La  température  maxima  -j-  37°  a  été  observée  en  mai  et  juin  1868; 
la  température  minima  —  11"  a  été  également  rencontrée  en  jan- 
vier 1868;  excepté  ce  c^s  qui  paraît  exceptionnel,  les  minima  oscillent 
entre  —  8"  et  —  9"  et  souvent  ne  descendent  pas  au  delà  de —  2"  à  —  4° 
dans  le  cours  de  l'hiver. 

Suivant  que  le  sol  est  ou  non  couvert  par  la  végétation,  on  observe 
des  différences  assez  notables  de  température;  mais  à  mesure  que  l'on 
s'enfonce  dans  le  sol,  elles  deviennent  de  moins  en  moins  sensibles,  et, 
par  la  même  raison  l'équilibre  avec  la  température  extérieure  met  de 
plus  en  plus  de  temps  à  s'établir  :  à  0'".10,  il  s'établit  en  quelques 
heures,  surtout  si  une  forte  pluie  a  détrempé  la  surface;  à  0"'.20,  il 
demande  bien  plus  de  temps;  enfin  à  0'".30,  il  faut  une  moyenne  de 
huit  jours  pour  qu'il  s'établisse. 

A  celte  profondeur,  le  maximum  d'oscillation  varie  entre  1".70  et 
1°.37  dans  le  sol  couvert,  et  1°.72à  1".80  pour  le  sol  découvert. 

Quant  aux  nappes  d'eau  souterraines,  on  constate  que  dans  un  puits 
ayant  5  mètres  de  profondeur,  il  y  a  chaque  après-midi  une  augmen- 
tation de  quelques  centièmes  de  degré  sur  la  température  observée  à 
7  heures  du  malin.  De  janvier  à  mai  l'oscillation  a  été  de  -j-  9°. 62 
à  -j-  1 0°.90  avec  un  minimum  de  9°. 42  observé  à  7  heures  du  matin  en 
janvier  1882,  et  un  maximum  de  1  r.42  observé  en  mai,  la  moyenne 
générale  étant  de  10". 902. 

Une  question  également  très  importante  est  celle  des  quantités 
d'eau  données  annuellement  par  les  pluies  et  dont  l'action  est  com- 
plélée  par  la  vaoeur  d'eau  en  suspension  dans  l'air;  celle-ci  est  tou- 
jours abondante;  l'état  hygrométrique  n'est  que  très  rarement  infé- 
rieure à  0.53  et  il  est  très  souvent  voisin  de  l'unité. 

Cette  quantité  si  considérable  de  vapeur  tient  évidemment  à  la 
fréquence  des  vents  d'ouest,  amenant  toujours  l'équatorial  et  la 
pluie. 

Les  quantités  d'eau  tombées  mensuellement  étant  intéressantes  à 
connaître,  j'ai  cru  devoir  en  donner  le  tableau  ci-contre,  la  hauteur 
d'eau  tombée  étant  rapportée  au  millimètre.  Voici  les  moyennes  des 
observations  : 

Juillet 56.45 

Août ;..  47.31 

Septembre 51.10 

Octobre 81.97 

Novembre 73.88 

Décembre 85.90 

Soit  en  moyenne  annuelle,  60.79. 

La  plus  grande  quantité  d'eau  tombée  a  été  observée  dans  une 
matinée  de  juillet  1882.  Le  nombre  de  jours  de  pluie  est  en  moyenne 
de  130.5  par  an  et  si,  d'autre  part,  on  considère  l'état  du  ciel,  on  aura 
les  résultats  suivants,  supposant  le  mois  de  30'. 5. 

Ciel  clair 8J.2 

—  nuageux 14'. 8 

—  couvert 7'.  5 


Janvier 

75.95 

Février 

52.13 

53.30 

Avril. .    .       .    , .    . 

56.46 

Mai 

63.37 

Juin 

31.06 

CLIMATOLOGIE    DE   GRAND-JOQAN.  187 

avec  les  oscillations  suivantes  : 

Maxiniuin  de  ciel  clair        i|2  jours  en  Septembre. 

—  —       nuageux  "20        —        Juillet. 

—  —      couvert     13        —        Janvier. 

Minimum  de  ciel  clair  5  jours  en  Mars  et  Décembre. 

—  —      nuageux  11        —        Janvier  et  Décembre. 

—  —      couvert      3         —        Juillet. 

Les  vents  les  plus  ordinaires  sont  les  vents  d'ouest,  ils  soufflent  en 
moyenne  6  jours  par  mois  ;  viennent  ensuite  les  vents  du  sud-ouest 
avec  une  moyenne  de  4^95,  ceux  du  nord-est  avec  une  moyenne  de 
4^40,  et  enfin  ceux  du  nord  avec  une  moyenne  de  'r.93. 

On  constate  de  plus  que  les  vents  d'ouest  amènent  à  eux  seuls  près 
de  la  moitié  de  la  quantité  d'eau  pluviale,  ceux  du  sud-ouest  et  du 
nord-est  amènent  un  quart,  et  le  reste  se  répartit  selon  la  direction 
des  autres  courants  aériens. 

Je  dirai  peu  de  mots  de  phénomènes  accidentels.  La  neige  est  assez 
rare,  la  moyenne  annuelle  est  de  4'. 23,  avec  un  maximum  de  1  '.43  en 
mars,  elle  ne  vient  le  plus  ordinairement  qu'à  la  suite  d'un  déplace- 
ment de  la  banquise  polaire;  il  en  est  de  même  pour  les  fortes  gelées 
qui  n'olTrent  qu'une  moyenne  de  2'. 5  par  an. 

Le  brouillard  est  plus  fréquent,  la  moyenne  est  de  44'. 43  dans 
l'année  (je  ne  parle  pas,  bien  entendu,  des  brumes  qui  s'élèvent 
matin  et  soir  au  lever  et  au  coucher  du  spleil;  elles  proviennent  des 
marécages  environnants,  aussi  les  fièvres  des  marais  ne  sont-elles 
pas  rares  dans  le  pays). 

Les  gelées  blanches,  corollaires  des  temps  calmes  et  découverts,  sont 
peu  à  redouter;  c'est  en  novembre  qu'il  s'en  produit  le  plus,  elles 
cessent  à  partir  du  mois  d'avril,  il  y  en  a  en  moyenne  13  jours 
par  an. 

Les  orages  sont  surtout  à  craindre  en  juillet  ;  ou  en  compte  9'. 23 
par  an,  ils  disparaissent  en  novembre  pour  reprendre  en  mars. 

On  voit  donc  en  somme  que  le  climat  de  cette  partie  de  la  Bretagne 
est  humide  et  chaud  :  les  froids  y  sont  peu  à  redouter,  la  belle 
saison  y  serait  ravissante  si  malhereusement  les  bourrasques  venant 
de  l'ouest,  et  qui  n'ont  encore  rencontré  aucun  obstacle,  n'y  avaient 
souvent  une  très  grande  violence  et  n'y  causaient  parfois  des  dégâts 
incalculables;  de  plus,  la  quantité  d'eau  tombée  annuellement  étant 
assez  considérable,  ceci  joint  à  la  nature  du  sol  rend  les  prairies 
inabordables  une  partie  de  l'année. 

Telles  sont  brièvement  résumées  les  quelques  notes  que  j'ai  prises 
sur  la  climatologie  de  cette  partie  si  intéressante  de  la  Bretagne;  il 
serait  à  désirer  que,  plus  tard,  des  observations  ayant  une  plus  longue 
durée  fussent  faites  et  permissent  d'entreprendre  un  travail  plus 
important,  qui  servît  à  préciser  avec  certitude  les  questions  pratiques 
de  physique  météorologique  dans  ces  contrées.  R.  Danguv, 

Klèvc  à  l'Institut  agronominue. 

BADIGEONNAGE  DES  VIGNES  PHYLLOXÉRÉES* 

L  —  Depuis  le  jour  où,  sur  la  proposition  de  M.  Balbiani,  la  Gommis.sion  su- 
périeure du  phylloxéra  a  recommandé  l'étude  des  traitements  contre  ïo;uf  d'hiver, 
ces  traitements  sont  le  principal  objet  de  nos  expériences.  Transci'ivons  une  fois 
de  plus,  d'après  M.  Balbiani  et  les  Comptes  rendus  de  l'Académie  des  sciences, 

1.  Rapport  adopté  par  le  Comité  central  d'études  et  de  vigilance  do  Lot-et-Garonne,  dans  sa 
séance  du  19  luillct  1S84. 


188  BADIGEONNAGE  DES  VIGNES  PHYLLOXÉRÉES. 

une  phrase  que  tous  les  amis  de  la  vigne  devraient  savoir  par  cœur,  et  qui  résume 
les  magnifiques  travaux  du  savant  professeur  sur  le  phylloxéra  : 

«  J'ai    cru  pouvoir  émettre  hypothétiquement  cette  idée,  que,  si  l'insecte 

«  était  abandonné  pour  sa  multiplication  aux  seules  ressources  de  la  génération 
«  parthénogénésique,  il  finirait  probablement  par  disparaître  de  lui-même  par 
Cl  épuisement  de  sa  force  productrice,  et  que,  pour  obtenir  ce  résultat,  il  suffirait 
«  de  détruire  les  œufs  d'hiver  qui  viennent  chaque  année  ranimer  la  vitalité  des 
«  colonies  souterraines.  » 

Pour  soumettre  à  l'expérience  l'hypothèse  de  M.  Balbiani,  il  faudra  détruire, 
pendant  quatre  ans  au  moins,  tous  les  œufs  d'hiver  pondus  dans  un  vignoble 
phylloxéré,  et  voir  ensuite  si  le  phylloxéra  a  disparu. 

Une  question  préjucielle  vient  d'être  heureusement  résolue  par  M.  Balbiani  :  la 
discussion  de  faits  et  d'observations  nombreuses,  faites  par  les  hommes  les  plus 
compétents,  nous  a  conduit,  dès  l'année  1878,  à  assurer  que  Vœuf  d'hiver  est 
toujours  déposé  sur  la  partie  aérienne  de  la  vigne,  dans  les  très  petits  canaux  qui 
courent  entre  les  tissus  des  jeunes  écoi'ces  en  exfoliation.  M.  Balbiani  vient  de 
donner  de  ce  fait  capital  une  démonstration  décisive  :  dans  une  vigne  de  Riparia, 
M.  Balbiani  a  badigeonné  avec  du  coaltar  mélangé  à  10  pour  100  d'huile  lourde 
de  houille,  des  plates-bandes  formées  chacune  de  plusieurs  rangs  de  vigne  et  sé- 
parées par  des  plates-bandes  égales,  celles-ci  restées  sans  traitement.  Au  com- 
mencement du  mois  de  juin,  les  vignes  non  traitées  étaient  couvertes  de  galles 
phylloxériques,  et  il  a  été  impossible  de  trouver  une  seule  galle  sur  une  quel- 
conque des  vignes  non  traitées.  A  quelques  jours  de  là,  MM.  Planchon  et  Foéx, 
visitant  ce  vignoble,  étaient  frappés  de  la  netteté  du  résultat.  Or,  on  sait  que  les 
premières  galles  de  printemps  sont  produites  exclusivement  par  l'insecte  né  de 
l'œuf  d'hiver. 

Nous  avons  essayé  en  grande  culture,  en  1883.  le  traitement  même  que  M.  Bal- 
biani pratiquait  de  son  côté  avec  tant  de  succès  dans  l'Hérault.  Nous  avons  échoué 
et  j'ai  fait  connaître  notre  déconvenug^vec  une  entière  franchise  ;  pour  nous,  viti- 
culteurs, il  ne  suffit  pas  de  détruire  Vnnif  d'hiver,  il  laut  le  détruire  par  des  pro- 
cédés d'une  application  facile  et  peu  coûteuse.  Le  coaltar  mélangé  à  10  pour  100 
d'huile  lourde  de  houille,  excellent  pour  détruire  l'œuf,  présente  des  difficultés 
d'application  insurmontables  dans  la  pratique  agricole,  et  nous  avons  dû  y  renon- 
cer absolument.  Au  mois  de  septembre  1883,  nous  ne  connaissions  rien  encore 
qui  pût  être  substitué  à  ce  mélange. 

Nous  sommes  en  meilleure  situation  à  l'heure  présente.  Au  mois  de  janvier 
dernier,  M.  Balbiani  nous  a  recommandé  un  mélange  ainsi  composé  (en  nombres 
ronds)  : 

Huile  lourde  de  houille  4.50 

Naphtaline  brute 5 .  00 

Chaux  vive 18.50 

Eau 72.00 

100.00 

C'est  ce  mélange  qui  a  servi  à  nos  traitements  en  1884  (par  suite  d'une  erreur 
de  pesée,  la  proportion  de  chaux  s'est  trouvée  réduite  de  moitié  sur  une  partie  des 
vignes  traitées  sous  ma  propre  direction).  L'application  de  ce  mélange  est  aussi 
facile  que  celle  de  nos  mélanges  liquides  d'autrefois,  et  nous  l'avons  reconnue 
tout  à  fait  inoffensive  pour  la  vigne.  Ainsi  une  trentaine  de  ceps  ont  été  badigeon- 
nés à  plein  pinceau  (avec  le  mélange  exact),  sur  les  vieux  bois,  sur  les  sarmenis, 
sur  les  yeux  —  particuhèrement  sur  les  yeux  —  et,  à  la  pousse,  pas  un  bourgeon 
n'est  resté  en  retard. 

Il  restait  à  vérifier  l'action  de  ce  traitement  sur  l'œuf  d'hiver,  et  c'est  ce  qui 
vient  d'être  fait  ces  jours-ci.  La  difficulté  de  se  procurer  des  orafs  d'hiver  en 
quantité  suffisante  rend  une  expérience  directe  à  peu  près  impossible;  mais  des 
expériences  communiquées  depuis  longtemps  à  l'Académie  ont  appris  à  M.  Bal- 
biani que  l'œuf  d'hiver  est  plus  sensible  à  tous  les  agents  toxiques  que  l'œuf  de 
l'agame  qu'on  trouve  en  cette  saison  en  tel  nombre  qu'on  veut  sur  les  racines,  et 
on  a  expérimenté  sur  ce  dernier. 

Des  œufs  ont  été  placés  sous  des  écorces,  qu'on  a  badigeonnées  avec  le  mélange 
précédent  (M.  Balbiani  a  décrit  autrefois  ces  mêmes  expériences,  faites  avec  le 
mélange  de  coaltar  et  d'huile  lourde).  Après  quarante-huit  heures  d'exposition  à 
l'action  du  toxique,  les  œufs  ont  été  mis  dans  l'eau,  en  tubes,  et,  malheureuse- 
ment, il  s'est  produit  quelques  éclosions.  Il  n'y  avait  pas  lieu  de  se  décourager, 


BADIGEONNAGE  DES  VIGNES  PHYLLOXÉRÉES.  189 

On  a  tout  lieu  de  croire,  en  effet,  que  l'iiuilc  lourde  et  la  naphtaline  agissent  non 
seulement  par  contact,  mais  encore  —  priacipalement  peut-être  —  par  les  va- 
peurs qu'elles  émettant,  et  alors  quarante-huit  heures  sont  une  durée  bien  courte 
fiour  une  telle  expérience.  Quoi  qu'il  en  soit, on  a  recoinmencé  avec  ce  même  mé- 
ange  «  en  exposant  les  œufs  plus  directement  aux  vapeurs  »  (je  n'ai  pas  d'autres 
détails  pour  le  moment),  et  cette  fois  le  succès  a  été  complet,  il  n'y  a  pas  eu  d'é- 
closions. 

Simultanément,  M.  Balbiani  essayait  le  mélange  suivant  : 

Huile  lourde  de  houille 7 

Naphtaline 7 

Chaux 17 

Eau 69 

100 

Cette  expérience  a   pleinement  réussi  :  tous  les  œufs  ont  été  tués   après  être- 
reslés  cinq  jours  sous  les  écorces  badirjeonnées. 

Remarquons  maintenant  que,  avec  nos  traitements,  ce  n'est  pas  cinq  jours  seu- 
lement que  les  œufs  d'hiver  restent  exposés  aux  vapeurs  toxiques  :  un  mois  après 
le  traitement,  l'émission  des  vapeurs  est  encore  très  forte;  nous  l'avons  trouvée 
très  appréciable  à  l'odorat  après  trois  mois.  Je  ne  doute  pas  que  le  premier  mé- 
lange ne  remplisse  toutes  les  conditions  désirables  et  que,  dès  à  présent,  nous  ne 
soyons  complètement  armés. 

La  chaux  a  été  proposée  antérieurement  en  rempliceraent  du  carbonate  de 
soude,  pour  rendre  moins  instable  le  mélange  d'eau  et  d'huile  lourde.  Son  rôle 
essentiel  et  original  dans  les  nouveaux  mélanges  est,  employée  à  haute  dose,  de 
former  avec  l'huile  lourde,  la  naphtaline  et  1  eau  un  enduit  suffisamment  épais 
pour  rester  adhérent  aux  écorces,  et  retenant  le>  toxiques,  de  prolonger  indéfi- 
niment, en  quelque  sorte,  l'action  des  vapeurs.  Avec  nos  anciens  mélanges, 
quelques  heures  après  l'opération,  l'odorat  ne  perçoit  plus  à  peu  près  rien. 

M.  Balbiani,  avec  l'aide  de  son  habile  et  dévoué  préparateur  au  collège  de 
France,  M.  Henneguy,  poursuit  ses  expériences  qui  seront  achevées  dans  quelques 
mois,  peut-être  dans  quelques  semaines.  Dès  à  présent  nous  sommes  certains  de 
détruire  les  œufs  d'hiver  par  un  traitement  facile,  je  pourrais  dire  agréable,  qui 
ne  fait  aucun  mal  à  la  vigne,  et  qui  ne  coûtera  pas  plus  de  40  fr.  pour  5,000  pieds 
de  dimensions  moyennes  ;  j'ai  fait  autrefois  assez  de  traitements  semblables  pour 
être  bien  fixé  sur  ce  point. 

II.  —  Si  la  destruction  de  l'œuf  d'hwer  doit  éteindre  le  phylloxéra  ouïe  rendre 
inoffensif  pour  la  vigne,  ce  traitement  s'impose  pour  des  raisons  que  j'ai  dévelop- 
pées bien  des  fois.  Ainsi  le  peu  de  dépense  qu'il  entraîne  permet  de  le  pratiquer 
partout,  tandis  que  tous  les  traitements  connus  sont  impossibles  dans  les  vignes 
à  faible  revenu  et  l'étendue  de  ces  petites  vignes  va  à  plus  des  trois  quarts  de 
l'étendue  totale  du  vignoble.  Personne,  en  effet,  ne  le  conteste  plus  aujourd'hu/', 
la  vigne  ne  peut  être  défendue  au  moyen  des  traitements  reconnus  efficaces  p  ar 
la  Commission  supérieure  du  phylloxéra  que  dans  les  bonnes  terres  où  une  cul- 
ture intensive  est  praticable.  Or  il  sera  toujours  possible  de  cultiver  autrement 
Ces  terres  et  de  les  cultiver  avec  profit,  tandis  que  les  mauvaises  ne  pourront  plus 
que  rester  en  friche,  si  la  vigne  disparaît.  Un  bon  traitement  qui  détruise  Y  œuf 
d'hiver  permettra  de  sauver  ces  vignes  qu'aucune  autre  culture  ne  peut 
remplacer,  parce  que  toutes  peuvent  supporter  les  frais  que  ce  traitement    exige. 

Si,  au  contraire,  malgré  la  destruction  de  l'œuf  d'hiver,  le  phylloxéra  conti- 
nue à  se  reproduire  par  générations  agames  assez  fécondes  pour  nuire  sérieuse- 
ment à  la  vigne,  le  même  traitement  s'impose  encore  comme  adjuvant  de  tous 
les  traitements  connus.  Ces  traitements  doivent  être  renouvelés  chaque  année  — 
tout  le  monde  le  reconnaît  aujourd'hui  —  et  c'est  chaque  année  une  dépense  de 
300  fr.  au  minimum.  Si  on  indique  parfois  un  chiffre  moindre,  c'est  qu'on  néglige 
d'inscrire  les  dépenses  essentielles.  En  détruisant  l'œuf  d'hiver  ,  on  pourra  cer- 
tainement ne  faire  ces  traitements  qu'un  an  sur  deux,  ne  les  faire  très  probable- 
ment qu'à  des  intervalles  plus  éloignés  encore;  c'est  la  dépense  réduite  de  beau- 
coup plus  de  moitié,  et  décuplée  peut-être  l'étendue  des  vignes  où  la  lutte  de- 
vient possible  —  j'ai  exposé  ailleurs  les  expériences  qui  justifient  ces  assertions. 

Les  vignes  américaines  sont  appelées  à  profiter  du  nouveau  traitement,  et  plus 
sûrement  encore  que  les  vignes  françaises,  car  nous  voulons  espérer  que,  même 
insuffisant  pour  celles-ci,  il  pourrait  sauver  celles-là,  au  moins  les  meilleures,  au 
prix  de  cette  faible  dépense  de  40  francs  par  hectare. 


190  BADIGEONNAGE  DES  VIGNES  PHYLLOXEREES. 

Enfin,  neuf  fois  sur  dix  pour  les  vignes  voisines  d'autres  vignes  phylloxérées, 
iowjûw's  pour  les  vignes  éloignées  de  loute  vigne  malade,  l'iovasion  se  fait  par 
l'essaimage,  c'est-à-dire  par  Yo^uf  d'hiver,  qui  en  est  le  produit  :  comme  défense 
préventive,  la  destruction  de  Viruf  d'hiver  est  donc  un  procédé  dont  le  succès  est 
certain. 

]Se  pas  vouloir  connaître  avec  précision  tout  ce  qu'on  peut  attendre  d'un  trai- 
tement qui  laisse  concevoir  de  telles  espérances  serait  plus  que  de  l'impéritie,  ce 
serait  de  l'aveuglement  !  En  prenant  sous  sa  protection  ces  intérêts  immenses, 
l'Etat  ne  sortira  pas  du  rôle  qui  lui  appartient.  11  ne  s'agit  pas,  en  effet,  d'aider 
aux  dépens  des  contribuables  des  gens  qui  n'ont  nullement  besoin  d'être  aidés, 
ceux,  par  exemple,  à  qui  la  vigne  paye  la  terre  en  quelques  années;  il  s'agit  de 
résoudre  une  question  scientifique  dont  la  solution  entrera,  aussitôt  trouvée,  dans 
le  domaine  public,  et  une  question  — je  l'ai  expliqué  bien  des  fois  —  que  l'ini- 
tiative privée  est  impuissante  à  résoudre. 

Si  on  veut,  en  effet,  que  des  expériences  soient  assez  concluantes  pour  porter 
la  conviction  dans  tous  les  esprits,  il  faut  les  entreprendre  sur  une  grande  échelle, 
et  non  pas  seulement  en  un  lieu  particulier,  mais  dans  toutes  les  régions  où  l'on 
cultive  la  vigne.  Ainsi,  le  climat  a,  sur  l'essaimage,  une  influence  [si  considérable 
qu'il  serait  imprudent  de  conclure,  de  ce  qu'on  observera  dans  un  pays,  à  ce  qui 
se  produira  dans  un  autre.  Il  faut  faire  pour  les  badigeonnages,  qui  ont  pour  eux 
l'autorité  d'un  savant  dont  la  réputation  eFt  européenne,  ce  qu'on  a  fait  pour  le 
sulfure  de  carbone,  ce  qu'on  a  fait  pour  les  sulfocarbonates,  ce  qu'on  a  fait  pour 
la  submersion  :  il  faut  en  provoquer  l'application,  et  aider  ceux  qui  seront  dispasés 
à  courir  la  chance  de  ces  essais,  jusqu'au  jour  où  on  saura  avec  certitude  ce  que 
ce  traitement  peut  donner.  Dès  que  chacun  saura  ce  qu'il  en  peut  attendre,  nous 
ce  demanderons  plus  rien  pour  personne. 

M.  le  ministre  de  l'agriculture  a  sous  la  main,  pour  le  succès  d'une  entreprise 
si  nécessaire,  une  institution  qu'on  regrettera  moins  d'avoir  vue  durer  trop  long- 
temps, si  elle  peut  rendre  quelques  services  dans  cette  nouvelle  voie  :  je  veux  par- 
ler des  syndicats.  M.  le  ministre,  en  eHet,  peut  mettre,  aux  subventions  qu'il 
accorde,  telle  condition  qu'il  jugera  d'un  intérêt  général  d'y  mettre;  il  peut 
n'accorder  la  subvention  qu'aux  syndicats  qui  prendront  l'engagement  de  badi- 
geonner leurs  vignes.  La  subvention  pourrait  être  de  50  francs  jwr  hectare  la  pre- 
mière année,  à  cause  du  matériel  à  acheter,  pour  les  syndicats  qui  feraient  le 
badigeonnage  seul  — ce  seraient  les  plus  utiles  poiir  l'objet  que  nous  avons  en  vue 

—  et  on  pourrait  augmenter  de  la  même  somme  la  subvention  accordée  aux  autres 
pour  faire  un  quelconque  des  trois  traitements  recommandés  par  la  CommissioQ 
supérieure  du  phylloxéra.  Ce  n'est  pas  le  lieu  d'entrer  dans  le  détail  des  mesures 
administratives  à  prendre. 

Je  ne  doute  pas  un  instant  que  la  Commission  supérieure  n'entre  avec  empres- 
sement dans  ces  vues.  Son  rôle  essentiel  n'est  pas  de  dire  si  un  traitement  est  bon 
ou  mauvais.   Que   faut-il  pour  décider  si    un    traitement  est   bon   ou  mauvais? 

—  C'est  bien  simple  :  choisir  un  vignoble  jibylloxéré,  y  appliquer  le  trai- 
tement et  chercher  quinze  jours,  un  mois,  deux,  trois  mois  après  ce  qu'il 
reste  de  phylloxéra  sur  les  racines.  Point  n'est  besoin  pour  cela  de  déranger  des 
membres  de  l'Institut,  des  sénateurs,  des  députés,  des  inspecteurs  généraux  de 
l'agriculture;  pourvu  qu'il  ait  de  bons  yeux,  le  paysan  le  plus  naïf  y  peut  suffire. 
Mais  juger,  selon  les  enseignements  de  la  science  et  les  éléments  dont  il  se  com- 
pose, si  un  traitement  vaut  d'être  essayé  et  étudié  à  fond,  voilà  qui  peut  n'être  pas 
indigne,  même  d'un  savant  éminent  —  ni  de  la  Commission  supérieure  du 
phylloxéra. 

Invoquons  avec  confiance  la  protection  de  M.  le  ministre  de  l'agriculture,  et  le 
Lienvcillant  intérêt  de  la  Commission  supérieure.  Qui  donc  ne  serait  pas  avec 
nous,  quand  nous  voulons  sauver  la  première  de  nos  industries,  et  que  nous  ne 
blessons  aucun  intérêt? 

Comme  sanctiondesconsidérationsqui  précèdent,  je  propose  le  vœu  dont  la  teneur 
suit  : 

«  Le  Comité  central  d'études  et  de  vigilance  de  Lot-et-Garonne  émet  le  vreu  : 

•<  Que  M.  le  ministre  de  l'agriculture  veuille  bien  encourager,  par  tous  les 
moyens  en  son  pouvoir,  et  sur  la  plus  grande  échelle,  le  badigeonnage  des  vignes 
phylloxérées  avec  le  mélange  décrit  ci-dessus,  ou  tout  autre  produit  que  M.  le  pro- 
fesseur Balbiani  ferait  connaître  en  temps  utile  ; 

«  Que  ces  badigeonnages  soient  imposés,  soit  seuls,  soit  comme  complément 


BADIGEONNAGE  DES  VIGNES  PHYLLOXÉRA  ES.  191 

de  lout  autre  traitement,  aux  syndicats  qui  recevront  une  subvention  pour  traiter 
leurs  vignes  malades,  la  subvention  pouvant  être,  la  première  année,  de  50  francs 
par  hectare  dans  le  premier  cas,  et  augmentée  d'une  somme  égale  dans  le  second, 
à  raison  de  l'opération  nouvelle  ; 

H  Qu'un  délégué  du  ministre,  ayant  sous  ses  ordres  le  nombre  d'agents  néces- 
saire, soit  chargé,  à  l'exclusion  de  tout  aulre  travail,  de  la  direction  et  du  con- 
trôle des  badigeonnages  subventionnés,  comme  aussi  de  l'observation  permanente 
des  vignes  badigeonnées.  » 

Il  serait  très  désirable  que  M.  le  ministre  voulût  bien  prendre  d'urgence  la 
décision  que  nous  sollicitons  de  lui.  Cette  décision  aura  pour  conséquence  —  c'est 
notre  espoir  —  le  badigeonnage  de  bien  des  milliers  d'hectares  de  vignes,  et  il 
laudrait  que  le  commerce  se  mît  en  mesure,  avant  le  mois  de  novembre,  de  four- 
nir rhuile  lourde  et  la  naphtaline  que  les  viticulte'irs  lui  demanderont.  On  peut 
compter,  au  maximum,  sur  20  kilog.  d'iunle  lourde  et  20  kilog.  de  naphtaline 
pour  5,000  souches  de  grosseur  moyenne.  Ea  France,  l'huile  lourde  vaut  do  12 
à  15  fr.  les  100  kilog.  La  naphtaline  brute  est  plus  chère  ;  mais  on  m'a  assuré 
qu'on  en  trouverait  en  Angleterre  des  quantités  considérables  à  5  ou  6  fr.  les 
100  kilog.,  et  qu'on  pourrait  la  vendre  en  France  meilleur  marché  que  l'huile 
lourde. 

Pour  la  première  année,  tout  au  moins,  un  moyen  pratique  serait  celui-ci  — 
qui  n'exclut  nullement  la  recherche  d'un  moyen  meilleur  :  M.  le  ministre  pour- 
rait immédiatement  mettre  les  syndicats  en  demeure  d'accepter  ou  de  refuser  la 
subvention  offerte  dans  les  conditions  nouvelles,  et  être  en  possession  de  toutes 
les  réponses  avant  le  T'  septera])re  ;  connaissant  alors  approximativement  l'étendue 
des  vignes  à  badigeonner,  M.  le  ministre  pourrait  mettre  en  adjudication  la  four- 
niture de  l'huile  lourde  et,  séparément  si  l'on  veut,  la  fourniture  de  la  naphtaline 
aux  clauses  et  conditions  d'un  cahier  des  charges.  Le  ministère  de  l'agriculture 
pourrait  lournir  ensuite l'uneet  l'autre  substance  aux  syndicats  aupri.x  de  revient, 
le  prix  en  étant  retenu  sur  le  chiffre  de  la  subvention  offerte. 

Il  serait  encore  très  commode  pour  tout  le  monde  de  mettre  aussi  en  adjudi- 
cation la  fourniture  de  pinceaux  de  deux  ou  trois  grosseurs  et  d'un  modèle  à  étu- 
dier pour  chaque  grosseur.  Quant  aux  ustensiles,  quelques  indications  suffiraien.t 
pour  que  chacun  pût  faire  fabrir|uer  les  siens,  les  uns  par  son  ferblantier,  les  autres 
par  son  tonnelier.  La  chaux  se  trouve  partout.  Prosper  de  Lafitte. 

PARTIE  OFFICIELLE 

Loi  sur  les  sucres. 

Le  Sénat  et  la  Chambre  des  députés  ont  adopté  , 

Le  Président  de  la  République  promulgue  la  loi  dont  la  teneur  suit  : 

Article  premier.  —  Les  droits  sur  les  sucres  de  toute   origine  et  les   glucoses 

indigènes  livrés  à  la  consommation  sont  lixés  ainsi  qu'il  suit,  décimes  et  demi 

décimes  compris  : 

Sucres  bruis  et  raffinés 50  f.  00  par  100  kilog.  de  sucre    raffiné. 

Sucre    candi ii'i       50  —  — 

Glucoses 10      00  —  — 

Sont  en  outre  modifiés  comme  suit  les  droits  des  dérivés  du  sucre  énumérés 
ci-après  : 

Mélasses  autres  que  pour  la  distiilaiion,  ayant  en  richesse  saccharine  absoke 
50  pour  100  ou  moins,  15  fr.  par  100  kdog.  ; 

Mélasses  autres  que  pour  la  distillation,  ayant  en  richesse  saccharine  absolue 
plus  de  50  pour  100,  32  fr.  par  100  kilog.  ; 

Chocolat,  93  fr.  par  100  kilog. 

Art.  2.  —  Les  droits  sur  les  sucres  bruts  ou  raffinés  de  toute  origine,  employés 
au  sucrage  des  vins,  cidres  et  poirés,  avant  la  fermentation,  sont  réduits  à  lO  fr. 
les  100  kilog.  de  sucre  rafliué. 

Un  règlement  d'administration  publique  déterminera  préalablement  les  mesures 
applicables  à  l'emploi  de  ces  sucres. 

Art.  3.  —  Tout  fabricant  de  sucre  indigène  pourra  contracter  avec  l'adminis- 
tration des  contributions  indirectes  un  abonnement  en  vertu  duquel  les  quantités 
de  sucre  imposable  seront  prises  en  charge  d'après  le  poids  des  betteraves  mises 
en  œuvre. 


192  PARTIE  OFFICIELLE. 

Cette  prise  on  charge   sera   définitive  quels  que  soient  les  manquants  ou  les 
eïcédents  qui  pourront  se  produirf. 
Elle  aura  lieu  aux  condiiions  ci-après  : 

Rendement 
Procédés  de  fabrication.  par  lOO  lùlog.  de  betteraves. 

Diffusion  ou  tout  autre  procédé  analogue.. .     G  kilog.  sucre  raffiné 
Presses  continues  ou  hydrauliques h    —  — 

Les  sucres,  sirops  et  mélasses,  obtenus  dans  les  fabriques  abonnées  en  excé- 
dent du  rendement  légal,  seront  assimilés  au  sucre  libéré  d'impôt. 

Pendant  les  trois  catnpagnes  de  fabrication  1884-1885,  1885-1886  et  1886-1887, 
il  sera  alloué  aux  fabricants  non  abonnés  un  déchet  de  8  pour  100  sur  le  montant 
total  de  leur  fabrication. 

Un  décret  déterminera  les  obligations  qui  seront  imposées  aux  fabricants  abon- 
nés pour  la  garantie  des  intérêts  du  Trésor. 

^ri.  4.  —  A  partir  du  1"  septembre  1887,  les  quantités  de  sucre  imposable 
seront  prises  en  charge  dans  toutes  les  fabriques  d'après  le  poids  des  betteraves 
mises  en  œuvre,  quel  que  soit  le  procédé  d'exlraction  des  jus. 

Les  rendements  seront  fixés  comme  suit  par  100  kilog.  de  betteraves  : 

KiioR. 
Campagne  de  1887-1888 6.250  de  sucre  raffiné. 

—  18R8-1S89 6. .500  — 

—  1889-1890 (;.7bO  — 

—  1890-1891 7.000  — 

j^j-t.  5.  —  Les  sucres  des  colonies  françaises  importés  directement  en  France 
auront  droit  à  un  déchet  de  fabrication  de  12  pour  100. 

j^rt.  6.  —  Les  sucres  en  grains  ou  petits  cristaux,  agglomérés  ou  non,  seront 
reçus  à  la  décharge  des  comptes  d'admission  temporaire  de  sucres  bruts,  pour  la 
quantité  de  sucre  raffiné  qu'ils  seront  reconnus  représenter,  lorsque  leur  rende- 
ment net,  étîbli  conformément  aux  dispositions  de  la  loi  du  19  juillet  1880,  sera 
au  moins  de  98  pour  100. 

Art.  7.  —  La  taxe  complémentaire  de  10  francs  par  100  kilog.  établie  par 
l'article  1"  sera  appliquée  aux  sucres  de  toute  espèce  déjà  libérés  d'impôt,  ainsi 
qu'aux  matières  en  cours  de  fabrication  également  libérées  d'impôt  existant  au 
moment  de  la  promulgation  de  la  présente  loi,  dans  les  raffineries,  fabriques  ou 
magasins,  ou  dans  tous  autres  lieux  en  la  possession  des  raffineurs,  fabricants  ou 
commerçants;  les  quantités  seront  reprises  par  voie  d'inventaires;  seront  toute- 
fois dispensées  de  l'inventaire  les  quantités  n'excédant  pas  1,000  kilog.  de  sucre 

raffiné. 

Art.  8.  —  Les  fabricants  et  raffinmrs  auront  à  souscrire  des  soumissions  com- 
plémentaires en  garantie  du  droit  de  dix  francs  par  100  kilog.  pour  les  sucres  de 
toute  espèce  et  les  matières  en  cours  de  fabrication  placées  sous  le  régime  de  l'ad- 
mission temporaire. 

L'apurement  de  ces  soumissions  aura  lieu  dans  les  conditions  appliquées  au 
moment  de  la  mise  en  vigueur  de  la  loi  du  31  décembre  1873. 

Art.  9.  —  Le  rendement  minimum  fixé  par  l'art.  18  de  la  loi  du  19  juillet  1880 
sera  porté  à  80  pour  100  pour  les  sucres  d'origine  européenne  ou  importés  des 
entrepôts  d'Europe. 

Art.  10.  —  A  partir  de  la  promulgation  de  la  présente  loi,  et  jusqu'au  31  aoiàt 
1886,  les  sucres  bruts  et  les  sucres  non  assimilés  aux  sucres  raffinés,  importés 
.des  pays  d'Europe  ou  des  entrepôts  d'Europe,  seront  frappés  d'une  surtaxe  non 
remboursable  de  7  fr.  par  100  kilog. 

Les  dispositions  des  lois  antérieures  continueront  d'être  appliquées  en  tout  ce 
qui  n'est,  pas  contraire  à  la  présente  loi. 

La  présente  loi,  délibérée  et  adoptée  par  le  Sénat  et  par  la  Chambre  des  députés, 
sera  exécutée  comme  loi  de  l'Etat. 

Fait  à  Mont-sous-Vaudrey,  le  29  juillet  1884.  JjJLEs  Grévy. 

Par  le  PrésideAt  de  la  République  : 
Le  ministre  des  finances,        P.  Tirard. 

NOUVELLES  liNVENTIONS  AGRICOLES 

ANALYSE   SOMMAIRE  DES    DERNIERS   BREVETS  DÉLIVRÉS 

161,123.  Baudry.  21  mars  1884.  Emploi  d'un  appareil  destiné  à  produire 
artificiellement  le  levain.  —  L'appareil  se  compose  de  deux  parties  formées,  l'une 


NOUVELLES  INVENTIONS  AGRICOLES.  193 

et  l'autre,  de  deux  cylindres  concentriques.  La  partie  supérieure,  formant  cloche 
ou  couvercle,  se  retourne  sur  la  partie  inférieure,  de  manière  que  son  enveloppe 
extérieure  pénètre  dans  l'espace,  annulaire  compris  entre  les  deux  cylindres  de 
celle-ci  ;  on  met  du  liquide  dans  cet  espace  pour  faire  un  joint  hydraulique. 

1d1,1'iO  Bat.mlle  (Dame).  24  mars  1884.  Nouveau  pèse-paille  aulomalique 
applicabk  aux  machines  à  battre  de  tous  systèmes.  —  L'appareil  se  compose  d'un 
râteau  transversal  articulé,  disposé  au-dessus  d'une  grille  qui  fait  suite  au  se- 
coueur  de  la  machine,  et  retenant  la  paille  amenée  constamment  par  le  secoueur 
jusqu'à  ce  qu'une  quantité  suffisante  pour  le  faire  basculer  se  soit  accumulée  con- 
tre lui.  Un  contrei'Oi'ls  mobile  permet  de  régler  à  volonté  cette  quantité.  Après 
avoir  basculé,  le  râteau  revient  de  lui-même  à  sa  position  primitive.  Un  compteur 
de  pesées  peut  être  adapté  à  l'appareil. 

161,183.  JoHNSTON.  -25  mars  1884.  Perfectionnements  aux  râteaux  agricoles. — 
Le  système  s'appli([ue  aux  râteaux  de  moissonneuses  et  particulièrement  aux  râ- 
teaux dits  «  automatiques.  »  Il  a  pour  but  de  simplifier  leur  construction,  d'aug- 
menter leur  force  et  de  mettre  la  came  et  son  mécanisme  à  l'abri  des  brins  de 
paille,  etc.  A  cet  eflet  les  pièces  reçoivent  des  formes  spéciales. 

161,192.  Valent.  27  mars  I88k.  Fourcat  sulfureux  pour  le  traitement  des  vi- 
gnes phnlloxérces.  —  Le  breveté  s=e  propose  de  semer  en  terre  des  doses  variées  de 
sulfure  de  carbone,  etc.  Dans  ce  but,  le  soc  de  l'appareil,  qui  est  analogue  à  une 
charrue,  porte  une  pompe  de  forme  spéciale  commandée  par  la  roue  d'avant  et 
munie  d'un  tuyau  de  refoulement  qui  débouche  près  du  soc.  Derrière  celui-ci,  un 
rouleau  tasseur  referme  le  sillon.  Un  étançon  de  forme  particulière  coupe  les  ra- 
cines. Des  dispositions  sont  prises  pour  régler  l'entrure  à  volonté.  La  commande 
de  la  pompe  peut  varier  suivant  les  cas.  Lorsque  l'appareil  roule  sur  les  chemins, 
la  pompe  refoule  dans  le  bidon  réservoir. 

161,207.  PiLLET.  26  mars  1884.  Pieu  à  résistance,  système  Pillet.  —  Le  pieu, 
qui  peut  être  fait  en  une  matière  quelconque,  est  généralement  composé  d'un  fer 
à  T  présentant  un  renflement  rapporté,  en  forme  de  cœur,  dont  la  pointe  est  di- 
rigée vers  le  bas,  et  qui  s'enfonce  en  terre. 

161,211.  Croydon.  26  mars  1b84.  Perfectionnements  dans  la  fabrication  du 
pain.  —  Le  breveté  fait  usage  d'une  composition  spéciale  formée  de:  farine,  14 
parties;  gruau  à  l'état  naturel,  non  soumis  à  la  mouture,  i  partie;  eau,  sel  et 
levure,  comme  d'habitude. 

161,214.  Odier.  26  mars  1884.  Rouleau  traceur  destine  à  l'agriculture.  Le  rou- 
leau, destiné  à  remplacer  les  instruments  dits  «  rayonneurs,  »  porte  sur  sa  jante 
des  pointes  qui  font  des  trous  dans  un  terraim  préalablement  uni  et  ameubli.  Il 
peut  quadriller  dans  les  deux  sens  en  une  seule  opération. 

161, 2t0.  Amiot.  26  mars  1884.  Système  detraîneau  derelevage  et  de  transport 
des  hei'ses  flexibles,  des  instruments  de  culture  en  général  et  de  tous  autres  objets  et 
appareils.  —  Le  traîneau  se  compose  d'une  plateforme  articulée  sur  des  essieux 
coudés  de  manière  à  pouvoir  monter  et  descendre  à  volonté. 

161,221.  BoiTEAU  ET  Roux.  29  mars  1«84.  Sulfureur  automatique  pouvant 
s'appliquer  à  toutes  les  charrues  ou  araires  vigneronnes,  ou  à  tout  autre  moteur  à 
traction.  —  L'appareil  est  disposé  de  produire  à  chaque  tour,  au  moyen  d'une 
pompe,  une  projection  d'un  liquide  :  sulfure  de  carbone,  etc  ,  qui  est  lancé  avec 
force  et  verticalement.  Le  soc  ouvre  un  sillon,  un  gratteur  l'ameublit,  une  dent 
fouilleuse  le  remue  derrière  le  gratteur,  et  un  petit  soc  referme  le  sillon. 

Certificats  d'addition.  —  Chambonnière  (Br.  n"  148,397).  20  mars  1884. 
Herse  à  dents  sans  écrous,  sans  goupilles  et  sans  clavettes,  dite  Herse-Cham- 
bonnière.  —  Le  perfectionnement  apporté  à  la  herse  décrite  dans  le  brevet  prin- 
cipal consiste  à  ajouter,  à  l'avant  et  à  l'arrière  de  chacun  des  châssis,  des  cro- 
chets de  forme  spécial  pour  recevoir  à  volonté  soit  les  anneaux  du  palonnier,  soit 
une  barre  d'équilibre  qui  donne  du  poids  à  la  herse  et  empêche  le  chevauchement 
des  châssis  les  uns  sur  les  autres. 

Genevois  (Br.  n»  159,670).  4  janvier  1884.  Fabrication  du  rayonnage  des 
meuks.  —  L'addition  consiste  dans  l'application  du  système  aux  meules  dites 
«  anglaises  ».  On  y  pratique  deux  séries  concentriques  de  rayons,  les  uns  courbes 
allant  de  l'œillard  à  l'entrepied,  les  autres  droits  et  inclinés  d'environ  110°, 
allant  de  l'entrepied,  oij  ils  se  terminent  en  pointe  sur  les  premiers,  à  la  circon- 
férence. _         Ch.  Assi  et  L.  Genès, 

Ingénieurs-conseils  en  matière  de  brevets  d'invention, 
36,  boulevard  Voltaire,  à  Paris. 


194  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'AGRICULTURE. 


SOCIÉTÉ    NATIONALE    D'AGRICULTURE 

Séance  du  30  juilkilSSk.  —  Présidence  de  M.  Chevreul. 

M.  Barrai  a'excuae  de  ne  pouvoir,  à  raison  de  son  état  de  maladie, 
assister  à  la  séance. 

M.  Adolphe  Carnot  adresse  ses  remerciements  pour  son  élection  de 
membre  associé  dans  la.Seetion  d'histoire  naturelle  agricole. 

M.  Sacc,  correspondant,  envoie  de  Bolivie,  plusieurs  analyses  de 
diverses  variétés  de  raisins. 

M.  Destremx  envoie  une  note  sur  la  situation  de  la  sériciculture  et  sur 
les  conditions  malheureuses  qui  résulte  de  la  baisse  accentuée  du  prix 
des  cocons. 

M.  Cornu  présente  des  larves  d'un  insecte  qui  lui  ont  été  envoyées 
par  M.  Guien,  secrétaire  de  la  Société  d'aj^ricullure  des  Alpes-3Iariti- 
mes,  et  qui  avaient  été  recueillies  sur  des  orangers.  Après  examen, 
M.  Cornu  a  reconnu  que  ces  larves  sont  celles  de  YAcrolepia  citri. 

M.  Paul  Mares  fait  connaître  que  les  orages  tardifs  survenus  en 
Algérie  ont  diminué  considérablement  la  récolte  des  céréales  et  que 
des  pluies  récentes  ont  déterminé  sur  les  vignes  une  attaque  subite  du 
mildewque  le  retour  du  beau  temps  a  d'ailleurs  fait  disparaître.  Mais 
les  effets  des  atteintes  du  fléau  ont  été  suffisants  pour  réduire,  dans  la 
plaine  de  la  Milidja,  la  récolte  dans  une  proportion  que  l'on  estime  de 
10  à  15  pour  100  de  la  vendange. 

M.  F.-R.  Duval  donne  quelques  détails  sur  un  violent  orage  de  'grêle 
qui  a  atteint,  le  27  juillet,  la  vallée  du  Cher.  Cet  orage  a  causé,  dans 
plusieurs  communes,  des  dégâts  que  l'on  estime  à  environ  quatre  mil- 
lions de  francs.  iM.  de  Retz  ajoute  que  cet  orage  s'est  fait  sentir 
jusqu'aux  environs  de  Romoranlin. 

M.  Gatellier  présente  le  volume  renfermant  les  rapports  sur  les  expé- 
riences comparatives  des  différents  systèmes  de  mouture,  faites  récem- 
ment par  le  syndicat  des  grains  et  farines  de  Paris  avec  le  concours 
de  M.  le  ministre  de  l'agriculture.  Ce  volume  renferme  les  rapports  de 
M.  Grandvoinnet.sur  la  marche  et  les  résultats  de  ces  e»sais,  de 
M.  Aimé  Girard  sur  l'analyse  cliimique  et  microscopique  des  prin- 
cipaux produits  de  moulure,  de  M.  Lucas  sur  les  expériences  de  pani- 
fication, de  M.  Prager  sur  le  classement  des  sons,  de  M.  Guillier  sur 
le  classement  des  farines  bises  et  des  remoulages.  Ils  sont  suivis  d'une 
étude  de  M.  Gatellier  sur  les  expériences  personnelles  qu'il  a  faites 
relativement  aux  moyens  d'augmenter  la  richesse  des  blés  en  gluten. 
M.  Gatellier  pense  qu'avec  un  système  de  culture  approprié  et  des 
engrais  bien  choisis,  on  peut  accroître  la  richesse  des  grains  en  gluten, 
et  arriver  ainsi  à  résoudre  la  question  qui  se  posera  inévitablement 
entre  la  meunerie  et  l'agriculture,  comme  elle  s'est  posée  entre  la 
sucrerie  et  l'agriculture  pour  la  richesse  des  betteraves  en  sucre. 

M.  Gatellier  donne  ensuite  quelques  détails  sur  le  voyage  qu'une 
délégation  de  la  Société  d'agriculture  de  Meaiix,  dont  il  est  président, 
vient  de  faire  en  Allemagne  et  en  Autriche-Hongrie.  La  délégation  y  a 
trouvé  une  agriculture  plus  prospère  qu'en  France;  M.  Gatellier  pense 
que  cette  prospérité  est  due  principalement  au  développement  de  l'en- 
seignement professionnel.  Il  ajoute  que  le  blé  Shirrif's  square  liead  est 
cultivé  sur  une  grande  échelle  et  qu'il  donne  des  rendements   très- 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'AGRICULTURE. 


1&5 


élevés;  toutefois,  il  croit  qu'il  y  a  des  réserves  à  faire  relativement  à 
la  qualité  de  ce  grain. 

A  cette  occasion,  M.  Tisserand  signale  la  pratique  adpotée  par 
M.  Raimond,  agriculteur  aux  eavirons  de  Nemours  (Seine-et-Marne), 
qui  sème  un  mélange  de  trois  variétés  de  blés  :  blé  bleu,  blé  de  Bor- 
deaux et  blé  Chiddam,  et  qui  obtient  des  rendements  beaucoup  plus 
élevés  qu'en  semant  ces  variétés  isolément.  M.  Tisserand  pense  qu'il  y 
a  là  une  indication  utile  pour  les  cultivateurs;  ces  résultats  sont  ana- 
logues à  ceux  qu'on  obtient  dans  la  culture  du  méteil. 

Henry  Sagnier. 


SITUATION  AGRICOLE  EN  BELGIQUE 

Namur,  le  24  juillet  1884. 

En  Belgique,  toutes  les  récoltes  sont  très  belles,  sauf  les  fruits  qui  ont  été  en 
très  grande  partie  détruits  par  les  gelées  tardives  du  printemps.  La  maturité  des 
récoltes,  sous  l'influence  des  chaleurs  excessives  qui  ont  eu  lieu,  avance  très  rapi- 
dement ;  les  seigles  sont  en  grande  partie  couiiés.  Il  faut  se  reporter  à  un  demi- 
siècle  en  arrière  pour  avoir  vu  de  pareilles  chaleurs  ;  on  m'a  dit  avoir  compté 
35  degrés  à  l'ombre  près  Gand. 

Cette  chaleur  était  nuisible  à  la  pousse  de  l'herbe  fftii  commençait  à  dessécher 
dans  plusieurs  pâturages  ;  elle  a  amené  de  nombreux  orages  sur  un  très  grand 
nombre  de  points,  des  incendies  dans  plusieurs  endroits  et  quelques  personnes 
ont  été  tuées  par  la  foudre. 

Depuis,  la  température,  quoique  orageuse,  a  beaucoup  baissé  et  il  est  tombé 
plusieurs  fois  de  l'eau  qui  a  fait  grand  bien  •■  hier  l'atmosphère  était  lourde  et  mal- 
saine, comme  on  dit  ici.  Le  ciel  était  sillonné  de  nombreux  éclairs  ;  il  a  plu  cette 
nuit,  le  temps  est  à  la  pluie,  il  en  tombe  même  un  peu  en  ce  moment. 

C'est  sous  l'influence  de  ces  pluies  d'orage  qu'apparaît  la  maladie  des  pommes 
de  terre;  jusqu'ici,  je  n'en  aperçois  aucune  trace. 

Ici  comme  en  France,  on  se  plaint  de  la  crise  agricole  et  industrielle  qui  para- 
lyse les  afi"aires.  .Iules  Gv  de  Keumavic. 

mW  GOIIÏÏERCIALE  ET  PRIS  GOURANT  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(2  AOUT  1884.) 
I.    —  Situation    générale. 
Le  calme  domine  toujours  sur  les  marchés  agricoles  ;  les  transactions  sont  res- 
treintes pour  la  plupart  des  denrées. 

II.  —  Les  grains  et  les  farines. 
Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  qotntal  métrique, 
sur  les  principaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger  : 


Algérie. 

Angleterre. 
Belgique. 


Pays-Bas. 
Luxembourg. 
A  Isace-Lorraine. 


Allemagne, 


Suisse. 

Italie. 

Espagne. 

Autriche. 

Hongrie. 

Husite. 

Etats-Um?. 


Blé. 

^,       |blé.endre..  21% 

(  blé  dur lo  uO 

Londres 23.90 

Anvers 21.50 

Bruxelles 24.00 

Liège yj  35 

Namur 22.75 

Amslerdam 20.70 

Luxembourg 23.50 

Strasbourg 26.50 

Mulliûu.se 23.90 

Colmar 2.S.75 

Berlin 20.85 

Cologne 23.35 

Francfort 24.. 50 

Genève 25  50 

Turin 23.50 

Barcelone 24.00 

Vienne 20.00 

Bndapest 19.75 

Saint-Péterabourg . .  1 7 .  00 

New-York 19.00 


Seif 

île. 

Or 

K». 

.woine 

fi 

Ir, 

Ir. 

B 

! 

I 

i 

II. 

,75 

13. 

,00 

S 

19, 

.50 

19 

.10 

\1. 

.85 

23 

50 

21, 

.00 

17. 

,50 

IS 

.55 

17. 

50 

19, 

.50 

19.00 

16. 

t: 

20, 

.25 

19 

.  /.•> 

Ifi. 

,75 

1 

> 

20. 

,.50 

20, 

.  f.) 

21 

.00 

iO  00 

20. 

,75 

17. 

50 

18, 

.25 

20.25 

19. 

,75 

21. 

.00 

21, 

.25 

18. 

50 

] 

> 

19.00 

) 

> 

2i), 

.50 

22 

.00 

10, 

.50 

19, 

.50 

20, 

.00 

21 

.00 

18 

.00 

, 

17, 

.00 

1(1 

50 

n 

.50 

17 

.25 

15 

.75 

18. ou 

17 

00 

12. 

80 

1 

B 

10 

.80 

1 

> 

a 

196 


REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX   COURANT 


1"  RÉGION.  —  NORD.OrEST. 


Calvados.  Condé 

—  Lisieux 

C.-du-Nord   Ouingarap 

—  Treguier 

Finistère.  Morlaix 

—  Quimper 

ille-et- Vilaine.  Rennes. 

—  .Saint-Malo 

Manche.  Avranches. . . . 

—  Pontorson 

—  Villedieu 

Mayenne.  Laval 

—  Mayenne 

Morbihan.  Hennebont.. 
Orne.  Seez 

—  Vimoutiers 

Sarthe.  Le  Mans 

—  Sablé 


fr. 
23  00 
24.10 
20.75 
22. 2i 
22.50 
23.0) 
21.00 
22  75 
23.50 
23.00 
23.75 
23.70 
22.00 

23.50 
24.00 
23.00 
23.50 


Seigle.   Orge. 

fr.  fr. 


16.00 
20.00 
13.00 

u 
16.50 
16.25 


20.50 


16.50 
16.25 
17.00 


18.50 
20.25 
15.75 
16.50 
16.25 
17.00 
16.00 

» 
19.50 
18.75 
19.50 

18.00 

20.00 
19.60 
16.75 


AvoiDe. 

fr. 

21.00 

21.50 

15. iO 

16.25 

15.50 

16.25 

16.00 

» 
21.25 
20.50 
22.75 

17.50 
17.10 
17.25 
19.50 
21.25 


Prix  moyeos 22.90     16.8ii     17  9S     18.61 


2"  REQION.   —   N 

Ai*ne.  Laon 22 .  00 

—  La  Fère. 23.00 

—  Soissons 23.50 

Eure.  Evreuï 23.25 

—  Les  Andelys 22  75 

—  Louviers 23.50 

E«r«-e(-ioir.  Chartres..  23.50 

—  Auneau 23  50 

—  Nogent-le-Hotrou.  23.00 
ATorrf.  Dunkerqne 23.50 

—  Lille 23.75 

—  Valenciennes 24.75 

Owe.  Beauvais 21.75 

—  Compiègne 23.50 

—  Senlis 22.00 

Pas-de-Calais,  \rris...  23.25 

—  Saini-Omer 23.50 

Seine.  Paris 24.25 

S.-et-Mariie.   Meaux....  23.75 

—  Dammartin 22.25 

—  Provins 23.50 

S.-et-Ot'se.  Versailles 24.00 

—  Houdan 23.00 

—  Mantes 23.00 

Seine-Infé}Heure.Ro\3en.  23.65 

—  Fécamp 22.75 

—  Yvetot 22.85 

Somme.  Montdidier 22 

—  Doullens 23 

—  Roye 23 

Prix  moyens 23. 


16.80 

15  50 
16.65 
14.50 
15.25 
14.75 
15.50 
15.25 
15.00 
17.00 
17.25 
17.20 
15.00 
15.50 
15.00 
14.75 

16  35 
16.00 
16.00 
15.50 
14  50 
14.50 
14.15 
15.25 
15.20 
15.00 


20.00 
20.50 

18.00 
19.25 
19.50 
19.50 

19.00 
18.50 
20.00 

19.00 
19.50 

18  50 
» 

17.50 
20.25 

19  00 
19.25 
20.50 
30.25 

I) 

19.50 

18.00 

19.20 


19.00 
18.00 
18.75 
19.00 

y 
20.50 
19.00 
18.35 
18.50 
18.50 
20.50 
18.10 
19.50 
19.00 
17.50 
18. 50 
18  20 
19.50 
19.00 
18.50 
20.00 
21.50 
18.50 
19.25 
21.50 
21  25 
20.00 
19.25 
18    50 


50  15.75 

75  18.00 

35  » 

18  15.59     19.31      19.18 


3*  RÉGION.  - 
Ardetmes.  Retliel 

—  Sedan 

Axtbe.  Bar-sur-.\uhe 

—  Méry-sur-Seine.. . 

—  NoRent-sur-Seine . 
Marne,  châlons 

—  Epernay 

—  Reims 

Hte-Marne.  Saint-Dizier. 
Meurthe-et-Mos .  Nancy. 

—  Liineville 

—  Toul 

Meuse.  Bar-le-Duc 

—  Verdun 

Haute-Saône.  Gray 

—  Vesoul 

Vosges.  Mirecourt 

—  Epinal 

Prix  moyens 

4*  RÉGION 

Charente.  Angouléme... 

—  BulTec 

Char.-Infér.  Marans. . . . 
Deux-Scvres.  Niort  .... 
Indre-et-Loire.  Tours... 

—  Château-Renault . 

Loire-Inf.  Nantes 

M.-et-Lnîre.  Saumur. ... 

—  Anf^ers 

Vendée.  Luçon 

—  Fontenay-le-Cle  .. 
Vienne.  ChàteilerauU. . . 

—  Loudun 

Haute-Vienne.  Limoges. 


NORU.ESr. 


23.61      16.07      18.08 
.  —  OITEST. 


Prix  movens. 


23.50 

17.75 

(S.  50 

18.25 

24 .  00 

» 

13.00 

17.75 

22.75 

» 

17.25 

15.50 

23.25 

15.50 

17.80 

16.25 

22  50 

15.25 

18.15 

17.50 

23.70 

14.55 

19.93 

20.30 

22.50 

» 

n 

16.75 

23  00 

15.75 

19.00 

18   15 

23.50 

16.25 

18.50 

18.20 

22.75 

* 

19.50 

17.00 

23.50 

» 

18.25 

17.50 

23.25 

16.00 

20.50 

17.00 

23.00 

14.50 

20.00 

18.25 

23.50 

15.50 

s 

18.00 

23.19 

15.67 

18.77 

17.60 

AUier.    Montluçon.. 

—  Moulins 

—  La  Palisse 

Cher.  Bourges. 

—  St-Amand,... 
Vierzûn 

Creuse.  Aubusson... 
IJidre.  Chàteauroux. 

—  Issoudun 

—  Valençay 

Loiret.  Orléans 

—  Montargis 

—  Patay 

L.-el-Cher.  Blois.... 

—  Monloire 

Nièvre.  Nevers 

—  Clamecy 

Yonne    Brienon 

—  Joigny 

—  Sens 


.  —  CEKTRR 

Blé.  Seigle. 

fr.  fr. 

22.75  17.00 

23.25  15.00 

22.50  15.00 

22.65  15.75 

22.75  17.00 

23.00  15.25 

24.00  15.75 

23.50  14.75 

23  00  15.00 


15.00 
15.20 


fr. 
19  50 


16,75 
20.50 
20.25 


18  00 
19.50 

» 
18.50 
18.50 
18.25 
18.00 


AToue. 

fr. 

13.25 

16.75 

17.50 

17.35 

17.00 

17.50 

18  00 

15.80 

17.50 

17.2» 

18.75 
19.25 
20.00 
16.50 
16  00 
19.00 
18.85 
19.50 
19.50 


Prixmoyens 23.16    15.46     18.73     17.91 


6'  RÉ  MON.  —  EST. 


-4in.  Bourg 23.50 

—  Pont-de-Vaux 23.75 

Cote-d'Or.  Dijon 23 .  65 

Oou6s.  Besançon 23.50 

/«ère.  Grenoble 25.00 

—  Bourgoin 23.65 

Jura.  Vtùie 23.75 

i.otre.  Firminy 23.75 

P.-de-Wdme.  Clermont-F  24.00 

Rhône.  Lyon 23.25 

Saône-et-Loire.  Chilon  .  22.00 

—  Maçon 24.00 

oflyoïe.  Chambéry 25.00 

ifte-Saiioie.  Annecy 25.50 

—  Thonon 25.20 


16.25 

16  75 
15.50 

» 

17  50 


16.35 
15  75 
18.00 
17.00 
15  65 
17.00 
15.50 
19.00 


Prixmoyens 23.95     16 


19  50 
19.00 
17.50 
19.00 
19.50 
(8.25 
IS.25 

20  50 
18.75 
18.25 
20.50 
19.50 

»         19.00 
•  19.25 

»         23.00 

18.6)     19.25 


18.50 
18.00 


17. 50 
19.50 


7"  RÉGION. - 
Ariége.  Pamiers 

—  Foix 

Dordogne.  Bergerac 

Hte-Garonne.  Toulouse. 

—  bt-Gaudens 

Gers.  Condora 

—  Eauze  

—  Mirande 

Gironde.  Bordeaux 

—  Lesparre 

Landes.  Dax 

Lot-et-Garonne.  Agen. . . 

—  Nérac 

B.-Pyrénées.  Bayonne. . 
Htes-Pyrénèes.  Tarbes. . 


SUD-OUEST. 


24.00 
24.20 
32  90 
23.00 
24  75 
25.10 
25.50 
24.20 
23  50 
24.50 
25.00 
23  75 
25.00 
25.00 
24.75 


19.00 
18.75 
19.00 
19.25 
19.00 


18.50 
18.85 


19.20     IS.50 


19.50 
19.00 


23.00 
19.50 
32.50 
19.50 
22.50 
20.50 
31.75 
23.00 
19.50 


20  25 
20.50 


Prixmoyens 24.3'i     19.34     18.71 


18.75 
19.75 


18.50 
23.30 
17.80 


8'  RÉGION.  —  SUO 
Aude.  Caslelnaudary....  23.75 

—  Garcassonne 24.35 

.4i)e!/TOn.  Rodez 23.50 

Cu?i(af.  Mauriac 23.75     31. .ri 

Correie.  Brive 24.00     18.25 

Hérault.  Montpellier...  23.85        » 

—  Béziers 23.50        » 

Loï.  Cahors 24.00 

Lozère.  Mende 25.65 

P(/rénées-Oc. Perpignan.  35.65 

Tarn.  Albi 25.00        » 

rarn-et-fîar.Montauban  24.00     19.50 

Prix  moyens 24  34     19. 6i 

9'  RÉGION.  —  SUD-EST 
Basses-Alpes.  Manosque  24.60 
Hautes-.ilpes.  Briançon.  24.25 
Alpes. Maritimes.Càunes  26 .00 

^rrfrc/ie.  Privas 26.60 

B.-du-Rhône.  Arles....  25.20        » 
Drôme.  Montelimar. . . .  24.70        n 

Gard.  Nimes 25.20        » 

//au(e-Loire.  Brioude...  24.00     18.25 

Kar.  Draguignan 24.35        » 

Kaucfuse.  Orange 24.50        » 

Prixmoyens 24.94     18.31 

Moy.  de  toute  la  France  33.73     17.07 
^de  la  semaine  précéd.  23.81     17.09 

Sur  la  semainejHausse.      »  » 

précédente..  (Baisse..       0.09    0  03 


18.50 
17.30 
1 8 .  35 
18.75 

n 
34.00 

ff 
18.75 

19.34 


20.50 
19.25 
18  00 
20.50 
18.00 
17.50 
19.00 
18  25 
28.05 
24.45 
20.75 
19.50 

20.14 


0.17 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (2  AOUT   1884).  197 

Blés.  —  Les  travaux  de  la  moisson  sont  poursuivis  avec  beaucoup  d'activité;  il 
en  résulte  que  sur  la  plupart  des  marchés  les  offres  des  cultivateurs  sont  tout  à  fait 
restreintes;  les  ventes  sont  peu  importantes,  les  prix  restent  sans  clian<,'ements 
sensibles.  Le  commerce  est  lui-même  dans  le  plus  giand  calme,  car  la  mévente 
des  farines  inlliie  sur  tous  Us  marchés.  —  A  la  halle  de  Paris,  le  mercredi  .3o 
juillet,  il  n'y  a  eu  que  très  peu  d'affaires;  il  y  a  des  offres  sur  les  blés  nouveaux, 
mais  elles  sont  très  faibles.  On  cote  les  blés  nouveaux  à  un  taux  un  peu  plus 
élevé  que  les  vieux.  Les  firix  de  23  à  25  fr.  50  suivant  les  cjualités  ou  en  moyenne 
24  fr.  25  par  100  kilog.  Au  marché  des  blés  à  livrer,  on  paye:  courant  du  mois, 
22  fr.  75 à  23  i'r.  ;  ai  ùt,  22  fr.  75  à  23  fr.;  septembre  et  octobre,  23  fr.  25;  quatre 
derniers  mois,  23  f i .  25.  —  JMèmes  cours  que  précédemment,  au  //ayre,  pour  les  blés 
d'Amérique  qui  valent  de  22  fr.  50  à  -24  fr.  par  quintal  métrique  ;  ceux  des 
Indes  se  payent  de  22  à  22  fr.  75.  —  A  Marseille,  les  transactions  sont  toujours 
aussi  importantes  ;  les  prix  sont  faiblument  tenus  pour  toutes  les  sortes.  —  En 
Angleterre,  on  continue  à  espérer  une  assez  bonne  récolte,  les  affaires  présentent 
beaucoup  de  calme  et  les  prix  varient  peu.  Les  prix  se  fixent  de  23  à  25  fr.  10  par 
100  kilog.,  suivant  les  qualités  et  les  provenances. 

Farines.  —  Les  transactions  sont  toujours  aussi  calmes.  Les  prix  des  farines 
Qç  consommation  sont  fixés  comme  il  suit  :  marque  de  Gorbeil,  51  fr.;  marques 
de  choix,  M  à  ^3  fr.;  premières  marques,  50  à  51  fr.;  bonnes  marques,  48  à  49  fr.; 
marques  ordinaires,  45  à  47  fr.;  le  tout  par  sac  de  159  kilog.  toile  perdue  ou 
159  kilog.  net,  ce  qui  comprend  aux  prix  extrêmes  de  28  fr.  65  à  33  fr.  75  par 
100  kilog.,  ou  en  moyenne  31  fr.  40  sans  changements.  —  Pour  les  farines  de 
spéculation,  on  cote:  farines  neuf -marques,  courant  du  mois,  46  fr.  75;  août, 
47  fr.;  S"ptembre  et  octobre,  47  fr.  75;  quatre  derniers  mois,  48  à  48  fr.  25  ;  le 
tout  par  sac  de  159  kilog.,  ou  157  kilog.  net.  —  Les  farines  de  gruau  se  vendent 
aux  anciens  cours,  de  36  fr.  à  41  fr.  par  100  kilog.;  les  farines  deuxièmes  se  ven- 
dent de  22  à  25  fr. 

Seigles.  —  Les  prix  sont  assez  fermes.  On  vent  à  la  halle  de  Paris,  de  15  fr.  50 
à  16  fr.  50  par  100  kilog.  suivant  les  sortes.  Mêmes  prix  pour  ^les  farines  de 
21  à  24  fr. 

Orges.  —  Il  y  a  maintien  des  cours.  Les  orges  valent  de  18  à  19  fr.  par  100 
kilog.  Les  escourgeons  sont  cotés  de  18  fr.  75  à  19  fr.  25. 

Avoiih's.  —  Il  y  a  un  peu  de  faiblesse  dans  les  prix.  On  cote  à  la  halle  de 
Paris  de  18  fr.  50  à  20  fr.  50  par  luO  kilog.  suivant  poids,  couleur  et  qualité" 
Les  afl'aires   sont  calmes. 

Maïs.  — Les  affaires  sont  peu  importantes.  Dans  les  ports,  les  maïs  d'Amérique 
se  vendent  de  14fr.  50  à  15  fr.  par  qumtal  métrique. 

Issues.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris  par  luO  kilog.  :  gros  son  seul,  15  fr. 
à  15  fr.  25;  sons  gros  et  moyens,  14  fr.  50  à  15  fr.  ;  sons  trois  cases,  13  fr.  75  à 
14  fr.  25;  sons  fins,  13  fr.  25  à  13  fr.  50;  recoupettes,  13  fr.  50  à  14  fr.;  remou- 
lages bis  15  à   16  fr.;  remoulages  blancs,  17  à  18  fr. 

III.  —  Fourrages,  graines  fourragères. 

Fourrages.  —  Les  marchés  sont  assez  approvisionnés.  Il  y  a  fermeté  sur  les 
prix  des  foins  qui  valent,  suivant  les  départements,  de  75  à  100  fr.  par 
1,000  kilog.  Les  pailles  de  blé  valent  de  40  à  60  fr. 

Graines  fourragères.  —  Hausse  sur  les  piix  des  trèfles  incarnats  de  Beauce  qui 
sont  cotés  à  Paris,  de  52  à  54  fr.  par  100  kilog.;  ceux  de  Picardie,  de  46  à  48  fr. 

IV.  —  Fruits  et  légumes  frais. 
Frvils.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris  :  abricots,  le  kilog.,  0  fr.  40  à  0  fr.  90 
amandes,  le  100,    1    fr.    50  à  2  fr.   50  ;  cassis,    le    kilog.,  0  fr.    80  à  0   fr.  85 
cerises  communes,  le  kilog.,  0  fr.  30  à  1  fr.  50;  figues,  le  100,  4  à  10  fr.;  fraises 
le  panier,  1  fr.  à  2  fr.  25;  groseilles,  le  kilog.,    0  fr.  35  à  0  fr.  50  ;   melons,  la 
pièce,  0  fr     50    à   3  fr.  ;  pêches,  le  kilog.,   0  fr.    60  à   1  fr.  ;    poires,   le  kilog., 

0  fr.  30  à  0  fr.  60;  prunes,  le  kilog.,  0  fr.  25  à  1  fr.  10;  raisins  communs,  le 
kilog.,   1  fr.  à  1  fr.  50. 

Gros  légumes.  -^  Derniers  cours  de  la  halle  :  artichauts  de  Pai-is,  poivrade, 
la  botte,  0  fr.  25  à  0  fr.  30;  le  cent,  6  à  13  fr.;  asperges   communes,    la  botte, 

1  fr.  50  à  3  fr.  ;  carottes  nouvelles,  les  100  bottes,  45  à  50  fr.;  choux  nouveaux, 
le  cent,  10  fr.  à  12  fr.;  haricots  verts,  le  kilog,  0  fr.  15  à  0  fr.  35  ;  en  cosse,  le 
kilog.,  Ofr.  20  à  0  fr.  40  ;  écossés,  le  litre,  0  fr.  40à0  fr.  45;  navets  nouveaux,  les 
100  bottes,  30  à  35  fr.;  oignons  nouveaux,  les  100  bottes,  25  à  30    fr.;  panais 


198  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX   COURANT. 

nouveaux,  les    100    bottes,    20  à  25   fr.;  poireaux   nouveaux,    les    lOû    bottes, 
30  à  40  fr.  ;  pois  verts,  le  kilog.,  0  fr.  35  à  0  fr.  45. 

V.  —  Vins.  —  Spiritueux.  —  Vinaigres.  —  Cidres. 

Vins.  —  Les  affaires  sur  les  vins  sont  très  calmes  :  très  peu  de  ventes,  et  sur 
la  plupart  des  marchés  maintien  des  anciens  prix.  Les  eutrepùls  sont  chargés 
d'une  très  grande  ijuanlilé  de  fûts,  et  il  n'y  a  nulle  part  d'aflaires  importantes. 
Les  arrivages  de  vins  étrangers  sont  toujours  aussi  nombreux,  et  ils  pèsent  lour- 
dement sur  la  situation  générale  du  commerce.  A  Marseille,  les  vins  d'Espagne 
valent  :  Alicante,  i!6  à  37  fr.  par  hectolitre;  Beni-Carlo,  28  à  30  Ir.  ;  deuxième 
choix,  21  à  25  fr.  — En  Algérie,  on  cote  les  vins  de  coteau  de  25  à  28  fr.  l'hec- 
tolitre; ceux  de  plaine,  de  15  à  20  fr.  A  Oran,  les  prix  s'élèvent 'jusqu'à  28  à 
34  fr.  —  Les  nouvelles  des  vignes  sont  généralement  bonnes  ;  des  orages  violents 
sont  survenus  sur  quelques  points,  notamment  en  Bourgogne  et  en  Touraine,  et 
y  ont  causé  des  Jégats.  Dans  le  Bordelais  et  sur  quelque.s  points  du  Midi,  on  si- 
gnale une  apparition  du  mildew  assez  intense.  Il  est  difficile  que  le  refroidissement 
de  la  température,  durant  les  derniers  jours,  n'ait  pas  amené  quelque  arrêt  dans 
la  végétation. 

Spiritueux.  —  Toujours  même  calme  dans  les  transactions.  Sur  les  marchés 
du  Midi,  il  y  a  maintien  dans  les  cours.  A  Cette,  on  cote  par  hectolitre  :  trois- 
six  bon  goût,  103  fr.  ;  marc,  95  fr.  ;  à  Béziers,  trois-six  bon  goût,  103  fr.; 
marc,  95  fr.;  à  Montpellier,  trois-six  bon  goût,  100  à  105  fr.;  mai'c,  95  à  99  fr. 
Nîiues,  trois-six  bon  goût,  102  fr.;  marc,  95  fr.  —  A  Paris,  on  paye  trois-six 
fin  Nord,  90  degrés,  première  qualité,  disponible,  42  fr.  50  à  42  fr.  75;  aoiÀt, 
43  fr.  ;  quatre  derniers  mois,  44  fr.  25;  quatre  premiers  mois,  44  fr.  75  à  45  fr. 
Au  30  juillet,  le  stock  était  de  14,350  pipes  contre  15,600,  en  1883. 

Vinaigre.  —  A  Orléans,  on  cote  par  hectolitre  ;  vinaigre  nouveau  de  vin  vieux, 
34  à  36  fr.;  vinaigre  vieux  de  vin,  40  à  50  fr. 

VI.  —  Sucres.  —  Uélasaes.  —  Fécules.  —  Houblons. 

Sucres.  — Les  affaires  sont  toujours  peu  importantes;  les  cours  sont  faibles 
pour  toutes  les  sortes,  et  il  y  a  encore  de  la  baisse  depuis  huit  jours.  On  cote  à 
Paris  par  100  kilog.,  :  sucres  bruts,  88  degrés,  36  fr.  50;  les 99  degrés,  kl  fr.  Ih; 
sucres  blancs,  n"  3,  43  fr.  Le  stock  de  l'entrepôt  réel  des  sucres  était,  au  30 
juillet,  de  672,000  sacs  pour  les  sucres  indigènes,  avec  une  nouvelle  dimi- 
nution de  46,000  sacs  depuis  huit  jours.  —  Les  sucres  ralfinés  restent  aux 
cours  que  précédemment:  on  les  paye  de  102  à  104  fr.  par  100  kilog.  à  la  cou- 
sommation,  et  de  4S  fr.  75  à  54  fr.  50  pour  l'exportation.  A  Nantes,  les  sucres 
coloniaux  se  cotent  à  37  fr.  25  par  100  kilog. 

Fécules.  —  Prix  soutenus.  A  Paris,  on  cote  32  fr.  par  100  kilog.  pour  les 
fécules  premières  du  rayon;  à  Compiègne,   31  fr.  pour  celles  de  l'Oise. 

Houblons.  —  Les  transactions  sont  toujours  nulles.  La  situation  des  houblon- 
nières  n'a  pas  varié  depuis  huit  jours;  mais  le  temps  froid  leur  est  peu  favorable. 

VII.  —  Tourteaux.  —  Noirs.  —  Engrais. 

Tourteaux.  —  Les  cours  varient  peu.  A  Gaen,  les  tourteaux  do  colza  valent  17  fr. 
par  100  kilog.;  —  A  llouen,  tourteaux  de  colza,  16  fr.  60;  d'arachides  décorti- 
quées, 16  fr. 

Noirs.  —  Mêmes  prix  à  Valenciennes.  On  cote  :  noir  animal  neuf  en  grains, 
33  à  36  fr.  par  100  kilog.:   noirs  vieux  grains,  )0  à  12  fr.  par  hectohtre. 

Engrais.  —  On  cote  par  lûO  kilog.  sulfate  d'ammoniaque,  j7  à  39  Ir.  ;  nitrate  de 
soude,  2^1  fr.  ;  poudre  d'os,  15  à  17  fr.  :  phosphates  fossiles,  3  fr.  50  à  5  fr.  sui- 
vant la  ricliesse.  Les  principes  utiles  valent,  par  degré  dans  les  engrais  composés  : 
azote  1  Ir.  80  à  2  fr.  ;  acide  phosphoriqiie  immédiatement  soluble,  0  fr.  70  à 
0  fr.  80;  acide  pliosphoriqne  insolulite,  0  fr.  25;  polas:*e  dans  les  chlorures, 
0  fr.  50;  potasse  dans  les  sulfates,  0  fr    60  à  0  fr.  65. 

VIII.  —  Matières  résineuses.  —  Textiles. 

Malicres  résineuses.  —  A  Bazas,  les  gemmes  nouvelles  se  cotent  :  gemmes 
ordinaires,  25  fr.  la  barrique  ;  gemmes,  système  Hugues,  27  fr.  50. 

Chanvres.  —  Dans  la  Mayenne,  on  cote  les  chanvres  de  60  à  70  fr.  par  100  ki- 
log. 

IX.  -    Suifs  et  corps  ;/ros. 
Suifs.  —  Nouvelle  baisse.  On  cote  à  Paris  par  100  kilog.  :  suifs  purs  de  l'abat 
de  la  boucherie,  81  fr.  par  100  kilog.;  suifs  en  branches,  60  fr.  75. 


DES  DENRÉES  AGRICOLES   (2  AOUT  1884;.  199 

Saindoux.  —  Il  y  a  encore  de  la  faiblesse  dans  les  prix.  On  paye  au  Havre,  de 
95  (t.  50  à  96  fr.  par  100  kilog.  pour  les  saindoux  d'Amérique. 
X.  —  Beurres.  —  (Eit/«.  —  Fromagr.s. 

Beurres.  —  A  la  halle  de  Paris,  on  paye  par  kilog.  suivant  les  sortes  :  en 
demi-kilog.,  1  Ir.  90  à  3  fr.  78;  petits  beurres,  1  fr.  58  à  2  fr.  60;  Gouinay, 
2   fr.  à  3  Ir.  80  ;    Isigny.  1  fr.  94  à  6  fr.  28. 

Œufs.  —  Derniers  cours  de  la  halle,  par  mille  choix,  102  à  1 14  fr.;  ordinaires, 
66  à  8n  fr.;  petits,  52  à  53  fr. 

Fromages.  —  Oa   cote   par  douzaine  :  Brie,    5   à    23  fr.;   Montlhéry,    15    fr.; 
—  par  cent,  Livarot,  22  à  92  fr.;  Mont-d'Or,  12  à  28  fr.;  Neufchatel,  7  à  29  fr.; 
divers,  7  à  51  fr.;  —  par  100  kilog.,  Gruyère,  1 10  à  188  fr. 
.XI.  —  ChevaxLz.  —  Bétail.  —    Viande. 

Chevaux. —  Aux  marchés  des  23  et  26  juillet,  à  Paris,  on  comptait  1,014  chevaux; 
sur  ce  nombre,  337  ont  été  vendus  comme  il  suit  : 

Amenés.  Vendus.  Prix  extrêmes. 

Chevaux  de  cabriolet 2i9  .59  l.=>0  à  I.O.tO  fr. 

—  de  trait "290  77  200  à  1,130 

—  hors  d'âge 368  94  25àl,0»n 

—  à  l'enclière ; 32  32  30  à      380 

—  de  boucherie 75  75         20  à      100 

Bétail.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  officiel  du  marché  aux  bes- 
liaus  de  la  Villette,  du  jeudi  24  au  mardi  29  juillet  : 

Poids     Prix  du'kilog.  de  viande  nette  snr 
Vendus  moven  pieJ  au  marche  du  29  juillet. 

des  ^' 


Pour 

Pour 

En          4 

quartiers.     1'° 

T 

3" 

Prix 

Amenés. 

Paris.   1 

'extérieur. 

totalité. 

l(il. 

quai. 

quai. 

quai. 

moyen. 

Bœufs 

6,C8,Î 

3,01b 

1,.588 

4,604 

344 

1.70 

1.58 

l.,34 

1.52 

Vaches 

1,885 

1,174 

hk'i 

1,723 

2  M 

1.62 

1.48 

1.28 

1.43 

Taureaux  

:i40 

264 

41 

305 

388 

1.46 

1   38 

1.28 

1.37 

Veaux 

4,34i 

2,696 

699 

3,345 

75 

1.66 

1.52 

1.42 

1..54 

Moutons  . .   . . , 

31,203 

20,790 

8,974 

29,764- 

19 

2   16 

2.00 

1   80 

1.95 

Porcs  gras. ... 

6,392 

2,315 

3,736 

6,U51 

81 

1.40 

1.34 

1.28 

1.32 

Les  arrivages  des  marchés  de  la  semaine  se  décomposent  comme  il  suit  : 

Bœufs.  —  Ai.=De,  44  ;  Allier,  55;  Calvados,  909;  Charente-Inrérieure,  347;  Cher,  114;  Cùte- 
d'Or,  l(iO;Cûles-du-Nord,  297;  Deux-Sèvres,  87;  Eure,  15;  Finistère,  68;  Indre,  18;  Inlre-et- 
Loiré,  8:  Loiie.  31  ;  Loire  Inférieure,  40  ;  Loiret,  23;  Maine-et-Loire,  345;  Manche,  128;  Mayenne, 
132;  Nièvre,  688;  Oise,  13;  Orne,  448;  Puy-de-Dôme,  10;  Saône-et-Loire,  457  ;  Sarlhe,  84; 
Seine-et-Oise,  30;  Vendée,  460  ;  Yonne.  59. 

Vachex.  —Ailier,  16  ;  Aube,  2;  Calvados,  241  ;  Charenle-lnférieure,  105  ;  Cher,  48;  Côte-d'Or, 
42;  Eure,  18;  Eure-et-Loir,  62;  Loire,  4  ;  Loire-Inférieure,  6  ;  Loiret,  28;  Maine-et-Loire,  240; 
Manche,  40;  Haute-Marne,  29;  Nièvre,  2.56  ;  Orne,  78;  Puy-de-Dôme,  137  ;  Saône-et-Loire,  135  ; 
Sarthe,  14;  Seine,  133;  Seine-Inférieure,  13;  Seme-et-Marne.  27;  Seine-et-Oise,  40;  Vendée,  79; 
Yonne,  67. 

Taureaux.  —  Aisne,  1  ;  Aube,  4;  Calvados,  36;  Côle-d'Or,  10;  Côtes-du-Nord,  22  ;  Eure,  5; 
Eure-et-Loir,  20:  Finistère,  2  ;  Ille-et-Vilaine,  19;  Loire-Inférieure,  11  ;  Loir-et-Cher,  1;  Loiret,3; 
Maine-et-Loire,  27;  Manche,  30;  Marne,  1;  Haute-Marne,  2;  Mayenne,  7  ;  Nièvre,  29;  Orne,  12; 
Saône-etLoire,  12  ;  Haute-Saone,  5;  Sarthe,  34;  Seine  Inférieure.  10;  Seine-et-Marne,  15;  Seine- 
et-Oise,  21  ;  Vendée,  3;  Yonne,  17. 

Fcaui.  —  Auhe,  401;  Calvados,  16;  Côtes-du-Nord,  16;  Eure,  252;  Eure-et-Loir,  430; 
Loiret,  204  ;  Marne,  1S9  ;  Nièvre,  29  ;  Oise,  37  ;  Orne,  31  ;  Puy-de-Dôme,  239  ;  Sarthe,  397  ;  Seine- 
Inférieure,  192;  Seine-et-Marne,  304;    Seine-et-Oise,  47;  Y'onne,  116. 

Moutons.  —  Aisne,  847;  Allier,  882;  Ardennes,  388  ;  Aube,  939  ;  Aveyron,  357  ;  Cantal, 
2,653;  Charente,  286;  Cher,  539  ;  Corrèze,  705;  Côte-il'Or,  198;  Creuse,  1,785;  Dordogne,  520; 
Eure-et-Loir,  265  :  Indre,  2,019;  Loiret,  486;  LÔr,  585  :  Lot-et-Garonne,  61  ;  Maine-et-Loire,  274  ; 
Marne,  68;  Haute-Marne,  48  ;  Nièvre,  999;  Oise,  325;  Puy-de-Dôme,  166;  Saône-et-Loire,  198  ; 
Seine;  52;  Seine-Inférieure,  50;  Ssine-et-,Mirne  910:  Seine-et-Oise,  442;  Somme,  120;  Vienne, 
166;  Haute-Vienne,  124;  Yonne,  379;  Afrique,  118;  Allemagne,  9,106;  Hongrie,  5,661; 
Italie,  609;  Prusse,  868;  Russie.  2,906. 

Porcs.  —Aisne,  43;  Allier,  301;  Calvados.  53;  Charente,  56;-  Cher,  70;  Côte-d'Or,  56; 
Côtes-du-Nord,  82;  Creuse,  284;  Deux-Sèvres,  "09;  Eure-et-Loir,  3;  lUe-cl-Vilaine,  341; 
Indre,  458;  Indre-et-Loire,  91;  Haute-Loire,  26;  Loire- Inférieure,  290:  Loir-el-Cher,  149; 
Maine-et-Loire,  722;  Manche,  11;  Mayenne,  79;  .Morbihan,  24;  Puy-de-Dôme,  281  ;  Saône-et- 
Loire,  65;  Sarthe,  822:  Seine,  225,  .Semednférieure,  84;  Seine-et-ÛLse,  10  ;  Vendée,  898;  Vienne, 
72;  Vosges,  32. 

La  vente  a  présenté  moins  d'activité  que-  la  semaine  précédente  principa- 
lement pour  le  gr:  s  bétail  ;  les  prix  sont  faibles  ;  ceux  des  veaux  accusent 
de  la  baisse  ;  mais  il  y  a  une  reprise  assez  accentuée  sur  les  cours  des  moulons.  — 
Sur  les  marchés  des  départements,  on  cote;  Caen,  bœuf,  1  fr.  65  à  1  fr.  85  par 
kilog.  de  viande  nette  sur  pied  ;  vache,  1  fr.  55  à  1  fr.  65;  veau,  1  ir.  30  à  1  Ir.  50; 
mouton,  1  fr.  70  à  1  fr.  90;  porc,  1  fr.  lu  à  1  fr.  30;  —  LeMans,  vache,  1  fr.  50 


200  REVUE   COMMERCIALE    ET  PRIX  COURANT  (2  AOUT  1884) 

à  1  fr.  60  ;  veau,  1  fr.  70  à  1  fr.  80  ;  mouton,  2  fr.  à  2  fr.  10;  —  Neubourg,  porcs 
gras,  1  fr.  30  à  1  fr.  40;  —Dijon,  bœaf,  1  fr.  60  à  1  fr.  72;  vache,  l'fr.  20  à 
1  fr.  66  ;  veau  (poids  vif),  1  fr.  à  1  fr.  1  2  ;  mouton,  1  fr.  50  à  1  fr.  80  ;  porc  ^poids 
vif),  0  fr.  86  à  1  fr.;  —  A'eivr^,  bœuf,  1  fr.  60  à  1  fr.  80;  vache,  1  fr.  40  à  1  fr.60; 
veau,  2  fr.;  mouton,  2  fr.;  porc,  1  fr.  60;  —  Lyon,  bœuf,  1  fr.  20  à  1  fr.60; 
vache,  1  fr.  20  à  1  fr.  60  :  veau  (poids  vil),  0  fr.  90  à  1  fr.  02  ;  mouton,  1  fr.  44 
à  1  fr.  88;  porc  (poids  vif),  0  fr.  86  à  1  fr.  02;  —  Bourgoin,  bœuf,  63  à 
76  fr.  par  100  kilog.  bruts;  vache,  58  fr.  à  68  fr.;  mouton,  65  fr.  à  90  fr.;  p3rc 
84  à  88  fr  ;  veau  (poids  vif),  70  à  80  fr.;  —  Nîmes,  bœuf,  1  fr.  35  à  1  fr.  65  ; 
taureau,  1  fr.  45;  vache,  1  fr.  05  à  1  fr.  55  ;  mouton,  1  fr.  80 à  1  fr.  90  ;  moutons 
étrangers,  1  fr.  40  à  1  fr.  65;  brebis,  1  fr.  35  à  1  fr.  70;  veau  (poids  vifs),  0  fr.  75 
à  0  fr.  85;  —  Genève,  bœuf,  1  fr.  60  à  1  fr.  70  ;  vache,  1  fr.  20  à  1  fr.  50  ;  mou- 
ton, 1  fr.  70  à  1  fr.  90  ;  veau  (poids  vif),  0  fr.  76  à  Ofr.  90;  porc,  1  fr.  à  l  Ir.  05. 
Viande  à  la  criée.  —  Il  a  été  vendu  à  la  halle  de  Paris,  du  21  au  27  juillet  : 

Prix  da  kiiog.  le  27  juillet. 

kilog.  1"  quai.  2"  quai.  3°  quai.  Cboii.       Basse  Boucherie 

Bœuf  011  uaclie...    108,897     1.56  à  2.00     1.34  à  1.54     0.90  à  1.32     1.30  à  2.80  0.20  à  126. 

Veau 139,137     1.70       1.96     1.48       1.68     1.20       1.46       •  »         »  > 

Mouton 29,343     1.52       1.86     1.30       1.50    fl.9i       1.28     1.60      3.00     »  » 

Porc 22,494  Porc  frais 1.26  à  1.56. 

303,871  SoUparjour 63,774  kilog. 

Les  ventes  ont  été  inférieures  de  3,000  kilog.  par  jour  à  celles  de  la  semaine 
précédente.  Il  y  a  eude  la  baisse  dans  les  pri.x  de  toutes  les  catégories. 

XII.  —  Cours  de  la  viande  à  l'ahattoir  de  la  ViUelte  du  jeudi  31  juillet  (par  50  kilng.) 
Cours  de  la  charcuterie.  —  On  i^end  à  la  Villette  par  50  kilog.  :  1"  qualité, 
73  à  75  fr.  ;  2%  65  à  70  fr.  Poids  vif,  45  à  53  fr. 

Bœurs.  Veaux.  Moutons. 

1"  r  3'  1"  2-  3-                    1"                   2*  3'  j 

qnal.  quai.  quai.  qtial.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai. 

fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr. 

80  74              68  92  81  80  95  88  80  ^"^ 

XIlI.  — Marché  aux  bestiaux  de  la  Villette  du  jeudi  31  juillet  1884. 

Cours  des  commissionnaires 
Poids  Cours  ofliciels.  en  bestiaux. 

Animaux  général.     1"        2"  3*  Prix  I'"        2*  3*  Pris 

amenés.  Invendus.  kil.        quai.  quai.  quai,  extrêmes.  quai. quai,  quai,  extrêmes. 

Boeufs 2  078  iO  345          \.lo     1.56  I.3J  l.28àl.7-.  1.C8     1  .  &'i  1.30  1.26àl.72 

Vaches 56S  22  241          1.62     1.46  1   23  1.20      1   66  1,60     l.k*  1,26  1.20     1  64 

Taureaux...          165  10  389         I   46     1.36  t. 26  1.22     I    50  I   42     1.32  1.26  1.20    150 

Veaux t. 412  319  30         1.66     1.52  1   42  1.22     1.86  »              »  »  • 

Moutons 17   353  1.557  19         2  08     1.88  1.72  1   62     1    14  »              >  •  » 

Porcs  gras..     3,906  47  81          1.50     1.44  1.38  1.24     l.àS  •              •  »  • 

—  maigres..         »  ■  •■t»»»i»»»tl. 

Vente  assez  active  sur  toutes  les  espèces. 

XIV.  —  Résumé. 

Les  cours  du  plus  grand  nombre  des  denrées  sont  demeurés  stationnaires  de- 
puis huit  jours;  les  prix  des  céréales,  des  alcools,  des  sucres,  et  même  de  quelques 
produits  animaux,  accusent  de  la  baisse.  A.  Remy. 

BULLETIN  FINANCIER 

La  hausse  l'emporte  depuis  huit  jours.  On  cote  les  valeurs  françaises  :  3  pour 
100,  77  fr.  60;  —  3  pour  100  amortissable,  79  fr.  15;  —  4  et  demi  pour  100, 
108  fr.  25;  —  4  et  demi  pour  100  nouveau.  108  Ir.  35. 

Les  actions  des  établissements  de  crédit  :  Banque  de  France,  5,040  fr.  ; 
Banque  de  Paris,  790  fr.;  Comptoir  d'escompte,  965  fr.  ;  Crédit  foncier  et  agri- 
cole d'Algérie,  495  fr.;  Crédit  foncier,  1,285  fr.;  Banque  d'escompte  de  Paris, 
520  fr,  ;  Crédit  industriel,  670  fr.;  Crédit  l)'onnais,  545  fr.  ;  GampHgnie  foncière 
de  France,  4'jiO  fr.;  Société  des  dépôts  et  comptes  courants,  635  fr,;  Société 
générale,  463  fr.;  Banque  franco-égyptienne,  550  fr. 

On  paye  les  actions  des  Comagnies  de  chemins  de  fer  :  Est,  765  fr.  ; 
Paris-Lyon-Méditerranée,  1,225  fr  ;  Midi,  1,170  fr.;  Nord,  1,675  fr.  ;  Orléans, 
1,310  fr,  ;  Ouest,  825  fr.  — Les  actions  du  canal  maritime  de  Suez  valent 
1,887  fr.  50;  les  délégations,  1,135  fr. E.  Féron. 

Le  Gérant  :  A.  Bouché. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  o  Aoai  issi,. 

Vote  définitif  île  la  lui  sur  les  vices  rédhibitoires  dans  les  ventes  d'aniirjaux  domestiques.  —  Ana 
lyse  des  nouvelles  disposiliuns  légalos.  —  Suppression  de  la  garantie  nonaire  pour  les  ventes 
d'animauK  de  boucherie.  —  Deuxième  délibération  du  Sénat  sur  les  ventes  et  les  échanfres 
d'immeubles  ruraux.  —  Election  de  M.  d'Andrarle  Corvo  comme  correspondant  de  l'Académie 
des  sciences.  —  Règlement  d'administration  publiijue  sur  la  pri^e  en  charge  des  betteraves  dans 
les  sucreries.  —  Examens  d'admission  à  la  ferme-école  de  la  Pilletière.  —  Nomination  de 
M.  Lacoste  comme  professeur  dépanemental  d'agriculture  du  Gers.  —  Le  phylloxéra.  —  Etude 
sur  la  propagation  du  fléau  en  Portugal.  —  Fabrique  ofticielle  de  sulfure  de  carbone  à  Porto. 

—  Création  d'une  Société  viticole  pour  la  reconstitution  des  vignobles.  —  Police  sanitaire  des 
animaux. —  Décret  relatif  au  déparlement  de  Maine-et-Loire.  —  Un  herd-book  des  races 
canines  en  Suisse.  —  L'enquête  agricole  dans  le  déparlement  de  l'Aisne.  —  Lettre  de  M.  Polo. 

—  Conférences  rurales  dans  le  département  de  la  Cùle-d'Or.  —  Concours  de  la  Société  d'agri- 
culture de  Tarn-et-Garonne.  —  Pisciculture.  —  Rapport  de  M.  Gallicher  sur  l'enquête  relative 
aux  eaux  du  département  du  Cher.  —  Distribution  des  récompenses  de  l'exposition  viticole  et 
vinicole  d  Epernay.  —  .Notes  de  MM.  Gallicher,  liarin,  Dupuy-Montbrun,  Allier,  sur  l'état  des 
récoltes  dans  les  déparlements  du  Cher,  de  l'Ain,  du  Tarn  et  des  Hautes-Alpes. 

I.  —  Les  vices  rédhibitoires  dans  les  ventes  cfanimaux  domestiques. 

Un  nouveau  chapitre  du  Code  rural  vient  enfin  do  sortir  des  délibé- 
rations du  Parlement.  Présenté  au  Sénat  le  13  juillet  1876,  le  projet 
de    loi  sur  les  vices  rédhibitoires  dans  les  ventes  et  échanges  d'ani- 
maux  domesti(]ues  a  été  adopté  par  cette    assemblée  le  13  novem- 
bre 1882.  Transmis  à  la  Chambre  des  députés,  il  a  été  discuté  et  voté 
dans  les  séances  du  29  et  du  30  juillet  1884,  avec  quelques  modifica- 
tions, que  le  Sénat  vient  d'ailleurs  d'adopter  dans  sa  séance  du  31  juil- 
let. Après  une  longue  attente,  le  projet  de  loi  est  devenu  définitif;  il  est 
promulgué,  et  on  en  trouvera  le  texte  à  la  partie  officielle  dece  numéro 
(p.  233).  Hâtons-nous  de  dire  que  la  législation  nouvelle  améliore  con- 
sidérablement la  loi  de  1838  qui  réglait  jusqu'ici  la  matière;  elle  sera 
donc  accueillie  avec  joie  dans  tous  les  pays  d'élevage  où  les  actionsjudi- 
ciaires   sur    les   vices   rédhibitoires  entraînaient    des   pertes    consi- 
dérables pour  les  éleveurs,  à  raison  des  circonstances  dans  lesquelles 
elles  se  produisaient  trop  souvent.  En  réglant  définitivement  les  con- 
ditions dans  lesquelles  l'action  rédhibiloire  peut  être  intentée,  en  sup- 
ppriniant  le  recours  aux  usages  locaux  parfois  invoqués  contre  le  droit 
réel,  la  nouvelle  loi  a  donné  un  terrain  plus  solide  aux  transactions  sur 
le  bétail.    En  outre,  le  nombre  des  vices  rédhibitoires  a  été  sensible- 
ment réduit.  La  nouvelle  loi  admet  :  pour  le  cheval,  l'âne  et  le  mulet, 
la  raoïve,  le  farcin,  l'immobilité,  l'emphysème  pulmonaire,  lecornage 
chronique,  le  tic  proprement  ditavec  ou  sans  usure  des  dents,  les  boi- 
teries  anciennes  intermittentes,  la  tluxion  périodique  des  yeux  ;  pour 
l'espèce  ovine,  la  clavelée  ;  pour  l'espèca  porcine,  la  ladrerie.  Le  délai 
pour  l'action  en  garantie  est  maintenu  à  neuf  jours  francs,  non  compris 
le  jour  de  la  livraison,  excepté  en  ce  qui  concerne  la  fluxion  périodique 
chez    les    chevaux,    pour  laquelle    le    délai   est    de  trente  jours.    Le 
législateur  détermine   avec   soin    les    conditions   dans   lesquelles    les 
expertises  seront  organisées,  afin  d'éviter  toute  surprise.  Enfin,  une 
bonne  disposition  complète  la  nouvelle  loi  :  elle  porte  en  effet  l'abro- 
gation de  tous  les  règlements  qui  imposaient  une  garantie  exception- 
nelle aux  vendeurs   d'animaux    destinés  à  la  boucherie.  Cette  der- 
nière mesure  s'applique  à  la  garantie  nonaire,  qui  laissait  à  la  charge 
(le  l'expéditeur  la   perte  de  l'animal,  quelle   que  fût  la  cause  de  sa 
mort,    dans   un  délai    de  neuf  jours.  Avec  les  facilités  actuelles  de 
transport,  avec  la  surveillance  active  qui  règne    aujourd'hui  sur  les 
foires  et    marchés,  cette  garantie,  qui  a    pu   être  jadis  justifiée,  n'a 
plus  sa  raison  d'être.    C'était  simplement  entre  les  mains  des  bou- 

N»  800.  —  Tome  ni  de  188i.  —  9  Août. 


202  CHRONIQUE  AGRICÛLK  (9  AOUT  1884). 

chers  une  arme  contre  les  agriculteurs;  éleveurs  et  engraisseurs  en 
salueront  avec  joie  la  suppression,  tryp  tardive  à  leur  gré.  En  résumé, 
la  nouvelle  législation  est  une  étape  heureuse  dans  la  confection  du 
Code  rural  ;  elle  ne  peut  que  profiter  aux  intérêts  de  l'élevage,  qui  sont 
ceux  de  l'agriculture  française  tout  entière. 

IL  —  Les  échanges  d'immeubles  ruraux. 

Dans  sa  séance  du  31  juillet,  le  Sénat  a  adopté  en  deuxième  délibé- 
ration la  proposition  de  loi  sur  les  échanges  d'immeubles  ruraux.  Les 
conditions  dans  lesquelles  la  réduction  des  droits  fiscaux  aura  lieu 
sont  établies  comme  il  suit  :  «  Il  ne  sera  perçu  sur  les  échanges  d'im- 
meubles ruraux  que  '20  centimes  pour  100  fr.  pour  tout  droit  propor- 
tionnel d'enregistrement  et  de  transcription,  lorsque  les  immeubles 
échangés  seront  situés  dans  la  même  commune  ou  des  communes 
limitrophes.  En  dehors  de  ces  limites,  le  tarif  ainsi  fixé  ne  sera  appli- 
cable que  si  l'un  des  immeubles  échangés  est  contigu  aux  propriétés 
de  celui  des  échangistes  qui  le  recevra,  et  dans  les  cas  seulement  où 
ces  immeubles  auront  été  acquis  par  les  contractants  par  acte  enre- 
gistré depuis  plus  de  deux  ans,  ou  recueillis  à  titre  héréditaire.  »  — 
On  remarquera  que  la  mesure  est  applicable  aux  échanges  de  toutes 
sortes  d'immeubles  bâtis  ou  non  bâtis,  mais  à  la  condition,  bien  en- 
tendu, que  les  immeubles  bâtis  aient  le  caractère  exclusif  de  bâtiments 
d'exploitation  agricole. 

III.  —  Election  à  C Académie  des  sciences. 

Dans  sa  séance  du  28  juillet,  l'Académie  des  sciences  a  procédé  à 
l'élection  d'un  correspondant  dans  la  Section  d'économie  rurale,  en 
remplacement  de  M.  Mac-Cormick.  Sur  35  votants,  M.  d'Andrade 
Corvo  a  été  élu  par  34  suffrages.  Actuellement  ambassadeur  de  Por- 
tugal à  Paris,  M,  d'Andrade  Corvo  est  un  des  hommes  qui  ont  rendu 
le  plus  de  services  à  son  pays  tant  dans  l'exécution  des  travaux 
publics,  que  dans  l'organisation  des  oeuvres  d'hydraulique  agricole. 
Il  a  été  élu  récemment  membre  étranger  de  la  Société  nationale  d'agri- 
culture. 

IV.  —  Sucres  et  betteraves. 

Le  Journal  officiel  du  1"  août  publie  un  décret  du  président  de  la 
E-épublique  qui  détermine  les  obligations  imposées  aux  fabricants  de 
sucre  qui  s'abonneront  dans  les  conditions  prévues  par  la  dernière 
loi  sur  le  sucre,  pour  la  perception  de  l'impôt  sur  la  betterave.  Voici 
les  principales  conditions  de  ce  règlement  qui  peuvent  intéresser  les 
cultivateurs.  Les  fabricants  de  sucre  qui  désirent  se  placer  sous  le 
régime  de  l'abonnement  sont  tenus  d'en  faire  la  déclaration  au  bureau 
de  la  régie,  pour  la  prochaine  campagne,  le  20  août  au  plus  tard,  et 
pour  les  deux  campagnes  suivantes,  au  moins  un  mois  avant  le  com- 
mencement des  travaux  de  fabrication.  Cette  déclaration  s'applique  à 
toute  la  durée  de  la  campagne.  Dans  les  fabriques  abonnées  et  dans  les 
râperies  qui  en  dépendent,  aucune  quantité  de  betterave  ne  pourra  être 
mise  en  œuvre  sans  avoir  été  préalablement  pesée  sous  les  yeux  des 
agents  de  la  régie.  Les  pesées  s'effectuent  immédiatement  avant  l'intro- 
duction des  betteraves  dans  la  râpe  ou  dans  le  coupe- racines.  Ellesdoi- 
vent  être  d'un  poids  uniforme  de  500  kilogr.  ou  plus,  pourvu  que  ce 
poids  soit  un  multiple  de  100.  On  les  fait  au  moyen   d'une  bascnle 


CHRONIQUE  AGRIGOLK  (9  AOUT   188'i).  2Q8 

contrôlée  par  le  service  des  poids  et  mesures,  et  munie  d'un  coraptei  r 
automatique,  enregistrant  le  nombre  des  pesées  successiivement  opérées. 
Ce  compteur  doit  être  protégé  contre  toute  atteinte  extérieure  par  un 
globe  en  verre,  scellé  au  moyen  d'un  catlenas  dont  la  clef  reste  entre  les 
mains  du  service.  L'administration  peut  exiger,  en  outre,  que  la  bascule 
soit  pourvue  d'un  appareil  imprimant  le  poids  de  chaque  pesée.  Enfin 
le  récipient  contenant  les  betteraves  amenées  sur  la  bascule  ne  doit 
pas  avoir  une  capacité  supérieure  à  celle  qui  correspond  au  poids  uni- 
forme adopté  pour  chaque  pesée. 

V.  —  F^rme-école  de  la  Pdlelikre. 

Le  concours  d'admission  à  douze  places  gratuites  d'élèves  à  la  ferme- 
école  delà  Pilletière  (Sarthe)  dirigée  par  M.  P.  de  Villepîn,  aura  lieu 
le  l"  octobre  prochain  à  10  heures  du  matin  à  l'école  même.  Les  can- 
didats qui  voudront  participer  aux  épreuves  devront  être  âgés  de 
16  ans  révolus  au  moment  de  l'examen.  Ils  seront  examinés  sur  les 
éléments  de  l'instruction  primaire  :  arithmétique,  français,  écriture, 
etc.  Ils  devront  être  aptes  aux  travaux  des  champs.  La  durée  des  cours 
est  de  trois  ans.  L'enseignement  de  l'Ecole  de  la  Pilletière  compren  I  : 
1  agriculture,  l'économie  rurale,  la  comptabilité,  l'horticulture,  la 
zootechnie,  l'hygiène  vétérinaire,  la  géométrie,  l'arpentage,  le  nivel- 
lement, la  pisciculture  et  des  notions  de  physique,  chimie  et  histoire 
naturelle.  Le  prospectus  de  l'Ecole  sera  adressé  à  toute  personne  qui 
en  fera  la  demande  à  M.  de  Villepin,  directeur  de  la  Pilletière,  près 
Jupilles  (Sarthe). 

VL  —  Chaires  départementales  d'agricu'lure. 
A  la  suite  du  concours  récemment  ouvert,  M.  Lacoste,  répétiteur 
du  cours  d'agriculture  et  chef  des  cultures  à  l'Ecole  nationale  d'agri- 
culture de  .Montpellier,  a  été  nommé  professeur  départemental  dans 
le  département  du  Gers.  Il  a  été  remplacé  dans  se?  fonctions  à  l'Ecole 
de  Montpellier,  par  M.  Tord,  répétiteur  du  cours  de  technologie. 

VIL  —  L",  phylloxéra. 

A  l'occasion  du  Congrès  phylloxérique  international  qui  doit  se 
tenir  prochainement  à  Turin,  M.  de  Almeida  e  Brilo,  inspecteur  géné- 
ral des  travaux  phylloxériques  du  sud  du  Portugal,  vient  de  publier 
un  travail  important  sur  l'invasion  du  phylloxéra  dans  ce  pays,  et 
sur  les  moyens  employés  pour  le  combattre.  C'est  à  l'année  1865 
environ  que  remonte  l'apparition  du  phylloxéra  en  Portugal  ;  peu  à 
peu  ses  ravages  se  sont  étendus,  et  il  a  atteint  aujourd'hui  environ 
72,000  hectares,  dont  'i2,000  sont  entièrement  défruits.  De  nombreux 
efforts  ont  été  poursuivis  pour  combattre  le  fléau,  principalement  par 
l'emploi  du  sullure  de  carbone  ;  la  culture  des  vignes  américaines  n'y  est 
encore  qu'à  ses  débuts.  Une  fabrique  oi'ficielle  de  sulfure  de  carbone  a  été 
établie  aux  environs  de  Porto  ;  elle  fournit  plusieurs  centaines  de  tonnes 
d'insecticide  par  an.  D'autres  parasites,  dit  M.  de  Almeida,  attaquent 
aussi  les  vignes  en  Portugal  ;  les  principaux  sont  l'oïdium,  l'authrac- 
nos,  le  mildew,  l'altise,  la  pyrale  ;  il  ne  paraît  pas  qu'on  ait  trouvé 
d'autres  moyens  de  les  combattre  que  ceux  qui  sont  adoptés  en  France. 

Sous  le  titre  de  Société  viticole  de  France,  plusieurs  personnes 
cherchent  à  créer  actuellement  une  Société  dans  le  but  de  mettre  à  la 
disposition  des  viticulteurs  soit  les  fonds,  soit  les  agents  nécessaires 


204  CHRONIQUE  AGRICOLE  (9  AOUT   1884). 

pour  la  reconstitution  des  vignes  détruites  par  le  piiyiloxera.  M.  Froi- 
defond^  propriétaire,  vice-président  de  la  Société  d'agriculture  de  la 
Gironde,  est  un  des  fondateurs  de  cette  Société  dont  nous  souhaitons 
le  succès,  et  qui  pourra  rendre  de  grands  services  si  elle  est  organisée 
sur  une  base  solide. 

VIII.  — Police  sanitaire  des  animaux. 

On  sait  que,  en  vertu  de  l'article  30  de  la  loi  du  21  juillet  1881 
sur  la  police  sanitaire  des  animaux,  les  communes  où  il  existe  dus  foi- 
res et  marchés  aux  chevaux  et  aux  bestiaux  sont  tenues  de  préposer, 
à  leurs  frais  et  sauf  à  se  rembourser  par  l'établissement  d'une  taxe 
sur  les  animaux  amenés,  un  vétérinaire  pour  l'inspection  sanitaire  des 
animaux  conduits  à  ces  foires  et  marchés.  Cette  dépense  est  obliga- 
toire pour  la  commune.  Toutefois  le  gouvernement  pouvait,  sur  l'avis 
des  Conseils  généraux,  ajourner  par  décret,  dans  les  départements, 
l'exécution  de  cette  mesure  pendant  une  période  de  six  années,  à  partir 
du  jour  de  la  promulgation  de  cette  loi.  Un  décret  du  22  juin  1882  a 
ajourné  l'application  de  cet  article  dans  plusieurs  départements,  no- 
tamment dans  celui  de  Maine-et-Loire;  mais  à  la  suite  de  la  délibéra- 
tion prise  par  le  Conseil  général,  le  24  avril  dernier,  un  nouveau 
décret,  en  date  du  9  juillet  dernier,  a  rapporté  le  décret  du  '2'2  juin 
1882,  en  ce  qui  concerne  ce  dernier  département.  Ce  département  sera 
donc  désormais  compté  parmi  ceux  où  l'application  de  la  loi  sur  la 
police  sanitaire  des  animaux  est  aujourd'hui  complète. 

IX.  —  Un  herd-book  des  races  canines. 

Nous  avons  signalé,  à  diverses  reprises,  l'importmce  des  livres 
généalogiques  ou  herd-books  pour  les  races  d'animaux  domestiques. 
La  Société  suisse  de  kynologie  vient  de  créer  un  li\re  généalogique 
pour  les  races  suisses  de  chiens  ;  le  premier  volume  en  a  paru  récem- 
ment, sous  le  titre  de  Ihuidestaininbuch;  il  renferme  la  description  des 
races  de  chiens,  leurs  aptitudes  et  leurs  caractères.  La  race  des  chiens 
du  mont  Saint  Bernard  y  tient  naturellement  la  première  place  ;  ensuite 
viennent  les  races  de  chiens  de  chasse  et  celles  de  chiens  de  garde. 
X.  —  Sur  l'enquêle  agricole  dans  l'Aisne. 

A  l'occasion  dos  courtes  réflexions  que  nous  avons  ajoutées  à  sa  lettre 
insérée  dans  notre  chroniquedu  2G  juillet  dernier,  M.  Polo  nous  adresse 
Il  nouvelle  lettre  suivante  : 

Gorges,  le  30  juillet  1SS4. 

a  Monsieur  le  directeur,  les  quelques  lignes  dont  vous  faites  suivre,  dans  votre 
numéro  du  26  juillet,  la  lettre  que  j'ai  eu  l'honneur  devons  écrire  au  sujet  de  la 
situation  agiicole  du  département  de  l'Aisne,  semblent  m'adresser  un  reproche 
contre  leqm  1  je  dois  protester  énergiquement. 

tt  Habitué  à  voir  les  enquêies  agricoles,  commerciales  et  industrielles  s'effectuer 
constamment  au  grand  jour,  pouvais-je  supposer  que  celle  à  liqucUe  vous  avez 
pris  part  était  mar  |uée  d'un  caraetèsre  tellement  confidentiel  que  vous  rtgardiez 
comme  un  devoir  de  vous  renfermer  dans  un  silence  absolu' 

«  Mieux  informé,  je  me  serais  certainement  abstenu  d'insister  coœmeje  l'ai  fait. 
Peut-être  aurais-je  seulement  exprimé  mes  regrets  de  ce  qu'en  cette  occasion, 
un  organe  de  publicité  aussi  considérable  que  le  vôtre  se  trouve  obligé  d'attendre 
de  k  volonté  de  l'administration  le  moment  oi!i  il  pourra  élever  la  voix.  —  Eu  effet, 
si  par  un  motif  ou  l'autre,  il  convenait  à  M.  le  ministre  de  retarder  indéfiniment 
la  publication  de  votre  rapport,  n'en  résulterait-il  pas  la  conséquence  fâcheuse  de 
voir  étouffer  indirectement  une  importante  discussion? 

«  Je  compte  sur  votre  loyauté  pour  insérer  la  présente  aussitôt  qu'il  vous  sera 
possible,  et  je  vous  prie  d'agréer,  etc.  J-  Polo  » 


CHaONIQUE    AGRICOLE   (9    AOQT    18S4).  205 

Nous  n'avons  pas  voulu  faire  do  reproche  à  M.  Polo,  comme  il  sem- 
ble le  croire;  mais  nous  avons  tenu  à  établir  nettement  notre  situation 
dans  la  question  qu'il  nous  posait.  Nous  sommes  convaincu  que  per- 
sonne ne  veut  étouffer  les  discussions;  elles  viendront  à  leur  heure,  et 
elles  ne  seront  pas  retardées  indéfiniment. 

XI.  —  Conférences  rurales  dans  la  Côle-d'Or. 

Nous  avons  annoncé  que  des  conférences  ont  été  organisées,  durant 
l'hiver  dernier,  dans  le  département  de  la  Côle-d'Or,  sur  l'initiative  de 
M.  Maii'uien,  professeur  départemental  d'agriculture,  avec  le  concours 
de  l'Institut  populaire  du  progrès.  Nous  venons  d'en  recevoir  le  compte 
rendu;  elles  ont  été  faites  dans  les  communes  de  RutTey-lès-Beaune  et 
deMeursault,  par  MM.  Weber,  Gadeault,  Bellier,  Perravcx  et  Magnien  ; 
elles  ont  porté  sur  la  botanique  et  l'horticulture,  la  physique  et  la  mé- 
téorologie, lachimieet  ses  applications,  les  insectes  nuisibles  ou  utiles, 
la  laiterie.  Elles  ont  été  suivies  par  un  nombreux  auditoire.  De  nou- 
velles conférences  seront  organisées  durant  l'hiver  prochain  dans  d'au- 
tres communes. 

XII.  — Société  if  agriculture  de  Tarn-H-Garonm. 

La  Société  départementale  d'agriculture  de  Tarn-et-Garonne,  présidée 
par  M.  Lasserre,  député,  tiendra  les  8  et  9  septembre  son  concours 
annuel  d'animaux  reproducteurs,  de  machines  et  de  produits  agricoles, 
à  Saint-Antonin,  important  chef-lieu  de  canton,  situé  sur  les  bords 
pittoresques  de  l'Aveyron,  et  desservi  par  le  chemin  de  fer  de  Montauban 
àLexos.  Ce  concours  a  un  programme  très  complet,  et  il  y  a  tout  lieu 
d'espérer  qu'il  sera  fort  brillant. 

XIII.  —  Ptscicullure. 

Nous  avons  déjà  signalé  la  création,  en  1883,  d'une  Société  dépar- 
tementale de  pisciculture  dans  le  Cher,  et  nous  avons  fait  connaître  les 
mesures  qu  elle  avait  adoptées  pour  la  distribution  d'alevins  dans  les 
diverses  parties  du  département.  Une  enquête  a  été  faite  par  ses  soins, 
sur  la  situation  des  eaux  dans  les  bassins  des  rivières  et  dans  les 
canaux.  Celte  enquête  est  résumée  dans  un  important  rapport  de  l'un 
des  vice-présidents  de  la  Société,  M.  Gallicher;  ce  rapport  vient  d'être 
publié.  M.  Gallicher  y  passe  en  revue  la  situation  de  toutes  les  parties 
du  département,  et  il  arrive  à  cette  conclusion  que  l'on  peut  espérer 
beaucoup  des  tentatives  d'empoissonnement  à  poursuivre.  Nous  ne 
doutons  pas  que  la  jeune  Société  trouvera  auprès  de  rE]tat  un  appui 
dont  elle  est  digne  à  tous  égards. 

XIV.  —  Exposition  vilicole  d'Epcrny. 

La  distribution  des  récompenses  décernées  à  l'exposition  viticole, 
vinicole  et  industrielle  d'Eper/iay  a  eu  lieu  récemment.  Nous  devons 
distraire  de  la  longue  liste  des  prix,  les  mentions  qui  intéressent  spé- 
cialement la  viticulture. — Pour  les  pressoirs,  des  diplômes  d'honneur 
ont  été  décernés  à  .MAL  Mabillo  frères,  à  Amboise  !  ladre-et-Loire)  et  à 
M.  Apert-Mandart,  à  Reims  (Marn--);  —  pour  les  appareils  à  distiller 
les  vins  et  les  eaux-de-vie  de  marc,  M.  Vieux  Gautier,  à  Bourg  (Ain),  a 
reçu  une  médaille  d'or  ;  -  M.  Beaume,  à  Boulogne  (Seine),  a  reçu  une 
médaille  d'or  pour  ses  pompes  à  vin;  —  M.  Salleroa,  à  Paris,  un 
diplôme  d  honneur  pour  l'ensemble  de  sou  exposition  d'appareils  de 


206  CHRONIQUE  AGRICOLE  (9  AODT    1884). 

précision  pour  l'essai  des  vins]  —  M.  Paupier,  à  Paris,  une  médaille 
d"or,  et  il.  Léon  Mabille,  à  Reims,  une  médaille  de  vermeil  pour 
leurs  appareils  de  pesage  ;  —  MM.  Decauvilie,  à  Petilbourg  (Seine-et- 
JMarne)  et  M.  Lattigue,  à  Paris,  chacun  une  médaille  d'or  pour  leurs 
chemins  de  fer  portatifs.  Enfin,  parmi  les  récompenses  pour  les 
ouvrages  de  viticulture,  nous  devons  signaler  un  diplôme  d'honneur 
à  M.  Robinet,  d'Epernay;  une  médaille  de  vermeil,  à  M.  Paul  Renard, 
à  Paris;  des  médailles  <i';irgent,  à  M.  Paul  Sol,  à  Narbonne,  et  à  M.  le 
docteur  Plonquet,  à  Ay  (Marne). 

XY.  —  Nouvelles  de  l'état  des  récoltes. 
Les  préoccupations  des  cultivateurs  sont  toujours  tournées  vers  les 
travaux  de  la  moisson  et  des  battages.  M    Gallicher  nous  envoie   de 
Lissay,  à  la  date  du  1"'  août,  la  note  suivante  sur  la  situation  du  dé- 
partement du  Cher: 

a  Les  pluies  ont  été  versées  très  irrégulièrement  dans  la  région  du  centre  et  no- 
tre récolte  correspond  à  ces  caprices  du  cieL  —  Les  orages  ont  été  très  fréquents 
et  d'une  violence  inouïe.  Il  n'en  est  pas  un  qui  n'ait  semé  la  grêle,  l'incendie  ou 
la  mort.  Le  Cher,  dans  sa  partie  nord,  en  a  particulièrement  souffert. 

«  La  moisson  des  froments  s'achève  ;  le  temps  la  l'avorise. 

<■'  Nos  Liés  sont  longs,  bien  épiés,  et  auraient  donné  un  excellent  rendement  sans 
la  température  extrême  du  1  2  au  18  juillet  qui  a  précipité  leur  maturité.  Je  les 
trouve  ternes  et  peu  coulants.  Nous  en  avons  eu  beaucoup  d'échaudés. 

«  Il  faut  toutefois  attendre  les  battages  pour  formuler  sur  ce  point  une  opinion 
définitive;  le  séjour  en  meule  pourra  bien  modifier  heureusement  leur  couleur  et 
leur  main.  —  Belle  récolte  d'avoine  aussi. 

<-  Les  racines  sont  dans  de  bonnes  conditions  et  comme  on  a  rentré  beaucoup 
de  foins  artificiels,  le  bétail  pourra  être  largement  nourri  cet  hiver. 

«  Les  gelées  des  22,  23,  24  et  25  avril  ont  cruellement  frappé  nos  vergers  et  nos 
vignes  ;  ces  dernières  se  sont  en  partie  relevées  du  sinistre  avec  les  hautes  tempé- 
ratures qui  ont  dominé  depuis  cette  époque  et  on  espère  une  vinée  que  ce  ciel 
splendide  promet  e-vcellente,  si  elle  est  médiocre  en  quantité.  » 

M.  Garin,  dans  la  note  qu'il  nous  envoie  de  Pont-de-Vaux  (Ain),  à 
la  date  du  2  août,  résume  les  principaux  faits  météorologiques  qui  ont 
influé  sur  les  diverses  cultures  : 

«  Depuis  la  dernière  lettre  que  j'ai  eu  fhonneur  de  vous  écrire  au  printemps, 
la  température  a  subi  de  grandes  variations.  Des  pluies  froides  au  mois  de  mai, 
auxquelle^  ont  succédé  une  sécheresse  et  de  grands  vents  ont  nui  beaucoup  à  la 
récolte  des  seconds  foins,  et  fait  subir  un  arrêt  dans  la  végétation  des  récoltes 
pendantes,  surtout  à  celle  du  froment  dont  la  paille  est  resté  courte  et  les  épis  peu 
serrés.  En  revanche  le  grain  est  très  bon  et  très  nourri. 

«  Li  sécheresse  de  la  seconde  quinzaine  de  juin,  qui  s'est  prolongée  jusqu'au 
16  juillet,  avait  beaucoup  retardé  les  travaux  de  la  campagne  et  surtout  la 
semaille  des  blés  noirs,  l'une  des  principales  récoltes  du  pays,  lorsqu'une  pluie 
douce  et  impatiemment  attendue  est  venue  donner  un  nouvel  essor  à  la  végétation 
qui  est  dans  ce  moment  luxuriante  et  de  toute  beauté.  Les  semailles  se  sont  faites 
dans  les  meilleures  conditions.  Le  maïs,  les  pommes  de  terre  et  les  chanvres  sur 
tout  sont  de  la  plus  belle  apparence.  Les  sarrasins  les  premiers  semés  sont  déjà 
en  fleur.  La  vigue  seule  nous  fait  défaut  et  la  récolte  sera  nulle  cette  année  dans 
notre  localité,  non  pas  par  suite  de  l'invasion  du  phylloxéra  dont  nos  vignobles 
sont  encore  indemnes,  mais  parce  qu'elles  ont  subi  les  atteintes  de  la  gelée  du 
mois  d'avril  et  les  bises  de  mai. 

«  Aujourd'hui  2  août  les  chaleurs  du  mois  de  juillet  ont  fait  leur  réapparition 
et  le  theraiomètre  à  l'ombre  (à  positian  nord),  accuse  27  degrés  aa-d'essus  de 
zéro.  Ge  beau  temps  est  salué  avec  joke  par  tous  les  agriculteurs.  » 

Dans  le  département  du  Tarn,  d'après  la  not)e  que  M.  Dupuy- Mont- 
brun  nous  adresse,  à  la  date  du  4  août,  la  plupart  des  récoltes  ont  donné 
ou  dDaiieront  des  résultats  assez  variables  suivant  les  localités  : 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (9  AOUT  1884).  207 

^  «  Nous  avons  visité,  cette  sernaioe  et  la  précédente,  les  hauts  plateaux  du  dépar- 
tement. La  récolte  du  seigle  sera  faible  ;  les  froids  des  premiers  jours  de  juin,  les 
chutes  d'eau  abondantes  ont  fait  couler  la  fleur.  Les  gerbes  sont  nombreuses, 
très  légères  ;  les  avoinîs  sont  encore  pendantes  paf  racines,  la  marche  de  leur 
végétation  les  a,  en  pai'tie,  mises  à  l'abri  de  la  même  détérioration. 

«  L'aspect  des  champs  de  pommes  de  terre  est  très  inégil;  résultat  ioceriain. 

<c  Par  suite  de  mauvaise  dessiccation,  la  production  fourFagàre  es:,  pius  réduite 
que  de  moitié. 

«  Pourquoi  ne  suit-on  pis  le  très  grand,  trè-;  concluant  exemple  d'ensilage 
donné  par  ]\L  Gaston  Houles;  je  n'en  dis  qu'un  mot  :  de  teh  services  rendus  à 
l'industrie  rurale  demandent  un  homnage  de  recotinaissaace  qu'une  simple  note 
ne  peut  donner.  » 

Sar  la  situation  dans  le  département  des  Hautes-Alpes,  M.  C.  .\llier» 
professeur  départemental  d'agriculture,  nous  adresse  la  noie  suivante 
à  la  daté  du  '29  juillet  : 

«  La  moisson  des  blés  et  seigles  tire  à  sa  fin;  les  premie'rs,  (Jui,  il  y  a  un  mois, 
donnaient  le  meilleur  espoir,  se  teont  ressentis  de  la  chaleur  torride  de  la  tin  de 
juin  et  du  commencement  de  juillet,  et  se  sont  pressés  dans  leur  maturité  ;  leur 
rendement  ne  dépasse  pas  da  moyenne.  Les  seigles,  que  l'on  sè.iia  ordinaire- 
ment très  dru,  en  prévision  des  vides  qu'y  l'ont  les  grands  froids,  n'ont  pas  eu  à 
Sùufl'rir  de  l'hiver  très  doux  de  18^3-8i  ;  aussi  étaient-ils  trop  épais;  et  tandis 
que  la  récolte  en  paille  sera  très  bdilne,  le  produit  en  g\'iin  sera  iprolmblemetit 
médiocre. 

«  La  plupart  des  orges  et  avoines  sont  encore  suff  pied.;  elles  ont  -bonne  a,ppa- 
rence  et  promettent  un  rendement  bon  ou  tou?  au  moins  moyen. 

(t  La  première  coujje  des  prairies  àature  les  et  aitiiiiielles  n'a  pas  doùûé  ilès'ré- 
sultats  aussi  satisfaisants  que  celle  de  l'an  det-aier,  et  Ton  nî  saurait  en  être  sir- 
pris  aprè^  la  s'iohéresse  relative  du  firialem  js. 

K  Les  ponmîs  déterre  hâtives  ont  donné  d'excelleiits  résultats  ;  celles  qui  sont 
encore  en  terre  foatespérer  une  l>3nne  réolte 

«  Les  vignes  que  le  phylloxéra  a  encore  respectées  sont  vigoureuses  et  couvertes 
de  raisins;  mais  hjlas!  elles  deviennent  de  jôUr  en  jou;'  plus  rares;  la  malaJie  a 
fait  cet  été  de  fa^'d&s  progl-feS,  et  tes  vignoble^  dès  environs  d'-Bmbrua,  qui  jus- 
qu'ici avaient  été  à  peu  près  inde  unes,  sont  dyà  assez  fortemjnt  atteints. 

«  Le  Comité  d'études  et  de  vigilance  doit  prochainement  contrôler  les  résultats 
obtenus  par  plusieurs  viticulteurs  qui  ont  traicé  leurs  vignes  phylloxérées  au  mDyen 
d'un  engrais  insecticide  inventé  par  M.  MJtailler,  de  "Veynes.  Biaisant  partie  de 
cette  commission,  je  pouri-ai,  si  la  ôhose  en  vaut  la  peine,  voils  communiquer  les 
résultats  de  l'enquête  à  laquelle  eLe  va  se  livrer.  » 

Ainsi  qu'on  peut  le  voir  par  ces  notes,  comme  parcelles  que  nous  avotis 
publiées  dans  no5  précéieats  numéros,  les  résultats  de  la  moisson  soit 
appréciés  assez  diversement  suivant  les  régions;  mais  en  ce  qui  con- 
cerne le  blé,  la  note  généi^ale  est  celle  de  la  satisfaction.  La  m  )i5ëoiî 
s'achève  au  milieu  de  conditions  climitériiues  favorables.  Les  «îrains 
nouveaux  offerts  jusqu'ici  sur  les  marfchés,  sont  en  général  de  boiîn« 
qualité.  Quant  aux  racines,  leur  végétation  est'boHne,  et  elles  pareront 
aux  insuFEsances  des  récoltes  fourragères.  J.-A.  B\rr.\l. 

SOCIÉTÉ    NATIONALE    D'AGRICULTURE 

Séiiice  du  6  aoùl  1834.  —  Présidence  de  M.  CkevreuL 

M.  Barrai  s'escuse  de  ne  pouvoir,  à  cause  de  son  état  tle  malaJie, 
assister  à  la  séance. 

M.  le  ministre  de  l'agriculture  transmet  l'ampliation  du.  décret  qui 
approuve  l'élection  de  M.  Carnot  comme  membre  associé  dans  la  Sec- 
tion d'histoire  naturelle  agricole. 

M.  Gallieher,  correspondant,  envoie  un  rapport  sur  les  eaux  da 
département  du  Cher,  au  point  de  vue  de  la  pisciculture.  Ce  r.ipport 


208  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'AGRIGOLTUdE. 

est  consacré  spécialement  à  la  constatation  de  l'état  actuel  des  choses 
et  aux  améliorations  qu'on  peut  y  apporter. 

Le  gouvernement  fédéral  suisse  transmet  plusieurs  documents  sta- 
tistiques sur  la  population  et  sur  l'alcoolisme  en  Suisse,  et  le  gouver- 
nement belge  un  rapport  sur  les  travaux  du  comité  consultatif  de  la 
police  sanitaire  des  animaux  domestiques. 

Une  lettre  de  sa  famille  annonce  la  mort  de  M.  Gérard  de  Melcy, 
correspondant  dans  la  Section  de  sylviculture. 

M.  Renou  présente  le  résumé  des  observations  météorologiques 
faites  au  parc  Sainl-Maur  pendant  le  mois  de  juillet  1884. 

M.  Renou  présente  ensuite  une  note  sur  le  choix  des  arbres  à 
planter  dans  les  avenues  des  villes.  Cette  note  donne  lieu  à  des  obser- 
vations intéressantes  de  M.  Cornu  sur  les  conditions  défavorables  dans 
lesquelles  se  trouvent  ces  plantations,  sur  les  parasites  qui  les  atta- 
quent, ainsi  que  sur  les  avantages  et  les  inconvénients  que  présentent 
les  diverses  essences  :  il  pense  qu'il  faut  choisir  avec  circonspection 
les  arbres  et  intercaler  parfois  les  essences.  Dans  la  région  septentrio- 
nale, les  hêtres,  les  ormes,  et  les  platanes  peuvent  présenter  de  grands 
avantages;  mais  on  ne  peut  pas  suppléer  aux  inconvénients  qui  résul- 
tent de  la  mauvaise  qualité  du  sol,  de  l'action  du  gaz,  de  l'insuffisance 
des  arrosages,  etc.  —  M.  Doniol  rappelle  qu'en  taillant  les  arbres  avec 
soin,  on  a  obtenu  à  Marseille  de  magnifiques  plantations  de  platane. — 
M.  Bouquet  de  la  Grye  pense  que  le  problème  de  la  conservation  des 
arbres  d'avenues  dans  les  villes  est  insoluble  ;  quelle  que  soit  l'es- 
sence choisie,  on  n'aura  jamais  d'arbres  durables;  c'est  pourquoi  il 
avait  proposé,  il  y  a  quelques  années,  de  remplacer  les  plantations 
arbustives,  par  les  cultures  de  plantes  grimpantes,  avec  des  pilastres 
ornementaux;  elles  auraient,  à  ses  yeux,  donné  des  résultats  bien 
préférables. 

M.  Bouley  fait  connaître  le  résumé  des  travaux  de  la  Commission 
chargée  de  contrôler  les  expériences  de  M.  Pasteur  sur  la  prophylaxie 
de  la  rage.  Il  est  heureux  de  constater  que  les  prévisions  de  M.  Pas- 
teur se  sont  complètement  réalisées.  Il  est  constaté  aujourd'hui  que  le 
siège  du  virus  rabique  est  dans  le  système  nerveux  central,  et  qu'on 
peut  obtenir  un  virus  atténué  dont  l'inoculation  rend  les  chiens 
réfractaires  à  la  rage.  La  Commission,  dont  les  expériences  ont  com- 
mencé le  1"  juin,  les  a  terminées  le  5  août.  Elle  a  opéré  sur  4'2  chiens, 
dont  23  rendus  réfractaires  par  le  systèmede  M.  Pasteur,  et  1 9  témoins. 
Elle  a  inoculé  le  virus  rabiqu'^  aux  animaux  des  deux  séries  par  trois 
méthodes  :  la  trépanation,  l'injection  dans  les  veines  et  la  morsure 
directe.  Tous  les  chiens  réfractaires  ont  résisté  ;  quant  aux  témoins,  il 
n'en  reste  que  5  vivants,  parmi  ceux  qui  ont  été  mordus,  mais  ils 
peuvent  encore  devenir  enragés,  parce  que  la  durée  de  l'incubation 
varie  beaucoup.  Les  résultats  sont  donc  décisifs.  D'autres  expériences 
seront  reprises  à  Villeneuve-l'Etangpour  constater  si  l'inoculation  d'un 
virus  atténué  ne  pourrait  pas  empêcher  le  développement  de  la  rage, 
même  après  une  morsure  directe,  en  rendant  l'organisme  rebelle  au 
développement  du  virus  rabique.  Mais  aujourd'hui  il  est  démontré 
qu'on  peut  rendre  les  chiens  réfractaires  à  la  rage,  par  une  inoculation 
préventive,  ce  qui  est  d'une  importance  capitale  pour  les  chiens  de 
bouvier,  de  berger  et  pour  les  chiens  de  garde. 

Henry  Sagnier. 


EXPÉRIENCES  SUR  LA.  CULTURE  DU  BLÉ.  209 

EXPÉRIENCES  SUR  LA  CULTURE  DU  BLÉ- 

Le  but  des  expériences  de  mouture,  organisées  par  la  Cliambre 
syndicale  des  grains  et  farines  de  Paris,  a  été  de  donner  à  la  meu- 
nerie française  des  renseignements  sur  les  différents  modes  de  fabri- 
cation de  la  farine,  afin  de  lui  permettre  de  lutter  contre  la  concur- 
rence étrangère. 

Il  existe  un  fait  incontestable,  c'est  que  nos  exportations  de  farine 
ont  considérablement  diminué  depuis  plusieurs  années,  et  qu'après 
avoir  atteint  le  chitîre  de  plus  de  2,000,000  de  quintaux,  elles  se  rédui- 
sent aujourd'hui  à  environ  10i),000  quintaux,  tandis  que  les  impor- 
tations en  France  de  farines  étrangères  augmentent  chaque  année. 

Le  tableau  suivant  des  importations  et  des  exportations  de  farine 
pour  la  France,  depuis  1875  jusqu'à  ce  jour,  indique  parfaitement  ce 
double  mouvement  en  sens  inverse  : 

Exportations.  Importations. 

Quintaux.  Quintaux. 

1875 2,1W,710  28,838 

1876 1.307,426  40,607 

■  18-7 1,6.S6,603  63,418 

1878 363,084  74,437 

1879 191,092  119,252 

1880 151,588  280,392 

1881 166,941  236,693 

1882 97,412  326,6:,6 

1883 122,823  430,908 

Pour  réagir  contre  cette  situation  et  suffire  au  moins  à  notre  con- 
sommation nationale,  il  est  nécessaire  que  nous  puissions  livrer  des 
produits  au  moins  aussi  bons  que  ceux  de  l'étranger. 

Or,  dans  toute  industrie,  la  qualité  des  produits  tient  à  deux 
causes  :  1"  la  bonne  fabrication;  2"  la  bonne  qualité  des  matières 
premières  à  transformer. 

Nous  espérons  que  les  résultats  de  nos  expériences  de  mouture 
pourront  donner  des  indications  utiles  sur  la  fabrication  de  la  farine; 
mais  les  étrangers  peuvent  employer,  aussi  bien  que  nous,  les  meil- 
leurs procédés  de  mouture,  et  nous  serons  encore  au-dessous  d'eux,  si 
nos  blés  sont  de  qualité  inférieure  à  ceux  de  l'Amérique,  de  l'Australie, 
de  la  Hongrie,  etc. 

Non  seulement  il  est  nécessaire  de  prendre,  au  moment  de  la  mois- 
son, toutes  les  précautions  suffisantes  pour  récolter  des  blés  aussi 
secs  que  ceux  de  l'étranger,  mais  il  faut  encore  qu'à  égalité  de  siccité, 
nos  blés  aient  la  même  richesse  en  gluten,  c'est-à-dire  en  substance 
azotée. 

Sous  ce  rapport,  il  doit  y  avoir  entre  l'agriculture  et  la  meunerie, 
au  point  de  vue  du  gluten  du  blé,  une  question  analogue  à  celle  qui 
existe  entre  l'agriculture  et  la  sucrerie,  pour  la  betterave  au  point  de 
vue  du  sucre. 

Depuis  trois  ans,  par  suite  d'une  succession  d'expériences  de  culture 
et  d'analyses  chimiques,  faites  avec  la  collaboration  de  M.  L'Hôte, 
répétiteur  d'analyses  chimiques  à  l'Institut  agronomique,  nous  avons 
acquis  la  conviction  qu'il  était  possible,  avec  certaines  précautions, 
d'obtenir  chez  nous  des  blés  riches  en  gluten,  aussi  bien  que  dans  les 
terres  vierges  où  l'azote,  accumulé  depuis  des  siècles,  fournit  le 
gluten  nécessaire. 


210  EXPÉRIENCES  SUR  LA  CULTURE  DU  BLÉ. 

Pour  obtenir  de  la  betterave  ricbe  en  sucre,  il  faut  remplir  deux 
conditions  relatives  à  la  semence  et  à  la  culture,  qui  peuvent  se 
résumer  ainsi  :  1  °  semer  une  graine  provenant  d'une  betterave  riche 
en  sucre;  2°  cultiver  de  telle  façon  qu'il  n'y  ait  pas  dans  la  terre 
ensemencée  un  excès  d'azote,  provenant  soit  des  récoltes  précédentes, 
soit  des  engrais  enfouis  bu  répandus. 

Pour  obtenir  du  blé  riche  en  gluten,  il  y  a  également  à  tenir  compte  : 
r  de  la  question  d'ensemencement;  2°  de  la  question  de  culture. 

Pour  l'ensemencement,  il  faut  semer  des  espèces  riches  en  gluten. 
Malheureusement,  sous  ce  rapport,  nous  avons  fait  tout  le  contraire 
de  ce  qu'il  y  avait  à  faire,  en  abandonnant  nos  semences  de  blé  de 
pays  à  grain  allongé,  pour  les  remplacer  par  des  espèces  de  blé  anglais 
à  grain  rond.  Généralement,  un  grain  allongé  contient  plus  de  gluten 
qu'un  grain  rond,  et  voici  pourquoi  : 

Si  l'on  examine  au  microscope,  la  section  transversale  d'un  grain 
de  blé,  on  reconnaît  que  dans  la  masse  farineuse,  la  richesse  en  gluten 
est  plus  grande  dans  la  partie  contiguë  à  l'enveloppe  que  dans  la 
partie  centrale. 

La  conséquence  de  ce  fait  est  que  plus  le  grain  se  rapprochera  de 
la  forme  sphérique,  moins  il  aura  de  partie  farineuse  corticale  par 
rapporta  son  volume  total,  et  moins  il  contiendra  de  gluten;  plus  au 
contraire  il  sera  allongé,  plus  il  contiendra  de  gluten  dans  la  masse 
farineuse. 

D'un  autre  côté,  il  ne  faut  pas  exagérer  l'allongement  du  grain  de 
blé.  Il  ne  faut  pas  chercher,  par  exemple,  à  le  rapprocher  de  la  forme 
d'un  o-rain  de  seigle,  parce  que  par  la  même  raison,  plus  le  grain  est 
allongé,  plus  l'enveloppe  est  considérable  par  rapport  à  son  volume 
total,  et  par  suite,  plus  le  rendement  en  son  doit  augmenter,  et  plus 
le  rendement  en  farine  doit  diminuer. 

Toujours  est-il  qu'on  est  tombé  dans  l'exagération  au  point  de  vue 
de  la  qualité  de  la  farine,  sinon  au  point  de  vue  du  rendement  en 
farine  en  propageant  de  plus  en  plus  l'ensemenoement  des  blés  anglais 
à  o-rain  rond.  Pourquoi  le  cultivateur  s'est-il  lancé  dans  cette  voie? 
C'est  parce  que,  généralement,  les  espèces  d'origine  anglaise  lui 
donnaient  plus  de  produit. 

Il  y  a  lieu,  pour  la  question  d'ensemencement  du  blé,  de  chercher 
des  espèces  productives  à  grain  suffisamment  allongé.  Il  est  possible 
d'arriver  h  la  création  d'un  blé  de  conciliation  par  l'application  de  la 
méthode  de  croisement  entre  différentes  espèces  de  blé  indiquée  par 
M.  Vilmorin. 

Pour  la  question  de  culture  du  blé,  après  avoir  choisi  une  espèce 
convenable,  il  faut  faire  le  contraire  de  ce  qu'on  fait  pour  la  betterave, 
parce  que  la  matière  analogue  au  sucre  dans  le  blé  est  l'amidon  qu'il 
ne  s'a<^it  pas  de  développer !^Si  donc  la  condition  pour  obtenir  du  sucre 
est  de^meltre  la  betterave  dans  une  terre  peu  azotée,  pour  obtenir  du 
o-luten,  il  faut  mettre  le  blé  dans  une  terre  suffisamment  azotée.  Cette 
condition  de  culture  est  plus  difficile  à  obtenir  pour  le  blé  que  pour 
la  betterave,  parce  que  s'il  y  a  dans  la  terre  à  blé  excès  de  matière 
azotée,  l'on  arrive  à  des  accidents  qui  sont  la  verse  et  l'échaudage  du 
blé.  Ces  accidents  peuvent  être  évités  dans  des  cas  semblables  par 
l'emploi  de  superphosphates. 

Mais,  si  l'on  ensemence  le  blé  dans  une  terre  trop  épuisée  daaote, 


EXPÉRIENCES  SUR  LA  CULTURE  DU  BLK.  211 

par  exemple  après  la  betterave,  en  n'ayaot  pus  la  précaution  de  mettre 
sur  le  blé  un  engrais  suffisammeuL  azoté  par  rapport  aux  matières 
minérales  qu'il  contient,  on  obtient  un  blé,  qui  mûrit  bien,  quia  une 
belle  apparence  comme  grain,  mais  qui  ne  contient  pas  suffisamment 
de  j^'luten. 

iNous  avons  semé  en  i881  le  même  blé  dit  Victoria  blanc,  dans  la 
même  terre,  à  Luzancy  (Seine-et-.Marne),  avec  les  mêmes  engrais 
complémentaires  dans  trois  conditions  d'assolement  différentes  : 

r  Après  betterave  à  sucre; 

2"  Après  avoine  précédée  de  défrichement  de  luzerne  ; 

3"  Après  récolte  de  minette  et  emploi  de  fumier  à  raison  de  30,000 
kilog.  à  l'hectare. 

Nous  avons  obtenu  des  blés  tous  différents  d'apparence.  Le  plus 
beau  comme  aspect  était  le  blé  après  betterave. 

Nous  avons  récolté,  en  1 882,  chaque  blé  à  part  ;  nous  en  avons  fait 
des  moutures  séparées,  et  voici  le  résultat  des  analyses  de  farine  à  l'état 
sec.  faites  par  M.  L'Hôte  : 

Azote.  Gluten. 

1»  Blé  après  betterave 1.45  9.06 

2°  Blé  après  avoine  et  défrichement  de  luzerne 1.61  10  06 

3°  Aprfcs  minette  et  fumure  directe 1.68  10.10 

Il  résulte  de  cette  première  expérience  que  le  blé  de  plus  belle  appa- 
rence, celui  après  betterave,  est  le  moins  riche  en  gluten. 

Nous  nous  sommes  alors  posé  cette  question  : 

Est-il  possible  d'enrichir  en  gluten  le  blé  après  betterave,  par 
adjonction  d'engrais  plus  azotés? 

Nous  avons  alors  semé,  en  1882,  le  même  blé  Victoria  dans  la 
même  terre  après  betterave,  en  faisant  varier  les  doses  d'engrais  ; 
après  avoir  fait  la  récolte  en  1883,  et  après  avoir  moulu  séparément 
les  blés  à  doses  différentes  d'engrais,  M.  L'Hôte  a  obtenu  les  résultats 
suivants  pour  l'analyse  des  farines  à  l'état  sec  : 

,                                 Engrais                                                        Rapport  Azote                       Gluten 

employé                                                      de  l'azote  contenu  contenu 

à  riiectare.                                        à  l'acide  pbosphorique  dans                          dans 

dans  l'engrais.  la  farine.  la  farine. 


100  kil.  sulfate  d'ammoniaque j 

300    —  superphosphate ) 

200    —  sulfate  d'ammoniaque } 

300    —  superphosphate ( 

300    —  sulfate  d'ammoniaque....... .. 

300    —  superphosphate 


4/9  1.67  10.43 

8/9  1.82  11.37 

12/9  2.04  12.75 


300    —    sulfate  d  ammoniaque 1  ,.,.,,  ,  ^,,  ,,   „, 

,.„n                        1        u  i  i  •>/"  1-Sl  11.31 

600    —    superphosphate ) 

Ces  résultats  prouvent  qu'il  est  possible  d'augmenter  par  la  culture 
la  richesse  en  gluten  du  blé,  et  que  cela  dépend  de  la  proportion 
d'azote  par  rapport  aux  matières  minérales  employées  dans  l'engrais. 

Il  est  reconnu  que  la  méthode  de  culture  allemande,  d'après 
laquelle  on  met  le  fumier  sur  blé  avant  betterave,  au  lieu  de  le  mettre 
directement  sur  betterave,  produit  une  betterave  plus  riche  en  sucre, 
parce  que  le  fumier  enfoui  suffisamment  à  l'avance  ne  détruit  pas  le 
sucre  déjà  formé,  par  une  végétation  tardive.  Nous  sommes  per- 
suadé que  celte  méthode  qui  présente  certaines  difficultés  d'exécution, 
est  également  favorable  à  la  production  du  gluten  du  blé,  à  la  condi- 
tion que  l'emploi  d'une  certaine  quantité  de  superphosphate,  en  même 
temps  que  le  fumier,  corrige  l'inconvénient  de  la  verse  possible  du  blé. 


212  EXPERIENCES  SUR  LA  CULTURE  DU  BLÉ. 

En  posant  cette  question  de  qualité  de  blé  entre  l'agriculture  et  la 
meunerie,  de  la  même  façon  que  la  question  de  qualité  de  betterave 
est  déjà  posée  entre  l'agriculture  et  la  sucrerie,  nous  n'obéissons  qu'à 
un  but  patriotique,  qui  consiste  à  lutter  de  tous  nos  efforts  contre  la 
concurrence  étrangère,  pour  repousser  au  plus  tôt  l'invasion  de  ses 
produits  et  chercher  plus  tard  à  reprendre  notre  rôle  d'exportateurs. 

E.  Gatellier, 

Président  de  la  Sociélé  d'agriculture  de  Meaux. 

TRAVAUX  DE  LA    SOCIÉTÉ  NATIONALE 

d'agriculture.  —  II  ' 

V.  —  Le  rôle  considérable  que  le  bétail  joue  dans  l'économie  rurale 
explique  l'importance  qui  est  donnée  dans  nos  délibérations  à  toutes 
les  questions  qui  intéressent  l'élevage  et  l'engraissement  des  animaux 
domestiques. 

La  plupart  des  membres  de  votre  Section  d'économie  des  animaux 
vous  ont  fait  des  communications  intéressantes  sur  les  diverses  races 
entretenues  dans  nos  écuries,  nos  étables,  nos  bergeries,  nos  basses- 
cours.  Sur  la  proposition  de  la  Section,  vous  décernez  vos  plus  nombreuses 
récompenses  à  des  travaux  ayant  pour  but  les  soins  à  donner  au  bétail. 
Ainsi  d'excellents  rapports  de  notre  confrère  M.  Bouley  vous  ont 
signalé  pour  des  médailles  :  les  vaccinations  charbonneuses,  faites 
en  1 882  et  1 883  dans  l'Aveyron,  par  M.  Brousse,  vétérinaire  à  Murde- 
Barrez  ;  —  les  études  sur  la  ladrerie  du  mouton  dues  à  M.  Johannès  Cha- 
tin,  fils  de  notre  savant  confrère;  —  les  expériences  de  M.  Cagny,  vété- 
rinaire à  Senlis,  sur  les  injections  sous-cutanées  employées  en  méde- 
cine vétérinaire  ;  —  les  curieuses  recherches  de  MM.  Lavalard  et  Muntz 
sur  l'emploi  comparatif,  dans  les  litières,  de  la  paille,  de  la  sciure  de 
boisetde  la  tourbe,  et  sur  la  valeur  comme  engrais  des  fumiers  obtenus; 
il  résulterait  de  ces  études  que  le  fumier  de  tourbe  serait,  pour  les  bet- 
teraves et  dans  les  terres  légères  de  la  ferme  de  Vincennes,  celui  x[ui 
donne  lieu  aux  plus  abondantes  récoltes. 

L'emploi  des  fourrages  ensilés  a  pris  une  grande  importance  dans 
l'alimentation  du  bétail.  Vous  avez  concouru  à  faire  apprécier  l'utilité 
de  l'ensilage,  notamment  en  récompensant  les  beaux  travaux  de 
M.  Goffart,  qui  est  maintenant  imité  en  Angleterre  et  en  Amérique. 
Notre  confrère  M.  de  Poncins  vous  a  communiqué  ses  recherches  sur 
un  autre  mode  de  conservation  des  foins  par  les  meules  du  système 
anglais  de  Neilson.  Un  de  nos  correspondants  étrangers,  M.  Jenkins, 
secrétaire  de  la  Société  royale  d'agriculture  d'Angleterre,  nous  a 
envoyé  sur  la  pratique  de  l'ensilage  dans  la  Grande-Bretagne  et  à 
l'étranger,  une  étude  approfondie  ;  elle  montre  toute  Timportance  de 
la  question  et  décrit  avec  soin  les  nouveaux  appareils  mécaniques 
inventés  pour  rendre  l'opération  facile  et  rapide. 

Grâce  à  l'activité,  je  dirais  presque  la  pétulance,  de  noire  confrère 
M.  Chabot-Karlen,  qui  frétille  comme  un  poisson,  affaire  de  fréquen- 
tation, la  pisciculture  a  une  bonne  place  dans  les  travaux  de  la  Section 
d'économie  des  animaux.  Vous  décernez,  sur  son  rapport,  une  médaille 
d'or  à  l'effigie  d'Olivier  de  Serres  à  M.  d'Aviau  de  Piolant  pour  la 
création  d'un  syndicat  d'ostréiculteurs  au  rocher  de  l'Eslrées,  près  de 

1.  Compte  rendu    des  travaux  de  la  Société  deriuis   le  "27  juin    1883  jusqu'au    i  juillet  1884, 
présenté  à  la  séance  publique  annu.-lle  de  1884. — Voir  le  Journal  du  2  août,  p.  170  de  ce  volume. 


TRAVAUX  DE  LA  SOCIÉTÉ]  NATIONALE  D'AGRICULTURE.  213 

l'embouchure  de  la  Cliarente,  où  il  est  venu  chercher,  en  vue  de  l'Océan, 
des  consolations  aux  désastres  de  l'armée  de  Metz,  dont  il  fit  glorieu- 
sement partie. 

La  basse-cour,  la  laiterie,  la  fromagerie,  n'ont  pas  été  oubliées  dans 
vos  travaux.  Ce  sont  maintenant  des  sources  de  richesses  de  mieux  en 
mieux  exploitées,  d'après  vos  conseils  fondés  sur  des  expériences. 

L'élevage  de  l'espèce  chevaline  a  soulevé  dans  votre  sein  plusieurs 
discussions  intéressantes  à  propos  des  communications  de  notre  con- 
frère M.  Gayot  sur  les  derniers  concours  hippiques  et  sur  l'emploi  du 
phosphate  de  chaux  dans  l'alimentalion  des  poulains,  question  bien 
controversée,  le  phosphate  de  chaux  existant  dans  tous  les  fourrages  et 
étant  beaucoup  plus  disséminé  dans  la  nature  qu'on  ne  se  le  figure 
généralement.  Du  reste,  quand  il  s'agit  de  l'élevage  des  chevaux,  on 
peut  être  certain  que,  sur  toute  opinion  émise,  ou  à  peu  près,  il  y  aura 
des  contradicteurs  passionnés. 

C'est  le  moment  de  parler  des  travaux  admirables  de  M.  Pasteur  sur 
la  prophylaxie  de  la  rage.  Vous  vous  souvenez  de  l'émotion  que  vous 
avez  ressentie  lorsque  notre  illustre  confrère  vous  a  exposé  avec  une 
si  noble  simplicité,  ses  courageuses  expériences  sur  les  chiens,  sur  les 
singes,  sur  les  lapins,  sur  les  cobayes,  en  vue  de  créer  des  virus  ou  plus 
violents  ou  atténués.  Il  pense  arriver  à  obtenir  un  virus,  dont  l'inocu- 
lation rendrait  tous  les  animaux  mordus  par  un  animal  enragé,  réfrac- 
taires  au  mal  terrible.  Il  a  manifesté  le  désir  d'opérer  sur  les  bêtes 
bovines,  qui  paraissent  être  les  animaux  sur  lesquels  le  virus  rabique 
agit  le  plus  à  coup  sûr.  Plus  tard,  quand  la  certitude  lui  sera  venue,  il 
tentera  de  sauver  les  hommes,   si  la  suppression  par  sa  méthode  des 
chiens  enragés  n'a  pas  supprimé  en  même  temps  tout  danger  poui 
l'espèce  humaine  d'être  attaquée  d'une  maladie  redoutable  et  redoutée. 
Elle  est,  en  effet,  redoutée  au  point  que  la  peur  seule  peut  faire  cj'oire 
à  tel  sujet  nerveux  qu'il  est  vraiment  enragé,  alors  que,  heureusement, 
il  est  seulement  un  enragé  imaginaire,  comme  il  y  a  des  cholériques 
imaginaires.  Vous  avez  prodigué  vos  applaudissements  à  M.  Pasteur, 
qui  les  mérite  par  son  génie,  son  intrépidité,  sa  persévérance.  Quel  est 
le  savant  qui  se  soit  jamais  voué  avec  tant  d'ardeur  et  de  succès  à  des 
recherches  plus  utiles  à  l'humanité  et  à  l'avancement  des  sciences';' 
Qui  fut  jamais  auteur  d'études  aussi  fécondes  en  résultats  inespérés? 
VL  —  La  Section  d'économie,  de  statistique  et  ds  législation  agricoles 
a  eu  à  s'occuper  de  nombreuses  questions  relatives  à  l'économie,  rurale 
générale,  et  elle  a  dû  entrer  tout  entière  dans  plusieurs   Conamission;' 
spéciales  qui  exigeaient  ses  lumières  en  même  temps  que  le  concours 
de  membres  d'autres  Sections,   les  choses  à  juger  étant  complexes  et 
relatives  à  des  objets  techniques  bien  divers.  Vous  décernez,  sur  sa  pro- 
position, des  médailles  d'or  à  MM.  de  Foville  et  Pigeonneau,  qui  ont 
fait  connaître  de  très  intéressants  documents  jusqu'alors  inédits  sur  le 
Comité  de  l'administration   de  l'agriculture  qui   a  existé  de  1785  à 
1787;  notre  confrère,  M.  Baudriliart,  a  montré,  avec  sa  haute  compé- 
tence, que  ces  documents  jellent  une  vive  lumière  sur  l'état  de  l'agri- 
culture en  France  il  y  a  un  siècle. 

L'étude  monographique  de  l'agriculture  et  de  l'économie  rurale  du 
département  de  Seine-et-Marne,  soumise  à  votre  examen  par  M.  Fas- 
quelle,  ancien  élève  de  l'Institut  national  agronomique,  a  donné  lieu  à 
un  rapport  oi!i  notre  confrère,  M.  Doniol,  a  fait  ressoriir  l'importance 


214  TRAVAUX  DE  LA  SOCIÉTÉ  NATIONALE   D'AGHICULTURE. 

de  cette  nature  de  travaux  extrêmement  utiles  pour  l'histoire  future  des 
progrès  agricoles,  lors  même  qu'ils  se  bornent  à  faire  un  tableau  exact 
du  présent  sans  comparaison  avec  le  passé.  Vous  décernez  à  M.  Fas- 
quelle  une  médaille  d'or  à  l'effigie  d'Olivier  de  Serres. 

Le  ministère  des  finances  a  publié  un  volume  et  un  très  bel  atlas 
sur  une  nouvelle  évaluation  du  revenu  foncier  des  propriétés  non  bâties 
de  la  France,  faite  par  l'administration  des  contributions  directes  en 
exécution  de  l'article  1"  de  la  loi  du  9  août  1879  ;  on  y  trouve,  sur 
l'état  actuel  de  la  propriété  et  de  l'agriculture,  des  renseignements  pré- 
cieux dont  notre  confrère,  M.  de  Lucay,  a  fait  voir  toute  l'importance 
dans  une  analyse  qu'il  vous  a  soumise.  On  connaît  pour  la  première 
fois,  par  la  publication  nouvelle,  les  résultats  de  l'évaluation  analogue 
qui  fut  faite  en  1851.  On  a  ainsi  des  éléments  qui  permettent  de  se  pro- 
noncer sur  la  réalité  des  progrès  accomplis  en  trente  ans  dans  notre 
pays  par  l'agriculture,  malgré  les  guerres,  les  révolutions,  les  désastres 
immérités  de  la  patrie.  Le  travail  est  réparateur;  de  plus,  l'épargne 
est  une  des  vertus  de  nos  populations  rurales;  elles  achètent  de  la 
terre,  car  le  nombre  des  propriétaires  du  sol  national  s'accroît. 

Le  gouvernement  delà  République,  après  de  longues  études  prépara- 
toires, a  résolu  de  proposer  au  pouvoir  législatif  un  projet  de  loi  modi- 
fiant quelques  dispositions  du  Code  civil  afin  de  faciliter  l'extension  du 
crédit  aux  agriculteurs.  Ce  projet,  inspiré  par  le  plus  élevé  sentiment 
d'un  devoir  à  remplir  envers  les  cultivateurs  qui  se  plaignent  de  ne  pas 
avoir,  au  point  de  vue  du  crédit,  une  situation  aussi  favorable  que  les 
commerçants  et  les  industriels,  a  donné  lieu  à  un  rapport  remarquable 
dû  à  une  Commission  sénatoriale  présidée  par  notre  confrère 
M.  de  Parieu.  Lorsque  le  débat  s'est  engagé  devant  la  haute  assemblée, 
on  a  émis  des  doutes  sur  le  besoin  que  l'agriculture  pouvait  avoir  des 
modifications  proposées  dans  la  législation;  on  a  même  dit  qu'il  y 
aurait  péril,  cause  de  ruine  pour  les  cultivateurs  à  ce  qu'on  touchât 
pour  ce  qui  les  concerne  au  Code  civil.  La  loi  fut  renvoyée  à  la  Commis- 
sion. Dans  cet  état  de  choses,  M.  le  ministre  de  i'anrriculture  a  voulu 
connaître  l'opinion  de  la  Société  nationale  d'agriculture.  Avant  d  émettre 
aucun  avis  et  d'entendre  le  rapport  que  doit  vous  faire  notre  confrère 
M.  Josseau,  si  compétent  en  ces  matières,  la  Commission  spéciale 
chargée,  selon  vos  sages  règlements,  de  l'étude  préalable  de  la  question 
vous  a  proposé  de  faire  une  enquête;  tous  les  membres  et  tous  les  cor- 
respondants de  notre  Compagnie  ont  été  appelés  à  répondre,  si  cela  leur 
convenait,  à  un  questionnaire  qui  leur  a  été  adressé.  La  liberté  la  plus 
grande  a  été  laissée  à  tous  pour  l'expression  de  leur  opinion.  Il  vous  a 
été  envoyé  127  réponses  des  pays  les  plus  divers;  quelques-unes  sont 
très  développées;  d'autres  exposent  très  rustiquement  leur  pensée  op- 
posée à  toute  réforme. 

Un  premier  volume  consacré  à  l'enregistrement  textuel  des  102  ré- 
ponses venues  de  France  et  d'Algérie  et  à  leur  analyse  systén^atique 
vous  est  maintenant  distribué  ;  il  a  pour  annexes  vos  décisions  anté- 
rieures prises  depuis  plus  de  vingt  ans  sur  le  crédit  agricole.  Celte 
œuvre  répond  dès  maintenant  à  certaines  préoccupations  qui  semblent 
avoir  eu  une  grande  influence  sur  l'esprit  de  la  majorité  du  Sénat.  En 
fait,  toutes  les  oppositions  entendues,  il  reste  une  forte  majorité,  parmi 
les  opinions  émises,  sur  la  nécessité  de  développer  le  crédit  agricole  et 
de  faire  les  réformes  proposées  par  le  gouvernement.  Les  documents 


TRAVAUX  DE  LA  SOCIÉTÉ  NATIUNALK  D  AiiRIGUI/rUKE.  2lr. 

que  contiendra  le  second  volume,  déjà  sous  presse,  sur  le  crédit  agri- 
cole à  l'étranger,  achèveront  d'éclairer  la  question.  La  France  ne  saurait 
faire  moins  pour  son  agriculture  que  n'ont  fait  les  autres  pays.  Il  nous 
sera  peut-être  permis  d'espérer  que  M.  le  ministre  de  l'agriculture  et 
les  pouvoirs  publics  estimeront  que  l'œuvre  accomplie  au  nom  de  noti'e 
Compagnie  aura  rendu  un  service  réel  aux  progrès  agricoles. 

Vil.  —  Les  travaux  dus  depuis  un  an  à  votre  Section  des  sciences 
physico-chimiques  agricoles  ont  également  été  très  variés.  Il  suffira  de 
citer  les  plus  importants.  Au  premier  rang  se  place  le  rapport  de  notre 
savant  confrère  M.  Peligot  sur  la  transformation  de  l'impôt  actuel  sur 
le  sucre  fabriqué  en  impôt  direct  sur  la  betterave.  Ce  rapport  est  ma- 
gistral ;  il  soutient  la  vérité  scientilique  dans  sa  pureté  et  prouve  que 
l'agriculture  et  l'industrie  sucrière  ont  un  intérêt  égal  à  ce  que  cette 
vérité  devienne  la  base  de  la  loi  nouvelle,  en  prenant  d'ailleurs  tous  les 
tempéraments  propres  à  rendre  plus  facile  la  transition  entre  1  état  de 
choses  qu'il  s'agit  de  remplacer  et  celui  qu'il  convient  d'instituer.  Du 
reste  sa  préparation  a  été  due  à  la  collaboration  des  membres  les  plus 
éminents  de  toutes  les  Sections,  sous  la  présidence  de  M.  Chevreul,  et 
l'on  y  a  entendu  les  hommes  les  plus  versés  dans  la  question  et  pro- 
fessant des  opinions  opposées,  MM.    Teisserenc  de  Bort,  Léon  Say, 
Fernand-Raoul  Duval,  Âluret,  Jacquemart.  Un  membre  illustre  entre 
tous  manquait,  éloigné  pxr  la  maladie,  M.  Dumas.  Il  n'a  pu  prendre 
part  à  nos  dernières  délibérations  sur  cette  question  qu'il  avait  étudiée 
dans  tousses  détails;  il  eût  apporté  son  puissant  concours  à  la  réforme 
attendue.  Rien  ne  faisait  supposer,  quand  il  nous  a  quittés  à  regret, 
que  nous  ne  le  verrions  plus.  Il  avait  écrit  à  notre  Compagnie  pour  la 
remercier  de  sa  réélection  comme  vice-président.   De  loin,  il  s'inté- 
ressait à  tous  nos  travaux.  La  crise  de  l'industrie  sucrière  le  préoccu- 
pait particulièrement.  Il  eût  certainement  aimé  à  féliciter  notre  con- 
frère, M.  Champonnois,  de  continuer  dans  son  grand  âge  à  vouloir 
perfectionner  l'industrie  sucrière,  à  la  démocratiser  en  quelque  sorte 
comme  il  a  démocratisé  la  distillerie.  M.  Dumas  eût  aussi  donné  ses 
encouragements  aux  travaux  de  MM.  Fouquier  d'Hérouel  et  Lhùte,  à 
qui  vous  décernez   des  médailles  d'or  pour  s'être  efforcés,    dais  le 
département  de  l'Aisne,  d'améliorer  les  betteraves  en  augmentant  leur 
richesse  en  sucre  tout  en  conservant  un  rendement  en  poids  suffisant; 
il  eut  fait  voir  avec  son  talent  hors  de  pair  que  l'industrie  sucrière,  en 
perfectionnant  son  outillage,  en  transformant  autour  d'elle  les  procédés 
de  culture  de  la  betterave,  a  pris  depuis  quelques  années  déjà  des 
mesures  pour  pouvoir  supporter  sans  souffrir  les  réformes  de  la  légis- 
lation sur  les  sucres;  ces  réformes  seules  permettront  d  associer  les 
cultivateurs  aux  fabricants  dans  les  bénéfices  d'une  industrie  qui,  née 
en  France,  y  ayant  prospéré,  ne  doit  pas  y  être  étouffée  par  la  sucrerie 
allemande. 

M.  Dumas  eût  aussi  certainement  été  heureux  de  s'associer  à  ses 
confrères  de  la  Section  des  sciences  physico-chimiques  pour  vous  pro- 
poser de  décerner  au  fils  d'un  de  ses  plus  illustres  et  meilleurs  amis, 
à  M.  Joseph  Boussingault,  votre  plus  haute  récompense,  un  objet  d'art, 
pour  ses  travaux  sur  la  composition  des  vins.  Ces  travaux  ont  une  im- 
portance considérable,  non  seulement  au  point  de  vue  scientifique  eu 
raison  des  méthodes  analytiques  qu'ils  font  connaître,  mais  encore  pour 
la  viticulture  et  pour  le  commerce  des  vins,  c'est-à-dire  pour  une  des 


216  TRAVAUX  DE  LA  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'AGRICULTURE 

plus  grandes  richesses  de  la  France.  Les  découvertes  antérieures  de 
M.  Chevreul  et  de  M.  Pasteur  les  ont  inspirés  dans  leur  origine  et  ont 
conduit  le  jeune  auteur  à  de  nouvelles  découvertes  qui  ont  attiré  vos 
suiïrages  unanimes.  Selon  des  traditions  séculaires,  notre  Compagnie 
est  heureuse  de  voiries  fils  marcher  sur  les  traces  de  leurs  pères;  pour 
assurer  la  prospérité  de  l'agriculture,  il  faut,  on  ne  s'en  souvient  pas 
toujours  assez,  de  fortes  et  puissantes  races  d'hommes. 

Beaucoup  d'autres  travaux,  du  ressort  de  la  Section  des  sciences 
pliysico  chimiques  doivent  être  signalés  sans  qu'il  soit  malheureu- 
sement possible  d'insister.  Telles  sont  les  recherches  de  notre  confrère, 
M.  Aimé  Girard,  sur  la  dissolution  par  l'acide  sulfurique  des  animaux 
morts,  afin  d'en  constituer  des  engrais  sans  courir  le  danger  de  créer 
des  foyers  pestilentiels  ;  —  de  notre  confrère  M.  Paul  de  Gusparin  et 
de  M.  Lechartier,  sur  lé  dosage  de  l'acide  phosphorique  dans  les  sols 
arables;  —  d'autres  trarvaux  encore  sur  l'origine  des  matières  azotées 
utiles  à  l'agriculture  ;  sur  la  composition  des  fumiers  de  ferme  ;  sur 
la  constitution  par  les  Comices  et  les  Sociétés  d'agriculture,  de 
syndicats  pour  l'achat  des  engrais,  en  vue  d'empêcher  les  fraudes 
du  commerce.  Enfin,  il  serait  injuste  de  ne  pas  rappeler  que  notre 
laborieux,  confrère,  M.  Renou,  continue  de  communiquer  ponctuel- 
lement à  notre  Compagnie  les  résultats  de  ses  patientes  observations 
météorologiques  du  parc  de  Saint-Maur,  et  ses  éludes  sur  l'apparition 
et  la  disparition  des  oiseaux  voyageurs.  J.-A.  Bauual. 

PISCICULTURE  —  LA  SARDINE  —  X 

En  venant  tenir  l'engagement  pris  dans  le  n°  795  par  notre  directeur 
relativement  à  la  sardine,  nous  demanderons  d'abord  à  nos  lecteurs 
aveclesquels, surcette  question, noussommesenrelations  depuis  silong 
temps, de  ne  pas  ajouter  plus  de  foi  au  pessimisme  des  journaux  locaux 
généralisant  trop,  qu'aux  sévérités  du  journal  ki. Justice,  qui,  dans  son 
numéro  du  30  juin  dernier,  malmenait  les  savants  qui  ont,  dit-on,  la 
direction  de  la  pisciculture  en  France. 

Nous  sommes  heureux  de  pouvoir  leur  rendre  en  cette  circonstance 
une  justice  dont  nous  n'avons  pas  toujours  à  nous  louer. 

Que  la  capricieuse,  la  délicate  et  précieuse  petite  bêle  ne  se  montre 
pas  à  Douarnenez  en  juin,  est-ce  que  pour  cela  elle  ne  se  pécherait 
pas  à  l'île  Dieu,  Saint-Guénolé,  les  Sables,  Royan?  Lorsque  dans  le 
n°  697  Aa  Journal^  reprenant  quelques  points  de  cette  vaste  question, 
que  nous  avions  eu  l'occasion  de  traiter  dans  l' Iiidicaleur  de  la  Vendée 
quelques  mois  auparavant,  nous  insistions  sur  l'étude  de  nos  côtes  au 
point  de  vue  de  la  science  pure,  si  nous  ne  voulions  avoir  le  chagrin  de 
voir  cette  étude  faite  par  des  savants  étrangers  (le  n"  708  du  Journal 
citait  déjà  des  faits  de  cette  intervention),  nous  demandions  spéciale- 
ment celle  du  grand  plateau  Vendéen  d'entre  Loire  et  Gironde,  celle 
des  courants  et  surtout  l'élude  des  voraces  (voir  le  n"  61)7  du  Journal). 
On  écrivait  de  Cette  au  journal  le  Siècle,  à  la  date  du  21  août  1882, 
qu'un  squale  de  4  à  5  mètres,  à  queue  plate  et  courbe  tuait  et  dévorait 
d'énormes  quantités  de  poissons  sur  ces  côtes,  en  ce  moment  même 
oii  ne  se  pèchent  ni  maquereaux  ni  sardines. 

Il  faut  reconnaître  qu'il  y  eut  là  une  singulière  coïncidence  avec  notre 
réponse  à  Thunorable  M.  Ollivier  qui,  au  nom  de  près  de  400  marins 


PISCULTUnE.  —LA  SARDINE.  217 

inscrits  d'OUioules,  nous  priait  de  nous  joindre  à  lui,  pour  porter  la 
question  devant  les  amis  des  poissons  et  l'opinion  publique,  ce  grand 
juge  de  la  dernière  instance. 

Nous  le  fîmes  avec  empressement  dans  le  numéro  du  Journal  précé- 
demment cité,  aussitôt  reproduit  par  quelques  journaux  de  l'ouest.  La 
question  fut  immédiatement  mise  à  1  étude  car  le  4  novembre  suivant 
on  nous  annonçait  la  rentrée  delà /'^j'/e  mise  à  la  disposition  de  quelques 
savants  qui  avaient  été  attachés  au  laboratoire  de  Concarneau,  cette 
si  prophétique  création  de  Coste  à  laquelle  nous  nous  reportions  invo- 
lontairement en  voyant  les  splendides  installations  de  la  station  zoolo- 
gique de  la  baie  de  Naples.  Donc,  bientôt,  le  journal  le  Finislere  nous 
apj)renait  la  rentrée  dugarde-pêclie  et  des  savants  qui  le  montaient. 
Puisque  nous  sommes  à  Concarneau, dépendant  du  ministère  de  l'ins- 
truction publique,  nous  prierons  nos  lecteurs  de  se  reporter  aun"4r>T 
du  Journal,  oii  après  une  visite  au  fameux  aquarium  international  de 
Aaples  en  1878. nous  crûmes  de  notre  devoir,nous  qui  avions  eu  l'hon- 
neur d'assister  à  sa  naissance, d'en  raconter  l'histoire. 

Nous  sentions  déjà  que  là,  comme  avec  notre  cher  Huningue,  l'Alle- 
manne  nous  préparait  encore  de  ce  côté  de  grands  étonnements.  A 
la  France,  comme  à  la  mémoire  de  notre  maître  et  ami  nous  devions 
de  prendre  immédiatement  date  pour  la  revendication  de  ce  grand 
mouvement  scientifique  qui  se  portait  vers  les  choses  de  la  mer;  mou- 
vement dont,  il  fallait  bien  le  reconnaître,  l'Allemagne  prenait  en  ce 
moment  même  la  haute  direction. 

En  1880,  lors  de  la  célèbre  exposition  de  pisciculture  à  Berlin, 
nous  rappelions  aux  amis  des  poissons,  dans  un  pytit  travail  publié 
à  leur  intention,  que,  si  nous  manquions  à  ce  grand  tournoi,  la  France 
y  serait  quand  liième  présente,  car  quoi  qu'on  fit  on  ne  saurait  effacer 
de  l'histoire  des  sciences  appliquées  :  Huningue  et  Concarneau! 

IM.  le  professeur  Marion,  si  heureusement  connu  pour  ses  belles 
études  de  notre  littoral  méditerranéen, chargé  récemment  d'une  mission 
près  du  bi'iliaut  rejeton  de  notre  Concarneau, qu'on  intitule  rien  moins 
aujourd'hui  que  l'université  des  Trésors  de  la  mer  [Die  Uochschule 
(ter  schatze  des  inceres),  [nous  dira  certainement  son  présent.  S'il  en 
devait  être  autrement,  nos  lecteurs  n'en  seraient  pas  moins  tenus  au 
courant  de  cette  vraiment  grandiose  création  de  l'initiative  privée  à 
laquelle  les  noms  si  justement  vénérés  des  Dorhn,  Leukart,  celui-là 
même  qui,hier,nous  découvrait  la  cause  de  la  peste  des  écrevisses,  avec 
le  Mtjcusis  aslacina,  sont  si  intimement  liés;  création  à  laquelle  le 
premier  de  ces  savants  teouscrivait  pour  plus  de  ,300,000  franrs  de  sa 
forliine  personnelle. 

Ce  qui  domine  pour  nous  cette  question  si  importante  et  encore  si 
obscure  de  la  migration  des  poissons,  c'est  l'imprévu! 

Nous  demandions,  par  exemple,  aux  marins  d'OUioules,  pourquoi 
lorsque  dans  la  saison  de  1881  pas  une  sardine  ne  se  prenait  sur  leurs 
côtes  se  pêcliail-elle  à  bateaux  pleins  dans  l'Adriatique;  de  même  et 
en  même  temps  elle  disparaissait  sur  nos  côtes  de  1  Océan  alors  qu'en 
Biscaye  et  en  Portugal  elle  s'y  prenait  en  quantités  innombrables? 

La  prise  et  lautopsie  d'un  de  ces  squales  nous  eût  bien  vite  rensei- 
gné. Les  directeurs  de  nos  stations  marines  devraient  en  pareil  cas  agir 
d'urgence  et  suivre  les  conseils  de  notre  ami  M.  Gobin,  qui  a  bien  voulu 
combattre  avec  nous  ce  bon  coral>at. 


21S  PISCICULTURE.  —  LA  SARDINE. 

Dans  le  n°  G45  du  Journal  que  nous  ne  saurions  trop  engager  à  relire, 
il  disait  :  il  se  passe  là  un  double  mouvement  de  migrations  en  latitude. 
Ce  douhle  mouvement,  l'on  doit  pouvoir  se  suivre;  sachant  le  point  de  dé- 
part, on  peut  constaler  la  direction,  le  groupement,  l'itinéraire,  noter  en 
un  mot  les  incidents  du  voyage,  Aùi-on  pour  cela  employer  pendant  la  nu  il 
la  lumière  électrique. 

Quoi  de  plus  pratique,  de  plus  simple!  Cela  ne  se  fait-il  pas  déjà 
pour  la  pêche  des  perles,  la  récolte  des  éponges  ?  L'électricité  ne  sau- 
rait-elle avoir  sur  mer  un  rôle  autre  que  le  massacre  humain! 

Nous  persistons  à  croireà  l'humanité  marchant  à  l'harmonie,  au  bon- 
heur par  le  travail  et  la  justice;  à  l'électricité  rendant  à  bord  des  na- 
vires un  autre  service  que  l'éclairage  ou  la  direction  des  torpilles. 

Oui,  nul  doute  que  le  jour  viendra  où  sur  un  Cutler,  marcheur  ra- 
pide, feux  couverts  et  dévorant  sa  fumée,  on  suivra  ces  pauvres  bêtes 
qui  nous  donnent  richesse  et  joie;  et  que  l'électricité  aidant,  car  le  banc 
ne  devra  jamais  être  perdu  de  vue,  on  leur  arrachera  un  secret  à  ce 
jour  si  bien  gardé.  Oui,  nous  persistons  à  croire  que  ce  sera  une  des 
premières  applications  de  ce  mot  si  heureux  prononcé  dans  un  de 
nos  grands  tournois  de  la  paix,  oîi  les  peuples  fraterniseront  de  plus 
en  plus  ;  ceci  tuera  cela  ! 

Qu'ils  rient  maintenant  plus  à  l'aise,  messieurs  les  plaisants,  qui, 
faisant  si  généreusement  l'aumône  de  leur  esprit  à  ces  pauvres  voyants, 
se  gaudirent  si  fort  de  tant  de  naïveté  :  pêcher  à  la  lumière  électrique 
et...  détourner  le  gulf-stream  ! 

L'idée  de  la  migration  des  espèces  dans  les  courants  d'égale  tempé- 
rature pour  l'accomplissement  de  la  grande  loi  de  la  reproduction  est 
un  fait  sur  lequel  il  ne  saurait  y  avoir  doute.  Mais  découvrir  ce  courant 
est  l'autre  fait  à  bien  préciser. 

Comment  et  avec  quoi  s'y  nourrit  la  sardine  dont  nous  voulons  plus 
spécialement  nous  occuper? 

Quels  faits  nouveaux,  quelles  idées  nouvelles  cette  polémique  a-t-elle 
fait  naître  depuis  la  décomposition  des  haijillages  apportés  de  Terre- 
Neuve  sur  nos  côtes,  parle  grand  nourricier  de  notre  planète,  puisque 
de  l'équateur  aux  pôles  il  serait  le  créateur  souverain  de  la  vie, 
jusqu'auxanimalcules  et  infusoires,  sans  oublier  l'écrevisse  des  harengs 
dont  M.  de  Quatrefages  nous  parlait  déjà  en  1849;  qu'y  ajouterions- 
nous  ?  Rien  hélas  !  si  ce  n'est  que  nous  n'en  savons  guère  plus  que  ce 
que  nous  apprenait  notre  savant  confrère  de  la  Société  nationale  d'a- 
griculture de  France,  en  ce  temps  lointain. 

De  quoi  se  nourrit  la  sardine,  où  et  comment  ?  Voilà  le  vaste  champ 
ouvert  à  nos  jeunes  savants,  mais  pas  de  phrases,  pas  d'hypothèses; 
des  faits  clairs  et  précis  comme  ceux  que  nous  donnaientjadis  iVlM.  Gerbe 
sur  le  phyllosome  de  la  langouste,  Davaine  sur  le  naissain  de  l'huître, 
Delidon  sur  les  crevettes,  pages  si  souvent  copiées  mais  non  surpas- 
sées depuis  le  grand  mouvement  de  la  pisciculture  nationale  française 
(1850-1860).  La  connaissance  précise  de  ces  faits  ne  nous  expliquerait- 
elle  pas  pourquoi  en  1881,  alors  que  sur  les  grands  bancs  de  l'ouest, 
de  septembre  à  octobre,  on  ne  prenait  que  des  sardines  de  10  à  12gram- 
mes,  on  péchait  des  moulières  de  110  à  120  grammes  au  large  par  le 
travers  nord-est  d'Ouessant? 

Voir  le  n°  6T4  du  Journal  pour  l'enchaînement  de  faits  dont  il  fau- 
dra pourtant  bien  finir  par  s'occuper,  car  si  le  mal  n'est  général,  il  ne 


PISCICULTURE.  —  [,A   SARDINE.  219 

semble  cesser  sur  ua  point  que  pour  renaître  ailleurs  avec  plus  d'in- 

tensilé. 

11  nous  reste  à  .dire  un  mot  de  la  pêche  de  la  sardine  de  dérive  ou 
moulure  de  mars,  c'est-à-dire  la  sardine  femelle  en  pleine  œuvée.  Là 
est,  selon  nous,  le  nœud  de  la  question  qui  fut  traitée  de  la  manière  la 
plus  compétente  par  deux  de  nos  correspondants  de  l'ouest,  jMM.  Le- 
normand  .et  Lebigiiais  (voir  le  n°  711  du  Journal,  1882). 

Plus  simplement,  mieux  et  pratiquement,  rien  sur  cette  grave  ques- 
tion, rien  encore  n'a  été  dit.  Il  nous  semble  utile  de  le  rappeler  en 
dehors  d'un  fait  de  la  plus  singulière  coïncidence  qui  se  rattache  à  ces 
curieuses  et  importantes  communications. 

La  même  cause,  signalée  par  M.  Ollivier  à  la  Méditerranée^  appelle- 
rait le  même  remède  que  celui  demandé  avec  tant  d'instance  par  ces 
messieurs  des  côtes  de  l'Océan.  Ce  remède  ne  serait  autre  que  l'absolue 
défense  de  la  pèche  de  la  moulière,  dite  sardine  de  mars,  avec  appli- 
cation des  règlements  existants. 

Depuis  sept  ans  et  pour  la  dixième  fois  au  moins,  comme  avec  cette 
écœurante  cliose  qui  s'afflche  sans  la  moindre  gêne  au  carreau  de  la 
Halle  de  Paris,  au  moment  du  frai  des  truites,  nous  n'avons  cessé  de 
protester.  A  cette  onzième  serons-nous  entendu? 

C'est  sans  grand  espoir,  hélas!  que  nous  remplissons  ce  devoir, 
mais  au  moins  encore  une  fois,  l'aurons-nous  rempli  ! 

Prochainement  nous  parlerons  de  l'assolement  de  nos  côtes.  Les 
poissons  sédentaires  n'ont  pas  moins  que  les  migrateurs,  droit  à 
toute  notre  sollicitude  dans  cette  question  si  curieuse  et  encore  si 
peu  connue  des  choses  de  la  mer.  Chabot-Karlen. 

LE  SUPERPHOSPHATE  EN  SOLOGNE 

Nous  venons  de  recevoir,  et  nous  avons  lu  avec  l'intérêt  qui  s'atta- 
che à  la  signature  de  M.  Maxime  de  la  Rocheterie,  secrétaire  du  Comice 
d'Orléans,  le  rapport  sur  la  visite  des  fermes  faite  dernièrement  par 
la  Commission  spéciale  des  concours  culturaux  de  ce  Comice. 

Ces  concours  étaient  ouverts  cette  année  au  delà  de  la  Loire,  en 
partie  dans  la  région  dont  les  terres  sablonneuses,  à  sous-sol  argi- 
leux, humides,  sont  qualifiées  de  Sologne  de  la  rive  droite. 

A  notre  point  de  vue  plus  particulier,  nous  avons  remarqué  les 
récompenses  accordées  pour  l'emploi  du  superphosphate  :  une  mé- 
daille de  vermeil  à  M.  Perdereau,  une  médaille  d'or  à  M.  Doussineau. 

Les  terres  de  M.  Perdereau  sont  médiocres,  mais  ses  blés  sont  d'une 
belle  vigueur;  les  avoines  sont  pleines.  Malgré  les  conditions  défavo- 
rables du  sol  qui  se  prête  mal  à  la  culture  fourragère,  malgré  la  séche- 
resse, M.  Perdereau  a  des  luzernes,  des  minettes,  des  sainfoins  de 
belle  venue  pour  l'année.  M.  Perdereau  a  employé  le  superphosphate 
et  ce  qui  détermine  bien  la  valeur  de  son  expérience  :  partout  où  il 
n'y  a  pas  eu  de  superphosphate,  il  n'y  a  rien. 

Chez  M.  Doussineau,  les  avoines  sont  d'un  vert  superbe.  Les  blés 
ont  des  feuilles  si  larges  qu'on  les  prendrait  pour  des  feuilles  de  maïs, 
de  couleur  si  foncée  qu'elles  paraissent  noires;  ils  sont  si  serrés  qu'on 
n'y  pourrait  jeter  une  épingle. 

Les  fourrages  ne  le  cèdent  en  rien  aux  blés.  Cette  luxuriante  végéta- 
tion est  due  au  superphosphate,  qui  est  employé  à  la  dose  de  300  kilog. 


220  LES  SUPERPHOSPHATES  EN  SOLOGNE 

à  l'hectare.  Sur  les  points  oh  l'engrais  a  manqué,  la  recolle  a  man>]ué 
aussi. 

Impossible  de  nier  les  résultats,  dit  M.  de  la  Rocheterie,  ils  frappen* 
l'œil  le  moins  clairvoyant,  ils  s'imposent  à  l'esprit  le  plus  incrédulet 

Il  y  a  loni^temps  que  sur  la  rive  gauche  M.  H.  Pinçon  a  fait  école 
pour  l'emploi  de  cette  précieuse  matière,  et  que  le  Comité  central  agri- 
cole de  la  Sologne  a  répandu  le  dernier  mot  de  ses  expériences  et  de 
ses  conseils.  Mais  nul  n'est  parfait  prophète  en  son  pays,  et  nous  som- 
mes heureux  de  pouvoir  citer  les  exemples  puisés  par  le  Comice  d'Or- 
léans sur  la  rive  droite. 

Le  phosphate  est  le  pain  des  plantes;  il  est  l'élément  essentiel  de 
leur  constitution.  L'analyse  nous  dit  que  67  kilog.  sont  prélevés  par 
7,600  kilog.  de  froment  (grains  et  paille),  —  50  par  7,800  kilog.  de 
seigle,  —  72  par  7,800  kilog.  d'avoine,  —  .34  par  500  kilog.  de 
plantes  de  prairies  naturelles. 

Où  ces  récoltes  trouveraient-elles  cet  élément  nécessaire,  si  Talmo- 
sphère  ne  le  coniient  pas,  si  le  sol,  comme  celui  de  la  Sologne,  en  est 
à  peu  près  dépourvu  ? 

Notre  fumier  de  ferme,  comme  partout  ailleurs,  sans  considérer  le 
vide  proportionnel  qu'y  fait  l'enlèvement  des  récoltes  consommées  en 
dehors  de  l'exploitation  et  qui  est  à  combler,  ne  peut  nous  fournir 
assez  de  phosphate  qu'à  la  condition  d'être  complété. 

Dans  ce  but,  les  os  broyés  avaient  été  employés.  A  cause  de  leur  len- 
teur, de  leur  difficulté  à  s'assimiler,  on  les  a  traités  par  l'acide  sulfuri- 
que,  on  en  a  fait  le  superphosphate,  qui  peut  être  tiré  par  le  même 
traitement  des  coproUthes  et  produit  les  mêmes  effets. 

Il  est  vrai  qu'on  a  contesté  son  économie  réelle  à  cause  de  cette  assi- 
milation rendue  ainsi  trop  facile,  on  a  reproché  à-  ce  superphosphate, 
comme  à  la  chaux  employée  dans  de  mauvaises  mesures,  d'enrichir  le 
père  au  détriment  des  enfants. 

D'un  autre  côté,  les  conditions  du  sol,  du  temps,  du  climat  peuvent 
modifier  l'action  du  superphosphate  et  même  l'annihiler. 

Quoi  qu'il  en  soii,  les  expériences,  les  récoltes  de  MM.  Perdereau  et 
Doussineau  démontrent  que  dans  le  doute  même  il  y  a  avantage  à 
ne  pas  s'abstenir,  et -nous  croyons  utile,  par  ces  temps  de  concur- 
rence et  d'invasion  étrangère  sur  nos  marchés  agricoles,  où  il  faut 
faire  flèche  de  tout  bois,  nous  croyons  utile  de  rappeler  à  nos  cultiva- 
teurs que  le  superphosphate  est  une  arme  au  moins  défensive. 

M.  Maxime  de  la  Rocheterie,  tirant  du  souvenir  d'une  station  faite 
par  la  Commission  au  chTiteau  de  Reuilly  qui  a  eu  l'honneur  d'abri- 
ter un  instant  Jeanne  d'Arc,  un  mouvement  patriotique,  nous  montre 
la  Pucelle  faisant  fuir  les  armées  d'outre-mer,  et,  faisant  allusion  à 
l'invasion  d'un  autre  genre  qui  menace  la  plus  vieille,  la  plus  nationale 
et  la  plus  riche  de  nos  industries,  il  finit  en  en  appelant  aux  droits 
compensateurs,  à  la  science,  a  la  confiance,  au  courage,  et  en  nous  disant 
de  nous  inspirer  dans  nos  travaux  de  l'héroïne  qui  n'a  pas  désespéré 
de  la  patrie.  Ernest  Gai;cira>. 

MOISSONNEUSE-LIEUSE  DE  SAMUELSON 

Parmi  les  machines  qui  ont  le  plus  vivement  frappé  l'attention  au 
concours  de  la  Société  royale  d'agriculture  d'Angleterre,  à  Sbrewsbury, 


MOISSONNEUSK-LIEUSE    DE    S.VML;E[.SO>f. 


221 


au  mois  de  juillet  dernier,  il  faut  ciler  la  moissonneuse-lieuse  exposée 
par  M.  Sumuelsnit,  le  célèbre  constructeur  de  Banijury.  En  effet,  cette 


ftîr,'"i^lvr  ^^ 


machine  diffère    complètement   de   toutes    les   moissonneuses-lieuse 
connues  jusqu'à  ce  jour;  elle  présente,  dans  son  agencement,  des  diss 


222  MOISSONNEUSE-LIEUSE  DE  SAMUELSON. 

é 

positions  absolument  nouvelles  sur  lesquelles  il  est  juste  d'insister. 

Dans  les  moissonneuses-lieuses  dont  on  se  servaitjusqu'ici,  les  tiges 
coupées  tombent  sur  un  tablier  sans  fin,  qui  les  enlève  et  les  con- 
duit à  un  deuxième  tablier  placé  latéralement  à  droite,  et  où  se  fait  le 
liage  de  la,  gerbe.  Dans  la  machine  Samuelson,  que  montre  la  fig.  10, 
le  tablier  élévateur  est  supprimé;  l'appareil  de  liage,  au  lieu  d'être  en 
dehors  de  la  machine,  se  trouve  entre  la  grande  roue  motrice  et  la 
scie;  les  gerbes,  au  lieu  d'être  projetées  sur  le  côlé,  tombent  en  arrière 
sur  la  piste  même  de  la  machine.  L'ensemble  de  la  machine  s'allège 
considérablement,  l'équilibre  de  toutes  les  [parties  est  plus  complet, 
et  il  est  d'autant  plus  assuré  que,  comme  on  le  voit  par  le  dessin, 
tous  les  organes  sont  placés  assez  bas  et  dépassent  à  peine  l'essieu  de 
la  roue  motrice  qui  donne  le  mouvement  à  tous  les  organes  employés 
pour  la  coupe  et  le  liage. 

Le  Uage  de  la  gerbe  se  fait  à  la  ficelle.  Avec  un  simplclevier,  le  con- 
ducteur de  la  machine  règle  la  marche  du  dévidoir,  de  telle  sorte 
qu'il  peut  faire  des  gerbes  d'égale  grosseur,  en  ralentissant  ou  en 
accélérant  la  marche  de  la  bobine,  suivant  l'état  de  la  récolle  dans  les 
diverses  parties  du  ciiamp  qu'il  moissonne. 

Quant  aux  détails  de  construction,  tant  pour  les  engrenages  que 
pour  tous  !ps  autres  organes  de  la  moissonneuse,  il  suffit  de  rappeler 
que  la  maison  Samuelson  est  une  de  celles  qui  ont  porté  au  plus  haut 
degré  le  soin  dans  la  ftibrication.  On  rencontre  aujourd'hui  des  mois- 
sonneuses Samuelson  dans  toutes  les  parties  du  monde;  elles  sont 
nombreuses  en  France,  et  nous  n'avons  pas  entendu  élever  la  moindre 
plainte  sur  leur  solidité  et  sur  la  régularité  de  leur  fonctionnement, 
surtout  depuis  une  douzaine  d'années.  Nous  augurons  beaucoup  pour 
l'avenir  de  la  nouvelle  moissonneuse-lieuse  Samuelson. 

J.-A.  Barral. 

IDISCOURS  PRONONCÉ  AU  CONCOURS  RÉGIONAL 

DE  DOLE 

Messieurs,  lu  Jura  se  distingue  par  ses  accidents  à  la  fois  variés,  pittoresques  et 
sévères.  Il  comprend  trois  parties  très  distinctes  :  la  bressp,  ou  la  plaine,  qui  est 
sans  contredit  la  contrée  la  plus  productive  et  la  plus  riche;  le.  riijnohk,  qui  est 
déjà  mouvementé  et  où  on  admire  des  gorges  profondes,  de  fraîches  vallées  et  de 
riches  coteaux  couverts  de  vignes;  enfin,  la  montagne  qui  comprend  trois  pla- 
teaux étages  les  uns  au-dessus  des  autres.  Le  dernier,  ayant  une  altitude  de 
1,200  à  1,600  mètres,  est  souvent  couvert  de  neige  pendant  cinq  à  six  mois. 

Ces  contrées  et  surtout  celles  des  montagnes  où  l'air  est  pur,  où  l'homme  res- 
pire avec  plus  de  iacilité,  où  il  éprouve  plus  de  sérénité  dans  son  esprit,  plai- 
sent à  tous  les  Jurassiens.  Cet  amour  est  naturel.  Il  semble,  a  dit  un  jour  Jean- 
Jacques  Rousseau,  qu'en  s'éle%'ant  au-dessus  du  séjour  des  hommes,  on  y  laisse 
tous  les  sentiments  terrestres,  et  qu'à  mesure  qu'on  approche  des  régions  céles- 
tes, l'âme  contracte  quelque  chose  de  leur  inaltérable  pureté.  Hélas  !  beaucoup 
de  Jurassiens  oublient  souvent  au  printemps  de  la  vie  les  magnifiques  tableaux, 
les  splendides  panoramas  que  présentent  sans  cesse  les  montagnes  avec  leur 
mille  formes  variées,  ils  s'éloignent  pour  toujours  du  lieu  habité  par  leurs  ancê- 
tres. Lamartine,  l'illustre  auteur  des  Médiintions  pociiquex.  a  regretté  bien  amè- 
rement d'avoir  abandonné  la  montagne  pour  la  p'aine.  Pourquoi,  dit-il  un  jour, 
ma  famille  a-t-elle  quitté  les  solitudes  du  Jura  pour  la  fourmillante  Bourgogne? 
Pourquoi  ai-je  quitté  moi-même  les  coteaux  vineux  de  mon  pays,  comme  la  pous- 
sière quitte  le  sillon,  pour  aller  chercher  du  bruit,  de  la  vanité,  de  la  popularité 
à  Paris  et  ailleui'S,  et  pour  errer,  à  la  fin  de  mes  jours,  exilé  de  mon  propre  foyer 
natal  ?  Heureux  ceux  qui  meurent  dans  le  lit  de  leurs  pères  ! 


DISCOOHS    AU  CONCOURS  RÉGIONAL  DK   DOLE.  223 

.leaa-Jacques  Rousseau  éprouvait  aussi  de  grandes  émotions  en  contemplan  t 
des  hauteurs  du  Jura  sa  contrée  natale.  La  vue  de  mon  pays,  dit-il,  de  ce  pays 
si  cher,  où  des  torrents  de  plaisirs  avaient  inondé  mon  cœur,  l'air  des  Alpes,  si 
salutaire  et  si  pur,  le  doux  air  de  la  patrie,  plus  suave  que  les  parfums  d'Orient, 
cotte  terre  riche  et  fertile;  ce  paysage  unique,  l'aspect  d'un  peuple  iieureu.x  et 
libre...,  tout  cela  me  jetait  dans  des  transports  que  je  ne  puis  décrire.  Marnier, 
votre  érainent  compatriote,  avait  aussi  un  profond  attachement  pour  le  Jura, 
pour  son  sol  natal.  C'est  mon  pays,  dit-il,  je  l'aime,  je  l'admire.  Je  l'admire  le 
matin  quand  les  perles  de  ros^e  élincellent  sur  l'herbe  des  champs  et  sur  les  feuilles 
des  bois,  quant  aux  rayons  du  soleil  de  légères  vapeurs  s'élèvent  du  fond  des 
ravins  et  tlottent  le  long  des  collines  com'ne  des  écharpss  de  fées,  quand  tout 
s'éveille  et  s'anime  ;  bergers  et  laboureurs,  génisses  et  chevreaux  dans  les  pâtu- 
rages, grives  et  pinsons  dans  les  forêts,  alouettes  dans  les  sillons,  abeilles  et  sca- 
rabées dans  les  lleurs.  Je  l'admire  aussi  le  soir  quand  les  habitants  de  nos  villages 
se  recueillent,  quand  les  oiseaux  se  retirent  dans  leurs  nids  et  les  insectes  entre 
les  brins  de  mousse  qui  est  leur  habitation,  quand  tout  se  tait  et  s'endort  sous  un 
ciel  étoile. 

Pasteur,  votre  illustre  compatriote,  aimî  aussi  le  pays  où  s'écoula  son  en- 
fance, et  ce  n'est  pas  sans  éprouver  une  grande  émotion  qu'il  parle  de  Dôle  et  d'Ar- 
bois  où  il  passa  ses  premières  années  sous  l'égide  d'une  mère  et  d'un  père  qui 
l'aimaient  tendrement.  Il  aurait  vivement  désiré  pouvoir  répondre  aux  instances 
amicales  qui  lui  ont  été  faites,  assister  à  ces  grandes  assises  de  l'agriculture 
jurassienne,  et  revoir  de  nouveau,  comme  il  le  fait  chaque  année,  ses  chères 
inontagnes,  ses  tranquilles  vallées;  mais  les  importantes  expériences  qu'il  poursuit 
en  ce  moment  lui  imposent  le  devoir  de  rester  à  Paris.  Aussi  est-ce  un  grand 
honneur  pour  moi  que  d'être  l'interprète  de  ses  vifs  sentiments  pour  sa  ville  natale 
et  de  vous  témoigner  toute  sa  reconnaissance  pour  l'accueil  si  cordial,  si  sympa- 
thique que  vous  lui  avez  toujours  fait,  et  que  vous  lui  réserviez,  s'il  avait  pu 
accepter  votre  bienveillante  invitation. 

M.  Pasteur,  par  ses  remarquables  travaux  sur  la  maladie  des  vers  à  soie,  la 
fabrication  de  la  bière,  les  maladies  des  vins,  le  choléra  dos  poules,  la  fabrication 
du  vinaigre,  les  maladies  charbonneuses  des  animaux  dimestiquîs,  a  conquis  la 
première  place  parmi  les  savants  les  plus  célèbres  de  l'Europe.  Aussi,  est-ce  à  juste 
titre  que  les  Chambres  législatives  françaises  lui  ont  accordé  l'an  dernier  une 
récompense  nationale  tout  à  fait  exceptionnelle. 

L'agriculture  n'oublie  pis  les  remarquables  et  patientes  études  de  votre  savant 
compatriote.  Los  magnifiques  fêtes  or;?anisées  en  son  honneur,  en  1882  et  1833, 
aux  concours  régionaux  d'Aubenas  et  d'.\urillac,  ont  témoigné  à  tous  les  éminents 
services  qu'il  a  rendus  à  la  fériciculturo  et  à  l'économie  du  bétail. 

Son  nom  est  devenu  populaire,  non  seulement  en  France,  mais  presque  dans  le 
monde  eutier.  Toutes  les  nations  nous  l'envient,  l'admirent  et  le  fêtent;  témoins 
les  Ecossais  qui,  au  mois  de  février  dernier,  l'ont  reçu  comme  le  premier  prince 
de  la  science! 

Les  découvertes  faites  par  M.  Pasteur  ouvrent  à  l'étude  des  horizons  tout  à  fait 
inattendus  et  dont  les  conséquences  seront  incontestablement  imminentes  pour 
toutes  les  classes  de  la  société,  et  surtout  pour  l'agriculture. 

J'ajouterai  que  votre  illustre  compatriote  s'est  toujours  imposé  le  devoir  de  faire 
profiter  tout  le  monde  de  ses  belles  découvertes   avec  un  désintéressement  digne 
des  plus  grands  éloges. 

Tous  ses  remarquables  travaux  n'ont  pas  été  faits  sans  exercer  parfois  une 
fâcheuse  influence  sur  sa  santé  ;  mais  doué  d'une  infatigable  persévérance,  d'une 
volonté  énergique,  il  n'a  jamais  cessé  de  les  continuer,  persuadé  qu'il  doit  accom- 
plir au  péril  de  sa  vie  la  mission  qu'il  s'est  volontairement  imposée. 

Vous  n'ignorez  pas  que  M.  Pasteur  poursuit  avec  un  courage  sans  exemple  et 
une  abnégation  d^  lui-même  qui  fait  l'admiration  de  tous  les  amis  de  l'huma- 
nité, ses  belles  études  sur  le  virus  rabique  ;  les  faits  qu'il  a  déjà  constatés  per- 
mettent d'affirmer  qu'il  parviendra  bientôt  à  prévenir  la  rage  chez  le  chien  et 
conséquemment  chez  l'homme. 

Un  jour  viendra,  et  j'ai  lieu  de  croire  qu'il  n'est  pas  très  éloigné,  où  la  ville  de 
Dôle,  fière  d'avoir  donné  le  jour  à  celui  rju'on  pourra  appeler  le  plus  grand  bien- 
faiteur du  monde,  s'empressera  de  le  rendre  à  jamais  immortel,  en  lui  élevant, 
de  son  vivant,  une  statue  rappelant  aux  générations  futures  son  dévouement,  sa 
persévérance  et  son  génie  !  Gustave  Heuzé, 

Membre  de  la  Société  nationale  (l'agriculture. 


Î24  MALADIES  DES  ARBRES. 


MALADIES  DES  ARBRES  FOURNISSANT  LES  BOIS 

DE  CONSTRUCTION  * 

Nous  avons  vu  précédemment  les  défauts  et  les  vices  des  bois  de 
construction;  aujourd'hui  nous  allons  étudier  les  maladies  que  les 
arbres  fournissant  les  bois  de  construction  peuvent  avoir  pendant  leur 
végétation,  maladies  qui  intluencent  plus  ou  moins  sur  la  qualité  des 
bois.  Elles  sont  de  deux  sortes  :  naturelles  ou  accidentelles. 

Nous  nous  occuperons  immédiatement  des  premières,  qui  par  le  fait 
sont  les  plus  graves  et  les  plus  fréquentes. 

Les  maladies  des  arbres  sont  causées  par  les  éléments  atmosphé- 
riques :  l'air,  le  vent,  l'eau,  la  chaleur,  le  froid,  ou  bien  par  des  para- 
sites végétaux  ou  animaux,  ou  bien  encore  par  la  nature  même  du  sol. 
Les  maladies  naturelles  qui  peuvent  atteindre  les  arbres  debout  sont 
au  nombre  de  trente-quatre  environ;  ce  sont  encore  les  principales, 
car  elles  sont  beaucoup  plus  nombreuses;  quelques-unes  peuvent 
atteindre  les  arbres  abattus. 

Ces  principales  maladies  sont  :  les  ulcères,  les  chancres,  les  nœuds 
pouilleux,  les  gouttières,  les  abcès,  les  dépôts,  les  exostoses  ou  loupes, 
les  tumeurs,  les  moisissures,  les  mousses,  les  lichens,  les  idiampi- 
gnons  (agarics,  bolets),  le  blanc  ou  meunier,  la  rouille,  les  gerçures, 
les  cadranures,  la  gélivure,  la  brûlure,  le  givre,  la  gelure,  la  cham- 
pelure  ou  gélis,  la  roulure,  le  double  aubier,  le  blanc  de  chapon  ou 
chair  de  poule,  le  bois  vergeté,  la  pléthore,  la  cloque,  la  défoliation, 
l'exfoliation,  la  phyllomanie,  le  dépouillement,  le  bois  gras,  le  bois 
roux  ou  rouge,  les  galles,  la  vermination,  etc. 

Si  nous  nous  occupons  des  perturbations  atmosphériques,  nous 
voyons  que  dans  certaines  contrées  l'air  tient  en  suspension  des 
substances  salines  volcaniques  ou  autres  très  nuisibles  à  la  végétation  ; 
aussi  les  arbres  dans  le  voisinage  de  la  mer,  des  lacs,  des  étangs,  des 
marais,  des  volcans,  ont  beaucoup  à  souffrir  des  exhalaisons  des 
milieux  où  ils  se  trouvent. 

Le  vent,  surtout  les  gros  vents,  sont  dangereux  non  seulement  pen- 
dant les  froids,  mais  toujours  quand  ils  ont  la  force  de  courber  ou 
tordre  les  arbres  ;  ensuite  ils  dessèchent  considérablement  la  terre,  ce 
qui  nuit  à  une  belle  et  forte  végétation.  L'eau  elle-même  quand  elle 
est  en  excès  fournit  une  sève  si  abondante  qu'elle  est  aqueuse  et  partant 
peu  nutritive.  Dans  un  milieu  saturé  d'eau,  la  croissance  est  rapide, 
mais  les  arbres  une  fois  abattus  fournissent  un  bois  gras,  c'est-à- 
dire  mauvais  pour  la  construction.  Les  bois  gras  proviennent  princi- 
palement des  arbres  qui  ont  poussé  dans  des  terrains  marécageux.  On 
reconnaît  qu'un  arbre  fournira  un  bois  gras,  quand  vers  son  pied, 
1  écorce  est  noire;  du  reste,  les  nœuds  dans  ces  arbres  sont  presque 
toujours  profondément  altérés  par  quelques  vices  ou  défauts  et  le 
cœur  de  l'arbre  lui-même  est  souvent  carié. 

Nous  n'apprendrons  rien  du  reste  à  nos  lecteurs  en  leur  disant  que 
si  l'eau  employée  à  l'irrigation  des  arbres  est  chargée  de  principes 
putrides,  elle  peut  leur  occasionner  des  dépôts,  des  plaies,  des  ulcères, 
des  tumeurs,  des  moisissures,  etc. 

1.  Cf.  nns  précéilentes  études  sur  les  boin   di'  cnn\lruct!on^   dans    le    tome    IV,  année  188!i, 
p.  466  el  hùl;  tomel,  annexe  1884,  p.  191,  340,  .■!41,  34Î  et  343  et  tome  II,  p.    101  il  lO.'i. 


MALADIES  DES  ARBUES.  225 

De  même  que  l'eau,  la  chaleur  est  nécessaire  à  la  végétation  et  si 
un  excès  d  eau  comme  nous  venons  de  le  voir,  est  nuisible,  une 
extrême  séclieresse  causée  par  la  chaleur  a  des  effets  également  très 
pernicieux.  Dans  les  fortes  terres  glaiseuses  et  siliceuses,  à  la  suite  de 
ciialeurs  intenses,  les  arbres  ne  sont  pas  seulement  brûlés,  mais  encore 
beaucoup  meurent.  Le  froid,  quand  il  est  excessif,  arrête  non  seule- 
ment la  végélatiou,  mais  il  gèle  aussi  la  sève,  les  sucs  nourriciers  des 
arbres;  il  désorganise  les  tissus,  produit  des  déchirements  et  parfois 
même  les  arbres  éclatent  longitudinalement  et  cela  avec  fracas  quand 
la  température  s'abaisse  beaucoup  au-dessous  de  zéro. 

Enfin,  les  parasites  végétaux  tels  que  les  mousses,  les  lichens,  les 
champignons  de  même  que  les  parasites  animaux  exercent  une  très 
fâcheuse  influence  sur  la  végétation  :  les  mousses,  en  empêchant  ou  en 
gênant  considérablement  la  respiration  des  végétaux,  et  les  insectes  ou 
vers,  en  produisant  les  galles,  l'exfoliation,  le  dépouillement,  la  ver- 
mination  et  la  vermoulure  ou  moulinure. 

Après  ces  notions  préliminaires  et  générales,  nous  nous  occuperons 
des  maladies  spéciales. 

En  premier  lieu,  nous  voyons  les  H/t'è;'<'s,  qui  occasionnent  des  plaies 
plus  ou  moins  profondes;  mais  dans  tous  les  cas  la  sève  s'exlravase  et 
sous  les  influences  atmosphériques  (pluie,  chaleur,  humidité)  elle  se 
corrompt  et  devient  ainsi  une  cause  morbide  qui  altère  les  tissus  des 
végétaux,  superficiellement  d'abord,  puis  plus  profondément  pour 
pénétrer  jusqu'au  cœur  même  de  l'arbre  dont  la  mort  est  alors  inévi- 
table. Les  ulcères  pîuvent  être  provoqués  par  des  causes  diverses  ;  la 
principale  est  un  choc  violent  de  corps  durs  qui  détruit  l'écorce,  le 
liber  et  l'aubier  et  atteint  la  substance  ligneuse  elle-même. 

Se  rapprochent  beaucoup  des  ulcères,  les  chancn^s.  L'origine  du 
mal  part  des  racines  mêmes  de  l'arbre,  la  sève  troublée  se  porte  avec 
trop  d'abondance  sur  un  point  quelconque  et  y  détermine  un  engorge- 
ment dans  lequel  la  sève  s'acidifie  et  perce  l'écorce.  11  s'établit 
alors  une  suppuration  acre,  corrompue,  rougeâtre  qui  attire  en  quan- 
tité des  insectes.  Cette  sorte  de  matière  qu'on  nommerait  purulente 
chez  l'animal  est  un  véritable  pus  végétal,  il  s'écoule  sur  les  portions 
de  l'arbre  qu'il  avoisine,  il  les  décompose  ;  le  mal  frappe  l'écorce 
d'abord,  l'aubier  ensuite,  tout  le  tissu  ligneux  enfin.  Aussi,  l'arbre 
ne  tarde-t-il  pas  à  succomber,  rongé  littéralement  par  le  chancre. 

Les  abcès,  dépôts,  tumeurs,  exostoses  ou  loupes,  ont  à  peu  près  la 
même  origine;  ils  sont  produits  par  des  vices  qui  allèrent  le  liber  et 
déterminent  sur  un  point,  principalement  près  d'un  nœud,  une  sur- 
abondance de  sève;  celle-ci,  s'accumulant,  engorge  les  tissus,  puis 
quand  elle  ne  peut  s'écouler  au  dehors,  elle  produit  des  excroissances 
qu'on  dénomme  diversement  suivant  leur  forme  et  leurs  dimensions. 

Les  piqûres  des  insectes,  d'un  fer,  une  blessure  quelconque,  l'im- 
plantation de  plantes  parasites  sur  l'écorce  des  arbres  causent  toute 
cette  perturbation  de  la  sève.  Une  autre  cause  déterminante,  c'est 
Fenlèvemeat  trop  répété  des  branches,  car  les  nœuds  se  recouvrent 
d'un  bourrelet  piqueté  de  blanc  qui  indique  une  cause  prochaine  de 
maladie;  on  appelle  ceux-ci  nœuds  pouilleux,  ils  viennent  également 
sur  des  branches  cassées  par  le  vent. 

Les  maladies  que  nous  venons  de  mentionner,  sont  également 
déterminées  par  les  (joulUires,  c'est-à-dire  par  l'infiltration  des  eaux 


226  MALAME  DES    AHBRES. 

pluviales     ou    autres    qui    pénètrent    entre    les   fibres    d'un    arbre. 

Par  suite  de  vents  violents  ou  par  toute  autre  cause,  il  arrive  que 
des  branches  se  séparent  partiellement  du  tronc  à  leur  point  de  jonc- 
tion. Si  dans  cette  fente  1  eau  vient  à  séjourner,  elle  se  mêle  avec  la 
sève  qui  s'élève  et  s'échappe  par  cette  déchirure,  le  liquide  se  corrompt 
et  détermine  une  suppuration  qui  engendre  des  ulcères,  des  chancres, 
de  la  pourriture,  de  la  carie,  etc. 

Si  le  mal  n'est  pas  aussi  grand,  il  amène  toujours  des  moisissures, 
sortes  de  petits  champignons  dont  les  plus  connus  appartiennent  au 
byssus,  au  bolrytis,  à  l  hiineniia,  au  mihlew,  au  mucor,  etc. 

C'estle  botrytis et lemildewquidanscesdernièresannéesont  causé  le 
premier  la  maladie  de  la  pomme  déterre  et  le  second  une  des  maladies 
de  la  vi^ne. 

Vo'idhmi  qui  est  aussi  un  petit  champignon  n'attaque  que  les  arbres 
à  fruit,  la  vigne,  le  rosier,  mais  jamais  les  arbres  qui  fournissent  les 
bois  de  construction.  Disons  en  passant  que  les  mousses  et  les  lichens 
sont  également  nuisibles  à  la  végétation  normale  des  arbres.  Ces  plantes 
ne  sont  pas  des  parasites,  comme  on  l'écrit  trop  souvent,  puisqu'elles 
tirent  leur  existence  de  l'atmosphère  même,  mais  par  leur  présence  sou- 
vent considérable  surl'écorce  de  l'arbre  elles  entretiennent  une  erande 
humidité  sur  le  tronc  et  empêchent  pour  ainsi  dire  la  perspiration. 

Le  lichen  le  plus  connu  qui  vit  sur  le  tronc  des  arbres  est  le  Tpar- 
meliaparielina;  on  le  reconnaît  à  son  petit  chapeau  jaune  cadmium. 

Si  les  mousses  et  les  lichens  ne  sont  pas  des  parasites  proprement 
dits,  les  champignons,  agarics  et  bolets  en  sont  de  véritables;  ils 
implantent  leur  racine  dans  l'écorceet  le  tronc  des  arbres  et  c'est  avec 
leur  secours  qu'ils  puisent  les  sucs  destinés  à  leur  nourriture.  Les 
champignons  entretiennent  une  grande  humidité  sur  les  troncs 
d'arbres  parce  qu'ils  sont  très  hygrométriques  ;  sur  l'un  deux  le 
mérule  pleureur  (inenila  lacrymans),  on  peut  voir  une  distillation 
constante  de  1  eau  quil  rend  après  saturation.  L'agaric  blanc  {polij- 
porus  officinalis,  boletus  laricis)  affecte  la  forme  d'un  sabot  de. cheval  ; 
sa  couleur  et  sa  chair  sont  blanchâtres;  la  pellicule  supérieure  qui 
recouvre  ce  bolet  est  brune  zébrée  de  zones  concentriques. 

L'amadouvier  ou  bolet  du  chêne  {boletus  ungidatus)  possède  une 
chair  d'abord  molle  et  filandreuse,  qui  acquiert  avec  le  temps  la  dureté 
du  bois;  elle  est  formée  d'une  série  de  petits  tubes  bruns,  liserée  de 
jaune  à  leur  bord  et  très  serrés  les  uns  près  des  autres.  Bien  qu'on  le 
nomme  agaric  du  chêne,  on  le  trouve  également  sur  le  pommier, 
l'amandier,  l'azerolier,  le  noisetier  et  autres  arbres;  c'est  avec  ce  bolet 
qu'on  prépare  l'amadou;  on  le  fait  tremper  assez  longuement  dans  de 
l'azotate  de  potasse,  puis  on  le  bat,  on  le  replonge  dans  son  bain,  enfin 
on  le  refend  et  on  le  fait  sécher. 

Les  autres  champignons  qui  vivent  sur  les  arbres  sont  :  Vœcidiuin 
cancellaium,  Vœcidmm  elatitium,  dénommé  vulgairement  balai  des  sor- 
ciers, le  byssus septica  qui  a  quelque  ressemblance  avec  des  cheveux; 
aussi  le  vent  l'emporte-l-il  au  loin  et  quand  il  rencontre  une  pièce  de 
bois,  il  y  implante  des  racines  fort  dures  qui  pénètrent  dans  le  bois 
comme  de  fines  pointes  de  fer;  le  dedahca,  qui  a  la  forme  d'un  crois- 
sant ;  Vcrysiplie  (alphilomorpha)  plus  connu  sous  le  nom  de  blanc  ou 
meunier.  Ce  champignon  se  propage  aussi  bien  sur  les  feuilles  que  sur 
les  branches,  il  les  couvre  d'un  filament  blanchâtre.  Quand  les  racines 


\iALADIEri  DES  AUBUEi.  227 

d'un  arbre  sont  attaquées  par  le  meunier,  il  n'est  pas  rare  de  voir 
succomber  l'arbre  dans  les  vingt-quatre  heures.  Les  racines  de  ce 
champignon  sont  très  voraces. 

Le  sclerolium  est  une  sorte  de  pustule  dure  dont  les  sporules  en 
poussière  blanchâtre  se  posent  sur  les  feuilles,  les  branches  et  le  bois. 

(Aa  suite  prochaineihenl.)  Ernest  Bosc, 

Archilecle,  ancien  inspecteur  des  travaux  du  gouvernement. 

L'ORIGINE  DU  CHARBON  DE  TERRE 

Le  développement  considérable  que  prend  tous  les  jours  l'emploi 
des  machines  à  vapeur  dans  l'agriculture  comme  dans  l'industrie,  nous 
a  suggéré  l'idée  de  faire  connaître  la  véritable  composition  et  forma- 
tion du  combustible  employé.  Nous  voulons  parler  du  charbon  de 
terre,  ce  minerai  si  utile,  cette  véritable  pierre  philosophale  del'indus- 
tricj  dont  on  exploite  annuellement  plus  de  180  millions  de  tonnes'. 

laudeoi-  des  bassins  pu  déclares.       Production  aiiiiueJ-.e;     lotiiies. 

Grande-Bretagne ..  1.570.000  80,000,000 

France 530. ouo  10,000.000 

Belgique l.'ia,ooo  10. 000,000 

Prusse  et  Saxe ■ 300.000  12,000.000 

Autriche  et  Bohème .  l'JO.ooo  3.000,000 

Espagne .  150, uuo  400,000 

Amérique  du  Nord.    30.000.000  20,000.000 

Nous  ne  prétendons  pas,  parce  morleste  travail,  renverser  les  anciennes 
théories  sur  la  formation  de  la  houille,  ce  que  nous  voulons,  c'est 
constater  certains  faits,  qui  ne  correspondent  nullement  avec  les 
anciennes  hypothèses,  et  développer  une  nouvelle  idée  de  formation 
se  rapportant  du  reste  beaucoup  à  Tancienne  mise  en  harmonie  avec 
les  expériences  de  laboratoires. 

Nous  ne  parlerons  pas  des  théories  de  M.  Genneté  qui  prétend  que 
le  charbon  de  terre  est  produit  par  un  certain  roc  ou  grès  auquel  il 
donne  le  nom  d'agas,  ni  de  celle  de  M.  de  Gensanne  qui  prétend  que  le 
charbon  de  terre  n'est  que  de  l'argile  mêlée  avec  assez  de  bitume  et  de 
soufre  pour  qu'elle  soit  combustible.  M.  de  Gensanne  émet  cependant 
une  idée  qui  nous  paraît  juste,  et  nous  nous  empressons  de  la  repro- 
duire. '(  Il  est  vrai,  dit-il,  que  la  mer  Billique  charrie  tous  les  prin- 
temps une  quantité  de  bois  quelle  amë;iit  du  Nord  et  qu'elle  arrange 
par  couches  sur  les  côtes  de  la  Prusse  qui  sont  successivement  recou- 
couvertes  par  les  sables,  mais  ces  bois  ne  deviendraient  jamais  charbon 
de  terre,  s'il  n'y  survenait  une  substance  bitumineuse  qui  se  combine 
avec  eux  pour  leur  donner  cette  qualité,  sans  cette  combinaison  ils  se 
pourriraient  et  deviendraient  terre.  »  En  effet,  tous  les  amas  de  bois  con- 
nus actuellement  ne  forment  que  des  terreaux,  des  tourbes,  des  lignites, 
mais  ne  se  transforment  pas  en  charbon  de  terre. 

D'après  notre  nouvelle  théorie,  le  charbon  de  terre  ne  serait  pas 
formé  d'amas  d'arbres  comme  l'admet  Buffon  quand  il  dit  :  a  A  mesure 
que  les  eaux  laissaient,  en  s'abaissant,  les  parties  hautes  du  globe  à 
découvert,  ces  terrains  élevés  se  couvraient  d'arbres  et  d'autres  végé- 
taux, lesquels,  abandonnés  à  la  seule  nature,  ne  croissaient  et  ne  se 
multipliaient  que  pour  périr  de  vétusté  et  pourrir  sur  la  terre,  ou  être 
entraînés  par  les  eaux  courantes  au  fond  des  mers;  qu'enfin  ces  mêmes 
végétaux,  ainsi  que  leurs  détritus  en  terreau  et  en  limon,  ont  formé 

1.  Le  tableau  saivant,  emprunté  à  Burrud,  donna  une  idée  de  l'importance  des  gisements  et    e 
p  liui  )  n  lioiiilliéri;  p  o  ur  Tannée  Wj\. 


228  SUR  l'origine   DU   CHAKBON  DE  TEHRE. 

des  dépôts  en  amas  ou  en  veines  que  nous  retrouvons  aujourd'hui  dans 
le  sein  de  la  terre  sous  forme  de  charbon.  » 

Buffon  constate  que  les  dépcks  de  houille  sont  hurles  anciens  fonds 
de  la  mer.  M.  Grand'Eury  constate  aussi  ce  fait,  qui  du  reste  est  exact 
et  qui  nous  aide  à  conclure  que  c'est  dans  celte  mer  même  que  s'est 
formé  le  charbon  ;  l'eau  de  cette  mer  ou  plutôt  de  cet  amas  de  lacs,  était 
chautfée  par  le  feu  central  et  par  le  soleil.  L'atmosplièi-e  était  chargé 
d'acide  carbonique,  ilyavait  doncdans  les  eaux  uneproduction  énorme 
de  végétaux  inférieurs,  sortes  de  conferves  et  ferments  qui,  peu  à  peu, 
absorbaient  l'acide  carbonique  de  l'air  et  se  décomposaient,  soit  par  le 
manque  d'oxygène,  soit  par  le  manque  d'eau,  et  pourrissaient  dans  leur 
milieu  même,  pour  former  une  sorte  de  purée  végétale  qui,  peu  à  peu, 
perdant  son  humidité,  a  transformé  son  carbone  en  corps  ulmiques 
hydrocarbures,  pour  se  transformer  successivement  en  asphalte,  en 
pétrole,  en  naphte,  en  poix  de  montagne,  en  bitume  et  enfin  en  charbon  ; 
ce  ne  sont  donc  pas  les  grands  arbres  et  arbrisseaux  qui  ont  produit 
le  charbon  de  terre.  On  ne  peut  admettre  du  reste  que  la  flore  carbo- 
nifère fût  assez  grande  pour  préparer  des  amas  de  charbon  comme  ceux 
que  l'on  retrouve  tous  les  jours;  il  faut  surtout  remarquer  que  les  cala- 
mites,  les  sygillariés,  les  licopodes  ou  lepidodendrées,  les  stigmariées, 
les  cycadées,  les  équisétacées,  les  syringodendrons,  les  psaronins  et  les 
cordaïtées  qui  formaient  la  flore  de  l'époque  carbonifère,  sont  des  plantes 
très  pauvres  en  matières  capables  de  former  du  charbon  ;  ce  sont  des 
arbres  moelleux  et  remplis  d'eau.  ]M.  Gaston  de  Saporta  dit,  dans 
l'analyse  qu'il  fait  du  travail  de  M.  Grand'Eury',  qu'en  examinant  les 
liges  adultes  de  ces  anciens  végétaux,  on  ne  rencontre  en  elles  qu'un 
anneau  très  mince  de  bois  proprement  dit  ;  la  moelle  remplit  tout  le 
reste . 

Brongniart  et  Elie  de  Beaumont  n'admettent  déjà  plus  beaucoup  la 
formation  de  la  houille  par  les  arbres.  Elie  de  Beaumont  pense,  au  con- 
traire que  c'est  la  végétation  serrée  et  herbacée  qui  enveloppait  les  grands 
végétaux  des  forêts  hcuillères  qui  a  joué  le  principal  rôle  dans  la  pro- 
duction du  charbon,  et  que  c'est  en  se  renouvelant  et  en  s'altérant  sans 
cesse  qu'elle  a  composé  ce  dernier,  en  subissant  une  transformation 
analogue  à  celle  qu'éprouvent  nos  végétaux  aquatiques  pour  se  transfor- 
mer en  tourbe. 

M.  Pouchet,  dans  son  livre  «  l'Univers  «,  n'admet  pas  beaucoup  la 
théorie  des  troncs  d'arbres  et  dit  que  malgré  leur  masse  ils  donneraient 
une  bien  mince  épaisseur  de  houille.  C'est  du  restel'idée  partagée  par 
la  plupart  d<^  nos  savants,  quoique  ne  donnant  pas  une  autre  expli- 
cation. C'est  ainsi  que  M.  Grand'Eury  n'hésite  pas  à  dire  ^  lexamen 
de  ce  qu'il  faudrait  de  végétaux  accumulés,  pour  convertir  en  un  lit 
de  houille  assez  mince  une  forêt  ensevelie  subitement  par  les  eaux  ou 
projetant  peu  à  peu  ses  résidus  sur  le  sol  conduit  à  des  calculs  déses- 
pérants, tellement  il  est  nécessaire  d'exagérer  outre  mesure  l'un  des 
facteurs,  soit  le  temps,  soit  la  masse  des  végétaux.  » 

M.  Gaston  de  Saporta,  dans  le  résumé  qu'il  fait  du  travail  de  M.  Grand' 
Eury,  explique  ainsi  la  formation  de  la  houille.  «  Le  premier  facteur 
des  phénomènes  des  houilles  est  le  règne  végétal,  mais  il  en  est  deux 
autres  indisiiensables,  c'est  la  température  et  la  disposition  matérielle 
des  lieux  oii  les  végétaux  se  trouvent  placés.  En  effet  il  suffit  d'élimi- 

1.  Revue,  dei  Veux-Mondes,  1"  décembre  ISS'i,  p.  ti.')7. 


SUR  l'origine  du  charbon  de  terre.  229 

ner  un  de  ces  trots  termes,  on  obtient  des  lits  de  grès  ou  de  schistes 
dépourvus  de  combustible  où  n'en  renfermant  que  des  traces....  Si, 
en  rétablissant  par  la  pensée  et  le  climat  primitii'  et  la  disposition  an- 
cienne des  lieux,  nous  nous  contentons  de  placer  dans  ce  cadre  nos 
arbres  actuels  avec  leur  accroissement  de  diamètre  périodiquement  et 
graduellement  établi,  aussi  difficiles  à  déraciner  qu'à  entraîner,  cou- 
vrant le  sol  de  leur  masse  après  leur  chute  et  se  décomposant  à  l'air 
libre,  il  ne  sortirait  évidemment  d'une  pareille  combinaison  aucun  lit 
de  combustible  un  peu  considérable,  à  peine  obtiendrait-on.  à  la  lon- 
gue, des  traces  de  houille  insignifiantes  et  n'ayant  rien  de  commun 
à  coup  sûr  avec  les  richesses  en  ce  genre  que  nous  a  léguées  le  passé.» 

Admettons  si  vous  le  voulez,  pour  un  moment  que  le  charbon  soit  pro- 
duit par  des  arbres  décomposés.  Comment  admettrez-vousquelebois,  en 
perdant  l'eau  qu'il  contient  (puisque  l'analyse  chimique  nous  mont<'e  i[ue 
leboiscontientbeaucoup  d'eau  et  que  le  charbon  n'en  contientque  des  tra- 
ces),comment  admet  irez  vous,  dis-je,  que  la  houille  soit  devenue  liquide; 
car  il  est  certain  que  la  houille  a  été  liquide  et  s'est  solidifiée  peu  à 
peu.  En  voici  la  preuve:  d'après  notre  théorie  les  bassins  houillers 
sont  d  anciens  bassins  de  naphte  et  de  pétrole  bitumineux  produits  par 
la  décomposition  des  végétaux  aquatiques,  inférieurs,  sous  l'influence 
de  la  chaleur  et  de  l'humidité,  et  la  preuve  c'est  que  les  minéraux  po- 
reux du  fond  des  houillères  qui  sont  les  seuls  témoins  de  cette  forma- 
tion, nous  montrent  tous  les  jours  qu'ils  sont  imprégnés  dans  leurs 
pores  de  naphte  et  de  pétrole,  ce  que  l'on  reconnaît  immédiatement  à 
leur  odeur,  surtout  dans  les  minéraux  poreux  de  carbonate  de  fer  li- 
thoïde.  D'où  ces  minéraux  pourraient-ils  avoir  tiré  cette  naphte?  si  ce 
n'est  dans  les  premiers  états  du  charbon. 

Cette  théorie  nouvelle  nous  permet  d'expliquer  la  formation  des 
sources  de  pétrole,  d'asphalte  et  autres  bitumes  liquides  que  Ton  voit 
coulera  certains  endroits  delà  surface  de  la  terre,  mais  plus  ordinaire- 
ment à  de  certaines  profondeurs  dans  son  intérieur,  et  même  au  fond 
des  lacs  et  sur  quelques  plages  de  la  mer.  Il  suffirait  d'une  fissure  au 
bassin  houillier,  ou  un  sol  trop  poreux,  pour  que  le  pétrole  s'infiltrât 
et  allât  ailleurs  former  des  sources  au  détriment  même  du  bassin, 
et  c'est  ainsi  que  M.  Fougas  a  remarqué  que  tous  les  charbons 
maigres  sont  sur  des  tetrains  calcaires,  c'est-à-dire  poreux,  sans  en 
avoir  cependant  deviné  la  cause. 

Enfin  comment  n'admettrait-on  pas  le  charbon  à  l'étal  liquide,  puis- 
qu'on en  trouve  encore  aujourd'hui  en  Angleterre  presque  à  l'état  pâ- 
teux? C'est  à  ce  charbon  qu'appartient  le  fameux  Cannel-Coal  (char- 
bon-chandelle qui  a  la  propriété  de  s'allumer  comme  de  la  résine  et 
de  pouvoir  servir  de  torche  ou  de  flambeau). 

Enfin  une  dernière  preuve  de  la  liquidité  première  delà  houille,  c'est 
que  toutes  les  matières  légères  :  tourbes,  lignitc3,etc.,  sont  à  la  partie 
supérieure,  et  que  les  parties  les  plus  denses,  anihraciteuses,  en  for- 
ment le  fond. 

Maintenant  l'analyse  chimique  nous  montre  clairenipnt  que  ce  n'est 
.  pas  du  bois  pétrifié:  en  e:iet  on  trouve  dans  le  bois  des  principes  fixes 
qui  ne  sont  pas  dans  la  houille  et  réciproquement  ;  ot  les  cendres  du 
bois  et  de  la  houille  ne  sont  dans  aucune  proportion;  du  reste  les  résul- 
tats d'analyse  qui  suivent  eu  montrent  plus  que  tout  ce  que  nous  pour- 
rions dire. 


230 


sUR  L  ORIGINE  DU  CHARBON  DE  TERRE. 
An.vlyse  des  charbons  de  terre  (P.  Noël)'. 


Pas-de-Calais 
(Nceax; 

Pas-de-Calais 
(Nœux). 

Pas-de-Calais 
iCourrières;. 

Nord 
(Somain). 

Eau 

Matières 
Coke 

volatiles.. 

1.20 
30.05 

68.75 
7.25 

2.10 
18.65 
79.25 

8.65 

0.85 
21.90 
77.25 

7. 05 

0.75 
14.00 
85.25 

7.75 

Cendres. 

Nord 
(Somain) 

Angleterre 

(New-Castle). 

Angleterre 
(Cardifl-j. 

Angleterre 
(Northumberland) 

Eau 

0.75 
14.00 
85.25 

7.75 

2.00 
29 .  25 
68.75 

5.70 

1.25 
12.00 
86.75 

S.hO 

2.50 
2!).:^3 
68  17 

Matières 
Coke.... 

volatiles.. 

Cendres . 

4.S0 

Nous  poumons  augmenter  notre  tableau  de  trois  ou  quatre  cents 
analyses;  mais  nous  croyons  ces  quelques  résultats  suflisants,  pour 
établir  l'analyse  moyenne  des  charbons  de  terre. 

Proportions  d'eau  de  diverses  essences  d'arbres,  d'après  Schubler. 

Eau  p.  '.oo. 

Hêtre.  Carpinus  betula 18. C 

Saule.  Salix  caprea 26.0 

Erable.  Acer  pseudo-platanus 27.0 

Frêne.  Fraxinus  excelsior 28.7 

Bouleau.  BetuLa  alba 30.8 

Chêne.  Quercus  robur .' 34.7 

Pin.  Pin  its  ahies 37.1 

Tilleul.  Tillia  Europiea 47.1 

Peuplier.  Popidus  Ilalica 48.2 

Peuplier  noir.  Populus  nigra 51 .8 


Dosage  des  cendres  de  divers  charbons  de  bois. 


Nature  des  charbons. 


Ajonc 

Baguenaudier. .  . . 

Bourdaine. . .-. 

Boîs  de  fer 

Alizier 

Litge 

Bois  de  lettres. .  . 

Genêt 

Aylanthe 

Genévrier 

Pin  sauvage 

Lierre 

Bouleau 

Pin  maritime 

Thuya  du  Canada. 

If..    

Clématite 

Epine-vinette 

Lilas 

Troène 

Coudrier 

Chèvre-feuille 

Cycomore 

Néflier 

Marronnier., 

Fusain 

Châtaignier 

Cornouiller. 

Eglantier 

Saule 

Platane 

Coton  cardé 

Charme 

Peuplier 

Satinay 


Cendres  p.  100. 

1.28 

0.82 

0  56 

0.39 

0.62 

0.00 

1.45 

1.07 

0.81 

0.16 

0.50- 

0.35 

0.76 

0.54 

0.58 

0.30 

1.12 

0.26 

1.12 

3.08 

0.89 

0.99 

1.23 

0.88 

1.06 

0.71 

0.42 

0.63 

0.49 

1.33 

0.74 

1.24 

0.64 

0.85 

0.70 


Nature  des  charbons. 


Boule  de  neige. . 

Aubépine 

Palmier 

Robinier 

IJuis 

Cytise 

Frêne 

Erable 

Cerisier 

Catalpa 

Sureau 

Mélèze 

Merisier 

Tilleul 

Cocotier 

Houx, 

Vigne 

Cognassier 

Tremble, 

Ebène 

Groseillier 

Acaric  {ou  Saule). 

Chêne 

Pommier 

Peuplier  (racine). 

Orme 

Acajou 

Prunier 

Poirier 

Jonc 

Gaïac 

Chènevotte 

Paille  de  blé 

Peuplier  (feuille).. 


Cendres  p.  loo. 

0.53 

1.34 

1.23 

1.40 

0.64 

0  61 

0.69 

0  42 

0.75 

0.90 

0.70 

0.47 

0.42 

1.69 

3.69 

0.84 

0.28 

0.69 

0.58 

0.20 

1.19 

8.23 

0.20 

0.38 

1.08 

0.28 

1.17 

0.59 

0.52 

0.37 

0.48 

1.39 

0.75 

1.38 


Buflbn  constate  qu'il  y  a  des  charbons  qui  brûlent  en  entier  en  ne 
laissant  après  la  combustion  que  des  cendres  même  encore  plus  douces 
61  plus  fines  que  celles  du  bois  ;  de  plus,  les  houilles  grasses,  c'est-à- 

I.  Ces    résultats  sont  extraits  de   notre   travail,  Vanalyse  des    charbons  de  terre,  publié  en 
1880  dans  le  Bulletin  de  la  Société  d'éludés  scientifiques  d'Angers, 


SUR  L'ORIGINE  DU  CHARBON  DE  TERRE.  231 

dire  très  chargées  de  bitume  donnent,  comparées  au  bois,  presque  le 
double  de-  chaleur. 

Comme  on  le  voit,  il  n'y  a  aucun  rapport  entre  les  analyses  des 
charbons  de  terre*  et  du  bois. 

Nous  savons  qu'on  va  s'opposer  à  notre  théorie,  en  nous  demandant 
comment  nous  expliquerons  la  présence  dans  le  charbon  des  empreintes 
fossiles  de  plantes,  aussi  nous  empressons-nous  d'en  donner  l'explica- 
tion. 

Nous  ferons  d'abord  remarquer  qu'il  n'y  a  pas  d'empreintes  dans  le 
charbon  proprement  dit,  mais  bien  dans  les  parties  terreuses  et  schis- 
teuses des  mines. 

Jussieu  a  remarqué  avec  juste  raison,  que  toutes  les  plantes  fossiles 
sont  couchées  dans  le  même  sens,  et  les  uaes  sur  les  autres  très  régu- 
lièrement. Cotte  remarque  faite  par  .Jussieu  détruisait  sa  propre  théorie 
de  la  formation  de  la  houille,  car  il  admettait  que  les  végétaux  apportés 
par  les  lleuves  avaient  été  entassés  pèle-mèie.  (La  disposition  actuelle 
des  bassins  bouillers  ne  permet  pas  de  croire  à  l'idée  de  formation 
énoncée  \a,v  .Jussieu.) 

Mais  revenons  à  nos  empreintes,  que  nous  expliquons  de  la  manière 
suivante  :  Le  lac  de  charbon  liquide  que  nous  avons  conçu  jusqu'à  pré 
sent  était  sujet  à  des  mouvements  et  à  des  débordements  causés  soit 
par  les  vents,  soit  par  les  soulèvements  du  sol;  ce  phénomène  ne  devait 
pas  être  rare  à  l'époque  carbonifère  :  alors  le  liquide  demi-pàleux 
s'étendait  tur  la  terre,  couchant  sur  son  passage  les  herbes  et  fougères, 
toutes  dans  le  même  sens,  et  c'est  ce  qui  explique  pourquoi  c'est  surtout 
aux  alentours  des  houillères  qu'on  trouve  le  plus  d'empreintes,  qui, 
lorsqu'on  les  a  vues,  ne  laissent  aucun  doute  sur  leur  formation.  On 
voit  très  bien  que  la  plante  a  été  prise  dans  un  enduit  liquide,  qui  s'est 
solidifié  peu  à  peu;  tous  les  arbres  qui  croissaient  sur  les  plages  de  ces 
lacs  carbonifères  tombaient  peu  à  peu  dans  ce  liquide  et  s'y  impré- 
gnaient de  ce  bitume  qui  les  empêchait  de  pourrir. 

Aussi, les  troncs  d'arbres  et  de  fougères  que  l'on  retrouve  ne  sont  pas 
précisément  du  charbon,  mais  bien  une  matière  spéciale,  d'un  brun 
jaunâtre  et  ayant  parfois  gardé  leur  élasticité;  ces  échantillons  se  trou- 
vent dans  les  parties  hautes  appelées  le  toit  de  la  mine;  les  mines  de 
Zuerfut  ont  principalement  produit  de  ces  échantillons.  M.  Darcet  a  vu 
dans  la  mine  de  Wentorcastle  un  tronc  de  la  grosseur  d'un  mât  de  petit 
vaisseau  qui  était  implanté  dans  l'argile,  tout  à  fait  à  l'extrémité  et  hors 
de  la  mine;  la  partie  supérieure  était  du  vrai  charbon  de  terre,  absolu- 
ment semblable  à  celui  delà  mine,  tandis  que  la  partie  inférieure  de 
ce  même  tronc  était  encore  du  bois  et  ne  sautait  pas  en  éclats  comme 
celle  du  dessus,  mais  elle  se  fendait  à  la  hache. 

Les  mines  de  Ronchamp  en  Franche-Comté  présentent  un  phénomène 
plus  curieux  encore;  dansles  masses  de  charbon  situées  immédiatement 
sous  les  bancs  de  pyrite,  plus  particulièrement,  que  dans  les  couches 
de  pur  charbon,  il  se  trouve  une  couche  légère  de  charbon  de  bois  bien 
caractérisée  par  toutes  ses  propriétés  physiques,  et  lorsqu'un  morceau 
de  ce  charbon  de  terre  contenant  du  charbon  de  bois  est  en  combus- 
tion, si  l'on  souffle  dessus,  le  charbon  de  terre  s'éteint  et  le  charbon 
de  bois  continue  à  brûler  déplus  en  plus.  M.  le  chevalier  de  Grignon 
écrit  à  Buffon  en  parlant  de  cette  mine  (27  mai  1781):  «  L'on  trouve 
fréquemment  à  la  toiture  de  ces  mines,  parmi  le  grand  nombre  d'em- 


232  SUR   L'ORIGINE  DU  CHARBON  DE  TERRE. 

preintes  de  plantes  de  toutes  espèces,  des  roseaux  de  trois  ou  quatre 
pouces  de  diamètre,  aplatis  et  qui  ne  sont  point  détruits  ni  tharbon- 
nifiés.  »  Les  empreintes  que  l'on  trouve  dans  la  houille  sont  donc  là 
accidentellement, du  reste  leur  nombre  est  très  restreint  proportionnel- 
lement à  la  masse  de  charbon  et  beaucoup  de  mines  qui  n'ont  pas  eu 
de  débordements  n'en  possèdent  pas;  d'après  nous,  certaines  carrières, 
comme  la  carrière  de  Treuil  à  Saint-Etienne,  auraient  été  formées  tout  à 
coup  par  le  débordement  d'un  lac  carbonifère  voisin,  et  la  houille 
liquide  en  préparation  serait  entrée  comme  une  avalanche  par  suite 
d'un  déplacement  de  terrain  et  aurait  englouti  et  carbonifié  les  quelques 
arbres  que  l'on  voit  encore  verticalement  dans  la  carrière. 

Donc,  pour  nous,  les  empreintes  sont  tout  à  fait  accidentelles  dans 
les  bassins  houillers  et  n'ont  pas  pour  la  plupart  la  même  composition 
que  la  houille  qui  les  enduit. 

Les  eaux  où  sont  poussées  les  matières  végétales  dont  nous  parlons 
contenaient,  comme  plusieurs  de  nos  eaux  actuelles,  du  carbonate  de 
chaux,  du  fer,  de  l'alun  et  même  du  chlorure  de  sodium  comme  dans 
la  mine  de  Nicolai,  en  Silésie.  C'est  ce  qui  explique  la  présence  de  ces 
sels  dans  certains  charbons. 

Telle  est  notre  nouvelle  théorie  de  la  formation  de  la  houille;elle  nous 
semble  plus  rationnelle  et  correspondant  mieux  avec  les  expériences 
d'analvse  chimique.  C'est  ce  qui  nous  a  donné  l'idée  de  la  publier,  es- 
pérant quelle  trouvera,  elle  aussi,  ses  partisans. 

Paul  Noël, 

chimiste. 

NOUVELLES  INVENTIONS  AGRICOLES 

ANALYSE   SOMMAIRE  DES    DERNIERS  BREVETS  DÉLIVRÉS 

161,231.  Delahaye.  29  mars  1884.  Genre  de  herse  articulée  à  surcharge 
réglable.  —  Dans  le  but  d'empêcher  la  herse  de  «  donner  du  nez  »,  le  bre- 
'•veté  place  à  l'arrière  un  contrepoids.  Celui-ci  étant  mobile  le  long  d'une  tige  arti- 
culée au  centre  de  la  herse,  on  peut,  en  le  faisant  avancer  ou  reculer,  régler  l'in- 
tensité de  la  surcharge  ;  en  outre,  on  peut  le  placer  à  volonté  à  une  extrémité  ou 
à  l'autre  de  la  herse  ;  la  tige  qui  porte  le  contrepoids  réglable  repose  sur  un  sec- 
teur denté  qui  permet  de  faire  porter  la  charge  à  droite  ou  à  gauche,  à  volonté. 
Cette  herse  est  caractérisée,  en  outre,  par  l'emploi  de  crochets  à  loquets  à  bas- 
cule, formant  fermoii,  pour  recevoir  les  anneaux  qui  relient  les  difiérents  châssis, 
et  par  des  pitons  d'attelage  à  épaulement  renversé. 

161,237.  Meyer.  27  mars  1884.  Moulin  vertical  dit  moulin  Meyrr.  —  La 
meule  courante,  montée  sur  un  axe  horizontal,  est  formée  par  des  claveaux  de 
pierre  meulière  bien  reliés  entre  eux  et  serrés  entre  deux  tourteaux  en  fonte,  de  ma- 
nière qu'il  riste  un  espace  vide  au  centre  de  la  meule,  ce  qui,  dit  le  breveté, 
rafraîchit  avantageusement  la  mouture.  La  meule  dormante,  ou  coquille,  qui  est 
concave,  est  construite  de  la  même  façon,  mais  plus  évasée  que  la  meule  courante, 
sous  laquelle  elle  est  placée  ;  elle  n'embrasse  qu'une  faible  partie  de  sa  circonfé- 
rence. 

161,242.  BouÉ.  31  mars  1884.  Système  de  ligature  des  balles  de  fourrages 
pressés,  dit  «  système  de  bouton  ligature  parfait  -k  —  L'instrument  se  compose  d'une 
tige  d'environ  .5  centimètres  de  longueur,  près  de  l'extrémité  de  laquelle  se  trouve 
un  ergot  qui  se  recourbe  de  manière  à  se  rapprocher  de  cette  extrémité.  On  fait 
ertrer  l'ergot  dans  les  boucles  qui  terminent  la  corde  ou  le  fil  de  fer  entourant  la 
balle,  et  que  l'on  superpose  à  cet  efl'et.  Si  l'on  tourne  l'instrument  vers  celle  qui 
est  en  dessous,  il  ne  peut  se  dégager:  si,  au  contraire,  on  le  tourne  vers  celle  qui 
est  en  dessus,  on  peut  aisément  le  retirer. 

161,254.  Frémy.  :28  mars  1884.  iXouvelles  pièces  à  ajouter  à  la  fabrication  des 
extirpateurs.  —  Le  système  qui  fait  l'objet  du  brevet  consiste  à  placer  sur  ias  '■in- 
gérons de  l'extirpateur  des  montants  sur  lesquels  vient  s'articuler  ea  gf.»*  UQ''feu. 


NOUVELLES  INVENTIONS  AGRICOLES.  233 

une  tipe  longitudinale  qui  porte  à  ses  extrémités  des  pièces  d'attache  articulées. 
Celle  d'arrière  sert  d'écrou  à  une  vis  placée  à  portée  du  conducteur  ;  l'autre  vient 
sur  une  tige  fixée  à  l'essieu  d'avant-train.  Il  en  résulte  que,  sans  se  déplacer,  le 
conducteur  peut  faire  incliner  son  instrument  en  avant  ou  en  arrière.  D'autre  part, 
un  levier  à  cran  lui  permet  de  l'incliner  à  droite  ou  à  gauche,  suivant  la  pente  du 
terrain. 

161 ,202.MoREL.  31  ma.rs\SSk.  Système  di  distributeur  applicable  àlouslei  semoir.^ 
employés  dans  l'agriculture.  —  On  dispose,  devant  les  orifices  par  où  tombe  la  graine 
contenue  dans  la  caisse  du  semoir,  des  trapillons  coudés  et  articulés,  dont  la 
branche  horizontale  vient  réduire  plus  ou  moins  la  section  de  passage.  L'extré- 
mité des  branches  verticales  est  prise  dans  des  encoches  pratiquées  à  cet  efl'et 
sur  une  tringle  que  le  conducteur  peut  faire  avancer  ou  reculer  à  volonté,  au 
moyen  d'une  vis  placée  à  sa  portée,  en  réglant  ainsi  simultanément  la  quantité 
de  grain  qui  tombe  par  chaque  orifice.  Pour  aveugler  complètement  un  ou  plu- 
sieurs orifices,  il  suffit  de  dégager  les  trapillons  correspondants  de  leurs  encoches 
et  de  les  laisser  tomber  :  ils  viennent  se  placer  devant  les  ouvertures  et  les 
bouchent. 

161,274.  RuMÈBE.  28  mars  1884.  Outil  agricole  dit  cueillerette.  — L'outilest  sem- 
blable à  un  sécateur  dont  les  lames,  au  lieu  d'être  coupantes,  seraient  arrondies; 
on  visse  d'ailleurs  sur  l'une  d'elles  une  lame  tranchante.  Celle-ci  coupe  la  queue  du 
fruit,  et  l'appareil,  en  achevant  de  se  fermer,  la  pince,  de  manière  à  empêcher  le 
fruit  de  tomber  et  de  s'abîmer.  Les  branches  creuses  permettent  d'ajouter  des 
manches  en  bois  à  l'aide  desquels  on  peut  atteindre  à  une  grande  hauteur. 

161,327.  De  Laval.  2  avril  1884.  Perfectionnemenl  aux  appareils  centrifuges 
servant  à  séparer  des  liquides  de  poids  spécifiques  différents.  —  Le  breveté,  dans  le 
but  d'obtenir  une  séparation  à  la  fois  qualitative  et  quantitative  par  la  force  centri- 
fuge et  de  diviser  les  produits  en  deux  ou  plusieurs  catégories,  munit  ses  appareils 
de  «  bords  déversoirs  »  placés  à  différentes  distances  du  centre,  de  manière  que 
les  produits  qui  s'y  échappent  aient  des  densités  différentes  et  soient  recueillis 
par  des  tubes  différents. 

161,348.  Société  Merlin  et  Cie.  3  avril  1884.  Système  de  batteuse  avec  tambovr 
batteur  remontant  les  ottons. — Les  ottons,  épis  cassés,  etc.,  restés  sur  les  grilles 
sont  attirés  par  des  palettes  attachées  à  un  croisillon  monté  sur  l'arbre  du  venti- 
lateur de  la  machine.  Ces  palettes  tournent  devant  un  contre-batteur  cannelé, 
et  les  ottons,  etc.,  se  trouvent  ainsi  rabattus;  les  grains  sont  relancés  ensuite 
sur  les  grilles  et  les  balles  sont  entraînées  par  le  courant  d'air  du  ventilateur, 
devant  lequel  elles  passent.  Gh.  Assi  et  L.  Genès, 

Ingénieurs-conseils  en  matière  de  brevets  d'invention, 
36,   boulevard  Voltaire,  à  Paris. 

PARTIE  OFFICIELLE 

Loi  sur   le  Code  rural    (vices  rédhibitoires  dans  les  ventes  et  échanges  d'animaux 

domestiques). 

Le  Sénat  et  la  Chambre  des  députés  ont  adopté. 

Le  président  de  la  République  promulgue  la  loi  dont  la  teneur  suit  : 

Article  premier.  —  L'action  en  garantie,  dans  les  ventes  ou  échanges  d'ani- 
maux domestiques,  sera  régie,  à  défaut  de  conventions  contraires,  par  les  dis- 
positions suivantes,  sans  préjudice  des  dommages  et  intérêts  qui  peuvent  être 
dus  s'il  y  a  dol. 

Art.  2.  —  Sont  réputés  vices  rédhibitoires  et  donneront  seuls  ouverture  aux 
actions  résultant  des  articles  1641  et  suivants  du  code  civil,  sans  distinction  des 
localités  où  les  ventes  et  échanges  auront  lieu,  les  maladies  ou  défauts  ci-après, 
savoir  : 

Pour  le  cheval,  l'âne  et  le  mulet  :  la  morve,  le  farcin,  l'immobilité,  l'emphy- 
sème, le  cornage  chronique,  le  tic  proprement  dit  avec  ou  sans  usure  de  dents,  les 
boiteries  anciennes  intermittentes,  la  fluxion  périodique  des  yeux  . 

Pour  l'espèce  ovine  :  la  claveléc  ;  cette  maladie  reconnue  chez  un  seul  animal 
entraînera  la  rédhibition  de  tout  le  troupeau  s'il  porte  la  marque  du  vendeur. 

Pour  l'espèce  porcine  :  la  ladrerie. 

Art.  3.  —  L'action  en  réduction  de  prix,  autorisée  par  l'article  1644  du  Gode 
civil,  ne  pourra  être  exercée  dans  les  ventes  et  échanges  d'animaux  énoncés  à 
l'article  précédent  lorsque  le  vendeur  offrira  de  reprendre  l'animal  vendu,  en 
restituant  le  prix  et  en  remboursant  à  l'acquéreur  les  frais  occasionnés  par  la  vente. 


234  PARTIE  OFnOIELLE. 

Art.  4.  -^  AucUfté  aCliôti  eh  garantie,  même  en  réduction  de  prix,  ne  sera  ad- 
mise pour  les  VetilêR  ou  pour  des  échanges  d'animaux  domestiipes,  si  le  prit,  en 
cas  de  vente  ou  la  valeui',  en  cas  d'échange,  ne  dépasse  pas  100  francs. 

Art.  5.  -^  Le  délai  pour  intenter  Faction  rédhibitoire  sera  de  neuf  jours  francs, 
non  compris  le  jour  fixé  pour  la  livraison,  excepté  pour  la  fluxion  périodique, 
pour  laquelle  ce  délai  sera  de  trente  jours  francs,  non  compris  le  jour  fixé  pour 
la  livraison. 

Art.  6.  -^  Si  la  livraison  de  l'aDimal  a  été  effectuée  hors  du  lieu  du  domicile 
du  vetideur  ou  si,  après  la  livraison  et  dans  le  délai  ci-dessus,  l'animal  a  été 
conduit  hors  du  lieu  du  domicile  du  vendeur,  le  délai  pour  intenter  l'action  sera 
augmenté  à  raison  de  la  distance,  suivant  les  règles  de  la  procédure  civile. 

Art.  7.  "-'  Quel  que  soit  le  délai  pour  intenter  l'action,  l'acheteur,  à  peine  d'être 
non  recevable,  devra  provoquer,  dans  les  délais  de  l'art.  5,  lanomination  d'experts, 
chargés  de  dresser  procès-verbal;  la  requête  sera  présentée,  verbalement  ou  par 
écrit,  au  juge  de  paix  du  lieu  où  se  trouve  l'animal;  ce  juge  constatera  dans  son 
ordonnance  la  date  de  la  requête  et  nommera  immédiatement  ua  ou  trois  ex- 
perts qui  devront  opérer  dans  le  plus  bref  délai. 

Ces  experts  vérifieront  l'état  de  l'animal,  recueilleront  tous  les  renseignements 
utiles,  donneront  leur  a«is,  et,  à  la  fin  de  leur  procès-verbal,  affirmeront,  par 
serment,  la  sincérité  de  leurs  opéraiiuns. 

Art.  8.  ^  Le  vendeur  sera  appelé  à  l'expertise,  à  moin*5  qu'il  n'en  soit  autre- 
ment ordonné  par  le  juge  de  paix,  à  raison  de  l'urgence  et  de  l'éloignement. 

La  citation  à  l'expertise  devra  être  donnée  au  vendeur  dans  les  délais  détermi- 
nés par  les  articles  5  et  6  ;  elle  énoncera  qu'il  sera  procédé  même  en  son  absence. 

Si  le  vendeur  a  été  appelé  à  l'expertise,  la  demande  pourra  être  signifiée  dans 
les  trois  jours,  à  compter  de  la  clôture  du  procès-verbal,  dont  copie  sera  signifiée 
en  tête  de  l'exploit. 

Si  le  vendeur  n'a  pas  été  appelé  à  l'expertise,  la  demande  devra  être  faite  dans 
les  délais  fixés  par  les  articles  5  et  6. 

Art.  9.  —  La  demande  est  portée  devant  les  tribunaux  compétents,  suivant  les 
règles  ordinaires  du  droit 

Elle  est  dispensée  de  tout  préliminaire  de  cocciliation  et,  devant  les  tribunaux 
civils,  elle  est  instruite  et  jugée  comme  matière  sommaire. 

Art.  10,  —  Si  l'animal  vient  à  périr,  le  vendeur  ne  sera  pas  tenu  de  la  garantie, 
à  moins  que  l'acheteur  n'ait  intenté  une  action  régulière  dans  le  délai  légal,  et  ne 
prouve  que  la  perte  de  ranimai  provient  de  l'une  des  maladies  spécifiées  dans 
l'art.  2. 

Art.  1!.  —  Le  vendeur  sera  dispensé  de  la  garantie  résultant  de  la  morve  ou 
du  farcin  pour  le  cheval,  l'âne  et  le  mulet,  et  de  la  clavelée  pour  l'espèce  ovine, 
s'il  prouve  que  l'animal,  depuis  la  livraison,  a  été  mis  en  contact  avec  des  ani- 
maux atteints  de  ces  maladies. 

Art,  12.  -^  Sont  abrogés  tous  règlements  imposant  une  garantie  exception- 
nelle aux  vendeurs  d'animaux  destinés  à  la  boucherie. 

Sont  également  abrogées  la  loi  du  20  mai  1838,  et  toutes  les  dispositions  con- 
traires à  la  présente  loi. 

La  présente  loi,  délibérée  et  adoptée  par  le  Sénat  et  par  la  Chambre  des  dépu- 
tés, sera  exécutée  comme  loi  de  l'Etat. 

Fait  à  Mont-sous-Vaudrey,  le  29  juillet  1884.  Jules  Grévy. 

Par  le  président  de  la  République  : 

Le  minisire  de  ^'agriculture,  Méune. 

Le  minislrc  de  l'intérieur,  WALDECK-RodssEAtr. 

LE  BLÉ  DE  SHIRRIF  A  EPI  CARRÉ 

A  la  suite  de  l'article  de  M.  Scliribau\,  sur  |le  blé  de  Shirrif  à  épi 
carré  {Shirrif a  square  head),  publié  dans  le  Journal  du  19  juillet 
(page  99  de  ce  volume),  un  certain  nombre  de  nos  lecteurs  nous  ont 
demandé  oîi  ils  pourraient  se  procurer  ce  blé.  A  ce  sujet,  noua  rficÉvôûs' 
de  MM.  Vilmorin-Andrieux  la  lettre  suivante  : 

«  Nous  aurons  certainement  du  blé  Shirrif  à  épi  carré;  c'est  la  variété  portée  à 
nos  catalogues  sous  le  nom  de  blé  de  Scholcyà  épi  carré,  et  plus  simplement  dans 
«  Les  meilleurs  blés,  »  sous  celui  de  blé  à  épi  carré.  Mais  c'est  une  variété  à  matu- 


LE  BLÉ   DE  SHIRRIF  A    ÉPI  CAHIU-:.  235 

rite  demi-tardive,  qui  se  récolte  seulement  en  ce  moment  et  pour  laquelle  nous 
n'avons  par  suite  encore  ni  marchandise  disponible,  ni  prix  étaljli.    Nous  prenons 
note,  puisque  la  question  intéresse  un  certain  nombre  de  vos  correspondants,  de 
vous  prévenir,  dès  que' nous  aurons  quelque  chose  de  précis  à  vous  dire. 
«  Nous  vous  prions  d'agréer,  etc.  Vilmorin-Andriedx.  » 

Nous  ferons  connaître  les  rensoigaeiaents  annoncés  dans  cette  lettre, 
dès  qu'ils  nous  seront  parvenus.  Henry  Sagnier. 

LA  MÉSANGE  HERBIVORE 

Je  voyais  dernièrement  dans  la  chronique  de  la  Société  d'acclima- 
tation le  rapport  d'un  propriétaire  de  la Hauto-Marne  signalant  la  mé- 
sange comme  oiseau  destructeur  des  jeunes  pousses  de  melons. 

Vers  cot'e  époque,  j'eus  moi-même  à  constater  la  disparition  de 
plusieurs  pieds  de  concombres  et  tout  naturellement  j'accusais  les 
limaces;  néanmoins  ce  que  je  venais  de  lire  me  donna  à   réfléchir. 

Je  me  mis  donc  à  faire  bonne  garde  autour  de  mes  malheureux, 
plants  et  j'eus  bientôt  l'occasion  de  voir  une  jeune  mésange  à  tête 
noire  i Mésange  imijor)  descendre  d'un  arbre  voisin  et  becqueter  tran- 
quillement les  feuilles  cotylédonnaires  d'un  jeune  plant.  J'étais  donc 
sûr  de  ne  plus  me  tromper  dans  mes  accusations. 

Le  correspondant  de  la  Société  d'acclimatation  dit  que  la  mésange 
agit  en  friande,  car  elle  ne  s'attaque  qu'aux  plants  de  'melons  et 
de  concombres,  mais  qu'elle  laisse  de  côté  les  autres  cucurbitacées. 

Le  fuit  est  possible,  mais  il  serait  curieux  de  vérifier,  si  les  deux 
genres  Bryonia  et  Cucurbita  qui,  avec  le  genre  Cucumis,  représentent 
nos  cucurbitacées  indigènes  des  environs  de  Paris,  restent  seuls  à  ne 
pas  subir  les  atteintes  de  la  mésange.  Il  s'agirait  aussi  de  savoir,  s'il 
n'y  aurait  pas  quelqu'autre  petit  oiseau  s'adonnant,  lui  aussi,  à  la 
rapine  des  jeunes  pousses.  Eug.  Ferret, 

Élève  diplùmé  de  l'enseignement  supérieur  de  l'agriculture. 

REVUE  GOU\IERGl.\LE  ET  PRIX  G!)UR\^T  DES  DENREES  AGRICOLES 

(9  AOUT  1884.) 
l.    —    Situation    générale. 
Les  marchés  agricolesont  présenté,  depuis  huit  jours,  un  peu  plus  d'animation, 
en  ce  qui  concerne  les  céréales,  dans  les  régions  où  la  moisson  est  achevée. 

I[.  —  Les  grainslet  les  farines. 
Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  quintal,  métrique, 
sur  les  principaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger  : 

Blé.  Seigle.  Orga.  Avoine 

•fr.  fr.                fr  fr. 

Algérie  4)„gri  blélendre..  22.00  »                 .  » 

Algéne.                    *'°"(blédur 17  CO  »  11.50  13.50 

Angtelerre.               Londres 23.75  »  19.25  19,00 

Belgique.                  Anvers 21.50  17.85  23  50  21.00 

—  Bruxelles 23  50  17.25            » 

—  Liè^e 24.00  17.75             »  20.00 

—  Naauir 22.50  10.75  20.25  19.75 

Pays-Bas.                 Aiiislerdaiii 20.60  16.10             n  » 

Luxembourg.           Luxembourg 23.75  21. UO  20.50  21.00 

Alsace-Lorraine.    Strasbourg 25.00  ;o,25  21.75  20.75 

—  Mulhouse 24.75  19.75  20.50  21.25 

—  Cdlmar 24  50  19.25  21.50  21.75 

Allemagne.              Berlin 20.10  18.00            t  » 

—  Cologne 23.10  19.00            >  » 

—  Hauibourg 20.00  16.75             •  » 

Suisse.                       Genève 25  25  19.50  20.00  21.00 

Italie.                        Turin 23.50  18.00            •  17. ÛO 

Espagne.                  liarcelone 24. UO  17.75            «  17.25 

Autriche.                  Vienne 17.95  17  00  18.00  17. .50 

Hongrie.                  Budapest 17.60  16.00  18.25  17.20 

Busiie.  Saint-Pétersbourg..  16.26  ia.75            s  iO.ÛO 

Etats-Um-.             New-York 18.30  p               •  • 


S36 


REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX   COURANT 


I"  RÉGION.  —  NORD-OFEST. 


fr. 
Calvados.  Condé 23  25 

—  Lisieux 23.80 

C.-rfu-A'oïd.  Lannion...  2i.50| 

—  Treguier 22. 2à 

Finistère.  Morlaix 22.50 

—  Quimper 23. oo 

lUe~et- l'Haine.  Rennes.  21.  jo 

—  Saint-Malû 12  Ta 

Manche.  Avranches 23.30 

—  Pontorson 23.00 

—  Villedieu 23.75 

Mayenne.  Laval 23.50 

—  Mayenne 22.00 

Morbihmi.  RQnnehont..  2:1.00 
Orne.  Seez 23.50 

—  Vimoutiers 2!i.oo 

Sarthe.  Le  Mans 23.50 

—  Sablé 23. 2^ 

Prix  moyeas >2.y7 

2'  RÉGION.  —  NORD 
Aisne. Ldon 22.75 

—  St-Quentin 23.00 

—  Soissons 23.50 

Eure.  Evreux 23.10 

—  Conches 23.50 

—  Pacy 23.70 

Eure-et-Loir.  Cha.nTes..  22.75 

—  Anneau 23  50 

—  Nogent-le-Rotrou-  24.50 
/Vord.  Cambrai 23  25 

—  Douai 23.00 

—  Valeuciennes 24.75 

Oise,  Beauvais îi.^o 

—  Compiègne 22.75 

—  Senlis 22  00 

Pas-de-Calais.  Avr&s.. ,  23.70 

—  Sa  ni-Omer ■^3.25 

Seine.  Paris 2375 

S.-et-Marne.  DammarLin.  22.25 

—  Montereau 23.50 

—  Meau.v 23.75 

S.-et'Oise   Etampes 24.00 

—  Houdan 23.00 

—  Versailles 24.00 

Seine-hiférieure. Rouen.  23.70 

—  Fécanip 22.65 

—  Yvetût 22.75 

Somme.   Doulleiis  23.70 

—  Amiens 23.50 

—  Roye 23. -.15 

Prix  moyens 23.23 


Seifle. 

Orne. 

Avoine. 

fr 

fr. 

fr. 

10.50 

18.75 

20.50 

» 

21.50 

23.00 

» 

15.75 

16.75 

16.00 

16.25 

16. iO 

16.25 

15.80 

16.75 

16.50 

15.50 

» 

16.00 

16-00 

18. -JO 

» 

.1 

» 

Ul  25 

20.50 

» 

18.50 

20.25 

10. bO 

20.25 

22.00 

B 

18.00 

17.75 

15.50 

j> 

17.00 

» 

20.00 

17.25 

16.50 

19.25 

19.50 

16.00 

16.25 

20.85 

16.25 

18.75 

19  00 

16. 


16.90 
16.00 
16.65 
15.00 
l'i  00 
15.20 
li.OO 
15.25 


15.00 
15.75 
17.25 
15.00 
15.50 
13.50 
18.25 
18.00 
15.75 
15.50 
16.00 
'.6.00 
15.00 
14.25 
14.50 
14.80 
15.00 
14.75 
17.75 
15.00 
15.25 


18. u;   18  52 


19.25 
19  00 
18.75 
19.00' 
19.50 
20.30 

18  50 
19.00 
19.00 
18.50 
18.25 
17.85 
20. 00 

19  CO 
17.50 
18  00 
18  25 
18.50 
18.50 


19.75 
20.10 
18.00 
18.50 
19.50 
19.50 
18.50 
19.25 
18.50 
18. OC 

21.00 
20. bO 
19.50 
17.50 


18  00 
19.25 
19.00 
20.50 


19  00 
19.2. 


21 
20.5 


3'  RÉGION 

Ardemies.  Charlevilie..   24.00 

—  Sedan 24.00 

ilube.  Bar-sur-Aube  .. . .   23.00 

—  Méry-sur-Seine...  23.25 

—  Troyes 23.00 

4/orne.  chilons 23.15 

—  Epernay 23.50 

—  Reims 23  25 

Fie-Marne.  Saint-Dizier.  23.50 
Meurthe-et-Mos.  Nancy.  24.00 

—  LuneviUe 24.00 

—  Toul 23.25 

Meuse.  Bar-le-Duc 24.25 

—  Verdun 23.50 

Haute-Saône,  ùray 23.25 

—  Vesoul 23.75 

Vosges.  Mi'ecQarl 24.00 

Neufch;\teau 23.85 


15.61 

NORD-EST. 

17.00 
17.50 


,.,.0» 
20   5° 

19.22     19.21 


19.25 
20.00 
18.00 


15.50 
16.50 
16  85 
15.75 
17.15 
15.00 


Prix  moyens 23. 

4"  RÉGION.  — 

C/iflï'fn/e.  Angouléme...  23 

—  Ruffec 24 

Char. -/n/t^ï'.  Marans. ...  22 

Deux-Sivirs    Niort  23 

Indre-et-Loire   Tours...  23 

—  Cliàteau-Reiiault .  23. 

Luire-lnf.  Nantes 22 . 

A/.-el-Loirf.  Saumur vs 

—  .AnKers 23. 

Vendée.  Luçon .3 

—  Fontenay-le-Cte  ..  23, 
Kienïie.  Chiteilerault...  23 

—  Loudun 23 

//aîtie-Kitïiîie.  Limoges.  23. 


16.50 
16.75 
16.00 
16.25 
16.00 

17.00 
58  16. 'il 
OUEST. 

,50  17  75 
00  » 
,40 
25 
00 
70 
50 
50 
25 
25 
50 
25 
00 
50 


21. 00 
19.50 
17.50 
17.50 

» 
19.50 
18.50 
18.00 
18  50 
17.50 

18.00 
19.50 


20  2b 

21  00 
19.25 
18  20 
18.25 
18.75 
19.50 
19. 5o 


•5 


18. 5„ 


17.0,, 
19.0 
18.5» 
16. 7;' 

17. 0„ 
18,7? 


18.50  13  59 


13.50 
16.75 
15.25 

» 
14.50 
15.50 


16.00 
14.50 
15.50 


13.50 
18.00 
17,50 
18  00 
17  7b 
!9.b0 

21.00 
19.50 
19.25 
18.50 
20  00 
20.50 


18.25 
17.75 
18.00 
16.50 
19.75 
20.25 
17.00 
17  50 
19.50 
16.75 
17.50 
17.00 
17  00 
17  80 


;PrixinoYenf 23.40     15.69     19.09     17,89 


5*  HEOION. 


Allier.  Moulins.... 

—  La  Palisse.. 

—  ôt-Ponrçain. 
Cher.  Bourges. .   , 

—  ALibigny..   .. 
Vierzun...  , 

Creuse.  Aubusso'  . 
Indre.  Chàteaurc  1 

—  Issoudun  . . , 

—  Valençay.... 
Loiret.  Orléans.  .. 

—  Gien 

—  Patay 

L.-et-Cher.  Blois.. 

—  Montoire 

Nièvre.  Nevers 

—  Preraery.... 
Yonne    Brienon.. . 

—  St-Florentin. 

—  Sens 


—  CENTRE 

Blé.    Seigle. 

fr. 

15.00 

16.00 

16.00 

15.75 

15.25 

15.50 

15.75 

15.25 

15.00 

15.50 

16.00 

14.75 
15.00 
15.50 


fr. 

23.25 
22.50 
24.00 
22.70 
23,  00 
23.20 
2  1 .  00 
23.25 
23  00 
22.85 
23.50 
23.00 
23.50 
23  50 
24.00 
23.50 
23.25 
23.00 
23.75 
24.25 


15.50 

16.25 
16.00 


Prix  moyens 23.35     15.53 

6'  KÉMON,  —  EST. 


Orge 

fr. 


18.50 
17  00 
20.50 
20.25 


18  00 
18.75 
18.00 
17.85 
18.00 
20.00 
18.50 

19.00 
18.00 
18.50 
17.75 

13.57 


AToioe 

fr. 

16.40 
16.50 

17.50 
17,25 
17.50 
18.00 
16.50 
17.50 
16  2b 
18.50 
21.00 
19.25 
20.50 
16.00 
16  50 
17.25 
1S.70 

i> 
19  25 

17.79 


A%n.  Bourg 23.75 

—  Pont-de-Vaux... .   îs.oo 

Côte-d'Or.  Dijon 23.00 

floubs,  Besançon 23.75 

/sère.  Grenoble 25.00 

—  Bourgoin 23  00 

Jura.  Dôle 22.75 

Loire.  Roanne 23.75 

P.-de-Ùôme.  c\ermonl-F  24.00 

Rhône.  Lyon 23.50 

Saône-ei-Loire.  Cbilon  .  22,00 

—  .  -Vlicon 23.50 

oauoie.  Chambéry 25.00 

//le-Sai'oie.  Annecy 25,50 

—  Thonon 25.30 


18.50 
16.15 
15  50 

» 
17  50 
16.25 
15  75 
16.50 
17.50 
16.00 
16.50 
15,50 
1S.75 


18.50 
17.50 
20.50 


17.00 
18.50 


16  75 
20.50 
17.25 
19.00 
19.50 
18.25 
18.2b 
18.50 
18.75 
18.25 
19,50 
19.50 
19.00 
19  25 
21.15 


Prix  moyens 23,79    16  70     18.33    18  90 

7'  HÉOION.  —  SPD-OCEST. 

.4Wège.  Pamiers 24.75 

—  Foix 24.25 

Dordogne.  Bergerac....  24  00 

Hte-Garonne.  Toulouse.  Î3.35 

—  St-Gaudens 24  50 

G«r«.  Condora 25.00 

—  Eauze 25.50 

—  Mirande 24.25 

Ciro?ide.  Bordeaux 23.00        o  » 

—  Lesparre 23.85        »  » 

Landes.  Dax 24.00     18.90        » 

Lo<-e(-Garonne. Agen...  23,75     19.00    19.25 

—  Nerac 24.50    19  00        » 

B. -Pyrénées.  Rayonne..  24.70    20  25        » 

ffies-Pj/rênées.  Tarbes. .  24.50    20  50 


19.00 

19.00 

21.00 

18.75 

n 

19.50 

)» 

18.50 

20.00 

19.25 

17.50 

19  50 

19.00 

18.75 

22   (10 

» 

» 

20.50 

" 

» 

22.00 

• 

» 

21.00 

18.50 
19.25 


Prix  moyens 24. 


19.29     18.60 


20.75 
20  36 


19.00 
;9.75 
21.25 
18.50 


SCD-EST. 


8*  RÉGION.  —  SCD 

Aude.  Castelnaudary,...  23.75        i 

—  Carcas^onne 24.25 

Aveyron.  YKoàfï 23.75 

Can/a^  Mauriac 23.75 

Corrèse.  Brive 24,00 

Hérault.  Montpellier...  23.50 

—  Béziers 

Lot.  Cahors 

Lozère.  Mende 

P(/ ré  ne'es-Or. Perpignan. 

Tarn.  .\lbi 

rarn-ei-f /arMontauban 

Prix  moyens 

9'  RÉGION. 
Basses-Alpes.  Manosque  24,60        » 

Hautes-Alpes.  Briànçon.  24.25  is.75 

Alpes-Maritimes. yice..  25.20  19.00 

.4rdfc/ie.  Privas 26. d5  17.50 

B.-du-Rhône.  Arles 25.00        » 

Drame.    Romans 23.00  15.50 

Gard.  Nîmes 25.00         » 

Haute-Loire.  Brioude...  24.20  18.00 

Vor.  St-Masimin 25.00        » 

Vaucluse.  Orange 24.23        a 

Prix  moyens 24.71     17.75 

Moy.  de  toute  la  France  23.73     17.05 
—  de  la  semaine  précéd.  23.72     17,07 

Sur  la  semainelHausse,      o.Ol      » 
précédente..  (Baisse,.;     »       002 


20.75 
19.50 


19.00 
20.00 
17.00 


21.00 

19.50 

21.00 

19.60 

13.50 

17.50 

16.75  17.25 

19.50  18.50 

»      » 

17  00  17  50 

18.21  18.93 
18.64  18  96 

18  62  19  00 

0.02    » 


DES  DENRÉES  AGRICOLES   (9  AOUT  1884;.  237 

Blés.  —  Les  offres  en  blés  nouveaux  commencent  à  être  assez  actives  sur  un 
grand  nombre  de  marchés;  les  ventes  sont  assez  nombreuses,  car  ces  blés  sont 
recherchés  en  raison  de  leur  bonne  qualité.  Toutefois,  les  prix  sont  à  peu  près  les 
mêmes  que  pour  les  blés  vieux,  et  nous  ne  pouvons  pas  signaler  de  tendance  à 
leur  relèvement  ;  cela  tient  surtout  à  la  mévente  des  farines  qui  continue  presque 
partout.  Il  est  assez  difllcile  de  prévoir  comment  le  mouvement  se  réalisera,  mais 
il  est  peu  probable  que  les  cours  descendent  au-dessous  des  taux  actuels.  —  A  la 
halle  de  Paris,  le  mercredi  6  aoilit.  il  n'y  a  eu  que  peu  d'afi'aires;  les  prix  des 
blés  nouveaux  se  sont  soutenus  de  23  à  2k  fr.  50  par  100  kilog.  suivant  les  qua- 
1  ités  ou  en  moyenne  23  fr.  75,  en  baisse  de  50  centimes  depuis  huit  jours.  Au 
marché  des  blés  à  livrer,  on  cote  :  courant  du  mois,  22  fr.  75  ;  septembre,  22  fr.  50 
à  22  fr.  75;  septembre  et  octobre,  22  fr.  50  à  22  fr.  75;  quatre  derniers  mois, 
22  il.  50  à  22  fr.  7b;  quatre  mois  de  novembre,  22  fr.  50  à  22  !r.  75.  —  Au 
Havre,  les  offres  en  blés  exotiques  sont  assez  régulières  ;  les  blés  d'Amérirpie  se 
vendent  aux  taux  de  22  fr.  50  à  -23  fr.;  ceux  des  Indes  à  22  fr.  —  A  Marsei'te,  il  y 
a  un  peu  plus  d'activité  dans  les  affaires;  les  arrivages  de  la  semaine  ont  été  de 
76,000  quintaux;  le  stock  est  de  224,000  quintaux  dans  les  docks.  On  cote  p.ir 
100  kilog.  :  Red-Winter,  23  fr.  50  à  23  fr.  75;  Berdianska,  24  fr.  75  à  25  fr.  ; 
Marianopoh,  24  fr.;  Irka-Û  lessa,  21  à  21  fr.  50;  Pologne,  21  à  21  fr.  50;  Boin- 
bay,  22  à  22  fr.  25.  —  A  Londres,  les  affaires  sont  toujours  peu  importantes;  les 
prix  se  fixent  de  23  à  24  fr.  75  par  100  kilog.,  suivant  les  qualités  et  les  prove- 
nances. 

Farines.  —  Les  ventes  sont  to  ij  lurs  difficiles  et  les  prix  sont  faibles.  Pour  les 
farines  de  consommation,  on  cotait  à  Paris,  le  mercredi  6  août  :  marque  de  Cor- 
beil,  50  fr,;  marques  de  choix,  53  à  52  fr.;  bonnes  marques,  47  à  48  fr.;  sortes 
ordinaires,  45  à  46  fr.;  le  tout  par  sac  de  159  kilog.  toile  à  rendre  ou  157  kilog. 
net,  ce  qui  comprend  aux  prix  extrêmes  de  28  fr.  65  à  33  fr.  10  par  100  kilog., 
ou  en  moyenne  35  fr.  85,  en  baisse  de  55  centimes  sur  le  prix  moyen  du  mer- 
credi précédent.  —  Four  les  farines  de  spéculation,  on  cotait  le  mercredi  6  août 
au  soir  :  farines  neuf-marques,  courant  du  mois,  46  à  46  fr.  25;  septembre,  46  à 
46  fr.  25  ;  S  'ptembre  et  octobre.  46  fr.  25  ;  quatre  derniers  mois,  46  fr.  50  ; 
quatre  mois  de  novembre,  47  fr.;  le  tout  par  sac  de  159  kilog.  toile  à  rendre  ou 
157  kilog.  net.  — ^^Les  farines  deuxièmes  valent  de  22  fr.  à  25  fr.;  les  gruaux,  de 
35  à  40  fr.,  par  100  kilog. 

Seigles.  — Il  y  a  moins  de  fermeté  dans  les  prix  On  paye  à  la  halle  de  Paris,  de 
15  fr.  25  à  16  fr.  2'>  par  100  kilog.  suivant  les  sortes.  Les  farines  de  seigle 
sont  cotées  de  21  à  24  fr. 

Orges.  —  Les  dem-indes  sont  assez  active.s.  Les  orges  sont  recherchées  aux 
cours  ai  19  à  20  fr.  par  100  kilog.  suivant  les  sortes.  Quant  aux  escourgeons,  ils 
se  vendent  aux  taux  de  18  fr.  50  à  19  fr.  50.  Les  malts  d'orge  valent  de  32  à 
35  fr.  ;  ceux  d'escourgeons,  de  31  à  33  fr. 

Avoines.  —  Les  offres  sont  abondantes  à  la  halle  de  Paris.  Les  cours  se  fixent 
de  17  à  20  fr.  par  luO  kilog.  suivant  poids,  couleur  et  qualité. 

Maïs.  —  Peu  d'affaires  sur  ce  grain.  Les  maïs  exotiques  se  vendent,  dans  les 
ports,    de  14fr.  50  à  15  fr.  par  100  kilog. 

Issues.  —  Il  y  a  plus  de  fermeté  dans  les  prix.  On  cote,  par  100  kilog.,  à  la 
halle  de  Paris  :  gros  son  seul,  15  fr.  50  à  16  fr.;  sons  gros  et  moyens,  15  à 
15  fr.  25;  sons  trois  case-,  14  à  14  fr.  50;  sons  fins,  13  fr.  50  à  13  fr.  75;  recou- 
pettes,  13  fr.  50  à  14  fr.;  remoulage  bis  15  à  16  fr.;  remoulages  blancs,  17  à 
18  fr. 

III.  —  Fourrages,  graines  fourragères. 

Fourrages.  —  Les  prix  sont  toujours  fermes.  On  paye,  à  Pa-is,  par  1,000  ki- 
log. :  foin,  100  à  112  fr.;  luzernes,  96  à  108  fr.;  sainfoin,  80  à  96  ir.;  paille  de 
blé,  82  à  96  fr.;  paille  d'avoine,  50  à  60  fr. 

Graines  fourragères.  —  Ou  ne  signale  d'affaires  importantes  que  sur  les  trèfles. 
En  Enauce,  les  trèfles  incarnats  valent  de  50  à  54  fr.  par  iOO  kilog.  -,  les  trèfles 
tardifs,  de  74  à  80  fr. 

IV.  —  Fruits  et  légumes  (rais. 

Fruits.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris  :  abricots,  le  kilog..  G'  fr.  40  à  1  fr.  ; 
amandes,  le  100,  1  fr.  50  à  2  fr.  25  ;  cassis,  le  kilog.,  0  fr.  75  à  0  fr.  90; 
cerises  communes,  le  kilog.,  0  fr.  80  à  1  fr.  50;  figues,  le  100,  4  à  15  fr.;  fraises, 
le  panier,  1  fr.  50  à  3  fr.  ;  framhoises,  le  kilog.,  0  fr.  35  .\  0  ir  40;  groseilles, 
le  kilog.,    0  fr.  35  à  0  fr.  50  ;   melons,  la  pièce,  0  fr    50  à  2  fr.  59;  noisetteaj 


2r,fi  UKVIII';  (iOMMKIlCIAI,!-;    KT  l'IllN    CoDilANT. 

In  lul(i|,'.,  0  l'r.  (Ul  l'i  0  !V.  71);  |ir(;liiiH  coiiiiiiiiiinK,  In  ciiiil,,  tll  l'r.  i\  .')()  Ir.;  Ir  Kilijf^., 
0  Ir.  7(1  à  I  fr.  ao  ;  iiniicH,  lu  cciil,  !,  fr.  à  '2(1  IV.;  I(^  liili'K'.,  0  Ir.  ys  m,  0  Ir.  (iO; 
ruiHiiiM  (•(iiiitniiiiH,  II'  Kili))^'.,    I  IV.  i\  ;i  l'i'. 

V.  —  lui».        .S>iriiu(ii«,ï.  —  r/nnif/rff».  —  Culnii. 

Vins,  —  Li'H  iKMivnlIiiH  ilini  vi^jiihh  Hont  iixc.i!llniil;nH  cdlld  sdiniiiiin.  Il  laul,  mpdii- 
(ImiiI.  Iiiirii  i^xi'npliiiM  |iniii'  rnlIiM  ({iii  (in<,  l'ili*  ri'iipiKinM  pur  Uh  vii)liiiilH  iii'.'t)<nM  do 
i;i(M(^  rpii  H(^  Hoiil,  (l('i',iiiilii('iH  liuil  (laiiH  lu  valhiii  dii  lu  jjuird  ni,  iild  Ohor  ipin  diuiH 
li«  hiiHMiti  ilii  HliAiin.  Il  y  II  (Ml  liii.jMCoiip  iln  piirlnN  locjili'H,  in;ii«  Ium  «iiiisliiiH  ii» 
tiiiiil  p;iH  lol'i  ([u'iIh  piiiMHOiil.  oxm'i'.i'r  HIll^  ^rniiiln  iiilliiniic.n  Hiir  lu  lol.iil  du  \n  pro- 
cliaiiin  rrcolln.  (liilli\-c.i  «(w'ii  (îni'liiiiininiiiil;  ii«hp/.  jalonsii,  inaJM  nlln  aura,  Irni  prolia- 
bloindiil.  mil' i]iiiililii  nMiiaripuilild.  ^.tiiiii  ipi'il  iiii  miil,  Ins  alliiiriiM  hihiI  itxlAmnnicnt 
oaliiiiiN;  In  (■oiiiiiirn^n  un  liiil  ipan  diiM  in'liaU  mNlriiiiilH  ;  l(m  pvix  Honl  l'aiMiiH.  DaiiK 
lu  midi,  iiii  ciiln  p:ir  linclidi(r«  ;  ArainDim;  iid  à  aa  IV.;  peliu  Miiiilai.;iiiiH,  i!(i  i\ 
2H  IV.;  MimlM^iin  ni  liii/i^'iiiiii,  .'10  à  .li  IV.;  Nirhoiiiid  ni.  iiii/.ii.,'ii;iii,  'AU  h  '.U)  iV.; 
Narhoiilln  ni,  (jiPiliinrnH,  .IH  i\  'lO  IV.  A  Lyn,  In»  viiiH  nouvnaiix  du  lln.iiijolaiH 
valniil  lin  !()&  i\  Mil)  IV.  [.i,  pinc.o.  DaiiH  In  Nantait,  Ion  iniiHi'iidnU  h(m-,(iiiIimiI  iln 
7ri  A  ;)()  IV.;  Ioh  gnis  plnuU,  do  Hh  à  i)ri  Ir. 

Spiriliirii.r,  —  Ma.iillidii  dnw  noiu'H  Hiir  Inn  iiiarnlinM  du  mi  II,  Haii,'<r,liaiii,;ninniiln, 
|iiiin  li'H  uh'.imlw  dn  vin  cl,  du  iiiirr..  Diiin  Iiih  (llianiiitnM,  Ihh  Hau.x-do-vin  iiiiiivelldH 
v.ilniil  (In  «(lO  lY  vitifl  IV.  riicclolil.rn,  A  l'arin,  (in  ciiln  IriMH  hIx  lin  Noril  '.)()  dn^r^^H, 
1'"  (p;u!il('\  (liHpDiiildn,  '»2  Ir.  7J  ;  i<ntili'inl»ro,  'iS  à  't.l  IV.  M  ;  ((iialrn  dnniinrH  moin, 
'i.'l  IV.  7.'i;  i|iiiilrn  pri'iiiinrH  moi^,  'l'i  fr,  ^ili  A  'l'i  Ir.  7ri.  Ln  hI.ocK  ('liiil  au  Ci  ikiiU, 
(In  l.l.Kr.'i  pipnH.  cdiilrii  15,0110  nn     IftS.'l. 

Ilihsin.s  xi'fs.  —  AllairoH  prnni|iin  iuill(<n.  On  luitn  à  (Inlln  par  100  liilo},'.: 
(liiniillin,  ;i()  i\  .Wi  Fr.;  Tliyra,  iH  à  Xi  IV.;  Saino^,  ;)r>  i"i  :t7  IV.;  SanniH  IiIdiuIh,  U.'J 
à  ;i'i  II.;  niiDump,  .W  à  liH  fi,:  Vijiirla,  i28  h  ?0  IV. 

VI.  —  SucifK.  —  ,lfii(fr.«,vri.v.  —  Ki'ruJp».  -■    lloiilihnn. 

SlIOVes.  —  L'W  lilTail'nH  h.hiI,  InuinnrK  dilliiiilnH,  cl  \i\h  pris  Hoiil  Hiiiivnnl  on 
liaiHHO.  Oi)  coin  par  100  kilof^.  :  à  Paris,  Hiicrns  lirnU,  88  dnj'rcw,  .'iO  IV.  -2U;  loH 
09  dogri^H,  it:\  IV.  fl  43  IV.  15:  Hucrn.s  hlaïKjM,  dl)  IV.  25  h  k:\[\:  50;  —à  Vuloii- 
l'.iniinnu,  Mnrr(m  hriilM,  ;irj  fr.;  a  Lilln,  nucrns  l)rni,n,  .T4  IV.  7.')  i\  35  IV..  Ln  Htook  do 
l'i-nlrcpi'^l  iH'ol  (1(<H  HucrcH  liriiU  (Mail,  .■V  Paris,  In  6  aoiM,  d(\  P'ri.OOO  sacs  pour 
loH  Hiicrns  indijçfdins.  a,v('c,  iinn  diininnlioii  do  .'10,000  sacs  dopnis  liiiil,  jniirs.  — 
lios  sMcros  ralllni'is  sn  oolniil  (ln  11'.',  il  11.')  Ir.  par  100  Ivilojî.  i\  la  consoiiiinalion, 
Il  caiiNodc  i'a('(^riiiss('in(inl  (In  l'iiiipi^l  ;  pnur  l'oxiinrlalion,  ils  valciil  do  'iSi\5;i  IV.  2!». 
—  Dans  les  poris,  plus  dn  rnniicU''  sur  Ins  prix  dns  siicrns  coldiiiaiix. 

l'Vi'iilrx.  —  .VlVairns  calinns  ni,  prix  sans  cliaiiiïnninnls.  On  ciiln,  h.  Paris,  .'U  IV.  ."lO 
Al',!  l'r.  par  100  Kiln^'.  iioiir  ln,s  lÏM'idns  prniiiii'ircH  du  r.'iyoïi  ;  à  (l(iinpi(''(<n(.i,  .'11  IV. 
pdiir  ccll(';i  d(\  l'(  )isn. 

Ilinihlom:.  —  l;ns  vniilcs  sur  les  li'nililniiH  d(>  la  procli.iiiic  [■i''C(illc  soiil  lies  rns- 
Irninlns.  Li\h  cours  s'('>lal)lis:-innl,  dillicilnniiMil  ;  nn  ltiiur;;o;;uc,  ils  paraissiMil,  devoir 
vuriur  do  350  à  (i,00  IV.  par  100  Kilo^,'. 

VU.  —  TnurtKitur,  —  Nuirn.  —  l!iii)vni.i. 

Toiirli'iiur.  —  Lns  cours  variniii  pnu.  On  paye  A  Marseille  par  100  kilos;.;  lour- 
loaux  de  lin,  18  IV.  5i)  ;  d'ar.icliides  nn  C0i|iin,  '.)  IV.  50;  d'arachido'i  décoi  liipu'cs, 
1'+  IV.;  si^sanie  Idanc  du  Ijovanl.  13  IV.;  coi'olinr,  13  IV.  25;  C(d/'i  du  U.niulti', 
11  IV.  75;  (i'illell.11,  11  Ir.;  (Mloii  dlOjiypIi»,  12  IV.,  palniisin  naliirel,  10  Ir.  50; 
ricin,  7  IV.  !)()  :  ravisoii,  10  IV.  50  ;  —  A  (limbriii,  liiurlnaiix  de  colzi,  1  7  IV.;  (ru-il- 
liUIn,  13  IV.;  (le  lin,  20  IV.  75  A  '1  IV.  50;  do  cainnliue,  1(>  IV.  50;  —  au  ll.ivro, 
huiricaux  dn  colon  d(n',orli(|U(''s  ;  luanpie  'l'ii.  Pillor,  22  IV. 

Kwjvim.  —  Los  prix  varuml  piiii.  Ou  cdIi^  jiar  100  kilojj;.  ;  sull'aln  d'auiuuuiiaipin, 

37  A  :W   IV.;  uilriili)  do  soudn,  2'»  IV.  ;  poudro  d'us,  15  A   17   IV,  ;  i;uiuu>s  dissiuis, 
Tll.   Pillor.    27   Fr.   M   A   3'i  Fr.;   gnaii,.  du    Pérou   (V'alis('    (pranti*,,    Th.    Pillnr, 

38  IV.;  pliospho-guauo,  2ii  Fr.  50. 

VIII,  —  Miititres  iV.«inciiii(',«.  —  JV,i(i(iis,  — Unis. 

Milliards  ('('.«ùirtiMCV.  —  .\  Maz'is,  l(\s  ijenunns  noiivollns  se  veiidiuil  '.Î5  IV.  la 
liarriipui;  1ns  (géminés  sysU'une  llimuns,  Ï7  IV.  5'. 

Uns.  —  A  li)oull(Mis,  les  lins  do  pays  valnnl  do  ('i  î  IV.  5()  à  8i  Ir.  ;>(>  loH 
lltO    kili,ig,,  siiivnnl   les  i|iiulil(iî4, 

/(ois.  —  liits  «lV,iiri's  s.iiit  asso/.  (mîmes.  \'\.\\\^  les  \'oslji>s,  Iim  liuis  de  li>u  so 
veiidoiil,  :  cll(^m^,  7  IV.  5()  le  (|uiirli()r;  sapin,  7  Ir.  50;  lièlr(\  13  Fi.,  pin,  7  Fi-,  lo 
sliNro  ;  loi  ochahis  viilonl  do  •:!5  A  .'U  Fr.  lo  tnillo. 


DES  DFSNUrCKH   AllUIOOIilliK  (il  AOOT    IHH'i).  SS9 

IX.  -    i'Mi/\  tl  ritrpH  i/ran. 
Suifs.  —  Nouvelle  l):iinsi!  cUiiK  l(is  |irix.  On  |)ayi)  (l  l'.iiiit,  7'.)  Ir.  |iui'  loo  Lilo^^'., 
|)()iir  liw    Huil'n  |)iir«  ilo  l'iil)iil  ijii  la  l)i)iic,liiiiin  ;  Si)  Ir.  Vi  [loiir  cunx  mi    lininclioM. 
duirs  II,  prdii.r.  —  Aux  voiiloH  iiidiikiioIIkh  do  la  hoiiclitM  i«,  il  l'/iii»,  le.  .'Il   (uil- 
let,  011  (;olait,  jiar  r>0  kilo^.  :  f^roN    IxiîiiIh,   U'i  (r.   'i5;   iiiiiyoïiH    l)(i!uln,  5a  Ir.    ï'*  ; 
pelilH  IxciifH,   'i7  IV.   02;  vuchyH,    '»7  IV.  H7  (Y  ,M  IV.  't  I  ;  liiiiii'.iiux,  H')  IV.  ft!)  ;  fçroH 
v(WMtx,  71  II.  ii'i  ;  pclilH  vo.'Mix,  8fi  Ir.  'i'i.   liii  pliiparl,  iIoh  prix  Hoiit  en  bairtHO 
X.  —  ticurri'ii.  —  (Ku/h.  —  Kramiiiic». 

IJeurrcs.  —  Il  :i.  lUiV  viirjilu  poridunl  lu  Huinaiiid,  !\.  la  lialln  ili!  l'iui^,  ;i;n',,K'i:t  ki- 
log.  il(!  hourriiH.  Au  di!riiinr  uiur(;li(),  on  voiidail,  par  kilog.  :  en  (Iruii  Kilo^., 
1  IV.  r.O  h  A  Ir.  i)'r,  poUl.s  JjiMirroH,  1  IV.  :t()  lY  '2  IV.  r./i;  (;.,iiriiay,  1  Ir,  70  i\ 
;j  IV.  '(0;  UlKiiy,  l  IV.  80  à  0  IV.  a't 

(Eiif.s. —  Du  21)  juilliitau  'i  aoiM,  on  a  viiridu  à  la  li.-illn  de.  l'.ir'iM  'i, 'i ',).'), i)  ^i)  (iiurM. 
Au  diiiiiier  jour,  on  (;olail  par  iniUo  :  choix,  lOii  à  I  IJ  Ir.  ;  onlinairurt,  02  à 
flO  IV.;  potilH',  50  A,  IH  IV. 

XI.   — Chfvnux.  —   lliHait,  —    Vtandf. 

('hivaux.  — -Aux  njarclliin  doH.'in  iiiillrl,  ol '2  .•i.0Ml.,à  Parin,  on  comptait  '.t'i>  clii! 
vanx;  Hiir  cti  noniliri!,  .ID.'j  ont  (>t.o  vdndiiH  comme  il  Huit  : 

ArimnoN.  VmiiluH.  l'rlx  xxLr'Ainnit. 

Cliuvaiix  il"<'aliiiulia ■li.i  Ml  170  à  I  ,()iO  fr. 

—  .1(1  liuil Ï'i2  Wl  Mii)  Il    I,2.'i0 

—  Ik.ih  (I'Aho 366  Wt  «)  4  1 ,070 

—  h  i'iwiciii'ni 3H         :m       w  II     ii'.ir. 

—  (li:  l)()iic-.li(!rio Mï  H'i  UO  (i       ;i7() 

DilUilL  —  Ijii  taliliiaii  oiivant  ri'ni;iuii  lo  monvumonl  ollluiid  du  iM;ir'i',l]i'!  anx  hoH- 
liuiix  do  la  Villolto,  do  jondi  juillet  .'11   an  mardi  .^  aofit  : 

l'olrl*     l'rl<  il(j  kll'iK.   (\i\  vliiriiln  TinUn  tiir 
Vfiii'iun  rit'tviKi  |ilnij  iiil  iiiiircliii  du  ,'iiiriiU. 

Pour  l'uur  Kii         'i  ((uiirlloni.     1'"  V  %'  l'rli 

\nimt:<i.        l'nrlB.    l'iMlnrlmir.  lotiillU.  Ull.        iiiifil.       riuiil.  quai.       nrioynn. 

Iimiit* ',,r.Vi       2,7:i7       i,:;'i:i       'i.omo       :;'('i      i.r,      f.rto       i.M         i.M 

VadicK i,vri         woi  r.iij       1,'iin      2:11      i.u'i     i.wi       l.:i'!        i.V'i 

Tauruiiux Ml  ;i|l)  M  ;i,VZ         :iHH       l.'iH       I  ,  lir,         l.V,  l.ilH 

v.iiiiix :),r,riM       2,oi-,'i  itir/       :i,o;i»        7(i      i.vo      Lmi       i.'o         i.r.o 

Mouion» m.iK'i     w,v.ri     lo.imo     :ii,?7i)        m     2.10     1.110       1  vu        1.110 

i'ornf({raK :.,i;ki)       7  ,'iKH       ;i,:i/i:,       .',,n3:i        hi     l.W)      l.'i'i       !..')«         i.'io 

LfH  urriva^^'esK  diiH  inarciiiiH  do  la  Hciriaino  no  dCioompoMorit  commo  il  Hiiit  : 

Crtlon-ilii  iNonl,  'i7'i  ;  CrciiMi,  I'i;  Ijnux-Sèvro»,  'Jll  ;  lidnlcixnc, '21)  ;  Kuro,  ;i!);  l'IiilMUirii,  7'i  ;  liiilrii, 
17  ;  Loiin,  'IH\  \jo'\rn  Inl/ricuiii,  117  ;  l.oirol.,  H;  MaimiHl-Loln.',  'IW.\\  lVI(iiii;h''.,  llUri;  lliinlii-Miiriiii, 
;i  ;  IWaycnnn,  î)/(  ;  Mnrliiliiui,  1(1;  Nirvre,  (llî  ;  Oriio,  U7h\  l'nyil«-H''/rMii,  110;  Siirmn  ol-l.ol™, 
TilO;    Siiritin,  :iH;   Sfiijo-ol-MiiriKi,  H  ;  Viîtiiji'ii,  'iOM  ;  Vimiin,  Vi;    lliilic!,  71. 

Vur.lif».  —  Aiilic,  Il  ;  Calvarlon,  'illl);  Clciirciilo  liil/M'iciire .  Wi\  lltiiir,  'i(l  ;  (Irttn-d'Or,  Hl>;  Crounri, 
7;  Kiiri',  IH;  Kciro-dt-l.tilr,  Vr.  llliM^i-ViluiiiB .  ')  ;  l.oiri-.  I  ;  Loirc-liittrifriinr,  li  ;  l.oirirl,  H;  l.ol- 
i;t-(;iirinni:,  '.I;  M;ilt]ii  iil  l.uir'o, 'J7'i  ;  Miitichri,  IVI);  lliuilri-.Miiirii,',  I  ;  Nn'iViii,  'iWi  \  Uni»,  lOV;  l'iiy- 
ila-Jjftiiie,  (i'i  ;  .Saôim-elU.in!,  l.;),')  ;  Si.'inc,  I.S;  .S(jliii;-lrill  rieuio,  10;  .Sooioi:t-Miii  ne,  \'i;  Suoiii- 
et-Oi»u,  Vil;  Viia(i('!«.  (il);  Viiijui!, 'iD. 

Taurmii.i\  —  AUmî,  7;  Aiilie,  I'i;  Calv.iiloi,  'lU;  flhcr,  1);  (lAliwl'Or,  K;  (Iftlnu-rlu-Nord,  Î3  ; 
Kiiic,  M  ;  l'.iiro-fi-l.oir,  l'i;  Fini  ,l,i:ri',  7;  lllc-i:l,Vil,inji:,  :I7  ;  Imln:  (il.  l.oo'i;,  I  ;  l,()lr«-liifi'^ri«iir(i,  î; 
Ldirol,  H;  M;iiiii.'-itl-I,riiix',  Kl;  M«ni;li(!,  ';.');  M.iriir',  '2;  II;miI.m  Mium?,  'i;  MiiiMc!,  I  ;  Nn-vrf,  l'i, 
Ornii,  17;  Sa/'iiic-ra  Loi™,  I'i;  Sai'lliB,  IH;  Suiii«  InWrioure,  0;  Siiliiy-ct-Marriu,  !>;  Heino-el- 
OiBii,   I'i  ;  yoiin«,  Ift. 

Veauc.  —  AiilK!,  DOO;  Colvad'iii,  1 1  ;  Cbiiroiilc,  'i'i;  (Vjlniwlii-Nonl,  Ï7;  ICuro,  ÏHH  :  Kuro- 
l't-l.oir,  :i'il  ;  Loiret,  278;  Mariin,  Kil  ;  Ojsn,  /l'i  ;  l'iiy-dn  IX^rtin,  'ilfi;  Sttilhn,  HIO;  Hijltifl  InlVirlDiiro, 
lii7;   .Siiirii!-c.t-Miirriii,  |!I6;    Hcinr;  ct-fJi»n,   'il;   Vonno,  H'.t. 

Miiiitimii.  —  Altiio,  .'ilH;  Alliiir,  ftllO  ;  AuIhi,  l,'il)7;  Avifyroii,  'i(i7  ;  (Santal,  'i,70.'i  ;  Chttranle  ; 
011;  i.JHîr,  'il:!;  Corrti/.r!  5118;  (;i"ili!-!l'Or,  IDK;  C.ronKO  2,017  ;  l)i;iu  S.-vii'ii,  l'il  ;  DoiJukimi,  2(l(i  ; 
Murv,  :iO;  ICiirc-irl.l.oir,  !li:i  ;  Iiidri!,  :i,:)7l;  l.oiri:l,  .'I'i;  l.ol,  'i!):i  ;  l,ril-<!l-r,.ironni-,  'liH;  Mairio->!t- 
l.oii'H,  71;  MiiriKi,  2.')7  ;  Hiiito-Mani»,  270;  M<!urili<!-nl,  Moitello,  2'tl);  Mimne,  'l'i  ;  Nri^vro,  H'iO; 
<>i»e,  112;  l'uy  il()-li('ii(iii,  DU ,  Ssina-iH-MariKi,  1,112;  Soiric-ia-Oino,  7l'i;  Vienufl,  «|  ;  Huulo- 
Vifliitu!,   riT  ;    Vourio,    37H;    AllBrriannii,    fi,271)  ;    Uonijrio,    ;),'»I2;    Hall':,    :i7(<;    l'nmjte,    1130; 

UlJHHll',     IjO.'iO. 

l'orci.  —  Ain.  ;10;  AllU-r,  loi;  Calvado».  .V);  CAtttniiU:,  70;  riii).ri:nle-]nfM"iirr.  47  1 
Clior,  00;  Côte  d'Or,  I2H;  Cotci  du  Nord,  1 12  ;  Ouiina,  IliM;  l)«iix-.SIrvr6»,  f)i)7  ;  IlIr-iil-VilliIno, 
ai).');  Indra,  JOH:  Loiro  liilépioiin),  272;  Ujir-()l-(;licr,  IllH;  .Muliio-ot-Loirc.  01)7;  Mamlju,  7.1; 
Maycnrid,  'lO  ;  fuy-dr-Ii/inifi,  'i07  ;  HaCiric-cl-Loire  72;  .Surtijo,  820;  Soinu,  77,  Sciiiii  Inférieure, 
72  ;  Snin«-rit-01»o,  11)  ;  VcwU:ii,  1)!)0;  Vienne,  00. 

LoH  a|)()roviHiorin()r(icrilM  ont  M.  un  p'U  [iIoh  lailden  pour  la  pinpiirt  doH  calij- 
(Çori(!H  ;  IcH  prix  piéHroilont  do  la  l'orriK^ti;  pour  U:h  div(!rHi!M  Morlo,*;  il  n'y  u  (|no 
Hiir  \f.H  loontoiiH  qu'il  y  ait  à  corMlalor  do  la  liaiHHi-,  dopoiH  huit  jouiH.  —  Sur  i(!H 
inarchi'.s  do»  diipaitoinontH,  on  c6lo  ;  Ihuen,  hnjul',  1  IV.  00  à  I  IV.  UO  par  kilog.  do 


240  REVUE   COMMERCIALE    ET  PRIX  COURANT  (9  AOUT  1  884) 

viande  nette  sur  pied;  vache,  1  fr.  55  à  1  fr.  85  ;  veau,  1  fr.  30  à  I  fr.  65  ;  mouton, 
I  fr.  85  à  2  fr.  -15  ;  porc,  1  fr.  10  à  1  fr.  35.  —  Dijon,  bœuf,  1  fr.  60  à  I  fr.  70  ; 
vache,  1  fr.  20  à  1  fr.  60;  veau  (poids  vif),  0,  90  à  I  fr.  02;  mouton,  1  fr.  50  à 
1  fr.  80  ;  porc  (poids  vif),  0  fr.  86  à  1  fr.  —  Lyon,  bœuf,  1  fr.  20  à  1  fr.  60  ;  vache, 
1  fr.  20  à  1  fr.  60  ;  veau,  (poids  vif),  0  fr.  90  à  I  fr.  02  :  mouton,  I  fr.  44  à  1  fr.  88  ; 
porc  (poids  vif),  0  fr.  86  à  1  fr.  02.  —  Bourgoin,  bœuf'  56  à  76  fr.  par  100  kilog. 
brut;  vache,  58  fr.  à  68  fr.;  mouton,  f5  fr.  à  90  fr.;  porc,  84  à  88  fr  ;  veau,  75 
à  85  fr.;  —  Nice,  bœuf,  1  fr.  55  à  1  fr.  60;  vache,  1  fr.  35  à  1  fr.  40;  veau, 
1  fr.  55  à  1  fr.  60;  mouton,  1  fr.  55  à  1  fr.  60;  brebis,  1  fr.  35  à  1  fr.  40;  chè- 
vres et  boucs,  I  fr.  15  à  1  fr.  20.  —  Genève,  bœuf,  1  fr.  60  à  1  fr.  70;  vache, 
1  fr.  20  à  1  fr.  50  ;  mouton,  1  fr.  70  à  1  fr.  90  ;  veau  (poids  vif),  0  fr.  76  à  0  fr.  92; 
porc,  0  fr.  90  à  0  fr.  95. 
jj  Viande  à  la  criée.  —  Il  a  été  vendu  à  la  halle  de  Paris,  du  29  juillet  au  4  août  : 

Prix  du  kilog.  le  29  jaillet. 

kilog.  1"  quai.        2*qual.ual.  3*  q  ChoLï.       Basse  Boucheri  e 

Bœuf  ou  vache...    145,469     1.64  à  2.06     1.42  à  1. 62     1.00  à  1.40     1 .60  à  2.80  0.20  à  1.30 

Veau 160,466     1.72      2.0i)     1.50       1.70     1.20       1.4S       «  ■>         »  > 

Moutoa 51,666  1.64       2.00     1.42       1.62     1 .06       1.40     1.60       3.80     »  » 

Porc 28,233  Porc  frais 1.26  à  1.60. 

385,834  Soit  par  jour 55,11 9  kilog. 

Les  ventes  ont  été  inférieures  de  8,000  kilog.  par  jour  à  celles  de  la  semaine 
précédente.  Les  pri.x  sont  fermes  pour  toutes  les  sortes. 

XII.  —  Cours  de  la  viande  à  l'abattoir  de  la  ViUelte  du  jeudi  7  anât  (par  50  kilog.) 

Cours  de  la  charcute.rie.  —  On  v'end  à  la  Villette  par  50  kilog.  :  i'^  qualité, 
72  à  74  fr.;  2%  64  à  69  fr.  Poids  vif,  44  à  52  fr. 

Bœufs,  Veaux.  Moutons. 

(,.  ,^.  3.  ,,.  j.  3,  ,,.  j.  3. 

quai.  quai.  quai.  qoal.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai. 

Ir.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr. 

80  74  68  92  86  78  92  85  78 

XIII.  — Marché  aux  bestiaux  de  la  Villette  du  jeudi  7  aoiî(  1884. 

Cours  des  commissionnaires 
Poids  Cours  ofliciels.  en  besUauz. 

Animaux  gênerai.     1"        T        3'  Prix  1"        2*         3'  Prix 

amenés.       Invendus.  kil.        quai.  quai.  quai,  extrêmes.  quai. quai.  quai,  extrêmes. 

Bœufs 2.166                 52  348         (.72     1.53  1.32  1.30àl.74  1.70     1.56  1.30  1.28àl   72 

Vaches ô.SS                 2b  234          1.64     1.43  1   30  1.20     1    68  i  .62     1 .  46  I    28  1 .  18     1  66 

T.iureaiix...          163                  11  336         1   46     1.36  1.24  1.20     1.50  1    44     1.3<  1.22  I    17     1  48 

Veaux 1.310  167  70         I   70     1.60  1   50  1.30     1.90         »              »            »  « 

Moutons 17.953  901  19         2  08     1 .  88  1 .  76  1   66     2   12          »              »            »  » 

Porcs  (;ras..      'i.7sl  37li  81          l.iO     1.34  1   28  1.13     1.46         •              »            »  • 

—  maigres,,          »                   »  »»•»>•»•»»» 

Vente  assez  active  sur  toutes  les  espèces. 

XIV.   —  Résutrté. 

Pour  la  plupart  des  denrées  agricoles,  les  cours  sont  stationnaires,  notamment 
pour  les  céréales,  les  vins,  les  produits  animaux;  il  y  a  Imisse  sur  les  sucres  et 
sur  les  suifs.  A.  Remy. 


BULLETIN  FINANCIER 

Le  mouvement  ascensionnel  des  cours  a  continué  durant  cette  semaine.  On  cote 
les  fonds  d'Etat  français  :  3  pour  100,  78  fr.  50;  — 3  pour  100  amortissable, 
79  fr.  75;  —  4  et  demi  pour  100  ancien,  108  fr.  50;  —  4  et  demi  pour  100  nou- 
veau, 107  fr.  50. 

Les  titres  des  établissements  de  crédit  varient  peu.  On  paye  :  Banque  de 
France,  5,040  fr.  ;  Banque  de  Paris  et  des  Pays-Bas,  791  fr.  50;  Banque  d'es- 
compte, 521  fr.  25.  Comptoir  d'escompte,967  fr.  50;  Crédit  foncier,  1285  fr.;  Crédit 
lyonnais,  550  fr.,  Société  des  dépôts  et  comptes  courants,  625  fr.  ;  Société  générale, 
463  fr.  75;  Banque  franco-égyptienne,  557  fr.  50. 

Fermeté  sur  les  valeurs  des  Compagnies  de  chemins  de  fer.  On  cote  :  Est, 
768  fr.  75;  Pans- Lyon-Méditerranée,  1,228  fr.  75;  Midi,  1,130  fr.;  Nord, 
1,680  fr.  ;  Orléans,  1,317  fr.  50;  Ouest,  832  fr.  50.  —  Les  actions  du  canal 
maritime    de    Suez   se  cotent  1,870  fr.;  les  délégations,  à  1,120  fr, 

E.  Férox. 

Le  Gérant  :  A.  Bouché. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (le  août  im). 

Travaux  de  la  Commission  ch'r^ve  do  coiitiùler  les  expériences  do  M.  Pasteur  sur  la  prophylaxie 
de  la  rage.  —  Késumé  des  obs^Tvatioiis  de  la  Comniission.  —  Extrait  du  rapport  de  M.  Bûuley. 

—  Nouvelles  expériences  à  entreprendre.  —  Participation  des  agriculteurs  français  à  l'Exposition 
agricole  internaiionale  d' .Amsterdam.  —  Helevé  des  déclarations  faites  pour  les  animaux  et  pour 
le-i  produits.  —  Répartition  des  animaux  par  races.  —  Relevé  général  du  catalogue  de  l'Expo- 
sition. —  Nomination  des  jurés  français.  —  Rapport  sur  la  proposition  de  M.  d'AdIières  relative 
aux  chevaux  de  trait  dans  les  haras  de  l'Etat    —  Nécrologie.  —  M^rt  de  M.  le  biroa  Thenard. 

—  Les  mouKms  mérinos  précoces.  —  Lettre  do  M.  Comon.  —  Lettre  de  M.  de  H-douville  sur 
la  culture  des  mélanges  de  blé.  —  Le  phylloxéra.  —  Extension  du  fléau.  —  Publication  de 
MM  Gastine  etilouanon  sur  le  traitement  des  vignes  phylloxérées.  —Concours  de  m li-scnneu- 
ses-lieuses  en  Angleterre.  —  Publication  du  quatrième  fascicule  pour  1884  du  BaUeiin  du  mi- 
nistère de  VagricuUure.  —  Expériences  faites  en  Américiue  sur  l'emploi  des  engrais  de  diverse 
nature.  —  Date  de  l'ouverture  de  la  chaise  en  188i.  —  Examens  à  l'Ecole  pratique  d'agriculture 
de  Rouïba  (Algérie.) 

• 

I.  —  La  prophylaxie  de  la  rage. 

Les  admirables  travaux  de  JM.  Pasteur  sur  la  méthode  à  adopter  pour 
mettre  les  animaux  à  l'abri  de  la  maladie  de  la  rage,  viennent  de  rece- 
voir une  éclatante  consécration.  On  se  souvient  que,  après  avoir  exposé 
les  résultats  de  ses  ingénieuses  recherches  (voir  le  Journal  du  24  mai 
dernier,  tome  II  de  1884,  page  281),  M.  Pasteur  a  demandé  qu'une 
Commission  de  contrôle  fût  nommée  pour  vérifier,  par  des  expériences 
directes,  les  conclusions  auxquelles  il  était  arrivé.  Celte  Commission, 
composée  de  IVIM.  Béclard,  Paul  Bert,  Bouley,  Tisserand,  Villemin 
et  Vulpian,  a  commencé  ses  travaux  le  1"  juin,  et  elle  en  a  achevé  la 
première  série.  M.  Bouley,  président  de  la  Commission,  en  a  fait  con- 
naître les  conclusions  dans  la  dernière  séance  de  la  Société  nationale 
d'agriculture,  et  le  Journal  officiel  du  8  août  a  publié  le  rapport  qu'il  a 
adressé  au  ministre  de  l'instruction  publique.  Les  expériences  ont 
porté  sur  42  chiens,  dont  23  présentés  par  M.  Pasteur  comme  réfrac- 
taires-  à  la  rage  par  suite  de  l'inoculation  qu'il  leur  avait  fait  subir, 
et  1 9  témoins  n'ayant  subi  aucune  inoculation  préventive.  Voici,  d'après 
le  rapport  de  la  Commission,  la  série  des  opérations  auxquelles  elle 
s'est  livrée,  et  les  résultats  qu'elle  a  obtenus  : 

«  l"  Les  l''"'  et  6  juin,  ont  été  inoculés  par  trépanation  et  avec  un  virus  de 
chien  à  rage  des  rues  :  10  chiens,  dont  5  vaccinés  contre  la  rage  et  5  témoins  pris 
à  la  fourrière  ; 

«  2"  Les  3,  4,  10,  17  et  28  juin,  on  a  fait  mordre  par  des  chiens  enragés  de 
rage  dite  spontanée  des  rues  12  chiens,  dont  6  vaccinés  contre  la  rage  et 
6  témoins. 

«  3°  On  a  inoculé  par  injection  intraveineuse,  le  19  juin,  6  chiens  avec  le  virus 
de  rage  des  rues;  le  20,  12  chiens  avec  un  virus  très  virulent  sortant  du  bulbe 
d'un  lapin  de  quarante-sixième  passage,  c'est-à-dire  ayant  passé  successivement 
dans  une  série  de  46  lapins.  M.  Pasteur  a  démontré  expérimentalement,  devant  la 
Commission,  que  ce  virus  donne  la  rage  aux  lapins  en  7  ou  8  jours,  et  aux  chiens 
en  8  ou  10  jours,  quand  on  applique  la  méthode  de  trépanation.  Enfin,  le  26  juin, 
on  a  encore  inoculé  2  uhiens  avec  le  virus  d'un  témoin  mort  après  inoculation. 

«  Les  résultats  constatés  par  la  Commission  justju'à  ce  jour  se  décomposent 
ainsi  qu'il  suit  : 

«  Les  19  tétuoins  ont  présenté  3  cas  de  rage  sur  6,  à  la  suite  des  morsures  par 
chiens  enragés;  —  6  cas  de  rage  sur  8  à  la  suite  des  inoculations  intraveineuses; 
—  enfin  5  cas  de  rage  sur  5  à  la  suite  des  inoculations  par  trépanation. 

«  Les  23  vaccinés,  au  contraire,  n'ont  pas  olTeit  un  seul  cas  de  rage. 

«  Cependant,  au  cours  des  expériences,  un  réfractaire  inoculé  par  trépanation, 
le  6  juin,  est  mort  le  13  juillet,  à  la  suite  d'une  diarrliée  avec  évacuations  noires, 
qui  s'est  manifestée  chez  lui,  dans  les  premiers  jours  de  juillet,  dans  l'infirmerie 
de  M.  Bourrel.  Afin  de  voir  si  ce  cl.ien  a  pu  mourir  de  rage,  on  a  inoculé  son 
bulbe,  le  13  juillet,  à  trois  lapins  et  à  un  cobaye.  Aujourd'hui,  4  aoiit,  ces  sujets 

N°  801.  —  Tome  III  de  188'*.  —  l(i  Août. 


2.';2  r.HUONiiJUK  AC.iaC.UI.K    (16    A(JUT    IHh'iii 

sont  encore  très  bien  portants,  et  cependant  ils  ont  dépassé  le  terme  habituel  oii  • 
la  rage  npparait  chez  les  animaux  de  leur  espèce  ,  après  l'inoculation  intracrâ- 
nienne.  Ils  sont  tenus  en  observation  suivie.  » 

Les  résultats  de  ces  expériences  sont  absolument  décisifs  ;  toutes  les 
affirmations  de  M.  Pasteur  ont  reçu  une  confirmation  complète.  Il 
n'était  personne  qui  pût  douter  de  ces  affirmations;  mais  il  était  bon, 
il  était  utile  qu'une  haute  sanction  vînt  fermer  la  bouche  aux  détrac- 
teurs d'une  des  plus  pures  gloires  de  la  science  française.  «  La  science, 
entre  ses  mains,  dit  avec  raison  notre  éminent  confrère  3L  Bouley,  a 
résolu  le  problème  de  rendre  le  chien  réfractaire  à  la  rage  par  une 
inoculation  préventive  du  virus  atténué  de  cette  maladie,  comme  elle 
avait  réussi,  par  une  méthode  identique,  à  investir  l'organisme  du 
mouton  d'une  complète  immunité  contre  les  atteintes  du  charbon. 
Tous  les  chiens  que  M.  Pasteur  nous  a  déclarés  réfractaires,  de  par 
l'immunité  qu'il  leur  avait  conférée,  ont  résisté  aux  épreuves  d'inocu- 
lation qui  leur  ont  été  faites  avec  les  virus  les  plus  forts  et  par  les  pro- 
cédés reconnus  les  plus  sûrs,  tandis  que  la  plupart  des  chiens  qui 
leur  servaient  de  témoins,  c'est  à-dire  qui  ont  été  soumis  aux  mêmes 
épreuves  sans  avoir  été  prémunis  contre  leurs  effets  par  une  inocula- 
tion préventive,  n'ont  pu  les  supporter  et  ont  péri  par  la  rage.  » 

C'est  là  un  grand  triomphe  ;  la  solution  acquise  aujourd'hui  est 
d'une  haute  importance  pour  l'agriculture.  Elle  permettra  de  mettre 
les  chiens  de  service,  chiens  de  bouvier,  de  berger,  de  garde,  de 
chasse,  à  l'abri  de  la  rage  ;  elle  les  empêchera  de  servir  de  propaga- 
teurs pour  la  terrible  maladie.  Mais  la  Commission,  d'accord  avec 
M.  Pasteur,  ne  considère  pas  sa  tâche  comme  achevée.  11  lui  reste  à  vac- 
ciner elle-même  le  plus  grand  nombre  de  chiens  possible,  et  d'autres 
animaux  aussi,  et  à  se  livrer  à  des  expériences  variées  pour  vérifier  la 
durée  de  l'immunité  résultant  de  cette  opération;  il  lui  reste  aussi  à 
s'occuper  de  la  prophylaxie  de  la  rage  chez  des  chiens  mordus,  c'est-à- 
dire  à  rechercher  si,  après  une  morsure  d'un  animal  enragé,  l'action 
préventive  de  rinoculalio«  avec  le  virus  attéaué,  pendant  la  durée  de 
l'incubation  de  la  maladie,  peut  empêcher  le  virus  de  la  morsure  de 
déterminer  la  rage.  Ce  dernier  problème  est  d'une  importance  capitale 
pour  l'homme.  Mais  il  faut  du  temps  pour  résoudre  ces  questions. 
Nous  attendrons  patiemment  et  avec  confiance  ;  M.  Pasteur  nous  a 
habitués  à  de  tels  triomphes  qu'on  peut  prévoir  presque  à  coup  sur 
qu'un  problème  abordé  par  son  génie  est  un  problème  résolu. 

II.  —  L'Exposition  internationale  agricole  d'A  msterdam. 

Nos  lecteurs  savent  que  l'Exposition  internationale  agricole  d'Ams- 
terdam s'ouvrira  le  25  août  prochain;  voici  les  renseignements  que 
nous  avons  recueillis  sur  cette  solennité.  La  France,  l'Angleterre,  l'Al- 
lemagne, le  Danemark,  la  Belgique,  la  Suisse,  la  Russie  et  l'Autriche- 
Hongrie  se  sont  engagés  à  y  prendre  part.  L'Exposition  prendra  fin  le 
6  septembre;  elle  sera  remplacée,  jusqu'au  9,  par  une  exhibition  géné- 
rale et  internationale  d'animaux  de  basse-cour. 

Le  gouvernement  a  voulu  que  les  Français  fussent  à  même  de  pré- 
senter à  Amsterdam  leurs  animaux,  leurs  instruments  et  leurs  pro- 
duits, afin  de  se  créer  des  débouchés  nouveaux.  Le  marché  hollandais 
est  accaparé  presque  exclusivement  par  le  commerce  et  les  fabricants 
anglais;  nos  constructeurs  et  nos  éleveurs  vont  donc  se  trouver  aux 


CHRONIQUE  AGRICOLE   (16  AOUT    1884).  243 

prises  avec  des  imliistriels  et  des  agriculteurs  qui  ont  déjà  couquis 
une  position.  C'est  à  eux,  en  présentant  des  animaux  de  tèle,  des 
machines  de  bonne  construction,  à  conquérir  cette  situation.  Un  crédit 
de  80,000  francs  a  été  mis  à  la  disposition  du  ministre  de  l'ajjricul- 
ture  pour  faciliter  la  participation  des  agriculteurs  français  à  l'Expo- 
sition d'Amsterdam.  Une  commission  d'organisation  a  été  nommée; 
elle  a  choisi  dans  son  sein  un  comité  d'admission  qui  s'est  mis 
imméd'atement  à  l'œuvre;  les  résultats  qu'il  a  obtenus,  vu  le  court 
délai  dont  il  disposait,  sont  tout  à  fait  inattendus,  car  iG9  exposants 
ont  répondu  à  son  appel 

Les  animaux  français  exposés  seront  au  nombre  de  362,  savoir  : 

Mâles.  Femelles.        Totaux. 

Seclion      I.  —  Espèce  chevaline 18  7  2â 

11.  —  Espèce  bovine 4.'>  100  145 

III.  —  Espèce  ovine 'M  16  56 

IV.  —  Espèce  porcine 9  13  tj"2 

XI.  —  Auimaux  de  basse-cour,  (72  lots  de  volailles,  42  laplnsj.  114 

Total 36'2 

Quant  aux  autres  sections,  les  exposants  y  sont  répartis  de  la  façon 
suivante  :  Section  V,  beurres  et  fromages,  35  exposants  ;  VI,  machines 
et  instruments  agricoles,  15;  Vil,  enseignement  agricole,  30;  VIII, 
miels  et  cires^  4;  IX,  protection  des  animaux,  2;  X,  produits  agri- 
coles, 41 , 

Répartis  par  races,  dans  chacune  des  espèces,  les  animaux  se 
décomposent  comme  il  suit  : 

Mâles.  Femelles.        Tolaax. 

{  Race  boulonnaise 6  17 

EsDèce  chevaline    '     ~    percheronne 2  3  5 

Lspece  cnevaiine.  ,     _    aaglo-normaude 4  2  6 

^  Races  diverses 5  2  7 

Race  normande 13  42  55 

—  Ilamande y  25  34 

—  bretonne 2  21  23 

—  cbarolaise 2  I  3 

—  limousine 7  »  7 

Espèce  bovine...  I    —    vendéenne 2  »  2 

—  mancelle 1  j>  1 

—  hollandaise 2  2  4 

—  durbam 112 

—  schwitz 2  13 

Croisements 4  7  11 

(  Race  dishley 10  6  16 

Espèce  ovine....   J    —    mérinos 10  18  34 

(  Races  diverses -4  2  6 

1   Races  anglaises 4  8  12 

Espèce  porcine..   !      —     françaises 2  -3  â 

(  Croisements 3  2  5 

Dans  les  autres  sections,  un  certain  nombre  de  Comices  ou  d'asso- 
ciations ont  organisé  des  expositions  collectives.  Ce  sont  :  la  Société 
d'agriculture  de  Bayeux  (Calvados)  qui  a  organisé  une  exposition 
collective  de  beurres  ;  les  instituteurs  du  Nord,  pour  la  section  de 
l'enseignement  agricole;  la  Société  d'agriculture  de  la  Somme,  pour 
les  miels  et  les  cires  ;  le  Comice  agricole  de  Chàteau-Gontie  (Maiienne) 
et  la  Société  des  agriculteurs  du  Nord,  pour  les  produit-!  agricoles. 
Dans  cette  dernière  section,  les  maisons  Vilmorin-.4.ndrieux  et  Forgeot 
présentent  leurs  superbes  collections. 

On  jugera  de  la  grande  importance  de  l'Exposition  d'Amsterdam 
par  le  relevé  suivant  des  déclarations  faites  tant  par  les  exposants 
hollandais  que  parles  étrangers  pour  les  diverses  parties  de  l 'exposition  : 


244  CHRONIQUE  AGRICOLE  (16  AOUT  1884). 

Néerlandais.  Etrangers.  Totaux. 

Chevaux 20S  '249  4&7 

Bovins 901  190  1,091 

Ovins 90  219  319 

Porcins 15  110  125 

Total  des  ani  maux 1 ,  992 

Beurres,  fromages,  laits 625  numéros. 

Machines  et  instruments  agricoles 1,147 

Enseignement  agricole 185 

Miels  et  cires I  l(i 

l'roleotion  des  animaux 27 

Produits  agricoles. 206 

Aviculture  (volailles  et  instruments) 214 

Produits  non  prévus  au  programme 103 

Total 2,593  numéros. 

Le  Journal  officiel  du  13  août  publie  l'arrêté  du  ministre  de  l'agri- 
culture, en  date  du  12  août,  par  lequel  ont  été  nommés  membres  du  jury 
de  l'Exposition  d'Amsterdam  : 

MM.  Récipon,  député,  président  de  la  Société  nationale  d'encouragement  à 
l'agriculture,  président  du  comité  d'admission  à  ladite  exposition.  —  Hervé  M,\!>i- 
GON,  député,  membre  du  conseil  supérieur  de  l'agriculturd  et  de  la  Société  natio- 
nale d'agriculture.  — Hïtnry,  dépitté,  membre  du  conseil  supérieur  d'agriculture. 
—  AuMûNT  (Paul),  éleveur  à  Chantilly  (Oise).  —  B.\rh.\L,  secrétaire  perpétuel  de 
la  Société  nationale  d'agriculture,  membre  du  conseil  supérieur  d'agriculture.  — 
BiGNON,  membre  du  conseil  supérieur  de  l'agriculture,  agriculteur  à  Tlieneuille 
(.allier).  —  Bduffet,  secrétaire  général  delà  préfecture  du  Nord  à  Lille.  — •  Bou- 
TET  père,  membre  du  comité  consultatif  des  épizooties,  vétérinaire  et  miire  de 
Chartres  (Eure-et-Loir).  —  Cûurboy  (.\!lix),  agriculteur  à  Siinte-Mère-Eglise 
(Manche)  —  Cossigny,  directeur  du  dépôt  d'étalons  de  Compiègne  (Oise)  — 
ilESPREZ,  agriculteur  à  Cippelle  (Nord).  —  DuBA^i,  vice-président  de  la 
société  des  agriculteurs  du  Nord,  à  Lille.  —  Portier,  président  de  la  société 
d'agriculture  de  la  Seine-Inférieure  à  Rouen. — Gatellier,  président  de  la  Société 
d'agriculture  de  Meaux.  —  (jeofi<'roy  Saint-Hilaire,  directeur  du  jardin 
d'acclimatation,  à  Paris.  —  Grollier,  inspecteur  général  du  service  des  prisons, 
agriculteur  à  la  Motte-Grollier  (Mame-et-Loire).  —  Humebelle,  agriculteur  à  la 
Bridja  (Algérie).  —  de  Lagorsse,  secrétaire  général  de  la  Société  nationale  d'en- 
couiagcment  à  l'agriculture,  à  Paris.  —  Lavalard,  membre  du  conseil  supérieur 
de  l'agriculture,  directeur  de  la  cavalerie  et  des  fourrages  de  la  Compagnie  géné- 
rale des  omnibus,  à  Paris.  — Laverrière,  publiciste  agricole,  à  Paris. —  LECOtJ- 
TEUx,  membre  du  conseil  supérieur  de  l'agriculture,  professeur  à  l'institut  natio- 
nal agronomique,  à  Paris.  —  Lemoine,  agriculteur  à  Crosne  (Seine-et-Oise).  — 
MoREAU,  négociant  à  Paris.  —  Morière,  doyen  de  la  faculté  des  sciences  de 
Gaen  (Calvados),  —  Muret,  agriculteur  à  Noyen-sur-Seine  (Seine-et-Marne), 
membre  de  la  société  nationale  d'agriculture.  —  Noblet,  éleveur  à  Chàteaurenard 
(Loiret).  —  Nouette-Delorme,  membre  du  conseil  supérieur  de  l'agriculture  et 
de  la  société  nationale,  agriculteur-éleveur  à  Ouzouer-des-Champs  (Loiret).  — 
Petit,  agriculteur  à  Champagne  (Seine-et-Oise).  —  Piiilippar,  directeur  de 
l'école  nationale  d'agriculture  de  Grignon  (Seine-et-Oise).  —  Rasset,  président  du 
comice  agricole  de  Neufchatel  (Seine-Inférieure).  —  Ricart,  agriculteur  à  Sorgues 
("Vaucluse).  —  Teisserenc  de  Bopt  (Edmond),  agriculteur  à  Saint  Priest-Taurion 
(Haute-Vienne). 

Les  opérations  du  Jury  commenceront  le  lundi  25  août  courant  à 
10  heures  du  malin. 

III.  —  Les  chcraux  di  trail  dans  les  haras  de  l'Etal. 

On  sait  que  M.  d'Aillières  et  un  grand  nombre  de  députés  ont  pré- 
senté à  la  Chambre  une  proposition  de  loi  ayant  pour  objet  de  faire 
prendre  des  mesures  pour  sauvegarder  les  intérêts  de  l'élevage  des 
races  chevalines  de  trait,  en  auomentant  notamment  le  nombre  des 
étalons  de  trait  dans  les  haras  de  l'Etat.  Le  rapport  sur  cette  propo- 
sition vient  d'être  prélenté  à  la  Cbambre;  nous  aurons  l'occasion  d'y 
revenir. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (16  AOUT   1884}.  245 

IV.  —  Nécrologie. 

C'est  avec  une  profonde  douleur  que  nous  apprenons  la  mort  de 
M.  le  baron  Paul  Tlieoard,  décédé  le  0  août,  dans  son  cliàteau  de  Tal- 
inay  (Cùte-d'Or),  à  l'âge  de  G'i  ans.  Fils  de  l'illustre  chiuiiste  dont  le 
nom  restera  immortel,  M.  Paul  Thenard  s'est  spécialement  livré  à  des 
travaux  d'agronomie.  Grand  propriétaire  dans  les  départements  de  la 
Côte-d'Or  et  de  Saône  et-Loire,  il  s'est  adonné  avec  passion  à  l'amélio- 
ralion  de  ses  domaines;  il  a  fait  des  recherclies  intéressantes  sur  le  fu- 
mier de  ferme  et  les  transformations  qu'il  subit;  c'est  lui  qui,  le  pre- 
mier, a  indiqué  l'emploi  du  sulfure  de  carbone  contre  le  phylloxéra,  il 
était  d'ailleurs  rempli  d'ardeur,  et  on  le  trouvait  toujours  prêt  à 
donner  un  concours  empressé  à  toutes  les  entreprises  agricoles  utiles. 
Il  avait  été  élu  en  1 864  membre  de  l'Académie  des  sciences  dans  la 
section  d'économie  rurale,  et  en  1881  membre  associé  de  la  Société 
nationale  d'agriculture  dans  la  section  hors  cadre.  Sa  mort  cause  un 
deuil  cruel  à  tous  les  amis  de  l'agriculture. 

V.  —  Les  moutons  mérinos  précoces. 

A  l'occasion  de  la  note  de  M.  Laczczynski,  insérée  dans  notre 
numéro  du  2  août  (page  169),  M.  Comon,  professeur  départemental 
d'agriculture  du  Pas-de-Calais,  nous  adresse  la  lettre  suivante  : 

"  Arras,  le  8  aoûl  1,S84. 

«  Monsieur  le  rédacteur  en  chef,  je  trouve  dans  le  numéro  du  Journal  de  l'Agri- 
culture du  2  août,  un  article  de  M.  le  D'Ladislas  Laczczynski,  intitulé  :  «  Les  méri- 
nos au  concours  de  Saint-Onaer.  » 

«  Votre  honorable  correspondant  relève  avec  beaucoup  de  raison  une  erreur 
bien  involontaire  (pi  s'est  produite  dans  le  compte  rendu  de  ce  concours. 

«  Les  trois  sections  qui  composaieot  la  1"  catégorie  de  l'espèce  ovine  au  con- 
cours de  Sainl-Omer  étaient  réservées  aux  races  mérinos  et  métis  mérinos,  qui 
concouraient  ensemble.  Si  j'ai  écrit  métis  mérinos  seulement,  c'est  par  erreur, 
je  le  reconnais  volontiers. 

«  D'ailleurs,  tout  le  monde  sait  que  MM.  Duclert,  Delizy,  Camus,  Viéville, 
que  je  citais,  sont  producteurs  de  mérinos  purs,  et  qu'ils  n'avaient  pas  exposé  de 
métis;   M.  Hiacelia  seul  avait  amené  des  métis  mérinos. 

Il  Veuillez,  monsieur  le  rédacteur  en  chef,  avoir  la  bonté  de  faire  insérer  cette 
rectification  dans  votre  plus  prochain  numéro,  et  agréez,  etc. 

«  L.  Comon.  » 

Nous  n'ajouterons  qu'un  mot.  La  race  mérinos  présente,  dans 
toutes  les  parties  de  la  France,  une  assez  grande  importance  pour 
qu'une  catégorie  lui  soit  spécialement  réservée  dans  les  programmes 
des  concours  régionaux,  et  qu'on  en  élimine  les  métis-mérinos.  Nous 
ne  comprenons  pas  pourquoi  on  ne  suit  pas,  pour  les  races  ovines, 
la  règle  adoptée  pour  les  races  bovines,  d'après  laquelle  les  animaux 
de  race  pure  sont  seuls  admis  dans  les  catégories  créées  pour  les  races 
bien  déterminées.  Ainsi  que  M.  Laczczynski  le  faisait  observer,  il  y  a 
là  une  question  capitale  pour  le  commerce  de  nos  reproducteurs  de 
race  mérinos,  surtout  des  variétés  précoces  formées  notamment  dans 
le  Soissonnais  et  dans  le  Cbâtillonnais. 

VL  —  Culture  des  mélanges  des  blés. 

A  l'occasion  de  quelques  observations  présentées  récemment  à  la 
Société  nationale  d'agriculture,  M.  le  vicomte  de  Hédouville,  président 
de  la  Société  d'agriculture  de  Wassy  (Haute-Marne),  nous  adresse  la 
lettre  suivante  : 

«  Monsieur  le  Secrétaire  perpétuel,  je  lis  tlans  le  compte  rendu  de  la  séance 


246  CHRONIQUE  AGRICOLE  (16  AOUT  1884). 

de  la  Société  nationale  d'agriculture  du  30  juillet  ceci  :  "  A.  cette  occasion, 
w  M.  Tisserand  signale  la  pratiiiue  adoptée  par  ^I.  Raimond,  qui  sème  un  mé- 
..  iant^e  de  trois  variétés  de  blés  ;  blé  bleu,  blé  de  Bordeaux  et  blé  chiddam.  et 
.(  qui  obtient  des  rendements  beaucoup  plus  élevés  qu'en  semant  ces  variétés 
I  isolément.  M.  Tisserand  pense  qu'il  y  a  là  une  indicatioa  utile  pour  les  culti- 
«  valeurs.  » 

«  Ces  mélanges  de  l)lé  sont  très  communs  dans  le  pays  que  j'habite.  Il  y  a 
vingt  ans,  me  disait  hier  M.  Ch.  Gallois,  chevalier  du  Mérite  agricole,  grand  cul- 
tiva'teur  à  Eclaron,  que  je  pratique  le  mélange  des  blés  ;  aussitôt  que  j'ai  acquis 
par  expérience,  c'est-à-dire  après  l'avoir  semée  deux  ans,,  qu'une  variété  de  blé  est 
bonne  et  promet  un  boa  readement,  je  la  sèm;3  en  mélange  avec  d'autres  blés, 
notamment  avec  le  blé  bleu  ;  je  me  suis  toujours  bien  trouvé  de  celle  manière 
de  procéder.  Beaucoup  de  nos  collègues  pensent  comme  moi. 
|^-^«  Recevez,  etc.  Tte  Gh.  DE  Hédouville.  » 

Les  faits  sigaalés  dans  cette  lettre  confirment  les  réflexions  présen- 
tées par  M.  Tisserand  devant  la  Société  nationale  d'agricultiire.  Ea 
mélangeant  des  semences  de  plusieurs  variétés,  on  peut  obtenir,  d'une 
manière  .générale,  des  rendements  plus  élevés  que  parla  culture  d'une 

seule  variété. 

YII.  —  Le.  phijUoxera. 

L'extension  des  ravages  du  phylloxéra  dans  un  grand  nombre  de 
départements  où  les  taches  étaient  jusqu'ici  peu  nombreuses,  est  un 
fait  malheureusement  trop  certain.  L'année  1884  comptera  parmi  celles 
dont  les  viticulteurs  garderont,  sous  ce  rapport,  un  douloureux  sou- 
venir. Mais,  d'autre  part,  la  lutte  contre  le  fléau  est  aujourd'hui  orga- 
nisée ;  elle  se  poursuit  avec  ardeur  dans  un  grand  nombre  de  régions. 
Aux  a~socialions  syndicales,  aux  vignerons  qui  traitent  leurs  vignes 
par  le  sulfure  de  carbone,  nous  devons  signaler  un  guide  excellent 
qui  vient  d'être  publié.  Sous  le  titre  :  Trailone'tt  des  vigws  phijUoxé- 
ree.t,  emploi  du  sulfure  de  carbone\  MJL  G.  Gastirieet  Georges Couanon, 
délègues  ré:.;ionaux  du  ministère  de  l'agriculturô,  ont  réuni  tous  les 
renseiiiuemeuts  et  les  documents  qui  peuvent  être  utiles  aux  viticul- 
teurs. Cet  ouvrage,  sur  lequel  le  Journal  reviendra,  est  divisé  en  cinq 
parties  :  notice  biologique  sur  le  phjdloxera  de  la  vigne,  méthodes  in- 
secticides et  culture  de  la  vigne  en  pays  phylloxéré,  moyens  d'appli- 
cation du  sulfure  de  carbone,  étude  sur  la  diiîusion  du  sulfure,  et 
enfin  documents  législatifs  et  administratifs  sur  la  lutte  contre  le 
fléau.  C'est  un  ouvrage  très  bien  fait,  que  nous  recommandons  spé- 
cialement aux  intéressés. 

"VIII.  —  Concours  de  moissonneuses-lieuses  en  Angleterre. 

A  la  suite  du  grand  concours  annuel  de  la  Société  roj'ale  d'agricul- 
tare  d'Angleterre,  tenu  à  Shrewsbury,  au  mois  de  juillet  dernier,  des 
essais  de  moissonneuses-lieuses  et  de  lieuses  de  gerbes  ont  été  organi- 
sés. Ces  essais  ont  'jommencè  le  G  août,  sur  la  ferme  de  M.  Edmund 
Havvkins,  à  Dinthill,  à  quelques  kilomètres  de  Shrewsbury;  ils  ont  eu 
lieu  successivement  sur  des  champs  d'avoine,  de  blé  et  d'orge. 
2!  machines  ont  été  inscrites  pour  ces  essais,  chaque  constructeur 
déposant  à  l'avance  une  somme  de  625  francs  comme  garantie  de  sa 
présence  au  concours.  Ces  21  machines  se  répartissent  comme  il  suit  : 
18  moissonneuses  liant  la  gerbe  et  3  lieuses  indépendantes;  les 
machines  liant  avec  toute  autre  substance  que  le  fil  de  fer  étaient 
d'ailleiu's  seules  admises  aux  essais.  Les  constructeurs  anglais  etamé- 

1.  lin  volume  in-S  de  2S0  pages,  avec  figures.  —Chez  G.  Masson,  120.  boulevard  Saint- 
Germain,  à  Paris.  —  Priï  :  5  fr. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (16  AOUT    1884).  247 

ricains  se  sont  donné  rendez-vous  à  ce  tournoi  :  on  y  remarquait  les 
machines  des  systèmes  Howard,  Johnston,  Mac-Cormick,  Saniuelson, 
llornsby,  WalterA.  Wood,  King,  etc.  Par  suite  de  quelques  abstentions, 
1 G  moissonneuses-lieuses  ont  pris  part  aux  essais  :  lU  de  construction 
anglaise  et  6  de  construction  américaine.  Un  très  beau  temps  a  favo^ 
risé  les  opérations  de  ce  concours.  Trois  jours  ont  été  consacrés  aux 
épreuves  dans  des  champs  d'avoine,  de  blé  et  d'orge  ;  des  essais  dyna- 
mométriques  ont  eu  lieu  ensuite  sous  la  direction  du  Jury.  Nous  ferons 
connaître  les  résultats  du  concours.  Pour  les  moissonneuses-lieuses, 
2  prix  pourront  être  décernés  :  un  premier  prix  de  2,500  francs,  et 
un  deuxième  prix  de  1 ,250  francs  ;  pour  les  lieuses  indépendantes, 
il   n'y  aura   qu'un  prix,  de  la  valeur  de  625  francs. 

IX.  —  Bulletin  du   minislcre  de  l'agriculture. 

Le  quatrième  fascicule  pour  1 884  du  Bulletin  du  minislbre  de  Vagricul- 
lurc  a.  paru  récemment.  11  renferme  plusieurs  travaux  importants  que 
nous  devons  signaler.  Après  les  documents  ofliciels  sur  les  concours 
régionaux  de  cette  année,  on  y  trouve  des  rapports  de  M.  Maillot  sur 
la  production  séricicole  de  la  France  en  1882  et  1883;  de  31.  Gauthier, 
vice-président  de  la  Société  d'agriculture  du  Doubs,  sur  les  froma- 
geries-écoles de  ce  département;  des  rapports  consulaires  sur  les 
récoltes  de  1883  en  Italie,  en  Prusse,  en  Wurtemberg,  en  Pologne, 
en  Courlande,  au  Canada,  et  sur  l'état  de  la  sériciculture  au  Japon,  en 
Chine,  à  Bombay,  au  Bengale,  en  Syrie,  en  Asie  Mineure,  à  Chypre, 
en  Crète,  en  Roumélie,  en  Bosnie,  dans  la  province  de  Salonique,  en 
Autriche,  aux  Etats-Unis;  des  notes  de  M.  Grosjean,  inspecteur  de 
l'enseignement  agricole,  sur  le  poisson-chat  et  sur  l'appareil  à  éclosion 
pour  poissons  de  M.  le  colonel  Mac-Donald;  un  rapport  de  M.  Lézé, 
profeseurà  l'Ecole  nationale  d'agriculture  deGrignon,  sur  les  progrès 
récents  de  l'industrie  laitière  en  Danemark  et  en  Hollande;  un 
rapport  de  M.  Sauvage,  directeur  de  la  station  agricole  de  Boulogne- 
sur-Mer,  sur  l'exposition  piscicole  de  Londres.  Ou  voit  que  les  docu- 
ments contenus  dans  ce  fascicule  sout  nombreux  et  touchent  à 
plusieurs  questions  d'une  haute  importance. 

X.  —  Expériences  sur  l'emploi  des  engrais  azotés. 

Tout  le  monde  sait  aujourd'hui  que  l'action  des  engrais  sur  les  plan- 
tes cultivées  varie  suivant  la  nature  des  sols,  la  composition  de  ces  en- 
grais, les  quantités  employées,  etc.  Mais  on  a  des  renseignements 
moins  certains  relativement  à  l'action  spéciale  de  certains  engrais  sur 
des  cultures  différentes,  quoique  de  nombreuses  expériences  aient  été 
faites  sur  ce  sujet.  Des  essais  de  ce  genre  ont  été  poursuivis  récemment 
aux  États-Unis  d'Amérique  dans  un  grand  nombre  de  localités,  sur  les 
mêmes  plantes  et  dans  des  circonstances  variées.  M.  Atwater  a  résumé 
les  résulliits  de  ces  expériences  relativement  à  l'influence  des  engrais 
azotés  ou  non  azotes;  il  a  réuni  et  coordonné  les  rendements 
obtenus  dans  145  essais  après  avoir  éliminé  tous  ceux  qui  avaient 
souffert  des  accidents  auxquels  sont  sujettes  les  entreprises  agri- 
coles. Dans  ces  essais  on  a  étudié  comparativement  l'action  des  en- 
grais minéraux,  formés  par  un  mélange  de  superphosphate  et  de  chlo- 
rure de  potassium,  et  des  engrais  azotés,  renfermant  l'azote  sous  forme 
nitrique,  ammoniacale  ou  organique.  Ces  engrais  ont  été  employés  soit 


248  CHRONIQUE  AGRICOLE  (16  AOUT   1884). 

isolés,  soit  en  mélange.  Dans  quelques  cas  les  expériences  ont  été  ré- 
pétées pendant  plusieurs  années  consécutives  avec  les  mêmes  engrais, 
sur  les  mêmes  parcelles;  clans  d'autres  cas,  elles  n'ont  été  poursuivies 
que  pendant  une  ou  deux  années.  Les  plantes  soumises  aux  essais  ont 
été  le  maïs,  la  pomme  de  terre,  l'avoine.  Voici  comment  M.  Alwater 
en  résume  les  résultats:  le  maïs  semble  s'accommoder  largement  des 
engrais  minéraux  et  faiblement  de  l'azote  des  engrais;  la  pomme  de 
terre  a  été  sensible  ù  chacun  des  agents  fertilisants,  au  superphospha- 
tes, aux  sels  de  potasse  et  aux  engrais  azotés,  mais  elle  n'adonné  que 
des  récoltes  très  modérées  avec  les  engrais  minéraux,  tandis  qu'elle  a 
répondu  très  largement  à  l'azote  des  engrais;  l'avoine  a  été  encore  plus 
sensible  dans  un  petit  nombre  d'expériences,  que  la  pomme  de  terre 
au  défaut  d'azote,  et  a  mieux  profité  de  l'azote  des  engrais.  Ces  expé. 
riences  démontrent,  une  fois  de  plus,  l'importance  des  engrais  azotés^ 

XI.  —  La  chasse  en  1884. 

Les  dates  de  l'ouverture  de  la  chasse  dans  les  divers  départements 
ont  été  fixées  comme  il  suit  : 

1"  zone. —  Ouverture  le  24  août  :  Allier,  Alpes  (Basses-),  Alpes  (Hautes-).  Alpes- 
Maritimes,  Ariège,  Aude,  Aveyron,  Bouches-du-Rliône,  Giatal,  Charente-Infé- 
rieure, Gorrèze,  Dordogne,  Drôme,  Gard,  Haute-Garonne,  Gers,  Gironde, 
Hérault,  Landes,  Lot,  Lot-et-Garonue,  Lozère,  Puy-de-Dôme,  Basses  et 
Hautes-Pyrénées,  Pyrénées-Orientales,  Savoie,  Tarn-et-Garoane,  Var  et  Vau- 
cluse. 

2'  zone.  —  Ouverture  le  31  août  :  Ain,  Aisne  ArJèche,  Ardennes,  Aube,  Cha- 
rente, Cher,  Cûte-d'Or, Creuse,  Doubs,  Eure,  Eure-et-Loir,  'ndre,  Indre-et-Loire, 
Isère,  Jura,  Liir-et-Clisr,  Loire,  Loire  (Haute-),  Loiret,  Maine-et-Loire,  Marne, 
Marne  (Haute-),  Meurthe-et-Moselle,  Meuse,  Nièvre,  Oise,  territoire  de  Belfort, 
Rhône,  Saône-et-Loire,  Sarthe,  Seine-Inférieure,  Seiue-et-Marns,  Seine-et-Oi-e, 
Deux-Sèvres,  Vendée,  Vienne,  Vosges,  Yonne,  Haute-Vienne. 

3'  zone.  — Ouverture  le  7  septembre  :  Côtes-du-Nord,  Finistère,  Ille-et-Vilaine, 
Loire-Inlérieure,  Manche,  Mayenne,  Morbihan,  Nord,  Pas-de-Calais,  Somme. 

Dans  le  département  de  la  Seine,  l'ouverture  aura  lieu  comme  dans  la 
deuxième  zone  le  31  août.  En  Corse,  la  date  d'ouverture  est  fixée  au 
19  août. 

XII.  —  Ecole  pratique  d'agriculture  de  Rouïba. 

La  rentrée  des  élèves  à  l'école  pratique  d'agriculture  de  Rouïba 
(Algérie),  dirigée  par  M.  Decaillet,  est  fixée,  pour  les  élèves  de  2'  année 
d'études,  au  1"  septembre  prochain;  et  pour  les  élèves  de  \"  année 
au  dimanche  14  du  même  mois.  Les  examens  d'admission  et  le  con- 
cours pour  les  bourses  auront  lieu  à  Alger,  dans  une  des  salles  de 
la  Préfecture,  le  5  septembre,  à  neuf  heures  du  matin. 

Voici  le  résultat  des  examens  de  fin  d'année.  Le  comité  de  surveil- 
lance et  de  perfectionnement  a  accordé  le  certificat  d'études  aux  élèves 
dont  le  classement  est  déterminé  de  la  manière  suivante  : 

1.  Trémoulet,  de  Paris.  —  2.  Bergon,  de  Tipaza  (Algérie).  —  3.  Tharaud,  de 
Mustapha  (Algérie).  —  4.  Decaillet  limy,  de  Rouïba  (Algéi'ie)  . —  S.Desclaux,  de 
Maubourguet  (Hautes  Pyrénées).  —  6.  Decaillet  Nias,  de  Rouïba  (Algérie).  — 
7.  Michel,  de  (jé:nénos  (Bches  du  Rhône). —  8.  Pharaoz,  de  Paris. —  9  Peilizari, 
de  Bir-Touta  (Algérie).  —  10  Manent,  de  Sidi- Moussa.  —  11  Barreyre,  d'Alger. 

Le  Comité  a  proposé  ensuite  à  M.  le  Ministre  de  l'Agriculture  d'ac- 
corder à  l'élève  ïrémoulet,  une  médaille  d  argent  et  à  chacun  des  élevés 
Bergon   et  Tharaud    une    médaille,  de    bronze. 

J.-A.  Barral. 


LES  PlUX  GULTUKAUX    DANS   LA   HAUTK-LOIHE.  249 

CONCOURS  DES  PRIX  GULTURAUX  ET  D'IRRIGATION 

DANS   LA    HAUÏE-LOIRE  '. 

Le  département  de  la  Haute-Loire  se  compose  des  deux  liautes  vallées  de  la 
Loire  et  de  l'Allier,  qui  rappellent  à  la  fois  la  fertilité  de  la  Limagae  et  les  escar- 
pements de  la  Haute-Auvergne. 

La  richesse  de  la  plaine  de  Brioude,  le  merveilleux  spectacle  de  la  ville  du  Puy, 
les  belles  iorèts  de  l'arnindissemeat  d'Yssiniieaux  avaient  frappé  d'admiration 
Arthur  Youiig  qui  résume  ainsi  son  impression  : 

«  La  nature,  jiour  enfanter  ce  pays  t^l  q'ie  nous  le  voyons,  a  procédé  par  des 
moyens  diliiciles  à  retrouver  aulre  part,  (J'est  comme  une  image  de  l'Océan  furieux. 
Les  montagnes  s'entasseut  dans  une  variété  infinie,  non  pas  soinljres  et  désolées 
comme  dans  d'autres  contrées,  mais  couvertes  de  cultures  jusqu'au  sommet.  I)e 
beaux  vallons  réjouissent  l'œil  de  leur  verdure  et,  aux  environs  du  Puy,  le  tableau 
se  coaiplète  par  l'apparition  des  roches  les  plus  extraordinaires  que  l'on  puisse 
voir  nulle  part.  » 

Depuis  c|ue  le  voyageur  anglais  visitait  le  Velay,  près  d'un  siècle  s'est  écoulé; 
des  hommes  de  cœur  et  d'mitiative,  des  associations  agricoles  remplies  de  zèle  et 
de  dévouement  ont  fait  faire  à  l'agriculture  de  grands  progrès.  La  tableau  n'en 
est  pas  moins  exact  et  je  n'y  ajouterai  qu'un  trait,  c'est  que  de  nombreuses  plan- 
tations de  vignes  et  d'arbres  fruitiers  forment  aujourd'hui,  autour  de  la  ville,  une 
ceinture  gracieuse  qui  fait  un  heureux  contraste  avec  son  aspect  imposant  et 
sévère. 

Mais  je  n'ai  garde  d'oublier  que  des  considérations  ginérales  plus  étendues 
sur  votre  pays  ne  seraient  pas  ici  à  leur  place  et  je  me  hàie  d'aborJer  mon  sujet, 
l'exposé  des  travaux  divers  des  candidats  qui  se  sont  fait  inscrire  pour  disputer 
les  prix  culturaux  et  les  prix  d'irrigation. 

En  retour  de  la  bienveillante  attention  que  j'ai  l'honneur  de  vous  demander,  je 
prends  l'engagement  de  ne  vous  donner  que  les  détails  indispensables  pour  jus- 
tifier les  décisions  du  jury. 

Le  concours  spécial  d'irrigation,  sans  être  dépourvu  d'intérêt,  n'a  pas  eu  toute 
l'importance  à  laquelle  on  était  en  droit  de  s'attendre  dans  un  pays  sillonné  par 
de  nombreux  cours  d'eau.  Six  propriétaires  seulement  y  ont  pris  part  :  AIM.  Bal'iie, 
Gagne  frères  et  Ghaussende  dans  la  première  catégorie  ;  M.\l.  Barlet,  Pélissier  et 
Valla  dans  la  seconde. 

Le  rapport  spécial  adressé  à  M.  le  ministre  de  l'agriculture  contient  le  compte 
rendu  détaillé  de  leurs  travaux;  mais  je  me  bornerai  ici  à  vous  signaler  la  créa- 
tion de  12  hectares  de  pâturages  temporaires  d'excellente  nature,  par  M.  Baffîe, 
sur  sa  propriété  d'Aboulin  et  la  transformation  d'un  véritable  marais  en  une 
prairie  de  bonne  nature,  accomplie  par  AI.  Barlet,  à  Thoras,  au  moyen  de  son 
travail  personnel  et  de  celui  de  ses  enfants.  Ces  travaux  ont  valu  à  M.  Baffie 
le  deuxième  prix  de  la  deuxième  catégorie  et  à  M.  Barlet  le  premier  prix  de  la 
seconde. 

Cinq  agriculteurs,  sans  présenter  à  l'appréciation  du  jury  l'ensemble  de  leurs 
exploitations,  ont  brigué  des  récompenses  spéciales.  Ce  sont  MAL  de  Mars,  Vi- 
dal, Sabaiier,  Pages  et  Charbonnier  frères. 

M.  Pages  est  irrigateur  de  profession.  Il  possède  à  Ussel  un  petit  pré  de 
75  ares,  sur  lequel  il  a  appliqué  avec  succès  ôes  connaissances  spéciales.  La  sur- 
face en  est  inclinée  et  réguliôie;  la  partie  supérieure,  bordée  de  beaux  arbres 
qu'il  a  plantés,  est  arrosée  par  les  eaux  pluviales  découlant  du  chemin  qui  la  do- 
mine, et  une  dérivation  établie  à  peu  de  frais  sur  le  ruisseau  du  Gros-Pouget  sert 
à  irriguer  la  partie  inférieure. 

Pas  une  goutte  d'eau  n'est  perdue  et  l'eau  ne  séjourne  nulle  part;  aussi 
la  compositiiin  de  l'herbe  est-elle  excellente  et  la  prairie  présente-t-elle  l'aspect 
le  jilus  satisfaisant. 

Le  jury  saisit  avec  empres'iement  l'occasion  de  signaler  l'œuvre  du  journalier- 
propriétaire  et  attribue  à  .M.  Pages  une  médaille  d'or  pour  création  et;  irrigation 
d'une  prairie  parfaitement  nivelée. 

Le  petit  domaine  de  la  Freydeyre  est  à  2  kilomètres  du  Monastier.  Il  ne  com- 

L  Rapport  lu  à  la  distribLiliûii  des  récompenses  (lu  concours  légioiial  iln  l'uy,  te  îijuin  1S84, 
au  nom  de  la  Commission  de  visite  des  fermes  dans  le  département  de  la  Haule-Loiro. 


2b0  LES  PRIX  GULTURAUX  DANS  LA  HAUTE-LOIRE. 

prenait  guèreque  des  terres  vaines  et  des  friches  couvertes  de  nombreuses  roches, 
lorsqu'il  devint  la  propriété  de  M.  Sabatier,  il  y  a  quatre  ans.  Depuis  cette  époque 
le  sol  a  été  profondément  défoncé  et  assez  bien  nivelé  ;  des  sources  ont  été  cap 
tées  et  conduites  sur  une  prairie  de  4  hectares  de  récente  création.  Ce  sont  1  à 
déjà  des  améliorations  sérieuses,  bien  que  la  répartition  des  eaux  n'ait  pas  été 
faite  d'une  manière  irréprochable  ;  mais  ce  qui  a  le  plus  particulièrement  attiré 
l'attention  du  jury,  c'est  l'excellente  disposition,  la  bonne  tenue  d'une  vacherie 
et  d'une  laiterie  qui  viennent  d'être  construites  par  le  concurrent.  Les  bâtiments 
de  cette  nature  sont  rares  dans  le  pays:  le  jury  félicite  M.  Sabatier  d'en  avoir 
compris  l'utilité  et  lui  accorde  une  médaille  d'or. 

Sur  un  autre  point  du  département,  dans  la  commune  de  Tailhac,  arrondisse- 
ment de  Brioude,  des  travaux  analogues,  mais  d'une  plus  grande  importance,  ont 
été  faits  par  M.  \idal. 

Sa  petite  propriété  d'Aubenas  occupe  les  deux  versants  rapides  d'un  vallon  très 
étroit,  traversé  par  un  ruisseau.»  Au  moment  où  il  en  a  pris  possession,  les  bâti- 
ments tombaient  en  ruines,  les  bois  avaient  été  entièrement  coupés,  et  le  sol, 
abandonné  à  lui-même,  très  ingrat  partout  et  très  rocailleux  sur  une  grande  par- 
tie de  la  surface,  ne  produisait  presque  rien. 

A  lorce  d'énergie,  M.  Vidal  a  réussi,  en  huit  ans,  à  transformer  ses  12  hec- 
tares de  mauvaises  terres  en  prés,  en  pacages  et  en  vignes.  Il  a  tiré  le  meilleur 
parti  possible  des  eaux;  il  a  fait  élever  de  nouvelles  constructions  et  il  possède 
aujourd'hui  un  bétail  bien  entretenu.  Enfin,  des  défrichements  profonds,  des 
épierrements  considérables  lui  ont  permis  de  planter  3  hectares  de  vignes  sur  le 
plateau.  —  Ces  vignes,  vigoureuses  et  bien  conduites,  sont  desservies  par  de 
beaux  chemins,  qui  facilitent  l'enlèvement  de  la  vendange  et  l'apport  des 
engrais. 

Le  jury  est  heureux  de  récompenser,  par  une  médaille  d'or  grand  module,  la 
création  de  ce  beau  vignoble. 

La  propriété  de  Joux  dépend  de  la  commune  de  Tence,  arrondissement  d'Ys- 
singeaux.  Ce  que  nous  y  avons  vu,  en  passant,  de  la  culture  proprement  dite, 
nous  a  fait  regretter  de  ne  pas  être  appelés  à  nous  prononcer  sur  l'organisation 
des  cinq  corps  de  ferme  et  de  la  réserve  qui  la  composent,  nous  y  aurions  certaine- 
ment trouvé  plus  d'un  enseignement  utile  pour  le  pays;  mais  le  propriétaire, 
M.  René  de  Mars,  ayant  seulement  appelé  notre  attention  sur  ses  travaux  de  syl- 
viculture, nous  devons  laisser  de  côté  tout  ce  qui  est  étranger  à  la  spécialité  qu'il 
a  choisie  et  dont  il  a  fait  sa  principale  étude. 

La  commune  de  Tence  est  à  une  altitude  moyenne  de  900  mètres  au-dessus  du 
niveau  de  la  mer;  le  climat  y  est  humide  et  froid;  les  gelées  tardives  s'opposent 
à  la  culture  des  betteraves  et  compromettent  souvent  les  tièfles  qu'on  a  pu  obte- 
nir, à  l'aide  de  chaulages  coûteux,  dans  un  sol  granitique,  léger  et  qui  souvent 
manque  de  profondeur;  la  production  agricole,  eu  un  mot,  y  est  peu  rémunéra- 
trice, en  dehors  des  prairies  et  des  pâturages. 

Par  contre,  le  voisinage  du  bassin  houiller  de  Saint-Etienne,  les  relations  fré- 
quentes avec  la  ville  assurent  d'importants  profits  à  la  production  forestière,  que 
favorisent  ainsi  à  la  lois  la  facilité  des  débouchés  et  l'aptitude  du  sol  et  du  climat. 

Telles  sont  les  considérations  qui  ont  amené  M.  René  de  Mars  à  convertir  en 
forêts  tous  les  terrains  maigres  et  en  pente;  il  a  aussi  porté  à  70  hectares  la  sur- 
face boisée  du  domaine. 

Cette  surface,  divisée  en  un  certain  nombre  de  massifs,  comprend  deux  parties 
bien  distinctes  :  l'une  de  35  hectares,  sur  laquelle  existent  des  essences  résineuses 
ayant  plus  de  trente  ans,  est  l'œuvre  de  M.  de  Mars  père;  l'autre,  de  même  éten- 
due, est  occupée  par  des  essences  de  même  nature,  dont  l'âge  varie  de  trois  à 
quinze  ans  et  dont  la  plantation  est  due  à  M.  René  de  Mars. 

Les  anciens  bois,  composés  principalement  de  sapins  argentés,  sont  situés  sur 
une  rampe  légèrement  déclive,  exposée  au  nord  et  formée  par  un  sol  profond  et 
frais.  Ces  arbres,  d'une  rectitude  remarquable  et  d'un  développement  qui  va,  pour 
quelques  sujets,  jusqu'à  1  mètre  de  diamètre,  forment  une  splendide  futaie. 

Les  nouveaux  massifs  comprennent  des  mélèzes,  des  sapins,  des  épicéas,  des 
pins  sylvestres  et  des  pins  noirs  d'Autriche. 

Les  trois  premières  de  ces  essences  aiment  surtout  l'exposition  du  nord  et  les 
terrains  frais  et  profonds;  les  pins  sylvestres,  beaucoup  plus  nombreux  à  Joux 
que  les  autres  essences,  sont  plus  rustiques,  soit  qu'ils  aient  été  plantés,  soit 
qu'ils  pi-oviennent   de  semis.  l's  exigent    moins  de  couvert  dans  leur  jeune  âge, 


LES  PRIX  CDLTURA.UX  DANS  LA  HAUTE-LOIRE.  251 

résistent  mieux  à  l'ardeur  du  soleil,  sont  moins  difficiles  sur  le  choix  du  terrain; 
enfin,  ils  ont  l'avantage  de  se  semer  seuls,  si  l'on  a  la  prébaution  de  laisser  des 
pins  semeurs  au  moment  des  coupes.  Ils  sont  partout  très  vigourfiux  sur  le  do- 
maine et  fournissent,  suivant  leur  âge,  des  poteaux  télégraphiques  ou  des  buttes  pour 
soutenir  les  galeries  du  bassin  houiller.  Les  sols  légers  exposés  au  midi  sont  ceux 
qui  leur  conviennent  le  mieux;  ils  occupent  les  mamelons  et  les  parties  déclives 
de  la  propriété. 

Le  ])in  noir  d'Autriche  vient  lentement  à  Joux,  et  Tessai  qui  en  a  été  fait  sur 
une  étendue  très  restreinte  a  décidé  M.  de  Mars  à  donner  la  préférence  aux 
autres  essences. 

Les  sapins,  les  mélèzes  et  les  épicéas  ont  été  plantés  dans  de  petites  fosses  de 
0"'.33  de  profondeur  et  de  O^.SS  de  largeur,  à  raison  de  six  raille  à  sept  mille 
par  hectare.  Le  prix  moyen  de  chaque  fosse  étant  de  0  fr.  02  et  celui  du  plant  de 
20  fr.  le  mille,  la  plantation  revient  à  40  fr.  les  mille  arbres. 

Les  uns  et  les  autres  ont  une  végétation  remarquable  :  les  épicéas  qui  forment, 
autour  des  massifs  de  mélèzes,  de  belles  bordures  destinées  à  les  préserver  de  la 
dent  des  moutons,  ont,  il  est  vrai,  l'inconvénient  de  souffrir  quelquefois  des  ge- 
lées ;  mais  ces  gelées  n'en  détruisent  le  plus  souvent  que  les  pousses  latérales,  et 
laissent  intacte  la  flèche  qui  demeure  droite  et  vigoureuse. 

I!  est  dilficile,  j'en  conviens,  de  reconnaître  dans  la  pâle  esquisse  que  je  viens 
de  vous  présenter,  le  magnifique  tableau  que  nous  avons  eu  sius  les  yeux;  mais 
mon  but  n'en  sera  pas  moins  atteint,  si  j'ai  réussi  à  vous  faire  partager  notre 
sen  iraent  sur  l'utilité  et  l'importance  des  travaux  de  MM.  de  Mars,  père 
et  fils. 

L'aspect  grandiose  des  anciens  bois  de  Joux,  la  beauté  des  ormes  et  des  frênes 
plantés  en  bordure,  le  long  des  allées  et  des  routes  qui  sillonnent  la  propriété, 
ont  fait  sur  le  jury  une  vive  impression,  et  certes  cette  création  fait  grand  honneur 
à  'SI.  de  ^lars  père.  Cette  œuvre,  son  fils  l'a  dignement  continuée,  en  y  ajoutant 
35  hectares  de  plantations  nouvelles  où  nous  n'avons  trouvé  que  des  sujets  d'é- 
loges, et  qui  ont  notablement  accru  la  valeur  du  sol  qu'elles  occupent. 

Excellent  exemple,  surtout  dans  la  contrée  froide  et  peu  fertile  où  il  a  été 
donné,  et  à  propos  duquel  je  vous  demande  la  permission  de  répéter  le  sage  con- 
seil que  Bernard  Palissy  adressait,  il  y  a  trois  siècles,  aux  agriculteurs,  ou  comme 
il  les  nommait,  aux  laboureurs  de  son  temps  : 

«  ^'oilà,  disait-il,  comment  il  faut  que  chacun  mette  peine  d'entendre  son  art 
etpourquoy  il  est  requis  que  les  laboureurs  ayent  quelque  philosophie,  ou  autre- 
ment, ils  ne  font  qu'avorter  la  terre  et  meurtrir  les  arbres.  » 

Cette  pliilosopliie,  cette  entente  de  l'art,  certes,  personne  ne  saurait  les  contes- 
ter à  M.  R.  de  Mars.  Aussi  le  jury  lui  a-t-il  accordé,  pour  ses  importantes  cul- 
tures forestières,  une  médaille  d'or  grand  module,  que  M.  le  ministre  a  bien 
voulu  remplacer  par  un  objet  d'art. 

La  ferme-école  de  la  Haute-Loire  est  située  dans  le  village  de  Nolhac,  à 
3  kilomètres  de  Saint-Paulien  et  à  1 1  kilomètres  du  Puy. 

Créée  en  1849  par  le  regretté  M.  Chouvon,  dont  l'éloge  n'est  plus  à  faire  et  qui, 
en  1868,  reçut,  aux  applaudissements  de  tous,  une  des  plus  hautes  récompenses 
du  concours  régional,  elle  fut  sur  le  point  de  disparaître  lorsque  mourut  son 
fondateur. 

Des  ouvertures  furent  faites  alors  à  M.  Nicolas,  pour  continuer  l'œuvre  de 
M.  Chouvon  ;  mais  il  hésitait  et,  il  faut  en  convenir,  son  hésitation  était  hien  na- 
turelle. Conducteur  principal  des  ponts  et  chaussées,  entouré  de  la  légitime  con- 
sidération que  lui  donnaient  ses  connaissances  spéciales  et  l'habileté  dont  il  avait 
fait  preuve  dans  son  service,  il  ne  pouvait  abandonner  sans  regrets  une  position 
acquise  au  prix  de  vingt  ans  de  labeur  assidu.  La  nouvelle  carrière  où  on  le  con- 
viait à  entrer  ne  lui  paraissait  pas  d'ailleurs  exempte  de  difficultés  et  il  songeait 
avec  quelque  appréhension  à  tout  ce  qu'il  lui  faudrait  déployer  de  tact  et  de  vigi- 
lance dans  l'administration  de  l'école,  de  prudence  et  d'activité  dans  l'exploitation 
d'un  domaine,  dont  le  morcellement  excessif  rend  la  culture  très  onéreuse. 

D'un  autre  côté,  il  avait  rapporté  de  l'école  delà  Saulsaye,  dont  il  avait  été  l'un 
des  meilleurs  élèves,  un  goût  très  vif  pour  les  études  et  pour  les  travaux  agricoles; 
son  enseignement  à  l'Ecole  normale  du  Puy,  où  il  a  occupé  pendant  quinze  ans 
la  chaire  d'agriculture,  avait  été  fécond;  enfin  il  avait  conscience  du  service  qu'il 
pourrait  rendre  aux  agriculteurs  de  la  région,  en  formant  pour  eux  de  bons  contre- 
maîtres. 


252  LES  PRIX  CULTUHÂUX  DANS    LA  HAUTE-LOlREi 

Celle  dernière  considération  l'emporta  sur  toutes  les  autres  :  elle  le  décida  à 
contracter  un  bail  de  douze  ans  et,  le  1'''  novembre  1877,  la  direction  de  la  ferme- 
école  passait  entre  ses  mains. 

Le  domaine  est  à  890  mètres  d'altitude.  Il  comprend  43  hectares  de  terres  la- 
bourables. Il  de  bois,  tj  de  prairies,  9  de  pâtures  et  un  jardin  d'un  hectare,  en 
tout  70  hectares. 

Le  sol  est  argilo-calcaire  dans  les  parties  basses  et  volcanique  sur  les  plateaux  ; 
presque  partout  la  coulée  de  lave  composant  le  sous-sol  se  trouve  tout  au  plus  à 
O^.SO  de  la  couche  arable  et  vient  augmenter  encore,  par  son  imperméabilité,  les 
difficultés  d'une  culture  éparpillée  sur  plus  de  soixante  parcelles,  dont  plusieurs 
ne  sont  pas  à  moins  de  2  kilomètres  des  bâtiments. 

Un  assolement  de  six  ans,  dans  lequel  les  céréales  alternent  avec  les  récoltes 
fourragères  et  qui  est  soutenu  par  une  luzernière  de  2  hectares,  a  été  heureuse- 
ment combiné  pour  accroître,  dans  une  grande  porportion,  la  production  des  four- 
rages. Car  ce  fut  là  le  but  constant  des  efforts  de  M.  Nicolas,  et  on  trouve  la 
trace  de  la  môme  jiréoccupation  dans  le  soin  avec  lequel  ont  été  drainées  les 
parties  trop  humides  des  prairies  naturelles,  dans  les  apports  de  composts  qui  y 
sont  faits,  dans  les  précautions  prises  pour  y  utiliser  les  eaux. 

Aussi  la  ferme  entretient-elle  un  bétail  nombreux  et  bien  soigné,  dont  l'en- 
semble constitue  un  cheptel  vivant  dépassant  400  kilog.  par  hectare. 

Les  animaux  de  l'espèce  bovine  appartiennent  aux  races  tarentaise,  du  Mezenc 
et  d'Aubrac.  Les  bœufs  de  travail  sont  en  bon  état  et  les  résultats  de  l'élevage 
sont  des  plus  satisfaisants. 

Le  troupeau  confié  aux  soins  d'un  berger  intelligent  comprend  des  brebis  de 
la  contrée,  pures  ou  croisées  avec  la  race  southdown.  Il  est  d'ailleurs  peu  nom- 
breux, mais  pourtant  suffisant  pour  oflVir  un  utile  sujet  d'études  aux  élèves  de  la 
ferme-école. 

La  porcherie  est  bien  tenue  ;  les  produits  sont  engraissés  en  assez  grand  nombre 
pour  fouinir  aux  besoins  de  l'établissement. 

Des  labours  préparatoires  bien  faits,  d'abondantes  fumures,  des  laçons  d'en- 
tretien données  à  propos  assurent  la  beauté  des  récoltes. 

Le  jardin  potager  a  été  considérablement  agrandi  ;  il  fournit  de  beaux  et  abon- 
dants produits,  qui  dépassent  les  besoins  de  la  consommation  de  la  ferme.  Une 
partie  en  est  réservée  pour  l'instruction  des  élèves:  elle  est  occupée  par  des  va- 
riétés nombreuses  de  céréales,  de  pommes  de  terre,  etc.  C'est  un  champ  d'expé- 
riences où  sont  étudiés  comparativement  plantes  et  engrais,  et  qui  tst  heureuse- 
ment complété  par  une  pépinière  de  plants  américains  et  par  une  collection  inté- 
ressante d'arbres  utiles  et  d'arbres  d'agrément. 

Les  bâtiments  sont  anciens  et  ils  pourraient  être  mieux  disposés;  mais  toutes 
les  améliorations  de  détail  compatil)les  avec  sa  situation  de  fermier,  M.  Nicolas 
les  avait  faites  et  il  n'avait  même  pas  reculé  devant  des  constructions  neuves, 
telles  que  porcherie,  plate-forme  à  fumier,  terrasse  destinée  au  battage  des  cé- 
réales. On  ne  saurait  exiger  davantage. 

Si  la  Commission  a  été  frappée  de  la  régularité  des  cultures,  elle  n'a  pas  reçu 
une  impression  moins  favorable  en  visitant  l'école.  Les  réponses  des  élèves  sur 
divers  sujets  d'agriculture  et  d'horticulture  ont  été  d'une  netteté  et  d'une  préci- 
sion tout  à  fait  satisfaisantes. 

C'est  que  M.  Nicolas  s'était  voué  de  tout  son  cœur  à  la  prospérité  de  l'école 
dont  il  avait  la  direction,  l'enseignement  théorique  et  pratique  de  ses  élèves.  Bon, 
doux,  modeste  à  l'e.Ncès,  il  était  le  seul  à  ignorer  son  propre  mérite,  lorsque 
tous,  autour  de  lui,  profitaient  de  son  sens  si  droit,  de  son  expérience  et  de  son 
savoir. 

La  mort  n'a  pas  laissé  à  ce  travailleur  infatigable  le  temps  de  réaliser  tout  son 
programme.  Quelques  jours  après  la  visite  de  la  Commission,  il  était  enlevé  à 
l'afl'ection  de  sa  famille  et  de  ses  nombreux  amis.  INIais  ce  qu'il  a  fait  en 
six  ans  à  Nolhac  a  suffi  pour  marquer  sa  place  parmi   les   hommes  utiles    à   leur 

pays. 

En  lui  payant,  au  nom  de  la  Commission,  ce  juste  tribut  d'éloges,  je  suis 
assuré  d'être  l'interprète  du  déparlement  tout  entier. 

Hélas  !  il  n'a  pas  assez  vécu  pour  jouir  de  son  triomphe  !  Mais  du  moins  l'ob- 
jet d'art  qu'il  avait  si  bien  mérité  sera  pour  Mme  Nicolas  et  ses  enfants  un  pré- 
cieux souvenir  de  l'entreprise  qu'il  avait  si  bien  conduite. 

[La  suite  prochainement.)  Pierre  Dufour, 

Rapporteur,  direcleur  de  la  ferme-école,  au  Montât  (Lot]. 


TRAVAUX  DE  LA  SOCIÉTÉ  NATIONALE   D'AGRICULTURE.  253 

TRAVAUX  DE  LA   SOCIÉTÉ  NATIONALE 

d'agriculture.  —  m' 

VIII.  —  Nous  arrivons  aux  recherches  du  ressort  de  la  Section  d'his- 
toire naturelle  a/ynVo/e.  Nous  citerons  d'abord  les  observations  de  notre 
savant  confrère,  ^I.  Blanchard,  sur  les  vers  qui  attaquent  les  jeunes 
plantations  de  vignes  américaines,  et  ses  remarques  sur  la  nécessité  de 
réformer  la  loi  sur  l'échenillage,  nécessité  que  nous  nous  permettons, 
Monsieur  le  ministre,  de  vous  signaler  d'une  manière  toute  particu- 
lière, pour  répondre  à  un  des  besoins  les  plus  réels  de  notre 
agriculture. 

Nous  devons  à  notre  confrère,  M.  Daubrée,  des  remarques  savantes 
et  utiles  sur  la  dissémination  par  les  vents,  sur  toute  la  surface  du 
globe,  des  matières  minérales  nécessaires  à  la  constitution  des  plantes 
et  des  animaux. 

Nos  confrères,  I\OI.  Cornu  etPrillieux,  nous  ont  fait  des  communi- 
cations d'un  grand  intérêt  pratique  sur  diverses  maladies  parasitaires 
des  plantes,  notamment  sur  l'apparition  d'une  nouvelle  maladie  du  blé 
dans  la  Haute-Marne,  et  sur  les  maladies  des  châtaigniers  et  des 
platanes. 

M.  Laugier,  directeur  delà  Station  agronomique  de  Nice,  dont  notre 
Compagnie  aimait  à  encourager  le  zèle  pour  les  recherches  d'histoire 
naturelle  agricole,  et  qui  est  mort  prématurément  au  mois  de  novembre 
dernier,  nous  avait  envoyé  des  notes  intéressantes  sur  les  ravages  du 
Dacus  olesc. 

Notre  confrère,  M.  des  Cars,  nous  a  montré  les  curieux  résultats  de 
ses  fouilles  faites  dans  sa  terre  dePringy,  où  il  a  découvert  des  ossements 
du  Bos  taurus  hatavicus,  auquel  se  rapporte,  d'après  notre  confrère 
M.  Tisserand,  l'origine  des  races  du  type  lioUandais  dans  le  bassin  des 
mers  du  Nord.' 

Ajoutons  encore  les  nombreuses  communications  de  notre  infati- 
gable correspondant,  M.  Sacc,  sur  la  l'aune  et  sur  la  flore  de  la  Bolivie. 

IX.  —  La  dernière  dans  l'ordre  de  la  classification  officielle,  mais 
non  pas  la  dernière  dans  l'ordre  d'importance,  la  Section  de  mécanique 
agricole  el  des  irrigations  a  appelé  votre  attention  sur  des  questions  où 
l'avenir  de  plusieurs  de  nos  industries  agricoles  parait  gravement 
engagé. 

Il  s'agit  d'abord  de  la  substitution,  dans  la  mouture  des  grains,  de 
cylindres  striés  aux  meules  eu  silex,  employées  jusqu'ici  d'une  manière 
presque  exclusive  à  cet  objet.  Un  Mémoire  de  M.  Armengaud  aîné, 
communiqué  et  approuvé  par  notre  confrère  M.  Tresca,  jette  un  grand 
jour  sur  la  transformation  de  la  minoterie,  la  lutte  actuelle  étant  réel- 
lement, non  pas  entre  les  meules  proprement  dites  et  les  cylindres, 
mais  bien  plutôt  entre  la  méthode  de  mouture  basse,  c'est-à-dire  de 
mouture  se  proposant  d'extraire  du  premier  coup  toute  la  farine  fleur, 
et  les  procédés  de  mouture  haute,  c'est-à-dire  de  mouture  progressive, 
opérant  graduellement  et  ne  risquant  pas  de  produire  des  farines 
échauffées.  «  Il  est  consolant  de  constater,  a  ajouté  M.  Tresca  avec  sa 

1.  Compte  rendu  des  travaux  de  la  Société  depuis  le  '27  juin  18S3  jusqu'au  2  juillet  1884. 
présenté  à  la  séante  publique  annuelle  de  1884.  —  Voir  le  Journal  du  2  et  9  août,  p.  170  et  212 
de  ce  volume. 


254  TRAVxiUX  UE  LA  SOCIÉTÉ  NATIONALE   D'aGRIGULTURE. 

haute  autorité  en  ces  matières,  que  nos  moulins  ne  sont  peut-être  pas 
aussi  menacés  qu'on  le  croyait  d'une  révolution  inévitable  dans  leur 
matériel.  ><  Votre  Section  vous  a  proposé  de  décerner  une  médaille  d'or 
à  l'effigie  d'Olivier  de  Serres  à  M.  Armengaud,et  des  médailles  d'argent 
à  MM.  Beyer  frères,  constructeurs  à  Paris,  pour  leurs  appareils  conver- 
tisseurs de  gruauv  en  porcelaine;  à  MM.  Philipot,  Schneider  et  Jaquet, 
constructeurs  à  Strasbourg,  ayant  une  succursale  à  Joinville  (Haute- 
Marne),  pour  des  cylindres  en  fonte  d'une  seule  coulée,  cannelés  et  unis 
pour  broyer  le  blé  et  le  réduire  graduellement,  suivant  le  système  de 
la  mouture  dite  «  hongroise  »  ;  à  M.  Kolb,  constructeur  à  Lunéville 
(Meurthe-et-Moselle),  pour  des  perfectionnements  dans  les  appareils  de 
mouture  à  cylindres,  de  manière  à  obtenir  des  gruaux  qui,  sassés  et 
convertis,  fournissent  une  magnifique  farine,  obtenant  sur  les  marchés 
une  prime  importante.  Notre  confrère,  M.  Grandvoinnet,  nous  a  donné 
de  nombreux  détails  recueillis  dans  des  études  très  approfondies,  sur 
les  nouveaux  appareils  et  sur  les  modifications  que  doit  subir  l'outil- 
lage de  la  minoterie  française  ;  c'est  un  problème  encore  à  l'étude. 

Notre  laborieux  confrère  nous  a  aussi  communiqué  des  expériences 
sur  les  pressoirs,  et  sur  la  déformation  de  leur  vis  par  l'usage,  expé- 
riences que  feront  bien  de  méditer  les  constructeurs. 

Sur  le  rapport,  fait  au  nom  de  la  Section  par  M.  Grandvoinnet,  vous 
décernez  une  médaille  d'or  à  l'effigie  d'Olivier  de  Serres  à  M.  Vuaillet, 
chef  des  travaux  de  génie  rural  à  l'Institut  national  agronomique,  pour 
un  dynamomètre  à  rotation  dont  l'emploi  permet  de  faire  rapidement, 
et  avec  une  suffisante  exactitude,  des  expériences  de  comparaison  de  la 
force  dépensée  par  diverses  machines. 

Il  convient  de  signaler  encore  un  rapport  de  noire  confrère  M.  Per- 
rier  sur  la  nécessité,  signalée  par  M.  Jules  ]Maistre,  de  procéder  à  la 
prompte  exécution  des  canaux  du  Rhône,  dans  l'intérêt  des  populations 
méridionales,  si  dignes  de  sympathie. 

Une  importante  discussion  a  été  soulevée  par  notre  confrère  M.  Magne 
sur  les  avantages  respectifs  des  chariots  à  quatre  roues  et  des  char- 
rettes. A  celte  discussion,  qui  déjà  naguère  avait  occupé  notre  Com- 
pagnie, ont  pris  une  part  savante  MM.  Hervé  Mangon  et  Dailly.  Les 
économies  dans  les  transports  sont  une  des  conditions  de  la  réduction 
du  prix  de  revient  des  denrées  agricoles. 

A  cette  Section  appartenait,  à  cause  de  ses  beaux  travaux  sur  les 
eaux  souterraines,  un  des  savants  les  plus  laborieux  de  ce  siècle, 
Achille  Delesse,  dont  l'éloge  biographique  va  vous  être  lu  daas  cette 
séance  même. 

X.  —  Vous  voyez,  Messieurs,  par  cet  aperçu  rapide,  et  qui  vous  a 
sans  doute  paru  trop  long  par  ma  faute,  combien  ont  été  variés  vos 
travaux  depuis  votre  séance  solennelle  de  l'année  dernière.  Jamais  nos 
séances  n'ont  été  mieux  occupées  par  des  discussions  fécondes,  ni 
suivies  par  un  nombre  de  membres  titulaires  ou  associés  aussi  grand. 
Sous  votre  impulsion,  les  sciences  agricoles  vont  faire  des  progrès  nou- 
veaux dont  la  prospérité  publique  vous  sera,  vous  est  déjà  recon- 
naissante. 

Ce  compte  rendu  vous  a  rappelé  les  vides  cruels  que  la  mort  a  faits 
dans  nos  rangs  en  enlevant  coup  sur  coup  quatre  de  nos  membres  titu- 
laires les  plus  illustres  ou  les  plus  éminents.  Il  vous  a  fallu  commencer 
à  les  remplacer. 


TRAVAUX  DE  LA  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'ACJRIGULTUUE.  255 

Vous  avez  élu  pour  succéder  à  M.  de  Béhague,  dans  la  Secliou 
(l'écouoniie  des  animaux,  un  agriculteur-éleveur  qui  marche  sur  les 
traces  de  son  prédécesseur.  Comme  le  faisait  ce  dernier,  M.  Nouetle- 
Delorme  cultive  dans  le  Loiret,  il  y  a  été  lauréat  de  la  prime  d'honneur, 
il  y  a  acquis  une  grande  renommée  pour  son  élevage  d'animaux  de 
lespcce  bovine  et  surtout  de  l'espèce  ovine. 

Le  troupeau  de  southdowns  de  M.  Nouette-Delorme  est  maintenant 
célèbre,  et  c'est  précisément  cette  race  que  M.  de  Béhague  avait  adoptée. 
Avec  quelle  insistance,  il  nous  en  a  vanté  les  aptitudes  à  l'engraissement 
dans  cette  enceinte,  qu'il  a  concouru  à  élever  et  à  orner  pour  en  faire 
une  sorte  de  temple  à  l'agriculture.  J'emploie  à  dessein  cette  expression, 
car  notre  salle  des  séances  a  maintenant,  non  loin  du  buste  du  mar- 
quis de  Turbilly,  notre  premier  président  élu  en  1761,  le  beau  buste 
de  notre  président  demi-séculaire,  M.  Chevreul;  ces  deux  bustes  sont 
l'œuvre  d'un  éminent  sculpteur,  M.  Soldi,  et  ils  ont  pris  place  à  côté 
du  médaillon  de  M.  de  Béhague,  dû  au  ciseau  de  M.  Oliva;  le  gouver- 
nement nous  a  encore  fait  don  celte  année  d'une  statue  représentant 
l'agriculture,  exécutée  par  le  sculpteur  Aube.  Ces  œuvres  d'art  ornent 
notre  hôtel  qui  vaut  d'ailleurs  et  surtout  par  sa  bibliothèque  agricole, 
■qui  s'enrichit  chaque  année. 

Les  concours  régionaux  et  généraux  avaient  permis  à  M.  de  Béhague 
de  remporter  de  nombreux  trophées  ;  il  a  voulu  par  une  clause  spéciale 
de  son  testament  que  ses  médailles  et  ses  coupes  d'honneur  fussent  con- 
servées par  notre  Compagnie,  comme  témoignage  de  son  incessante 
préoccupation  à  bien  faire,  à  améliorer,  à  suivre  dans  la  pratique  les 
indications  des  sciences  agricoles  dans  ce  qu'elles  avaient  d'applicable 
au  sol  et  aux  conditions  économiques  de  la  Sologne. 

Vous  avez  donc  rendu  hommage  à  la  mémoire  de  M.  de  Béhague  en 
élisant  M.  Nouette-Delorme  que  l'on  peut  regarder  comme  son  élève, 
comme  un  élève  tenant  glorieusement  le  même  drapeau. 

C'est  dans  l'ordre  chronologique  des  décès  que  vous  procédez  aux 
élections  des  membres  titulaires.  Vous  aurez  donc,  dans  l'année  qui  va 
s'écouler,  à  choisir  des  successeurs  à  M.  Dumas,  à  M.  Lavallée, 
à  M,  Gaudin,  en  vous  préoccupant  de  plus  en  plus  de  mériter  à  notre 
Compagnie,  par  la  dignité  de  vos  choix,  le  respect  et  la  confiance  des 
agriculteurs. 

La  mort  de  M.  Dumas  et  de  M.  Lavallée  avait  fait  deux  vides 
parmi  les  ifiiciers  de  notre  Compagnie.  11  n'était  pas  possible  d'attendre 
pour  les  remplacer  à  ce  titre.  Vous  avez  voulu  avoir  comme  successeur 
de  M.  Dumas  à  la  vice-présidence,  un  homme  occupant  une  situation 
considérable;  vous  avez  élu  M.  Léon  Say,  aux  applaudissements  de 
tous.  Comme  successeur  de  M.  Lavallée  aux  fonctions  de  trésorier  per- 
pétuel, vous  avez  mis  en  première  ligne  sur  la  liste  des  trois  candidats 
à  présenter  au  choix  du  chef  de  l'Etat,  et  iM.  le  Président  de  la  Répu- 
blique a  nommé,  un  de  nos  membres  titulaires  les  plus  assidus,  M.  Ber- 
tin,  dont  le  zèle  est  connu  de  tous. 

M.  d'Esterno  était  membre  associé  national  dans  la  Section  d'éco- 
nomie, de  statistique  et  de  législation  ;  il  déployait  une  rare  activité  et 
beaucoup  d'esprit  pour  tâcher  d'améliorer  notre  législation  rurale. 
Vous  avez  élu  pour  lui  succéder  M.  Doniol,  non  seulement  adminis- 
trateur éminent,  mais  encore  propriétaire  exploitant,  et  surtout  auteur 
de  travaux  considérables  sur  l'histoire  des  classes  rurales  et  sur  l'amé- 


256  TRAVAUX  DE  LA  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'AGRICULTURE. 

lioralion  de  leur  condition  dans  notre  France  où  elles  constitue  t  la 
partie  la  plus  vaillante  de  la  population. 

Pour  arriver  à  compléter  les  cadres  longtenaps  presque  vides  que  les 
règlements  de  notre  Compagnie  ont  ouverts  aux  associés  nationaux, 
vous  avez  élu,  à  ce  titre,  dans  la  Section  de  grande  culture,  MM.  Besnard 
et  de  la  Massardière,  tous  deux  lauréats  de  la  prime  d'honneur  :  le 
premier,  dans  le  département  de  l'Eure;  le  second,  dans  le  département 
de  la  Vienne,  et  vous  avez  ainsi  obtenu,  comme  collaborateurs,  deux 
agriculteurs  éminents,  l'un  du  Vexin,  l'autre  du  Poitou.  Peu  à  peu  il 
n'y  aura  pas  de  région  agricole  qui  ne  soit  représentée  parmi  nous. 

Deux  élections  d'associés  nationaux  ont  aussi  été  faites  dans  la  Sec- 
tion d'économie  des  animaux.  M.  Emmanuel  Gréa,  agriculteur-éleveur 
dans  le  Jura,  et  M.  Ayraud,  vétérinaire  et  éleveur  dans  la  Vendée,  ont 
été  élus  ;  vous  avez  conservé  l'égalité  dans  cette  Section  entre  les  repré- 
sentants de  l'élevage  et  ceux  des  sciences  appliquées  à  l'étude  physio- 
logique, anatomique  ou  médicale  des  animaux.  Les  nouveaux  élus 
seront  des  collaborateurs  d'autant  plus  utiles  qu'ils  ont  prouvé  tous 
deux  une  grande  connaissance  du  bétail  et  qu'ils  pratiquent  l'élevage 
avec  succès,  l'un  dans  la  Franche-Comté,  l'autre  dans  le  Bocage 
vendéen. 

Notre  Compagnie  doit  compter  dans  son  sein  quinze  membres  étran- 
gers. Vous  avez  élu  à  ce  titre,  dans  la  Section  de  mécanique  agricole 
et  des  irrigations,  M.  d'Andrade  Corvo,  actuellement  ambassadeur  du 
Portugal  à  Paris  ;  non  seulement  notre  nouveau  confrère  occupe  dans 
son  pays  une  très  haute  position,  mais  encore  il  est  auteur  de  travaux 
d'une  grande  valeur  sur  les  dessèchements  et  sur  la  législation  rurale  ; 
il  est  notamment  le  promoteur  d'une  loi  sur  le  crédit  agricole  qui  a 
rendu  de  grands  services  au  Portugal  et  dont  le  texte  sera  reproduit 
dans  l'enquête  que  vous  a  demandé  de  faire  M.  le  ministre  de 
l'agriculture. 

XI.  —  En  restreignant  le  nombre  de  nos  correspondants,  le  décret 
de  1878  a  rendu  ce  titre  plus  enviable.  Vous  l'avez  décerné  à  un 
éminent  forestier  des  Etats-Unis,  M.  Franklin-Benjamin  Hough,  qui 
nous  a  fait  les  plus  intéressantes  communications  sur  l'agriculture  d'une 
contrée  vers  laquelle  les  préoccupations  de  nos  cultivateurs  ne  cessent 
pas  de  se  porter;  il  y  a  un  intérêt  considérable  à  être  bien  tenu  au  cou- 
rant de  l'activité  souvent  prodigieuse  de  l'agriculture  américaine. 

Nous  avons  perdu  depuis  notre  dernière  séance  solennelle,  parmi 
nos  correspondants  nationaux  :  MM.  Jules  Bonnet,  d'Âubagne  (Bouches- 
du-Rhùne);  —  de  Cugnac  (Gers);  —  Duprat  (Tarn-et-Garonne)  ;  — 
Goux  (Lot-et-Garonne);  —  d'Hombres  (Gard); — Lhotte  (Ardennes); 

—  Liautaud  (Algérie)  ;  —  du  Mirai  (Creuse)  ;  —  Félix  Noèl  (Meurthe- 
et-Moselle);  —  Poirel   (Haute-Marne);  —  de  Laroque-Ordan  (Gers); 

—  Damourette  (Indre);  —  Aubergier  (Puy-de-Dôme);  —  Petit-Lafitte 
(Gironde);  —  Girardin  (Seine-Inférieure);  —  Corenwinder  (Nord).  La 
lecture  de  ce  long  nécrologe  suffit  pour  rappeler  des  travaux  utiles, 
et  pour  montrer  que  les  jeunes  agriculteurs  doivent  beaucoup  travailler 
afin  de  se  tenir  au  niveau  atteint  par  les  fortes  générations  agricoles 
du  dix-neuvième  siècle  qui,  aujourd'hui,  s'éteignent  peu  à  peu  en  lais- 
sant le  souvenir  des  grands  services  rendus  à  la  patrie,  de  progrès  con- 
sidérables accomplis. 

XII.  —  Au  moment  de  terminer  ce  compte  rendu  de  nos  travaux, 


TRAVAUX  DE  LA  SOCIÉTl':    NATIONALE    D'AGRICULTURE.  257 

noire  pensée  se  reporte  à  un  siècle  en  arrière,  t^ne  solennité  semblable 
à  celle  qui  nous  réunit  avait  lieu.  Parmi  les  assistants  se  trouvaient 
plusieurs  ministres  d'Etat  ou  intendants  s^énéraux  :  de  Galonné, 
ministre  des  finances;  de  \'er£;ennes,  intendantgéncral  des  impositions 
et  de  l'agriculture;  Dupont,  intendant  général  du  commerce,  d'autres 
encore,  et  de  nombreux  savants  parmi  lesquels  il  suffit  de  citer  Lavoi- 
sier,  pour  indiquer  leur  illustration.  Nos  séances  depuis  cette  époque 
lointaine  n'ont  rien  perdu  de  leur  éclat,  et  le  gouvernement  continue  à 
leur  donner  son  concours.  Notre  Compagnie  n'a  pas  dégénéré.  Les 
noms  des  savants  illustres  que  j'ai  cités  dans  ce  compte  rendu  le 
prouvent  surabondamment.  Plusieurs  membres  du  gouvernement 
viennent  ici  montrer  leur  sollicitude  pour  les  intérêts  agricoles. 
M.  le  ministre  de  l'agriculture  a  ouvert  cette  séance  solennelle  par  un 
discours  que  vous  venez  de  couvrir  de  vos  applaudissements  una- 
nimes ;  il  est  assisté  de  MM.  Poubelle,  préfet  de  la  Seine  ;  Tisserand, 
directeur  de  l'agriculture;  de  Cormette,  directeur  des  haras;  Philippe, 
directeur  de  l'hydraulique  agricole;  Laurens,  directeur  de  l'adminis- 
tration forestière. 

Le  présideut  de  la  séance  solennelle  de  178.'),  le  duc  de  Charost, 
disait  alor^  :  «  La  protection  du  gouvernement  nous  est  nécessaire; 
une  modération  d'imposition,  une  distinction  accordée  à  propos  à  un 
cultivateur  qui  aura  secondé  les  essais  d'un  grand  propriétaire,  ou  en 
aura  fait  lui-même  et  aidé  nos  travaux,  une  marque  de  satisfaction, 
sont,  entre  les  mains  des  pouvoirs  publics,  de  puissants  moyens  d'en- 
couragement !  »  C'est  encore  la  même  chose  aujourd'hui. 

Pour  encourager  de  leur  côté  l'agriculture,  les  femmes  les  plus 
nobles  et  les  plus  distinguées  venaient  aussi,  il  y  a  un  siècle,  applaudir 
nos  lauréats  ;  le  duc  de  Charost  saluait  en  termes  pleins  de  galanterie 
leur  présence  :  «  Ce  sexe  même,  disait-il,  qui  semblait  autrefois  des- 
tiné à  ne  consacrer  ses  moments  qu'à  des  objets  frivoles  ou  aux  arts 
agréables,  vient  ici  nous  prouver  qu'il  sait  s'occuper  des  arts  utiles,  et 
se  faire  un  amusement  d'une  science  dont  la  perfection  devant  rendre 
les  peuples  plus  aisés  et  plus  heureux,  était  digne  d'intéresser  sa  sensi- 
bilité.  » 

Un  siècle  s'est  écoulé,  la  sensibilité  des  femmes  n'a  pas  vieilli,  elle 
est  plus  exquise.  Les  femmes,  vous  le  prouvez.  Mesdames,  s'intéressent 
de  plus  en  plus  à  tous  les  progrès  ;  leurs  applaudissements  sont  non 
moins  recherchés  parmi  nous  vers  la  fin  du  dix-neuvième  siècle  qu'ils 
ne  l'étaient  vers  la  fin  du  dix-huitième.  Les  agriculteurs  font  chaque 
jour  des  vœux  pour  qu'elles  aiment  davantage  la  vie  des  champs. 

J.-A.Baural. 

MALADIES  DES  ARBRES  FOURNISSANT  LES  BOIS 

DE  CONSTRUCTION.  —  II  ' 

Un  des  champignons  les  plus  dangereux  surtout  pour  les  arbres 
abattus,  c'est  le  sporolrichuiii  qui  émet  d'une  tige  principale  des  milliers 
de  ramilles  microscopiques  chargées  de  filaments  reproducteurs  qui 
s'interposent  dans  les  plus  petites  fentes  des  bois.  Le  lubercularia 
végète  aussi  sur  l'écorce  des  bois  morts;  il  est  ainsi  dénommé,  parce 
que  c'est  un  petit  tubercule  rouge  qui  se  dissipe  en  poussière  blan- 
châtre. 

1.  Voir  le  Journal  du  9  août,  p.  224  de  ce  voluim-. 


258       MALADIES  DES  ARBRES  FOURNISSANT  LES  BOIS  DE  CONSTRUCTION. 

La  rouille  [uredo  rubigo  vera)  est  également  un  champignon  qui 
couvre  de  rouge,  de  rouille,  les  feuilles  et  les  branches  des  arbres  ; 
c'est  la  rouille  des  graminées. 

Enfin,  un  des  champignons  les  j)lus  bizarres  est  le  xylostroma 
giganteum;  sa  présence  est  signalée  d'abord  par  de  petits  points  blancs, 
d'où  part  une  substance  filamenteuse  blanche  qui  s'étale  comme  une 
pellicule  sur  le  tronc  des  arbres.  Ce  sont  les  tiges  ou  slipcs  des  cham- 
pignons qui  implantent  dans  le  bois  leurs  racines,  et  quand  plusieurs 
slipes  sont  réunis,  ils  forment  une  pellicule  épaisse  et  coriace  comme 
du  cuir. 

On  confond  quelquefois  ce  dernier  champignon  avec  la  chair  do 
poule  ou  blanc  de  chapon,  ce  qui  est  tout  différent.  Celui-ci  est  un 
genre  de  pourriture  dont  les  effets  sont  très  dangereux.  On  reconnaît 
cette  maladie  qui  se  propage  rapidement,  au  bois  qui  est  recouvert  de 
points  blancs  fort  rapprochés;  les  bois  atteints  de  cette  maladie  sont 
tous  ou  presque  tous  attaqués  par  les  vers. 

Les  autres  maladies  des  arbres  sont  :  les  gerçures  ou  fentes  produites 
sur  l'écorce  par  l'effet  du  hàle  ou  de  la  grande  sécheresse.  Une  action 
violente  du  soleil  ou  des  froids  intenses  et  prolongés  peuvent  égale- 
ment amener  des  gerçures;  celles-ci  mettent  le  liber  et  l'aubier  à  nu, 
lesquels  à  leur  tour  sont  atteints  de  gei'çures. 

Le  cadran  ou  cadranure  est  un  genre  de  gerçure  qui  produit  sur 
l'écorce  une  fente  circulaire  accompagnée  de  rayons  qui  s'étendent  du 
centre  à  la  circonférence  du  cercle.  Ce  genre  de  cadranure  diffère  de 
celle  des  bois  abattus  qui  est  une  cadranure  intérieure,  tandis  que 
celle  qui  nous  occupe  n'atteint  que  l'écorce,  le  liber  et  l'aubier. 

Les  fiélinircs  sont  simples  ou  doubles  c'est-à-dire  entrelardées,  sui- 
vant que  la  fente  est  simple  ou  double  séparée  par  du  bois  sain.  Ces 
sortes  de  crevasses  commencent  par  l'écorce,  arrivent  à  l'aubier  et 
même  jusqu'au  bois  parfait.  Cette  maladie  est  causée  par  la  gelée  delà 
sève  par  suite  d'un  froid  excessif  qui  amène  le  retrait  de  l'écorce;  celle- 
ci  se  fend,  par  suite  de  la  congélation  et  de  l'augmentation  de  volume 
de  la  sève.  L'abaissement  de  la  température  permet  à  l'écorce  de  se 
resouder  complètement.  On  ne  reconnaît  alors  qu'un  arbre  a  été  atteint 
de  la  gélivure  que  par  une  arête  ou  bourrelet  qui  se  forme  sur  la 
cicatrice.  Mais  des  désordres  intérieurs  se  produisent,  car  la  sève, 
gênée  dans  son  mouvement  ascensionnel,  laisse  de  l'eau  qui  se  trouvant 
eruprisonnée  se  corrompt  et  vicie  le  bois.  Les  pièces  atteintes  par  la  géli- 
vure se  reconnaissent  à  la  percussion  ;  elles  rendent  un  son  sourd  qui 
indique  du  creux  dans  la  pièce. 

La,6™/!(/-e,  le  givre,  la  champelure  ou  gélis  ou  gelure  sont  autant  de 
maladies  provoquées  ])ar  la  gelée  ou  par  des  changements  brusques  de 
tempe  rature. 

La  brûlure  noircit  et  tue  les  feuilles,  les  bourgeons  et  les  bouts  des 
branches  ;  le  givre  est  une  gelée  produite  par  les  glaçons  qui  s  attachent 
sur  les  branches  et  causent  les  mêmes  i-avages  que  la  brûlure;  la 
cbampelure  ou  gélis  est  également  provoquée  par  un  froid  subit  qui 
produit  les  mêmes  effets  que  la  brûlure,  mais  à  un  degré  plus  élevé 
puisque  les  arbres  peuvent  parfois  périr  par  suite  de  cette  maladie. 

La  roulure  est  un  simple  décollement  de  deux  couches  ligneuses  de 
croissances  successives.  Ce  décollement  constitue  dans  l'intérieur  de 
l'arbre  une  solution  de  continuité  conique  qui  divise  le  tronc  en  cônes 


JIAr.ADIliS  DRS  ARBRES  FOURNISSANT  LES  BOIS  DE  CONSTRUCTION.     259 

conccnlriqiips  séparés  entre  eux  par  la  limite  des  couclies  de  crois- 
sance annuelles.  C'est  généraleruenl  le  tronc,  le  fùl  de  l'arbre  qui  est 
attaqué  par  la  roulure,  beaucoup  plus  rarement  les  branches  et  très 
exceptionnellement  les  racines.  Les  causes  pouvant  amenerce  désordre 
sont  assez  nombreuses,  la  plus  générale  est  attribuée  à  des  vents  vio- 
lents qui  soufflent  pendant  ou  à  la  suite  de  fortes  gelées. 

La  roulure,  de  même  que  la  champelure.  peut  donner  naissance 
au  double  aubier  dont  nous  avons  parlé  précédemment  ;  nous  ajouterons 
ici  que  sur  une  couche  circulaire  d'un  arbre,  il  peut  n'exister  qu'une 
portion  de  cylindre  en  faux  aubier. 

Quand  les  matières  nutritives  sont  sécrétées  avec  trop  d'abondance 
dans  un  arbre,,  elles  se  portent  irrégulièrement  sur  ses  diverses  parties 
et  les  développent  les  unes  au  détriment  des  autres;  ce  mode  de  végé- 
tation causé  par  la  pléthore  détruit  l'homogénéité  du  bois,  aussi  les 
bois  atteints  de  cette  maladie  doivent  être  rejetés  des  constructions, 
car  ils  ne  peuvent  soutenir  une  résistance  uniforme  et  partant  suffi- 
sante. 

Il  ne  nous  reste  maintenant  qu'à  étudier  les  maladies  qui  s'atta- 
chent plus  particulièrement  aux  feuilles.  C'est  d'abord  la  cloque  qui 
a  pour  effet  de  rider  et  rouler  les  feuilles  qui  rougissent,  jau- 
nissent ensuite  et  tombent  finalement  avant  l'heure,  ce  qui  empêche 
la  nutrition  complète  du  bois;  cette  maladie  n'attaque  parfois  qu'une 
partie  de  l'arbre  C'est  ensuite  la  défoliation  ou  chute  prématurée  des 
feuilles  qui  n'est  pas  occasionnée  par  la  cloque,  mais  par  d'autres 
causes,  par  les  gelées,  un  coup  de  soleil,  par  la  jaunisse,  par  des 
accidents  graves  survenus  à  l'écorce,  au  liber,  à  l'aubier.  La  défo- 
liation indique  toujours  un  état  maladif  de  l'arbre. 

L'excès  contraire  de  la  défoliation,  c'est  la  p/njHomanie,  c'est-à-dire 
une  production  excessive  de  feuilles  causée  par  une  surabondance  de 
sève.  Cette  maladie  qu'on  nomme  aussi  à  tort  fullomanie  amène  de 
grandes  perturbations  dans  la  végétation  normale  de  l'arbre,  et  l'auJjier 
formé  dans  de  telles  conditions  ne  peut  fournir  du  bois  parfait. 

Nous  devons  dire  ici  quelques  mots  de  Ve.vfoliation  que  trop  de  per- 
sonnes encore  confondent  avec  la  défoliation  qui  est  une  maladie  bien 
différente. 

Les  arbres  qui  sont  atteints  de  l'exfoliation  perdent  leur  écorce  qui 
se  détache  en  feuillets,  mais  plus  minces  que  ceux  du  platane  par 
exemple.  Ces  pertes  partielles  d'écorce  découvrent  le  liber,  altèrent 
l'aubier  et  par  suite  le  bois  lui-même. 

On  ne  connaît  pas  bien  la  cause  qui  amène  ce  trouble  dans  la  végé- 
tation; on  suppose  qu'une  humidité  assez  prolongée,  suivie  de  grands 
vents  ou  d'une  grande  sécheresse,  peuvent  occasionner  cette  maladie. 

Enfin  le  dépouillement  total  des  feuilles,  dépouillement  occasionné 
par  les  chenilles,  les  sauterelles  ou  d'autres  larves  ou  insectes,  amène 
des  perturbations  tellement  graves  dans  la  végétation  des  arbres  que  si 
cette  cause  se  reproduit  plusieurs  années  de  suite,  l'arbre  meurt  pour 
ainsi  dire  asphyxié,  car  il  est  fatalement  privé  des  organes  nécessaires 
à  sa  respiration. 

Les  insectes  ailés,  les  chenilles  déposent  leurs  œufs  et  leurs  larves 
sur  l'écorce  des  arbres  ;  quand  l'éclosion  a  lieu,  les  larves  se  trouvent 
dans  un  milieu  tellement  propice  à  leur  développement  qu'elles 
dévorent  tout  ce  qui  les  entoure. 


SvO     MALADIES  DES  ARBRES  FOURNISSANT  LES  BOIS  DE  CONSTRUCTION. 

Les  vers  montent,  descendent  sur  l'arbre,  le  parcourent  dans  tous  les 
sens  depuis  la  racine  jusqu'aux  plus  hautes  cimes.  Les  arbres  ainsi 
attaqués  par  la  verminaiion  sont  dévorés  avec  une  rapidité  effrayante, 
des  forêts  entières  sont  détruites  parfois  en  quelques  jours.  Le  pin  est 
la  principale  victime  de  ce  fléau. 

Les  feuilles  et  les  jeunes  pousses  des  arbres,  quand  elles  sont  piquées 
par  certains  insectes,  se  couvrent  d'excroissances  ouboursoutluresdans 
lesquelles  sont  logées  les  œufs  des  larves  ;  ces  excroissances  sont  nom- 
mées galles.  Les  arbres  atteints  de  galles  n'ont  nullement  à  souffrir  de 
celles-ci,  à  moins  qu'elles  ne  soient  fort  nombreuses.  Ces  excrois- 
sances, connues  dans  le  commerce  sous  le  nom  de  noix  de  galles, 
servent  dans  l'art  de  la  teinturerie,  ce  sont  principalement  les  produits 
du  chêne,  du  chêne  à  galles  {que)-cus  coccifera)  récoltés  dans  tout  le 
Languedoc  et  dans  la  Provence,  qui  sont  vendus  au  commerce. 
Cependant  aujourd'hui  les  teinturiers  préfèrent  les  noix  d'Alep,  ou  de 
la  Chine.  L'insecte  créateur  de  ces  galles  se  nomme  eoccws  ilicis,  leca- 
niumilicis;  c'est  un  petit  kermès  qui  dépose  ses  œufs  sur  les  feuilles 
et  les  jeunes   rameaux. 

Les  maladies  accidentelles  des  arbres  proviennent  de  mutilations, 
cassures  violentes  déterminées  par  des  chocs,  par  les  vents,  par  la 
foudre,  par  des  plaies  qui  se  développent  naturellement,  par  des  frac- 
lures  causées  par  des  vents  violents.  Quand  la  plaie  causée  par  les 
fractures  n'est  pas  profonde,  le  mal  n'est  pas  grave,  une  nouvelle  éeorce 
le  répare  ;  dans  le  cas  contraire,  quand  les  couches  ligneuses  sont 
atteintes,  elles  prennent  un  ton  verdàtre  qui  amène  une  pour- 
riture particulière  nommée  par  le  sylviculteur,    veines. 

Ernest  Bosc, 

Architecte,  ancien  inspecteur  des  travaux  du  gouvernement. 

NETTOYAGE  DBS  SEMENCES  DE  FROMENT 

Il  est  nécessaire,  quand  le  blé  n'a  pas  été  battu  par  une  machine 
vannant  et  criblant  le  grain,  de  le  faire  passer  au  tarare  pour  le  vendre 
ou  pour  en  faire  du  bon  grain  de  semence.  Pour  les  semences,  il  est 
même  bien  préférable  de  se  servir  du  trieur  qui  débarrasse  le  froment 
des  graines  étrangères  qui,  germant  dans  le  cbamp,  salissent  la  terre 
au  grand  détriment  de  la  récolte.  Il  existe  aujourd'hui  un  assez  grand 
nombre  de  modèles  de  tarares  et  de  trieurs.  Parmi  les  constructeurs 
des  systèmes  les  plus  appréciés,  figure  INI.  Presson,  de  Bourges  (Cher). 
Il  y  a  aujourd'hui  trente-sept  ans  que  M.  Presson  a  créé,  en  1847,  son 
établissement  qui  a  grandi  rapidement  et  est  devenu  un  des  plus  im- 
portants, non  seulement  de  France,  mais  d'Europe,  pour  la  construc- 
tion des  instruments  de  nettoyage  des  grains.  C'est  par  milliers  que  se 
comptent  les  tarares  et  les  trieurs  qu'il  a  vendus  dans  toutes  les  par- 
ties du  monde. 

Le  type  des  tarares  ventilateurs  est  représenté  par  la  fig.  \  \ .  Dans 
ces  appareils,  l'auget  supérieur  porte  trois  cribles  etle  plan  incliné  mo- 
bile en  a  deux.  Grâce  à  leur  ingénieuse  disposition,  il  suffit  de  la 
force  d'un  homme  ordinaire  pour  mettre  le  tarare  en  mouvement 
et  d'un  pour  le  servir.  En  une  seule  opération  on  a  du  blé  propre 
à  être  porté  au  marché,  grâce  à  une  nouvelle  série  de  cribles  spé- 
ciaux qui  permettent  d'extraire  facilement  les  otons  ou  blé  vêtu  par 
l'auget  supérieur-  Ce  blé,  débarrassé  des  corps  plus  gros  et  plus  légers, 


NETTOYAGE  DES  SEMENCES  DE  FROMENT. 


261 


tombe  sur  un  vaste  plan  incliné  mobile,  à  mouvement  variable,  perforé 
(le  trous  ronds;  là  il  se  divise  en  deux  qualités  distinctes  ;  ensuite  le 
petit  blé  qui  sert  aux  besoins  de  la  ferme  se  recrible  sur  un  deuxième 
tamis  (jui  en  extrait  la  terre,  le  gravier,  les  petites  graines,  les  grains 
fléliis,  etc.;  enfin  tous  les  corps  plus  faibles  en  diamètre  que  le  blé. 
Au  dernier  concours  spécial  de  Marseille,  ces  appareils  ont  obtenu  le 
l'""  prix,  médaille  d'or,  pour  leur  bonne  construction,  leur  célérité  et 
leur  bas  prix.  II  en  est  construit  quatre  modèles,  dont  le  prix  varie  de 
70  à  120  fr.  ;  on  peut  ainsi  répondre  à  tous  les  besoins  de  la  petite  et 
de  la  grande  culture.  Plus  de  cinq  mille  tarares  sont  sortis  à  ce  jour 
des  ateliers  de  .\1.  Pre.-^son. 

Moyennant  quelques  changements  spéciaux,  ces  tarares  s'appliquent 
au  nettoyage  du  riz  et  du  café.  M.  Presson  les  construit  de  manière  à 


Fig.  11. 


Taïaie  du  s\stonu'  Piesson. 


pouvoir  les  démonter  pièce  à  pièce,  afin  de  les  loger  dans  des  caisses 
de  dimensions  spéciales,  qu'on  peut  transporter  à  dos  de  mulet,  et  loger 
dans  un  petit  espace,  en  vue  de  payer  sur  mer  le  fiet  le  plus  réduit 
possible. 

Les  trieurs,  système  alvéolaire  de  M.  Presson,  sont  montrés  par 
la  figure  12.  Ces  instruments  se  composent  d'une  vaste  trémie  en 
bois,  destinée  à  recevoir,  les  grains  à  trier,  d'un  cylindre  en  zinc, 
embouti  intérieurement  d'alvéoles  de  deux  diamètres  dilTérents,  et  d'un 
bâti  rectangulaire  destiné  à  recevoir  le  cylindre  et  la  trémie.  La  trémie 
étant  remplie  de  blé  à  trier,  on  fait  tourner  la  manivelle  à  une  vitesse 
de  35  à  40  tours  par  minute;  près  de  celte  manivelle  se  trouve  le 
cône  d'engrenages  qui  met  en  mouvement  une  chaîne  Vaucanson, 
laquelle  s'enroule  sur  un  deuxième  cône;  sur  le  bout  de  son  axe  est 
fixée  une  petite  roue  à  six  augets  qui  puise  le  grain  dans  la  partie 
basse  de  la  trémie.  Le  cylindre  en  zinc  prend,  par  sa  roue  d'angle,  la 
vitesse  de  10  à  12  tours  par  minute,  et  s'alimente  par  la  gaine  de  la 
trémie,  suivant  les  quantités  variables  que  distribue  le  cône  moteur. 
Au  sortir  de  la  gaîne,  le  blé  à  trier  tombe  sur  le  premier  crible  cylin- 
drique, percé  de  trous  allongés;  il  s'y  épure  de  tous  les  corps  plus  gros 
que  son  diamètre.  Un  deuxième  crible  cylindrique,  parallèle  au  pre- 


262 


NETTOYAGE  DES  SRMENGES  DE  FROMENT. 


mier,  mais  percé  de  trous  plus  fins,  sépare  du  blé  les  corps  plus  petits 
que  son  diamètre,  qui  sont  rejetés  en  dehors  dans  une  caisse,  sous  la 
trémie.  Une  brosse,  montée  ù  ressort,  débouche  constamment  les  trous 


CL. 

a 


H 
I 


de  ce  crible  qui  pourraient  être  obstrués  par  les  petites  graines  e 
l'ivraie.  Le  blé,  qui  n'a  pu  passer  au  travers  du  crible,  arrive,  par  le 
mouvement  de  rotation  du  cylindre,  dans  sa  première  partie,  emboutie 
de  grandes  alvéoles,  qui  ramassent  tout  le  blé  et  les  graines  rondes 


NETTOYAGE  DES   SEMENCES  DE  FROMENT  263 

pour  les  déverser  dans  l'auget  central,  et  laissent  échapper  les  corps 
longs,  tels  que  l'orge,  l'avoine,  le  blé  velu,  etc.,  par  les  orifices  qui 
existent  au  milieu  du  cylindre. 

Unefvis  d'Archimède  conduit  le  blé  et  les  graines  rondes  jusqu'au 
milieu  de  l'auget  central,  où  un  orifice  les  laisse  tomber  dans  la 
deuxième  partie  du  cylindre,  séparée  de  la  première  par  une  cloison 
circulaire  et  emboutie  de  petites  alvéoles.  Les  graines  rondes  se 
logent  dans  les  cavités  demi- cylindro-sphériques  des  alvéoles,  pour  être 
expulsées  au  dehors  au  moyen  de  la  vis  d'Archimède.  Avant  de  sortir 
du  cylindre,  le  blé,  devenu  net,  glisse  sur  un  crible  à  trous  ronds, 
il  sort  à  droite  et  à  gauche  de  l'appareil  en  deux  qualités  différentes 
en  diamètre. 

Les  déchets  des  graines  rondes,  tels  que  nielles,  vesces,  vesce- 
rons,  etc.,  varient  suivant  l'obstacle  plus  ou  moins  grand  créé  par  les 
palettes  du  chenal  aux  alvéoles  ;  cet  obstacle  se  modifie  par  le  moyen 
du    levier  régulateur  qui  se  trouve  au  bout  du  cylindre. 

Ces  instruments,  actionnés  par  un  homme  et  servis  par  un  aide, 
peuvent  extraire  en  une  seule  opération  du  blé  :  1"  tous  les. 
corps  plus  gros  que  le  blé,  tels  que  pierres,  moites  de  terre,  pois, 
gesces,  etc.;  2"  tous  les  corps  plus  fins  en  diamèlre,  tels  que  l'ivraie, 
les  blés  cassés  et  flétris,  les  petites  graines  rondes,  les  graviers,  etc.; 
3"  tous  les  corps  plus  longs,  tels  que  l'orge,  l'avoine,  le  blé  vêtu,  etc.  ; 
4°  loules  les  graines  plus  courtes  ealongueur,  telles  que  nielles,  ves- 
cerons,  gesces,  œils-cle-perdrix,  sude,  etc.  M.  Presson  construit,  pour 
l'agriculture,  six  modèles  de  trieurs  dont  le  prix  varie  de  180  à 
300  fr.  yVu  dernier  concours  spécial,  ([ui  a  eu  lieu  à  Nancy,  ces  ap- 
pareils ont  été  classés  au  premier  rang.  Henry  Sagmek. 

SUR  L'ABIATION  DES  CORNES- 

Le  numéro  790  du  Journal  renferme,  sur  l'ablation  des  cornes, 
un  article  dû  à  la  plume  experte  de  M.  de  la  Tréhonnais.  Je  crois  ulile 
d'y  ajouter  quelques  observations. 

Les  lecteurs  de  ce  journal  qui  s'occupaient  d'agriculture  il  y  une 
vingtaine  d'années  se  rappelleront  peut-être  les  discussions  et  les  écrits 
qui  se  sont  fait  jour  alors.  M.  Magne  publiait,  à  cette  époque,  d'inté- 
ressants enseignements  physiologiques  et  un  procédé  opératoire  pour 
l'extirpation  des  cornes. 

L'animal  privé  d'un  appendice  qui  constitue  pour  lui  un  moyen  de 
défense,  dont  en  réalité  il  n'a  que  rarement  l'emploi  en  l'état  de  domes- 
ticité, était  représenté  comme  donnant  plus  de  lait,  plus  de  viande.  Il 
était  dit  que  le  repos  devenait  plus  complet  et  que  la  nutrition 
organique  des  cornes  devenue  nulle  était  offerte  comme  supplément 
aux  autres  parties  du  corps.  Si  je  me  permets  de  prendre  rang  dans 
a  question,  c'est  que  j'ai  fait  opérer  une  douzaine  de  têtes  Je  puis 
donc  en  parler  en  connaissance  de  cause.  Ce  que  j'ai  à  en  retracer 
est  très  net  dans  ma  mémoire.  Il  y  a  même  peu  d'années  que  vivaient 
encore  quelques-uns  des  animaux  opérés. 

L'opération  avait  été  effectuée  chez  moi  sur  des  sujets  de  un  an  à  un 
an  et  demi;  elle  fut  douloureuse  et  exécutée  par  un  vétérinaire  habile; 
la  cicatrisation  fut  lente.  Le  fer  rouge  avait  dû  être  appliqué  sur  la 
plaie  pour  arrêter  l'hémorragie. 


264  SUR   l'ablation  DES  CORNES. 

Les  sujets  opérés  maigrirent  à  la  suite  des  douleurs  ressenties. 
Aucune  des  vaches  ne  produisit  une  quantité  relativement  supérieure 
de  lait,  les  dispositions  à  l'engraissement  ne  furent  pas  augmentées. 
Plusieurs  sujets  contractèrent  même  l'habitude  de  donner  des  bour- 
rades avec  le  front.  Cela  me  rappela  alors  les  animaux  noirs  de  la 
race  sans  coraes  d'Angus  (Ecosse)  que  j'avais  vus  en  1850  au  con- 
cours international  de  Paris,  lesquels,  pour  être  privés  de  leur  cornature, 
ne  s'en  défendaient  pas  moins  deleur  tête.  Jeconstatui  que  l'os  frontal 
s'y  trouvait  très  développé  et  remplissait  l'office  d'un  tampon  qui  ser- 
vait à  l'animal  pour  frapper. 

Pour  terminer,  je  dois  à  la  vérité  de  dire  qu'aucune  des  espérances 
conçues  ne  trouva  réalisation.  Après  quatre  à  cinq  générations  il 
devait  se  former,  l'opération  étant  renouvelée  sur  chacune,  une  race 
sans  cornes.  C'était  ce  que  je  cherchais.  Mais  toutraedélournaitde  mon 
projet  :  aucun  résulat  avantageux,  les  douleurs  chez  les  opérés,  sans 
compter  les  quolibets  des  amis.  Aujourd'hui  encore  ces  derniers  se 
plaisent  à  raconter  la  fameuse  histoire  de  mes  vaches  sans  cornes;  ils 
seront  heureux,  j'eu  suis  certain,  de  lire  les  lignes  sincères  de  celui 
qu'ils  appelaient  :  le  faiseur  de  vaches  sans  cornes. 

Les  bons  soins  donnés  aux  animaux  dans  le  jeune  ùge,  le  choix 
d'animaux  reproducteurs  de  caractère  doux  et  docile  rendent,  à  mon 
avis,  les  corrections  de  l'œuvre  duCréateur  parfaitement  inutiles. 

Jean  Kiejner. 

COMPTABILITÉ  AGRICOLE.  ESSAI  DE  CLASSIFICATION.  IV 

Nous  ne  nous  dissimulons  pas  que  nous  allons  être  aujourd'hui 
ennuyeux  comme  la  pluie  et  sec  comme  une  pilule.  Que  le  lecteur 
nous  le  pardonne;  mais  qu'y  faire':'  nous  nous  sommes  proposé  un 
problème,  nous  avons  aborde  un  plan  et  annoncé  un  programme;  bien 
ou  mal,  nous  devons  nous  exécuter. 

Poursuivons  donc  notre  route  au  milieu  des  monotonies  et  des  ari- 
dités d'une  sorte  de  nomenclature  à  établir,  exorde  indispensable  pour 
donner  à  la  comptabilité  l'unité  didactique  que  doit  revêtir  toute 
science  formant  un  ensemble  indissoluble,  et  rachetons,  s'il  est  pos- 
sible, notre  insuffisance  par  notre  concision  et  noire  laconisme. 

Nous  nous  sommes  assez  ouvertement  prononcé  en  ce  qui  concerne 
la  comptabilité  matières.  On  a  reconnu  que  les  majorations  attribuées 
aux  valeurs  de  cet  ordre  entraînent  fatalement  le  comptable,  à  travers 
les  inquiétudes  elles  déboires,  à  une  débâcle,  à  un  krach  pitoyable; 
tandis  que  les  minorations  éclaircissent  l'avenir,  font  éclater  la  vérité 
et  conduisent  l'exploitant,  au  milieu  des  satisfactions  matérielles  et 
morales,  à  une  heureuse  réalisation. 

D'un  autre  côté  nous  n'avons  plus  à  revenir  sur  les  comptes  d'amor- 
tissement, création  de  valeurs  immobilières,  etc.,  au  sujet  desquels 
nous  nous  sommes  suffisamment  expliqué.  Ceux-ci  écartés,  nous 
n'avons  plus  affaire  qu'aux  comptes  annuels,  c'est-à-dire  à  ceux  qui 
doivent  être  soldés  entièrement  dans  l'exercice  en  cours. 

Enfin  nous  avons  également  dégagé  delà  question  les  comptes  parti- 
culiers ou  personnels.^  de  sorte  qu'il  ne  nous  reste  plus  à  envisager  que 
les  comptes  généraux  ou  impersonnels  qui  vont  faire  l'objet  de  cet  article. 

Pour  donner  à  cette  étude  une  direction  pratique,   suivons  l'ordre 


COMPTABILITI";  AGRICOLE.  —  ESSAI  DE  CLASSIFICATION.  265 

même  des  considérations  qui  doivent  guider  un  agriculteur  dans  l'or- 
ganisation de  son  entreprise.  Toutdabord  il  se  préoccupe  des  branches 
de  spéculation  auxquelles  l'engageront  les  conditions  économiques  au 
milieu  desquelles  il  se  trouve  placé,  conditions  sur  l'appréciation 
desquelles  nous  n'avons  pas  à  nous  attarder  ici.  On  voit  donc  natu- 
rellement poindre  le  groupe  des  comptes  de  spéculation. 

Comptes  ik  spéculation.  — Animaux  de  rente  :  bouverie,  vacherie, 
écurie,  porcherie,  bergerie,  etc.;  enfin  spéculations  animales,  culturales 
et  industrielles  diverses. 

La  tenue  de  ces  comptes  n'offre  pas  de  difficulté.  A  leur  débit  sont 
inscrits,  chacun  en  ce  qui  le  concerne  et  s'il  y  a  lieu,  l'inventaire 
d'entrée,  puis  les  frais  qu'ils  entraînent;  à  leur  crédit,  l'inventaire  de 
sortie  et  les  produits  qu'ils  fournissent.  Ils  se  balancent  par  le  compte 
profits  et  pertes  dont  le  nom  indique  la  destination  et  dont  nous  rappel- 
lerons tout  à  l'heure  la  fonction. 

Ces  comptes  ont  un  caractère  essentiellement  arbitraire  et  facultatif 
en  ce  que  l'exploitant  peut,  à  sa  volonté  et  suivant  la  marche  plus  ou 
moins  heureuse  des  spéculations  auxquelles  il  se  livre,  les  développer, 
les  restreindre,  ou  même  les  supprimer,  si  l'expérience  lui  montre 
qu'elles  n'offrent  pas  des  probabilités  suffisantes  de  succès. 

Les  autres  comptes  représentent  les  voies  et  moyens,  les  ressources 
dont  il  f;iut  se  pourvoir  en  vue  de  la  bonne  marche  de  l'entreprise,  et 
revêtissent  conséquemment  un  caractère  obligatoire.  Cette  série  de 
comptes  comprend  plusieurs  groupes  en  tête  desquels  nous  devons 
placer,  d'après  l'ordre  de  succession  des  faits,  les  comptes  organiques. 
Comptes  orgam(jues.  —  Comme  son  nom  l'indique,  ce  groupe  repré- 
sente les  instruments,  la  force  motrice  et  l'outillage  spécial  dont 
l'exploitant  a  besoin  dès  le  début  et  pour  la  mise  en  train  de  ses  opé- 
rations, les  diverses  machines,  à  vapeur,  hydrauliques,  etc.,  enfin 
tout  le  matériel  nécessaire.  En  outre  du  mobilier  rural,  ou  cheptel 
mort,  il  comprend  également  les  animaux  de  trait,  bœufs  ou  chevaux, 
qui  sont  de  véritables  machines  vivantes. 

Au  débit  de  ces  comptes  figurent  l'inventaire  d'entrée  et  les  frais 
occasionnés  par  le  matériel  pour  réparer  les  fractures  ou  l'usure  qu'il 
éprouve  de  manière  à  le  maintenir  en  état  d'usage,  à  leur  crédit  vient 
s'inscrire  l'inventaire  de  sortie;  les  animaux  présentent  à  leur  crédit 
le  travail  et  les  engrais  qu'ils  fournissent,  et  nous  ne  nous  arrêterons 
pas  ici  sur  les  considérations  économiques  relatives  à  ce  sujet;  la  dif- 
férence est  soldée  par  le  compte  frais  généraux. 

Quelques  comptables  ouvrent  des  comptes  distincts  à  entretien  du 
mobilier  et,  en  ce  qui  concerne  le  bétail  de  trait,  à  nourriture  et  soins. 
Ce  genre  de  comptes  seratlache  au  groupe  précédent  et  nous  lui  donnons 
pour  celte  raison,   la  dénomination  de  comptes  subordonnés. 

Comptes  subordonnés.  —  Leur  débit  se  compose  des  frais  qu'ils  occa- 
sionnent et  ils  se  balancent  en  .se  déversant  dans  les  comptes  dont  ils 
relèvent. 

Ici  se  fait  sentir  la  nécessité  d'un  groupe  important  que  nous  appe- 
lons les  comptes  de  dépôt. 

Comptes  de  dépôt. — Comprenant  les  approvisionnements,  magasins, 
grenier,  fenils,  gerbier,  etc.,  caisse  (numéraire,  billets  à  recevoir  et  à 
payer). 

Ces  comptes  reçoivent,  comme  leurs  congénères,  à  leur  débit,   s'il 


26ti  COMPTABILITE  AGRICOLE.  —ESSAI  DE  CLASSIFICATION. 

y  a  lieu,  l'inventaire  d'entrée;  ils  se  tiennent  respectivement  par  débit 
et  crédit,  entrées  et  sorties,  et,  en  ce  qui  concerne  la  caisse,  par  recettes 
et  dépenses.  C'est  l'inventaire  de  sortie  qui  est  chargé  de  les  solder. 
Au  cours  de  ce  rapide  aperçu,  nous  rencontrons  maintenant  le 
groupe  des  comptes  de  répartition. 

Comptes  de  répartition.  —  Comprenant  les  comptes  :  ménage,  main- 
d'œuvre,  labours.,  transports,  etc.,  lesquels  donnent  lieu  le  plus  souvent 
à  des  écritures  d'ordre.  A  leur  débit  sont  portés  provisoirement  les 
valeurs  qu'ils  expriment,  les  frais  et  dépenses  qu'ils  ont  occasionnés, 
jusqu'à  ce  qu'ils  soient  répartis  à  leur  crédit  par  le  débit  des  divers 
comptes  auxquels  ils  doivent  être  définitivement  imputés.  Le  type  de 
ce  groupe  est  le  compte  frais  généraux  qui  reçoit,  à  son  débit,  tous 
les  frais  et  dépenses  qui  n'ont  pas  une  affectation  spéciale  bien  déter- 
minée et  les  met,  par  son  crédit,  à  la  charge  des  divers  services  ou 
comptes  de  spéculation  qui  ont  nécessité  ces  frais,  et  proportionnelle- 
ment à  l'importance  de  ces  comptes. 

Le  compte  frais  générau.v  balance  également  les  dépenses  particu- 
lières de  l'exploitant,  faux  frais  personnels,  argent  de  poche,  dépenses 
de  luxe  que  nous  portons  sous  le  titre  de  co/npZe  ^jn'w'.  Nous  jugeons 
inutile  de  faire  de  ce  compte  seul  un  groupe  à  part;  nous  ne  pouvons 
pas  le  rattacher  aux  comptes  personnels,  puisqu'il  ne  représente  pas 
le  même  ordre  d'idées  et  ne  se  balance  conséquemment  pas  de  la 
même  manière;  nous  le  plaçons  donc  incidemment  ici  à  côté  du 
compte  frais  généraux  dans  lequel  il  vient  se  résoudre. 

Tous  les  faits  intéressants  d'une  exploitation  peuvent,  croyons- 
nous,  trouver  leur  place  dans  les  comptes  qui  sont  du  ressort  de  ces 
divers  groupes.  Il  faut  maintenant  en  interpréter  les  résultats  partiels 
et  les  faire  concourir  à  une  conclusion  générale  et  définitive. 

Dans  ce  but  nous  devons  recourir  à  un  groupe  essentiel  de  comptes 
que  nous  appelons  les  comptes  principaux. 

Comptes  principaux.  —  Se  composant  des  comptes  profits  et  perles, 
inventaires  d'entrée  et  de  sortie,  capital  d'exploitation,  et,  si  nous  envi- 
sagions ici  la  situation  d'un  propriétaire,  nous  y  ajouterions  le  capital 
foncier. 

Chacun  de  ces  comptes  résume  une  situation  importante  et  caracté- 
ristique. Le  compte  profits  et  pertes  établit  et  liquide  le  résultat  finan- 
cier de  chacun  des  comptes  spéculateurs  ;  l'excès  de  l'avoir  sur  le 
doit,  ou  réciproquement,  indique  le  bénéfice  net,  ou  la  perte,  réalisé 
par  l'exercice  et  se  solde  par  le  capital  d'exploitation  qui  s'augmente 
ou  se  diminue  d'autant  et  qui,  résultante  de  tous  les  faits  qui  se  sont 
accomplis,  vient  sceller,  par  l'inscription  d'un  seul  chiffre,  le  dernier 
anneau  de  la  chaîne  ininterrompue  et  indissoluble  qui  forme  le  système 
de  la  comptabilité,  en  balançant  l'inventaire  de  sortie  qui  est  le  bilan 
général  de  l'exploitant,  l'ensemble  de  ses  ressources,  l'expression 
sommaire  de  ses  valeurs  actives  et  passives. 

Toutes  les  écritures  viennent  ainsi  se  concentrer  dans  ce  groupe  qui, 
par  son  caractère  généralisateur,  complète  et  vient  clore  ce  mode  de 
classification  qui  s'approchera  d'autant  plus  de  la  perfection  qu'on 
définira  d'une  manière  plus  précise  la  fonction  de  chaque  groupe  et 
qu'on  en  élargira  les  bases.  Nous  le  présentons  donc  au  public  agri- 
cole comme  une  étude  sujette  à  revision  que  d'autres  après  nous  vien- 
dront améliorer. 


GOMPTAHILITl':  AGRICOLE.   —  ESSAI  DE  CLASSIFICATION.  267 

Eli  quatre  articles  nous  avons  jeté  un  premier  coup  d'œil  sur  les 
assises  môme  de  la  comptahlilitc  qui,  conçue  sur  un  plan  unique, 
ainsi  que  l'entendent  des  esprits  distingués,  répond  à  toutes  les 
questions  qu'on  lui  adresse  :  prix  de  revient,  résultats  partiels  et 
généraux,  puisque  tous  les  éléments  d'inl'urmation  et  d'appréciation 
se  trouvent  réunis  dans  les  livres  essentiels.  Nous  avons  évité, 
autant  que  possible,  de  pénétrer  dans  le  domaine  de  l'économie 
rurale  dont  l'intervention  n'aurait  pu  que  soulever  une  polémique 
inutile  ici,  et  qu'il  ne  faut  pas  davantage  coniondre  avec  la  comptabi- 
lité, qu'un  télégramme  ne  doit  être  confondu  avec  l'appareil 
télégraphique. 

D'ailleurs  nous  étions  payé  pour  nous  imposer  cette  réserve.  Pour 
avoir  déjà  dit  quelques  mots  sur  cette  question,  et  maigre  que  nous 
ayons  toujours  employé  les  formes  courtoises  que  se  doivent  des  contra- 
dicteurs qui  s'estiment,  il  paraît  que  nous  nous  sommes  attiré  des 
inimitiés.  Oue  serait-ce  si  nous  nous  étions  mêlé  aux  controverses 
passionnées  que  provoquent  souvent  les  tliéories  économiques  dont 
l'exposition  peut  laisser  un  cours  plus  libre  à  l'esprit  de  parti,  tandis 
que  la  comptabilité  n'est  qu'une  méthode  d'inscription  et  de  contrôle 
gardant  l'expression  calme  et  sereine  de  la  vérité!  Et  cependant  nous 
ne  pouvons  porter  ombrage  à  personne;  à  notre  âge,  malgré  l'ancien- 
neté des  services  rendus,  on  ne  recherche  pas  les  faveurs,  on  aspire 
simplement  à  être  utile  et  à  terminer  tranquillement  sa  carrière. 

Si  nous  avons  pu  intéresser  les  lecteurs  du  Journal  do  T Agriculture, 
nous  traiterons  encore,  de  temps  à  autre,  do  quelques  points  d'appli- 
cation technique;  il  ne  nous  reste  plus  maintenant  à  observer,  pour 
terminer  cette  partie  essentielle  de  notre  étude  : 

(Ju'il  n'y  aguère  que  ceux  qui  ont  tenu  au  moins  un  exercice  entier 
de  comptabilité  qui  puissent  en  parler  d'une  manière  réellement  utile, 
etcela  parce  que  de  prétendues  difficultés,  donnant  lieu  à  des  discusions 
prolongées  et  même  oiseuses,  se  résolvent  d'elles-mêmes  sous  la  plume 
du  comptable,  puisque  les  chiffres  vont  se  placer,  pour  ainsi  dire, 
automatiquement  dans  la  case  qui  leur  est  attribuée  par  l'ordonnance 
méthodique  des  écritures,  de  telle  sorte  que  chacun  a  sa  part  corres- 
pondante d'influence  dans  la  détermination  des  résultats  et  que  tous, 
par  une  suite  d'actions  mutuelles  et  d'absorptions  de  plus  en  plus 
puissantes,  finissent  par  se  fondre  dans  les  comptes  principaux  qui 
sont  le  résumé  et  la  synthèse  de  tous  les  autres  comptes,  l'interpré- 
tation la  plus  condensée  et  la  dernière  expression  de  toutes  les  valeurs 
et  de  tous  les  intérêts,  justifiant  ainsi  la  dénomination  de  clef  synthé- 
tique que  nous  avons  précédemment  donnée  à  cette  classification  ; 

Enfin  qu'en  dehors  d'une  classification  précise  et  des  procédés  mis 
en  œuvre  par  l'esprit  d'investigation  scientifique,  il  n'y  a  guère  que 
verbiage,  que  rabâchage,  et  l'on  peut  même  dire  dans  beaucoup  de  cas 
que  radotage.  Sakomo.n, 

Directeur  de  la  ferme-école  de  Saint-Michel  (Nièvre). 

LE  FUSARIUM  NERVISEQUUM  DU  PLATANE 

En  fait  de  maladies  parasitaires  dues  à  des  êtres  végétaux  [micro- 
scopiques, voilà  le  platane  qui  n'a  plus  de  points  à  rendre  à  la  vigne! 
Il  n'est  pas  question  ici  des  platanes  cultivés  sur  tout  le  territoire  fran- 


268  LE  FUSARIUM  NERVISEQUUM   DU  PLATANE. 

çais;  qui  pourrait  donner  des  nouvelles  exactes  de  leur  santé/  Mais 
seulement  de  ceux  des  Basses-Pyrénées.  Or,  ces  derniers  offrent  à 
l'heure  présente  un  aspect  tout  à  tait  alarmant,  et  il  est  fort  à  craindre 
que  si  le  mal  qui  les  afflige  actuellement  les  frappe  aussi  violemment 
pendant  deux  ou  trois  ans  consécutifs,  il  ne  reste  en  Béarn,  de  ce  genre, 
que  quelques  rares  représentants.  Les  effets  de  la  maladie  se  traduisent 
de  la  façon  suivante: 

Les  extrémités  des  jeunes  rameaux  terminaux  et  axillaires  se  dessè- 
chent; il  en  est  de  même  des  feuilles  eu  voie  de  développement  sur  ces 
pousses.  Les  uns  et  les  autres  se  recoquillent  en  très  peu  de  temps  et 
font  paraître  l'arbre  comme  ayant  eu  toute  sa  coiffure  violemment  rôtie 
par  une  flambée  intense  ou  grillée  par  une  forte  gelée. 'L'action  finale 
est  que  le  nombre  des  feuilles  chez  un  sujet  fortement  attaqué  est  di- 
minué souvent  des  deux  tiers  et,  par  suite,  l'ombre  est  beaucoup  moins 
épaisse.  Cette  année-ci,  par  exemple,  dans  les  Basses-Pyrénées  où  la 
maladie  sévit  d'une  façon  foudroyante,  tous  les  platanes  ombragent 
moins  que  des  frênes  ou  des  robiniers. 

Nous  l'avons  dit,  là  est  précisément  la  gravité  du  mal  :  ce  n'est  ni  un 
ni  deux  sujets  qui  sont  attaqués,  mais  tous  ceux  d'un  même  genre  et  cela 
au  moins  dans  tout  le  département  des  Basses-Pyrénées.  Les  platanes, 
plus  que  séculaires,  form.ant  un  dôme  immense  et  imposant  à  l'entrée 
du  parc  Henri  IV,  au  pied  même  du  château  de  Pau,  sont  tellement 
éprouvés  que  le  rare  feuillage  que  supportent  leurs  bras  gigantesques 
est  devenu  impuissant  à  arrêter  les  rayons  du  soleil.  Des  sujets  plus 
jeunes,  bordant  sur  un  long  parcours  des  routes  nationales  et  départe- 
mentales, n'ont  pas  plus  été  épargnés. 

On  assure  que  du  côté  de  Bayonne  les  ravages  sont  encore  plus  con- 
sidérables. En  Béarn  le  fait  n'est  ignoré  de  personne,  même  du  moins 
intéressé  aux  choses  de  l'arboriculture.  Comme  il  importe,  d'ailleurs, 
pour  les  besoins  de  la  conversation  journalière,  de  donner  une  cause  à 
cet  effet,  on  entend  dire  partout  que  les  platanes  sont  gelés.  C'est  bien 
là  réellement  un  cas  de  gelée  extraordinaire;  le  printemps  actuel 
n'ayant  à  son  passif,  en  fait  de  froids  tardifs,  que  les  deux  nuits 
du  13  au  14  et  du  14  au  15  avril,  durant  lesquelles  le  thermomètre 
est  descendu  si  peu  au-dessous  de  zéro,  que  pas  une  fleur  de  nos  ar- 
bres fruitiers  n'en  a  subi  la  moindre  atteinte. 

Le  principe  du  mal  est  dans  la  végétation  d'un  champignon  micros- 
copique décrit  par  Léveillé  sous  le  nom  iVlIijmcnula  PIntani,  dans  la 
publication  de  Desmazières  (T'/a'i/ps  cnjploij.  de  Fr.  N°  1349)  et  cité 
plus  tard  par  Fuckel  dans  son  Symh.  myc.  1 .  p.  369,  sous  le  nom  de 
Fusarium  nerviseqiium.  Cette  dernière  dénomination  semble  devoir  être 
adoptée  parles  mycologistes  modernes  à  cause  du  mode  do  végétation 
de  ce  parasite.  En  effet,  ainsi  que  nous  l'avons  fait  pressentir  en  par- 
lant de  ses  ravages,  il  s'installe  de  préférence  sur  les  extrémités  des 
jeunes  bourgeons  en  voie  de  développement  et,  en  moins  de  huit  jours, 
occasionne  la  mort  de  ces  derniers.  Ce  mode  d'attaque  est  le  plus  fré- 
quent et  le  plus  désastreux.  Mais  très  souvent  aussi  il  se  développe 
seulement  sur  le  pétiole  des  feuilles  jeunes  ou  à  peine  adultes  et,  une 
fois  le  tissu  de  ce  pétiole  désorganisé,  action  produite  dans  l'espace  de 
trois  à  huit  jours  suivant  que  la  température  est  plus  ou  moins  favora- 
ble à  la  végétation  de  la  cryptogame,  la  feuille  commence  à  se  reco- 
quiller  et  est  bientôt  entièrement  desséchée.  Parfois  encore  l'attaque  se 


LE  FUSARIUM  NERVISEQUUJI  DU  PLATANE.  269 

produit  sur  la  nervation  de  la  feuille.  Dans  ce  dernier  cas,  tout  le  limbe 
de  celle-ci  peut  ne  pas  être  frappé  de  mort,  mais  seulement  la  por- 
tion circonscrite  et  nourrie  par  les  nervures  attaquées. 

Les  conditions  particulièrement  favorables  à  la  végétation  du  Fusa- 
riumnervisefjwun  semblent  être  identiques  à  celles  du  mildew;  mais  le 
premier  de  ces  parasites  apparaît  au  printemps  avant  le  second.  L'un 
et  l'autre  exigent,  pour  un  développement  rapide,  une  grande  bumidité 
de  l'atmosphère.  Ce  fait  est  incontestable  pour  le  cryptogame  du  pla- 
tane. Ainsi  les  sujets  de  ce  genre  plantés  dans  les  environs  de  Bayonne, 
Biarritz,  Saint-Jean-de-Luz  et  autres  localités  avoisinant  les  bords 
de  l'Océan,  sont  actuellement  bien  plus  malades  que  leurs  congénères 
de  l'intérieur  du  département.  Beaucoup  des  premiers  soit  jeunes,  soit 
vieux,  n'ont  plus  que  quelques  rares  feuilles. 

Le  Fusarium,  comme  le  mildew,  se  plaît  pour  exercer  tous  ses  ra- 
vages à  subir  les  influences  des  changements  brusques  et  fréquents  de 
température,  des  alternatives  souvent  répétées  d'averses  et  de  coups  de 
soleil;  en  un  mot,  ilaimeune  température  qui  n'est  ni  franchement 
sèche,  ni  constamment  humide.  11  est  souvent  bien  plus  facile  de  si- 
gnaler l'existence  d'une  maladie  que  d'en  indiquer  le  remède.  Cepen- 
dant à  propos  de  celle  mise  en  vue  dans  ces  iignes,  deux  faits  bien 
certains  résultent  de  nombreuses  observations  suivies  pendant  toute 
une  année  dans  le  département  des  Basses-Pyrénées. 

Le  premier  a  traita  la  résistanco  du  platane  d'Occident  aux  atteintes 
du  mal.  Celte  espèce,  sans  être  complètement  à  l'abri  du  parasite,  est 
moins  endommagée  par  le  végétal  microscopique  et  offre  de  l'ombrage 
là  où  tous  les  autres  sujets  survivent  à  grand'peine  aux  attaques 
de  leur  ennemi.  En  second  lieu,  il  est  à  remarquer  que  les  platanes 
taillés  annuellement,  ou  toutes  les  deux  années,  ne  sonl  pas  afTectés  de 
la  maladie.  Cette  dernière  observation  fournira  peut-être  un  moyen  fa- 
cile et  prompt  de  remédier  au  mal  signalé.  Qu'une  mesure  administra- 
tive ordonne  en  effet  le  rabatlase  des  platanes  dans  tous  les  départe- 
ments envahis  et  le  parasite,  attaqué  de  toutes  parts  dans  ses  organes 
de  reproduction,  disparaîtra  bientôt  totalement  ou  ne  causera  plus  que 
des  dégâts  insignifiants. 

Le  désir  d'arriver  à  ce  résultat  nous  a  dicté  ces  lignes;  il  ne  nous 
manque  plus  que  l'aide  d'hommes  compétents  et  dévoués  pour  engager 
et  soutenir  une  lutte  victorieuse  contre  un  parasite  dont  l'existence 
est  à  peine  soupçonnée  dans  certains  pays  de  France,  tandis  que  dans 
d'autres  il  menace  de  ruine  complète  une  essence  forestière  dont  l'uti- 
lité n'est  plus  à  discuter.  H.  de  Mortillkt. 

SUR  LA  VAINE  PATURE' 

M.  Fisson  a  soumis  au  Comice  de  Lunéville  une  proposition  tendant 
à  la  suppression  ou  au  moins  à  la  réglementation  de  la  vaine  pâture. 
—  La  Commission  nommée  pour  examiner  cette  motion,  s'est  mise  si 
facilement  d'accord,  qu'elle  n'hésite  pas  à  penser  que  la  mesure 
sollicitée  répond  à  un  sentiment  bien  nettement  arrêté  dans  l'esprit 
des  cultivateurs  de  l'arrondissement. 

Il  ne  faut  pas   songer  à  supprimer  la  vaine  pâture,  l'usage  en  est 

1.  Rapport  présenté  au  Comice  de  Lunéville  au  nom  d'une  Commission  composée  de  MM.  Am- 
broise,  avoué,  rapporteur;  Paul  Puirel,  avocat;  Marin,  de  Rehainviller;  Collet,  de  Merfaville; 
Ltiuillier,  d'Einville;  Marchai,  de  Léomont  ;    Fisson.  conducteur,  de  Lunéville. 


270  SUR   LA  VAINE  PATURE. 

trop  enraciné,  il  est  trop  profitable  à  un  grand  nombre  de  communes  ; 
et  enfin,  il  est  trop  précieux  pour  le  pauvre  qui,  bien  que  n'ayant  pas 
de  prés  à  lui,  peut  du  moins,  de  par  la  loi,  envoyer  une  vache  au 
troupeau  commun. 

Dans  les  prairies  abandonnées  à  elles-mêmes,  et  qui  ne  doivent  leur 
valeur  qu'à  la  fertilité  du  sol,  la  vaine  pâture  conserve  son  véritable 
caractère  et  n'a  pas  cessé  de  mériter  son  nom  ;  elle  est  inoffensive,  mais 
il  n'en  est  pas  de  même  là  où  des  travaux  d'amélioration,  dispendieux 
et  difficiles,  sont  venus  donner  au  sol  une  fertilité  d'emprunt,  qui 
réclame  des  soins  et  des  ménagements  constants.  —  Ces  grands 
travaux  sont  trop  nombreux  déjà,  et  leur  nécessité  est  trop  bien  com- 
prise de  tous,  pour  qu'il  ne  soit  pas  nécessaire  d'en  assurer  la  conser- 
vation. 

Dans  les  pays  oià  les  prairies  tirent  surtout  leur  fécondité  de  Jl'ingé- 
nieuse  distribution  des  eaux,  comme  dans  les  Vosges,  la  vaine  pâture  a 
disparu  ou  n'a  jamais  existé. 

La  Commission  pense  que  pour  notre  arrondissement,  qui  se  signale 
par  de  nombreux  travaux  hydrauliques,  l'heure  est  venue  de  demander 
aux  pouvoirs  publics  les  moyens  de  protéger,  dans  une  mesure  raison- 
nable, les  œuvres  dispendieuses  qui  ont  déjà  régénéré  chez  nous  tant 
de  mauvais  terrains. 

Elle  vous  propose  d'émettre  un  vœu  à  l'effet  d'obtenir  que  l'accès 
des  terrains  sillonnés  par  des  raies  d'irrigation  puisse,  au  moyen  de 
signes  apparents  de  défense,  être  interdit  aux  bestiaux  en  pâture. 

Elle  a  la  conviction  que  cette  mesure  si  simple  ne  rencontrerait  pas 
d'opposition  sérieuse  dans  les  campagnes,  qu'elle  y  serait  au  contraire 
accueillie  avec  empressement. 

Resterait  à  prévenir  les  abus.  Si  les  travaux  des  associations  syn- 
dicales doivent  nécessairement  et  en  première  ligne  profiter  des 
mesures  nouvelles,  si  l'on  peut  sans  difliculté  étendre  la  même  faveur 
aux  travaux  particuliers,  lorsque  à  raison  de  leur  importance,  l'admi- 
nistration hydraulique  a  prêté  le  concours  de  ses  agents,  il  ne  faut  pas 
qu'un  propriétaire  trop  habile  puisse,  en  creusant  quelques  rigoles 
dans  son  pré,  se  soustraire  au  détriment  de  toute  la  commune  à  la 
règle  générale. 

Il  y  a  une  mesure  à  garder,  et  nous  pensons  qu'il  conviendrait  de 
confiera  une  Commission  prise  dans  le  Conseil  municipal,  le  soin  de 
tenir  équitablement  la  balance  entre  l'intérêt  particulier  et  le  respect  de 
la  coutume  traditionnelle  de  la  commume. 

Le  Comice  agricole  de  Lunéville  a  déjà  appelé  l'attention  des  repré- 
sentants du  pays  sur  la  nécessité  d'encourager  et  de  faciliter  les 
travaux  d'amélioration  agricole  en  apportant  à  la  législation,  les  modi- 
fications que  réclame  impérieusement   la  situation    de   l'agriculture. 

La  région  de  lEst  attend  notamment  d'un  projet  déposé  à  la  Chambre 
par  plusieurs  de  ses  députés,  l'extension  aux  travaux  d'irrigation  et  de 
drainage  des  associations  syndicales  autorisées  conformément  à  la  loi 
de  1865. 

Mais  le  secours  que  l'agriculture  espère  d'une  législation  mieux 
appropriée  aux  nécessités  actuelles,  ne  saurait  être  vraiment  efficace 
que  si,  en  donnant  aux  cultivateurs  le  moyen  d'exécuter  par  l'asso- 
ciation les  importants  travaux  d'ensemble  dont  l'utilité  ne  se  discute 
plus,laloi  prévoit  en  même  temps  les  moyens  d'en  assurer  la  conserva- 


SUR  LA  VAINE  PATURE.  271 

tion.  C'est  cette  préoccupation  qui  porte  le  Comice  à  signaler  spécialement 
les  inconvénients  de  l'usaye  du  parcours  et  de  la  vaine  pâture  qui  se 
pratique  d'une  façon  presque  générale  dans  l'arrondissement. 

Nous  n'avons  pas  la  prétention  de  trancher  le  débat  que  le  maintien 
ou  la  suppression  absolue  de  la  vaine  pâture  a  soulevé  de  tout  temps, 
nous  pensons  au  contraire  que  la  situation  de  l'agriculture  est  trop 
variable  suivant  les  diverses  régions  du  pays  pour  qu'une  solution 
unique  et  radicale  puisse  satisfaire  et  rassurer  tous  les  intérêts.  Aussi 
les  modifications  que  nous  souhaitons  se  borneraient-ellesà  ce  qui  est 
nécessaire  pour  assurer  la  protection  due  à  des  travaux  dispendieux  et 
difficiles  qui  ont  un  véritable  caractère  d'utilité  générale,  mais  en 
respectant  les  avantages  séiieux  que  beaucoup  de  communes  trouvent 
dans  l'usage  de  la  pâture  en  commun. 

Les  travaux  d'irrigation  sont  déjà  nombreux  dans  la  région;  ils  le 
deviennentchaque  année  davantage,  parce  que  chacun  comprend  qu'ils 
sont  une  des  conditions  principales  du  salut  de  l'agriculture  ;  et 
cependant  les  troupeaux  communs  mal  gardés  ou  presque  abandonnés 
viennent  en  un  instant  détruire  les  raies  et  les  conduites  d'eaux  ou  en 
bouleverser  le  fonctionnement. 

Dans  l'état  actuel  de  la  législation,  la  facnlté  de  se  clore  est  le 
moyen  unique  de  se  soustraire  à  ces  inconvénients;  mais,  pour  les 
associations  comme  pour  les  particuliers,  l'énormité  des  frais  qu'entraîne 
l'établissement  d'une  clôture  suffisante^  rend  presque  toujours  ce  remède 
illusoire. 

Alors  que  la  loi  impose  à  la  vaine  pâture  le  respect  de  toute  récolte 
et  de  toute  prairie  artificielle,  quelque  minime  que  soit  sa  valeur,  elle 
laisse  sans  défense  des  travaux  d'art,  œuvres  d'associations  péni- 
blement fondées  en  dépit  des  ambages  de  la  loi  et  conduites  à  bien  aux 
prix  de  grands  efforts,  d'ingénieuses  et  délicates  combinaisons,  de 
beaucoup  de  science  et  de  beaucoup  d'argent. 

Le  législateur  de  1791  n'avait  cependant  maintenu  la  vaine  pâture 
qu'avec  réserve  «  à  litre  provisoire  «,  et  la  jurisprudence,  s'inspirant 
de  sa  pensée,  ne  l'a  jamais  considérée  que  comme  une  tolérance  des 
particuliers  envers  les  habitants  d'une  commune  —  basée  sur  cette 
idée  qu'elle  est  inofîensive,  comme  l'indique  le  nom  même  que  la  tra- 
dition lui  conserve.  La  vaine  pâture  n'a  de  raison  d'être  qu'autant 
qu'elle  conserve  ce  caractère  essentiel;  aussi  jamais  les  communes, 
quelques  efforts  qu'elles  aient  tentés,  n'ont-elles  réussi  à  transformer 
l'antique  coutume  en  un  titre  de  servitude  sur  les  terrains  parti- 
culiers. 

En  dépit  de  l'usage  qui  est  cependant  immémorial,  on  a  toujours 
reconnu  que  le  propriétaire,  eu  souffrant  sur  son  terrain  le  passage  des 
troupeaux  communs,  n'a  jamais  fait  qu'un  acte  de  tolérance  et  n'a 
jamais  renoncé  au  droit  de  disposer  à  son  gré  dé  sa  propriété  pour  la 
clore,  pour  la  labourer  ou  pour  en  faire  une  prairie  artificielle. 

(domine  conséquence  on  a  pensé  et  l'on  a  jugé  que  la  tolérance  ne 
peut  pas  s'étendre  jusqu'à  laisser  détruire  et  même  détériorer  les  ter- 
rains, et  que  les  propriétaires  qui  ont  soufïort  un  dommage  grave, 
peuvent  toujours  en  demander  réparation  au  propriétaire  du  troupeau 
qui  l'a  causé. 

Il  suffirait  donc,  en  s'inspirant  du  même  esprit  que  le  législateur 
de  1791 ,  d'étendre  le  pouvoir  réglemenlaire  que  l'administration  tient 


272  SUR  LA   VAINE  PATURE. 

déjà  de  la  loi,  en  lui  permettant  d'assurer,  par  des  règlements  muni- 
cipaux, la  protection  des  prairies  dans  lesquelles  ont  été  faits  des 
travaux  d'irrigation,  et  de  lui  donner  le  droit  de  déterminer  ceux  de 
ces  travaux  dont  l'importance  mériterait  la  protection  spéciale  de  la 
loi. 

Tels  seraient  le  sens  et  la  portée  du  vœu,  que  le  Comice  de  Luné- 
ville  prend  la  liberté  de  formuler  et  qu'il  verrait  avec  reconnaissance 
accueiUi  par  les  représentants  du  pays. 

Il  peut  se  résumer  en  quelques  articles  qui  porteraient  : 

1°  Les  terrains  dans  lesquels  auront  été  exécutés  des  travaux  d'irri- 
gation ou  d'assainissement,  pourront  être  soustraits  à  l'usage  de  la 
vaine  pâture. 

2°  A  cet  effet,  l'autorité  déterminera  chaque  année  par  voie  d'arrêté 
municipalles  propriétés  communales  ou  parliculières  auxquelles  s'ap- 
pliquera le  bénéfice  de  cette  prohibition. 

Seront  nécessairement  compris  dans  l'arrêté  les  travaux  exécutés 
par  les  associations  syndicales,  et  même  ceux  appartenant  à  des 
particuliers,  pour  l'exécution  desquels  l'administration  accorde  à 
raison  de  leur  importance  le  concours  des  agents  du  service  hydrau- 
lique. 

Pourront  être  en  outre  compris  dans  l'arrêté  municipal  tous 
autres  travaux  d'irrigation  et  d'assainissement  désignés,  sur  la 
demande  des  propriétaires,  par  une  Commission  prise  dans  le  Conseil 
municipal. 

3°  Les  infractions  à  l'arrêté  seraient  poursuivies  comme  contra- 
ventions de  police  rurale,  à  la  condition  toutefois  que  les  terrains 
exclus  de  la  vaine  pâture  aient  été  munis  par  leur  propriétaire 
de  signes  apparents  de  défense,  conformément  à  l'usage   des  lieux. 

k"  Enfin  ceux  qui  profiteraient  de  cette  faculté  resteront  soumis 
à  toutes  les  prescriptions  de  la  loi  du  (1  octobre  1791,  de  la  même 
manière  que  s'ils  avaient  clos  leurs  héritages.  E.    Ambroisk. 

ÉTAT  DE  LA  CULTURE  EN  NORMANDIE 

LES  ORAGES.  —  LES  ASSUBANGES  AGRICOLES.   —  LA  MOISSON. 

La  seule  chose  qui  fût  à  redouter  comme  présentement  capable  de 
compromettre  notre  belle  récolte  sur  le  point  d'être  rentrée,  ne  nous  a 
pas  été  épargnée.  Depuis  une  quinzaine  de  jours,  notre  région  est  sous 
le  coup  de  Iréquents  orages,  parfois  d'une  violence  extrême,  accom- 
pagnés souvent  déchûtes  de  grêlons  d'un  poids  considérable,  qui  ont 
causé  de  grands  désastres  dans  certaines  parties  de  nos  fertiles  dépar- 
tements de  l'Eure  et  de  la  Seine-Inférieure. 

Les  bienfaits  de  l'assurance  ne  sont  pas  toujours  appréciés,  dans 
nos  campagnes,  comme  ils  méritent  de  l'être,  et  l'usage  n'en  est  pas 
encore  assez  répandu;  aussi,  on  nous  signale  de  tous  côtés  un  grand 
nombre  de  cultivateurs  dont  la  position  se  trouve  en  ce  moment  gra- 
vement compromise,  et  d'autres  qui  sont  absolument  ruinés. 

Cela  coûte  à  tout  le  monde,  surtout  dans  ces  temps  de  gêne,  nous  le 
savons  fort  bien,  d'ajouter  une  dépense  de  plus  à  tant  d'autres  déjà 
très  lourdes,  pour  payer  une  renie  à  un*  compagnie  d'assurance, 
lorsque  la  récolte  n'a  subi  aucun  dégât;  mais  aussi,  dans  des  années 
comme  celle-ci,  combien  on  se  repent  de  n'avoir  pas  eu  recours  à  ce 


KTAT  DE  LA  CULTUUK  EN  NORMANDIE.  273 

moyen  pratique  el  profiUil)le  qui,  en  compensalion  d'un  sacrifice  en 
somme  assez  léger,  nous  permet  de  vivre  tranquilles  en  nous  donnant 
la  certitude  que  nous  ne  sommes  pas  exposés  à  perdre,  en  un  instant, 
le  fruit  de  toute  une  vie  de  travail  et  de  privations  ! 

La  moisson,  terminée  dans  le  Midi,  en  pleine  activité  dans  le  Centre, 
a  commencé  en  Normandie,  il  y  a  quelques  jours  seulement.  La  verse 
est  générale  dans  les  contrées  visitées  par  les  orages,  le  travail  va  être 
long  etditlicile,  la  inain-d  œuvre  chère,  et  nous  craignons  vraiment  que 
les  bras  disponibles  ne  soient  insullisants  pour  accomplir,  en  temps 
opportun,  les  travaux  urgents  dans  nos  fermes. 

D'un  autre  côté,  nous  l'avons  déjà  dit,  et  nous;  le  répétons  sans 
crainte  de  passer  pour  pessimiste  aux  yeux  des  gens  sensés  et  de 
bonne  foi  surtout,  le  sort  de  nos  cultivateurs  devient  de  plus  en  plus 
intolérable,  et  il  faut,  tout  le  monde  en  est  persuadé,  qu'à  bref  délai  il 
soit  donné  satisfaction  à  leurs  justes  réclamations. 

Nous  pouvons  en  parler  sûrement,  nous  qui  sommes  du  métier, 
qui,  du  matin  au  soir,  payons  de  notre  personne  et  de  notre  bourse, 
sous  la  plui(ï  et  sous  le  soleil,  et  que  l'on  ne  peut  accuser  de 
faire  de  l'agriculture  en  chambi'e,  comme  on  l'a  dit  plaisamment  de 
certains  de  mes  collègues  qui  n'habitent  point  la  campagne  comme 
nous,  mais  qui  n'en  valent  pas  moins  pour  cela,  qui  nous  sont  supé- 
rieurs en  science,  et  qui  sont  d'habiles  agronomes  parfailement  au 
courant  des  besoins  de  l'agriculture. 

Ce  n'est,  du  reste,  pas  contestable,  nous  avons  tout  contre  nous, 
absolument  tout!  Nous  sommes  écrasés  par  des  charges  de  toutes 
sortes;  et  voici  qu'en  présence  d'un  surcroît  de  travail,  d'une  véritable 
pénurie  de  bras  el  d'une  main-d'œuvre  dont  le  prix  a  plus  que  doublé 
depuis  quelques  années,  nous  voyons  les  produits  de  la  culture  arri- 
ver à  une  dépréciation  telle  que  la  semaine  dernière  nous  avons  assisté 
à  une  vente  publique  oii  d'excellent  lin,  qui  aurait  bien  valu  700  ou 
800  francs  l'hectare,  il  y  a  à  peine  cinq  ou  six  ans,  a  été  vendu  difli- 
cilement  2.50  francs  seulement,  et  même  il  a  fallu  ma  foi,  presque  prier 
le  seul  acheteur  qui  se  trouvait  là   pour  le  prendre  à  ce  prix  dérisoire  ! 

Et  gardez-vous  bien  surtout  de  croire  que  ce  soit  un  fait  isolé  ;  c'est 
général  au  contraire,  et  c'est  là  l'accueil  que  trouvent  à  peu  près  par- 
tout aujourd'hui  nos  produits  de  la  terre,  avec  lesquels  nous  ne  pou- 
vons plus  faire  d'argent.  Elle  Cassé. 

NOUVELLES  INVENTIONS  AGRICOLES 

ANALYSE   SOMMAIRE  DES    DERNIERS  BREVETS  DÉLIVRÉS. 

161,354.  Lahaye.  5  avril  188i.  Système  de  bordures  de  jardin,  parc,  etc.,  en 
ciment  de  toutes  espèces  el  faisant  des  objets  de  toutes  formes,  dimensions,  dessi7is  el 
couleurs.  —  (Ce  brevet  n'a  pu  nous  être  communiqué  par  radiniuisiration.  Nous 
en  rendrons  compte  uitciieureioent.) 

161,357.  Desforges.  7  avril  1884.  Nouveau  paragdée  des  vignes,  dit  Para- 
çelcc-Ministre.  —  Le  paragelée  se  compose  de  deux  planclies  montées  à  charnières 
l'une  sur  l'autre  :  l'une  est  fixée  sur  un  é:halas  ;  l'autre  se  rabat  sur  la  première 
lorsque  l'instrument  ne  sert  pas.  En  cas  de  danger  de  gelée,  on  ouvre  l'instru- 
ment. Ce  paragelée  peut  également  servir  d'esualier  ou  d'abri  contre  le  vent. 

Il  peut  être  l'ormé  de  trois  planclies  au  lieu  de  deux  :  dans  ce  cas,  celle  du 
milieu  est  fixée  sur  un  échalas  et  les  deux  autres  sont  articulées  de  chaque  côté  ; 
mais  elles  sont  formées  elles-mêmes  des  fragments  d'une  planche  unique  coupée 
obliquement,   dans  son  épaisseur,  de  «  corne  en  coin  »,  de  manière  que,  une  fois 


274  NOUVELLES  INVENTIONS  AGRICOLES. 

rabattues  sur  la  planche  fixe,  le  tout  n'ait  que  l'épaisseur  de  deux  planches.  — 
On  pourrait  enfin  employer  cinq  planches  au  lieu  de  trois,  une  fixe  et  deux  arti- 
culées de  chaque  coté. 

161,'»10.  Rabier.  8  avril  1884.  Trieur  avec  manège  à  "plan  incliné.  —  Le 
trieur,  monté  sur  roues,  est  mù  par  un  plan  incliné  sur  lequel  marche  un  cheval. 
Le  brevet  porte  sur  la  réunion,  sur  un  même  bâti,  d'uu  tiieur  cylindrique  et 
d'un  plan  incliné  ;  étant  transportable  puisqu'il  est  monté  sur  roues,  l'appareil 
peut  aller  de  ferme  en  ferme,  particulièrement  au  moment  des  semailles,  pour 
nettoyer  les  blés  de  semence.  Il  peut  d'ailleurs  servir  pour  toutes  autres  graines. 

Certificats  d'addition.  Société  anokyme  pour  les  procédés  brevetés  de 
LA  FARiNEBiE  Saint-Requier.  (Br.  n»  147,163).  27  mars  1884.  Système  de 
granulaUur  à  grains.  —  Les  brevetés,  ayant  reconnu  qu'un  seul  plateau  suffit,  à 
condition  d'avoir  une  vitesse  suffisante,  remplacent  par  un  plateau  unique  les 
deux  plateaux  mentionnés  dans  leur  brevet  principal.  Ce  plateau  est  fixé  sur  l'arbre 
par  un  calage  unique  qui  remplace  avantageusement  la  clavette  précédemment 
employée.  En  outre,  le  palier  du  haut,  formant  collier,  se  trouve  placé  sous  le 
plateau  au  lieu  d'être  au-dessus. 

Enfin,  les  brevetés  revendiquent  la  substitution  possible,  aux  pièces  porte-la- 
mes, de  heurtoirs  briseurs  en  fonte,  acier,  etc  ,  à  surface  cannelée,  dentelée,  etc. 

Jacquemin.  (Br.  N"  157,020).  3  avril  1884.  Fauclieusc-moissonneuse  à  bras. 
—  Le  breveté  ajoule  à  la  machine  décrite  dans  fon  brevet  princioal  une  disposi- 
tion propre  à  retenir  et  à  détourner  le  produit  de  la  ccupe  pendant  le  moisson- 
nage. Cette  disposition  coasiste  eu  un  cadre  trapézoïdal  placé  derrière  la  lame  ;  ce 
cadre  reste  vide  pendant  le  fauchage,  mais  pendant  le  moissonnage  on  le  garnit 
d'un  tablier  plein  sur  lequel  tombe  la  coupe  et  qu'on  peut  retirer  pour  laisser  tomber 
la  javelle.  Le  certificat  d'addition  porte,  en  outre,  sur  diverses  dispositions 
mécaniques  de  la  machine. 

Société  anonyme  pour  les  procédés  brevetés  de  la  farinefiIE  Saint-Re- 
QUIER.  (Br.  N"  150,207)  4  avril  1884.  Laminoir  clalcur  dédoubkur  pour  fariner ic, 
appliqué  à  la  pulvérisation  des  granules  et  des  gruaux  de  lié.  —  Les  brevetés  ont 
cherché  à  remédier  à  l'échauflement  des  cylindres  hongrois  par  un  autre  pro- 
cédé que  l'emploi  de  l'air,  qui  donne  de  mauvais  résultats  à  cause  de  sa  faiblo 
chaleur  spécifique.  Ils  opèrent  donc  un  refroidissement  continu  à  l'eau.  Pour 
cela,  ils  font  arriver  de  i'eau,  par  les  tourillons,  à  l'intérieur  des  cylindres. 
Un  robinet  de  réglage  permet  de  déterminer  à  volonté  la  quantité  d'eau  introduite. 
Ils  revendiquent  :  l'application  au  rciioidissement  des  cylindres,  de  l'eau  ou 
dun  autre  léfrigérant,  agissant  intérieurement;  les  moyens  employés  pour  faire 
arriver  le  liquide  dans  les  cylindres,  et  les  dispositions  générales  de  l'appareii 
construit  pour  fonctionner  de  cette  manière.         Cii.  Assi  et  L.  Genès, 

Ingénieurs-conseils  en  rraliêre  de  brevets  d  invention, 
36,  boulevard  Voltaire,  à  Paris. 

PARTIE  OFFICIELLE 

Décret  relatif  à  la   circulation    des  raisins,  des  marcs,  etc.,  dans  les  zones  frontières 
de  la  France  et  de  l'Allemagiie. 

Le  President  de  la  République  française, 

Vu  le  oécret  du  15  mai  1882,  rendant  exécutoire  la  convention  internationale 
phylloxérique  conclue  à  Berne,  le  3  novembre  1881  ; 

Vu  la  demande  du  gouvernement  allemand  et  les  mesures  prises  par  bu,  le 
24  mai  1884;  sur  le  rapport  du  ministre  de  l'agriculture,  décrète  : 

Art.  premier.  — Lesraisins  de  vendanges,  marcs  de  raisins,  composts,  terres, 
terreaux,  échalas  et  tuteurs  déjà  employés  peuvent  circuler  librement  dans  les  zones 
frontières  de  la  République  Irançaise  et  de  l'empire  allemand.  Ces  produits  sont 
exempts  des  restrictions  contenues  dans  les  paragraphes  2  à  4  de  l'article  2  de  la 
convention  internationale  phylloxérique  de  Berne. 

Art  2.  —  En  cas  de  doute  sur  le  lieu  de  provenance  de  l'envoi,  les  autorités 
douanières  sont  autorisées  à  exiger,  par  le  moyen  d'un  certificat  de  la  mairie  du 
lieu  de  provenance,  la  preuve  que  l'envoi  en  question  provient  d'un  lieu  non  in- 
festé ou  non  rendu  suspect  par  le  voisinage  di^  foyers  d'in'ection. 

Alt. 3.  —  Les  zones  frontières  comprennent  les  localités  deihacun  desEtats  qui 
ne  sont  pas  éloignés  de  plus  de  15  Itilomèires  de  la  frontière. 

Art.  4.  —  Le  ministre  de  l'agriculture  est  chargé  de  l'exécution  du  présent  décret. 

Fait  à  Paris,  le  5  août  1884.  Jules  (jréyy. 

Par  le  Président  de  la  République  :  Le  nUniiiv^  de  l'agriculture,       J.  Méliisie- 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'AGRICULTURE.  275 

SOCIÉTÉ    NATIONALE    D'AGRICULTURE 

Séiiiice  du  13  aoi'U  1884.  —  Présidence  de  M.  Clievreul. 

M.  Barrai  s'excuse  de  ne  pouvoir,  à  cause  de  son  état  de  maladie, 
assister  à  la  séance. 

M.  Llaurado,  professeur  à  l'Ecole  forestière  de  l'EscuriaF (Espagne), 
fait  hommage  d'une  note  sur  la  culture  du  riz,  par  arrosages  intermit- 
tents; —  etM.  Gaetano  Canloni,  directeur  de  l'Ecole  supérieure  d'agri- 
culture de  Milan,  d'une  étude  sur  les  conditions  actuelles  de  l'abri- 
culture. 

M.  Kremer,  ingénieur  des  arts  et  manufactures,  envoie  une  notice 
sur  ses  travaux  relatifs  aux  nouveaux;  procédés  de  mouture  par  les 
cylindres  métalliques. 

M.  Quéhen-Mallet,  jardinier,  fait  iiommage  de  deux  notices  sur 
la  formation  des  haies  et  sur  la  culture  de  la  vigne  contre  le  phylloxéra. 

M.  Joseph  de  Parieu  transmet  une  notice  sur  l'enseignement  aj;ricole. 

M.  Barrai  envoie  une  note  pour  annoncer  la  mort  de  M.  le  baron 
Thenard  et  exprimer  les  regrets  de  la  Société  pour  cette  perte  cruelle. 

M.  Tisserand  donne  lecture  d'une  note  sur  la  sécheresse  qui  a  sévi, 
durant  l'été  dernier,  en  Australie  et  sur  les  pertes  dont  elle  a  été  cause 
notamment  dans  la  Nouvelle-Galles  du  Sud,  surtout  pour  l'élevage  du 
mouton  ;  plus  du  quart  des  animaux  formant  les  troupeaux  ont  péri.  — 
M.  Bouquet  de  la  Grye  insiste  sur  les  inégalités  extrêmes  de  séche- 
resse et  d'humidité  que  présente  le  climatde  l'Australie.  —  M.  Nouette- 
Delorme  fait  remarquer  qu'il  est  important  de  connaître  ces  faits,  car 
ils  peuvent  exercer  une  grand  intluence  sur  le  cours  des  laines.  —  A. 
cette  occasion  IM.  Chevreul  insiste  sur  la  difficulté  que  présente  souvent 
la  réunion  de  documents  bien  établis  ;  il  en  profite  pour  rappeler  les 
grands  services  souvent  méconnus,  rendus  par  d'anciens  agronomes, 
notamment  par  le  marquis  de  Turbilly  et  par  Turgot  au  siècle  dernier. 

Henry  Sagnieu. 

REVUE  GOIÏÏERGIiLE  ET  PRIX  G)UR\NT  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(16  AOUT  1884.) 
I.    —    Situation    générale. 
Les  offres  en  blés  nouveaux  soat  assez  abondantes  sur  un   grand  nombre  de  mar- 
elles ;  pour  la  •plupart  des  autres  denrées,  les  transactions  sont  peu  importantes. 

II.  — r.ps  grains^et  les  farines. 
Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  ouiNTAr,  métrique, 
sur  les  principaux  marchés  de  la   France    et  de    l'étranger    (la  plupart  des  prix 
s'appliquent  aux  blés  nouveaux)  : 

Blé. 
fr. 

Algérie.  *'°^'(  blé  dm- 16.75 

Angleterre.  Londres 2.1. E.0 

Belgique.  Anvers 21.50 

Pays-lias.  Ainslerdam 2U.ÛÔ 

Alsace-Lorraine.    Strasbourg 25.20 

Allemagne.  Berlin ,. 19.60 

—  Cologne 21.25 

—  Francfort 24.0.0 

Suisse.  Genève 24. .SO 

Italie.  Tur.n 2:i.50 

Espagne.  Harcelons 24.  UO 

Autriche.  Vienne 18.00 

Hongrie.  Budapest 18.30 

}ius;te.  Saint-l'étersbourg. .  Iii..i0 

Etats-Un:!:.  New-York 17.60 


Seigle. 

Orge. 

Avoine' 

fr. 

fr. 

fr. 

s 

» 

» 

» 

12.00 

13. 

50 

» 

19.25 

19. 

,00 

17.85 

2  3.. 50 

21. 

00 

15.90 

» 

I 

:0 .  25 

22.25 

20. 

,75 

18.10 

» 

I 

18.10 

» 

» 

2.1.00 

2J.00 

19 

.50 

18., 50 

19.50 

21, 

.50 

18.00 

,. 

17. 

.50 

n 

» 

1 

16.50 

is.on 

16, 

.70 

15.40 

17.00 

14, 

.T5 

13.00 

D 

10. 

.50 

279 


REVUE  COMMERCIALE   ET   PRIX   COURANT 


1"  RÉCiON.  —  NOBD.OrEST. 

Blé.  Seigle.  Orje.  Avoine. 

fr.  fr.  fr.         fr. 

Caivados.  C:ien 22  90  14.00  18.50     21.50 

—  Lisieux 24.00  14. -iS  18. 00    'io.oo 

C.-du-A'oirf.  Lannion...  21.75  ■>  10. oo     16.50 

—  Tieguier 22.00  »  l'>.50     15.50 

Fimslere.  Mùilaix 22.50  16.50  16.25      16.00 

—  Quimper 23.0)  16.75  la.r.o    16, '.'5 

lUe-et-Vilaine.  Rennes.  ;i.50  »  !6.oo     16.00 

—  .Saint-Malo 22  50  18.00  »            » 

Manche.  Avranches. .. .  23.50  »  19  00 

—  Pontorson 23.00  »  18.50 

—  Villedieu 23.75  19.25  20.25 

J/ayenne.  Laval 23.00  »  » 

—  Cliàteaii-Gontier.  22.50  »  18.00 
A/orbiTian.  Hennebont. .  23.25  15.50  » 
Orne.  .Seez 23.20  »  19.25 

—  Vimoutiers 24.00  16.50  19.00 

Sar<he.  Le  Mans 22.25  16.25  17.00 

—  Sablé 23.00  16.25  18.50 

Priï  moyens i2.37  16.32  17.75 

2*  RÉGION.   —   NORD. 

disne.  Laon 23.40  16.80  » 

—  Chùteau-Thierry.  22.00  16  00  13. oo 

—  Villers  Collerels.  22.50  15.50  » 
Eurt.  Evreux !3  25  14.95  » 

—  Le  Neiibourg 24  00  14  50  20.75 

—  Pacy 23.70  15.00  21.00 

Eure-et-Luir.  Chartres..  23.00  14.25  18.00 

—  Auneau 22  75  14.50  18.25 

—  NoRenl-le-Rotrou.  24.00  »  » 
A'ord.  Lille 24.50  »  17.25 

—  Douai 23.50  15.00  18.75 

—  Valeiiciennes 24.50  17.25  19.70 

Oise.  Beauvais 21.50  1^.75  18.50 

—  Songeons 22.10  "  21.50 

—  Senlis 22  00  15.50  » 

Pas-de-Calais.  Attas...  24.00  17.00  18.75 

—  Sami-Omer 23.75  16  50  19.00 

Seine.  Paris '-'S. 50  16.00  19.60 

8.-e4-.War)ie.  Dammartin.  22.25  15.50  17.50 

—  Meau-i 23  25  16.00  » 

—  Provins 24.00  14  50  20.25 

S.-e(-Oise    Houdan 23.00  14.25  19,25 

—  Pontoise 22.50  15.70  17.50 

—  Versailles 24.00'  15. oo  19.00 

Seine-/n/£^ï'ieure. Rouen.  23.55  14.90  20.50 

—  Fecamp 23.15  15.00  » 

—  Yvetot 22.75  14.50  > 

Somme,  .\bbeville 22.70  1.^.25  21.00 

-      Doullens 24  25  14.00  18.50 

—  Roye 23.00  15.50  17.50 

Prix  moyens 23. 2J  15.32  19.09    19.00 

3-  REGION.  —  NORO.ESr. 

Ardennes.    Sedan 24.75  17.25  20.00    20  00 

—  Betbel 23.50  15.00  17.50         » 

ylube.  Bar-3ur-Aube 23.50  »  17.50     19.50 

—  Nogent-sur-Seine.  23.50  »  18.00        • 

—  Troyes 23.25  16.00  »            » 

arM.  Chllons 22.75  16.25  1950     19.15 

—  Epernay 23.60  15.50  18.50     19.50 

_     lieiins 23  75  16.25  18.00     18.75 

Hte-Marne.  Bourboncie.  22.50  »  »        l;i.60 

4/eurt/ie-«(-A;o.5.  Nancy.  23.25  17.00  19.50    20  00 

—  Lilnaville 24.00  »  »         18.00 

_     Toul 23.00  17.00  18.00     17.50 

yeuse.  Bar-le-Duc 23.75  17.00  19.50     19.00 

_     Verdun 23.50  16.25  »          18.50 

ffaule-Sadne.  Gray 23.25  16.50  17.20     16.75 

—  Vesoul 23.00  16.00  »         16.75 

Vosges.  Epinal 24.75  16.50  »        16.50 

Neufchàteau 23  85  17.00  »_       18.25 

Prix  moyens 23.5  4  16.39  18.47     18.31 

4*  RÉGION.—  OUEST. 

Charenfe.  Angoulème...  23.50  17.50  18.25     18.50 

—  RulTcc 24.00  »  13.00     17.25 

Chor.-M/ff.  Marans 21.75  »  17.50     is.oo 

Deux-Sivres.  Niort  23.25  1S.50  18  00     16.50 

fndr6-e(-/.oi>e.  Tours...  22  50  15.25  17  75     17.00 

—  Château-Renault.  23.05  14.60  19.35     I8.611 

Loire-ZdA  Nantes 22.50  »  «         16.25 

JI/.-e(-/.oire.  Sauniur 23  50  14.50  20.25     17  50 

—  Anaers 23.25  15.75  19  00     19.25 

Vendée.  Luçon 23.00  ■  18.50     16.00 

—  Fontenav-le-Cte..    23.25  »  18.25     17.20 
Vienne.  Cbàteilerault...  23.25  16.00  >        17.00 

—  Loudun 23.00  14.50  20.50     17.00 

i/awie-rien7ie.  Limoges.  23.50  15.25  »        17.50 

IPrilBlOven» 23.09  15.43  18.67     17.18 


20 

50 

20 

25 

21 

50 

17 

50 

17 

00 

17 

50 

19 

60 

21 

25 

19 

25 

18 

6» 

20 

00 

17 

25 

17 

50 

20 

00 

21 

00 

20 

00 

1; 

50 

18 

00 

n 

18 

00 

19 

00 

17 

50 

19 

50 

21 

00 

17 

50 

17 

00 

17 

50 

18 

50 

18 

50 

19 

00 

50 

00 

18 

50 

18 

.75 

21 

50 

22 

50 

22 

00 

21 

.00 

16 

'.'5 

13 

25 

18 

.00 

5*   REGION.  —  CBNTRR 

Ble.  Seigle.  Orge.  AToine. 

|fr.  fr.  (r.  fr. 

Allier.  Montiuçon 23.50  14.00  18.50  17.25 

—  La    Palisse 22.75  15.80  »  16.50 

—  jt-Potirçain 22.50  »  18.00        » 

Cher.  Bourges 22.75  »  18.00  19.50 

—  Aubigny 24.00  15.25  »  ■  19.00 

St-Amand 22.70  »  19.50  17.00 

Creuse.  Aubusson 24.00  16  00  »  17  80 

/ndre.  Cbiteauroux 23.25  15.50  »  16.50 

—  Issoudun 23  00  ■  18  00  18.25 

—  Valençay 23.25  15.50  19.50  17.50 

ioii-el.  Orléans 23.00  15.50  18.00  19.50 

—  Gien 23.00  14.50  18.50  17. 2S 

—  Patay 23.25  »  19.00  18  75 

L.-el-Cher.   Blois 23.25  15.25 '20.50  20.20 

—  Monloire 23.75  »  19. 2j  16  50 

JVièure.  Nevers 23.00  •  21.00  17.50 

—  Clamecy 22.70  •  18.75  19.00 

Yonne    Brienon 23.00  17  00  13.00  19.50 

—  Tonnerre 23.00  14.75  »  17. M 

—  Sens 23.25  16.50  18.00  19.50 

Prix  moyens 23.14  15.  16  18.83  18.13 

6'  RÉ3I0N.  —  EST. 

Air\. Bourg 23,25  17.00  ■•  17  CO 

—  Pont-de-Vaux....    23.00  16  50  »  20.00 
Cô(e-d'(Jr.  Dijon 21.75  i>  13.00  17.00 

—  Beaune 22.25  »  »  17.25 

/Jow/)S.  Besançon 23.00  »  »  18.00 

/sêi'e.  Grortobie 24.50  17.25  »  Î9.50 

—  Bourgoin 23.25  16.50  18.50  18.25 

Jura.  Dôie 22.25  16.50  18.25  16.50 

Loire.  Roanne 23.50  »  »              j» 

P.-de-i'ôme.  Clermonl-F  24.00  17.50  »  18.75 

Rhnne.   Lyon 22.75  15.20  18  73  18.50 

S(ldne-e(-£oii'e.  Cliàlon  .  22.00  16.00  17  50  17.25 

—  .MiUon 33.70  16.65  13.70  18.95 

oouoie.  Chambéry 23.60  i.s.75  »  1900 

//^e-Sauoie.  Thonon 24.25  »  »  21,25 

Prix  moyens 23.13  16  63  18.23  18.37 

7*  RÉGION.  —  SDD-OnEST. 

jiriège.  Pamiers 24.50  18,00  18.00  18.50' 

—  Foix 24  00  18,50  »  19,25 

Dordogne.  Bergerac 23,50  18,70  18,00  18.75 

/ile-GoTOnne.  Toulouse,  23.20  19,00  17,00  19,00 

—  st-Gaudens 25.00  17.00  1S.75  20.00 

Gers.  Condom 24.90  »  »  20,60 

—  Eauze 25,50  1.  »  22,00 

—  Mitande 23,75  »  »  20,00 

Gironde.  Bordeaux 23,25  18  50  18.00  19.50 

—  La  Reole 23,60  »  j»              » 

Landes.  Dax 24.00  18.75  »             o 

£.o(-ei-uaronne, Agen, ..  23,25  18.00  18.50  18. 00 

—  Nérac 23.60  19.25  »  19,00 

fl.-Pyrtviêes.  Bayonne. .  24,50  20  25  »             » 

///es-Pi(rénêes. 'i'arbes..  24.50  20.00  »  20,25 

Prix  moyens 24,06  18,72  18,04  19.56 

8"  HÉpiON,  —  SUD. 

.4ude,  Carcas^onne  ....  24.25  19,00  »  19,60 

/Itiej/ron,  Rodez 23.70  20.25  «  18,00 

Can«a(,  Mauriac 23,75  21.25  «  20  50 

Corrè:e.  Brive 23.80  18,50  18,75  18.50 

Hérault.  Montpellier,..  23.50  »  18.50  18.75 

—  Cette  24.00  •  »  21.50 

£oi.  Cahors 24,00  18,50  18,25  18,75 

Lozère.  Mende 25,65  23,30  »  28.05 

Pt/rénées-Or, Perpignan.  25,70  17,80  24,00  24,45 

Torn.  Albi 24,75  »  »  20,00 

—  Castres 24,50  20,00  »  21  00 

Torn-el-lïor. Montauban  24,25  19.60  18,50  19.50 

prix  moyens 24  32  19.79  1960  20,71 

9'  REGION,  —  SDD-EST. 

Basses-Alpes.  Manosque  24.60  »  »  21,00 

//rtufes-.-Kpes,  Briançon,  24,00  18-50  1S.75  19,20 

Alpes-Marilimes.Xice..  25.00  »  20.00  20.5» 

ylrdfC/ie.  Privas 26.65  17.50  17.00  19.60 

B.-du-nhône.  Arles 24.25  »  »  13.00 

Drùme.   Montélimar  . ..  22.80  16.00  »  17.25 

Gard,  Nimes 24.50  »  16,75  17,20 

Haule-Unre.  Brioude...   23,80  18.75  21.75  17,0» 

l'or,  St-Maxim  n 24.60  »  »             » 

Koucfuse,  Orange 23,50  »  18  75  17.75 

Prixraoyens 24,36  17.69  18,83  18,61 

Moy,  de  toute  la  France  23.62  16.87  18.62  18  71 

—  de  la  semaine  précéd,  23.73  17,05  18,64  18  96 

Sur  la  semaineJHausse.        »  »  »           » 

précédente.. (Baisse..      0,21     0  18  0.02  0.25 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (Ifi  AOUT  1884;.  277 

Blés.  —  Les  réunions  commerciales  qui  suivent  la  moisson  ont  débuté  dans 
quelques  départements.  On  y  réunit  des  renseignemenis  sur  la  production;  les  af- 
l'aires  qui  s'y  traitent  donnent  des  indications  sur  la  probabilité  des  cours.  Pour 
le  moment,  ces  renseignements  sont  encore  assez  restreints;  il  s'en  dégage  néan- 
moins, celte  appréciation  générale  que  la  récolte  peut-être  considérée,  dans- les 
grands  centres  de  production,  notamment  en  Beauce,  comme  un  peu  supérieure  à 
celle  de  1883,  mais  sensiblement  inféiieure  à  celle  de  1882.  Ces  évaluations  ne 
sont  pas  faites  pour  donner  de  l'impulsion  ux  cours,  et  en  l'ait,  c'est  de  la  baisse 
que  nous  avons  à  signaler.  —  A  la  halle  de  Paru,  le  mercredi  1.3  août,  les  af- 
faires ont  été  restreintes  comme  précédemment;  les  cours  accusent  de  la  baisse; 
on  cotait  de  22  fr.  75  à  24  fr.  50  par  100  kilog.  suivant  les  sortes,  ou  en  moyenne 
23  fr.  50,  en  baisse  de  25  centimes  depuis  huit  jours.  Au  marché  des  blés  à 
livrer,  on  cote  :  courant  du  mois,  22  fr.  75;  septembris.  22  à  -22  fr.  25  ;  septembre 
et  octobre,  22  fr.  25;  quatre  derniers  mois,  22  fr.  25;  quatre  mois  de  novem- 
bre, 22  à  22  ir.  25.  —  Au  llavie,  les  aflaires  sont  calmes  sur  les  blés  exotiques; 
les   prix   restent    à  peu  près  sans  variation  ;   les  blés  d'Amérique  se  cotent  de 

21  fr.  50  à  23  fr.  par  100  kilog.  suivant  les  sortes;  ceux  des  Indes  de  21  fr.  50  à 

22  fr.  —  A  Marseille,  la  situation  est  toujours  la  même  ;  les  arrivages  sont  peu 
importants;  les  prix  restent  cotés  par  iOÛ  kilog.  :  Red-Winter,  23  fr.  à  23  fr.  50  ; 
Berdianska,  24  fr.  5  :i  à  25  fr.  ;  Marianopoli,  24  fr.;  Irka-Odessa,  21  à  21  fr.  50; 
Pologne,  21  à  21  fr.  50.  —  A  Londres,  les  affaires  présentent  beaucoup  de  calme; 
les  blés  indigènes  se  cotent  de  22  fr.  50  à  24  fr.;  à  Liverpool,  les  blés  d'Améri- 
que valent  de  22  à  22  fr.  50  ;  ceux  d'Australie,  dé  22  fr.  50  à  24  fr.  20  ;  ceux 
des  Indes,  de  20  fr.  3b  à  21  Ir.  20  suivant  les  sortes. 

Farines.  —  Les  affaires  sont  calmes,  et  les  prix  se  soutiennent.  On  cote  à  Paris, 
pour  les  farines  de  consommation  :  marque  de  Corbeil,  5l)  fr.;  marques  de  choix, 
50  à  52  fr.;  premières  marques,  49  à  50  fr.  ;  bonnes  marques,  47  à  48  fr.;  sortes 
ordinaires,  45  à  46  fr.;  le  tout  par  sac  de  159  kilog.  toile  à  rendre  ou  157  kilog. 
net,  ce  qui  correspond  aux  prix  extrêmes  de  28  fr.  65  à  33  fr.  10  par  100  kilog., 
ou  en  moyenne  30  fr.  85,  par  100  kilog.,  sans  changements  depuis  huit  jours.  — 
Pour  les  farines  de  spéculation,  elles  se  cotaient  à  Paris  le  13  août  au  soir  : 
farines  neuf -marques,  courant  du  mois,  45  Ir.  75  à  46  fr.  ;  septembre,  45  fr.  50 
à  45  fr.  75;  s 'ptembre  et  octobre,  45  fr.  50  à  45  fr.  75;  quatre  derniers  mois, 
45  fr.  50  à  4j  fr.  75;  quatre  mois  do  novembre,  45  fr.  75  à  46  Ir.;  le  tout  par  sac 
de  159  kilog.  toile  perdue  ou  157  kilog.  net.  — Les  farines  deuxièmes  se  ven- 
dent comme   précédemment,  de  35  fr.  à40fr.:  les    gruaux,  de   23  à  25  fr. 

Seigles.  —  L'r.s  prix  sont  assez  soutenus.  A  la  halle  de  Paris,  les  seigles  nou- 
veaux valent  de  16  fr.  25  à  16  fr.  50.  —  Les  farines  de  seigle  se  cotent  de  21 
à  24  fr.  comme  précédemment. 

Orges.  —  Maintien  des  anciens  prix.  Les  orges  se  cotent  de  19  à  20  fr.  par 
100  kilog.  à  la  balle  de  Paris;  les  escourgeons,  de  19  fr.  25  à  19  fr.  50.  —  Les 
prix  des  malts  d'orge  sont  de  32  .à  35  fr.  ;  ceux  des  malts  d'escourgeons,  de 
31  à  32  fr. 

^■lroit«t'.$.  —  Il  y  a  maintien  des  anciens  prix.  Oa  paye  de  18  à  19  fr.  par 
100  kilog.  à  Paris,  pour  les  avoines  noires;  17  fr.  à  17  fr.  50  pour  les  autres  sortes. 

Sarrasin.  —  Prix  fermes;  on  paye  de  17  à  17  fr.  25  à  la  halle  de  Paris. 

Maïs.  —  Les  ventes  sont  toujours  peu  importantes.  Les  maïs  exotiques  se 
vendent  de  14fr.  50  à  15  fr.  par  100  kilog.    dans  les  ports. 

Issues.  —  Les  cours  sont  soutenus.  On  paye  par  100  kilog.,  à  Paris  :  gros  son, 
15  à  16  fr.;  son  trois  case  ,  14  à  14  fr.  50;  sons  fins,  13  fr.  25  à  13  fr.  75;  recou- 
pettes,  13  fr.  50   à  14  fr.;    remoulages  bis  15  à  16  fr.;   blancs,  17  à  18  fr. 
III.  —  Fourrages,  graines  fourragères. 

Fourrages.  —  Les  ventes  sont  nombreuses  ;  les  demandes  sont  actives  pour  les 
pailles  nouvelles.  On  cote,  à  Paris,  par  1,000  kilog.  :  foin,  100  à  112  fr.;  luzer- 
nes, 96  à  108fr.;  sainfoin,  80  à  96  fr.;  paillede  blé,  76  à  94  fr.;  d'avoine,  50  à  64  fr. 

Graines  fourragères.  —  Les  cours  des  graines  de  trèfles,  sont  en  baisse.  On 
cote,àPa"is,  par  iOO  kilog.  :  trèfle  incarnat  hâtif,  46  à  53  IV  ;  tardif,  60  à  70  fr. 
Les  vesces  se  vendent  de  17  à  24  fr. 

IV.  —  Fruits  et  légumes  frais. 

Fruits.  —  On  vimd  à  la  halle  de  Paris  :  abricots,  le  kilog..  0  f'.  70  à  1  fr.  50; 
amandes,  le  100,  1  fr.  50  à  2  fr.  50;  figues,  le  IOO,  7  à  25  fr.;  fraises,  le 
panier,  1  fr.  à  2  fr.  50;  framboises,  le  kilog.,  0  fr.  40  V  0  Ir.  50;  groseilles, 
le  kilog.,    0  fr.  45  à  0  fr.  60;   melons,  la  pièce,  0    fr.   50  à  2   fr.  ;  noisettes, 


278  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX   GOURANT. 

le  kilo».  0  fr.  50  à  0  fr.  60;  pèches  en  primeur,  le  cent  lôl'r.  à  70  fr.  ;  le  kilog. 

0  fr.  40  à  1  fr.  ;  poires  le  cent  10  l'r.  à  20  ;  le  Idlog.  0  fr.  15,  a  0  fr.  60;  prunes  le 
kilog.  0  fr.   15  à  1  fr.  ;  raisins  communs,  le  kilog.  0  fr.  80  à  1  fr.  40 

Gros  Icqumes.  —  Derniers  cours  de  la  halle  :  artichauts  de  Paris,  poivrade, 
la  botte,  0  fr.  10  à  0  fr.  20;  le  cent,  3  fr.  à  16  fr.;  asperges  communes,  la  botte, 

1  fr.  à  3  fr.  ;  carott«s  nouvelles,  les  100  bottes,  40  à  50  fr.;  cboux  nouveaux, 
le  cent,  8  fr.  à  12  fr.;  haricots  verts,  le  kilog.,  0  fr.  10  à  0  fr.  35  ;  en  cosse, 
le  kilog.,  10  fr.  18  à  0  fr.  22  ;  écossés,  le  Htre,  0  fr.  35  à  Ofr.  65;  navets  nou- 
veaux, les  100  Lottes,  25  à  30  fr.;  oignons  nouveaux,  les  100  bottes,  18  à 
25  fr  ;  panais  nouveaux,  les  100  bottes,  10  à  13  fr.;  poireaux  nouveaux,  les  JOO 
bottes,  3  fr.  à  5  fr.;  pois  verts, le  kilog.,  0  fr.20. 

V.  —  Vins.  —   Spiritueux. 

Viiis. —  De  la  plupart  des  vignobles,  les  avis  qui  nous  arrivent  sont  excellents. 
On  se  réjouit  du  temps  qui  règne  et  grâce  auquel  la  vigne  se  développe  avec  vi- 
gueur ;  les  raisins  grossissent,  et,  dans  la  région  méridionale,  la  véraison  com- 
mence. Toutefois  on  voudrait  bien  voir  la  fin  de  la  sécheresse  actuelle  qui,  dans 
un  grand  nombre  de  vignobles,  menace  d'enrayer  la  régularité  de  la  végétation. 
Les  avis  sont  toujours  partagés  sur  les  rendements  des  prochaines  vendanges; 
mais  un  point  sur  lequel  on  est  générelement  d'accord,  c'est  que  la  qualité  du  vin 
sera  excellente.  Les  affaires  ont  pris  un  peu  plus  d'activité,  notamment  dans  le 
Bordelais  :  les  cours  accusent  de  la  fermeté  et  même  un  certain  mouvement  de 
hausse.  Cela  tient  à  ce  que  le  commerce  est  désormais  certain  que  les  vins  nou- 
veaux se  vendront  à  des  taux  élevés.  A  Lyon,  les  vins  de  Beaujolais  se  vendent 
de  110  à  170  fr.  la  pièce  ;  ceux  du  Maçonnais,  de  100  à  135  fr.  ;  ceux  du  Bugey, 
de  80  à  90  fr. 

Spiritueux.  — Peu  d'affaires  sur  la  plupart  des  marchés  et  maintien  des  anciens 
prix.  Dans  le  Mifii,  on  cote  par  hectolitre  :  Béziers,  trois-six  bon  goût,  103  fr.; 
marc,  95  fr.;  —  Cette,  trois-six  bon  goût,  103  fr.;  marc,  90  f'".;  Pézenas,  trois- 
six  bon  goi'it,  101  fr.;  marc,  92  fr.  —  Dans  les  Gharentes,  les  prix  des  eaux-de- 
vie  nouvelles  restent  fixés  de  240  à  250  fr.  par  hectolitre.  —  A  Paris,  ou  cote 
trois-six  fin  Nord  90  degrés,  l''^'  qualité,  disponible,  42  fr.  50  à  42  fr.  75:  sep- 
tembre, 43  à  43  fr.  25;  quatre  derniers  mois,  43  fr.  50  à  43  fr.  75;  quatre 
derniers   mois,  44  fr.  25  à  44  fr.  50. 

Tartres. — Dans  le  Midi,  les  crèmes  de  tartre  valent  290  fr.  par  quintal 
métrique. 

Yerlets.  —  On  paye,  dans  l'Hérault,  de  130  à  136  fr.  pour  les  verdets  en  boules 
ou  en  pains. 

VI.  — Sucres.  —  .)!  classea .  —  Fécules.  —  Houblons. 

Sucres.  —  L'îs  affaires  sont  toujours  aussi  calmes  sur  les  sucres  bruts,  et  les 
prix  sont  en  baisse  pour  toutes  les  sortes.  On  cote  par  100  kilog.  :  à  Paris,  sucres 
hruts,  68  degrés,  35  fr.  75  à  36  fr.  ;  les  99  degrés,  42  fr.  50;  sucres  blancs, 
42  fr.  75  ;  —  à  Lille,  sucres  bruts,  35  fr.  à  35  fr.  50;  sucres  blancs,  43  fr.  50  ; 
à  Valei  ciennes,  sucres  bruts,  35  fr.  50.  Le  stock  de  l'entrepôt  réel  des  sucres 
était,  le  13  août,  à  Paris,  de  <î09,000  sacs  pour  les  sucres  indigènes,  avec  une 
diminution  de  33,000  sacs  depuis  huit  jours.  —  Les  prix  des  sucres  raifinés  restent 
aux  anciens  taux;  on  cote  de  111  50  à  112fr.  50par  100  kilog.  à  la  consommation, 
et  de  4S  à  53  fr.  25  pour  l'exportation.  —  I^es  aiffaires  sont  calmes  dans  les  ports, 
sur  les  sucres  coloniaux. 

hUla^seB.  — Les  mélasses  de  raffinerie  valent  10  fr.   50  par  100  kilog.  à  Paris. 

Fécules.  —  Maintien  des  cours.  On  paye  à  Paris,  32  fr.  par  1©0  kilog.  pour  les 
fécules  premières  du  rayon;  à  Gorapiègne,  31  fr.pour  celles  de  l'Oise. 

Houblons.  —  Les  nouvelles  des  houblonnières  sont  toujours  satisfaisantes.  Dans 
la  plupart  des  centres  de  production,  on  compte  sur  une  récolte,  sinon  très  abon- 
dante, au  moins  de  très  bonne  qualité.  Les  dernières  pluies  ont  tait  beaucoup  de 
bien  à  la  plante. 

VII.  —  Tourteaux.  —  Soirs.  —  Enr/rais. 

Tourteaux.  —  Maintien  des  cours.  On  cote  par  100  kilog.:  à  Caen,  tourteaux 
de  colza,  17  fr.;  à  Bouen,  tourteaux  de  colza,  16  à  16  fr.  50;  de  lin,  21  fr.; 
d'arachides  15  fr.  75;  à  Arras,  tourteaux  d'oeillettes,  15  fr.;  de  colza,  17  fr.  25; 
de  pavot,  12  fr.  75;  de  lin,  21  fr.  50;  —  au  Havre,  tourteaux  de  coton  décorti- 
qués marque  Th.  Pilter,  22  fr. 

Noirs.  —  A  Valenciennes,  on  paye  :  noir  animal  neuf  en  graias,  33  à  36  ir. 
les   100  kilog.;  noir  vieux  grains,  10  à  12  fr.  par  hectolitre. 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (16  AODT   1881).  27^ 

Engrais.  —  Oacatepir  100  kiloç.  :  sulfate  d'amtnoniaiue,  ^7  à  38  fr.  ;  nitrate 
de  soude,  2ifr.  ;  poudre  d'o*,  liai?  l'r.  ;  guauo-s  dissous,  Th.  Pilter,  27  t'r.  5) 
à34fr.;  guano  du  Pérou  égalisé  (garanti  ,  Th.  Pilter,  3}  fr.  — Dins  les  en- 
grais composés,  les  principas  utiles  valent,  par  degré  :  azote,  1  l'r.  80  à  î!  fr.; 
aside  phosphorique  iru'nédiate.nent  soluble,  0  fr.  70  à  0  iV.  80;  acide  phosphoric[ue 
insoluble,  0  fr.  25;  potasse  dins  les  chlorures,  0  fr.  50;  potasse  dans  les  sul- 
fates, 0  fr.  60  à  0  fr.  65. 

VIII.  —  Matières  résineuses,  —  Tcililes. 

Matières  résineuses.  —  A  Dix,  l'essence  de  térébenthiae  pure  est  cotée  47  fr. 
par  100  kilog.,  avec  un  peu  de  hausse. 

Chinvres. — Les  transactions  sont  à  peu  près  nulles  sur  les  marchés  de  l'Ouest. 

IX.  -    iuifs  et  corps  gras. 

Suifs.  — Les  prix  sont  toujours  faibles.  On  paye  à  Paris,  79  fr.  par  100  kilog., 
pour  les   suifs  purs  de  la  boucherie;  59  fr.  25  pour  les  suits  en  branches. 
X.  —  Beurres.  —  Œufs.  —  Fromages.  —  VolaUli's. 

Beurrei.  —  Il  a  été  vendu  pondant  la  semaine,  à  la  halle  de  Paris,  259,91'*  ki- 
log. de  beurres.  Au  dernier  marché,  on  vendait,  par  kilog.  :  en  demi-kilog., 
1  fr.  80  à  4  fr.  20;  petits  beurres,  1  fr.  70  à  2  fr.  74;  Gournay,  I  fr.  98  à 
4  fr.  22  ;  Isigny,  2  fr.  à  6  fr.  04. 

Œufs.  —  I3u  4  au  10  août,  on  a  vendu  à  la  halle  de  Paris  4,623,470  œufs.  Au 
dernier  marché,  on  payait  par  mille  ;  choix  102  à  115  fr.;  ordinaires,  63  à  90  fr.; 
petits,  57  à  63  fr. 

Fromages.  —  Derniers  cours  à  la  halle  de  Pari*  :  par  douzaine  :  Brie,  2  à 
21  fr.;  Montlhéry,  15  fr.;  —  par  cent.  Livarot,  15  à  82  fr.;  Mont-d'Or,  4  à  12  fr.; 
Neufchltel,  2  à  18  fr.;  divers,  3  à  45  fr.;  —  par  100  kilog.  Gruyère,  110  à  185  fr. 

Volai'le.  —  On  vend  à  la  balle  de  Paris  :  Coihons  de  lait,  6  à  11  fr.;  canards 
barboteurs,  de  1  fr.  15  à  5  fr.  30.  —  Crêtes  en  lots,  de  1  à  12  fr.  —  Dindes  gras- 
ses ou  grosses,  de  6  à  7  fr.  50;  communes  de  4  à  5  fr.  25.  —  Lapins  domesti- 
ques, 1  fr.  60  à  5  fr.  —  Oies,  3  fr.  70  à  7  fr.  30.  — Pigeons,  51  c.  à  1  fr.  60. — 
Poules  ordinaires,  2  fr.  50  à  4  4  fr.  —  Poulets  gras,  de  5  à  8  fr.  —  Poulets 
communs,  1  fr.  90  à  2  fr. 

XI.   —  Chevaux.  —  Bétail.  —    Viande. 

Bétail.  —  L?  tableau  suivant  résiima  le  mouvement  officiel  du  mirché  aux  bes- 
tiaux de  la  Villette,  du  jeudi  7  au  mardi  12  aoiît  : 

Poids     Prix  du  kilog.  de  vianle  aetle  sur 
Vendus  moven  pied  au  marcUe  du  i':jaiût. 

Pour  Pour  En         4  quartiers.     L"  2"             3=  Prix 

Amenés.  Paris,  rextèrieur.  lotalité.  itîL.  quai.  quai.  qoal.  moyen, 

Bœufs 4,668  2,974  1,439  4,413  346  1.70  1.56  1.32  1.52 

Vaches 1,403  903  388  1,288  232  1.62  1.4S  1.28  1.43 

Taureaux :i53  286  43  3'>1  393  1.46  1.36  1.24  1.35 

Veaux 3,821  2,015  938  3,0i:?  76  1.76  1.66  1.56  1.66 

Moutons 38,59S  19,039  15,678  35,717  19  2  Oi  1.86  1,76  1.87 

Porcs^ras 6,54*  2,343  3,745  6,031  80  1.38  1.32  1.2r,  1.30 

Lîs  arrivages  des  marchés  de  la  semaine  se  décomposent  comm?  il  suit  : 

Bœufs.  —  Aisne,  II  ;  Allier,  11  ;  Calvadjs,  937;  Charente.  59;  Charante-Inférieure,  86:  Cher, 
75;  Cùte-d'Or,  173;  Cotes-du-Nord,  334;  Deux-Sèvres,  9;  Dordogne.  121  ;  Eure,  46;  Finistère 
43;  Indre,  15  -,  Loiie,  57  ;  Hdute-L'iire,  13  :  Loire-Inférieure,  37  ;  Loiret,  S;  Maine-et-Loire,  141; 
Manche,  53;  Mayenne,  178;  Nièvre.  637  ;  Orne,  553;  Puy-de-Dôme,  32:  Saône-et-Loire,  354  ; 
Sarlhe,  15;  Seine-Inferieure,  28;  Seine-et-Oise,  9;  Vendée,  56  ;  Haute-Vienne,  6;  Yonne,  52; 
Italie,  71. 

Vaches.  —  Aisne,  2;  Allier  10;  Aube,  7;  Calvados,  242;  Charente-Iaférieure,  36;  Cher,  32; 
CÔte-d'Or,  51  ;  Côtes-du-Nord,  6;  Eure,  26;  Enre-et-Loir,  30;  Loire,  23;  Loire-Inférieure,  8  ; 
Loiret,  12;  Lot-et-Garonne,  ,S:  Maine-et-Loire,  IlO;  Manche,  46;  Marn/?,  3;  Haule-Marne,  9  ; 
Nièvre,  256  ;  Oise,  10;  Orne,  103;  Puy-de-Dorae,  78  ;  Saône-et-Loire,  79;  S.irthe,  13;  Seine, 
105;    S'îine-inférieure,  'i4;   Seine  et-Marne.  16;  Sîîne-et-Oise.  4;  Vendée.   24;  Yonne,  43. 

Taureaux.  —  Aube,  6;  Calvados,  56;  Cher,  8;  Cùte-d'Or,  14;  Côtes-du-Nord,  21;  Eure,  8  ; 
Eure-et-Loir,  18;  llle-et-Vilaine,  26;  Loire-Infériaure,  2:  Loiret,  16;  Maine-et-Loire,  12;  Manche, 
26;  Marne,  4;  Haute-Marne,  2;  Mayenne,  9;  Nièvre,  33,  Oise,  14;  Orne,  16;  Puy-de-Dùme,  2; 
Saône-et-Loire,   II;    Sarthe,    14;    Seine-Inférieure,   14;  Seine-et-Oise,  5  ;  Yonne,  29. 

Teaux.  —  Aube,  239:  Calvados,  6;  Canlal,  25  ;  Cùtes-du-Nord,  13;  Eure,  240;  Eure-et- 
Loir,  386  ;  Loiret,  145;  Marne,  105  ;  Oise,  25  ;  Puy-de-Dùme,  143  ;  Sarthe,  246  ;  Seine-Inférieure, 
197;   Seine-et-Marne,  170;  Yonne,  98. 

Moutons.  —  Aisne,  656;  Allier,  285;  Aube,  492;  Aveyron,  368;  Cantal,  1,816;  Charente, 
890;  Cher,  777  ;  Corrèze,  356:  Cote-3"0r,  3u9;  Creuse,  1,293  :  Deux-Sèvres.  188;  Dordogne,  592  ; 
Eure,  50;  Eure-et-Loir,  463  ;  Indre,  1,233;  Indre  et-Loi,e,  133;  Loiret,  94:  Lo;,  1 ,223  :  Lot-et- 
Garonne,  391;  Lozère,  306;  Mame-et-Loire,  205;  Meurihe-et-Moselle,  50;  Nièvre,  865;  Oise, 
I'88;  Ssine-et-JIarne.    430;     Seine-et-Oise,     232;    Tarn-et-Garonne ,    74;    Vienne,   120;   Haute- 


S8  0  REVUE   COMMERCIALE  ET  PRIX  GOURANT   (16  AOUT  1884) 

Vienne,    tlh;    Yonne,  167;   Afrique.   180;  Allemagne,  5,933;   Autriche,  305  ;    Hongrie,    7,97S: 
Italie,  973;  Prusse,  307  :  Russie,  2,542. 

Porcs.  —  Allier,  167  ;  Calvados.  SO  ;  Charente,  54  ;  Charente-Inférieure.  53  ;  Cher,  74  ; 
Côtes-du  Nord,  58;  Creuse,  213;  Deux-,Sèvres,  596;  Eure,  21;  Eure-el-Loire  20;  Haut'î-Garonne, 
34;  lUe-et-Vilaine,  766  ;  Indre,  220  •.  Indre-et-Loire.  103;  Loire-Inférieure,  244;  Loir-et-Cher,  140; 
I.ot,  43;  Maine-et-Loire,  751;  Manolie,  ,S9;  MaYeniie,  66;  Oise,  45;  Orne.  40;  Puy-de-Dotne, 
447;  Saône  et-Loire,  239;  Sarthe,  S21;  Seine,  169;  Seine  Inférieure,  30;  Vendée,  587;  Vienne, 
190  ;  Haute-Vienne,  54;  Yonne,    14. 

Les  transactions  ont  présenté  beaucoup  de  calme  durant  cette  semaine  ;  pour 
la  plupart  des  catégories,  les  prix  n'ont  pas  varié.  —  On  cote  sur  les  marcliés 
des  départements  :  Rouen,  I  fr.  55  à  1  fr.  85  par  kilog.  de  viande  nette  sur  pied; 
vaches  1  fr.  50  à  1  fr.  80;  veau,  1  fr.  30  à  1  fr.  65;  mouton,  1  fr.  85  à  2  fr.  15; 
porc,  1  fr.  à  1  fr.  35  ;  —  Gaea,  bœuf,  1  fr.  70  à  1  fr.  90  ;  vache,  1  fr  50 
à  1  fr.  70;  veau.  1  fr.  50  à  1  fr.  70;  moulon,  l  fr.  70  à  1  fr.  90;  porc,  1  fr.  20 
à  I  fr.  40;  —  Le  Mans,  vache,  1  fr.  45  à  1  fr.  60;  veau,  1  fr.  60  à  1  fr.  70  ; 
mouton,  2  fr.  à  2  fr.  10;  —  Nantes,  bœuf,  0  fr.  85  à  0  fr.  90  par  kilog.  brut  sur 
pied;  veau,  1  fr.  à  1  fr.  05  ;  mouton,  0  fr.  95  à  1  fr  ;  —  Dijon,  bœuf,  1  fr.  6  0 
à  1  fr.  70;  taureau,  1  fr.  20  à  1  fr.  44;  vache,  1  fr.  20  à  1  fr.  68;  veau  (poids  vif), 
0  fr.  88  à  1  fr.  04  ;  mouton,  1  fr.  50  à  1  fr.  80  ;  porc  (poids  vif)  0  fr.  9o'  à  1  fr.;  — 
Lyon,  bœuf,  1  fr.  30  à  1  fr.  68  ;  —  Albi,  breuf,  0  fr.  76  par  kdog.  brut  ;  vac  he, 
0  fr.  74;  veau,  0  fr.  95;  mouton,  0  fr.  90;  brebis  grasses,  0  fr.  80;  —  Nîmes, 
bœufs  français,  1  fr.  30  à  1  fr.  52;  taureau,  1  fr.  40;  vaches  1  fr.  10  à  1  fr.  45  ; 
veau  (poids  vif),  0  fr.  75  à  0  fr.  85;  mouton,  1  fr.  75  à  1  fr.  82;  moutons, 
étrangers,  1  fr.  45à  1  fr.  72;  brebis,  1  fr.  25  à  1  fr.  70;  agneaux  de  champs, 
0  fr.  80  à  0  fr.  85-.  a°;neaux  de  lait,  1  fr.  10  à  1  fr.  20;  —  Nice,  bœuF,  taureaux 
et  génisses.  I  fr.  60  à  1  fr.  65  ;  vache,  1  fr.  35  à  1  fr.  40;  veau,  I  fr.  60  à  1  fr.  65; 
mouton,  1  fr.  55  à  1  fr.  68  ;  brebis,  1  fr.  40  à  1  fr.  45  :  chèvres  et  bœufs,  1  fr.  10 
à  1  fr.  15  :  —  Genève,  bœuf,  1  fr.  60  à  1  fr.  70  ;  vache,  1  fr.  20  à  1  fr.  50  ;  mou- 
ton, 1  fr.  70  à  1  fr.  90;  veau  (poids  vif),  0  fr.  76  à  0  fr.  74;  porc,  0  fr.  90 
à  0  fr.  94. 

Viande  à  la  criée.  —  lia  été  vendu  à  la  halle  de  Pans,  du  5  au  II  août  : 

Prix  da  kilog.  le  i3  août.  

Ifilog.  1"  quai.        2'qual.aal.             3*  q               Choix.  Basse  3cuûheria 

Bœuf  on  vache...    142, 9Si     1.56  à  1.94     1.34  à  1.54     Û.96  à  1.32     1.26  à  2.66  0.20  à  1.26 

Veau ,   165,950     1.70      2.0.)     1.4S       I.U8     1.16  1.46       »  «         »  . 

Mouton 50,214     l.ôd       1.86     1.28       1.48     1.90  1.26     1.66  3.50     >■ 

Porc 26,207  Porc  frais 1.16  à  1.50. 

385,355  Soit  par  jour 55,051  kilog. 

Les  ventes  ont  été  relativement  faibles  pour  toutes  les  catégories.  Les  cours  ont 
peu  varié  depuis  huit  jours. 

XII.  — Marché  aux  bestiaux  de  la  ViUette  du  jeudi  li  aoât  1884. 
Les  nécessités  du  tirage  de  ce  numéro,  à  raison  de  la  fête  de  l'Assomption,  nous 
empêchent  de  donner  les  derniers  cours  des  marchés  de  la  ViUette. 

Xlll.  —  lidnimd. 
Il  y  a  peu  de  variations  dans  les  cours;  mais  il  faut  faire  exception  pour  les  cé- 
réales et  pour  les  sucres,  dont  les  cours  sont  en  baisse.  A.  Remy. 

BULLETIN  FINANCIER 

Il  y  a  phis  de  calme,  depuis  huit  jours,  dans  les  transactions  linaiacières.  On 
cote  à  la  Bourse  :  3  pour  100,  78  fr.  40;  —  3  pour  100  amortissable,  79  fr.  75; 
—  4  et  demi  pour  100  nouveau,  107  tr.  65. 

On  coîe  les  titres  des  établissements  de  crédit  : 
Banque    d'escompte,    518    fr.    75;    Bin([ue  de  Paris  et  des  Pays-Bas,  785   fr.  ; 
Comptoir  d'escompte,  955  fr.;  Crédit  foncier,   1290  fr.;  Crédit  industriel  et  com- 
mercial, 680  fr.  ;  Crédit  lyonnais,  552  fr.  50,  Société  des  dépôts  et  comptes  cou- 
rants,   626   fr.   25;    Société  générale,    462    fr.   50. 

Il  y  a  fermeté  sur  les  valeurs  des  Compagnies  de  chemins  de  fer.  On  paye 
leurs  actions  :  Est,  770  fr.;  Pans-Lyon-Médilerranée,  1,233  fr.  75;  iVIidi, 
1,167  fr.;  Nord,  1,665  fr.;  Orléans,   1,320  fr.  ;   Ouest,    835  fr. 

Escompte  à  la  Banque  de  France,  3  pour  100  ;  intérêt  des  avances,  4  pour  100. 

E.  Féron. 

Le' Gérant  :  A.  Bouché. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  {23  août  issy. 

Les  vacances  parlementaires  et  les  Conseils  généraux.  —  Résultats  de  la  moisson.  —  Baisse  du 
pri\  des  Ijlés.  —  Conséquences  de  cette  baisse.  ^  Projets  de  loi  présentés  par  le  ministre  de 
raj,'riculture  sur  des  modifications  au  tarif  général  des  douanes,  sur  la  répression  des  fraudes 
dans  le  commerce  des  eng'-ais  et  dans  la  vente  des  boissons.  —  Décoration  dans  l'ordre  du 
Même  agricole.  —  Fonds  de  secours  votés  pour  les  populations  éprouvées  par  la  grêle.  —  Le 
phylloxéra.  —  Circulaire  du  ministre  de  l'agriculture  relaiive  au  transport  des  plants,  arbres 
et  arbustes  provenant  des  arrondissements  phylloxérés.  —  Rapport  sur  la  proposition  de 
M.  Pieyre  re'alive  aux  primes  pour  la  culture  des  cépages  américains.  —  Objet  d'art  offert  à 
M.  Pulliat  par  les  viticulteurs  du  Rhône  —  Examens  de  sorlie  et  d'admision  aux  écoles  pra- 
tiques d'agriculture  .Mathieu  de  Dombasle,  d'Ecully,  de  Saint-Bon.  —  Résultats  du  concours  de 
moissonneuses-lieuses  en  Angleterre.  —  Programme  du  concours  départemental  d'animaux 
reproducteurs  de  la  Sarthe.  — Concours  de  juments  poulinières  dans  la  Seine-Inférieure.  — 
Concours  de  la  Société  d'agriculture  de  Douai.  —  Vente  d-!  taureaux  flamands  à  Somain.  — 
Concours  du  Comice  deTr'-voux.  —  Prugramme  d'une  exposition  universelle  d'horticulture  et 
de  pomologie  a  la  Nouvelle-iJr.eaus.  — .N'otes  de  VIM.  Pagnoul,  de  Lentilhac,  sur  l'état  des 
récoltes  dans  les  départements  du  Pas-de-Calais,  de  la  Nièvre,  de  la  Dordogne. 

I.  —  La  silualion. 
Le  Parlement  est  entré  en  vacances  le  I  fi  août;  il  ne  se  réunira  pas 
avant  la  deu.xième  quinzaine  d'octobre.  La  session  des  Conseils  géné- 
raux s'est  ouverte  durant  celte  semaine  :  parmi  les  questions  que  les 
assemblées  départementales  vont  avoir  à  étudier,  celles  qui  touchent 
aux  intérêts  ai^ricoles  devront  prendre  le  premier  rang;  il  n'en  est  pas 
qui,  en  ce  moment,  méritent  davantage  de  fixer  l'attention,  il  n'en  est 
pas  qui  demandent  une  solution  plus  prompte.  C'est  que,  en  effet,  la 
situation  fâcheuse  dans  laquelle  se  trouvent  les  cultivateurs,  au   lieu 
de  s'améliorer,  tend  au  contraire  à  s'aggraver.  La  moisson  des  céréales 
est  aujourd'hui  achevée,  et  des  grains  nouveaux  sont  offerts  en  grande 
abondance  sur  les  marchés.  Les  résultats  de  la  moisson  sont  généra- 
lement satisfaisants  ;  la  coupe  des  épis,  la  rentrée  des  gerbes,  se  sont 
faites  au  milieu  de  circonstances  favorables,  de  telle  sorte  que  la  qua- 
lité  du  grain,  sauf  quelques  exceptions,  ne  laisse  pas  à  désirer.  Les 
cultivateurs  espéraient  donc  que    leurs  blés  seraient  recherchés  par 
le  commerce,  et  sans  oser  espérer  une  hausse  accentuée,  ils  comptaient 
faire  leurs  ventes  au  moins  aux  mêmes  taux  que  pour  ceux  de  1883. 
Leur  déception  a  été  cruelle;  lorsqu'ils  viennent  sur  les  marchés,  ils 
se  trouvent  en  présence  d'un  mouvement  de  baisse  générale  :  depuis 
quinzejours,  le  prix  du  blé  est  tombé  de  1  fr.  dans  la  plupart  des  dépar- 
tements :  la  Revue  commerciale  du  Journal  de  l' agriculture  enregistre 
aujourd'hui,  pour  l'ensemble  de  la  France,  un  prix  moyen  général 
inférieur  à  23  fr.  par  quintal  métrique.  C'est  le  taux  le  plus  bas  qu'on 
ait  eu  à  constater  depuis  plus  de  vingt  ans.  11  est  difficile  d'espérer  que 
la  hausse  reprenne  le  dessus,  car  dans  la  plupart  des  autres  pays  le 
même  mouvement  peut  être  constaté.  L'agriculture  française  subiradonc 
fatalement  en  1884,  une  perte  considérable  parla  mévente  de  ses  blés. 
A  raison  de  20  quintaux  par  hectare,  le  prix  de  23  fr.,  et  il  est  rare- 
ment atteint,  donne  un  produit  brut  de  460  fr.  par  hectare;  avec 
15  quintaux,    ce  n'est   plus  que  350  fr.  ;    avec    10    quintaux,    c'est 
230   fr.    Quelles  sont  les    circonstances  dans  lesquelles  les  frais    ne 
dépassent  pas  ce  chiffre?  La  petite  culture,  celle  qui  n'a  pas  recours 
à  des  bras  étrangers  pour  ses  travaux,  pourra  résister  à  cette  épreuve. 
Il  en  sera  de  même  des  exploitations  dans  lesquelles  les  rendements 
sont   très  élevés,   mais   ces   dernières  forment    encore  une  exception 
trop  générale  dans  la  plupart  des  régions  de  la  France. 
IL  —  Projets  de  loi  intéressant  l'agriculture. 
Dans  la  séance  de  la  (Chambre  des  députés  du  14  août,  M.  Méline, 
ministre  de  l'agriculture,    a  présenté  trois  projets   de  loi  que  nous 

N'  802.  —  Tome  III  de  1884.  —  23  .\oût. 


282  •       CHRONIQUK  AGRICOLE  (23  AOUT   188't). 

devons  si2;naler.  Le  premier  est  relatif  aux  modifications  qu'il  propose 
d'apporter  au  tarif  général  des  douanes  en  ce  qui  concerne  les  animaux 
vivants  et  les  viandes  de  bouclierie;  on  trouvera  plus  loin  (page  .310 
de  ce  numéro)  le  texte  complet  de  l'exposé  des  motifs  de  cet  important 
projet;  nous  n'avons  donc  pas  à  y  insister  ici.  Des  deux  autres  projets, 
l'un  se  rapporte  à  la  répression  des  fraudes  dans  le  commerce  des 
engrais,  lautre  à  la  répression  des  fraudes  commerciales  dans  la  vente 
des  boissons.  Nous  en  ferons  connaître  le  texte;  il  est  peu  probable 
que  ces  projets  viennent  en  discussion  avant  la  fin  de  l'année  1884. 

III.  —  Décoration  pour  services  rendus  à  l'agriculture. 
Le  Journal  officiel  annonce  que,  par  arrêté  du  ministre  de  l'agricul- 
ture en  date  du  16  août,  la  décoration  du  Mérite  agricole  a  été  conférée 
àM.  Pierre-Jean -Baptiste  Drezet,  propriétaire  à  Pierrefontaine  (Doubs)  ; 
services  exceptionnels  comme  président  du  Comice  agricole  du  canton 
de  Pierrefontaine. 

IV.  —  Secours  aux  populations  éprouvées  par  la  grêle. 
Les  orages  de  grêle  survenus  pendant  le  mois  de  j  uillet  ont  fait  éprouver 
des  pertes  considérables  aux  agriculteurs  dans  plusieurs  régions,  notam- 
ment dans  les  départements  de  la  Loire,  de  la  Drôme,  de  Loir-et-Clier, 
ds  la  Haute-Loire,  des  Hautes-Alpes,  de  la  Seine-Inférieure,  de  la 
Somme  et  en  Algérie.  Afin  de  remédier  en  partie  aux  dommages  qui 
ont  été  la  conséquence  de  ces  orages,  le  gouvernement  a  proposé  aux 
Chambres  d'ouvrir  un  crédit  extraordinaire  de  400,000  francs.  Ce  pro- 
jet a  été  adopté  par  la  Chambre  des  députés  et  par  le  Sénat  avant  les 
vacances  parlementaires. 

V.  —  Le  phylloxéra. 
On  sait  que  des  règlements  spéciaux  ont  été  pris  relativement  à  la 
circulation  en  France  des  produits  de  l'horticulture  et  de  l'arbori- 
culture, principalement  en  vue  de  mettre  obstacle  à  la  propagation  du 
phylloxéra.  L'exécution  de  ces  règlements  a  entraîné,  dans  un  certain 
nombre  de  localités,  des  difficultés  assez  grandes,  principalement  en 
ce  qui  concerne  les  certificats  d'origine.  Les  horticulteurs  et  les  pépi- 
niéristes ont  fait  entendre  des  plaintes  à  ce  sujet.  Afin  de  donner  satis- 
faction aux  légitimes  revendications  des  producteurs,  le  ministre  de 
l'agriculture  a  adressé  aux  préfets,  à  la  date  du  31  juillet,  la  circu- 
laire suivante  qui  règle  les  nouvelles  conditions  du  transport  des 
plants,  arbres  et  arbustes  provenant  des  arrondissements  phylloxérés  : 

«  Monsieur  le  préfet,  l'arrêté  du  15  juin  1882  réglemente  la  circulation,  à  l'in - 
téricur  de  la  France,  des  produits  de  l'iiorliculture. 

«  Cet  arrêté  porte,  à  son  article  4,  que  les  plants,  arbustes  et  tous  végétaux 
autres  que  la  vigne  provenant  de  pépinières,  de  jardins,  de  serres  ou  d'orangeries, 
situés  dans  les  arrondissements  phylloKérés  ne  peuvent  être  introduits  dans  les 
arrondissements  indemnes  ou  non  autorisés  à  recevoir  des  cépages  étrangers  ou 
des  cépages  provenant  d'arrondissements  phylloxérés,  que  s'ils  sont  accompagnés 
d'une  déclaration  de  l'expéditeur  et  d'une  attestation  de  l'autorité  compétente  du 
pays  d'origine. 

a  Cette  attestation  doit  certifier  : 

«  1"  Que  les  objets  proviennent  d'un  terrain  (plantation  ou  enclos)  séparé  de 
tout  pied  de  vigne  par  un  espace  de  20  mètres  au  moins  ou  par  d'autres  obstacles 
aux  racines  jugés  suffisants  par  l'autorité  compétente; 

ce  2"  Que  le  terrain  ne  contient  lui-même  aucun  pied  de  vigne  ; 

ft  3°  Qu'il  n'y  est  fait  aucun  dépôt  de  cette  plante; 

«  4°  S'il  y  a  eu  des  ceps  phylloxérés,  que  l'extraction  radicale  en  a  été  opérée  ; 


GIIRONIQUK  AGRICOLE  (23  AOUT    ISHk).  283 

que  des  oju'rations  toxiques  réitérées  ont  été  eft'eciuéos  »t  que  des  investigations 
répétées  pendant  trois  ans  assurent  la  destruction  complète  de  l'insecte  et  des 
racines. 

n  La  nécessité  de  se  procurer  pour  chaque  envoi  un  certificat  d'origine  spéciale, 
soulève  dans  quelques  contrées  horticoles  importantes,  des  dillicultés  considérables 
et  cause,  à  l'automne,  aux  pépiniéristes,  une  grande  gène  pour  effectuer  leurs 
envois  en  temps  utile. 

«  Afin  de  remédier  à  cet  état  de  chose,  j'ai  décidé  qu'une  liste  des  pépiniéristes 
se  trouvant  dans  les  conditions  requises  par  l'article  4  de  l'arrêté  du  15  juin 
1882,  seraitdressée  tous  les  six  mois  par  ledclégué  départemental  du  phylloxéra 
ou  par  le  professeur  d'agriculture  et  serait  transmise  aux  Compagnies  de  che- 
mins de  fer. 

«  Chai|uc  fois  qu'un  envoi  sera  fait,  l'expéditeur  devra,  à  défaut  de  la  présen- 
tation du  certificat  d'origine,  justifier  qu'il  est  porté  sur  cette  liste  par  la  présen- 
tation d'une  déclaration  ainsi  conçue  :  «  Le  soussigné,  expéditeur  de  végétaux  à 

«  destination  de ,   déclare  que  cet  envoi  provient  en  entier  de  son   établisse- 

«  ment,  qu'il  s'est  conformé  aux  prescriptions  de  l'arrêté  du  15  juin  1882  et  qu'il 
«  est  inscrit  sur  la  liste  des  pépiniéristes  se  trouvant  dans  les  conditions  requises 
«  pour  être  autorisé  à  expédier  ses  produits.  » 

«  De  cette  façon,  les  retards  qu'entraînait  la  production  du  certificat  d'origine 
seront  évités  sans  diminuer  les  précautions  nécessaires  pour  la  circulation  des 
produits  horticoles. 

«  Il  est  bien  entendu  que  ces  modifications  à  apporter  aux  prescriptions  de 
l'arrêté  du  15  juin  1882  se  rapportent  exclusivement  à  la  circulation  des  produits 
horticoles  en  France  et  que  rien  n'est  changé  aux  expéditions  à  l'étranger  qui  res- 
tent toujours  régies  par  le  décret  du  15  mai  1882  rendant  exécutoire,  en  France, 
la  convention  internationale  phylloxérique  conclue  à  Berne,  le  3  novembre  1881. 

«  Je  vous  prierai.  Monsieur  le  prélet,  de  vouloir  bien  assurer  l'exécution  de 
cette  décision  et  inviter  votre  délégué  départemental  à  dresser,  de  suite,  la  liste 
des  pépiniéristes  se  trouvant  dans  les  conditions  requises. 

«  Vous  aurez  soin  de  faire  insérer  cette  circulaire  au  Recueil  des  actes  adminis- 
tratifs de  votre  département  et  de  m'adresser,  tons  les  six  mois,  les  listes  qui 
auront  été  dressées. 

«  Recevez,  etc.  Le  ministre  de  l'agriculture^  J.  Méline.  » 

On  se  souvient  que  W.  Pieyre,  député,  a  fait  à  la  Chambre  une  pro- 
position de  loi  ayant  pour  objet  d'accorder  une  prime  aux  agriculteurs 
qui  reconstitueraient  leurs  vignobles  au  moyen  de  cépages  américains. 
Dans  la  séance  du  31  juillet,  M.  Michou  a  présenté,  au  nom  de  la 
Commission  d'initiative  parlementaire,  un  rapport  sommaire  sur  cette 
proposition  ;  la  Commission  est  d'avis  qu'il  n'y  a  pas  lieu  de  prendre 
en  considération  la  proposition  de  M.  Pieyre. 

VI-  —  Epilogue  des  conférences  viticoles  de  Vilkfranche. 

La  dernière  réunion  de  la  Société  régionale  de  viticulture  du  Rhône 
a  été  marquée  par  un  touchant  incident.  A  l'ouverture  de  la  séance, 
M.  Vautier,  président,  a  olïertà M.  PuUiat,  professeur  à  l'Institut  natio- 
nal agronomique,  au  nom  de  la  Société  régionale  et  des  viticulteurs 
présents  aux  conférences  de  Villefranche,  un  magnifique  objet  d'art 
représentant  la  vendange.  Cet  hommage,  qui  s'adresse  aussi  bien  au 
dévoué  secrétaire  général  de  la  Société  de  viticulture  qu'au  savant 
ampélographe  français,  prouve  que  les  viticulteurs  ne  sont  pas  ingrats, 
qu'ils  savent  apprécier  ceux  qui  leur  font  du  bien;  c'est  la  juste 
récompense  du  dévouement  rais  par  M.  PuUiat  à  l'organisation  des 
dernières  conférences  viticoles  de  Villefranche. 

VII.  —  Ecole  pratique  d'agriculture  Mathieu  de  Dombasle. 
Le  Comité  de  surveillance  et  de  perfectionnement  de  l'Ecole  pratique 
d'agriculture  Mathieu  de  Dombasle  s'est  réuni   à   l'établissement  le 
lundi  4  août  pour  procéder  au  classement  des  élèves.  Après  avoir  pris 


284  CHRONIQUE  AGRICOLK   (23  AOUT   I881»). 

connaissance  des  examens  parliculiers  et  généraux  de  l'année  sco- 
laire 1883-1884,  il  a  accordé  le  diplôme  de  fin  d'études  àMM.  Legrand, 
Aubert,  Tliiiion,  Tanlon,  Vigneron,  Noirtin,  Singla,  Moureaux  et 
Dérobe.  Le  Comité  a  proposé  ensuite  de  répartir  de  la  manière  suivante 
les  primes  volées  par  le  Conseil  général,  et  les  médailles  offertes  par 
M.  le  minisire  de  l'agriculture  :  à  l'élève  Legrand,  de  Neuvilly  (Nord), 
une  médaille  d'or  et  5(J0  fr.  ;  Aubert,  de  laBazoge(Sarthe),  une  médaille 
d'argent  et  300  fr.  ;  Thirion,  d'Azerailles  (Meurthe-et-Moselle),  une 
médaille  de  bronze  et  200  fr. 

Les  examens  d'admission  auront  lieu  à  l'école  le  samedi  20  sep- 
tembre à  1  heure  du  soir.  La  renlrée  est  fixée  au  lundi  6  octobre  Des 
bourses  et  fractions  de  bourses  pourront  être  allouées  aux  candidats 
qui  en  auront  fait  la  demande  et  qui  subiront  avec  succès  les  examens 
d'entrée.  Les  inscriptions  seront  reçues  à  la  préfecture  de  Meurthe-et- 
Moselle,  ou  au  siège  de  l'école. 

Le  prospectus  de  l'établissement  est  envoyé  aux  personnes  qui  eo 
font  la  demande  à  la  direction,  à  Tombiaine,  près  Nancy. 
VIIL  —  Ecole  praiique   d' agriculture  (fEcuUy. 

Les  examens  de  sortie  onl  eu  lieu  le  4  août,  sous  la  présidence  de 
M.  Prillieux,  inspecteur  général  de  l'enseignement  agricole.  Les  élèves 
sortants,  au  nombre  de  six,  se  sont  fait  remarquer  par  des  connais- 
sances théoriques  et  pratiques  très  satisfaisantes,  et  qui  leur  ont  valu 
les  éloges  de  l'inspecteur  et  des  membres  de  la  Commission 
de  surveillance.  Les  jeunes  gens  ayant  obtenu  leur  diplôme  sont,  dans, 
l'ordre  de  mérite  :  1,  MM.  Déaux  (Rhône)  ;  2,  Payebin  (Saône-et- Loire)  ; 
3,  Dumoulin  (Rhône);  4,  Druguet  (Isère)  ;  5,  Beau  (Rhône);  6,  Lau- 
rent (Rhône). 

Les  examens  d'entrée  auront  lieu  le  6  octobre.  Cette  école  est  placée 
sous  la  direction  immédiate  de  M.  le  ministre  de  l'agriculture;  son 
organisation  et  sa  proximité  de  Lyon  permettent  d'y  faire  d'excellentes 
études,  aussi  a-t-elle  déjà  fourni  *i3lusieurs  élèves  à  l'Institut  agro- 
nomique. Pour  tous  les  renseignements  on  doit  s'adresser  à  M.  Deville, 
directeur  de  l'Ecole  pratique  d'agriculture,  à  Ecully  (Rhône). 
IX.  —  Ecole  pratique  d' agriculture  de,  la  Haute-Marne. 

Les  examens  d'admission  à  l'Ecole  pratique  d'agriculture  de  Saint- 
Bon  et  le  concours  des  bourses  de  l'Elat,  du  département  et  de  la 
Société  d'agriculture  de  Chaumont  auront  lieu  le  lundi  15  septembre 
prochain,  à  l'hôtel  de  la  préfecture,  devant  la  Comité  de  surveillance, 
présidé  par  un  inspecteur  général  de  l'enseignement  agricole. 

Les  candidats  doivent  être  âgés  de  quinze  ans  et  aptes  aux  travaux 
des  champs.  Les  pièces  à  fournir  pour  leur  inscription  sont  :  une 
demande  sur  papier  timbré  à  0  fr  60  c.  ;  un  extrait  de  naissance; 
un  certificat  de  vaccine  ;  le  tout  dûment  légalisé,  devra  êlre  adressé  à 
M.  le  préfet  de  la  Haute-Marne,  avant  le  14  septembre. 

Pour  plus  amples  renseignemenls,  on  doit  s'adresser  à  la  préfecture 

de  Chaumont  et  aux  sous-préfectures  de  Langres  et  de  Wassy.   Les 

intéressés  et  leurs  familles  peuvent  visiter  l'Ecole  de  Saint-Bon,  près 

Biaise,  tous  les  jours,  de  sept  heures  du  matin  à  six  heures  du  soir. 

X.  —  Concours  de  moissonneuses-lieuses  en  Angleterre. 

Dans  notre  dernière  chronique,  nous  avons  donné  (page  246)  des 
détails  sur  le  concours  des  moissonneuses-lieuses  et  de  lieuses  indé- 


CHRONIQUE  AGRICOLE   (23  AOUT    18M).  285 

pendantes  orjranisé  par  la  Sociélé  royale  d'agriculture  d'Angleterre, 
près  de  Shrewsbury.  A  ce  concours,  on  a  vu  fonctionner  seize  moisson- 
neuses-lieuses, dont  dix  de  construction  anglaise  et  six  de  construction 
américaine.  A  la  suite  des  essais  exécutés  sur  des  champs  de  blé, 
d'avoine  et  d'orge,  lejury  a  décerné  les  deux  prix  offerts  par  la  Société- 
royale  d'agriculttire,  comme  il  suit  :  premier  prix,  consistant  en  une 
somme  de  '2,500  fr.,  MM.  llornsljy  et  lils,  de  Granlliam  ;  —  deuxième 
prix,  consistant  en  une  somme  de  1,250  Ir.,  MM.  J.  et  F.  Howard,  de 
Bedford.  Le  prix  à  attribuer  aux  lieuses  indépendantes  n'a  pas  été 
décerné. 

XI.  —  Concours  départemental  de  la  Sarlhe. 
Le  dixième  concours  départemental  annuel,  organisé  par  la  Société 
des  agriculteurs  de  la  Sartlie,  sous  la  direction  de  M.  Courtillier,  son 
président,  se  tiendra  au  Mans,  du  11)  au  21  septembre.  Ce  concours 
comprend  les  animaux  reproducteurs  des  races  chevalines,  bovines, 
ovines  et  porcines,  et  une  exposition  de  machines  et  instruments 
agricoles  ouverte  à  tous  les  constructeurs  français  et  étrangers  ;  il  y 
est  adjoint  un  concours  d'animaux  de  basse-cour.  On  n'y  admei,  que 
des  animaux  appartenant  à  des  agriculteurs  du  département  de  la  Sar- 
the,  et  en  leur  possession  depuis  au  moins  le  1"  mai  1884.  Les  cult£> 
Tîiteurs,  fermiers  ou  métayers,  auront  seuls  le  droit  de  concourir  dans- 
les  trois  catégories  de  l'espèce  bovine;  les  propriétaires  ne  pourront 
concourir  que  dans  la  catégorie  des  durhams  purs.  Un  exposant  ne 
pourra  recevoir  qu'un  seul  prix  dans  chaque  section;  il  pourra  toute- 
fois présenter  autant  d'animaux  qu'il  voudra;  des  mentions  honora- 
bles, constatées  par  des  plaques,  pourront  être  accordées  lorsque  plu- 
sieurs animaux  de  la  même  section,  appartenant  au  même  exposant, 
mériteront  d'être  primés.  Les  animaux  primés  aux  concours  des  années 
précédentes  ne  pourront  l'être  celti?  année  que  s'ils  concourent  dans 
une  section  supérieure,  ou  s  ils  ont  mérité  un  prix  supérieur  à  celui 
qu'ils  ont  déjà  obtenu.  La  Société  appelle  tout  particulièrement  l'atten- 
tion des  fermiers  et  métayers  de  la  Sirlhe,  sur  celte  disposition  du  pro- 
gramme qu'ils  concourent  seuls  el  à  Vexclusion  des  cultivateurs  pro- 
priétaires, dans  la  \"  catégorie,  composée  des  races  mancelle  et 
diverses  du  pays,  et  dans  la  3'  catégorie,  composée  de  croisements 
durhams,  et  que  pour  ces  deux  catégories  le  montant  des  primes  est 
de  4,345  francs. 

XIL — Concours  hippiques  dans  la  Seine-Inférieure. 
Les  concours  de  juments  poulinières  organisés  chaque  année  par  la 
Société  centrale  d'agriculture  de  la  Seine- Inférieure,  se  tiendront,  en 
1884,  comme  il  suit  :  pour  les  juments  poulinières  de  l'arrondissement 
de  Rouen,  à  Rouen,  le  vendredi  5  septembre;  pour  l'arrondissement 
de  Neufchàtel,  à  Neufchâtel,  le  samedi  6  septembre  ;  pour  l'arrondis- 
sement de  Dieppe,  à  Dieppe,  le  lundi  8  septembre  ;  pour  l'arrondisse- 
ment du  Havre,  à  Goderville,  le  mardi  9  septembre;  pour  l'arrondis- 
sement dYvetot,  à  Yvetot,  le  mercredi  10  septembre.  —  Aucune  jument 
ne  sera  admise  au  concours  qu'autant  :  1°  qu'elle  sera  de  demi-sang; 
2°  qu'elle  sera  âgée  de  quatre  ans  au  moins,  sans  maximum  d'âge 
(circulaire  ministérielle  du  25  février  187G);  3"  qu'elle  sera  exempte 
des  vices  rédhibitoires  définis  par  la  loi  ;  4"  qu'elle  sera  suitée  de  son 
produit  de  l'année  issu  d'un  étalon  de  pur  sang  ou  de  demi-sang,  et 


286  CHRONIQUE  AGRICOLE  (23  AOUT  1884). 

saillie  à  nouveau  par  un  de  ces  étalons  ;  5°  qu'elle  appartiendra  depuis 
trois  mois  à  un  propriétaire  de  la  circonscription  du  concours. 
XIII.  —  Société  d'agriculture  de  Douai. 

Le  concours  annuel  organisé  par  la  Société  d'agriculture  de  Douai 
se  tiendra  à  Somain  (Nord),  le  dimanche  24  août.  Des  primes  y  seront 
décernées  pour  la  tenue  des  fermes,  pour  les  bonnes  fermières,  pour 
la  culture  maraîchère,  l'enseignement  agricole,  le  labourage,  etc. 

Des  jeunes  et  beaux  taureaux  de  race  flamande  pure,  achetés  par  la 
Société  d'agriculture  de  Douai,  seront  vendus  publiquement  sur  le 
lieu  du  concours  et  sur  la  mise  à  prix  de  150  fr.  par  tête.  L'acqué- 
reur d'un  taureau  devra  s'engager  à'ie  conserver  dans  l'arrondisse- 
ment de  Douai  pendant  deux  ans. 

XIV.  —  Concours  du  Comice  agricole  de  Trévoux, 

Le  Comice  agricole  de  Trévoux  (Ain)  tiendra  son  concours  annuel  le 
jeudi  4  septembre  à  Alontluel.  Des  primes  y  seront  décernées,  sous  la 
direction  de  M.  de  Monicault,  président,  pour  les  exploitations  rurales, 
pour  la  création  de  pâturages  clos,  pour  les  animaux  reproducteurs, 
pour  la  mécanique  agricole,  pour  les  instituteurs.  Le  Comice  de  Tré- 
voux a  décidé  d'employer  une  partie  de  ses  ressources,  pour  cette 
année,  en  primes  d'étalonnagd  attribuées  à  des  taureaux  choisis  au 
concours  ;  le  nombre  de  ces  primes  sera  de  deux  par  canton. 

XV .  —  Exposition  universelle  d' horticulture  à  la  Nouvclle-Orle'ans. 
Une  exposition  universelle  est  organisée  sous  les  auspices  des 
Etats-Unis  d'Amérique,  à  la  Nouvelle-Orléans,  à  l'occasion  du  cente- 
naire de  l'introduction  du  coton  dans  la  Louisiane.  Cette  exposition 
durera  du  1"  décembre  1884  au  31  mai  1885.  La  Commission  d'or- 
ganisation a  décidé  dy  donner  ime  importance  spéciale  à  l'horticulture 
et  à  la  pomologie.  Elle  fait  appel  aux  producteurs  du  monde  entier. 
Le  programme  de  cette  exposition  est  très  large.  Pour  les  fruits,  des 
sections  spéciales  sont  ouvertes  aux  collections  de  pommes,  de  poires, 
de  fruits  tropicaux  (oranges,  citrons,  ananas,  bananes,  etc.),  aux  pla- 
queminiers  du  Japon,  aux  coings,  noix,  noisettes,  etc.  Les  principaux 
prix  consisteront  en  médailles  d'or,  accompagnées  d'une  somme  de 
250  dollars  1^1,250  iV.).  En  ce  qui  concerne  les  plants  et  les  arbres, 
des  sections  sont  réservées  aux  arbres  fruitiers,  aux  arbres  et 
arbustes  rustiques  à  feuilles  persistantes,  aux  arbustes  d'ornement, 
aux  arbres  et  aux  arbustes  à  feuilles  caduques,  aux  rosiers,  aux 
oignons  à  fleur,  aux  plantes  en  pot,  aux  plantes  de  parterre.  Le  com- 
missaire pour  les  produits  étrangers  est  M.  P.-J.  Berckmans,  à 
Augusta,  Géorgie  (Etats-Unis  d'Amérique). 

XVI.  —  Nouvelles  de  l'état  des  récoltes  en  terre. 
Les  communications  de  nos  correspondants  se  rapportent  principa- 
lement aux  travaux  de  la  moisson  et  aux  effets  de  la  sécheresse.  — - 
M.  Pagnoul,  directeur  de  la  Station  agronomique  d'Arras,  résume 
comme  il  suit  les  phénomènes  météorologiques  et  l'état  des  récoltes 
dans  le  département  du  Pas-de-Calais  : 

a  On  commençait  à  la  fin  du  mois  de  juillet  à  faucher  le  blé  qui  promettait  un 
boa  renderaenl;  il  en  sera  de  même  de  l'escourgeon;  le  seigle  est  rentré  dans 
d'excellentes  conditions.  Les  betteraves  sont  assez  belles,  mais  elles  paraissent 
soulFrir  sur  (juelques  points  où  l'on  signale  un  étiolemeat  prématuré  des  feuilles. 
Malgré  les  conditions  favorables  de  juillet,  la  plante  se  ressent  encore  du  froid  et  de 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (23  AOUT    1884).  287 

la  sécheresse  de  juin.  On  se  plaint  partout  de  l'action  des  pucerons  qui  ont  noirci 
les  lèves  et  entravé  le  développement  du  grain.  Les  pommes  de  terre  sont  très 
belles  partout.  Les  œillettes  sont  également  assez  belles  et  leur  arrachage  ne  tar- 
dera pas  à  commencer.  » 

Le  Journal  de  la  Nièvre  présente  les  appréciations  suivantes  sur  la 
situatioQ  agricole  dans  la  Nièvre,  à  la  date  du  15  août  : 

«  La  sécheresse  persistante  que  nous  traversons  a  eu  sur  la  situation  l'influence 
qui  résulte  logiquement  des  circonstances  météorologiques  analogues.  C'est  ainsi 
que  dans  les  années  sèches  1870,  187G,  1881,  nous  avons  constaté  les  mêmes 
faits  agricoles  que  nous  allons  résumer  ici. 

<t  En  ce  qui  concerne  les  céréales  d'hiver  et  noire  grande  récolte  des  blés, 
moisson,  rentrée,  battage,  enimagasinement  et  emmeulage  des  pailles,  tout  s'est 
fait  dans  des  conditions  exceptionnelles  de  facilité  et  d'économie.  Pas  un  brin  de 
paille  n'a  été  mouillé.  Il  en  est  de  même  des  foins;  eu  sorte  que  tous  ces  pro- 
duits sont  d'excellente  qualité  et  compensent  par  là,  soit  pour  l'alimentation  des 
hommes,  soit  pour  celle  des  animaux,  la  quantité,  qui  laisse  à  désirer. 

«  Les  pommes  de  terre,  haricots,  betteraves,  les  cultures  sarclées  en  général 
souffrent,  et  la  plupart  d'entre  elles  ne  pourront  se  relever;  les  carottes  montent 
à  graine  en  masse;  les  légumes  de  nos  jardins  se  flétrissent  sur  pied,  restent 
rabougris  et  attendent  avec  avidité  l'eau  qui  doit  les  rafraîchir  et  les  ranimer. 

ic  La  vigne,  qui  ne  craint  heureusement  guère  la  sécheresse,  fait  espérer, 
malgré  les  gelées  d'avril,  une  récolte   passable   en  quantité,  bonne  en  qualité. 

«  L'année  a  été  assez  bonne  pour  les  orges,  mais  médiocre  pour  les  avoines, 
ce  qui  n'a  pas  lieu  d'étonner,  cette  plante  ayant  accompli  sans  pluie  les  dernières 
phases  de  sa  végétation. 

('  Les  regains  ont  été  dévorés  par  la  sécheresse;  mais  les  maïs  se  sont  bien 
comportés;  cette  résistance  doit  engager  a  en  augmenter  de  plus  en  plus  la  culture.» 

M.  de  Lentilhac  nous  adresse  de  Saint-Jean  d'Ataux,  à  la  date  du 
10  août,  la  note  qu'on  va  lire  sur  la  situation  agricole  dans  le  dépar- 
tement de  la  Dordogne  : 

«  La  pluie  des  9  et  10  juillet  avait  suffisamment  humecté  le  sol  pour  permettre 
de  commencer  le  déchaumage  des  blés  afin  de  faire  la  rave  d'hiver,  cette  précieuse 
ressource  de  nos  étables  en  Périgord.  Ceux  qui  ont  pu  enlever  rapidement  leur 
blé  pour  se  livrer  à  ce  travail  auront  bien  réussi  ;  quant  à  ceux  qui  attendent  au- 
jourd'hui la  pluie  pour  labourer,  car  le  sol  fortement  desséché  se  refuse  absolu- 
ment à  la  pénétration  de  la  charrue,  il  est  à  craindre  qu'ils  ne  puissent  ensemen- 
cer à  temps.  Un  dicton  local  dit  que:  s'il  pleut  à  la  Sainl-Barlhélemij,  il  ne  manque 
de  raves  ni  de  regains;  or,  d'ici  au  24,  un  orage  peut  survenir,  ce  serait  fort  à 
désirer  pour  notre  contrée  déjà  assez  malmenée  pour  ses  fourrages. 

«  La  sécheresse  qui  sévit  en  ce  moment  commence  à  donner  quelques  soucis 
à  nos  agriculteurs.  Dans  les  sables,  le  maïs  sèche  sur  pied,  la  betterave,  le  hari- 
cot, la  pomme  de  terre  se  llétrissent,  le  tabac  demi-développé  montre  les  carac- 
tères d'une  maturité  anticipée:  la  vigne  seule  semble  se  réjouir  de  la  température 
élevée  dont  nous  jouissons.  Beaucoup  de  grappes  certainement  sont  avariées  ou 
perdues  sous  les  ravages  de  l'oïdium,  mais  celles  qui  lui  ont  échappé,  et  elles  sont 
nombreuses,  ont  acquis  un  développement  de  nature  à  défier  toute  atteinte  jusqu'à 
la  maturité.  " 

Les  travaux  de  la  moisson  peuvent  être  considérés  comme  terminés  ; 
dans  la  plus  grande  partie  de  la  France,  ils  ont  été  exécutés  dans  des 
conditions  favorables.  Mais  la  persistance  de  la  sécheresse  a  fait  naî- 
tre presque  partout  des  craintes  justifiées  sur  l'avenir  des  récoltes 
d'été  ;  heureusement  des  pluies  sont  survenues,  qui,  sans  être  très 
abondantes,  ont  été  assez  générales  pour  donner  à  la  végétation  une 
partie  de  l'eau  qui  lui  est  nécessaire;  mais  elles  ont  été  tardives  pour 
beaucoup  de  localités.  La  végétation  de  la  vigne  continue  à  être  régu- 
lière; toutefois,  dans  quelques  localités,  notammmenten  Bourgogne,  de 
violents  orages  de  grêle  ont  diminué  sensiblement  l'espoir  des  prochai- 
nes vendanges,  J.-A,  Barral. 


288  SO   lETh;  NATIONALE  U  AGRICULTURE. 


SOCIÉTÉ    NATIONiLE    D'AGRICULTURE 

Séance  du  20  août  18S4.  —  Présidence  de  M.  Ckevrtul. 

M.  Barrai  s'excuse  de  ne  pouvoir,  à  cause  de  si>n  élat  de  maladie, 
assister  à  la  séance. 

M.  Lézé,  professeur  à  l'Ecole  nationale  d'agriculture  de  Grignon, 
fait  hommage  d'un  rapport  sur  les  progrès  récents  de  l'industrie  lai- 
tière en  Danemark  et  en  Hollande. 

M.  Cagny,  vétérinaire  à  Senlis,  lauréat  de  la  Société,  écrit  pour 
poser  sa  candidature  à  une  place  de  co  respondant. 

M.  Maurice  envoie  son  rapport  sur  les  lauréats  des  primes  d'Iion- 
neur  de  la  petite  culture  et  de  l'horticulture  au  concours  régional 
d'Epernay. 

M.  Bouchardat  fait  une  communication  sur  la  fabrication  des  vins 
de  sucre.  Il  insiste  sur  la  nécessité  de  n'employer,  pour  laire  les 
deuxièmes  cuvées,  que  des  matières  de  première  qualité,  c  esl-à-dire 
du  sucre  de  canne  pur;  le  sucre  dont  il  conseille  de  se  servir  est  le 
sucre  en  gr'ins  titrant  de  98  à  9i)  pour  100  de  sucre  pur;  il  estime 
qu'il  faut  verser  l'eau  sucrée,  à  la  température  convenable,  sur  les 
marcs  non  pressurés,  après  le  soutirage  de  la  mère-goutte;  les  marcs 
pressés  donnent  des  résultats  moins  bons.  Pour  donner  de  l'acidité  au 
vin  de  sucre,  on  doit  njouter  une  certaine  proportion  d'acide  citrique 
ou  d'acide  tartrique,  mais  plutôt  d'acide  citrique.  Quelques  observa- 
tions ciont  ensuite  présentées  par  MiM.  Bouquet  de  la  Grye,  Chatin, 
Berlin,  Chevreul.  M.  Chatin  ajoute  plusieurs  det;iils  qui  confirment  les 
indications  de  M.  Bouchardat.  MM.  Bertin  et  Mangon  font  observer  que 
le  sucre  de  betterave  pur  peut  servir  pour  le  sucrage  au  même  titre 
que  le  sucre  de  canne.  M.  Chevreul  insiste  sur  le  danger  que  présente 
rinfluence  de  matières  étrangères  impures,  et  il  demande  à  .M.  Bou- 
chardat son  opinion  sur  le  plâtrage  des  vins.  M.  Bouchardat  ajoute  que 
le  plâtrage  a  pour  effet  de  remplacer  d  tUs  le  vin  le  bitarlrate  de 
potasse  par  le  sulfate  de  potasse,  qu'il  n'y  a  pas  d'exemple  de  maladies 
dues  à  l'emploi  de  vins  plâtrés,  mais  que  les  vins  de  suctc  bien  faits 
sont  bien  supérieurs  aux  vins  plâtrés  et  alcoolisés  à  l'excès  que  nous 
envoient  l'Italie  et  l'Espagne. 

M.  Bénard  présente  son  rapport  sur  le  voyage  agricole  en  Allema- 
gne et  en  Autriche  de  la  délégation  de  la  Société  d'agriculture  de 
Meaux,  Il  insiste  sur  les  conditions  cultu raies  de  la  betterave  à 
sucre,  sur  l'organisation  des  sucreries  dans  lesquelles  les  cultivateurs 
jouent  un  très  grand  rôle,  sur  l'usage  des  engrais  complémentaires  et 
sur  l'instruction  professionnelle  dont  la  plupart  des  cultivateurs  alle- 
mands donnent  la  preuve.  Quelques  observations  sont  ajoutées  par 
MM.  Heuzé  et  Champonnois  sur  la  comparaison  de  la  culture  de  la 
betterave  à  sucre  en  Allemagne  et  en  France. 

M.  Bouley  fait  connaître  les  résultats  d'une  étude  de  MM.  Nocard  ej 
MoUereau  sur  une  mammite  contagieuse  des  vaches  laitières  ;  après 
avoir  constaté  la  nature  microbienne  de  cette  maladie  et  sa  contagiosité, 
ils  ont  trouvé  le  moyen  de  la  combattre  par  l'injection  de  solutions 
étendues  d'acide  borique  dans  les  trayons.  M.  Bouley  fait  re-narquer 
que  c'est  une  application  très  remarquable  des  méthodes  scientifiques 
en  médecine.  Henry  Sagnier. 


DISCOURS  PRONONCÉ  AUX  OBSÈQUES  DE  M.  THENARD.  289 


DISCOUIIS  PRONONCE  SUR  LA  TOMBE  DE  M.  TIIENARD 

Permettez-moi  de  rendre  un  pieux,  hommage  à  un  vieil  ami,  à  celui 
que  nous  pleurons  en  ce  moment.  D'autres  voix  plus  autorisées  vous 
diront  les  services  que  M.  Tlienard  a  rendus  dans  le  domaine  delà 
science.  Je  ne  vous  parlerai  devant  cette  tombe  que  de  l'ami  et  de 
l'agriculteur.  Nous  savons  avec  quelle  ardeur  et  quelle  persévérance  il 
a  approfondi  les  questions  dont  les  solutions  pratiques  devaient  con- 
tribuer aux  progrès  dîs  diverses  brandies  de  l'agriculture.  Quand  il 
jouissait  d'une  bonne  santé,  personne  n'était  plus  heureux  que  lui  de 
suivre,  comme  membre  du  jury,  les  concours  régionaux,  et  de  prendre 
une  part  active  aux  tournées  de  la  prime  d'honneur.  C'était  un  rappor- 
teur emérile,  une  plume  Facile  et  élégante,  unobservateur  d'une  grande 
compétence  auquel  rien  n'échappait  dans  l'examen  des  millo  détails  de 
la  ferme.  Il  se  plaisait  surtout  à  décrire  un  intérieur  modeste  où  le  fer- 
mier, sa  femme  et  ses  enfants  représealenl  dans  les  campagnes  ces 
familles  heureuses  qui  reflètent  la  paix  et  le  bien-être,  conséquence 
naturelle  du  travail  et  de  la  bonne  entente  du  ménage. 

Plus  tard,  l'Académie  des  sciences,  la  Société  d'encouragement,  la 
Société  nationale  d'agriculture,  et  la  Société  des  agriculteurs  de 
France  lui  ont  souvent  fourni  l'occasion  de  défendre  énergiquement 
les  intérêts  de  l'agriculture.  Nous  n'oublierons  jamais  avec  quelle 
activité  ce  chercheur  infatigable  a  étudié  le  nouveau  fléau  de  la  vicrae 

C  ...  O 

dès  sa  première  apparition  sur  le  territoire  français.  A  la  Société  des 
agriculteurs  de  France,  on  l'écoutait  religieusement  quand  il  venait 
exposer  ses  observations  et  ses  propres  expériences.  Aucun  chimiste 
n'a  mieux  étudié  les  remèdes  à  employer  contre  le  terrible  insecte  qui 
menaçait  d'anéantir  en  peu  d'années  les  plus  riches  vignobles  de 
la  France.  C'est  aux  recherches  de  M.  Thenard  que  nous  devons  la 
découverte  du  meilleur  et  du  plus  eflicace  des  insecticides;  je  veux 
parler  du  sulfure  de  carbone,  l'unique  remède  à  appliquer  dans  les 
localités  privées  d'eau,  ce  qui  est,  pour  la  vigne,  le  cas  le  plus  ordi- 
naire et  le  plus  général. 

On  peut  dire  que  cette  vaste  intelligence  a  embrassé  dans  ses 
recherches  toutes  les  questions  qui  intéressaient  l'agriculture  fran- 
çaise :  machines,  animaux,  cultures,  industries  agricoles,  rien  ne 
lui  était  étranger.  Il  en  parlait  avec  l'autorité  et  la  compétence  d'un 
savant  éminent  et  d'un  praticien  consommé.  Paul  Thenard  offrait  cette 
originalité  charmante  de  se  plaire  également  dans  la  société  des  grands 
et  des  petits.  Personne  n'exerçait  une  plus  large  hospitalité  à  l'égard  des 
savants  de  la  France  et  de  l'étranger,  personne  non  plus  ne  se  rappro- 
chait plus  volontiers  du  simple  paysan  :  il  se  plaisait  à  l'interroger  sur 
ses  travaux  et  sur  sa  famille  et  il  prenait  un  véritable  intérêt  à  ses 
succès  comme  à  ses  peines.  A  ïalmay  et  dans  ses  autres  résidences  il 
était  l'ami  et  le  protecteur  de  tous  ceux  qui  étaient  dans  le  besoin  ou 
dans  le  malheur.  Sa  charité  pour  les  gens  malheureux  était  inépui- 
sable, il  la  pratiquait  avec  cette  délicate  discrétion  qui  double  la 
valeur  d'un  bienfait. 

La  mort  imprévue  de  M.  Thenard  n'est  pas  seulement  une  perte 
irréparable  pour  la  science  et  pour  l'agriculture  :  elle  laisse  dans  sa 
compagne  si  affectueuse  si  dévouée,  dans  M.  et  Mme  Arnoult-Thenard 


290  DISCOURS  PRONONCE  AUX  OBSEQUES  DE  M.  THENARD. 

ses  enfants,  et  dans  ses  nombreux  amis,  un  vide  que  rien  ne  saurait 
combler.  Il  était  l'iiomme  de  bien  par  excellence,  une  belle  intel- 
ligence et  un  noble  cœur  plein  de  patriotisme  et  de  dévouement  au 
bien  public.  C'était  avant  tout  une  nature  aimable  et  généreuse,  un 
ami  sincère  et  dévoué,  dune  aménité  et  d'une  bienveillance  incom- 
parables. 

Il  a  supporté  la  souffrance  avec  une  résignation  et  une  patience 
admirables.  Si  quelque  chose  peut  adoucir  en  ce  moment  la  douleur 
de  cette  cruelle  séparation,  c'est  de  penser  que  cet  homme  de  bien 
trouve  auprès  de  Dieu  le  repos  et  le  bonheur  qu'il  a  si  bien  mérités  par 
ses  vertus  et  ses  grandes  qualités.  A.  Boitel, 

Membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture 

METEOROLOGIE  DU  MOIS  DE  JUILLET  1884. 

Voici  le  résumé  des  observations  météorologiques  faites  au  parc 
de  Saint-Maur  en  juillet  1884   : 

Moyenne  barométrique  à  midi  :  758™'". 34;  minimum  le  10  à  4  lieures  du  soir, 
750""°. 27;  maximum  le  l''' juillet  à  8  heures  du  matin,  764'". 02  (le  31  à  8  et 
9  heures  du  matin,  763'". 93). 

Moyennes  thermomélriques  :  des  miniraa,  I3''.46;  desmaxima,  26". 02;  du  mois, 
19''.7'4;  moyenne  vraie  des  24  heures,  19". 25.  Minimum  le  20  au  matin,  7". 6  ; 
maximum  le  13  entre  midi  et  1  heure,  33". 9. 

Tension  moyenne  de  la  vapeur  :  1 1""".34  ;  la  moindre,  le  26  à  2  heures  du  soir, 
'""'.6;  la  plus  grande  le  13  à  10  heures  du  matin,  16'"'". 6. 

Humidité  relative  moyenne,  71  ;  la  moindre,  le  3  à  3  et  4  heures  du  soir,  28  ; 
la  plus  grande  l(i0,  ou  la  saturation  en  7  jours. 

Pluie  :  41'"'". 0  en  29  heures,  réparties  en  11  jours;  une  seule  journée  d'orage, 
le  10,  a  fourni  13'^'". 7  d'eau  en  2  heures;  le  17,  il  est  tombé  9'"'". 3  d'eau  en 
4  heures  45  minutes  ;  les  autres  pluies  ont  été  faibles. 

Température  moyenne  de  la  Marne,  22". 73  ;  elle  a  varié  de  19^87  le  29  au  matin 
à  25". 83  le  4.  Elle  est  restée  tout  le  mois  claire,  et  très  basse. 

Nébulosité'  moyenne,  50.  ,Ni  jours  entièrement  clairs,  ni  jours  entièrement 
couverts. 

Les  venlSy  presque  toujours  faibles,  ont  été,  sauf  quelques  exceptions,  au  voisi- 
nage du  SW. 

Les  20  et  26,  brouillard  dans  la  vallée  de  la  Marne  à  4  heures  du  matin. 

Il  y  a  eu  9  jours  d'uragc  et  4  jours  d'éclairs. 

Moyennes  à  7  heures  du  malin  :  baromètre,  758'"'". 72  .■  thermomètre,  17°. 03; 
tension  de  la  vapeur,  11'"'". 77  ;  humidité  relative,  81  ;  nébulosité,  58. 

Relativement  aux  moyennes  normales,   le  mois  de  juillet  1884  pré- 
sente les  résultats  suivants  :  baromètre  plus  haut  de  ()"™.28;  thermo- 
mètre plus  haut  de  T. 25  ;  tension  de  la  vapeur  plus  grande  de  0""".05  ; 
humidité  relative  un  peu  moindre;  ciel  plus  clair. 

LeSjuillet,  floraison  du  Brachypodium  pinnatum  et  du  Yucca  fila- 
mentosu;  le  11,  floraison  du  Catalpa;  le  V2,  floraison  de  l'Origanum 
majorana;  le  16,  lloraison  del'Eryngium  amethystini:m;  le  2^,  tlorai- 
son  de  l'Absinthe  commune;  le  27^  lloraison  du  Sedum  telephium  ; 
abricots  mûrs;  fruits  du  mûrier.  E.  Rendu, 

Membre  delà  Société  nationale  d'agricultu  e. 

SELECTION  ET  ÉLEVAGE  DES   RAGES  LAITIÈRES  —  Il 

En  ce  qui  regarde  les  races  laitières,  on  peut  comparer  entre  elles 
par  exemple  la  race  de  Jersey  avec  la  race  hollandaise,  et  celles-ci  avec 
'la  race  de  Guernesey.  Entre  ces  races  il  est  permis  d'hésiter  dans  le 
choix  et  de  différer  dans  la  préférence  qu'on  peut  donner  à  l'une  sur 


SÉLECTION  ET  lÔLEVAGE  DU  BÉTAIL  A  LAIT.  29] 

les  autres.  Mais  quand  il  s'agit  de  déterminer  l'aptitude  au  dévelop- 
pement de  la  cliair  et  à  l'engraissement  linal  pour  la  boucherie,  l'iié- 
sitation  n'est  plus  possible,  lorsque  la  race  durham  entre  comme  terme 
de  comparaison.  Car  celte  race,  pour  ces  qualités  précieuses,  l'emporte 
incontestablement  sur  toutes  les  autres.  11  ne  s'agit  pas  seulement  ici 
de  la  race  pure,  mais  cette  supériorité  s'attache  à  tous  les  degrés  con- 
génères obtenus  par  le  croisement  avec  n'importe  quelle  autre  race.  Il 
y  a,  en  effet,  dans  le  sang  durham  à  n'importe  quel  degré  d'infusion, 
une  puissance  de  transmission  des  qualités  laitières  et  de  viande,  qui 
n'existe  dans  aucune  autre  race,  et  c'est  cette  prépondérance  d'atavisme 
utile  et  améliorant  qui  fait  rechercher  par  les  éleveurs  de  tous  les  pays 
civilisés  les  taureaux  durhams,  comme  éléments  d'amélioration  avec 
toutes  les  autres  races.  C'est  cette  précieuse  qualité,  observe  M.  Tis- 
dall,  qui,  ajoutée  à  celle  non  moins  éminente  d'une  abondante  sécré- 
tion laitière,  qui  rend  la  race  durham  supérieure  à  toutes  les  antres  ra- 
ces pour  le  but  que  se  proposent  lefermier-laitier  enparticulieret  tous  les 
agriculteurs  en  général,  partout  où  la  possession  et  l'entretien  d'un 
troupeau  debêtesà  cornes  sont  une  nécessitéde  l'économie  de  la  ferme. 
C'est  ce  que  démontre  au  delà  de  toute  controverse,  ce  fait  que  dans 
les  principaux  districts  laitiers  de  l'Angleterre,  les  troupeaux  se  com- 
posent soit  de  durhams  purs,  soit  des  produits  de  croisements  répétés 
entre  les  races  du  pays  et  des  taureaux  durhams. 

Ici,  en  effet,  il  ne  s'agit  point  d'engouement  irréfléchi.  Les  fermiers- 
laitiers  ne  visent  qu'à  la  production  du  lait  et  à  la  réalisation  avanta- 
geuse de  leurs  vaches,  lorsque  l'entretien  de  celles-ci  cesse  d'être  lucratif 
pour  la  laiterie.  Le  but  que  ces  praticiens  se  proposent  n'est  point 
d'élever  des  durhams  pour  la  satisfaction  d'une  fantaisie  ou  d'une  pré- 
férence irréfléchie,  mais  pour  en  obtenir  le  plus  grand  bénéfice 
possible.  La  préférence  qu'ils  donnent  à  la  race  durham  est  donc  mo- 
tivée par  des  raisons  purement  commerciales,  et  il  ne  s'agit  pour  eux 
que  d'élever  la  race  la  plus  avantageuse  à  ce  point  de  vue  pratique. 

Je  me  suis  souvent  demandé  comment  il  se  lait  qu'en  iVance,  malgré 
l'évidence  manifeste  des  qualités  laitières  transcendantes  de  la  race  dur- 
ham, la  légende  du  contraire  ait  si  longtemps  prévalu,  et  obtient  encore 
une  croyance  si  obstinée.  M.  Tisdall  explique  cette  anomalie,  comme 
je  l'ai  maintes  fois  expliquéemoi-même.  C'est  que  jusqu'à  ces  dernières 
années,  la  plupart  des  éleveurs  anglais  n'avaient  en  vue  que  la  beauté 
des  formes  et  l'aptitude  à  l'engraissement.  Peu  importaient  les  facultés 
laitières,  c'était  surtout  de  la  viande  et  de  beaux  animaux  bien  gras 
que  l'on  voulait.  L'idée  qu'eurent  les  frères  Colhng  de  promener  par 
toutes  les  foires  leur  bœuf  phénoménal,  le  Durham.  Ox,  eutl'effet  d'at- 
tacher à  la  race  une  réputation  exclusivement  charnue.  Race  durham 
voulait,  dire  dans  l'opinion  publique,  race  à  viande.  Une  fois  cette 
idée  entrée  dans  l'esprit  des  masses,  on  ne  rechercha  plus  dans  la  race 
que  l'aptitude  à  l'engraissement,  on  perdit  de  vue  absolument  les  qua- 
lités laitières  tout  aussi  merveilleuses  que  celles  de  l'aptitude  à  l'engrais- 
sement. D'un  autre  côté,  à  l'époque  du  fameux  Z)»rAr(ft}Oj3,lapopuîation 
industrielle  de  l'Angleterre  prit  un  essorextraordinaire  sous  l'impulsion 
d'une  prospérité  manufacturière  aussi  rapide  qu'elle  fut  étendue.  Il  fallait 
de  la  viande  pour  nourrir  celte  population  énorme,  avide  de  roastbeef 
et  gagnant  des  salaires  suffisants  pour  la  payer.  A  cette  époque,  et 
jusqu'à  ces  dernières  années,  l'industrie  laitière  était  généralement  né- 


292  SÉLECTION  ET  ÉLEVAGE  DU  BÉTAIL  A  LAIT. 

gligée  parmi  les  agriculteurs  anglais,  qui  ne  songeaient  qu'à  la  produc 
tion  de  la  viande.  Cette  tendance  générale  de  l'élevage  anglais  dut  na 
turellement  réagir  sur  la  race  elle-même,  et  lors  des  premières  impor 
talions  de  reproducteurs  de  race  durham  en  France  par  M.  de  Sainte- 
Marie,  lesquelles  eurent  lieu  à  l'époque  oîi  cette  influence  se  faisait  le 
plus  sentir,  il  n'est  pas  douteux  que  cette  spécialité  de  boucherie  ne 
prévalîit  dans  la  race  comme  dans  l'opinion  publique.  Mais  avant  cette 
époque  de  transition  la  raceétait  non  seulement  renommée,  mais  recher- 
chée pour  ses  qualités  laitières.  J'ai  ci  té  des  exemples  de  cette  précieuse  fa- 
culté chez  des  animaux  devenus  légendaires  et  dont  la  renommée  était  en 
pleine  vigueur  bien  avant  les  frères  CoUing.  Mais,  on  aurait  tort  de  cro  ire 
que  tous  les  éleveurs  de  durhams  en  Angleterre  aient  subi  l'influence  de 
l'engouement  exclusif  des  qualités  de  boucherie  de  celte  admirable  race. 
Les  Booth,  les  Knightiy,  et  surtout  Bâtes,  furent  assez  sages 
et  clairvoyants  pour  résister  à  cet  entraînement  général,  et  les  tau- 
reaux Hubbak,  Favourile,  Ketlon,  Earl  of  Dublin,  Belvédère,  Duke  of 
Norlh'inibeiiaiid,  etc.,  etc.,  doivent  surtout  leur  célébrité,  aux  qualités 
laitières  inhérentes  à  leur  sang,  qu'ils  transmettaient  infailliblement  à 
leurs  produits.  Comme  je  l'ai  dit,  une  puissante  réaction  s'est  produite 
en  Angleterre,  dans  l'élevage  de  la  race  durham,  dont  on  cherche,  au- 
jourd'hui, à  développer  surtout  les  aptitudes  laitières.  A  cet  effet,  les 
éleveurs  recherchent,  au  prix  des  plus  grands  sacrifices,  les  reproduc- 
teurs appartenant  aux  familles  qui  comptent  parmi  leurs  ancêtres  les 
taureaux  les  plus  remarquables  par  leur  puissance  de  transmission  des 
qualités  laitières  qui  distinguent  leurs  familles,  et  c'est  cette  considé- 
ration qui  aujourd'hui  rehausse  surtout  la  valeur  des  reproducteurs  de 
la  race  durham  en  vue  de  l'amélioration  des  autres  races  soit 
comme  premier  croisement,  soit  pour  la  transformation  finale 
de  celles  qui  ont  déjà  subi  l'influence  amélioratrice  du  sang  durham, 
par  des  croisements  antérieurs  et  répétés. 

Ce  à  quoi  l'on  vise  aujourd'hui,  et  c'est  le  but  que  je  me  suis  proposé 
moi-même  dans  mon  élevage,  de  rechercher  et  de  réunir  les  produits  épars 
de  ces  grandes  familles  laitières  de  l'ancienne  race  durham,  et  de  les 
accoupler  avec  jugement  d'après  des  combinaisons  d'aptitudes  raison- 
nées,  afin  de  reconsiituer  peu  à  peu  la  grande  famille  laitière  de  celte 
admirable  race.  On  avait  heureusement  à  opérer  sur  des  sujets,  au  plus 
haut  degré,  dociles  à  l'impulsion  de  ces  efforts.  L'aptitude  à  la  sécré- 
tion d'un  lait  abondant  et  riche  est  tellement  inhérente  à  lu  nature  de 
la  race  durham,  qu'une  fois  soumise  à  un  traitement  spécial  et  judicieu- 
sement combiné,  de  manière  à  solliciter  et  à  entretenir  le  retour  à  cette 
prérogative  laitière  qui  avait  été  si  longtemps,  et  dès  l'origine,  le  pré- 
cieux apanage  de  la  race,  le  plus  heureux  succès  est  venu  couron- 
ner ces  efforts.  La  race  durham  convertit  facilement  la  nourriture  qu'on 
lui  donne,  soit  en  graisse,  soit  en  lait.  L'excès  de  ses  qualités,  dans  la 
tendance  à  l'assimilation  en  graisse,  ne  peut  s'allier  à  l'assimila- 
tion en  lait.  La  graisse  exclut  le  lait,  et  les  éleveurs  qui  ont 
voulu  satisfaire  leur  pente  vers  l'engraissement  ont  pu  y  réussir 
au  delà  de  leurs  désirs,  tant  la  nature  généreuse  des  races  durham 
est  prête  à  donner  ce  qu'on  exige  d'elle.  Mais  cela  n'a  pu  s'accomplir 
qu'aux  dépens  de  la  production  du  lait.  A  force  de  diriger  l'élevage  de 
la  race  vers  cette  production  exclusive  de  la  viande,  on  est  parvenu  à 
atrophier,  sinon  à  totalement  détruire  la  faculté  laitière  chez  quelques 


SÉLECTION  ET  ÉI-EVAGE  DO  BÉTAIL  A  LAIT.  293 

familles,  mais  celte  atrophie  n'a  été,  bien  heureusement,  qu'une  éclipse 
passagère,  et  une  tendance  plus  rationnelle  donnée  à  l'élevage,  depuis 
quelques  années,  n'a  pas  tardé  à  rétablir  dans  la  race  cette  faculté  si 
précieuse  de  la  sécrétion  d'un  lait  riche  et  abondant,  qu'une  fausse 
direction  et  qu'une  économie  erronée,  mal  conçue  et  fatale  dans  ses 
effets,  avaient  momentanément  suspendue. 

Les  agriculteurs  anglais  possèdent,  pour  remédier  à  l'état  de  choses 
causé  par  une  trop  grande  nécessité  d'approvisionner  en  viande  les 
marchés  de  leur  pays,  un  avantage  qui  nous  manque  en  France,  mais 
qu'il  nous  est  heureusement  facile  de  créer.  Les  Anglais  possèdent  dans 
le  Yorkshire  surtout,  sur  les  collines  des  Cotswolds,  dans  presque  tous 
les  comtés  du  nord  et  du  centre,  des  dérivés  de  la  race  durham. 
Celte  race,  évidemmeat  issue  des  croisements  avec  la  race  pure,  pro- 
duit des  femelles  excellentes  laitières,  n'ayant  point  de  généalogies 
inscrites,  mais  possédant  tous  les  caractères  de  la  race  pure.  Ces  ani- 
maux peuvent  s'acheter  dans  les  foires  aux  prix  ordinaires  du  bétail  de 
rente,  et  n'ont  par  conséquent  qu'une  valeur  individuelle  et  non,  comme 
les  animaux  purs  et  inscrits,  une  valeur  de  race.  En  faisant  parmi  ces 
vaches  ordinaires,  une  sélectionjudicieuse,  etneles  accouplant  qu'avec 
de  bons  taureaux  durhams  de  sang  et  choisis  dans  les  familles  à  l'ala- 
visme  laitier,  on  parvient  promptement  et  facilement,  sans  dépenser  un 
gros  capital,  à  constituer  et  établir  permanemment  un  excellent  trou- 
peau laitier,  et  c'est  ce  que  les  éleveurs  anglais  s'efforcent  de  faire  au- 
jourd'hui avec  un  éclatant  succès. 

En  France,  nous  n'avons  pas,  il  est  vrai,  cet  élément  durham  ordi- 
naire qui  se  prête  si  facilement  à  la  transformation  qu'on  se  propose  au 
moyen  de  taureaux  pur  sang.  Mais  nous  possédons  quelques  bonnes 
races,  qui  se  prêlentfacilement,  elles  aussi,  à  une  transformation  radicale 
dans  le  double  sens  du  lait  et  de  la  viande  par  le  croisement  avec  des 
taureaux  durhams  bien  choisis.  Ce  sont  les  races  bretonne,  mancelle 
et  cotentine.  Je  pourrais  aussi  ajouter  la  race  flamande,  mais  celle-ci 
est  caractérisée  par  une  grande  force  d'atavisme  local  plus  difficile  à 
vaincre,  et  par  conséquent  moins  facile  à  dominer  parle  sang  durham, 
bien  que  j'aie  vu  d'excellents  exemples  de  ce  croisement. 

Pour  tirer  une  conclusion  pratique  de  ce  qui  précède,  au  point  de 
vue  de  notre  élevage  français,    et  pour  profiter  de  l'exemple  que   nos 
voisins  nous  donnent  et  par  leur  pratique  et  par  leur  succès,  voici 
comment  je  formule  les  conseils  que  je  crois  pouvoir  donner  à  mes  con- 
frères,  pour  se  former  graduellement  et  sûrement  un  bon  troupeau 
laitier,  sans  s'imposer  des  sacrifices,  hélas  I  au-dessus  de  la  force  du 
plus  grand  nombre  d'entre  nous,  dans  la  position  néfaste  où  les  lois 
fiscales  ont  réduit  l'agriculture  française.  Les  moyens  que  je  vais  in- 
diquer sont  heureusement  encore  à  la  portée  d'un  grand  nombre  d'a- 
griculteurs ;  mais  la  première  condition,  c'est  de  se  dépouiller  de  tout 
préjugé,  de  toute  prédilection  irrationnelle  pour  les  races  locales.  Il 
faut  se  mettre  à  la  recherche  dans  le  milieu  oii  l'on  se  trouve,  et  cela 
sans  parti  pris,  des  meilleures  vaches  laitières  qu'on  pourra  trouver. 
Voici,  du  reste,  quelques  indications  fondamentales  qui  pourront  ser- 
vir de  points  de  repère  pour  mener  à  bien  cette  recherche  d'où  dépen- 
dra l'avenir  plus  ou  moins  réussi  de  la  création  dont  il  s'agit  de  poser 
les  fondations.  Voici  donc  le  type  de  la  vache  laitière,  qu'il  faut  s'effor- 
cer de  trouver  d'une  manière  aussi  rapprochée  que  possible. 


294  SÉLECTION  ET  ÉLEVAGE  DU  BÉTAIL  A  LAIT. 

Choisissez  partni  les  vaches  à  votre  portée,  celles  qui  présentent 
un  ensemble  très  développé,  dont  l'arrière-main  soit  profonde,  massive 
et  près  de  terre,  avec  des  mamelles  amples  et  formant  un  sac  d'une 
grande  capacité,  s'alloncçeant  bien  sous  le  ventre  et  non  pendant  comme 
une  outre  dégonflée  le  long  des  cuisses.  Faites  attention  à  ce  que  les 
trayons  ne  soient  pas  trop  rapprochés,  mais  bien  écartés  les  uns  des 
autres,  afin  qu'il  se  trouve  un  intervalle  suffisant  pour  emmagasiner  le 
lait.  Veillez  à  ce  que  la  peau  soit  fine  et  souple  au  toucher,  le  cou 
mince,  les  os  maxillaires  très  fins,  exempts  de  lourdeur,  le  menton 
et  la  lèvre  inférieure  bien  détachés,  l'œil  plein,  ressorti,  et  d'une  appa- 
rence douce  et  placide.  Ces  vaches  assez  communes  en  Angleterre  sont 
moins  faciles  à  rencontrer  en  France,  mais  avec  du  temps  et  du  coup 
d'œil  on  peut  encore  en  trouver  chez  nous,  dans  les  départements  de 
l'ouest,  en  Bretagne,  dans  la  Mayenne  et  en  Normandie.  Je  ne  con- 
seille pas  de  viser  tout  d'abord  à  la  réunion  d'un  grand  nombre  de 
ces  vaches.  Il  est  bien  plus  facile  d'en  réunir  seulement  quelques-unes, 
et  il  vaut  infiniment  mieux  se  contenter  de  quelques-unes  bien  choi- 
sies et  remplissant  bien  les  conditions  que  je  viens  d'indiquer,  que  de 
risquer  d'éprouver  des  déboires  avec  une  trop  grande  promiscuité. 

A  ce  petit  troupeau  choisi  de  bonnes  vaches  laitières,  donnez  un 
bon  taureau  durham  très  pur  de  sang  et  d'origine,  c'est-à-dire  inscrit 
au  herd-book  ;  ceci  est  le  point  essentiel.  Le  succès  de  l'opération 
dépend  principalement  delà  sélection  de  ce  taureau.  Là,  il  faut  se  rési- 
gner au  plus  grand  sacrifice  possible.  La  parcimonie  serait  un  obstacle 
fatal  à  la  réussite  et  ne  pourrait  donner  qu'un  résultat  absolument 
négatif,  contraire  aux  intérêts  de  l'opération  et  à  ceux  encore  plus 
importants  du  progrès  général.  Les  bonnes  familles  laitières  de  la 
race  durham  sont  bien  connues  et  elles  sont  assez  nombreuses  en 
Angleterre,  pour  qu'il  soit  facile  et  comparativement  peu  dispendieux 
de  s'en  procurer.  L'Angleterre  est  un  pays  aussi  voisin  du  nôtre  que 
possible,  quelques  kilomètres  d'un  détroit  dont  l'œil  peut  embrasser 
la  largeur  nous  en  séparent,  et  les  communications  sont  aussi  rapides 
et  faciles  qu'elles  sont  peu  coûteuses.  L'obtention  d'un  bon  taureau 
laitier  n'est  donc  pas  très  onéreuse,  et  les  grands  avantages  qui  s'y 
rattachent  et  en  découlent  valent  bien  le  sacrifice  de  quelques  centaines 
de  francs  que  l'importation  exigerait. 

Ayant  réussi  à  réunir  un  petit  troupeau  de  vaches  laitières  bien 
choisies,  avec  un  taureau  durham  convenable,  on  a  ainsi  posé  les 
assisesd'un  troupeauqui,  à  chaquegénération,  augmentera  sa  perfection 
et  son  utilité.  On  gardera  précieusement  les  veaux  femelles  pour  les 
élever  et  en  faire  les  mères  de  l'avenir,  on  castrera  impitoyablement 
les  veaux  mâles  pour  en  faire  d'excellents  bœufs,  car  en  les  gardant 
comme  reproducteurs  on  reculerait  au  lieu  d'avancer.  Une  des  choses 
les  plus  illogiques  et  les  plus  pernicieuses  qu'on  puisse  imaginer  au 
point  de  vue  du  progrès  de  nos  races  bovines  en  France,  c'est  l'admis- 
sion dans  nos  concours  des  taureaux  métis.  On  devrait  les  en  exclure, 
au  contraire,  de  la  manière  la  plus  impitoyable  et  la  plus  absolue. 

Il  est  vrai  qu'il  y  a  un  proverbe  qui  prétend  que  faute  de  grives  on 
mange  des  merles,  mais  ici  il  serait  bien  préférable  de  ne  rien  manger 
du  tout.  Je  considère  l'emploi  des  taureaux  métis  comme  une  des 
choses  les  plus  pernicieuses  à  l'amélioration  des  races,  qu'on  puisse 


SÉLECTION  ET   ÉLEVAGE  DU  BÉTAIL  A    LAIT.  295 

En  procédant  comme  je  le  recommande  ci-dessus,  on  arrivera 
promptement  à  se  créer  un  troupeau  de  vaches  laitières,  possédant 
en  même  temps  la  précieuse  aptitude  à  faire  de  la  viande,  au  moment 
voulu.  C'est  du  reste  le  système  salutaire  que  l'on  suit  en  Belgique,  en 
Allemagne,  dans  les  deux  Amériques  et  par  tout  le  monde  civilisé,  par- 
tout en  un  mot  où  l'élevage  de  l'espèce  bovine  est  possible.  Il  ne  s'agit 
donc  plus  ici  d'une  question  de  race  locale  et  de  climat.  Il  s'agit 
d'une  amélioration  générale  de  toutes  les  races  existantes  au  point  de 
vue  de  la  production  du  lait  et  de  la  viande,  car  les  rejetons  des  vaches 
ainsi  améliorées,  recevront  toujours  de  leurs  mères  les  aptitudes  et  les 
tempéraments  locaux  qu'exige  le  milieu  climatérique  oii  ils  se  trouvent. 
Le  sangdurham  infusé  par  le  père  ne  fera  que  développer  ces  aptitudes 
locales  en  leur  conservant  leur  cachet  particulier,  tout  en  leurdonnant 
des  qualités  laitières  et  une  souplesse  d'engraissement  que  la  mère 
seule  ne  peut  leur  fournir. 

F.-R.  DE  LA  Tréhonnais. 

CONCOURS  DES  PRIX  GULTURAUX  ET  D'IRRIGATION 

DANS  LA    HAUTE-LOIRE.  II  —  '. 

Au  Concours  régional  de  1876,  M.  Arthur  Couderchet  avait  obtenu  le  prix  cul- 
tural  de  la  quatrième  catégorie  pour  sa  propriété  de  Langlade. 

Ce  petit  domaine  de  12  hectares  est  devenu  entre  ses  mains  un  véritable  jar- 
din :  des  délbncements  profonds,  d'abondantes  fumures,  des  façons  d'entretien 
multipliées  y  assurent  la  vigueur,  la  propreté  et  les  hauts  rendements  de  toutes  les 
cultures. 

Des  sources,  captées  avec  intelligence  et  amenées  dans  deux  bassins  cimentés, 
servent  à  l'arrosage  de  la  luzerne  et  de  la  prairie  comprises  dans  l'enclos. 

Le  fumier  est  parlaitement  traité  elles  déchets  de  toute  sorte  sont  utilisés  pour 
la  fabrication  des  terreaux  destinés  aux  prairies  naturelles. 

Le  bétail  est  très  important  et  d'un  choix  remarquable.  Il  comprend  des  bêtes 
bovines  et  des  bêtes  ovines  de  diverses  races,  pures  ou  croisées  entre  elles,  qui 
viennent  chaque  année  confirmer  dans  les  concours  de  la  région,  la  réputation 
d'habile  connaisseur  et  de  maître  éleveur  dont  M.  Couderchet  jouit  à  juste 
titre. 

Ce  goût,  pour  le  bétail  d'élite,  est  même  si  vif  chez  lui,  que  je  serais  tenté  de 
le  trouver  exagéré.  Au  lieu  de  cette  variété  de  races,  ne  vaudrait-il  pas  mieux  se 
contenter,  pour  l'espèce  bovine,  d'une  race  unique  en  rapport  avec  la  principale 
spéculation  adoptée  par  le  concurrent,  la  vente  du  lait,  dont  il  chiffre  le  produit  à 
3,500  l'r.  pour  188ii,  et,  d'autre  part,  est-il  prudent  d'accroître  outre  mesure  le 
nombre  des  sujets?  Sans  parler  des  animaux  de  l'espèce  ovine,  qui  ne  paraissent 
pîs  à  leur  place  dans  son  exploitation,  nous  n'avons  pas  compté,  dans  ses  étables, 
moins  de  trente-cinq  têtes  d'animaux  de  l'espèce  bovine,  et,  quelque  séduits  que 
nous  ayons  été  par  la  beauté  de  leurs  formes,  nous  n'avons  pu  nous  empêcher  de 
remarquer  que,  pour  suffire  à  leur  entretien,  il  a  fallu  affermer  une  prairie  à 
un  prix  élevé  et  acheter  en  outre  une  notable  quantité  de  fourrages. 

Ce  côté  économique  de  l'exploitation  est  mis  en  lumière  par  la  comptabilité, 
toute  sommaire  qu'elle  est,  et  il  en  ressort  que  le  bénéfice  de  1882  est  dû  en 
grande  partie  aux  primes  attribuées  au  bétail  dans  les  concours. 

Après  ces  légères  critiques,  motivées  seulement,  je  le  répète,  par  l'exagération 
même  de  qualités  précieuses,  il  ne  me  reste  que  des  éloges  à  faire  de  ce 
domaine  si  bien  tenu. 

M.  Couderchet,  non  content  de  justifier  la  décision  de  la  Commission  de  1876, 
en  continuant  ses  améliorations  foncières,  a  installé  sur  les  murs  dont  il  a  entouré 
Langlade  une  remarquable  culture  fruitière.  Les  nombreux  arbres  qu'il  a  plantés 
sont  habilement  conduits,  donnent  des  fruits  très  abondants  et  complètent  heu- 
reusement ses  travaux  antérieurs. 

Le  jury  rappelle  le  prix  cultural  de  la  quatrième  catégorie  décerné,  en  187(), 

I.  Voir  le  Journal  du  lHaoùt.  p.  ïiîi  de  ce  volume. 


296  LES  PRIX  CULTURAUX  DANS    LA  HAUTif-LOIRE 

à  M.  Coiiderchet,  et  lui  accorde,  en  outre,  avec  l'agrément  de  M.  le  ministre  de 
l'agriculture,  un  objet  d'art  pour  sa  culture  fruitière. 

Le  domaine  du  Peituis,  que  AI.  Pradier  a  présenté  au  concours  de  la  quatrième 
catégorie,  dépend  de  la  commune  du  Ghambon.  Les  19  hectares  dont  il  se  com- 
pose sont  divisés  en  5  hectares  de  prairies,  2  de  pâtures,  3  de  bois  et  9  de  terres 
labourables. 

Les  prairies  sont,  pour  la  plupart,  l'œuvre  de  M.  Pradier;  la  plus  importante, 
qui  se  Irouve  en  contie-bas  de  la  maison  d'habitation,  est  arrosée  au  moyen  de 
sources  qui  alimentent  six  réservoirs  contenant  chacun  environ  10  mètres  cubes. 
Elle  est  en  bon  état  ;  les  rigoles  d'arrosemcnt  y  sont  bien  tracées,  et  la  partie  infé- 
rieure a  été  assainie  par  un  drainage  fait  avec  soin. 

La  culture  proprement  dite  est  tort  bien  entendue,  et  si  les  rendements  sont 
peu  élevés  les  récoites  sont  très  propres  et  aussi  productives  que  le  comportent 
l'altitude  et  la  médiocrité  du  sol. 

La  vacher,ie  comprend  huit  vaches  et  quatre  génisses  de  la  race  du  Mezeoc  ; 
ces  animaux  n'ont  pas  une  conformation  irréprochable,  mais  ils  sont  bien  tenus 
et  en  bon  état. 

En  résumé,  si  le  Pertuis  réclame  encore  des  améliorations  de  détail,  il  présente 
un  ensemble  satisfaisant  et  qui  forme  un  heureux  contraste  avec  l'aspect  du 
domaine,  il  y  a  quinze  ans,  lors  de  la  prise  de  possession  du  propriétaire  actuel. 
Il  était  alors,  en  eftet,  couvert  de  genêts  et  presque  partout  en  friche.  M.  Pradier 
en  a  su  tirer  le  meilleur  parti,  et,  grâce  à  son  activité  et  à  son  intelligence,  il  est 
arrivé  à  lui  faire  produire  des  fourrages  assez  abondants  pour  l'entretien  d'un 
bétail  relativement  nombreux. 

Le  jury  est  heureux  de  récompenser  ses  efforts,  en  lui  accordant  le  prix  cultu- 
ral  de  la  quatrième  catégorie. 

Il  ne  s'est  présenté  de  concurrents  ni  dans  la  deuxième,  ni  dans  la  troisième 
catégories  et  les  exploitations,  dont  il  nous  reste  à  parler,  font  toutes  partie  de  la 
première.  Elles  apparliennnt  à  MM.  Bard  et  de  Morteuil. 

Le  domaine  de  Gizaguet  comprend  42  hectares.  Son  propriétaire,  M.  Bard,  a 
amélioré  dans  une  certaine  mesure  les  terres  et  les  prés,  et  il  s'occupe  en  ce 
moment,  de  la  construction  des  bâtiments  sur  un  plan  spécial.  Mais  son  princi- 
pal mérite,  c'est  la  création  d'un  vignoble  important. 

L'ensemble  de  ses  vignes  est  très  satisfaisant  :  leur  propreté  témoigne  des  nom- 
breuses façons  qu'elles  ont  reçues  ;  elles  ont  une  végétation  vigoureuse  et  portent 
des  fruits  abondants.  Cette  vigueur  et  cette  fertilité  ne  pourront  être  maintenues,  il 
est  vrai,  qu'à  l'aide  de  copieuses  fumures;  mais  cette  nécessité  même  amènera  un 
nouveau  progrès  dans  le  reste  de  l'exploitation,  en  inspirant  à  M.  Bard  la  résolu- 
tion d'augmenter  le  chiffre  de  son  bétail  et,  par  conséquent,  l'étendue  des  terres 
consacrées  à  la  production  des  fourrages.  Quoi  qu'il  en  soit,  le  vignoble  de  (iiza- 
guet  est  aujourd'hui  florissant  et  donne  de  beaux  revenus.  M.  Bard  a  fait,  en  le 
créant,  une  excellente  opération,  et  le  jury  lui  décerne,  à  ce  titre,  une  médaille 
d'or  grand  module. 

RL  le  comte  Palamède  de  Morteuil  a  présenté  au  concours  les  deux  domaines 
de  Laboryte  et  de  Chilhac-Tansac,  qu'il  exploite  directement,  l'un  depuis  douze 
ans  et  l'autre  depuis  quatre  ans  seulement. 

La  Commission  les  a  visités  avec  un  vif  intérêt,  et  a  constaté  les  sérieuses  amé- 
liorations qui  y  ont  été  faites  par  leur  propriétaire  actuel.  Mais  il  est  bien  difficile 
d'obtenir  en  quatre  ans  une  Iranslormation  complète  sur  un  domaine  qui,  comme 
celui  de  Laboryle  était,  de  l'aveu  de  M.  de  Morteuil,  «  ruiné  »,  lorsqu'il  en  a 
pris  la  direction.  Aussi  la  production  y  est-elle  encore  inégale,  et  si  certains  bâti- 
ments sont  convenablement  disposés,  d'autres  laissent-ils  à  désirer.  Je  me  hâte 
de  dire  qu'ils  ne  tarderont  pas  à  être  remplacés  par  des  constructions  nouvelles. 

A  Chilhac,  le  principal  effort  du  concurrent  s'est  porté  sur  la  viticulture.  Le 
Ivignoble  qu'il  y  a  créé  occupe  le  versant  d'une  colline,  sur  un  sol  volcanique.  Les 
ignés  sont  distantes  d'un  mètre  les  unes  des  autres,  ce  qui  offre  le  grand  avan- 
tage de  pouvoir  donner  les  façons  avec  une  charrue  vigneronne  traînée  par  une 
vache.  Les  ceps,  qui  étalent  leurs  sarments  sur  une  double  ligne  de  fils  de  fer,  sont 
vigoureux  et  bien  conduits;  les  plantations  ont  été  faites  avec  des  plants  racines 
dp  deux  ans,  extraits  d'une  pépinière  bien  tenue.  Le  cépage,  auquel  M.  de  Morteuil 
donne  la  préférence  et  qu'il  a  beaucoup  propagé  autour  de  lui,  est  le  gamai  de 
Malain,  dont  la  maturité  est  précoce  et  qui  commence  à  produire  dès  la  troisième 
année  de  la  mise  en  place. 


LKS  PRIX  CULTURA.UX  DANS  LA  HAUTE-LOIRE.  "297 

Pour  éviter  les  ravinements,  des  fossés  ont  été  ouverts  presque  transversalement 
à  la  pente  et  reliés  entre  eux  par  des  rigoles  verticales,  qui  conduisent  les  eaux 
dans  des  bassins  cimentés.  Entin  des  chemins  tenus  en  parfait  état  complètent 
cette  intéressante  création,  pour  laquelle  le  jury  décerne  à  M.  le  comte  de  Mor- 
teuil  une  médaile  d'or  grand  module. 

Mme  Faurot  dirige  elle-même  la  culture  de  sa  propriété  de  la  Ghomelte.  Cette 
propriété,  située  dans  la  conrmune  de  Saint-Bauzire,  comprend  47  hectares  de 
terres  labourables,  12  de  prairies,  1  de  vignes,  40  de  bois  et  10  de  pâturages. 

Les  terres,  légères  sur  les  hauteurs,  sont  argileuses  et  d'un  travail  dilfîcile  dans 
les  parties  basses.  On  y  suit  un  assolement  de  quatre  ans. 

Les  diverses  cultures  présentent  un  aspect  satisfaisant,  etle  jury  a  particulière- 
ment remarqué  de  beaux  champs  de  seigle  et  de  méteil. 

Il  a  pu  constater  la  bonne  tenue  des  fumiers,  de  la  cour  de  ferme  et  des  étables  ; 
le  bon  état  des  animaux,  le  soin  avec  lequel  ont  été  nivelées  et  drainées  les  prai- 
ries, qui  sont  arrosées  au  moyen  d'une  dérivation  bien  entendue. 

Il  a  été  frappé  aussi  de  l'importance  des  reboisements  qui  ont  été  faits  sur  le 
sommet  des  élévations  et  sur  les  rampes  impropres  à  la  culture. 

Des  chemins  d'exploitation  bien  tracés  et  bien  entretenus  complètent  l'ensemble 
de  cette  intéressante  exploitation,  dont  la  bonne  direction  fait  honneur  à  l'esprit 
judicieux  de  Mme  Faurot. 

Le  jury,  en  adressant  à  Mme  Faurot  ses  félicitations  pour  l'excellent  exemple 
cpi'elle  a  donné,  lui  décerne  le  prix  cultural  de  la  première  catégorie. 

M.  le  marquis  de  Ruolz,  qui  avait  obtenu,  en  1860,  pour  son  domaine  d'Alle- 
ret,  la  première  prime  d'honneur  décernée  dans  le  département  de  la  Haute- 
Loire,  a  été  enlevé,  en  1877,  à  sa  famille  et  à  l'agriculture  du  Velay.  Mais  le 
fruit  de  ses  travaux  n'a  pas  été  perdu,  et  Mme  la  marquise  de  Ruolz  a  continué 
son  œuvre  avec  un  soin  pieux. 

Grâce  à  elle,  le  souvenir  de  M.  de  Ruolz  vit  toujours  dans  ce  grand  et  beau 
domaine  de  278  hectares,  qui  n'a  cessé  d'être  une  exploitation  modèle,  bien  digne 
d'être  offerte  en  exemple  à  tous  les  agriculteurs  du  département. 

Au  nombre  des  anciens  serviteurs  qui  secondent  Mme  de  Ruolz  avec  le  plus 
grand  zèle,  la  Commission  a  signalé  à  M.  le  ministre  de  l'agriculture,  M.  Baptiste 
Slalan,  qui,  depuis  1833,  fait  exécuter  avec  beaucoup  d'intelligence  tous  les  tra- 
vaux agricoles.  La  Commission  est  heureuse  de  pouvoir  décerner,  à  cet  excellent 
chef  de  culture,  une  médaille  d'argent,  en  récompense  de  ses  bons  services  et  de 
son  dévouement  sans  bornes. 

Me  voici  arrivé  au  terme  de  la  tâche  que  mes  collègues  ont  bien,  voulu  me  con- 
fier, et  il  ne  me  reste  qu'à  faire  connaître  une  dernière  décision,  lapins  délicate  de 
toutes.  Cette  décision,  l'exposé  qui  précède  vous  la  fait  déjà  prévoir  :  nousavonscru 
devoir  réserver  la  prime  d'honneur;  —  et  cette  résolution  nous  a  été  d'autant  plus 
pénible  que,  nous  ne  l'ignorons  pas,  plus  d'un  agriculteur  démérite  s'est  abstenu 
de  prendre  part  à  ce  concours,  oij  il  avait  tout  lieu  d'espérer  le  succès. 

De  toutes  les  exploitations  soumises  à  notre  examen,  une  seule,  celle  de  Lan- 
glade,  réunit  le  plus  grand  rombre  des  conditions  exigées  pour  l'attribution  de 
la  grande  prime.  11  serait  difficile,  en  effet»,  de  trouver  dans  la  banlieue  du  Puy, 
un  enclos  où  soient  mieux  appliqués  les  secrets  de  l'agriculture  et  de  l'horticul- 
ture ;  mais,  j'ai  déjà  eu  l'honneur  de  le  dire,  la  comptabilité  y  est  trop  sommai- 
rement tenue,  pour  qu'on  puisse  se  rendre  un  compte  précis  du  produit  net  :  le 
côté  économique  de  l'œuvre  de  M.  Couderchet  reste  dans  l'ombre,  et  cette  lacune 
n'a  pas  permis  à  la  Commission  de  décerner  la  plus  baute  récompense  du  con- 
cours régional. 

Après  avoir  mis  sous  vos  yeux  les  résultats  de  notre  voyage  agricole  dans  votre 
département,  je  croirais  manquer  à  un  devoir,  si  je  n'exprimais  publiquement  les 
regrets  que  nous  cause  le  départ  de  l'inspecteur  général  qui  nous  a  dirigés  dans 
nos  visites.  M.  Gustave  Heuzé  est  appelé  dans  les  régions  du  Nord  et  du  Nord- 
Est  de  la  France,  et  la  brillante  organisation  du  concours  du  Puy  est  le  dernier 
acte  de  ses  fonctions  dans  celle-ci.  Il  v  est  remplacé,  il  est  vrai,  par  un  homme 
dont  les  travaux  et  la  compétence  vous'sont  connus,  et  je  me  plais  à  rendre  hom- 
mage aux  qualités  de  M.  deBrézenaud.  Mais  il  me  sera  permis  aussi  de  dire  que 
M.  Heuzé  est  suivi  par  les  sympathies  de  tous  ceux  auxquels  il  a  été  donné  d'ap- 
précier ses  connaissances  si  étendues  et  si  variées,  son  activité,  sa  bienveillance  et 
son  dévouement  de  tous  les  instants  aux  intérêts  de  l'agriculture. 

Pierre  Dufol'r, 

Rapporteur,  directeur  de  la  ferme-tcole,  au  Montât  (Lot). 


29s      APPAREILS  POUR  LE  CHARGEMENT  DES  MACERATÉURS. 

APPAREILS  POUR  LE  CHARGEMENT  DES  MACERATEURS 

DANS  LES  DISTILLERIES 

Une  des  opérations  les  plus  importantes  dans  les  distilleries  de 
betteraves  est  de  charger  régulièrement  les  macérateurs,  avec  les  cos- 
settes  sortant  du  coupe-racines,  sans  que  ces  cossettes  soient  compri- 
mées, soit  au  centre  des  cuves,  soit  sur  la  circonférence,  et  de  telle 
sorte  que  la  vinasse  qui  y  est  introduite  pénètre  bien  toute  la  masse  et 
exerce  son  action  sur  le  chargement  complet  des  appareils.  C'est 
pour  cet  objet  qu'on  a  imaginé  les  coupe-racines  centrifuges,  avec  les- 
quels, grâce  à  des  ailes  bien  disposées,  on  projette  les  cossettes  sur  la 
circonférence  des  macérateurs,  sans  les  laisser  tomber  au  centre,  de 
manière  à  former  un  chargement  conique  dans  lequel  les  cossettes  se 
tassent  régulièrement.  Mais  les  coupe-racines  usités  jusqu'à  ce  jour  se 
fixent  sur  les  parois  des  murs,  à  l'étage  supérieur  des  usines;  du 
point  où  ils  fonctionnent,  on  transporte,  par  des  procédés  divers,  les 
cossettes  dans  les  macérateurs  placés  au-dessous.  Le  chargement  exige 
des  soins  spéciaux  et  des  dépenses  de  main-d'œuvre;  en  outre,  il 
s'exécute  rarement  avec  une  régularité  suffisante. 

(y est  pour  obvier  à  cet  inconvénient,  et  en  même  temps  pour 
assurer  un  épuisement  complet  des  cossettes,  qu'un  ingénieur  connu 
par  ses  tr.ivaux  sur  la  distillerie,  dont  nos  lecteurs  n'ont  pas  oublié 
l'importante  étude  sur  la  distillation  du  topinambour,  M.  Slephen 
David,  a  imaginé  le  coupe-racines  centrifuge  roulant  pour  le  charge- 
ment direct  des  macérateurs.  Cet  appareil  et  son  installation  sont 
montrés  pir  la  fig.  13. 

Le  dessin  représente  une  partie  d'une  batterie  de  macérateurs  dispo- 
sés en  cercle.  Les  betteraves  sont  amenées,  par  un  élévateur,  dans  une 
trémie  pivotante,  établie  au  point  central  du  cercle  des  macérateurs. 
Cette  trémie,  prolongée  en  forme  de  gouttière,  est  reliée  à  son  extré- 
mité au  coupe-i*acines,  qu'elle  suit,  dans  ses  déplacements  successifs 
au-dessus  de  chaque  macérateur  à  charger.  Deux  fers  à  T,  formant 
rails,  établis  concentriquement  sur  des  chevalets  en  bois,  supportent 
le  coupe-racines,  qu'un  ouvrier  fait  rouler  sur  ses  galets,  en  le  pous- 
sant à  la  main.  La  commande  s'opère  directement,  à  l'aide  d'une 
courroie  de  longueur  invariable,  par  une  poulie  fixée  à  hauteur  conve- 
nable, sur  l'arbre  vertical,  formant  l'axe  général.  Cet  arbre  est  lui-même 
actionné,  soit  par  une  courroie  torse  comme  l'indique  le  dessin,  soit 
par  engrenages,  soit  par  tout  autre  moyen,  suivant  les  dispositions  du 
mécanisme  et  du  local. 

Le  coupe-racines,  organe  principal  du  système,  diffère  essentielle- 
ment du  coupe-racines  centrifuge,  généralement  employé  dans  les 
distilleries;  dans  ce  dernier,  l'axe  est  horizontal,  tandis  que,  dans  le 
nouveau  coupe-racines,  le  tambour  est  vertical,  ainsi  que  l'axe 
moteur;  il  en  résulte  que  les  cossettes  rayonnent  librement  tout 
autour  du  tambour,  ce  qui  permet  d'utiliser  leur  projection  directe, 
qui  les  distribue  naturellement  contre  la  paroi  intérieure  du  macérateur, 
où  elles  tombent  une  à  une,  le  centre  seul  n'en  recevant  jamais.  On 
obtient  donc,  aussi  régulièrement  que  possible,  sans  l'emploi  d'aucun 
cône  intermédiaire,  le  remplissage  en  forme  d'entonnoir,  qu'on  a  tou- 
jours eu  en  vue,  pour  régulariser  le  tassement  des  cossettes.  On  évite 


APPAREILS  POUK  LE  CHARGEMENT  Das  MACERATEURS. 


■299 


aussi,  çrâce  à  la  légèreté  du  chara-ement,  les  aiïiïlomérations  de  cos- 
selles,  échappant  à  l'aclion  de  la  vinasse  qui  se  IVayait  des  passages 
dans  les  parlies  moins  tassées,  qu'elle  épuisait  seules. 

L'expérience  de  quatre  campagnes  a  démontré  l'influence  favorable 
de  ce  mode  de  travail  sur  le  rendement  en  alcool,  qui,  dans  les  usi- 


Fig.  13.  —  Coupe-racines  centrifuge,  du  système  de  M.  Stephen  David. 


nés  où  il  est  employé,  a  concordé  très  exactement,  à  1  ou  2  dixièmes 
près,  avec  la  densité  du  jus  naturel;  avec  des  betteraves,  dont  le  jus 
marquait  au  densimètre  5°. 2,  par  exemple,  le  rendement  en  alcool  a 
été  de  5  pour  100,  tandis  qu'on  n'obtient  ordinairement  avec  cette 
densité  que  4.5  à  4.6  pour  100. 

Le  résultat  que  l'on  constate  est  donc  double  .  épuisement  des  pul- 


300      APPAREILS  POUR  LE  CHARGEMENT  DES  MACÉRATEURS. 

pes  el  par  suite  production  d'une  plus  grande  quantité  d'alcool,  éco- 
nomie dans  la  main-d'œuvre.  Le  système  de  M.  Stephen  David  est 
employé  jusqu'ici  dans  une  dizaine  de  distilleries,  oîi  l'on  peut  en  étu- 
dier l'installation  ;  l'inventeur  se  tient  d'ailleurs  à  la  disposition  de 
tous  ceux  qui  s'adresseront  directement  à  lui,  avenue  Parmentier, 
20,  à  Paris.  Aujourd'hui  que  la  production  de  l'alcool  subit  une  con- 
currence toujours  croissante,  il  faut  rechercher  tous  les  procédés  pro- 
pres à  en  diminuer  le  prix  de  revient.  Henry  Sagmer. 

DES  FAÇONS  GULTURALES 

A  DONNER  AUX   TERRES  APRÈS  LA  MOISSON 

La  visite  de  plusieurs  exploitations  du  département  de  Meurthe-et- 
Moselle  nous  a  suggéré  l'idée  d'exposer  en  peu  de  mots  les  travaux 
nécessaires  pour  obtenir  des  terres  exemptes  de  mauvaises  herbes, 
des  terres  propres,  et  par  la  suite  des  récoltes  sans  mélanges  de  ces 
plantes  nuisibles  qui  infestent  la  plupart  de  nos  céréales  ;  nous  vou- 
lons parler  en  première  ligne  des  chardons,  puis  des  liserons,  des 
renouées,  des  bromes,  des  chrysantèmes,  des  coquelicots  et  des 
bleuets,  dont  les  fleurs  peuvent  quelquefois  plaire  à  l'œil  de  beau- 
coup de  personnes  en  villégiature,  mais  qui  n'en  sont  pas  moins  des 
plantes  extrêmement  nuisibles,  puisqu'elles  finissent,  tant  elles  sont 
abondantes,  par  se  substituer  aux  céréales  elles-mêmes. 

Nous  avons  cité  les  chardons.  A  ce  sujet,  nous  ferons  remarquer 
que  dans  certaines,  régions,  l'autorité  administrative  a  pris  des  arrêtés 
ordonnant  leur  destruction  ;  les  cultivateurs  semblent  ne  pas  s'en 
préoccuper  le  moins  du  monde. 

Certaines  opérations,  très  faciles  cependant  à  exécuter,  permettraient 
d'obtenir  des  terres  exemptes  de  mauvaises  herbes.  Comment  doit- 
.  on  s'y  pi'endre  ? 

Faut-il  revenir  à  la  jachère  qui,  aux  yeux  de  la  plupart  des  cultiva- 
teurs, est  encore  indispensable  pour  eiîectuer  la  destruction  des  mau- 
vaises herbes?  Non,  nous  en  rejetons  absolument  l'emploi.  A  quoi 
donc  auraient  servi  les  écoles  d'ag^riculture  et  les  progrès  de  la  science 
agricole,  si  considérables  de  nos  jours,  si  nous  en  étions  encore  à  pré- 
coniser la  jachère,  ce  repos  forcé  de  la  terre,  comme  disaient  nos 
pères?  Dans  toute  culture  bien  entendue,  la  jachère  doit  être  rejetée. 

Nous  avons,  pour  préparer  convenablement  les  terres  avant  leur 
ensemencement,  des  procédés  très  simples,  qu'il  suffirait  de  mettre 
en  pratique  pour  obtenir  au  bout  de  peu  d'années  de  très  belles  récol- 
tes sans  mélange  de  plantes  adventices. 

Ces  procédés  consistent  non  pas  en  labours  de  déchaumage,  préco- 
nisés généralement,  mais  dans  une  autre  opération  qui  s'en  rapproche 
beaucoup,  et  qui  a  pour  but  de  favoriser  la  germination  des  mauvai- 
ses graines,  qui  infestent  nos  champs.  Ces  mauvaises  graines  ont 
presque  toujours  un  volume  très  petit  et  conséquemment  ne  peuvent 
germer  dans  le  sol  qu'à  une  profondeur  de  2  ou  3  centimètres  au 
plus. 

Quelle  est  la  plus  faible  profondeur  à  laquelle  on  puisse  aller  avec 
une  charrue,  ou  même  avec  un  polysoc  ?  On  ne  peut  guère  prendre  avec 
ces  instruments  moins  de  7  ou  8  centimètres  d'épaisseur,  profondeur 
obtenue  communément  quand  on  fait   des  labours  de  déchaumage, 


FAÇONS  CULTURALES  APRÈS  LA  MOISSON.  301 

exéeutés  immédiatement  après  la  fiiuchaison  des  céréales,  c'est-à-dire 
après  la  moisson.  Si  nous  examinons  bien  ce  qui  se  passe  quand  on 
opère  de  cette  façon,  nous  voyons  que  les  graines  des  plantes  adven- 
tices se  trouvent  à  8  centimètres  de  profondeur;  qu'à  cette  profondeur 
il  leur  est  matériellement  impossible  de  germer.  Pour  germer,  il  faut, 
en  effet,  à  une  graine  de  quelque  nature  qu'elle  soit,  les  trois  condi- 
tions suivantes  :  1°  une  certaine  quantité  de  chaleur;  2°  une  certaine 
quantité  d'humidité,  et  3°  enfin  une  certaine  quantité  d'air.  Si  la 
graine  que  l'on  veut  détruire  a  un  volume  considérable,  on 
pourra,  sans  inconvénient,  l'enterrer  à  une  grande  profondeur;  tout 
le  monde  sait  que  l'on  sème  les  haricots,  les  fèves,  plus  profondément 
que  les  petits  pois  et  les  radis,  dont  les  graines  sont  plus  petites. 

Cette  opération  dont  nous  voulons  parler  et  qui  se  rapproche  beau- 
coup du  labour  de  déchaumage  exécuté  au  moyen  de  la  charrue,  con- 
siste à  faire  l'emploi  d'un  instrument  spécial  qui  n'est  autre  que  le 
scarificateur;  cet  instrument  ne  fait  qu'écroûter  la  surface  du  sol 
qui  devient  suffisamment  meuble  pour  fournir  aux  mauvaises  graines 
un  milieu  convenable  à  leur  germination.  Ce  déchaumage,  on  le  com- 
prendra, s'effectue  beaucoup  plus  rapidement  qu'avec  la  charrue. 
Quinze  jours  ou  trois  semaines  après  ce  premier  travail,  toutes  ou 
presque  toutes  les  graines  qui  se  trouvaient  à  la  surface  du  sol  ont 
germé  et  acquis  un  certain  dévelopement  ;  si,  à  ce  moment,  on  vient 
à  pratiquer  un  second  déchaumage  ou  labour  léger,  on  enterrera  non 
plus  des  graines  qui  auraient  pu  conserver  toutes  leurs  facultés  ger- 
minatives  jusqu'au  moment  où  la  charrue  les  aurait  ramenées  à  la 
surface,  c'est-à-dire  après  une  période  de  dix-huit  mois  ou  deux  ans, 
mais  bien  des  jeunes  plantes,  grêles,  chétives,  qui  seront  bientôt 
détruites  par  le  seul  fait  de  leur  déplacement  et  de  leur  enfouissement 
par  la  charrue. 

Par  cet  ensemble  et  cette  suite  d'opérations,  au  bout  de  peu  de 
temps,  deux  ou  trois  ans  au  plus,  toutes  les  mauvaises  herbes,  qui 
vivent  au  détriment  de  la  richesse  du  sol,  seraient  complètement 
détruites.  On  voit  de  suite  la  conséquence  de  cette  pratique  :  1°  réduc- 
tion considérable  du  nombre  des  labours  nécessités  par  le  nettoiement 
des  terres  ;  2°  augmentation  notable  des  récolles. 

Ch.    POIRSON  ', 

Répétiteur  à  l'Ecole  nationale  d'agriculture  de  Grignon, 

LE  BUTTAGE  DES  PLANTS  GREFFÉS 

J'ai  dit,  il  y  a  bien  longtemps,  à  propos  des  opérations  assez  nom- 
breuses qui  constituent  un  bon  greffage,  que  chacune  d'entre  elles 
était  la  plus  importante  de  toutes,  puisque  si  celle-là  seule  était  mal 
faite,  elle  empêchait  la  reprise,  malgré  la  perfection  de  toutes  les 
autres,  antérieure-*  ou  postérieures. 

On  peut  trouver  cette  affirmation  un  peu  naïve,  un  peu  banale,  un 
peu  bête  même  si  Ton  veut;  on  peut  l'accuser  d'être  gênante,  et  je 
vais  prouver  qu'il  n'en  est  rien  ;  mais  plus  je  vais,  plus  je  crois  qu'elle 
n'est  point  inutile  ni  superflue.  Pendant  deux  mois,  je  viens  de  la  ré- 
péter bien  des  fois  chaque  jour  à  mes  trieurs,  à  mes  greffeurs  et  gref- 
feuses,  à  mes  lieuses,  à  mes  planteurs,  et  cela  n'empêchera  pas  qu'un 

1.  Auteur  de  la  Production  de  la  viande.  —  Librairie  agricole  de  la  Maison   rustique,   rue 
Jacob. 


302  LE  BUTTAGE  DES  PLANTS  GREFFÉS. 

grand  nombre  de  nos  greffes  manqueront  parce  qu'une  des  opérations 
de  triage,  d'ajustage,  de  ligature,  de  plantation  ou  de  buttage  aura  été 
mal  faite  et  mal  soignée. 

Mais,  dira-t-on,  il  y  a  là  de  quoi  faire  renoncer  aux  greffages.  Mais 
oui,  il  faut  y  renoncer  complètement,  si  l'on  ne  veut  pas  les  faire 
complètement  comme  ils  veulent  être  faits  pour  réussir.  Le  greffage 
n'est  pas  une  série  de  petites  manœuvres  isolées  et  indépendantes  les 
unes  des  autres,  c'est  un  ensembled'opérations  qui  se  tiennent,  s'enchaî- 
nant  et  se  commandent  les  unes  aux  autres  pour  former  un  tout  con- 
nexe, indivisible  et  solidaire.  Il  y  a  de  par  le  monde  une  foule  de 
choses  où,  comme  dans  le  greffage,  il  faut  que  toutes  les  pièces  soient 
bien  faites  pour  que  la  machine  puisse  marcher  :  une  montre,  par 
exemple,  toutes  les  roues  et  tous  les  engrenages  auraient  beau  être 
parfaits,  s'il  en  manquait  un,  la  montre  ne  marcherait  pas  et  l'opéra- 
tion n'aurait  pas  réussi. 

Ce  doit  être  bien  difficile  de  bien  faire  toutes  les  pièces  d'une 
montre,  et  cependant  il  y  a  bien  des  gens  qui  les  font  et  qui  les  font 
très  bien.  Il  est  en  revanche  excessivement  facile  de  faire  bien,  très 
bien,  parfaitement  bien  chacune  des  opérations  qui  composent  le  gref- 
fage ;  il  suffit  d'un  peu  d'adresse,  d'un  peu  d'exercice  et  d'une  atten- 
tion continue.  Seulement  il  faudrait  que  toutes  ces  opérations  succes- 
sives pussent  être  exécutées  par  le  même  ouvrier,  depuis  le  triage  des 
greffons  et  des  porte-greffes  jusqu'aux  derniers  soins  à  donner  aux 
plants  greffés,  comme  la  suppression  des  racines  que  peut  émettre  le 
greffon,  et  des  gourmands  que  lance  presque  toujours  le  porte-greffe. 
Malheureusement,  quand  on  a  à  exécuter  une  quantité  un  peu  consi- 
dérable de  greffes,  on  est  obligé,  faute  d'un  nombre  suffisant  d'ou- 
vriers capables  de  tout  bien  faire,  de  confier  chacune  de  ces  opérations 
à  des  mains  différentes,  et  ce  n'est  qu'après  avoir  passé  par  un  grand 
nombre  de  mains  que  le  pauvre  plant  greffé  arrive,  au  bout  de  quatre 
ou  cinq  mois,  et  après  une  longue  série  d'épreuves,  à  une  soudure 
complète.  C'est  ce  qui  explique  les  énormes  différences  dont  on  entend 
parler  chaque  jour  dans  le  tant  pour  cent  des  reprises;  un  bon  gref- 
ièur  qui  a  tout  fait  par  lui-même,  atteint  très  facilement  des  reprises 
de  90,  95,  et  parfois  même  100  pour  100,  tandis  que  chez  d'autres 
viticulteurs,  ce  n'est  plus  par  maximums  que  l'on  compte,  mais  par 
minimums  décroissants  et  arrivant  parfois  à  n'avoir  que  les  zéros 
du  100  pour  100. 

Le  meilleur  remède  à  cet  état  de  choses,  c'est  la  multiplication  des 
bons  greffeurs  par  les  écoles  de  greffage ,  et,  en  attendant  que  chaque 
viticulteur  puisse  trouver  facilement  tous  les  greffeurs  complets  dont 
il  pourra  avoir  besoin ,  il  faut  que  chacun  remplace  ce  qui 
lui  manque  par  la  surveillance  incessante  de  l'œil  du  maître  et  par  la 
répétition  incessante,  à  chacun  des  ouvriers  ou  ouvrières  faisant  une 
opération  du  grefl'age,  que  cette  opération  est  la  plus  importante  de 
toutes,  et  que  c'est  celle  qui  mérite  le  plus  de  soins. 

Ayant  à  parler  du  butiage  des  plants  greffés,  je  dois  tout  naturelle- 
ment commencer  par  dire  que  cette   opération  est  la  plus et  que 

c'est   celle  qui et  j'ajoute  qu'un  piant  non  butté  ou  mal  butié 

est  comme  une  maison  dont  on  aurait  oublié  de  faire  le  toit  ou  à 
laquelle  on  n'aurait  donné  que  des  fragments  de  toiture. 

Le  buttage  lui-même  se  divise  en  deux  parties  :  d'abord  celui  du 


LE  BUTTAGE  DES  PLANTS  GREFFKS.  303 

point  greffé  qui  doit  être  fait  avec  les  quatre  doigts  et  le  pouce,  et  qui 
exige  d'autant  plus  de  soins  qu'il  est  souvent  destiné  h  remplacer 
l'engluement  et  qu'il  doit  empêcher  l'eau  de  la  pluie  de  s'infiltrer 
entre  les  languettes  de  la  greffe,  résultat  qu'on  obtient  suffisamment 
quand  on  a  sous  la  main  un  sol  assez  argileux  dont  on  forme,  sur  la 
jonction  du  porte-gi'elîe  et  du  greffon,  une  pelotte  bien  serrée  et  poin- 
tue par  en  haut.  Après  ce  premier  buttage  à  la  main,  il  faut  —  et  cela 
peut  se  faire  facilement  avec  la  pelle  —  recouvrir  complètement  le 
greffon,  tant  long  soit-il,  avec  de  la  terre  aussi  légère  que  possible, 
du  moins  dans  la  couche  qui  recouvre  l'œil  supérieur  du  greffon.  Le 
buttage  idéal  se  compose  donc  de  deux  ou  même  trois  couches  super- 
posées de  terres  fort  différentes  :  argile  en  bas,  terre  quelconque  au 
milieu  et  sable  léger  au  sommet.  El  dire  qu'il  y  a  des  sols  privilégiés 
qui  contiennent  ces  trois  éléments  les  uns  sur  les  autres!  Quand  on 
né  les  a  pas,  on  peut  encore  se  tirer  d'affaire  assez  facilement  en  por- 
tant avec  soi  tantôt  une  petite  caisse  d'argile  pour  faire  le  battage 
d'en  bas  dans  les  terrains  trop  sablonneux,  tantôt  ce  qu'il  faut  de 
sable  ou  de  terre  légère  pour  faire  le  buttage  d'en  haut  dans  les  ter- 
rains trop  argileux. 

Mais  ce  ne  sont  pas  seulement  les  greffes  nouvellement  faites  qui 
ont  besoin  d'être  buttées  soigneusement,  et  le  point  sur  lequel  je  veux 
attirer  spécialement  l'attention  des  viticulteurs,  c'est  la  nécessité  ab- 
solue du  battage  pour  assurer  la  bonne  reprise  des  plants  soudés  que 
l'on  met  en  place  après  un  an  de  pépinière.  L'absence,  par  ignorance 
ou  par  oubli,  de  cette  précaution  indispensable  peut  compromettre  le 
succès  de  la  plantation  la  mieux  faite  avec  les  plants  les  mieux  choisis 
et  les  plus  irréprochables. 

Il  ne  faut  pas  oublier  que  la  soudure  d'un  jeune  plant  n'est  qu'une 
couche  superficielle  plus  ou  moins  mince,  composée  de  tissus  nou- 
vellement formés  et  qui  n'ont  pu,  en  quelques  mois,  acquérir  la  soli- 
dité, la  dureté,  la  résistance  des  autres  parties  plus  anciennes  de  la 
souche,  d'autant  plus  que  pendant  la  plus  grande  partie  de  cette 
existence  souterraine,  le  point  greffé  a  été  mis  soigneusement  à  l'abri 
du  contact  de  l'air  extérieur,  excepté  pendant  un  mois  ou  deux,  en 
septembre  et  en  octobre,  où  il  a  dû  être  déchaussé  pour  que  le  i^rand 
air  et  la  lumière  lui  aient  donné  un  commencement  de  durcissement 
et  de  lignification.  Mais  ce  n'est  qu'un  commencement  et  ce  n'est  pas 
trop  d'une  seconde  année  pour  que  la  soudure  la  plus  parfaiie  d'ap- 
parence extérieure  puisse  acquérir,  dans  toutes  ses  parties,  les  condi- 
tions suffisantes  de  résistance  à  ses  deux  grands  ennemis,  la  gelée  et 
la  sécheresse. 

C'est  surtout  pendant  la  période  qui  précède  et  qui  suit  la  plantation 
que  le  jeune  plant  a  besoin  d'être  protégé.  Depuis  le  commencement 
de  l'hiver  qui  suit  le  greffage,  jusqu'à  la  fin  de  l'été  qui  suit  la  mise 
en  place,  il  faut,  par  un  procédé  quelconque,  le  mettre  à  l'abri  des 
brusques  variations  de  la  température,  et  de  l'évaporation  trop  rapide 
produite  par  le  soleil  ou  par  le  vent.  Le  procédé  est  bien  simple,  la 
matière  est  toujours  sous  la  main  ;  la  terre,  en  effet,  pourvu  qu'elle 
soit  assez  légère,  forme,  non  seulement  le  plus  abondant  et  le  plus 
économique,  mais  le  meilleur  des  écrans  pour  amortir,  ou  tout  au 
moins  ralentir  et  atténuer  les  effets  dangereux  du  froid  et  de  la  séche- 
resse. 


304  LE  BUTTAGE  DES  PLANTS  GREFFÉS, 

Ce  n'est  pas  tant  l'intensité  du  froid  ou  de  la  chaleur  que  redoutent 
les  jeunes  plants  de  vignes  et,  en  général,  tous  les  végétaux,  ce  sont 
les  passages  trop  rapides  d'une  température  à  une  autre,  soit  plus 
chaude,  soit  plus  froide.  Ces  variations  sont  beaucoup  plus  rapides 
dans  l'air  que  sous  une  couche  de  terre,  tant  mince  soit-elle,  et  plus 
cette  couche  est  épaisse,  plus  ces  variations  de  la  température  exté- 
rieure mettent  de  temps  à  la  traverser,  plus  ces  variations  sont  lentes 
et  progressives  et  moins  elles  risquent  d'endommager  ou  de  décom- 
poser les  organes  des  plants  dont  les  tissus  s'y  habituent  insensible- 
ment à  des  degrés  de  froid  ou  de  chaleur  qui  les  auraient  désorga- 
nisés s'ils  s'étaient  produits  par  de  brusques  soubresauts. 

Deux  faits  à  l'appui  de  cette  assertion.  Pendant  l'hiver  de  1880-81 , 
j'avais  mis  à  l'aulomne  une  grande  quantité  de  plants  américains 
fraîchement  arrachés,  à  stratiûer  dehors,  sous  une  épaisse  couche  de 
sable.  La  straùûcation,  soit  dit  en  passant,  n'est  autre  chose  que 'le 
huilage  en  commun,  en  phalanstère,  si  vous  voulez,  qu'il  faut  appli- 
quer rigoureusemeut  et  absolument  à  tous  les  plants,  à  toutes  les 
branches,  entre  l'arrachage  ou  le  taillage  et  la  plantation.  Il  a  gelé 
pendai\t  80  jours,  le  thermomètre  est  descendu  et  resté  longtemps  à 
15  ou  16°,  le  sable,  dans  lequel  mes  plants  étaient  enfouis,  était 
devenu  dur  comme  un  roc  et  aucun  outil  n'aurait  pu  l'entamer,  la 
gelée  l'avait  percé  bien  complètement,  car  il  était  solidement  collé  au 
sol  et  impossible  à  soulever.  El  cependant,  quand  le  dégel  est  arrivé, 
j'ai  retrouvé  toutes  les  racines  de  mes  plants  aussi  intactes,  aussi 
saines  que  lorsqu'elles  avaient  été  mises  en  stratification,  et  tous  ces 
plants  ont  repris  à  qui  mieux  mieux. 

L'hiver  dernier,  un  de  mes  voisins  assez  éloigné,  à  qui  j'avais  donné 
des  boutures  à  faire  enraciner,  m'en  apportait  au  cornmencemenl  de 
décembre  une  forte  charretée.  Il  n'avait  pas  eu  la  précaution  de  les 
emballer  ni  môme  de  les  couvrir,  car  il  ne  lui  faut  que  deux  ou  trois 
heures  pour  faire  le  voyage.  Mais  la  charretée  a  eu  la  malechance  de 
subir  une  bourrasque  de  neige  glacée  et  le  plus  rapide  revirement  de 
froid  que  nous  ayons  eu  cet  hiverr  Quand  les  plants  sont  arrivés  ici, 
les  racines  étaient  complèlement  gelées,  on  a  mis  immédiatement  les 
plants  àstratifier  dans  une  cave,  mais  le  mal  était  fait  et  irrémédiable. 
Toutes  les  racines  se  sont  désorganisées  et  elles  appartenaient  cepen- 
dant à  des  variétés  qui  résistent  aux  plus  grands  froids,  et  aucun 
autre  de  mes  plants,  même  des  variétés  les  plus  délicates,  n'a  éprouvé, 
soit  en  slralification,  soit  en  pépinière,  la  moindre  alteinle  de  ce  froid 
qui  n'a  duré  qu'un  ou  deux  jours. 

Ce  qui  est  vrai  pour  les  tissus  des  racines  l'est  encore  bien  plus 
pour  les  jeunes  tissus  qui  forment  la  soudure  des  greffes. 

C'est  par  milliers,  par  dizaines  et  peut-êlre  par  centaines  de  milliers 
que  chaque  année,  des  plants  greffés,  parfaitement  soudés,  parfaite- 
ment frais,  parfaitement  plantés  au  milieu  du  sol,  dépérissent  et 
périssent  faute  d'un  buttage  suffisant  depuis  le  sol  jusqu'à  l'exlrémité 
supérieure  des  greffons.  Tantôt  c'est  la  gelée,  tantôt  ce  sont  les  rayons 
du  soleil  (m  la  sécheresse  prolongée  de  l'atmosphère  qui  désorganisent 
et  atrophient  les  jeunes  tissus  qu'aucun  écran  préservateur  ne  met  à 
l'abri  des  brusques  abaissements  de  la  température  ou  d'une  évapora- 
tion  dépassant  les  apports  de  la  sève  ascendante. 

Quant  aux  faits  à  l'appui,   la  liste  en  serait  illimitée,  à  commencer 


LE  BUTTAGE  DES  PLANTS  GREFFES.  305 

par  ceux,  trop  nombreux  hélas  !  que  je  pourrai  fournir  pour  mon 
compte  et  à  continuer  indéfiniment  par  des  exemples  —  à  ne  pas 
suivre  —  parce  qu'elle  serait  trop  longue  et  parce  qu'il  n'est  pas  un 
viticulteur  qui  ne  puisse  en  trouver,  soit  chez  lui,  soit  dans  son 
entourage.  Si  Ion  m'annonce  ou  si  je  vois  qu'une  plantation  de 
greiîés  a  manqué,  je  parierais  presque  à  coup  siîr  que  le  buttage  a 
été  oublié  ou  mal  fait,  et  cette  présomption  devient  une  certitude 
quand  je  vois  ou  quand  on  m'apprend  que  les  plants  ont  repoussé  du 
pied  et  qu'on  me  demande  ce  qu'il  faut  faire  sur  ces  sauvageons  de 
porte- greffes. 

On  a  fait  grand  tapage  parfois  —  et  entre  autres  l'an  dernier  aux 
environs  de  Montpellier  —  sur  quelques  accidents  arrivés  à  des  plants 
greffés  ;  des  viticulteurs  plus  riches  en  imagination  qu'en  esprit  d'ob- 
servation ont  échafaudé  sur  des  faits  plus  ou  moins  mal  étudiés,  les 
hypothèses  les  plus  fantaisistes,  les  systèmes  les  plus  saugrenus  et  les 
plus  propres  à  engendrer  la  panique  chez  les  ignorants  et  les  timides. 
En  éliminant  les  plants  pas  soudés  qui  ne  vivent  que  de  racines  émises 
par  les  greffons,  en  éliminant  encore  tous  ceux  qui  ont  été  endommagés 
par  des  causes  diverses,  telles  que  les  pieds  ou  les  dents  des  chèvres 
et  des  moutons,  et  en  ne  considérant  que  les  plants  bien  soudés,  on 
peut  affirmer  que  tous  les  accidents  qui  leur  arrivent  ont  été  causés 
soit  par  la  gelée,  soit  par  la  sécheresse,  et  ne  seraient  pas  arrivés  si 
un  buttage  avait  mis  tous  les  jeunes  tissus  de  la  gretïe  à  l'abri  des 
brusques  revirements  de  température  ou  de  l'évaporation  produite  par 
les  coups  de  soleil. 

Et  ce  ne  sont  pas  seulement  les  plants  greffés  que  je  vous  recom- 
manderai de  butter;  ce  sont  même  les  racines  quelconques  que  vous 
mettez  en  place;  pour  les  premiers  l'opération  est  indispensable,  pour 
les  autres  elle  augmente  autant  que  possible  les  chances  d'une  reprise 
complète. 

.)'ai  mis  en  place,  cette  année,  au  commencement  de  mars,  dix  ou 
douze  mille  plants  racines  de  producteurs  directs.  Mes  plants  étaient 
bien  frais,  mon  terrain  était  friable  à  souhait,  ma  plantation  avait  été 
exécutée  dans  les  meilleures  conditions  et  cependant  j'ai  cru  pendant 
assez  longtemps  que  j'aurais  un  échec  complet.  Mes  pauvres  plants 
ont  eu  à  subir,  pendant  plus  de  deux  mois,  des  températures  que  je 
qualifierai  de  dévergondées,  commençant  par  une  sécheresse,  une  cha- 
leur et  des  coups  de  soleil  caniculaires  et  se  continuant,  pendant  le 
joli  mois  de  mai,  par  des  gelées  que  janvier  et  février  lui-même 
avaient  laissées  pour  compte,  sans  une  goutte  d'eau,  jusqu'à  la  fin  du 
susdit  mois  de  mai  qui  n'a  eu  de  joli  que  cette  pluie  tardive.  Même 
après  cette  pluie,  plus  des  trois  quarts  de  mes  plants  ne  donnaient 
pas  signe  de  vie  et  tous  ceux  qui  sortaient  de  la  terre  étaient  secs 
comme  des  allumettes  désireraient  l'être.  —  Heureusement  les  racines 
et  toute  la  partie  enterrée  se  maintenaient  fraîches,  grâce  à  l'humi- 
dité emmagasinée  dans  le  sol,  et  petit  à  petit,  tous  mes  plants,  ou 
peut  s'en  faut,  ont  fini  par  repousser,  par  sortir  de  dessous  terre  et 
par  faire  meilleure  fin  et  meilleure  figure  queje  n'aurais  osé  l'espérer. 

Mais  quelle  différence  si  ces  plants  avaient  été  traités  comme  des 
plants  greffés,  s'ils  avaient  pu  se  moquer  des  caprices  de  la  saison  à 
l'abri  d'un  bon  buttage  qui  les  aurait  tenus  chauds  pendant  les  cha- 
leurs de  mars,  et  qui  aurait  permis  à  la  sève,  soit  emmagasinée  dans 


306  LE  BUTTAGE  DES  PLANTS  GREFFES. 

les  racines  et  la  tige,  soit  puisée  pea  à  peu  dans  le  sol  par  les  petites 
radicelles,  de  monter  lentement  et  régulièrement  vers  les  bourgeois  su- 
périeurs ;  au  lieu  de  perdre,  comme  Sizypiie,  sou  tsmps  et  ses  forces 
en  ascensions  et  en  répercussions,  et  de  se  perdre  elle-même  en  évapo- 
rations  stériles. 

Ce  qui  est  bon  pour  les  plants  greffés  et  pour  les  racines  quelcon- 
ques, l'est  encore  pour  les  boutures,  et  cela  est  tellement  évident  et 
tellement  prouvé  qu'il  est  inutile  de  le  démontrer.  Ne  voyez- vous  pas 
tous  les  jardiniers  couvrir  leurs  boutures  précieuses  ou  leurs  jeunes 
plants  délicats,  soit  avec  des  cloches,  soit  avec  des  pots  renversés  qui 
ne  sont  autre  chose  que  des  buttages?  Nous  autres  vignerons,  nous  n'a- 
vons pas  besoin  de  recourir  à  ces  engins  dispeadieux  en  argent  et  en 
temps;  la  terre  nous  suffit,  et  elle  fait  aussi  bien  et  peut-être  mieux 
parce  qu'elle  lais-^e  entrer  et  sortir  dans  une  juste  mesure,  l'air,  la 
chaleur  et  l'humidité  et  qu'elle  remplit  ainsi,  à  la  perfection,  le  rôle 
bienfaisant  de  flanelle  des  jeunes  plants  de  vignes.  C'est  à  elle  surtout 
qu'on  peut  appliquer  cette  maxime  méridionale:  «  Que  par  la  cao  par 
la  frai  »,  qui  pour  la  rendre  intelligible  aux  viticulteurs  des  bords  de 
la  Seine,  peut  être  prononcée  ainsi  :  Ce  qui  pare  le  chaud  pare  le  froid. 

Et  ayant  enfin  fini  mes  longs  et  nombreux  couplets  en  l'honneur  du 
buttage,  je  reprends  mon  refrain  que  :  de  toutes  les  opérations  du  gref- 
fage et  de  la  plantation  des  vignes,  la  plus  importante,  c'est  le  but- 
tage, et  pour  résumer  en  un  mot  tout  ce  que  je  viens  de  dire,  je  de- 
mande à  tous  mes  confrères  en  viticulture  de  chanter  en  chœur  cette  lé- 
gère variante  d'un  mot  qui  leur  est  bien  connu  : 

Buttons,  buttons,  buttons  tout  ce  que  nous  plantons. 

Aimé  Champin. 

PISCICULTURE.  -  LES  ASSOLEMENTS 

Aux  attaques  non  justifiées  d'une  presse  locale  et  politique  contre  la 
science  officielle  de  la  pisciculture,  qu'il  nous  était  d'autant  plus  facile 
à  défendre,  que  depuis  la  mort  de  Coste  nous  n'avons  plus  eu  avec  elle 
le  moindre  contact,  nous  reveaions  pour  la  dixième  fois  au  moins  à 
noire  favorite.  Il  en  fut  avec  la  sardine,  comme  du  reste  avec  tout  ce 
que  l'on  aime;  entraîné  plus  loin  que  nous  ne  voulions,  de  cette 
grande  et  belie  question  de  la  migration  des  poissons,  nous  aboutis- 
sions forcément  avec  les  courants,  leur  température,  les  milieux,  leur 
composition,  l'orientement  de  nos  côtes,  leur  flore,  ce  qu'il  fau- 
dra bien  finir  aussi  chez  nous  par  étudier,  leur  assolement,  leur  amé- 
nagement. 

Les  deux  mots  exprimant  le  même  fait,  nous  nous  en  tiendrons  au 
premier,  employé  par  nous  pour  la  première  fois  il  y  a  plus  de  vingt- 
cinq  ans. 

Après  avoir  passé  par  la  Baltique  et  la  mer  du  Nord,  où  grâce  aux 
beaux  travaux  de  MM,  Ekmann  pour  le  Cattegat  et  Hense  pour  les 
côtes  allemandes'(voy.  n''CT2  du /oi/rna/j,  l'assolement  étale  aujourd'hui 
avec  Dohrn  au  golfe  de  Naples  ses  incontestable  résultats. 

La  législation  des  pêches  est  avant  tout  une  question  d'histoire 
naturelle,  disait  Coste  dans  celte  historique  communication  à  l'Aca- 
démie des  sciences  du  21  avril  1862,  intitulée  la  Liberté  des  mers, 
d'où  est  sorti  le  grand  mouvement  dont  nous  venons  de  parler. 


PISCICULTURE.  —  LES  ASSOLEMENTS.  307 

Reportons-nous-y  donc,  el  sans  méconnaîLre  ce  qu'il  y  a  de  réussi, 
de  grandiose  même  dans  ce  qui  se  fait  à  l'étranger  par  l'application 
des  idées  je  dirai  même  des  rêves  du  vulgarisateur  de  la  pisciculture 
au  dix-neuvième  siècle;  voyons  le  parti  que  nous  en  pourrions  tirer  et 
comment  à  une  police  gênante  et  universelle  succédera  la  seule  pro- 
tection des  champs  reproducteurs  de  coquillages  et  des  pépinières  de 
repeuplement  comme  le  demandait  Goste. 

Cette  idée  des  réserves  appliquée  à  la  pisciculture  fluviale  ayant 
fait  ses  preuves  aussi  bien  pour  les  espèces  sédentaires,  que  pour  les 
salmonidés,  là  où  la  toi  est  la  loi,  pourquoi  n'en  serait-il  pas  de  même 
pour  les  immenses  espaces  qui  s'appellent  nos  côtes  et  qui,  avec 
huit  ou  neuf  millions  d'hectares,  ne  forment  pas  moins  du  cuiquième 
de  la  surface  de  notre  pays. 

Le  premier  document  officiel  qui  nous  fit  connaître  que  cette  idée  des 
réserves,  de  l'assolement  de  nos  côtes,  avait  reçu  un  commencement  ■ 
d'application  est  l'exposé  de  la  situation  de  l'empire  pour  1867.  Cinq 
ans  donc  après  le  fameux  décret  rendu  sur  la  proposition   de  Coste, 
qui  a  encore  aujourd'hui  force  de  loi. 

Sur  les  points  où  les  pêcheurs  associés  se  sont  réellement  chargés 
de  la  conservation  des  fonds  de  pêche,  des  résultats  admirables  ont 
été  obtenus,  y  est-il  dit.  (Voy  le  n°  34  du  Journal  1867.) 

Ces  dates  ont  aujourd'hui  surtout  la  plus  sérieuse  importance, 
aussi  tenons-nous  à  y  insister.  Deux  ou  trois  de  ces  associations 
appelées  pruif  liommies  à  la  Méditerranée  étaient  surtout  signalées 
dans  ledit  document,  et  curieusement  nous  les  retrouvons  dans  l'en- 
quête sénatoriale  de  1882  pour  Saint-Tropez  entre  autres. 

Les   cantonnements  des  madrastues  en  dehors  de  l'abord  des  thons 

Cl 

(soit  un  mille  ou  1852  mètres)  sont  on  le  sait  toujours  les  mieux 
empoissonnés;  les  filets  calés,  retenant  les  gros  poissons,  servent  de 
refuge  et  d'abri  aux  jeunes,  chassés  sans  cesse  et  impitoyablement  par 
les  arts  traînants  de  leurs  plages  d'amour  et  de  stabulation. 

Le  pour  ou  le  contre,  l'utilité  des  madragues  n'est  point  ici  en 
question.  Ce  sont  vieilles  querelles  dont  depuis  le  seizième  siècle,  on 
n'a  cessé  de  s'occuper  et  dont  on  s'occupera  certainement  longtemps 
encore.  Le  poisson  n'étant  là  que  le  prétexte  à  de  nombreux  thèmes 
politiques,  ou  personnels  résolus  comme  toujours  : 

«  Selon  que  vous  serez  puissant  ou  misérable, 

«  Les  jugements  de  cour  vous  rendront  blanc  ou  noir.  » 

Nous  ne  tenons  à  constater  que  le  fait  du  calage  d'une  madrague 
servant  d'abri,  de  son  utilité  en  un  mot  pour  les  jeunes  poissons 
sédentaires.  Si  cette  utilité  est  prouvée  dans  des  circonstances  si 
exceptionnelles,  que  ne  serait-ce  pas  si,  d'une  exception  minuscule 
dans  ces  immensités,  on  faisait  une  règle  dans  des  conditions  natu- 
relles établies  par  l'accord  de  la  science  et  delà  pratique,  de  zoologistes 
et  de  marins,  comme  on  l'a  si  souvent  demandé. 

Il  importerait  seulement  avant  tout  que  marins  et  zoologistes,  ou 
zoologistes  d'abord  se  missent  d'accord  entre  eux  pour  choisir  les 
plages  en  question,  les  orientenients,  étudier  la  flore  de  leurs  fonds,  la 
faune  aquatique;  là  est  toute  la  question. 

Si  vous  réservez  aux  pleuronectes  ce  qui  convientaux  soubines,  aux 
muges  ce  qui  n'est  fréquenté  que  par  les  raies,  aux  grondins  ce  qui 
n'est  que  pour  la  dorade,  si  ea  un  mot  vous  ne  déterminez  votre  asso- 


308  PISCICULTURE.  —  LES  ASSOLEMENTS. 

lement  comme  le  fait  l'agriculteur  après  l'étude  du  sol  et  des  milieux 
dans  lesquels  il  doit  se  mouvoir,  vous  n'auriez  qu'une  déception  cer- 
taine. 

Un  fait,  qui  paraît  maintenant  hors  de  doute,  dans  les  inconnus 
qui  entourent  le  frai  et  l'habitat  de  prédilection  des  espèces  marines, 
fait  mis  en  haute  lumière  par  les  dernières  publications  de  Dohrn  au 
laboratoire  de  Naples,  et  dont  nous  parlerons  plus  longuement  quand 
nous  aborderons  les  travaux  de  ce  grand  centre  de  la  pisciculture 
moderne,  ce  fait  confirme  du  reste  |les  conclusions  de  la  Commission 
que  la  Convention  avait  déléguée  sur  nos  côtes  de  l'ouest  relativement 
à  l'arrachage  des  goémons  et  des  varechs  qui,  comme  les  madragues, 
avaient  déjà  en  ces  temps  reculés  leurs  zoologistes  tant  pis  et  leurs 
zoologistes- tant  mieux.  Dohrn,  après  nos  conventionnels,  déclare  donc 
de  la  façon  la  plus  formelle,  que  ce  n'est  jamais  sur  les  plages  aux 
eaux  battues,  c'est-à-dire  soumises  à  l'influence  des  marées,  que  les 
poissons  sédentaires  de  nos  côtes  déposent  leur  frai. 

Cosle  l'avait  si  bien  compris,  deviné,  oserions-nous  écrire,  que  la 
liberté  de  la  mer,  d'abord  si  mal  entendue,  et  encore  plus  mal  appli- 
quée, n'était  que  le  complément  de  réserve  ;  d'un  assolement  de  la 
côte,  étudié  et  choisi,  comme  ce  fut  le  cas  pour  la  vaste  baie  de  Saint- 
Waast,  où  il  avait  fait  ses  si  intéressantes  observations  en  18G'2. 

Une  fois  ces  orientements  connus  et  désignés,  laissez  prendre  et 
arracher  varechs  et  goémons,  du  grand  flot  de  mars  à  celui  de 
septembre  excepté  bien  entendu,  en  tenant  pour  certain  que  pas  un 
oeuf  ou  un  jeune  alevin  vous  n'aurez  fait  détruire. 

Les  grandes  vallées  sous-marines,  dont  parlait  Coste,  et  sur  les- 
quelles M.  Dohrn  vient  de  rappeler  notre  attention,  sont  les  frayères 
naturelles  d'espèces,  dont  les  œufs,  parfois  flottants,  il  est  vrai,  et  le 
fretin  ne  regagnent  les  milieux  plus  chauds  qu'aux  syzygies  du  prin- 
temps. 

Ces  frayères,  situées  par  25  et  30  brasses  de  fond  et  à  3  ou  4  milles 
en  mer,  sont  hors  d'atteinte  des  ai-ls  traînants,  chaluts,  ganguis,  etc., 
avec  une  flore  différente  de  celle  des  eaux  battues,  tels  que  goémons, 
zostères,  etc. 

Il  est  vrai  d'ajouter  que  cette  flore  a  une  faune  spéciale  en  inverté- 
brés, crustacés]et  coeleutérés,  dont  les  jeunes  sont  très  friands  quand  Us 
montent  au  flot  ;  mais  l'interdiction  précitée  ne  nous  garantit-elle 
pas  de  ce  côté  ?  quand  de  l'autre,  par  des  cantonnements  de  réserves 
aménagés  à  deux  et  trois  ans,  selon  la  richesse  des  fonds  et  des  eaux 
en  infusoires,  animalcules,  etc  ,  nous  aurons  assuré  au  repeuplement 
le  grossissement  par  la  sécurité. 

L'étude  de  ces  réserves  doit  être  soumise  avant  tout  à  celle  de  l'o- 
rientement  et  de  la  configuration  de  la  côte,  aux  courants  de  fond  et 
de  surface,  alternatifs  ou  permanents,  qui  la  traversent,  à  la  nature  des 
eaux  et  leur  température  surtout.  Exemple  :  ne  serait-ce  pas  à  ces  causes 
que  les  pleuronectes  de  la  mer  Rouge  (ouest  de  l'Irlande),  qui  n'ont 
d'égaux  que  ceux  de  notre  grand  plateau  vendéen,  d'entre  Loire  et 
Gironde,  doivent  cette  taille  et  cette  vigueur,  ces  tons  si  chauds,  si 
voyants,  ce  muscle  si  ferme  et  si  parfumé,  qui  en  font  le  manger  le 
plus  délicat  que  l'on  connaisse  ;  à  ces  causes,  disions-nous,  réunies 
dans  la  branche  du  Ramel,  dans  laquelle  ils  naissent,  vivent  et  se 
font  pêcher  ? 


PISCICULTURE.    —  LES  ASSOLEMENTS.  309 

Celle  question  de  l'iissoleiineal  da  nos  côtes,  par  série  de  1 5  à  20  ki- 
lomètres sur  3  milles  en  dehors  des  points  de  marée,  devrait  être  éta- 
blie, régléepar  l'inscription  qui,  avecla  douane  et  la  gendarmerie  ma- 
ritime, en  aurait  la  surveillance. 

Quand  nous  parlerons  du  laboratoire  zoologique  de  Naples,  nous 
aurons  à  revenir  sur  cette  question  du  grossissement  des  espèces  dans 
des  conditions  si  curieusement  révélées  par  les  découvertes  récentes  des 
savants  qui  dirigent  cette  belle  œuvre. 

Ces  circonstances  toutes  nouvelles,  inconnues  des  pisciculteurs  qui 
ont  assisté  à  l'éclosion  de  ces  belles  idées,  n'en  donnent  que  plus 
d'importance  à  leurs  prévisions,  et  prouvent  que  la  richesse  et  la 
liberté  de  la  mer  n'auront  pas  de  base  plus  solide  que  l'assolemont  des 
côtes. 

Il  ne  serait  pas  juste  qu'en  terminant  nous  ne  citions  MM.  Raim- 
baud,  Vidal,  le  commandant  Duret,  Delidon,  dont  les  beaux  travaux 
pour  la  Méditerranée  surtout,  paraissent  aujourd'hui  inconnus  d'une 
génération  qui  n'a  pas  même  l'a-propos  de  les  bien  copier. 

Consolons-nous,  messieurs,  car  il  faut  des  jeunes  pour  continuer 
l'œuvre;  mais  qu'ils  nous  permettent  de  leur  rappeler,  ces  jeunes, 
les  si  gauloises  paroles  de  notre  vieil  ami  de  l'île  de  Ré,  écrites  ici 
même,  il  y  a  quelques  ans,  à  propos  de  ses  découvertes  sur  l'ostréi- 
culture, découvertes  dont  il  ne  restait  plus  même  le  parrain  :  «  Pillez- 
les  à  votre  aise,  messieurs,  les  pommes  de  notre  jardin,  mais  au 
moins  laissez-nous  les  pommiers.  »  Chabot-Karlen. 

BIBLIOGRAPHIE  AGRICOLE 

Précis  pratique  de  Viiieoage  dps  lapins,  lièvres,  léporides  en  garenne  et  clapier,  par  M.  A.  Gobin, 
professeur  iliipirieraental  d'agriculture  du  Jura.  —  2"  édition.  — •  Un  volume  in-lS  de  204  pages, 
avec  38  gravures  dans  le  texte.  —  Librairie  Lebroc  et  Cie,  8,  rue  Garancière,  à  Pans.  — 
Prix  :  3  fr.  50. 

A  plusieurs  reprises,  nous  avons  signalé  à  nos  lecteurs  les  excellents 
traités  sur  le  porc,  les  animaux  de  basse-cour,  les  pigeons,  les  vers  à 
soie,  dont  M.  Gobin  est  l'auteur.  Il  y  a  quelques  années,  nous  avons 
appelé  leur  attention  sur  le  volume  qu'il  avait  consacré  aux  lapins  et 
aux  lièvres.  La  deuxième  édition  de  ce  dernier  ouvrage  a  paru  récem- 
ment; ce  n'est  pas  une  simple  réédition,  mais  un  travail  dans  lequel 
l'auteur  a  tenu  à  faire  entrer  les  observations  les  plus  récentes  sur  les 
animaux  dont  il  s'occupe.  Quelque  peu  nombreuses  qu'elles  aient  été, 
l'auteur   a  tenu   à  mettre  son  livre  absolument  au  courant  des  faits. 

L'ouvrage  est  divisé  en  quatre  parties  consacrées  respectivement  au 
lièvre,  au  lapin  sauvage,  au  lapin  domestique,  au  léporide.  La  plus 
étendue  est  naturellement  celle  qui  a  pour  objet  le  lapin  domestique. 
En  effet,  pour  les  autres  animaux,  il  s'agit  surtout  d'indiquer  les 
caractères  zoologiques,  les  mœurs,  l'habitat  et  les  principaux  pro- 
duits, tandis  que,  en  ce  qui  concerne  le  lapin  domestique,  il  s'agit 
d'une  industrie  importante  qui  assure  des  produits  considérables  par 
la  masse  considérable  de  matière  qu'elle  crée.  Ici,  il  faut  s'occuper  des 
races  multiples  que  les  agriculteurs  élèvent,  de  la  reproduction,  de 
l'hygiène,  de  la  nourriture,  des  produits,  etc. 

Tous  les  chapitres  de  cet  ouvrage  sont  écrits  avec  la  clarté  et  la  faci- 
lité que  l'on  retrouve  dans  tous  les  travaux  de  M.  Gobin  :  beaucoup 
de  faits,  avec  l'indication  précise  desautorilés  et  des  sources  auxquelles 


310  BIBLIOGRAPHIE  AGRICOLE. 

il  a  dû  puiser.  Toutefois,  nous  devons  présanter  une  réserve  :  M.  Gobin 
paraît  compter  beaucoup  sur  le  léporide,  ce  fameux  métis  de  lièvre  et 
de  lapin,  qui,  il  y  a  eaviron  vingt  ans,  a  été  considéré  comme  devant 
révolutionner  les  clapiers;  nous  ne  pouvons  partager  cette  opinion.  En 
dehors  de  toute  question  scientifique,  si  la  production  du  léporide 
devait  donner  des  résultats  réellement  avantageux,  elle  serait  sortie 
des  quelques  fermes  où  elle  a  été  pratiquée,  et  elle  se  serait  généra- 
lisée; or,  c'est  le  contraire  qui  est  advenu.  Cette  légère  critique  n'en- 
lève rien  à  la  valeur  du  livre  qui  est  un  excellent  guide  que  consulte- 
ront avec  fruit  aussi  bien  les  propriétaires  de  garennes  que  ceux  des 
modestes  clapiers.  Et  ils  sont  nombreux,  car  on  n'estime  pas  à  moins 
de  70  à  80  millions  de  têtes  la  consommation  de  lapins  domestiques 
en  France,  et  de  4  à  5  millions  de  têtes  celle  des  lapins  sauvages  ;  ces 
chiffres,  fournis  par  les  industriels  qui  travaillent  les  peaux  de  lapins, 
ne  do  ivent  pas  s'éloigner  beaucoup  de  la  vérité. 

Henry  Sagnier. 

NOUVELLES  INVENTIONS  AGRICOLES 

ANALYSE  SOMMAIRE  DES    DERNIERS  BREVETS  DÉLIVRÉS 

161,425.  Galtier.  5  avril  1884.  Perfecûonnemenl  apporte  aux  appareils  pour 
la  fabrication  du  fromage.  —  Il  s'agit  d'un  appareil  pour  chaull'er  le  lait  degtiné 
à  l'aire  le  fromage,  au  moyen  de  l'eau  chaude  coiHenue  dans  un  bain-marie,  ainsi 
que  de  la  vapeur  qui  s'en  dégage  et  dontonempèche  la  sortie  autant  que  possible. 
Le  breveté  se  propose  par  là  de  ne  plus  avoir  de  lait  brûlé  ou  sentant  la  fumée, 
comme  cela  arrive  avec  les  appareils  à  feu  nu. 

L'appareil  se  compose  d'un  foyer  en  fonte  monté  sur  pieds,  muni  d'une  grille 
pour  le  chauffage  au  charbon,  que  l'on  peut  remplacer  par  une  grille  à  bois,  et 
d'une  cheminée  de  tirage,  dans  laquelle  les  gaz  et  la  fumée  n'arrivent  qu'après 
avoir  circulé  autour  du  bain-marie,  afin  que  leur  chaleur  soit  mieux  utilisée.  Ce 
bain-marie  est  lui-même  une  sorte  de  marmite  en  fonte,  en  partie  remplie  d'eau, 
et  dont  le  rebord  repose  sur  la  partie  supérieure  du  foyer.  Le  vase  contenant  le 
lait,  d'un  diamètre  sensiblement  plus  petit  que  le  bain-marie,  repose  sur  le  fond 
de  celui-ci  par  un  cercle  percé  de  trous  jjour  permettre  la  circulation  de  l'eau  ;  il 
est  pourvu  extérieurement  d'un  anneau  formant  couvercle  pour  le  bain-marie  et  y 
maintenant  la  vapeur:  il  est,  en  outre,  muni  de  deux  anses  et  d'un  couvercle. 
161,436.  DULPHY.  9  avril  1884.  Syslinne  perfectionné  de  râteau  à  levier  de 
.  décharge,  fonclionnanl  à  la  main.  —  Au  bout  du  manche  du  râteau,  est  fixée  une 
traverse  autour  de  laquelle  sont  articulées  les  dents,  de  sorte  que  celles-ci  peuvent 
se  soulever  un  peu  pour  suivre  les  inégalités  du  sol;  elles  sont  réunies  deux  à 
deux.  De  plus,  à  cette  même  traverse  en  est  aiticulée  une  autre  qui  lui  est  parallèle 
et  à  laquelle  les  groupes  de  dents  sont  suspendus  par  des  fils  de  fer  ;  il  suflit  donc 
de  relever  cette  traverse  mobile  pour  que  toutes  les  dents  se  soulèvent  complète- 
ment et  abandonnent  le  foin  qu'elles  avaient  ramassé.  Dans  ce  but,  les  deux 
extrémités  de  ladite  traverse  mobile  sont  reliées  par  des  cordes  à  un  levier  verti- 
cal articulé  sur  le  manche,  à  portée  de  la  main  deVouvrier,  et  qu'il  suffit  de  tirer  en 
avant  pour  produire  la  décharge.  Aux  deux  bouts  de  la  traverse  fixe,  sont  montés 
des  fers  également  fixes  qui  déterminent  la  position  de  la  monture  du  râteau  au- 
dessus  du  sol.  Plusieurs  fils  de  fer  perpendiculaires  aux  traverses  et  par  consé- 
quent parallèles  aux  dents  appuient  sur  le  foin  pour  qu'il  n'empêche  pas  le  jeu 
de  ces  derniers. 

161,451.  Ellis.  9  avril  1884.  Perfeclionncmcnls  apportés  à  la  confection  des 
silos.  —  L'invention  consiste  dans  un  genre  de  hangars  fermés,  démontables,  pou- 
vant être  facilement  transportés  aux  endroits  choisis  pour  y  emmagasiner  des 
céréales.  Chaque  hangar  se  compose  de  quatre  pièces  de  bois,  en  partie  noyées 
dang  le  sol,  assemblées  à  angle  droit  les  unes  sur  les  autres  et  formant  un  sou- 
bassement dans  lequel  on  vient  emboîter  des  montants;  en  haut  de  ceux-ci.  se 
fixent  de  longs  pans  qui  reçoivent  eux-mêmes  les  fermes  du  toit.  Des  feuilles  de 
tôle  glissant  à  coulisse  dans  des  rainures  des  montants  ferment  les  intervalles  qui 


NOUVELLES  INVENTIONS  AGRICOLES.  311 

séparent  ceux-ci  ;  des  tôles  sont  aussi  placées  de  la  même  manière  entre  les  pannes 
de  la  toiture,  lesquelles  sont  boulonnées  sur  les  fermes.  Des  portes  à  charnières 
ou  à  coulisses,  ménagées  dans  les  pignons  et  aussi  plus  bas,  servent  à  l'entrée  ou 
à  la  sortie  des  céréales.  Une  couche  de  broussailles  peut  servir  de  lit  aux  céréales  ; 
on  peut  également  établir  un  pavage. 

Le  breveté  fait  remarquer  que  son  système  est  applicable  aux  silos  établis  dans 
une  excavation  pratiquée  dans  le  liane  d'une  colline,  et  qu'il  peut  varier  selon  les 
besoins  et  les  formes  de  ses  hangars. 

161,481.  Société  A.  Bomal  et  Cie.  12  avril  1884.  Machine  à  faire  le  beurre, 
dite  la  reine  des  barattes.  —  L'organe  batteur  de  cette  baratte  est  un  diaphragme 
vertical  animé  d'un  mouvement  de  rotaton  intermittent  et  rapide;  il  tourne  d'un 
demi-tour  à  droite  et  d'un  demi-tour  à  gauche,  alternativement.  Ce  mouvement 
est  obtenu  au  moyen  d'un  pignon  conique  monté  sur  l'axe  de  la  pièce  et  conduit 
par  un  second  pignon  qui  est  lui-même  mis  en  mouvement  intermittent  à  l'aide 
d'un  levier  à  main,  par  l'intermédiaire  d'une  disposition  particulière  de  manivelle 
et  de  levier  brisé.  Le  batteur  est  en  bois  ou  en  métal  ;  dans  ce  dernier  cas,  les 
brevetés  proposent  de  le  constituer  au  moyen  d'un  tuyau  replié  sur  lui-même  et 
formant  un  serpentin  bouché  à  son  extrémité,  dans  lequel  on  peut  placer  de  l'eau 
chaude  pour  chauQ'er  la  crème,  quand  il  y  a  lieu. 

Les  brevetés  disent  que  leur  baratte  permet  de  faire  une  grande  quantité  de 
beurre  à  la  fois,  en  n'exigeant  que  la  force  d'une  femme  lu  d'un  enfant. 

161,484.  MiRLAND.  16  avril  1884.  Appareil  destiné  à  l'ensemenctnient,  dit 
semoir  intermittent.  —  L'inventeur,  pénétré  des  inconvénients  des  semoirs  continus 
et  des  avantages  des  semoirs  intermittents,  au  moins  pour  l'ensemencement  de  la 
betterave,  qu'il  a  plus  spécialement  en  vue,  a  cherché  à  combiner  un  semoir  de  ce 
dernier  genre  qui  fût  exempt  de  la  complication  des  systèmes  connus. 

Dans  ce  but,  il  a  imaginé  de  distribuer  la  graine  au  moyen  d'une  sorte  de  ti- 
roir rotatif,  c'est-à-dire  d'un  petit  cylindre  fermant  la  fente  de  chaque  réservoir  à 
graine,  et  muni  sur  toute  sa  longueur  d'une  cavité  qui  s'emplit  de  semence  quand 
elle  se  trouve  tournée  vers  le  haut  et  se  vide  dans  le  sillon  quand,  par  suite  de  la 
rotation  du  cylindre,  elle  se  trouve  tournée  vers  le  bas.  Afin  d'assurer  remplis- 
sage de  cette  cavité  du  distributeur,  chaque  boîte  à  graine  est  divisée  en  deux 
parties  par  une  cloison  horizontale,  percée  d'un  orifice  pour  laisser  passer  la  se- 
mence dans  le  compartiment  inférieur,  ainsi  que  pour  donner  passage  à  une  tige 
verticale  agitatrice  ;  cette  tige,  qui  tourne  à  l'aide  d'un  engrenage  d'angle,  est 
munie  de  chevilles  vers  sa  partie  inférieure  et  d'une  petite  fourche  à  son  extrémité, 
ce  qui  assure  l'empiissage  de  la  cavité  mesureuse.  Le  mouvement  de  rotation  al- 
ternatif est  donné  au  cylindre  distributeur  par  un  bras  de  manivelle  calé  sur  son 
axe  et  se  reliant  à  l'extrémité  inférieure  d'une  tige  verticale  dont  l'autre  extrémité 
est  recourbée  et  se  trouve  en  rapport  avec  une  came  en  étoile  destinée  à  la  soule- 
ver au  passage  de  chaque  dent  ;  aussitôt  la  dent  passée,  un  ressort  à  boudin  ramène 
la  tige  violemment  vers  le  bas,  fait  par  suite  tourner  le  cylindre  distributeur  et 
jirojette  ainsi  dans  le  sol,  avec  force,  la  graine   contenue  dans  la  cavité. 

Ce  système  permet,  en  changeant  les  engrenages  de  manière  à  produire  plus  ou 
moins  de  fois  les  mouvements  ci-dessus  pour  chaque  tour  de  roue  du  semoir,  de 
régler  à  volonté  l'espacement  des  paquets  de  graine  semés  dans  le  sol.  Pour  per- 
mettre ce  changement  d'engrenages,  l'essieu  d'avant  se  rapproche  à  volonté  de 
l'arbre  de  commande.  Les  roues  d'arrière  peuvent  être  remplacées  par  des  rou- 
leaux quand  l'état  de  la  terre  le  permet. 

Le  semeur,  qui,  avec  ce  système,  peut  toujours  voir  si  son  semoir  fonctionne 
bien,  a  la  faculté  de  faire  revenir  l'appareil  en  arrière  s'il  s'aperçoit  qu'une  par- 
tie du  terrain  n'a  pas  été  ensemencée.  Gh.  Assi  et  L.  Genès, 

Ingénieurs-conseils  en  "matière  de  brevets  d'iuvention, 
36,  boulevard  Voltaire,  à  Paris. 

■      PROJET  DE  LOI  PORTANT  MODIFICATION 

DU  TARIF  GÉNÉRAL  DES  DOUANES' 

Exposé  des  motifs. 

La  France  traverse  depuis  plusieurs  années  une  crise  agricole  des  plus  doulou- 
reuses, qui  l'atteint  dans  les  sources  mêmes  de  sa  richesse  et  qui  réagit  profondé- 

1.  in-ojel  présenté  à  la  Chambru  des  iléputés,  dans  sa  séance  du  14_aoiit  1884,  par  M.  Jules 
Méline,  ministre  de  l'agriculture. 


312       PROJET  DE  LOI  PORTANT  MODIFICATION  DU  TARIF  DES  DOUANES 

ment  sur  l'état  des  finances  du  pays.  Il  est  du  devoir  du  gouvernement  de  ne  rien 
négliger  pour  y  mettre  un  terme  et  pour  relever  une  branche  de  production  qui 
lait  vivre  plus  des  deux  tiers  de  la  population  française. 

Parmi  les  moyens  qui  peuvent  y  contribuer,  il  en  est  un  grand  nombre  assuré- 
ment qui  échappent  à  l'action  de  l'Etat  et  qui  dépen  ient  surtout  de  l'initiative,  de 
l'intelligence,  de  l'énergie  hardie  des  populations  rurales  elles-mêmes.  Sur  ce  ter- 
rain, le  gouvernement  ne  peut  procéder  que  par  voie  de  conseil,  de  haute  direc- 
tion, et  il  n'y  a  jamais  manqué. 

Il  ne  perd  aucune  occasion  d'exhorter  les  cultivateurs  à  perfectionner  leurs  mé- 
thodes de  culture,  à  appliijuer  les  procédés  qui,  pour  la  même  somme  de  travail, 
donnent  des  rendements  plus  élevés,  à  développer  les  produits  accessoires  qui  s'a- 
joutent au  bénéfice  de  l'exploitation  en  n'exigeant  qu'une  faible  dépense  supplé- 
mentaire, à  remplacer  enfin  par  l'emploi  des  machines  la  main-d'œuvre  qui  de- 
vient chaque  jour  pins  rare  et  plus  chère.  C'est  surtout  par  l'instruction  et  les  en- 
couragements que  l'Etat  peut  agir  sur  ce  côté  de  la  question,  et  personne  ne  sau- 
rait contester  que  le  gouvernement  de  la  République  a  largement  rempli  cette  par- 
tie de  sa  mission.  Les  chiffres  de  notre  budget  sont  là  pour  établir  combien  l'en- 
seignement professionnel  a  été  développé  dans  notre  pays  depuis  quelques  années 
et  quelle  part  considérable  le  gouvernement  a  prise  à  la  réalisation  de  tous  les 
progrès  qi/i  se   sont   accomplis  dans  la  prati  ]ue  agricole. 

Il  faut  rendre  justice  à  l'agriculture  française  qu'elle  a  fait  de  son  côté  tout  ce 
qui  dépendait  d'elle  et  qu'elle  a  multiplié  ses  efforts  avec  un  grand  courage  ;  mais 
elle  demande,  en  retour,  que  le  gouvernement  lui  apporte  son  concours  direct  et 
qu'il  prenne  toutes  les  mesures  en  son  pouvoir  pour  l'aider  à  sortir  d'une  situa- 
tion si  diffiiile. 

Parmi  ces  mesures,  il  n'est  pas  douteux  qu'elle  attache  une  importance  particu- 
lière au  relèvement  des  tarifs  de  douane  sur  certains  produits  agricoles. 

Il  faut  reconnaître  qu'on  a  déjà  beaucoup  fait  pour  elle  sous  ce  rapport,  et  ceux 
qui  lui  répètent  qu'on  l'a  systématiquement  sacrifiée  en  1880,  lors  de  la  discus- 
sion des  tarifs  de  douane,  commettent  une  erreur  manifeste. 

Ils  oublient  trop  volontiers  la  situation  exacte  de  l'agriculture  en  1880  au  point 
de  vue  des  tarifs.  Il  est  bien  vrai  qu'elle  vivait  alors  sous  le  régime  du  libre 
échange  ;  car  on  ne  saurait  considérer  comme  une  véritable  protection  les  droits 
purement  fiscaux  qui  grevaient  alors  les  produits  agricoles,  celui  de  0  fr.  50  par 
hectolitre  de  blé,  ceux  de  3  fr.  60  par  tète  de  bœuf,  de  1  fr.  20  par  tête  de  vache, 
de  0  fr.  30  pour  le  mouton,  pour  le  veau  et  pour  le  porc. 

Une  première  satisfaction,  une  satisfaction  importante,  a  été  accordée  à  l'agri- 
culture, en  ce  qui  concerne  le  bétail,  par  les  nouveaux  tarifs  de  1880.  Les  dioits 
sur  le  bœuf  ont  été  portés  de  3  fr.  60  à  15  fr.  ;  pour  la  vache,  ils  ont  été  élevés  de 
1  fr.  20  à  8  fr.  ;  pour  les  veaux,  de  0  fr.  30  à  1  fr.  50  ;  pour  les  moutons,  de 
0  fr.  30  à  2  fr.  ;  enfin,  pour  les  porcs,  de  0  fr.  30  à  3  fr. 

Personne  ne  saurait  nier  l'importance  considérable  de  ces  relèvements,  et  les 
meilleurs  amis  de  l'agriculture  pouvaient  croire  de  très  bonne  foi,  à  cette  époque, 
qu'ils  seraient  suffisants. 

Malheureusement,  il  faut  le  dire,  l'expérience  que  nous  avons  faite  depuis  la 
mise  en  application  des  tarifs  nouveaux  n'a  pas  justifié  ces  prévisions,  et  il  n'est 
pas  surprenant  que  nos  éleveurs,  qui  connaissent  les  tableaux  de  douane,  en 
soient  venus  à  se  persuader  que  la  barrière  a  été  placée  trop  bas  pour  les  protéger. 
Ainsi,  l'impoitation  des  bœufs,  qui  n'avait  été  que  de  54,133  tètes  en  1881, 
s'est  élevée  pour  1883  à  76,423  tètes;  celle  des  vaches  de  44,093  tètes  à 
62,908  têtes;  celle  des  taureaux,  de  1,794  à  1,904  têtes;  celle  des  bouvillons  et 
taurillons,  de  2,953  à  7,277  têtes;  celle  des  génisses,  de  2, 139  à  7,154  têtes; 
celle  des  veaux,  de  45,230  à  60,068  tètes;  celle  des  moutons,  de  1,711,964  à 
2,277,695.  Enfin,  si  on  prend  l'importation  totale  par  tètes,  sans  distinction 
d'espèces,  on  est  amené  à  constater  que  l'importation  du  bétail  étranger.,  qui 
n'avait  jamais  dépassé  2  millions  de  têtes  jusqu'en  1876,  sauf  une  seule  fois, 
en  1872,  s'est  élevée  pour  1881,  au  lendemain  du  vote  des  tarifs,  à  2, 12 7,523  têtes. 
En  1882,  elle  a  été  de  2,521,495  têtes  ;  enfin,  en  1883,  elle  a  dépassé  3  millions 
de  têtes.  Nous  ne  parlons  pas  de  1878  parce  que  l'augmentation  des  importations 
s'explique  pour  cette  année  par  les  grands  arrivages  destinés  à  nourrir  les  étran- 
gers accourus  à  Paris  pour  l'exposition  universelle. 

Aucune  nation,  sauf  peut-être  l'Angleterre  qui  introduit  plus  de  gros  bétail  que 
nous,  ne  subit  une  pareille  importation. 


PROJET  DE  LOI  PORTANT  MOCrFIGATION  DU  TARIF  DES  DOUANES       313 

L'importation  de  rAllemat^ne  a  été,  en  1882,  de  153,010  têtes  seulement;  celle 
de  l'Autriche,  de  220,000  tètes  et  celle  de  l'Ita  ie  de  «6,992  tètes. 

Ces  comparaisons  suffisent  à  établir  que  les  droits  inscrit-i  aux  tarifs  de  1880 
n'ont  pas  atteint  le  but  qu'on  avait  poursuivi  puisqu'on  entendait  protégi^r  la  pro- 
duction du  bétail  en  ralentissant  le  mouvement  des  importatioTS  et  que  c'est  l'effet 
contraire  qui  semble  se  produire.  Ce  phénomène  n'a  ri  m  de  surprenant  si  on 
songe  au  développement  qu'a  pris  l'élevage  du  bétail  dans  les  pays  voisins  et  aux 
facilités  extraordinair  s  de  transport  que  les  gouvernements  ont  accordées  à  leur 
exportation  de  produits  agricoles. 

En  présence  d'une  telle  situation,  on  comprend  que  nos  agriculteurs  n'aient  vu 
d'autre  ressource  que  de  reprendre  l'œuvre  de  1^80  et  d'établir  des  droits  plus 
elfijaces  que  ceux  qui  ont  été  fixés  à  cette  époque. 

Le  gouvernement  a  pensé  qu'il  y  avait  quelque  chose  de  fondé  et  de  légitime  dans 
ces  réclamations. 

Il  ne  faut  pas  oublier  que  le  bétail  constitue  aujourd'hui  la  principale  source  de 
richesse  de  l'agriculture,  celle  qui  mérite  le  plus  d'être  encouragée  et  développée, 
non  seulement  parce  qu'elle  convient  admirablement  à  notre  sol,  mais  encore  et 
su''tout  parce  qu'elle  constitue  notre  suprême  re^souri^e  dans  la  crise  rjue  nous 
traversons. 

La  production  des  céréales  qui,  pendant  longtemps,  avait  pu  s'étendre  avec 
succès  dans  toutes  les  parties  de  la  France,  est  obligée  aujourd'hui  de  se  res- 
treindre et  de  se  concentrer  afin  de  pouvoir  se  défendre.  Pour  qu'elle  reste  rému- 
nératrice, il  devient  nécessaire  de  la  réduire  aux  terres  de  bonne  qualité,  suscep- 
tibles de  rendements  très  élevés;  i|UHnt  aux  terres  médiocres,  il  faut  les  restituer 
aux  différentes  cultures  qui  peuvent  leur  convenir  et  surtout  aux  pâturages  et  à  la 
prairie,  [lartout  où  cela  est  possible.  Mais  ces  transformations  sont  coûteuses  et 
elles  ne  se  feront  sur  une  grande  échelle  que  le  jour  où  le  cultivateur  toujours 
méfiant  sera  bien  assuré  que  l'opération  est  certaine  dans  ses  résultats.  Pour  le 
décider  à  faire  beaucoup  de  prairies,  il  faut  lui  démontrer  que  l'avenir  est  assuré  à  la 
production  du  bétail. 

On  objecte  que  l'élevage  du  bétail  en  France  est  en  pleine  prospérité,  que  le 
prix  de  la  viande  s'est  relevé  dans  ces  dernières  années,  bien  qu'il  n'ait  pas  en- 
core atteint  les  cours  élevés  qu'il  avait  connus  à  d'autres  époques,  que  c'est  avec 
le  bétail  que  l'agriculture  réalise  les  plus  gros  bénéfices,  qu'elle  sait  bien  tout  le 
parti  qu'elle  peut  tirer  de  cette  précieuse  ressource  et  qu  il  n'y  a  nul  besoin  de 
l'exciter   à    prendre  une  direction  que  son  intérêt  seul  suffit  à  lui  recommander. 

L'observation  est  fondée  dans  une  certaine  mesure,  mais  elle  n'est  nullement 
décisive. 

Il  est  bien  vrai,  en  effet,  que  l'élevage  du  bétail  s'est  étendu  dans  ces  dernières 
années  et  qu'il  a  compensé  une  partie  des  pertes  causées  par  les  céréales.  Mais 
ce  mouvement  a  été  particulier  à  certaines  régions  privilégiées  au  point  de  vue 
des  pâturages,  et  il  est  loin  d'avoir  pris  l'extension  à  laquelle  on  pouvait  s'at- 
tendre. 

Rien  ne  le  prouve  mieux  que  la  comparaison  même  de  nos  effectifs  à  différentes 
époques.  Pour  la  race  bovine,  ils  étaient,  en  1852,  de  13,954,294  tètes;  en  1862, 
ils  étaient  déjà  descendus  à  12,811,549  têtes;  en  1873,  nous  les  trouvons  à 
11,721,459  têtes,  et  en  1880  à  ll,ii46,253  têtes. 

La  diminution  a  donc  été  progressive  et  constante;  elle  est  atténuée,  nous  en 
convenons,  dans  une  certaine  mesure,  par  le  développement  considérable  qu'on  a 
donné  aujourd'hui  à  la  précocité  des  races.  Mais  personne  ne  contestera  qu'il 
serait  infiniment  préférable  d'avoir  en  même  temps  conservé  nos  effectifs  anciens. 

Pour  l'espèce  ovine,  la  diminution  est  beaucoup  plus  considérable  encore, 
puisque  de  33  281,592  têtes  en  1852,  nous  sommes  tombés  à  25,935,114  têtes 
en  1873  et  à  22,516,084  têtes  en  1880. 

L'espèce  porcine  elle-mê.ne  a  considérablement  décru  jusqu'à  1880.  De 
6,037,54^  têtes  en  1862,  elle  est  tombée  successivement  à  5,889,624  têtes  en 
1866.  5,755,656  têtes  en  1873,  et  à  5,565,620  têtes  en  1880.  Il  est  probable  que 
la  prochaine  statistique  nous  apprendra  qu'elle  s'est  relevée  dans  ces  dernières 
années. 

Il  semble  bien  résulter  de  ces  constatations,  la  preuve  manifeste  que,  malgré 
tous  nos  eli'orts,  et  bien  que  nous  ayons  assurément  réalisé  de  grands  progrès, 
nous  sommes  loin  d'occuper  la  place  qui  nous  appartient  pour  l'élevage  dans  le 
monde  agricole  ;  lea  nécessités  de  notre  situation  nous  obligent  donc  à  tourner 


314     PROJET  DE  LOI  PORTANT  MODIFIGATIOjS  DU   TARIF  DES  DOUANES. 

tous  nos  efforts  vers  la  production  du  bétail  et  à  la  porter  à  son  maximum  de  dé- 
Telo)3pement. 

Le  bétail  est  aujourd'hui,  parla  force  des  choses,  la  base  de  notre  régime  agri- 
cole, et  on  ne  saurait  trop  encourager  nos  agriculteurs  à  se  porter  de  ce  côté. 
Quand  le  relèvement  des  droits  de  douane  n'aurait  que  cet  avantage  de  les  enga- 
ger résolument  dans  cette  évolution  nécessaire,  le  but  serait  atteint  et  le  service 
rendu  à  l'ygriculture  incontestable. 

Tel  est  l'ensemble  des  raisons  qui  ont  déterminé  le  gouvernement,  après  mûre 
réflexion,  à  vous  proposer  ce  relèvement.  Il  rencontrera  une  objection  dont  nous 
ne  nous  dissimulons  pas  la  gravité.  On  ne  manquera  pas  de  faire  remarquer  que 
la  conséquence  de  la  mesure  sera  d'augmenter  le  prix  du  bétail,  par  conséquent 
celui  de  la  viande,  et  de  rechercher  un  produit  si  nécessaire  et  déjà  si  cher. 

Que  l'élévation  du  droit  ait  pour  conséquence  d'augmenter  la  valeur  du  bétail 
sur  ]iied,  c'est  probable  et  nous  l'espérons,  sans  quoi  la  loi  ne  serait  d'aucune 
utilité  ;  mais  il  serait  téméraire  d'en  conclure  que  le  prix  de  la  viande  abattue 
s'élèvera  dans  la  même  proportion.  L'expérience  démontre  presque  toujours  le 
contraire  :  on  l'a  bien  vu  pour  la  viande  de  porc  dont  le  prix  n'a  cessé  de  s'abais- 
ser dans  ces  dernières  années,  malgré  la  prohibition  des  viandes  salées  qui  avait 
laissé  un  si  grand  vide  dans  la  consommation.  Ce  phénomène  économique  tient  à 
plusiejjrs  causes  :  la  principale,  c'est  qu'on  élève  davantage  quaud  on  est  sûr  de 
ses  débouchés  et  que  l'offi  e  tend  sans  cesse  à  dépasser  la  demande.  Le  bon  marché 
l'ésulte  alors  de  la  concurrence  intérieure  qui  concilie  véritablement  les  intérêts 
du  producteur  et  du  consommateur. 

Nous  convenons  que  ce  raisonnement  n'est  vrai  qu'à  une  condition,  c'est  que 
le  droit  n'ait  rien  d'excessif  et  qu'il  ne  soit  que  la  juste  compensation  des  avan- 
tages dont  jouissent  nos  principaux  concurrents  étrangers.  C'est  dans  cet  esprit 
que  le  gouvernement  a  abordé  la  fixation  des  chiffres  qu'il  a  l'honneur  de  vous 
soumettre.  Il  n'entend  nullement  fermer  la  porte  à  l'importation  du  bétail  étranger 
en  France  ;  il  veut  seulement  raffermir  et  soutenir  les  cours  de  nos  marchés  tout 
en  augmentant  les  recettes  du  Trésor. 

Cette  dernière  considération  ne  sera  pas  dédaignée  par  l'agriculture,  qui  sait 
très  bien  qu'elle  ne  peut  que  profiter  de  toutes  les  améliorations  apportées  à  notre 
état  financier. 

Faisant  l'aTDplication  de  ces  idées  à  la  race  Jiovine,  il  a  pensé  que  le  droit 
actuel  de  15  francs  pouvait  sans  inconvénient  être  porté  à  25  francs.  Le  droit  du 
tarif  allemand  est  de  25  francs  et  il  est  à  remarquer  que  l'Allemagne  a  moins 
besoin  que  nous  d'être  protégée  puisqu'elle  possède  15  millions  de  têtes  de  bétail 
de  cette  catégorie  et  que  nous  n'en  possédons  que  1 1  millions.  Elle  peut  ainsi 
se  suffire  à  elle  même  et  elle  ne  supporte  qu'une  importation  insignifiante  qui  se 
réduit,    pour   188:?,  à    10,000  têtes   quaud  la  nôtre  a   été    de  76,000  têtes. 

Aussi  l'écart  des  prix  entre  les  deux  pays  est-il  considérable  :  si  on  prend 
comme  point  de  comparaison  le  jioids  moyen  d'un  bœuf  vendu  au  marché  de  la 
Villette  et  si  on  le  rapporte  au  prix  moyen  de  la  viande  sur  pied  dans  les  deux 
pays,  on  trouve  que  le  bœuf  qui  se  vend  480  francs  sur  le  marché  de  Paris  ne  se 
vend  que  438  francs  sur  le  marché  de  Berlin.  L'écait  est  donc  de  plus  de 
plus  de  40  francs. 

Il  est  plus  considérable  encore  pour  Fltalie;  car  on  arrive  par  le  même  calcul  à 
constater  que  le  même  bœuf  se  vend  environ  420  francs  sur  le  marché  d'.\lexan- 
drie  et  450  francs  sur  celui  de  Rome. 

En  présence  de  pareils  résultats,  il  est  bien  permis   d'affirmer  qu'un  droit  de 

25  francs  sur  un  produit  d'une  valeur  moyenne  de  480  francs  n'a  rien  d'excessif. 
Pour  les  taureaux  et  les  vaches,  nous  vous  proposons  par  une  conséquence  du 

même  principe  de  porterie  droit  de  8  à  12  francs,  pour  les  taurillons,  de  5  à 
8  francs  et  pour  les  veaux,  de  1  fr.  50  à  4  francs. 

Pour  le  mouton,  la  situation  est  plus  grave  encore  et  plus  digne  de  votre  inté- 
rêt :  vous  n'ignorez  pas  que  le  produit  de  la  laine  qui,  autrefois,  tenait  une  si 
large  place  dans  sa  valeur  réalisable,  tend  à  s'abaisser  de  plus  en  plus  et  on 
n'aperçoit  aucun  remède  direct  à  un  état  de  choses  qui  tient  aux  nécessités  de  la 
fabrication  elle-même.  C'est  une  raison  de  plus  pour  assurer  à  la  viande  des 
prix  suffisamment  rémunérateurs.  Or,  le  mouton  de  poids  moyen,  qui  vaut  de  36 
à  40  francs  à  Paris,  ne  vaut  que  30  francs  environ  à  'Vienne,  27   francs  à  Berlin, 

26  francs  à  Alexandrie.  En  vous  proposant  de  porter  le  droit  actuel  de  2  francs  à 
3   francs,   nous  restons  encore  au  dessous  de  cet   écart;  nous   compensons  seu- 


PROJET  DE  LOI  PORTANT  MODIFICATION    DU  TARIF  DES  DOUANES.       315 

lement  pour  une  faible  pirtie  la  perte  que  subissent  nos  cultivateurs  sur  le  prix 
de  la  laine.  Pour  les  agneaux,  le  droit  serait  porté  de  50  centimes  à  1  franc. 

Le  porc  acquitte  aujourd'hui  un  droit  de  3  francs.  Nous  vous  proposons  de  le 
porter  à  6  francs.  Il  est  à  peu  près  certain  que  ce  droit  n'exercera  qn'une  très 
faible  influence  sur  le  prix  de  la  viande  elle-même,  puisqu'il  paraît  démontré  par 
l'expérience  que  nous  avons  suffisamment  développé  notre  production  pour 
pourvoir  presque  eniièrement  aux  besoins  de  la  consommation.  En  relevant  le 
droit  sur  les  viandes  salées  dans  la  mèms  proportion,  vous  trouverez  peut-être 
ainsi  le  moyen  da  résoudre  la  question  délicate  de  l'introduction  des  viandes 
salées  à  la  satisfaction  de  tout  le  mjnde  :  nous  vous  proposons  pour  cela  de 
porter  le  droit  actuel  de  4  fr.  50  à  8  fr.  50. 

Nous  espérons  que  ces  propositions,  empreintes  d'un  grand  esprit  de  modé- 
ration, rencontreront  l'assentiment  unanime  du  Parlement;  elles  prouveront  à 
l'agriculture  française  que  les  pouvoirs  publics  veillent  sur  ses  destinées  et  qu'ils 
sont  résolus  à  ne  rien  épargner  pour  seconder  ses  efforts  dans  la  lutte  difficile 
qu'elle  soutient  ave:  tant  de  courage  . 

Projet  de  loi. 

Le  président  de  la  République  française,  décrète  : 

Le  projet  de  loi  dont  la  teneur  suit  sera  présenté  à  la  Gliambre  des  députes  par 
le  ministre  de  l'agriculture  C[ui  est  chargé  d'en  exposer  les  motifs  et  d'en  sou- 
tenir la  discussion. 

Article  unique.  — Le  tableau  A,  tarif  d'entrée,  du  tarif  général  des  douanes, 
établi  par  la  loi  des  7-8  mai  1881,  est  modifié   comme  suit  : 

Animaux  vivants.  —  Bestiaux. 

Bœuls 25  francs  par  tête. 

Vaclies 12  — 

Taureaux 12  — 

liouvillons,  taurillons  et  génisses S  — 

Veaux 4  — 

Béliers,  brebis,  moutons .3  — 

Agneaux ]  — 

Boucs,  chèvres  et  chevreaux 1  — 

Porcs 0  — 

Cochons  de  lait 1  — 

Produits  et  dépouilles  d'animaux. 

Viandes  fraîches  de  boucherie 7  fr.  00  les  100  kil. 

Vianies  salées s  fr.  50  les  100  kil. 

Fait  à  Paris,  le  14  aoiàt  1884. 

Le  président  di  li  République  françiise,  Jules  Grévy. 
Par  le  président  de  la  République,     L",  minUtre  de  l'agricultur/^   J.  Méline. 

REVUE  G3\niaRG[\LS  ET  PiUK  G  )URV\T  DES  DSXRÉES  .WRIGOLES 

(23  AOUT  1884.) 
I.     —    Situation    générale. 
Les  marchés  agricoles  continuent  à  présenter  une   assez  grande    activité;   mais 
pour  beaucoup  de  denrées,  les  transactions  sont  assez  difficiles. 

II.  — Les  grains  et  les  farines. 
Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  quintal  métrique  , 
sur  les  principaux  marchés  de  la   France  et  de  l'étranger. 

Blé.  ^Seigle.  Orge.  Avoine  ■ 

fr.  fr.  fr.  fr. 

Ai^j-,:  il„pr*  blé  tenire..  20. .50  »  d  » 

Algérie.                    *'='^^(  blé  dur 18.50  »  11.25  11.50 

Angleterre.               Londres 21.75  »  l'.t.25  19.15 

Belgique.                  Anvers 21.50  17.25  23.75  21.75 

Pays-Bas.                Amsterdam 19.75  15.90  »  » 

Luxemhourg.           Lu.teinbourg 23.50  21.00  20.00  20.75 

Alsace-Lorraim,    Strasbourg 24.75  20. OJ  22.75  19.75 

—                          Mulhouse 23. OJ  •  2J.7d  23.50 

Allemagne.              ,  Berlin 19.35  17.60  "  • 

Suisse.                       Genève 2i.50  19. OJ  19.00  20.50 

Italie.                        Tuni) 23.25  17. .50  •  17.00    . 

Espagne.                  Barcelone 22.50  •  »  d            ■ 

Autriche.                   Vienne 1S.5)  15.50  14.75  15.00 

Hongrie.                  Budapest 18.10  15. OJ  14.50  15.20 

Rusiie.  SdiQl-l'étersbourg. .  16.00  13.50  »  10.75 

Etats-Unr.              New-York 17.52  »  •  • 


316 


Catvadoft    Conde 

—  Lisieux 

C.-du  IVoi d    Lunnion.. 

—  Tréguier 

Finistère.  Morlaix 

—  Quimper 

lUe-el- Vilaine.  Rennes, 

—  Saint-Malo 

Manche.  Avraiiches... 

—  Pontorson 

—  VUledieu 

Uayenite.  Laval 

—  Ma)  enne 

Morbihan.  Hennebont.. 
Ortie.  Montagne 

—  Seez 

Sarthe.  Le  Mans 

—  Sablé 


REVCIE  GOMMEHGIALE   ET   PHIX    GuUKANT 


KMHII.OITEST. 


fr. 

22  75 
23.60 
•31  75 
•22.  UO 
22.50 
23.0) 

:i.(jo 

■22  25 
23.50 
23,00 
23.25 
20.50 
22.50 
22  00 
23.00 
22  75 
21.75 
21.75 


fr. 

17  00 
14.00 


16.25 
16. 50 


19.25 

1) 
16,00 
15.50 
i4.-,;o 
15.90 
16.25 


Orje. 

fr. 

18.50 
21.50 
16,00 
15.50 
16.511 
16  25 
16. UO 

» 
19  00 
18.50 
20.00 
16.25 
17.00 

20,00 
19, 40 
17.00 
16,50 


Aïoioe. 

fr. 

21.00 
20.00 
16.50 
15.75 
16,00 
16.50 
15.50 

20.50 
20.25 
■-'1.50 

17  25 
16  75 
17.00 
18.25 
21.25 


Prii  moyens J2,33     16,26     17  74     18,27 


2'  REGlOl 
Aisne.  Soissons 

—  St-Quentin 

—  Ghiteau-Thierry. 
Svre.   Evreux 

—  Le  Neubourg. . . . 

—  Pacy  

Eure-et-Loir.  Chartres.. 

—  Auneau 

—  Nopent-le-Rotrou. 
Aord.  Lille 

—  Dunkerque 

—  Valericiennes 

Oise.  Beauvais 

—  Cûmpiègne 

—  Semis 

Pas-de-Calais.  Arras 

—  Sa  ni-Onier 

Seine.  Paris 

S.-et-Marne.  Meaux 

—  Melun 

—  Provins  

S.-et-Oise    Dourdan 

-*-     Pontoise    

—  Versailles 

Seine-Inférieure.  Rouen. 

—  Fécanip 

—  Yvetot 

Somme.    Doulleiis 

—  MonldJdier  . 

—  Roye 

Prix  moyens. 


I.  —  i\OKO. 

21.75 
22.00 
21.75 
23  25 
22  50 


3*   REGION. 

Ardennes.    charleville, 

—  Sedan 

Aube.  Bar-sur-.\ube 

—  Troyes 

—  Nogent-sur-Seine. 
ame.  châlons 

—  Sézanne 

—  Heinjs 

Hte-Marne.  Chaumont.. 
Meurthe-et-Mos .  Nancy. 

—  Luneville 

—  Toul 

Meuse.  Bar-le-Duc 

—  Verdun 

Haute-Saône.  Gray 

—  Vesoul 

Vosges.  Neufch.^teaa. . . 

—  St-Dié. 


23.20 
22.50 
22  00 
23.70 
22  70 
23.23 
22  50 
22.00 

22  00 
21.50 
23,00 

23  50 
22  00 
21.25 
2J,C0 
22.00 
23 .  50 
21.00 
22.50 
23.05 

.  22.25 
.  22.85 
.  23.75 
.  21, 5o 
.   23.00 

,    22.47      15.39 

—  NOHn.F.SI 


16.25 
16  00 
16,00 
14.75 

14  50 

15  23 
Tt .  50 
14.70 

16.75 
16.70 
16,25 
U.75 

16  00 
15,50 
15.25 
15  00 
16.15 
15,75 
16.00 
14  75 
15.00 
16.00 
15.25 
15.25 
15.00 
15.00 
14.00 

15.50 


■  18.25 

18.00  19  00 

18.00  17.25 

»  20 , 00 

20  50  -il,  00 

■20   ?n  19,20 

2". 25  I 7    25 

19.25  17.00 


23.50 

23.40 

23.00 

■-■3.25 

22.1  0 

22.15 

21.50 

22,50 

22.25 

23,00 

24.00 

23.00 

23.50 

23.50 

21.50 

23.00 

22.75 

25  00 


17,00 
16.00 


15  73 

14.25 
16.30 


16.00 

17,00 

20.00 

18.75 

19.25 

16,75 

18.50 

19  50 

19  00 

17.10 

» 

l'.50 

19  00 

18-50 

18. SO 

18  70 

19  00 

18  40 

n 

19  00 

17.50 

•20.00 

13  00 

18   35 

20  25 

19.50 

17,75 

20.50 

19.00 

21.60 

20.50 

22  20 

Tt 

23  00 

211.00 

20.00 

18.50 

18.00 

17.50 

18  00 

18  89 

19.01 

20  50 

20    15 

19.50 

■.^0  00 

17,50 

19.25 

19  25 
16.50 

19.25 


17.00     19.50 


16  50 
17,00 
16,25 
15.75 
16.00 
17.00 
18,00 


18.20 
19.25 


Prix  moyens 23.93     16.36     13. 

4'  RÉGION.  —  OUEST. 


u 

19,50 
17.25 
18,50 
15.00 
20  00 
18.00 
17.30 
19.00 
18.50 
16.25 
16.75 
17.75 
21,50 
3 


Charente.  Angoulême... 

—  RutTec 

Char.-ln/ér.  Marans.... 

Deux-Scvres.  Niort  

Indre-et-Loire.   Bléré... 

—  Tours 

Loire-Inf.  Nantes 

M.~et-Loire.  Saumur.. . . 

—  .entiers. 

Vendée.  Luçon 

—  Fontenay-Ie-Cte  . . 
Vienne,  Châteilerault.. . 

—  Loudun  

Haute-Vienne.  Limoges. 


23.50 
23.50 
20.75 
23,00 

22  25 
22.50 
20,75 
21  75 
î3,ro 
22.50 

23  00 
22.75 
21.50 
23.25 


1  :, .  50 

15.00 
15.75 
15.25 
16.00 
15.75 


16.00 
14.50 
15.35 


18.25 
13.00 
17,00 
18,20 
20  00 
17.75 
21.00 
19.50 
18.50 
18.50 
18.50 

20.50 


18 


18.00 
17.50 
15.00 
16.50 
17.00 
18.75 
16.45 
17,75 
19.20 
16.00 
17.25 
17.00 
17  50 
17.25 


Prix  movens,. 


22.43     15.62     18.81     17.23 


5*  RÉOION.  —  C8NTRIt 


fr. 


Allier.   Montiuçon  ....  23,25 

—  Gannat 22.50 

—  La  Palisse 21.75 

Cher.  Bourges 21.00 

—  Graçay 21.75 

—  Vieizon 22.00 

Creuse.  Aubusson 24.00 

Mdre.  Chateauroux 21.85 

—  Issou'iun 12  25 

—  Valcnçay...; .'  ^5  00 

Loiret.  Orléans 21,00 

—  Moatargis 23 '00 

—  Patay jj  00 

L.-et-Chcr    Blois 22  70 

—  MonLoire 22  50 

Nièvre.  Nevers 23  00 

—  Clamecy '.  h.so 

ronne     Bnenon .'■,>. 00 

—  St-Florentin 22.35 

—  Sens 22.00 

Prix  moyens 22.27     14.98 

6"  RB310N.  —  EST, 


Se 

fie. 

Orje. 

Atoim. 

Ir 

fr 

fr 

14 

00 

18 

50 

17 

.00 

20 

,50 

17 

.9ri 

15 

50 

20 

00 

15 

75 

13 

.50 

13 

00 

16 

on 

14 

70 

18 

75 

15 

25 

14 

50 

18 

50 

17 

on 

16 

00 

t 

17 

80 

18 

00 

16 

25 

16 

00 

15 

00 

19 

25 

15 

on 

15 

25 

18 

00 

19 

no 

15 

00 

17 

50 

13 

75 

14 

50 

17 

75 

17 

25 

15 

00 

19 

50 

20 

00 

15 

00 

19 

00 

16 

50 

t 

20 

aO 

17 

50 

18 

75 

19 

00 

15 

00 

17 

00 

18 

50 

17 

75 

, 

16 

75 

13 

00 

18 

50 

Ain.  Bourg 

—  Pont-de-Vaux... . 
Càte-d'Or.  Dijon 

—  Beaune 

Doults.  Ucsaiiçon 

hère.  Vienne 

—  Bourgoin  

Jura.  Dôle 

Loire,  Roanne....'..'.'. 
P.-de-Dôme.  Clermont-F 

Hhone.   Lyon 

Saône. et- Loire,  châion  . 

—  .Vljcon 

Cavoie.  Charabéry 

Ule-Savoie.  Ihonon 


22.50 
23.  uo 
■20.75 
22,25 
22.25 
22.00 
22.00 
22.25 
23.25 
24.00 
22,00 
22.00 
23.50 
23.50 
24.25 


17.00 
16  50 
14.75 


15.35 
15.50 

17.50 
15.25 
16  00 
14.50 
18  75 


18.02      17.28 


16,00 
20.00 
16  50 
17.25 
16.75 
(6.73 
17.25 
16.50 


17.50 
18.25 


18  50 
17.75 
17.50 


Prix  moyens. .    . 

T   RÉGION. 

Ariège.  .^amiers 

—  Foix 

Dordogne.  Bergerac... 
Hte-Garnnne.  Toulouse 

—  bt-Gaudens 

Gers.  Coiidom 

—  Eauze  

_ —     Mirande 

Gironde.  Bordeaux.... 

—  La  Reole 

Landes.  Dax 

Lot-et-Garonne .  At:en,,, 

—  Nerac 

B. -Pyrénées.  Bayonne, . 
Htes-Pyrénèes.  tarbes. . 


18.75 
18.25 
17.20 
17.50 
19.00 
■20,50 


,    23,57     16   10     18, UO     17, 7Î 
—  SCD-OrEST. 


24.20 
24  00 
22.70 
22.50 
24  00 
24.50 
25.00 
23.75 
23.00 
22 .  00 
23.70 
22.50 
23.00 
23.70 
24.00 


16.00 
18.85 
19.00 
19.25 
17.00 


17.25 
16.50 
18.50 


Prix  moyens 22.81 


8*  RÉGI 
Aude.  Carcassonne  .. .. 

Aveyron.  Rodez 

Cantal.  Mauriac 

Corrèze.  Brive 

Hérault.  Montpellier... 

—    Cette  

Lot.  Cahors 

Lozère.  Mende 

Pi/ renees-Or. Perpignan. 

Tarn.  Gaillac 

—    Castres 

rarn-el-iîar,  Montauban 
Prix  moyens 

9'  RÉGION. 

Basses-.Mpes.  Manosque 
Hautes-Alpes.  Briançon. 
Alpes-Maritimes.  Nice. . 

Ardèche.  Privas 

B  .-du- Rhône.  Arles.... 
Drame.   Montelimar  . . . 

Gard.  Ni  mes 

Haute-Loire.  Brioude... 

Var.  Draguignan 

Vaucluse.  Orange 

Prix  moyens 

Moy.  de  toute  la  France 
—  de  la  semaine  précéd. 

Sur  la  semainejHausse. 
précédente ..  I  Baisse. . 


UN. 
23.50 
22.00 
•23.73 
23.00 
22.75 
24.00 
24.00 
23.65 
25.70 
24.20 
24.00 
23.80 


SFD. 


19,00 
17.00 
21.25 

18.23 


18.50 
33,30 
17.80 

20.00 
19.50 


17.92 


18.75 
18.23 


18.50 
20,25 

18,85 
19.00 
20  00 
20.50 
21.25 
20.00 
19  23 


18.00 
18.85 


20.35 
19  53 


19.50 
18.00 
20  50 
18.50 
18.50 
21.50 
18.50 
28.03 
34.45 
19.00 
20.50 
19.50 


23.86     19.40     19.60     30.54 
—  SUD-EST. 

24,60         » 


13.25 
19,00 
17,50 


23,85 
25.00 
26.65 

23.75  » 

22.70  16.00 

23,75  » 

23.25  18.73 

24,00  » 

23,50  11 

24,10  17.90 

22,87  16.73 

23,52  16,87 


18,75 
21,00 
17,00 


17,00 
22.50 


21.00 
19,25 
30  50 

19,60 
18,00 
17,50 
17.25 
16.50 


18,50  18.00 

19.13  18.62 

18.61  18, 52 

18.62  18.71 


0.65     0   14       0.01       0. 19 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (23  AOUT  188t;.  317 

Blés.  —  Le  commerce  des  blés  se  trouve  aujourd'hui  dans  la  situation  la  plus 
critique  :  c'est  un  véritable  effondrement  des  cours  que  nous  avons  à  signaler. 
Malgré  leur  bonne  qualité,  et  quoique  la  récolte  ne  présente  pas  une  abondance 
exceptionnelle,  quoique  les  importations  n'aient  pas  augmenté,  les  blés  nouveaux 
ne  trouvent  acquéreurs  qu'à  des  prix  en  baisse  notable  sur  ceux  j)ratiqués  au  com- 
mencement du  mois.  Le  lait  est  général  en  France  et  dans  la  plupart  des  autres 
pays.  Il  tient  surtout  à  ce  qu'il  reste  encore  des  stoks  importants  de  blés  de  1883. 
—  A  la  balle  de  Paris,  le  mercredi  20  aoiit,  les  atfaires  ont  été  très  dil'ficiles; 
la  baisse  l'emporte  pour  toutes  les  sortes;  on  cotait  de  21  à  23  fr.  par  100  kilog-; 
suivant  les  sortes,  ou  en  moyenne  22  l'r.  —  Sur  les  marché  des  blés  à  livrer, 
on  cote  :  courant  du  mois,  21  fr.  25  à  22  Ir.;  septembre,  21  fr.  75;  septembre 
et  octobre,  21  fr.  50à21  fr.75;  quatre  derniers  mois,  21  fr.  25  à  21  fr.  50;  quatre  mois 
de  novembre,  21  fr.  25  à  21  fr.  50.  —  Au  l'.avie.  les  affaires  sont  presque  nulles 
en  blés  exotiques;  les  blés  d'Amérique  sont  cotés  de  21  fr.  50  à  ^2  fr.  par 
100  kilog.;  ceux  des  Indes  sont  offerts  aux  cours  de  21  fr.  à  21  fr.  50  — A 
Marseille^  le  calme  est  complet  ;  les  demandes  sont  restreintes  pour  les  blés  de 
toute  sorte  ;  les  cours  sont  en  baisse.  —  A  Londres,  la  situation  est  la  même  que 
sur  les  marchés  français;  il  en  est  d'ailleurs  de  mêiue  dans  toute  l'Angleterre  ; 
les  blés  indigènes  sont  ofl'ertsau  cours  de  21  Ir.  50  à  22  fr.  par  100  kilog.  ;  quant 
aux  blés  exotiques,  toujours  abondants,  ils  sont  V'indus  de  20  à  -^1  fr.  50  suivant 
les  provenances  et  les  qualités. 

Farines.  —  La  baisse  a  fait  encore  de  nouveaux  progrès  depuis  huit  jours. 
Pour  les  farinis  de  consommation,  on  cotait  à  la  halle  de  Pans,  le  mercredi 
20  août  :  marque  de  Corbeil,  k%  fr.;  marques  de  choix,  4-<  à  50  fr.;  premières  mar- 
ques, 47  à  48  fr.;  bonnes  marques,  45  à  46  fi'.;  sortes  ordinaires,  44  à  45  fr.;  le 
tout  par  sac  de  15'r)  kilog  ,  toile  à  rendre  ou  157  kilog.  net,  ce  qui  correspond 
aux  prix  extrêmes  de  28  Ir.  à  :U  fr.  85  par  100  kilog.,  ou  en  moyenne  29  fr.  85, 
avec  une  baisse  de  90  centimes  sur  le  prix  moyen  du  mercredi  précédent.  —  l^our 
les  farines  de  spéculation,  on  cotait  à  Paris  le  mercredi  -20  août  au  soir  :  farina 
neuj -marques,  courant  du  mois,  43  Ir.  25  à  43  fr.  50  ;  septombie,  k'i  fr.  50; 
septembre  et  octobre,  43  fr.  £0;  quatre  derniers  mois, 43  fr.  50  ;  quatre  mois  de 
novembre,  43  fr.  75  à  4i  lr.;le  toutparsacde  159  kilog.,  toile  perdue,  ou  157  kilog. 
net.  —  Les  farines  deuxièmes  se  vendent  de  22  fr.  à  23  fr.  par  quintal  métrique. 

Seigles.  —  Lls  transactions  sont  assez  restreintes.  On  cote  à  la  halle  de  Paris, 
de  16  à  16  fr.  25  par  100  kilog.  —  Les  farines  de  seigle  se  vendent  de  21  à 
23  fr. 

Orges.  —  Les  offres  sont  assez  abondantes,  et  les  prix  sont  un  peu  plus  faibles. 
On  cote  à  la  halle  de  Paris  de  18  fr.  50  à  19  fr.  50  par  100  kilog.  suivant  les 
sortes.  Les  escourgeons  valent  de  19  fr.  à  19  fr.  25.  — Quant  aux  malts,  on  paye 
ceux  d'orge,    de  30  à   34  fr.  par   100  kilog.:  ceux  d'escourgeons,  de  30  à  32  fr. 

Avoines.  —  Les  cours  des  avoines  se  maintiennent  bien.  Les  avoines  noires 
sont  recherchées  aux  taux  de  18  à  19  fr.  75  par  quintal  métrique;  les  autres 
sortes  valent  de  17  fr.  à  18  fr. 

Sarrasin.  —  Peu  d'affaires  sur  ce  grain,  mais  prix  en  hausse  à  cause  de  la 
sécheresse.  On  cote  de  17  à  17  fr.  50  par  100  kilog.  à  Paris. 

Issues.  —  Prix  très  fermes.  On  paye  à  la  halle  de  Paris  :  gros  son  seul, 
16  fr.  25  à  15  fr.  75  ;  sons  gros  et  moyens  15  fr.  25  à  15  fr.  75  ;  son  trois  cases, 
15  à  15  fr.  25  ;  sons  fins,  13  fr.  50  à  14  fr.;  recoupettes,  13  fr.  75  à  14  fr.;  remou- 
lages bis,  15  à  16  fr.;  remoulages  blancs,  17  à  17  fr.  50. 
III.  —  Fourrages  et  graines  fourragères. 
_  Fourrages.  —  Les  prix  accusent  beaucoup  de  fermeté  pour  toutes  les  catégo- 
ries. On  cote,  à  Paris,  par  1,000  kilog.  :  foin,  96  à  110  fr  ;  luzerne,  92  à  104  fr.; 
sainfoin,  80  à  96  fr.;  paille  de  blé,  60  à  76  fr.;  paille  de  seigle,  58  à  72  fr.; 
paille  d'avoine,  52  à  64  fr. 

Graines  fourragères.  —  La  nouvelle  récolte  s'annonce  bien.  Les  luzernes  de 
Provence  sont  offertes  ('ans  le  Midi  aux  taux  de  llû  à  115  fr.  par  quintal  métri- 
que. A  Paris,  les  trèfles  incarnats  hâtifs  valent  de  45  à  48  fr.;  les  tardifs  ,  de  72  à 
75  fr. 

IV.  —  Vins.  —  Spiritueux.  —  Cidres.  —  Vinaigres. 

Vins.  —  Nous  n'avons  pas  d'appi-éciations  nouvelles  à  ajouter  à  celles  que  nous 

avons  données  la  semaine  dernière,  f^a  végétation  de  la  vigne  est  presque  partout 

régulière  ;  si  les  opinions  diffèrent  en  ce  qui  concerne  le  rendement   probable  de 

la  prochaine  récolte,  on  est  à  peu  près  certain  rtue  la  qualité  en  sera  excellente  ; 


318  REVUE  [COMMERCIALE   ET  PRIX  [COURANT 

quelcfues  pluies  sont  survenues  et  ont  fait  beaucoup  de  Lien  aux  racines  qui  soul- 
fraient  de  la  sécheressu.  Qant  aux  transactions  commerciales,  elles  sont  toujours 
assez  peu  actives,  mais  il  y  a  plus  de  fermeté  dans  les  cours  dans  lesprincipaux 
centres  ;  les  viticulteurs  comptent  avec  raison  que  les  vins  nouveaux  se  vendront 
à  des  prix  assez  élevés.  On  paye,  dans  le  département  de  l'Aude,  pour  les  vins  du 
Midi  :  Aramons,  20  à  22  fr.  par  hectolitre;  petits  montagnes,  26  à  28  fr.;  mon- 
tagne et  Lézignan,  30  à  32  fr.;  Narbonne  et  Lézignan,  34  à  36  fr.;  Narbonne  et 
Gorbières,  3'5  à  40  fr.  Les  vins  d'Algérie  se  vendent  aux  anciens  taux. 

Spirilueux.  —  Les  prix  sont  toujours  faibles  pour  toutes  les  sortes.  Sur  les 
marchés  du  Midi,  on  cote  :  Montpellier,  trois-^ix  bon  goût,  105  fr.;  marc, 
95  fr.;  Nîmes,  trois-six  bon  goût,  100  fr.;  marc,  95  fr.;  Béziers,  trois-six  bon  goût, 
103  fr.;  marc,  95  fr.  —  Dans  les  Gharentes,  les  cours  restent  tixés  de  240  à 
255  fr.  par  hectolitre  pour  les  eaux-de-vie  nouvelles.  — ■  A  Paris,  on  cote  trois- 
six  fin  Nord  90  degrés,  l"  qualité,  disponible,  41  fr.  7C.  à  42  fr.;  septembre, 
42  fr.  25  ;  quatre  derniers  mois,  42  fr.  50  ;  quatre  premiers  mois,  43  fr.  25. 
Le  stock  était,  au  20  avril,  de  13,050  pipes  contre  13,825  en  1833. 

Raisins  secs.  —  Les  cours  varient  peu.  On  cote  à  Gette,  par  quintal  métrique  : 
Gorinthe,  30  à  37  fr.;  Thyra,  30  à  34  fr.;  Samos  noirs,  35  à  37  fr.;  Ghesmé,  37  à 
40  fr.;  Vourla,  28  à  30  fr.;  ISultanine,  36  à  38  fr. 

V.  —  Sucres.  —  Mélasses.  —  Fécules.   —  Houblons. 

Sucres.  —  La  situation  des  marchés  aux  sucres  est  toujours  la  même;  les  prix 
sont  toujours  aussi  faibles.  On  cote  à  Paris,  par  100  kilog.  :  sucres  bruts,  88  de- 
grés, 35  fr.  50;  les  99  degrés,  41  fr.  25;  sucres  blancs,  n»  3,  41  fr.  50;  —  à 
Valenciennes,  sucres  bruts,  35  fr.  Le  stock  était,  à  l'entrepôt  général  des  sucres, 
le  20  août,  de  592,000  sacs  pour  les  sucres  indigènes,  avec  une  diminution  de 
17,000  sacs  depuis  huit  jours.  —  Les  prix  sont  un  peu  plus  faibles  sur  les  sucres 
ralfinés  ;  on  les  paye  de  111  à  112  fr.  par  100  kilog.  à  la  consommation,  et  de 
48  à  53  fr.  25  pour  l'exportation  suivant  les  qualités.  —  Affaires  toujours  cal- 
mes dans  les  ports  en  ce  qui  concerne  les  sucres  coloniaux. 

iMélasses.  — Les  mélasses  de  raffinerie  valent   10  fr.  50  par  100  kilog.  à  Paris. 

Fécules.  —  Pas  de  variations  dans  les  prix.  On  cote  à  Paris,  de  31  fr.  50  à  32  fr. 
par    100 kilog.  pourlesféculespremières;àGompiègne, 31  fr.  pour  celles  del'Oise. 

Houblons.  —  Les  appréciations  sur  la  situation  des  lioublonnières  sont  un  peu 
moins  bonnes  que  la  semaine  dernière  ;  en  Lorraine  notamment,  on  se  plaint  de 
l'action  des  pucerons  sur  la  plante.  Néanmoins,  on  compte  toujours,  d'une  manière 
générale,  sur  un  assez  bon  rendement. 

VI.  —  Tourteaux.  —   Noirs.  —  Enfjrais. 

Tourteaux.  —  Il  y  a  peu  de  changements  dans  les  cours.  On  paye  par  100  ki= 
log.:  à  Arras,  tourteaux  de  colza,  16  fr.  75  ;  de  pavot,  13  fr.  25;  de  lin,  21  fr.  50; 
à  Rouen,    tourteaux  de  colza,  16  fr.  30;  de  lin,   21  fr.;  d'arachides  décortiquées 
15  fr.  75;  à  Gaen,  tourteauxde  colza,    17  fr. 

Noirs.  —  Maintien  des  prix.  On  cote  à  Valenciennes  :  noir  animal  neuf  en  grains, 
33  à  36  fr.  par  100  kilog  ;  noir  vieux  grains,  10  à  12  fr.  par  hectolitre. 

Engrais.  —  Les  cours  des  engrais  commeixiaux  sont  plus  fermes.  Le  sul- 
fate d'ammoniaque  est  payé  de  d8  à  39  fr.  par  100  kilog;  le  nitrate  de  soude, 
de  25  à  25  fr.  50  ;  poudre  d'os,  15  à  1 7  fr.  —  Dans  les  engrais  composés,  on  cote 
par  degré  :  azote,  1  fr.  80  à  2  fr.;  acide  phosphorique  immédiatement  soluble, 
0  fr.  70  à  0  fr.  75  ;  acide  phosphorique  insoluble,  0  fr.  25  ;  potasse  dans  les  chlo- 
rures, 0  fr.  50  ;  dans  les  sulfates  0  fr.  60  à  0  fr,  65. 

*       VII.  —  Matières  résineuses.  —  Textiles.  —  Bois. 

Matières  résineuses.  —  Maintien  des  cours.  A  Dax,  l'essence  pure  de  térében- 
thine vaut  47  fr.  par  ICO  kilog.;  à  Bazas,  les  gemmes  sont  cotées  25  fr.  par 
barrique. 

Bois.  —  Les  prix  des  bois  de  feu  sont  en  hausse.  On  paye  à  Paris  :  bois  de 
flot,  123  fr.  traverses,  125  fr.  ;  bois  pelard,  130  fr.  ;  bois  neuf  dur,  125  fr.  ;  bois 
blanc,  115  à  120  fr.;  pin  gelé,  1 15  fr.  ;  pin  de  Bordeaux,  150  fr.  ;  —  par  décastère  : 
palourdes  de  pin,  75  a  80  fr.  le  cent. 

VIII.  -    Suifs  et   corps  yras. 

Suifs.  —  Prix  toujours  faibles.  On  paye  à  Paris  79  fr.  par  100  kilog.,  pour  les 
suifs  purs  de  l'abat  de  la  boucherie;  58  fr.  50  pour  les  suils  en  branches. 

Saindoux.  —  Les  cours  sont  un  peu  plus  fermes.  On  cote  au  lîavre  102  fr.  par 
100  kilog.  pour  les  saindoux  d'Amérique. 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  {23  AOUT    1884).  319 

IX.  —  Beurres.  —  Œufs.  —  Fromages. 

Beurres.  —  lia  été  vendu  pendant  la  semaine  à  la  halle  de  Paris,  195,146  ki- 
log.  de  beurres.  Au  dernier  marché,  on  cotait  par  kilog.  :  en  demi-kdog. 
3  fr.  02  à  4  fr.  98;  petits  heurres,  2  fr.  90  à  3  Ir.  84;  Gournay,  2  fr.  96  à  4  l'r.  94. 
Isigny,  3  fr.  à  6  fr.  60 

Œufs.  —  Du  11  au  17  août,  on  a  vendu  à  la  halle  de  Paris  4  fr.,  4,53J,110 
œufs.  Au  dernier  marché,  on  payait  par  mille  ;  choix  102  à  117  fr.;  ordinaires, 
68  à  83  fr.;  petits,  60  à  66  fr. 

Fromages.  —  Derniers  cours  ds  la  halle  de  Pari's  :  par  douzaine  :  Brie,  3  à 
12  fr.;  Montlhéry,  15  fr.;  —  par  cent.  Livarot,  17  à  81  fr.;  Mont-d'Or,  3  à  27  fr.; 
Neufchâtel,  3  fr.  50  à  22  fr.  50  ;  divers,  3  à  57  fr. 

X.  —  Chevaux.  —   Bétail.  —    Viande. 

Bétail.  —  L<i  tableau  ^uivaat  résuma  le  mouvement  officiel  du  marché  aux  bes- 
tiaux de  la  Villette,  du  jeudi  14  au  mardi  19  août  : 

Poids     Prix  d  1  l<Uûg.  du  viunde  nette  sar 
Vendus  nioven  pied  au  rnarchédn  litaoùt. 

Pour  Pour  En          4  quartiers.     i'°  2"  3*  Prix 

Amenés.  Paris,  l'aïtérieur.  totalité.  kil.  quai.  quai.  quai.  moyen, 

Bœufs .5,163  »  -  4,8i4  :»S  1.6<  1.56  1.30  1.49 

Vaches 1,841  »  »  1,031  236  1.60  1.4o  1.26  1.41 

Taureaux 3"  6  »  .  34.)  3'J2  1.46  1.36  1.26  1.35 

Veaux 2,955  »  •  3,193  78  1.76  1.66  1.66  1.66 

Moutons 50,351  -  »  44,087  19  196  1.76  1  60  1.75 

Porcs  f,'ras.,..          6,077  »  »  6,011  81  1.44  1.38  1.32  1.35 

Les  arrivages  des  marchés  de  la  semaine  se  décomposent  comme  il  suit  : 

Bœufs.  —  Aisne,  11  ;  Allier,  13;  Calvados,  1,097;  Charente,  12;  Charente-Inférieure,  28;  Cher' 
124  ;  Côte-d'Or,  236;  Cûtes-du-N'ord,  487;  Deux-Sèvres,  52:  Dordogne,  63;  Eure,  32;  Eure-et- 
Loir,  10  ;  Finislère,  103;  Indre,  12;  Loiie,  36;  Loire  Infcrieure,  33  ;  Loiret,  8;  Maine-et-Loire, 
156;  Manche,  126;  Haute-Marne,  3  ;  Nièvre,  386;  Orne,  476;  Puy-de-Dôme,  34;  Saône-et-Loire, 
492  ;  Sarthe,  34;  Tarn-et-Caronne,  17;  Vendée,    58  ;  Yonne,  60;  Hollande,  31  ;  Italie,  82. 

Vaches.  —  Aube,  10;  Aveyron,  13;  Calvados,  293;  Cantal,  20:  Charente-Inférieure.  9;  Cher, 
40;  Côte-d'Or,  81;  Eure,  21;  Eure-et-Loir,  23;  Loire,  2;  Loiret,  21;  Maine-et-Loire,  60; 
Manche.  77;  Haute-.Marne,  7  ;  Nièvre,  114  ;  Oise,  40;  Orne,  99;  Puy-de-Dôme,  75  ;  Saôiie-et- 
Loire,  115;  Sarthe,  26;  Seine,  62;  Seine-Inférieure,  51;  Seine-et-.Marne,  27;  Seine-et-Oise,  27; 
Vendée,  30;  Yonne,  55;  Ilalie,  2. 

Taureaux.  —  Aisne,  5;  Aube,  4;  Calvados,  59;  Cantal,  12;  Charente,  1  ;  Cher,  12  ;  Côte-d'Or, 
21;  Côtes-du-Nord,  17  :  Dordogne,  1  ;  Eure,  8  ;  Eure-ei-Loir,  17,-  Finistère,  6;  llle-et-Vilaine,  18; 
Loire-Inférieure,  3  ;  Loiret,  6  ;  Maine-ct-Loire,  11;  Manche,  23;  Haute-.Marne,  2;  Mayenne,  9; 
Nièvre,  14,  Oise,  5;  Orne,  20;  Puy-de-Dôme,  2;  Saône-et  Loire,  6;  Sarthe,  10;  Seine,  11; 
Seine-Inférieure,  4;  Seine-et-Marne.  19;  Seine-et-Oise,  25  ;  Yonne,  19  ;  Italie,  2. 

Veaux.  —  Aube,  32S:  Calvados,  1;  Eure,  294;  Eure-et-Loir.  334;  Loiret,  139;  Manie, 
175;  Oise,  79;  Puy-de-DÔme,  196;  Sarthe,  226;  Seine-Inférieure,  '  216  ;  Seine-et-Marne,  271; 
Seine-et-Oise,    50;    Yonne,   120. 

Moutons.  —  Aisne,  60;  Allier,  823;  Ardennes,  334:  Aube,  1,010;  Aveyron,  1,646;  Cantal, 
1,198;  Charente,  1,499;  Cher,  1,306:  Cùte-i'Or,  236;  Creuse,  804;  Corrèze,  560;  Deux-Sèvres, 
230;  Dordogne,  601  ;  Eure-et-Loir,  101  :  Haute-Garonne,  60  ;  Indre,  1,550;  Indre-et-Loire,  237; 
Loiret,  413;  Lot,  712  :  Lot-et-Garonne,  354;  Mame-et-Loire,  149;  Marne,  309;  Nièvre,  819; 
Nord,  51  ;  Oise,  210;  Puy-de-Dôme,  177;  Saône-et-Loire,  470  ;  Seine, 76;  Saine-et-Marne,  1,088; 
Seine-et-Oise,  207;  Tarn-et-Garonne,  208;  Vienne,  60;  Haute-Vienne,  390;  Yonne,  275; 
Afrique,  610  ;  Allemagne,  5,969  ;  Hongrie,  5,236  ;  Italie,  1,175;  Luxembourg,  181)  ;  Russie,  10,328. 

Porcs.  —  Allier,  303  ;  Calvados.  35  ;  Charente,  52  ;'  Cher,  44  ;  Côtes-du-Nord,  18;  Creuse, 
537;  Deux-Sèvres,  588;  llle-el-Vilaine,  430;  Indre,  193;  Indre-et-Loire.  3;  Luire,  29;  Loire- 
Inférieure,  382:  Loir-et-Cher,  172  ;  Maine-et-Loire,  727  ;  Manche,  14;  Mayenne,  50  ;  Puy-de-Dôme, 
254;  Rhône,  51  :  Saône- et-Loire,  65;  Sarthe,  637;  Seine,  87;  Seine  Inférieure,  59;  Somme,  4  ; 
Vendée,  647;  Vienne,  80;  Haute-Vienne,  40. 

Les  ventes  ont  été  assez  difficiles;  les  prix  accusent  de  la  baisse  pour  toutes  les 
catégories  ;  c'est  principalement  sur  les  moutons  que  ce  mouvement  se  produit. — 
Sur  les  marchés  des  départements,  on  cote  :  Neubourg,  bœuf,  1  fr.  60  à  1  fr.  70 
par  kilog.  de  viande  nette  sur  pied;  vache,  1  fr.  40  à  I  fr.  50  ;  porc,  1  fr.  40  à 
1  fr.  50;  veau,  1  fr.  80  à  1  fr.  90;  mouton,  2   fr.  à  2  fr.  10;  — Nantes,   bœuf, 

0  fr.    85  par  kilog.  brut;  vache.  0  fr    84;  veau,  1  fr.  15:  mouton,  0  fr.  95  à  1  fr.; 
—  Orléans,  hœuï,  0  fr.  77  à  0  fr.  87;  vache,  0  fr.  77  à  0  fr.  87;  veau,  0  fr.  90  à 

1  fr.  10;  mouton,  0  fr.  75  à  0  fr.  90;  porc,  0  fr.  86  à  0  fr.  9i;  — Sedan,  bœuf, 
1  fr.  60  à  1  fr.  80;  veau,  1  Ir.  40  à  2  fr.  ;  mouton,  1  fr.  50  à  '2  fr  20;  porc, 
1  fr.  40  à  1  fr.  70  ;  —  Nancy,  bœuf,  0  fr.  86  à  0  fr.  89  ;  vache,  0  fr.  60  à  0  fr.  88;' 
veau,  0  fr.  45  à  0  fr.  58;  mouton,  0  fr.  95  à  1  fr.  05;  porc,  0  fr.  66  à  0  fr.  71  ; 
— Dijon,  bœuf,  1  fr.  60  à  1  fr.  72;  taureau,  1  fr.  30;  vache,  1  fr.  24  à  1  fr.  68; 
veau  (poids  vif),0  fr.  90  à  1  fr.  06;  mouton,  1  fr.  50  à  1  fr.  90;  porc  (poids  vif), 
0  fr.  86  à  0  fr.  96;  —  Lyon,  bœuf,  1  fr.  30  à  1  fr.  70  ;  veau  (poids  vif),  0  fr.  90  à 


3î0  RKVUE   COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT  (23  AOUT  1884) 

1  fr.  10;  mouton,  1  fr.  40  à  1  fr.  91;  —  Bourgouin,  bœuf,  66  à  76  fr.;  vache, 
58  à  68  fr  ;  mouton,  85  à  90  fr.;  porc,  84  à  88  fr.  ;  veau,  80  à  90  fr.;  —  Nhnes, 
bœuf,  1  fr.  35  à  1  fr.  50;  taureau,  1  fr.  .35;  vaches  1  fr.  15  à  1  fr.  45  ;raoutOQ, 
1  fr.  80  à  1  fr.  90;  moulons  étrangers,  1  fr.  40  à  1  fr.  70;  brebis,  1  fr.  30  à 
1  fr.  70;  agneau,  1  fr.  10  à  1  fr.  30;  veau  (poids  vif),  0  fr.  95  à  1  fr.  05  ;  — 
Genève,  bœuf,  I  fr.  60  à  l  fr.  70  ;  vache,  1  fr.  20  à  1  fr.  50  ;  mouton,  1  fr.  70  à 
1  fr.  90;  veau  (poids  vif),  0  fr.  72  à  0  fr.  85;  porc,  G  fr.  90  à  0  fr.  95. 
Viande  à  la  criée.  —  Il  a  été  vendu  à  la  halle  de  Pans,  du  II  au  17  août  : 

Prix  du  kilog.  le  19  août. 

kilog.  I"qual.        2-  quai.  ii;il.  3-  q  Choix.       Basse  3c:;cherl6 

Bœuf  ou  vache...   I4i>,n.iO  1.56  à  1,96     1.34  à  1.54    0.94  à  1.,'iî     1.40  à  3.00  0.20  à  1  26 

Veau 148,151  1,76      2.0^1     1.54       1.74     1.30       1.52       ■  ..         » 

Moutoa ,.     59,602  1.50       1.84     1.28       1.48     0.9i       1.26     1.56       3.50     .. 

Porc 22,251  Porc  frais. .... .     1.20àl.64. 

366,054  Soilparjour 52, 293  kilog. 

Les  ventes  ont  été  inférieures  de  3,000  kilog.  par  jour  à  celles  de  la  semaine 
précédente.  Les  prix  sont  soutenus,  sauf  pour  la  viande  de  mouton. 

XI.  —  Cours  de  la  viande  à  l'abattoir  de  la  VUlette  du  jeudi  7  août  (par  50  kilog.) 
Cours  de   la  charcuterie.   —  On  *end  à  la  Villette  par  50  kilog.  •   1"  qualité 
75  à  80  fr.  ;  2%  70  à  75  fr.  Poids  vif,  53  à  58  fr. 

^__^_^^  Bœufs.  Veaui.  Moutons. 

1"  -i-  3-  1"  2-  3-  I"  2' 

quai.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai. 

'■•■  fr-  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr 

81  76  68  95  88  78  88  80  73 

XII.  —Marché  aux  bestiaux  de  la  Villette  du  jeudi  14  aoât  1884. 

Cours  des  commissionnaires 
Poids  Cours  officiels.  en  bestiaux. 

Animaux  gênerai.  1"        2*  3*  Prix  f        2*         3"  Prix 

amenés.  In  endus.  kil.  quai.  quai.  quai,  extrêmes.  quai. quai.  quai,  extrêmes. 

Bœufs 2.276  5i  349  (.6S  1.56  1.32  l.26àt.72  1.63     1.54  1.30  l.24àl   70 

Vaches 581  28  236  1.64  1.46  1   26  I.2U     1   68  i  .  62     1.4i  1   24  1.18     1  66 

Taureaux...          151  7  390  I  42  1.36  1.26  1.22     I    52  I   46     I    3*  1.24  «20     1   50 

Veaux 1.550  5  33  79  1.70  1.60  1   50  1.30     1.90  »              »            «  > 

Moutons 24.049  5..  80  19  t. 92  1.72  1   58  1.48      1.98  ■              »           »  » 

Porcs  gras..     3.485  »  82  1.52  1.46  1.38  1.30     1.58          »              .            .  • 

—  maigres,,           »  »  »»*»ms»»bs 

Vente  assez  active  sur  le  gros  bétail,  mauvaise  sur  les  moutons  et  les  veaux,  bonne  sur  les  porcs,!, 

Xlll.  —  Résumé. 

Les  prix  du  froment  sont  en  baisse  sensible;  ceux  des  sucres  et  de  la  plupart 
des  produils  animaux  se  maintiennent  avec  peine:,  mais  il  y  a  plus  de  fermeté  sur 
les  cours  des  vins.  A.  Réimy. 

BULLETIN  FLNANCIER 

II  y  a  fermeté  dans  les  prix  de  la  plupart  des  valeurs.  On  cote  :  3  pour  100, 
78  fr.  60;  --  3  pour  1  00 amortissable,  80  fr.;  —  4  et  demi  pour  100,  109  fr.  40  ;  — 
4  et  demi  pour  100  nouveau,  107  Ir.  75. 

Les  actionsdes  établissements  de  crédit  se  vendent  :  Banque  de  France,  5100  fr., 
Banque  de  Paris  et  des  Pays-Bas,  782  fr.  50;  Comptoir  d'escompte,  955  fr.; 
Crédit  foncier  et  agricole  d'Algérie,  495  fr.;  Crédit  ioncier,  l,-282  fr.  50;  Banque 
d'escompte  de  Paris,  520  fr.  ;  Crédit  industriel,  680  fr.  ;  Crédit  lyonnais,  555  fr.; 
Compagnie  foncière  de  France,  437  fr.  fO;  Crédit  mobilier,  318  fr.  75;  Société 
de  dépôts  et  comptes  courants,  625  fr.  ;  Société  générale,  462  fr.  50.;  Banque 
parisienne,  382  fr.  50;  Banque  franco-égyptienne,  560  fr. 

On  paye  les  titres  des  Compagnies  de  chemins  de  fer  :  Est,  770  fr.;  Paris- 
Lyon-Médilerranée,  1,235  fr  Midi,  1,160  fr.;  Nord,  1,670  fr.  ;  Orléans, 
1,322  fr.  50  ;  Ouest,  832  fr.  50  —  Les  actions  du  Canal  maritime  se  cotent  à 
1,885  fr.  ;  les  délégations,  à  1,120  fr. 

Escompte  à  la  Banque  de  France,  3  pour  100  ;  intérêt  des  avances,  4  pour  100, 

E.  Féron, 


Le  Gérant  :  A.  Bouché. 


CHRONIQUE  AGRICOLE   (30  août  im). 

Les  résultats  de  la  moisson  des  céréales.  —  Appréciations  de  la  maison  Barthélémy  Estienne  sur 
le  rendement  de  la  récolte  du  blé  en  France.  —  Evaluations  apportées  à  la  réunion  interna- 
tionale (lu  commerce  des  grains  à  Vienne  (Autriche).  —  Session  des  Conseils  généraux.  — 
Voeux  relalils  à  l'agriculture  émis  par  les  Conseils  généraux  de  l'Ain,  de  la  Haute-Garonne,  de 
la  Nièvre,  de  Sei[]e-et-Oise,  de  l'Aisne,  de  Loir-et-Cher.  —  La  revision  du  cadastre.  — Kncou- 
ragements  à  la  production  chevaline  dans  la  Nièvre.  —  Travaux  de  la  Commission  du  minis- 
tore  des  tinance^;  sur  l'évaluation  du  revenu  des  propriétés  non  bâties  —  Décorations  dans 
l'ordre  du  Mérite  agricole  et  dans  la  Légion  d'honneur.  —  Les  blés  de  semence.  —  Lettre  de 
M.  Hug'  t.  —  Le  blé  de  Shired'  à  épi  carré.  —  Voyage  de  la  délégation  de  la  Société  d'agri- 
culture de  Meaux  en  Allemagne.  —  Les  sucres  allemands  en  Amérique.  —  Kvamens  à  l'Ecole 
pratique  d'agr'culture  de  l'Vnrne.  —  Syndicat  agricole  dans  la  Dordogne.  —  Le  phylli'Xera.  — 

•  Ktudes  de  M.  Gastine  sur  la  diffusion  du  sulfure  de  carbone  dans  le  sol.  —  Commissions  d'achat 
d'étalons  pour  les  haras  —  Concours  de  poulains  boulonnais  à  Abbeville.  — Police  sanitaire  des 
animaux.  —  Ex|iériences  sur  l'ensilage  des  fourrages  verts  en  plein  air. — 'Lettre  de  M.  .Iules  Cor- 
mouls-Houlès  à  M.  Heu^é.  —  Avantages  do  ce  système.  —  Création  d'une  école  de  laiterie 
dans  le  comté  de  Derby,  en  Angleterre.  —  Hommage  rendu  à  M.  Chevreul  par  les  étudiants 
des  Facultés  de  Paris. 

I.  —  La  moisson. 

La  question  du  rendement  de  la  moisson  des  céréales  s'agiîe  de  plus 
en  plus.  Les  documents  oITiciels  analogues  à  ceux  que  le  ministère  de 
l'agriculture  a  publiés  en  août  1883,  manquent  encore.  D'après  les  ren- 
seignerr.?its  que  nous  avons  recueillis,  la  récolte  de  blé  serait  supé- 
rieure à  celle  ae  ^'^•SS,  mais  inférieure  à  celle  de  1882,  c'est  à-dire 
comprise  entre  les  limites  de  105  à  1  10  millions  d'hectolitres.  Ces  rensei- 
gnements sont  corroborés  par  ceux  que  vient  de  publier  la  maison 
Barhélemy  Estienne,  de  Marseille,  dans  son  volume  annuel  relatif  à  la 
récolte  des  céréales  en  France  et  dans  les  pays  étrangers.  Nous  ana- 
lyserons, comme  les  années  précédentes,  ce  volume;  aujourd'hui  nous 
nous  bornerons  à  dire  que,  d'après  les  documents  qu'il  renferme,  la 
récolte  du  blé  serait  très  bonne  dans  4  départements,  bonne  dans  52, 
assez  bonne  d  ms  21 ,  médiocre  dans  4  et  mauvaise  dans  5  seulement.  Le 
nombre  des  départements  dans  lesquels  la  récolte  du  blé  est  considérée 
comme  très  bonne  ou  bonne  est  donc  de  56  ;  il  était  de  12  en  1883  et 
de  63  en  1862.  Quant  aux  autres  céréales,  la  récolte  serait  géné- 
ralement moyenne.  D'autre  part,  dans  la  réunion  internationale  du 
commerce  des  grains  qui  vient  d'avoir  lieu  à  Vienne  (Autriche  ,  des 
avis  ont  été  apportés  sur  la  récolte  du  blé  dans  les  divers  pays  produc- 
teurs; il  en  ressort  que  presque  partout  la  moisson  a  donné  des 
résultats  supérieurs  à  ceux  de  l'année  précédente.  L'Amérique  du  Nord 
aurait  aussi  un  rendement  plus  considérable  sur  de  plus  grandes 
étendues.  Il  en  résulte  que,  en  admettant  même  que  les  stocks  actuels 
soient  restreints,  il  est  probable  que  les  cours  actuels  du  blé  ne  se 
relèveront  pas  ;  mais  il  faut  espérer  que  la  baisse  que  l'on  vient  de 
subir  sur  tous  les  marchés  ne  prendra  pas  de  nouvelles  proportions. 

II.  —  Session   des  Conseils  généraux. 

Un  grand  nombre  de  Conseils  généraux  ont  terminé  leur  session 
d'août;  nous  pouvons  commencer  à  analyser  les  vœux  émis  par  ces 
assemblées  en  ce  qui  concerne  l'agriculture. 

Dans  plusieurs  Conseils  généraux,  la  question  des  modifications  à 
apporter  aux  tarifs  douaniers  sur  les  denrées  agricoles  a  été  agitée. 
C'est  ainsi  que  le  Conseil  général  de  l'Ain  a  émis  le  vœu  que  le  droit  de 
douane  sur  les  blés  étrangers  fût  élevé  à  5  fr.  par  101)  kilog.  Celui  de 
la  Haute-Gtironne  a  demandé  à  l'unanimité  que  les  matières  non  com- 
prises dans  les  traités  de  commerce  soient  frappées,  à  l'entrée  en  France, 
d'un  droit  assez  élevé  pour  que  l'agriculture  française  puisse  se  relever 
de  ses  désastres.  Un  vœu  présenté  par  M.  Ferrier  au  Conseil  général 

N»  803.  —  Tome  III  de  ]S8i.  —'30  Août. 


3  22  CHRONIQUE   AGRICOLE  (30  AOUT  188i]. 

de  la  JNièvre,  dans  lu  même  sens  que  le  précédent,  n'a  pas  été  adopté. 
Le  Conseil  c;énéral  de  Seiae-et  Oise  a  adopté  le  vœu  suivant  :  «  Le  Conseil 
général,  considérant  que  ragricuUure  a  droit  à  la  protection  de  l'Etat  au 
même  liire  que  l'industrie,  signale  à  l'attention  des  pouvoirs  publics 
l'urgence  de  réaliser  les  promesses  faites  à  l'agriculture,  notamuienten 
plaçant  l'agriculture  et  l'industrie  dans  la  même  situatiou  au  pi)int  de 
vue  des  conséquences  du  régime  douanier,  résultat  qui  serait  atteint 
en  abaissant  les  droits  de  douane  sur  les  matières  servant  à  l'exploi- 
tation de  la  terre,  à  la  fabrication  des  engrais  et  au  transpirt  des  . 
denrées.  »  Le  Conseil  général  de  l'Aisne  a  demandé  l'élévation  des 
droils  dédouane  sur  toutes  les  déniées  agricoles. 

Sur  l'évaluation  d  i  revenu  de  la  propriété  non  bâtie  en  France  et  sur 
le  cadastre,  leConsed  général  de  Loir-ei-Clieraémis  levœu  :  1°  qu'avant 
de  préparer  une  nouvelle  péréquition  de  l'impôt  foncier,  le- gouver- 
ment  procède  à  une  évaluation  du  revenu  de  la  propriété  bâtie  (comme 
cette  propriété  est  considérablement  augmentée,  là  conséquence  pour- 
rail  être  de  dégrever  la  part  afférente  à  la  propriété  non  bâtie)  ;  2°  qu'il 
entreprenne  à  ses  frais  la  réfection  du  cadastre,  aussitôt  que  les  res- 
sources du  budget  le  permetiront;  3°  qu'en  attendant,  il  ouvre  un  cré- 
dit pour  aider  les  communes  qui  voudraient  reviser  les  évaluations 
cadastrales  sur  leur  territoire. 

Le  Conseil  général  de  la  Nièvre  continue  à  favoriser  la  production 
du  cheval  dans  ce  département.  Sur  le  rapport  de  M.  le  général  d'Es- 
peuilles,  il  a  voté  une  subvention  de  10,001)  fr.  au  lieu  de7,00()  fr.,  à  la 
Sociélé  d'agriculture  de  la  Nièvre  pour  les  étalons  départementaux 
exclusivement,  la  Société  s'engageant  à  prendre  à  sa  i  harge  les  primes 
distribuées  annuellement  aux  pouliches  et  juments  et  qui  étaient  pré- 
levées sur  le  montant  de  la  subvention  départementale.  Le  Conseil  a 
adopté  également  une  autre  proposition  de  M.  de  Bouille,  présideut  de 
la  Société  d'agriculture,  tendant  àsubstituerà  rimporlalion  des  étalons 
parla  Sociélé  un  concours  annuel  d'étalons  de  gros  trait  de  toutes  pro- 
venances, âgés  do  trois  à  cinq  ans,  appartenant  exdusivement  à  des 
éleveurs  de  la  Nièvre.  Des  primas  variant  de  1,400  fr.  à  2,000  fr. 
y  seraient  décernées  aux  chevaux  réunissant  les  qualités  exigées  d'étalons 
d'élite. 

IIL  —  Evaluation  du  revenu  des  propriétés   non  bâties. 

Une  Commission  spéciale  a  été  chargée  par  le  ministre  des  finances 
d'examiner  les  résultats  de  l'évaluation  du  revenu  foncier  des  proprié- 
tés non  bâties  en  France,  accomplie  en  exécution  de  la  loi  du  9  août 
1879.  On  sait  que  cette  évaluation  a  donné  la  preuve  de  l'inégalité  de 
la  répartition  de  l'impôt  foncier  rural  ;  le  taux  mcj-en  de  l'impôt  a  été 
trouvé  de  A.'iQ  pour  100  du  revenu  net  loncier,  46  départements  étant 
cotés  au-dessus  de  celte  moyenne  et  41  au-dessous.  Les  Conseils  géné- 
raux ont  été  invités  à  donuer  leur  opinion  sur  les  résultats  de  cette 
enquête,  dans  leurs  sessions  d'août  1883  et  d'avril  1884;  d'autre  part, 
l'administration  des  finances  a  opéré  en  1883  une  revision  d'où  il  est 
ressorti  que  le  taux  moyen  de  l'impôt  est  en  réalité  de  4.68  pour 
100.  LaCommissioP-,  après  avoir  coaslaté  que  le  travail  de  1879,  mis 
au  courant  par  celui  de  I8S3,  était  aussi  bien  fait  que  possible,  a  émis 
nue  opinion  contraire  à  la  péréquation  pure  et  simple  de  l'impôt  fon- 
cier; elle  n'a  pas  accepté,  pour  des  considérations  budgétaires,  le  prin- 
■  cipe  delà  péréquation  par  voie  de  dégrèvement  ;  mais  elle  a  émis  le 


CHRONIQUE  AGRICOLE   (30  AOUT   1884).  333 

vote  qu'il  serait  équitable  de  transférer  sur  la  propriété  bâ'ic  une  pro- 
porliuu  du  coniin^ent  de  la  projiriôté  mtn  bàiie,  eu  Taisant  précéder  ce 
iranslert  d'un  travail  de  révision  des  évaluations  de  la  propriété  bâtie. 

IV.  —  Décorations  pour  services  rendus  à  l'agriculture. 
Par  arrêté  du  ministre  de  raji;rienlture,  en  date  du  2G  août  courant, 
la  décoraiion  du  iMérite  agricole  a  clé  conférée  aux  personnes  dont  les 
Qoms  suivent  : 

M.  Perrin  (Clément),  àRùvillon,  commune  de  Saint-Etienne  (Vosges);  organi- 
sateur et  président  de  l'assoeiation  fromagèic  vosgicnne,  secrétaire  du  Comk;e 
agricole  de  Reinireraont,  a  obtenu  trois  pieiuiers  prix  au  concouis  de  Paris  en  ItfBO 
et  1  82,  auteur  de  diverses  publications  sur  l'iiijricukure  et  plus  particulièremont 
sur  Li  fabr.ca'ion  (romagère.  Services  exceptionnels. 

M.  Hii  LARD  (Pie'T  ),  éleveur,  au  Cormier,  près  Damville  (Eure)  ;  se  livre 
avec  succès  à  l'élevage  des  bêtes  à  hine  inétis-mérinos,  a  obtenu  de  nombreuses 
récomijenses  dans  les  concours  régionaux  et  dans  diverses  exposiiiors  à  l'éiranirer, 
lauréat  du  prix  d'ensemble  au  concours  régional  de  Rouei:,  en  1884.  Services 
excepioiinels. 

M.  Gasquet  (Jean-Pierre),  propriétaire  à  Pu^^et  Ville  (Var);  a  apporté  d'utiles 
modificaUous  dans  la  taille  de  l'olivier,  dirige  par  les  meilleurs  jirocédés  une 
importan  c  exploitation  agricole  où  il  lutte  contre  le  phylloxéra  au  moyeu  de 
vastes  plantations  de  vignes  américaines.  Plus  de  40  ans  de  services  agricoles. 

Le  Journal  officiel  du  20  aotit  annonce  la  nomination  au  grade  de 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  de  M.  le  comte  de  Jouffroy  d'Aibans, 
membre  du  Conseil  général  et  président  de  la  Commission  départe- 
manlaie  du  Donbs,  ancien  garde  général  des  forêts,  ancien  presideat 
de  la  Société  d'agriculture  du  Doubs.  M.  de  JoutTroy  a  montré  une 
grande  activité  et  donné  une  vive  impulsion  aux  travaux  de  la  Société 
départementale  d'agriculture  qu'il  a  présidée  pendant  de  nombreuses 
années. 

V.  —  Les  blés  de  semence. 

A  l'occasion  des  seraailles  de  froment  qui  vont  bientôt  commencer, 
nous  recevons  de  M.  Arthur  Hugot,  directeur  des  établissements  indus- 
triels et  agricoles  de  Lens  (Pas-de-Calais),  la  lettre  suivante  : 

«  Monsieur  le  directeur,  les  demandes  de  semences  des  deux  espè  -es  de  b  h 
anglais  qui  composent  presque  exclusivement  ma  culture  de  céréales,  ipie  je  reçois 
de  plus  en  plus  nombreuses  chai)ue  année,  ainsi  que  les  beaux  résultats  qu'^n  ont 
obtenus  messieurs  les  agriculieurs  qui  ont  l)ien  voulu  me  les  communiquer, 
m'engagent,  cette  année  encore,  à  tenir  à  la  disposition  de  la  culture,  une  partie 
de  ma  rérolte  J'ai  d  )nc,  comme  précédemment,  recours  à  la  voie  de  votre  estima- 
ble Journiil  pour  en  informer  les  intéressés. 

«  Je  crois  qu'd  est  suporllu  d'insister  f-ur  les  soins  que  je  donne  à  la  prépara- 
tion de  ces  semences;  beaucoup  sont  juges,  et  les  lotti-es  de  sali-faction  nue  je 
reçois  journellement  sont  le  garant  de  leur  pureté.  Le  Prince-AII)ert,  blé  blanc  à 
paille  blanche,  et  le  Kissingïand  roux,  de  ma  récolte  li^8.3,  m'ont  rendu  cette 
année  3,738  lieclolitres  sur  98  hectares,  soit  une  moyenne  de  38  hecloliires  15  li- 
tres à  l'hectare. 

«  Malgré  les  violents  orages  que  nous  avons  subis  dernièrement,  qui  ont  couché 
les  blés  de  mes  voisins,  la  plupart  d'essences  du  pays,  les  miens  sont  restés  droits, 
grâce  à  la  rigidité  de  leur  lige  qui,  cependant,  était  ti'ès  haute. 

«  Recevez,  etc.,  A.  Hugot.  » 

Pour  répondre  à  plusieurs  demandes  qui  nous  ont  été  adressées, 
nous  ajouterons  que  MM.  V'ilmorin-.\ndrieux  et  Cie  peuvent  fi)urnir  du 
blé  de  Shireff  à  épi  carré,  Shiri'fJ"s  square  liend,  aux.  conditions  suivan- 
tes: au-dessus  de  25  kilog.,  40  fr.  les  100  kilog.;  par  quantités  moin- 
"dres,  0  fr.  50  le  kilog.,  pris  en  gare  de  Paris-lleuiUy,  port  et  embal- 
age  en  sus. 

1 


324  CHRONIQUE  AGRICOLE  (30  AOUT    ISSi)- 

VI.  —  Voyage  agricole  en  Allemagne  cl  en  Autriche. 

Nous  avons  signalé  le  départ  en  Allemagne,  au  mois  de  juillet  der- 
nier, d'une  délégation  de  la  Société  d'agriculture  de  Meaux,  de  la  Société 
des  agriculteurs  de  Franceet  du  Comice  deSoissons.  Le  rapport  sur  ce 
voyage  \ient  d'être  publié;  il  est  dii  à  M.  Jules  Bénard,  vice-président 
de  la  Société  d'agriculture  de  Meaux.  C'est  un  des  meilleurs  travaux 
qui  aient  paru  en  France  sur  l'agriculture  allemande.  La  délégation  a 
parcouru  la  Prusse  rhénane^  le  Hanovre,  le  duché  de  Bruiiswicb,  le 
Harz,  le  royaume  de  Saxe,  en  Allemagne;  la  Bohême  et  la  Moravie,  en 
Autriche  ;  elle  a  poussé,  en  Hongrie,  jusqu'à  Budapest.  Elle  a  visité,  par 
conséquent,  les  régions  les  plus  réputées  pour  la  culture  de  la  betterave 
à  sucre.  La  méthode  adoptée  par  M.  Jules  Bénard,  dans  son  rapport, 
est  celle  des  monographies  de  fermes;  c'est  la  meilleure  pour  exposer 
les  fuils  avec  clarté.  Quant  aux  conclusions,  elles  présentent  une  réelle 
imporlance;  on  en  trouvera  le  texte  complet  dans  ce  numéro  fpage  o"29). 
Nous  insisterons  particulièrement  ici  sur  deux  points  :  rassocialion 
des  producleurs  de  betteraves  pour  la  fabrication  du  sucre  et  l'eïlen- 
sion  de  l'enseignement  agricole  ;  M.  Bénard  en  fait  parfaitement  res- 
sortir l'imporiance.  Quelque  progrès  qu'elle  ait  réalisé,  la  législation 
nouvelle  sera  absolument  impuissante  à  mettre  fin  à  la  crise  sucrière. 
si  les  cultivateurs  et  les  fabricants  de  sucre  ne  s'unissent  pas  pour 
marcher  d'un  commun  accord;  c'est  ce  que  l'on  ne  saurait  répéter  trop 
haut,  et  malheureusement  on  aperçoit  déjà  une  certaine  tendance  chez 
les  fabricants  de  sucre  pour  éliminer  les  cultivateurs  des  bénéfices  de 
la  nouvelle  législation.  Quant  à  l'enseignement  agricole,  que  de  fois  nous 
avons  montré  les  efforts  faits  en  Allemagne,  en  Autriche,  pour  le  déve- 
lopper; aujourd'hui  ces  pays  récoltent  le  fruit  de  leurs  efforts,  tandis 
que  la  l^'rance  récolte  celui  de  son  indifférence.  Tant  que  nos  établis- 
sements d'enseignement  agricole  ne  verront  pas  décupler  le  chiffre  de 
leurs  élèves,  il  ne  faut  pas  compter  que  cet  enseignement  puisse  don- 
ner des  résultats  suffisants  ;  les  travaux  de  nos  agronomes  recevront 
des  applications  partout,  tandis  qu'ils  resteront  méconnus  chez  nous. 

VIL  —  Les  svcrts  allemands  en  Amérique. 

Nous  n'avons  rien  à  ajouter  à  ce  que  nous  avons  dit  souvent  sur  la 
concurrence  heureuse  que  les  sucres  allemands  font,  sur  tous  les  mar- 
chés d'Europe,  aux  sucres  français.  iMais  ce  que  l'on  connaît  moins, 
c'est  l'extension  prise  par  ce  commercejusqu'en  Amérique.  Le  Journal 
a  signalé  les  expéditions  de  sucre  allemand  dans  l'Amérique  du  Nord; 
aujourd'hui  nous  apprenons  que  les  importations  dans  l'Amérique  du 
Sud,  notamment  dans  la  République  Argentine,  commencent  à  inquié- 
ter les  producteurs  de  ces  lointaines  régions.  On  cherche  à  y  augmen- 
ter la  culture  de  la  canne  à  sucre,  afin  d'obtenir  tout  le  sucre  néces- 
saire à  la  consommation  du  pays.  D'autre  part,  au  Pérou,  l'exportation 
des  sucres  de  canne  pour  l'Angleterre  a  diminué  de  près  de  60  pour 
100  depuis  quatre  ans,  en  même  temps  que  les  prix  subissaient  une 
baisse  analogue  à  celle  qui  a  frappé  nos  sucres  de  betteraves. 
VIII.  —  Ecole  pratique  d'agriculture  de  l'yon7ie. 

L'école  pratique  d'agriculture  de  la  Brosse,  près  Auxerre  (Yonne), 
vient  d'achever  sa  deuxième  année  scolaire. 

Le  Comité  de   surveillance  et    de  perfectionnement,    composé   de 
MM.  Boilel,  inspecteur  général  de  l'agriculture,  président;  Romand, 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (30  AOUT  1884).  325 

Duguyot  et  de  Fontaine,  conseillers  généraux;  Houdaille,  Beauvais  et 
Lemoine,  membres  désignés  par  M.  le  ministre  de  l'agriculture,  a  pro- 
cédé, les  1 1  et  12 août,  aux  examens  de  fin  d'anaéeetd'admisssion. 

Le  jury  a  été  satisfait  des  examens  de  fin  d'année,  et  il  a  particuliè- 
rement adressé  des  éloges  à  MM.  Belle  et  Frappé,  élèves  de  deuxième 
année,  et  à  MM.  Perrin,  Julien  et  AUard,  élèves  de  première  année.  Les 
élèves  Belle,  Frappé  et  Allard,  sont  de  l'arrondissement  d'Auverre. 
M.  Perrin  est  du  département  de  Saône-et-Loire,  et  M.  Julien  du  dépar- 
tement de  la  Nièvre.  L'élève  Belle  a  obtenu  la  médaille  offerte  par 
M.  de  Fontaine,  et  l'élève  Frappé  l'ouvrage  offert  par  M.  Tbinrry,  di- 
recteur de  l'Ecole.  Comme  l'année  deruière,  les  candidats  à  l'admission 
ont  été  peu  nombreux,  et  les  cadres  de  l'Ecole  ne  sont  pas  rem[)lis.  Le 
Comité  a  pensé,  en  raison  des  travaux  de  la  moisson,  qu'il  était  urgent 
qu'à  l'avenir  ces  examens  eussent  lieu  à  une  autre  époque,  et  il  a 
demandé  à  M,  le  ministre  de  l'agriculture  d'en  fixer  la  date  du  1"  au 
15  octobre.  Une  seconde  session  d'examen  d'admission  aura  lieu,  à 
l'Ecole  de  la  Brosse,  le  lundi  6  octobre  prochain,  à  9  heures  précises  du 
matin.  Les  candidats  doivent  faire  parvenir  leurs  demandes,  accompa- 
gnées des  pièces  prescrites  parle  programme,  avant  le  1"  octobre,  à  la 
préfecture  de  l'Yonne. 

Des  programmes  sont  à  la  disposition  des  familles,  dans  les  bureaux 
de  la  préfecture  et  des  sous-préfectures  et  à  la  direction  de  l'Ecole 
d'agriculture. 

I.V.  —  Syndical  agricole  dans  la  Dordogne. 

Une  association  formée  sous  le  titre  de  syndicat,  dont  le  but  est  l'a- 
chat en  commun  d'engrais  commerciaux,  vient  de  se  créer  dans  la  Dor- 
dogne, sous  les  auspices  de  la  Société  d'encouragement  à  l'agriculture 
de  ce  département.  Les  fabricants  d'engrais,  qui  auraient  l'intention  de 
traiter  avec  ce  syndicat,  doivent  adresser  leurs  tarifs  et  leurs  conditions 
de  vente,  à  M.  Gaillard,  professeur  départemental  d'agriculture,  secré- 
taire du  syndicat,  à  Périgueux. 

X.  —  Le  phylloxéra. 
Aujourd'hui  que  la  méthode  du  traitement  par  le  sulfure  de  carbone 
des  vignes  phylloxérées  se  propage  de  plus  en  plus,  il  est  important 
de  pouvoir  étudier  la  diffusion  de  cet  agent  tant  dans  le  sol,  que  dans 
l'air  et  dans  les  gaz.  M.  Gastine,  délégué  régional  du  ministère  de 
l'agriculture,  a  fait  connaître  récemment  le  procédé  qu'il  a  imaginé  oour 
rechercher  et  doser  les  quantités,  même  faibles,  de  sulfure"  de 
carbone.  La  réaction  qu'il  propose  consiste  à  faire  passer  l'air  conte- 
nant les  vapeurs  de  sulfure  de  cirbone  dans  une  solution  alcoolique  de 
potasse.  Il  se  forme  du  xanthate  de  potasse.  La  dissolution  de  potasse 
alcoolique  doit  être  assez  concentrée;  elle  doit  être  préparée  avec  de 
1  alcool  absolu  et  de  la  potasse  récemment  fondue,  car  toute  trace  réduit 
beaucoup  la  sensibilité  du  réactif.  Pour  le  même  motif,  il  faut  dessé- 
cher les  gaz  et  l'air  que  l'on  fait  passer  dans  le  réactif.  Dans  le  liquide 
alcoolique,  neutralisé  par  l'acide  acétique  et  un  peu  étendu  d'eau,  la 
présence  de  l'acide  xanthique  est  mise  en  évidence  en  ajoutant  un 
goutte  de  sulfate  de  cuivre.  Il  se  fornuî  du  xanthate  de  cuivre,  insolu- 
ble dans  l'eau  et  d'une  belle  couleur  jaune.  D'après  une  note  que  M.  Gas- 
tine a  présentée  récemment  à  l'Académie  des  sciences,  il  résulte  de 
ges  expériences  que  celte  solution  caractérise  d'une  façon  absolue  la 


328  GHRONIQUK  AGRICOLE  (30  AOUT   1684). 

présence  du  sulfure  de  carbone,  et  qu'elle  permet,  parla  liqueur  d'iode, 
le  tilraiie  rapide  du  produit. 

XI.  —  Achat  d'élalons  pour  les  haras. 
Les  Commissions  chargées  de  procéder  en  France  à  l'achat  des  éta- 
lons drt  pur  sang,  de  demi-sang  et  de  trait  léger,  pour  la  remunie  des 
dépôts  de  l'Etat  en  18S4,  seront  composées  d'inspecteurs  gfnéra'i.x.  des 
Haïas,  pré.-idés  par  le  directeur  du  service  ou,  en  cas  d'empècharuent, 
par  un  inspecteur  général  délégué.  Les  dates  et  les  lieux  de  l'endez-vous 
ont  été  ainsi  fixés  : 

rrmneri'  Commission.  —  29  septembre,  au  Pin  (Calvados),  au  dépôt  d'étalons; 
—  1  [  octobre,  à  Rouen,  cours  la  Reine;  —  13  octobre  et  jours  suivants,  à  Caen, 
école  de  dressage. 

Duxiènie  Coinmission. —  l"o  •lobre,  àBorJeaux,  école  de  dressage  :  —2  nclobre, 
àAgeii,  sur  le  cours;  —  3  octobre,  à  Aueh,  sur  la  place;  — 5  octobre,  à  Pau,  au 
dé, >ôt  d'élalons  ;  — 6  octobre,  àTaibes.  au  dépôt  d  é'alons  ;  —  8  octobre,  àTou- 
lou-e,  école  véiérina're;  —  11  octobre,  à  Limoges,  école  de  dressage;  —  15  octo- 
bre, à  Linlerneau,  sur  le  champ  de  f.iire;  —  18  octobre,  à  la  Rocbe-sur-YGo,  au 
dépôt  d'élalons;  —  20  octobre,  à  Rocliefort,  école  de  dressage. 

Trnisiémii  Commission  —  10  novembre,  à  Paris,  au  Tattersall;  —  1 1  novembre. 
à  Gbantilly,  établissement  de  M.  Aumout;  —  13  novembre,  à  Saint-Quenlia,  sur 
la  prouieuade. 

Lorsque  plusieurs  points  de  réunion  seront  indiqués  dans  le  même 
arrondissement  d  inspection,  les  propriétaires  peuvent  envoyer  leurs 
cheviux,  suivant  leur  convenance,  à  l'une  ou  l'autre  de  ces  réunions. 
Les  propriétaires  ou  délégués  des  déparlements  qui,  se  proposant  de 
faire  des  acquisitions  d'étalons  à  Ciie.i,  auraient  à  les  faire  visiter  par  la 
Commission  en  vue  de  l'approbation,  pourront  les  lui  présenter  le 
21  octobre,  à  l'Ecole  de  dressnge. 

Les  éleveurs  sont  prévenus  que  les  règlements  concernant  les  papiers 
d'origine  siront  rigoureusement  observés.  L'es  propriétaires  devront 
produire,  au  moment  des  achats  ou  des  approbations,  le  cerlificat  de 
naissance  du  cheval,  si  celui-ci  est  issu  d'un  étalon  de  l'Elal,  et  la 
carte  de  saillie  visée,  dans  l'année  d^  la  naissance,  par  le  directeur 
du  déjiôt  d'étalons  de  la  circonscription,  s'il  a  pour  père  un  étalon 
approuvé. 

XIL  —  Concours  de  chevaux  boulonnais. 

Un  concours  départemental  de  pf)u!ains  entiers  de  race  boulonnaise 
aura  lieu  le  luudi  23  septembre  à  Ahbeville  (Somme).  Ce  concours  est 
orijanisé  par  la  préfecture  de  la  Somme.  On  n'y  admettra  que  les 
po'iilainsnés  en  1b82  et  appartenant,  depuis  le  15  août  au  moins,  à 
des  cultivateurs  du  département.  Dds  primes,  dont  la  valeur  varie  de 
IdO  à  6i)0  fr.,  formeront  un  total  de  6,310  fr.;  à  ces  primes  seront 
jointes  deux,  médailles  d'or,  deux  médailles  d'argent  et  trois  médailles 
de  bronze. 

XIIL  —  Police  sanitaire  des  animaux. 

Un  arrêté  du  ministre  de  l'agriculture,  en  date  du  7  juillet  dernier, 
a  interdit l'intruduction  en  France  psr  le  bureau  dédouane  de  Venlron 
(Vosges),  des  animaux  des  espèces  bovine,  ovine,  caprine  et  porcine. 
Cette  interdiction  avaitpour  cause  une  épidémie  de  fièvre  aphteuse  qui 
sévissait,  en  Alsace  au  voisinage  de  cetie  localité.  Cette  épidémie  pou- 
vant être  considérée  comme  éteinte,  un  nouvel  arrêté  en  date  du 
23  août  a  décidé  qu'à  partir  du  1"  septembre  prochain,  l'imporlalion 


GHRONIQUK  ACJUICOLE   (30  AOUT    188^).  3'27 

du  bétail  pourrait  de  nouveau  s'effecluer  par  le  bureau  de  douane  de 
Ventron . 

XIV.  —  Ensilage  des  jourrages  vcrls  à   l'air  libre. 

Nos  lecteurs  ont  trouvé  dans  nos  colonaes  le  résumé  des  recherches 
laites  à  Mazainet  (Tarn),  par  MM.  Gaston  et  Jules  Currnouls-Houlès  et 
par  M.  Rouvière  sur  l'ensilage  des  iburrages  verts  à  l'air  libre.  Dans 
notre  prochain  numéro,  nous  publierons  une  nouvelle  note  de  M.  Rou- 
vière sur  les  projédéà  qu'il  emploie.  Aujourd'hui  M.  Jules  Cormouls- 
Houlès  nous  coŒiuiinn<jue  la  lettre  suivante  qu'il  vient  d'adresser  à 
.M.  Heuzé,  inspecteur  général  de  l'agriculture: 

«  Monsieur  l'inspecteorgénéral,  il  y  a  un  an,  lors  de  votre  visite  à  Mazamet, 
à  l'époque  du  concours  de  notre  Comice  agricole,  vous  avez  bien  voulu  écouter  avec 
une  bienveillante  attention  les  communications  que  j'ai  eu  l'honneur  de  vous 
faire  de  vive  voix  relativement  à  mes  premiers  essais  d  ensilage  à  l'air  libre. 

«  Ces  essais,  m'avez-vous  dit,  sont  des  plus  intéresstnts;  m  lis  avant  de  préeo- 
«  niaer  ce  moie  simpb  de  conservation  des  fourrages  ve:-ts,  il  importe  de  renou- 
■X  vêler  vos  expérience -i  et  de  vous  assurer  que  les  résultats  ne  ces-ieroat  pas  de 
«  répondre  à  vos  prévisions.  » 

«  Encouragé  par  votre  approbation,  eabardi  par  m-îs  premiers  succès,  je  n'ai 
cessé  depuis  lors  d'accumuler  les  expériences,  et  toujours  les  résultats  ont  été  les 
mêmes,  c  est-à-dire  que  toujours,  chez  mes  voi-^ias  comme  chez  moi,  pour  des 
ensilages  de  pnntem;)s,  d'été  ou  d'automne,  j'ai  constaté  une  réussite  parfaite 
lorsque  le  tassement  avait  été  régulier  et  énergique. 

«  l']t  ce  n'est  pis  sur  un  petit  nombre  d'essais  .|ue  je  me  suis  fait  une convictiom. 
o;  Sans  parler  de  mes  propres  expériences,  ni  de  celles  de  mo'i  cousin,  M.  Rou- 
vière qui,  depuis  l'automne  dernier,  a  conservé  qufiiqaes  charretées  de  luzerne 
parce  procédé,  je  ne  puis  mieux  faire  qu'en  vous  citant  mon  frère,  VI.  tTasion 
Gormouls-HoufJs,  qui,  l'un  des  premiers  de  nos  régions  àpraiiqucr  l'ensilage  sur 
son  vaste  et  magnilique  domaine  des  Paillades,  conserve  aujourd'iiui  presque 
tous  ses  fourrages  par  l'ensilige  à  l'air  libre  sans  avoir  jainais  de  déception. 

«Bref,  comme  je  vous  le  disais  tout  à  l'heure,  celte  réussite  constante  observée 
dans  les  ensilages  faits  à  toutes  époques  me  permet  de  répéter  aujourd'hui  ce  que 
j'avançais  le  premier,  il  y  a  juste  un  an,  dans  diverses  publications  agrieo'tes 
'(21  août  1883J. 

«  //  Il  est  pas  besoin  de  silos  maçonnés  pour  conseroer  les  fourra^/es  verU  far 
t'eiisilare,  et  l'on  peut  être  assuré  du  succès  : 

«  A  la  condition  d'établir  le  tas  sur  un  sol  sain  (cour  de  ferme  —  aire  dépica- 
toire  — prairie  sèche  —  chaume,  etc.); 

«  A  la  condition  d'élever  régulièrement  la  masse  et  de  la  charger  d  un  poids 
suffisant,  1 ,1100  à  l,5i  0  kilog.  par  mètre  cube; 

«  A  la  condition  enfin  de  n'ensiler  que  des  fourrages  entièrement  verts,  c'est- 
à-dire  n'ayant  pas  déji  subi  un  commencement  de  d-'ssiccaiion. 

>t  Et  qu'on  ne  s-e  croie  pis  obligé  de  recouvrir  la  masse  ensilée  de  terre,  de 
chaume  ou  de  genêts,  alia  de  la  mettre  à  l'abri  de~  inliltrations  pluviales.  La 
couche  de  pierres  et  surtout  l'état  de  compression  des  rourra.!es  s'opposent  à  l'en- 
trée de  l'eau.  — J'ai  même  observé  une  plus  grande  sécheresse  dans  mes  silos 
■en  pleiin  air  que  dans  mes  silos  maçonnés.  —  Gela  tient  à  ce  qu'une  partie  de 
-  l'eau  de  végétation  suinte  et  s'écoule  par  les  côtés. 

«  Laprincipile  objection  qu'opposaient  mes  voisins  à  la  pratique  de  l'ensilage 
en  plein  air,  la  seule  raison  qui  parût  sérieuse  pour  justilier  leurs  hésitations, 
c'est  la  crainte  de  faire  sans  ])rofit  le  sacrifice  d'une  partie  de  leurs  récoltes  de 
fourrages. 

«  S'il  convient  de  reconaaî're  que  le  déchet  est  un  peu  plus  considérable 
dans  les  silos  en  plein  air  que  dans  les  silos  maçonnés  (10  à  15  centimètres 
au  lieu  de  3  à  7),  il  est  juste  aussi  de  tenir  compte  d'une  économie  d'installation 
considérable. 

Cl.  En  outra,  la  perte  est  plus  apparente  que  réelle,  car  les  parties  avariées 
constituent  un  ej;cellent  engrais. 

(c  Cette  opiniim  qu'avait  émise  mon  frère,  M.  Gaston  Gormouls,  devant  une 
importainte  réuuion  d'agriculteurs,  à  Castres,  me  frappa. 


328  CHRONIQUE  AGRICOLE  (30  AOUT  1884). 

«  Je  résolus  d'en  avoir  le  cœur  net  et  de  faire  une  expérience  pratique.  Je  lin 
part  de  mon  projet  à  M.  Rouvière  qui,  de  pon  côté,  lit  analyser  des  déchets  de 
silo.  —  Cette  analyse  a  révélé  dans  les  détritus  de  silo  une  richesse  ferlilisante 
de  beaucoup  supérieure  à  celle  des  meilleurs  engrais  de  ferme. 

«  L'expéiience  pratiaue  que  je  viens  de  terminera  Montlédier,  donne  raison  à 
ja  théorie.  Sur  3  ares  a'une  terre  silico-schistense  très  maigre,  j'avais  semé  de 
l'avoine  de  printemps  et  à  la  récolte  je  viens  de  trouver  : 

Paille.  Grain. 

■1    ■  KilOK  Kilog. 

Sur  1  are  cultivé  sans  fumier 10.00  3.5 

Sur  1  are  cultivé  avec  300  kilog,  fumier  de   ferme 3!  00  .">  8              '■! 

Sur  1  are  cultivé  avec  3(j0  kilog.  déchets  de  silo 39.00  6.9              '' 

«  Gela  d'ailleurs  n'a  rien  de  surprenant  puisque  les  fourrages  qui  servent,  à 
l'iilimentation  du  bétail  ne  renferment  pas  seulement  les  éléments  du  fumier 
éliminés  par  la  digestion,  mais  encore  les  produits  qui  auraient  pu  être  assimilés 
par  le  corps  de  l'animal.  .;;!i. 

«  Ces  considérations  me  semblent  de  nature  à  rassurer  les  agriculteurs  llisej 
plus  timorés  et  à  dissiper  entièrement  les  craintes  dont  je  parlais  plus  haut.        >-^ 

«  En  somme  la  pratique  de  l'ensilage  à  l'air  libre  présente  les  avantages  le/S' 
plus  sérieu,\  et  les  plus  incontestables  ; 

ce  1»  Certitude  de  conserver  pour  l'hiver  les  fourrages  verts  que  dans  bien  des  cas 
l'on  n'aurait  pu  sécher  convenabletnent; 

«  2"  Economie  notable  dans  la  récolte  par  suite  de  la  rapidité  et  la  facilité  de  la 
main-d'œuvre  ; 

«3°  P]conoinie  ou  plutôt  suppression  totale  de  dépenses  pour  l'installation; 

«  tfp  Enfin  utilisation  avantageuse  comme  engrais  des  parties  trop  avariées  pour 
servir  à  1  alimentation  du  bétail. 

«  C'est  à  vos  encouragements  et  à  vos  bienveillants  conseils,  monsieur  l'inspec- 
teur général,  que  je  dois  d'avoir  poursuivi  mes  recherches  dans  cotte  voie  et  je 
tiens,  en  vous  exposant  les  résultats  obtenus,  à  vous  en  témoigner  toute  ma 
reconnaissance. 

«  Je  vous  prie  d'agréer,  etc.  Jules  CormOULS-Houlès.  >> 

Les  expériences  dont  on  vient  de  lire  le  résumé  sont  extrêmement 
intéressantes.  Toutefois  nous  ajouterons  une  remarque,  c'est  que  les 
fourrages  ne  sont  pas  cultivés  pour  être  convertis  en  engrais,  mais 
bien  pour  être  consommés  par  le  bétail.  Il  faut  donc  prendre  les  me- 
sures nécessaires  pour  éviter,  autant  que  possible,  toute  déperdition 
de  substance  ulilit^able.  Celte  observation  n'enlève  d'ailleurs' rien  au 
mérite  des  expériences  dont  on  vient  de  lire  les  résultats. 

XV. —  Création  d'une  école  de  laiterie  en  Angleterre. 
Lord  Vernon,  ancien  président  de  la  Société  royale  d  agriculture 
d'Angleterre,  a  laissé  par  son  testament  un  legs  pour  la  création 
d'une  école  de  laiterie  à  Sudbury,  dans  le  comté  de  Derby.  Cette  école 
a  été  ouverte  récemment;  c'est  la  première  institution  de  ce  genre  qui 
existe  en  Angleterre.  Ses  débuts  sont  modestes,  car  elle  ne  compte  que 
huit  élèves;  mais  il  n'y  a  pas  à  douter  que,  avec  l'esprit  pratique 
qui  distingue  nos  voisins  d'outre-Manche  et  vu  l'ardeur  qu'ils  appor- 
tent aujourd'hui  à  développer  leur  production  laitière,  le  nouvel  éta- 
blissement prendra  bientôt  une  grande  imporlance. 

XVI.  —  Hommage  à  M.  Chevreul. 
M.  Chevreul,  l'illustre  et  vénéré  président  de  la  Société  nationale 
d'agriculture,  né  le  3 i  août  178G,  va  entrer  dans  sa  quatre-vingt-dix- 
neuvième  année.  A  cette  occasion,  les  étudiants  des  ^'acuités  de  Paris 
se  préparent  à  lui  faire  une  ovation.  C'est  une  heureuse  pensée,  à 
laquelle  nous  nous  empressons  d'applaudir,  avec  tous  les  admirateurs 
de  ce  grand  vieillard.  J.-A.  Barral. 


NOTES  SUR  l'agriculture  ALLEMANDE.  32  9 


NOTES  SUR  L'AGRICULTURE  ALLEMANDE  ' 

Il  est  certain,  pour  nous,  comme  pour  tous  ceux  qui  nous  ont  précédés,  que  le 
régime  économique  de  l'Allemagne  a  été  le  principal  facteur  de  la  prospérité  agri- 
cole et  industrielle  du  pays  que  nous  venons  de  parcourir;  que  les  taxes  équitables 
qui  frappent  la  plupart  des  produiis  agricoles  étrangers  à  leur  entrée  en  Allemagne, 
ont  eu  pour  effet  d'empêcher  chez  nos  voisins,  la  dépiession  que  subit  depuis  quel- 
ques années  l'agriculture  française;  et  qu'à  part  les  circonstances  que  nous  allons 
enumérer  plus  loin,  c'est  le  régime  économique  qui  a  fait  leur  supériorité  —  supé- 
riorité temporaire,  espérons-le  —  de  nos  voisins. 

Culture  de  la  bellerave  à  sucre.  —  11  est  inutile  de  répéter,  ce  que  tout  le  monde 
Sait,  que  le  régime  de  l'impôt  sur  la  betterave  a  été  le  point  de  départ  de  cette 
prospérité,  et  que  les  Allemands  ont  su  depuis  quelques  années  augmenter  d'uue 
manière  remarquable  la  richesse  saccharine  de  leurs  betteraves  et  réaliser  de  ce 
chef  de  grands  bénéfices.  Un  tableau  annexé  à  la  fin  de  cette  brochure  nous 
démontre,  d'une  manière  irréfutable,  que  le  bénéfice  de  la  campagne  1883-84,  de 
la  sucrerie  de  Lœfferde,  a  été  de  17  fr.  55  par  l,(iOJ  kilog.  de  betteraves. 

Nous  devons  reconnaître  aussi  que  le  sol  du  Hanovre,  du  Anhalt,  de  la  pro- 
vince de  Saxe,  etc.,  est  très  riche,  léger,  ne  redoutant  ni  la  sécheresse,  ni  l'hu- 
midité, pulvérisé  en  hiver  par  des  gelées  qui  ne  lont  jamais  défaut,  se  travaillant 
au  printemps  avec  beaucoup  de  facilité.  Point  n'est  besoin,  comme  chez  nous,  de 
puissants  instruments  pour  réduire  les  terres  trop  compactes.  Deux  chevaux  suf- 
fisent à  faire  un  labour  qui  en  exigerait  quatre  ch-z  nous. 

Quant  à  la  main-d'œuvre,  on  a  vu  par  tous  les  chiffres  que  nous  avons  recueil- 
lis, qu'elle  est  moins  chère  que  chez  nous  et  plus  abondante.  Nous  devons  ajouter 
cependant  qn'il  n'y  a  point  u'éiionornie  de  ce  chef,  car,  à  cause  de  son  bon  marché, 
la  main-d'œuvre  n'est  pas  économisée. 

Il  en  est  de  même  du  corabusiible.  Dans  tous  les  districts  betteraviers,  le  ligoite 
se  trouve  à  fleur  de  terre;  on  en  fait  une  grande  consommation,  et  la  dépense 
de  chauffage  est  presque  aussi  élevée  dans  les  usines  allemandes  que  dans  les 
nôtres. 

Mais  une  des  principales  causes  de  la  prospérité  des  fabriques  de  sucre  chez 
nos  voisins,  c'est,  selon  nous,  l'association  des  producteurs  de  bettenves.  En  Alle- 
magne 80  pour  100,  en  Autriche  50  pour  100  des  usines  sont  entre  les  mains  des 
cultivateurs  associés,  et  ce  sont  ces  sucreries  qui  donnent  le  plus  de  bénéfices. 
Ajoutons  que,  devant  la  crise  qui  meoace  la  production  sucrière,  ces  fabriques 
pourront  plusaisémentque  d'autres  supporter  les  mauvaises  campagnes  et  se  pas- 
ser de   dividende  pendant  plusieurs  années. 

Nous  reccnaaissoQS,  étant  donné  l'établissement  actuel  de  nos  usines,  que  l'as- 
sociation n'est  pas  possible  chez  nous.  Nous  appelons  l'attention  de  nos  confrères 
sur  ce  point  et  nous  affirmons  qu'il  y  a  nécessité  absolue  d'avoir  une  entente  par- 
faite, sans  arrière-pensée,  entre  le  cultivateur  et  le  fabricant,  chez  l'un  pour  pro- 
duire une  betterave  riche  de  12  à  14  pour  100  de  sucre,  chez  l'autre  pour  la  piyei 
selon  sa  valeur  de  25  à  30  francs.  Sans  celle  entente,  ceit  la  ruine  qu'aucune 
législation  ne  saurait  empéclier. 

De  l'aveu  de  toutes  les  personnes  compétentes,  l'outillage  industriel  des  sucre- 
ries n'e-it  pas  généralement  supérieur  au  nôtre,  mais  la  livraison  de  la  matière 
première  s'y  tait  d'une  toute  autre  manière.  Le  système  de  râperies  qui  évite  tant 
ae  charrois,  n'est  pas  pratiqué  eu  Allemagne;  on  en  cite  seulement  deux  ou  trois. 
Les  fournitures  sont  faites  au  fur  et  à  mesure  des  besoins  de  l'usine  qui  travaille 
cinq  ou  six  mois.  Les  betteraves  sont  mises  en  silos,  par  les  cultivateurs,  dans  les 
champs;  cli.Tquesilo  contient  4,000  à  S.Oi'O  kilog.  Les  betteraves,  bien  décolletées, 
arrivent  plus  propres  à  I  usine  ;  l;i  terre  est  plus  sablonneuse  et  moins  adhéiente. 
Toutes  les  cours  et  tous  les  passages  sont  pavés  ;  le  déchargement  se  fait  à  cou- 
vert sous  des  hangars  éclairés  souvent  à  la  lumière  électrique. 

Quant  aux  pratiques  culturales  des  Allemands,  l'agriculture  française  peut  les 
imiter  dans  une  certaine  mesure.  Nulle  part,  en  Allemagne,  nous  n'avons  rencon- 
tré de  betteraves  faites  sur  fumier.  Sans  être  aussi  ligides  que  nos  voisins,  nous 
croyons  que  1  on  pour-ait,  comme  mesure  de  transition,  appliquer  du  fumier  bien 
décomposé  à  une  partie  des  terres  destinées  aux  betteraves  ju'^fiu'à  l'aiilonine.  Tdus 

1.  I  onciusions  du  rapp  irt  sur  le  voya},':  a,'ncoie  eu  Allemagne  ei  en  Auinchi,  esécule  par  la 
délégation  de  la  Société  d'agriculture  de  Meaux. 


330  NOTES  SUR  L'AGRICULTURE  ALLEMANDE. 

les  lahours  profonds  sont  faits  avant  Thiver,  des  façons  superficielles  sont  don- 
nées au  printemps.  Les  engrais  chimiques  sont  largement  em|iloyés  ;  en  général 
1  de^'ié  d'azote  comre  2  d'acide  pho-iphoriffue.  L'azote  nitrique  nous,  a  putu  plus 
souvent  employé  que  l'azote  ammouiacal.  L'usage  de  semer  l'engrais  dans  le 
rayon  de  la  betterave  n'eNt  y)as  très  répandu.  Comm:-  graine,  on  nous  a  déclaré 
15  à  30  kilog.  à  l'iiectare.  Dans  une  seule  ferme  nous  avons  rencontre  des  planta- 
tions sur  billons.  Les  binages  sont  très  bien  soignés,  ainsi  que  les  buttages  Au 
mois  de  juillet,  nous  avons  vu  dans  toutes  les  plaines,  des  chevaux  et  des  boeufs,  traî- 
nant la  butteuG!".  dans  des  rayons  de  37  à  42  centimètres  d'écartemeot.  Nous  avons 
compté  de  U  0,000  à  150,000  pieds  à  l'hectare.  L«  rendement  miyen  ne  pa'aîl 
pas  dépasser  une  moyenne  de  28,000  à  38,000  kilog.  L'Allernagne  ne  produit 
pas  de  meilleure  graine  que  nous;  un  grand  nombre  de  fabri  pies  s'approvi- 
sionnent chez  nos  producteurs  :  Desprez,  Simon  Legrard,  et  surtout  'Vilmorin. 
Partnut,  on  i  ous  a  cité  la  graine  Vilmorin  avec  éloges;  c'est  elle  qui  donne  les 
meilleurs  rendements  en  sucre. 

Culiure  des  céréales.  —  Le  fumier  employé  pour  les  céréales  et  pour  les  pnni- 
mes  de  terre  est  bien  plus  consommé  que  le  nôtre.  Sur  toutes  les  routes,  nous 
av^os  trouvé  des  composts  de  terres,  de  défécations  et  de  fumier,  qui  restent  en 
dépôt  pendant  plusieurs  mois.  Les  blés  S'iire/}'s,doni  on  a  tant  parlé  depuis  quel- 
que temps,  ont  une  ceraine  analogie  avec  les  blés  de  Bordeaux  ou  les  blés  Roseau  ; 
la  paille  est  assez  courte  et  cassante,  et  le  grain  est  moins  ^stimé.  On  le  sème  très 
dru,  '220  kilog.  à  l'hectare  dins  le  courant  d'octobre.  Dans  les  enviroiis  de  Hino- 
vre  et  d'Hildeshcira,  il  n'est  pas  rare  de  trouver  des  blés  d'un  rendem"nt  de  30  à 
40  quint:iux  Ces  blés  ont  déjà  été  essayés  en  France,  dans  l'Aisne  et  dans  Seine- 
et-Marne  Notre  compatriote,  M.  B''andin,  de  Lieu-aint,  nous  déclare  avoir  obtenu 
35  quintaux.  Nous  avons  acheté  plusieurs  centaines  de  'acs,  et  nous  espérons  mul- 
tiplie* les  essais  dans  nos  environs.  Cependant  il  est  à  n  )ter  que  l'usage  du  blé 
Sbireff  n'est  pas  aussi  général  qu'on  le  pense  et  qu'il  ne  donne  pas  pirtout  de 
bons  résultats. 

Dans  les  districts  que  nous  avons  parcouru  son  fait  très  peu  d'avo-'nes  ;  celles  que 
nous  avons  vues  sont  des  variétés  blanches,  t'-ès  fortes  mais  tardives.  Les  rende- 
ments qu'on  nous  a  déclarés  ne  sont  pas  comparables  à  ceux  du  blé  et  n'atteignent 
pas  la  moyenne  de  nos  bonnes  fermes. 

Le  seigle  et  l'orge  sont  les  céréales  les  plus  répandues  dans  tous  les  assolements. 
L'orge  surtout  réussit  très  bien  dans  ce  sol  riche  et  léger,  et  donne  des  rende- 
ments extraordiuaii'es.  L'orge  Chevallier,  l'orge  impérial,  sont  très  recherchées 
pour  la  brasserie;  le  grain  est  Lknc  et  lourd. 

Grâce  à  la  facilité  de  la  main-d'œuvre,  toutes  les  céréales  sont  semées  en  lignes 
et  sarclées  au  printemps. 

Foinra'ies.  -  Le  point  qui  fiappe  le  plus  les  étrangers,  c'est  la  petite  quantité 
de  termes  réservées  aux  fourrages  :  ti es  peu  de  luzerne,  trèfle  et  sainfoin.  Les 
supports  en  bois  pour  faire  sécher  les  fourrages  sont  très  i.ngénieux,  m  lis  doivent 
coûter  très  cher.  On  remplace  tous  nos  fo  irrages  par  des  pois  et  des  fèveroies 
ui  présentent  partout  une  m^ignifijuc  végétation.  Partout  aussi  nous  avons  vu 
'immenses  champs  de  pommes  de  terre,  dont  une  partie  sert  à  la  nourriture  des 
animaux  et  l'autre  à  la  distillation. 

LocniO'if,  impôis.  Voici  de  cnnimunicntion.  — La  valeur  locative  des  terres 
a  sulii,  de.iuis  quelques  années,  une  certaine  augmentation  dans  les  districts  bet- 
teraviers; la  va'eur  vénale  a  augmenté  de  même  autour  des  usines  et 'les  villages  ; 
quant  aux  impôts,  ils  sont,  comme  chez  nous,  assez  considérnbles.  Nous  n'avons 
pas  pu  nous  procurer  des  rensei^'uements  sur  les  clauses  d--s  baux  à  ferme  ;  il  est 
évident  que  tous  les  fermiers  qui  sont  engigés  et  actionnaires  dans  les  sucreries, 
doivent  avoir  de  longs  baux  et  de  grandes  sécurités  pour  l'avenir. 

L°s  transports  par  chemins  de  ter  sont  un  peu  ranins  chars  que  chez  nous; 
toutes  facilités  sont  données  au  cultivateur  et  au  labricant.  Chiique  expéJitewr 
doit  faire  à  la  gare  qui  le  dessert,  une  déclaration  préalable,  pnir  indi  picr  la 
quantité  approximative  de  betteraves  qu'il  aura  à  livrer  et  le  nombie  de  wagons 
dont  il  auia  besoin. 

Les  routes  sont  moins  larges  que  les  nôtres.  En  Saxe,  en  Bohème,  en  Mira'vie, 
il  existe  encore  des  péages  dont  le  produit  est  de-tiné  à  l'entretien  des  cliaus^ées. 

Mais  ce  que  nous  ne  saurions  tiop  recommander  à  l'attention  de  nos  concitoyens, 
ce  sont  les  belles  plantations  d'arbres  fiuitiers  qui  bordent  tout-^s  les  routes  ilépar- 
tementales  et  vicinales.  An  lieu  des  peupliers,  qui  portent  un  omibrage  uuisible 


3 


NOTES   SUR  L'AGRIGULTDRE  ALLEiTANKET.  331 

aux  chaussées  et  dent  les  racines  font  un  tort  considérable  aux  pnpriéfés  voisines, 
les  arbres  li'aitiers  :  cerisiers,  pommiers,  poirieis,  lonniisseiU  cli.i  (ue  année,  aux 
adm'nislralioQS  départementales  et  commun  îles  nn  revenu  assoz  élevé.  Li  popu- 
lation ouviière  trouve  dans  la  récolte  des  fruits  une  oc;U|iaiiou  rémunératrice. 

De.\liim.i;.  — Sauf  pour  les  ciievaux,  qui  sont  excellents  partout,  mais  surtout 
dan'^  le  Hanovre,  nous  n'avons  rien  à  eavier  aux  bestiiux  de  l'Allemagne.  Les 
bœ  ifs  wurtembergeois  ressemblent  à  nos  comtois,  les  boeufs  hon^r.iis  sont  vifs 
et  durs,  mais  l'eagraissement  est  très  diflicile;  quant  aux  vaches  laitières  nous 
avons  vu  les  établt-s  peuplées  de  hollandaises  et  de  suisses  Les  montons  à  laine 
font  place,  comme  chez  nous,  aux  moutons  à  vimde;  on  croise  b^aucoip  les 
races  du  paj's  avec  des  béiieri  anglais  à  laine  courte  :  souihdown,  oxfordsliire- 
down,  shropshiredown,  etc.  Les  porcs  sont  nombreux,  leur  viande  constitue  le 
fond  de  la  nourriture  de  tous  les  habitants. 

La  préparation  des  nourritures  des  animaux  est  très  soignée  :  hachage  des 
fourrages  verts  ou  secs,  ciii.s^on  des  pommes  de  terre,  concassagp.  des  grains, 
mélanges  de  toutes  sortes,  etc.;  ces  procédés  sont  bien  connues  en  France^  mais 
sont  trop  rarement  employés. 

Dans  toutes  les  petites  fermes  et  dans  les  villages  on  vo  t  très  peu  de  volailles, 
excepté  de-*  oies. 

L'industrie  laitière  a  fait  de  grands  progrès  depuis  quelques  années  dans  la 
pro  luction  du  beurre,  grà:e  à  l'emjjloi  de  l'écrém-u^e  cenirifug:  etd;  tous  les  pro- 
cédés nouveaux  ;  dans  beaucoup  de  fermes,  on  conserve  de  la  glace  pour  l'usige  de 
la  laiterie. 

Ouiillnge.  —  Sauf  dans  les  grands  domaines,  les  instruments  sont  simples, 
économiques  et  ne  présentent  aucune  particularité  digne  d'être  sio^nalée.  Nous 
pouvons  dire  que  l'outidage  des  termes  de  la  ré?;ion  du  nord  de  la  Fiance  est  au 
moins  égal  à  ce  que  nous  avons  vu;  beaucoup  d'instruments  anglais,  notamment 
des  locomobiles  et  des  batteus-s. 

EaseigAeineiil  agricole.  —  Nous  avons  été  frappés  de  voir  comiiiei  renseigne- 
ment professionnel  est  en  fare-ir  en  Allemiiae,  noi  seilemint  dans  la  grande, 
mais  aussi  dans  la  moyenne  et  la  pe  ite  culture.  Sin-s  pirler  des  écoles  iirati  |ue.s 
de  laiterie,  de  sucrerie,  n  ms  si.(n  lierons  seulement  l'éc  d".  d"a,''ricu  ture  d  Hddes- 
heim,  qui  compte  250  élèves;  il  y  a  en  Allemigoe  19  éc^des  de  ce  genre.  En 
Autriche,  l'industrie  agricole  est  moins  avancée,  mais  depuis  qiel[ue-î  année», 
l'Etat  a  fondé  de  nombreux  établissamtjnts  de  c^  genre.  Njus  avons  eu  France  de» 
savants  éminents,  dont  les  beaux  travaux  sur  la  physiolo.^ie  végétale  sont  connus 
partout,  mais  il  nous  semble  que  le»  cultivateurs  allemmls,  gnnds  et  petits,  ont 
su,  plutôt  que  nous,  appliqier  dans  la  pratipae  toutes  les  dé:ouv!rtes  de  ïa 
science.  Soyons  persuadés  que  tout  progrès  ne  peut  venir  que  le  la  science. 

Conditioas  de  ta  prodaclion  di  la  bcHaraoi)  riche  —  E  i  présence  ai  la  nou- 
velle loi  qui  vient  d'être  votée  par  les  Chambres,  nou-s  croyiin-j  qu'il  est  po-isibli- 
aux  cultivateurs  français  de  produire  delà  betterave  liche  comme  en  Allemagne, 
à  la  condition  : 

1°  De  ne  pas  fumer  directement  les  terres  destinées  à  la  betterave,  et,  comme 
mesure  de  transition,  d'employer  du  fumier  bien  dico  up  t-ié  jus  [u'à  l'automn-;. 

2°  De  faire  usage  d'engrais  chimiques  d'une  minière  juluueuse,  généralement 
dans  la  proportion  de  I  d^in^é  d'azote  contre  i  di^rés  d'à -il!  ph>sphori  (ue. 

3°  De  labourer  profondément  avant  l'hiver  et  de  ne  donn^jr  que  des  façons  super- 
ficielles au  printemps. 

4"  De  n'employer  que  de  bonnes  graines,  d'autant  plus  riches  que  la  fumure 
sera  plus  abondante. 
5°  Du  laisser  au  moins  100,000  pieds  à  l'arrachage. 

6°  De  rechercher  par  tous  les  moyens  pos-iibles  :  association,  coopération,  etc., 
Funion  intime  des  cultivateurs  et  des  fabricants,  a(ij  que  le  prodicteur  soit  inté- 
ressé à  faire  de  la  bonne  batterive,  et  que  cette  bjtrerave,  q  i  produira  moins  de 
poids,  tout  en  exigeant  plus  de  frais,  lui  soit  payée  à  sa  valeur. 

Ju  es   BfiN\RD, 
Vice-président  de  U  Sooiéiè  dasiicullure  de  Meaax. 

SUR  L'EMPLOI  AGRICOLE  DES  SUPERPH03PIL\.TES 

Dans  les  études  que  je  poursuis  depuis  vingt  ans  à  l'Ecole  de  Gri- 
gnoD,  je  me  suis  efforcé  de- lier  la  coinpositioa  de  la  terre  arubk  déter- 


332  IeMPLOI   agricole    DES  SUPERPHOSPHATES. 

minée  au  laboratoire  à  rinfluence    qu'exerceat  sur    elle  les    engrais 
variés  que  j'y  ai  essayés. 

Les  superphosphates  n'exercent  sur  le  sol  de  Grignon  aucun  effet 
utile,  ainsi  qu'il  ressort  des  chiffres  suivants,  moyenne  de  quatre 
années  d'expériences  (  1 875-1 878 j'  : 

Maïs  fourrage.  Pommes  de  terre. 

Engrais  employés.  Récolte  verte  Tubercules  sains 

à  l'hectare.  a  l'heciare. 

Azotate  de  soude  seul 65,3.i,)  kilog.  27t)  luctolit. 

Azotate  de  soude  et  superphosphate 65,316  311 

■    Sull'ite  d'ammoniaque  .seul 60,03o  290.5 

Sulfate  d'aramonijque  et  superphosphate.  60,ÎI6  278 

.Sans  engrai.s 58, 300  278 

Superphosphate  seul 58,100  276 

La  quantité  d'acide  phosphorique  contenue  dans  le  sol  n'est  cepen- 
dant pas  excessive;  elle  varie  de  1  gr.  08  par  kilogramme  pour  les 
parcelles  les  plus  pauvres,  à  1  gr.  92  pour  les  plus  riches  et  l'on  ne 
peut  attribuer  le  peu  d  efficacité  des  engrais  phosphatés  à  l'abondance 
de  l'acide  phosphorique;  car  MM.  Corenwiuder  et  Contamine  ont 
reconnu  qu'un  sol  présentant  une  richesse  en  acide  phosphorique 
semblable  à  celle  de  Grignon  bénéficiait  encore  de  l'emploi  des  super- 
phosphates \ 

Il  ne  suffit  pas,  en  effet,  pour  prévoir  l'action  de  ces  engrais,  de 
déterminer  la  quantité  d'acide  phosphorique  toiale  contenue  dans  le 
sol  :  il  faut  encore  s'efforcer  de  distinguer  à  quelles  bases  il  est  uni; 
s'il  forme  des  phosphates  de  protoxyde,  il  pourra  être  assimilé  par  les 
plantes,  puisque  ces  phosphates  sont  légèrement  solubles  dans  l'acide 
carbonique,  tandis  que,  s'il  est  engaa;é  en  combinaison  avec  des 
sesquioxydes,  l'acide  carbonique  du  sol  sera  sans  action.  On  peut, 
sans  grand  inconvénient,  substituer  dans  la  recherche  de  l'acide  phos- 
phorique assimilable,  à  l'acide  carbonique,  de  l'acide  acétique;  c'est 
ce  que  j'ai  fait,  et  c'est  aussi  cet  acide  qu'a  employé  récemment 
M.  l^e  Ciiartier. 

En  faisant  agir  l'acide  acétique  sur  les  terres  de  Grignon,  on  trouva 
des  chiffres  variant  de  0  gr.  2u8  à  0  gr.  520  d'acide  phosphorique 
dissous  par  kilogramme  de  terre. 

Ainsi  une  fraction  importante  de  l'acide  phosphorique  du  champ 
d'expériences  s'y  trouve  à  un  état  tel  que  les  plantes  peuvent  l'utiliser, 
et  l'on  conçoit  dès  lors  le  peu  d'efficacité  qu'y  présentent  les  super- 
phosphates. 

On  se  demanda,  en  ouire,  si,  en  poursuivant  ces  études,  on  ne 
pourrait  pas  en  tirer  des  indications  susceptibles  de  guider  les  cultiva- 
teurs dans  l'emploi  des  superphosphates. 

Un  certain  nombre  d'échantillons  de  terre  de  provenances  très 
variées  fut  examiné'",  et  tous  les  essais  montrèrent  qu'une  fraction  de 
l'acide  phosphorique  était  soluble  d;ins  l'acide  acétique  ou  dans  le 
citrate  damtnoniaque.  Il  n'en  est  certainement  pas  toujours  ainsi, 
puisque  M.  Tlienard*  a  reconnu,  il  y  a  longtemps  déjà,  qu'une  teri'e 
amendée  avec  du  noir  animal  ne  renfermait  plus  l'année  suivante  que 
des  phosphates  de   se^i|uio\yile,   puisque  j'ai  eu  moi-même  occasion 

1.  Annales  agroiioniûiues,  t.  V,  p.  IM.  {Ltades  sur  le  aol  du  champ  d'expé rieni.es,  par 
MM.  Deh'Fiin  et  Meyer.) 

2.  Annales  agronomiques,  t.  IIl,  p.  4^1;  1877. 
!!.  Annales  agrmiomiqucs,  t    V,  p.  liil  ;  1879. 

4.  Comptes  rendus  de  l'Académie,  t.  XLVi,  p.  212;  1858. 


EMPLOI  AGRICOLE  DES  SUPERPHOSPHATES.  333 

d'observer  le  même  fait  pour  une  terre  de  Sologne  '  ;  mais  très  habi- 
tuellement les  sols  renferment  une  fraction  importante  de  leur  acide 
phospliorique  à  l'état  assimilable;  d'où  il  faut  conclure  que,  bien  que 
les  pliosphates  soient  nécessaires  au  développement  des  plantes,  l'em- 
ploi des  engrais  phosphatés  n'est  pas  toujours  avantageux,  car  le  sol 
lui-même  peut  subvenir,  sans  aucune  addition,  aux  besoins  des  végé- 
taux, quand  il  renferme  une  quantité  d'acide  phosphorique  qu'il  reste 
à  déterminer. 

Il  résulte  d'études  exécutées  par  M.  Roussille  il  y  a  quelques  années, 
à  l'École  de  Grandjouan,  en  Bretagne,  que  les  terres  des  landes  renfer- 
mant, par  kilog  ,  0  gr.  05  d'acide  phosphorique  ne  donnent  aucune 
récolte  sans  addition  de  phosphates,  mais  qu'une  terre  dont  la  teneur 
en  acide  phosphorique  était  montée  par  des  apports  successifs  de  fu- 
mier et  de  noir  animal  àO  gr.  380  par  kilog.  pouvait  nourrir  ses  plantes 
sans  une  nouvelle  addition  d'engrais  phosphatés;  il  est  probable  que  ce 
chitïre  représente  la  limite  inférieure  et  qu'on  pourrait  à  coup  sûr  con- 
seiller l'emploi  de  phosphates  dans  des  terres  ne  renfermant  qu'un 
demi-gramme  d'acide  phosphorique  par  kilog. 

11  resterait  à  chercher  la  limite  supérieure  au-dessus  de  laquelle 
l'emploi  de  cet  acide  phosphorique  devient  utile. 

Cette  limite  est  plus  difficile  à  formuler,  car  il  faut  faire  entrer  dans 
le  calcul  le  cube  de  terres  dans  lequel  les  racines  peuvent  puiser. 

En  effet  un  de  mes  anciens  élèves,  M.  Nantier,  actuellement  directeur 
de  la  Station  agronomique  de  la  Somme,  a  cultivé  un  sol  renfermant 
2  gr.  52  d'acide  phosphorique  par  kilog.",  et  cependant  les  super- 
phosphates y  exercent  une  action  marquée  faisant  passer  la  récolte  des 
pommes  de  terre  de  3,000  kilog.  à  l'hectare  à  4,000,  celle  des  bettera- 
ves de  28,200  à  45,600. 

M.  Nantier  explique  le  désaccord  constaté  entre  la  quantité  d'acide 
phosphorique  dosée  et  l'action  des  superphosphates,  parle  peu  d'épais- 
seur de  la  terre  examinée;  elle  ne  présente  guère  que  0  m.  15;  il 
calcule  que  la  quantité  d'acide  phosphorique  que  renferme  le  sol  qu'il 
a  cultivé  est  seulement  de  2,800  kilog.  par  hectare  environ,  tandis  qu'à 
Grignon  le  champ  d'expériences  présente  une  profondeur  d'au  moins 
0  m.  35,  de  telle  sorte  que  la  quantité  d'acide  phosphorique  y  dépasse 
partout  4,000  kilog.  et  atteint  même  7,000  kilog.  dans  les  parcelles  les 
plus  riches,  chiffres  qui  concordent  avec  ceux  qui  ont  été  déterminés 
par  SIM.  Schlœsing  et  deGasparin  dans  les  nombreuses  analyses  qu'ils 
ont  exécutées  sur  des  terres  très  variées. 

Je  serais  porté  à  penser  que,  lorsqu'une  terre  renferme  plus  de  4,000 
kilog.  d'acide  phosphorique  à  l'hectare,  qu'une  partie  de  cet  acide  est 
solublc  dans  l'acide  acétique,  et  quenfm  cette  terre  reçoit  régulière- 
ment du  fumier  de  ferme,  l'emploi  des  engrais  phosphatés  n'a  pas 
Grande  chance  de  réussite. 

Toutefois,  pour  qu'une  telle  règle  puisse  être  formulée  avec  préci- 
sion, il  faut  qu'elle  s'appuie  sur  un  très  grand  nombre  d'exemples,  et. 
à  cepoint  de  vue,  les  recherches  auxquelles  se  livre  M.  LeChartier  pré- 
sentent le  plus  grand  intérêt.  Il  est  clair  que  si  Ton  réussit  à  lier  la 
composition  immédiate  des  sols  à  l'action  qu'exercent  les  engrais,  on  en 
tirera  des  indications  précieuses  pour  la  pratique  agricole;  car  c'est 

1.  Comptes  rendus  de  lAcadémie,  t.  XLVH.  p.  988;  1S58. 

2.  Annales  agronomiques,  t.  IX,  p.  192  ;  1883. 


3â4  EMPLOI  AGRICOLE  DES  SUPERPHOSPHATES. 

de  l'étude  des  sols  qu'il  faut  tirer  la  nature  des  engrais  à  employer.  Il 
y  a  longtemps  que  M.  Chevreul  a  insisté  sur  leur  rôle  essentiellement 
complémentaire,  et  c'est  en  m'inspirant  de  ses  idées  que  j'ai  proposé 
de  définir  l'engrais  :  la  matière  utile  à  la  plante  qui  manque  au  sol. 

P. -P.  Dehérain, 

Professeur  au  Muséum  d'histoire  naturelle 
et  à  l'école  nationale  d'agriculture  de  Grignon. 

LA  LEGISLATION  ET  LA  POLICE  SANITAIRE 

DES     ANIMAUX     DOMESTIQUES     DEVANT      LA     VACCINATION     PRÉVENTIVE 

Jusqu'en  1882,  les  mesures  de  police  sanitaire  en  France  étaient 
régies  par  de  vieux  arrêts  surannés  et  décrépits,  dont  les  plus  frais 
dataient  de  quinze  ou  vingt  lustres.  Une  législation  nouvelle  bien  fixe 
et  bien  établie  était  indispensable  :  chacun  la  demandait  à  grands  cris, 
pensant  trouver  là  de  vraies  et  réelles  mesures  pouvant  servir  de  bar- 
rières aux  maladies  contagieuses.  Vint  la  loi  du  21  juillet  1881  — et 
ses  indemnitées  allouées  à  certaines  affections  :  typhus  et  péripneu- 
monie  —  sans  vouloir  faire  aucune  allusion  aux  imputations  de  gas- 
pillages faits  en  Corse  avec  les  fonds  lalloués  à  la  péripneumonie.  Je 
le  demande  hautement  à  tous,  la  nouvelle  loi  a-t-elle  répondu  à  l'attente 
générale';'  Je  ne  le  crois  point.  La  simple  fièvre  aphteuse  n'a-t  elle  point 
régné  pendant  toute  l'année  dernière  sur  nos  animaux  domestiques 
avec  une  ténacité  sans  pareille?  A-t  on  jamais  vu  les  Compagnies  de 
chemins  de  fer  qui  percevaient  des  droits  fixes  de  3  fr.  à  3  fr.  50  par 
wagon  se  moquer  plus  joyeusement  et  du  service  sanitaire  et  de  leur 
clientèle.  Un  marchand  de  bœufs  de  mes  clients,  qui  fait  chaque 
année  les  grandes  foires  aux  bestiaux  de  la  Bretagne,  de  l'Anjou  et  du 
Nivernais,  m'affirmait  que  bien  souvent  les  wagons  à  bestiaux  fournis 
par  les  Compagnies  de  chemins  de  fer  n'étaient  même  point  nettoyés, 
bien  que  payant  annuellement  pour  sa  part,  aux  Compagnies, 
5,000  fr.  pour  désinfection. 

Il  pouvait,  me  direz-vous,  refuser  ces  wagons.  Cela  est  vrai.  Mais 
sachez,  lecteurs  bénévoles,  qu'il  est  très  important  pour  un  marchand 
de  bestiaux  de  pouvoir,  aussitôt  qu'il  a  pu  réunir  dix  animaux  sur  le 
marché,  les  jeter  dans  un  wagon  el  s'en  débarrasser  immédiatement 
en  les  expédiant  à  sa  clientèle  par  le  premier  train.  Il  y  a  foule  dans 
les  gares  d'expédition,  c'est  à  qui  aura  la  chance  d'obtenir  un  wagon 
pour  embarquer;  si  vous  refusez  le  véhicule  plein  de  fumier  que  l'ad- 
ministration met  à  votre  disposition,  malgré  vos  3  fr.  50,  un  autre 
s'en  emparera  ;  vous  attendrez  une  journée  et  plus  pour  obtenir  un 
wagon  désinfecté;  non  seulement  votre  expédition  sera  en  retard  sur 
celle  de  vos  concurrents,  mais  il  faudra  en  outre  alimenter  vos  ani- 
maux, payer  l'établage,  mécontenter  la  clientèle  qui  attend  et  man- 
quer peut-être  le  marché  aux  bestiaux  voisin  qui  se  fait  le  lendemain. 
Pour  toutes  ces  nombreuses  et  éloquentes  raisons,  car  il  s'agit  d'éco- 
nomies, les  marchands  sont  obligés  de  passer  sous  les  fourches  cau- 
dines  des  Compagnies  de  chemins  de  fer,  et  de  payer  quand  même  la 
taxe  de  désinfection  que  touchent  avec  empressement  les  Compagnies, 
qui  n'enlèvent  même  point  les  fumiers  de  leurs  véhicules.  On  com- 
prend immédiatement  avec  quelle  facilité  s'étendent  les  maladies  con- 
tagieuses et  avec  quelle  rapidité  elles  envahissent  toute  une  région  et 
tout  un  pays.  C'est  là  la  raison  pour  laquelle  la  fièvre  aphteuse  a  fait 


LA  POLICE  SANITAIRE  DES  ANIMAUX  DEVANT  LA  VACCINATION.        335 

taat  de  victimes  en  France  il  y  a  un  an.  Mais,  me  direz-vous,  le  ser- 
vice sanitaire  n'est  donc  point  organisé?  il  ne  fonctionne  donc  point? 
Le  service  sanitaire,  allons  donc!  Apprenez,  lecteurs,  que  certains  dé- 
partements, en  vertu  d'un  article  30  de  la  loi  du  21  juillet  1881,  ne 
sont  même  point  tenus  à  l'application  de  la  loi.  Dans  ces  départements, 
des  empiriques  (bien  qu'on  ait  dit  que  les  vétérinaires  faisaient  dé- 
faut et  que  le  service  ne  pouvait  être  assuré),  des  empiriques,  dis-je, 
très  intluents,  ont  fait  des  démarches  auprès  de  leurs  députés  ou  de 
leurs  sénateurs  et  ont  obtenu  pour  leurs  départements  que  cette  loi, 
qui  les    ennuyait  et  contrariait   leur    petit  commerce,  fût  prorogée 
pour  un  délai    de  plusieurs   années.    Voilà  pour  l'unité  du  service; 
quant  à  son  application,  c'est  peut-être  pire  encore.  J'exerce  dans  un 
département  où  le  service  sanitaire  est  organisé;  je  fais  partie  de  ce 
service  auquel  je  collabore  le  plus  activement  possible;  le  préfet  du 
département,  mon  grand  chef,  me  charge  bien  d'aller  visiter  les  wagons 
à  bestiaux  et  de  sui'veiller  leur  désinfection;  mais  je  ne  suis  point 
rentier  et  je  me  soucie  fort  peu  de  faire  30  ou  40  kilomètres  pour 
visiter  les  gares  et  les  wagons  à  bestiaux  de  la  région  ;  on  ne  fait  point 
la  guerre  à  ses  frais.  —  Aucune  indemnité  n'est  allouée  à  ceux  qui 
font  ce  service;  on  ne  paye  même  point  les  réquisitions  faites  réguliè- 
rement par  l'autorité  pour  visites  sanitaires.  Depuis  trois  ans,  je  n'ai 
point  touché  une  obole;  j'ai  dû  faire  de  nombreuses  visites,  des  autop- 
sies de  chiens  enragés,  des  procès-verbaux,  des  rapports,  que  sais-je? 
Il  est  vrai  que  j'ai  reçu  quelques  lettres  de  félicitations  de  M.  le  pré- 
fet, louant  mon  zèle  et  mon  dévouement.    Comme  le  coq  de  La  Fon- 
taine, je  répondrais  volontiers  que  le  moindre  ducaton  eût  fait  beau- 
coup mieux  mon  affaire. 

Malheureusement  pour  mes  confrères  du  service  sanitaire,  je  ne  suis 
point  le  seul  dans  ce  cas.  il  en  est  même  à  qui  il  est  dû  des  sommes 
relativement  importantes.  Peut-on,  à  ces  gens  qu  on  ne  paye  point, 
demander  du  zèle  et  du  dévouement?  Je  l'avoue  sincèrement,  en  ce 
qui  me  concerne  et  d'après  ce  que  j'ai  vu  dans  l'application  des  vieux 
arrêts  et  de  la  nouvelle  loi,  je  n'y  ai  point  trouvé  de  différence,  cela 
va  tout  aussi  mal  qu'avant. 

On  peut  supprimer  la  loi,  les  maladies  contagieuses  ne  feront  point 
une  victime  de  plus.  Que  voulez-vous  exiger  de  vieux  braves  maires 
de  campagne  qui  ignorent  même  la  loi  du  21  juillet  1881  ?  Tout  ce 
que  j'avance  est  si  tristement  vrai  que  M.  le  ministre  de  l'agriculture 
lui-même  a  dû  intervenir  dans  la  question  par  sa  circulaire  aux  pré- 
fets, en  date  du  20  mai  dernier.  A  mon  point  de  vue,  la  seule  et  vraie 
bonne  loi  sanitaire,  la  seule  vraiment  pratique,  la  seule  dont  le  paysan 
sollicitera  lui-même  l'application,  parce  qu'elle  tl-ittera  ses  intérêts 
particuliers  :  c'est  la  vaccination  préventive.  Demandez  aux  pays  rava- 
gés par  le  charbon  si  les  propriétaires  des  troupeaux  atteints  de  sang 
de  rate  ontjamais  l'ait  les  déclarations  et  pris  les  mesures  édictées  par 
les  lois.  Tous  vous  répondront  négativement.  Pourquoi  l'auraient-ils 
fait?  pour  se  créer  des  entraves,  s'amener  des  embarras  pour  circuler 
librement  avec  leurs  troupeaux,  pas  si  bêtes!  Voyez  au  contraire  le 
relevé  des  vaccinations  pastoriennes,  c'est  par  centaines  de  mille  qu'on 
les  chiffre  chaque  année.  Il  n'est  pas  un  être  intelligent  en  France  qui 
oserait  nier  les  bienfaits  de  la  vaccination  ;  pourquoi  attendre  alors 
et    ne  point  rendre   obligatoire  cette  opération  consacrée  par  'a  pra- 


3:î6     la  police  sanitaire  des  animaux  devant  la  vaccination. 

tique?  Ce  qui  est  vrai  pour  le  charbon  est-il  faux  pour  le  choléra  des 
poules,  pour  la  péripneumonie,  le  charbon  symptomatique,  le  rouget, 
îa  rage,  etc.  L'expérimentation  a  prouvé  au  contraire  que  tous  les 
animaux  inoculés  étaient  prémunis  pour  un  temps  relativement  long. 
Vous  avez  un  moyen  excellent,  véritablement  pratique,  le   seul  vrai, 
scientifiquement  vrai  et  réellement  efficace  d'arrêter  net  les  maladies 
contagieuses,   c'est   la  vaccination  préventive.    Pourquoi  cherciier  des 
lois,  instrumenter  des  décrets?  Pourquoi  ne  point  vacciner  toutes  les 
maladies  contagieuses  connues?  Serait-ce  parce  qu'un  savant  illustre 
de  votre  pays  les  a  étudiées  et  vous  a  donné  les  moyens  de  les  ariê- 
ler  dans  leur  marche?  Soyons  logiques  et  surtout  pratiques.  Le  virus 
aphteux  peu  étudié  jusqu'alors  se  transformera  facilement  en  vaccin, 
nous  n'en  doutons  point;  c'est  dans  ce  but,   du  reste,  que  nous  en 
avons    recueilli    et  envoyé  il  y  a  quelques   mois  au  laboratoire    de 
M.  Pasteur.  Le  cercle  des  maladies  contagieuses  se  restreint  chaque 
jour  davantage,  et  le  député  qui  proposerait  un  projet  de  loi  tendant  à 
l'obligation   de    la   vaccination  de   toutes  les  affections  contagieuses 
connues  non  seulement  ferait  une  œuvre  durable,  mais  il  rendrait  en 
outre  à  l'agriculture  et  à    l'élevage  un  service  des  plus  éclatants  et 
surtout  inappréciable.  11  illustrerait  son  nom  en  le  liant  aux  grandes 
découvertes  scientifiques  modernes  et  ferait  disparaître  du  même  coup 
et  les  maladies  contagieuses,  et  toute  cette  législature  sanitaire  d'une 
application  impossible.  Aug.  Eloire, 

Médecin- vétérinaire. 

EMPLOI  DU  FUMIER  DE  CHEVAL 

Dans  un  précédent  article  publié  l'année  dernière  par  le  Journal,  j'ai 
fait  voir  à  ses  lecteurs  ce  que  devenait  la  quantité  énorme  de  fumier 
produite  par  les  milliers  de  chevaux  de  la  capitale. Toute  cette  produc- 
tion considérable  est  employéepar  les  maraîchers  pour  la  construction 
de  leurs  couches  sur  lesquelles  ils  fabriquent  ces  primeurs  si  estimées 
de  toutes  les  grandes  villes  d'Europe.  Le  grand  rôle  de  ce  fumier  est 
de  fermenter  et  de  produire  ainsi  de  la  chaleur,  grâce  à  laquelle  l'on 
peut  obtenir  des  récoltes  de  légumes  frais  pendant  les  rigueurs  les  plus 
fortes  de  l'hiver. 

Le  prix  qu'atteint  sur  le  marché  de  Paris  le  fumier  de  cheval  est  très 
élevé  ;  j'ai  eu  l'occasion  d'établir  qu'il  est  en  moyenne  de  5  à  6  francs 
le  mètre  cube.  Quand  il  a  fermenté,  quand  il  a  donné  toute  la  chaleur 
que  celte  fermentation  était  capable  de  lui  faire  produire,  il  n'a  plus 
pour  le  maraîcher  qu'un  rôle  secondaire  :  il  servira  en  partie  à  former 
le  terreau  avec  lequel  on  recouvre  les  couches  et  dans  lequel  l'on 
plante  et  sème  les  légumes,  mais  la  plus  grande  part  sera  vendue 
aux  cultivateurs  des  champs  qui  l'emploieront  à  fumer  leurs  cultures. 

De  l'examen  de  ces  faits,  il  ressort  deux  considérations  qu'il  convient 
d'examiner  de  plus  près  :  c'est  d'abord  que  le  fumier  de  cheval  est 
acheté  par  les  maraîchers  principalement  pour  utiliser  la  chaleur  qu'il 
donne  en  fermentant;  qu'ensuite  il  n'a  pas  perdu  toute  valeur  comme 
engrais,  puisque  les  cultivateurs  l'achètent  et  s'en  trouvent  bien. 

On  a  souvent  cru  que  les  maraîchers  employaient  les  quantités 
prodigieuses  de  fumier  qu'ils  achètent  chaque  année  pour  l'utiliser 
surtout  comme  engrais,  d'où  il  est  sorti  bien  des  envisagements  erronés. 
C'est  ainsi  que  l'on  a  été  jusqu'à  dire  que  quand  la  théorie  du  tout  à 


EMPLOI  DU  FUMIER  DE  CHEVAL.  33 

l'égout  aura  enfin  reçu  une  application  générale,  les  maraîchers  dispa- 
raîtront de  l'enceinte  de  Paris  pour  aller  cultiver  là  où  seront  déver- 
sées les  eaux  de  la  capitale;  c'est  une  illusion. absolue.  Les  maraîchers 
n'ont  rien  à  voir  avec  l'engrais  que  l'eau  des  égouis  pourrait  leur  four- 
nir, à  telle  enseigne  que  l'eau  dont  ils  ont  besoin  en  si  grande  abon- 
dance, doit  être  avant  tout  claire,  limpide,  et  dépourvue  de  matières 
capables  de  souiller  les  feuilles  des  légumes  cultivés. 

Est-ce  à  dire  pour  cela  que  l'emploi  des  eaux  d'égoùt  doit  être 
proscrit?  Loin  de  là,  mais  il  ne  faut  pas  confondre  la  production  des 
maraîchers  de  Paris  avec  celle  des  cultivateurs  de  la  banlieue.  Les 
premiers  sont  avant  tout  des  primoristes,  leur  production  principale 
consiste  à  fabriquer  des  légumes  hors  saison;  ce  sont  les  artistes  de  la 
culture.  Les  seconds  ne  s'attachent  qu'à  ce  que  donne  la  pleine  terre 
sans  ie  secours  de  vitrages  ou  d'autres  engins  protecteurs.  C'est  de 
ceux-là  que  dépend  l'utilisation  des  eaux  d'égout  qui  peuvent  leur 
rendre  de  grands  services,  mais  ces  eaux  n'ont  rien  à  voir  chez  le 
maraîcher.  Il  importait  d'établir  ces  deux  délimitations  qui  corres- 
pondent à  deux  systèmes  de  culture  absolument  différents.  D'oii  il 
résulte  que  l'on  pourra  utiliser  les  eaux  de  tous  leségoutsde  Paris  sans 
gêner  pour  cela  un  seul  maraîcher  et  sans  rien  modifier  dans  sa  façon 
habituelle  de  cultiver. 

Le  maraîcher,  pour  produire  ses  primeurs,  doit  avoir  à  son  service 
une  source  artificielle  de  chaleur;  rien  jusque-là  n'a  pu  remplacer  pour 
lui  l'utilisation  du  fumier  de  cheval;  c'est  pour  cette  raison  qu'il 
n'hésite  pas  à  l'acquérir  même  à  des  prix  très  élevés  ;  c'est  pour  cette 
même  raison  qu'il  le  revend  quand  il  a  perdu  ses  propriétés  fermen- 
tescibles  calorigènes.  Le  prix  de  cette  chaleur  produite  est  facile  à 
estimer.  11  est  égal  en  effet  au  prix  d'achat  du  fumier  moins  le  prix  de 
vente  du  résidu,  soit  5  fr.  75  pour  toute  la  durée  de  la  couche,  prix 
calculé  pour  un  châssis  dont  la  surface  est  à  peu  près  égale  à  I  m.  70. 

Ce  premier  point  établi,  il  importait  de  voir  si  le  fumier  ainsi  utilisé 
perd  de  sa  valeur  comme  engrais,  car  il  est  clair  qu'en  admettant  que 
si  la  richesse  du  fumier  sortant  de  couche  est  sensiblement  ésale  à 
celle  du  fumier  de  plate-forme,  l'agriculteur  producteur  de  fumier 
aurait  un  intérêt  énorme,  intérêt  égal  à  5  fr.  75  par  châssis,  à  faire 
passer  tous  ses  fumiers  de  chevaux  par  la  culture  forcée  et  à  le  resti- 
tuer ensuite  à  la  grande  culture. 

Des  expériences  que  j'ai  faites  sur  ce  point,  cette  année,  à  l'école  de 
Grignon,  m'ont  amené  à  conclure  que  tout  le  fumier  de  cheval  pourrait 
être  employé  à  la  culture  forcée,  pour  revenir  ensuite  comme  un  excel- 
lent engrais  aux  champs  de  grande  culture. 

Mes  expériences  ont  porté  sur  des  couches  faites  dans  les  premiers 
jours  de  février,  sur  lesquelles  l'on  a  pratiqué  des  cultures  maraîchères 
normales. 

Deux  couches  identiques  furent  construites  le  même  jour  avec  le 
même  fumier;  chacune  d'elles  présentait  une  surface  de  10  mètres  sur 
une  hauteur  de  0  m.  50.  Après  avoir  été  piétinées  et  arrosées  comme 
il  convient,  chaque  couche  fut  recouverte  d'une  épaisseur  de  0  m.  25 
de  terreau  devant  recevoir  les  plantes  à  cultiver.  La  première  fut 
recouverte  d'un  coffre  supportant  ses  trois  châssis;  la  seconde  reçut 
vingt-neuf  cloches. 

La  même  culture  fut  faite  sur  les  deux  couches  et  dès  le  18  février, 


338  EMPLOI  DU  FUMIER  DE  CHEVAL. 

le  :oup  de  feu  étant  passé  et  la  chaleur  étant  devenue  uniforme,  je  fis 
semer  et  planter  en  même  temps  sur  chaque  couche  : 

De  la  graine  de  radis,  150  pieds  de  laitue  got,  12  pieds  de  choux- 
fleur,  de  la  sraine  de  carotte  courte  à  châssis. 

Les  radis  furent  bons  à  récolter  dès  le  15  mars,  laissant  ainsi  plus 
de  place  aux  autres  légumes.  Dans  le  commencement  d'avril,  les 
laitues  subirent  le  même  sort,  étant  à  leur  tour  arrivées  à  leur  degré 
complet  de  développement.  Il  ne  restait  donc  plus  que  les  choux-fleur 
entourés  déjeunes  carottes.  Les  choux-fleurs  furent  coupés  en  mai  et 
l'on  consomma  les  carottes  devenues  désormais  seules  occupantes  du 
sol  pendant  tout  le  courant  du  mois  de  juin.  Voilà  donc  une  couche 
qui,  dans  l'espace  de  cinq  mois,  a  produit  quatre  récoltes  successives. 
C'est  là  une  des  combinaisons  normales  des  maraîchers  de  Paris  qui 
savent  si  bien  ordonner  leurs  cultures  que,  malgré  les  très  grands  frais 
qu'ils  ont  à  leur  charge,  ils  arrivent  à  tirer  du  sol  un  bénéfice  consi- 
dérable. 

Il  importait,  après  avoir  pratiqué  cette  culture  éminemment  inten- 
sive, de  se  rendre  compte  de  la  valeur  du  fumier  qui  avait,  par  sa 
fermentation,  produit  la  chaleur  permettant  de  faire  ces  légumes  de 
primeur  et  dont  le  rôle  comme  agent  calorigène  était  désormais  achevé. 
De  plus,  il  s'agissait  de  savoir  si  la  qualité  du  fumier  recouvert  de 
cloches  était  égale  à  la  qualité  de  celui  recouvert  de  châssis.  La  cul- 
ture avait  été  la  même  sur  les  deux  couches,  mais  les  productions  ont 
été  toutes  de  quinze  jours  environ  plus  tardives  sous  les  cloches  que 
sous  les  châssis  ;  cela  provient  de  ce  que  chaque  cloche  ne  recouvre 
qu'une  faible  partie  du  terreau,  que,  de  plus,  étant  ronde,  il  y  a  entre 
elles  des  surfaces  non  couvertes  laissant  échapper  une  certaine  quan- 
tité de  chaleur  et  amenant,  par  suite,  dans  la  masse  delà  couche,  une 
température  moyenne  sensiblement  plus  basse  que  celle  de  la  couche  à 
châssis  où  toute  la  surface  est  exactement  close  et  où  les  causes  de 
déperdition  sont  sensiblement  amoindries. 

En  examinant  les  racines  de  chacune  de  ces  plantes  cultivées  sur 
couches,  il  est  facile  de  se  convaincre  que  celles-ci  ne  pénètrent  pas, 
le  plus  habituellement,  dans  la  masse  du  fumier  ;  elles  restent,  au 
contraire,  dans  le  terrain  qu'elles  ne  quittent  le  plus  souvent  pas.  Le 
fumier  de  la  couche  est  donc  placé  à  peu  près  dans  les  mêmes  conditions 
qu'un  fumier  de  plate-forme,  avec  cette  différence  à  l'avantage  de  la 
couche,  qu'il  se  trouve  recouvert  d'une  certaine  quantité  de  terreau  et 
de  vitrage  empêchant  une  grande  partie  de  la  déperdition  de  se  pro- 
duire. Si  donc  cette  couverture  avait  une  action  sur  la  conservation  de 
la  valeur  du  fumier,  il  en  devrait  forcément  résulter  que,  dans  les  con- 
ditions identiques  dans  lesquelles  je  m'étais  placé,  le  fumier  le  mieux 
recouvert  devait  être  plus  riche  que  celui  dont  la  couverture  à  l'aide 
de  cloches  était  imparfaite.  C'est  ce  que  les  chiffres  de  mes  analyses 
m'ont  amené  à  déduire.  En  efîet,  les  analyses  pratiquées  sur  les  deux 
fumiers  m'ont  donné  les  chilïres  suivants  : 

Fumier  provenant  de  la  couche  couverte  de  châssis  : 

Eau  et  acide  carbonique 72.. 'î 

Matière  sèche 27.7 

La  matière  sèche  se  décompose  comme  suit  : 

Matière  minérale 34.5 

Matière  organique 65.5 


EMPLOI  DU  FUMIER  DE   CHEVAL.  339 

L'azote   contenu  dans  1,000  de  matière  organique   sèche  =3.67. 
Comparativement,  dans  la  couche  couverte  de  cloches,  j'ai  obtenu  : 

Eau  et  acide   carbonique 73.82 

Matière  sèche ÎG.IS 

.La  matière  sèche  contenait  : 

Matière  minérale 37 .  S 

Matière  organique 62.2 

avec  azote  pour  1 ,000  de  matière  organique  sèche  =  3.11 . 

Ces  chiffres  nous  amènent  à  conclure  que  le  fumier  employé  pen- 
dant le  temps  moyen  que  durent  les  couches  en  amas  capables  de  faire 
bénéficier  de  la  chaleur  produite  ne  perd  pas  comme  engrais.  11  con- 
serve en  effet  une  valeur,  une  composition,  un  aspect  même  qui  le  ren- 
dent en  tout  point  comparable  à  un  fumier  riche  provenant  des  plates- 
formes.  Il  est  certain  que  dans  ces  conditions  la  couverture  joue  un 
grand  rôle;  l'expérience  comparative  que  je  viens  de  décrire  le  montre 
clairement.  Mais,  dans  tous  les  cas,  on  doit  tirer  cette  déduction  que 
toutes  les  fois  que  les  cultivateurs  peuvent  s'assurer  d'un  débouché 
pour  les  denrées  produites,  ils  ont  un  intérêt  considérable  à  faire  pas- 
ser les  fumiers  des  écuries  par  les  couches  de  culture  pour  les  restituer 
ensuite  à  leurs  champs.  Que  l'on  ne  vienne  donc  pas  dire  que  si  l'on 
n'emploie  pas  le  fumier  dans  le  potager,  que  si  l'on  ne  produit  pas  de  lé- 
gumes pour  la  vente,  c'est  afin  d'économiser  le  fumier  destiné  à  la  grande 
culture.  Ce  raisonnement  ne  tient  pas  debout.  Il  ne  faut  au  contraire  s'en 
prendre,  pour  ce  manque  de  production  légumière,  pour  ces  masses 
énormes  de  chaleur  perdue  dans  les  cours  de  ferme,  qu'à  la  routine, 
qui  empêche  les  cultivateurs  de  s'occuperde  la  production  des  légumes, 
parce  que,  disent-ils,  leur  affaire  est  de  s'occuper  des  champs  et  non 
du  jardin,  comme  si  la  culture  devait  toujours  rester  identique  à  elle- 
même  sans  tenir  compte  des  modifications  qu'apportent  forcément  le 
temps  et  les  circonstances.  Il  faut  encore  s'en  prendre  au  manque 
d'instruction  horticole,  qui  cependant  est  appelée  à  jouer  un  rôle  im- 
portant, du  jour  où  l'on  sera  convaincu  delà  nécessité  qu'il  y  a  de  la 
reprendre,  surtout  chez  le  cultivateur,  qui  doit,  dans  les  circonstances 
économiques  actuelles,  apporter  des  modifications  profondes  dans  son 
système  de  culture.  J.  Dybowski, 

charge  des  conférences  d'horticulture  à  l'Ecole  nationale  de  Grignon. 

DÉCANTATION  DES  VINS 

La  décantation  des  vins  en  bouteille  est  une  opération  délicate  qui 
nécessite  diverses  précautions,  entre  autres  celle  d'éviter  au  vin  de 
subir  le  contact  de  l'air  qui  lui  fait  perdre  une  partie  de  son  bou- 
quet et  de  son  alcool.  M.  Kehrig,  à  Bordeaux,  qui  s'occupe  spécialement 
d'outillage  vinicole,  a  imaginé  un  décanteur  destiné  à  faire  passer  le 
liquide  de  la  bouteille  pleine  dans  la  bouteille  vide,  à  l'abri  de  l'air, 
et  dune  manière  pratique. 

La  figure  14  représente  l'opération  faite  sur  une  bouteille  couchée. 
Dans  la  décantation,  on  doit,  autant  que  possible,  retirer  les  bouteilles 
du  casier  sans  les  changer  de  position,  afin  de  ne  pasdéplacer  le  dépôt 
qui  s'y  est  formé.  Mais  lorsqu'on  n'a  pas  dans  le  caveau  l'installation 
voulue  pour  pratiquer  ce  mode  de  décantation,  et  qu'on  est  obligé  de 
transporter  les  bouteilles  en  un  autre  lieu  pour  les  décanter,  il  faut  les 


2kO 


DEGANTATIOI^    DES  VINS. 


laisser  reposer,  puis  les  décanter  debout.  Pour  cette  opération,  M.  Keh- 
rig  a  construit  un  autre  siphon,  (fig.  15),  qui  fonctionne  de  la  même 
manière  que  l'autre  et  qui  n'en  diffère  que  par  la  forme. 

La  tige  G  s'introduit  dans  la  bouteille  pleine,  à  la  hauteur  que  l'on 
veut,  suivant  le  dépôt  contenu.  Le  bouchon  A  la  ferme  hermétiquement. 
Une  légère  insufflation  produite  avec  la  bouche  par  le  petit  tube  A 
envoie  de  l'air  qui  sort  par  B  et  se  trouve  comprimé  au  goulot,  entre 
la  surface  du  liquide  et  le  bouchon.  Sous  cette  impulsion,  le  liquide 
entre  dans  G,  monte,  et  le  siphon  se  trouve  amorcé  sans  la  moindre 
secousse  susceptible  de  troubler  le  vin. 

Le  robinet  E  sert  à  arrêter  le  liquide,  quand  d'une  bouteille  on  veut 
faire  deux  demi-bouteilles.  Inutile  de  dire  que  le  siphon  reste  amorcé, 


Kig.  14.  —  Décantation  d'une  bouteille  couchée.      Fig.  15.  —  Décantation  d'une  bouteille  debout 

et  que  pour  tirer  la  seconde  demi-bouteille  il  suffit  de  rouvrir  le  ro- 
binet. Ce  robinet  est  également  utile  pour  arrêter  instantanément 
l'opération  dans  le  cas  oii  le  liquide  se  présenterait  trouble. 

Toutes  les  pièces  qui  composent  l'instrument  peuvent  être  démon- 
tées à  volonté  par  le  premier  venu,  et  nettoyées.  Ge  décanteur  est  en 
métal  nickelé  et  en  métal  blanc;  son  prix  est  de  15  francs. 

L.   DE  Sakdriac. 


SITUATION  AGRICOLE  DANS  LA  MARNE 

La  moisson  touche  à  sa  fin;  il  reste  aux  champs,  encore  un  peu  d'avoine,  une 
partie  des  regains,  les  sainfoins,  trèdes  et  luzernes  pour  semences.  La  période 
extrêmement  sèche  que  nous  venons  de  traverser,  a  favorisé  la  fenaison  et  la 
rentrée  des  récoltes  qui  sont  d'excellente  qualité.  La  sécheresse  a  fait  tort  aux 
regains,  herbages,  maïs,  plantes  racines  et  tubercules.  En  résumé  l'année  1884, 
en  ce  qui  concerne  les  foins  et  les  céréales,  peut  être  considérée  comme  bonne 
moyenne.  On  ne  peut  rien  dire  maintenant  des  pommes  de  terre  et  des  betteraves. 
La  vigne  fait  la  joie  de  ceux  qui  la  cultivent;  que  le  soleil  de  septembre  mûrisse 
les  nombreux  raisins  qui  garnissent  les  ceps,  et  les  vignerons,  ainsi'que  les  gour- 
mets, pourront  marquer  l'année  d'une  croix  blanche. 

La  chaleur  a  été  accablante,  elle  a  rendu  le  travail  des  champs  très  pénible. 
Nous    aTons  eu    quelques  averses   iosignifiantes   et  des   pluies   orageuses    sans 


SITDATION  AGRICOLE  DANS  LA  MARNE.  Ski 

importance  ;  il  faut  venir  jusqu'au  25  juillet  et  au  13  août  pour  avoir  toute  la  pluie 
en  quantité  convenable.  La  vaine  pâture  est  très  maigre,  les  bêtes  parcourent  la 
prairie  et  les  champs  sans  y  trouver  leur  nourriture  journalière.  Li  gibier  est 
abondant,  ses  jours  tran({uilles  et  heureux  s'abrègent,  l'ouverture  de  la  chasse 
étant  fixée  pour  le  département  au  31  août.  L'état  sanitaire  est  excellent  dans 
toutes  les  communes  du  département  :  nos  comités  d'hygiène  fonctionnent  régulière- 
ment et  prennent  des  mesures  propres  à  rassurer  les   populations. 

L.-G.  Maurice. 

QUELQUES  BONS  CERISIERS  DU    SUD-OUEST 

Cerise  belle  de  la  Rochelle.  —  Voilà  un  des  plus  beaux  arbres  frui- 
tiers de  première  saison,  grand  ornement  de  nos  jardins  fruitiers  et 
grands  vergers.  Sa  végétation  est  remarquable.  Ses  branches  de  sommet 
droites  et  érigées  sont  couvertes  sur  toute  leur  longueur  de  jolis 
fruits  d'un  rouge  vif  et  de  première  grosseur  et  qualité,  mîirs  dès  la 
première  quinzaine  du  mois  de  juin.  Sans  être  aussi  prolongée  que  la 
tructiûcation  des  cerises  anglaises,  on  peut  la  conserver  pendant  près 
d'un  mois  avec  toutes  ses  qualités. 

Voilà  bien  des  années  que  je  cultive  cette  excellente  variété  et  Je  n'ai 
eu  qu'à  me  féliciter  de  l'avoir  introduite  dans  mes  cultures  oii  elle  riva- 
lise avec  les  May  et  les  Kerry-Duck  anglaises;  on  peut  en  faire  comme 
avec  ceux-ci  d'excellents  gùteaux  de  pâtisserie  :  le  fruit  ne  fond  pas  ni  ne 
s'écrase  trop  facilement  et  on  le  trouve  encore  entier  sous  la  dent 
aprèsl'enlèvement  du  noyau.  Sa  fertilité  est  suffisante  et  ces  beaux  fruits, 
légèrement  acidulés  jusqu'à  parfaite  maturité,  sontà  l'abri  des  attaques 
de  la  mouche  et  du  ver  si  désagréables  de  visu  et  de  guslul 

Les  guignes  et  guinieles  guindoux.  —  Ce  sont  de  jolis  petits  arbres  à 
rameaux  pendants  de  cinq  à  six  mètres  seulement  avec  leur  tête  en  boule, 
et  tellement  fertiles  que  le  vert  et  sombre  feuillage  disparaît  sous  les 
centaines  de  petits  fruits  d'un  rose  vif  de  seconde  et  troisième  saison. 

C'est  avec  leurs  petits  fruits,  presque  toujours  d'une  remarquable 
abondance,  que  l'on  confectionne  ces  délicieuses  gelées,  l'ornement  de 
nos  desserts  d'hiver;  on  en  fait  aussi  des  gâteaux  d'une  grande  finesse 
de  goût.  Ces  arbres  fort  nombreux  dans  nos  vignes,  à  la  Bêche,  s'y  re- 
produisent par  marcottages  avec  la  plus  grande  facilité. 

La  facilité  de  leur  croissance  dans  des  terrains  de  médiocre  fertilité, 
leur  grande  production,  leur  robusticité,  leur  méritent  une  bonne 
place  dans  nos  vergers;  leur  place  sera  dans  les  parties  du  sol  les  plus 
sèches  et  les  moins  fertiles. 

Merise  toupie. —  Les  catalogues  des  pépiniéristes  toulousains  men- 
tionnent avec  éloge  cette  variété  dont  je  n'ai  obtenu  que  de  mauvais 
résultats  dans  mes  cultures,  les  branches  et  les  rameaux  se  dessèchent 
dans  le  cours  de  l'été  après  une  rare  et  stérile  floraison.  L'arbre  néan- 
moins prend  de  très  forts  développements  et  je  ne  sais  pourquoi  je  lui 
laisse  encore  occuper  un  vaste  espace  de  terrain.  Je  crois  cette  variété 
bonne  à  supprimer  complètement. 

Les  bigarroliers.  —  Ces  grands  et  beaux  arbres  forment  une  nom- 
breuse tribu  dans  la  famille  des  cerisiers  et  des  merisiers  avec  lesquels 
lis  forment  un  parfait  contraste;  autant  ces  derniers  se  distinguent  par 
leur  port,  leur  grandeuret  grosseur  de  premier  ordre,  autant  les  bigar- 
roliers s'en  séparent  par  leur  port  fort  et  trapu,  par  leurs  branches 
nombreuses  et  formant  une  belle  tête  régulière. 

La  première  espèce  ou  variété  de  primeurs,  mûre  dans  les  premiers 


342  QUELQUES  BONS  CERISIERS  DU  SUD-OUEST. 

jours  de  juin,  donne  en  grande  abondance  de  gros  fruits  à  chair  épaisse, 
charnue,  croquante  et  un  peu  abondante  ;  on  vante  beaucoup  la  va- 
riété Napoléon  ou  médaille,  remarquable  surtout  par  la  beauté  et  le 
vert  sombre  de  son  feuillage. 

On  peut  les  utiliser,  et  leur  fructification  peut  se  prolonger  jusqu'à 
celle  des  gros  Gobits  et  des  Montmorency.  Léo  d'Ounous, 

Arboriculteur. 

L'INDUSTRIE  LAITIÈRE  ET  LES  FABRIQUES 

DES   PRODUITS  DU  LAIT. 

L'une  des  conséquences  économiques  les  plus  frappantes  de  ce  que 
Ton  est  convenu  d'appeler  la  crise  agricole,  est  la  transformation 
nécessaire  de  l'agriculture  française  en  deux  groupes  bien  distincts. 
Dans  l'un  de  ses  excellents  discours  aux  derniers  concours  régionaux, 
M.  Méline,  ministre  de  l'agriculture,  a  constaté  le  fait  et  en  a  tiré  les 
conséquences  pour  nous  donner  des  conseils  qui  méritent  toute  l'atten- 
tion des  hommes  compétents.  L'agriculture  continuera  sans  doute  les 
anciennes  traditions  pour  l'exploitation  de  la  terre  en  céréales  ou  en 
plantes  industrielles  sur  tous  les  territoires  et  dans  toutes  les  contrées 
où  la  richesse  du  sol  permettra  la  production  de  35  à  40  hectolitres 
de  blé  par  hectare.  Dans  les  autres  territoires  moins  favorisés  par 
les  conditions  de  fertilité  ou  de  possibilité  du  sol,  on  arrivera  soit  à 
la  culture  pastorale,  — à  la  création  de  prairies  permanentes  ou  tempo- 
raires, permettant  par  l'élevage,  l'engraissement  ou  l'exploitption  du 
lait,  des  produits  rénumérateurs,  —  soit  à  des  cultures  maraîchères  ou 
fruitières  qui  dans  certaines  conditions  déterminées  peuvent  aussi 
rendre  des  bénéfices  suffisants. 

L'exploitation  du  lait  a  pris  dans  ces  derniers  temps  un  développe- 
ment considérable  ;  nos  concours  régionaux  ont  pour  la  plupart  des 
annexes  où  l'on  expose  tous  les  procédés  les  plus  récents  de  fabrication 
du  beurre  et  du  fromage.  Ces  expositions  correspondent  à  l'une  des 
transformations  que  je  signalais  plus  haut  :  elles  appelleront  à  brève 
échéance,  la  réalisation  d'une  création  nouvelle  pour  la  France  et  qui, 
déjà  réalisée  depuis  longtemps  aux  Etats-Unis  et  dans  le  nord  de 
l'Europe,  ne  peut  pas  manquer  de  faire  prochainement  son  apparition 
chez  nous.  Il  arrivera  un  temps  où,  de  même  que  se  sont  élevées  par- 
tout des  fabriques  de  sucre,  on  verra  dans  tous  les  centres  herbagers 
et  aux  environs  des  grandes  villes  apparaître  des  fabriques  de  produits 
laitiers. 

Il  faut  s'y  prendre  d'avance  pour  étudier  toutes  les  questions 
techniques  et  autres  qui  se  rattachent  à  cette  création.  Le  moment  n'est 
pas  venu  d'en  tracer  le  programme.  ]Mais  le  Journal  de  l'agriculture  a 
pensé  qu'il  fallait  d'abord  faire  connaître  ce  qui  se  passe  à  l'étranger 
pour  soumettre  une  sorte  d'enquête  préalable  à  l'appréciation  des 
hommes  les  plus  compétents.  Nous  donnons  dans  ce  but  la  traduction 
d'un  article  publié  d'abord  dans  The  fariner  et  reproduit  par  The 
provisioner  dans  les  numéros  du  16  juin  et  du  1"  juillet  1884,  sous 
le  titre  :  Une  laiterie  fabrique  allemande.  «  German  dairy  factory  ». 
Tout  est  si  nouveau  pour  nous  dans  cette  matière  que  nous  ne  savons 
comment  désigner  le  nom  même  de  ces  fabriques  :  nous  ne  pouvons 
pas  dire  en  effet  «  fabrique  de  lait  ou  fabrique  des  produits  du  lait  ». 
Nous  reproduisons  avec  son  idée  complexe  le    titre  anglais  :    laiterie 


l'industrie  laitière  et  les  fabriques  des  produits  du  lait,    343 

fabrique,  dainj  factory  ou  laiterie  iitdustrielle.  De  même  le  mot 
«  fabrique  »  est  insuffisant,  puisque  dans  le  mot  anglais  «  factory  >>  il 
y  a  à  la  fois  l'idée  de  l'agent  (factor)  et  celle  de  fabrication,  ce  qui 
indique  qu'il  s'agit  d'une  fabrique  dont  le  but  est  de  trarailler  indus- 
triellement le  lait  des  producteurs  associés  ou  fournisseurs.  La  pratique 
trouvera  le  mot  en  appliquant  la  chose,  par  exemple  «  Société 
d'exploitation  du  lait.  » 

L'auteur  de  l'article  que  nous  analysons  rappelle  qu'en  1882  il  a 
rendu  compte  d'une  visite  faite  alors  à  la  fabrique  de  Brunswick.  Il 
est  maintenant  en  état  de  rendre  compte  des  résultats  obtenus  par 
deux  années  d'exploitation.  M.  Hirschfeldt,  directeur  de  cette  laiterie, 
lui  a  envoyé  tous  les  renseignements,  plans  et  chiffres  nécessaires  ;  il 
lui  a  même  envoyé  des  échantillons  de  fromage  de  Limbourget  autres 
fromages  de  lait  écrémé,  avec  un  kilog.  de  beurre  dans  les  petits  pots 
de  terre  blanche  oii  on  le  renferme  pour  les  expéditions.  La  première 
laiterie  industrielle  fut  fondée  à  Iviel  en  1876  sous  la  direction  de 
M.  Block,  qui  plus  tard  fonda  celle  de  Magdebourg,  tandis  qu'il  faisait 
les  plans  pour  celle  de  Brunswick,  qui  fut  fondée  dans  l'été  de  1880. 
La  construction  commencée  en  septembre  fut  à  la  fin  de  l'année  en 
état  d'être  exploitée  partiellement.  Dans  les  premiers  mois  elle  tra- 
vaillait 2  mille  litres  de  lait  par  jour,  à  la  fin  de  l'été  de  1883  elle 
atteignait  le  chiffre  de  8  mille  litres. 

La  construction  a  trois  étages  et  elle  est  bien  pourvue  de  caves.  Au 
rez-de-chaussée  se  trouvent  le  bureau,  la  boutique  et  la  salle  pour  les 
vendeuses,  la  salle  d'expéditions,  la  chambre  à  beurre,  la  salle  pour  le 
lait  écrémé,  la-  salle  pour  rincer,  l'espace  réservé  pour  la  machine  (en 
dessus  la  chaudière),  le  magasin  à  charbon,  près  duquel  sont 
les  étables.  Sur  le  côté  de  la  cour,  devant  les  salles  d'expédition  et  du 
lait  écrémé,  on  voit  un  escalier  couvert  qui  débouche  en  face  delà 
salle  à  rincer,  qui  fait  saillie  sur  le  bâtiment  de  toute  la  largeur  des 
marches.  Cet  escalier  couvert  et  le  rez-de-chaussée  sontà  un  mètre  au- 
dessus  de  la  cour  et  de  la  rue,  sauf  la  boutique  qui  se  trouve  en  contre- 
bas de  la  rue.  Au  premier  étage  sont  :  la  pièce  du  centrifuge,  celle  de 
la  crème,  les  chambres  où  l'on  fait  le  beurre  et  le  fromage,  et  sur  le 
devant  le  logement  du  directeur.  Au  second  la  pièce  oii  l'on  reçoit  le 
lait  nouveau,  la  chambre  aux  fromages,  et  sur  le  devant  des  pièces 
réservées  à  quelques  employés  de  la  fabrique. 

Dix-huit  associés  (caria  fabrique  est  coopérative)  fournissent  le  lait 
soit  par  le  chemin  de  fer  (2,000  litres)  soit  en  l'apportant  à  la  laiterie 
dans  leurs  voitures.  En  été  on  le  fournit  deux  fois  par  jour;  en  d'autres 
saisons,  une  seule  fois.  Celui  qui  vient  par  le  chemin  de  fer  arrive  en 
toute  saison  une  seule  fois  par  jour.  Le  lait  est  déchargé  auprès  de 
l'escalier,  il  est  partagé  entre  les  personnes  chargées  de  la  vente  ou 
porté  à  l'élévateur  qui  l'élève  au  deuxième  étage  pour  le  verser  dans  les 
cuves  au  lait  nouveau.  L'élévateur  est  fermé  de  tous  côtés,  mais  il  y  a 
des  portes  donnant  sur  les  pièces  à  rincer,  celle  du  lait  écrémé,  du  cen- 
trifuge, de  la  fabrication  du  fromage,  et  de  la  plate-forme  en  face  de  la 
chambre  aux  fromages.  Sur  cette  plate-forme  Se  trouvent  la  poulie  et 
la  roue  pour  l'élévateur.  Dans  la  chambre  à  lait,  le  lait  est  versé  à  tra- 
vers un  tamis  métallique  dans  les  cuviers  collecteurs,  qui  sont  faits  de 
fer  étamé  et  se  trouvent  placés  dans  desjbassins  de  bois  remplis  d'eau 
pour  le  refroidissement.  Chacun    de  ces  cuviers  collecteurs   contient 


344       l'industrie  LAITIÈRE  ET  LES  FABRIQUES  DES  PRODUITS  DU  LAIT. 

2,500  litres  ;  ils  se  vident  par  le  moyen  de  siphons  sur  lesquels  sont 
fixés  des  tubes  de  cuir  ;ces  tubes  amènent  le  lait  dans  le  chauffeur  où 
il  est  élevé  à  la  température  de  86  degrés  (Fahrenheit)  pour  couler 
dansle  séparateurcentrifuge.  Surletube  sontfixés  un  régulateur  mobile 
et  un  robinet  ordinaire.  Le  chauffeur  se  compose  d'une  double  cuve  ou 
chaudière,  le  lait  y  est  chauffé  par  la  vapeur  qui  se  répand  dans 
l'intervalle  entre  les  deux  cuves.  Il  s'y  trouve  aussi  un  agitateur  qui 
remue  le  lait  pendant  l'opération.  Dans  le  centrifuge  (c'est  l'appareil  de 
Fesca,  de  Berlin)  qui  fait  2,000  révolutions  par  minute  et  n'est  pas 
continu,  la  crème  se  sépare  du  lait.  Elle  coule  dans  un  réservoir  de 
fer  étamédans  la  machine,  et  le  lait  écrémé  coule  de  côté  à  travers  des 
trous  qui  sont  ménagés  dans  ce  but.  Quand  300  litres  de  lait  ont  passé 
à  travers,  l'intérieur  du  centrifuge  dans  lequel  se  trouve  le  réservoir, 
est  rempli  de  crème.  Après  le  travail,  l'intérieur  est  rincé  avec  du  lait 
pour  chasser  le  restant  de  crème,  et  le  centrifuge  est  mis  de  nouveau  en 
mouvement  pour  commencer  une  autre  manipulation.  La  crème  est 
retirée  jusqu'à  concurrence  de  2,500  litres  de  lait  pour  un  centri  uge, 
le  lait  écrémé  destiné  à  la  vente  contient  environ  5  pour  100  de 
matières  grasses  ;  celui  destiné  à  être  transformé  en  fromage  en  contient 
2à3  pour  100,  si  bien  qu'il  ait  été  écrémé.  Le  lait  écrémé  destiné 
à  la  fabrication  du  fromage  coule  à  travers  des  canaux  du  centrifuge 
à  l'endroit  où  on  fabrique  le  fromage  dans  la  cuve  à  fromage,  et  le 
lait  écrémé  destiné  à  la  vente  coule  en  été  dans  le  chauffeur  qui,  comme 
le  petit  chauffeur  à  côté  du  centrifuge,  est  une  double  chaudière  avec 
agitateur  et  possède  une  superficie  assez  grande  pour  que  le  lait  y 
soit  porté  à  1 67°  Fahr.  Il  s'échappe  alors  du  chauffeur  par-dessus  le 
refroidisseur  pour  se  rendre  dans  la  cuve  au  lait  écrémé.  En  hiver  le 
lait  coule  directement  dans  cette  cuve  sans  passer  par  le  chauffeur.  On 
chauff3  aussi  à  167°  Fahr.  la  crème  destinée  à  la  vente  et  on  la  refroi- 
dit dans  le  refroidisseur  de  la  chambre  à  crème.  La  crème  destinée  à 
être  convertie  en  beurre  arrive  dans  la  chambre  à  beurre  où  elle  est 
poussée  dans  de  grands  tonneaux  placés  dans  des  réservoirs  remplis 
d'eau  pour  réchauffer  ou  refroidir  la  crème.  Elle  est  alors  barattée 
dans  la  fabrique  de  beurre,  dans  deux  barattes  du  Holslein  de  300  litres 
de  capacité.  Le  beurre  fabriqué  est  passé  dans  la  chambre  à  beurre 
dans  laquelle  il  est  travaillé  sur  le  malaxeur  circulaire,  salé  et  déposé 
dans  l'auge  à  beurre.  Le  jour  suivant  il  est  pesé  pour  la  vente  en  ville, 
par  quantités  de  quarts  et  huitièmes  de  kilog.,  il  est  mis  au  moule  et 
marqué  de  la  marque  de  la  fabrique,  une  partie  étant  envoyée  dans 
des  tonneaux  et  des  barils  pour  d'autres  places,  tandis  qu'en  hiver  il 
va  à  Hambourg  et  de  là  en  Angleterre.  Une  machine  à  vapeur  de 
12  chevaux  fait  mouvoir  toutes  les  machines.  La  vapeur  est  produite 
par  l'une  des  chaudières  qui  sont  employées  chacune  à  son  tour.  La 
pompe  tire  l'eau  de  deux  puits  profonds.  L'eau  est  seulement  à  48° 
Fahr.,  de  telle  façon  que  l'on  s'en  sert  pour  le  refroidissement.  Elle  se 
répand  par  des  tuyaux  des  réservoirs  dans  toutes  les  pièces  de  la 
fabrique.  La  vapeur  va  de  la  machine  à  travers  le  chauffeur  au  réser- 
voir d'eau  de  la  pièce  à  rincer,  où  elle  chauffe  l'eau  nécessaire  à  cette 
opération,  de  là  elle  se  déverse  dans  la  cour. 

La  vente  dans  la  ville  se  fait  au  moyen  de  cinq  voitures  et  de  trois 
baquets  ;  les  voitures  attelées  d'un  seul  cheval  contiennent  chacune 
douze  boites  de  50  litres,  deux  de  30  litres,  ce  qui  fait  que  chaque  voi- 


L'INDUSTRIE  LAITIÈRK  KT  LES  FABRIQUES  DES  PRODUITS  DU  LAIT.     345 

ture  en  plein  chargement  contient  GGO  litres  de  lait.  Dans  le  milieu  de 
la  voiture,  d'arrière  en  avant,  sont  de  longs  tiroirs  qui  roulent  sur  des 
galets,  se  tirent  par  derrière  par  une  porte.  Dans  ces  tiroirs  est  le 
beurre,  chaque  morceau  enveloppé  dans  un  papier  de  parchemin.  Les 
vendeurs  prennent  aussi  des  fromages  dans  des  boîtes  d'étain.  Les  ba- 
quets à  bras  contiennent  quatre  boîtes  de  50  litres  et  une  de  5  litres 
pour  la  crème.  Une  voiture  va  chaque  jour  dans  une  ville  du  voisi- 
nage; il  y  a  une  boutique  dans  la  fabrique  et  une  dans  la  ville  de 
Brunswick,  tandis  que  le  beurre  en  kilog.  et  demi-kilog.  est  vendu 
par  plusieurs  marchands  de  comestibles.  On  reprend  aux  vendeurs  les 
marchandises  non  vendues  et  leur  compte  est  réglé  tous  les  jours.  Le 
lait  écrémé  non  vendu  est  employé  presque  exclusivement  à  faire  des 
fromages  de  Backstein  ou  Limbourg;  100  litres  en  produisent  à  peu 
près  8  kilog.,  dont  la  valeur  est  de  20  à  24  shillings  par  quintal  [20  à 
30  fr.  par  50  kilog.  802  gr.  s'il  s'agit  du  act  anglais),[0  fr.  25  à  0  fr. 
30  la  livre.  Le  fromage  est  expédié  au  loin  en  boîtes  de  30  kilog.  nets, 
sans  compter  la  boîte.  108  litres  de  lait  écrémé  donnent  10  kilog.  de 
caillé  à  20  pfœnings  par  kilog.,  et  le  restant  vaut  2  pfœnings.  Le 
système  de  la  construction  en  trois  étages  a  l'avantage  que  le  lait 
coule  d'une  cuve  ou  d'un  appareil  dans  un  autre  ;  l'inconvénient  est  la 
difflculté  du  contrôle. 

Dans  la  fabrique,  il  y  a  un  gérant  pour  la  partie  technique  et 
commerciale;  il  prend  soin  des  livres  de  caisse  et  de  la  correspon- 
dance. Le  directeur  est  nommé  par  le  gérant'  et  reçoit  de  lui  toutes 
les  instructions  ;  mais  les  auxiliaires  sont  nommés  par  le  directeur  et 
le  gérant  {ménager)  décide  des  salaires. 

Le  lait  perdu,  comme  le  petit  lait  et  une  partie  du  lait  de  beurre,  est 
employé  pour  la  nourriture  des  porcs  que  l'on  se  procure  à  trois  mois 
pour  les  revendre  à  six  ;  dans  les  dernières  semaines,  on  ajoute  un 
kilog.  de  farine  par  jour  au  lait.  Ils  atteignent  à  peu  près  le  poids  de 
100  kilog.,  quand  on  les  revend  pour  continuer  leur  engraissement. 
Une  partie  du  lait  de  beurre  est  donnée  aux  chevaux,  c'est-à-dire  6  à 
10  litres  par  jour  ;  cette  nourriture  leur  profite  bien,  de  là  une  réduc- 
tion sur  la  quantité  de  grains  qu'on  leur  donne.  La  fabrique  avec  la 
valeur  du  terrain  et  du  matériel  a  coûté  à  peu  près  250,000  francs 
(10,000  liv.  sterl.).  Elle  est  située  dans  le  faubourg  de  la  ville,  ce  qui 
permet  un  commerce  de  détail.  Le  beurre  est  vendu  3  fr.  75  le  kilog., 
la  crème  pour  le  café  (c'est  le  nom  qu'on  lui  donne)  25  sous  le  litre 
et  la  crème  épaisse  37  sous,  car  on  en  fait  de  deux  qualités  comme 
dans  plusieurs  quartiers  de  Londres.  Le  nouveau  lait  se  vend  16  sous 
les  4  litres  et  demi  (legallon  équivaut  à  4  litres  543,458  millionièmes); 
le  lait  écrémé  7  sous,  le  lait  de  beurre  10  sous  ;  le  prix  de  détail  des 
fromages  du  Limbourg  étant,  pour  ceux  du  poids  de  trois  quarts  de 
livre,  de  6  sous.  On  fabrique  ces  fromages  sur  le  rendement  moyen  de 
1()  livres  de  fromage  par  100  litres  de  lait,  de  façon  que  comptant  le 
lait  à  16  sous  les4^1itres  et  demi'  ou  10  fr.  35  les  100  litres,  les  fro- 
mages coûteraient  environ  8  sous  la  livre  en  Angleterre.  En  1881-82, 

1.  Il  est  à  peine  utile  de  faire  remar([uer  que  les  termi^s  par  lesquels  on  désiine  ces  fonctions 
seraient  renversés  dans  notre  langue  :  il  semble  évident  que  le  directeur  serait  chez  nous  au- 
dessus  du  gérant. 

2.  On  ignore  si  l'auteur  de  l'article  a  parlé  de  la  mesure  anglaise  du  gallon,  ou  s'il  a  voulu 
dire  les  4  litres  :  du  reste  dans  ce  passage  il  doit  y  avoir  des  erreurs  de  chiffre  ;  car  après  avoir 
dit  II)  sous  les  4  litres  '/i  il  ajoute  ou  liieu  5  shillings  6  deniers  (6,85)  les  cent  litres;  or  à  16  sous 
le  gallon  cela  fait  au  moins  18  fr.  les  cent  litres  :  il  faut  lire  15  shillings  6  deniers. 


SiiS       L'INDUSTRIE  LAITIÈRE  ET  LES  FABRIQUES  DES  PRODUITS  DU  LAIT. 

le  rendement  en  beurre  s'est  élevé  à  2.76  pour  100,  en  crème  à  15 
pour  100,  tandis  que  dans  la  campagne  1882-83,  la  crème  a  été  ré- 
duite à  13  pour  100  et  le  beurre  à  2.61.  On  a  employé  cette  même 
année  2  millions  de  litres  de  lait;  sur  cette  quantité,  600,000  litres 
ont  été  vendus  à  l'état  frais,  le  reste,  saut'  2  pour  100  de  perte,  a  été 
passé  au  centrifuge  et  écrémé,  produisant  200,000  litres  de  crème  sur 
lesquels  3,000  vendus  et  le  reste  baratté;  le  lait  écrémé  mesurait 
1,300,000  litres  sur  lesquels  650,000  ont  été  vendus,  et  le  reste 
converti  en  fromage.  On  a  retiré  170,000  litres  de  lait  de  beurre, 
duquel  17,000  ont  été  vendus,  120,000  employés  à  la  nourriture  des 
chevaux  et  des  porcs,  et  le  reste  utilisé  pour  les  fromages.  On  a  fabriqué 
130,000  fromages  provenant  de  700,000  litres  de  lait  écrémé  et  de  lait 
de  beurre.  Le  lait  est  examiné  périodiquement  et  tenu  remarquable- 
ment pur  par  les  analyses  du  chimiste  nommé  pour  cet  emploi. 

L'atfaire  a  été  menée  avec  tant  de  succès  qu'un  grand  nombre  de 
fermiers  attendent  pour  devenir  membres  de  la  Société. 

L'auteur  entre  ensuite  dans  diverses  considérations  sur  les  quantités 
fabriquées  pendant  certains  mois  de  Tannée.  Il  rappelle  que  l'Alle- 
magne a  commencé  à  pratiquer  cette  industrie  juste  au  moment  où 
l'Amérique  commençait  à  lui  donner  de  l'extension,  il  y  a  dix  ans. 

M.  Merlin  a  reçu  aussi  des  détails  intéressants  sur  la  gigantesque 
fabrique  de  Berlin  appartenant  àBoUe  et  Cie, qu'il  a  visitée  l'annéeder- 
niére  et  qui  emploie  80  voitures  pour  la  distribution  de  ses  produits.  On 
y  paye  le  lait  12  sous  le  gallon  (4  litres  et  demi)  pour  le  revendre  21 
sous  et  demi  au  détail.  Le  lait  écrémé  s'y  vend  au  prix  remarquable  de 
7  sous  et  le  lait  de  beurre  à  10  sous  :  il  y  a  beaucoup  de  gens  à 
Londres  qui  n'en  voudraient  pas,  même  à  titre  de  cadeau.  M.  Merlin 
remarque  que  l'échantillon  de  beurre  qui  lui  a  été  adressé  était  d'un 
kilogramme,  sous  la  forme  d'un  modèle  rond  répondant  à  peu  près  à 
deux  livres  anglaises;  il  était  reniérmé  dans  des  petits  pots  en  terre 
blanche,  tous  de  forme  similaire,  et  tenant  juste  cette  quantité,  assez 
propres  pour  être  mis  sur  une  table.  Ce  pot  n'est  pas  d'un  prix  élevé. 
Il  est  extraordinairement  utile  et  ne  contribue  pas  peu  à  décider  les 
acheteurs  à  mettre  un  bon  prix  à  leur  beurre.  C'est  une  réclame  per- 
pétuelle pour  la  Compagnie  dont  le  couvercle  porte  le  nom. 

En  Angleterre  on  s'occupe  beaucoup  de  la  création  ou  de  l'extension 
de  ces  fabriques  :  c'est  le  moment  de  multiplier  les  enquêtes  et  les 
renseignements  qui  les  concernent. 

Une  des  plus  grandes  diflicultés  de  ces  sociétés  coopératives,  c'est 
de  trouver  une  base  équitable  pour  la  rétribution  du  prix  du  lait  de 
chacun  des  asssociés  :  celte  question  n'a  été  résolue  nulle  part  pas 
même  en  Amérique.  Dans  cette  dernière  contrée  on  mesure  à  l'aide 
d'un  instrument,  la  richesse  en  crème  du  lait;  mais  cet  instrument 
n'offre  pas  de  garanties  suflisantes.  11  vaudrait  mieux  payer  suivant 
la  qualité  du  lait.  Le  lactobutyromètre,  l'aréomètre  lui-même,  donnent 
des  indications  insuffisantes  ou  ne  peuvent  être  que  très  difficilement 
employés  chaque  jour.  Il  faut  que  la  science  trouve  un  moyen  pratique 
et  certain  de  reconnaître  la  qualité  du  lait;  en  payant  d'après  la 
qualité,  les  fermiers  chercheraient  à  obtenir  de  meilleurs  produits  et 
les  races  laitières  s'amélioreraient  sans  aucun  doute.  ' 

1.  Il  peut  être  intéressant  de  connaître  que  loni  Scusdale  est  sur  le  point  de  créer  près  de 
Derby,  dans  le  village  de  Kedlestou,  une  fabrique  de  beurre  ou  laiterie  scientifique,  «  scientific 
dairy  ». 


l'industrie  laitière  et  les  FABRIuaES  DES  PRODUITS,  DU  LAIT.      347 

Si  r Angleterre  se  juge  en  retard  sur  l'Amérique,  l'Allemagne,  le 
Danemark'  et  la  Suède,  sous  ces  divers  rapports,  que  dirons-nous  de 
la  France?  Que  nos  producteurs  y  songent  sérieusement!  Le  marché 
anglais  reçoit  moins  de  produits  de  Normandie  ou  de  Bretagne.  Dans 
toutes  les  branches  de  l'agriculUire  se  manifeste  la  terrible  loi  de  la 
lutte  pour  l'existence.  Ne  nous  laissons  pas  distancer  par  nos  voisins 
dans  toutes  les  routes  du  progrès.  Nous  pouvons  aisément  créer  ces 
exploitations  industrielles  des  produits  du  lait;  elles  seront  produc- 
tives si  on  les  élève  tout  de  suite  à  une  hauteur  scientifique  conve- 
nable. La  petite  culture  spécialement  trouverait,  par  la  vente  certaine 
du  lait,  une  source  de  profits  bien  commode  à  utiliser. 

P.  DU  Pré-Collot 

LA  PRIME  D'HONNEUR  ET  LES  PRIX  GULTURAUX 

DANS  LA  MARNE  EN  1884- 

Depuis  l'institution  de  la  prime  d'honneur  en  1856,  quatre  concours  régionaux 
ont  eu  lieu  dans  le  département  de  la  Marne.  Chaque  fois  de  nombreux  concur- 
rents se  sont  présentés  et  la  plus  haute  récompense  a  été  méritée  par  trois  d'entre 
eux. 

Rappeler  ces  faits,  c'est  donner  la  preuve  des  efforts  tentés  et  des  progrès  réa- 
lisés. De  tels  résultats  ne  sauraient  être  mis  trop  en  relief,  car  ils  honorent  ceux 
qui  les  ont  obtenus  et  indiquent  justement  ce  que  peuvent  la  volonté  et  le  savoir 
professionnel,  lorsque  ces  deux  éléments  de  prospérité  se  trouvent  réunis. 

Le  département  de  la  Marne  forme,  avec  celui  do  l'Aube,  un  groupe  bien  ca- 
ractérisé dans  la  région  du  Nord-Est.  Et  plus  que  l'Aube,  il  se  trouve  déshérité 
sous  le  rapport  de  la  constitution  d'une  grande  partie  de  son  sol  arable.  Plus  des 
deux  tiers  de  sa  surface  appartiennent  à  la  formation  crétacée,  et  dans  cette  for- 
mation à  l'étage  de  la  craie  qui  fournit  les  terres  les  plus  rebelles  à  la  production 
agricole.  C'est  qu'en  effet  les  sols  crayeux  sont  incomplets  sous  le  rapport  de  la 
composition  minérale,  et  leurs  propriétés  physiques  les  exposent  aux  etfets  les 
plus  désastreux  de  la  sécheresse. 

La  production  des  fourrages  s'y  trouve  fort  limitée,  et  le  mouton  est  à  peu  près 
la  seule  ressource  des  éleveurs.  Gomme  conséquence,  le  fumier  de  ferme  fait  sou- 
vent défaut,  et  la  terre,  dont  la  fertilité  naturelle  est  faible,  ne  peut  donner  que  de 
petits  produits. 

Dans  la  partie  est  du  département,  les  terres  ont  un  tout  autre  aspect.  Elles 
sont  presque  exclusivement  composées  d'argile  et  de  sable  appartenant  aux  deux 
groupes  du  néocomien  et  du  gault,  puis,  comme  dans  le  riche  Perthois,  aux  allu- 
vions  anciennes  et  modernes.  Là  aussi,  elles  sont  le  plus  souvent  incomplètes,  et 
l'élément  qui  leur  manque,  le  carbonate  de  chaux,  est  précisément  celui  qui  con- 
stitue à  peu  près  exclusivement  le  sol  de  la  Champagne  proprement  dite.  L'im- 
perméabilité du  sous-sol  et  l'abondance  des  sources  indiquent  suffisamment  l'im- 
portance des  améliorations  foncières  (ju'il  serait  possible  de  réaliser  par  la  pra- 
tique du  drainage  et  des  irrigations.  L'herbe  y  croit  facilement,  ce  qui  permet 
l'extension  des  herbages  et  l'entretien  d'un  plus  nombreux  bétail.  En  revanche, 
la  culture  est  moins  facile,  et  si  les  récoltes  sont  abondantes,  les  dépenses  de  pro- 
duction sont  plus  grandes. 

A  l'ouest,  au  delà  des  calcaires  crayeux,  la  terre  arable  provient  des  roches 
tertiaires,  dont  le  relief  très  prononcé  donne  une  physionomie  particulière  à  cette 
contrée. 

La  composition  du  sol  est  mieux  équilibrée  que  dans  les  deux  zones  précé' 
dentés.  Ce  qui  ne  dispense  pas  de  l'apportde  certains  amendements,  non  plus  que 
de  l'emploi  à  haute  dose  de  matières  fertilisantes  appropriées. 

1.  L'importation  du  beurre  de  Danemark  en  An},'leterre  s'est  élevée  pendant  les  vingt  dernières 
années  de  UOO.OOO  livres  à  3  millions  de  livres  par  année.  (Discours  de  lord  Ensily  à  la  Chambre 
des  lords,  i  l'occasion  de  la  discussion  du  bill  sur  le  marché  de  CorkI. 

2.  Rapport  fait  au  no.-n  de  la  Commission  composée  de  MM.  Randoing,  inspecteur  de  l'agri- 
culture, prjisidcnf;  Perdrix,  Thiry,  Fagot,  Dupoat-Saviniat  ;  Sauvage,  rapporteur;  Pargon, 
secrétaire. 


348     LA.  PRIME  D'HONNEUA  ET  LES  PRIX   CULTURAUX  DANS  LA  MARNE. 

Telles  sont,  rapidement  esquissées,  les  conditions  générales,  relatives  au  sol, 
dans  lesquelles  se  trouvent  les  cultivateurs  de  la  Marne. 

Nous  verrons,  au  cours  de  ce  rapport,  comment  les  candidats  que  nous 
avons  visités  ont  compris  leur  situation  et  quels  moyens  ils  ont  mis  en  œuvre 
pour  l'améliorer. 

Pour  la  prime  d'honneur,  les  prix  culturaux  et  les  médailles  de  spécialité, 
quatorze  concurrents  se  sont  fait  inscrire. 

Voici  les  appréciations  de  la  Commission  sur  chacun  d'eux. 
M.  Tétard-Pérardel   (Pierre-Antoine),  à  Montmirail.  —  M.  Têtard  est  un 
ancien  bourrelier  qui  s'est  adonné  à  l'arboriculture.  Le  jardin  qu'il  nous  a  montré 
renferme  un  grand  nombre  de  fruitiers  et  de  la  vigne. 

A  part  quelques  pommiers  soumis  à  la  forme  en  vase,  aucun  arbre  n'est  mé- 
thodiquement taillé.  Mais  M.  Têtard  se  préoccupe  peu  de  l'irrégularité  de  ses 
espaliers.  Quand  une  branche  se  dégarnit,  ce  qui  arrive  fréquemment,  il  remplit 
les  vides  en  greffant  des  dards  qui,  l'année  suivante,  deviennent  des  branches  à 
fruits.  Il  met  souvent  plusieurs  variétés  sur  le  même  sujet. 

M.  Têtard  place  ses  arbres  à  une  faible  distance  les  uns  des  autres.  C'est  sans 
doute  à  cette  disposition  qu'est  dû  leur  laible  vigueur  et  leur  courte  durée. 

Quoi  qu'il  en  soit,  M.  Têtard  est  un  propriétaire  actif  et  soigneux,  qui  trouve  la 
juste  récompense  de  ses  efforts  dans  les  résultats  qu'il  obtient,  tant  chez  lui  que 
chez  ses  voisins,  oi!i  il  est  souvent  appelé  pou'-  mettre  à  fruits  des  arbres  rebelles. 
M.  Lequec.x:  (Al(red),  à  Villers-aux-Corneilles.  —  La  propriété  de  M.  Lequeux 
a  une  contenance  de  125  hectares.  Elle  comprend  un  château  entouré  d'eau  et  un 
parc  où  se  trouvent  des  arbres  d'une  remarquable  vigueur.  Puis  des  terres  en 
culture  dont  M.  Lequeux  a  voulu  indiquer  la  limite  en  les  bordant  de  plantations 
fruitières.  C'est  le  cerisier  qui  a  été  choisi.  La  distance  entre  chaque  pied  est  de 
10  mètres.  Les  sujets  sont  des  merisiers  sauvages  provenant  en  grande  partie  de 
la  forêt  de  Sainte-Menehould.  Chaque  plant  revient  à  75  centimes  mis  en  place. 
Les  greffes  sont  prises  à  Dormans,  et  la  variété  préférée  est  celle  qui  donne  la 
cerise  dite  de  Montmorency.  Les  fruits  sont  expédiés  en  Angleterre. 

La  tentative  de  M.  Lequeux  est  à  encourager.  Bien  des  propriétaires  de  la 
Champagne  pourraient  accroître  leurs  revenus  en  l'imitant. 

La  Commission  regrette  que  les  plantations  encore  trop  récentes  de  M.  Le- 
queux ne  lui  permettent  pas  de  témoigner  sa  satisfaction  autrement  que  par  des 
éloges. 

M.  Tartier  (Cyrille),  maître  d'horticulture  aux  Ecoles  normales  d'institu- 
teurs et  d'inst'tutrices  de  Châlons.  —  Le  jardin  de  l'Ecole  normale  de  Châlons 
est  parfaitement  tenu  et  bien  disposé  pour  l'enseignement  pratique  de  l'horti- 
culture. 

M.  Tartier,  qui  est  un  maître  dans  toute  l'acception  du  mot,  s'y  livre  avec  un 
■plein  succès  à  la  multiplication  et  à  la  taille  des  arbres  fruitiers. 

Par  une  application  ingénieuse  du  marcottage,  M.  Tartier  reproduit  rapide- 
ment les  bonnes  variétés  sans  amoindrir  les  pieds  mères,  et  il  entretient  ensuite 
avec  une  grande  facilité  la  productivité  des  nouveaux  sujets. 

La  Commission  adresse  ses  sincères  félicitations  à  M.  Tartier,  qu'elle  ne  peut 
récompenser  autrement,  l'habile  horticulteur  châlonnais  se  trouvant  en  dehors 
des  conditions  exigées  par  l'arrêté  ministériel. 

M.  Hattat  (Arsène-Hippolyte),  à  Bouy,  canton  de  Suippes.  —  M.  Hattat 
cultive  pour  son  compte  depuis  1855.  Il  a  débuté  avec  40  hectares  dont  7  lui 
appartenant  et  33  à  fermage,  pour  lesquels  il  payait  une  redevance  annuelle  de 
1,500  fr.  Actuellement  son  avoir  foncier  se  compose  de  57  hectares  de  terre  et  de 
bâtiments  suffisants  pour  leur  exploitation. 

La  culture  de  M.  Hattat  ne  diftei-e  en  rien  de  celle  de  ses  voisins.  Son  assole- 
ment, dont  la  rotation  n'est  jamais  inférieure  à  dix  années,  débute  par  une  orge 
ou  un  blé  fumé  à  raison  de  160  à  200  mètres  cubes  par  hectare  ;  vient  ensuite  une 
prairie  artificielle  composée  d'un  mélange  de  luzerne,  de  trèfle  et  de  sainfoin,  qui 
occupe  le  sol  pendant  deux  ans,  puis  du  blé  ou  de  l'avoine,  de  l'orge,  delà  jachère, 
du  seigle,  de  l'avoine  et  du  seigle  jusqu'à  ce  que  la  terre  soit  complètement  épui- 
sée. Après  quoi  il  recommence  une  nouvelle  rotation.  Quelques  pommes  de  terre 
et  un  peu  de  betteraves,  dont  l'étendue  totale  est  d'environ  50  ares,  forment  la  sole 
des  plantes  sarclées. 

Il  est  facile  de  comprendre  qu'avec  un  tel  système  le  bétail  soit  peu  nombreux. 
Cependant  nous  avons  été  surpris  de  ne  rencontrer  chez  M.  Hattat  qu'un  trou- 


LA.  PRIME  D  HONNEUR  ET  LES  PRIX   GULTQRAUX  DANS    EA  MARiVE.      349 

peau  de  100  bêles  à  laine,  agneaux  de  l'année  compris;  d'autant  plus  que  le 
mouton  est  le  seul  animal  qui  puisse  lui  donner  des  profits  assurés  et  des  engrais 
en  quantité  suffisante.  Il  est  vrai  que  le  prix  de  la  laine  a  beaucoup  baissé  et  que 
M.  Hattat  achète  chaque  année  au  moins  100  mètres  cubes  de  fumier. 

Malgré  toutes  les  conditions  défavorables  qui  frappent  tout  d'abjrd  quand  ou 
parcourt  le  territoire  du  Bouy,  les  cultivateurs  de  cette  commune  ont  réalisé  des 
Déiiéfices  considérables.  C'est  que  depuis  la  création  du  camp  de  Chàlonsjusqu'en 
1870,  ils  ont  trouvé  un  débouché  facile  pour  leurs  denrées  et  des  engrais  en 
grande  quantité  et  à  bas  prix.  Actuellement  les  terres  ont  perdu  la  moitié  de  leur 
valeur,  ce  à  quoi  n'a  pas  peu  contribué  l'abaissement  du  prix  des  laines  et  des 
céréales. 

M.  Hattat  a  aménagé  de  vieux  bâtiments,  notamment  une  étable  dont  la  dispo- 
sition intérieure  est  très  bonne  ;  il  a  aussi  construit  une  bergerie  où  se  trouvent 
de  bons  spécimens  de  râteliers 

M.  Haitat  ne  tient  point  de  comptabilité,  mais  il  nous  a  paru  se  rendre  bien 
compte  de  sa  situation  financière.  M.  Hattat  est  un  travailleur  actif,  laborieux  et 
économe,  qui,  tout  en  suivant  les  errements  de  ses  voisins,  arrivera  certainement 
à  l'aisance  parla  culture. 

M.  M  ciiKL  (Louis-Stanislas),  à  Moeurs,  canton  de  Sézanne.  —  Le  sol  exploité 
par  M.  Michel  a;ipartient  au  terrain  éocènc.  Il  est  silico-argileux,  mélangé  de 
silex  ;  le  calcaire  et  l'acide  phosphorique  y  font  défaut.  Le  sous-sol,  qui  est  en 
partie  imperméable,  se  laissse  difficilement  pénétrer  par  les  racines  pivotantes. 

D'jnner  à  ses  terres  les  éléments  minéraux  dont  elles  ont  besoin,  et  assainir 
celles  que  gêne  l'humidité,  semble  être  pour  le  moment,  à  en  juger  du  moins 
par  l'état  médiocre  de  l'ensemble  de  son  exploitation,  la  principale  préoccupation 
de  M.  Michel. 

En  1867  et  1868,  il  a  fait  drainer  9  hectares  23  pour  la  somme  de  1,471  fr. 
Le  plan  dressé  par  les  agents  des  ponts  et  chaussées  n'a  pas  été  suivi,  à  cause  de 
la  dépense  élevée  qu'aurait  nécessitée  son  application.  Néanmoins,  si  le  résultat 
obtenu  n'est  pas  aussi  complet  qu'on  pourrait  le  désirer,  il  est  relativement  assez 
satisfaisant. 

M.  Michel  a  employé,  en  1882,  sur  ses  terres  en  culture,  18  mètres  cubes  de 
chaux  provenant  de  l'usiue  à  gaz  de  Sézanne.  H  se  sert,  en  outre,  d'engrais  qu'il 
pré()are  lui-même  et  cru'il  estime  à  16  fr.  les  lOOkilog.  La  quantité  fal)riquée  an- 
nuellement est  d'environ  4,00J  kilog.  Ce  sont  des  mélanges  composés  de  super- 
phosphate de  chaux,  de  chlorure  de  sodium  et  de  sulfate  d'ammoniaque.  Le  super- 
phosphate est  obtenu  sur  place  avec  des  phosphates  de  l'Auxois  et  de  l'acide 
sulfurique  à  54  degrés.  L'installation  de  M.  Michel  est  récente,  et  il  nous  a 
paru  qu'il  ne  se  rendait  pas  bien  exactement  compte  de  la  valeur  fertilisante  de 
chaque  matière  utilisée,  non  plus  que  des  proportions  à  observer  dans  les  mé- 
langes, suivant  que  les  engrais  sont  destinés  à  telle  ou  telle  plante. 

Au  moment  de  la  visite  de  la  Commission,  on  ne  voyait  sur  les  blés  aucune 
différence  qui  accusât  l'action  des  engrais  qu'ils  avaient  reçus. 

La  (Commission  espère,  néanmoins,  que  M.  Michel  arriverai  de  bons  résultats, 
et  l'engage  à  se  bien  pénétrer  de  l'action  si  complexe  qu'exercent  les  engrais  clii- 
mii^ues  sur  les  différentes  terres  et  les  difl'érentes  cultures. 

M.  'Vigy-Brémont,  à  Vitry-la-Ville,  canton  d'Ecury-le-Coole.  —  M.  Vigy  est 
un  cultivateur  qui  a  fait  ses  preuves.  Depuis  trente-deux  ans,  il  exploite  comme 
fermier  un  teirage  de  150  hectares.  Pendant  les  quinze  premières  années,  il  a  été 
associé  avec  son  père,  ensuite  il  a  repris  pour  son  compte  la  culture  commencée 
en  commun. 

Les  terres,  qui  comprennent  126  hectares  en  labours  et  24  en  prairies  naturelles, 
s'étendent  de  la  vallée  de  la,  Marne  aux  coteaux  calcaires  qui  la  bordent,  jusqu'à 
6  kilomètres  du  village.  Elles  sont  légères,  à  sous-sol  crayeux,  excepté  sur  le  bord 
de  la  rivière  oii  elles  se  trouvent  constituées  par  des  alluvions  modernes  argilo- 
calcaires. 

Les  récoltes  visitées  par  la  Commission  ne  présentaient  rien  de  remar- 
quable. 

L'intérieur  de  la  ferme  a  un  bon  aspect.  Les  fumiers  sont  bien  tenus,  et  la  Com- 
mission a  trouvé  dans  les  divers  locaux  un  bétail  bien  entretenu. 

L'outillage  est  suffisant.  M.  Vigy  se  sert  de  la  faucheuse  et  de  la  moissonneuse 
depuis  douze  ans. 

M.  Vigy  a  réalisé  des  améliorations  importantes.  Vingt  hectares  de  terres  en 


3£0       LA  PBIME  d'honneur  ET  LES  PRIX  CULTURAUX  DANS  LA  MARNE. 

friches  ont  été,  par  ses  soins,  mis  en  bon  état  de  culture.  D'autre  part,  se  ren- 
dant ciimpte  du  rôle  important  que  devait  avoir  le  mouton  dans  son  ex[)loitation, 
et  manijuant  de  logement,  il  a  fait  construire  à  ses  frais  une  bergerie  q^ui  lui  a 
coijté  4,000  fr. 

Enfui,  il  a  transformé  en  prairies  naturelles  celles  de  ses  terres  qui  se  trouvent 
près  de  la  Marne  et  dont  les  inondations  détruisaient  trop  souvent  les  récoltes. 

M.  Vigy  ne  tient  iioiut  duciimptaliiliié.  Aussi  a-t-il  été  impossible  à  la  Commis- 
sion de  se  rendre  compte  du  résultat  de  ses  opéralions. 

M.  Vigy  possède  l'iuielligcpce  de  son  métier;  il  est  actif  et  dévoué  aux  intérêts 
agricoles,  comme  le  prouve  sa  propagande  en  faveur  des  bons  reproducteurs 
bovins. 

La  Commission  accorde  à  M  Vigy-Brémont  une  méd^iille  d'argent  grand  module, 
pour  sa  création  de  prairies  naturelles  en  terrain  submersible. 

M  BbRiON-MÉRt':!  ZE  (Arthur),  à  la  terme  de  la  Gomimnderie,  commune  de 
Tréfols,  canton  de  Moutmirail.  —  M.  Berton  appartient  à  l'ancienne  et  laboiieuse 
race  des  cultivateurs,  dont  les  représentonts  deviennent  de  plus  en  plus  rares. 
Depuis  quatre-vingt-onze  ans,  la  terme  de  la  Coramanderie  est  entre  les  mains  de 
sa  lamille,  dont  il  continue  modestement  et  intelligemment  les  traditions. 

Avant  1875  il  n'e>istait  sur  cette  ferme  qu'-;  1  hectare  9i  de  prés  pour  154liec- 
tares  de  terres  en  culture.  Celle  disproportion,  que  ne  pouvaient  compenser  les 
prairies  artificielles  et  les  fourrages  annuels,  ne  permettait  pas  au  fermier  d'entre- 
tenir un  bétail  en  rapport  avec  létenduc  de  son  exploitation. 

Mais  pour  laire  des  prairies  productives  et  durables,  des  conditions  spéciales 
sont  nécei-saires  ;  il  faut  un  sol  fertile  et  frais  uu  susceptible  d'être  arrosé.  Une 
source  relativement  abondante,  en  hiver  surtout,  existe  à  la  Gommanderie  et  de 
glandes  surfaces,  inclinées  vers  le  petit  ruisseau  auquel  cette  source  donne  nais- 
sance, fournissent  des  eaux  pluviales  chargées  de  matières  terreuses  fertiles. 

Capter  les  eaux  de  la  source  et  les  accumuler  dans  un  réservoir  suflisaminent 
spacieux  était  la  première  opération  à  entreprendre.  C'est  ce  qu'a  compris  M.  Ber- 
ton. Et  pour  l'aider  dans  ce  travail  assez  dispendieux,  il  sollicitait  et  obtenait  de 
son  propriétaire  la  construction  du  barrage  dere'.eiiue. 

D'autre  part,  au-dessus  du  niveau  du  réservoir,  M.  Berton  a  creusé  de  larges 
fossés  destinés  à  recevoir  et  à  diriger  les  eaux  pluviales  venant  de  ses  terres 
labourées. 

Par  suite  de  cette  ingénieuse  disposition,  M.  Berton  a  pu  établir  10  hectares  de 

praiiies  qui  lui  lournironi  une  quantité  très  notable  d'excellen'  fourrage  et  lui 

permettront   d'augmeniei',  à  siui  grand  profit,  le  nombre  de  ses  animaux  de  rente. 

La  Commission  lélicite  m.  B-rton  de  >on  initiative  et  lui  décerne  à  l'unanimité 

une  médaille  d'or,  pour  la  création  de  ses  prairies  naiurelles. 

M.  GoLLi.M  (Fr.iuçois-Augu>te),  à  Passavant,  canton  de  Sainte-Menehould.  — 
La  giande  diusion  du  sol,  qui  a  pour  corollaire  l'encldve,  rend  difficile  et  coû- 
teuse son  exploitation.  A  Pa  savant,  le  sous  sol  est  imperméable  et  l'humidité  qui 
en  résulte  augmente  les  Irais  de  culture  et  porte  préjudice  aux  récoltes  en  limitant 
la  quantité  et  la  qualité. 

Agglomérer  les  surfaces  éparses,  débarrasser  la  terre  de  l'eau  qui  lui  nuit,  el 
utiliser  cette  eau  au  profit  de  la  production,  c'est  réalisur  une  triple  amélioration, 
bien  digne  de  tenter  les  esprits  courageux  et  clairvoyants. 

C'est  en  s'inspiiant  de  ces  idi'e.s  que  .M.  CiUin  a  entrepris  les  travaux  multiples 
dont  nous  avons  été  à  même  de  consiater  les  bons  résultats. 

Depuis  1«61,  32  parcelles,  provenant  de  30  propriétaires,  ont  été  groupées 
au'onr  de  9  parcelles  uppirtcnant  à  M.  Collin.  Le  drainage,  pratiqué  depuis  la 
même  époque,  cnmporte  un  dévelopi.craent  de  2,305  mètres,, y  compris  les  canaux 
souterrains  i[ui  couluiseiit  les  eaux  sur  les  terres  à  irriguer.  Les  prairies  natu- 
relles créées,  jointes  à  celles  qui  ont  été  améliorées  pir  l'arrosage  et  l'assainisse- 
ment, représentent  une  suiiace,  de  6  hectares  78.  Toutes  sont  en  bon  état  de 
produ.:lion  et  rendent.  Ion  an  mal  an,  3,500  kilog.  de  foin  environ  par  hectare, 
première  t'oupe  et  regain  cuiiipr  s. 

Les  dépenses  se  sont  élevées  à  1,883  francs,  dont  l,3'-3  francs  pour  le  drainage 
et  500  francs  pour  les  irrigations  et  le  nivellement  du  sol. 

En  agissant  comme  il  vient  d'être  dit,  M.  Cillui  a  donné  un  très  bon  exemple 
et  il  a  procure  à  ses  terres  une  [iLusrvalue  qui  le  dédommage  largement  de  ses 
sacrifices. 

Pour  récompenser  M.  Collin  de  ses  efforts  et  espérant  qu'il    trouvera  autour 


LA  PRIME  D  HONNEUR   ET  LES  PRIX  CULTURAUX  .DANS  LA  MARNE       351 

de  lui  des  imilatciirs,  la  Commission  lui  décerne  à  l'ananimité  une  méJailla  d'or. 
M.  DE  Bjhwi  (Uusiuve).  à  Fre-nes,  canton  de  Bourfro;^nc.  —  L'étendue  Jes 
terres  cultivées  par  M.  de  Bohara  est  de  100  hectares.  Elles  sont  fortement  cal- 
caires. Le  sou<-sj1,  complète  août  crayeux,  e-^t  recouvert,  dans  quelquHS  rares 
endroits,  par  une  faible  couche  de  grève.  L'épaisseur  de  la  couche  arable  varie  de 
G  m.  15  àO  ra.  30. 

L'assolement  suivi  dans  le  pays  est  l'assolement  triennal  pur,  qui  comporte 
deux  années  de  céréales  et  une  année  de  jachère. 

Les  renJeU'-nts  eu  grain  et  en  piille  sont  relativement  peu  ftlevés.  (La  prodiuc- 
tion  du  lumier  est  peu  abondante.  Et  comme  tout  s'enchaîne  dans  la  cultnre,  les 
profits  sont  faibles. 

Rechercher  les  causes  do  celte  inférioiité  pour  y  porter  remède,  était  un  pro- 
blème aussi  intéressant  qu'utile,  bien  digne  de  tenter  l'activité  et  le  savoir  de 
M.  de  Boham.  C'est  ce  qui  arriva. 

Pditant  de  ce  principe,  que,  piur  qu'une  plante  se  développe  normalement,  il 
fautqu'elle  trouve  à  sa  portée  les  éléments  <iui  doivent  la  coastnucr,  M.  de  B jhara 
fut  couduit  à  l'aire  analyser  ses  t-^rres  et  à  en  coinpirer  la  c:)m,ioitioi  avec  celle 
d'autres  terres  donnant  d'^hnalants  proluits.  C  est  alors  qu'il  put  cîns'ater 
qu'une  matière  importante,  la  potasse,  ne  se  trouvait  pas  en  quantité  siini<anie 
danssonsol.  Et  lourse  bien  convaincre  que,  dans  ces  conditions,  le  l'u.aœr  de  fenne, 
qui  n'est  que  l'expression,  sous  une  autre  forme,  des  fourraires  consommés  et  des 
litières,  était  insutfisanl  pour  élever  le  niveau  de  la  fertilité  de  ses  champs,  il  fil 
analyser  soQ  fumier  et  en  même  temps  celui  provenant  d'un  villa.;e  des  Ardeunes, 
où  la  terre  lui  piraissait  m, eux  é  [uilibrée.  Dj  ces  de  ix  analyses,  il  résulta  que  la 
richesse  en  potasse  du  second  était  plus  grande  que  celle  du  premier.  D'où  il 
conclut  que  l'apport  d'eni^rais  potassique  devait  avoir  pour  conséjueace  d'accroître 
le  produit  de  ses  récoltes. 

i)es  expériences  furent  tentées  à  Fresn«s,  et  vo;ci,  en  résumé,  ce  qu'elles 
donnèrent. 

De  1876,  date  de  la  reprise  de  la  cu'ture  de  son  père  par  ÎM  de  Boham-,  ù 
1880,  les  résultats  furent  loin  d  être  encourajents.  Go  n'est  que  depuis  ISSOque, 
guidé  par  de  bons  conseils  et  aussi  par  l'expérience  des  années  précédentes, 
M.  de  Boham  trouva  la  voie  du  succès.  Sur  des  terres  rest-ies  sans  fumure  depuis 
dix  ans,  il  obtint  de  bonnes  révoltes,  et  sur  des  sols  m  )ins  négligés,  il  arriva  à 
des  rendements  vraiment  remarquables  en  céréales  et  en  fourra.ges. 

Les  matières  employées  sont  le  chlorure  de  'potassium  pour  la  potasse,  le 
nilrati  de  soude  pour  l'azote  et  le  supirphosphate  de  chaux  pour  l'acide  phospho- 
rique. 

Les  doses,  les  proportions  à  observer  dans  les  mélanges,  le  moJe  et  l'époque 
de  l'emploi  varient  suivant  la  fertilité  du  sol  et  la  naiure  des  cultures. 

Les  (juantités  consommées  eu  1883  ont  été  les  suivantes  :  chlorure  de  potas- 
sium, I2,00j  kllog.,  représentant  6,950  kilog.  de  potasse  ;  nitrate  de  soude, 
•2,500  kilog.,  éc[uivalant  à  390  kil  ig.  d'azote;  superjihosphatfs  minéraux, 
9,000  kllog.,  équivalant  à  1,170  kilog.  d'acide  phosphariquie.  Le  tout  pour  une 
somme  de  5,500  francs. 

Les  dé[iensespar  hectare  varient  pour  le  blé  de  6":»  à  lui  francs  ;  pour  les  bet- 
teraves à  sucre,  de  135  à  180  francs;  pour  les  prairies  artiliciellcs  et  temjioraires, 
de  S5  à  80  francs. 

Les  engrais  chimiques  sont  semés  seuls  ou  associés  avec  du  fumier  de    ferme. 

Leur  emploi,  quia  déj'i  occisionné  dans  la  culture  de  M.  de  Boham  des  luo  li- 
lications  sérieuses,  pourra  lui  permettre  d'ici  peu  d'années  de  suppriqaer  la  jachère 
morte  et  de  soumettre  ses  terres  à  une  production  plus  intensive. 

Depuis  1876,  la  surface  ensemencée  en  blé  a  été  doublée  et  celle  du  seigle 
augmentée  il'iin  tiers.  De  plus,  et  c'est  là  un  fait  important,  la  betterave  à  sucre, 
({ui  avait  jusqu'alors  été  considérée  comme  impossible  à  produire  dans  it-s  terres 
(le  Coampague,  occupe  depuis  trois  ans  chez  M.  de  Bjhiia  une  surface  de 
12  hectares. 

L>;s  reiideiTients,  en  1883,  ont  été  en  moyenne  do  20  quintaux  par  hectare  pour 
le  blé  et  de  27,3.00  kilog.  pour  la  Lettenive.  Ce  dernier  produit  est  inférieur  à  ceux 
de  IS'^l  et  de  1S82,  qui  ont  atteint  >I3,000  kilog.  et  3u,850  kilog.,  ]iar  suite  de 
certains  retards  dans  lès  soins  d'entretien,  que  le  mauvais  temps  n'a  pas  permis 
d'éviter. 

Les    faits   mis  en  relie!'  par  M.   de  -li  ihiin  avaient,  il   est  vrai,   été  con.s'tatés 


3p,,    LA  PRIME  d'honneur  ET  LES  PRIX  GULTURAUX  DANS  LA  MARNE. 

depuis  longtemps.  Mais  il  n'est  pas  sans  intérêt  de  les  voir  se  maUi,-)lier,  car 
s'ils  se  reproduisent  toujours  dans  le  même  sens,  c'est  qu'ils  sont  dus  à  une  cause, 
bien  définie,  et  leur  renouvellement  prouve  qu'il  faut  savoir  en  tenir  grand  compte 
dans  les  sols  de  Champagne  surtout. 

Si  M.  de  Bûham  n'est  point  un  novateur,  c'est  dans  tous  les  cas  un  intelligent 
et  actif  vulgarisateur  qui  peut  donner   de  précieuses  indications    à  ceux  qui  voUi-^ 
draient  l'irailer.  i  ,.^ 

La  Commission,  à  l'unanimité,  décerne  à  M.  de  Boliam  une  médaille  d'or,  pour 
l'emploi  et  la  vulgarisation  des  engrais  chimiques  dans  les  terres  calcaires  de  la 
Champagne.  ii)r, 

{La  suite  prochainement.)  A.  Sauvage,  .^î 

Professeur  d'agriculluicde  la  Haute-Marne. 

NOUVELLES  INVENTIONS  AGRICOLES 

ANALYSE  SOMMAIRE  DES    DERNIERS  BREVETS  DÉLIVRÉS  :'^ 

161,354.  Lahaye.  5  avril  1884.  Sysiéine  de  bordures  de^jardin,  parc,  etc.,  m 
ciment  de  toutes  espèces  el  faisant  des  objets  de  toutes  formes,  dimensions,  dessins 
et  couleurs.  —  (Ce  brevet  avait  été  signalé  sans  analyse  dans  le  dernier  numéro^' 
parce  que  l'administration  n'avait  pu  nous  le  communiquer.)  ■>' 

Le  breveté  ne  donne  pas  d'autres  indications  que  celles  contenues  dans  le  titre, 
si  ce  n'est  qu'il  revendique  pour  ses  produits  l'avantage  d'être  plus  économiques 
et  moins  fragiles  que  ceux  faits  en  terre  cuite. 

161,492.  Société  Jean-Baptiste  Julien  et  Gie.  11  avril  1884.  Système  de 
pieux  de  barrage  pour  clôtures  d'herbages  et  autres.  —  Le  pieu  est  en  l'er  ou  en 
fonte  malléable  et  à  section  de  T;  il  se  distingue  par  l'adjonction  de  ce  que  l'in- 
venteur appelle  une  platine  et  qui  consiste  dans  un  fer  cintré  en  forme  do  fer  à 
cheval  et  fixé  au  pieu  par  trois  rivets,  de  0  m.  20  à  0  m.  25  du  pied  de  celui-ci. 
Il  est  dit  dans  le  bievet  que  cette  platine  donne  aux  pieux  une  grande  résistance 
contre  les  poussées  exercées  en  tous  sens  par  les  animaux  contre  les  clôtures. 

161,500.  PiiiLiPONNET.  11  aviil  \%%k.Charrueperfe(:tionnép,  dite  charrue  tourne- 
sep. —  Cette  charrue  est  plus  spécialement  destinée  à  être  employée  sur  les  terrains 
en  pente,  afin  de  remonter  la  terre  plutôt  que  de  la  descendre,  mais  elle  est 
d'ailleurs  ap[ilicable  aussi  dans  les  autres  cas.  Elle  est  caractérisée  par  un  sep 
susceptible  de  tourner  autour  de  l'âge  et  que  l'on  solidarise  à  volonté,  au  moyen 
de  verrous,  avec  l'une  ou  l'autre  de  deux  oreilles  venues  d'une  même  pièce  et 
pourvues  chacune  d'un  soc  ;  pendant  le  travail,  l'un  ou  l'autre  de  ces  socs  se 
trouve  dans  le  prolongement  de  la  partie  antérieure  du  sep.  Lorsqu'on  est  arrivé 
au  bout  d'une  raie,  on  peut  immédiatement  commencer  une  autre  raie  en  retour 
nant  la  charrue,  et  la  terre  se  trouvera  versée  toujours  du  même  côté,  pourvu 
qu'on  ait  soin  de  faire  pivoter  le  système  d'un  demi-tour.  La  construction  de 
l'instrument  permet  de  régler  l'entrure  du  soc,  et  de  le  relever  ou  de  l'abaisser, 
pour  triompher  des  obstacles  que  rencontre  sa  marche. 

161,507.  ScHLiWA.  17  avril  1884.  Procédé  pour  l'extraction  des  pho<:phates 
solubtes  dans  l'eau  des  dépôts  produits  par  ta  déphosphoration  des  fers  hasiques. 
—  Les  dépôts  en  question  sont  réduits  en  poudre,  puis  sont  fondus  avec  de  la 
soude  en  proportions  telles  que  l'acide  phosphorique  'qu'ils  contiennent  reste 
en  combinaison  avec  la  soude.  Le  phosphate  de  snudc  produit  est  lavé  à  l'eau,  et 
l'on  a  alors  une  solution  que  l'on  peut  incorporer  à  un  engrais  quelconque, 
plâtre,  tourbe,  etc.  La  soude  peut  ûtie  lemplacée  par  la  potasse  ou  le  salpêtre.  Le 
breveté  se  réserve  d'appliquer  le  même  procédé  à  tous  les  j'hosphates  naturels. 

161,531.  FoUHNfeT.  16  avril  1884.  Système  de  paragelées  pruitanièrcs  pO'ivant 
servir  de  paragrêle.  — Le  système,  destiné  plus  particulièrement  aux  vignobles, 
consiste  à  planter  en  terre  des  rangées  de  pieux,  avant  la  pousse  des  premiers 
bourgeons,  et  à  articuler  sur  ces  pieux,  au  moyen  de  pivots  horizontaux,  des 
planchettes  en  bois  bruts,  qui,  lorsqu'il  ne  gèle  ni  ne  grêle,  sont  maintenus  dans 
une  position  verticale,  mais  qu'on  laisse  se  rabattre  horizontalement  quand  il 
devient  nécessaire  de  protéger  les  plants  de  vigne. 

Alin  de  rendre  la  mai  œuvre  plus  expéditive,  l'axe  de  rotation  des  planchettes  se 
trouve  un  peu  plus  bus  que  leur  milieu,  et  leur  partie  supérieure  s'yppuie  contre 
des  verrous  qu'il  sullit  de  tirer  pourquelesdites  planchettes  s'abattent  d'elles-mêmes 
horizontalement  ;  tous  les  verrous  d'une  même  ligne  de  pieux  sont  reliés  ensemble 
par  des  fils  de  fer  et  se  commandent,  par  suite,  tous  à  la  fois. 


NOUVELLES  INVENTIONS  AGUICOLES.  353 

Les  pieux  et  les  planchettes  sont  sulfatés,  en  vue  de  leur  conservation  et  aussi 
pour  éloigner  les  limaçous  et  les  limaces.  Le  système  peut  servir  eu  lout  temps  à 
abriter  les  plantes  du  vent  du  nord  et  à  réllécliir  les  rayons  solaires.  Le  breveté, 
indique  le  prix  de  250  à  350  fraies  pour  une  ligne  de  pieux  d'un  kilomètre.         -j 

161,553.  Derome.  15  avril  lc84.  Dislribuleur  universel  Deroiw,  réduit  à  tes 
proportions  les  plus  simples  et  les  plus  économiqae.s,  pour  la  disLnbulion  des 
engrais  et  des  graines.  —  L'appareil  est  basé  t>ur  le  même  principe  que  le  semoir 
pour  betteraves  et  céréales  quia  fait  l'objet  des  brevets  obtenus  en  1876  et  en  1881 
par  M.  Derome  et  qui,  en  même  temps  que  la  semence,  distribuait  les  engrais 
complémentaires,  lesquels  doivent,  dit  l'invenieur,  être  distribués  en  dessous  ou  à 
côté  de  la  ligne  de  graine  pour  produire  les  meilleurs  effets  possibles.  Mais  l'appa- 
reil est  maintenant  simplifié. 

La  simplification  consiste  à  n'avoir  plus  qu'une  seule  poulie,  un  seul  agitateur- 
expulseur,  etc.,  au  lieu  d'en  avoir  autant  qu'on  voulait  ensemencer  de  rangs. 
Maintenant,  avec  une  seule  poulie,  on  peut  ensemencer  3,  4,  5  ou  6  rangs  de 
betteraves,  ou  le  double  pour  les  céréales,  tout  en  distribuant  l'engrais  par  les 
nrêmes  organes.  Le  système  permet  d'ailleurs  de  semer  en  lignes  ordinaires,  en 
bandes  ou  à  la  volée,  indifféremment. 

En  fait,  voici  quelle  est  la  disposition  de  l'appareil.  Dans  le  bas  de  la  trémie, 
tourne  un  arbre  muni  de  bras  agitateurs-mélangeurs-expulseurs,  et  an-dessous  se 
trouve  la  poulie  sus-mentionnée,  qui,  dans  sa  rotation,  se  recouvre  sur  sa  circon- 
férence de  la  matière  à  distribuer.  Une  plaque,  dite  régulateur,  que  l'on  approche 
plus  ou  moins  de  la  poulie,  règle  l'épaisseur  de  la  couche  adhérente;  un  peu  plus 
bas,  un  décrottoir  ou  ràcloir  détache  cette  couche,  et  en  même  temps  la  divise  en 
bandes  grâce  à  des  ailettes  tranchantes  disposées  sur  la  face  postérieure  de  ce 
ràcloir;  chique  intervalle  de  deux  ailettes  correspond  aune  des  hottes  qui 
constituent  la  tète  des  tubes  distributeurs;  on  voit  donc  comment  ces  derniers  se 
trouvent  alimentés. 

La  poulie  peut  être  cannelée  ou  non:  et  elle  peut  ou  non  être  munie  de  nervures 
correspondant  comme  position  aux  ailettes  tranchantes  du  ràcloir.  On  peut  faire 
de  grands  semoirs  à  deux  ou  plusieurs  poulies. 

1(51,555.  Ducos.  10  avril  1884.  (Brevet  de  5  ans  )  Tombereau  dis'ribuleur 
d'engrais  à  quatre  compartiments,  à  timon  raide  ou  articulé,  pouvant  éjatemenl 
servir  au  transport  des  terres  et  engrais  pou,r  V amélioration  des  viqnes  sans  endom- 
mager Its  ceps  où  il  peut  passer.  —  Gomme  le  titre  du  brevet  l'ndique,  le  tombe- 
reau de  M.  Ducos  est  divisé  en  quatre  compartiments,  d'une  part  par  une  cloi- 
son transversale  située  au  milieu  de  sa  longueur,  et,  d'autre  part,  par  la  disposi- 
tion du  plancher,  lequel  est  formé  de  deux  parties  très  inclinées  se  rejoignant 
dans  l'axe  par  leur  partie  supérieure.  Chacun  de  ces  quatre  compartiments  se 
ferme  par  une  porte  latérale  qui  est  en  surplomb  ;  de  sorte  qu'il  suKit  de  tirer  des 
verrous  à  mentonnet  pour  que  les  portes  s'ouvrent  d'elles-mêmes,  vu  leur  tendance 
à  reprendre  la  verticale,  et  permettent  ainsi  la  chute  du  contenu,  qui  glisse  sur  le 
fond  incliné.  La  première  traction  exercée  sur  les  verroux  n'ouvre  que  les  com^; 
partiments  de  devant  ;  en  continuant,  on  ouvre  ceux  de  derrière. 

Quant  à  l'articulation  du  timon,  elle  a  pour  but  de  permettre  au  tombereau  de 
tourner  plus  facilement  dans  certains  cas. 

161,557.  GoKY.  16  avril  1884.  Ptrfectionnement  aux  silos  portatifs  et  aux  mé- 
canismes à  employer  pour  l'ensilage  ou  pour  comprimer  les  substances  végétales 
ou  autres  matières.  —  Le  brevet  établit  des  silos  circulaires  formés  de  douves 
cerclées  comme  des  tonneaux  et  qui  sont  placés  à  l'intérieur  de  la  maçonnerie  ; 
le  fond  est  fait  en  béton,  terre  glaise,  bois,  etc.  ;  la  toiture  est  en  fer  uni  ou  can- 
nelé, bois,  carton,  feutre,  chaume  ou  autre  matière  imperméable.  Ces  silos  peuvent 
être  munis  d'une  porte  qu'on  lute  pour  empêcher  les  rentrées  d'air.  Des  chaînes 
s'attachent  au  fond  par  une  extrémité,  et  ell  s  s'élèvent  verticalement  jusqu'à  des 
poulies  de  renvoi  fixées  sur  les  sommiers  du  plancher  supérieur;  après  quoi  elles 
vont  s'accrocher  à  un  tendeur-raidisseur,  à  un  ci ic  ou  autre  dispositit  permet- 
tant de  les  tendre  pour  opérer  la  compression  des  matières  ensilées.  L'extrémité 
inférieure  de  ces  chaînes  pourrait  aussi,  au  lieu  de  s'attacher  à  des  points  fixes  du 
fond,  pas  er  sur  un  plancher  mobile  servant  de  lit  aux  céréales  ensilées. 

lt-1,576.  FRA.Nciii.YN.  17  avril  1884.  Composé  perfectionné  pour  la  gw^rison  du 
phylloxéra  et  d'autres  maladies  des  plants  de  vigne  et  des  plantes  généralement.  — 
Quand  il  s'agit  de  traiter  la  vigne  contre  le  phylloxéra,  le  produit  est  composé  de: 
savon  mou  (savon  noir),  500  grammes;  acide  carbolique,  31  grammes.  Dans  les 


:;354  NOUVELLES  INVENTIONS  AGRICOLES. 

■autres  cas,   on   réduit  la  proportion  d'acide  carboiique.   Oq  amèue  le  produit  à 
•  rétat  d'éiuulsion  ou  de  li-|uid,een  l'étenilant  d'eau  daus  lat[ueUe  onpeut  ajouter  de 
la  iparalfme  ou  du  pétrole.    Pour  l'emploi,   on  se  sert  d'une  seriugue  ou   d'une 
pompe. 

Cërtii'ic.\ts  d'addition.  Barue.  h  avril  18S4.  (Brevetn"  158,370.)  Prod  iclion 
cl  apiilicaiion  induslrieVe  d'un  nouveau  phnspiviie  df,  chuix  sol.idf,  non  dUiqmsemt 
et  fMip.remciit  solMe  dans  Ctaii.  —  Ce  certificat  d'addiiion  a  pour  objet  la  soli- 
diiication  de  l'acide  phosjihorique  par  l-i  cli  .uk  et  sa  trausformatioa  eu  un  corps 
solide  dont  tous  les  éléments  sont  assimilables,  non  déliquescent,  cimpletement 
soluble  dans  l'eau,  contenant  autant  d'acide  phosphoriiue  anhydre  PhU',  qu'il  en 
e.\istHit  dans  la  lii(ueur  sirupeuse  employée  à  sa  fabrication,  présentant  une 
composition  chirai  |ue  constante  et  ne  pouvant  pis  être  confondu  avec  le  phos- 
phate acide  de  cluux,  qui  est  moelleux  et  délii[uesi:eat. 

Ou  indique  l'emploi  de  ce  nouveau  produit,  l'aciie  phosphorique  solidilié,  pour 
fabriquer    des   superphosphates   de    forces    variables. 

Gir.  Assi  ET  L.  Genès, 

Ingénieurs-conseils  en  malière  de  brevets  d'invention, 
36,  boulevard  Voluire,  à  Paris. 

SITUATION  AGRICOLE  D.INS  L'ALLIER 

Pétrassin.  par  Arfeuilles,  le  Î5  août  lS8i. 

Pendant  l'exécution  de  la  moisson  dans  nos  paiMges,Ia  température  a  fait  rage, 
car  tous  les  jours  nous  avions  de  la  pluie  ou  d'affreu.x  orages,  au  grand  désa- 
vantage de  la  classe  ouvrière  et  des  pauvres  agriculteurs,  qui  sont  déjà,  si 
éprouvés  par  Ja  crise  agricole  et  la  surcharge  de  leurs  impôts  et  de  la  main- 
d'œuvre,  surtout  celle  à  1  année;  il  y  a  donc  eu  beaucoup  de  céréales  avaiiées  et 
de  fouriages  détériorés.  Malgré  tout  cela  depuis  quelques  temps  nous  souffrons 
d'une  afl'reuse  sécheresse  qui  hrùie  tout,  et  finit  de  griller  le  peu  de  raisins  qui 
restent  attachés  après  nos  ceps. 

En  géuéral,  la  i école  des  cérdales  est  bien  meilleure  que  celle  de  l'année 
,  dernière,  mais  est  loin  d'atteindre  le  but  que  l'on  atteodtit  d'elle  ;  ce  sont  d'abord 
la  sécheresse  des  mo'S  d'avril  et  mai,  qui  lui  a  été  nuisible,  puis  les  pluies 
froides  et  les  brouillards  des  mois  de  juin  et  juillet,  qui  ont  nui  à  sa  fécondation,  il 
en  est  de  même  de  la  vigne  qui  montrait  dès  le  dé',)ut  beaucoup  d-.  forniances, 
puis  la  plus  grande  partie  a  coulé  et  tombé,  et  une  autre  partie  est  restée  inféconde. 

La  recoke  des  lourrages  a  été  en  général  l'oit  minime,  et,  suivant  les  zones 
climaléri'iues,  fort  avariée  par  les  pluies  et  orages  de  juin  et  juillet.  Il  en  est  de 
même  des  pommes  de  terre  où  les  orages  sont  passés,  elles  sont  de  toute  beauté, 
et  brûlées  parle  soleil  ou  elles  n'ont  pas  eu  assez  d'eau.  Nojs  n'avons  pas  de  regains 
ni  de  léga  ues  dms  nos  potagers,  tout  est  grillé. 

L'état  smitaire  de  tous  nos  bestiaux  est  très  bon,  mils  la  sécheresse  leur  a 
fait  subir  une  grande  baisse,  elles  cochons  sont  à  vil  prix,  surtous  les  petits. 

Nebout. 

SOCIÉTÉ    NATIONALE    D'AGRICULTURE 

Séance  du  27  mûl  1884.  —  Présidence  de  M.  Chevreul. 

M.  Barrai,  qui  s'est  rendu  à  l'exposilion  agricole  d'AiiisLerdain  pour 
y  reiiiplir  les  foticLioas  de  membre  du  jury,  s'excuse  de  ne  pouvoir 
Tissisler  à  la  séance. 

51.  Sacc,  correspondant,  envoie  une  note  sur  la  composition  chimique 
de  quelques  plantes  de  l'Uruguay  (Amérique  méridionale). 

iM.  Plucliet  fait  une  communication  sur  les  expériences  auxquelles  il 
■s'est  livré  à  Trappes  sur  la  culture  de  quatre  variétés  de  blé:  le  blé 
Alepli  el  le  blé  Daltel,  nouvelles  variétés  obtenues  par  M.W.  Vdinorin- 
Andrieux,  le  blé  Durand  et  le  blé  Shireff  à  épi  carré;  il  résulte  de  ces 
expéiienees  que  ces  nouvelles  variétés  ne  lui  ont  pas  fourni  des  rende- 
-ments  de  nature  à  leur  l'iire  donner  la  préférence  sur  les  ani-ieiines  va- 
■riélés,  et  que  la  qualité  du  grain  n'est  pas  exceptionnelle.  A  la  suite  de 
ces  détails,  M.  Pluchet  présente  quelques  considérations  sur  la  situa- 


SOCIETE  NATIONALE  D  AGRICULTURE.  355 

tion  fâcheuse  dans  laquelle  se  trouve  la  culture,  et  il  demande  à  la  So- 
ciété d'envoyer  au  ministre  de  raii;ric(ilture  un  vœu  conforme  à  celui 
qui  a  été  présenté  récemment  par  les  dislillaleurs  agricoles.  M.  Heiizé 
t'ait  observer  qu'il  n'est  pas  dans  les  usages  de  la  Société  de  prendre  l'ini- 
tiative de  vœux  de  celte  nature,  et  M.  Ctievreul  fait  remarquer  que  ce 
n'est  pas  dans  une  séance  de  clôture  qu'on  peut  prendre  des  décisions 
aussi  graves.  M.  Chatin  appuie  les  observations  de  \1.  Pluchet  sur  la 
situation  pénible  de  la  culture  aux  environs  de  Rambouillet. 

M.  Heuzé  présente  une  lettre  de  M.  Jules  Cormouls-Houlès,  asjricul- 
teur  à  iMazamet  (Tarn),  sur  les  résultats  qu'il  a  obtenus  par  l'ensilage 
des  fourrages  verts  en  plein  air.  Cette  lettre  est  reproduite  dans  ce  nu- 
méro (page  327).  M.  Heuzé  insistesur  lesavanlages  que  procuce  la  mé- 
thode décrite  dans  cette  lettre,  sous  le  rapport  de  l'économie  tant  de  la 
main-d'œuvre  que  de  la  dépense  de  construction  des  silos  ;  cette  écono- 
mie est  telle  que  M.  Cormouls-Houlès  abandonne  ses  silos  maçoanés 
pour  la  conservation  en  plein  air.  Quelques  observations  sont  présen- 
tées par  MM.  Pluchet,  G^ireau,  Bouquet  de  la  Grye  et  Clialin.  M.  Piuv-het 
rappelle  que  la  Section  de  grande  culture  ayant  eu  h  examiner  ce  sysfcrae 
qui  lui  avait  été  présenté  par  M.  Rouvière,  a  cru  devoir  réserver  son 
opinion  relativement  à  l'économie  de  main-d'œuvre  qui  en  résulterait. 
11  pense  qu'il  serait  utile  de  multiplier  les  expériences. 

A  l'occasion  du  procès-verbal  de  la  séance  précédente,  M.  Doniol 
rappelle  l'importance  destravauxauxquels  s'est  livré  M.  Cliancel,  aacien 
doyen  de  laFdcaltédessjieniîes  de  M  )ntpeUier,  sur  le  plàtra:5edds  vins. 

La  Société  entre  en  vacances,  et  s'ajourne  au  mercredi  5  novembre. 

Henry  Sagmer. 

REVUE  G0ini3RGI\LE  ET  mi  OÎRVNF  D3S  DS\!{SSS  AGRICOLES 

(30  AOUT  1884.) 
1.     —    Situation    générale. 

Les  marchés  agricoles  ont  encore  présenté  une  assez  grande  activité  durant 
eette  semaine;  mais  les  transactions  sont  difliciles  pour  la  plupart  des  denrées, 
principalement  pour  les  céiéales. 

n.  —  tes  grains  et  les  farines. 

Les  tableaux  suivants  résuin3nt  les  co^irs  des  céréales,  par  quintal  métrique, 
sur  les  principaux  marchas  de  la   France  et  de  l'étranger. 

Blé  Seigle.  Orge.        Avoine 

fr.  ir.  Ir  fr. 

.,    .  •  Annr.    l  blé  tendre..         18.00  b  »  d 

Angleterre.               Londres 20. LO            »  18  75  18.05 

Belgique.                    .Xiivers 21. .00  16.7.T  31. .50  21.75 

—  Bruxelles 22  00  1G..SU  1S.75  iS.UO 

—  Lié-B 20.75  17.iiO  17.50  17.00 

—  Naiiiur 22.50  16. 7:.-  20.25,  19.75 

Pays-Bas.                imsterd.iui 19.15  15.00             »  » 

Luxembourg.           LuxeuOoiirg 22.00  23.25  2050  20.50 

Aisace-Lorraine     Slrusliourg 24.25  19.75  21.75  19.25 

—  C-.loiar 2o.OO  ia.;5  20.50  20. .ÎO 

—  Mulhouse 24.25  19.75  2J.75  21.25 

Allemagne.              Berlin 18  10  l(j.7.)            »  » 

—  Cologne 23.25  17.50             »  » 

—  Fraa;lort 21   85  20.011  22.50  17  00 

Suisse.                       Gsuève. 24.75  19.01)  19.00  20.50 

hiUie.                        Milan 22.00  18. .50             »  16.00 

Espagne.                   liaj-celuiie 22.50             ■>                 »  » 

Amricke.                   Vienne 18.0)  15  20  15.50  15.00 

Hongrie.                    Budapest 17.30  14.4)  17.00  13.00 

liusite.  Siinl-rétersl)ourg..  lo.i-O  13.50             »  11.00 

Etats-Un%'.              New-ïork 17.25            »                »  • 


356 


REVUE  COMMERCIALE   ET  PRIX   GOURANT 


I"  RÉGION.  —  NORD.OrEST. 


Calvados.  Cordé 

—  Lisieux 

C~du-!^'ni  d   Lannion.. 

—  Tieguier 

Finistère.   Morlaix 

—  Quimper 

llle-el-Vilnine.  Rennes 

—  SditiL-Malû 

Manche.   Avrartches. . . 

—  Ponlorson 

—  Villedieu 

Mayenne.  Laval 

—  Mayenne 

Morbihan.  Mennebont. 
Orne.  Bell,  me 

—  Seez 

Sarthe.  Le  Mans 

—  Sablé 


Prix  raoyeos. 

î"  RÉajo 
Aisne.  Laon 

—  Chauny 

—  Chàteau-Tbierry. 
Evre.   Evreux 

—  Le  Neubourg 

—  Pacy t  — 

Ewe-et  Loir.  Chartres.. 

—  Autieau 

—  KORenl-le-Rotrou. 
Nord.  Cambrai.... 

—  Douai 

—  Valeiiciennes 

Oise,  Beauvais 

—  Compiègne 

—  Senlis 

Pas-de-Catais.  Arras. . . 

—  Saini-Omer 

Seine.  Parts 

S.-el-Marne.  Meaux 

—  Nemours 

—  Provins 

S.-ei-lHse    Etauipes 

—  i'onloise    

—  Versailles 

Seine-lnfêri  eure.  Rouen. 

—  Fecaiiip 

—  Diepp- 

Somme.   Amiens  

—  Doulieiis 

—  Roye 

Prix  moyens 

3"   RKGION.  - 

i4rdenr!es.    Charleville. 

—  Sedan 

Aube.  Bar-sur-,4ube 

—  Meiy  sur-Seine... 

—  Tioyes 

Marne.  Ch.ilons 

—  Epern  ly 

—  SainLe-Menehould. 
Hle-Marne.  Langres  ... 
Meurthe-et'Mos.  Nancy. 

—  Hiiieville 

—  Toul 

Meuse.  Bar-Ie-Duc....^ . 

—  Verdun 

Haute-Saône.  Gray 

—  Vesoul 

Vosges.  Epinal 

—  Ndutchàteau 


fr. 

20  50 
23.00 

21  iO 
35.00 
22.25 
22.25 
21.00 

22  2i 
23.25 
23.00 
2300 
19.25 
22.25 
21.25 
21.00 
22  01 
lil.75 
92. '5 

il.  ,6 


Seigle.  Orge. 

fr.  fr. 

16.00  18.50 

11. 00  21.50 
16.  MO 

»  15  75 

16.50  16.25 

16.25  16.50 

B  !5.7;.' 

17.75  » 

»  19  00 

»  l«.'.>5 

19.00  UO.-'.i 

»  16.20 

16.00  17.00 

15.50  » 

.1  17.00 

15.50  19  00 

»  1«.50 

1  ■•.00  17.50 


Aîoine. 

fr. 

21.00 

22.00 

16.50 

15.50 

16.00 

16.25 

16.00 

20.00 
20.50 
21.25 

17.25 

16  25 
18.50 
18.25 

» 

17  71 


16.25      17.56     18.2 


N.  —  NOitD. 


21.75 
22.00 
21.75 
21    85 

21  50 
21.75 
20.00 

22  OO 
23.  0« 

21  00 
21.70 
22.25 
21.50 

22  40 
21.50 
23.00 
22.85 
21.25 
21.50 
21.50 
21.75 
21.50 
21.00 
21.75 
21.55 
22.10 
22.50 
22.70 

23  00 
21.50 


15.50 
15.25 
16.00 
14.40 
l'i  50 
14  25 
14.25 
14.50 

15.00 
16.00 
16  25 
15.50 

14  50 

15  50 
15.85 
15  50 
15.85 
15.00 
15.80 
14  5» 
!5.7o 
16.00 
14.75 
14.80 
15.00 
14.50 
15.25 
14.00 
15.25 


20.50 
18.00 

» 
20.50 
20  7  S 
17.50 
19.2;i 

IS.bO 
19.25 
19.ii0 
21.00 
21.75 

» 
19.25 
19  00 
16  50 

)> 
17.00 
18.00 
18  25 
17.75 
18  50 
20.50 

19.00 
1 9 .  25 
18.25 
17.75 


18.50 
17.50 
17.25 
20.00 
21.00 
18. 50 
I  ;.oo 

17.00 

is.oo 

19.50 
16.75 
19.50 
20.25 
17.50 
17. UO 
17.50 
18.35 

16  75 
16.75 
17.30 

17  40 
20.25 
21.00 
21.25 
21.50 
19.75 
17.20 

18  5„ 


21.87   15.13  19.06 


23 .  00 
22.00 
21.00 
■i<.'  0 
21.25 
20.50 
22  00 
22  00 
20.50 
22  50 
22.75 
22.00 
22,00 
22.00 


22.50 
236') 
23.25 
2'i  O'i 


in.F.sr. 

16.25 
15. (jO 

14  50 
15.85 
16.70 

15  50 
16.00 
16.00 
13  00 
17.00 

16  50 
17.00 

13.25 

10.50 


19.00 
19.00 
17.50 
17.25 
19  50 
18  50 
18  00 
17.00 
17  00 
19.50 

18.00 
19.25 


2.'  00 
21  80 
20.  (JO 
20.00 
20  75 


Prix  moyens 2î.ll     15.72 

4'  RÉGION.  —  OUEST. 

Charente.  Angoulérae. 

—  RuiTec 

Char.-mfèr.  Marans.. 
Deux-Srvres.  Niort  .. 
Indre-et-i.oire.   Blérê. 

—  Tours 22.50 

Loire-Inf.  Nantes 20 .  00 

Af.-eï-Z.oir*'.  Saumur 2o  65 

—  .\uter5 20.50 

Vendée.  Luçon 20.00 

—  Font'*nay-le-Cle  ..  22  00 
Vienne.  Chàleilerault...  22.25 

—  Louduii 21 .00 

Haute-Vienne.  Limoges 

,Prlx  roovens 


14   25 
14   50 


Iti.OO 
15.70 


18.19 


19.00 
19  il 
19  25 
19  50 
17.75 

u 
19  00 
18.75 
19.00 
18.25 

20.50 


_18_0„ 
18.57 

19  25 

20  00 
19.50 
16.00 
IS.IO 
18  10 
19.50 
16.75 
15.50 
20  00 
18.00 
17. ro- 
is.75 

» 
17.110 
18.30 
16.50 
18  49 

I»  06 


16. CO 
17.50 

18.50 
18.50 
16.15 
13  00 
19.25 
15.00 
17.00 
16.80 

16  50 

17  00 


15.10     19.05     17.18 


&'   RKGIOPJ.  —  CKISTRR 

filé. 

Seide. 

Orne. 

Aïojoe. 

fr. 

fr 

fr. 

fr. 

Allier.  Montiuçon  .. . 

22.011 

14.00 

18.50 

17.00 

—    Gannat 

22  50 

20.25 
18  00 

17.20 
13   50 

—    Saliil-Pourçain., 

21.50 

16  00 

Cher.  Bo  irges 

î-i-OO 

15.75 

17.40 

17.50 

—    Griiçay 

21   50 

14.50 
14.50 
16  00 

18.50 
18.25 

16. 2& 
17.00 

17. 7h 
14.80 

Creuse.  Aiihusson 

23.25 

Indre.  Chàteauroux . . . 

.    20. 7i» 

14.75 

17   50 

—     Issoii'Iiin 

20.50 

» 

18.70 

(5.75 

—     Valençay 

21    75 

15   00 

19.00 
18.00 

1S.50 
19.00 

Loiret    Orléans 

-    20-00 

15.25 

—    Gie.i 

21.75 

14.50 

1 8 .  50 

16.25 

—    Patav 

20  50 

21  60 

1 4 .  50 
15.00 

17.50 
19  50 

!7.bO 
20.00 

L.-el-Chtir''  Blois 

—     Mondoubieau  . . . 

21.00 

17.00 

20.50 

17. 51) 

Nièvre.  Nevets 

:i.5o 

1 

20  50 

17.00 

~    Giamecy    ...    . 

21    *i5 

18. ÎS 

17.50 

18.50 

18. « 

Vonni'     Uiieiion 

.    'O.SO 

15.00 

—     St-Horeiitin 

.    21.00 

14.75 

17.00 

19.00 

—    Sens 

17  50 

18.50 

Prix  moyens.... 

21.47 

15.  10 

18. 4  j 

17.44 

«•  RÉ3I0N.  —  EST. 

Ain.  Bourg 

.   22.60 

17.00 

„ 

10  00 

—     P"nt-de-Vaux... 

21.00 

15.75 

17.75 

16  50 

Côle-d'Or.  Dijon 

.   20.50 

14.7» 

18.20 

17.00 

—     Be.tune 

22.00 

» 

u 

17.Î5 

Douhs.  Besançon 

22.25 

n 

I» 

16.75 

Iscre.  Vienne.. 

22.00 

15.00 

n 

17.00 

—    Boiir'<oin 

21.50 

i5.25 

17.00 

17.06 

Jura.  Dôle 

20.75 

y^ 

18.50 

16.75 

Loire.  Ficminy 

22  75 

18.25 
16. 50 

22.00 
15.50 

19.50 

P.'de.-Oôme.  Glermont-r 

23.50 

liluine.  Lyon 

21.50 

15.25 

20  10 

18. SO 

Saône- et- Loire.  Chàlon 

20.00 

15.50 

16.75 

16.60 

—     .xlAc^n 

21.50 

15.50 

18.50 

17.50 

Cavoie.  Cbambéry 

23.50 

18.75 

19.00 

IIti:-Savoie.  Thonoii 

24.40 

» 

„ 

20.50 

Prix  moyens 

21  .97 

16   14 

18.24 

17.56 

7'   REGION.  - 

-  sru- 

OrK.ST. 

Arîége.  Pamiers 

23.10 

16.65 

19. 00 

19.35 

—      Foi  .\ 

24   15 

19.00 

jt 

21.00 

Dordogne.  Beigerac, . . 

23.25 

18.50 

1S.25 

19.50 

Hic-Garnnne.  Toulouse 

22.50 

19.00 

16.75 

19.90 

—    t)t-Gaudens 

24.00 

16.00 

17.00 

17.25 

Gers.  Coruiom 

22.50 

23.00 
22.30 

20.50 
18.50 

—    Mirande 

, 

Gironde.  Bordeaux 

21   45 

» 

—     BaZ'is 

22.00 

18  00 

B 

„ 

Landes.  Dax 

24.00 

20.50 

„ 

19.00 

Lot-et-Garonne.  Agen. . 

21.00 

19.25 

18.00 

18.00 

—    Nèrac. 

22.00 

11 

B 

19.00 

B.-Pyrénées.  Orlhez 

21.50 

„ 

» 

20.70 

Hten' Pyrénées.  Tarbes. 

22.00 

20  00 

» 

20.50 

Prix  moyens 

22.58 

18.54 

17.50 

19  31 

8"  RÉGION.  —  Sri>. 

Aude.  Carca«;«onne  .. . 

23.50 

17  00 

18  25 

19.00 

Aveyron.  Rodez 

22.00 

16.80 

;, 

18.00 

Gantai.  Mauriac 

23.00 

21.25 

)) 

20  50 

Correze.  Tulle 

2J.25 

18. oO 

18.75 

18.25 

Hérault.  Montpellier . . . 

23.25 

» 

18.25 

18.50 

—    Cetle 

23.50 
23.70 

18.25 

18.50 

Lot.  Cahors 

18.50 

Lozère    Mende 

25.65 
25.00 

23  30 
17.80 

24.00 

28.05 

P/yrfnres-O)'. Perpignan 

25.65 

23.00 
22'.  85 

u 
18.25 

18.50 

—     Moîitauban 

19.50 

Tarn~ei-Oar.  Moissac. 

20.75 

I6.O1) 

n 

18.00 

Prix  moyens 

23.20 

18.52 

19.37 

20.49 

9*   RÉGION. 

—  Sri>-EST. 

Brnises- Alpes.  Manosque 

24.60 

» 

a 

21.0» 

Hautes- Alpes.  Briançon. 

23.50 

IS.OO 

18.75 

19.00 

Alfif s- Maritimes.  Nice. . 

24.20 

19.00 

20.50 

21.00 

Ardecke.  privas 

26.75 

18.00 

16.50 

19.3» 

B.'du-iHiône.   Arles 

23.00 

n 

ji 

18.00 

Drame     Romans. 

21  .25 

14.50 

B 

17.50 

Gard.  Nimes 

23.20 
23.50 

18.75 

17.00 
21    50 

17.25 

Ilaute-L'ùre.  Brioude... 

17.00 

Var.  Dru^uignan 

23  50 

» 

B 

» 

Vauciuse.  Carpentras.. 

23.25 

u 

II 

17.00 

Prix  moyens 

23.67 

17.65 

18  85 

18.57 

Moy.  de  toute  la  France 
—  de  la  semaine  précéd. 

22.20 

16.46 

18  47 

18  37 

22.87 

16.73 

18.61 

1»  52 

Sur  la  seiiiaineiHausse. 

* 

. 

> 

B 

précédente. .iBaisse.. 

0.67 

0  27 

0.14 

0. 

DES  DENRÉES  AGRICOLES  (30  AOUT   1884).  357 

Blés.  —  La  situation  des  marcliés  aux  blés  ne  s'est  pis  l)eaucoup  modifiée 
depuis  huit  jours;  les  affaires  sont  toujours  ;uissi  lilficiles,  et  la  baisse  domine 
toujours  dans  la])lupai't  des  départements.  Toute'ois,  elle  ne  paraît  pas  devoir 
prendre,  du  moins  d'ici  quelque  temps,  de  nouvL'iles  proportions.  Mais  la  vente 
des  farines  est  toujours  pénible,  et  il  est  difficile  de  prévoir  (jue  les  prix  se  relèvent, 
en  raison  des  offres  nombreuses  et  des  iraporiations  qui  se  font  sur  une  grande 
échelle.  —  A  la  halle  de  Paris,  le  mercredi  27  août,  il  n'y  a  eu  que  des  affaires 
restreintes  sur  les  blés,  les  prix  ont  été  cotés  de  20  fr.  50  à  21  fr.  75,  par  100 
kilog.,  ou  en  moyenne  21  fr.  25,  soit  75  centimes  de  baisse  depuis  huit 
jours.  Au  marché  des  blés  à  livrer,  on  cote  :  courant  du  mois,  21  fr.;  septembre 
-20  fr.  75;  septembre  et  octobre,  20  fr.  75;  quatre  derniers  mois,  20  fr.  75à  21  fr.; 
quatre  mois  de  novembre,  21  Ir.  —  .\\i  Havre,  les  blés  exotiques  sont  offerts  à  des 
prix  toujours  faibles;  ceux  d'Amérique  se  cotent  de  21  fr.  à  -21  fr.  50  par 
100  kil.jg.  ;  ceux  des  Indes,  de  21  fr.  à  21  fr.  50.  —  A  J/ar.«ei'/e,  les  affaire-; 
sont  toujours  calmes;  en  raison  de  la  baisse  générale  sur  les  cours,  les 
ffres  sont  tout  à  luit  restreintes.  — A  Londres,  le  mouvement  de  baisse  continue 
à  s'accentuer,  de  môme  que  sur  la  plupart  des  marchés  de  la  Grande-Bretagne; 
les  prix  moyens  se  fixent  à  20  fr.  50  pour  les  blés  indigènes,  de  19  fr.  5u  à  20  fr. 
pour  les  blés  exotiques,  dont  les  olïres  sont  toujours  nombreuses. 

Farinrs. —  Le  mouvement  de  baisse  est  constant  sur  toutes  les  sortes.  Les  farines 
de  consommation  se  cotaient  à  Paris  le  mercredi  27  aoiît  :  manjuc  de  Gorbeil,  47  fr.; 
marques  de  choix,  47  à  50  fr.;  premières  marques,  46  à  47  fr  ;  bonnes  marques, 
44  à  45  fr.;  sortes  ordinaiies,  43  à  44  fr.;le  tout  par  sac  de  15;-t  kilog.,  toile  à  rendre 
ou  157  kilog.  net,  ce  qui  correspond  aux  prix  extrêmes  de  27  fr.  40  à  31  fr.  85  par 
100  kilog.,  ou  en  moyenne  29  fr.  60;  c'est  une  baisse  de  25  centimes  sur  le  prix 
moyen  du  mercredi  précédent.  —  Pour  les  farines  de  spéculation,  on  cotait  le 
27  août  au  soir:  farines  neu /'-marques,  courant  du  mois,  43  fr.  25  à  43  fr.  50; 
septembre,  43  fr.  25  ;  septembre  et  octobre,  43  fr.  25  à  43  fr.  50  ;  quatre  derniers 
mois,  43  tr.  50  ;  quatre  mois  de  novembre,  4 1  fr.  î  5  ;  le  tout  par  sac  de  159  kilog. , 
toile  perdu  ou  157  kilog.  cet.  —  Pour  les  farines  deuxièmes,  les  prix  sont  en 
baisse,  de  20  à  22  fr.  par  100  kilog. 

Seiijli's.  —  Il  y  a  un  ])eu  de  baisse  dans  les  prix.  On  cote  à  la  halle  de  Paris,  de 
15  fr.  75  à  16  fr.  par  100  kilog.  Les  farines  de  seigle  valent  de  20  à  23. 

Orge.  —  Baisse  aussi  sur  les  prix  de  ce  grain.  On  cote  klalialle  de  Paris,  de  18  à 
19  fr.  par  lOJ  kilog.,  suivant  les  sortes.  Les  escourgeons  se  cotent  d  18  fr.  2'i 
à  19  fr.  En  Angleterre,  les  orges  se  cotent  de  15  fr.  50  à  19  fr.  —  On  paye  les 
malts  d'orge,  de  3l  à  38  fr.;  ceux  d'escourgeon,  de  31  à  32  fr. 

Avoines.  —  Quoique  les  offres  soient  assez  abondantes,  les  prix  sont  soutenus  à 
la  halle  de  Paris.  On  paye  les  orges  noires  de  18  à  19  fr.  75  par  100  kilog.;  les 
autres  sortes,  de  17  à  18  Ir.  50. 

Sarrasin.  —  Prix  très  ferme  de  17  à  17  fr.  75  par  100  kilog.  à  la  halle  de  Paris. 

Issues.  —  Les  ours  sont  toujours  fermes,  en  raison  des  demandes  nombreuses. 
On  paye  par  100  kilog.  à  Paris  :  gros  son  seul,  16  à  17  fr.;  sons  gros  et  moyens, 
15  fr.  50  à  15  tr.  75  ;  son  trois  case-,  15  à  15  ir.  25  ;  sons  fins,  13  fr.  50  à  14  fr.; 
recou|.ettes,  13  fr.  50  à  14  fr.;  remoulages  bis,  15  à  16  fr.;  remoulages  blancs,  17 
à  17  fr.  50. 

III.  —  Fourrages  et  graines  fourragères. 

Fourrages.  — Les  prix  sont  toujours  soutenus.  On  paye  par  i,ÛOO  kilou'..  ta 
Paris  ;  foin,  100  à  116  fr  ;  luzerne,  96  à  112  fr.;  sainfoin,  80  à  96  fr.;  paille  de 
blé,  60  à  74  fr.;  paille  d'avoine,  48  à  64  fr. 

Graines  fourrai/éres.  —  Les  allaiies  s-ont  assez  restreintes.  Les  graines  nou- 
velles paraissent,  en  général,  être  de  très  bonne  qualité. 

IV.  —  Vins.  —  Spiritueux.  —  Vinaigres.  .—  Cidres. 

Vins.  —  La  vigne  continue  à  bien  marcher;  les  raisins  grossissent  et  tournent. 
un  peu  plus  lentement  peut-être  qu'on  y  comptait  il  y  a  quelques  jours,  mais  avec 
régularité;  On  est  toujours  salislait  des  apparences  en  ce  qui  concerne  ia  i[ualité, 
et  même  dans  quelques  régions  on  compte  aujourd'hui  sur  un  rendement  plus 
considérable  que  celui  qu'on  espérait  naguère.  Sauf  dans  quelques  parties  de  la 
Franche-lJomté,  le  mildew.  tant  redouté  des  viticulteiirs,  ne  parait  pas  avoir  fait 
de  dégâts  sérienx.  Les  vendanges  commen^^eront,  dans  le  Midi,  avec  les  premiers 
jours  de  septembre  :  les  anciennes  vignes,  les  vignes  de  sable,  les  vignes  submer- 
gées, les  vignes  américaines  y  promettent  un  abondant  et  boa  produit.  Quant  aux 
transactions,  elles  sont   très  calmes.  Voici  les  cours  pratiqués  au  Havre  pour  les 


358  REVUE   COMMERCIALE  ET  PRIX   GOURANT 

vins  étrangers  :  vins  rouges  d'Espagne,  42  à  50  fr.  par  hectolitre;  de  Portugal, 
49  à  bk  fc.  —  A  Alg^r,  les  vins  de  montagne  valent  de  20  à  28  l'r.  l'hectolitre  ; 
ceux  de  plaine,  15  à22fr. 

Spirilue^iX.  —  La  siuaiion  est  toujours  la  même  :  peu  d'at^aires  et  prix  sans 
changements.  Dans  le  Mi  li,  le^  alcools  de  vin  se  cotent  aux  mêmes  taux  qu^  pré- 
cédemnipnl.  On  cote  pur  ho.ct  ilitre  à  Montpellier  :  trois-~ix.  bon  f,'oùt,  105  fr.- 
marc,  95  l'r.;  Nîmes,  trois-six  bun  goût.,  100  fr.;  r.;arc,95fr.  — A  Paris,  on  paye: 
truis-six  fin  Nord  90  degrés.  !"■  qualiré,  disponible,  41  fr.;  septembre,  tt\  Ir.  50", 
quatre  derniers  mois,  k-i  fr.  25;  quatre  premiers  mois,  43  fr.  Le  stock  diminue  : 
il  étnit,  au  20  août,  de  12,650  pipes  contre  i  3,350  en  1833. 

Tartres.   —  Les  cours  varient  peu.  0  i  paye,  à  Bordeaux,  les    tartres   blancs 
225  à  23jfr.  par  100  kilog.;  les  crèmes  de  tartre,  290  à  295  fr. 
V.  —  Sucres.  —  Uélaixes.  —  Fécules.   —  Houblons. 

Sucre'!.  —  La  situation  est  restée  la  même  depuis  huit  jours;  les  affaires  sont 
restreintes  les  cours  ne  subissent  pas  de  nouvelles  biisses,  mais  ils  ne  se 
relèvent  pas.  On  cote  par  100  kilog.  à  Paris  :  sucres  bruts,  88  degrés,  saccha- 
riraétrique,  35  fr.  50;  le-i  99  degrés,  40  l'r.  2J  à  40  fr.  50;  sucres  blancs, 
40  fr.  75  ;  —  à  Vale  tiennes,  sucres  bruts,  34  fr.  25;  à  Lille,  sucre  bruis,  34  fr.; 
sucres  blancs,  40  fr.  50.  Le  stock  de  l'entrepôt  réel  des  sucres  était,  ù  Paris, 
de  575,000  sacs  pour  les  sucres  indigènes,  le  27  avril,  avec  une  diminu- 
tion de  17,0 DO  sacs  depuis  huit  jours.  —  Les  sucres  ralfinés  se  vendent  de  100 
à  111  fr.  par  100  kilog.  à  la  con-îoramation,  et  de  4S  à  53  fr.  25  pour  l'expor- 
tation, sans  changements  depuis  huit  jours. 

.]lê'a<^es.  —  Les  cours  des  mélasses  de  raffinerie  restent  fixés  à  10  fr.  50  par 
100  kilog. 

Fécales.  —  Maintien  des  prix.  On  cote  à  Gimpiègne  31  fr.  par  100  kilog.  pour 
les  fécules  premières  de  l'Oise;  à  Paris,  31  fr.  50  à  32  fr.  pour  celles  du  rayon. 

Hoiihinns.  —  Oa  signale   quelques    ventes  dans    les    centres    de  production; 
néanmoins   elles  sont  encore  peu  importantes    Les   prix    accusent    beaucoup   de 
fermeté,  d'une  part  parce  qufî  le  rendement  définitif  no  sera   probablement  pas 
très  élevé,  et  d'autre  part  parce  que  la  qualité  par.iît  devoir  être  très  bonne. 
VI.  —  Tourleaux.  —    Noirs.  —  Engrais. 

Tourle.nux.  —  L?s  cours  varient  peu.  On  cote  par  100  kilog.:  à  Rouen,  tour- 
teaux de  colza,  16  fr.  3);  de  lin,  21  fr.;  d'arachides  15  fr.  50  à  15  fr.  75;  à 
Arras,  tourteaux  d'œillette,  13  fr.  50;  de  colza,  16  fr.  50;  de  bn  24  fr.  fcO;à 
Marseille,  tourteaux  de  lin,  18  fr.;  d'arachides  en  coque,  9  fr.  50;  décortiquées, 
14  fr.:  de  sésame,  12  à  12  fr.  75;  de  cocotier,  13  fr.  25;  de  colza,  12  fr.;  d'oeil- 
lette, 11  fr.  50;  de  coton,  12  fr.;  de  pilmiste  naturel,  H  fr.;  de  ravison  1  L  fr. 

Noirs.  — On  cote  à  Valenciennes  :  noir  animal  neuf  en  grains,  33  à  36  fr.  par 
100  kilog  ;  noirs  vieux  grains,  10  à  12  fr.  par  hectolitre. 

En  irais.  —  Les  prix  demeurent  slationnaiies.  On  cote  par  100  kilog.  :  sulfate 
d'amnoniaque,  '8  à  39  fr.;  nitrate  de  soude,  25  à  -6  fr.;  poudre  d'os,  15  à  17  fr.; 
guano  disso'is  Th.  Pilter,  27  'r.  50  à  3i  fr.;  guano  du  Pérou  égalisé  (garantij), 
38  fr.;  phosplio-guano,  26  fr.  50. 

VII.  —  Matih-es  résineuses,  colorantes.  —  Textiles. 

Matières  résineuses.  —  Maintien  des  prix.  On  paye,  à  Dax,  47  fr.  par  100_  ki- 
log. pour  l'essence  pure  de  térébenthine;  à  Bazas,  25  à  27  fr.  50  par  barrique 
pour  les  gemmes. 

Ck'wvres.  —  Très  peu  d'affaires  sur  les  marchés  de  la  Sarthe. 

Laines.  —  Sur  les  marchés  du  Berry,  les  laines  nouvelles  en  suint  valent  1  fr.  50 

à  1  fr.  80  par  kilog. 

VIII.  —  Suifs  et   corps  gras. 

Suifs.  —  Il  y  a  plus  de  fermeté  dans  les  cours.  On  paye  à  Paris  82  Ir.  par 
100  kilo?,  pour  les  suifs  purs  de  l'abat  de  la  boucberie,  61  fr.  50  pour  les  suifs 
en  branches. 

S'ii'iiloux.  — Maintien  des  anciens  prix.  On  paye  au  Havre  de  101  à  102  fr.  par 
100  kilog.  pour  les  suifs  purs  de  l'abat  de  la  boucherie. 

IX.  —  Beurrei.  —  Oiufs.  —  Fromages.  —  Volailles. 

B'vrres.  —  lia  été  vendu  pendant  la  semaine  à  la  halle  de  Paris,  657,324  ki- 
log. do  beurres.  Au  dernier  jour,  on  cotait  par  kilog.  :  en  demi-kilog., 
1  fr.  98  à  4  fr.  10  ;  petits  beurres,  1  fr.  80  à  2  fr.  82  ;  Gournay,  2  fr.  40  à  3  fr.96; 
Isigny,  2  fr.  20  à  6  fr.  58. 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (30  AOUT  1884;.  :;5  9 

(£vfs.  —  Du  18  au  24  août,  on  a  vendu  à  la  halle  de  Pans  4^418,332  œufs. 
On  cote  par  mille  :  choix  102  à  lie  fr.;  ordinaires,  67  à  8S  l'r.;  petits,  60  à 
64  fr. 

Froninrjes.  —  Derniers  cours  ds  la  balle  de  Pari«  :  par  douzaioie  :  Brie,  4  à 
18  fr.;  Montlliéry,  15  fr.;  —  par  cent.  Livarot,  21  à  85  fr.;  Moril-d'Or,  8  à  28  îr.; 
Neulchacl,  3  à'27  fr.  ;  divers,  5  à  47  fr.;  — par  100  kilog.  :  Gruyère ,  110  ii, 
190  ir. 

X.  —  Chevaux.  —   Bétail.  —    Viande. 

BélaU.  —  h"  tableau  suivant  ré-inrae  le  na')uvetient  officiel  du  marché  aux  bes- 
tiaux de  la  Villette,  du  jeudi  21  au  mardi  26  août  : 

Poida     Prix  du  kilog.  de  viande  nette  aar 
Vendus  moyen  pied  au  raarctiedu  2iaoi>t. 

Pour  Pour  En         4  quartiers.     1'°  2'             3«  Prix 

Amenés.  Paris,    l'extérieur,  totalité.  kil.  quai.  quai.  quai.  moyen, 

Bœufs 5, 207  2,9:r.i  1,704  4,637  :W.i  l.ac,  1.54  1.30  1.47 

Vaches 1,7.Ô3  808            595  l,.'i93  Î30  1.60  1.44  l.îi  1.41 

Taureaux 326  259              39            2.-)8  386  1 .46  1   36  1.24  1.35 

Veaux 3.8.56  2.241             991  3,232  76  1.74  1.6U  144  l.-ôS 

Moutons 46  997  18,018       19.798  37,816  19  1.94  1.72  1   52  1.70 

Porcs  .^ras 5,839  1,946  3,851  5,797  82  1.44  1.38  1.32  1.35 

Los  arrivages  des  mirchés  de  la  semaine  se  décomposent  comme  il  suit  : 

Bœ'ifs.  —  Ai«ne,  13:  .allier,  9;  .4ubf.  3:  Avevron,  10;  Calvados,  1.249;  Cantal,  12;  Charente- 
Inférieure,  26;  Clier.SO;  Cote-d'Or,  213;  COies-ilu-Ncrd,  407;  Ueu.x-Sèvre'i,  21;  Dordogne,  39; 
Eure-el-Loir,  25  ;  Finistère,  77;lndic,  30;  Indre-el-Loire,  8;  Loi  te.  62  ;  Loirelnféneuie,  29; 
Loiret,  5;  Maine-et-Loire,  178;  Manche,  178;  Haute-Marne,  2;  M lycnne,  250  ;  Nièvre,  528; 
Oise,  8;  Orne,  fj40;  Puy-cie-Dôtne.  50;  .^aône-et-Loire,  461;  .Sarlhe,  51;  Somme,  16;  Vendée, 
53  ;  Vienne,   10;  Yonne,  71;  Italie.  73;  Suisse.  20. 

Vaclies.  —  Allier,  9  ;  Aube.  6;  Aveyroii,  4  ;  Calvados,  258;  Cantal,  72';  Charente-Inférieure,  8  ; 
Cher,  27;  Cote-d'Or,  51  ;  r.ùtes-du-.Nur,1,  8;  Eure,  18;  Eure-et-Loir,  10;  llle-et-Vilaine,  6  ; 
Indre-ct-l  oire,  3;  Loire,  15;  Loiret,  11;  .Maine-et-Loire,  52;  Manche.  153;  Ma;enne,  11; 
Nièvre,  402  ;  oise,  10;  Orne,  148;  Puy-de-Dôme,  62;  Saône-et-Loire,  149;  Seine,  91;  Seine- 
Inférieure,  10;   Seine-et-Marne,  3;  Seine-et-'jise.  43;  Vendée.  28;  Yonne,  66. 

Taureaux.  —  Aisne,  1  ;  Allier,  1  ;  Aube,  3;  Calvados,  65;  Cher.  6;  Cûte-d'Or,  10;  Côtes-du- 
Nord,  Il  .  Eure,  3  ;  Eure-ei-Loir,  9;  Finistère,  2;  Ille-et-Vilaine,  41;  Indre-et-Loire,  4;  Loiret, 
8;  Maine-et-Loire,  6;  Manche.  23;  Marne,  2;  Haute-Maine,  9;  Mayenne,  9;  Meurihe-et- 
Moselle,  1  ;  Nièvre,  :<1;  Oise,  2;  Orne,  19;  Puy-de-Dôme,  2;  Saône-et-Loire,  15;  Sarlhe,  8; 
Seine-et-Marne,  3;  Seine-et-Oise.  14  ;  Yonne,  8, 

Veaux.  —  Aulie,  402;  Calvados,  18;  Eure,  287  ;  Eure-et-Loir,  472  ;  Indre,  522;  Indre-et- 
Loire,  41  ;  Loiret,  2:)7;  Marue,  447;  Oise,  76;  l'as-de-Calais.  78;  Puy-ile-Uôme,  166;  Sarthe, 
332;   S-ine-Inlérieure,    187;   Seiiie-et-Murne,   264;    Seine-et-Oise,    52;    Yonne,    100. 

iloutdiis.  —  Aisne,  242;  Allier,  686;  Ardennes,  752;  Aube,  830;  Aveyron,  405;  Cantal, 
2,464;  Charente,  989;  Cher,  813:  Corrèze,  878;  Côle-TOr,  126;  Creuse,  1,048;  Deux-Sèvres, 
456;  Dord<igne,  51.1;  Ille-et-Vilaine,  261;  Indre,  l,0;i4;  Iiidre-el-Loiie,  130;  Loiret,  233;  Lot, 
'820  :  Lozère,  448;  Mame-et-Loire,  476;  Marne,  29û;  Nièvre,  841:  Oise,  171;  Saûne-ei-Loire, 
222;  Seiiie-Iulérieure,  54;  Saiiie-et-Marne  553;  Seine-et-Oise,  120;  Somme,  50;  'farn-elT 
Garonne,  151;  Hauie-Vienne,  126;  Yonne,  62;  Afiique,  1,665  ;  Allema^'ue,  6,066;  Autriche, 
400;    Hongrie,    12,510  ;  Italie,  ^i  5;  Russie,  10,964. 

Porcs.  —  Allier,  31 1  ;  lîouches-du-Rhone,  38  ;  Calvados.  1 14  ;  Charente,  88  ;  Charente  Infé- 
rieure, 38;  Cher,  25;  Côles-dii-Nord,  96;  Creuse,  2:6;  Deux-Sèvres,  606;  Dordogne,  20;  lUe-et- 
Vilaine,  126;  Indre.  68-  Loire-lnléneure,  134;  Loir-et-Cher,  111  ;  Maine-et-Loire,  662  ;  Manche, 
82;  Mayenne,  60;  Pui-de-Doine,  i90;  Sarthe,  695;  Seine,  145;  Seine-Inférieure,  108;  Seinc-et- 
Oise,  25;   Vendée,  745;  Vienne,  51. 

Les  ventes  ont  été  assez  difficiles  pour  les  diverses  catégories  d'animaux,  mais  sur- 
tout pour  les  veaux  et  pour  les  moulons.  Il  y  a  eu  un  peu  de  baisse  sur  les  prix  des 
gros  animaux,  mais  surtout  sur  ceux  de  ces  deux  sortes.  —  Sur  les  marchés  des 
départements,  on  cote  :  Cnen,  Iccuf,  I  fr.  70  à  1  fr.  90  par  kilog.  de  viande  nette 
sur  jjied;  vache,  1  tr.  60  à  1  iV.  80;  veau,  1  fr.  50  à  1  fr.  70;  mouton,  I  fr.  80 
à  2  fr.  ;  porc,  1  fr.  20  à  1  fr.  4t'  ;  —  Roucrt,  tœuf,  1  fr.  60  à  1  fr.  90  ;  vache, 
1  fr.  55  à  I  fr.  85;  veau,  1  fr.  45  à  1  fr.  80;  mouton,  1  .fr.  85  à  2  fr.  15;  porc, 
1  fr.  10  à  1  fr.  35;  —  Le  Mans,  hœuf,  1  fr.  55  à  1  fr.  65;  vache,  1  fr.  50  à 
1  fr.  60;  veau,  1  Ir.  70  à  I  fr.  80  ;  mouton,  2  fr.  à  V  fr.  10;    —  Aanies,   hœtiif, 

0  fr.  85  à  0  fr.  90  par  kdog.  brut  sur  pied;  vache,  0  fr  85  ;  veau  1  fr.  lu;  mou- 
ton, 1  fr.;  —  Nuncy,  bœuf,  86  à  90  fr.  par  IOj  kiiog.  bruts;  vache,  CO  à  88  fr.  ; 
veau,  52  à  60  fr.  ;  mouton,  95  à  105    fr.;  porc,   64   à  70    fr.  ;  —  Nevtrs,  bœuf, 

1  fr.  60  à  1  fr.  80;  vache,  1  fr.  40  à  1  fr.  60;  veau,  2  fr,  ;  mouton,  2  fr,  ;  porc, 
1  fr.  lO  ;  —  W/O",  bœuf,  1  fr,  6i'  à  1  fr.  72  ;  lauifau,  1  fr.  30  à  1  Ir.  46  ;  vache, 
1  fr.  24  à  1  fr.  68;  veau  (poids  vif),  1  fr.  à  1  fr.  12;  mouton,  1  fr.  60  à  1  fr.  90; 
porc  (|ioids  vif),  0  fr.  92  à  0  fr.  96;  —  Lyon,  bœuf,  1  fr.  2^  à  1  fr  b6  ;  veau  (poids 
vif),  1  fr.  à  1  fr.  12;  mouton,  1  fr.  4u  à  1  fr.  80;  —  Mmes,  bœuf,  1  t>.  26  à 
1  fr.  50;  taurtau,  1  fr.  35;  vache,  1  fr.  15  à  1  fr.  45  :  mouton,  1  fr.  80  à  1  fr.  87  ,; 


360  RKVUE   COMMERCIALE  ET  PRIX  GOURANT  (30  AOUT   18841 

moutons  étrangers,  1  fr.  40  à  1  fr.  70;  brebis,  1  fr.  25  à  1  fr.  65:  agneau. 
I  fr.  15à  l  fr.  20;  —  Nice,  bœuf,  1  fr.  50  à  1  Ir.  55;  vache,  1  fr.  35  à  1  fr.  40; 
veau,  1  fr.  60  à  1  fr.  65;  mouton,  1  fr.  50  à  1  fr.  55;  brebis,  I  fr.  40  à  1  fr.  45  : 
chèvre,  1  fr.  10  à  1  fr.  15;  —  Genève,  bœuf,  1  fr.  60  à  1  fr.  70  ;  vache,  1  fr.  20  à 
1  fr.  50;  mouton,  1  fr.  70  à  1  fr.  90;  veau  (poids  vif),  0  fr.  72  à  0  fr.  85; 
porc  (poids  vif),  0  fr.  90  à  0  fr.  95. 

Viande  à  la  criée.  —  On  a  vendu  à  la  halle  de  Paris  du  18  au  24  août  : 

Prix  du  kilog.  le  2S  août. 

kilos;.  1"  quai.        ■'•qual.ual.             3*  q               Choix.       Basse  ^cuiherie 

Bœuf 011  vache...  ir.3,20.j  I.6iàl.'Ji     1.4'tà:.6a     1.06àl.:i8     1.46  à  2.70     * 

Veau 161,951  1.70       1.86     1.48       1.68     1.30       l.iC       .             >.         i             • 

Moutoa 64,849  1.46       1.7U     1.24       1.44     0.90       1.22     1.46       2.!)6     ..            . 

Porc 36,763  Porc  frais 1.10  à  1.46. 

426,768  Sou  par  jour 60,967  kilog. 

Les  ventes  ont  été  supérieures  de  plus  de  8,000  kilo?;,  par  jour  à  celles  de  la 
semaine  précédetite.  Il  y  a  baisse  dans  les  prix,  principalement  pour  la  viande  de 
veau  et  de  mouton. 

XI.  —  Cours  de  la  viande  à  l'abattoir  de  la  Villelte  du  jeudi  28  aoiït  {par  50  kilog.) 
Cours  de  la  charcuterie.   —  On  jend  à  la  Villette  par  50  kilog.  :  1"  qualité, 
73  à  75  fr.  ;  2%  65  à  70  fr.  Poids  vif,  48  à  56  fr. 

Bœufs. Veaui.  Moutons. 

1"  W  3*  1"  2*  3*     '  !'•  2' 

quai.  quai.  quai.  qr.al.  quul.  quai.  quai.  quai.  quai, 

fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr. 

81  76  70  95  88  78  90  84  76 

XII.  — Marché  aux  bestiaux  de  la  Villette  du  jeudi  28  août  1884. 

Cours  des  commissionnaires 
Poids  Cours  ofllciels.  en  besilaus. 

Animaux  gênerai.  1"        2*  3"  Prix  1"        2*  3'  Prix 

amenés.  lo'endus.  kil,  quai.  quai.  quai,  extrêmes.  quai. quai.  quai.  extrêmes. 

Bœufs 2.852  116  3'iG  1.68  1.54  1.30  1.26ài.72  1.66      l.iï  1.28  1.24àl.70 

Vaches 676  40  234  l.6i  1.46  1   26  1.18     1   66  1.60     l.4i  1   24  1.16     1  64 

Taureaux...          la:)  „  390  1   4S  1.36  t. 24  1.20     I    ii  1   46     1.3i  i.22  1    18     1.50 

Veaux 1    Zo;  138  81  1   76  1.64  1.44  1.34     1  92  •              >  »  » 

Moutons 11.7.'!7  1.S26  19  2  00  1.78  1   58  I   48     2  04  »              •  •  » 

Porcs  sras..     4.005  -  82  1.52  1.46  1.38  1.30    1.58  »            •  »  • 

—  maigres..            »  »  s»*»»»»»»* 

Vente  lenti  sur  le  gros  bétail,  ordinaire  sur  les  autres  espèces. 

XIII.  —  Rdsume'. 
Baisse  dans   les  prix  des    céréales,  mais    maintien   des    cours   de   la    plupart 
des  autres  denrées  agricoles,   tel  est   le  bilan   de  ;la   semaine. 

A.    RÉMY. 

BULLETIN  FINANCIER 

Les  événements  militaires  survenus  depuis  huit  jours  ont  produit  un  recul  dans 
les  cours  des  fonds  publics;  mais  il  y  a  (ilus  de  fermeté  aujourd'hui.  Les  valeurs 
françaises  se  cotent  :  3  pour  100,  78  fr.  25;  —  3  pour  100  amortissable,  7âfr.  40; 

—  4  et  demi  pour  100,  108  fr.  6i»;  —  4  et  demi  pour  100  nouveau.  107  Ir.  40. 

On  cote  les  actions  des  établissements  de  crédit  :  Banque  de  France,  5,050  fr., 
Banque  Je  Paris  et  des  Pays-Bas,  770  fr.;  Comptoir  "  d'escompte,  9,060  fr.; 
Crédit  foncier  et  agricole  d'Algérie,  496  fr.  25;  Gréiiit  foncier,  l,-275  fr.  ;  Banque 
d'e-^compte  de  Paris,  517  fr.  50;  Crédit  industriel,  680  fr.  ;  Crédit  lyonnais, 
352  fr.  50,  Compagnie  foncière,  433  fr.  75;  Crédit  mobilier,  315  fr.  ;  Société 
des  dépôts  et  comptes  courants,  630  fr.;  Société  générale,  462  fr.  50;  Banque 
parisienne,  380  fr.;  Banijue  franco-égyptienne,  558  f^r.  75. 

Les  litres  des  Compagnies  de  chemins  de  fer  valent  :  Est,  765  fr.;  Paris- 
Lyon-Méditerranée,  1,230  fr  ;  Midi,  1,161  fr.  25;  Nord,  1,665  fr.  ;  Orléans, 
1,32  >  fi'  ;  Ouest,  833  fr.  75.  — Actions  du  Canal  maritime  de  Suez,  1,931  fr.  25; 
d  légations,  1,135  fr.  g 

Escompte  à  la  Banque  de  France,  3  pour  100  ;  intérêt  des  avances,  4  poiu-  100. 

E.  Féron.\ 


Le  Gérant  :  A.  Bouché. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (.sefikmb.ii:  i88i). 

ExposUion  iiili'inalionali'  agrii'uk'  l^.\nl^ll■n^■llu.  —  liislrilitilinri  m-^  rirompcnses.  —  l'rnfî'» 
verbal  <lu  jm;.  —  l.i'  lail  ili'  lu  IVinio  ilAii-y.  —  |,os  IV-lc-s  à  Am^lcnl.irn.  —  Evaluations 
sur  la  récolte  (iés  céréales.  —  Publication  annuelle  de  la  maison  llarllieleruy  Ksiienne,  à  Mar- 
seille. —  Résumé  des  appréciations  sur  la  recuite  du  froment.  —  Calcul  du  rendement 
approximatif.  —  Tableau  du  classement  des  liépartemeritssur  la  récolte  du  seiy'e,  de  l'avome, 
de  l'ortie  et  du  maïs.  —  Comparaison  avec  l'aimée  1HS3.  —  Evaluations  sur  les  recolles  en 
Alsace-Loiraine,  en  Algérie  tl  en  Tunisie.  —  La  récolle  du  froment  dans  les  principaux  pays 
producteurs.  —  Nécrologie.  —  Mort  de  .M.  Charles  du  l'eyrat.  —  Le  phylloxéra  dans  la 
Loire-lnférieure.  —  Concours  de  charrues  sulfureuses  k  Carcassonne.  — Les  éducations  de 
vers  à  soie  dans  les  Pj  rénées  Orientales.  —  Concours  pour  un  emploi  d'inspecteur  de  la  bou- 
cherie à  Paris.  — TAninen-i  d'adniis'iion  à  l'Inslilut  agronomiipie  et  dans  les  écoles  nationales 
d'agriculture.  —  Concours  du  (Comice  agricole  de  Chàlons-sur-.VIarne.  —  Exposition  de  raisins 
à  Âlbi.   —   Exposition  et   vente  d'instruments  .à  Albi.  —  Concours  du  Comice   de  Châtelle- 

[_  rault.  —  Société  d'agriculture  de  Douai.  —  Discours  deM.  Edouard  Bernard.  — La  betterave 
à  sucre  et  l'élevage  du  bétail. 

I.  —  Exposition  Internationale  Agricole  d' Amsterdam. 

2  septembre  1884. 

Les  préparalifs  de  l'exposition  s'étaient  fait.s  par  un  très  beau  temps; 
mais  il  n'en  a  pas  été  de  même  de  la  première  partie  du  concours  :  se 
pluie  est  arrivée,  et  quelle  pluie  !  lille  a  duré  tout  le  temps  de  la 
visite  olficielle  des  animaux,  pendant  les  expériences  des  machinla 
agricoles,  ainsi  que  pour  l'examen  des  laits,  des  beurres  et  des  fro- 
mages. Il  en  résultera  tout  simplement  des  additions  à  la  seconde 
distribution  des  récompenses  hollandaises  qui  aura  lieu  le  13  courant, 
sans  compter  les  récompenses  données  directement  par  le  gouver- 
nement français. 

La  première  distribution  des  récompenses  a  eu  lieu  aujourd'hui 
2  septembre  sous  la  présidence  de  M.  J.  Sickesz,  président  du  Comité 
exécutif  de  l'exposition,  assisté  de  31.  Waldeck  secrétaire.  M.  Méline, 
ministse  d'agriculture  de  France,  honorait  la  séance  de  sa  présence; 
il  était  accompagné  de  M.  le  comte  de  Sainte-Foise,  consul  de  France 
à  Amsterj:lam,  commissaire  général  de  la  partie  française  à  l'expo- 
sition ;  de  M.Louis  Legrand,  ministre  plénipotentiaire  de  France  en 
Hollande;  de  M.  Tisserand,  directeur  général  de  l'agriculture;  de 
M.  le  marquis  de  Kamford  etc.,  etc. 

Un  des  principaux  lauréats  a  été  M.  Albaret  pour  ses  diverses 
machines.  Il  a  triomphé  des  Anglais  en  obtenant  uu  prix  unique,  mé- 
daille d'or,  pour  sa  locomobile  à  vapeur  de  cinq  chevaux,  la  meil- 
leure pour  les  travaux  agricoles —  Un  r'  prix,  médaille  d'or,  pour 
sa  presse  à  fromage.  —  Un  I"  prix  médailles  d'or  pour  sa  batteuse 
à  vapeur  à  grand  travail.  Les  mêmes  prix  ont  été  accordés  à  la  célèbre 
maison  anglaise  Ramsomes;  de  plus  M.  Albaret  a  obtenu  une  médaille 
d'argent  pour  son  haclie-paille  et  son  coupe-racines  à  élévateur. 

Parmi  les  autres  exposants  français  de  machines  en  travail,  il  faut 
encore  citer  M.  Pilter  pour  sa  presse  à  fromage  et  sa  délaiteuse;  — 
M.  Merlin,  de  Vierzon,  constructeur  de  machines  à  battre. 

Nos  beurres    d'isign}',  si  lins,  si  délicats,  n'étaient  malheureuse- 
ment pas  dans  les  conditions  du  programme  pour  obtenir  des  récom- 
penses individuelles,  cela  a  fait  une  grosse  difficulté,  lorsque,   enfin 
sur  la  proposition  de  M.  Morière,  a  été  voté  un  procès-verbal  ainsi 
conçu  : 

«  Les  membres  du  jury,  chargés  d'apprécier  les  beurres  qui 
figuraient  à  l'exposition  internationale  agricole  d'Amsterdam,  ont 
reconnu,  à  l'unanimité,  que  les  beurres  envoyés  par  la  Société  d'agri- 
culture de  Biyeux  (France)  étaient  d'une  qualité  supérieure,  et  que 

N*  804.  —  l'orne  111  de  ISS'i.  —  6  Septembre. 


352  CHRONIQUE  AGRICOLE  (6  SEPTEMBRE  1884). 

l'un  des  échantillons  occupait  sans  contredit  le  premier  rang  parmi 
tous  les  beurres  exposés. 

«  Toutefois,  les  lèj/lements  de  l'exposition  ne  permettent  pas  d'attri- 
buer le  prix  d'honneur  a  une  collectivité  mais  bien  à  une  individualité, 
le  jury  s'empresse  d'offrir  à  la  Société  d'agriculture  de  Baveux  un  objet 
d'art,  qu'il  prie  celte  Société  de  recevoir  comme  un  témoignage  de  la 
baute  valeur  à  laquelle  ses  beurres  ont  été  cotés  à  l'exposition  d'Am- 
sterdam. 

«  AnisterJani,  le  27  août  ISSi.  « 

Le  lait  de  la  ferme  d'Arcy  deM.  Nicolas  a  obtenu  un  grand  succès  ; 
il  est  vraij  qu'il  était  présenté  par  une  jeune  normande  dans  tous  ses 
atours.  Dans  tous  les  cas,  il  a  été  trouvé  supérieur  au  lait  néerlandais, 
il  a  obtenu  le  premier  prix.  A  cette  occasion,  il  faut  dire  que  les  Hol- 
landais donnent  leurs  récompenses  en  valeur,  mais  qu'une  véritable 
boutique  d'objets  d'arts  de  tous  genres,  se  trouve  dans  une  des  galeries 
de  l'exposition,  de  sorte  que  tout  lauréat  peut  acheter  avec  l'argent  d« 
son  prix  l'objet  d'art  qui  lui  convient. 

Des  fêtes  nombreuses  ont  eu  lieu  pendant  quatre  jours  à  Amsterdam 
à  propos  de  l'exposition.  La  première  a  été  donnée  par  M.  le  bourg- 
mestre d'Amsterdam,  dans  le  palais  municipal.  Cette  belle  fêle  a  con- 
sisté en  un  concert  et  une  représentation  ihéàtralc  suivie  d'une  promes- 
nade  en  bateau  sur  i'Amstel  et  d'un  feu  d'artifice  lire  sur  1  eau.  La 
seconde  a  été  un  banquet  offert  parle  Comité  exeeulif,  dans  la  salle 
royale  du  jardin  zoologique. 

Un  déjeuner  à  bord  du  Coligny  (corvette  française  venue  exprès  de 
Cherbourg)  a  été  la  troisième.  M.  Méline  et  toutes  les  autoriiés  françai- 
ses et  néerlandaises  assistaient  à  ce  déjeuner. 

M.  Récipion,  membre  de  la  Chambre  des  députés,  président  du  Co- 
mité exécutif  français  et  de  la  Société  d'encouragement  à  l'agriculture 
a  voulu  se  souvenir  de  tous  les  titres  qu'ils  avaient,  en  donnant  une 
seconde  réception  qui  a  consisté  en  une  soirée  dansante  à  bord  du  Co- 
ligny. 

Tel  est  le  premier  aperçu  du  concours  d'Amsterdam  sur  lequel  il  y 
aura  lieu  de  revenir  plus  d'une  fois. 

IL  —  La  production  des  céréales. 

En  l'absence  de  tout  document  officiel  sur  la  production  des 
céréales  en  1884,  l'agriculture  et  le  commerce  cherchent  à  connaître 
les  informations  particulières  qui  peuvent  les  guider  dans  l'appré- 
cialiou  des  résultats  de  la  moisson.  Cliacun  s'est  fait  aujourd  hui  une 
opinion  sur  le  rendement  dans  le  rayon  qu'il  habite;  mais  chacun 
cherche  aussi  à  savoir  comment  les  choses  se  sont  passées  ailleurs. 
C'est  pourquoi  les  renseignements  que  la  maison  Barthélémy  Eslienne, 
de  Marseille,  publie  chaque  année  sur  la  récolte  des  céréales  en 
France  et  à  l'étraniier  ont  été  accueillis  cette  année  avec  une  faveur 
spéi',iale.  Ces  renseignements  émanent  de  ses  correspondants,  non 
seulement  des  départements  français,  mais  encore  des  pays  étrangers; 
la  plupart  remontent  à  la  deuxième  quinzaine  de  juillet.  A  celte  date, 
la  moisson  était  achevée  datis  le  Midi;  elle  se  poursuivait  dans  un 
très  grand  nombre  de  départements;  dans  la  plupart  des  cas,  aucun 
phénomène  contraire  n'est  venu  contrarier  les  appréciations  qu'on 
pouvait  alors  émettre.  On  peut  dire   que  les  avis  ont  été  recueillis 


CHRONIQUE  AGRICOLE   (6  SEPTEMBRE  1864).  363 

presque    partout    dans    des    circonstances    tout    à    fait  favorables. 
Nous  allons  résumer  ces    docunaents,  d'abord  en  ce  qui   concerne 
la  France.  —  Voici  le  classement  des  8G  départements  pour  la  récolte 
du  froment  : 

Récolte  1res  bonne.  —  4  départemeats  :  Calvados,  Finistère.  Manche,  Orne. 

BécoUe  bonne-  —  52  départements  :  Ain,  Aisne,  Allier,  Basses- .\lpes,  Ardèche, 
Ariège,  Aube,  Aveyron,  Ciiarente-Inferieure,  Ciicr,  Clorrèze,  Corse,  Gôie-dOr, 
Côtes-duNord,  Eure,  Eure-et-Loir,  Gironde,  Isère,  Jura,  Loir-et-Cher,  Loire, 
Haute-Loire,  Loire-Inférieure,  Loiret,  Lozère,  Maiine-et-Loire,  Marne,  Haute- 
Marne,  Mayenne,  Morhihaa,  Nièvre,  Nord,  Oise,  Pas-de-Calais,  Hautes-Pyré- 
nées, Haute-Saône,  Saône-et-Loire,  Sarthe,  Savoie,  Haute-Savoie,  Seiue,  Seine- 
et-Marne,  Seine-et-Oise,  Seine-Inférieure,  Deux-Sèvres,  Somme,  Tarn-et-Garonne, 
Vendée,  Vienne,  Haute- Vienne,  Vosges,  Yonne. 

Recolle  assez  bonne.  —  21  départements  :  Hantes-Âlpes,  Alpes-Maritimes, 
Ardennes,  Aude,  Cantal,  Creusa,  Dordogne,  Doubs,  Haute-Garonne,  Gers,  lUe- 
et- Vilaine,  Indre,  Indre-e! -Loire,  Lot,  Lot-et-Garonne,  Meurthe-et-Moselle,  Meuse, 
Puy-de-Dôme,  Basses-Pyrénées,  Rhône,  Tarn. 

AeC'i/ie  médiocre.  —  k  départements  :  Charente,  Drôme,  Landes,  Pyrénées- 
Orientales. 

Récolle  mauvaise.  —  5  départements  :  Bouches-du-Rhône,  Gard,  Hérault,  Var, 
Vauoluse. 

Il  ressort  de  ce  classement  que  la  récolte  du  froment  a  été  très 
bonne,  bonne  ou  assez  bonne  dans  77  départements,  c'est-à-dire  dans 
les  neuf  dizièines.  En  1883,  on  en  comptait  39  seulement  dans  ces 
trois  catégories;  en  18S2,  on  en  comptait  74;  en  1881,  il  y  en  avait 
55.  Voici,  d'ailleurs,  pour  les  douze  dernières  années,  la  compa- 
raison des  classements  indiqués  par  M.  Barthélémy  Estienne  en  ce  qui 
concerne  la  récolte  du  froment  : 

Nombre  de  départements  dans  lesquels  la  récolte  a  été 
Très  bonne.      Bonne.    Assez  bonne.  Passable.     Médiocre,     Mauvaise.    _^i 

1873 ■                  8                13               51                12                  » 

1874 4.5                 36                  4                   »                   1                   1     ^^^ 

1875 »                13               26                15                24                 8 

1876 2 

1877 •> 

i878... 2 

1879 4 

1880 5 

1881 3 

188-2 20 


1883. 
1884. 


20 

19 

16 

29 

11 

21 

7 

22 

34 

26 

29 

23 

43 

11 

12 

2T 

52 

21 

29 

6 

31 

8 

44 

8 

38 

15 

15 

6 

23 

8 

11 

1 

43 

4 

4 

5 

Il  faut  ajouter  que,  dans  le  classement  des  départements  en  1884, 
la  plupart  de  ceux  qui  produisent  le  plus  de  blé  appartiennent  aux 
premières  catégories.  Mais,  pour  tirer  des  déductions  de  ce  tableau,  il 
faut  employer  une  méthode  plus  rigoureuse.  C'est  pourquoi  nous 
allons  reproduire  l'échelle  comparative  que  nous  avons  établie  les 
années  précédentes,  d'après  les  notes  données  à  chacune  des  caté- 
gories, en  y  ajoutant  le  résultat  du  calcul  pour  la  dernière  récolte. 
Voici  ce  tableau  : 

1873 12.4       "  18:9..    •   11.1 

1874 17.4  18S0   13.7 

1875 12.0  1881 12.9 

1876 10.9  1K82 15.3 

1877 12.2  1S83 11.9 

1«78 11.5  1,SS4 14.7 

En  comparant  ces  notes  aux  évaluations  publiées  antérieurement  par 
le  ministère  de  l'agriculture  pour  les  récoltes  précédentes,  on  trouve 
que  celle   de    1884  serait  comprise  entre   M5  et  118  millions  d'hec- 


364  CHRONIQUE  AGRICOLE  (6   SEPTEMBRE  1884). 

tolitres.  Dans  notre  dernière  chronique,  nous  avons  indiqué  le  chiffre 
de  110  millions  d'hectolitres  comme  résultant  de  l'ensemble  des  ren- 
seignements que  nous  avons  réunis.  Ces  différences  sont  de  celhs  qui 
n'ont  rien  de  surprenant  dans  les  calculs  de  probabilités  de  cette 
nature.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  paraît  certain  que  la  récolte  de  1884  est 
sensiblement  supérieure  à  celle  de  1883  qui  a  été  officiellement  de 
près  de  104  raillions  d'hectolitres,  mais  qu'elle  est  inférieure  à  celle 
de  1882  qui  avait  été  de  122  millions  d'hectolitres. 

Pour  le  seigle,  les  renseignements  recueillis  par  M.  Barthélémy 
Estienne  portent  sur  75  départements,  répartis  comme  il  suit  : 

Récolte  très  bonne.  — 3  départements  :  Aveyron,  Calvados,  Haute-Saône. 

Récoiie  bonne. — 35  départements  :  Hautes-Alpes,  Ardèclie,  Ardennes,  Ariège, 
Aude,  Cantal,  Corrèze,  Côtes-du-Nord,  Uordogne,  Doubs ,  Eure,  Finistère, 
Haute- Garonne,  Gironde,  Loire,  Haute-Loire,  Loire-Inférieure,  Lot,  Lot-et- 
Garonne,  Lozère,  Manche,  Morbihan,  Nièvre,  Pas-de-Calais,  Rhône,  Saône-et- 
Loire,  Savoie,  Haute-Savoie,  Seine  et-Marne,  Seine-et-Oise,  Deux-Sèvres,  Tarn, 
Tarn-et-Garonne,  Haute- Vienne,  Vosges. 

Recolle  ass';z  bonne.  —  18  départements  :  Ain,  Basses-Alpes,  Aube,  Cher, 
Côte-d'Or,  Eure-et-Loir,  Indre-et-Loire,  Isère,  Jura,  Landes,  Loiret,  Maine-et- 
Loire,  Marne,  Mayenne,  Basses-Pyrénées,  Seine,  Seine-Inférieure,  Vaucluse. 

Récolte  médiocre.  —  17  départements  :  Aisne,  Allier,  Charente,  Drôme,  Gers, 
Indre,  Loir-et-Cher,  Meurtlie-et-Moselle,  Meuse,  Nord,  Oise,  Orne,  Pyrénées- 
Orientales,  Sarthe,  Somme,  Vienne,  Yonne. 

Récolte  mauvaise.  —  2  départements  :  Gard,  Hérault. 

La  récolte  serait  sensiblement  meilleure  que  celle  de  1883  :  on 
compte,  en  effet,  38  départements  dans  les  deux  premières  catégories, 
au  lieu  de  13.  —  En  ce  qui  concerne  l'avoine,  Jes  renseignements 
portent  sur  83  départements  ;  en  voici  le  classement  : 

Récolte  très  bonne.  —  5  départements  :  Calvados,  Cher,  Eure,  Alanche, 
Orne. 

liécolte  bonne.  —  34  départements  :  Ain,  Allier,  Hautes-Alpes,  Ariège,  Aude, 
Aveyron,  Cantal,  Charente-Inférieure,  Côtes-du-Nord,  Haute-Garonne,  Gers, 
Gironde,  Ille-et-Vilaine,  Indre,  Loire,  Haute-Loire,  Loire-Inférieure.  Loiret,  Lot, 
Lot-et-Garonne,  Lozère,  Nièvre,  Nord,  Oise,  Pas-de-Calais,  Puy-de-Dôme,  Saône- 
et-Loire,  Haute-Savoie,  Deux-Sèvres,  Tarn,  Tarn-et-Garonne,  Vendée,  Vienne, 
Haute-Vienne. 

lUcolic  assez   bonne.  —  26  départements  :  Aisne,  Basses-Alpes,  Ardèche,  Ar- 
dennes, Charente,  Corièze,  Côte-d'O'',  Dordogne,  Doubs,  Eure-et-Loir,  Finistère, 
Isère,     Jura,    Maine-et-Loire,    Marne,    Mayenne,     Meuse,    Hautes-Pyrénées, 
Rhône,  Seine,    Seine-et-Marne,   Seine-et-Oise,    Seine-Inférieure,   Somme,    Var, 
Yonne. 

Récolte  médiocre.  —  14  départements  :  Aube,  Drôme,  Indre-et-Loire,  Landes, 
Loir-et-Cher,  Haute-Marne,  Meurthe-et-Moselle,  'Morbihan,  Pyrénées-Orientales, 
Haute-Saône,  Sarthe,  Savoie,  Vaucluse,  Vosges. 

Récolte  mauvaise.  —  4  départements  :  Alpes-Maritimes,  Bouches-du-Rhône, 
Gard,  Hérault. 

La  récolte  serait  inférieure  à  celle  de  1 883  :  les  deux  premières  ca- 
tégories ne  comptent,  en  effet,  que  39  déparlements,  au  lieu  de  71 .  — 
Pour  l'orge,  les  documents  se  rapportent  à  70  départements,  répartis 
de  la  manière  suivante  : 

Récolte  très  bonne. —  9  départements  :  Aisne,  Calvados,  Finistère,  Loire,  Haute- 
Loire,  Lozère,  Manche,  Nièvre,  Orne. 

Récolle  bonne.  —  38  départements  :  Ain,  Allier,  Basses-Alpes,  Hautes-Alpes, 
Ardèche,  Aube,  Aude,  Aveyron,  Cantal,  Charente-Inférieure,  Cher,  Côte-d'Or, 
Côtes-du-Nord,  Duubs,  Eure,  Eure-et-Loir,  Gers,  Ille-et-Vilaine,  Isère,  Jura, 
Loir-et-Cher,  Loiret,  Marne,  Meuse,  Oise,  Pas-de  Calais,  Hautes-Pyrénées, 
Saône-et-Loire,  H  lute-Savoie,  Seine-et  Marne,  Seine-Inférieure,  Deux-Sèvres, 
Tarn-et-Garonne,  Var,  Vendée,  Vienne,  Vosges,  Yonne. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (6  SEPTEMBRE  1884},';  365 

Récolle  assez  bonne. —  13  départements:  Ardennes,Drôme,Haute-&aronne,  Indre, 
Loire-Inl'érieure,  Maine-et-Loire,  Mayenne,  Nord,  Puy-de-Dôme,  Rhône,  Savoie, 
Seine,  Seine-et-Oise. 

Recolle  médiocre.  —  7  départements  :  Charente,  Indre-et-Loire,  Landes,  Meur- 
the-et-Moselle, Sarthe,  Somme,  Vaucluse. 

Récolle  mauvaise.  —  3  départements  :  Bouches-du-Rliône,  Gard,  Hérault. 

Comme  pour  l'avoine,  il  y  aurait  une  infériorité  assez  notable  sur  la 
récolte  précédente  ;  les  deux  premières  catégories  ne  comptent  que 
47  départements,  au  lieu  de  56  en  1883;  la  sécheresse  a  été  nuisible 
aux  céréales  de  printemps. — -La  dernière  céréale  sur  laquelle  portent  les 
documents  de  M.  Barthélémy  Estienne  est  le  mais;  dans  32  départe- 
ments, la  récolte  serait  classée  comme  il  suit  : 

Recolle  bonne.  —  16  départements  :  Ariège,  Charente,  Charente-Inférieure, 
Gorrèze,  Doubs,  Haute-Garonne,  Isère,  Haute-Loire,  Lot-et-Garonne,  Pyrénées- 
Orientales,  Savoie,  Haute-Savoie,  Tarn,  Tarn-et-Garonne,  Vauchise. 

Récolle  assez  bonne.  —  8  départements  :  Ain,  Aude,  Gôte-d'Or,  Jura,  Lot, 
Basses-Pyrénées,  Rhône,  Saône-et-Loire. 

Récolle  médiocre.  —  7  départements  :  Drôme,  Gard,  Gers,  Landes,  Meurthe-et- 
Moselle,  Var,  Vienne. 

Récolle  mauvaise.  —  1  département  :  Dordogne. 

En  Alsace-Lorraine,  la  récolte  du  blé  serait  bonne;  celle  du  seigle 
et  celle  de  l'avoine,  médiocre;  celle  de  l'orge,  très  bonne  ;  celle  du  mais, 
assez  bonne. 

Pour  l'Algérie,  les  récoltes  des  diverses  céréales  sont  appréciées 
comme  il  suit,  pour  les  trois  provinces  : 

Blé.  Seigle.  Avoine.  Orge.  Maïs. 

Province  d'Alger Assez  bonne.      Mauvaise.  Bonne.        Assez  bonne.      Mauvaise. 

—  d'Oran Bonne.  »  Bonne.         Très  bonne.         Bonne. 

—  de  Constanline.      Très  bonne.  »  Assez  bonne.    Très  bonne.  » 

En  Tunisie,  la  récolte  des  blés  et  des  orges,  qui  donnait  de  grandes 
espérances,  a  été  assez  irrégulière,  comme  en  Algérie. 

Les  renseignements  recueillis  par  M.  Barthélémy  Estienne  sur  la 
récolte  du  froment  dans  les  principaux  pays  étrangers,  peuvent  se 
résumer  comme  il  suit  :  Angleterre,  Ecosse  et  Irlande,  récolte  moyenne, 
surtout  en  Angleterre;  Belgique,  récolte  bonne;  Allemagne,  récolte 
bonne;  Suisse,  récolte  très  bonne;  Italie,  récolte  médiocre;  Espagne, 
récolte  passable;  Autriche-Hongrie,  Russie,  Turquie,  Roumanie, 
récolte  bonne  ;  Etats-Unis,  récolte  bonne  en  quantité  et  en  qualité; 
Indes,  récolte  égale  à  la  précédente.  —  Il  résulte  de  l'ensemble  de  ces 
documents  que  Tannée  1884  serait  une  année  d'abondance,  principa- 
lement dans  les  pays  d'exportation  et  dans  quelques-uns  de  ceux  de 
grande  consommation  du  froment. 

III.  —  Nécrologie. 

C'est  avec  une  vive  émotion  que  nous  apprenons  la  mort  de 
M.  Charles  du  Peyrat,  inspecteur  général  de  l'agriculture.  Chargé  de 
l'inspection  des  régions  du  sud  et  du  sud- est  depuis  un  cerlam  nombre 
d'années,  M.  du  Peyrat  y  avait  donné  la  preuve  de  qualités  d'esprit  et 
de  cœur  qui  lui  avaient  gagné  la  sympathie  et  l'estime  de  tous  les 
agriculteurs  de  ces  régions.  C'était  un  des  fonctionnaires  les  plus 
jeunes  et  les  plus  distingués  de  l'administration  de  l'agriculture  :  un 
long  avenir  lui  paraissait  réservé.  Il  emporte  les  regrets  de  tous  ceux 
qui  l'ont  connu. 


366  CHRONIQUE  AGRICOLE  (6   SEPTEMBRE    1884). 

TV.  —  Ecoles  nationales  a  agriculture. 

Les  demandes  des  candidats  pour  l'admission  dans  les  écoles  natio- 
nales d'agriculture  de  Gri^on,  Grandjouan  et  Montpellier,  doivent 
être  adressées  au  ministère  de  l'agriculture  ou  au  sièaedeces  établisse- 
ments avant  le  1^  octobre  1884.  C'est  dans  les  mêmes  formes  que 
pour  1  Institut  agronomique  que  ces  demandes  doivent  être  faites.  — 
Les  examens  d'admission  précéderont  la  rentrée  des  cours  dont  la 
date  est  fixée  au  15  octobre. 

Y.  —  Le  phylloxéra. 

Encore  nn  département  à  ajouter  à  la  longue  liste  de  ceux  dans 
lesquels  la  présence  du  phylloxéra  a  été  constatée  :  il  s'agit  de  la 
Loire-Inférieure  que  l'on  considérait  jusqu'ici  comme  indemne.  Le 
fléau  a  été  signalé  presque  simultanément  dans  les  vignes  de  la 
commune  d'Oudon  (arrondissement  d'Ancenis)  et  dans  celles  de  îa 
commune  de  Mauves  arrondissement  de  Nantes);  plusieurs  dizaines 
d'hectares  y  ont  été  reconnus  comme  contaminés.  C'est  un  fait  d  autant 
plus  regrettable  que  la  production  viticole  a  pris  une  très  grande 
importance  dans  le  département  de  la  Loire-Inférieure  ;  ce  département 
occupe,  en  effet,  depuis  quelques  années,  le  cinquième  rang  en  France 
pour  l'étendue  de  ses  vignes. 

La  Société  centrale  d  agriculture  de  l'Aude  organise  des  concours 
spéciaux  de  charrues  sulfureuses  et  autres  instruments  propres  au 
traitement  des  vignes  phylloxérées  par  le  sulfure  de  carbone  et  les 
sulfocarbonates  alcalins .  Ces  concours  auront  lieu  du  1 0  au  1 2  novembre. 
Les  machines  et  instruments  y  seront  divisés  en  quatre  sections  :  char- 
rues sulfureuses,  pals  injecteurs,  bidons  doseurs,  appareils  propres 
à  l'emploi  des  sulfocarbonates  alcalins  dans  les  vignes.  Les  récom- 
penses consisteront  en  médailles  d'or,  d'argent  et  de  bronze,  et  en 
primes  en  argent  d'une  valeur  de  li'O  à  500  fr.  Les  concurrents 
devront  envoyer  leurs  déclarations  avant  le  I  ^'  novembre,  au  secré- 
tariat de  la  Société  centrale  d'agriculture  de  l'Aude,  rue  Courtejaire,  6, 
à  Carcassonne. 

\I.  —  Sériciculture. 

La  production  sérieicole  a  été,  en  1884,  de  l'avis  général,  inférieure 
àcelie  de  l'année  précédente.  La  principale  cause  en  a  été  la  diminution 
dans  les  éducations,  que  l'on  a  eu  à  constater  dans  plusieurs  régions. 
Mais  cette  diminution  n'a  pas  été  générale.  Nous  en  trouvons  la  preuve 
hecreuse  dans  un  rapport  que  M.  S'uma  Lloubes,  président  de  la  Com- 
mission départementale  de  sèricicultare  de-  Pyrénées-Orientales,  vient 
de  publier  sur  la  dernière  campigne.  Il  résulte  de  ce  rapport  que  l'in- 
dustrie sérieicole  y  a  pris,  cette  année,  un  plus  grand  développement.  Le 
rendement  moyen  en  cocons,  par  once  de  25  graines,  a  été  de  55 
kilog.  dans  les  trois  arrondissements.  Le  nombre  des  éducateurs  s'est 
élevé  à  53S,  au  lieu  de  457  en  1 883  ;  la  production  en  cocons  a  été  de 
3n,4l5kiloiï.,  au  lieu  de  23,764,  et  la  graine  produite  de  91,245  onces, 
au  lieu  de 7 1,290  en  1883.  Afin  de  maintenir  aux  graines  du  Roussillon 
leur  ancienne  réputation,  la  Commission  de  sériciculture  a  créé  un  cer- 
tificat d'origine,  destiné  à  empêcher  la  vente  de  graines  étrangères 
sous  le  nom  de  sraine  du  Roussillon  ;  comme  corollaire,  elle  a  mis  à 
l'étude  l'installation,  dans  chacun  des  arrondissements,  d'un  bureau 
pour  l'examen  des  graines  au  microscope,  qui  fonctionnera  dès  l'année 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (6  SEPTEMBRE  1884).  367 

prochaine.  Ce  son*  là  d'excelleates  mesures  qui  assureront  au  dépar- 
tement des  Pyréoées-Orientaies  des  débouchés  de  plus  eu  plus  impor- 
tants pour  le  commerce  tant  des  cocons  que  de  la  graine. 
Vn.  —  Inspection  de  la  boucherie  à  Paris. 

Un  concours  pour  l'admission  à  l'emploi  d'inspecteur  de  la  b3a- 
cterie  à  Paris,  au  traitement  variant  de  3000  à  4000  fr.,  aura  lieu 
à  la  préfecture  de  police,  le  17  septembre  prochain,  à  10  heures  et  demie 
du  matin.  Il  comprendra  une  épreuve  écrite  surun  sujet  de  la  compé- 
tence des  vétérinaires  et  une  épreuve  pratique  à  l'abattoir  de  la  Viliette. 

Les  candidats  devront  se  faire  inscrire  par  avance  au  secrétariat 
général  de  la  préfecture  de  police  (bureau  du  personnel),  en  justifiant 
par  leur  acte  de  naissance  qu'ils  n'ont  pas  plus  de  50  ans  d'âge  et  en 
produisant  en  outre  :  T  un  extrait  de  leur  casier  judiciaire;  2"  leur 
diplôme  de  vétérinaire;  3'  des  pièces  établissant  leur  situation  au 
point  de  vue  militaire. 

TIII.  —  Comice  agricole  de  Chdhns-sur-Marne. 

Le  Comice  agricole  de  l'arrondissement  de  Châlons-sur-Marne,  présidé 
par  M.  Ponsard,  tiendra  sa  fête  annuelle  le  dimanche21  septembre,  à 
Châlons.  A  cette  occasion,  il  organise  un  concours  spécial  de  machinea 
à  battre  -locômobiles,  une  exposition  d'instruments  d'intérieur 
de  ferme  et  un  concours  d'orges  propres  à  la  brasserie.  Le  concours 
de  machines  à  battre  comprendra  deux  catégories  :  machines  mues 
par  des  machines  \  vapeur  de  la  force  de  4  chevaux  et  au-des- 
sous, machines  mues  par  des  chevaux.  Quant  au  concours  dorç^es 
propres  à  la  brasserie,  il  est  institué  par  la  Société  française  de  bras- 
serie et  de  mallerie  de  Chàlons-sur-Marne,  qui,  afin  d'encourager  la 
culture  de  1  orge  dans  1  arrondissement,  a  mis  à  la  disposiiion  du 
Comice  des  médailles  d  or,  d'argent  et  de  bronze,  pour  les  meilleurs 
échantillons  d'orge  présentés  à  ce  concours. 

IX.  —  Iiulilut  national  agronomique. 
Les  demandes  d'admission  pour  l'Institut  national  agronomique 
doivent  être  adressées  avant  le  I"  octobre  au  ministre  de  l'agriculture 
ou  au  directeur  de  l'Institut  agronomique,  29*2,  rue  Saint- .Martin,  à 
Paris.  Le  candidat  écrit  cette  demande  sur  papier  timbré,  et  il  v  fait 
connaître  ses  titres  scientifiques,  les  matières  facultatives  sur  les- 
quelles il  désire  être  interrogé,  son  adresse.  La  demande  doit  être 
accompagnée  de  l'acte  de  naissance  du  candidat,  d'un  certificat  de 
vaccine,  d  un  certificat  de  moralité,  d'une  obligation  souscrite  par  les 
parents  pour  garantir  le  payement  de  la  rétribution  scolaire.  —  Les 
examens  d'aJ mission  pour  l'année  1884-85  auront  lieu  dans  la 
deuxième  quinzaine  d'octobre,  au  siège  de  l'Institut  agronomique. 

X.  —  Comice  agricole  d'Albi.-  -r  *£ 

Le  Comice  agricole  de  l'arrondissement  d'Albi  tiendra  son  concours 
annuel  le  18  octobre  prochain,  à  Albi.  Des  primes  y  seront  attribuées 
aux  animaux  reproducteurs  des  races  bovines,  ovines  et  porcines.  En 
même  temps  auront  lieu  une  exposition  d'instruments  d'extérieur  de 
ferme  et  la  veale  à  l'amiable  de  ceux  de  ces  instruments  qui  ne  sont 
pas  déj'i  subventionnés  par  la  Société  d'agriculture  du  Tarn,  c'est-à- 
dire  les  moissonneuses,  faucheuses,  râteaux  à  cheval,  hache-paille, 
faneuses,  semoirs  en  ligne  et  à  la  volée.  Les  primes  consisteront  à 
doubler  la  remise  faite  par  le  constructeur  sur  le  prix  normal  porté 


368  CHRONIQUE  AGRICOLE  (fi  SEPTEMBRE   1884). 

au  catalogue.    Les    constructeurs    sont    invités    à    faire    connaître   à 
l'avance  le  prix  des  instruments  qu'ils  ont  l'intention  d'exposer. 

XI.  —  Comice  agricole  de  ChâteUerault. 

Le  Comice  agricole  de  l'arrondissement  de  ChâteUerault  (Vienne) 
tiendra  son  concours  annuel,  sous  la  direction  de  son  président  M.  de  la 
Massardière,  membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture,  à  Lei"né- 
sur-Usseau,  le  14  septembre  courant.  Les  primes  cultiirales  qu'elle 
décernera  sont  réservées  au  canton  de  Leigné;  ces  primes  seront 
attribuées  aux  exploitations  ayant,  comparativement  à  leur  étendue,  le 
plus  bel  ensemble  de  bétail  et  la  plus  forte  proportion  de  cultures  four- 
ragères, et  aux  vignobles  se  faisant  remarquer  par  la  taille,  la  culture 
et  les  procédés  de  vinification. 

XII.  —  Société  d'agriculture  de  Douai. 

Le  concours  agricole  de  l'arrondissement  de  Douai  (Nord)  s'est  tenu 
le  24  août  à  Somain,  sous  la  présidence  de  M.  Edouard  Bernard,  pré- 
sident du  Comice.  Ce  concours,  spécialement  destiné  aux  cantons  de 
Marchiennes  et  d'Orchies,  a  eu  un  réel  succès.  Pour  la  première  fois, 
a  eu  lieu  la  vente  aux  enchères  publiques  de  trois  jeunes  taureaux  de 
race  flamande  achetés  par  le  Comice.  A  la  distributid'n  des  récom- 
penses, M.  Bernard  a  insisté  spécialement  dans  un  excellent  discours 
sur  les  avantages  que  présenteront  la  culture  de  la  betterave  et  Je  dé- 
veloppement de  l'élevage  du  bétail.  Voici  un  extrait  de  ce  discours  : 

ce  Les  fourrages  se  consommant  dans  la  ferme,  la  bourse  vide  du  cultivateur  ne 
pourra  désormais  se  remplir  qu'avec  le  produit  de  plantes  industrielles  et  la  bette- 
rave riche  est  aujourd'hui  la  seule  possible. 

a  Nous  avons  bien  aussi  une  autre  corde  à  notre  arc  :  l'élevage  du  bétail,  qui  est 
aujoul'd'hui  par  la  force  des  choses  la  base  de  notre  régime  agricole,  et  je  ne 
saurais  trop  vous  encourager,  messieurs,  à  vous  porter  de  ce  côté.  A  ce  sujet,  la 
sollicitude  de  M.  le  miuistre  de  i'tigriculture  ne  tarit  pas.  Les  nouvelles  propo- 
sitions qu'il  vient  de  faire,  sur  l'introduction  du  bétail  étranger  le  prouvent  sura- 
bondamment. M.  le  ministre  demande  10  fr.  d'augmentation  par  tête  de  bœuf, 
soit  25  fr.  au  lieu  de  15  fr.,  payés  actuellement;  pour  les  vaches  et  les  taureaux, 
12  fr.  au  lieu  de  8  fr,  ;  pour  les  veaux,  4  fr.  au  lieu  de  1  fr.  50,  et  pour  les  mou 
tons,  3  Ir.  auli^u  de  2  fr.;  pour  ces  derniers,  la  dilïérencs  n'est  pas  bien  grande, 
bien  que  leur  situation  soit  la  plus  grave  et  la  plus  digne  d'intérêt  à  cause  de  la 
laine.  Vous  le  voyez,  nous  arrivons  à  cette  protection,  réclamée  depuis  si  long- 
temps, et  j'espère  que  ces  propositions,  relativement  modérées,  seront  chaudement 
soutenues  par  nos  courageux  représentants  et  décideront  le  Parlement  à  y  donner 
un  assentiment  unanime. 

«  Je  dois  vous  parler  aussi,  messieurs,  de  l'acquisition  faite  par  la  Société. 
Dans  notre  arrondissement,  la  race  bovine  est  généralement  défectueuse  et  les 
primes  offertes,  depuis  l'institution  des  concours,  ont  donné  peu  de  bons  résultats. 
!Sur  l'avis  d'un  grand  no-  bre  de  membres  de  la  Société,  il  a  été  décidé  que  l'on 
achèterait  3,  4  ou  5  taureaux,  selon  nos  ressources,  et  que  ces  reproducteurs 
seraient  vendus  publiquement  le  jour  du  concours.  Nous  avons  fait  aujourd'hui 
la  première  expérience  et  j'espère  que,  l'an  [irochain,  nous  pourrons  vous  offrir  un 
plus  grand  nombre  de  sujets. 

«  Mais,  pour  faire  1  élevage  dans  de  bonnes  conditions,  il  ne  suffit  pas  d'avoir  un 
bon  reproducteur  et  une  bonne  mère,  il  faut  encore  certains  soins  et  une  nourri- 
ture assez  abondante,  pour  développer  le  jeune  sujet.  Je  vous  citerai  à  l'appui  de 
ma  recommandation,  l'appréciation  d'un  savant  agriculteur,  Mathieu  de  Dom- 
basle.  La  race,  disait-il,  est  le  patron  sur  lequel  on  modèle  l'animal,  la  nourriture 
est  l'étoffe  dans  laqu  lie  on  le  taille.  Cette  métajihore  me  parait  très  juste'.  » 

Les  principales  primes  ctilturales  ont  été  décernées  à  M.  Dorchies, 
agriculteur  à  la  ferme  d'Herbomez,  à  Nonain,  et  à  M.  Dangremont, 
agriculteur  à  Bouqvignies.  J.-A.  Bakral. 


DISCOURS  AU  COMICE  DE  REMIREMONT.  369 

DISCOURS  DE  M-  MÊLINE,  MINISTRE  DE  L'AGRICULTURE 

AU  COMICE  DE  HEMtREMONT   (VOSGES),   LE   2*1    AOUT    18S4 

Messieurs, 
Je  remercie  votre  lionorable  président  des  sentiments  qu'il  veut  bien, 
m'cxprimer  en  votre  nom.  J'en  suis  touché  sans  en  être  surpris;  car  je  sais 
par  expérience  que  l'agricullure  n'est  pas  ingrate  quand  on  se  dévoue  à  son  ser- 
vice. Depuis  que  je  travaille  pour  elle,  elle  m'a  prodigué  des  témoignages  qui 
sont  pour  moi  la  plus  précieuse  des  récompenses. 

Je  ne  lui  ferai  pas  l'injure  de  repousser  ceux  que  vous  m'offrez  aujourd'hui  si 
cordialement  ;  je  les  accepte  sinon  pour  moi.  au  moins  pour  le  cabinet  dont  j'ai 
l'honneur  de  faire  parlieet  qui,  je  puis  vous  l'assurer,  place  la  question  agricole  au 
premier  rang  de  ses  préoccupations.  Le  jour  oi!i  son  chef,  dont  les  Vosges  sont  si 
justement  fières,  a  prononcé  ceite  parole  :  la  République  sera  la  République  des 
paysans  ou  elle  ne  sera  pas,  croyez  nien  que  ce  n'est  pas  une  phrase  qu'il  a  voulu 
faire,  mais  bien  un  engagement  solennel  qu'il  a  entendu  contracter  vis-à-vis  de 
l'agriculture  française.  Il  ne  dépendra  pas  de  son  ami,  le  ministre  de  l'agricul- 
ture, que  cet  engagement  ne  soit  scrupuleusement  rempli. 

J'ai  la  prétention  que  nous  l'avons  tenu  depuis  que  nous  sommes  au  pouvoir 
et  que  nous  avons  fait  pour  secourir  et  aider  l'agriculture  française,  dans  la  crise 
si  douloureuse  qu'elle  traverse,  tout  ce  qu'il  était  possible  et  raisonnable  de  faire. 
Nous  lui  avons  appliqué  la  même  méthode  qu'en  politique  :  eu  tout,  nous  avons 
cherché  les  résultats. 

Certes,  messieurs,  si  je  voulais  jeter  un  regard  en  arrière  sur  le  chemin  par» 
couru  depuis  dix-huit  mois  et  faire  1  inventaire  de  tout  ce  qui  a  été  accompli 
pendant  cette  période,  il  ne  me  serait  pas  difficile  de  démontrer  que  nous  avons 
exécuté  rigoureusement  notre  programme  de  la  première  heure.  Je  ne  voudrais 
pas  sortir  du  cadre  et  de  l'objet  de  cette  réunion  :  cependant  il  me  sera  bien 
permis  de  dire  en  passant  qu'un  gouvernement  qui  a  fait  en  moins  de  deux  ans  la 
réforme  de  la  magistrature,  la  conversion  de  la  rente,  les  conventions  avec  les 
grandes  Compagnies  de  chemins  de  fer.  la  loi  municipale,  la  loi  sur  les  syndicats 
professionnels,  qui  a  pu  enfin  traverser  cette  crise  redoutable  de  la  revision  sans 
ébranler  nos  iustitutions  et  en  leur  donnant  au  contraire  une  nouvelle  force, 
qu'un  gouvernement  qui  a  tait  tout  cela,  n'est  pas  précisément,  comme  le  répètent 
ses  détracteurs,  le  gouvernement  de  l'anarchie  et  de  l'impuissance.  (Applaudisse- 
ments répétés.) 

Voyons  mamtenant  ce  qu'il  a  fait  pour  l'agriculture  : 

Je  me  suis  expliqué  si  souvent  sur  les  causes  de  la  crise  agricole  que  je  me  fe- 
rais un  scrupule  d'y  revenir  aujourd'hui.  J'ai  établi,  à  maintes  reprises,  que  ces 
causes  étaient  nombreuses,  complexes,  et  que  chacune  comportait  un  remède  ou  des 
remèdes  particuliers  qu'il  fallait  chercher  et  étudier.  J'ai  toujours  reconnu  que 
certains  de  ces  remèdes  dépendaient  du  gouvernement  et  je  n'ai  jamais  décliné  sa 
responsabilité.  De  ces  remèdes,  les  uns  sont  d'ordre  général  en  ce  sens  qu'ils 
réagissent  sur  l'ensemble  de  la  production  agricole,  les  autres  sont  particuliers  à 
chaque  brancnj  de  cette  production. 

J'ai  toujours  proclamé  que  le  premier  de  tous  était  le  développement  de  l'ensei- 
ment  professionnel  agricole  et  je  n'ai  pas  changé  d'avis  à  ce  sujet,  au  con- 
traire :  l'expérience  de  charrue  jour  ne  fait  que  fortifier  ma  conviction  sur  ce 
point. 

Votre  honorable  président  vous  le  disait  très  justement  tmt  à  l'heure  dans  son 
excellent  discours,  il  faut  que  l'agriiuiUure  devienne  scientilique.  C'est  la  science 
en  effet  qui  Lii  do  me  aujourd'hui  ses  plus  larges  profils;  sans  elle,  tous  les  autres 
procédés  sont  stériles  et  condamnés  d'avance.  Aussi,  messieurs,  le  principal 
ellort  du  ministère  de  l'agriculture  est-il  lournéde  ce  côté  ;  il  n'épargne  rien  pour 
introduire  partout  et  perfectionner  l'enseignement  agricole  sous  toutes  ses  formes. 
Nous  avons  fait  plus  dans  ces  dernières  années  qu'on  n'avait  fait  en  un  demi- 
siècle,  et,  cependant,  j'ai  le  regret  de  dire  que  nous  sommes  encore  loin  d'être 
à  la  hauteur  de  certains  de  nos  voisins.  Aussi,  je  suis  résolu  à  saisir  la 
première  occasion  pour  adresser  un  nouvel  appel  au  Parlement  en  faveur 
de  l'enseignement  agricole  et  pour  lui  demander  de  le  doter  plus  largement  en- 
core: je  ne  doute  pas  que  cet  appel  ne  soit,  entendu. 


c 


370  DISCOURS  AU  COMICE  DE  REMIREMONT. 

Vous  devinez  maintenant,  messieurs,  pourquoi,  dès  le  lendemain  de  mon  arri 
vée  au  ministère,  je  me  suis  occupé  de  la  création  d'une  école  pratique  d'agricul- 
ture dans  n.tre  département  :  j'ai  pensé  que  c'était  le  plus  grand  service  que  je 
puisse  vendre  à  notre  agriculture,  le  meilleur  souvenir  que  je  puisse  lui  laisser  de 
mon  passage  aux  affaires.  Aujourd'hui,  cette  école  est  fondée  :  elle  est  l'ondée 
glace  au  concours  généreux  de  votre  honorable  sénateur  M.  (Uaude,  qu'on  trouve 
toujours  à  la  lète  de  tous  les  progrès,  grâce  à  la  bonne  volonté  de  la  commune 
de  Saulxures,  grâce  enfin  à  l'aide  du  Conseil  général  qui  a  voté  sans  hésiter,  à 
l'unanimité,  tous  les  crédits  nécessaires  pour  l'installation  de  l'école. 

J'ai  mis  à  sa  tête  un  homme  de  science  et  d'expérience  qui  répond  de  son  ave- 
vir,  et  je  n'hésite  pas  à  penser  qu'avant  quelques  années  elle  exercera  une  véri- 
table influence  dans  toute  noire  région  de  l'Est.  Je  compte  sur  elle  pour  porter 
sa  première  industrie  agricole,  celle  des  produits  de  la  laiterie,  à  son  plus  haut 
degré  de  développement.  C'est  à  vous  i|u'il  appartient  maintenant  de  la  soutenir 
en  y  envoyant  vos  enfants  et  je  vous  la  lègue  avec  confiance. 

Il  est  bien  de  donner  l'instruction  aux  cultivateurs,  il  est  mieux  encore  de  leur 
donner  les  moyens  de  s'en  servir  et  d'utiliser  ce  puissant  levier.  L'un  de  ces 
moyens,  un  des  plus  eificaces  assurément,  consiste  à  leur  donner  la  facilité  de 
se  concerter,  de  réunir  leurs  forces,  de  s'associer,  de  s'organiser  en  un  mot. 
Jusqu'à  présent,  ils  ont  été  très  en  retard  à  ce  point  de  vue.  Le  producteur  agri- 
cole vit  à  l'état  d'isolement  presque  complet;  sans  doute,  il  s'occupe  avec  tieau- 
coup  de  siin  et  d'intelligence  de  son  exploitation  personnelle,  mais  son  hori.zon 
est  forcément  restreint  à  son  action  limitée.  Il  s'élève  rarement  aux  vues  d'en- 
semble qui  sont  nécessaires  en  agriculture  comme  dans  toutes  les  autres  branches 
d'activité  humaine. 

L'agriculture  françaisee  a  le  sentiment  exact  de  son  infériorité  sous  ce  rap- 
port, et  elle  réclame  depuis  longtemps  sa  représentation  officielle  ,  à  l'exemple 
du  commerce  et  de  l'industrie  qui  tirent  un  si  grand  parti  de  ce  précieux 
avantage. 

Nous  avons  pensé  qu'on  ne  pouvait  lui  refuser  plus  longtemps  une  satisfaction 
aussi  légitime,  et  nous  avons  déposé  sur  le  bureau  de  la  Ciambre  un  projet  de 
loi  qui  constitue  les  Chambres  d'agriculture  par  arrondissement,  sur  la  base 
électorale  la  plus  large  et  la  plus  démocratique.  Ce  projet  est  soumis  en  ce  moment 
à  une  Commission  de  la  Chambre  qui  l'a  adopté  en  principe,  et  je  ne  doute  pas 
que  dans  un  an,  à  pareille  époque,  la  nouvelle  organisation  ne  soit  en  plein  fonc- 
tionnement. Ou  je  me  trompe  tort,  messieurs,  ou  cette  institution  donnera  à  l'a- 
griculture une  impulsion  qui  se  fera  sentir  jusque  dans  ses  profondeurs. 

Je  n'ui  pas  abandonné  davantage  la  poursuite  d'une  autre  réforme  du  même 
ordre  à  laquelle  je  n'attache  pas  moins  d'importance  :  je  voudrais  qu'après  avoir 
accordé  à  l'agriculture  l'égalité  devant  la  représentation  des  intérêts,  on  lui  accor- 
dât aussi  l'égalité  devant  le  crédit.  Pourquoi  traiter  le  cultivateur  autrement  que 
le  commerçant?  Pourquoi  accorder  à  ce  dernier  tous  les  avantages  d'une  législa- 
tion sim[ile,  d'une  procédure  facile,  économique,  et  la  refuser  au  premier?  Pour- 
quoi attirer  la  confiance  et  les  capitaux  d'un  seul  côié? 

Et  cependant  je  le  reconnais,  cette  idée  si  simple,  si  juste,  rencontre  des  con- 
tradicteurs nombreux  et  de  bonne  foi.  Les  uns  ne  veulent  pas  du  crédit  agricole 
parce  qu'ils  n'en  ont  pas  besoin;  les  autres  le  comprennent  mal  et  s'en  défient. 
Aux  premiers  je  me  borne  à  demander  d'être  indulgen's  pour  ceux  qui  n'ont  pas 
l'avantage  de  pouvoir  se  passer  des  facilités  du  crédit.  Aux  seconds  je  ne  cesserai 
de  répoudre  qu'ils  font  une  conlusion  entre  le  crédit  foncier  et  le  crédit  agricole 
mobilier.  Il  ne  s'agit  pas  de  fournir  aux  agriculteurs  des  capitaux  pour  acheter  de 
la  terre,  mais  b:cn  pour  se  procurer  un  capital  d'exploitaiion  indispensable. 
Acheter  du  bétail,  des  engrais,  des  machines,  c'est  aujourd'Inii  la  première  de 
toutes  les  nécessiiés  pour  se  livrer  à  l'exploiiation  lucralive  du  sol;  c'est  bien  sou- 
vent, trop  souvent,  l'unique  différence  cpii  fait  la  fortune  ou  la  ruine  entre  agri- 
culteurs. Aussi  suis-je  résolu  à  ne  pas  abandonner  cette  idée  si  féconde  du  crédit 
agricole  et  à  la  défendre  jusqu'à  son  triomphe  définitif  qui  n'est,  j'en  ai  l'absolue 
conviction,  qu'une  question  de  temps. 

J'ai  maintenant,  messieurs,  à  vous  entretenir  d'une  amélioration  récente,  défi- 
nitivement acquise  à  l'agriculture,  et  que  je  considère  comme  un  grand  triomphe 
pour  elle.  Elle  est  le  complément,  le  couronnement  bienfaisant  de  ces  conven- 
tions avec  les  grandes  Compagnies  de  chimins  de  t'er  dont  je  vous  pirlais  tout  à 
l'heure,  qui  ont  eu  l'avantage  de  mettre  un  terme  à  cet  état  d'incertitude  qui  pa- 


DISCOURS  AU  COMICE  DE  REMIREMONT.  371 

ralysait  tous  les  progrès  en  matière  de  transport,  et  cet  autre  avantage  non  moins 
appréciable  de  nous  permettre  de  terminer  notre  réseau  ferré  sans  recourir  aux 
emprunts  de  l'Etat. 

Elles  ont  eu  une  autre  conséquence  plus  heureuse  encore,  plus  profitable  au 
pays  :  le  remaniement  des  tarifs,  qui  domment  de  si  haut  la  situation  de  l'agri- 
culture et  de  l'industris.  Les  intérêts  spéciaux  de  l'agriculture  ont  été  défendus 
devant  la  Commission  instituée  au  ministère  des  travaux  publics  par  un  de  mes 
meilleurs  collaborateurs,  M.  Tisserand,  directeur  de  l'agriculture,  qui,  pendant 
trois  mois,  a  livré  pied  à  pied  cette  ingrate  bataille. 

Ses  efforts  n'ont  pas  été  inutiles  et  j'ai  la  satisfaction  de  vous  annoncer  qu'ils 
ont  abouti  à  la  rédacîion  d'un  tarif  nouveau  accepté  par  la  Compagnie  de  l'Est, 
et  homologué  il  y  a  quelques  jours  par  mon  collègue  des  travaux  publics,  chez 
lequel  j'ai  toujours  rencontré  l'appui  le  plus  résolu. 

La  Compagnie  de  l'Est  a  fait'à  l'intérêt  agricole  des  sacrifices  considérables  et  je 
suis  heureux  de  lai  en  témoigner  ma  reconnaissance  au  nom  de  l'agriculture 
française.  Je  suis  convaincu  qu'elle  n'aura  pas  à  le  regretter  et  qu'elle  retrouvera 
avant  peu,  dans  l'inévitable  accroissement  de  la  circulation  des  produits,  l'équi- 
valent des  réductions  de  tarifs  qu'elle  a  consenties. 

Ces  réductions  sont  considérables  :  elles  s'appliquent  à  l'ensemble  de  la  pro- 
duction agricole,  au  bétail,  aux  céréales,  au  lait,  aux  œufs,  aux  foins  et  pailles 
comprimés,  à  la  betterave,  aux  bières,  aux  liqueurs  et  enfin  aux  engrais;  elles 
varient,  pour  la  plupart  de!  ces  produits,  de  25  à  45  pour  lÛO. 

Il  me  suffira,  pour  vous  permettre  d'en  apprécier  l'importance,  de  vous  dire  par 
exemple  que  le  prix  des  transports  par  grande  vitesse  pour  le  gros  bétail  qui  était 
de  1  tr.  20  par  wagon  et  par  kdomètre,  a  été  abaissé  à  95  c,  65  c.  et  même  55  c, 
selon  les  distances.  P'jur  la  petite  vitesse,  le  tarif  de  50  c.  a  été  descendu,  au- 
dessus  de  50  kilomètres,  à  35  et  3  5  c,  selon  les  distances. 

Pour  les  engrais,  les  concessions  sont  plus  considérables  encore;  le  tarif  varie 
entre  4  et  2  c.  par  tonne  et  par  kilomètre  quand  il  s'agit  d'engrais  naturels,  et 
entre  6  et  -2  c,  s'il  s'agit  d'engrais  minéraux.  C'est  à  peine  le  prix  de  revient  de 
la  Compagnie. 

Je  crois,  messieurs,  qu'il  était  impossible  de  faire  un  dégrèvement  plus  proS- 
table  à  l'agriculture;  car  je  n'en  cona-ais  pas  de  meilleur  q  le  ceux  qui  ont  pour 
résultat  d'améliorer  les  conditions  générales  de  la  production  elle-même. 

Pour  en  finir  avec  les  mesures  d'ordre  général  que  le  gouvernement  a  cru 
devoir  prendre  dans  l'intérêt  de  l'agriculture,  parmettez-moi  d'enregistrer  ericore 
un  pi'ojet  de  loi  que  j'ai  déposé  sur  le  bureau  de  la  Ciiambre  à  la  veille  de  sa 
séparation  et  qui  est  relatif  à  la  répression  de  la  fraude  dans  le  cominerce  des 
engrais.  Il  répond  à  une  des  plus  pressantes  nécessités  de  l  heure  présente;  car 
la  falsification  des  engrais  tend  à  devenir  chique  jour  plus  audacieuse.  La  répri- 
mer, assurer  la  bonne  qualité  des  engrais  mis  dans  le  commerce,  ce  n'est  pas  seu- 
lemeut  rendre  service  au  cultivateur  qui  paye  si  cher  sa  crédulité,  c'est  rendre  ser- 
vice au  pays  lui-même,  atteint  dans  les  sources  mèm^s  dts  sa  richesse  par  un 
genre  de  tromperie  qui  s'exerce  aux  dépens  de  la  fécondité  et  de  la  valeur  du  sol. 

Tel  est,  messieirs,  dans  ses  granles  lignes,  le  travail  d'ensemble  que  nous 
avons  opéré  pour  mettre  dans  la  mesure  où  nous  le  pouvions  l'agriculture  fran- 
çaise en  état  de  se  déi'endre  contre  les  difficultés  qui  l'assaillent  de   toutes  parts. 

G  )mmi  je  vous  l'ai  dit,  nous  avions  une  autre  mission  à  remplir,  c'était  d'exa- 
miner une  à  une  nos  ditlérentes  branches  de  production  agricole,  en  recherchant 
les  moyens  particuliers  de  les  secourir  par  des  modifications  à  la  législation  qui 
les  régit. 

C'est  ainsi  que  nous  avons  été  amenés  à  faire  cette  grande  loi  sur  l'industrie 
sucrière  qui  a  sauvé  la  fortune  de  plus  de  vingt  départements  en  France;  ainsi 
encore  que,  quelques  jours  après,  nous  no  is  sommes  associés  à  un  remaniement 
de  la  législation  sur  le  titrage  des  viu-î,  qui  aura  pour  résultat  de  mettre  nos 
malheureux  viticulteurs  en  état  de  lutter  à  armds  à  peu  près  égales  contre  l'in- 
vasion des  vins  espagnols. 

Faut-il  rappeler  encore  la  loi  sur  les  échanges  de  parcelles  qu',  en  abaissant  les 
di'oits  d'enresîistrement  sur  ce  genre  de  contrat,  apportera  un  remède  à  ce  mor- 
cellement infini  des  propriétés  qui  oppose  un  si  grand  obstacle  au  progrès  agri- 
cole; la  loi  sur  les  vices  rédliibitoires  qui,  en  Ji;ninuant  le  nombre  des  maladies 
qui  donnent  lieu  à  la  rédhibition,  protège  nos  éleveurs  de  bétail  contre  des  chan- 
tages dont  ils  sont  trop  souvent  victimes  ? 


372  DISCOURS  AU  COMICE  DE  REMIREMONT. 

Je  termine  cette  longue  énumération  par  un  mot  sur  un  projet  important  qui  a 
clos  la  série  des  mesures  que  nous  avons  cru  devoir  prendre  dans  l'intérêt  de 
l'agriculture.  Il  est  relatif  au  relèvement  des  droits  d'entrée  sur  le  bétail  étranger. 
Le  J)ut  principal  de  la  loi  est  d'engager  de  plus  en  plus  nos  agriculteurs  dans  la 
voie  de  l'élevage  du  bétail  qui  convient  si  bien  à  notre  pays  et  qui  peut  seul  leur 
permettre  de  sortir  victorieux  de  la  lutte  qu'ils  soutiennent  en  ce  moment.  Nous 
ne  faisons  pas  une  révolution  en  matière  de  tarifs  :  nous  nous  bornons  à  les 
mettre  en  rapport  plus  exact  avec  la  valeur  du  bétail  lui-même,  avec  l'écart  qui 
sépare  la  production  des  différents  pays. 

Certes,  messieurs,  ce  n'est  pas  moi  qui  essayerai  de  faire  croire  à  l'agriculture 
qu'il  suffit  de  l'abriter  derrière  des  tarifs  de  douane  pour  h  dispenser  du  reste  et 
la  sauver,  mais  je  ne  suis  pas  non  plus  de  ceux  qui  méprisent  l'emploi  de  ce 
moyen  de  défense  et  qui  en  nient  la  valeur.  Rien  n'est  à  dédaigner  dans  une  crise 
comme  celle  que  nous  traversons,  et  nos  concurrents  se  chargent  de  nous  le 
prouver  tous  les  jours. 

J'en  ai  fini,  messieurs,  avec  cette  longue,  trop  longue  revue  de  notre  histoire 
agricole  depuis  dix-huit  mois.  J'aurais  voulu  vous  l'épargner,  mais  elle  était 
nécessaire  pour  répondre  à  ceux  qui  s'en  vont  répétant  qu'on  ne  fait  rien  pour 
l'agriculture,  qu'on  lui  prodigue  les  belles  paroles,  les  promesses  et  qu'on  s'en 
tient  là.  Je  crois,  messieurs,  vous  en  avoir  dit  assez  pour  vous  prouver  que  jamais, 
à  aucune  époque,  elle  n'avait  été  l'objet  d'une  sollicitude  aussi  sincère  et  de  me- 
sures aussi  efficaces. 

Je  ne  le  proclame  pas,  vous  le  devinez,  pour  le  plaisir  de  me  décerner  un  com- 
pliment personnel  qui  serait  absolument  déplacé;  je  le  fais,  messieurs,  par  un  sen- 
timent de  justice  et  pour  l'honneur  du  Parlement  à  qui  il  faut  faire  remonter  le 
:2]érite  de  tant  d'excellentes  mesures,  du  Parlement  qui  m'a  soutenu  avec  une  iné- 
branlable fermeté  toutes  les  l'ois  que  j'ai  pris  en  main  la  défense  de  vos  iniérèts. 
Il  est  peut-être  à  propos  de  le  dire  très  haut  à  un  moment  où  cette  majorité  répu- 
blicaine, qui  fait  preuve  tous  les  jours  de  tant  de  sagesse  et  de  courage,  est  si 
violemment  attaquée  et  outragée.  Aux  attaques,  aux  outrages,  elle  répond  de  la 
seule  manière  digne  d'elle  en  continuant  à  travailler  silencieusement  pour  le  bien 
du  pays,  et  elle  a  raison.  Car  c'est  sur  ses  actes  que  le  pays  la  jugera  et  elle  sait 
qu'elle  peut  hardiment  affronter  son  verdict. 

Je  termine,  messieurs,  en  prenant  la  place  que  votre  honorable  président  a  bien 
voulu  me  laisser  et  en  portant  la  santé  des  lauréats  de  notre  concours,  de  ces 
vaillants  défenseurs  de  l'agriculture  qui  n'ont  jamais  désespéré  de  son  avenir  et 
qui  auront  un  jour,  je  n'en  doute  pas,  le  bonheur  d'assister  à  soa  triomphe. 

CONSERVATION  DES  FOURRAGES  VERTS  A  L'AIR  LIBRE 

Bon  nombre  d'agriculteurs  m'ayant  demanié  des  renseignements 
pratiques  sur  le  mode  de  conservation  de  fourrages  à  l'air  libre  qui  a 
t'ait  l'objet  de  mes  communications  à  la  Société  nationale  d'agriculture 
et  à  celle  des  agriculteurs  de  France,  permettez-moi  d'emprunter  la  voie 
de  votre  honorable  Journal  pour  répondre  à  ces  demandes. 

Tout  d'abord,  laissez-moi  constater  que  ce  système  si  simple  et  si 
économique  donne  d'excellents  résultats  au  point  de  vue  nutritif;  l'ex- 
périence que  j'en  ai  faite  dans  ma  vacherie,  ainsi  que  les  analyses 
chimiques  {Bulletin  de  la  Société  des  agriculteurs  de  France,  \"  mai 
ISS-'j)  démontrent  que  le  fourrage  ainsi  conservé  est  très  riche  en 
matières  alimentaires. 

Mes  essais  de  l'année  dernière  ont  été  confirmés  par  d'autres  que 
j'ai  faits  ce  printemps,  et  c'est  d'après  ces  expériences  successives  et 
concordantes  que  je  résume  ainsi  le  mode  d'opérer  : 

Entasser  bien  également  et  par  couches  régulières  le  fourrage  sur  le 
sol  (qui  doit  être  horizontal),  en  donnant  au  tas  une  forme  rectangu- 
laire, dont  la  plus  petite  largeur  est  déterminée  par  la  longueur  des 
madriers  ou  des  planches  dont  on  dispose  (chez  moi  elle  est  d'environ 
3  m.  50); 


COîvSEKVATION  DES  FOURRAGES  VERTS  A  L'AIR  LIBRE.  373 

Entourer  la  surface  occupée  par  une  petite  rigole,  creusée  de  façon 
à  erapêclicr  les  eaux  pluviales,  en  coulant  sur  le  champ,  de  venir  bai- 
gner le  pied  du  las  et  d'en  pourrir  la  base  ;  celle  rigole  de  circonvalla- 
tion  doit  se  jeter  dans  un  fossé  d'écoulement. 

L'emplacement  du  tas  peut  être  choisi  n'importe  où  ;  pour  mes 
essais,  c'était  dans  un  cliamp  exposé  à  tous  les  vents. 

Le  tas  étant  arrivé  à  hauteur,  le  couvrir  avec  des  planches.  Ces 
planches,  de  0"'.0!27  d'épaisseur  (I  pouce),  doivent  être  placées  jointi- 
ves,  et  dans  le  sens  de  la  plus  pelite  largeur  du  tas,  de  façon  à  le  cou- 
vrir entièrement,  même  à  déborder  un  peu  de  chaque  côté.  Sur  cette 
première  couche  de  planches,  en  poser  une  seconde  placée  dans  le 
même  sens  et  de  la  même  manière,  mais  en  ayant  soin  de  contrarier 
les  joints  de  façon  à  ce  que  chaque  planche  supérieure  serve  de  cou- 
vre-joint à  celle  de  dessous.  Toutes  ces  planches  étant  de  même  dimen- 
sion, l'ensemble  formera  une  sorte  de  plancher  étanche.  —  Les  plan- 
ches do  la  couche  supérieure  sont  fixées  ensemble  au  moyen  d'un 
cours  de  planches  semblables,  placées  perpendiculairement  au  sens 
des  premières,  et  clouées  sur  leurs  extrémités;  il  est  bon  de  les  faire 
un  peu  déborder,  afin  de  les  dégager  plus  facilement  lors  de  l'exploi- 
tation du  tas.  Pour  consolider  encore  cet  ensemble,  on  peut  clouer  sur 
le  milieu  du  plancher  quek^ues  taquets  de  peu  de  longueur,  reliant 
ensemble  deux  ou  trois  planches,  toujours  de  la  couche  supérieure. 
Enfin  sur  le  plancher  ainsi  formé,  je  fais  entasser  des  blocs  de 
pierre  (du  moellon)  en  quantité  suffisante  pour  produire  une  pression 
de  800  kilog.  à  1,000  kilog.  pour  mètre  carré. 

Toutes  les  phases  de  celle  expérience  ont  été  détaillées  dans  le 
mémoire  que  j'ai  eu  l'honneur  de  présenter  à  la  Société  nationale 
d'agriculture  et  dans  ma  communication  à  la  Société  des  agriculteurs 
de  France;  qu'il  me  suffise  de  dire  ici  que  le  tassement  se  fait  très 
vite,  et  que  la  température,  après  s'être  rapidement  élevée  jusque  vers 
AS'centisrades,  s'abaisse  ensuite  et  reste  stalionnaire  aux  environs  de 
34°.  — Le  tas  reste  ainsi  abandonné  à  lui-même,  et  le  fourrage  qu'il 
renferme  (sauf  une  couche  peu  considérable  sur  les  côlés),  est  admira- 
blement conservé. 

L'exploitation  du  tas  se  fait  par  tranches,  dans  le  sens  de  la  plus 
petite  largeur;  on  commence  par  enlever  les  pierres  de  chargement 
qui  se  trouvent  sur  la  partie  à  exploiter,  puis  deux  ou  trois  planches 
de  chaque  tranche,  suivant  la  grandeur  de  la  tranche,  et  on  coupe 
avec  un  instrument  quelconque. 

Le  système  qui  consiste  à  ne  relier  les  planches  qu'avec  de  courts 
taquets,  en  rend  la  disjonction  bien  plus  facile.  Le  las  peut  rester  en 
vidange,  à  l'air,  sans  inconvénient,  pourvu  que  la  charge  demeure  sur 
la  partie  restante;  l'hiver  dernier,  j'en  ai  gardé  un  en  vidange  pendant 
deux  mois  sans  altération. 

Une  bonne  précaution  à  prendre,  c'est,  lors  de  l'exécution  du  tas,  de 
forcer  la  quantité  de  fourrage  mise  sur  les  bords;  il  en  résulte  que, 
par  le  tassement,  ces  bords  sont  rendus  plus  denses,  plus  imperméa- 
bles à  l'air,  et  la  perte  sur  les  faces  est  bien  amoindrie. 

11  est  bon  aussi  de  ne  pas  mettre  toute  la  charge  de  pierre  à  la  fois  ; 
il  y  aurait  danger  si  le  fourrage  n'est  pas  en  couches  bien  homogènes, 
ou  si  le  poids  n'est  pas  bien  uniformément  réparti,  de  voir  le  tas  s'in- 
cliner fortement  de  côté.  Il  vaut   mieux  mettre  d'abord  demi-charge, 


374 


CONSKRVATIiJN   DES   FOURRAGES  VERTS.  A  L  AIK  LIBRE. 


puis  le  lendemain,  quand  un  grand  tassement  s'est  déjà  produit,  la 
compléter. 

I  Dans  mes  premières  expériences,  j'avais  chargé  à  raison  de  1 ,200  ki- 
og.  par  mètre  carré;  cette  année  je  n'ai  mis  que  800  kilog.,  et  la 
conservation  a  été  excellente.  J'avais  tout  d'abord  employé,  pour  cou- 
vrir le  tas,  des  madriers  d'assez  grande  épaisseur,  placés  sur  une  seule 
couche;  je  les  ai  remplacés  dans  mes  ensilages  ultérieurs  par  de 
simples  planches,  comme  je  l'indique  plus  haut;  elles  sont  plus  faciles 
à  manier,  permettent,  par  leur  superposition,  de  faire  un  plancher  que 
l'expérience  m'a  démontré  être  à  peu  près  étanche  et  qui,  par  sa  légère 
flexibilité,  transmet  mieux  et  partout  la  pression  du  chargement. 

L'année  dernière,  jai  laissé  pendant  plusieurs  mois  du  regain  de 
luzerne  ainsi  exposé  à  toutes  les  intempéries  (pluie,  neige,  vent),  il 
s'est  très  bien  conservé.  Cette  année,  malgré  les  pluies  que  nous  avons 
eues  ce  printemps,  j'ai  conservé,  encore  en  plein  air,  une  première 
coupe  de  luzerne  qu'il  m'eût  été  impossible  de  dessécher,  et  qui  aurait 
été  entièrement  perdue  pour  moi.  Je  ne  puis  donc  qu'engager  les  agri- 
culteurs, et  en  particulier  ceux  qui  m'ont  fait  l'honneur  de  me  con- 
sulter à  ce  sujet,  à  employer  ce  moyen  si  simple  et  si  économique  de 
conservation.  A.  Uouvière, 

Lauréat  de  la  prime  d'honneur  du  Tarn,  à  Aussillon  (Tarn), 

PESAGE  DES  BETTERAVES  DANS  LES  SUCRERIES 

La  nouvelle  législation  sur  l'impôt  du  sucre  a  rendu  nécessaire  la 
création  d'un  nouvel  outillage  pour  le  pesage  des  betteraves  à   leur 


Fig.  16. 


■^•iZ^. V, 

■  Pont  bascule  de  M.  Paupier  pour  le  pesage  des  Ijctteiaves. 


réception  dans  les  sucreries  abonnées.  Cet  outillage  comporte  des  appa- 
reils pour  le  lavage  des  racines  et  pour  le  pesage;  car  il  est  indispen- 
sable que  les  racines  soient  complètement  débarrassées  de  la  terre  qui 
y  est  adhérente  et  que  le  poids  en  soit  déterminé  avec  une  exactitude 
rigoureuse. 


PESAGE  DES  BETTERAVES  DANS  LES  SLCUiLlUKS.  37ô 

Parmi  les  appareils  destinés  au  pesage  des  betteraves,  nous  devons 
signaler  un  pont-bascule  construit  par  M.  Paupier,  mécanicien  à 
Paris.  Ce  pont-bascule  est  représenté  par  la  figure  1G.  Les  wagonnets 
chargés  de  betteraves  sont  amenés  sur  le  tablier  qui  peut  recevoir  des 
rails  d'un  petit  chemin  de  fer,  et  là  ils  sont  pesés  avec  la  plus  grande 
rapidité.  Comme  les  pesées  sont  minutieuses,  la  bascule  est  munie 
d'un  double  contrôle;  elle  porte,  en  outre,  le  compteur  exigé  par  lad  ■ 
ministralion  des  contributions  indirectes.  La  valeur  des  instruments 
qui  sortent  des  ateliers  de  M.  Paupier  est  trop  connue,  pour  que  nous 
ayons  besoin  d'insister  sur  le  soin  avec  lequel  cette  bascule  a  été  con- 
struite, et  sur  les  services  qu'on  peut  légitimement  en  attendre  dans  les 
sucreries.  L.  de  Sardruc. 

PISCICULTURE  -  NAPLES 

La  pisciculture  appliquée  tenant  nos  lecteurs  au  courant  du  mouve- 
ment piscicole,  nous  mène  forcément  à  :  Die  Hocbschiile  des 
schalze  des  Meeres,  à  celte  université  des  trésors  de  la  mer,  comme  on 
récrit  au  delà  des  Vosges,  mais  qu'en  deçà  nous  nommerons  simple- 
ment l'aquarium  de  Naples. 

Après  Howietoun,  IN'aples  !  ces  créations  sans  égales  de  la  piscicul- 
ture en  Europe;  nous  en  exceptons  bien  entendu  l'Amérique,  dont  h 
budget  de  la  pisciculture  est  dans  de  telles  proportions,  que  la  lutte 
avec  elle  serait  pour  nous  impossible,  si  leur  fond  scientifique  était 
comme  celui  de  leur  bourse. 

En  dehors  des  travaux  sur  l'anguille  du  docteur  Mather,  et  de  l'étude  de 
leurs  côtes  par  les  ingénieurs  hydrographes  et  même  les  officiers  de  la 
marine  fédérale,  nous  n'y  voyons  que  découvertes  et  inventions  fai- 
sant honneur  à  leur  esprit  d'initiative  et  leur  ingéniosité  ;  leurs  appa- 
reils d'incubation,  par  exemple,  à  500  ou  601)  francs  l'exemplaire, 
mais  à  l'utilisation  pratique  desquels  nous  nous  garderons  bien  de 
recourir. 

Le  mot  du  mieux,  ennemi  du  bien,  semble  avoir  été  dit  comme  pour 
eux.  Qu'on  alloue  aux  trois  départements  denotre  Bretagne  (Morbihan, 
Finistère  et  Côtes-du-Nord),  dont  population  et  surface  sont  à  peu  près 
égales  à  l'état  du  Massachussets  le  quart  de  la  somme,  125  ou 
130,000  francs  que  ce  seul  état  de  l'Union  donne  à  la  pisciculture,  et 
nous  verrons  bien  si,  avec  nos  poissons  sédentaires  et  surtout  les  sau- 
mons, nous  ne  saurions  pas  aussi  intéresser  l'opinion  publique 
à  nos  travaux,  autrement  que  par  la  création  annuelle  de  milliards  de 
morue,  dont  en  ce  jour  nous  ne  pouvons  découvrir  les  résultats  pra- 
tiques et. . .  sonnants  ! 

L'art  pour  l'art  ainsi  entendu  et  appliqué  n'a  rien  de  commun 
avec  l'empoissonnement  de  nos  rivières  et  de  nos  ruisseaux  par  les  têtes 
de  bassins,  comme  cela  se  pratique  avec  tant  de  succès  dans  le  grand 
duché  de  Luxembourg  ;  succès  dont  nos  lecteurs  n'ont  pas  perdu  le 
souvenir. 

De  là  à  la  station  zoologique  de  Naples,  il  n'y  a  qu'un  pas,  bien  que 
l'ordre  d'idées  que  nous  venons  de  suivre  semblerait  nous  en  éloigner; 
là  aussi  il  s'y  fait  de  l'art  pour  l'art,  mais  un  art  au  bout  duquel 
se  trouvent  méthode,  application,  utilisation. 

Entrons  donc  dans  le  palazzo  de  la  Villa  Nationale  ou  royale  que  la 


376  PISCICULTURE.   —  NAPLES. 

science  et  la  pisciculture   doivent  ù  l'initiative  et  à   la  persévérante 
énergie  de  M.  Dohrn  et  de  Garibaldi. 

Le  n°  800  du  Journal  a  dit  à  nos  lecteurs  comment,  en  1878  (n°  478 
du  Journal),  nous  avons  été  amené  à  visiter  cette  création  et  notre  but, 
en  prévision  de  la  grande  exposition  de  pisciculture,  que  pour  l'année 
1880  l'Allemagne  organisait  à  Berlin. 

M.  Dohrn  a  choisi  le  golfe  de  Naples  parce  qu'il  est  un  des  poiiits 
dont  la  faune  et  la  flore  sont  les  plus  riches  du  bassia  méditerranéen, 
et  cela  depuis  la  tortue  à  cuire  jusqu'aux  créations  inférieures,  bêtes 
et  plantes,  que  MM.  Eisig  et  Kahnann ,  comme  chez  nous  le  créateur 
de  Roscoff,  notre  maître  vénéré  de  l'Institut  national  agronomique  de 
Versailles,  M.  de  Lacaze-Duthiers,  nous  ont  si  magistralement  fait  con- 
naître. 

Depuis  ces  travaux,  l'étude  des  animaux  inféi'ieurs  présente  moins 
de  difficultés.  Cependant  pour  celle  des  animaux  de  grande  eau,  tels 
que  les  cartilagineux  :  méduses,  polypes;  les  nageurs  aux  couleurs 
vives  mais  passagères;  les  céphalopodes,  les  poulpes,  crustacés,  sépiens 
et  calmars,  leurs  proches  parents,  si  recherchés  des  Napolitains,  sans 
oublier  les  nageurs  de  surface,  rapides  comme  l'éclair,  et  la  masse  des 
colorés,  coraux  anémones,  les  torpilles,  les  anguilles,  les  pleuronectes 
aux  yeux  brillants,  les  oursins,  bref  tout  ce  monde  d'inconnus,  d'affa- 
més, pour  lesquels  des  conditions  spéciales  d'examen  et  d'étude  doi- 
vent être  créés,  dont  la  nouveauté  ne  le  cède  en  rien  à  la  curiosité, 
tel  fut  le  but  de  M.  Dohrn. 

Comment  le  remplit-il?  La  station  internationale  de  1884  est  loin, 
comme  on  le  peut  penser,  de  la  plus  que  rudimentaire  installation  de 
1874,  dont  nous  avons  parlé  après  noire  première  visite  en  1878. 
Une  promenade  dans  ce  bel  établissement,  aujourd'hui  si  bien  nommé 
Palazzo  Nationale^  dépasserait  de  beaucoup  la  place  dont  nous  dispo- 
sons ici.  Nous  n'en  mentionnerons  que  la  bibliothèque,  une  des  plus 
riches  déjà  en  ouvrages  d'histoire  natui-elle,  auteurs  et  éditeurs,  par 
dons  et  échanges,  tenant  tous  à  y  prendre  place. 

Au  moment  où  souffle  le  siroco,  qui  apporte  les  poissons  de  surface  de 
gr'ande  eau  et  surtout  des  microscopiques,  les  diverses  embarcations 
partent  aussitôt,  les  unes  pour  la  pêche  des  premiers  et  les  autres  pour 
la  capture  des  seconds,  les  études  physiologiques  et  biologiques  devant 
toujours  marcher  de  front. 

Deux  chaloupes  sont  affectées  à  l'étude  des  courbants,  leur  tempéra- 
ture. L'une  est  munie  de  fins  filets  en  soie  pour  ne  prendr'e  que  les 
microscopiques,  les  larves,  aussitôt  déposés  dans  un  baquet  où  méduses 
et  polypes  transparents  difficiles  à  voir,  même  dans  l'eau,  sont  très 
minutieusement  conservés  et  aussitôt  transportés  au  laboratoire. 

Quant  à  la  pêche  des  poissons  de  grande  eau,  à  laquelle  se  livre 
l'autre  embarcation,  elle  se  fait  comme  partout  :  seines,  chaluts,  arts 
traînants;  la  manœuvre  de  ces  derniers  ne  se  fait  que  sur  des  bancs 
Ressac,  des  petites  profondeurs. 

A  côté  de  ces  embarcations  consacrées  à  la  petite  pêche,  l'établisse- 
ment possède  un  petit  vapeur  pour  la  haute  mer,  auquel  sont  spécia- 
lement réservées  l'étude  et  l'observation  de  la  migration,  de  la  stabula- 
tion  et  de  la  sélection  des  espèces  au  moment  surtout  de  leurs  amours, 
c'est-à-dire  du  frai. 
j  La  baie  de  Gaëte  est,  sous  ce  rapport,  une  mine  inépuisable  de 


PISCICULTaRE.  —  NAPLES.  377 

curieuses  et  nouvelles  observations  qui  s'y  poursuivent  au  moyen  du  sca- 
phandre, jusqu'àjdes  profondeurs  de  30  mètres.  A  cause  des  pressions 
aux  fermetures  de  l'appareil,  ila  été  jusqu'ici  impossible  de  descendre  ; 
plus  de  deux  heures ,  il  n'est  pas  possible  de  demeurer,  et  encore 
faut-il  y  employer  un  rude  et  courageux  scaphandrier.  L'admission 
■  des  étudiants  (environ  treute),  lesquels  sont  pour  la  plupart  profes- 
seurs déjà  dans  des  universités,  y  est  des  plus  difficiles,  M.  Dohrn 
n'acceptant  que  ce  qui  a  déjà  fait  ses  preuves  dans  la  science  ou  la  pra- 
tique de  la  pisciculture. 

Karl  Vogt,  dans  une  récente  publication  sur  cette  création  de  la 
science  allemande^  travail  où  comme  toujours  on  ne  sait  ce  que  l'on 
doit  le  plus  admirer,  de  sa  science  la  plus  profonde  jointe  à  l'esprit 
le  plus  pétillant,  ou  de  l'esprit  le  pbis  alerte  et  le  plus  prime-sautier 
se  jouant  dans  l'érudition  la  plus  profonde,  Karl  Vogt  avouait,  p.  376 
du  t.  IV  des  Landi  uns  Meers,  que  sans  s'arrêter  trop  à  l'étude  des 
grandes  profondeurs  sur  lesquelles  on  ne  nous  sert  plus  que  du 
vieux  neuf,  mais  dont  il  admettait  cependant  l'importance  aux  points 
de  vues  théorique  et  biologique,  il  fallait  pourtant  reconnaître  que 
tout  ce  grand  et  beau  mouvement  de  l'étude  de  la  mer  avait  eu  son 
point  de  départ  dans  la  pisciculture  fluviatile.  Aveu  précieux  que 
nous  nous  empressons  d'enregistrer,  et  dont  nous  ne  saurons  trop 
féliciter  cette  intelligence  au-dessus  des  préjugés,  le  savant  en  un 
mot,  né  Allemand,  mais  francisé  par  l'esprit.  Mouvement  du  reste 
dont-il  fut  un  des  précurseurs  par  ses  travaux  de  science  pure  et  pra- 
lique,  en  1834  et  1842  dans  le  canton  de  Neufchâtel  (voir  n"  534  du 
Journal). 

L'aquarium  de  Naples  a  eu  jusqu'à  ce  jour  268  étudiants,  soit  une 
moyenne  de  28  par  an.  Après  lesAUemends  qui  comptent  pour  environ 
la  moitié,  ce  qui  n'est  que  justice  puisque  dans  les  frais  ils  parti- 
cipent pour  davantage  encore,  ce  sont  surtout  les  Anglais  et  les  Russes 
qui  suivent  avec  le  plus  d'assiduité  les  trois  travaux  internationaux 
de  la  paix. 

Pourquoi  la  France,  la  France  qui  les  fit  naître,  n'a-t-elle  jamais  figuré 
à  ce  noble  congrès  en  permanence  des  peuples,  fraternisant  dans  la 
science  par  le  travail  et  le  respect  du  droit? 

Nos  idées  démocratiques  au-dessus  des  mesquineries  d'un  jacobi- 
nisme scientifique  auquel  heureusement  nous  ne  sommes  pas  le 
seul  à  dire  ce  que  nous  croyons  être  la  vérité,  nos  principes  démo- 
cratiques, disions-nous,  protestaient  déjà  il  y  a  dix  ans,  comme  ils 
protestent  encore  contre  ce  patriotisme  à  l'envers. 

Pour  2,500  fr.  par  an,  la  France  pourrait  y  avoir  sa  table  (on  appelle 
ainsi  l'installation  d'un  étudiant);  espérons  qu'elle  ne  se  frappera  pas 
plus  longtemps  d'un  ostracisme  dont  elle  souffre  la  première,  dans  un 
présent  si  peu  digne  de  son  brillant  passé  dans  cette  question. 

La  division  du  travail  est  la  base  des  études  qui  se  poursuivent 
toute  l'année  avec  tant  de  suite  et  de  succès;  les  rapports  qui  en  sor- 
tent sur  les  crustacés,  les  éponges,  les  actinées,  les  anémones,  sont 
des  pages  fixées  dans  la  science  moderne  et  que  doivent  connaître 
tous  ceux  qui  veulent  être  au  courant  de  la  pisciculture  de  la  mer. 

On  comprend  bien  que  les  Allemands,  avec  la  mer  du  Nord  et  la 
Baltique  si  pauvres  en  types,  aient  profité  de  cette  occasion  unique 
pour  entrer  dans  le  mouvement;  car,  fait  curieux  à  noter,  ce  n'est 


378  PISCICULTURE.  —  NAPLES. 

qu'après  la  possession  de  notre  Huningue,  que  gouvernement  alle- 
mand, universités,  sociétés  privées,  initiatives  individuelles,  se  sont 
groupés  pour  la  création  de  cette  lentille  de  la  science,  plus  tard  phare 
éclairant  f Europe,  pour  ne  rien  changer  à  leur  langage  un  peu 
métaphorique  mais  dont  nous  nous  garderons  de  rire  en  face  des 
résultats  acquis. 

Naples  devra  être  toujours,  selon  les  fondateurs,  la  Salerne  du 
dix-neuvième  siècle,  où  les  savants  du  monde  doivent  se  donner  ren- 
dez-vous, comme  jadis  les  médecins  du  onzième  siècle  se  rendaient  à 
c3tte  dernière  ville  à  l'appel  de  Robert  Guiscard  {voiv  Modicina  Saler- 
iiita  de  Jean  de  Milan,  par  René  Moreau.  Paris,  1G25). 

Le  directeur,  M.  Dohrn,  dont  les  éludes  sur  les  poissons  inférieurs 
ont  donné  à  la  science  des  directions  toutes  nouvelles,  a  surtout  tenu 
la  main  aux.  deux  grandes  divisions  suivantes  dans  les  travaux  de 
l'établissement:  i"  le  côlé  technique;  2"  la  science  organique  ou  l'é- 
lude de  la  morphologie,  de  l'embryogénie  et  de  la  biologie.  Il  faut  noter 
et  c'est  par  là  que  nous  finirons,  que  le  créateur  de  l'aquarium  de 
Naples  est  un  Darwiniste,  c'est-à-dire  un  de  ces  savants  qui  croient, 
nprès  Aristote,  que  la  vie  sur  la  terre  a  pris  son  origine  dans  la  vie  de 
la  mer.  Aussi  les  études  biologiques  sur  les  animaux  marins  leur  pa- 
raissent-elles bien  plus  importantes  que  celles  des  animaux  terrestres. 

Or,  nulle  part  en  Europe,  on  ne  pouvait  trouver  mieux  qu'au  golfe  de 
Naples  où,  sous  ce  doux  climat,  il  existe  une  source  d'une  si  inépuisa- 
ble richesse. 

Nous  avons  dit  avec  quelle  confiance  il  avait  consacré  à  cette  pensée 
sa  fortune  et  sa  vie,  ce  n'est  donc  que  justice  si  le  succès  couronne 
tant  d'efforts  et  de  persévérance. 

Dans  le  numéro  556  du  Journal  1879,  nous  avons  aussi  traité  la 
question  du  tout  naît  d'un  œuf  du  grand  Stagirite,  et  cela  à  propos  des 
travaux  sur  ce  grand  inconnu  de  la  science  qui  s'appelait  alors  l'an- 
guille, mais  sur  lequel  heureusement,  depuis  les  belles  découvertes  des 
docteurs  Syrkis  et  Mather,  le  doute  ne  saurait  exister. 

Chabot-Karlen, 

Membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture  de  France. 

PULVÉRISATEUR  RILEY 

L'invasion  de  nos  vignobles  par  le  miklew  a  provoqué  l'invention 
de  nombreux  remèdes  pour  combattre  cette  terrible  maladie.  Les 
poudres  qu'on  a  essayées,  sous  des  noms  divers,  ont  donné  des  résul- 
tats médiocres,  ce  qui  s'explique  aisément  par  ce  fait  que,  le  mildew 
se  développant  exclusivement  à  la  face  inférieure  de  la  feuille,  il  est 
très  difficile  que  la  poudre  s'y  fixe  en  quantité  suffisante  pour  amener 
la  destruction  de  la  cryptogame. 

C'est  pourquoi  l'on  s'est  adressé  aux  substances  liquides  qui,  pulvé- 
risées au  moyen  d'appareils  spéciaux,  se  fixent  facilement,  sous  forme 
de  gouttelettes  extrêmement  fines,  au  revers  des  feuilles  que  l'on 
traite. 

Plusieurs  instruments  ontélé  essayés,  l'année  dernière  et  cette  année, 
pour  pulvériser  efficacement  les  liquides;  aucun  ne  présente,  à  beau- 
coup près,  les  avantages  du  pulvérisateur  (fig.  17  et  18)  que  nous 
a  récemment  apporté  d'Amérique  M.  Riley,  l'entomologiste  bien  connu 
dans  le  monde  viticole. 


PQLVÉRISATEUR  RILEY. 


379 


Le  pulvérisateur  de  M.  Riley  est  remarquable  tout  à  la  fois  par  sa 
simplicité  et  par  l'efficacité  des  effets  de  pulviTisatiou  que  l'on  en 
obtient.  L'appareil  est  formé  d'une  boîte  cylindrique  en  bronze, 
de  0  m.  01  de  diamètre  intérieur,  fermée  par  un  bouchon  discoïde, 
creux,  de  même  métal  ;  un  bout  de  tuyau  servant  àl'amenée  du  liquide 


Fig.  17.  —  Pulvérisateur  Riley,  muni  tic  son  tuyau. 


vient  aboutir  tançrentiellement  à  la  face  intérieure  de  la  boîte.  Un  trou 
d'environ  0  m.  0015,  percé  au  centre  du  bouchon  et  très  légèrement 
évasé  vers  le  dehors,  sert  à  l'échappement.  Le  pulvérisateur  est  mis  en 


Fig.  18.  —  Mode  tl'emiiloi  du  pulvérisateur. 


communication  avec  une  petite  pompe  foulante,  au  moyen  d'un  petit 
tuyau  de  caoutchouc  un  peu  épais  et  dur. 

Lorsque  l'on  fait  arriver  l'eau  sous  pression  dans  l'appareil,  elle  prend 
par  suite  de  la  disposition  du,  tuyau  d'arrivée,  un  mouvement  de 
giration  rapide,  et  elle  sort  en  formant  une  sorte  de  tulipe  tournante 
dont  les  bords  finissent  par  se  séparer  en  une  poussière  d'eau.  On  peut, 
en  évasant  plus  ou  moins  l'ouverture  de  sortie,  modifier  la  forme  de  la 
tulipe,  et  par  suite,  dans  une  certaine  mesure,  les  effets  de  pulvé- 
risation. 

Les  avantages  de  l'appareil  de  M.  Riley  sont,  en  premier  lieu,  son 


3?0  PULVÉRISATEUR  RILEY. 

extrême  simplicité  qui  le  rend  peu  coûteux  et  d'un  entretien  on  ne  peut 
plus  facile;  en  second  lieu,  la  possibilité  de  supprimer,  pour  en  faire 
usage,  les  pompes  à  air.  En  outre  de  son  usage  spécial  contre  le  mil- 
dew,  le  pulvérisateur  Riley  nous  semble  appelé  à  rendre  de  grands 
services  aux  horticulteurs,  pour  l'emploi  des  insecticides  liquides  con- 
tre les  milliers  d'insectes  qui  dévorent  leurs  arbres  fruitiers. 

Le  pulvérisateur  Riley  est  construit  et  mis  en  vente  par  M.  Vermorel, 
mécanicien  à  Villefranche  (Rhône),  au  prix  de  2  fr.   50. 

L.  Degrully. 

UNE  FERME  A  BETTERAVES  RICHES 

DANS  LE  FAS-DE-GALAIS. 

La  nouvelle  loi  sur  les  sucres,  si  impatiemment  attendue  par  l'indus- 
trie sucrière  et  l'agricullure  du  Nord,  donne  de  nouveau  de  l'actualité 
à  la  production  de  la  betterave  riche. 

Un  a  dit  et  trop  souvent  répété  qu'en  France,  dans  la  région  du 
Nord,  la  terre  élatt  épuisée  pour  la  betterave;  on  a  dit  surtout  que,  dans 
nos  terres  fertiles,  il  était  impossible  d'obtenir  des  racines  sucrées,  et 
que  jamais  nous  ne  pourrions  faire  de  la  betterave  riche  comme  on  en 
fuit  en  Allema"ne. 

J'ai  entendu  souvent  ces  propos  tenus  même  par  de  bons  cultivateurs, 
par  des  hommes  instruits.  C'est  une  erreur  grave  que  je  tiens  à  rectifier. 

Je  ne  connais  pas  de  meilleur  moyen  pour  le  faire,  que  de  décrire  en 
quelques  lignes  le  système  d'un  cultivateur  du  Pas-de-Calais,  M.  Mas- 
clef,  deLoison,  près Lens,  lauréat  d'un  des  prix  de  spécialités,  lors  du 
dernier  concours  régional  de  Saint-Omer. 

La  plupart  des  chiffres  que  je  vais  citer  sont  tirés  du  mémoire  que 
ce  cultivateur  a  présenté  à  la  Commission  chargée  de  décerner  la  prime 
d'honneur  et  les  prix  de  spécialités  dans  le  Pas-de-Calais.  Ils  peuvent 
être  contrôlés  par  l'examen  des  livres  de  la  fabrique  de  Pont-ù-Vendin 
(Pas-de-Calais). 

M.  Masclef  possède  deux  fermes  :  l'une  à  Loison,  d'une  contenance 
de  GO  hectares,  l'autre  à  Noyelles,  localité  distante  d'un  kilomètre  à 
peine  de  la  première  et  composée  de  20  hectares. 

Les  terres  de  Loison  sont  argilo-siliceuses  ou  argilo-calcaires,  à  sous- 
sol  calcaire;  et  celles  de  Noyelles  sont  argilo-siliceuses,  assez  com- 
pactes et  assez  humides. 

En  1879  M.  Masclef  conclut  pour  neuf  années  consécutives  avec 
IMM.  Cambier  frères,  fabricants  de  sucre  à  Ponl-à-Veadin,  un  com- 
promis que  nous- ne  croyons  pas  nécessaire  dereproiluire  ici. 

D'après  ce  contrat,  le  fabricant  de  sucretra vaille  à  façon  ;  M.  Masclef 
lui  donne  14  fr.  par  1,000  kilog.  de  betteraves  pour  le  travail,  et  de 
son  côlé,  le  fabricant  lui  paye  75  pour  100  du  sucre  extractible  qui  a 
été  observé  contradictoirement  par  deux  chimistes  désignés.  Le  prix 
de  la  betterave  est  calculé  d'après  la  moyenne  des  cours  des  sucres  à 
Lille  du  15  octobre  au  15  janvier. 

Ce  contrat,  que  je  ne  veux  pas  discuter,  que  je  ne  compte  pas  plus 
offrir  ici  comme  modèle  (surtout  parce  qu'il  n'est  pas  applicable  par- 
tout), oblige  M.  iMasclefà  produire  de  la  betterave  riche,  et  même  à  la 
produire  très  riche,  puisqu'il  est  payé  d'après  les  cours  qui  sont  très 
bas  depuis  qljelques années. 


UNE  FERME  A  BETTERAVES  R'.GHES  DANS  LE  PAS-DE-CALAIS.        331 

Dès  1 879  M.  Masclef  se  mit  à  l'œuvre,  concilia  ses  moyens  d'action 
au  résultat  qu'il  devait  obtenir  et  adopta  enfin,  après  quelques  tâton- 
nements, le  système  de  culture  suivant  : 

L'amcnagcinent  des  fumiers.  —  M.  Masclef  est  convaincu  de  l'inlluencc 
heureuse  d'un  fumier  mis  avant  l'hiver;  par  conséquent  de  la  néces- 
sité de  le  conserver  avec  le  moins  de  pertes,  jusqu'au  moment  de  l'en- 
fouissement. C'est  dans  ce  but  qu'il  a  aménagé  ses  étables  de  manière 
à  obtenir  cette  conservation  dans  de  bonnes  conditions. 

Un  madrier  horizontal  est  placé  de  chaque  c5té  de  l'étable,  contre  le 
mur,  dans  le  sens  longitudinal  de  celle-ci.  Ces  deux  madriers  peuvent 
être  n  ontés  ou  descendus  à  l'aide  de  quatre  crémaillères  situées  aux 
quatreextrémilés  de  ces  pièces  de  bois.  La  mangeoireest  placée  transver- 
salement et  repose  à  ses  deux  bouts  sur  les  madriers;  elle  peut  donc 
glisser  horizontalement;  elle  est  double  et  quatre  animaux  sont  attachés 
à  chacune  de  ses  foces. 

Voici  les  avantages  de  cette  disposition  : 

Les  animaux  nesorlent  jamais  des  étables  (ils  boivent  dans  de  petits 
bacs  en  fonte  placés  dans  la  mangeoire).  Le  fumier  s'amoncelle  sous 
eux  et  plus  la  couche  s'épaissit,  plus  on  monte  la  mangeoire  en  rele- 
vant les  madriers  qui  la  supportent  au  moyen  des  quatre  crémaillères. 

Si  cette  mangeoire  restait  toujours  dans  le  même  plan  vertical,  le 
fumier  serait  constamment  tassé  au  même  endroit  et  les  déjections 
seraient  toutes  à  la  même  place.  L'engrais  ne  serait  pas  homogène. 
C'est  pour  remédier  a  cet  inconvénient  que  l'on  glisse  la  mangeoire 
chaque  jour  deO  m.  75  dans  un  sens;  quand  le  train  de  derrière  des  ani- 
maux du  rang  qui  a  reculé  se  trouve  près  du  mur,  on  recommence  le 
mouvement  horizontal  de  la  mangeoire  en  sens  inverse  en  déplaçant 
toujours  de  0"'.75  par  jour  jusqu'à  ceque  les  animaux  de  l'autre  rangée 
arrivent  au  mur  opposé.  Il  y  a  donc  un  déplacement  continu  des  ani- 
maux et  par  conséquent  un  tassement  constant,  égal,  dans  toute  la 
masse  du  fumier  et  les  détections  sont  bien  réparties. 

Il  en  résulte  un  engrais  qui  fermente  uniformément,  et  cette  fermen- 
tation est  réduite  à  son  minimum,  puisque  l'air  estchassé  constamment 
par  la  pression  des  animaux.  lien  résulte  aussi  que  le  dégagement  des 
gaz  ammoniacaux  est  nul,  et  l'on  peut  entrer  par  les  journées  les  plus 
chaudes  de  juillet  ou  d'août  dans  ces  étables,  sans  percevoir  la  plus 
petite  odeur  ammoniacale. 

Si  l'on  coupe  ces  fumiers,  qui  sont  cependant  là  depuis  le  mois  de 
février  et  qui  n'ont  pas  moins  de  1"'.20  d'épaisseur  au  commencement 
d'août,  on  ne  doute  plus  de  la  qualité. 

Ils  ne  sont  pas  décomposés  puisqu'il  n'y  a  eu  qu'une  fermentation 
partielle  et  lente,  ils  ne  sont  pas  à  l'état  de  beurre  )ioir,  pas  plus  qu'à 
l'état  pai lieux.  Ils  sont  à  demi  consommés  et  se  tranchent  facilement. 
Le  purin,  dont  pas  une  goutte  n'est  perdue,  est  réparti  dans  toute  la 
masse  et  l'on  ne  peut  y  voir,  bien  entendu,  aucune  trace  de  moisissure. 

Le  fumier  des  chevaux  est  mis  chaque  jour  sous  les  bêtes  à  cornes; 
quant  à  celui  des  moutons,  il  est  traité  comme  celui  des  bovins. 

M.  Masclef,  ainsi  que  nous  allons  le  voir,  l'unie  ses  terres  à  betteraves 
en  deux  fois.  La  première  demi-fumure  se  met  en  août,  la  seconde  en 
février.  Celle  d'août  se  compose  donc  de  tous  les  fumiers  faits  de  février 
à  août;  et  celle  de  février,  de  tous  ceux  produits  d'août  à  février. 

Fumure  et  façons  préparatoires.  —  Chaque  hectare  de    betteraves 


382       UNE  FERME  A  BETTERAVES  BICHES  DANS  LE  PAS-DE-CALAIS. 

reçoit  suivant  la  quantité  d'engrais  dont  on  dispose  23  à  30,000  kilog. 
de  fumier  de  ferme. 

La  première  demi-fumure  est  donc  mise  au  mois  d'août.  Elle  est  recou- 
verte immédiatement  par  un  labour  très  léger.  En  octobre  on  donne 
un  labour  aussi  profond  que  possible. 

En  février,  vient  la  seconde  demifumure  à  laquelle  on  ajoute 
1 ,000  kilog.  de  tourteaux  de  sésame  et  colza,  et  200  kilog.  de  super- 
phosphates de  noir  que  M.  Masclef  fabrique  lui-même. 

Celte  seconde  fumure  est  enfouie  par  un  labour  léger  en  mars.  On 
fait  suivre  la  charrue  qui  l'exécute  d'une  fouilleuse  qui  remue  la  partie 
profonde  du  sol  (qui  est  déjà  fumée)  et  la  laisse  en  place.  La  terre  est 
alors  attaquée  à  l'extirpateur  qui  divise  les  derniers  engrais  enfouis 
superficiellement,  les  répartit  uniformément  dans  la  masse,  ameublit 
complètement  la  surface  et  prépare  la  semaille. 

Cette  manière  d'opérer  semble  on  ne  peut  plus  rationnelle.  On  voit 
que  la  préoccupation  constante  de  M.  Masclef  est  d'abord  de  mettre 
tout  ce  qu'il  p3ul  de  son  fumier  avant  l'hiver,  afin  que  sa  décompo- 
sition soit  faite,  pour  le  moment  oii  la  betterave  en  aura  besoin,  dans 
sa  période  de  végétation,  c'est-à-dire  avant  le  mois  d'août.  Cette  pre- 
mière fumure  enfouie  profondément  est  divisée,  aérée,  au  printemps 
par  la  fouilleuse;  quant  à  la  seconde  demi-fumure,  qui  est  mise  au 
printemps,  elle  doit  se  décomposer  très  vite,  car  elle  subit  constamment 
le  contact  de  l'air  par  suite  des  façons  successives  données  à  l'extir- 
pateur. 

Le  terrain  est  admirablement  préparé;  il  est  chargé  d'engrais  et 
aéré  dans  toute  sa  profondeur.  Cet  engrais  est  devenu  assimilable  au 
moment  où  la  plante  va  prendre  possession  du  sol,  et  ce  sol  est  par- 
faitement ameubli. 

SemaiUes.  —  Du  25  mars  au  25  avril,  M.  Masclef  sème  à  plat,  à 
44  centimètres  d'écartement.  Les  44  centimètres  sont  nécessaires,  car, 
comme  nous  le  verrons,  les  betteraves  qu'il  cultive  sont  si  abondam- 
ment pourvues  de  feuilles  qu'il  serait  impossible  de  faire  passer  une 
houe  à  cheval  entre  les  lignes  de  betteraves  semées  à  une  distance 
moindre. 

Ces  semailles  sont  faites  à  raison  de  25  kilog.  par  hectare. 

M.  Masclef  a  adopté  à  son  semoir,  un  distributeur  d'engrais  qui 
dépose  devant  les  socs  de  cet  instrument  l'engrais  qui  doit  nourrir  la 
plante  dans  son  enfance.  Ce  mélange  se  compose  par  hectare  de  : 

Superphosphates 75  kilog. 

Nitrate  de  soude 40 

Sulfate  d'ammoniaque 25 

Chlorure  de  potassium 35 

Au  premier  binage  à  la  houe  à  cheval,  qui  a  lieu  aussitôt  après  la 
mise  en  place,  on  sème  une  nouvelle  dose  d'engrais  composé  de  : 


I 


Superphosphates 75  kilog. 

Nitrate  de  soude. 35  J  i  rhectare. 

Sullate  û  ammoniaque 3b  i 

Chlorure  de  potassium 35  J 

Ces  engrais  sont  semés  en  avant  des  socs  de  la  houe  à  cheval,  au 
moyen  d'un  distributeur  placé  sur  cet  instrument.  La  matière  ferti- 
lisante tombe  sur  la  ligne  de  bettera.ves  et  est  recouverte  immédiate- 
ment par  la  terre  déplacée  par  les  couteaux.  Cet  engrais  est  destiné  à 


UNE  F£RME  A  BETTERAVES  RICITi':S  DiNS   LE  PAS-UE-GALAIS.        .T-3 

donner  de  la  vigueur  à  la  plante,  qui  languit  toujours  après  la   mise 
en  place  et  le  démariage. 

Un  troisième  mélange  est  enlin  semé  avant  le  15  juin;  il  est  dis- 
tribué à  la  volée,  car  M.  Masclef  suppose  qu'à  cette  époque  la  plante 
a  assez  de  chevelu  pour  pouvoir  prendre  la  nourriture  ailleurs  que  sur 
la  ligne.  Ce  mélange  se  compose  de  : 

■     Superphosphates lôO  kilog.   ', 

Nitrate  de  soude. 25              U  rhcctare. 

.suliate  d  ammoniaque 40              i 

Chlorure  de  potassium , 30              J 

Les  houes  à  cheval  travaillent  pendant  toute  la  balle  s:iisoa,  jus- 
qu'au moment  où  les  feuilles  sont  devenues  trop  grandes  ;  on  les 
munit  de  fers  d'autant  plus  petits  que  la  saison  est  plus  avancée,  afin 
de  ne  pas  endommager  le  chevelu. 

On  remarquera  que  celte  manière  de  distribuer  l'engrais  en  plu- 
sieurs fois,  de  nourrir,  pour  ainsi  dire,  la  betterave  pendant  toute  sa 
végétation,  est  très  bien  comprise. 

M.  Masclef  est  convaincu  qu'uae  exagération  d'engrais  azoté  nuit  à 
la  betterave  et  que  cet  engrais  azoté  est  d'autant  plus  nuisible  à 
mesure  que  l'on  avance  vers  le  mois  d'août.  Le  nitrate,  selon  lui, 
serait  l'aliment  du  premier  âge,  le  sulfate  d'ammoniaque  serait  moins 
préjudiciable  au  mois  de  juin  que  le  nitrate.  C'est  pourquoi  la  quan- 
tité de  ce  dernier  engrais  est  plus  forte  aux  semailles  qu'à  la  troi- 
sième distribution  et  que  la  quantité  de  sulfate  d'ammoniaque 
augmente  en  sens  inverse.  Le  superphosphate  est  considéré  comme 
correctif  des  engrais  azotés  et  sa  quantité  augmente  à  mesure  que  la 
saison  avance. 

Cette  méthode  me  semble  tout  à  fait  rationnelle  et  elle  concorde,  si 
je  ne  me  trompe,  avec  tous  les  faits  démontrés  jusqu'ici  par  l'expéri- 
mentation. D'ailleurs,  les  résultats  sont  là  pour  le  prouver. 

Vai'iété  et  porle-gr aines.  —  La  betterave  cultivée  par  M.  Masclef  est 
une  racine  blanche  bien  pivotante,  pesant  de  600  à  1,000  grammes. 
Le  feuillu  est  très  abondant.  Il  est  inséré  sur  un  collet  qui  est  réduit 
au  minimum.  La  racine  est  bien  en  terre  et  s'arrache  facilement. 

Cette  betterave  provient  surtout  de  silésiennes  acclimatées  ;  tous  les 
ans,  au  moment  de  l'arrachage,  M.  Masclef  choisit  ses  porte-graines 
Ce  choix  se  fait  surtout  par  la  forme  extérieure  et  le  bain  salé. 

Afin  de  renouveler  un  peu  la  variété,  il  achète  chaque  année  quel- 
ques kilog.  de  graines  qui  proviennent  de  betteraves  allemandes  accli- 
matées un  an  en  France.  Il  choisit  les  meilleures,  qu'il  joint  à  celles 
des  siennes  qui  ont  été  mises  de  côté. 

Les  betteraves  porte-graines  sont  ensilées;  elles  sont  couchées  à 
plat,  et  on  ne  met  jamais  plus  de  quatre  betteraves  d'épaisseur. 

Elles  sont  plantées  très  tôt,  assez  profondément  pour  que  les  jeunes 
pousses  qui  partent  du  collet  soient  recouvertes  de  2  à  3  centimètres 
de  terre.  La  betterave  peut  alors  supporter  les  gelées  du  printemps. 

Les  porte-graines  sont  fumées  avec  du  fumier  très  décomposé  et  des 
superphosphates. 

Résultats.  —  Dès  1879,  année  d'essais  et  d'expériences,  les  bette- 
raves de  provenance  allemande  et  acclimatées  donnaient  déjà  un  pro- 
duit en  argent  de  300  francs  supérieur  à  celui  des  bonnes  betteraves 
du  pays. 


384       UNE  FERME  A  BETTERAVES  RICHES  DANS  LE  PAS-DE-CALAIS. 

A  la  ferme  de  Loison,  on  obtenait  déjà  des  produits  qui  accusaient 
7  de  densité.  A  Noyelles,  une  pièce  de  deux  hectares  sur  avoine  après 
luzerne  donnait  55,000  Uilog.  à  l'iiectare,  avec  une  densité  moyenne 
de  6.8  et  une  richesse  en  sucre  de  près  de  14  pour  100.  (Cette  même 
pièce  de  terre  rendait  l'année  suivante,  et  sans  engrais,  45  hectolitres 
de  blé  à  l'hectare.) 

Une  autre  pièce  de  2  hectares  et  demi  avait  été  semée,  moitié  en 
bonnes  graines  acclimatées,  moitié  en  graines  qui  avait  été  fournies 
par  un  marchand  dont  on  ne  connaissait  pas  la  qualité  des  produits. 

La  première  parcelle  a  donné  33,000  kilog.  à  l'hectare,  la  deuxième 
guère  plus;  les  premières  étaient  vendues  37  francs  les  1,000  kilog., 
les  secondes,  9  francs.  C'est  un  des  plus  beaux  exemples  à  citer  pour 
prouver  l'influence  de  la  graine. 

En  1880  et  1881,  M.  Masclef  obtenait  de  fort  beaux  résultats.  Une 
grande  partie  des  betteraves  accusaient  15  à  17  pour  100  de  sucre. 

En  1882,  il  cultivait  'il  hectares  de  racines,  qui  produisirent 
1,046,550  kilog.  de  betteraves;  le  rendement  industriel  était  de 
9  pour  100.  Les  1,000  kilog.  étaient  payés  33  francs,  c'est-à-dire 
34,536  francs,  soit  1,644  francs  à  l'hectare. 

Ces  chiffres  sont  copiés  sur  les  comptes  de  la  fabrique  de  Pont-à- 
Vendin. 

En  1883,  M.  Masclef  obtenait  49,000  kilog.  à  l'hectare;  les  racines 
avaient  un  rendement  industriel  de  8.98,  mais  le  prix  moyen  des 
sucres  n'étant  que  de  47  fr.  61,  les  1,000  kilog.  ne  lui  furent  payés 
que  28  fr.  78. 

Voici  le  tableau  des  recettes  et  des  dépenses  pour  1  hectare  de  bette- 
raves, que  M.  Masclef  présentait  dans  son  mémoire  à  la  Commission 
de  la  prime  d'honneur.  Il  s'agit  de  l'année  1882-83. 

DÉPENSES.  RECETTES. 

25,000  k il.  de  fumier 27.Î  fr.       49,835  kil.  de  betleraves  à  33  fr.       1,644  fr. 

1,000  kil.  de  tourteaux IHO            Feuilles..   HO 

500  kil.  de  superphosphates...  50                                                 Tntil                       I   7'""i  Ir 

100  kil.  de  nitrate  de  soude...  36                                                       ' 

luO    kil.    de   sulfate    d'ammo- 
niaque   52 

100  kil.  de  chlorure   de  potas- 
sium   28 

FermaRe  et  contributions 178 

Chevaux 250 

Sarclages 50 

Arrachage,  nettoyage,  chargement.  80 

Semences 30 

Total l,20'.l  fr. 

Si  nous  comparons  ces  résultats  à  ceux  que  l'on  obtient  en  Alle- 
magne, on  peut  se  convaincre  que  l'avantage  reste  à  M.  Masclef. 

Les  Allemands  produisent  35,000  kilog.de  betteraves  16  à  17  pour 
100,  et,  en  prenant  le  chiffre  de  17,  ils  ont  5,950  kilog.  de  sucre  à 
l'hectare;  M.  Masclef,  de  son  côté,  a  un  rendement  de  50,000  kilog., 
mais  ses  betteraves  n'ont  que  14  pour  100.  Ce  qui  fait  7,000  kilog.  de 
sucre  à  l'hectare,  soit  une  différence  de  1,000  kil.  en  faveur  de  ce 
dernier. 

Ces  chiffres  n'ont  pas  besoin  de  commentaires.  Ils  prouvent  que 
nous  pouvons  (dans  nos  terres  du  Nord,  qui  ont  été  accusées  d'être 
épmsées  pour  la  betterave)  produire,  en  grande  et  moyenne  culture,  une 
betterave  riche.  Louis  Como>, 

Professeur  départemental  d'agriculture  du  Pas-de-Calais. 


LA.  PRIME  d'honneur  ET  LES  PRIX  CULTURAUX  DANS  LA  MARNE.        385 

LA  PRIME  D'HONNEUR  ET  LES  PRIX  CULTURAUX 

DANS  LA  MARNE  EN    1884.    —   II' 

M.  TiiÉOBALD  DE  Felcourt,  à  Etang  de  Maisons,  commune  de  Maisons-en- 
Cliampagne,  canton  de  Vitry-le-François. —  M.  do  Felcourt  a  transformé  en  terre 
labourable  et  en  Lois  un  étang  de  23  h.  50  situé  à  une  faible  dislance  de  son 
habitation. 

Cet  étang  était  formé  par  la  rivière  de  Maisons  et  recevait  les  eauK  de  plusieurs 
sources  qui  permettaient  d'alimenter  un  rao  ilin  établi  sur  la  chaussée. 

Il  resta  en  eau  jusqu'en  1805.  A  cette  époque,  un  dessèchement  naturel  s'opéra 
et  il  fut  transformé  en  marais  recouvert  d'eau  pendant  6  à  7  mois  de  l'année  et  ne 
donnant  que  des  roseaux  et  une  herbe  de  peu  de  valeur. 

En  1818,  M.  de  Felcourt  père,  qui  était  propriétaire  de  l'étang  de  Maisons 
depuis  1805,  favorisa  l'assainissement  en  faisant  creuser  des  fossés  dans  les  par- 
ties les  plus  solides  ainsi  que  dans  les  endroits  où  se  trouvaient  des  puisards.  Sur 
les  talus  de  ces  fossés,  qui  tous  aboutissaient  à  la  rivière,  des  plantations  de  peu- 
pliers, de  frênes  et  d  aulnes  furent  faites.  Ce  travail  a  élé..continué  jusqu'en  1830: 
à  cette  époque,  les  premières  plantations  donnaient  des  résultats  satisfaisants; 
les  racines  des  arbres  consolidaient  les  bords  des  fossés,  et  les  émanations  mal- 
saines qui,  auparavant,  occasionnaient  des  fièvres  paludéennes  étaient  considéra- 
blement diminuées. 

En  1840,  17  hectares  environ  restaient  encore  à  l'état  de  marécage.  C'est  alors 
que  M.  Théobald  de  Felcourt,  afin  de  compléter  l'œuvre  commencée  par  son 
père,  fit  creuser  un  canal  de  8C0  mètres  de  longueur  sur  4  mètres  de  largeur 
dans  la  partie  la  plus  liasse  du  terrain,  et  dans  le  sens  de  sa  plus  grande  pente. 
Pour  assurer  un  écoulement  aux  eaux  du  canal,  il  a  fallu  abaisser  de  0  m.  35  le 
plat-fond  de  la  rivière  sur  une  longueur  de  2,400  mètres.  Cette  opération  impor- 
tante a  été  complétée  par  des  fossés  latéraux,  plantés  comme  les  précédents,  ce 
qui  porta  leur  longueur  totale  à  18,770  mètres. 

Au  bout  de  quel((ues  années,  1 1  hectares  encore  purent  être  plantés  en  bois,  et 
le  terrain,  petit  à  petit,  se  consolida  par  suite  de  l'écoulement  régulier  des 
eaux. 

Il  restait  6  hectares  à  assainir  sur  la  rive  droite  de  la  rivière,  à  proximité  du 
moulin,  dont  le  drainage  fut  commencé  en  1860.  Ce  terrain  destiné  à  la  culture 
produisit  des  betteraves  en  1864.  Mais,  dès  l'année  suivante,  on  constata  que  sur 
une  surface  de  3  hectares,  voisine  de  la  rivière,  le  sol  n'était  pas  apte  à  une  pro- 
duction régulière,  et  malgré  les  amendements  calcaires  et  les  engrais  qu'ils 
reçurent,  on  dut  les  planter  en  peupliers. 

Les  trois  autres  hectares,  fertilisés  par  des  superphosphates  de  (chaux,  des 
boues  de  route  et  du  nitrate  de  soude,  ont  été  maintenus  en  culture  et  continuent 
de  donner  des  produits  avantageux. 

Les  dépenses  occasionnées  par  l'assainissement  et  la  plantation  des  23  h.  50 
de  l'étang  de  Maisons  se  sont  élevées  à  9,200  francs.  Le  revenu,  qui,  en  1818, 
n'était  que  de  300  francs  environ,  a  été  évalué  par  le  propriétaire,  en  1882,  à  la 
somme  de  3,000  francs. 

L'œuvre  continuée  par  M.  Théobald  de  Felcourt,  tt  qui  pourra  être  complète- 
ment achevée  le  jour  où  il  voudra  supprimer  son  moulin  et  faire  une  tranchée 
profonde  dans  la  digue  sur  laquelle  il  a  été  construit,  est  d'un  bon  exemple  qu'on 
ne  saurait  trop  recommander  à  l'attention  des  propriétaires  qui  se  trouvent  dans 
des  conditions  analogues. 

Transformer  en  sol  productif  un  terrain  stérile  et  malsain,  aussi  peu  utile  à  celui 
qui  le  possède  que  nuisible  à  ceux  qui  l'entourent,  c'est  en  réalité  rendre  un 
double  service,  dont  le  mérite  ne  saurait  être  contesté. 

La  Commission,  se  plaçant  à  ce  point  de  vue,  décerne  à  M.  de  Felcourt  une 
médaille  d'or  grand  module,  pour  son  boisement  en  terrain  marécageux. 

M.  Jacquy  (Charles-Emile),  à  Saint-Memmie-lès-Châlons,  canton  de  Châlons. 
—  La  terre  des  environs  de  Châlons  est  de  nature  calcaire,  légère,  perméable, 
mais  susceptible  de  donner,  avec  des  engrais  appropriés,  des  produits  assez  éle- 

1.  Rapport  fait  au  nom  de  la  Commission  composée  de  MM.  Randoing,  inspecteur  de  l'agri- 
culture, président;  Perdrix,  Thiry,  Fagot,  Dupont-Saviniat;  Sauvage,  rapporteur;  Pargon, 
secrétaire.  —  Voir  le  Journal  du  30  août,  page  347  de  ce  volume. 


386     L\   PRIME  D'HONNtUR  ET  LES  PRIX   CULTURVUX   DANS  LA  MARNE. 

vés.  Les  principales  plantes  fourragères  :  luzerne,  sainfoin  et  tièlle,  y  croissent 
bien,  et  le  rendement  moyen  de  la  betterave  peut  facilement  atteindre  de  35  à 
40,000  kilog.  par  bectarp.  Les  céréales  peuvent  également  y  acquérir  un  assez 
grand  développement.  La  ville  de  Châlons  est  un  centre  de  consommation  impor- 
tant, tant  pour  les  productions  animales  que  pour  les  productions  végétales. 

Telles  sont  les  conditions  générales  dans  lesquelles  se  trouvent  les  cultivateurs 
de  la  banlieue  de  Châlons. 

En  187-2,  M.  Jacquy  débuta  à  Saint-Memmie  avec  25  hectares  'de  terre  qu'il 
reprenait  de  son  fermier.  Actuellement,  par  suite  d'acquisitions  successives,  il 
exploite  75  hectares  répartis  en  65  parcelles  sur  les  territoires  de  trois  communes. 

M.  Jacquy  a  défriché  une  pièce  de  terre  de  16  hectares  plantée  en  sapins,  et 
une  autre  pièce  de  5  hectares  en  arbres  feuillus.  De  bonnes  récoltes  ont  été  obte- 
nues sur  ces  défrichements. 

L'assolement,  qui  n'est  pas  régulier,  peut  être  considéré  comme  ayant  une 
rotation  de  neuf  années.  Il  comprend  une  soie  de  plantes  sarclées,  deux  soles  de 
blé,  deux  soles  d'avoine,  une  sole  d'orge,  une  de  seigle,  une  de  jachère.  En 
dehors  se  trouvent  des  luzernes  et  des  sainfoins  dont  la  durée  est  variable  suivant 
la  richesse  du  sol. 

Lors  de  la  visite  de  la  Commission,  les  cultures  de  M.  Jacquy  n'offraient  rien 
de  remarquable.  Cependant  ses  fumiers  sont  abondants, bien  entretenus  et  de  bonne 
qualité.  Pour  eu  accroître  la  valeur,  il  fait  dissoudre  des  engrais  chimiques 
azotés  et  potassiques  dans  le  purin  avec  lequel  on  les  arrose. 

Dès  son  début,  la  principale  préoccupation  de  M.  Jacquy  fut  de  se  procurer 
des  matières  fertilisantes  en  quantité  suffisante  pour  élever  la  production  de  son 
sol.  Il  eut  d'abord  recours  aux  engrais  du  commerce  et  au  fumier,  mais  il  s'aper- 
çut bien  vite  que  la  dépense  était  trop  élevée  par  rapport  aux  résultats  obtenus. 
Il  fallait  produire  ses  engrais  soi-même. 

Par  suite  des  règlements  de  pâture  existant  dans  les  communes  où  se  trouvent 
ses  terres,  le  mouton  n'était  pas  possible,  faute  de  parcours.  Piestait  la  vache  laitière. 
Mais  une  difficulté  séiieuse  se  présentait.  On  vendait  alors  le  lait  15  centimes  le 
litre  à  des  intermédiaires  qui  le  distribuaient  en  ville. 

A  ce  prix,  la  spéculation  ne  valait  pas  la  peine  d'être  entreprise.  C'est  alors  que 
M.  Jacquy  eut  la  pensée  de  faire  porter  son  lait  à  domicile.  Il  commença  au 
mois  d'avril  1880  par  un  seul  client,  auquel  il  fournissait  un  litre,  et  actuelle- 
ment il  vend  250  litres  en  moyenne  par  jour. 

Au  moment  de  notre  visite,  32  bonnes  vaches  laitières,  pnrfaitemenl  entretenues, 
se  trouvaient  dans  les  étables  de  AI.  Jacquy. 

Le  rendement  moyen  est  de  8  litres  par  bête,  ce  qui  à  0  fr.  25  l'un,  donne  un 
produit  journalier  de  2  fr.  par  animal.  Le  montant  de  la  vente  totale  annuelle  varie 
de  20  à  22,000  francs. 

Pour  répondre  aux  désirs  exprimés  par  plusieurs  familles,  qui  lui  demandaient 
pour  leurs  enfants  du  lait  de  la  même  vache,  M.  Jacquy  acheta  plusieurs  bêtes  de 
race  Schwitz,  qu'il  soumit  à  un  régime  ali  iientaire  spécial.  Elles  ne  consomment 
jamais  de  fourrages  verts,  ni  de  betteraves,  ni  pulpes,  ni  drèches.  Leur  nourri- 
ture consiste  exclusivement  en  farineux  et  en  foin  de  première  qualité.  Leur  bois- 
son est  légèrement  salée  et  additionnée  de  farine  d'orge. 

Le  lait,  ainsi  obtenu,  est  connu  à  Châlons  sous  le  nom  de  lak  de  santé  ;  il  est 
vendu  40  centimes  le  litre  rendu  à  domicile.  Son  débit  est  de  20  litres  par  jour. 

La  laiterie  de  M.  Jacquy  est  parfaitement  installée.  L'eau  chaude  en  hiver, 
l'eau  froide  en  été,  y  est  distribuée  suivant  les  besoins.  Un  réfrigérant  Lawrence 
est  utilisé  pendant  les  grandes  chaleurs.  Les  vases  à  lait,  clos  et  plombés  avant 
leur  départ  de  la  maison,  sont  en  porcelaine  et  en  verre  incassable.  Leur  conte- 
nance est  de  un  et  deux  litres. 

Tous  les  ustensiles  sont  lavés  avec  de  l'eau  contenant  une  dissolution  de  carbo- 
nate de  soude,  dans  la  proportion  de  1  pour  100. 

M.  Jacquy  a  annexé  à  sa  ferme  une  industrie  toute  spéciale.  Il  fabrique  des 
enveloppes  pour  l'emballage  des  vins  de  Champagne.  Cent  dix  personnes  occupées 
à  ce  travail  emploient  par  jour  2,0û0  kilog.  de  paille  de  seigle,  dont  les  résidus 
et  les  rognures  suffisent  à  la  litière  de  36  vaches  et  de  9  chevaux. 

M.  Jacquy  se  rend  aussi  exactement  compte  que  possible  de  ses  opérations 
agricoles. 

Une  comptabilité,  confiée  aux  soins  intelligents  de  Mme  Jacquy,  est  tenue 
régulièrement. 


LA  PRIME  D'HONNEUR  ET  LES  PRIX  CULTURAUX  DANS  LA  MARNE       38? 

De  celte  comptabilité,  il  résulte  que  des  bénéfices  importants  ont  été  réalisés 
depuis  quelcjues  années  surtout,  et  que  l'organisation  générale  de  l'exploitation 
est  arrivée  au  point  voulu  pour  assurer  à  son  chef  de  forts  beaux  revenus. 

M  Jacquy,  du  reste,  est  un  homme  d'initiative!,  très  industrieux,  sachant  calcu- 
ler et  ne  s'attardant  point  dans  des  spéculations  à  résultats  douteux. 

La  Commission  décerne  à  M.  Jacquy  une  médaille  d'or  grand  module  pour  sa 
vacherie. 

M.  Herment-Bidaut  (Cyrille),  à  Jussécourt-Minecourt,  canton  de  Heiltz-le- 
Maurupt. — L'exploitation  de  M.  Horraent-Bidaut  comprend  actuellement  58  hec- 
tares 75  ares  dont  45  hectares  75  ares  en  terre  arable,  7  hectares  41  en  prairies 
naturelles,  20  ares  en  jardin  et  5  hectares  .39  en  bois.  Sur  cette  surface,  45  hec- 
tares 20  appartiennent  à  l'exploitant  et  1.3  hectares  55  sont  ariérmé-;  par  lui  au 
prix  de  9 .i  fr.  l'hectare.  La  terre  est  très  morcelée,  mais  les  enclaves  sont  relative- 
ment peu  nombreuses. 

Le  sol  de  Jussécourt  est  en  général  très  fertile.  Il  est  nalurellemenl  bien  équilibré 
dans  sa  composition  minérale,  et  le  fumier  de  ferme  peut  seul  suffire  à  l'entretien 
de  sa  fertilité.  Le  sous-sol  est  en  partie  formé  par  les  alluvions  anciennes,  que 
l'on  rencontre  dans  tout  le  Perthois,  et  que  l'on  désigne  sous  le  nom  de  grèves, 
et  en  partie  par  une  argile  jaunâtre,  très  compacte. 

M.  Herment-Bidaut  suit  l'assolement  triennal  sans  jachère.  La  betterave  à 
sucre  ouvre  la  rotation  avec  une  iumure  de  120  mètres  cubes  à  l'hectare,  et  la 
pomme  de  terre  avec  90  mètres;  vient  ensuite  le  Iroment  d'automne,  auquel  suc- 
cèdent des  avoines  et  des  orges  de  priniemps.  Après  quatre  rotations  successives, 
on  sème  de  la  luzerne  que  l'on  conserve  pendant  quatre  ans.  3  hectares  20  d'her- 
bages temporaires  sont  réservés  pour  le  pâturage  des  moutons.  Ils  recevront,  au 
moment  de  leur  défrichement,  45  mètres  cubes  de  fumier  par  hectare. 

En  1883,  la  répartition  des  cultures  était  la  suivante: 

h.  a. 

Froment  d'iiiver... 12  »  Produit  moyen,  30  hectolitres 

.Seigle  '. 0  ââ  (Pour  des  liens.) 

Avoine 10  75  Produit  moyen,  42  hectol. 

Orge .5  50                  —  3.ô  lieciol. 

Pomme  de  terre .  1  »                  —  ISO  hettol. 

Betterave  à  sucre 7  l.ô                  —  35,000  kilog. 

Trèfle  incarnat 0  35                  — 

Luzerne 5  25                  —  10, .500  kilog. 

Pâturages .  3  20  en  trois  coupes. 

Total , i,b     75 

Lors  de  notre  première  visite,  au  mois  de  juin  1883,  les  récoltes  de  M.  Her- 
ment-Bidaut ne  présentaient  rien  de  remarquable,  comparativement  à  celles  de 
ses  voisins,  si  ce  n'est  une  grande  homogénéité,  indice  presque  toujours  certam 
d'un  reniiement  élevé.  Ses  betteraves  laissaient  à  désirer  sous  le  rapport  de  la  pro- 
preté, ce  qui  pouvait  être  attribué  à  la  tardivité  des  sarclages  occasionnée  par  le 
mauvais  temps. 

C'est  au  concurrent  qu'est  duc  l'introduction  de  la  betterave  à  sucre  dans  la 
commune  de  Jussécourt.  La  quantité  d'engrais  obtenue  annuellement,  estimée  à 
1,100  mètres  cubes  par  M.  Herment  Bidaut,  n'est  pas  exagérée.  Elle  correspond 
à  29  mètres  1/2  par  hectare  de  terre  en  labour,  et  à  24  mètres,  luzernes  et  prai- 
ries temporaires  comprises. 

Les  fumiers  sont  disposés,  dans  la  cour,  sur  deux  plates-formes  parallèles  à 
l'extrémité  desquelles  se  trouve  une  fosse  à  purin  garnie  d'une  pompe.  Ils  sont 
bien  entretenus. 

Les  bâtiments  n'offrent  rien  de  particulier.  Ils  sont  suffisamment  spacieux  et 
bien  tenus. 

L'outillage  est  bon  et  bien  approprié  à  sa  destination. 

Le  bétail  comprenait,  le  28  juin  dernier  :  6  chevaux  de  trait,  1  jument  pouli- 
nière, 1  poulain  d'un  an,  2  taureaux  schwitz,  7  vaches  schwitz,  3  élèves  d'un  an, 
2  ans  et  3  ans,  300  moutons,  4  porcs  à  l'engrais,  112  volailles. 

En  comparant  le  poids  de  tous  ces  animaux  avec  l'étendue  cultivée,  on  trouve 
un  rapport  élevé  qui  indique  une  exploitation  bien  dirigée. 

Outre  les  fourrages  produits  sur  la  ferme,  le  bétail  consomme  environ  200, OÛO 
kilog.  de  pulpes  de  diffusion,  coûtant  6  fr.  les  1,000  kilog.,  prises  à  Pargny,  et 
pour  2,400  à  2,700  fr.  de  tourteaux,  son  et  menus  grains.  Les  principaux  pro- 
duits de  vente  sont  le  blé,  l'orge  et  la  betterave  à  sucre;  toute  l'avoine  est  consom- 


388       LA  PBIME  D  HONNEUR  ET  LES  PRIX  CULTURAUX  DANS  LA  MARNE. 

mée  sur  place.  Mennent  ensuite  le  bétail  gras  et  le  lait.  Ce  sont  surtout  les  mou- 
tons qui  donnent  les  plus  forts  revenus.  Huit  à  neuf  cents  bêtes  à  laine  sont  cha- 
que année  dirigées  sur  Paris.  La  vacherie  fournit  pour  1,000  à  1,200  fr.  de  lait, 
■vendu  à  une  fromagerie,  à  raison  de  0  fr.  10  pendant  l'été  et  de  0  fr.  12  en 
hiver,  plus  un  certain  nombre  de  vaches  et  de  taureaux  pour  la  boucherie. 

Le  personnel  à  gages  est  aussi  réduit  que  possible.  Il  comprend  deux  garçons 
de  charrue,  un  raarcairc,  un  berger.  Les  travaux  de  moisson,  de  faiichaison  et 
ceux  concernant  la  culiure  des  betteraves  sont  faits  par  des  tâcherons. 

Dans  son  administration  bien  pondérée  et  sagement  conduite,  M.  Herment- 
Bidaut  s'occupe  plus  spécialement  de  la  partie  commerciale.  Il  est  secondé  avec 
beaucoup  de  zèle  et  de  soins  par  sa  femme  à  laquelle  incombe  la  surveillance  de 
l'intérieur  de  la  forme,  et  par  un  de  ses  fils  qui  le  supplée,  au  besoio,  dans  la 
direction  des  travaux  des  champs. 

Depuis  son  entrée  dons  la  culture,  en  1853,  M.  Herment-Bidaut  a  réalisé  des 
bénéfices  importants.  Il  n'est  pas  nécessaire  de  suivre  pas  à  pas  ses  tentatives,  ses 
essais  et  ses  succès,  pour  prouver  qu'aujourd'hui  sa  situation  est  excellente.  Il  a 
toujours  pensé  que  le  cultivateur,  dans  les  conditions  où  il  se  trouvait  du  moins, 
devait  faire  grand  cas  du  bétail  et  accorder  à  cette  partie  de  la  production  agricole 
une  plus  large  part  que  celle  qu'on  lui  réservait  habituellement.  Ses  prévisions  se 
sont  réalisées. 

En  1853,  M.  Herment-Bidaut  possédait  16  hectares  de  terres  labourables  et 
4  hectares  de  bois,  le  tout  estimé  54,000  fr.,  plus  un  capital  mobilier  de  6,300  fr. 
Aujourd'hui  il  est  propriétaire  de  45  hectares  estimés  128,500  fr.,  de  bâtiments  et 
de  valeurs  mobilières,  s'élevant  à  76,000  fr.,  soit  un  total  de  2i  4,500  Ir.  La  diffé- 
rence se  traduirait  par  une  plus-value  de  144,200  ir.  réalisée  en  trente  années,  à 
raison  de  4,806  fr.  par  an.  Ce  chiflVe  n'est  certainement  pas  exagéré,  car  à  en 
juger  par  les  profits  qui  doivent  résulter  de  l'organisation  actuelle  et  tout  en 
accordant  une  part  assez  large  à  l'inconnu,  que  sa  comptahilité  ne  permet  pas  de 
déterminer,  il  nous  parait  plutôt  restreint  qu'augmenté. 

M.  Herment-Bidaut  s'est  depuis  longtemps  illustré  dans  les  concours  régionaux, 
où  il  a  remporté  52  primes  pour  ses  animaux. 

La  Commission  décerne  le  prix  culturai  de  la  première  catégorie  à  M.  Herment- 
Bidaut. 

M.  Charles  LnOTErAiN,  rue  du  Faubourg- Cérès,  à  Reims.  —  M.  Charles 
Lhotelain  a  été  le  premier  lauréat  du  concours  régional  de  la  Marne,  en  1876,  où 
il  a  obtenu  le  seul  prix  culturai  décerné. 

Pour  le  concours  de  cette  année,  il  s'était  présenté  comme  concurrent  à  la 
prime  d'honneur.  Ensuite  il  s'est  désisté,  bornant  son  désir  au  rappel  de  son  prix 
culturai. 

C'est  dans  ces  condilions  que  la  Commission  a  été  appelée  à  visiter  son  exploi- 
tation. 

M.  Ch.  Lothelain  exploite  76  hectares.  Il  est  propriétaire  de  26  hectares  et  loca- 
taire do  son  père  pour  50  hectares  Cju'il  paye  à  raison  de  50  fr.  l'an. 

Les  bâtiments  d'habitation  et  d'exploitation  appartiennent  également  à  son 
père  qui  lui  en  abandonne  la  jouissance,  moyennant  une  redevance  annuelle  de 
2,000  fr. 

Le  sol  arable  des  environs  de  Reims  est  calcaire,  à  sous-sol  crayeux. 

]\L  Lhotelain  ne  suit  point  d'assolement  régulier.  Il  en  est  empêché,  comme  ses 
voisins  du  reste,  par  la  fréquence  des  gelées  et  de  la  sécheresse  qui,  sans  comp- 
ter les  campagnols  trop  souvent,  viennent  troubler  l'ordre  de  succession  des  cul- 
tures. 

Les  principales  récoltes  consistent  en  céréales  et  en  founages  artificiels.  En 
1883,  leur  répartition  était  la  suivante  : 

Froment  d'hiver 

Seigle  

Escourgeon  d'tiiver 

Orge  de  printemps 

Avoine 

LcnliUas 

Betleraves  fourragères 

Prairies  artificielles  formées  d'jii  mélange  de  luzerne,  de 

trèfle  et  de  sainfoin 

Jachère 

Total 7e 


11. 

a. 

12 

6 

U> 

35 

4 

78 

5 

23 

13 

43 

7 

C.9 

3 

» 

13 

46 

Néant. 

LA.  PRIME  d'honneur  ET  LKS  PRIX  GULTCJRAUX  D\N3   LA  MAKME.     389 

Les  blés  et  les  orges  dans  lesquels  sont  semées  les  prairies  artificielles  reçoi- 
vent de  90  à  100  mètres  cubes  de  fumier  de  ferme  |);ir  bectare. 

La  terre  destinée  aux  betteraves  est  fertilisée  avec  des  vidanges  à  raison  de 
gOO  beclolitres  par  hectare. 

Jusqu'à  présent,  les  engrais  chimiques  n'ont  été  employés  qu'à  titre  d'essais. 

La  quantité  du  fumier  produite  annuellemeat  varie  de  1,100  à  1,200  mètres 
cubes,  pesant  775  kilo:^.  l'un,  au  moment  où  il  est  conduit  sur  les  terres.  Une 
plate-forme  et  des  fosses  à  purin  permettent  de  lui  donner  tous  les  soins  néces- 
saires à  sa  bonne  confection. 

La  Commission  a  trouvé  les  récoltes  de  M.  Gb.  Lbotelain  en  très  bon  état, 
notamment  les  blés,  les  seigles  et  les  fourrages. 

Le  blé  a  donné  par  hectare  33  hectolitres,  le  seigle  35  et  l'avoine  38.  Les  four- 
rages ont  été  particulièrement  abondants  ;  leur  produit  en  foin  s'est  élevé  à 
7.940  kilog.  par  hectare. 

L'outillage  de  M.  Lhotelain  est  aussi  coTiplet  que  possible.  Il  comprend 
tous  les  instruments  et  les  machines  d'intérieur  et  d'exérieur  de  ferme,  suscepti- 
bles d'économiser  le  temps  et  les  bras. 

Les  bâtiments  sont  proprement  tenus  et  bien  appropriés  aux  divers  services 
auxquels  ils  sont  destinés. 

Au  moment  de  notre  visite,  les  animaux  comprenaient  :  6  chevaux  de  trait  ; 
1  taureau;  18  vaches  laitières  ;  60  agneaux  de  l'année;  56  antenaises,  80  brebis; 
104  moutons  de  deux  à  trois  ans;  2  por:s  à  l'engrais;  50  volailles.  Tous  en  très 
bon  état  d'entretien. 

Le  poids  vif  de  ces  animaux,  comparé  à  l'étendue  cultivée,  représentait  une 
moyenne  d'environ  333  kilog.  par  hectare. 

Au  fourrage  récolté,  qui  est  entièrement  consommé  par  le  bétail,  viennent 
s'ajouter  do  la  drèche,  2,500  kilog.  de  tourteaux,  18,000  kilog.  de  son  et 
100,000  kiloo;.  de  pulpes  ou  betteraves. 

Les  produits  végétaux  exportés  sont  le  froment,  le  seigle,  l'orge,  l'avoine,  etde 
5.000  à  10,000  bottes  de  paille.  Les  produits  animaux  comprennent  le  lait  : 
50,000  litres  à  0  fr.  25,  des    vaches  et  des  moutons  gras  et  la  laine  du  troupeau. 

M.  Lhotelain  tient  une  comptabilité  qui  lui  permet  de  se  rendre  compte  de 
toutes  ses  opérations  et  le  met  ainsi  à  même  d'éviter  les  spéculations  onéreuses. 

Les  bénélices  donnés  par  sa  culture  sont  incontestables  et  il  pourrait  certaine- 
ment les  accroître  en  étendant  sa  production  laitière. 

Mais  M.  Lhotelain  s'est  créé  d'autres  occupations  que  celles  qui  concernent 
l'administration  direct  de  son  faire-valoir.  Son  activité  lui  permet  d'embrasser  un 
plus  vaste  horizon. 

M.  Lhotelain  n'est  point  un  fermier  ordinaire,  dont  la  seule  préoccupation 
serait  de  viser  quand  même  et  toujours  aux  plus   gros  profits. 

C'est  en  même  temps  un  de  ces  hommes  vaillants  et  convaincus  qui  mettent  au 
service  de  la  cause  cju'ils  croient  bonne  toutes  les  qualités  dont  ils  ont  été  dotés. 

Profondément  dévoué  au  progrès  agricole,  doué  d'un  jugement  sain  et  d'une 
rare  affabilité,  il  a  su,  dans  ses  fonctions  de  secrétaire  et  de  président  du  Comice 
agricole  de  Reims  qu'il  remplit  depuis  vingt  et  un  ans,  entretenir  au  sein  de  cette 
belle  association  une  vitalité  qui  lui  fait  le  plus  grand  honneur. 

De  telles  qualités  ne  sauraient  passer  inaperçues  pour  tous  ceux  qui,  de  près 
ou  de  loin,  s'intéressent  aux  choses  de  l'agriculture.  Car  elles  sont  de  nature  à 
réchaurter  les  plus  tièdes,  à  encourager  les   timides,   à  fortifier  les  convaincus. 

La  Commission,  après  avoir  constaté  que  M.  Lhotelain  n'a  point  déméiité,  au 
contraire,  depuis  le  concours  régional  de  1876,  est  heureuse  de  lui  décerner  un 
rappel  de  son  prix  cultural. 

(La  suite  prochainemenl.)  A.'  Sauvage, 

Professeur  d'agriculture  de  la  Haute-Marne, 

LES  HARICOTS  NAINS,  HATIFS,  LONGS  ET  RONDS 

La  culture  de  ces  excellents  légumes,  qui  font  l'objetd'un  commerce 
considérable  dans  le  vaste  bassin  sous-pyrénéen,  nous  donnera  cette 
année  une  abondante  récolte. 

Les  premiers  qui  ont  paru  ces  jours  derniers  sur  le  grand  marché 
de  Patniers,  d'oi^i  parlent  pour  les  grandes  villes  du  Midi  nos  beaux 


390  HAUtCOTS  NAINS   HATIFS. 

produits  ariégeois,  s'y  sont  vendus  40  fr.  l'hectolitre.  La  variété  pré- 
férée est  le  liaiieot  blanc,  nain,  rond,  que  l'on  sème  fin  avril,  dans  la 
commune  de  Bounac,  et  y  sont  récoltés  fin  juillet  et  dans  le  courant  du 
mois  d'aoîit.  Je  place  cette  hâtive  et  excellente  variété  à  côté  des  meil- 
leurs haricots  de  Soissons.  Ils  paraissent  depuis  quelques  années  sur 
le  grand  marché  parisien.  Pendant  les  quinze  ans  de  la  députation 
de  mon  père,  M.  Henri  d'Ounous,  et  malgré  la  lenteur  du  roulage  à 
cette  époque  reculée,  nous  avions  soin  d'en  faire  porter  deux  ou 
trois  hectolitres  fort  appréciés  de  nos  plus  fins  gourmets.  Rien  de  meil- 
leur que  ces  haricots  cuits  à  l'eau  de  rivière,  assaisonnés  d'un  peu 
d'ail  et  d'oignons,  et  engraissés  par  des  ailes  ou  cuisses  de  nos  beaux 
canards.  Leur  culture  est  facile  et  fort  productive,  lorsque  le  vent  du 
sud  ne  vient  altérer  ni  leurs  nombreuses  fleurs  ni  leur  vert  feuillage 
fortement  fumés.  Le  blé  qui  leur  succède  donne  presque  toujours  de 
beaux  produits. 

J'en  fais  opérer  la  cueillette  et  le  battage  cette  semaine,  on  doit  se 
hâler  pour  en  obtenir  ces  hauts  prix.  Léo  d'Ounous. 

LA  RÉCOLTE  DE  1884  DANS  LE  CHER 

La  récolte,  considérée  dans  son  ensemble,  est  bonne.  L'agriculture, 
si  souvent  frappée  par  les  éléments,  si  délaissée  par  ceux  qui  pour- 
raient beaucoup  pour  elle,  aurait  trouvé  cette  aa.aée,  par  le  rendement 
des  céréales,  quelque  compensation  à  ses  soufi"rances,si  les  prix  de  vente 
pouvaient  atteindre  un  taux  rémunérateur.  Ce  que  l'on  nous  annonce 
à  ce  sujet  est  tout  le  contraire  de  ce  qu'il  nous  faudrait.  Les  frais  qui 
incombent  à  l'agriculture,  notamment  ceux  du  battage,  sont  considé- 
rables cette  année,  comme  il  arrive  chaque  fois  que  la  quantité  de 
paille  est  abondante.  Il  faut  donc  espérer  que  le  cours  actuel  des  mar- 
chés se  relèvera,  sans  quoi  le  malaise  de  l'agriculture  ne  trouverait  pas 
encore  en  l'année  ISS-i-  le  remède  si  nécessaire  et  jusqu'ici  vainement 
attendu.  Après  avoir  formulé  ce  vœu,  nous  allons  passer  en  revue, 
céréales,  légumes  de  fjrme,  betteraves,  fourrages  et  vignes. 

Seifjle.  — Comme  grain,  qualité  et  quantité,  il  ne  laisse  rien  à  dési- 
Beaucoup  de  paille. 

Froment.  — ■  Bonne  récolte  moyenne.  Beaucoup  de  blés  versés  par 
les  pluies  d'orage.  Blés  qui  rendront  peu.  Ceux  mal  fumés  ont  été  saisis 
par  la  chaleur,  ce  qui  revient  à  dire  à  nos  fermiers  :  faites  peu, 
mais  faites  bien,  vous  y  trouverez  mieux  votre  compte.  Lés  cultiva- 
teurs mal  aisés  s'obstinent  à  ne  ])as  nous  comprendre.  Les  blés 
anglais  ont  mieux  résisté  à  la  sécheresse  que  les  blés  bleus  et  les  blés 
du  pays.  Beaucoup  de  paille. 

Les  avoines  donnent  abondamment  dans  notre  contrée,  grain, 
paille  et  qualité. 

Escourgeon.  —  Assez  de  grains,  mais  un  peu  maigres. 

L'o/v/e  faite  au  printemps  a  rendu  beaucoup.  Hors  donc,  de  ce  côté, 
qualité  et  quantité. 

Pommes  de  terre.  —  Les  pommes  de  terre  dites  de  Saint-Jean  sont 
grosses  et  de  bonne  qualité;  les  tardives  ayant  eu  à  supporter  une 
sécheresse  des  plus  prolongées  sont  abondantes,  mais  petites. 

Betteraves.  —  Les  betteraves,  si  précieuses  pour  nos  fermes,  pro- 
mettaient beaucoup  :  elles   semblent  également  compromises  par   la 


LA  RÉCOLTE  DANS  LE  CHER.  39' 

sécheresse.  La  pluie  qui  paraît  vouloir  enfin  nous  arriver,  pourrait 
améliorer  beaucoup  leur  situation. 

Haricots.  —  Bonne  récolte. 

Fourrages.  —  Première  coupe  excellente  comme  quantité  et  qualité, 
tant  pour  les  prairies  naturelles  que  pour  les  prairies  artificielles.  La 
seconde  coupe  laisse  à  désirer  :  comme  compensation,  les  maïs-four- 
rages sont  bons  et  abondants. 

La  vigne,  envahie  un  peu  partout  par  le  phylloxéra,  est  soumise  à 
un  traitement  par  le  sulfure  de  carbone,  traitement  qui  parait  amener 
d'excellents  résultats  :  nous  espérons  de  ce  côté  obtenir  qualité  et 
quantité. 

L'ensemble  de  la  récolte,  ainsi  que  nous  le  disions  plus  haut,  est  donc 
satisfaisant;  que  les  prix  le  deviennent  et  l'année  ISS'i  sera  pour 
notre  pays  une  bonne  année,  Eugénie  Casanova. 

COURRIER  DE  L'OUEST 

Les  départements  de  l'Ouest  ont  connu  cette  année  des  chaleurs  exception- 
nelles qui  semblent  avoir  pris  fin  depuis  quelques  jours. 

Dans  le  centre  de  la  Bretagne,  notamment,  tout  semblait  brûlé  par  une  tem- 
pérature qui  s'est  élevée  à  certains  jours  à  35,  36  et  37  degrés  à  l'ombre.  Les 
nuages  venant  du  sud  et  du  sud-ouest  se  montraient  bien  à  certains  jours,  mais 
les  vents  du  nord  et  du  nord-est  reprenaient  dans  l'apiès-midi,  et  le  soleil  recom- 
mençait à  nous  brûler  comme  de  plus  belle. 

Les  côtes  du  F'inistère  et  le  littoral  norl  de  la  Bretagne,  et  même  de  la  Nor- 
mandie ont  reçu,  il  est  vrai,  quelques  ondées  et  éprouvé  même,  le  17  août,  un 
orage  mêlé  de  grêle  ijui  a  occasionné  des  dégâts  importants,  de  Saint-Malo  jus- 
qu'à Avranches  et  au  delà,  notamment  dans  les  riches  terrains  des  polders  du 
mont  Saint  ^Michel,  les  marais  deDol,  etc. 

Dans  le  centre  tout  semblait  biùlé,  les  prairies  n'otl'raient  rien  à  paître  aux 
bestiaux  et  force  a  été,  depuis  le  commencement  de  juillet,  de  recourir  au  foin  et 
ensuite  à  la  paille  et  à  quelques  herbes  ramassées  daus  la  poussière.  Les  provi- 
sions d'hiver  en  sont  naturellement  diminuées. 

Beaucoup  de  cuUivateurs  n'ont  eu  qu'une  faible  coupe  de  trèfle,  tandis  que  le 
jeune  trèfle  semé  dans  les  orges  et  les  blés  de  printemps  semble  brûlé.  Les  choux 
sont  gravement  atteints  et  les  betteraves  et  les  pommes  de  terre  auxquelles  l'eau 
nécessaire  à  leur  développement  a  manqué,  ne  donneront  pas  grand'cliose. 

La  récolte  du  blé,  de  l'orge  et  de  l'avoine  s'est  faite  dans  des  conditions  très 
favorables  et  préseote  un  caractère  de  siccité  exceptionnelle.  Quelques  champs  de 
froment,  sur  ancien  trèfle  notamment,  ont  été  saisis  par  une  chaleur  trop  vive  et 
le  grain  y  est  flambé.  Ge  phénomène  qu'on  a  longtemps  attribué  aux  brouillards 
du  matin  n'en  provient  pas,  car  les  brouillards  ont  été   fort  rares. 

Les  blés  n'atteignent  pas  le  poids  de  ceux  de  l'année  1882;  nous  avons  fait 
peser  rigoureusem-nt  des  blés  bleus  inversables  qui  ne  dépassaient  pas  75  kilog. 
à  l'hectolitre,  chitlre  de  la  production  moyenne,  et  pris  pour  type  pour  la  région 
de  l'Ouest  lors  de  la  division  douanière  en  circonscriptions.  Nous  avons  fait  peser, 
il  est  vrai,  dans  l'intérieur  des  blés  pesant  76  kilog.  l'hectolitre  et  même  77. 

Les  avoines  d  hiver,  favorisées  à  tous  les  moments  de  leur  développement,  ont 
donné  un  bon  rendement  en  paille  et  en  grain,  qui  atteint  ^iS  à  49  kilog.  à  l'hec- 
tolitre. Quelques  avoines  do  printemps  donuent  45  à  46  kilog.  à  l'hectolitre; 
d'autres  sont  mauvaises,  surtout  en  paille. 

Le  poids  des  céréales  à  l'hectolure,  bien  qu'en  somme  la  vente  au  quintal  de- 
vrait être  adoptée,  nous  a  toujours  paru  le  renseignement  commercial  le  plus 
utile  à  donner. 

L'orge  est  bonne  comme  qualit/;,  non  comme  rendement,  et  il  est  possible  que 
quelques  demandes  nous  viennent  d'.-\.nglcterre,  mais  à  des  prix  très  modérés. 

Quant  au  sarrasin,  pour  celui  qui  a  été  semé  de  bonne  heure  et  sur  les  côtes, 
il  est  bon  ;  mais  celui  semé  plus  tard  et  surtout  dans  l'intérieur,  levé  à  deux 
reprises,  est  mauvais,  en  outre  que  quelques  champs  ont  été  atteints  et  pour 
ainsi  dire  brûlés  par  les  vents  du  sud  qui  ont  régné  quelques  jours. 


392  GOURRIEa   DE  L'OUEST. 

En  somme,  l'année,  pour  les  céréales,  doit  être  classée  comme  bonne  moyenne, 
supérieure  à  celle  de  1883,  mais  inférieure  à  celle  de  1882,  comme  rendement  et 
même  comme  qualité. 

Malheureusement  le  prix  du  blé  s'est  affaissé  autour  de  20  fr.  les  100  kilog,  et, 
à  ce  prix,  même  avec  un  rendement  moyen  de  20  hectolitres,  ni  le  travail,  ni  le 
fermage,  ni  les  intérêts  du  capital  engagé  n'obtiennent  de  rémunération.  Aussi 
nos  cultivateurs  découragés  tournent-ils  leurs  regards  vers  un  relèvement  des 
tarifs,  ils  savent  qu'aux  prix  actuels,  l'Amérique,  dont  la  récolte  est  évaluée  à 
200  millions  d'hectolitres,  nous  enverra  ses  excédents  en  Lié  ou  en  fnrine.  Le 
Conseil  général  des  Côtes-du-Nord,  avec  tous  les  départements  où.  le  blé  joue 
encore  le  rôle  principal,  s'est  prononcé  pour  le  relèvement  des  droits  de  douane 
sur  les  céréales. 

Les  bestiaux  ont  naturellement  baissé  avec  la  perspective  de  la  diminution  de 
la  ration  fourragère  pour  l'hiver  même.  A.  de  la  Morvonnais. 

ACTION  NITRIFIANTE  COMPARÉE 

DE   QUELQUES   SELS  CONTENUS  NATURELLEMENT   OU  AJOUTÉS 
DANS   LES  TERRES  ARABLES ^ 

L'importance  du  rôle  des  nitrates  dans  la  végétation  nous  a  conduit 
à  déterminer  la  part  relative  qui  revient,  dans  leur  production,  à  quel- 
ques sels  contenus  naturellement  ou  ajoutés  dans  le  sol. 

Nos  expériences  ont  porté  sur  les  carbonates  et  sulfates  de  potasse, 
de  soude,  de  chaux  et  de  magnésie. 

Ces  sels  ont  été  incorporés  avec  une'  substance  organique  azotée 
dans  du  sable  siliceux  aussi  pur  que  possible. 

Les  mélanges  ont  été  placés  dans  des  vases  en  verre  percés  à  leur 
partie  inférieure  et  reposant  sur  des  cuvettes  en  verre  recevant  de 
l'eau  distillée  destinée  à  humecter  la  masse  par  infiltration  capillaire 
de  bas  en  haut. 

La  matière  organique  azotée  choisie  est  le  tourteau  d'arachides 
décortiquées,  très  employé  dans  la  culture  méridionale,  offrant  une 
composition  bien  définie,  et  facile  à  manier,  à  doser  et  à  -incorporer. 

Les  quantités  de  tourteau  ajoutées  ont  été  telles  que  l'azote  intro- 
duit dans  les  mélanges  ne  dépasse  pas  1  gr.  5  par  kilog.,  dose  assez 
fréquente  dans  les  terres  végétales. 

Les  proportions  des  sels  ajoutés  ne  s'écartent  pas  sensiblement  de 
celles  qui  se  rencontrent  dans  les  sols  ;  3  gr.  à  3  gr.  5  par  kilog.  pour 
les  carbonates  alcalins,  5  gr.  environ  pour  les  sulfates,  35  gr.  pour  les 
carbonates  terreux. 

Pensant  que  la  grosseur  des  particules  de  nos  sols  artificiels,  en 
facilitant  plus  ou  moins  l'aération  ou  l'imbibition,  pouvait  avoir  de 
l'influence  sur  la  nitrification,  nous  avons  employé  deux  sables  sili- 
ceux :  l'un,  à  grains  grossiers,  de  1  à  3  millim.  de  diamètre,  prove- 
nant de  Mondragon  (Vaucluse);  l'autre,  à  grains  fins,  de  moins  de 
1  millim.  de  diamètre,  provenant  de  BoUène  (Vaucluse'i.  Ces  sables 
sont  employés  dans  les  verreries  pour  la  fabrication  des  pots  de  fusion. 

Comme  termes  de  comparaison,  on  a  préparé  deux  mélanges  de 
tourteau  avec  sable  gros  et  sable  fin,  sans  addition  d'aucun  sel. 

Préparalion  des  mélanges.  —  Les  sels  et  le  tourteau  pulvérisés  ont 
été  mélangés  intimement  avec  le  sable,  et  le  tout  introduit  dans  les 
vases  de  veere.  Ces  vases,  d'une  forme  légèrement  conique,  ont  une 
capacité  de  3  litres  environ.  Ils  portent  à  leur  base  quatre  entailles 
disposées  à  angle  droit,   permettant  le  passage  de  l'eau  et  de    l'air. 

1.  Comptes  reudiis  Je  l'Académie  des  sciences,  l'J  mai  1S84. 


ACTION  NITRIFIANTE  DES  SELS  DANS  LES  TERRES   ARABLES.         393 

Sur  le  tond  du  vase  repose  une  couche  de  fragments  de  verre  de 
5  à  6  centim.  de  hauteur.  Sur  cette   couche  s'appuie  le  sol  artificiel. 

Le  vase  est  placé  dans  une  cuvette  en  verre  dans  laquelle  on  verse 
de  l'eau  distillée  pour  humecter  la  masse  par  imbihition  capillaire,  de 
bas  en  haut. 

Tous  les  vases  préparés  ainsi  le  30  mai  1883  ont  été  placés  dans  la 
cour  de  la  Station  agronomique  d'Avignon,  ahrités  contre  la  pluie,  les 
poussières  et  débris  divers  soulevés  par  le  vent,  ne  recevant  les  rayons 
solaires  que  deux  ou  trois  heures  au  plus  par  jour,  entre  dix  heures  du 
matin  et  deux  heures  de  relevée. 

Observation  des  vases  en  expérience.  —  Du  3i)  mai  au  30  août,  on  a 
ajouté  de  temps  à  autre  la  même  quantité  d'eau  distillée  dans  chaque 
cuvette  pour  maintenir  un  état  d'humidité  suflisant. 

Le  30  août,  on  a  cherché  à  constater  la  présence  de  l'acide  nitrique 
dans  les  vases.  On  n'en  a  pas  trouvé,  fait  que  permettaient  de  prévoir 
les  résultats  obtenus  par  MM.  Schlœsing  et  Miintz,  et  que  nous  avons 
tenu  à  vérifier. 

Le  31  août,  on  a  ajouté  dans  chaque  vase,  20  gr.  de  la  terre  du 
champ  d'expériences  de  laStition,  séchée  à  l'air  et  pulvérisée. 

Le  7  novembre,  on  constate  la  présence  de  l'acide  nitrique,  en  pro- 
portions variables,  dans  les  vases. 

On  a  laissé  en  place  jusqu'au  15  mars,  date  à  laquelle  le  contenu 
des  vases  a  été  soumis  à  l'analyse  pour  la   teneur  en  acide  nitrique. 

Données  thcnnoméirir^ues.  —  Des  observations  thermométriques  ont 
été  faites  pendant  toute  la  durée  des  expériences. 

En  voici  le  relevé,  rapporté  à  la  moyenne  de  chaque  mois  : 

1883.   Septembre 18°. 8 

Octcjbre 13'. 8 

Novembre 10" 

Décembre   5". 2 

1K84.  Janvier 7°.d 

Février 10° 

Mars  (du  1"  au  15) 10°. 2 

Résultats  obtenus.  —  Les  vases  ne  renfermant  que  de  l'arachide  et 
du  sable,  conservés  comme  témoins,  ont  présenté,  à  l'analyse,  une 
petite  quantité  d'acide  nitrique  provenant  de  l'action  nitrifiante  de  la 
terre  du  champ  d'expériences  ajoutée  le  l''  septembre  1883.  On  a 
retranché  cette  quantité  de  chacun  des  résultats  obtenus  pour  les  autres 
mélanges,  de  sorte  que  les  différences  représentent  bien  l'action  nitri- 
fiante provenant  des  divers  sels  expérimentés. 

Le  fait  qui  frappe  tout  d'abord,  c'est  la  nitrification  plus  abondante 
dans  le  sable  fin  que  dans  le  sable  gros.  Il  y  a,  sans  doute,  une  aéra- 
tion et  une  imbibition  plus  régulières  avec  le  premier  qu'avec  le 
second.  Comme  agent  favorisant  la  nitrification,  le  sulfate  de  chaux 
l'emporte  de  beaucoup  sur  tous  les  autres;  le  sulfate  de  soude  vient  en 
en  deuxième  ligne,  et  est  notablement  supérieur  à  cet  égard  au  sulfate 
de  potasse,  fait  qui  pourrait  s'expliquer  par  l'équivalent  plus  faible  de 
sa  base  (les  sels  ayant  été  employés  à  poids  égaux,  et  non  à  poids  pro- 
portionnels à  leurs  équivalents). 

Les  carbonates  de  chaux  et  de  magnésie  viennent  ensuite,  avec  un 
pouvoir  nitrifiant  notablement  inférieur  à  celui  des  sulfates,  pour  le 
même  poiis  de  sel  aux  doses  employées  ;  les  carbonates  de  soude  et 
de  potasse,  et  le  sulfate  de  magnésie  n'ont  pas  eu  d'action  nitrifiante 
marquée. 


394  ACTION  NITRIFIANTE  DES  SELS  DANS  LES  TERRES  ARABLES. 

La  supériorité  du  sulfate  de  chaux  comme  agent  nitrilicaleur,  mal- 
gré son  insolubilité  relative,  eu  égard  aux  sulfates  de  potasse  et  de 
soude,  tient,  sans  doute,  à  sa  facilité  d'être  désoxydé  au  contact  des 
matières  organiques  et  réoxydé  au  contact  de  l'air,  alternance  de  phé- 
nomènes qui  favoriserait  la  nitrification.  A  cause  de  son  insolubilité 
relative,  on  peut  admettre  (jue  la  dose,  compatible  avec  une  bonne 
nitrification,  est  susceptible  de  varier  dans  des  limites  étendues, 
l'effet  maximum  étant  subordonné  à  une  répartition  uniforme  dans 
la  masse. 

Les  proportions  d'azote  organique  nitrifié  ont  été  respectivement 
pour  les  sels  suivants  : 

Sable  fin.  Sable  gros. 

Sulfate  de  chaux 41.43  0/0  25.2S  0/0 

Sulfate  de  soude 20.10  0/0  12  07 

Sulfate  de  potHsse 16  00  0/0              ii.O.i 

Carbonate  de  chaux "   )  i  22.61 

Carbonale  de  magnésie, «  i  21.23 

Ces  proportions  d'azote  nitrilié  sont  considérables,  si  l'on  tient 
compte  de  la  durée  de  la  nitrification  qui  n'a  commencé  réellement 
qu'à  partir  du  T'' septembre  1883  pour  prendre  lia  au  13  mars  1884, 
avec  des  temps  d'arrêt  probables  pendant  les  mois  de  décembre,  jan- 
vier et  février. 

Aussi,  étant  donné  le  taux  très  ordinaire  de  la  température  sans 
laquelle  ces  expériences  ont  été  faites,  est-on  fondé  à  reconnaître  que, 
sous  le  climat  du  Midi  de  la  France,  la  nitrification  de  l'azote  orga- 
nique du  sol  dans  les  terrains  calcaires  ou  pauvres  de  gypse  (de  1|2à 
1  pour  1 00)  est  très  active  pendant  les  mois  de  septembre  et  octobre 
et  peut  acquérir,  de  l'enlèvement  de  la  récolte  au  printemps  suivant, 
un  développement  notable,  très  favorable  à  la  végétation   ultérieure. 

Le  pouvoir  nitrifiant,  à  poids  égal  de  sel  nitrifiant,  rapporté  à  celui 
du  sulfate  de  chaux  représenté  par  1 00,  est  : 

Sulfate  de  chaux 100 

Sulfate  de  soude 47.91 

Sulfate  de  polas*f 35.78 

Carbonate  de  chaux 13.32 

Llarbonate  de  magnésie 12.52 

Ces  rapports  peuvent  varier,  en  ce  qui  concerne  les  sulfates  de 
potasse  et  de  soude,  employés  en  solutions  non  saturées,  mais  parait'sent 
devoir  être  teims  comme  constants  pour  le  sulfate  de  chaux  et  les  car- 
bonates de  chaux  et  de  magnésie. 

Coîiscqueiices  pratiques  à  déduire  de  ces  expériences.  —  Ces  données 
nous  permettront  d'expliquer  des  faits  bien  connus  en  agriculture. 

L'influence  favorable  du  plâtre  sur  la  luzerne  et  aussi  des  superphos- 
phates qui  renferment  toujours  une  forte  proportion  de  sulfate  de 
chaux,  doit  être,  en  grande  partie,  attribuée  à  son  pouvoir  nitrifiant. 
On  sait  que  les  nitrates  ont  une  tendance  marquée  à  s'infiltrer  dans 
les  couches  profondes  du  sol,  où  ils  ne  sont  pas  perdus  pour  les 
longues  racines  de  la  luzerne. 

L'heureux  effet  du  sulfate  de  potasse  sur  le  développement  et  la 
combustibilité  du  tabac,  s'explique  aussi  par  sa  transformation  en 
nitrate  dans  le  sol  ;  car  l'effet  s'amoindrit,  si  l'on  irrigue  abondam- 
ment, lu  nilrate  s'éloignant  alors  des  racines  de  la  plante. 

1.  L'insullisance  de  vases  n'a  pas  permis  d'expérimeuler  les  carbonales  de  chauï  et  de 
magnésie  en  sable  fin. 


ACTION  NITRIFIANTE  DES  SELS  DANS  LES  TERRES  ARABLES.  395 

Quant  aux  carbonates  de  chaux  et  de  magnésie,  leur  action  nitri- 
fiante est  bien  connue  et  justifie  les  pratiques  anciennes  du  marnage  et 
du  chaulage. 

Dans  les  terrains  pauvres  en  calcaire,  on  ne  saurait  trop  recom- 
mander l'emploi  du  plaire  comme  agent  de  fertilisation,  à  des  doses 
pouvant  aller  à  I  pour  100  et  plus.  Car,  sous  ce  rapport,  il  est  bien 
supérieur  au  calcaire.  Son  effet  sera  surtout  très  marqué  dans  les  ter- 
rains peu  perméables,  ne  laissant  pas  filtrer  les  nitrates. 

On  s'étonnera  peut-être  que,  malgré  le  pouvoir  nitrifiant  du  plâtre, 
les  terrains  gypseux  ne  jouissent  pas  d'une  grande  réputation  de  fertilité. 

Cela  peut  tenir  à  la  proportion  insuffisante  de  matières  organiques 
dont  l'azote  disparaît  rapidement,  à  une  grande  perméabilité  du  sol,  à 
une  dose  excessive  de  plâtre,  et  le  plus  souvent  à  la  présence  des  chlo- 
rures alcalins  et  terreux,  surtout  du  chlorure  de  sodium,  qui  accom- 
pagnent presque  toujours  le  gypse  à  1  état  naturel,  et  qui  sont  notoi- 
rement nuisibles  à  la  végétation.  P.  Pjchard, 

Directeur  de  la  Station  agronomique  de  Vauclase, 

COURRIER  DU  SUD-EST 

On  travail'e  en  ce  moment,  à  Lyon,  à  l'installation  de  la  prochaine  exposition 
d'horticulture  et  de  viticiiluiro,  qui  aura  lieu  du  II  au  15  septembre.  On  annonce 
qu'elle  sera  très  remarquable.  La  Section  viticole  otîrira  surtout  un  grana  in- 
térêt à  cause  des  collections  magnifiques  de  cépages  américains  et  de  leurs  pro- 
duits qui  y  seront  exposés. 

Une  auire  solennité  agricole,  moins  prochaine,  mais  plus  importante,  le  con- 
cours régional  de  1885,  s'annonce  aussi  sous  d'excellents  auspices.  Le  Conseil 
général  du  Rhône  a,  dans  sa  dernière  session,  voté  un  crédit  de  35,000  fr.  Le 
onseil  municipal  de  Lyon  a,  de  son  côté,  voté  un  crédit  de  100,000  l'r.  ;  avec 
toutes  ces  ressources,  on  pourra  bien  faire  les  choses.  Pierre  Valin. 

REWE  GOIIUERGIÂLS  ET  PUIS  OUR.WT  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

.    (6  SEPTEMBRE  1884.) 
1.     —    Situation    générale. 
Il  y  a  toujours  une  assez  grande  activité  dans  les  offres  sur  les  marchés  agri- 
coles. Mais,  principalement  pour  les  céréales,  les  aBaires  sont  assez  difficiles. 

H.  — Les  grains  et  les  farines. 
Les  tableaux  suivants  résumgut  les  cours  des  céréales,  par  q'jintal  métrique'^' 
3ur  les  principaux  marchés  de  la   France  et  de  l'étranger. 


Algérie. 

Angleterre, 
Belyitjue. 

Alaer  S  blé  tendre.. 

^'^"^  (  blé  dur 

Londres 

Blé. 

tr. 

20.25 
16  50 
19.75 
20.25 
50  25 
19. .50 
20.50 
18.95 
21.25 
22.. 50 
21.. 50 
22.25 
18   10 
20.25 
21.15 
23.50 
21.75 
22.(10 
m.75 
17.00 
iti.lO 
17.55 

Seigle, 
fr. 

> 
> 

» 
16.75 
16. CO 
17.75 
16.25 
15.kO 
2O.I1O 
19.25 
20.50 
19.25 
16.35 
16.85 
19.. 50 
18.25 
18.50 

15°ro 

1'k25 

13.25 

s 

Orga. 
Ir. 

» 
11.75 
21.10 
21.25 

17.50 
18.00 

20.25 
21.50 

20.50 

» 

21.25 

18.50 

» 
15.70 
16.50 

» 

JB 

Avoine 
fr. 

9 

13.25 
17.50 
2 1 .  50 

16.50 

— 

Lièi,'e 

NîiMiur 

17.00 
19.00 

Paijs-Bas. 

Luxeinhouvg. 

Aisuce-LorfuÎTie. 

Lu.xeiiil)oui-g 

20.50 
19.00 

Mulliouse 

21.25 

__ 

CoLuar 

20.00 

AUeynagne, 

Ijerlin 

» 

» 



16  50 

Suisse, 

Genève 

18.25 

Italie. 

Milan 

16. UO 

Espagne. 
Autriche. 

lîarcelone 

» 

Vienne 

15.  MO 

Hongrie. 
Etats-Unif. 

Budapest 

Saint-l'étersbourg. . 
Kew-Yoïk 

13.25 
11.00 

M 

396 


REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  GOURANT 


1"  RÉGION.  —  MORD. OUEST. 

Blé.  Seigle.  Orge. 

fr.  fr.  fr. 

Calvados.  Cordé 20. 75  16.00  18.50 

—  Lisieux 20.50  15.00  21.00 

C.-du-No^d   Lannion...  21.25  »  15.80 

—  Treguier 21.50  »  15  00 

Finistère,  .vjorlaiï 21.25  16.25  16.00 

—  Quimper 18.50  15.50  15. 0" 

ïlle-ei- Vilaine.  Rennes.  20.00  »  15.50' 

—  Foufières 20  50  »  » 

Manche.  Avraiiches....  21.25  »  18.25 

—  Pontorson 22.00  »  18.00 

—  Villedieu 21.75  18.25  18.50 

dfayenne.  Laval 1&.25  »  15.50 

—  Mayenne 19.50  »  17.75 

Morbihan.  Hennebont..  22,50  15.50  » 

Ornt.  Viiijoatiers. »  »  18.00 

—  Seez 20.00  15.75  19.25 

Sori/i«.  Le  Mans 19.75  16.25  15.fi5 

—  Sablé 19.80  i>  16.25 

Prix  moyens ju.58  16.06  17.12 

2*  RÉGION.  —  NORD. 

Aiine.  Cliàteau-Tliierry.  20.25  15.85  17.25 

—  Saint-Quentin...  21.00  16. uO  18.00 

—  Soissons 20.00  16.25  n 

Eure.  Evreux 20.50  15.00  » 

—  Conches 21  00  14  50  20.25 

—  Le  Neubourg 19.85  I3.b0  19  50 

£Kre-el-toir.  Cbartres..  20.00  13.75  \7.00 

—  Anneau 20  75  14.50  19.25 

—  Nogenl-le-Rotrou.  20.75  15.00  » 
Nord.  Cambrai 20.50  15.50  » 

—  Douai 20.80  15.50  18.25 

—  Valericiennes 21.50  16  25  19.25 

Oise.  Beau  vais 21.50  14.75  18.50 

—  Compiègne 20.25  15  50  19.50 

—  Senlis 20.00  15.00  » 

Pas-de-Calais.  Arv&i...  21.00  16.00  19.25 

—  Saini-Omer 20.50  15  80  19.00 

Setn«.  Paris 21.00  15.50  18  00 

8.-e(-A/a>-ne.  Meaux 20.50  15.50  » 

—  Melun 22.00  15.50  17.00 

—  provins 20.25  15  50  16.50 

S.-et-Oise   Houdan 20.00  14.25  18  5a 

—  Etampes 20.00  15.50  18. uO 

—  Versailles 21.00  14.75  18.50 

Seine-Inférieure. Roaea.  20.80  14.85  » 

—  Dieppe 21.75  14.50  18.25 

—  Fécamp 19.90  14.00  » 

Somme.   Amiens 22.25  14.80  19.20 

—  Doullens 22.85  14.00  18.25 

—  Roye 20.25  14.75  17.50 

Prix  moyens 20.76  15.06  18.41 

3"  RÉGION.  —  NORD. EST. 

Ardennes.    Charleville.  23.25  16.25  19.00 

—  Rethel 20.50  14.50  16.50 

ilu6e.Bar-sur-.lube 20.50  14.50  17.25 

—  Méry-sur-Seine...  20.50  15. uO  17.25 

—  Troyes 21.25  15.80  19.50 

ifome.  Chàlons 20.25  15.75  18.00 

—  Epernay 21.75  15.50  18  00 

—  Reims 21   25  16.25  19.00 

Hte-Marne.  Chauraont  .  20.50  »  » 

Meurihe-el-Mos.  Nancy.  21.25  ■  17.50 

—  Lunevllle 22.25  »  » 

—  Toul 21.25  16  50  18.00 

Meuse.  Bar-le-Duo 21.50  16.75  19.25 

—  Verdun 20.50  »  » 

Houie-Saône.  Gray 21.00  15.25  15..50 

—  Vesoul 20.25  »  18.00 

Fosges.  Mirecourt 21.75  16.50  18.00 

—  Raon-l'Etape 22.25  »  18.25 

Prix  moyens 21.15  15.71  18.00 

4"  RÉGION.  —  OCEST. 

C/iarenie.  Angoulême...  22.00  »  18.00 

—  Rufîec 21.50  »  19.00 

CJvor.-M/é»\  Marans....   19.50  »  17  00 

Deux-Si-.vres .  Tlienezay.  Î9.50  15.00  » 

Indre-et-Loire.   Bléré...   19.75  14  25  19.50 

—  Tours 21.25  15.00  17.25 

Loire-//!/".  Nantes 20.00  »  » 

Af.-e(-L(iîi"i'.  Saumur. ...  20  65  15.50  19  25 

—  Anners 20.50  15.25  18.75 

Vendée.  Luçon 20.75  »  18.50 

—  FontPnay-le-Cte..   21  25  »  18.00 
Vienne.  Châleilerault...  20.25  15.50  19.50 

—  Loudun 20.50  14.00  19.76 

HavXe-Vienne.  Limoges.  22.25  15.00  » 

jPrijuiovens 20.69  14.94  18.59 


AToioe. 

fr. 
21.00 

21.00 
16.58 
14.75 
16.25 
15.00 
15.50 
15.75 
20.40 
20.50 
21.00 

î- 
17-00 
17,00 
21.25 
18.00 
20.75 


17.00 
19.00 
17.50 
18.50 
19.75 
20.50 
16.15 
16.25 
15.50 
17.00 
19.75 
17.25 
19.50 
17.50 
17.50 
16.25 

16  00 
18.25 
17.50 
18.00 
18.25 
18.00 
16.50 
21.50 
20.25 
19.75 
18.00 
18.75 
19  00 

17  00 

18. )2 


19  00 
17.50 
18.00 
16.15 
17.50 
16.50 
19.75 
18.75 

s 
18.75 
18.00 
15  50 
18.25 

15.60 
15.75 

18.00 
17.53 


16.25 
16.00 
15.00 

15  50 
18.50 
16.75 
16.15 
17.25 
13  00 
15.00 
16.25 
15.25 

16  50 
17.00 

16.38 


5*  HEGION.  —  CENTRE 

Blé.  Seigle.  Orje.  Aminé. 

fr.  fr.  fr  fr. 

Allier.  Montluçon 21.30  14.00  18.25  17.00 

—  Saint-Pourçain...  21.00  16.00  17.75  18'.''5 

—  Gannat 21.25  15.50  »  16  50 

Cher.  Bourges 20. 80  15.75  17.00  17.50 

—  Graçay 20.00  14.50  18.50  15.75 

—  Vieizon 19.50  14.75  18.50  16.00 

Creuse.  Aubusson 21.50  16.00  »  17.50 

/ndi-e.  Châteauroux 21.00  15.75  17  25  15.75 

—  Issoudun 19.75  15.00  18.50  16.00 

—  Valençay 20  80  15.00  18.35  15.50 

Loiret.  Orléans 19.50  15.00  18.00  18.25 

—  Gien 21.00  14.50  18-50  16.00 

—  Pithiviers 20.50  15.00  17.85  17.75 

L.-el-Cher    Blois 20.50  14.75  19.00  18.25 

—  Montoire 20.25  15.00  18.75  18.00 

me»re.  Nevers 20.75  •  20.09  1750 

—  Clamecy 21.00  »  18.25  18.50 

Yonne.   Joigny 19.50  14.80  16.50  17.25 

—  Tonnerre 19.50  13.50  »  16.50 

—  Sens 20.25  15.25  17  50  18.25 

Prix  moyens 20.49  15.00  18.13  17.10 

6"  RÉGION.  —  EST. 

^in.Bourg 21.25  15.20  »  16. 00 

—  Pont-de-Vaux 21.00  15  50  17.75  21.00 

Côie-d'Or.  Dijon 20.50  15.75  17.00  16.50 

—  Beaune 21.50  »  »  17.35 

Dotids.  Besançon 20.65  »  »  16.50 

/sèce.  Grenoble 24.00  17.50  »  18.50 

—  Bourgoin 20.50  14.75  17.00  17.00 

Jura.  Dôle 20.75  »  18.50  1675 

Loire.  Roanne 20. SO  15.25  »  16.75 

P.-de-Oôme.clermont-F.  23.00  16. 25  16.00  » 

Rhône.  Lyon 20.25  15.35  18. co  17.50 

Saône-eî-ïoire.  Chàlon  .  19.00  15.50  16.75  17.00 

—  -Màcon 21.00  14.50  18.50  18.00 

Cauoie.  Chambéry 23.25  »  »  18.25 

//Ie-Sat)oie.  Thonon 24.00  »  »  17.50 

Prix  moyens 21.41  15  66  17.44  17.47 

7*  RÉGION.  —  SUD-OUEST. 

ylriège.  Pamiers 23.25  16.00  17.00  17.00 

—  Foix 23.90  19.00  »  20.25 

Dordogne.  Bergerac 21.75  18.50  18. co  19.50 

//le-Garonne.  Toulouse.  21.50  18.75  17.00  19.00 

—  st-Gaudens 22.75  16.25  17.00  17.50 

Gers.  Condom 21.75  »  »  18.25 

—  Eauze 24.50  »  »  22.00 

—  Mirande 20.80  >  »  17.75 

Gironde.  Bordeaux 21.00  n  »  » 

—  La  Réole 20.00  17  25  »  » 

Landes.  Dax 2'i.25  19.00  »  » 

Loi-ei-Goroiine.Agen...  20.50  19.00  18.25  18.00 

—  Nérac 20.75  »  »  » 

B. -Pyrénées.  Bayonne..  23.75  20.00  »  20.00 

//(es-Pi/rénées.  Tarbes. .  21.50  »  »  21.50 

Prix  moyens 22.06  18.19  17.45  19.34 

8*  RÉGION.  —  SUD. 

Aude.  Carcassonne  ....  23.00  17.25  13  00  18.50 

.^ueyron.  Rodez 22.50  17.50  »  18.00 

C(jn(a(.  Mauriac 33.00  21.25  »  20  50 

Corrêre.  Tulle 22.25  18.00  18.50  18.25 

HérauU.  Montpellier...  22.75  »  18.25  18.50 

Lo(.  Cahors 22.50  18.00  18.25  18.00 

Lozère.   Mende 22.00  18.50  20.00  17.25 

—  Marvejols 22.25  18.75  »  » 

Pyrénées-Or. Perpignan.  25.00  17.80  24.00  26.65 

Torn.  Gaîllac 22.85  »  »  18.50 

7'orn-ei-(iar.Montauban  22.50  18.25  18.50  19.00 

Prix  moyens 22.78  18.37  19.36  19.33 

9"  RÉGION.  —  SUD-KST. 

Basses-Alpes.  Manosque  24.60  »  »  21.00 

Hautes- Alpes.  Briançon.  23.25  18.00  18.25  19.00 

.4ipes-Mari/imes.  Nice..  24.70  20.00  16.00  21.00 

/Irdec/ie.  Privas 26.75  18.00  16.50  19.35 

B.-du-Rhône.  Arles....  23.75  »  »  17.50 

Drame.   Valence 21.50  14.50  »  17.15 

Goï'd.  Ni  mes 22.85  »  17.00  17.35 

//oule-Lotre.  Brioude...   23.00  18.50  21  25  17.00 

Kar.  Draguignan 23. 00  »  »  19.50 

Kaiiciuse.  Carpentras . .  23.00  »  »  17.00 

Prixmoyens 23.54  17.80  17.80  18.58 

Moy.  de  toute  la  France  21.49  16.31  18  04  18  0! 

—  de  la  semaine  précéd.  22.20  16.46  18.47  18.37 

Sur  la  semainelHausse.      »  »  »  » 

précédente..  (Baisse..    0.71  0  15  0.43  0.3S 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (6  SEPTEMBRE    1884].  39' 

Blés.  —  Le  mouvement  de  baisse  que  nous  subissons  depuis  un  mois  n'a  pas 
fait  de  grands  progrès  depuis  quelques  jours;  mais  il  est  toujours  aussi  général. 
Les  ventes  sont  extrêmement  difliciles  sur  tous  les  marcbés  ;  cela  tient  surtout  à 
ce  que  les  nouvelles  qui  arrivent  de  presque  tous  les  pays  producteurs  de  céréales 
signalent  une  moisson  abondante  ;  car  c'est  le  l'ait  général  cette  année  que  la 
plupart  des  pays  producteurs  de  céréales  ont  été  favorisés  par  une  bonne  récolte. 
—  A  la  halle  de  Paris,  le  mercredi  3  septembre,  il  n'y  a  eu  que  peu  d'affaires 
sur  les  blés  ;  les  ofl'res  sont  beaucoup  moins  importantes  que  la  semaine  pré- 
céaente  :  on  cotait  de  20  fr.  50  à  ?,1  fr.  50,  par  100  kilog.,  suivant  les  qua- 
lités. —  Au  marché  des  blés  à  livrer,  on  cote  :  courant  du  mois,  20  l'r.  75  ; 
octobre,  20  fr.  75  à  21  fr.  ;  novembre  et  décembre,  20  fr.  75  à  21  fr.  ;  quatremois 
de  novembre,  20  fr.  75  à  21  fr.;  quatre  derniers  mois,  21  fr.  25.  —  Au  Havre,  les 
affaires  sont  très  restreintes  sur  les  blés  exotiques;  ceux  d'Amérique  valent 
de  20  fr.  50  à  21  fr.  par  quinlal  métrique;  ceux  des  Indes  sont  offerts  de 
20  fr.  2b  à  20  fr.  50.  —  A  Marseille,  la  situation  reste  la  même;  les  affaires 
sont  toujours  calmes  sur  toutes  les  sortes  de  blés.  —  A  Londres,  les  transactions 
sont  toujours  calmes,  mais  les  prix  présentent,  après  la  baisse  des  derniersjours, 
un  peu  plus  de  fermeté.  —  Les  blés  indigènes  valent  de  19  fr.  50  à  20  fr.  ;  les 
blés  exotiques,  de  20  fr.  à  20  fr.  50  par  100  kilug.  ;  suivant  les  qualités  et  les  pro- 
venances. 

Farines.  —  Les  cours  ont  peu  varié  depuis  huit  jours,  avec  des  ventes  res- 
treintes. Pour  les  farines  de  consommation,  on  cote  à  la  halle  de  Paris  le  mercredi 
3  septembre  :  marque  de  Corbeil,  47  fr.;  marques  de  choix,  47  à  50  fr.;  premières 
marques,  46  à  47  fr.;  bonnes  marques,  44  à  45  fr.;  sortes  ordinaires, 43  à  44  fr.; 
le  tout  par  sac  de  159  kilog.,  toile  à  rendre  ou  157  kilog.  net,  ce  qui  correspond  aux 
prix  extrêmes  de  27  fr.  40  à  31  fr.  85  pari  00  kilog.,  ou  en  moyenne  29  fr.  60; 
comme  le  mercredi  précédent.  —  Pour  les  farines  de  spéculation,  on  cotait  à 
Paris  le  mercredi  3  septembre  au  soir  :  farines  neuf-marques,  courant  du  mois, 
43  fr.  à  43  fr.  25;  octobre,  43  fr.  25;  novembre  et  décembre,  43  fr.  25;  quatre 
mois  de  novembre,  43  fr.  25  à  43  fr.  50;  quatre  premiers  mois,  43  fr.  ?5;  le  tout 
par  sac  de  159  kilog.,  toile  perdue  ou  157  kilog.  —  Les  farines  deuxièmes,  se 
vendent  de  21  fr.  à  24  fr.  par  100  kilog.  ;  les  gruaux,  de  33  fr.  à  38  francs. 

Seigh'S.  —  Les  aft'aires  sont  assez  calmes,  et  les  prix  sont  faibles.  On  cote  à  la 
halle  de  Paris,  de  15  à  16  fr.  par  100  kilog.  suivant  les  sortes.  Les  farines  se 
vendent  de  20  à  23  francs. 

Orge.  —  Les  offres  sont  toujours  peu  importantes.  On  vend  à  la  halle  de  Paris, 
de  17  fr.  50  à  18  fr.  50  par  100  kilog.,  suivant  les  sortes.  Les  escourgeons 
sont  cotés  de  18  fr.  à  19  fr.  —  A  Londres,  les  orges  à  malter  sont  offertes 
aux  cours  de  17  à  18  fr.  50  par  quintal  métrique. 

Avoini's.  —  Les  offres  sont  devenues  plus  abondantes  pour  les  avoines,  et  les 
prix  sont  plus  faibles.  A  la  halle  de  Paris,  les  avoines  noires  valent  de  18  à 
19  fr.  50  par  100  kilog.;  les  autres  sortes  se  cotent  de  17  à  18  fr. 

Sarrasin.  —  Les  prix  sont  toujours  ferme.  Les  sarrasins  se  vendent,  à  la  halle 
de  Paris,  de  17  fr.  50  à  18  fr.  par  100  kilog.,  suivant  les  sortes. 

Maïs.  — Peu  d'affaires.  Dans  les  ports,  les  maïs  exotiques  se  vendent  de  14  à 
à  14  fr.  50  par  quintal  métrique. 

Issues.  — Les  cours  varient  peu.  On  paye  par  100  kilog.  à  la  halle  de  Paris  : 
gros  son  seul,  16  à  16  fr.  50  ;  sons  gros  et  moyens,  15  à  15  fr.  50  ;  son  trois  case-, 
14  fr.  ii5  à  14  fr.  75;  sons  fins,  13  à  13  fr.  50;  recoupettes,  13  fr.  à  13  fr.  50; 
remoulage.s  bis,  15  à  16  fr.;  remoulages  blancs,   17  à  17  fr.  50. 

III.  —  Fourrages  et  graines  fourragères. 

Fourrages.  —  Il  y  a  peu  de  variations  dans  les  prix.  On  cote  à  Paris  par 
1,000  kilocr.;  foin,  100  à  118  fr.;  luzerne,  96  à  116  fr.;  sainfoin,  80  à  96  fr.; 
paille  de  blé,  56  à  64  fr.;  d'avoine,  48  à  64  fr. 

Graines  fourragères.  —  Les  cours  varient  peu.  On  paye  les  trèfles  incarnats  à 
la  halle  de  Paris  par  100  kilog.  :  hâtifs.  45  à  48  fr.;  tardifs,  65  à  70  fr. 

IV.  —  Fins.  —  Spiritueux.  —  Vinaigres.  — Cidres. 

Vitis.  — La  pluie  demandi'e  dans  presque  toute  la  France  parles  viticulteurs 
est  enfin  arrivée;  elle  est  tombée  assez  abondante,  dans  la  plupart  des  départe- 
ments, pour  permettre  le  grossissement  des  raisins  et  assurer  la  formation  régu- 
lière du  jus.  Dans  le  Midi,  les  vendanges  commencent  ;  on  est  généialement  sa- 
tisfait des  apparences  qu'elles  promettent  ;  partout  ailleurs  les  avis  continuent  à 


398  REVQE   COMMEHCIALE  ET  PRIX  [COURANT 

être  assez  contradictoires,  ce  qui  est  seulement  à  peu  près  certain,  à  moins  que  le 
mois  de  septembre  ne  soit  tout  à  fait  défavorable,  c'est  la  bonne  qualité  de  la 
récolte.  Dans  le  Beaujolais  et  là  Bourgogne,  on  se  plaint  toujours  des  effets  des 
orages  de  grêle.  Les  affaires  en  vins  sont  très  calmes;  le  commerce  reste  dans 
l'expectative.  Dans  le  Midi,  la  pratiqua  des  achats  sur  souches  n'a  pas  présenté 
cette  année  la  même  activité  que  dans  quelques-unes  deg  années  précédentes. 

Spiritueux. —  Les  transactions  sont  calmes;  les  prix  varient  peu.  On  paye, 
dans  le  Midi,  par  hectolitre  :  Cette,  trois-six  bon  goût,  100  à  105  fr.;  marc,  95  fr.; 
Nîmes,  trois-six  bon  goût,  100  fr.;  a;arc,  95  fr.;  Pézenas,  trois-six  bon  goût,  101  fr.; 
marc,  92  fr.  — A  Saintes,  les  eaux-de-vie  ncuvelles  des  Gharentcs"l883  valent 
de  210  à  220  fr.  — A  Paris,  on  cote  :  trois-six  fin  Nord,  1"  qualité,  90  degrés, 
disponible,  41  fr.  25  à  <il  fr.  50;  octobre,  41  fr.  75  à  42  fr.;  deux  derniers  mois, 
42  fr.  ;  quatre  premiers  mois,  42  fr.  50  à  43  fr.  Le  stock  était  au  3  septembre 
de  12,125  pipes  contre  13,050  en  1833. 

Tartres.  —  Dans  le  Languedoc,  on  cote  les  crèmes  de  tartre  290  fr.  par  10.0  ki- 
log.;  à  Bordeaux,  on  cote  de  275  à  280  fr. 

V.  —  Sucres.  —  Mélasses.  —  Fécuks.  —  Houblons. 

Sucres.  —  Il  y  a,  depuis  huit  jours,  un  peu  plus  d'activité  dans  les  transactions 
et  plus  de  fermeté  dans  les  cours,  mais  sans  reprise  accentuée.  Oa  cote  par 
100  kilog.  :  à  Paris,  sucres  bruts,  88  degrés  saccharimétriques,  35  fr.  75; 
les  99  degrés,  40  fr.  75  à  41  fr.  ;  sucres  blancs  n"  3,  41  fr.  25  à  41  fr.  50; 
—  à  Yaleuciennes,  sucres  bruts,  34  fr.  60;  —  à  Lille,  sucres  bruts,  34  fr.  25  à 
34  fr,  75;  sucres  blancs,  40  fr.  Le  stock  de  l'entrepôt  réel  des  sucres  était, 
le  3  septembre,  à  Paris,  de  560,000  sacs  pour  les  sucres  indigènes,  avec  une 
diminution  de  15,000  sacs  depuis  huit  jours.  —  Les  prix  des  sucres  ralfinés  se 
fixent  de  111  à  112  ir.  par  100  kilog.  à  la  consommation  suivant  les  sortes,  et 
de  48  à  53  fr.  25  pour  l'exportation.  —  A  Londres,  les  transactions  sont  res- 
treintes sur  les  sucres  de  betteraves. 

Mélasses.  —  Maintien  des  prix  des  mélasses  de  raffinerie  à  10  fr.  50  par 
100  kilog. 

Fécules.  —  Les  cours  sont  un  peu  plus  faibles.  On  paye  à  Paris,  de  31  fr.  à 
31  fr.  50  par  100  kilog.  pour  les  fécules  premières  du  rayon;  à  Compiègne, 
30  fr.  50  à  31  fr.  pour  celles  de  l'Oise. 

Houblons.  —  La  cueillette  est  commencée,  et  elle  se  poursuit  avec  beaucoup 
d'activité  ;  la  récolte  paraît  devoir  être  moyenne,  quoique  les  avis  soient  assez 
partagés.  Les  premiers  cours  pratiqués  sont  de  275  à  300  fr.  par  100  kilog.  dans  le 
Nord;  de  300  à  350  fr.  en  Bourgogne. 

VI.  —  Tourteaux.  —   Noirs.  —  Engrais. 

Tourteaux,  —  Les  affaires  sont  calmes,  avec  des  prix  slationnaires.  On  paye 
par  100  kilog.:  à  Arras,  tourteaux  d'œiilette,  12  fr.  à  12  fr.  50;  de  colza, 
16  fr.  50;  de  pavot,  13  fr.  ;  de  hn,  21  fr.  à  21  fr.  50;  à  Roueu,  tourteaux  de 
colza,  16  fr.  25  à  16  fr.  50;  de  lin,  21  fr.  50;  d'arachides  décortiquées,  15  fr.  50 
à  16  fr. 

Noirs.  —  Maintien  des  cours  à  Valenciennes  :  noir  animal  neuf  en  grains, 
33  à  36  fr.  par  100  kilog.;  noirs  vieux  grains,  10  à  12  fr.  par  hectolitre. 

Engrais.  —  On  cote  par  100  kilog.  :  sulfate  d'ammoniaque,  39  fr.;  nitrate  de 
soude,  25  fr.  50  fr.;  chlorure  de  potassium,  19  fr.  ;  sulfate  de  potasse,  24  fr.  ; 
nitrate  de  potasse,  50  fr.  —  Dans  les  engrais  composés,  les  principes  utiles  valent 
par  unité  :  azote,  1  fr.  80  à  2  fr.;  acide  phosphorique  immédiatement  soluble, 
0  fr.  72  à  0  fr.  75.  ;  acide  phosphorique  insoluble,  0  fr.  25  ;  potasse  dans  les 
sulfates,  0  fr.  45  à  0  fr.  50. 

VII.  —  Matières  résinexises,  colorantes.  —  Textiles. 

Matières  résijieuses.  —  Prix  plus  fermes.  A  Dax,  l'essence  pure  de  térébenthine 
est  cotée  48  fr.  par  100  kilog.  A  Bazas,  les  gemmes  valent  de  25  à  27  fr.  50 
par  barrique  suivant  les  sortes. 

Chanvres.  —  Dans  la  Sarthe,  les  prix  se  fixent  de  68  à  84  fr.  par  100  kilog. 
suivant  les  sortes. 

Lames.  —  Les  ventes  sont  presque  nulles  sur  les  marchés  français;  dans  les 
ports,  les  prix  des  laines  exotiques  sont  sans  changements. 

VIII.  —  iuifs,  cuirs  et  peaux. 

Suifs.  —  Prix  faibles.  On  cote  à  Paris  81  fr.  par  100  kilog.  pour  les  suifs 
purs  de  l'abat  de  la  boucherie  ;  61  fr.  75  pour  les  suils  en  branches. 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (6  SEPTEMBRE  1884).  399 

Cuirs  et  peaux.  —  Aux  ventes  mensuelles  de  la  boucherie  de  Paris,  le  30  août, 
on  cotait  par  50  kilog.  :  gros  bœuTs,  b2  fr.  55;  moyens  bœufs,  49  fr.  50;  petits 
bœul's,  43  fr.  40;  vaches,  44  fr.  85  à  49  fr.  20;  taureaux,  40  fr.  85;  gros  veaux, 
69  fr.  15;  petits  veaux,  84  fr.  95. 

IX.  —  Beurrei.  —  lEtifa.  —  Fromages.  —  \olailles. 

B&urres.  —  lia  été  vendu  pendant  la  semaine  à  la  halle  de  Paris,  225,256  ki- 
log. de  beurres.  Au  dernier  marché,  on  payait  par  kilog.  :  en  demi-kilog., 
2  fr.  à  3  fr.  80  ;  petits  beurres,  1  fr.  60  à  2  fr.  94  ;  Gournay'^  2  fr.  16  à  4  fr.  08; 
Isigny,  2  fr.  40  à  7  fr.  52. 

Œufs.  —  Du  25  au  31  août,  on  a  vendu  à  la  halle  de  Paris  4,255,850  œufs. 
Au  dernier  jour,  on  cotait  par  mille  ;  choix,  112  à  125  fr.;  ordinaires,  68  à 
92  fr.;  petits,    60  à  66  fr. 

Froniar/es.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris  :  par  douzaine,  Brie,  4  à  22  fr.; 
Montlhéry,  15  fr.; — par  cent,  Livarot,  23  à  91  fr.;  NeufchHel,  9  à  23  fr,  ; 
divers,  7  à  55  fr. 

X.   —  Chevaux.  —  Bétail.  —    Viande. 

BetaU.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  officiel  du  marché  aux  bes- 
tiaux de  la  Villette,  du  jeudi  28  août  au  mardi  2  septembre  : 

Poids     Prix  da  kilog.  de  viande  nette  sar 
Vendus  moyen       pied  au  marchédu  i"  septembre. 

Pour  Pour  En         4  quartiers.     1"  2°  3=  Prix 

Amenés.  Paris.  Textérieur.  totalité.  Itil.  quai.  quai.  qnal.  moyen, 

Bœufs .0.185  3,'4Û5  1,474  4,8:9  341  1.68  1.56  1.30  1.49 

Vaches 1,639  701  647  1,348  232  1.62  1.46  1.20  1.42 

Taureaux 362  380  43  353  387  1.48  1.36  1.26  1.37 

Veaux 3,527  2,095  963  3,058  81  1.74  1.60  1.40  1.59 

Moulons 40,745  20,337  16,416  36,753  19  2  00  1.78  154  1.74 

Porcs^ras....          6,687  2,340  4,217  6,.Vd7  83  1.34  1.28  1.22  1.28 

Les  arrivages  des  marchés  de  la  semaine  se  décomposent  comme  il  suit  : 

Bœufs.  —  Calvados,  1,375;  Cher,  178;  Côte-d'Or,  337;  Côles-du-Nord,  427;  Creuse,  G;  Dor- 
dogne,  71;  Eure,  28  ;  Eure-et-Loir,  8;  Finisière,  67  ;  Haute-Garonre,  8;  Indre,  62;  Indre-el- 
Loiro,  8;  Loiie.  50  ;  Loire-lniï'rieure,  .^i8  ;  Lnir-et-Clier,  8;  Loiret,  8;  IVlaine-et-Loire,  126; 
Manche,  177  ;  Mayenne,  161  ;  Morbihan,  46;  Nièvre,  576;  Orne,  801;  Puy-de-Dôme,  47  :  Saône- 
et-Loire,  550;  Sartlie,  40;  Seine-lnleneure,  24:  Scine-et-Oi'e,  14;  Somme,  8;  Tai-n-et> 
Garonne,  3;   Vendée,  21  ;  Haute-Vienne,  6;  Yonne,   45;  Italie,  41. 

Taches.  —  Aube,  3;  Aveyron,  12;  Calvados,  320;  Cantal,  70;  Cher,  56;  Côte-d'Or,  58;  Côtes- 
du-Nord,  8;  Creuse,  2;  Deux-Sèvres,  13;  Eure,  34;  Eure-et-Loir,  29;  Loire,  5;  Loire-Infé- 
rieure, 14:  Loiret,  19;  Lot-et-Garonne,  21;  Maine-etrLoire,  37;  Manche,  69;  Nièvre,  257; 
Orne,  176;  Puy-de-Dôme,  114  ;  Saône-et-Loire,  121  ;  Sarthe,  17  ;  Seine,  110;  Seine-et-.Marne,  12; 
Seine-et-Oise,  37;  Tarn-et-Garonne,  8;  Yonne,  42. 

Taureaux.  —  Aisne,  2;  Allier,  4;  Calvados,  56;  Cher,  12;  C6te-d'0r,  10;  Côtes-du-Nord,  II; 
Eure,  19  ;  Eure-et-Loir.  12;  Finisière,  1  ;  Ille-et-Vilaine,  14;  Loire-Inférieure,  1;  Loiret,  16; 
Maine-et-Loire,  4;  Manche,  29;  Marne,  8;  Mayenne,  10;  Meuse,  3;  Nièvre,  29;  Oise,  16; 
Orne,  20;  Haute-Saone,  3;  Saône-et-Loire,  14;Sarlhe,  3;  Seine-Inférieure,  4;  Seine-et-Marne, 
'.};  Seine-et-Oise,  24  ;  Y'onne,  16. 

Veaux.  —  Aube,  218;  Calvados,  19;  Cantal,  41;  Eure,  238;  Eure-et-Loir,  377;  Loiret, 
283;  Marne,  247:  Oise,  .52  ;  Orne,  12  ;  Puy-de-Dôme,  117  ;  Sarthe,  245  ;  Seine-Inferieure,  122  ; 
Seine-et-Marne,    361;   Seine-et-Oise,   43;    Yonne,  88. 

Moutons.  —  Allier,  664;  Aube,  1,048;  Aveyron,  339;  Cantal  1,464;  Charente,  372;  Cher, 
1,298;  Corrèze,  696;  Creuse,  542;  Deux-Sèvres,  165;  Dordogne,  525  ;  Eure-et-Loir,  40;  Indre, 
762;  Loi,  240;  Lot-et-Garonne,  297 ;  Lozère,  390;  Maine-et-Loire,  123;  Meurthe-et-Moselle,  328; 
Nièvre,  1,108  ;  Puy-de-Dôme,  180;  Saùne-et-Loire,  150;  Seine-Inlerieure,  52;  Ssine-et-Marne, 
359;  Seinc-et-Oise,  451;  Tarn-et-Garonne,  143;  Vienne,  90;  Yonne,  216;  Afcique,  1,113; 
Allemagne,  3,81 1  ;  Hongrie,    11,171  ;  Italie,  3,:i45;  Russie,  7,322. 

Porcs.  —Allier,  328  ;  Calvados.  104  ;  Charente,  87  ;  Cher,  70;  Creuse,  256  ;  Deui-Sèvres, 
640;  Ille-et-Vilaine,  355;  Indre,  100;  Loire-Inléneure,  317;  Loir-et-Cher,  294;  Lot,  25;  Maine- 
et-Loire,  904;  Manche,  50;  Mayenne,  58  ;  Puy-de-Dôme,  227;  Saône-et-Loire,  149  ;  .Sarlhe,  1,027; 
Seine,  109;  Seine-Inlérieure,  43  ;  Seine-et  Oise,  34;  Vaucluic,  38;,  Vendée,  956;  Vienne,  158; 
Yonne,  30. 

Les  ventes  sont  toujours  assez  difficiles;  les  prix  sont  faibles  pour  toutes  les 
catégories,  principalement  pourles  moutons,  cfuoi  qu'il  y  ait  eu  un  peu  de  reprise  sur 
les  cours  de  la  semaine  précédente. —  Sur  les  marchés  des  départements,  on  cote: 
Rouen,  bœuf,  1  fr.  55  à  I  fr.  85  par  kilog.  de  viande  neite  sur  pied  ;  vache, 
1  fr.  50  à  1  fr.  80;  veau,  1  fr.  40  à  1  fr.  75;  mouton,  1  fr.  80  à  2  fr.  10;  porc, 
1  fr.  10  à  1  fr.  35  ;  —  Caen,  bœuf,  1  fr.  70  à  1  fr.  90  ;  vache,  1  fr.  60  à  1  fr.  80; 
veau,  1  fr.  50  à  1  fr.  70  ;  mouton,  1  fr.  80  à  2  fr.  ;  porc,  1  fr.  20  à  1  fr.  40  ;  — 
Nanies,  bœuf.  0  fr.  86;  vache,  0  fr  84  ;  veau  1  fr.  2u  ;  mouton,  1  fr.;  — Nancy, 
boauf,  89  à  91  fr.  par  100  kilog.  bruts;  vache,  65  à  88  fr.  ;  veau,  45  à  58  fr.  ; 
mouton,  95  à  105  fr.;  porc,  66  à  68  fr.  ;  —  Nevers,  bœuf,  1  fr.  60  à  1  fr.  80; 
vache,  1  fr.  40  à  1  fr.  60;  veau,  2  fr.  ;  mouton,  2  fr.  ;  porc,  1  Ir.  60;  —  Dijon 


400        REVUE   COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT  (6  SEPTEMBRE    1884) 

bœuf,  I  fr.  62  à  1  fr.  72;  taureau,  1  fr.  20  à  1  fr.  46  ;  vache,  I  fr.  24  à  1  fr.  68 
veau  (poids  vif),   1  fr.  à  1  fr.  10;  mouton,   1  fr.  60  à  1  fr.  90,   porc  (poids  vif) 

0  fr.  94  à  1  fr.  02  ;  —  Lyon,  bœuf,  1  fr.  40  à  1  fr.  b5  ;  mouton,  1  fr.  40  à  1  fr.  90 
veau  (poids  vif),  0  fr.  97  à  1  fr.  10  ;  —  Bourgoin,  bœuf,  66  à  76  fr.  par  100  kilog 
bruts  ;  vache,  60  à  70  fr.  ;  mouton,  80  à  90  fr.  ;porc,  84  à  88  fr.  ;  veau,  95  à  100  tr 
—  Nîmes,  bœuf,  1  fr.  45  à  1  fr.  65:  taureau,  1  fr.  50;  vache,  1  fr.  1  7  à  1  fr.  55 
mouton,  1  fr.  75  à  1   fr.   85;  moutons  étrangers,    1  fr.   40   à    1   fr.   65;   brebis 

1  fr.  30  à   1  fr.  65  ;  agneau,  1  fr.  15  à  1  fr.  30  ;  —  Nice,  bœuf,  1  fr.  55  à  1  fr.  60 
vache,  1  fr.  25  à  1  fr.  40;  veau,  1  fr.  60  à  1  fr.  65;   mouton,    1  fr.  50  à  1  fr.   55 
brebis,  1  fr.  40  à  1  fr.  45;  chèvre,  1  fr.   10  à  1  fr.   15;  —  Genève,  bœuf,  1  fr.   60 
à   l  fr.  70  ;  vache,  1   fr.  20  à  1  fr.  50  ;  mouton,  1    fr.   70  à  1  fr.   80;  veau  (poids 
vif),  0  fr..  90   à   0  fr.  96;  mouton,  1   fr.  70  à  1  fr.  80. 

Viande  à  la  criée.  —  Il  a  été  vendu  à  la  halle  de  Paris  du  25  au  31  août  : 


kilog. 
Bœuf 011  vaclie...    I3't,367 

Veaa lV.i,SS2 

Mouton 70,801 

Porc '20,412 


Prix  da  kilog.  le  1"'  septembre. 
•2'qual.ual.  3"  q  Ctioii.       Basse  Dcaoherie! 


1"  quai. 

1  56  à  1  90     1.34  à  '..54     1.00  à  1.32 
1.64       1.S6     1.42       1.62     1.20       1.40 
1.40       1.76     1.18       1.3H     0.80       1.16 
Porc  frais 1.16  à  1.50. 


1.40  à  2.50  0.20  à   1.26 

u  1)  ))  .       D 

1.30       2.80     ..  » 


384,402  Soit  par  jour .44,923  kilog. 

Les  ventes  ont  été  inférieures  de  6,000  kilog.  par  jour  à  celles  de  la  semaine 
précédente.  Les  prix  accusent  de  la  baisse  pour  la  viande  de  bœuf;  les  autres 
catégories  restent  aux  anciens  taux. 

XI.  —  Cours  de  la  viande  à  l'abattoir  de  la  Vitklte  du  jeudi  4  septembre  {par  bO  kilog.) 

Cours  de  la  charcuterie.  —  On  *end  à  la  Villette  par  50  kilog.  :  1"  qualité, 
70  à  75  fr.  ;  2",  65  à  70  fr.  Poids  vif,  46  à  54  fr. 

Bœufs.  Veaux.  Moutons. 

(,.  .^.  3.  ,..  2-  3-  1"  r 

quai.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai, 

fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr. 

80  74  67  95  88  80  90  82  75 

XII.  —  Marché  aux  bestiaux  de  la  Villette  du  jeudi  k  septembre  1884. 

Cours  des  commissionnaires 
Cours  ofliciels.  en  bestiaux. 


Animaux 

amenés.  InTendus. 

Bœufs î.3'i!i  67 

Vaches 619  40 

Taureaux...        195  17 

Veaux 1.282  182 

Moutons....   20  762  2  648 

Porcs  gras..    4.52'i  61 

—  maigres,.            »  > 
Vente  difficile  sur  toutes  les  espèces. 


Poids 

moyen 

gênerai. 

kil. 

3 '16 

230 

386 

78 

19 

80 


,,.  2-         3- 

quai.  quai.  quai. 


70 
1.62 
1.48 
1.72 
1.94 
t.  34 


1.56 
1  .46 
1.36 
1.62 
1.74 
1.28 


1.30 
1  .26 
1.26 
1.42 
l..'i2 
1.22 


Prix 
extrêmes. 
I.21ài  .72 

1.16      l    66 


quai. quai. 


1.20 
1.34 


1  &2 

1.8S 

2  00 
1.40 


1.68 
1.60 
1   46 


l.b4 
l.4i 
l.S-» 


3* 
quai. 
1.28 
1.24 
1.24 


Prix 
extrêmes. 
1.22  à  1.70 


1.14 

1.18 


1.64 
1.50 


XllI. 


Résumé. 


Les  prix  du  blé  sont  encore  en  baisse  ;  mais,  pour  la  plupart  des  autres  denrées, 
les  cours  demeurent  stalionnaires.  A.  RÉiMY. 


BULLETIN  FINANCIER 

Le  mouvement  de  reprise  sur  les  cours  des  fonds  publics  s'est  accentué  depuis 
huit  jours.  On  cote  :  3  pour  100,  78  fr.  80;  —  3  pour  i  Où  amortissable,  80fr.  15; 
—  4  et  demi  pour  100,  109  fr.  25  ;  —  4  et  demi  pour  100  nouveau,  108  Ir.  20, 

Voici  1"S  derniers  cours  des  actions  des  établissements  de  crédit  :  Banque  de 
France,  5,090  fr. ;  Banque  de  Paris  et  des  Pays-Bas,  776  fr.  25;  Comptoir 
d'escompte,  947  fr.  50;  Crédit  foncier  1,295  fr.;  Banque  d'escompte  de  Paris, 
522  fr.  50  ;  Crédit  industriel,  675  fr.  ;  Crédit  lyonnais,  5t'6  fr.  25  ,  Compagnie 
foncière,  435  fr.;  Crédit  mobilier,  317  fr.  50;  Société  des  dépôts  et  comptes 
courants,  625  fr.;  Société  générale,  462  fr.  50;  Banque  parisienne,  382  fr.  50; 
Banque  franco-égyptienne,  560  fr. 

Les  actions  des  Compagnies  de  chemins  de  fer  se  cotent  :  Est,  780  fr.; 
Pans- Lyon-Méditerranée,  1.240  fr.;  Midi,  1,160  fr.;  Nord,  1,665  fr.  ;  Orléans, 
1,325  fr.;  Ouest,  840  fr. 

E.  Féron. 

Le  Gérant  :  A.  Bouché. 


MORT    DE    M.    J.-A.    BAIVRAL 


Fontenay-sous-Bois  (Seine),  le   II  septembre  1.S84. 

Le  Journal  de  l'agricullure  est  en  deuil. 

Son  fondateur,  son  directeur  bien-aimé,  est  mort,  et  c'est  auprès  de 
son  dernier  lit  de  repos  que  nous  écrivons  ces  lignes. 

Le  dernier  hiver  n'a  pas  été  bon  pour  lui.  Il  était  très  souffrant 
lorsqu'il  prit  part,  à  la  fin  du  mois  de  mars,  à  l'enquête  agricole 
ouverte  dans  le  département  de  l'Aisne.  Les  fatigues  de  cette  mission 
furent  extrêmes  pour  lui;  dès  son  retour  il  s'alita,  le  4  avril  ;  il  ne 
devait  plus  faire  au  dehors  que  des  apparitions,  hélas  !  de  plus  en  plus 
courtes.  Pendant  cette  longue  et  cruelle  maladie,  il  a  lutté  avec  une 
énergie  surhumaine,  déployant,  pour  accomplir  ses  devoirs  jusqu'au 
bout,  toutes  les  ressources  d'une  volonté  qui  ne  voulait  pas  plier. 
Spectacle  douloureux,  terrible  pour  ceux  qui  en  étaient  les  témoins, 
mais  exemple  admirable  de  la  puissance  de  la  force  morale. 

Il  s'est  éteint,  après  une  douce  agonie,  à  Fontenay-sous-Bois,  près 
Paris,  chez  sa  fille,  dont  les  soins  délicats  et  infatigables  l'ont  disputé 
jour  par  jour  à  la  mort.  Le  10  septembre,  à  8  heures  du  soir,  il  est 
entré  dans  le  repos  éternel,  entouré  de  ses  enfants  et  de  ses  petits- 
enfants,  sans  souffrances,  au  moins  apparentes.  Né  à  Metz,  le  30  jan- 
vier 1819,  M.Jean-Augustin  Barral  était  dans  sa  soixante-sixième 
année. 

C'est  un  maître  vénéré  que  nous  perdons;  mais  c'est  aussi  l'ami  le 
plus  dévoué,  le  cœur  le  plus  chaud,  tout  entier  d'affection  et  d'abné- 
gation. 

Devant  ce  lit  de  mort,  nous  ne  pouvons  que  pleurer;  plus  tard, 
nous  dirons  ce  qu'il  a  été,  et  nous  rappellerons  les  services  qu'il  a 
rendus  à  la  science  et  à  l'agriculture. 

Henry  Sagnier. 


Les  obsèques  de  M.  Barral  auront  lieu  le  samedi  13  septembre,  à  midi. 

On  se  réunira  à  son  domicile,  rue  de  Rennes,  66,  à  Paris. 
L'inhumation  ïe  fera  au  cimetière  Montparnasse. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (13  septembre  i884). 

Avis  préliminaire.  —  Session  des  Conseils  généraux.  —  Vœux  relatifs  au  relèvement  des  tarifs  de 
douane.  — Enseignement  agricole  et  laboratoires  départementaux.  —  Création  d'écoles  pra- 
tiques d'agriculture  dans  la  Somme  et  dans  l'Eure.  —  Le  herd-book  de  la  race  normande.  — 
Question  de  la  prestation.  —  La  culture  des  betteraves  à  sucre.  —  Note  de  .M.  FI.  Desprez.  — 
Bulletin  du  ministère  de  V agriculture.  —  Enquête  sur  les  principaux  marchés  au  bétail  de 
l'étranger.  —  Concours  et  congrès  de  l'Association  pomologique  de  l'Ouest.  —  Session  de  la 
Société  pomologique  de  France.  —  Blés  de  semence.  —  Lettre  de  M.  Desprez.  —  Ecole  pra- 
tique d'agriculture  de  la  Molière.  —  Ferme-école  de  la  Haute-Garonne.  —  Enseignement  agri- 
cole en  Suisse.  —  Cours  professés  à  Lausanne.  —  Concours  du  Comice  agricole  de  Reims.  — 
Concours  Je  la  Société  d'agriculture  de  Bayeux.  —  La  France  à  une  exposilion  japonaise.  — 
Notes  sur  la  situation  des  récoltes  dans  les  dcparlements  des  Vosges,  de  la  Charente-Inférieure 
et  des  Hautes-Alpes.  —  La  moisson  et  les  vendanges.  —  Le  phylloxéra  dans  les  Alpes. 

Sous  le  coup  du  malheur  qui  nous  frappe,  nous  ne  pouvons  que 
reproduire  ici  les  notes  que  nous  avions  préparées  pour  iiiire  le 
canevas  d'une  chronique  à  la  fin  de  laquelle  ou  devait  lire  un  autre 
nom,  qui  sera  longtemps  regretté  de  nos  lecteurs. 


I.  —  Session  des  Conseils  généraux. 

Un  très  grand  nombre  de  Conseils  généraux  se  sont  préoccupés, 
dans  leur  dernière  session,  de  la  situation  agricole  et  des  questions 
douanières.  Dans  une  précédente  chronique  (page  321),  nous  avons 
analysé  quelques-uns  des  vœux  «mis  par  ces  assemblées  ;  nous  devons 
ajouter  aujourd'hui  que  les  Conseils  généraux  de  la  Côte-d'Or,  du  Cher, 
de  Loir-et-Cher,  de  l'Eure,  des  Côtes-du-Nord,  de  la  Dordogne,  de  la 
Vienne,  ontémis  des  vœux  relatifs  à  l'augmentation  des  droits  de  douane 
sur  les  denrées  agricoles,  notamment  sur  les  céréales  et  sur  les  bestiaux. 
Le  Conseil  général  de  la  Côte-d'Or  a  voté  la  création  de  deux  bourses 
d'élèves  à  l'École  pratique  d'agriculture  et  de  viticulture  de  Beaune; 
l'ouverture  de  cette  école  est  fixée  au  mois  d'octobre  prochain.  —  Le 
Conseil  général  de  la  Somme  a  voté  la  création  d'une  école  pratique 
d'agriculture  à  Warfusée-Abancourt, 

La  création  d'un  laboratoire  agricole  départemental,  plusieurs  fois 
disculée  au  Conseil  général  du  Gard,  a  été  définitivement  adoptée;  le 
crédit  nécessaire  a  été  inscrit  au  budget.  —  Dans  la  Loire-Inférieure, 
le  Conseil  général  a  décidé  la  transformation  en  station  agronomique 
du  laboratoire  de  chimie  agricole  établi  et  créé  par  M.  Audouard  dans 
sa  propriété  de  Vrézé.  —  Le  Conseil  général  de  Seine-et-Oise  a  voté 
la  création  d'un  laboratoire  départemental  agricole  à  Versailles. 

Le  Conseil  général  de  l'Eure  a  porté  de  500  à  1 ,000  fr.  la  somme 
allouée  au  professeur  départemental  d'agriculture, afin  qu'une  conférence 
soit  faite  dans  chaque  canton  tous  les  ans.  —  Il  a  aussi  adopté  un  rap- 
port proposant  d'autoriser  le  préfet  à  poursuivre  avec  le  gouvernement 
et  la  ville  du  Neuboura;  les  néa;ociations  relatives  à  la  création  d'une 
école  pratique  d'agriculture  au  Neubourg  et  l'alloealion  annuelle  d'une 
somme  de  5,000  tr.  pour  le  loyer  des  terres  et  d'une  somme  ferme 
de  30,000  fr.  pour  l'appropriation  des  bâtiments  de  l'école,  la  ville  du 
Neubourg  mettant  à  la  disposition  de  l'administration  l'institution 
Lenormand. 

On  sait  de  quelle  importance  sont  pour  la  Normandie,  depuis  la 
pointe  du  Cotentin  jusqu'à  Mortague,  toutes  les  ojjérations  portant  sur 

^"■^805.  —  Tome  TH  de  1884.  —  13  Septembre. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (13  SEPTEMBRE  1884).  403 

la  production,  la  multiplication,  l'élevage  de  la  race  bovine.  Les  Con- 
seils généraux  de  la  Manche  et  du  Calvados  ont  voté  au  budget  de 
1884  un  crédit  destiné  à  concourir  au>c  Irais  d'un  lierd-book  normand. 
Les  Conseil  généraux,  de  l'Orne  et  de  l'Eure  ne  pouvaient  se  désinté- 
resser de  cette  question  si  importante  au  point  de  vue  des  intérêts 
agricoles  du  département  ;  le  Conseil  général  de  l'Orne  a  voté  pour  cet 
objet,  une  somme  de  2,000  francs,  et  celui  de  l'Eure  une  somme  de 
500  francs. 

Nous  devons  signaler  aussi  le  vœu  exprimé  par  le  Conseil  général 
de  l'Ain  relativement  à  l'abolition  de  l'impôt  de  la  prestation,  et  celui 
du  Conseil  général  du  Calvados  pour  une  répartition,  plus  équitable, 
des  contingents  fonciers  entre  les  départements. 

II.  —  La  culture  des  betteraves  à  sucre. 

Les  cultivateurs  de  la  région  septentrionale  se  préoccupsnt  avec  grande 
raison  des  méthodes  à  adopter  pour  transformer  la  culture  des  bette- 
raves à  sucre.  Nous  avons  tenu  nos  lecteurs  au  courant  des  résultats 
de  plusieurs  voyages  entrepris  par  des  délégués  des  associations  agri- 
coles, en  Allemagne  et  en  Autriche.  Mais  ce  n'est  pas  seulement  à 
l'étranger  qu'on  peut  étudier  des  cultures  prospères  ;  il  en  est  en 
France,  même  dans  les  régions  réputées  comme  rebelles  à  la  production 
de  la  betterave  riche:  nous  en  avons  donné  déjà  quelques  exemples. 
En  voici  un  qui  nous  est  fourni  par  un  des  agriculteurs  les  plus  dis- 
tingués du  Nord,  M.  Florimond  Desprez.  Dans  une  note  par  laquelle  il 
convie  les  agriculteurs  à  venir  visiter  ses  cultures,  il  jette  fièrement  le 
gant  à  l'agriculture  allemande,  et  nous  l'en  applaudissons.  Voici 
cette  note  : 

«  Un  grand  nombre  de  cultivateurs  et  de  fabricants  de  sucre  ont  l'heureuse 
inspiration  d^  visiter  l'Allemagne  et  l'Autriche  afin  de  prendre  des  renseignements 
et  de  voir  les  moyens  qu'on  emploie  dans  ces  contrées  pour  y  cultiver  avec  avan- 
tage la  betterave  riche  en  sucre. 

«  Pour  ceux  qui  n'auraient  pas  ce  loisir  ou  qui  voudraient  faire  des  compa- 
raisons, je  me  mets  à  leur  disposition  pour  leur  faire  visiter  une  culture  française, 
la  mienne. 

«  Ils  verront  que  les  méthodes  qui  y  sont  employées  pour  cultiver  la  betterave 
et  le  blé,  ne  le  cèdent  en  rien  à  celles  des  Allemands  et  des  Autrichiens.  Elles  ont 
pour  elles  la  sanction  de  l'expérience,  puisqu'elles  sont  pratiquées  depuis  1857,  sauf 
les  améliorations. 

«  Depuis  quinze  jours,  je  laboure   et  je  prépare  mes  terres  destinées  à  la  pro 
duction  de  la  betterave  pour  la  campagne  prochaine;  ces  travaux  continueront  tout 
le  mois  de  septembre. 

«  Dans  tout  le  courant  du  mois  d'octobre,  j'arracherai  mes  betteraves  au 
brabant,  moyen  non  seulement  le  plus  économique,  mais  ayant  en  outre  l'avan- 
tage d'être  le  meilleur  pour  la  bonne  conservation  de  la  betterave. 

«  Je  préparerai  mes  terres  à  blé  et  je  les  ensemencerai  à  partir  du  25  octobre 
à  raison  de  56  kilog.  de  grains  à  l'hectare  en  moyenne. 

«  La  ferme  de  Wattines,  commune  de  Cappelle  (Nord),  est  à  2  kilomètres  delà 
station  de  Nomain,  Ugne  directe  de  Lille  à  Valenciennes,  et  à  6  kilomètres  de 
Templeuve  et  d'Orchies. 

«  L'on  vient  de  Paris  à  Orchies,  via  Douai,  en  4  heures  10  m.  Eaprévenant  par 
télégramme,  Desprez  Templeuve,  une  voiture  sera  à  la  disposition  des  visiteurs. 

FI.   Desprez, 

vice-président  de  la  Société  des  agriculteurs  du  Nord. 

Nous  sommes  convaincu  que  tous  ceux  qui  visiteront  la  ferme  de 
M.  Desprez  en  reviendront,  en  se  réjouissant  d'avoir  répondu  à  son 
invitation.  Il  est  difficile,  disons  plus,  il  est  impossibledc  trouver  une 
exploitation  mieux  combinée  et  où  l'on  ne  sait  ce  qu'il  faut  le  plus 


404  CHRONIQUE  AGRICOLE  (13   SEPTEMBRE   1884). 

admirer  de  l'habileté  de  la  direction,  des  résultats  obtenus  et  delà  bonne 
organisation  qui  préside  partout.  Le  laboratoire  pour  l'étude  des  bette- 
raves destinées  à  devenir  porte-graines,  à  lui  seul,  vaut  un  voyage  spé- 
cial ;  il  en  est  de  même  des  cultures,  et  notamment  de  celle  du  blé. 

III.  —  Bulletin  du  minislère  de  Vagriculiure. 
Le  5'  ffiscicule  du  Bulletin  du  ministère  de  ragncuUurc  pour 
l'année  1884  a  paru  récemment.  Ce  fascicule  présente  un  intérêt  d'une 
nature  spéciale;  en  effet,  il  est  consacré  exclusivement  à  une  enquête 
sur  les  principaux  marchés  aux  bestiaux  d'Europe  et  d'Amérique.  Les 
conditions  dans  lesquelles  cette  enquête  a  été  organisée  sont  résumées 
dans  une  noie  préliminaire  dont  voici  le  texte  : 

«  Des  plaintes  s'étant  élevées  contre  l'insalubrité  du  marché  de  la  Villetto  de 
Paris,  le  ministre  de  l'agriculture  a  nommé  une  Commission  pour  étudier  les 
mesures  qu'il  pourrait  être  nécessaire  d'ajouter  à  celles  qui  résultent  déjà  de  la 
loi  du  'il  juillet  1881,  sur  la  police  sanitaire  des  animaux  et  du  règlement  d'admi- 
nistration publi'jue  du  22  juin  1882,  afin  d'empêcher  la  conlaminatioa  des  ani- 
maux amenés  sur  ce  marché,  et  la  sortie  de  ceux  qui  pourraient  être  atteints  ou 
suspects  de   maladies  contagieuses. 

«  M.  Méline  a  pensé,  en  outre,  qu'il  serait  utile  pour  la  Commission  de 
connaître  l'organisation  des  principaux  marchés  d'Europe  et  d'Amérique,  tant 
sous  le  rapport  du  service  qu'au  point  de  vui  sanitaire  ;  c'est  pourquoi  nos  agents 
consulaires  ont  été  invités  à  réunir  des  renseignements  à  ce  sujet.  » 

L'enquête  a  porté  sur  les  marchés  de  Budapest,  de  Berlin,  de  Ham- 
bourg, de  Rotterdam,  de  Londres,  de  Liverpool,  de  New- York,  de  Chi- 
cago. Nous  ferons  connaître  les  principaux  faits  qui  résultent  des 
documents  réunis  par  les  agents  consulaires  et  présentés  dans  ce 
fascicule. 

IV.  —  Concours  el  conrirès  pomologiques  à  Rouen. 

Nous  rappelons  que  l'Association  pomologique  de  l'Ouest  tiendra 
à  Rouen,  du  3  au  1  1  oclobre,  son  deuxième  congrès  pour  l'étude  des 
fruits  de  pressoir  et  son  concours  d'instruments  et  de  fruits  de  pres- 
soir. —  Le  programme  comprend  trois  classes,  savoir  : 

Pommes  et  poires  :  huit»  de  Bretagne,  7  prix;  fruits  de  Normandie,  7  prix; 
fruits  de  toutes  provenances,  4  prix  ;  fruits  de  semis,  2  prix:  collections  expo- 
sées par  des  instiiuteurs,  10  prix;  par  des  sociétés  ou  amateurs,  4  prix. 

Cidres:  de  fût  de  Normandie,  4  prix;  de  Bretagne,  4  prix:  de  toutes  prove- 
nances, 3  prix;  poirés  de  touies  provenances,  3  prix;  cidres  en  houteilles  de 
toutes  firovenances,  4  prix  ;  cidres  faits  avec  une  seule  variété  de  pommes,  4  prix  ; 
eaux-de-vie  de  cidre  ou  de  poiré,  4  prix;  pommes  séchées,  2  prix;  concasseurs  à 
bras,  3  prix;  à  manège,  3  prix;  pressoirs,  4  prix;  appareils  de  distillation,  2  prix. 
Pompes,  fûts,  serpettes,  greffoirs,  armures  d'arbres,  etc.,  plusieurs  médailles 
d'or,  vermeil,  argent  ou  bronze. 

Traité  sur  la  fabrication  du  cidre,  prix  de  500  fr.;  fruits  moulés,  travaux  ou 
traités  spéciaux  sur  les  pépinières,  plantations,  etc.,  plusieurs  médailles  d'or,  ver- 
meil, argent  ou  bronze. 

Le.s  personnes  qui  désirent  prendre  part  à  cet  iinportant  concours, 
devront  en  fau-e  la  déclaration  à  M.  K.  Fortier,  vice-président  de  l'As- 
sociation, au  plus  tard  le  15  septembre.  Les  instruments,  fruits  ou 
objets  exposés  devront  être  présentés  sur  place  le  I"  octobre. 

La  Société  pomologique  de  France  tiendra  sa  26"  session  pour 
l'étude  des  fruits  de  table,  le  1"  octobre,  et  la  Société  centrale  d'horti- 
culture ouvrira,  du  3  au  11  octobre,  un  concours  international  de 
fruits  de  table.  Le  programme  comprend  des  récompenses  :  T  pour  la 
collection  la  plus  belle  et  la  mieux  dénommée  de  fruits  de  table  de 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (13  SEPTEMBRE    188^1).  t05 

toutes  sortes,  se  composant  de  poires,  de  pommes,  de  raisins,  etc.,  etc.; 
2"  pour  la  collection  de  poires  la  plus  belle,  la  plus  variée  et  la 
mieux  dénommée;  3°  pour  la  collection  de  pommes  la  plus  belle,  la 
plus  variée  et  la  mieux  dénommée;  4°  pour  la  collection  de  fruits  à 
noyau  la  plus  belle  et  la  mieux  dénommée;  .j°  pour  la  plus  bfUe  et  la 
plus  nombreuse  collection  de  raisins  de  table  en  maturité,  qu'elle 
qu'en  soit  la  provenance;  6°  pour  la  plus  belle  collection  de  laisins  en 
étal  de  maturité,  récoltés  à  l'air  libre  dans  le  département;  six  variétés 
au  moins;  un  certificat  d'origine  pourra  être  exigé;  7"  pour  les 
meilleurs  fruits  de  semis  obtenus  dans  le  département  depuis  quelques 
années  et  non  encore  récompensés.  Ces  fruits  devront  être  accompa- 
gnés d'un  certiilcat  d'origine  de  la  Société  la  plus  voisine. 

Les  demandes  de  places  dans  le  local  de  l'exposition  doivent  être 
adressées  au  président,  au  siège  de  la  Société,  rue  Saint-Lô,  40, 
au  moins  dix  jours  à  l'avance;  elles  indiqueront  le  nombre  d'assiettes 
nécessaires  à  l'exposant  et  la  nature  des  fruits  à  exposer. 

V.  —  Blés  dt  semence. 

Nous  recevons  de  M.  FI.  Desprez,  l'habile  agriculteur  de  Cappelle, 
la  lettre  suivante  : 

<c  Monsieur  le  directeur,  j'ai  recours,  comme  tous  les  aus,  à  la  voie  de  votre 
estimable  tourna/,  pour  informer  les  intéressés  que  je  tiens  à  leur  disposition  des 
blés  de  semence  de  diverses  espèces  récoltés  sur  mes  terres,  tels  que  :  les  blés 
de  Flandre  blancs  à  paille  blanche,  les  blés  blancs  Chiddam  à  paille  rouge,  les  blés 
blancs  Hallett,  Hunter,  Nursery  et  Victoria  à  paille  blanche,  les  Nursery  roux  à 
paille  blanche,  les  Kissingland  et  le  Goldendrop  roux,  et  les  jaunes  d'Australie. 
Le  prix  en  est  de  27  francs  les  100  kilog.,  mis  en  notre  gare. 

«  tJn  de  mes  amis  d'Ecosse  veut  bien  mettre  à  ma  disposition  quelques  cen- 
taines d'hectolitres  de  blés  Scheriti'  square  head;  je  serais  heureux  de  les  céder 
à  ceux  qui  en  seront  amateurs,  au  prix  coûtant. 

«  Veuillez  recevoir,  etc.  Fl.  Desprez.  » 

Les  demandes  relatives  à  ces  diverses  variétés  de  froment  doivent 
être  adressées  à  M.Fl.  Desprez,  à  Cappelle,  près  Templeuve  (Nord). 

VI.  —  École  pratique  (ïafjric allure  de  la  Molière. 

Conformément  au  désir  exprimé  par  le  Comité  de  surveillance  et  de 
perfectionnement  de  l'école  pratique  d'agriculture  de  la  Molière  (Puy- 
de-Dôme),  le  ministre  de  l'agriculture  a  décidé  qu'un  concours  sup- 
plémentaire serait  ouvert  pour  l'admission  de  nouveaux  jeunes  gens 
dans  cette  école,  le  1"  octobre  1885,  dans  une  salle  de  l'hôtel  de  la 
préfecture.  Les  pièces  devront  être  adressées  à  la  préfecture  avant  le 
20  septembre,  à  Clermont-Ferrand. 

VII. —  Ferme-école  de  la  Haute-Garonne. 

Les  examens  de  la  ferme-école  de  Castelnau-les-Nanzes  (Haute-- 
Garonne)  auront  lieu,  dans  une  des  salles  de  cet  établissement,  le 
jeudi  18  septembre,  sous  la  présidence  de  M.  Randoing,  inspecteur 
d'agriculture.  Les  candidats  qui  désireront  entrer  dans  cette  institution 
doivent  adresser  immédiatement  au  directeur  ou  au  préfet  de  la  Haute- 
Garonne,  les  pièces  suivantes  :  1°  une  demande  d'admission  des 
parents;  2°  l'acte  de  naissance  dûment  légalisé;  3°  un  certificat  de 
bonne  vie  et  mœurs,  délivré  par  le  maire  de  la  commune  où  ils  rési- 
dent; 4°  un  certificat  constatant  qu'ils  ont  été  affectés  de  la  petite 
vérole  ou  qu'ils  ont  été  vaccinés  et  qu'ils  ne  sont  atteints  d'aucune 


406  CHRONIQUE  AGRIGOLK  (13  SEPTEMBRE  1884). 

infirmité  ou  défaut  de  conformation  les  rendant  impropres  au  travail. 
VIII.  —  Enseignement  agricole  en  Suisse. 

Chaque  année,  des  conférences  et  des  cours  publics  sont  organisés 
à  Lausanne  (Suisse),  pour  donner  un  enseignement  agricole  élémen- 
taire, approprié  aux  besoins  des  jeunes  gens  de  la  campagne  et  por-  ' 
tant  sur  toutes  les  branches  dont  les  connaissances  sont  utiles  à  l'agri- 
culteur. Ces  cours  sont  gratuits.  Pour  l'année  1 884-85,  ils  commenceront 
le  6  novembre  pour  finir  le  15  mars,  sous  la  direction  de  M.  Bieler, 
vétérinaire  à  Lausanne.  Les  professeurs  sont  :  MM.  Bieler;  Schalzmann, 
directeur  de  la  station  laitière  de  Lausanne;  Bonnet,  arboriculteur; 
Francillon,  ancien  agriculteur;  Curchon-Verdeil,  inspecteur  fores- 
tier, etc. 

Les  élèves  sont  réunis,  en  dehors  des  heures  de  leçons,  sous  la  sur- 
veillance du  directeur  et  des  professeurs  pour  divers  travaux,  tels  que 
répétitions,  interrogations,  exercices  pratiques,  dessins  de  plans,  et 
courses.  Les  jeunes  gens  qui  désirent  suivre  les  cours  en  qualité  d'élèves 
devront  être  âgés  de  16  ans  au  moins.  Ils  se  feront  inscrire,  avant  le 
25  octobre,  chez  M.  Bieler.  A  la  fin  des  cours,  les  élèves  réguliers  ont 
à  subir  un  examen,  et  il  est  délivré  des  certificats  à  ceux  d'entre  eux 
qui  passent  ces  examens  dune  manière  satisfaisante.  Les  auditeurs 
peuvent,  sur  leur  demande,  être  admis  à  subir  les  examens  sur  les 
cours  qu'ils  ont  suivis. 

IX.  —  Comice  agricole  de  Reims. 

Le  concours  annuel  du  Comice  agricole  de  Reims  (Marne)  se  tien- 
dra, le  14  septembre,  à  VilIe-en-Tardenois,  sous  la  direction  de  son 
président,  M.  Charles  Lhotelain.  Il  comprendra  un  concours  d'ani- 
maux reproducteurs,  des  races  chevalines,  bovines,  ovines  et  porcines; 
des  primes  s'élevanl  à  la  somme  de  2,500  francs  seront  accordées  aux 
propriétaires  des  meilleurs  animaux  présentés.  11  y  aura,  en  outre, 
une  exposition  de  machines  et  instruments  agricoles,  à  laquelle  tous 
les  constructeurs  et  entrepositaires  ont  été  invités  à  prendre  part.  Les 
concours  du  Comice  de  Reims  présentent  toujours  un  grand  intérêt. 
X.  —  Société  d'agriculture  de  Bayeux, 

Le  concours  de  la  Société  d'agriculture  de  Bayeux  (Calvados)  se 
tiendra  à  Caumont,  le  21  septembre.  —  Parmi  les  primes  offertes, 
nous  devons  signaler  une  médaille  d'honneur  qui  sera  décernée  au 
propriétaire  non  exploitant  qui  aura  fait  le  plus  de  dépenses  utiles  aux 
fermes  qu'il  possède  dans  le  canton  de  Caumont,  afin  d'approprier  les 
bâtiments  d'exploitation  de  ces  fermes  aux  besoins  de  la  culture  per- 
fectionnée, pour  construij'e  les  étables  ou  les  hangars  nécessaires  à  la 
stabulation  des  bestiaux  pendant  l'hiver,  pour  fournir  remplacement 
le  plus  favorable  à  l'installation  d'une  bonne  laiterie,  et  pour  donner 
à  ses  fermiers  les  moyens  de  recueillir  et  d'utiliser  les  engrais  liqui- 
des. En  outre,  il  sera  décerné  des  médailles  d'honneur  ainsi  que  des 
mentions  honorables  aux  propriétaires  et  fermiers  du  canton  de  Cau- 
mont, qui  auront  été  reconnus  dignes  de  cette  distinction  par  leur  sys- 
tème rationnel  d'assolement,  la  bonne  tenue  de  leurs  herbages,  de 
leurs  laiteries  ou  de  leurs  étables,  l'élagage  intelligent  de  leurs  arbres, 
les  soins  donnés  à  leurs  pommiers  et  l'emploi  judicieux  des  meilleu- 
res machines  agricoles,  enfin  par  les  produits  divers  de  l'ensemble  de 
leur  exploitation  et  l'ensemble  du  bétail. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (  1 3  SEPTEMBRE   1884}.  407 

XL  —  La  France  à  une  exposition  japonaise. 

La  première  exposition  au  Japon  vieat  d'avoir  lieu  à  Kyoto,  célèbre 
par  ses  fabriijues  de  porcelaines,  et  a  très  bien  réussi.  Elle  était  natio- 
nale, mais  on  y  a  admis  exceptionnellement  une  maison  française,  les 
ateliers  Decauville,  de  Petit-Bourg,  près  Paris,  dont  les  cbernius  de  fer 
portatifs  y  sont  devenus  extrêmement  populaires  et  sont  en  usage 
dans  les  deux  arsenaux  et  sur  les  propriétés  de  presque  tous  les  prin- 
ces japonais.  La  plus  haute  récompense,  le  diplôme  d'honneur,  a  été 
décernée  à  l'unique  exposant  français,  qu'on  peut  considérer  comme 
le  pins  hardi  pionnier  de  l'industrie  française  dans  I  Extrême-Orient. 

XIL  —  Nouvelles  de  l'êtaL  des  récolles. 

Les  conditions  météorologiques  sont  devenues  beaucoup  plus  dou- 
ces. Sur  la  situation  agricole  dans  les  Vosges,  AI.  Jacquot  nous  adresse 
de  Chèvrerocbe,  les  renseignements  suivants,  à  la  date  du  G  septembre  : 

«L'année,  quoique  très  sèclie,  sera  bonne  dans  nos  montagnes  des  Vosges.  Les 
récoltes  ont  fourni  en  quantité  et  qualité;  mais  nous  voicidans  une  impasse  :  les 
regains  sont  en  grande  partie  coupés  et  la  pluie  dure  depuis  huit  jours,  sans 
laisser  d'espoir  de  finir  bientôt.  11  serait  grand  temps  que  le  beau  temps  revînt, 
car  les  regains  s'avarient  promptement  sous  l'influence  des  intermittences  de 
pluie  et  de  soleil.  Les  prairies  sèches  ne  donnent  pas  une  forte  récolte;  mais, 
en  comparaison  du  prolongement  de  la  sécheresse,  le  rendement  serait  passable 
si  la  qualité  était  assurée  par  la  dessiccation  faite  à  temps. 

«Les  pommes  de  terre  seront  abondantes  et  mûrissent  plus  promptement  parla 
pluie  qu'en  temps  de  sécheresse;  c'est  un  indice  qu'elles  sont  atteintes  parla  ma- 
ladie, ce  qu'il  est  facile  de  se  convaincre  par  les  tubercules  gâtés  qui  se  trouvent 
nombreux  en  certains  endroits. 

«  Peu  de  fruits  aux  arbres,  si  peu  que  les  guêpes  en  auront  facilement  raison. 
Ces  insectes  sont  tellement  nombreux  qu'ils  sont  très  incommodes  pour  hommes 
et  bestiaux. 

<c  Notre  industrie  agricole,  les  fromages,  sont  en  hausse  de  prix  comme  cela  a 
toujours  lieu  en  cette  saison.  Ils  vont  peut-être  atteindre,  sous  peu.  le  prix  de 
50  t'r.  les  50  kilog.,  mais  je  doute  fort  que  le  discrédit  habituel  qui  atteint  annuel- 
lement le  commerce  de  cette  denrée  ne  fera  pas  défaut  pendant  catie  campagne, 
attendu  que  les  mêmes  conditions  vicieuses  de  fabrication  et  le  pêle-mêle  commer- 
cial existent  encore.  Cependant  on  ne  peut  que  louer  l'association  fromagère 
vosgienne  des  efforts  persévérants  qu'elle  n'a  cessé  de  faire  dans  ce  but  EUe  a 
déjà  obtenu  des  succès  pour  ainsi  dire  inespérés,  et  si  elle  n'a  pas  encore  défri- 
ché tout  le  champ,  elle  n'a  pas  non  plus  rendu  les  armes.  De  concert  avec  le 
Comice  agricole  de  Remiremont,  il  faut  bien  croire  que  tout  se  fera  à  mesure 
que  les  moyens  d'améliorer  la  situation  se  présenteront  au  zèle  et  à  l'activité  qui 
ont  marqué  les  débuts  de  l'entreprise.  » 

Notre  correspondant  de  Rochefort  (Charente-Inférieure)  nous  trans- 
met les  renseignements  suivants  sur  l'état  acrricole  des  arrondisse- 
ments  de  Rochefort  et  de  Marennes  : 

«  Dans  nos  deux  arrondissements  de  Rochefort  et  de  Marennes,  les  récoltes 
de  cette  année  ont  été  de  bonne  moyenne. 

«  Si  les  chaleurs  torrides  qui  ont  duré  ici  pendant  plus  d'un  mois  et  demi  ont 
favorisé  la  maturité,  le  sciage  et  l'épiquage  des  céréales,  elles  ont  horriblement 
fatigué  nos  vaillants  travailleurs;  il  s'en  serait  certainement  suivi  des  cas  de  ma- 
ladies graves  sans  le  changement  de  température  qui  est  survenu  depuis  huit 
jours.  La  pluie  tombée  sans  orage  a  été  très  salutaire  ;  le  temps  frais  a  succédé 
aux  grandes  chaleurs  ;  nos  cultivateurs  ont  pu  se  mettre  bravement  à  la  besogne. 

«  Le  rendement  des  céréales  a  été  bon;  le  dépiquage,  qui  se  fait  i^i  près  fue 
totalement  aux  machines  vannant,  n'a  pas  tenu  la  promesse  qu'on  avait  au  sciage; 
il  y  a  eu  pas  mal  de  brûlé  ;  la  qualité,  malgré  cela,  est  excellente. 

«  Les  prix  laissent  à  désirer  :  les  avoines  valent  7  fr.  50  les  50  kilog.,  et  le  blé 
19  fr.  les  90  kilog.  C'est  trop  peu. 


408  GHKONIQUE  AGRICOLE;  (13  SEPTEMBRE   1884). 

«  Le  maïs  et  les  pommes  de  terre  ont  eu  trop  de  chaleur  ;  le  rendement  laissera 
donc  beaucoup  à  désirer. 

«  Les  foins,  qui  ont  donné  très  convenablement,  en  qualité  et  quantité,  ont 
pu  être  récoltés  et  mis  en  moules  dans  d'excellentes  conditions  ;  ils  valent  18  l'r. 
les  500  kilog.,  pris  sur  place.  —  La  bonne  paille  est  payée  10  fr.  les  500    kilog. 

a  Nos  vastes  et  fertiles  prairies  ont  horriblement  desséché  cet  été  ;  les  herbes 
ont  manqué  ;  le  bétail  a  souffert  de  cet  étal  de  choses.  Malgré  cela  et  Lien  qu'il  y 
ait  eu  un  peu  de  baisse  pendant  quelque  temps,  les  prix  sont  restés  assez  rému- 
nérateurs pour  les  bovins  et  les  ovins.  Les  chevaux  se  vendent  mal  ;  la  remonte 
achète  peu  et  le  commerce  se  montre  circonspect. 

«  Nos  sauniers  ont  fait  bonne  campagne  ;  les  chaleurs  ont  considérablement 
favorisé  la  production  des  sels;  les  prix  resteront-ils  assez  élevés  pour  encourager 
cette  industrie,  que  de  trop  faibles  prix  avaient  fait  délaisser  depuis  quelques 
anni'et-?  .]us(|u'après,  on  attend  avec  conliance. 

L'ostréiculture  va  commencer  les  affaires  ;  la  campagne  est  ouverte  depuis  le 
commencement  de  septembre.  C'est  en  effet  pendant  les  mois  qui  ont  des  R  que 
les  huîtres  sont  bonnes  et  que  les  gourmels  peuvent  les  savourer  avantageuse- 
ment. Restent  les  prix  ;  jusqu'à  présent,  ils  sont  bien  élevés.  N'arrêteront-ils  pas  la 
consommation?...  On  parle  de  70  fr.  le  œille  pour  les  plus  petites  I... 

«  Les  vignes  sont  généralement  malades  ;  celles  atteintes  ont  cependant  con- 
servé plus  do  force  que  les  années  précédentes,  ce  qui  fait  espérer  à  quelques 
viticult  urs  des  rétablissements  partiels.  Dieu  le  veuille  !  Celles  non  malades  ont 
du  raisin  malgré  la  coulure  qui  a  eu  lieu  à  la  floraison.  Les  vendanges,  si  quel- 
ques jours  de  chaleur  arrivent  bientôt,  auront  lieu  fin  septembre;  la  qualité  ne 
laissera  rien  à  désirer,   car  les  raisins   se   développent  considérablement. 

c<  On  s'occupe  assez  de  la  reconstitution  de  nos  vignes.  Des  essais  sont  faits 
avec  des  cépages  américains  ;  beaucoup  reprennent  des  plants  français,  dont 
queliiues-uns  ont  même  commencé  à  produire;  il  y  en  a  des  français  de  cinq  à 
six  ans  indemnes  jusqu'à  présent  du  phylloxéra.  Le  seront-ils  longtemps?  On  en 
conserve  l'espoir.  » 

Sur  la  siLiialioii  agricole  dans  les  Haules-xVipes,  notamment  sur  celle 
des  vignes,  M.  Allier,  professeur  départemental  d'agriculture,  nous 
adresse  de  Gap,  la  note  suivante,  à  la  date  du  1"  septembre  : 

«Les  résultats  des  loulaisons,  en  partie  connus  à  ce  jour,  confirmentles  rensei- 
gnements que  j'ai  eu  l'honneur  de  vous  adresser  le  mois  dernier  sur  le  rendement 
des  céréales  dans  les  Hautes-Alpes.  Si  leur  cours  n'était  pas  si  bas,  la  récolte 
serait  en  somme  assez  satisfaisante  ;  mais  le  blé  se  vend  actuellement  dans  le 
département  23   francs  le  quintal  métrique   et  ce  prix  ne  couvre  pas  les  frais. 

«La  sécheresse  extrême  qui  règne  dans  notre  région  contrarie  beaucoup  les  cul- 
tivateurs dans  l'exécution  des  labours  préparatoires,  et  porte  un  grave  préjudice 
à  la  vigne  dont  les  fruits  n'acquièrent  pas  tout  le  développement  désirable. 

a  Le  3  août  la  Commission  du  phylloxéra  s'est  transportée  à  Veynes  pour  visiter 
les  vignes  traitées  au  moyen  d'un  engrais  insecticide  inventé  par  M.  Métailler, 
maître-d'hôtel  dans  cette  localité.  Cet  engrais  se  cûm|)Ose,  dans  100  kilog.,  de 
45  kilog.  de  chaux,  de  45  kilog.  defumierde  mouton,  de  5  kilog.  de  fleur  de  soufre 
et  de  5  kilog.  d'une  substance  insecticide  dont  l'inventeur  garde  le  secret.  — 
Dans  un  terrain  schisteux  de  l'étage  oxfordien,  où  M.  Métailler  l'expérimente 
depuis  quatre  ans,  il  a  produit  des  effets  vraiment  remarquables  ;  à  côté  de  vignes 
abandonnées  à  elle-mêmes  et  agonisantes,  les  ceps  traités,  bien  que  nourrissant 
de  nombreux  phylloxéras  sur  leurs  racines,  présentent  une  végétation  luxuriante 
et  sont  couverts  de  raisins.  —  Il  est  incontestable  que  l'engrais  Métailler,  dans 
les.condilions  où  son  inventeur  l'applique,  permet  à  la  vigne  de  se  reconstituer 
et  de  fructifier  malgré  la  présence  de  son  ennemi.   » 

Depuis  les  derniers  jours  d'août,  le  temps  s'est  refroidi,  et  dans 
une  grande  partie  de  la  France,  des  pluies  assez  abondantes  sont 
tombées.  La  situation  actuelle  estplus  favorable  à  laplupart  des  récoltes 
d'automne,  notamment  à  la  vigne  ;  toutefois  pour  celle-ci,  un  excès 
d'eau  serait  nuisible  et  entraînerait  la  pourriture  du  raisin.  Quant  à 
la  situation  commerciale,  elle  est  toujours  assez  précaire,  sauf  pour 
les  produits  potagers  et  pour  le  bétail.  Henry  Sagmeu. 


MÉTÉOROLOGIE  DU  MOIS  (D'aOUT    1884.  409 


METEOROLOGIE  DU  MOIS  D'AOUT  1884. 

Voici  le  résumé  des  observations  météorologiques  faites  au  parc 
de  Saint-Maur  eu  août  1 884  : 

Moyenne  barométrique  à  midi.  :  758""". 63;  minimum  le  29  à  3  heures  ua  quart 
du  matin,  751"'". 37;  maximum  le  4  à   11  heures  du   soir,  763""". 93 

Moyennes  thermomélriques  :  des  miniraa,  13".84;  des  maxima,  26".  U  ;  du  mois, 
19°. 97;  moyenne  vraie  des  24  heures,  19". 57.  Minimum  le  30  à  1  heure  du 
matin,  9°.0  ;  maximum  le  2  à  3  heures  du  soir,  33". 8  (le  7,  entre  1  heure  et 
2  heures,  33".6). 

Tension  moyenne  de  la  vapeur  :  1 1""".56  ;  la  moindre,  le  20  à  5  heures  du  soir, 
6"™. 5  ;  la  plus  grande  le  7  à  3  heures  du  soir,    18°"". 5. 

Humidité  relative  moijemie,  71;  la  moindre,  le  2  à  4  heures  du  soir,  22;  Ja 
plus  grande,  loO  en  7  jours. 

Pluie:  SB"""'. 6  en  31  heures  15  minutes,  réparties  en  12  jours.  Sur  ce  total, 
10'"°'.2  sont  tombés  en  4  heures  le  19;  10""".  en  5  heures  et  demie  le  25  et 
1 7""". 9  en  6  heures  et  demie  dans  la  nuit  du  28  au  29. 

Il  y  a  eu  7  jours  d'o?-a(/e,  les  7,  U,  12,  14,  18,  19,  20  et  3  jours  d'éclairs,  les 
2,  24  et  25. 

Nébulosité  moyenne,  39.  Dix  jours  n'ont  offert  que  quelques  nuacres  et  aucun 
n'a  été  entièrement  couvert.  Deux  jours  de  petits  brouillards,  les  19  et  21. 

Les  vents  du  nord  ont  été  dominants. 

Température  moyenne  de  la  Marne,  22". 60  ;  elle  a  dépassé  de  plus  de  3"  la 
température  moyenne  de  l'air;  elle  n'a  varié  que  de  25".  11  le  8,  à  19". 28  le  31. 
Elle  a  été  constamment  basse  et  claire. 

Moyennes  ti  7  heures  du  matin  :  baromètre,  758""". 83  ;  thermomètre,  16". 32; 
tension  de  la  vapeur,  11""". 73;  humidité  relative,  82;  nébulosité,  45. 

Relativement  aux  moyennes  normales,  le  mois  d'août  1884  pré- 
sente les  résultats  suivants  :  baromètre  plus  élevé  de  ()""". 60;  thermo- 
mètre plus  élevé  de  r.75;  tension  de  la  vapeur  plus  élevée  de  0""".24; 
humidité  relative  moindre  de  6;  pluie  plus  forte  de  7""°;  nébulosité 
moindre  de  15. 

Le  22  août,  floraison  du  Plumbago  Larpentœ;  le  23,  floraison  du 
Funkia  Japonica  (hémérorable  du  Japon);  le  5  on  avait  cessé  de  voir 
les  martinets,  mais  on  en  a  revu  un  isolé  le  28  et  deux  autres  le  29. 

L'été  de  I  884  a  eu  une  moyenne  plus  haute  de  0°.36  que  la  moyenne 
normale.  Le  mois  de  juin  avait  été  froid  Jusqu'au  25  ;  le  mois  d'août 
s'est  terminé  par  six  jours  froids,  de  sorte  que  nous  avons  eu  deux 
mois  de  chaleur  complets.  E.  Re.nou, 

Membre  de  la  Société  nutiunale  d'agriculture. 

LA  PRIME  D'HONNEUR  ET  LES  PRIX  CULTURAUX 

DANS  LA    MARNE  EN    1884.   —  III'. 

M.  Renard  (Benjamin),  à  la  ferme  de  Luthérnay,  commune  de  Bouvancourt, 
canton  de  Pismes.  — La  ferme  de  Lutliernay  a  été  prise  à  bail  le  p'' janvier  1869, 
par  M.  Renard,  moyennant  une  redevance  annuelle  de  8,500  francs,  plus  les 
impôts.  Elle  se  trouve  en  plein  terrain  tertiaire,  sur  un  plateau  découvert,  à  une 
altitude  de  200  mètres.  Sa  contenance  est  de  197  hectares  1  are  50  centiares 
d'un  seul  tenant,  dont  163  hectares  en  terres  labourables,  25  hectares  32  en 
savarts  improductifs,  3  hectares  40  en  chemins,  2  hectares  39  ares  50  en  bâti- 
ments, cours  et  jardins,  1  hectare  35  en  marais  et  1  hectare  en  pépinière  de 
peupliers. 

Les  bâtiments  sont  situés  dans  une  déclivité  du  sol,  à  proximité  d'une  source 
et  sur  un  chemin  vicinal  qui  aboutit,  dans  \\  direction  du  sud,  à  la  gare  de  Jon- 

1.  Rapport  fait  au  nom  ile  la  Commissioa  composée  de  MM.  Kandoing,  inspecteur  de  l'agn- 
culliire,  président;  Perdrix,  Tiiiry,  Fagot,  Diipoiit-Saviniat:  Sauvage,  rappfiHeur ;  Pargori, 
secrétaire.  —  Voir  le  Journal  du  3U  aoiit,  page  aW,  et  du  6  septoiiibre,  page  J8Ô  do  ce  volume. 


410       LA  PRIME  d'honneur  ET  LES  PRIX  GDLTQRAUX  DANS  LA  MARNE. 

chery,    distante  de  8  kilomètres,   et  vers  le  nord  à  la  route  de  Fismes   à  Pont- 
Faverger. 

■  Le  chef-lieu  de   la    commune    est   à  4  kilomètres,  de  même  cpie  les   villages 
d'Hermonville  et  de  Pévy. 

Le  sol  est  en  général  argilo-caîcaire,  mélangé  d'une  plus  ou  moins  grande 
quantité  de  silice.  Sa  profondeur,  dans  ^une  partie  de  la  ferme,  atteint  jusqu'à 
2  et  3  mètres,  ce  qui  le  rend  apte  à  toutes  les  cultures,  tandis  que  dans  l'autre 
partie  il  se  trouve  réduit  à  une  faible  épaisseur  et  renferme  des  blocs  de  pierre 
dont  les  plus  superficiels  ont  dû  être  extraits  afin  de  faciliter  l'usage  des  instrn- 
ments  aratoires.  Le  sous-sol  est  presque  partout  imperméable  et  trop  tassé  pour 
laisser  pénétrer  les  racines  pivotantes. 

En  dehors  de  la  ferme  de  Lutheruay,  M.  Renard  a  loué,  en  1877,  sur  le  terri- 
toire de  Pévy,  32  hectares  de  terres  labourables,  ce  qui  a  porté  son  exploitation  à 
195  hectares. 

La  ferme  de  Luthernay  était  loin  d'être  en  bon  état  lorsque  M.  Renard  en  a  pris 
la  direction.  Les  terres  salies  par  les  miuvaises  herbes,  insuffisamment  travaillées 
et  manquant  d'engrais,  ne  produisaient  que  des  récoltes  médiocres.  Le  bétail,  peu 
nombreux  et  mal'nourri,  ne  donnait  que  de  faibles  produits.  Les  eaux  pluviales 
délavaient  les  fumiers  et  leur  enlevaient  les  parties  les  plus  riches.  Il  n'y  avait 
point  de  prairies,  point  de  logements  pour  le  personnel  ouvrier  sédentaire,  et 
l'outillage  était  tout  à  fait  élémentaire. 

Dès  son  début,  M.  Renard  s'occupa  tout  spécialement  de  l'étude  de  son  sol.  Et 
après  en  avoir  reconnu  les  défauts,  il  résolut  de  les  faire  disparaître,  ou  tout  au 
moins  de  les  atténuer  le  plus  possible.  Durant  les  quatre  premières  années,  il 
lutta,  avec  l'énergie  que  donne  la  confiance  dans  la  réussite,  contre  toutes  les 
difficultés  qui  se  présentèrent,  y  compris  la  guerre  de  1870,  qui,  pour  lui,  ne  fut 
pas  la  moins  pénible. 

Il  obtint  de  sou  propriétaire  le  drainage  de  15  hectares  50  de  terres  humides.  Il 
s'engagea  à  payer  l'intérêt  de  la  dépense,  à  raison  de  6  pour  100  pendant  toute 
la  durée  de  son  bail.  D'autres  parcelles  furent  assainies  à  ses  frais.  Il  délonça 
successivement  tous  ses  champs,  marna  55  hectares,  fit  disparaître  des  broussailles 
sur  un  hectare  environ,  et  rendit  viable  les  chemins  d'exploitation  qui  traversent 
la  propriété. 

Aux  bâtiments,  il  fit  poser  des  chaîneaux,  afin  d'empêcher  les  eaux  des  toits  de  se 
rendre  dans  la  fosse  à  fumier.  Il  fit  paver  l'étable  et  disposer  d^îs  caniveaux  des- 
tinés à  conduire  les  urines  dans  la  fosse  à  purin.  Il  fit  en  outre  construire^  deux 
logements  d'ouvriers,  qui  doivent,  sans  indemnité  aucune,  rester  au  propriétaire. 
Enfin,  le  nombre  de  ses  animaux  augmentant,  il  édifia  deux  nouvelles  bergeries. 
Toutes  ces  aii-èliorations  lui  coiitèrent  8,25-2  francs.  Depuis,  il  a  créé  8  hec- 
tares 40  de  prairies  et  une  pépinière  de  peupliers  d'un  hectare  en  terrain 
humide. 

Le  système  de  culture  adopté  par  M.  Renard  est  basé  sur  la  production  des 
céréales  et  de  la  betterave  à  sucre.  Ce  qui  n'exclut  point  les  plantes  fourragères 
auxquelles  est  réservé  le  tiers  des  terres  environ. 

Le  tableau  ci-dessous  indique  la  répartition  des  emblavures  en  1869  et  1883  : 

1869  1883 


hectares. 

Froment ,. .  23  0-2  

Seigle.., B  2S 

Méteil 11-  29  

Avoine 44  22  

Maïs »  ■•  • 

Prairies  naturellps ■•  "  

Luzerne 12  »  

Saintoin 4  "  

Trèfle 6  »  

Vgscg ....•...•           —  "  •-    •..••••• 

Jarrosses 12  21  avec  seigle. 

liais  Inurrager »  »  

Pommes  de  terre 1  »  

Helteraves  à  sucre >•  ■  

Belteraves  fourragères .           5  »  

.laclière 3i  08  


56 

2'2 

B 

„ 

23 

s:r 

1 

n 

.s 

40 

3:. 

79 

20 

64 

» 

- 

» 

„ 

7 

9:! 

1 

X> 

1 

.'lO 

20 

(u 

» 

» 

18 

" 

Totaux 16:i         ■•     l'-''^ 

M.  Renard   soumet  ses   terres  à  deux  assolements   différents.    L'un   intensif, 
biennal,  dans  lequel  la  betterave  et  le  blé  se  succèdent  à  peu  près  régulièrement, 


LA  PRIME  d'honneur  ET  LES  PRIX  GULTURAUX  DANS  LA  MARNE.        411 

est  appliqué  sur  les  parties  les  plus  fertiles  de  son  exploitation  ;  l'autre  comporte 
une  rotation  qui  varie  de  trois  à  cinq  ans,  suivant  l'état  et  la  fertilité  du  sol. 

La  luzerne  est  conservée  pendant  quatre  ans.  Elle  ne  revient  sur  le  même  terrain 
que  tous  les  douze  ans. 

M.  Renard  attache  une  grande  importance  aux  façons  culturales.  Aussi  apporte-t-il 
tous  ses  soins  aux  préparations  qui  précèdent  les  ensemencements.  La  terre  destinée 
à  la  betterave  attire  tout  particulièrement  son  attention.  Cette  culture  qu'il  a 
introduite  à  Luthernay  a  pour  lui  une  grande  valeur  économique.  En  dehors  des 
revenus  élevés  qu'il  en  retire  en  livrant  ses  racines  à  la  sucrerie,  elle  lui  procure 
des  pulpes  qui  lui  permettent  de  nourrir  dans  de  bonnes  conditions  un  bétail  qu'il 
ne  pourrait  pas  utilement  entretenir  sans  cet  appoint. 

Aussitôt  après  l'enlèvement  des  récoltes  qui  précèdent  la  betterave,  le  terrain 
reçoit  une  façon  à  l'extirpateur  pour  le  nettoyer,  l'ameublir  et  le  bien  disposer  à 
recevoir  la  fumure. 

Les  deux  tiers  environ  de  la  sole  de  betterave  sont  fournis  par  les  terres  qui  ont 
porté  des  fourrages  consommés  en  vert,  tels  que  trèfle  incarnat,  jarosse,  dravière. 
Le  fumier  est  enfoui  à  partir  du  mois  de  septembre  par  un  labour  profond  de 
30  à  35  centimètres.  La  dose  employée  est  d'environ  60,000  kilog.  par  hectare. 
L'autre  tiers  de  la  sole  est  pris  dans  les  terres  qui  ont  porté  du  blé  après 
luzerne  et  auxquelles  on  a  donné  500  kilog.  de  superphosphate  de  chaux  par  hec- 
tare. On  les  défonce  également  à  30  ou  35  centimètres  avant  l'hiver.  Toutes  les 
terres  à  betteraves  fumées  ou  sortant  de  blé  après  luzerne  reçoivent  uniformément 
un  complément  d'engrais  composé  de  500  kilog.  de  superphosphate  de  chaux, 
150  kilog.  de  nitrate  de  soude  et  100  kilog.  de  chlorure  de  potassium  par  hec- 
tare. Dans  ces  conditions  les  rendements  s'élèvent  de  40  à  50,000  kilog.  par 
hectare. 

Les  blés  sont  semés  en  lignes  après  betteraves,  luzerne,  sainfoin,  fourrages 
verts  et  jachère  morte.  C'est  la  variété  Kissengland  que  M.  Renard  préfère.  Au 
printemps,  ceux  qui  se  trouvent  dans  les  terres  froides  sont  hersés  énergique- 
ment  et  binés  à  la  main  s'il  est  nécessaire.  Dans  ce  cas,  la  dépense  est  de 
12  francs  par  hectare.  Le  produit  varie  de  15  à  25  quintaux  par  hectare  suivant 
les  années. 

L'avoine,  qui  est  considérée  à  Luthernay  comme  une  plante  très  épuisante, 
n'est  cultivée  que  pour  la  nourriture  des  chevaux.  Elle  est  semée  après  le  blé 
dans  des  terres  destinées  à  recevoir  des  prairies  artificielles. 

Les  luzernes  font  partie  de  l'assolement,  dans  lequel  leur  place  est  marpée 
pour  un  temps  déterminé.  Après  la  deuxième  coupe  de  la  quatrième  année,  en 
août  ou  au  commencement  de  septembre,  elles  sont  labourées,  et  la  terre  est 
ensemencée  en  blé  à  la  fin  de  septembre  ou  dans  les  premiers  jours  d'oc- 
tobre. 

La  Commission  a  trouvé  à  Luthernay  de  très  belles  récoltes,  parfaitement  régu- 
lières, propres  et  bien  venantes. 

L'outillage  de  M.  Renard  est  celui  en  usage  dans  la  culture  du  Nord  :  brabants 
doubles,  extirpateurs-tricycles,  semoirs  à  toutes  graines,  rouleaux  Grosskill  et 
plombeurs,  herses  articulées,  faucheuses,  moissonneuses,  etc.  lia  fait  l'acquisition 
d'un  petit  chemin  de  fer  Decauville  pour  l'enlèvement  de  ses  betteraves,  qu'il 
conduit  à  une  bascule  installée  exprès  pour  lui  par  la  sucrerie  de  Berry-au-Bac,  à 
proximité  de  sa  ferme. 

Les  bâtiments  sont  bien  tenus. 

Le  fumier  est  disposé  dans  une  fosse  où  se  trouve  un  réservoir  à  purin  muni 
d'une  pompe.  Tous  les  matins  les  écuries,  les  étables  et  la  porcherie  sont  net- 
toyées. Le  fumier  des  moutons  est  en  partie  mélangé  à  celui  des  autres  animaux 
et  en  partie  employé  seul. 

La  quantité  produite  annuellement  n'est  pas  aussi  considérable  que  l'a  indiquée 
M.  Renard.  D'après  nos  calculs,  elle  ne  dépasserait  pas  1,240,000  kilog.,  ce  qui 
correspond  à  9,465  kilog.  par  hectare  de  terre  labourable,  non  compris  les  prairies 
naturelles  et  artificielles. 

M.  Renard  achète  cha(|ue  année  30,000  kilog.  de  superphosphate  de  chaux  à 
12  francs  les  100  kilog.;  10,000  kilog.  de  nitrate  de  soude  à  32  francs  les  100  kilog. j 
5,000  kilog.  de  chlorure  de  potassium  à  22  fr.  les  100  kilog. 

Ces  engrais  sont  utilisés  pour  les  betteraves  et  les  blés,  comme  nous  l'avons 
indiqué  plus  haut. 

Le  bétail  entretenu  à  Luthernay  comprenait  : 


412       LA  PRIME  D  HONNEUR  ET  LES  PRIX  GULTURAUX  DANS  LA  MARNE. 

En  1883  :  1(3  chevaux  de   trait.  '  En  1869  :  20 

—  2  poulains  d'un  an.  .  —  » 

—  15  biTufs  de  trav.jil.  —  4 

—  1  taureau.  —  2 

—  tj  vaches  laitières.  —  6 

—  t>  veaux  de  l'année.  —  6 

—  11  bcTufs  à  l'engrais.  —  » 

—  1  bélier.  —  2 

—  200  brebis.  —  l.=iO 

—  150  agneaux  de  l'année.  —  110 

—  145  agneaux  d'un  an.  —  120 

—  265  botes  de  2  et  3  ans.  —  220 

—  6  porcs  à  l'engrais.  —  4  porcs. 

1  verrat. 

8  truies. 

80  élèves. 

—  420  poules  et  canards.  —  250 

—  300  pigeons.  —  200 

Tous  ces  animaux,  estimés  en  poids,  représentaient  environ  67,214  kilog.  ou 
344  kilog.  par  hectare  cultivé. 

Gomme  l'indiquent  les  chiffres  qui  précèdent,  c'est  le  mouton  qui  constitue  la 
partie  essentielle  de  la  production  animale  à  Luthernay. 

Le  troupeau  de  M.  Renard  est  composé  de  fortes  Lètes  en  bon  état. 

Les  animaux  soumis  à  l'engraissement  sont  relativement  peu  nombreux;  c'est 
réle%'age  qui  domine. 

Peut-être  M.  Renard  ferait-il  bien  de  porter  davantage  sou  attention  sur  la  pro- 
duction de  la  viande. 

Depuis  1869,  le  nombre  des  animaux  s'est  sensiblement  accru.  De  4,  les  bœufs 
de  travail  et  d'engrais  ont  été  portés  à  22,  et  le  troupeau  a  gagné   160  têtes. 

Ce  n'est  que  depuis  1876,  date  à  laquelle  les  fourrages  sont  devenus  suffisam- 
ment abondants,  que  M.  Renard  a  pu  se  livrer  d'une  façon  régulière  à  l'engrais- 
sement des  moutons  et  des  bœufs. 

Les  travaux  de  culture  qui,  au  début,  étaient  faits  à  peu  près  exclusivement  par 
des  chevaux  sont  maintenant  exécutés,  pour  la  moitié,  par  des   bœufs. 

Les  fourrages  récoltés  sur  la  ferme  sont  à  peu  près  tous  consommés  sur  place. 
En  outre,  on  achète  ordinairement  10,000  kilog.  de  son,  10,000  kilog.  de  tour- 
teaux et  2,000  kilog.  de  menus  grains  chaque  année. 

Le  personnel  à  gages,  réduit  au  strict  nécessaire,  se  compose  de  3  charretiers, 
2  bouviers,  2  valets  de  cour-,  un  berger,  un  jardinier,  une  servante.  En  tout'dix 
domestiques  qui  à  l'exception  du  berger,  sont  nourris  à  ]a  ferme.  Pour  la  fenaison 
et  la  moisson,  on  emploie  6  journaliers,  hommes  et  femmes,  et  1  ou  2  suivant 
les  besoins  pendant  toute  l'année.  Les  battages  sont  faits  à  la  tâche,  à  raison  de 
0  fr.  65  du  quintal  marchand,  de  même  ijue  les  bin;iges,  sarclages  et  arrachages  de 
betteraves  dont  le  prix  est  fixé  à  95  fr.  par  hectare. 

M.  Renard  tient  une  comptabilité  qui  lui  permet  de  suivre  exactement  la  marche 
de  ses  spéculations. 

Un  inventaire,  établi  chaque  année,  au  31  décembre,  lui  donne  l'état  de  sa 
situation.  Dans  cet  inventaire,  une  dépréciation  de  10  pour  100  est  attribuée  aux 
animaux  de  travail.  Elle  est  de  50  pour  100  pour  le  matériel  mort.  Au  l'' jan- 
vier 1869,  l'inventaire  se  montait  à  82,000  francs  ;  au  1"  janvier  1884,  il  s'élevait 
à  166,197  francs. 

Les  débuts  de  M.  Renard  ont  été  difficiles. 

En  1869,  les  terres  de  la  ferme  de  Luthernay  exigeaient  des  avances  impor- 
tantes, et  une  direction  énergique  et  sûre  était  nécessaire  pour  les  amènera 
donner  des  produits  rémunérateurs. 

M.  Renard  est  parvenu  à  surmonter  tous  les  obstacles.  Et  aujourd'hui,  par  son 
savoir  et  son  savoir-faire,  il  est  arrivé  au  succès.  La  voie  étant  déblayée,  il  n'y  a 
plus  qu'à  la  suivre.  Il  ne  paraît  pas  douteux  que  d'ici  à  dix  ans,  c'est-à-dire  d'ici 
la  fin  de  son  bail,  il  ne  réalise  des  profits  en  rapport  avec  son  capital,  matériel  et 
intellectuel,  qu'il  a  engagé  dans  son  entreprise.  En  pareil  cas,  les  résultats  obte- 
nus sont  une  garantie  de  l'avenir. 

Les  terres  de  Luthernay  sont  parfaitement  cultivées,  et  les  procédés  suivis  par 
M.  Renard  peuvent  être  apphqués  partout.  Il  peut  donc  être  donné  en  exemple  à 
tous  ceux  qui  désirent  bien  faire. 

Mais,  si  M.  Renard  a  su  mériter  la  plus  haute  récompense  qu'une  Commission 
de  prime  d'honneur  puisse  décerner,  ce  n'est  pas  à  lui  tout  seul  qu'en  doit  reve- 
nir  le    bénéfice.    Un   collaborateur  atiectueux,  dévoué  et  discret,,  l'a  aidé  dans  sa 


LA  PRIME  D'honneur  et  lks  prix  gulturaux  dans  la  marne.    413 

tâche   :    Mme   Renard  a  eu   sa   part  au  rwie  labeur,   elle  doit   avoir  sa  part  à 
l'honneur. 

A  l'hunanimité,  la  Commission  a  décerné  le  prix  cul  tural  de  la  deuxième  catégorie  à 
M.  Renard. 

A  l'unanimité,  la  Commission  a  décerné  à  M.  Renard  la  prime  d'honneur. 

SAUv.AGn;, 

Professeur  départemenlal  d'agriculture  de  la  Haute-Marne. 

DISCOURS  PRONONCE  AUX  OBSÈQUES  DE  M-  DU  PEYRAT 

Ea  présence  de  cette  tombe  ouverte  pour  recevoir  la  dépouille  mor- 
telle de  Charles  du  Peyrat,  nous  ferons  taire  les  angoisses  de  notre 
âme,  pour  ne  voir  que  l'immense  malheur  qui  frappe  une  jeune 
femme,  une  digne  et  respectable  mère,  toute  une  famille  éplorée. 

Rien  ne  saurait  donner  la  mesure  de  l'insoutenable  douleur  occa- 
sionnée par  ce  cruel  et  fatal  événement  que  personne  n'aurait  pu  pré- 
voir il  y  a  quelques  semaines  à  peine  ! 

Et  cependant,  Messieurs,  il  faut  nous  rendre  à  l'inexorable  évidence  : 
Charles  du  Peyrat  est  mort  ! 

11  est  mort,  nous  pouvons  le  dire  hautement,  au  champ  d'honneur, 
victime  de  son  dévouement  à  l'accomplissement  de  son  devoir.  Il  est 
mort  courageusement. 

Que  vous  dirai-je  de  sa  vie?  Elle  est  simple,  une,  droite,  et  peut  se 
résumer  en  trois  mots  :  intelligence,  travail,  honneur. 

Après  avoir  terminé  ses  études  à  Toulouse,  il  revint  à  Beyrie  où 
son  respectable  père,  Auguste  du  Peyrat,  fondateur  et  directeur  de  la 
ferme-école,  se  l'adjoignit  comme  collaborateur,  en  lui  donnant  les 
modestes  fonctions  d'agent  comptable. 

Dès  ce  moment,  il  entrait  dans  la  carrière  agricole  pour  ne  plus  la 
quitter.  C'est  à  dater  de  cette  époque  qu'un  ami  de  sa  famille,  l'hono- 
rable M.  Chambellant,  alors  inspecteur  général  d'agriculture,  frappé 
de  l'intelligence  et  de  l'énergie  du  jeune  Charles,  et  désireux  de  déve- 
lopper ses  connaissances,  le  fit  entrer  dans  les  concours  régionaux 
qu'il  dirigeait  chaque  année,  et  se  l'attacha  en  qualité  de  secrétaire 
des  primes  d'honneur. 

Pendant  près  de  dix  années,  Charles  du  Peyrat  parcourut  tous  les 
départements  de  la  région  du  sud-ouest  de  la  Franco,  et  acquit  au  plus 
haut  degré  ce  sentiment  int  me  des  choses  de  l'agriculture,  qui  est  le 
résultat  du  véritable  esprit  d'observation. 

Mêlé  à  tout  ce  grand  mouvement  agricole,  il  s'y  jeta  avec  ardeur. 
Ses  fonctions  le  mirent  en  rapport  avec  les  hommes  les  plus  capables 
de  l'époque,  et  avec  la  merveilleuse  sagacité  dont  il  était  doué,  il  com- 
prit bien  vite  qu'il  ne  lui  suffisait  pas  de  voir  seulement  des  faits,  mais 
qu'il  lui  fallait  étudier  à  fond  les  principes  de  toutes  les  sciences  se 
rattachant  plus  ou  moins  directement  à  l'agriculture,  pour  pouvoir 
remplir  avec  honneur  le  rôle  auquel  il  aspirait  timidement  déjà,  et 
qui  devint  une  réalité  quelques  années  plus  tard,  par  sa  nomination 
dans  l'inspection  générale  de  l'agriculture. 

Nous  qui,  mieux  que  personne,  avons  pu  apprécier  la  puissance  de 
volonté  et  de  travail  dont  Charles  du  Peyrat  était  capable,  nous  pou- 
vons affirmer  l'immensité,  la  variété  et  la  solidité  de  ses  connais- 
sances. 

Seul,  sans  maîtres,  dans  la  solitude  de  Beyrie,  au  milieu  de  ses 
occupations  journalières,  il  a  étudié  à    fond  et  passé  au   creuset  du 


414        DISCOUKS  PRONONCÉ  AUX   OBSÈQUES  DE  M.  CH.   DU  PEYRAT. 

solide  jugement  dont  il  était  doué,  la  chimie  générale  et  agricole,  la 
physique,  la  géologie,  la  minéralogie,  la  botanique,  la  sylviculture,  la 
zootechnie,  l'économie  rurale  et  politique,  la  littérature,  l'histoire,  la 
philosophie,  en  un  mot  tout  ce  qui  constitue  le  bagage  d'un  esprit  large 
et  profond. 

Aucune  question  agricole  n'avait  de  secrets  pour  lui,  et  dans  les 
Commissions  dont  il  faisait  partie,  nous  avons  vu  bien  souvent  ses 
avis  officieux,  donnés  toujours  avec  la  plus  grande  réserve  et  la  plus 
exquise  convenance,  rallier  l'unanimité  des  membres  du  jury,  com- 
posé d'hommes  d'une  compétence  éprouvée  et  indiscutable. 

Partout  et  toujours  Charles  du  Peyrat  s'est  promptement  placé  au 
rang  que  lui  méritait  sa  réelle  valeur  personnelle. 

Nommé  inspecteur  général  de  l'agriculture,  après  avoir  débuté 
comme  inspecteur  adjoint,  il  fut  chargé  de  l'importante  région  du 
sud-est  de  la  France,  si  cruellement  atteinte  dans  sa  richesse  et  dans 
sa  prospérité  par  le  terrible  fléau  du  phylloxéra. 

Bien  avant  cette  époque,  il  avait  étudié  cette  grave  question,  sous' 
tous  ses  aspects,  et  lorsqu'il  se  touva  mêlé  au  mouvement  d'opinion 
qui  avait  pour  but  de  rechercher  une  formule  contre  le  mal  qui  mena- 
çait de  ruiner  la  viticulture  de  la  France,  son  thème  était  fait. 

Il  se  prononça  nettement  en  faveur  des  deux  seuls  moyens  vérita- 
blement pratiques  et  économiques  pour  combattre  le  redoutable  insecte, 
savoir  :  la  submersion  et  les  cépages  américains.  Par  ses  conseils 
bien  des  tentatives  coûteuses  et  infructueuses  ont  été  évitées  à  des  viti- 
culteurs auxquels  les  ressources  pécuniaires  ou  la  faible  production  de 
leurs  vignobles  ne  permettaient  pas  d'entreprendre  la  lutte  par  les 
autres  méthodes  préconisées. 

Nous  n'entreprendrons  pas,  messieurs,  de  placer  sous  vos  yeux  tout 
ce  que  Charles  du  Peyrat  a  fait  dans  sa  carrière  administrative,  mal- 
heureusement si  courte,  mais  si  utilement  et  si  honorablement  rem- 
plie. Esclave  de  son  devoir  et  de  sa  conscience,  ses  rapports  étaient  un 
modèle  de  clarté  et  de  sincérité. 

Envoyé  en  Algérie  pour  y  étudier  l'organisation  des  concours  régio- 
naux, il  fournit,  sur  notre  grande  colonie  africaine,  un  important  travail 
qui  a  servi  de  cadre  à  tout  ce  qui  a  été  fait  depuis. 

Ce  fut  lui  qui  organisa  et  présida  le  premier  concours  régional  de 
l'Algérie  qui  eut  lieu  à  B(')ne. 

Le  16  janvier  1883,  Charles  du  Peyrat  avait  l'insigne  bonheur  de 
donner  son  nom  à  une  jeune  femme  digne  à  tous  égards,  par  son 
esprit  et  les  hautes  qualités  de  son  cœur,  d'embellir  son  foyer  et  de  lui 
assurer  de  longues  années  d'un  bonheur  basé  sur  une  mutuelle  et  pro- 
fonde affection  et  sur  une  estime  réciproque. 

Le  soir  même  les  jeunes  époux,  au  mariage  desquels  nous  avions 
assisté,  partaient  pour  l'Algérie  oia  une  mission  importante  appelait 
du  Peyrat. 

A  peine  arrivé  sur  le  sol  africain,  un  malaise  chronique  qui  le  sai- 
sissait chaque  fois  qu'il  se  trouvait  sous  le  brûlant  soleil  du  Midi 
s'empara  de  lui. 

Cette  indisposition  qui  avait  préoccupé  madame  du  Peyrat,  comme 
elle  nous  le  disait  hier  tristement  auprès  du  lit  de  mort  de  l'ami  si 
regretté,  cessa  dès  le  retour  en  France. 

Sous  l'impression  de  cette  douloureuse  et  inquiétante  pensée,  que 


DISCOURS  PHONONCt;  AUX  OBSÈQUES   1)K  M.  C.H.    UU  l'EYHAT.  415 

les  climats  chauds  élaient  dangereux  pour  son  mari,  madame  du 
Peyrat  le  suppliait  de  demander  un  changement  de  région  que  l'admi- 
nistration lui  avait  d'ailleurs  otTert. 

Attaché  aux  bonnes  relations  qu'il  avait  su  se  faire  dans  sa  circon- 
scription et  aussi  par  des  intérêts  importants  qu'il  s'y  était  créés,  il 
rassura  sa  jeune  femme  en  lui  promettant  de  prendreplus  tard  un  parti 
à  cet  effet. 

Cette  année,  à  la  suite  d'une  longue  et  fatigante  tournée  d'inspection, 
il  rentrait  à  Beyrie  dans  les  premiers  jours  du  mois  de  juillet  avec 
le  germe  de  la  douloureuse  et  longue  maladie  qui  l'a  enlevé  à  l'affec- 
tion des  siens. 

Charles  du  Peyrat  est  mort  à  l'âge  de  quarante-quatre  ans  dans  la 
plénitude  de  son  intelligence,  de  sa  force  physique,  après  avoir  donné 
une  large  mesure  de  sa  valeur,  mesure  trop  petite  toutefois,  si  par  la 
pensée  on  veut  bien  calculer  ce  qu'il  aurait  pu  faire  d'après  ce  qu'il 
a  fait. 

La  nombreuse  assistance  qui  l'accompagne  à  sa  dernière  demeure 
prouve  les  sympathies  dont  il  était  entouré;  mais  il  manque  encore, 
ici,  les  innombrables  amis  répandus  sur  toute  la  France  que  l'éloi- 
gnement  a  empêchés  de  venir  à  Beyrie  lui  dire  un  éternel  adieu. 

La  mort  de  Charles  du  Peyrat  sera  un  deuil  pour  toute  l'agriculture 
française. 

Puisse  cette  bien  faible  et  bien  triste  consolation  adoucir  dans  la 
limite  du  possible  les  regrets  ineffaçables  qui  resteront  au  cœur  de  tous 
les  siens. 

Adieu,  cher  et  regretté  ami  !  Tu  fus  pour  moi  plus  qu'un  collabo- 
rateur, tu  fus  un  ami  dévoué  dans  toute  l'acception  du  mot.  Dors  en 
paix  avec  toi-même,  avec  ta  conscience,  sous  la  terre  que  tu  as  tant 
aimée.  Elle  te  sera  légère.  Adieu.  Lembezat, 

Inspecteur  général  honoraire  de  l'agriculture 

SITUATION  AGRICOLE  DANS  LE  VAR 

La  situation  sanitaire  de  Toulon  et  de  La  Seyne  ne  saurait  être  plus 
rassurante.  Le  choléra  s'en  va,  c'est  fort  bien  ;  mais  la  misère  des  cam- 
pagnes, elle,  ne  s'en  va  pas.  Ce  n'est  pas  un  vain  mot  ici,  le  mot 
mis^ere.  S'il  y  avait  un  terme  plus  fort,  il  faudrait  l'adopter.  Des  pro- 
priétés, personne  n'en  veut  plus  ;  elles  n'ont  aucune  valeur.  Je  possé- 
derais, à  moi  tout  seul,  tout  l'arrondissement  de  La  Seyne  et  de  Tou- 
lon, que  je  n'en  serais  pas  moins  pauvre  comme  devant! 

Hier  1"  septembre,  il  y  avait  à  peu  près  six  mois  qu'on  n'avait  eu 
une  goutte  d'eau. 

L'eau,  c'est  le  Messie,  et  ce  Messie  est  venu  sous  forme  d'une  ondée 
bienfaisante.  Alors  on  respire,  on  est  heureux;  la  poussière  blanche 
des  chemins  ne  vous  aveugle  plus  ;  les  oliviers  reparaissent  verts  ;  la 
vigne  sourit  un  peu  là  où  elle  n'est  pas  morte.  Mais,  combien  de 
temps  cela  dure-t-il  ?  Voilà  déjà  le  mistral  qui  soufûe;  il  a  séché  le 
sol  dans  une  heure,  et  demain  nous  en  serons  encore  au  même  point. 

De  vigne,  il  n'en  est  guère  question  ;  on  a  fait  son  deuil  des  cépa- 
ges indigènes;  les  vignes  américaines  font  des  progrès;  j'ai  personnel- 
lement quelques  parcelles  de  Jacquez  en  bon  état  ;  mais  quelle  récolte 
dérisoire  !  Quant  aux  cépages  greffés,  ils  ne  se  comportent  pas  tous 
bien. 


416  SITUATION   AGRICOLE  DANS  LE  VAR. 

C'est  de  l'eau  qu'il  nous  faudrait,  voyez-vous,  c'est  une  branche  de 
ce  Rhône  qui  se  perd  dans  la  mer  et  qui  donnerait  la  richesse  à  tout  ce 
Midi  désolé  ! 

Qu'attend-on  pour  exécuter  un  grand  canal  d'irrigation  ?  Le  paysan 
ne  lutte  plus,  il  est  découragé,  il  laisse  là  sa  bêche  et  sa  houe  ;  il  va 
plus  loin,  dans  les  villes  voisines,  il  va  travailler  ou  se  croiser  les  bras 
dans  un  arse'ial  ou  dans  une  usine;  il  n'a  plus  que  dégoût  pour  son 
champ  de  terre,  et  quand  on  examine  de  près  la  situation,  on  voit 
qu'il  n'a  pas  tous  les  torts.  Pourquoi  coutinuerait-il  à  se  ruiner,  à 
faire  des  avances  au  sol,  lorsque  ce  dernier  ne  peut  plus  rien  donner? 
Aussi,  de  tous  côtés,  ne  voit-on  que  ventes,  expropriation,  quand  ce 
n'est  pas  l'abandon  complet  do  )a  tpri-e  !  l.ei  ben  soun  de  inaou  :  les 
biens  sont  devenus  des  maux,  disent  nos  cultivateurs.  Et  quand  on 
traverse  ces  champs  que  la  pluie  n'a  pas  arrosés  depuis  six  mois,  par 
les  soleils  tropicaux  qu'ils  viennent  de  supporter,  sans  compter  les 
coups  de  vent  qui,  en  quelques  heures,  calcinent  la  terre  la  plus  hydra- 
tée, on  fait  et  on  dit  comme  eux  :  Les  biens  sont  des  maux.  Ce  qui  était 
une  source  de  richesse  est  devenu  une  source  de  dépenses  et  de  décep- 
tions. 

Pour  nous  tirer  de  là,  il  n'y  a  pas  raille  solutions.  Une  seule  s'im- 
pose, c'est  l'utilisation  des  eaux  du  Rhône  et  de  la  Durance,  P'aut-il 
donc  que  nos  voisins,  les  Lombards  et  les  Piémontais,  nous  montrent 
éternellement  comment  on  rend  un  pays  prospère  par  les  irrigations 
bien  entendues?  F.  Gos. 

L'EFFEUILLAGE  DU  HOUBLON 

L'utilité  de  l'effeuillage  du  houblon  avant  de  le  mettre  en  chaudière 
est  démontrée  de  la  manière  la  plus  complète.  Il  est  prouvé  que  le 
houblon  employé  en  cônes  entiers  non  effeuillés,  retient  30  pour  100 
de  matières  extractives  que  des  brasseurs  ont  vainement  essayé 
d'extraire  complètement  par  une  deuxième  coction,  et  celaau  détriment 
du  bouquet  de  la  bière.  On  a  reconnu  ainsi  l'utilité  pratique  de  séparer 
les  cônes  de  houblon  en  particules  plus  petites  qui  donnent  au  moût 
un  plus  facile  accès  pour  atteindre  et  dissoudre  le  tanin,  la  résine,  la 
lupuline  que  retiennent  les  feuilles. 

En  effeuillant  le  houblon,  la  brasserie  peut  profiter  de  la  majeure 
partie,  sinon  de  la  totalité  de  ces  matières  perdues.  Le  houblon 
effeuillé  trempe  immédiatement,  sans  perdre  d'arôme,  les  ouvriers  ne 
risquent  pas  de  se  brûler  en  le  mouillant  à  la  chaudière  et  l'ébullition 
peut  être  moins  longue. 

L'opération  de  l'effeuillage  doit  cependant  être  faite  avec  précaution, 
car  il  faut  éviter  de  laisser  échapper  la  poussière  utile  du  houblon  et  il 
importe  aussi  de  ne  pas  lacérer,  écraser  celui-ci  pendant  le  travail 
d'effeuillaae.  Plusieurs  machines  ont  été  inventées  en  Allemagne  dans 
ce  but,  et  elles  ont  donné  d'assez  bons  résultats. 

M.  G.  Ilerbin,  constructeur  à  Tournai  (Belgique),  vient  de  construire 
également  un  appareil  servant  à  effeuiller  le  houblon  pour  le  mettre  en 
chaudière.  L'appareil,  représenté  par  la  fig.  19,  se  compose  essentiel- 
lement :  r  d'un  cylindre  en  fonte  creux,  recouvert  extérieurement  de 
tôle-rape;  2°  d'un  demi-cylindre  en  fonte,  recouvert  à  l'intérieur  de 
tôle-rape  et  dans  lequel  tourne  le  premier  cylindre  de  façon  que  les 


EFFEUILLEUSE    DE  HOUBLON    DU  SYSTÈME  HERBIX. 


417 


deux  surfaces  sont  très  rapprochées  sans  se  toucher.  On  peut  du  reste 
régler  l'écartement  au  moyen  d'une  vis.  Le  houblon  tombe  dans  la 
trémie  à  la  partie  supérieure  de  l'appareil;  au  fond  de  cette  trémie  un 
distributeur  à  ailettes  crochues  désagrège  le  houblon  aggloméré  venant 
de  la  balle;  celui-ci  tombe  ensuite  entre  le  cylindre  et  le  contre-battant 
où  il  est  complètement  effeuillé;  en  sortant  de  là,  un  couloir  le  conduit 
directement  dans  un  sac,  sans  que  la  lupuline  puisse  se  perdre  ou 
s'altérer  à  la  lumière. 

Cette  efïeuilleuse  est  fort  simple  et  très  solide.  Un  homme  la  tourne 
facilement  et  elle  peut  aussi  être  actionnée  au  moteur;  elle  ne  donne 
que  des  cônes  bien  déchiquetés  sans  altérer  aucune  des  propriétés  les 


Fig.   19.  —  F.ffeuiUeuse  de  houblon,  de  Herbin. 

plus  délicates  du  houblon.  La  lupuline  se  retrouve  entièrement  et  toute 
naturelle  dans  les  débris  des  cônes  qui  passent  très  vivement  dans 
l'appareil  effeuilleur. 

Le  poids  de  cet  instrument  est  de  200  kilog.  ;  il  occupe  un  empla- 
cement de  1  mètre  carré;  sa  production  à  bras  d'homme  est  de  1  kilog. 
par  minute  et  sa  production  au  moteur  est  de  1  kilog.  i>(iO;  son  prix 
est  de  250  francs.  L.  de  Sajidruc. 


COMMERCE  DU  BETAIL  ET  DE  LA  VIANDE 

A  plusieurs  reprises,  nous  avons  fait  connaître,  depuis  un  certain 
nombre  d'années,  le  mouvement  du  commerce  du  bétail,  tant  à  l'inté- 
rieur de  la  France,  qu'entre  la  France  et  les  autres  pays.  Nous  allons 
reprendre  cette  revue,  et  nous  ajouterons  quelques  détails  sur  le  com- 
merce du  bétail  en  Angleterre,  le  pays  qui  consomme  le  plus  de  viande 
et  qui  en  demande  le  plus  à  Fétranger. 

Pour  se  rendre  compte  du  mouvement  commercial,  il  ne  suffit  de 


418  COMMERCE  DU  BÉTAIL  ET  DE   LA  VIANDE. 

relever  les  nombres  relatifs  à  une  ou  à  deux  années  ;  il  faut  comparer 
plusieurs  années  successives,  afin  de  saisir  la  porté  des  mouvements 
qui  se  produisent.  C'est  pourquoi  nous  allons  rapprocher  le  commerce 
des  trois  dernières  années  de  celui  des  trois  années  par  lesquelles  a 
débuté  la  période  décennale. 

Voici  d'abord  le  tableau  relatif  aux  importations  et  aux  exportations 
des  années  1874  à  187G  : 

Importations.  Exportations.    

18T4  1875  1870  187'i  1875  1876 

Chevaui  entiers 503  491  455  1.017  1.704  1,733 

—  liongres 6,145  8.451  9.026  14.008  14,3fi7  13,274 

Juments ; 2.531  3.556  3.573  6.425  7.354  6.327 

Poulains.... I.IU  1.450  1.695  2.256  2.562  1.882 

Mules  et  mulets 330  411  541  12.253  14.892  11.887 

Bœufs 25.482  33,544  70.694  25.349  31,149  28.153 

Vaches 46,882  È0.422  60.600  24.578  36,163  3'.l.677 

Taureaux 1.186  1,347  1,539  1,203  1,299  979 

Bouvillons  et  taurillons 4,558  5.355  4.822  932  1.086  855 

Génisses 3,'i31  3,097  3,182  2,534  4,015  3,792 

Veaux 45.269  40. 810  50,016  21.365  24.136  18.620 

Béliers,  brebis  et  moutons 1,136,707       1,294,360       1,574.734  64,007  78,895  70,328 

Porcs 81,045  78,835  129.712  173,282  127,555  103.234 

Un  deuxième  tableau  fournil  les  taêmeâ  renseignements  pour  les  trois 
années  1881  à  1883  : 

importations.   . Exportations^ 

1881  18S2  1883  "7881      ~~"      1882  1883 

Ciievaui  entiers 1,811  l,00i  701  2,635  3.187  4,234 

—  hongres 13,709  13,928  12,848  4,836  4.S62  7,145 

Juments 3,964  ^,939  2,710  2,680  3.390  3,936 

Poulains 2,688  2,539  2,868  1,493  1.744  1.870 

Mules  et  mulets 930  781  645  15,65s  10,547  18,973 

Bœufs 54,133  77,612  76,423  27,531  40,819  28,335 

Vaches 44,093  50,104  62^908  30.455  29.355  27.1.86 

Taureaux 1,794  1,724  1,904  1,306  l,o22  754 

Bouvillons  et  taurillons 2,953  4,278  7,277  1.064  *.,22j  377 

Génisses ;  2,139  4,204  7,154  5,058  4,223  3,244 

Veaux 45,230  56.573  «0.088  10.651  8,990  8.249 

Béliers,  brebis  et  moutons.  ..  .       1,711.964       2,15fl,016       2.277.695  31.306  30.434  24,232 

porcs 167,611  99.148  74.501  41,950  50,225  79,504 

La  compai'aison  des  deux  tableaux  montre  qu'il  s'est  produit,  depuis 
dix  ans,  des  changements  assez  considérables  dans  le  commerce  des 
animaux.  Pour  la  plupart  des  catégories,  on  constate  un  accroissement 
considérable  des  importations,  avec  des  oscillations  suivant  les  années, 
et  une  diminution  dans  les  exportations.  Il  n'y  a  d'exception  à  faire 
que  pour  les  mules  et  les  mulets  dont  le  commerce  est  toujours  flo- 
rissant. Examinons  rapidement  les  mouvements  pour  les  principales 
catégories. 

En  ce  qui  concei'ne  les  chevaux,  l'exportation  nette,  c'est-à-dire  l'ex- 
cédent des  exportations  sur  les  importations,  variait  de  8,000  à 
13,000  têtes  par  an;  de  1881  à  1883,  l'importation  nette  a  été  de 
12,000,  de  7,000,  puis  de  2,000  têtes  seulement.  C'est  un  mouve- 
ment inverse  accentué. 

Pour  les  bovidés,  l'importation  nette,  défalcation  faite  des  expor- 
tations, a  été  de  51,000  têtes  en  1874,  de  57,000  têtes  en  1875,  puis 
de  99,000  têtes  en  1876;  en  1881,  elle  n'était  plus  que  74,000  têtes; 
mais  elle  atteint  subitement  109,000  têtes  en  1882  et  147j000  têtes 
en  1883,  C'est  une  progression  rapide.  Elle  porte  sur  toutes  les  caté- 
gories, principalement  sur  les  bœufs  et  sur  les  jeunes  animaux.  En  ce 
qui  concerne  les  bœufs,  c'est  surtout  d'Italie  et  d'Algérie  que  vient 
l'augmentation,  ainsi  qu'il  ressort  du  tableau  suivant  qui  indique  les 
principales  pi'ovenances  des  bœufs  importés  daos  les  six  années  que 
nous  examinons  : 


COMMERCE  DU  BKTAII.    ET  DE    LA  VIANDE.  419 

1874  187S  187G  1S8I  1882  1883 

Belgique 2,335  4,li)i  3.335  5,320  3,144  3.U35 

Allemagne 2,139  2,232  3,071  1,190  978  1,019 

Italie 17,736  24,712  44.232  2U.678  61.503  J4.951 

Etats-Unis »  »  >  211  »  > 

Algérie 1,058  l,l.'iO  18.088  14.(J0'J  18,730  16,279 

Suisse 659  698  44'»  »  »  a 

Autres  pays 555  557  924  6,125  3,257  1,139 

25.482  33,5'i4  70,6Si  54,133  77,612  76,423 

En  ce  qui  concerne  les  moulons,  l'importation  nette  a  plus  que 
doublé  depuis  dix  ans.  Elle  était  de  1  million  de  têtes  ;  elle  a  dépassé 
2  millions  de  têtes  pendant  les  dernières  années,  et  elle  a  été  de  plus  de 
2,300,000  tôtes  en  1883.  Ce  n'est  pas  que  l'importation  des  moutons 
allemands  ait  beaucoup  augmenté;  elle  reste  à  peu  près  slationnaire. 
C'est  d'Algérie  et  d'Autriche  que  viennent  aujourd'hui  les  principaux 
accroissements;  ces  deux  provenances  fournissent  actuellement  la  moi- 
tié de  nos  importations,  ainsi  que  le  montre  le  tableau  suivant  : 

Iraporlalions  des  moutons.  1874  1875  187(i  1881  1882  1883 

Allemagne 601,200  669,002  883,217  717. 020  6S3.759  700,1116 

Italie 126,370  135,178  189,039  161,165  210,607  2lil,37l 

Autriche •  •  »  226,584  594,343  585,267 

Suisse 4,976  3,753  2,662                     »                        »                        » 

Algérie 304,080  359,182  371,3bli  438,884  486,235  559,031 

Autres  pays 100.021  126.64s  128.460  168.302  181,072  181.827 

ÏOtaui 1,136,707        1,294.360       1,574,734  1,711,964       2,156,016       2,277,095 

Les  variations  du  commerce  des  porcs  sont  très  grandes.  En  1874 
et  1875,  l'exportation  nette  a  été  de  91,000  et  de  51,000  têtes; 
en  187G,  il  y  a  eu  importation  nette  de  26,000  tètes.  En  1881,  l'im- 
portation nette  a  été  de  126,000  têtes;  en  1882,  de  49,000  tôtes;  en 
1883,  il  y  a  une  exportation  nette  de  5,000  tètes.  Ces  variations 
extrêmes  proviennent  surtout  de  la  rapidité  avec  laquelle  se  fabrique  la 
viande  de  porc,  et  des  nombreuses  circonstances  qui  influent  sur  les 
marchés. 

Pour  que  l'examen  comparatif  soit  complet,  il  faut  se  rendre  compte 
maintenant  du  mouvement  du  commerce  des  viandes  abattues.  Le  ta- 
bleau suivant  résume  les  importations  et  les  exportations  pendant  la 
première  période  : 

importations.  Exportations. 

^"1874  1875  1876  1874  1875  1876 

kilog.  kilog.  kilog.  kilog.             kilog.  kilog. 

Viandes  fraîches  de  boucherie       3.324.516  6,243.972  7,871,000  1,493,899  2,128,298  1.508,508 
Viandes  fraîches  {gibier  et  vu- 

laille) 2,252,478  1,773.001  1,847,200  1,863,378  2,324,144  2,096,065 

Viandes  salées  de  porc 7,842,506  3,384,798  7,885,900  2,703,974  2,151,409  2,109,300 

Autres  viandes  salées 732,610  348.351  301,800  907,991  1,102,987  907,333 

Pendant  la  deuxième  période,  de  1881  à  1883,  le  commerce  des 
viandes  abattues  a  donné  les  résultats  suivants  (on  remarquera  que, 
dans  ce  tableau,  les  conserves  de  viandes  figurent  pour  un  total  assez 
important;  elles  n'étaient  pas  enregistrées  par  la  douane  il  y  a 
dix  ans)  : 

Iiiiporlations^ Eiportationa. 

isil     """"^882       '"        1883~'  1881  1882  1883 

Viandes  fraîchestde  boucherie.  5.745,149  6.045,615  6.22i.837  841,958  919,540  1,084,216 
—                (gibier   et   vo- 
laille)   3,325,359  3,851.505  3.484,237  2,640,978  2,881.078  2,511,991 

Viandes  salées  de  porc 19,716,231  3.244,533  3,27i,966  1,950,856  1.484,604  2,011,383 

—             autres 4,140,294  470,374  225, i08  578,790  508,288  445,662 

Conserves  de  viandes 2,774,833  5,194,676  4,054,434  246,620  552,261  686,143 

Les  changements  dans  le  mouvement  du  commerce  sont  loin  d'être 
aussi  considérables  que  pour  les  animaux  sur  pied..  Il  n'y  a  à  signaler 


420  COMMERCE  DU  BETAIL  ET  DE  LA  VIANDE. 

qu'une  augmentation  assez  considérable  clans  les  importations  de  viande 
de  gibier  et  de  volaille^  et  une  diminution  très  notable  dans  celles  de 
viande  de  porc;  ce  dernier  fait  résulte  de  la  prohibition  des  viandes  de 
porc  d'Amérique,  édictée  à  la  fin  de  1881. 

Il  est  intéressant  de  rechercher  si  les  changements  apportés  en  1880 
au  tarif  général  des  douanes  ont  exercé  quelque  influence  sur  le  com- 
merce du  bétail.  A  cette  date,   les  tarifs  ont  été  élevés  de  3  fr.  60  à 
1 5  fr.  par  tête  de  bœuf,  de  3  fr.  74  et  1  fr.  25  à  8  fr.  par  tète  de  taureau 
ou  de  vache,  de  1  fr.  25  à  5  fr.  pour  les  taurillons  et  les  génisses,  de 
0  fr.  30  à  1  fr.  50  pour  les  veaux,  de  0  fr.  30  à  2  fr.  par  tête  de  mouton, 
de  0  fr.  12  à  0  fr.  50  par  tète  d'agneau,  de  0  fr.  30  à  3  fr.  par  tète  de 
porc.  Pour  la  plupart  des  catégories^  ils  ont  été  plus  que  triplés;  pour 
quelques-unes,  ils  ont  été  presque  décuplés.  Cependant,  sous  l'influence 
de  ces  augmentations  considérables,  les  importations  n'ont  pas  dimi- 
nué, elles  ont  continué  à  s'accroître  dans  les  proportions  que  nous  avons 
montrées.  On  estdoncobligé  de  conclureque  les  aggravations  des  tarifs 
n'ontexercé  aucune  influence  sur  le  mouvement  du  commerce  du  bétail. 
C'est  un  fait  incontestable;  et  il  est  permis  d'exprimer  des  doutes  sur 
l'efficacilé  réelle  de  la  nouvelle  élévation  des  tarifs  dédouane,  actuelle- 
ment proposée. Nous  ne  prétendons  pas  nous  opposer  à  une  nouvelleexpé- 
rience;  mais  le  passé  est  là  pour  montrer  qu'elle  serait  absolument  im- 
puissante à  enrayer  le  mouvement  des  importations.  Pour  être  réelle- 
ment efficaces  sous  ce  rapport,  les  tarifs  devraient  atteindre  au  moins 
20  pour  100  de  la  valeur  des  animaux;  ceux  que  propose  le  ministre 
de  l'agriculture  soat  loin  de  s'élever  à  cette    proportion.    En   entrant 
dans  la  voie  actuellement  proposée,  on  donnerait  à  l'agricilture    une 
satisfaction  absolument  illusoire,  et  lorsqu'elle  fera  entendre  de  nou- 
velles plaintes,  on  lui  répondra  par  une  fin  de  noa-recevoir. 

Pour  achever  l'exposé  de  la  situation,  il  faut  rechercher  si  l'augmen- 
tation (les  tarifs  de  douane  a  exercé  quelque  influence  sur  le  prix  du 
bétail.  Prenons,  comme  ternies  de  comparaison,  le  prix  de  la  viande 
sur  pied  au  marché  de  la  Villette,  tel  qu'il  ressort  des  mercuriales 
olficielles.  A  la  fin  du  mois  d'août  des  dix  dernières  années,  de  1874  à 
1883,  on  cotait  par  kilog.  de  viande  nette  : 

1874      lS7b    1876     1877    1878      1879     1880     1881     1882     1883 

Bœuf.- 1.5(j  1.56  1.55  1.67  1   60  1.54  1.39  1.37  I.5I  1    6» 

Taureau 1.30  1.34  1.33  1.4ij  1.40  1.34  1.27  1.22  1.42  157 

Vache..- I.li  1.22  1.25  1.48  1.36  1.38  1.16  1.11  1    35  1.51 

Veau 1.70  1.75  1.70  1.96  1.89  1.70  1.65  1    80  1.71  1.83 

Mouton .  i.6b  l.»5  1.70  1.77  1.76  1.70  1.84  1.69  1.99  1.93 

Porc t. 56  1.50  1.70  1.76  1.(3  1.52  1.60  1.53  1  .  59  1.57 

Prix  moyens 1.47  1.54         1.51  l.bs  1.57  1.52  1.45  «.48  1.59  1.68 

Il  faut  ajouter  que,  en  1884,  les  pri\  ont  un  peu  baissé,  princi- 
palement pour  le  mouton  et  pour  le  porc;  mais  ils  sont  encore,  sauf 
pour  le  porc,  supérieurs  aux  taux  de  l'année  1881 .  Le  prix  de  la  viande 
sur  pied  n'a  donc  pas  subi,  du  fait  de  l'accroissement  des  importations, 
de  dépréciation  réelle;  au  contraire,  la  marche  générale  est  toujours  à  la 
hausse,  avec  quelques  oscillations  dues  principalement  aux  variations 
inévitables  des  récoltes  fourragères.  Les  prix  auraient  monté  bien  plus 
vite  si  des  tarifs  prohibitifs  avaient  enrayé  l'importation  ;  mais,  pour 
obtenir  ce  résultat,  il  faudrait,  comme  nous  l'avons  démontré,  établir 
des  tarifs  bien  autrement  élevés  que  ceux  qui  sont  proposés. 

Il  est  intéressant  de  rapprocher  des  renseignements  précédents 
ceux  que  nous  avons  recueillis  sur  le  commerce  du  bétail  en  Angle- 


COMMERCE  DU  BKTAIL  ET  DE  LA  VIANDE.  421 

terre.  Voici  le  relevé  des  importations  pendant  les  deux  dernières 
années  : 

188}  1883 

f  Pays  d'Europe 261,067  262,455 

\  lies  ant.'laiscs '2,628  2,570 

Bûtes   bovines..  \  Irlande 782,274  555,867 

/  Canada 37,:)71  53,177 

V  Etats-Unis 47,686  154,631 

[   Pays  d'Europe 996,553  929,944 

„.,  .„  'Irlande 558,404  46U,729 

''«"^5°""^= /Canada 68,873  94^29 

V  Etats-Unis 58,922  89,286 

„.,       „„  „■    „  (  Pays  d'Europe 15,657  38,723 

Betes  porcines...   J  j^,'^^jj^___l .^^.,'^^^,.  ^gj^Q,^ 

Ce  qui  ressort  surtout  de  ce  tableau,  c'est  Taccroisseinent  des  im- 
portations du  bétail  vivant  amené  des  Etats-Unis  et  du  Canada.  Un  sec- 
vice  à  peu  près  régulier  de  navires  spécialement  aménagés  pour  le 
transport,  fonctionne  actuellement  entre  les  ports  américains  et  les 
ports  anglais  de  Barrow,  Bristol,  Glasgow,  Cardiff,  Hull,  Liverpool, 
Londres,  Newcastle,  Southamptoa  ;  192  cargaisons  venant  du  Canada 
et  536  des  Etats-Unis  y  ont  été  débarquées  en  1883.  Le  mouvement 
continue  :  pendant  les  six.  premiers  mois  de  1884.  on  a  importé  en 
Angleterre  13,849  bœufs,  346  vacbes.  2  veaux  et  1,165  moutons  du 
Canada  ;  81,016  bœufs,  272  vaches,  3  veaux  et  20,704  moutons  des 
Etats-Unis.  La  différence  du  prix  de  la  viande,  en  France  et  en  Angle- 
terre, est  heureusement  la  cause  qui  s'oppose  jusqu'ici  à  l'organisa- 
tion d'un  commerce  semblable  entre  l'Amérique  et  nos  ports. 

Henry  S.\gnier. 

L'EXPOSITION  INTERNATIONALE  AGRICOLE 

D'AMSTERDAM    EN     1884. 

L'exposition  internationale  d'agriculture  organisée,  à  Amsterdam,  par  les  So- 
ciétés agricoles  des  Pays-Bas,  et  placée  sous  le  patronage  de  S.  M.  le  Roi  de 
Hollande,  a  été  inaugurée  avec  éclat,  le  26  août  lb84,  par  le  ministre  des  travaux 
publics  de  Hollande,  assisté  du  Comité  e.xécutif  de  l'exposition  et  des  membres 
des  différents  jurys. 

Fait  rare  dans  les  annales  des  expositions  universelles,  tout  était  en  place  au 
jour  fixé  pour  l'ouverture  et  les  visiteurs,  venus  en  grand  nombre  de  toutes  les 
parties  de  la  Hollande  et  de  l'étranger,  ont  pu  apprécier  immédiatement  les  ani- 
maux, les  instruments  et  les  produits  exposés. 

Il  importe  tout  d'abord  de  remercier  les  membres  du  Comité  exécutif,  sans 
exception  aucune,  de  l'empressement  au'ds  ont  mis  à  aplanir  les  difficultés  qui 
ont  pu  se  présenter  et  du  dévouement  qu'ils  ont  apporté  dans  l'accomplissement 
de  la  mission  qui  leur  avait  été  confiée.  MM.  Sickcsz,  président  ;  Van  der  Onder- 
meulen,  vice-président,  et  WaMeck,  secrétaire-trésorier,  ont  tout  particulièrement 
droit  à  la  reconnaissance  des  Français  qui  ont  pris  part  à  l'exposition. 

Le  gouvernement  français  auquel  les  Chambres  avaient  accordé  un  crédit  de 
80,000  fr.  pour  assurer  la  participation  de  nos  nationaux  à  ce  concours  interna- 
tional, avait  institué,  sous  la  présidence  de  M.  Méline,  mini-trc  de  l'agriculture, 
une  Commission  d'organisation  dont  la  composition  a  paru  dans  le  Journal. 

Un  Comité  d'admission  et  d'exécution,  présidé  par  M.  Récipon,  député,  le  sym- 
pathique président  de  la  Société  nationale  d'encouragement  à  l'agriculture,  avait 
été  chargé  de  prendre  les  mesures  nécessaires  pour  assurer  à  la  France  la  repré- 
sentation la  plus  forte  possible.  Malgré  l'époque  tardive  à  laquelle  les  crédits  ont 
été  mis  à  la  disposition  du  ministre  de  l'agriculture,  les  agriculteurs  et  les  con- 
structeurs français  ont  répondu  avec  empressement  à  l'appel  qui  leur  avait  été 
adressé. 

L'exposition  de  la  section  française  venait  comme  importance  immédiatement 
après  celle  de  la  Hollande. 

M.  le  comte  de  Saint-toix,  consul  général  de  Fracce  à  Amsterdam,  commis- 


422       EXPOSITION  INTERNATIONALE  AGRICOLE  D'AMSTERDAM  EN  1884. 

saire  général  de  la  Section  française,  s'est  montré  pleinement  à  la  hauteur  de  la 
mission  qui  lui  avait  été  confiée.  En  possession  de  restime  et  de  la  confiance  des 
notabilités  de  la  grande  cité  hollandaise,  il  a  pu  assurer  à  nos  exposants  toutes  les 
satisfactions  possibles;  c'est  grâce  à  son  énergie,  à  sa  ténacité  que  la  France  a 
pu  obtenir,  dans  l'exposition,  remplacement  auquel  lui  donnait  droit  l'impor- 
tance des  déclarations  adressées  par  ses  nationaux  au  Comité  de  l'exposHiin. 

M.  le  comte  de  Saint-Foix  était  secondé  par  MM.  de  Cambefort,  secrétaire  du 
commissariat  général.  xVubert,  chancelier  du  consulat  ;  H.  Mesnier,  ancien  élève 
de  l'Ecole  d'agriculture  de  la  Saulsaie,  et  Marsais,  rédacteur  au  ministère  de  l'a- 
griculture, secrétaire  du  Comité  français  d'admission. 

Le  gouvernement  français  avait  envoyé  dans  les  eaux  d'Amsterdam  la  corvette 
le  Coligny,  commandée  par  le  capitaine  de  frégate  Hamelin.  La  présence  de  l'é- 
quipage de  ce  bâtiment  a  permis  au  commissaiiat  français  d'achever  l'organisa-' 
tion  de  l'exposition  de  quelques-uns  de  nos  agriculteurs  dont  les  produits  sont 
arrivés  bien  tardivement. 

Nos  Compagnies  de  chemins  de  fer  ont  mis  une  certaine  négligence  dans 
l'expédition  des  trains  de  bestiaux  et  de  marchandises.  Peu  soucieuses  des  inté- 
rêts français,  elles  ont  gardé  en  gare  ou  expédié  par  trains  trop  peu  rapides,  mal- 
gré les  promesses  formelles  faites  au  ministre  de  l'agriculture,  les  produits  desti- 
nés à  l'exposition  ;  certains  animaux  ne  sont  pas  restés  moins  de  huit  jours  en 
route  :  ils  se  sont  donc  présentés  devant  le  jury  dans  des  conditions  marquées 
d'infériorité.  —  Certains  produits,  entre  autres  un  panier  do  beurre  venant  de 
l'Eure,  sont  restés  plus  de  douze  jours  en  route,  bien  qu'expédiés  en  grande  vi- 
tesse et  ne  sont  arrivés  qu'après  le  passage  du  jury.  Nous  savons  que  ces  expé- 
ditions sont  peu  productives  pour  les  Compagnies,  mais  leur  patrioiisme  eût  dû 
leur  inspirer  le  devoir  ou  de  se  refuser  à  toute  concession  de  tarif  ou  d'activer  les 
transports. 

Malgré  ces  retards,  la  France  comme  toujours  a  montré  que  ses  animaux,  ses 
instruments  et  ses  produits  pouvaient  supporter  lu  comparaison  avec  les  produits 
similaires  étrangers  et  une  fois  de  plus,  à  Amsterdam,  cette  comparaison  a  été, 
le  plus  souvent,  à  son  avantage. 

]\I.  Môline,  ministre  de  l'agriculture,  accompagné  de  MM.  Tisserand,  conseiller 
d'état,  directeur  de  l'agriculture,  et  de  Gormetle,  directeur  des  haras,  a  honoré 
l'exposition  de  sa  présence;  il  a  assisté  à  la  distribution  des  récompenses  qui  a  eu 
lieu  le  l''  septembre. 

Le  Jury,  présidé  par  M.  Bauduin,  comptait  dans  son  sein  un  grand  nombre  de 
Français,  parmi  lesquels  MM.  Récipon  et  Henry,  députés.  Barrai,  de  Lagorsse, 
Morière,  Philippar,  Lavalard,  Cossigny,  Laverrière,  Dubar,  Muret,  Boutfet, 
Desprez,  Nouette-Delorme,  Boutet  père,  Basset,  Teisserenc  de  Bort,  Cornut, 
Gâtellier,  Ricard,  Graton  et  Mangin. 

Le  concours  avait  des  proportions  considérables.  Le  vaste  espace  qui  lui  avait 
été  réservé  derrière  l'imposante  façade  du  Rijk's  Muséum,  non  encore  inauguré, 
avait  une  superficie  de  24  hectares. 

L'entrée  principale  de  l'exposition  était  surmontée  d'un  arc  de  triomphe  pour 

la  construction  duquel  le  bois,  la  toile  et  le   feuillage  avaient  été  employés.   Un 

fronton   en  plein  cintre,   peint   par  M.    Heemskert  van  Beest,  représentait  des 

navires  traversant  à  pleines  voiles,  une  mer  favorable  ;  au-dessus,  ces  deux  mots  : 

Onze  Baanbrekcrs  (nos  pionniers)  ;  de  chaque  côté,  deux  panneaux  représentant,  à 

'-'■oite  un  taureau,  à  gauche  un  cheval. 

choses  lîTeemskert  van  Beest  est  un  ancien  officier  de  marine  qui  sait  donner  aux 

paysans  ne--  véritable  aspect  et  ce  n'est  pas  sans  un  sentiment    d'orgueil  que  les 

foule  sous  1  ai-iandais,  accourus    pour  visiter  l'exposition  agricole,  ont   passé  en 

Plusieurs  consaingi  consacré  à  la  glorification  des  forces  vives  de  leur  pays, 
universelle  de  1  an^uctions  restées  sans  emploi  depuis  la  fermeture  de  l'exposition 
bonheur  pour  les  be.5ée  dernière  ont  été  utilisées  avec  autant  d'intelligence  que  de 

Le  pavillon  maures-^ins  du  concours  actuel, 
était  consacré  à  lexposi.ug^  situé  à  gauche  de  l'entrée' principale  et  qui,  en   1883, 
coles,  aux  produits  de  laijoii  coloniale,  était  réservé,  celte  année,  aux  produits  agri- 
animaux.  terie,  à  l'enseignement  agricole  et  à  la  protection    des 

Le  pavillon  de  la  ville  d'A 

duin,  président  du  Jury,  a  oif^gterdam  renfermait  le  musée  agricole  que  i\L  Bau- 
plus  généreux  sacrifices.  ^janigé  au  prix  des  plus  longues  recherches  et  des 


EXPOSITION  INTEHNATIONALK  AGltlCOLE  D  AMSTERDAM  EN  188'».       423 

Les  machine»  se  trouvaient  inijtaliétis  buiik  les  tuntea,  à  droite  et  à  gaucho  de 
l'entrée  principale;  les  machines  en  action  attiraient  surtout  l'attention  des 
visiteur». 

Lr;K  chevaux  étaient  exposés  dans  des  baraquements  analogues  à  ceux  adoptés 
par  h  Hociété  rojale  d'aj^riculture  d'Angleterre,  pour  ses  concours.  Dix-sept 
pavillons  abritant  416  animaux  étaient  lésorvés  à  cette  section  de  l'exposition. 

Les  animaux  de  l'espèce  bovine  parqués  dans  37  tentes  étahhus  perpendiculai- 
rement à  celles  réservées  aux  chevaux  étaient  au  nombre  déplus  de  1150. 

L'n  ring  établi  à  proximité  des  écuries  et  des  étables  permettait  de  présenter 
cliacjuo  jour  au  public  les  animaux  primés. 

Les  stalles  réservées  aux  espèces  ovine  et  porcine  étaient  installées  parallèle- 
ment à  celles  destinées  aux  animaux  do  l'esjièce  hovine.  —  On  comptait  .'Jl'J  ani- 
maux de  l'espèce  ovine  et  125  de  l'espèce  porcine. 

Les  produits  apicoles  avaient  un  pavillon  spécial  placé  en  avant  du  pavillon  de 
la  ville  d'Amsterdam. 

Des  installations  particulières  réservées  au  modèle  de  lu  ferme  de  M.  Van  der 
Onderraeulen,  à  la  Iromagerie  hollandaise  et  à  l'exposition  particulière  de  M.  Bau- 
duin,  complétaient  les  bàiiment»  de  l'exposition. 

Ayant  lait  connaître  rapidement  l'installation  et  l'agencement  de  l'exposition, 
passons  à  l'examen  des  animaux,  des  instruments  et  des  produits  exposés. 

Dans  l'espèce  chevaline,  les  chevaux  hollandais  présentés  étaient  au  nombre  da 
185.  — Le  cheval  zélandais,  d'après  le  dire  de  j\L  Oerlach,  membre  du  Comité  exé- 
cutil,  est  un  type  assez  remarquable  qui  se  rapproche  beaucoup  des  gros  chevaux 
de  brasseurs  que  l'on  voit  dans  la  Flandre  et  les  environs  do  Liège.  La  couleur  do 
sa  robe  varie,  mais  la  plus  appréciée  est  l'isabelle  clair  et  doré,  avec  une  raie 
lauve  ou  noire  sur  le  dos.  Ce  cheval  est  de  bonne  taille  et  trapu.  Il  a'  la  tête 
grande,  le  poitrail  très  large,  les  jambes  épaisses  et  fortes,  les  pieds  plats.  Il  ne 
se  prête  guère  à  une  allure  rapide  et  gracieuse,  mais  il  est  excellent  pour  le  labou- 
rage et  capable  de  transporter  de  lourds  iardeaux. 

(Juant  aux  chevaux  de  la  Frise  et  de  Grroningue,  on  doit  leur  reprocher  d'ôtre 
trop  ensellés,  de  manquer  d'énergie  et  d'avoir  de  mauvais  pieds,  ce  f[ui  provient 
évidemment  de  l'humidité  persistante  des  pâturages  sur  lesquels  sont  élevés  ces 
animaux. 

Les  races  anglaises  n'étaient  représentées  que  par  quatre  étalons  de  Clydesdale, 
du  Lancashire,  du  Somerset  et  au  Gambridgeshire  ;  6  juments  seulement  étaient 
présentées.  Les  animaux  exposés  par  1\L  Keevil  et  par  la  Stand  Stud  G",  de  Man- 
chester, ont  remporté  tous  les  prix  réservés  à  celte  catégorie  du  programme. 

Dans  la  race  de  Norfolk,  le  2"  prix  a  été  remporté  par  un  de  nos  éleveurs  les 
plus  distingués,  M.  Modeste  Berquet,  d'Any-Martin-Rieux  (Aisnej.  —  L'animal 
présenté  par  lui,  était  bien  supérieur  au  n"  197,  qui  a  obtenu  cependant  le 
l''  prix;  il  faut  ajouter,  il  est  vrai,  que  le  Cercle  agricole  et  horticole  du  grand 
ductié  de  Luxembourg  présentait  ce  dernier  comme  un  don  du  roi  de  Hollande  ! 

Les  chevaux  belges  et  ardonnais  exposés  ne  présentaient  rien  de  particulier. 
—  On  doit  toujours  reprocher  aux  chevaux  ardennais  d'avoir  été  croisés  ;  ce  croi- 
sement leur  a  ôlé  leur  qualité  principale,  une  grande  résistance  à  la  fatigue,  ce 
qui  explique  pourquoi  nos  attelage»  d'artillerie  sont  empruntés  de  moins  on 
moins  à  celle  partie  du  territoire.  Quant  aux  chevaux  fran(;ais,  ils  ont  excité 
l'admiration  des  connaisseurs  ;  l'étalon  percheron  de  M.  Dupont,  du  (Merlerault 
(Qrnei  et  le  boulonnais  de  M.  Modeste  Benjuet,  ainsi  que  l'étalon  breton-nor- 
mand, de  M.  Gharlier,  de  Passesse  (Marne),  ont  remporté  les  trois  prix  réservés  à 
cette  catégorie. 

Parmi  les  juments  de  trait,  celle  de  MM.  Moreau  Irères,  de  Feignies  (Nord), 
était  tout  à  fait  remarquable.  A  signaler,  aussi,  l'étalon  etla  jument,  de  race  niver- 
naise,  présentés  par  M.  Closlre,  qui  ont  obtenu  une  médaille  d'argent  du  Comité. 

Les  étalons  de  demi-sang,  de  MM.  Pierre  et  Lcdars,  et  les  juments  de  M.  Hur- 
vieu,  ont  enlevé,  haut  la  main,  les  premiers  prix.  —  Dans  les  races  diverses,  le 
!"■  prix  a  été  également  obte.iu  par  un  Français,  M.  Lehon,  de  Sebourg  (Nord). 

Les  animaux  de  l'espèce  bovine  présentés,  appartenaient  ])0ur  la  plus  forte  part 
aux  races  locales  (de  Frise,  de  Groningue,  de  la  Hollande  septentrionale,  de  la 
Zélande). 

La  race  bovine  hollandaise  était  bien  représentée.  Nous  citerom  le  taureau 
n"  546,  appartenant  à  l'école  d'agriculture  de  WageningeQ  qui  a  obtenu  I9  2'  prix 
de  sa  catégorie. 


424       EXPOSITION  INTERNATIONALE  AGRICOLE  D'AMSTERDAiM  EN  1884. 

Ses  formes  étaient  absolument  correctes,  il  rappelait  les  durhams  de  nos 
concours  par  sa  table  absolument  plane,  sa  croupe  coupée  droit  et  les  flancs 
droits;  la  peau  était  fine,  l'animal  bien  engraisse. 

Les  animaux  de  la  Zélande,  catégorie  dans  laquelle  M.  Tiers,  de  Roubaix,  a 
remporté  un  2'  prix,  étaient  moins  parfaits  de  formes.  Gela  tient,  parait-il,  à  ce 
que  ces  animaux  ont  presque  tous  été  croisés  avec  les  races  de  (jroningue  et 
de  Frise. 

On  a  surtout  remarqué  le  succès  remporté  sur  les  Anglais  dans  la  section  des 
durhams. — Deux  animaux  seulement  étaient  présentés  par  des  éleveurs  français, 
un  taureau,  Naxos,  n"  13,905  du  Herd-Book,  appartenant  à  M.  Boyenval  et  une 
vaclie.  Trophée  (10'"  vol.  p.  607),  exposée  par  M.  Basire.  Le  taureau  de 
M.  Boyenval,  parfait  de  forme,  fut  classé  premier  par  le  jury  de  sa  catégorie, 
mais  les  jurés  anglais  faisant  partie  de  cette  classe  ayant  trouvé  mauvais  que  les 
animaux  présentés  par  le  prince  de  Galles  ne  fussent  pas  classés  en  tète  dé  la  liste 
des  prix,  soulevèrent  une  difficulté  :  ils  prétendirent  que  Naxos  avait  une  tache 
indélébile,  une  marque  noire  au  nez.  Les  pièces  authentiques  établissant  la  généa- 
logie exacte  de  Naxos  furent  produites;  la  bâtardise  n'existait  donc  pas.  —  Les 
jurés  français  devant  cette  réclamation  restèrent  sérieux,  s'abstinrent  de  dire  que 
cette  tache  pouvait  bien  être  un  grain  de  beauté  et  finalement  par  27  voix  contre 
3,  le  jury  général  de  la  Section  maintint  à  Naxos  le  1'"'  prix  qui  lui  avait  été 
décerné. 

Nos  races  laitières  indigènes  :  normande,  flamande,  bretonne,  étaient  bien 
représentées;  les  animaux  présentés  par  M.  Céran-Maillard,  de  Turqueville,  ont 
remporté  4  prix  ;  les  bretons  de  M.  Henrat  en  ont  obtenu  trois.  • — ■  M.  Nicolas, 
d'Arcy-en-Brie,  présentait  1  taureau  et  17  vaches  ou  génisses  de  race  normande; 
l'ensemble  de  son  exposition  lui  a  valu  une  médaille  d'or  qui  lui  a  été  accordée 
par  le  Comité.  —  Dans  la  race  flamande,  citons  la  collection  présentée  par 
M.  le  vicomte  Marcotte  de  Noyelles  et  qui  a  valu  à  cet  exposant  le  l''  prix  de 
cette  catégorie. 

L'Allemagne  présentait  une  collection  magnifique  de  la  race  d'Oldenbourg  ; 
hauts  sur  pattes,  bien  musclés,  ces  animaux  au  pelage  noir  et  blanc  ont  fait  l'admi- 
ration des  visiteurs.  —  Parmi  les  races  de  montagnes,  M.  Pestalozzi, 
d'Altmorschen,  présentait  2  taureaux  et  8  vaches  qui  ont  remporté  les  5  prix 
prévus  au  programme. 

La  race  schwitz  n'était  représentée  que  par  27  animaux,  la  France  en  comptait 
3,  présentés  par  MM.  Broquet,  de  Void  (Meuse),  pour  lesquels  elle  a  obtenu 
trois  prix. 

Cinq  attelages  de  bœufs  de  trait  seulement  étaient  exposés:  trois  limousins, 
un  vendéen  et  un  allemand.  Comme  toujours  les  limousins  l'ont  emporté  ;  le  pre- 
mier prix  a  été  décerné  à  M.  Parry  ;  le  2*',  à  M.  Duquénel.  Les  connaisseurs 
intervertissaient  l'ordre  des  récompenses  et  accordaient  à  M.  Duquénel  le  l'"'  prix  ; 
mais  les  membres  du  jury  (Hollandais  pour  la  plupart)  se  sont  laissés  frapper 
par  la  haute  croupe  des  animaux  de  M.  Parry. 

A  l'arrivée  de  ces  animaux  à  Amsterdam,  l'émoi  avait  été  grand,  la  population 
n'avait  jamais  vu  de  bœufs  attelés  ;  aussi  le  succès  a-t-il  été  complet,  lorsque  deux 
attelages  appartenant  à  M.  Duquénel  ont  été  mis  au  joug  après  un  chariot  et  ont 
défilé  dans  le  ring,  devant  la  tribune. 

Le  concours  spécial  de  vaches  laitières,  appréciées  au  point  de  vue  de  la  quan- 
tité du  lait  produit,  comptait  60  vaches  ;  le  1"  prix  a  été  remporté  par  M.  Bosma, 
de  Acht  Karspelen  (Friesland)  pour  une  vache  de  la  Frise  nommée  Seeske 
et  née  en  mai  1874. 

39  vaches  se  disputaient  le  prix  réservé  à  la  vache  donnant  le  meilleur  lait  et  en 
fournissant  au  moins  18  litres  par  jour;  le  prix  a  été  remporté  par  M.  Jon- 
gejan  Poscli,  de  Westwoud  (Noord-Holland),  pour  une  vache  de  la  Frise,  née 
en  1880. 

L'exposition  bovine  était,  comme  on  le  voit  par  ces  quelques  chiffres,  très 
importante. 

L'espèce  ovine,  à  part  les  races  anglaises  et  les  races  mérinos,  était  mal 
représentée.  —  Les  variétés  locales  (race  du  Texel,  de  Frise,  de  Drentlie,  du 
Gueldre  et  croisements  avec  les  races  indigènes)  étaient  en  nombre  minime; 
cependant  la  Zélande  possède  un  grand  nombre  de  bêtes  à  laine;  de  Rosendaal 
à  Amsterdam,  en  passant  soit  par  Utrecht  et  Broda,  soit  par  Rotterdam,  la  Haye 
et    Harlem,   on    aperçoit   dans    les  pâturages  un   grand  nombre  de    moutons; 


EXPOSITION  INTERNATIONALK  AGRICOLE  D'AMSTERDAM  EN    1884.        423 

mais  ces  moutons  livrés  à  la  boucherie  dès  l'âge  de  8  mois,  sont  envoyés  à 
Londres;  le  mouton  vendu  à  Amsterdam  est  essentiellement  mauvais;  il  ne  peut 
entrer  dans  la  consommation. 

La  race  ovine  néerlandaise  a  cependant  été  considérablemeat  améliorée  et  en 
quelque  sorte  régénérée  par  un  croisement  soutenu  avec  la  race  de  Leicester 
(Dishley).  —  C'est  M.  Iman  van  des  Bosch,  de  Wilhelmnadorp,  qui,  par  un 
croisement  continu,  a  obtenu,  en  Zélande,  une  race  locale  qui  se  distingue  par 
des  qualités  exceptionnelles. 

Les  Dishley  exposés  par  M.Turner,  de  Thorplands  (Angleierre),  ont  enlevé  tous 
les  prix  réservés  à  cette  section.  M.  Béglet,  de  Trappes,  a  seul  trouvé  grâce 
devant  le  Jury,-  il  a  obtenu  un  2''  prix  pour  ses  brebis. 

Quand  aux  animaux  de  race  squthdown,  présentés  par  S.  A.  1\.  le  prince  de 
Galles  et  par  Lord  Walsingham,  du  Norfolk,  ils  étaient  doués  d'une  conformation 
admirable.  —  M.  Nouette-lJelorme,  1  un  de  nos  éleveurs  les  plus  distingués  de 
Southdown,  membre  de  la  société  nationale  d'agriculture  de  France,  a  trouvé  les 
animaux  présentés  par  Lord  Walsingham,  tellement  supérieurs,  qu'il  a  cru  utile 
d'en  acheter  deux  pour  son  troupeau. 

Quelques  Gotswold,  Lincoln,  et  Shropshire  avaient  été  présentés. 

iJans  la  race  mérinos,  les  Français  seuls  et  M.  Raedts  de  "Venraai  (Limbourg), 
exposaient. 

MM.  Gilbert  (Victor]  et  Gonseil-Triboulet  ont  remporté  tous  les  prix  réservés 
à  cette  catégorie.  —  La  bergerie  nationale  de  Rambouillet  qui  présentait  hors 
concours  quatre  béliers  et  8  brebis  a  obtenu  un  prix  d'honneur  pour  l'ensemble 
de  son  exposition. 

M.  Lefebvre  (E  nile),  de  Saint-Florent  (Loiret),  a  obtenu  des  seconds  prix,  dans 
les  races  de  tous  pays,  pour  ses  animaux  de  race  solognote. 

Les  exposants  français  de  l'espèce  porcine  avaient  envoyé  des  animaux  inlérieurs  ; 
nos  races  indigènes  (craonnaise,  normande,  etc.)  étaient  mal  représentées;  la  truie 
n"  1706,  présentée  par  M.  Persac,  de  Gennes  (Maine-et-Loire)  a  défavorablement 
impressionné  le  Jury  et  nous  a  enlevé  2  prix  au  moins  dans  cette  section  du 
programme. 

Les  truies  de  race  sussex  et  berkshire  présentées  par  M.  Duthu,  ont  obtenu 
une  mention  honorable;  M.  Camille  Broquet  a  obtenu  la  même  récompense  pour 
un  verrat  yorkshire  croisé. 

La  section  des  beurres  et  des  -fromages,  installée  dans  le  pavillon  mauresque 
situé  à  gauche  de  l'entrée  principale,  présentait  un  aspect  tout  à  fait  particulier. 
M.  Nicolas,  d'Arcy  en  Brie,  avait  obtenu  de  faire  déguster  gratuitement  aux  visi- 
teurs le  lait  des  vaches  envoyées  par  lui  à  l'exposition.  Offert  par  une  jeune 
normande,  en  costume  national,  ce  lait  était  accepté  avec  plaisir  par  les  visiteurs  et 
cette  partie  de  l'exposition  n'a  pas  été  une  des  moins  fréquentées. 

Le  programme  du  concours  n'admettait  que  les  beurres  frais,  salés  légère- 
ment. Cependant,  la  Société  d'agriculture  de  Bayeux  avait  envoyé  4  mottes  de 
beurre  frais  qui  ont  trouvé  grâce  devant  le  jury  qui  lui  a  accordé  un  1'"''  prix,  à 
cause  des  démarches  de  M.  Morière,  et  grâce  aussi  à  l'excellence  des  produits 
exposés.  Le  procès-verbal  du  jury  a  été  reproduit  dans  le  Journal  du  6  sep- 
tembre, il  est  donc  inutile  de  revenir  sur  ce  point. 

Nos  fromages  n'étaient  représentés  que  par  3  exposants  :  MM.  Langlois,  Che- 
vallier et  Dedron.  —  M.  Langlois  a  obtenu  un  l'"'  prix  pour  sa  collection  de  fro- 
mages français;  M.  Chevallier  a  eu  un  prix  supplémentaire  pour  ses  livarots; 
M.  Dedron  une  médaille  de  bronze  pour  ses  fromages  de  Gruyère. 

Les  fromages  de  Hollande  exposés  étaient  en  grand  nombre.  Rouges,  jaunes, 
blondes,  toutes  ces  tètes  de  mort  fatiguaient  la  vue,  et  les  fromages  destinés  à 
l'exportation  trouvaient  seuls  grâce  devant  le  public. 

Quelques  chesters,  des  fromages  du  Canada,  de  Norwège  complétaient  cette 
partie  de  l'exposition. 

Les  machines  agricoles  étaient  largement  représentées  à  l'exposition  d'Ams- 
terdam. 

MM.  Piiter,  Rilter,  Albaret  et  Marot  ont  soutenu  l'honneur  français  en  pré- 
sentant leurs  appareils  perfectionnés  qui  ont  obtenu  les  plus  hautes  récom- 
penses. 

M.  Albaret  a  obtenu  une  médaille  d'or  pour  sa  machine  à  battre  à  vapeur 
ex  xquo  avec  la  maison  Ransomes,  d'Ipswich  ^Angleterre)  ;  et  encore  la  décision 
du  jury  pourrait-elle  être  attaquée,  puisque,  après  trois  épreuves  successives,  le 


4SS       EXPOSITIlW  UJTEKNATIONALB  AGRICOLK  D'AMSTERDAM  EX  1584. 

dynamomètre  a  été  appelé  à  trancher  la  question:  ce  djuamomètre  qui  avait  été 
roBçireit  par  M.  Hartig,  professeur  à  l'école  polrte^hnique  de  Dresde,  a  mal 
foncdc-Eê:  il  a  afcnsé  pour  la  mise  en  maicne  de  la  machine  présentée  par 
M.  Aibaret,  use  force  de  It  cheTaur.  alors  que  la  force  nominale  de  la  machine 
aJimigitant  la  batteuse  était  is  5  chevaux.  —  Avec  de  pareils  instruments,  on 
inry  n«  peut  se  pfononcer  en  eonnaîssance  de  cause  et  il  est  étrange  que  des 
hommes  eorapêtents  aient  a.lmb  pour  baser  leur  jugement,  les  indications  four- 
nies par  un  ajnamomètre  qui  avait  si  mai  fonctionné.  —  Dans  la  même  section, 
M.  Merlin,  de  Tierzon,  a  obtenu  nne  médaille  d'argent.  Les  trieurs  présentés 
par  MM.  Marot  et  fila  de  Niort  ^Deus-Sèrres-  ont  obtenu  un  succès  bien  jus- 
tifié; un  1"  prix  leur  a  été  accordé  par  le  jurv  qui  a  classé  au  î^  rans  les  trieurs 
de  MM.  Mava'  et  Ge.  de  Keuien  (Prusse).  '    - 

Dbbb  k  catégorie  des  presses  à  fourrages  M.  Albaret,  a  remporté  le  I*  prii  ; 
un  jHTX  spédal  a  été  créé  pour  M.  Mter,  pour  sa  presse  à  fourrages  à  bottes 
cjUsdriqnes. 

La  maison  Albaret  a  obtenu  également  un  I"  pris  pour  sa  locomobile  de  cinq 
chevaux,  à  chaudière  tabulaire,  une  médaille  d  argent  pour  son  hache-maïs  à 
fiirce  centrifuge  et  son  eoupe-rannes  avec  élévateur. 

Dn  l"  prix  a  été  accordé  à  M.  Ritter.  de  Paris,  pour  son  moulin  à  renî,  et 
une  médaille  d'argent  pour  sa  collection  de  pompes.  M.  Lïclère,  de  Rouen,  a  vu 
le  Comité  esécntff  lui  décerner  une  médaille  d'or  pour  ses  semoirs,  bien  que  le 
jurj  chargé  d'examiner  ces  iusinunents  ait  fonctionné  au  printemps  dernier. 

Cent  quatre-^ângt -douze  exposants  se  présentèrent  dans  la  Section  de  renseigne- 
ment agricole. 

Le  ministère  de  Fagricnlture  de  France  erposaît  un  ensemble  de  travaus,  de 
publications  agricoles.  — Le  jury  n'a  pas  voulu  paraître  négliger  cette  exposition  si 
importante  etsi  intéressante,  et  un  prix  d'honneur  hors  concours;  lui  a  été  décerné. 

L'exposition  eoUectire  des  instituteurs  du  département  du  Nord  attirait  i' atten- 
tion du  jury  à  des  titres  nombreux.  —  Travairs;  de  maîtres,  travaux  d'élèves, 
reliefs,  cartes,  coUeetions  d'oiseaux,  d'insectes,  herbiers,  étaient  préeentés  avec 
art.  Organisée  par  ;>DI.  Bertrand,  inspecteur  primaire  à  Lille,  Gumbault  et 
Ganoot,  instituteurs,  cette  exposition  était  un  des  grands  attraits  de  Fesposition. 
M.  Michelsin,  directeur  de  l'école  d'agriculture  de !Mildesheim  (Hanovre',  membre 
du  jury  de  cette  section,  dès  ia  première  tournée  du  jury,  s'est  arrêté  devant  l'ex- 
poâticm  des  instituteurs  du  Nord  et  s'est  brusquement  découvert,  en  disant  à  ses 
collègues  français  :  ^  ^Messieurs,  c'est  superbe.  i>  Les  instituteurs  du  Nord  ont 
obtenu,  et  c'est  justice,  un  prix  d'honneur  bien  mérité. 

La  maison  Hachette  a  obtenu  deux  premiers  prix  pour  ses  publications  spé- 
ciales et  ses  cartes  et  planches  agricoles.  —  M3Î.  Yilmorin-Anorieui  se  sont  vu 
décerner  un  premier  prix  pour  leurs  adas  de  plantes  agricoles. 

la.  Hollande  n'a  point  été  oubliée  :  c'est  par  une  médaille  d'or  que  le  jury  a 
récompensé  M.  Banduin,  créateur  du  musée  agricole  d'Amsterdam  ;  l'école  d'a- 
griculture de  Wageningen,  et  M.Mulder,  rédacteur  du  Courrier  agricole  d'Am- 
sterdam. 

M.  Charles  Baltet,  de  Troyes,  a  obtenu  un  prix  pour  ses  publications  agricoles 
et  horticoles  :  MM.  Lezé  et  Le  Saear  ont  obtenu  des  médailles  d'argent,  ainsi  que 
MM.  Nicolas  et  Ghandora. 

Peu  de  chose  à  dire  de  la  Section  apicole.  —  Beaucoup  de  manquants,  parmi 
lesquels  la  Société  d'apiculture  de  la  Somme.  —  Deux  exposants  français  seule- 
ment. M.  Bertrand,  de  Boflon  fCôte-d'Ori,  a  obtenu  le  l''  prix  pour  les  miels  et  le 
2*  potir  les  cires. 

Dans  la  Section  des  produits  agricoles,  la  France  a  obtenu  le  l"  rang. 

Le  programme  portait  :  10  prix  d'honneur,  sur  lesquels  les  exposants  français 
en  ont  remporté  8. 

Parmi  les  producteurs,  les  prix  d'honneur  ont  été  remportés  par  MM.  Mayeui, 
de  Villejuif  :  Dantu-Dambricourt.  à  Steene  Nord"  :  Desprez,  à  Cappella,  pour 
l'ensemble  de  leur  exposition  de  produits  végétaux. 

Parmi  les  marchands,  MM.  Yilmorin-Andrieux,  Forgent  ont  obtenu  des  prix 
d'honneur  pour  leurs  collections  de  céréales  ;  Maizier,  pour  ses  collections  de  lin 
et  de  chanvre  travaillé. 

La  Société  des  agriculteurs  du  Nord  a  obtenu  un  prix  d'honneur  pour  l'ensemble 
de  son  exposition  collective  et  le  Comice  agricole  de  Chàteau-Oontier,  une  médaille 
de  bronze. 


EXPOSITION  INTERNATIONALE  AGRICOLE  D'AMSTERDAM  EN  1884.        427 

Parmi  les  marchands,  on  remarquait  également  les  expositions  de  M.  Carter, 
pour  l'Angleterre,  et  Van  der  Bosch,  pour  la  Hollande. 

En  résumé,  le  succès  de  la  France,  à  l'exposition  internationale  agricole 
d'Amsterdam  a  été  complet;  nos  nationaux  ont  obtenu  les  récompenses 
suivantes  : 

Bâ;ampenses  obtenu»?  r 

Nombre  Prix  Mentions  et  prit 

Sections.  d'exposants,  d'hooneur.    1"  pru.     T  prix.        3'  pri.x.    sapplémeot. 

B^pèce  chevaline ;..  13  »  â  j  »  4 

—  bovine ib  =  10  10  -i  ii 

—  oviiie 7  I  3  6  •  » 

—  porcine 7  »  »  »  »  ;t 

Beurres  et  fromager. ...  7  »  1  -  •  i 

Machines  agricoles 12  -7  8  -  > 

Enseignement  agricole. .  20  2  :S  1  »  8 

Miels  et  cires 2  >  1  1  -  ■ 

Produits  agricoles 31  8  .S  l>  I  |0 


ToUux 124  a  35  3ô  4  41  _ 

^  12.f      ~  ^ 

La  France  représentée  par  124  exposants  a  remporté  126  prix,  dont  11  prix 
d'honneur! 

Nous  pouvons  donc  affirmer  une  fois  de  plus  que  malgré  les  difficultés  d'une 
organisation  précipitée,  commencée  à  la  dernière  heure  :  malgré  le  chiffre  minime 
de  la  subvention  mise  par  les  Chambres  à  la  disposition  du  ministre  de  l'agri- 
culture, le  patriotisme  de  nos  exposants  a  su  prouver  aux  étrangers  qu'en  agricul- 
ture, nos  animaux,  nos  produits  et  nos  machines  pouvaient  hardiment  lutter  contre 
leurs  produits  similaires.  Georges  Mars.us. 

CONCOURS  DE  LA  SOCIÉTÉ  D'AGRICULTURE 
d'ille-et-vilal\e. 

Le  concours  de  la  Société  d'agriculture  du  département  d'IUe-et- 
Vilaine  a  eu  lieu  cette  année  à  Saint-Jacques,  commune  habilement 
dirigée  par  un  maire  qui  a  compris  depuis  longtemps  que  le  progrès 
en  agriculture  est  en  raison  directe  des  facilités  de  communication  et 
fait  même  aujourd  hui,  à  la  dernière  zone  de  ses  chemins,  1  applica- 
tion de  la  loi  du  '20  août  1881,  tandis  que  la  plupart  des  communes 
n'ont  pas  terminé  leur  réseau  vicinal.  Cette  loi,  du  reste,  qui  pouvait 
avoir  de  si  heureux,  effets,  contient  des  dispositions  à  peu  près  im- 
possibles à  réaliser,  notamment  en  ce  qui  concerne  la  majorité  exi- 
gée pour  les  syndicats. 

La  formation  de  la  Société  d'agriculture  d'Ille-et- Vilaine  a  précédé 
celle  de  la  Société  nationale  de  Paris;  elle  remonte  ainsi  à  plus  d'un 
siècle.  Favorisée  par  les  Etats  de  la  province  qui  administrait  alors  ses 
intérêts,  elle  compte  parmi  ses  fondateurs  le  célèbre  adversaire  de 
l'ordre  des  jésuites,  M.  de  la  Chalotiis,  M.  de  Lorgeril,  etc.,  etc.  Pri- 
vée aujourd'hui  des  allocations  du  département  et  du  gouvernement, 
elle  n'en  reste  que  plus  chère,  comme  l'association  bretonne,  au.v 
membres  qui  en  font  partie. 

Les  animaux,  au  concours  de  Saint-Jacques,  attestaient  des  qualités 
laitières,  mais  le  progrès  obtenu  dans  les  vaches  de  la  race  ou  sous- 
race  rennaise  devait  être  attribué  au  croisement.  Ce  n'est  pas  qu'il  ne  s'y 
trouvât  anciennement  de  bonnes  vaches  laitières  ;  mais  elles  étaient 
mal  bâties  avec  une  poitrine  étroite,  un  large  flanc  et  souvent  un 
ventre  démesuré;  lorsqu'elles  étaient  hors  de  service,  pour  une 
cause  ou  pour  une  autre,  on  ne  les  engraissait  que  très  diflicilement 
et  avec  beaucoup  de  nourriture. 


428  r.OXCODRS  DE  LA  SOCIÉTÉ  D'AGRICULTURE  D  ILLE  ET- VILAINE. 

Ed  1S54,  l'Etat  s'empara  définitivement  des  concours  et  partagea 
la  France  en  régions,  en  définitive  plus  administratives  qu'agricoles; 
mais  en  187'2,  5l.  L.  de  Kerjégu,  appuyé  du  reste  par  le  Journal  de 
ragricuUure.  sollicita  la  formation,  dans  le  concours  de  la  région, 
d'une  catégorie  de  durhams-bretons,  en  vue  surtout  de  l'amélioration 
de  la  population  bovine  mélangée  des  départements  d'IUe-et- Vilaine, 
des  Côtes-du-Xord  et  même  du  Finistère,  où  la  taille  des  animaux 
s'élevait  progressivement  et  presque  à  vue  d'œilavec  l'amélioration  de 
la  ration  fourragère. 

Quelques  vaches  exposées  à  Saint-Jacques  provenaient  des  vaches 
d'Avr.  importées  en  assez  grand  nombre,  il  y  a  vingt  ans.  On  a  cru 
depuis  devoir  les  croiser  avec  les  durhamsen  vue  même  de  l'améliora- 
tion de  la  qualité  du  lait. 

La  société  agricole  des  Trois-Croix  habilement  dirigée  par  M.  Costy, 
ainsique  le  svmpathique  constructeur  de  Redon,  M.  Garnier,  exposaient 
leurs  excellents  instruments.  M.  Victor  Chappellier,  d'Ernée,  exposait 
ses  barattes  thermométriques  qui  gagnent  de  plus  en  plus  dans  nos 
pays,  ainsique  son  très  bon  pressoir.  M.  Crouazet,  également  d'Ernée, 
exposait  ses  colliers  et  harnais  brevetés,  qui  présentent  les  plus  ingé- 
nieuses dispositions. 

La  prime  d'honneur  est  revenue  à  un  habile  fermier,  M.  Denys,  maire 
de  Noval-sur- Sèche  et  ancien  élève  des  Trois-Croix. 

M.  de  Lorgeril  a  prononcé  un  discours  qu'on  peut  diviser  en  deux 
parties. 

En  présence  du  découragement  de  la  culture  et  des  prix  du  blé  qui 
ne  peut  paver  ni  travail,  ni  fermage,  ni  intérêts  quelconques,  il  fait 
appel  à  Tunion  de  tous  les  agriculteurs  pour  demander  le  relèvement 
des  tarifs  douaniers. 

Puis  laissant  là  une  mesure  nécessaire  qui  ne  peut  être  obtenue  que 
législativement,  il  s'est  étendu  sur  l'emploi  du  phosphate  de  chaux 
et  son  rôle  dans  la  constitution  des  végétaux  et  des  animaux,  et  rappe- 
lant que  la  vraie  théorie  agricole,  que  ia  pratique  ne  peut  que  sanc- 
tionner, est  de  rendre  à  la  terre,  avec  les  matières  carbonées  et 
azotées,  les  phosphates  qui  lui  manquent,  ou  qu'elle  peut  avoir 
perdus,  il  s'est  référé  à  la  communication  d'un  illustre  savant  M.  Elle 
de  Beaumont  à  l'Académie  des  sciences. 

La  somme  totale,  avait  dit  M.  de  Beaumont.  des  productions 
qu'un  pays  peut  fournir  dépend  de  la  quantité  de  phosphate  de  chaux 
qui  se  trouve  engagée  dans  la  masse  des  matières  agricoles  ou  orga- 
niques, et  après  avoir  exposé  les  causes  et  les  dangers  de  l'épuise- 
ment du  sol,  l'illustre  académicien  faisait  comprendre  la  nécessité  de 
remplacer  la  quantité  de  phosphate  qui  lui  est  soustraite  chaque 
année  pour  aller  se  perdre  dans  lOcéan. 

La  réparation  des  pertes  annuelles  en  phosphate  de  chaux  est  donc 
un  travail  nécessaire  imposé  à  l'agriculteur  ;  mais  il  faut  convenir  que 
si  cette  théorie  n'a  plus  de  mystères  pour  la  science,  elle  n'est  pas 
encore  à  la  portée  des  simples  agriculteurs. 

M.  de  Lorgeril  a  justement  rappelé  ensuite  que  des  gisements,  pour 
ainsi  dire  inépuisables  de  phosphate,  qu'on  empruntait  auparavant  aux 
os  des  animaux,  même  aux  ossements  humains,  avaient  été  découverts, 
dès  1856,  par  notre  compatriote,  le  chevalier  de  Molon. 

A.    DE    LA  MORVOÎVNAIS. 


ASSOCIATION  FRANÇAISE  POUR  L'AVANCEMENT  DES  SCIENCES.        429 


ASSOCIATIOX  FRANÇAISE  POUR  L'AYANXEMENT 

DES  SCIENCES.  —  CONGBKS  DE  BLOIS. 

L'Association  française  pour  l'avancement  des  sciences  vient  de 
tenir,  à  Blois,  sa  treizième  session  annuelle,  sous  la  présidence 
de  .M.  Bouquet  de  la  Grye,  membre  de  l'Académie  des  sciences,  ins- 
pecteur général  des  services  hydroirraphiques.  Sans  présenter  l'am- 
pleur et  l'entrain  de  quelques-uns  des  congrès  précédents,  la  réunion 
de  Blois  n  en  a  pas  moins  offert  un  réel  intérêt,  tant  par  les  travaux 
des  sections  que  par  les  séances  générales  et  les  conférences,  qui  ont 
attiré  une  nombreuse  aflluence  d'auditeurs. 

Nous  avons  à  nous  occuper  surtout  des  travaux  de  la  Section  d'agro- 
nomie. M.  Barrai  devait  en  présider  les  séances;  éloigné  par  la 
maladie,  il  a  été  nommé  président  d'honneur.  Le  bureau  de  la  Sec- 
tion a  été  formé  comme  il  suit  :  président,  M.  Bouley,  membre  de 
l'Institut  et  de  la  Société  nationale  d'agriculture;  vice-président, 
M.  Salvat,  président  du  Comice  agricole  de  Blois;  secrétaire,  M.  Tan- 
viray,  professeur  départemental  d'agriculture  de  Loir  etCher. 

Les  communications  faites  à  la  Section  peuvent  se  diviser  en  deux 
catégories  :  r'^cherches  de  science  agronomique  et  applications  ou 
expériences  sur  divers  points  spéciaux. 

A  la  première  catégorie  appartiennent  les  études  de  M.  Dehérain 
sur  la  fermentation  du  fumier  de  ferme  ;  nos  lecteurs  ont  eu  sous  les 
yeux  les  principales  expériences  du  savant  professeur,  et  ils  ont  pu  en 
apprécier  l'intérêt.  Au  même  ordre  d'idées  se  rattachent  les  recherches 
de  M.  Ladureau,  directeur  de  la  Station  agronomique  de  Lille,  sur  le 
ferment  ammoniacal;  M.  Ladureau  en  a  étudié  la  nature,  la  présence 
dans  les  eaux,  dans  les  terrres  arables,  et  il  a  mesuré  l'énorme  action 
qu'il  exerce  dans  les  transformations  des  matières  organiques.  On 
peut  rattacher  au  même  groupe  les  observations  de  M.  Audoynaud, 
professeur  à  l'Ecole  nationale  d'agriculture  de  Montpellier;  ces  éludes 
ont  eu  pour  objet  principal  de  vérifier  les  données  publiées  par 
M.  Boussingault,  sur  la  teneur  de  ces  liquides  en  azote  et  en  potasse 
chez  les  chevaux,  les  vaches  et  les  moutons. 

Parmi  les  études  pratiques  présentées  à  la  Section  d'agronomie, 
quelques-unes  ont  vivement  frappé  l'attention.  C'est  ainsi  que  M.  La- 
dureau s'est  livré  à  des  expériences  directes  sur  l'emploi  des  phospha- 
tes dans  la  culture  des  betteraves  à  sucre;  dans  ces  expériences,  on  a 
obtenu  des  résultats  analogues  de  l'emploi  de  l'acide  phosphorique 
immédiatement  soluble  dans  l'eau,  et  de  l'acide  phosphorique  soluble 
seulement  dans  le  citrate  d'ammoniaque.  Dans  des  essais  sur  la  cul- 
lure  du  lin,  avec  divers  engrais,  M.  Ladureau  a  constaté  que  les  engrais, 
renfermant  l'azote  sous  forme  ammoniacale,  sont  préférables  aux  nitra- 
tes, souvent  employés  presque  exclusivement  par  les  agriculteurs  du 
Nord.  Nous  devons  aussi  signaler  une  monographie,  due  à  M.  Ladu- 
reau, sur  l'agriculture  de  l'Italie  septentrionale  ;  il  en  ressort  que  cette 
région  a  encore  beaucoup  de  progrès  à  réaliser. 

Les  questions  viticoles  n'ont  pas  été  oubliées.  Dans  une  étude  sur 
le  sucrage  des  vins,  M.  Lefort  a  rappelé  une  fois  de  plus  les  avantages 
de  l'emploi  du  sucre  pour  faire  des  vins  de  deuxième  cuvée,  ainsi  que 
les  qualités  de  ces  vins.  M.  Audoynaud  a  fait  connaître  ses  études  sur 


430       ASSOCIATION  FRANÇAISE  POUR  L  AVANCEMENT  DES  SCIENCES. 

la  culture  de  la  vigne  dans  les  terres  sablonneuses  ;  ses  conclusions 
confirment  celles  des  recherches  antérieures  de  M.  Barrai  sur  ce  sujet. 
M.  Souche  a  présenté  une  étude  sur  la  marche  du  phylloxéra  dans  les 
environs  de  Pemproux  (Deux-Sèvres)  et  des  observations  sur  les  varia- 
tions que  présente  l'invasion  du  puceron  dévastateur. 

M.  de  Verneuil,  agriculteur  en  Sologne,  possède  des  pinières  qui 
ont  été  profondément  atteintes  par  le  grand  hiver  de  1879-80.  Il  en  a 
opéré  la  reconstitution  avec  beaucoup  de  succès,  par  le  recépage  qui  a 
provoqué  le  développement  de  pousses  secondaires  vigoureuses/  par 
une  sorte  de  draeeonnement.  M.  de  Verneuil  a  fait  connaître  ces 
résultats,  qui  ont  assuré  la  rénovation  beaucoup  plus  rapide  de  ses 
pinières. 

M.  Schlumberger,  chimiste,  est  un  ardent  propagateur  de  l'acide 
salicylique.  Depuis  plusieurs  années,  il  lutte  contre  l'application  des 
mesures  prohibitives  édictées  contre  ce  produit  en  France.  Il  expose, 
dans  une  note  présentée  à  la  Section  d'agronomie,  les  résultats  obtenus 
dans  divers  pays,  pour  le  traitement  des  maladies  contagieuses  du 
bétail,  par  l'emploi  de  cet  agent  qui  se  place  au  premier  rang  des 
antiseptiques  connus  jusqu'à  ce  jour. 

M.  Chauvet,  de  Nanteuil-en- Vallée  (Charente),  s'est  fait  connaître 
déjà  par  des  succès  sérieux  obtenus  dans  la  production  de  la  truite  en 
eaux  fermées.  Les  essais  auxquels  il  s'est  livré  depuis  deux  ans  sur 
l'élevage  du  saumon  de  Californie  (Salmo  fontinalis) ,  n'ont  pas  été 
moins  heureux.  M.  Chauvet  a  appliqué  à  ces  essais  la  subvention  que 
la  Société  piscicole  de  Nanteuil  a  reçue  de  l'Association  française. 

Signalons  encore  des  études  de  M.  Audoynaud  sur  les  moyens  de 
reconnaître  les  adultérations  de  l'huile  d'olive  par  le  mélange  avec  des 
huiles  de  graines;  ces  études,  qui  ne  sont  pas  encore  complètes,  ont 
porté  principalement  sur  les  mélanges  avec  des  huiles  de  coton,  de 
sésame  et  d'arachide. 

Il  nous  est  impossible  de  passer  sous  silence  la  conférence  dans 
laquelle  M.  Bouley  a  exposé  les  dernières  découvertes  de  M.  Pasteur. 
L'éminent  conférencier  est  un  disciple  fervent  de  ce  qu'on  appelle 
aujourd'hui  la  doctrine  microbienne.  Il  a  développé,  avec  le  talent  et 
l'ardeur  qu'on  lui  connaît,  les  conséquences  des  admirables  travaux 
de  M.  Pasteur  sur  le  rôle  des  microbes  dans  les  maladies  contagieuses, 
sur  l'atténuation  des  virus,  en  insistant  spécialement  sur  les  dernières 
recherches  relatives  à  la  rage  ;  il  a  fait  ressortir  le  grand  rôle  que 
jouent  ces  découvertes,  non  seulement  par  leurs  applications,  mais  par 
la  transformation  qu'elles  imposent  à  la  médecine  scientifique.  Nos 
lecteurs  ont  eu  tous  ces  travaux  sous  les  yeux;  la  conférence  de 
M.  Bouley  servira  à  les  vulgariser  davantage  encore,  et  à  en  confondre 
les  adversaires  systématiques.  Henry  Sagnier. 

NOUVELLES  INVENTIONS  AGRICOLES 

ANALYSE  SOMMAIRE  DES  DERNIERS  BREVETS  DÉLIVRÉS 

161,586.  Arriéta.  18  avril  1884.  Batteuse  dite  batteuse  Â7'riéla.  —  L'appareil 
se  compose  :  1"  d'un  châssis  en  fer  mesurant  1  m.  20  de  long  sur  0  m.  94  de 
large,  auquel  on  adapte,  pour  le  transporter  sur  l'aire  de  battage,  quatre  roues 
provisoires  que  l'on  démonte  ensuite  ;  2°  de  sept  cylindres  transversaux  portés  par 
ce  châssis,  sur  lesquels  sont  montées  des  scies  circulaires  dentées  qui  sont  au 
nombre  de  onze  pour  les  cylindres  de  rang  impair  et  de  dix  pour  les  cylindres  de 


NOUVELLES  INVENTIONS  AGRICOLES.  431 

rang  pair,  l'écartement  des  axes  des  cyliadres  élaat  tel  qu9  les  scies  de  l'un 
s'en^o-agent  entre  les  scies  de  ceux  situés  à  sa  droite  et  à  sa  gauche  ;  3»  de  huit  rou- 
lettel  portées  par  quatre  des  cylindres,  à  l'intérieur  du  châssis,  el  destinées, 
dit  le  hreveté,  à  éviter  le  frottement  des  scies  pendant  l'opération. 

Au  moveu  d'un  seul  cheval,  après  avoir  démonté  les  roues  porteuses  qui  ont 
servi  au  transport,  on  traîne  l'appareil  sur  l'aire,  et  l'inventeur  déclare  après 
expériences  qu'il  bat  12Û  gerbes  en  6  heures,  sans  laisser  un  seul  grain  dans  les 
épisL  il  égrènC;  ajoute-t-il,  deux  hectolitres  à  l'heure. 

161,605.  Vernhes.  19  avril  1884.  Changements  et  perfectionnements  faits  sur 
un  système  de  charrue  dite  tournante,  à  unique  versoir  tournant  et  deux  socs  pour 
aller  et  revenir  sur  le  mrme  sillon.  ■    •  -j. 

Ce  breTet  décrit  de  nombreuses  modilications  apportées  à  1  appareil  primitif 
du  breveté,  mais  dont  quelques-unes  ne  sont  que  des  changements  de  détail  dans 
la  construction,  La  principale  concerne  le  modo  d'étabhssement  de  la  pièce  que 
M.  Vernhes  appelle  la  charrue  proprement  dite,  et  qui,  au  lieu  d'être  formée  de 
deux  pièces  en  tonte  assemblées,  est  maintenant  d'une  seule  pièce  ;  c'est  elle  qui 
forme  soc  par  sa  partie  inférieure,  dont  les  pointes  sont  munies  chacune  d'un  soc 
en  fer  rapporté;  c'est  elle  aussi  qui  supporte  le  versoir  unique,  lequel  est  suscep- 
tible de  pivoter  autour  d'un  axe  vertical  déterminé  par  deux  pivots,  de  manière  à 
être  dirigé  vers  l'avant  ou  vers  l'arrière,  selon  les  besoins.  Elle  est  hxée  à  uu  bloc 
en  bois  disposé  sous  l'âge  et  qui  permet  d'utiliser  toute  la  hauteur  de  cette  charrue 
dans  les  labours  profonds,  en  même  temps  qu'elle  donne  un  espace  suffisant  pour 
vomir  les  herbes,  racines,  etc..  qui  cmbarras.sent  la  mai-che.  L'instrument  nest 
muni  que  d'une  seule  roue  à  l'avant. 

161,638.  iSoHY.  2)  avril  1884.  Application  à  son  système  d'arrosage  d  un  nou- 
veau serre-joint  métallique.  —  Ce  serre-joint,  appelé  bague-ligature,  et  employé 
pour  fixer  les  raccords  en  cuir  ou  caoutchouc  sur  les  bouts  de  tuyaux  en  ter  d'une 
conduite  mobile  d'arrosage,  est  en  fonte,  fer  ou  cuivre  ;  le  brevet  ne  permet  pas 
de  voir  très  exactement  quelle  est  la  disposition  de  cette  ligature,  il  est  dit  seu- 
lement qu'elle  est  à  brides  croisées,  serrées  par  un  boulon.  Bien  que  le  titre 
indique  uniquement  le  serre-joint  comme  objet  du  brevet,  le  mémoire  et  le  dessin 
décrivent  renserable  du  tuyau  d'arrosage  avec  ses  supports,  comportant  pour  les 
roulettes  un  essieu  susceptible  de  tourner  en  tous  sens  parce  qu'il  se  releva  verti- 
calement vers  le  haut  pour  former  pivot.  On  indique  aussi  l'emploi  d'une  roulette 
sphérique  en  bois,  au  lieu  d'une  roulette  cylindrique  lorsqu'il  s'agit  de  l'arrosage 
des  pelouses  et  gazons;  cette  roulette  sphérique  est  traversée  par  un  essieu  tenu 
par  une  chape.  Ch.  Assi  et  L.  Geinès, 

^  '^  Ingénieurs-conseils  en  matière  de  brevets  d  invention, 

36,  boolevard  Voltaire,  4  Paris. 

PARTIE   OFFICIELLE 

Décret  relatif  à  la  police  sanitaire  des  animaux. 

Le  Président  de  la  République  française. 

Sur  le  rapport  du  ministre  de  l'agriculture,  du  ministre  des  finances  et  du  mi- 
nistre du  commerce  ; 

Vu  la  loi  du  21  juillet  1881  sur  la  police  sanitaire  des  animaux  ; 

Yu  le  décret  du  22  juin  1882,  portant  règlement  d'administration  publique 
pour  l'exécution  de  ladite  loi  ; 

Vu  l'article  4  de  la  loi  du  5  juillet  1836  ; 

Vu  la  loi  des  finances  du  9  avril  1878; 

Vu  le  décret  du  6  avril  1883,  relatif  à  l'importation  du  bétail  en  trance; 

Vu  l'avis  du  Conseil  consultatif  des  épizooties,  décrète  : 

Article  premier.  —  Le  bureau  de  douane  de  Foussemagne  (territoire  de  Beltort) 
est  ouvert  à  l'importation  des  animaux  des  espèces  chevaline,  asine,  bovine,  ca- 
prine et  porcine,  admissibles  en  France,  après  vérification  de   leur  état  sanitaire. 

Art.2.— Le  ministre  de  l'agriculture,  le  ministre  des  finances  et  le  nainistre 
du  commerce  sont  cnargés,  chacun  en  ce  qui  le  concerne,  de  l'exécution  du  pré- 
sent décret. 

Fait  à  Mont -sous- Vaudrey,  le  5  septembre  1884.  , 

Jules  Grevy. 

Par  le  Président  de  la  République  :  Le  ministre  de  l' agriculture, J.  Méline. 
Le  7ninistre  des  finances,  P.  Tirard.     Le  minisire  du,  commerce,  Gh.  Hérisson. 


432     DÉPERDITION  D'AZOTE  PENDANT  LA  FERMENTATION  DES  FUMIERS. 


DÉPERDITION  D'AZOTE  PENDANT  LA  FERMENTATION 

DES  FUMIERS' 

L'élude  des  fumiers  produits  dans  les  fermes  présentant  de  grandes 
difficultés,  à  cause  du  peu  d'homogénéité  des  matières  et  de  l'impos- 
sibilité de  former,  pour  l'analyse,  des  échantillons  représentant 
convenablement  les  masses  dont  on  veut  connaître  la  composition,  j'ai 
pensé  qu'il  serait  utile  d'entreprendre  cette  étude  sur  des  matières 
préparées  dans  des  conditions  spéciales,  en  quantités  telles  qu'il  soit 
facile  de  tout  recueillir  et  de  tout  analyser  exactement. 

La  fosse  à  fumier  se  composait  d'une  cloche  de  verre  à  douille,  ren- 
versée sur  un  vase  conique.  Le  fumier  était  retenu  dans  la  cloche  par 
une  toile  métallique,  et  le  purin  s'écoulait  librement  dans  le  vase  infé- 
rieur. La  cloche  était  recouverte  par  une  plaque  de  verre. 

On  a  disposé  six  appareils  semblables  dans  lesquels  on  a  introduit, 
le  18  février  1883,  le  mélange  suivant  : 

Paille  hachée  et  broyée 15  gr. 

Crotiin  de  cheval  séché  et  broyé 50  — 

Urine  putréfiée 300  ce. 

Eau  liistUlée 3'o  — 

L'appareil  n°  1  a  reçu  ce  mélange  sans  aucune  addition;  au  n"  2  on 
a  ajouté  1 0  grammes  de  phosphate  fossile  du  Cher  ;  au  n"  3, 
10  grammes  de  phosphate  et  10  grammes  de  plâtre;  au  n"  4, 
10  grammes  de  phosphate  et  10  grammes  de  carbonate  de  chaux;  au 
n°  5,  10  grammes  de  carbonate  de  chaux  seulement;  et  au  n°  6, 
1 0  grammes  de  plâtre  seulement. 

Un  septième  appareil,  formé  par  une  cloche  trois  fois  plus  large,  a 
reçu  les  quantités  de  matières  suivantes,  sans  autre  addition  : 

Paille 150 

Crottin 200 

Urine  putréfiée 400 

Eau  distillée 850 

Tous  les  jours  d'abord,  et  ensuite  tous  les  deux  ou  trois  jours,  on  a 
reversé  sur  le  fumier  le  liquide  qui  s'était  écoulé  dans  le  vase  inférieur. 

Tous  les  appareils  sont  restés  dans  un  laboratoire  à  la  lumière 
diffuse  et  à  la  température  ordinaire  jusqu'au  1"  septembre  1883,  soit 
six  mois  et  dix  jours. 

On  a  alors  analysé  les  fumiers  et  les  purins  obtenus  et,  par  compa- 
raison avec  les  analyses  des  matières  employées,  il  a  été  facile  de  se 
rendre  compte  des  changements  que  la  fermentation  avait  fait  éprouver 
aux  masses  mises  en  expériences. 

On  a  ainsi  constaté  : 

1°  Que  la  fermentation  prolongée  du  fumier  détermine  une  perte 
totale  d'azote,  qui  a  été  de  W  pour  100  dans  nos  expériences,  mais 
qui  doit  être  plus  élevée  dans  la  pratique,  où  les  surfaces  d'évaporation 
du  carbonate  d'ammoniaque  sont  relativement  beaucoup  plus  étendues; 

2"  Que  cette  perte  est  uniquement  due  à  la  volatilisation  ou  à  la 
décomposition  de  l'ammoniaque  contenue  dans  les  purins,  et  qu'elle 
porte,  par  conséquent,  sur  la  partie  la  plus  active  et  la  plus  assimi- 
lable de  l'azote  des  fumiers  ; 

3"  Qu'une  portion  de  l'azote-  ammoniacal  se  fixe  sur  les  matières 
organiques  pendant  cette  fermentation.  L'importance  de  cette  fraction, 

1.  Communication  à  l'Académie  des  sciences,  9  juin  1SS4. 


DÉPERDITION  D'AZOTE  PENDANT  LV  FERMENTATION  DES  FUMIERS.     43 

qui  a  varié  dans  nos  expériences  de  24.82  à  ^'^.5^  pour  100  de  l'azote 
ammoniacal  introduit,  dépend  des  proportions  relatives  de  l'azote 
ammoniacal  et  des  matières  organiques  ;  elle  est  d'autant  plus  forte 
que  les  purins  sont  relativement  moins  chargés   d'azote  ammoniacal  ; 

A°  Que  l'addition  du  phosphate  de  chaux  ne  modifie  pas  sensible- 
ment la  marche  des  phénomènes  ni  l'importance  de  la  déperdition  ; 

5°  Que  le  carbonate  et  le  sulfate  de  chaux  augmentent,  tous  deux, 
dans  une  large  mesure,  la  déperdition  d'azote  ammoniacal,  tout  en 
diminuant  sa  fixation  sur  les  matières  organiques. 

Au  point  de  vue  pratique,  ce  travail  montre  que,  dans  la  préparation 
du  fumier  de  ferme  la  mieux  organisée,  il  y  a  des  déperditions  très 
importantes  d'azote  et  qu'il  est  nécessaire  de  rechercher  les  moyens 
de  les  éviter.  Ce  sera  l'objet  de  mes  études  ultérieures.       H.  JotLic. 

UNE  CONVERSATION  A  L'ÉTABLE 

Le  Journal  de  VagricuUure  a  publié,  numéro  794,  une  fantaisie  fort 
élégamment  écrite  de  M.  Sclafer  sur  les  faiseurs  de  fleurs  doubles,  à 
laquelle  il  a  été  répondu,  au  nom  de  la  science,  par  M.  Dybowski, 
numéro  797.  Au  risque  de  nous  attirer  à  notre  tour  une  réponse  au 
nom  des  principes,  nous  ne  résistons  pas  au  plaisir  de  reproduire  les 
principaux  passages  d'un  article  publié  en  feuilleton  dans  la  Gazelle 
agricole  de  Vienne,  du  9  juillet  1 884,  où  l'auteur  prend  à  partie  l'en- 
graissement intensif  des  animaux  et  lui  oppose  les  agréments  de  l'éle- 
vage pastoral  primitif.  Nous  pensons  bien  que  l'au'leur  n'entend  pas 
pour  cela  condamner  les  méthodes  que  le  progrès  scientifique  a  impo- 
sées aux  éleveurs  de  nos  jours,  et  nous  prions  le  lecteur  de  nepasyoir 
dans  cet  agréable  badinage  autre  chose  que  ce  que  nous  y  voyons 
nous-mème,  c'est-à-dire  une  boutade  humoristique.  L'auteur  feint 
d'avoir  entendu,  dans  une  conversation  entre  les  animaux  de  l'étable, 
les  griefs  que  ces  animaux  eux-mêmes  exhalent  comme  des  plaintes 
contre  leur  régime  actuel   comparé  au  régime  de  la  montagne. 

«  Le  diable  emporte  la  soi-disant  économie  rationnelle,  cette  culture 
intensive  du  sol",  comme  dit  notre  directeur.  Le  trèfle,  les  herbes  les  plus 
belles  et  les  plus  suaves  croissent  presque  sous  nos  fenêtres,  tandis 
qu'ils  nous  font  l'emplir  la  panse  de  cette  grossière  nourriture,  de  cette 
pâtée  indigeste.  Pendant  ce  temps,  nos  frères  et  nos  sœurs,  dans  leurs 
montagnes  maternelles,  se  noient  dans  les  herbes  succulentes  sur  les 
hautes  alpes  fleuries.  Mon  Dieu  !  quelle  existence  !  »  — Ainsi  s'exprimait 
une  vache  tachetée  à  sa  robuste  voisine  du  Pinzgau.  «  Je  pleurerais 
presque  lorsque  je  pense  à  notre  liberté  d'autrefois,  aux  jours  d'or  que 
nous  passions  sous  le  ciel  libre,  quand  matin  et  soi  nous  livrions  notre 
lait  aux  fruitiers  (vachers)  de  la  montagne.  Aujourd'hui  nous  sommes 
enfermées  dans  des  stalles  poussiéreuses.  Trois  fois  par  jour  nous  sommes 
martyrisées  par  le  métayer  qui  nous  trait!  Heureuses  encore  quand 
nous  ne  sommes  pas  en  butte  à  ses  grossièretés  parce  que  nous  don- 
nons deux  litres  de  moins  que  ces  anglaises  ou  ces  hollandaises  là-bas, 
cette  canaille  au  long  nez,  nous  la  race  joyeuse  des  montagnes.  Qu'on 
nous  laisse  seulement,  pensait  la  vache  du  Pinzgau  de  son  côté,  dans  ce 
champ  de  trèfle  qui  attire  tant  mes  regards  et  l'on  verra  bien  qui  donne 
le  plus  de  lait,  de  nous  ou  de  ces  «  ladies,  »  qui  s'abîment  restomac 
quand  on  leur  laisse  par  hasard  une  poignée  de  luzerne  dans  leur  foin. 


434  UNE  CONVERSATION  A  L  ETABLE. 

«  Et  que  dis-tu  du  «  Lord  »,  comme  l'appelle  notre  directeur,  ce  drôle 
tout  éreinté,  à  moitié  pourri,  qui  ne  manifeste  ai  étincelle  de  vie,  ni 
mouvement  dans  les  membres?  Pense  à  nos  fermes  et  robustes  gail- 
lards, ces  compagnons  turbulents  et  audacieux,  que  l'on  ne  peut  s  em- 
pêcher de  regretter,  que  l'on  veuille  ou  non.  —  Quelles  folies,  quelles 
surprises  !  Cette  espèce  là-bas,  cet  anglais  aux  jambes  lourdes  croit 
nous  faire  beaucoup  d  honneur. 

«  Vois-tu,  Lisette,  c'est  précisément  ce  qui  me  soulève  le  cœur.  — 
Cette  contrainte,  ce  joug  me  mèneront  prématurément  au  tombeau.  Je 
me  révolte  quand  je  vois  cet  insulaire,  cet  animal  à  courtes  cornes! 
En  conscience,  Lisette,  ne  penses-tu  pas  comme  moi  ? 

«  Assurément,  mais  je  vois  plus  loin  :  considère  les  produits  qui 
résultent  de  ces  accouplements  mêlés.  Trouves-tu  chez  ces  malheu- 
reuses créatures  hybrides  la  moindre  trace  de  gaieté  et  de  grâces  en- 
fantines. Et  quel  fatigant  papelage,  quelles  grimaces  quand  le  jeune 
animal  prend  sa  première  bouchée  de  foin?  Vraiment,  à  quatre  se- 
maines, nos  enfants  là-haut  en  savent  plus  de  la  vie  et  du  monde  que 
ces  pauvres  êtres  élevés  artificiellement,  qui  ne  sortent  jamais  de  leur 
élable  que  juste  dans  la  petite  demi-heure  de  la  pleine  chaleur  du  jour  ! 

«  Mais  poursuivons  l'histoire  et  voyons  un  peu  oii  tout  cela  nous 
conduit.  Dans  toutes  ces  nobles  fermes,  on  n'entend  parler  que  de  ma- 
ladies :  fièvre  aphteuse,  charbon,  maladies  pulmonaires,  stérilité,  etc. 
Tout  cela  provient  de  la  vie  contre  nature  excessive  à  laquelle  les  rois 
de  la  création  nous  condamnent,  bien  que,  comme  de  juste,  nous  sa- 
chions bien  mieux  qu'eux  ce  qui  nous  est  bon  et  ce  qui  nous  est  nui- 
sible. Dans  une  ferme,  ce  senties  betteraves  ;  dans  une  autre,  les  rési- 
dus de  distillation  ;  dans  une  troisième,  les  tourteaux  qu'il  nous  faut 
dévorer,  tous  aliments  qu'on  ne  connaît  pas  là-haut  dans  nos  alpes. 
Avec  la  graisse  le  corps  se  pourrit;  on  perd  toute  joie  de  vivre,  si  bien 
qu'à  la  fin  cela  nous  est  tout  à  fait  égal,  quand  le  boucher  vient  vous 
chercher  pour  l'abattoir.  » 

En  ce  moment  la  cloche  annonça  l'heure  du  repas,  les  portes  rou- 
lèrent   sur  leurs  gonds   et    le  Suisse  se  mit  à  l'ouvrage. 

P.   ne  PilÉ-CoLLOT. 

SUR  LA  PRODUCTION  DE  LA  VIANDE 

Dans  l'exposé  des  motifs  déposé  par  M.  le  ministre  de  l'agriculture 
sur  le  bureau  de  la  Chambre,  à  l'appui  du  projet  de  relèvement  des 
taxes  douanières  perçues  à  l'importation  des  animaux  vivants,  il  y 
a  une  allégation  erronée,  selon  moi,  et  dangereuse  pour  le  projet  lui- 
même.  M.  le  ministre  paraît  croire  que  le  relèvement  des  droits  amè- 
nera un  exhaussement  parallèle  du  prix  de  la  viande,  et  il  ajoute  que 
c'est  là  le  but  poursuivi  dans  l'intérêt  de  l'agriculture  française.  Je 
suis  d'un  avis  tout  opposé;  je  me  permets  de  croire  que  tel  ne  sera 
pas  le  résultat  du  relèvement  des  taxes  et  que  néanmoins  les  vœux  de 
la  culture  seront  satisfaits  et  ses  intérêts  sauvegardés  par  ce  relève- 
m.ent  indispensable. 

Supposez  la  loi  votée;  qu'arrive-t-il?  une  chose  fort  simple  :  l'im- 
portateur avise  son  correspondant  de  Berlin,  de  Vienne  ou  de  Turin 
d'avoir  à  abaisser  d'autant  son  prix  d'achat  :  le  producteur  allemand 
ou  italien  n'est  pas  heureux,  c'est  incontestable  :  peut-il  résister  à 


SUR  LA  PRODUCTION  DE  LA  VLVNDE.  435 

cette  baisse  qui  lui  arrive  par  le  télégraphe?  non,  car  son  bœuf  existe, 
il  faut  qu'il  le  vende,  et  le  prix  de  Paris,  même  ainsi  réduit,  est 
encore  supérieur  au  prix  de  Turin  ou  de  Vienne;  donc  au  débat,  il 
n'arrivera  pas  un  bœuf  de  moins  sur  le  marché  de  Paris,  et  le  prix  de 
la  viande  ne  haussera  pas  d'un  centime. 

Mais  alors  où  est  la  satisfaction  donnée  à  la  culture  française?  La 
voici  :  au  prix  actuel,  l'élevage  des  animaux  est  la  seule  branche  de 
la  production  rurale  qui  soit  encore  rémunératrice  :  l'instinct  du  cul- 
tivateur, les  conseils  des  agronomes  et  les  nécessités  de  la  situation 
amèneront  forcément  ce  résultat  que  la  culture  pastorale  gagnant 
chaque  jour  du  terrain,  la  production  du  bétail  s'augmentera  rapide- 
ment. Si,  en  face  de  cet  accroissement  de  produit,  l'invasion  du  bétail 
étranger  n'estpas  réfrénée,  nous  arriverons  vite  à  l'avilissementdesprix 
de  vente,  etcette  foisce  seraitlafmde  l'agriculture  française,  puisque 
la  dernière  planche  de  salut  qui  lui  reste  s'effondrerait  sous  ses  pieds. 

Pour  moi,  je  suis  absolument  convaincu  que  le  résultat  final  du 
relèvement  de  taxe  proposé  par  le  gouvernement  suffira  pour  le 
moment  à  empêcher  l'avilissement  des  prix  et  c'est  tout  ce  que  nous 
demandons  pour  entrer  hardiment  dans  la  voie  qui  s'offre  à  nous.  Je 
suis  convaincu  que  par  le  développement  de  la  production  française, 
lequel  dépassera  toutes  les  prévisions,  avant  dix  ans  d'ici,  un  nouveau 
relèvement  de  taxes  s'imposera,  toujours  dans  le  seul  but  ,d'empêcher 
l'avilissement,  qu'en  un  mot  il  sulfit  que  les  gouvernants  le  veuil- 
lent pour  que  la  culture  française  fournisse  seule,  en  telle  quantité 
que  l'on  voudra,  la  viande  nécessaire  à  la  consommation  de  la  nation. 

Puisse  enfin  la  misère  dissiper  les  utopies! 

R.  DE  Castelmore. 

REVUE  GOiniEBGULE  ET  PEllï  GlURVNr  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(13  SEPTEMBRE  1884.) 
I.    —    Situation    générale. 
Les  marchés  agricoles  présentent  une  assez  grande  activité,  mais  les  affaires 
sont  toujours  difficiles  pour  la  vente  de  la  plupart  des  denrées,  principalement 
des  céréales. 

n.  —  les  grains  et  les  farines. 

Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  quintal  métrique, 
sur  les  principaux  marchés  Je  la  France  et  de  l'étranger. 

Blé  Seigle.  Orge.        Avoine 

Angleterre.  LonJres 19.50  »  20.75  17.50 

Belgique.  Anvers 19.25  16.75  21.25  18.75 

—  Bruxelles 22.10  15.75  18.50  16.00 

—  Liège 19.85  16. .50  17.00  17.00 

—  Namur 20.50  16.25  IS.OO  19.00 

Pays-Bas.  Amsterdaiu 18.25  15.20  » 

Luxembourg.  Lu.\embourg 21.00  19.50  20.50  20.25 

Alsace-Lorraine.    Strasbourg 22.25  19.00  20.75  18.85 

—  Mulhouse 21.50  20.00  »  21.00 

—  Colmar 21.25  19. .50  20.00  20.75 

Allemagne.  Berlin.... 18.50  17.00  »  » 

—  Cologne 20.60  17.10  »  » 

—  Hamliourg 18.25  14.75  •  » 

Suisse.  Genève 23.50  18.75  18.50  18.25 

Italie.  Milan 23.75  16.60  17.80  IG.ûO 

Espagne,  Barcelone 22.00  •  »  » 

Autriche.  Vienne 16.75  14.50  15.50  14.00 

Hongrie.  Budapest 16.50  13.75  15.00  12.75 

Rusne.  Saint-Pétersbourg..  16. UO  13.50            »  11.25 

Etats-Ums.  New-York 16.95  »  •  » 


436 


Calvados.  Condé 

—  Lisieux 

C'du-Noi  d.  Ponlrieux. 

—  Tl'eguier 

Finistère.  Morlaix , 

—  Quimper 

Ule-et- Vilaine.  Rennes. 

—  Fou^'ères 

Sdanche.  Avraiiches. .. . 

—  Pontorson. 

—  ViUedieu 

Uayeime.  Laval 

—  Chàteau-Gontier. 
iiorbihan.  Hennebont., 
Orne.  Bellême 

—  Fiers 

Sarthe.  Le  Mans 

—  Sablé 


REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX   COURANT 


-  NORD 

Blé. 

fr. 
20  2b 

19.70 
19. bO 
19.50 
19.50 
18.75 
19.50 
20  25 
21.00 
21,50 
21.50 
19.25 
19.25 
20.00 
19.50 
19.75 
20.25 
19.25 


-OUEST. 

Seigle.   Orge. 

fr.  fr. 


16.00 
15.00 
14.  bO 
14.75 

15.50 


15.50 
15.25 

10, J5 


18.50 
20.25 
15. bu 
15.25 
l'i.OO 
1  i .  Sfl 
15.00 

» 
18.25 
18.00 
18.50 
15.75 
17.50 

j* 
14.50 
18.70 
15.50 
16.00 


Avoine. 

fr. 

21.00 
22.00 
15.50 
14.50 
13.75 
15.00 
15  00 
15.80 
20.40 
20.50 
20.75 

17.00 
14.50 
21.00 
16.75 
20.25 
17.00 


Prix  moyens.. 


Oise, 


19.89      15.58      16    62      17. li' 
2'  RÉGION.  —  NORD. 
ilïjne.  Laon 19.75 

—  La  Fère 19.25 

—  Villers-Golterets.  19.50 
Eure.   Evreux 19.25 

—  Le  Neubourg....  19.00 

—  Louviers 20.50 

Eure-et-Loir.  Chartres..   19.25 

—  Anneau 19.00 

—  Nogent-le-Rotrou.   19.50 
Nord.  Cambrai 19.75 

—  Douai 19.50 

Dunkerque 20.75 

Beauvais 20.50 

—  Compiègne 20,00 

—  Seniis 20.00 

Pas-de-Calais.  XTT&i...  20.50 

—  Saint-Omer 20.25 

Seine.  Paris 20.75 

8.-e(-il/arïie.  Meaux 20. bO 

—  Dammartin 20.25 

—  Provins 20.25 

8,-etrOise    AngerviUe. . . .   19.00 

—  Houdan 19.00 

—  Versailles.... 21.00 

Scine-/n/'êï-ieure. Rouen.  20.40 

—  Dieppe 21.25 

—  Fecainp 20.45 

Somme.  Amiens. 20.25 

—  Doullens 20.00 

—  Roye 19.75 

Prix  moyens 19.94     14.82     18.38     17.24 


15.50 

» 

,1 

15.25 

» 

lb.50 

15.00 

16.50 

18.00 

14.50 

20.00 

18.::5 

13.75 

20.25 

19.00 

15.10 

20.50 

20.25 

13.50 

17.00 

16.20 

14.25 

19.25 

16.50 

i) 

18.25 

16.00 

Ib.OO 

18.75 

15.50 

15.7b 

19.00 

15.75 

16.80 

19.50 

18.00 

14.25 

tS.bO 

16.25 

15  50 

19.50 

17.50 

15.00 

» 

17.50 

16.25 

19.00 

16.20 

15.75 

18.25 

16.50 

15.50 

18  00 

18.25 

)j 

j) 

18.00 

14.75 

16.50 

16.50 

15  50 

16.00 

17.50 

14.75 

16.50 

16.00 

1 4 .  00 

18.50 

16.75 

14.50 

18. bO 

21.50 

14.00 

19.60 

20.50 

14.25 

16.75 

19.75 

14.00 

p 

18.00 

14.75 

19.25 

16.00 

14.00 

18.00 

14  75 

14.50 

17.2b 

16.50 

3'  HÉGION.  —  NORD-EST. 

jlrdeiines.  Charleville. . .  21.75  16.15 

—  Sedan 22.20  16.25 

Aube.  Bar-sur-.lube 19.50  14.50 

—  Mêry-sur-Seine...   19.25  13.85 

—  Nogent-sur-.Seine..  20.50  14.50 
il/ame.  Chàlons 20.00  16.00 

—  Epernay 21.00  15.00 

—  Reims 20. 75  16.25 

H(e-Marne.  St-Dizier...  20.25  14.50 
Meurthe-el-Mos.  Nancy.  21.25        » 

—  Lunéville 20.80  15.20 

—  Toul 21.50        » 

Meuse.  Bar-le-Duc 20.75  16.50 

—  Verdun 21.00        » 

y/ou/e-Saône.  Gray 20.50  15.25 

—  Vesou! 20.25        M 

Fosges.  E' inal 21. bO  16.50 

—  Neufchiteau 22.80        » 


18.75 
20.50 
17.50 
15.75 
17.25 
19.00 
17.00 
19.00 
18.25 
17.00 


18.75 


18.50 
18.00 
17  50 
15.85 
17.00 
18.00 
19.00 
18.00 
17.00 
16. bO 
18.00 
18.00 
17.75 


Prix  moyens 20. 

4'  RÉGION.  — 

C/iarenie.  Angouléme...  21 

—  Ruffec 21 

C/iar.-/n/êï\  Marans. ...   19 

Deux-Sevres.  Niort Î9 

Indre-et-Loire.  Tours...  20. 

—  Cliàteaii-Renault..  I9, 
Loire-/n/^.  Nantes 19. 

20 
20, 
20. 

21 
20. 
19 
20. 


M.-et-Loire.  Saumur. 

—  -Angers 

Vendée.  Luçon 

—  Fontenay-le-Cte  ., 
Vienne.  Chàleilerault... 

—  Loudun  

Haute- Vienne.  Limoges. 


86     15.42 
OUEST. 

.50         » 

,00         » 

.50         » 

.25 

50 

35 

50         » 

50     15.50 

25     15.50 

7b 

00 

25 

50 

00 


15.50  15.50 

16.85  15.75 

»  17.50 

18.50  18.25 

17.83  17.42 


15.00 
15.25 
13,85 


15.00 
14.25 
15.00 


18.00 
18.50 
16.00 

» 
17.75 
16.95 

» 
19.00 
18.50 
18.25 
18.00 
19.25 
19.00 


16.50 
16.r,o 
14.75 
15.50 
17.00 
16.25 
16.15 
17.20 
13  00 
15.00 
16. 2b 
lb.50 
16.25 
17.00 


fr. 


Allier.  Montiuçon 19.75 

—  Gannat 20.75 

—  Sainl-Pourçain...  21.00 
Cher.  Bourges 19.00 

—  Aubigny 18.7b 

—  Graçay 19.20 

Creuse.  Aubusson 21,00 

/nrfre.  Cbateauroux 19.75 

—  Issoudun 19.00 

—  Vatan 19  li 

iotrel.  Orléans 19.75 

—  Montargis 19.50 

—  Patay 19  75 

L.'et-Cher    Blois 19.20 

—  Montoire 20  00 

Nièvre.  Nevers. . . 

—  La  Charité 
Yonne.   Joigny.. 


■ CKNTRB 

Seigle. 

fr. 

14. bO 

15.75 

16.00 

13.50 

14.50 

14.50 

16.00 

14.50 

15.00 


,    19.50 

19.00 

- .   19.00 

—    Saint-Florentin...   19.75 


—    Sens. 


Prix  moyens 19.64 


14.75 
14.50 
14.50 
14.75 
15.25 

1 
14.00 

n 
lb.2b 
14.83 


Atoiu. 

fr. 

15.75 
16.50 
16.00 
16.50 
16.75 
15.25 
17.20 
15.50 
15.30 
15.25 

A 

16.50 
!S.5o 
17.50 
18.00 
16.00 
16.20 
17.00 
17.50 
16.75 

17.67      16.43 


fr 

17.50 

17.00 
17.50 
18.00 
19.00 

* 
17   00 
18.00 
17.50 

17.00 
17.00 
18.70 
18.50 
19.20 

16-50 
16.75 
17.50 


6"  RÉGION.  —  EST. 


v4m.  Bourg 30 

—  Pont-de-Vaux 20 

Cô(e-d'Or.  Dijon 20 

—  Beaune.... 19 

Pow/)S.  Besançon 20. 

/«è)'«.  Grenoble 23. 

—  Bourgoin 20. 

./«fa.  Lons-le-Saunier. .  20. 

Loire.  Roanne 20. 

P.-de-Côme.Clermont-F.  20. 

Rhône.  Lyon 20. 

Saône-et-Loire.  Châlon  .  20. 

—  .MAcon 20. 

oauoie.  Chambéry 23. 

i/ie-3ai»oie.  Thonon 22. 


.75  16.00 
.25  15  50 
.50  15.70 
.75  » 
,50  » 
00  16.75 
■  4.50 
15.25 
15.20 
17.00 
15.20 
15.00 
14.50 
2b  15.00 
25         » 


17.50 
17.50 


16.80 
16.00 

18.50 
18.00 
17,00 
16.50 


Prix  moyens 20.85     15.47     17.23    17.22 

T  RÉGION.  —  SITD-OUEST. 


Ptixmoven» 20.20    14.92    18. 13    16.2, 


.4riêge.  Pamiers 21.75  16.00 

—  Foix 23.50  18.50 

Dordogne.  Bergerac 21.00  " 

//(e-Garonne.  Toulouse.  20.50  18.00 

—  St-Gaudens 22.2b  17.00 

Gers.  Condom 20.40  » 

—  Eauze 24.00  » 

—  Mirande 20.10  • 

Giro7ide.  Bordeaux 20.75  » 

—  La  Reole 20.00  17.50 

Landes.  Dax 23.00  19.00 

Lo(-e(-Gai'oime.Agen...  20.50  18.75 

—  Nérac 20.75  18.50 

B. -Pyrénées.  Bayonne. ,   22.25  19.50 

ffles-Pt/rénées.  Tarbes..  21.50  18.75 

Prix  moyens 21.48 

8*  RÉGION.  —  SUD. 

..4urfe.  Caslelnaudary  . .  21.75  » 

.4t)ei/ron.  Villefranche..  21.70  » 

Caji(o(.  Mauriac 23.00  21.25 

Correze.  Tulle 22.00  17.75 

Hérault.  Montpellier...  22.50  » 

—  Béziers 22.25  » 

LoL  Cahors 22.20  18.00 

Lo;ère.  Mende 22.00  18.50 

Pyrénées-Or. Perpignan.  25.65  19.15 

Tarn.  Albi 21.70  » 

—  Castres 22.25  18.50 

Tarn-et-^ïar.Montauban  21.00  18.25 

Prix  moyens 22,33  18.77 

9'  RÉGION.  —  sno-BST. 

Basses-Alpes.  Manosque  23.75  » 

Hau(es-/l(pfs,  Briançon,  22,50  18. 00 

Alpes-Maritimes.  Nice. .  24.00  20.00 

Xrrfêc/ie.  Privas 26.65  17.90 

B.-du-Bhône.  Arles....  22.50  » 

Drame.   Romans 20.25  14.50 

Gard.  Nimes 22.75  » 

Haute-Loire.  Brioude...  21.00  18. 7b 

Kar.  Draguignan 22.35  » 

Foucfuse.  Orange 20.50  » 

Prix  moyens 22.63 

Moy.  de  toute  la  France  20.87 
—  de  la  semaine  précéd.  21.49 

Sur  la  semainejHausse. 
précédente.  .JBaisse.. 


18.00 

18.00 
17.50 
17.50 


18.00 


18.25 
20.00 
19.00 
18.00 
17.00 
18.25 
21.50 
18.25 


17.50 
17.75 
20.00 
21.00 


18.15     17.80     18.88 


17.00 


18.50 
18.25 
17.80 
18.25 
20.00 
24.00 


18.60 
16.00 
17.00 


17.00 
19.25 


18,25 


18.25 
16.00 
20.50 
18.25 
18.50 
18.75 
18.00 
17.25 
24.55 
19.50 
18.75 
19.00 

18. 94' 


18.25 
20.50 
18.40 
17.50 
16.50 
17.50 
15.00 
18.00 
18.50 


0.62 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (13    SEPTEMBRE    1884;.  437 

Blés.  —  C'est  toujours  le  mouvement  de  baisse  qui  l'emporte  sur  la  plupart 
des  marchés.  Les  ventes  sont  partout  de  plus  en  plus  difliciles,  non  pas  que  la 
qualité  des  grains  nouveaux  laisse  à  désirer,  mais  parce  que  l'abondance  des 
oft'res  influe  sur  les  prétentions  du  commerce,  et  que  d'autre  part  la  mévente  des 
farines  empêche  la  meunerie  de  l'aire  des  approvisionnements.  Les  dernières 
appréciations  confirment  d'ailleurs  celles  qui  out  été  émises  précédemment  sur 
les  résultais  de  la  récolte  dans  la  plupart  des  pays  producteurs.  —  A  la  halle 
(le  Paris,  le  mercredi  10  septembre,  les  ofl'res  étaient  abondantes;  les  prix 
se  sont  soutenus  avec  beaucoup  de  peine  :  on  cotait  de  20  fr.  à  21  fr.  50, 
par  100  kilog.,  suivant  les  qualités.  —  Au  marché  des  blés  à  livrer,  on  cotait  : 
courant  du  mois,  20  l'r.  75  à  21  fr.  ;  octobre,  20  fr.  75  à  21  fr.  ;  novembre  et 
décembre,  20  fr.  75  à  21  fr.  ;  quatremois  de  novembre,  20  fr.  75  à  21  fr.;  quatre 
premiers  mois,  21  fr.  25.  —  Au  Havre,  même  calme  que  précédemment  dans  les 
transactions,  mais  les  cours  se  soutiennent.  On  cote  les  blés  des  Indes  de 
20  fr.  25  à  20  fr.  50  par  quintal  métrique;  ceux  d'Amérique  de  20  à  21  fr., 
suivant  les  sortes.  —  A  Marseille,  les  arrivages  de  blés  exotiques  sont  relative- 
peu  importants;  les  affaires  sont  calmes,  les  prix  restent  sans  changements.  — 
A  Londres,  les  offres  sont  restreintes  sur  les  blés  étrangers;  les  cours  sont  faibles 
pour  toutes  les  sortes.  Les  blés  d'Australie  valent  de  19  fr.  50  à  20  fr.  par 
100  kilog.  ;  ceux  de  Californie,  19  fr.  50.  Sur  les  marchés  anglais,  les  blés 
indigènes  sont  cotés  de  49  à  19  fr.  50  suivant  les  sortes. 

Farines.  —  Les  affaires  sont  calmes,  et  il  y  a  maintien  des  cours  pour  les 
diverses  sortes.  —  Les  farines  de  consommation  se  vendaient  à  la  halle  de  Paris, 
le  mercredi  10  septembre  :  marque  de  Corbeil,  47  fr.;  marques  de  choix,  47  à 
50  fr.;  premières  marques,  46  à  47  fr.;  bonnes  marques,  44  à  45  fr.;  sortes  ordi- 
naires, 42  à  43  fr.;  tout  par  sac  de  159  kilog.,  toile  à  rendre,  ou  157  kilog.  nets, 
ce  quf  correspond  aux  prix  extrêmes  de  27  fr.  40  à  31  fr.  85  par  100  kilog.,  ou  en 
moyenne  29  fr.  60,  sans  variation  depuis  huit  jours.  —  Pour  les  farines  de  spé- 
culation, on  cotait,  à  Paris,  le  mercredi  10  septembre  au  soir  :  farines  neuf-mar- 
ques, courant  du  mois,  43  à  43  fr.  25  ;  octobre,  43  à  43  fr.  25  ;  novembre  et 
décembre,  43  fr.  25;  quatre  mois  de  novembre,  43  fr.  25  à  43  fr.  50;  quatre  pre- 
miers mois,  43  fr.  75;  le  tout  par  sac  de  159  kilog.,  toile  perdue,  ou  157  kilog.  nets. 
—  Les  farines  deuxièmes,  sont  cotées  de  21  fr.  à  24  fr.  par  quintal  métrique  ;  les 
gruaux  valent  de  33  fr.  à  38  francs. 

Menues  graines.  —  Les  prix  des  céréales  diverses,  seigle,  avoine,  orge,  maïs, 
varient  peu  sur  la  plupart  des  marchés.  Les  transactions  sont  calmes. 

Issues.  —  On  cote  par  100  kilog.  à  la  halle  de  Paris  :  gros  son,  15  fr.  50  à 
16  fr.;  son  trois  case-,  14  fr.  25  à  14  fr.  75;  sons  fins,  13  à  13  fr.  50;  recou- 
pettes,  13  à  13  fr.  50;  remoulages  bis,  15  à  16  fr.;  remoulages  blancs, 
16  fr.  50  à  17  fr.  Les  transactions  sont  assez  actives. 

III.  —  Fruits  et  légumes  frais. 

Fruits.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris  :  amandes,  le  cent,  1  fr.  50  à  2  fr.  25  ; 
figues,  le  cent,  6  à  8  fr.;  laelons,  la  pièce,  0  fr  50  à  1  fr.  50;  noisetea, 
le  kilog.,  0  fr.  35  à  0  fr.  60;  noix  vertes,  l'hectolitre,  10  fr.  à  12  fr.  pêches  com- 
munes, le  cent  10  fr.  à  100  fr.  ;  le  kilog.,  0  fr.  70  à  1  fr.  20  ;  poires,  le  cent,  6  fr. 
à  20  fr.  ;  le  kilog.,  0  fr.  20  à  0  fr.  40;  pommes,  le  cent,  5  fr.  à  10  fr.;  le  kilog., 
G  fr.  25  à  0  fr.  35  ;  prunes,  le  kilog.,  0  fr.  50  à  1  fr.  ;  raisins  communs,  le  kilog., 
0  fr.  50  à  1  fr.  40. 

Gros  léfjumes.  —  Deroiers  cours  de  la  halle  :  artichauts  de  Paris,  poivrade, 
la  botte,  0  fr.  20  à  0  fr.  30  ;  le  cent,  15  Ir.  à  25  fr.;  asperges  communes,  la  botte, 

0  fr.  75  à  2  fr.  ;  carottes  communes,  les  cent  bottes,  30  à  35  fr.;  choux  com- 
muns, le  cent,  8  fr.  à  18  fr.;  haricots  verts,  le  kilog.,  0  fr.  15à0fr.  40  ;  en  cosse, 
le  kilog.,  0  fr.  20  à  0  fr.  30;  écossés,  le  litre,  0  fr.  40  à  0  fr.  80;  navets  com- 
muns, les  cent  bottes,  25  à  30  fr.;  oignons  communs,  les  cent  bottes,  20  à 
25  f r  ;  panais  communs,  les  cent  bottes,  12  à  15  fr.;  poireaux  communs,  les 
cent  bottes,   3  fr.   50  à  4  fr,;   pois   verts,  le  kilog.,   0  fr.  40  à  0  fr.  55. 

Menus  légumes.  — On  vend  a  la  halle  de  Paris  :  ail,  le  paquet  de  25   bottes, 

1  fr.  à  1  fr.  50;  appétits,  la  botte,  0  fr.  10  à  0  fr.  15  ;  céleri,  la  botte,  0  fr.  40 
àO  fr.  60;  cerfeuil,  la  botte,  0  fr.  10  àO  Ir.  15  ;  champignons,  le  kilog.,  0  fr.  70 
à  1  fr.  60;  chicorée  frisée,  le  cent,  8  à  15  fr.;  choux-fleurs  de  Paris,  le  cent, 
20  à  60  fr.;  ciboules,  fa  botte,  0  fr.  15  à  0  fr.  20;  concombres,  le  cent,  4  à 
8  fr.;  cornichons,  le  kilog.,  0  fr.  40    à  0  fr.  70;   cresson,  la  botte  de  12  bottes, 


438  REVUE   COMMERCIALE  ET  PRIX   COURANT 

0  fr,  07  à  0  fr.  62;  échalottes,  la  botte,  0  fr.  70  à  1  IV.  20;  épinards,  le  pa- 
quet, 0  fr.  50  à  0  fr.  60  ;  escarolle,  le  ceat,  7  à  12  fr.  ;  estragon,  la  botte,  0  fr.  10 
à  0  fr.  15;  laitue,  le  cent,  7  à  10  fr.;  oseille,  le  paquet.  0  fr.  50  à  0  fr.  60  ;  persil, 
la  botte,  G  fr.  15  à  0  fr.  20;  pimprenelle,  la  botte,  0  fr.  10  à  0  fr.  15;  potirons, 
la  pièce,  1  fr.  à  5  fr.;  pourpier,  la  botte,  0  fr.  10  à  0  fr.  15;  radis  noirs,  le  cent, 
3  fr.  à  4  fr.  50  ;  romaine,  la  botte  de  32  tètes,  3  fr.  50  à  5  fr.;  thym,  la  botte, 
0  fr.  10  à  0  fr.   15;  tomates,  le  kilog.,  0  fr.  25  à  0  fr.  40. 

IV.  —  Vins.  —  Spiritueux.  —  Vinaigres.  — Cidres. 

Vins.  —  Les  vendanges,  commencées  depuis  quelques  jours  dans  le  midi,  s'y 
poursuivent  avec  activité;  elles  sont  d'ailleurs  favorisées  par  des  circonstances 
météorologiques  favorables-  les  pluies  survenues  dans  les  derniers  jours  ont  favo- 
risé la  maturation  du  grain  et  son  grossissement.  La  pluie  a  fait  aussi  beaucoup 
de  bien  aux  vignes  des  autres  régions;  le  retour  du  beau  temps  réjouit  les  vigne- 
rons. L'eau  a  permis  au  grain  de  se  développer,  et  le  soleil  assurera  définitivement 
la  qualité  de  la  récolte.  —  Quant  à  la  quantité,  il  serait  tout  à  fait  téméraire  de 
hasarder  des  chitîres;  elle  sera  probablement  supérieure  à  celle  de  1883,  mais  il 
est  impossible  de  dire  dans  quelle  proposition.  —  Les  affaires  en  vins  sont  extrê- 
mement calmes  ;  les  ventes  qui  se  font  n'accusent  pas  de  changements  dans  les 
cours. 

Spiritueux.  —  Les  affaires  sont  toujours  aussi  calmes,  cpioique,  sur  quelques 
marchés,  il  y  ait  plus  de  fermeté  dans  les  prix.  Dans  le  Midi,  on  cote  par  hecto- 
litre :  Cette,  trois-six.  bon  goût,  100  à  105  lr.;marc,  95  fr.;  Montpellier,  trois-six 
bon  goût,  95  fr.;  marc,  90  ir.;  Béziers,  trois-six  bon  goût,  103  fr.;  marc,  95  fr., 
Pézenas,  trois-six  bon  goût,  101  fr.;  marc,  92  fr.  Dans  les  Gharentes,  les  affaires 
sont  extrêmement  calmes,  aux  mêmes  cours  que  précédemment.  A  Paris,  on  cote 
trois-six  fin  Nord,  90  degrés,  V  qualité,  disponible,  43  fr.  25  ;  octobre,  44  fr.; 
deux  derniers  mois,  44  fr.  75  ;  quatre  premiers  mois,  45  fr.  75.  Le  10  septembre, 
le  stock  était  de  11,750  pipes  contre  12,675  en  1883. 

Ve7-deU.  —  Dans  l'Hérault,  les  verdets  se  vendent  de  130  à  136  fr.  par  100 
kilog.  en  boules  ou  en  pains. 

Tartres.  —  Les  cours  des  crèmes  de  tartre  sont  fermes,  de  290  à  295  fr.  par 
quintal  métrique. 

V.  —  Sucres,  —  Mélasses.  —  Fécules.  —  Houblons. 

Sucres.  —  Les  affaires  sont  un  peu  plus  actives,  et  les  cours  sont  devenus  plus 
fermes.  On  paye  à  Paris,  par  100  kilog.  :  sucres  bruts,  88  degrés  sacchari- 
méfriques,  36  fr.  25  à  36  fr.  50;  les  99  degrés,  42  fr.  25  à  42  fr.  50; 
sucres  blancs  n»  3,  42  fr.  50  à  42  fr.  75.  Dans  le  Nord,  les  cours  sont  aussi 
plus  fermes  pour  toutes  les  sortes.  Quant  aux  sucres  ralfinés,  les  prix  restent 
stationnaiies;  on  les  cote  de  110  à  111  fr.  par  100  kilog.  à  la  consommation, 
de  46  à  51  fr.  25  pour  l'exportation,  suivant  les  sortes.  —  A  Londres,  les  affaires 
sont  toujours  limitées  sur  les  sucres  bruts. 

Mélasses.  —  A  ^'alenciennes,  les  mélasses  de  fabrique  sont  cotées  8  fr.  50 
par  100  kilog. 

Fécules.  —  Les  prix  sont  assez  faibles.  On  cote  à  Paris,  31  à  31  fr.  50  par 
quintal  métrique  pour  les  fécules  premières  ;  à  Gompiègne,  30  fr.  pour  celles  de 
l'Oise. 

Houblons.  —  La  cueillette  des  houblons  se  poursuit  dans  tous  les  centres  de  pro- 
duction. Les  demandes  sont  assez  actives,  car  les  prix  sont  faibles,  à  cause  de 
l'abondance  de  la  récolte.  On  cote,  à  Alost,  de  180  à  190  fr.  par  100  kilog.,  sui- 
vant les  sortes  ;  à  Haguenau,  300  fr.;  à  Dijon,  300  fr.  pour  les  précoces,  et 
220  à  240  fr.  pour  les  tardifs. 

VI.  —  Tourteaux.  —   Noirs.  —  Engrais. 

Tourteaux.  —  Les  prix  sont  soutenus.  Ou  paye  par  100  kilog.  :  dans  le  Nord, 
tourteaux  d'œillette,  13  fr.;  de  lin,  16  fr.  75; — à  Rouen,  tourteaux  de  colza, 
16  fr.  30;  de  lin,  21  fr.  50;  d'arachides  décortiquées,  15  fr.  75;  —  à  Marseille, 
tourteaux  de  lin,  18  fr.  25;  d'arachides  en  coque,  9  fr.  50  ;  décortiquées,  14  fr.; 
de  sésame,  12  fr.  75  ;  de  cocotier,  13  fr.;  de  colza,  12  fr.;  d'œillette,  11  fr.  25  ; 
de  coton,  12fr.;  de  palmiste  naturel,  10  fr.  75  ;  de  ricin,  8  fr.;  de  ravison,  11  fr.  50. 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (13  SEPTEMBRE  1884).  439 

Noirs.  —  Mêmes  prix  que  précédemment.  On  cote  à  Valenciennes  :  noir 
animal  neuf  en  grains,  33  à  36  fr.  par  100  kilog.;  noirs  vieux  grains,  10  à  12  fr. 
par  hectolitre. 

Engrais.  —  Cours  sans  chanijeiuents  pour  les  principaux  engrais  du  commerce. 
—  Dans  les  engrais  composés,  les  principes  utiles  sont  cotés  par  unité    :   azote, 

1  fr.  80  à  2  fr.;  acide  pliosphorique  immédiatement  soluble,   0  fr.  72  à  0  fr.  75; 
acide  phosphorique  insoluble,  G   fr.  25  ;  potasse  0  fr.  45  à  0  fr.  50. 

VII.  —  Matières  résineuses,  colorantes.  —  Textiles. 

Matières  résineuses.  —  Sur  les  marchés  dn  Sud-Ouest,  les  prix  des  gemmes  se 
soutiennent.  Les  gemmes  du  système  ordinaire  valent  25  fr.  par  barrique  de 
250  litres  ;  les  gemmes  système  Hugn.ps,  27  fr.  50. 

Chanvres.  —  Maintien  des  cours,  de  70  à  84  fr.  par  100  kilog.  sur  les  marchés 
de  l'Anjou. 

Laines.  —  Les  laines  en  suint  de  la  Brie  valent  de  1  fr.  80  à  2  fr.  20  par  kilog. 
Les  ventes  sont  restreintes. 

Mil.  —  iuifs  et  corps  gras. 

Suifs.  —  Les  cours  présentent  plus  de  feimeté.  On  cote  à  Paris  82  fr.  par 
100  kilog.  ywur  les  suifs  purs  de  l'abat  de  la  boucherie  ;  62  fr.  50  pour  les 
suils  en  branches. 

Saindoux.  —  Prix  soutenu.  Au  Havre,  les  saindoux  d'Amérique  valent  de  101  à 
102  fr.  par  quintal  métrique,  avec  peu  de  ventes. 

IX.  —  Beurres.  —  Œufs.  —  Fromages. 

Beurres.  —  lia  été  vendu  pendant  la  semaine  à  la  halle  de  Paris,  229,738  ki- 
log.   de  beurres.    Au  dernier  marché,    on  payait  par    kilog.  :  en  demi-kilog., 

2  fr.   à  3  fr.  94  ;  petits  beurres,  1    fr.    80  à  3  fr.    20  ;    Gournay,  2  fr.  à  3  fr.  80; 
Isigny,  2  fr.  10  à  6  fr.  40. 

Œufs.  —  Du  1'"  au  7  septembre,  on  a  vendu  à  la  halle  de  Paris  4,063,585  œufs. 
Au  dernier  jour,  on  payait  par  mille  :  choix,  106  à  120  fr.;  ordinaires,  66  à 
90  fr.;  petits,  55  à  63  fr. 

Fromages.  —  Derniers  cours  de  la  halle  de  Paris  :"par  douzaine.  Brie,  4  à  2ôfr.; 
Montlhéry,  15  fr.;  —  par  cent.  Livarot,  20  à  88  fr.;  Mont-d'Or,  7  à  33  fr.; 
Neufchàtel,  6  à  24  fr.;  divers,  5  à  57  fr. 

X.  —  Chevaux.  —  Bétail.  —   Viande. 

Bétail.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  officiel  du  marché  aux  bes- 
tiaux de  la  Villette,  du  jeudi  4  au  mardi  9  septembre  : 

Poids    Prix  du  kilog.  de  viande  nette  sur 
Vendas  moyen       pied  au  marché  du  3  septembre. 

Pour  Pour  En         4  quartiers,     i"  2°  S"  Prix 

Amenés.  Paris.  rextérieuT-  totalité.  liil.  quai.  quai.  quai.  moyen. 

Bœufs 2,349  1,538  744  2,282  342  1.70  1.5r)  1.30  1.48 

Vaches 649  349  260  B09  235  1.62  1.46      .  1.26  1.41 

Taureaux 190  164  14  178  370  1.48  1.36  1.26  1.36 

Veaux 2,095  1,280  633  1,913  76  1.72  1.62  1.42  1.61 

Moutons 20,762  10,277  T. 837  18,114  19  1.94  1.74  1  52  1.71 

Porcs  gras....          4,524  1,736  2,749  4,485  80  1.34  1.28  1.22  1.28 

Les  arrivages  des  marchés  de  la  semaine  se  décomposent  comme  il  suit  : 

Bœufs.  —  Aveyron,  15;  Calvados,  1,154;  Charente,  15  ;  Chareate-Inférieure,  8  ;  Cher,  85; 
Cùte-d'Or,  132;  Côtes-du-Mord,  281;  Creuse,  23;  Deux-SCvres,  16;  Dordogne ,  99;  Eure,  22; 
Finistère,  34;  Haute-Garonne,  8;  Gironde,  12;  lUe-et-Vilaine,  28;  Indre,  53;  Loiie,  25;  Loire- 
Inférieure,  46  ;  Lot-et-Garonne,  16;  Maine-et-Loire,  164  ;  Manche,  88  ;  Mayenne,  357  ;  Mor- 
bihan, 33;  Nièvre.  578;  Orne,  571;  Puy-de-Dôme.  53;  Saône-et-Loire,  328;  Sarthe,  24;  Seine- 
Inférieure,    22;    Xarn-et.Garonne,  6  ;   Vendée,  44;  Vienne,  6;  Yonne,  28. 

Foc/ies. —  Allier,  9;  Aube,  8;  Aveyron,  39;  Calvados,  259;  Cantal,  25;  Charente,  22;  Cher, 
31;  Côte-d'or,  73;  Dordogne,  4;  Eure,  8;  Eure-et-Loir,  16;  Loire-Inférieure,  8;  Loiret,  17; 
Lot-et-Garonne,  H  ;  Maine-et-Loire,  48;  Manche,  143;  Haute-Marne,  10  ;  Nièvre,  261;  Orne, 
125;  Puy-de-Dôme,  174  ;  Saône-et-Loire,  91;  Sarthe,  15;  Seine,  124;  Seine-Inférieure,  16; 
Seine-et-Marne,  5;  Seine-et-Oise.  36;  Vendée,  17,  Yonne,  57. 

Taureaux.  —  Aisne,  2;  Allier,  4;  Calvados,  86;  Cher.  5;  Côte-d'Or,  9;  Côtes-du-Nord,  22; 
Dordogne,  2;  Eure,  12;  Eure-ei-Loir,  II;  Finistère,  1  ;  lUe-et-Vilaine,  29;  Loire,  2;  Loire- 
Inférieure,    2;   Loiret,    8;    Maine-et-Loire,     15;    Manche,    26;     Marne,    1;    Haute-.Marne,  1  ; 


440        REVUE   COMMERCIALE  ET  PRIX  GOURANT  (13  SJÎPTEMBRE    1884) 

Mayenne,  lî  ;  Meuse,  2;  Nièvre,  30;  Oise, 3;  Orne,   S  ;   Puy-de-Dôme,  I;  Saône-et-Loire,   15; 
Safthe,  IH;  Seine-Inl'érieure,  7;  Seine-et-Marne,  11;  Seine-et-Oise,  10  ;  Yonne,  9. 

Veaux.  —  Aube,  168;  Calvaiios,  14;  Cantal,  68;  Eure,  255;  Eure-et-Loir,  338;  Loiret, 
231;  Marne,  239;  Oise,  37;  Puy-de-Dôme,  137  ;  Sarthe,  230;  Seine-Intérieure,  99;  Seine-et- 
Marne,  237;    Selne-et-Olse,    60;    Yonne,   82. 

Moutons.  —  Aisne.  50;  Allier,  546;  Aube,  827;  Aveyron,  806;  Cantal  1,852;  Charente,  617; 
Cher,  1.072;  Corrèze,  574;  Côte-d'Or,  70;  Creuse,  545;  Deux-Sèvres,  86;  Dordogne,  510  ;  Eure- 
et-Loir,  80  ;  Indre,  1,469;  Indre-et-Loire,  373;  Loiret,  80;  Lot,  329;  Lozère,  235;  Maine-et- 
Loire,  58  ;  Marne,  1.50  ;  Nièvre,  946;  Saône-et-Loire,  415;  Seine,  88;  Ssine-et-Marne  1,506;  Seine- 
et-Oise,  374;  Haute-Vienne,  142;  Yonne,  100;  Afrique,  555;  Allemagne,  5,085;  Hongrie,  7,385; 
Italie,  1,889;  Russie,  10,02n. 

Porcs.  —  Allier,  323  ;  Calvados.  137  ;  Charente,  139  ;  Charente-Inférieure,  32;  Cher,  53;  Côte- 
d'Or,  93;  Côtes-du-Nord,  130;  Creuse,  142;  Deux-Sèvres,  981;  Dordogne,  1;  Haute-Garonne,  19; 
lUe-et-Vilaine,  518;  Indre,  304;  Indre-et-Loire,  32;  Loire-Inférieure,  396;  Loir-et-Cher,  92  ; 
Lot,  20;  Lot-et-Garonne,  40;  Maine-et-Loire,  667;  Manche,  48;  Mayenne,  60  ;  Nièvre,  85;  Puy-de- 
Dôme,  537;  Haute-Saône,  32;  Saône-et-Loire,  220;  Sarthe,  978;  Seine,  41;  Seine-lnl'érieure,  42;  ' 
Vauclu-e,  33  ;  Vendée,  680;  Vienne,  249;  Yonne,  72. 

Les  ventes  ont  été  difficiles  pour  toutes  les  catégories  d'animaux.  Les  prix  sont 
faibles,  et  il  y  a  un  peu  de  Laisse,  sauf  sur  le  prix  des  veaux.  —  Sur  les  marchés 
des  départements,  on  cote  ;  Rouen,  bœuf,  1  fr.  60  à  1  fr.  85  par  kilog.  de  viande 
nette  sur  pied;   vache,  1   fr.  50  à   1  fr.  80;  veau,   1  fr.  40  à    1    fr.  75;    mouton 
1  fr.  80  à  2  fr.  10;  porc,  1  fr.  10  à  1  fr.  35  ;   —  Nancy,  bœuf,  80  à  91    fr.  par 
100  kiiog.  bruts;  vache,   65  à  88  fr.  ;  veau,  80  à  104  fr.  ;  mouton,  90  à  100  fr. 
porc,  132  à  136  fr.  ■,  —  Ncvers,  bœuf,  1  fr.  60  à  1  fr.  80  ;  vache,  1  fr.  40  à  1  fr.  60 
veau,  2  fr.  ;  mouton,  2  fr.  ;  porc,  1  l'r.  60  ;  —  Nice,  bœuf,   1  fr.    60  à   1  fr.  70 
vache,  1  fr.  35  à  1  fr.  40;  veau,  1  fr.  60  à  1  fr.  65;   mouton,    1  fr.  50  à  1  fr.   55 
brebis,  1  fr.  40  à  1  fr.  45;  chèvre,  1  fr.  15  à  1  fr.  20;  agneaux,  1  fr.  45  à  1  fr.  50 
—  Genève,  bœuf,  1  fr.  60  à' l  fr.  70;  vache,  1  fr.  2-0  à  1  fr.   50;  mouton,  1  fr.  70 
à  1  fr.   80;  veau  (poids  vif),  0  fr.  90   à    1  fr.  ;  porc,  0  fr.  90  à  1  fr.  05.  —  Sur 
la  plupait  des  marchés,  les  ventes  accusent  beaucoup  de  calme. 

Viande  à  la  criée.  —  II  a  été  vendu  à  la  halle  de  Paris  du  1"  au  7  septembre  : 

Prix  du  kilog.  le  8  septembre. 

kilog.  1'"  quai.  2"  quai.  3*  quai.  Choix.     Basse  3o'.;cherie. 

Bœufou  vache...   130,355  1.5Sàl.94     1.34  à'.., 54    0.96  à  1.32  1.50  à  2.60  0.20  à  1.26 

Veau 1.38,133  1.76       1.94     1.54       1.74     1.36       1..52  ...»  » 

Mouton 63,238  1.46       1.84     1.24       1.44    0.86       1.22  1.56       3.00     .. 

Porc 36,273  Porc  frais 1.24  à  1.56. 

368,009  Soitparjour 52,573  kilog. 

Les  ventes  ont  été  inférieures  de  2,400  kilog.  par  jour  à  celles  de  la  semaine 
précédente.  Il  y  a  de  la  hausse  pour  toutes  les  catégories  de  viande. 

XI.  —  Résumé. 
Peu  d'affaires  sur  la  plupart  des  marchés;  prix  stationnaires,  à  l'exception  des 
blés  sur  lesquels  il  y  a  toujours  de  la  baisse.  A.  Rémy. 

BULLETIN  FINANCIER 

Les  affaires  sont  toujours  très  calmes.  Peu  de  variations  dans  les  cours.  Les 
cours  d'Etat  français  se  payent  :  3  pour  100,  78  fr.  85;  —  3  pour  100  amortis- 
sable, 80  fr.  25  ;  —  4  et  demi  pour  100  nouveau,  108  fr.  40. 

Les  actions  des  établissements  de  crédit  valent  :  Banque  de  France,  5,085  fr.'. 
Banque  de  Paris  et  des  Pays-Bas,  770  fr.  ;  Comptoir  d'escompte,  960  fr.; 
Crédit  foncier  agricole  d'Algérie,  495  fr.;  Crédit  foncier  1,312  fr.  50;  Banque 
d'escompte  de  Paris,  520  fr.  ;  Crédit  lyonnais,  560  fr..  Compagnie  foncière  de 
France  430  fr.;  Crédit  mobilier,  317  fr.  50;  Société  des  dépôts  et  comptes 
courants,  630  fr.;  Société  générale,  460  fr.  ;  Banque  parisienne,  380  fr.;  Banque 
franco-égyptienne,  565  fr. 

On  cote  les  actions  des  Compagnies  de  chemins  de  fer  :  Est,  783fr.  75;  Paris- 
Lyon-Méditerranée,  1,243  fr.  75;  Alidi,  1,170  fr.;  Nord,  1,672  fr.  50  ;  Orléans, 
1,327  fr.  50;  Ouest,  837  fr.  50. 

Les  actions  du  canal  maritime  de  Suez  valent  1,937  fr.  50;  celles  du  canal  de 
Panama,  491  fr.  25. 

Escomptée  la  Banque  de  France,  3  pour  100  ;  intérêt  des  avances,  4  pour  100. 

E.  Féron. 
Le  Gérant  :  A.  Bouché. 


Jean-Augustin     BARRAL 

NF    A   METZ.    LE  oO  JANVIER    l'-ilO 
DÉCÉDÉ     A    FON'TENAY-SOUS-nOIS,    LE      10      SEI'TEMBRE      Iii84. 


(D'après  une  photographie  expruléo  on  1878.) 


N"  806.  —  Tome  III  de  188i.  —  20  Septembre. 


OBSÈQUES  DE  M-  J-A-  BARRiL 

Les  funérailles  de  M.  i.-k.  Barra,!  ont  eu  lieu  le  samedi  13  sep- 
tembre, à  midi. 

Dans  la  matinée,  le  cercueil  a  été  ramené  de  Fonteaay-sous-Bois  à 
Paris,  par  M.  Henry  Saguier,  accorapagaé  de  M.M,  Maurice  et 
Paul  Joleaud-Barral,  petits-fils  de  notre  directeur. 

Le  cerceuil  disparaissait  sous  les  couronnes  et  les  bouquets.  Parmi 
ces  couronnes,  nous  devons  signaler  celles  offertes  par  le  Journal  de 
ra(/nc«/^u/e,  parles  Lorrains  de  Paris,  par  la  Société  d'encouragement 
à  l'agriculture  et  par  des  Sociétés  agricoles  de  plusieurs  départements. 
■  Les  honneurs  militaires  étaient  rendus  au  commandeur  de  la  Léçfion 
d'honneur  par  un  bataillon  du  1  13"  régiment  d'infanterie,  sous  les  ordres 
de  son  colonel,  avec  le  drapeau  et  la  musique  du  régiment. 

Une  très  grande  aflluence  de  notabilités  scientifiques  et  agricoles, 
avait  tenu  à  venir  rendre  les  derniers  devoirs  à  3L  Barrai  ;  nous  les  en 
remercions. 

Au  premier  rang  figuraient  M>L  Méline,  ministre  de  l'agriculture; 
Tisserand,  conseiller  d'Etat,  directeur  de  l'agriculture;  un  grand  nombre 
de  membres  de  l'Institut  et  de  la  Société  nationale  d'agriculture,  des 
agriculteurs  accourus  des  départements  voisins  de  Paris.  Une  grande 
émotion  se  reflétait  sur  tous  les  visages. 

Après  les  prières  récitées  à  la  maison  mortuaire,  par  M.  le  pasteur 
Bridel,  le  convoi  s'est  mis  en  marche  vers  le  cimetière  ^Montparnasse. 

Le  char  funèbre  était  précédé  d'une  voiture  dans  laquelle  sont 
montées,  avec  le  pasteur,  madame  Barrai,  madame  Joleaud-Barral  et 
sa  fille  Madeleine.  La  douleur  de  ces  trois  dames  était  poignante  à  voir. 

Les  cordons  du  poêle  étaient  tenus  par  MM.  H.  Bouley,  vice-prési- 
dent de  l'Académie  des  sciences,  inspecteur  général  des  écoles  vétéri- 
naires; Louis  Passy,  député,  vice-secrétaire  de  la  Société  nationale 
d'agriculture;  Adolphe  Dailly,  agriculteur  à  Trappes  (Seine-et-Oise), 
membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture  ;  Henry  Dutasta,  maire 
de  Toulon. 

Le  deuil  était  conduit  par  MM.  Georges,  Jacques  et  Léon  Barrai,  ses 
fils,  et  MM.  Maurice  et  Paul  Joleaud-Barral,  ses  petits-fils. 

Au  cimetière,  après  la  cérémonie  religieuse,  quatre  discours  ont  été 
prononcés  :  par  M.  Louis  Passy,  au  nom  de  la  Société  nationale  d'agri- 
culture; —  par  M.  Henry  Sagnier,  au  nom  du  Journal  de  l'agriculture; 
— par  M.  Dutasta,  au  nom  des  amis  personnels  de  M.  Barrai;  — par 
M.  Caubert,  au  nom  de  la  Société  centrale  d'agriculture  de  la  Seine- 
Inférieure. 


L  —  Discours  de  M.  Louis  Passy,  au  nom  de  la  Société  nationale 

d'agriculture. 

Après  le  discours  éloquent  du  pasteur  que  vous  venez  d'entendre, 
permettez-moi,  au  nom  de  la  Société  nationale  d'agriculture  et  de 
notre  ilinstre  président  M.  Chevreul,  d'adresser  à  celui  qui  n'est  plus 
quelques  paroles  d'adieux  et  de  remerciements. 

Il  est  impossible  de  ne  pas  ressentir  une  vive  émotion  au  moment 
suprême  où  nous  allons  pour  toujours  nous  séparer  de  notre  cher  et 


444  OBSÈQUES  DE    M.  J.-A.  BARRAL. 

infatigable  confrère,  M.  Barrai.  Nous  l'avons  vu  depuis  des  mois  s'épui- 
ser dans  des  efforts  surhumains  pour  surmonter  les  souffrances  d'une 
impitoyable  maladie.  En  vain,  nous  lui  disions  de  se  soigner,  de  se 
reposer,  de  résister  à  son  propre  courage.  Il  marchait  toujours,  par- 
lait toujours,  écrivait  toujours.  Il  était  mourant  quand  il  partit  ces 
jours  derniers  pour  l'exposition  d'Amsterdam  el  il  n'en  est  revenu 
que  pour  rendre  le  dernier  soupir.  Le  spectacle  de  cette  volonté,  qui 
s'acliarne  contre  le  péril  et  ne  céda  que  devant  la  mort,  a  quelque 
chose  d'imposant  qui  attire  le  respect.  On  dirair  un  blessé  qui  se  fait 
porter  sur  le  champ  de  bataille  pour  mourir  d'une  balle  ennemie.  II 
est  mort  sur  la  brèche.  11  est  mort  debout. 

Barrai  était  un  lutteur.  Il  avait  dans  lesprit  toutes  les  qualités  d'un 
savant,  mais  dans  le  tempérament  il  avait  toutes  les  ardeurs  d  un 
homme  d'action.  Il  n'était  pas  de  ces  intelligences  profondes  qui 
s'absorbent  dans  l'étude  spéciale  d'un  ordre  de  faits  et  qui,  com- 
mençant par  régner  sur  eux-mêmes,  finissent  par  régner  dans  la 
science.  Il  était  de  ces  esprits  admirablement  doués  et  perpétuellement 
ouverts  dans  lesquels  s'introduisent  les  travaux  des  autres,  pour  en 
sortir  au  profit  de  tous  avei;  une  clarté  nouvelbi  et  un  charme  qui  les 
fait  valoir.  Aussi,  le  vit-on  d'abord  s'adonner  à  des  travaux  de  phy- 
sique et  de  chimie  qui  relevaient  de  k  science  pure.  Ses  études  sur  la 
composition  des  eaux  de  pluie  aux  différentes  époques  de  Tannée  lui 
avaient  acquis  une  notoriété  bien  méritée.  Quand  il  compléta  avec  son 
ami  Bixio  ses  observations  sur  les  variations  atmosphériques,  dans 
une  ascension  célèbre,  le  public  accueillit  cet  acte  de  courage  avec  une 
vive  sympathie. 

Il  fallait  qu'il  fût  entré  dans  l'estime  des  savants  et  des  plus  illus- 
tres savants,  puisqu'il  devint  l'exécuteur  testamentaire  de  François 
Arago,  dont  il  publia  les  œuvres  complètes.  Mais  peu  à  peu  l'avidité 
de  savoir  s'unit  'jhez  lui  à  l'ardeur  d'agir  et  on  le  vit  s'eno;a2;er  dans 
des  voies  où  son  talent  d'écrivain  el  sa  capacité  de  travail  devaient 
lui  assurer  de  rapides  succès. 

C'est  ainsi  qu'avec  Bixio  il  dirigea  le  Journal  d'agriculture  pratique, 
qui  le  conduisit  à  publier  tant  d'ouvrages  excellents  dans  lesquels  il 
vulgarisa  la  science  agricole  et  fit  faire  de  réels  progrès  à  l'agriculture. 
L'agriculture  fut,  en  effet,  la  pensée  maîtresse,  ou  plutôt  la  passion 
de  sa  vie.  Dans  ce  cadre,  il  trouvait  groupés  tous  les  problèmes  de  la 
nature  et  de  la  société,  et  son  ardeur  naturelle  pouvait  s'exercer  sur 
les  sujets  les  plu^;  divers  sans  jamais  se  fatiguer  ou  s'épuiser. 

Les  services  qu'il  a  rendus  sont  incontestables.  On  consultera 
toujours  avec  fruit  les  articles,  discours,  rapports,  mémoires, 
éloges,  qu'il  publia  dans  leJuurual  de  l'agriculture  ou  dans  le  Recueil 
de  notre  Société.  Le  gouvernement  l'honorait  de  sa  confiance.  Toujours 
en  mouvement,  toujours  en  mission,  toujours  prêta  la  peine  et  au  tra- 
vail, il  parcourait  s:ins  cesse  la  France,  inspectant  des  concours,  diri- 
geant les  enquêtes,  faisant  des  rapports,  et  il  tenait  la  presse,  le  gou- 
vernement et  notre  Société  au  courant  de  tous  les  changements  que  le 
cours  du  temps  amène  dans  les  conditions  de  la  culture  et  des  cultiva- 
teurs. 

La  Société  nationale  d'agriculture,  en  lui  confiant  le  poste  éminent 
de  secrétaire  perpétuel,  couronna  ses  efforts.  Il  répondit  à  ce  témoi- 
gnage de  confiance  par  un  dévouement  absolu. 


OBSEQUES    DE  M.   J.-A.    BABKAL.  445 

On  sait  la  part  considérable  qu'il  prit  à  la  réorganisation  de  notre 
Compagnie  et  à  son  installation  dans  liiôtel  que  nous  a  généreusement 
légué  i\l.  de  Béhague;  mais  ce  qui  mérite  particulièrement  notre 
reconnaissance,  c'est  qu'il  lutta  énergiquement  pour  maintenir  au  pre- 
mier rang  des  institutions  savantes  la  plus  ancienne  et,  oserai-je  dire, 
la  plus  célèbre  des  Sociétés  d'agriculture. 

La  science  ne  pouvait  pas  confisquer  un  homme  d'une  pareille 
ardeur,  et  la  politique  devait  tenter  son  ambition.  Il  était  membre  du 
Conseil  général  de  la  Moselle,  quand  de  cruels  événements  vinrent 
arrêter  sa  carrière  politique  en  surexcitant  son  patriotisme. 

Il  y  a  quelques  semaines,  le  visage  livide  et  la  voix  affaiblie,  il  se 
levait  comme  par  un  dernier  effort  et  il  prononçait  l'éloge  de  notre 
regretté  confrère  Delesse.  Avec  quelle  émotion  il  nous  parlait  de 
l'année  terrible  et  de  la  patrie  perdue!  On  sentait  que  son  cœur  était 
déchiré  et  qu'il  parlait  de  Delesse  comme  il  eût  aimé  qu'on  parlât  de 
lui-même.  Aussi  en  vous  annonçant  à  tous  la  triste  cérémonie  qui 
nous  rassemble,  son  billet  de  faire  part  rappelle  cette  phrase  que  je 
me  plais  à  répéter  parce  qu'elle  est  de  lui  et  qu'elle  s'applique  bien 
à  lui  : 

«  Son  cœur  était  lorrain,  c'est-à-dire  essentiellement  patriotique, 
car  nulle  part  le  patriotisme  n'est  aussi  grand,  aussi  profond,  aussi 
pur  qu'en  Lorraine,  en  Alsace  et  dans  notre  pays  messin.  Au  moment 
de  s'en  aller  vers  Dieu,  son  âme  eût  voulu  pouvoir  sonder  l'avenir  et 
deviner  le  jour  oii  notre  terre  natale  redeviendra  libre  et  rejettera  bien 
loin  l'étranger  qui  pèse  sur  elle  sans  pitié.  » 

Séparons-nous,  messieurs,  sur  ces  paroles.  Le  silence  est  l'expression 
la  plus  noble  de  toutes  les  douleurs. 

IL  —  Discours  de  M.  Henry  Sagnier,  au  nom  du  Journal  de  l'agriculture. 

Messieurs. 

Au  nom  du  Journal  de  l'agricullure,  de  ses  rédacteurs,  de  ses  admi- 
nistrateurs, je  viens  dire  un  dernier  adieu  à  celui  qui  fut  pour  nous 
tous  un  guide,  un  ami,  et,  pour  celui  qui  parle  ici,  un  véritable  père. 

Associé  à  sa  vie  depuis  plus  de  qumze  ans,  son  collaborateur  de 
chaque  jour  pendant  cette  longue  période,  j'ai  le  droit  de  dire  que  nul 
ne  l'a  mieux  connu,  et  que,  en  dehors  de  sa  famille,  nul  ne  l'a  davan- 
tage aimé. 

Les  qualités  de  l'esprit,  les  qualités  du  cœur,  il  les  possédait  au  plus 
haut  degré  ;  il  les  a  prodiguées  dans  une  carrière,  hélas  !  trop  courte. 
Lutteur  infatigable,  il  a  dépensé  pendant  près  d'un  demi-siècle  la  plus 
prodigieuse  activité  au  service  de  la  science  et  de  l'agriculture. 

Né  à  Metz  en  1819,  fils  d'un  ancien  officier  de  la  Grande- Armée, 
Jean-Augustin  Barrai  suça  avec  le  lait  maternel  le  patriotisme  le  plus 
ardent;  dans  toutes  les  phases  de  son  existence,  ce  sentiment  profond 
l'a  toujours  guidé,  et  la  cruelle  séparation  de  la  terre  natale  fut  une 
des  plus  amères  douleurs  des  dernières  années  de  sa  vie. 

Elèvebrillant  de  l'Ecole  polytechnique,  il  débuta  dans  l'administra- 
tion des  tabacs;  dès  ce  premier  pas  dans  la  vie  scientifique,  il  se  dis- 
tingua par  des  recherches  importantes  sur  la  nicotine.  Il  fréquenta 
successivement  les  laboratoires  d'Alexandre  Brongniart,  de  Gay-Lus- 
sac;  puis,  en  même  temps  qu'il  rentrait  à  l'Ecole  polytechnique  comme 


446  OBSEQUES  DE  M.    J.-A.  BARRAL. 

répétiteur  de  chimie,  il  devenait  le  secrétaire  de  François  Arago,  dont 
il  devait  plus  tard  publier  les  œuvres  coinplètes.  Sa  carrière  dans 
l'enseignement  officiel  ayant  été  brisée  arbitrairement,  il  se  consacra  à 
l'enseignement  libre  ;  à  Chaptal,  à  Sainte-Barbe,  des  générations 
d'élèves  ont  connu  sa  parole  toujours  claire,  toujours  précise. 

Vers  1S50,  Alexandre  Bixio,  qui  avait  pour  lui  une  grande  amitié, 
l'appela  à  la  direction  du  Journal  d'agriculture  pratique.  Dès  lors,  sa 
Yoie  était  trouvée;  c'est  à  l'agronomie,  à  l'application  des  sciences  à  la 
production  des  champs,  qu'il  devait  vouer  son  existence,  ses  forces 
tout  entières  ;  c'est  surtout  de  ce  côté  qu'il  devait  trouver  la  légitime  et 
grande  autorité  qu'il  a  rapidement  conquise.  II  en  conserva  toujours 
une  vive  reconnaissance  à  Alexandre  Bixio.  Les  deux  amis  reposent 
aujourd'hui  presque  côte  à  côte.  Réunis  deux  fois  pour  explorer  les 
hautes  régions  de  l'atmosphère,  ils  sont  de  nouveau  rapprochés  dans 
leur  dernier  sommeil. 

Dès  ses  débuts,  Barrai  conquit  la  première  place  dans  la  presse  agri- 
cole, et  je  puis  dire  qu'il  l'a  toujours  conservée.  En  1866,  il  fonda  le 
Journal  de  l'agriculture.  Il  avait  alors  toute  la  maturité  de  son  talent, 
et  il  continua  à  y  déployer  toutes  les  ressources  du  savant,  de  l'agro- 
nome, de  l'économiste,  embrassant  avec  l'esprit  le  plus  vil  les  pro- 
blèmes qui  se  présentaient,  prompt  dans  la  solution,  n'hésitant  jamais 
dans  l'application.  Et  lorsqu'on  lui  demandait  où  il  avait  puisé  cette 
sûreté  de  jugement,  pour  ainsi  dire  infaillible  :  C'est  bien  simple, 
répondait-il,  j'ai  habitué  mou  esprit  à  envisager  toutes  les  questions 
qui  se  présentent,  sous  le  rapport  des  intérêts  seuls   de    l'agriculture. 

Au  milieu  des  veilles  incessantes  de  cette  vie  fiévreuse  du  journaliste 
pour  lequel  le  labeur  revient  chaque  jour,  toujours  pressant,  sans  qu'il 
puisse  jamais  s'arrêter.  Barrai  a  trouvé  encore  le  temps  de  se  livrer  à 
des  recherches  multipliées,  de  mettre  au  jour  des  ouvrages  magistraux 
dont  quelques-uns  sont  de  véritables  monuments  de  science  et  d'expé- 
rience. 

Ses  principaux  travaux  personnels  ont  porté  sur  le  rôle  de  l'eau  dans 
la  production  agricole.  Ce  sont  d'abord  ses  Recherches  sur  la  composition 
des  eaux  pluviales,  recherches  dont  les  résultats  sont  devenus  classiques  ; 
ensuite  viennent  ses  études  sur  le  drainage  et  les  irrigations;  plus 
tard,  nous  arrivons  à  ses  grands  rapports  sur  les  irrigations  en  Pro- 
vence, rapporls  que  tons  les  ingénieurs  ont  accueillis  avec  enthou- 
siasme et  qu'ils  rechercheront  toujours.  Ces  travaux  n'étaient  pas  ache- 
vés :  un  autre  rapport,  sur  les  irrigations  du  Limousin,  est  actuelle- 
meat  en  cours  d'impression.  Barrai  en  corrigeaitles  dernières  épreuves 
sur  son  lit  de  mort;  il  en  désirait  ardemment  la  publication,  dont  hé- 
las !  il  ne  sera  pas  le  témoin. 

Vous  citerai-je  ses  autres  travaux?  Les  titres  de  ses  ouvrages  sont 
présents  à  l'esprit  de  tous  les  savants,  de  tous  les  agriculteurs.  La 
Statique  chimique  des  animaux,  le  grand  Atlas  du  Cosmos  d' Alexandre 
de  Humboldt,  la  Presse  scientifique  des  Deux-Mondes,  le  Bon  Fermier,  des 
Monographies  des  fermes  du  nord  delà  France,  de  la  grande  exploita- 
tion de  Daœpierre,  des  ouvrages  d'enseignement  agricole,  même  élé- 
mentaire, une  importante  étude  sur  le  phylloxéra,  la  publication  des  œu- 
vres de  François  Arago,  celle  du  sixième  volume  du  Cours  d' agriculture 
du  comte  de  Gasparin,  et  puis  des  conférences  sans  nombre,  des 
rapports    sans  cesse  renouvelés  sur   des   problèmes  de  chimie,  sur 


OBSÈQUKS  DE  M-  J.-A.  BARRAL.  447 

des  expositions,  sur  des  inventions  et   des  découvertes,  voilà,  mes- 
sieurs, ce  qui  n'a  pas  encore  suffi  pour  remplir  la  vie  de  Barrai. 

J'ai  nommé  le  comte  de  Gasparin;  l'illustre  ao;ronome  avait,  comme 
notre  grand  et  vénéré  Chevreul,  prévu  l'avenir  de  Barrai  et  il  avait 
encouragé  ses  travaux.  Puisque  je  parle  au  nom  du  Journal  de  l'agri- 
culture, je  dois  remercier  ici  la  famille  tout  entière  des  Gasparin 
du  concours  qu'elle  n'a  jamais  cessé  de  donner  à  celui  que  nous 
pleurons,  de  l'inaltérable  amitié  qu'elle  lui  a  toujours  témoignée. 

Avec  une  telle  activité,  Barrai  devait  rapidement  conquérir  un  rang 
élevé.  Jeune  encore,  il  entra  à  la  Société  nationale  d'agriculture;  il  fut 
appelé  dans  tous  les  concours,  dans  toutes  les  grandes  assemblées, 
dans  toutes  ^les  ^commissions  où  s'agitent  les  problèmes  de  la  pro- 
duction agricole.  Toujours  prêt,  toujours  alerte,  parcourant  la  France 
dans  tous  les  sens,  aujourd'hui  au  nord,  demain  au  raidi,  à  l'est  ou  à 
l'ouest,  traversant  les  frontières  sans  s'arrêter,  revenant  aujourd'hui, 
repartant  demain,  domptant  la  fatigue  avec  une  énergie  surhumaine, 
usant  ses  forces,  se  retrempant  ensuite  dans  le  travail,  tel  vous 
l'avez  tous  connu,  messieurs,  toujours  victime  du  devoir,  je  devrais 
dire  martyr  du  devoir,  car  il  en  est  mort. 

Lorsque,  en  1871,  il  succéda  à  Payen  en  qualité  de  secrétaire  per- 
pétuel de  la  Société  nationale  d'agriculture,  un  nouvel  aliment  fut 
donné  à  son  activité.  Ce  qu'il  y  fut,  je  n'ai  pas  à  vous  le  rappeler; 
mais  vous  me  permettrez  de  constater  qu'il  a  apporté  une  infatigable 
passion  à  maintenir,  à  accroître  le  prestige  et  l'autorité  de  votre  grande 
Compagnie. 

Est-ce  tout,  messieurs?  Il  y  a  quelques  années,  Ba.rral  conçut  une 
idée  audacieuse.  Désormais  sûr  de  lui-même,  ayant  acquis  des  trésors 
de  science  et  d'observation,  certain,  avec  un  légitime  orgueil,  qu'il 
possédait  dans  sa  tète  une  véritable  encyclopédie  des  connaissances 
agricoles,  il  résolut  de  réaliser  cette  encyclopédie  sous  la  forme  d'un 
grand  dictionnaire  d'agriculture.  Pouvant  compter  encore  sur  de  nom- 
breuses années,  il  se  mit  résolument  à  l'oeuvre;  jusque  dans  les  der- 
niers mois  de  sa  vie,  il  s'y  consacra  avec  l'ardeur  qu'il  apportait  ;i 
toutes  ses  entreprises.  La  mort  impitoyable  a  seule  pu  rariêler;  son 
œuvre  reste  inachevée. 

Après  celte  esquisse  rapide  de  la  vie  du  savant,  de  l'écrivain,  je  dois 
vous  dire 'quelques  mots  de  l'iiomme. 

Homme  public,  il  fut  constamment  fidèle  aux  principes  libéraux;  ii 
lutta  toujours  pour  la  cause  de  la  liberté;  il  avait  une  foi  inébranlablr 
dans  l'avenir  de  la  démocratie. 

Homme  privé,  il  était  bon,  affable,  aimant.  Mais,  parmi  les  rares  el 
éminentes  qualités  de  Barrai,  il  en  est  une  sur  laquelle  je  dois  et  je 
veux  spécialement  insister,  parce  que  personne  n'a  pu  la  mesurer 
autant  que  moi.  Je  veux  parler  de  sa  passion  du  dévouement,  passion 
qu'il  a  poussée  jusqu'à  l'héroïsme.  Avez-vous  jamais  rencontré  quel- 
qu'un qui  soit  venu  frapper  à  sa  porte,  et  qu'il  ait  repoussé/ Avez-vous 
jamais  vu  un  agriculteur,  un  chercheur,  un  travailleur,  quel  qu'il  soit, 
qui  lui  ait  demandé  un  avis,  un  conseil,  et  qu'il  ait  rebuté?  Les  fruits 
de  son  travail,  de  sa  science,  de  sa  longue  expérience,  il  les  prodiguait 
pour  tous  ;  il  n'a  jamais  compté  avec  personne.  Lorsqu'il  s'agissait  de- 
siens,  ce  dévouement  devenait  la  plus  complète  des  abnégations.  Vous 
le  savez  bien,  Madame,  qui  pleurez  sur  cette  tombe,  et  qui   l'avez  vu 


448  OBSÈQUES   DE  M.  J.-A    BAHRAL. 

à  l'œuvre  depuis  qu'un  double  mariage  a  uni,  il  y  a  près  de  vingt  ans, 
votre  famille  à  la  sienne.  Puissent  les  regrets  qu'il  laisse  être  pour 
vous  la  consolation  suprême. 

Sa  mort  laisse  un  vide  profond  dans  nos  rangs.  On  pourra  succéder 
à  Barrai,  mais  on  ne  le  remplacera  pas.  Le  devoir  de  ceux  qui  viendront 
après  lui  sera  de  s'inspirer  de  son  esprit,  de  son  amour  du  travail,  de 
son  inaltérable  attachement  à  l'agriculture.  Qu'ils  ne  cherchent  pas  à 
le  faire  oublier,  il  est  des  sillons  sur  lesquels  les  années  passent  sans 
les  aplanir.  Notre  ambition,  et  elle  est  grande,  c'est  de  continuer  son 
sillon,  sinon  à  la  même  profondeur,  au  moins  avec  la  même  ardeur 
et  une  persévérance  égale. 

Adieu,  maître  aimé,  maître  vénéré,  ta  grande  ombre  planera  sur 
nous  pour  nous  guider. 

J'ai  un  dernier  devoir  à  remplir. 

Lorsque  la  plus  cruelle  des  maladies  terrassa  ce  lutteur  jusque-là 
indompté,  vous  êtes  accourue,  Madame,  et  vous  avez  revendiqué 
l'honneur  de  soigner  votre  père.  Vous  vouliez  à  tout  prix  le  ravir  à  la 
mort.  Tâche,  hélas  !  impossible  à  réaliser.  Mais,  dans  l'immense  dou- 
leur qui  vous  frappe,  vous  avez  une  consolation  :  vous  avez  prolongé 
sa  vie,  vous  avez  adouci  ses  derniers  jours.  Nous  vous  avons  vue 
accomplir  ce  miracle,  de  passer  cinq  longs  mois,  sans  une  interruption 
d'une  heure,  au  chevet  de  votre  père;  nous  vous  avons  admirée  et  nous 
vous  disons  merci.  Tous  les  témoins  de  ce  spectacle  déchirant  vous 
garderont  une  profonde  reconnaissance  de  ce  que  vous  avez  fait  pour 
celui  qu'ils  aimaient  tant! 

III.  —  Discoui's  de  M.  Dutasta,  au  nom  des  amis  de  M.  BarraL 

Messieurs, 

Vous  venez  d'entendre  l'éloge  du  savant,  de  l'agronome,  de  l'homme 
public  ;  laissez-moi  vous  dire  un  mot  de  l'homme  privé. 

M.  Barrai  était  la  bonté,  la  bienveillance,  la  tendresse  même. 
Comme  on  le  disait,  il  y  a  un  instant,  il  ne  sut  jamais  rien  refuser  : 
son  expérience,  son  cœur,  sa  bourse  étaient  ouverts  à  tous. 

Cette  bienveillance  universelle,  il  la  concentrait  sur  ses  fils,  sur  sa 
fille,  sur  ses  pelits-anfants;  et  comme  si  sa  famille  eût  encore  été, 
pour  son  cœur,  trop  étroite,  il  l'élargissait,  pour  ainsi  dire,  en  nous 
l'ouvrant  toute  grande,  à  nous,  jeunes  gens  qu'il  instruisait  et  formait, 
sous  son  toit,  de  ses  conseils  et  de  son  exemple. 

Le  trait  essentiel  de  ce  caractère,  c'était  la  volonté,  l'énergie,  la  per- 
sévérance; et  cette  persévérance,  il  l'apportait  partout  :  dans  ses  tra- 
vaux, dans  ses  affections,  dans  ses  opinions  philosophiques.  Sa  fière 
et  libre  pensée  limita  toujours  la  connaissance  humaine  au  domaine 
de  l'expérience  et  n'admit  au  rang  des  vérités  que  les  vérités  démon- 
trées. Au  delà  il  n'entrevit  jamais  qu'un  inconnu  vide  et  sombre, 
vaguement  éclairé  peut-être,  à  l'une  de  ses  dernières  heures,  d'un 
fugitif  rayon  d'espoir. 

Tellefut  safoi  philosophique,  et  j'en  puis  témoigner,  moi,  qui  le  con- 
naissais depuis  vingt  ans  et  qui  reçus  si  souvent  les  confidences 
non  seulement  de  son  cœur,  mais  de  son  esprit. 

Adieu,  ô  toi  le  plus  bienveillant  des  hommes,  le  plus  dévoué  des 
amis,  le  plus  tendre  des  pères,  le  plus  indépendant  des  penseurs! 


OBSÈQUES  DE  M.    l.-.l.  BA.RUAL.  449 

IV.  — Discours  de  M.  Caubert,  au  nom  de  la  Société  centrale  d'agriculture 

de  la  Seine-Inférieure. 

Messieurs, 
La  Société  centrale  d'a^riciilture  de  la  Seine-Iiiférieure  m'a  donné  la 
triste  mission  de  la  représenter  ici.  Le  mobile  qui  l'a  guidée  est  dou- 
ble :  rendre  un  dernier  hominage  à  un  de  nos  plus  illustres  agrono- 
mes, lui  donner  une  marque  spéciale  de  reconn:iissance,car  un  des  der- 
niers actes  de  sa  vie  publique  a  été  sa  présence  au  concours  régional 
de  Rouens  lorsque  déjà  la  maladie  avait  diminué  ses  forces. 

L'agriculture  Irançaise,  déjà  si  éprouvée  cette  année  par  la  mort  de 
M.  Dumas,  vient  encore  d'être  frappée  en  la  personne  de  M.  Barrai 
qui  laissera,  surtout  au  Conseil  supérieur  et  à  la  Société  nationale,  un 
vide  bien  difficile  à  combler. 

Partout,  à  Paris,  en  province,  et  même  à  l'étranger,  M.  Barrai  était 
universellement  aimé  et  apprécié  de  tous  ceux  qui  portent  un  réel 
intérêt  à  la  plus  importante  de  nos  industries,  à  celle  qui  occupe  plus 
delà  majorité  des  enfants  de  la  France  et  qui  traverse  depuis  quelques 
années  une  crise  fort  regrettable,  engeuirée,  en  grande  partie,  par  les 
transformations  incessantes  de  ce  siècle,  de  vapeur,  d'électricité,  qui 
déroute  parfois  même  les  vétérans  delà  science  agricole. 

Des  sommités  comme  les  Dumas,  les  Birral,  sont  des  phares  bien 
précieux  pour  traverser  sans  sombrer  d'aussi  redoutables  épreuves,  et 
l'on  pourrait  concevoir  des  craintes  lorsque  ces  illustres  pilotes 
viennent  à  manquer.  Mais  ce  serait  mal  honorer  nos  morts  que  de  pleu- 
rer silencieusement  sur  leur  cercueil.  M.  Barrai  ne  connaissait  pas  les 
défaillances,  et  il  avait  une  confiance  absolue  dans  la  vitalité  de  l'agri- 
culture française.  Je  crois  donc  être  le  fidèle  interprète  de  la  pensée 
de  l'excellent  ami  qui  vient  de  s'éteindre,  en  affirmant  ici  devant  ce 
cercueil  que  la  France  serait  ingrate  envers  la  Providence  comme 
envers  ceux  qui  la  dirigent,  si  elle  n'avait  pas  une  foi  entière  dans 
l'avenir  de  son  agriculture. 

J'ai  l'honneur,  au  nom  de  la  Société  centrale  d'agriculture  do  la 
Seine-Inférieure,  que  M.  Barrai  affectionnait  tout  particulièrement,  de 
dire  un  dernier  adieu  à  l'éminent  savant  que  la  France  vient  de 
perdre  et  de  rendre  un  suprême  hommage  à  sa  mémoire,  qui  vivra 
éternellement  au  milieu  de  toutes  les  personnes  dévouées  aux  progrès 
de  l'agriculture. 

TÉLÉGRAMME  DU  MINISTRE  DE  L'AGRICULTURE 

Le  ministre  de  r  agriculture  à  la  famille  Barrai,  Fontenay-sous-bois  [Seine). 

Le  Th.illot,  11  septembre  188i. 

Le  ministre  de  l'agriculture  exprime  à  la  famille  de  M.  Barrai  la  part 
bien  vivequ'ilprendau  malheur  qui  la  frappe.  L'agriculture  française 
perd  un  de  ses  plus  éuiinents  et  de  ses  plus  utiles  défenseurs,  et  le 
ministre  de  l'agriculture  un  de  ses  meilleurs  collaborateurs. 

J-A.  BARRAL 

Une  grande  lumière  vient  de  s'éteindre.  Le  plus  grand  agronome 
que  la  Fx'ance  ait  possédé  depuis  la   mort  du    comte    de     Gasparin, 


450  M.    J.-A.    BARRAL. 

J.-A.  Barrai,    vient  de  disparaître  de  ce  monde  de  l'agriculture  oîi  il 
exerçait  une  royauté  incontestable,  sinon  incontestée. 

Eu  effet,  pour  prétendre  à  ce  sceptre,  il  ne  suffît  pas  d'être  chimiste 
ou  physicien,  ou  économiste,  ou  naturaliste,  ou  zootechnicien,  ou  méca- 
nicien, ou  ingénieur,  ou  agriculteur  dans  le  sens  élevé  du  mot  ;  il  faut 
réunir  toutes  ces  connaissances,  et  les  posséder  assez  profondément 
pour  ne  laisser  échapper  aucun  des  liens  qui  les  rattachent  à  la  pro- 
duction agricole;  à  cet  ensemble  d'armes  scientifiques  il  iaut  joindre 
la  connaissance  exacte  de  toutes  les  régions  agricoles,  de  leurs  forces 
productives,  de  leurs  marchés  et  des  crises  qui  viennnent  akérer  leur 
condition  économique. 

Pour  atteindre  cet  idéal  de  l'agronome,  il  faut  une  puissance  d'in- 
telligence, une  puissance  de  travail  et  une  dépense  d'activité  qui  ne 
se  rencontrent  que  très  rarement  dans  un  seul  homme.  Aussi  l'agro- 
nomie, en  France  comme  dans  tous  les  pays,  est  représentée  par 
des  savants  qui  ont  abordé,  chacun  de  leur  côté,  les  problèmes  qui 
reliaient  les  sciences  mères  à  cette  science  technologique  qu'on  appelle 
l'agronomie.  Ces  savants,  dont  plusieurs  sont  de  véritables  maîtres, 
ont  rendu  d'immences  services  et  ont  contribué  puissamment  aux 
progrès  de  l'agriculture  contemporaine. 

La  mécanique  agricole,  l'emploi  des  engrais  complémentaires,  la 
lutte  contre  les  ennemis  des  produits  de  la  terre,  la  répartition  de  ces 
produits  entre  les  consommateurs,  ont  ainsi  réalisé,  grâce  aux  efforts 
réunis  des  savants  et  des  praticiens,  d'immenses  progrès. 

Il  n'en  reste  pas  moins  que  l'agronome  complet  est  celui  qui  a  réuni 
dans  son  cerveau  et  y  a  classé  toutes  ces  conquêtes,  et  a  su  commu- 
niquer au  public  cet  ensemble  qui  constitue  la  science  agronomique. 
J.-A.  Barrai  a  réalisé  ce  prodige,  et  celte  universalité  de  connaissan- 
ces a  presque  fait  oublier  ses  recherches  personnelles  si  nombreuses 
et  marquées  toutes  au  coin  du  véritable  esprit  scientiliiiue  et  de  l'in- 
tuition pratique. 

Les  lecteurs  dn  Journal  de  ragricuUure  ont  une  consolation.  M.  J.-A. 
Bari'al  laisse  un  continuateur  digne  de  lui  dans  la  pursoiine  de  M.  S,i- 
gnier,  qui  a  vécu  à  la  fois  de  sa  vie  et  de  son  travail,  qui  s'est  en 
quelque  sorte  incarné  dans  cette  lumineuse  intelligence. 

Quant  aux  amis  de  M.  Barrai,  quant  à  ceux  qui  ont  joui  de 
cette  inaltérable  amitié,  de  ce  dévouement,  qui  ont  profité  de  ces  clartés 
sans  nombre  sur  tous  les  sujets,  ils  sont  inconsolables. 

P.  DE  Gaspaeik, 

Membre  de  ta  Kociété  nationale  d'agnoulture  de  France, 
Correspondant  de  l'Insiitut. 

CHRONIQUE  AGRICOLE  (20  septembre  i884). 

Regret?  \inani mes  exprimés  à  l'occaHion  de  la  mort  île  M.  Barrai.  —  Remerciements  à  nos  amis. 
—  Derniers  travaux  de  M.  Barrai.  —  Rapport  sxti-  l'afrrictiiture  et  les  irrigations  dans  le  dépar- 
tement de  la  Haute-Vienne.  —  VAlmanach  de  l'auricuUure  pour  188ri.  —  Nouvelle  édition  de 
la  Lutte  contre  le  pli'iIJoxera.  —  Décorations  dans  l'ordre  du  Mérite  agricole.  —  Programme 
des  concours  généraux  agricoles  de  Paris  en  18S5.  —  Examens  d'admission  à  l'Ecole  pratique 
d'agriculture  du  Rhône.  —  Examens  d'admission  à  la  ferme-école  des  Trois-Croix.  —  Excuses 
à  nos  lecteurs. 

I.  —  La  moi't  de  M.  Barrai. 

'    La  nouvelle  de  la  mort   de  M.  Barrai  a  produit  partout  une  vive 
émotion.    Los  témoignages  nous  en  arrivent  chaijue  joui-  de  toutes  les 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (20  SEPTEMBRE  1884).  451 

parties  de  la  France  et  de  l'étranger.  L'accord  est  unanime  pour  répé- 
ter les  sentiments  exprimés  dans  le  télégramme  de  M.  le  ministre  de 
l'agriculture,  que  nous  avons  inséré  plus  haut.  On  nous  écrit  des 
châteaux  comme  des  plus  humbles  chaumières,  pour  nous  dire  la 
part  que  l'on  prend  à  notre  douleur;  des  amis  inconnus  trouvent 
les  termes  les  plus  chaleureux  et  les  plus  touchants  pour  exprimer 
leurs  sentiments  de  regrets.  Il  nous  est  impossible  de  répondre  indi- 
viduellement à  toutes  ces  marques  de  sympathie.  Au  nom  de  la  veuve 
de  M.  Barrai,  au  nom  de  sa  fille,  en  notre  nom  personnel,  nous  adres- 
sons à  tous  ces  amis  disséminés  de  toutes  parts,  les  remerciements  les 
plus  vifs.  Puisse  cette  unanimité  de  regrets  servir  à  calmer  la  dou- 
leur dont  nous  sommes  le  témoin.  Nous  remercions  aussi  nos  con- 
frères de  la  presse  qui,  tous,  ont  rendu  justice  à  notre  maître. 

IL  —  Derniers  travaux  de  M.  Barrai. 

Dans  les  dernières  semaines  du  mois  d'août,  M.  Barrai,  dont  les 
forces  faiblissaient  rapidement,  calmait  les  impatiences  d'un  repos 
prolongé,  en  corrigeant  les  dernières  épreuves  d  un  rapport  sur  l'agri- 
culture et  les  irrigations  du  département  de  la  Haute- Vienne.  Ce  rap- 
port, publié  par  le  ministère  de  l'agriculture,  a  été  écrit  à  la  suite  du 
dernier  concours  de  la  prime  d'honneur  et  de  deux  concours  spéciaux 
d'irrigation.  C'est  un  fort  volume  de  plus  de  800  pages  in-8",  rempli 
de  faits  et  d'observations;  nous  espéroas  qu'il  pourra  paraître  dans 
quelques  jours.  La  préface,  que  nous  reproduirons  ici,  peut  être  consi- 
dérée comme  le  testament  agricole  de  M.  Barrai. 

C'est  aussi  pendant  les  derniers  jours  du  mois  d'août  que  VAlma- 
nach  de  ragricuUure,  pour  1885,  a  été  mis  sous  presse;  il  vient  de 
paraître.  M.  Barrai  aimait  tout  spécialement,  parce  qu'il  s'adresse  aux 
petits,  ce  livre  modeste. 

Enfin,  le  lendemain  de  la  mort  de  M.  Barrai,  nous  avons  reçu  le 
premier  exemplaire  de  la  5"  édition  de  son  livre  sur  la  Lutte  contre  le 
phylloxéra.  Cette  nouvelle  édition  a  été  mise  au  courant  de  tous  les 
faits  nouveaux  qui  se  sont  produits  dans  les  derniers  mois. 

Ce  simple  exposé  justifie,  en  dehors  de  ce  que  nos  lecteurs  ont  vu 
par  eux-mêmes,  cette  affirmation  de  M.  Passy,  que  M.  Barrai  est 
mort  sur  la  brèche,  qu'il  est  mort  debout. 

IIL  —  Dècoralio'is  pour  servias  rendus  à  l'agriculture. 

Le  Journal  officiel  du  17  septembre  publie  la  liste  suivante  de  déco- 
rations dais  l'ordre  du  Mérite  agi-icole  conférées  par  M.  le  ministre  de 
l'agriculture  : 

M.  GÉRAiiD  [LoLiisl,  agriculteur -éleveijir  à  Trémignaa,  eomcauae  de  Gombour" 
(Ille-et-Vilaine)  président  duG)inLce  agricole  deGjinboiir^  depuis  Ik  aas  ;  a  coa- 
tribué  aux  progrès  de  l'agriculture  de  la  régioa  par  la  façon  doat  il  dirige  deux 
importantes  cultures  :  l'une  de  3  7  hectares,  l'antre  de-  300,  et  par  l'exploitation 
d'une  station  d'étalons;  a  rais  à  la  disposition  des  agriculteurs  des  reproducteurs 
de  premier  choix  de  races  bovine,  ovine  et  porcine.  18  premiers  prix,  31  seconds 
et  troisièmes  prix  dans  les  concours  et  comices,  médiille  d'or  et  médaille  spéciale 
décernées  par  la  Société  d'agriculture  d'Ills-ot-Vilaine  pour  ses  étalons.  Services 
exceptionnels. 

M.  Gaiuiassin-Lafite  (Léon),  propriétaire  à  Vavres  (Gironde),  vice-présiden 
du  Gomice  agricole  de  l'arroudissement  de  Libourae;  a  contribué  à  la  reconstitu- 
tion des  vignobles  par  la  culture  des  pknts  américains  et  lutté  contre  le  phyl- 
loxéra par  soa  e.'cemple  et  des  conférences  très  suivies  ;  j24  ans  de  services. 

M.  CrROLLiER   ^Léopoid;,  président  du  Gjmice  de  Durtal  (iMaine-ct-Loire)  ;  a 


452  CHRONIQUR  AGRIGOLK  (20  SEPTEMBRE  iBS't). 

vulgarisé  les  meilleurs  procédés  de  culture  et  d'élevage  dans  le  canton  et  a  obtenu 
de  nombreuses  récompenses  dans  les  concours  régionaux  et  expositions.  Services 
exceptionnels. 

M.  Chambon  (Jean-Martin),  vétérinaire  à  Ladon  (Loiret),  vice-président  de  la 
Société  des  vétérinaires  du  département,  secrétaire  de  la  Commission  du  phyl- 
lo.\era  et  vétérinaire  du  service  des  épizootios;  a  rendu,  dans  ce  dernier  poste, 
de  bons  services;  a  reçu,  en  outre,  une  médaille  du  ministère  de  l'agriculture  pour 
services  agricoles;  21  ans  de  services. 

Les  agriculteurs  dont  on  vient  de  lire  les  noms  sont  trop  connus 
pour  qu'il  soit  nécessairô  d'ajouter  quoi  que  ce  soit  à  l'éauméralion  de 
leurs  litres. 

IV.  —  Concours  généraux  agricoles  de  Paris  en  1885. 

Le  concours  général  annuel,  qui  se  tient  au  palais  de  l'Industrie, 
à  Paris,  aura  lieu,  en  1885,  du  2  au  I  1  février.  Le  programme  vient 
d'en  être  publié.  Ce  concours  comprendra  les  animaux  gras,  les  ani- 
maux reproducteurs,  les  volailles  vivantes  et  volailles  mortes,  les  pro- 
duits agricoles,  une  exposition  scolaire  et  une  exposition  d'instru- 
ments, de  machines  et  d'appareils  agricoles.  De  nouvelles  sections  ont 
été  ouvertes  pour  les  vins  d'Algérie,  pour  les  cidres  et  poirés,  pour  la 
pisciculture  et  l'ostréiculture;  un  concours  spécial  de  matériel  de  lai- 
terie y  sera  annexé.  Les  exposants  doivent  adresser  leurs  déclarations 
au  ministère  de  l'agriculture,  à  Paris,  avant  le  1"  janvier.  Nous  ana- 
lyserons le  programme  du  concours  dans  notre  prochain  numéro. 
V.  —  Ecole  pratique  d'agriculture  d'EcuUy, 

Les  examens  d'entrée  pour  l'Ecole  pratique  d'agriculture  du  Rhône, 
à  Ecully,  prés  Lyon,  auront  lieu,  au  siège  de  l'établissement,  le  lundi 
6  octobre  prochain.  En  raison  de  sa  proximité  de  Lyon,  cette  Ecole 
possède  un  corps  enseignant  d'élite  recruté  dans  les  meilleures  insti- 
tutions de  cette  ville.  Aussi  a-t-elle  tout  le  nécessaire  pour  former  des 
jeunes  ge  capables,  pouvant  se  spécialiser  en  agriculture  proprement 
dite,  viticulture  ou  horticulture. 

VI.  —  Ferme-école  des  Trais-Croix. 

Les  examens  d'admission  à  la  ferme-école  des  Troix-Croix,  près 
Renues,  auront  lieu  le  15  octobre  1884,  à  huit  heures  du  matin,  au 
siège  de  l'établissement.  Les  candidats  devront  adresser  au  préfet 
d'Ilie-et- Vilaine  :  leur  demande  d'admission  écrite  par  eux,  une  copie 
de  leur  acte  de  naissance,  un  certificat  constatant  qu'ils  ont  été  vacci- 
nés ou  qu'ils  ont  eu  la  petite  vérole. 

La  durée  des  études  est  de  deux  ans.  L'enseignement  est  complète- 
ment gratuit,  et  les  frais  d'entretien  du  trousseau  sont  supportés  par 
la  ferme-école.  Les  apprentis  qui,  après  avoir  accompli  régulièrement 
les  deux  années  d'apprentissage,  auront  subi  avec  succès  leur  examen 
de  sortie,  recevront,  lors  de  leur  sortie,  le  brevet  de  capacité  et  une 
prime  de  300  francs.  Le  brevet  de  capacité  donne  droit,  sans  autre 
épreuve,  aux  bénéfices  du  volontariat  militaire.  Quinze  places  sont 
vacantes.  Un  programme  détaillé  sera  adressé  à  toute  personne  qui 
en  fera  la  demande  à  M.  Hérissant,  directeur  de  la  ferme-école. 
VII.  —  Excuses  à  nos  lecteurs. 

Nous  prions  les  lecteurs  du  Journal  de T agriculture d' excuser  la  briè- 
veté de  cette  chronique  ;  ils  comprendront  facilement  les  causes  pour 
lesquelles  nous  ne  pouvons  pas  nous  étendre  davantage  aujourd'hui. 

Henry  S.\gnier. 


CULTUKK  DE  LA  BETTEKAVE  A  SUCKE.  453 

CULTURE  DE  LA  BETTERAVE  A  SUCRE 

EXEMPLE    DE  GOiMPROMiS 

I>e  nouveau  régime  des  sucres  aura  probablement,  entre  autres  consé- 
quences, la  généralisation  du  mode  de  vente  de  la  betterave  d  après 
sa  richesse  en  sucre;  aussi  les  fabricants  de  sucre  et  les  cultivateurs 
qui  jugent  utile  de  faire  des  conventions  réglant,  pour  uu  temps  déter- 
miné, les  conditions  d'achat  et  de  vente  de  la  betterave,  seront-ils 
obligés  de  signer  de  nouveaux  compromis. 

Plusieurs  modèles  de  marché  dans  lesquels  on  fait  intervenir  la 
qualité  pour  l'achat  de  la  betterave,  sont  actuellement  présentés 
comme  offrant  toute  sécurité  à  l'acheteur  et  au  vendeur;  mais,  la 
plupart  de  ces  compromis  n'ont  pas  encore  fait  leurs  preuves  et  il  est 
dilïicile  d'apprécier,  a  priori,  les  résultats  que  donneront  ces  traités. 

Dans  la  situation  actuelle  il  est  utile  de  recueillir,  à  titre  de  ren- 
seignements, les  compromis  qui,  partout  oîi  la  vente  de  la  betterave 
s'est  faite  d'après  sa  richesse  saccharine,  ont  donné  des  résultats 
satisfaisants  pour  le  cultivateur  et  pour  le  fabricant  de  sucre.  C'est  à 
ce  titre  qu'il  nous  paraît  intéressant  de  faire  connaître  un  compromis 
qui  n'a  jamais  donné  lieu  à  aucune  difliculté  entre  les  intéressés  et  qui 
a  eu  d'heureuses  conséquences  culturales.  Ce  compromis  fait  dans  l'un 
des  départements  de  la  région  du  nord  est  ainsi  rédigé  : 

Entre  les  soussignés  : 

Monsieur  A...,  fabricant  de  sucre,  demeurant  à  V...,  d'une  part,  et  mon- 
sieur J...,  demeurant  à  L...,  d'autre  part,  ont  été  faites  les  conventions  sui- 
vantes : 

M.  J...,  s'engage  à  ensemencer  en  betteraves  y  sucre,  pendant  une  période  de 
neuf  années  consécutives  qui  prendront  cours  le  premier  janvier  18. .,  la  quan- 
tité de  hectares  de  tyrre  au  minimum. 

Toutes  les  betteraves  produites  sur  le  nombre  d'hectares  ci-dessus  indiqué 
seront  payées  par  le  fabricant  d'après  leur  rendement  industriel  et  selon  le  cours 
des  sucres. 

Le  rendement  industriel  sera  constaté  de  la  manière  suivante  : 

Pour  les  betteraves  mises  en  silos  au  15  octobre  de  chaque  année  et  avant  la 
dé|)lantation  pour  celles  rendues  en  fabrique. 

Les  deux  parties  ou  leurs  représentants  se  rendront  sur  les  parcelles  ensemen- 
cées pour  y  prélever  des  échantillons  qui  ne  devront  dans  aucun  cas  être  pris  dans 
les  quatre  premières  lignes  formant  le  tour  de  la  pièce,  à  moins  que  la  qualité 
n'en  soit  pas  conforme. 

Le  nombre  des  pieds  à  soumettre  à  l'analyse  sera  environ  de  vingt  à  l'hectare; 
d'accord  avec  le  planteur  le  fabricant  désignera  avant  d'entrer  dans  la  pièce,  sur 
quel  point  du  champ  et  sur  quelles  lignes  il  désire  prendre  lesdits  échan- 
tillons. 

Une  fois  prélevés,  les  échantillons  seront  bien  lavés,  coupés  en  quatre  parties 
égales,  mis  en  sacs  plombés  ou  cachetés  et  confiés  à  deux  chimistes  ([ui  en  feront 
l'analyse  complète. 

Si  leurs  analyses  ne  concordent  pas  entre  elles  et  qu'elles  présentent  une  diffé- 
rence de  plus  de  cinquante  centièmes,  un  troisième  échantillon  devra  être  soumis 
à  un  troisième  chimiste  qui  en  fera  le  départage. 

Une  fois  le  rendement  industriel  connu,  le  prix  en  sera  payé  au  prorata  du 
cours  du  sucre  en  prenant  pour  base  la  moyenne  des  cours  prati(jués  à  la 
bourse  de  L...  en  sucres  dix-treizième  88  degrés,  depuis  le  15  octobre  jusqu'au 
15  janvier  de  chaque  année. 

En  prenant  pour  base  le  cours  de  60  francs,  la  betterave  ayant  un  rendement 
industriel  de  5  pour  100  sera  payée  16  francs  les  1,000  kilog.  Celle  de  6  pour  100 
sera  payée  ±1  francs  les  1,000  kilog.;  celle  de  7  pour  100,  28;  celle  de  8  pour  100, 
34;  celle  de  9  pour  100,  40. 


454  CaLTUUE  DE  LA  BETTERAVE  A  SOCRE. 

Les  prix  ci-dessus  sont  pour  la  betterave  rendue  à  l'usine. 

La  tare  des  betteraves  sera  i'aile  à  la  fabrique,  et  les  betteraves  devront  être 
coupées  à  vifs  collets 

Le  fabricant  s'engage  à  fournir  20  pour  100  de  pulpe  du  poids  de  la  betterave, 
au  prix  de         les  1,000  Vûog. 

Il  est  bien  entendu  que  quoique  le  rendement  industriel  ait  été  constaté  vers 
le  15  octobre  de  chaque  année,  le  cultivateur  n'en  devra  pas  moins  les  soins  ordi- 
naires à  la  bonne  conservation  de  la  betterave. 

Si,  par  la  suite,  le  fabricant  venait  à  monter  «oit  les  presses  continues  ou  la 
diffusion,  le  cultivateur  serait  obligé  de  prendre  la  pulpe  telle  quelle  et  le  prix  en 
serait  fixé  par  la  richesse  reconnue  par  l'analyse,  comparativemeùl  aux  pulpes 
des  presses  hydrauliques. 

Fait  double  et  de  bonne  foi  à  V...,  le  22  janvier  18 

Un  semblable  compromis  me  semble  beaucoup  plus  équitable  que 
la  plupart  des  modèles  pi'oposés  dans  lesquels  les  betteraves  sont 
vendues  à  un  prix  déterminé  à  l'avance,  croissant  avec  leur  richesse 
en  sucre  ou  avec  la  densité  de  leur  jus  qui,  comme  on  le  sait,  permet 
d'apprécier  approximativement  la  quantité  de  sucre  contenue  dans  ces 
racines.  Il  est  même  diflicile  de  concevoir  qu'un  compromis,  dans 
lequel  le  prix  des  betteraves  est  arrêté  d'avance,  puisse  donner  des 
résultats  avantageux,  soit  pour  le  cultivateur,  soit  pour  le  fabricant 
de  sucre.  Ce  qui,  en  général,  lègle  le  prix  de  la  matière  première,  c'est 
le  prix  de  vente  de  l'objet  fabriqué;  or,  la  valeur  du  sucre  est  variable, 
il  ne  dépend  pas  plus  du  fabricant  que  du  cidtivateur  de  faire  que  ce 
prix  soit  constant  dans  un  court  espace  de  temps,  à  plus  forte  raison 
ne  peut-on  prévoir  le  prix  du  sucre  dans  une  série  d'années,  et  en 
fixant  à  l'avance  le  prix  des  betteraves,  c'est  marcher  quelque  peu  à 
l'aventure,  c'est  se  placer  dans  des  conditions  défavorables  et  pour  la 
prospérité  industrielle  et  pour  la  prospérité  agricole. 

Au  contraire,  si  le  prix  de  la  betterave  est  réglé  comme  dans  le 
compromis  ci-dessus,  par  le  cours  moyen  du  sucre,  le  fabricant  et  le 
cultivateur  profitei'ont  à  la  fois  de  toute  élévation  des  cours,  et  il  sera 
juste  qu'ils  subissent  ensemble  les  conséquences  de  la  baisse.  F^es 
intéressés  se  rapprocheront  ainsi  de  cet  état  d'association  qui  est  l'une 
des  principales  causes  de  la  prospérité  des  fabriques  de  sucre  en 
Allemagne. 

Il  est  à  remarquer,  dans  le  contrat  qui  précède,  que  le  prix  de  la 
betterave  est  basé  non  pas  sur  sa  richesse  absolue  en  sucre,  mais  bien 
sur  sa  richesse  relative  d'après  laquelle  on  détermine  le  rendement  in- 
dustriel. Cette  clause  paraît  juste,  car  la  quantité  de  matières  étrangères 
contenue  dans  le  jus  joue  un  rôle  important  dans  la  fabrication.  Si  la 
proportion  des  cendres  est  de  plus  de  6  parties  pour  100  de  sucre,  les 
jus  se  travaillent  mal,  les  masses  cuites  sont  plus  colorées  et.  ne  four- 
nissent qu'un  moindre  rendement  en  sucre  cristallisé,  tout  en  exigeant 
des  frais  de  fabrication  plus  élevés. 

Par  exemple,  quand  1,000  Ivilog.  de  betteraves  dont  le  jus  contient 
9  pour  100  de  sucre  et  0.550  de  corps  étrangers  d'origine  minérale 
ou  organique  valent  20  francs,  une  tonne  de  betteraves  de  même 
richesse  saccharine,  mais  renfermant  1 .700  de  substances  autres  que 
le  sucre  dans  son  jus,  vaudra  sensiblement  13  francs.  Ces  betteraves, 
quoique  contenant  la  même  quantité  de  sucre,  n'auront  pas  la  même 
valeur  industrielle;  il  est  donc  important  de  tenir  compte  du  quotient 
de  pureté  dans  la  vente  de  la  betterave. 

Comme  ce  n'est  pas  seulement  la  proportion  de  matières  étrangères 


CULTURE  DE  LA  BETTERAVE  A  SUCRE.  45b 

qu'il  importe  de  connaître,  mais  aussi  la  proportion  qui  peut  en  ôtre 
éliraiiiéo,  il  serait  prudent,  dans  un  contrat  analogue  au  précédent, 
de  préciser  le  mode  de  détermination  du  rendement  industriel. 

Il  est  à  remarquer,  dans  ce  traité,  que  la  détermination  de  la 
richesse  saccharine  de  la  betterave  est  faite  avant  la  livraison,  ce  qui 
permet  d'éviter  plusieurs  diflicullés  qui  peuvent  se  produire  au 
moment  où  les  racines  sont  rendues  en  fabrique. 

On  se  tromperait  entièrement  si  l'on  supposait,  après  la  lecture  de 
ce  compromis,  que  le  cultivateur  s'était  imprudemment  engairé  et 
qu'il  ne  devait  pas  tarder  à  regretter  une  signature  qui  l'obligeait  de 
faire  des  betteraves  riches  en  sucre  dans  un  pays  où  l'on  prétend, 
sans  le  démontrer,  que  la  production  de  betteraves  d'une  richesse 
saccharine  élevée  est  chose  impossible.  Le  cultivateur  signataire  de 
ce  marché  eut  recours  aux  métiiodes  scientifiques  pour  améliorer  ses 
racines,  et  dans  ces  dernières  années,  l'analyse  de  divers  échantillons 
de  ses  betteraves  donnait  les  résultats  suivants  : 

Matières         Rendement 
Poids  des  betteraves.  Densité  du  jus.    Sucrep.  loo        étrangères.        industriel. 

(i.2  13.76  1.54  9.16 

6.-3  13.94  1.46  9.32 

245  à  375  gr 5.9  13. .^8  0.92  9.49 

6.5  14.30  1.60  9. .52 

6.3  14.12  1.28  9.G3 

90  à  160  gr 6.6  14.67  1..53  9.85 

410  à  505  gr 6.4  14,49  1.21  9.96 

1,700  gr 6.7  14.85  1..55  9.97 

340  à  530  gr 6.4  14.67  1.03  10.23 

7.1  15.50  1.80  10.27 

395  à  460  gr 6.5  14.85  1.05  10.35 

140  à  485  gr 6.3  14  67  0.73  10.45 

280  à  470  gr 6.4  15.21  0.79  10.81 

3.55  il  415  gr 6  9  15.76  1.24  10.89 

395  à  460  gr 7.0  1614  0.96  1138 

290  à  395  gr 6.8  15.94  0.66  11.4G 

320  à  370  gr 7.4  16.66  1.24  11.56 

290  à  355  gr 6.6  15.40  0.80  11.95 

Malgré  les  fortes  variations  que  l'on  constate  dans  les  nombres  qui 
expriment  la  proportion  de  matières  étrangères  dans  le  jus  de  la  bet- 
terave, il  est  aisé  de  reconnaître  que,  en  général,  la  quantité  de  ces 
substances  diminue  à  mesure  que  la  proportion  du  sucre  augmente; 
c'est  un  résultat  qui  est  une  conséquence  directe  de  l'une  des  clauses 
du  compromis  et  qui  fait  le  plus  grand  lionneur  au  cultivateur  qui  l'a 
obtenu. 

Dans  les  analyses  énumérées  ci-dessus,  on  remarque  que  le  poids 
des  betteraves  ne  dépasse  guère  500  grammes;  une  seule  pesait 
1,700  grammes,  et  il  n'est  pas  sans  intérêt  de  constater  que  sa  ri- 
chesse saccharine  était  égale  à  celle  de  betteraves  quatre  fois  plus 
petites,  cultivées  exactement  dans  les  mêmes  conditions. 

Ces  betteraves,  récoltées  sur  une  surface  de  10  hectares,  furent 
jiayées  en  moyenne  31  fr.  60  les  1,000  kilog.  en  1880,  28  fr.  70  en 
1 881 ,  et  33  fr.  en  1 882. 

Rien  ne  démontre  que  la  richesse  moyenne  obtenue  ne  pourra  être 
dépassée  ;  il  est  même  probable  qu'elle  n'a  pas  encore  atteint  son 
maximum,  car  les  betteraves  récoltées  sur  un  hectare  ont  été  vendues 
44  fr.  la  tonne. 

Si  le  cultivateur  a  réussi  à  élever  la  proportion  du  sucre  dans  ses 
betteraves,  ce  n'a  pas  été  au  détriment  du  poids.  En  effet,  la  récolte 
moyenne  oscille  autour  de  40,000  kilog.  à  l'hectare;  la  plus  faible 


456  CULTURE  iDE  LA  BETTERAVE  A  SUCRE. 

:i  été  (le  35,000  kilog.,  et  ia  plus  forte  a  fourni  52,000  kilog.  de  ra- 
cines par  hectare. 

Avec  la  pi  us  faible  récolte,  le  produit  brut  par  hectare  a  été  de  1 ,1 06  fr. , 
el  avec  la  plus  élevée  il  a  atteint  1,492  fr.  Des  cultivateurs  voisins, 
ayant  sensiblement  les  mêmes  frais  de  production  et  vendant  la  bet- 
lerave  au  poids,  obtenaient  un  produit  brut  moyen  de  950  fr. 

Ces  résultats  suffiront  pour  attirer  l'attention  sur  un  compromis 
qui,  dans  plusieurs  circonstances,  pourrait  servir  de  guide  et  même 
être  avantageusement  imité  en  subissant  les  modifications  que  la 
situation  actuelle  peut  comporter.  Sai?<t-Andué. 

LA  PRIME  D'HONNEUR  DE  L'HORTICULTURE 

DANS  LA  MARNE  EN    1884  ' 

L'établissement  de  M.  Maquerlot  (Elie-Edmond),pépiniénste,  à  I-  ismes,  date  de 
1862.  Son  fondateur,  alors  journalier  horticole  à  55  sous  par  jour,  débuta  sur 
un  terrain  de  50  ares  de  superficie,  acheté  avec  les  économies  du  ménage,  car  il 
faut  dire  qu'à  cette  époque,  Mme  Maquerlot  était  déjà  la  collaboratrice  dévouée 
de  son  mari.  Actuellement  M.  Maquerlot  exploite  43  hectares;  13  nouveau.x  hec- 
tares sont  en  voie  de  préparation  et  seront  plantés  dans  le  cours  de  1884-1885; 
ce  qui,  au  printemps  de  l'année  1885,  formera  un  total  de  56  hectares.  Cette 
belle  superficie  horticole  se  divise  en  19  parcelles  formant  un  total  de  56  hec- 
tares. 

La  composition  du  sol  et  du  sous-sol  de  ces  parcelles  diffère  avec  l'emplace- 
ment qu'elles  occupent.  La  Commission  a  rencontré  des  terrains  marécageux, 
tourbeux,  sablonneux  et  même  argilo-calcaires  ;  dans  les  terrains  marécageux,  la 
tourbe  se  trouve  à  une  profondeur  suffisante  pour  que  les  plantes  du  dessus  ne 
puissent  souffrir  de  sa  présence;  les  terrains  secs,  où  le  sable  entre  en  petite  quan- 
tité, sont  de  culture  facile.  Ils  sont  la  base  de  la  plupart  des  parcelles  que  nous 
avons  visitées. 

Nous  rendons  immédiatement  compte  de  cette  visite  faite  avec  tous  les  soins 
que  réclamait  une  exploitation  horticole  aussi  importante. 

Le  siège  de  l'établissement,  sis  à  Fismes,  faubourg  de  Soissons,  comprend 
la  maison  d'habitation  avec  cour  et  bâtiments  d'exploitation  entourés  d'un  jar- 
din clos  par  de  grands  mui's  garnis  de  treillages  qui  servent  au  palissage  des 
arbres  fruitiers,  tels  que  poiriers,  pêchers,  vignes  de  sortes  diverses.  Un  terrain 
attenant  (allée  des  Missions)  sert  de  dépôt  pour  la  mise  en  jauge  des  arbres  et 
plantes  ;  c'est  un  magasin  d'hiver  qui  facilite  les  expéditions  à  l'époque  de  la  vente, 
La  partie  close  forme  un  jardin  à  fleuis,  dans  lequel  on  remarque  une  grande 
serre  chaude  et  des  châssis  qui  servent  à  la  multiplication  des  plantes  de  toute 
sorte,  de  magnifiques  haies  en  thuya  de  la  Chine  qui  abritent  des  milliers  de  rho- 
dodendrons variés,  plantés  en  terre  de  bruyère.  Des  arbustes  et  arbrisseaux 
d'ornement,  à  ieuiUts  caduques  ou  persistantes,  occupent  les  parties  ombragées 
de  la  ])ropriété. 

La  fosse  Benoite  est  un  charmant  endroit  bordé  d'une  part  par  la  Vesle,  de 
l'autre  par  le  chemin  latéral  à  la  voie  ferrée  de  lleims  à  Soissons.  l'arfaitoment 
dessiné,  avec  rivière  anglaise,  pièces  d'eau,  ponts  rustiques,  chalets,  etc.,  etc.,  ce 
jardin  a  été  créé  il  y  a  quatre  ans,  dans  un  terrain  de  mauvaise  qualité,  dont  la 
partie  basse  était  un  marais  fangeux  qu'il  a  fallu  assainir  par  des  canaux  et  des 
rapports  de  terre  de  près  de  1  mètre  de  hauteur.  On  y  trouve,  poussant  vigoureu- 
sement, tous  les  arbres,  arbustes  et  plantes  d'ornement  nécessaires  à  la  construc- 
tion et  à  l'aménagement  des  jardins  d'agrément. 

Les  jardins  du  faubourg  d'Epernay  sont  affectés  aux  semis  d'arbres  fruitiers  et 
forestiers.  Le  terrain,  très  riche  en  humus,  est  traversé  par  une  allée  bordée  de 
plates-bandes  où  sont  plantés  des  conifères  choisis  parmi  les  espèces  les  plus 
raies;  il  est  divisé  en  planches  larges  do  1  m.  30,  qui  reçoivent  les  semis.  Une 
distribution  d'eau  très  bien  aménagée,  permet  d'arroser  le  jardin  en  un  instant. 

La  pépinière  de  Verlac,  sur  la  route  de  Saint-Gilles,  est  plantée  en  arbres  frui- 

1.  Extrait  du  rapport  de  M.  L.-G.  Maurice  sur  les  primes  d'iionneur  de  la  petite  ciiUure,  de 
riiorticullure,  et  les  rcoompenses  aux  serviteurs  rurau.x  dans  la  Manie  en  1SS4. 


LA  PRIME  D'HONNEUR  DE  L'HORTICULTURR  DANS  LA  MARNE-         khi 

tiers,  forestiers  et  d'apiréraent.  Un  carré  de  500,000  plants  forestiers,  soigneuse- 
ment repiqués,  est  remarquable  par  la  belle  véi^'étation  des  sujets  et  la  bonne 
culture  dont  il  est  l'objet.  La  pépinière  de  la  liriqueterie  est  également  alTectée  aux 
arbres  fruitiers  et  forestiers.  On  y  cultive  aussi  plusieurs  vignes  pour  pieds- 
mères,  des  milliers  d'églantiers,  des  rosiers  à  haute  tige  en  cent  quarante  varié- 
tés remontantes,  choisies  parmi  les  plus  belles  espèces. 

Les  terrains  du  chemin  de  Villesavoye  et  de  la  Groix-Magitot  contiennent 
80,000  pommiers,  poiriers,  pruniers,  pêchers  disponibles,  d'une  beauté  et  d'une 
vigueur  remarquables.  Les  arbres  sont  à  haute  tige,  quenouille,  palraette,  etc.,  etc. 
et  appartiennent  à  plus  de  cinquante  variétés  différentes  Un  plant  d'asperges  de 
10  ares,  en  pleine  production,  fait  suite  aux  plantations. 

■  Le  bois  Aubriot  est  destiné  entièrement  au  repiquage  de=!  jeunes  pins,  sapin» 
propres  au  reboisement.  C'est  la  dernière  parcelle  qui  est  proche  de  Fismes  ;  celles 
dont  l'examen  va  suivre,  à  part  la  propriété  de  Trigny,  près  Reims,  sont  éloignées 
de  plusieurs  kilomètres,  mais  on  peut  encore  les  comprendre  dans  'e  rayon  de 
l'établissement,  M.  Maquerlot  en  conservant  la  direction  et  la  surveillanre. 

Le  teirain  de  la  pépinière  de  Blanzy  n'est  autre  chose  que  l'emplacement  d'un 
étang  desséché,  il  y  a  de  lot  gués  années.  Les  espèces  dominantes  de  plant  fores- 
tier qu'on  y  trouve  par  millions  de  sujets,  sont  :  aulne,  acacia,  bouleau,  chêne, 
frèoe,  hêtre,  châlaignier,  érable,  épine,  saule-marsault,  Sainte-Lucie,  tilleul, 
charme,  sapin.  Le  rupt  de  Blancy,  qui  traverse  la  propriété,  a  été  aménagé  pour 
donner  de  l'eau  en  temps  de  sécheresse.  Un  grand  canal  complète  le  système  d'irri- 
gation, et  permet  d'inonder  légèrement  la  pépinière  en  une  heure. 

Les  six  hectares  de  la  Tuilerie  de  Muizon  sont  spécialement  consacrés  à  la 
production  du  peuplier  dit  le  régénéré.  M.  Maquerlot,  aidé  par  M.  Tassin  de 
MoBtaigu,  propriétaire  du  terrain,  a  le  mérite  d'avoir  transformé  ces  marais  tour- 
beux en  une  pépinière  magnitique  où  l'on  peut  compter  plus  de  80,000  peupliers 
d'une  croissance  admirable.  Ce  résutat  a  été  obtenu  par  l'ouverture  de  fossés 
larges  de  3  mètres,  creusés  perpendiculairement  au  lit  de  la  Vesle,  qui  longe  la 
propriété  au  sud,  et  à  la  construction  de  banquettes  larges  de  6  mètres  sur  les- 
quelles les  plantations  ont  été  faites. 

Le  moulin  de  Baslieux-lès-Fimes  et  la  vallée  qui  porte  le  même  nom,  lorraent 
une  vaste  pépinière  de  25  hectares  d'un  seul  tenant,  dans  laquelle  on  entre  par  une 
magnifique  allée,  large  de  6  mètres,  qui  prend  ouverture  sur  le  chemin  rural  du 
gravier  de  Baslieux.  Seize  lignes  d'arbres  fruitifrs  et  d'ornement  bordent  cette 
voie  principale,  destinée  au  passage  des  visiteurs  et  des  voitures  d'expédition. 
Cette  propriété  qui  est  entre  les  mains  de  M.  Maquerlot  depuis  un  an  seulement, 
a  été  entièrement  transformée  par  ses  soins  :  la  maison  d'habitation  et  les  dépen- 
dances restaurées;  la  cour  de  service  nivelée  et  rendue  praticable  ;  le  ruisseau  endi- 
gué et  dirigé  de  façon  à  alimenter  deux  pièces  d'eau  cle  création  récente  et  desti- 
née à  la  pisciculture  ;  un  drainage  parfaitement  compris,  établi  pour  l'assainis- 
sement d'une  partie  marécageuse  d'environ  3  hectares;  le  grand  fossé  collec- 
teur où  s'écoule  l'eau  drainée,  utilisée  pour  la  culture  du  cresson,  des  défonce- 
ments  pratiqués  et  des  déplacements  de  terre  effectués  en  différents  endroits.  Les 
plantations  qui  se  composent  uniquement  de  variétés  fruitières  :  pommiers,  poi- 
riers, pruniers,  cerisiers,  cognassiers  et  Sainte-Lucie  pour  greffes,  sont  d'une 
régularité  parfaite  ;  les  grandes  divisions  sont  partagées  en  rectangles  de  50  mè- 
tres carrés,  la  distance  entre  les  lignes  est  cle  0  m.  90  et  de  0.  m. 70  entre  les 
sujets.  Le  contremaître,  qui  habite  l'ancien  moulin,  est  en  même  temps  le  garde 
de  la  propriété. 

M.  Maquerlot  cultive  l'asperge  d'Argenteuil,  à  Trigny,  près  Reims,  sur  une 
vaste  échelle.  Une  parcelle  de  5  hectares,  légèrement  sablonneuse,  en  bonne 
exposition,  dont  les  produits  suffisaient  à  peine  pour  en  payer  l'impôt,  fut  plantée 
en  asperges  dont  le  rendement  actuel  est  de  12,000  bottes,  vendues  au  prix  moyen 
de  1  fr.  25  l'une,  pour  les  marchés  de  Reims  et  de  Paris.  Les  frais  de  premier 
établissement,  y  compris  une  construction  de  4,000  fr.,  ont  été  de  26,000  fr.;  la 
dépense  annuelle  d'entretien  et  d'exploitation  monte  à  5,800  fr. 

La  partie  florale  est  confiée  à  Mme  Maquerlot.  Elle  comprend  les  bouquets  à 
la  main,  les  fleurs  coupées,  les  fleurs  de  luxe,  les  plantes  d'appartement  :  camé- 
lias, azalées,  œillets,  fougères,  palmiers,  orchidées,  etc.,  etc.  La  culture  maraî- 
chère n'a  d'autre  but  que  de  satisfaire  aux  besoins  de  la  maison. 

Le  nombre  d'ouvriers  employés  est  de  40  en  hiver  et  20  en  été;  les  salaires 
sont  de  3fr.,  3  fr.  25  et  4  fr.  par  jour  sans  nourriture.  A  la  tète  de  ce  personnel 


458       LA  PRIME  D'HONNEUR  DE  L'HORTICULTURE  DANS   LA  MARNE. 

est  placé  un  exellent  chef  de  culture,  M.  Louis  -Alfred-Adrien  Péon,  âgé  de 
■quarante  ans,  qui  est  au  service  de  M.  Maquerlot  depuis  le  l"novembrel866. 
La  Commission  regrette  vivement  de  ne  pouvoir  récompenser  les  bons  et  loyaux 
services  de  ce  fidèle  serviteur  pour  lequel  une  demande  a  été  formulée  trop  tar- 
divement, c'est-à-dire  après  les  délais  fixés  par  l'arrêté  ministériel. 

M.  Maqueilot  a  renoncé  aux  engrais  chimiques,  qui  restaient  sans  effet,  pour 
n'employer  que  le  fumier  do  ferme  sous  diverses  formes,  à  raison  de  60  mètres 
cubes  à  l'hectare  ;  il  renouvelle  les  fumures  tous  les  trois  ans.  Toutes  les  cultures 
s'exécutent  à  bras  ;  les  chevaux  ne  sont  employés  qu'au  transport  des  produits 
et  des  engrais;  néanmoins  M.  Maquerlot  a  l'intention  d'introduire  chez  lui  une 
charrue  défonceuse  pour  la  préparation  de  la  terre  et  des  houes  à  cheval  pour  les 
cultures  superficielles. 

La  tenue  de  la  comptabilité  est  bonne.  Le  chiffre  des  ventes,  du  1''  octobre  1883 
au  1'''  avril  1884,  a  été  de  80,000  fr.  Les  frais  se  répartissent  ainsi  :  main-d'œuvre, 
32,000  fr.  ;  frais  généraux,  de  maison,  exploitation,  engrais,  fumier,  entretien 
de  matériel,  20,000  fr.  ;  montant  des  locations  des  terrains  horticoles,  5,3  0  fr.  ; 
ce  qui  forme  un  total  de  57,300  fr.,  à  déduire  du  montant  des  ventes,  80,000  fr.  ; 
bénéfice  net  22,700  fr.  M.  Maquerlot  est  locataire  de  la  presque  totalité  des  par- 
celles qui  composent  son  exploitation  horticole,  mais  il  possède  à  Fisme  et  dans 
les  environs  des  propriétés  foncières  évaluées,  avec  le  siège  de  l'établissement,  à 
85,000  fr.,  auxquels  il  faut  ajouter  la  somme  de  150,000  fr.,  valeur  superficielle 
des  propriétés. 

M.  Marquelot  a  beaucoup  perdu  en  1879,  la  gelée  ayant  détruit  en  grande  par- 
tie les  arbres  fruitiers,  les  arbustes  verts,  les  conifères  en  plus  de  soixante  va- 
riétés, à  l'exception  de  ceux  qui  étaient  entièrement  couverts  de  neige.  La  perte 
subie  n'a  pas  été  inférieure  à  40,000  fr.,  mais  la  fertilité  du  sol  aidant,  les  vides 
furent  comblés  dans  un  temps  assez  court;  il  n'a  reçu  aucune  indemnité  de  l'Etat 
et  il  n'a  pas  tenté  la  restauration  des  arbres  avariés. 

Les  principaux  débouchés  de  l'établissement  sont  la  Marne,  les  Ardennes, 
l'Aisne,  la  Belgique,  le  Nord,  la  Seine,  Seine-et-Marne,  Seine-et-Oiso,  la  Meuse, 
Maine-et-Loire,  etc.,  etc.  Il  expédie  même  à  Angers  qui  est  un  de  nos  grands 
centres  agricoles. 

Nulle  part  la  Commission  n'a  trouvé  une  aussi  grande  surface  cultivée,  des 
pépinières  aussi  régulières,  des  arbres  aussi  beaux,  des  cultures  aussi  soignées, 
des  améliorations  aussi  importantes  que  chez  M.  Maquerlot;  son  établissement  a 
un  grand  avenir  et  on  peut  dire  sans  conteste  que  son  directeur  est  le  premier 
horticulteur  du  département.  La  Commission  est  heureuse  de  le  présenter  à 
M.  le  ministre  de  l'agriculture;  elle  le  prie  de  décerner  à  M.  Edmond-Elie 
Maquerlot,  lauréat  de  plusieurs  Sociétés  horticoles,  l'objet  d'art  et  la  somme  de 
1,000   fr.    qui    constituent    la    prime    d'honneur    de    l'horticulture. 

L.-G.  Maurice, 

Rapporteur  général  du  jury. 

LE  PROGRES  DANS  L'ÉTENDUE  DES  CULTURES 

Le  Journal  de  l'agriculture  a  plusieurs  fois  '  entretenu  ses  lecteurs 
d'un  travail  considérable  fait  par  l'administration  des  contributions 
directes,  et  contenant  une  nouvelle  évaluation  du  revenu  foncier  des 
propriétés  non  bâties.  Depuis  la  distribution  du  volume  contenant  ces 
évaluations,  le  ministère  des  finances  a  publié  un  atlas  in-folio  qui, 
imprimé  avec  un  grand  luxe,  résume  par  nature  de  culture  les  évalua- 
tions actuelles,  celles  faites  au  moment  du  complet  achèvement  du  cadas- 
tre, les  contenances  aux  deux  époques,  enfin  une  série  de  renseigne- 
ments précieux  qu'un  travail  administratif  pouvait  seul  nous  donner.  Il 
est  vrai  que  certains  chiffres  publiés  sont  contestés;  mais  suivant  que  le 
disait,  l'année  dernière,  au  concours  de  Houdan,  M.  Léon  Say,  auquel 
on  doit  la  présentation  de  la  loi  du  9  août  1879,  qui  a  décidé  les  éva- 
luations nouvelles,  «  on  a  fait,  par  la  séparation  de  l'impôt  rural  des 
autres  impôts  fonciers,  un  progrès  qui  permet  d'étudier  la  question  à 

I.  Voir  le  Journal  del'ayricuUure  des  1"  août  ISs:;  et  l"  mars  18S4. 


LES  PHOGRKS  DANS  L'ÉTENDUE  DES  CULTURES.  459 

un  poinl  do  vue  purement  agricole  ».  C'est  une  étude  de  ce  genre  que 
nous  voudrions  présenter  h  nos  Ipclcurs  ;  tout  en  faisant  aussi  des 
réserves,  les  Conseils  généraux  étant,  par  une  circulaire  de  M.  Tirard, 
du  20  février  dernier,  appelés  à  donner  leur  avis  sur  l'exactitude  des 
évaluations.et  sur  l'opportunité  de  les  prendre  pour  base  de  nouveaux 
continijents. 

En  parcourant  les  cartes  de  l'at'as  officiel,  en  faisant  abstraction  de 
la  partie  purement  fiscale,  on  reconnail  qu'on  en  peut  extraire  des 
renseignements  i^ur  la  contenance  des  cultutres,  sur  le  revenu  de  la 
propriété,  sur  sa  valeur  vénale.  Les  comparaisons  sont  établies,  non 
seulement  entre  les  départements,  mais  entre  deux  époques  relative- 
ment lointaines  ;  car  si,  en  1850,  on  a  mis  la  dernière  main  au  cadas- 
tre, on  commençait  dès  lors  à  ressentir  les  premiers  effets  de  l'établis- 
sement des  chemins  de  fer.  Une  révolution  économique,  prodigieuse, 
commençait;  on  entrait  dans  un  monde  nouveau.  Nous  voudrions 
aujourd'hui  parler  en  détail  des  contenances  des  cultures,  dont  les  chif- 
fres généraux  actuels  ont  été  déjà  présentés  à  nos  lecteurs. 

Dans  une  époque  de  progrès  agricole,  le  premier  phénomène  qui  doit 
se  présenter,  c'est  la  disparition  d'unie  portion  de  la  surface  dus  landes 
et  autres  terrains  incultes  convertie  on  cultures  productives.  1 ,262,000 
hectares  de  landes  ont  changé  de  nature,   et   la  plus  grande  partie  a 
été  convertie  en  terres  arables.  Mais  cette  modification  n'est  pas  la 
seule,  certains  départements  ont  changé  leur  mode  de  culture,  les  con- 
tenances ont,  par  suite,  diminué  d'un  côté,  augmenté  de  l'autre;  ce 
sont  ces  oscillations  qui!  importe  de  constater.  Ouel  est  le  progrès 
général  accompli  ?  Quelles  sont  les  défaillances  partielles?  Les  résul- 
tats qu'on  va  présenter  ne  seront  point  d'une  justesse  mathématique, 
la  séparation  entre  la  propriété  bâtie  et  la  propriété  foncière  ayant  été 
cette  fois  mieux  opérée  qu'au  moment  de  la  confection  du  cadastre. 
On  rencontre  surtout  des  terres  incultes  dans  la  partie  ouest  et  sud- 
ouest  de  la  Bretagne  ,  le  long  de  l'Océan,   depuis  la  Gironde  jusqu'aux 
Pyrénées,  enfin,  et  pour  une  momdre  quantité,   dans  la  région  qui 
s'éiend  du  massif  central  et  des  Alpes  jusqu'à  la  Méditerranée.  Quelle 
quantité  de  terres  incultes  a-t-on  fait  disparaître  dans  ces  contrées  ?  Il 
n'a  été  fait  de  sérieux  progrès  que  dans  la  Gironde  et  dans  les  Landes 
qui  ont  été  l'objet  d'une  si  étonnante  transformation.  Dans  les  Landes, 
au  lieu  de  405,000  hectares  de  terres  incultes,  il  n'en  reste  plus  que 
170,000;  dans  la  Gironde,  102,000   au  lieu  de  313,000;  dans  le  Morbi- 
lian,  on  a  défriché  24,000  hectares  ;  dans  le  Finistère,  28,000  ;  les  deux 
départements  en  possèdent  encore  près  de  500,000  ;  c'est  un  champ 
assez  vaste  pour  l'activité  des  cultivateurs  courageux  qui  ont  com- 
mencé la  régénération  de  ces  contrées.    L'IlIe-et-Vilaine  a  défriché 
55,000  hectares  et  la  Loire-Inférieure  91,000.  On  ne  peut  guère  citer, 
comme  ayant  marché  dans  cette  voie,  bien  qu'à  grande  distance,  cer- 
tains départements  du  centre  de  la  France  :  Cher,  Indre,  Allier.  Près  de 
7,000,000  d'hectares  de  terrains  incultes  existent  encore  au  soleil, 
espérons  qu'une  grande  partie  est  destinée  à  changer  de  nature. 

Les  terres  qui  ont  été  défrichées  étaient  presque  toutes  certainement 
dans  l'état  où  les  avaient  trouvées  nos  aïeux  les  Gaulois-,  en  arrivant 
du  fond  de  l'Asie.  C'est  une  conquête;  comment  a-t-elle  été  répartie? 
Les  contenances  en  terres  labourables,  prés  et  vignes,  etc.,  se  sont 
enrichies  d'autant.  Une  partie  des  Landes  a  été  consacrée  aux  terres 


4  30  LES  PROGRÈS  DANS  L'ÉTENDUE   DES   CULTURES. 

labourables,  dont  l'étciicUio  s'est  élevée  de  25,452,000  hectares  à 
à  26,173,000  hectares.  L"aiigmentatioa  la  plus  considérable  en  terre 
labourable,  s'est  portée  naturellement  sur  les  départements  où  les 
défriciiemenls  ont  pris  le  plus  d'importance,  comme  la  Loire-Inférieure 
et  l'Indre.  Toutefois,  dans  certains  départements,  ce  sont  d'autres  cul- 
tures qui  se  sont  étendues.  Ainsi,  dans  la  Gironde  et  les  Landes,  les 
bois.  L'étendue  des  terres  labourables  a  rétrogradé  dans  la  Marne, 
dans  la  Dordogne,  dans  l'Aude,  dans  le  Calvados  ;  dans  ce  dernier 
département,  c'est  au  profit  des  prés  et  herbages;  il  en  est  de  même 
dans  la  Loire-Inférieure.  Dans  les  autres  départements,  on  a  converti 
beaucoup  de  terres  en  vignes,  nul  ne  pouvant  prévoir  alors  la  cata- 
strophe qui  devait  atteindre  la  plus  française  de  nos  cultures. 

Quoi  de  plus  français,  en  effet,  de  plus  gaulois  que  la  vigne!  Nous 
ne  voulons  pas  parler  seuleuient  des  vins  si  divers  entre  eux,  si  géné- 
reux, et  tels  que  ceux  des  autres  pays  ne  peuvent  leur  être  com- 
parés, mais  du  rôle  pour  ainsi  dire  social  de  la  culture  ds  la  vigne.  La 
division  de  la  propriété,  due  en  grande  partie  à  la  Révolution  de  1789, 
n'apparaît  nulle  part  autant  que  dans  les  pays  où  domine  la  cul- 
ture de  la  vigne.  Que  sont  les  vignobles,  sinon  d'immenses  vergers, 
nécessitant  un  travail  constant  :  taille,  accolage,  labourages  spéciaux; 
il  y  a  là  une  source  incessante  de  travail,  au  grand  bénéfice  des  popu- 
lations rurales.  Le  coup  qui  nous  a  atteints  est  donc  rude.  On  a  beau- 
coup discuté  sur  l'étendue  de  la  culture  de  la  vigne  au  moment  de  la 
Révolution  ;  le  plus  simple  était  pourtant  de  s'en  rapporter  à  Lavoi- 
sier,  qui,  mêlé  au  recouvrement  de  l'impôt  commt  fermier  généra!, 
était  à  même  de  fournir  un  chiffre  exact.  En  1790,  il  fixait  l'étendue 
des  vignes  à  1,567,000  hectares.  La  quantité  établie  par  le  cadastre, 
lors  de  son  achèvement,  était  de  2,109,250  hectares  ;  c'était  donc  une 
augmentation  d'un  tiers,  quanta  la  surface,  mais  elle  était  bien  plus  con- 
sidérable, eu  égard  à  la  valeur,  à  raison  des  procédés  de  culture  et  de 
fabrication.  Enfin  le  vignoble,  en  vieillissant,  avait  gagné.  Qu'est-il 
arrivé  depuis  ? 

Le  travail  du  ministère  des  finances,  commencé  en  1879,  achevé  en 
1881,  cest-à-dire  pendant  la  durée  progressive  du  fléau,  ne  peut  don- 
ner des  notions  exactes.  L'enquête  sur  la  situation  des  vignes  phylloxé- 
rées  a  constaté,  avant  la  maladie,  une  étendue  de  2, .370, 809  hectares. 
Les  départements  qui  avaient  le  plus  gagné  en  étendue  étaient  l'Aude, 
dassé  de  57,000  hectares  à  134,000;" le  Gers,  de  93,000  hectares 
à  117,000;  la  Dordogue,  de  87,000  hectares  à  116,000;  le  Lot,  de 
55,000  hectares  à  81,000.  Le  Journal  a,  déjà  publié  le  rapport  pré- 
senté par  M.  E.  Tisserand,  directeur  de  l'agriculture,  sur  Ja  situation 
du  vignoble  français,  en  1883.  On  a  perdu  858,000  hectares  de  vigne, 
mais  452,000  hectares  ont  été  reconstitués,  ce  qui  réduit  la  perle 
sèche  à  406,000  hectares,  et  dénote  toute  l'énergie  du  vigneron.  Mais, 
d'autre  part,  il  faut  constater  que  6i2,000  hectares  de  vignes  sont 
atteints  et  résistent  encore.  Ces  chiffres  sont  bien  faits  pour  attrister, 
m.ais  il  faut  songer  à  ces  centaines  de  mille  hectares  replantés;  nous 
aurons  certainement  raison  de  la  violence  du  fléau. 

L3  progrès  des  herbages  est  naturellement  moins  considérable  que 
celui  des  terres  labourables,  que  celui  même  des  vignes  avant  l'arrivée 
du  fléau.  Toutefois,  l'étendue,  qui  était  de  4,804,440  hectares,  au 
moment  de  l'achèvement  du  cadastre,  s'est  élevé,  d'après  la  nouvelle 


LES  PROGRÈS  DANS  L'KTENDUE  I)KS  CULTURES.  461 

cvainalion,  ;i  ■'i,0!)8,2S0  hectares.  Le  Calvados  a  converti  une  paî-tio 
de  ses  terres  en  herbages.  lien  est  de  même  du  département  de  la  Manche; 
chacun  de  ces  deux  départements  s'est  enrichi  de  plus  de  30,001)  hectares 
d'nne  culture  dont  les  avantages  nouveaux  sont  dus  à  la  persistance 
des  éleveurs.  On  peut  citer  encore  les  progrès  de  la  Nièvre,  de  l'Orne, 
de  Saône- et-Loire,  de  la  Seine-Inférieure.  On  a  rétrogradé  dans  dix- 
sept  départements,  parmi  lesquels  il  faut  citer  le  Cher,  les  Deux-Sèvres, 
la  Somme,  Seine-et-Oise. 

La  culture  des  bois  est  le  plus  souvent  immobile,  des  mesures  sévè- 
res étant  prises  pour  le  maintien  des  forêts,  dont  l'existence  joue  un 
rôle  important  dans  la  température  et  les  phénomènes  météorologirpies. 
Les  modifications  dans  l'étendue,  qui  ont  eu  lieu  depuis  l'établissement 
du  cadastre,  ne  pouvaient  mentionner  qu'une  augmentation  de  la  sur- 
face boisée,  bien  que  partiellement  cette  surface  ait  diminué  dans 
trente-six  départements.  Au  lieu  de  8,144,(J18  hectares,  cliilTrc  accusé 
de  la  contenance  imposable  en  bois,  il  en  existe  aujourd'hui 
8,3'J7,131  hectares.  Cette  différence  tient  surtout  aux  modifica- 
tions de  culture  qui  ont  eu  lieu  dans  la  Gironde  et  dans  les  Laudes, 
modifications  indiquées  ci-dessus.  Lue  partie  des  landes  delaSologne 
a  été  convertie  en  bois  ;  la  contenance  boisée  du  département  de  Loir- 
et-Chei  se  trouve,  par  suite,  augmentée  de  30,000  hectares.  La  Marne 
a  vu  des  plantations  considérables  s'élevant  à  plus  de  50,000  hecta- 
res. Ci'ons  encore  des  plantations  très  étendues  dans  l'Aube  et  même 
dans  l'Indre-et-Loire.  Les  défrichements,  d'autre  part,  ne  pouvaient 
être  considérables.  On  a  cependant  défriché  plus  de  20,000  hec- 
tares dans  l'Aisne,  une  quantité  à  peu  près  égale  dans  la  Somme  ; 
tiennent  ensuite  :  Nièvre,  Saône-et-Loire,  Haute-Garonne,  Tarn, 
Seine -Inférieure,  Pas-de-Calais. 

Il  est  inutile  de  parler  des  changements  opérés  dans  les  cultures 
diverses  et  les  terrains  de  qualité  supérieure;  il  faudrait  de  trop 
nombreux  détails  pour  en  expliquer  le  sens.  La  dernière  carte,  conso- 
crée  à  la  contenance  imposable,  fixe  l'ensemble  des  natures  de  culture 
à  50,035,159  hectares.  Tel  est  notre  domaine. 

Au  congrès  international  de  statistique  de- Saint-Pétersbourg,  tenu 
.  en  1872,  la  France  fut  chargée  d'établir  une  statistique  internationale 
de  l'agriculture.  Du  travail  fait  au  ministère  de  l'agriculture  et  du 
commerce,  et  publié  en  187P,  il  résulte  que  le  territoire  agricole  de  la 
France  est  le  plus  étendu  de  toute  l'Europe,  et  celui  qui  contient  le 
moins  de  terres  incultes.  Aujourd'hui,  avec  la  facilité  des  communica- 
tions, il  n'existe  pour  ainsi  dire  qu'un  marché  agricole.  La  France, 
on  vient  de  le  voir,  a,  depuis  une  période  de  près  d'un  deini-siècle, 
cultivé  avec  un  grand  soin  sa  part  du  patrimoine  commun;  la  portion 
du  sol  qui  se  trouve  en  bas  de  l'échelle  de  la  production,  a  subi  une 
diminution  d'étendue  énorme  et  le  progrès,  qui  en  a  été  la  conséquence. 
s'est  étendu  depuis  la  terre  jusqu'aux  terrains  de  qualité  supérieure. 
Un  fléau  terrible  est  venu,  il  est  vrai,  frapper  notre  plus  belle  culture, 
mais  il  n'est  pas  dû  à  l'incurie;  onsait  dequels  soins  le  Français  en- 
toure la  vigne.  Le  progrès  dans  le  revenu  et  dans  la  valeur  s'est  égale- 
ment développé,  on  l'établira  ici  prochainement  avec  des  éléments 
empruntés  au  beau  travail  de  l'administration  des  contributions  direc- 
tes. .  Achille  Mr.iicuiii, 

Menioie  de  la  Société  d'économie  politiinie. 


462  EMPLOI  DE    L'AILANTR  DANS  LES    REBOISEMENTS. 

EMPLOI  DE  L'AILANTE  DANS  LES  REBOLSEMENTS- 

Après  avoir  lu,  avec  beaucoup  d'intérêt,  dans  le  Journal  de  l'agri- 
cuUnre  du  28  juin  dernier  (n"  794),  l'article  sur  le  reboisement  de  la 
Sologne,  je  me  suis  rappelé  qu'au  mois  d'aoiht  1879,  j'avais  fait  un 
rapport,  au  nom  de  la  Commission  du  reboisement  des  montagnes, 
par  l'ailante  glanduleux.  Ce  rapport  avait  été  fait  pour  la  Société 
d'acclimatation,  dont  le  Conseil,  comprenant  combien  la  plantation 
de  l'ailante  était  utile,  avait  décidé  qu'un  prix  de  1,000  francs  jSerait 
décerné  à  la  personne,  ou  à  la  commune,  qui  justifierait  de  la  plan- 
tation de  5  hectares  de  cette  essence^  depuis  5  années.  Ce  prix  a-t-il 
été  gagné  ■('  A-t-il  été  seulement  réclamée'  Je  crains  bien  que  non, 
puisqu'un  nouvel  appel  est  fait,  par  un  autre  organe,  bien  compétent 
aussi,  pour  encourager  le  reboisement,  il  est  vrai,  de  la  Sologne.  Le 
pin  se  convient  dans  les  terrains  de  cette  partie  de  notre  pays;  ne 
pourrait-on  pas  y  essayer  la  culture  de  l'ailante?  L'administration 
forestière  est  seule  compétente  pour  nous  répondre.  Voilà  ce  que  je 
disais  en  août  1879  :  cet  arbre  croît  partout  à  souhait;  il  ne  lui  faut  pas 
un  terrain  particulier.  Sa  force  végétative,  sa  croissance  rapide,  avec 
beaucoup  de  drageons,  doivent  le  recommander. 

Dans  un  sol  qui  lui  convient,  il  croît  de  1  mètre  par  an,  et  dans 
les  pays  d'oii  il  nous  a  été  importé,  il  s'élève  jusqu'à  1 5  et  20  mètres  ; 
est-ce  pour  ce  motif  que  les  Chinois  l'ont  appelé  aitanlo ,  qui 
veut  dire  arbre  du  ciel,  allusion  à  la  hauteur  à  laquelle  atteignent  ces 
arbres.  Le  bois  et  les  feuilles  de  l'ailante  ont  un  double  mérite  ;  le  bois 
est  employé  par  la  carrosserie  et  par  la  menuiserie  ;  les  feuilles  qui 
répandent  une  odeur  vineuse,  et  qui  sont  d'un  goût  désagréable,  sont 
délaissées  par  les  troupeaux  qui  ne  les  broutent  pas,  mais  les  accep- 
tent pendant  l'hiver,  lorsqu'elles  sont  séchées  ;  nous  nous  appuyons, 
pour  le  dire,  sur  l'observation  qu'en  a  faite  notre  collègue,  M.  Bar- 
rau  de  Muratel.  Le  second  mérite  de  la  feuille  est  de  servir  de  nourri- 
ture à  VÂtlacus  cyntht'a  vera,  qui  peut  y  vivre  en  liberté  et  y  produire 
une  soie  dont  je  parlerai  tout  à  l'heure. 

Au  sujet  du  reboisement  par  l'ailante,  il  est  inutile  de  préparer  la 
terre,  ainsi  qu'on  est  forcé  de  le  faire  pour  certaines  essences,  dont  il 
faut  repiquer  le  plant;  on  doit  semer  la  graine  à  la  volée,  ainsi  que  le 
conseillait  M.  Christian  Le  Doux,  qui  était  membre  aussi  de  la  Société 
d'agriculture  de  Mende  (Lozère). 

Au  sujet  de  l'acclimatation  du  ver  à  soie  Atlacus  cynthia  vera,  qui  se 
nourrit  de  préférence  des  feuilles  de  cet  arbre,  l'industrie  avait  fait  des 
essais;  la  difficulté  du  dévidage  de  la  soie deVAttacus  avait  fait  renon- 
cer à  l'utiliser;  mais  notre  collègue  Le  Doux  qui  avait  toujours  présent 
à  la  mémoire,  la  maxime  :  clierches  et  lu  trouveras,  avait  cherché,  et  un 
jour,  comme  Archimède,  il  avait  pu  s'écrier  :  j'ai  trouvé.  Grâce  à  son 
procédé,  peut-être  améboré  depuis  cette  époque,  on  peut  dévidei-  en 
soie  grege  la  soie  de  ce  ver  et  avec  l'outillage  employé  pour  le  cocon  du 
ver  à  soie  du  mûrier;  donc  profit  important  à  réaliser.     E.  Vayin. 

RINÇAGE  DES  BOUTEILLES  A  YIN 

Rien  n'est  plus  important,  quand  on  met  le  vin  en  bouteilles,  que  de 
se  servir  de  récipients  d'une  grande  propreté.   Nettoyer  les  bouteilles, 


rinça(;e  des  bouteilles  a  vin. 


463 


les  rincer  à  fond  est  une  opération  longue  et  délicate.  Un  petit  appareil 
très  ingénieux  a  été  imaginé  récemment  pour  rincer  ces  ustensiles;  il 
est  représenté  par  la  figure  20. 

Il  consiste  en  une  petite  pompe  à  main  qu'on  peut  monter  sur  un 
baquet;  l'axe  de  la  manivel- 
le de  la  pompe  est  prolongé 
par  une  brosse  qu'on  intro- 
duit dans  la  bouteille.  En 
faisant  tourner  la  manivelle, 
la  brosse  frotte  toute  la  par- 
tie intéiieure  de  la  bouteille, 
pendant  que  la  pompe  y  in- 
jecte de  l'eau.  Une.femme  ou 
un  enfant  suffit  pour  manœu- 
vrer l'appareil.  On  peut  rin- 
cer en  très  peu  de  temps  un 
grand  nombre  de  bouteilles. 

Cet    appareil    est   vendu 
par  M.  Kehrig,  45,  rue  No-  „•    „n      ««   u-     ■   •       i    i,    .  m 

r  ^    V;       1  i~.  '^'S-  20.  —  Machine  a  rincer  les  bouteilles. 

tre-Dame,  a  Bordeaux.  Son 

prix  est  de  75  francs  sans  le  baquet,  et  de  90  francs  avec  le  baquet. 

L.  DE  Sardriac. 


NOUVELLES  INVENTIONS  AGRICOLES 

ANALYSE    SOMMAIRE   DES    DERNIERS   BREVETS  DÉLIVRÉS. 

161,639.  SoHY.  21  avril  188^.  Application  d'an  jiouveau  joint  en  caoutchouc 
ou  en  cuir,  enchâssé  dans  la  rotule  en  cuivre  de  l'appareil  d'arrosage.  — 
L'inventinn  s'applique  à  un  genre  de  tuyau  d'arrosage  dans  lequel  les  bouts  de 
tuyaux  en  fer  montés  sur  roulettes  sont  reliés  ensemble  au  moyen  de  tubulures 
en  cuivre  qui  se  terminent  l'une  par  un  boulet  creux  et  l'autre  par  une  rotule 
recevant  ce  boulet.  Elle  consiste  à  disposer  une  garniture  en  cuir  ou  en  caoutchouc 
entre  le  boulet  et  la  rotule,  pour  assurer  l'herméticité  du  joint  ;  une  bride  mobile 
qui  enveloppe  la  partie  du  boulet  située  en  dehors  de  la  rotule  permet  de  serrer 
celui-ci  contre  la  garniture  en  cuir,  à  l'aide  de  trois  boulons  introduits  dans  les 
oreilles  de  celte  bride  mobile  et  de  la  bride  venue  de  fonte  avec  la  rotule.  Le 
breveté  fait  remarquer  que  la  forme  de  rotule  qu'il  indique  est  nouvelle.  Les  tubu- 
lures en  cuivre  appartenant  au  joint  sphérique  se  fixent  à  vis  sur  les  bouts  de 
tuyaux  en  fer. 

Ce  brevet  reproduit  le  genre  de  roulette  sphérique  indiqué  dans  le  brevet  Soliy 
n"  161,638  pour  les  tuyaux  destinés  à  l'arrosage  des  pelouses  et  jardins. 

161,666.  Gossi.  22  avril  1884.  Système  de  manultnlion  des  grains.  —  Toute 
l'invention  repose  sur  cette  idée  :  envoyer  de  l'air  comprimé,  par  des  tuyaux  per- 
forés, dans  les  masses  de  grain  entassées  soit  dans  des  bateaux,  soit  dans  des 
greniers  ou  magasins  quelconques,  de  manière  à  les  aérer  et  même  à  les  remuer 
ou  les  retourner  suivant  la  force  du  courant.  Gela  permet,  comme  il  vient  d'être  dit, 
de  remuer  le  grain  et  de  le  sécher  au  besoin  ;  de  plus,  cela  écarte  les  rongeurs  et 
autres  animaux  nuisibles  ;  on  peut  d'ailleurs  faire  passer  l'air  préalablement  sur 
des  matières  nuisibles  à  ces  animaux  et  inoffensives  pour  le  grain.  On  emploie 
des  tuyaux  transportables,  qui  peuvent  être  placés  en  des  points  quelconques  de 
la  masse. 

1.61,690.  MoLiNAS.  5  avril  1884.  Appareil  pour  empêcher  les  fourmis  de  grimper 
sur  les  arbres  fruitiers.  —  Afin  d'empêcher  les  fourmis  d'arriver  sur  les  arbres, 
.et  particulièrement  sur  les  orangers,  mandariniers  et  citronniers,  le  breveté 
entoure  chaque  pied  d'arbre  d'un  cylindre  de  zinc,  fer-blanc,  etc.,  qui  est  en  deux 
parties  réunies  par  des  broches.  Le  pied  de  ce  cylindre  est  légèrement  enfoncé 
en  terre  ;  à  sa  partie  supérieure,  il  est  entouré  d'une  gouttière  circulaire  que  l'on 
remplit  d'eau  ou  autre  liquide  ;  pour  que  les  fourmis  ne  puissent  point  passer  par 


/j64  nouvelles  inventions  agricoles. 

les  joints  existant  entre  les  deux  moitiés  du  cylindre,  on  prend  soin  d'attacher  une 
mèche  de  coton  imbihée  de  pétrole  à  la  partie  supcrieure  de  cha([ae  hroche  ;  on 
verse  également  un  peu  de  pétrole  dans  l'eau  de  la  cuvette,  dans  laquelle  les 
mèches  trempent.  Enfin,  l'espace  annulaire,  restant  libre  entre  le  tronc  de  l'arbre 
et  l'appareil,  est  rempli  de  cendre,  matière  sur  laquelle  les  fourmis  ne  peuvent  pas 
grimper. 

161,691.  FouRNiER.  24  avril  1884.  Râteau  en  fer  et  acier,  à  course  variable.  — 
Ce  râteau,  destiné  à  râteler  les  foins  et  àjaveler  les  avoines,  se  compose  d'un  fer 
cornière  portant  les  dents  en  acier  et  muni  en  son  miheu  d'une  plaque  demi-cir- 
culaire embrassée  par  la  douille  du  manche,  qui  est  dans  ce  but  pourvue  d'une 
fente  et  qui  peut  se  fixer  par  un  écrou  à  oreille  dans  une  inclinaison  quelconque 
par  rapport  au  fer  cornière  portant  les  dents. 

161,700.  Bertrand.  24  avril  1884.  rerfectionnernenls  dans  kx  tarares.  — Tout 
le  mouvement  est  donné  à  l'aide  d'une  roue  montée  sur  un  arijre  horizontal  cl  (|ui 
sert  à  la  fois  de  poulie  à  gorge  et  de  roue  d'angle;  au  moyen  d'une  courroie  elle 
commande  le  ventilateur,  et  par  sa  denture  elle  actionne  .un  pignon  conique; 
l'arbre  sur  lequel  ce  pignon  est  claveté  porte  une  manivelle  qui  communique  un 
rapide  mouvement  de  va-et-vient  au  criblour  ou  «  sabot  i>. 

161.712.  BissET.  25  avril  18S4.  Greffoir.  (Brevet  de  cinq  ans.)  —  Ce  brevet 
décrit  un  instrument  pour  exécuter  sur  place  la  greffe  anglaise  en  fente,  pour 
la  vigne.  L'instrument  se  compose  d'une  forte  règle  en  fonte  dont  l'une  des 
extrémités  forme  cisaille  avec  l'aide  d'une  lame  non  tranchante  munie  d'une  poi- 
gnée ;  la  cisaille  ainsi  constituée  sert  à  couper  des  boutures,  en  ayant  soin  de 
faire  la  section  entre  deux  Bœuds.  Sur  la  longueur  de  l'instrument  sont  échelonnés 
huit  logements  ou  ouvertures,  de  diamètres  gradués,  partant  de  l'une  des  grandes 
faces  verticales  de  la  règle  pour  aboutir  obliquement  à  sa  face  supérieure  ;  sui- 
vant l'expression  du  brevet,  l'inclinaison  est  d'un  quart,  par  rapport  à  la  face 
supérieure  de  l'instrument.  Sur  cette  lace  peut  se  mouvoir  une  grande  lame 
tranchante  avec  poignée,  qui  coupe  en  sifflet  la  bouture  que  l'on  a  placée  dans 
l'orifice  correspondant  à  sa  grosseur  et  en  poussant  le  premier  nii'ud  contre  un 
épaulement  intérieur  de  cet  orifice.  Il  reste  à  pratiquer  dans  l'extrémité  de  la  bou- 
ture une  lente  parallèle  à  son  axe;  cela  s'effectue  au  moyen  d'un  instrument  séparé, 
semblable  à  un  tourne-vis  dont  l'extrémité  serait  tranchante  ;  ce  couteau  est  guidé 
par  une  fente  ménagée  dans  la  garniture  en  bronze,  du  logement  de  la  bouture, 
et  par  le  bord  du  couteau  supérieur  mentionné  plus  haut.  Aux  deux  extrémités 
l'appareil  présente  des  oreilles  qui  permettent  de  le  fixer  à  une  table  par  des 
boulons. 

161.713.  Prégaldino,  28  avril  1884.  Appareil  faisant  subir  aux  tarares  acturl- 
lemerden  usage  une  transformation  qui  les  rend  propr(,%,  en  même  temps.,  à  balire 
les  céréales.  —  Pour  pouvoir  battre  et  vanner  en  m  ème  temps,  au  moyen  du 
tarare,  le  breveté  dispose,  du  côté  opposé  à  la  manivelle,  une  bielle  double 
formée  de  deux  leviers  articulés  l'un  sur  l'autre  et  d'inégale  longueur;  l'oiré- 
mité  du  bras  inférieur  s'attache  à  la  manivelle  du  tarare;  le  bras  supérieur 
actionne  un  arl)re  horizontal  situé  en  haut  de  la  caisse  et  sur  lequel  sont  fixées 
normalement  trois  liges  flexibles  en  acier  terminées  par  des  fléaux  en  bois  can- 
nelé. L'ouvrier  présente  les  gerbes  sur  un  treillis  en  fil  de  fer  tendu  sur  la  caisse, 
au-dessous  de  ces  fléaux;  ceux-ci  s'abattent  dessus,  et,  en  ayant  soin  de  les 
retourner,  elles  se  trouvent  convenablement  battues.  Un  couvercle,  recouvrant 
l'appareil,  et  muni  seulement  d'une  ouverture  pour  l'introduction  des  gerbes, 
empêche  les  grains  de  sauter  de  tous  côtés. 

Certificats  d'addition. 

PiQUEMAL.  17  avril  1884.  (Br.  n°  154,964.)  Appareil  servant  à  la  désinfection 
et  il  la  décantation  des  eaux  vannes  et  matières  de  vidanges.  —  Ce  certificat  d'ad- 
dition porte  sur  des  modifications  appporlées  à  l'appareil  breveté  au  profit  de 
M.  Piquemal.  Le  tampon  de  fermeture  est  remplacé  par  une  vanne  à  glissière; 
d  autre  part,  le  breveté  emploie  maintenant  une  cloison  qui  fonctionne  au  moyen 
d'une  chaîne  et  qui  ramasse  ainsi  dans  sa  course  toutes  les  matières  éparses  au 
fond  de  l'appareil;  il  suDstitue  au  filtre  tournant  qu'il  employait  précédemment 
une  boîte  rectangulaire  qui  a  une  plus  grande  puissance  de  filtration  ;  oniin  IL 
remplace  le  niveau  d'eau  contenant  les  agents  de  désinfection  par  un  assemblage 
de  cloisons  superposées. 

LefÈvre.  22  avril  1884.  (Br.  n"  154,987.)  Perfectionnement  à  la  charrue  a 
ancre  renforcée  système  Lefèvre.  —  JVI.  Lelèvre  décrit  dans  ce  certificat  d'addition 


NOUVELLES  INVENTIONS  AGRICOLES.  itiS 

divers  perfectionnements  de  construction  apportés  au  traîneau  enrayeur  adapté 
à  la  charrue  qu'il  a  fait  breveter  en  1883.  Ces  perfectionnements  ont  pour  but, 
dit-il,  d'en  faire  non  seulement  un  a[)pareil  utile  pour  le  transport  de  divers 
instruments  aratoires,  mais  un  véritable  frein  empêchant  tout  danger  dans  les 
descentes.  Ch.  Assi  et  L.  Genks, 

Ingénieurs-conseils  en  matière  de  brevets  d'invenliciu 

LES  TOURTEAUX  DE  SÉSiME  ET  LEUR  EMPLOI 

DANS    l'alimentation  DU  BÉTAIL. 

Beaucoup  de  cultivateurs  et  d'engraisseurs  de  bétail  ignorent  encore 
quel  excellent  parti  ils  peuvent  tirer  d'un  résidu  que  l'industrie  livre 
aujourd'hui  en  quantité  considérable,  et  qui  n'est  guère  utilisé  jusqu'ici 
(ju'à  l'engrais  du  sol  ;  je  veux  parler  des  tourteaux  de  sésame. 

Ce  n'est  guère  que  dans  certaines  régions  de  l'Aisne  et  de  l'Oise,  dans 
le  Laonnois,  et  chez  quelques  rares  agriculteurs  du  Nord  et  de  la  Bel- 
gique que  l'on  emploie  ces  tourteaux  à  la  nourriture  du  bétail.  Partout 
ailleurs,  c'est  uniquement  à  la  fertilisation  des  terres  que  l'on  fait  servir 
ces  produits;  ce  qui,  à  notre  avis,  est  un  tort,  car  ils  possèdent  une 
valeur  beaucoup  plus  grande  comme  aliment  que  comme  engrais. 
Aussi  croyons-nous  utile  de  signaler  les  services  qu'en  retirent  les  cul- 
tivateurs qui  l'emploient  ainsi,  afin  que  tous  puissent  en  faire  également 
leur  profit. 

Le  tourteau  le  plus  employé  à  la  nourriture  dans  toute  notre  région 
du  Nord  est  celui  du  lin;  il  est  recherché  par  les  animaux  à  cause  de 
son  goût  fin,  il  est  en  outre  très  rafraîchissant;  mais,  à  poids  égal,  il 
est  beaucoup  moins  nourrissant  que  certains  autres,  tels  que  le  tour- 
teau de  colza,  celui  d'arachide  et  celui  de  sésame.  En  effet,  la  ma- 
jeure partie  des  subslances  qui  entrent  dans  sa  composition  sont  des 
matières  mucilagineuses,  gommeuses,  que  l'on  désigne  généralement 
sous  le  nom  de  matières  extractives. 

Ces  corps  ne  nourrissent  qu'à  la  condition  d'être  absorbés  en  même 
temps  que  d'autres  substances  appelées  les  matières  protéiques  ou  la 
protéine.  C'est  cette  matière  azotée  qui  se  transforme  dans  le  corps  de 
l'animal,  en  viande,  en  muscles,  en  sang,  en  cornes,  poils,  ongles  et 
en  lait.  L'animal  que  l'on  nourrit  avec  des  aliments  complètement 
dépourvus  de  ces  éléments  azotés,  non  seulement  ne  prend  aucun 
accroissement,  mais  de  plus,  il  ne  tarde  pas  à  mourir  avec  tous  les 
symptômes  de  la  mort  par  suite  d'inanition, 

La  matière  protéique  exerce  donc  un  rôle  considérable  dans  la  nutri- 
tion des  animaux,  et  cela  est  tellement  connu  aujourd'hui  que  c'est 
généralement  d'après  la  teneur  des  divers  aliments  en  cette  substance 
que  s'établit  leur  valeur  marchande.  Dans  l'achat  des  tourteaux  en 
particulier,  c'est  la  quantité  d'azote  que  l'on  y  trouve  qui  sert  à  établir 
leur  cours  commercial.  Il  n'y  a  qu'une  exception  à  cette  règle, 
exception  qui  existe  eu  faveur  du  tourteau  do  lin  qui  est  le  plus  cher 
de  tous  quoi  qu'il  soit  un  des  plus  pauvres  en  azote.  Mais  cela  tient 
d'une  part  à  ce  que  la  production  de  ce  résidu  est  peu  considérable, 
([uo,  de  plus,  les  cultivateurs  qui  out  l'habitude  de  l'employer  l'achè- 
tent quand  même,  malgré  son  prix  élevé,  et  qu'enfin  il  jouit  do 
propriétés  rafraîchissantes  que  d'autres  n'ont  pas  au  même  degré. 

Mais  son  prix  élevé  est  un  obstacle  à  son  emploi,  et  depuis  quel- 
ques années  beaucoup  de  cultivateurs  l'ont  remplacé  par  les  tourteaux 


466  LES  TOURTEAUX  DE  SÉSAME  ET  LEUR  EMPLOI. 

de  coton,  puis  par  ceux  de  cocolier  ou  de  palmier  qui  offrent  l'avan- 
tage d'augmenter  beaucoup  la  sécrétion  lactée  chez  les  vaches. 

Nous  recommandons  aujourd'hui,  dans  ce  même  but,  le  tourteau  de 
sésame,  qui  peut  rendre  de  très  grands  services,  surtout  si  on  le  donne 
aux  animaux  en  demi-ration,  avec  le  tourteau  de  lin.  On  peut  très 
bien  remplacer  ainsi,  dans  ses  étables,  la  nioitié  de  sa  consommation 
de  tourteaux  de  lin  par  le  tourteau  de  sésame.  Or  comme  le  premier 
coûte  22  fr.  50  les  100  kilog.,  et  le  second  seulement  15  fr.  50, 
il  en  résulte  une  économie  de  7  fr.  par  chaque  100  kilog.  absorbés, 
c'est-à-dire  de  700  francs  par  wagon  de  nourriture  sèche,  entrant  à  la 
ferme,  économie  qui  n'est  pas  à  dédaigner,  en  des  temps  ou  les  béné- 
fices de  la  culture  sont  aussi  réduits  qu'aujourd'hui,  et  où  le  cultiva- 
teur doit  réaliser  toutes  celles  qu'il  peut  dans  sa  ferme. 

La  substitution  de  la  moitié  de  la  ration  de  tourteaux  de  lin  en  tour- 
teaux de  sésame,  offre  en  outre  cet  avantage  de  renforcer  notablement 
la  proportion  de  matières  protéiques  donnée  aux  animaux  et  de  les 
nourrir  par  conséquent  davantage.  En  effet,  d'après  toutes  les  analyses 
que  nous  avons  faites  depuis  douze  ans,  la  richesse  du  tourteau  de 
sésame,  en  matières  protéiques,  est  de  38  à  40  pour  100,  correspon- 
dant de  6  à  G. 50  d'azote,  tandis  que  le  tourteau  de  lin  n'en  renferme 
que  de  29  à  33  pour  100,  correspondant  de  4.75  à  5.28  d'azote.  Voici 
du  reste  l'analyse  complète  de  ces  tourteaux  que  nous  avons  pu  nous 
procurer  avec  toutes  les  garanties  de  pureté  et  d'authenticité  désirables, 
grâce  à  l'obligeance  de  MM.  Marchand  frères,  de  Dunkerque,  qui  les 
fabriquent  sur  une  très  grande  échelle  dans  leurs  importantes  usines. 

Ces  analyses  ont  porté  sur  des  échantillons  de  fabrication  récente  : 

Tourteaux  de  sésame.        Tourteaux  de  lin. 

Humidilé 12.54  11.53 

Matières  protéiques  azotées 38.93  31.37 

Huile  grasse 9.60  «.94 

Amidun,  dextrine,  glucose 3.07  5.37 

Pectine  et  matières  extractives  diverses .  12.09  22.91 

Cellulose 10.57  9  43 

Phosphate  de  chaux 5.20  4.73 

Carbonate  et  sulfate   de  chaux 4.62  1.84 

Sels  de  potasse  et  de  soude 0.36  0.57 

Silice,  oxyde  de  fer,  silicates  insolubles 3.06  2.31 

Total 'lUO.UO  100.00 

Azote 6.230  p.  100  5.022  p.  100 

Acide  phosrhorique 2.420      —      2.172      — 

Potasse 0.121       -      0.213       - 

La  comparaison  de  ces  chiffres  montre  que  le  tourteau  de  sésame  est,  à 
poids  égal,  beaucoup  plus  nourrissant  que  celui  de  lin.  Ajoutons  à  cela 
que  l'emploi  de  cet  aliment  donne  d'excellents  résultats  chez  tous  les 
cultivateurs  qui  l'emploient  ;  il  facilite  l'engraissement  et  augmente  la 
sécrétion  lactée  chez  les  vaches  :  le  lait  qu'il  donne  est  d'un  goût 
agréable  et  de  très  bonne  composition.  Ces  résultats  étaient  à  prévoir, 
étant  donnée  la  richesse  de  ce  tourteau  en  éléments  azotés  et  en  sub- 
tances nutritives  diverses.  Nous  espérons  que  la  lecture  de  ce  travail 
pourra  être  utile  à  nos  lecteurs  en  leur  faisant  réaliser  d'importantes 
économies.  A.  Ladureau, 

Directeur  de  la  Station  agronomique  du  Nord. 

CONCOURS  DE  L'ASSOCIATION  BRETONNE  A  LANNION 

Le  concours  de  l'Association  agricole  spéciale  aux  cinq  départements 
de  la  Bretagne,  s'est  tenu  cette  année  à  Lannion,  jolie  ville  du  littoral, 


CONCOURS  DE  L'ASSOCIATION    BRETONNE  A  LANNION.  467 

enricllic  autrefois  par  le  commerce  et  l'agriculture  qui  souffrent  l'un 
et  l'autre  aujourd'hui  delà  crise  économique  que  nous  traversons. 

Malii;rc  le  véritable  effondrement  du  prix  des  hlés  et  des  avoines  qui 
faisaient  l'aliment  du  commerce  d'exportation  dans  un  pays  oi^i  la 
culture  des  céréales  est  favorisée  par  les  engrais  du  littoral  qui  pré- 
sente, dans  sa  large  étendue,  trente  baies  ou  estuaires,  il  ne  se  fait 
aucune  expédition  au  dehors  et  l'on  n'aperroit  guère  dans  le  port  que 
le  stationnaire  de  l'Etat. 

Mais,  depuis  quelques  années,  la  production  de  la  viande  et  les 
progrès  de  la  ration  fourragère  ont  atténué  la  crise  dans  le  Nord-Fini- 
stère, etquelques  parties  du  département  d'IUe-et-Vilaineet  même  des 
Côtes -du-Nord.  I/élable  de  M.  le  comte  Paul  de  Champagny  (;i  Keran- 
roux  près  Morlaix)  a  fourni  aux  comices  et  aux  éleveurs  du  pays  des 
reproducteurs  qui,  par  le  croisement  avec  la  race  rouge  du  littoral  et 
de  Carhaix,  a  donné  l'aptitude  incontestable  à  la  production  de  la 
viande  qu'assure  la  race  durhara. 

Quelques  étables  de  bonnes  laitières  de  Jersey  existent  pourtant 
dans  l'arrondissement  de  Lannion;  mais  la  difficulté,  comme  pour  la 
raced'Ayr,  est  le  maintien  des  reproducteurs  de  cette  race. 

Disons  de  suite  que  pour  l'espèce  bovine,  et  même  l'espèce  che- 
valine, le  concours  de  Lannion  était  supérieur  au  concours  régional  de 
Brest.  Lannion  est  d'ailleurs  une  jolie  ville  fort  hospitalière,  et  les 
concours  agricole  et  hippique  favorisés  par  un  solcilresplendissant  se 
sont  tenus  sous  la  feuillée  d'une  agréable  promenade  bordant  la 
rivière. 

Les  races  porcines  anglaises,  et  quelques  bons  craonnais  ont  amé- 
lioré le  porc  dans  l'arrondissement  de  Lannion,  à  ce  point  qu'après 
M.  Lebrun  qui  est  pour  beaucoup  dans  cette  amélioration,  on  a 
expédié  du  Nord  Finistère  et  de  l'arrondissement  de  Lannion  12,000 
porcs,  tandis  que  l'exportation  dans  le  Morbihan  atteint  à  peine  700 
porcs  par  an. 

La  production  du  cheval  dans  le  Nord-Finistère,  le  centre  Bretagne 
et  les  Côtes-du-Nord,  y  a  donné  les  plus  heureux  résultats.  La  loi 
de  1874,  à  laquelle  le  regretté  M.  de.Forsant  prit  une  part  importante, 
y  a  fixé  le  but  à  atteindre  et  avec  le  complément  de  l'eirectif  de 
2,500  étalons,  l'administration  des  haras  a  pu  pourvoir  les  éleveurs 
de  ces  centres  des  étalons  qui  leur  sont  le  plus  avantageusement 
appropriés.  On  a  fait  le  cheval  de  selle,  le  postier  et  le  cheval  de  gros 
trait  sur  le  littoral  des  Côtes-du-Nord. 

Nous  n'avons,  quant  à  nous,  jamais  compris  la  désignation  de  pos- 
tier donné  au  cheval  de  trait  léger.  D'abord  la  poste  aux  chevaux 
n'existe  plus  et  on  ne  peut  pas  dire  en  définitive  on  commence  le 
postier  et  oîi  il  finit.  Pour  être  qualifié  de  postier,  il  ne  suffit  pas  qu'un 
cheval  soit  attelé  avec  des  grelots  ou  qu'il  ait  la  queue  à  l'anglaise.  II 
me  semble  que  des  exhibitions  comme  celle  de  Lannion  ne  devraient 
donner  lieu  qu'à  trois  désignations  :  chevaux  de  gros  trait,  chevaux  de 
service  et  d'attelage  et  chevaux  de  selle. 

On  sait  que  dans  les  Côtes-du-Nord  on  poursuivit  longtemps  par 
l'introtluction  de  reproducteurs  du  Perche,  le  type  du  percheron-bre- 
ton, recherché  par  l'administration  des  Omnibus,  que  dans  le  Nord- 
Finistère  le  croisement  avec  l'étalon  anglo-normand  pour  obtenir  le 
cheval  de  service  ne  donna  pas  toujours  de  bons  résultats,  au  dire  de 


468  CONCOURS  DE  L'ASSOCIATION  BRETONNE    A  LANNION. 

beaucoup  d'éleveurs,  et  on  reconnut  l'étalon  norfolk  comme  étant 
plus  confirmé.  Cette  famille  est  en  voie  de  formation  et  l'administra- 
tion des  haras,  répondant  au  désir  qui  lui  en  avait  été  exprimé,  no- 
tamment lors  du  concours  de  Brest,  s'occupe  aujourd'hui  d'un  stud- 
book  pour  le  norfolk-breton.  . 

Pour  le  cheval  de  selle,  dans  le  Centre,  les  éleveurs  recherchent  au- 
jourd'hui l'étalon  anglo-arabe  ou  même  le  cheval  de  pur  sang. 

Une  intéressante  conférence  de  M.  le  comte  de  la  Touche  sur  la  pro- 
duction du  cheval  dans  les  Côtes-du-Nord,  a  fait  connaître  que  la  re- 
monte exige  aujourd'hui  même,  pour  les  chevaux  de  trait,  l'aptitude 
au  trot  que  donne  le  sang  même  à  un  premier  croisement,  (l'est  un 
ordre  d'idées  contraire  à  la  voie  suivie  dans  le  Perche  oîi  l'on  fait  le 
cheval  en  quelque  sorte  au  poids  pour  les  Américains. 

L'exposition  des  produits  nous  a  révélé  un  véritable  progrès  au 
point  de  vue  de  l'élevage  et  de  l'engraissement  de  la  race  bovine.  C'est 
la  généralisation  de  la  culture  du  rutabaga,  remplaçant  le  panais  dans 
l'arrondissement  de  Lannion  et  le  centre  de  la  Bretagne  ;  la  cause  en 
est  que  le  rutabaga  exige  moins  de  calcaire  que  le  panais  et  fournit 
une  nourriture  plus  abondante. 

Le  concours  de  Lannion  avait,  pour  les  fabricants  de  la  province, 
une  exposition  d'instruments  qui  donnait  l'idée  de  la  décentralisa- 
tion qui  s'est  accomplie  de  la  fabrication  des  instruments.  A  Lannion, 
M.  Paul  Pérat  construit,  sur  les  meilleurs  modèles,  tous  les  instruments 
nécessaires  au  progrès  de  la  culture  du  pays  :  hache-paille,  broye- 
ajoncs,  herses  articulées,  batteuses,  et  une  baratte  avec  batteuse  inté- 
rieure, à  des  prix  très  modérés,  22,  25  et  30  fr.  Mme  V"  Gélard,  à 
Troquery,  etJ\L  Gélard  aîné,  à  la  Roche-Uerrien  (Côtes-du-Nord),  cons- 
truisent également  :  machines  à  battre,  moulins  à  pommes,  coupe- 
racines,  tarares,  charrues,  pressoirs,  à  des  prix  inférieurs  aux  fabri- 
cants étrangers  au  pays,  à  cause,  sans  doute,  de  la  main-d'œuvre  à 
meilleur  marché  et  de  l'abaissement  général  du  prix  de  la  fonte  et  de 
l'acier. 

Les  ateliers  de  MM.  Texier  père  et  fils,  à  Vitré  et  àLanderneau,  ont 
un  rayonnement  plus  étendu  et,  avec  toutes  les  machines  agricoles, 
construisent  même  les  voies  ferrées  et  leur  matériel  roulant  applicable 
aux  besoins  de  l'agriculture  et  de  l'industrie.  Le  Journal  de  l'agricul- 
turc  a  déjà  parlé  de  leur  presse  à  foin. 

En  constatant  le  succès  de  l'Association  bretonne  fondée  en  1840  à 
Vannes  par  M.  Rieffel,  qui  poursuit  parmi  nous  sa  vieillesse  honorée, 
on  est  tenté  de  se  demander  si  la  centralisation  de  l'agriculture  répond 
aux  conditions  variées  nécessaires  à  son  progrès  et  si,  comme  le  pen- 
sait M.  de  Lavergne,  les  associations  qui  résultent  des  initiatives  du 
pays  ne  sont  pas  préférables  en  restant  chères  au  pays  et  à  ceux  qui 
les  composent.  L'Association  bretonne  joint  à  la  vérité  à  une  section 
d'agriculture,  une  section  d'archéologie  et  d'histoire  qui  ajoute  au 
charme  de  ses  réunions  par  l'étude  du  passé  et  de  ses  monuments. 
En  1854  l'Etat  s'empara  définitivement  des  concours  et  partagea  la 
France  en  régions  plus  administratives  que  géologiques  et  climaté- 
riques.  L'Association  bretonne  subit  en  1858  une  éclipse  forcée  pour 
reprendre  en  1872,  à  Saiut-Brieuc,  oii  une  partie  de  ses  anciens  mem- 
bres se  trouvèrent  réunis.  Espérons  pour  elle  longue  vie  et  des  succès 
comme  à  Lannion.  A.,  m  la  Morvonaais. 


TROIS   NOUVEAUX   BLÉS.*  469 


TROIS  iNOUVEAUX  BLËS  ' 

A  l'automne  de  1883  j'ai  présenté  au  public  trois  blés  que  je  cul- 
tivais depuis  plusieurs  années  déjà  et  qui  provenaient  de  croisement 
raisonné  entre  variétés  différentes.  La  quantité  limitée  de  semence 
dont  je  disposais  alors  a  été  partagée  entre  un  grand  nombre  d'expéri- 
mentateurs et  des  essais  nombreux  ont  été  faits  avec  ces  blés  dans 
toutes  les  parties  delà  France  pour  ainsi  dire.  —  Il  est  assurément 
intéressant  de  rechercher  aujourd'hui  fjuel  a  été  le  résultat  de  ces 
diverses  expériences.  J  aurais  préféré  qu'un  autre  le  fît  à  ma  place, 
car  en  parlant  de  ses  propres  œuvres  on  est  toujours  suspect  à  soi- 
même  et  aux  autres  de  prévention  favorable  et  d'indulgence  excessive. 
Mais  comme  la  plupart  des  lettres  rendant  compte  des  essais  de  cul- 
ture m'ont  été  adressées  à  moi-même  ou  à  ma  maison,  je  me  trouve 
par  la  force  des  choses  mieux  placé  que  personne  pour  donner,  de 
l'ensemble  des  résultats  obtenus,  un  aperçu  général  et,  je  l'espère,  suf- 
fisamment impartial. 

Et  d'abord,  je  dois  le  dire,  le  succès  n'a  pas  été  complet  partout,  et 
les  jugements  portés  sur  les  divers  blés  ne  sont  pas  concordants.  On 
devait  s'y  attendre;  aucune  variété,  quelque  parfaite  qu'on  la  suppose, 
ne  peut  être  partout  et  toujours  la  meilleure.  S'il  en  était  autrement, 
la  nomenclature  serait  bien  simplifiée;  un  blé,  une  pomme  de  terre, 
un  chou  suffirait  à  tous  les  besoins  et  les  catalogues  des  maisons  de 
graines  seraient  déchargés  de  longues  listes  de  variétés  justifiées  et 
exigées  par  la  diversité  des  besoins  culturaux. 

("ela  ait,  passons  à  l'examen  des  résultats  obtenus  avec  les  blés 
métis  en  rappelant  qu'ils  sont  au  nombre  de  trois  :  le  f)at!el,  produit 
du  croisement  du  blé  Chiddam  d'automne  à  épi  rouge  avec  le  Prince- 
Albert;  le  Lamed,  qui  provient  du  même  Prince-Albert  fécondé  par  le 
blé  de  l'île  de  Noé  ou  blé  bleu;  et  enfin  VÀlepli,  obtenu  du  blé  de  Noé 
et  du  blé  de  Flandres  ou  blé  de  Bergues.  L'ordre  dans  le(juel  je  les 
énumère  est  celui  dans  lequel  les  classent  la  plupart  des  agriculteurs 
qui  m'ont  fait  part  de  leurs  appréciations. 

Le  blé  Daltel  est  une  variété  à  grand  rendement.  La  paille  en  est 
de  hauteur  moyenne,  blanche  et  forte;  il  talle  beaucoup  et  mûrit  éga- 
lement. L'épi  est  rouge,  ordinairement  courbé,  le  gram  blanc,  assez 
long,  gros  et  bien  plein.  Il  a  réussi  surtout  aux  environs  de  Paris  et 
dans  les  conditions  de  climat  analogues  à  celles  du  Nord-Ouest  de  la 
France.  Presque  partout  il  a  été  le  plus  productif  des  trois  blés  nou- 
veaux, mais  dans  les  contrées  un  peu  chaudes  et  sèches  le  grain  n'a 
pas  toujours  acquis  la  qualité  dont  il  est  susceptible. 

Un  correspondant  du  département  de  Seine-et-Marne,  qui  évalue  le 
rendement  de  son  essai  à  32  ou  33  hectolitres  à  l'hectare,  dit  que  le 
blé  Dattel,  moins  productif  en  paille  que  le  Prince-Albert,  l'est  plus 
que  le  Chiddam,  et,  par  ce  motif,  lui  convient  mieux.  C'était  précisé- 
ment ce  que  j'avais  en  vue  en  opérant  le  croisement  :  obtenir  un  Chid- 
dam plus  productif  en  paille  et  conservant  du  reste  toutes  ses  bonnes 
qualités.  A  Crèvecœur,  dans  l'Oise,  le  blé  Dattel  a  donné,  sur  un  hec- 
tare, 3,150  kilog.  de  grain,  soit  à  80  kilog.  l'hectolitre,  tout  près  de 
40  hectolitres  à  l'hectare.  A  Verrières,  près  de  Paris,  j'ai  obtenu,  en 

j.  1.  \oir  Journal  de  l'agriculture,  tume  UI  de  IbSiJ,  p.  Vi9. 


470  TROIS  NOUVEAUX  BLÉS. 

grande  culture,  un  rendement  encore  supérieur,  3,400  kilog.,  ou 
42  hectolitres  et  demi  par  hectare,  mais  j'aime  mieux  citer  les  chiffres 
de  mes  correspondants  que  les  miens.  Un  grand  fermier  de  la  Brie, 
qui  en  a  récolté  plusieurs  milliers  de  kilog.  cette  année,  évalue  le 
rendement  à  28  qyintaux  (2,800  kilog.)  par  hectare. 

Par  ses  caractères  de  végétation  et  son  tempérament,  le  blé  La- 
med  diîîère  complètement  du  Dattel.  Il  esi  plus  précoce  et  par  consé- 
quent convient  mieux  aux  localités  où  les  blés  souffrent  parfois  de 
l'excès  de  chaleur  au  moment  de  la  maturation.  Son  grain,  rouge  pâle 
et  très  gros,  remplit  complètement  les  balles.  L'aspect  de  l'épi  rappelle 
beaucoup  celui  du  blé  de  Bordeaux,  et  ce  caractère  n'a  pas  échappé  à 
plusieurs  des  expérimentateurs  ;  mais  la  paille  est  toute  différente, 
plus  grosse,  plus  blanche  que  celle  du  blé  de  Bordeaux,  et  surtout 
creuse  et  souple  au  lieu  d'être  pleine  comme  celui  de  ce  dernier.  — 
En  Beauce  et  au  midi  de  la  Loire,  le  blé  Lamed  a  été  généralement 
placé  au  premier  rang  des  trois.  Un  cultivateur  des  environs  d'Ablis 
me  dit  :  «  Le  blé  Lamed  est  le  meilleur  pour  la  Beauce;  c'est  un  blé 
précoce,  à  bel  épi  et  beau  grain,  ayant  une  belle  paille  et  donnant  un 
bon  rendement.  » 

Quant  au  blé  Aleph,  qui  arrive  dernier  dans  la  course  au  succès, 
j'avoue  que  j'avais  à  son  endroit  quelque  faiblesse  et  le  considérais 
avec  une  complaisance  que  l'événement  n'a  pas  justifiée.  Soutallement 
considérable,  la  longueur  de  son  épi  bien  rempli  de  grains  longs, 
pleins  et  d  une  beauté  peu  commune,  m'avaient  fait  concevoir  à  son 
sujet  des  espérances  dont  je  vois  qu'il  faut  rabattre.  Ce  bel  épi  est 
porté  par  une  paille  de  force  parfois  insuffisante.  ^ 

Faciès  ut  soepe  décora 
Molli  fulta  pede  est.... 

de  plus,  il  est  tardif,  peu  rustique,  il  a  hérité  du  blé  de  Noé,  une 
tendance  trop  accusée  à  prendre  le  charbon  ;  enfin  il  verse  quelque- 
fois. Le  voilà  par  terre,  ne  l'accablons  pas.  Il  est  visiblement  con- 
damné, au  moins  en  première  instance,  et  je  n'oserais  insister  auprès 
de  personne  pour  l'essayer  à  nouveau,  quoique,  chez  moi,  les  épreuves 
précédentes  lui  aient  été  souvent  très  favorables. 

Au  blé  Lamed  donc  la  première  place  dans  ({tielques  cas  spéciaux, 
là  oîi  la  précocité  est  un  point  capital.  En  règle  générale,  c'est  le  Dattel 
qui  l'emporte  pour  le  produit  en  grains  et  en"  paille;  c'est  lui  seul  ((ui 
s'élève  par  son  lendement  au-dessus  de  la  plupart  des  autres  blés  ten- 
dres. Quant  au  blé  Alepli,  il  n'est  pas  placé.  Voilà  les  résultats  posi- 
tifs que  donne  l'expérience,  autant  qu'on  peut  regarder  comme  posi- 
tives les  conclusions  formulées  après  une  seule  campagne,  et  lorsque 
les  avis  exprimés  no  représentent  qu'une  faible  proportion  des  essais 
faits.  Qu'on  me  permette  de  proliter  de  celte  occasion  pour  demander 
l'avis  des  agriculteurs  qui  n'ont  pas  encore  exprimé  leur  appréciation. 

H.  Vilmorin. 

EXPOSITION  INTERNATIONALE  D'AMSTERDAM 

Nous  publions  aujourd'hui,  conima  complément  de  l'article  de 
M.  Georges  Marsais,  paru  dans  notre  dernier  numéro  (page  421),  la 
liste  complète  des  prix  remportés  par  les  exposants  français  à  l'e.vposi- 
tion  internationale  agricole  d'Amsterdam. 


EXPOSITION    INTERNATIONALE    D'aMSTERDAM.  471 

Espèce  chevaline. 

Race  lie  Norfolk.  2'  prix,  à  M.  Modesse-Berciiiet.  à  Aiiy-Martin-Kioiix  (Aisne),  pour  son  étalon 
lord  Dirby. 

Races  françaises  de  trait.  Mâles,  l"  prix,  à  M.  Jaste  Dupont,  an  Merlerault  (Orne),  pour  son 
étalon  perolieron  Bu.;/ard,- 2".  à  M.  Modesse-Berquet,  pour  son  étalon  boulonnais  Troubadour  : 
prixsapplémentaire,  à  M.  (Jharlier,  .i  l'o^sesss  (Mirne),  pour  son  étalon  bretoii-normanH  Coquet. 
—  Femelles.  1"  prix,  à  aMM.  Moreau  frères,  à  Feignies  iNorJ),  pour  leur  jument  boulonnaise, 
Brillante. 

Race  anglo-normande.  Mâles.  1"  prix,  à  M.  Pierre,  à  Caen  (Calvados)  pour  son  étalon.  Action; 
2",  à  M.  Ledars,  à  EterviUe  (Calvados),  pour  son  étalon,  Camembert  ;  prix  supplémentaire,  à 
M.  Pierre,  pour  son  étalon  Caen.  —  Femelles.  1'  prix,  à  M.  Horvieu,  à  Varaville  (Calvados), 
pour  sa  jument  suitée.  Miss  Marqot. 

Races  de  tous  pays.  Mâles.  1"  prii,  à  M.  Lebon,  à'Sebourg  (Nord) ,  pour  son  étalon  belge  croisé, 
Montebello . 

Espèce  bovine. 

Race^  de  Zélande.  2'  prix,  à  M.  Thiers,  à  Roubaix  (Nori),  pour  son  taureau  de  40  mois. 

Race  dxirham.  M;iles.  1"  prix,  à  M.  Boyenval,  à  Neuville-Coppegueule  (Somme),  pour  son  tau- 
reau Ifaxos  ;  2%  à  M.  Dantu-Dambricourt,  à  Steene  (Nordj,  (our  son  taureau  durham  croisé.  — ' 
Femelles.  Mention  honorable,  à  .M.  Basire,  à  Dragey  (Manche),   pour  sa  vache  Trophée. 

Rcu:es  schwit:.  Mâles.  3°  prix,  à  M.  Victor  Broquet,  à  Vonl  (Meuse),  pour  son  taureau  de 
26 mois  ;  3",  à  M.  Camille  Broquet,  à  Void  (Meuse),  pour  son  taureau  de  23  mois.  —  Femelles. 
2°  nrix,  à  M.  Victor  Broquet,  pour  sa  vache  de  Sans. 

Races  de  France.  —  Races  laitières.  —  Mâles.  —  1™  Section,  l"  prix,  à  M.  Boyenval,  à  Sainte- 
Geneviève-des-Bûis  (Loiret),  pour  son  taureau  de  race  norminde  de  29  mois,  h  jours;  2',  à 
M.  Céran-iMaiUard,  à  ïurqueville  (Manche),  pour  son  taureau  de  race  normande  de  20  mois. 
15  jours  ;  3%  à  M.  Victor  Broquet,  pour  son  taureau  de  race  normande  de  26  mois  ;  prix  supplé- 
mentaire, à  M.  Edmond  Duriez,  à  Bourbourg-Campagne  (Nord),  pour  son  taureau  de  race  man- 
celle,  âge  de  28  mois.  —  2"  Section.  1"  prix,  à  U.  Céran-Maillard.  pour  son  taureau  de  race 
normande  de  l.j  mois,  2.ïj  urs  ;  3",  à  M.  le  vicomte  Marcotte  deNoyelles,  à  Blendecques  (Pas-de- 
Calais),  pour  son  taureau  de  race  flamande  de  15  mois.  —  Femelles.  1"  prix,  à  M.  Céran-Mail- 
lard, pour  sa  vache  normande  de  4  ans,  3  mois;  1"".  à  M.  Heurat,  à  Qucven  (Morbihan),  pour  sa  vache 
bretonne  de  4  ans;  2",  M.  Heurat,  pour  sa  vache  bretonne  de  4  ans,  2  mois;  M.  Nirohi.^  à  Arcy-en- 
Brie  (Seine-et-Marne),  pour  sa  vache  normande  de  36  mois,  2  jours;  mentions  honorables,  à 
MM.  Leblond,  à  Bailleul  (Nord),  pour  sa  vache  flamande  :  Dumoulier,  à  Claville  (Eure),  pour  sa 
vache  normande  ;  Boyenval,  pour  sa  vache  normande  ;  Heurat,  pour  sa  vache  bretonne  ;  Nicolas, 
pour  sa  vache  normande;  Gy  à  Carnac  (Morbihan),  pour  sa  vache  bretonne 

Races  de  travail.  Mâles,  l"'  prix,  à  M.  Parry,  à  Limoges  (Haute-Vienne),  pour  son  taureau 
limousin  ;  2',  à  M.  Werlein,  à  Besançon  (Doubs),  pour  son  taureau  charolais.  —  Femelles. 
1"  prix,  à  M.  Werlein ,  pour  sa  vache  charolaise. 

Races  de  tous  les  pays.  Mâles.  2"  prix,  à  M.  Victor  Broquet,  pour  son  taureau  flamand-meu- 
sien.  —  Femelles.  2»  prix,  à  M.  Victor  Broquet,  pour  sa  vache  hollandaise-meusienne. 

Attelages  de  bœufs  de  trait,  l"  prix,  à  M.  Parry,  |iOur  ses  bœuf-'  limousins;  2',  à  M.  Duquénel, 
à  Saint-.Sorliii  de  Conac  (Charente-Inférieure),    pour  ses  boeufs  limousins. 

Collections  de  bétail,  l"  prix,  à  M.  le  vicomte  de  Noyelles,  pour  ses  animaux  de  race 
flamande;  ]u'ix  supplémentaire,  à  MM.  Déclémy,  à  Peuphngues  (Pas-de-(-alais),  pour  ses  ani- 
maux de  race  flamande;  Le  Faisant,  à  LongueviUe  (Calvados),  pour  ses  animaux  de  race 
normande. 

Espèce  ovine. 

Race  dishley.  2*  prix,  à  M.  Beglet,  à  Trappes  (Seine-et-Oise),  pour  son  lot  dp  brebis. 

Race  mérinos.  Béliers.  \"  prix,  a  M.  Victor  'jilbert,  à  Wideville  (Seine-et-Oise)  ;  2°,  à  M,  Con- 
seil-Triboulet,  à  Oulchy-le-Chàteau  (Aisne). 

Prix  d'honneur,  à  la  Bergerie  nationale  de  Rambouillet,  pour  l'ensemble  de  son  expo-sition. 

Brebis.  1"  prix,  à  M.  Victor  Gilbert;  2%  à  M.  Couseil-Tnboulet.  —  Ayn^aux.  \"  prix,  à 
M.  Charles  Leiebvre,  à  Artenay  (Loiret);  2",  au  même. 

Races  de  tous  pays.  Béliers.  2°  prix,  à  M.  Emile  Lefebvre,  à  Saint-Florent  (Loiret),  pour  son 
bélier  solognot.  —  Brebis.  2",  à  M.  Emile  Lefebvre,  pour  ses  brebis  solognotes. 

Espèce  porcine. 
Race  de  Sussex.  Mention   honorable,  a   .M.    Dulhu,  à    Nancy  (Meurthe-et-Moselle),  pour  sa 
truie. 

Race  berkshire.  Mention  honorable,  à  M.  Duthu,  pour  sa  truie. 

Races  de  tous  pai/s.  .Mention  honorable,  à. M.  Camille  Broquet.  pour  son  verrat  yorkshire  croisé. 

Beurres  et  fromages. 

ISfurres.  \"  prix,  à  la  Société  d'agriculture  de  Baveux,  pour  son  exposition  collective  de 
beurres  frais. 

Fromages.  \"  prix,  à  M.  Langlois.  2,  rue  Pierre-L'Escot,  à  Paris,  pour  sa  collection  de  fro- 
mages français;  prix  supplémentaire,  à  M.  Chevalier,  à  Lessard-le-Ghéne  (Calvados),  pour  ses  fro- 
mages de  Livarot. 

Machines  agricoles. 

ilachines  à  battre  à  vapeur.  Médiille  dor.  \  |M.  Albaret,  à  (Liancourt-Rantigny  (Oise).  — 
ilédaille  d'argent,  àM>I.  Merlin  et  Cie,  à  Vierzon  (Cher). 

Trieurs.  l°'\mii.k  MM.  Marot  et  fils,  à  Niort  (Deux-Sèvres),  pour  leur  collection  de  trieurs. 

Presses  à  fourrages  à  vapeur.  Méd-iilles  d'or,  à  M.  Albiret,  pour  sa  presse  à  fourrages  La 
D^dt'ncfc:  médaille  d'or  (prix  créé),  à  M.  Pilter,  rue  Alibert,  24,  à  Paris,  pour  sa  presse  a 
fourrages. 

Chemins  de  fer  portatifs.  2'^'  prix,  à  M.  Decauville  aine,  pour  son  chemin  de  fer  portatif, 
voie  de  0  m.  40. 

Force  motrice.  Médaille  dor,  à  M.  Ritler.  boulevard  Contrescarpe.  12,  à  Paris,  pour  son  m  -u- 
lin  &  vent;  à  M.  Albaret,  pour  sa  locomo*nle  de  cinq  chevaux  à  ûhaujièro  tubulaire. 


47  2  EXPOSITION    INTERNATIONALE   D'AMSTERDAM. 

ilachinei  el  apiiarr.ils  non  prévus  an  prnqramnu.  Médailles  d'argent,  à  M.  Albaret,  poui'  son 
hache-maïs  à  fore  centrifuge  el  son  cûUii'i-racliies  (dàpulpeur)  avec  élévateur  à  force  centrifuge; 
àM.  Rilter,  pour  sa  pompe  à  piston  à  transvaser  les  vins,  si  pompe  à  trois  corps  et  ses  pompes 
hydronettes. 

Enseignement  agricole. 

Livri's  pour  l'enseiqnement  de  la  bntaniriue,  l"  prix,  à  MM.  Vilmorin-.Vndrieux  et  Cie,  à 
Paris,  pour  leurs  atlas  rie  plantes  potagères  et  l'ouvrage  Lus  meilleurs  blés. 

Collections  de  liores  agricoles.  Pri.t  d'honneur  (hors  concours),  au  ministère  <ie  l'agriculture,  à 
Paris,  pour  l'ensemble  de  son  exposition;  1"  pri\-,  à  MM.  Hachette  et  Cie,  à  Pans,  pour  leurs 
collections  de  livres  agricoles;  'i",  à  M.  Charles  Baltet,  à  Troyes,  pour  ses  ouvrages  agricoles  ; 
prix  supplémentaire,  médaille  d'argent,  à  MM.  Horlin,  institut  ur,  à  Echinghem  (Pas-de-Calais), 
pour  ses  travaux  sur  l'agriculture  ;  Le  Sueur,  à  Saint-Vigor-le-Grand  (Calvados),  pour  son  manus- 
crit sur  l'industrie  laitière;  l.é/.é,  professeur  a  l'Kcole  nationale  d'agriculture  de  Grignon.  pour 
son  travail  sur  l'industrie  laitière  en  Hollande. 

Collections  de  planches,  cartes,  tableaux.  ["  prix,  à  MM.  Hachette  et  Cie,  à  Paris,  pour  l'en- 
semble de  leur  exposition  de  caries  et  plans. 

modèles  de  constructions.  Médailles  d'argent,  à  M.  Nicolas,  pour  son  plan  du  domaine  d'Arcy; 
'à  M.  Chandora,  à  Moissy-Cramayel  (Seine-et-Marne),  pour  ses  plans  de  drainage. 

Objets  utiles  à  l'agriculture.  Prix  d'honneur,  h  l'exposition  collective  des  instituteurs  du  dépar- 
tement du  Nord;  prix  supplémentaire,  à  M.  Kondeur,  à  Viry-Noureui!  (Aisne),  pour  son  grapho- 
mètre-équerre. 

Miels  et  cires. 

Miels.  I"'  prix,  à  M.  Bertranl,  à  BufTon  (Côte-d'Or). 
Cires.  '}'  prix,  au  même. 

Protection  des   animaux. 
Pas  d'exposants. 

Produits  agricoles. 

I.  Producteurs.  Propriétés  de  moins  de  20  hectares.  Prix  d'honneur,  à  M.  Mayeux,  .à  Villejuif 
(Seine),  pour  l'ensemble  de  son  exposition;  l"  prix,  à  M.  Dugardln-Gardin,  à  Saint-.\maud-les- 
Eaux  (Mord)  :  T.  à  MM.  Duquesnel;  De  la  Roche-Macé,  à  C  uiffé  (Loiro-Inférieure)  ;  mentions 
honorables,  à  MM.  Couesnon.  à  .\ulnoy  (Seine-et-Marne);  Lieiraaeit,  .i  Bergues  (Nord). 

Propriétés  de  '20  à  GO  hecttres.  Prie  d  honneur,  à  M.  Dantu-Dambricourt;  l"'  prix  à 
MM.  Bienssart.  à  Saint-.imand-les-Eam  (.Nord);  Porion,  à  "Wardrecques  (Nord);  •'%  à  Mvi.  Leblond  ; 
Grandin,  à  Cocherel  (Seine-et-Marne)  ;  mention  honorable,  à  .M.  Stévenot,  à  Armbouts-Cappel 
(Nord). 

Propriété.-,  de  plus  de  GO  /iccfarev.  Prix  d'honneur,  à  MM.  Desprez,  à  Cappelle  (Nord);  l"'  prix, 
à  M.  .leanjean,  à  Carignan  (Ardennes);  2",  à  M.  Dumoutier,  à  Ciaville  (Eure). 

Lins  bruts.  \"  prix,  à  M.  Maizier,  à  Plessis-Brion  ("Ise). 

II.  ExposANrs  marchanus,  Colleitions  de  céréales.  Prix  d'honneur,  à  MM.  Vilmorin-Audrieux 
et    Cie,  à  Paris;  Forgeot  el  Cie,  ù  Paris. 

Collections  de  tub  rcules.  2"  prix,  à  MM.  'Vilmorin-Andrieux  et  Cie. 
Colles linris  df  ^ciieiues  de  foin  et  de  trèfle.  '.',"  prix,  aux  mêmes. 
CoUeciions  de  lin  traiaillé.  Prix  d'Iionnenr.  à  M.  Maizier. 
Collections  de  chanvre  travaillé.  Prix  d'/ionnetir,  au  même 

III.  Expositions  COLLECTIVES.  Prix  d'honneur,  àla  Société  des  agriculteurs  du  Nord,  à  Lille,  pour 
l'ensemble  de  son  exposition.  —  Médaille  de  bron%e,  au  Comice  agricole  de  Château-Gcntier, 
pour  l'ensemble  de  son  exposition. 

Prix  décernés  par  le  Comité,  en  exécution  de  l'article  14  du  règlement  général 

de  l'exposition. 

Médailles  d'or,  à  MM.  Nicolas,  pour  ses  plans  de  I  àlioients  ruraux;  Nicolas,  pour  ses  vaches 
de  race  normande;  Dalle,  à  Bousbecque  (Nord),  pour  ses  lins  rouis;  Leclère,  à  Rouen,  pour 
ses  semoirs. 

Médaille<  d'argent,  à  M.M.  de  Sauvage,  à  Paris,  pour  son  travail  sur  les  prix  de  revient  agri- 
coles; Vincent,  fils,  à  Corps  (Isère),  pour  ses  semences  de  prairies  naturelles;  Leblond,  pour 
sa  collection  de  végétaux  agricoles;  Clûstre ,  à  Saint-Pierre-le-Moutier  (Nièvre),  pour  son  étalon 
et  sa  jument  de  race  nivernaise  ;  Dollé,  à  RoUencourt  (Pas-de-Calais),  pour  sou  étalon  Bril- 
lant; Marot  et  fils,  pour  leur  trieur  à  pommes  de  terre;  Fondeur,  à  Viry-Noureuil  (Aisne),  pour 
l'ens  mble  de  son  exposition;  Eimoud  Duriez,  pour  ses  animaux  de  race  bovine  raancelle 
croisée. 

Médailles  de  bronze,  à  MM.  F.  Duriez,  à  Craywick  (Nord),  pour  sa  génisse  de  race  flamande  ; 
Dantu-Danibricourt.  pour  ses  alcools,  huiles,  potasses;  Guibert,  à  Beiiugency  (Loiret),  pour  ses 
vins  et  ses  vinaigres  ;  Dedron  jeune,  à  Paris,  pour  ses  fromages;  Seulfort-Meurant,  à  Landrecies 
(ÎSord),  pour  sa  voiture  agricole;  Sjuliac  aine,  à  Riom  (Puy-de-Dome),  pour  ses  mesures  de 
capacité. 


SOLOGNE-  —  MORT  DE  M-  J.-A-  BARRiL 

La  mort  fait  le  vide  dans  le  ranji'  des  membres  honoraires  du 
Comité  central  agricole  de  la  Sologne.  Il  avait  perdu  MM.  Becquerel, 
Brongniart,  Elle  de  Beaumont,  Moll  ;  cette  année  lui  enlève  M.  de  Bé- 
liague,  M.  Dumas,  M.  J.-A.  Barrai. 

Hier  nous  écrivions  dans  le  projet  d'ordre  du  jour  de  notre  séance 
d'automne  du  Comité  :    «  Offrir  à  M.  Pasteur  le   siège  de  président 


SOLOGNE.  —  MOHT   DE  M.   J  -A.   BARIUL.  473 

lionoraire  de  son  maître,  M.  Dumas;  à  M.  Barrai,  celui  de  M.  de 
Béhague...  »,  et  nous  recevons  la  triste  nouvelle  des  obsèques  de 
M.  Barrai,  le  fondateur  du  Journal  de  l'acjrmillure  ^  le  secrétaire 
perpétuel  de  la  Société  nationale  d'ai;riculture,  le  savant,  le  tra- 
vailleur infatigable  de  notre  grand  laboratoire  de  science  et  d'économie 
agricoles,  «  le  maître  vénéré,  l'ami  le  plus  dévoué,  le  cœur  le  plus 
chaud,  tout  entier  d'alï'ection  et  d'abnégation»,  écrit  en  pleurant 
M.  Sagnier. 

Pour  nous,  c'est  un  deuil  commandé  par  la  reconnaissance. 

M.  Barrai  a  regardé  la  Sologne;  il  l'a  aimée  tout  d'abord  «parce 
qu'elle  était  délaissée  par  beaucoup».  Il  l'a  étudiée,  particulièrement 
à  Burtin,  sur  le  terrain  des  ensilages  de  M  Auguste  Goffart.  Il  a  pro- 
clamé «  qu'elle  méritait  d'être  aidée,  qu'elle  deviendrait  un  champ 
d'agriculture  productive  ». 

Le  Comice  de  Lamotte-Beuvron  conservera  dans  les  meilleures  pages 
de  ses  archives  le  souvenir  de  la  visite  qu'il  a  faite,  en  1877,  à  son 
exposition  de  produits,  et  des  paroles  encourageantes  qu'il  y  a  pro- 
noncées, comme  son  humble  président  conservera,  parmi  les  meilleurs 
de  ses  titres,  le  brevet  qu'il  lui  a  donné  de  «  secrétaire  des  œuvres  de 
la  Sologne  ».  Ernest  Gaugihan. 

13  septembre  1884. 

ELEVAGE  DES  POULETS 

DANS     LE     DÉPARTEMENT     DU     TARN 

Dans  le  département  du  Tara,  les  paysans,  simples  cultivateurs  ou 
métayers,  élèvent  des  quantités  considérables  de  vulailles  qu'ils  ven- 
dent très  avantageusement  pour  alimenter  les  marchés  du  bas  Langue- 
doc et  de  la  Provence.  La  qualité  principale  qu'ils  recherchent  dans 
leurs  poules,  c'est  d'être  bonnes  pondeuses;  car  bien  avant  l'invention 
des  couveuses  artificielles,  ils  avaient  trouvé  le  moyen  de  faire  couver 
et  élever  les  poulets  en  se  servant  le  moins  possible  des  poules  mères. 
Ils  arrivent  à  ce  résultat,  en  faisant  couver  les  œufs  de  poule  par  des 
dindes  (couveuses  hors  ligne),  qui,  grâce  à  leur  taille,  peuvent  ré- 
chauffer trente  œufs  à  la  fois  et  faire  trois  couvées  de  suite.  Quelques- 
unes  de  ces  pauvres  bêtes  succombent  aux  fatigues  de  ce  rude  métier  ; 
celles  qui  y  résistent  sont  très  épuisées,  mais  se  rétablissent  assez 
facilement,  et  sont  conservées  pour  la  saison  suivante. 

Voilà  bien  les  poulets  éclos,  mais  à  qui  les  confier,  puisque  la  poule 
couveuse  manque  et  que  la  dinde  recommence  à  couver  de  nou- 
veaux œufs?  Pour  sortir  d'embarras,  le  paysan  tarnais  a  trouvé  une 
idée  vraiment  originale  :  il  s'est  adressé  aux  chapons,  supposant  que 
ces  malheureuses  victimes  de  la  gourmandise  humaine,  ne  pouvant 
être  pères,  seraient  heureuses  de  se  donner  l'illusion  de  la  paternité 
en  acceptant  les  fonctions  de  tuteur  ;  le  succès  a  couronné  ses  espé- 
rances. Rien,  en  effet,  n'est  plus  facile  que  de  décider  un  chapon  à  se 
charger  de  l'éducation  d'une  couvée  de  poulets,  à  la  naissance  des- 
quels il  n'a  eu  cependant  aucune  part.  Il  suffit  pour  cela  de  choisir  un 

chapon  bien  fin,  suivant  l'euphémisme  employé  par  les  filles   de 

basse-cour,  et  de  l'enfermer  avec  quatre  ou  cinq  petits  poulets  dans 
un  panier  recouvert  d'une  toile  et  placé  dans  une  demi-obscurité. 
Après  une  réclusion  de  vingt-quatre  à  quarante-huit  heures,  selon  le 


474  ÉLEVAGE   DES  POULETS  DANS   LE  DÉPARTEMENT  DU  TAUN. 

caractère  plus  ou  moins  docile  de  l'animal  choisi,  le  tour  est  joué; 
le  chapon  est  devenu  pour  les  poulets,  dont  la  couvée  tout  entière  lui 
est  confiée,  le  père  le  plus  tendre  et  le  plus  isoigneux. 

Ici  se  produit  un  phénomène  bien  étrange.  Aussitôt  que  le  chapon 
a  franchement  accepté  les  poulets,  il  subit  une  transformation  inexpli- 
cable :  sa  voix  change,  il  imite  immédiatement  et  très  exactement  le 
gloussement  de  la  poule  ;  ce  qui  lui  restje  de  crête  et  de  caroncules  $e 
décolore  ;  il  prend  absolument  l'aspect  extérieur  de  la  poule.  Cet  état 
persiste  aussi  longtemps  que  le  chapon  a  des  poulets  à  conduire  ;  après 
quoi  il  reprend  sa  voix  ordinaire,  le  rouge  reparaît  sur  sa  tête,  et  le 
célibataire  forcé  recommence  sa  vie  insouciante. 

Pendant  la  conduite  de  sa  couvée,  le  chapon  montre  pour  ses  pu- 
pilles une  tendresse,  une  sollicitude,  une  vigilance  au  moins  égales, 
sinon  supérieures,  à  celles  de  la  poule  elie-mèine.  Plus  gros  qu'elle, 
il  peut  mieux  les  abriter  sous  ses  ailes;  chaque  chapon  peut  élever 
vingt-cinq  poulets  ;  il  peut  mieux  les  défendre,  ce  qui  est  fort  utile 
dans  le  département  du  Tarn,  où  les  poulets,  lâchés  en  toute  liberté 
autour  des  fermes,  ont  à  compter  avec  les  oiseaux  de  proie,  les  pies, 
les  belettes,  etc.,  qui  en  enlèvent  toujours  un  certain  nombre. 

De  plus,  le  chapon  a  sur  la  poule  l'avantage  de  conserver  beaucoup 
plus  longtemps  la  direction  de  ses  élèvos  ;  tandis  que  la  poule,  pressée 
de  recommencer  sa  ponte,  abandonne  ses  enfants  quand  elle  les  juge 
en  état  de  se  suffire  à  eux-mêmes,  le  chapon,  qu'aucun  autre  devoir 
ne  réclame,  ne  se  sépare  pas  de  ses  fils  adoptifs  avant  qu'ils  ne  le 
quittent  spontanément,  à  moins  qu'on  ne  Tait  repris  pour  lui  confier 
une  seconde  couvée,  qu'il  accepie  et  qu'il  soigne  avec  le  même  dévoue- 
ment. 

Quelques  chapons  sont  pourtant  rebelles  à  celte  paternité  imposée, 
mais  ils  sont  rares  ;  ceux-là,  après  épreuve  négative,  retournent  à 
l'épinette  et  sont  préparés  pour  la  broche.  Quant  à  ceux  qui  ont  fait 
preuve  d'aptitudes  spéciales,  ils  sont  soigneusement  conservés  pour 
servir  de  nouveau,  et  quelquefois  pendant  quatre  ou  cinq  ans  de  suite. 
11  n'y  a  plus  alors  aucun  soiu  à  prendre  pour  leur  faire  accepter  des 
poulets  ;  il  suffit  de  les  mettre  sous  une  mue  avec  la  couvée  tout  en- 
tière, pour  qu'ils  acceptent  immédiatement  la  charge  d'une  nouvelle 
éducation. 

Quelques  filles  de  basse-cour,  pour  vaincre  la  résistance  de  cha- 
pons trop  rebelles,  leur  arrachent  les  plumes  du  ventre  et  frottent  la 
partie  dénudée  avec  du  vin  ou  des  orties  pour  provoquer  une  chaleur 
factice;  mais  celte  pratique  barbare  est  peu  employée  et  ne  réussit  pas 
toujours. 

Les  jeunes  canards  sont  élevés  d'une  manière  analogue.  On  les  tient 
enfermés  pendant  quelques  jours  après  leur  éclosion,  puis  on  les 
lâche;  mais,  comme  ils  ne  sauraient  se  tirer  d'affaire  tout  seuls,  on 
leur  donne  pour  guide  un  jeune  oison  plus  âgé  de  quelques  jours 
seulement  et  qui,  donnant  un  démenti  à  l'idée  attachée  à  son  nom,  se 
montre  beaucoup  plus  intelligent  que  ses  petits  camarades.  11  sait 
parfaitement  les  conduire  à  la  mare  et  les  ramener  à  la  ferme  aux 
heures  des  repas  et  du  coucher.  De  leur  côté,  les  petits  canards,  con- 
vaincus que  la  taille  de  leur  grand  ami  est  l'indice  d'une  haute  supé- 
riorité, le  suivent  avec  la  plus  grande  soumission;  pas  un  ne  s'écarte. 
L'oison  a  sur  la  poule  l'avantage  de  pouvoir  prendre  part  aux  ébals 


ÉLEVAGE  DES  POULETS  DANS  LE  DÉPARTEMENT  DU  TARN,  475 

aquatiques  de  ses  compagnons;  mais  ce  n'est  pas    un  protecteur,  un 
défenseur  :  c'est  un  simple  conducteur  inconscient. 

La  première  nourriture  des  jeunes  canards  consiste  principalement, 
outre  les  insectes  et  les  vers  qu'ils  savent  découvrir  eux-mêmes,  en 
herbes  telles  que  fenouil,  laitue,  orties  hachées  très  menu  et  mêlées 
à  de  la  farine  de  maïs.  J'appelle  surtout  l'attention  des  éleveurs  sur  le 
fenouil  sauvage  qui,  dans  le  Tarn  du  moins,  croît  abondamment  le 
long  des  chemins  et  dont  les  propriété  aromatiques  sont  considérées 
comme  des  plus  salutaires.  Ad.  de  Baiirau  de  Mcratel, 

Conseiller  général. 

CONCOURS  DE  LA  RACE  OVINE  DU  LARZAC 

Le  concours  annuel  ouvert  à  la  Cavalerie  (Aveyron)  pour  les  animaux 
de  la  race  ovine  du  Larzac  se  tiendra  le  23  septembre  prochain.  Les 
animaux  de  cette  race  sont  seuls  admis  au  concours,  soit  qu'ils  appar- 
tiennent à  des  domaines  situés  dans  le  département  de  l'Aveyron,  soit 
qu'ils  proviennent  des  départements  du  Gard,  de  l'Hérault  et  de  la 
Lozère;  les  femelles  seront  divisées  en  deux  catégories  :  1°  race  du 
Larzac  née  et  élevée  sur  les  plateaux;  2°  race  pure  du  Larzac  élevée 
dans  les  vallons.  La  première  catégorie  forme  deux  classes  :  l'une  pour 
les  troupeaux  du  plateau  supérieur,  l'autre  pour  ceux  du  plateau  infé- 
rieur de  Longue-Rouvière.  Chaque  année,  plusieurs  milliers  de  bêtes 
ovines  figurent  à  la  Cavalerie  :  c'est  un  des  concours  de  ce  genre  les 
plus  importants;  en  effet,  ce  n'est  pas  un  concours  de  lots  de  bêtes, 
mais  bien  un  concours  de  troupeaux. 

En  1883,  nous  y   avons  assisté  avec  M.   Barrai  :  c'est    une   des 
dernières  excui'sions  que  nous  ayons  faites   ensemble. 

Henry  Sagnier. 

REVUE  GOÏÏ\IEBG[.\LE  ET  PRIX  GlURVNr  DSS  DENRÉES  AGRICOLES 

(20  SEPTEMBRE  1884.) 
I.     —    Situation    générale. 

Les  marchés  agricoles  contiauenl,  à  présenter  une  assez  grande  activité  ;  pour 
la  plupart  des  denrées,  les  oiTres  sont  abondantes,  avec  des  alïiires  difficiles. 

II.  —  f.es  graiyis  et  les  farines. 

Les  tableaux  suivants  résument  las  cours  des  céréales,  par  quint-^l  métrique, 
sur  les  principaux  marchés  de  la   France  et  de  l'étranger. 


Algérie. 

Angleterre. 
Belgique. 

Alger  (blé  tendre.. 

*       (  ble  dur 

Londres 

Blé 
fr. 

20.00 
16  25 
19.25 
19.20 
22  00 
19.75 
20.25 
17.95 
23.25 
22.00 
22.25 
20.25 
18.25 
20.00 
21.25 
2;i.00 
2:J..50 
22 .  25 
la. 75 
10.. 50 
lii.OO 
iG.80 

Seigle, 
fr. 

D 
0 

17.00 
15.50 
le. 25 
16.50 
15.30 
21.00 
19.00 
18.75 
19.25 
17.00 
17. .50 
19.85 
18.50 
1S.50 

U  25 

14.00 

13.75 

1 

Orge, 
fr 

» 
11.00 
20 .  75 
20.. 50 
18.25 
17.. 50 
18. OJ 

20.00 
20.. 50 
20.25 
20 .  50 

21.25 

18.75 
18.00 

» 
15.75 
15.00 

Avoino 
fr. 

D 

13.50 
17.20 

18.75 

Bruvelies 

16.50 

— 

Liège 

Naniur 

17.00 
18.75 

Pays-Bas. 

Luxembourg. 

Luxembourg 

21.00 
19.00 

20.50 



20.25 

Allemagne. 

Berlin 

Cologne  .    .        

D 



16.75 

Suisse, 

18.25 

Italie. 

Milan 

16.00 

Espagne. 
Autriche. 

Vienne 

U.OO 

Hongrie. 
Fusiie. 
Etats-Um  . 

Budapest 

Saint-l'éterstiourg. . 
New-York 

13.20 
11.50 

n 

476 


REVUE  COMMERCIALE   ET  PRIX    GOURANT 


1"   BEGION.  — 


Calvados.  Cordé 

—  Lisieux 

C.-du-Noid.  Pontrieux. 

—  Treguier 

Finistère.  Morlaix 

—  Quimper 

JUe'et-Vitaiîie.  Rennes. 

—  Fout^eres 

Manche.  Avranchea. . . . 

—  Pontorson 

—  ViUedieu 

Mayenne.  Lava! 

—  Mayenne 

Morbihan.  Hennebont.. 
Orne.  Belléme 

—  Fiers 

Sarthe.  Le  Mans 

—  Sable 


NORO, 

Blé. 

fr. 
18  70 
19.25 
19.50 
19.35 
19.50 
1S.75 
19.50 
'iO  00 
21.00 
20.75 
21.25 
19.50 
19.25 
20.00 
19.50 
19.75 
20  00 
20.00 


.OUEST. 

Seigle.   Org«. 

fr.  fr. 

16.00 

15.00 

14.50 

14.75 

» 
15.50 


15.50 
15.25 


13.50 
19.25 
15.75 
1S.5U 
l'i.OO 
15.00 
15.50 

» 
1S.25 
18  00 
18.50 
15.80 
17.00 

» 
18.25 
18.70 
15.J5 
lu. 00 


Afoine. 

fr. 

31.00 

20.50 

15.50 

14.75 

13.80 

lb.20 

15.00 

15.50 

20.50 

20.25 

20.50 

17.50 
15  00 
22.00 
16.75 
20.25 


li 


Prii  moyens 19 

2"  RÉGION. 

ili«ne.  Soissons 19 

—  Château-Thierry.  19 

—  Villers-GoUerets.  19 
Eure.  Le  Neubourg....  18 

—  Pacy 19 

—  Louviers 19 

Eure-et-Loir.  Chartres..  13 

—  Anneau 18 

—  Nogent-le-Rolrou 
Nord.  Camlirai 

—  Douai 19 

—  Valenciennes 20 

Oise.  Beaiivais 20 

—  Compiegne 19 

—  Senlis 19 

Pas.de-Calais.  Ams.. ,  1 

—  Saint-Omer 19 

Seine.  Paris 21. 

S.-et-Marnc.  Dammartin.  20. 

—  Meau.x 20. 

—  Neraours 20. 

S.-ei-Oise.  Donrdan 19. 

—  Pontoise 20. 

—  Versailles 21. 

Seine-M^érieure. Rouen.  20. 

—  Dieppe 21 

—  Yvetot 20 

Somme.   Amiens  19 

—  Montdidier 20 

—  Roye 19 


69      15.50     16.83      17.75 
—  NORD. 


30  15.20 

.75  15.20 

50  14.60 

75  13.50 

25  14. Ou 

00  13.50 

85  13-00 

00  14.50 

50  16. uO 

75  15.00 

.20  16.00 

}i  16.00 

.50  14.50 

25  14  50 

50  14.50 

9.75  16.00 


14  75 
15.40 
14.75 

15  00 
15.50 
15.20 
15.00 
14.50 

60  13.70 
00  14.50 
75  14.25 
25  14.75 
50  14.50 
75    i> 


17.00 
16.50 
20.25 
20.00 
18.75 
16.50 
19.25 
17.50 

19.00 
19.50 
20.00 


19.50 
19.00 
17  li 
16.50 
17.00 
17.50 
20  50 
17.50 
18.50 
18. SO 

19.25 
19.50 
17.50 


16.40 
16.25 
17.50 
19.00 
13.75 
18.25 
15.75 
16.00 
15.75 
16.00 
15.80 
16.50 
15.75 

17.50 
15.80 
16.00 
18.10 
16.50 
17.00 
16.00 
13.25 
17.50 
'-■1.50 
20.50 
21.00 
IS.OO 
15  50 
16.00 


Prix  moyens 

3*  RÉOION. 

Ardennes.  Charleville.. . 

—  Sedan 

Aube.  Bar-sur-.4ube  . . . . 

—  Méry-.sur-Seine. . . 

—  Troyes 

Marne.  Chàlons 

—  .Sezanne 

—  Remis 

Hie-Marne.  chaumont.. 
Meurthe-et-Mos.  Nancy. 

—  Lunéville 

—  Toul 

Meuse.  Bar-Ie-Duc 

—  Verdun ,. . 

Haute-Saône .  Gray 

—  Vesoul 

Vosges.  IMirecourt 

—  Raon-I'Etape 


19.72     14.73      13. 'i9     17.21 
—  NORD. EST. 


21.25 
21  .50 
19.50 
19.50 
20.50 
20.75 
19.50 
20  75 
19.00 
21.00 
21.00 
20.25 
20.75 
20.75 
20.00 
20.00 
20.00 
21.25 


16.  15 
15.00 
14.50 
14.25 
15.50 
16  75 
14.50 
16.00 


18.65 
Ij.OO 
17.50 
16.25 
17.25 
18.25 
17   50 

13. ;s 


13.25 
17.50 
17  50 
15.50 
16.50 
!6.25 
18.25 
17.00 


15.25 

» 
16.25 


15.25 
15.75 


17.50  18.00 

»  16.50 

18.25  15.50 

18.25  17.25 

0  » 

»  15.00 

17.75  15.75 


Prix  moyens 20.40     15.31     17.91     16 

4"  BÉOION.  —  OUEST. 
Charente.  Angouléme... 

—  RuITec 

Char.-lnfér.  Marans . . . . 

Deux-Si'vres.  Niort 

Indre-et-Loire,  Bléré  . , , 

—  Château-Renault.. 

Loire-Inf.  Nantes 

M.-et-Loire.  Saumur. . .. 

—  Aneers 

Vendée.  Luçon 

—  Fonteoay-ie-Gte  . . 
Vienne.  Poitiers 

—  Loudun 

Haute-Vienne.  Limoges. 

Prix  moyen» 19.27     15.26     18.36    16. oî 


20.50 

n 

13.25 

16.25 

20.00 

j> 

19.00 

15.50 

19.50 

n 

16  00 

14.75 

19.25 

15.00 

» 

15.50 

18.50 

15.25 

19.75 

16.00 

19.25 

13.80 

17.00 

16.50 

18.85 

» 

» 

15.75 

20.40 

15.25 

19  00 

17.00 

17.85 

17.00 

19.00 

17.50 

18.70 

» 

18.00 

14.50 

19. 2S 

» 

17.30 

16.25 

13.50 

15.00 

18.75 

16.50 

19.00 

» 

19.25 

15.75 

20.25 

15.50 

13.50 

16.50 

5'    BÉOION.  —  Ce.\TR9>. 


Cher. 


Blé. 

fr. 
19.50 
19.75 
20.50 


Allier.  Montluçon 

—  Gannat 

Saint-Pourçajn. 

Bourges IS.50 

—  Aubigny içi.oo 

—  Vierzon ,3.50 

Creuse.  Aubusson 20.25 

hidre.  Châteauroui 21  ôo 

—  Issoudun 13.75 

—  La  Ghitre 20  00 

ioiVel.  Orléans 19.30 

—  Montargis |ii  75 

,  —    Gien ,.s..,5 

L.-el-Cher    Blois 18.50 

—  Montoire 17,00 

20.50 

19.00 
19.50 
20.50 
19.50 


Nièvre.  N.evers. 

—  La  Charité  .. .. 
Vonne     Brienon. 

—  Sens 

—  Tonnerre 


Seigle. 

fr. 
16.00 


15.00 

13.25 
14.00 
14.50 
15.50 
15.00 
14.75 
15.25 
15.00 
14.75 
13.  50 
13.50 
14.50 

» 
14.25 
14.50 
16.20 
13.50 


fr. 

17.50 
17.00 
16.50 
18.25 
18.50 


17  50 
18.50 
19.25 

n 
16.75 
17.00 
18.50 
18.00 


16  35 
16.50 

17  00 


Atoine. 

fr. 

16.25 
15.75 
16.  50 
l.  .50 
16.00 
15.50 
15.50 
16.00 
15,00 
16.50 
10.75 
16.50 
!6  Ou 
17.75 
15.50 
16  50 
16.35 
17.00 
17.25 
15.50 


R»ixmoyens 19.40     14.61     17.54     iTTs 


6*  RÉaiON.  —  EST. 
/lin.  Bourg ,0.50    18.50 

—  Pont-de-Vaux 20.60 

Cd/e-d'0)\  Dijon 19.75 

—  Beaune î9.75 

flou/is.  Besançon 19.75 

/sère.  Grenoble 21,50 

—  Bourgoin 20.00 

Jura,  haie 20.00 

i.oire.  Charlieu 19.25 

P.-de-£>ôme. Clermont-F.  22.00 

Rhône.  Lyon 20.25 

Saône-e(-ioi»'e.  Chilon  .  20.25 

—  .Miicon 

oavOT'e.  Chambéry 

Ute-Savoie.  Annecy... 

Prix  moyens. .. 

T   RÉGION 


20.50 
22.75 
2  1  .  50 

20.55 


15  50 
15.50 


17.50 
14.25 
14.75 
15.00 
16.50 
15.50 
15.00 
14.50 


17.00 
17,50 


17.00 
17.50 
19.50 
18.00 
18  l!0 
17.00 
ls.50 


15  63      17.78     17 


17.50 
17  25 
17.25 
16.50 

I» 
18.50 
17.00 
17.25 
16.25 

» 
17.50 
16.75 
17.50 
17,75 
15.50 

12 


SUD-OCEST 

/(Wège.  ."amiers 21.75     15.50 

„—      f"'" 22  35     18  00 

Uordofjne.  Bergerac 20.7 


17.75 
17.25 


16.35 
16  25 
19.75 
18.75 
13.50 
21.00 
13.50 


18.25 
18.50 
17.50 


17.96     17.95     17.93 


llle-Garnnne.  Toulouse.  20.50 

—  st-Gaiidens 21.75 

Gers.  Goridoni 20.40 

—  Ëauze 22.75 

—  Mirande 20.00 

Gironde.  Bordeaux 20.25 

—  La  Roole 20. 25 

Landes.  Dax 23.75 

Lot-et-Garonne. Agen...  20.25     18.75     18.00 

—  Nérac -20.50 

B. -Pyrénées.  B^yonne. ,  23.50 

Htes-Pyrénées.  Tarbes..  21.25 

Prix  moyens 21.3'' 

S*  RÉGION.  —  Sl'n. 
Aude.  Castelnaudary  ..  22.50 

Aveyron.  Bodez 21.00 

Cantal.  Mauriac 22.50 

Correze.  Tulle 22.00 

Hérault.  Montpellier...  22.85 

—  Béziers 22.00 

Lo/.  Cahors 22.25 

Lozère.  Mende 22.00 

Pi/ranées-Or.Perpignan.  25.65 

Tarn.  Lavaur 23 .  00 

Tam-et-rtaï'.Montauban  22.25 

—  Moissac 20.00 

Prix  moyens 22.33     18.13 

9'  RÉGION.  —  SPU-EST 
Basses-.ilpes.  Manosque  23.75 
//auies-zlipes.  Briançon.  22.25     IS.oO     18.25 
.4ipes-(l/aH(imes.Nice..  23.75     19.50     16.00 

Ardeche.  Pnvss 26.65     17.90     17.00 

B.-du-Hhône.  Arles 22.25 

Drame.  Valence 20.50 

trard.  Nîmes 22.50 

Haute-Loire.  Brioude...  20.75 

Far.  Draguignan 22.25 

Kouduse.  Carpenlras. .  22.50        » 

Priiraoyena 22.71     17.63 

Moy.  de  toute  la  France  20.60     16.09 
—  de  la  semaine  précéd.  20.37     16.19 

Sur  laaemainelHausso.      T""       % 
précédente. .(Baisse..    0.27      0,19 


17.00 
16.75 
18.50 
13.00 
17.25 
18.00 
20.00 
18.25 


17.50 
13.00 
16.50 
20.00 


16.50 
21.00 
17.75 


18.00 
18.50 
19.15 
18.00 
13.25 
16.00 


IS.OO 
19.50 
17.90 

» 
14.50 

18.50 


18.50 
18.25 
17.75 
18.25 
20.00 
24.00 

18.50 
19.50 


18.25 
19.00 
20  50 
18.25 
18.50 
18.25 
18.00 
17.25 
24.55 
18.50 
19  00 
18.00 


19.03  19  00 


18.00 
20.00 
18.40 
17.50 
17.15 
17.50 
15.00 
17.80 
17.00 

17.59 
17  27 
17  54 


17.00 
13  70 
13.00 

17.49 
17  94 
17.82 

0.12 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (20  SEPTEMBRE  1884).  477 

Blés.  —  Les  appréciations  sur  la  nouvelle  récolle  se  multiplient  de  plus  en 
plus  ;  elles  conlirment  complètement  celles  qui  ont  été  données  dans  nos  co- 
lonnes. Quant  à  la  situation  commerciale,  elle  est  toujours  aussi  précaire  ;  sur  le 
plus  grand  nombre  des  marchés,  les  ventes  sont  difficiles,  et  les  cours  accusent 
de  la  baisse.  Néanmoins,  ce  mouvement  trop  continu  paraît  vouloir  s'arrêter.  — 
A  la  halle  de  Paris,  le  mercredi  17  septembre,  les  affaires  ont  conlinué  à  être 
calmes,  quoique  les  offres  de  la  culture  fussent  nombreuses  pour  toutes  les  sortes 
de  blés.  On  cotait  de  20  fr.  50  à  ?.l  fr.  50  par  100  kilog.,  suivant  les  qualités. 
Le  prix  moyen  s'est  fixé  il  21  fr.  —  Au  marché  des  blés  à  livrer,  on  cotait  : 
courant  du  mois,  20  fr.  75  à  21  fr.  ;  octobre,  20  fr.  75  à  21  fr.  ;  novembre  et 
décembre,  20  fr.  50  à  20  fr.  75;  quatre  mois  de  novembre,  20  fr.  50  à  20  fr.  75  ; 
c(uatre  premiers  mois,  20  fr.  75  à  21  fr.  —  Au  l/avie,  les  offres  continuent  à  être 
assez  importantes  ;  les  blés  d'Amérique  se  vendent  de  20  à  20  fr.  25  ;  ceux 
d'Australie  sont  off'erts  à  21  fr.  ;  ceux  des  Indes  valent  de  19  à  19  fr.  50.  — 
A  Marseille,  on  signale  une  assez  grande  activité  dans  les  arrivages  de  blés  étran- 
gers ;  les  transactions  sont  toujours  calmes,  et  les  cours  demeurent  sans  change- 
ments. —  A  Londres,  les  prix  accusent  de  la  baisse,  principalement  ceux  des 
blés  indigènes,  que  l'on  regarde  généralement  comme  d'assez  mauvaise  ([luilité. 
—  Les  blés  étrangers  sont  cotés  de  19  à  20  fr.  50  par  10  >  kilog.,  au  marché  des 
cargaisons  ffottantes,  suivant  les  provenances  et  les  qualités. 

Farines.  —  Les  farines  se  cotent  encore  en  baisse  depuis  huit  jours.  —  Pour 
les  farines  de  consommation,  on  cotait  à  la  halle  de  Pans,  le  mercredi  17  septem- 
bre :  marque  de  Corbeil,  46  fr.;  marques  de  choix,  46  à  49  fr.;  premières  mar- 
([ues,  45  à  46  fr  ;  bonnes  marques,  43  à  44  fr.;  sortes  ordinaires,  42  à  43  fr.;  le 
tout  par  sac  de  159  kilog.,  toile  à  rendre,  ou  157  kilog.  nets,  ce  qui  correspond 
aux  prix  extrêmes  de  26  fr.  75  à31  fr.  20  par  100  kilog.,  ou  en  moyenne  28  fr.  95  ; 
c'est  une  baisse  de  65  centimes  sur  le  prix  moyen  du  mercredi  précédent.  —  Pour 
les  fai'ines  de  spéculation,  on  cotait,  à  Paiis,  le  mercredi  17  septembre  au  soir  : 
farines  neuf-marques,  courant  du  mois,  44  fr.;  octobre,  42  fr.  50  à  42  fr.  75; 
novembre  et  décembre,  42  fr.  50  à  42  fr.  75;  quatre  mois  de  novembre,  42  fr.  50 
à  42  (r.  75;  quatre  premiers  mois,  42  fr.  50  à  42  fr.  75.  —  Les  farines  deuxièmes 
sont  cotées  de  21  à  22  fr.  par  100  kilog.;  les  gruaux  de  33  à  37  francs. 

Céréales  diverses  — On  cote  actuellement  à  la  halle  de  Paris:  seigle,  15à  15fr.  75; 
orge,  17  à  18  fr.  50;  escourgeon,  18  à  18  fr.  50;  avoine,  16  fr,  75  à  19  fr.  50, 
suivant  poids,  couleur  et  qualité.  —  Les  farines  de  seigle  valent  de  20  à  23  fr. 
par  quintal  métrique. 

Issues.  —  Les  prix  sont  faibles.  On  cote  par  100  kilog.  :  gros  son,  15  fr.  25 
à  15fr.  50;  son  gros  et  moyens,  14  fr.  50  à  15  fr.;  sons  trois  case  ,  13  fr.  25  à 
14  fr,  ;  sons  fins,  12  fr.  50  à  12  fr.  75  ;  recoupettes,  12  fr.  50  à  13  fr.  ;  remoulagcs 
bis,  15  à  16  fr.;  remoulages  blancs,  17  à  17  fr.  50. 

III.  —  Fruits  el  légumes  frais. 

Fruits.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris  :  melous,  la  pièce,  0  fr.  50  à  1  fr.  50  ; 
noix  vertes,  l'hectolitre,  18  fr.  à  22  fr.;  pêches  communes,  le  cent  lô  fr.  à  100  fr.; 
le  kilog.,  0  fr.  60  à  1  fr.  20  ;  poires,  le  cent,  6  fr.  à  20  fr.  ;  le  kilog.,  0  fr.  20  à 
0  fr.  60;  pommes,  le  cent,  5  fr.  à  12  fr.;  le  kilog.,  0  fr.  25  à  0  fr.  35;  prunes, 
le  kilog.  ,0  fr.  30  à  1  fr.  10  ;  raisins  communs,  le  kilog.,  0  fr.  50  à  2  fr.  ;  noirs, 
0  fr.  30  à  0  fr.  80. 

Gros  légumes.  —  Derniers  cours  de  la  halle  :  artichauts  de  Paris,  poivrade, 
la  botte,  0  fr.  20  à  0  fr.  25  ;  le  cent,  12  fr.  à  30  fr.;  carottes  communes,  les  cent 
bottes,  30  à  35  fr.;  choux  communs,  le  cent,  9  à  12  fr.;  haricots  verts,  le  kilog., 
0  fr.  10  à  0  fr.  45  ;  en  cosse,  le  kilog.,  0  fr.  12  à  0  fr.  18  ;  écossés,  le  litre,  0  fr.  30 
àOfr.  70;  navets  communs,  les  cent  bottes,  18  à2'<  fr.;  oignons  communs,  les  cent 
bottes,  25  à  30  fr  ;  en  grain,  l'Iicctolitre  9  à  10  fr.;  panais  communs,  les  cent  bottes, 
10  à  15  fr.;  poireaux  communs,  les  cent  bottes,  3  fr.  50  à5  fr.;  pois  verts,  le  kilog., 
0  fr.  35  à  0  fr.  55;  pommes  de  terre  Hollande  communes,  l'hectolitre,  8  à  S  fr.; 
le  quintal,  11  fr.  42  à  12  fr.  85;  jaunes  communes,  l'hectolitre,  6  à  7  fr.;  le 
quintal,  8  fr.  57  à  10  fr. 

Menus  légumes.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris  :  ail,  le  paquet  de  25  bottes, 
G  fr.  75  à  1  fr.  25;  appétits,  la  botte,  0  fr.  lu  à  0  fr.  15  ;  céleri,  la  botte,  0  fr.  40 
àOfr.  6Û;  cerfeuil,  la  botte,  0  fr.  15  àO  Ir.  20;  champignons,  le  kilog  ,  0  fr.  60 
à  1  fr.  50;  chicorée  frisée,  le  cent,  4  à  12  fr.;  choux-fleurs  de  Paris,  le  cent, 
20  à  50  fr.;  ciboules,  la  botte,  0  fr.  10  à  0  fr.  15;  concombres,  le  cent,  4  à 
10  fr.;  cornichons,  le  kilog.,  0  fr.  40    à  0  fr.  75;   cresson,  la  botte  de  12  bottes, 


478  REVUE    COMMERCIALE  ET  PRIX   COURANT 

0  fr,  25  à  0  fr.  65  ;  échalottes,  la  botte,  0  fr.  75  à  1  fr.  25  ;  épinards,  le  pa- 
quet, 0  fr.  50  à  0  fr.  60  ;  escarolle,  le  cent,  8  à  12  fr.  ;  estragon,  la  botte,  0  fr.  10 
à  0  fr.  15  ;  laitue,  le  cent,  5  à  I  2  fr.;  oseille,  le  paquet,  0  fr.  40  à  0  fr.  60  ;  persil, 
la  botte,  0  fr.  15  à  0  fr.  20;  pimprenelle,  la  botte,  0  fr.  10  à  0  fr.  15  ;  potirons, 
la  pièce,  1  fr.  à  5  fr.;  pourpier,  la  botte,  0  fr.  15  à  0  fr.  20;  radis  roses,  la  botte, 
0  fr.  03  à  0  fr.  05  ;  noirs,  le  cent,  ;3  fr.  50  à  6  fr. 

IV.  —  Vins.  —  Spiritueux.  —  Vinaigres.  — Cidres. 
Vins.  —  La  situation  change  à  vue  d'œil,  en  ce  sens  que  la  maturité  des  rai- 
sins se  produit  dans  la  plupart  des  régions  avec  la  plus  grande  régularité.  Pres- 
que partout,  le  beau  temps  a  succédé  à  la  période  de  jours  pluvieux.  Dans  le  Midi, 
sur  quelques  points,  on  a  interrompu  les  vendanges  commencées,  afin  que  les  rai- 
sin profite  des  circonstances  actuelles.  Les  prévisions  antérieures  relatives  à  la 
qualité  générale  de  la  récolte,  paraissent  devoir  se  réaliser  complètement.  Quant 
à  la  quantité,  on  doit  toujours  se  tenir  sur  la  plus  grande  réserve.  Les  marchés 
présentent  un  peu  plus  d'animation;  les  ventes  sont  plus  nombreuse;.  Dans 
l'Aude,  on  cote  par  hectolitre  :  Aramon,  20  à  22  fr.;  petits  montagne,  26  à  23  fr.; 
montagne  et  Lézignan,  30  à  32  fr.;  Narbonne  et  Lézignan,  34  à  36  fr.;  Narbonne 
et  Gorbières,  38  à  40  fr  —  A  Celte,  les  vins  d'Espagne  valent  :  Alicante,  28  à 
36  fr.;  Valence,  24  à  29  fr.;  Catalogne,  '22  à  26  fr. 

Spiritueux.  —  Affaires  calmes,  et  maintien  des  cours  pour  les  diverses  sortes. 
Dans  le  Midi,  on  cote  :  à  Béziers,  trois-six  bon  goût,  103  fr.;  marc,  95  fr.,  Nî- 
mes, trois-six  bon  goût,  100  à  105  fr.;  marc,  95  fr.;  Montpellier,  trois-six  bon 
goiît,  95  fr.;  marc,  90  fr.;  Pézenas,  trois-six  bon  goiit,  101  fr.;  marc,  92  fr.  Dans 
les  Gharentes,  les  eaux-de-vie  nouvelles  valent  de  240  à  255  fr.  par  hectolitre.  — 
A  Paris,  on  paye  :  trois-six  fin  Nord,  90  degrés,  1"^  qualité,  disponible,  42  à 
42  fr.  25;  octobre,  42  fr.  50  à^  42  fr.  75;  deux  derniers  mois,  43  fr.  25;  quatre 
premiers  mois,  44  à  44  fr.  25.  Le  stock  était,  au  10  septembre,  de  11,050  pipes 
contre  12,375  en  1883. 

Yerdels.  —  Dans  l'flérault,  on  paye,  comme  précédemment,  de  130  à   136  fr. 
par  quintal  métrique  pour  les  verdets  marchands  en  boules  ou  en  pain. 
V.  —  Sucres,  —  Mélasses.  —  Fécules.  —  Houblons. 
Sucres.  —  H  y  a  peu  de  changements  dans  la  situation.  Les  cours  osciUent 
toujours  autour  des  mêmes  taux.  On  paye  par  100  kilog.,  à  Paris  :  sucres  bruts, 
88  degrés    saccharimétriques,    36    fr.  ;    les    99    degrés,    40    fr.    75   à    41    fr.  ; 
sucres   blancs  n"  3,   41    tr.  à    41  fr.    25;  à  Valenciennes,   sucres  bruts,   35  fr.  ; 
à  LiUe,  sucres  bruts,  34  fr.  75;  à  Saint-Quentin,  sucres  bruts,  34  fr.  75  à  35  fr. 
Pour   les   sucres    ralfmés,    les  prix    se  fixent  de  110    fr.    50  à    111   Ir.   50    par 
100  kilog.  à  la  consommation,  et  de  45  fr.  50  à  50  fr.  75  pour  l'exportation.  —  A. 
•Nantes,  les  sucres  bruts  coloniaux  sont  cotés  à  35  fr.  75  par  quintal  métrique. 
Mélasses.  —  A  Valenciennes,  maintien  des  cours,  à  8  fr.  50  par  100  kilog. 
Fécules.  —  Lesprix  sontsans  changements.  On  cote  àParis  de31  fr.  à  31  ir.  50 
par  100  kilog.  pour  les  fécules  premières  ;  à  Gompiègne,  30  fr.  pour  celles  de  l'Oise. 
Houblons.  —  La  récolte  des  houblons  est  favorisée  par  un  temps  très  propice. 
Les  affaires  en  houblons  précoces  sont  assez  actives  ;  les  prix  sont  assez  fermes, 
et  ils  se  fi.xent  ;  dans  le  Nord,  de  180  à  200  fr.  par  quintal  métrique  ;  en  Alsace, 
de  300  à  325  fr.  ;  en  Bourgogne,  à  300  fr. 

VI.  —  Tourteaux.  —  Noirs.  —  Engrais. 
Tourteaux.  —  Les  prix  se  maintiennent  pour  toutes  les  sortes.  A  Marseille,  les 
cours  sont  ceux  de  notre  dernière  revue.  —  à  Rouen,  on  paye  par  quintal  métrique  : 
tourteaux  de  colza,  16  fr.  30;  de  lin,  21  fr.  50;  d'arachides,  15  fr.  25  à  15  fr.  50  ; 
—  à  Cambrai,  tourteaux  de  colza,  16  fr.  ;  d'oeillette,  13  fr.;  de  lin,  21  fr.  à 
21  fr.  75;  de  cameline,  16  fr.  50. 

Noirs.  —  A  Valenciennes,  on  cote  :  noir  animal  neuf  en  grains,  33  à  36  fr. 
par  100  kilog.;  noirs  vieux  grains,  10  à  12  fr.  par  hectolitre. 

Engrais. — On  cote  par  100  kilog.  :  nitrate  de  soude,  25  fr.  50;  sulfate  d'ammo- 
niaque 39  fr.;  sulfate  de  potasse,  22  fr.  50;  chlorure  de  potassium,  19  fr.;  sanç 
desséché  2  fr.  le  degré  d'azote;  superphosphates,  0  fr.  70  à  0  fr.  75  par  degré 
d'acide  pnosphorique  soluble  dans  l'eau. 

vil.  —  Matières  résineuses,  colorantes.  —  Textiles. 
Matières  résineuses.  —  A  Dax,  l'essence  pure  de  térébenthine  est  cotée  47  fr. 
par  100  kilog.  Les  gemmes  marchandes  valent  22  fr.  50  par  barrique;  celles  du 
système  Hugues,  25  fr. 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (20    SEPTEMBRE    1884}.  47!) 

Chanvres.  —  Les  chanvres  nonveanx  se  vendent,  an  Mans,  76  à  à  80  fr,  par 
100  kilog.;  à  la  Flèche,  68  à  82  fr.  Peu  d'affaires  pour  la  plupart  des  sortes. 

Laines.  —  Il  n'y  a  toujours  que  très  peu  de  ventes  sur  les  laines  nouvelles. 
Dans  fa  Brie,  les  prix  des  laines  en  suint  sont  cotés  de  1  fr.  80  à  2  fr.  20  par 
kilog. 

VIII.  —  Suifs  et  corps  gras. 

Suifs.  —  Les  cours  sont  sans  changements.  Ou  paye  à  Paris  82  fr.  par  100 
kilog.  pour  les  suifs  purs  de  l'abat  de  la  boucherie;  61  fr.  50  pour  les  suifs  en 
branches. 

Saindoux.  —  Les  prix  sont  soutenus.  On  cote  au  Havre,  de  101  à  102  fr.  par 
quintal  métrique,  pour  les  saindoux  d'Amérique. 

IX.  —  Beurres.  —  Œufs.  —  Fromages. 

Beui'res.  —  lia  été  vendu,  pendant  la  semaine,  àla  halle  de  Paris,  229,901  ki- 
log. de  beurres.  Au  dernier  marché,  on  cotait  par  kilog.  :  en  demi-kilog., 
2  fr.  20 à  3  fr.  96  ;  petits  beurres,  1  fr.  80  à  2  fr.  90  ;  Gournay,  2  fr.  20  à  4  fr.l2; 
Isigny,  2  fr.  30  à  8  fr.  28. 

Œufs.  —  Du  8  au  14  septembre,  on  a  vendu  à  la  halle  de  Pai-is  3,639,000  œufs. 
On  vend  par  mille  :  choix,  102  à  120  fr.;  ordinaires,  72  à  92  fr.;  petits,  58 
à  66  fr. 

Fromages.  —  Derniers  cours  de  la  halle  de  Paris  :par  douzaine,  Brie,  4  à  32fr.; 
Montlhéry,    15  fr.;   —  par  cent,    Livarot,    18  à  86  fr.;  Mont-d'Or,    9  à  35  fr.; 
divers  5  à  13  fr.  ;  —  par  100  kilog.;  Gruyère,  110  à  192  fr. 
X.  —  Chevaux.  —  Bétail.  —    Viande. 

Bétail.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  officiel  du  marché  aux  bes- 
tiaux de  la  Yillette,  du  jeudi  11  au  mardi  16  septembre  : 

Poids     Prix  du  Ivilog.  de  viande  nette  sur 
Vendus  moyen       pied  au  marciie  du  15  septembre. 

Pour  Pour  En         i  quartiers.     I"  2°              3"  Prix 

Amenés.  Paris,  l'extérieur,  totalité.  Iiil.  quai.  quai.  quai.  moyen. 

Bœufs 4.747  2,831  1,432  4,263  348  l.o8  1.56  1.28  1.48 

Vaches 1,781  1,U7  510  1,627  237  1.60  1.46  1.24  1.39 

Taureaux 370            302  45  347  394  1.44  1.34  1.24  1.34 

Veaux 3,447  2,011  648  2,6,i9  79  1.70  1.60  1.40  1.58 

Moutons 36,072  16,852  H, 242  31,094  19  1.98  1.78  l  58  1.75 

Porcsgras....           6,489  2,118  4,280  6,398  a2  1.44  1.38  1.32  1.37 

Les  arrivages  des  marchés  de  la  semaine  se  décomposent  comme  il  suit  : 

BcB«/"s.  —  Aisne,  8  ;  Allier,  20;  Calvados,  995;  Charente,  68;  Cher,  102;  Cote-d'Or,  228; 
Côtes-duNord,  262;  Deux-Sèvres,  126;  DorJogne,  99;  Doubs,  1  ;  Eure,  52;  Finistère,  88; 
Gironde,  28;  Indre,  50;  Loire,  26;  Loire-Inférieure,  22;  Loir-et-Cher,  .S  ;  Loiret,  4;  Lot-et- 
Garonne,  17;  Maine-et-Loire,  162  ;  Manche,  181  ;  Mayenne,  296;  Oise,  II  ;  Orne,  616;  Puy-de- 
Dôme.  28;  Saôneet-Loire,  331;  Sarlhe,  39;  Seine-Inférieure,  13;  Seine-et-uise,  9;  Somme, 
3;  Vendée,   101  ;  Yonne,   40. 

Vaches.  —  Allier,  10  ;  Aube,  3;  Aveyron,  21  ;  Calvados,  438;  Cher,  26;  Côte-d'Or,  67  ;  Eure, 
25;  Eure-et-Loir,  17;  Loir-et-Cher,  3;  Lot-et-Garonne,  2  ;  Maine-et-Loire,  42;  Manche,  154; 
Orne,  157;  Puy-de-Dôme,  111  ;  Saôiie-et-Loire,  77;  Sarthe,  20;  Sîine,  108;  Seine-Inférieure, 
14  ;  Seine-et-Marne,  11;  Seine-et-Oise,  55;  Somme.  1;  Yonne,  22;  Suisse,   18. 

Taureaux.  —  Allier,  2;  Aube,  6;  Calvados,  58;  Cher,  6;  Côte-d'Or,  19;  Côtes-du-Nord,  23; 
reux-Sèvres,  2;  Doubs,  6;  Eure,  13  ;  Eure-et-Loir,  12;  Finistère,  I;  llle-et-Vilaine,  7;  Loire- 
Inférieure,  2;  Loir-et-Cher,  11  ;  Loiret,  10  ;  Maine-et-Loire,  10;  iManche,  29;  Mayenne,  14; 
Oise,  10;  Orne,  13  ;  Saône-et-Loire,  12;  Sarthe,  10;  Ssine-lnférieure,  14;  Seine-et-Marne,  10; 
Seine-et-Oise,  15  ;  Vendée,  15,  Yonne,   17;  Suisse,  3. 

Veaux.  —  Aube,  242  ;  Calvados,  24  ;  Cantal,  59;  Eure,  210  ;  Eure-et-Loir,  342;  Gironde, 
22;  Loiret,  266;  Marne,  128;  Oise,  80;  Puy-de-Dôme,  212;  Sarthe,  153;  Seine -Inférieure,  106  i 
Seine-et-Marne,  2'iO;    Seine-et-Oise,    67;    Yonne,   141. 

Moutons.  —  Aisne,  322  ;  Allier,  425  ;  Aube,  665;  Aveyron,  229;  Cantal  1,905  ;  Charente,  454; 
Cher,  604;Corrèze,  269;  Crease,  391;  Eure,  160;  Eure-et-Loir,  407  ;  Indre,  376  ;  Indre-et-Loire, 
447  ;  Lot,  154;  Lot-et-Garonne,  51;  Marne,  365  ;  Meurlhe-et-Moselle,  132;  Nièvre,  785;  Nord, 
104;  Ssine-et-Marne  1,584;  Seine-et-Ûise,  1,013;  Allemagne,  6,903;  Hongrie,  6,271;  Italie, 
1,613;  Russie,  8.248. 

Porcs.  —  Allier,  581  ;  Calvados,  167  ;  Charente,  73  ;  Charente-Inférieure,  56  ;  Cher,  20;  Côte- 
d'Or,  83;  Côtes-du-Nord,  82;  Creuse,  295;  Deux-Sèvres,  594;  Eure,  '20;  Ule-et-Vilaine,  313  ; 
Indre,  170;  Lou-e-Inféneure,  577;  Loir-et-Cher,  193;  Lot,  90;  Maine-et-Loire,  745;  Manche, 
171  ;  Nièvre;  63;  Nord,  1  ;  Puy-de-Doms,  138;  Sa3ne-et-Loire,  91  ;  SartUo,  853;  Seine,  65;  Seine- 
Inférieure,  6;  Somme,  12;  Vendée,  784;  Vienne,   132. 

La  vente  a  été  assez  lente  pour  les  diverses  catégories  d'animaux  amenés  sur  le 
marché.  Les  prix  ne  présentent  que  de  faibles  variations  comparativement  à  la 
semaine  précédente.  —  Sur  les  marché  des  départements,  on  cote:  Caen,  bœuf, 
1  fr.  60  à  1  fr.  80;  vache,  1  fr.  50  à  1  fr.  70;  veau,  1  fr.  50  à  1  fr.  70;  mouton, 
1  fr.  80  à  2  fr.;  porc,  1  fr.  30  à  1  fr.  50;  —  Neubourg,  bœuf,   1  fr.  60  à  1  fr.  70; 


480        REVUE    COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT  (20  SEPTEMBRE    1884)- 

vache,  1  fr.  40  ;  porc,  1  fr.  35  à  I  fr.  45  ;  veau  1  fr.  80  à  I  fr.  90  ;  mouton, 
2  i'r.  à  2  fr.  10;  —  Sedan,  bœuf,  1  fr.  60  à  1  fr.  80;  veau,  1  fr.  40  à  2  fr.  ; 
mouton,  1  fr.  50  à  2  fr.  4ii;  porc,  1  fr.  40  à  1  fr.  70;  —  Nancy,  bœuf,  94 
à  96  fr.  par  10  i  kiiog.  bruts  ;  vache,  84  à  94  fr.  ;  veau,  112  à  136  fr.  ;  mouton, 
95  à  105  fr.  ;  porc,  85  à  90  fr.  ;  —  Nevers,hœa(,  1  fr.  60  à  1  fr.  80;  vache,  1  fr.  40 
à  1  fr.  60;  veau,  2  fr.  ;  mouton,  2  fr.  ;  porc,  1  fr.  60;  —  Dijon,  bœuf,  1  Ir,  64 
à  1  fr.  72;  taureau,  1  fr.  20;  vache,  1  fr.  20à  1  fr.  68;  veau  ^poids  vif),  1  fr.  06 
à  1  fr.  14;  mouton,  1  fr.  50  à  1  fr.  80;  porc  (poids  vif),  0  fr.  90  à  0  fr.  96;  — 
Bourgoîn,  bœuf,  66  à  V6  fr.  ;  vache,  60  à  70  Ir.  ;  mouton,  80  à  90  fr.  ;  porc,  bO 
à  95  fr.  ;  veau,  85  à  95  Ir. 

Viande  à  la  criée.  —  Il  a  été  vendu  à  la  halle  de  Pans  du  8  au  14  septembre  : 

Prix  du  kilog.  le  15  septembre. 

kiloK.  I"  quai.  2'  quai.  3*  quai.  Choix.     Bdase  2cucherie. 

Bœuf  on  vache...   137,235  \.b2  à  1.84     1.30  à   i..>n     0.9.3  k  1.28  1.32  à  2.40  0.20  à  1.22 

Veau 151,3fil  1.56       1.74     1.34       1.64     1.16       1.32       «  ..         » 

Mouton 66,191  1.36       1.68     1.14       1.34     U..S2       1.12  1.46      2.36     •> 

Porc 37,508  Porc  frais 1.24  à  1.36. 

302,296  Soit  par  jour 56,042  kilog. 

Les  ventes  ont  été  supérieures  de  4,000  kilo;;,  par  jour  à  celles  de  la  semaine 
précédente.  Les  prix  sont  faibles  pour  toutes  les  catégories. 

XI.  —  Cours  de  la  viande  à  l'abattoir  de  la  TxUelte  du  jeudi  18  septembre  {par  50  kilog.) 
Cours  de  la  charcuterie.  —  On  ■jend  à  la  Villette  par  50  kilog.  :  1"  qualité, 
69  à  74  fr.  ;  2",  64  à  69  fr.  Poids  vif,  45  à  53  fr. 

Bœufs.^ Veauj.  Moutons. 

I"  •!•  3*  1"  2-  3-  1"  î- 

quai.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai,  quai.  quai.  quai, 

fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr. 

78  71  64  90  84  77  86  79  70 

XII.  —  Marché  aux  bestiaux  de  la  Villette  du  jeud  "'  4  septembre  1884. 

Cours  des  commissionnaires 
Poids  Cours  ofliciels^  en  bestiaux. 

Animaux  gênerai.     V        T  3'  Prix  r*        'i*         y  Frix 

amenés.  Invendus.  kil.        quai.  quai.  quai,  extrêmes.  quai. quai.  qnal.  extrêmes. 

Bœufs 3.331  ibî  348          1.64  1.52  1.26  1.2l)àl.68  1.62     i    bo  1.24  l.SOàl   64 

Vaches 769  16b  232         1.58  1.42  1   22  1.12     I   62  1.55     1,40  I   20  1.10     1  60 

Taureaux...          215  56  340          1.42  1.30  1.20  1.16     1   46  1   40     I    30  1.20  l    10     1  44 

Veaux l.SH'i  374  7D         1.66  1.56  1.36  1.26     1.80         »              >            >  > 

Moutons 18  937  4.223  19         1.92  1.72  1.52  1   42     1   96         »              >            p  c 

Porcs  gras..     4.754  357  80         1    38  1.32  1.26  1.12     1.42          «              .            .  ■ 

—  maigres..            »  »  »»»»»>>*»» 

Vente  difficile  sur  toutes  les  espèces, 

XIII.  —  Résumé. 

Pour  la  plupart  des  denrées  agricoles,  les  cours  sont  demeurés  à  peu  près  sta- 
tionnaires  depuis  huit  jours.  A.  Rémy. 

BULLETIN  FINANCIER 

Le  calme  est  complet  dans  les  transactions  sur  toutes  les  valeurs.  On  cote  à  la 
Bourse  de  Paris  :  3  pour  100,  78  fr.  40;  --  3  pour  100  amortissable,   80  fr.  45; 

—  4  et  demi  pour  100  nouveau,  108  Ir.  55. 

Les  actions  des  principaux  établissements  de  crédit  se  vendent  :  Banque  de 
France,  5,087  fr.  fcO;  Banque  de  Paris  et  des  Pays-Bas,  771  fr.  25;  Goinptoir 
d'escompte,  952  fr.  50  ;  Crédit  foncier  et  a^'ricole  d'Algérie,  492  f'-.  50;  Crédit 
foncier  i  ,310  fr.  ;  Banque  d'escompte  de  Paris,  520  fr.  ;  Crédit  lyonnais,  5'  5fr,, 
Crédit  mobilier,  315  fr.  ;  Société  des  dépôts  et  comptes  courants,  630  fr.;  Société 
générale,  460  fr.  ;  Banque  parisienne,  395  fr.;  Banque  franco-égyptienne, 
562  fr.  50; 

On  cote  les  actions  des  Compagnies  de  chemins  de  fer  :  Est,  785  fr.  ;  Paris- 
Lyon-Médilerranée,  1,247  fr.  50;  Midi,  1,161  fr.  25;  Nord,  1,665  fr.;  Orléans, 
1,335  fr.  ;  Ouest,  842  fr.  50. 

Les  actiiins  du  canal  maritime  de  Suez  valent  1,948  fr.  7.';  les  délégations, 
1,135  fr.  Les  actions  du  canal  de  Panam.i,  sont  cotées  488  fr.  75. 

Escompte  à  la  Banque  de  France,  3  pour  100  ;  intérêt  des  avances,  4  pour  KO. 
E.  Fébon. 

Le  Gérant  :  A.  Bouché. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (27  septembre  1 884). 

Kegi'cts  à  l'occasion  de  la  mort  de  M.  Barrai.  —  Situation  financière  des  communes  en  France  . 
—  Les  aggravations  des  cenlimes  additionnels.  —  La  récolte  du  blé  en  France.  —  151és  de 
semence.  —  Lettre  de  M.  Denin.  —  Le  phylloxéra.  —  Les  vignes  de  Plaud-t^liermignac.  — 
Le  mildew.  —  Lettre  de  M.  Bidault.  —  Elèves  diplômés  de  l'Institut  agronomique.  —  Ecoles 
pratiques  d'agriculture  de  Saint-Remy  et  de  Saint-Bon.  —  Examens  aux  fermes-écoles  du  Lot, 
de  l'Arlège,  de  la  Nicvie.  do  la  Cliarente-Inirrieure.  —  Syndica.  agricole  dans  la  Drome.  — 
Expériences  de  MM.  Andouaril  et  Dezaunay  sur  l'alimentation  des  vaches  par  la  pulpe.  —  Con- 
cours généraux  agricoles  'ie  Paris  en  1885.  —  Analyse  des  principales  innovations.  —  La  France 
à  l'exposition  fure^lière  d'Edimbourg,  —  Préparalifs  pour  l'expotition  générale  d'horticulture 
de  la  Nouvelle-Orléans.  — Concours  de  la  Société  d'agriculture  de  Wassy.  —  Vente  de  taureaux 
et  de  génisses  du  race  schwilz.  —  Concours  de  vignes  dans  le  Tarn.  —  Exposition  de  raisins  à 
Albi.  —  Concours  du  la  Société  d'agriculture  di?  Chàlon  ;ur-Saône.  —  Discours  de  M.  Petiot,  — 
Transport  et  uiilisation  des  gadoues.  —  Vœux  de  l'Association  française  pour  l'avancement  des 
sciences.  —  Nouvelles  de  l'éiat  des  récoltes  en  terre.  —  Note  de  M.  de  Lentilhao.  —  La  produc- 
tion des  betteraves.  —  Les  vendanges. 

I.  —  La  mon  de  M.  Barrai. 

Nous  recevons  encore  clnquc  jour  de  nombreux  témoignages  de  re- 
grets et  de  sympathie  à  l'occasion  de  la  mort  de  M.  Barrai.  Les  journaux 
nous  apportent  aussi,  de  tous  les  points  du  pays,  la  preuve  de  la  vive 
émotion  que  la  disparition  de  notre  cher  directeur  a  causée  partout. 
Nous  adressons  nos  remerciements  à  tous;  nous  en  devons  de  particu- 
liers à  la  presse  agricole.  Ceux-là  même  qui  paraissaient  les  plus  éloignés 
de  lui  par  leursopinions,  par  leurs  tendances;  ceux  qui  parfois  ont  été 
ses  adversaires,  qui  ont  soutenu  contre  lui  des  luttes  ardentes,  sont 
aujourd'hui  le^  premiers  à  s'incliner  devant  son  cercueil,  à  rendre 
justice  à  ses  travaux,  à  mettre  en  relief  ses  grandes  qualités.  C'est  un 
hommiige  que  nous  enregistrons  pieusement.  Le  nom  de  M  Birral  est 
de  ceux  qui  grandissent  avec  le  temps,  et  qui,  lorsque  les  années  ont 
passé,  s'imposent  aux  générations  futures. 

H.  —  L'i  situation  des  cjinmuies  en  France. 
La  situation  financière  des  communes  intéresse  vivement  les  intérêts 
agricoles.  C'est,  en  effet,  surtout  dans  des  impôts  qui  frappent  direc- 
tement la  culture  :  centimes  additionnels,  prestations,  que  la  plupart 
<les  communes  trouvent  les  ressources  nécessaires  pour  subvenir  aux 
I  harges  croissantes  qui  pèsent  sur  elles.  Lorsqu'il  s'est  agi  d'opérer  un 
dégrèvement  de  l'impôt  foncier,  une  des  principales  difficultés  aux- 
quelles on  s'est  heurté  a  été  de  trouver  les  moyens  pratiques  d'assurer 
aux  communes  les  moyens  d'équilibrer  leurs  budgets,  lorsque  le  prin- 
cipal de  l'impôt  foncier  aurait  été  diminué,  et  que,  par  suite,  la  valeur 
des  centimes  additionnels  aurait  été  forcément  restreinte.  Cette  diffi- 
culté ira  toujours  en  s'aggravant.  C'est  ce  qui  ressort  du  travail  que  le 
ministère  de  l'intérieur  publie  chaque  année  sur  la  situation  financière 
des  communes  en  France  et  en  Algérie.  Un  nouveau  volume  a  été  pu- 
blié récemment;  on  y  trouve  des  renseignements  fort  utiles  à  con- 
naître. Ainsi,  il  résulte  des  relevés  qui  y  sont  contenus  que,  actuelle- 
ment, la  moyenne  des  centimes  additionnels  perçus  par  les  communes 
est  de  plus  de  51  centimes;  d'autre  part,  les  départements  percevant 
en  moyenne  51  centimes,  on  arrive  à  constater  que  le  total  des  cen- 
times additionnels  dépasse  le  principal  de  l'impôt  foncier.  On  le  savait 
déjà,  mais  ce  que  l'on  connaît  moins,  c'est  la  marche  sans  cesse  crois- 
sante des  budgets  communaux.  La  moyenne  des  centimes  y  était  de 
.'i9  en  1882,  de  50  en  188-3  ;  elle  dépasse  51  en  1884.  D'autre  part,  le 
nombre  des  communes  le  plus  faiblement  imposées,  celles  qui  payent 
moins  de    15  cenlimes,  va  en  diminuant;    de  5,540  en  1880,  il  est 

N*  8o7.  —  Tome  III  de  IJS'e.  —  27  Septembre. 


482  CHRONIQUE    AGRICOLE  (27   SEPTEMBRE  186'»). 

descendu  à  5,103  en  1882,  et  à  4,473  en  1884.  Au  contraire,  le 
nombre  des  communes  dans  lesquelles  le  nombre  des  centimes  est 
supérieur  à  ]00,  va  en  augmentant;  on  en  comptait  3,094  en  1880; 
depuis,  ce  nombre  s'est  élevé  à  3,248  en  1882,  à  3,553  en  1883,  et  a 
atteint  3,768  en  1884.  Ce  n'est  certes  pas  un  bon  signe;  sans  doute 
des  dépenses  très  utiles  ont  été  effectuées,  et  on  a  dû  recourir  à  des 
emprunts  parfois  élevés,  dont  l'amortissement  se  fera  graduellement. 
Il  n'en  reste  pas  moins  acquis  que  l'accroissement  des  dépenses  des 
communes  se  produit  avec  une  rapidité  sur  laquelle  il  est  nécessaire 
que  l'allention  soit  bien  fixée.  On  peut  affirmer  que,  dans  les  deux 
tiers  des  communes  de  France,  cette  aggravation  de  charges  pèse  prin- 
cipalement sur  l'agriculture. 

III.  —  La  récolte  du  blé  en  France. 

Le  Journal  a.  déjà  donné  son  appréciation  sur  le  résultat  approximatif 
de  la  récolte  du  blé  en  France;  il  a  résumé  aussi  les  principales  éva- 
luations qui  ont  été  publiées  jusqu'à  ce  jour.  A  ces  renseignements, 
nous  devons  ajouter  aujourd'hui  ceux  qui  ont  été  réunis  par  noire  con- 
frère, M.  Bivort,  dans  le  Bid'.elin  des  halles.  D'après  M.  Bivort,  la  ré- 
colte du  blé  atteindrait  un  peu  plus  de  107  millions  d'hectolitres;  elle 
serait  donc  comprise,  sous  le  rapport  de  la  quantité,  entre  celle  de 

1882,  qui  a  été  officiellement  de  122  millions  d'hectolitres,  et  celle  de 

1 883,  qui  a  atteint  près  de  1 04  millions.  Nous  avons  indiqué  le  total  de 
110  millions  d'hectolitres,  comme  représentant,  à  nos  yeux,  la  limite 
du  rendement  probable.  L'évaluation  faite  par  M.  Bivort  se  concorde 
donc  avec  la  nôtre,  dans  des  proportions  très  rapprochées. 

lY.  —  Blés  de  semence. 

A  l'occasion  des  prochaines  semailles  de  blé.  nous  recevons  de 
M.  Th.  Denin  père,  la  lettre  suivante  : 

«  Monsieur,  je  tiens  à  la  disposition  de  mes  collègues  plusieurs  centaines  de 
quintaux  de  Idé  de  semence  (Ghiddam,  Goldendrop,  Blanc  de  Flandre^,  au  prix  de 
28  francs  les  100  kilog.  pris  ici  (Hodeng-Senarpon,  en  gare),  sur  wagon. 

a  Veuillez  les  annoncer  dans  votre  estimable  Journal,  et  agréer,  etc. 

«  Th.  Denin.  » 

On  doit  adresser  les  demandes  à  M.  Th.  Denin  père,  à  Courvalt,  par 
Senarpon  (Somme). 

V.  —  le  phy 'taxera. 

Le  phylloxéra  fait  peu  parler  de  lui  depuis  quelques  semaines.  Ce 
n'est  pas  que  le  fléau  s'arrête,  mais  c'est  que  nous  ne  sommes  plus 
dans  la  saison  où  l'on  constate  le  plus  généralement  son  extension. 
Lefficacité  de  la  lutte,  d'une  part,  par  le  sulfure  de  carbone,  d'autre 
part,  par  les  vignes  résistantes  sur  lesquelles  on  greffe  nos  cépages  fran- 
çais, s'accentue  d'ailleurs  de  plus  en  plus.  En  voi:;i  encore  un  exemple  : 
31.  le  docteur  Menudier  nous  prie  d'annoncer  que  les  personnes  qui  met- 
tent en  doute  l'efficacité  du  sulfure  de  carbone  pour  la  conservation  des 
vignes,  et  la  possibilité  de  reconstituer  les  vignobles  avec  cépages  fran- 
çais, greffés  sur  américains  résistants,  peuvent  se  présenter  tous  les 
jours  chez  lui,  au  domaine  du  Plaud-Chermignac,  par  Saintes  (Charente- 
Inférieure),  où  elles  sont  assurées  d  être  bien  accueillies.  Le  domaine 
est  situé  à  7  kilomètres  de  Saintes,  et  les  voitures  de  place  font  le  tra- 
jet en  35  minutes. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (27  SEPTEMBRE  1884).  4S3 

VI.  —  Le   mildew. 
Le  mildew  a  fait,  cette  anné3,  des  ravages  assez   sérieux  dans  plu- 
sieurs parties  delà  Bourgogae  et  du  Maçonnais.  A  cette  occasion,  nous 
recevons  de  M.  Louis  Bidault,  propriétaire  à  Cliandenay,  par  (".ha^ny 
(Saône-et-Loire),   une  lettre  qu'ion  lira  certainement  avec  intérêt  : 

«  Monsieur  le  directeur,  je  viens  porter  à  votre  connaissance  un  fait  qui  doit 
intéresser  un  certain  nombre  de  vos  lecteurs.  Les  vignes  sont  atteintes  cette 
année  d'une  malidie,  le  mildiou,  qui  a  l'aii  sécher  et  tomber  les  feuilles  depuis 
plus  de  quinze  jours 

a  Nous  paisielons  nos  vignes  avec  des  échalas  trempés  dans  un  bain  de  sulfate 
de  cuivre.  Or  tous  les  ceps  sans  exception,  ({ui  ont  reçu  cette  année  un  écbalas 
neuf,  sor  t  verts  et  bien  portanis.  Il  y  a  là,  je  crois,  un  remède  certain  contre  ce 
terrible  fléau. 

«Recevez,    etc.,  Louis  Bidault.  » 

Soua  le  titre /e  Mildiou  ou  l'eronosp'ira  (If  la  vi(}ne,  WSX.  Gustave  Foex, 
directeur  et  professeur  de  viticulture,  et  Pierre  Viala,  répétiteur  de  viti- 
culture à  1  Lcolo  nationale  d'agriculture  de  Montpellier,  viennent  de 
publier  (librairie  Goulet,  à  Montpellier)  un  excellent  livre  sur  cette 
funeste  cryptogame  qui  cause  une  si  grande  terreur  à  tous  les  viticul- 
teurs. Ce  livre  renferme  l'exi'osé  pré.senié  aux  réunions  viticoles  du 
mois  d'avril  '1SS4;  il  est  accompagné  de  plancbes  dessinées  avec  le 
plus  grand  soin,  qui  montrent  les  diverses  formes  du  parasite  et  les 
altérations  qu'il  fait  subir  aux  feuilles.  Nous  n'avons  pas  à  insister 
sur  la  compétence  des  auteurs;  les  viticulteurs  trouveront  dans  leur 
livre  les  indications  les  plus  précises  sur  les  caractères  du  mal  et  sur 
les  moyens  préventifs  et  curatifs  présentés  jusqu'ici. 

VIL  —  Institut  nalional  agro7tomi(jue. 
Le  Journal  officiel  du  12  septembre  a  publié  la  liste  suivante  des 
élèves  de  l'Inslitut  national  agronomique  qui  ont  obtenu  le  diplôme 
de  l'enseignement  supérieur  de  l'agriculture  ou  le  certificat  d'études 
aux  examens  de  soi  lie  de  1884  : 

DiplâiiVs  de  l'enseignement  supérieur  de  l' agricullurp.  :  MM.  Dugast,  Biguet, 
Masson,  Grauel,  Golorab-Pradel,  Baudoin,  Laiiglois,  Rolland,  Danguy,  I3allacey, 
Béghiïn,  Morain,  Nicolas»,  Bordas,  Petit,  L-'jourdan.  L-^bailly,  Osirowsky, 
Sardina  Pouasier,  Berlin,  Decker,  Vincens,  de  Glugny,  Scellier ,  Notlet,  Besnard, 
Coslet,  Péric. 

Cerit/icals  dléludxs  :  MM.  Laprunièie,  Lescophy,  Boisseau,  Gourcy. 

Cottl'ormément  à  la  loi,  des  missions  complémentaires  d'études 
sont  accordées  aux  deux  élèves  placés  en  tête  de  celte  liste.  —  Les 
examens  d'admission  pour  la  nouvelle  promotion  ont  commencé  le 
22  octobre. 

VIII.  —  Ecole  pratique  d'agriculture  de  Saint-Remy. 
Le.  ministre  de  l'agriculture,  par  un  arrêté  du  15  septembre  courant, 
rendu  sur  la  demande  de  M.  Cordier,  directeur  de  l'Ecole  pratique 
d'agriculture  de  Saint-Remy  (Haute-Saône),  a  étendu  pour  cette  Ecole, 
la  durée  des  études  à  deux  années  et  demie  au  lieu  de  deux  seulement 
qu'elle  comprenait  jusqu'ici.  A  cet  effet,  l'époque  de  l'examen  d'entrée 
est  fixée  au  second  mardi  d'octobre  de  cliaque  année,  et  les  examens 
de  fin  d'année  et  de  sortie  au  1"  lundi  d'avril.  Le  cours  complet  se 
trouvera  ainsi  réparti  en  trois  semestres  d'hiver,  plus  spécialement 
consacrés  aux  études  théorifjues,  et  deux  semestres  d'été  principalement 
employés  à  la  pratique.  En  conséquence,  cette  mesure  devant  avoir 


484  CHRONIQUE   AGRICOLE  (27  SEPTEMBRE    1884). 

son  application  dès  cette  année,  un  examen  d'entrée  aura  lieu  à  l'Ecole 
le  14,  deuxième  mardi  d'octobre  prochain. 

IX.  —  Ecole  pratique  d'agricullure  de  Sainl-Bon. 

Le  Comité  de  surveillance  et  de  perfectionnement  de  l'Ecole  pratique 
d'agriculture  de  Saint-Bon  s'est  réuni,  le  16  septembre,  au  siège  de 
l'établissement,  sous  la  présidence  de  M.  Boitel,  inspecteur  général 
de  l'enseignement  agricole,  pour  faire  subir  aux  élèves  les  examens 
de  passage  de  première  en  seconde  année,  ainsi  que  les  examens  de 
sortie  à  ceux  qui  ont  achevé  la  durée  réglementaire  de  leurs  études. 
La  section  des  jeunes  gens  aspirant  au  cerlificLit  d'instruction  compre- 
nait 9  candidats;  tous  en  ont  été  jugés  dignes  et  classés  par  ordre  de 
mérite  dans  l'ordre  suivant  : 

MM.  Albert  Labbé,  d'Aubepierre  (Haute-Marne)  l"';  Beaupoil,  deNully  (Haote- 
Mane)  2";  Ms^ry,  de  Thou  (Loiret)  3'',  Léon  Labbé,  de  8ainl-Marlin  (Haute- 
Marne)  k^;  Aubriot,  de  Montribourg  (Haute-Marne)  5'' ;  Lavocat,  de  Lévigny 
(Aube)  6",  René  Driat,  de  Somraevoire  iHaute-Marne)  7";  Eléonore  Driat,  de 
Soinmevoire  (Haute-Marne)  8'';  Hagry,  de  Planrupt  (Haute-Marne)  9". 

La  somme  de  1000  francs,  attribuée  par  le  Conseil  général,  à  titre  de 
prime  de  sortie,  aux  trois  premiers,  a  élé  répartie  comme  il  suit  ;  à 
M.  Albert  Labbé  500  francs;  à  M.  Beaupoil,  300  francs;  à  M.  >'«-y, 
200  francs.  M.  l'inspecteur  général,  au  nom  du  ministre  de  l'ugricul- 
ture,  a  décerné  en  outre  à  M.  Albert  Labbé  une  médaille  d'or,  à 
M.  Beaupoil  une  médaille  d'argent  et  à  M.  Méry  une  médaille  de  bronze; 
à  M.  Léon  Labbé  une  médaille  supplémentaire  de  bronze. 

La  rentrée  des  classes  a  été  fixée  au  3  octobre  prochain.  Le  directeur 
de  l'Ecole  est  autorisé  à  adniellre  jusqu'à  cette  époque  les  élèves  qui 
se  présenteront  pourvus  du  certilicat  d'études  de  l'enseignement  pri- 
maire ou  qui  justifieront  de  connaissances  suffisantes  devant  les  pro- 
fesseurs de  l'établissement. 

X.  —  Ferme-école  du  Loi. 

Le  concours  d'admission  et  des  examens  de  passage  et  de  sortie  des 
élèves  de  la  ferme-école  du  Montât  (Loi),  dirigée  par  M.  Pierre  Dufour, 
ont  eu  lieu,  au  Montât,  les  15  et  Ui  septembre,  sous  la  présidence  de 
M.  Vassillière,  inspecteur  de  l'agriculture.  L'instruction  de  tous  les 
élèves  de  première  année  a  été  jugée  suffisante  pour  les  admettre  à 
passer  dans  la  division  supérieure.  Lu  Commission  a  été  également 
très  satisfaite  des  connaissances  théoriques  et  pratiques  des  élèves  qui 
■  ont  accompli  leurs  deux  années  d'études  et  qui  vont  sortir  le  \"  octobre 
prochain.  Elle  leur  a  accordé  à  tous  le  certificat  d'instruction  et  les  a 
classés  dans  l'ordre  suivant  : 

1.  Rajade.  —  2.  Izoulet.  —  3.  Durand.  —  4.  Delsahut.  —  5.  Soulié.  — 
6.  Moles.  —  7.  Bouysson.  —  8.  Pages.  —  9.  Martin.  —  10.  Landou.  —  II.  Gour- 
niUn.  —  12.  Maurel.  —  13.  Jonglas.  —  14,  Gourrejon.  —  15.  Gouderc  (Basile). 
—  16.  Rescoussié. 

A  la  suite  de  ce  classement,  le  jury  a  prié  le  ministre  de  l'agricul- 
ture de  récompenser  les  élèves  Rajade  et  Izoulet  par  une  médaille 
d'argent  et  les  élèves  Durand,  Delsahut  et  Soulié  par  une  médaille  de 
bronze. 

Un  bon  choix  a  pu  être  fait  parmi  les  candidats  âgés  de  seize  i\ 
dix-neuf  ans  qui  ont  pris  part  au  concours.  Seize  candidats  ont  été 
admis,  et  doivent  entrer  à  la  ferme-école  le  \"  octobre  prochain. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (27  SEPTEMBRE    1884).  ';85 

XI.  —  Ferme-école  de  l'Ariefje. 
Les  examens  de  fin  d'apprentissaf^e  ont  eu  lieu  à  la  ferme-école  de 
Uoyal  (Ariège),  !e  1  5  et  le  16  septembre,  sous  la  présidence  d.j  M.  Kan- 
rioing,  inspecteur  de  l'agriculture.  Les  15  élèves  formant  la  série  sor- 
tinte,  tour  à  tour  interrogés  sur  l'agriculture,  la  viticulture,  l'arbori- 
eulture  et  la  culture  maraîchère,  la  zootechnie,  l'arpentagâ,  le  nivel- 
lementetle  cubage,  l'arithmétique,  la  comptabilité  et  la  géographie,  ont 
tous  obtenu  le  certificat  d'instruction  et  la  prime  de  300  francs  qui  y  est 
.attachée.  Le  maximum  des  points  étant  fixé  à  20  et  le  minimum  à  12, 
le  jury  a  classé  les  élèves  comme  il  suit  : 

1.  Henri  Lannelongue,  de  Tazanbon  (Gers).  —  2.  Raymond  Savit,  de  Mire- 
raont  (Haute-Garonne).  —  3.  Pierre  Galiuzac,  de  Gastelnaudar}-  (.A.ude).  — 
'.  Léon  Arabeyre,  d'Arlix  (Ariège).  —  5.  Jean  Lafitte,  d'Auterive  (Haute- 
(raronne).  —  6.  Jean-Pierre  Lavergne,  de  Saubens  (Haute-Garonne).  — 
7.  Baptiste  Canière,  de  5aint-Félix-de-Rieutort  (.\riège).  —  8.  Baptiste  Verge,  du 
Mas-d'Azil  (Ariège).  —  9.  Baptiste  A'ignes,  d'Auterive  (Haute-Garonne).  — 
10.  Zéphirin  Ribaute.  de  Gintegabelle  (Haute-Garonne).  —  II.  Louis  Busca,  de 
Montesquieu  (Haute  Garonne).  —  12.  Paul  Bourgailh,  du  Fossat  (Ariège).  — 
13.  Jean  Salva,  de  ^'ariIbes  (Ariège).  —  14.  Jean  Sainte-Marie,  de  Belloc  (Gers). 
~  15.  Baptiste  Marty,  de  Marquein  (Aude). 

Le  Comité  a  demandé  à  M.  le  ministre  de  l'agriculture  d'accorder 
une  médaille  d'argent  à  M.  Lannelongue,  une  médaille  de  bronze,  à 
BL  Savit  et  une  2'"  médaille  de  bronze,  à  M.  Cahuzac.  — ■  Les  ]h  élèves 
composant  la  2'  année  ont  tous  été  reconnus  aptes  à  passer  en  3°  et  les 
15  de  V  année  en  2\ 

Le  concours  pour  l'admission  aux  15  places  qui  seront  vacantes  le 
30  septembre  prochain  a  également  eu  lieu  le  16.  Trente  et  un  aspirants 
se  sont  présentés  et,  sur  ce  nombre  treize  ont  été  reçus  en  qualité 
d'apprentis  titulaires,  les  deux  autres  places  devant  être  occupées  par 
deux  surnuméraires  déjà  reçus  en  1883;  en  outre,  quatre  candidats  ont 
été  admis  comme  surnuméraires.  —  Au  V  octobre,  le  personnel  des 
apprentis  comprendra  14  élèves  de  3"  année,  15  de  2'"  année,  15  de 
1""  année  et  4  surnuméraires;  au  total,  48  élèves. 

XIL  —  Ferme-école  de  la  Nièvre. 
Un  concours  s'ouvrira  le  lundi  6  octobre,  à  neuf  heures  du  matin, 
dans  la  salle  d'études  de  la  ferme-école  de  Saint-Michel,  commune  et 
station  de  llémilly,  canton  de  Luzy  (Nièvre),  pour  l'admission  de  seize 
élèves  boursiers.  Les  concurrents  devront  être  âgés  de  seize  ans  au 
moins.  Ils  seront  examinés  sur  les  éléments  de  l'instruction  primaire: 
lecture,  écriture,  calcul,  sui'  leurs  dispositions  agricoles  et  leur  apti- 
tude physique. 

XHL  —  Ferme-école  de  la  Charente-Inférieure. 

Les  examens  d'admission  à  la  ferme-école  de  Puilboreau,  près  la 
Rochelle  (Charente -Inférieure),  auront  lieu  le  7  octobre  au  siège  de  cet 
établissement.  La  ferme-école  de  Puilboreau  est  dirigée  par  M.  Bous- 
casse,  lauréat  de  la  prime  d'honneur. 

XIV.  —  Syndical  agricole  du  département  de  la  Drame. 

La  Société  des  agriculteurs  de  la  Drôme,  s'organisant  en  vue  de 
servir  d'intermédiaire  entre  chacun  de  ses  membres  et  les  fabricants 
d'engrais  commerciaux,  invite  les  maisons  qui  désireraient  participer 
aux  fournitures,  à  vouloir  bien  adresser  les  renseignements  concernant 


((8e  CHRONIQUE  AGRICOLE  (27   SEPTEMBRE  1884). 

leurs  produits  à  M.  Bréheret,  professeur  départemental  d'agriculture, 
à  Valence.  Outre  les  conditions  de  vente,  de  livraison  et  de  payement, 
l'association  prie  les  fabricants  d'indiquer  dans  leur  note  le  mode 
de  dosage  auquel  ils  entendraient  se  rapporter  pour  la  vérilicatioa  de 
la  richesse  des  engrais  qui  pourraient  leur  être  demandés. 
XV.  —  Alimentation  du  bétail  par  les  pulpes. 

MM.  Andouard  etDézaunay  ont  continué  cette  année  les  expériences 
qai'ils  avaient  commencées.,  dans  la  Loire-Inférieure,  en  1S83  (voir 
tome  IV  du  Journal  de  1883,  page  87),  relativement  à  rinfluence  de 
la  pulpe  de  diffusion  sur  le  lait  des  vaches.  Les  résultats  de  ces  nou- 
veaux essais  ont  été  récemment  communiqués  à  l'Académie  des 
sciences.  Les  essais  ont  porté  sur  sept  vaches,  qui  ont  été  soumises 
pendant  plusieurs  semaines  à  des  régimes  alimentaires  dans  lesquels 
on  a  fait  varier  la  proportion  de  pulpe;  de  zéro,  cette  quantité,  a  été,  par 
étapes  successives,  portée  jusqu'à  45  kilog.  Les  résultats  obtenus  sont 
résumés  par  les  auteurs  des  expériences  dans  les  termes  suivants  : 

<c  La  discussion  des  résultats  conslatés  nous  conduit  aux  conclusions  suivantes: 

a  1"  La  pulpe  de  betterave,  obtenue  par  diffusion  et  conservée  en  silo,  aug- 
mente la  sécrétion  lactée  des  vaches  dans  une  proportion  généralement  élevée, 
qui  varie  avec  les  aptitudes  des  sujets  et  avec  la  nourriture  complémentaire  qui 
leur  est  donnée. 

«  2"  Elle  augmente  également  la  quantité  du  beurre  contenu  dans  le  lait,  sans 
paraître  nuire  à  sa  qualité. 

«  3"  Mais  elle  a  le  double  inconvénient  d'altérer  la  saveur  et  d'accélérer  la  coa- 
gulation spontanée  du  lait,  lorsqu'elle  est  administrée  à  haute  dose  et  sans  un 
correctif  tel  que  celui  des  fourrages  verts. 

«  4"  Toutes  les  substances  alimentaires  facilement  fermentescibles  prpsentent 
vraisemblablement  les  mêmes  défauts  et  doivent  être  écartées  le  plus  possible  du 
régime  des  vaches  laitières,  lorsque  le  lait  est  destiné  à  être  consommé  en 
nature. 

<c  5°  Elles  sont  au  contraire  avantageuses  pour  l'engraissement  du  bétail  et 
pour  l'industrie  du  beurre.  » 

Nous  croyons  devoir  présenter  une  observation  relativement  aux 
trois  derniers  paragraphes  de  ces  conclusions.  Il  est  bien  rare  que  l'on 
emploie  exclusivement  la  pulpe  ou  la  dréche  à  la  nourriture  des 
vaches  laitières;  par  conséquent,  dans  la  pratique,  l'inconvénient  que 
signalent  MM.  Andouard  et  Dezaunay  n'existe  en  réalité  presque 
jamais.  Quant  au  beurre  provenant  du  lait  de  vaches  nourries  à  la 
pulpe,  il  est  démontré  par  l'expérience  depuis  longtemps  qu'il  n'a 
jamais  les  mêmes  qualités  que  celui  fourni  par  les  vaches  nourries 
avec  des  fourrages  verts  ou  secs. 

XVL  —  Concours  généraux  agricoles  de  Paris  en  1S85. 

Nous  avons  promis  de  signaler  les  principales  innovations  apportées 
dans  le  programme  du  concours  général  agricole  qui  se  tiendra  à 
Paris  du  4  au  1  I  février  1885.  Quelques-unes  de  ces  innovations  pré- 
sentent une  grande  importance.  Nous  allons  les  résumer  pour  chaque 
partie  du  concours. 

ANI^îAUX  GRAS.  —  Espèce  bovine.  —  Une  catégorie  spéciale  est  ouverte  pour 
les  bœufs  de  ra^ce  normande.  —  Un  prix  d'honneur,  de  la  valeur  de  1,500  fr.,  est 
créé  pour  la  meilleure  bande  de  vaches. 

Espèce  ovine.  —  Trois  nouvelles  catégories  sont  ouvertes  pour  les  races  de  la 
Charmoise,  berrichonne  et  analogues,  sol.nguule,  et  une  autre  pour  les  brebis  de 
races  Irançaises  diverses  pures.  —  Uo  prix  d'honneur,  consistant  en  un  objet 
d'art  de  la  valeur  de  1,000  fr.,  est  créé  pour  le  lot  de  brebis  reconnu  le  meilleur 
parmi  tous  les  lots  primés. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (27  SEPTEMBRE    1884).  487 

Animaux  recroducteurs.  —  lùpèce  booine.  —  Une  section  spéciale  est 
ouverte,  dans  Li  catégorie  de  la  race  durham,  pour  les  tauriUoas  de  7  mois  à 
1  aJi.  —  Quatre  .latégo'-ies  spéciales  sont  ouvertes  pour  les  races  flamands,  hollan- 
daise, schwi'z,  franc  uses  ou  étrangères  diverses. 

Volailles  vivantes.  —  Ddux  catégories  sp'ciales  sont  ouvertes  pour  les  coqs 
et  poules  de  la  race  de  Caussade  et  de  la  race  de  Barbezieux.  —  Deux  prix  d'hon- 
neur pourront  être  attribués,  l'un  pour  les  coqs  et  poules,  l'autre  pour  les  din- 
dons, oies  et  canards.  —  Outre  les  primes  en  argent,  les  lauréats  recevront,  pour 
les  premiers  prix,  une  médaille  d'argent,  et  pour  les  autres  prix,  une  médaille  de 
l)ronze. 

Beurres  et  fromages.  —  Il  y  aura  deux  prix  d'honneur  pour  les  fromages  : 
l'un  pour  le  meilleur  lot  de  fromages  à  pàto  molle,  l'autre  pour  le  meilleur  lot  de 
fromages  à  pâte  dure. 

Laits.  —  Le  premier  prix  consistera  en  une  médaille  d'or. 

Concours  spécial  de  matériel  de  laiterie.  —  Ce  concours  est  divisé  en  dix 
catégories  :  1°  types  d'installation  de  laiteries,  de  fromageries,  etc.;  —  2°  véhicules 
et  appareils  pour  le  transport  du  lait;  —  3"  appareils  propres  à  refroidir  le  lait: 

—  4°  barattes  ou  appareils  propres  à  séparer  le  beurre  du  lait  ou  de  la  crème, 
divisés  en  trois  sous- catégories  :  barattes  à  bras,  barattes  à  manège  ou  mues  par 
machine  à  vapeur,  crémeuses  mécaniques;  —  5"  appareils  pjur  le  délailement, 
le  pétrissage  du  beurre,  etc.,  divisés  en  deux  sous-catégories;  malaxeurs  et  appa- 
reils divers  ;  —  6°  presses  à  Iromages  ;  —  7"  vases  pour  la  conservation  et  la  vente, 
l'emballage,  etc.,  du  lait,  de  la  crème,  du  beurre  et  des  fromager;  —  8"  vases  et 
ustensiles  divers  non  dénommés  dans  la  classe  précédente,  à  l'usage  des  laiteries, 
beurreries  et  fromageries  (tamis,  spatules,  vases  à  crème,  diviseurs  du  caillé, 
moules  à  fromages  et  à  beurre,  etc.);  —  9"  instruments  scientifiques  à  l'u-^age 
des  laiteries  et  fromageries  (thermomètres,,  baromètres,  hygromètres,  pèse-lait, 
crémomètres,  etc.)  ;  —  10"  matières  colorantes  du  beurre  et  du  (romage,  présures, 
sels,  etc.  Dans  chaifue  catégorie,  des  médailbis  d'or,  d'argent  et  de  bronze  pour- 
ront être  décernées  ;  il  y  aura  un  prix  d'honneur  consistant  en  une  médaille  d'or 
grand  module. 

GoNCûQRs  DE  PiSGicuLTQRE  ET  d'ostbéicultqre.  —  P iscicul.ture ,  deux  catégo- 
ries ;  1°  alevins,  produits;  2"  matériel  et  procédés  de  pisciculture.  —  Oitréicut- 
lure,  deux  catégories  :  1°  naissains,  huîtres  diverses;  2"  matériel  et  procédés 
d'ostréiculture.  —  Dans  chaque  catégorie,  il  y  aura  des  médailles  d'or,  d'argent 
et  de  bronze. 

Produits  agricoles.  — Cinq  nouveaux  concours.  1"  Balaie  ou  patate  douce  et 
Ignames,  chaque  variété  étant  représentée  par  3  kilog.  au  moins  de  racines.  — 
■1"  Plantes  d'ornement  fleuries,  divisées  en  onze  catégories  :  jacinthes  de  Hol- 
lande, jacinihes  de  Paris,  cyclamens  de  Perse,  tulipes  simples  et  doubles,  nar- 
cisses à  bouquets  variés,  crojus  variés,  anémones  éclatantes,  cynéraires  hybrides, 
primevères  de  Chine,  violettes  variées,  muguet  de  mai.  — 3"  Uiels  et  cires.  Diux 
catégories  pour  les  miels  :  miel  coule  et  miel  en  rayon;  pour  les  miels  coulés,  le- 
apiculteurs  sont  divisés  en  trois  sections,  suivant  l'importance  de  leur  production. 

—  4"  Vins  d'Algérie  des  récoltes  de  lS83et  de  1884,  présentes  parde^  producteurs  ; 
chaque  variété  sera  représentée  par  deux  litres  au  moins.  —  5'"  Cidres  et  poirés, 
divisés  eu  tr.iis  catégories  :  1"  cidres  de  Normandie;  2"  cidres  de  Bretagne  et  du 
Maine;  3"  cidres  de  divers  autres  pays;  chaque  variété  sera  représentée  par  six 
litres  au  moins.  —  Deux  prix  d'' homieur ,  consistant  en  objets  d'art,  seront  décernés 
aux  deux  plus  beaux  lotri,  lie  premier  'pour  les  fruits  et  légumes,  le  second  pour 
les  produits  agricoles.  —  Au\  prix  réservés  aux  exposants  marchands  est  ajoutée 
une  médaille  d'or  grand  module. 

Exposition  scolaire. — Elle  sera  divisée  en  deux  sections  :  I"  matériel  d'ensei- 
gnement agricole  (collections,  dessins,  objets  de  cours,  etc:);  2°  travaux  et  objets 
d'enseignement  agricole  présentés  par  les  professeurs,  les  instituteuts  et  les  élèves 
des  écoles  priiudires  ou  spéciales.  —  Les  livres,  cartes,  engrais,  pourront  être 
admis  au  concours;  mais  aucune  récompense  ne  leur  sera  décernée. 

E\PosiTiON  u'mstrumgnts  et  de  machines  agkicoles.  —II  n'y  aura  ni  essais, 
ni  récompenses.  Toutefois,  les  appareils  pour  distilleries,  brasseries,  féculeries, 
sucreries,  meuneries,  etc.,  pourront  être  examinés  par  un  jury  spécial  et  rece- 
voir des  médailles. 

Les  nouvelles  sections  que  nous  venons  d'énumérer  ajouteront  cer- 
tainement à  l'allrait  du  concours  de  Paris;  elles  répondent  d'ailleurs 


488  CHRONIQUE  AGRICOLE  (27   SEPTEMBRE  1884). 

à  des  vœux  formulés  par  les  agriculteurs  à  plusieurs  reprises.  —  L  s 
exposants  doivent  adresser  leurs  déclarations  au  ministère  de  l'agi  i- 
culture,  à  Paris,  avant  le  1"  janvier  1885. 

XVII. —  Exposition  forestière  à  Edimboury. 

Le  Journal Sideya.  signalé  l'exposition  forestière  internationale  actuel- 
lement ouverte  à  Edimbourg.  Plusieurs  exposants  français  y  attirent 
une  attention  légitime.  Tout  d'abord,  MM.  Vilmorin-Andrieux  o;il 
fait  une  exposition  très-intéressante;  elle  comprend  une  magniliqi.i' 
collection  de  cônes,  renfermant  158  variétés  de  pins,  90  de  sapins  cl 
87  d'essences  diverses;  (325  échantillons  de  graines,  et  des  spécime.iK 
remarquables  d'eucalyptus.  M.  le  comte  des  Cars,  membre  de  li 
Société  nationale  d'agriculture,  a  exposé  des  échantillons  montrant  les 
résultats  de  son  système  d'élagage  des  arbres  et  les  outils  employés  j 
ce  travail.  M.M.  David  Cannon  et  E.  Brace,  propriétaires-sylviculteuis 
aux  Vaux,  près  Salbris  (Loir-et-Cher),  ont  exposé  des  caisses  contenaiu 
des  plants  de  conifères  forestiers  d'un  an,  notamment  des  pins  syl- 
vestres, laricios,  des  sapins  de  Douglas,  etc.,  ainsi  que  des  échantillons 
de  troncs  montrant  la  croissance  des  pins  sylvestres  dans  les  sables 
de  Sologne.  Parmi  les  exposants  de  matériel  forestier,  nous  devons 
signaler  les  chemins  de  fer  portatifs  de  M.  Decauville,  de  Petit-Bourg. 
Si  les  exposants  français  sont  peu  nombreux  à  Edimbourg,  la  valeur 
de  leurs  exhibitions  est  incontestable. 

XVIIL  —  Exposition  d'horliculiure  à  'a  Nouoelle-Orléans. 
Dans  une  précéddnte  chronique  (page  286),  nous  avons  donné  des 
indications  sommaires  sur  l'exposition  universelle  d'horticulture  pro- 
jetée en  Amérique,  à  la  Nouvelle-Orléans.  AQn  de  faire  saisir  l'impor- 
tance des  préparatifs  faits  pour  cette  solennité,  nous  devons  ajouter  quel- 
ques détails.  Le  bâtiment  dans  letjuel  se  tiendra  l'exposition  est  une 
immense  serre  de  300  mètres  de  longueur  sur  40  mètres  en  moyenne 
de  largeur.  La  section  de  poraologie  occupera  un  espace  suffisant  pour 
25, 000  plats.  Autour  de  cette  serre,  le  gouvernement  du  Mexique  s'est 
déjà  réservé  2  hectares  pour  l'exposition  de  ses  produits  d'horticul- 
ture; les  Etats  de  l'Amérique  centrale,  la  Floride  et  d'autres  Etats  de 
l'Union,  ainsi  que  différentes,nations,  ont  aussi  retenu  des  surfaces  con- 
sidérables pour  leurs  exposants.  Il  y  aura  certainement  à  la  Nouvelle- 
Orléans  une  excellente  occasion  pour  l'éluJe  et  la  comparaison  des 
produits  de  l'hortic  ilture  sur  tous  les  points  du  globe. 

XIX.  —  Sociélè  d'agriculture  de  Wassy. 

La  Société  d'agriculture  de  l'arrondissement  de  Wassy  (Haute- 
Marne),  présidée  par  M.  le  vicomte  Ch.de  Hédouville,  a  tenu  sou  con- 
cours annuel  les  20  et  21  septembre,  à  Chevillon.  Dans  ce  concours,  elle 
a  distribué  des  primes  pour  les  animaux  reproducteurs,  pour  les 
instruments  agricoles,  pour  les  cultures  diverses  de  l'arrondissement, 
pour  l'horticulture  et  la  culture  maraîchère,  etc. 

En  outre,  la  Société  ayant  reçu  du  ministère  de  l'agriculture  une 
subvention  extraordinaire  de  1 ,000  francs  pour  être  enijjloyée  à  l'ac- 
quisition de  reproducteurs  bovins,  se  propose  d'acheter  des  tau- 
reaux et  des  génisses  de  race  schwitz;  il  sera  attribué  un  des  taureaux 
à  chacun  des  quatre  cantons  suivants  :  Chivillon,  Jainville,  Poissons 
et  Wassy.  Ces  taureaux  seront  revendus  aux  enchères,  entre  les  mem- 


CHRONIQUE  AGRIGOLK  (27  SEPTEMBRE   1884).  489 

bres  de  ces  Comices;  la  réduction  de  prix  sera  de  25  pour  i()((  pour 
les  génisses,  et  de  40  pour  100  pour  les  taureaux,  sur  leur  prix  de 
revient,  rendus  à  Wassy.  Les  personnes  qui  désireraient  devenir  coH' 
cessionnaires  de  ces  taureaux  doivent  en  taire  la  demande  à  .M.  CoUin, 
secrétaire  de  la  Société,  à  Wassy. 

XX.  —  Société  d'agriculture  du  Tarn. 

La  Société  d'agriculture  du  Tarn,  présidée  par  M.  Espinasse,  distri- 
buera, en  primes,  une  somme  de  500  fr.  aux  propriétaires  qui  pourront 
présenter  au  concours  une  contenance  minimum  de  50  ares  de  plants 
américains  greffés  en  plants  du  pays.  Les  primes  seront  attribuées 
principalement  aux  ouvriers  gruffeurs. 

Une  exposition  de  raisins,  de  fruits,  de  fleurs  coupées  et  de  boutiuels 
montes  aura  lieu  à  Albi,  dans  une  des  salles  de  THôtel  de  ville,  à  la 
fin  de  septembre.  Le  jour  sera  fixé  lorsqu'il  sera  possible  de  pré- 
juger l'époque  des  vendanges.  Autant  que  possible,  les  raisins  seront 
attachés  au  sarment  garni  de  ses  feuilles.  Des  médailles  et  des  primes 
seront  mises  à  la  disposition  du  jury  pour  récompenser  les  lauréats. 
XXL  —  Société  d'agriculture  de  Chulon-sur-Saùne. 

La  Société  d'agriculture  de  l'arrondissement  de  Chalon-sur-Saône 
(Saône-et-Loire)  a  tenu  récemment  son  concours  annuel  à  Sennecey, 
sous  la  direction  de  son  président,  M.  Petiot.  Ce  concoui's  avait  amené 
une  grande  affluence  de  cultivateurs.  Dans  l'excellente  allocution  qu'il 
a  prononcée  à  la  distribution  des  récompenses,  >L  Petiot  a  résumé 
les  conditions  nécessaires  pour  la  transformation  des  systèmes  de  cul- 
ture. Voici  un  extrait  de  ce  discours  : 

«  Pour  modifier  avantageusement  l'ordre  de  choses  actuel,  qui  est  intolérable 
pour  le  fermier,  comme  pour  le  propriétaire,  il  est  nécessaire  tout  d'abord  de 
transformer  profondément  l'essence  même  (ies  baux  anciens,  qui  sont  contraires 
à  tout  progrès,  et  transformer  aussi  les  rapports  qui  existent  entre  les  propriétai- 
res et  l';s  fermiers. 

«  Faire  de  la  viande,  améliore)'  le  bétail,  créer  des  prau'ies,  c'est,  il  est  vrai, 
plus  l'acile  à  dire  qu'à  faire.  Il  faut  du  temps,  de  l'argent,  du  calme,  de  la  sécurité 
dans  l'avenir,  pour  que  la  spéculation  ne  soit  pas  aléatoire. 

«  Or,  le  fermier,  avec  des  baux  de  trois  à  six  ans,  n'a  ni  le  temps,  ni  la  sécurité 
nécessaires  pour  changer  son  mode  de  culture.  Rarement  il  a  les  capitaux  suffi- 
sants. Le  propriétaire  devra  donc,  à  moins  de  voir  diminuer  son  patrijnoine,  s'ha- 
bituer à  des  conditions  de  plus  longue  durée,  et  arriver  à  faire  des  avances  au 
fermier  qui  en  payera  l'intérêt  sous  une  forme  quelconque,  à  débattre  entre  eux. 
Ce  sera  de  l'argent  bien  placé  pour  l'un  et  pour  l'autre. 

«  Mais  si,  à  notre  époque,  certains  devoirs  incombent  aux  propriétaires,  les 
fermiers  n'en  ont  pas  de  moindres  à  remplir.  Ils  doivent,  à  tout  prix,  modifier 
leur  élevage  du  bétail,  choisir  leurs  reproducteurs,  mieux  nourrir  leurs  veaux,  éle- 
ver plutôt  moins,  que  de  le  faire  dans  de  détestables  conditions.  Une  bonne  tète 
vaut  mieux  et  fait  plus  d'argent  net,  que  trois  mauvaises. 

«  Tel  est,  à  notre  avis,  messieurs,  le  côté  le  plus  important  du  problème  <à 
résoudre,  pour  concilier  les  divers  intérêts  qui  s'entrechoi|uent  dans  ce  moment, 
afin  d'arriver  à  une  solution.  Nous  avons  cru  devoir  vous  le  signaler,  car  c'est  le 
critérium  de  tout  progrès  dans  notre  pays.  » 

^L  Petiot  fait  ressortir  très  clairement  les  caractères  de  la  crise  agri- 
cole actuelle  :  c'est  surlmit  une  crise  de  fermage.  Il  indique,  avec 
l'autorité  qui  appartient  à  un  éleveur  émérite,  que  lun  des  moyens 
d'y  mettre  fin,  c'est  de  faire  comprendre  aux  propriétaires  et  aux 
fermiers  que  leurs  intérêts  sont  solidaires,  et  de  les  amener  à  agir  en 
commun  pour  sauvegarder  l'avenir  et  le  rendre  plus  prospère  que  le 
présent. 


490  CHRONIQUE    AGRICOLE  (27    SEPTEMBRE  1884), 

XXII.  —  Transport  et  utilisation  des  gadoues. 
Nous  avons  rendu  compte  des  principaux  travaux  de  la  Section 
d'agronomie  au  congrès  de  l'Association  française  pour  l'avancement 
sciences,  tenu  récemm.ent  à  Blois.  Nous  devons  compléter  aujour- 
d'hui ce  compte  rendu  en  faisant  connaître  un  vœu  émis  par  l'Asso- 
ciation, sur  la  proposition  des  sections  d'agronomie  et  d'hygiène.  Voici 
le  texte  de  ce  vœu  : 

«  Le  congrès  émet  le  vœu  : 

«  1°  Que  les  gadoues  ne  soient  pas  détruites,  mais  seulement  modifiées  par 
des  moyens  qui  leur  enlèveraieut  leurs  propriétés  nocives  sans  les  priver  de  leurs 
qualités  comme  engrais; 

«  2"  Que  le  stationnement  prolongé  des  wagons  de  gadoues  dans  les  gares  et 
les  prolongements  de  délais  pour  leur  transport,  soient  interdits  ; 

«  3"  Que  l'on  étudie  les  moyens  d'effectuer  les  transports  de  gadoues  en  wagons 
clos; 

«  4°  Qu'on  applique  les  lois  et  décrets  n'autorisant  les  dépôts  de  gadoues  que 
dans  les  lieux  acceptés  pardes  commissions  d'hygiène  et  aménagés  le  mieux  pos- 
sible pour  empêcher  la  diffusion  par  les  vents  ; 

«  b"  Que  les  dépôts  de  gadoues  ne  puissent  être  établis  sans  autorisation  et  que 
leur  aménagement  et  leur  étendue  soient  réglés  par  une  ordonnance  de  police.  » 

L'adoption  de  ces  mesures  aurait  pour  effet  d'assurer  la  salubrité 
publique,  en  sauvegardant  les  intérêts  de  l'agriculture. 
XXIII.  —  Nouvelles  de  l'état  des  récolles. 

La  principale  préoccupation  des  agriculteurs  est  de  rentrer  les  der- 
nières récoltes  et  de  préparer  les  terres  pour  les  semailles  d'automne. 
Ces  travaux  sont  favorisés  jusqu'ici  par  des  circonstances  météorolo- 
giques favorables.  —  Sur  la  situation  agricole  dans  la  Dor-logne, 
M.  de  Lenlilhac  nous  adresse  de  SaintJean-d'Ataux,  à  la  date  du 
18  septembre,  les  renseignements  suivants  : 

«  Dans  la  troisième  dizaine  d'août  sont  survenues  quelques  averses,  mais  si 
légères  que  l'effet  en  a  été  absolument  nul  sur  les  végétaux  qui  ont  continué  d'être 
fort  éprouvés  tout  le  courant  du  mois  d'août  par  une  sécheresse  qui  remonte  à  la 
deuxième  quinzaine  de  juillet.  Nos  prévisions  du  mois  précédent  ne  se  sont  que 
trop  réalisées,  les  pluies  du  -2  septembre  sont  arrivées  trop  tard  pour  réparer  le 
mal  ;  pas  de  raves,  de  regain,  ni  de  maïs -fourra  ge  ;  les  carottes  et  les  betteraves 
ne  pourront  acquérir  leur  développement  normal,  non  plus  que  le-  tabacs,  qu'on 
récolte  de  toutes  parts  dans  la  cramte  qu'ils  ne  soient  atteints  par  les  premières 
gelées,  la  température  ayant  considérablement  baissé  dans  les  premiers  jours  de 
septembre.  On  commence  l'arrachage  des  pommes  de  terre:  elles  sont  petites  et 
d'un  produit  inférieur  du  huitième  de  celui  de  l'an  dernier. 

a  Le  raisin  mûrit,  mais  irrégulièreraenf  ;  l'oïdium  a  fait  plus  do  mal  qu'on  ne 
l'avait  supposé  au  début,  une  bonne  moitié  des  grappes  devra  pissir  aux  rebuts. 

«  La  terre  n'est  encore  qu'imparfaitoment  humectée;  on  se  hàlc  cependant 
d'achever  de  déchaumer  et  d'ensemencer  les  seigles- fourrage,  le  farouch  et  la 
jarosse.  » 

La  campagne  sucrière  commence,  et  on  se  préoccupe  de  la  récolte 
'  des  betteraves;  presque  partout  on  constate  que  les  racines  sont  res- 
tées petites,  et  qu'elles  ne  grossissent  que  lentement;  on  s'attend  à  un 
déficit  assez  sérieux  relativement  à  l'année  précédente,  défieit  d'autant 
plus  probable  qu'il  y  a  eu  diminution  dans  l'étenilue  di^  terres  consa- 
crées à  cette  plante.  Les  pommes  de  terre  paraissent  devoir  donner  une 
récolte  abondante  et  de  bonne  qualité.  Quant  aux  vignes,  les  vendan- 
ges sont  en  pleine  activité  dans  plus  de  la  moitié  des  départeinents  viti  ■ 
coles;  la  maturité  du  raisin  est  généralement  bonne;  on  compte 
presque  partout   sur    un    vin   d'excellente   qualité. 

Henry  Sagmer. 


LE  CONGRÈS   LAITIER  DE  GL0CE3TER.  491 

LE  CONGRÈS  LAITIER  DE  GLOGESTER 

MÉMOIRE   DE  M.   GGLINSÛN  ilXLh. 

M.  Colinson  Hall  est  un  agronome  anglais  de  grand  mérite.  La 
presse  agricole  de  l'Angleterre  le  compte  parmi  ses  principaux  écri- 
vains. C'est  non  seulement  un  homme  de  plume,  un  savant  écono- 
miste agricole,  mais  c'est  encore  un  praticien  éminentdont  l'expàrience 
fait  loi  dans  le  monde  agricole  de  l'Angleterre;  c'est  en  outre  un  esprit 
dislingué,  exempt  de  parti  pris,  et  s'atlachant  surtout  à  ce  qui  est  in- 
contestable, comme  tliéorie,  et  absolument  vrai,  comme  pratique. 

Le  mémoire  de  M.  Colinson  Hall  est  intitulé  :  Lait  et  viande.  l\  eût 
été  difficile  d'exprimer,  d'une  manière  plus  concise,  les  deux  points 
essentiels  de  l'industrie  laitière,  c'est-à-dire  le  double  objet  que  doit 
viser  l'agriculteur-éleveur,  lenourrisseur  ell  engraisscur;  car  la  branche 
de  l'art  de  l'agriculture  qui  comprend  la  production  du  lait  doit  néces- 
sairement comprendre  aussi  l'élevage  du  bétail  laitier,  le  traitement 
des  vaches  laitières  et  l'engraissement  de  celles-ci  lorsqu'elles  sont 
arrivées  à  la  période  de  leur  existence  oii  leurs  qualités  laitières  ne 
sont  plus  assez  puissantes  pour  donner  un  profit. 

31.  Colinson  Hall,  au  début  de  son  admirable  mémoire,  exprime  la 
conviction  que  la  race  durham  est  à  la  tète  de  toutes  les  autres  races 
bovines,  à  tous  les  points  de  vue  du  rendement  en  lait  et  en  viande, 
comme  à  celui  de  la  beauté  et  de  l'ampleur  des  Formes  et  de  la  préco- 
cité. C'est  un  honneur,  ajoute-t-il,  pourleconité  du  Yorkshire,  d  avoir 
été  le  berceau  de  cette  race  incomparable,  la  plus  belle  et  la  plus 
lucrative  qu'il  y  ait  au  monde.  Il  ajoute,  dans  un  transport  d'enthou- 
siasme convaincu,  que  l'origine  de  celle  race  sulllt  pour  donner  à  ce 
comté  un  lustre  que  le  temps  ne  saurait  effacer.  J'éprouve,  je  dois 
l'avouer,  un  plaisir  tout  particulier  à  noter  celle  appréciation,  si  géné- 
rale d'ailleurs,  des  mérites  d'une  race  que  j'élève  depuis  tant  d'années 
et  dont  une  longue  expérience  m'a  fait  reconnaître  les  mérites  excep- 
tionnels. 

Les  Américains,  dit  M.  C.  Hall,  se  servent,  dans  une  large  mesure, 
de  taureaux  durhams  pour  faire  des  croisements,  dans  le  but  de  pro- 
duire de  bonnes  vaches  à  grand  rendement  laitier,  tout  en  acquérant 
par  le  sang  durham,  une  précieuse  aptitude  à  l'engraissement  et  à  la 
précocité.  Ils  sont  ainsi  parvenus  à  créer  une  race  réunissant  les  qua- 
lités lailièresàla  production  lucrativede  la  viande,  et  cela  àun  de^ré  fort 
remarquable.  D'après  des  expériences  fort  exaetemen  conduites  dans  un 
grand  nombre  de  districts  en  Amérique,  on  est  arrivé  au  résultat  suivant  : 
il  a  été  constaté  que  dans  un  troupeau  décent  vaches  croisées  durham, 
ia  quantité  moyenne  de  lait  est  de  M  à  13  litres  par  jour  et  par  lète 
pendant  dix  mois,  c'est-à-dire  d'un  veau  à  l'autre.  M.  Colinson  Hall 
cite  une  vache  de  trois  ans,  ayant  trois  quarts  de  sang  durham,  qui, 
pendant  cinq  sema'nes  après  le  vêlage,  donnait  jusqu'à  33  litres  de 
lait  par  jour.  11  on  cite  une  autre  qui,  dans  les  mêmes  circonstances, 
donnait  le  même  produit.  Il  est  évident  quecetle  moyenne  considérable 
de  1 1  à  13  litres  de  lait,  par  jour,  dans  un  troupeau  de  cent  vaches,  ne 
p'^ut  se  maintenir  qu'avec  une  succession  constante  de  vaches  en  lait 
prises  dans  les  troupeeaux  d'élevage;  mais  une  race  qui  produit  des 
vaches  laitières,  capables  de  maintenir  une  moyenne  semblable,    doit 


492  I.E    CONGRÈS    LAITIER  DE  GLOCESTER. 

être  considérée  comme  appartenant  aux  meilleures  races  laiLières 
connues.  Il  est  évident  aussi  que  la  nourriture  d'un  semblable  troupeau 
doit  être,  par  son  abondance  et  la  qualité  nutritive,  adéquate  à  une 
semblable  production,  tout  en  maintenant  les  animaux  dans  une 
condition  de  chair  satisfaisante,  c'est-à-dire  suffisante  pour  empêcher 
!e  moindre  dépérissement.  Quand  une  vache  ne  donne  plus  que  quatre 
litres  de  lait,  tout  en  étant  en  bonne  condition  d'embonpoint,  elle  doit 
être  immédiatement  livrée  à  la  boucherie.  C'est  là,  d'ailleurs,  une 
considération  qui  plaide  en  faveur  de  la  nécessité  économique  de  main- 
tenir en  bonne  condition  de  chair,  les  vaches  d'un  troupeau  laitier; 
car  cela  permet,  aussitôt  que  le  rendement  en  lait  cesse  d'être  rému- 
nérateur, de  réaliser  l'animal  sans  perte  de  temps  et  sans  qu'on  soit 
obligé  de  le  garder  à  l'étable,  pendant  plus  ou  moins  de  temps,  pour 
l'engraisser.  Par  une  bonne  et  constante  alimentation,  on  réalise  ainsi 
une  grande  économie  de  temps  et  de  nourriture. 

Au  point  de  vue  delà  production  du  lait,  on  peut  établir  en  principe 
qu'il  n'est  point  avantageux  de  garder,  dans  un  troupeau  laitier,  une 
raclie  après  son  quatrième  veau,  car  il  est  reconnu  que  la  sécrétion  lai- 
tière s'amoindrit  en  quantité  eten qualité  après  laquatrièmeparturiiion  . 
Il  en  est  autrement  quand  il  s'agit  de  la  production  de  la  race  pure; 
car,  ici,  les  produits  ayant  souvent  une  grande  valeur  de  race  et  de 
famille,  il  est  avantageux  de  conserver  les  bonnes  mères,  en  supplé- 
ant, le  cas  échéant,  à  l'appauvrissement  de  leur  lait,  par  celui  des 
vaches  plus  jeunes. 

La  consommation  du  lait  dans  les  grandes  villes  telles  que  Londres, 
par  exemple,  varie  très  peu  en  hiver  et  en  été,  bien  que  la  production 
soit  plus  abondante  en  été.  La  différence  dans  l'approvisionnement  se 
trouve  comblée  par  l'importation  del'étranger.  Il  importe  donc  aux  agri- 
culteurs anglais  de  viser  à  produire  eux-mêmes  cet  appoint  de  con- 
sommation qu'on  est  obligé  de  demander  à  l'étranger,  et  à  retenir  ainsi 
entre  les  mains  des  agriculteurs  nationaux,  dans  son  intégrité,  un  com- 
merce auss  'ucratif,  dont,  aujourd'hui,  une  grande  partie  leur  échappe, 
au  grand  proût  des  agriculteurs  étrangers.  Si  les  agriculteurs  voulaient 
se  décider  à  produire  une  succession  constante  de  fourrages  en  grains, 
en  racines,  en  foin  et  paille,  de  manière  à  assurer  un  approvisionnement 
continu  pour  leur  bétail  en  stahulation  permanente,  ils  réaliseraient 
un  bien  plus  grand  revenu  de  leurs  terres  arables,  ils  produiraient  une 
plus  grande  quantité  de  nourriture  et,  dans  ces  conditions,  l'agricul- 
ture serait  une  industrie  prospère  et  lucrative. 

Il  est  incontestable  qu'avec  le  système  de  stahulation  permanente  on 
peut  élever  une  plus  grande  qu.uitité  de  bétail.  Dans  un  récent  voyage 
que  je  viens  de  faire  en  Suisse,  j'ai  été  frappé  de  ce  faitque  dans  un  pays 
aussi  essentiellement  pastoral, on  nevoitjamais  les  troupeaux  dansles 
pâturages.  Tous  sont  retenus  àl'étable,  les  prairies  sont  régulièrement 
fauchées  et  le  foin  soigneusement  emmagasiné  pour  la  consommation 
à  l'intérieur  des  étables.  Avec  ce  système,  les  agriculteurs  suisses 
pe  uvent  nourrir  beaucoup  plus  d'animaux  sur  un  espace  donné,  que 
si  les  troupeaux  étaient  lâchés  dans  les  prairies,  foulant  aux  pieds  et 
gaspillant  beaucoup  plus  de  nourriture  qu'ils  n'en  consomment.  Ce 
n'est  que  lorsque  quand  la  dernière  récolte  de  foin  est  terminée, 
qu'on  peut  avantageusement  lâcher  les  troupeaux  dans  les  pâturages. 
D'ailleurs  le  changement,  dans  l'entretien  des  animaux,  leur  est  fort 


Lii  CUiNGHti  LAI  1  IKK    UK    GLUCKS'i'KH.  493 

salutaire  et  les  prépare  fort  avanlaiieuseinont  à  la  stabulation  rigoureuse 
du  la  période  hivernale  :  c'est  ainsi  que  l'on  parvient  à  établir  un  heu- 
reux équilibre  entre  les  exigences  de  la  proiluclion  de  la  nourriture  et  le 
maintien  de  la  bonne  sanlé  des  animaux  de  la  ferme.  Cette  considéra- 
tion a  naturellement  plus  d'importance  pour  les  vaches  de  reproduc- 
tion, que  pour  les  vaches  de  rente.  Les  mères  en  gestation  ou  allai- 
tant leurs  veaux  doivent  être  soumises  à  un  régime  se  rapprochant 
le  plus  possible  de  la  nature,  en  ce  qui  concerne  leur  nourriture 
et  leur  hygiène.  Evidemment  l'herbe  des  pâturages  est  la  nourriture 
qui  leur  convient  le  mieux,  et  il  importe  d'éviter  de  donner  aux  va- 
ches-mères toute  nourriture  purement  artificielle,  quand  les  circon- 
stances le  permettent.  Mais  le  point  sur  lequel  M.  Colinson  Hall 
s'appesantit  avec  le  plus  de  force,  c'est  de  mettre  à  la  disposition  des 
troupeaux  un  accès  libre  à  l'eau  la  plus  pure  pour  étanclier  leur  soif, 
toutes  les  fois  qu'ils  en  ressentent  le  besoin,  ou  tout  au  moins  à  de  fré- 
quents intervalles.  'Voilà,  observe  M.  Hall,  un  des  points  essentiels 
d'une  bonne  et  lucrative  exploitation  laitière. 

Ace  propos,  jM.  Hall  raconte  que  son  père  subit  une  perte  de  vingt- 
sept  animaux  dans  l'espace  de  quelques  jours,  seulement,  pour  avoir 
bu  dans  une  mare  dont  l'eau  était  impure.  Le  soin  d'inspecter 
les  mares,  auxquelles  les  troupeaux  ont  accès,  devrait  incomber  au 
gouvernement,  ajoute  .M.  Hall,  car  les  maladies  causées  aux  animaux 
par  l'impureté  de  l'eau  qu'ils  boivent  sont  de  la  nature  de  celles  qui 
se  communiquent  à  l'homme. 

Un  autre  point  fort  important  au  point  de  vue  de  l'élevaiie  et  de 
l'entretien  hygiénique  des  vaches  laitières,  c'est  la  construction  des 
étables  oi^i  elles  sont  abritées.  Il  est  essentiel  que  ces  étables  ioient  bien 
aérées,  bien  drainées,  et  que  l'air  s'y  renouvelle  librement  par  une 
ventUalion  parfaite  et  constante.  La  construction  de  ces  abris  doit  être 
solide  et  d'une  nature  permanente;  les  expédients,  sur  ce  point,  doi- 
vent être  soigneusement  évités.  C'est  au  propriétaire  qu'incombe  le 
devoir  de  faire  les  avances  nécessaires,  soit  en  les  prenant  à  sa  charo-e 
absolument,  soit  en  faisant  les  avances  d'argent  nécessaires,  à  un  taux 
raisonnable  d'intérêt,  et  remboursable  par  termes  libéralement  éche- 
lonnés, d'après  le  même  principe  que  celui  qui  règle  les  avances  de 
fonds  accordées  par  les  compagnies  de  drainage  et  autres  améliorations 
agricoles. 

Malheureusement  l'art  de  traire  les  vachesafait  peude  proo-rès  denos 
jours.  Ce  travail,  éminemmenladapté  à  la  femme,  ou  vriraitpar'cela  même 
une  carrière  des  mieux  appropriées  à  ses  aptitudes  et  à  sa  capacité. 
La  douceur  de  la  femme,  la  délicatesse  de  la  manipulation,  son  affa- 
bilité naturelle,  la  rendent  particulièrement  propre  à  cette  fonction  qui 
exige  toutes  ces  qualitésau  plus  haut  degré.  Mais,  hélas!  lesfemmesde 
la  campagne  ont  abandonné,  en  la  dédaignant,  celte  fonction  domes- 
tique et  se  croiraient  déshonorées  de  la  remplir.  Autrefois  la  mnlsion 
des  vaches  laitières  des  grandes  laiteries  de  Londres,  et  mèine  la 
distribution  du  lait  à  domicile  étaient  faites  par  des  femmes.  Aujour- 
d'hui tout  cela  a  été  changé,  et  certes  ce  n'est  pas  un  progrès. 

En  terminant,  M.  Colinson  Hall  exprime  l'espérance  que  l'industrie 
laitière,  en  Angleterre,  réussira  par  ses  elforts  et  ses  progrès,  à  rame- 
ner l'agriculture  anglaise  à  son  ancienne  prospérité  et  à  son  importance 
normale  comme  branche  essentielle  de  l'industrie  nationale.  Pendant 


494  LE  CONGRÈS   LAITIEK   DE   GL0GE3TËR. 

les  quatre  premiers  mois  de  t88V,  observe -t-il,  l'importation  du  bétail 
vivant  de  l'étranger  a  augmente  de  256,258  tète?  sur  la  période  cor- 
respondante de  1883,  tandis  que  l'exportation  a  diminué  dans  une 
très  forte  proportion.  Cet  état  da  choses  est  fort  iniporcant  à  considérer, 
quand  on  vient  à  songer  que  tout  cet  excédent  d'importation  pourrail 
être  facilement  fourni  par  la  production  nationale.  Cet  important  appoint 
de  la  richesse  publique  qui  s'en  va  à  l'étranger,  il  appartient  h.  l'agri- 
culture anglaise  de  le  retenir  entre  ses  mains.  La  tâche  n'est  point  au- 
dessus  des  forces  et  de  l'énergie  des  agriculteurs  anglais,  il  suffit  d'un 
peu  de  calcul  et  de  dévouement  à  l'intérêt  public. 

Les  agriculteurs  français  peuvent  faire  leur  profit  de  css  bons  avis 
Eux  aussi  ont  à  lutter  bien  péniblement  contre  la  concurrence  étran- 
gère. La  lutte,  quelque  difficile  qu'elle  soit,  n'est  point  au-dessus  de 
notre  courage,  de  notre  intelligence  et  de  nos  efforts  persévérants.  Sur- 
sum  corda  !  Hue  cela  soit  notre  devise  et  notre  cri  de  ralliement. 
Sortons  résolument  de  la  routine,  elle  a  fait  son  temps  et  ne  peut  plus 
nous  secourir.  Avec  elle  ect  la  ruine;  avec  le  progrès,  la  prospérité. 

F.-R.    DE    LA    TrÉHONNAIS. 

DISCOURS  AU  CONCOURS  D'ÉTRÊPAGNY  (EURE) 

Il  y  a  vingt  ans,  à  un  concours  tenu  à  Etrépagnj,  je  vous  disais, 
en  portant  la  santé  dés  lauréats  du  concours,  je  vous  disais  :  courage 
et  persévérance.  Ces  sentiments,  qui  reviennent  en  même  temps  sur 
mes  lèvres  et  dans  mon  cœur,  me  sont  inspirés  non  seulement  par  le 
succès  de  cette  belle  fête,  mais  encore  et  surtout  par  la  crise  agricole 
que  nous  traversons,  et  qui  jette  dans  votre  vie  un  trouble  si  profond. 
Je  sens  qu'avant  de  nous  réjouir  nous  devons  nous  entretenir  ensem- 
ble, que  c'est  votre  pensée,  que  c'est  mon  devoir,  et  que  les  lauréats 
eux-mêmes  sont  d'autant  plus  dignes  déloges  qu'ils  luttent  contre  des 
difficultés  plus  grandes  et  un  avenir  incertain. 

Je  cours  donc  au  devant  de  nos  communs  désirs  et  réponds  à  la 
question  que  vous  vous  posez  tous  les  jours  à  vous-mêmes.  Que  faut-il 
tenter?  Que  doit-on  espérer?  Que  peut-on  faire  pour  donner  à  lagri- 
culture  un  soulaoement  immédiat? 

Les  temps  sont  bien  changés,  et  mon  sentiment  s'est  modifié  peu 
à  peu  avec  les  circonstances.  Avant  1877,  on  pouvait  croire  que  d'a- 
bondantes récoltes  et  des  dégrèvements  d'impôts  pourraient  calmer  les 
justes  plaintes  des  cultivateurs.  On  ne  peut  plus  conserver  cette  illu- 
sion, puisque  ]a  politique  des  dégrèvements  est  compromise  par  les 
difficultés  de  la  situation  budgétaire,  l'accroissement  continuel  des 
dépenses  publiques  et  l'accroissement  prochain  des  charges  militai- 
res; puisqu'enÛn  le  gouvernement  s'aperçoit  que  les  meilleurs  prin- 
cipes })euvent  subir  des  exceptions  légitimes,  puisqu'il  cherche  une 
voie  nouvelle  et  que  la  majorité  de  la  Chambre  ouvre  une  enquête  qui 
ne  produira  rien. 

Vous  vous  souvenez  qu'en  1870  notre  Société  et  le  Conseil  général 
avaient  fait  des  vœux  pour  l'établissement  de  droits  compensateurs. 
Dans  un  banquet  qui  a  suivi  le  concours  tenu  aux  Andelys,  je  vous  ai 
dit  publicjuement  que  sans  l'appui  du  gouvernement  aucune  majorité 
ne  se  formerait  et  ne  se  formera  jamais  dans  le  Parlement  pour  établir 
des  droits  dédouane  sur  les  produits  agricoles  venant  de  l'étranger,  mais 


DISCOURS  AU    CONCOUKS   D'fÎTRKPAGNY.  k9b 

que  si  des  Imités  de  commerce  étaient  renouvelés,  les  produis  agricoles 
pourraient  en  être  distraits,  et  que  la  question  resterait  entière  et 
réservée.  Tout  ce  que  je  vous  ai  dit  s'est  réalisé  de  point  en  point,  et 
je  serais  obligé  de  vous  le  répéter,  si  les  l'aits  n'avaient  pas  amnné  dans 
l'esprit  et  dans  les  intentions  du  gouvernement  des  modifications  que 
je  crois  profondes  et  qui  permettront  très  probablement  de  faire  une 
expérience  que  vous  réclamez.  .\  ce  point  de  vue,  la  norainalion  de 
M.  Meline  au  ministère  de  l'agriculture  est  une  circonstance  favorable. 
J'ai  eu  l'honneur  de  l'avoir  pour  collègue  dans  le  cabinet  de  1876,  et 
je  connais  personnellent  son  dév(tuement  à  l'industrie  et  à  l'agricul- 
ture nationale.  Mais  comment  ce  dévouement  s'exercera-t-il,  et  quelle 
suite  pourra-t-il  donner  à  ses  projets?  C'est  la  question. 

Ce  qui  me  préoccupe  le  plus,  c'est  d'arriver  à  une  solution  pratique 
et  immédiate.  11  ne  s'agit  pas- de  vous  plaire,  ce  soir,  par  des  décla- 
rations et  des  promesses,  mais  de  vous  servir  par  un  acte.  Je  cherche 
et  je  me  demande  s'il  ne  serait  pas  possible  de  reprendre  une  idée 
soutenue  jadis  avec  beaucoup  d'éclat  par  des  économistes  éminents, 
des  amis  et  des  serviteurs  éclairés  de  l'agriculture.  Cette  idée  serait 
d'établir,  sur  tous  les  produits  agricoles  qui  arrivent  de  l'étranger,  un 
droit  fixe,  uniforme,  qui  serait  pour  les  animaux  d'une  somme  de 
tant  par  tète,  et  pour  les  autres  produits  d'une  somme  de  tant  par 
hectolitre.  Ce  droit  aurait  pour  objet  d'établir  une  sorte  de  compensa- 
tion avec  les  charges  supportées  sous  forme  d'impôt  d  Etat  par  les 
produits  agricoles  français.  11  produirait  des  sommes  assez  considé- 
rables qui  pourraient  servir  de  base  à  des  projets  de  loi  favorables  à 
l'agriculture. 

Malgré  les  encouragements  qu'il  doit  recevoir  de  divers  côtés,  je  ne 
crois  pas  que  le  gouvernement  parvienne  à  faire  quelque  chose  de  juste 
et  d'utile,  s'il  attaque  successivement,  dans  une  suite  de  projets  de 
■  lois,  les  denrées  alimentaires  et  les  diverses  catégories  de  la  produc- 
tion agricole.  A  chaque  projet,  vous  verrez  surgir  des  récriminations 
particulières  suscitées  par  le  froissement  d'intérêts  respectables,  et 
vous  entendrez  revivre  les  arguments  déjà  vieux,  mais  toujours  sai- 
sissants, sur  l'antagonisme  entre  les  producteurs  et  les  consomma- 
teurs, entre  l'industrie  et  1  agriculture,  entre  le  commerce  et  l'agri- 
culture. Au  contraire,  en  établissant  un  droit  fixe,  uniforme,  sur  les 
produits  agricoles  venant  de  l'étranger,  vous  'donnez  à  ce  droit  uu  ca- 
ractère d'équité,  d'égalité  et  de  justice  générale;  vous  répartissez  cette 
taxe  sur  un  grand  nombre  de  pi'oduits  qui  ne  sont  pas  toujours  des 
denrées  alimentaires,  et  cela  sans  eu  exagérer  le  taux  pour  aucun 
d'eux,  et  vous  faites  tout  de  suite  une  expérience  qui  pourrait  être, 
soit  dans  un  sens,  soit  dans  un  autre,  l'objet  i'un  redressement  ulté- 
rieur. Dans  la  situation  exceptionnelle  où  se  trouvent  depuis  la  guerre 
de  1871  les  relations  commerciales,  et  depuis  -1877  les  finances  et 
l'agriculture  de  la  France,  qui  donc  pourrait  se  plaindre  gravement? 
Ne  serait-ce  pas  un  essai  loyal,  une  transaction  patriotique  entre  les 
producteurs  et  les  consommateurs? 

Ce  qui  m'a  confirmé  dans  mes  réflexions,  c'est  lincerlilude  des 
données  sur  lesquelles  le  gouvernement  et  les  membres  du  Parlement 
appuieraient  l'établissement  de  droits  compensateurs,  en  prenant  au 
hasard  les  diverses  catégories  de  produits  agricoles  qui  entieraient  en 
France,  et  la  convenance  d'établir  entre  le  montant  de  ces  divers  droits 


496  DISCOURS  AU  CONCOURS  D'ÉTRÉPAGNY. 

une  sorte  de  concordance.  Ainsi,  lors  de  la  discussion  du  tarif  c;éné- 
ral,  le  inDUvernenienl  proposait  de  frapper  l'entrée  d'un  nioiitop. 
étranger  d'une  taxe  de  5U  ceniluT  s.  Je  suis  monté  à  la  tribune  et  j'ai 
fait  relever  le  droit  à  1  fr  50,  parce  qu'il  n'y  avait  pas  concor- 
dance entre  le  droit  sur  le  blé  et  le  droit  sur  le  mouton.  J'ignore,  bien 
entendu,  si  le  principe  de  concordance  que  j'ai  fait  adopter  à  la 
Chambre  pour  un  mouton  aurait  la  grande  fortune  d'êire  adopté  par 
le  gouvernement  et  le  Parlement  pour  tous  les  produits  agricoles,  mais 
on  peut  tenter  cette  étude  et  cet  effort,  et,  puisque  les  discours  les 
plus  éloquents  n'aboutissent  à  aucune  solution,  et  qu'en  lin  de  compte 
l'opiuiou  publique  exige  qu'on  en  trouve  une,  je  me  réserve  de  déve- 
lopper les  raisons  d'un  projet  qui  a  l'avantage  d'être  simple,  équitable 
et  surtout  d'une  application  immé  liate. 

Si  jal  tout  de  suite  abordé  la  question  des  droits  compensateurs, 
sans  examiner  les  autres  moyens  de  soulagement  que  le  Parlement  et 
la  presse  étudient,  c'est  que,  suivant  une  opinion  généralement  accré- 
ditée parmi  vous,  il  n'est  pas  d'autre  remède  et  que  tout  pourrait  être 
sauvé  du  jour  au  lendemain.  Et  cependant  vous  savez  aussi  bien  que 
moi  que  nous  sommes  en  présence  d'ime  révolution  scientifique  et 
économique  qui  travaille  toutes  les  nations  du  monde,  change  com- 
plètement les  conditions  d'équilibre  entre  la  production  et  la  consom- 
mation, et  impose  à  l'agriculture  des  transformations  successives  et 
profondes.  La  consommation  a  des  limites.  La  production  n'en  a  pour 
ainsi  dire  plus,  et  les  elTets  qu'on  peut  naturellement  attendre  de  l'ap- 
plication ordinaire  des  lois  sont  déjoués  tous  les  jours  par  des  faits 
qu'on  n'a  pu  prévoir.  JN'ayez  donc  pas  une  confiance  absolue  dans  un 
changement  de  législation.  Je  vous  en  prie,  comptez  aussi  sur  vous- 
mêmes.  Aucune  loi  ne  po  irrait  vous  faire  autant  de  bien  que  votre 
découragement  pourrait  vous  faire  de  mal.  Nos  efforts  seront  vains  si 
vous  n'y  joignez  les  vôtres. 

A  Dieu  ne  plaise  que  je  veuille  vous  donner  des  conseils  pratiques 
sur  ia  manière  de  conduire  vos  exploitations,  et  je  vous  répète  solen- 
neilemeiil  ce  que  vous  me  dites  dans  nos  causeries  a.nicales,  ou  ce  que 
je  lis  dans  les  journaux  d'agriculture;  mais,  ce  que  j'ai  le  droit  de 
vous  affirmer,  c'est  que  l'union  fait  la  force,  et  que  si  nous  avons  la 
satisfaction  de  constater  que  la  crise  n'atteint  pas  les  ouvriers  agri- 
coles, du  moins,  nous  autres  propriétaires,  nous  souffrons  avec  vous, 
et  sentons  de  plus  en  plus  la  puissance  des  intérêts  communs  qui 
nous  lient.  Courage  donc,  comme  je  le  disais  à  l'instant,  courage  et 
persévérance,  courage!  Lnissons-nous  et  serrons  les  rangs;  mais 
quanil,  dans  une  pensée  commune  de  devoir  et  de  relèvement,  nous 
aurons  achevé  péniblement  notre  journée,  si  nous  nous  trouvons 
coinuie  ce  soir  à  table  avec  de  bons  amis,  oublions  un  moment  les 
embarras  de  la  vie  et  les  tracas  du  lendemain,  jouissons  de  l'heure 
qui  coule  heureusement  en  reprenant  ces  sentiments  d'espérance  qui 
sont  une  force  toujours  et  peut-être  la  vérité  de  demain. 

C'est  dans  ces  sentiments,  chers  lauréats,  que  je  bois  à  votre  santé. 
Je  bois  d'abord  à  la  santé  du  lauréat  de  la  prime  d'honneur,  ii  M.  Doré- 
Letailleur.  Dois-je  louer  d'abord  le  vaillant  cultivateur  qui  porte  sur 
ses  lobnstes  épaules  la  culture  de  480  hectares,  et  dont  la  vigilante 
et  intelligente  sollicitude  a  mérité  les  applaudissements  de  tous  ses 
collègues  !  Dois-je  louer  le  patron  excellent  qui  travaille  à  faire  le  bien 


DISCOURS  AU  COxMGOUKS  |d'kTREPAGNY.  'i97 

de  tous  ceux  qu'il  emploie,  et  comment  oublierai-je  de  remercier  pu- 
bliquement l'aini  fiiJele  qui,  dans  la  Sociélé  de  secours  mutuels  du 
Vexiu,  [)oursuit  avee  moi  le  rêve  de  fonder  et  d'entretenir  une  Société 
de  secours  mutuels  entre  ouvriers  agricoles! 

Je  bois  à  la  sanle  de  .MM.  lilot,  Menu  et  Juhel,  dont  .M.  Lesage,  avec 
son  autorité  ordinaire,  a  loué,  au  nom  de  la  Comiuission,  les  mérites 
éclatants  et  divers.  Je  les  loue  à  mon  tour  et  je  leur  adresse  une  prière  : 
tous  trois  sont  jeuues,  et  tous  trois  représentent  une  génération  nou- 
velle. Qu'ds  viennent  plus  souvent  dans  nos  rangs  et  qu'ils  nous  amè- 
nent tous  leurs  jeuues  amis!  Sur  eux  retombent  déjà  les  lourdes  char- 
ges de  la  cri.se  actuelie.  Ce  sont  eux  qui  auraient  le  droit  de  parler,  de 
conseiller  et  d'agir.  Nous  les  attendons.  Les  anciens  leur  tendent  la 
main.  Ils  ne  la  refuseront  pas. 

Et  je  flnis,  messieurs,  en  portant  le  toast  le  plus  cher  à  vos  cœurs  : 
Aux  ouvriers  agricoles,  aux  braves  serviteurs  de  l'agriculture!  Vous 
tous,  qui  formez  aujoiird'hui  un  véritable  bataillon,  nous  vous  saîunns 
.avec  reconnaissance  et  respect,  lîelournez  dans  vos  villages,  et  dites 
à  tous  ceux  que  vous  verrez,  combien  vous  avez  été  heureux  de  rester 
.'idèles  à  vos  bons  maîtres;  comment  aujourd'hui  vous 'avez  été  hono- 
rés par  nous,  fêtés,  choyés  et  remerciés  !  Puisse  votre  exemple  appor- 
iiT  à  la  crise  que  nous  traversons,  quelque  consolation  et  quelque 
lemède,  et  démontrer  que  le  dévouement,  la  concorde  et  l'amitié  font 
!c  bonheur  de  la  vie.  A  tous  les  lauréats  du  concours. 

Louis  Passy, 

Di-pute,  vioe-secivtaire  de  la  Société  nutionale  d'agriculliire 

LES  MACHINES  AGRICOLES  DE  M.  MERLIN 

Le  compte  rendu  de  l'exfiosition  internationale  agricole  d'Amster- 
dam, qui  a  paru  dans  nos  colonnes,  a  iî:is  en  relief  la  place  qui  a  appar- 
icnu  à  nos  constructeurs  français  dans  la  section  de  mécanique,  ('ette 
place  a  été  brillante  ;  nous  tenons  à  le  répéter.  Les  mécaniciens  français 
ii:it  soutenu,  avec  honneur,  la  lutte  contre  leurs  rivaux  étrangers, 
uotamuical  contre  leurs  rivaux  anglais,  dont  la  réputation  est  univer- 
selle. Ce  fait  donne  la  preuve  que  lorsque  les  agriculteurs  se  seront 
lances  plus  résolument  encore  dans  la  voie  de  l'emploi  des  machines, 
ils  trouveront  dans  nos  ateliers  tous  les  ensrins  dont  ils  auront  besoin. 

Parmi  les  constructeurs  qui  ont  soutenu  dignement,  à  Amsterdam, 
l'honneur  du  nom  français,  nous  voulons  parler  aujourd'hui  spéciale- 
ment de  l\L  iMerliu,  de  Vierzon  (Cherj,  bien  connu  par  les  agriculteurs  de 
la  région  du  centre  et  par  les  visiteurs  des  grands  concours  agricoles, 

!\L  Merlin  a  été,  pendant  seize  années,  le  directeur  des  ateliers  de 
la  célèbre  maison  Gérard;  lorsqu'il  créa  son  us'ne  actuelle,  il  était 
donc  déjà  uu  vétéran  de  l'industrie,  et  il  avait  passé  par  tous  les  éche- 
lons du  travail.  Celte  haute  expérience  était,  fiour  la  nouvelle  maison, 
la  plus  puissante  des  garanties;  aussi  celle-ci  a-t-elle  rapidement 
prospéré. 

M.  Merlin  a  l'oncentré  son  activité  dans  la  construction  des  machi- 
nes à  vapeur  et  des  machines  à  battre,  et  il  y  obtient  de  très  léiritimes 
succès. 

La  figure  2!  représente  le  tvpe  de  la  machine  à  vapeur  Infonmbile 
de  j\5.   .Vlcrliu.  (.!eue  machine  est  uionlee  sur  quatre  roui's.   Elle  est  à 


498 


LES  MACHINES  AGRICOLES  DE  M.   MERLIN. 


flamme  directe,  tubulaire;  les  tubes  sont  en  cuivre,  au  nombre  de  27  ; 
le  diamètre  du  piston  est  de  180  millimètres,  la  course  de  300  milli- 
mètres; la  surface  de  chauffe  totale  est  de  13  mètres.  Le  foyer  intérieur 
est  en  acier  doux;  un  bouchon  fusible  est  fixé  au  ciel  du  foyer  pour 
prévenir  les  accidents  provenant  du  manque  d'eau;  une  soupape  de 
siîreté  est  appliquée  à  la  chaudière  pour  l'alimentation  de  Teau  ;  un 
réchauffeur  d'eau  d'alimentation  par  la  vapeur  de  l'échappement 
permet  d'économiser  le  combustible.  La  dépense  moyenne  de 
cette  machine  est  de  2  kilog.  de  charbon  par  heure  et  par  cheval; 
la  dépense  en  eau  est  estimée  à  18  litres  par  cheval  et  par  heure.  Tout 
le  mécanisme  est  monté  sur  une  plaque  de  fondation  boulonnée  sur  la 


Fig.  21.  —  Macliine  à  vapeur  looomobile  de  M.  Merlin. 

chaudière.  Le  cylindre  est  à  double  enveloppe  de  vapeur  et  à  circula- 
fion  continue  avec  la  chaudière  pour  éviter  la  condensation.  La  distri- 
bution de  vapeur  se  fait  au  moyen  d'un  tiroir,  système  Farcot,  à  dé- 
tente et  vitesse  variable  par  le  régulateur  à  masse  centrale,  qui  est  d'une 
sensibilité  constante.  Le  prix  de  cette  machine  est  de  6,400  francs; 
son  poids  est  de  3  200  kilog. 

Les  machines  à  battre  Merlin  se  recommandent  surtout  par  le  soin 
apporté  à  leur  construction.  Nous  insisterons  spécialement  sur  le  type 
le  plus  complet,  vannant  et  criblant  le  grain.  Cette  machine  (fip;.  22) 
est  d'une  trrande  largeur,  son  diamètre  intérieur  étant  de  I^.OO.  Le 
batteur  est  mixte  et  tout  en  fer;  la  moitié  des  battes  sont  perforées, 
dans  le  but  de  tirer  les  pailles.  Le  grain,  à  la  sortie  du  batteur,  tombe 
à  travers  le  contre-batteur,  qui  est  tout  en  fer  et  à  jour,  ainsi  que  sur 


LKS  MACHINES   AGRICOLES   DE  M.    MERLIN. 


499 


la  grande  table  de  seeouage.  Les  pailles  sont  agitées  énergiquement 
sur  des  secoueiirs  très  longs  et  tombent  sur  la  grille  du  devant  pour 
être  botlelées;  les  uienues  ou  courtes  pailles  tonibcut  sous  la  grille  au 
bottelage.  Une  cliaîne  à  godets  sert  d'élévateur  pour  remonter  le  grain 
et  le  verser  dans  un  appareil  servant  à  ébarber  les  orges  ou  les  blés 


l'ill'"' 


vêtus;  'on  peut,  en  tournant  une  manivelle,  supprimer  le  passage  du 
grain  dans  l'ébarbeur.  L'appareil  du  nettoyage  se  compose  d'un  grand 
crible  placé  à  l'arrière,  muni  de  grilles  à  trous  divers  pour  obtenir  le 
triage  du  petit  blé,  ou  faire  de  la  semence;  le  premier  ventilateur 
placé  sous  la  batteuse  a  pour  but  de  dépouiller  le  grain  de  toutes  les 
petites  pailles  et  les  balles  qui  tombent  à  l'arrière  ;  le  deuxième,  placé 


500 


LES    MACHINES  AGRICOLES  DE    M.  MERLIN 


en  haul,  près  de  la  chaîne  à  godets,  est  destiné  au  double  nettoyage  en 
soui'tlant  sous  les  grilles  du  cribleur. 

Pour  rendre  cette  batteuse  plus  complète,  M.  Merlin  y  a  ajouté  un 
appareil  de  son  invention  qu'il  nomme  tambour  batteur  à  élévateur 
d\itloiis.  Il  se  trouve  placé  sur  le  même  axe  que  le  ventilateur  sans 
compliquer  cet  organe.  Jusqu'ici  les  otlons,  pilons, grosses  têtes,  épis 


cassésetnon battus, etc. ,tombaientàterre,  mélangés  avec  une  certaine 
proportion  de  grain,  et  à  la  finde  la  journée  on  était  obligé  de  repasser 
tous  ces  débris  dans  le  batteur  ou  sur  les  secoueurs,  pour  en  obtenir  la 
séparation  et  le  nettoyage.  Ily  a  là  une  perte  de  temps  considérable  pour 
le  personnel  occupé  au  battage.  Par  ce  nouveau  système  de  remonteur 
d'oltons,  rien  ne  tombe  à  terre;  tous  les  menus,  suivant  l'expression  con- 
sacrée, disparaissent  et  sont  repassés  au  fur  et  à  mesure  et  mécanique- 
ment  dans  un  tambour  à  élévateur  strié,  qui  enlève  l'enveloppe  des 


LES  MACHINES    AGRICOLES  DE  M.   MERLIN.  501 

blés  vêtus  OU  bat  les  têtes  des  épis  cassés.  De  cet  organe,  tous  les  ot" 
Ions  sont  lancés  de  nouveau  sur  les  grilles,  et  après  avoir  subi  l'opé- 
ration par  le  premier  ventilateur,  renontent  dans  la  chaîne  à  godets 
et  se  mélangent  avec  l'autre  grain.  Il  y  a,  parce  nouveau  système, 
économie  de  main-d'œuvre,  économie  de  temps  et  par  conséquent 
économie  d'argent. 

Cette  grande  batteuse  peut  battre  environ  250  à  300  hectolitres  en 
dix  heures.  Le  prix  de  celte  machine  est  de  3,350  francs  ;  son  poids  est 
de  3,000  kilogrammes. 

Nous  devons  signaler  enfin  une  nouvelle  batteuse  de  graines  four- 
ragères, qui  sort  également  des  ateliers  de  M.  Merlin.  Cette  machine, 
(|ui  tait  l'objet  de  brevets  spéciaux,,  est  représentée  par  la  ligure  23. 
Pendant  longtemps  les  machines  destinées  au  battage  des  graines  four- 
l'agères  étaient  doubles  :  l'une  séparant  les  bourres  de  la  paille, 
l'autre  nettoyant  les  uraines.  Quelques  constructeurs  réunissent 
aujourd'hui  les  deux  machines  en  une  seule;  c'est  la  méthode  que 
M.  Merlin  a  suivie.  Avec  deux  batteurs  sur  le  même  luUi,  et  un  élé- 
vateur de  bourres  à  force  centrifuge,  il  obtient  un  exeelleni  résultat. 
Les  pailles,  après  êtres  passées  dans  un  batteur  en  fer,  tombent  sur 
des  secoueurs  oîi  s'elTectue  la  séparation  de  la  bourre.  Les  pailles 
tombent  sur  une  claie  en  avant  de  la  batteuse;  la  bourre  est  conduite 
dans  l'appareil  à  force  centrifuge  qui  la  remonte  à  la  partie  supérieure 
de  la  machine,  dans  un  batteur  spécial  à  hélice,  pour  enlever  les  graines 
de  leur  enveloppe.  Les  graines  passent  ensuite  sur  des  séries  degrilles 
et  sont  ventilées  d'une  façon  complète;  les  balles,  menues  pailles  sont 
séparées  ;  les  graines,  nettoyées,  tombent  dans  des  sacs,  prêtes  à  être 
livrées  au  commerce.  Cinq  personnes  suffisent  pour  alimenter  cette 
machine,  qui  peut  donner  un  rendement  de  deux,  à  six  hectolitres  à 
l'heure.  Une  force  motrice  de  5  clievaux-vapeur  suffit;  le  prix  de  cette 
machine  est  de  3,300  francs.  Henry  Sagmer. 

L'AGRICULTURE    AUX   ÉTATS-UN18,  AUX  INDES 

ET  AU  CHILI. 

Nous  détachons  des  derniers  rapports  officiels  consulaires  de  Bel- 
gique les  passages  suivants  : 

Etals-Unis.  —  L'année  1 883  n'a  pas  été  favorable  pour  l'agriculteur  ; 
à  part  l'avoine,  les  pommes  de  terre  et  le  foin,  tous  les  autres  pro- 
duits ont  donné  une  récolte  médiocre  ou  moyenne. 

Voici,  d'ailleurs,  quelques  estimations  des  rendements  : 

Maïs I,mI,034,39.')  bushels  (1  bushel  =  3.0  liires  2:n). 

Froment 420,104,500        — 

Avoine ô7i,233,400        — 

Sarrasin 10,000,000        — 

Pommes  dp  terre 195,000,(100        — 

Coton 6,014,220  lialles. 

Sucre  de  canne 170,000  boucauls. 

Sorghuin Médiocre. 

Orge , Rendement  moyen. 

Seigle A  I  eine  une  récolte  moyenne. 

Tabac Rrcùlle  inuyenne. 

Foin Récolte  abondante. 

En  ce  qui  concerne  le  maïs,  non  seulement  la  quantité  produite  a 
été  moindre,  mais  la  qualité  est  inférieure.  La  proportion  de  maïs 
non  vendable  a  été,  pour  la  récolte  de  1883,  double  de  celle  d'une 


502         l'agriculture    AUX   liTATS-UNlS,  AOX   INDKS  ET  AU  GHILL 

année  ordinaire.  La  quantité  marchande  correspondait  seulement 
aux  trois  cinquièmes  de  la  récolte,  soit  environ  93(.)  millions  do 
busliels.  Dans  une  année  moyenne,  elle  serait  de  1,*240  millions  de 
busliels  pour  la  même  prodiiclion.  En  d'autres  termes,  304  millions 
de  busheis  dont  la  valeur  moyenne  aurait  pu  être  de  51  cents  le 
bushel,  ne  valent  actuellement  que  27  cents  (100  cents  =  I  dollar). 
C'est  la  iiélée  qui  a  occasionné  cette  dépréciation  du  maïs.  Pour  les 
principaux  Etats  producteurs  de  ce  grain  :  l'illinois,  l'Iowa,  l'Indiana 
et  rOliio,  qui  récollent  le  tiers  de  la  quantité  totale,  il  y  a  eu  seule- 
ment 35  pour  100  des. produits  sains.  Dans  lensemble,  le  résultat 
général  a  été  : 

Maïs  vendable.  Maïs  non  vendulile. 

Prodnction.            Prix.                Vnlenr.  Prodnclion.  Frix.                 Valeur. 

Busliels.              Ci.-nts.                 Dollare.  lîushels.  Cents.                Dollars. 

1)j5,I)IIU,ô41           .il, 4  4KO,7:i.i,04:3  (il.'),i:i3,8.i4          21.-'           Iliî.i.Ol  ,C>:',1 

Le  froment,  en  1883,  a  été  aussi  de  qualité  inférieure.  Le  poids  pui' 
bushel  est  de  59  livres  environ  (I  livre  =  453  gr.).  11  s'est  produi:. 
très  peu  de  n"  1,  et  l'on  remarque  que  le  froment  du  printemps  est 
celui  qui  fournit  les  moindre.s  quantités  de  qualité  supérieure.  Ainsi 
à  Chicago,  on  a  constaté  pendant  5  ans  que  3.0  pour  100  du  froment 
d'hiver  et  3.1  pour  UIO  du  froment  de  printemps  étaient  classés 
comme  n"  1  ;  64  pour  lOO  du  fruuu'nt  d'hiver,  et  bl.C)  pour  100  du 
froment  de  printemps  furent  du  u'  'i  ;  S. 4  pour  lUO  d  hiver  et  12.0 
pour  100  de  printemps  fuient  du  ii°  3. 

La  production  et  la  dislribiilion  de  celle  céréale  depuis  1877  se 
résument  comme  suit  : 

DistribiUion 

Ann  es.  Profluclion.        Pour  noiinilure.     Pour  siTnences.    P.  le.ïportalion.  to'ale. 

Busheis.                    Busliels.  Bnsliels.  Busheis.                     Bnshels. 

1X77 3K4,194.14r)  223.302,:WS  4U,'Jl:!,:in8  90,l(i7  ,;ij9  3:)4 , 383 , 6ÔÛ 

1H7S .420.1 22. 4nri  22S,,S77,97S  48,lli2,H40  147,(j.S7,6V)  42i,728,4ii7 

lX7i) 4.'.9,47::i..')0.'>  23(i,  182,103  .',;i,  I4r),n7(i  180,304,180  469,631 ,3.i9 

1880 iiyS.,'.49,8i;8  242  086,6;..')  ôii  ..'.63.03!)  1X6,321,214  484,971,39!) 

1S8I M83'.280,090  2:5), 249, 8)2  .'.:), 2l.i, 573  121.892.389  412,3.'.7,774 

1S82 .Ô04,18ù,470  250,500,000  52,770,312  147,811,316  456,681,628 

On  voit  que  l'année  1b82  a  laissé  un  suipliis  de  48  millioiis  de 
hushels.  ce  qui  porte  les  quantités  totales  disponibles  de  1883  à  408 
millions  de  hushels. 

Les  besoins  de  la  consoiumntion,  basés  sur  une  population  de 
55,500,000  habitants,  sont  de  25'.)  millions  de  busheis;  les  semences 
exigeront  près  de  53  millions  de  busheis,  soit  en  tout  312  millions  de 
busheis.  Les  exportations  du  1"  juillet  1883  au  29  février  1884  mon- 
tent seulement  à  71,321,539  biishels;  ;'(  ce  taux,  si  l'année  finit  de 
même,  elles  n'atteindront  que  le  chilYre  de  97  millions  de  busheis 

Au  r'mars,  il  restait  119  millions  de  busheis  dans  les  mains  des 
fermiers,  plus  31  millions  dans  les  élévateurs  et  les  magasins,  soit 
150  millions  en  tout;  à  ce  total,  il  faut  encore  ajouter  les  quantités  de 
farine  existant  dans  les  moulins  et  sur  le  marché.  Ces  chiffres  indi- 
quent que  le  commerce  d'exportation  a  loissé  beaucoup  à  désirer.  Les 
spéculateurs  américains  ont  maintenu  les  prix  élevés;  l'Europe,  d'autre 
pari,  s'est  approvisionnée  en  Australie,  aux  Indes  anglaises  et  autres 
pays  producteurs,  et  la  conséquence  de  cette  situation  a  été,  dans  ces 


l'agriculture  aux   états-unis,   aux   INDES  ET  AU  CHILI.  503 

derniers  temps,  une  baisse  assez  sensible  sur  le  prix  du  froment  et 
un  iirand  malaise  chez  les  négociants  de  cette  contrée. 

Ih-t'iil.  —  Nombre  de  bestiaux,  bêles  de  somme  et  autres  existants 
au.x  Etats-Unis  : 


Nombres. 


A'alenr  moyenne. 


Espèces. 


1SS3 


Chevaux 

Mulets 

Vaches  laitières 

Bœufs  et  autre  hélail. 

Moutons 

Porcs 


10,83S,111 
1.871,079 
13,125,685 
28,0 '(6,077 
49,232,291 
43,270,08(1 


11,169,(183 
1,914,126 
13,501,206 
29,(146,101 
.50,626,(126 
•44,200,893 


70   d. 
79 
30 
21 


59 
49 
21 
80 
53 


1S84 
t   d.  64 


84 
31 
23 


22 
37 
52 
37 


Les  fermiers  attribuent  o;éiiéralement  la  réduction  dans  la  valeur 
?iioyenne  des  moutons  à  l'abaissement  des  droits  d'entrée  sur  la  laine. 
Pour  les  porcs,  une  des  raisons  de  la  moins-value  est  le  ralentissement 
dans  les  exportations  amené,  d'une  part,  par  les  hauts  prix  et,  d'autre 
part,  par  les  mesures  que  plusieurs  gouvernements  ont  prises  contre 
les  importations  des  produits  du  porc  américain. 

(kujes  /les  ouvriers  agricoles.  —  Je  crois  utile  de  donner,  d'après  un 
rapport  du  département  de  l'agriculture,  publié  en  février  1884,  le 
tiux  moyen  des  salaires  des  ouvriers  agricoles.  PeiU-êlrj  ces  chilïres 
feront-ils  rétlécliir  ceux  de  nos  cultivateurs  qui  auraient  linteutiou 
démigrer  aux  Etats-Unis.  La  contrée  est  partagée  en  -'i  classes,  suivant 
le  rapport  du  nouii.ire  des  ouvriers  agricoles  à  celui  des  personnes 
employées  dans  toutes  les  industries  eu  général. 

La  première  catégorie  comprend  les  Etals  ou  territoires  m'i  cette  pro- 
porlion  varie  de  '2  à  28  pour  10'),  moyenne  18  [)our  luO.  Les  gages 
mensuels,  en  1882,  ont  de  de  24  d.  14  sans  la  pension,  et  de  15  d.  10 
avec  la  pension. 

La  seconde  classe  com|)rend  les  Etats  oii  le  rapport  vai-ie  de  31  à 
49  pour  100,  moyenne  42  pour  100;  les  salaires  par  mois  ont  été 
de  23  d.  51  sans  la  pension,  et  de  iO  d.  93  avec  pension. 

Dans  la  troisième  catégorie,  la  proportion  est  de  51  à  t)9  pour  100, 
moyenne  58  pour  100;  les  gages  mensuels  ont  été  de  19  d.  51  sans 
la  pension,  et  de  13  d.  O'i  avec  la  pension. 

Eulin  dans  la  quatrième  où  la  proportion  varie  de  72.  à  8o  poiu'  100, 
moyenne  77  pour  100,  le  taux  des  gages  mensuels  a  été  de  L5  d.  67 
sans  la  pension,  et  de  9  d.  24  avec  la  pension. 

La  moyenne  du  coût  de  transporc  par  bushel  de  froment  de  Chicago 
à  ,*iiew-York  a  été  : 


1868.. 
1869 

Années. 

Par  lac  et  canal.     1 

Cents. 
25.3 
24  1 
17.5 
21.(1 
26.6 
19.2 
14.2 
11.4 

9.7 

7.5 
10.1 
13 
13.2 

8.4 

8.7 

9.16 

Mf  lac  et  rails.    I 

Cents. 
29 
25 
22 
25 
28 
26.9 
16.9 
14.6 
11.8 
15.8 
11.4 
13.3 
15.7 
10.4 
10.9 
12 

»ar  raiK  si 

Cents. 
42.6 
35.1 

187U. . 

33.3 

1871.. 
187-'.. 

31 
33.5 

1873. 

33  2 

1874. . 

28. 7 

1875.. 

24.1 

187(1.  . 

16.5 

1877 . . 

20.3 

1878. . 

17.7 

1879. . 

17.3 

1880. . 

19  7 

1881.. 

14.4 

1882.. 

14.6 

1883  ( 

I.anvier  .lu  1"' 

déccnil 

irri.    ... 

16.1 

504  LAGRIGULTUliE  AUX   ÉTATS-UNIS.  AUX    INLiES  ET  AU  CHILI. 

En  18S3.  le  prix  du  fret  tend  à  augmenter  et  à  s'approcher  du  prix 
de  1876. 

En  1868,  New-Yoric  recevait  24  millions  de  bushels  de  grains; 
en  1882.  79,773,926  busliels. 

Les  airivages  de  maïs  à  Boston,  par  rails  se  chiffrent,  en  1868, 
à  483,875  hushels;  en  1882,  à  8,596,838  bushels.  En  1^68,  Boston  a 
reçu  606,038  bushels  d'avoine;  en  1882,  4,377,209  bushels;  733,955 
bushels  de  farine  de  froment,  en  1868;  2,283,026  bushels,  en  1882 
(en  barils  réduits  en  bushels). 

Pour  Baltimore,  les  arrivages  de  grains  de  toute  espèce  montent, 
de  7,753,508  bishels  en  1868,  à  37,867,054  bushels  en  1881,  et 
à  22,7  70,461  bushels  en  1882,  cette  dernière  diminution  provient 
des  mauvaises  récolles  en  1881. 

Les  exporlalions  des  céréales  à  l'éf.r.ingpr  se  chiffrent  par 
20^,040,850  dollars  en  1883,  contre  1  82,670,528  dollars  en  1882; 
en  1883,  ces  exportations  représentent  77  pour  100  du  total  de.s  expor- 
tations; les  produits  des  fabri(]nes  13.91  pour  10i';les  produits  des 
mines  y  compris  les  huiles  minérales  6.40  pour  100;  les  produits  des 
forêts  1.24  pour  100;  les  produits  des  pêcheries  0.78  pour  lOl);  les 
produits  d'aulres  industries  0.67  pour  100. 

La  part  la  plus  grande  du  commerce  extérieur  de  ce  pays  revient 
toujours  à  la  Grande-Brelagne,  elle  est  de  près  de  40  pour  100  du 
total  :  de  51 .6  pour  100  pour  les  exportations  et  de  26  pour  100  pour 
les  importations.  Les  expéditions  de  coton  vers  les  ports  britanni- 
ques, pour  l'année  fiscale  finissant  au  30  juin  1883,  ont  atteint 
60.53  pour  100  de  la  valeur  totale  des  exportations  ;  pour  le  froment 
et  la  farine  de  froment,  la  proportion  est  de  62  pour  100;  pour  le 
maïs  et  la  la  farine  de  maïs,  elle  arrive  à  71.45  pour  100;  pour  les 
comestibles,  à  64.39  et,  pour  les  animaux  sur  pied  à  77.76  pour  100. 

La  valeur  des  expéditions  vers  l'Angleterre,  pour  ces  différents 
articles,  monte  à  356,082.280  dollars  et  constitue  62.59  pour  100  de 
l'exportation  totale  des  mêmes  articles. 

Les  Etats-Unis  traversent  actuellement  une  crise  commerciale 
intense,  et  le  manque  de  travail  se  fait  sentir  a  peu  près  dans  tous  les 
genres  d'industrie. 

{La  suile  prochainement.)  Hoffmann. 

SOCIÉTÉ  AGRICOLE  ET  HIPPIQUE  DE  PO.NT-AUDEMER 

C'est  en  1883  seulement  que  la  Société  agricole  et  hippique  de  Pont-Audemer  • 
s'est  constituée,  formée  d'tiomraes  actifs  et  décidés  à  mettre  en  œuvre  toutes  leurs 
forces  pour  développer  et  favoriser  les  proférés  agricoles  dans  la  contrée. 

Environ  un  mois  après  s'être  constituée,  elle  organisait  à  Ponl-Audemer  un 
concours  d'instruments  agricoles,  réunion  destinée  à  faire  prendre  date  à  la  So- 
ciété plutôt  qu'à  amener  des  résultats  utiles  sur  lesquels  on  n'osait  pas  encore 
compter;  un  plein  succès  couronna  ce  premier  effort  ;  mais,  en  réalité,  le  premier 
concours  agricole  complet,  tenu  par  cette  institution,  était  fixé  aux  6  et  7  sep- 
tembre et   avait  la  ville  de  Routot  comme  siège. 

Le  premier  jour  avait  lieu  un  concours  de  faucheuses  et  un  essai  public 
d'ensilage;  ce  dernier,  annoncé  depuis  quelque  temps  déjà  et  demandé  même  par 
les  cidlivateurs,  à  la  suite  d'une  conlérence  faite  par  le  professeur  départemental 
d'agriculture. 

Le  rendez-vous  était  donné  sur  la  ferme  de  Thibauville,  exploitée  par  M.  Bis- 
son  et  appartenant  à  la  Société  nationale  d'agriculture;  ce  fermier  avait  mis  com- 
plaisaminont  à   l;i  disposition    des    organisateurs  du  concours    et  du   professeur 


SOCIÉTÉ   AGRICOLE  KT   HIPPiyUK  DU   PONT-AUDEMKK.  505 

d'agriculture  une  piîice  de  rcgaia  de  tièlls  d'une  étendue  de  72  ares  environ. 
Quatre  faucheuses  ont  pris  part  aux  expéi'iences  :  trois  apparlenant  à  des  culti- 
vateurs de  la  répion  et  conduites  par  eux;  la  dernière,  présentée  par  M.  Liot, 
constructeur  à  -Boif-Gruillaunie.  (jliacua.  des  instruments  a  fauché  une  parcelle 
de  18  ares,   dans  un  temps  variable  de  31  à  45  minutes. 

L'après-midi,  le  regain  de  tiélle  a  été  rassemblé  à  l'aide  d'un  râteau  à  cheval, 
construit  également  par  M.  Liot,  et  charrié  pour  être  ensilé.  Le  genre  de  silo 
adopté  était  le  silo  rez-terre,  qui  offre  sur  tous  les  autres  systèmes  l'avant.ige  de 
présenter  aux  yeux  du  public  le  mode  de  faire  qu'un  culiivaieur,  uyanl  fauché  ses 
herbes  et  se  trouvant  surpris  par  les  mauvais  temps,  peut  toujours  adopter,  car  il 
ne  demande  aucun  tr.ivail  préparatoire. 

Les  charrois  de  tiéile  et  de  tassement  ont  (h\ré  environ  deux  heures,  exécutés 
au  moyen  de  quatre  tomberaux  et  de  dix  à  onze  travailleurs,  parmi  lesquels  ou 
comptait  plusieurs  assistants  de  bonne  volonté  qui  n'avaient  pas  hésité  à  prêter 
leur  concours.  Le  fourrage  vert,  convenablement  tassé  sur  une  surface  de  4  mètres 
de  large,  de  8  mètres  de  long  et  sur  une  hauteur  au  milieu  d  environ  3"'.5U,  fut 
ensuite  recouvert  de  la  terre  voisine  prise  en  creusant  une  iosse  autour  du  tas. 
Le  travail  de  terrassement,  commencé  le  samedi,  a  été  terminé  dans  la  matinée 
suivante. 

250  personnes  au  moins  s'étaient  rendues  sur  la  ferme  de  Thibauville  pour 
suivre  le  travail  des  laucheuses  et  celui  de  l'ensilage,  et  ce  public  était  exclusive- 
ment composé  de  propriétaires  et  do  cultivateurs  venus  pour  étudier  ce  mode  de 
conservation  des  fourrages  qui  se  répand  à  grands  pas  dans  la  Seine-Intérieure, 
mais  qui  est  resté  à  peine  pratiqué  dans  l'Eure  jusi|u'à  ce  jour. 

Ilendez-vous  sera  donné  en  temps  voulu  à  tous  ceux  qui  s'intéressent  à  cette 
question  dans  le  canton  de  lioutot  et  dans  les  cantons  voisins,  pour  assister  au 
mois  de  mars  à  l'ouverture  du  silo  et  constater  ainsi  de  visu  les  résultats  de  cet  essai. 
Ajoutons  que  AL  Davey,  propriétaire  à  Longuemare,  avait  ensilé  au  printemps 
des  trèfles  rouges  qui  ont  donné  un  excellent  résultat,  ainsi  qu'on  a  pu  le  voir 
par  l'échantillon  qu'il  a  bien  voulu  apporter  et  soumettre  au  public  durant  l'ex- 
périence de  Thibauville. 

Le  dimanche  7  septembre,  au  matin,  le  concours  de  labourage  a  eu  lieu, 
devant  une  assistance  très  nombreuse,  puis  les  différents  jurys  ont  examiné  les 
expositions  d'instruments,  d'animaux  et  de  produits  agricoles.  De  nombreux 
exposants,  constructeurs  ou  propriétaires  de  machines,  avaient  répondu  à  l'appel 
de  la  Sociét".  Les  batteuses,  les  pressoirs,  les  mouims  casse-pommes,  les  se- 
moirs, les  faucheu-es,  les  moissonneuses,  les  tarares,  les  coupe-racines,  les 
charrues,  les  herses,  etc.,  etc.,  formaient  une  collection  très  complète,  occupant 
en  grande  jiartie  la  [ilace  du  raarclié. 

Les  principuux  con-tructi-uis  exposants  étaient  MM.  Filoque,  de  Bourgthe- 
roulde;  Liot,  de  lioisguillaume  ;  Bodin,  de  Rennes,  représenté  p.r  M.  Diguet, 
de  Puiil-Audemer,  Piquet,  de  Sartiouville  ;  Lapierre,  de  Rouen;  Gaumont  et 
Lhermilte,  de  Louvicrs. 

Le  concours  des  animaux,  que  nous  n'avons  pu  voir,  retenu  que  nous  étions 
comme  membre  du  jury  des  instruments,  comptait,  paraît-il,  un  nombre  con- 
sidérable de  sujets  des  espèces  chevaline,  bovine,  ovine  et  p  ircine.  Dans  cha- 
cune des  catégories  on  rencontrait  des  animaux  hors  ligne.  Un  étalon,  de  race 
percheronne  sous  robe  baie,  a  été,  entre  autres,  très  remarqué.  Des  poics  anglais 
ont  excité  la  curiosité,  car  ils  i-ont  encore  à  peu  près  inconnus  dans  ce  p^ys  où 
la  race  porcine  normande  a  été  conservée  pure  malgré  son  peu  de  précociié. 

Dans  l'exposition  des  voladles,  on  trouva  t  plusieurs  lois  de  laces  étrangères 
ou  de  la  race  de  fioudan;  la  pcule  de  ferme,  cette  bonne  pondeuse,  n'était  pas 
réprésentée;  c'est  d  autant  plus  regrettable  que  c'est  par  milliers  que  l'on  vend 
les  œufs  au  marché  de  liouiot,  tous  les  mercredis, 

kjous  la  halle  étaient  exposés  les  produits  agr.coles  parmi  lesquels  nous  avons 
remarqué  certains  lots  de  pommes  de  terre,  de  céréales,  de  miels  et  de  beurres.  Ce 
dernier  produit  est  aussi  dans  le  pays  l'objet  d'un  commerce  très  considérable 
pour  l'exportation. 

A  deux  heures  de  l'après-midi,  le  concours  a  été  visité  par  le  cortège  officiel,  à 
la  tète  duquel  étaient:  le  secrétaiie  général,  représentant  le  préfet;  le  général 
Lecointe,  sénateur;  MM.  le  comie  d'Osmoy  et  Jules  Develle,  députés  ;  M.  Mon- 
tier,  président  de  la  Société;  M.  Mattard,  conseiller  général,  et  M.  Laisné,  maire 
de  Routot. 


506  SOCIÉTÉ  AGBIGOLK  ET  HIPPIQUE  DE  PONT-AUDËMJÎR. 

A  la  distribution  des  récompenses  qui  a  eu  lieu  à  auatre  heures,  les  lauréats 
sont  venus  recevoir  de  nombreuses  médailles  parmi  lesquelles  un  certain  nombre 
avaient  été  offertes  par  la  Société  nationale  d'encouragement  à  l'agriculture;  les 
vieux  serviteurs  ont  eu  une  large  part  dans  cette  distribution. 

Le  soir,  un  banquet  de  cent  cinquante  couveits  réunissait  les  organisateurs 
du  concours,  les  membres  du  jury  et  les  principaux  lauréats.  Au  dessert,  de  nom- 
breux toasis  ont  été  portés  ;  M.  Levelle,  dans  un  remaïquable  discours  sur  la  crise 
agricole,  a  prononcé  les  paroles  les  plus  encourageantes  pour  l'agriculture,  en 
faisant  ressortir  tout  ce  qui  a  déjà  été  fait  [lour  elle  par  le  gouvernement,  et  la 
marche  que  celui-ci  se  propose  de  suivre  pour  la  protéger  dans  l'avenir. 

Ainsi  s'est  terminé  le  premier  concours  de  la  Société  agricole  et  hippique  de 
Pont-Audemer,  qui,  comme  l'a  fait  remarquer  AI.  Montier,  président,  s'est  ouvert 
au  milieu  d'une  influence  considérable  de  personnes,  et  a  obtenu  un  véritable  suc- 
cès dû  à  l'activité  et  au  dévouement  du  bureau  de  cette  jeune  Société. 

A.    BOURGNK, 
Professeur  d'agricuUurii  de  l'Eure. 

LES  LIERRES,  LES  GLYGLNES,  LES  BUIS, 

LES  BIGNONIAS. 

Comme  je  vous  l'écrivais  dans  une  récente  notice  sur  les  arbres 
indigènes  ou  exotiques  d'ornement,  l'horticulture  s'est  enrichie  sur- 
tout depuis  quelques  années  d'un  grand  nombre  d'espèces  ou  de 
variétés  de  buis  exotiques  bien  plus  ornementales  que  nos  petits  buis 
de  l'Ariège. 

Les  lierres,  qu'on  emploie  si  fréquemment  dans  les  squares  et  les 
grandes  cours  des  palais  de  Paris,  servent  à  t'oriuer  de  jolies  bordures 
soigneusement  taillées.  Dans  le  département  de  l'Ariège,  et  surtout 
sous  ses  frais  ombrages  de  saules,  de  peupliers,  d'aulnes  et  de  frênes, 
les  lierres  communs  et  à  petites  et  moyennes  feuilles  y  forment  d'épais 
gazons.  L'arbrisseau  est  si  vigoureux  que  les  tiges  sarmenteuses  ne 
tardent  pas  à  envahir  les  arbres  voisins  et  recouvrent  leurs  plus  hautes 
branches,  ainsi  que  les  bignones  de  la  Chine  à  grandes  et  moyennes  fleurs 
de  longue  durée  et  d'uneiïét  si  ornemental.  Les  pieds  qui  entourent  des 
noyers  noirs  d'Amérique  et  des  tulipieis  plantés  en  1820  et  qui  mesu- 
rent à  hauteur  d'homme,  de  trois  à  quatre  mètres  de  tour,  ont  acquis 
la  ifrosseur  du  bras,  et  leurs  rameaux  s  inclinent  et  portent  des  cen- 
taines de  fleurs. 

Un  arbrisseau  d'ornement,  dont  on  ne  saurait  trop  recommander  la 
culture,  est  la  glycine  de  la  Cliine,  à  fleurs  bleues  et  à  fleurs  blanches. 
Les  amateurs  de  beaux  végétaux  d'ornement  ont  pu,  comme  moi,  à 
diverses  reprises,  admirer  le  magnifique  sujet  qui  orne  la  façade  de  la 
grande  orangerie  du  Jardin  des  Plantes  de  Paris,  et  qui  mesure  plus  de 
50  mètres  de  long.  Dans  les  années  favorables,  celle  de  1884  par 
exemple,  il  n'est  pas  rare  de  voir  les  glycines  refleurir  comme  celles 
du  printemps.  Léo  d'Ol>ous. 

SITUATION  AGRICOLE  EN    MAINE-ET-LOIRE 

Les  fermiers  de  l'Anjou  ont  été  bien  partagés  au  point  de  vue  de  la 
récolte  des  céréales  :  les  rendements  les  moins  bons  ont  été  de  15  hectolitres  à 
l'hectare  et  les  meilleurs  de  20  hectolitres.  Malheureusement  les  blés  nouveaux 
sont  restés  jusqu'à  ces  derniers  marchés  à  trf'S  bas  prix,  c'est  à  peine  s'ils  trou- 
vaient acquéreur  à  2  fr.  80  le  double  décalitre,  soit  14  francs  l'hectolitre.  Au 
dernier  marché  de  samedi,  une  sorte  de  relèvement  a  semblé  se  produire  ;  on 
vendait  difficilement,  mais  on  vendait  à  2  fr.  95  le  double  décalitre.  La  grande 
foire  de  la  Saint-Maurice  de  Brissac,  qui  a  lieu  jeudi  et  qui  est  toujours  le  prin- 


SITUATION  AGUIGOLlv  DANS  MAlNE-ET-LOIRi;.  507 

cipal  marché  de  blé  dans  notre  département,  apiè.s  celui  de  Saumur,  nous  appor- 
tera peut-être  une  nouvelle  augraeutatioti. 

La  récolte  des  avoines  d'hiver  a  été  très  bjaae,  et  minvaise  pour  les  orges  et 
avoines  d'été. 

Les  pommes  de  terre,  saisies  trop  brusjuement  par  la  chaleur,  ne  donneront 
qn'une  récolte  restreinte.  Los  tubercule-^  s)nt  petits  mxis  sains. 

Quant  aux  chenevières,  elles  ont  été  littérale:nent  sauvées  par  une  pluie  bien- 
faisante qui  est  arrivée  fort  à  propjs  pour  l'iire  monter  le  brin,  de  sorte  que 
leur  produit  sera  excellent,  tant  au  point  de  vue  de  la  qualité  qu'à  celui  de  la 
quantité. 

Les  vignobles  du  Maine-et-Loire  vont  tenir  les  promesses  qu'ils  avaient 
faites  dès  le  printemps.  Nos  coteaux  donneront  des  vins  blancs  de  qualité,  et  les 
vignes  rouges  également,  avec  cela  que  la  quantité  ne  fera  pas  défaut  dans  beau- 
coup de  centres.  Cependant  les  gelées  tardives  du  printemps  avaient  brûlé  pas 
mal  de  bourgeons  ;  mais  les  effets  de  condensation  étaient  plutôt  cantonnés  que 
généraux.  Et  chez  ceux-là  qui  en  ont  été  les  victimes,  les  sous-œlls  sont  venus, 
en  se  développant  vigoureus-iment,  combler  un  grand  nombre  de  vides. 

Mais  l'Aniou  est  profondément  envahi  par  le  phylloxéra.  Tout  le  groupe  de 
communes  qui  est  aux  approches  de  Martigné-Briand,  est  gravement  et  gran- 
dement contaminé.  De  plus  les  taches  phyiloxérifpies  de  cet  important  canton- 
nement viticoie  menacent  à  droite  les  vignoble  du  Saumurois,  et  à  gauche  les 
riches  coteaux  du  Layon. 

D'autre  part,  les  taches  de  la  commune  de  Sainte-Gemmes-sur-Loire,  res- 
treintes tout  d'abord  à  quatre  hectares,  s'élargissent  de  jour  en  jour,  et  en  face 
d'elle,  de  l'autre  côté  de  la  Maine,  se  déroule  la  côte  de  la  Loire,  toute  plantée 
de  vignes. 

Bien  que  les  traitements  administratifs  au  sulfure  de  carbone  aient  produit  déjà 
des  effets  notablement  sensibles,  vous  voyez  d'après  ce  court  exposé  que  je  viens 
de  vous  faire,  que  la  situation  est  menacée  par  un  grand  nombre  de  points  noirs. 

Il  est  vrai  et  je  dois  ajouter  que  les  effets  de  la  contamination  se  font  lentement 
sentir,  dans  les  terres  riches  et  profondes  de  Mirtigoé  ;  mais  le  mal  ne  s'arrête 
pas,  et  telle'vigne  qui,  l'année  dernière,  avait  encore  des  sarments  de  1  m  50  de 
long,  n'a  donné  c^tte  année  que  des  pousses  grêles  et  étiolées. 

Et  puis,  le  service  départemental,  en  dehors  de  la  contamination,  par  essais 
mage  ou  par  voie  directe,  a  encore  à  combattre  contre  le  transport  des  bouture 
racinées  de  vignes,  de  provenance  des  cantons  phylloxérés,  sans  compter  les  plants 
de  la  Vienne  qui  entrent  frauduleusement  sur  les  marchés.  C'est  ain:^i  qu'au  cours 
du  printemps  dernier,  j'ai  du  faire  dresser  sept  procès-verbaux  contre  les  délin- 
quants et  les  faire  condamner. 

Lundi  dernier,  je  trouvais  encore,  dans  un  établissement  horticole  des  environs 
d'Angers,  toute  une  pé|)inière  de  vignes  américaines  entièrement  phylloxérées,  et 
l'on  vient  de  me  signaler  d'importantes  introductions  de  cépages  da  même  essence 
qui  viennent  d'être  faites  à  Tencontre  des  décrets,  lois  et  règlements,  dans  l'arron- 
dissement de  Segré,  c'est-à-dire  dans  une  contrée  où  depuis  quelques  années, 
chaque  fermier  a  pour  ainsi  dire  planté  au  seuil  de  sa  porte,  le  clos  de  vignes  qui, 
dans  un  avenir  procliain  suffira  à  li  consommation  de  sa  famille. 

Je  ne  veux  point  clore  cette  lettre,  sans  vous  du'e  un  mot  d'un  essai  de  traite- 
ment qui  a  été  fait  à  Martigné,  dans  une  vigne  phylloxérée,  au  moyen  de  prépara- 
tions arsenicales.  Vous  comprendrez  facilement  que  je  dois  conserver  toute 
l'éserve.  Cependant,  je  dois  dire  que  les  résultats,  s'ils  ne  sont  pas  parfaits,  sont 
certainement  bons.  Dans  la  partie  de  la  vigne  traitée  une  seule  fois  avec  le 
mélange  on  'rouve  encore  des  insectes;  dans  celle  qui  a  reçu  deux  fois  le  remède, 
les  insectes  ont  disparu  et  la  végétation  est  vigoureuse.  Mais  ce  n'est  qu'un  essai, 
et  il  faut  attendre  avant  de  se  prononcer  qu'une  contre-expérimentation  soit  faite, 
non  seulement  dans  les  terrains  de  Martigné ,   mais  encore  dans  d'auties  centres. 

A.  Bouchard. 

LA  BASSE-COUR  A  L'EXPOSITION  D'AMSTERDAM 

Une  exposition  internationale  d'atiiinaux  de  basse-cour  a  clôturé  le 
grand  concours  agricole  d'Amsterdam.  Elle  s'est  tenue  du  samedi 
matin  6  au  mardi  soir  0  septembre,  dans  les  boxes  qui  avaient  servi  à 


508  LA.    BASSK-COUrt   A    LKXPOSITION    D'AMSTERDAM. 

l'exposilion  des  espèces  ovine  et  porcine.  Les  animaux  y  étaient  fort  à 
leur  aise. 

On  doit  regretter  de  n'avoir  pas  vu  ce  concours  se  tenir  en  même 
temps  que  les  autres;  les  cultivateurs  accourus  de  toute  les  contrées  de 
lu  Hollande  auraient  pu  apprécier  nos  belles  races  françaises,  qui  y 
figuraient  avec  honneur.  j\Jais  primitivement  il  n'était  pas  compris 
dans  le  programme,  c'est  sur  les  int.lances  de  M.  le  comte  de  Saint- 
Foix  qu'il  a  été  obtenu;  à  ce  moment  il  paraît  que  le  temps  manquait 
■  pour  l'installer  parmi  les  autres. 

Voici  un  rapide  exposé  des  principales  variétés  exposées  : 

Brahma  faibles,  un  seul  lot  brahma  l'once  res.=oftait  de  l'ordinaire. 

Cocliinchinois  bons,  un  très  beau  lot  de  blancs  et  un  autre  très  beau  de  perdrix. 

Gièvecœurs  superljes  (Lasseron). 

Un  bon  lot  d(_^  jeunes  dominiques. 

Pas  un  bon  lot  de  dorking. 

Un  bon  lot  de  Barbczieux  (Bouchereaux.) 

Langshan  bons. 

Très  beaux  la  Fiècbe  (Lnsseron). 

Bons  lots  du  Mans  et  courtes-pattes.  (Lasseron.) 

Un  beau  lot  Plyinouth-RocU. 

Des  Rammoisloher  et  des  Elberfelds  assez  bons. 

D  excellents  lots  du  poules  et  coqs  de  Houdan  (Lasseron)  ;  de  très  bons  lots  de 
poulettes. 

Toutes!  les  variétés  de  Lighorn,  les  exemplaires  étaient  beaux. 

Breda,  mauvais. 

Hambourg,  passables. 

Un  très  bon  lot  de  Campine  dorée. 

La  lace  espagnole  faiblement  représentée. 

Un  atsez  bon  lot  d'andalouses. 

Deux  lots,  dont  un  très  bon  et  très  curieux,  de  cosaque  ou  bollandaise  barbue. 

Les  dindons,  en  général,  étaient  petits;  un  lot  de  blancs  cependant  doit  être 
signalé. 

Deux  très  bons  lots  de  pintades,  les  autres  très  mauvais. 

Oies  blancbcs  magnifiques. 

D'is  oies  de  Toulouse  (Fuwler)  splendides  comme  on  n'est  pas  habitué  d'en  voir. 

Plusieurs  lots  insignifiants  de  canaids  tauvages. 

Très  teaux  canarils  Pékin  et  Aylesbury  (Fowler). 

Beaux  canards  Lalirador  (Lasseron  et  Bouchereaux). 

Très  bons  canards  de  Rouen  trançais  (Lasseron). 

Seule  la  société  Amerika  and  Co  de  Bruxelles  exposait  quelques 
volailles  grasses,  mais  quelle  pauvre  exposition  à  côté  des  produits  de 
nos  engraisseurs  français,  qui  ne  s  étaient  pas  décidés  à  envoyer  leurs 
produits. 

Les  incubateurs  ne  fonctionnaient  pas  et  on  n'a  pu  juger  leur  réel 
mérite.  iNéanmois  on  a  accordé  une  médaille  d'argent  à  MM.  Rouiller 
et  Arnoult,  de  Gambais,  et  une  médaille  d'urgent  à  M.  Boucheruux,  de 
Clioisy-le-Roi. 

M.  Lemoine,  l'éleveur  bien  connu  de  Crosne,  avait  exposé  le  plan 
de  son  élevage  qui  répondait  parfaitement  au  programmera  Plan  ou 
dessin  d'un  parc  pour  volailles,  spécialement  pour  l'exploitation  de 
l'aviculture  en  grand.  »  En  outre,  on  y  voyait  les  dessins  avec  cotes  de 
son  poulailler,  de  sa  boîte  à  élevage,  des  vues  d'ensemble  de  ses  par- 
quets, les  dessins  des  phases  de  1  incubation  de  l'œuf. 

Des  corbeilles,  artistement  arrangées  par  Mme  Lemoine,  représen- 
taient des  quantités  de  races;  chaque  corbeille  représentait  une  race, 
elle  était  bordée  avec  le  plumage  de  la  poule  et  l'intérieur  était  garni 


LA.   BASSE-COUR    A    L'EXPOSITION    D'AMSTERDAM.  509 

des  œufs,  de  sorte  que  l'on  se  rendait  compte  du  plumage  de  la  race, 
du  volume  de  ses  œufs  et  de  leur  couleur.  Cette  exposition  a  été  très 
appréciée  par  les  visiteurs. 

Les  lapins  de  M.  LemoineeldeM.  Lasseron  ont  eu  un  véritable  succès. 
!\I.  Dantreville  a  eu  une  médaille  d'argent  pour  sa  poudre  toni-nu- 
tritive  au  sang  de  bœuf  desséché. 

En  somme,  très  bonne  exposition,  surtout  si  l'itii  considère  que  nous 
sommes  pendant  la  période  de  la  mue,  qui  est  le  moment  le  plus  défa- 
vorable pour  faire  une  exposition  de  volailles  ;  c'ust  en  grande  partie  ce 
qui  a  empêché  plusieurs  exposants  français  de  participer  cà  ce  concours. 
Des  exposants  anglais,  au  dernier  moment,  n'ont  pas  envoyé  leurs 
animaux,  depuis  qu'ils  ont  su  que  M.  Fowler  était  membre  du  jury  et 
exposant;  du  reste  M.  Volschau  était  dans  le  même  cas,  ce  qui  était 
regrettable. 

Les  animaux  les  plus  remarquabes  de  31.  Lemoine  étaient  des  crê- 
vecœurs  parfaits,  de  très  belles  Iloudan,  de  belles  Dorking,  déjeunes 
Lang-Shan  et  des  cochinchinoises  blanches,  des  courtes-pattes  et  des 
Mans,  des  Campine  et  des  Hambourg  cliarmantes,  des  Padoue  éton- 
nantes avec  leur  huppe,  d'admirables  hollandaises,  de  mignonnes 
Bantam,  un  dindon  noir  extraordinaire  par  sa  taille,  des  oies  blanches 
et  de  fortes  oies  de  Toulouse. 

Pour  une  catégorie  de  sa  collection,  M.  Lasseron  a  eu  une  médaille 
d'or;  pour  l'auti'e  partie,  il  a  eu  une  médaille  d'argent,  en  outre  le  jury 
lui  a  attribué  10  médailles  d'argent  et  12  de  bronze. 

M.  Bouchereaux  a  eu  G  médailles  d'argent  et  3  de  bronze. 
Les  concurrents,  pour  la  plup:jrt,  avaient  de  beaux  animaux,  et  nous 
voyons  avec  satisfaction  nos  nationaux  remporter  un  éclatant  succès. 
Nous  ne  doutons  pas  que  cette  exposition  n'ait  un  bon  résultat  pour 
l'amélioration  de  la  volaille  dans  la  Hollande.  G.  Gaudoï. 

NOUVELLES  INVENTIONS  AGRICOLES 

ANALYSE   SOMMAIRE   DES   DERNIERS  BREVETS  DÉLIVRÉS. 

161,715.  Flamain  et  Darcq-Flamain.  29  avril  1884.  Perfectionnemenls  aux 
pressoirs  Eliqvet  dits  :  systèmes  Philippot-Sparnacien,  soit  à  vis  parallèles  rotatives, 
soit  à  vis  parallèles  ascendantes.  —  Dans  les  pressoirs  à  vis  tournantes  non  ascen- 
dantes, afin  que  les  vis  n'aient  pas  besoin  de  dépasser  la  face  inférieure  de  la 
«  charge  »,  pour  obvier  ainsi  à  la  nécessité  de  pratiquer  dans  le  panneau  des 
ouvertures  correspondantes  qui  nécessiteraient  une  garniture,  MM.  Flamain  et 
Darcq  augmentent  la  distance  laissée  entre  le  dessous  du  sommier-chapeau  et -le 
dessus  de  la  charge,  et  ils  donnent  aux  écrous  une  plus  grande  hauteur. 

La  vis  sans  fin  qui  attaque  les  roues  dentées  montées  sur  les  vis  peut  être 
commandée  par  trois  moyens  différents,  à  mesure  que  la  pression  a  besoin  d'être 
plus  forte;  pour  la  dernière  pression  on  emploie  un  levier  à  double  chquet. 

Dans  les  pressoirs  Etiquet  d'un  autre  type,  comportant  des  vis  tournantes  et 
non  ascendantes,  les  brevetés  se  sont  appliqués  à  rendre  possible  de  faire  tourner 
la  «  charge  »;  ils  montent  donc  cette  dernière  sur  un  pivot  vertical,  et  ils 
boulonnent  à  la  partie  supérieure  de  ce  pivot  un  étrier  maintenant  les  embases 
ou  culasses  des  vis,  au  heu  de  fixer  ces  embases  à  demeure  sur  la  charge. 

Enfin,  le  brevet  décrit  un  troisième  type  de  pressoir,  dont  les  deux  vis  paral- 
lèles out  à  la  fois  un  mouvement  de  rotation  et  un  mouvement  vertical,  et  sont 
filetées  moitié  à  droite,  moitié  à  gauche  ;  une  rainure  longitudinale  dont  elles 
sont  munies  permet  à  une  clavette  fixée  à  l'intérieur  des  roues  dentées  de  les 
entraîner  dans  leur  rotation. 

161,725.  Fontaine.  25  avril  1884.  Système  d'application  au  montage  des  meules 
des  moulins  à  blé,  supprimant  complètement  le  pointai  et  l'anille.  —  Le  breveté  a 


510  NOUVELLES  INVENTIONS  AGRICOLES. 

remarqué  que  dans  le  mode  ordinaire  de  montage  des  meules,  dans  lequel  l'anille 
est  montée  sur  un  pointai,  les  meules  arrivent  souvent  à  se  toucher,  pendant  la 
maiche,  ce  qui  écrase  la  son,  en  diminuant  la  blancheur  de  la  farine,  et  ce  qui. 
d'autre  part,  détériore  le  rhabillage.  Pour  faire  disparaître  ces  inconvénients,  il 
propose  de  supprimer  le  pointai  et  l'anille  et  de  faire  tourner  la  meule  de  dessous, 
en  la  rendant  solidaire  de  l'arbre,  tanJis  que  la  meule  supérieure  resteia  fixe. 
La  réunion  de  la  meule  courante  et  de  l'axe  se  fait  à  l'aide  d'un  moyeu  en  fonte 
alésé  conique. 

Sur  la  charpente  du  beffroi  est  monté  un  croisillon  en  fonte  à  trois  branches, 
muni  en  son  centre  d'un  boîtard  graisseur  dans  lequel  la  portée  de  l'arbre  tourne 
sans  jeu,  et  qui  la  maintient  conplèteineat  dans  l'huile.  A  l'extrémité  des  trois 
branches  de  ce  croisillon  se  trouvent  des  montants  sur  lesquels  reposent  des  vis 
de  rég'age  introduites  dans  des  oreilles  fixées  sur  la  meule  dormante. 

Cette  disposition  s'applique  surtout  au  cas  de  la  transformation  d'un  ancien 
moulin  :  pour  les  installations  nouvelles,  le  breveté  préfère  fixsr  la  meule  supé- 
rieure dans  une  cuvette  en  f()nte. 

161,767.  De  Livo^inière.  2S  avril  1884.  Si/f^tàine  de  herse-rdteaii  clile  :  l'An- 
gevine.—  Cette  herse-iàtfau  est  destinée  à  l'entretien  des  allées  de  parcs  et 
jardins;  elle  permet  de  ratisser  les  allées  très  rapidement,  ce  qui,  entre  autres 
avantages,  diminue  le  danger  de  voir  compromettre  par  une  pluie  le  travail  à 
demi-eÛ'tclué. 

L'apjiareil,  qui,  suivant  ses  dimensions,  peut  être  traîné  par  un  seul  cheval  ou 
même  par  un  homme,  se  compose  de  trois  ou  quatre  traverses  parallèles  garnies 
de  dents  et  reliées  les  unes  aux  autres.  Il  se  distingue  par  ce  double  caractère  : 
([ue  les  dents  sont  recourbi^es  en  sens  inverse  de  la  marche,  afin  de  ne  pas  péné- 
trer en  terre  trop  profondément,  et  qu'il  existe  une  brisure  au  miliiu  de  la  lon- 
gueur des  traverses  garnies  de  dents,  pour  leur  permettre  de  suivre  l'inclinaison 
du  sol;  il  pourrait  même  y  avoir  plusieurs  articulations  semblables.  L'instrument 
peut  se  constiuire  en  fer  ou  en  bois. 

En  accrochant  l'un  derrière  l'autre  deux  râteaux  dans  le  second  desquels  les 
dents  seraient  plus  rapprochées  que  dans  le  premier,  on  pourrait  achever  le  travail 
en  une  seule  opération.  Cn.  Assi  et  L.  Gênés. 

Ingénieurs-conseit5  en  matière  de  brevets  d'invention, 
3f>,  boulevard  VoUaire,  à  Pai-is. 

REVUE  CainiSEIGLVLS  ET  P:il^  GlUlVXr  D3S  DSNPiÊES  AGRICOLES 

(27  SEPTEMBRE  1884.) 

I.     —    Situatinn    générale. 

Les  marchés  agricoles  ont  présenté,  durant  cette  semaine,  une  assez  grande 

activité.  Les  affaires  sont  plus  faciles  et  les  ventes  plus  régulières.  Le  mouvement 

de  désarroi  que  nous  avons  eu  à  signaler,  paraît  arrêté  dans  la  plupart  des  régions. 

IL  —  Les  grains  et  les  farines. 

Les  tableaux  suivants  résumant  le-î  coirs  des  céréales,  par  quintal  métrique, 
sur  les  principaux  marchés  de  la   France  et  de  l'étranger. 

Blé  Seigle.  Orge.  .Wolne 

fr.  fr.  fr  fr. 

.,    .  ,T         *  blé  tendre..  20.00  »  »  » 

Algérie.  ^^'S«^'   (  blé  dur 16  bû  .  U.>5  U.M 

Angleterre.  Londres I9.7â  »  20  2ô  l(i  95 

Belgique.  Anvers 18.2!j  15.75  21.2.i  18  ÔO 

—  Bruxelles 19. 2&  1.5. SFi  «  Lï..tO 

—  Liège 19.10  16.2»  IT.50  16.50 

—  Nanmr 18.60  Ib.OO  17.53  15.00 

Pays-Bas.  Amslerdaiu I8.U0  15.25  »  • 

Luxembourg.  Luxeailiouig 22  50  20. .50  21.00  20.50 

Alsace-Lorraine.    Strasbourg. 21-80  17.75  20.35  18.25 

—  Mulhouse 21.75  18.25  21.00  18.75 

—  Coloiar 22.25  19.50  20.00  19.50 

Allemagne.  Berlin..., 18  50  17.25  »  " 

—  Cologne 20.60  17. .50  •  » 

—  Hambourg 18  10  14.75  »  •> 

Suisse.  Genève 23.25  19.00  18. .50  18.25 

Italie.  Turin 22.75  16.50  "  16.50 

Espagne.  Barcelone 22 .  25  •  »  » 

Autriche.  Vienne 16.75  14  25  16.00  1425 

Hongrie.  Budapest 16.50  14.20  15.25  13.50 

Husite.  Saint-l'étersbourg..  16. cO  13.80  »  11-50 

Etats-Uni.  New-York 16.75  o  »  . 


RKVUE   COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT  (27  SEPTEMBRE    1884).        511 


l"  néoroN.  —  IfORB.OrEST. 

Blé.    Seiele.   Oreê. 


Calvadot    Caen 

—  Lisieux 

C-du-Norfi    pontriaux. 

—  Tre;;uier 

Pinisterr.  Morlaix 

—  Quîmper 

Ille-et- Vilaine.  Rennes, 

—  Foujieres 

Uancht.  Avraiicbes. ... 

—  PonLorson 

—  Villedieu 

Uayenne.  La  va) 

—  Mayenne. 

Morbihan.  Hennebont.. 
Orne.  Moriagne 

—  Fiers 

Sor(h«,  Le  Mans 

—  Sablé 


fr. 
19.85 
19.50 
13  50 
18.25 
18.50 
18.75 
19.50 
20  00 
10.50 
J0.75 
ît.OO 
18.50 
19.25 
20.00 
19.50 
19.75 
19  75 
20.55 


fr. 

16.00 

15.00 

15.50 

14.50 

» 
15.50 


fr. 
18.00 
19. Ï5 
14.75 
14  25 
13.00 
15.. >5 
15.50 

» 
18.25 
18  00 
18.50 
16.25 
17.25 

j> 
17.25 
18.20 
15.50 


AToioe. 

fr. 

20.50 
21  .00 

ri.5e 

n.2i 

13.50 
lâ.'iO 
15.00 
15.50 
20.25 
20.25 
20 .  50 

f 
17  50 
15.50 
16.00 
16.50 
20  25 


Prix  moyens 1'.). 

3*  RÂOION.  - 
Aiint.  Laon 19 

—  Châteuu-Tliierry.   19 

—  Villers-GoUerets.  19. 
Sure.  Evreu-v 19, 

Les  Andelys 19 

13. 
19 
18 
19 
19 
20 


62     15.70     16  61     17.21 


—  Pacy 
Ewt-ei  Loir.  Chartres. 

—  Auneau 

—  No^ent-le-Rotrou 
Nord.  Cambrai 

—  Dou;ii 

—  Valenciennes 20 

Oist.  Bearivais 20 

—  Compiegne 19 

—  Senlis 19 

Po«-de-Caiais.  Arraa...  19 

—  Saini-Omer 19 

Seine.  Paris 21 

6.-ôl-.l/arne.  Damraartin.  19 

—  .Vontereau 20 

—  Provins 20 

S.-ei-CHst   Uoudan 18 

—  Angerviile 19 

—  Versailles 20 

Seine-M/erieure.  Rouen.  20 

—  F-'camp 21 

—  Vvetol   21. 

Somme.    D-ullens 20. 

—  MoiiLdiiier 19 

—  Roye 19 

Prix  moyens 19. 


,25        »  B           » 

75  15   20  17.00  16.25 

50  14.50  17. uO  !6  50 

50  14.50  18  25  18  00 

25  13.60  18.00  16.75 

50  14.75  18. SO  16.25 

.00  13  50  16.50  15  80 

50  14.50  18.25  16.00 

50  16.15  18.00  15  85 

25  15  00  18.50  14.00 

25         »  »             » 

on  15  30  19.25  16.50 

.50  14. 00  20.00  19.00 

25  11  25  20.00  16  50 

01)  14  50  »  17.50 

50  16.00  19.25  15.00 

25  15   75  18.50  15   80 

25  15.70  18  00  18.10 

75  14.75  16.50  16.00 

00  15   50  »  18  00 

00  16  00  16.50  17   25 

sa        »  18  OJ  16  00 

25  14.75  17  00  15.75 

00  14.50  18-50  21.50 

90  13  90  19   !5  20.00 

15  14.00  »  18.50 

15  14.00  18.50  18  00 

50  14.00  18.25  15   25 

00  14.50  16.50  16.50 

75         "  »             » 

64  14.72  18.09  16.86 


—  KOiin.EST. 


15.00 
15.00 
14.50 
U.50 
!5.00 
16  00 
15  75 
15.50 
13.50 


20. 50 
21  .00 
19.23 

19  50 
20.00 
21.00 

20  7b 
20.00 
19.50 

20  75 
21.25 

2 1  .  00 
20.75 
21.50 
20.00 
19.75 
21  .00 
20  00 

20.42      15. .•b 
.  —  OUEST. 

20  00 
■■9  50 
19.25 
(9.50 


19. bO 

18.75 
17.50 
16.25 
17.01) 
18  00 
17  50 
16.50 
15.00 
17.50 
17.50 
17. 00 
18.50 


19.00 
18.00 
17  25 
15.50 
17.00 
16  00 
15.75 
16.50 
15.00 
16  50 
16.50 
16  00 
16.75 


3*  RÉGION 
Arde^xnes.  Charlevilie. . . 

—  Sedan 

Aube.  B;ir-3ur-.\ube  .. .. 

—  Me  ry  sur-Seine. . . 

—  Nogenl-sur-Seine.. 
Marne,  cb  ilon-î 

—  Sainte-Miîneboiild. 

—  Sezanne  

Hte-Marne.  Langres 

Meurthe-et-.Mo.*! .  Nancy. 

—  Lnneville 

—  Toul 

Meuse.  Bar-le-Duc 

—  Verdun 

Haute-Saône .  Grciy 

—  Vesou! 

Vosges.  Epinal 

—  Neufchàteau 

Prix  moyens 

4*  nÉoiON 

harenle.  Angonlême 

—  Ruflec 

Char.-tnfèr.  Marans. ... 

Dt.ux-Sfvres.  Niort 

hidre-et- l.nire.  Tou'S... 

—  Cliâtean-R-nauIl.. 

Loire-Inf.  Nantes 

M.-ei-Lnir-'.  Saumur.... 

—  Angers 

Vendée.  Lnçon 

—  Font-nav-le-Cle.. 
Vienne.  Poitiers 

—  Loutiun 

Jlante-Vieniie.  Limoges. 

Prlxmovens 19  42    15.2*    18.14     16.05    | 


17..;      15.42 


Cher. 


Allier.  Montiuçon 

'  —    Saifit-Pourçain. . . 

Gannat 

Bourges 

Saint-Araand 

—  Vie  non 

Creuse.  Aubusson 

Indre.  Cb.Meauroux . . . . 

^    Issoudun 

—  ValtMii;ay 

Loiret.  Orléans 

—  Gien 

—  Patay 

L.-et-Cher    Blois 

—  Mondonbleau 

Nièvre.  Nevers 

—  La  Charité  

Yonne.    Brierion. 

—  Sainl-Florentin... 

—  Sens 


Prix  moyens 19.41     14.84     17.50     16.37 


6"  RBJION.  —  EST. 

^in.  Bourg 20.75  17. 00 

—  Pont-de-Vaux....  20.50  15  75 
Cd(e-d'Or.  Dijon 19  75  » 

—  Beaune   19.75  » 

/Pau/>s.  Besançon 19.75  » 

/séi-e.  Grenoble 21.00  17.25 

—  Bour^oin 20.00  (4.75 

Jura,  Dôle 20.00  14.50 

Loire.  Charlieu 20.00  15.50 

P.-de-iiôme.Clermont-F.  21.00  16  50 

Rhône.  Lyon ÎO.25  15.00 

Sao»ie-e/-i.oire.  Châlon  .  19  00  15.75 

—  .M:lcnn 20.50  14.50 

iauoie.  Gbambéry 19.25  16.25 


7.50 
7.50 


.25 

7.50 
9.00 
8.00 
8  25 
7  00 
8.50 


17.50 
17.25 
15.75 
16.50 

• 
18.50 
17.00 
17.2» 
16.75 

i> 
17.00 
17.00 
17.50 
15  50 
1  j.uo 


Prix  moyens. 


T   RÉGION. 

Ariége.  Pamiers 

—  Foii 

Dordogne.  Bergerac... 
ihe-Garoiine.  Toulouse. 

—  isl-Gaudens 

Gers.  CoTidorn 

—  Eauze  

—  Mirande 

Gironde.  Bordeaux 

—  L,i  Reole 

Landes.  Dax 

Lot-et-Garonne.  Agen... 

—  Nerac 

B. -Pyrénées.  Bayonne.. 
Hies-Pyrénées.  Tarbes.. 

Prix  moyens 

8"  HÉOli 

Aude.  Carcassonne  . . . . 

—  Casîeina  dary.. .. 

AvGyron.  Rodez 

Cantal.  Maonac 

Correze.  Tulle 

Hérault.  Montpellier... 

—  Béziers 

Loi.  Cabors 

Lozère.  Mende 

Pi/ rriuees- Or. Perpignan. 

Tarn.  Liv-iur 

rari>-et.(îor.Monlauban 

Prix  moyens 22  61     18.4s 

9*  RÉGION.  —  SlIO-KST, 
Basses-.ilpes.  Manosque  23.75 
Hautes-. Mîtes.  Bria^gon.  22.25 
ALpes-Mariiimes.^KZQ. .   21.00 

^rdi'c/ie.  Privas 26.60 

B.-da-Rhnne.  Arles 22.00 

Drôtne    Romans 20.25 

Gard.  Niilcs 21.80 

Haute-Lnire.  Brioude...    20.75 

Var.  ll;aguiïnan 22.25 

Vauctuse.  Orange 20.75 

Prix  moyens 22. i4 

Moy.  de  toute  la  France  20.54 
—  delà  semaine  précéd.  20.60 

Sur  la  semaine\Hausse. 
précédente. .  i  Baisse. . 


.   20.32     15.71      17.83     17.04 
—  SUD-OUEST. 


17.50 
18.00 
17  50 
20.50 
18.50 
18.50 
19.50 
18.25 
17.50 
2i.4U 
18.50 
18.50  19  00 

19.03  18  97 


17.85 

18.25 

18.00 

20.00 

16.00 

20.00 

17,30 

16  80 

18.40 

B 

B 

17.75 

13.50 

B 

16.75 

t 

17.00 

17.50 

18.25 

18   70 

16  00 

» 

18  no 

17.75 

15.00 

18.25 

18.00 

17.07 

17.57 

17.79 

16.11 

17   80 

17   13 

16.0» 

17.94 

17.27 

0  06 


O.U 


512  REVCIE  COMMERCIALE   ET  PRIX  GUURANT 

Bl('s.  —  A  la  période  de  trouble  et  de  désarroi  que  nous  venons  de  traverser 
succède  une  situation  plus  calme  :  la  baisse  est  enrayée  sur  un  grand  nombre  de 
marchés.  Il  s'en  faut  de  beaucoup  que  cette  situation  soit  brillante, car  il  n'y  a  pas 
de  reprise  dans  les  cours;  mais  au  moins  l'effondrement  qui  s'est  produit  depuis 
le  milieu  du  mois  d'août  est  arrêté.  Puisse  un  mouvement  de  hausse  se  produire 
maintenant  !  — A  la  halle  de  Paris,  le  mercredi  24septembre,lesaffairesont  été  plus 
actives,  et  les  cours  accusent  de  la  fermeté.  On  cote  de  '20  fr.  50  à  22  fr.  par  100 
kilog.,  suivant  les  sortes,  ou  en  moyenne  21  fr.  25;  c'est  une  hausse  de  25  cen- 
times sur  le  prix  moyen  du  mercredi  précédent.  —  Au  marché  des  blés  à  livrer, 
on  paye  :  courant  du  mois,  21  fr.  50  à  21  fr.  75;  octobre,  21  fr.;  novembre  et 
décembre,  20  fr.  75  à  21  fr.;  quatre  mois  de  décembre,  21  fr.;  quatre  premiers 
mois,  21  fr.  —  Au  l'twre.  quoique  les  affaires  soient  assez  restreintes  sur  les  blés 
exotiques,  les  prix  sont  plus  fermes.  On  paye  les  blés  d'Amérique  de  20  fr.  50  à 
21  fr.  par  quintal  métrique;  ceux  d'Australie,  21  fr.  50  ;  ceux  des  Indes,  20  à 
20  fr.  50.  — A  Marseille^  les  affaires  sont  toujours  restreintes,  et  les  cours  varient 
peu.  On  cote  par  100  kilog.  :  Berdianska,  20  fr.;  blé  dur,  18  à  19  fr.;  Irka-Azoff. 
20  fr.;  Bon-bay,  18  fr.  50.  — A  Londres,  les  atfairessont  toujours  assez  calmes,  mais 
les  prix  snnt  plus  lermes  que  la  semaine  précédente,  aussi  bien  pour  les  blés 
indigènes  que  pour  les  blés  exotiques.  On  cote  de  19  fr.  tO  à  21  fr.  par  quintal 
métrique,  suivant  les  provenances  et  les  qualités. 

Farines.  — Les  ventes  sont  plus  faciles;  les  prix  ont  repris  depuis  huit  jours. 
Pour  les  farines  de  consommation,  on  cotait,  à  Paris,  le  mercredi  2^^  septembre  : 
marques  de  Gorbeil,  47  fr.;  marques  de  choix,  47  à  50  fr.;  premières  marques, 
46  à  47  fr  ;  bonnes  marques,  44  à  45  fr.;  marques  ordinaires,  4.3  à  44  fr.;  le 
tout  par  sac  de  159  kilog.,  toile  à  rendre,  ou  157  kilog.  nets,  ce  qui  correspond 
aux  prix  extrêmes  de  27  fr.  40  à  31  fr.  85  par  100  kilog.,  ou  en  moyenne  29  fr.  60. 
avec  une  hausse  de  65  centimes  sur  le  prix  moyen  du  mercredi  précédent.  —  Quant 
aux  farines  de  spéculation,  on  cotait,  le  mercredi  24  septembre  :  farines  neuf- 
inarqiU'S,  courant  du  mois,  47  fr.;  octobre,  43  fr.  75;  novembre  et  décembre, 
43  fr.  50  à  43  fr.  75;  quatre  premiers  mois  43  fr.  50  à  43  fr.  75;  le  tout  par  sac 
de  159  kilog.,  toile  à  perdre,  ou  157  kilog.  net.  —  Les  farines  deuxièmes  se 
vendent  comme  précédemment  de  21  à  22  fr.  par  100  kilog.;  les  gruaux  do  3  ; 
à  37  francs. 

SerqUs.  —  Les  prix  sont  plus  fermes.  On  paye  à  la  halle  de  Paris  de  15  fr,  26 
à  16  fr.  par  100  kilog.  (Juaiit  aux  farines,  elles  vallent  de  20  à  23  fr.  par  quintal 
métrique. 

Orges.  —  Les  ventes  sont  faciles  avec  des  prix  soutenus.  On  vend,  à  la  halle  de, 
Paris,  de  17  fr.  50  à  18  fr.  50  par  quintal  métrique.  Les  escourgeons  valent  de  18  à 
18  fr.  25.  —  Le«  malts  d'orge  se  vendent  de  26  à  30  fr. 

Avoines  —  Maintien  des  cours  pour  toutes  les  sortes.  On  vend,  à  la  halle  de 
Paris,  de  16  fr.  75  à  19  fr.  50  par  100  kilog.,  suivant  poids,  couleur  et  qualité. 
Les  avoines  de  Suède  se  vendent  aux  cours  de  15  à  Ib  fr.  50. 

Sarrasin.  —  Les  prix  sont  soutenus.  On  vend  à  la  halle  de  Paris,  de  16  fr,  50 
à  17  fr.  par  100  kilog.,  suivant  les  sortes. 

Maïs.  —  Il  y  a  peu  de  variations  dans  les  cours.  Au  Havre,  les  maïs  d'Amérique 
valent  de  14  à  H  fr.  50  par  quintal  métrique. 

Issues.  — Prix  sans  changemenis.  On  paye  par  100  kilog.;  gros  son,  15  à 
15  fr.  50;  sons  gros  et  moyens,  14  fr.  25  à  14  fr.  75;  sons  trois  cases,  13  fr.  75  à 
14  fr.;  sons  fins,  12  à  12  fr.  50;  recoupettes,  12  fr.  50  à  13  fr.  50;  remoulages 
bis,  15  à  16  fr.;  remoulages  blancs,  17  à  17  fr.  50. 

III.  —  Fourrages  et  graines  fourragères. 

Fourrages.  —  Les  ventes  sont  assez  régulières.  On  paye  par  100  kilog.  à  Paris  : 
foin,  90  à  112  fr.;  luzerne,  88  à  112  fr.;  sainfoin,  80  à  96  fr.;  paille  "de  blé,  54 
à  62  fr.;  paille  d'avoine,  50  à  5S  fr. 

Graines  fourragères.  —  Les  luzernes  de  Provence  sont  cotées  150  fr.  par  100 
kilog.,  à  Paris.  Les  trèfles  de  Poitou  valent  de  120  à  i;-;0  fr.  par  quintal  métrique. 
On  offre  les  trèfles  d'Amérique  de  102  à  105  fr.  au  Havre. 

IV.  —  Vins.  —  Sfiirilueux.  —  Vinaigres.  — Cidres. 

Vins.  —  Les  vendanges  continuent  ;  elles  sont  en  pleine  activité  dans  la  plupart 
des  régions.  Les  appréciations  sur  la  qualité  sont  encore  très  variables,  suivant 
les  localités,  mais  on  est  unanime  à  reconnaître  la  bonne  maturité  des  l'aisins  et 
à  en  pronostiquer  une  excellente  qualité  pour  les  vins  nouveaux.  Quant  aux 
transactions,  elles  sont  calmes  sur  la  plupart  des  marchés;  c'est  seulement  dans 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (27    SEPTEMBRE    1884;.  513 

le  Midi  que  l'on  signale  uae  certaine  activité.  —  Les  vins  nouveaux  de  plaine  su 
cotent  à  Béziers,  de  2  i  à  26  fr.  par  hectolitre  ;  dans  la  Haute-Savoie,  les  vins  nou- 
veaux valent  de  40  à  50  l'r.  par  hectolitre.  A  Cette,  les  vins  espagnols  valent  par 
hectolitre:  Alicante,  34  à  40  fr.;  Valence,  32  à  35  fr.;  Catalogne,  21  à  24  fr.; 
Majorque,  18  à  22  fr.  ;  Dalmatie,  40  à  44  fr. 

Spiritueux.  —  Nous  n'avons  que  peu  de  changements ù  signaler  dans  les  cours. 
D:ins  le  Midi,  on  cote  par  licclolitrc  :  Pézenas,  trois-six  bon  goût,  101  fr.;  Mont- 
pellier, trois-six  bon  goût,  95  fr.;  marc,  90  fr.;  Cette,  trois-^ix.  bon  goût,  100  à 
105  fr.;  marc,  95  fr.  —  A  Saintes,  les  eaux-de-vie  1883  sont  payées  de  210  à 
220  fr.  par  hactolitre.  —  A  Paris,  on  cote  :  trois-six  fin  Nord,  90  degrés,  l"  qua- 
lité, disponible,  42  fr.  25;  octobre,  42  fr.  î  0  à  42  fr.  75;  deux  derniers  mois. 
43  fr.  à  43  fr.  25  ;  quatre  premiers  mois,  43  fr.  75  à  44  fr.  A  Lille,  les  trois-six 
mélasses  se  cotent  44  fr.  par  hectolitre. 

Rai.ùns  secs.   —  Peu  de    variations   dans   les   cours.    On  paye    à    Cette,    par 
100  kilog.  :  Corinthe,  34  à  40fr._;  Tliyra,  28  à  33  fr.;  Saraos,  36  à  38  fr.;  Vourlai, 
28  à  32  fr.;  Chesmé,   38    à  40  fr.  Les  figues  d'Espagne,  valent  de  13  à  14  fr. 
V.  —  Sucres,  —  Hélasses.  —  Fécules.   —  Houblons. 

Sucres.  —  Quoique  les  offres  soient  restreintes  sur  tous  les  marchés,  les  prix 
sont  encore  en  baisse.  On  cote  à  Paris  par  100  kilog.  :  sucres  bruts,  88  degrés 
saccharimétriques,  34  Ir.  50;  les  99  degrés,  38  fr.  75  à  39  fr.  ;  sucres  blancs, 
39  fr.  à  39  fr.  25;  à  Valenciennes,  sucres  bruts,  33  fr.  50;  à  Péronne,  34  fr.;  à 
Lille,  33  fr.  1.0  à  33  fr.  75.  Le  stock  de  l'entrepôt  réel  à  Paris  était,  le  24  sep- 
tembre, de  498,000  sacs,  pour  les  sucres  indigènes.  —  Les  sucres  raifinés  sont 
cotés  à  Paris  de  110  fr.  50  à  111  ir.  50  par  100  kilog.  à  la  consommation,  et 
de  45  fr.  50  à  50  fr.  75  pour  l'exportation.  —  A  Nantes,  les  sucres  bruts  coloniaux 
valent  de  34  à  35  fr.  par  quintal  métrique,  pour  toutes  les  provenances. 

Mélasses.  —  A  ^'alenciennes,  les  mélasses  de  fabrique  valent  8  fr.  50  par 
'lOO  kilog. 

Fécules.  —  Les  prix  sont  laibles.  -A  Paris,  les  fécules  premières  du  rayon  valent 
de  30  à  30  fr.  50  par  100  kilog.;  à  Compiègne,  celles  de  l'Oise  valent  '29  fr. 

Houblons.  —  On  est  généralement  satisfait  de  la  lécolle,  principalement  i/n  ce 
qui  concerne  la  qualité.  —  Les  prix  se  fixent  aux  cours  suivants  :  dans  le  Nord, 
de  170  à  180  fr.  par  100  kilog.;  en  Alsace,  de  240  à  550  fr.  ;  en  Bourgogne, 
20  j  à  220  fr.  En  Angleterre,  les  transactions  sont  très  calmes. 

VI.  —  Tourleaux.  —   Noirs.  —  Enyrais. 

Tourteaux.  —  Les  prix  varient  peu.  On  paye  par  100  kilog.  :  à  Gaen,  tourteaux 
de  colza,  17  fr.;  à  Cambrai,  tourleaux  de  colza,  16  fr.  ;  d'œiliette,  12  fr.  50;  de 
lin,  21  à  21  fr.  75;  de  cameline,   16  fr.;  —  à  Rouen,  tourteaux  de  colza,  16  fr. 

Noirs.  —  Mêmes  prix  ijue  précédemment.  On  paye  à  Valenciennes  par  100 
kilog.;  noir  animal  neuf  en  grains,  33  à  b6  fr.  par  lOO  kilog.;  noirs  d'engrais, 
10  à  12  fr.  par  hectolitre. 

Enyrais. —  Prix  soutenus.  On  paye,  par  luO  kilog.,:  nitrate  de  soude,  25  fr.  50; 
sulfate  d'ammoniaque  39  à  40  fr.;  sulfate  de  potasse,  22  à  23  fr.  ;  chlorure  de 
potassium,  19  fr.  —  Les  principes  fertilisants  sont  cotés  dans  les  engrais  com- 
posés :  azote,  1  fr.  ^^b  à  2  fr.  -iO  par  unité:  acide  phosphorique  immédiatement 
soluble  dans  l'eau,  0  fr.  70  à  0  fr.  75  ;  acide  phosphorique  insoluble,  0  fr.  25  à 
0  Ir.  30  ;  potasse,  0  fr.  50  à  0  fr.  60. 

\  II.  —  Matières  résitieuses.  —  Textiles. 

Maiiéres  résineuses.  —  A.  Dax,  l'essence  pure  de  térébenthine  est  cotée  47  fr. 
par  100  kilog.  A  Bazas,  Ls  gemmes  nouvelles  valent  de  20  à  22  fr.  50  par  bar- 
rique; les  gemmes  ;-ystème  Hugues,  25  ir. 

Chanvres.  —  Maintien  des  prix  pour  les  chanvres  nouveaux,  de  76  à  80  fr. 
an  Mans,  de  68  à  82  fr.  à  la  Flèche. 

Lames.  —  \  Bordeaux,  il  y  a  eu  quelques  ventes  en  laines  de  Buenos-Ayres, 
aux  cours  de  150  à  160  fr.  par  100  kilog.  en  suint. 

VllI.  —  Suifs  et  corysyras. 

Suifs.  — Les  prix  sont  plus  faibles  cette  semaine.  On  paye  à  Paris  81  fr.  par 
100  kilog.  pour  les  suifs  purs  de  l'abat  de  la  boucherie;  60  fr.  75  pour  les  suifs 
en  branches. 

Saindoux.  —  Les  prix  sont  plus  fermes.  On  cote  de  102  à  103  fr.  par  quintal 
métrique,  au  Havie,  pour  les  saindoux  d'Amérique. 


514  REVUE   COMMERCIALE  ET  PRIX   GOURANT 

IX.  —  Beurres.  —  Œufs.  —  Fromages. 

Beurres.  —  Il  a  été  vendu,  pendant  la  semaine,  à  la  halle  de  Parii5,  259,634 
kilog.  de  beurres.  Au  dernier  jour,  on  cote  par  kilog.  :  en  demi-kilog.,  1  fr.  70 
à  4  ir.;  petits  beurres,  1  fr.  12  à  2  fr.  98;  Gouinay,  1  fr.  80  à  3  fr.  82;  Isigny, 
2  fr.  08  à  8  fr. 

Œufs.  —  Du  15  au  21  septembre,  on  a  vendu  à  la  halle  de  Paris  4,010,805 
œufs.  Au  derniei  marché,  on  payait  par  mille  :  choix,  103  à  116  fr.;  ordinaires, 
73  à  95  fr.;  petits,  57  à  69  fr. 

Fromages.  —  Derniers  c&ursdela  halle  dePari'i;  par  douzaine,  Brie,  2  à  12fr.: 
Montlhéry,  15  fr.;  —  par  cent,  Livarot,  100  à  102  fr.;  Mont-d'Or,  4  à  22  fr.; 
Neufcbàtel,  2  fr.  50  à  21  fr.  50;  divers,  3  à  69  fr.;  —  par  100  kilog..  Gruyère 
110  à  190  fr.  ' 

.\.  —  Chevaux.  —  Bétail.  —    Viande. 

Bêlait.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  m  >uvement  officiel  du  marché  aux  bes- 
tiaux de  la  Villette,  du  jeudi  1 8  au  mardi  23  septembre  : 

Poids     Prix  du  kilog.  de  vian-ie  nette  sur 
Vendus  moyen       pi&d  au  marche  du  2'2  septembre. 

Pour  Pour  En         4  quartiers,     i"          T  3»  Prii 

Amenés.  Paris,    reztérieur.  totaLité.  kil.  quai.  quai.  qaai.  moyen, 

bœufs 4.185  2,-^09         1,102  3,611  S^î  1.7*  1.62  1.36  1.56 

Vaches 1.517            867            465  1,332  234  1.68  1.52  1.32  1.46 

Taureaux 422            315              43            3.58  376  1.48  1   36  \.1<\  1.37 

Veaux 3,090  1,908            772  2,680  82  1.80  1,70  1..50  1.70 

Moulons 36  556  17,969  13,546  31,515  19  2.02  1.84  160  1,79 

Porcs  gias  ...          7,182  2,49,5        4,277  fi, 772  81  1.3i;  1.30  1.24  1.25 

Les  arrivages  des  marchés  de  la  semaine  se  décom^oosent  comme  il  suit  : 

Bœufs.  —  Aisne,  4:  Allier,  35;  Aveyron,  21  ;  Calvados,  1,095  ;  Charenle,  91  ;  Charente-Infé" 
rieure,  12,  Cher,  102;  Côte-d'Or,  240;  Côies-iia  Nord,  281;  Deux--tvres,  127;  Dordogne,  97  '■ 
Cure,  44;  Finistère,  90;  G-iroiida,  16;  Indre,  28,  Loire-Inférieure,  33;  Loir-et  Cher,  6;  Lozère,  47- 
Maine-et-Loire,  114;  IVIanche,  162;  IVIiycniie,  lOJ  ;  Morhiban,  30;  Nièvre,  655;  Oise,  2;  Ornei 
563;  Puy-de-Dôme,  78;  Saôue-et-Loire,  311  ;  Sanhe,  47  ;  Seine-Inféneure,  10;  Ssiiie-et-Uise,  23> 
Somme,  3;  Tarn-ei-Gar.mne,  14;  Vendée,   9)  ;  Yonne,   24. 

Vaches.  —Allier,  16;  Aube,  5;  Aveyron,  42  ;  Calvados,  394;  Cantal,  8T;  Cher,  34;  Côte-d'Or, 
79;  Creuse,  10;  Do  dogne.  3;  Eure,  29  ;  Eure-et-Loir,  11;  Lozère,  6;  «auie-et-Loire,  29:  Manche, 
J53  ;  Marne,  3  ;  Nièvre,  233;  Oi-e,  8;  Orne,  216;  Puy-de-Dôme,  192  ;  Saô;ie-et-Loire,  b8;  Sarlhe. 
13;  Seine,  75;  Seine-lnferieure,  14;  Seme-et-.Marne,  22;  Seiiie-et-Oise,  29;  Somme,  1;  Vendée. 
15;  Yonne,  18. 

Taureaux.  —  Allier,  6;  Aube,  8;  Calvados,  76;  Cher,  6;  Cote-d'Or,  15;  Côtes-du-Nord,  20; 
Detix-Sèvres,  2;  Eure,  U;  Eure-ei-Loir,  16;  Finistère,  1  ;  lUe-et-Vilaine,  12  ;  Loire-Inférieure, 
2;  Loir-et-Cher.  3;  Loiret,  !0  ;  Maine-et-Loire,  14;  Manche,  33  ;  Marne,  1;  Haute-Marne, 8: 
Mayenne,  12.  Moibihan,  4;  Nièvre,  25  ;  Oise,  13;  0  ne,  19  ;  Saône-et- Loire,  12;  Sarthe,  U; 
Sfine-lnlérieure,  U  ;  Seine-et-Marne,  U;  Seine-et-Oise,  14  ;  Yonne,    12. 

Veaux.  —  Aut>e,  229;  Calvado":.  18;  Cantal,  61  ;  Eure,  228  ;  Eure-et-Loir,  356  ;  Gironde, 
22  :  Loire-Inférieure,  170;  Loiret,  90;Marue,  lli6;  Oise,  69;  Puy-rie-Dome,  277;  Sarlhe,  140; 
Seine-lnferieure,  95  .  Seine-et-Marne,   2J0,    Seiiie-et-Oise,    65;    Yonne,    131. 

Moulons.  —  Aisne,  377  ;  Aube,  1,088;  Aveyron,  14^9;  Cantal  2,l'88  ;  Charente,  501;  Cher, 
1,051;  Corrèze,  92;  Creuse,  94;  Dordogne,  3.)4  ;  Eure-et-Loir,  25S  ;  Indre,  497;  Indre-et-Loire, 
:i26  ;  Loire  Inférieure,  63;  Lot,  254:  Marne,  261  ;  Nièvre,  1.322;  Oi.^e,'253  ;  Ssine-et-Marne 
1.786;  Seine.-et-Oise,  l,2:il;  Vienne,  '2.)l  :  H  lute-Vienui,  ISJ;  Yonn-,  120;  Afrique,  62;  Alle- 
magne, 6,006;  Hongrie,  8,184;  llalie,  '  1,379  ;  Luxembourg,  180;  Russie,  7.838;  Vala- 
ciiie,    30U. 

Porcs.  —  Allier,  416;  Calvados.  199  ;  Charente,  131  ;  Chirente-Inférieure,  28;  Cher,  H;  Côte- 
d'Or,  53;  C6t-s  du  Nord,  9.1;  Creusi,  200;  Deux-Sèvres,  8i7;  Djrdo^iie,  19;  Eure,  20;  llle- 
rl-Vildine,  259;  Indre,  120;  ludie-el-Lure,  37  ;  Loire-Iuféneure,  286;  Loir-et-Cher,  126;  Lot, 
70;  Maine-et-Ln'ire,  787;  Manche,  95  ;  Mayenne,  40;  Nièvre,  118;  Puy-de-Dùm  •,  133;  Rhône, 
:;0;  Saùne-el-Loire,  243;  Haute-Sjùne,  36;  Sarlhe,  1,031;  Seine-Inférieure,  U;  Vendée,  1,039; 
Vienne,    189. 

Quoique  les  approvisionnements  du  marciié  aient  été  abondants,  les  ventes  ont 
('■té  beaucoup  plus  faciles  que  durant  les  semaines  précédentes  ;  il  y  a  eu  une 
I éprise  accentuée  dans  les  cours,  principalement  en  ce  qui  concerne  les  gros 
animaux  et  même  les  moutons.  —  Sur  les  marchés  des  dcparlemcnts,  on  cote  : 
Le.  Mans,  vache,  1  fr.  45  à  1  fr.  55  par  kilog.  net  sur  pied;  veau,  1  fr.  55  à  1  fr.  66; 
laouton,  1  fr.  90  à  2  fr.;  —  Le  Havre, hœaf,  1  fr.  65  à  1  fr.  77;  vaclie,  I  fr.  63  à 
1  fr.  75;  veau,  1  fr.  72  à  1  fr.  82;  mouton,  1  fr.  79  à  1  fr.  91;  porc,  1  fr.  50 
a  1  fr.  60  ;  —  Caeii,  bœuf,  1  fr.  65  à  1  fr.  85;  vache,  1  fr.  55  à  1  fr.  75;  veau, 
1  fr.  30  à  1  fr.  5  '  ;  mouton,  1  fr.  60  à  1  fr.  80  ;  porcs  1  fr.  20  à  1  fr.  40  ;  —  iXimtes, 
liœuf,  0  fr.  85  à  0  fr.  87  par  kilog.  brut  sur  pied;  vache,  0  fr.  84;  veau,  1  fr.  15 
à  1  fr.  20;  mouton,  0  fr.  95;  —  Namy,  bjîuf,  89  à  93  fr.  par  10  J  kiiog.  bruts; 
vache,  65  à  90  fr.  ;  veau,  45  à  52  fr.  ;  mouton,   90  à    105    fr.  ;  porc,  64  à  68  fr.  ; 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (27  SEPTEMBRE  1884).  515 

—  IVevers,  bœuf,  1  fr.  60  à  1  fr.  80  ;  vache,  1  fr.  40  à,  1  f'r.  60  ;  veau,  i  i'r.;  mouton, 
2  fr.  ;  porc,  1  fr.  60  ;  —  Dij m,  bœuf,  1  Ir.  62  à  1  ir.  72;  vaclie,  1  fr.  26  à  1  fr.  60; 
veau  (poids  vif),  1  fr.  08  à  ]  fr.  14;  mouton,  l  fr.  50  à  1  fr.  80;  porc  (poids 
vif),  0  fr.  90  à  0  fr.  98;  —  Ltinn,  bœuf,  1  fr.  20  à  1  fr.  65;  mouton,  1  fr.  30  à 
1  fr.  80;  —  Bowgoin,  bœuf,  66  à  '6  fr  ;  vache,  60  à  70  Ir.  ;  mouton,  80  à  90  fr.  ; 
porc,  90  à  95  fr.  ;  veau,  90  à  95  ir.  ;  —  iMnies,  bœuf,  1  fr.  35  à  1  f.  50  ;  taureau, 
1  fr.  30;  vache,  1  fr.  10  à  1  fr.  45  ;  mouton,  1  fr.  70  à  1  fr.  80  ;  brebis,  1  fr.  30 
à  1  fr.  60;  agneau,  1  fr.  30  à  1  fr.  35  ;  veau  (poids  vif),  0  fr.  75  à  1  IV.  05. 
Viande  à  la  criée.  —  Il  a  été  vendu  à  la  halle  de  Pans  du  15  au  21  septembre  : 

Prix  du  kilog.  le  22  septembre. 

kilof?.            1"  quai.             2"  qudl.             3*  quai.  Chou.     Basse  3:'aûherie. 

Bœuf  ou  radie...    135,488  1.68  à  190     1.32à;.6<;     1.16  à  1. 30  1.78  à  -2.86  0.  IJ  à  0.:«> 

Veau.... ll.j,880  1  80       l.'J8     t. 56       1.78     1.3i       1.54  •             »         a             . 

.Motilûii .55. -216  1.48       1.78     1.22       1.40    0.86       1.20  1.4G       :i.04     ..            • 

l'orc 31,035  Porc  frais 1.38  à  1. 60. 

338,510  SoUparjour 48,359  kilog. 

Les  ventes  ont  été  inférieures  de  8,000  kilog.  par  jour  à  celles  de  la  .semaine 
précédente.  Il  y  a  un  mouvement  de  hausse  dans  les  prix  de  toutes  les  catégories. 

XI.  —  Cours  de  la  viande  à  Vabatloir  de  la  Villette  du  jeudi  25  septembri:  {par  50  kilog.) 
Cours  de  la  charcuterie.  —  On  *end  à  la  Villette  par  50  kilog.  :  l"  qualité, 
70  à  73  fr.;  2«,  65  à  70  fr.  Poids  vif,  43  à  49  fr. 

Bœufs.  Veaux.  Moutons. 

t"  i*  3-  !••  2-  3"  !'•  2- 

quai.  quai.  quai.  q -al.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai, 

fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr. 

83  77  70  10-J  07  92  93  87  82 

XII.  —  Marché  aux  bestiaux  de  la  Villette  du  jeudiih  septembre  1884. 

Cours  des  commissionnaires 
Poids  Cours  ofliciels.  en  besiiaus. 

Animaux  gênerai.     1"        2*  3*  Prix  1"        2*         3*  Prix 

amenés.       In  en'ius.          lîil.        quai.  quai.  quai,  extrêmes.  quai. quai.  quai,  extrêmes. 

Bœufs 2.397  37  348         l .  7S      1.60  i.35  l.SOài.SU  1.7i      i    60  1.34  1.30àl.3o 

Vaches 856  22  230          1.68     I    50  1   30  1.18      1    70  1    64     I    50  1    30  1.15     1   68 

Taureaux...          I8i  6  384         !   16     1.36  1.26  1.22     I   50  1   44     1 .  34  1.25  1.20     1.50 

Veani 1.382  48  8l          1.90     1.80  1.60  1.50     2  10  »              ■            »  » 

Moulons....    15  973  438  19         2  02     1.84  1   50  1   52     2  (S  »              »            »  » 

Porcs  gras..     4.75b  »  30         1.36     1.30  1,74  1.10     1.40  »              »            •  • 

—  maigres.,            '»  s  *>»B»>Ba»B 

Vente  active  sur  le  gros  bétail  et  les  moulons;  ordinaire  sur  les  autres  espèces. 

XIU.  —  Résumé. 

Les  prix  des  céréales  sont  plus  fermes,  ainsi  que  ceux  du  bétail  et  de  la  plu- 
part des  denrées;  mais  ceux  des  sucres  sont  toujours  en  baisse.  A.  Rémy. 


BULLETIN  FINANCIER 

Après  quelques  oscillations  dans  des  sens  variés,  les  cours  des  fonds  publics 
sont  revenus  aux  taux  de  la  semaine  précédente.  Oq  cote  les  rentes  frauçaises  : 
3  pour  100,  78  fr.  60;  —  3  pour  lOO  amortissable,  80  fr.  40; —  4  et  demi  pour 
100,  107  fr.  10;  —  4  et  demi  pour  100  nouveau,  108  Ir.  85. 

Les  actions  des  établissements  de  crédit  se  cotent  :  Banque  de  France, 
5,0^0  fr.  iO;  Banque  de  Paris  et  dfS  Pnys-Bas,  775  fr.  ;  Comptoir  d'escompte, 
956  fr.  25  ;  (Jrédil  foncier  et  agricole  d'.\lgérie,  1495  f'-.  ;  Crédit  foncier  1 ,307  fr.  50; 
Banque  d'escompte  de  Paris,  518  fr.  75;  CiéJit  lyonnais,  55  fr.;  Compagnie 
foncière  de  Fraijce,  431  fr.  25;  Crédit  mobilier,  306  fr.  25;  Société  générale, 
460  fr.  ;  Banque  parisienne,  390  fr.;  Bin|ue  franco-égyptienne,  555  fr. 

On  paye  les  titres  des  Cimpagni'^s  de  chemins  de  fer  :  Est,  781  fr.  25;  Paris- 
Lyon-Médilerranée,  1,235  fr.;  Midi,  1,161  fr.  i5;  Nord,  1,660  fr.;  Orléans, 
1,^30  fr.  ;  Ouest,  Skb  fr. 

Les  actiuns  du  canal  maritim'î  de  Suez  valent  1,940  fr.  ;  les  délégations, 
1,130  fr.  Les  actions  du  canal  de  Panama,  sont  à  481  fr.  25. 

Escompte  à  la  Banque  de  France,  3  pour  100  ;  intérêt  des  avances,  4  pour  100. 

E.  Férox. 


Le  Gérant  :  A.  Bouché. 


516 


TABLE    ALPHABETIOUE  DKS  AUTEL'P.S 


TABLE  ALPHABÉTIQUE    DES   AUTEURS 

DU  TROISIÈME    VOLUME    DE    18  84. 


ALLIER.  — Concours  régional  de  Gap,  ri9,  93. 

—  Nouvelles  de  l'état  des  récoltes  dans  les 
Haule^-Alpes,  Vr,,  408. 

AMBHOISE  (E.).  —  Sur  la  vaine  pâture,  269. 

ASSI  (Ch.).  —  Brevets  délivrés  pour  de  nou- 
velles inventions  agricoles,  192;  232,  273, 
:!|l),  3r.2,  4:10,  463,  .509. 

AYBAUD  (S.-V.),  —  Sur  l'o-ganisation  du  crédit 
agricole,   I.S2. 

BAXTET  (Cliarles).  —  Procédés  pour  comb;ittre 
les  cryptogames  de  la  vigne,  74. 

BARBAL  (J.-A.).  —  Chronique  agricole  du 
.i  juillet,  &;  —  du  12  juillet,  41  ;  —  du  19  juil- 
let, 81;  —  du  26  juillet.  121;  —  du  2  août, 
161  ;  —  du  9  août,  201;  —  du  16  août,  241  ; 

—  du  23  août,  281  ;  —  du  30  août,  321;  — 
du    6    septembre,    361.     —    Travaux   de   la 

-     Société  nationale  d'agriculture,  170,212,  2,ï3. 

—  Moissonneuse-lieuse  de  Samuelson.  220. 
BAREAU  DE  mUBATEL  (A.  de).  —  Elevage  dfs 

poulets  dans  le  département  du  Tarn.  473. 

EATTANCHON  (G.).  —  Sur  les  courses  de  tau- 
reaux. Th. 

BÉNARO  (Jules).  —  Notes  sur  l'agriculture 
allemaiide,  329. 

BERNARD  (Edouard).  —  Discours  prononcé  au 
ciiucours  agricole  de  l'arrondissement  de 
Uouai,  368. 

BEKTHELOT.  —  Sur  la  présence  universJle 
des  azotates  dans  le  règne  végétal,  17.i. 

BESNARD.  —  Discours  prononcé  au  concours 
lin  Comice  agricole  de  Seine-et-0:se,   |G6. 

EiDAULT.  —  Sur  la  destruction  du  mildew, 
4  «3. 

bind:}r  (.\.).  —  La  maladie  des  écrevisst's, 
lO'J. 

80ITEL  (A.).  —  Discours  prononcé  sur  la 
tombe  de  M.  Thenard,  289. 

BOKCENNE.  —  Situation  agricole  dans  la  Ven- 
dée, 32. 

Bosc  (Ernest).  —  Maladie  des  arbres  fouruis- 
s.inl  les  bois  de  construction,  224,  2.ï7. 

BoncRARD.  —  Situation  agricole  dans  Maine-et- 
ioire,  !S(i6. 

BOURGNE.  —  Société  agricole  et  hippique  de 
Ponl-Audemcr,  .504. 

CARRIER-LADEVÈZE.  —  Nouvelles  de  l'otat 
des  récoltes  dans  la  Dordogne,  132. 

CASANOVA  (Eugénie).  —  La  récolle  de  1884 
dans  le  Cher,  390. 

CASSÉ  (Elle).  —  Etat  de  la  culture  en  Nor- 
mandie, 273. 

CASTELMORE  (R.  de).  —  Sur  la  production  de 
la  viande,  43j. 

CAUBERT.  —  Discours  prononcé  aux  obsèques 
de  M.  J  -A.  Barrai,  449. 

CBABOT-KARLEN.  —  L'ostréiculture  au  rocher 
de  l'Estic^es,  67.  — La  maladie  des  écrevisses, 
111.  —  Pisciculture;  la  sardine,  216.  —  Les 
as.solenients,  306.  —  Naples,  375. 

CHAinpiN  (Aimé).  —  Le  battage  des  plants 
gieflés,  301. 

CHARI.IER  (H.).  —  Les  vices  rédhibitoires  dans 
les  ventes  et  échanges  d'animaux  domesti- 
ques, lu2,  149. 

CBARPENTIER.  —  L(s  moulins  à  vent  agri- 
coles, 20.  —  Locomobile  du  système  Buzelin, 
183. 

CHERVILLE  (G.  de).  — Sur  l' exposition  canine 
de  Pans,  13t». 

CHEVREUi..  —  Discours  prononcé  à  la  séance 
solennelle  de  la  Société  nationale  d'agricul- 
ture, ,50. 

COMON   (L.).  —  Concours   régional    de   Saint- 


Omer,  25,   245    —  Une    ferme   à   betteraves 

riches  dans  le  Pas-de-Calais  ,  380. 
coHiaOTTLS-HOnLÈs    (Jules).    —  Ensilage    des 

fourrages  verts  à  l'air  libre,  327. 
DANGUY  (R.).  —  De  la  climatologie  de  Grand - 

Jouan,  185 
DEGRULLT  (L.)    —  Pulvérisateur  Riley,  378 
DEHCRAIN.  —  Sur  l'emploi  agricole  des  su|er- 

liliosphates,  331. 
DENIN  (Th.).   —  Oflre  de   diverses  variées  de 

lilcs  lie  semence.  482. 
DESPREZ   (FI.).    —  Culture    des    betteraves   'i 

sucre,  403.  —  Offre  de  blés  pour  semences, 

^O.S. 
DUFOUR  (Pierre).  —  Concours  des  prix  cul  lu - 

raux    et    d'irrigation  .dans    la    Haute-Loue, 

249,  295. 
DiTPTJT-MONTBRUN.  —  Nouvelles  de  l'état  des 

recolles  d..ns   la  Haute-Garonne  et  le   Tarn. 

47,  2(i7.  —  Les  petits  animaux  de  la  ferni'?, 

146. 
DUROSCLLE  (E.).  —  Elevage  et  engraissement 

intensifs,  133. 
DUTASTA.  —  Discours  prononcé  aux  obsèques 

ne  M.  J.-A.  Barrai,  448. 
DYBOWSKt    (J.)    —    Fli-urs   doubles    et   fleurs 

simples,  III.   —   Emploi  du  fumier  de  che- 
val, 33. 
ELOIRE  (Aus.).  —  La   législation   et   la  police 

sanitaire  des  animaux  devant  la  vaccination 

préventive,  335. 
FÉBON.  —  ISulleiin  financier  du  5  juillet.  40; 

—  du  12  juillet,  80;  —  du  19  juillet,  120: 
du  26  juillet,  IBO;  —  du  2  août,  200;  —  du 
9  août,  24n;  —  du  10  août,  280;  —  du 
2:;  août,  320;  —  du  30  août,  360;  —  du 
6  sept»  mbre,  400;  —  du  13  septembre,  440  : 

—  du  20  septembre,  480;  —  du  27  sep- 
tembre, 515. 

FERRET    (Eug.).    —    La    mésange   herbivore, 

235. 
FOEX.   —  Expériences  relatives  au   moyen  de 

comliattre  le  mildew,  74. 
GALLICHER.  —  Nouvelles  de  l'état  des  récoltes 

dans  le  Cher,  2' '6. 
OARIN.  —  Nouvelles  de  l'élat  des  récoltes  dans 

l'Ain,  206. 
GASPAHii»  (P.  de).  —  J.-A.  Barrai,  450. 
GATELLIEH.  —  Mis^ion  agricole  en  Ademagne 

ei   eu    Autriche,  89.   —   Expériences   sur   la 

cullure  du  hlé,  209. 
GAUDOT.  —  Sur  les  courses  de  taureaux,  75.  — 

La  basse-cour  à  l'exposition  d'Amsterdam,  507. 
GAUGIRAN.  —  Le  superphosphale  en  Sologne, 

2 M.  —  Mort  de  M.  J.-A.  Barrai,  473. 
GÊNÉS   (L.).  —  Brevets  délivrés  pour  de  nou- 

veiles  inventions    a),'ricclfcs,    192,    232,    273, 

310,   3,52.  430,  463,  509. 
GiRAN  (Albert).  —  Culture  de  la  vigne  dans  les 

sable?,  10. 
Gos.  —  Situation  agricole  dans  le  Var,  415. 
GY  DE  KEHMAVlc  (J.).  —  Situation  agricole  en 

Belgique,  195. 
HÉQOUviiLE  (Ch.  de).  —  Culture  des  blés  en 

mélange,  245. 
Hzvzé.    —    Discours    prononcé   au    concours 

régional  de  Dole,  222. 
HOFFMANN.   —  L'agriculture   aux  Etats-Unis. 

aux  Indes  et  au  C.iili,  501. 
HouzEAn.  —  Discours  prononcé  sur  la  tombe 

de  M.  Girardin,  7. 
JACQUEMART-BENOT.    —     La    question    des 

pâtures,  105. 
JACQDOT.  —   Nouvelles  de  l'état  des  récoltes 
dans  les  Vosges,  407. 


TABLE  ALPHABETIQUE  DES  AUTEURS. 


517 


joiTi.iE  (H.).  —  Déperdition  d'azote  pendant  la 
lerrneiitation  des  fumiers,  432. 

KIEHER  (Jean).  —  Sur  l'ablation  des  cornes, 
■io:!. 

LADUREAU  (A.).  —  Lcs  tourtcaux  de  sésame 
et  leur  emploi  dans  l'alimentation  du  bétail, 

4g;)  . 

lAFiTTE  (Pro'iper  de).  —  Badigeonnage  des 
vi>;nes  iilijlioxérces,  187. 

LASzczYNSKi  (L.).  —  Les  mérinos  au  concours 
de  ^.niitûmer.  169. 

LEMBEZAT.  —  Discours  prononcé  aux  obsèques 
de  M.  du  Peyral.  413. 

LENTILHAC  (de).  —  Nouvciles  de  l'él.it  des 
récoltes  dans  la  Dordogne,  132,  287,  VM. 

LE  SUEUR  —  La  création  du  herd-book  nor- 
mand, 106. 

MARES  (H.).  —  .Sur  l'irrigation  des  vignes,  168. 

niARSAis  (Georges).  —  L'exposition  internatio- 
nale .igricole  d'Amsterdam  en  If^Ki,  421. 

MAURICE  (L.-G.)  —  Situation  agricole  dans  la 
.Marne.  340.  —  La  prime  d'hoimeur  de  l'bor- 
ticulture  dans  la  Marne  en  1884,  kb6 

MÉLINE.  —  Discours  prononcé  à  la  séance 
solennelle  de  la  Société  nationale  d'agricul- 
tuie,  48.  —  Circulaire  relative  aux  c;ondi- 
tions  du  transport  des  plants,  arbres  et 
arbustes  provenant  des  arrondissements  pliyi- 
loxérés,  283.  —  Expos'é  des  motifs  et  projet 
de  loi  portant  modification  du  tarif  géiiér.il 
des  douanes,  311.  —  Discours  prononcé  au 
Comice  de  Rerairemout,  369. 

MERCIER  (.\chille).  —  Le  progrès  dans  l'étendue 
des  cultures,  4.')8. 

MOBTiLiET  (H.  de).  —  Le  Fusaritun  nmise- 
qninn  du  platane,  267. 

MOHVONNAis  (A.  de  la).  —  Nouvelles  de  l'état 
des  récoltes  dans  l'IUe-et-Vilaine,  46.  —  Con- 
cours bippiqui;  de  Brest,  64.  —  Les  Chambres 
consultaiives  d'agriculture  devant  le  Parle- 
ment, L  3.  —  Courrier  de  l'Ouest,  391.  — 
Concours  de  la  Société  d'agriculture  d'ille-et- 
Vilaiue,  427.  —  Concours  de  l'Association 
bretonne  à  Lannion,  466. 

mULLER  (Paul).  —  Le  sucre  en  Allemagne,  71. 

NEBOUT.  —  .Nouvelles   de   l'état   des  récoltes 

dans  l'Allier,  47,  3.'i4. 
NOËL  (Paul) .  —  L'origine  du  chai'bon  de  terre, 

227. 

OUNOUS  (Léo  d').  —  Quelques  bons  cerisiers 
du  Sjd-ûuest,  341.  —  Les  haricots  nains, 
liàtifs,  longs  et  ronds.  389.  — Les  lierre». 
les  glycines  et  les  buis,  .')06. 

FASNOUL.  —  Nouvelles  de  l'état  des  récoltes 
dans  le  Pas-de-Calais,  131,  286. 

Partie  nllirielle.  —  Décret  portant  règlement 
des  mesui  es  à  prendre  pour  e/npécUer  l'intro- 
duction du  phylloxéra  en  Algérie,  33.  —  Loi 
sur  les  Fucres.  191.  —  Loi  sur  le  Code  rural 
(vices  rédhibitoires  dans  les  ventes  et 
échanges  d'animaux  duinestiques),  233-  — 
Décret  relatif  à  la  circulation  des  raisins,  des 
marcs,  etc.,  d^ins  les  zones  frontières  de  la 
France  el  de  l'.VUemagiie,  274.  —  Circulaire 
relative  au  transport  des  plants,  arbres  et 
arbustes  piovenaiit  dei  ar'ondisseiuents  phyl- 
loxêrés.  282.  —  Projet  de  loi  ponant  modi- 
lication  du  laiif  général  des  douanes,  311. 
—  Déciei  relatif  à  la  police  sanitaire  des  ani- 
maux, 43'. 

PASST  (Louis).  —  Discours  prononcé  aux 
obsèques  de  M.  J.-A.  Barrai,  443.  —  Discours 
prononcé  au  concours  d'ICtrépagny,  494. 

piCHABO  (P.).  —  Action  nitrifiante  des  sels  dans 
les  terre-,  arables.  392. 

POIRSON  (Cil.).  ^  Des  façons  culluralcs  à  don- 
ner aux  terres  après   la"  moisson.  300. 

POLO.  —  Sur  l'enquête  agricole  dans  l'Aisne, 
128,  204. 


FOUILLET  (Lug.).  —  Servitudes  réelles;  foi. d-i 

enclavés,  22.   —   Fossé   séparatif    de    deu.\ 

héritages  ;  mitoyenneté,  184. 
PRÉ-cOLioT  (P.  du).  —  L'industrie  laitière  et 

les  fabriques   des  [iroduits   du   lait,  342.  — 

t  ne  conversation  à  l'éuble,  433. 

HAVOUX.  —  Situation  agricole  dans  la  Diome, 
11.-.. 

KEiriY.  —  Revue  commerciale  et  prix  courant 
des  denrées  du  ,t  juillet..  3.S  ;  —  du  P2  juil- 
let. Ta  ;  —  du  19  juillet,  ll.'>;  —  du  26  juil- 
let, 154;  —du  2  aoiU,  19:);  —  du  9  août, 
23.=)  ;  —  du  16  ao\1t,  27.');  —  du  23  août, 
315  ;  —  du  30  aolU,  3f-.T  ;  —  du  6  septembre, 
39.=):  —  du  l.i  septembre,  43.5  ;  —  du  20  sep- 
tembre, 47,=)  ;  —  du  27  septembre,  .MO. 

BEHOU  (E.).  —  .Météorologie  du  mois  de 
juin  1884,   û3;  —  du  mois  de  juillet,   290  ; 

—  du  mois  d'aoïit,   409. 

ROBLIN.  —  Le  trèfle  violet  d'Amérique,  19. 
BOUViÉaE  (A.)  —  tlon^ervation  des  fourrages 
verts  à  l'air  libre,  372. 

SAGNIER  Henry).  —  Société  nationale  d'agri- 
culture; séance  solennelle  du  2  juillet,  34; 
séances  hebdomadaires,  52,  115,  154,  194, 
207,  275,  288,  3.J4.  —  Concours  régional  de 
Rodez,  13.  —  Le  commerce   des   fruits,  31. 

—  Scies  circulaires  à  bras  d  homme,  58.  — 
A  propos  du  mddew,  73.  —  Le  progrès  agri- 
cole e;  le  choléra,  113.  —  Concours  régional 
du  Puy,  134.  —  La  ferme  du  Chalet,  près  de 
Bennes,  144.  —  Le  blé  de  Shirrif  à  épi 
carré,  234.  —  Nettoyage  des  semences  de 
froment,  260.  —  .Appareils  pour  le  char- 
gement et  le  déchargement  des  macérateurs 
dans  les  distilleries.  298.  —  Bibliographie 
agricole,  309.  —  Mort  de  M.  J.-A.  Barrai, 
401.  — .  (!:ommerce  du  bétail  et  de  la  viande, 
417.  —  Association  française  pour  l'avan- 
cement des  sciences  ;  congrès  de  Blois,  429. 

—  Chronique  agricole  du  13  sepienibre, 
401  ;  — du  20  septembre,  441  ;  —  du  27  sep- 
tembre, 481.  —  Discours  prononcé  aux 
obsèques  de  M.  J.-A.  Banal,  445-  —  Con- 
cours de  la  race  ovine  du  Larzac,  475.  — Les 
machines  agricoles  de  M.  Merlin.  497. 

SAINT-ANDRÉ.  —  Culture  de  la  betterave  à 
sucre  ;  compromis  pour  la  vente.  453. 

SALOmON.  —  Coinptabiltté  agricole  ;  essii  de 
classification,  264. 

Sur    l'engraissement     intensif. 


SANSON .     ^ 

163. 
SABDHIAC    (L,  de). 
.Mac-Cormick,  63. 
tème  Deroy,    141. 
339.    —    Pesaue 


—  Moissonneuse-lieuse  de 

—  Alambic    brûleur  sys- 

—  Décantation  des  vins, 
des    betteraves     dans    les 

sucreries,  374.  — L'effeuillage  du  houblon, 
416.  —  Rinçage-  des  bouteilles  à  vin,  462. 

SAUVAGE  (A.).  —  La  prime  d'honneur  et  les  prix 
culturaux  dans  la  Marne  en  1884,  347,  385, 
;03. 

SCHHIBAUX  (E.).  —  Une  variété  de  blé  à  culti- 
ver, 99. 

SOL  (Paul).  —  Le  vinage  à  prix  réduit,  141. 

TISSERAND.  —  Discours  prononcé  à  la  distri- 
bution des  récompenses  du  concours  régional 
du  Pu;,  ;.3 

TRÉBON(.-Ais-(F.-R.  de  la).  —  Une  conférence 
laiti'.re  en  Angleterre,  89.  —  Sélection  et 
élevage  du  bétail  à  lait,  n-*,  290.  —  Le  con- 
grès laitier  de  Glocesler,  491. 

VALlif.  —  Courrier  du  Sud-Est,  395. 

VAUVBL.  —  Procédé  (le  M.  Dupuy-Jamain  pour 
combattre  le  mildew,  73. 

VAVIN.  —  Emploi  de  l'allante  dans  les  reboi- 
sements, 462 

VILMORIN.  —  Trois  nouveaux  blés,  469. 

ziPCT.  —  La  pisciculture  dans  le  Limousin 
en  1884,  23. 


518 


TABLI':   ALPHABETIQUE  DES  GRAVURES  NOIRES. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  GRAVURES  NOIRES 


Alambic  brûleur  du  système  D^roy,   141. 
Hatteuse   de  céréales    de  Merlin,  nettoyant  le 

araiu,  499.  —  Batteuse  de  graines  fourragères, 

500. 
Blé  de  Shirrif;  épi  et  grains,  100. 
Coupe-racines     centrifuge     d'u     système     de 

M.  Stepiien  Davi.l,  299. 
Décantiition  îles  vins  en  bouteille,  310. 
EfTeuilleuse  de  boublou  construite  par  M.  Her- 

bin,  417. 
Machine  à  rincer  les  bouteilles,  483. 
Machine    à    vapeur    locomjliile   construite  par 

M.  Buzelin.   183.  —  M  ichine  à  vapeur  locomo- 

bile  du  système  Merlin,  498. 


Moissonneuse  lieuse  de  Mac-Cormick,  en  tra- 
vail, 63. 

Moissonneuse-lieuse  du  svstème  Samuelson. 
221. 

Moulin  à  vent  dit  VEclipse,  vu  de  face,  20  ;  — 
Orientation  sous  l'action  d'à  ■  vent  violent,  21 . 

Portrait  de  M.  J. -A.  Barrai.  441 . 

Pont-ba-icu'e  de  M.  Paupier  puur  le  pesage  des 
betteraves,  374. 

PuKérisati-iir-Riley  muni  de  son  tuyan,  379: 
—  Mode  d'emploi  du  pulvéii?ateiirRiley,  37y- 

Scie  circulaireà  brasdu  système  Reynolds,  58. 

l'arare  du  système  Presson,  261. 

Trieur  du  système  Presson,  262. 


TABLE    ANALYTIQUE  DES  MATIÈRES 


Académie  des  sciences.  —  Election  de  M.  d'An- 

drade  Corvo,   membre  corre-pondant,  202. 
Allante.  — Emploi  dans  les  reboisements,  462. 
Alambic  brûleur,  sysième  Deroy,   140. 
AUemagne.    —    Noies    sur   l'agriculture  a'.le- 

mande,  329. 
Anguillules  d3s  avoines,  115. 
Arboriculture.  —  Maladies  des  arbres  fournis- 
sant les  bois  de  construction,  2V(,  2o7. 
Association    française    pour    l'avancement   des 

sciences.  —  Congrès  de  Blois,  42  K 
Azotates.  —  Présence  univeisellc  dans  le  règne 

végLHal ,   1  '5. 
narrai  {.].- A.)  —Sa mort,  401.— Sesfuni^Tailles, 
443.  —  Discours  prononces  sur  sa  tombe,  444. 
—  Témoignage  de  regrets.  449.  472,  481. 
Batteuse  deceréales  de  Merlm,  4,18. — Batteuse 

de  graines  fonriagères  de  Merlin,  499. 
Bétail.  —  La  fièvre  aphteuse  en  Alsace,  45. — 
Les  vices  rédhibitoires  dans  les  ventes  et 
échanges  d'an  ni:uix  domestiques,  102,  l'i9, 
167,201.  233.— Le  berd-bûCik  noimand.  i(l6.— 
Elevage  et  engraissement  intensifs,  133,  16!- 
433.  —  H  r  l-book  suisse,  164.  —  Séle  lion  et 
élevage  du  bétail  à  lait,  178,  290  —  L'abla- 
tion des  cornes,  263.  —  Mammite  contagieuse 
des  vaches  laitières,  288,  —  Comme-ce  du 
bétail  en  France  et  en  Angleterre.  417.  — 
Iniluence  du  relèvement  des  taxes  douanières 
sur  la  production  du  bétail  français,  434.  — 
Emploi  des  touiti-aux  rie  sésauie  dans  l'ali- 
menlalion  du  bétail.  405. 
Retteraves.  . —  Discussion  relative  à  l'établisse- 
ment de  l'impôi  sur  la  betterave,  6,  43,  81, 
121.  —  Pesage  des  beiteraves  dans  les  su- 
creries, 374.  —  Pruductinn  de  la  betterave 
riche,  dans  le  Pas-de-Calais,  380.  —  Spéci- 
men de  binne  culture  de  la  b'tterave  dans 
le  Nord,  403  —  Mudèle  de  marché  pour  la 
production  de  la  b  Iterave  à  sucre,  453. 
Bibliographie  agricole.  —  Petit  vnyaue  de  dé- 
couvcrles  an.r  pays  des  sueivs,  Allemaifne  t 
Autriche.  |iar  M.  Lambert,  6.  —  Bulhlin  du 
vninisIÈre  de  lagricwlure.  42,247,  404.  — 
Traitement  des  riynes  phyllo.iérces ;  eimdoi 
du  sulfure  de  carbone,  par  MM.  Gastine  et 
Couaiion,248  — Préeis  de  l'élevage deilai.'iiis, 
liévies  et  'tjjnndes,  par  M.  A.  Gobin,  309. 
Blé..  —  Comparaison  des  récoltes  des  dix  der- 
nières années,  42.  —  Le  blé  ^hlrrif  square 
head,  99,  234.  —  Culture  des  blés  en  mélange, 
195,  245.  —  Expériences  sur  la  culture  du 
blé,  2u9.— Offres  débits  de  semence,  J23,  405, 
482.  —  1rois  nouvelles  variétés  de  blés,  46". 
Boissons  hygiéniques  en  temps  de  moisson,  167. 
Boulangeiirf.  —  Travaux  du  Congrès  de  boii- 
langeiie  de  Paiis,  46.  —  Rapport  sur  l'élude 
des  dilTéients  systèmes  de  mouture,  194. 
Bourse.  —  Bulletin  financier  du  5  juillet,  40, 
—  du  12  juillet,  80  ;  —  du  19  juillet,  120:  — 


du  26  juillet,  160;  —  du  2  août,  200  ;  —  du 
9  août,  240':  —  du  16  août.  280;  —  du  23 
août.  320;  —  du  30  août,  360  ;  —  du  6  sep- 
temb  e,  400;  —  du  13  septembre  440;  — 
du20septejibre,  480;  —  du  27  septembre,  515. 
Bouleilles.  —  Machine    à  rincer  les  bouteilles, 

462. 
Céréales.    —  Production   en   1R83,  42.  —  Eva- 
luation de  h  récolte  de  1884,  3  2,  482. 
Ceri  iers. —  Bonnes  variétés  du  Sud-Ouest,  341. 
Chambres    consultatives  d'agriculture.  —  Dis- 
cussion   du  projet  de  loi  ministériel,   11.  — 
Les    Chamhres     consultatives    d'agriculture 
devani  le  Parlr-ment,    153. 
Chasse.  —  Dates  de  l'ouverture.  248. 
Chevaux.  — Concours  hippique  iie  B  est,  64%  — 
L°s  cheva'ix  de  Irait  dans  les  haras  de  l'Etat, 
244.  —  Concours  hiipiques  dans   la   Seine- 
Inférieure,  285.   —  Achat  d'étalons   pour  les 
haras  de  l'Etat,  326.  —  Concours  de  poulains 
à  Abbeville,  326. 
Chiens    —  Exposition   canine   à  Paris,   130.  — 
Herd-book  des  races  canines  en  Suisse,  204. 
Choléra.  —  Interdiction  de  1  entrée  à  Paris  des 
légumes   et  fruits  provenant    du   Var  et  des 
Bûuches-du-Rhône,   45.  —  Le  progiès  agri- 
cole et  le  chidéra,  113. 
Chronique   agricole  du    5  juillet,   5;   — du  12 
juil  et,    41  ,  —   du  19    juillet,   81;  —  du  26 
juillet,  121;  —  du  2aoùl,  161  ;  —  du  9  août, 
201  ;  —   du    16  août,  24f  ;  —  du  23  août, 
281  ;  —  du  30  août,  321  ;  —  du  6  septembre, 
361  ;  —  du  13  septembre.  401  ;  —  du  20  sep- 
tembre, 441  ;  —  du  27  septemhre,  481 . 
Comices.   —    Discours  prononcé    par  M.  Méline 

au  Comice  de  Remircmnnt,  372. 
Commerce  agricole.  —   Revue  commerciale  du 
5  juillet,  35;   —  du  12  juillet,  75;  —  du  19 
juil  et,   1.5;    —  du  26  juillet.    154:- du  2 
août,  195  ;  —  du  9  août,  235;  —  du  16  août, 
275;  —  du  23  août,  315;—  du  30   août,  355; 
—  du  6  septembre,  395;  —  du  13  septembre, 
435;  —  du  20  septembre,  475;    -  du  27  sep- 
tembre, 510.  —  Le  commerce  des  fruits,  31. 
B.iiss;   du   prix   des  blés,  281.  —  Commerce 
du    bét:iil  et  de    la    viauile    en  France   et  en 
Angleterre,  417. 
Communes.  — Situation   financière    des   com- 
munes, 481. 
Comptabilité  agricole.  —Essai  de  classification 

des  ciimptcà  264. 
Concours  genéial  agricole  de  Paris  en  1885.  — 
Public  uion  du  [iroïiamme,  452.  —  Analyse 
de  ce  programme,  4*57. 
Concours  régionaux.  — Les  concours  régionaux 
de  1884  ,  5.  —  Comptes  rendus  des  concours 
régionaux  de  Rodez,  13  ;  —  de  Saint-Omer, 
23;  —  de  Gap,  59,  93  ;  —  du  l'uy,  134  — 
Discours  prononcé  par  M  Tis-erand.  au  con- 
cours du  Puy,53.  —  Les  mérinos  auconcour" 


TABLE  ANALYTlQrJE  DES  .MATIKRES. 


51 


(loSaint-Omei-,  160.  —  Discours  protioiioépar 
M.  Heuzé  au  concours  de  Dôle,  '2TÎ- 
-Concours  divers.  —  Confuurs  internaliunaux  de 
macliines  agricoles  à  Turin,  11.  —  lixpo^i- 
tion-raarclié  d'inslrumenls  ayrico'es  à  lic- 
sançLin,  11.  —  Concours  de  nioissùoneuses  à 
Bar-6ur-AuLie    et    à  Issoudun,  45.  — Saciùtii 

■d'agriculture  de  llhàion-sur-Saône,  li(>,  489. — 
Concours  liippique  de  Brest,  (14.  —  Comice  de 
Luneviile,  89.  —  Société  d'agriculture  de 
l'oitiers,  129. —  Goricjurs  de  livrets  de  caisse 
d'épargne  eu  Sologne,  130.  —  Association  hre- 
tonne,  164.  —  Société  d'agriculture  de  Fon- 
tainebleau, 16.'). —  Comice  de  Seine-et-Oi>e, 
llia.    —    Société    d'.ig  iculture    de    Tarn-el- 

■Garonne,  'lO'j.  —  Coacoursde  moissonneuses- 
lieuses  en  Angleterre,  2't6,  -iS'i.  —  Coicouis 
départeuieiral  delaSarthe,  285.  — Concours 
hippiques  dans  la  Seine-Ioféneu-e,  28ô.  — 
Socicté  d'igriculture  de  Douai,  286.  —  Co- 
mice de  Trevouï,  286  —  Concours  de  char- 
rues sulfureuses  dans  l'Aude,  366.  —  Comices 
de  Cliâlons-sur-Marne,  367;  —  d'Albi,  367; 

—  de  Ciiàtelierault,  368.  —  Société  d'agri- 
culture de  Douai,  368.  —  Comice  de  Reims, 
406.  —  Société  d'agriculture  de  Bayeux,4Q7. 

—  Société  d'agi  iculture  d'ille-et- Vilaine, 
427  ;  —  de  Wassy,  48J;  —  du  Tarn,  489;  — 
de  l'Eure,  494;  —  de  Pont-Audemer,  004.  — 
Concours  de  l'Association  bietonne,  466. — 
Concours  de  la  race  ovine  du  I.arzao,  475. 

Congrès  de  boulaiigerieà  Paris,  46.  —  Congrès 
de  laiterie  à  Giocssier,  91,  491. —  Congrès 
phyllixérique  à  Turin,  163,  203.  —  Congrès 
de  l'Association  bretonne,  164.  —  Congrès 
pomologique  de  Rouen,  4(14. 

Conseils  gé  éraux.  —  Session  d'août  des  Con- 
seils généraux,  3  21,  402. 

Courses  de  taureaux.  —  Sur  leur  imporlation 
en  Fiance,  75 

Crédit  agricole.  —  Organisation  du  crédit  agri- 
cole, 152.  —  Enquête  sur  le  crédit  agricole, 
154. 

Distilleries.  — Appareils  pour  le  chargement  et 
le  déchargement  des  macéraleurs,  298. 

Distinctions  pour service>  à  l'agriculture,  162. 

Douanes.  —  Projet  de  loi  portant  modification 
du  tarif  général  des  douanes,  311,  434. 

Droit  rural.  —  Servitudes  réelles;  fonds  encla- 
vés, 22.  —  Les  vices  rédhibilores  dans  les 
ventes  et  échanges  d'animaux  domesiiques, 
102,  140,  167,  201,233.  —  Fossé  séparatif  de 
deux  heriiages;  mitoyenneté,  184. 

Echanges  d'immeubles  ruraux.  —  Projet  de 
loi  sur  les  droits  fiscaux,  81,  123,  '202. 

Economie  rurale.  —  Le  progrès  dans  1  étendue 
dts  cul  ures,  458. 

Ecoles  nationales  d'agricullurB.  —  Admission 
des  candidats,  366. 

EcreviïSes.  —  Réglementation  de  la  pèche  des 
écrevisses,  89.  —  La  maladie  des  écrevisses, 
109. 

Effeuilleu-e  de  houblon  de  Herbin,  417. 

Eleclricilé.  —  Transport  de  la  force  par  l'élec- 
tricité, 164. 

Engrais.  —  Le  stiperphosphate  en  Soloffiie,  219. 

—  Expi'Tiences  sur  l'empl  ii  desengrais  "ZOtés, 
247.  —  Emploi  des  superphosphaie-,  331. 

Enquêtes.  —  Enquête  parlementaire  sur  lasi- 
toulion  de-  ouvriers  de  l'industrie  et  de  l'agri- 
culture en  France,  86.  —  L'enquête  agricole 
de  r.^i-ne,128,  204. 

Ensei^'nementagr-cole.  —  EJ;o)e  nationale  d'hor- 
ticulture de  Versai lle.s,  87.  128.  —  Ecole  pra- 
tique d'a-riculture  des  .Merchii.es,  88.  — 
ContXJUrs  d'admiasion  à  la  ferme-école  Je  la 
Pilletière,  2U3.  —  Nomination  de  M.  Lacoste 
à  la  chaire  d'agricullure  du  Gers,  203.— 
Conférences   rurales  dans  laCôte-d'Or,  2(.'i. 

—  Ecole  pratique  d'agriculture  de  Rouïini, 
•248.  —  Conléreiices  viiicolesde  Villefranche, 
283. —  Ecole  pratique  d'agricultuie  Mathieu 


de  Dombasie,  283. — Ecole  pratique  d'agri- 
culture d'Kcully,  284;  —  de  la  Haute- .Marne. 
284,  484  ;  —  de  la  iMolière.  40.>  ;  —  de  Saint- 
Remy,  483. —  Ferme-écde  de  la  llaule- 
Gaionne,  40.î;— de  l'Arièg--,  485;— du  Lot, 
4S4  ;  —  de  la  Nièvre,  485  ;  —  de  la  Cliarenle- 
Inférieure,  'i8.').  —  L'enseignemeat  agricole 
eu  Suisse,  406. 

Ensilage.  —  Ensilage  'des  fourrages  verts  à 
l'air  libre,  327,  S.'jO,  372. 

Ktats-Unis.  —  L'agriculture  aux  Etats-Unis  en 

1883,  501. 

E.\posiiion  agricole  internaiionale d'Amsterdam. 

—  .Nombre  d'ex|iosints  français,  43.  —  No- 
mination du  commissaire  général,  87.  — 
Participation  de  la  France,  282  —  Liste  des 
membres  du  jury,  244.  —  Distribution  des 
récompenses,  361.  —  Compte  rendu  général, 
421,  007.  —  Liste  des  prix,  470. 

Exposition  internationale  à  Anvers,  43.  —  Ex- 
position forestière  à  Elimbourg,  130,  488. — 
Exposition  canine  à  Paris,  130.  —  Exposition 
universelle  d'horticulture  à  la  Nouvelle-Or- 
léans, 286.  —  Les  chemins  de  fer  portatifs  à 
l'exposition  japonaise  de  Kioto,  407. 

Fermes.  —  La  ferme  du  Chalet  près  de  Rennes, 
144.  —  Une  ferme  à  betteraves  riches  dans 
le  Pas-de-Calais,  'i<0. 

Forêts.  —  Exposition  à  Edimbourg,  488. 

Fourriges.  —  Conservation  des  fourrages  verts 
à  l'air  libre,  327,  3.i0,  372. 

Fumier.  —  Emploi  du  fumier  de  cheval,  32.  — 
Déperdition  d'azote  pendant  la  fermentation 
des  fumiers,  432. 

Fruité.  —  Le  commerce  des  fruits,  31. 

Fusa'iun  iienisequuin  [[e]  du  platane,  267. 

Greirige.  —  Buttage  des    plants  greffes,    301. 

Grêle.  —  Crédit  voté  pour  secours  aux  agri- 
culteurs éprouvés  par  la  grêle,  282. 

Haricots.  —  Les  haricots  nains,  de  l'Ariègc, 
389. 

Herd-book.  —  Création  du  hcrd-book  normand, 
106.  —  Le  herd-book  suisse,  164.  —  Herd- 
book  des  races  canines  en  Su'sse,  204. 

Horticulture.  — Les  fleurs  doubles  et  les  (leurs 
simples,  111.  —  Exposiiion  universelle  d'hor- 
ticulture à  la  Nouvelle-Orléins,  286,  488.  — 
Cerisier.^  du  Sud-Ouest,  341.  —  Exposition 
d'horticulture    et  de  viticulture  à  Lyon,  '39Ô. 

—  La  prime  d'honneur  de  l'horticulture  dans 
la  Marne  en  1884,  456.  —  Lierres,  glycines 
et  bu. s,  506 

Houblon.  —  L'efTduil'age    du  houblon,  416. 
Houille.  —  Etude  sur  son  origine,  227. 
Institut   national  agronomique.  —    .\dmissioii 
des  candidats,  367.  —  Kièves  diplômés  en 

1884,  483. 

Inventions  agricoles.  —  iinalyse  des  brevets 
pris,  192,  2.52,  273,  310,  '352,  431,  463,  509. 

Irrigations.  —  L'irrigation  ues  vignes,  168. 

Labours.  —  Façons  à  donner  aux  terres  après 
la  moisson,  3;j0. 

Laiterie.  —  Importance  de  l'imlustrie  laitière 
en  Angleterre,  89.  —  Création  d'une  école  de 
laiterie  à  Sadbury,328.  —  L'industrie  laitière 
et  les  fabriques  'le  produit  du  lait,  342. 

Légion  d'honneur.  —  Décorations  pour  services 
l       rendus  à  l'agriculture,  9,  82. 

Levure.  —  Culture  de  la  levure  du  vin,  127. 

Locjmobil-i  du  système  Rjzulin,  183.  —  Loco- 
i       mobile  à  vapeur  du  système  Merlin,  497. 

Loups.  —  Frimes  payées  en  1883  pour  leur 
destruction,  45. 

.Maladi-s  coiitigieiises Eludes  de  M.  Pasteur 

sur  leur  prophylaxie,  123,  208,  241. 

Mérite  agricole.  —  Décorations  dai.s  l'ordre  du 
.Mérite  agricole,  83,  282,  323.  4.-)l. 

Méléorolog  e  agricole.  —  Observations  du  mois 
de  juin,  53;  —  du  mois  de  juillet,  290;  — 
du  mois  d'août,  409.  —  Climatologie  de 
Graiid-Jouaii ,  180.  —  La  sécheresse  en  Aus- 
tralie, 275. 


520 


TABLE  ANALYTIQUE  DES    MATIÈRES. 


Mission  a{;riinl('  en  Allemagne  et  en  Autriche, 

A3,  88,  I'j4,  'iKS,  324. 
Mildew.     —     Moyens      de     destruction.      73, 

483. 
Moisson.  —  La  moisson  de  1884,  4L  81,  161, 

273,  281,    322.   —   Boissons  hygiéniques  en 

temps  de  moisson,  167. 
Moissonneuse  lieuse    de   Mac-Ccmick.    6S.    — 

Expériences    de    moissonneuses-lieuses,    16.ï 

—  Moissonneuse-lieuse  de   Samuelson,  220. 

—  Concours  de  moissonneuses- lieuses  en  An- 
ylelerre,  246,  284. 

Moulins  à  vent  agricoles,  20. 

Moutons.  —  Les  mérinos  au  concours  de  S.iint- 
Ome^,  169,  245.  —  Concours  de  la  race  ovine 
du  Larzao,  475. 

Nécrologie.  —  MM.  Girardin,  7;  —  de  Gines- 
tons,  8;  l'abbé  Moigno,  La  Caze,  124;  —  le 
baron  Thenard,  245,  289;  —  Ch.  du  l'eyral, 
365,  413;  —  J.-A.  barrai,  401,  449,  472.  — 
Obsèques  de  M.  J.-A.  Barrai,  443. 

Nitrates.  —  Présence  dans  les  végétaux,  6.  — 
Action  nitrifiante  des  sels  contenus  dans  le 
sol.  392. 

Oiseaux.  — La  mésange  herbivore,  235. 

Orphelinats  agricoles  d'Algérie,  88. 

(Mlréiculture  (!')  au  rocher  de  TEstrées,  67. 

Pâtures.  —  Création  des  pâtures,  105. 

Phylloxéra  vasiatrix.  —  Vente  et  transport  du 
sulfure  de  carbone  par  la  Compagnie  de  Lyon, 
9.  —  Projet  de  loi  relatif  aux  zones  fianches 
de  l'Ain  et  de  la  Haute-Savoie,  10.  —  Mtsures 
contre  l'inlroiluclion  du  phylloxéra  en  Al- 
gérie, 33.  —  Subventions  accordées  à  des  syn- 
dicats de  viticulteurs,  44.  —  Effets  de  la 
greffe  des  vignes,  45.  —  Remède  proposé  par 
M.  Riley,  88.  —  Congrès  phylloxérique  inter- 
national à  Turin,  162,  2o3.  —  Badigeonnage 
des  vignes  phyllo.xérées,  187.  —  Sociélé  pour 
faciliter  la  reconstitution  des  vignes  dé- 
truites ,■  203.  —  Extension  du  phylloxéra,  246. 

—  Circulaire  réglant  les  conditions  du  trans- 
port des  plants,  arbres  et  arbustes  provenant 
des  arrondissements  phylloxérés,  282. — Appa- 
rition dans  la  Loire-Iiilérieure,  366.  —  Les 
vignes  du  Plaud-Cbermignac,  482. 

Pisciculture.  —  Li  sardine.  12,  216. —  La  pis- 
ciculture dans  le  Limousin  en  1884,  23.  — 
L'ostréiculture  au  rocher  de  l'Estrées,  67.  — 
Les  écrevisses,  109.  —  Enquête  sur  la  situa- 
tion piscicole  du  Cher.  20.5.  —  Les  assole- 
ments en  pisciculture,  306.  —  Station  pisci- 
cole de  Naples,  375. 

Plantations.  —  Choix  des  arbres  pour  les  plan- 
talions  des  villes,  208. 

Police  sanitaire  des  animaux.  —  Concours  pour 
un  emploi  de  vétérinaire  de  la  ville  de 
Troyes,  12.  —  Concours  pour  l'inspection  de 
la  boucherie  à  Paris,  129,  367.  —  Décret  re- 
latif au  département  de  Maine-et-Loire,  204. 

—  Arrêtés  interdisant  ou  autorisant  l'intro- 
duction d'animaux  en  France,  45,  326,  431. 

—  La  légi.-lation  et  la  police  sanitaire  devant 
la  vaccination  préventive,  334. 

Pomologie     —   Concours   et   congrès   pomolo- 

giques  de  Rouen,  404. 
Primes  d'honneur  et  prix  culluraux  décernés 

dans  l'Aveyron,  15;  —  dans  le  Pas  de-Calais, 

28;  —  dans   les  Hautes-Alpes,  95;  —  dans  la 

Haute-Loire,  136,  249,  29o; — dans  la  Marne, 

347,  385,  409,  456. 
Pulpes.  —  Emploi  des  pulpes  de  diffusion  pour 

l'alimentation  du  bétail,  486. 
Pulvérisateur  Riley,  378. 
Rage. —  Résultat  des  recherches  de  M.  Pasteur 

sur  la  prophylaxie  de  la  rage,  208,  241. 


Reboisements.  —  Emploi  de  l'allante  dans  les 

reboisements,  46i. 
Récolles.  —  Nouvelles  de  l'état  des  récoltes  en 
terre,  41,  46,  115,  131,  161,  194,  206,  287, 
407,  490.  —  Situation  agricole  dan«  la  Vendée, 
32;  -—  dans  la  Drôme,  114;  —  en  Belgique, 
195; — en  Normandie,  272;  —  dans  la  Marne, 
340;  —  dins  l'Allior,  354;  —  dans  Seine-et- 
Oise,355; —  dansl'ooest,  391  ; —  dans  le  Var, 
415  ;  —  dans  Maine-et-Loire,  5U6. —  Les  résul- 
tais de  la  récolte  de  1883,  42;  — de  1884,  362. 
—  La  récolte  de  1884  dans  le  Cher,  390. 
Revenu   foncier.  —  Evaluation  du   revenu  des 

propriétés  non  bâiies,  322. 
Scies  circulaires  à  bras  d'homme,  58- 
Semences.  ^  Nettoyage  des  semences  de   fro- 
ment, 261. 
Sériciculttire.  —  Les  éducations  de  versa  soie 

(tans  les  Pyrénées-Orientales,  366. 
Société  nationale  d'agriculture  de  France.  — 
Séance  solenoelle  du  2  juillet,  34,  48.  — 
Comptes  rendus  des  séances  hebdomadaires. 
52.  115,  154,194,  207,275,  288,  354.— 
Récompenses  décernées  en  1884,  34.  —  Dis- 
cours piononcéspar  MM.  Mt-'ine  et  Chevreul 
à  la  séance  solennelle  du  2  juillet,  48.  — 
Election  de  M.  Carnot  comme  membre 
associé,  124.  —  Hommage  à  M.  Chevreul, 
328.  —  Compte  rendu  annuel  des  travaux  de  la 
Société,  170,212,  253. 
Société  des  agriculteurs  de  France.  —  Tarif  du 

laboratoire.    162. 
S.c'été    viticole    de    France.    —   Fondation, 

203. 
Statistique    agricole.    —    Atlas  statistique    de 
l'étendue  des  diverses  cultures  en  France. 
4.58. 
Sucres.  —  Discussion  de  la  nouvelle  loi  sur  le 
régime   des   sucres,   6,   43,  81,   121,  161.  — 
Texte  de  la  loi,  191 .  —  L'industrie  sucrière  en 
Allemagne,  71.  — Règlement  relatif  à  l'abon- 
nement dans  les   conditions  de  la  nouvelle 
loi,   202.  —  Les  sacres  allemands  en  Amé- 
rique, 324. 
Sulfure  de  carbone.  —  Etude  de  la  diffusion  du 

sulfure  de  carbone  dans  le  sol,  325. 
Syndicats  agricoles.   —    Syndi(  it    pour  l'achat 
"des  engra's   dans  la  Dordogne,  325; —  dans 
la  Drôme,  485. 
Tarares  et  trieurs  du  système  Presson,  261. 
'l'ourteaux.  —  Emploi  des  tourteaux  de  sésame 

dan?  l'alimentation  du  bétail,  465. 
Trèfle.  —  Le  trelle  violet  d'Amérique,  19. 
Vaccination  préventive.  —  Utilité  de  la  vacci- 
nation préventive  des  animaux,  334. 
Vaine  pàiure.  —  Suppression  ou  réglementation 

de  la  vaine  pâture,  269. 
Vigne.  —  Culture  dans  les  sables,  10.  —  Pro- 
cédés de  destruction  des  cryptogames  de  la 
vigne,  73.   —  Situation    en   Bourgogne,  155. 
—  Irrigation  des  vignes,  168.  —   badigeon- 
nage  des  vignes  phylloxérees,  187.  — Expo- 
sition viticole  d'Epernay,  205.  — Décret  rela- 
tif à  la  circulation  des   raisins  et  des  marcs 
dans  les  zones  frontières  de  la  France   et  de 
l'Allemagne,  274. 
Vinage  à  prix  réduit,  141.  —  Discussion  du  pro- 
jet de  loi  sur  le  vinage.  167. 
Vins. —  Pétition  relative  au  commerce  des  vins, 
124.  —  Culture  de  la  levure  du  vin,  127.  — 
Fabrication  des  vins  de  sucre,  288.  —  Décan- 
tation des  vins,  339. 
Volailles.  —  Les  petits  animaux  de  la  ferme, 
146.  —  Elevage  des  poulets   dans  le   Tarn, 
473.  —  La  basse-cour  a  l'exposition  d'Amstei- 
I       dam,  507. 


FIN   DE  LA   TABLE   DU  TROISIÈME  VOLUME  DE   1884. 


JOURNAL 


DE 


L'AGRICULTURE 


ANNÉE    1884,  TOME  QUATRIÈME 

(octobre   a  décembre) 


Le  JOURNAL  DE  L'AGRICULTURE,  fondé  le  20  juillet  1866,  a 
successivement  fusionné  avec  le  Journal  de  la  Ferme  et  des  Maisons 
DE  campagne  et  avec  la  Revue  de  l'Horticulture.  Il  s'occupe  de  toutes 
les  questions  de  pratique  et  de  science  agricoles,  de  législation  rurale, 
d'économie  politique  ou  sociale  dans  ses  rapports  avec  la  vie  rurale, 
enfin  il  donne  tous  les  développements  nécessaires  aux  progrès  de 
la  viticulture,  de  l'horticulture,  de  l'arboriculture  et  de  la  culture 
maraîchère;  il  traite  aussi  bien  de  la  production  des  jardins  que  de 
celle  des  champs. 

11  appartient  à  une  Société  composée  de  840  agriculteurs  ou  agro- 
nomes de  toutes  les  parties  de  la  France  et  de  l'étranger. 


JOURNAL 


DE 


L'AGRICULTURE 

DE    LA    FERME    ET   DES    MAISONS    DE    CAMPAGNE 

DE    LA    VITICULTURE,    DE    L'HORTICULTURE 

DE    L'ÉCONOMIE    RDRALE    ET    DES    INTÉRÊTS    DE    LA    PROPRIETE 

FONDÉ  PAR  J.-A.  BARRA L 


RÉDACTEUR  EN  CHEF  :  HENRY     SAGNIER 


Conseil  de  direction  Scientifique  et  Agricole  : 

ALM.    GASTON  BAZILLE,    a\REAU,  P.    DE   GASPARIX,     KOUETTE-DELORMi:, 

HENRY  SAGNIER.  A.   VANDERCOLME.     N... 


ANNÉE  1884,    TOME   QUATRIEME 
(octobre   a  décembke) 


/r-f7c. 


PARIS 

Al\   BlREAliX  Dl  JOLRXIL  DE  L'AGRlCtLTlRE 

Chez  M.  G.  MASSON,  libraire-éditeur,  lîO,  boulevard  Saint-Germaiu 

1884 


Le  Journal  de  l'Agriculture  paraît  tous  les  samedis  en  une  livraison  de  52  à 
68  papes,  avec  de  nombreuses  gravures  noires  intercalées  dans  le  texte  et  des 
planches  noires  ou  coloriées  hors  texte.  —  Il  forme  par  an  quatre  volumes  de 
500  à  600  pages  chacun. 


PRIX   DE   L'ABONNEMENT  : 

FRANCE:  un  an,  20  fr. ;  —  six  mois,  11  fr.;  —  trois  mois,  6  fr.  — On  numéro,  50  centime 

Pour    tous   les   pays  de  l'Union  postale  :   un    an,    22   fr. 
Pour  tous  les  autres  pays,  le  port  en  sus. 


LES    PAYS    FAISANT    PARTIE    DE    L  UNION    POSTALE    SONT  : 

Allenagne  —  Autriche  —  Belgique  —  Danemark  —  Espagne  —  Etats-Unis  —  Grande-Bretagne    —  Grèce 

Hongrie  —  Italie  —  Luxembourg  —  Monténégro  —  Norvège  —  Pays-Bas  —  Portugal 

Ruuroînie   —  Russie  —  Serbie  —  Suède —  Suisse —  Turquie —  Egypte  —  Tanger  et  Tunis 

Perse  —  B~ésil  —  République  argentine  —  Pérou  —  Colonies  françaises 

La  plupart  des  colonies  étrangères. 


JOURNAL 


DE 


L'AGRICULTURE 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (4  octobre  ,884). 

liôuniou  des  Caiiseils  de  direction  et  de  siii-veillance  du  Journal  de  l'agriculture.  —  Nomination 
de  M.  Henry  Sagnier.  —  Programme  de  la  direction  du  Journal.  —   Aperçu  de  la   situation 

agricole  en  France.  —  Discussions  relatives  aux  tarils  de  douane  sur  les  denrées  agricoles.  

Les  transformations  culturales  à  opérer.  —  nuestions  qui  demandent  des  solutions.  —L'avenir 
de   l'enseignement    agricole.  , —    Les    grands    travau.x    publics    agricoles.    —   Le    phylloxéra. 

—  Rapport  de  M.  Balbianisur  ses  expériences   relatives  à   la  destruction   de  l'œuf  d'hiver   du 

phyloxera.  —  Décret  sur  l'exportatton  des  ceps  et  des  sarments  de  vigne.  Recherches  de 

M.Deliérain  survies  fermentations  du  fumier  de  ferme.  —  Conclusions  de  ces  recherches. Elèves 

admis  à  l'Ecole  nationale  forestière  de  Nancy.  —  Le  prochain  congrès  et  le  concours  pomolo- 
gique  de  Rouen.  —  Concours  de  fromagerie  à  -Meaux.  —  Concours  spécial  pour  la  race  bovine 

gasconne.  —  Concours  d'instruments  d'agriculture  et  de  viticulture  dans  l'Ariège.  Nouvelle 

société  d'agriculture  d'Avranche —  Concours  internationaux  de  bétail  à  Budapest  en   1885.  

L'emploi  du  pavot  double   pour  la  consolidation  des  talus  en  remblai. —  Note   de    ,'\L  Cambier. 

—  Obser\'ations  de  M.M.  Vilmorin-Andrieux.  —  Les  foins  de  Thonon.  —  Arrachage  des  bet- 
teraves. —  Ouverture  ce  la  campagne  sucrière.  —  Discours  de  M.  de  Hédouvile  au  concours  de 
Chevillon.  —  Comptes  rendus  des  concours  des  associations  agricoles. 

I.  —  La  direction  du  Journal  de  l'agriculture. 
Les  Conseils  de  direction  et  de  surveillance  de  la  Société  du  Journal 
de  l'agricuUure,  dans  leur  réunion  du  30  septembre  1884,  ont  adopté  la 
résolution  suivante  : 

«  Les  Conseils  de  direction  scientifique  et  de  surveillance  expriment  leurs  refrets 
unanimes  pour  la  mort  de  M.  Barral,  et  ils  décident  d'envoyer  à  sa  veuve  et  à 
sa  famille  l'expression  de  ces  regrets  et  de  la  part  qu'ils  prennent  à  leur 
douleur . 

«  Vu  les  propositions  de  l'Administration,  et  le  désir  plusieurs  fois  exprimé 
par  M.  J.-A.  Barral,  conformément  aux  droits  qui  lui  étaient  attribués  par  les 
statuts  :  l'assemblée  des  deux  Conseils  décide  qu'il  y  a  lieu  de  confier  à 
M.  Henry  Sacnier  les  fonctions  de  rédacteur  en  chef  du  Journal  de  l'agricuUure, 
jusqu'à  la  réunion  statutaire  des  fondateurs  au  mois  de  février  I88i,  où  sa  nomi- 
nation définitive  sera  soumise  ati  vote  de  l'Assemblée. 

Les  membres  du  Conseil  de  direction  : 

Gaston  Bazille,  sénateur  membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture  ; 

Gareau,  membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture  ; 

Paul  de  Gasparin,  membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture,  correspondant 
de  l'Institut  ; 

Nouette-Delorme,  lauréat  de  la  prime  d'honneur  du  Loiret,  membre  île  k 
Société  nationale  d'agriculture  ; 

Vandercolme,  agriculteur  à  Rexpoéde  [Nord),  correspondant  de  la  Société 
nationale  d'agriculture. 

Les  membres  du  Conseil  de  surveillance  : 

Bignon,  membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture  ; 

A.   Lauure,  imprimeur  à  Paris  ; 

DE   LA  MoRvoNNAis,  agriculteur  à  Bruz,  près  Rennes  (Ille-et-Vilaine)  ; 

Savalle,  directeur  de  la  maison  D.  Savalle  et  Cie,  à  Paris. 

«  En  conséquence,  M.  Henry  Sagnicr  est  nommé  r,4dacteur  eii  chef  du  Journal 
de  l'agriculture.  » 

La  confiance  que  nous  témoignent  des  hommes  aussi  distingués  que 
ceux  dont  on  vient  de  lire  les  noms  est  un  grand  honneur  pour  nous. 
Nous  ferons  tous  nos  efforts  pour  la  mériter  de  plus  en  plus  dans 
l'avenir. 

N»  808.  —  Tome  IV  de  IBSi.  —  4  Octobre. 


6  CHRONIQUE  AGRICOLE  (4  OCTOBRE  1884). 

II.  — Notre  programme. 
Lorsque  M.  Barrai  fonda  le  Journal  de  l'agriculture,  il  en  rédigea  le 
programme  dans  les  termes  suivants  :  «  Le  Journal  défendra  toujours 
les  intérêts  et  les  vœux  de  l'agriculture  ;  il  sera  une  tribune  toujours 
indépendante  et  toujours  abordable  à  tout  cultivateur,  à  tout  écrivain 
consciencieux  qui  aura  une  idée  à  émettre  sur  les  choses  agricoles;  il 
tiendra  toujours  à  rapprocher  et  non  à  diviser  la  grande  classe  des 
hommes  qui  travaillent  à  l'amélioration  des  masses  par  la  fécondation 
du  sol.  5)  Il  ajoutait  encore  :  «  Il  est  nécessaire  qu'il  y  ait  une  enquête 
permanente,  spontanée,  dans  laquelle  la  vérité  soit  dite  avec  fermeté. 
Le  devoir  du  publiciste  agricole  n'est  pas  de  chercher  à  faire  prévaloir 
un  système  particulier  envers  et  contre  tous  :  son  devoir  est  de  faire 
en  sorte  que  la  lumière  pénètre  dans  tous  les  coins  et  recoins  de  la 
constitution  du  domaine  agricole.  Il  doit  laisser  chacun  exposer  ses 
propres  observations.  Les  conclusions  doivent  en  quelque  sorte  sortir 
d'elles-mêmes  de  l'examen  universel  auquel  toutes  les  questions  sont 
soumises.  On  peut  combattre  soi-même  avec  ardeur  pour  un  syslèmedé- 
terminé;  mais  il  faut  aussi  laisser  à  ses  adversaires  le  champ  libre  pour 
exposer  avec  non  moins. d'ardeur,  si  cela  est  nécessaire,  les  opinions 
opposées.  M 

Le  Journal  de  t agriculture  est  toujours  resté  fidèle  à  cette  ligne  de 
conduite.  Nous  voulons  le  maintenir  dans  la  même  voie,  et  nous  espé- 
rons que  tous  nos  collaborateurs  nous  seconderont  dans  la  tâche  que 
nous  entreprenons  ;  nous  les  connaissons  depuis  assez  longtemps  pour 
compter  sur  leur  concours. 

C'est  au  milieu  de  circonstances  particulièrement  difficiles  que  le 
fardeau  de  la  direction  du  Journal  nous  incombe.  Jamais  peut-être 
l'agriculture  française  ne  s'est  trouvée  dans  une  situation  aussi  pénible 
que  celle  dont  nous  sommes  les  témoins.  Les  prix  d'un  grand  nombre 
de  denrées  se  sont  avilis,  la  valeur  de  la  terre  s'est  dépréciée  dans 
maintes  régions,  le  découragement  se  manifeste  de  toutes  parts.  Des 
trois  grandes  productions  de  la  culture  :  blé,  vin,  viande,  cette  der- 
nière est  la  seule  qui  donne  aujourd'hui  des  profits  assurés.  La  vigne 
est  profondément  atteinte  par  le  phylloxéra,  et  le  commerce  des  vins 
est  troublé  par  les  conséquences  de  traités  de  commerce  mal  conçus, 
et  surtoutmal  appliqués.  Quantau  blé,  les  prix  en  sont  tombés  aux  taux 
les  plus  bas  que  l'on  connaisse;  c'est  seulement  dans  les  cultures 
à  rendements  élevés  et  organisées  avec  une  grande  habileté,  que  l'on 
peut  arriver  à  obtenir  des  résultats  rémunérateurs.  Aussi,  de  toutes 
parts,  les  Conseils  généraux,  les  Associations  agricoles  réclament 
l'intervention  du  gouvernement,  pour  réaliser  une  revision  des  tarifs 
de  douanes  établis  sur  les  denrées  agricoles,  en  d'autres  termes,  pour 
relever  ces  tarifs  en  faveur  de  la  production  nationale.  Le  ministre 
de  l'agriculture  a  pris  les  devants  en  ce  qui  concerne  le  bétail;  la 
question  sera  certainement  soulevée,  à  la  rentrée  des  Chambres,  pour 
les  autres  produits  du  sol. 

Est-ce  à  dire  qu'il  suflira  d'un  relèvement  de  tarifs  pour  mettre  fin 
à  la  crise  qui  nous  étreint?  Personne  ne  peut  le  prétendre.  La  princi- 
pale, la  vraie  cause  de  l'effondrement  des  cours,  c'est  la  rupture  de 
l'ancien  équilibre  entre  la  production  et  la  consommation  dans  le 
monde  entier,  dont  toutes  les  parties  sont  désoi'mais  solidaires.  La  pro- 
duction a  marché  plus  vite  que  la  consommation  :  il  en  est  ainsi  pour  le 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (i  OCTOBRE   1884).  7 

blé,  pour  le  sucre,  pour  les  laines,  etc.  Il  y  a  pléthore  et,  par  suite  de 
l'eacombrement  des  marchés,  les  prix  de  vente  sont  avilis.  Il  faut  donc 
réagir  contre  cette  pléthore,  en  cherchant  des  voies  moins  battues,  en 
s'ingéniantà  produire  des  denrées  dont  la  vente  serait  plus  facile.  On 
doit  rendre  cette  justice  au  Journal  de  ragricuUurc  qu'il  a  toujours  été 
au  premier  rang  de  ceux  qui  ont  prévu  le  danger  et  ont  indiqué  les 
moyens  de  le  conjurer.  A  la  fin  du  programme  que  nous  rap|)elions 
plus  haut,  M.  Barrai  disait  :  «  Le  progrès  de  l'agriculture  nationale 
n'est  plus  seulement  attaché  aujourd'hui  au  perfectionnement  des  pro- 
cédés techniques;  il  doit  surtout  ressortir  d'une  meilleure  organisation 
de  toutes  les  forces  qui  concourent  à  la  production  et  à  larépirlition 
des  richesses  agricoles.  »  Dans  ce  même  premier  numéro  du  Journal, 
en  1866,  Léonce  de  Lavergne  appelait  l'attention  des  agriculteurs  sur  la 
nécessité  de  réduire  les  emblavures  et  d'accroître  les  cultures  fourra- 
gères, et  M.  Paul  de  Gasparin  insistait  sur  les  ditûcultés  des  transfor- 
mations qui  s'imposaient  déjà.  De  ces  trois  fondateurs  du  Journal, 
M.  de  Gasparin  reste  seul  aujourd'hui,  et  nous  sommes  heureux:  de 
nous  appuyer  encore  sur  sa  grande  autorité.  On  lira  plus  loin  dans 
ce  numéro  un  article  magistral  qu'il  nous  a  envoyé  sur  la  question 
du  blé;  nous  serions  heureux  que  son  exemple  fût  suivi  par  un  grand 
nombre  dé  nos  correspondants. 

Le  mal  est  désormais  aigu  :  malgré  de  bonnes  récoltes  de  céréales, 
la  plupart  des  cultivateurs  sont  dans  une  situation  de  gêne  extrême; 
ceux-là  seuls  V  échappent  à  peu  près  qui  consomment  les  produits  qu'ils 
récoltent  et  combinent  leurs  cultures  de  façon  à  ne  faire  que  des  achats 
très  restreints.  Le  temps  où  les  fermiers  comptaient  sur  la  vente  du 
blé  pourpayerle  loyer  de  la  terre,  est  loin:  on  doit  faire  flèche  de  tout 
bois  pour  se  tirer  d'affaire.  Mais  on  ne  transforme  pas  un  assolement  d'un 
trait  de  plume,  on  ne  change  pas  d'un  coup  de  baguette  magique  les 
habitudes  de  toute  une  contrée.  D'autre  part,  on  ne  peut  pas  modifier 
le  cours  des  saisons;  il  faut  au  moins  deux  ans  pour  que  des  prairies, 
des  pâtures  donnent  quelque  produit,  pour  qu'un  troupeau  soit 
constitué.  En  admettant  même  que  tous  les  cultivateurs  se  livrent 
immédiatement  aux  transformations  qu'on  leur  conseille,  il  y  a  une 
période  de  transition  à  traverser,  pendant  laquelle  l'agriculture  a  le 
droit  d'être  sauvegardée.  On  ne  peut  pas  l'abandonner  sans  secours  aux 
charges  écrasantes  qui  pèsent  sur  son  dos.  Nous  nous  asso- 
cions donc,  sans  arrière-pensée,  aux  demandes  ayant  pour  objet 
d'apporter  des  modifications  aux  tarifs  de  douanes  sur  les  denrées 
agricoles;  nous  sommes  prêt  même  à  les  provoquer,  parce  que  nous 
pensons  que  c'est  aujourd'hui  un  acte  de  justice.  On  a  commencé  pour 
les  sucres  ;  aucune  raison  ne  s'oppose  à  ce  qu'on  applique  la  même 
règle  aux  autres  produits  du  sol.  Si  ces  accroissements  de  tarifs  ne 
produisaient  pas  l'effet  qu'on  en  attend,  il  sera  toujours  temps  d'y 
revenir.  En  tous  cas,  ainsi  que  le  disait  Léonce  de  Lavergne  dans 
l'article  que  nous  citons  plus  haut,  «  le  Trésor  y  gagnera  des  recettes 
qu'il  pourra  employer  à  dégrever  d'autres  charges,  et,  ce  qui  vaut 
mieux  eocore,  la  grande  famille  agricole,  aujourd'hui  divisée,  y  recou- 
vrera la  pais  et  l'unanimité.  « 

Bien  d'autres  questions  réclament  des  solutions.  Les  capitaux  ne 
manquent  pas  en  France,  mais  ils  s'éloignent  des  champs,  parce  que 
le  cultivateur  a  été  placé  par  le  code  civil  dans  des  conditions  d'infé- 


8  CHRONIQUE  AGRICOLE  (4  OCTOBRE   1884). 

riorité  qu'une  bonne  loi  sur  lecréclit  agricole  doit  faire  disparaître.  Les 
tarifs  de  transport,  surtout  les  tarifs  internationaux  des  chemins  de  fer, 
doivent  être  revisés.  L'enseignement  agricole  n'est  pas  encore  populaire 
chez  nous,  il  doit  le  devenir;  nous  comptons  beaucoup  à  cet  égard  sur 
une  application  éclairée  de  la  loi  de  1 882,  sur  le  professorat  agricole  qu'il 
ne  faut  pas  se  lasser  d'encourager,  sur  les  écoles  spéciales  qu'il  faut 
multiplier  et  dont  on  doit  étendre  l'action.  Toutes  les  œuvres  de  cette  na- 
ture trouveront  ici  un  concours  empressé  ;  nous  ne  ferons  d'ailleurs  que 
suivre  les  traditions  qui  nous  ont  été  léguées.  Il  en  sera  de  même  pour 
toutes  les  entreprises  propres  à  développer  la  prospérité  de  l'agriculture; 
nous  réclamerons  l'exécution  des  grands  travaux  d'irrigation, que  plu- 
sieurs régions  attendent  avec  impatience,  notamment  l'exécution  des 
canaux  dérivés  du  Rhône.  Nous  nous  associerons  de  toutes  nos  forces 
à  toutes  les  mesures  qui  seront  de  nature  à  assurer  une  meilleure 
répartition  des  charges  publiques,  et  par  suite  à  soulager  la  produc- 
tion du  sol. 

Le  programme  est  vaste,  mais  nous  espérons  qu'il  ne  sera  pas  au- 
dessus  de  nos  forces  et  de  celles  de  nos  collaborateurs.  Le  Journal  reste 
libéralement  ouvert  à  l'exposé  de  toutes  les  opinions,  de  toutes  les 
théories,  en  laissant  à  chacun  la  responsabilité  de  ce  qu'il  aura  écrit. 
Mais  nous  interdirons  absolument  les  discussions  purement  per- 
sonnelles, car  la  courtoisie  et  l'estime  mutuelle  sont  les  liens 
suprêmes  dans  une  famille  telle  que  celle  que  nous  formons  et  que 
nous  aspirons  à  resserrer  encore.  Les  incursions  sur  le  domaine  poli- 
tique ou  religieux  seront  rigoureusement  proscrites;  respectueux  de 
toutes  les  convictions,  nous  ne  voulons  en  froisser  aucune.  Le  progrès, 
toujours  le  progrès,  tel  est  le  drapeau  arboré  par  M.  Barrai;  nous  y 
resterons  fidèle. 

IlL  —  Le  phylloxéra. 

Onsait  quedepuis  plusieurs  années  M.  Balbiani,  profeseur au  collège 
de  France,  s'est  occupé  avec  ardeur  de  la  recherclie  des  moyens  de 
destruction  de  l'œuf  d'hiver  du  phylloxéra  en  vue  de  mettre  obstacle  à  la 
propagation  du  fléau  par  les  foyers  créés  par  les  descendants  des 
insectes  ailés.  Le  badigeonnage  des  ceps  de  vignes  avec  des  solutions 
insecticides  a  donné  Jes  meilleurs  résultats.  Le  Journal  officiel  du 
\"  octobre  publie  un  important  rapport  de  M.  Balbiani  au  ministre 
de  l'agriculture  sur  l'ensemble  de  ses  recherches  et  les  résultats 
auxquels  il  est  arrivé;  la  solution  que  M.  Balbiani  recommande  est  un 
mélange  d'eau,  d'huile  lourde,  de  naphtaline  brute  et  de  chaux  vive. 
Nous  publierons  ce  rapport  dans  notre  prochain  numéro. 

Nous  pjblierons  aussi  le  texte  d'un  décret,  rendu  à  la  date  du 
10  septembre,  qui  interdit  l'exportation,  à  destination  de  l'un  des 
pays  contractants  de  la  convention  internationale  phylloxérique  de 
Berne,  des  ceps  arrachés,  des  sarments,  échalas,  tuteurs  et  feuilles  de 
vigne. 

IV.  —  Recherches  sur  le  fumier  de  ferme. 

Nous  publions  plus  loin  (page  18)  une  deuxième  note  de  M.  Dehé- 
rain,  professeur  au  Muséum  d'histoire  naturelle  et  à  l'Ecole  nationale 
d'agriculture  de  Grignon,  sur  ses  recherches  relatives  aux  fermenta- 
tions du  fumier  de  ferme.  Cette  note  résume  la  deuxième  partie  de  ses 
études  sur  cet  important  problème  de  chimie  agricole.  Dans  le  der- 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (4  OCTOBRK  1884}.  9 

nier  fascicule  des  Annales  agron.orni')ues,  M.  Dehéi-ain  publie  le  texte 
complet  de  son  mémoire;  il  a  porté  ses  reclierelies,  d'une  part  sur  la 
fermentation  de  la  paille,  d'autre  part  sur  celle  du  fumier,  et  il  a  dé- 
terminé la  nature  des  ferments  auxquels  ces  transformations  sont  dues. 
L'étendue  de  ce  mémoire  nous  en  interdit  la  reproduction,  mais  nous 
devons  placer  sous  les  yeux  de  nos  Iscteurs  l'ensemble  des  conclusions 
auxquelles  le  savant  professeur  est  arrivé.  En  voici  le  texte  : 

1° La  paille  ne  s'oxyde  énergiquement  que  sous  l'inlliience  d'ua  ferment  (figuré; 

2°  L'oxydation  du  fumier  est  due  à  la  fois  à  un  ferment  figuré  et  à  une  action 
chimique  ; 

3"  Les  fortes  élévations  de  la  température  constatées  dans  le  fumier  de  ferme 
ne  s'observent  qu'aux  points  où  l'air  peut  pénétrer;  elles  sont  dues  à  l'action  de 
l'oxygène  libre  ; 

4"  A  l'abri  de  l'air,  le  fumier  de  ferme  éprouve  une  fermentation  neutre,  avec 
dégagement  de  formène; 

5"  Il  peut  éprouver  également  une  fermentation  acide  avec  dégagemeut  d'hydro- 
gène ;  l'acide  produit  dans  ce  cas  paraît  être  de  l'acide  butyrique; 

6'^  Il  arrive  parfois  qu'on  observe  une  fermentation  acide,  et  que  le  gaz  domi- 
nant soit  du  formène;  toutefois  il  n'a  pas  été  démontré  jusqu'à  présent  qu'il  se 
produit  dans  le  fumier  une  fermentation  acide  avec  déj^ageraent  de  formène  pur; 

7"  Les  expériences  précédentes  semblent  indiquer  qu'il  existe  au  moins  deux 
ferments  anaérobies  différents  ; 

8"  Il  paraît  probable  que  les  ferments  en  activité  dans  le  fumier  proviennent  du 
tube  intestinal  des  animaux. 

On  voit  que  M.  Dehérain  est  entré  dans  la  voie  ouverte  par  les 
grandes  découvertes  de  M.  Pasteur  sur  la  fermentation.  Dans  le  travail 
dont  nous  venons  d'exposer  les  conclusions,  il  rend  d'ailleurs  com- 
plète justice  aux  recberches  antérieures  de  M.  Reiset  et  de  M.  Tlienard, 
et  à  celles  plus  récentes  de  M.  Gayon,  directeur  de  la  station  agrono- 
mique de  Bordeaux. 

V.  —  Ecole  nationale  foreslière. 

Le  Journal  of/icicl  publie  la  liste  suivante,  par  ordre  de  mérite,  des 
candidats  nommés  élèves  à  l'Ecole  nationale  forestière  de  Nancy  par 
arrêté  ministériel  du  27  septembre  1884  : 

I.  Violette  (Auguste-Albert). — 2.  Cornefert  (Louis-René). — 3.  George  (Pierre- 
Camille-Auguste). — 4.  Boutilly  (Victor-Joseph-.4.drien). — 5.  Léger  (.Jcan-Baptiste- 
Gaston).  —  6.  Grosjean  (Daniel-Robert-.Jules).  —  7.  Pournier  (Jean-Baptiste- 
Antoine-.^lbert). — 8.  Pommeret  (Pierre-.^gnan-Joseph-Roger). — 9.  ûeroye  (Jean- 
Fernand).  — 10.  Morel  (Charles-Frédéric- Victor).  —  II.  Picard  (Louis-Ferdi- 
nand-Joseph).—  12.  Potel  (Louis-Amédée-Raoul).  —  13.  Longueville  (Edouard- 
Marie). —  14.  Ingold  (Hubert). — 15.  Campagne  (Antoine-Jean-Paul). — 16.  D'Es- 
parbès  (Henri-Marie-Léonce).  —  17.  MoUeveaux  (Joseph-Marie).  —  18.  Griess 
(George-Frédéric). 

Ces  élèves  devront  se  présenter  devant  M.  le  directeur  de  l'Ecole 
nationale  forestière,  à  Nancy,  le  15  octobre  courant,  à  midi. 

VI.  —  Concours  et  congres  pomologiques  à  Rouen. 

Le  concours  et  le  congrès  organisés  à  Rouen  par  l'Association  po- 
raologique  de  l'Ouest  s'ouvrent  le  3  octobre.  C'est  dans  l'hôtel  des 
Sociétés  savantes,  rue  Saint-Lô,  40,  que  se  tiendront  les  séances  du 
congrès  et  l'exposition  des  instruments  de  pressoir.  On  y  comptera  plus 
de  4,000  lots  de  pommes  à  cidre;  c'est,  par  conséquent,  l'exposition  la 
plus  importante  qui  aiteu  lieu  en  France  jusqu'ici.  Un  banquetpar  sous- 
cription aura  lieu  le  lundi  6  octobre;  la  distribution  des  récompenses 
se  fera  le  jeudi  9  octobre.  Le  Journal  rendra  compte  de  ces  solennités. 


10  CHRONIQUE  AGRICOLE  (4  OCTOBRE  1884). 

Le  Woolhope-Club,  société  pomologique  de  Hereford  (Angleterre), 
a  délégué  son  président  et  ses  principaux  membres  pour  prendre  part 
au  concours  pomologique  de  Rouen.  Cette  délégation  sera  accompagnée 
de  plusieurs  savants  pomologistes  anglais  :  elle  apportera  plus  de 
deux  cents  variétés  de  pommes  à  cidre  et  des  écliantilioris  de  tous  les 
grands  crus  de  cidre  et  poirés  du  Herefordskire,  qui  sont  fort  célèbres; 
nos  ancêtres  normands  sont  certainement  les  fondateurs  de  cette 
grande  culture,  qui  est  un  des  plus  beaux  revenus  des  grands  comtés 
du  sud  de  l'Angleterre.  Le  Woolbope-Club  offre  à  la  société  son 
grand  ouvrage  :  la  Pomona  du  Ilcrefordshire,  un  des  plus  beaux  qui 
aient  été  édités  sur  ce  sujet  ;  les  membres  du  Club  ont  souscrit  entre 
eux  une  somme  de  75,000  fr.  pour  les  frais  d'édition  de  ce  volume 
qui  n'a  pas  été  publié  dans  un  but  commercial,  el  dont  les  planches 
ont  été  entièrement  l'œuvre  des  membres  de  la  Société;  la  der- 
nière livraison  restant  à  paraître  sera  spécialement  réservée  au  concours 
pomologique  de  Rouen. 

YIL  —  Concours  de  fromagerie  à  Meaux. 
Nous  avons  annoncé  que  la  Société  d'agriculture  de  l'arrondissement 
de  Meaux  organise  un  concours  de  fromages  de  Brie  et  d'Instruments 
de  laiterie.  Ce  concours  se  tiendra  à  Meaux  les  11  et  12  novembre. 
Cette  ville  est  la  métropole  de  cette  importante  industrie  et  l'on  peut 
espérer  que  cette  exposition  y  présentera  un  intérêt  exceptionnel.  La 
municipalité  de  Meaux  prête  son  appui  le  plus  sympathique  à  l'organi- 
sation de  cette  fête,  qui  attirera  un  grand  nombre  de  concurrents.  — 
Pour  les  fromages  de  Brie  sont  admis  :  les  producteurs  des  arrondis- 
sements de  Meaux,  Coulommiers,  Château-Thierry  et  Senlis  qui  fré- 
quentent habituellement  le  marché  de  Meaux.  La  section  des  instruments 
sera  ouverte  aux  fabricants  de  tous  pays;  elle  comprendra  aussi  les 
objets  et  produits  relatifs  à  l'industrie  laitière  :  présures,  emballages, 
brochures,  etc.  Les  déclarations  pour  les  instruments  devront  être 
envoyées,  avant  le  1"  novembre,  à  M.  Labouré,  trésorier  de  la  Société, 
à  Meaux. 

Vin.  —  Concours  pour  la  race  bovine  gasconne. 

La  Société  d'agriculture  et  de  viticultuee  de  l'arrondissement  de 
Mirande  (Gers)  organise  un  concours  spécial  pour  la  race  bovine  gas- 
conne, qui  se  tiendra  à  Mirande  le  lundi  1o  octobre.  Des  primes  y 
seront  décernées  pour  les  taureaux,  les  génisses  et  les  vaches.  Les 
taureaux  primés  devront  être  livrés  à  la  reproduction  pendant  six 
mois  au  moins;  les  animaux  devront  appartenir  aux  exposants  depuis 
trois  mois  au  moins. 

IX.  —  Concours  d'instruments  d'agriculture  et  de  viticulture. 

La  Société  d'agriculture  de  l'Ariège,  de  concei't  avec  les  Comices 
agricoles  de  Foix  et  de  Pamiers,  organise  un  concours  d'instruments, 
de  machines,  d'appareils  et  de  tous  les  objets  servant  à  l'exploitation 
du  sol  ou  à  la  mise  en  œuvre  de  ses  produits.  Ce  concours  aura  lieu 
dans  la  ville  de  Foix,  sur  l'emplacement  du  champ  de  foire,  les  1 5  et 
16  novembre  prochain.  Seront  admis  à  y  prendre  part  tous  les  fabri- 
cants, inventeurs  ou  importateurs  français  de  toutes  les  régions,  qui 
en  feront  parvenir  la  demande  à  M.  le  Préfet  de  l'Ariège  ou  à  M.  Lau- 
rens,  Président  de  la  Société  d'agriculture  du  département,  avant  le 
1"  novembre  prochain. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (4  OCTOBRE   1884).  Il 

X.  —  Société  d'agriculture  d'Avranches. 

La  nouvelle  Société  d'agriculture  de  l'arrondissemerit  d'Avranclies 
(Manche)  tiendra  son  17"  concours  le  5  2  octobre  courant.  Ce  concours 
comprendra  les  animaux  reproducteurs  des  races  bovines,  ovines  et 
porcines,  les  instruments  et  l'enseignement  primaire  agricole.  11  y 
sera  joint  deux  concours  spéciaux  auxquels  tous  les  fabricants  sont 
appelés  à  preudre  pirt.  Ce  seront  :  1"  un  concours  de  charrues,  autant 
que  possible  propres  à  la  petite  culture;  de  charrues  ordinaires,  de 
Brabant;  et  2"  un  concours  de  barattes,  malaxeurs  et  instruments  de 
laiterie  de  toutes  provenances.  Les  primes  consisteront  en  médailles 
d'or,  d'ar^^ent  et  de  bronze.  Les  concurrents  devront  adresser  leurs 
déclarations,  avant  le  10  octobre,  à  M.  Gombert,  trésorier-adjoint  de 
la  Société,  à  la  mairie  d'Avranches. 

^XI.  —  Exposition  inteenationale  à  Budapest. 

Onsaitqu'une  exposition  générale  hongroise  se  tiendra  à  Budapest 
en  1885.  Pendant  cette  exposition,  d'après  une  note  que  nous  rece- 
vons du  consulat  général  d'Autriche-Hongrie  à  Paris,  auront  lieu  des 
expositions  internationales  d'animaux  vivants,  dont  les  dates  auront 
lieu  aux  époques  suivantes  :  du  5  au  10  mai,  animaux  de  basse-cour  et 
chiens;  du  17  au  24  mai,  hôtes  à  cornes  et  moutons  de  boucherie;  du 
20  au  30  mai,  béliers  et  brebis  de  reproduction  ;  du  20  au  30  août, 
abeilles;  du  1"  au  8  septembre,  verrats  et  truies;  du  10  au  18  sep- 
tembre, porcs  engraissés;  du  1"  au  10  octobre,  bêtes  à  cornes  pour 
la  reproduction;  du  5  au  10  octobre,  chevaux.  L'exposition  a  princi- 
palement pour  objet  de  montrer  un  tableau  de  l'élevage  des  animaux 
domestiques  en  Hongrie  et  dans  les  autres  pays.  Les  demandes  d'ad- 
mission doivent  être  adressées,  en  janvier  1885,  au  bureau  de  l'expo- 
sition générale  hongroise,  N;iko-haz,  à  Budapest. 

XII.  —  L'emploi  du  pavot  double  dans  les  talus. 

Nous  recevons  de  MM.  Vilmorin-Andrieux  communication  d'une 
note  intéressante  sur  l'emploi  de  la  graine  de  pavot  double  pour  la 
consolidation  des  talus  de  remblai.  Voici  cette  note  : 

a  Jusqu'à  ce  jour,  la  graine  de  pavot  double  varié  n'a  guère  été  utilisée  que 
pour  certains  produits  phirmaceutiq-ues  oa  pour  en  extraire  de  l'huile. 

«  Considérée  au  point  de  vue  de  la  consolidation  des  talus,  ello  est  cependant 
appelée  à  rendre  de  réels  services.  L'expérience  que  nous  en  avons  faite  pendant 
dix  ans  sur  nos  travaux  nous  permet  d'en  garantir  l'efficacité. 

a  Semée  en  octobre  ou  en  mars,  sur  des  talus  de  terrassements  nouvellement 
dressés,  cette  graine  est  sans  pareille  pour  la  consolidation  presque  immédiate 
de  la  surface  des  talus  en  remblai. 

«  Ce  qui  fait  généralement  lo  désespoir  des  ingénieurs  et  des  entrepreneurs, 
c'est  devoir,  à  la  première  pluie  ou  à  la  suite  d'une  forte  gelée,  la  surface  des  talus 
se  désagréger,  couler  et  se  répandre  au  pied  du  remblai.  Avec  la  semence  de 
pavot  on  prévient  cet  état  de  choses,  car  en  quinze  jours  elle  a  pris  racine  et  com- 
mencé à  faire  résistance.  Excessivement  prompte  à  pousser  et  pivotante  par  excel- 
lence, elle  s'enfonce  dans  le  terrain  fraîchement  remué  au  point  de  le  maintenir 
assez  énergiquement  en  moins  d'un  mois. 

a  Un  résultat  aussi  rapide  est  loin  d'être  atteint  par  les  plantes  généralement 
employées  dans  ces  travaux  :  luzerne,  ray-grass,  fromenlal,  vulpin,  ajonc,  paturin, 
agrostis,  fétuque,  etc.,  qui  ne  présentent  des  racines  un  peu  tenaces  que  plusieurs 
mois  après  leur  semaille. 

t  La  graine  de  pavot,  en  outre,  permet  aux  autres  semences  en  plants 
d'acacia,  etc.,  de  prendre  racine  et  de  se  substituer  par  la  suite  au  pavot,  qui  n'est 
qu'annuel,  mais  qui  cependant  se  reproduit  de  lui-même  sur  les  mêmes  points 
par  la  chute  des  graines,  jusqu'à  ce  que  l'acacia  en  ait  eu  raison. 


12  CHRONIQUE    AGRICOLE   (13  OCTOBRE   1884). 

«  Nous  n'iiésitons  donc  pas  à  signaler  le  pavot  aux  constructeurs  comme  devant 
leur  rendre  de  très  grands  services.  Nous  n'en  conseillons  pourtant  l'emploi  que 
dans  les  talus  de  remblai,  parce  qu'en  déblai  la  pousse  est  moins  certaine  par  la 
raison  que  la  racine,  trè;;  tendre,  ne  parviendrait  pas  toujours  à  pénétrer  assez 
profondément  dans  le  talus.  Dans  les  remblais,  au  contraire,  la  racine  atteint  une 
longueur  de  25  à  30  centimètres  en  très  peu  de  temps,  etaa  bout  de  trois  ou  quatre 
mois  elle  est  arrivée  au  maximum  de  sa  lorcc. 

"  Le  pavot  a  encore  l'avantage  de  pouvoir  être  semé  presque  en  toute  saison  et  de 
résister  à  de  très  fortes  gelées.  A.  Cambier, 

chef  de  section  principal  aux  chemins  de  fer  de  l'Elat. 

En  nous  transmettant  cette  note,  MM.  Vilraorin-Andrieux  présentent 
les  observations  suivantes  : 

1  Nous  n'ajouterons  qu'un  mot;  c'est  que,  soit  comme  plante  oléagineuse,  soit 
pour  l'usage  pharmaceutique,  ce  n'est  pas  précisément  le  pavot  des  jardins  qu'il 
faudrait  recommander,  mais  le  pavot  œillette  ou  œillette  grise  pour  la  fabrication 
de  l'huile,  et  le  pavot  blanc  pour  la  pharmacie.  Ces  derniers,  l'œillette  grise  en. par- 
ticulier, ne  rendraient-ils  pas  les  mêmes  services?  Gela  nous  semblerait  assez  pro- 
bable, seulement  ce  n'est  qu'uue  déduction,  tandis  que  le  pavot  des  jardins  aurait 
pour  lui  dès  à  présent  l'épreuve  de  l'expérience.  » 

Ce  n'est  pas  seulement  dans  les  entreprises  de  travaux  publics 
qu'on  a  des  talus  à  planter.  Les  détails  qu'on  vient  de  lire  seront  utiles 
à  beaucoup  d'ai^riculteurs. 

XIII. —  La  tome  des  foires  et  marchés. 

Rien  n'est  n'est  plus  utile,  pour  la  régularité  des  transactions,  qu® 
l'ordre  dans  la  tenue  des  foires  et  des  marchés.  A  cet  égard,  nous  de- 
vons signaler  ce  qui  vient  de  se  passer  à  ïhonon  (Haute-Savoie).  Jus- 
qu'ici le  désordre  régnait  dans  les  foires  de  cette  ville;  il  a  suffi  dun 
arrêté  du  maire,  rendu  à  la  date  du  10  septembre,  délimitant  le  champ 
de  foire  et  en  organisant  la  police,  pour  rétablir  l'ordre  dans  cette  com- 
mune. Rien  n'est  plus  important,  sous  le  rapport  de  maldies  contagieuses . 
XIV.  —  Sucre  et  betteraves. 

L'arrachage  des  betteraves  est  commencé,  et  la  nouvelle  campagne 
sucrière  est  ouverte.  Le  déficit  de  la  récolte  devient  de  plus  en  plus  cer- 
tain, mais  dans  un  certain  nombre  de  départements  les  betteraves 
présentent  une  richesse  normale.  Sur  les  472  fabriques  de  sucre  qui 
existent  actuellement,  on  en  compte  152  qui  se  sont  abonnées  afin  de 
proliter  du  nouveau  mode  d'impôt  sur  la  betterave,  et  320  qui  fonc- 
tionnent encore  d'après  l'ancien  système  fiscal.  Les  trav?ux  de  défé- 
cation n'étaient  commencés,  au  15  septembre,  que  dans  14  de  ces 
dernières,  savoir  :  9  dans  le  iNord  et  5  dans  le  Pas-de-Calais. 
XV.  —  Société  d'agriculture  de  Wassy. 

Nous  avons  signalé  dans  notre  dernier  numéro  le  concours  tenu 
à  Chevillon   par  la    Société    d'agriculture   de    Wassy   (Haute-Marne). 
Nous  publierons  prochainement  le  discours  prononcé,  dans  cette  solen- 
nité, par  M.  le  vicomte  Gh.  de  Hédou ville,  président  de  la  Société. 
XVI.  —  Concours  des  associations  agricoles. 

Pendant  le  mois  de  septembre,  se  sont  tenus  beaucoup  de  con- 
cours de  Comices  et  de  Sociétés  d'agriculture.  Nous  sommes  en 
retard  pour  la  publication  d'un  grand  nombre  décomptes  rendus  que 
nous  avons  reçus.  C'est  un  devoir  que  de  signaler  les  efforts  faits  par 
les  associations  agricoles  et  les  résultats  qu'elles  obtiennent;  nous 
espérons  nous  en  acquitter,  au  moins  en  partie,  dans  notre  prochaine 
chronique.  Henry  SAGiNiEii. 


LhTTKE  DK   POLOGNE.  —  HuAiMAGE  A   J.-A.   BAHUAL.  13 


LETTRE  DE  POLOGNE  -  HOMMAGE  A  J--A.  BARRAL 

Monsieur,  la  nouvelle  de  la  mort  de  M.  Barrai  a  profondément 
emu  les  agricuUeurs  polonais,  et  nous  tenons  à  cœur  de  vous  exprimer 
leurs  regrets  les  plus  sincères. 

Si  nous  prenons  une  vive  part  au  deuil  de  l'agriculture  fran(;aise, 
c'est  que  nous  perdons  aussi  un  ami  aussi  bienveillant  que  désin- 
téressé, qui  jamais  n'a  manqué,  même  à  l'appel  le  moins  autorisé,  à 
nous  prodiguer  ses  conseils  précieux,  basés  sur  une  science  profonde 
et  une  longue  et  solide  expérience.  Il  n'est  plus,  ce  guide  prudent  et 
sage  qui  maintes  fois  nous  conduisit  dans  la  voie  du  véritable  progrès. 
Mais  le  souvenir  reconnaissant  vivra  toujours  dans  nos  cœurs,  et  nous 
ne  cesserons  de  soubaiter  à  celte  âme  généreuse  la  récompense  éter- 
nelle qu'elle  a  si  bien  méritée  ici-bas. 

Agréez  etc.,  D'  L\i)isl\s  Laszczynsri, 

Vico-p résident  de  la  Société  des  agriculteurs  de  Pologne. 

ENQUÊTE  A  FAIRE  SUR  L'ËTAT  PRESENT 

DE  LA  CULTURE  DU  BLÉ  EN  FRANCE 

Cher  monsieur,  une  des  dernières  œuvres  de  notre  éminent  et 
regretté  directeur  J.-A.  Barrai  a  été  une  enquête  sur  la  situation  agri- 
cole du  département  de  la  Haute- Vienne,  à  la  demande  du  ministre 
de  l'agriculture.  Nous  ne  pouvons  espérer  une  analyse  aussi  complète 
dans  tous  nos  départements;  mais  nous  ne  devons  jamais  perdre  de 
vue  que  celte  enquête  doit  être  toujours  non  seulement  ouverte,  mais 
provoquée  dans  le  Journal  de  /'agricullme.  En  effet,  la  France  agricole 
traverse  une  crise  dont  il  serait  puéril  de  se  dissimuler  la  gravité,  mais 
que  nous  devons  envisager  en  face,  avec  ce  sang-froid  et  ce  discerne- 
ment qui,  seuls,  permettent  de  préparer  les  sacrifices  et  les  transfor- 
mations nécessaires. 

Nous  avons  eu,  après  bien  des  avertissements  en  termes  ménagés, 
publiés  par  les  correspondants  du  Journal  de  l'agriculture,  une  procla- 
mation retentissante  en  quelque  sorte  dans  la  démarche  des  délégués 
de  l'Aisne  parmi  lesquels  se  trouvaient  MM.  Waddington  et  de  Saint- 
Vallier,  demandant  au  gouvernement,  comme  le  seul  remède  à  la  situa- 
tion qu'ils  exposaient,  un  droit  d'entrée  de  5  francs  par  100  kilog. 
sur  le  blé  étranger  et  un  droit  proportionnel  sur  les  farines. 

C'est  un  retour  à  la  protection  dans  toute  son  étendue,  bien  préfé- 
rable sans  doute  à  l'échelle  mobile;  car  les  opérations  commerciales 
sur  les  grains  ne  sont  pas  entravées  par  l'incertitude  sur  le  taux  des 
droits  de  douane  qui  restent  fixes,  mais  ce  n'en  est  pas  moins  l'aban- 
don de  ces  principes  de  libre  échange  développés  dans  notre  législa- 
tion commerciale  par  M.  Bouher  avec  l'aide  puissante  de  Barrai. 
Certainement  il  est  chimérique  de  vouloir  faire  passer  dans  la  pra- 
tique des  théories  abstraites.  Si  l'on  se  trouve  en  présence  de  nations 
qui  repoussent  vos  produits  grâce  à  des  droits  élevés,  et  qui  vous 
inondent,  grâce  à  la  franchise,  des  produits  similaires  à  ceux  de  votre 
sol,  vous  y  trouvez  bien  un  abaissement  du  prix  de  certaines  consom- 
mations, et  par  conséquent  du  prix  de  revient  des  objets  manufac- 
turés. Mais  l'abaissement  du  prix  de  la  main-d'œuvre  n'est  pas  assez 
sensible  pour  faire  baisser  les  prix  de  fabrication  de  manière  à  faire 


14  ENQUÊTE  A  FAIRE  SUR  L'ÉTAT  DE  LA  CULTURE   DU  BLÉ. 

disparaître  les  barrières  qu'opposent  à  vos  produits  des  droits  quasi 
proliibitifs ;  et  s'il  s'agit  du  blé,  les  souffrances  de  l'agriculture  sont 
hors  de  proportion  avec  les  profits  de  l'industrie,  d'autant  plus  que 
l'agriculteur  ruiné  se  retire  du  marché  et  n'achète  plus,  et  que  ses 
frais  de  production  ne  profitent  pas,  par  compensation,  des  bienfaits 
du  libre  échange,  une  doctrine  au  moins  singulière  conservant  sur  les 
objets  employés  dans  l'industrie  agricole  (fer,  charbon,  tissus, 
machines,  etc.)  une  protection  à  l'entrée  qui  empêche  l'abaisse- 
ment des  prix  par  la  concurrence  étrangère. 

Il  serait  extrêmement  intéressant,  cher  monsieur,  de  mettre  en 
regard,  dans  un  tableau  établi  par  années,  pour  des  localités  choisies 
dans  l'ensemble  du  pays  :  d'un  côté  le  prix  courant  des  céréales,  de 
l'autre  le  prix  des  journées.  On  verrait  si  l'abaissement  du  prix  de  la 
main-d'œuvre  est  parallèle  à  l'abaissement  du  prix  des  céréales  ;  c'est 
un  travail  de  statistique  facile  à  l'aire,  et  dont  le  Journal  de  l'agricul- 
ture pourrait  demander  les  éléments  aux  correspondants  très  compé- 
tents qu'il  a  dans  divers  départements.  On  verrait,  je  crois,  que 
l'abaissement  des  prix  de  revient  par  le  bon  marché  du  prix  du  pain 
est  une  pure  fantasmagorie,  dont  on  a  fait,  pour  défendre  des  thèses 
économiques,  un  usage  abusif. 

Me  bornant  en  ce  moment  à  la  question  du  blé,  voici  la  situation 
actuelle;  le  blé  marchand  de  bonne  qualité  vaut  21  francs  les  100 
kilog.,  sans  espoir  de  relèvement,  vu  la  production  des  principaux 
pays  importateurs,  les  Etats-Unis  et  la  Russie.  L'abaissement  du  prix 
va-t-il  s'arrêter  là?  On  nous  annonce,  et  ce  n'est  pas  un  simple 
«  on-dit»  (ilexistedéjà  des  faits  commerciaux),  que  le  blé  produit  dans 
l'Hindoustan  pourrait  être  livré  à  Marseille  à18francs  les  100  kilog.  H 
faut  ajouter  tout  de  suite,  sur  les  renseignements  fournis  par  les  éco- 
nomistes anglais,  que  la  production  de  l'Inde  n'excède  pas  les  besoins 
du  pays,  et  que  son  développement  demande  du  temps.  11  n'en  est  pas 
moins  constant  que  le  développement  d'une  culture  aussi  simple  peut 
être  plus  rapide  qu'on  ne  pense  et  que  sauf  dans  ce  qu'on  appelle  les 
calamités  publiques,  les  années  de  disette,  les  prix  du  blé  oscilleront 
à  l'avenir  entre  21  et  18  francs  les  1 00  kilog. 

On  ne  manquera  pas  de  dire,  à  cet  exposé,  que  la  faute  est  aux  agri- 
culteurs français,  qui  ne  savent  pas  profiler  des  progrès  de  la  science 
et  appliquer,  pour  l'abaissement  de  leurs  prix  de  l'evient,  toutes  les 
ressources  que  leur  offrent  la  mécanique  dans  la  préparation  des  terres 
et  la  rentrée  des  produits,  et  la  chimie  dans  l'emploi  des  engrais  com- 
plémentaires propres  à  porter  les  rendements  au  maximum.  Il  y  a 
sans  doute  une  part  de  vérité  dans  ces  reproches,  mais  c'est  une  faible 
part,  et  je  pourrais  me  contenter  pour  le  prouver,  d'en  appeler  aux 
lecteurs  mêmes  de  ce  Journal  qui,  depuis  sa  fondation,  leur  raconte 
fidèlement  les  efforts  intelligents,  courageux  et  constants  faits  par  les 
agriculteurs  français  pour  soutenir  cette  lutte  pour  l'existence.  Mais 
cette  querelle  n'est  pas  nouvelle;  nous  racontions,  il  y  a  peu  de  temps, 
dans  ce  Journal  même,  les  divergences  d'opinion  entre  les  partisans  de 
la  liberté  absolue  du  commerce  des  céréales,  comme  J. -A.  Barrai,  et  les 
défenseurs  des  droits,  non  pas  protecteurs  mais  fiscaux,  comme  Léonce 
deLavergneet  le  comte  de  Gasparin.  Ces  deux  agronomes,  qui  étaient 
en  même  temps  des  économistes  de  premier  ordre,  ne  consentaient  pas 
à  admettre  que  des  droits  fiscaux  pussent  être  assimilés  à  des  droits 


ENQUÊTE  A  FAIHE  SQH  L'kTAT  DE  LA  CUM'URE  DU  BLÉ.  15 

protecteurs.  Ils  trouvaient  absurde  qu'un  produit  national  supportât  la 
lourde  charge  d'un  impôt  énorme  avant  d'arriver  sur  le  marché,  et 
que  le  produit  similaire  étranger,   dont  les  charges  étaient  quelque- 
fois bien  plus  légères  (comme  en  Amérique),  arrivât  sur  le  même  mar- 
ché, exempt  de  tous  droits.    Ils   admettaient  donc   la  justice  d'une 
taxe  à  l'entrée   sur  le  blé  étranger,    représentative  de  ce  que  le  blé 
français   supportait  d'impôt,   non  pas   un   simple   droit   de  balance, 
mais  un  droit  fiscal  percevant  sur  le  blé  étranger  ce  que  le  fisc  avait 
perçu  sur  le  blé  français,  ce  qui  n'est  pas  non  plus  un  droit  protecteur, 
qui  serait  calculé  de  manière  à  assurer  sur  le  marché  français  un  prix, 
minimum  aux  blés  produits  en  France.  On  pouvait  différer  d'avis  sur 
le  chiffre  des  charges  fiscales,  afférentes  à  la  production  de  100  ki- 
log.   de  blé;  mais  c'est  encore  une  étude  statistique  à  faire,  et  une 
moyenne  équitable  à  déterminer.  Sur  un  point,  Léonce  de  Lavergne  et 
le  comte  de  Gasparin  différaient  d'avis.  Léonce  de  Lavergne  ne  pré- 
voyait pas  l'abaissement  du  prix  des  céréales  au  point  oîi  nous  le 
voyons  arriver.  Le  comte  de  Gasparin  le  considérait  comme  inévitable 
aux  Etats-Unis  (on  ne  songeait  pas  alors  à  IHindoustan),  à  cause  des 
espaces  illimités  offerts  à  la  culture  dans  le  Far-West,  ce  qui  permet- 
tait l'emploi  des  moyens  mécaniques  dans  une  mesure  impossible    à 
réaliser  en  France,  à  cause  du  morcellement  du  sol.  Quant  aux  trans- 
ports, le  développement  des  voies  ferrées  et  fluviales  tendait  à  abaisser 
chaque  jour  les  frais  occasionnés  par  la  distance  entre  les  lieux  de  pro- 
duction et  les  ports  d'embarquement. 

Après  ces  digressions  nécessaires  pour  faire  toucher  du  doigt  la  po- 
sition de  celle  grave  question,  il  faut  revenir  à  notre  point  de  départ. 
Quelle  est  la  situation  faite  en  France  à  la  culture  du  blé  parla  presque 
certitude  que  les  prix  oscilleront  désormais  entre  2t  et  18  francs  les 
100  kilog.,  sous  le  régime  de  la  franchise  de  droit  à  l'entrée  des  blés? 
Une  enquête  sérieuse  sur  l'état  agricole  des  différentes  régions  de  la 
France  peut  seule  donner  la  réponse.  Sans  vouloir  tracer  un  programme, 
j'indiquerai  sommairement  quelques  observations  sur  la  région  que 
j'habite  et  dans  laquelle  je  tiens  à  ma  main  des  domaines  de  quelque 
importance.  En  outre,  je  puis  suivre,  sans  sortir  de  ma  famille,  des 
propriétés  affermées  et  des  métairies. 

Dans  le  Bordelet  (Ardèche)  tenu  à  ma  main  avec  l'aide  indispen- 
sable d'un  excellent  maître- valet  fortement  intéressé,  j'ai  introduit  par 
nécessité  les  moissonneuses  et  les  faucheuses  ;  le  sol  est  d'alluvion 
et  de  première  classe,  et  la  variété  des  cultures  fourrages,  millet,  cé- 
réales, etc.,  à  terre  couverte,  maintient  un  revenu;  ce  revenu  dispa- 
raîtrait entièrement  si  je  faisais  cultiver  ajournées. 

Avec  six  chevaux  et  deux  paires  de  bœufs  dans  un  domaine  de 
80  hectares  en  culture  environ,  j'ai  toute  la  force  dont  j'ai  besoin,  et 
je  ne  loue  pas  un  voiturier  dans  toute  l'année;  mon  maître-valet  a 
trois  fils,  tous  laboureurs.  Avec  un  valetetun  berger  pour  le  troupeau, 
j'ai  tout  mon  personnel  pour  les  travaux  courants.  Au  moment  des 
récoltes  j'emploie  en  outre  six  hommes,  toujours  les  mêmes,  que  j'ai 
attachés  au  domaine  en  leur  fournissant  quelques  travaux  d'amélio- 
ration des  terres  ou  de  défense  contre  l'Ardèche  pendant  la  morte 
saison,  et  en  leur  louant  à  moitié  quelques  parcelles  pour  améliorer 
leur  situation  domestique,  ce  qui  leur  assure  à  peu  près  la  continuité 
du  ^travail  pendant  toute  l'année.  Grâce  à  ces  procédés  administratifs, 


16  ENQUÊTE  A  FAIRE   SUR  L*ÉTaT  Dh  LA  CULTURE  bU  BLÉ. 

ie  ne  me  suis  jamais  ressenti  un  seul  jour  du  manque  de  bras,  et  je 
n'ai  pas  eu  à  subir  ces  exigences  des  rares  ouvriers  restés  attachés  au 
sol,  au  moment  où  ils  sentent  qu'ils  sont  indispensables.  Comme  je 
l'ai  dit  plus  liaut,  le  maître-valet  fortement  intéresssé,  ayant  la  moitié 
du  troupeau,  la  moitié  de  la  basse-cour  (ce  qui  n'est  pas  sans  impor- 
tance), les  pommes  de  terre  nécessaires  à  la  consommation  de  son 
ménage,  des  gages  fixes  de  valet  et  4  0/0  sur  le  revenu  net,  veille  à  ce 
qu'il  n'y  ail  pas  un  moment  de  perdu,  et  joint  à  une  énergie  rare 
une  intelligence  de  l'agriculture  locale  tout  à  iait  exceptionnelle.  C'est 
la  cheville  ouvrière  de  l'exploitation;  ôtez-la,  commandez  directement 
à  des  ouvriers  payés  à  l'année  et  doublés  dans  de  certains  moments 
par  des  cultivateurs  loués  dans  les  villages  voisins,  il  faudra  mettre  la 
clef  sous  la  porte.  Le  secret  de  l'exploitation  du  Bordelet  est  là  tout 
entier";  c'est  une  exploitation  en  famille  entre  le  maître-valet  qui  se 
fait  une  fortune,  ses  enfants  et  des  ouvriers  attachés  au  sol  par  le  lien 
d'une  vie  assurée,  et  le  propriétaire  qui  surveille,  fait  les  inventaires, 
tient  les  comptes  et  pourvoit  à  l'entretien  complet  du  cheptel. 

Dans  ces  conditions,  au  prix  de  20  francs  les  100  kilog.,  la  culture 
du  blé  reste  possible  dans  des  terres  qui  rendent  en  moyenne,  en  com- 
prenant les  bonnes  et  les  mauvaises  années,  25  hectolitres  par  hectare. 
Au-dessous  de  ce  prix  je  l'abandonnerais,  la  nature  du  terrain  me 
permettant  de  poursuivre  d'autres  produits,  mais  je  ne  me  dissimule 
pas  que  c'est  une  révolution  agricole  qui  sera  encore  plus  dilficile  à 
traverser  que  toutes  celles  dont  l'abandon  successif  de  la  garance  et  de 
la  soie  nous  a  rendus  depuis  quelques  années  les  victimes. 

Je  tiens  à  ma  main  une  autre  propriété  de  1 50  hectares  à  Saint-Gilles 
sur  Rhône,  dans  le  Gard,  contenant  environ  70  hectares  en  prés 
palustres,  30  hectares  en  terres  labourables  et  le  reste  en  fossés  ou 
chambres  d'emprunt,  la  propriété  ayant  été  créée  en  quelque  sorte 
par  l'exhaussement  des  deux  tiers  du  sol  aux  dépens  de  l'autre  tiers. 
Bien  que  les  terres  à  blé  qui  sont  les  plus  hautes  soient  sensiblement 
salées,  les  emblavures  s'y  faisaient  dans  de  bonnes  conditions,  grâce 
à  la  masse  de  litières  fournies  par  le  reste  de  la  propriété,  ce  qui  per- 
mettait à  la  fois  d'ameublir  le  sol  et  de  recouvrir  les  semences  pour 
favoriser  la  sortie  en  maintenant  la  fraîcheur  de  la  surface.  IMalgré  ces 
avantages,  mes  comptes  sur  la  dernière  période  décennale  m'ont 
démontré  que  je  produisais  le  blé  à  perte  dans  cette  région  où  le  prix 
des  journées  est  resté  très  élevé.  J'y  ai  renoncé  absolument.  Je  mets 
les  meilleures  terres  à  blé  en  luzernes,  et  j'abandonne  le  reste  à  la 
végétation  spontanée  pour  faire  des  pâturages,  ce  qui  sera  également 
le  sort  des  terres  en  luzernes  quand  celles-ci  disparaîtront.  J'ai  donc 
abandonné  toute  culture  dans  cette  propriété,  la  nature  du  sol  et  le 
salant  s'opposant  à  la  recherche  d'un  autre  produit  que  les  céréales. 

Dans  mes  propriétés  de  Pomerol  et  du  petit  Mont-Blanc,  dans  la 
commune  de  ïarascon-sur-Rhône,  j'ai  des  fermiers.  Je  leur  ai  laissé 
entièrement  la  fixation  du  prix  de  ferme  au  dernier  renouvellement  de 
bail,  et  bien  qu'il  soit  réduit  de  manière  à  leur  permettre  de  payer 
avec  les  profils  du  troupeau,  de  cultures  spéciales,  telles  que  le  char- 
don à  foulon  et  la  production  des  graines,  l'avilissement  du  prix  du 
blé,  qui  est  resté  la  culture  principale,  m'expose  à  des  lamentations 
continuelles  et  à  des  retards  de  payement.  Je  vois  arriver  le  moment 
où  je  serai  obligé  de  reprendre  à  ma  main  ces  deux  propriétés. 


ENQUÊTE  A  BRAIRE  SUR  L'KTAT  DF  LA  CULTURE  DU   BLK.  17 

Les  propriétaires  qui,  moins  rapprochés  que  moi  de  la  terre,  ont  voulu 
continuer  l'exploitation  de  leurs  domaines  par  des  fermiers  sur  les 
errements  du  passé  ne  sont  pas  payés,  elles  fermiers  restent  là  insol- 
vables, les  propriétaires  hésitant  à  les  renvoyer  parce  qu'ils  sont  à  peu 
près  certains  de  ne  pas  pouvoir  les  remplacer  dans  des  conditions  plus 
sûres,  et  d'un  autre  côté  parce  qu'ils  s'etîrayent  avec  raison  delà  pen- 
sée d'exploiter  directement  leurs  domaines  dans  des  conditions  de  dé- 
penses plus  désavantageuses  que  celles  des  cultivateurs  de  profession. 
Quant  aux  métayers,  ils  ne  sont  pas  encore  morts  de  faim  parce 
qu'il  a  bien  fallu  leur  abandonner  la  presque  totalité  des  profits  de  la 
basse-cour  et  du  troupeau,  mais  c'est  le  petit  propriétaire  non  cul- 
tivateur qui  est  tombé  dans  la  plus  affreuse  détresse,  réduit  à  sa  moitié 
de  la  récolte  des  céréales  avec  des  prix  avilis. 

Voilà,  cher  monsieur,  la  situation  de  la  région  que  j'habite.  Mais  le 
tableau  serait  incomplet  et  poussé  au  noir  si  je  ne  disais  pas  qu'il  y  a 
dans  une  grande  mesure  des  compensations,  non  pus  individuelles, 
mais  régionales,  dans  les  propriétés  arrosées,  les  cultures  jardinières, 
la  pioduclion  des  graines  et  des  millets  à  balai  et  très  probablement  la 
réussite  des  vignobles  fort  étendus  qu'on  a  pu  traiter  par  l'inondation 
d'automne.  Ces  compensations  sont  sérieuses  malheureusement  elles 
ne  [leuvent  s'appliquer  qu'à  une  fraction  de  la  propriété,  quand  bien 
même  on  résoudrait  la  question  des  grandes  dérivations  du  Rhône  ou 
de  l'Isère,  et  nous  restons  toujours  en  face  de  cette  redoutable  question: 
faut-il  renoncer  aux  emblavures? 

Certainement  l'abandon  sera  lent,  les  petites  parcelles  cultivées 
directement  par  leurs  propriétaires  sont  en  très  Grand  nombre,  et 
jusqu'à  présentées  propriétaires-cultivateurs  se  sont  peu  inquiétés  du 
prix  du  blé,  n'en  produisant  que  pour  leur  consommation.  Ils  seront 
lents  à  s'apercevoir  qu'il  y  aurait  profit  pour  eux  à  abandonner  celte 
culture  et  à  acheter  leur  blé  au  marché,  d'autant  plus  que  cet  achat  est 
un  déboursé,  c'est-à-dire  la  chose  qui  leur  est  le  plus  antipathique. 
Mais,  pour  être  lent,  cet  abandon  ne  s'arrêtera  pas  si  le  prix  du  blé, 
dans  les  circonslanres  ordinaires,  reste  à  20  francs  les  100  kilog.,  et  à 
plus  forte  raison  s'il  tombe  au-dessous.  Les  terres  de  3"  classe,  puis  les 
terres  de  '2'^  classe  successivement  ne  recevront  plus  de  blé  dans  leurs 
sillons,  et  il  est  permis  de  se  demander  alors  ce  que  deviendrait  la 
France  dans  le  cas  où  la  mer  serait  fermée.  Elle  serait  dans  la  situation 
d'une  ville  assiégée. 

Enfin  la  capacité  imposable  de  la  France  agricole  est  arrivée  bien 
près  de  sa  limite.  Serait-il  hors  de  propos  de  trouver  des  ressources 
pour  le  Trésor  dans  un  droit  fiscal  sur  les  blés  étrangers,  double  soula- 
gement pour  les  contribuables  et  pour  les  agriculteurs  qui  verraient 
ainsi  diminuer  l'étendue  des  terrains  où  les  emblavures  devraient  être 
abandonnées?  "Voilà,  cher  monsieur,  une  grave  question  dont  la  solu 
lion  me  paraît  devoir  être  poursuivie  par  le  Journal  de  l'agriculiure,  ert 
faisant  un  appel  sérieux  à  ses  correspondants  pour  éclaircir  toutes  hh 
questions  qui  se  rapportent  auxvariiitions  de  la  valeur  foncière  des  terres 
à  ble,  des  prix  de  fermai/e,  du  chiffre  de  la  populalion  agricole  et  do 
prix  des  journées  sous  l'influence  des  variations  du  prix  du  blé. 

Veuillez    recevoir,  cher  monsieur,   l'assurance  de  mes  senlimenli 
dévoués.  Paul  de  Gasparin. 

Membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture, 
corresponilant  de  l'Institut, 


18  SUR  LES  FERMENTATIONS  nU  FUMIER. 


SUR  LES  FERMENTATIONS  DU  FUMIER  DE  FERME' 

Les  nombreuses  expériences  que  j'ai  exécutées  sur  les  fermentations 
du  fumier  de  ferme  m'ont  conduit  à  observer  quelques  faits  nouveaux, 
que  je  demanderai  la  permission  de  résumer  dans  cette  seconde  note. 
]"  La  paille  ne  s  oxyde  énergiqueinenl  à  F  air  que  sous  V  influence  d'un 
ferment  figuré.  — -Si  l'on  place  de  la  paille,  non  ensemencée  par  du  jus 
de  fumier,  dans  un  ballon,  qu'on  l'bumecte  convenablement  et  qu'on  la 
maintienne  à  une  température  de  40°  environ,  puis  qu'on  fasse  passer  un 
courant  d'air  pur,  on  observe  bientôt  un  abondant  dégagement  d'acide 
carbonique  ;  en  même  temps  le  liquide  se  peuple  de  nombreux 
vibrions. 

Si  Ton  place  de  la  paille  dans  des  tubes  dont  quelques-uns  sont 
additionnés  de  chloroforme,  puis  qu'on  scelle  à  la  lampe  et  qu'on 
maintienne  à  40°  pendant  quelques  jours,  on  trouve  que  tout  l'oxygène 
a  été  transformé  en  acide  carbonique  dans  les  tubes  sans  chloroforme  ; 
mais  qu'au  contraire,  dans  ceux  qui  en  avaient  reçu,  il  ne  s'est  formé 
que  très  peu  d'acide  carbonique. 

2"  Fermentation  anaérohie  de  la  paille. — Si  la  paille  renferme  un 
ferment  aérobie,  capable  de  déterminer  son  oxydation,  elle  ne  paraît 
pas  en  général  être  chargée  de  ferments  anaérobies. 

Il  arrive  cependant  parfois  que,  en  plaçant  de  la  paille  dans  un  fla- 
con avec  des  dissolutions  étendues  de  carbonates  et  de  phosphates 
alcalins,  on  obtienne  de  l'acide  carbonique  et  du  formène,  ou  encore 
que  ce  dernier  gaz  soit  remplacé  par  de  l'hydrogène;  mais  très  sou- 
vent il  ne  se  dégage  aucun  gsz,  et  il  est  probable  que,  lorsque  la  fer- 
mentation a  lieu,  elle  est  due  à  la  présence  fortuite  de  germes  de  fer- 
ments. La  conservation  des  fourrages  par  ensilage  démontre  au  reste 
que  les  végétaux  ne  renferment  pas  habituellement  des  ferments  anaé- 
robies bien  actifs. 

3°  Fermentation  forménique  du  fumier  de  ferme.  — Ainsi  que  je  l'ai 
dit  dans  ma  première  note,  je  n'ai  jamais  pu  extraire  du  tas  de  fumier 
de  Grignon  que  de  l'acide  carbonique,  de  l'azote  et  du  formène, 
jamais  je  n'y  ai  trouvé  d'hydrogène  libre. 

On  reproduit  facilement  au  laboratoire  cette  fermentation  formé- 
nique;  elle  dure  fort  longtemps,  plusieurs  semaines,  à  la  seule  con- 
dition d'ouvrir  les  flacons  de  temps  à  autre,  comme  si  le  contact  de 
l'air  était  nécessaire  à  l'évolution  des  nombreux  spores  que  renferme 
le  liquide;  cett<^,  fermentation  ne  donne  naissance  à  aucun  acide  éner- 
gique capable  de  décomposer  les  carbonates  alcalins  introduits.  Cette 
fermentation  du  fumier  me  paraît  être  la  plus  fréquente;  c'est  au 
moins  celle  qui  prend  naissance  dans  le  mode  de  fabrication  suivi  à 
Grignon,  car  presque  toute  l'ammoniaque  du  purin  s'y  rencontre  à 
l'état  de  carbonate;  en  effet,  quand,  après  avoir  distillé  le  purin  sans 
addition  et  avoir  recueilli  un  peu  plus  de  1  gr.  d'azote  ammoniacal  par 
litre,  on  ajoute  de  la  magnésie  pour  séparer  l'ammoniaque  retenue  par 
des  acides  fixes,  on  n'obtient  plus  que  des  quantités  insignifiantes. 

4°  Fermentation  butyrique  du  fumier  de  ferme.  —  Il  arrive  parfois 
que  du  fumier  ou  même  du  crotin  de  cheval,  additionné  de  liqueurs 

1.  Communication  à  l'Académie  des  sciences.  — Voir  le  Journal  du  29  mars  dernier  (tome  1" 
de  1 S84.  page  505). 


SUR  LES  FERMENTATIONS  DU  FUMIER.  19 

alcalines  maintenues  à  40",  donne,  au  lieu  de  formène,  de  l'hydro- 
gène pur;  le  liquide  présente  une  réaction  acide  très  nette,  due  en 
grande  partie  à  l'acide  butyrique,  reconnaissable  à  la  facilité  avec 
laquelle  il  donne  le  bu ty rate  d'étyle,  dont  l'odeur  est  caractéristique. 
Il  m'est  arrivé  de  prélever  des  échantillons  à  la  partie  supérieure  du 
tas  de  fumier  de  Grignon,  à  quelques  jours  d'intervalle,  et  de  les  faire 
fermenter  en  tubes  ?;cellés;  dans  un  cas,  j'ai  obtenu  do,  l'acide  carbo- 
nique, de  l'azote  et  de  l'hydrogène  pur;  dans  l'autre  encore,  de 
l'acide  carbonique,  de  l'azote  et  du  formène  qui,  dans  une  des  fermen- 
tations, était  pur,  et,  dans  l'autre  renfermait  une  trace  d'hydrogène. 

La  fermentiUion  avec  production  d'acide  est  particulièrement  fré- 
quente dans  la  paille  ensemencée  avec  quelques  gouttes  de  liquide 
provenant  de  la  trituration  du  fumier  dans  l'eau,  et  il  m'est  arrivé 
très  souvent  de  constater  la  présence  du  formène  dégagé  de  flacons 
dont  les  liquides  étaient  très  acides.  Peut-il  se  produire  de  l'acide 
butyrique  en  même  temps  qu'il  apparaît  du  formène  pur?  c'est  ce  que 
je  recherche  en  ce  moment,  mes  expériences  actuelles  ne  me  permet- 
tent pas  de  l'affirmer. 

5°  Fermentalions  mixtes.  —  11  arrive  assez  rarement  qu'on  rencontre 
à  la  fois  d:ins  les  gaz  de  la  fermentation  du  formène  et  de  l'hydrogène; 
quand  j'ai  trouvé  ce  mélange,  habituellement  un  des  deux  gaz  domi- 
nait beaucoup  sur  l'autre. 

G°  Orighin  (ha  ferments  nnuérobies  du  /umier.  —  Eu  résumé,  on  peut 
observer  dans  le  fumier  une  fermentation  neutre  donnant  de  l'acide 
carbonique  et  du  formène,  et  une  fermentation  acide  dans  laquelle 
apparaissent  de  l'acide  butyrique,  tantôt  de  l'hydrogène,  tantôt  du  for- 
mène; or,  l'étude  des  fermentations  qui  se  produisent  dans  le  tube 
digestif  des  herbivores  a  conduit  récemment  M.  Tappeiner  à  y  distin- 
guer deux  fermentations  différentes,  l'une  acide,  l'autre  neutre;  les 
gaz  dégagés  sont,  outre  l'acide  carbonique,  de  l'hydrogène  et  du  for- 
mène; les  ferments  s'attaquent  à  la  cellulose;  leur  description  se  rap- 
porte très  bien  aux  microbes  du  fumier,  et  si  l'on  se  rappelle  que  la 
paille  non  ensemencée  fermente  diflicilement,  que  M.  Gayon  a  reconnu 
que  les  microbes  du  fumier  attaquent  la  cellulose  comme  ceux  de 
M.  Tappeiner,  qu'enfin  les  gaz  dégagés  sont  identiques,  il  devient  pro- 
bable que  les  ferments  anaérobies  du  fumier  proviennent  du  tube 
digestif  des  animaux  et  que,  suivant  leur  abondance  relative  et  les 
conditions  dans  lesquelles  ils  sont  placés,  ils  déterminent  l'une  et 
l'autre  des  fermentations  constatées  dans  le  fumier  de  ferme. 

P. -P.  Dehérain. 

BARATTES  ET  MANÈGES  DU  SYSTÈME  SIMON 

Dans  les  régions  à  grande  production  laitière,  notamment  en  Nor- 
mandie et  en  Bretagne,  la  fabrication  des  appareils  propres  à  la  pré- 
paration du  beurre  a  fait  des  progrès  remarquables  depuis  quelques 
années.  Ces  progrès  ont  été  mis  en  évidence  dans  les  expositions  spé- 
ciales de  laiterie  annexées  aux  concours  régionaux  de  Caen  et  de 
Rouen  en  1883 'et  en  1884.  Parmi  les  constructeurs  qui  se  sont  adon- 
nés spécialement  à  produire  ce  genre  d'appareils,  il  faut  citer  M.  Si- 
mon et  ses  fils,  mécaniciens  à  Cherbourg  (Manche).  Depuis  près  de 
vingt  ans,  M.  Simon  s'est  consacré  tout  spécialement  à  la  fabrication 


20 


bAfiATTES  ET  MANÈGES  UU  SYSTÈME  SIMON. 


des  barattes  et  des  manèges  dont  on  se  sert  pour  les  mettre  en  mou- 
vement. 

M.  Simon  construit  surtout  la  baratte  à  tonneau  (fig.  3),  appelée 
généralement  baratte  normande.  Pour  la  fermeture  herniétique  et  ra- 
pide des  barattes,  il  a  imaginé  un  bouchon  obturateur  en  métal 
(fig.  1).  Ce  bouchon  est  d'une  grande  simplicité;  il  se  compose  d'un 


iJi     Fig.  l.  —  Bouchon  obUiraVeur  mélallique  iioiir  les  baralles. 


couvercle  circulaire,  muni  d'un  anneau  en  métal  qu'on  fixe  sur  la  ba- 
ratte; le  couvercle  est  garni  de  deux  boutons  pour  la  manœuvre.  Pour 
ouvrir  ou  fermer  la  baratle,  il  suffit  de  tourner  le  bouchon  à  droite  ou 
à  gauche  d'un  sixième  de  tour.  La  fermeture  est  donf.  presque  instan- 


ts. 


Manège  de  M.  Simon,  conslructeur  à  Cherbourj. 


tanée.  L'emploi  de  ce  bouchon  supprime  l'usage  de  la  traverse  et  de 
la  vis  centrale  dont  on  se  sert  dans  les  anciennes  barattes  normandes  ; 
il  présente  moins  de  saillie  sur  la  baratte  et  il  est  plus  facile  à  net- 
toyer. En  outre,  le  poids  du  bouchon  est  plus  faible,  et,  par  suite,  il 
exerce  moins  d'influence  sur  la  rotation  de  l'appareil.  Ce  bouchon  peut 
d'ailleurs  être  adopté  pour  toutes  les  barattes,  quel  qu-en  soit  le  genre 
de  construction.  Suivant  les  dimensions  des  bouchons  obturateurs, 
dont  le  diamètre  intérieur  varie  de  11  à  28  centimètres,  leur  prix 
varie  de  6  fr.  50  à  25  fr. 

Le  manège  pour  barattes  que  construit  M.  Simon  est  représenté  par 


BArtATTKS  BT  MANÉtiES    bll  SYSTÈME  SIMON.  21 

la  fig.  2.  C'est  un  manège  à  double  couronne  dentée,  dont  l'arbre  de 
transmission  court  sur  le  sol  ;  tout  le  mécanisme  est  très  bas,  de  telle 
sorte  que  les  jeunes  animaux  peuvent  circuler  et  jouer  dans  la  cour 
de  la  ferme,  sans  que  l'on  ait  à  craindre  qu'ils  se  blessent  au  manège  ou 
à  l'arbre  de  transmission.  Il  et  d'ailleurs  à  peu  près  complètement 
couvert.  Le  calcul  des  roues  d'engrenage  a  été  établi  de  telle  sorte  que 
l'arbre  de  transmission  fasse  quinze  tours  par  tour  complet  de  cheval 
attelé  au  manège.  Le  prix  de  ce  manège,  sans  l'arbre  de  transmission 
ni  bras  d'attelage,  est  de  13()fr.  ;  il  est  augmenté  de  50  fr.  quand 
l'appareil  est  muni  d'un  bras  d'attelage  avec  son  palonnier,  et  de  deux 
bouts  d  arbre  de  transmission.  Le  montage  et  le  démontage  de  toutes 
les  parties  du  manège  sont  d'ailleurs  simples  et  faciles. 

Mais  ce  qui  constitue  chez  M.  Simon  iinn  invention  réellement  origi- 


Fig.  3".  —  Commande  par  friction  du  manège  à  li    Im-jil'j 


nale,  ce  sont  les  systèmes  de  commande  qu'il  a  imaginés  pour  trans 
mettre   à    la    baratte  le  mouvement  du  manège.  Il  a  eu  pour  but  d^ 
supprimer  les  chaînes,  les  courroies  et  les   engrenages  généralement 
adoptés  pour  cet  objet,  et  de  régler  à  volonté  la  vitesse  de  la  baratte, 
sans  qu'on  ait  à  modifier  l'allure  du  cheval. 

Le  premier  de  ces  systèmes  est  une  commande  par  friction  (lig.  3). 
La  baratte  repose  sur  deux  colonnes;  d'un  côté  de  son  axe,  elle  est 
reliée  directement  à  la  colonne  ;  de  l'autre  côté,  l'axe  porte  une  poulie, 
puis  s'engage  dans  un  tourillon  mobile  qu'on  peut  élever  ou  abaisser 
au-dessus  de  la  colonne  à  l'aide  d'un  petit  levier  à  main.  Une  deuxième 
poulie  verticale  est  fixée  plus  bas  sur  la  colonne  et  reçoit  son  mouve- 
ment de  l'arbre  de  transmission  du  manège.  Lorsque  le  petit  levier 
est  baissé,  les  deux  poulies  sont  langentielles  ;  la-  poulie  inférieure, 


22 


BARATTES  ET  MANEGES  DU  SYSTEME  SIMON. 


mise  en  mouvement,  entraine  la  poulie  supérieure  et,  par  suite,  la 
baratte,  dans  son  mouvement  de  rotation.  En  agisssant  sur  le  petit 
levier,  on  soulève  légèrement  la  poulie  supérieure  et  la  baratte,  on 
supprime  le  contact  des  deux  poulies,  et  la  baratte  s'arrête,  Pour  la 
faire  tourner  à  nouveau,  il  suffit  de  rétablir  le  contact,  en  abaissant 
le  petit  levier.  Le  prix  des  colonnes  et  du  mécanisme  est  de  95  francs; 
avec  le  manège,  il  s'élève  à  275  francs.  La  baratte  est  en  dehors  de 
ces  prix. 

Le  deuxième  système  est  une  commande  à  changement  de  vitesse 
(fig.  4).  Le  mécanisme  est  encore  très-simple.  La  baratte  est  montée 
de  la  même  manière,  mais  la  commande  est  supportée  par  deux 
colonnes.  La  poulie  supérieure  est  commandée  par  un  tronc  de  cône 
qui  tourne    sur  lui-même  sous   l'action  de  l'arbre  de  transmission. 


Fig.  4. —  Transmission  de  mouvement  à  changement  i de  vitesse. 


C'est  aussi  par  friction  que  le  mouvement  est  obtenu.  On  obtient  un 
changement  de  vitesse  en  faisant  tourner  le  petit  volant  qui  termine 
l'axe  de  la  poulie  supérieure  ;  on  fait  ainsi  varier  la  position  de  la 
poulie  par  rapport  au  cône.  Ce  changeaient  de  vitesse  permet  de  régler 
la  marche  de  la  baratte  sans  arrêt,  suivant  les  différentes  phases  de  la 
fabrication  du  beurre.  Pour  arrêter  le  mouvement  total,  il  suffit  de 
renverser  le^^levier  portant  le  petit  contre-poids  qu'on  voit  sur  l'axe  du 
tronc  de  cône;  ce  levier  établit  ou  supprime  le  contact  au  moyen  de 
coussinets  excentrés.  On  n'est  pas  obligé  d'arrêter  le  cheval.  Le  prix 
de  la  commande  à  changement  de  vitesse,  à  deux  colonnes  seulement, 
est  de  180  francs;  à  trois  colonnes,  de  200  francs,  et  avec  le  manège, 
de  380  francs.  M.  Simon  a  remporté,  pour  ce  système,  au  concours 
international  de  matériel  de  laiterie  à  Caen,  en  1883,  le  premier  prix 
consistant  en  une  médaille  d'or.  Henry  Sagnier. 


SUR  LA  GREFFE  DE   LA  VIGNE.  23 


SUR  LA  GREFFE  DE  LA  VIGNE 

On  a  beaucoup  exagéré  les  diflicultés  que  présentent  la  greffe  et  le 
prix  de  revient  d'une  plantation  nouvelle  à  raisins  américains; 
MM.  Fœx  et  Bender  se  sont  chargés  d'élucider  ces  deux  questions  aux 
récentes  conférences  viticoles  de  Villefranche  (Rliône). 

Prenant  la  greffe  à  son  point  de  départ,  le  premier  conférencier  a 
été  amené  à  parler  de  la  récolte  des  greffons  et  de  leur  conservation. 

C'est  en  novembre,  sous  notre  latitude,  qu'il  convient  de  lever  les 
sarments  destinés  à  faire  des  greffons. 

Coupés  et  aussitôt  liés  en  paquets  de  25,  on  les  place  par  couches 
dans  un  fossé  creusé  dans  un  cellier  ou  sous  un  hangar,  en  les  cou- 
vrant de  sable  aux  deux  tiers  sec;  le  dernier  lit  est  recouvert  de  20 
à  25  centimètres  de  sable  frais  ou  de  terre  que  l'on  tasse,  puis  on  les 
laisse  à  cet  état  jusqu'au  moment  oii  on  les  utilisera. 

Ainsi  tenus  dans  un  milieu  frais,  privés  d'air,  ces  greffons  conser- 
veront leur  fraîcheur  sans  pousser;  on  les  trouvera  dans  les  meil- 
leures conditions  pour  en  assurer  la  reprise. 

On  donne  les  mêmes  soins  aux  boutures  américaines  récoltées  avant 
l'hiver  ou  levées  en  février,  dont  on  se  servira  pour  faire  des  boutures 
ou  des  greffes-boutures  à  mettre  en  pépinière. 

Si  l'on  veut  greffer  sur  table  des  plants  racines  enlevés  à  la  pépi- 
nière, il  sera  convenable  de  les  arracher  avant  que  la  sève  se  soit  mise 
en  mouvement  au  printemps  ou  avant  la  gelée  en  automne.  Ces  plants 
seront  mis  en  jauge  en  terre  meuble,  ou  mieux  dans  du  sable,  dans  un 
lieu  couvert. 

L'époque  la  plus  convenable  pour  greffer  se  place  au  départ  de 
l'ascension  de  la  sève  et  au  moment  où  elle  semble  arrêter  sa  tluidité  ; 
on  aurait  moins  de  chance  de  réussir  à  l'époque  intermédiaire  où  la 
sève  est  dans  son  plus  grand  développement;  on  doit  aussi  tenir 
compte  du  retour  possible  des  gelées  tardives. 

D'après  ces  données,  on  pourrait  greffer  en  sol  chaud,  depuis  le 
commencement  d'avril,  et  ne  commencer  qu'à  la  fin  de  ce  mois  ou  en 
mai  lorsque  l'on  opère  dans  un  terrain  froid. 

Le  mode  de  greffe  à  préférer  dépend  de  la  grosseur  du  sujet  et  de  la 
position  où  se  trouve  le  cep  à  greffer. 

On  est  d'accord  pour  reconnaître  que  toutes  les  fois  qu'on  a  des 
sujets  de  moins  de  6  à  8  millimètres  de  diamètre,  c'est  à  la  greffe 
anglaise  qu'il  faut  donner  la  préférence,  parce  que  bien  faite,  c'est 
celle  qui  présente  le  plus  de  chance  de  réussite,  surtout  lorsque  l'obli- 
quité de  la  coupe  n'est  pas  trop  allongée,  et  que  la  fente  ne  dépasse 
pas  les  deux  tiers  de  la  longueur  de  cette  coupe. 

Toutes  les  fois  que  le  sujet  a  plus  de  8  millimètres,  on  est  amené  à 
se  servir  de  la  greffe  en  fente  simple,  et  en  feule  double  sur  les  gros 
sujets.  La  greffe  en  fente,  étant  plus  facile  à  faire  que  la  greffe  anglaise, 
compte  du  reste  un  grand  nombre  de  partisans. 

La  machine  Petit,  de  Toulène  (Gironde),  est  utilisée  avec  avantage 
pour  la  greffe  anglaise  sur  table;  le  greffoir  Prades  et  celui  du  docteur 
Besson  sont  des  guides  pour  la  greffe  anglaise  en  place. 

Comme  nous  le  dirons  plus  loin,  dans  les  écoles  de  greffage  du 
Rhône,   on  habitue  les  greffeurs  à   opérer  exclusivement  toutes  les 


24  SUR  LA  GREFFE  DE  LA  VIGNK. 

grefYes  à  la  main,  ils  arrivent  en  peu  de  temps  à  opérer  avec  une 
grande  rapidité  et  une  grande  précision. 

Bien  qu'on  ait  préconisé  un  grand  nombre  de  ligatures,  c'est  de 
celle  au  raphia  qu'on  obtient  les  meilleurs  résultats;  celte  ligature  doit 
couvrir  entièrement  les  coupures  et  même  les  déborder.  On  en  est 
arrivé  à  considérer  comme  inutile  l'engluement;  cependant,  il  a  son 
utilité,  lorsque  l'on  greffe  en  fente  de  forts  sujets,  pour  fermer  les 
fentes  qui,  sans  cette  précaution,  resteraient  béantes  et  se  dessé- 
cheraient. 

On  ne  doit  pas  enterrer  la  greffe  de  plus  de  deux  centimètres,  pour 
éviter  qu'elle  ne  s'affranchisse. 

On  amasse  ensuite  de  la  terre  meuble  ou  du  sable  autour  du  greffon, 
en  élevant  ce  petit  mamelon  protecteur  jusqu'au  niveau  de  l'œil  supé- 
rieur; il  en  est  même  qui  le  recouvrent  entièrement  de  sable. 

Il  sera  utile  de  débuter  en  juillet,  après  une  pluie  et  par  un  temps 
couvert,  pour  débarrasser  à  la  serpette  le  greffon  des  racines  qui 
auraient  pu  se  développer,  et  aussitôt  après  le  nettoyage  on  butte  de 
nouveau  Au  mois  d'août,  alors  que  les  grandes  chaleurs  ont  cessé, 
on  débulle  tout  à  fait. 

Dans  les  localités  où  le  froid  sévit  fortement  en  hiver,  il  sera  bon 
de  protéger  les  greffes  par  un  huilage.' 

Le  moment  où  la  soudure  s'opère  paraît  coïncider  avec  une  tempé- 
rature de  15  à  '20  degrés;  elle  se  produit  plus  lût  et  plus  régulièrement 
sur  les  sujets  greffés  en  place  que  sur  ceux  enlevés  de  ]a  pépinière 
pour  être  greffés. 

Le  porte-greffe  américain  a-l-il  une  influence  utile  ou  nuisible  sur  le 
greffon  français? 

Celte  question  posée  à  la  réunion  a  amené  M.  Gaillard,  de  Briguais, 
dont  l'autorité  est  bien  connue,  à  aflirmer  que  la  greffe  sur  américain, 
lorsqu'elle  est  bien  faite  et  bien  réussie,  lorsqu'elle  est  pratiquée  sur 
un  sujet  sain  et  quand  la  vigne  est  plantée  sur  un  sol  qui  lui  convient, 
augmente  la  vigueur  et  la  production  de  la  vigne  greffée;  il  a  même 
ajouté  que  si  le  phylloxéra  venait  à  disparaître,  on  devrait  continuer  à 
planter  les  vignes  américaines,  pour  les  greffer,  dans  le  but  unique 
d'augmenter  la  fécondité  de  nos  vignes  par  l'infusion  de  la  sève 
américaine. 

iVode  de  plantation  à  préférer.  —  Convient-il  d'opérer  la  plantation 
d'une  vigne  en  plants  américains  en  place  et  en  bouture,  comme  on  a 
l'habitude  de  le  faire  pour  les  cépages  français,  ou  vaut-il  mieux  gref- 
fer en  pépinière,  puis  mettre  en  place,  lorsque  la  soudure  est  assurée, 
ou  greffer  les  plants  racines  sur  table  et  les  mettre  ensuite  en  place? 

Ces  trois  systèmes  de  plantation  ont  des  partisans.  Dans  le  Midi, 
on  met  de  fortes  boutures  en  place  après  un  défoneemenl,  et  l'année 
suivante  on  greffe.  Dans  le  Bordelais,  on  préfère  s'assurer  d'avance 
de  la  réussite  de  la  greffe;  on  greffe  donc  sur  table  les  racines  à  un  an 
ou  à  deux  ans,  on  les  remet  en  pépinière,  et  à  la  troisième  année  on 
met  en  place;  ou  encore  on  greffe  à  deux  ans  et  on  plante  de  suite  en 
place.  Forcément,  si  l'on  a  des  greffes-boutures  élevées  en  pépinière, 
qui  réussissent  très  bien  dans  le  centre  de  la  France,  on  devra  les 
planter  après  deux  ans  de  pépinière.  M.  Bender  et,  avec  lui,  M.  Gaillard, 
sont  partisans  d'opérer  comme  on  le  faisait  autrefois  dans  le  Lyonnais 
et  le  Beaujolais. 


iiUR  LA  GREFFE  DE  LA  VIGNE.  2S 

Le  terrain  que  l'on  veut  garnir  étant  préparé  parundéfoncement  et 
fumé,  on  plante  en  ligne,  à  1  mètre  en  tous  sens,  deux  fortes  boutures 
de  plants  américains,  en  croisant  leurs  têtes  pour  éloigner  les  talons 
des  deux  racines. 

Selon  la  réussite  de  la  plantation,  on  grert'e  au  printemps  suivant 
ou  l'on  attend  le  second,  et  l'on  arrache  avec  précaution  les  boutures 
doubles.  Après  la  seconde  ou  la  troisième  année,  on  a  une  vigne  gref- 
fée; on  remplace  par  des  plants  cultivés  en  pépinière  les  greffes  inan- 
quées,  et  à  la  quatrième  année  on  a  un  premier  rendement. 

On  voit  qu'en  agissant  ainsi,  on  a  aussitôt  reconstitué  une  vigne  à 
racines  résistantes  qu'une  vigne  française,  et  grâce  à  la  puissance  de 
la  végétation  des  cépages  du  mouveau  monde,  on  marche  rapidement  à 
un  rendement  rémunérateur. 

Sans  doute,  celte  vigne  aura  coûté  quelques  centaines  de  francs  de 
plus  par  hectare  à  rétablir  que  nos  vignes  anciennes  ;  mais  celte  dé- 
pense, une  fois  faite,  on  n'aura  plus  à  compter  avec  le  traitement  au 
sulfure  de  carbone,  avec  les  doubles  fumures  et  avec  les  embarras  qui 
sont  les  conséquences  d'un  produit  qui  n'a  rien  d'assuré  et  d'un  capital 
qui  s'amoindrit  chaque  jour. 

La  longueur  de  notre  travail  nous  oblige,  à  regret,  de  ne  parler 
qu'incidemment  des  intéressantes  communications  de  MM.  Lichlens- 
tein,  Vialla  et  Mercanlon. 

Le  savant  entomologiste  de  Montpellier  s'est  appliqué  à  rechercher 
les  causes  du  ralentissement  de  la  marche  du  phylloxéra  à  mesure 
qu'il  pénètre  dans  les  régions  [tempérées  :  il  les  trouve  dans  le  petit 
nombre  de  pontes  que  peut  faire  l'insecte  pendant  la  saison  estivale, 
et  aussi  à  la  rare  et  tardive  apparition  du  phylloxéra  ailé. 

M.  Licbtenstein  a  aussi  appelé  l'attention  de  la  réunion  sur  un  nouvel 
insecticide  trouvé  par  M.  Riley  du  Missouri,  qui  serait,  d'après  cet 
entomologiste,  d'un  effet  infaillible.  Il  paraît  consister  dans  la  dilution 
dans  de  l'eau  d'un  savon  à  base  de  pétrole,  avec  laquelle  on  arroserait 
les  racines  des  vignes.  Son  coiit  est  minime,  son  application  facile 
partout  où  l'on  a  de  l'eau  à  sa  disposition.  Ce  savon  est  en  même 
temps  un  poison  actif  pour  le  puceron  et  un  engrais  énergique  pour 
la  vigne.  M.  Riley  doit  venir  en  France  pour  soumettre  son  insecticide 
à  des  expériences  concluantes. 

M.  Mercanlon,  professeur  de  viticulture  du  canton  de  Vaud  (Suisse), 
pays  où  la  culture  de  la  vigne  est  arrivée  à  l'apogée  de  la  perfection, 
a  fait  une  communication  sur  les  leçons  qu'il  donne,  sur  l'inspection 
des  vignes  et  sur  les  récompenses  décernées,  tous  les  trois  ansj  aux 
vignerons  qui  ont  donné  le  plus  de  soins  à  leurs  vignes.  Ces  données 
ont  présenté  un  vif  intérêt,  et  le  conférencier  a  été  fort  applaudi 

M.  Vialla  a  pris  une  dernière  fois  la  parole  pour  entretenir  la 
réunion  de  la  nécessité  de  réunir  les  efforts  de  la  viticulture  française 
afin  de  lutter  contre  l'envahissement  de  nos  marchés  par  les  vins  et 
par  les  pseudo-vins  étrangers  qui  font  aux  nôtres  une  concurrence 
effrayante. 

Le  vrai  moyen  d'arriver  à  ce  résultat,  a  dit  comme  conclusion  le 
président  de  la  Société  d'agriculture  de  l'Hérault,  de  paralyser  cette 
concurrence,  est  de  produire  des  vins  naturels,  agréables  et  hygié- 
niques, et  de  les  donner  à  un  prixassez  bas  pour  les  mettre  à  la  portée 
de  tous  les  ménages. 


26  SUR  LA  GHEFFE  DE  LA  VIGNE. 

Ce  résumé  succinct,  quoique  déjà  long,  donnera  une  idée  de  l'impor- 
tance des  questions  théoriques  et  pratiques  que  les  conférenciers  de 
Villefranche  ont  eues  à  traiter  devant  de  nombreux  auditeurs  appar. 
tenant  surtout  à  la  classe  des  petits  propriétaires  et  des  vignerons- 
Les  résultats,  nous  ne  pouvons  en  douter,  seront  considérables  pour 
la  reconstitution  des  vignobles  du  département  du  Rhône  et  surtout 
du  Beaujolais,  qui  a  le  plus  à  souffrir  des  atteintes  du  phylloxéra. 

P.    TOCHON, 
président  de  la  Société  centrale  d'agriculture  de  la  Savoie. 

FERRURE  GHARLIER  PERFEGTIOiNNÉE 

PAR  L'EMPLOI  DE   L'AGIER  RESSEMER 

M.  le  colonel  Gillon,de  Wallhouse,  l'un  des  membres  les  plus  dis- 
tingués de  la  Société  d'agriculture  d'Ecosse,  vient  de  publier  une  bro- 
chure intitulée  :  De  la  meilleure  manière  de  ferrer  les  chevaux  de  chasse, 
de  voilure  el  de  ferme,  prouvée  par  neuf  années  d' expérience  de  V acier 
Bessemer  employé  pour  la  ferrure  Char  lier  \ 

Grand  ami  du  cheval,  homme  de  progrès  et  de  science,  M.  le  colo- 
nel Gillon  est  le  véritable  propagateur,  en  Angleterre,  de  la  ferrure 
Charlier,  dont  il  n'a  cessé  de  rester  le  partisan  convaincu  depuis  1 870, 
et  à  laquelle  il  vient  d'apporter  un  grand  perfectionnement. 

Voici  un  extrait  de  cette  étude  très  intéressante  : 

«  Le  fer  (métal)  est  une  matière  trop  fragile  pour  la  confection  d'un  objet  aussi 
mince  et  aussi  léger  que  le  fer  Charlier,  et  duquel  on  exige  un  service  aussi  rude 
et  aussi  durable.  Cependant  mes  premiers  fers  appliqués  à  Wallhouse,  par 
M.  Charlier  fils,  durèrent  un  mois  et  même  six  semaines;  mais  j'eus  beaucoup 
d'ennuis  au  début,  les  fers  s'écarlant,  s'ouvrant  en  talons,  ou  se  cassant,  d'où  je 
commençais  à  conclure  que  les  fers  en  métal,  même  de  bonne  qualité,  ne  conve- 
naient pas  à  la  ferrure  Gliarlier. 

«  Alors  j'essayai  un  fer  à  cheval,  composé  de  deux  bandes  minces  soudées 
ensemble  :  l'une  supérieure,  en  contact  avec  la  corne,  en  fer;  l'autre  inférieure, 
posant  sur  le  sol,  en  acier.  Cette  composition  était  un  peu  meilleure,  mais 
l'acier  rendait  ce  fer  à  cheval  cassant  et  glissant. 

«  Ensuite  j'essayai  de  l'acier  et  du  fer  mélangés,  fondus  ensemble  en  barres 
laminées  ;  j'obtins  ainsi  une  matière  excellente,  que  j'employai  avec  grand  succès 
pendant  quelques  années  ;  les  fers  duraient  deux  mois  et  même  davantage. 

«  Mais,  depuis,  la  découverte  de  l'acier  Bessemer  a  produit  des  résultats  mer- 
veilleux dans  son  application  à  la  confection  du  fer  Charlier '^  J'ai  maintenant 
une  expérience  acquise  de  cette  remarquable  matière  que  j'emploie  depuis  huit  ou 
neuf  années  ;  mes  fers  de  chasse  durent  en  moyenne  treize  semaines,  en  les  rele- 
vant, bien  entendu,  au  bout  de  six  semaines.  Je  ne  ferre  mes  chevaux  que  deux 
fois  pendant  la  saison  des  chasses,  c'est-à-dire  d'octobre  en  avril.  D'avril  en  octo- 
bre, une  seule  l'errure  sulfit.  Mes  chevaux  de  voiture,  marchant  continuellement 
sur  les  routes'',  portent  des  fers  durant  neuf  semaines  ;  les  chevaux  de  ferme,  dix 
semaines.  Jamais  les  fers  ne  cassent  ni  ne  s'écartent. 

«  J'ai  donc  atteint,  je  le  soutiens,  la  perfection  dans  la  ferrure  Charlier. 
Jamais  je  n'ai  de  chevaux  boiteux,  et  je  ne  les  ferre  que  trois  fois  par  an  pour  la 
chasse,  quatre  fois  seulement  pour  l'attelage  ou  pour  le  service  de  ferme.  Il  est 
vrai  que  les  vétérinaires  n'aiment  pas  le  premier  de  ces  avantages  et  que  les  maré- 
chaux n'aiment  pas  le  second,  et  sont  ennemis  du  système. 

«  Mes  fers  coiitent  à  peu  près  le  même  prix  que  les  fers  ordinaires. 
«  Je  connais  beaucoup  de  propriétaires  de  chevaux  qui,  comme  moi,  ont  persé- 
véré dans  l'application  de  cette  ferrure  perfectionnée  et  en  ont  recueilli  tous  les 
avantages.  » 

1.  MM.  blackwood  and  sons,  éditeurs;  Edimbourg  el  Londres. 

2.  L'acier  Bessemer  est  un  acier  pur  préparé  de  façon  à  être  aussi  doux  et  aussi  malléable  que  le 
fer,  pouvant  être  forgé  et  manié  facilement,  tout  en  étant  beaucoup  plus  résistant  à  l'usure,  sans 
être  cassant  ni  glissant. 

3.  Les  routes  empierrées  sont  très  dures  en  Ecosse  :  c'est  un  granit. 


LA  FERRUHK  CHARLIER.  27 

Ici,  M.  le  colonel  Gilloii  cite  des  noms  biea  connus  de  nos  voisins 
d'outre-Manche,  entre  autres  le  capitaine  King,  rédacteur  du  Field, 
et  qui  a  publié  dans  ce  journal  un  article  favorable  à  la  ferrure  Charlier. 

En  outre  l'auteur  joint  à  ses  allirmations  des  attestations  d'une 
notoriété  incontestable  :  un  rapport  du  capitaine  Cockerell,  présenté 
au  Parlement,  des  lettres  de  M.  George  Fleming,  médecin-vété- 
rinaire militaire  (Royal  Eugineers),  qui  a  obtenu,  pour  son  excellent 
ouvrage  sur  la  maréchalerie,  le  premier  prix  au  concours  ouvert  par  la 
Société  d'agriculture  d'Ecosse  ;  une  lettre  de  M.  le  professeur  Williams, 
directeur  du  collège  vétérinaire  d'Edimbourg;  un  article  du  profes- 
seur Mac'Call,  directeur  du  collège  vétérinaire  de  Glasgow. 

Nous  pourrions  joindre  aux  faits  cités  par  tous  ces  grands  connais- 
seurs les  expériences  concluantes  du  professeur  Ferguson,  médecin- 
vétérinaire  du  gouvernement,  à  Dublin,  de  M.  Henry  Stevens,  vétéri- 
naire à  Londres,  qui,  depuis  quatorze  ans,  appliquent  avec  succès 
la  ferrure  Charlier,  en  employant  aussi  de  l'acier  pur  préparé. 

L'acier  Bessemer  est  certainemeot  le  meilleur  de  tous  les  aciers 
essayés  ;  c'est  le  dernier  mot  de  la  métallurgie  appliquée  à  la  ferrure 
du  cheval  ;  il  réalise  un  immense  progrès. 

La  ferrure  Bessemer-Charlier  (ces  deux  noms  deviennent  insépara- 
bles) retour  d'Angleterre,  est  appelée  à  un  grand  succès  en  Fi*ance,  où 
elle  fera  revivre  certainement  l'ancienne  ferrure  Charlier,  tombée 
un  peu  en  désuétude,  grâce  à  l'indifférence  des  propriétaires  de  che- 
vaux, et  à  la  mauvaise  volonté  des  maréchaux  ou  des  cochers. 

Il  est  vrai  de  dire  que  le  fer  Charlier  français  était  trop  épais,  exi- 
geait une  feuillure  trop  profonde,  était  d'une  application  difficile  pour 
des  mains  inhabiles  ;  de  plus  les  fers  étaient  trop  flexibles,  trop  fragi- 
les et  s'usaient  trop  vile.  Tous  ces  inconvénients  disparaîtront  avec 
l'emploi  de  l'acier  Bessemer. 

Les  maréchaux,  un  peu  découragés'par  l'ancienne  ferrure,  adopteront 
la  nouvelle  avec  plus  de  complaisance.  Quant  à  nos  cochers,  ils  seront 
enchantés  d'avoir  des  chevaux  tenant  bien  le  pavé,  ne  glissant  pas  et 
ne  boitant  pas. 

A  Paris,  la  nouvelle  ferrure  deviendra  le  digne  corollaire  du  pavatje 
en  bois,  par  sa  légèreté  et  sa  solidité.  Pour  partir  à  la  campagne,  on 
n'aura  pas  besoin  d'une  grande  provision  de  fers,  et  si  les  maréchaux 
sont  récalcitrants,  il  sera  facile  d'appliquer  les  nouveaux  fers  comina 
des  fers  ordinaires. 

En  province,  cette  ferrure  conviendra  surtout  pour  les  chevaux  de 
chasse.  Eifin  elle  pourra  être  appropriée  aux  bœufs  de  travail,  suivant 
la  modification  inaugurée  avec  succès  par  notre  célèbre  agronome,  le 
regretté  M.  de  Béhague. 

Reste  une  question  qui  a  son  importance. 

Cette  ferrure  coùtera-t-elle,  en  France,  plus  cher  que  l'autre?  Nous 
pouvons  répondre  :   non  ;   au  contraire,  elle  sera  meilleur  marché. 

En  effet,  la  ferrure  étant  excessivement  légère,  il  faut  très  peu  de 
matière  ;  de  plus,  elle  dure  le  double.  L'acier  Bessemer,  fabriqué  en 
France,  ne  coûte  pas  plus  cher  que  le  fer  de  bonne  qualité. 

Et  doit-on  compter  pour  rien  la  conservation  du  pied,  qui  est  la 
conservation  du  cheval,  les  boiteries  et  les  glissades  en  moins? 

La  ferrure  Bessemer-Charlier  devant  coûter  moins  que  le  fer  ordi- 
naire, la  question  d'économie  est  résolue.  A.  BEKTllA^D. 


28  LES  PRIX  GULTURAUX  DANS  LES  HAUTES-PYKÉtNÉÉS- 

PRIX    GULTURAUX    ET    D'IRRIGATION 

«ANS  LES  HAUTES-PYRÉNÉES  EN  188i' 

La  création  des  concours  de  domaines  dans  les  départements  où  doit  avoir  lieu 
le  concours  réc;ional  avait  pour  objet  d'exciter  l'éraulalion  des  propriétaires  et  des 
cullivatenrs,  d'encourager  leurs  travaux  et  de  favoriser,  par  suite,  le  progrès  agri- 
cole. Pendant  la  dernière  période  septennale,  dans  presque  tous  les  départe- 
ments dii  Sui-Ouest.  ce  résultat  a  été  obtenu.  L'augmentation  du  nombre  des 
concurrents  et  des  récompenses  que  le  jury  a  dû  accorder  est  une  preuve  que  la 
pensée  du  gouvernement  avait  été  comprise.  Un  mouvement  contraire  semble 
s'être  produit  dans  le  département  des  Hautes-Pyrénées.  Au  lieu  de  répondre 
aux  espérances  que  nous  avaient  données  les  trois  concours  antérieurs,  celui  de 
cette  année  nous  a  causé  une  véritable  déception. 

En  1860  et  !!:62,  la  prime  d'honneur  était  décernée  à  deux  grands  proprié- 
taires, et  les  rapports  de  mes  prédécesseurs  établissent  combien  ils  étaient  dignes 
de  cette  haute  distinction.  En  1875,  si  la  prime  d'honneur  était  réservée, 
l'attribution  de  deux  piix  culturaux  et  de  nombreuses  médailles  de  spécialité 
démontraient,  du  moins,  la  richesse  du  concours  et  les  mérites  des  divers  do- 
maines. 

Il  n'en  a  pas  été  de  même  cette  année;  sept  domaines  seulement  ont  été 
inscrits,  et  pas  un  ne  dépassait  une  contenance  de  40  hectares.  La  petite  culture 
seule  a  pris  part  à  la  lutte.  La  plus  grand  partie  du  département  y  est  restée 
étrangèie.  Nous  n'avons  trouvé  aucun  concurrent  dans  l'arrondissement  d'Ar- 
gelès,  dans  neut  cantons  de  l'arrondissement  de  Taibes,  dans  sept  de  l'arrondis- 
sement de  Bagnères-de-Bigorre.  Les  cinq  cantons  de  Tarbes,  Bagnères,  Tour- 
nay,  Gastelnau-Magnoac,  Saint-Laurent  de  la  Neste  ont  été  seuls  l'objet  de  nos 
visites. 

Nous  recherchons  vainement  les  causes  de  cette  abstention  bien  regretlable, 
surtout  lorsque  nous  nous  rappelons  l'empressement  et  les  riches  résultats 
constatés,  il  y  a  trois  ans,  dans  le  département  des  Basses-Pyrénées.  Placés  sous 
la  'même  intluence  climatérique,  ces  deux  départements  se  rappruchent  non 
seulement  par  leurs  limites,  mais  encore  par  la  nature  du  sol  et  la  similitude  des 
cultures,  et  ils  devaient  se  présenter,  nous  avions  tout  lieu  de  le  croire,  dans  les 
mêmes  conditions. 

La  crise  que  traverse  l'agriculture,  les  années  désastreuses  qui  se  sont  succédé 
depuis  le  dernier  concours,  expliqueraient  peut-être  ce  découragement,  mais  ne 
sauraient  le  justifier.  La  principale  cause  de  cette  crise  est,  en  effet,  dans  le  laible 
rendement  des  céréales  et  la  vente  à  des  prix  peu  rémunérateurs,  presque  au- 
dessous  des  frais  de  culture  et  des  prix  de  revient.  Mais,  par  une  situation  excep- 
tionnelle, de  tous  les  départements  de  la  région  du  Sud-Ouest,  le  département 
des  Hautes-Pyrénées  est  celui  qui  en  a  le  moins  ressenti  les  funestes  effets. 

Pour  lui,  la  culiure  fourragère  et  l'élevage  du  bétail  sont  la  première  source 
des  revenus  agricoles;  à  1  abri  des  intempéries  des  saisons  et  des  variations 
atmosphériques,  ces  revenus  n'ont  rien  à  redouter  de  l'importation  et  de  la  con- 
currence des  marchés  étrangers.  Si  les  cultures  fourragères  n'ont  pas  toujours 
répondu  à  leurs  désirs,  les  propriétaires  ne  peuvent  accuser  que  leur  négligence. 
Le  gouvernement,  qui  a  tout  lait  pour  en  assurer  le  développement  et  pour  favo- 
riser l'élevage,  leur  a  donné  les  moyens  d'améliorer  leurs  terres  et  d'en  accroître 
la  production. 

La  loi  organique  des  haras  de  1874  a  pour  principal  but  l'élève  de  la  race  che- 
valine dont  votre  département  est  le  berceau,  et  les  encouragements  de  toute 
nature  qu'elle  affecte  à  l'anglo-arabe  doivent  surtout  être  attribués  aux  proprié- 
taires de  cette  région. 

Non  content  de  donner  un  nouvel  élan  à  l'élevage  du  cheval  du  Midi  et  du 
cheval  de  guerre,  le  gouvernement  a  voulu  également  faciliter  l'élevage  de  l'es- 
pèce bovine.  L'administration  des  forêts^  a  choisi  vos  montagnes  pour  y  faire 
l'essai  d  un  regazonnement  et  augmenter  ainsi  les  pacages,  y  créer  les  premières 
fruitières,  assurant,  par  les  associations  pastorales,  les  revenus  d'une  industrie 
laitière  presque  inconnue  dans  les  contrées  pyrénéennes. 

1.  Rapport  présenté  au  concours  régionat  de  Tarbes,  en  1884,  au  nom  de  Ja  Commission  ctiar- 
gée  de  décerner  les  prix  culturaux  et  les  médailles  de  spécialité. 


LES   PRIX  CULTURAUX  BANS  LES    HAUTES-PYRÉNKES.  29 

Il  ne  s'est  pas  seulement  préoccupé  de  créer  des  pacages  dans  les  montagnes, 
il  a  voulu  améliorer  les  prairies  de  la  plaine  en  donnant  tous  les  moyens  d'arro- 
sage, et  grâce  à  ces  ressources  mises  à  la  disposition  de  l'agriculture,  en  provo- 
quer la  création  de  nouvelles.  Tandis  que  d'autres  départements  limitrophes 
attendent  depuis  de  longues  années  l'exécution  de  pareils  travaux  encore  à  l'étude, 
les  eaux  des  lacs  supérieurs  de  vos  montagnes,  recueillies  et  utilisées,  alimentent 
les  rivières  qui,  pendant  les  chaleurs  de  l'été,  n'avaient  pas  un  débit  sultisant 
pour  porter  la  fertilité  daus  les  plaines  qu'elles  enrichissent.  On  n'a  pas  même 
hésité  à  sacrifier  pour  vous  des  droits  acquis. 

Des  eaux  ont  été  détournées  de  leur  cours  naturel,  enlevées  au  fleuve  qui  de- 
vait les  recevoir  et  au  pays  qu'il  traverse,  et  le  département  des  Hautes-Pyré- 
rénées  est  appelé  à  en  profiter,  grâce  aux  divers  canaux  d'irrigation  qui  leur  ont 
donné  une  direction  nouvelle.  La  mise  en  culture  après  défrichement  sera  ainsi 
rendue  plus  facde  et  plus  productive. 

Malheureusement,  les  populations  agricoles  n'ont  pas  suivi  le  mouvement  que 
le  gouvernea.ent  a  voulu  provoquer.  Le  concours  d'irrigation  ne  nous  a  montré 
que  de  rares  créations  de  prairies  nouvelles,  et  si  quelques  hectares  de  landes 
défrichées  ont  fixé  l'attention  du  jury,  nous  avons  le  regret  de  constater  que 
c'est  une  œuvre  d'initiative  privée  entreprise  sur  un  seul  point  du  départe- 
ment. En  1873,  l'enquête  agricole  portait  à  lySjSSS  hectares  l'étendue  des  terres 
incultes  dans  les  Hautes-Pyrénées,  et  avec  les  éléments  dont  on  dispose,  cette 
œuvre  aurait  dû  avoir  une  bien  autre  extension. 

Rappelez-vous  le  département  des  Landes,  placé  dans  des  co  ditioiis  bien 
moins  avantageuses,  et  qui,  dans  ces  trente  dernières  années,  a  vu  augmenter 
de  plus  de  200,000  hectares  la  surface  des  terres  cultivées  et  où  le  même  travail 
se  poursuit  toujours  avec  la  même  activité.  L'agriculture  est  restée  stationnaire, 
et  c'est  la  véritable  cause  de  la  faiblesse  du  concours  des  domaines  en  1883. 
Pourquoi  n'a-t-eile  pas  suivi  la  marche  progressive  qu'a  eue  dans  votre  département 
l'élève  de  l'espèce  chevaline.  Sur  ce  point,  vous  avez  répondu  à  la  pensée  de  l'ad- 
ministration des  haras  et  à  ses  sacrifices.  Le  concours  hippique  au;iuel  nous 
venons  d'assister  a  maintenu  une  prépondérance  justement  méritée.  Les  pouli- 
nières sont  dignes  de  leur  vieille  réputation,  et  l'importation  de  leurs  poulains 
se  propage  dans  les  départements  où  l'élevage  leur  donne  un  développement  et 
une  force  qui  en  augmentent  le  mérite. 

Nous  avions  espéré  que,  dans  le  concours  des  domaines,  nous  aurions  eu  l'oc- 
casion d'apprécier  cette  branche  importante  do  votre  industrie  agricole.  Sur 
ce  point  encore,  nos  espérances  ont  été  déçues.  Un  seul  de  nos  concurreuts  nous 
a  présenté  une  coUectioQ  d'animaux  remarquables,  il  est  vrai,  par  leur  type,  leur 
origine  et  dont  la  famille  avait  paru  avec  éclat  sur  les  hippodromes  et  dans  les 
concours  généraux  de  Paris.  Nous  aurions  été  heureux  de  donner  une  nouvelle 
récompense  à  leur  propriétaire,  mais  les  prix  culturaux  s'appliquent  à  l'ensemble 
d'une  exploitation  agricole  et  non  à  une  branche  spéciale  à  laquelle  des  encoura- 
gements importants  sont  afiéctés. 

La  visite  des  écuries  de  M.  le  docteur  Sempé  a  laissé  dans  notre  esprit  la  plus 
agréable  impression,  et  le  jury  me  charge  de  lui  adresser  ses  félicitations  les  plus 
sincères.  Nous  aurions  voulu  apprécier  l'élevage  dans  d'autres  parlies  du  dépar- 
tement et  juger  par  la  comparaison  les  résultats  que  le  concours  hippique  vient  de 
confirmer. 

L'extension  des  cultures  fourragères  aurait  amené  une  augmentation  notable 
dans  les  revenus  de  la  propriété  teiritoriale,  et  alors,  au  li;.u  du  découragement 
qui  éloigne  des  concours,  nous  aurions  trouvé  ce  zèle  et  cette  ambition  qui  y 
attirent  et  leur  donnent  plus  d'éclat.  Les  regrets  que  je  considère  comme  un  de- 
voir d'exprimer  ne  diminuent  en  rien  le  mérite  de  nos  lauréats.  Quand,  autour 
d'eux,  on  resiait  dans  une  indifférence  blâmable,  ils  ont  travaillé  avec  ardeur;  et 
plus  leur  action  a  été  isolée,  plus  elle  a  créé  des  titres  en  leur  faveur  et  leur  a 
donné  droit  à  des  éloges. 

GûNCOURS  DES  DOMAINES.  —  Mcd'iiUes  de  spêcialilé.  —  Sur  les  domaines  pré- 
sentés, cinq  seulement  oui  obtenu  des  récooapeuses  et,  pirmi  eux,  quatre  avaient 
concouru  pour  le  prix  cultural  de  la  (|uairième  catégorie. 

M.  Pavo  (Jean),  propriétaire  à  Uzer,  canton  de  Bagnères-de-Bigorre,  nous  a 
présenté  un  petit  domaine  de  11  hectares,  ainsi  répartis  :  terres  arables,  5  hec- 
tares; prairie  naturelle,  3  hectares;  bois,  2  hectares;  châtaigneraie,  74  ares; 
vignes,  20  ares;  jardins,  6  ares. 


30  LES  PRIX  GULTaRA.UX  DANS  LES  HAUTES-PYRÉNÉES. 

L'assolement  est  biennal;  au  froment,  seigle  et  méteil  succèdent  alternative- 
ment le  maïs  et  les  pommes  de  terre.  Lors  de  notre  visite,  le  blé  n'était  pas 
mauvais,  mais  la  prairie  méritait  une  mention  toute  particulière.  Elle  est  très 
bien  soignée.  Un  réservoir  placé  au-dessous  de  la  ferme  reçoit  les  eaux  de 
diverses  sources,  et  leur  distribution,  bien  faite,  augmente  la  production  four- 
ragère. 

Grâce  à  cette  récolte  plus  abondante,  M.  Puyo  peut  entretenir,  dans  des  locaux 
bien  appropriés,  un  bétail  nombreux,  près  d'une  tête  par  hectare.  Nous  avons 
trouvé  5  vaches,  2  bœufs,  kO  brebis  qui,  pendant  l'été,  sont  conduits  au  pacage 
dans  les  montagnes  et  qui,  pendant  l'hiver,  résident  à  la  ferme. 

M.  Puyo  père  cultive  lui-même  sa  terre  avec  l'aide  de  ses  trois  enfants  qu'il  a 
élevés  dans  l'amour  de  l'agriculture.  Le  travail  et  l'économie  ont  donné,  dans 
cette  maison,  l'aisance  et  le  bien-être.  Il  résulte  des  renseignements  qui  nous  ont 
été  fournis  que  Puyo  s'était  chargé  de  son  immeuble,  il  y  a  vingt  ans,  en  partage 
de  famille,  pour  le  prix  de  22,4u0  Ir.  Avec  ses  revenus,  qui  "étaient  ses  seules 
ressources,  il  a  désintéressé  quatre  frères,  quatre  sœurs,  a  doté  sa  fille  et  élevé 
une  famille  nombreuse. 

Cette  vie  de  travail  et  d'ordre  est  un  exemple  salutaire  donné  aux  enfants  qu'il 
a  su  attacher  au  sol  qui  les  a  vus  naître,  et  que  nous  devons  encourager.  Nous 
avons  pensé  qu'une  médaille  d'argent,  grand  module,  ne  pouvait  être  placée  en  de 
meilleures  mains  ;  et  en  s'appliquant  à  la  partie  la  plus  complète  de  son  exploita- 
tion, la  culture  fourragère,  elle  récompensera  une  vie  laborieuse  et  honnête,  exclu- 
sivement consacrée  à  l'agriculture. 

Le  domaine  de  M.  Lucien  Noguès,  propriétaire  à  Garaison,  commune  de  Mon- 
léon-Magnoac,  canton  de  Castelnau-Magnoac,  arrondissement  de  Bagnères-de- 
Bigorre,  a  une  étendue  de  19  hectares  divisés  en  trois  lois  :  l'un  de  12  hectares, 
formant  un  enclos  autour  delà  maison  d'habitation;  les  deux  autres,  de  3  hectares 
chacun,  à  une  distance  d'environ  800  mètres;  12  hectares  sont  en  terres  labou- 
rables, 4  en  prairies  naturelles,  2  en  vignes  et  1  en  bois. 

L'assolement  est  triennal  et  permet  de  faire  passer  successivement,  sur  chaque 
pièce,  maïs,  froment,  avoine,  trèfle  de  Hollande,  etc.  L'emploi  des  marnes  a  mo- 
difié la  nature  froide  et  ingrate  du  sol  et  lui  a  donné  une  fertilité  qu'ont  dévelop- 
pée les  fumures  abondantes  et  les  engrais  chimiques. 

Grâce  à  ces  amendements,  toutes  les  cultures  sont  en  bon  état,  mais  les  luzernes 
et  les  vesces  sont  sut  tout  remarquables. 

M.  Noguès  connaît  l'importance  des  fumiers  et  les  soigne  en  véritable  agri- 
culteur; les  fosses  à  purin  sont  une  des  meilleures  parties  de  son  exploitation. 
Les  écuries  n'offrent  pas  toutes  les  conditions  d'aération  ;  les  animaux  y  sont  très 
nombreux:  deux  bœuf<,  dix  vaches,  six  élèves  de  l'espèce  bovine,  une  jument, 
deux  pouliches,  sans  compter  les  divers  sujets  de  l'espèce  porcine. 

M.  Noguès  n'est  pas  seulement  propriétaire,  il  ajoute  à  son  domaine  une 
double  industrie.  Représentant  de  plusieurs  fabricants  d'instruments  agricoles, 
il  s'occupe  du  placement  de  leurs  machines  et  a  pu  ainsi  s'en  procurer  pour  son 
compte  personnel  à  de  meilleures  conditions.  Maître  d'hôtel,  il  utilise  pour  son 
domaine  les  fumiers  des  noubreux  animaux  qui  séjournent  dans  les  écuries  de 
son  établissement.  C^  sont  là  des  ressources  particuhères  qui  le  mettent  dans  une 
autre  situation  que  plusieurs  de  ses  concurrents. 

Des  améliorations  importantes  ont  été  faites,  et,  sans  nul  doute,  le  domaine  a 
acquis  une  plus-value  depuis  que  M.  Noguès  en  est  le  propriétaire;  mais  il  n'a 
pas  eccore  cet  ensemble  qui  eût  pu  le  mettre  en  ligne  pour  le  prix  cultural. 

Le  jury,  néanmoins,  a  voulu  lui  donner  un  témoignage  de  sa  satisfaction  en  lui 
accordant  une  médaille  d'argent,  grand  module,  pour  sa  culture  des  prairies  arti- 
ficielles. Louis  Féral, 

{La  suite  procUainement.)  Membre  du  Conseil  général  de  la  Haute-Garonne. 

L'AGRICULTURE  DANS  LES  ÉTATS-UNIS,  AUX  INDES 

ET  AU  CHILI.  —  II 

Indes.  —  Voici  des  renseignements  très  utiles  sur  le  prix  de  revient 
du  blé  blanc  venant  de  Delhi,  dans  les  Indes  britanniques.  Le 
blé  blanc  de  Delhi  est  de  bonne  qualité  et  très  estimé  sur  les  marchés 
d'Europe.  Il  était  coté  dans  la  deuxième  semaine  de  janvier  à  38  shel- 


l'agriculture  aux  ÉTATS-UNIS,  AUX  INDES  ET  AU  CHILI.  31 

]ina,s  3  pence  par  quarter  de  492  livres  anglaises,  pour  marchandiso 
délivrée  franco  sous  vergues,  dans  un  port  du  continent,  entre  Bor- 
deaux et  Hambourg,  au  choix  de  l'acheteur,  Bordeaux  par  exemple, 
bien  entendu  par  chargement  complet  de  navire  : 

Soit  les  inO  kilog.  renrius  franco  à  Bordeaux  :  38  sll.  3  p.  à  25  fr.  =  47  fr.  8i);  VM  livres 
anglaises  à  4:)3  gr.  5  =  223  kiiog.  122  gr 21    fr.   44 

La  distance  sur  rail  de  Delhi  à  Calcutta  est  de  98i  milles  =  l.fi.Sô  kilom.  et  le 
tarif  pour  ce  parcours  est  de  (il  rupees  (i  îfr.  10=  U8  fr.  10)  par  100  bïzar-mounds 

(à  37  kilo,'.  250  =  3,720  kilog),  soit  pour  100  kdûg 3    fr.    44  , 

Frais   de   mi.-e    à    bord   à  Calcutta  :  1    rupee   (2  fr.  10)    par   tonne  1 

(1016  kilog.) 0  20  V     7         94 

Fret  :  Calcutta-Bordeaux,  32  sh.  (40  fr.)  la  tonne 'i  »  \ 

Assurance  maritime  1  1  2  pour  100  sur  20  fr.  (fret  déduit) 0  30  ) 

Reste  à  Delhi  pour  100  kilog 13   fr.   50 

Ces  chiffres  auront  le  mérite  de  démontrer  à  quel  point  est  arrivée 
la  lutte  entre  le  cultivateur  d'Europe  et  son  concurrent  de  l'extrême 
Orient.  Il  est  à  remarquer  que  dix  années  seulement  se  sont  écoulées 
depuis  que  le  blé  des  Indes  a  fait  sa  première  apparition  sur  nos  mar- 
chés. Chaque  nouveau  kilomètre  mis  en  exploitation  aux  Indes  ouvrira 
de  nouveaux  districts  à  la  culture,  augmentera  les  quantités  à  exporter 
et  fera  diminuer  le  prix  du  blé  en  Europe. 

Chili. — Au  Chili,  le  commerce  a  formé  trois  groupes,  avec  échantillons- 
types,  des  blés  du  Chili  :  le  premier,  comprenant  les  blés  les  meilleurj- 
etles  plus  choisis  ;  le  deuxième,  les  blés  de  qualité  courante,  à  l'exclu" 
sion  de  ceux  naturellement  inférieurs  compris  dans  le  troisième  groupe 
composé  de  blés  foncés  de  couleur,  de  grain  petit,  connus  sous  le 
nom  de  blés  «  de  frontière  »,  ou  «  de  grains  de  lin  ».  Au  lieu  de 
dire  comme  précédemment  «  blé  du  Chili  »,  l'exportateur  annoncerait 
ses  embarquements  comme  blé  de  V%  2%  3'  groupe,  et  la  vente  se 
ferait,  en  Europe,  d'après  la  classification  ainsi  opérée. 

En  mars  1 884,  la  cote  est  : 

Pour  orge,  80  kilog.,  2  piastres  75,  à  Conception  (1  p.  ^4  fr.  OC»). 

Pour  maïs  fanègue,  5  piastres,  à  Valparaiso. 

Pour  blé  blanc.  82  kilog..    3  piastres  50,  à  Talcahuano. 

Pour  haricots,  92  kilog.,  S  à  9  piastres,  à  Valparaiso. 

A  Santiago,  le  15  mars  dernier  on  cotait  : 

Blé  blanc,  72  kilog.,  3  piastres  42.  —  Blé  jaune,  74  kilog..  2  piastres  92.  —  Blé  rond, 
74  kilog.,  2  piastres  75. 

Farine  1'°  classe,  46  kdog.,  3  piastres  55.  —  Farine  2">  classe,  2  piastres  85.  —  Farine 
3'-  classe.  2  piastres  10,  — Farine  «  candeal  »  fine,  2  piastres  70. 

Orge,  72  kilog.,  1  piastre  90.  —  Orge  pour  brasseurs,  72  kilog.,  2  piastres  10.  —  Orge 
anglaise,  72  kilog.,  2  piastres  80. 

Graines  de  lin,  46  kilog.,  2  piastres  50. 

Maïs,  80  kilog.,  4  piastres. 

Le  chiffre  du  blé  exporté  atteignit,  en  1882,  près  de  130  millions  de 
kilog.  d'une  valeur  de  plus  6,500,000  piastres;  soit  une  augmentation 
de  40  millions  de  kilog.  environ  ou  2  millions  de  piastres  en  valeur 
sur  1881.  En  1883,  les  chiffres  de  production  et  d'exportation  du  blé 
n'ont  pas  diminué.  Dans  la  jvovince  de  Conception,  le  rendement  de 
cette  année  a  contenté  les  agriculteurs,  le  blé  y  est  beau  ;  il  en  est  de 
même  dans  les  provinces  d'Aconcagua,  de  Curico  (où  les  récoltes  ont 
été  abondantes),  de  Valdivia,  du  Maule,  de  Valparaiso,  de  Languihué, 
d'Aranco,  du  Nubie,  de  Linarès,  du  territoire  d'Angol.  Les  résultats 
ont  laissé  à  désirer  dans  diverses  parties  d'autres  provinces,  telles 
que  celles  de  Talca,  de  Biobio,  de  Colchagua,  de  Conception,  de 
Coquimbo,  d'Atacama.  Dans  le  territoire  de  Magellan,  le  blé  et  l'orge 
viennent  bien.  La  Patagonie  chilienne  est  très  fertile  et  couverte  de 
végétation  de  tout  genre;  elle  pourra  fort  bien  être  exploitée. 


32  l'agriculture  AUX  ÉTATS-UNIS,    AUX   INDES  ET    AU  CHILI. 

En  général,  la  petite  culture,  comprenant  celle  des  pommes  de 
terre,  du  maïs,  des  légumes,  des  melons  d'eau,  etc.,  a  souffert  des 
chaleurs  et  du  manque  d'eau.  Cependant,  les  résultats  dans  plusieurs 
provinces  et  surtout  dans  celle  de  Curico  ont  été  excellents. 

Partout  le  manque  de  bras  s'est  fait  sentir  et  a  même  retardé,  en 
certains  endroits,  la  rentrée  de  la  récolte.  L'émigration  des  travail- 
leurs qui  du  sud  se  dirigent  vers  la  république  Argentine,  est  très 
sensible.  Beaucoup  de  gens  sont  aussi  occupés  aux  travaux  de  chemins 
de  fer  en  Araucanie,  etc.  Dans  certaines  «  haciendas  »,  les  femmes  ont 
fait  presque  toute  la  besogne. 

Les  raisins  sont  mal  venus  en  Cauquenes,  ils  sont  bons  et  abon- 
dants dans  le  Nubie,  à  Ghillan  surtout,  des  propriétaires  qui  ne  récol- 
taient que  1,000  arrobes  (1  arroba  mayor  espagnol  =  16  litres  137) 
annuellement,  en  récolteront  cette  année  3,000  ;  cette  abondance  s'y 
fîvit  sentir  dans  le  prix  très  bas  de  la  populaire  «  chicha  »  (espèce  de 
cidre  de  raisin)  ;  elle  ne  coûte  qu'une  piastre  l'arrobe,  alors  qu'en 
temps  ordinaire  elle  se  vend  deux  fois  plus  cher.  Dans  la  province  de 
Talca,  la  vigne  a  donné  une  production  régulière  ;  dans  celle  de  Ran- 
cagua  (San  Felipe),  elle  a  été  médiocre;  dans  celle  de  Curico,  bonne, 
mais  pas  abondante  comme  l'année  dernière  ;  dans  la  province  de  Con- 
ception, le  rendement  est  réduit;  dans  celle  de  Colchagua,  les  raisins 
sont  beaux  ;  dans  la  province  de  Valparaiso,  à  San  Francisco  de 
Limache  par  exemple,  les  vignes  ont  été  extraordiaairement  chargées 
et  ont  produit  le  double  de  l'année  dernière. 

En  1882,  le  nombre  des  animaux  de  race  bovine  était  de  311,000, 
de  race  porcine  100,000,  des  moutons  et  des  chèvres  1  million  environ, 
des  chevaux  53,000.  Le  prix  des  animaux  tend  à  baisser,  à  cause,  sans 
doute,  de  l'importation  toujours  croissante,  et  cette  année  vraiment 
exceptionnelle,  s'opérant  de  la  république  Argentine.  Voici  les  prix 
de  vente  à  l'un  des  derniers  marchés  de  Vina  del  Mar  près  Valpa- 
raiso : 

Bœufs,  selon  la  qualité,  de6i  à  75  piastres.  —  Jeunes  bœufs  ou  jeanes  taureaux,  32  à  59  piastres. 

Vaches,  maif;res  et  petites,  31  piastres.  —  Vaches,  qualité  régulière,  40  piastres.  —  Vaches 
ayant  vêlé,  maigres,  33  piastres.  —  Vaches  métis,  44  piastres. 

Veaux  de  1  an,  13  piasires  50  à  13  piastres  60. 

Moutons  petits,  classe  courante,  2  piastres  70. 

Mules,  selon  qualité,  39  à  44  piastres. 

Chevaux  ordinaires,  14  à  00  piastres.  —  Cheval  petit  (poney),  20  piastres.  —  Cheval  de  selle, 
221  piastres. 

Poules  brahma,  2  piastres  ch?Otpe.  • —  Poules  métis,  I  piastre  60. 

La  maladie  dite  la  «  picada  »  ou  le  «  carboucle  »  s'est  propagée 
dans  plusieurs  étables  :  elle  a  même  attaqué  les  personnes.  ALiis  des 
mesures  de  salubrité  ont  été  prises,  surtout  du  côté  de  la  frontière  par 
où  s'introduisent  les  animaux  de  la    république  Argentine. 

Max  Hoffmann. 

DISCOURS  AU  CONCOURS  DE  PONT-ÉVÈQUE  (ISÈRE) 

Nous  allons  examiner  ensemble  la  situation  agricole  de  nos  trois  cantons. 

La  récolte  des  céréales  a  été  bonne  ou  moyenne,  c'est-à-dire  que  rf«cédent 
disponible  a  été  considérable. 

La  sécheress'i,  comparable  à  celle  de  1871,  a  réduit  considérablement  la  pro- 
duction des  fourrages  indispensables  pour  l'alimentation  du  bétail. 

La  récolte  des  vignes,  si  réduite  par  la  disparition  de  nos  cépages,  sera  mau- 
vaise ou  médiocre  ;  les  gelées  tardives  dans  les  vallées  et  la  coulure  ont  produit 
ce  résultat  fâcheux. 


DISCOURS  AU  CONCOURS  DE  PONT-liVÈQUE  (ISÈRE;.  33 

L'élevage  des  bestiaux  va  se  trouver  arrêté  pir  la  pénurie  des  fourrages  et  leur 
prix  amoindri  par  la  nécessité  de  les  livrsr  à  la  boucherie  à  des  coadilions  peu 
rémunératrices. 

La  gène  générale,  suite  des  années  mauvaises  ou  médiocres  que  nous  venons 
de  subir  et  des  impôts  écrasants  auxquels  il  nous  faut  faire  face,  a  contraint  nos 
agriculteurs,  à  bout  de  ressources,  à  otl'rir  même  avant  le  battage  leurs  jiroduits 
en  céréales,  de  là  une  baisse  désastreuse  de  5  à  6  francs  par  quintal  métrique. 

Cette  abondance  est  encore  augmentée  par  l'entrée  gratuite  des  céréales  étran- 
gères, qui  viennent  faire  une  concurrence  à  nos  propres  produits  sans  être  sou- 
mises à  toute  la  série  de  nos  impôts  directs  ou  indirects,  départementaux  ou 
communaux. 

Nous  ne  plaçons  même  nos  vins  qu'avec  difficulté  en  présence  de  l'intro- 
duction des  vins  italiens  et  espagnols,  qui  entrent  en  France  presque  affranchis 
des  droits  de  douane,  tandis  que  ces  deux  pays  ne  reçoivent  les  nôtres  qu'avec 
des  droits  exorbitants. 

Les  traités  passés  avec  les  puissances  voisines,  relatifs  aux  bestiaux,  vont 
amener  un  tel  abaissement  des  prix  que  l'élevage  deviendra  impossible. 

Cette  situation  mise  à  nu,  est-il  possible  d'y  remédier?  —  Je  vous  répondrai 
oui,  ce  changement  peut  et  doit  venir  de  voire  concours. 

Dix-liuil  miUions  d'agricu'teurs  vivent  de  la  culture  de  la  terre;  le  jour  où 
vous  voudrez  imposer  vos  volontés,  vos  élus  seront  obligés  de  modifier  les  droits 
de  douane  qui  vous  sont  si  préjudiciables. 

Des  droits  protecteurs  établis  sur  tous  les  produits  agricoles,  vous  verrez  les 
prix  se  relever,  la  prospérité  renaître,  et  vous  aurez  la  possibilité  de  payer  les 
impôts  si  élevés,  et  les  frais  de  culture  qui  deviennent  de  plus  en  plus  coiiîe"x, 
par  suite  de  l'émigration  de  la  population  rurale. 

Que  demandons-nous?  L'égalité  devant  l'impôt,  c'est-à-dire  un  droit  de 
douane  sur  tout  produit  agricole  introduit  en  France;  du  reste  ce  droit  de  pro- 
tection existe  pour  toutes  les  autres  industries.  C'est  en  réclamant  énergi([uement 
ces  modifications  que  vous  finirez  par  avoir  gain  de  cause.  P roclainom-le  bien 
haut,  la  ruim  de  l' agriculture  sera  celle,  de  notre  France. 

Les  producteurs  de  betteraves  et  de  sucre  du  nord  de  la  France  viennenir  (^'ob- 
tenir gain  de  cause;  un  droit  de  7  fr.  par  100  kilog.  sur  les  sucres  étrangers  a 
été  volé  par  les  Chambres. 

Calculé  à  raison  du  chiffre  des  impôts  de  toute  nature  payés  par  l'agriculture 
et  le  prix  de  plus  en  plus  élevé  de  la  main-d'œuvre,  nous  devons  réclamer  un  droit 
minimum  de  6  francs  par  hectolitre  sur  toutes  les  céréales  étrangères,  l'égalité 
réciproque  sur  les  vins  avec  les  pays  producteurs,  et  un  sérieux  droit  de  protec- 
tion pour  nos  bestiaux. 

La  grande  République  américaine,  après  sa  guerre  civile,  a  établi  des  droits  de 
douane  élevés  sur  tous  les  produits  étrangers;  cette  mesure  lui  a  permis  de  payer 
15  milliards  de  dettes,  et  de  développer  à  l'intérieur  une  prospérité  inouïe,  qui 
lui  permet  aujourd'hui  de  nous  inonder  de  ses  productions  agricoles  et  indus- 
trielles. 

Cette  excursion  économique  pour  vous  signaler  la  marche  àsuivre  afin  de  sortir 
de  cette  crise  sans  précédents,  était  indispensable. 

Nous  allons  maintenant  vous  faire  connaître  les  progrès  constatés  dans  nos  trois 
cantons.  L'emploi  des  engrais  chimiques  se  propage  avec  des  succès  bien  con- 
statés, dans  les  cultures  des  céréales,  des  fourrages  et  des  vignes. 

En  \%'ik,  les  analyses  des  sols  faites  dans  notre  laboratoire  de  chimie  agricole 
devienne,  ont  été  nombreuses.  Un  habile  chimiste,  M.  Marc,  a  succédé  à  l'ho- 
norable M.  Boulet.  Tout  agriculteur  intelligent  doit  s'adresser  à  ce  laboratoire 
avant  la  contection  et  l'enfouissement  de  ses  engrais. 

Les  plantations* de  vignes  résistantes  se  multiplient;  les  récoltes  obtenues  sur 
ces  cépages  greffés  ou  sur  des  producteurs  directs,  sont  appréciées  à  leur  juste 
valeur.  Les  variétés  de  ces  derniers  sont  devenu3s  plus  nombreuses,  et  aujourd'hui, 
on  peut  obtenir  avec  eux  des  vins  égaux  ou  supérieurs  à  ceux  de  nos  anciens 
cépages. 

L'emploi  du  sulfure  de  carbone  pour  la  conservation  du  reste  de  nos  vignes 
devient  de  plus  en  plus  fréquent,  avec  l'aide  des  syndicats.  Dans  les  terres  com- 
pactes et  argileuses,  les  résultats  ont  été  médiocres  ou  nuls,  mais  dans  celles  per- 
méables, ils  sont  remarquables.  La  végétation  et  la  fructification  sont  revenues 
après  deux  ou  trois  ans  de  traitement. 


3i  DISCOURS  AQ  CONCOURS  DE  POlî^T-ÉVÈQUE  (ISÈRE). 

Nous  devons    user   de    ces    moyens   de    reconstitution  et   de    conservation. 

Les  sacrifices  faits  par  l'Etat  et  le  département  pour  leur  propagation  à  l'aide 
des  pépinières  des  plants  résistants  et  des  allocations  pour  les  acliats  de  sulfure 
sont  un  encouragement  qu'aucun  viticulteur  ne  doit  négliger. 

Votre  commission  de  viticulture  a  pu  constater  la  semdne  dernière,  sur  de 
grandes  surfaces,  des  résultats  pratiques  très  intéressants.  Ces  viticulteurs  vont 
vous  être  signalés.  Les  commissions  pour  l'examen  des  grandes  et  petites  cul- 
tures ont  été  également  très  satisfaites. 

Il  me  reste  maintenant  à  vous  engager  à  suivre  mes  conseils  et  les  traces  de 
ceux  qui  vont  recevoir  les  récompenses  dues  à  leurs  travaux. 

H.  Tbénel, 

Président  du  Comice  agricole  de  Vienne-Roussillon. 

NOUVELLES  INVENTIONS  AGRICOLES 

AiSTALYSE   SOMMAIRE   DES   DERNIERS   BREVETS  DÉLIVRÉS. 

161,769.  FiECHTER.  28  avril  188'i.  Perfeclionnemenls  aux  machines  à  nettoyer 
le  blé  et  autres  graines  —  Le  nettoyeur  décrit  dans  ce  brevet  se  compose  d'un 
tambour  en  tôle  perforée  ou  en  tôle  métallique,  tournant  lentement  autour  d'un 
axe  presque  horizontal,  tambour  à  l'intérieur  duquel  tournent  avec  une  plus  grande 
vitesse  une  série  de  disques  en  émeri  ou  en  pierre,  séparés  par  des  bagues  en  tôle 
dont  la  surface  est  rugueuse  comme  celle  d'une  râpe;  aux  deux  extrémités,  se 
trouve  disposé  un  disque-brosse  garni  de  poils  sur  ses  deux  faces  et  aussi  à  sa 
circonférence,  si  on  le  juge  utile;  le  nombre  de  ces  brosse?  pourrait  être  augmenté, 
au  détriment  des  disques  de  pierre  ou  d'émeri,  suivant  l'état  du  blé  que  l'on  veut 
nettoyer  et  rendre  Ijrillant. 

Sur  les  deux  joues  du  tambour,  des  secteurs  pleins  alternent  avec  des  ouver- 
tures, et  des  disques  ou  registres  découpés  de  même  et  montés  sur  l'arbre  per- 
mettent de  régler  l'espectivement  l'entrée  et  la  sortie  du  grain,  en  fermant  plus 
ou  moins  les  ouvertures  du  tambour.  L'appareil  est  muni  d'un  ventilateur  pour 
aspirer  les  poussières,  lesquelles  s'accumulent  dans  une  caisse  à  la  partie  infé- 
rieure et  sont  évacuées  par  une  hélice  tournante. 

Comme  on  le  voit,  le  principe  de  ce  système  est  de  nettoyer  le  grain  par  le 
irottement  de  pièces  mobiles  n'exerçant  sur  lui  aucune  compression. 

161,775.  Karasek.  28  avril  1884.  Moulin  à  éqruger^  muni  de,  cylindres  en 
pierre  pouvant  être  fermés  à  volonté  et  être  placés  l'un  à  côté  ou  au-dessus  de 
l'autre.  —  Ce  brevet  décrit  un  moulin  pour  broyer  les  graines  do  fourrage  ou 
moudre  le  blé,  qui  dans  le  cas  de  la  première  de  ces  applications  peut  être  mis  en 
mouvement  à  bras,  tandis  qu'il  doit  être  commandé  par  courroie  dans  le  second 
cas.  Dans  le  type  représenté,  au  bas  delà  trémie  se  trouve  un  cylindre  horizontal 
qui  distribue  le  grain  sur  les  deux  cylindres  broyeurs  placés  côte  à  côte  plus  bas; 
un  tiroir,  commandé  par  pignon  et  crémaillère,  règle  l'arrivée  do  grain;  l'un  des 
cylindres  broyeurs  peut  être  rapproché  de  l'autre  à  volonté  au  moyen  d'une  vis  à 
manette  agissant  sur  les  coussinets. 

161,803.  Braun.  29  avril  1884.  Perfectionnements  dans  la  construction  des 
cylindres  à  chemise  en  acier  oi,-n,utre'!  métaux  pour  concasser  les  grains  et  autres 
matières.  —  Ce  brevet  décrit  vme  série  de  dispositions  ou  modes  de  construction 
différents,  qui  ont  comme  seul  caractère  commun  que  le  revêtement  en  acier  est 
formé  soit  de  bandes  longitudinales,  soit  d'anneaux  juxtaposés  qui  peuvent  être 
serrés  sur  l'âme  en  fonte  par  des  moyens  variés. 

Dans  une  première  disposition,  chacune  des  bandes  formant  la  chemise  d'acier 
présente,  sur  sa  face  inférieure,  une  saillie  qui  se  loge  dans  une  cannelure  longi- 
tudinale du  tambour  en  fonte  et  qui  reçoit  un  boulon  se  serrant  contre  la  face 
intérieure  de  cette  fffi'nelure. 

Le  brevet  décrit,  d'autre  part,  un  cylindre  conique  dont  l'âme  en  fonte  pré- 
sente extérieurement  des  portées  étagées  en  gradins  ;  sur  ces  portées  se  posent 
des  bagues  en  acier  que  l'on  serre  ensuite  les  unes  contre  les  autres. 

Il  décrit  ensuite  plusieurs  dispositions  de  cylindres  dont  la  chemise  est  égale- 
ment formée  de  bagues  et  qui  ne  diffèrent  que  par  la  manié  e  d'obtenir  le  serrage 
en  bout. 

Dans  un  autre  type,  la  garniture  est  formée  de  lames  longitudinales  dont  une 
sur  deux  est  retenue  dans  1  âme  en  fonte  par  une  queue  d'arronde,  et  maintient 
par  ses  bords  les  deux  bandes  situées  à  sa  droite  et  sa  gauche. 

Enfin,  dans  une  dernière  variante,  chaque  bande  d'acier  porte  un  té  sur  sa 


NOUVELLES  INVENTIONS  AGRICOLES.  35 

face  postérieu  re  ;  l'ùme  porte  elle-même  des  tés  qui  viennent  se  loger  entre  ceux 
des    bandes,    et  on    fait   le    serrage   au   moyen   de   coins. 

Cerlificat  d'addilion.  —  Couteau.  24  avril  1884.  (Br.  n"  156,048.)  Couverture 
mobile  pour  meules  de  blé,  de  foin  et  autres  agglomèrutions  de  denrées  ou  de  mar- 
chandises. —  Ce  certificat  d'addition  décrit  divers  perfectionnements  de  détail 
apportés  par  le  breveté  à  un  système  do  couverture  caractérisé  par  l'emploi  exclu- 
sif de  la  tôle  pour  faire  les  chevrons,  les  faîtaf,^es  et  les  plaques  qui  s'accrochent 
sur  les  chevrons.  Ch.  Assi  et  L.  Genès, 

Ingénieurs-conseils  en  matière  de  brevets  d'invention, 
36,  boulevard  Voltaire,  à  Paris. 

SITUATION  AGRICOLE   DANS  LE  MORBIHAN 

Carnac,  le  23  septembre  1884. 

L'année,  pluvieuse  à  son  commencement,  est  devenue  d'une  longue  sécheresse 
excessive,  on  avait  même  dans  ces  derniers  temps  assez  de  difficultés  pour  trouver 
l'eau  nécessaire  à  la  boisson  des  bestiaux.  Depuis  nous  avons  eu  des  pluies  assez 
abondantes  qui  ont  trempé  suffisamment  le  sol  et  font  reverdir  les  prairies  et 
pâtures  qui  étaient  complètement  grillées  ;  malheureusement  ces  pluies  bienfai- 
santes sont  arrivées  beaucoup  trop  tard  pour  pouvoir  semer  des  navets  en  culture 
dérobée  et  la  plantation  des  choux  à  vaches,  ces  produits  qui  viennent  très  bien 
rendront  la  nourriture  des  bêtes  pendant  l'hiver  beaucoup  plus  difficile,  malgré 
la  récolte  des  foins  qui  a  été  trè  s  abondante.  Les  blés  et  les  avoines  ont  parfaite- 
ment réussi  ;  les  pommes  de  terre  exemptes  de  maladie  ont  été  arrêtées  dans 
leur  croissance  par  les  chaleurs   ;  dans  plusieurs  endroits  le  rendement  sera  faiîyjie. 

La  récolte  des  mils  et  sarrasins  est  complè  tement  manquée,  celle  des  pommes 
à  cidre  laisse  beaucoup  à  désirer;  on  termine  l'arrachtment  des  pommes  de  terre, 
on  va  bientôt  s'occuper  de  préparer  les  terres  pour  les  ensemencements  d'au- 
tomne. Malheureusement  la  culture  est  fortement  éprouvée  par  la  crise  indus- 
trielle et  commerciale,  qui  dure  toujours  ;  la  plupart  des  produits  sont  vendus  à 
des  prix  qui  constituent  les  producteurs  en  perte,  fl  est  triste  de  travailler  toute 
une  année  sans  profit  et  le  plus  souvent  à  perte;  il  n'y  a  que  nos  vaches  bretoimes 
qui  se  vendent  très  bien  et  enchérissent  à  chaque  marché.  Emile  Gy. 

REVUE  Gi}\niERGI4LE  ET  PRIX  GJUR.VNr  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(4  OCTOBRE  1884.) 
I.    —    Situation    générale. 
La  situation  s'est  un  peu  améliorée  pendant  cette  semaine.  Après  une  hausse 
sur  les  blés  et  les  seigles,   les  marchés  agricoles  restent  aujourd'hui  bien  tenus 
et  la  tendance  à  une  amélioration  des  cours  persiste  généralement. 

II.  —  les  grains  et  les  farines. 
Les  tableaux  suivants  résumeat  les  cours  des  céréales,  par  quintal  métrique  , 
sur  les  principaux  marchés  de  la   France  et  de  l'étranger. 

Blé.  Seigle.  Orge.        Avoine 

Algérie.  Alger  j  ^jé  leadre..  2o"oO  '»  '^  J 

•'                                       (  ble  dur 16.50  »  11.23  13. oO 

Angleterre.  Londres 17.85  »  12.55  13.75 

Belgique.  Anvers 18.50  15.25  14.50  15.50 

—  Bruxelles 19.50  15.75  10.00  16.25 

—  Liège 19.50  16.25  17.00  16.25 

—  Namur 18.50  15.00  17.50  15. CD 

Pays-Bas.  Amsterdam 17.85  16.00  »                • 

Luxembourg.  Lu.xernljourg 24.00  21.50  18.45  21.00 

Alsace-Lorraine.    Strasbourg 20.80  17.75  20.40  18.25 

—  Mulhouse 21.75  18.25  20.25  18.75 

—  Colmar 22.40  19.75  18.40  19.00 

Allemagne.  Berlin 18.75  17.50  >>               » 

—  Cologne 20.25  17. .50  «                 » 

—  Hambourg 18. -50  15.00  »               » 

i        Suisse.  Genève 23.50            »                »  18.75 

llalie.  Turin 22.25  16.00            »  16.50 

Espagne,  Barcelone 22.25            »                8  s> 

Autriche.  Vienne 17.10  14.25  16.00  14.25 

Hongrie.  Budapest 16.40  14.00  12.00  12.40 

Bussie.  Saint-Pétersbourg..  17.30  15.50            «  12.75 

—  Odessa 13. .50  11.80            ' 

Etats-  Unis.  ISew-York 1 7 .  25  »  »  • 


36 


REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT 


!••  RÉGION.  —  NORD. OUEST. 


Calvados .    St-Pierre . . . 

—  Lisieux 

C.-du-l^oi  d-    Lannion. 

—  Pontrieux 

Finistère.  Morlaix 

—  Quimper 

llU-el- Vilaine.  Rennes, 

—  Fougères 

Manche.  Avraiiches. .. 

—  Pontorson 

—  Villedieu 

Mayennt.  Mayenne.... 

—  Laval . . , 

Morbihan.  Hennebonl. 
Orne.   Vi  mou  tiers 

—  Fiers 

Sarthe.  Le  Mans 

—  Beauniont 


Blé. 

fr. 
21.00 
22.00 
18.25 
19.50 
19.50 
19.00 
19.25 
20  00 
21.25 
20.75 
21.25 
19.50 
19.50 
20.50 
19.75 
,  19.75 
20  75 
20.00 


Seigle.   Orge 

fr.  fr. 


14.65 
16.45 


15.50 
15.75 


£ur«. 


14.00 
14.75 
14.30 
13.75 

15.25 

15.70 


Prix  moyens 20-11     15.63 

2"  RÉGION.  —  NORD. 

Xwne.  Laon 19.50  15.75 

—  Vic-sur-Aisne ...   19.00  15.25 

—  Villers-Cotterets.  19.50  14.50 
Evreux 20.20 

eteiiil 20  00 

—  Pacy 22.30 

Ev.rt-el-Loir.  Chartres..  20.23 

—  Dreux 20  00 

—  Auneau 19.55 

Nord.  Lille 20.25 

—  Cambrai 20.00 

—  Bergues 20.40 

Oi«e.  Beauvais 20.50 

—  Compiegne 21.55 

_     Senlis 19.00 

Pa«-de-Co(ois.  Arras...  20.20 

—  Saint-OTiier 19.50 

Seine.  Paris 21.75 

6.-et-A/a™e.  Moatereau.   J0.40 

—  provins 20.60 

—  Nemours 19.75 

S.-e(-Oise.  Angerville  . . .  19.50 

_    Versailles 20.00 

—  Rambouillet 19.50 

Setne-M/'irieure. Rouen.  20.95 

—  Fecamp 21.55 

—  Goderville 20.80 

Somme.    Amiens 21.10 

—  Albeit 22.00 

—  Mouldidcer 19.00 


15.40 
17.60 
15.00 
15.75 
l'i.OO 
15.00 
15.25 

15.00 
18  00 
18.00 
17.25 
16.00 

17.00 
18.70 
15.25 
15.00 

16.14 


fr. 

19.00 

20.00 

15.00 

15.50 

15.11O 

15.25 

15.00 

15.50 

20.00 

20.25 

20.00 

17.00 

15  00 
19.00 
16.75 
20.75 
15.50 

17.30 


18.25 

0 
16.50 
17.70 
16.15 
15.90 
16.50 
16.75 
16.40 

18.50 

» 
19.25 
17.50 

» 
18.00 
19.00 

18  00 
17.25 
16.80 
16.75 
16  25 
18.50 

» 

19  30 


17.70 
17.00 
17.50 


17.00 
16.00 
17.00 
18.00 
15.10 
16.50 
15.80 
15.90 
16.00 
17.50 
15.00 

19.50 
16.00 
17.50 
14.75 
16.00 
18.00 
16.00 
16.50 
16.00 
16  00 
21.50 
14.50 
22.45 
17.50 
18.00 
20  25 
17.00 
16.00 


Prix  moyens 20.29    14.91     17.41    17,02 


3*   REGION.  - 

Ardennes.  Retiiel 

—  Sedan 

—  Chaileville 

Aube.  Nogenl-sur-Saine. 

—  Mery-sur-Seine. .. 
Marne.  Reims 

—  Sainte-.Menetiould. 

—  Cliàlons 

Hle-Marne.  Langres 

Uturthe-et-Mos.  Nancy. 

—  Luneville 

—  Toul 

Meuse.  Bar-le-Duo 

—  Verdun 

HaMte-Saone.  Gray 

—  Vesoul 

Vosges.  Epinal 


.  NORD.EST. 


—    Mirecourt. . 


19.00 
21.00 
21.00 
20.25 
19.50 
20.00 
20.50 
20.00 
20.00 
21.50 
21.25 
20 .  25 
20.60 
20.60 
20.25 
20.00 
23.00 
21.25 


14.50 
15.00 
16.10 
U.25 
13.75 
16  00 
15.00 
16.00 
15.00 

16.50 

15.50 

» 
15.75 

» 
15.75 


16  50 
19.00 
18.50 
16.50 
16.25 
18.50 
17.25 
19.00 
15.00 

tj 

«J.OO 

18.00 

18.00 


17.75 

» 
16.50 


Prix  moyens 20.55     15.29     17.34 

4-  RÉGION.  —  OUEST. 


16.50 
18.00 
17  00 
16.00 
15.50 
16.50 
15.75 
16.00 
15.40 

17.00 
16  00 

17.75 

15.00 
15.75 

16.25 
16.29 


harente.  Angoulèrae... 

—  Rufleo 

Char.-lnlér.  Marans.... 

Deux-Sevret.  Niort 

Indre-et-Loire.   BIcre... 

—  Tours 

Loire-Inf.  Nantes 

M.-et-Lnire.  Saumur.... 

—  .ini^ers 

Vendée.  Luçon 

—  Fontenay-le-Cte.. 
Vienne.  Loudun... 

—  Poitiers 

Haute- Vienne.  Limoges. 


18.25 
19.00 
16.00 


15.00 
14.00 
14.30 
16.00 
15.50 
17.00 


15.00 
15.00 


17.50 
18.75 
16.50 
17.50 
18.10 
18.75 
18.25 


16.25 
15.50 
14.50 
15  50 
15.00 
16.50 
15.75 
17.00 
17.00 
15.50 
16.25 
16.25 
16.50 
16.50 


Priiœovens 19.29     15.23     17.85     16.00 


5'  REGION.—  CENTRR 

Blé.    Seigle.   Orge.  AToine. 

fr.         fr.          fr.  fr. 

Allier.   Montluçon 19.50     16.00     17.50  16.25 

—  La  Palisse 19.50     15.25     17.00  16.25 

—  st-Pourcain 20.99    18  00    17.70  1450 

C/ier.   Bourges 19.40     14.30     15.00  15.80 

—  Vierzon 21.85     !3.9l)     14.50  14.70 

—  Sancerre 21.00        »        14.80  14.30 

Cî-euse.  Aubussùn 20.25     15.25         »  15.50 

/niire.  Issoudun 19,50     16.50     15  75  13.50 

—  Cbàteauroux 19.60     14.75      16.75  15.10 

—  Vatau 19.70     15.70     15.75  14.00 

Loiret.  Montargis 20.00     14.40     16  50  16.25 

—  Orléans Ji)  (10      15.00      16.50  16.00 

—  Gie» 21.00      13.50     14.60  15  OU 

L.-et-Cher    Blois 20.80     I6.6.i      18.50  18. Ou 

—  Montoire 19   7u     15.70     14.60  15.00 

A'iètire.  Nevers 21.35     16.00    n.30  17.50 

—  Cûsne 22.63        ■        15.40  18.00 

Yonne     Sens 211.00     15.00     16  50  17.25 

—  Brienon 19.50    16.00    16.00  17.00 

—  Saint-Florentin...  20.00     16.10    16.50  16.75 

Prix  moyens 20.31     15.44     16.17  15.83 

6"  RÉGION.  —  EST. 

^in.  Bourg 25.30     17.80     17.70  15.80 

—  Pont-de-Vaux 20.50    15  25        »  16.85 

Cd<e-d'Or.  Dijon 20.50     15.50     17.00  16.50 

—  Beaune 20.00     15.00    17.50  16.75 

floM'is.  Besançon 19.85        •            •  17.00 

/sère.  Vienne 21.25     15.00     17.00  16.50 

—  Grenoble 20.50    iO.25        »  18. 50 

Jura.  Dùle 20.00     15.70     14.30  15.00 

luire.  Montbrisson 20.25      16.00     19.50  17.00 

P.-de-flôme.Clermont-F.  22.00     16-50     18.00  » 

Rhône.  Lyon 20.50    15.25     18.50  17.00 

Saone-et-Loire.  Cakion  .  20.25     15.75     18.25  16.75 

—  .Micon 21.40     16.10     16.90  16.00 

oayoie.  Chambéry 2J,75-      »           »  17.75 

//fe-6'afote.  Annecy 21.25        »            »  16.75 

Prix  moyens 21.10     15  8i     17.47  16.80 

V  REGION.  —  SCD-OCEST. 

.,4riège.  Pamiers 2:60     19.30        •  17.00 

—  Foix 24.75     19.70         »  16. OO 

Dordogne.  Bergerac 20.75        »        18.25  18.50 

i/le-Goromie.  Toulouse.  21.50     18.00    18.50  18.00 

—  St-Gaudens 24  90    20.00        »  18.00 

Gei-s.  Condom 20.40        »           »  18.00 

—  Eauze 22.75        »            »  JO.OO 

—  Mirande 20.50        ■            •  18.25 

Gironde.  Bordeaux 20.50    18.25        »  17.00 

—  La  Reolo 20.50     17  00        »  » 

Landes-  Dax 23-75     19.75         »  » 

to<-e(-Go>-onne. Agen. . .  20.25    20.50        >•  18.00 

—  Villeneuve-sur-Lot20.00        »            «  « 
B.-Pyrenées.  Bayonne..  23.50    21.00        »  16.75 
//(e5-Pyé?iêeî.  Tarbes..  21.50     18.50        »  20. ou 

Prix  moyens 21.86     19.25     18.40  17.97 

8*  RÉGION.  —  SCD. 

.4ude.  Carcassonne 22.50     17.80     15.75  17.50 

yluei/ron.  Rodez 22.40     19.50        »  17.21 

—  villefranche 20.30        »            «  16  50 

Can(a(.  Mauriac 22.50    21.00        »  20.00 

Correie.  Tulle 22.00     18. 00     18.50  18.25 

Hérault.  Béziers 20.25     18.00     16.10  19.50 

Lo(.  Cahors 22.25     18.00     18.25  18.00 

Lozère.  Mende 22.00     18.50    20.00  17.50 

Pi/rénées-Or. Perpignan.  25.65     19.15    24.00  24.50 

Tarn.  Lavaur 23.00     18. 00        »  1860 

Tam-et-rtar.Montauban  21. uo     18.90     16.50  19.00 

r-.—     Moissac 20.00     16.25     19.50  18  00 

Prix  moyens 21  99     18.46     18.57  18.71 

9"  RÉGION.  —  SUD-EST. 

Basses-Alpes.  Manosque  23.75        »            »  » 
Hautes-Alpes.  Briançon.  22.25     18.00     18.00    18.00 
.4(aes-A/oH(imes.NiGe..   22.00     19.00     16.00     20.00 

.4rdec/.e.  Privas 25.15     17. IS     16.20    18.80 

B.-du-/î/ione. Marseille.  21.00        »            »  15.50 

Dréme.  Valence 20.50     14.50        »  17. 00 

Gord.  Alais 25.00        »            »  2I.0U 

//aule-toire.   Le  Puy...  23.30     18.55     18  40  17.00 

Foi-.  Draguignan 22.25        »        18.00    17.80 

Vaucluse.  Carpenlras..  20.50        » »  n.oo 

Priiraoyens 22.77     17.45     17.32    18.01 

Moy.  de  toute  la  France  20.92    16.39     17  4t     17  10 
—  delà  semaine  précéd.  20.60     16.09     17.94     17.27 

Sur  lasemainejHausse.    0.32        »           »  " 
précédente..) Baisse..       »        0  30        0.53      0.17 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (4  OCTOBRE  1884).  37 

Blés.  —  La  situation  générale  du  marché  est  meilleure  depuis  quelques  jours  ; 
ce  n'est  pas  qu'il  y  ait  une  reprise  sensible  dans  les  cours,  mais  la  baisse  n'a  pas 
fait  de  nouveaux  progrès,  et  dans  un  certain  nombre  de  départements  il  y  a  plus 
de  fermeté  dans  les  cours.  Du  l'''' août  au  15  septembre,  il  a  été  importé  en  France 
1,461,000  quintaux  de  blés  et  40,0 Jû  quintaux  de  farine;  les  exportations  sont 
toujours  très  laibles.  — A  la  halle  de  Pmis,  le  mercredi  1'''  octobre,  il  y  a  eu  peu 
d'affaires,  les  ofl'res  de  la  culture  étant  très  restreintes;  On  cotait  de  20  fr.  50  à 
92  fr.  par  100  kilog.,  ou  en  moyenne  21  fr.  25,  comme  le  mercredi  précédent.  — 
Au  marché  des  blés  à  livrer,  les  jirix  varient  peu  On  cotait  :  courant  du  mois 
21  fr.;  novembre,  21  fr.;  quatre  mois  de  novembre,  21  ir.;  quatre  premiers 
mois  21  ir.  25  à  21  fr.  50;  quatre  mois  de  mars,  21  fr.  50  —  Au  Havre,  les  prix 
sont  un  peu  plus  fermes.  Les  blés  d'Amérique  valent  de  20  fr.  75  à  21  fr.;  ceux 
d'Australie,  22  fr.;  ceux  des  Indes,  20  fr.  50.  —  A  Marseille,  les  arrivages  de  la 
la  semaine  ont  été  de  6,000  quintaux  ;  le  stock  n'est  que  de  19,000  quintaux.  On  cote 
par  100  kilog.  :  Red-Winter,  22  fr.;  Berdianska,  22  fr.  fr.  50;  Irka-Azoiî  19  fr.; 
Borrbay,  20  fr.  à  20  fr.  25;  Azoô'  dur,  19  fr.  50  à  20  fr.  50;  Burgos,  19  fr.  25. 

—  A  Londres,  en  signale  un  peu  plu*  de  fermeté  sur  la  plupart  des  marchés;  les 
blés  exotiques  sont  cotés  de  19  Ir.  60  à  20  fr.  50  par  100  kilog.,  suivant  les  pro- 
venances et  les  qualités. 

Farines.  — Les  atfaires  sont  toujours  calmes.  Les  prix  des  farines  de  consom- 
mation restent  sans  changement.  On  cotait,  à  Paris,  le  mercredi  l'''  octobre  : 
marques  de  Corbeil,  47  fr.;  marques  de  choix,  47  à  50  fr.;  premières  marques, 
46  à  47  fr.;  bonnes  marques,  44  à  45  fr.;  sortes  ordinaires,  4.3  à  44  fr.;  le  tout 
par  sac  de  159  kilog.,  toile  à  rendre,  ou  157  kilog.  nets,  ce  qui  correspond  aux 
prix  extrêmes  de  27  fr.  40  à  31  fr.  85  par  100  kilog.,  ou  en  moyenne  29  fr.  <  0, 
comme  le  mercredi  précédent.  — Les  farines  de  spéculation  étaient  cotées  lem'&i- 
credi  1"  octobre  au  soir  :  farines  neuf-viarques,  courant  du  mois,  44  fr.  50; 
novembre  44  fr.;  quatre  mois  de  novembre,  44  fr.;  quatre  premiers  mois,  44  fr.; 
quatre  mois  de  mars.  44  fr.  50  à  45  fr;  le  tout  par  sac  de  159  kilog.,  toile  perdue, 
ou  157  kilog.  net.  —  Les  farines  deuxièmes  valent  de  21  à  22  fr.  par  100  kilog.; 
les  gruaux,  de  .32  à  37  francs. 

Seigles.  —  Peu  d'affaires.  IjBS  prix  sont  soutenus.  On  cote  à  la  halle  de  P^ris 
de  15  à  16  fr.  par  100  kilog.  suivant  les  sortes.  —  Les  farines  valent  de  20  à 
23   fr. 

Orges.  —  Les  bonnes  qualités  sont  recherchées  On  cote  de  17  fr.  à  18  fr.  75 
par  100  kilog,  suivant  les  sortes,  — Les  escourgeons  valent  deI8fr.25à  18  fr.  50. 

—  Quant  aux  malts,  les  prix  se  fixent  de  28  à  30  fr.  quintal  métrique,  pour  les 
malts  vieux. 

Avoines  —  Les  cours  sont  sans  cliangements.  On  cote  à  la  halle  de  Paris,  de 
16  fr.  75  à  19  fr.  50  par  100  kilog.,  suivant  poids,  couleur  et  qualité.  —  Les 
avoines  de  Suède  valent  de  15  fr.  50  à  Ib  fr.  50. 

Sarrasin.  —  Les  sarrasins  nouveaux  sont  offerts  aux  cours  de  16  fr.  à  16  fr.  50 
par  quintnl  métrique. 

Maïs.  —  Peu  d'ail'aires  dans  les  ports.  Les  maïs  d'Amérique  se  cotent  de  14  à 
14  fr.  50  par  100  kilog.  au  Havre. 

Issues.  —  Les  cours  sont  encore  sans  changements.  On  cote  à  Paris  par  100 
kilog.;  gros  son,  15  à  15  fr.  50;  sons  gros  et  moyens,  14  fr.  50  à  14  fr.  75; 
sons  trois  cases,  13  fr.  50  à  14  fr.  25;  sons  lius,  12  à  12  fr.  £0;  recoupettes, 
12fr.  50  à  13  fr.  ;  remoulages  bis,  15  à  16  fr.;  remoulages  blancs,   17  à  17  fr.  50. 

IV.  Fruits  et  légntnes  frais. 

Fruits.  —  Où  vend  à  la  halle  de  Paris  :  raisins  blancs  ordinaires,  le  kilog. 
0  fr.  60  à  0  fr.  75  ;  du  Midi  0  fr.  90  à  1  fr.  10;  noirs  0  fr.  50  à  0  fr.  80  ;  poires, 
le  kilog.  0  fr.  35  à  0  fr.  60  ;  pommes  0  fr.  25  à  0  fr.  35  ;  figues,  0  fr.  40  à 
0  fr.  50  ;  marrons,  0  fr.  30  à  0  fr.  35;  noix,  le  kilog  0-  fr.  40  à  0  ir.  80. 

Légumes.  —  Dernier  cours  de  la  halle  haricots  verts,  le  kilog,  0  fr.  20  à  0  fr.  30; 
tomates,  0  fr.  25  à  0  fr.  30. 

V.  —  Vins.  —  Spiritueux.  —  Vinaigres.  —Cidres. 

Vins.  —  Les  vendanges  se  poursuivent  avec  la  plus  grande  activité.  Dans  le 
Midi,  elles  sont  assez  avancées  pour  que  l'on  puisse  prévoir  un  récolte  satisfai- 
sante quant  à  la  qualité.  Malgré  quelques  orages  qui  ont  entravé  les  travaux  aux 
environs  de  Narbonne  et  de  Béziers,  le  Languedoc  est  favorisé  par  le  beau  temps. 
Il  en  est  de  même  dans  le  Bordelais,  où  la  quantité  des  raisins  est  faible,  mais  où 
la  maturation  est  excellente.  Le  Beaujolais  est  également  "satisfait  de  la  valeur  des 


38  REVUE  GOMMEKCIALB  ET  PRIX  GOURANT 

moûts.  Seuls,  la  Champagne  et  le  Beaujolais  ont  une  récolte  abondante  et  d'un 
bel  aspect.  EnBourgogne,  on  commence  seulement  à  cueillir  le  raisin.  En  Algérie, 
on  est  très  content  du  rendement  et  de  la  qualité. 

Les  transactions  commerciales  sont  toujours  rares.  ABéziers,  les  petits  vins  de 
plaine  se  vendent  15  à  18  fr.  l'hectolitre.  Dans  les  autres  régions,  quelques 
affaires  se  sont  entamées,  mais  dans  des  conditions  trop  peu  certaines  pour  qu'on 
puisse  établir  des  cours.  A  Marseille,  les  vins  nouveaux  étrangers  sont  cotés  aux 
prix  suivants  par  hectolitre  :  Alicante,  40  à  42  fr.  ;  Beni-Carlo,  36  tr.;  Bequen, 
25  à  32  fr.;  Scoglietti  (Italie),  38  à  40  fr.;  Dalmatie,  44  fr.;  Kumi,  28  à  30  fr. 

Spiritueux.  —  La  situation  est  toujours  lourde,  et  les  cours  se  soutiennent  diffi- 
cilement. A  Paris,  on  cote  par  hectolitre  :  trois -six  fin  Nord,  90  degrés,  dispo- 
nible; 41  fr.  50  à  41  fr.  75;  octobre,  41  fr.  75;  deux  derniers  mois,  42  fr.;  quatre 
premiers  mois,  ^3  fr.  à  4>i  fr.  25.  —  A  Lille,  les  alcools  de  mélasse  disponibles 
sont  à  43  fr.  et  43  fr.  50.  —  A  Béziers,  trois-six  bon  goût,  103  fr.  l'hectolitre  ;  à 
Pézenas,  trois-six  bon  goût,  101  fr.;  à  Nîmes,  trois-six  bon  goût,  100  fr.;  à 
Cette,  trois-six  bon  goût,  105fr.;marc,  95  fr.  —  A  Aillevilliers  (Haute-Saône), 
les  prix  des  kirchs  sont  établis  corùme  suit  :  kirsch  pur.  350  fr.  l'hectolitre  en 
bombonnes  ;  kirsch  fin,  180  fr.;  kirsch  de  commerce,  l"'  choix,  en  hombonnes, 
80  fr.  l'hectolitre;  en  fûts,  70  fr.  —  A  Bordeaux,  les  trois-six  Languedoc  sont  à 
113  fr.  l'hectolitre;  les  trois-six  fins  Nord,  à  50  fr.  avec  des  demandes  assez 
actives.  — Dans  la  Charente,  les  eaux-de-vie  1883  disponibles  sont  cotées  200  fr. 
l'hectolitre,  sans  fûts. 

Cidres.  —  La  récolte  des  pommes  à  cidre,  qui  s'annonçait  comme  devant  êtr  e 
peu  abondante,  donne  un  résultat  meilleur  qu'on  ne  l'espérait.  Les  prix    actuels, 
sont  dans  la  Manche  et  dans  l'Eure   de    2  fr.  à  2  fr.  50    l'hectolitre,  et   de  4  fr 
dans  le  Calvados. 

VI.  —  Sucres.  —  Mélasses.  —  Fécules.   —  Houblons. 

Sucres.  —  Les  cours  ont  encore  fléchi  cette  semaine.  A  Paris  les  sucres  bruts  s 
88  degrés  saccharimétriques,  sont  cotés,  par  100  kilog.,  33  fr.  50  à  33  fr.  75> 
avec  1  fr.  de  baisse;  les  99  degrés,  38  fr.  à  38  25  ;  les  sucres  blancs  se  payent 
de  38  fr.  50  à  38  fr.  75.  A  Yalenciennes,  sucres  bruts  sans  affaires,  à  33  fr.  50; 
à  Lille,  32  fr.  75  à  33  fr.  Le  stock  de  l'entrepôt  réel  à  Paris  était,  le  29  sep- 
tembre, de  467,294  sacs,  pour  les  sucres  indigènes.  —  Les  sucres  raffinés  sont 
cotés  à  Paris  de  110  à  111  Ir.  par  100  kilog.  à  la  consommation,  et  de  46  fr.  25 
à  50  fr.pour  l'exportation.  —  A  Nantes,  les  sucres  bruts  coloniaux  valent  de 
33  fr.  50  à  33  fr.  75  par  quintal  métrique  ;  les  raffinés,  114  fr. 

Fécules.  —  Les  prix  ont  laibli  depuis  la  semaine  dernière.  A  Paris,  les  fécules 
premières  du  rayon  valent  30  fr.  par  100  kilog.;  à  Gompiègne,  colles  de  l'Oise 
sont  descendues  à  24  fr. 

Houbloris.  —  La  situation  semble  s'améliorer  quelque  peu,  quoique  les  affaires 
soient  calmes  dans  la  plupart  des  centres  de  production.  —  Les  prix  se  fixent 
aux  cours  suivants  :  dans  le  Nord,  de  170  à  176  fr.  par  100  kilog.  pour  la  qua- 
lité d'exportation;  de  160  à  174  pour  les  houblons  nouveaux;  des  acliats  ont  été 
faits  en  culture,  de   180  à  200  fr.    en  Alsace,  les   prix   varient  de  220   à  250  fr. 

VII.  —  Tourteaux.  —   Noirs.  —  Engrais. 

Tourteaux.  —  Les  prix  sont  sans  changements.  On  paye  par  100  kilog.  :  à 
Marseille,  tourteaux  de  lin,  18  fr.  à  18  fr.  25;  d'arachide  décortiquée,  14  fr.;  en 
coque,  9  fr.  75;  de  sésame,  12  fr.  25;  à  13  fr.;  de  cocotier,  12  fr.  75;  de  colza, 
du  Danube,  12  fr.;  d'œillette  exotiipie,  11  fr.  de  coton,  12  fr.;  de  palmiste, 
10  fr.  75;  de  ricin,  8  fr.  25  ;  de  ravison,  11  fr.  75;  —  à  Cambrai,  tourteaux  de 
colza,  16  fr.  50  à  18  fr.  50;  d'œillette,  14  fr.  50;  — à  Caen,  tourteaux  de  colza, 
17  fr.;  —  à  Bouen,  tourteaux  de  colza,  16  fr. 

Noirs.  —  A  'Valenciennes,  on  cote  sans  changement,  par  100  kilog.;  noir  ani- 
mal neuf  en  grains,  33  à  36  fr.;  noir  vieux  grains,  10  à  12  fr. 

Engrais.  —  Les  uffaires  sont  rares  et  la  tendance  des  cours  est  à  la  baisse.  On 
cote  par  100   kilog,.  sulfate  de   potasse,  20  fr.   à  20  50;  chlorure  de  potassium, 
18 fr.  50;  nitrate  db soude,  24  fr.  50.  —Les  principes  fertilisants  sont  cotés  dans 
les  engrais  composés  :  potasse  0  fr  46  à  0  fr.  47,  carbonate  de  potasse.  0  fr.  38. 
VIII.  —  Huiles  et  graines  oléagineuses. 

Huiles.  —  A  Pai'iS  on  cote,  par  100  kilog.  :  huile  de  colza  67  Ir.  75  à  68  fr.; 
huile  de  lin,  5i  à  54  fr.  50  pour  le  disponible;  —  à  Rouen,  huile  de  colza 
68  fr.;  à  Caen,  huile  de  colza,  64  (v.  25  ;  à  Cambrai,  70  fr.;  dans  le  Nord,  huile  de 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (4  OCTOBRE  1884;,  39 

colza,  60  à  60  fr.  50;  huile  de  lia  49  à  49  fr.  50.  —  A  Nice,  les  huiles  d'olive 
supérieures  sont  tenues  à  des  prix  fermes,  mais  sans  affaires.  On  cote  par  100 
kiiog.  :  huile  extra-line,  175  à  180.  fr.;  surûne,  160  à  170  fr.;  mi-iine  et  fine,  130 
à  155  fr.  ;  mangeable,  100  à  125  fr. 

Graines  oléagineuses.  —  A  Gaen,  la  graine  de  colza  vaut  21  fr.  50  l'hectolitre  ; 
—  A  Marans,  on  paye  par  100  kilog..  graine  de  lin,  26  fr.  50;  de  moutarde, 
43  fr.;  de  colza,  32  fr.;  do  chanvre," 36  fr.  —  A  Cambrai,  les  œillettes  valent 
23  fr.  à  25  fr.  50;  la  cameline,  12  à  16  fr. 

IX.  —  Matières  résineuses.  —  Textiles. 

Matières  résineuses.  —  A  Dax,  l'essence  de  térébenthine  se  cote  47  fr.  les  100 
kilog.;  à  Bordeaux,  51  fr. —  Les  gemmes  nouvelles  de  18S4  valent,  à  Bazas, 
22  fr.  50  par  barrique;  les  gemmes  système  Hugues,  25,  fr. 

Laines.  —  Au  Havre,  les  laines  de  Buenos-Ayres  en  suint  valent  140  fr.  les 
100  kilog. 

Lins.  —  Les  lins  sont  cotés  à Doullens,  par  100  kilog.,  de  62  fr.  50  à82fr.  50. 

X.  —  iuifs  et  corps  gras . 

Suifs.  —  Les  suifs  .purs  de  l'abat  de  la  boucherie  de  Paris  conservent  leurs 
cours  de  81  à  82  fr.  les  100  kilog. 

Saindoux.  —  Ventes  nulles,  prix  nominaux  au  Havre,  de  103  fr.  par  quintal 
pour  les  saindoux  d'Amérique. 

XI.  —  Ileurrcf.  —  Œufs.  —  Fromages. 

Beurres.  —  11  a  été  vendu  pendant  la  semaine,  à  la  halle  de  Paris,  230,637 
kilog.  de  beurres.  Au  dernier  jour,  on  cotait  par  kilog.  :  en  demi-kilog.,  2  fr.  04 
à  4  fr.  30;  petits  beurres,  1  fr.  76  à  3  fr.  28  ;  Gournay,  2  fr.  70  à  4  fr.  72  ;  Isigi^y, 
2  fr.  24  à  8  fr.  1 2 

XII.   —  Chevaux.  —  Bétail.  —    Viande. 

Bétail.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  officiel  du  marché  aux  bes- 
tiaux de  la  Villette,  du  jeudi  25  au  mardi  30  septembre  : 

Poids    Prix  du  kilog.  de  viande  nette  snr 
Vendus  tnoven       pied  au  marché  du  29  septembre. 

Pour  Pour  En         4  quartiers.     I'°  2°  3"  Prix 

Amenés.  Paris,  l'eitérieur.  totalité.  liil.  quai.  quai.  quai.  moyen. 

Bœufs 4,7«8         3,021  1,546  4,567  346  1.74  l.GO  1.34  1.53 

Vaches 1,933         1,107  664  1,771  228  1.66  1.50  1.28  1.45 

Taureaux 358            285  41  326  390  1.46  1.36  1.26  1.36 

Veaux 3,433         1,570  906  2,476  77  1.90  1.80  1.60  1.78 

Moutons 35,899  20,179  12,463  32,642  19  1.96  1.80  1   54  1.74 

Porcs;;  ras....           6,897        2,418  4,461  6,879  81  1.40  1.34  1.-30  1.32 

Les  arrivages  des  marchés  de  la  semaine  se  décomposent  comme  il  suit  : 

Bœufs.  —  Aisne,  10;  Allier,  16;  Aveyron,  10  ;  Calvado,-;.  S64  ;  Cantal,  2;  Charente,  86;  Cha- 
rente-Inférieure, 18,  Cher,  131;  Corrùze,  8;  Côte-d'Or,  136;  Côtes-du-Nord,  213;  Creuse,  54; 
Deux-Stvres,  72;  Dordogne ,  17;  Eure,  30;  Kure-et-Loir,  21  ;  Finistère,  32;  Gironde,  8;  ladre, 
40;  Loire,  16  :  Lot,  22  ;  Lot-et-Garonne,  5;  i^laine-et-Loire,  137;  Manche,  162;  Meuse,  8;  Nièvre, 
512;  Orne,  525  ;  Puy-de-Dôme,  93;  Saône  et-Loire,  321;  Sarlhe,  48  ;  Seine-Inférieure,  18;  Ven- 
dée,   118;  Haute-Vienne,  2;  Vosges,  8;  Yonne,  59;  Italie,  32. 

Vaches.  —  Aisne,  2  ;  Aube,  5;  Aveyron,  14;  Calvados,  300;  Cantal,  10;  Charente,  9;  Cher, 
22;  Corrèze,  1;  Côte-d'Or,  40;  Creuse,  10;  Doubs,6;  Eure,  22  ;  Eure-et-Loir,  31  ;  Indre,  2  ; 
Loiret,  4  ;  Lot  et-Garonne,  2  ;  Maine-et-Loire,  29;  Manche,  121  ;  Nièvre,  217;  Orne,  108;  Puy-de- 
Dôme,  212  ;  Saône-et-Loire,  79;  .Sarthe,  20  ;  Seine,  105;  Seine-Inférieure,  14;  Seine-et-Marne, 
13;  Seine-et-Oise,  31;  Vendée,  7;  Haute  Vienne,  12;  Vosges,  3;  Yonne,  28;  Suisse.  16. 

Taureaux.  —  Ain,  7;  Aisne,  2  ;  Aube,  7  ;  Calvados,  56;  Cher,  2  ;  Côte-d'Or,  9;  Côtes-du-Nord, 
12;  lieux-Sèvres,  2;  Doubs,  5;  Eure,  16  ;  Eure-ei-Loir,  13;  Finistère,  1  ;  Gironde,  6;  lUe-et- 
Vilaine,  10;  Ii  dre-et-Loire,  3;  Loiret,  7;  Maine-et-Loire,  18;  Manche,  44  ;  Nièvre,  25  ;  Oise, 
12;  Orne,  17  ;  Puy-de-Dome,  1  ;  Saône-et-Loire,  14  ;  Haute-Saone,  9;  Sarthe,  5  ;  Seine-Infé- 
rieure, 13;  Seine-et-Marne,  10;  Seine-et-Oise,  12  ;  Yonne,  9;  Suisse,  6. 

Veaux.  —  Aulie,  386;  Calvados,  34;  Eure,  284:  Eure-et-Loir,  315  ;  Loiret,  268;  Marue, 
100;  Nièvre,  1 ,  Oise,  36;  Puy-de-Dôme,  132;  Sarthe,  95;  Seine -Inférieure,  87,  Seine-et- 
Marne,   294;    Seine-et-Oise,    36;    Yonne,    66;    Bel^iique,    20.' 

Moutons.  —  Aisne,  152  ;  Allier,  459;  Hautes-Alpes.  260;  Ardennes,  323;  Atlbe,  802;  Aveyron, 
320;  Cantal  2,l'i5  ;  Charente,  224;  Cher,  328;  Corrèze.  260;  Côte-d'Or,  189;  Creuse,  180;  Dor- 
dogne, 286;  Eure,  56;  Eure-et-Loir,  334;  Indre,  381;  Indre-et-Loire,  119;  Loiret,  834;  Lot, 
719  ;  Lozère,  159;  Marne, 65;  Haute-Marne,  384  ;  Meurthe-et-Moselle,  244  ;  Nièvre,  1.371;  Nord, 
177;  Oiïe,  50;  Seine,  123;  Seine-et-Marne,  1,510;  Seine-et-Oise,  2,208;  Yonne,  184;  Alle- 
magne, 5,968;  Hongrie,    6,840;    Ilalie,    C65  ;    Portugal,  145  ;  Russie,  4.212 

Fores.  —  Aisne,  75  ;  Allier,  583;  Bouches-du-Rhùne,  29;  Calvados.  171  ;  Charente,  181  ;  Cha- 
rente-Inférieure, 31  ;  Cher,  120;  Côte-d'Or,  101;  Côtes-du-Nord,  172;  Creuse,  124;  Deux-Sèvres, 
423;  Ille-et-Vilaine,  474;  Indre,  141;  Indie-et-Loire,  34;  Loire-Inféneure,  350:  Loir-et-Cher, 
117;  Lot,  70;  Maine-et-Loire,  679;  Manche,  132  ;  Mayenne,  23  ;  Meurthe-Moselle,  30;  Nièvre, 
140;  Puy-de-Dôme,  172;  Rhône,  25;  Saône-et-Lùire,  190;  Haute-Saône,  32;  Sarthe,  1,2.54; 
Seine,  30;  Seine-Inférieure,  28;  Vendée,  894;  Vienne,  155. 


40  REVUE   COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT  (4  OCTOBRE   1884) 

Les  arrivages  ont  été,  durant  cette  semaine,  à  peu  près  les  mêmes  que  durant 
la  semaine  précédente.  Pour  la  plupart  des  catés^ories,  les  ventes  ont  été  assez 
lentes,  et  les  prix  accusent  un  peu  de  baisse  ;  mais  les  prix  des  veaux  sont  fermes. 

—  Sur  les  marchés  des  départements,  on  cote  :  Bourges,  breuf,  I  f'r.  40  à  1  fr.  60 
parkilog.  de  viande  net  sur  pied;  veau,  1  fr.  60  à  1  fr.  80;  mouton,  2  fr.  à  2  fr. 
10;  porc,  1  fr.  40  à  1  fr.  50 —  Nevers,bœuï,  1  fr.  60  à  1  fr.  80;  vache,  1  fr.  40 
h  1  fr.  60  ;  veau,  2  fr.;  mouton,  2  fr.  ;  porc,  1  fr.  60  ;  —  Nancy,  bœuf,  88  à  91  fr. 
par  100  kiiog.  bruts  ;  vache,  60  à  88  fr.  ;  veau,  46  à  58  fr.  ;  mouton,  80  à  95  fr.; 
porc,  68  à  70  fr.  ;  —  Dijon,  bœuf,  1  fr.  60  à  1  fr.  72;  taureau,  I  fr.  10  à 
1  fr.  34;  vache,  1  fr.  20  à  1  fr.  66;  veau  (poids  vif),  1  fr.  06  à  1  fr.  16;  mouton, 
1  fr.  50  à  1  fr.  80;  porc  (poids  vif),  0  fr.  90à  0  fr.  96;  —  Lyon,  bœuf, 
1  fr.  30  à  1  fr.  54;  veau  (poids  vif),  0  fr.  96  à  1  fr.  04;  mouton,  'l  fr.  38  à 
1  fr.  80;  porc,  1  fr.  06  à  1  fr.  17;  —  Le  Put/,  bœuf,  1  fr.  60;  vache,  1  fr.  40  . 
veau,  1  fr,  60;  mouton,  1  fr.  70  :  porc,  1  fr.  50. 

Prix  du  kilog,  le  29  septembre. 

kilog.  1"  quai.  ?•  '{ual.  3*  quai.  Choix.     Basse  3o'.:cherie. 

Bœufou  vaclie...   151,979     1.56  à  1.96     1.28  à   1.54     1.10  à  1.26       »       à     »         •     à 

Veau 169,753     1.82       1.90     1.42       1.80     1.20       1.40       •  ..         .,  «. 

Mouton 78,264     1.5Ù       1.76     1.32       1.54     1.14       1.30     1.70       3.00     » 

Porc 43,898  Porc  frais 1.2ùàl.40. 

443,894  Soitparjour 63,414  kilog. 

Les  ventes  ont  été  supérieures  de  15,000  kilog.  par  jour  à  celles  de  la  semaine 
précédente.  Les  prix  sont  fermes  pour  la  viande  de  bœuf,  mais  en  baisse  pour  les 
autres  sortes. 

XUI.  —  Cours  de  la  viande  à  l'abattoir  de  la  Villelte  du  jeudi  2  octobre  {par  50  kilog.) 
Cours  de  la  charcuterie.   —  On  vend  à  la  Villette  par  50  kilog.  :  1"  qualité, 
65  à  70  fr.  ;  2",  60  à  65  fr.  Poids  vif,  44  à  48  fr. 

Bœufs.  Veaux.  Moutons. 

j„  ,y  3.  •,..  2-  3.  II.  2- 

quai.  quai.  quai.  qiial.  quai.  quai.  quak  quai.  quai. 

fr.  fr.  fr.  fr,  fr.  fr.  fr.  fr.  fr. 

80  73  68  97  92  87  88  82  76 

XIV.  —  Marché  aux  bestiaux  de  la  Villette  du  jeudii  octobre  1884. 

Cours  des  commissionnaires 
Poids  Cours  officiels.  en  bestiaux. 

Animaux  gênerai.  1"        2*  3*  Prix  1"        2'  3"  Prix 

amenés  Io7endus.  kil.  quai.  quai.  quai,  extrêmes.  qual.qual.  quai.  extrêmes. 

Bœufs 2.219  110  3bO  1.72  l.b8  1.32  l.2Sàl.76  1.70     1.56  1.30  l.21al.72 

Vaches 752  3b  23i  1.64  1.48  1.2S  1.20     1.63  1.62     1.46  1.26  1.20     1.6S 

Taureaux...          164  9  398  1   46  1.3»  1.26  1.22     1.50  I   42     1.32  1.26  1.20     1.50 

Veaux 1.187  91  76  1.90  1.80  1.60  1.50     2  96          »              •  .  » 

Moutons 21.163  3.133  20  1.94  1.76  1.50  1.44     2  00          »              »  »  » 

Porcs  gras..     4.»91  362  80  t. 32  1.26  1.20  1.12     1.38          •              •  .  " 

—  maigres..           »  ■  ,,         .»»•.»»» 

Vente  ordinaire  sur  toutes  les  espèces. 

XV.  —  Résume'. 
La   situation    s'est   améHoriée    pour  les    céréales.    Les  vendanges  s'annoncent 
comme  bonnes  pour  la  qualité  ;  les  prix  des  autres  denrées  agricoles  restent  à  peu 
près  stationnaires.  A.  Rémy. 

BULLETIN  FINANCIER 

Un  mouvement  général  de  hausse  s'est  produit  sur  les  cours  de  la  plupart  des 
fonds  publics  et  surtout  sur  ceux  des  rentes  et  des  grands  établissements  de 
crédit.  On  cote  les  rentes  françaises:  3  pour  100,  78  fr.  75;  —  3  pour  100 
amortissable,  80  fr.  65  ;—  4  et  demi  pourlOO,  107  fr.  20  ;  —  4  et  demi  pour  100, 
nouveau,  109  fr.  15. 

Les  actions  des  établissements  de  crédit  se  cotent  :  Banque  de  France, 
5,050  fr.  50;  Banque  de  Paris  et  des  Pays-Bas,  770  fr.  :  Comptoir  d'escompte, 
957  fr.  50  ;  Crédit  foncier  et  agricole  d'Algérie,  496  îr.  25  ;  Crédit  foncier,  1 ,325  fr.; 
Banque  d'escompte  de  Paris,  520  fr.  Crédit  lyonnais,  550  fr.,  Compagnie 
foncière  de  France,  431  fr.  25;  Crédit  mobilier,  286  fr.  25;  Société  de  dépôts 
et  comptes  courants,    628  fr.  50  ;    Société  générale,  460    fr.  ;  Banque  parisienne, 

387  fr.  50.  _^ E.  FÉRON. 

Le  Gérant  :  A.  Bouché. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (u  octobre  i884). 

Date  de  la  rentrée  des  Chambres.  —  Discussions  à  ouvrir  sur  la  crise  agricole.  —  Les  droits 
compensateurs  sur  les  produits  du  sol.  —  Lieux  et  dates  des  concours  régionaux  en  18K5.  — 
Concours  pour  les  primes  de  culture  à  décerner  en  1886.  —  La  récolte  du  blé  en  Angleterre 
d'après  sir  J.-B.  Lawes.  —  Les  récoltes  en  Suisse.  — Rapport  sur  la  produclion  agiicole  aux 
Etats-Unis-  —  Le  sucrage  des  vins  à  prix  réduit.  —  Letire  de  .M.  Tirard.  —  Cnngiés  phyl- 
loxérique  de  Turin.  — Nécrologie  :  .M.  de  Luesemans.  .M.  Graeff,  M.  Audran.  — Blés  de  semence. 
—  Lettre  de  M.  de  la  Trélionnais.  —  Syndicat  des  agriculteurs  de  Loir-et-Cher  pour  l'achat  des 
engrais.  —  Marché  conclu  avec  son  lournisseur  d  engrais.  —  Programme  de  la  station  agro- 
nomiqud  d'Arras.  —  Travaux  de  la  station  agronomique  d'Avignon.  —  Recherches  de 
MM.  Berlhelot  et  André  sur  la  marche  de  la  végétation  dans  les  plantes  annuelles.  —  Vœux 
de  la  réunion  des  Comices  d'Eure-el-Loir  et  de  la  Société  des  agriculteurs  du  Nord.  —  Con- 
cours des  associations  agncules,  —  Société  d'agriculture  de  l'Eure.  —  Société  d'émulation  de 
Lisieux.  —  Comi.ie  du  Cotentin.  —  Di'^cours  de  M.  Hervé  Mangon.  —  Comice  de  LavaL  — 
Discours  de  M.  Le  Breton.  —  Essais  de  batteuses  au  Comice  de  Chàlons.  —  Discours  de 
M.  Lholelain  au  Comice  de  Reims.  —  Comices  de  Sancerre  et  de  Vendôme.  —  Allocution  de 
M.  de  Monicault  au  Comice  de  Trévoux.  —  Comice  de  Riom.  —  Société  d'agricullure  de  Bour- 
goin.  —  Discours  de  M.  Genin.  —  Comice  de  Nérac.  —  Allocution  de  M.  Laporte.  —  Décoration 
du  Mérite  agricole.  —  Regrets  exprimés  par  laSociété  des  arts  agricoles  du  Havre  à  l'occasioa  de 
la  mort  de  M.  Barrai. 

I.  —  Le  Parlement  et  l'agricu'ture. 

La  rentrée  des  Chambres  est  fixée  au  14  octobre.  Pendant  les 
vacances  parlementaires,  les  sénateurs  et  les  députés  ont  été  en  con- 
tact permanent  avec  les  populations,  et  ils  ont  pu  constater  combien 
sont  fondées  les  plaintes  que  les  cultivateurs  font  entendre.  Nous 
devons  nous  garder  des  exagérations,  dans  quelque  sens  que  ce  soit  : 
nous  ne  voulons  pas  suivre  les  pessimistes  qui  proclament  la  ruine 
imminente  de  tous  les  producteurs  du  sol,  de  même  que  nous  nous 
éloignons  de  ceux  qui  affirment  que  l'agriculture  peut  et  doit  se  tirer 
d'afi'aire  sans  qu'on  lui  vienne  en  aide.  L'absolutisme  est  la  pire  des 
choses  dans  les  affaires  sociales.  Nous  croyons  à  la  vitalité  de  l'agri- 
culture française;  nous  sommes  convaincu  qu'elle  sortira  victorieuse 
de  la  crise  amenée  par  la  révolution  qui  s'opère  dans  le  monde  entier. 
Mais,  pour  qu'elle  ne  soit  pas  étouffée  dans  la  lutte,  il  est  absolument 
nécessaire  que  des  mesures  énergiques  sauvegardent  ses  intérêts,  dont 
la  situation  s'aggrave  chaque  jour.  Elle  dit  au  Parlement  :  «  Vous  avez 
protégé  toutes  les  industries  ;  mais  c'est  contre  moi  que  la  protec- 
tion industrielle  a  été  organisée.  Puisque  cette  protection  subsiste, 
qu'elle  est  consacrée  par  des  traités,  que  vous  avez  été  les  véritables 
auteurs  de  l'infériorité  dans  laquelle  je  suis  placée,  votre  devoir  est  de 
réparer  cette  injustice.  Je  ne  réclame  pas  la  protection  dans  le  sens 
absolu  de  ce  mot,  mais  je  demande  l'équité;  je  réclame  un  droit  com- 
pensateur, tel  qu'il  a  été  défini  par  Léonce  de  Lavergne,  pour  les  pro- 
duits que  je  tire  du  sol,  pour  celui  surtout  qui  a  été  jusqu'ici  la  prin- 
cipale production  de  la  terre  française,  le  blé.  «  Tel  est  le  l'ésupié  des 
vœux  unanimes  des  agriculteurs;  voilà  ce  qu'ils  demandent,  et  ce 
qu'il  est  aujourd'hui  impossible  de  leur  refuser.  La  lumière  est  com- 
plète sur  la  situation  agricole;  on  ne  peut  différer  d'avis  que  sur  les 
détails  d'application.  Nous  espérons  qu'une  discussion  large,  appro- 
fondie, signalera  la  nouvelle  session  qui  va  s'ouvrir,  et  que  cette  dis- 
cussion se  terminera  nar  une  surélévation  légitime  des  droits  de  douane 
sur  les  denrées  agricoles.  Bien  d'autres  questions  sont  encore  a  1  étude, 
mais  celle-ci  prime  toutes  les  autres,  elle  doit  être  abordée  et  résolue 
sans  ambages. 

IL  —  Les  concours  régionaux  en  1885. 
Le  Journal  officiel  fait  connaître  les   dates  des  prochains   concours 

N»  809.  —  Tome  IV  de  1884.  —  11  Octobre. 


42  CHRONIQUE    AGRICOLE   (11  OCTOBRE   1884). 

agricoles  régionaux  qui  auront  lieu^  en  1885^,  "dans  les  villes  et  aux 
époques  suivantes  : 

Montpellier,  du  2  au  10  mai. 

Angers,  Angoulême,  Toulouse,  du  9  au  17  mai. 

Moulins,  Valence,  Vesoul,  du  16  au  25  mai. 

Beauvais,  Lyon,  Montauban,  du  30  mai  au  7  juin. 

Chartres,  Nancy,  du  6  au  14  juin. 

Pour  être  admis  à  exposer  dans  ces  divers  concours,  on  doit  en  faire  la 
déclaration  au  ministère  de  l'agriculture.  Cette  déclaration  devra  être  parvenue 
au  ministère,  à  Paris,  aux  dates  désignées  ci-après  :  Montpellier,  le  l"'' avril  1885  ; 
—  Angers,  Angoulême  ot  Toulouse,  le  5  avril;  —  Moulins,  Valence  et  Vesoul,  le 
lû  avril;  —  Beauvais,  Lyon  et  Montauban,  le  25  avril;  — Cliartres  et  Nancy, 
le  l-''  mai. 

On  peut  se  procurer  les  programmes  de  ces  divers  concours  et  les 
formules  de  déclaration  au  ministère  de  l'agriculture  et  à  toutes  les 
préfectures  et  sous-préfectures. 

[in.  —  Les  primes  d'honneur  en  1886. 
Nous  croyons  utile  de  rappeler  que  les  concours  pour  la  prime 
d'honneur  et  les  prix  culluiaux,  les  primes  d'honneur  de  la  petite 
culture  et  de  l'horticulture,  les  prix  d'irrigation  et  les  récompenses 
dites  de  spécialités,  auront  lieu,  en  1886,  dans  les  départements  sui- 
vants :  Eure,  3Iayenne,  Nord,  Cher,  Ardennes,  Côte-d'Or,  Haute- 
Vienne,  Lot-et-Garonne,  Creuse,  Puy-de-Dôme,  Bouches-du-Rhône^ 
Savoie.  Les  concurrents  doivent  adresser  leur  déclaration,  avec  les 
notes  et  plans  à  l'appui,  à  la  préfecture  de  leur  département,  avant 
le  1"' mars  1885. 

IV.  —  La  recolle  en  Angleterre  et  en  Suisse. 

L'agronome  bien  connu  d'Angleterre,  sir  J.-B.  Lawes,  de  Rolham- 
sted,  vient  de  publier,  comme  il  le  fait  chaque  année,  une  appréciation 
sur  la  récolte  du  blé  dans  le  Royaume-Uni.  D'après  lui,  la  récolle  de 
1884  y  dépasse  la  moyenne,  mais  ne  doit  pas  être  considérée  comme 
une  grande  récolte;  elle  s'élèverait  à  27  millions  d'iiectolitres  environ. 
Pour  subvenir  aux  besoins  de  la  consommation  jusqu'au  mois  d'août 
prochain,  l'Angleterre  aurait  à  importer  47  millions  d'hectolitres  de 
.  blé  étranger-,  pendant  l'année  ISi^tVH'j,  l'importation  nette  a  été  de 
46  millions  d'hectolitres. 

■  D'après  notre  confrère,  M.  Borel,  direteur  du  Journal  d'agriculture 
suisse.,  les  résultats  des  récoltes  dans  la  Suisse  romande,  comprenant 
les  cantons  de  Vaud,  Genève,  Fribourg,  Neuchàtel,  Jura  bernois  et 
Valais,  seraient  les  suivants  :  blé,  avoine,  pommes  de  terre,  vigne, 
récolte  bonne  ;  fourrages,  récolte  assez  bonne. 

V.  —  La  producUon  agiicole  aux  Etats-Unis. 

-  On  sait  que  chaque  année  le  département  de  l'agriculture,  aux 
Etats-Unis  d'Amérique,  publie  un  rapport  sur  la  producliim  agri- 
cole dans  les  Etats  de  l'Union.  Nous  venons  de  recevoir  le  rapport, 
pour  Tannée  1883,  de  M.  Geo.  B.  Loring,  commissaire  de  l'agricul- 
ture :  c'est  un  volume  de  500  pages,  avec  de  nombreuses  planches 
hors  texte.  Il  renferme  les  rapports  spéciaux  de  M.M.  Detmers.  vétéri- 
naire; Geo.  Vasey,  botaniste;  C,-V.  Riley,  entomologiste;  de  M.  Saun- 
ders,  intendant  des  Jardins  et  parcs;  de  M.  Ricliardson,  chimiste;  de 
de  M.   Dodge,  statisticien.   Viennent  ensuite  des  études  sur  le  sorgho 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (11    OCTOBKK   1884).  43 

sucré,  sur  les  questions  forestières,  sur  la  production  de  la  viande. 
Tous  les  côtés  de  l'activité  a2;ri(;ole  sont  passés  en  revue  dans  ces  rap- 
ports. Le  volume  est  tiré  à  300,000  exemplaires  aux  frais  de  l'Etat; 
un  crédit  de  2'20,000  dollars  (plus  d'un  million  de  francs)  a  été  affecté 
aux  frais  de  la  publication.  Li  distribution  en  est  faite  gratuitement 
dans  toutes  les  parties  des  Etals-Unis. 

VI.  —  Le  sucrage  des  vendançics. 
Les  vendanges  sont  à  peu  près  terminées;  de  différents  côtés  on 
nous  demande  où  en  est  l'application  de  l'article  de  la  loi  récente  sur 
les  sucres,  qui  a  réduit  à  20  fr.  le  droit  sur  les  sucres  employés  au 
sucrage  des  vendanges  et  à  la  préparation  des  vins  de  seconde  cUvée. 
La  réponse  à  cette  question  se  trouve  dans  la  lettre  suivante  que 
M.  Tirard,  ministre  des  lînances,  vient  d'adresser  au  président  du  syn- 
dicat des  négociants  en  vins  de  Champagne  : 

«  Monsieur  le  président,  vous  avez  demandé  à  l'administration  des  finances  de 
prendre  des  mesures  en  vue  de  l'application  immédiate  des  dispositions  de  l'ar- 
ticle 2  de  la  loi  du  29  juillet  dernier,  qui  a  réduit  à  20  Ir.  par  100  kilog.  la  taxe 
sur  les  sucres  employés  au  sucraye  des  vendant;es. 

«  Lors  de  la  discussion  de  celte  loi,  j'ai  fait  connaître  au  Parlement  que  le 
sucrage  des  vins  à  prix  réduit  ne  pourrait  être  pratiqué  que  lorsqu'ou  aurait  trouvé 
un  moyen  de  dénaturer  le  sucre  de  telle  façon  que  ce  produit  ne  subisse  aucune 
moditication  de  nature  à  le  rendre  impropre  au  sucrage,  et  ne  puisse  cependant 
être  détourné  de  sa  destination  pour  rentrer  dans  la  consommation  ordinaire  ou 
servir  à  la  préparation  de  certains  produits. 

"  Tel  a  été  également  le  sentiment  du  Parlement  lorsqu'il  a  voté  le  paragraphe  2 
de  l'article  2  de  la  loi  précitée,  qui  stipule  expressément  que  l'emploi  des  sucres 
destinés  au  sucrage  devra  être  préalablement  déterminé  par  un  règlement  d'admi- 
nistration public|ue. 

■<  Dès  les  premiers  jours  qui  ont  suivi  le  vote  de  cette  loi,  l'administration  des 
finances  s'est  préoccupée  de  rechercher  un  procédé  de  dénaturation  répondant  au 
double  but  que  j'ai  indiqué.  Plusieurs  méthodes  lui  ont  été  présentées,  mais  une 
seule  a  paru  devoir  fixer  l'attention,  et  je  me  suis  empressé  de  la  faire  soumettre 
à  l'examen  du  Comité  consultatif  des  arts  et  manufactures,  la  seule  autorité  com- 
pétente pour  décider  si  l'emploi  de  ce  procédé  peut  être  autorisé. 

M  Mon  collègue  du  commerce  ne  m'a  pas  encore  fait  connaître  l'appréciation 
du  Comité,  et  je  ne  puis  dès  lors  prévoir  l'époque  à  laquelle  l'administration 
des  finances  sera  en  mesure  d'élaborer  et  de  soumettre  au  conseil  d'Etat  le  projet 
de  règlement  à  l'adoption  duquel  l'emploi  des  sucres,  sous  payement  de  la  taxe 
réduite,  reste  subordonné, 
i;  Recevez,  etc.  Le  ministre  des  finances,  Tirard.  » 

Il  résulte  de  cette  lettre  que  l'article  2  de  la  loi  sur  les  sucres  est 
resté  jusqu'ici  à  l'état  de  lettre  morte.  Nous  ne  pouvons  que  le  déplo- 
rer; mais  le  fait  était  trop  prévu  pour  nous  étonner.  Ce  n'est  pas  la 
première  fois  que  les  meilleures  mesures  sont  paralysées  par  la  lenteur 
ou  même  par  le  mauvais  vouloir  que  l'on  apporte  à  leur  exécution. 

VU.  —  Le  phylloxéra. 

Le  congrès  phylloxérique  international,  qui  devait  se  tenir  à  Turin 
au  mois  d'août  dernier,  a  été  retardé  à  cause  de  l'épidémie  cîiolérique. 
La  date  de  l'ouverture  de  cette  réunion  est  déûniiivement  fixée  au 
lundi  20  octobre  courant.  M.  Pierre  Toclion,  président  de  la  Société 
centrale  d'agriculture  de  la  Savoie,  rendra  compte  à  nos  lecteurs  des 
discussions  et  des  faits  que  ce  congrès  mettra  en  lumière. 

Yin.  —  Nécrologie. 

L'agriculture  belge  vient  de  perdre  un  de  ses  plus  éminents  défen- 
seurs, M.  Robert  de  Luesemans,  décédé  à  l'âge  de  soixante-quinze  ans. 


44  CHRONIQUE  AGRICOLE  (Il  OCTOBRE  1884), 

Il  a  été  un  des  fondateurs  de  la  Société  agricole  du  Brabant,  dont  il  a 
été  longtemps  vice-président;  il  a  été  un  des  principaux  organisateurs 
des  grandes  expositions  agricoles  qui  ont  eu  lieu  à  Bruxelles  ;  il  était 
membre  du  Conseil  Supérieur  d'agriculture  de  Belgique. 

M.  Michel  Graeff,  ancien  inspecteur  général  des  ponts  et  chaussées, 
ancien  ministre  des  travaux  publics,  est  mort  récemment.  On  lui  doit 
principalement  la  création  du  canal  d'irrigation  du  Forez  (Loire). 

Nous  apprenons  aussi  la  mort  de  M.  François  Audran,  ancien  pré- 
sident de  la  Société  d'agriculture  de  l'arrondissement  de  Quimperlé 
(Finistère). 

IX.  —  Blés  de  semence. 

Notre  excellent  collaborateur,  M.  de  la  Tréhonnais,  nous  adresse  la 
lettre  suivante  : 

«  L'année  dernière  un  grand  nombre  d'agriculteurs  ne  purent  recevoir  les  blés 
de  semence  Broioick  impérial  rouge  et  mon  nouveau  blé  blanc  de  Mold  anobli, 
qu'ils  m'avaient  demandé,  les  quantités  dont  je  pouvais  disposer  ayant  été  rapide- 
ment épuisées.  Je  prie  les  cultivateurs  qui  désireraient  se  procurer  de  ces  blés, 
qui  ont  donné  partout  la  plus  entière  satisfaction,  sous  le  rapport  des  grains  et 
de  la  paille,  do  vouloir  bien  me  faire  parvenir  leurs  demandes  le  plus  tût  possible 
alin  de  ne  pas  arriver  trop  tard. 

«  Je  signale  aussi  à  leur  attont  ion  un  nouveau  blé  de  printemps  que  j'ai  cultivé 
cette  année  pour  la  première  fois,  et  qui  m'a  donné  des  résultats  inespérés, 
malgré  les  gelées  du  mois  d'avril  et  la  sécheresse  inusitée  que  nous  avons  subie 
cette  année  à  l'époque  de  la  croissance. 

«  Veuillez  agréer,  etc.,  de  lA  Tréhonnais. 

Les  demaudes  relatives  à  ces  blés  doivent  être  adressées  à 
M.  de  la  Tréhonnais,  agriculteur  au  château  de  Saron,  par  Marcilly- 
sur-Seine  (Marne). 

X.  —  Syndical  des  agriculteurs  de  Loir-et-Cher. 

Le  Journal  A  signalé  l'initiative  prise  par  les  agriculteurs  de  Loir-et- 
Cher,  sous  l'impulsion  de  M.  Tanviray,  professeur  départemental 
d'agriculture,  pour  la  constitution  de  syndicats  pour  l'achat  des 
engrais.  Cette  initiative  a  été  imitée  dans  un  grand  nombre  de  dépar- 
tements. AGn  de  répondre  h  des  désirs  exprimés  plusieurs  fois,  nous 
croyons  uLile  de  donner  ici  le  texte  de  la  convention  signée  le  30  août 
dernier  entre  le  syndicat  et  son  adjudicataire  d'engrais  pour  l'an- 
née 1 884-85  : 

Entre  les  soussignés  :  M.  Tanviray,  professeur  d'agriculture,  demeurant  à 
Blois,  agissant  au  nom  du  Syndicat  des  Agriculteurs  de  Ijoir-et-Gher;  et  M.  Beau- 
gendre-Garnier,  demeurant  à  Contres,  il  a  été  convenu  ce  qui  suit  : 

M.  Beaugendre  s'engage  à  livrer  aux  membres  du  Syndicat  qui  lui  seront 
désignés,  et  avant  le  10  octobre  prochain,  les  matières  premières  et  engrais 
sui\ants  : 

(Suit  la  liste  et  la  quantité  des  engrais,  dont  le  total  s'élève  aujourd'hui  à 
270,000  kilogrammes.) 

Ces  engrais  devront  être  dans  un  état  pulvérulent  parfait,  et  ne  contenir  que 
10  pour  100  d'eau  au  maximum.  Ils  seront  facturés  sur  analyse  à  l'état  normal,  et 
d'après  les  bases  suivantes  : 

Entrais  faliri([iié^.  Matières  preinière-A. 

Azote   ammoniacal 3  fr.  30  l'unité.  2  l'r.  06  l'unité. 

Azote   nitrique.- I  IV.  80  —  I   fr.  72  — 

Azote  organii^ue  (corne,  os) 1  fr.  S.',  —  1   fr.  76  — 

Acida  phosphorique  soluhlo  dans  l'eau   0  l'r.  .S.')  —  0  fr.  68  — 

Acide  phosphorique   soluble  dans  le  citrate  à  froid.  0  fr.  80      • —  0  fr.  64  — 

Acide  phosphorique  insoluble' —  0  fr.  '25  — 

Potasse  à  l'état  de  chlorure 0  fr.  .55  —  0  fr.  50  — 

1.  Cet  élément  ne  sera  facturé  ni  dans  tes  superphosptiates,  ni  dans  les  engrais  fabriqués. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (II  OCTOBRE  1884).  45 

Les  prix  seront  établis  en  gares  de  Blisis,  Gjur-Glieverny,  Fontaine-Soings 
Saint-Aignan  et  Vendôme,  mais  seulement  par  wagons  complets  pour  cette  der- 
nière gare  ;  les  frais  de  transport  seront  à  la  charge  des  destinataires. 

En  sus  de  ces  prix,  les  acheteurs  auront  à  payer  un  supplément  de  1  Ir.  par 
100  kilog.  pour  l'emballage  des  superphosphates  et  des  engrais  iabriqués. 

Les  acheurs  auront  le  droit  de  réunir  plusieurs  commandes  pour  former  des 
wagons  complets  ;  dans  ce  cas  chaque  sao  devra  porter  une  étiquette  indiquant  le 
nom  du  destinataire  et  la  nature  de  l'engrais. 

Le  payement  des  engrais  aura  lieu  au  domicile  des  syndiqués,  à  trois  mois  de 
date  de  livraison.  Ceux  qui  payeront  comptant  profiteront  d'une  remise  do  2  pour 
100.  Pour  les  payements  à  30  jours,  l'escompte  sera  de  I  pour  100.  Enfin  les 
acheteurs  qui  auront  besoin  d'un  crédit  dépassant  trois  mois,  devront  tenir 
compte  au  iournisseur  de  l'intérêt  du  retard,  à  raison  de  5  pour  100  l'an.  Le 
vendeur  se  réserve,  dans  ce  cas,  le  droit  de  demander  des  garanties. 

Le  syndicat  n'étant  pas  responsable  de  la  solvabilité  de  ses  membres  (art.  20 
des  statuts),  le  fournisseur  ne  sera  pas  tenu  de  livrer  à  terme  aux  personnes  d'une 
solvabilité  douteuse. 

Les  prises  d'échantillons  auront  lieu  aux  gares  d'arrivée  ou  en  gare  de  Blois, 
en  présence  des  paities  ou  de  leurs  représentants. 

Les  irais  d'analyse  seront  à  la  charge  du  vendeur  pour  toutes  les  livraisons  de 
5,000  kilog.  au  moins. 

La  vérification  des  dosages  sera  faite,  au  choix  de  l'acheteur,  au  laboratoire  dé- 
partemental à  Blois  ou  à  celui  de  la  Société  des  agriculteurs  de  France. 

Outre  les  quantités  ci-dessus  énoncées,  M.  Beaugendre  s'engage  à  livrer  jus- 
qu'au 1"  mars  \88b,  aux  mêmes  conditions,  telles  quantités  d'engrais  qui  lui 
seront  demandées,  dans  un  délai  de  quinze  jours  après  la  réception  de  la  demande. 

Pour  le  syndicat  et  par  autorisation  du  Bureau  :  le  président,  J.  Tanviray  ;  — 
le  fournisseur,  Beaugendrk. 

Enivrais  qui  pourront  être  demandés  au  fournisseur  du  Syndicat.  —  Matières 
■premières.  —  Sulfate  d'ammoniaque.  —  Nitrate  de  soude,  —  Corne.  —  Phos- 
phate fossile  riche.  —  Phosphate  fossile  bas  titre. — Superphosphate  minéral  riche. 
—  Superphosphate  minéral  bas  titre.  —  Superphosphate  d'os.  —  Chlorure  d'; 
potassium.  —  Acide  sulfurique.  [PriJO  variables  suivant  djsages.) 

Engrais  fabriciués.  —  Engrais  complet  pour  céréales  :  azote  ammoniacal, 
6.5  pour  100;  acide  phosphonque  assimilable,  6.5;  potasse,  8.  Prix   24  fr.  20. 

Engrais  incomplet  pour  céréales  (phospho-guano)  :  azote  ammoniacal  2.5 
pour  100;  acide  phosphorique  soluble,  14.  Prix  17  fr.  40. 

Engrais  pour  prairies  naturelles  :  azote  ammoniacal,  6.5  pour  100;  acide  phos- 
phorique assimilable,  4;  potasse,  8.  Prix  22  fr.  10. 

Engrais  pour  prairies  artificielles  :  acide  phosphorique  soluble,  10;  potasse,  5. 
Prix  11  fr.  25. 

Engrais  pour  racines  (betteraves,  carottes,  etc.)  :  azote  nitrique,  6.5  pour  100  ; 
acide  phospbjrique  assimilable,  6.5;  potasse.  8.  Prix  21  fr.  60. 

Engrais  complet  pour  vigne  :  azote  nitrique,  4  pour  100;  acide  phosphorique 
assimilable,  6.5;  potasse,  14.  Prix  15  fr.  45. 

Engrais  incomplet  pour  vigne:  acide  phosphorique  assimilable,  12  pour  100; 
potasse,  5.  Prix  12  fr.  95. 

Il  est  certain  qae,  par  l'association  largemeat  pratiqués,  la  situa- 
tion agricole  doit  s'améliorer  sùreinent  et  d'une  manière  duraijle.  Le 
syndicat  de  Loir-el-Clier  compte  aujourd'hui  480  membres. 

XI.  —  Stations  agronomiques. 

Nous  avons  reçu  récemment  le  nouveau  programme  de  la  Station 
agronomique  du  Pas-de-Calais,  dirigée  par  M.  Pagnoul,  dont  on  con- 
naît les  travaux  importants  de  chimie  agricole.  On  y  remarque  des 
réductions  de  priv  sur  le  tarif  des  analyses  ;  ces  réductions  ont  été 
obtenues  en  simplifiant  les  méthodes  et  surtout  en  perfectionnant  le 
matériel  du  laboratoire.  M.  Pagnoul  se  propose  de  continuer  à  encou- 
rager les  entreprises  qui  ont  pour  but  d'améliorer  la  betterave  ou  de 
favoriser  les  modes  de  vente  basés  sur  la  richesse  de  la  plante. 


45  CHRONIQUE  AGRIGOI.E  (11  OCTOBRE   I8ik). 

Le  rapport  de  M.  Pichard,  directeur  de  la  station  agronomique  d'Avi- 
gnon, sur  les  travaux  exécutés  dans  l'année  agricole  1883-84,  permet 
de  constater  une  activité  réelle  dans  celte  station.  En  dehors  des  recher- 
ches personnelles  du  directeur,  lesquelles  oui  porté  sur  la  vigne,  sur 
plusieurs  cultures  appropriées  aux  hesoins  du  Midi,  sur  la  nitriflcation 
des  terres  arables,  etc.,  le  laboratoire  a  exécuté  225  analyses  d'engrais, 
de  terres,  de  produits  alimentaires,  qui  ont  comporté  4'22  dosages. 
L'achat  des  engrais  sous  le  contrôle  d'une  analyse  de  garantie  tend 
heureusement  à  se  répandre  dans  le  département  de  Vaucluse. 
XII.  —  Marche  de  la  végétation  dans  les  plantes  annuelles. 

Le  Journal  a  publié  récemment  une  élude  présentée  à  l'Acadé- 
mie des  sciences  par  J\L  Berthelot  sur  la  présence  universelle  des 
azotates  dans  le  rèsne  véççétal.  Le  savant  chimiste  vient  de  faire 
connaître  les  résultats  d'un  travail  auquel  il  s'est  livré  avec  M.  André, 
sur  la  marche  de  la  végétation  dans  les  plantes  annuelles.  Les 
recherches  ont  porté  principalement  sur  l'accroissement  relatif  des 
diverses  parties  de  la  plante,  et  sur  la  formation  des  principes  immé- 
diats aux  diverses  époques  de  la  végétation.  Les  plantes  dont  M.  Ber- 
thelot s'est  occupé  jusqu'ici  sont  la  bourrache,  plusieurs  espèces  d'ama- 
ranle,  la  célosie  et  la  luzerne.  Nous  ferons  connaître  les  conclusions 
définitives  auxquelles  MM.  Berthelot  et  André  arriveront  dans  la  suite; 
ces  conclusions  pourront  avoir  une  utilité  réelle  pour  les  agriculteurs, 
notamment  en  ce  qui  concerne  l'emploi  des  engrais. 

XIII.  —  Réunion  des  Comices  d' Eure-et-Loir. 
Les  quatre  Comices  du  déparlement  d'Eure-et-Loir  ont  provoqué,  le 
20  septembre,  à  Chartres,  une  réunion  générale  agricole  qui  s'est  ter- 
minée par  le  vœu  suivant  : 

Réunis  en  assemblée  générale,  à  Cliarires,  le  2Ù  septembre  1884,  sur 
l'appel  des  quatre  Comices  du  département,  —  les  cultivateurs  d'Eure-et-Loir  : 

Après  avoir  étudié  la  situation  de  l'agricuture,  constaté  qu'elle  traverse  une 
crise  tellement  aiguë  qu'elle  est  menacée  d'une  raine  complète  à  bref  délai. 

Reconnaissant  que  cette  crise  est  due,  savoir  :  1"  à  l'énormité  des  charges 
publiques  qu'elle  supporte  et  à  la  surélévation  incessante  de  la  main-d'œuvre, 
qui  font  sans  cesse  augmenter  le  prix  de  revient  de  ses  produits;  i"  et  surtout  à 
la  concurrence  des  étrangers,  dont  les  produits,  d'un  prix  de  revient  mmime 
comparé  au  nôtre,  favorisés  par  un  régime  douanier  qui  n'oppose  aucune  barrière 
à  leur  importation  envabissante,  circulant  à  l'intérieur  même  de  la  Fi'ance  à  l'aide 
de  tarifs  dits  de  pénétration,  excessivement  réduits,  appliqués  exclusivement  à 
eux  par  les  chemins  de  fer  français,  abaissent  sans  cesse  le  prix  de  vente  des 
produits  agricoles  nationaux; 

Considérant  que,  dans  l'état  actuel  des  finances  publiques,  des  dégrèvements 
sont  et  seront  probablement  longtemps  encore  impossibles,  et,  dans  tous  les  cas, 
seraient  insuflisants  pour  relever  l'agriculture  de  sa  ruine; 

Considérant  que  le  seul  moyen  de  lui  venir  immédiatement  en  aide  est  la 
revision  jirompte  et  radicale  de  notre  tarif  général  de  douanes,  en  ce  qui  concerne 
les  produits  agricoles  non  compris  dansles  traités  de  commerce; 

Demandent  instamment  :  que  le  tarif  des  douanes  soit  revisé  dès  la  rentrée 
des  Chambres  ; 

Que  des  droits  de  douane  soient  établis  sur  tous  les  produits  agricoles  étran- 
gers, droits  suffisants  pour  mettre  l'agriculture  sur  le  pied  de  l'égalité  avec  les 
autres  industries  nationales  et  représentant  au  moins  la  difl'érence  des  prix  de 
revient  des  produits  étrangers  et  des  produits  français.  Ces  droits  devront  être  : 
-  Pour  le  blé,  de  5  francs  ;  la  farine,  7  francs  ;  le  seigle,  3  francs  ;  l'orge,  3  francs; 
l'avoine,  3  francs;  le  maïs,  5  francs;  les  sons  et  issues,  3  francs,  par  quintal;  — 
les  chevaux,  45  francs;  les  bœufs,  45  francs;  les  vaches,  35  francs;  les  mou- 
tons, 7  francs;  les  porcs,  12  francs,  par  tête;  — les  viandes  fraîches,  15  francs  ; 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (Il   OCTOBRE   1884).  47 

les  viandes  salées,  15  francs  pir  100  kiloj^rammes  ;  —  les  laines  en  suint,  0  l'v.  20 
les  laines  lavées.  0  fr.  60  par  kilogramme. 

Qiw  les  traités  de  commeroe  en  cours  soient  dénoncés  dans  les  délais  de 
rigueur  ; 

Que,  dès  Lfue  les  nécessités  budgétaires  le  permettront,  une  lai-^e  part  des  plus 
values  douanière (  soit  consacrée  à  dégrever  l'agriculture  des  charges  énryrmes 
qu'elle  supporte. 

Les  pri^iidenis  des  quatre  Comices  d' Eare-al-Loir  :  Gr.  Waddiin'gton.  Présiilm' 
du  Comice  de-  Dreux;  —  Le  baron  de  L\yre,  Président,  du.  Comice  d;  Nogent-le- 
RolroiL.  —  Dreux,  Président  du  Comice  de  Cfiâteaudun.  —  P.  Roi'SSIlle,  Prési- 
dent du  Comice  de  Chartres. 

M.  I.ahiche,  sénateur,  qui  assisUift  à  cette  réunion,  a  déclaré  en  son 
nom  et  au  nom  de  ses  collègues,  MM.  Delacroix  et  Maunoury,  députés, 
qu'il  voterait  les  relèvements  do  tarifs  ([ui  seront  proposés  par  le  gou- 
vernemeot  et  acceptés  par  la  Cliambre  des  députés. 

XI\'.  —  Sûciétù  des  agriculteurs  du  Nord. 

Le  mardi  7  octobre  a  eu  lieu  à  Lille  une  réunion  que  la  Société  des 
agriculteurs  du  Nord,  avec  le  concours  des  présidents  des  comices  du 
département, "avait  provoquée.  Parmi  les  membres  présents  on  remar- 
quait le  préfet  du  département,  les  sénateurs  et  les  députés,  divers 
membres  des  Conseils  général  et  d'arrondissement,  et  un  grand  nombre 
d'agriculteurs.  La  réunion  a  décidé  à  l'unanimité:  1°  de  réclamer 
un  droit  compensateur  sur  les  blés  et  autres  céréales,  l'élévation  des 
droits  d'entrée  sur  le  bétail  et  un  droit  égal  sur  les  viandes  abattues; 
2°  l'application  immédiate  de  la  loi  sur  le  sucrage  des  vins  et  boissons 
alcooliques;  3"  le  vote  d'une  loi  sur  le  vinage  à  droit  réduit;  4°  la 
suppression  des  tarifs  de  pénétration  qui  sont  plus  favorables  aux  pro- 
ducteurs étrangers  qu'aux  producteurs  français. 

XV.  —  Concours  des  associations  agricoles. 

Nous  allons  passer  rapidement  en  revue  quelques-uns  des  comptes 
rendus  que  nous  avons  reçus  sur  les  récents  concours  tenus  par  les 
Sociétés  d'agriculture  et  les  Comices. 

Nous  avons  publié  le  discours  prononcé  par  M.  Louis  Passy  au 
concours  de  la  Société  d'agriculture  da  l'Eure,  à  Etrépagny.  Nous 
devons  ajouter  que,  sur  le  rapport  de  M.  Lesage,  le  prix  d'Iionnneur 
des  cultures  a  été  décerné  à  M.  Doré,  pour  les  fermes  de  Gamacbes, 
qu'il  exploite. 

La  Société  d'émulation  de  Lisieux  (Calvados)  a  tenu  son  concours 
agricole  à  Orbec  le  dimanche  21  septembre.  Ce  concours  a  été  suivi 
par  une  grande  affluence  de  cultivateurs.  Les  principales  primes,  con- 
sistant en  grandes  médailles  d'argent,  ont  été  décernées  à  M.  de  Vigan, 
propriétaire  à  Cerqueux,  qui  a  introduit' la  machinerie  agricole  dans 
la  contrée;  à  M.  Lecomte,  fermier  à  Préaulx,  pour  les  exploitations 
où  dominent  les  labours;  à  M.  Achille  Lemaître,  à  Urbec,  pour  les 
fermiers  d'herbages. 

Le  Comice  agricole  du  Cotenlin  a  tenu  le  dimanche  14  septembre 
son  concours  annuel  à  Carentan,  sous  la  direction  de  M.  Hervé  Man- 
gon,  député,  membre  de  l'Institut  et  de  la  Société  nationale  d'agricul- 
ture. Dans  le  discours  qu'il  a  prononcé  à  cette  occasion,  M.  Mangon  a 
principalement  insisté  sur  les  progrès  à  réaliser  dans  la  production 
chevaline. 

«  L'industrie  chevaline,  considérée  dans  la  France  entière,  fait  depuis  rjuolques 
années  do  rapides  progrès.  En  1881,  nous  avons  acheté  à  l'étranger  11,308  cho- 


48  CHRONIQUE  AGRICOLE  (II  OCTOBRE  ISSi). 

vaux  de  plus  que  nous  n'en  avons  vendu.  En  1882,  l'excès  de  nos  importations 
sur  nos  exportation»  se  réduisait  à  7,233  tètes,  et  tombait  l'année  deraière  au  fai- 
ble chillre  de  1,942  têtes.  Si  cette  progression  continue,  nos  exportations  ne  tar- 
deront jias  à  l'emporter  de  beaucoup  sur  nos  importations. 

«  xi  l'origine  des  chemins  de  fer,  on  s'inquiétait  de  la  concurrence  que  les 
locomotives  feraient  aux  chevanx  de  trait.  Celte  industrie  nouvelle  devait  ruiner 
l'agriculture.  Parodiant  le  mot  de  Victor  Hugo  :  Ceci  luera  cela,  criaient  les  alar- 
mistes, car  alors  comme  aujourd'hui,  il  y  avait  des  voix  pour  maudire  l'invention 
nouvelle,  il  y  avait  des  hommes  pour  nier  que  l'agriculture  est  la  première  à  pro- 
fiter de  l'accroissement  de  la  force  et  de  la  richesse  sociale.  Eh  bien  non  !  les 
locomotives  n'ont  pas  tué  les  chevaux;  bien  au  contraire  :  vers  1845,  la  France 
possédait  1,250,000  chevaux,  elle  a  piug  du  double  aujourd'hui,  soit  exactement 
2,848,800. 

«  En  même  temps  que  nos  chevaux  augmentent  en  nombre,  ils  gagnent  en  qua- 
lité. On  trouverait  diflicilement  chez  nous  des  chevaux  comme  ces  turcomans, 
descendant  de  la  meilleure  jument  de  Mahomet,  qui,  dit-on,  parcourent  en  trois 
jours,  avec  une  charge  de  100  à  125  kilog.,  dans  les  terrains  les  plus  difficiles, 
une  distance  de  450  kilomètres.  Mais  nous  obtenons  une  force  et  une  résistance 
moyennes  des  plus  satisfaisantes.  En  1883,  par  exemple,  la  6''  brigade,  avec  tous 
ses  services,  équipages  et  artillerie,  a  pu  faire  60  kilom.  en  i4  heures,  après 
avoir  parcouru  60  kilom.  la  veille,  55  kilom.  l'avaut-veille  et  45  le  jour  |)récédent. 
"Vers  la  même  époque,  900  cavaliers  ont  fait  les  uns  82  kilom.  et  les  autres  jus- 
qu'à 102  kilom.  eu  19  heuies,  résultats  fort  remarquables  pour  des  opérations 
d'ensemble. 

«  Les  haras  nationaux  possèdent  maintenant  au  complet  l'effectif  fixé  par  la  loi, 
savoir  ;  430  étalons  de  pur  sang  anglais,  arabe  et  anglo-arabe  ;  1854  étalons 
demi-sang,  dont  125  du  type  Norfolk  et  230  étalons  de  trait,  en  tout  2,514  che- 
vaux. Les  étalons  approuvés  en  1883  étaient  au  nombre  de  1,222,  dont  1,142  ont 
pu  toucher  la  prime. 

ce  Eu  évaluant  les  naissances  ')  60  pour  100  du  nombre  des  saillies,  la  France, 
en  1883,  a  dû  produire  115,000  poulains  ou  pouliches  nés  des  étalons  améhora- 
teurs  des  haras  ou  des  particuliers.  La  Manche,  a  elle  seule,  fournit  plus  du 
dixième  de  ces  produits,  soit  12,000jeunes  animaux,  presque  tous  excellents.  Noire 
département  se  place  en  première  ligne  pour  la  production  du  cheval;  il  en  four- 
nit plus  à  lui  seul  i(ue  le  Finisière  et  les  Côtes-du-Nord  réunis,  qui  viennent  en 
seconde  et  en  troisième  ligne,  le  premieravec  5,993  elle  second  avec  5,448  nais- 
sances. Le  Calvados  se  place  en  quatrième  ligne,  seulement  avec  4,395  nais- 
sances. Viennent  ensuite  les  départements  de  la  Seine-Intérieure,  de  Maine-et- 
Loire  et  de  la  Haute-Maine,  qui  comptent  chacun  un  peu  plus  de  3,000  nais- 
sances ;  puis  une  douzaine  de  départements  qui  fournissent  chacun  de  2,000  à 
3,000  produits,  tandis  que  les  autres  présentent  des  chiffres  de  production  relati- 
vement insignitiants. 

«  La  puissance  hors  ligne  de  notre  élevage  est  inconte'- table,  mais  ce  serait  une 
erreur  de  croire  qu'il  présente  tout  le  développement  nécessaire  et  qu'il  donne 
des  bénéfices  en  rapport  avec  les  dépenses,  les  soins  et  le  travail  qu'il  exige.  Il 
est  urgent  de  chercher  à  améliorer  la  situation  qui  nous  est  faite. 

a  Certains  changements  dans  nos  habitudes  culturales,  quelques  sacrifices  pour 
le  dressage,  nous  permettraient  de  vendre  moins  souvent  aux  marchands  inter- 
médiaires et  de  conserver  une  partie  du  gain  dont  ils  profitent  à  notre  détri- 
ment. 

ce  D'un  autre  côté,  la  remonte  fait  à  Caen,  nous  le  savons  tous,  beaucoup  d'a- 
chats qu'elle  pourrait  faire  dans  la  Manche  avec  économie  pour  l'Etat  et  bénéfice 
pour  nous.  Il  y  a  vingt-cinq  ans  déjà  que  M.  Lenoël,  notre  sénateur  actuel,  a 
demandé  qu'il  fût  créé  à  Saint-Lô  un  dépôt  de  remonte,  absolument  indépendant 
de  celui  de  Caen.  Dans  ces  derniers  temps,  nous  nous  sommes  énergiquement 
associés  à  cette  revendication  dont  les  avantages  vous  sont  bien  connus.  Ce  chan- 
gement sera  difficile  à  obtenir,  car  les  grandes  administrations  n'aiment  point 
à  changer  leurs  habitudes  ;  mais  vos  sénateiirs  et  vos  députés  républicains  ne  né- 
gligeront aucun  effort  pour  obtenir  de  M.  le  général  Gampenon,  ministre  delà 
guerre,  la  création  à  Saint-Lô  d'un  nouveau  centre  spécial  de  remonte. 

ce  Une  Commission,  c[ue  j'ai  l'honneur  de  présider,  a  préparé  une  proposition 
de  loi  tendant  à  accorder  aux  étalons  particuliers,  sur  le  budget  de  l'Etat,  une 
somme  égale  à  celle  que  leur  attribueraient  les  départements,  les  communes  ou 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (11   OCTOBRE  1884).  ug 

les  associations  agricoles.  J'espère  que  cette  loi  secondera  puissamment  l'initia- 
tive locale  et  qu'elle  imprimera  au  perfectionnement  de  nos  races  chevalines  une 
impulsion  nouvelle,  d'autant  plus  nécessaiie  que  le  nombre  des  étalons  de  l'Etat, 
lixé  par  la  loi  de  1«74,  parait  maintenant  insuffisant,  et  que  l'industrie  si  inté- 
ressante des  étalonniers,  concurrencée  par  les  haras,  ne  saurait  se  développer 
sans  de  sérieux  encouragements. 

a  Mais  n'oublions  jamais  qu'il  vaut  mieux  user  d'une  vigoureuse  initiative  et 
faire  ses  affaires  soi-même  que  de  compter  sur  l'aide  d'autrui.  En  attendant  les 
secours  de  l'Etat,  hà(ons-uous  d'organiser  nous-mêmes,  pour  la  Manche,  une 
Commission  hippique  analogue  à  celle  du  Calvados  ;  elle  sera  l'organe  autorisé  de 
vos  réclamations,  elle  créera  sous  son  patronage  les  institutions  que  réclame  l'in- 
dustrie de  l'élevage  et  du  commerce  des  chevaux.  Que  les  hommes  de_  bonne  yo- 
lonté  se  réunissent;  n'attendez  pas  davantage  pour  fonder  cette  Commission  hip- 
pique, si  nécessaire  au  groupement  de  vos  efforts,  à  la  défense  de  vos  intérêts  et 
au  développement  de  votre  inlluence.  » 

C'est  le  16  septembre  que  le  Comice  agricole  de  Laval  (Mayenne)  a 
tenu  son  concours  annuel  sous  la  présidence  de  M.  Le  Breton.  Le  pre- 
mier prix  pour  la  culture  et  la  tenue  des  fermes  a  été  attribué  à 
M.  Louis  Foucault;,  à  Cliangé.  Du  discours  prononcé  par  M.  Le  Breton 
à  la  distribution  des  récompenses,  nous  extrayons  les  conclusions 
suivantes  : 

«  La  plupart  des  conseils  généraux  viennent  de  signaler  les  causes  de  la  crise 
agricole  et  d'eu  indiquer  les  remèdes.  Celui  de  la  Mayenne  s'est  prononcé  à  cet 
égard  avec  une  précision,  une  unanimité  dont  nous  devons  lui  savoir  gré,  et  qui 
doit  nous  servir  d'exemple.  Les  Conseils  municipaux  du  département  tiendront 
sans  doute  à  honneur  de  s'as-;ocier  à  un  vœu  qui  exprime  si  bien  la  volonté  du 
pays.  Que  les  agriculteurs  n'hésitent  pas  à  user  de  tous  les  moyens  que  la  loi 
leur  donne  pour  rendre  plus  i;uposante  et  plus  décisive  cette  grande  manifestation 
de  l'opinion  publirjue.  Car  si  jamais  occasion  ne  fut  plus  propice  pour  faire 
triompher  nos  revendications  légitioies,  il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  que  bonnes 
ou  mauvaises,  les  innovations  législatives,  sont  le  prix  de  luîtes  ardentes  et  d'éner- 
giques efforts.  Combien  de  fois  avez  vous  vu  une  minorité,  intime  par  le 
nombre, .mais  disciplinée  et  tenace,  imposer  sa  volonté  au  reste  du  pays? 

«  Yous,  au  contraire,  vous  formez  plus  des  deux  tiers  de  la  nation;  vos 
demandes  ne  blessent  aucun  sentiment  ;  vous  faites  appel  à  ce  qu'il  y  a  de  plus 
cher  aux  âmes  françaises,  à  l'idée  de  justice,  à  l'idée  de  patrie.  Qui  donc  pourrait 
vous  contraindre  à  subir  plus  longtemps  cette  situation  humiliante  et  ridicule 
d'une  maj  rite  sacrifiée  à  une  minorité,  de  Français  impuissants  à  obtenir  en 
France  un  traitement  égal  à  celui  dont  y  jouissent  les  étrangers? 

a  II  dépend  de  vous,  ne  l'oubliez  pas,  d'obliger  vos  mandataires  à  alléger  le 
fardeau  da  vos  charges,  à  vous  défendre  contre  des  tarifs  iniques  et  des  traités 
imprudents.  Il  dépend  de  vous  d'assurer  enfin  à  l'agriculture  ce  grand  bien,  qu'il 
est  étrange  d'avoir  encore  à  réclamer  pour  elle  presque  à  la  veille  du  centenaire 
de  1789  :  l'égalité  devant  la  loi,  l'égalité  de  la  douane,  l'égalité  de  l'impôt!  » 

Le  concours  du  Comice  de  l'arrondissement  de  Ghàlons  (Marne) 
s'est  tenu  le  21  septembre  sous  la  présideace  de  M.  Ponsard.  Des  essais 
de  machines  à  battre  y  ont  été  organises;  ils  ont  donné  les  résultats 
suivants  : 

Batteuses  à  manège.  —  \"  prix,  M.  Etianne  aine,  à  Givry-en-Argonns,  pour  «a  machine 
mobile  à  djux  chevaux  ;  2%  Mme  Vve  Goarguillon,  pour  sa  macUioe  Gautreau  ;  3',  Maie  Vva  Caz&« 
nove,  poar  sa  machine  mue  par  des  chevaux;  4»,  M.  Berlin  et  fils,  à  Monlereau  ;  5',  Mme  Vve 
Gûurguillon,  pour  sa  machine  k  baltre  eu  bout  ;  (i°.  M.   Charles  Ferry,  à  Arcis-sur-Aube. 

Batteuses  à  vapeur  (grand  travail).  — -Alédaille  d'or,  M.  Pécard,  représenté  à  Chùlons  par 
MM.  Mignon  frères.  —  Médaille  d'argent,  M.  Gautieau.  Médaille  de  bronze,  .M.  Mdlot.  — ■ 
Petiltravail.  Médaille  d'argent,  .Mme  Vve  Cazcnove.  —  Méd^Ue  de  bronze,  M.  .Milljt. 

Le  14  septembre,  le  Comice  agricole  de  Reims  tenait  son  concours 
annuel  à  Ville-en-Tardenois,  sous  la  direction  de  SI.  Charles Lhotelain, 
son  président.  Les  races  chevalines  et  ovines  y  étaient  bien  représentées  ; 
il  y  avait  une  exposition  remarquables  de  produits.  Les  principales 
récompenses  pour  les  améliorations  agricoles  ont  été  décernées  comme 


50  CHRONIQUE  AGRICOLE  (11  SEPTEMBRE   1884). 

il  suit  :  objet  d'art,  M.  Anatole  Bailliot,  à  Muizon,  pour  l'exploitation 
la  mieux  dirigée  du  canton;  médailles  d'or,  à  M.  de  Sapicourt, 
pour  ses  vignes  et  ses  opérations  de  reboisement;  à  M.  Lagarde,  à 
Chaumuzy.  pour  l'ensemble  de  son  bétail.  Voici  la  conclusion  du  dis- 
cours de  M.  Lhotelain  à  la  distribution  des  récompenses  : 

«  Réclamons  donc  jusqu'à  complète  satisfaction  ce  que  nous  avons  constam- 
ment demandé,  des  droits  compensateurs.  Ils  auront  le  double  avantage  de  pro- 
téger l'agriculture  tout  en  procurant  à  l'Etat  des  ressources  pouvant  diminuer 
d'autant  les  impôts  qui  pèsent  sur  les  contribuables. 

a  Nous  ne  sommes  d'ailleurs  pas  les  seuls  à  réclamer  ces  réformes.  Non  seule- 
ment tous  les  Comices  ont  toujours  été  unanimes  à  protester  contre  le  prétendu 
libre  échange  que  nous  subissons  depuis  1860,  mais  des  corps  électifs,  les  con- 
seils d'arrondissement  et  les  conseils  généraux  commencent  aussi  à  s'agiter  et 
demandent  avec  nous  la  revision  des  tarifs  de  douane. 

a  Un  grand  nombre  de  conseils  généraux  ont  exprimé  des  vœux  énergiques  en 
faveur  des  droits  d'entrée,  et  entre  autr-s  le  conseil  général  de  l'Aisne  a  pris  à  ce 
sujet  une  résolution  d'une  grande  importance.  Bien  pénétré  de  la  réalité  et  des 
causes  des  souffrances  de  l'agricullure,  il  a,  à  l'unanimité  de  ses  membres, 
réclamé  des  droils  proleclcurs  et  décidé  de  demander  audience  à  M.  le  Président 
de  la  République  et  à  ses  ministres  pour  leur  présenter  les  vœux  des  agriculteurs 
du  département. 

c  Que  tous  les  coiistlls  généraux  en  fassent  autant,  et  nos  représentants  présents 
ou  futurs,  sous  la  pression  de  l'opinion  publique,  seront  bien  obligés,  bon  gré, 
mal  yrc,  de  voter  le  relèvement  des  droits  de  douane.  » 

A  l'occasion  de  ce  concours,  les  membres  du  Comice  ont  voulu 
offrir  à  leur  président  un  objet  d'art  en  bronze,  comme  témoignage 
de  leur  reconnaissance  pour  les  services  qu'il  a  rendus  à  Tagriculture 
dupa^'s;  nous  pouvons  ajouter  que  c'est  un  hommage  bien  mérité. 

Les  mêmes  sentiments  ont  été  exprimés  par  M.  le  marquis  de  Vogué 
au  concours  tenu  à  Léré  (Cher)  par  le  Comice  agricole  des  cantons  de 
Sancerre,  Sancergues  et  Léré.  La  prime  pour  la  ferme  la  mieux  tenue 
du  canton  de  Léré  a  été  décernée  à  M.  Sahiion,  fermier  à  Chassepain, 
commune  de  BouUeret. 

La  même  opinion  a  été  encore  émise  au  Comice  agricole  de  Vendôme 
Loir-et-Cher),  par  M.  de  Sonnier,  député,  dans  les  termes  suivants  : 
«  Il  faut  donc  se  résoudre  à  établir  sur  les  céréales  un  droit  qui  puisse 
indemniser  le  cultivateur  de  ses  frais,  et  réparer  l'inégalité  qui  résulte 
pour  lui  d'une  production  qui  se  fait  dans  des  conditions  anormales 
et  de  l'abaissement  des  frais  de  transport.  On  ne  payera  pas  le  pain 
plus  cher  qu'on  n'est  habitué  à  le  payer  en  France  depuis  bien  des  an- 
nées, et  on  peut  espérer  d'ailleurs  que  les  écarts  seront  moins  fré- 
quents entre  le  prix  du  blé  et  celui  du  pain.  « 

Le  Comice  agricole  de  Trévoux  (Ain)  a  tenu  son  concours  annuel  à 
Montluel  le  4  septembre,  sous  la  présidence  de  M.  de  Monicaull,  Dans 
le  discours  qu'il  a  prononcé,  W.  de  Monicault  a  principalement  insisté 
sur  le  développement  de  la  production  du  bétail,  sur  la  nécessité  de 
l'enseignement  agricole,  et  il  a  terminé  en  ces  termes  : 

a  II  ne  faut  pas  nous  lasser  de  demander  aux  pouvoirs  publics  d'accorder  à 
l'agriculture  les  légitimes  satisfactions  qui  lui  sont  dues. 

•  «  Ce  ne  sont  pas  des  faveurs,  disions-nous  dernièrement,  que,  comme 
agriculteurs,  nous  demandons  aux  pouvoirs  publics,  mais  égalité  et  justice. 

«  Nous  leur  demandons  de  traiter  l'agriculture  comme  ils  traitent  l'industrie, 
ce  qu'ils  ne  font  pas,  car  les  tarifs  de  douane  sont  établis  de  la  manière  la  plus 
inique,  la  moins  rationnelle  et  la  plus  préjudiciable  aux  intérêts  agricoles. 

«  Nous  ne  demandons  pas  qu'on  nous  fasse  remise  de  charges  que  no  comporte 
pas  en  ce  moment  la  situation  d'un  budget  invraifembla))le  de  trois  milliards, 
mais  qu'on  cesse  d'accroître  chaque  jour  des  impôts  dont  l'augmentation  ne  profite 


CHRONIQUE  AGRIGOLK  (11   OCTOBRE    IbS't).  51 

en  rien  à  l'agriculture  ;  que  les  dépenses  excessives  (parce  que  le  même  résultat 
aurait  pu  être  atteint  avec  moitié  moins  d'argent)  faites  pour  l'enseignement  ne 
tournent  pas  au  détriincat  de  l'agriculture,  pour  l'enseignement  professionnel  de 
laquelle  on  ne  fait  rien  d'efficace;  que  les  nouvelles  lois  militaires  ne  soient  pas 
conçues  de  manière  à  donner  le  coup  de  grâce  à  la  dépopulation  des  campagnes. 
Ce  ne  sont  pas  des  faveurs  que  nous  demandons  pour  l'agriculture,  mais  un  peu  de 
prévoyance  et  d'équité  à  son  égard. 

«  Ces  réclamations,  nous  les  formulons  depuis  longtemps  sans  aucune  aigreur, 
mais  avec  fermeté  et  avec  une  conviction  profonde  et  une  persévérance  inébrau- 
lable,  assurés  que  nous  sommes  ds  ne  défendre  que  des  idées  justes  et  raison- 
nables ;  mais  ces  réclamations  ont  acquis  une  force  nouvelle  depuis  que  les  aveux 
de  M.  le  ministre  de  l'agriculture  ont  proclamé  officiellement  la  crise  agricole, 
reconnu  le  bien-fondé  de  nos  réclamations  et  annoncé  que  le  gouvernement 
pense  que  le  moment  est  venu  de  donner  satislaction  aux  cultivateurs. 

«  Il  dépend  de  vous,  messieurs,  il  dépend  des  cultivateurs  que  ces  promesses 
ne  soient  pas  lettre  morte.  Quant  à  nous,  nous  ne  faillirons  pas  à  notre  devoir  et 
nous  ne  cesserons  de  prêcher  par  l'exemple  et  par  la  parole,  en  faveur  des 
transformations  agricoles  nécessaires.  » 

Au  concours  tenu  à  Moiitaii:;ut  par  le  Comice  agricole  de  Riom  (Puy- 
de-Dôme),  la  prime  d  honneur  a  été  décernée  à  M.  J.-B.  Ilaymond, 
fermier  à  Perdecbat,  commune  de  Virlet. 

La  Société  d'agriculture  de  Bourgoin  (Isère)  a  tenu  son  concours  le 
14  septembre  sous  la  direuiion  de  .M.  Genin,  lauréat  de  la  prime 
d'honneur.  Après  avoir  rappelé  le  vote  de  la  loi  récente  sur  les  sucres, 
M.  Genin  s'est  'xprimé  comme  il  suit  : 

■c  Les  producteurs  de  sucre  sont-ils  donc  plus  intéressants  que  les  producteurs 
de  blé,  de  vin  ou  de  viande?  assurément  non,  bien  au  contraire,  mais  ils  ont  su 
demander  et  obtenir.  Tâchons  de  suivre  ce  bon  exemple. 

«  .\  quel  spectacle  assistent  de  nos  jours  les  producteurs  de  blé  ;  ils  voient 
chaque  année  le  prix  de  cette  denrée  diminuer  sans  qu'ils  puissent  prévoir  où 
s'arrêtera  cette  baisse.  Produire  du  blé  à  20  francs  les  100  kilog'  n'est-ce  pas 
se  condamner  à  une  perte  annuelle,  puisqu'il  est  établi  avec  les  chiffres  les  moins 
irréfutables  que  le  cultivateur  français  ne  peut  produire  cette  céréale  qu'au  prix  de 
23  à  25  francs  les  100  kilog.  selon  les  circonstances. 

«  Si  cette  i>ituation  devait  être  passagère,  on  se  dirait  :  Prenons  patience.  Mais 
plus  nous  consultons  l'boiizou  économique,  plus  nom  voyons  se  multiplier  les 
pays  disposés  à  nous  inonder  da  leurs  produits  dont  nous  n'avons  aucun  besoin. 

te  C'était  d'abord  l'Amérique  qui  avait  inondé  la  France  de  ses  blés,  mais  voici 
l'Inde,  l'Austrabe  et  d'autres  encore  qui  ne  se  contentent  plus  de  nous  envoyer  du 
blé,  mais  de  la  farine,  ce  qui  met  dans  une  situation  difficile  la  meunerie,  cette 
autre  grande  industrie  française. 

«  Pourquoi  la  douane  ne  deviendrait-elle  pas  un  impôt  qui  ferait  participer  les 
importateurs  de  produits  étrangers  à  nos  charges  publiques  ;  puisque  la  douane  a 
procuré  à  l'industrie  des  bras  et  des  capitaux,  pourquoi  n'en  ferait-on  pas  béné- 
ficier l'agriculture?  La  France  redeviendrait  alors  maîtresse  de  son  marché  et 
pourrait  s^aus  doute  retrouver  sa  prospérité  perdue,  qu'il  lui  faudra  encore  de 
longues  années  pour  reconquérir.   » 

Au  Comice  agricole  de  Nérac  (Lot-et-Garonne),  tenu  sous  la  prési- 
dence de  M.  Fallières,  ministre  de  l'instruction  publique,  M.  Laporte, 
vice-président  du  Comice,  a  présenté,  en  termes  éloquents,  un  exposé 
de  la  situation.  Voici  un  extrait  de  ce  discours  : 

«  Nous  agriculteurs,  endurcis  à  la  fatigue,  élevés  à  l'école  de  la  résignation, 
frappés  dans  notre  modeste  aisance,  nous  sentons  à  présent  notre  énergie  morale 
se  distendre,  nous  sentons  dans  ce  pain  de  farine  américaine  ou  indienne,  comme 
un  levain  d'amertume  contre  ce  libre  échange,  qui  enlevé  nos  ressources,  et  fait 
perdre  à  l'ouvrier  des  francs  comme  travailleur,  pour  lui  faire  gagner  quelques 
centimes  comme  consommateur.  Voilà  ce  tjii'il  faut  dire  ! 

«  Et  d'abord,  est-ce  bien  le  libre  échange  i[ui  nous  régit  ?  Non,  nous  n'en  avons 
qu'une  contrr-façon.  Gbose  bizarre,  contradiction  étrange  1  Entre  ces  mêmes  fron- 
tières, jdans  ce  pays  où,  il  y  a  bientôt  un  siècle,  une  nuit  d'été  emporta  tous  les 


52  GHaONIQUE  AGRICOLE  (11  OGTOBRK    1884). 

privilèges  et  établit  l'égalité,  nous  trouvons  encore  aujourd'jiui  une  B'rance  indus- 
trielle placée  sous  le  régime  de  la  protection,  et  une  France  agricDie  livrée  à  elle- 
même  sans  ressource  et  sans  appui. 

«  Pourquoi  ces  distinctions,  pourquoi  ces  inégalités  dans  le  monde  de  la  pro- 
duction? A  l'industrie  sachant  s'unir,  faire  écouter  sa  voix,  et  dont  les  prix  de 
revient  étaient  supérieurs  aux  prix  de  vente,  on  a  accordé  des  droits  protecteurs 
de  20  à  30  pour  iOO;  à  l'agriculture  plus  divisée,  plus  résignée,  plus  habituée  à 
la  gêne  et  aux  privations,  à  l'agriculture  qui  produit  aussi  en  général  à  un  prix 
plus  élevé  qu'elle  ne  vend,  on  lui  a  laissé  quoi?  le  droit  de  gémir  et  celui  de  se 
plaindre.  Ce  n'est  pas  assez. 

«  Effaçons  ces  tarifs  de  pénétration  qui  favorisent  les  produits  étrangers  aux 
dépens  de  nos  produits  similaires;  que  l'alcool  allemand  sons  le  nom  de  vin 
d'Espagne  n'envahisse  pas  notre  marché;  que  la  farine  américaine  ou  le  blé  indien 
acquittent  dans  nos  ports  ouverts  des  droits  qu'une  mesure  sage  devrait  employer 
à  des  dégrèvements  promis,  et  impatiemment  attendus!  et  nous  supporterons  avec 
plus  de  courage  le  dur  traite  de  Francfort. 

«  Messieurs,  élevons  la  voix,  et  demandons  avec  sagesse  mais  avec  énergie  un 
régime  d'égalité  qu'un  gouvernement  comme  le  nôtre  ne  saurait  nous  refuser.  Des 
réunions  comme  celle-ci  ne  peuvent  être  seulement  des  occasions  de  réjouissances 
et  de  fêtes,  elles  doivent  être  surtout  l'occasion  de  faire  connaître  publiquement 
nos  aspirations,  et  les  travaux  accomplis  par  notre  société.  Mou  éminent  collègue 
et  ami  M.  de  Massonneau,  qui  est  dans  le  pays  le  véritable  fondateur  de  la  vraie 
viticulture  américaiae,  vous  a  dit  en  termes  brillants  et  convaincus  ce  qu'a  fait  le 
Comice,  les  études  entreprises,  les  résultats  acquis. 

«  Mais  il  vous  revient  une  grande  part  de  ces  succès,  Monsieur  le  ministre  ; 
n'est-ce  pas  à  vous  que  nous  devons  en  effet,  la  plupart  des  encouragements  que 
nous  donnerons  tout  à  l'heure  ? 

«  Veuillez  accordera  l'agriculture  la  même  protection  qu'à  l'industrie,  et  vous 
remplirez  envers  elle  un  devoir  de  justice  :  faites  de  l'égalité  par  la  douane,  par 
des  droits  d'entrée  et  par  prévision  de  l'avenir.  Conservez  à  notre  sol  sa  produc- 
tion nationale,  et  notre  patriotisme  confiant  dans  les  élus  de  la  nation,  nous  com- 
maudera  encore  le  travail,  la  persévérance  et  le  dévouement.  » 

Dans  celte  soleaaité,  la  croix  du  Mérite  agricole  a  été  remise  à 
M.  de  Massonneau,  vice-président  du  Coinice,  à  qui  l'on  doit  la  propa- 
gation dd  la  culture  de  la  vigne  américaine   dans  l'arrondissement. 

xVvons-nous  des  conclusions  à  tirer  de  ce  voyage  sommaire  à  travers 
les  associations  ag.'icoles?  Nous  ne  le  pensons  pas.  Les  conclusions 
ressortent  elles-mêmes  des  paroles  que  nous  avons  reproduites. 
XYI.  —  Société  des  sciences  et  arts  agricoles  et  horticoles  du  Havre. 

M.  Beaugrand,  secrétaire  de  la  Société  des  sciences  et  arts  agricoles 
et  horticoles  du  Havre,  nous  adresse  l'extrait  suivant  du  procès-verbal 
delà  séance  tenue  le  20  septembre  par  celte  Société  : 

«  Présidence  de  M.  Gaudon,  vice-prési  dent. 

«  M.  le  président  fait  part  à  la  Société  de  la  perte  que  vient  d'éprouver  l'agri- 
culture française,  dans  la  personne  de  M.  Barrai  :  savant  d'une  autorité  incontes- 
table, travailleur  qu'aucune  fatigue  ne  rebutait,  Barrai  fut  un  des  hommes  qui 
ont  le  plus  contribué  à  vulgariser  les  notions  scientifiques,  aujourd'hui  indispen- 
sables en  agriculture.  Déjà  malade,  mortellement  atteint,  il  voulut  prendre  une 
part  active  à  l'enquête  ouverte  sur  l'état  actuel  de  l'agriculture,  et  l'on  peut  dire 
qu'il  a  succombé  au  champ  d'honneur.  Après  la  mort  de  Wurtz  et  de  Dumas, 
cette  perte  sera  encore  plus  douloureusement  ressentie. 

«  La  Société  s'associe  aux  sentiments  exprimés  par  son  vice-président,  et,  sur 
la  proposition  d'un  des  membres  pré-ents,  dé:idâ  à  l'unanimité  qu'un  extrait  du 
procès-verbal  sera  adressé  au  Journal  de  l'ayricullure,  dont  Barrai  était  directeur.» 

Nous  adressons  nos  remercîments  à  la  Société  des  sciences  a2;ri- 
coles  du  Havre  pour  l'hommage  qu'elle  a  rendu  à  M.  Barrai.  —  C'est 
aussi  un  devoir  pour  nous  de  remercier  M.  Léon  Say  pour  les  paroles 
éloquentes  qu'il  a  prononcées  à  la  dernière  réunion  de  la  Société  d'éco- 
nomie politique.  Henry  Sagnier. 


DESTRUCTION  DE  L'ŒUF  D'HIVER  DU  PHYLLOXERA. 


DESTRUCTION  DE  L'ŒUF  D'HIVER  DU  PHYLLOXER.^' 

Monsieur  le  ministre,  la  Gomcnission  supérieure  du  phylloxéra  ayant  reconnu 
qu'il  y  avait  lieu  d'étendre  nos  moyens  d'actioa  contre  le  parasite  de  la  vigne  en 
le  corubaltant  non  seulement  dans  sa  vie  souterraine,  mais  aussi  dans  son  exis- 
tence aérienne,  à  l'état  d'oeuf  d'hiver,  émit,  dans  sa  séance  du  13  janvier  1882, 
le  vœu  que  votre  administration  voulût  bien  prendre  l'initiative  des  i-eclierches  à 
faire  à  cet  égard;  vous  m'avez  fait  l'honneur  de  me  confier  la  direction  de  ces 
recherches.  Malheureusement,  les  préparatifs  que  celles-ci  nécessitaient,  notam- 
ment le  choix  des  vignobles  destinés  à  servir  de  champs  d'expérience,  prirent  un 
temps  assez  long,  et  les  travaux  ne  purent  commencer  que  dans  la  campagne  sui- 
vante, c'est-à-dire  dans  l'hiver  de  1882-1 883. 

On  mit  à  profit  ce  retard  involontaire  pour  tracer  le  plan  des  opérations  à  exé- 
cuter et  se  livrer  dans  le  laboratoire  à  des  études  préliminaires  sur  les  expériences 
à  instituer  en  pleine  campagne. 

Il  y  avait  d'abord  à  choisir  la  méthode  qui  convenait  le  mieux'  pour  la  destruc- 
tion de  l'œuf  d'hiver.  Trois  moyens  principaux,  ayant  chacun  ses  avantages  et 
aussi  ses  difficultés  pratiques,  se  présentaient  comme  dignes  d'être  essayés  : 
1°  la  destruction  mécanique  des  œufs  d'hiver  par  la  décorticatiou  des  vignes; 
2°  l'emploi  de  la  chaleur  sous  forme  d'eau  bouillante  ou  autrement;  3°  le  badi- 
geonnage  des  vignes  avec  des  substances  propres  à  tuer  l'œuf  d'hiver. 

Le  premier  de  ces  moyens,  ou  la  décortication,  est  depuis  longtemps  à  l'essai 
chez  un  viticulteur  distingué  de  la  Gironde,  M.  Sabaté,  qui  l'emploie  d'une  ma- 
nière presque  exclusive  dans  le  traitement  de  ses  vignes  et  la  pratique  à  l'aide  d'un 
instrument  particulier  de  son  invention.  11  m'a  semblé  que  cet  instrument,  que 
j'ai  vu  fonctionner  chez  M.  Sabaté,  n'opère  qu'une  décortication  incomplète  des 
vignes  et  que  bien  des  œufs  doivent  échapper  à  son  action  ;  néanmoins  M.  Sabaté 
lui  attribue  la  conservation  de  son  vignoble  et  les  belles  récoltes  qu'il  en  obtient, 
d'où  je  conclus  que,  s'il  perfectionnait  son  procédé,  les  résultats  en  seraient 
encore  meilleurs  '-. 

L'ébouillantage  des  ceps  par  l'eau  ciiaude  a  l'avantage  d'être  une  pratique 
ancienne  et  familière  à  beaucoup  de  viticulteurs,  qui  l'emploient  contre  la  pyrale. 
J'ai  montré,  par  des  expériences  déjà  anciennes,  qu'on  pourrait  également  se 
sffl-vir  avec  avantage  de  l'eau  chaude  pour  la  destruction  de  l'œuf  d'hiver  %  mais 
ce  moyen,  un  des  meilleurs  quand  il  est  bien  appliqué,  expose  plus  que  tout  autre 
à  des  négligences  dans  l'application,  qui  en  annuleraient  tous  les  efl'ets. 

Il  reste  enfin  la  troisième  méthode,  celle  des  badigconnages,  qui  se  recom- 
mandait à  'priori  comme  un  moyen  expéditif,  à  la  condition  d'y  joindre  aussi  le 
bas  prix  de  la  matière  et  son  efficacité  contre  les  œufs.  C'est  dans  cette  voie  que 
j'ai  cru  devoir  chercher  la  solution  du  problème  des  traitements  aériens  contre  le 
phylloxéra.  A  la  suite  de  nombreux  essais  préliminaires  dans  le  but  d'étudier  les 
conditions  que  doit  remplir  une  substance  destinée  à  agir  à  travers  des  couches 
d'écorce  plus  ou  moins  épaisses  pour  atteindre  et  tuer  les  œufs  qu'elles  renfer- 
ment, conditions  que  j'ai  examinées  dans  un  rapport  antérieur  adressé  à  M.  le  mi- 
nistte  de  l'agriculture  ',  j'avais  proposé  un  mélange  composé  de  neuf  parties  de 
coaltar  et  d'une  partie  d'huile  lourde  de  houille  comme  satisfaisant  à  ces  condi- 
tions. Quelques-uns  des  effets  du  mélange  avaient  pu  être  étudiés  dans  le  labo- 
ratoire, tandis  que  d'autres  ne  pouvaient  être  .reconnus  qu'au  cours  des  appli- 
cations en  grande  culture  qu'on  se  proposait  d'en  faire. 

Par  des  essais  préliminaires,  on  s'était  assuré  des  faits  suivants  :  1"  le  mélange 
tuait  sûrement  et  rapidement  les  œufs  du  phylloxéra  placés  sous  les  écorces; 
2"  appliqué  en  badigeonnage  à  de  jeunes  vignes  de  trois   ou   quatre  ans,  non 

1.  Rapport  à  M.  le  ministre  de  l'agriculture,  publié  par  le  Journal  officiel  du  !"  octobre. 

2.  Ce  procédé  consiste  à  dépouiller  les  vignes  de  leur  écorce  par  le  frottement  des  m  ans 
armées  de  gants  à  mailles  d'acier.  Il  s'exécute  d'une  manière  rapide,  mais  donne  des  résultats 
incomplets,  le  vieux  bois  seul  pouvant  être  décortiiiué  par  ce  moyen,  tandis  que  les  sarments, 
qui  récèlent  aussi  bien  des  reufs  d'hiver,  en  seraient  grandement  endommagés.  Il  serait  facile  à 
M.  Sabalé  de  compléter  le  traitement  de  ses  vignes  par  un  badigeonnage  des  sarments  avec  le 
mélange  que  ce  rapport  fera  connaître.  Malgré  l'imperfection  de  sa  méthode,  je  dois  dire  que  j'ai 
trouvé  les  vignes  de  M.  Sabaté  dans  un  état  florissant,  lors  d'une  visite  que  je  leur  fis 
en  1882. 

3.  Recherches  sur  la  vitalité  des  oeufs  du  phylloxéra  (Comptes  rendus  de  l'Académie  des 
sciences,  1876). 

i.  Journal  officiel  du  20  septembre  1882. 


54  DESTRUCTION  DE  L'ŒQP  D  HIVER  DU  PHYLLOXERA. 

décortiquées,  et  en  pleine  végétation,  il  ne  leur  causait  aucun  dominage,  à  la  con- 
dition de  restreindre  le  badigeonnage  au  bois  et  de  respecter  les  parties  vertes  et 
herbacées  ;  3"  enfin,  il  était;  d'une  application  des  plus  faciles  dans  les  conditions 
de  température  et  de  saison  où  se  faisaient  les  essais,  c'est-à-dire  en  été  et  à  une 
température  de  18  à  20"  centigrades. 

Les  questions  réservées  pour  être  étudiées  en  grande  culture  et  dans  la  saison 
des  opérations  agiicoles  se  rapportaient  aux  trois  points  suivants  : 

1"  Les  badigeonnages  coaltarés  sont-ils  d'une  exécution  facile  dans  leur  appli- 
cation en  grande  culture  ? 

2"  Quels  en  sont  les  effets  sur  la  vigne,  et  principalement  sur  la  vigne  décor- 
tiquée? 

3"  Pour  rendre  l'opération  plus  rapide  et  par  suite  moins  coûteuse,  pourra- 
t-on,  sans  danger  pour  la  vigne,  badigeonner  celle-ci  sans  avoir  égard  aux  bour- 
geons et  aux  sections  de  taille? 

Afin  de  préciser  les  résultats  acquis  et  ceux  qui  restaient  encore  à  étudier,  des 
instructions  pratiques  furent  l'édigées  pour  les  viticulteurs  qui  auraient  voulu  se 
livrer  à  quelques  essais  personnels  sur  la  nouvelle  méthode.  Parmi  les  personnes 
les  plus  aptes  à  seconder  l'administration  dans  les  expériences  qu'elle  entrepre- 
nait, je  dois  citer  M.  Prosper  de  Lafitte,  qui  avait  puisé  dans  nos  travaux  sa  con- 
fiance dans  les  traitements  dirigés  contre  l'œuf  d'hiver,  et  très  exactement  saisi 
les  applications  pratiques  que  l'on  pouvait  déduire  du  rôle  joué  par  ce  dernier 
dans  le  cycle  biologique  du  phylloxéra.  Il  proposa  ces  traitements,  et  particuliè- 
rement les  badigeonnages,  en  raison  de  leur  économie,  comme  seul  moyen  de 
défense  des  vignes  d'un  faible  revenu,  qui  sont  les  plus  nombreuses  de  beaucoup, 
et  a  soutenu  avec  fermeté  ses  idées  dans  un  grand  nombre  d'écrits'. 

M.  de  Lafitte  était  donc  particulièrement  a])pelé  à  devenir  mon  collaborateur 
dans  ces  recherches.  Je  dois  nommer  aussi  M.  Henneguy,  mon  préparateur  au 
Collège  de  France,  qui  m'a  aidé  avec  son  dévouement  habituel,  et  M.  Georges 
Gouanon,  délégué  régional  du  ministère  de  l'agriculture,  qui  avait  été  spéciale- 
ment désigné  pour  m'assister  dans  l'exécution  pratique  de  ces  expériences,  et  qui 
a  rempli  sa  tâche  avec  zèle  et  habileté. 

Dès  le  début  des  opérations,  dans  l'hiver  de  1882-1883,  on  se  heurta  à  une 
difficulté  imprévue,  qui  devint  la  source  de  sérieux  embarras.  G' est  la  consistance 
épaisse  que  prend  le  coaltar  sous  l'influence  du  temps  froid,  et  qui  augmente  en 
raison  directe  de  l'abaissement  de  la  température.  Même  mélangé  à  un  dixièjne 
d'huile  lourde,  suivant  la  formule  du  mélange  à  essayer,  il  conserve  encore  une 
épaisseur  qui  ne  permet  pas  de  l'étendre  avec  le  pinceau. 

On  chercha  par  divers  moyens  à  lui  donner  la  fluidité  nécessaire,  soit  en  main- 
tenant le  vase  contenant  la  matière  sur  un  fourneau  portatif  que  les  ouvriers 
déplaçaient  avec  eux  dans  le  vignoble,  soit  en  ajoutant  au  mélange  une  certaine 
quantité  d'essence  de  térébentliine  ou  en  élevant  à  15  pour  100  la  proportion 
d'huile  lourde.  On  ne  se  dissimulait  pas  les  dangers  de  ces  derniers  mélanges 
qui,  rendus  trop  pénétrants  par  la  forte  proportion  des  huiles  essentielles,  expo- 
saient la  vigne  à  des  accidents  graves  par  l'absorption  de  celles-ci.  Cette  crainte 
n'était  que  trop  fondée,  comme  on  put  s'en  convaincre  à  la  reprise  de  la 
végétation. 

Une  autre  difficulté  d'application,  non  moins  imprévue  que  la  précédente, 
résultait  du  conseil  qui  avait  été  donné  dans  l'instruction,  de  respecter,  pendant 
le  badigeonnage,  les  bourgeons  et  les  surfaces  de  taille,  qu'on  suspectait  d'être 
des  points  vulnérables  de  la  plante,  jusqu'à  ce  que  des  expériences  directes  eussent 
démontré  le  contraire.  On  reconnut  bientôt  qu'il  fallait  renoncer  à  ces  ménage- 
ments, qui  rendaient  l'opération  excessivement  lente  et  auraient,  par  suite,  augmenté 
dans  des  proportions  considérables  le  prix  de  la  main-d'œuvre.  J'ai  été  person- 
nellement témcin,  chez  M.  de  Lafitte,  de  ces  difficultés  pratiques  du  traitement  : 
MM.  de  Lafitte  et  Henneguy,  qui  s'y  sont  essayés,  ont  dû,  malgré  leur  dextérité 
de  main,  abandonner  bientôt  la  partie. 

Des  divers  moyens  essayés  pour  rendre  le  mélange  plus  liquide,  l'emploi  de  la 
chaleur  est  celui  qui  réussit  le  mieux  et  se  montra  le  moins  dangereux  pour  la 
vigne.  La  matière,  même  chaulîée  à  undegré  élevé  (80  à  100  degrés  centigrades) , 
ne  détermine  presque  pas  d'accidents  lorsqu'on  l'applique  à  des  vignes  non  décor- 
tiquées et  en  ayant  soin  d'éviter  de  toucher  les  bourgeons  avec  le  pinceau,  ainsi 

1.  Réunis  en  un  volume  sous  le  litre  de  :  Quatre  ans  de  luttes  jiour  nos  vignes  et  nos  vins  de 
France.  Paris  et  Bordeaux,  18S3. 


DESTRUCTION  DE  L  ŒUF  D  idIVEU  DU  PHYLLOXERA.  55 

que  nous  l'avions  reconnu  dans  nos  expériences  de  laboratoire.  Dans  un  essai  qui 
fut  fait  dans  ces  conditions  sur  une  partie  d'une  jeune  plantation  de  Riparia,  on 
ne  put  remarquer,  pendant  toute  la  belle  saison,  aucune  différence  dans  la  végé- 
tation de  la  partie  traitée  et  de  la  partie  non  traitée 

Sur  un  certain  nombre  de  vignes,  on  avait  même  essayé  un  badigeonnage  com- 
plet, bourgeons  et  surfaces  de  taille  compris,  avec  le  mélange  chauffé,  quoiqu'on 
eût  peu  d'espoir  de  ne  pas  provoquer  des  accidents  graves,  tant  étaient  défavo- 
rables les  conditions  de  l'opération  :  celle-ci  avait  dû  être  retardée  jusqu'au  milieu 
de  février,  les  bourgeons  commençaient  à  s'entrouvrir,  —  l'expérience  était  faite 
dans  le  Midi,  —  et  les  vignes,  qui  venaient  d'être  taillées,  présentaient  des  surfaces 
de  section  encore  toutes  fraîches.  Malgré  ctda,  les  accidents  se  réduisirent  à 
quelques  bourgeons  tués,  mais  qui  furent  promptement  remplacés  par  la  pousse 
des  yeux  latents  à  la  base  des  coursons,  de  manière  qu'au  fort  de  la  végétation 
ces  vignes  ne  firent  aucune  tache  sur  la  belle  apparence  du  reste. 

Bien  différents  furent  les  résultats  obtenus  avec  les  mélanges  liquéfiés  par  la 
térébenthine  ou  une  dose  plus  forte  (15  p.  100)  d'huile  lourde.  On  peut  réelle- 
ment qualifier  de  désastreux  les  effets  qu'ils  produisirent  sur  les  vignes,  principa- 
lement sur  les  vignes  décortiquées  :  sur  la  plupart  des  pieds,  un  grand  nombre 
de  bourgeons  furent  atteints  et  désorganisés  jusqu'au  centre,  d'autres  ne  four- 
nirent que  des  pousses  chétives;  quelques  ceps  fuient  même  entièrement  détruits 
et  durent  être  plus  tard  recépés  ou  arrachés.  On  put  se  rendre  compte  de  la  cause 
de  ces  accidents  en  examinant  des  coupes  longitudinales  ou  transversales  du  bois  : 
l'huile  lourde  y  avait  pénétré  plus  ou  moins  profondémeut,  en  brunissant  le  tissu 
sur  son  passage,  et  son  odeur  Se  percevait  encore  longtemps  après.  L'infiltration 
s'était  principalement  produite  sur  les  parties  où  la  décortication  avait  été  plus 
complète,  et  s'avançait  sur  certains  points  jusqu'à  la  moelle  :  l'intoxication  avait 
été  absolue. 

Des  accidents,  moins  nombreux  et  moins  intenses,  mais  assez  graves  néan- 
moins encore,  se  produisirent  aussi  sur  les  ceps  décortiqués  badigeonnés  avec  le 
mélange  à  un  dixième  d'huile  lourde,  qui  avait  été  spécialement  recommandé,  et 
qu'on  avait  simplement  chauffé  pour  le  rendre  plus  fluide.  Il  devenait  dès  lors 
évident  que,  pour  les  vignes  décortiquées  tout  au  moins,  —  et  les  neuf  dixièmes 
des  vignes  à  traiter  doivent  être  soumis  à  cette  décortication  préalable,  —  les 
mélanges  de  coaltar  et  d'huile  lourde  sont  nuisibles,  et  présentent  en  outre  des 
difficultés  d'application  qui  n'ont  pu  être  surmontées  dans  la  pratique.  Nous 
avons  d'autant  plus  lieu  de  regretter  ce  résultat  que  nous  avons  acquis  la  preuve, 
par  nos  expériences  en  grande  culture,  qu'ils  constituent  d'excellents  toxiques 
pour  l'œuf  d'hiver;  cette  action,  rendue  probable  déjà  par  nos  expériences  faites 
dans  le  laboratoire  sur  les  œufs  ordinaires  des  racines,  a  été  pleinement  confirmée 
par  un  essai  direct  sur  les  œ'ufs  d'hiver,  fait  sur  une  vaste  échelle  dont  nous 
allons  actuellement  rendre  compte. 

Dans  les  instructions  pratiques  rédigées  à  l'occasion  de  nos  essais,  nous  avions 
proposé  une  expérience  qui  devait  être  un  contrôle  certain  de  l'action  exercée 
par  les  badigeonnages  sur  l'œuf  d'hiver.  Elle  consistait  à  choisir  une  vigne  por  - 
tant  habituellement  des  galles  phylloxériques,  à  en  badigeonner  un  certain 
nombre  et  à  laisser  les  autres  intactes  afin  de  servir  de  témoins.  Il  est  reconnu 
que  les  insectes  des  galles  ont  pour  origine  les  phylloxéras  issus  des  œufs  d'hiver; 
si  donc  tous  les  œufs  d'hiver  ont  été  tués  par  le  badigeonnage,  les  galles  ne 
doivent  pas  se  représenter  l'année  suivante. 

Une  vigne  de  lUparia,  au  domaine  de  la  Paille,  près  de  Montpellier,  se  trouvait 
précisément  dans  les  conditions  voulues  pour  faire  cette  expérience.  Cette  vio-ne 
formée  de  jeunes  plants  de  quatre  ans,  se  couvrait  chaque  année  de  nombreuses 
galles  phylloxériques.  Au  mois  de  février  1883,  une  moitié  de  la  vigne  fut  badi- 
geonnée avec  le  mélange  de  coaltar  à  un  dixième  d'huile  lourde;  l'autre  moitié  fut 
laissée  sans  traitement.  Malheureusement,  ce  premier  essai  échoua.  On  s'attendait 
au  printemps,  à  voir  apparaître  des  galles  dans  la  partie  non  traitée,  tandis  que 
la  partie  traitée  n'en  présenterait  point.  Or,  il  n'y  eut  de  galles  dans  aucune  des 
deux  parties  :  l'année  1883  n'était  pas  favorable  à  la  production  des  "ailes 
phylloxériques.  Là,  où  d'habitude  on  voyait  apparaître  un  plus  ou  moins  grand 
nombre  de  ces  excroissances  sur  la  vigne,  —  comme  dans  notre  champ  d'expé- 
rience, par  exemple,—  il  n'y  en  eut  point  ou  presque  pas.  C'est  ce  qu'on  remarqua, 
notamment  sur  les  vignes  de  M.  Laliman,  à  Bordeaux,  vignes  renommées  pour 
l'abondance  et  la  régularité  d'apparition  des  galles  dont  elles  se  couvrent  chaque  année . 


56  DESTRUCTION  DE  LŒUF   DRIVER  DU  PHYLLOXERA. 

On  recommença  l'expérience  dans  les  mêmes  conditions  dans  l'hiver  de 
1883-1884,  et  cette  fois  elle  fut  couronnée  du  succès  le  plus  complet.  M.  Hen- 
neguy,  (|ui  visita  la  vigne  dès  le  10  avril,  constata  dans  le  lot  non  traité  des  galles 
nombreuses,  presque  chaque  cep  en  présentant  quehjues-unes,  jusqu'à  cinq  ou 
six  ])arrois  sur  une  même  feuille.  Au  contraire,  dans  le  lot  traité,  pas  une  galle 
ne  put  être  découverte,  malgré  des  recherches  assidues.  Cette  ditlérence  entre  les 
deux  lots  était  surtout  saisissante  lorsqu'on  examinait  les  vignes  placées  de  chaque 
côte  de  la  ligne  de  sép-iration  :  ici,  des  galles  nombreuses,  là  absence  totale  de 
galles  sur  toute  la  longueur  de  celte  ligne'. 

Ce  remarquable  résultat  ne  prouve  pas  seulement  la  possibilité  de  tuer  tous  les 
œufs  d'hiver  déposés  sur  les  ceps,  il  met  aussi  à  néant  les  objections  qui  ont  été 
faites  contre  l'utilité  pratique  de  cette  destruction.  On  a  prétendu  que  les  œufs 
d'hiver  n'étaient  pas  tous  pondus  sur  les  souches,  que  les  pieux,  les  plantes  autres 
que  la  vigne,  le  sol  lui-même,  pouvaient  en  receler  quelques-uns,  et  que  dès  lors 
la  destruction  des  œul's  qui  se  trouvent  sur  les  vignes  est  inutile,  puisqu'elle  laisse 
subsister  et  éclore  ceux  déposés  ailleurs. 

Remarquons  d'abord  que  les  œufs  qui  ont  pu  être  rencontrés  dans  les  circon- 
stances que  nous  venons  de  rappeler  —  si  toutefois  il  n'y  a  pas  eu  erreur  de  la 
part  des  personnes  qui  les  ont  attribués  au  phylloxéra  —  peuvent  être  considérés 
comme  des  œufs  égarés  de  leurs  lieux  de  ponte  naturels,  comme  on  en  trouve 
chez  tous  les  insectes,  et  sont,  par  conséquent,  inliniment  rares  comparativement 
aux  œufs  pondus  dans  leur  lieu  d'élection,  c'est-à-dire  sous  les  écorces  des  vignes. 
En  outre,  il  parait  résulter  des  observations  de  M.  Boiteâu  que  l'insecte  issu  de 
l'œuf  d'hiver  ne   descend   pas  aux  racines,  sur  lesquelles  il  ne  peut  vivre,  mais 
monte  sur  les  feuilles  pour  y  former  une  galle,  et  que  ce  sont  ses  descendants 
seulement  qui,  après  un  certain  nombre  de  générations,  vont  aux  racines  pour  y 
fonder   des  colonies  durables.    Admettant  l'exactitude  de   cette  observation,   et 
supposant,  d'autre  part,  qu'il  y  avait  de  ces  œufs  égarés  dans  notre  vigne  de  la 
l'aille  au  moment  du  badigeonnage.  il  faut  conclure  que  les  insectes  éclos  de  ces 
œufs  n'ont  pu  monter  aux  feuilles  et  sont  morts  de  faim,  puisque,  dans  toute  la 
partie  traitée,  d'une  superficie  de  plusieurs  ares,  de  notre  champ  d'expérience, 
pas  une  seule  galle  n'a  pu  être  trouvée  par  les  personnes  les  plus  habituées  à  ce 
genre  de  recherches-.  On  n'a  donc  pas  dès  lors  à  se  préoccuper  de  ces  œufs,  et 
il  importe  seulement  de  détruire  ceux  qui  sont  placés  sur  les  vignes,  et,  qui,  en 
donnant  naissance  à  des  insectes  capables  d'y   trouver  leur  subsistance,  consti- 
tuent seuls  un  danger  pour  celles-ci. 

L'expérience  de  la  Paille  éclaire  aussi  une  autre  question  de  l'évolution  du 
phylloxéra,  sur  laquelle  planait  encore  une  certaine  obscurité  :  je  veux  parler  de 
l'origine  des  a^ufs  d'hiver.  On  connaît  depuis  longtemps  la  relation  existant  entre 
ces  iL'ufs  et  les  essaims  ailés  qui  sortent  du  sol  des  vignes  phylloxérées,  mais 
quelques  observateurs  avaient  pensé  —  et  j'étais  de  ce  nombre  —  que  les 
phylloxéras  gaUicoles  pouvaient  eux-mêmes  se  métamorphoser  en  ailés  et  faire 
souche  de  sexués  et  d'œufs  d'hiver,  ou  bien  pondre  directement,  à  l'état  de  larves, 
sur  les  ceps,  des  œufs  d'où  naissent  des  sexués  et  des  œufs  d'hiver. 

La  comparaison  avec  le  phylloxéra  du  chêne,  où  les  œufs  d'Iiiver  ont  cette 
double  origine,  autorisait  par  analogie  cette  manière  de  voir.  Cette  question  n'a 
pas  un  simple  intérêt  théorique,  elle  a  aussi  une  importance  pratique  assez  con- 
sidérable, car,  s'il  était  prouvé  que  les  larves  peuvent  sortir  de  leurs  galles  pour 
déposer  directement  sur  la  souche  leur  progéniture  sexuée,  l'utililé  de  la  destruc- 
tion des  galles  serait  évidente.  En  eS'et,  les  œul's  d'hiver  qui  dériveraient  des 
individus  gaUicoles  seraient  spécialement  destinés  à  légénérer  sur  place  les  colo- 
nies souterraines,  et  ne  pas  s'opposer  à  leur  production  serait  hâter  la  ruine  du 
vignoble. 

Heureusemeat  les  galles  sont  rares  sur  les  vignes  indigènes,  et  aucune  obser. 
vatiou  digne  de    confiance   n'est    venue  démontrer  jusqu'ici  que   les   choses   s 

1.  Celte  vigne  fut  visitée  le  4  mai  iiar  MM.  Couanon  et  Mouillefert,  qui  furent  également  frappés 
lie  la  netteté  du  résultat.  Le  l"'  juin,  je  m'y  rendis  moi-même,  en  compagnie  de  MM.  Henri 
Mares,  Henneguy  et  Couanon.  A  celle  époque,  la  dilférencc  des  deux  lots,  loin  de  s'être  effacée 
ou  amoindrie  par  l'oxlension  des  galles  du  lot  non  traité  au  lui  traité,  était  plus  tranchée  que 
jamais.  Les  galles  s'élaient  mnlUpliêrs  en  quantités  énormes  dans  le  premier  lot.  au  puint  de 
lais.ser  à  peine  une  place  libre  sur  beaucoup  do  feuilles,  tandis  que  dans  le  deuxième  lot,  les 
feuilles  se  montraient  encore  complèlement  indemnes  de  ces  excroissances. 

2.  MM.  Henneguy.  Couanon,  Mouillefert  et  moi-même.  Je  puis  ajouter  les  noms  de  MM.  Plan- 
chon  et  Foëx,  qui,  dans  les  premiers  jours  de  juin,  ont  visité  ces  vignes  et  constaté  aussi  l'absence 
totale  de  galles  dans  toute  ta  partie  traitée. 


DESTRUCTION  DE  L  ŒUF  I)  lUVKH   DU    PHYLLOXERA.  57 

passent  comme  nous  l'avons  supposé.  L'expérience  de  la  l'aille  conduit  même  à 
une  conclusion  toute  dill'érente.  Il  sullit,  en  elïet,  de  ne  rapiieler  que,  dans  l'année 
qui  précéda  cette  expérience,  il  n'y  eut  de  galles  nulle  jjart  dans  la  vigne;  par 
conséqui^nt,  les  galles  si  nombreuses  qu'elle  présente  actuellement  dans  sa  partie 
non  traitée  sont  sans  relation  avec  des  galles  antérieures,  et  ne  peuvent  avoir  dès 
lors  pour  origine  que  les  essaims  d'ailés  (|ui  se  sont  échappés  du  sol  de  la  vigne  ou 
plus  probablement  des  vignes  environnantes'. 

Ces  essaims  devaient  être  nombreux,  si  l'on  en  juge  par  l'abondance  des  galles 
primitives  qui  ont  apparu  l'année  suivante,  chacune  de  celles-ci  étant  le  produit 
individuel  d'un  insecte  sorti  d'un  œuf  d'hiver,  et  nous  avons  vu  qu'il  y  avait  quel- 
quefois jusqu'à  cinq  ou  six  galles  sur  une  même  feuille-. 

Tels  sont,  monsieur  le  ministre,  les  résultats  que  nous  avons  obtenus  dans  nos 
expériences  de  badigeonnage  dos  vignes  avec  des  mélanges  de  coaltar  et  d'huile 
lourde.  La  conclusion  à  tirer  de  ces  expériences,  c'est  que  ces  mélanges,  excellents 
pour  tuer  l'œuf  d'hiver,  exposent  la  vigne  à  de  graves  accidents  et  présentent  en 
outre  des  diflicultés  d'application  qui  rendent  leur  emploi  à  peu  près  impossible 
dans  la  grande  pratique.  lia  fallu,  par  conséquent,  selivreràde  nouveaux  essais  pour 
trouver  d'autres  substances  qui  n'eussent  pas  ces  deux  derniers  inconvénients,  tout 
en  étant  des  toxiques  pour  l'œuf  d'hiver.  Nous  croyons  que  le  mélange  suivant 
réalise  ces  conditions  ; 

Huile  lourde 20  parties. 

Naphtaline  brute ;jO      — 

Chaux  vive 100      — 

Eau 400      — 

Pour  préparer  ce  mélange,  on  dissout  la  naphtaline  dans  l'huile  lourde,  on 
verse  celle-ci  sur  la  chaux  préalablement  humectée  avec  une  petite  quantité  d'eau 
pour  l'échauficr  et  la  faire  foisonner,  et  on  ajoute  le  reste  de  l'eau  en  remuant 
constamment  le  mélange.  Sous  l'influence  de  la  chaleur  dégagée  par  la  chaux 
hydratée,  l'huile  lourde  s'incorpore  intimement  à  la  chaux,  et  il  en  résulte  un 
mélange  homogène,  d'une  stabilité  presque  indéfinie'. 

Afin  d'éprouver  l'action  de  ce  mélange  sur  l'œuf  d'hiver,  j'ai  employé  le 
même  dispositif  que  dans  mes  précédents  essais  avec  les  mélanges  coaltarés'. 

Des  œufs  du  phylloxéra  des  racines  ont  été  placés  sous  des  écorces  qu'on  a  ba- 
digeonnées avec  le  mélange  dont  nous  venons  de  donner  la  formule.  Ce  mélange, 
ayant  l'eau  pour  véhicule,  ne  pénètre  pas  les  écorces  comme  font  les  mélanges  de 
coaltar  et  d'huile  lourde,  mais  la  chaux  forme,  en  se  desséchant,  un  enduit  qui 
reste  adhérent  aux  écorces  et  retient  la  naphtaline  et  l'huilelourde,  dont  les  vapeurs 
traversent  les  écorces  et  asphyxient  les  œufs  placés  dessous.  L'action  est  par  con- 
séquent plus  lente  que  celle  des  mélanges  de  coaltar  et  d'hmle  lourde,  qui  agissent 
non  seulement  par  leurs  vapeurs,  mais  aussi  par  contact  direct  en  imbibant  les 
écorces.  Il  en  résulte  que  le  temps  nécessaire  à  la  production  des  elléts  toxiques 
varie  suivant  les  facilités  que  trouvent  les  vapeurs  pour  traverser  les  écorces 
facilités  qui  dépendent  surloui  de  la  constitution  physique  de  celle-ci. 

Lorsque,  comme  dans  les  vieilles  vignes,  1  écorce  présente  des  fissures  nom- 
breuses, qu'elle  est  remjilie  de  petites  cavités  ou  canaux  intérieurs  qui  résultent 
de  destructions  locales  du  tissu  subéreux,  et  lui  donnent  une  structure  presque 
spongieuse'^,  il  suffit  d'une  exposition  de  cinq  à  six  jours  pour  que  la  plupart  des 

1.  Je  dis  |j1us  probabiement,  parce  que  j'avais  constaté,  la  rareté  des  pliylloxeras  sur  Its  racines 
des  vignes  de  la  Paille  —  je  rappelle  que  co  sont  des  riparia  —  l'année  précédant  celle  de  l'expé- 
rience, tandis  que  tout  autour  se  trouvaient  de  nombrevises  vignes  phylloxérées,  tant  indigènes 
qu'américaines. 

2.11  n'est  pas  douteux  que  les  premières  galles  constatées  sur  ces  vignes  ne  fussent  des  galles 
primitives,  d  abord  en  raison  de  lépoque  peu  avancée  de  l'année  où  elles  furent  aperçues 
(10  avril);  ensuile,  toiUesces  galles  renl'errnaient  un  insfcle  qui  n'était  ]jas  encore  arrivé  à  tuute 
sa  grosseur,  et  qui  n'avait  pas  encore  commencé  a  pondre  ou  n'avait  iioiidu  qu'un  petit  nombre 
d'oeufs  dont  aucun  n'était  éclos. 

S.  En  proposant  ce  nouveau  mélange,  je  n'ai  pas  la  prétention  d'avoir  trouvé  quelque  chose  de 
bien  nouveau  ni  de  bien  original.  Depuis  longtemps  on  se  sert  de  préparations  pb/s  ou  moins  ana- 
logues comme  agents  insecticides.  Dans  quelques  provinces  de  l'Autri.he,  on  emploie,  paraît-il,  un 
mélange  de  chaux,  de  naphtaline  et  d'eau  pour  débarrasser  des  insectes  la  vigne  et' les 
arbres  fruitiers.  Récemment,  M.  Boileau  a  préconisé  et  employé,  dit-il,  avec  succès  contre  l'œuf 
d'hiver  du  phylloxéra  un  mélange  de  chaux,  d'huile  lourde  et  d'eau.  J'abandonne  donc  à  qui  vou- 
dra la  priorité  de  l'invention  de  pareils  mélanges,  mais  je  crois  être  le  premier  à  avoir  démontré 
par  des  expériences  directes  leur  action  toxique  sur  les  œufs  du  phylloxéra.  Si  d'autres  s'en  sont 
loués,  je  n'en  suis  que  plus  heureux  de  pouvoii  invoiiuer  leur  témoignage. 

4.  Voir  mon  rapport  au  ministre  de  l'agriculture  dans  le  Juurnal  (ifjiriel   du  20  septembre  1882. 

5.  C'est  dans  ces  canaux  ou  galeries  intérieures  de  l'écorce  que  sont  souvent  logés  les 
œufs  d'hiver. 


58  DESTRUCTION  DE    L'ŒUF  D'HIVER  DU  PHYLLOXERA. 

œufs  soient  tués;  avec  des  écorces  jeunes,  d'un  tissu  neuf,  plus  ou  moins  serré, 
sans  fissures,  l'action  toxique  demande  une  durée  d'exposition  plus  longue.  Dans 
Sa  pratique,  cette  question  de  durée  n'a  pas  beaucoup  d'importance,  les  œufs  sé- 
journant plusieurs  mois  dans  les  écorces,  et  le  dégagement  des  vapeurs  toxiques 
continuant  beaucoup  au  delà  du  temps  nécessaire  pour  les  tuer  dans  le 
laboratoire. 

Une  autre  cause  qui,  en  activant  ou  ralentissant  l'émission  des  vapeurs,  influe 
aussi  sur  la  rapidité  de  leur  action  mortelle,  est  la  température.  Pour  me  rappro- 
cher des  conditions  de  la  pratique  agricole  —  les  badigeonnages  devant  se  faire 
en  liivcr  —  j'ai  placé  les  écorces  badigeonnées  dans  des  caves  où  la  température 
se  maintenait  sensiblement  à  14»  centigrades.  En  retardant  l'éclosion  des  œufs, 
cette  température  relativement  basse  donnait  au  toxique  le  temps  d'agir  sur 
l'embryon  à  travers  les  enveloppes  de  l'œuf,  qui-était  généralement  tué  dans  un 
espace  de  dix  à  douze  jours,  à  quelques  rares  exceptions  près.  On  obtiendrait 
facilement  des  mélanges  plus  énergiques  et  d'une  actioQ  plus  rapide  en  augmen- 
tant la  proportion  d'huile  lourde  ou  de  naphtaline,  en  diminuant  celle  de  l'eau 
servant  de  véhicule.  Ces  mélanges  forment  des  enduits  plus  épais  à  la  surface  des 
écorces  et  donnent  lieu  à  un  dégagement  plus  abondant  de  vapeurs  toxiques.  Tel 
est  le  suivant,  que  j'ai  étudié  d'une  manière  plus  particulière  : 

Huile  lourde 30  parties. 

Naphtaline  brute 30      ^ 

Chaux  vive 100      — 

Eau 300      — 

Des  œufs  ont  été  soumis,  pendant  huit  jours,  à  la  température  de  14",  àl'actioa 
de  ce  mélange.  Dans  une  première  expérience,  il  y  eut  26  œufs  tués  sur  28;  dans 
une  deuxième  expérience,  tous  les  œufs,  au  nombre  de  43,  furent  tués.  Les  deux 
œufs  survivants  de  la  première  expérience  s'expliquent  par  ce  fait  que  la  lamelle 
d'écorce  était  prise  sur  une  vigne  jeune^  qu'elle  était  d'un  tissu  serré  et  exempte 
de  fissures,  moins  pénétrable  par  conséquent  aux  vapeurs  que  l'écorce  de  la 
deuxième  expérience,  qui  provenait  des  couchds  exfoliées  d'une  vigne  âgée. 

Des  deux  mélanges  à  la  cliaux  dont  j'ai  donné  ci-dessus  la  formule,  le  premier 
est  le  seul  dont  l'action  sur  la  vigne  ait  été  vérifiée.  Les  essais  ont  été  faits  sur  une 
vaste  échelle,  au  cours  de  l'hiver  dernier.  Ils  ont  eu  Heu  à  la  fois  sur  un  grand 
nombre  de  points  :  dans  les  vignobles  de  MM.  de  Lafitte,  de  Peyrelongue  et  Uinet 
dans  le  département  de  Lot-et-Garonne,  chez  M.  Ernest  Mabille,  à  Nazclles,  près 
d'Amboise,  et  enfin  chez  M.  le  docteur  Doutrebente,  à  Blois'. 

A  Paris  même,  je  faisais  badigeonner  sous  mes  yeux,  avec  le  même  mélange, 
des  jeunes  plants  de  quatre  à  cinq  ans.  Les  vignes  étaient  décortiquées  ou  non, 
et  les  badigeonnages  ont  été  pratiqués  sur  toute  leur  surface,  y  compris  les  bour- 
geons et  les  sections  de  taille.  Nulle  part  il  ne  s'est  produit  le  moindre  accident, 
et,  suivant  les  expressions  de  M.  de  Lafitte,  rendant  compte  de  ses  essais  au 
comité  central  du  jihylloxera  de  Lot-et-Garonne  (séance  du  19  juillet  1884^,  «  à  la 
pousse,  pas  un  bourgeon  n'est  resté  en  arrière  ».  Quant  à  la  question  écono- 
mique, le  même  expérimentateur  estime  que  le  traitement  ne  reviendra  pas  àplus 
de  40  francs  pour  5,000  souches. 

Pour  conclure  d'une  manière  définitive  à  la  valeur  pratique  des  badigeonnages 
avec  le  mélange  calcaire,  —  leur  action  inoffensive  sur  la  vigne  étant  bien  établie 
par  les  faits  dont  je  viens  de  rendre  compte, — une  dernière  expérience  resteraità 
faire  :  c'est  un  essai  de  contrôle  sur  les  vignes  portant  des  galles,  analogue  à  celui 
fait  avec  tant  de  succès,  à  l'aide  du  mélange  coaltaré,  sur  les  vignes  de  la  Paille, 
Je  me  propose  do  faire  ces  essais  l'hiver  prochain  sur  ces  mêmes  vignes.  Si,  comme 
il  y  a  tout  lieu  de  l'espérer,  le  résultat  est  le  même  avec  le  nouveau  mélange 
qu'avec  l'ancien,  nous  serons  en  possession  d'un  moyen  qu'on  pourra  employer  en 
confiance  au  traitement  de  nos  vignes,  car  il  réunira  efficacité,  bon  marché  et 
absence  de  danger  pour  la  plante.  Je  ne  pense  pas,  toutefois,  qu'il  soit  néces- 
saire d'attendre  cette  dernière  épreuve  pour  nous  en  servir. 

Ce  sera  d'abord  une  année  de  gagnée  pour  le  tiaitcment;  puis,  le  remède 
n'étant  ni  coûteux,  ni  dangereux  pour  la  vigne,  les  viticulteurs  pourront  se  fami- 
liariser avec  son  emploi  en  badigeonnant  dès  l'hiver  prochain  leurs  vignes.  Des 

1.  Dans  cette  derniùre  localité,  les  badigeonnages  ont  été  effectués  sous  la  direction  de  M.  Tan- 
viray,  professeur  départemental  d'ajïricuUure.  Je  saisis  ici  l'occasion  de  remercier  toutes  les  per- 
sonnes qui,  dans  ces  expériences,  m'ont  prêté  ou  offert  leur  obligeant  concours,  notamment  les 
propriétaires  de  vignobles  nommés  plus  haut. 


DESTRUCTION  DE  L'ŒDF   D'HIVER  DU  PHYLLOXERA.  59 

instructions  détaillées  sur  le  mode  de  préparation  et  d'emploi  du  mélange  seront 
publiées  avant  le  commencement  des  opérations. 

Il  aiipartient  à  votre  administration,  monsieur  le  ministre,  d'examiner  s'il  n'y 
aurait  pas  lieu  de  prescrire  les  badigeonnagos  comme  complément  des  traitements 
officiels,  particulièrement  dans  des  conditions  où  leur  iniluence  sur  la  marche 
du  phylloxéra  pourra  être  reconnue  d'une  manière  plus  certaine. 

Personnellement,  je  vous  remercie  de  m'avoir  fourni  les  moyens  de  soumettre  à 
la  vérification  expérimentale  la  plus  larg-e  mes  idées  théoriques  sur  l'évolution  du 
phylloxéra,  et  de  m'avoir  permis  ainsi  de  prendre  une  part  modeste  à  la  lutte  dont 
le  salut  d'une  de  nos  principales  richesses  nationales  est  le  prix. 

Agiéez,  etc.  G.  Bai.biani, 

Professeur  au  Collège  de  France,  membre  de 
ia  Commission  supérieure  du  phylloxéra. 

CULTURE  EXPÉRIMENTALE  DE  BAVAY 

Voici  la  comparaison,  dans  le  même  champ  et  dans  les  mêmes  con- 
ditions de  culture  en  1884,  du  semis  en  bandes  avec  les  semis  ordi- 
naires en  lio;nes  et  les  semis  à  la  volée  : 

Blé.  —  Semis  de  blé  enbandcs  de  0  m. 12  et  0  m.  28  d'intervalles  hbres.  Les 
avantages  constatés  l'an  dernier  se  représentent  encore  cette  année  dans  des  con- 
ditions identiques.  Les  tiges  sont  plus  fortes  et  plus  hautes  de  0  m.  10  à  0  m.  15 
suivant  la  variété  du  blé.  Les  épis  sont  également  plus  forts  et  plus  pleins.  La 
différence  au  bénéfice  du  système  en  bandes  peut  être  évaluée  suivant  les  terres 
et  les  espèces  de  blé  entre  100  et  200  francs  à  l'hectare. 

Avoines.  —  1°  Semis  en  bandes  de  0  m.  12  de  largeur,  avec  intervalles  libres  de 
0  m.28.  Sarclage  avec  la  houe  à  cheval  à  betteraves.  Tiges  fortes,  rigides,  épis 
proporiionnés.  Valeur  de  la  récolte  :  700  francs  l'hectare. 

2"  Semis  en  lignes  Tégnhhvemeni  espacées  à  0  m. 20.  Sarclage  à  la  binette  à 
main.  Tiges  moins  hautes,  moins  fortes,  épis  proportionnés.  Valeur  de  la  récolte  : 
600  francs  l'hectare. 

3°  Semis  à  la  volée.  Sarclage  à  la  main.  Valeur  de  la  récolte  :  550  francs  à 
l'hectare. 

4"  Seinis  à  la  volée.  Non  sarclé.  Valeur  de  la  récolte  :  350  francs  l'hectare. 

Aspect  dulrè fie  semé  dans  l'avoine.  —  Dans  les  semis  en  bandes,  les  plants  sont 
drus[et  vigoureux.  Dans  les  semis  en  lignes,  à  0m.20,  les  plants  sont  sensiblement 
moins  forts.  Ils  font  défaut  en  maints  endroits,  du  fait  qu'ils  ont  reçu  moins  d'air 
et  de  lumière  et  qu'ils  sont  envahis  par  les  parasites.  —  Dans  les  semis  à  la  vo'ée 
sarclés,  les  plants  sont  maigres,  plus  éclaircis.  Ils  sont  plus  envahis  par  les  para- 
sites que  dans  le  semis  en  lignes  ordinaires.  —  Dans  le  semis  à  la  volée  non 
sarclé,  le  trèfle  ne  vaut  rien.  Il  a  été  anéanti  en   majeure  partie  par  les  parasites. 

FÈVES.  —  10  hectares  en  une  seule  pièce,  après  avoine  venue  d'un  blé  de  trèfle, 
'  fumure  de  800  kilog.  à  l'hectare  de  superphosphate  potassique  azoté  dans  le  rayon 
avec  la  semence. 

1"  Semis  en  bandes.  Tiges  fortes  et  grenues.  Rendement  de  37  hectolitres  à 
l'hectare. 

2"  Semis  en  lignes  de  0  m. 20.  Tiges  fines  et  moins  grenues.  Rendement  de 
28  hectolitres  à  l'hectare. 

Le  champ  de  fèves  était  çà  et  là  plus  ou  moins  infesté  de  sénés,  en  majeure 
partie  levés  au  moment  où  les  fèves  commençaient  à  poindre.  Pour  les  détruire  j'ai 
fait  armer  la  houe  à  cheval  à  betteraves,  d'une  lame  et  de  deux  pics  pour  chaque 
ligne.  J'ai  fait  travailler  assez  profondément  pour  tuer  le  séné,  dans  les  intervalles 
libres,  et  en  même  temps  je  recouvrais  d'une  forte  couche  de  terre  (0  m. 05  au 
moins)  la  bande  semée.  Tous  les  sénés  levés  dans  les  bandes  ont  été  ainsi  détruits. 

Avec  un  second  binage  exécuté  delà  même  façon,  j'ai  eu  entièrement  raison  de 
ces  parasites  qui  menaçaient  de  compromettre  gravement  ma  récolte.  Voilà  un 
procédé  bien  simple  qui  a  produit  tout  à  la  fois  deux  effets  remarquables  :  le 
sarclage  complet  du  champ  en  même  temps  qu'un  binage  essentiellement  utile  et 
dont  le  résultat  immédiat  a  été  d'assurer  une  pleine  récolte  qui  aurait  été  réduite 
de  moitié  et  peut-être  plus  si  je  n'avais  pas  usé  de  ce  procédé. 

Aspect  du.  frèfle  semé  dans  ce  champ  de  fèves.  — Le  trèfle  est  énergique  daca  les 
bandes.  Il  est  entièrement  manqué  dans  les  lignes  de  0  m. 20. 


60  CULTURR  EXPÉRIMENTALE  DE  BÂVAY. 

Conditions  essentielles  de  la  culture  en  bandes.  —  Seniiir  en  temps 
opportua  ;  ajouter  l'engrais  nécessaire  pour  atteindre  le  maximum  de 
rendement  qui  seul  donne  leprofit;  biner  soigneusement  quinze  jours 
à  trois  semaines  au  plus  tard  après  la  levée  ;  un  second  binage  donné 
dix  à  quinze  jours  après,  équivaudra  à  une  nouvelle  addition  d'engrais. 
Les  fortes  récoltes  dans  les  terres  bien  équilibrées  sont  moins  sujettes  à 
verser  que  les  récoltes  moins  fortes  dont  les  tiges  sont  plus  faibles. 

Les  semis  en  bandes,  toutes  choses  égales,  sont  également  moins 
sensibles  à  la,  verse  et  si  celle-ci  doit  les  atteindre  sous  l'influence 
d'intempéries  trop  fortes,  la  verse  ne  se  fait  pas  complètement,  c'est-à- 
dire  que  la  récolte  ne  se  couche  pas  littéralement  comme  dans  les 
semis  en  lignes  ou  à  la  volée.  Lorsque  le  semis  en  bandes  vient  à 
tomber,  les  pieds  ne  se  cassent  pas  et  les  épis  restent  suflisamment 
relevés  de  terre  pour  que  te  grain  continue  à  mûrir  normalement.  J'ai 
des  raisons  pour  croire  que  la  plantation  en  bandes  du  nord  au  midi, 
c'est  à-dire  sur  le  vent  qui  provoque  la  verse,  est  préférable  à  toutes 
les  autres  orientations. 

BiUonnage.  —  Les  petits  socs  de  binot,  au  moyen  desquels  on  fait 
le  semis  en  bandes,  ont  cet  avantage  par  la  disposition  des  dents  de 
herse  qui  recouvrent  les  bases,  de  former  un  buttage  sur  la  semence 
(comme  pour  les  pommes  de  terre)  et  de  laisser  ainsi  un  creux  assez 
profond  entre  les  ados  sous  lesquels  le  grain  est  enfoui,  ce  qui  établit 
dès  lors  une  rigole  entre  chaque  bande  par  où  les  eaux  s'écoulent  à  la 
surface. 

Ce  fait  est  très  important  en  ce  sens  que  l'eau  qui  s'écoule  le  long 
de  ces  rigoles  n'enlève  aucune  parcelle  d'engrais  répartis  dans  les 
couches  labourées. 

Propreté  du  sol.  —  La  moisson  faite,  il  est  à  remarquer  que  toutes 
les  terres  qui  ont  été  semées  en  bandes  soigneusement  binées  à  la 
houe  à  cheval,  sont  absolument  propres,  tandis  que  les  terres  plantées 
'  en  lignes  ordinaires  et  à  la  volée,  sont  plus  ou  moins  infestées  de  para- 
sites. Ce  fait  à  lui  seul  sufflt  pour  démontrer  la  supériorité  de  la  culture 
en  bandes  sur  les  semis  ordinaires  en  lignes  serrées,  et  à  la  volée. 
Chose  également  remarquable,  c'est  que  le  trèfle  ou  la  luzerne  semés 
dans  une  culture  en  bandes,  poussent  avec  une  vigueur  double  de  ceux 
semés  dans  les  lignes  à  écartements  réguliers. 

En  résumé,  plus  une  terre  est  en  bon  état  d'engrais,  plus  s'impose 
la  culture  en  bandes,  autrement  dit,  dans  la  raie  du  binot.  C'est  le  seul 
moyen  de  combattre  utilement  la  verse  et  d'assurer  la  propreté  du 
sol,  la  venue  du  trèfle  et  de  la  luzerne  et  le  maximum  de  rendement 
en  tous  genres  de  céréales,  y  compris  la  fève,  le  maïs,  les  pois,  le  colza. 
Le  semis  en  bandes  n'est  autre  que  l'ancien  semis  sur  raie  de  binot 
perfectionné,  c'est-à-dire  qu'au  lieu  de  semer  à  la  volée  sur  les  raies 
de  binot  ou  de  scarificateur,  on  sème  en  ligne  dans  des  raies  à  fond 
plat  et  ferme,  tracées  par  les  petits  socs  spéciaux  que  l'on  substitue 
aux  socs  ordinaires  du  semoir.  On  obtient  ainsi  des  bandes  régu- 
lières de  0".13  en  largeur  environ,  semées  à  la  volée  avec  intervalles 
libres,  de  Q-'.^S,  qui  rendent  plus  faciles  les  sarclages  et  la  pénétra- 
tion de  la  chaleur,  de  l'air  et  de  la  lumière  autour  des  plants. 

La    majeure  partie  des  socs  des  semoirs  sont  susceptibles   d'être 
modifiés  pour  faire  le  semis  en  bandes.  A.  Derome, 

Agriculteur  à  Bavay  (Nord). 


r,ES  MALADIES  DU  HOUBLON.  61 


LES  MALADIES  DU  HOUBLON 

Nous  avons  déjà  souveat  eu  l'occasion  de  citer  avec  éloge  dans  les 
colonnes  du  Journal  de  Fagriaillure,  les  Bulletins  de  la  Société  d'agricul- 
ture de  la  Basse-Alsace.  On  ouvre  rarement  un  fascicule  sans  y  trouver 
quelque  document  important.  Aujourd'hui  le  Bulletin  de  septembre 
nous  donne  une  excellente  étude  du  professeur  de  Bary  sur  les  mala- 
dies du  houblon.  Nous  allons  la  résumer. 

Les  maladies  du  houbon,  quoique  fréquentes  et  variées,  sont  peu 
connues  au  point  de  vue  scientifique.  On  peut  considérer  comme 
maladie  tout  mal  occasionné  par  quelque  ennemi  de  la  plante,  surtout 
le  mal  occasionné  par  des  ennemis  invisibles. 

Parmi  les  animaux  qui  attaquent  le  houblon,  on  cite  la  phalène 
{Ilepialus)  dont  la  chenille  ronge  les  racines,  et  fait  languir  et  périr  la 
plante;  la  pyrale  [llypena),  qui  dissèque  les  feuilles  ;  les  vers  blancs, 
la  courtilière,  les  limaçons,  les  escargots.  On  a  constaté  récemment 
qu'un  coléoptère,  le  Homotaplia  hrumea,  s'attaque  aux  jeunes  pousses. 
Certains  acariens  produisent  de  graves  dégâts.  L'araignée  rouge  [Tetra- 
nychus  tclarius)  provoque  la  brûlure  ou  rouille  qui  s'observe  dans  les 
années  sèches.  De  petites  araignées,  rouges,  ovales,  mesurant  un  quart 
de  millimètre,  habitent  en  grand  nombre  le  dessous  des  feuilles;  celles- 
ci  se  colorent  d'abord  en  rouge,  puis  en  brun,  en  jaune,  se  dessèchent 
et  tombent.  La  maladie  peut  envahir  en  quelques  jours  de  grandes 
houblonnières.  Ce  phénomène  est  encore  peu  connu.  Quelquefois 
les  araignées  disparaissent  pendant  des  années  ;  leur  présence  n'est 
pas  exclusivement  connexe  de  la  sécheresse.  Les  pucerons  (Âphis) 
occasionnent  le  miélat  et  sont  par  conséquent  liés  à  une  maladie  que 
nous  examinerons  plus  loin  sous  le  nom  de  noir  ou  suie. 

Les  deux  principales  maladies  du  houblon,  le  blanc  ou  moisissure, 
le  noir  ou  suie.,  sont  dues  à  des  champignons  microscopiques. 

Le  blanc  est  produit  par  un  érysiphe,  champignon  analogue  à  celui 
de  l'oïdium  de  la  vigne;  il  s'observe  sur  le  houblon  sauvage  et  cultivé, 
se  développe  sur  les  parties  vertes,  feuilles  et  cônes,  qui  paraissent 
couvertes  d'une  fine  farine.  Les  filaments  se  ramifient  sur  l'épiderme. 
Quelques-uns,  terminés  en  vésicules,  pénètrent  dans  l'épiderme.  La 
destruction  de  la  partie  verte  ne  s'étend  qu'à  la  surface.  En  trois  ou 
quatre  jours,  ces  parasites  recouvrent  toute  une  feuille  ou  tout  un  cône. 
Ce  champignon  pousse  l'hiver;  il  résiste  au  froid.  L'érysiphe  du  hou- 
blon appartient  à  un  groupe  de  végétaux'  parasites  qu'on  trouve  sur  le 
chardon,  le  pissenlit,  le  plantain.  On  n'a  pas  encore  établi  l'identité 
des  champignons  qui  se  rencontrent  sur  ces  différentes  plantes.  Je 
signale  celte  étude  aux  botanistes. 

Le  7ioir  ou  suie  est  dû  à  un  champignon  qu'on  rencontre  sur  les 
plantes  les  plus  diverses,  le  citronnier,  l'olivier,  le  chêne,  le  sapin,  les 
saules;  il  forme  sur  les  feuilles  des  taches  noires,  limitées  d'abord, 
plus  larges  ensuite,  ressemblant  aux  taches  de  la  fumée,  d'oi^i  le  nom 
vulgaire  de  suie.  Ce  sont  des  filaments  s'enchevêtrant;  sur  ces  filaments 
se  développent  les  spores  qui  à  leur  tour  deviennent  des  filaments. 

Ces  champignons  se  développent  à  la  surface  des  parties  vertes,  sans 
pénétrer  à  l'intérieur,  sans  même  attaquer  les  parties  superficielles. 
On  peut   les   enlever  avec    le   doigt   et  même  par  un  lavage  à  l'eau. 


62 


LES  MALADIES  DU  HOUBLON. 


L'action  du  noir  est  peu  importante,  elle  ne  produit  qu'un  faible 
étiolement. 

Le  noir  accompagne  le  miélat  qui  est  dû  à  des  pucerons.  La  matière 
sucrée  sécrétée  par  les  pucerons  permet  au  champignon  de  la  suie 
d'adhérer  à  la  feuille  et  de  s'y  multiplier.  Les  pucerons  préparent  le 
terrain  pour  le  noir  du  houblon  dont  l'origine  reste  cependant  encore 
inconnue. 

Que  sait-on  en  matière  de  prophylaxie?  Pour  les  araignées  et  puce- 
rons, on  ne  connaît  pas  de  remèdes  certains.  Pour  le  blanc,  M.  de  Bary 
recommande  le  soufrage  qui,  paraît-il,  a  donné  de  bons  résultats.  Le 
remplacement  de  la  perche  par  le  fil  de  fer  est  certainement  avanta- 
geux. La  perche  est  un  réceptacle  de  parasites.  Elle  devrait  tout  au 
moins  être  imprégnée  de  matières  parasiticides.  Paul  Muller. 


TRANSPORT  HYDRAULIQUE  DES  BETTERAVES 

Parmi  les  dépenses  les  plus  coûteuses  de  la  culture  des  betteraves 
figurent  les  frais  de  transport  des  racines  aux  silos  et  des  silos  aux 
fabriques  de  sucre.  Dépense  considérable  de  force,  détérioration  des 
chemins,  tels  sont  les  résultats  inévitables  du  transport  par  voitures. 
Aussi  on  s'est  ingénié  à  trouver  les  moyens  de  diminuer,  sinon  de 
supprimer  cette  dépense.  Les  chemins  de  fer  portatifs  des  systèmes 
Decauville,  Paupier,  Suc,  etc.,  rendent  des  services  appréciés  pour  cet 
objet.  Nous  voulons  signaler  aujourd'hui  un  nouveau  système  de 
transport  des  betteraves,  qui  a  fait  déjà  ses  preuves  dans  plusieurs 
pays,    et  dont   les  applications  en  France  commencent  à  se  compter. 


Fig.  5.  —  Caniveau  en  maçonnerie 


Fip;.  G. —  Caniveau  en  maçonnerie 
muni  d'un  couvercle  en  fonte. 


Fig.  7.  —  Couvercle 
en  tôle. 


C'est  le  transporteur  hydraulique  du  système  Riedinger,  ingénieur  au- 
trichien, qui  aélé  perfectionné  par  M.  Vivien,  à  Saint-Quentin  (Aisne), 
concessionnaire  pour  ses  applications  en  France. 

On  aura  compris  le  principe  du  transporteur  hydraulique,  lorsque 
nous  aurons  dit  qu'il  consiste  en  caniveaux  remplis  d'eau,  parlant  des 
silos  ou  des  magasins,  avec  une  pente  douce  vers  la  sucrerie;  les  bet- 
teraves, dont  le  poids  spécifique  est  à  peu  près  égal  à  celui  de  l'eau, 
sont  jetées  dans  les  caniveaux,  et  elles  nagent  dans  le  courant,  qui  les 
entraîne;  à  la  sucrerie,  elles  sont  saisies  par  un  laveur  ou  un  élévateur, 
l'eau,  la  terre  et  les  impuretés  étant  dirigées  d'un  autre  côté.  On  obtient 
ainsi  un  double  résultat  :  transport  économique  et  lavage  des  micines. 
Chacun  connaît  l'importance  du  lavage  préalable  des  racines  avant  le 
pesage  définitif  dans  les  fabriques  abonnées  à  l'impôt  sur  la  betterave. 


TRANSPORT  HYDRAULIQUE   DE  BETTERAVES. 


63 


L'avantage,  pour  ces  fabriques,  de  l'emploi  du  transporteur,  est  donc 
manifeste. 

La  disposition  des  caniveaux,   leur  aménagement,   leur  longueur 


Fif'.  8.  —  Caniveau  rectiligne  en  fonte. 


Fis 


9.  —  Valve  de  distribution  dans  deux 
caniveaux    raccordés. 


dépendent  de  la  topographie  des  lieux  ;  ils  varient  nécessairement  sui- 
vant les  usines.  On  construit  les  caniveaux  en  maçonnerie,  en  fonte, 
en  tôle,  en  bois.  etc.  La  section  intérieure  varie 
de  20  à  35  centimètres  pour  la  largeur,    et   de 
35  à  -'lO  pour  la  hauteur.  Le  débit  d'eau  diffère 
suivant  la  section  et  la  pente  :  avec    une  pente 
de  8  millimètres  par  mètre  dans  les  parties  droi- 
tes et  de  9  dans  les  courbes,  on  obtient  une  vi- 
tesse de  transport  de  1  mètre  environ  par  seconde. 
Les  fig.  5  et  0  représentent  deux  caniveaux  en 
maçonnerie;  le  premier  a  35  sur  35  intérieure- 
ment, et  le  second  30  sur  30;  ce  dernier  est  repré-  ^'S-  'O--  ^^''Qiveau  en  bois. 
sente  avec  des  bordures  pavées  et  un  couvercle 
en  fonte  pour  le  passage  des  voitures.  On  fait  aussi,  pour  cet  objet, 


Fig.  II.  — Coupe  longitudinale  du  récepteur  de  betteraves. 

des  couvercles  en  tôle  (flg.  7),  avec  longrines  en  bois.  Les  caniveaux 
en  tôle  ou  en  fonte  (fig.  8)  sont  aussi  adoptés.  Pour  les  raccordements 


64 


TRANSPORT  HYDRAULIQUE  DES  BETTERAVES. 


de  deux  caniveaux,  on  établit  des  valves  de  distribution,  comme  le 
montre  la  figure  9.  Les  caniveaux  en  bois  (fig,  10)  reviennent  à  bas 
prix  ;  on  peut  les  établir  de  diverses  manières,  avec  des  pièces  d'épais- 
seur variable,  avec  des  longrines  ajustées  ou  des  planches.  RI.  Trouvé- 
Becker  (menuiserie  mécanique  de  Uemicourt,à  Saint-Quentin)  fabrique 
des  madriers  en  bois,  construits  en  demi-madriers  de  35  à  38  milli- 
mètres d'épaisseur,  en  sapin  blanc,  maintenus  par  des  fers  agrafés, 


Fig.  12.  —  Vue  en  plan  du  récepteur  de  betteraves. 


coûtant  G  francs  le  mètre  courant  en  partie  droite;  M.  Trouvé  peutren 
livrer  50  mètres  par  jour. 

Lorsqu'une  sucrerie  peut  disposer  d'une  assez  grande  quantité  d'eau, 
l'établissement  du  transporteur  hydraulique  ne  présente  pas  de  diffi- 
cultés sérieuses;  il  en  est  autrement  pour  les  sucreries  qui  manquent 
d'eau,  car  la  circulation  d'eau,  dans  le  transporteur,  est  au  moins 
de  4,000  mètres  cubes,  et  elle  peut  atteindre  10,000  mètres  cubes.  On 
s'est  donc  ingénié  à  trouver  des  dispositions  qui  permettent  de  se  servir 
indéfiniment  de  la  même  eau,  en  la  décantant  chaque  fois  qu'elle  a 
servi  au  transport.  Les  combinaisons  peuvent  varier  suivant  les  res- 
sources dont  on  dispose;  nous  citerons  celle  adoptée  par  M.  Dervaux- 
Ibled,  fabricant  de  sucre  à  Wargnies-le-Grand  (Nord).  M.  Dervaux  a 
installé,  cette  année,  un  transporteur  hydraulique  en  maçonnerie, 


TRANSPORT  HYDRAULIQUE  DES  BETTERAVES.  65 

dont  la  longueur  totale  dépasse  700  mètres.  Plusieurs  branchements 
amenant  la  betterave  de  plusieurs  points  des  silos,  débouchent  dans 
un  collecteur  qui  se  termine  à  un  laveur  à  palettes  placé  au-dessous  du 
niveau  du  sol  de  la  sucrerie.  De  place  on  place,  des  chutes  compensent 
les  différences  de  niveau.  La  même  eau  sert  indéfiniment.  Des  bassins 
d'épuration  où  elle  est  prise  par  une  pompe  centrifuge,  elle  se  rend 
à  l'extrémité  du  transporteur;  elle  arrive  au  laveur  avec  les  betteraves, 
et  de  là  elle  est  dirigée  sur  les  bassins  d'épuration.  La  circulation  est 
donc  continue. 

Les  betteraves  amenées  par  le  transporteur  arrivent  soit  directement 
au  laveur  de  la  sucrerie,  soit  à  un  récepteur  spécial  que  représentent 
les  fig.  1 1  et  12.  Les  caniveaux,  venant  de  directions  diverses,  débou- 
chent sur  une  grille  circulaire,  à  travers  laquelle  l'eau  s'écoule  en 
entraînant  la  terre  dans  un  conduit  inférieur,  représenté  à  gauche  de 
la  fig.  11,  et  par  un  pointillé  dans  la  fig.  12.  Quant  aux  betteraves, 
elles  restent  sur  la  grille,  et  elles  sont  poussées  dans  un  élévateur 
par  trois  brosses  qui  font  office  de  raclettes,  et  qui  sont  mises  en  mou- 
vement par  un  arbre  vertical. 

Il  est  assez  difficile  d'évaluer  les  frais  d  installation  du  transport 
hydraulique  ;  il  est  même  impossible  de  fixer  un  prix  de  revient, 
lequel  varie  avec  les  conditions  de  lieux.  Nous  nous  bornerons  donc 
à  dire  qu'on  peut  visiter  les  applications  qui  en  ont  été  faites  en  France 
aux  sucreries  de  Fouilly  et  d'Epénancourt  (Somme),  de  Pont-de-Périn 
et  de  Wargnies-le-Grand  (Nord),  à  la  distillerie  de  Hantay  (Nord),  et 
dans  d'autres  localités.  En  Belgique  on  peut  visiter,  à  cet  effet,  les 
sucreries  de  Hall,  Enghien,  Oppertingen,  etc. 

Nous  ajouterons,  dans  un  prochain  numéro,  quelques  détails  sur  di- 
verses dispositions  adoptées  tant  pour  l'a  ménagement  de  l'eau,  que 
pour  le  départ  des  betteraves  des  silos  ou  des  magasins. 

IIliNRY    SaGMEU. 

PARTIE   OFFICIELLE 

Décret  relatif  à  l'exportation  des  ceps  arrachés,  des  sarments,  éclialas,  tuteurs 

et  feuilles  de  vigne. 

Le  président  de  la  République  française, 

Sur  les  rapports  des  ministres  de  l'agriculture,  du  commerce  et  des  finances; 

Vu  la  loi  des  15  juillet  1878,  2  août  1879; 

Vu  le  décret  du  15  mai  1882,  rendant  exécutoire  en  France  la  convention  inter- 
nationale phylloxérique  de  Berne,  du  3  novembre  1881  ; 

Vu  notamment  les  paragraphes  3  et  4  de  l'article  l"  de  la  convention  interna- 
tionale phylloxérique  de  Berne,  décrète  : 

Art.  1".  —  L'exportation,  à  destination  de  l'un  des  Etats  contractants  de  la 
convention  internationale  phylloxérique  de  Berne,  des  ceps  arrachés,  des  sar- 
ments secs,  de  composts  et  terreaux,  des  éclialas  et  tuteurs  déjà  employés,  des 
feuillep  de  vignes  servant  à  l'emballage,  est  interdite. 

L'exportation  des  plants  de  vigne,  des  sarments,  avec  ou  sans  racines,  à  desti- 
nation d'un  des  Etats  contractants,  est  également  interdite,  à  moins  d'une  auto- 
risation spéciale  de  ces  Etats. 

Art.  2.  —  L'exportation,  à  destination  de  l'un  des  Etats  contractants  de  la 
convention  internationale  de  Berne,  des  raisins  de  table  et  de  vendange,  des 
marcs  de  raisin,  n'est  autorisée  que  si  l'envoi  est  accompagné  de  certificats 
d'origine  et  sous  les  conditions  suivantes  :  1°  Les  raisins  de  table  doivent  être 
soigneusement  enfermés  dans  des  boîtes,  caisses  et  paniers  bien  clos  et  néan- 
moins faciles  à  visiter;  2"  les  raisins  de  vendange  doivent  être  foulés  et  expédiés 
dans  des  fûts  bien  fermés,  d'une  contenance  de  5  hectolitres  au  moins;  ils  doivent 
être  débarrassés  de  tous  débris  de  terre  ou  de  vigne;  3"  les  marcs  de  raisin 
doivent  être  enfermés  dans  des  caisses  ou  des  f'ùts  bien  clos. 


66  PARTIE    OFFICIELLE. 

Art.  3.  —  L'exportatioB,  à  destination  de  l'un  des  Etats  contractants  de  la  con- 
vention internationale  de  Berne,  des  plants  d'arbres,  arbustes  et  tous  végétaux 
autres  que  la  vigne,  provenant  de  pépinières,  de  jardins,  de  serres  ou  d'oran- 
geries, n'est  autorisée  que  ])ar  les  bureaux  de  douane  désignés  par  le  décret  du 
8  juillet  1882,  relatif  à  l'importation  des  plants,  débris  et  produits  de  la  vigne 
venant  de  l'étranger. 

Ces  objets  doivent  être  bien  emballés,  mais  de  façon  à  permettre  les  visites. 
Ils  doivent  être  accompagnés  d'une  déclaration  de  l'expéditeur  et  d'une  attestation 
de  l'autorité  compétente  du  pays  d'origine. 

Art.  4.  —  La  déclaration  de  l'expéditeur  devra  :  1"  certifier  que  le  contenu  de 
son  envoi  provient  en  entier  de  son  établissement;  2"  indiquer  le  lieu  de  récep- 
tion définitive  avec  l'adresse  du  destinataire;  3°  porter  la  signature  de  l'expé- 
diteur. 

Art.  5.  —  L'attestation  de  l'autorité  compétente  certifiera  :  1"  que  les  objets 
proviennent  d'un  terrain,  plantation  ou  enclos  séparé  de  tout  pied  de  vigne  par 
un  espace  de  20  mètres  au  moins,  ou  par  d'autres  obstacles  aux  racines,  jugés 
suffisants  par  l'autorité  compétente;  ï"  que  le  terrain  ne  contient  lui-même  aucun 
pied  de  vigne;  3"  qu'il  n'y  est  fait  aucun  dépôt  de  cette  plante;  4"  s'il  y  a  eu  des 
ceps  phylloxérés,  que  l'extraction  radicale  en  a  été  opérée,  que  des  opérations 
toxiques  réitérées  ont  été  effectuées,  et  que  des  investigations,  répétées  pendant 
trois  ans,  assurent  la  deslrucliou  complète  de  l'insecte  et  des  racines. 

Art.  6.  — Les  contrevenants  au  présent  décret  seront  poursuivis  conformément 
à  la  loi  des  15  juillet  1878  et  2  août  1879. 

Art.  7.  Les  ministres  de  l'agriculture,  du  commerce  et  des  finances  sont  char- 
gés, chacun  en  ce  qui  le  concerne,  de  l'exécution  du  présent  décret. 

Fait  à  Mont-sous- Vaudrey,  le  10  septembre  1881.        Jules  GréVy. 

Par  le  président  de  la  République  :  Le  minisire  de  l'agricullure^  J.  Méline.  — 
Le  ministre  du  commerce,  Gh.  Hérisson.  — Le  ministre  des  finances,  P.  Tirar  d 

SUR  L'ORGANISATION  DU  CRÉDIT  AGRICOLE 

Répondant  à  ma  lettre,  publiée  par  le  Journal  de  l'agriculture 
(n°  du  17  mai  dernier),  relativement  à  l'organisation  du  crédit  agri- 
cole, M.  Ayraud  nous  dit  entre  autres  choses  {Journal  du  26  juillet) 
qu'il  ne  propose  point  l'émission  de  billets,  mais  d'obligations. 

Ici,  je  l'avoue,  je  ne  vois  pas  bien  clair  dans  le  projet  de  M.  Ayraud. 
De  quel  genre  d'obligations  s'agit-il,  en  effet?  S'il  s'agit  d'obligations 
semblables  à  celles  généralement  émises  par  diverses  sociétés,  dans  le 
but  de  se  procurer  des  fonds,  on  sait  que  la  négociation  de  ce  genre  de 
titres  est  toujours  quelque  peu  onéreuse,  et  qu'en  outre  il  faut  servir 
aux  obligations  un  intérêt  d'environ  5  pour  100  l'an,  en  sorte  que, 
dans  ces  conditions,  le  nouvel  établissement  de  crédit  projeté  ne 
pourra  pas  prêter  à  bon  marché  ce  qu'il  devra  payer  relativement 
cher. 

S'il  s'agit  d'un  papier-monnaie,  quelle  qu'en  soit  la  forme  ou  la 
couleur,  il  y  a  similitude  complète,  quant  à  l'effet  et  à  l'usage,  avec  le 
billet  de  banque  et,  partant,  concurrence,  qui  ne  peut  être  autorisée 
que  par  une  décision  spéciale  du  Parlement,  ce  que,  je  le  suppose, 
nous  ne  sommes  pas  près  d'obtenir.  J'espère  que  M.  Ayraud  nous  dira 
clairement  de  quoi  il  s'agit. 

Pour  ce  qui  concerne  la  seconde  objection,  je  suis  de  l'avis  de 
M.  Ayraud,  à  savoir  qu'une  marchandise  peut  être  d'un  prix  élevé, 
quoique  abondante  sur  le  marché,  pourvu  que  les  preneurs  soient  plus 
abondants  encore;  mais,  il  faut  cette  condition. 

Je  ferai  néanmoins  remarquer  que  dans  le  cas  qui  nous  occupe  il 
s'agit  d'effets  de  circulation,  et  non  de  consommation;  que  par  consé- 
quent   il  pourrait  très    bien  se   faire  qu'un  établissement  de  crédit 


l'organisation  du  CaiÔDIT  AGRICOLE.  67 

qui,  par  un  moyen  quelconque,  comme  par  l'émission  de  billets, 
pourrait  prêter  à  des  conditions  avantageuses  pour  l'emprunteur,  pour- 
rait se  trouver  dans  l'obligation,  pour  satisfaire  aux  nombreuses 
demandes  de  sa  clientèle,  de  créer  une  quantité  considérable  de  papier- 
monnaie  qui,  restant  dans  la  circulation,  exercerait  une  dépréciation 
relative  sur  la  valeur  intrinsèque  du  capital  monnayé  préexistant. 

Fauiie. 

NOUVELLES  INVENTIONS  AGRICOLES 

ANALYSE   SOMMAIRE   DES  DERNIERS  BREVETS  DÉLIVRÉS. 

161,804.  Braun.  29  avril  1884.  Concasseur  universel  de  grains,  à  cylindres 
coniques  ou,  parallèles,  munis  de  cannelures  de  grandeur  variant  d'une  façon 
continue  ou  discontinue,  avec  tamis  diviseur  automatique.  —  L'aDpareil  se  dis- 
tingue par  les  caractères  suivants  :  les  cannelures  varient  d'une  façon  continue 
ou  discontinue  d'un  bout  à  l'autre  des  cylindres. 

Ces  cannelures  présentent  des  faces  curvilignes.  L'alimentation  se  fait  d'une 
façon  automatique  par  une  vis  et  un  tamis  rotatif  diviseur.  Il  y  a  huit  cylindres 
cylindriques  ou  coniques,  qui  sont  groupés  d'une  manière  spéciale  évitant  la 
déplacement  de  leurs  axes. 

161,811.  Wedekind.  29  avril  1884.  Système  de  monture  de  meules.  —  Ge  sys- 
tème est  caractérisé  par  les  points  suivants  :  1"  Division  des  meules  en  un  cer- 
tain nombre  de  sections,  sis  par  exemple,  au  moyen  de  rayons  d'aérage  qui  sont 
disposés  tangentiellement  à  un  cercle  dont  le  diamètre  est  égal  à  l'œdlard  de  la 
meule,  et  qui,  à  leur  origine,  sont  étroits  et  profonds,  pour  s'élargir  et  s'aplanir 
vers  la  périphérie  ;  sur  la  meule  courante,  la  profoadeur  de  ces  rayons  s'éten  d 
sur  une  grande  partie  de  la  hauteur  de  l'œillard.  2"  Engrenage  de  la  meule  par 
la  couverture  au  moyen  de  canaux  disposés  en  cercle  et  qui  aboutissent  dans  les 
rayons  d'aérage.  3°  Emploi  d'attrape-vent  ou  buses  d'aérage,  qui  se  trouvent  sur 
la  couverture  de  la  meule  et  y  amènent  l'air  à  travers  les  canaux  dans  les  rayons 
d'aérage.  Les  portants  peuvent  être  rhabillés  ou  non. 

161,813.  Ortman,  Taylor  et  Urban.  junior.  29  avril  1884.  Système  perfec- 
tionné d'appareils  pour  recueillir  la  poussière  folle  des  moulins  et  autres  usines. 
—  Ordinairement,  pour  débarrasser  l'air  de  ses  poussières,  il  faut  le  faire  passer  à 
travers  un  tamis  ou  surface  filtrante  quelconque,  ou  bien  l'amener  dans  de  grandes 
chambres  de  repos  où  les  corps  légers  tenus  en  suspension  aient  le  temps  de  se 
déposer.  Les  brevetés  se  sont  proposés  de  créer  un  appareil  tenant  peu  de  place  et 
qui  remplisse  complètement  le  but  ci-dessus.  Ils  ont  imaginé,  dans  ce  but, 
d'employer  un  conduit  contourné  on  forme  de  volute  et  disposé  à  plat,  qui  reçoit 
à  son  extrémité  extérieure  l'air  venant  du  sé|-iarateur  ordinaire  chargé  de  séparer 
les  ])lus  grosses  poussières,  et  qui  le  laisse  échapper  ea  son  centre  dans  une  che- 
minée d'aérage,  après  avoir  achevé  de  le  purifier.  Ge  conduit  en  spirale  a  pour 
paroi  externe  une  tôle  perforée  d'une  façon  particulière;  toutes  ses  autres  faces 
sont  pleines.  A  côté  delà  paroi  perforée  se  trouve  un  canal  dont  la  face  inférieure 
est  perforée,  ses  trois  autres  faces  étaut  pleines,  et  qui  suit  les  circonvolutions  du 
conduit  d'air;  c'est  ce  canal  qui  est  chargé  de  recevoir  les  poussières  et  de  les 
laisser  tomber  par  les  perforations  du  iond,  dans  une  caisse  située  au-dessous. 

Voici  sur  quel  principe  agit  l'appareil  :  l'air  chargé  de  folles  poussières,  entrant 
dans  le  conduit  en  spirale  qui  s'adapte  à  la  sortie  du  séparateur  ordinaire,  avec  une 
vitesse  déterminée  parle  refoulement  du  ventilateur  de  ce  dernier,  les  poussières 
qui  ont  une  force  vive  supérieure  à  celle  de  l'air,  par  suite  de  leur  densité  plus 
grande,  tendent  à  continuer  leur  marche  en  ligne  droite,  mais  la  paroi  externe 
perforée  vient  leur  barrer  le  chemin;  elles  traversent  alors  cette  paroi  par  les 
lentes  qui  y  son;  pratiquées  et  s'introduisent  d,-i.as  le  canal  latéral,  dit  «  d'air 
mort  »,  d'où  elles  tombent  dans  la  caisse  disposée  au-dessous  ;  les  poussières  les 
plus  légères  ne  se  séparent  pas  dès  l'entrée  du  conduit,  mais,  entraînées  par  le 
courant  d'air,  elles  se  séparent  un  peu  plus  loin  de  k  même  minière  ;  de  sorte  que 
l'air  s'échappe  dans  la  cheminée  centrale,  complètement  débarrassé  de  la  folle 
farine  ou  autre  poussière  qu'il  tenait  en  suspension. 

Lorsqu'on  n'est  pas  gêné  par  le  manque  de  place,  le  conduit  double  constitué 
comme  il  vient  d'être  dit,  au  lieu  d'être  disposé  en  spirale,  peut  affecter  la  forme 


68  NOUVELLES  INVENTIONS  AGRICOLES. 

d'un  S,  forme  qui  procure  également  des  coudes  arrondis  propres  à  produire  l'effet 
cherché. 

161,814.  Simon.  26  avriL  1884.  Nouveau  système  de  moulin  à  cyltndrei, 
faisant  simultanément  un  nombre  indéterminé  de  concassag's  di/férents  de  blé.  — 
L'appareil  décrit  dans  ce  brevet  ressemble,  comme  consiruclion  générale,  au  mou- 
lin pour  lequel  M.  Simon  a  précédemment  pris  un  brevet  (n"  151,820)  et  un 
certificat  d'addition. 

Ce  qu'il  y  a  de  nouveau  dans  le  présent  brevet,  c'est  que  les  deux  cylindres 
placés  côte  à  côte  sont  divisés  en  plusieurs  sections  de  diamètre  et  de  cannelure 
différents:  à  une  extrémité,  on  trouve  le  plus  petit  diamètre  et  la  cannekue  la 
plus  grosse,  pour  le  premier  passage;  à  l'autre  bout,  la  plus  fine  cannelure  et 
le  plus  grand  diamètre,  et  aussi  le  rapprochement  maximum  des  cylindres,  cela 
va  sans  dire,  puisqu'ea  ce  point  ils  sont  plus  gros.  Le  changement  dans  la  dimen- 
sion des  cannelures  et  dans  le  diamètre  est  graduel.  Des  cloisons  verticales  divisent 
complètement  l'appareil  en  plusieurs  sections. 

161,822.  Jammes.  30  avril  1884.  Appareil  dit  échenilleur.  —  L'appareil  es 
destiné  à  débarrasser  le  sainfoin  des  pucerons  ou  autres  insectes.  Il  se  compose 
d'une  paire  de  roues,  à  l'essieu  de  laquelle  s'attache  un  manche  à  poignée  servant 
à  un  homme  à  le  pousser  devant  lui  ;  à  l'essieu  se  fixe  également  une  sorte  de  large 
gouttière,  dite  «  lit  >>,  destinée  à  servir  de  réceptacle  aux  insectes  que  l'on  a  fait 
tomber  de  la  plante,  et  qui  peuvent  être  évacués  par  un  orifice  après  qu'on  les  a 
tués  par  un  baia  bouillant  ou  acide  ;  au-dessus  de  ce  lit  est  supporté  un  arbre 
horizontal  mis  en  rotation  par  Fur.e  des  roues  porteuses,  et  muni  de  quatre 
palettes  en  bois  ou  en  tôle  chargées  de  coucher  la  plante  et  de  faire  tomber  les 
insectes  dans  une  sérielle  poches  fixées  au  bord  antérieur  du  lit.  Le  breveté  dit 
que  les  essais  faits  avec  son  appareil  lui  ont  donné  de  très  bons  résultats. 

161,850.  Grii  lon.  .3  mai  1884.  Brevet  de  dix  ans.  Système  de  batteuse  à  trèfle 
ébosseuse  dont  le  batteur,  placé  à  r arrière-train,  reçoit  directement  la  bosse  venant 
de  la  trémie  placée  au-dessus.  —  La  hatteuse  se  compose  d'une  capote  d'engre- 
nage du  fourrage,  placée  sur  le  plancher  supérieur  et  conduisant  le  fourrage  à 
battre  dans  le  batteur  ébosseur.  Le  fourrage  est  nettoyé  par  quatre  secoueurs 
placés  au-dessus  de  la  trémie,  laquelle  reçoit  la  bosse  et  l'engrène  naturellement 
dans  le  batteur  à  trèfle  situé  à  l'arrière-train  sous  ladite  trémie.  Ensuite,  la 
graine  poussée  par  l'air  de  ce  batteur,  tombe  dans  une  chaîne  à  godets,  est  remontée 
par  elle  sur  la  table,  et  s'y  trouve  nettoyée  par  un  seul  ventilateur;  puis,  elle  est 
conduite  en  sac. 

Certificats  d'addition. —  Pirard.  26  avril  1884  (Br.  n"  159,469)  Manchesexlen- 
sibles  ou  à  rallonge  pour  bêches,  pelles,  fourches,  etc.  —  M.  Pirard  apjiorte  les 
additions  suivantes  au  système  de  manches  extensibles  précédemment  breveté  par 
lui  :  1°  modification  permettant  de  séparer  la  douille  métallique  du  manche  en 
bois  et,  par  suite,  de  les  faire  porter  par  deux  personnes  différentes  ;  2"  nouvelle 
disposition  rendant  le  système  applicable  aux  échenilloirs,  émondoirs  et  autres 
instruments  agricoles  exigeant  un  long  manche;  3°  variante  de  cette  dernière  dis- 
posion,  dans  le  but  d'appliquer  le  système  aux  manches  de  têtes  de  loup  pour 
appartement. 

Paquelle  de  Larret.  28  avril  1884.  (Br.  n"  144,569).  Faucheuse-moisson- 
neuse perfectionnée  dite  :  le  Furet.  —  Outre  des  modifications  apportées  ?  la 
construction  de  l'instrument  et  qui  concernent  surtout  les  transmissions  de  mou- 
vement, ce  certificat  d'addition  indique  les  additions  suivantes  faites  au  brevet 
principal  :  1"  nouveau  mode  de  réglage  de  l'alternance  variable  et  facultative  du 
fonctionnement  des  râteaux,  soit  comme  javeleurs,  soit  comme  rabatteurs  ; 
2°  genre  d'aiguiseur  mécanique  |)Our  les  dents  de  la  scie,  qui  permet  de  leur  con- 
server exactement  leur  forme  primitive. 

FouitNET.  28  avril  1884.  (Br.  n"  161,531).  Système  de  paragelées  printanières 
pouvant  servir  de  paragrêle.  —  Le  breveté  décrit  deux  moyens  de  maintenir  les 
planches-abris  dans  la  position  verticale.  Le  premier  consiste  à  retenir  contre 
i'échalas,  an  moyen  d'une  broche  enfoncée  obliquement  dans  ce  dernier,  le  liteau 
qui  est  cloué  à  la  planche  de  droite  et  qui  vient  appuyer  sous  la  planche  de  gauche. 
Le  second  moyen  consiste  dans  l'emploi  d'une  aiguille  à  crochet  disposée  horizon- 
talement sur  un  échalas,  et  qu'il  suffit  de  tirer  pour  qu'elle  laisse  les  planchettes 
retomber  en  basculant  sur  leurs  tourillons. 

Cn.  Assi  ET  L.  Genès, 

ingunieurs-conseils  en  matière  de  brevets  d'invention, 
36,  boulevard  Voltaire,  à  Paris. 


LKS  PRIX  GULTORAUX  DANS  LES    HAUTES-PYRENKES.  63 

PRIX    GULTURAUX    ET    DTRRIGATION 

DANS  LES  HAUTËS-PYUKNÉES  EN   188i—  11'. 

Celait  aussi  pour  le  prix  cultural  de  la  4'"  catégorie  f(ue  M.  Frachingue,  pro- 
priétaire à  Saint-Laurent  de  la  Neste,  avait  demanda  de  concourir.  M.Noguès  avait 
amélioré  son  domaine,  M.  Frachingue  a  créé  le  sien.  En  lb74,  il  a  acheté,  pour 
le  prix  de  20,000  francs,  20  à  25  hectares  de  landes.  Il  en  a  transformé  en  terres 
labourables  et  in  prairies  une  partie  considérable,  18  hectares  environ,  qu'il  a 
soumise  à  notre  examen.  Il  cnntinue  la  même  opération.  Au  moment  même  de 
notre  visite,  neus  avons  vu  exécuter  les  travaux  de  défrichement.  M.  Frachingue 
n'a  reculé  devant  aucune  dépense,  et  l'évaluation  de  son  mémoire,  qui  porte  à 
50,000  fr.  le  prix  de  revient  de  son  immeuhle,  ne  nous  paraît  pas  exagérée.  Pour 
arriver  au  lésultut  obtenu,  il  a  fallu,  en  outre  des  défrichements,  employer  une 
quantité  considérable  de  marnes,  de  chau.x  et  de  phosphates.  Avec  ces  amende- 
ments seuls,  il  a  pu  créer  des  prairies  aussi  remarquables  que  celles  qui  sont 
entre  son  habiiation  et  la  route  de  Montréjeau  à  Lannemezan.  Elles  auront  un 
rendement  encore  plus  élevé  lorsqu'il  aura  obtenu  la  concession  d'eau  sur  le  canal 
de  laLouge  qu'il  sollicite  et  pour  laquelle  il  s'engage  à  payer  une  redevance  an- 
nuelle de  15  Ir.  par  hectare.  Grâce  à  l'arrosage,  il  pourra  augmenter  sa  culture 
fourragère  et  rendre  encore  plus  productive  son  agriculture. 

M.  Frachingue  a  donné  un  grand  exemple  qui  devrait  avoir  de  nombreux 
imitateurs.  Créer  la  fertilité  et,  par  suite,  la  richesse  dans  un  pays  où  il  n'y  avait 
autrefois  que  des  landes  arides,  est  une  œuvre  digne  de  toutes  nos  faveurs.  Le 
jury  n'hésite  pas  à  encourager  ses  efforts  en  lui  accordant  une  médaille  d'or  pour 
ses  défrichements  et  la  création  de  ses  prairies;  il  lui  donne  rendez-vous  dans 
sept  ans,  certain  que,  par  la  continuation  et  le  perfectionnement  de  ses  travaux, 
il  aura  mérité  peut-être,  à  cette  époque,  nos  premières  palmes. 

Seul  de  nos  lauréats,  M.  Lozès  concourait  pour  h  prix  cultural  de  la  première 
catégorie.  Son  domaine  de  Barsous,  commune  de  Tibiran,  canton  de  Saint-Lau- 
rent, arrondissement  de  Bagnères-de-Bigorre,  a  une  contenance  de  57  hectares 
en  un  seul  tenant.  M.  Lozère  père  l'acheta  il  y  a  vingt-cinq  ans,  pour  le  prix  de 
50,000  francs.  Depuis  cette  [époque,  il  a  été  transformé  :  au  lieu  de  landes  in- 
cultes, il  nous  a  présenté  15  hectares  de  terres  labourables,  23  hectares  de  prai- 
ries naturelles  et  2  hectares  de  vignes.  De  grands  travaux  ont  été  exécutés  à 
chers  deniers.  En  jetant  les  pierres  qui  en  étaient  extraites  dans  de  vastes  tran- 
chées pratiquées  dans  les  landes,  on  en  a'assuré  le  drainage.  Non  content  d'obte- 
nir de  la  sorte  l'écoulement  des  eaux,  M.  Lozès  n'a  pas  hésité  à  construire  sur 
toute  la  longueur  de  sa  propriété  un  mur  de  défense  contre  les  crues  de  la 
Garonne.  Il  est  difficile  de  se  rendre  uu  compte  exact  du  chiffre  de  toutes  ces 
dépenses,  mais  on  peut  les  évaluesr  comme  le  concurrent  lui-même,  à  plus  de 
150,000  francs. 

Elles  ont  augmenté  considérablement  la  valeur  de  l'immeuble,  mais  les  reve- 
nus sont  loin  de  représenter  l'intérêt  du  capital  engagé.  Néanmoins,  les  prairies 
naturelles,  qui  atteignent  près  de  la  moitié  de  la  contenance  en  culture  (23  hec- 
tares), sont  très  bonnes  et  permettent  un  élevage  de  bétail  qui  ne  pourra  que  s'ac- 
croître sous  la  direction  de  M.  Lozès  fils.  Nous  y  avons  trouvé  4  bœufs  de  travail, 
12  vaches,  1  taureau,  9  élèves  de  respè:e  bovine,  2  juments  poulinières,  2  élèves, 
4  chevaux  de  service  et  un  troupeau  de  150  bê(es  à  laine.  Les  bâtiments  d'ex- 
ploitation sont  bien  couçus;  les  écuries  pour  bœufs  de  travail  laissent  seules  à, 
désirer.  Tout  est  disposé  pour  les  besoins  du  service;  un  réservoir  est  établi  au 
milieu  de  la  cour  de  la  ferme,  et  un  moteur  hydraulique  permet  d'élever  et  d'y 
conduire  les  eau.r  de  la  Garonne.  Un  vaste  hangar  renferme  les  machines  agri- 
coles. L'outillage  est  complet,  rien  ne  manque  à  la  collection  :  faucheuses, 
faneuses,  râteau  à  cheval,  machines  à  battre,  rouleau  Crosskil,  herses  perfec- 
tionnées, etc. 

En  présentant  son  domaine,  M.  Lozès  a  voulu  rendre  un  hommage  à  la  mé- 
moire de  son  père,  et,  par  la  constatation  de  l'état  actuel,  faire  apprécier  une 
œuvre  qui  a  apporté  le  bien-être  dans  la  contrée  et  lui  a  acquis  la  reconnaissance 
des  populations  ;  mais  de  pareilles  entreprises  ne  sont  permises  qu'aux  privilégiés 
de  la  fortune,  et  en  l'absence  de  toute  comptabilité,  le  prix  cultural  ne  saurait 
être  décerné.  Le  jury  manquerait  à  sa  mission  s'il  laissait,  sans  les  signaler,  la 
1 .  Voir  le  Journal,  du  4  octobre,  page  '^S  de  ce  volume. 


70  LES  PRIX  GULTURAUX  DANS  LES  HAUTES-PYRENEES. 

mise  en  valeur  des  terres  défrichées  et  épierrées,  la  création  de  prairies  natu- 
relles et  les  travaux  de  défense  contre  les  crues  de  la  Garonne  ;  c'est  pour  cela 
qu'il  lui  accorde  une  médaille  d'or.  Il  désire  associer,  dans  les  mêmes  éloges, 
celuique  M.  Lozès  père  avait  associé  à  ses  labeurs.  Aux  termes  de  l'article  6  de  l'ar- 
rêté relatif  aux  spécialités,  il  a  décerné  une  médaille  d'argent  à  M.  Navarre, 
couti'B  maître,  qui,  depuis  vingt-cinq  ans,  dirige  l'exploitation.  M.  Lozès  fils  va 
continuer  l'œuvre  de  son  père.  Initié  depuis  longues  années  à  l'agriculture,  qui 
a  été  le  sujet  de  ses  études,  il  consacrera  son  activité  à  améliorer  son  domaine.  Le 
père  créa,  le  fils  perfectionuera,  et  nous  sommes  certains  que,  dans  un  avenir 
prochain,  la  terre  de  Barsous  réunira  toutes  les  conditions  pour  être  citée  comme 
un  modèle. 

pHix  CULTUR.\L.  —  AI.  l'omc.<:  exploite  depuis  1875  le  domaine  du  Château,  dans 
la  commune  de  Luc,  canton  de  Tournay,  arrondissement  de  Tarbes.  La  conte- 
nance totale  est  de  17  hectares.  Les  terres  labourables  comprennent  7  hectares 
25  ares,  les  vignes  2  hectares  50,  les  prairies  naturelles  8  hectares.  L'assolement 
est  biennal  ;  le  blé,  semé  sur  trois  hectares,  a  été  très  bien  soigné  et  promet 
un  joli  rendement;  lus  vignes,  récemment  plantées,  sont  en  bon  état;  quant  aux 
prairies  naturelles,  elles  ont  été  déjà  présentées  au  concours  de  1881  et  obtinrent 
le  second  prix.  Le  jury  avait  constate  alors  l'assainissement,  le  drainage  et  la 
bonne  répartition  des  eaux.  M.  Pomès  a  pefectionné,  depuis  cette  époque,  son 
irrigation;  un  nouveau  réservoir,  de  50  mètres  cubes  de  capacité,  a  été  ajouté  à 
ceux  qui  existaient  déjà  et  dans  lesquels  il  avait  recueilli  les  eaux  de  source  à 
faible  débit,  et  le  rendement  pour  les  deux  coupes  est  de  7  à  8,000  liilogrammes 
par  hectare. 

L'ensemble  du  domaine  est  parfait;  les  bâtiments  d'exploitation  sont  bien 
installés,  les  animaux  très  bieu  choisis  et  de  bonne  qualité;  deux  bœufs  de  travail 
race  béarnaise,  deux  vaches  de  Lourdes,  deux  élèves  de  deux  ans,  deux  veaux  de 
l'année,  tiois  juments  poulinières,  dont  deux  de  demi-sang  et  une  de  race  bre- 
tonne, deux  poulains  de  l'année  occupent  des  écuries  spacieuses,  bien  aérées  et 
représentent  plus  de  deux  tiers  de  tête  par  hectare.  Une  comptabilité  très  simple, 
consistant  dans  un  registre  de  recettes  et  de  dépenses,  permet  de  se  rendre 
un  compte  exact  de  toutes  les  opérations  agricoles. 

Après  avoir  passé  les  premières  années  de  sa  jeunesse  en  Amérique,  oîi  un 
commerce  lucratif  lui  avait  permis  de  réaliser  une  jolie  fortune,  M.  Pomès  n'a 
pas  voulu  prendre- du  repos.  Il  est  rentré  en  France,  a  fixé  sa  résidence  dans  la 
commune  où  il  était  né,  et  au  lieu  de  se  condamner  à  une  vie  oisive,  il  a  consa- 
cré toute  son  activité  à  cultiver  le  domaine  dont  il  est  propriétaire  depuis  plus 
de  huit  années.  Sa  seule  pensée  a  été  d'en  assurer  le  revenu  et  d'en  augmenter 
la  valeur.  Pendant  cette  période,  il  a  fait  construire  la  maison  qu'il  habile  avec 
■sa  famille,  les  bâtiments  ruraux,  a  acheté  les  animaux  qui  composent  son  cheptel, 
s'est  placé  à  la  tête  de  son  exploitation,  travaillant  lui-même  avec  ses  ouvriers 
et  ses  serviteurs,  dirigeant  les  plantations  de  vignes,  les  créations  de  prairies  et 
les  irrigations  dont  les  travaux  ont  été  exécutés  sous  sa  surveillance.  Il  a  apporté^ 
à  l'agriculture  l'esprit  d'ordre  qu'il  avait  apporté  à  l'industrie,  et  les  assertions 
de  soQ  mémoire,  vérifiées  et  reconnues  exactes,  nous  permettent  d'affirmer  que 
les  résultats  en  ont  été  larjjement  rémunérateurs.  La  vente  des  récoites  et  des 
animaux  donne  un  revenu  de  6,000  francs  environ,  d'où  il  faut  déduire  tout  au 
plus  2,000  francs  pour  les  salaires  des  employés  à  gages,  les  frais  de  main- 
d'œuvre  et  de  toute  nature.  C'est  donc  un  revenu  net  de  4,000  francs  pour  un 
domaine  dont  la  valeur  actuelle,  à  raison  de  5,000  francs  l'hectare,  ne  dépasse 
pas  75,000  francs  pour  les  quinze  hectares  de  prairies  et  de  terres  labourables. 
Les  vignes  sont  encore  trop  jeunes  pour  avoir  produit  une  récolte;  lorsqu'elles 
seront  en  plein  rapport,  les  2  hectares  50  ares  plantés  donneront  un  accrois- 
sement au  delà  de  l'intérêt  à  5  0/0  des  12,500  francs  représentait  leur  valeur. 
Voilà  une  agriculture  lucrative  et  qu'on  peut  présenter  pour  exemple. 
Les  habitants  des  contrées  pyrénéennes  subissent  un  penchant  presque  irrésis- 
tible qui  les  porte  à  déserter  les  lieux  de  leur  naissance  et  à  aller  chercher  au 
delà  des  mers,  dans  les  chances  de  l'industrie  ou  du  commerce,  les  ressources 
que  ne  leur  offre  pas  toujours  la  culture  du  sol.  Certains  ont.  trouvé  la  justifi- 
cation de  leur  désertion  dans  la  réalisation  d'une  fortune  facilement  acquise.  Nous 
n'osons  blâmer  ceux  qui,  séduits  par  leur  exemple,  cherclient  à  les  imiter;  mais 
nous  devons  des  éloges  sans  réserve  aux  hommes  qui,  réagissant  contre  ces  ten- 
dances, ne  veulent  pas  quitter  leur  pays.  Nous  exprimions  ce  sentiment,  lorsqu  en 


LES  PRIX  GULTURAUX  DANS  LES  HAUTES-PYRÉNÉES.  71 

1881,  dans  notre  rapport  sur  le  concours  des  domaines,  dans  le  département  des 
Basses-Pyrénées,  nous  faisions  ressortir  les  titres  du  j>etil  cultivateur  des  pays 
basques,  lauréat  de  la  prime  d'honneur  qui,  atiaclié  au  sol  ([ui  l'avait  tu  naître  et 
aux  traditions  do  sa  famille,  né  laboureur,  était  resté  laboureur.  S'il  y  a  un  mérite 
à  ne  pas  quitter  ses  champs,  il  y  en  a  un  plus  grand  peut-être,  à  y  revenir  après 
les  avoir  quittés.  Tel  a  été  M.  Pomès.  Il  était  né  agriculteur;  après  avoir  fait  sa 
fortune  en  Amérique,  il  est  redevenu  agriculteur.  Le  travail  a  éié  la  préoccupation 
de  toute  sa  vie,  et  celui  de  ces  dernières  années  l'aura  placé  le  plus  haut  dans 
l'estime  de  ses  concitoyens. 

Aucun  concurrent  ne  se  présentait  dans  des  conditions  plus  favorables  et  avec 
de  meilleurs  titres;  aussi  le  jury  n'a  pas  hésité  à  ajouter  une  nouvelle  récompense 
à  celles  obtenues  déjà  en  1881,  dans  le  concours  d'irrigation,  en  188i',  dans  le 
concours  organisé  par  le  Comice  agricole  de  l'arrondissement  de  Tarbes  et  à 
accorder  à  M.  Pomès  le  prix  cultural  de  la  4''  catégorie. 

En  résumé,  le  jury  a  distribué  les  récompenses  de  la  manière  suivante  : 

Prix  cultural  do  la  4'  calégorle.  —  M.  Pomès  (Antoine),  propriétaire  dans  la 
commune  de  Luc,  canton  de  Tonrnay,  arrondissement  de  Tarbes. 

Médailles  de  spécialité,  Médailles  d'or.  —  M.  Frachingue  (François),  pro- 
priétaire au  (jostas,  camrnune  de  Saint-Laurent  de  la  Neste,  arrondissement  de 
Bagnères-de-Bigorre,  pour  ses  défrichements  et  la  bonne  création  de  ses  prairies 
naturelles. 

M.  Lozès  (Lucien),  propriétaire  à  Barsous,  commune  de  Tibiran-Jaunac,  can- 
ton de  Saint-Laurent  de  la  Neste,  arrondissement  de  Bagnères-de-Bigorre,  pour 
mise  en  valeur  de  landes  défrichées  et  épierrées,  pour  création  de  prairies 
naturelles  et  travaux  de  défense  contre  les  eaux. 

Médaille  d'argenl  (grand  module). — AL  Noguès  (Léon),  propriétaire  à  Garaison, 
commune  de  Mouléon-AIagnoac,  canton  de  iJastelnau-Magnoac,  arrondissement 
de  Bagnères-de-Bigorre,  pour  ses  cultures  de  prairies  artificielles. 

M.  Puyo  (Jean),  propriétaire  à  Bertranet,  commune  d'Uzer,  canton  de 
Bagnères-de-Bigorre,  arrondissement  de  Bagnères-de-Bigorre,  pour  sa  bonne 
producMon  fourragère. 

Médaille  d'argent.  —  M.  Navarre,  contremaître,  attaché  au  domaine  de 
Barsous,  appartenant  à  M.  Lozès. 

Cûxcou us d' IRRIGATION.  —  Les inscriptions  pour  le  concours  d'irrigatiou,  quoique 
jjlus  nombreuses  que  pour  le  concours  des  prix  culturaux,  n'ont  pas  répondu  à 
notre  attente"  L'initiative  du  gouvernement,  r^ui  avait  établi  dans  les  Hautes- 
Pyrénées  un  du  ces  concours  avant  répojue  fixée  pour  Je  concours  régional,  avait 
traité  ce  département  d'une  manière  privilégiée  et  aurait  dû  produire  d'autres 
résultats.  B  y  avait  lieu  de  croire,  qu'avertis  d'avance,  les  propriétaires  s'effor- 
ceraient de  mériter  ces  faveurs  et  qu'en  1883  ils  se  présenteraient  en  plus  grand 
nombre  et  dans  de  meilleures  conditions  que  deux  années  auparavant. 

Il  n'en  a  pas  été  ainsi  ;  nous  avons  eu  quatre  concurrents  pour  les  prix  de  la 
première  catégorie,  six  pour  ceux  de  la  seconde.  Parmi  eux  plusieurs  avaient  été 
déjà  lécompensés  dans  le  précédent  concours,  et  ceux  qui  se  présentaient  pour 
la  première  l'ois,  nous  ont  soumis  des  travaux  exécutés  depuis  de  longues  années. 
Nous  n'avons  pu,  dès  lors,  constater,  d'une  manière  générale,  ces  améliorations 
récentes  que  M.  le  ministre  de  l'agriculture  désirait  encourager,  et  nous  n'avons 
trouvé  que  de  rares  pi-ojets  d'irrigation  en  cours  d'exécution,  qui  n'ont  pas  encore 
été  complétés  et  qui  nous  donnent  une  espérance  pour  l'avenir. 

Gomment  expliquer  une  pareille  indiilérence  '  clans  un  département  où  l'élève 
du  bétail  est  une  des  premières  richesses  et  où  les  prairies  sont  une  source  impor- 
tante de  revenus. 

Première,  catégorie.  —  Les  quatre  concurrents  pour  les  jirix  de  la  première 
catégorie  étaient  : 

M.  Ferran  et  Mlles  de  Garrère,  propriétaires  à  Salles  et  Sous,  canton  de 
Tarbes  ;  le  syndicat  de  la  Gespe,  à  Horgues  ;  M.  Abadie,  propriétaire  à  Ghis, 
canion  de  Tarbes  ;  M.  Baoul,  propriétaire  à  Mazères,  canton  de  Saint-Laurent 
de  la  Neste,  arrondissement  de  Bagnères-de-Bigorre. 

M.  Ferran  et  Mlles  de  Garrère  ne  nous  ont  pas  présenté  des  praiiies,  mais  un 
canal  d'amener  d'un  moulin,  dont  les  eaux  servent  à  l'irrigation  des  prairies 
appartenant  à  divers  propriétaires.  Gomme  le  dit  l'arrêté  ministériel,  le  concours 
est  ouvert  entre  ceux  qui  aui'onl  utilisé  de  la  façon  la  plus  profitable  les  eaux 
suacepdfales  d'être  employées  à  l'arrosage,  à  la  submersion  ou  au  colmatage  et  a,. 


72  LES  PRIX  GULTURiUX  DANS  LES  HAUTES-PYREiSTÉES. 

par  suite,  pour  objet  le  bon  aménagemBnt  des  eaux  courantes   et  pluviales,   et  le 
meilleur  emploi  pour  l'iirrosage  des  terres. 

Or,  M.  Ferran  ne  présente  pas  de  prairies  arrosées,  mais  le  canal  qui  met  en 
jeu  sa  papeterie,  et  dont  Allies  de  Garrère  profitent  pour  leur  moulin  à  farine. 
C'est  sur  l'usage  du  canal  et  non  sur  les  prairies  que  portent  leur  association 
et,  par  suite,  leur  déclaration  collective.  Quant  aux  prairies  de  Mlles  de  Carrère, 
elles  ont  déjà  concouru  en  1881,  une  médaille  de  bronze  et  300  francs  leur 
furent  accordés  pour  le  nivellement  du  terrain,  la  bonne  disposition  des  rigoles 
pour  assurer  la  submersion.  Les  prairies  sont  exactement  ce  qu'elles  étaient 
lors  du  premier  concours  ;  il  n'est  pas  possible  de  leur  accorder  une  nouvelle 
récompense.  Louis  Féral, 

[La  sniUr  prochainement.)  Membre  du  Conseil  général  de  la  Haute-Garonne. 

BIBLIOGRAPHIE  AGRICOLE 

Emploi  du  sulfure  de  carbone  contre  le  pliiillu.i:era,  par  MM.  G.  Gastine  et  Georges  Couanon  , 
délégués  régionaux  du  miaistère  de  l'agriculture.  —Un  volume  in-S  avec  de  nombreuses 
planches  et  gravures.  —  Librairie  de  G.  Masson,  120,  boulevard  Saint-Germain,  à  Paris.  — 
l'rix  :  a  fr, 

Le  Journal  a  déjà  fait  coaaaître  la  publication  du  volume  dont  on 
vient  de  lire  le  titre,  mais  nous  devons  y  revenir  pour  en  faire  ressortir 
l'importance.  C'est,  en  effet,  un  des  ouvrages  les  plus  utiles  que 
puissent  consulter  soit  les  viticulteurs,  soit  les  associations  syndicales 
constituées  en  vue  de  la  défense  des  vignes.  D'ailleurs,  les  auteurs 
étaient  mieux  placés  que  personne  pour  donner  des  indications  pré- 
cises sur  des  opérations  qu'ils  suivent  constamment;  on  doit  à  l'un 
d'eux  des  procédés  pratiques  et  des  outils  précieux  pour  le  traitement 
des  vignes  par  le  sulfure  de  carbone. 

L'ouvrage  de  MM.  Gastine  et  Couanon  est  divisé  en  cinq  parties  qui^ 
se  suivent  avec  ordre.  C'est  d'abord  une  notice  sur  le  phylloxéra,  son,' 
histoire  naturelle,  ses  mœurs;  viennent  ensuite  l'examen  des  méthodes 
insecticides,  la  théorie  des  traitements,  des  développements  sur  leur 
application  et  les  conditions  de  succès,  des  appréciations  sur  la  culture 
de  la  vigne  en  pays  phylloxéré,  des  détails  sur  l'emploi  des  engrais  qui 
doit  toujours  suivre  les  traitements.  La  partie  qu'on  peut  appeler 
technique  a  été  traitée  avec  un  soin  tout  particulier;  elle  est  relative  à 
la  disposition  pratique  du  traitement,  aux  modes  d'opérer,  aux  prix  de 
revient.  Les  viticulteurs  et  les  agents  chargés  du  traitement  trouveront 
dans  ces  pages  les  conseils  les  plus  autorisés.  Sous  le  rapport  admi- 
nistratif, le  volume  n'est  pas  moins  complet  :  il  se  termine,  en  effet, 
par  le  texte  des  lois,  des  décrets  et  des  arrêtes  relatifs  au  phylloxéra  et 
aux  moyens  de  sauvegarder  les  régions  non  encore  envahies. 

Nous  n'en  dirons  pas  davantage  sur  cet  ouvrage.  Les  détails  dans 
lesquels  nous  sommes  entrés  suffisent  d'ailleurs  pour  en  faire  saisir 
la  valeur  pratique,  et  pour  montrer  les  services  que  les  viticulteurs  et 
les  syndicats  vilicoles  peuvent  en  retirer.  Nous  souhaitons  que  cette 
œuvre  se  répande  rapidement  pour  le  plus  grand  profit  des  opérations 
du  traitement  des  vignes,  et  en  même  temps  pour  apprendre  aux 
propriétaires  des  régions  non  encore  contaminées  à  se  mettre  en  garde 
contre  le  fléau. 

Culture  du,  pommier  à  cidre ,  fabrication,  du,  cidre ,  et  modes  divers  d'utilisation  des  pommes  et 
des  marcs,  par  M.  Jules  Nanot,  maître  de  conférences  à  l'Institut  national  agronomique.  — 
Un  volume  in-18  de  312  pages,  avec  50  gravures.  —  Librairie  agricole,  26,  rue  Jacob,  à  Paris, 
—  Prix:  3  fr.  50. 

L'attention  est  plus  que  jamais  portée  sur  la  production  fruitière  ; 
les  cultivateurs  comprennent  de  plus  en  plus  qu'il  peut  y  avoir  pour 


BlBLIOURAPIllE   AGRICOLE.  73 

eux,  de  ce  côté,  une  source  abondante  de  profits.  C'est  d'ailleurs  à  la 
combinaison  du  pâturage  avec  le  verger  que  la  culture  pastorale  nor- 
mande est  redevable  de  sa  prospérité;  les  pommiers  y  donnent  un  pro- 
duit brut  de  300  à  VOO  francs  par  hectare,  et  ils  servent,  en  outre,  à 
abriter  les  animaux  qui  pâturent  l'herbe  poussée  à  leur  pied.  La  con- 
sommation du  cidre  s'étend  aujourd'hui  en  dehors  des  limites  dans  les- 
quelles elle  était  naguère  confinée,  et  la  valeur  du  produit  des  pom- 
miers tend  à  augmenter .  M.  Nanot,  maître  de  conférences  à  l'Institut 
national  agronomique,  a  été  bien  inspiré  en  écrivant  une  monographie 
du  pommier,  monographie  qu'on  peut  dire  complète. 

L'ouvrage,  qui  a  paru  récemment,  est  divisé  en  quatre  parties  : 
culture  du  pommier  en  pépinière,  culture  en  plein  champ,  fabrication 
du  cidre,  de  l'eau-de-vie  et  du  vinaigre  de  cidre,  utilisation  des 
pommes  et  des  marcs.  Chaque  partie  est  traitée  avec  soin,  et  sur 
chaque  phase  de  la  culture  ou  de  la  fabrication,  des  détails  précis  se 
succèdent;  nous  recommanderons  spécialement  ceux  qui  se  rapportent 
à  la  formation  des  tiges  et  des  têtes  des  arbres.  Sans  doute  M.  Nanot 
a  profité  des  travaux  de  ses  devanciers  ;  mais  il  y  a  là  des  faits  qui  lui 
sont  personnels,  notamment  des  essais  sur  une  méthode  d'extraction 
du  jus  des  pommes  par  diffusion.  Son  livre  se  recommande  à  l'attention 
dans  tous  les  cantons  où  l'on  se  livre  à  la  fabrication  du  cidre. 

Hotioni  de  sylviculture  enseignées  à  l'Ecùle  normale  des  Vosges,  par  M.  E.  Muel,  inspecteur 
des  forèls.  —  Un  volume  iii-8  de  224  pages,  avec  G7  ligures.  —  Librairie  Duclier  et  Cie,  .M, 
rue  des  Ecoles,  à  Paris. 

L'enseignement  agricole  est  donné  aujourd'hui  dans  toutes  les  écoles 
normales  primaires  ;  c'est  une  condition  essentielle,  indispensable, 
de  l'application  régulière  de  la  loi  da  1882,  qui  a  rendu  cet  ensei- 
gnement obligatoire  dans  les  écoles  primaires.  Il  est,  en  effet,  néces- 
saire que  les  instituteurs  soient  préparés  à  donner  aux  jeunes  enfants 
une  instruction  réellement  solide.  Cet  enseignement,  pour  être  etiicace, 
doit  varier  avec  les  régions.  Dans  les  régions  forestières,  on  devra 
porter  d'une  manière  spéciale  son  attention  sur  la  conduite  et  l'exploi- 
tation des  forêts,  sur  l'utilisation  des  produits  qu'on  en  retire.  C'est  ce 
qui  a  été  réalisé  déjà  dans  plusieurs  écoles  normales,  où  un  enseigne- 
ment spécial  de  la  sylviculture  a  été  créé;  c'est  le  cas  pour  les  Vosges. 
La  chaire  en  a  été  confiée  à  un  inspecteur  distingué  des  forêts,  M.  Muel, 
ancien  professeur  de  sylviculture  à  l'Ecole  nationale  d'agriculture  de 
Grignon. 

Son  cours,  qu'il  vient  de  publier,  renferme  des  notions  précises  sur 
la  culture,  l'aménagement  et  la  production  des  bois,  sur  le  rôle  écono- 
mique et  climatérique  qu'ils  remplissent,  ainsi  que  sur  les  prescrip- 
tions légales  et  réglementaires  qui  en  assurent  la  conservation,  l'exploi- 
tation, l'amélioration,  et  qui  les  défendent  contre  les  abus  de  jouis- 
sance. Vulgariser  et  répandre  des  notions  exactes  sur  ces  importants 
sujets  est  une  œuvre  utile,  digne  complément  d'un  enseignement  bien 
organisé. 

Traité  pratifiue  d'analyse  chimique,  en  d'^ux  volumes  :  1"  H''thod':s  (jrai)imctri<iues,  par  M.  Sta- 
nislas .Meunier,  avec  1 1 1  gravures  ;  —  2''  Uéthodes  ro'umtKriV/ijej,  par  MM.  E.  FiNor  et  A.  Ber- 
trand, avec  9,"j  gravures.  —  Librairie  de  .1.  RûtlischilJ,  13,  rue  des  Saints-Pères,  à  Paris.  — 
Prix  de  chaque  volume  cartonné  :  0  fr. 

Ces-  deux  volumes  renferment  la  description  concise,  mais  exacte, 
des  méthodes  employées  dans  les  laboratoires  pour  le  dosage  des 
matières  minérales  ou  organiques  et  des  substances  en  usage  dans  la 


74  BIBLIOGRAPHIE  AGBIGOLi:. 

métallurgie,  l'agriculture,  la  chimie,  les  arts,  le  commerce  et  l'indus- 
trie. Ces  traités  sont  des  traductions  libres,  accompagnées  d'additions, 
d'ouvx-ages  qui  jouissent  en  Angleterre  d'une  légitime  considération  : 
le  traité  d'analyse  quantitative  de  Thorpe,  et  le  manuel  d'analyse  volu- 
métrique  de  Francis  Sutton.  Au  nombre  des  additions  qui  concernent 
les  choses  agricoles,  nous  signalerons  l'analyse  des  super|)hosphate» 
d'après  la  méthode  de  M.  Joulie.  Ces  deux,  volumes,  par  la  nature 
même  des  sujets  qu'ils  traitent,  échappent  ail  résumé;  ils  nous  parais- 
sent propres  à  rendre  de  véritables  services  à  tous  les  analystes. 

Hekuy  Sagmeu. 

COURRIER  DU  NORD-EST 

La  température  de  cette  semaine  est  bien  différente  de  celle  du  mois  de  sep- 
tembre. Le  thermomètre  a  subi  une  baisse  considérable,  et  s'il  n'a  point  gelé, 
c'est  que  les  vapeurs  ameaées  par  les  dernières  plaies  ont  empêché  le  rayonne- 
ment. Les  semailles  sont  entièrement  terminées  dans  notre  région,  et  ce  travail  a 
été  l'ait  dans  d'excellentes  conditions. 

Les  vendanges  sont  commencées  sur  tous  les  coteaux  ;  les  craintes  de  pluie  et 
de  gelée  ont  déterminé  les  vignerons  à  devancer  l'époque  habituelle  de  cette 
récolte.  On  pense  obtenir  une  qualité  de  vin  bien  supérieure  à  celle  des  ainnée» 
précédentes  ;  les  prix  sont  plus  élevés  et  les  acheteurs  empressés  de  faire^ 
leur  provision  avant  la  J'abrication.  On  a  déjà  offert,  pour  des  lots  sérieux,  70  à 
80  francs,  pour  176  litres,   ce  qui  est  très  cher  pour  les  petits  vins  de  nos  pays. 

L'arrachage  des  pomme:^  de  terre  est  également  commencé  ;  la  récolte,  soit  dans 
la  plaine  ou  dans  la  montagne,  est  excellente  comme  qualité  et  (piaatité.  La 
moyenne  delà  récolte  dépasse  par  endroit  3,000  kilog.  pour  20  ares.  On  a  pesé  des 
tubercules  du  poids  de  750  grammes.  Les  détenteurs  ne  se  pressent  point  de  vendre, 
vu  la  qualité  des  pommes  de  terre,  dont  la  conservation  est  certaine.  Les  prix  de 
7  àSfr.  50  les  100  kilog.  ne  paraissent  point  leur  suffire.  Si  les  prix  ne  se  relèvent 
point,  bon  nombre  de  cultivateurs  les  conserveront  pour  engraisser  les  bestiaux. 

Nos  marchés  continuent  à  présenter  le  plus  grand  calme,  après  l'échange  des 
semences,  qui  avait  donné  un  peu  d'animation  dans  nos  centres  de  productions;  les 
cultivateurs  ne  se  décident  point  à  livrer  des  blés  dont  le  prix  est  Éien  en  dessous 
des  frais  qu'ils  ont  coûtés  pour  les  récolter.  Ea  admettant  que  la  récolte  des  céréa- 
les ait  été  bonne  pour  la  région,  il  faut,  pour  que  le  cultivateur  y  trouve  son 
compte,  un  relèvement  dans  les  prix  pour  balancer  les  frais  de  culture  en  pré- 
sence de  l'exigence  toujours  croissante  des  prix  de  la  main-d'œuvre.  A  la  mois- 
son, on  a  pu  ainsi  acheter  des  blés  nouveaux  à  20' fr.  50  les  100  kilog.,  et  d'es 
blés  vieux  à  19  fr.  Aujourd'hui  il  y  a  un  peu  plus  de  raideur  sur  les  marchés  et 
on  a  payé  22  fr.  pour  des  blés  de  clioix.  La  moyenne  reste  établie  à  21  fr.  50  les. 
100  kilog.  La  meunerie   fait  toujours  des    difficultés  pour  achètera   la  hausse. 

Les  avoines  ont  Lien  moins  donné  que  les  autres  années.  La  paille,  restée  petite 
pendant  les  longues  sécheresses  qui  sont  survenues,  a  laissé  la  plante  chétire.  On 
recherche  d'ailleurs  les  avoines  noires  du  pa'ys,  mais  sans  offrir  plus  de  l'6  à 
16  fr.  50.  Les  seigles  se  payent  15  fr.  50,  les  orges  17  fr.,  et  les  fajrines  29  à  31  fr.. 
Le  prix  du  pain  a  été  diminué  dans  plusieurs  localités,  et  les  municipalités  ont 
établi    des  taxes  fort  à  propos  en  vue  de  la  diminution  exceptionnelle  des  farines. 

A.  Bronsvick. 

REVUE  GOiniEBGIiLE  ET  PRLÏ  OURiNT  DES  DENREES  AGRICOLES 

(11  OCTOBRE  1884) 
I.    —    Situation    générale. 
Les  marchés  agricoles   sont  assez  bien  tenus   en  général,  mais  sans  variations 
sensibles  dans  les  cours.  La  culture  est  encore  occupée  des  dernières  récolles  et 
n'approvisionne  pas  encore  abondamrnent  les  marchés. 

II.  — Les  grains  et  les  farines. 
Les  tableaux  suivants  résument  le^  cours  des  céréales,  par  quint.vl  métrique, 
sur  les  principaux  marchés  de  la   France  et  de  l'étranger. 


REVUE  COJIxMKRGIALK  ET  PIUX 


1"  RBGioN.  —  NOIin-OlTEST. 

Blé.  Seigle.  Ore«- 

fr.  fr.  Ir. 

Calvados.   St-l'ionc...  20  45  17. 6S  lU.tS 

—  Lisieux -Ji.aà  16.00  I6.no 

C.-du-Nord.  Tlt^uier..   18. io        »  14. 7b 

—  Ponlriouj: la. 50  14.50  15.75 

Finistère.  MurUii îi.ao        »  iij.OO 

—  Quimper la.-W  15.50  15.50 

llle-et- Vilaine.  Rennes.  10.50        »  15.75 

—  Fougères TO  00         »  » 

Manche.  Avrauches. . . .  -iZ.Ot        »  15. 40 

—  Pontorson '20.75        »  18.00 

—  Villeaieii 21. '25  18.00  18.00 

Mayenne.  ."Mayennii 17.50        »  15.00 

—  ■     Luvul 19.50        i>  lii.oo 

ilorbiliiin.  tiennuiionl..    10.35  l't.OO         n 

Orne.  Vimonliers iy.7a  10.10  la. 00 

—  Fiers 111.75         »  18.70 

Sarthe.  Le  Mans 20.00        »  15.00 

—  Sablu '20.10         «  15.75 

Prix  moyeas 20.00  15. 'JO  16. à5 

•!•  RÉGION.   —   NORD. 

ilwne.  Soissons 20.25  15.60        » 

—  Chiteau-Tliierry.  20.40  15. '25  17.00 

—  Samt-Queotui...  21.00  16.50  18.50 
Eure.   livreu.K 10.45  13.00  17.70 

—  Le  .Seubourg 20.00  12.65  18.45 

—  Louviei's 19.60  13.00  iS.IO 

£we-6(-/-oti'.  i;harlres..  23.00  i3.;5  16. 50 

—  ChAle.illilu" 2i    75  14.65  17.25 

—  Auiieau 13.80  14.15  16.30 

Nord.  Bergues 10.00        »  17.50 

—  Caniurai -20.65  15.35        » 

—  Doo.ii 21.35        »  » 

Oise.  Beauvais 20.50  16.00  18.00 

—  Connjlcyne 10.75  14  75  20.00 

—  Semis 19.50  14.50        i> 

Pas-de-Calais.  Arras...  21.50  16.00  17.70 

—  Can'ill 20.35  18  00  10.50 

Seine.  Paris 21.50  16.40  18  00 

6'.-e»-A/arae.  Dammartin.    20. '25  14.75  16.58 

—  Melurl 21.70  15.50  16.50 

—  Montereau 20.40  14. 80        » 

S.-tt-Oise   Aiigerville ...   19.50  14.S5  16  50 

—  Dould.lu 21.00  15.20  20.20 

—  -Versailles 20.40  14.50  19. 00 

8ein&-Inferieure. Rouen.  20.6.»  14.35  17.50 

—  Yvetût 21.10  13.50  18.50 

—  Guderville 20.10  14.00  16.00 

Somine.    Âoiieiis 20.40  15.65  lu. 15 

—  Hoye 10.50  14.25*16.75 

—  Moiildi'iler 20.60  14.50         » 

Prix  moyens 20. aO  14.31  17.57 

3-  REGION.  —  NORD. EST. 

^rdcîines.  ReLhel 10. .lO  15.50  16. 50 

—  Sedan 20.75  15.75  10.75 

Xu6e.  Bar-sur-Aul.e... ,    10.50  lt.50  16.50 

—  Mei-y  ^ur-Seine...   10. 00  14.00  16.25 
.l/urnB.  Heinis 20.00  16.00  16.75 

—  S.iilUe-.MeneilOuld.  20  75  15.25  17.50 

—  Fiâmes 19.50  15.50  16. 00 

Hte-Marne.  Langres....   19.75  15.00  16.00 

Ueurllie-el- .\los .  Nancy.  21.50         •  18. 00 

—  Luneville 23.00  15.50  17.00 

—  Toul 20.50  16.00  16.50 

Meuse.  Bar-le-Duc 21.50  16.75  18.75 

—  "Verdun 20.60        »  d 

Waule-ijad/ie.  Gray 20.50        y  1» 

—  Vesonl 20.00  15.25  16. 7j 

Fosje».  Epinal 21.50  15.50        » 

*-    Mireconrt 21.25         »  » 

—  NeafchàLeau 20.15        »  18.50 

Prix  moyens 20.55  15. 'i2  17.3'i 

4"  HÉGION.—   UUES'r. 

(^Aarenfe.  Angoulëme...  20.25        1»  îS.25 

—  Ruffec 20.00         »  18.75 

C/iar.-/n/cr.  Marans...,   19.25        »  I6.00 

—  St-Jean-d'Angélz..  20  60        »  16.15 

DeuX'Snvres.  Niort î9.oo  15.00        » 

Indre-et-Loire.   Blcre...   10. 35  i.j.io  15.40 

—  Tours 18.50  14.30         » 

/.oire-/ii/^.  Nantes 19.80  16.00        11 

A/.-e(-Z.oi>e.  Angers 18   50  16.65  17.00 

—  Saunuir 20.25  15.25  19.00 

Vendée.  Luçon 19.50        •  15.60 

KienTicî.  Lou'lun 18.35        »  18. 00 

—  Poitiers U.50  15.00  18.75 

HoMte^Vienne.  Limoges.  20.00  15.00  18. 25 

PrixiBOYen» i9,4j  15.23  17.38 


Avoioe. 

fr. 

18. 50 

22.00 

14.5(1 

15.50 

!3.90 

15.00 

15.00 

15.50 

10.80 

20.25 

'20.00 

17.00 

14.00 
19.00 
16.75 
20.50 
» 

17.33 


16.50 
16.00 
•7.50 
18.00 
18.00 
17.10 
16.25 
14.90 
10.00 

14.00 

15.50 
16.50 
17.50 
14.50 
13.50 
17.75 
16.00 
18.00 
18.00 
15.90 
17.65 
18.50 
22.80 
16.00 
18.50 
■23  25 
16. On 


18.8 


16.25 
15.50 
14.50 

15.50 
16. OJ 
16.50 
15.75 
18.00 
16.80 
15.00 
16.25 
16.50 
16.50 

16.08 


GOUU.\iN(T  (11   OOTOBUE   1884). 
s"  anoioN.  —  CEN'rRK 

Blé.  Seigle.  Orge. 

fr.  fr.  (r. 

Allier.  Moulins 20.50        ><  » 

—  Muntluçon 20.00  16.65  16,90 

—  St-Pourcain 20.45  16.00  20.50 

Cher.  Bourges 13.90  13.40  15.00 

—  St-Amand 18.35        »  15.40 

—  Graç.iy 21.40  15.65  16.60 

Creuse.  Aubiisson 21.40  14.65  » 

—  Vatan 19.70  15.50  15.75 

/ndre.  CUàteauroux....  19.75  14. '25  16.25 

—  ISSOU'lllU -Jo.lS  10.00  15.50 

Loiret.  Montargis 20.25  14.20  16  50 

—  Gicn 19.70  12.80  14.75 

—  Orléans 20.00  15.00  16.00 

L.-et-'Oker    Blûis 20.80  13.6.'.  18. 05 

—  Montoiro 10. 43  15.65  » 

A^ieure.  Nevers 21.10  14.65  17.30 

—  Cosne 22.50        •  15. io 

Yonne.    Sens 20.00  14.75  16.00 

—  Tonnerre 10.60  13.60  16.00 

—  Saint-Florentin...  20.10        \)  16.50 

Prix  moyens 20.15  14.77  16.38 

6*  RB310N.  —  EST. 

^m.  Bourg 21.00  17.80  17.70 

—  i'unt-de-Vaux....  20.50  15.25  » 
Cûle-d'Or.  Dijon 20.00  Î4.50  17.50 

—  Beaane 23.0»  17.35  18.<iO 

/îowfïs.  Besançon 20.00        »  » 

/sere.  Vienne 20.50        »  » 

—  Boargoia 20.25  15.00  17.25 

Juro.  Dole 19.75  15.00  18.00 

Loire.  Roanne 20.50  15.75  18.00 

P.-de-Zvdnie.Clermûnt-F.  23.00  16.50  18.00 

Hhûne.  Lyon 20.75  16.15  18.50 

SadilB-ei-Loice.  Cllâion  .    19. 5o  16.00  17.50 

—  Louhans 20.75  16.00  17.50 

6auote.  Cbambéry 22.50        »  » 

IUe-.Savoie.  AniiQcy 21.25        »  » 

Prixmoyens 20.82  15.94  17.83 

7*  RÉGION.  —  SITD-OCEST. 

..4riè(je.  Paniiers 22  10  16. 115  » 

—  Fou 24.10  17.35  « 

ûordog^ie.  Sailat 23.00  18-00  » 

H;e-Garo;me.  Toulouse.  21.25  17. Oo  16.00 

—  St-Gaudeas 24.00  17. 35  >• 

Gers.  Condonl 22.00         »  » 

—  Eauze 22.65         »  i» 

—  Mirande 18.75         •  » 

Gironde.  Bordeaux 21.25  18  25  » 

—  Le. pane 22.85  15.40  " 

Landes.  Dus. 24.00  19.35  » 

Lol-et-Oaronne.  NévSLC.   23.40         »  w 

—  ViUeneuve-sur-Lotio. 30  17.35  » 
B.-Pyrenées.  hiiyonne. .  23.25  20.00  » 
Hles-i'yrênées.  Turh&s..    21.50  18.50  i) 

Prixmoyens 22.30  17.74  16.00 

«•  RÉGION.  —  SUD. 

Aude.   Casteinaudary..  23.10  is.oo  17.00 

Aueyron.  Bodez 21.80  18.00  *> 

—  Aubin... 22.00  10.00  » 

Ca/i(af.  Mauriac 22.50  20.00  )» 

Correïe.  Tulle 22.00  18.00  18.25 

MrauU.  Beziers 21.25  is.oj  Iii.l5 

—  Cetle 22.50  18.00  I0.15 

Loi.  Cahors 22.25  18.00  18.25 

Lozère.  Mende 22.00  18.50  '20.00 

f-j/ré/KJes-Ur. Perpignan.  24.09  17.80  24.00 

Tarn.  G'aillao 22.40         »  » 

ï"orn-et-(/ar.  Moissac,  20.00  16.25  19.50 

Prix  moyens 22.15  li),l4  18.66 

9*  RÉGION.   —  SCD-KST. 

Basses-.iipes.  Manosque  23.75        »  » 

llaiUes-.ltpi:<!.  Briançon.  22.25  18.00  18.00 

ALpes-Marilimes.^Ke. .  20.15  19.00  16.00 

Xrdec/ie.  Privas 25.00  17.15  16.20 

/î.-da-/f/iû)it;. Marseille.  21.00        n  » 

Drame,   aïontélimar. . ..  21.25        »  19.00 

Gard.  Alais îo.su  17.00  18. 20 

Haute-Loire.   LePuy...  22.70  16.65  16.15 

Var.  Draguignan 22. 2j        »  18.00 

Vauctuse.    Avignon....  22.50        »  » 

Prixmoyens 22.17  17.5(i  17.37 

Moy.  de  toute  la  France  20.91  16.12  17.21 

—  de  la  semaine  précéd.  20.02  16.39  17.41 

Sur  la  semainejHausse.       »            »  » 

précédente.. IBaisse..    0,01  0,27  0,20 


75 


Anoioe. 

fr. 

15.00 
15.00 
16.10 
15.00 
14.00 
15.50 
14.00 
15.20 
13.50 
16.25 
15.50 
16.50 
19.00 
15.50 
17.00 
18.00 
16.50 
15.50 
17.50 

15.28 


17.00 
16.85 
16.75 
IT.50 
16.75 
16.75 
17.00 
15.75 
16.75 

» 
17.30 
17.00 
18.00 
17.75 
16.75 

17.01 


17.00 
16. 00 

18.50 
17.00 

18.00 
17.50 
18.60 
17.00 


l«.7S 
19.50 

17.39 


13.50 
19.35 
15.25 
19.50 
18. '25 
19.50 
18  60 
18. UO 
17.50 
25.55 
19.00 
18.00 

19.00 


76  REVUE    COMMERCIALE  ET  PRIX   GOURANT 

Blé  Seigle.  Orge.        Avoine 

fr.  fr.  fr  fr. 

Algérie.  "^'^"^  \  h\é  dm- 16  50  »  11.25  13.00 

Angleterre.  Londres 19.80  s>  13  00  14.25 

Belgique.  Anvers 17.80  10.00  19.60  18.25 

—  Bruxelles 19.50  Ki.OO  »  » 

—  Liège 19.35  16.50  17.50  16.50 

—  Namur 18.50  15.00  17.50  15.00 

Pays-Bas.  Amsterdam 17.75  15.70  »  » 

Luxembourg.  l,uxembourg 24.00  21.50  18.45  21.00 

Alsace-Lorraine.    Mulhouse 21.50  19.30  »  16.50 

—  Allkirch 19.15  17.35  16.15  15.50 

—  Colmar 21.7.)  19.70  19.25  19.00 

Allemagne.  Berlin..., 18.60  17.85  >.  » 

—  Cologne 20.25  17. ,50  »  » 

—  Hambourg 18.50  15,10  »  » 

Suisse.  Genève 24.00  »  »  18.00 

Italie.  Turin 22.25  16.00  .  16.50 

Espagne.  Barcelone 22.00  •  »  » 

Autriche.  Vienne 17.15  14.25  16.00  14.25 

Hongrie.  Budapest 16.40  14.00  15.25  12.90 

Busiie.  Saint-Pétersbourg..  14.70  14.40  »  11.00 

Etats-Unis.  ISew-York 16.40  n  .  > 

Blés.  —  La  tenue  des  marchés  français  est  sensiblement  la  même  qu'il  y  a 
huit  jours.  Les  cours  sont  sans  variation,  avec  une  tendance  générale  à  la  fer- 
meté. —  A  la  halle  de  Paris,  le  mercredi  8  octobre,  les  offres  de  la  culture 
étaient  encore  très  rares,  et  la  difficulté  de  la  vente  laissait  les  prix  soutenus.  On 
cotait  de  20  fr.  50  à  22  fr.,  c'est-à-dire,  21  fr.  25  en  moyenne,  comme  mercredi 
dernier.  —  Pour  les  blés  à  livrer,  les  affaires,  peu  actives,  donnaient  la  cote  sui- 
vante :  courant  du  mois  et  novembre,  21  fr.  à  21  fr.  25;  quatre  mois  de 
novembre,  21  Ir.  25;  quatre  premiers  mois,  21  fr.  50  à  21  fr.  75;  quatre  mois 
de  mars,  21  fr.  75.  —  Au  Havre,  les  prix  sont  sans  changement.  Les  blés  d'Amé- 
rique valent  de  20  fr.  75  à  21  fr.;  ceux  d'Australie,  22  fr.;  ceux  des  Indes,  20  fr. 
à  20  fr.  50.  — A  Marseille,  les  afl'aires  sont  très  peu  actives;  les  importations 
n'ont  pas  dépassé  les  chiffres  de  la  seoiaioe  dernière.  —  A  Londres,  les  affaires 
sont  calmes  ;  les  prix  sont  nominalement  sans  changement,  toujours  bien  tenus 
du  reste;  on  cote  de  19  ir.  60  à  20  fr.  50  les  100  kilog.,  suivant  les  provenances 
et  les  qualités. 

Farines.  —  Les  afl'aires  ont  été  très  calmes  cette  semaine,  les  ott'res  de  la  meu- 
nerie et  les  demandes  de  la  boulangerie  ayant  toutes  peu  d'importance.  On 
cotait,  à  Paris,  le  mercredi  8  octobre  ;  marques  de  Corbeil,  47  fr.;  marques  de 
choix,  47  à  50  fr.;  premières  marques,  46  à  47  fr.;  bonnes  marques,  44  à  45  fr.; 
sortes  ordinaiies,  43  à  44  fr.;  le  tout  par  sac  de  159  kilog.,  toile  à  rendre,  ou 
159  kilog.  nets,  ce  qui  correspond  aux  prix  extrêmes  de  27  fr.  38  à  31  fr.  85 
par  100  kilog.,  ou  en  moyenne  29  fr,  sans  changement  sur  la  semaine  précé- 
dente. —  Les  farines  de  spéculation  étaient  cotées  le  mercredi  8  octobre  au  soir  : 
farines  neuf-marques,  courant  du  mois,  45  fr.  25  à  45  fr.  50  ;  novembre,  44  fr.  75 
à  45  fr.;  novembre-décembre,  44  fr.  75  à  45  fr.;  quatre  mois  de  novembre, 
44  fr.  75  à  45  fr.;  quatre  premiers  mois,  44  à  45  fr.;  quatre  mois  de  mars.  45  fr.  50 
à  45  fr.  7.5;  le  tout  par  sac  de  159  kilog,,  toile  perdue,  ou  157  kilog.  net. — 
Les  farines  deuxièmes  sont  sans  variation  aux  cours  de  21  à  22  fr.  par  100  kilog.; 
les  gruaux,  de  32  à  37  francs. 

Seigles.  —  Les  affaires  sont  toujours  calme--,  avec  des  offres  très  rares,  mais 
avec  une  demande  un  peu  plus  suivie,  et  une  tendance  ferme  des  cours.  On  cote 
à  la  halle  de  Paris,  de  15  à  16  fr.  les  100  kilog.  suivant  les  sortes.  —  Les  farines 
valent  de  20  à  23   fr.  les  100  kilog. 

Orges.  —  Les  achats  sont  plus  suivis  et  la  demande  plus  active.  Les  bonnes 
qualités  sont  en   hause   de   25  centimes  et  se  cotent  de  17  fr.  25  à   19  fr.   par  ' 
100  kilog,  suivant  les  sortes,  — Les  escourgeons  valent  de  18  fr.  50  à  18  fr.  75. 

Avoines.  —  Vente  peu  active;  offres  modérées;  prix  bien  tenus.  On  cote  à  la 
halle  de  Paris,  de  Ib  fr.  75  à  19  fr.  50  suivant  poids,  couleur  et  qualité.  —  Les 
avoines  de  Suède  sont  tenues  à  16  fr.  50  ;  les  avoines  de  Russie  valent  de  14  fr.  75 
à  16  fr.;  celles  d'Irlande,  16  ir.  50  à  Ib  fr.  75. 

San'asin.  — Les  sarrasins  nouveaux  sont  abondants  aux  prix  de  15  fr.  75  par 
quintal  métrique,  en  baisse  sur  ceux  de  la  semaine  dernière. 

Maïs.  —  Les  prix  se  soutiennent  au  Havre,  pour  les  maïs  du  Danube  et  de  la 
Mer-Noire,  qui  sont  cotés  de  14  Ir.  25  à  14  fr.  50  les  100  kilog. 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (11  OGTOBRK   1884).  77 

Issues.  —  Il  y  a  eu  de  la  faiblesse  depuis  la  semaine  dernière  sur  les  cours, 
qui  se  maintiennent  aujourd'hui  comme  suit  :  gros  son.  14  ir.' 75  à  15  fr.  ;  sons 
gros  et  moyens,  14  fr.  à  14  fr.  50;  sons  trois  cases,  13  fr.  à  13  fr.  50; 
sons  iins,  12  fr.  à  12  fr.  50;  recoupettes,  12  fr.  50  à  13  fr.  ;  remoulages  blan(î^, 
17  à  17  fr.  50;  remoulages  bis,  15  à  16  fr. 

III.  Fourrages  et  graines  fourraijères. 

Fourrages.  —  Les  prix  des  fourrages  sont  bien  tenus  avec  des  ventes  courantes. 
On  cote,  à  Paris,  par  1,000  kilog.  :  foin,  90  à  120  fr.;  luzerne,  (-8  à  120  fr.;  sain- 
foin, eo  à  100  fr.;  paille  de  blé,  60  à  63  fr.;  paille  d'avoine,  50  à  62  fr. 

Graines  fourragères .  —  Voici  les  cours  pratiqués  à  Paris  par  100  kilog.  :  trèfle 
violet,  105  à  17  5  fr.;  trèfle  blanc,  150  à  170  fr.;  trèfle  hybride,  160  à  170  fr.;  lu- 
zerne de  Provence,  140  à  150  fr.;  luzerne  d'Italie,  120  à  130  fr.;  luzerne  de  Poi- 
tou, 100  à  110  fr.;  minette,  40  à  43  fr.;  ray-grass  anglais,  35  à  40  fr.;  d'Italie, 
40  à  42  fr.;  sainfoin  à  une  coupe,  32  à  34  fr.;  à  deux  coupes,  36  à  38  fr.;  vesces 
d'hiver,   19  à  24  fr.  —  A  Marans,  le  trèfle,  115  fr.;  la  luzerne,  90  fr. 

IV.  Fruits  et  légnmes  frais. 

Fruits.  —  On  vend  à  la  balle  de  Paris  :  fraises,  1  fr.  à  1  fr.  50  le  panier; 
noix,  23  à  26  fr.  l'hectolitre:  pèches,  10  à  70  fr.  le  cent;  poires,  6  à  20  fr.  le  cent; 
0  fr.  25  à  0  fr.  60  le  kilog.;  pommes  5  à  12  fr.  le  cent;  0  fr.  20  à  0  fr.  30  kilog.; 
raisins  blancs  0  fr.  50  à  2  fr.  10  le  kilog.;  noirs,  0  fr.  30  à  0  fr.  70. 

Gros  légumes.  —  Dernier  cours  de  la  halle  ;  Artichauts,  3  à  30  fr.  le  cent; 
0  fr.  15  à  0  fr.  25  la  botte;  betteraves,  0,  fr.  30  à  0  fr.  70  la  manne  ;  carottes, 
25  à  28  fr.  les  100  bottes  ;  choux,  8  à  15  fr.  le  100;  haricots  verts,  0  fr.  10  à  0  fr. 
30  le  kilog  ;  en  cosse,  0  fr.  15  à  0  fr.  35;  navets,  15  à  20  fr.  les  100  bottes; 
oignons.  8  à  9  fr.  l'hectolitre;  panais,  8  à  10  fr.  les  100  bottes;  poireaux  4  fr.  à 
4  fr.  50  les  100  bottes. 

Menus  légumes.  — Champignons,  0  fr.  90  à  1  fr.  50  le  kilo^.;  chicorée  sauvage, 
0  fr.  15  à  0  fr.  20  le  kilog.  choux-fleurs,  15  à  20  fr.  le  cent;  choux  de  Bruxelles, 
0  fr.  20  à  0  fr.  25  le  litre;  concombres,  3  à  7  fr.  le  cent;  escaroUe,  6  à  12  fr.  le 
100  ;  oseille,  0  fr.  30  à  0  45  le  paquet  ;  potirons,  0  fr.  75  à  4  fr.  la  pièce  ;  romaine, 
2  à  4  fr.  la  botte  de  32  têtes;  tomates,  0  fr.  25  à  0  fr.  45  le  kilog. 

Pommes  de  1er re.  —  Hollande  commune,  7  à  8  fr.  l'hectolitre,  10  à  11  à  ,fr.  40 
le  quintal;  jaunes  communes,  5  à  6  fr.  l'hectolitre  :  7  fr.  15  à  8  tr.  60  le  quintal. 
V.  —  Vins.  —  Spiritueux.  —  Vinaigres.  — Cidres. 

Vins.  —  Les  vendanges  se  sont  continuées  pendant  cette  semaine  dans  d'excel- 
lentes conditions  et  ont  été  favorisées  par  une  tenrpéralure  exceptionnelle  qui 
a  beaucoup  amélioré  la  qualité  des  raisins  encore  sur  pied  :  On  prévoit  déjà 
que  l'année  sera  parmi  les  bonnes  sous  ce  rapport.  Quant  à  la  quantité, 
elle  sera  certainement  moins  satisfaisante,  car  si  dans  les  vignobles  médi- 
terranéens et  surtout  dans  ceux  du  Centre  on  accuse  un  rendement  considé- 
rable, les  autres  régions,  surtout  le  Bordelais  et  la  Bourgogne  resteront  en 
déficit.  Les  affaires  sur  les  vins  nouveaux  sont  encore  trop  rares  pour  permettre 
d'établir  des  cours;  en  général,  elles  se  traitent  à  des  prix  assez  modérés,  dont 
voici  un  aperçu  :  Beaujolais,  200  à  225  fr.  la  pièce;  Sancerrois,  80  à  85  fr.; 
Montais  :  muscadets,  60  à  65  fr.  la  barrique  logée;  gros  plants,  22  à  24  fr.  la 
barrique  nue;  Blois,  50  à  60  fr.  la  pièce;  Vincelle  (Auxerrois),  180  à  190  fr.; 
Fleury,  Thorins,  200  à  225  fr.  ;  Saint-Julien  145  à  155  fr.;  —  En  Champagne 
des  cuvées  ont  été  vendues  àAy  de  5^0  à  660  fr.  la  pièce. 

Pour  les  vins  vieux,  les  transactions  sont  toi>jours  calmes.  Voici  les  derniefs 
cours  pratiqués  à  Bercy-Paris  :  vins  rouges,  100  à  160  fr.  le  muid;  Blois,  100  à 
115  fr.;  145  à  220  fr.  la  pièce:  Charente,  112  à  130  fr.  ;  Cher,  125  à  130  fr.-; 
Chinon,  160  à  210fr.;  côtes  Chalonnaises,  125  à  140  fr.  ;  Gaillae  115  à  1  25  fr.; 
Maçonnais  et  Beaujolais,  145  à  220  fr.  la  pièce;  Montagne,  35  à  42  fr.  l'hectolitre; 
Narbonne,  42  à  50  fr.  l'hectolitre;  Orléans  125  à  160  fr.  la  pièce:  Renaisoti,  140 
à  145  fr.  lloussillon,  50  à  70  fr.;  l'hectolitre;  Sancerre,  110  à  120  fr.  la  pièce; 
Selles-sous-Cher,  120  à  140  fr.  ;  Touraine,  80  à  85  fr.  la  pièce;  —  vins  blancs, 
Anjou,  135  à  160  fr.  la  pièce;  Basse  Bourgogne,  140  à  160  fr.;  Bergerac  et 
et  Sainte-Foy  vieux,  150  à  170  fr.  ;  nouveau,  155  à  160  fr.;  Chablis  et  environs, 
vieux  230  à  310  fr.;  Pouilly,  210  à  250  fr.  ;  Pouilly-Sancerre,  160  à  180  fr.  ; 
Sologne,  28  à  30  fr.  l'hectolitre;  Vouvray,  165  à  220  fr.  la  pièce;  Espagne,  35  à 
40  fr.  l'hectolitre; — vins  étrangers,  EaiYd^ne,  38  à  50  fr.  l'hectolitre;  Portugal, 
48  à  50  ir.;  Sicile,  37  à  45  fr.;  Riposto  \ieux  35  à  37  fr.  ;  Italie,  45  à  60  fr.  ; 
Dalmatie,  42  à  4S  fr.  ;  Turquie,  45  à  50  fr. 


78  REVUE  GOMMERCIALB  ET  PRIX  GOURANT 

Spiritueux.  —  Les  cours  des  alcools  se  sont  relevés  d'une  manière  sensible 
depuis  la  semaine  dernière,  sous  l'influence  des  nouvelles  défavorables  de  la 
récolte  de  la  betterave  comme  quantité  et  comme  qualité.  A  Paris,  les  trois-six  fins 
du  Nord,  90  degrés,  se  cotent  par  hectolitre,  disponible.  45  fr.  25  ;  ociobre,  45  ir.  à 

45  fr.  25;  novembre,  45  fr.;  quatre  premiers  mois,  n5  fr.  à  45  fr.  25;  quatre  mois 
chauds,  44  fr.  25  à  46  fr.  50  —  A  Lille,  les  alcools  de  mélasse  disponibles  sont 
à  44  fr.  —  A  Cette,  alcool  de  vin  disponible,  105  fr.  à  110  fr.:  Nord,  58  fr.: 
marc,  95  fr.  —  A  Nîmes,  trois-six  bon  goût,  100  fr.;  marc,  95;  à  Béziers,  trois- 
six  bon  goût,  103  fr.;  marc,  93  fr.  —  A  Bordeaux,  les  trois-six  Languedoc  sont 
à  113  fr.:  les  trois-six  fins  du  Nord,  cO  fr.  —  Tonnay-Charente,  les  eaux-de-vie 
preuve  de  Hollande  se  cotent  67  fr.  l'hectolitre. 

Pommes  à  cidre.  —  Les  pommes  à  cidre,  se  vendent  de  2  fr.  30  à  2  fr.  80 
l'hectolitre,  sur  les  marchés  de  l'Eure,  de  la  Sarthe  et  de  la  Manche  ;  à  Rouen  il 
en  a  été  acheté  jusqu'à  4  fr.  et  4  fr.  50. 

VI.  —  Sucres.  —  Mélasses.  —  Fécules.  —  HouMons. 
Sucres.  —  Les  affaires  ont  eu  cette  semaine  plus  d'animation.  Il  en  est 
résulté  un  mouvement  de  hausse  qui  s'est  fait  sentir  surtout  sur  le  livrable.  On 
cote  à  Paris  par  100  kilog.  :  sucres  bruts,  88  degrés  saccharimétriques,  34  fr.  à 
34  fr.  50;  les  99  degrés  blancs  se  payent  41  fr.;  les  sucres  blancs  n"  3,  42  fr.  à 
42  fr.  25;  —  à  Yalenciennes,  la  cote  est  de  32  fr,  pour  les  sucres  blancs 
88  degrés;  à  Lille,  de  32  fr.  25.  —  Le  stock  de  l'entrepôt  réel  à  Paris  était,  le 
6  octobre,  de  436,500  sacs,  pour  les  sucres  indigènes.  —  Les  sucres  raifmés  sont 
cotés  à  Paris  de  107  à  108  fr.  50  les  100  kilog.  à  la  consommation,  et  de  45  fr.  à 

46  fr.  50  à  l'exportation. 

Mélasses.  —  A  Paris,  on  cote  :  mélasses  de  fabrique  9  fr.  à  9  25  les  100  kilog.; 
mélasse  de  raffinerie  9  à  10  fr.  —  A  Yalenciennes,  9  fr. 

Fécules.  —  Les  cours  sont  sans  changements  à  Paris,  où  l'on  cote  nominale- 
ment 25  fr.  par  100  kilog.;  à  Compiègne,  celles  de  l'Oise  valent  25  fr.  —  A 
Marseille,  la  fécule  première  vaut  de  35  à  38  fr.;  la  deuxième  de  32  fr.  à  33  fr. 

Houblons.  —  Une  hausse  s'est  produite  cette  semaine  sur  les  marchés  à  hou- 
blon. A  Dijon,  la  foire  de  Beire,  qui  s'est  tenue  le  30  octobre,  a  vu  des  trans- 
actions assez  importantes  aux  prix  de  250,  260  et  même  270  fr.  par  100  kilog. 
—  Dans  le  Nord,  on  cote  aujourd'hui  180  et  200  fr.  —  A  Bischwiller,  on  atteint 
le  prix  de  290  à  300  fr. 

VII.  —  Tourteaux.  —   Noirs.  —  Engrais. 

Tourteaux.  —  A  Arras,  les  tourteaux  d'œillette  sont  l'objet  de  demandes  assez 
suivies  au  prix  de  13  fr.  75  les  100  kilog.;  ceux  de  colza  valent  17  fr.;  ceux  de 
lin.  24  fr.  50;  ceux  de  pavot,  12  fr.  25  à  12  fr.  50;  —  à  Caen,  on  paye  17  fr.  les 
tourteaux  de  colza;  à  Rouen,  16  fr. 

Noirs.  —  Prix  sans  changement  à  Yalenciennes,  par  100  kilog.;  noir  animal 
neuf  en  grains,  33  à  36  fr.;  noir  vieux  grains,  10  à  12  fr. 

Engrais.  —  Les  cours  sont  un  peu  plus  élevés  que  la  semaine  dernière.  A 
Paris,  on  cote  par  100  kilog.  :  nitrate  de  soude,  25  fr.  ;  sulfate  d'ammoniaque, 
39  fr.;  sulfate  de  potasse,  21  fr.  50;  chlorure  de  potassium,  19  fr.;  sang  dessé- 
ché, 1  fr.  90  le  degré  d  azote  ;  superphosphate  de  chaux,  0  fr.  70  par  degré  d'acide 
phosphoriquc  soluble  dans  l'eau.  La  potasse  vaut  0  fr.  40  à  0  fr.  47  par  unité 
dans  les  engrais  composés.  —  .1  Lille,  on  paye  par  100  kilog.  :  nitrate  de  soude, 
26  fr.:  sulfate  d'ammoniaque,  40  fr.:  superphosphates,  0  ir.  72  à  0  fr.  78  par 
degré  d'acide  phosphorique  soluble. 

VIII.  —  Matiires  résineuses.  —  Textiles. 

Matières  résineuses.  —  A  Bordeaux,  l'essence  de  térébenthine  se  vend  51  fr. 
les  100  kilog.,  sans  changement,  quoique  avec  un  bou  courant  d'atlaires.  —  A 
Dax,  elle  vaut  47  fr.  —  Los  gemmes  nouvelles  de  18;4  sont  cotés  à  Bazis, 
22  fr.  50  la  barrique;  celles  au  système  Hugues,  25  fr. 

Laines.  —  Au  Havre,  les  laines  de  Montevideo  en  suint  valent  120  à  175  fr. 
les  100  kilog. 

Chanvres.  —  Quelques  lots  de  chanvres  nouveaux  se  sont  vendus  au  Mans  au 
prix  de  74  à  80  fr.  le  quintal  métrique;  les  chanvres  vieux  toujours  de  70  à 
76  fr.;  à  la  Flèche,  on  cote  76  à  92  fr.;  à  Ambrières,  dans  la  Mayenne,  60  à  70  fr. 

Lins.  —  Les  lins  valent  toujours  à  Douili-ns  de  62  ir.  50  à  82  fr.  50  les. 
100  kilog. 


UKS  DENRÉES  AGRICOLES  (11  OCTOBRE  1884;.  79 

IX.  —  Cuirs  et  peau.r.  —  iuifs  et  corps  gras. 
Cuirs.  —    Aux  ventes  mensuelles  de  la  boucherie,  à  Paris,  on  cote,  par  50  ki- 
log.  :  bœuls,  45  fr.  60  à  55  fr.  70  ;    vaches,   47  fr.  à  50  fr.  20  ;   taureaux,  45  fr.; 
veaux,  72  à  89  fr. 

Sui/'s.  —  Le  «!uif  frais  de  l'abat  de  la  boucherie  de  Paris  vaut  80  fr.  les 
100  kilog.  —  A  Marseille,  on  cote  les  suifs  du  pays  80  fr.  :  ceux  de  la  Plata. 
83  à  85  Ir. 

Saindoux.  —  Le  saindoux   disponible   est  coté  au  Ha\Te,    52  fr.  les  50  kilog. 

X.  —  Beurres.  —  Œufs.  —  Fromages. 
Beurres.  —  On   a  vendu  pendant  la  semaine,  à  la  halle  de  Paris,  2.36,260  ki- 
log. de  beurres.  Au  dernier  marché,  on  cotait  par  kilog.  :  en  demi-kilog.,  2  fr.  30 
à  4  fr.;  petits   beurres,   1    fr.   80  à  3  fr.   28;Gournay,    2  fr.  à  3  fr.  92  ;  Isigny, 

2  fr.  60  à  7  fr.  64. 

Œufs.  —  Les  ventes  à  la  halle  ont  été  de  4,102,850  œufs  pendant  la  semaine  ; 
les  prix  restent  par  mille  :  de  105  à  126  fr.  pour  le  choix;  76  à  94  fr.  les  or- 
dinaires ;  56  à  68  fr.  les  petits. 

Fromages.  —  On  vend  à  la  halle:  par  douzaine,  Brie,  3  fr.  à  29  fr.  ;  IMontIhéry, 
15  fr.;   —  par  cent.    Livarot,    21  à  109   fr.;  Mont-d'Or,  5  à  33  fr.;    >.eufchàtel, 

3  à  19  fr.  ;  divers,  3  à  57  fr.;  par  100  kilog.,  Gruyère,  110    à  190  fr. 

XI.   —  Chevaux.  —   Bétail.  —  Viande. 

Bétail.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  officiel  du  marché  aux  bes- 
tiaux de  la  Villette,  du  jeudi  2  au  mardi  7  octobre  : 

Poids     Prix  du  kilog.  de  viande  netle  sar 
Vendus  moyen       pied  au  marché  da  6  oct^lire. 

Poor  Pour  En         4  quartiers,     i"  i*  3'  Prix 

Amenés.  Paris,  rextériear.  totalité.  kil.  quai.  quai.  quai.  moyen. 

Bœufs 5.436  3.136  1,488  4,614  SnO  1.68  1.56  1.28  1.48 

Vaches 1.943  1.033  668  1,701  23S  1.60  1.^6  1.23  1.40 

Taureaux S'JS           278  iâ  333  391  1.44  1.32  1.20  1.33 

Veaux 3,074  2,139  796  2,925  79  2.06  l.So  1.64  1.83 

Moulons    .    ...         41,(194  25,057  12,234  37,291  20  2.02  1.8-5  1   5'!  1.78 

Porcs  gias....           7,341  2,834  4,3.53  7,177  81  1.32  1.26  1.22  1.28 

Les  arrivages  des  mArchés  de  la  semaine  se  décomposent  comme  il  suit  : 

Bœufs.  —  Aisue,  4;  Allier,  4  ;  .4veyrûn,  6;  Calvados,  1,114:  Charente,  36:  Cher,  170; 
Corrèze.  12;  Oite-d'Or,  220;  Cotes-du-Xcrd,  2o5  ;  Ueux-îivres,  117;  Dordogne,  101;  Eure,  36; 
Eure-et-Loir,  37:  Gironde,  24;  Indre.  10:  Loire,  14  ;  Loirti-lnferieure,  36;  Lot-et-Garonne.  16  ; 
Maine-et-Lùire,  156;  Manche,  175;  Marne.  5;  Mayenne,  282;  Nièvre.  474;  Orne,  649  :  Puy-de- 
Dôme.  83;  Saône-et-Loire,  305;  Sarihe,  59;  Seine-Infénejfe,  2":  Seine-et-Marne,  2  ;  Tarn-el- 
Garonne,  27;  Vendée,    109;  Hante-Vienne,  8;  Yonne,  32;  Italie,  21. 

Tacites.  —  .\isne,  2  :  Allier,  2;  Aube,  14;  Aveyron,  31  ;  Calvados,  290;  Cantal,  54;  Charente, 
2;  Cher,  55;  C5te-d"0r,  79;  Cotes-du-Nord.  5;  Dordog-ie,  6;  Eure,  28;  Eure-et-Loir,  26;  Loire, 
2;  Loiret,  9;  Lot  et  Garonne,  16;  Maine-et-Loire,  37;  Manche,  132;  Marne,  6;  Mayenne,  17; 
-Niiivre,  230;  Oise,  12;  Orne,  163;  Puy-de-Dôiue,  192  ;  Saôiie-et-Loire,  59;  Seine,  148;  Seine- 
Inférieure,  4;  Seineet-Marne,  26;  Seîiie-et-Oise,  61;  Haute  Vienne,  5;  Yonne,  .59:  l'alie,  2. 

Taureaux.  —  Allier,  1;  Aiibe,  4;  Calvados,  49;  Cher,  4;-  Côte^d'Or,  15;  Gôtes-du-Nord,  4; 
Deux-Sèvres,  5;  Dordogne,  2  ;  Eure,  9  ;  Eure-ei-Loir,  15;  Ille-et-Vilaine,  16;  Loir-et-Cher,  4; 
Loiret,  10;  Maine-et-Loire,  15;  Manche,  63;  Marne,  3;  Mayenne,  7:  Meurthe-et-Moielle,  6; 
Nièvre,  10;  Oise,  14;  Orne,  12  ;  Saône-et-Loire,  5;  Sarthe,  3;  Seine-Infériein-e,  7  ;  Seine-et- 
aame,  7;  Seine-et-Oise.  12  ;  Haute-Vienne,   4;  Tonne,   13:  Italie.  1. 

Veaux.  —Aube,  303:  Calvados,  13;  Eure,  2S0  :  Eure-et-Loir.  273;  Ii:dre  cl-Loire,  44  ; 
Loiret,  280;  Marne,  169;  Oise,  59;  Puy-de-Dôme,  215;  Sarihe,  104;  Seine-Inférieure,  65; 
Seine-et-Marne,  24:j;    Seine-et-Oise,    69;    Yonne,    121. 

Uoutons.  —  Aisne,  331  ;  Allier,  646;  Aube,  841;  Avejroi),  398;  Cantal  1,836;  Charente.  178: 
Cher,  419;Cote-d'Or.  158;  Creuse,  435:  Dordogne,  47;  Eure.  200;  Eure-et-Loir,  857  :  Indre.  403 
Loir-et-ChiT,  h'i  :  loiret,  676:  Lot,  364:  Haine-et-Loire,  120;  Marne,  125;  Haute-Marne,  273  ; 
Deurthe-et. Moselle,  1.405;  Nièvre,  1.166:  Oi^e,  235;  Pny-dé-Dùme,  171;  Saùne-et-Loire,  "4; 
Saine-el-Mame  1.916;  Seine-et-Oise,  1.7Û0;  Somaje,  117;  Vienne,  lOÛ;  ïoane,  372;  Alle- 
magne, 9,201  ;  Hongrie,   6,069;    Italie, '397;    Russie,  7.298. 

tores.  —  .\isne,  17:  .411ier.  617:  Calvados,  138:  Charente,  100;  Charente-Inférieure.  64; 
Cher,  70:  Cùle-<i"Oi-.  142:  Ciles-du-Notd,  28:  Creuse,  191;  Dcin-Sèvres.  7l;8;  Ule-et-Vilaine, 
bi'iO-;  Indre.  197:  Indre-et-Loire,  91;  Loire-Inférieure,  323;  Loir-et-Cher,  156;  Lot.  19;  Maine- 
et-Loire,  602;  Manche,  169;  Marne,  121;  Mayenne.  30;  Nièvre,  llfl:  Puy-de-DOme,  328; 
Saône-et-Loire,  398;  Sarthe,  1,160;  Seine,  50;  Seine-Inférieure,  36;  Seine  el-Oise,  18  ;  Venilée, 
ÏA3;  Vienne,  166. 

Les  arrivages  sont  très  ;tbondants,  sauf  pour  les  veaux  et  les  moutons;  il  y  a 
de  la  baisse  sur  les  cours  depuis  huit  jours.  —  Sur  les  marchés  des  dépaile- 
mcnts  on  cote  :  Evreux,  ba-uf,  2  fr.  10;  veau,  2  fr.  30;  mouton,  2  fr.  30;  porc, 
1  fr.  70;  —  i\euboiirg,hœu{,  1  fr.  70  à  1  fr.  80;  vache,  1  fr.  50  àl  fr.  60;  veau, 
1  fr.  90  à  2  fr.;  mouton,  1  fr.  90  à  2  fr.  ;  porc,  1  fr.  40  à  1  fr.  50;  —  Louviers, 
bœuf,  1   fr.   40  à    2  fr.;  veau,  2  fr.  à   2  fr.  40;  mouton,    2  fr.   à    2  fr.  40;  porc, 


80  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT  (11  OCTOBRE   1884). 

1  fr.  80  à  2  fi.;  —  Nancy,  bœuf,  88  à  92  fr.  par  100  kiiog.  bruts;  vache,  80  à 
88  i'r.  ;  veau,  48  à  53  fr.  ;  mouton,  100  à  105  ir.;  porc,  60  à  66  fr.  ;  —  Sedan, 
bœuf,  1  fr.  60    à    1  fr.  80   le  kilog.;    veau,   1   ir.   40  à   1  90;  mouton,  1  fr.  50  à 

2  fr.  40;  porc,  1  fr.  40  à  1  fr.  80; —  Dijuv,  bœuf,  1  fr.  60  à  1  Ir.  72:  taureau, 
1  fr.  10  à  1  fr.  34;  vache,  1  fr.  20  à  1  fr.  66;  veau  (poids  vif),  1  fr.  06  à  1  fr.  76; 
mouton,  1  fr.  50  à  1  fr.  80;  porc  (poids  vif),  0  fr.  90à  0  fr.  96; — Bourges^ 
bœuf,  1  fr.  40  à  1  fr.  60;  veau,  1  fr.  60  à  1  fr.  80;  mouton,  1  fr.  90  à  2  fr.  10; 
porc,  1  fr.  40  à  1  fr.  60;  —  Ncvers,  bœuf,  1  fr.  60  à  1  fr.  80;  vache,  1  fr.  40  à 
1  fr.  60;  veau,  2  fr.;  mouton,  2  fr.  ;  porc,  1  fr.  60.;  —  Bourgoin,  bœuf,  66  à 
76  fr.  les  100  kilog.;  vache,  60  à  70  fr.;  veau,  90  à  100  fr.;  mouton,  80  à  90  fr.; 
porc,  90  à  100  fr.; —  ViUefranche,  bœuf,  0  fr.  85;  vache,  0  fr.  75;  veau^  Ofr.  95; 
mouton,  0  Ir.  95;  porc,  0  fr.  85. 

Viande  à  la  criée.  —  Il  a  été  vendu  à  la  halle  de  Pans,  du  29  septembre  au 
5  octobre  ; 

Prix  du  kilog.  le  5  ui-tobre.       

kilos.            !'•  quai.             2*  quai.             3*  quai.  Clioix.     Basse  Scjûherie. 

Bœuf  OU  vache...   142,339  1.70  à  2  10    1.48  à  1.68     l.Oo  à  1.46  1.56  à  2.96  0.20  à  1.40 

Veau 143,595  1.8S       2.06     1.66       1.86     1.45       1.64  •             »         »            » 

Moutoa 68,588  1.50      1.78     1.28      1.46     1.00      1.26  1.76      3.36    »            » 

Porc 47,447  Porc  frais 1.16àl.44. 

401,969  Soitparjour 57,410  kilog. 

Les  ventes  ont  été  inférieures  de  6,000  kilog.  par  jour  à  celles  de  la  semaine 
précédente.  Les  prix  sont  en  hausse  pour  la  viande  de  bœuf  et  de  veau,  mais  en 
baisse  pour  les  autres  sortes. 

XII.  —  Cours  de  la  viande  à  l'abattoir  de  la  Villette  du  jeudi  9  octobre  [par  50  kilog.) 
Cours  de  la  charcuterie.  —  On  \rend  à  la  Villette  par  50  kilog.  :  1"  qualité, 
65  à  68  fr.  ;  2%  60  à  65  fr.  Poids  vif,  42  à  48  fr. 

Bœufs,  Veaux.  Moutons. 

1"  ■  U'  3*  1"  2"  3*  1"  2* 

qnal.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai, 

fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr. 

81  75  68  105  100  93  88  82  76 

XIII.  —  Marché  aux  bestiaux  de  la  Villette  du  jeudi  9  octobre  1884. 

Cours  des  commissionnaires 
Poids  Cours  ofllciels.  en  besliaui. 

Animaux  gênerai.     1"        2*  3"  Prix  i"        2'  3*  Prix  '~ 

amenés.       Inrendus.         kil.        quai.  quai.  quai,     extrêmes.  quai. quai.  quai.  extrêmes 

Bœufs 2.4S7  80  346          1.0»     l.blj  1.28     1.24il.72  1.1)6      1.54  1.26  1.22àl.70 

Vaches 796  31  230          1.62     1.46  1   2i     1.16      1.64  1.60     1.44  1.20  1.14     1.62 

Taureaux...          174  21  380          1.44     1.32  l.20     1.16      1.40  1.42     1.30  1.18  1.14     1.44 

Veaux 1.204  -219  79         2  00     1.80  1.&8     1.44     2.10         •              »  »  » 

Moutons 16  459  637  19         2.00     1.S6  1.56     1 .  50     2  06          »              »  »  » 

Porcs  gras..     4.461  11  80         1.40     1.34  1.28     1.22     1.46         »              «  »  • 

*-  maigres,.           »  »  »»9>»>s>>» 

Vente  difli.-ile  sur  toutes  les  espèces. 

XIV.  —  liésumé.  : 

Les  cours  des  céréales  sont  sans  variation  sensible,  avec  tendance  à  la  fermeté  ; 

les  alcools  et  les  sucres  reprennent  un  peu  de  faveur  ;  les  autres  denrées  conservent 

leurs  cours.  A.  Rémy. 

BULLETIN  FINANCIER 

Les  cours  des  fonds  publics  ont  baissé  depuis  huit  jours  d'une  manière  géné- 
rale. On  cote  les  rentes  françaises  :  3  pour  100,  78  fr.  10;  —  3  pour  100 
amortissable,  79  fr.  75; — 4  et  demi  pour  100,  103  fr.  75;  —  4  et  demi  pour  100 
nouveau,  108  Ir.  80. 

Les  actioiis  des  établissements  de  crédit  sont  aux  cours  suivants  :  Banque 
de  France,  5,020  fr.  50;  Banque  de  Paris  et  des  Pays-Bas,  770  fr.  ;  Comptoir 
d'escompte,  945  fr.  ;  Crédit  foncier  et  agricole  d'Algérie,  496  f'.  25;  Crédit  fon- 
cier, 1,300  fr.  Banque  d'escompte  de  Paris,  518  fr.  75;  Crédit  lyonnais, 
543  fr.  75,  Crédit  mobilier,  275  fr.  ;  Société  de  dépôts  et  comptes  courants, 
625  fr.  ;    Société  générale,  457  fr.  50;  Banque  parisienne,  395  fr.  ; 

On    paye   les    titres    des    Compagnies  de   chemins  de  fer  :  Est,    782  fr.    50^ 
Paris-Lyon-Méditerranée,  1,230  fr.;  Midi,  1,148  fr.  75;  Nord,  1,620  fr.  ;  Orléans 
1,297  fr.  50;  Ouest,  825  fr.  ' E.  Féron. 

Le  Gérant  :  A.  Bouché. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (i8  octobre  i884). 

Premiers  travaux  de  la  Chambre  des  députés  intéressant  l'agriculture.  — Nécessité  de  se  mettre 
en  garde  contre  les  exagérations  des  partis  extrêmes  et  des  idées  absolues.  —  De  l'influence  du 
relèvement  des  tarifs  de  douane  sur  l'industrie.  —  Le  prix  du  blé  et  cemi  du  pain.  —  L'igno- 
rance et  la  routine  sont-elles  les  causes  réelles  de  la  crise  agricole?  —  Les  fêtes  du  centenaire 
de  Corneille  à  Houen.  —  Proposition  de  récompenses  à  l'occasion  de  l'exposition  internatio- 
nale d'Amsterdam.  —  Décorations  dans  l'ordre  du  Mérite  agricole.  —  La  peste  bovine  à  Pres- 
],ourg.  —  Mesures  prises  par  le  gouvernemcnl  belge.  —  Congrès  agricole  départemental  dans 
l'Aube.  —  Ecoles  pratiques  d'agriculture  dans  le  Pas-de  Calais  et  dans  la  Cùte-d'Or.  —  Le 
phylloxéra  et  les  semis  de  vignes  américaines.  —  Excès  de  zèle  d'un  délégué  départemental. 
—  La  pisciculture  dans  la  Creuse.  —  Distribution  d'alevins  d'anguilles.  — Un  élan  au  jardin 
zoologique  d'acclimatation.  —  Créat'on  d'une  Société  mycologique.  —  Réunion  de  la  Société 
d'agriculture  de  Vaucluse.  —  Hommage  rendu  par  M.  le  D'  Villars  à  MM.  du  Peyrat  et  Barrai. 
Consours  de  la  Société  d  agriculture  de  l'ont-rEvoi[ue.  —  .Vllocution  de  M.  Conrad  de  Witt.  — 
Discours  de  M.  de  HédouviUe  à  la  So^-iété  d'agriculture  de  Wassy.  — Concours  du  Comice  de 
Nevers  et  du  Comice  de  Chàteau-Cbinon.  — Notes  de  MM.  Pagnoul,  Jacquot,  Bronsvick,  Allier, 
sur  l'état  des  récoltes  dans  les  départements  du  Pas-de-Calais,  des  Vosges  et  des  Hautes- 
Alpes. 

I.  —  Lrs  préoccupations  agricoles. 

Ainsi  que  nous  l'annoncions  dans  notre  dernière  chronique,  la 
Chambre  des  députés  s'est  occupée,  dès  sa  première  séance,  des  ques- 
tions qui  intéressent  l'agriculture.  Elle  a  décidé  que  la  Commission 
chargée  d'étudier  le  projet  de  loi  présenté  par  M.  le  ministre  de  l'agri- 
culture sur  des  modifications  à  ajtporter  au  tarif  général  des  douanes 
serait  immédiatement  nommée.  En  outre,  M.  de  Roys,  député  de 
l'Aube,  a  demandé  à  interpeller  le  gouvernement  sur  sa  politique  éco- 
nomique; la  date  de  la  discussion  de  cette  interpellation  a  été  fixée  au 
samedi  18  octobre.  D'autre  part,  on  annonce  que  M.  Jametel,  député 
de  la  Somme,  doit  présenter  une  proposition  relative  au  relèvement 
des  tarifs  de  douane  sur  les  céréales,  et  notamment  sur  le  blé.  La  nou- 
velle session  va  donc  débuter  par  une  large  discussion  sur  les  pro- 
blèmes qui  préoccupent  si  vivement  les  agriculteurs. 

Ces  problèmes  sont  aujourd'hui  agités  dans  toute  Ja  presse;  ils  y 
font  l'objet  de  discussions  vives,  parfois  passionnées,  dans  lesquelles 
on  se  laisse  trop  souvent  emporter  par  les  exagérations.  Nous  avons  dit 
que,  lout  en  faisant  connaître  toutes  les  opinions  émises,  nous  vou- 
lions rester  ici  dans  la  voie  que  nous  regardons  comme  la  seule  juste, 
celle  des  droits  compensateurs,  en  nous  écartant  autant  du  protection- 
nisme absolu  que  du  libre-échange  absolu.  Ces  deux  doctrines  sont 
aussi  dangereuses  l'une  que  l'autre.  Il  en  est  de  l'économie  nationale 
comme  de  la  politique  :  ni  l'une  ni  l'autre  ne  peuvent  avoir,  dans  leur 
application,  des  règles  immuables;  on  doit  chercher  à  défendre  et  à 
appliquer,  sans  parti  pris,  sans  théorie  d'école,  ce  qui,  dans  une 
circonstance  donnée,  doit  être  le  plus  utile  à  son  pays  ;  la  grandeur  et 
la  prospérité  nationalesdoivent  servir  d'uniques  guides.  Or,  aujourd'hui, 
étant  donnée  la  pléthore  de  production  dans  le  monde  entier,  il  est  du 
devoir  de  to'jt  homme  politique  qui  aime  son  pays,  de  provoquer  les 
mesures  indispensables,  transitoires  si  l'on  veut,  qui  periuettront  à 
l'agriculture  française  de  traverser  la  période  d'évolution  à  laquelle  elle 
s'est  franchement  consacrée.  Le  relèvement  des  tarifs  de  douane  est  la 
seule  solution  immédiate  dans  les  ci  inconstances  actuelles. 

Au  milieu  des  innombrables  articles  de  journaux  que  l'agitation 
agricole  a  provoqués,  il  s'est  commis  bien  des  erreurs  que  nous  ne 
pouvons  pas  relever,  car  la  place  nous  manquerait.  Mais  il  est  deux 
ordres  d'arguments  que  nous  devons  combattre. 

On  prétend,  d'une  part,  que  le  relèvement  des  tarifs  de  douane  sur 

N°  810.  —  Tome  IV  de  1884.  —  18  Octobre. 


82  CHRONIQUE  AGRICOLE  (18  OCTOBRE    188ii. 

les  denrées  agricoles  aurait  pour  conséquence  de  porter  un  grave  pré- 
judice à  toutes  les  autres  industries  dont  les  frais  de  production 
seraient  accrus,  et  qu'il  entraînerait  un  renchérissement  général  des 
denrées  alimentaires.  C'est  là  un  argument  spécieux,  mais  qu'il  est 
facile  de  réfuter.  Ce  qui  se  passe  aujourd'hui  pour  le  pain  en  est  la 
preuve.  Est-ce  que  l'effondi'ement  des  prix  du  blé  sur  tous  les  marchés 
sans  exception  a  amené  une  baisse  égale  sur  le  prix  du  pain?  Le 
ministre  de  l'agriculture  n'a-t-il  pas  ouvert  récemment  une  enquête 
pour  s'éclairer  sur  les  causes  de  ce  fait  anormal?  Eu  admettant,  ce 
qui  est  fort  problématique,  que  le  relèvement  des  tarifs  de  douane  ait 
son  plein  effet,  le  prix  du  blé  reviendrait  au  cours  du  printemps  der- 
nier; qui  donc  alors  se  plaignait  du  prix  du  pain?  Ne  vaut-il  pas 
mieux,  dans  l'intérêt  national,  que  la  baisse,  qui  est  inévitable,  se 
produise  graduellement,  sans  ruiner  les  cultivateurs,  comme  elle  les 
ruine  aujourd'hui?  Et  qui  serait,  en  définitive,  victime  de  cette  ruine? 
Tout  le  monde;  car  tous  les  Français  touchent  par  quelque  point  à  la 
terre.  Poser  la  question,  c'est  donc  la  résoudre. 

D'autres  accusent  les  cultivateurs  d'ignorance  et  de  routine  ;  ils  les 
blâment  sévèrement  de  marcher  à  la  remorque  de  procédés  surannés; 
quelques-uns  même  font  de  l'érudition  et,  compulsant  les  rapports 
des  derniers  concours  régionaux,  ils  cherchent  à  prouver  que  ceux 
qui  savent  gagnent  encore  beaucoup  d'argent  en  cultivant  le  sol.  Nous 
avons  exprime  notre  opinion  sur  l'enseignement  agricole;  nous  déplo- 
rons la  lenteur  avec  laquelle  il  se  répand,  nous  faisons  tous  nos  efforts 
pour  en  faire  comprendre  l'urgente  nécessité.  Ce  n'est  donc  pas  ici  que 
Fignorance  et  la  mauvaise  routine  (car  il  y  a  une  bonne  routine)  trou- 
veront des  défenseurs.  Mais  il  faut  dire  que  ceux  pour  lesquels  l'igno- 
rance et  la  routine  seraient  les  causes  des  souffrances  actuelles  de 
l'agriculture,  montrent  une  connaissance  bien  faible  de  la  situation. 
Ce  sont  précisément  les  agriculteurs  les  plus  réputés  jusqu'ici,  ceux 
qu'on  a  couverts  de  lauriers,  et  à  juste  titre,  qui  souffrent  le  plus;  ce 
sont  les  grandes  fermes,  celles  dans  lesquelles  on  fait  usage  des  ma- 
chines perfectionnées,  où  l'on  emploie  beaucoup  d'engrais  commer- 
ciaux, qui  ne  peuvent  plus  payer  leurs  loyers.  Quant  au  petit  cultiva- 
teurs, celui  que  vous  appelez  le  plus  routinier,  il  est  beaucoup  moins 
malheureux,  parce  qu'il  n'est  pas  écrasé  par  le  prix  de  la  main- 
d'œuvre.  Dans  le  système  du  métayage,  le  propriétaire  est  beaucoup 
plus  à  plaindre  que  le  métayer.  La  crise  actuelle  est  surtout  une  crise 
de  fermage. 

Telle  est  la  vérité  qu'il  faut  savoir  dire.  Mais  si  le  présent  est 
sombre,  on  ne  doit  pas  désespérer  de  l'avenir.  A  la.  suite  du  concours 
pomologique  de  Rouen,  nous  avons  vu  les  fêtes  du  bicentenaire  du 
grand  Corneille,  et  nous  avons  applaudi  à  ces  vers  de  M.  Sully- 
Prudhomme  : 

Ah  !  du  moins,  pour  un  jour,  au  pied  de  ta  statue, 

Imposant  l'accalmie  au  forum  agité, 

La  France,  de  sa  gloire  ancienne  revêtue, 

Peut  jouir,  gjùce  à  toi,  de  l'unanimité  . 

Et  devant  loi  l'espoir  ose  en  elle  renaître, 

Car,  après  deux  cents  ans,  ses  maux  n'ont  point  tari 

Le  sang  vivace  et  pur  qui  t'avait,  donné  l'être, 

Et  n'ont  point  épuisé  le  sol  qui  t'a  nourri. 

Non,  le  sol  français  n'est  pas  épuisé;  mais  l'unanimité  qui  acclame 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (18  OCTOBRE  1884).  83 

les  grands  poètes  doit   se  retrouver  quand   il   s'agit  des   intéréls  de 
l'agriculture  nationale. 

II.  —  Exposition  internationale  (VAmsUrdam. 
Dans  la  séance  de  la  Chambre  desdt'-putés  du  14  octobre,  M.  Méline, 
ministre  de  l'agriculture,  a  déposé  un  projet  de  loi  relatif  aux  récom- 
penses honorifiques  à  décerner  à  l'occasion  de  l'exposition  interna- 
tionale agricole  d'Amsterdam.  Nous  pensons  que  ce  projet  de  loi  sera 
rapidement  voté  par  le  Parlement. 

III.  —  Décorations  pour  services  rendus  à  l' agriculture. 
Le  Journal  officiel  du  13  octobre  fait  connaître  les  nominations  sui- 
vantes dans  l'ordre  du  Mérite  agricole,  faites  par  des  arrêtés  du  mi- 
nistre de  l'agriculturCj  en  date  du  21  septembre,  du  3  et  du  1 1  octobre  : 

M.  Herbet  (Pierre),  secrétaire  <;ênérril  du  Comice  agricole  de  l'arrondispement 
de  la  Réole  (Gironde).  —  Auteur  de  publications  agricoles  et  -vétérinaires,  orga- 
nisatenr  de  concours  d'animaux  dans  la  région.  Services  exceptionnels. 

M.  Merle  de  Massonneau  (Jean-Antoine),  vico-présidentdu  Comice  agricole 
de  Nêrac  (Lot-et-Garonne),  lauréat  dans  les  concours  régionaux.  —  A  le  premier, 
dans  son  département,  appliqué  à  la  grande  culture  le  greffage  des  fignes  fran- 
çaises sur  cépages  américains.  Services  excepticmnels. 

M.  Ressayée  (Joseph-Gervaisl,  vétérinaire  à  JMoissac  (Tarn-et-Garonne).  — 
Tice-président  du  Comice  agricole  du  canton  de  Moissac,  dont  il  a  été  le  réorga- 
nisateur. Membre  de  la  Commission  départementale  contre  le  phylloxéra.  A  puis- 
samment contribué,  depuis  35  ans,  à  l'amélioration  des  races  chevaline  et  ovine  de 
la  région. 

M.  Paniez  (Joseph),  cultivateur  à  Mouchaux  (Nord);  69  ans  de  services  comme 
ouvrier  agricole  chez  le  même  propriétaire.  —  A  obtenu  de  la  Société. des  agri- 
culteurs de  France  une  médaille  d'argent  et  une  prime  pour  le  dévouement  et  la 
fidélité  avec  lesquels  il  a  servi  pendant  sa  longue  carrière. 

Nous  voyons  avec  plaisir  dans  cette  liste  le  nom  d'un  ouvrier  agri- 
cole; les  bons  ouvriers  sont  des  auxiliaires  indispensables  pour  la  pro 
spérité  de  l'agriculture. 

IV.  —  La  peste  bovine. 

On  sait  que  la  peste  bovine  règne  à  l'état  endémique  dans  une  par- 
tie de  l'Europe  orientale.  Il  arrive  parfois  que  le  fléau  sort  de  ces  limites, 
d'ailleurs  assez  indéterminées,  et  apparaît  soudain  sur  des  points  qui 
en  sont  généralement  indemnes.  C'est  ce  qui  vient  d'arriver.  La  peste 
bovine  a  été  constatée  récemment  iiir  marché  de  Presbourg,  en  Hongrie. 
Ce  marché  est  un  de  ceux  d'où  partent  de  nombreux  convois  pour 
l'Europe  occidentale.  En  présence  de  oe  fait,  un  arrêté  spécial  a  été 
rendu  par  le  gouvernement  belge,  à  la  date  du  8  octobre.  Cet  arrêté 
interdit,  jusqu'à  disposition*  canLraires.,  l'importation  et  le  transit,  par 
les  frontières  de  terre  e,t.de  m,er,  des  ^bétés  bovines,  ovines,  et  de  tous 
les  autres  ruminants  provenant  de  l'Aulriche-Hongrie.  Les  liètes  bovines 
de  cette  provenance  De  peu^'ent  pas  pénétrer  en  Franoe.; , c'est  seulement 
pour  les  bêtes  ovines  qu  il  pourrait  être  opportun  de  prendre,  chez 
nous,  des  mesures  analogues  à  celles  dont  la  Belgique  a  pris 
l'initiative. 

V.  —  Conrjr'es  agricole  départemental. 

On  nous  annonce  que  les  membres  de  la  Société  d'encouragement 
à  l'agriculture  appartenant  au  département  de  l'Aube  sont  convoqués 
à  un  congrès  départemental  agricole  qui  sera  présidé  par  M.  le  mar- 
quis de  Roys,  député.  Ce  congrès  se  réunira  àTroyes  les  8  et  9  novem- 


84  CHRONIQUE  AGRICOLE  (18  OCTOBRE  1884). 

bre  prochain;  il  a  pour  objet  d'examiner  la  situation  de  l'agriculture 
dans  le  département  et  d'étudier  les  moyens  d'y  porter  remède.  Toutes 
les  communes  rurales  du  département  de  l'Aube  sont  invitées  à 
envoyer  des  délégués  à  cette  réunion. 

VI.  —  Ecoles  pratiques  d'agriculture. 

Le  Conseil  général  du  Pas-de-Calais  a  commencé,  dans  sa  dernière 
session,  l'examen  d'une  proposition  relative  à  la  création  d'une  école 
pratique  d'agriculture  dans  ce  département.  Après  une  assez  longue 
discussion,  le  Conseil  a  voté  en  principe,  sur  l'avis  de  M.  d'IIavrin- 
court,  et  conformément  à  la  demande  du  préfet^  la  création  de  cette 
école;  il  a  été  décidé  qu'une  commission  de  sept  membres  serait 
nommée  pour  étudier  la  question  au  point  de  vue  pratique  et  pour 
présenter  une  proposition  ferme  au  Conseil  général,  loi's  de  sa  session 
d'avril. 

L'organisation  de  l'Ecole  pratique  d'agriculture  et  de  viticulture  de 
Beaune  (Côte-d'Or)  est  à  peu  près  achevée  ;  l'ouverture  de  cette  école 
aura  lieu  au  mois  de  janvier  prochain. 

^.;  VII.  —  Le  phylloxéra. 

Les  règlements  qui  régissent  aujourd'hui,  dans  les  départements 
non  encore  envahis,  la  culture  des  vignes,  sont  très  sévères,  et  nous 
les  approuvons  complètement,  car  il  est  trop  souvent  arrivé  que  le 
phylloxéra  a  été  introduit  dans  des  régions  indemnes  par  des  plants 
importés  de  départements  contaminés.  Mais  s'il  est  important  que  ces 
règlements  soient  rigoureusement  appliqués,  il  importe  aussi  que  cette 
application  soit  faite  avec  discernement.  Voici  un  fait  qu'on  nous 
signale,  et  que  nous  devons  regretter.  Dans  un  département  viticole, 
un  propriétaire  a  semé  des  pépins  de  vignes  américaines;  il  a  obtenu 
des  plants  robustes,  bien  caractérisés,  qu'il  a  multipliés;  puis  il  a 
donné  autour  de  lui  quelques  centaines  de  boutures.  L'origine  de  ces 
boutures  est  donc  bien  déterminée;  rien  de  contraire  ni  à  la  loi  ni  à 
son  esprit.  Un  délégué  départemental  survient  chez  un  horticulteur 
qui  a  reçu  une  partie  de  ces  boutures,  et  qui  en  a  introduit  également 
d'un  autre  département  officiellement  indemne,  où  on  les  avait  obte- 
nues de  semis.  Ce  délégué  départemental  ordonne  l'arrachage  et,  sur 
le  refus  de  l'horticulteur,  il  fait  dresser  procès-verbal  par  la  gendar- 
merie. Quant  au  premier  propriétaire  qui  a  fait  les  semis,  on  le  laisse 
tranquille  en  déclarant  qu'il  est  dans  son  droit.  Il  y  a  là  un  abus  de  pou- 
voir contre  lequel  nous  devons  protester.  Aucune  loi,  aucun  décret,  aucun 
arrêté  n'interdit  la  culture  des  vignes  américaines  venant  de  semis, 
dans  quelque  département  que  ce  soit;  les  règlements  interdisent  l'in- 
troduction des  vignes  étrangères  dans  certaines  zones,  mais  il  n'y  a 
rien  au  delà.  Les  vignes  venues  en  France  d'un  pépin  de  vigne  étran- 
gère sont  nées  en  France,  et  leurs  produits  sont  aussi  français  que 
ceux  de  nos  anciennes  vignes  jadis  importées  d'Asie.  Permettre  les 
semis  de  pépins  et  interdire  la  propagation  du  bois  cueilli  sur  les 
sujets  provenant  de  ces  pépins,  c'est  créer  une  contradiction.  L'Etat  a 
naguère  tenté  de  former  à  Grand-Jouan  une  pépinière  de  vignes  améri- 
caines venues  de  semis;  si  cette  pépinière  avait  réussi,  on  en  aurait 
réparti  les  boutures  partout,  et  personne  n'aurait  protesté  contre  cette 
distribution.  Il  n'y  a  plus  de  viticulteur,  heureusement,  pour  pré- 
tendre que  certaines  variétés  de  vignes  engendrent  le  phylloxéra.  Nous 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (18  OCTOBRE  1884).  85 

espérons  donc  qu'un  fait  analogue  ù  celui  que  nous  venons  de  signaler 
ne  pourra  pas  se  renouveler. 

VIII.  —  Pisciculture. 
Dans  sa  dernière  session,  le  Conseil  général  de  la  Creuse,  en  vue 
de  continuer  l'œuvre  si  importante  du  repeuplement  des  cours  d'eau 
du  département,  a  voté  au  budget  de  1885  un  crédit  de  mille  francs. 
Sur  ce  crédit,  une  somme  non  déterminée  sera  spécialement  affectée  à 
l'achat  d'alevins  d'anguilles  pour  être  distribués  aux  propriétaires 
d'étang  qui  en  exprimeront  le  désir.  Les  demandes  à  l'effet  d'obtenir 
un  ou  plusieurs  paniers  de  ces  alevins  devront  être  adressées,  avant 
le  l""  février  prochain,  soit  à  la  préfecture,  soit  à  l'ingénieur  en  chef 
des  ponts  et  chaussées,  à  Guéret. 

IX.  —  Jardin  zoologique  d'acclimatation. 

Le  jardin  d'acclimatation  de  Paris  vient  d'ajouter  à  ses  collections 
un  animal  des  plus  intéressants,  un  élan.  Cette  espèce  de  cerf  gigan- 
tesque est  rarement  représentée  dans  les  jardins  zoologiques.  Elle 
n'existe  à  l'état  sauvage  que  dans  les  forêts  de  Lilhuanie,  en  Livonie, 
en  Suède  et  Norwège,  et  encore  tend-elle  à  disparaître  de  ces  régions. 

L'élan  est  d'une  conformition  bizarre.  Son  corps,  relativement  court, 
est  perché  sur  des  membres  d'une  longueur  démesurée,  si  bien  qu'il 
dépasse  en  hauteur  nos  plus  grands  chevaux;  l'encolure  est  si  petite 
que  l'animal  ne  peut  pas  brouter  l'herbe  par  terre,  sans  se  mettre  à 
genou.  D'ailleurs,  ses  lèvres  très  développées  paraissent  être  disposées 
pour  saisir  les  feuilles  d'arbres  dont  il  est  très  friand.  Sa  taille  est 
encore  élevée  par  des  bois  plats  de  grande  dimension,  qui  sont  l'apa- 
nage des  mâles. 

11  y  avait  une  femelle  au  jardin  d'acclimatation,  depuis  deux  ans 
déjà,  et  c'est  aujourd'hui  seulement  que  le  couple  a  pu  être  complété. 

X.  —  Création  d'une  Société  myco logique. 

Une  société  mycologique  s'est  fondée  récemment  dans  le  but  d'en- 
courager et  de  propager  les  études  relatives  aux  champignons,  tant  au 
point  de  vue  de  l'histoire  naturelle  que  sous  le  rapport  de  l'hygiène  et 
des  usages  domestiques.  Les  membres  français  sont  répartis  en  sec- 
tions correspondant  aux  principaux  centres  d'études  mycologiques.  La 
Société  tiendra  chaque  année,  dans  une  région  différente,  une  session 
générale,  à  laquelle  seront  conviées  toutes  les  sections.  Cette  session 
générale  comprendra  :  1°  une  exposition  mycologique;  2°  des  confé- 
rences ;  3°  des  herborisations. 

La  Société  mycologique  s'est  réunie  à  Epinal,  sous  le  patronage  de 
la  Société  d'émulation  du  déparlement  des  Vosges,  les  5  et  6  octo- 
bre. Elle  a  constitué  ainsi  son  bureau  pour  la  première  période 
biennale  :  président,  M.  Quelet;  vice-président,  M.  Boudier;  secré- 
taire, M.  Mougeot;  trésorier,  M.  R.  Ferry;  archiviste,  M.  Forquignon. 

XI.  —  Hommage  à  M.  du  Peyrat  et  à  il.  Barrai. 

M.  le  docteur  Villars,  secrétaire  général  de  la  Société  d'agriculture 
et  d'horticulture  de  Vaucluse,  nous  communique  l'extrait  suivant  du 
procès-verbal  de  la  séance  tenue  par  cette  Société  le  7  octobre  cou- 
rant. Voici  les  paroles  qu'il  y  a  prononcées  : 

«  Quelques  jours  après  notre  dernière  réunion,  nous  apprenions  la  mort  impré- 
vue de  M.  du  Pej  rat,  inspecteur  général  de  l'agriculture  pour  la  région  du  sud- 


Sn  CHRONIQUE  AGRICOLE   (18  OCTOBRE   18rf4) 

est  et  à  quelques  jours  d'intervalle  celle  de  AI.  Barrai,  secrétaire  perpétuel  de  la 
Société  nationale  d'agriculture. 

«  MM.  du  Peyrat  et  Barrai  étaient  membres  correspondants  de  notre  Société, 
tous  les  deux  très  connus  dans  notre  région  et  très  sympathiques  aux  agricul- 
teurs, auxquels  ils  n'épargnaient  ni  leurs  sages  conseils  ni  les  encouragements, 
car  tous  les  deux  avaient  également  à  cœur  le  relèvement  de  notre  agriculture 
méridionale. 

«  M.  Charles  du  Peyrat,  inspecteur  général  de  l'agriculture,  est  décédé  à 
Beyrie  en  Gbalosse,  dans  le  département  des  Landes,  à  l'âge  de  quarante-quatre 

ans. 

«  Fils  de  l'ancien  fondateur  de  la  ferma-écale  des  Landes,.  M.  du  Peyrat,  sur 
les  consHils  d'un  inspecteur  distingué  de  l'agriculture,  se  décida  à  suivre  la  car- 
rière agricole;  mais,  comprenant  toute  l'étendue  des  connaissances  qui  lui  étaient 
nécessaires,  il  se  mit  à  étudier,  avec  cette  ténacité  qui  était  une  de  ses  facultés 
dominantes,  les  sciences  physiques  et  naturelles,  Féconomiie  politique,  le  droit, 
la  mécanique,  dans  leurs  rapports  avec  la  science  agricole,  dont  il  avait  puisé  la 
savante  pratique  à  la  ferme-école  que  dirigeait  son  père  avec  habileté  et  savoir. 

«  Complètement  préparé  pour  pouvoir  occuper  avec  distinction  les   premiers 
rangs   M.  du  Peyrat  fut  nommé  sous-inspecteur,  et  dès  ses  débuts,  il  se  lit  remar 
quer  par  l'étendue  de  ses  connaissances,  la  rectitude  de  son  jugement  et  sou  apti- 
tude à  la  carrière  qu'il  venait  d'embrasser. 

«  Sa  pénible  et  diflicile  mission  en  Algérie,  et  ses  rapports  sur  l'état  de  l'agri- 
culture dans  cette  province,  le  désignaient  hautement  pour  la  prochaine  inspec- 
tion qui  deviendrait  vacante. 

«  Nous  avons  pu  ajiprécier  M.  du  Peyrat  à  l'œuvre  dans  les  divers  concours  de 
notre  région,  et  jamais  un  agriculteur  n'a  pu  contester  sa  compétence  quand  il 
avait  donné  son  opinion. 

«  Tout  dévoué  aux  intérêts  agricoles  vauclusiens,  sur  la  proposition  de  notre 
président,  M.  le  marquis  de  l'E.spine,  vous  avez  nommé,  dans  la  séance  du  24  mai 
1879,  M.  du  Peyrat,  membre  correspondant  de  notre  Société,  où  il  comptait 
plusieurs  amis  très  dévoués,  qui  avaient  été  à  même  d'apprécier  ses  connaissan- 
ces lors  des  visites  faites  pour  décerner  les  prix  des  concours  régionaux.  Satis- 
fait de  la  position  qu'il  occupait,  marié  à  une  femme  d'élite,  notre  inspecteur 
général  devenait  presque  notre  compatriote,  par  suite  de  la  création,  dans  une 
commune  voisine,  d'un  important  vignoble  soumis  à  la  submersion.  Quand,  dès 
les  premiers  jours  de  septembre,  la  nouvelle  imprévue  de  la  mort  de  M.  du  Pey- 
rat se  propagea  dans  notre  pays,  nul  ne  voulait  croire  à  la  mort  de  cet  homme  si 
distingué,  que  l'on  avait  vu  bien  portant  quelques  semaines  auparavant,  jouissant 
de  toute  la  plénitude  de  ses  facultés  et  de  toutes  les  appaiences  de  la  santé. 

te  La  nouvelle  n'était  ipie  trop  véritable,  et  sa  m.jrt  Idi.^si!  uu  grand  vide  pour  les 
intérêts  en  souifrance  de  notre  agriculture  méridionale  dont  il  était  le  défenseur 
naturel  auprès  des  pouvoirs  de  l'Etat. 

«  Jean-Augustin  Barral  est  né  à  Metz  le  30  janvier  1819.  Elève  très  dis- 
tingué de  l'Ecole  polytechnique,  il  débuta  dans  l'administration  des  tabacs,  où  il 
eut  à  s'occuper  spécialement  de  physique  et  de  chimie.  Bépétiteur  à  l'Ecole,  il 
eut  l'honneur  d'être  secrétaire  de  François  .Yrago,  et  plus  tard,  en  1850,  Alexandre 
Bixio  le  fit  nommer  directeur  du  Journal  d'agriculture  pratique,  journal  qui 
continue  sa  publication  sous  l'habile  direction  de  M,  Leeouteux,  M.  Barral  ayant 
fondé  en  1866  le  Journal  de  l'agriculture. 

«  Le  journal  de  Barral,  ainsi  que  tout  le  monde  le  nomme,  malgré  la  mort  de 
son  f  mdaleur,  ne  saurait  péricliter;  l'ami  de  M.  Barral,  le  continuateur  de  son 
œuvre  M.  Henry  Sagnier,  en  pronouçant  en  termes  chaleureux  et  émus  sur  la 
tombe  de  Barral,  au  nom  du  Journal  de  l'agriculture,  les  paroles  suivantes,  nous 
affirme  qu'il  restera  le  continuateur  de  Barral.  «  Notre  ambition,  et  elle  est 
«  grande,  dit-il,  c'est  de  continuer  son  sillon,  sinon  avec  la  même  profondeur, 
«  au  moins  avec  la  même  ardeur  et  une  persévérance  égale.  » 

«  Nommé  en  1871  secrétaire  perpétuel  de  la  Société  nationale  d'agriculture, 
M.  Birral  trouva  dans  ces  fonctions  le  nroyen  de  rendre  à  l'agriculture  les  plus 
grands  services.  Suivre  les  concours  régionaux,  remplir  les  diverses  missions  que 
lui  confiait  le  ministre  de  l'agriculture,  visiter  plusieurs  fois  dans  l'année  les 
départements  du  midi  de  la  France  ravagés  par  le  phylloxéra,  ou  les  départements 
du  nord  impuissants  à  continuer  avec  profit  la  culture  de  la  betterave;  écrire 
régulièrement  ses  savantes  chroniques  pour  son  journal  l'Agriculture,  régler  les 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (18  OCTOBRE  1884).  87 

séances  de  la  Société  nationale  d'agriculture,  auxquelles  il  assistait  très  régulière- 
ment, M.  Barrai  suffisait  à  cet  immense  travail.  Il  trouvait  même  le  temps  de 
visiter  les  diverses  expositions  internationales,  afin  d'apprécier  l'état  de  l'agricul- 
ture et  de  vulgariser  les  progrès  accomplis. 

«  Il  y  a  quelques  semaines,  très  gravement  malade,  M.  Barrai  aurait  re^rardé 
comme  un  acte  de  faiblesse  coupable  son  absence  à  l'exposition  d'Amsterdam. 

^(  Malgré  ses  incessantes  occupations,  M.  Barrai  a  publié  un  grand  nombre 
d'ouvrages  sur  l'agriculture,  et  au  moment  où  je  trace  ces  lignes,  j'ai  sous  les  yeux 
ses  remaïquables  Bapporls  sur  les  irrigations  des  dêparlcmcnis  des  Bouchcs-du- 
Rhône  et  de  Vaucluse,  quatre  gros  volumes  grand  in-8°,  contenant  plus  de  deux 
mille  pages. 

«  Sans  doute,  pour  composer  cette  œuvre,  M.  Barrai  recevait  de  l'adminis- 
tration les  documents  de  statistique  et  d'histoire,  et  des  Sociétés  agricoles  les 
renseignements  sur  les  produits  principaux  du  pays.  Mais  quel  n'a  pas  été  le 
travail  de  l'auteur  pour  mettre  en  ordre  tout  cet  amas  de  documents  et  écrire  ex 
professa  de  très  longs  articles  sur  toutes  les  cultures  de  ces  deux  départements. 

«  Cette  œuvre  de  M.  Barrai  est  pour  nous,  Vauclusiens,  la  plus  utile,  c'est  un 
ouvrage  qui  sera  toujours  consulté  par  l'agriculteur,  le  savant  et  par  l'ingénieur; 
c'est  le  véritable  code  des  irrigations  dansles  Bouches-du-Rhône  et  dans  Vaucluse. 

«  Les  années  passeront,  les  méthodes  de  culture  changeront,  mais  les  principes 
posés  dans  cet  ouvrage  subsisteront  toujours. 

«  Insister  sur  la  valeur  de  ces  rappoi'ts  serait  vous  faire  injure  et  croire  que 
vous  n'avez  pas  iu  cette  œuvre,  la  plus  utile  pour  nous  depuis  la  publication  du 
Cours  d'agriculture  de  notre  célèbre  compatriote  M.  le  comte  de  (rasparin.  J'ai 
nommé  un  ouvrage  excellent,  que  M.  Barrai  appréciait  hautement,  au  point  d'avoir 
surveillé  l'impression  et  corrigé  les  épreuves  du  sixième  volume  qui  forme  le 
complément  et  le  résumé  du  Cours  d'agriculture  de  ~Sl.  de  Gasparin. 

«  M.  Ba.rral  avait  trouvé  dans  notre  pays  de  nombreux  amis,  et  c'est  avec  le 
plus  grand  plaisir  qu'il  venait  se  mêler  à  nos  fêtes  agricoles,  dont  il  relevait  l'éclat 
par  son  savoir  et  par  son  éloquence. 

«  La  dernière  fois  qu'il  nous  a  été  permis  d'assister  aux  leçons  du  grand  agro- 
nome, c'était  en  1882.  A  l'occasion  du  concours  régional  agricole  d'Avignon,  de 
nombreuses  conférences  furent  faites,  et  M.  Barrai  voulut  bien  nous  l'aire  sa  con- 
férence sur  les  irrigations. 

«  Sa  pai'ole  était  toujours  facile  et  élégante,  et  sa  leçon,  qui  a  été  reproduite  par 
notre  très  sympathique  vice-président,  M.  le  commandant  Ducos,  eut  le  plus 
légitime  succès  ;  vous  la  trouverez  dans  le  compte  rendu  du  concours  du  mois  d  e 
mai  1882,  publié  par  notre  Société. 

«  M.  Barrai  n'assistera  plus  à  nos  concours  ;  nous  n'entendrons  plus.  Messieurs, 
cette  voix  vibrante  et  chaleureuse,  si  sympathique  aux  agriculteurs  vauclusiens, 
maie  ses  œuvres  resteront,.  » 

Nous  remercions  M.  le  docteur  Villars  d'avoir  réuni  dans  un  même 
hommage  deux  hommes  qui  s'estimaient  el  s'aimaient  depuis  de  nom- 
breuses années.  Le  Messager  agricole  du.  Midi,  dirigé  par  M.  Frédéric 
Cazalis,  et  V Algérie  agricole  viennent  aussi  de  rendre  à  M.  Barrai  un 
hommage  éclatant  que  nous  devons  signaler  spécialement. 

XII.  —  Concours  des  associations  agricoles. 

Au  concours  tenu  à  Dozulé  par  la  Société  d'agrieulture  de  Pont- 
l'Evêque  (Calvados),  l'exposition  du  bétail  était   surtout     nombreuses 
A  la  distribution  des  récompenses,  M.  Conrad  de  ^yitt,  président  de 
la  Société,  a  insisté,  dans  les  termes  suivants,    sur  les  changements 
qui  s'imposent  à  la  culture  normande  : 

«  L'épreuve  du  temps,  si  nécessaire  dans  toutes  les  relations  sociales,  est 
une  loi  absolue  pour  l'agriculture,  et  les  agriculteurs  le  savent  bien.  Oa  se  plaint 
parfois  que  les  progrès  sont  lents  dans  la  vie  des  champs,  et  que  les  procédés 
nouveaux  ont  de  la  peine  à  pénétrer  dans  les  carapagies.  C'est  que  les  agriculteurs 
sont  prudents  et  prévoyants,  économes  aussi  des  bénéfices  lentement  achetés  à 
la  terre. 

*  Ils  ne  sont   pas  contraints,  comme  les  hommes  voués  à  l'industrie,  de  se 


88  CHRONIQUE  AGRICOLE  (18  OCTOBRE  1884). 

bâter  vers  la  productioa  par  une  ardeur  fiévreuse,  afin  de  lutter  avec  avantage 
contre  des  rivaux  nombreux  et  babiles.  Il  y  a  de  la  place  au  soleil  pour  tous  les 
agriculteurs,  et  notre  France  est  encore  bien  loin  de  fournir  à  la  subsistance  de 
tous  ses  enfants.  C'est  votre  effort  et  votre  légitime  ambition  de  la  mettre  chaciue 
année  plus  en  état  de  satisfaire  aux  besoins  de  ces  Français, qui  ont  tant  de  peine 
à  s'éloigner  de  la  patrie  pour  cbercber  à  l'étranger  la  nourriture  de  leurs  familles. 
Et  ne  vous  y  trompez  pas,  malgré  les  souft'rances  actuelles  de  l'agriculture,  c'est 
encore  à  elle  que  l'avenir  est  le  plus  assuré  ;  ce  sont  ses  conquêtes  à  elle  et  sa 
paisible  activité  qu'il  est  le  plus  difticile  de  remplacer  par  le  développement 
excessif  du  commerce  lointain. 

«  iMais  l'activité  est  nécessaire,  même  paisible,  les  conditions  du  succès  se 
sont  modifiées  pour  l'agriculture  comme  pour  l'industrie  ;  la  rareté  et  le  prix 
éleïé  de  la  main-d'œuvre,  l'attrait  déplorable  qu'exercent  les  villes  sur  la  popu- 
lation rurale,  et  l'énorme  importation  étrangère  tendent  à  rendre  certaines  cultures 
difficiles  et  improductives.  Vous  en  souffrez  moins  que  tous  les  autres,  dans  ces 
cantons  couverts  d'berbages  naturels  et  fertiles,  où  l'engraissement  du  bétail  et 
le  développement  des  produits  de  la  laiterie  laissent  encore  uncbamp  lucratif  au  tra- 
vail. Vous  aussi,  cependant,  vous  avez  été  amenés  à  modifier  vos  antiques  coutumes 
et  c'est  parmi  ces  populations  si  lentes,  dit-on,  à  accepter  les  changements,  que 
les  faucheuses,  les  faneuses  et  les  râteaux  mécaniques  prennent  tous  les  jours 
davantage  la  place  de  l'ouvrier  des   champs,  devenu  si  difficile  à  se  procurer. 

«  Le  lait,  lui-même,  ne  reposera  bientôt  plus  en  paix  dans  ses  crémières  et  se 
verra  forcé  de  céder  à  l'action  toute  puissante  de  la  vapeur. 

«  Nous  ne  pouvions  pas  rester  oisifs,  Messieurs,  dans  ce  grand  mouvement 
si  nécessaire  à  la  prospérité  publique.  Vous  appartenez  à  une  race  de  fondateurs. 
Les  Normands   ont  toujours  su  fonder.  » 

Nous  avons  déjà  signalé  le  concours  tenu  à  C  hevillon  par  la  Société 
d'agriculture  de  Wassy  (Haute-Marne).  Du  discours  prononcé  par  son 
président,  M.  Ch.  de  Hédouville,  nous  citerons  l'extrait  suivant  : 

«  M.  le  ministre,  très  convaincu  qu'il  faut  que  le  gouvernement  aide  l'agricul- 
ture à  se  relever,  déclare  qu'elle  attache  une  importance  particulière  à  l'élévation 
des  tarifs  de  douane  sur  certains  produits  agricoles. 

a  Ces  tarifs  ont  déjà  été  relevés  sur  quelques  points  en  1880.  A  ce  moment  nous 
vivions  sous  le  régime  de  libre  échange;  mais  la  surélévation  avait  été  insuffi- 
sante, on  le  reconnaît,  c'est  pour  ce  motif  que  M.  le  ministre  propose  de  nouveaux 
droits  qui  deviendront  une  garantie  pour  l'agriculture  et  donneront  au  trésor  un 
revenu  dont  il  a  besoin.  Si,  en  effet,  le  relèvement  des  droits  d'entrée  ne  diminue 
pas  l'importation,  ce  qui  est  probable,  ces  droits  de  douanes  auront  à  s'exercer 
sur  plus  de  3  millions  de  têtes  de  bétail  de  toute  provenance  et  de  toute  nature. 

«  ^lais,  pourquoi  s'arrêter  en  si  bon  chemin?  Pourquoi,  après  avoir  relevé  les 
tarifs  de  douanes  pour  l'importation  des  animaux,  ne  pas  appliijuer  la  même 
mesure  aux  céréales?  Aujourd'hui,  par  la  force  des  choses,  surtout  dans  les  nom- 
breux pavs  où  règne  l'assolement  triennal,  il  est  difficile,  pour  ne  pas  dire 
impossible,  aux  cultivateurs  de  diminuer  la  production  du  blé?  Or,  peut-on 
aujourd'hui  faire  du  blé  avec  profit,  même  en  se  servant  du  semoir  et  en  choisis- 
sant avec  soin  de  bonnes  semences?  Il  est  certain  qu'au  prix  actuel,  c'est  impos- 
sible. Pourquoi  donc  ne  pas  accorder  à  l'agriculture,  non  pas  une  protection,  elle 
ne  l'a  jamais  réclamée,  mais  l'égalité  devant  l'impôt,  en  faisant  payer  aux  impor- 
tateurs des  droits  compensateurs'?  A  qui  d'ailleurs  profite  aujourd'hui  cette  baisse 
formidable  du  blé?  Ce  n'est  pas  à  l'ouvrier,  car  depuis  que  la  taxe  n'existe  plus, 
le  pain  se  paye  beaucoup  plus  cher  qu'on  ne  devrait  le  payer  s'il  était  taxé.  La 
baisse  profite  donc  exclusivement  aux  intermédiaires,  moins  nombreux  nécessaire- 
ment que  les  producteurs  et  les  consommateurs. 

«  En  supposant  que  pour  des  motifs  politiques  que  je  ne  comprends  pas, 
mais  qui  peuvent  avoir  leurs  défenseurs,  on  ne  veuille  pas  frapper  d'un  droit 
compensateur  l'entrée  en  France  des  blés  étrangers,  pourquoi  ne  frapperait-on  pas 
les  autres  céréales,  l'avoine,  le  seigle,  l'orge,  le  mais,  le  sarrasin,  les  pommes 
de  terre,  etc.?  En  imposant  ces  produits,  on  créerait  des  ressources  au  trésor  et 
on  pourrait  ainsi  arriver  au  dégrèvement  de  l'impôt  foncier  tant  de  fois  promis  et 
si  souvent  ajourné.  Il  est  entré  en  France  en  1883  près  de  18  millions  de 
quintaux  de  céréales;  vous  voyez  que  si  on  les  grevait  d'un  droit  de  2  ou  3  francs 
par  quintal,  on  arriverait  à  un  chiffre  respectable. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (18   OCTOBRE    1884).  89 

M  Tels  sont  les  moyens  que  nous  proposons  pour  soulager  les  souffrances  des 
agriculteurs;  plusieurs,  nous  l'avons  dit,  sont  à  leur  portée,  c'est  à  eus  de  les 
emplû3'er  ;  les  autres  dépendent  de  vos  mandataires  au  Parlement,  c'est  à  vous 
de  prendre  les  mesures  nécessaires  pour  vous  faire  écouter.  Le  gouvernement  a 
pris  résolument  l'initiative  d'une  réforme  des  tarifs  de  douanes,  nous  l'en  remer- 
cions, mais  son  projet  nous  semble  incomplet;  nous  le  supplions  d'appliquer  sa 
réforme  aux  céréales  comme  aux  animaux.  Nous  pourrions  peut-être  demander 
davantage  encore;  mais  si  nous  avons  satisfaction  sur  ces  deux  points,  nous 
pourrons  espérer  de  continuer  avec  succès  la  lutte  contre  les  produits  étran- 
gers qui  nous  envahissent  ;  sans  cela  il  faut  nous  résigner  à  voir  disparaître  la 
culture  des  céréales  comme  ont  disparu  celles  des  plantes  oléagineuses  et  des 
plantes  testiles.  Il  ne  nous  resterait  alors  que  l'élevage  du  bétail.  Or,  si  toutes 
nos  campagnes  étaient  transformées  en  pâturages,  ce  serait  la  ruine  des  ouvriers 
agricoles,  auxquels  il  ne  resterait  plus  qu'à  s'exiler.  Ce  n'est  pas  là  évidemment 
le  désir  des  hommes  intelligents,  car  les  villes  regorgent  d'ouvriers  souvent 
menacés  de  chômages,  tandis  que  dans  nos  campagnes  les  bras  manquent 
presque  partout.  Serrons  nos  rangs,  nous  avons  le  bon  droit  pour  nous,  nous 
serons  écoutés  si  nous  le  voulons.  » 

Le  Comice  agricole  de  l'arrondissement  de  Xevers  a  tenu  son  con- 
cours le  21  septembre,  à  Saint-Pierre-le-Moutier,  sous  la  présidence 
de  M.  Tiersonnier,  membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture.  Le 
premier  pris  de  cheptel  a  été  remporté  par  M.  Charles  Bouille,  de 
Mars-sur-AUier,  lauréat  de  la  grande  médaille  d'or  réservée  à  la  meil- 
leure culture;  le  pris  de  vacherie  a  été  décerné  à  M.  François  Robet 
père,  au  Crot-Barret,  commune  de  Livry. 

Au  concours  tenu  à  Moulins-Eugilbert,  par  le  Comice  de  Tarron- 
dissement  de  Chàteau-Chinon,  le  prix  cultural  offert  par  la  Société 
d'agriculture  de  la  Nièvre  a  été  décerné  ex  œquo,  à  M.  le  marquis  de 
Chabannes,  à  Saint-Hilaire  en  Morvan,  et  à  M.  Naudin,  fermier  à 
Achun;  chacun  a  reçu  un  objet  dart. 

Nous  continuerons  cette  revue  dans  notre  prochaine  chronique. 

XIII.  —  Nouvelles  de  l'état  des  récoltes  en  terre. 
Les  cultivateurs  poursuivent  avec  ardeur  les  travaux  de  préparation 
des  terres  et  des  semailles.  —  M.  Pagnoul  nous  envoie  d'Arras  la  note 
suivante  sur  la  situation  dans  le  Pas-de-Calais  : 

«  Le  temps  a  été  très  favorable  à  la  préparation  des  terres.  On  a  commencé  les 
semailles  de  seigle  et  même  celles  de  blé.  Les  pluies  du  commencement  de  sep- 
tembre ont  beaucoup  nui  aux  avoines,  qui  n'étaient  pa?  encore  rentrées.  Le  ren- 
dement et  la  qualité  de  la  betterave  paraissent  devoir  laisser  beaucoup  à  désirer  ; 
les  conditions  météorologiques  de  septembre  ont  cependant  é!é  favorables,  mais 
le  jaunissement  prématuré  des  feuilles,  dû  peut-être  à  la  chaleur  du  mois  d'aoiit 
et  à  quelques  périodes  trop  prolongées  de  sécheresse,  n'a  pas  permis  à  la  plante  de 
profiter  de  cette  situation.  La  betterave  ordinaire  du  pays,  encore  malheureu- 
sement cultivée  partout,  était  d'une  pauvreté  extrême,  d'après  les  analyses  faites 
à  la  station  à  la  lin  de  septembre.  La  récolte  des  pommes  de  terre  est  bonne,  mais 
les  pluies  du  commencement  de  septembre  ont  fait  apparaître  la  maladie  sur 
plusieurs  points.  Ces  pluies  ont  été  favorables  à  la  dernière  coupe  des  foins.  » 

Dans  les  Vosges,  le  beau  temps  a  permis  de  rentrer  les  dernières 
récoltes  dans  de  bonnes  conditions,  d'après  la  note  que  M.  Jaequot 
nous  envoie  de  Chèvreroche,  à  la  date  du  I  I  octobre  : 

«  Les  appréhensions  que  j'émettais  dans  ma  dernière  note  au  sujet  des  intem- 
péries qui  ont  marqué  les  débuts  de  la  récolte  des  regains  n'ont,  heureusement,  pas 
eu  lieu  de  se  prolonger  :  le  beau  temps,  et  un  beau  temps  qui  a  duré  jus  pie  avant- 
hier  a  permis  de  rentrer  cette  dernière  récolte  fourragère  en  parfait  état  de  des- 
siccation. Une  bonne  moitié  des  pommes  de  terre  est  rentrée  bien  nette  d'humi- 
dité, les  tubercules  dégarnis  de  terre. 

«  Depuis  deux  jours,  nous  avons  des  vents  violents,  du  tonnerre,  de  la  pluie,  et 


90  CHRONIQUE  AGRICOLE  (18  SEPTEMBRE   lR8i). 

enfin  de  la  neige,  qui   aujourd'hui  tombe  et  tourbillonne  comme  en  plein  hiver. 
Le  thermomètre  est  à  0°,  quoique  le  vent  soit  au  sud-ouest. 

«  La  pluie  est  la  bienvenue  pour  raviver  un  peu  les  cours  d'eau  et  les  sources 
nécessaires  aux   usines  et  aux  ménages,  qui  souflVent  de  bi  pénurie  d'eau.  « 

D'autre  part,  M.  Bronsvick  noas  écrit  de  Mireconrt  (Vosges),  à  la 
date  du  12  octobre  : 

«  Les  mauvais  temps  survenus  pendant  cette  semaine  ont  entravé  les  derniers 
travaux  qui  restent  à  faire.  Aussi  les  retardataires  des  vignobles  n'auront  point  à 
récolter  le  raisin  dans  d'aussi  bonnes  conditions  qu'il  y  a  huit  jours. 

«  Les  derniers  labours  seront  finis  cette  semaine,  ainsi  que  l'arrachage  des 
pommes  de  terre,  dont  la  quantité  est  extraordinaire. 

«  L'époque  de  la  Saint-Martin  approche  et  va  domier  un  peu  plus  d'animation 
aux  affaires.  Les  fermiers  qui  rendent  en  argent  leur  loyer  seront  forcés  de  vendre 
aux  conditions  actuelles,  c'est-à-dire  à  la  baisse  ;  ils  vont  éprouver  une  porte  sen- 
sible sur  la  veate  de  leur  blé,  la  meunerie  du  rayon  restreignant  ses  besoins  et 
n'achetant  que  par  petites  quantités.  On  avait  espéré  qu'uue  légère  liausse  se 
manifesterait  ea  présence  de  la  fermeté  des  farines,  mais  il  n'en  est  rien,  et  les  blés 
de  mouture  ne  trouvent  acheteurs  qu'à  20  fr.  50  les  100  kilog.  » 

Dans  les  Hautes-Alpes,  les  céréales  ont  levé  dans  des  circonstances 
favordbles,  d'après  la  note  que  M.  C.  Allier  nous  adresse  de  Gap,  à  la 
date  du  2  octobre  : 

_  «  Le  mois  de  septembre  a  été  très  beau  dans  les  Alpes  et  on  ne  peut  plus  pro- 
pice aux  travaux  de  la  saison. 

"  Les  seigles  et  froments  de  montagne,  semés  à  la  fin  du  mois  d'août  ou  dans 
les  premiers  jours  de  septembre,  ont  très  bien  levé  et  présentent  le  plus  satis- 
faisant aspect;  dans  les  parties  inférieures  du  département  les  semailles  s'effec- 
tuent dans  de  bonnes  conditions.  La  récolle  des  pommes  de  terre,  à  peu  près 
terminée,  aurait  pu  être  plus  abondante  et  atteindra  à  peine  la  moyenne;  on  peut 
en  dire  autant  des  regains;  aussi  le  prix  du  foin  a-t-il  augmenté,  et  les  cours  du 
bétail  ont  subi  une  baisse  considérable.  Le  fruit  (pommes  et  poires-,  très  abon- 
dant, est  à  vil  prix  :  8  à  12  francs  les  100  kilog.  On  a  commencé  à  vendanger;  il 
y  a.nva.  peu  de  vin,  mais  on  est  généralement  satisfait  de  la  qualité  ^des    raisins.  » 

L'automne  s'est  présenté  jusqu'ici  dans  des  circonstances  régu- 
lières, tant  pour  les  dernières  récoltes  que  pour  les  semailles  et  les  tra- 
vaux de  préparation  du  sol.  Les  vendanges  sont  presque  terminées,  et 
presque  partout  on  se  montre  satisfait,  au  moins  de  la  qualité  des 
raisins;  dans  quelques  parties  du  centre  seulement,  on  signale  une 
maturité  incomplète.  HE.^'RY  Sagnieu. 

LA  GRISE  AaRIGOLE  ET  LES  DROITS  DE  DOUANE 

Cher  Monsieur,  dans  un  premier  article  {Journal  du  4  octobre), 
j'ai  indiqué  les  lignes  principales  de  la  crise  agricole  dans  le  sud- 
est  de  la  France,  crise  qui  a  commencé  depuis  plus  de  dix  ans,  dont 
les  causes  sont  multiples  et  qui  est  arrivée  à  l'état  aigu  par  l'avi- 
lissement du  prix  des  céréales,  venant  après  la  perte  de  la  soie,  de 
laigarance  et  du  vin.  J'ai  montré  également,  en  termes  un  peu  vagues 
peut-être,  dans  quelle  mesure  l'établissement  de  droits  de  douane 
pouvait  en  atténuer  l'intensité. 

Je  veux  aujourd'lmi  serrer  cette  double  question  déplus  près,  afin 
de  mettre  en  pleine  lumière  ma  pensée  et  me  séparer  nettement  de 
ceux  qui  poussent  à  l'agitation  protectionniste  comme  à  l'agitation 
libre- écJi  angi&te . 

En  «ffet,  cher  Monsieur,  les  exagératiorts  les  plus  étranges  sont 
mises  en  avant  de  part  et  d'autre,  je  n'ose  pas  dire  mises  en  crédit, 
bien  qu'elles  soient  avancées  par  des  plumes  autorisées.   Des  libre- 


LA  CKlûE  AGRICOLE   ET  LES   DROITS    DEDOUANE]  91 

échangistes,  à  la  seule  pensée  qu'on  songe  à  établir  un  droit  quelconque 
sur  l'entrée  des  céréales,  nous  ramènent  d'un  bond  à  la  nourriture 
primitive  des  glands  de  chêne,  et  les  plus  modérés  au  pain  noir.  Des 
protectionnistes,  d'autre  part,  condamnent  sans  appel  possible  la  na- 
tion aux  produits  nationaux,  sans  penser  ua  moment  qu'ils  con- 
damnent la  nation  à  la  famine  si  la  récolte  venait  à  manquer;  car  des 
droits  de  douane  comme  ceux  qu'ils  proposent,  équivalant  presque  à 
la  prohibition  dans  les  années  ordinaires,  le  commerce  des  céréales 
avec  l'éti'anger  serait  désorganisé,  et  les  relations  qui  permettent  de 
parer  aux  conséquences  d'une  mauvaise  récolte  ne  s'improvisent 
pas. 

La  polémique  en  de  pareils  termes  est  facile  ;  les  lecteurs  de  sens 
rassis  en  ont  bientôt  fait  justice.  Par  malheur  ce  ne  sont  pas  des 
armes  de  raisonnement,  mais  des  armes  de  combat  avec  lesquelles  on 
veut  exciter  les  passions  des  classes  les  plus  nombreuses,  en  persua- 
dant aux  uns  qu'on  veut  les  affamer,  aux  autres  qu'on  veut  les 
ruiner. 

Ces  excitations  malsaines  sont  étayées  des  données  statistiques  les 
plus  étranges  quelquefois,  et  en  tout  cas,  les  plus  étrangères  au  fond 
de  la  question.  Vous  savez  comme  moi  que  ia  statistique  est  la  par- 
tie la  plus  difficile  et  la  plus  importante  de  l'économie  politique;  c'est 
la  base  la  plus  nécessaire  de  tous  les  traités  de  commerce  et  de  tous 
les  tarifs  de  douane,  et  par  conséquent  l'étude  constante  de  ceux  qui 
sont  appelés  à  contribuer  à  leur  rédaction.  Dans  le  débat  qui  nous 
préoccupe  on  s'en  inquiète  peu.  L'enquête  à  laquelle  nous  convions 
les  correspondants  du  Journal  de  ragriciillure  leur  paraît  superflue, 
leur  siège  est  fait.  Pour  les  uns,  l'agriculture  française  est  en  état  de 
lutter  par  l'abaissement  des  prix  de  revient  avec  l'Amérique  et  l'Hin- 
doustan,  en  ce  qui  concerne  la  production  du  blé,  et  au  lieu  d'éludier 
l'abaissement  constant  et  progressif  des  prix  de  fermage  pour  les  terres 
à  blé  dans  la  France  entière  depuis  plusieurs  années,  ils  n'hésitent  pas 
à  affirmer  qu'il  ne  s'agit  que  d'un  embarras  momentané,  et  ils  citent 
des  exemples  d'agriculteurs  qui  se  tirent  d'affaire  dans  des  circon- 
stances tout  à  fait  exceptionnelles. 

Pour  les  autres  tout  est  perdu,  l'agriculture  est  ruinée  sans  remède 
dans  toutes  ses  branches,  et  ils  réclament  des  droits  protecteurs  pour 
le  bétail  comme  si  le  bétail  ne  donnait  pas  un  profit  réel,  comme  si 
les  propriétés  où  s'exerce  cette  industrie  agricole  n'avaient  pas  échappé 
à  la  dépréciation  des  terres  labourables.  Il  va  sans  dire  qu'ils  de- 
mandent pour  les  autres  produits  du  sol  une  protection  énergique  sans 
distinguer  entre  eux,  sans  faire  en  un  mot  ce  travail  de  statistique 
qui  permet,  en  quelque  sorte,  de  doser  chacun  des  éléments  de  la  pro- 
duction açrricole. 

Dans  cette  mêlée  nous  voulons  garder  notre  sang-froid,  et  nous  espé- 
rons y  réussir. 

Nous  avons  dit  dans  notre  dernier  article  que  nous  demandions 
des  droits  fiscaux,  et  on  nous  répond  :  le  mot  ne  fait  rien  à  la  chose; 
fiscal  ou  protecteur,  c'est  tout  un.  Le  droit,  quelle  que  soit  sa  quotité, 
constitue  une  protection,  et  nous  n'entendons  protéger  l'agriculture 
qu'en  l'aidant  à  se  développer  par  ses  propres  forces  sans  secours  exté- 
rieur. Nous  appelons  de  tous  nos  vœux  cet  âge  d'or  oii  tous  les  peuples 
ne  feront  qu'une  seule  famille,  où  les  rivalités  auront  disparu,  où 


92  LA  GRISE  AGRICOLE  ET  LES  DROITS    DE   DOUANE. 

l'on  renoncera  à  protéger  l'industrie  tout  aussi  bien  que  l'agriculture, 
où  il  n'y  aura  plus  de  barrières,  où  un  droit  de  douane  sera  un  non- 
sens.  Mais  nous  n'en  sommes  pas  encore  là,  et  en  attendant  il  faut 
vivre.  Toutes  les  nations,  et  en  particulier  la  nation  française  a 
besoin  d'un  budget  pour  son  armée,  sa  marine,  ses  travaux  publics, 
l'instruction  publique  de  ses  enfants  et  son  administration.  Ce  budget 
est  pris  dans  le  revenu  des  Français;  et  malgré  l'élévation  des  charges 
presque  toutes  les  sources  qui  alimentent  le  budget  ont  diminué  de 
volume.  Il  ne  paraît  pas  que  les  dépenses  publiques  aient  rétrogradé 
dans  la  même  mesure. 

A  quelle  source  puisera- t-on  les  différences  ?  Il  paraît  difficile  de  les 
demander  à  une  agriculture  en  détresse.  L'accroissement  de  la  dette  pu- 
blique effraye  les  financiers  les  plus  accrédités.  Il  est  par  conséquent  na- 
turel de  penser  aux  droits  de  douane,  et  ce  sont  justement  ces  droits 
établis  sur  l'entrée  des  produits  étrangers  que  j 'appelle  des  droits  fiscaux, 
parce  que  ce  sont  les  besoins  du  fisc  qui  en  sont  la  raison    première. 

Leur  origine  même  est  lagarantie  de  leur  modération.  En  effet,  pour 
obtenir  le  maximum  d'effet  d'un  droit  de  douane,  il  faut  que  le  pro- 
duit du  droit  multiplié  par  les  quantités  importées  soit  un  maximum. 
Il  ne  peut  pas  être  un  maximum  si  le  droit  est  exagéré;  on  n'importe 
pas  ou  on  importe  peu.  On  n'obtient  rien  si  le  droit  est  un  simple  droit 
de  balance,  puisque  quelles  que  soient  les  quantités  importées  le  produit 
est  minime.  Revenant  au  blé,  il  faut  que  le  droit  fiscal  n'interrompe 
pas  les  relations  commerciales,  permette  l'entrée  du  blé  étranger  en 
France,  et  même  soit  assez  modéré  pour  ne  pas  influer  d'une  manière 
appréciable  sur  le  prix  du  pain.  Il  arrivera  sans  doute  qu'on  ne 
pourra  plus  économiquement  faire  du  blé  en  France  sur  les  terres 
qui  ne  sont  pas  propres  à  cette  culture  ;  mais  la  crise  sera  arrêtée  et 
le  prix  du  blé,  à  travers  des  oscillations,  s'arrêtera  en  moyenne  au  prix  de 
la  production  américaine,  russe  et  indienne,  augmenté  des  frais  de 
transport  et  du  droit  d'entrée. 

Pour  fixer  les  termes,  je  prends  le  prix  courant  actuel  des  blés 
importés  au  Havre  et  à  Marseille,  qui  est  de  21  francs  les  100  kilo- 
grammes; supposons  un  droit  de  2  fr.  50  par  100  kilogrammes  qui 
me  parait  être  raprocbé  de  l'idéal  du  droit  fiscal  et  qui,  par  un  singulier 
rapport,  se  trouve  aussi  très  rapproché  de  celui  de  l'impôt  direct  sur 
la  production  française,  que  j'indiquais  comme  base  de  tarif  dans 
mon  dernier  article;  le  prix  du  blé  introduit  sur  la  place  du  Havre 
de  23  fr.  50  les  100  kilogrammes,  soit  18  fr.  80  l'hectolitre,  c'est-à- 
dire  un  prix  très  inférieurà  la  moyenne  des  cinquante  dernières  années, 
un  prix  auquel  on  peut  maintenir  le  prix  actuel  du  pain,  et  un  prix 
qui  permettra  au  fisc  de  recevoir  des  douanes,  pour  ce  seul  article, 
entre  10  millions  et  25  millions,  suivant  les  années,  mais  en  moyenne 
bien  près  de  20  millions,  à  condition  bien  entendu  qu'un  droit  propor- 
tionnel fût  établi  sur  les  farines. 

Voilà,  cher  monsieur,  une  hypothèse  également  éloignée  des  affir- 
mations qui  nous  ramènent  au  pain  noir,  et  de  celles  qui  nous 
regardent  comme  perdus  sans  une  protection  à  outrance.  Et  enfin  ne 
se  préocuppe-t-on  pas  un  peu  aussi  de  la  réciprocité  dans  les  tarifs  de 
douane?  ne  fera-t-on  rien  payera  ceux  qui  nous  rançonnent  sans  merci? 

Veuillez  recevoir,  etc.,  P.  rb  Gaspauin, 

Membre  de  la  Société  nationale  il'ai:;ricuUure, 
correspondant  de  l'Institut. 


LES   PRIX  CULTURAUX  BANS   LES    HAUTES-PYRÉNÉES.  93 

PRIX    CULTURAUX    ET    D'IRRIGATION 

DANS  LES  HAUTES-PYRÉNÉES  EN  188i — HI  ' 

Le  syndicat  de  la  Gespe  est  à  peu  près  dans  les  mêmes  conditions.  Il  a  déjà 
concouru  et  a  obtenu,  en  1881,  une  médaille  d'argent  grand  module  et  700  francs. 
Il  forme  une  association  entre  des  propriétaires  de  plusieurs  communes  échelon- 
nées des  deux  côtés  de  la  route  nationale  de  Tarbes  à  Bagnères-de-Bigorre,  et 
qui  utilisent,  pour  les  irrigations  de  leurs  terres,  les  eaux  d'une  dérivation  de 
l'Adour.  Ce  syndicat  remonte  à  une  époque  reculée.  D'après  les  documents 
déposés  dans  ces  archives,  il  aurait  été  constitué  en  1527;  mais  depuis  1766,  il 
a  une  existence  réelle,  il  a  fait  exécuter  des  travaux  considérables  dont  le  relevé, 
dans  le  rapport  de  M.  le  président  du  syndicat,  porte  la  dépense  à  la  somme 
de  56,000  francs.  Ce  chiffre  n'a  rien  d'exagéré  quand  on  sait  que  la  prise  d'eau 
est  à  une  distance  de  12  kilomètres,  et  que  la  surface  arrosée  a  une  contenance  de 
cinq  cents  hectares.  L'inondation  de  1875  créa  de  lourdes  charges  pour  le  syndi- 
cat, et  la  réparation  de  la  prise  d'eau,  emportée  par  la  crue  de  l'Adour,  n'a  pas 
coiité  moins  de  13,000  francs.  L'association  des  divers  intéressés  a  permis  de 
réaliser  cette  somme  et  de  reconstruire  rapidement  un  ouvrage  dont  la  destruction 
avait  compromis  l'arrosage  de  toute  la  plaine.  Le  syndicat  avait  présenté  ses  tra- 
vaux au  concours  de  1881,  et  le  jury,  qui  les  visita,  lui  accorda  le  2°  prix  de  la 
première  catégorie.  Depuis  cette  époque,  la  situation  n'a  pas  été  modifiée;  il 
n'est  pas  possible  d'accorder  une  nouvelle  récompense. 

Le  jury  tient  à  rappeler  avec  éloges  le  prix  donné  par  ses  prédécesseurs. 
Le  syndicat  pourra  toujours  se  présenter  dans  un  nouveau  concours.  Si  d'ici  à 
cette  époque  de  nouveaux  travaux  ont  été  exécutés,  soit  pour  préserver  le  canal 
de  la  Gespe  de  toute  dégradation,  soit  pour  améliorer  l'arrosage  et  augmenter  la 
surface  des  terres  qui  en  profitent,  il  n'est  pas  douteux  qu'il  n'obtienne  une 
récompense  plus  élevée. 

Les  deux  seuls  concurrents  restés  en  présence  sont  :  M.  Abadie,  à  Gh\s,  et 
M.  Baoul,  à  Mazères. 

M.  Abadie,  jjropriétaire  à  Chis,  canton  de  Tarbes,  nous  a  présenté  une  prairie 
de  7  hectares  50,  à  laquelle  il  a  appliqué  deux  modes  d'irrigation.  Il  a  su  profiter 
de  l'élévation  des  eaux  du  canal  d'Alaric,  qui  domine  sa  prairie,  a  fait  construire 
à  ses  frais,  il  y  a  six  ans,  un  barrage  dont  la  dépense  a  atteint  la  somme  de 
3,200  francs  et  conduit  les  eaux  par  un  canal  d'amener  d'une  longueur  de 
150  mètres.  Ce  travail,  bien  conçu,  mérite  des  éloges  :  mais  dans  l'irrigation,  la 
commission  i  constaté  des  imperfections  regrettables  qui  ne  lui  ont  pas  permis 
de  concourir  pour  le  premier  prix.  Les  divers  canaux  de  distribution  sont  trop 
éloignés  les  uns  des  autres  et  l'assainissement  est  incomplet.  La  récolte,,  médiocre 
sur  plusieurs  points,  en  est  la  meilleure  preuve. 

Le  second  mode  d'irrigation  s'applique  surtout  à  la  partie  inférieure  de  la 
prairie,  la  plus  éloignée  du  cours  d'eau.  j\l.  Abadie  a  recueilli  les  eaux  du  village 
dans  un  canal  qui  reçoit  dans  son  parcours  les  produits  des  égouts  et  des  fosses 
à  fumier,  et,  à  travers  la  route,  les  amène  dans  sa  parcelle  où  elles  sont  une  cause 
de  fertilisation. 

Cette  innovation,  due  à  son  initiative,  a  plus  de  mérite  que  le  premier  mode 
d'irrigation  où  M.  Abadie  n'a  eu  qu'à  tirer  parti  de  la  situation  même  de  son 
immeuble  et  à  diriger  les  eaux  par  la  pente  naturelle  du  terrain. 

Les  prairies  présentées  par.  AI.  Raoul,  propriétaire  à  Mazères,  canton  de  Saint- 
Laurent,  sont  situées  sur  les  bords  de  la  Neste,  à  quelques  kilomètres  du  dépar- 
tement de  la  Haute-Garonne,  et  ont  une  contenance  de  8  hectares  44  ares;  4  hec- 
tares 76  existent  depuis  les  temps  les  plus  reculés,  3  hectares  68  ont  été  convertie 
en  prairies  arrosables  depuis  22  ans  environ.  Elles  sont  divisées  en  deux  par- 
celles :  l'une  entourée  d'un  mur  de  clôture,  à  la  gauche  ;  l'autre  à  la  droite  de  la 
route  qui  traverse  le  village.  Elles  sont  arrosées  toutes  les  deux  au  moyen  d'une 
prise  d'eau  sur  le  canal  et  sur  la  Neste.  A  cette  prise  d'eau  a  été  établi  un  canal 
d'amener  construit  en  1860  et  dont  la  bonne  exécution  nous  a  frappés.  La  dis- 
tribution des  eaux  est  très  bien  faite. 

Les  résultats  obtenus  sont  plus  que  rémunérateurs.  M.  Raoul  afferme  ses 
récoltes  sur  pied  à  raison  de  420  francs  l'hectare,  ce  qui,  à  5  pour  100,  donne 

1.  Voir  le  Journal  des  4  el  11  octobre,  payes  28  et  69  de  ce  volume. 


94  LES  PRIX  GULTURAUX  DANS  LES  HADTES  PYRÉNÉES. 

le  revenu  d'un  capital  de  8,000  (rancs.  On  comprend  qu'il  n'ait  pas  hésité  à  créer 
les  3  hectares,  à  fouiller  un  sous-sol  composé  en  grande  partie  de  gravier,  à  l'aire 
des  remblais  et  déblais  pour  établir  les  pentes  nécessaires  à  l'écoulement  des  eaux. 

La  commission  a  comparé  les  mérites  des  deux  concurrenls  :  pour  une  partie 
de  leur  irrigation,  la  situation  est  analogue  et  les  travaux  exécutés  sont  de  la 
même  nature,  mais  le  mode  d'irrigation  de  la  partie  inférieure  de  la  prairie  de 
JVI.  Abadie  a  fait  pencher  la  balance  en  sa  faveur. 

Le  jury  a  formulé  sa  décision  pour  les  prix  d'irrigation  de  la  première  catégorie, 
de  la  manière  suivante  : 

l^prix  :  Réservé. 

Rappel  de  2'^'  prix  :  Au  syndicat  de  la  Gespe,  canton  de  Tarbes,  représenté  par 
M.  Berrens,  son  président,  à  Horgues,  pour  la  bonne  continuation  de  l'œuvre 
du  syndicat,  déjà  récompensé  au  concours  d'irrigation  de  1881. 

2°  prix  :  Une  médaille  d'argent  grand  module  et  700  francs,  à  M.  Abadie 
(Pierre),  propriétaire  à  Chis,  canton  de  Tarbes,  pour  la  bonne  irrigation  de 
7  hectares  50  de  prairies  arrosées  à  l'aide  d'eau  dérivée  du  canal  d'Alaric  au 
moyen  d'une  digue  construite  à  ses  frais  et  pour  la  bonne  utilisation  des  eaux  du 
village. 

3''  prix  :  Une  médaille  d'argent  et  400  francs,  à  M.  Raoul,  propriétaire  à 
Mazères,  canton  de  Saint- Laurent,  arrondissement  de  Bagnères-de-Bigorre,  pour 
l'irrigation  de  8  hectares  48  ares  ae  prairies,  avec  des  eaux  dérivées  et  pour  la 
bonne  exécution  du  canal  d'amener  qui  alimente  cette  irrigation. 

Deuxième  catégorie.  —  Les  concurrenls  pour  la  seconde  catégorie  étaient  plus 
nombreux,  et  le  jury  a  accordé  les  quatre  prix  portés  dans  le  programme. 

Les  5  hectares  de  prairies  arrosables  présentées  par  M.  Laij  (Dominique),  pro- 
priétaire à  Escala,  canton  de  Lannemezan,  arrondissement  de  Bagnères-de- 
Bigorre,  l'ont  de  suite  placé  en  première  ligne.  Ces  prairies  étaient  des  landes 
que  M.  Lay  avait  achetées  sur  le  plateau  de  Lannemezan  à  raison  de  1,000  francs 
l'hectare.  Après  de  grands  travaux  et  des  dépenses  considérables,  elles  ont  été 
transformées  et  mises  en  culture.  Les  défrichements  ont  un  mérite  sérieux.  Si 
l'irrigation  n'avait  pas  été  bien  établie,  M.  Lay  aurait  eu  droit  à  une  médaille  de 
spécialité  ;  mais  il  n'a  pas  besoin  de  faire  valoir  ces  titres,  l'irrigation  suffit  pour 
lui  faire  accorder  la  première  ré:ompense. 

L'eau  est  prise,  au  moyen  d'un  bairage,  dans  la  rivière  de  la  Save,  distribuée 
par  divers  canaux  d'une  manière  uniforme  et  dans  les  meilleures  conditions.  En 
agriculteur  pratique,  M.  Lay  ne  s'est  pas  seulement  occupé  des  nivellements, 
l'assainissement  de  la  prairie  a  été  le  sujet  de  ses  préoccupations,  et  les  récoltes 
abondantes  obtenues  sur  des  terrains  autrefois  incultes,  grâce  à  l'arrosage  et  à  un 
bon  emploi  des  fumiers,  sont  une  preuve  de  la  bonne  exécution  de  ces  divers  tra- 
vaux. 

M.  Yilon-Marceau,  propriétaire  à  Montgaillard,  arrondissement  de  Bagnères- 
de-Bigorre,  n'est  pas  un  inconnu  pour  nous.  Il  avait  déjà  concouru  en  1881,  mais 
à  cette  époque  il  n'avait  présenté  qu'un  projet  d'irrigation.  Depuis  deux  ans,  les 
travaux  ont  été  exécutés  et  le  jury  a  eu  à  apprécier  un  ensemble  complet. 

Le  lot,  qui  a  une  surface  de  5  hectares  72,  est  composé  de  4  parcelles  :  trois 
sur  les  bords  du  canal  d'Alaric,  une  sur  la  roule  de  Montgaillard  à  Tournay.  Los 
trois  premières  parcelles  étaient  dans  les  mêmes  conditions  sur  les  bords  d'une 
dérivation  de  l'Adour,  dont  les  eaux  abondantes,  retenues  par  un  barrage,  pou- 
vaient être  très  facilement  utilisées,  M.  'Vilon-Marceau  en  a  fait  un  sage  et 
intelligent  emploi.  Les  travaux  commencés  en  1881,  à  peu  près  terminés 
aujourd'hui,  ont  re(;u  notre  approbation  complète.  L'irrigation  de  la  parcelle 
supérieure  mérite  une  mention  particulière.  Les  eaux  de  source  et  les  eaux  plu- 
viales ont  été  captées,  recueillies  dans  un  bassin  supérieui',  conduites  de  là 
dans  un  réservoir  et  distribuées  dans  toutes  les  parties  de  la  prairie  ;  à  une  autre 
extrémité  de  la  parcelle  ont  été  amenées  les  eaux  venant  du  coteau,  par  un 
aqueduc  au-dessousd'un  chemin  d'intérêt  commun.  Le  propriétaire  a  ainsi  augmen- 
té l'arrosage  de  sa  terre. 

M.   Vilon-Marceau  réunit  toutes  les  conditions  du  programme.  Il  obtient  un 
2'=  prix,  médaille  d'argent  et  400  francs,  pour  l'irrigation  de  ses  prairies,  au  moyen 
•  d'eaux  pluviales  et   de  sources  pour  les  prairies  hautes,  et  pour  dérivation  des 
eaux  de  l'Adour  sur  prairies  basses. 

Gomme  M.  Vilon-Marceau,  M.  Oustein,  propriétaire  à  Aragnouet,  canton  de 
Vieillt-Aure,  arrondissement  de  Bagnères-de-Bigorre,  avait  présenté,  en  1881, 


LES  PRIX  CULTURAUX  DANS  LES  HAUTES-PYRENEES.  95 

87  ares  de  prairies,  et  avait  obtenu  un  4'  prix.  Son  fils,  instituteur  dans  la  com- 
mune, et  héritier  de  sa  fortune,  nous  a  présenté  cette  année  )  liectare  92. 

Lors  du  premier  concours,  le  jury  n'avait  pu  récompenser  que  des  ])rojets  d'ir- 
rigation. Il  avait  un  réservoir  où  les  eaux  avaient  été  recueillies,  mais  la  distri- 
bution n'avait  pas  été  faite.  Depuis  cette  époque,  le  fils  a  continué  l'œuvre  de  son 
père,  des  travaux  complémentaires  ont  été  exécutés  sous  sa  direction.  Deux  déver- 
soirs portent  les  eaux  dans  des  rigoles  parallèles  qui  traversent  la  prairie  supé- 
rieure et  de  là  dans  la  prairie  inférieure  se  dirigeant  vers  le  torrent  qui  coule  au 
midi. 

M.  Oustein  a  appliqué  avec  fruit  pour  les  nivellements  et  l'écoulement  des  eaux 
les  études  qu'il  a  faites.  Son  exemple  devrait  avoir  des  imitateurs.  Si  l'on  remarque 
que  ses  terres  sont  à  une  altitude  de  1,270  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la 
mer,  on  verra  qu'en  lui  accordant  un  3''  prix,  le  jury  a  fait  une  appréciation  juste 
des  mérites  de  son  irrigation. 

M.  Jean  Vigneaux,  propriétaire  à  Uieucla,  commune  de  Saint-Paul,  canton  de 
Saint-Laurent,  n'obtient  cette  année  que  le  k'  prix,  mais  ce  que  nous  avons 
constaté  dans  notre  visite,  nous  promet  pour  l'aveuir  un  des  lauréats  les  plus 
sérieux. 

Le  jury  n'a  pu  récompenser  que  la  partie  de  l'irrigation  qui  fonctionne.  Elle 
consiste  dans  l'utilisation  des  eaux  prises  de  l'autre  côté  du  chemin  de  fer  de 
Toulouse  à  Bayonne  et  qui,  conduites  par  un  aqueduc  souterrain,  sont  distribuées 
dans  3  hectares  de  prairies,  situées  au-dessous  de  la  maison  d'habitation. 

Le  système  complet  d'irrigation,  dont  le  plan  nous  est  soumis,  sera  surtout 
remarquable.  Les  eaux,  captées  à  une  grande  distance,  au  ruisseau  de  la  Goutte, 
sont  conduites,  dans  un  canal  d'alimentation  au  moyen  d'un  siphon,  dans  un 
immense  réservoir  où  elles  seront  emmagasinées,  et  après  avoir  alimenté  un 
abreuvoir  pour  le  service  de  la  propriété,  distribuées  dans  d'autres  prairies  et 
d'autres  terres  à  côté  de  celles  qu'arrose  la  dernière  prise  d'eau.  Ces  travaux  sont 
à  peine  commencés;  mais  en  les  visitynt,  nous  avons  pu  apprécier  l'intelli- 
gence"  de  celui  qui  les  a  conçus  et  qui,  certainement,  en  retirera  de  sérieux 
bénéfices. 

Le  jury  a  attribué  ainsi  les  quatre  prix  d'irrigation  de  la  2'  catégorie  : 
1"  prix  :   Médaille  d'or  et  500  francs  à  M.   Dominique  Lay,  propriétaire  à 
Escala,  canton  de    Lannemezan,  arrondissement  de   Bagnères-de-Bigorre,  pour 
irrigation  de  5  heclares  50  de  prairies  naturelles  arrosées  par  dérivation  des  eaux 
de  la  Save  et  créées  sur  défrichement  de  landes. 

2''  prix  :  Médaille  d'argent  et  ^iGO  francs  à  M.  Vilon-Marceau,  propriétaire  à 
Montgaillard,  arrondissement  de  Bagnères-de-Bigorre,  pour  l'irrigation  de  5  hec- 
tares 77  de  prairies,  au  moyen  d'eaux  pluviales  et  de  source  sur  prairies  hautes  et 
par  dérivation  des  eaux  de  l'Adour  sur  prairies  basses. 

3''  prix  :  ^Médaille  de  bronze  et  300  francs  à  M.  Bertrand  Oustein,  propriétaire 
à  Aragnouet,  canton  de  Vieille-Aure,  arrondissement  de  Bagnères-de-Bigorre, 
pour  emmagasinement  des  eaux  de  source  dans  un  réservoir  bien  construit  et 
leur  bonne  utilisation  pour  l'irrigation  de  1  liectare  92  de  prairies  situées  à  une 
altitude  de  1,270  mètres. 

4^  prix  :  Médaille  de  bronze  et  200  francs  à  M.  Vigneaux,  propriétaire  à 
Rieucla,  commuiie  de  Saint-Paul,  canton  de  Saint-Laurent,  arrondissement  de 
Bagnères-de-Ijigorre,  pour  bonne  captation  d'eaux  de  source  et  d'eaux  pluviales, 
conduites  et  réparties  sur  des  prairies  hautes,  au  moyen  de  divers  aqueducs  tra- 
versant le  chemin  de  fer. 

Lorsi(ue  le  jury  du  dernier  concours  visitait  les  domaines  de  votre  département, 
nous  étions  au  mois  de  juillet  1875,  et  cette  date  nous  rappelle  les  tristes  cir- 
constances dans  lesquelles  il  accomplissait  son  mandat.  Un  terrible  fléau  avait 
frappé  notre  Midi  :  l'inondation  avait  détruit  les  travaux  et  ravagé  toutes  Ic-i 
récoltes.  Mais,  comme  le  disait  en  termes  émus  le  rapporteur,  les  populations  ne 
se  laissèrent  pas  abattre  par  ces  désastres,  et,  soutenues  par  l'espérance,  elles 
demandèrent  au  travail  la  réparation  de  tous  ces  maux.  L'élan  dont  vous  fûtes  les 
témoins  dans  les  Hautes-Pyrénées  se  produisit  dans  tous  les  départements  de  la 
région  du  Sud-Ouest. 

Grâce  au  ciel,  nous  n'avons  pas  eu  à  déplorer  le  renouvellement  de  pareils 
malheurs,  mais  nous  avons  constaté  avec  regret  que,  depuis  cette  époque,  la  cul- 
ture des  céréales,  principale  source  des  revenus  agricoles,  a  donné  des  résultats 
de  plus  en  plus  médiocres  que  compromet,  même  dans  les  années  peu  produe- 


96  LES  PRIX   COLTURAOX  DANS  LES  HAUTES-PYSENKES. 

tives,  l'avilissement  du  prix  de  vente.  Telle  est  la  cause  de  la  crise  que  traverse 
l'agriculture  et  dont  je  vous  parlais  dans  la  première  partie  de  mon  rapport. 

Elle  doit  être  le  sujet  de  nos  préoccupations,  et  des  mesures  efficaces  doivent 
être  prises  pour  la  conjurer.  Loin  de  moi  la  pensée  de  condamner  le  régime  du 
libre  échange  et  de  demander  le  retour  à  l'ancien  système  de  l'échelle  mobile,  qui 
semble  définitivement  abandonné.  Mais  il  est  impossible  de  ne  pas  reconnaître 
que  le  but  poursuivi  par  nos  économistes  n'a  pas  été  atleint,  et  qu'au  heu  d'assu- 
rer la  défense  des  droits  du  consommateur,  le  système  adopté  a  compromis  sur- 
tout les  intérêts  du  producteur  français  au  bénélice  des  producteurs  étrangers 
placés  dans  des  conditions  plus  avantageuses.  L'introduction  de  leurs  denrées  sur 
nos  marchés  avec  des  frais  presque  insignifiants  a  produit  une  baisse  dont  notre 
agriculture  est  la  seule  victime  puisqu'elle  se  trouve  dans  l'impossibilité  de  sou- 
tenir la  concurrence. 

Cette  inégalité  dans  les  frais  de  culture  et  le  prix  de  revient,  il  appartient  au 
•gouvernement  de  la  faire  disparaître,  non  en  rétablissant  sur  les  anciennes  bases 
les  droits  de  douane,  mais  plutôt  en  frappant  le  blé  étranger  d'un  droit  corres- 
pondant à  celui  que  paye  le  blé  indigène,  surtout  en  diminuant  les  charges  qui 
pèsent  sur  1  agriculture  et  en  mettant  les  frais  de  production  en  rapport  avec  les 
revenus  qu'elle  pieut  donner. 

L'heure  est  venue  d'accorder  le  dégrèvement  d'impôts  promis  depuis  de  si  lon- 
gues années  et,  par  suite  de  nouveaux  classements  sagement  étudiés,  de  ne 
trapper  les  terres  que  proportionnellement  à  ce  qu'elles  peuvent  jjroduire. 

Pourquoi  l'Etat  n'accorderait-il  pas  à  la  culture  des  céréales  les  encouragements 
qu'il  donne  à  toutes  les  cultures?  Il  favorise  par  ses  subventions  le  regazonne- 
ment  et  le  reboisement  des  montagnes,  facilite  par  la  construction  de  canaux  et 
l'exécution  de  travaux  d'irrigation  la  création  de  prairies  et  le  développement  des 
cultures  fourragères,  protège  les  vignobles  contre  le  phylloxéra  qui  les  menace, 
en  contribuant  par  des  crédits  budgétaires  aux  dépenses  faites  pour  le  combattre. 
Pourquoi  ne  ferait-il  pas  pour  les  céréales  les  mêmes  sacrifices? 

Cette  culture,  gravement  compromise  depuis  ces  dernières  années,  tend  à 
décroître  dans  tous  les  départements  de  la  région.  Son  abandon  aurait  dos  consé- 
quences qu'on  ne  peut  envisager  qu'avec  une  profonde  tristesse  et  que,  par  tous 
les  moyens,  il  faut  éviter.  Une  grande  nation  doit  tirer  du  soi  les  ressources 
nécessaires  à  son  alimentation  et  ne  jamais  être  obligée  de  recourir  à  la  produc- 
tion étrangère. 

Permettez-moi  aussi,  en  terminant,  d'appeler  votre  attention  sur  des  faits  qui 
pourraient  avoir  dans  l'avenir  des  conséquences  aussi  déplorables.  Heureusement, 
il  ne  s'agit  pas  de  provoquer  une  législation  nouvelle,  mais  seulement  l'applica- 
tion d'une  loi  existante,  la- loi  organique  des  haras  de  1874.  Une  tendance 
funeste  a  fait  diminuer  d'une  manière  sensible  dans  ces  deux  dernières  années 
l'achat  des  étalons  du  Midi.  Les  nouveaux  sujets  de  race  anglo-arabe  introduits 
dans  les  établissements  de  l'Etat  sont  avec  l'etïectif  dans  une  proportion  bien  infé- 
rieure à  celle  admise  pour  les  étalons  du  Nord. 

Si  l'on  n'accordait  pas  aux  éleveurs  du  Midi  la  part  légitime  qu'ils  réclament 
et  qui  leur  est  due,  le  découragement  auquel  ils  céderaient  porterait  un  coup  fatal 
à  l'élevage  du  cheval  de  guerre  et  pourrait  rendre  dans-  l'avenir  bien  difficile, 
sinon  impossible,  la  remonte  des  haras. 

Corollaire  de  la  loi  de  1872  sur  le  recrutement  et  le  service  obligatoire,  la  loi 
de  1874  a  été  édictée  dans  un  intérêt  national.  C'est  dans  un  intérêt  national  que 
nous  réclamons  son  application,  qui  seule  nous  dispensera  d'aller  chercher  à 
l'étranger  les  chevaux  nécessaires  à  la  cavalerie  légère  de  notre  armée. 

Vous  me  pardonnerez,  messieurs,  ces  observations  que  nous  a  inspirées  notre 
visite  dans  le  département  des  Hautes-Pyrénées  et  qui  se  rattachent  du  reste  à 
l'état  actuel  de  notre  agriculture  méridionale. 

La  bienveillance  de  M.  le  ministre  m'a  appelé  à.  faire  partie  du  jury  du  con- 
cours dans  cinq  départements,  et  la  vôtre,  mes  cliers  collègues,  m'a  donné  la 
mission  de  présenter  quatre  fois  en  votre  nom  le  rapport  de  vos  travaux.  La 
meilleure  manière  de  me  montrer  digne  de  la  confiance  dont  j'ai  été  honoré  et  de 
remplir  utilement  mon  mandat  n'est  pas  seulement  de  faire  ressortir  le  mérite  de 
nos  concurrents,  mais  d'apprécier  franchement  la  situation  de  notre  agriculture  et 
de  ne  pas  dissimuler  les  inquiétudes  dont  nous  avons  été  les  témoins.  Si  les  der- 
nières paroles  de  mon  rapport  avaient  pour  résultat  d'appeler  sur  ces  questions 
l'attention  du  gouvernement  et  l'élude  de   mesures  réparatrices,  le  mandat  que 


LES  PRIX    CULTUllAUX  DANS  LUS  HAUTIiS-PYRKiSrKES.  97 

vous  m'avez  donné  me  serait  encoi'o  plus  précieux,  car  il  m'aurait  permis  d'associer 
mes  efl'nrts  à  l'accomplissement  de  réformes  inspirées  par  un  siacère  patriotisme 
et  dont  le  )iays  ressentira  les  salutaires  cll'ets. 

En  me  faisant  l'intorprèle  des  plaintes  que  nous  avons  recueillies  dans  les  dépar- 
tements de  la  région,  en  demiuidant  la  réalisation  do  leurs  es|)érances  et  de  leurs 
vœux,  je  croirai  avoir  bien  mérité  des  populations  agricoles  de  notre  Midi  et  avoir 
servi  les  véritables  intérêts  de  la  République.  Louis  Fi5r.\l, 

Membre  du  Cunaoil  gùnùral  de  la  Ilaule-Garonne. 

SUR  LA  CULTURE  DES  PALMIEllS 

La  t'ainille  des  palmiers  fournit  à  Tari  des  jardins  et  à  la  décoration 
des  serres  el  des  appartements,  des  arbustes  et  des  arbres  d'ornement 
(le  premier  ordre;  la  croissance  de  la  plupart  do  ces  véiïétaiix  est  assez 
rapide,  très  rapide  inôiue  chez  certaines  espèces  et  toujours  remar- 
quable. De  magnifiques  feuilles  sortent  droites  et  rigides  d'ua  tronc, 
elles  sont  portées  sur  un  stipe  d'une  vigueur  incomparable.  Ces  feuilles, 
en  forme  d'éventail  {feuilles  llabcllifonnes)  ou  de  plume  (feuilles  pcima- 
lifroiules).  ont  souvent  sur  leurs  bords  des  sortes  de  filaments  blancs 
ou  rougeàlres  qui  les  protègent  contre  les  intempéries  de  l'air  ('coups 
de  soleil,  vents  brûlants,  grêle,  etc.).  Cette  sorte  de  iilasse  fournit 
également  aux  jeunes  pousses  et  aux  jeunes  feuilles  une  certaine  dose 
d'humidilé,  elle  agit  pourainsi  dire  à  la  manière  d'une  éponge  servantà 
liuuudilier  el  d'un  matelas  pour  amortir  les  chocs  et  le  froissement 
des  jeunes  feuilles  entre  elles. 

La  magniiique  et  riche  famille  des  palmiers  comprend  des  végétaux 
d'espèces  diverses  :  Pha'uix  ou  palmiers  ayant  donné  le  nom  à  la 
famille,  Chamairops,  Cocos  ou  cocotiers,  Corypha,  Areca,  Acrocomia, 
Artrocaryumarenga,  iJorrassus,  15rahea,Calamus,  Cliam;edorea,  Caryota, 
Geroxyliun,  Diplolhemium,  Goonama,  Jubasa,  Latania,  Licualil,  Livis- 
tona,  Martinezia,  Oreodoxa,  Rhapis,  !?:ibal,  Seaforlhia,  Tlirinax,  etc.; 
car  il  faut  bien  nous  arrêter  dans  celte  nomenclature  qui  est  fort 
longue.  Nous  n'avons  donné  ci-tlessus  que  les  espèces  les  [)lus  répan- 
dues dans  les  serres  ou  qui  croissent  en  grande  partie  on  plein  air, 
sous  le  climat  de  l'oranger. 

Ce  n'est  pas  seulement  h  cause  de  leur  élégance,  de  leur  grâce  ou 
delà  beauté  majestueuse  de  leur  port  que  les  palmiers  occupent  le 
premier  rang  dans  le  règne  végétal,  mais  encore  parce  que  la  plu[)art 
de  ces  végétaux  fournissent  aussi,  principalement  dans  les  régions 
tropicales,  d'excellents  fruits,  une  fécule  nourrissante,  de  l'huile 
(tiuile  (le  palme),  du  sucre,  enfin  des  boissons  fermentées  très  alcoo- 
liques,   connues  sous   le  nom  de  inn  de  palme  [arack,  lar/mi,  loddi). 

Le  bourgeon  central  ou  cœur  des  forts  palmiers  fournit,  même  vers 
le  milieu  du  printemps,  un  légume  très  recherché  ;  l'/lrecw  o/eracm 
principalement,  dont  le  cœur  est  assez  volumineux,  donne  le  chou 
palmiste. 

Enfin  beaucoup  d'espèces  fournissent  des  libres  textiles,  qu'on  uti- 
lise dans  la  fabrication  du  papier;  d'autres  servent  à  faire  des  nattes, 
des  paniers,  des  chapeaux,  des  cnu/fins,  etc. 

Avec  les  stipes  de  diverses  espèces  arborescentes  on  fait  même  des 
solives  ou  des  i)ièces  de  bois  qu'on  utilise  pour  des  travaux  de  menui- 
serie et  surtout  d'ébénislerie. 

Si  le  dattier  et  le  cocotier  sont  avant  tout  des  arbres  fruitiers,  d'au- 
tres, au  contraire,  le  sagoutier,  par  exemple  {Sanua  Rumpliii,  sayoutier 


98  CULTURE   DES  PALMIERS. 

des  Malaqucs)  contiennent  dans  leur  stipe  une  excellente  fécule;  d'au- 
tres espèces,  saignées  à  la  manière  des  pins,  mais  moins  profondément 
que  ceux-ci,  laissent  s'écouler  une  sève  abondante  de  laquelle  on  peut 
extraire  du  sucre  et  du  vin,  si  la  sève  entre  en  fermentation. 

Par  ce  qui  précède,  on  voit  que  les  palmiers  sont,  presque  au  même 
degré  que  les  graminées,  des  végétaux  d'une  utilité  extrême;  ce  fait  est 
incontestable  et  généralement  admis;  mais  ce  qui  n'est  pas  aussi 
connu,  c'est  leur  culture,  le  milieu  ou  l'habitat  qui  leur  convient  le 
mieux.  On  admet  trop,  par  exemple,  que  le  palmier  se  plaît  ou  du 
moins  s'accommode  fort  bien  delà  sécheresse.  C'est  là  une  grave  erreur 
fort  accréditée,  parce  qu'on  a  dit  sur  tous  les  tons  que  le  palmier  est 
l'arbre  du  désert;  or  ce  terme  désert  représente  à  l'esprit,  du  moins  à 
ceux  qui  ne  le  connaissent  pas,  une  vaste  solitude  sèche  et  aride, 
désolée,  briilée  par  le  soleil  d'Afrique,  comme  le  zouave  de  la  chan- 
son :  Le  vrai  démon  brûlé  par  le  soleil  d'Afrique. 

Ce  terme  désert  rappelle  le  simoun  et  son  haleine  desséchante.  Or, 
rien  n'est  plus  éloigné  de  la  vérité  que  ces  suppositions.  Le  désert,  le 
désert  de  sable  est  en  grande  partie  sec  et  aride,  desséché,  en  effet,  par 
un  soleil  tropical;  mais  ce  n'est  pas  là  où  poussent  et  vivent  les  pal- 
miers, mais  dans  les  oasis,  dans  les  clairières  fraîches  arrosées  par  une 
source  ou  un  ruisseau  et  qui  pendant  les  nuits  se  saturent  d'humidité, 
tel  est  le  milieu  dans  lequel  végètent  d'une  façon  luxuriante  les  pal- 
miers. Voilà  donc  un  fait  qu'il  ne  faut  pas  perdre  ds  vue  dans  la  cul- 
ture de  ces  arbres.  Ce  qu'il  leur  faut,  c'est  une  eau  abondante  et  en 
rapport  direct  avec  l'intensité  de  la  chaleur.  On  peut  môme  ériger  en 
axiome  ce  principe  :  plus  le  palmier  a  de  l'eau  et  de  la  chaleur,  plus  sa 
véo'étation  est  remarquable.  Ceci  bien  établi,  il  est  très  évident  qu'on 
ne  peut  le  faire  prospérer  dans  un  sol  compact,  glaiseux  ou  schisteux. 
Le  terrain  qui  convient  le  mieux  au  palmier,  c'est  une  terre 
rouge,  ferrugineuse,  calcaire  ou  fortement  additionnée  de  sable.  Un 
sous-sol  naturellement  drainé  par  des  cailloux  ou  des  pierres  calcaires 
lui  est  très  nécessaire  et,  pour  restituer  au  sol  les  éléments  minéra- 
lisateurs  qu'une  eau  abondante  lui  enlève,  il  faut,  en  outre,  que  ce 
terrain  soit  riche  en  humus  ;  on  voit  par  là  que  le  palmier  n'est  pas 
difficile,  il  se  contente  de  tout  ce  qu'il  y  a  de  mieux  comme  terrain, 
terre  à  cyclamens,  terre  à  fraisiers  et  à  orangers. 

Il  ne  faut  donc  pas  être  surpris  que  dansbeaucoup  de  localités  delà 
Basse-Provence  (Var,  Alpes-Maritimes)  on  voit  tant  de  palmiers  malingres 
et  souffreteux  dans  les  jardins  publics  et  dans  les  jardins  particuliers. 
L'air  de  la  mer,  les  forts  vents  d'est  lui  sont  très  préjudiciables.  Voilà 
pourquoi  sur  les  bords  de  la  Méditerranée,  nous  ne  disons  pas  sur  les 
bords  du  littoral,  les  palmiers  n'ont  ni  le  port,  ni  l'allure,  ni  la  robus- 
ticité,  qu'on  nous  permette  ce  néologisme,  du  palmier  dans  la  pléni- 
tude de  la  santé;  voilà  pourquoi  dans  les  terres  éloignées  de  500  à 
600  mètres  elh  fortiori  de  quelques  kilomètres  de  la  mer,  la  végéta- 
lion  et  le  port  de  ces  arbres  superbes  sont  beaucoup  plus  remarquables. 
Nous  concluons  donc  en  disant  :  le  palmier  aime  une  eau  abondante, 
un  terrain  de  première  qualité  et  une  riche  fumure.  Nous  l'avons 
expérimenté  nous-mêmes  sur  des  palmiers,  des  lataniers,  des  cha- 
man'ops  et  des  cocotiers  plantés  à  des  époques  diverses  (en  octobre, en  no- 
vembre, en  mars  et  en  avril)  ;  tous  ces  végétaux  plantés  dans  une  excel- 
lente terre  calcaire  légèrement  sablonneuse  ont  reçu  pendant  des  mois 


CULTDRE    DES    PALMIERS.  99 

entiers  de  grandes  quantités  d'eau,  et  loin  de  pourrir  comme  on  aurait 
pu  le  craindre,  tous  ces  arbres  ont  végété  d'une  manière  remarquable 
et  sont  aujourd'hui  au  commencement  de  septembre  couverts  d'une 
poussière  bleuâtre,  sorte  de  fleur,  indice  d'une  vigoureuse  santé,  et  ce- 
pendant le  vallon  où  ils  se  trouvent  placés  n'est  guère  éloigné  delà 
mer,  de  la  baie  des  Anges,  que  de  300  mètres  au  plus.  C'est  là  cer- 
tainement un  milieu  moins  favorable  que  s'ils  étaient  placés  à  3  et  à 
4  kilomètres  ou  plus  encore.  . 

Nous  dirons  en  terminant  cet  article  que  beaucoup  d'amateurs 
d'horticidture  et  même  des  horticulteurs  de  profession  croient  que  le 
cocotier  ne  peut  pas  prospérer  sur  le  littoral  de  la  Méditerranée  parce 
qu'il  n'y  fait  pas  assez  chaud  d'abord  et  qu'ensuite  en  hiver,  ou  du 
moius  pendant  certains  hivers  le  thermomètre  descend  à  moins  deux 
ou  trois  degrés;  c'est  là  encore  une  profonde  erreur.  A  Nice,  àCannes, 
au  golfe  Juan,  il  y  a  des  cocotiers  splendides,  dans  cette  dernière  loca- 
lité, le  comte  d'Esprémesnil  a  même  une  charmante  propriété,  créée 
par  M.  Mazel  de  Montsauve,  où  se  trouvent  de  superbes  cocotiers  qui 
mûrissent  leurs  fruits;  certaines  variétés  peuvent  même  supporter 
cinq,  six  et  même  sept  degrés  au-dessous  de  zéro. 

Le  Cocos  australis  d'après  M.  filazeP  peut  même  supporter  moins 
dix  et  moins  onze  degrés  au-dessous  de  zéro,  et  cet  horticulteur  dis- 
tingué dit  dans  son  catalogue  :  «  Nos  essais  (des  palmiers  rustiques 
sous  le  climat  de  l'oranger)  ont  été  faits  au  golfe  Juan  et  remontent 
déjà  à  une  quinzaine  d'années;  ils  ont  porté  sur  plus  de  75  espèces  de 
palmiers.  Nous  donnons  ici  la  liste  de  ceux  qui  ont  supporté  des 
hivers  durant  lesquels  le  thermomètre  est  descendu  jusqu'à  moins 
trois  et  moins  quatre  degrés  centigrades  :  areca  Boueri,  monoslachya, 
sapida  ;  Brahea  dulcis,  nilida,  Roezli;  caryota  elegans,  chamedorea, 
quatre  ou  cinq  variétés;  les  chamaerops  cxcelsa,  ekr/ans,  gracilis,  humi- 
lis,  martiana,  slauracantha,  tomentona;  cocos  australis,  Boneli^  chilensis 
[Jubea),  ftexuosa,  maximiliana, pluniôsa,  Romandzofii ,  Cocos  Weddellina. 
Cette  merveille  a  supporté  nos  hivers  rigoureux  sans  broncher  ;  c'est 
une  plante  d'avenir  pour  notre  littoral  ;  cocos  yataï;  corypha  aitsiralis, 
filifera,  gebanga  Glasioua  insignis  ;  jubea  spectabilis  supporte  jusqu'à 
moins  douze  degrés  centigrades;  Jabeo  loralli ;  Kentia  balmorna,  canlor- 
burina,  Fosteriana,  Lindcni ;  Livislona  JenKinsi  très  rustique  donne 
des  graines;  Livislona  Iloogendorpi,  olivœformis,  siiiensis ;  Phœnix 
canarieiisis  dénommé  à  tort  lenuis,  Phœnix  daclylifera,  farinifera, 
Leonensis,  reclinaia  ;  Prilchardia  filifera,  Ptychosperma  alexandrœ, 
Rhapis  flabelliformis,  Sierotsik,  humilis;  Sabal  andansoni,  palmier 
d'une  rusticité  étonnante,  il  supporte  moins  quatorze  et  moins  quinze 
degrés  au-dessous  de  zéro,  Sahal havanensis,  Pabneteo  Umbraculifera  ». 

Nous  venons  de  parler  de  la  maturité  des  fruits  de  certaines  espèces. 
Nous  ajouterons  que  des  auteurs  autorisés,  des  savants  même  pré- 
tendent que,  dans  le  climat  de  Nice,  le  P/iœni.r  dactylifera  ne  mûrit  par 
ses  fruits,  bien  que  la  graine  soit  suffisamment  mure  pour  germer, 
c'est  encore  une  erreur.  Nous  avons  mangé  des  dattes  sur  l'arbre  à 
Bordighiera,  dans  la  propriété  de  M.  Vincent  Moreno,  vice-consul  de 
France.  Mais  dira-t-on  Bordighiera  n'est  pas  Nice,  c'est  très  vrai;  mais 
à  Nice  même  chez  notre  ami  M.  Sabatier  nous  avons  mangé  également 
des  dattes  cueillies  sur  les  palmiers  de  sonjardin  qui  est  situé  an  cœur 

1.  Catalogue  des  jardins  de  Montsauve  et  du  golfe  Juan  n"  7,  pages  10  et  11. 


100  CULTURE  DES  PALMIERS. 

de  la  ville  à  l'angle  du  boulevard  et  de  la  rue  de  Longchamps.  Enfin 
à  Ollioules  près  de  Toulon,  il  existe  une  variété  de  pliœni.v  qui  mûrit 
chaque  année  ses  fruits  ;  il  est  vrai  d'ajouter  que  cette  localité  assez 
éloignée  de  la  mer  est  extrêmement  chaude  pendant  l'été,  parce  qu'elle 
est  entourée  de  hautes  montagnes.  Ernest  13osc. 

SUR  LA  FERRURE  CHARLIER 

Depuis  vingt  ans  je  fais  ferrer  mes  chevaux,  toujours  nombreux,  au 
système  de  M.  Charlier.  Les  hommes  pratiques  non  prévenus,  parmi 
lesquels  je  citerai  M.  Morin  autrefois  directeur  du  Tattersall, 
aujourd'hui  rédacteur  en  chef  de  la  Revue  des  haras,  M.  de  Carayon- 
Latour,  l'école  de  Séez  (Orne)  et  d'autres,  en  ont  constaté  depuis  long- 
temps les  grands  avantages. 

•l'ai  écrit  sur  cette  ferrure,  il  y  a  quelques  années,  un  long  article 
dans  ce  journal.  Ce  sont  les  pieds  de  devant  qui  en  bénéficient  le  plus. 
Avec  le  fer  Charlier,  point  de  bleimes,  point  de  seimes;  la  corne 
devient  bonne,  résistante;  le  pied  devient  plus  large,  partant  la  soli- 
dité plus  grande. 

Depuis  longtemps,  pour  empêcher  le  fer  de  s'élargir  pendant  la 
marche,  soit  aux  liges  de  s'écarter  et  d'obliger  ainsi  de  referrer  le 
cheval,  j'avais  fait  augmenter  la  largeur  de  mes  fers  en  pince.  Le 
résultat  s'en  est  toujours  montré  excellent.  Il  est  clair  que  c'est  faute 
de  présenter  une  largeur  suffisante  que  le  fer  s'élargit  à  ses  exireaiilés 
ouvertes,  en  l'aison  même  des  chocs  que  lui  fait  subir  la  marche. 

Je  n'ai  jamais  dir  recourir  à  l'acier.  Quant  à  moi,  j'estime  l'emploi 
do  l'acier  inutile.  Le  fer  Charlier  bien  employé,  avec  les  précautions 
voulues,  remplit  tous  les  desiderata.  Il  me  sert  très  avantageusement, 
comme  fer  pathologique,  pour  remettre  les  pieds  déformés  par  la 
feurbure  chronique.  Le  fer  à  planche  ne  fait  en  ce  cas  qu'étioler  les 
pieds.  Jean  Kiener. 

LA  VIGNE  ET  LE  POURRIDIÉ 

Le  pourridié  continue  ses  ravages  dans  la  Haute-Marne. 

La  maladie  est  d'autant  plus  sensible,  cette  année,  que  les  ceps 
bien  portants  sont  couverts  de  raisin,  tandis  que  sur  ceux  qui  se 
trouvent  atteints  Yavorlage  est  général. 

Le  pourridié  est  une  maladie  parasitaire  occasionnée  par  un  petit 
champignon,  le  Rœsleria  hypogea,  qui  fait  pourrir  les  racines. 

Le  développement  de  ce  cryptogame  est  assez  lent.  Il  lui  faut  une 
année  pour  accomplir  son  évolution. 

Ses  sporules  ou  graines,  qui  apparaissent  sous  la  forme  d'une  pous- 
sière grisâtre  excessivement  fine,  se  disséminent  à  l'automne  et  en 
hiver,  depuis  le  mois  d'octobre  jusqu'au  mois  de  mars. 

Ce  n'est  guère  que  dans  le  courant  de  juillet,  et  surtout  en  août, 
que  le  jeune  champignon  devient  bien  visible.  On  le  trouve  sur  les 
racines  entre  le  bois  et  l'écorce.  Un  léger  grattage  suffit  pour  le  mettre 
à  nu.  Il  est  blanc  et  ressemble  à  des  flocons  de  neige.  Plus  tard  il 
devient  aranéeux  —  comme  des  fils  d'araignées  ;  —  son  mi/célium^  qui 
s'étend  rapidement,  s'enfonce  dans  l'épaisseur  du  bois,  et  pénètre  par 
les  rayons  médullaires,  jusqu'à  la  moelle.  Il  intercepte  alors  la  sève 
à  son  passage  et  provoque  la  pourrituredes  racines. 


LA  VIGNE  ET  LE  POURRIDIÈ.  101 

A  partir  de  la  fia  d'octobre,  ie  parasite  acquiert  son  entier  déve- 
loppement. 

C'est  un  véritable  champignon,  dont  la  tige  mesure  de  (J  à  10  milli- 
mètres de  hauteur,  et  le  chapeau  de  2  à  4  millimètres  de  diamètre. 
Il  est  de  couleur  blanc  cendré.  Peu  de  temps  après  il  donne  sa  graine, 
qui  se  répand  dans  la  terre  autour  du  cep  malade. 

Par  l'aspect  extérieur  de  la  vigne  on  peut  facilement  reconnaître  la 
présence  delà  maladie,  surtout  à  partir  delà  seconde  année. 

Au  début  le  cep  atteint  du  pourridié  conserve  l'apparence  de  la 
santé.  Souvent  même  il  est  plus  vert  et  plus  cliargé  de  raisin.  Les 
feuilles  seules  présentent  une  particularité  qui  ne  trompe  pas;  les  poin- 
tes qui  terminent  leurs  nervures  principales  sont  d'un  blanc  jaunâtre. 

La  deuxième  année  la  végétation  est  moins  vigoureuse  et  ïavortage 
est  très  accentué. 

La  troisième  année  les  pousses  sont  rabougries,  les  feuilles  frisées, 
roncinécs,  chicanées,  comme  disent  les  vignerons  et  l'avortage  est  complet. 

La  quatrième  année  la  vigne  est  mourante,  et  la  cinquième  année 
elle  meurt. 

C'est  ainsi  que  les  choses  se  passent  dans  les  conditions  ordinaires. 
Mais  la  marclie  de  la  maladie  peut  êti'e  plus  ou  moins  rapide  suivant 
les  influences  que  la  vigne  subit. 

Dans  les  terres  argileuses,  humides,  à  sous-sol  imperméable,  le 
pourridié  s'étend  plus  rapidement  que  dans  les  terres  sèches  et  saines. 

Par  les  étés  secs  et  chauds  il  fait  moins  de  progrès  que  par  les 
étés  humides. 

Enfin  il  y  a  des  cépages  plus  ou  moins  résistants.  Le  gros  gamay  est 
celui  qui  succombe  le  plus  promptement. 

Les  divers  modes  de  propagation  dupourridiésont  faciles  à  compren- 
dre. Il  se  communique,  tout  d'abord,  par  le  contact  des  racines  saines 
6t  des  racines  malades,  qui  s'enchevèlrent  les  ures  dans  les  autres, 
et  cela  d'autant  plus  rapidement  que  les  plantes  sont  plus  rapprochées. 
Il  se  communique  aussi,  et  surtout,  à  l'insu  des  vignerons,  par  les 
travaux  de  culture. 

En  bêchant  profondément  la  vigne,  on  enlève,  dans  le  pourtour 
des  ceps  malades,  de  la  terre  qui  contient  des  graines  de  champignon 
et  que  l'on  répand  auprès  des  ceps  qui  n'ont  point  encore  été  conta- 
minés, La  j)luie  fait  descendre  ces  graines  et  dès  qu'elles  rencontrent 
une  racine  elles  s'y  fixent  et  se  développent.  . 

Ceci  explique  comment  il  se  fait  que  dans  les  Vignes  mal  soignées, 
qui  ne  reçoivent  que  des  cultures  superficielles,  la  maladie  se  propage 
moins  vite. 

Quand  le  sol  est  en  pente  et  susceptible  d'être  raviné  par  les  pluies, 
on  a  l'habitude  de  remonter  les  terres  qui  ont  été  entraînées  à  la  partie 
inférieure.  Par  ce  moyen,  on  peut  propager  la  maladie,  si  déjà  elle 
existe  dans  la  vigne,  en  portant  des  germes  là  où  il  n'en  existait  pas. 

Par  les  chaussures,  par  les  outils  mal  nettoyés,  on  peut  propager 
le  mal,  même  à  de  grandes  distances,  dans  des  plantations  restées 
saines  pendant  longtemps. 

Le  provignage,  lorsqu'on  le  pratique  sur  des  plants  atteints  du 
pourridié,  contribue  aussi  très  puissamment  à  la  propagation  de  la 
maladie.  A.  Sauvagf,, 

Professeur  d'agriouUuio  de  la  Haute-Marne. 


102 


TRANSPORT  HYDRAULIQUE  DES  BETTERAVES. 


TRANSPORT  HYDRAULIQUE  DES  BETTERAVES-  -  II 

Dans  un  premier  article  (voir  le  Journal  du  1 1  octobre,  page  62  de 
ce  volume),  nous  avons  donné  !a  description  du  transporteur  hydrau- 
lique de  betteraves    du   système    Riedinger,   en    ajoutant  que  nous 

fournirions  quelques  détails  com- 
plémentaires tant  sur  les  disposi- 
tions adoptées  pour  l'aménagement 
de  l'eau  que  sur  celles  prises  pour 
le  départ  des  betteraves  des  silos 
ou  des  magasins. 

Dans  les  usines  où  l'on  ne  dis- 
pose pas  de  grandes  quantités  d'eau, 
il  importe  de  pouvoir  se  servir  indé- 
finimentde  la  même  eau.  A  cet  effet, 
le  liquide  sortant  du  transporteur 
est  amené  dans  un  bassin  d'épu- 
ration ou  de  décantation  ;  là  on  y 
ajoute  un  clarifiant.  Il  suffit  généra- 
lement de  6  à  10  litres  d'un  lait 
de  chaux  à  20  degrés  Baume  par 
mètre  cube  pour  clarifier  les  eaux, 
terreuses.  Après  qu'elles  ont  sé- 
journé dans  le  bassin  d'épuration, 
les  eaux  sont  reprises  par  un  ap- 
pareil élévatoire  qui  les  restitue  au 
transporteur.  Les  appareils  élé- 
vatoires  dont  on  peut  se  servir  sont 
nombreux.  Tantôt,  comme  chez 
M.  Dervaux-Ibled,  on  emploie  une 
pompe  centrifuge,  tantôt  on  se  sert 
d'un  pulsomètre,  tantôt  encore  on 
se  sert  d'une  drague  en  forme  de 
noria.  La  fi".  13  montre 
l'installation  d'une  noria; 
les  eaux  sortant  du  bassin 
d'épuration  arrivent  dans 
la  chambre  oii  descend 
la  chaîne  à  godets  de  la 
noria  ;  elles  sont  élevées; 
par  les  godets  et  tom- 
bent dans  une  nochère 
qui  alimente  le  trans- 
porteur. On  comprend 
facilement  que  le  mouve- 
ment de  la  noria  doit  être  extrêmement  régulier,  car  il  est  indispensa- 
ble que  la  circulation  de  l'eau  dans  le  transporteur  soit  ininter- 
rompue. 

Le  transporteur  part  des  silos  établis  dans  les  champs  ou  bien  des 
magasins  à  betteraves.  Les  dispositions  que  l'on  peut  adopter  sont 
nombreuses.  On  peut,  par  exemple,  établir  les  caniveaux  entre  deux 


Fig.  13.  —  Noria  pour  le  retour  des  eaux  purifiées 
au  transporteur  hydraulique. 


TRANSPORT  HYDRAULIOUE  DES  BETTERAVES. 


103 


silos,  y  faire  prendre  les  betteraves,  et  les  jeter  à  la  main  dans  le 
caniveau;  c'est  le  système  primitif.  Il  est  plus  avantageux  défaire 
passer  le  transporteur  sous  les  silos.  Soit  un  silo  de  betteraves  B 
(fig.  1  i);  avant  de  le  remplir,  on  creuse  le  caniveau  C,  et  on  le  recou- 
vre de  longrines  D. 

Le  silo  étant  rempli    de   betteraves,  pour  le  vider,    on    enlève  la 
première  longrine  à  l'extrémité,  et  les  racines  tombent  dans    le  Irans- 


Fig.  H.  — Transporteur  liydriiulique  sous  un  silo. 


porteur.  On  enlève  successivement  les  longrines  suivantes,  jusqu'à  ce 
que  le  silo  soit  vidé.  Par  ce  système,  les  betteraves  sont  enlevées  dans 
l'ordre  où  elles  ont  été  placées  dans  le  silo  ;  le  courant  d'air  dû  à  la 
présence  du  caniveau  sous  le  silo  a  amené  une  première  dessiccation, 


Fig.  15.' —  Magasin  à  betteraves,  muni  d'un  transporteur. 


la  terre  qui  les  entoure  a  perdu  son  adhérence,  et  le  lavage  est  beau- 
coup plus  facile. 

La  figure  !5  donne  la  coupe  d'un  magasin  à  betteraves,  sous  lequel 
on  a  disposé  un  transporteur  d'après  les  mêmes  principes.  Les  voi- 
tures peuvent  amener  les  betteraves  et  se  décharger  à  droite  et  à 
gauche  du  magasin  :  quant  au  départ  des  betteraves,  il  s'opère  auto- 
matiquement. De  même  que  dans  le*  silo,  le  courant  d'air  commence 
la  dessiccation  des  racines.  Nous  n'avons  pas  besoin  d'insister  sur 
l'importance  de  ce  commencement  de  dessiccation  avant  le  pesage 
définitif  dans  les  sucreries  abonnées  à  l'impôt  sur  la  betterave. 

Henry  Sagnier. 


104  L  USINE  AGRICOLE. 

L'USINE  AGRICOLE 

Je  crois  devoir,  en  commençant,  avoir  recours  à  quelques  détails 
rétrospeclifs  pour  montrer  que  ce  n'est  pas  d'aujourd'hui  que  je  m'oc- 
cupe de  la  question  d'une  organisation  agricole. 

Dès  1848,  alors  que  depuis  six  ans  je  dirigeais  l'installation  en 
même  temps  que  l'exploitation,  sur  un  étang  à  peine  desséché,  de  l'un 
des  plus  vastes  domaines  du  Midi,  et  dès  lors,  déjà  familiarisé  avec 
les  grands  travaux  agricoles,  je  me  trouvai  tout  à  coup  investi  de. 
fonctions  de  chef  de  la  municipalité  de  mon  villaçe.  A  ce  moment  le 
travail  manquait  aux  ouvriers.  Sla  première  occupation  fut  de  recher- 
cher les  moyens  de  leur  en  procurer. 

Pour  cela,  j'eus  recours  aux  terrains  communaux,  dont  le  revenu, 
résultant  de  la  location  pour  le  pacage  des  bêtes  à  laine,  atteignait  à 
peine  5  francs  par  an  et  par  hectare. 

Ce  bas  prix  me  permettaii  de  les  offrir  aux  ouvriers  à  de  bonnes 
conditions. 

Je  leur  en  distribuai  donc  une  partie  moyenuant  un  simple  engage- 
ment d'en  commencer  immédiatement  le  défrichement  et  de  payer  une 
redevance  annuelle  de  1  franc  par  sétarée  (5  francs  par  hectare),  leur 
laissant  la  faculté  de  devenir  propriétaires  définitifs  par  le  versement 
de  20  francs  par  sétarée. 

Cette  opération  qui,  tout  en  créant  de  nouveaux  propriétaires,  aug- 
mentait les  revenus  do  la  commune,  fut  généralement  bien  accueillie. 

Cependant  la  tâche  éiait  rude;  le  terrain  pierreux  à  l'excès  présen- 
tait de  grandes  difficultés  pour  la  mise  en  culture,  et  déjà  je  voyais  se 
produire  une  certaine  hésitation  chez  les  ouvriers. 

C'est  alors  que  pressé  par  le  besoin  de  leur  inspirer  la  confiance,  et 
certain  de  la  puissance  de  l'exemple,  stimulé  en  même  temps  par 
l'idée  de  créer  une  unité  qui  pût  servir  de  base  à  une  organisation 
agricole  quelconque,  à  ce  moment  oi^i  chacun  cherchait  de  son  côté 
une  solution  du  problème  social,  c'est  alors  que  je  résolus  de  former, 
sous  le  titre  de  Premier  bataillon  agricole  de  l'Hérault,  une  Société 
dont  le  but  était  le  défrichement  des  terres  incultes  et  dans  laquelle 
les  ouvriers  d'industrie  comme  les  ouvriers  des  champs,  étaient  inté- 
ressés. 

Cette  Société  avait  pour  base  le  versement  mensuel  d'une  journée  de 
travail,  soit  en  argent,  soit  en  nature.  Hommes,  femmes,  enfants, 
cultivateurs  ou  non,  tous  pouvaient  faire  partie  de  la  Société,  et  la 
part  de  chacun,  dans  l'actif  social,  était  déterminée  par  ses  verse- 
menls. 

Telles  étaient  les  conditions  dans  lesquelles  la  Société  a  fonctionné 
pendant  plus  d'un  au  avec  un  tel  succès  que  les  ouvriers  ne  man- 
quèrent pas  de  travail,  qu'ils  prirent  confiance  dans  le  défrichement 
de  terres  dont  ils  devinrent  propriétaires  et  que  la  liquidation  de  la 
Société  donna  des  bénéfices  très  satisfaisants. 

Et  si  la  Société,  dans  des  conditions  aussi  favorables,  ne  se  continua 
pas,  c'est  qu'elle  était  attaquée  dans  son  principe  par  divers  journaux, 
de  Paris  surtout,  qui  prétendaient  que  je  voulais  enrégimenter  la  na- 
tion. Cependant,  si  en  1870,  nos  cantons  s'étaient  trouvés  organisés, 
même  agricolemeat,  quelle  différence  dans  les  résultats  de  la  guerre! 


L'aSINE  AGRICOLE.  105 

Mais  à  ce  moment  lesidées  n'étaient  pas  à  l'agriculture  ;  le  dévelop- 
pement incessant  de  l'industrie  absorbait  déjà  intelligences  et  capitaux; 
l'on  ne  songeait  qu'aux  grandes  alVaires.  Les  cultivateurs  eux-mêmes 
n'étaient  pas  exempts  de  l'entraînement  général,  car  non  seulement  ils 
aidaient  l'industrie  de  leur  argent,  mais  encore  ils  prenaient  de  plus 
en  plus  l'habitude  de  faire  donner  une  instruction  supérieure  à  leurs 
enl'anls  en  vue  de  les  pi'é[)arcr  poia*  l'émigration  vers  les  sciences  ou 
les  affaires;  ils  ne  gardaient  auprès  d'eux,  pour  leur  succéder,  que  les 
moins  instruits,  car,  pensaienl-ils,  l'on  en  sait  toujours  assez  pour 
cultiver  la  terre. 

Mais  l'émigration  ne  s'arrêta  pas  aux  fils  des  riches  cultivateurs  : 
elle  devint,  au  contraire,  un  stimulant  pour  les  moins  fortunés,  et 
toujours  pour  les  plus  intelligents,  ceux  qui  ont  de  l'ambition,  qui, 
eux  aussi,  veulent  voyager,  aller  à  Paris  et  oii  ils  sont  appelés  le  plus 
souvent  par  leurs  compatriotes  qui  ont  fait  fortune  dans  le  commerce 
ou  l'industrie. 

C'est  ainsi  que  se  trouve  organisée  de  longue  date  cette  émigration 
dont  le  double  effet  a  pour  résultat  de  mécontenter  la  ville  et  la  cam- 
pagne. 

Mais  peut-on,  du  jour  au  lendemain,  arrêter  cette  émigration  qui 
est  entrée  dans  nos  mœurs,  qui  est  considérée  comme  le  complément 
indispensable  de  l'instruction  de  l'ouvrier  comme  du  savant.  Et  si 
déjà  l'on  redoute  à  ce  point  l'effet  de  l'émigration,  que  sera-ce  donc 
lorsque  les  conséquences  de  l'instruction  obligatoire  vont  commencer 
à  se  produire? 

Il  faudra  bien  songer  à  créer  un  débouché  à  toutes  ces  intelligences 
dont  elle  aura  provoqué  le  développement.  Et  le  moment  n'est-il  pas 
venu  de  s'en  occuper  sérieuiement,  et  au  plus  vite,  si  l'on  ne  veut  pas 
se  laisser  surprendre;  et,  pour  l'agriculture,  le  moment  n'est-il  pas 
venu  aussi  de  tenir  les  promesses  qu'on  lui  a  faites  depuis  longtemps 
de  lui  venir  en  aide.  11  a  bien  été  question,  pour  elle,  de  créer  un  en- 
seignement supérieur,  mais  il  ne  suffit  pas  de  créer  une  école  de 
savants  agriculteurs,  faut-il  encore  avoir  des  emplois  à  leur  offrir.  La 
grande  culture  réclame  à  son  tour  des  contre-maîtres.  Où  sont  les 
écoles  pour  les  former? 

S'agit-il  de  crédit  agricole,  même  embarras,  l'on  ne  peut  trouver  le 
moyen  d'en  faire  bénéficier  l'agriculture. 

Enfin,  tels  sont  les  résultats  de  cette  émigration  continue  des 
hommes  instruits  de  la  campagne,  que  l'agriculture  en  vient  à  être 
considérée  comme  inapte  à  jouir  d'institutions  qui  pourtant  enri- 
chissent l'industrie. 

Une  pareille  situation  ne  saurait  se  prolonger  et  elle  mérite  d'autant 
plus  d'attirer  l'attention  du  pouvoir  qu'elle  seule  suffit  à  démontrer 
la  nécessité  d'une  organisation  générale  capable  de  donner  satisfac- 
tion aux  besoins,  non  seulement  de  la  grande,  mais  surtout  de  la  pe- 
tite culture. 

C'est  que  notre  agriculture  d'aujourd'iiui  ne  saurait  être  comparée 
à  ce  qu'elle  était  autrefois,  alors  que  toute  la  propriété  foncière  était 
aux  mains  de  quelques  milliers  de  riches  et  puissants  propriétaires. 

Le  morcellement  a  produit  des  raillions  de  petits  cultivateurs  ex- 
ploitant leur  terre  par  eux-mêmes,  et  ce  serait  se  bercer  d'illusions 
que  de  songer,  sans  une  organisation  préalable,  à  leur  venir  en  aide, 


106  L  USINE  AGRICOLE. 

à  vouloir  faire  pénétrer  des  progrès  sérieux  dans  des  masses  si  profondes. 

Déjà,  dès  18''i8,  en  créant  le  premier  bataillon  agricole  de  l'Hérault, 
je  pensais  en  faire  l'unité  d'une  grande  organisation,  mais  aujour- 
d'hui le  bataillon  agricole  serait  insuffisant. 

En  présence  du  développement  considérable  que  prend  Tinstruc- 
tion  générale  du  pays  et  de  la  nécessité  qui  s'impose  de  faire  cesser 
la  situation  équivoque  de  notre  agriculture,  toutes  les  demi-raesures 
resteront  inefficaces,  et  il  devient  de  plus  en  plus  indispensable  d'avoir 
recours  à  une  organisation  d'ensemble  qui,  tout  en  permettant  de 
venir  en  aide  aux  cultivateurs  et  de  créer  des  emplois  dignes  des  sa- 
vants, laissera  entrevoir  la  possibilité  de  donner  satisfaction  au  be- 
soin social  d'une  production  à  bon  marché;  il  suffira,  pour  cela,  de 
suivre  l'exemple  que  nous  donne  l'industrie  et  de  créer  à  notre  tour 
l'usine  agricole. 

Ces  établissements,  indépendants  les  uns  des  autres,  ayant  leur  vie 
propre,  seraient  créés  avec  le  concours  de  Sociétés  financières'  dans 
chaque  département,  et  n'auraient  d'autres  rapports  avec  l'Etat  que 
ceux  pouvant  résulter  de  l'organisation  et  de  la  surveillance  de  l'en- 
seignement. 

Pour  compléter  cet  ensemble,  il  serait  établi,  le  plus  près  possible 
de  Paris,  une  école  d'agriculture  universelle,  où  seraient  admises 
toutes  les  nations  et  oîi  elles  pourraient  avoir  chacune  leur  agriculture 
particulière.  Là,  serait  le  siège  del'Inslitut  et  sic  l'Ecoled'enseignement 
supérieur  agricole. 

L'usiNK  AGiiicoLE.  —  L'usiue  agricole  devra,  autant  que  possible, 
être  établie  à  proximité  d'une  voie  ferrée  ou  navigable,  qui  la  mette  en 
communication  facile  avec  le  chef-lieu.  Elle  devra  avoir  une  étendue 
d'au  moins  2,000  hectares  contiguset  être  entourée  d'un  chemin  de  fer 
de  ceinture.  Cette  voie,  destinée  à  mettre  en  communication  tous  les 
services  de  l'usine,  sera  formée  de  deux  sections  séparées  par  une  ave- 
nue de  150  mètres  de  largeur.  C'est  là  que  se  trouvera  le  point  central 
d'exploitation  pour  la  grande  culture. 

Pour  la  petite  culture,  les  maisons  des  patrons,  au  nombre  de  cent, 
seront  réparties  sur  le  parcours  du  chemin  de  ceinture.  Cette  disposi- 
tion aura  l'avantage  de  fournir  un  exemple  de  ce  que  pourraient  un 
certain  nombre  de  petits  cultivateurs  syndiqués  en  vue  d'une  produc- 
tion commune. 

Des  coiNSTRUCTioNs.  —  Les  bâtiments  divers,  groupés  avec  méthode 
sur  l'espace  réservé  à  cet  effet  entre  les  deux  sections  du  chemin  de 
ceinture,  comprendront  : 

Pour  la  grande  culture  :  1"  Logement  de  directeur,  sous-directeur, 
comptables  et  emplois  divers. 

2°  Amphithéâtre  pour  conférences  ; 

3°  Ecuries  suivant  des  plans  spéciaux  pour  mille  à  quinze  cents  têtes 
de  gros  bétail,  ou  dix  mille  bêtes  à  laine. 

4°  Remises,  hangars  pour  l'exploitation  ;  boulangerie,  boucherie,  etc. 

5°  Magasins  et  hangars  particuliers  pour  entrepôt  de  semences, 
d'engrais  et  de  machines  agricoles  destinées  aux  cultivateurs  de  la 
région  qui  en  feront  la  demande. 

0°  Enfin,  l'usine  proprement  dite,  dont  la  destination  sera  détermi- 
née en  raison  du  climat  et  de  la  production  locale. 

Les  bâtiments  pour  la  petite  culture  comprendront  : 


L'USINE   AGRICOLE.  107 

Cent  habitations  particulières,  distribuées  par  groupe  de  deux,  sur 
le  parcours  du  chemin  de  ceinture.  Chaque  habitation,  indépendam- 
ment du  local  nécessaire  à  la  famille  du  praticien,  devra  avoir  des 
chamhres  pour  loger  six  apprentis,  dont  un  élève  contre-maître.  Une 
petite  serre  et  un  atelier  rustique  compléteront  l'installation. 

Du  PERSONNEL.  —  Commc  la  culture  intensive  peut  être  considérée 
comme  l'agriculture  de  l'avenir,  et  qu'entre  les  mains  du  petit  culti- 
vateur elle  donnera  des  résultats  considérables,  il  est  très  important 
d'en  fournir  le  plus  possible  des  exemples. 

A  cet  effet,  les  cent  habitations  disposées  sur  le  chemin  de  ceinture 
seront  occupées  par  des  praticiens  que  nous  désignerons  sous  le  nom 
de  patrons. 

Ces  patrons  seront  choisis  au  concours  parmi  les  jardiniers,  maraî- 
chers, pépiniéristes,  fleuristes,  etc....  du  département. 

Il  leur  sera  attribué,  attenant  à  leur  habitation,  2  hectares  de  terrain 
sur  lesquels  ils  cultiveront  tels  ou  tels  produits  en  participation  à  rai- 
son d'un  tiers  pour  eux  et  deux  tiers  pour  la  Société. 

Ces  produits  seront  livrés  à  prix  débattus,  au  moment  de  la  récolte, 
ou  déterminés  d'avance  à  l'administration  centrale,  oii  chaque  patron 
aura  son  compte  courant. 

Chaque  patron  aura  sous  ses  ordres  six  apprentis,  dont  un  de 
première  classe  et  qui,  par  ce  fait,  deviendra  élève  contre-maître. 

Il  devra  les  loger,  les  nourrir,  et  les  employer  à  travailler  sur  ses 
deux  hectares,  sous  sa  direction. 

Toutefois,  il  devra  fournir  journellement  à  l'administration  centrale 
tel  nombre  d'apprentis  qui  lui  seront  demandés  et  qui  devront  aller 
au  travail  sous  les  ordres  du  contremaître  de  groupe. 

Indépendamment  de  l'instruction  pratique  que  nos  modestes  profes- 
seurs seront  tenus  de  donner  aux  apprentis,  ils  auront  pour  mission 
non  moins  importante,  de  recevoir  tous  les  dimanches  les  cultivateurs 
qui  voudront  prendre  leurs  conseils  sur  les  semis,  les  meilleurs 
modes  de  plantation,  de  taille,  etc. 

De  ce  chef,  une  somme  de  cinquante  francs  par  mois  leur  sera 
allouée  sur  le  budget  spécial  de  l'agriculture  par  le  gouvernement. 

Un  concours  annuel  entre  les  cent  patrons  leur  permettra  en  outre 
de  recevoir  des  primes  importantes. 

Les  lauréats  seront  choisis  de  préférence  pour  faire  les  essais  de 
cultures  nouvelles  qui  présenteraient  de  l'intérêt. 

Pour  subvenir  aux  soins  d'intérieur  à  donner  aux  apprentis,  les 
patron-,  devront  être  secondés  par  une  bonne  ménagère. 

Us  recevront  journellement  de  l'administration  centrale  les  rations 
de  pain,  viande  et  vin  qui  seront  déterminées  tant  pour  eux  que  pour 
leurs  apprentis.  Antoine  Rediek. 

(La  suite  prochainement.) 

NOUVELLES  INVENTIONS  AGRICOLES 

ANALYSE   SOMMAIRE  DES  DERNIERS  BREVETS  DÉLIVRÉS. 

161,884.  LiOT  et  ses  fils.  3  mai  IBS'i.  Nouvelle  disposilion  pour  enlever  les 
roues  à  qodets  de  la  caisse  des  se7noirs  mécaniques.  —  Ordinairement  clans  un 
semoir,  si  l'on  a  besoin  d'enlever  l'arbre  des  disques  à  godets,  on  ne  peut  le  faire 
cfu'après  avoir  retiré  les  trémies  servant  à  répandre  la  semence  sur  le  sol,  attendu 
que  ces  trémies  embrassent  l'arbre  par  leur  partie  inférieure  et  que,  de  plus,  elles 


108  NOUVELLES  INVENTIONS  AGRICOLES. 

s'opposeraient  au  passage  des  godets  qui  font  saillie  sur  le  côté  des  disques  portés 
par  cet  arbre.  Il  existe  cependant  un  système  qui  évite  la  nécessite  de  l'enlève- 
ment préalable  des  Irdmies,  grâce  à  ce  que  celles-ci  sont  articulées  par  leur  par- 
tie supérieure  ;  mais  outre  l'inconvénient  d'avoir  des  articulations  qui  risquent 
de  s'encrasser  et  de  ne  plus  bien  fonctionner,  ce  système  oblige  à  déplacer  succes- 
sivement les  diverses  trémies. 

Le  breveté  a  imaginé  un  moyen  qui  permet,  tout  en  conservant  les  trémies  ordi- 
naires non  articulées,  de  les  déplacer  ensemble  d'un  seul  coup,  par  un  mouvement 
à  deux  temps,  de  façon  à  pouvoir  enlever  l'arbre  avec  des  roues  à  godets;  le  pre- 
mier temps,  horizontal,  dégage  les  godets,  et  le  second,  vertical,  dégage  l'arbre 
lui-même. 

Dans  ce  but,  chaque  trémie  est  reliée  par  une  tige  rigide  à  l'une  ou  l'autre  de 
deux  tringles  horizontales  parallèles,  situées  au-dessus,  et  qui  peuvent  glisser  en 
sens  contraire  l'une  de  l'autre,  sous  l'action  d'un  levier  dont  le  pivot  se  trouve 
entre  les  deux.  On  comprend  qu'avec  cette  disposition,  pourvu  qu'on  ait  pris  le 
soin  de  fixer  à  la  première  tringle  toutes  les  trémies  de  rang  pair  et  à  la  seconde 
toutes  celles  de  rang  impair,  les  trémies  situées  à  droite  et  à  gauche  de  chaque 
disque  <à  godets  s'en  écarteront  simultanément  quand  on  agira  sur  le  levier  ;  on 
pourra  alors  sans  obstacle  enlever  l'appareil  qui  porta  toutes  les  trémies,  ce  qui 
permettra  de  sortir  ensuite  l'arbre  à  disques,  sur  lequel  ces  trémies  reposaient. 

Cenificals  il' a'klilion.  — HaRTU.  1"  mai  1884.  (Br.  n"  149,264).  Système  per- 
fectionné de  1-dteau  à  cheval.  —  Ce  certificat  d'addition  a  pour  objet  une  simplifi- 
cation apportée  au  mouvement  qui  servait  à  relever  le  râteau,  dans  le  brevet  prin- 
cipal du  30  mai  1882.  Ce  relèvement  s'obtient  maintenant  par  la  simple  pression 
du  pied  du  conducteur  sur  une  pédale  qui  est  articulée  sur  le  support  de  la  limo- 
nière  et  qui  représente  le  petit  bras  d'un  levier  dont  l'autre  bras  s'attache  par 
une  bielle  et  une  manivelle  à  l'arbre  portant  les  deux  cames  qui  s'embrayent  dans 
les  rochets  des  roues. 

FouRiNET.  3  mai  1884.  (Br.  n»  161,531).  Système  de  paragelées  pdiitanières 
pouvant  servir  de  paragrêle. — Le  breveté  avait  déjà  indiqué  précédemment  qu'au 
lieu  de  se  contenter  de  manœuvrer  à  la  fois  un  rang  de  planchettes,  on  pourrait 
d'un  seul  coup  mettre  à  couvert  un  carré  tout  entier,  ou  même  plusieurs  carrés, 
en  employant  des  fils  et  des  navettes  latérales  pour  la  commande.  Dans  le  présent 
certificat  d'addition,  il  décrit  un  modo  de  réalisation  de  cette  idée,  lequel  consiste 
à  monte"-  à  la  partie  supérieure  des  échalas,  des  leviers  coudés  ou  mouvements  de 
sonnettes  en  gros  fil  de  fer,  reliés  entre  eux  par  des  fils  métalliques. 

Delesvaux.  5  mai  1S84.  (Br.  n"  157,393).  Rouleau  plombeur  brise-moties  arli- 
culè  en  tous  sens.  —  Le  brevet  décrit  ici  l'addition  à  son  appareil  de  trois  chapes 
destinées  à  faciliter  les  mouvements  des  rouleaux  dans  tous  les  sens.  La  chape 
d'avant  est  simple,  afin  que  le  rouleau  qu'elle  porte  ne  puisse  jamais  venir  tou- 
cher les  deux  rouleaux  qui  sont  situés  en  arrière  de  celui-là  et  dans  le  prolonge- 
ment l'un  de  l'autre  ;  quant  aux  chapes  de  ces  deux  derniers  rouleaux,  elles  sont 
doubles.  Les  rouleaux  plombeurs  peuvent  à  volonté  se  remplacer  par  des  rouleaux 
brise-mottes.  Ch.  Assi  et  L.  Genès, 

Ingénieurs-conseils  en  matière  de  brevets  d'invention, 
36,  boulevard  Voltaire,  à  Paris. 

CONGRÈS  ET  CONCOURS  POMOLOGIQUES  A  ROUEN 

L'Association  pomologique  de  l'Ouest  a  été  créée  en  1883,  siu"  l'ini- 
tiative de  M.  Desplanques,  président  de  la  Société  d'agi'icullure  de 
Saint-Lô  ;  elle  a  rapidement  grandi,  et  elle  a  trouvé  en  ^formandia  et 
en  Bretagne  de  nombreux  adhérents.  Son  rôle  est  bien  déterminé  : 
étude  et  propagation  des  meilleures  méthodes  de  culture  du  pommier 
et  de  fabrication  du  cidre;  elle  reprend,  sur  une  base  plus  large,  les 
traditions  de  l'ancienne  Société  pomologique  de  la  Seine-Inférieure. 
C'est  un  grand  travail  qu'elle  entreprend,  car  si  la  consommation  du 
cidre  augmente  rapidement,  il  a  été  encore  réalisé  peu  d'améliorations 
dans  sa  fabrication,  qui  reste  trop  souvent  livrée  à  l'empirisme  tradi- 
tionnel. Bien  des  facteurs  interviennent  d'ailleurs  ici  '.  variétés  de 
pommes  employées,  nature  du  sol,  conditions  climatériques,  spins  de 


CONGRÈS  ET  CONCOURS   POMOLOGIQUES  A  ROUEN.  109 

fabrication.  C'est  comme  pour  le  vin  ;  mais  tandis  que  ce  qui  concerne 
la  vigne  a  été  l'objet  d'éludés  nombreuses,  on  s'est  encore  trop  peu 
occupé  du  cidre.  On  voit  que  cette  indifférence  cesse  heureusement. 
C'est  par  des  concours  et  des  congrès  que  l'Association  poinologique 
de  l'Ouest  exerce  son  action.  L'année  passée,  elle  était  à  Rennes  ;  la 
voici  à  Rouen,  et  en  1885  elle  ira  probablement  au  Mans.  Ces  dépla- 
cements étendent  l'action  de  la  Société,  et  en  assureront  le  succès.  Elle 
a  su  d'ailleurs  donner  aux  régions  qu'elle  appelle  dans  son  sein  une 
représentation  constante.  Ses  vice-présidents  sont  M.M.  Lechartier, 
doyen  de  la  Faculté  des  sciences  de  Rennes;  Portier,  président  de  la 
Société  centrale  d'agriculture  de  la  Seine-Inférieure;  Courfillier,  pré- 
sident de  la  Société  des  agriculteurs  de  la  Sarthe  ;  Morière,  doyen  de  la 
Faculté  des  sciences  de  Caen.  Au  concours  de  Rennes,  JM.  Lechartier  a 
assuré  le  succès  du  concours  et  les  travaux  du  congrès  ;  à  Rouen, 
M.  Forlier  s'est  consacré  à  cette  œuvre  avec  une  égale  ardeur. 

Le  concours  de  Rouen  a  été  très  important  :  plus  de  150  exposants 
de  pommes  et  de  poires,  de  cidres  et  d'eaux-de-vie,   avec  plusieurs 
milliers  d'échantillons,  le  tout  bien  disposé,  étiqueté  avec  soin,  facile 
à  étudier.  Nous  ne  pouvons  entrer  dans  le  détail  ;  mais  nous  devons 
signaler  la  participation  de   la  grande  Société  pomologique  d'Angle- 
terre, le  Woolhope-CIub,  du  Hereford,   qui    a  envoyé  une  magnifique 
collection  de  poires  et  de  pommes,  avec  des  échantillons  de  cidre  et  un 
exemplaire  de  sa  grande  Foinone.  Les  exposants  sont  venus  de  Bre- 
tagne et  de  Normandie.  Un  concours  spécial  a  présenté  un  vif  intérêt  : 
M.  Caubert,  membre  du  Conseil  supérieur  de  l'agriculture,  avait  fondé 
un  prix  pour  le  meilleur  traité  sur  la  fîibrication  du  cidre,  à  l'usage 
des  écoles  primaires;  le  lauréat  a  été  M.  Ilaucliecorne,  déjà  bien  connu 
pour   ses  importants  travaux  sur  le  cidre;    un  deuxième  prix  a  été 
décerné  à  .M.  le  D'  Denis  Dumont,  de  Saint-Lù.  —  Dans  la  section  des 
instruments,  on  remarquait  surtout  les  concasseurs  de  pommes,  et  les 
pressoirs  de  MM.  Chapellier,    d'Ernée   (Mayenne)  ;    Cathelineau,   de 
Rennes,  et  de    l'usine  des  Trois-Croix,  près   Rennes,    ainsi  que   les 
pompes  de  M.  Beaume,  et  l'appareil  de  distillation  de  M.  Rénaux. 
Voici  la  liste  complète  des  récompenses  décernées   : 

PREMIÈRE  CLASSE.  —    FRUITS.    —  CIDRES. 

\"  section.  —  Fruits  de  pressoir.  —  Fruits  de  Bretagne.  —  1"  prix, 
M.  Tanquerey,  à  Lamballe;  2"  prix,  M.  Baslé,  à  la  Perrine  (Vitré,  Ille-et- 
Vilaine)  ;  3"  prix,  M.  Gralery,  au  Plessix-ea-Tliorigné,  près  Rennes;  4''  prix, 
M.  Champion,  au  Chalet,  à  Feins  ([Ile-et-Vilaine]  ;  5"  prix,  M.  Ragot,  à  Loudéac 
(Gôtos-du-Xord). 

Fruits  de  Normandie.  —  l"  piix,  un  vase  de  Sèvres  offert  au  nom  du  président 
de  la  république  par  M.  le  ministre  de  l'instruction  publique,  M.  Power,  à  Saint- 
Ouen-de-Thouberville  (Eure);  2'"  prix,  M.  Lacaille,  à  Frichemesnil  (Seine- 
Inférieure);  3'' prix,  M.  Toutain,  àSaint-Liurent  de  Breveden  (Seine-Inférieure); 
4'  prix,  M.  Guérin,  à  Quibou  (Mauchej;  5'"  prix,  j\l.  Renaud,  à  Saint-Ouen  du 
Mesnil-Oger  (Calvados);  6'=  prix,  M.  Brayé,aus  Autieux,  sur  le  port  Saint-Ouen; 
7''  prix,  M.  Morin,  à  Poniorso-i  (Manche). 

Fruits  de  toutes  provenances.  —  2"  prix,  M.  Msrcier,  à  B  illon  (SartheJ  ;  3"  prix, 
M.  Frété,  à  Fresnay-sur-Sarthe  (Sarthe)  ;  4"  prix,  \Yoolhûpe-Glub,  Hereford 
(Angleterre). 

Fruits  de  semis.  —  1"'"  prix,  AI.  Lacaille,  à  Frichemesnil  ;  2'-  prix,  M.  Legrand, 
pépiniériste  à  Yvetot;  3"  prix,  M.  Labey,  à  Beaumont-ea-Auge  (Calvados); 
4"^  prix,  M.  Dieppois,  pépiniériste  à  Yvetot;  5"  prix,  M.  Charles  Duval,  à  Saiat- 
Saens;  6°  prix,  AIM.  Mallet  et  Carlo,  à  Lamballe;  7°  prix.  M.  Toutain,  à  Saint- 
Laurect  de  Brèvedent;  8"  prix,  M.Gélestin  Pinel,  à  Rouen;  9"  prix,  MM,  Omont 


110        CONGRÈS  ET  CONGOURa  POMOLOGIQUES  A  ROUEN. 

et  fils,  au  B(Jurgtheroulde  (Eure);  10'^  prix,  Î\I.  Graillard,  à  la  Neuville-Ghamp- 
d'Oisel. 

Fruits  exposés  par  des  instiluleurs.  —  l'"'  prix,  M.  Pelletier,  à  Sainte-Croix 
sur  Bucliy  (Seine-Iaférieure);  2"'  prix,  M.  Inné,  à  Bosc-Edelme  (Seine-Inférieure)  ; 
3'  prix,  M.  Derloche,  à  Boisguillaume  (Seine-Inférieure);  k"  prix,  Ml  Aubril,  à 
Sai'lilly  (Manche);  mention  honorable,  M.  Vassard,  au  Troncnet-Plerguer  (lUe- 
et-Vilaine. 

Fruits  exposés  par  des  sociétés  ouchs-amaleurs.  —  T''  prix,  médaille  d'or  offerte 
par  le  gouvernement,  MM.  ^'adet  et  Carlo;  2"  prix,  M.  Blot,  à  Saint-Pierre  de 
Franqueville  (Seine- Inférieure);  3"  prix,  M.  Gaillard,  à  la  Neuville-Champ- 
d'Oisel. 

Deuxième  section.  —  Cidres  et  romÉs.  —  Cidres  de  Normandie  en  fût..  — 
1"  prix,  médaille  d'or  offerte  par  M.  Caubert,  M.  Gruérin,  à  Quibou  (Manche)  ;; 
2''  prix,  M.  Elle  Cassé,  à  Saint-Aubin  de  Scellon  ;  3°  prix,  M.  Léger,  au  Mesnil- 
Mauger  (Calvados). 

Cidres  de  Bretagne.  —  I^prix-,  M.  Baslé,  a  laPerrine  (Ille-et- Vilaine)  ;  2"  prix, 
M.  Gougeon  de  la  Thebaudière,  à  Erhiée  (lUe-et-Vilaine). 

Cidres  du  tous  pays.  —  1"  prix,  M.  Venot,  à  Saint-(Jéuéré  (Mayenne)  ;  2"  prix,, 
M.  Jules  Philippart,  au. Mans  (Sarthc). 

Poirés  de  tous  paijs. —  l"  prix,  M.  Chapelier,  a  Ernée  (Mayenne);  2"  prix, 
M.  Thomas  Martm,  à  Rennes  ;  3"  prix,  M.  Léger,  à  Mesnil-Mauger  (Calvados). 

Troisième  section.  — Cidres  en  bouteilles.  —  Cidre  en  bouteilles  de  tous  pmjs. 
—  1"  prix,  M.  Edeline,  à  Notre-Dame  de  Franqueville  ;  2"  prix,  Woolhope- 
Club,  Hereford,  Angleterre;  3"  prix,  M.  Blestel,  à  Dieppe;  4°  prix,  M.  Floquet,  à 
Pont-l'Eèque  (Calvados)  ;  5'^^  prix,  M.  Blot,  à  Saint-Pierre  de  Franqueville  ; 
mention  honorable,  M.   Leballeur,    à    Saint-Pierre  de  Franqueville. 

Cidre  en  bouteilles  d'une  seule  variété  de  pommes.  —  V'  prix,  M.  Vardon,  à 
Lyons-la-Forêt  ;  2''  prix,  M.  Mettais,  à  Anfreville-la-Campagne  (Eure)  ;  3"  prix, 
Woolhope-Club    (Angleterre)  ;  4-  prix,  M.  Edeline,  à  Notre-Dame  de  B'ranqueviUe. 

Quatrième  section.  —  Eau.^-de-vie  de  cidre.  —  Yieilles  eaux-de-vie  de  cidre. 
1"  prix,  hors  concours,  les  exposants  n'étant  point  producteurs;  diplôme  de  mé- 
daille d'or  à  MM.  Delafond  père  et  fils,  à  Lisieux  (Calvados)  ;  médaille  d'or  à 
M.  Floquet,  de  Pont-l'Evêque  ;  médaille  d'argent  à  AI.  Leclerc,  à  Vimoutiers 
(Orne);  médaille  de  bronze,  M.  Digeon,  au  Neubourg  (Eure);  mentions  hono- 
rables :  MM.  Adam,  à  Sotteville;  MuUet,  à  Elbeuf-sur-Seine;  Noyon,  à  Cher- 
bourg (Manche).  —  Eaux-de-vie  jeunes.  Médaille  de  vermeil,  M.  Léger,  à 
Mesnil-Mauger;  médaille  d'argent,  J\L  Floquet,  à  Pout-l'Evèque  ;  médaille  de 
bronze,  M.  Leclerc,  à  Vimoutiers  (Orne)  ;  mention  honorable,  MM.  Delafond 
père  et  fils,  à  Lisieux.  —  Eaux-de-vie  de  lies  de  cidre.  Médaille  d'argent,  M.  Cha- 
pelier, à  Ernée;  médaille  de  bronze,.  M.  Blestel,  à  Dieppe.  —  Eaux-de-uic  de 
poiré.  M.  Elle  Cassé,  à  Saint-Aubin  de  Scellon. 

Deuxième  classe.  —  Instruments. 

Concasseurs  à  bras.  —  Médaille  de  vermeil,  M.  Duteurtre,  à  Sotteville-lez- 
Rouen;  médaille  d'argent  grand  module,  M.  Lapierre,  à  Rouen;  médaille  de 
bronze,  M.  Arcelin,  à  Rouen. 

Concasseurs  à  7nanè::ie.  —  Médaille  de  vermeil,  M.  Chapelier,  à  Ernée  ; 
médaille  d'argent,  M.  Costy  (Société  des  Trois-Groix),  à  Rennes;  médaille  de 
bronze,  M.  Benech,  à  Saint-Lô. 

Pressoirs.  —  Médaille  de  vermeil,  M.  Gosty  (Société  des  Trois-Croix),  à 
Rennes  ;  médailles  d'argent,  M.  Arcelin,  à  Rouen,  et  M.  Cathelineau,  à  Rennes. 

Concasscur-pressoir.  —  Médaille  d'argent,  M.  Gœssant,  à  Villers-Ecalles. 

Appareil  de  distillalion.  —  MM.  Rénaux  fils  et  Bonpain,   médaille  de  vermeil. 

Appareils,  ustensiles.  —  M.  Beaume,  à  Boulogne,'  médaille  d'or  (pompes)  ; 
M.  Moitié,  à  Rouen,  médaille  de  bronze  grand  module  (pompes)  ;  M.  Delaunay,  à 
Bernay,  médaille  d'argent  (instruments  divers)  ;  M.  Chapuis,  à  Rouen,  médaille 
de  bronze  grand  module  ("appareils  divers)  ;  MM.  Gandon  et  Lœvenbruk,  médaille 
argent  (armures  à  pommiers]. 

Troisième.classe.  —  Traités  sur  la  fabrication  du  cidre.  —  Fruits  moulés. 

Fruits  moulés.  —  Diplôme  d'honneur,  Société  centrale  d'horticulture  de  Rouen; 
médaille  d'argent  grand  module,  M.  Legrand,  à  Yvetot;  médaille  de  bronze 
giand  module,  M.  Delabroise,  à  Saint-James. 

Ouvrages.  —  Diplôme  d'honneur,  Woolhope-Club   Hereford  (Angleterre),  pour 


CONGRES  ET  CONCOURS  POMOLOGIQUEB  A  ROUEN.  1 1 1 

l'ouvrage  Pomona,  partie  des  fruits  à  cidre  ;  médaille  d'or,  MAI.  Vallet  et  Carlo  ; 
médaille  d'argeut,  AI.  LacaiUe,  à  Friclimesnil;  médailles  de  broaze  grand  module, 
AIAI.  Doussard,  à  Giiponvilie  ;  Duhamel,  Duval,  Toutaiu  ;  médaille  de  bronze, 
M.  Alettais,  ;  mention  honorable,  AI.  Lemarchand  ;  médaille  de  bronze,  M.  Cha- 
pelier; médaille  de  bronze  grand  module,  AI.  Léger;  AI.  Aloisy-Pcrrier. 

Les  séances  du  congrès  pomologique  sesont  tenues  du  G  au  10  octo- 
bre, devant  une  grande  atfluence  de  cultivateurs  et  d'arboriculteurs. 
Le  programme  comportait  plusieurs  questions  fort  intéressantes  ;  elles 
ont  été  traitées  successivement,  sous  la  présidence  de  M.  Despianques, 
assisté  de  MM.  Portier  et  Lecbartier,  vice-présidents,  et  de  M.  Le- 
sueur,  secrétaire  général  de  l'Association.  Parmi  les  autres  personnes 
qui  ont  pris  part  aux  discussions,  il  faut  citer  MM.  Jamin.  président 
de  la  Société  pomologique  de  France;  Cbarles  Baltet,  de  Troyes;  Na- 
not,  maître  de  conférences  à  l'Institut  agronomique;  Houzeau,  direc- 
teur de  la  station  agronomique  de  Rouen;  Audouard,  directeur  du 
laboratoire  agricole  de  la  Loire-Inférieure;  Constant  Lesueur,  doyen 
des  arboriculteurs  de  Normandie;  ^'ivien,  cbimiste  à  Saiat-Quentin. 
M.  de  Lapparent,-  inspecteur  général  de  l'agriculture,  a  assisté  au  con- 
grès et  a  pris  part  aussi  à  ses  travaux. 

Le  premier  jour,  M.  Leclerc,  propriétaire  dans  la  vallée  d'Auge,  a 
exposé  les  moyens  et  les  appareils  perfectionnés  nécessaires  pour  obte- 
nir de  bonne  eau-de-vie  de  cidre.  Après  lui,  M.  Lecbartier  a  communiqué 
à  l'assemblée  les  résultats  des  comparaisons  qu'il  a  faites  entre  Jes 
chiffres  donnés  par  l'analyse  chimique  des  cidres  et  ceux  obtenus  à 
l'aide  de  l'aréomètre.  Il  signale  pour  le  dosage  du  sucre  dans  le  moût 
des  écarifi  \tariant  de  la  proportion  de  1  à  3  entre  la  quantité  donnée 
par  l'aréomètre  et  la  quantité  obtenue  par  l'analyse  chimique. 

M.  Constant  Lesueur  a  présenté  un  rapport  sur  l'examen  des  résul- 
tats annoncés  par  M.  Bazire,  de  Mardilly  (Orne),  sur  l'obtention  des 
pommiers  de  bouture.  Le  rapport  de  M.  Lesueur  conclut  négativement; 
après  une  discussion  assez  longue,  une  Commission  a  été  nommée. 
M.  Bazire  pratiquera,  sous  ce  contrôle,  l'éleyage  du  pommier  par  son 
système  dans  le  jardin  de  l'éoole  normale  d'Alencon. 

Après  une  conférence  de  M.  Vivien  sur  la  fabrication  du  cidre  par 
lixiviation  et  l'emploi  du  sucre  pour  obtenir  une  augmentation  de  la 
teneur  alcoolique  du  liquide  ainsi  obtenu,  une  intéressante  discus- 
sion s'est  élevée  ,  à  laquelle  ont  pri^s  part  MM.  Lecbartier,  Audouard, 
de  Lapparent,  sur  le  nom  que  l'on  doit  donner  aux  boissons  préparées 
avec  l'addition  de  sucre.  Elle  s'est  terminée  par  l'adoption  d'un  avis 
par  lequel  le  Congrès  admet  qu'après  avoir  exprimé  tout  d'abord  ce 
que  la  pomme  peut  donner  de  jus  (pure  goutte),  auquel  le  nom  de 
cidre  devra  être  exclusivement  conservé  ,  le  fabricant  pourra  utiliser 
le  sucre  pour  faire  une  boisson  avec  le  surplus  contenu  par  le  marc  ; 
mais  cette  boisson  ne  pourra  en  aucun  cas  être  vendue  sous  le  nom 
de  cidre.  Il  a  émis  ensuite  le  vœu  suivant  : 

«  Le  Congrès  émet  le  vœu  que  le  règlement  d'administration  publique  eoacer- 
nant  la  dénaturation  du  sucre  devaat  être  employé  sans  réduction   des  droits     au 
sucrage  soit  publié  à  bref  délai.   » 

L'assemblée  a  adopté  également  le  vœu  suivant  : 

«  Les  membres  soussignés  du  Congrès  po;nologique  de  l'Ouest,  en  session    à 
Rouen,  émettent  le  vœu  que  les  droits  qui  frappent   les  cidres  à  leur  entrée  à 
Paris  soient  abaissés  de  façon  à  être  mis  en  rapport  avec  le  prix  de  cette  boisson  qui 
est  en  train  de  devenir  d'une  consommition  de  plus  en  plus  usuelle  à  Paris  sur  - 


112        CONGRÈS  ET  CONCOURS  POMOLOGIQUKS  A  ROUEN. 

tout.  Lss  soussigoés  peasent  que  cette  mesure  pourrait  être  d'autant  plus  utile- 
ment prise  en  ce  moment,  sans  préjudice  pour  les  recettes  d'octroi  de  la  ville  de 
Paris,  que  les  plantations  nombreuses  de  pommiers  faites  depuis  plusieurs  années 
dans  les  pays  de  production,  et  celles  qui  seront  inévitablement  d'ici  peu  la  con- 
séquence de  la  transformation  d'un  grand  nombre  de  terres  de  culture  en  her- 
bages, feront  de  plus  en  plus  du  cidre  la  consommation  des  classes  laborieuses. 
Les  membres  soussignés  s'appuient,  pour  émettre  cette  opinion,  sur  la  démons- 
tration économique  qui  a  été  faite  dans  des  cas  très  concluants  que  l'abaissement 
de  droit  pour  toute  consommation  d'un  intérêt  réellement  général,  quelle  qu'elle 
soit,  provoque  une  augmentation  de  recettes  compensant,  et  souvent  beaucoup 
au  delà,  la  diminution  réalisée.  » 

Ce  vœu  était  présenté  par  MM.  Morière,  Castelain,  Adrien  Dan, 
H.  Tourmente,  J.  Desplanques,  H.  le  Sueur. 

M.  Nanot  a  fait  une  intéressante  conférence  sur  le  procédé  qu'il 
propose  pour  la  fabrication  du  cidre  par  diffusion. 

Parmi  les  autres  questions  qui  ont  été  discutées,  nous  devons  signa- 
ler les  moyens  de  réprimer,  dans  le  commerce  des  pommes,  la  fraude 
qui  consiste  à  altérer  les  noms  des  provenances  des  fruits,  afin  de 
profiter  de  la  plus-value  qui  s'attache  à  diverses  provenances  ;  l'in- 
fluence du  porte-greffe  de  semis  sur  la  variété  greffée,  l'influence  du 
sol  et  du  sous-sol  sur  la  qualité  des  fruits,  l'effet  du  chauffage  sur  les 
cidres  pour  en  faciliter  le  transport.  La  plupart  de  ces  dernières  ques- 
tions ont  été  maintenues  à  l'étude. 

Le  passage  de  l'Association  pomologique  de  l'Ouest  à  Rouen  aura 
été  utile  pour  la  faire  connaître  et  accroître  le  nombre  de  ses  adhé- 
rents. L'influence  qu'elle  exerce  déjà  en  sera  rapidement  aug- 
mentée. Hekry  Sagimeu. 

VISITE  AU  PLAUD-CHERMIGNAC 

Nous  avons  tenu  à  visiter,  avant  les  vendanges,  le  domaine  de  M.  le  docteur 
Menudier,  au  Plaud-Chermignac,  près  Saintes  (Charente -Inférieure),  afin  de 
constater  par  nous-même  ce  qu'ont  produit  le  traitement  des  vignes  françaises  par 
les  insecticides  et  la  plantation  de  cépages  américains.  En  effet,  si  la  théorie  est 
une  belle  chose,  la  pratique  vaut  encore  mieux.  La  preuve  est  préférable  aux 
affirmations.  Nous  avons  entendu  toute  l'année  attaquer  ou  défendre  les  insecti- 
cides comme  les  cépages  américains.  Nous  ne  pouvions  laisser  échapper  l'occasion 
qui  se  présentait  à  nous  de  voir  ce  qu'il  y  avait  de  fondé  dans  les  louanges  des  uns 
ou  les  critiques  des  autres. 

Nos  vignobles  sont  à  refaire.  Il  s'agit,  si  nous  ne  voulons  pas  voir  notre  con- 
trée, autrefois  si  prospère,  devenir  aussi  pauvre  qu'elle  était  riche,  de  réparer  au 
plus  vite  les  désastres  du  phylloxéra.  La  chose  est-elle  possible  ?  Après  avoir  vu  le 
vignoble  du  Plaud-Chermignac,  nous  n'hésitons  pas  à  répondre  alfirmativement. 
Comment  conserver  le  moindre  doute  en  face  de  ces  vignes  françaises  luxuriantes 
grâce  à  l'emploi  du  sulfure  de  carbone,  en  face  de  ces  grefl'es  françaises  sur  racines 
américaines,  ployant,  au  bout  de  deux  ans,  sous  le  poids  de  leurs  produits? 

M.  Menudier,  ainsi  que  nous  l'avons  dit  naguère  a,  dès  le  début  de  l'inva- 
sion phylloxérique,  divisé  son  vignoble  en  deux  parties.  Celle  qui  comprenait 
les  sols  légers,  superficiels,  a  été  abandonnée  au  terrible  insecte.  La  défense 
n'était  pas  possible  et  on  aurait  sacrifié,  en  voulant  la  tenter,  un  argent  et  un 
temps  précieux.  La  partie  composée  de  sols  profonds  et  fertiles  a  été  au  contraire 
l'objet  de  soins  constants.  Les  fumures  n'ont  pas  été  ménagées  et  le  sulfure  de 
carbone  a  été  employé  régulièrement.  Un  succès  complet,  magnifique,  a  récom- 
pensé ces  efforts.  Non  seulement  ces  vignes  n'ont  pas  faibli,  mais  elles  ont  gagné 
en  vigueur  et  en  fécondité.  Nous  les  avons  vues  chargées  de  raisins. 

Les  cépages  américains  sur  lesquels  on  comptait  comme  producteurs  directs 
ont  donné  quelques  mécomptes  sous  ce  rapport.  Le  Jacquez,  dont  les  viticulteurs 
du  Midi  nous  parlent  tant,  ne  donne,  du  moins  dans  notre  contrée,  que  des  pro 
duits  insuffisants.  La  coulure  détruit  vite  les  espérances  de  la  première  pousse. 


VISITE  AU  PLAUD-CIIKRMIGNAG.  1 13 

Il  en  est  aiasi  des  autres  variétés  qui,  du  reste,  toutes,  sauf  l'HerbemDnt,  ont  un 
raisin  à  goût  foxé,  désagréable  pour  nos  palais  liabitués  aux  vins  de  France.  La 
coulure  pourrait  peut-être  être  attribuée,  pour  notre  contrée,  à  l'humidité  résultant 
du  voisinage  de  l'Océan.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  sage  de  renoncer  à  l'illusion 
des  producteurs  directs  américains,  pour  se  bornera  la  greffe  qui,  elle,  donne  des 
résultats  vraiment  merveilleux,  Nous  avons  vu  des  greiïes  du  mois  d'avril  der- 
nier, ayant  des  sarments  d'un  mètre  à  un  mètre  et  demi  de  longueur.  Il  y  avait 
même  quelques  fruits.  Quantaux  greffes  d'un  an  et  de  deux  ans,  les  raisins  étaient 
très  beaux  et  très  nombreux.  La  greffe  a  pour  effet,  par  un  heureux  piivilège,  de 
rendre  la  fructification  plus  hâtive  et  plus  abondante. 

Les  porte-greffes  peuvent  être  pris  à  peu  près  indifféremment  dans  les  diverses 
variétés  américaines  résistantes.  Jusqu'à  présent  on  n'a  pas  constaté  de  différence 
sensible  dans  leur  qualité.  Le  Jacquez  cependant  pourrait  être  l'objet  d'une  pré- 
férence, à  cause  de  la  grosseur  de  son  bois,  se  i approchant  beaucoup  de  celle  des 
cépages  français,  mais  il  n'est  pas  encore  prouvé  que  cet  avantage  compense  les 
insuccès  assez  nombreux  que  l'on  éprouve  dans  la  plantation  des  boutures. 

Ajoutons  que  M.  le  docteur  Menudier  a  adopté  comme  système,  dans  son 
vignoble,  l'alternance  d'un  rang  français  naturel  et  d'un  rang  américain  greffé.  De 
cette  façon  il  s'assure  en  quelque  sorte  contre  les  déceptions  peu  probables  mais 
possibles,  que  donnerait  l'une  ou  l'autre  espèce.  Dans  quelques  années,  quand  la 
végétation  sera  devenue  trop  touffue,  il  éclaircira  ses  vignes  en  airachant  un  rang 
sur  deux.  Inutile  de  dire  que  les  cépages  français  naturels  sont  traités  au  sulfure 
de  carbone.  Les  frais  de  ce  traitement  sont  d'ailleurs  bien  moins  élevés  qu'on  ne 
se  l'imagine.  Une  dépense  da  75  francs  suflit  pour  un  hectare  et  par  an;  encore 
l'Etat  en  fait-il  la  moitié.  On  le  voit,  c'est  presque  insignifiant  en  face   du  résultat. 

Voilà  ce  que  nous  avons  vu  de  nos  propres  yeux  au  Plaud-Chermignac.  On  ne 
dira  pas  que  c'est  un  récit  fantaisiste;  beaucoup  de  personnes  ont  pu  constater 
comme  nous  la  réalité  du  fait.  Il  ne  nous  reste  plus  qu'à  remercier  M.  le  docteur 
Menudier  de  son  extrême  obligeance  et  à  lui  adresser  de  publiques  félicitations 
pour  ses  courageux  efforts  que  le  succès  a  couronnés.  Il  n'a  pas  désespéré  quand 
l'espoir  faisait  défaut  à  tout  le  monde.  Il  a  lutté  et  il  a  vaincu.  La  victoire  doit 
être  d'autant  plus  douce  pour  lui  qu'il  a,  en  l'obtenant,  rendu  service  à  son  pays. 

Edmond   Maguier. 

MÉTÉOROLOGIE  DU  MOIS  DÉ  SEPTEMBRE  1884. 

Voici  le  résumé  des  observati  ons  météorologiques  faites  au  parc 
de  Saiut-Maur  en  septembre  1 884  : 

Moyenne  barométrique  à  [midi,  7  59""'. 24;  minimum  le  4,  à  11  heures  du 
matin,  766""». 21. 

Moyennes  Ihermomèlriques  des  minima,  10°.97;  des  maxima,  21°. 76;  du  mois 
16". 36;  moyenne  vraie  des  24  heures,  15°. 54.  Minimum  le  24,  vers  6  heures  du 
matin,  4''.1  ;  maximum  le  18,  entre  1  heure  et  3  heures,     28". 4. 

Tension  moyenne  de  la  vapeur  :  10""". 76;  minimum  le  26,  à  6  heures  du  matin, 
6""°.2;  maximum  le  18,  à  7  heures  du  soir,  16"'"'.2. 

Humidité  relative  vioyenne,  82.5;  la  moindre,  le  17  à  1  heure,  du  soir,  44;  la 
plus  grande,  lHO  en  22  jours. 

Pluie  :  35'"'". 5  en  31  heures  15  minutes,  réparties  en  12  jours  ;  presque  toute 
cette  pluie  est  tombée  dans  les  7  jours,  du  2  au  8. 

Orages  dans  la  nuit  du  6  au  7,  et  le  21,  entre '4  heures  et  5  heures  du  soir. 
Eclairs  à  Feutrée  de  la  nuit,  les  3,  12,  13,  14. 

Nébulosité  moyenne,  47.  Il  y  a  eu  6  jours  de  petit  brouillard. 

Les  vents  dominants  ont  été  ceux  du  S.-E.  à  l'O.,  puis  ceux  du  NNE  au  NE. 

Température  moyenne  de  la  Marne,  18".40,  n'a  varié  que  de  20°. 6,  le  19,  à  17°.0, 
Je  30.  Du  18  au  21,  pendant  4  jours,  elle  a  eu  dans  la  journée  une  température 
supérieure  à  20°.  Toujours  basse  et  très  claire. 

Relativement  aux  moyennes  normales,  le  mois  de  septembre  1 884  '/iré- 
sente  les  résultats  suivants  :  baromètre  plus  élevé  de  1""°.46;  thermo- 
mètre plus  élevé  de  0°.6I  ;  tension  de  la  vapeur  plus  élevée  de  0"""'.58; 
humidité  relative  moindre  de  1  ;  pluie  moindre  de  1 9""".  1  ;  nébulosité 
moindre  de  8.  E.  Renou, 

Membre  de  la  Société  nationale  d'agricnltare. 


1,14  CONCuUKS  ÛÉPAKXiSJIKXTAL   DES  HAUTES-ALPES. 

CONCOURS  UÉPMTEMENTAL  DES  MUTES-ALPES 

Le  21  septeiu'bre  a  eu  lieu  à  Briaiiçon  le  concours  départemental 
annuel  de  la  Société  d'agriculture  des  Hautes  Alpes.  La  ligne 
ferrée  de  Montdauphin  à  Briançon,  récemment  livrée  à  la  circulation, 
avait  permis  à  un  assez  grand  nombre  d'agriculteurs  de  s'}'  rendre. 
Toute  la  représentation  du  département  y  assistait,  ainsi  que  les  auto- 
rités administratives  et  la  plupart  des  conseillers  généraux.  A  la  dislri- 
'bution  des  prix,  d'excellents  discours  ont  été  prononcés  par  MM.  Lau- 
rençon,  député,  Blanc,  sénateur,  le  président  de  la  Société  d'agricul- 
ture et  le  maire  de  Briançon. 

La  médaille  d'or  accordée  par  le  Ministre  de  l'agriculture  a  été 
décernée  à  M.  Babey,  directeur  de  l'bospice  national  de  Mont-Genèvre, 
qui  a  introduit  d'importaates  améliorations  dans  l'exploitation  du 
domaine  de  l'hospice,  situé  à  la  frontière,  sur  le  col  du  Mont-Genèvre, 
entre  1,900  et  2,000  mètres  d'altitude. 

L'exposition  des  animaux  et  produits  était  relativement  importante; 
sa  partie  la  plus  intéressante  était  la  section  des  beurres  et  fromages, 
oii  l'on  remarquait  surtout  les  fromages  façon  Boquefort,  provenant 
des  caves  d'aftinage  de  MM.  Gorlier  et  Borel,  à  Aiguilles,  et  les 
■excellents  fromages  bleus,  dits  r/avots,  fabriqués  dans  les  fruitières  de 
Saint-Vécan  (2,064  mètres  d'altitude). 

Ces  petits  concours,  inaugurés  dans  le  département  en  1880^  y  ren- 
dent d'inappréciables  services  et  y  déterminent  un  courant  lent  mais 
continu  vers  le  progrès  ;  il  serait  à  désirer  que  le  gouvernement  les 
encourageât  dans  la  plus  large  mesure  possible.       C.  Allier, 

Professeur  départenieaial  d'agriculture. 

CONCOURS  DÉPARTEMENTAL  DE  LA  SARTHE 

Le  concours  départemental  annuel  organisé  au  Mans  par  la  Société 
des  agriculteurs  delà  Sartlie  s'est  tenu  les  20  et  21  septembre,  sous  la 
direction  de  M.  Courtillier,  son  président  L'importance  de  ces  solen- 
nités grandit  chaque  année.  On  y  comptait  72  animaux  de  races  che- 
valines, 208  de  races  bovines,  20  de  races  porcines,  1 2  lots  de  races 
ovines,  84  lots  d'animauv  de  basse-cour.  On  se  louait  beaucoup  de  La 
qualité  de  la  plupart  des  animaux  exposés,  principalement  pour  les 
chevaux,  dont  le  plus  grand  nombre  appartenaient  aux  races  de  trait. 

Pour  les  races  chevalines,  les  principaux  lauréats  ont  été  MM.  Jules 
Hubert,  à  Lignières-la-Carelle  ;  Lefeuvre,  à  Marolles-lez-Brault  ;  Mar- 
chand, à  Chassé.  En  ce  qui  concerne  la  race  durham,  la  plupart  des 
principaux  prix  ont  été  remportés  par  M.  de  Villepin,  directeur  de  la 
ferme-école  de  la  Pilletière  ;  pour  les  croisements  durham,  il  faut 
citer  surtout  MM.  Trigolet,  Bumas,  Boisard,  du  canton  de  Sablé. 

La.  Société  des  agriculteurs  de  la  Sarthe  a  créé  au  Mans  un  dépôt  d'en- 
grais où  les  cultivateurs  pourront  trouver,  aux  meilleures  conditions, 
les  matières  fertilisantes  dont  ils  ont  besoin.  G.  Gaudot. 

.REVUE  GO]IiIEBGIA.LE  ET  PRIX  G'dUUm  DES  DENRÉES  A&RIGOLES 

(18  OCTOBRE  1884) 
I.  — Les  gravis  et    les  farines. 
Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  QUINTAL  MÉTRIQUE  , 
sur  les  principaux  marchés  Je  la   France  et  de  l'étranger  : 


REVUE  fiOlLMERCIALE  ET  PRIX   COURANT    ,18   OCTOBRE   1884) 


115 


1"  RÉGION.  —  SORD.OrEST. 

Blé.  Seigle.  Orge. 

fr.  fr.  fr. 

Coiuados.  Coiidé-snr-\oir(lu.  20. SO  16.00  16.15 

—  Lisieui il. 50  15.35  16.90 

C.-du-Nnrd.  Lannion...   18.50  »  14.25 

—  Ponlrieux 18.50  14.50  15.50 

Finistère.  Mijiieiiz 22.20  »  10.00 

—  Quimper 19.50  15.50  15.50 

lUe-et-Vilnine.  Rennes.  19.25  »  15.50 

—  Redon 18  20  14.00  » 

Manche,  .\vranches. .. .  22. oj  »  15.50 

—  Pontorson 20.50  »  17.00 

Mayenne.  Mayenna 19.50  o  15.00 

—  Evron 19.25  »  15.25 

Morbihan.  Vannes 20.25  15.00  » 

—  Hennebont 29.15  14.40  » 

Orne.  Vimoutiers 19.75  16. uo  17.50 

—  Fiers 19.75  '>  18.00 

SaW/w.  Le  Mans 20.25  15.25  15.25 

—  Beaumont 20.25  »  li.90 

Prix  moyens 20.01  15. u  15.38 

2*  RÉGION-.  —  NOR». 

il»»ne.  Chiteau-Thierry.  20.00  15.25  17.00' 

Villers-CoUerets.  20.50  15.00  IJ.OO 

—  Soisaons 20.55  16.25  15.40 

Bttre.  Evreux 19.75  13.00  16.15 

—  Pacy 2000  14.40  16.2i> 

—  Bernay 20. SO  14.65  18.45 

Evrtret- Loir.  ChAtttm.   23.00,  13..  75  17.00 

—  ChiteanJun...   ..  2i   10  i4.G5  16.15 

—  Anneau 19.20  14.20  18.25 

Nord.  Cambrai 20.10  15.35  » 

—  Bergues 21.25  »  14.80 

—  Douai 22.75  »  » 

Oi»a.  Beaiivais 20.00  IS.OO  18.05 

—  ComiJiegne 19.75  14.75  20.00 

—  Pùnt-Ste-Maïence  19.50  14.75  16.00 
Pa«-d6-Coiois.  Arras...  21.25  iti.oo  15.50 

—  Carvin 20.35  18  00  19.50 

Seine.  Paris 21.50  16.40  18.25 

6'.-e(-jUo™e.  iJammartin.    20.25  14.75  10.50 

—  Meaiix 21.00  14.75  » 

Bray-sur-Seine....  20.25  14.20  » 

S.-«t-Oise.  .\iigerviHe...  20.00'  14.75.  16  25 

—  Versailles 20.25  14..50  19.00 

—  Et:im|je3 21.25  »  18.00 

Setn&-/n/èriBitre.Ronen.  20.00  13.85  18.00 

—  Yvelul 21.00  '14.00  15.00 

_    Eu 21.40  13.35  18.50 

Somme.   Amiens 21. la  16. 00  16. 15 

—  Roye 19.75  14.50  17.00 

—  Moiildidier 13.00  14.50  17-50 

Prix  moyens 20. a2  14.34  16.91 

3-  RÉGION.  —  MORU.EST. 

./Irdwmes.  Sedan 21.00  15.00  18.75 

—  Rethel 20.25  14.50  16.50 

—  Charleville 21.25  16.25  18.25 

ilitôe;  Bar-sur--4ube....   19.75  14.50  17.50 

—  Mery-sur-Seine...  19.40  13.90  16.10 
il/orne.  Chllons-stir-lljrae...    19.75  15.25  18.10 

—  Reims 19.75  15.75  16.50 

—  Samte-.Menehould.  20.65  15.25  17.75 

Hte-Marne.  Langres 19.75  15.00  16.00 

Mau7'(^(i-el-.Wos.  Nancy.  21.75  »•  i'8.75 

—  Lunevllle 21.25  15.50  16.50 

—  Toul 20.75  16.25  17.00 

Meuse.  Bar-le-Duc 21.15  10.25  18.75 

—  Verdun 20.60  »  » 

flau/e-Sao/ie.  Gray 20.40  15.00  » 

—  Vesoul... 20.00  15.75  17.00 

Vosgas.  Mirecourt 21.25  »  » 

—  Rambervillers 20. 50  »  » 

Prix  moyens 20.51  15.30  17.39 

4'  RÉGION.  —  oimsT. 

CAarenle.  Angoulème...  20.00  »  18.50 

—  RntTec 20.00  »  18.75 

C/iar.-/n/ér.  Marans . . . .    19.20  »  16.00 

—  St-Jean-d'.\ngély..  20  50  »  16.00 

Deux-Sevres.  Niort Î9.00  15.00  » 

Indre-et-Loire.  Tours...   18.35  12.65  » 

—  Blére 19.25  14.65  15.40 

Z.oirfr./n/'.  Nantes 20.15  14.00  » 

4f.-et-iotVe.  Angers 18  75  16.50  17.00 

—  Saumnr 20.25  15.25  19.00 

Vendée.  Lnçon ,  19.40  »  16.55 

yieïine.  Londun 19.30  »  16.55 

—  Poitiers 1.S.50  15.00  18.75 

Haute-Vienne.  Limoges.  20.00  15.00  18.25 

Priimoveas 19.51  14.76  17.43 


5*  REGION.  —  GBNTRB 


fr. 

21.00 
18.00 
14.50 
14.50 
•.4.00 

ts.oo 

15.00 
15.00 
19.00 
2(1.00 
16.50 
17.25 

15.00 
18.50 
16.75 
20.25 
15.50 

16.31 


18.25 
16.00 
16.50 
15.80 
16.30 
17.00 
15. 9« 
16.05 
16.00 
14.00 
17.50 

n 
15.50. 
16.50 
15.00 
14.50 
13.50 
17.40 
16.00 
17.00 

» 
16.00 
13.50 
16.00 
22.95 
18.00 
15.00 
22  00 
10.00 
16.50 

16.58 


16.00 
15.50 
14.50 

a 
15-50 
16.75 
16.00 
15.75 
17.50 
16-85 
15.50 
16.25 
16  50 
16.50 

16.08 


Cher. 


.iUier.  Moulins...., 

—  Montiuçon. ... 
St-Ponrçaia.. 

Bourges. .... 
St-\mand 

—  Sancerre 

Creuse.  Aubusson.. 

—  Vatan 

Indre.  Cbàteaurout 

—  Valençay. ... , 
Loiret.  Orléans 

—  Patay 

—  Courtenay 
L.-et-Cher    Blois 

—  Montûire... .  .. 

Nièvre.  Nevera.. ..„., 

—  Gosne  .......... 

Yonne.    Sens ..... 

—  Tonnerre 

—  Saint-FlorentiQ. 


Prix  moyens 


14.88      L6i32     16.14 


6'  REaiON.  ' 


EST. 


17.50 
15.50 
i4.75 
14.75 

». 
17. iû 
14.75 

14.75: 
17.00 
15.00 
16.00 
16.20 


j4«n.  Bourg 21.25 

—  St-Ljurent-les-llâcoD ..   21.75. 
Côle-d'Or.  Dijon 20.50 

—  Be.iune -.   19.75 

Dowh*.  Besançon 20.00' 

/ière.  Grenoble. ....... ,.  21.50 

—  Bourgoin 20.00 

./wï'a.  Lons-le-3aunier. .  19.50 

Loire.  Roanne 20.25 

P.-de-flô»ie.Clermont-F.  21.50 

Rhône.  Lyon 20.85 

âoôJie-el-Loire.  Ghàlon  .   la. 25 

—  Micon 21.00 

iavoie.  Cbambéry 22. 2S        » 

//iti-6'ttuoie.  Annecy. ....  21.25         i> 

Prix  moyens.....  20.71     15.75 

V  HÉ0I6N. — SCD-OHES 

..iriêge.  Pamiers- 21.50 

—  Foix 24.00 

i^ordo^îie.  Sai'iat 25.80 

lite-îiafoiine.  Toulouse.  2i.50 

—  si-Gaudens 23.00 

Gers,  Gondom 22.25 

—  Eauze 22.70 

—  Mirande 20.00 

Girolle.  Bordeaux.....  21.40 

—  Bazas 22.25 

Landes.  Dax 24.00 

Lot-et-Garonne.  Agen. . 

—  Nerac 

B. -Pyrénées.  Bayonne. 
HteS'Pyrénées.  Tarbes. 


16.25 
16.50 
16.50 
16^0 
16.75 
IS.  50 
11.00 
16.25 
16.7» 

» 
17.25 
17.25 
»  16. 00 

I)  17.40 

.'  16.75 

17.70     16.33 


17.50 
17.50 

» 
13.00 
17.25 
17.40 
18.25 
17-75 
18.25 
17.50 


16.65 
17.35 
18.40 
17.25 
17.35 


18  23 
17.00 
19.35 
17.65 

19.75 
LS.5fl 


17 

35 

16 

00 

13 

aO 

17 

00 

18 

00 

17 

50 

17 

00 

16 

90 

ir.oo 

19.50 
17. 9â      16.50'     17. 5Z 


Prix  moyens..,, 

8"  RÉGION.  —  SCB. 
Aude.   Carcassonne. . ..  23.40 
Aveyron.  RKidQZ 20.80 

—  Aubin 22.00 

Ca7l£ai.  Mauriac, 22.50 

Corre:e.  Tulle 22.00 

Hérault.  Beziers 22.10 

—  Montpellier. 13.00 

toi.  Cabors 22. '25 

Lozère.  Mende 22.00 

Pi/ï'Bnêes-Cr. Perpignan.  24.00 

Tarn.  Gadlac 22.70 

Tam-ei-Oar:  Montauban  22.40      

Prix  moyens 22.01     18. 03     18.27     18.73 


:o.6-i 

15.75 

10.50 

17. 6U 

]> 

17.50 

19.00 

n 

15.50 

19.50 

» 

19.50 

18.00 

18.00 

18.25 

18  00 

16.15 

19.50 
18.50 

13.00 

13.25 

18.00 

13.50 

20.00 

17.50 

17.85 

24.00 

25.55 

» 

j) 

19.00 

17.65 

15.75 

19. 5« 

9'   RÉGION. 

Basses-. -tlpes.  Manosque 
Hautes-. iipes.  Briançon. 
Alpes-Maritiiacs.  Niée. . 

Ardeche.  Privas 

B.-«iu-/f/iô'ie.  Marseille. 
Drame.  Monteltmar. ... 

Gard.  Alais 

Haute-Loire.   Rrioude.. 

Var.  Di'aguignaa 

Vauciuse.   Apt...» 

Prix  moyens...,. 
Moy.  de  toute  la  France 
—  delà  semaine  précéd. 

Sur  la  seraaine^Hausse, 
précédente..  (Baisse. 


—  sri>-«sT. 

23.75 


18.00 
18.00 
17.50 


22.25 
21  .00 
24..  50' 
21.00 
21.00 
23-40 
20.80 
22.25 
23.05         »  » 

22.30  17.87  17.43 
20.95  16.00  17  09 
20.91      16.12     17.21 

0.04 


18.00 
16.00 
16.20 

» 
18  50 
18  00 
17-30 
18.00 


20.50 
18.00 
20.25 
18.50 
15.00 
18.10 

a 
14.00 
17.80 

» 

17.77 
16. 95 
17.05 


0.12       0.1 


116 


REVUE    COMMERCIALE  ET  PRIX    COURANT 


Algérie. 

Angleterre. 
Belgique. 


Pays-Bas. 
Luxembourg. 
Alsace-Lorraine . 


Allemagne, 


Suisse. 
Italie- 
Espagne. 
Autriche. 
Hongrie. 
Rus  ne. 

Etats-Unis. 


Blé 
fr. 

AIffpr   S  '•''^  tendre..  19.75 

*^       I  blédui- 16  50 

Londres 20.30 

Anvers 18.00 

Bruxelles 19.00 

Liège 19.35 

Naniur 18.50 

Amsterdam 17.65 

Luxeml)Oiii-g 24.00 

Strasbourg 2Î.25 

Mulhouse 21.. 50 

Colmar 22.40 

Berlin 18.75 

Cologne 20.40 

Hambourg 18.IJ5 

Genève 22.75 

Milan 21.00 

Barcelone 22.00 

Vienne 17.10 

Budapest 15.25 

Saint-Pétersbourg. .  1 6 . 50 

Riga 17.00 

New-York 16.70 


Seigle. 

Orge. 

Avoine 

fi 

fr. 

fr. 

j 

d 

13-00 

14 

.25 

16, 

,00 

19.75 

18, 

.25 

16. 

,25 

» 

17, 

.00 

18.00 

16 

.90 

15 

,00 

17.50 

15 

.00 

15 

.70 

î> 

21. 

,35 

18.45 

21 

.00 

21, 

.25 

18.75 

18, 

.20 

18, 

.25 

20.00 

18, 

.75 

19 

.35 

19.25 

19, 

.25 

17. 

.85 

» 

17. 

50 

» 

15 

.25 

1, 

18. 

50 

18.50 

17. 

75 

16. 

,50 

» 

14. 

.25 

D 

» 

16, 

70 

» 

12, 

,90 

14 

.60 

» 

11 

.75 

^BU'S.  —  Les  offres  de  la  culture  n'ont  toujours  qu'une  importance  restreinte 
sur  les  marchés;  il  en  résulte  une  certaine  fermeté  dans  les  .cours,  qui  maintient 
les  prix  acquis  il  y  a  huit  jours.  —  A  la  halle  de  Paris,  le  mercredi  15  octobre, 
on  cotait  de  20  fr.  50  à  22  fr.,  c'est-à-dire,  21  fr.  25  en  moyenne,  sans  change- 
ment sur  la  dernière  mercuriale.  —  Pour  les  blés  à  livrer,  on  constate  une  légère 
hausse,  malgré  la  difficulté  des  transactions,  entravées  par  la  perspective  de 
l'élévation  des  droits  de  douane,  qui  est  à  l'ordre  du  jour.  La  dernière  cote  du 
marché  est  la  suivante  :  livrable  novembre,  21  fr.  25  à  21  fr.  50;  novembre- 
décembre,  21  fr.  50;  quatre  mois  de  novembre,  21  fr.  75;  quatre  premiers  mois, 
21  fr.  75  à  22  fr.;  quatre  mois  de  mars,  22  fr.  25  à  22  fr.  50.  —  A  Marseille,  les 
arrivages  de  la  semaine  se  sont  élevés  à  85,000  quintaux  ;  le  stock  e>t  de  195,000 
quintaux.  On  cote  par  100  kilog.  :  Red-Winter,  22  fr.  25;  Berdianska,  23  fr.  50; 
Marianopoli,  22  fr.  50  à  22  fr.  75;  Iika  Nicolaïeff,  19  fr,  25  à  19  fr.  50;  Irka- 
Odessa,  18  fr.  20  à  18  fr.  50  ;  Azoff  dur,  18  fr.  50  à  19  fr.  75  ;  Danube,  17  fr."50 
à  19  fr.  50.  —  Au  Havre,  on  paye  les  blés  roux  d'Amérique,  20  fr.  75  à  21  fr.; 
ceux  d'Australie,  22  fr.;  les  Bombay,  20  fr.  à  20  fr.  50. — A  Londres,  les  affaires 
sont  lentes,  les  prix  sans  changement;  on  cote  les  blés  exotiques  de  19  fr.  45 
à  20  fr.  60  suivant  les  provenances  et  les  qualités. 

Farines.  —  Les  offres  en  farines  sont  faibles  à  la  halle  ;  les  prix  n'ont  pas 
varié  pendant  la  semaine,  mais  la  meunerie  relève  ses  demandes  de  1  fr.  en  der- 
nier heu.  On  cotait  le  15  octobre  :  marque  de  Gorbeil,  48  fr.;  marques  de  choix, 
48  à  51  fr.;  premières  marques,  47  à  48  fr.;  bonnes  marques,  45  à  46  fr.;  marques 
ordinaires,  44  à  45  fr,;  le  tout  par  sac  de  159  kilog.,  toile  à  rendre,  ou 
157  kilog.  nets,  ce  qui  correspond  aux  prix  extrêmes  de  28  fr.  02  à  32  fr.  48 
par  100  kilog.,  ou  .en  moyenne  30  fr.  20.  —  Les  farines  de  spéculation  étaient 
cotées  le  mercredi  15  octobre  au  soir  :  farines  neuf-marques,  couriint  du  mois, 
45  fr.  50  à  45  fr.  75;  novembre-décembre,  45  fr.  75  à  46  fr.;  quatre  mois  de 
novembre,  46  fr.  à  46  fr.  25;  quatre  premiers  mois,  46  fr.  25  fr.;  i|uatre  mois  de 
mars,  46  fr.  75  ;  le  tout  par  sac  de  159  kilog.,  toile  perdue,  ou  157  kilog.  nets, 
avec  une  hausse  de  1  fr.  au  moins.  —  Les  farines  deuxièmes,  sans  affaires,  sont 
cotées  21  à  22  fr.  les  100  kilog.;  les  gruaux,  de  33  à  38  francs. 

Seigles.  —  Les  offres  sont  restreintes  et  les  prix  bien  tenus.  On  cote  à  la  halle 
de  Paris,  de  15  fr.  50  à  16  fr.  les  100  kilog.;  les  farines  sont  toujours  aux  cours 
de  20  à  23   fr.  les  100  kilog. 

Orges.  —  On  constate  une  hausse  de  25  centimes  sur  les  bonnes  qualités,  avec 
une  demande  active;  les  prix  de  la  halle  sont  de  17  fr.  50  à  19  fr.  les  100  kilog. 
—  Les  escourgeons  sont  cotés  de    18  fr.  à  18  fr.  75. 

Avoines.  —  Les  affaires  sont  courantes,  avec  maintien  des  prix  de  la  semaine 
dernière.  On  cote  à  la  haUe  de  Paris,  de  16  fr.  75  à  19  fr.  50  suivant  poids, 
couleur  et  qualité.  —  Les  avoines  de  Suède  sont  au  prix  16  fr.  50  à  16  fr.  75; 
celles  de  Russie,  15  fr.  à  16  fr.;  celles  d'Irlande,  16  fr.  50  à  17  fr.   les  100  kilog. 

Sarrasin.  —  Les  sarrasins  nouveaux  sont  otfeits  à  16  fr.  les  ICO  kilog.;  mais 
n'obtiennent  que  15  fr.  25  à  15  fr.  50  en  gare  d'arrivée. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (18   OCTOBRE    188't).  117 

Maïs.  —  Les  maïs  du  Danube  et  de  la  mer  Noire  sont  bien  tenus  au  Havre, 
aux  prix  de   14  fr.  50  à  14  f'r.  75,  «n  hausse  de  0,25  par  100  kilog. 

Issues.  —  La  lourdeur  continue.  On  cote  :  gros  son,  14  l'r.  25  à  14  fr.  50  ;  sons 
gros  et  moyens,  13  fr.  75  à  14  fr.;  sons  trois  cases,  13  l'r.  à  13  fr.  50;  sons  fins, 
12  fr.  à  12  fr.  50;  recoupettes,  12  fr.  50  à  13  fr.  ;  remoulages  blancs,  17  fr.  à 
17  fr.  50;  remoulages  bis,  15  à  16  fr. 

II.  Fourrages  et  graines  fourragères. 

Fourrages.  —  Les  ventes  sont  faciles  avec  des  prix  bien  tenus  pour  les  foins  et 
les  luzernes.  On  cote,  à  Paris,  par  1,C00  kilog.  :  foin,  90  à  122  fr.;  luzerne,  88  à 
120  fr.;  paille  de  blé,  58  à  68  fr.;  paille  d'avoine,  50  à  62  fr. 

Graines  fourragères.  —  Les  cours  ont  subi  peu  de  changements  depuis  huit 
jours.  A  Paris  on  paye  par  100  kilog.  :  trèfle  violet,  100  à  110  fr.;  trèfle  blanc, 
150  à  175  fr.;  trèlle  hybride,  150  à  170  fr.;  luzerne  de  Provence,  140  à  150  fr.; 
luzerne  d'Italie,  120  à  130  fr.;  luzerne  de  Poitou,  95  à  105  fr.;  rainette,  40  à 
43  fr.;  ray-grass  anglais,  35  à  40  fr.;  ray-grass  d'Italie,  40  à  42  fr.;  sainfoin  à 
une  coupe,  32  à  34  fr.;  à  deux  coupes,  36  à  38  fr.;  vesces  d'hiver,  20  à  25  fr.; 
pois  jarras,  16  à  18  fr.  —  A  Gaillac  (Tarn)  on  cote  :  trèfle,  96  à  102  fr.  les  100 
kilog.;  sainfoin,  90  à  104  fr. 

Ii;.  --■  Vins.  — spiritueux.  —  Vinaigres.  — Cidres. 

Vins.  —  Les  vendanges  sont  terminées  aujourd'hui  par  toute  la  France.  Il  n'est 
pas  encore  possible  d'en  apprécier  le  résultat  dans  son  ensemble  ;  mais  les  rensei- 
gnements nouveaux  qui  nous  parviennent  confirment  ce  que  nous  disions  il  y  a 
huit  joui'p.  C'est  le  Midi  qui  a  lieu  d'être  le  moins  satislait;  la  (jualité  laisse  à 
désirer  comme  couleur  et  comme  force  alcoolique.  Les  vins  du  Bordelais  seront 
supérieurs,  mais  en  l'aible  quantité,  ainsi  que  dans  le  Alàconnais  et  le  Beaujolais. 
Dans  les  Charentcs,  les  vins  blancs  surtout  auront  de  la  valeur.  Les  vignobles 
des  rives  de  la  Loire  donneront  une  belle  récolte,  aussi  bien  en  vins  rouges  qu'on 
vins  blanjs.  En  Bourgogne,  on  se  plaint  du  rendement  qui  ne  dépassera  guère  un 
tiers  de  la  récolte  ordmaire.  Quant  aux  affaires,  elles  n'ont  encore  d'activité  que 
dans  peu  de  régions;  le  commerce  attend  d'être  pleinement  renseigné  sur  la  va- 
leur de  la  production  générale. 

En  vins  nouveaux,  les  achats  sont  assez  nombreux  dans  l'Aude  et  l'Hérault,  à 
des  prix  basés  sur  une  valeur  de  2  fr.  25  à  2  fr.  50  le  degré  d'alcool.  Dans  le 
Beaujolais,  on  a  vendu  des  bons  crus,  tels  que  thorins,  fleurie,  etc.,  de  ISO  fr.  à 
230  fr.  la  pièce  pris  sur  grosse  lie,  et  des  crus  ordinaires,  de  120  à  150  fr.  Dans 
le  Maçonnais,  les  pieraières  ventes  faites  donnent  le  prix  de  200  fr.  à  230  fr.  la 
pièce  logé.  La  Champagne  continue  à  bien  vendre  ses  premières  cuvées.  Eu  Algé- 
rie, les  afl'aires  sont  encore  nulles  ;  les  colons  demandent  25  fr.  à  30  fr.  de  l'hecto- 
litre nu,  pris  dans  la  propriété.  Dans  l'île  d'Oleron,  on  cote  les  vins  rouges  de 
1884,  220  fr.  le  lonneau  ;  les  blancs,  1  10  fr. 

Spiritueux.  —  La  hausse  sur  les  alcools  s'est  continuée  pendant  cette  dernière 
semaine.  Le  rendement  de  la  betterave  sera,  paraît-il,  inférieur  de  20  à  25  pour  100 
sur  celui  de  l'année  dernière,  et  les  jus  moins  riches  de  1  degré.  D'un  autre  côté, 
d'importantes  livraisons  ont  eu  lieu  en  prévision  de  la  hausse,  et  ont  diminué 
sensiblement  le  stock  disponible.  Il  faut  donc  s'attendre  à  un  relèvement  général 
du  marché.  A  Paris,  les  trois-six  fins  du  Nord,  90  degrés,  sont  en  hausse  de  2  fr., 
et  se  cotent  par  hectolitre  :  disponible,  47  fr.  50;  novembre,  46  fr.  25  ù  46  fr.  50; 
décembre,  46  fr.  50  à  46  tr.  75;  quatre  premiers  mois,  ^6  fr.  25  à  45  fr.  50; 
quatre  mois  de  mai  47  fr.  —  Le  marché  de  Lille;  s'est  ressenti  de  la  hausse  de 
Paris;  l'alcool  de  mélasse  disponible  y  est  au  cours  de  44  fr.  50.  —  A  Bordeaux, 
les  trois-six  du  Nord  font  l  à  2  fr.  de  prime,  aux  cours  de  5  1  fr.  pnur  le  dispo- 
nible et  52  fr.  pour  le  livrable.  —  Lis  prix  des  alcools  de  vin  du  Midi  sont  sans 
changements.  On  cote,  à  Bordeaux,  les  Languedoc,  86  degrés,  113  fr.  l'hecto- 
litre; à  Béziers,  les  trois-six  bon  goût,  103  fr.;  et  les  marcs,  95  fr.;  à  Marseille, 
trois-six  bon  goût,  105  fr.;  marc,  95  fr.;  à  Nîmes,  et  à  Pézenas,  trois-six.  bon 
goùl  disponibles,  100  et  101  fr.  — ATounay-G'iarente,  les  esprits  fine  Champagne, 
86  degrés,  158  fr.  l'hectolitre.  —  A  Cette,  trois-six  bon  goût,  105  à  1 10  fr.  —  A 
Aillevilliers  (Haute-Saône),  les  kirschs  sont  cotés  comme  suie  à  l'hectolitre  : 
kirsch  pur  350  fr.  en  bonbonnes;  kirsch  lin  18û  fr.;  demi-fin  140  fr.;  kirsch  de 
commerce  80  fr.;  kirsch  de  co.nmerce  en  fûts,  70  fr.  —  Les  marcs,  de  Bour- 
gogne, 52  degrés  valent  de  80  à  100  fr.  l'hectolitre  nu,  suivant  qualité. 

Cidres.  —  On  commence  à  pouvoir  établir  des  cjurs  pour  les  cidres  nouveaux.  .1 


118  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT 

Evreux,  on  paye  de  21  à  24  fr.  la  barrique  de  ,226  litres  pour  les  premières  qua- 
lités et  de  15  à  16  fr.  pour  les  petits  cidres.  —  A  Paris,  on  demande  de  24  à 
28  fr.  l'hectolitre,  octroi  non  compris.  —  Les  pommes  valent  toujours  de  2  fr.  à 
2  fr.  50;  on  fait  en  Normandie  des  achats  considérables  pour  l'Allemagne. 
IV.  —  Sucres,  —  Mélasses.  —  Fécules.    —  HntMons. 

Sucres. —  La  hausse  s'est  également  fait  sentir  sur  les  sucres,  qui  ont  été,  pen- 
dant la  semaine,  l'objet  de  nombreuses  transactions  sur  le  marché  de  Paris.  On 
cote  aujourd'hui  par  100  kilog.  :  sucres  bruts,  88  degrés  saccharimétriques, 
34  fr.  75  à  35  fr.;  99  degrés, '41  fr.  75;  sucres  blancs  n"  3,  44  fr.  à  44  fr.  75  ; 
—  à  Valenciennes,  les  coûts  se  sont  un  peu  relevés  sur  les  sucres  bruts,  cpii 
se  payent  de  33  fr.  50  à  33  fr.  75.  —  A  Lille,  les  88  degrés  sont  à  34  fr.;  —  à 
Péronn-e,  33  fr.  T5  ;  sucres  n»  3.  4175.  —  Le  sloci  de  l'entrepôt-  réel  à  Taris 
était,  le  13  octobre,  de  435,000  sacs,  pour  les  sucres  indigèTies.  —  Les  sucres 
raffinés  sont  cotés  à  Paris  de  104  à  105  fr.  les  100  kilog.  à  la  consommation,  et 
44  fr.  25  fr.  à  48  fr.  pour  l'exportation. 

Mélasses.  —  Les  mélasses  de  fabrique  sont  sans  changement  à  Paris,  au  cours 
de  9  fr.  à  9  25  les  100  kilog.:  celles  de  raffinerie  9  à  10  fr.  — A  Valenciennes,  les 
mélasses  disponibles  valent  10  fr.  25,  avec  1  fr.  de  hausse  depuis  huit  jours. 

Fécules.  —  Les  fécules  premières  de  l'Oise  se  payent  55  fr.  50  les  100  kilog.;  à 
Compiègne,  —  A  Marseille,  les  cours  n'ont  pas  changé  :  on  cote  ;  fécule  pre- 
mière 35  à  38  fr.;  deuxième  32  à  33  Ir. 

Houblons.  —  Dans  le  Nord,  les  cours  sont  légèrement  en  hausse  ;  on  a  vendu 
cette  semaine,  àBailleul,  aux  prix  de  110  à  1"0  fr.  les  ICO  kilog.  —  Dans  la  Gôte- 
d'Or,  la  foire  de  Bèze  a  été  très  animée  ;  les  affaires  s'y  sont  traitées  à  300  fr.  po.ur 
les  bonnes  sortes,  et  de  270  à  280  fr.  pour  les  qualités  ordinaires.  —  En  Alsace, 
les  affaires  sont  actives  ;  les  prix  varient  de  280  à  320  fr. 

V.  —  Tourteaux.  —    Noirs.  —  Engrais. 

Tourteaux.  —  Prix  soutenus;  affaires  très  faibles.  —  A  Arras,  on  cote  par 
jOO  kilog.  œillette  13  fr.  50;  colza  16  fr.  50  à  17  fr.;  cameline,  16  fr.;  pavot, 
_2  fr.;  lin,  21  fr.;  —  A  Rouen,  tourteaux  de  colza  16  fr.;  à  Caen.  17  fr.  — A 
ambrai,  tourteaux  de  colza  15  fr.  50  à  16  fr.;  œillette,  13  fr.  50;  lin,  21  fr.  à 
^1  fr.  25;  cameline,  16  fr.  —  A  Marseille  tourteaux  de  lin  18  fr.  25  à  18  fr.  50; 
arachide  décortiquée,  13  à  14  fr.;  en  coque  9  fr.  75;  sésame  blanc,  13  fr.;  cocotier 
ou  coprah  pour  vaches  iaitières,  12  fr.  50;  colza  du  Danube,  12  fr.;  œillette  exo- 
tique, Jl  fr.;   coton    d'Egypte,    12   fr.;  palmiste  11  fr.  50;  ricin,   8  fr.  75. 

Noirs.  — Mêmes  cours  que  la  semaine  dernière.  A  Valenciennes,  par  100  kilog., 
on  paye  :  noir  animal  neuf  en  grains,  33  à  36  fr.;  noir  d'engrais,  2  àB  fr.;  vieux 
grains,  10  à  12  fr. 

Engrais.  —  Les  prix  ont  fléchi  depuis  huit  jours.  A  Paris,  on  cote  par  100 
k;log.  :  nitrate  de  soude,  24  fr.  ;  sulfate  d'ammoniaque,  38  fr.;  sulfate  de  potasse, 
21  fr.  ;  chlorure  de  potassium,  19  fr.;  sang  desséché,  1  fr.  90  le  degré  d'azote; 
superphosphate  de  chaux,  0  fr.  70  par  degré  d'acide  phosphoriquc  soluble  dans 
l'eau.  —  A  Marseille,  le  nitrate  de  soude  est  coté  â4  fr. 

VI.  —  huiles  ot  graines  oléagineuses. 

Huiles.  —  Affaires  calmes,  avec  tendance  à  la  baisse.  —  On  cote,  à  Paris,  par 
100  kilog.  :  huile  de  colza  67  Ir.  25;  huik'  de  lin,  54  fr.  75  à  65  fr.  — A  Rouen, 
huile  de  colza,  disponible,  66  fr.  50;  huile  de  lin,  53  fr.  25;  à  Caen,  colza,  63  fr.  50; 
à  Marseille,  colza,  59  fr.  50  à  60  fr.  ;  lin,  5,0  fr.  —  A  Nice,  les  huiles  d'olive 
restent  aux  cours  suivants  par  100  kilog.  :  extra-fme,  190  fr.;  surfine,  ,170  à 
180  fr.;  fine,  155  à  165  fr.;  mi-fine,  140  à  150  fr.;  mangeable,  100  àl35  fr. 

Graines  oléagineuses.  —  On  cote  par  100  kilog.  :  à  Paris,  graine  de  colza 
32  ir.  50  à  33  fr.  50;  graine  de  lin,  32  à  38  fr.;  —  à  Caen,  graine  de  colza 
21  fr.  25  l'hectolitre;  —  A  Marseille  graine  de  lin,  S,S  Ir.  50  à  29  les  100  kilog. 
de  colaa  32  fr.  —  A  Cambrai,    œillette,  23  à  24  fr.  ;   cameline,  12  à  16  fr. 

Vil.  —  Matières  résineuses.  —  Textiles. 

Matières  résineuses.  —  Cours  sans  changements.  A  Bordeaux,  l'essence  de 
térébenthine  esta  51  fr.  les  100  kilog.;  à  I)ax,  47  fr.  —  A  Bazas,  les  gemmes 
nouvelles  sont   cotées   22  fr.  50  la    barrique    de    250  litres. 

Chanvres.  La  récolte  dans  la  Sarthe  sera,  paraît-il  au-dessous  de  celle  de  l'année 
dernière  comme  qualité.  Au  Mans,  on  cote  de  72  76  fr.  les  100  kilog.  pour  les 
bonnes  sortes;  les  intermédiaires  restent  à  60  fr.  et  70  fr.  —  A  la  Jf'lèche,  on 
n'obtient  que  76  à  84  fr.;  avec  des  cours  en  baisse; —  à  la  Guerche,  on  paye  60  à 
65  fr.;  à  Janzé,    80  fr.;  à  Chateau-Giron,  65  fr. 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (18  OCTOBRE  1884;.  119 

l^ins.  —  Dans  riUe-et-Vilaiiie,  les  lins  valent  de  40  à  70  tr.' les  !00  kilog.  — 
A  Doullens,  cours  sans  variation,  de  62  fr.  50  à  82  fr.  50  les  100  kilog. 

Vin. —  iuifs  et  corps  gras. 

Suifs.  —  Prix  en  hausse  de  1  Ir.  depuis  huit  jours,  pour  les  suifs  frais  de 
la  boucherie  de  Paris,  à  81   fr.  les  100  kilog. 

Saindoux.  — Au  Havre,  prix  également  en  hausse;  vente  calme  à  53  fr.  50 
les  50  kilog. 

l.K.  —  lle.urrci.  —  Œnfs.  —  Fromages. 

Beurres.  —  Les  ventes  d«  la  semaine,  à  la  halle  de  Paris,  se  sont  élevées  à 
24'4,5'il  kilog.  de  beurres.  Au  dernier  marché,  ou  cotait  par  kilog.,:  en  demi-kilog., 
2  fr-  30  à  3  fr.  78;  petits  beurres,  1  fr.  34  à  3  fr.  24;Gournay,  2  fr.  02  à 
4  fr.  08  ;  Isigny,  2  fr.  60  à  7  fr.  32. 

Œufs.  —  On  a  VBndu  à  la  lialle  4,462,67'1  œufs  pendant  la  semaine,  aux  prix, 
par  mille,  de  116  à  130  fr.  pour  le  choix;  de  75  à  93  fr.  pour  les  ordinaires;, 
de  48  à  66  fr.  pour  les  petits  œufs. 

Fromages.  —    On  cote    à   la  halle  :  par  douzaine,   Brie,  5  fr.  50   à  50  fr.  50  ;, 
Montlhéry,    15    fr.;   —  par   cent,    Livarot,    22  à  86   fr.;    Mont-d'Or,  7  à  13  fr.; 
divers,  6  à  50  fr.;par  100  kilog.,  Gruyère,  110    à  185  fr. 
X.  —  Chevaux.  —  Bétail.  —  Viande- 
Bétail.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  officiel  du  marché  aux  bes- 
tiaux de  la  Viliette,  du  jeudi  9  au  mardi  14  octobre  : 

Poids     Prix  du  liiiog,  de  viande  nelte  sur 
Vendus  moyen       pied  au  marcliê  da  13  'ir;i..l)re. 

Pour  Pour  En         4  quartiers.     l'°  2"  3=  Prix 

Amenés.  Paris,  l'extérieur,  totalité.  Ifil.  quai.  quai.  quai.  moyen, 

Bœufs B.09i  3,489  1,455  4,944  344  1.65  1.52  1.2^  1.4b 

Vaches 3,939        1,152  638  1,790  233  1.60  1.42  I.IS  1.38 

Taureaux 377            273  46  319  390  1.42  1.32  1.20  1.31 

Veaux.. 2,416  1,724  1,072  2,796  79  1.90  1.70  1.50  1.69 

Moutons 4l,'!85  19,641  16,781  36,422  20  1.90  1.76  14.8  1.6T 

Porcs  gras....          6,927  2, .582  4,334  6,916  82  1.38  1.32  1.26  1.32 

Les  arrivages  des  marchés  de  la  semaine  se  décomposent  comme  il  suit  : 

Bœufs.  —  Aisne,  6;  Allier,  7;  Aveyron,  12;  Calvado.s,  1,125  ;  Charenle,  67  ;  Cher,  214; 
Côte-d'Or,  300;  Cùtes-du-Nord,  247;  Creuse,  5;  Deux-Sèvres,  68;  Dordogne ,  129;  Eure,  35; 
Finistère,  11;  Gironde,  12;  Indre,  151;  Loire,  20  ;  Maine-et-Loire,  269;  Manche,  205;  Mayenne, 
228;  Meuse,  12;  Morljihan,  40;  Nièïre,  664;  Orne,  694  ;  Puy-de-Dôme,  74;  Rhôae,  11;  Saône»et- 
Loire,  451;  Sarlhe,  47;  Tarn-el-Garonne,  6;  Vendée,  113;  Haute-Vienne,  6  ;  Yonne,  29; 
Italie,  32. 

Taches.  — ,\Uier,  ";  Aube,  4;  Calvados,  355;  Cantal,  50;  Charente,  8;  Cher,  28;  Côte-d'Or, 
61;  C6tes-du-Nord,  6;  Creuse,  19;  Eure,  42;  Eure-et-Loir,  39;  Finistère,  10;  Loiret,  21  ;  Maine- 
et-Loire,  17;  Manche,  171;  Marne,  3;  Nièvre,  228;  Oise,  10;  Orne,  219;  Puy-de-Dôme,  157; 
Saône-et-Loire,  93;  Sarthe,  8;  Seine,  140;  Seme-et-.Marne,  12;  Seine-et-Oise,  47;  Vendée,  12; 
Haute- Vienne,  10;  Yonne,  28;  Suisse,  8. 

Taureaux.  —  Ain.  4;  .4isne,  3;  Allier,  4;  Aube,  2;  Calvados,  42;  Cantal,  23;  Cher,  7;  Côte- 
d'Or,  18;  Cotes-du-N'ord,  8;  Deux-Sèvres,  1;  Eure,  15  ;  Eure-ei-Loir,  12;  Finistère,  7;  Gironde, 
5;  lUe-et-Vilaine,  39;  Loire-Inférieure,  5;  Loiret,  0;  Maine-et-Loire,  18;  Manche,  38;  Marne, 
1;  Haute-Marne,  8;  Mayenne,  10;  Nièvre,  17  ;  Oise,  12;  Orne,  11  ;  Saône-et-Loire,  8;  Sarthe, 
7;  Seine-Inférieure,  6;  Seine-et-Marne,  10;  Seine-et-Oise,  17  ;  Vendée,  1  ;  Haute-Vienne,  i; 
Yonne,   16;   Suisse,  3. 

Veaux.  —Aube,  459;  CalvacÈosi,  17;  Charentre,.  16;.  Huiler  241  ;  Eure-et-Loir,  288  ;  Indre- 
et-Loire,  98;  Loiret,  262;  Marne,  69;  .Nièvre,  3;  Oise,  74;  Puy-de-Dôme,  238;  Sai'the,  147; 
Seine -Inférieure,   107;   Seine-et-Marne,   226;    Seine-et-Oise,    53;     Y'onne,   56. 

iloutons.  —  Allier,  710;  Ardennes  52;  Aube,  1,418;  Aveyronj  548;Cantal  1,531  ;  Charente,  143; 
Cher,  607  ;  Cùte-d'Or,  477;  Creuse,  124;  Dordogne,  161;  Èijre-et-Loir,  930;  Indre,  227;  Loir-et- 
Cher,  366;  Loiret,  227;  Lot,  60:  Marne,  478;  Meurlhe-et-Moselle ,  498;  Nièvre^  529  ;  Nord, 
150;  Oise,  185;  Seine,  75  ;  Seine-Infeneure,  280;  Ssine-et-Marne,  2,916;  Seine-et-Oise,  1,633; 
Haute-Vienne,  188;  Yonne,  349;  Allemagne,  8,547;  Belà'ique,  60;  Espagne.  80;  Hongrie, 
à.456  ;    Italie,    552;    Russie,    5.040. 

Porcs.  —  Allier,  66G;  Calvados.  134;  Charente,  184;  Charente-Inférieure,  29;  Cher,  32.; 
Corrcze,  20;  CiJte-d'Or,  i33  ;  Côtes-du-Nord,  84;  Creuse,  181;  Deux-Sèvres,  563;  Ille-et- Vilaine, 
"376;  Indre,  263;  Indre-et-Loire,  38;  Loire-Inférieure.  315;  Loir-et-Cher,  109;  Maine-et-Loire, 
749;  Manche,  142-;  .Mayenne- 25;  Nièvre,  149;  Puy-de-Dôme,  149;  Rhône,  57;  Saône-et-Loire, 
88;  Sarlhe,  1,047;  Seine,  98;  Seine-Inférieure,  38,  Vendée  734;  Vienne,  129;  Haute-Vienne, 
Û2;  Yonne,  32. 

Les  arrivages  sont,  comme  la  semaine  dernière,  très  abondants  ;  les  cours  sont 
en  baisse  sur  toutes  les  t[ualités,  excepté  pour  les  porcs  gras.  —  Sur  les  marchés 
des  dépaitements,  on  cote  :  Evreux,  bœuf,  2  fr.  10  ;  veau,  2  fr.  30  ;  mouton, 
2  fr.  30  ;  porc,  1  fr.  70.  —  Ncubourg,  bùeuf,  1  fr.  60  à  1  fr.  70;  vache,  1  fv.  40  à 
1  fr.  50;  veau,  1  fr.  90  à  2  fr.  ;  mouton,  2  fr.  à  2  fr.  10  ;  porc  gras,  !  fr.  30  à 
1    fr.  40;  —  Louviers.  bœuf,  1  fr.  40  à  2  fr.  ;    veau,  2  fr.  à  2  fr.  40;  mouton, 


120  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT  (18  OCTOBRE  1884), 

2  fr.  à  2  fr.  40  ;  porc,  1  fr.  80  à  2  fr.  ;  —  Deauvais,  veau  gras,  1  fr.  ;  —  Nancy, 
bœuf,' 86  à  90  Ir.  les  100  kilog.  bruts;  vache,  65  à  88  Ir,  ;  veau,  48  à  58  fr  ;  mou- 
ton, 80  à  95  fr.;-  porc,  66  à  70  fr.  —  Sedan,  bœuf,  1  fr.  60  à  1  fr.  80;  veau, 
1  fr.  40  à  2  fr.;  mouton,  1  fr.  50  à  2  fr.  40;  porc,  1  fr.  40  à  1  fr.  80;  — Ncvers, 
bœuf,  1  fr.  60  à  1  fr.  80;  vache,  1  fr.  40  à  1  fr.  60;  veau,  2  fr.;  mouton,  2  fr.; 
porc,  1  fr.  ;  —  Civray,  bœuf  et  vache,  1  fr.  50  ;  veau  et  mouton,  1  fr.  80,  porc, 
1  fr.  30;  —  Bowgoin,  bœuf,  66  à  76  fr.  les  100  kilog.  en  poil  ;  vache,  60  à  70  fr.; 
mouton,  80  à  90  fr.  ;  veau,  90  à  100  fr.  porc,  90  à  95  ir.;  —  Condom,  bœuf, 
1  fr.  50  à  1  fr.  70;  veau,  1  fr.  50  à  1  fr.  70;  vache,  1  fr.  à  1  fr.  20;  mouton, 
1  fr.  70  à  2  fr.  10  ;  agneau,  1  fr.  60  à  1  fr.  80  ;  —  Cavaillon,  bœuf,  0  fr.  75; 
mouton,  0  fr.  80;  agneau,  0  fr.  95. 

Yiande   à   la  criée.  —  Il  a  été  vendu  à  la  halle  de  Pans,  du  6  au  12  octobre  : 

Prix  du  kilog.  le  12  ctclobre. 


kilog. 
Bœuf  ou  vaclie...   157,480 

Veau 18:J,135 

Mouton 87,1.32 

Porc 51,433 

479,185 


1"  quai. 
1.50  à  1.90 
1.87       2.10 
1.50       1.80 

Porc  frais. 


2"  quai. 
1.32  à  ;..52 
1.64  1.84 
1.28       1.48 


3'  quai. 
0.90  à  1.30 
1.40       1.G2 
0.96       1.26 


Choix.     Basse  3c'.:cherle, 
1.50  à  2.60  0.20  à  1.24 

1»  «         )>  » 

1.40      2.60     »  » 


.     1.12àl.44. 

Soit  par  jour 68,455  kilog. 

Les  ventes  ont  été  supérieures  de  11,000  kilog.  par  jour  à  celles  de  la  semaine 
dernière.  Les  prix  sont  en  baisée  pour  le  bœuf  et  à  peu  près  stationnaires  pour 
les  autres  sortes. 

s.  —  Cours  de  la  viande  à  l'alattoir  de  la  Villelte  du  jeudi  16  octobre  {par  50  kilog.) 
Cours  de  la  charcuterie.  —  On  ■cend  à  la  Villette  par  50  kilog.  :  1"  qualité, 
65  à  70  fr.  ;  2%  60  à  65  fr.  Poids  vif,  42  à  48  fr. 

Bœufs.  Veaux.  Moutons. 


1"  r       3-  !'•  2- 

qaal.  quaU  quai.  quai.  quai. 

fr.  fr.  fr.  fr.  fr. 

78  72  64  97  88 


3.  ,,.  2- 

quai.  quai.  quai, 

fr.  fr.  fr. 

83  85  78 


quai. 

fr. 

70 


XI.  —  Marché  aux  bestiaux  de  la  Villette  du  jeudi  16  octobre  1884. 


Animaux 

amenés.  luTcndas. 

Bœufs 2.910  'i92  > 

Vaches 871  246  > 

Taureaux...         127  27  > 

Veaux 1.2'.3  281  ' 

Moutons 21   56G  2.447  ) 

Porcs  gras..     4.893  91  1 

—  maigres,,            »  »  1 

Vente  ilifliriie  sur  toutes  les  espèces. 


Poids 
moyen 
gênerai, 
kil. 


Cours  officiels. 


Cours  des  commissionnaires 
en  bestiaux. 


quai.  quai. 

1.68 

1.60 


l.SO 
1.40 
1.32 
1.70 
1.76 
1.26 


3- 

quai. 
1.24 
1  18 
1.20 
l.bO 
l.bO 
1.22 


Prix 
extrêmes. 

1.20  à  1.70 


,,.        j.         3. 

quai. quai.    quai. 


1.14 
1.16 
1.34 
1  44 
1.18 


1  64 
1.48 
2.04 
1  94 
1.38 


1.64 
(  .iS 
1   42 


Prix 

extrêmes 

1.13àl.69 


1.12 


1  62 

1  46 


XII.  —  Ri'sumé. 

Les  prix  de  toutes  les  denrées  se  sont  maintenus  pendant  cette  semaine,  à 
quelques  exceptions  près;  les  alcools  et  les  sucres  sont  en  hausse;  les  blés  ont 
une  tendance  à  la  fermeté.  A.  Rémy. 

BULLETIN  FINANCIER 

Les  cours  des  fonds  publics  ont  encore  baissé  depuis  huit  jours;  aujourd'hui 
on  signale  une  légère  reprise  et  des  prix  mieux  tenus. 

On  cote  les  rentes  françaises  :  3  pour  100,  77  fr.  50;  —  3  pour  100 
amortissable,  78  fr.  80;  —  4  et  demi  pour  100,  108  fr.  50;  —  4  et  demi  pour  100 
nouveau,  i08  fr.  50. 

Les  actions  des  établissements  financiers  sont  aux  cours  suivants  :  Banque 
de  France,  5,045  fr.  ;  Banque  de  Paris  et  des  Pays-Bas,  717  fr.  tO;  Créclit 
foncier  et  agricole  d'Algérie,  490  fr.  ;  Crédit  foncier,  1,280  fr.  Banque  d'es- 
compte 517  fr.  50;  Crédit  lyonnais,  540  fr.;  Compagnie  foncière  de  France, 
410  fr,;  Société  générale,  457  fr.  50. 

On  cote  les  titres  des  chemins  de  fer  français  :  Est,  782  fr.  50;  Paris-Lyon- 
Méditerranée,  1,220  fr.;  Midi,  1,145  fr.  ;  Nord,  1,607  fr.  ;  Orléans  1,297  fr.  50; 
Ouest,  825  fr.  50, 

Le  taux  de  l'escompte  à  la  Banque  de  France,  3  pour  100;  intérêt  des  avances, 
4  pour  100  E.  Féron. 

Le  Gérant  :  A.  Bouché. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (r,  octobre  1 884). 

i;onilitions  de  la  transformation  des  terres  arables  en  prairies  ou  en  cultures  fourragères.  —  Pro- 
portions ilans  lesquelles  elle  peut  s'opi'rer.  —  Réponse  aux  objections.  —  Exemple  pris  dans 
le  département  du  Cher.  —  Brochure  de  M.  lialliclier  sur  la  crise  agricole.  —  Réforme  des 
tarifs  dédouane.  —  Résultats  de  l'interpellation  île  M.  de  Roys.  —  Nomination  de  la  Commis- 
sion cliargée  d'examiner  le  projet  de  loi  relatif  aux  tarif-;  de  douane  sur  les  bestiaux.  —  Amen- 
dements présentes  par  M.  Uemarçay  et  par  .M.  Sourigues.  —  Vreux  des  associations  agricoles. 
—  Vote  de  la  réunion  des  Comices  de  Seine  et-Marne.  —  Résolution  votée  parla  Société  d'en- 
couragement à  l'agriculture  de  l'arronds-iement  du  Havre.  —  Réunion  provoquée  à  Saint- 
Etienne  [lar  M.  de  Honcins.  —  Vote  adopté  par  cette  réunion  en  faveur  dune  reunion  extra- 
ordinaire de  la  Société  des  agriculteurs  de  France.  —  Projets  de  loi  sur  la  ré]iression  des 
fraudes  dans  le  commerce  des  beurres  et  dans  celui  des  engrais.  — ■  Les  récompftiscs  pour 
l'exposition  d'Am.<=terdam.  —  Projet  de  création  ^'une  école  pratique  d'agricuUui-e  dans  la 
Somme.  —  Propositions  ou  projets  sur  les  échanges  d'immeubles  ruraux,  sur  les  étalons  de 
trait,  sur  les  forêts  des  communes,  sur  le  maïs,  sur  les  insectes  nuisibles.  —  Rapport  sur  le 
budget  de  l'agriculture  pour  188.').  —  Examen  des  réductions  proposées.  —  Admission  aux 
écoles  nationales  d'agriculture  de  Grii;non  et  de  Grand-Jouanr  —  Note  de  M.  Peligot  sur  la 
dissolution  du  sulfure  de  carbone  dans  l'eau.  — ■  Distribution  de  vignes  américaines  dans  la 
Gironde.  —  Note  de  M.  F.  Vassillière.  —  Les  vignes  américaines  de  M.  Bastide.  —  Propagation 
de  la  vente  du  sucre  cristallisé.  —  Brochure  de  M.  Paul  Jluller  sur  le  sucrage  des  vins.  — 
Monographie  du  prunier  d'Agen  par  M.  Bruguiére.  —  Progrés  de  l'industrie  laitière.  —  Etude 
de  M.  Chevron.  —  La  direction  des  forêts  au  ministère  de  l'agriculture. 

I.  —  Céréales  et  prairies. 

Il  esl  bien  entendu  aujourd'hui  que  les  cultivateurs  soucieux  de 
leur  avenir  doivent  diminuer,  dans  des  proportions  variables  suivant 
les  circonstances,  les  étendues  consacrées  au  blé,  et  par  contre 
accroître  celles  consacrées  aux  cultures  fourrasrères,  notamment  aux 
prairies  temporaires  ou  permanentes.  C  est  une  révolution  qui  s  im- 
pose, mais  qui  ne  doit  pas  se  faire  partout  sur  une  même  échelle;  la 
nature  du  sol,  le  climat  sont  des  fa'jteurs  avec  lesquels  le  cultivateur 
doit  toujours  compter.  Toutefois  il  se  rencontre  parfois  des  oppositions 
assez  énergiques;  nous  avons  entendu  récemment  encore,  nous  avons 
même  reproduit  des  reproches  amers  adressés  à  ce  qu'on  appelle  les 
théoriciens,  qu'on  accuse  de  ne  pas  prévoir  les  résultats  de  la  trans- 
formation qu'ils  préconisent,  a  Vous  voulez,  dit-on,  transformer  la 
France  en  une  immense  prairie,  en  faire  un  désert  d'où  vous  aurez 
chassé  la  population  agricole  ;  les  derniers  ouvriers  ruraux  quitteront 
les  champs  oii  ils  n'auront  plus  de  travail,  et  la  dépopulation  de  la 
France  en  sera  la  conséquence.  »  Tel  est  l'argument  auquel  il  faut 
répondre,  parce  qu'il  est  sorti  parfois  de  bouches  autorisées. 

Tout  d'abord,  ce  ne  sont  pas  les  théoriciens  seuls  qui  conseillent 
l'extension  de  la  culture  des  fourrages.  Qu'on  ouvre  la  collection  du 
Journal  de  l' agriculture,  et  on  y  trouvera  l'opinion  de  nombreux  agricul- 
teurs payant  de  leur  personne  derrière  la  charrue,  qui  ont  été  les  pre- 
mière, non  seulement  à  conseiller,  mais  à  pratiquer  la  transformation 
dont  il  s'agit.  Et  puis,  est-ce  à  dire  que,  dans  le  plan  de  réforme  pro- 
posé, il  n'y  aurait  plus  de  terres  arables,  partant  que  le  travail  dispa- 
raîtrait des  champs?  Jamais  personne  n'a  tenu  ce  langage.  Ce  qu'on  a 
dit  mille  fois,  et  ce  qu'il  faut  redire  encore,  c'est  qu'à  des  conditions 
nouvelles  doit  correspondre  une  conduite  nouvelle.  On  doit  réduire  la 
culture  du  blé,  afin  de  pouvoir  consacrer  de  plus  énergiques  efforts  aux 
terres  qui  seront  destinés  à  en  porter,  et  partant  y  obtenir  un  rende- 
ment plus  élevé.  Quant  à  la  surface  enlevée  à  la  culture  du  blé,  on 
doit,  suivant  les  circonstances,  ou  bien  y  créer  des  prairies,  ou  bien  faire 
d'autres  céréales,  notamment  de  l'orge  et  de  l'avoine.  d(mtles  prix  ne 
paraissent  pas  devoir  subir,  au  moins  d'ici  longtemps,  l'effondrement 
qui  a  atteint  le  prix  du  blé.  Encore  une  fois,  il  ne  peut  y  avoir  de  for- 
mule générale  pour  toutes  les  exploitations;  c'est  à  Tinitialive  de  cha- 
cun à  régler  sa  conduite  sur  la  situation  dans  laquelle  il  se  trouve. 

Citons  un  exemple.  Un  cultivateur  distingué  du  département  du 
Cher,  M.  Gallicher,  ancien  député  à  l'Assemblée  nationale,  dans  une 
brochure  sur  la  crise  agricole,  conclut  en  ces  termes  :   «  Lorsque  le 

N°  811.  —  Tome  IV  de  188'i.  —  25  Octobre. 


122  GHROTVIIQUE  AGRICOLE  (25  SEPTEMBRE   1R84). 

cultivateur  du  Cher  aura  réduit  de  1 00,000  à  60,000  hectares  la  surface 
de  ses  emblavures  eu  froment  et  élevé  à  20  hectolitres  par  hectare  son 
rendement  qui  n'est  .aujourd'hui  que  de  14;  quand  il  aura  appliqué 
ces  40,000  hectares,  retranchés  de  la  sole  du  froment,  soit  à  la  créa- 
tion de  prés  et  de  pacages,  soit  à  la  culture  de  céréales  communes  des- 
tinées à  la  nourriture  du  bétail,  il  sera  armé,  avec  quelque  chance  de 
n'être  pas  écrasé,  pour  ce  combat  terrible  qu'ont  déjà  commencé  à  se 
livrer  toutes  les  forces  productrices  de  l'univers,  combat  dont  l'ardeur 
augmentera  chaque  jour,  avec  les  progrès  de  l'industrie  des  trans- 
ports. »  Voilà  un  exemple  d'application  des  méthodes  nouvelles;  voilà 
qui  prouve  encore  qu'il  pourra  rester,  dans  l'avenir,  du  travail  pour 
les  ouvriers  agricoles. 

II.  —  La  réforme  des  tarifs  de  douane. 

L'interpellation  de  M.  de  Roys  sur  la  politique  économique  du  gouver- 
nement a  eu  lieu  à  la  Chambre  des  députés  le  18  octobre,  comme 
nous  l'avons  annoncé.  L'agriculture  en  a  fait  tous  les  frais.  Après  une 
joute  oratoire  à  laquelle  ont  pris  part  M.M.  de  Roys,  Jules  Ferry, 
Brialou,  Le  Provost  de  Lauuay,  iMéline,  Malarlre,  la  Chambre  a 
adopté,  par  247  voix  contre  170,  l'ordre  du  jour  pur  et  simple 
demandé  par  M.  Jules  Ferry,  président  du  Conseil  des  ministres,  dans 
les  termes  suivants  :  «  Sous  la  réserve  de  tous  vos  di'oits,  en  présence 
delà  volonté  du  gouvernement  de  rechercher  et  d'étudier  avec  vigi- 
lance, avec  passion,  tous  les  moyens  de  porter  remède  aux  souffrances 
de  l'agriculture,  étant  donné  son  désir  d'arriver  à  un  relèvement  à 
débattre  des  droits  sur  le  blé,  je  prie  la  Chambre  de  voter  l'ordre  du 
jour  pur  et  simple.  » 

D'un  commun  accord,  c'est  donc  sur  le  projet  de  loi  relatif  au  relève- 
ment de.s  droits  de  douane  sur  les  bestiaux  que  va  s'ouvrir  la  grande 
discussion  agricole.  La  Chambre  des  députés  a  nommé  la  Commission 
chargée  d'étudier  ce  projet;  elle  se  compose  de  MM.  Lechevallier,  Cle- 
menceau, Duvivier,  Raoui-Duval,  Dernier,  Langlois,  Ansart,,  Armez, 
Bernard  Lavergne,  Graux  et  Frédéric  Passy.  La  majorité  est  favorable 
à  un  relèvement  des  droits  sur  le  blé,  mais  hostile  au  relèvement  des 
droits  sur  le  bétail.  La  Commission  a  été  saisie  de  deux  nouveaux  amen- 
dements :  l'un  de  M.  Demarçay,  proposant  un  droit  de  4  fr.  par 
1 00  kilog.  sur  le  blé,  de  8  fr.  sur  les  farines  et  de  2  fr.  sur  les  autres 
céréales  ;  l'autre,  de  M.  Sourigues,  demandant  un  droit  de  5  fr.  sur 
les  blés,  et  le  retour  à  la  taxe  pour  la  vente  du  pain  au  détail.  —  11 
est  probable  que  les  travaux  de  la  Commission  seront  poussés  avec 
activité,  afin  que  la  discussion  publique  arrive  rapidement. 

ïlî.  —  Les  enquêtes  sur  la  siluation  agricole. 
Les  Comices  agricoles  du  département  de  Seine-et-Marne  ont  décidé 
de  faire  une  réponse  collective  au  questionnaire  de  l'enquête  parle- 
mentaire sur  la  situation  des  ouvriers  de  l'agriculture  en  France.  Voici 
les  conclusions  de  cette  réponse  : 

«  Les  Comices  réunis  de  Seine-et-Marne,  après  avoir  fait  l'exposé  sincère  qui 
précède  de  la  situation  malheureuse  de  l'agriculture,  croient  devoir  conclure  par 
la  demande  de  l'ét-iblisscment  d"un  droit  de  douane  de  15  pour  100  à  l'entrée  de 
tous  les  produits  agricoles  élrangcrs  non  compris  dans  les  traités  de  commerce 
actuellement  existants. 

«  Ces  15  pour  100  devraient  être  calculés  sur  la  moyenne  des  prix  des  cinq  der- 
nières années. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (25   OCTOBRE   1884).  123 

«  Les  produits  de  ces  perceptions  douaniè-es  devraient  être  appliqué»  au  dé" 
gèvement  des  impôts  de  toute  sorte  qui  frappent  la  propriété  foncière,  dégrève- 
ment solennellement  promis  par  tous  les  ministères  qui  se  sont  succédé  depuis 
six  ans,  et  même  consacré  par  une  disposition  législative. 

«  La  créalion  d'un  minisièrc  spécial  Au  l'agriculture  ne  peut  être  vue  qu'avec 
faveur  par  l'agriculture  françiise,  car  ell-i  lui  assure  dans  h'.n  conseils  du  gou\fer- 
nement  la  présence  d'un  représentant  qui  doit  être  l'organe  de  ses  intérêts  et  l'in- 
terprète de  ses  doléances.  » 

Cette  délibération  est  signée  par  MM.  Marc  de  Haut,  président  du 
Comice  des  arrondissements  de  Melun,  Fontainebleau  et  Provins;  Jo.s- 
seau,  président  du  Comice  de  l'arrondissement  de  Coulommiers;  Ga- 
lellier,  président  de  la  Société  d'agriculture  de  l'arrondissement  de 
Meaux. 

M.  Paul  Casimir-Périer,  député  de  la  Seine-Inférieure,  nous  commu- 
nique le  vœu  adopté  dans,  la  séance  du  7  octobre,  de  la  Société  d'en- 
couragement à  l'agriculture  de  l'arrondissement  du  Havre  : 

<c  La  mise  en  culture  d'immenses  terrains  dans  les  deux  Amériques,  dans  l'Au'^ 
tralie  et  dans  l'Inde;  l'énorme  développement  de  la  navigation  à  vapeur  et  la 
baisse  de  prix  des  frets  qui  en  est  résultée  ont  amené  une  perturbation  profonde 
dans  l'économie  agricole  de  la  France. 

«  Ces  nouveaux  producteurs,  indemnes  de  toutes  les  charges  ([ui  pèsent  sur 
l'agriculture  française,  inondent  nos  marchés  de  leurs  produits,  offerts  à  des  prix 
tels  qu'ils  amèneront  infailliblement  la  ruine  totil-^  de  la  culture,  la  dépréciation 
de  la  valeur  du  sol  et,  par  suite,  un  déficit  considérable  dans  le  rendement  des 
impôts. 

u  C'est  pourquoi,  les  soussignés,  pour  remédier  à  un  étal  de  choses  aussi  pré- 
judiciable, demandent  que  tous  les  produits  du  sol  non  compris  dans  les  traités 
de  commerce,  et  venant  de  l'étranger,  soient  revisés  conformément  au  tableau 
ci-dessous  : 

Blés 5  fr.  par  quiii.la'. 

Céréales  autres 3  fr.  — 

Farines 9  fr. 

Bœufs 60  fr.  par  tète. 

Vaches 40  fr.  — 

Porcs    15  fr.  — 

Porcs  de  lait 3  fr.  — 

Moutons.    7  tV.  — 

Viande  fraîclic 20  fr.  par  100  lui oi;. 

Viande  salée , lô  fr.  — 

«Et  que  le  tarif  général  des  douanes,  en  ce  qui  concerne  les  produits  agricoles, 
soit  augmenté  dans  toutes  ses  parties,  au  fur  et  à  mesure  de  l'extinction  des  trai- 
tés aujourd'hui  existants.  » 

M.  le  marquis  de  Poncins,  membre  de  la  Société  nationale  d'agricul- 
ture, a  provoqué  une  réunion  qui  s'est  tenue  le  16  octobre,  à  Saint- 
Etienne,  des  membres  de  la  Société  des  agriculteurs  de  France  appar- 
tenant au  département  de  la  Loire.  Après  une  discussion  à  laquelle 
ont  pris  part  MM.  de  Poncins  et  Groualle,  la  réunion  a  émis  à  l'una- 
nimité les  vœux  suivants  : 

1"  L'Assemblée,  considérant  que  la  crise  agricole  prend  une  intensité  telle  que 
cette  crise  devient  un  vrai  péril  social; 

2"  Considérant  que  les  progrès  du  mal  r'acc-ntuent  avec  une  rapidité  qui  ne 
permet  pas  de  difi'érer  d'un  seul  jour  les  moyuus  à  prendre  pour  le  conjurer; 

3"  Considérant  qu'il  n'y  a  plus  lieu  de  s'aiTêter  à  l'étude  de  mesures  partielles, 
comme  la  taxe  des  sucres,  puisque  toutes  les  branches  de  l'agriculture  :  blé,  ani- 
maux, vin,  laine,  bois,  etc.,  sont  atteintes  par  la  crise  actuelle; 

4°  Considérant  que  dès  lors  on  ne  doit  plus  envisager  que  l'ensemble  de 
l'effondrement  agricole,  lequel  est  dii  à  deux  causes  principales,  savoir  :  l'exagé- 
ration des  charges  dont  nous  sommes  écrasés,  et  l'invasion  excessive  des  produits 
étrangers  ;  ' 

5"  Considérant,  en  ce  qui  concerne  les  charges  publiques,  que  la  situation  des 


124  CHRONIQUE  AGRICOLE  (25  OCTOBRE   1884); 

finances  françaises  ne  permet  d'espérer  aucune  diminution  d'impôt,  et  que  l'on 
ne  peut,  en  l'état  actuel  des  choses,  attendre  de  ce  chef  aucun  soulagement; 

6°  Considérant  que  l'agriculture  ne  peut  reprendre  aucun  essor  et  que,  par 
suite,  l'ouvrier  ne  peut  avoir  aucune  espérance  de  travail,  tant  que  le  prix  de  revient 
général  restera  en  dessous  du  prix  de  la  production; 

7°  Considérant  que  sous  le  régime  de  la  législation  existante  le  prix  de  la  vente 
des  produits  agricoles  est  très  notablement  en  dessous  du  prix  de  revient; 

8°  Considérant  que  cet  état  de  choses  doit  être  attribué  principalement  à  la 
franchise  dont  jouissent  les  produits  étrangers  qui  entrent  sur  notre  territoire,  en 
usant  de  nos  ports,  de  nos  chemins  de  fer,  de  nos  canaux,  de  nos  routes,  etc., 
sans  supporter  aucune  des  charges  qu'entraîne  notre  organisation  nationale; 

9"  Considérant  que  l'égalité  dans  la  répartition  des  charges  est  le  premier  des 
principes  du  droit  moderne  ; 

10°  Considérant  que  dans  l'état  actuel  de  la  civilisation  aucune  rareté  des  pro- 
duits alimentaires  n'est  à  redouter  avec  des  droits  de  douane  compensateurs; 

11°  Considérant  qu'un  grand  pays  comme  la  France  ne  peut  se  désintéresser 
de  pourvoir  par  lui-même  aux  besoins  de  l'alimentation  générale  et  au  bon  fonc- 
tionnement des  grands  intérêts  nationaux  ; 

12"  Considérant  que  l'abaissement  du  prix  de  revient  de  la  culture  française 
formulé  par  certains  économistes  ne  peut  jouer  qu'un  rôle  insignifiant  dans  la 
situation  de  notre  production  agricole  ; 

13°  Considérant  enfin  que  les  intérêts  du  consommateur  ne  sauraient  être  en 
rien  compromis  par  l'établissement  des  droits  compensateur  demandés  ; 

L'assemblée  émet  le  vœu  : 

1°  Que  les  pouvoirs  publics  soient  saisis  immédiatement  d'un  projet  de  loi  qui 
aura  pour  objet  d'établir  des  tarifs  douaniers  suffisamment  compensateurs  pour 
que  1  agriculture  française  puisse  résistera  la  concurrence  étrangère; 

2"  Que  la  loi  votée  à  cet  effet  soit  promulguée  et  mise  en  vigueur,  avant  la  fia 
de  l'année  1884,  c'est-à-dire  en  temps,  utile  pour  protéger  les  opérations  de  la 
récolte  prochaine. 

Passant  ensuite  à  l'examen  de  la  quotité  à  donner  aux  droits  de  douane  qui 
seront  établis  sur  les  produits  étrangers,  l'Assemblée  propose  les  chiffres  sui- 
vants : 

Blé 7  fr.  les  100  kilog. 

Farine p  f''-            — 

Seigle,  orge,  avoine,  maïs 'i  fr.            — 

Chevaux  (animaux  vivants) 100  fr.  par  tète. 

Bœufs,  vaches,  taureaux  (animaux  vivants) 10  fr.  les   100   liilog. 

Bœufs  (viandes  fraîches  ou  salées) lô  fr.           — 

Moutons  (animaux  vivants) 12  fr.            — 

Moutons  (viandes  fraîches  ou  salées) 18  fr.            — 

Porcs  (animaux  vivants) ,     1 4  fr.  — 

Porcs  (viandes  fraîches  ou  salées) 21  fr.            — 

Vins j  f''-  P*''  hectolitre. 

Bois'en  grumes  ou  ouvrés 15  fr-  par  mètre  cube. 

L'assemblée,  considérant  que  la  Société  des  agriculteurs  de  France  signale 
depuis  de  longues  années  les  dangers  devant  lesquels  succombe  aujourd'hui  l'agri- 
culture française; 

Considérant  que  cette  Société  est  à  ce  jour  la  représentation  la  plus  importante 
de  l'agriculture  française,  et  que  l'avis  des  cinq  raille  membres  qui  la  composent 
doit  être  pris  en  très  sécieuse  considération  par  les  pouvoirs  pubhcs  ;  estime  qu'il 
y  aurait  heu  de  convoquer  une  assemblée  générale  extraordinaire  de  la  Société 
des  agriculteurs  de  Fiance,  pour  formuler  de  nouveau,  relativement  aux  tarifs 
douaniers,  les  vœux  que  comporte  la  situation  actuelle. 

En  conséquence,  elle  demande  au  conseil  de  la  Société  d'examiner  immédiate- 
ment sa  proposition  et  de  lui  donner  la  suite  qu'elle  peut  comporter. 

Il  n'y  a  de  réserves  à  faire,  dans  cette  note,  que  sur  les  quotités  des 
droits  de  douane  à  établir.  C'est  là  la  principale  difficulté  du  problème  ; 
pour  l'élucider,  M.  deGasparin  a  demandé,  dans  nos  colonnes,  la  réu- 
nion de  documents  bien  précis  sur  les  frais  de  production,  notamment 
pour  le  blé,  dans  les  diverses  régions  de  la  France.  Il  serait  utile  que 
tous  les  vœux  exprimés  par  les  associations  agricoles  fussent  transmis 
sans  retard  à  la  Chambre  des  députés. 


GHRONIQQE  AGRICOLE  (25  OCTOBRE  1884).  125 

IV.  —  Propositions  et  projets  concernant  Vagvicullure. 

En  dehors  de  la  grande  discussion  sur  la  situation  économique  de 
l'agriculture,  la  Chambre  des  députés  est  saisie  de  plusieurs  autres 
projets  qui  touchent  directement  aux  intérêts  agricoles. 

Ce  sont  d'abord  deux  projets  de  loi  émanant  du  ministère  de  l'agri- 
culture et  concernant  la  répression  des  fraudes  dans  le  commerce  des 
engrais  et  dans  le  commerce  des  beurres.  —  Le  projet  de  loi  relatif 
au  commerce  des  beurres  établit  des  pénalités  pour  ceux  qui,  en  ven- 
dant de  la  margarine  ou  des  beurres  mélangés  de  margarine,  de 
graisse,  d'huile  ou  d'autres  substances  similaires,  n'auront  pas  indi- 
que la  nature  du  produit  ou  la  composition  du  mélange,  au  moyen 
d'une  étiquette  en  caractères  apparents  sur  le  produit  lui-même  ou 
sur  '  les  récipients  qui  le  contiendraient.  —  ^En  ce  qui  concerne  le 
commerce  des  engrais,  le  projet  de  loi  a  pour  objet  de  remplacer  la  loi 
du  27  juillet  1867,  en  la  modifiant  de  manière  à  la  rendre  plus  effi- 
cace. Voici  quel  serait  le  texte  des  deux  premiers  articles  de  la  nou- 
velle loi  ;  ce  texte  en  indique  l'esprit  et  la  portée  : 

Art.  1".  —  Sont  punis  d'un  emprisonnement  de  six  jours  à  un  mois  et  d'une 
amende  de  seize  francs  à  deux  mille  francs  : 

1°  Ceux  qui,  en  vendant  ou  en  mettant  en  vente  des  engrais  ou  des  amende- 
ments, auront  trompé  ou  tenté  de  tromper  l'acheteur,  soit  sur  leur  nature,  leur 
composition  ou  le  dosage  des  éléments  qu'ils  contiennent,  soit  sur  leur  prove- 
nance, soit  en  les  désignant  sous  un  nom  qui,  d'après  l'usage,  est  donné  à 
d'autres  substances  fertilisantes,  ou  en  faisant  entrer  ce  nom  dans  la  désignation 
de  ces  engrais  ou  de  ces  amendements  ; 

2"  Ceux  qui,  sans  avoir  prévenu  l'acheteur,  auront  vendu  ou  tenté  de  vendre 
des  engrais  ou  des  amendements  qu'ils  savaient  être  falsifiés,  altérés,  avariés  ou 
faussement  désignés. 

Le  tout  sans  préjudice  de  l'application  de  la  loi  du   27  mars  1851. 

Art.  2.  —  Sont  punis  des  peines  édictées  par  l'article  479  du  Gode  pénal,  et 
peuvent  même  l'être  de  celles  de  l'article  480  du  même  Code,  ceux  qui,  au  mo- 
ment de  la  livraison,  n'auraient  pas  fourni  a  l'acheteur  une  facture  de  fengrais  ou 
de  l'amendement  vendu,  ou  qui  n'auront  pas  indiqué,  sur  cette  factur.',  le  nom, 
la  nature,  la  provenance  de  l'engrais  vendu,  ainsi  que  son  dosage  en  azote,  en 
acide  phosphorique  et  en  potasse  pour  100  kilog.  de  la  marchandise,  dans  l'état 
oii  elle  est  livrée. 

Toutefois,  les  dispositions  du  présent  article  ne  sont  pas  applicables  à  ceux  qui 
auraient  vendu  des  fumiers,  des  matières  lécales,  des  composts,  des  gadoues  ou 
boues  de  ville,  des  déchets  de  marchés,  des  varechs  et  autres  plantes  marines 
pour  engrais,  des  déchets  frais  d'abattoirs,  de  la  chaux,  de  la  marne,  des  faluns, 
du  plâtre,  de  la  tangue,  des  sables  coquiUiers  ou  autres  amendements,  en  tant 
que  ces  engrais  ou  amendements  n'auront  fait  l'objet  d'aucune  fabrication,  soit 
par  mélange,  soit  par  addition,  soit  par  dessiccatioti,  torréfaction  ou  tout  autre 
procédé  pouvant  en  modifier  l'état  ou  la  composition. 

Relativement  aux  récompanses  à  décerner  à  l'occasion  de  l'exposi- 
tion internationale  agricole,  le  projet  de  loi  présenté  par  M.  Méline  de- 
mande l'autorisation  de  faire  exceptionnellement  des  promotions  ou  des 
nominations  dans  la  Légion  d'honneur,  dont  le  nombre  ne  pourra  dépas- 
ser 1  croix  de  commandeur,  3  croix  d'officier  et  16  croix  de  chevalier. 

Le  ministre  de  l'intérieur  a  saisi  la  Chambre  d'un  projet  de  loi  ayant 
pour  objet  d'autoriser  le  département  de  la  Somme  à  emprunter  une 
somme  de  120,000  francs  pour  la  création  d'une  école  pratique  d'a- 
griculture. Cette  école  serait  installée  dans  une  ferme  située  à  Aban- 
court,  à  2  kilomètres  de  la  station  de  Marcelcave  ;  le  domaine  serait 
loué  par  le  département  qui  y  ferait  les  aménagements  nécessaires  à 
l'école,  et  il  serait  exploité  pour  son  compte. 


1-26  CHRONIQUE  AGRICOLE  (25  OCTOBRE  1884). 

La  Chambre  aura  encore  à  examiner,  probablement  une  dernière 
fois,  la  proposition  relative  aux  droits  fiscaux  à  percevoir  sur  les  échan- 
ges d'immeubles  ruraux  ;  le  rapport  de  M.  Jametel  propose,  au  nom  de 
la  Commission,  d'adopter  le  texte  voté  par  le  Sénat.  —  Nous  devons 
citer  enfin  la  proposition  da  M.  d'Aillières  relative  aux  achats  d'étalons 
des  races  de  trait,  sur  laquelle  nous  reviendrons  ;  une  propo- 
sition de  M.  Loranchet  et  plusieurs  autres  députés,  tendant  à  rendre 
aux  conseils  municipaux  la  libre  administration  des  bois  et  forêts  des 
Communes;  une  proposition  de  M.  Edmond  Robert  relative  au  relève- 
ment des  tarifs  de  douane  sur  le  maïs,  laquelle  sera  probablement 
jointe  à  la  discussion  générale  sur  les  tarifs  des  denrées  agricoles.  — 
Si  l'on  ajoute  qu  une  deuxième  délibération  doit  venir  relativement  au 
titre  alcoolique  des  vins,  on  voit  que  la  Chambre  des  députés  se  trouve 
en  présence  d'un  grand  nombre  de  questions  qui  intéressent  l'agri- 
culture. 

D'autre  part,  le  Sénat  vient  d'être  saisi,  par  M.  le  ministre  de 
l'agriculture,  d'un  projet  de  loi  concernant  la  destruction  des  insectes 
nuisibles,  des  cryptogames  et  autres  végétaux  nuisibles  à  l'agriculture. 

Y.  —  Le  budget  de  l'agriculture  pour  1885. 

Le  rapport  sur  le  budget  du  ministère  de  l'agriculture,  préparé  par 
la  Commission  de  la  Chambre  des  députés,  vient  d'être  distribue. 
L'examen  du  service  des  forcis  en  a  été  détaché  pour  faire  l'objet  d'un 
travail  spécial.  Le  rapport  que  nous  avons  à  analyser  est  dû  à  M.  Hugot, 
député  de  la  Côte-d'Or.  En  présence  de  la  diminution  des  receltes 
financières,  la  Commission  du  budget  s'est  préoccupée  des  réductions 
à  opérer  dans  les  dépenses;  le  ministère  de  l'agriculture  n'a  pas 
échappé,  plus  que  les  autres  services  publics,  à  ce  mouvement.  Le  pro- 
jet de  budget,  défalcation  faite  du  service  forestier,  s'élevait  à 
25,489,090  francs;  la  Commission  propose  do  réduire  ce  total 
à  22,818,470  francs;  la  diminution  est  donc  de  2,670,620  francs. 
En  1884,  les  crédits  alloués  se  sont  élevés  à  la  somme  de 
25,034,280  francs.  Toutes  les  réductions  proposées  sont-elles  justifiées 
par  l'intérêt  public?  nous  ne  le  pensons  pas.  En  effet,  elles  portent  sur 
un  trop  grand  nombre  de  chapitres  pour  ne  pas  prêter  le  flanc  à  la 
critique  ;  examinons  les  principales. 

Une  réduction  de  132,700  francs  est  demandée  sur  le  personnel  de 
l'administration  centrale  ■  nous  n'avons  pas  à  discuter  cette  question 
qui  est  d'ordre  administratif  intérieur.  —  Une  autre  réduction 
de  100,000  francs  est  proposée  sur  les  indemnités  pour  abatage  d'ani- 
maux en  vertu  de  la  loi  sur  la  police  sanitaire;  cette  loi  commence  ù 
produire  d'heureux  résultats,  les  foyers  d'infection  des  maladies  con- 
tagieuses diminuent  en  nombre  et  en  importance.  —  En  ce  qui  concerne 
l'enseignement  agricole,  la,  Commission  propose  une  réduction  de 
50,000  francs  sur  les  crédits  demandés  par  le  ministre  de  l'agriculture; 
si  l'on  compare  celte  réduction  aux  crédits  alloués  pour  1884,  on  con- 
state une  diminution  de  33,600  francs.  C'est  beaucoup  trop;  si  l'on 
veut  réaliser  des  économies,  il  est  imprudent  de  les  prendre  dans  les 
dépenses  de  l'enseignement  agricole  ;  ce  service  est  d'ailleurs  loin  d'être 
aussi  largement  doté  qu'il  devrait  l'être.  Nous  en  dirons  autant  de 
l'économie  de  10,000  francs  qu'on  propose  sur  les  fonds  aff'ectés  aux 
écoles  pratiques  d'agriculture,  fermes-écoles,  orphelinats  agricoles,  etc. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (25  OGTOBIiB    l88't).  127 

—  Une  autre  rédaction  de  29,000  francs  est  proposée  sur  l'inspection 
de  l'agriculture.  —  Un  ne  demuinde  pas,  heureusement,  de  diiuinulion 
sUiT  les  encouragements  à  l'agricultuiect  au  drainage,  sur  le  service diu 
phylloxéra,  sur  les  primes  jx)ur  la  deslruclion  des  loups. 

Pour  le  service  des  haras,  k  principale  réductiou  proposée  est  de 
249,000  francs  pour  les  courses,  les  épreuves  d'étalons  de  derai-sani, 
et  les  primes  de  dressaige. 

Le  budget  du  service  hydraulique  a  été  le  plus  maltraité  par  la  Com- 
mission du  budget.  Les  principales  réductions  qu'elle  propose  attei- 
gnent les  chiffres  de  233,000  fr.  pour  les  études  et  les  subventions 
afférentes  aux  travaux  d'irrigation,  de  dessèchement,  de  curage;  de 
1 ,690,000  fr.  pour  les  études  et  travaux  relatifs  à  l'améaagemeat  des 
eaux  ;  de  70,300  fr.  pour  les  travaux  hydrauliques  en  Algérie.  Les  tra- 
vaux dont  il  est  ici  question  sont,  pour  la  plupart,  des  entreprises 
d'intérêt  général  qu'il  serait  dangereux  de  laisser  péricliter. 

VI.  —  Ecoles  nationales  d'agriculture. 

Les  examens  d'admission  dans  les  écoles  nationales  d'agriculture 
ont  eu  lieu  les  1 5  et  16  octobre. 

A  Grignon,  53  candidats  se   sont  présentés   et  44  ont  été  admis 
Voici  la  liste  d'admission  par  ordre  de  mérite    : 

1.  Ducros  (Tarn),  Lachelier  es  sciences.  — 2.'  Roidot  (Seine).  — 3.  Gautiei 
(Seine-Inférieure).  —  4.  Chalas  (Saône-et-Loire). —  5.  Robin  (Indre).  —  6.  .lou- 
vet  (Nièvre).  —  7.  Essigne  (Seine).  —  8.  Germann  (Seine-et-Marne).  —  9.  Jarry 
(Seine).  —  10.  Boreau  (Seine-et-Oise).  —  11.  Lemasson,  Ecole  pratique  d'agri- 
culture (Finistère).  —  12.  Tanton,  École  pratique  de  Meurthe-et-Mosella.  — 
13.  Da  Silv-a  Martins  (Brésil).  —  14.  Vilcoq  (beine-et-Marnej.  —  15.  Le  Bel 
(Seine).  —  16.  Luc,  Ecole  pratique  de  Meurthe-et-Moselle.  —  17.  Legrand  (Pas- 
de-Calais).  —  18.  Carion  (Allier).  —  19.  Gliaiauqai  (Indre-et-Loire).  —  20^.  Le- 
paulmiev  (Seine). — 21.  Leeuyer  (Xavier)  (Eure-et-Loir).  —  V-2.Lemaître  (Nièvre). 

—  23.  Vallois  (Seine -Inférieure).  — 2i.  Jobard  (Loire-Inférieure).  — 25  Ricard 
(Eurel.  —  26.  Hermann  i Seine).  —  27.  Marcou  (Seine-et-Oise).  —  28.  Masselin 
(Seine).  —  29.  Douspis  (Haute-Loire).  —  30.  Herbet  (Seine).  —  Ml.  Jenkens 
(Angleterre).  —  32.  Gostandaki  ;Roumanie).  —  33.  Tissier  (Finistère).  — 
34.  Bannier  (Loiret).  —  35.  Wuillemet  (Ardennes).  ■—  36.  De  Piralta  (Amé- 
rique). —  37.'  Jublot  (Gher).  —  38.  Peugeot  (Doubs).  —  39.  Leeuyer  (Louis. 
(Seine).  —  40.  Aubert  (Sarthe).  —  41.  Afchain  (Seine).  —  42.  Lamarez  (Aisne). 

—  43,  Ariès  (Sarthe).  —  44.  Malatrey   (Côle-d'Or), 

Ce  nombre,  joint  à  celui  des  élèves  anciens  qui  est  de  57,  constitue 
un  effectif  total,  à  l'Ecole,  de  101  élèves,  non  compris  les  auditeurs 
libres.  - 

A  Grand-J'ouan,  les  examens  d'admission  ont  donné  les  résultats  sui- 
vants : 

1.  Godeiroy  (Sarthe)  ;  —  2.  Grandjean  (Nièvre)  ;  —  3.  Lebeaa  (Maine-et-Loire  ; 

—  4.  L.  de  f'Aulnay  (Côtes-du-Nordj  ;  —  5.  Lavalou  (Fmistèi'e)  ;  —6.  Cuvyer 
(Seine);  —  7.  Péchin  (Doubs);  —  8.  Michau  (Indre-et-Loire);  —  9.  Gascoin 
(Mavenne);—  10.  Marguerite  (Nièvre)  ;  11.  Méry  (Loiret)  ;  —  12.  Gautier  (Cher)  ; 

—  13.  Lorieui:  (Indre-et-Loire);  —  14.  Fosse  (Tarn);  —  15.  Labbé  (Haute- 
Marne);  —  16.  Marhin  (Morbihan);  —  17.  Poulet  (Maine-et-Loire). 

L'admission  de  ces  17  nouveaux  élèves  porte  l'effectif  de  l'école  au 
grand  complet. 

VII.  —  Le  phylloxéra. 

On  trouvera  plus  loin  (page  130)  une  note  importante  de  M.  Peligot 
sur  la  dissolution  du  sulfure  de  carbone  dans  l'eau  et  l'emploi  de  cette 
dissolution  pour  le  traitement  des  vigoes  phylioxérées.  Si,  comme 


128  CHRONIQUE  AGRICOLE  (25  OCTOBRE  188%). 

tout  le  fait  espérer,  les  prévisions  de  l'éminent  chimiste  se  réalisent, 
on  aura  fait  un  grand  pas  dans  la  diminution  des  frais  du  traitement 
des  vignes  par  le  sulfure,  ce  qui  est  d'une  importance  capitale  pour 
l'extension  de  ce  procédé.  Toutefois,  nous  devons  rappeler  que  l'em- 
ploi des  dissolutions  du  sulfure  de  carbone  dans  l'eau  a  été  préconisé, 
en  1882,  par  M.  Rommier  dans  une  brochure  sur  les  traitements 
insecticides  et  dans  une  lettre  publiée  par  le  Journal  de  l'agriculture 
du  26  août  1882  (page  324  du  tome  III  de  1882). 

Conformément  à  une  délibération  du  Conseil  général  de  la  Gironde, 
le  préfet  de  ce  département  vient  de  nommer  une  commission  chargée 
de  la  répartition  gratuite  de  boutures  de  cépages  américains  au.\  pro- 
priétaires, fermiers  ou  métayers.  Les  demandes  seront  centralisées 
dans  les  mairies  des  communes  avant  le  25  décembre.  Chaque  demande 
ne  pourra  excéder  200  boutures,  en  une  ou  deux  variétés  pour  les  porte- 
greffes,  et  50  boutures  en  une  variété  pour  les  producteurs  directs.  Les 
variétés  mises  à  la  disposition  des  viticulteurs  sont  :  pour  les  porte- 
greffes  :  Riparia  sauvage,  Solonis,  Taylor,  Vialla.  Cuningham,  York- 
Jladeira,  Rupestris;  pour  les  producteurs  directs  :  Jacquez,  Herbemont, 
Clinton-Vialla,  Elvira.  —  Afin  de  faciliter  le  choix  des  viticulteurs 
girondins  parmi  les  variétés  de  cépages  américains  mises  à  leur  dispo- 
sition, M.  F.  Vassiliière,.  professeur  départemental  d'agriculture,  a 
résumé  comme  il  suit  les  indications  relatives  à  chacune  de  ces 
variétés  : 

Porte-greffes.  —  Riparia  sauvage.  Très  résistant,  reprenant  assez  facilement 
de  bouture  dans  presque  tous  les  terrains  profonds,  frais,  sans  être  humides  et 
de  fertilité  moyenne.  —  Sulunis.  Résistant,  très  vigoureux  dans  les  bonnas  terres, 
préférable  au  Riparia  dans  les  sols  fortement  calcaires  et  argilo-calcaires,  peu 
profonds  à  sous-sol  peu  perméable.  —  Clin'on,  Taylor  et  Vialla.  Suffisamment 
résistants,  propres  à  toutes  les  terres  de  consistance  moyenne,  ni  trop  fortes  ni 
trop  légères,  fraîches  sans  trop  d'humidité.  —  Caningham.  Assez  résistant,  de 
bonne  reprise  dans  les  graves  et  les  sables  profonds,  frais,  de  bonne  fertilité 
moyenne,  s'égouttant  facilement.  —  York-Madeira,  Rupestris.  Résistants,  de 
reprise  assez  satisfaisante  ;  particulièrement  convenables  pour  les  graves,  les 
sables,  les  calcaires  peu  profonds,  secs,  médiocrement  fertiles. 

Producteurs  directs.  —  Jacquez.  Vin  rouge  foncé,  alcoolique,  résistant,  très 
fructifère  en  terrain  profond,  riche,  perméable,  de  plaine  ou  de  coteau  ;  sujet  à 
l'anthracnose  et  au  mildew.  —  Herbemont.  Vin  rouge,  clair,  moyennement  alcoo- 
lique, résistant,  particulièrement  apte  à  prospérer  dans  les  graves  siliceuses,  cal- 
caires ou  argileuses,  pourvu  qu'elles  soient  profondes,  perméables,  de  couleur 
foncée,  en  coteau  à  l'est  et  au  sud.  Sujet  à  la  chlorose.  —  Clinton  et  Ciinton-ViaUa. 
Vin  rouge  foncé,  alcoolique,  foxé,  prospérant  dans  les  sols  précédemment  in- 
diqués (porte-greffes).  Sujet  à  la  chlorose. — York-Madeira.  Vin  rouge  très  foncé, 
alcoolique,  foxé  (voir  pour  le  terrain  aux  porte-greffes). — Cuningham.  Vin  blanc 
très  alcoolique  ;  à  mettre  aux  expositions  les  plus  chaudes  en  terrain  comme  il  a 
été  dit  précédemment. —  Elvira.  Vin  blanc  alcoolique,  résistant,  productif  dans 
les  sols  argileux  et  argilo-calcaires,  profonds,  perméables,  s'égouttant  bien. 

Puisque  nous  parlons  de  vignes  américaines,  nous  devons  rappeler 
les  succès  obtenus  par  M.  S.  Bastide,  au  château  d'Agnac,  près 
Fabrègues  (Hérault).  Il  possède  aujourd'hui  100  hectares  de  vignes 
américaines  et  franco-américaines,  d'âge  variable;  il  vient  de  récolter 
plus  de  2,000  hectolitres  de  vin,  qu'il  a  vendus  au  prix  de  43  à 
44  francs  l'hectolitre;  il  espère  obtenir  4,000  hectolitres  en  1885. 

Vin.  —  Sucres  et  betteraves. 
La  campagne  sucrière  est  en  pleine  activité  ;  malheureusement,  ainsi 
que  nous  l'avons  dit  à  plusieurs  reprises,  la  récolte  des  betteraves  est 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (25  OCTOBRE  1884).  129 

faible,  tant  à  raison  du  rendement  peu  élevé  que  de  la  diminution  de 
l'étendue  des  emblavures.  Les  fabricants  de  sucre  se  préoccupent  des 
moyens  de  faire  pénétrer  dans  la  consommation  l'usage  du  sucre 
cristallisé  en  grains  ou  en  tablettes,  ^ous  devons  signaler  l'initiative 
prise  à  Paris,  parle  magasin  du  Printemps^  qui,  depuis  le  20  octobre, 
vend  du  sucre  granulé  en  grains  en  paquets  à  0  fr.  90  le  kilog.  Ce 
sucre  provient  de  la  sucrerie  centrale  d'Origny-Sainte-banoîte  (Aisne), 
qui  appartient  à  MM.  Jaluzot  et  Cie.  Dans  tous  les  départements  de 
la  région  sucrière,  l'emploi  du  sucre  cristallisé  tend  d'ailleurs  à  se 
généraliser  rapidement. 

IX.  —  Sucrage  des  vins. 
Sous  le  titre  :  Le  sucrage  des  vins  et  les  vins  de  marc,  notre  excellent 
collaborateur,  M.  Paul  iMuller,  correspondant  de  la  Société  nationale 
d'agriculture,  vient  de  publier  (librairie  Noisiel,  à  Strasbourg)  une 
brochure  qui  se  recommande  à  l'attention  des  viticulteurs.  [1  y  donne 
des  détails  précis  et  clairs  sur  les  conditions  à  remplir  pour  réussir 
dans  ces  opérations.  Voici  les  conclusions  de  cette  étude  : 

1"  Dans  les  mauvaises  années,  l'addition  modérée  d'eau  sucrée  au  moût  est  une 
opération  recommandable  ;  elle  améliore  le  vin. 

2"  La  fabrication  des  vins  de  marc  est  une  opération  licite  ;  aux  prix  du  vin  en 
1884,  elle  est  fort  avantageuse  pour  le  cultivateur. 

On  doit  se  servir  de  sucre  pur,  c'est-à-dire  de  cristallisé  numéro  3  {Wcisser 
Krystallzucker),  ou  de  raffiné. 

Je  ne  puis  mieux  terminer  cette  courte  étude  qu'en  citant  ces  paroles  typiques 
d'un  grand  savant  :  «  L'addition  de  matières  sucrées  au  jus  de  raisins,  disait  Gay- 
LussiC,  constitue  un  véritable  progrès  dans  l'art  vinicole,  et  en  faire  une  cause 
de  falsification,  serait  méconnaître  les  principes  les  plus  simples  de  l'amélioration 
des  vins.  S'il  y  avait  lieu  d'établir  des  peines  relativement  à  la  fabrication  des 
vins,  elles  devraient  frapper,  non  ceux  qui  en  fabriquent  de  lions,  mais  les  mal- 
adroits qui  n'en  font  que  de  mauvais.  » 

Cette  dernière  phrase  est  une  excellente  réponse  aux  préventions  de 
certains  chimistes  qui  prétendent  encore  que  l'on  doit  considérer  le 
sucrage  comme  une  falsification  du  vin. 
X.  —  Le  prunier  d'Agen. 

Il  y  a  quelques  années,  le  Journal  a  signalé  une  très  bonne  étude  de 
M.  Louis  Bruguière  sur  la  prune  d'Agen.  M.  Bruguière  est  un  cultiva- 
teur bien  connu  de  l'Agenais  ;  il  vient  de  faire  paraître  une  deuxième 
édition  de  celte  monographie'  Cette  nouvelle  édition  a  été  revue  et  aug- 
mentée. Les  points  principaux  sur  lesquels  M.  Bruguière  a  ajouté  de 
nouveaux  détails  sont  les  suivants  :  taille  des  arbres,  pépinières, 
insectes  nuisibles,  étuves  à  prunes,  etc.  Nous  sommes  convaincu  que 
l'accueil  empressé  qui  a  été  fait  à  la  première  édition  se  retrouvera 
pour  cette  deuxième;  la  culture  du  prunier,  tant  dans  l'Agenais  que 
dans  les  régions  limitrophes,  augmente  d'importance  et  donne  des 
revenus  de  plus  en  plus  assurés,  tandis  que  la  vigne  y  périclite 
sous  les  atteintes  du  phylloxéra. 

XL  —  Les  progrès  de  l'industrie  laitière. 

Des  transformations  importantes  se  sont  produites  depuis  une  dizaine 
d'années  dans  l'industrie  laitière;  elles  ont  principalement  porté, 
comme  nos  lecteurs  le  savent,  sur  le  matériel  des  laiteries,  des  beur- 
reries  et  des  fromageries.  A  mesure  qu'elles  se  sont  produites,  ces 
inventions  ont  été  signalées  dans  nos  colonnes.  Mais  il  est   utile  de 

1.  Librairie  de  G.  jMasson,  120,  boulevard  Saint-Germain,  à  Paris.  —  Prix  ;  I  fr.  ~ 


130  CHBOHKJDE  AGRICOLE  <  35  OCTOBii£   1884  . 

trouver  ces  renseignements  réunb  dans  ane  publication  spéciale.  A  cet 
égard, nous  devons  signaler  une  brochure  que  vient  de  publierai.  Che- 
vron, professeur  à  rinâtilut  agricole  de  Gembloux  lEfelgique  ,  sous  le 
titre  ;  Le.$  procédés  uouceaux  de  l  iuduMne  laihere.  Profitant  de  l'étude 
qu'il  a  pu  faire  dans  lesespositioos  internationales  de  laiterie  organisées 
«a  Belgique,  M.  Chevron  d on ae  la  description  de»  appareils  récemment 
proposés  pour  le  transport  du  lait,  récrémage,  la  fJabrication  du  l>eurre 
et  des  fromages;  il  y  a  ajouté  des  détails  sur  les  appareils  servant  à 
l'examen  scientifique  du  lait. 

XII.  —  Questions  foreslières. 
31.  Laurens,  directeur  des  forêts  an  ministère  de  l'apiculture,  a  été 
nommé  récemment  préfet  du  département  de  Seine-et-Oise.  M.  Laurens 
avait  été  appelé  à  la  direction  des  forêts  par  un  décret  du 
13  novembre  1883;  il  a  présidé  à  la  nouvelle  organisation  des  ser- 
vices qui  fonctionne  depuis  plusieurs  mois.  Hbsbt  Sagsieb. 

DISSOLUTION  DU  SULFURE  DE  CARBO^'E 

DANS  L'£AO  POOR  LE  TKAITEMENT  DES  VIGKE3  PHYLLOXÉHÉES  '. 

Dans  ime  de  nos  précédentes  séances,  M.  Ckiandi-Bey,  ingénieur,  a 
adressé  à  lAcadémie  d  importantes  observations  sur  les  propriétés  du 
sulfure  de  carbone.  Il  a  mis  en  relief  un  fait  qui  avait  échappé  à  l'at- 
tention des  chimistes  qui  se  sont  occupés  de  ce  corps  :  à  savoir,  sa 
solubilité  iJans  l'eau.  D'après  M.  Ckiandi,  l'eau  en  dissoudrait  par 
litre  0  gr.  Oo2  à  0  gr.  003  et  0  gr.  50,  en  agitant  du  sulfure  de  carbone 
pur  dans  un  flacon  complètement  plein  d'eau. 

Il  était  intéressant  de  vérifier  les  résultats  indiqués  par  l'auteur  de 
ce  travail.  En  ce  qui  concerne  les  propriétés  antiseptiques  de  cette 
dissolution,  31.  Pasteur  a  bien  voulu  se  charger  de  ce  soin  :  d'après  les 
premières  expériences  faites  dans  son  laboratoire,  ces  propriétés  sont 
fort  remarquabies.  Il  est  possible  que  celte  dissolution  devienne  l'an- 
tiseptique le  plus  efficace,  comme  elle  est  déjà  l'antiseptique  le  moins 
coûteux  ;  elle  revient  en  effet  à  quelques 'centimes  le  litre. 

A  l'égard  de  la  solubilité  du  sulfure  de  carbone  dans  l'eau,  j'ai 
constaté  qu'elle  est  notablement  plus  grande  que  celle  indiquée  ci- 
dessus.  A  la  température  ordinaire,  l'eau  dissout  par  litre  y.5  de 
sulfure  de  carbone,  soit,  en  poids.  4  gr.  52,  la  densité  de  ce  corps 
étant  égale  à  1,203. 

Ce  résultat  a  été  obtenu  en  agitant  vivement  et  à  plusieurs  reprises 
du  -nlfure  de  carbone  pur  dans  un  flacon  à  moitié  rempli  d'eau  dis- 
liliée,  il  est  le  même  avec  de  1  eau  ordinaire;  bien  qu'il  représente  la 
rno-.enne  de  huit  expériences,  il  n'est  qu  approximatif.  .4  défaut  du 
dosage  direct  du  sulfure  dissous,  j'ai  dû  me  borner  à  mesurer  dans 
un  petit  tube  gradué  le  volume  de  ce  corps  qui  restait  après  son  con- 
tact avec  un  volume  d'eau  connu,  le  .sulfure  de  carbone  étant  employé 
en  e.xces.  La  forte  tension  de  vapeur  du  sulfure  de  carbone,  qui  bout. 
comme  on  le  sait,  a  45  degrés  et,  daulre  part,  la  nécessité  d'opérer 
avec  de  l'eau  déjà  saturée  d'air,  rendent  cette  détermination  un  peu 
incertaine. 

Celte  liqueur,  alors  même  que  la  saturation  n'est  pas  atteinte,  pré- 
bcnle  une  saveur  sucrée,  puis  brûiaote  :  »>a  olear,  qu'elle  ironsTv- 

.  C^iDOMoiiïïûoa  ï  Vkcsàéaiif  Cet  UMuoit,  téaate  dix  13  'xloijte  hUilt. 


EMPLOI  DE  LK  DC330LUTION  DU  SULFURE  DE  CARBONE    DANS  LEAU.      131 

lono'temps  lorsqu'elle  est  soumise  à  révaporation  spontanée,  rappelle 
celle  du  chloroforme.  Portée  à  l'ébullition,  elle  laisse  dégager  le  sulfure 
de  carbone;  ce  corps  ne  devient  libre  qu'autant  que  cette  ébullition  est 
vive  et  prolongée  :  l'eau,  qui  se  condense  en  même  temps,  renferme 
des  traces  d'acide  sulfbydrique  et  colore  en  noir  un  sel  de  plomb.  La 
dissolution,  avant  d'être  soumise  à  l'action  de  la  chaleur,  ne  fournit 
aucune  coloration. 

La  dissolution  aqueuse  du  sulfure  de  carbone  prend  rapidement  une 
couleur  jaune  lorsqu'on  la  met  en  contact  avec  la  potasse^  la  soude  ou 
l'ammoniaque.  En  agitant  du  sulfure  de  carbone  avec  de  l'eau  de 
chaux  ou  de  baryte  bien  limpide,  la  liqueur  se  colore  en  jaune  au 
bout  de  quelques  minutes  et  fournit  bientôt  un  dépôt  blanc  de  carbo- 
nate de  ces  bases  :  il  y  a,  en  même  temps,  formation  de  sulfocarbo- 
nates.  En  évaporant,  en  présence  de  l'air,  la  dissolution  baryliqne,  on 
obtient  du  carbonate  et  de  l'hyposulfite  de  baryte. 

Lorsqu'on  ajoute  de  la  levure  de  bière  à  une  liqueur  contenant  du 
sulfure  de  carbone  dissous  et  du  sucre,  aucune  trace  de  fermentation 
alcoolique  ne  se  produit. 

Les  propriétés  de  la  dissolution  aqueuse  du  sulfure  de  carbone  don- 
neront à  ce  dernier  corps  une  importance  nouvelle.  Le  suif  are  de  car- 
bone est,  comme  on  sait,  l'insecticide  par  excellence^  et  tout  le  monde 
connaît  les  services  qu'il  rend  pour  la  destruction  du  phylloxéra. 

En  1809,  M.  Paul  Thenard,  que  la  mort  vient  d'enlever  à  la  science 
et  à  notre  affection,  essayait  timidement  à  Florac,  près  Bordeaux, 
l'emploi  du  sulfure  de  carbone  enfoui  en  nature  dans  le  sol  :  jusqu'en 
1876,  ce  remède  était  peu  employé;  la  période  des  essais  a  été  longue; 
mais  aujourd'hui  cette  période  est  terminée  et  30,000  hectares  de 
vignes  reroivent  annuellement  plus  de  4  millions  de  kilogrammes  de 
sulfure  de  carbone. 

De  plus,  la  viticulture  doit  à  notre  illustre  et  regretté  maître  et  con- 
frère l'amas  l'indication  et  l'emploi  du  sulfoearbonate  de  potassium.  Ce 
sel  a  une  dou[)le  action  :  il  tue  l'insecte  par  le  sulfure  de  carlione  qu'il 
renferme  et  il  ajoute  au  sol  un  élément  essentiellement  lertusaut,  la 
potasse.  De  plus,  il  oblige  adonner  à  la  plante,  qui  en  profite,  une  assfz 
grande  quantité  d'eau,  chaque  cep  recevant  80  grammes  de  ce  sel 
dilué  dans  20  litres  d'eau.  Avec  un  prix  de  revient  moins  élevé,  le 
sulfoearbonate  de  potassium  serait  devenu  d'un  usage  beaucoup  plus 
général. 

C'est  en  définitive  sous  ces  deux  formes  que  le  sulfure  de  carbone 
est  employé.  Le  plus  souvent,  ce  corps  est  versé  dans  des  trous  pra- 
tiqués dans  le  sol  à  une  certaine  distance  des  ceps  de  vigne  :  ces  trous 
sont  creusés  au  moyen  du  pal.  Comme  il  s'agit  de  produire  une  atmo- 
sphère chargée  de  vapeurs  sulfureuses,  on  consomme  une  quantité  de 
sulfure  do  carbone  très  considérable;  cette  quantité  varie  entre  '20  ot 
VO  grammes  par  mètre  carré,  soit  200  à  'lOO  kilogrammes  par  hectare. 
.\u  prix  de  40  francs  les  100  kilogrammes,  la  dépense  pour  l'achat  du 
sulfure  do  carbone  est  de  80  à  100  francs.  En  rendant  délétère  toulo 
la  niasse  d'air  coiilliié.  on  atteint  l'insecte  qui  vit  sur  les  racines  de  la 
plante.  La  perméabilité  du  sol,  son  état  de  sécheresse  ou  d'humidité, 
ont  une  grande  inlUience  sur  le  succès  de  l'opération.  Parfois,  sous 
l'iiilluence  d'une  trop  forte  dose  de  sulfure  do  carbone,  la  plante  péril 
en  même  temps  que  le  phylloxéra. 


132     EMPLOI  DE  LA.  DISSOLUTION  DU  SULFURE  DK  GA.RBONE  DANS  L'ilAU. 

Il  est  permis  d'admettre  que  la  portion  de  sulfure  de  carbone  qui 
agit  utilement  se  dissout  préalablement  sous  l'iniluence  de  l'eau  que 
renferment  la  plante  et  l'insecte.  Cette  portion  est  assurément  fort 
minime.  En  conséquence,  on  peut  espérer,  à  priori,  qu'en  substituant 
au  mode  actuel  d'opérer  la  dissolution  du  sulfure  de  carbone  dans 
l'eau,  on  réalisera  une  énorme  économie,  tant  pour  l'achat  de  cette 
matière  que  pour  la  main-d'œuvre  qu'exige  actuellement  son  intro- 
duction dans  le  sol. 

Il  ne  s'agirait  plus,  en  effet,  que  d'arroser  chaque  cep  de  vigne  avec 
quelques  litres  de  la  dissolution  plus  ou  moins  saturée,  celle-ci  étant 
versée  dans  une  cavité  pratiquée  au  pied  du  cep.  En  suivant  la  tige  et 
les  racines,  le  liquide  atteindra  l'insecte  par  la  voie  la  plus  directe  et 
la  plus  sûre.  Nul  doute  pour  moi  que  si  la  propriété  que  possède  le 
sulfure  de  carbone  de  se  dissoudre  dans  l'eau  avait  été  connue  plus  tôt, 
ce  mode  d'opérer  aurait  été  expérimenté  avant  tout  autre  ;  en  cas  de 
succès,  il  aurait  évité  bien  des  pertes  d'argent  et  de  temps. 

En  ajoutant  à  la  dissolution  une  petite  quantité  d'un  sel  de  potasse 
(chlorure  ou  sulfate),  soit,  par  exemple,  1  ou  2  grammes  par  litre,  on 
réaliserait  en  même  temps  l'un  des  avantages  attribués  au  sulfo-car- 
bonate  de  potassium.  J'estime,  de  plus,  que  l'addition  de  quelques 
décigrammes  d'un  sel  de  magnésie  aurait  également  un  effet  utile,  en 
introduisant  dans  le  sol  un  autre  principe  tout  aussi  nécessaire  à  sa 
fertilisation. 

Il  n'est  pas  utile  d'insister  plus  longuement,  quant  à  présent,  sur 
une  opération  dont  l'expérience  n'a  pas  fait  connaître  la  valeur.  Si  celle-ci 
est  favorable,  la  quantité  de  sulfure  de  carbone  dont  on  fait  usage 
pour  le  traitement  des  vignes  phylloxérées  pourra  être  réduite  dans 
une  énorme  proportion. 

Il  est  bien  désirable  que  les  délégués  du  Ministère  de  l'agriculture 
et  de  l'Académie,  les  membres  des  syndicats  et  des  comités  d'études 
et  de  vigilance  qui  fonctionnent  dans  les  déparlements  envahis  par  le 
phylloxéra  prennent  en  considération  les  donuées  qui  précèdent,  et  ne 
tardent  pas  à  instituer  les  essais  qu'elles  réclament. 

De  même  que  pour  les  méthodes  actuellement  usitées,  il  faudra  passer 
par  la  série  d'épreuves  et  de  tâtonnement  qu'accompagne  toujours  une 
nouvelle  pratique  agricole.  Dans  les  pftys  entièrement  dépourvus  d'eau, 
on  continuera  à  faire  usage  du  sulfure  de  carbone  en  nature,  bien  que 
l'eau,  dont  la  consommation  sera  d'ailleurs  assez  minime,  soit  encore 
de  tous  les  remèdes  celui  qui  coûte  le  moins.  La  difficulté  la  plus 
sérieuse  au  premier  abord  est  celle  que  présente  la  préparation  de  la 
liqueur  sulfureuse  :  il  ne  s'agit  pas  là  d'un  simple  mélange;  il  est 
nécessaire  que  les  deux  liquides  soient  fortement  brassés,  leur  action 
mutuelle  étant  entravée  par  la  différence  qui  existe  entre  leur  densité. 
Il  est  probable  que  cette  opération  devra  être  faite  sur  place,  dans  une 
sorte  de  baratte  close,  mobile  sur  des  roues  ou  portée  à  dos  d'homme. 
Un  robinet,  placé  à  une  certaine  hauteur,  permettra  la  distribution  du 
liquide  plus  ou  moins  chargé  de  sulfure  de  carbone,  celui-ci  se  main- 
tenant au  fond  du  vase  et  devant  être  ensuite  agité  avec  une  nouvelle 
quantité  d'eau.  La  construction  d'un  appareil  de  ce  genre  ne  doit  pas 
offrir  des  difficultés  bien  sérieuses  à  nos  habiles  fabricants  d'instru- 
ments agricoles.  E.  Peligot, 

Membre  de  rinstilul  et  de  la  Société  nationale  d'agriculture. 


LES  PRÉTENDUS   MÉTIS  MKRINOS.  133 


LES  PRÉTENDUS  MÉTIS  MÉRINOS 

A  l'occasion  d'un  compte  renrlu  de  concours  régional,  dans  lequel 
les  niériiios  prccoct^s  du  Soissonnais  avaient  élé  qualiliés  de  métis 
mérinos,  le  U'  Ladi.slas  Laczezynski,  bien  connu  des  lecteurs  de  ce 
Journal,  s'est  cniu.  Il  a  craint  ({u'iine  telle  qualification  fut  nuisible, 
aux  yeux  des  étrangers,  à  la  répatition  de  ces  mérinos,  dont  il  peut, 
par  sa  propre  pratique  et  par  celle  de  ses  voisins  éclairés  par  lui, 
apprécier  les  mérites. 

L'auteur  du  compte  rendu  a  loyalement  et  sagement  avoué  qu'il  avait 
commis  une  erreur,  ou  plutôt  une  inadvertance,  en  ajoutant  que  les 
éleveurs  du  Soissonnais  ciiés  par  lui  sont  producteurs  de  mérinos  purs 
et  qu'ils  n'avaient  pas  exposé  de  métis. 

A  ce  propos,  le  Journal  a  fait  remarquer  que  la  race  mérinos  pré- 
sente, d  ms  toutes  les  parties  de  la  France,  une  assez  grande  impor- 
tance pour  qu'une  catégorie  lui  soit  spécialement  réservée  dans  les 
programmes  des  concours  régionaux,  et  il  a  demandé  qu'on  en  élimi- 
nât les  métis  mérinos. 

La  question  ainsi  présentée  appelle  des  explications  qui  ont  été  déjà 
données  depuis  longtemps  el  bien  des  fois  répétées,  mais  qu'il  ne  sera 
pas  superllu,  paraît-il,  de  reproduire,  puisqu'elles  n'ont  même  pas 
réussi  à  parvenir  jusqu'à  tous  ceux  qui  sont  chargés  d'enseigner,  soit 
par  la  pirole,  soit  par  la  plume. 

Il  serait  pourtant  boa  desavoir  que  les  désignations  dont  il  s'agit, 
que  la  distinction  usitée  £ntre  les  mérinos  et  les  métis  mérinos,  ne 
sont  pas  aulre  chose  que  des  h  ibitudes  de  langage,  se  rattachant  uni- 
quement à  Ihisloire  de  l'introduction  de  la  race  en  France,  à  la  fin  du 
siècle  dernier  et  au  commencement  de  celui-ci.  On  pourrait  sans 
crainte  défier  les  plus  experts  de  distinguer  objectivement  les  sujets  que 
leurs  producteurs  qualifient,  pir  simple  habitude,  de  métis  mérinos, 
de  ceux  qui  sont  appelés  mérinos  tout  court.  11  y  a,  pour  que  la  dis- 
tinction objective  soit  impossible,  une  raison  physiologique  péremp- 
toire.  Du  reste,  celte  habiiude  de  langage,  nous  l'avons  fait  perdre  à 
plusieurs  éleveurs,  qui  ne  s'en  servent  plus  dans  leurs  déclarations.  Il 
serait  à  désirer,  pour  couper  court  aux  méprises  comme  celle  qui 
motive  les  présentes  explications,  que  tous  leurs  confrères  lissentcomme 
eux;  car  en  réalité  leurs  prétendus  métis  mérinos  sont  purement  et 
simplement  des  mérinos  au  même  titre  que  tous  les  autres  sujets  de  la 
même  race.  Pour  les  en  distinguer,  il  faut  se  tenir  dans  le  domaine  de 
la  métaphysique,  qui  n  a  rien  de  commun  avec  la  zootechnie. 

On  sait  que  les  tronpeiux  de  mérinos  français  ont  été  formés  de 
deux  façons.  L'Etat  d'abord,  puis  un  petit  nombre  de  propriétaires  de 
diverses  régions,  ont  importé  d'Espagne  à  la  fois  des  brebis  et  des 
béliers.  Ces  propriétaires  nous  sont  connus.  On  en  trouvera  l'indication 
dans  l'ouvrai^'c  de  Tessier  sur  1  introduction  des  mérinos  en  France,  et 
aussi  dans  l'historique  que  nous  avons  écrit  nous-même  de  cette  intro- 
duction, au  chapitre  spécial  de  notre  Traité  de  zootechnie.  Pourle  reste, 
c'est-à-dire  pour  le  plus  grand  nombre,  des  béliers  seulement,  prove- 
nant de  ces  troupeaux  importés,  ont  été  accouplés  avec  les  brebis 
imligènes,  puis  avec  les  premières  métisses,  puis  avec  les  deuxièmes, 
les  troisièmes,  et  ainsi  de  suite  durant  de  nombreuses  générations.  On 


134  LES  PRÉTENDUS    MÉTIS  MÉRINOS. 

aopelait  alors  troupeaux  de  progression  ceu\  qui  étaient  ainsi   formés. 

Ce  sont  cis  troupeaux  qu'on  a  pris  au  début  la  coutume  (Je  nommer 
rnétis  mérinos,  pour  les  distinguer  des  mérinos  directement  importés. 
La  distinction  a  eu,  durant  un  temps,  sa  raison.  Elle  a  été  jusiifiée 
tant  que  se  sont  manileistés,  dans  ces  troupeaus  nouvellement  formés, 
des  pliénomènes  de  reversion.  C'est  d'après  leur  observation  qu'ont  été 
établis  le  Ràckichlacj,  le  Rûk%<:hrill  des  Allemands,  le  coup  ou  le  pas 
en  arrière.  AujourJ'liui,  il  ne  peut  plus  en  être  q  i^stioa.  Il  y  a  belle 
heure  que  le  type  naturel  du  mérinos  s'est  substitué,  avec  tous  ses 
attributs  anaiomiques  et  physiolOj^iques,  à  celui  de  la  race  indigène, 
à  nous  d'ailleurs  parfailement  connue,  partout  où  l'opération  a  été 
coniinuée  pour  former  li  population  actuelle  des  mérinos  français. 

L'expérience  montra  invari:ibleineat  que,  dans  les  opérations  de 
croisement  continu,  la  substitution  est  etïectuée  dès  la  qualriem^^éné- 
ralioa.  A  partir  de  cette  quatrième  génération,  l'influence  héréditaire 
de  la  souche  maternelle,  ce  que  nous  nommons  maintenant  l'atavisme 
maternel,  ne  se  fuit  plus  sentr.  Cet  atavisme  est  élirai  lé.  C'est  plus  de 
vini^l  et  même  en  certains  cas  plus  de  quarante  générations  qui  se 
sont  écoulées  depiiis  le  commencement  de  l'opération  qui  a  peuplé 
noire  pays  de  mérinos.  Scientifiquement  et  pratiquement  il  n'est  pas 
possible  d'ohtenir  des  métis  au  delà  du  troisième  degré,  ou  des  troi- 
sièmes métis,  de  ceux  que  dans  le  langage  courant  on  appelle  trois- 
quarts  tang.  Objectivement,  ceux-ci  sonlsouventidentiques  auxsujets 
purs  de  leur  race  paternelle.  Cela  dépend  de  la  puissance  héréditaire 
individuelle  de  leur  père,  et  aussi  de  la  sélection  qui  a  été  faite  des 
mères  mélisses.  ^Mais  pour  l'ordinaire  ilss'en  distinguent  encore.  Passé 
ce  degré  il  n'y  a  plus  de  réels  métis,  si  ce  n'est  dans  le  monde  idéal  ou 
imagi.'iaire,  où  se  complaisent  encore  les  personnes  entichées  du  doj;me 
du  [)ur  sang.  Ces  personnes  allii'me.it  qu'il  y  en  a,  que  l'impureté  du 
sang  subsiste  indéliniment,  mais  il  leur  serait  hien  impossible  de  le 
prouver.  La  science  ne  se  fait  point  avec  des  aftirmations. 

11  y  a  donc  hien  des  années  que  les  anciens  méiis  mérinos  français, 
dans  le  sens  exact  du  terme,  ont  cessé  d'exister.  11  y  a  bien  des  années 
que  tous  nos  mérinos,  sans  distinction,  jouissent  au  même  degré  de  la 
faculté  de  transmettre  invariablement  leurs  caractères  spé;iUques  et 
leurs  attributs  zootechniques,  soit  de  cjnformatioa,  soit  d'aptitude, 
soit  de  toison.  Il  y  a  bien  des  années,  conséquemment,  qu'ils  sont  tous 
également  en  possession  de  ce  qu'on  nomme  la  constance. 

La  connaissance  de  cette  notion  est  bonne  a  repan  Ire,  et  non  pas 
seulement  au  point  de  vue  de  l'uliliié  qu'elle  peut  avjir  en  C3  qui  c  ju- 
cerne  la  clientèle  étrangère  de  nos  producteurs  de  héliers.  A  l'étranger 
comme  chez  nous,  il  y  a  encore  des  tenants  du  dog  ne  de  la  pureté 
métaphvsique.  Nous  en  avons  eu  dernièrement  une  nouvelle  preuve 
toute  personnelle,  à  propos  de  h  variété  des  mérinos  précoces,  qu'en 
dehors  de  noire  pays  les  éleveurs  de  mérinos  reclierchent  de  plus  en 
plus.  Avant  que  celte  variété  lut  connue  comme  elle  l'est  à  présent, 
certaines  personnes  ne  pouvaient  almettre  qu'elle  eût  été  formée  sans 
lintervenlion  d'un  croisement  avec  les  animaux  anglais.  Cela  ne  lai- 
sail  pas  honneur  à  leurs  connaissances  zootecb.iiques,  à  vrai  dire; 
mais  en  somme  elles  étaient  jusqu'à  un  certain  point  excusables. 
Aujourd'hui  l'on  n'a  plus  'd  combattre  de  telles  suppositions.  Tous  les 
connaisseurs  de  mérinos  s'aperçoivent  bien  que  les  précoces  ne  dif- 


LES  PRÉTENDUS    MÉTIS  MÉRINOS.  135 

fèrent  des  autres  que  par  leurs  formes  corporelles  améliorées  et  par 
leur  précOL'ilé.  Seuliment,  (]iielques-uns  tiennrnt  à  s'assurer,  avant 
d'en  inlroduire  les  bélier»  dans  leurs  propres  tr.)n|ie;iux,  s'ils  sont  bien 
de  souche  originale,  et  non  pas  impl mlés  par  l'aucien  cmisement 
conlinu.  Il  y  en  a  des  deux  soiles  el  ï'-tn  peut  ainsi  facilement  leur 
donner  salisi'aciion.  Mieux  vaudrait,  louiefois  pour  eux  s'alTi'ancliir  du 
prpj'ifié  dogmatique.  Le  champ  de  sélection  serait  de  la  sorte  considéra- 
bleuiHUl  agr-in  li,  sans  qu'ils  eussent  lieu  de  le  regretter  pratiquement. 
Mais  la  nolioa  à  la  lois  seienlilique  et  pratique  en  question  ne  tou- 
che pas  les  seuls  mérinos.  Où  il  y  aurait  lieu,  par  exemple,  de  substi- 
tuer avanlygeu.-emenl  les  soullidowns  à  une  race  indigène  quelconque, 
il  ne  serait  pas  indilTérent  de  saviiirque  la  substiluLion  peut  s'effectuer, 
avec  le  temps,  sans  qu'il  soit  nécessaire  de  faire  les  fiais  de  l'intro- 
duction d'un  troupeau  de  brebis. 

De  tout  ce  qui  précèJe  résulle-til  qu'on  doive  demander  à  l'admi- 
nistration de  modifier  dès  à  présent  la  rubrique  de  s»  s  programmes 
sous  laquelle  les  mérinos  français  sont  admis  à  concourir?  Je  ne  le 
pense  pas.  La  modiûcalion,  dans  l'état  actuel,  ne  serait  point  sans 
inconvé.iient,  ainsi  que  je  vais  l'expliquer. 

Il  n'est  venu  à  l'idée  d'aucun  éleveur  de  présenter,  pour  concourir 
dans  la  catégorie  des  mérinos  et  métis  mérinos,  des  réels  métis  comme 
les  dishlev-u'.érinos  ou  les  southdoxvn-mérinos.  Point  d'erreur  de  ce 
genre  possible.  Ni  les  Soissonnais,  ni  les  Briards,  ni  les  Beaucerons, 
ni  les  Bourguignons  ne  s'y  trompent.  Les  éleveurs  des  vrais  inélis  se 
garderaient  bien  de  venir  se  (aire  exclure,  et  d'ailleurs  ils  savent  bien 
que  la  place  de  leurs  produits  n'est  point  là.  Mais  en  revanche  il  est  au 
moins  probable  que  si,  sans  plus  ample  explication,  le  terme  de  métis 
mérinos  se  trouvait  tout  à-coup  supprimé  du  programme,  ceux  qui 
ont  conservé  l'habilude  de  désigner  ainsi  leurs  mérinos  se  croiraient 
exclus  du  concours  et  feraient  entendre  des  réclamations,  ou  peut-être 
même  s'a b^ tiendraient- ils. 

Mieux  vaut,  croyons-nous,  que  1  administration  soit  amenée  à  la 
réforme  désirée  pur  le  fait  même  des  déclarations  qui  lui  seront  faites. 
Quand  on  ne  lui  déclarera  plus,  pour  prendre  part  aux  concours,  des 
métis  mérinos,  mais  seulement  des  mérinos  tout  court,  il  n'y  aura 
plus  lieu  pour  elle  de  conserver  sa  rubriquetraditionnelle.  Ce^a  dépend 
des  éleveurs.  Bon  nombre,  je  le  répète,  ont  à  mon  instigation  com- 
mencé le  mouvement.  Que  tous  les  autres  les  suivent,  et  ainsi 
l'expression  de  métis  mérinos  aura  disparu  du  langage  zootechnique, 
oîi  elle  n'a  plus  depuis  longtemps  de  sens  réel,  à  moins  que  la  routine 
administrative  ne  s'obstine  à  1  y  maintenir. 

A.  Saxson, 

professeur  de  zoologie  et  zootechnie  à  l'École  nationale  de  Grignoa 
et  à  riQSlitutnat.onal  agronomique. 

LES  IRRIGATIONS  EN  ALGÉRIE 

l'ersonne  n'ignore  le  rôle  important  que  joue  l'eau  dans  le  dévelop- 
pement des  plantes  en  pays  chauds,  et  l'Algérie  plus  que  tous  autres 
apprécie  les  bienfaits  de  l'irrigation. 

Aussi  les  colons  intelligents  considèrent-ils  qu'en  dehors  des 
roules  et  i.'es  chemins  de  fer,  si  indispensables  pour  l'échange  des 
produits,  il  serait  urgent  que  l'Etat  créât  un  plus  grand  nombre  de 


136  LES  IRRIGATIONS  EN  ALGÉRIE. 

barrages.  On  pourrait  ainsi  maintenir  et  concentrer  les  produits  des 
rivières  alimentées  presque  toutes  par  des  montagnes  dénuiJées  qui 
déversent  en  un  seul  coup  dans  les  oueds,  tranbfurniés  en  torrents, 
toute  leur  eau  chassée  brusquement  à  la  mer,  en  ravageant  tout  sur 
leur  passage. 

Mais  je  crains  que  le  problème  à  résoudre  pour  obtenir  de  l'irriga- 
tion les  meilleurs  résultais  n'ait  pas  encore  été  bien  posé,  surlout  par 
les  ingénieurs  de  l'Etat  chargés  de  le  résoudre. 

Jusqu  à  présent  on  s  est  appliqué  à  créer  d  immenses  réservoirs  per- 
mettant d'irriguer  pendant  l'été  des  surfaces  consi  Jérables.  Mais  sou- 
vent ces  grands  bassins  ne  se  remplissent  pas  dans  les  anné.'s  sèches, 
et  sont  emportés  par  les  grandes  crues  dans  les  années  pluvieuses, 
ce  qui  faisait  dire  à  un  propriétaire  arabe,  après  la  rupture  du  bar- 
rage de  l'oued  Fergoug,  près  de  Perrégaux  :  «  A  quoi  servent  ces 
grands  barrages  ?  Quand  il  t'ait  sec,  il  n'y  a  pas  d'eau,  et  quand  il  pleut 
ils  sont  détruits.  >' 

Selon  moi,  on  pourrait  obtenir  un  aussi  bon  résultat  avec  de 
moindres  dépenses,  si  l'on  se  rendait  bien  compte  du  rôle  de  l'irriga- 
tion dans  les  pays  chauds. 

Je  suis  persuadé,  en  effet,  que,  sauf  pour  le  jardinage  elles  cnliures 
spéciales  donnant  des  produits  de  grande  valeur,  il  est  plutôt  nuisible 
qu'utile  d'irriguer  les  plantes  en  élé.  On  s'en  est  bien  aperçu  dans 
certaines  plaines  de  la  province  d'Oran,  cultivées  surtout  par  des 
Espagnols.  Le  fermier  donne  à  la  terre  une  culture  de  quelques  centi- 
mètres de  profondeur,  jette  la  semence  et  envoie  de  l'eau,  toujours  de 
l'eau,  pour  faire  germer,  grandir  et  mûrir  les  récolles. 

Qu'arrive-t-il  alors?  La  plante  trouvant  à  une  faible  profondeur  une 
terre  battue  par  le  talon  de  la  charrue  n'y  peut  faii'e  pénétrer  ses  ra- 
cines qui,  chétives,  s'étalent  près  du  sol.  Au  premier  soleil,  celte 
mince  couche  de  terre  travaillée  se  dessèche,  et  si  la  planle  manque 
un  jour  d'eau  par  suite  ou  de  la  rupture  d'un  barrage  ou  de  l'insuffi- 
sance de  son  débit,  ses  pauvres  racines  lymphatiques  périssent  et  la 
récolte  est  perdue. 

C'est  tout  autrement  qu'il  faudrait  procéder  :  donner  d'abord  un 
labour  profond,  en  autouuie,  puis  irriguer  copieusement  en  hiver, 
pendant  que  l'on  est  sûr  d'avoir  de  l'eau  à  discrétion.  Celle  eau  pénè- 
tre au  fond  du  sol  défoncé,  qui,  travaillé  au  printemps,  conserve  l'hu- 
midité dans  le  sous-sol.  La  graine  alors  lève  facilement,  et  lorsque 
viennent  les  chaleurs,  la  plante,  vigoureuse,  la  tète  haute,  pénètre  plus 
avant  dans  le  sol,  et  en  prenant  plus  de  force  et  de  vigueur  par  la  lon- 
gueur de  ses  racines,  trouve  celle  fraîcheur  bienfais-ante  qui  permet  à 
sa  lige  de  se  développer  et  de  grossir;  alors,  si  tels  sont,  comme  je  le 
crois,  les  phénomènes  qui  se  produisent,  et  si  lirrigatiun  d'hiver 
suffit,  les  travaux  pour  assurer  cette  irrigation  deviennent  plus  faciles 
à  exécuter. 

Au  lieu  de  ces  grands  ouvrages  comme  ceux  de  Perrégaux,  il  suffit 
de  créer  une  série  de  barrages  peu  coûteux,  une  espèce  de  canalisation 
des  cours  d'eau  empêchant  un  enlraînement  trop  rapide,  et  sur  ces 
canaux  principaux,  des  canalisations  partielles  construites  par  les 
syndicats.  Dans  ces  travaux  simples  et  faciles  à  exécuter,  les  crues 
subites  ne  peuvent  pas  produire  de  graves  dégâts;  l'envasement  des 
barrages  n'est  pas  à  craindre,  et  l'on   peut  compter  sur  des  récoltes 


LES  IRRIGATIONS  EN  ALGÉRIE.  137 

régulières  finis  C3tt3  zom  irrigable  biea  déforicée  et  cultivée.  Il  est 
facil-!  ù  tout  c;)lo:i  de  fiirj  à  c;^;  sujet  des  expériences,  et  si,  comme  je 
n'en  doule  pis,  tous  reconnaissant  que  c'est  celle  voie  qn  ils  doivent 
suivre,  qu'ils  fassent  comprendre  à  nos  gouvernants  que  c'est  dans  ce 
sens  que  doivent  être  compris  les  travaux  de  captalion  et  de  régularisa- 
lion  des  cours  d'eau  ;  tout  le  monde  y  trouvera  son  compte. 

A.   Debains, 

Ingénieur  des  arts  el  m.inur.ictures, 
ancien  professeur  d'économie  rurale  à  TEcole  centrale 

L.i  GONFÉPtENGE  LAITIERE  DE  GLOGESTEE 

LES  SUBSTITUTS   DU  LAIT 

A  l'occasion  de  la  Conférence  laitière  de  Glocester,  j'ai  déjà  dit  qu'on 
avait  organisé  une  exposition  de  tous  les  ustensiles,  appareils,  machi- 
nes, etc.,  appartenant,  deprèsou  de  loin,  à  l'industrie  laitière.  Parmi 
ces  choses  diverses,  l'atlenlion  des  éleveurs  et  des  nourrisseurs  était 
surtout  attirée  vers  les  condiments  farineux  récemment  introduits  dans  la 
pratique  dfs  agriculteurs  laitiers,  eLsurtout  des  éleveurs,  pour  servir  a  la 
nourriture,  à  l'élevage  et  à  l  engraissement  des  veaux  el  autres  jeunes 
animaux  de  la  ferme,  au  lieu  et  place  du  lait. On  comprend  toutde  suite 
1  importance  da  ce  non /eau  produit  industriel,  qui  p'rm3t  l'économie 
du  lait  de  la  mère,  lequel  p^ut  être  alors  rendu  à  la  laiterie.  C'est  un 
appoint  dont  la  valeur  se  cliilfre  par  des  sommes  énormes,  qui  vient 
grossir,  dans  une  proportion  fort  appréciable,  le  revenu  de  l'agriculture. 

Cette  nouvelle  su'ostincs  alimmlairea  pris  en  Angleterre  une  exten- 
sion qui  témoigne  de  1  importance  qu'y  attachent  les  éleveurs  et  les 
engraisseurs,  ei  de  l'appréciation  qu'ils  ont  faite,  tout  d'abord,  des 
grands  services  qu'elle  pmt  rendre  à  l'industrie  lailière,  en  en  écono- 
misant la  matière  première,,  dans  une  notable  proportion.  En  etTet, 
l'éducation  des  veaux  absorbe  une  quantité  très  considérable  du  lait 
des  vaches  mères,  soit  qu  on  destine  les  veaux  à  la  reproduction, 
soit  qu'on  les  engraisse  pour  la  boucherie.  L'emploi  de  celte  nouvelle 
substance  qui  contient  ciiimiquement  toutes  les  parties  constituantes  du 
lait,  sous  une  forme  concentrée;  permet  île  disposer  du  lait  pour  les 
besoins  du  co:nmerce,  soit  en  nalure  pour  l'alimenlalion  des  villes,  soit 
pour  la  fabrication  du  beurre  et  du  fromage.  Etant  donnée  l'eriicacité 
de  cette  substance,  laquelle  est  aujourd'hui  inconteslableetincontestée, 
on  conçoit  sans  peine  quelle  révolution  son  emploi  général  ne  peut  man- 
quer de  produire  dans  la  production  du  lait  «t  de  la  viande.  Comme 
je  l'ai  remarqué  tout  à  l'heure,  la  substitution  de  cette  nourriture  au 
lait  dans  l'almientation,  l'élevage  et  l'engraissement  des  veaux,  éco- 
nomisera tout  au  moins  un  cinquième  de  la  production  générale  du 
lait,  ce  qui  se  chiffre  par  des  millions  de  litres  dont  la  valeur  en  argent 
est  énorme.  Mais  en  ce  qui  touche  à  la  production  de  la  viande, 
l'importance  de  ce  nouveau  produit  est  encore,  peut-être,  plus 
grande.  En  effet,  tout  le  monde  sait  que  dans  la  pratique  des  nourris- 
seurs et  des  fermiers-laitiers,  surtout  en  Angleterre,  les  veaux  sont 
sacrifiés  à  un  à  ;e  où  leur  chair  ne  s'est  point  développée;  car  on  les 
livre  au  boucher  à  n'importe  quel  prix,  et  à  un  âge  trop  tendre  pour 
qu'ils  aient  pu  acquérir  un  développement  et  partant  un  poids  rému- 
nérateur, afin  de  pouvoir  utiliser  plus  tôt  le  lait  de  la  mère  par  la 
vente  immédiate,  ou  par  la  fabrication  des  produits  laitiers.   Tout  le 


138  CONFÉRENCE  LAITIÈRE  DE  GLOCESTER. 

monde  souffre  d'î  celle  réalisalion  prématurée.  La  richesse  publique 
en  est  alleinte  par  la  destruclioa  de  jeunes  animaux,  qui  n'atieignent 
point  leur  valeur  normale.  La  consommation  en  souffre,  d'abord  par 
la  diminution  dans  Tapprovisionnement  des  marches  qui  en  résulte, 
et  par  la  mauvaise  qualité  d'une  vande  si  jeune,  si  peu  nutritive 
et  si  indigeste.  L'agriculture  en  souffre  plus  encore,  car  elle  se  trouve 
ainsi  privée  d'une  des  sources  les  plus  fé:ondes  de  sa  riciiesse  et  de  sa 
prospérité,  par  la  destruction  intempestive  des  éléments  de  sa  produc- 
tion. A  tous  les  points  de  vue  donc,  la  création  de  la  nouvelle  industrie 
dont  il  s'agit,  est  un  bien  public,  car  elle  satisfait  tous  les  inté- 
rêts matériels  de  la  population,  en  ajoutant,  dans  une  mesure  considé- 
rable, aux  éléments  de  sa  richesse  et  de  son  alimentation  en  lait,  en 
beurre,  en  fromage  et  en  viande. 

Pour  donner  une  idée  de  l'économie  énorme  résultant  de  l'emploi  de 
ces  farineux  substituésaii  lait,  dans  l'alimentation  des  veaux,  il  sulTira 
de  dire  que  100  kilog.  de  celle  larine  s-ullisent  pour  faire  S.Oi^O  litres 
de  lait  artiliciel,  ayant  la  même  puissance  nutritive  que  la  niè  ne  quan- 
tité de  lait  naiurel,  et  coûtant  seulement  2  centimes  le  litre.  D'un  autre 
côté,  avec  ce  lait  arlificiel,  on  n'a  point  à  craindre  ces  diarrhées  meur- 
trières, accidents  souvent  occasionnés  par  l'emploi  du  lait  de  vache 
dans  l'alimentation  des  veaux,  ainsi  que  les  autres  mil.xlies  qui,  de 
la  mère,  se  communiquent  au  jeune  animal,  par  le  lait.  Le  farineux,  dont 
il  s'agit,  est  toujours  le  même,  et  son  absorption,  comme  nourriture, 
maintient  toujours  le  jeune  animal  en  sanlé  parfaite. 

En  ce  qui  regarde  l'engraissement  des  veaux  pour  la  boucherie,  on 
sait  que  Ja  couleur  blanche  de  la  viande  de  veau  est  une  condition 
presque  absolue  de  l'obtention  d'un  prix  élevé  sur  le  marché,  et  sur- 
tout sur  celui  de  Paris.  11  est  évident  que  l'emploi  du  lait,  pour  l'en- 
graissement des  veaux,  doit  plus  sûrement  produire  cette  qualité  que 
toute  autre  nourriture;  mais  l'expérience  a  prouvé  qu'en  nourrissant 
les  veaux  avec  les  farineux  en  question,  jusqu'à  une  périoile  de  toutau 
plus  huit  jours  avant  la  livraison  du  veau  gras  à  la  boucherie,  et  en 
substituant  alors,  pendant  ces  huit  derniers  jours,  du  lait  pur  en 
quantité  suffisante,  on  obtient  à  l'étal  une  viande  aussi  blanche  que  si 
le  jeune  animal  avait  été  nourri  exclusivement  avec  du  lait  depuis  sa 
naissance.  Dans  les  étables  d'élevage,  naturellement,  cette  considé- 
ration n'a  aucune  importance.  Dans  tous  les  cas,  on  peut  toujours 
économiser  plusieurs  mois  de  consommation  de  lait,  et  c'est  un  point 
tort  important. 

L'excellence  de  cette  nourriture  économique  des  jeunes  animaux  de 
la  ferme  :  veaux,  agneaux,  poulains,  etc.,  etc.,  est  aujourd  liui  si  bien 
reconnue  en  Angleterre  que  la  consommation  donne  lieu  îi  un  com- 
merce considérable.  Aujourd'hui  l'Angleterre  n'en  fabrique  jias  moins 
de  5  millions  de  kilogrammes  par  an,  et  M.  Piller  dit,  dans  une 
récente  circulaire,  qu'en  France,  le  nombre  des  nouvelles  demandes 
qui  lui  sont  adressées,  s'est  dernièrement  accru  de  plusieurs  milliers. 
Il  y  a  plusieurs  années  déjà  que,  d;ins  mon  élevage,  j'emploie  ces 
farineux  pour  raliinenlalion  de  mes  veaux,  ce  qui  m.e  |iermct  d'utili- 
ser tout  le  lait  de  mes  vaches  dans  ma  lai  crie.  A  partir  du  .«epiième 
jour,  je  supprime  absolument  le  lait  de  la  mère,  et  je  donne,  en  son 
lieu  et  plate,  un  brouet  clair  préparé  comme  suit  : 

Pour  200  grammes  de  farine,  lactina  ou  milkaline,  car  il  y  en  a  de 


CONFÉRENCE  LAITIERE  DE  GLOCESTER.  139 

plusieurs  composilions,  lesquelles,  du  re^le,  j'ai  toutes  essayées*, 
j',ijoulc  5  libres  d'eau,  en  délayant  la  larine  avec  une  spalule  en 
bjis,  de  manière  à  en  l'aire  une  honillie  bi^^n  mélangée;  celle  opération 
demande  peu  de  temps,  le  mélange  avec  l'eau  s'elïectuant  avec  une 
grande  facilité. 

Lursqu'on  a  à  sa  disposition  le  lait  éc.rémé  de  la  laiterie,  il  est  on 
ne  peut  plus  avantageux  d'en  mélanger  une  certaine  quantiié  avec  le 
brouct.  Dans  ma  pratique  je  me  sers  de  ce  petit  lait  pour  rel'roiiJir  la 
bouillie  préparée  comme  ci-dessus  et  en  ramener  la  tcmpératiu-e  à  csUe 
du  lait  de  la  mère  imméilialement  après  la  mu!^ion.  C  tle  addition  de 
lait  écn  méest  i'orl  avantageuse  pour  le  déveinpperaent  rapide  du  ji^une 
animal.  Le  lait  écrémé  contient  les  éléments  de  nutrition  les  plus 
précieux,  à  l'exception  de  la  graisse,  laquelle  se  trouve  d'ailleurs  en 
quantité  suflis;inle,  dans  la  farine  préparée.  Les  jeunes  animaux  ainsi 
nourris  se  développent  rapidement  et  tout  aussi  bieo,  sinon  mitsux, 
et  sont  beaucoup  plus  économiquement  nourris,  que  s'ils  l'étaient 
exclusivement  avec  le  lait  de  la  mère. 

Le  tableau  suivant  donnera  une  idée  de  l'économie  réalisée  par 
l'emploi  de  ces  farines  préparées,  en  comparaison  avec  l'alimentation 
avec  1-^  lait  de  la  mère. 

D'après  les  données  fournies  par  l'expérieacfî  des  éleveurs  en  Angle- 
terre, le  coût  de  l'élevage  des  veaux  avec  le  lait  di  la  mère  comparé 
avec  les  farineux  peut  être  établi  comme  suit  : 

Lait.  Farine  préparée. 

1"' mois 3i  fr.  1"  unis !)  fr,  70 

2'  mo  s 35      60  :;•  moi^. ,..  9      AU 

:h°  moii 3!       15  3'  ruûi< li       15 

4°  mjis 22      80  4°  rnuis i:i       to 


Total Ko      30  Total 4i       3j 

Cette  comparaison  établit  donc  une  économie  de  81  fr.  20  par  veau. 
Dans  le  chiffre  ci-dessus  est  compris  lecoûl;  des  tourteaux  oléagineux, 
du  foin  et  des  farineux.  Proportions  gardées,  ce  calcul  est  apjjlicable 
aussi  à  l'alimentation  des  poulains,  porcelets,  agnsaux,  etc. 

Voici  maintenant  les    quantités   nécessaires  à   l'alimeatation  des 
veaux,  selon  leur  âge. 

Juï^qii'au  quatrième  jour,  ,1e  jeune  animal  doit  être  exclusivement 
nourri  avec  le  lait  de  la  mère.  Ce  lait  contient  un  purgatif  oui  nettoie 
les  intestins  du  jeune  animal  des  excréments  (|ui  s'y  sont  accumulés 
pendant  la  gestation  ;  mais  il  importe,  vu  la  délicatesse  et  le  dévelop- 
pement impirfait  des  organes  digestifs,  de  réglemeeler  soigneusement 
la  quantité  de  lait  absorbée  par  le  jeune  animal;  car  si  cette  quantité 
est  excessive,  il  s'ensuit  de  graves  accidents  d'indigestion,  lesquels 
déterminent  ordinairement  une  diarrhée  souvent  suivie  de  mort.  Le 
tableau  suivant  indique  les  quantités  à  donner  : 

Kalin. 

Du  1"  au  4*  jour Lait  seulement 1  li;re 

Du  S"  au  9=  jour Moitié      brouet  laitme    et 

moitié  Uit I  litre  1/5 

Du  10«au  14°  jour...  —                     —  2  litres. 

3°  semaine Brouet      seulement 2  litres. 

4»,  .'i"  et  ti"  pemniiies. .  —                     —  3  litres. 

7«,  8°,  et  !)°  soriiaines..  —                     —  3  lilres. 

10°,  ird  l^'s^iiiaiiies  —                    —  4  litre?. 

I.  Je  il  i;ii  |i  U-.  t  inl  le  léi  iltai  'les  expérieii  ;  s  hiix  |ii;lios  |;  tri^  >  iis  livre  et  a  q  leile  coin|io- 
silion  je  (loi:ne  la  p-éférence  au  |iûiiit  d;  vrie  J;  l'cfiiiiaoïtéot  Ja  bou  miuché  ;  je  m'en  abslieudrai 
ici  pour  ne  pas  avoir  l'air  de  f^ire  une  réclame. 


Midi. 

Soir. 

1  litre. 

1  litre. 

1  litre. 

1  litre  1/2. 

1  liiro. 

2  litres. 

1  lilro 

1/2. 

2  liires. 

point. 

3  liires. 

» 

4  Mires. 

» 

4  lires. 

no  CONFÉRENCE  LAITIÈRE   DE  GLOCESÏER. 

A  partir  du  commencement  de  la  quatrième  semaine,  on  commence 
à  donner  au  jeune  animal,  comme  avec  le  régime  du  luit,  un  peu  de 
foin,  de  racines  et  de  tourteau  de  lin,  dont  on  augmente  graduellement 
la  quantité  à  mesure  que  les  capacités  digestives  du  jeune  animal 
se  développent  et  deviennent  plus  actives. 

On  assaisonne  cette  bouillie  avec  une  pincée  de  sel.  On  fait  alors 
bouillir  pendant  quelques  minutes  seulement,  en  ayant  soin  de  remuer 
tout  !e  temps,  le  mélange  avec  la  spatule  pour  empèi^lier  de  brûler  ce 
qui  donnerait  un  mauvais  goiU.  Ce  mode  de  préparation  prend  un  peu 
de  temps  et  demande  quelques  soins,  il  est  vrai  ;  mais  pour  les  veaux 
très  jeunes  et  pour  ceux  qui  sont,  un  peu  délicats,  ces  précautions 
sont  fortement  recommandées,  d'après  mon  expérience.  Mais  quand  il 
s'agit  d'animaux  ayant  déjà  un  mois  ou  six  semaines,  robustes  et  ve- 
nant bien,  ccs  précautions  sont  moins  nécessaires,  et  alors,  dans  ma 
pratique,  je  me  contente  de  verser  de  l'eau  bouillan'e  sur  la  farine  et 
d'en  faire  une  bouillie  de  la  consistance  voulue;  ou  bien  encore  on  peut 
mélanger  la  farine  avec  de  l'eau  froide  pour  en  faire  une  pâte  comme 
pour  le  pain,  puis  on  délaye  cette  pâte  avec  de  l'eau  bouillante.  On 
laisse  refroidir  ce  brouet  jusqu'à  la  température  du  iait  au  sortir  du 
pis  de  la  mère,  c'est-à-dire  jusqu'à  une  température  d'environ  36  de- 
grés centigrades. 

.Jusqu'à  ce  que  le  jeune  veau  ait  atteint  l'âge  de  six  semaines, 
le  maintien  de  cette  température  du  brouet  est  nécessaire  pour 
que  les  fonctions  digestives  de  l'estomac  puissent  s'accomplir  d'une 
manière  normale,  car  la  formation  de  Testomac  des  jeunes  rumi- 
nants ne  se  complète  qu'à  partir  de  cet  âge,  et  une  certaine  cha- 
leur est  nécessaire  pour  que  la  nourriture  ingérée  dans  les  o''ganes 
de  la  digestion,  puisse  être  assimilée  par  le  jeune  animal;  mais  à 
partir  de  six  semaines  ou  deux  mois,  la  rumination  commence  à 
s'opérer,  et,  alors,  la  température  des  aliments  n'a  plus  besoin  d'être 
aussi  élevée.  On  peut  donc  dès  lors  diminuer  graduellement  celte  tem- 
pérature à  raison  de  3  ou  4  degrés  par  jour. 

Voilà  la  méthode  que  j'emploie  dans  mon  élevage  pour  l'alimenta- 
tion de  mes  veaux  avec  ces  farineux*. 

Lorsqu'il  s'agit  de  l'easraissement  d'un  veau  pour  la  boucherie,  on 
peut  aussi,  à  partir  du  second  mois,  augmenter  progressivement  la 
ration  de  lactine  ou  de  milkaline,  comme  on  le  fait,  du  reste,  avec  le 
lait,  et  cela  dans  la  même  proportion. 

Mon  expérience  qui,  comme  je  l'ai  dit,  date  déjà  de  plusieurs  années, 
des  bons  effets  de  l'emploi  de  ces  farines  condimentées  pour  l'élevage 
à  la  foia  économique  et  efficace  des  jeunes  amimaux  de  la  ferme,  ma 
tellement  convaincu  des  avantages  incalculables  qui  résultent  de 
l'emploi  de  ces  substances,  que  je  ne  puis  m'empècher  d'être  surpris 
que  la  manufacture  de  la  lactine  et  de  la  milkaline  ne  se  soit  pas  encore 
implantée  chez  nous.  Il  me  semble  regrettable  que  nous  soyons  tribu- 
taires de  l'étranger  pour  nous  procurer  ce  précieux  auxiliaire  de  la 
ferme,  et  que  nous  soyons  obligés,  en  outre,  de  payer  des  frais  de 
transport   qu'il  serait  pourtant  si    facile    d'éviter. 

Dk  L\  ïliÉHONNAlS. 

1.  On  peut  suivre  le  même  mode  il'aliint'niation  avec  lalacli  a  ilc  BI.  BowilI;.  ia  milkaline  de 
M.  HorrldRe  et  avec  toutes  les  autres  espèces  de  préparations  analosues.  dont  la  Tibrication  tend  à 
se  multiplier  en  Angleterre,  sons  diver>e3  dénomiiiaiions ,  tant  l'usage  s'en  est  généralis(!  parmi  les 
éleveurs  des  espèces  diverses  d'animaux  agricoles,  tels  que  veaux,  poulains,  agneaux,  etc. 


EMPLOI  DES    NORIAS    POUR  L'ARROSAGE. 


141 


EMPLOI  DES  NORIAS  POUR  I/ARROSAGE 

On  nous  demande  de  fournir  ici  quelques  déluils  sur  l'emploi  des 
norias  pour  l'irrigation  des  jardins  unraîehers,  et  même  des  terres 
arables  dans  le  Midi  de  la  France. 

En  1883    (Joiinud    du    28    avril,    page    13')   du  tome  II  de  1883), 


,  nflT 


"Ht.^ 


'K 


Kig.  l(i.  —  Noria  primiUve. 


M.  Cil.    Joly,    vice-président  de  la  Société  centrale  d'horticulture,  a 
donné  ici  la  description  des  norias  employées  en  Espagne  dans  beau- 


'  Fi4,  17.  —  Noria  moderne  construite  par  M.  Dûiuiaïui. 


coup  de  localités.  On  retrouve  encore  quelques  types  de  ces  installa- 
tions primitives  en  Provence  et  dans  le  bas  Linguedoc.  La  figure  16 
en  montre  un  curieux  spécimen;  avec  ces  vases  en  terre  cuite  et  ce 
manège  d'une  instabilité  parfaite,  on   élève   peu  d'eau,   on  en  perd 


142  EMPLOI  DES   NORIAS  POUR  L'ARROSAGE. 

pendant  l'ascension,  et  le  déversement  en  est  tout  à  fait  incomplet. 

Aiijoiiid'liiii,  la  notia  a  clé  bien  perft'clionnée.  Tous  les  liydrauli- 
ciens  en  construisent,  et  ils  se  sont  ini;éniés  à  en  a«;croîtic  le  remleinent 
utile;  d'autres  ont  clierclié  à  la  remplacer  par  la  pompe  à  chapelet. 
Actuellement  on  emploie,  sur  une  très  grande  échelle,  dans  le  dépar- 
tement, de  Vaucluse  not;immcnt,  et  surtout  dans  la  plaine  d'Avignon, 
la  noria  à  déversoir  intérieur  que  représente  la  figure  17.  Elle  sert 
pour  l'arrosage  de  petites  contenances  dans  lesquelles  on  cultive  les 
plantes  maraîchères. 

Celle  machine  se  compose  de  deux  tambours  placés,  l'un  dans  un 
puits,  l'autre  un  peu  au-dessus  du  sol,  et  d'une  chaîne  à  godi  ts  qui 
les  embrasse.  Elle  est  mise  en  mouvement  à  l'aide  d'un  uiauège  allelé 
d'un  cheval  ou  d'un  mulet,  au  moyen  d'un  engrenage  à  angle.  Les 
godets  se  chargent  d'eau  en  passant  sous  le  lanibour  inférieur,  et 
déversent,  quand  ils  arrivent  sur  le  tambour  supérieur,  dans  une  auge 
en  métal  placée  au-dessus  de  l'axe  de  celui-ci  et  qui  se  vide  elleraêuie 
à  travers  les  ravons  de  ce  tambour.  l>'eau  est  dirigée  ensuite  dans  la 
terre  par  une  rigole.  Cette  noria  est  fabriquée  par  divers  mécaniciens 
et  chaudronniers  d'Avignon, 

Celle  dont  nous  donnons  le  type  est  construite  par  i\l.  Donnaud,  à 
Avignon.  Les  norias  sont  plus  ou  moins  puissantes  ;  la  quantité  d'eau 
que  contiennent  les  godets  varie  depuis  5  jusqu'à  50  litres  ;  leur  nom- 
bre dépend  de  la  profondeur  à  laquelle  on  descend.  Les  fiMis  d'instal- 
lation varient  dans  chaque  circousiance;  or,  c'est  par  milliers  qu'on 
compte  les  norias  employées  en  Provence.  L.  de  SAnoniAC. 

GULTCRE  DE  Lk  VIGNE  EN  BUTTES-BILLONS 

SES    RÉSULTATS    DANS     LA  REGONSTITUT.ON     DES    VIGNOBLES 
ET  LA   LUTTE  CONTRE  LE  PHYLLOXERA. 

Au  commencement  de  l'année  actuelle,  nous  avons  fait  connaîlreun 
nouveau  procédé  de  culture  de  la  vigr^e,  qui  nous  a  paru  oITrir  de  grands 
avantages  pour  la  reconslitutiim  des  vignobles  phyltoxérés.  Après 
l'avoircssayé  d'abord  sur  une  surf  ice  d'un  hectare,  nous  l'avons  appliqué 
sur  un  espace  beaucoup  plus  étendu,  planté  de  vignes  forlementendom- 
magées  et  ne  produisant  plus  ni  bois,  ni  vin.  L'expérienceélait  l'aile  en 
même  temps  à  Roussillon,  dans^I^ère,  et  à  l'école  îles  vignes  du  jardin 
botanique,  au  parc  de  la  Têle-d'Or,  à  Lyon.  Dans  l'Isère,  malheureu- 
sement, la  gelée  du  printemps  et  la  giêie  du  6  août  ont  causé  des 
dommages  considérables  Nous  n'en  croyons  pas  moins  dcvoirappeler 
l'allention  sur  les  résultats  généraux  que  la  méthode  mise  en  pratique 
peut  fiuruir;  d'autant  plus  qu'outre  l'avantage  d'être  applicable  dins 
un  grand  nombre  de  vignobles,  elle  a  encore  celui  d  être  une  des  moins 
coûteuses  parmi  celles  qu'on  a  préconisées  dans  la  lutte  conire  le 
phylloxéra.  Elle  nous  a  élé  suggérée  par  un  ensemble  de  con-idéralions 
tirées  du  développementdu  terrible  insecte,  tel  que  l'ont  l'ait  connaître 
les  savants  les  plus  autorisés,  et  notamment  MM.  Balbiani,  Maxime 
Cornu,  Biu'teau,  etc. 

Le  phylloxéra,  en  effet,  présente  dans  le  cours  de  son  évolution  une 
succes.-ion  de  formes  variées  qu'il  importe  de  bien  connaître,  si  l'on 
veut  arriver  à  instituer  des  moyens  de  défense  rationnels.  Ce  qu'il  faut 
avant  tout,  c'est  rechercher  si,  parmi  ces  formes  successives,  il  u'en 


CULTURE  DE  LA  VIGNE  EN  BUTTES-BILLONS.  143 

est  pas  quelqu'une  qui  puisse  être  attaquco    p;ir  des  moyens  relative- 
menL  lacilcs  el  capa'.jles  de  conduira  à  l'ovlinciioa  de  l'espocîe. 

Les  diverses  formes  qr.e  revèl  le  phylloxéra  correspjiiddnl  à  des 
modes  d'e\ist,cnce  très  dillércnts  Les  uns,  vivant  sur  les  raci.ies  de  la 
vigne,  sont  appelés  pour  celte  raison  radicicok's;  les  aulnes,  vivanlsur 
les  leuilk's  oh  leur  piqûre  l'urme  des  galles,  sa  nomment  (jatticoles. 
Comme  nombre,  les  [)remiers  compos:nt  presque  toule  la  race; 
d'ailleurs  beaueojp  de  nos  vignes  fr.inçaises  nepré-ententpas  de  galles. 

Partons  d'un  radieicole  pour  donner  une  idée  du  cyole  des  méta- 
mor|)lioses  de  l'insecte.  C'est  un  très  petit  puceron,  de  couleur  ;aunàtre 
ou  bronzée,  dé()ourvu  d'ailes,  autremint  dit  nplbre,  muni  d'un  suçoir 
puissant  au  moyen  duquel  il  pu:se  dans  les  ra-ines  les  sucs  dont  il  se 
nourrit.  Vers  le  mdieu  d'avril,  quand  la  tenq)ératurcdn  sol  commence 
à  s'élever  au-dessus  de  10  degrés,  ce  puceron  sort  de  sa  torpeur.  Il 
pond  des  œufs,  et  tous  les  œufs  sont  bons.  Cependant  il  n'y  a  pas  de 
màles  parmi  les  railicieoles;  tous  sont  des  femelles,  ou  plus  e\acle- 
meul  des  aiiami-s,  ce  qui  veut  dire  qu'ils  n'ont  pas  de  sexe.  L'éclosion 
des  œnCsalicu  au  bout  dedix  jours  au  plus,  et  une  douzaine  de  jours 
après,  les  jeunes  pucerons  so;it  aptes  à  pondre  à  leur  tour;  comme 
leurs  parents,  ils  dé])osent  leurs  œufs  sur  les  racines.  Les  (iicmes  phé- 
nomènes se  renouvellent  durant  toute  la  belle  saison.  Mais,  comme 
une  même  mère  peut  pondre  pendant  trente  àquaraule  jours,  il  s'en- 
suit ([u'on  a  dans  le  sol,  pendant  l'été,  des  œufs  et  des  pucerons  à  tous 
les  étals  de  développement.  En  elï'et,  la  mère  pondra  encore,  alors  que 
ses  premies  œufs  auront  déjà  donné  des  filles  capables  de  pon  Ire  à 
leur  tour;  il  y  aura  ainsi  des  tantes  plus  jeunes  que  leurs  nièces.  Tous 
ces  phylloxéras,  nous  l'avons  dit,  sont  femelles  ou  plutôt  agames;  ils 
se  reproduisent  sans  fécondation,  par  parthénogenèse.  Un  seul  œuf 
peut  donner  plusieurs  millions  d'individus  dans  l'espace  d'un  élé. 

Mais  avant  la  fin  de  l'année,  une  seconde  forme  doit  prendre  nais- 
sance. Vers  le  mois  d'août  on  di>lingue  aussi  ça  et  là  sur  les  racines, 
et  mêlée  aux  mères  pondeuses,  une  forme  plus  allongée  qui  grandit 
sans  pondre  :  c'est  une  nijntph",  qui  va  monter  à  la  surface  du  sol  et 
se  chinger  en  un  [ihylloxera  nilê,  semblable  à  une  très-petite  mouche 
à  corps  jaune  pourvu  de  quatre  ailes. 

Ce  phylloxéra  ailé,  emporié  dans  les  airs,  peut  être  entraîné  au  loin 
parles  vents  el  répindre  le  lléau  d'une  manière  inattendue  à  des  dis- 
tances très-grandes.  Or.  en  a  trouvé  un  peu  pirtout,  mèm;  sur  les 
vitres  des  wagons  de  cliemin  de  1er.  Fixé  sur  les  feuilles  de  la  vi^ne, 
dans  l'espèce  de  duvet  de  la  face  inférieure,  l'ailé,  qui  est  agame  comme 
les  radicicoles  restés  dans  le  sol,  pond  à  son  tour,  vers  la  lin  de  l'été, 
des  œufs  de  deux  gros>eurs  ddïérentes;  les  plus  petits  donnent  nais- 
sance à  des  mulrs  aplères,  les  plus  gros  à  des  /'VifUcs  aplcr-'s;  les  uns 
el  les  autres  sont  donc  sexués.  L'accoiiplementa  lieu  presque  aussitôt, 
el  le  mâle  meurt  Quand  à  la  femelle  lécoadée,  elle  pond  un  seul  œuf, 
et  meurl  après  l'avoir  pondu. 

C'est  cet  œuf  résullant  de  la  fécondation,  el  appelé  œuf  d'hiver, 
qui  nous  iniéresse  le  [)ius.  Il  est  toujours  pondu  sur  le  bois  d'au  moins 
deuxans,  sous  l'écorce  ou  dans  les  fentes.  MM.  Balbiani  cl  llenneguy 
l'ont  liou\é  sur  toutes  les  parties  de  la  souche.  Il  ne  peut  éclore  que 
vers  le  mois  d'avril  de  l'année  suivante,  après  avoir  passé  l'hiver  sur 
la  tige  aérienne. 


144  CULTURE  DE  LA  VIGNK   EN    BUTTES-BILLONS. 

Que  (]onne-t-il  alors?  Une  mère  pondeuse  aptère,  qui  ne  ressemble 
ni  à  SCS  |.èreet  nièie,  les  jiiiylluxeras  scruéa,  ni  à  sa  jriand'mère  l'ailée, 
mais  l/i;n  à  sa  bisaïeule  qui  \ildans  le  sol.  En  outre,  et  le  fait  est 
important,  au  lieu  de  pondre  un  petit  nombre  d'œul's,  comme  les 
autres,  elle  en  pond  jusqu'à  GOlî  ;  de  sorte  que  la  fécondité  de  l'espèce 
qui  avait  diminué  de  plus  en  plus  auparavant,  d'après  les  belles 
observations  de  M.  Baibiani,  se  trouve  tout  à  coup  redevenue  prodi- 
gieuse, par  le  fait  même  de  la  fécondation  d'où  est  sorti  l'œuf  d  hiver. 

Disons  de  suite  ce  que  deviennent  ces  œufs  si  nombreux.  Ils  donnent 
des  individus  aptères,  qui  montent  sur  les  feuilles,  où  ils  forment  des 
colonies  aériennes  dont  les  piqûres  produisent  des  galles;  c'est  alors 
dans  l'intérieur  des  galles  qu'ils  pondent  des  œufs,  d'où  naissent  de 
nouveaux  phylloxéras  gallicolcs. 

Mais  l'hiver  approche.  En  nombre,  après  plusieurs  générations,  les 
gallicoles  redescendent  aux  racines,  pour  y  rejoindre  les  radicieoles  qui 
n'étaient  pas  sertis  du  sol.  Tous  dès  lors  deviennent  lubf-rnanls  :  il  ne 
reste  rien  au  dcboi-s,  à  l'exception  des  œufs  d'hiver  pondus  par  d'autres 
individus  vers  la  fin  de  l'été. 

Au  printemps  suivant,  les  hibernants  sortent  de  leur  engourdis- 
sement; ils  pondent,  et  le  cycle  du  développement  que  nous  venons 
d'esquiïSPF  recommince. 

Nous  ne  voudrions  pas  fatiguer  le  lecteur  par  de  plus  longs  et  plus 
minutieux  détails.  Ce  qu'il  importe  de  remarquer,  c'est  que  les  dilTé- 
rentes  formes  de  l'espèce  viennent  aboutira  l'œuf  d  hiver;  c'est  ainsi 
que,  dans  ces  formes  successives,  la  fécondité  va  en  s'atténmint  d'une 
génération  à  l'autre,  comme  le  prouve  la  décroissance  iirogressive  du 
nombre  des  œufs  de  chaque  pondeuse.  Ce  nombre  est  réduit  à  l'unité 
pour  l'œuf  d'hiver.  Mais  par  un  de  ces  phénomènes  communs  chez 
les  èU'Ci  inférieurs,  la  femelle  issue  de  l'œuf  d'hiver  vient  rendre  à 
l'espèce  sa  fécondité  primitive,  puisqu'elle  pond  jusqu'à  6i)0  œufs. 
M.  [}ill)iani  a  tiré  de  là  cette  conséquence  pratique  qu'on  devra  sur- 
tout s'attaquer  à  l'œuf  d'hiver,  paurarriver  à  débarrasser  la  vigne  de 
son  ennemi  ;  c'est  pourquoi  le  savant  professeur  du  collège  de  France 
aconseillé  de  badigeonner  les  ceps  avec  des  substances  goudronneuses, 
toxiques  pour  l'œuf  d'hiver  et  inoffensives  pour  la  vigne. 

11  nous  a  semblé  aussi,  surtout  en  présence  des  critiques  adressées 
au  badigeonnage,  qu'on  pouvait  recourir  à  une  autre  méthode,  qui 
piésente  en  même  temps  l'avantage  de  rendre  à  la  vigne  une  vigueur 
consiilérable. 

Un  habile  observateur,  M.  Boiloau,  a  constaté  que  si  les  écorces  qui 
retiennent  ou  protègent  les  œufs  d'hiver  viennent  à  tomber  sur  le  sol, 
les  œufs  se  décomposent  et  périssent.  Il  semble  donc  que  tous  ceux 
qui  pourraient  être  pondus  sous  terre,  fût-ce  même  sur  une  racine, 
seraient  coudamnés  d'avance  II  devra  en  être  de  même,  si  l'on  enfouit 
dans  le  sol  les  tiges  dont  l'écorce  porte  des  œufs  d'hiver.  Ce  procédé 
oflVe  en  outre  cet  avantai:e,  que  si  l'œuf  d'hiver  est  pondu  seulement 
sur  le  bois  d'au  moins  deux  ans,  sous  l'écorce  destinée  à  le  protéger, 
on  pourra,  en  recouvrant  ce  bois  de  terre  pendant  toute  l'année, 
empêcher  le  phylloxéra  de  pondre  dans  des  conditions  susceptibles 
d'assurer  la  conservation  des  œufs. 

Or,  notre  méthode  nous  semble  conduire  à  celte  fin.  En  outre,  elle 
a  l'avantage  d'être  simple,  peu  coûteuse,  très  efficace  pour  rendre  à  la 


CULTUHK  DK  LA    VIGNE    EN   BUTTES-BILLONS.  ïtb 

vpgélalion  un  essor  romarquahle.  de  derniei-  résultat  pont  dés  aujour- 
d'hui t'Lre  conslalé  dans  nos  cultures,  car  nous  no  prétendons  pns 
encore,  avoir  détruit  le  pliylloxer.i  sur  les  racines. 

l'éjà,  l'an  dernier,  toutes  les  souches  cultivées  en  buttes  billoas 
avaient  des  pampres  deux  fois  plus  longs  que  ceux  des  antres  ceps; 
les  t'euilles  étaient  pins  larges,  plus  vertes;  les  grappes,  plus  grosses 
avaient  pu  mûrir  l'acilenient.  Celle  année,  nous  avons  en  jnsqu  à  ce 
jour  des  résultats  encore  plus  satisfaisants,  et  sans  la  grêle,  la  r.^coUe 
eût  été  belle,  alors  que  les  vignes  de  nos  voisins  sontenlièrenienl  p  'rdues. 

La  culture  est  des  p'us  faciles.  En  aulomne,  après  la  chute  des 
feuilles  et  avant  les  froids  rigoureux  de  1  hiver,  on  supprime  les  rameaux 
inutiles  pour  la  taille  du  printemps,  en  ne  laissant  que  les  sarmants 
fruclilères.  On  déeliansse  le  ci''p  jusqu'aux  premières  racines  pour  y 
mettre  une  bonne  fumure;  puis  on  forme  les  billonsavec  la  terre  prise 
de  chaque  côté  à  l'aide  de  la  charrue  ou  de  la  pioche.  Il  importe  beau- 
coup (le  l'ccouvrir  complèlement  le  vieux  bois  et  les  coursons  de  l'année 
précédente,  et  de  ne  laisser  à  découvert  que  les  runeaux  fruelileres 
de  l'année.  Oa  se  rappelle  pour  ([uelle  raison  :  afin  d'empêchn"  la 
femelle  du  phylloxéra  de  [)ondre  son  œ.if  d'hiver  sous  l'écorce  cre- 
vassée du  bois  des  années  précédentes.  11  faut,  pour  cela,  que  le  bois 
soit  recouvert  avec  assez  de  ilxité,  pour  que  les  pluies,  les  labours  et  le 
binage  ne  le  découvrent  [)as  dans  le  courant  de  l'année. 

Au  printemps,  dès  les  premiers  beaux  jours,  on  procède  à  la  taille 
habituelle  pour  chaque  cépage  ;  mais  c'est  la  seconde  année,  après  avoir 
obtenu  des  sarmcnis  d'une  longueur  suffisante,  qu'on  a  soin  de  laisser 
aux  sarments  frucliières conservateurs  plusieurs  entre  nœuds  oiimcri- 
thalles,  alinde  les  cacher  sous  le  sol,  dans  le  billon,  à  une  profonJeu, 
de  4  à  8  centimètres,  dans  la  crainte  des  gelées  tardives  du  printompsr 
et  on  ne  laisse  à  la  surface  du  sol  que  1  extrémité  du  sarment  avee  un 
ou  deux  yeux  d'afipel.  On  peut  ainsi  remplacerau  besoin  les  bourgeons 
atteints  par  la  gelée.  Nous  n'aurions  pas  éprouvé  celte  année  les  dom- 
mages qu'elle  nous  a  causés,  si  le  nombre  et  la  longueur  des  sarments 
fructifères  nous  avaient  permis  d'opérer  partout  de  cette  façon.  Les 
viticulteurs  savent  encore  que  plus  les  souches  sont  basses,  mieux  elles 
mùrissetit  leurs  fruits,  plus  le  vin  a  de  finesse  et  de  sucre,  et  moins 
sont  coûteux  les  soutènements  de  la  vigne. 

En  résumé,  nous  ne  saurions  trop  engager  les  vignerons  à  expéri- 
menter ce  mo  le  de  culture,  qui  n'est,  au  fond,  qu'une  sorte  de  pro- 
vignage  unilatéral  de  la  souche.  Non  seulement  il  permet  de  réaliser 
une  économie  notable  ;  il  fournit  encore  à  la  vigne,  en  favorisant  la 
production  des  racines  adventives.  les  conditions  les  plus  favorables 
pour  augmenter  sa  résistance  aux  atteintes  du  phylloxéra.  L'avenir 
montrera  si  nos  prévisions  sont  fondées  ;  en  attendant,  préoccupé  de 
trouver  le  mieux  et  le  plus  sûr,  nous  accepterons  les  crilicpies  et  nous 
accueillerons  avec  reconnaissance  les  renseignements  qu'on  voudra  bien 
nous  adresser.  Th.   Dems, 

Chef  de  culture  an  jardin  botanique,  parc  de  la  Téle-d'Or,  i  Lyoa. 

ALIMENTATION  DU  BETAIL  AVEC  LES  TOURTEAUX 

DE  M.VIîG   DE  PO-VMES. 

Aujourd'hui  que  l'élevage  du  bétail  devient  partout  la  grande  res- 
source des  agriculteurs,  ils  sont  amenés  à  rechercher  les  moyens  les 


146  ALIMENTATION  DU  BÉTAIL  PAR  LES  TOURTEAUX  [DE  MARC  DE  POMMES. 

plus  économiques  de  réussir,  d'autant  plus  que  l'on  ne  peut  avoir 
partout  des  fourrages  en  quantité  suliisanle  et  que  les  aulres  procédés 
d'alimentation  coûtent  fort  cher.  Nous  croyons  donc  rendre  service  à 
nos  lecteurs  en  appelant  leur  allention  sur  le  marc  de  poinmps,  qui 
est  très  Leuieusemenl  eu«j)loyé  dans  certaines  parties  de  la  France, 
non  pas  tant  pour  l'engraissement  que  pour  l'clevagc  et  la  nourriture 
des  bestiaux. 

Dans  toute  la  Normandie,  on  donne  le  marc  de  pommes  aux  vaclics, 
mêlé  au  son  et  délayé  dans  de  l'eau  chaude;  c'est  ce  i|ue  l'on  nomme 
des  breuvéïs.  Les  animaux  s'en  irouveat  fort  bien,  et  le  rendement  en 
lait  en  est  C'éneralemcnl  auirmenlé. 

Dans  phi  leurs  depaileuieuts  de  l'Est,  la  Marne  notamment,  où 
beaucoup  de  br.isseurs  fabriquent  du  cidie  en  grand,  pendanl  l'Iiiver, 
ils  vendent  le  mure  aux  cultivateurs,  qui  le  font  manger  à  leurs  bes- 
tiaux, molungéà  la  dirchc. 

Les  chevaux  aiment  aussi  beaucoup  celte  nourriture  qui  a  l'avan- 
tage d'économiser  le  foin.  Quant  aux  porcs,  dans  un  grand  nombre  de 
fermes,  ils  ne  mangent  pas  autre  chose.  On  les  amène  ainsi  jusqu'à 
l'âge  où  ils  deviennent  propres  à  un  engraissement  rapide. 

Les  qualilés  du  marc  de  pommes  sont  donc  incontestables.  Ladiffi 
cullé  consiste  à  le  IransporLcr,  età  le  bien  conserver  toute  l'année.  Celle 
difficullé  vient  d  èlre  résolue  par  un  propriétaire  des  environs 
d'Avranches  qui  a  l'ail  de  la  fabrication  du  cidre  une  industrie,  et  qui 
applique  au  pressurage  des  pommes  des  presses  hydrauliques  d'une 
grande  puissance.  Ce  propriétaire  est  ftl.  d'Avenel,  au  château  du 
Champ-du-Genêt,  près  d'Avranches  (Manche). 

L'ne  l'ois  le  jus  extrait,  il  confectionne  avec  le  marc  des  tourteaux, 

séparés  entre  eux  par  une  mince  coucbede  sel,  el  il  les  livre  ain^i  à  la 

gare  la  plus  voisine  de  son  domicile,  au  prix  de  2  francs  les  100  kilog. 

Le  sel  a  le  double  avantage  d'être  très  "oùté  des  animaux  et  d'assurer 

^      .  .    .    ,  • 

la  conservation  du  marc,  qui  aiUremeut  tournerait  à  1  ai^re. 

Les  tourleaux,  ainsi  fabriqués,  se  tiennent  frais  jusqu'à  la  fin  de  l'élé 

suivant,  à  la  condition  de  les  soustraire  an  contact  de  l'air,    soit  dans 

des    silos    bien    secs,   soit   dans  des  tonneaux   défoncés. 

G.  Gaudot. 

L'USINE  AGRICOLE  -  II' 

Des  apprentis.  — A  partir  de  lâge  de  quatorze  ans,  les  adolescents 
pourront  être  admis  comme  apprentis,  toutefois  à  la  condition  que 
l^Elal,  les  villes  ou  les  particuliers  prendront  l'engagement  de  verser 
à  la  Société  la  somme  de  I  fr.  par  jour  pendanl  les  deux  premières 
années  pour  la  nourriture  et  l'entretien  de  chaque  apprenti. 

Les  apprentis  beront  placés  sous  les  ordres  im nié  liais  de  leur  pa- 
tron; ils  lui  devront  obéissance  ab.<olue.  C'est  le  patron  qui  désignera 
ceux  d'entre  les  apprentis  qui  resteront  à  travailler  avec  lui  et  ceux 
qui  devront  se  rendre  à  Tadminislralion  centrale  sous  les  ordres  du 
contre-maître  de  groupe. 

Les  apprentis  nourris  par  les  patrons  seront  habillés  par  l'admi- 
nislralion  et  ils  seront,  à  la  lin  du  mois,  crédités  sur  leur  livret,  tl'un 
pécu'e  dont  le  chilTre  sera  déterminé  par  le  patron,  en  raison  de  leur 
travail  el  de  leur  conduile. 

1.  Voir  le  ./oM/noiOu  1 S  octobre,  nage  104  de  ce  volume. 


L'aSINE  AGRICOLE.  147 

A  partir  de  la  Iraisibnie  anaiîj,  l'appr^înti  s^iM  libre  do  choisir  sa 
profession  dans  les  diverses  brandies  induslrielles  ou  agricoles  dé- 
pendant (le  la  Sociélé.   •» 

Dans  l'un  et  l'autre  cas,  il  devra  subir  une  première  épreuve  au 
concDurs  pour  passer  élève  conlro-inaître,  une  deuxième  épreuve  pour 
passer  contre-maître  de  deuxième  classe,  et  enfin  une  troisième  et 
dernière  épreuve  pour  passer  à  la  première,  qui  sera  la  classe  des 
sorianls,  sur  la  deminde  de  l'industrie  privée. 

Dks  coNTiiE-M.ÛTiiEs.  —  Les  éièvcs  contre-maîtres,  choisis  au  con- 
cours parmi  les  apprentis  les  plus  capibles,  seront  les  chefs  d  éipiipe, 
et  à  ce  titre,  devront  veiller  à  la  propreté  et  au  bon  ordre  de  leur 
chambrée  de  six  apprentis. 

En  cas  d'absente  momentanée  du  patron,    ils  devront  le  suppléer. 

Les  contre-maîtres  de  deuxième  classe  seront  logés  à  part,  entre 
les  deux  chambrées  d'un  même  groupe. 

Ils  seront  l'intermeiliaire  quotidien  entre  l'administration  centrale  et 
les  patrons.  Us  conduiront  au  travail  les  apprentis  et  les  ramèneront 
le  soir  au  logis. 

A  l'épuque  des  récoltes,  lorsque  les  cultivateurs  demanderont  des 
machines,  ce  sont  les  contremaîtres  qui  seront  chargés  d'en  diriger 
le  travail.  Pendant  leur  absence,.ils  seront  remplacés  par  l'un  des  deux 
élèves  de  leur  groupe. 

Les  contre  m  ;iî  très  de  première  classe  seront  répartis  dans  tous  les 
services  de  l'administration  centrale.  Ils  passeront  d  un  service  dans 
un  autre,  afin  qu'ils  puissent  se  familiariser  avec  tous  les  détails  de 
l'exploitation. 

Néanmoins  quelques  exceptions  à  ce  principe  seront  indispensables. 

lisseront  en  double  dans  chaque  service,  de  manière  qu'il  en  reste 
toujours  un  certain  nombre  disponible  pour  satisfaire  aux  demandes 
de  l'agriculture. 

En  ce  qui  concerne  les  emplois  supérieurs,  les  ingénieurs  ont  fourni 
assez  de  preuves  da  leur  talent  d'administration  et  de  direction  pour 
qu'il  soit  permis  d'espérer  qu'ils  sauront  faire  pour  l'agriculture  ce 
qu'ils  ont  fait  pour  leurs  chemins  de  fer  et  pour  leurs  créations  dans 
l'industrie. 

Viendiont  ensuite  les  chefs  des  divisions  diverses  qui  formeront 
l'ensemble  de  l'exploitation,  la  comptabilité  générale  et  les  employés 
divers. 

Des  dispositions  générales  qui  précèdent,  il  résulte  qus  l'exploita- 
tion de  l'usine  agricole  comprendra  trois  grandes  divisions  :  agricole, 
industi'ielle,  «lommerciale. 

Les  deux  premières,  agricole  et  industrielle,  recevront  des  modifi- 
lions  en  raison  de  la  nature  du  terrain  et  du  climat,  qui  détermine- 
ront le  genre  d'industrie  à  établir. 

Quant  à  la  partie  commerciale,  elle  aura  surtout  pour  base,  au 
Nord  comme  au  Midi,  l'organisation  du  crédit  agricole. 

Les  grands  entre[)'jts  de  Sf-mences  et  d'engrais  industriels,  construits 
à  cet  elïet,  devront  toujours  être  Lirgemenl  pourvus  et  aux  meilleures 
conditions,  de  manière  à  se  trouver  en  mesure  de  satisfaire  aux  de- 
mandes des  cultivateurs;  il  en  sera  de  même  pour  les  machines  agri- 
coles. Le  dépôt  devra  en  avoir  toujours  un  assez  grand  nombre  pour  sup- 
pléer le  plus  possible  le  manque  de  bras  dans  les  moments  de  pressa. 


148  1,'USINE  AGRICOLE. 

Engrais  et  semences  de  toutes  espèces,  michines  agricoles  avec  leur 
contre-maître  pour  diriger  le  travail,  se  trouveront  ainsi  à  la  portée 
des  cultivateurs  qui  pourront  en  user  à  un  prix  unique,  soitau  comp- 
tant, soit  à  crédit. 

Seulement  les  achats,  de  même  que  les  travaux  faits  à  crédit,  de- 
vront être  mentionnés  sur  un  engagement  ou  formule  ad  hoc  visé  par  le 
maire  ou  le  juge  de  paix;  ces  titres  seront  négociables  chez  M.  le  re- 
ceveur général  qui  en  fera  opérer  l.a  rentrée  au  Trésor,  par  douzièmes, 
en  même  temps  que  les  contributions. 

Le  crédit  agricole,  ainsi  pratiqué,  donnera  des  résultats  d'autant 
plus  immédiats  qu'il  arrivera  directement  à  sa  véritable  destination. 

De  l'enseickf-sient.  —  Gomme  l'Etat  ne  saurait  rester  désintéressé 
dans  une  question  d'enseignement,  quel  qu'il  puisse  être,  il  est  juste 
qu'il  intervienne  dans  la  rétribution  des  praticiens  cliargés  de  l'en- 
seignement prolessionnel,  et  une  allocation  supplémentaire  annuelle, 
de  600  francs,  par  exemple,  donnée  par  l'Etut,  serait,  pour  ces  mjdes- 
les  professeurs,  un  puissant  encouragement  aux  soins  à  donner  à  l'in- 
struction do  la  petite  culiure. 

lien  serait  de  môme  pour  les  primes  à  accorder  dans  les  concours 
tant  des  praticiens  que  des  contre-maîtres  ;  d'ailleurs  ce  genre  de  con- 
cours entre  un  certain  nombre  d'individus  placés  dans  des  conditions 
identiques,  permettrait  à  l'Etat  lui-même  d'établir,  sur  des  résultats 
plus  positifs,  l'avenir  réservé  aux  usines  agricoles. 

Enlin,  comme  complément  de  l'enseignement  agricole  départemen- 
tal, des  professeurs  des  lycées  voisins,  pourraient  être  désignés  pour 
venir,  à  certains  jours,  faire  des  conférences,  tantôt  aux  praticiens  et 
contre-maîtres,  tantôt  aux  apprentis. 

iMoYENs  FiNA.NciiLus.  —  Il  nous  rcste  à  examiner,  au  point  de  vue 
financier,  cette  organisation  d'usines  agricoles.  Pour  être  complet,  le 
système  devrait  comprendre  des  usines  de  département  et  des  usines 
d'arrondissement.  L'usine  du  département  devant  coûter,  pour  achat 
de  terrain,  constructions,  etc.,  environ  12  millions,  1  milliard  envi- 
ron serait  nécessaire  pour  l'établissement  de  la  première  catégorie. 

Si  nous  examinons  la  création  de  l'usine  agricole  au  point  de  vue 
des  capitaux  nécessaires  pour  une  vaste  organisation,  nous  devons 
constater  d  abord  que  l'agriculture  a  toujours  été  considérée,  sous  le 
rapport  du  crédit,  comme  présentant  les  garanties  les  plus  sérieuses; 
et  si  les  capitaux  lui  préfèrent  aujourd'hui  les  affaires  industrielles, 
c'est  que  depuis  quelques  années  le  commerce  de  l'argent  a  pris  un 
tel  développement  que  les  opérations  à  longue  écbéance  ne  suffisent 
plus  à  son  activité. 

Mais  que  l'agricnlture  se  décide  à  faire  son  entrée  dans  ce  qu'on 
appelle  les  grandes  affaires,  qu'elle  organise  de  puissantes  compagnies, 
elle  verra  aussitôt  ses  litres  d'autant  plus  recherchés  que  ses  garan- 
ties seront  indiscutables,  et  les  millions  ne  lui  manqueront  pas  plus 
qu'ils  n'ont  manqué  à  l'industrie. 

Voici,  du  reste,  un  état  approximatif  des  dépenses  et  recettes  d'une 
usine  agricole  de  la  première  catégorie  : 

Ciipiinl,  11  mirions  4  pour  100 480,000  fr. 

Hé  a  at  ons,  enlrelien 100,0)0 

Habilltfiiionl  ile<  employés 50.U0O 

Semences  diverses  de  l'année 2.ï,OUO 

6àô,000 


l'usine 'agricole.  149 

Pehsonn'el  : 

,      ,  (   1  directeur  général 15,000    (  -m  nnn  r, 

'"S^-^'eu"!  2  sous-directeurs,  5  et  10, OOU 15,000    s  •^•'.000  f"^- 

1  médecin,   1  pharmacien,    1  vétérinaire IJ.OOO 

20  comptables  (dont  2  inspecteurs) W.OOO 

30   boulangers,    bouchers,  maréchaux    ferrants,   charrons. 

bourreliers,  à  1 ,000  fr 30  ,000 

100  praticiens  intéressés  (GOO  pour  l'Etat),  à  600  fr 60,000 

bO  contre-maîtres  de  première  clafse,  à  600  fr 30,000 

tOO  —  de  deuxième  classe,  à  400  fr 40,009 

100  conducteurs  d'attelage  à  300  fr 30,000 

600  apprentis  (moyenne  à  100  fr.) 60,000 

Partie  de   la  nourriture  :  pain.  vin.  viande,   à  0  fr.  75  par 

jour ; 26.5,000 

Nourriture  de  200  animaux  de  travail  à  1  fr.  50 110,000 

1,365,000 

Des  recettes.  —  Les  recettes  comprendront  :  1°  les  bénéfices 
réalisés  sur  lavante  des  semences  et  engrais  au.v  cultivateurs,  «  fr. 
2°  Produit  de  la  location  des  machines  et  des  travaux  faits  à  l'en- 
treprise, «  fr.;  3°  Subvention  par  l'Etat  ou  par  les  villes  de  300  fr. 
par  apprenti,  180,000  fr.;  4°  Enfin,  produit  des  2,000  hectares  de 
bonnes  terres  bien  cultivées,  à  raison  de  800  fr.  bruts  par  hectare, 
1,600,000  fr.  La  recette  brute,  constatée  oniciellement  en  Allemagne, 
atteint  1,200  fr.  par  hectare.  Total,  1,780,000  fr. 

Le  total  des  recettes  est  loin  d'être  porté  à  son  maximum,  une  aug- 
mentation considérable  ne  peut  manquer  de  se  produire,  soit  par  la 
transformation  des  produits,  par  l'élevage  ou  l'engraissement  des  bes- 
tiaux, soit  par  toute  autre  transformation  par  l'usine,  ou  même  lors- 
que l'usine  agricole  aura  pour  base  la  culture  de  la  vigne.  Une  autre 
cause  d'augmentation  des  recettes  consistera  dans  le  développement  que 
prendront  la  vente  des  semences  et  engrais,  et  le  travail  à  l'entreprise. 

Le  total  des  dépenses,  au  contraire,  n'aura  jamais  lieu  d'augmenter, 
puisqu'il  comprend  déjà  les  frais  d'un  personnel  deux  fois  plus  nom- 
breux qu'il  ne  le  faudrait  sur  une  ferme  ordinaire. 

Si  l'on  admet  les  chiffre  ci-dessous  : 

Recettes 1  ,780,000 

Et  un  chiflre  rond  de  dépenses 1 .400,000 

11  restera  un  bénéfice  de 'àHO  ,000 

Des  bénéfices.  —  Comme  il  faudra,  tôt  ou  tard,  tenir  compte  des 
idées  modernes,  à  l'égard  de  la  propriété,  ne  pourrait-on  pas  faire  ici 
l'application  d'un  système  qui  donnerait  satisfaction  au  capital  et  au 
travail? 

Et  dans  ces  considérations,  au  lieu  d'être  distribués  sous  formes  de 
dividende,  les  bénéfices  accumulés  formeraient  un  fond  de  réserve 
destiné  à  parer  aux  éventualités  des  mauvaises  récoltes,  et  l'excédent 
au  remboursement  par  tirage  au  sort  des  actions  de  la  Société. 

Toutefois,  à  mesure  que  s'opérerait  le  remboursement  des  actions  de 
la  première  émission,  l'on  en  créerait  une  deuxième  série,  dite  de 
propriété,  qui  seraient  distribuées  tous  les  ans  aux  travailleurs  par 
ordre  de  mérite  et  d'ancienneté. 

En  admettant  que  dans  trente  ans  le  capital  social  se  trouve  rem- 
boursé, une  troisième  série  d'actions  sera  de  nouveau  créée  et  donnée 
à  une  nouvelle  génération  de  travailleurs  qui,  à  leur  tour,  auront  à 
rembourser  leurs  prédécesseurs. 

Quelques  résultats.  —  Les  résultats  d'une  pareille  organisation 
seraient  : 

r  De  faciliter  la  création  d'un  enseignement  supérieur  agricole,  et 


150  L'asiNE  AGRICOLE. 

de  tempérer  l'esprit  d'émigration  à  la  ville,  des  liommes  instruits  de 
la  campagne; 

2"  Création  d'écoles  de  contre-maîtres  d'oii  sortiraient  des  liommes 
d'autant  plus  capables  qu'ils  auraient  passé  plusieurs  années  à  la 
pratique  des  travaux  divers  de  la  petite  et  de  la  grande  culture; 

3"  Création  d'un   crédit  agricole  pratique  et  immédiatement  appli 
cable; 

h°  Création  de  nombreuses  écoles  pratiques,  et  exemples  multiples 
de  cultures  intensives  qui  exerceraient  une  influence  considérable  sur 
le  développement  de  la  petite  culture; 

5°  Création  de  la  division  du  travail  agricole,  sans  laquelle  on 
n'arrivera  jamais  à  la  production  à  bas  prix  ; 

6"  Organisation  d'un  personnel  facilement  mobilisable,  ayant  ses 
cadre  s,  ses  machines  pour  venir  en  aide  aux  cultivateurs  de  leur  con- 
trée dans  les  moments  pressés; 

7°  Agrandissement  considérable  du  cadre  de  la  production  en  géné- 
ral, résultant  de  l'exemple  fourni  par  les  nations  diverses  admises  à 
l'Ecole  d'agriculture  universelle; 

8°  Création  d'une  grande  école  de  travail,  salutaire  surtout  à  la  jeu- 
nesse, à  1  âge  critique  où  elle  quitte  l'école  et  oii  son  esprit,  encore 
indécis,  tourne  vers  le  bien  comme  vers  le  mal  avec  la  môme  facilité  ; 

9°  Enfin  au  point  de  vue  financier,  si  l'on  considère  l'état  d'in  léci- 
sion  où  se  trouvent  les  capitalistes  pour  le  placement  de  leur  argent, 
il  est  certain  qu'il  saffirait  d'appeler  leur  attention  sur  des  affaires 
essentiellement  nationales  présentant  des  garanties  certaines  ;  ils  les 
préféreraient  bientôt  à  toutes  autres,  et  notre  agriculture,  recevant 
ainsi  l'appui  de  la  science  et  des  capitaux,  ne  tarderait  pas  à  prendre 
un  nouvel  essor  et  la  place  qu'elle  mérite  dans  un  pays  essentielle- 
ment agricole  comme  est  la  France.  Antoine  Redier. 

AMÉLIORATIONS  URGENTES 

A  APPORTER  DANS  LES  PETITES  EXPLOITATIONS  RURALES 

La  crise  agricole  est,  dit-on,  la  conséquence  des  mauvaises  années. 
Nous  avons  traversé,  il  est  vrai,  une  des  périodes  les  plus  tristes  que 
nous  ayons  eues  depuis  longtemps,  mais  nous  ne  sommes  pas  maîtres 
des  agents  atmosphériques;  les  étrangers,  les  Américains  comme  les 
autres  peuples,  sont  soumis  aux  mêmes  lois,  et  ne  sont  pas  plus  que 
nous  exempts  du  vent,  de  la  pluie  ou  de  la  grêle.  Nous  serions  plutôt 
qu'eux  favorisés  sous  le  rapport  du  climat  par  suite  de  notre  situation 
géographique.  Cherchons  donc  la  cause  du  mal,  obligeons  le  cultiva- 
teur à  ouvrir  les  yeux  et  montrons-lui  ce  qu'il  s'obstine  à  ne  pas  voir. 

Cette  crise,  qu'on  le  sache  bien,  tient  en  grande  partie  aux  anciens 
procédés,  mauvais  généralement  ou  trop  primitifs,  encore  en  usage 
dans  les  petites  exploitations  rurales. 

Les  cultivateurs  demandent  au  gouvernement  un  système  protecteur, 
ils  lui  crient  pour  ainsi  dire  de  leur  venir  en  aide.  Mais  quelle  est  la 
nature  de  cette  protection  dont  on  parle  tant?  Consisle-t-elle  à  élever 
les  droits  sur  les  céréales  et  sur  le  bétail  ?  Croit-on  vraiment  que  l'élé- 
vation des  droits  sur  ces  produits  tirera  les  cultivateurs  de  la  situation 
pénible  dans  laquelle  ils  se  trouvent?  Pour  moi,  je  ne  le  crois  pas. 
Mais  les  temps  sont  changés,  répond-on,  nous  ne  sommes  plus  dans 


AMÉLIOUATIONS  A  APPORTER  DANS  LES  PETITES  EXPLOITATIONS       Ibl 

les  mêmes  conditions  écononiif|ues  (|uo  celles  dans  lesquelles  nous 
nous  trouvions  il  y  a  cinquante  ans. 

A  quoi  donc  attribuer  les  mauvaises  récoltes?  est-ce  aux  intempéries 
ou  à  d'autres  causes?  Aux  premières  d'abord,  et  ensuite,  je  le  répète,  à 
l'emploi  des  plus  mauvais  procédés,  bons  peut-être  il  y  a  cinquante 
ans,  mais  détestables  aujourd'hui  par  suite  des  progrès  réalisés  dans 
tous  les  pays  du  monde. 

Toutes  les  industries,  y  compris  l'agriculture,  s'enchaînent  les  unes 
aux  autres  ;  si  l'une  d'elles  reste  en  retard,  si  elle  se  complaît  dans  la 
routine  alors  que  ses  voisines  transforment  avantageusement  leurs  pro- 
cédés, ses  frais  de  production  augmentent  par  suite  de  l'élévation  de 
la  main-d'œuvre,  qui  va  demander  aux  industries  en  voie  de  prospé- 
rité de  plus  gros  salaires. 

Si  les  frais  généraux  augmentent  quand  les  récoltes  diminuent  en 
quantité  et  en  qualité,  il  est  évident  que  l'industrie  agricole  ne  peut 
pas  donner  de  bons  résultats. 

Au  lieu  de  nous  lamenter  et  de  recourir  aux   droits    prohibitifs, 
cherchons  ce  que  nous  ne  pourrons  jamais  obtenir  que  par  nos  propres 
efforts  :  à  savoir,  un  abaissement  du   prix  de  revient,   une  auguien 
tation  de  récoltes  par  suite  de  l'emploi  judicieux   des   engrais,  des 
fumiers  bien  faits,  et  de  la  mise  en  pratique  des  bons  procédés. 

Examinons  tout  d'abord  les  pi'océdés  en  usage  dans  la  plupart  des 
petites  exploitations,  et  exposons  les  améliorations  qu'il  serait  possible 
d'y  apporter. 

Je  ne  vjux  pas  traiter  sérieusement  ici  la  question  de  savoir  si  tous 
les  cultivateurs,  petits  propriétaires  et  fermiers,  peuvent,  oui  ou  non, 
mettre  en  pratique  les  conseils  que  nous  allons  leur  donner;  mon 
intention  est  d'exposer  purement  et  simplement  certaines  améliorations, 
d'en  démontrer  l'utilité,  la  nécessité  et  l'urgence. 

Bien  des  cultivateurs  penseront  qu'il  est  plus  facile  de  parler  que 
d'agir;  je  répondrai  que  si  plusieurs  d'entre  eux  ne  peuvent  pas 
adopter  ces  améliorations,  ils  n'ont  qu'une  chose  à  faire,  plus  pra- 
tique etplus  sensée  que  de  rester  ainsi  sans  rien  tenter  :  c'est  d'affermer 
leurs  terres  ou  de  liquider,  de  se  mettre  fermiers  s'ils  sont  propriétaires, 
gérants  ou  chefs  de  culture  s'ils  sont  fermiers;  il  vaut  mieux,  en  effet, 
faire  face  à  ses  engagements  dans  une  position  moins  élevée  que  de 
végéter  avec  l'apparence  trompeuse  de  la  richesse. 

La  première  et  la  plus  urgente  réforme  est  sans  contredit  celle  qui 
concerne  la  confection  et  l'entretien  des  fumiers.  Dans  presquetous  nos 
villages,  les  fumiers  sont  tenus  sans  soins  et  sans  intelligence.  Ce  sujet 
a  déjà  été  bien  des  fois  traité,  et  cependant  on  n'y  reviendra  jamais 
assez  souvent.  Quelles  sont  les  dépenses  que  cette  amélioration  entraî- 
nerait? Aucune.  La  bonne  volonté  seule  suffirait. 

Les  fumiers  sont  on  ne  peut  plus  mal  traités  ;  on  les  laissa  exposés 
au  grand  soleil  comme  aux  pluies  torrentielles;  ils  sont  tour  à  tour 
desséchés  et  lavés,  si  bien  qu'au  bout  de  peu  de  temps  ils  ne  renfer- 
ment plus  la  matière  utile,  fertilisante,  nécessaire  pour  enrichir  le  sol 
et  obtenir  de  beaux  produits. 

Quand  on  les  répand  sur  les  champs,  on  empoisonne  ceux-ci  de 
mauvaises  graines  qui  donnent  naissance  à  des  plantes  adventices  très 
difficiles  ensuite  à  détruire.  Pour  suppléer  au  manque  de  matières  fer- 
tilisantes, on  a  recours  à  des  engrais  chimiques  fort  chers  et  trop  sou- 


152     AMÉLIORATIONS  A  APPORTER  DANS  LES  PETITES  EXPLOITATIONS. 

vent  falsifiés  par  des  marchands  peu  consciencieux.  Il  serait  très  facile 
cependant  de  recueillir  les  urines  des  animaux,  qui  constituent  seules 
les  principes  nécessaires  à  la  production  des  végétaux,  de  les  amener 
au  moyen  d'une  tranchée  exécutée  à  la  bêche  vers  un  trou  pratiqué 
près  du  tas  de  fumier. 

Le  trou,  tonneau  ou  fosse,  recouvert  de  planches,  conservera  la 
substance  utile  des  fumiers,  avec  laquelle  on  les  arrosera  le  plus  sou- 
vent possible  à  l'aide  d'un  seau.  Autour  du  tas  de  fumier  on  devra 
pratiquer  une  rigole  destinée  à  recevoir  le  jus  sorti  de  la  masse,  jus 
qui  retournera  dans  la  fosse.  Les  fumiers,  arrosés  fréquemment,  sur- 
tout en  été,  pour  en  faciliter  la  décomposition,  et  traités  comme  il  vient 
d'être  dit,  acquerront  une  valeur  considérable;  amenés  sur  les  champs, 
répandus  et  enfouis  aussilél  dans  le  sol,  ce  qui  est  un  point  essentiel, 
ils  l'enrichiront  de  matières  décomposées,  fertilisantes  et  assimilables 
par  les  plantes;  celles-ci  en  profiteront  immédiatement  et  donneront 
par  la  suite,  forcément,  des  récoltes  plus  abondantes  que  celles  com- 
munément obtenues  au  moyen  des  procédés  actuels.  C'est  à  cette  con- 
dition seulement,  on  le  comprendra  sans  peine,  qu'on  diminuera  les 
frais  de  production,  puisque  pour  une  récolte  plus  que  doublée,  on 
aura  effectué  le  même  travail  ;  en  outre  il  ne  sera  plus  nécessaire  dé 
laisser  les  terres  en  friche,  ni  d'exécuter  plusieurs  labours  en  vue  de 
la  destruction  des  mauvaises  herbes. 

Autre  amélioration  urgente.  —  La  culture  du  blé  n'est  plus  assez 
rémunératrice;  elle  exige  des  travaux  considérables  et,  par  suite, 
d'énormes  frais.  Alors  même  que  les  récoltes  sont  bonnes,  comme 
celles  de  cette  année  par  exemple,  le  cultivateur  voit  diminuer  le  prix 
de  celte  céréale.  Doit-il  donc  s'en  tenir  à  l'assolement  triennal  (blé, 
avoine,  jachère)  si  défectueux  en  tous  points? 

Dans  notre  brochure  sur  la  production  de  la  viande  (Berger-Levrault, 
éditeur)  nous  avons  essayé  d'en  démontrer  le  vice  radical.  Ainsi  sur 
les  trois  années  dont  cet  assolement  se  compose,  deux  seulement  pro- 
duisent des  récoltes;  celles-ci  ne  restent  pas  dans  l'exploitation,  le 
blé  et  l'avoine  étant  vendus  sur  le  marché.  On  exporte  par  conséquent 
du  sol  toutes  les  matières  qui  formaient  primitivement  sa  richesse; 
on  l'appauvrit  toujours  de  plus  en  plus,  puisqu'on  ne  lui  restitue  pas 
les  principes  que  les  plantes  lui  ont  enlevés;  on  n'a  pas  d'engrais  ani- 
maux faute  de  bétail,  et  le  peu  de  fumier  dont  on  dispose  est  si  mal 
soigné  que  sa  partie  la  plus  utile  disparaît  dans  les  ruisseaux  des 
villages. 

D'un  autre  côté,  le  cultivateur  n'a  pas  de  bétail  parce  qu'il  n'a  pas 
de  quoi  le  nourrir.  Changeons  donc  nos  systèmes  de  culture;  nous 
pourrons  nous  procurer  ces  engrais,  ces  fumiers  qui  nous  font  défaut, 
sans  grands  frais  en  créant  des  prairies  naturelles,  artificielles  ou  tem- 
poraires, je  ne  dis  pas  sur  toutes  les  terres,  cela  serait  impossible  à 
cause  du  trop  grand  morcellement  de  la  propriété,  mais  sur  beaucoup 
de  ces  terres  qu'il  est  si  difficile  de  cultiver. 

Les  betteraves  et  les  herbages  viennent  assez  bien  dans  presque 
toute  la  région  de  l'est;  que  le  cultivateur  cherche  donc  à  transformer 
son  assolement  triennal  actuel  de  faron  à  en  obtenir  la  plus  grande 
quantité  possible,  et  il  y  parviendra  en  produisant  alternativement 
comme  le  font  avec  succès  les  cultivateurs  du  nord  de  la  France 
des  betteraves,  du  blé  et  de  l'herbe;  il  aura  plus  de  fourrage,  avec 


AMÉLIORATIONS  A  APPORTEE  DANS  LES  PETITES   EXPLOITATIONS.      153 

lequel  il  nourrira  mieux  et  plus  copieusement  un  i^rand  nombre  d'aai- 
maux  de  boucherie,  dont  le  prix  augmente  chaque  jour  et  qui  lui  don- 
neront une  quantité  considérable  de  fumier. 

Telles  sont,  en  peu  de  mots,  les  importantes  et  principales  améliora- 
tions à  introduire  le  plus  tôt  possible  dans  la  culture  de  nos  petites 
exploitations  rurales.  Ch.  Poibson, 

Répétiteur  à  l'Ecole  nationale  d'agriculture  de  Grignori 

CONSERVATION  DES  FOURRAGES  A  L'AIR  LIBRE 

Monsieur  le  directeur,  je  viens  de  faire  une  nouvelle  application  de 
mon  système  de  conservation  de  fourrage  à  l'air  libre,  qui  m'a  parfai- 
tement réussi  ;  il  me  parait  utile  de  la  porter  à  la  connaissance  de 
vos  nombreux  lecteurs. 

Je  désirais  utiliser  ce  procédé  si  simple  d'ensilage,  à  la  conserva- 
lion  du  maïs-fourrage.  La  difliculté  consistait  en  ce  que,  pour  cette 
précieuse  plante,  le  hachage  est  considéré  comme  étaat  d'une  absolue 
nécessité.  Mais  dans  ces  conditions,  c'est-à-dire  avec  de  petites  ron- 
delles, dresser  le  tas  sur  la  grande  hauteur  que  nécessite  son  affais- 
sement ultérieur,  ne  laissait  pas  de  présenter  de  très  grande  difficul- 
tés. Je  pensais  d'abord  à  employer  le  système  expérimenté  par  M.  Jules 
Cormouls,  mon  voisin  et  parent,  c'est-à-dire  de  soutenir  deux  des 
faces  du  fourrage  en  l'ensilant  dans  l'angle  des  deux  murs  d'un  han- 
gar, autrement  dit  dans  un  demi-silo;  mais  même  avec  cet  appui,  je 
ne  croyais  pas  pouvoir  élever  le  tas  à  hauteur.  Et  puis  je  désirais 
appliquer  pour  le  maïs-fourrage  le  système  que  j'ai  été  le  premier  à 
expérimenter  et  étudier,  c'est-à-dire  l'entassement  sans  abri  d'aucune 
sorte  et  en  plein  champ.  J'eus  alors  l'idée  de  former  les  bords  du  tas  soit 
avec  des  fourrages  verts,  regains  de  luzerne,  etc.,  soit  avec  de  la  paille, 
la  longueur  des  brins  permettant  de  les  entasser  verticalement  et  de  for- 
mer ainsi  une  espèce  de  muraille,  en  remplissant  à  mesure  l'intérieur 
du  tas  avec  le  maïs  haché;  j'avais  bon  espoir  de  réussir  par  ce  pro- 
cédé, que  je  me  propose  d'expérimenter  plus  tard,  quand,  réfléchis- 
sant que  tout,  au  fond,  revenait  à  une  question  de  tassement,  c'est-à- 
dire  de  chargement,  j'ai  résolu  d'essayer  simplement  avec  le  maïs  en 
tiges,  suffisamment  chargé. 

J'ai  donc  fait  établir  un  tas  rectangulaire  avec  du  maïs -fourrage, 
dont  les  tiges  étaient  couchées  horizontalement  et  avec  soin  ;  trois 
poteaux  verticaux,  ultérieurement  enlevés,  placés  sur  deux  des  côtés 
opposés  du  tas,  guidaient  les  ouvriers,  et  ont  permis  de  monter  jus- 
qu'à une  hauteur  de  3  m.  50  environ,  sans  qu'il  y  ait  glissement.  Le 
tas  a  été  fait,  du  reste,  en  suivant  les  indications  que  j'ai  données  dans 
le  numéro  du  6  septembre  du  Journal  de  V agriculture  ;  le  seul  change- 
ment a  consisté  dans  la  charge,  qui  a  été  doublée,  l,tiOO  kilogrammes 
par  mètre  carré,  au  lieu  de  800  kilog. 

Pendant  le  chargement,  il  est  arrivé  un  léger  accident  :  après  avoir 
mis  une  première  charge  de  800  kilog.,  mes  ouvriers,  en  doublant  le 
chargement,  le  lendemain,  l'ont  sans  doute  mal  réparti,  car  un  affais- 
sement considérable  et  irrégulier  s'est  produit;  deux  des  faces  du  tas 
sont  restées  verticales,  mais  les  deux  autres  se  sont  fortement  incli- 
nées. J'ai  fait  étayer  tant  bien  que  mal,  mais  en  vain,  car  le  mouve- 
ment a  conliaué,  et  après  le  tassement  complet,  le  tas  n'ayant  plus 


154  CONSERVATION  DES  FOURRAGES  A  L'AIR  LIBRE. 

que  0  U1.80  de  hauteur,  l'inclinaison  étail  d'environ  45°  pour  la  face 
convexe,  la  face  opposée  touchant  la  terre. 

Je  craignais  que  cet  accident  n'eût  compromis  la  réussite  de  l'expé- 
rience; toutefois,  je  laissai  les  choses  en  l'état.  Après  environ  sept 
semaines,  j'ai  fait  entamer  ce  silo,  et  j'ai  trouvé  : 

Sur  la  face  inclinée  en  dessus  (convexe)  et  qui  avait  présenté  à  la 
pluie  et  à  l'air  une  surface  absorbante  et  perméable,  qui  n'était  plus 
garantie  par  le  plancher  supérieur,  il  y  avait  une  épaisseur  d'environ 
0  m.  20  de  maïs  gâté.  Sur  les  autres  faces,  la  partie  gâtée  n'excédait 
pas  une  épaisseur  de  Om.  05;  en  haut,  contre  les  planches,  elle 
était  nulle,  sur  le  sol  nulle  aussi,  excepté  toutefois  au  pied  de  la  face 
inclinée  où  il  y  avait  une  couche  de  Om.  08  d'épaisseur  sur  une  pro- 
fondeur d'environ  Om.  50  gâtée.  L'intérieur  du  tas  formait  comme  un 
conglomérat  dont  la  coupe,  dans  le  sens  perpendiculaire  aux  tiges, 
présentait  un  aspect  analogue  à  celui  de  ces  roches  désignées  sous  le 
nom  de  pouddingues,  les  tiges  et  les  épis  du  maïs  formant  les  noyaux 
dont  les  feuilles,  fortement  tassées,  remplissaient  entièrement  les 
vides.  Les  tiges  étaient  légèrement  aplaties  et  ovalisées,  il  en  était  de 
même  des  épis  dont  les  graines  tendres  avaient  été  fortement  appli- 
quées sur  la  rafle,  de  façon  à  présenter  l'aspect  des  écailles  d'une 
pomme  de  pin. 

Le  fourrage  dégageait  une  bonne  odeur  alcoolique  et  mes  animaux 
(vaches  et  chevaux)  le  mangent  avec  avidité. 

11  arrive  chaque  année  à  bien  des  agriculteurs  ce  qui  m'est  arrivé  à 
moi-même,  que  les  gelées  viennent  surprendre  les  maïs  fourrages  non 
consommés  et  occasionnent  la  perte  d'une  partie  de  cette  précieuse 
récolte;  par  le  procédé  si  simple  que  je  viens  d'expérimenter  il  sera 
facile  de  la  sauver  à  très  peu  de  frais. 

Je  recommanderai  seulement  à  ceux  qui  voudraient  conserver  du 
maïs  par  ce  système,  de  ne  charger  le  tas  que  progressivement,  par 
exemple  mettre  chaque  jour  300  kilog.  par  mètre  carré;  cela  permet- 
tra de  surveiller  le  tassement  et  d'éviter  l'accident  qui  m'est  arrivé. 
J'ai  employé  ce  tassement  progressif  pour  des  feuilles  de  betteraives 
fourragères  que  je  conserve  en  ce  moment,  toujours  suivant  mon  pro- 
cédé; on  a  mis  quatre  jours  à  charger  le  silo,  et  le  tassement  s'est  fait 
de  la  façon  la  plus  régulière. 

Je  conseillerai  aussi,  en  déchargeant  les  chars,  de  le  faire  successive- 
ment sur  les  quatre  côtés  du  tas,  et  de  ne  pas  jeter  toujours  le  maïs 
sur  la  même  face;  cela  a  l'inconvénient  de  tasser  beaucoup  plus  forte- 
ment ce  côté-là,  et  lors  du  chargement  du  tas  on  risque  de  le  voir 
s'incliner  et  même  se  renverser. 

Je  serais  heureux  si  ces  indications  pouvaient  êtreutilesà  quelques- 
uns  de  mes  collègues,  et , en  vous  demandant  de  les  insérer  dans  votre 
Jonriicd,  je  vous  prie  d'agréer,  etc.  A.  Rouvière. 

REVUE  G0\niERG[4LE  ET  PRIX  OURYNC  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(25  OCTOBRE  1884) 
\.    —    Situation    générale. 
Les  marchés  agricoles  ont  une  assez  bonne  tenue:  les  cours  de  toutes  les  den- 
rées se  soutiennent,  avec  une  activité  moyenne  dans  les  transactions. 

1[.  —  les  grains  et    Us  farines. 
Les  tableaux  suivants  résument  le^  cours  des  céréales,  par  quixtat.  métrique, 
sur  les  principaux  marchés  Je  la   France  et  de  l'étranger  : 


REVUE  OOMxMERGIALE  ET  PrUX  COURANT   (25  OCTOBRE   1334). 

I'VrkOION.  —  HORD. OUEST. 

Seide.   Orge. 

fr.  fr. 


155 


Calvados.  Lisieux 

—  Caen 

C.-du-Nord  Tréguier.. 

—  Pontrieux 

Finistère,  xtorlaix 

—  Quimper 

/ije-e(-l't(aine.  Rennes 

—  Kedon 

Sdanche.  Avraiiches. .. 

—  Pontorsoil 

SJayemte.  Laval 

—  Kvron 

Morbihan.  Hennebont. 

—  Vannes  

Orne.  Vimouliers 

—  Beilêine 

Sarlhe.  Le  Mans 

—  Beaumont 


fr. 
20  65 
21.30 
18.00 
18.50 
22.00 
1(1.  JO 
11). 'ii 
18  IS 
2 1 .  'lU 
20. bO 
19.75 
20.00 
20.00 
20.25 
■-'0.00 
20.75 
20.25 
20  25 


15.50 
14.00 


17.50 
14.60 
14.75 
15.50 
16.00 
15.50 
15.50 

» 
15.40 
16.50 
15.75 


(4.00 

15.00 


15.60 
15.00 


Avoine. 

fr. 

20.00 
19.75 
14.25 
15.00 
14.00 
15.00 
15.00 
15.00 
19.00 
19.75 

15.50 
17.50 

I* 
21.00 
15.80 
20.25 
lb.50 


Prix  moyens 20.03     14  73     15.81     16.81 


2-  RÉGION.  —  NORD. 


Aitne.  Laon 

—  Soissons 

Marie 

Eure.  Evreux 

—  Verneiiil 

—  Louviers 

ffttr«-el  Loir.  Chartres.. 

—  Nogent-le-RotTou. 

—  Auneau 

Nord.  Cambrai 

—  Bergaes 

—  Bourbourg 

Oise.  Beauvais 

—  Compiegne — .... 

—  Breieiiil 

Pat~de-Caiais.  Arras. . . 

—  Carvin.. 

^ine.  Paris 

<.-et-Marnr.  Mf lun 

—  Donneniiirie 

—  CouJummieis 

S. -««-Oise    Versailles 

—  Doarian 

—  Etampes 

Seine-Inferieure.  Rouen. 

—  Vécamp 

—  Dieppe 

Somma.    Amiens 

—  Doullens 

—  Koye 


(9. .50 
20.50 
20.25 

19  4) 
23  20 
19.80 
23.00 

20  60 
19.80 
19.50 
20.25 
1 9  ,  00 
20.50 
M. 25 
20.15 
2i.^5 
20.35 
21.75- 
J0.75 
20 .  80 
19.50 
21.25 
21.00 
20.40 
20.75 
21.05 
20.50 
21.10 
22.10 
19.00 


15.50 
15.00 

14.00 

» 
15.30 
13.75 

14.20 
14.65 

1) 
14.50 
15.50 
15.25 
14.35 
15.65 
17  00 
16.60 
15.50 
15.30 

14.50 
15.20 
15.50 
14.35 

» 
14.50 
16.35 
14.65 
14.25 


17.75 
14.00 
18.00 
16.80 
18.45 
17.00 
17.00 
i<5.50 
16.30 
16.40 
15.00 
17-40 
16.2,-. 
17.50 
17.30 
17.90 
19.00 
18.25 
17.50 
17.25 

18  50 
20.20 
18.40 
19.00 

I0.4O 
17.30 
17.<J0 
17-00 


16.75 
16.00 
15.50 
17-00 
16.50 
17.70 
12.00 
14  60 
16.00 
13.30 
17.25 
U.oO 
17.50 
16  50 
IG.OO 
14.50 
13  50 
18.25 
17.00 
17.30 
17-25 
1 8 .  50 
17.55 
16.25 
2:1 .  35 
18.00 
18.50 
22  50 
14.00 
16.00 


Prix  moyens. 


20. a8      15.03      17.;10      Ui.66 


3*  REGION.  - 
Ardennes.  Sedan 

—  Charleville 

Aube.  Bar-su r-.\ube... . 

— ■    Bar -^ur-Seine . . . . 
.Marne-.  Chiliins-inr-Barae... 

—  Epefnay  

—  Reims 

Hte-Mame.  CUautnunt.. 

—  Bourbonne 

Meurthe-el-ilos.  Nancy. 

—  TonI 

— ■    LUQêville ... 

Meuse.  Bar-le-Duc 

—  Verdun 

Haute-Saône.  Gray 

—  Vesoul 

Vosges.  Epinal 

—  Neufcbàteau 


NORO.EST. 

1.2i      16.50 
!l.25     15.75 


16.15 
15.00 

15.75 
14.25 


!  6 .  00 
15.50 
16.25 


14.50 
16.50 


Prix  moyens 20.60     15.61 

4*  RÉGION.  —  OUEST. 

C*«r»n(e.  Angoulème...  20.00 

—  Barbezieux.- 20.45 

Char.-/n/éf.  Marans. .. ,   19.15 

—  St-Iean-d'Angély..  20.25 

Deux-Seui-6«.  Niort 19.00 

Indre-et-Loire.  Tours...   iS-85 

—  Blére 19.15 

Loire-Zn/".  Nantes 20.60 

M.-el-Lnire.   cholet 19  45 

—  Anpers 18.75 

Vendée.  LugoD 19.50 

Vienne.  Loudun 19.50 

—  Civray 19.80 

Haute-Vienne.  Limoges.  20.00 

Prixmoven» 19.60 


1  s .  .w 

16  30 
18.50 
18.50 
16.25 
18.50 
16.50 
15.25 
14.25 
16.50 
15.50 
15.76 
17.10 
j) 
>  (5.50 

I)  15. 5o 

18.50     16.75 
17.97      16.58 


19.75 
IB.25 
17.50 
17.50 
1«.90 
17-50 
17.00 


17.00 
17.00 
18.75 


» 

18 

50 

16 

00 

» 

17 

00 

» 

16 

00 

16 

00 

t 

16 

00 

» 

15.00 

» 

15 

50 

13.00 

» 

16 

75 

15.00 

18 

00 

16 

50 

» 

> 

16 

00 

» 

■ 

16. 

00 

10.50 

17 

00 

17 

50 

0 

16 

50 

15 

50 

)> 

13 

00 

16 

25 

14.00 

(4 

60 

15.00 

18 

25 

16 

50 

14.75 

16 

98 

16 

29 

AUier,    Montluçon.... 

—  Gannat 

Cher.  Bourges 

—  St-\raand 

—  Graçay 

Creuse.  Aubusson... , . 

—  Vatan 

Indre.  Cbrueauroux  . . . 

—  Valençay 

—  Issoudun 

Loiret.   Orléans 

—  Gien 

-~    Courtenay 

L.-et-Chtr    Blois ... 

—  .Montoire 

Nièvre.  Nevers 

^    La  Charité 

Yonne.    Sens... 

—  Sainl-Florentin., 

—  Brienori 


.  —  CB.N 

Blé. 

fr. 

20.45 

19.00 

20.40 
.  20.60 
.  19.60 
,    21.00 

20.00 
.    19.20 

■-'0.15 

18.50 
.  20.00 
.  19.50 
,  20.25 
,   20.60 

20.45 
.  21.10 
.  19.50 
.  21.10 
.  20.60 
.   20.40 


TRit 

Sei;le. 

fr. 
13.65 

s 
14.40 
15.65 
16  35 
14.75 
!5.50 
14.25 
16.65 
16  60 
15.00 
14.00 

14.35 
15.35 

1 4 .  00 

1 5 .  ftO 
16-70 


Otje. 

fr. 

17.70 
16.75 
16.65 
15.40 
16.15 

9 

15.75 

16.20 
(0.90 
16.35 
17.00 
16.15 
16.40 
15.65 
15.40 
18.20 

16.25 

16.25 
16  25 


ATdlDe. 
fr. 

16.00 
15.75 
18.00 

13  75 
13.00 
15.50 
14.00 
16.10 
15.00 

14  00 
16.75 
15.50 
16.05 
18. 5u 
16.00 
17.00 
15.80 
16.50 
17.50 
17.90 


Prix  moyens. 


20.11      15.51      16.38      15.95 


6'  REGION.  —  I 

.4tn.  Bourg 21.25 

—  Pont-de-Vaux 21.00 

Côte-d'Or.  Dijon 20. so 

^    Beaune 19.75 

/)oufis.  Besançon 20.50 

Isère.  Grenoble 21.50 

—  Bour^oin 20.25 

Jura.  Lons-le-Saunier. .  20.00 

Loire.  Firminy 21.25 

P.-de-Oôine.  Issoire 21.75 

Bhone.  Lyon 20.75 

Saoïie-et-Loire.  Gbillon  .  20.50 

—  MAcon 21.00 

ûauoie.  Cbarabéry 20.25 

//i6-Sat»oie.  Annecy 22.75 


16.50 
16.2» 
18.50 
17.00 
16.50 
19.25 
17  00 
17.50 
17. 2u 
10  50 
16  2b 
16.50 

Prix  moyens 20.87     15.87     17.56     17.00 


17  .65 
14  75 
15.50 
14.50 

» 
17.50 
14.75 

17.25 
17.00 
15.00 
16. UO 
1S.50 
15.00 


17  60 
13.  15 
18.110 
17.50 


-3 


17.25 
17.40 

» 
18  75 
18.00 
17.50 
17.50 
17.50 


7"  REGION. — 
Ariège.  Foix 

—  i'amiers 

Dordogne.  Sarlat 

llte-Garonne.  Toulouse. 

—  Si-Gaudens 

Gers.  Condom 

—  Eauze  

—  iWirande ........ .. 

Gironde.  Bordeaux 

—  Bazas 

Landes.  Dax 

Lot-el-Garonne.  -Vgen. . . 

—  VUleneuve-sur-Lot 
B. -Pyrénées.  Bayonne., 
Utes-Pyrênées.  Tarbes. . 


SCI) -OUEST. 


24.00 
22  10 
25.50 
22.10 

23.40 
22.75 
22.30 
20.00 
21.74 
22.00 
24.00 
21.75 
21.25 
23.  ^5 
22.00 


18.65 
16.65 
13.40 
17.25 
17.35 


18,25 
17  00 
19.00 
18.65 
17.35 
19.75 
18.50 


prix  moyens 22. 6î    18.07 

8*  RÉGION.  —  SUD. 

Aude.    Carcassonne 22.10  !7.0« 

/l«j«!/ron.  Bodez 20.80  17.60 

—  Aubin 22.00  19.00 

Confoi.  Mauriac 22.50  19.25 

Corre^e.  Tulle 22.60  18.00 

Hérault.  Bêziers 22.10  18.00 

—  Montpellier 23.70        » 

io(.  Caborb 22.25  18.00 

.Lozère.  Monde 22.75  18.00 

Pj/rénees-Or.Perpignan.  24.00  I7.80 

Tarn.  Gaillao 22.40        • 

Tam-el-Gar.  Montauban  21.75  17.65 

Prix  moyens 22.36     18.03 

9*  RÉGION.  —  SUD-EST. 
Basses-Alpes.  Manosque  23.80        » 
Uautes-.ilpes.  Briançon.  22.50 
Alpes-Maritimes. Nice. .  24.25 

Ardrche.  Privas 24 .  35 

B.-du-fthone.  Aix 21.75 

Drôfne.   Valence 20.50 

Gard.  Al.iis 24.00 

Haule-Loire.   Rrioude..  21.10 

Far.  Draguignan 22.25 

Vaucluse.    Garpentras.  23.75 


»  16.00 

»  17.40 

s  1 

16.50  18.25 

»  18.00 

»  19.50 

»  19.50 

»  17.50 

»  17. OU 


»  17.011 

»  19.5'.' 

16.50     17.99 


17.50 
,18  SU 
15. 7j 
19.50 
18.25 
19.00 
18.50 
18.00 
18.00 
24.40 
18.50 
19.50 


17.75 
16.15 
15.00 
18.25 
18.45 
22.00 

15.75 

17.53 


18   81 


18.00 
18.00 
16.65 


18.35 


Prix  moyens 22.82 

Moy.  de  toute  la  France  21.07 
—  de  la  semaine  precéd.  20.95 


17.10 

16.09 
16.00 


Sur  la  semainelHausse,     0.12     0.09 
précédente.. IBaisse.        >  • 


16.00 
16.00 
16. IS 


17.30 
18.00 

» 

17.09 
17.02 
17.09 


0.07 


Seigle. 

Orge. 

Avoine 

fr 

fr. 

fr. 

s 

» 

» 

1 

> 

11.50 

12.75 

1 

» 

• 

15.50 

16 

.'J.'i 

20.50 

18.00 

16, 

.5U 

)) 

B 

n 

.00 

18.00 

16.85 

15 

.  (.1 

18.00 

16.50 

15.65 

» 

19. 

:ib 

15.40 

17.00 

19. 

25 

21   25 

18.10 

1«. 

25 

20.00 

16.00 

19, 

.25 

19.25 

19.25 

1«. 

,10 

„ 

„ 

17. 

.75 

» 

a 

15.25 

„ 

9 

18. 

50 

18. .50 

1H.25 

15. 

,90 

» 

16. .50 

B 

» 

B 

.. 

14.40 

14  50 

12.60 

13. 

.50 

> 

13.00 

156  REVUE   COMMERCIALE  ET  PRIX   COURANT 

Blé. 

Algérie.  Alger  j  ^Jé 'endre..  ig^o 

"                                 °       t  bledur 16.50 

Angleterre.  Bristol 18.40 

Belgique.  Anvers 18.00 

—  Bruxelles 19.25 

—  Liège 19.35 

—  Namur 19.00 

Pays-Bas.  Amsterdam 17.65 

Luxembourg.  Luxembourg 22.75 

Alsace-Lorraine.    .Strasbourg 22.25 

—  Mulhouse 20. .50 

—  Colmar 22.00 

Allemagne.  Berlin..., 18.75 

—  Cologne 20.40 

—  Hambourg 18.75 

Suisse.  Genève 23.50 

Italie.  Turin 22.25 

Espagne.  Barcelone 22 .  00 

Autriche.  Vienne 17.25 

Hongrie.  Budapest 16.75 

Bussie.  Saint-Pétersbourg..  16.80 

Etats-Unis.  New-York 16.88            t 

Blés.  — ■  Les  travaux  préparatoires  des  semailles  retieanent  aux  c'iamps  les  cul- 
tivateurs, qui  sont  encore  relativement  rares  sur  le  marché;  le  commerce,  de  son 
côté,  ne  l'ait  que  des  offres  modérées  :  c'est  une  période  d'attenre,  pendant  laquelle 
les  prix  sont  fermement  tenus,  avec  une  légère  faveur  depuis  huit  jours.  —  A  la 
halle  de  Paris,  le  mercredi  22  octobre,  on  cotait  de  20  fr.  50  à  22  fr.  25  les 
100  kilog.,  soit  21  fr.  40  en  moyenne.  —  Les  blés  à  livrer  sont  en  baisse  de 
25  centimes  pour  les  pre  miers  termes  à  la  dernière  cote  du  marché,  établie  ainsi 
qu'il  suit  :  livrable  novembre,  21  fr.  à  21  fr.  25;  novembre-décembre,  21  fr.  25 
à  21  fr.  5);  quatre  mois  de  novembre,  21  fr.  50  à  21  fr.  75;  quatre  premiers  mois, 
21  fr.  75  à  22  fr.;  quatre  mois  de  mars,  22  fr.  25  à  22  fr.  50.  —  A  Marseille,  le  s 
arrivages  de  la  semaine  ont  été  inféri  eurs  de  30,000  quintaux  à  ceux  de  la  semaine 
précédente,  et  n'ont  été  que  de  54,000  quin  taux  ;  le  stock  e-t  descendu  à  179,800 
quintaux.  On  cote  par  100  kilog.  :  Red-Winler,  22  fr.  50  à  22  fr.  75  ;  Bordianska, 
23  fr.  50;  Marianopoli,  22  fr.  50  à  22  fr.  75;  Irka-Odessa,  19  fr.  25:  Azofl' dur, 
18  à  18  fr.  50  ;  Danube,  18  à  19  fr.  —  Au  Havre,  on  paye  les  blés  roux  d'Amé- 
rique, 21  fr.;  les  Californie,  21  fr.  à  21  fr.  25  ;  ceux  d'Australie,  22  fr.  à  22  fr.  50; 
les  Bombay  blancs,  20  fr.  —  A  Londres,  les  affaires  sont  lentes  et  les  prix  sans 
variation;  on  cote  les  blés  exotiques  de  19  fr.  25  à  20  fr.  les  100  kilog.  suivant 
provenances  et  qualités. 

Farines.  —  Sans  changement  depuis  huit  jours  ;  les  offres  et  les  demandes  sont 
peu  actives.  On  cotait  le  22  octobre  :  marque  de  Gorbeil,  48  fr.;  marques  de  choix, 
48  à  51  fr.;  premières  marq  ues,  47  à  48  fr.;  bonnes  marques,  45  à  46  fr.;  marques 
ordinaires,  45  à  46  fr.;  par  sac  de  159  kilog.,  toile  à  rendre,  ce  qui  corres- 
pond aux  prix  extrêmes  de  28  fr.  02  à  32  fr.  48  par  100  kilog.,  soit  en  moyenne 
30  fr.  20.  —  Les  farines  de  spéculation  sont  également  aux  mêmes  prix  le  22  octo- 
bre au  soir  :  farines  neuf-marques,  courant  du  mois,  45  fr.  50  à  45  fr.  75  ; 
novembre,  45  fr.  75  à  46  fr,;  novembre-décembre,  46  fr.;  quatre  mois  de  novem- 
bre, 46  fr.  à  46  fr.  25;  quatre  premiers  mois,  46  fr.  25;  quatre  mois  de  mars, 
46  fr.  75;  par  sac  de  159  kilog.,  toile  perdue,  ou  157  kilog.  nets.  Farines 
deuxièmes,  cours  nominaux,  22  fr.  50  les  100  kilog.;  gruaux,   de  33  à  38  francs. 

Seigles.  —  Les  prix  sont  mieux  tenus  et  les  transactions  plus  actives.  A  la  halle 
de  Paris,  on  cote  de  15  fr.  65  à  16  fr.  25  les  100  kilog.;  les  farines  conservent 
leurs  cours  de  20  à  23   fr. 

Orges.  —  Mêmes  prix  que  la  semaine  dernière,  avec  achats  assez  suivis,  surtout 
sur  les  bonnes  qualités.  On  cote  17  fr.  50  à  19  fr.  à  la  halle.  —  Les  escourgeons 
sont  en  faveur  aux  prix  de  18  fr.  75  à  19  fr.  les  100  kilog. 

Avoines. — Les  prix  sont  également  bien  soutenus,  malgré  les  affaires  restreintes. 
Les  avoines  indigènes  se  cotent  à  la  halle  de  17  fr.  à  19  fr.  50  suivant  la  pro- 
venance et  la  qualité.  —  Les  avoines  de  Suède  sont  tenues  de  16  fr.  50  à  16  fr.  75; 
les  Liban  noires,  16  fr.;  les  blanches,  15  fr.  — Les  avoines  de  Saint-Pétersbourg 
sont  offertes  à  16  fr.;  celles  de  Riga,  à  15  fr.  les  100  kilog. 

Sarrasin.  —  Le  sarrasin  nouveau  de  Bretagne  est  offert  de  15  fr.  25  à  15  fr.  50, 
le  vieux  est  nominalement  coté  de  16  fr.  à  16  fr.  50  par  100  kilog. 

Maïs.  —  Les  mais  du  Danube  et  de  la  mer  Noire  ont  perdu  25  centimes  et 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (2b  OCTOBRE  1884).  157 

se  tiennent  faiblement,  au  Havre,  à  14  fr.  25  et  14  fr.  50  par  lOOkilog.;  les  livrables 
sont  offerts  aux  mêmes  prix;  des  bigarrés  d'Amérique  sont  tenus  de  13  fr.  à 
13  fr.  25. 

Issues.  —  Prix  sans  changement,  les  offres  dépassant  les  demandes.  On  cote  ; 
gros  son,  14  l'r.  25  à  14  fr.  50  par  100  kilog.;  sons  gros  et  moyens,  13  fr.  7  5 
à  14  fr.;  sons  trois  cases,  13  fr.  à  13  fr.  50;  sons  fins,  12  fr.  à  12  fr.  50;  recou- 
pettes,  12  fr.  50  à  13  fr.  ;  remoulages  blancs,  17  fr.  à  17  fr.  50;  remoulages  bis, 
15  à  16  fr. 

m.  Fourrages  et  graines  fourragères. 

Fourrages.  —  Vente  courante  aux  mêmes  prix  que  la  semaine  dernière,  avec 
tendance  à  la  fermeté  sur  les  foins  et  les  pailles  de  blé.  On  cote,  à  Paris,  par 
1,000  kilog.  :  foin,  90  à  122  fr.;  luzerne,  88  à  120  fr.;  paille  de  blé,  58  à  68  tr.; 
paille  d'avoine,  50  à  60  fr.;  paille  de  seigle,  60  à  68  fr. 

Graines  fourragères.  —  Les  graines  de  trèfle  et  de  luzerne  sont  en  bausse 
depuis  la  semaine  dernière,  avec  une  demande  assez  active.  Voici  1er  derniers 
cours  à  Paris,  par  100  kilog.  :  trèfle  violet,  105  à  120  fr.;  trèfle  blanc,  165  à 
200  fr.;  trèfle  hybride,  lôO  à  170  fr,;  luzerne  de  Provence,  145  à  155  fr.;  d'Ita- 
lie, 125  à  135  fr.,  du  Poitou,  95là  105  fr.  Les  autres  graines  sont  sans  variation, 
sauf  les  pois  jarras,  qui  valent  de  17  à  19  fr.  et  les  vesces,  de  22  à  27  fr.  —  .\ 
Sens,  le  trèfle  se  vend  125  à  130  fr.  les  100  kilog.,  la  luzerne,  120  à  125  fr.  — 
A  Beauvais  on  cote  la  vesce  d'hiver,  20  à  22  fr.  EO  l'hectolitre;  à  Issoudun, 
17  à  18  fr. 

JV.   Li'gumes  secs. 

Haricots.  —  Les  haricots  de  pays  sont  abondants  à  la  halle,  et  les  prix  faibles. 
On  cote  :  flageolets  ordinaires,  60  à  80  fr.  l'hectolitre  et  demi;  flageolets  Ghevrier, 
115  à  135  fr.  ;  nains,  38  à  42  fr.;  Liancourt,  72  à  74  fr.;  suisses  blancs,  50  à 
52  fr.;  suisses  rouges,  37  à  41  fr.;  Soissons,  88  à  90  fr. 

Lenlilks.  —  Les  lentilles  nouvelles  valent  35  à  46  fr.  les  100  kilog.;  les  pois, 
24  à  26  fr. 

V.  —  Vins.  —  Spiritueux.  —  Vinaigres.  ■ —  Cidres. 

Vins.  —  Aujourd'hui  que  les  vendanges  sont  partout  terminées,  les  apprécia- 
tions de  la  qualité  future  des  vins  de  1884  sont  l'objet  de  la  préoccupation  géné- 
rale. Il  y  a  sous  ce  rapport  quelques  déceptions  dans  certains  vignobles  ;  mais  on 
ne  peut  encore  rien  conclure  pour  le  classement  définitif  de  l'année.  Les  aflaires 
continuent  à  s'engager  sur  les  vins  nouveaux,  mais  avec  quelque  lenteur;  on  hésite 
encore,  en  attendant  la  sortie  des  cuves  des  dernières  quantités  récollées.  Voici 
les  quelques  prix  annoncés  depuis  huit  jours  :  dans  l'Aude,  les  petits  vins  se  pla- 
cent de  15  à  19  fr.  l'hectolitre,  à  Gasteinaudary  et  à  Narbonne;  les  montagne,  de 
20  à  22  fr.;  les  quaHtés  dépassant  10  degrés  valent  de  25  à  30  fr.;  les  supérieures 
obtiennent  de  36  à  38  fr.  —  A  Béziers,  les  petits  vins  se  cotent  de  12  fr.  50  à 
20  fr.,  suivant  qualité.  —  Dans  le  Tarn-et-Garonne,  on  place  à  raison  de  45  et 
50  les  228  litres  nus.  —  A  Bergerac,  les  petits  vins  d'arrière-côte  sont  oflerts  de 
450  à  475  fr.  le  tonneau;  les  meilleures  provenances  sont  tenues  de  500  à  550  fr. 
—  Dans  l'île  de  Ré,  on  a  fait  de  petites  aflaires  en  vins  blancs  à  100  fr.  le  ton- 
neau. —  A  Issoudun,  les  prix  sont  de  45  fr.  l'hectolitre  pris  à  la  cuve.  —  A 
Oran,  les  prix  vaiient  de  22  à  25  fr.  l'hectolitre  nu.  A  Nancy,  on  cote  :  vin  gris, 
choix,  45  fr.  l'hectolitre;  ordinaire,  42  fr.;  vin  rouge,  38  à  40  fr. — Les  vins  nou- 
veaux étrangers  sont  aux  prix  suivants  sur  la  place  de  Marseille  :  Espagne  pre- 
mier choix,  Alicante,  40  à  42  fr.  Beni-Garlo,  36  fr.  Requen,  25  à  32  fr.;  Italie,  38 
à  40  fr.;  Dalmatie,  44  fr.;  Kumi,  28  à  30  fr. 

Spiritueux.  —  Les  cours  ne  sont  pas  maintenus  comme  on  le  prévoyait;  il  y  a 
eu  quelques  fluctualions  légères  qui  ont  abouti,  à  la  fin  de  la  semaine,  à  une  baisse 
sur  le  disponible.  On  cote,  à  Paris,  les  trois-six  fins  du  Nord,  90  degrés  :  dispo- 
nible, 46  fr.  75  l'hectolitre;  novembre-décembre,  46  fr.  25  à  46  fr.  50;  quatre 
premiers  mois,  "iô  fr.  50.  — A  Lille,  l'alcool  de  mélasse  vaut  de  45  fr.  à  45  fr.  25, 
et  l'alcool  de  betteraves,  44  fr.  50.  —  Les  prix  sont  sans  changements  dans  le 
Midi.  A  Béziers,  les  trois-six  bon  goiit,  disponibles  sont  à  103  fr.  l'hectolitre,  et 
les  marcs  à  95  fr.  —  A  Gette,  on  cote  :  alcool  de  vin  disponible,  105  à  1 10  fr.; 
trois-si.Y  du  Nord,  58  fr.;  marc,  95  fr. — A  Nîmes,  les  trois-six  disponibles  sont  à 
100  fr.,  les  marcs,  à  95  fr. 

Cidres.  —  A  Evreux.  le  cidre  se  paye  28  fr.  la  barrique  pour  les  premières  qua- 
lités, et  20  fr.  pour  les  petits  cidres.  —  A  Paris,  on  cote,  23  fr.  l'hectolitre.  — 


158  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT 

Les  pommes  à  cidre  se  vendent  :  à  Fécamp,  3  fr.  Thectolitre  ;  à  Presnay  (Sarthe), 
3  fr.  à  3  iV-  40;  au  Neubourg  (Eure),  2  fr.  80;  à  Rouen,  4  fr.  50  à  5  fr.;  à  Sauil- 
Lô,  2  fr.;  à  2  fr.  25  dans  la  Mayenne,  de  2  fr.  50;  à  3  fr  50. 
VI.  —  Sucres.  —  3Iéla,s.<es.  —  Fécules.  —  Houblons. 
Sucres. —  Après  un  mouvement  ascensionnel,  les  cours  des  sucres  ont  subi  de 
la  baisse  qui  paraît  vouloir  continuer.  En  somme,  les  prix  sont  supérieurs  à  ceux 
cotés  il  y  a  huit  jours.  A  Paris,  on  paye,  par  100  kilo<<.,  sucres  biuts,  88  degrés 
saccharimétriqués,  38  fr.  50  à  39  fr.;  99  degrés,  44  fr.  ;  sucres  l)lancs  n"  3, 
44  fr.  50  à  46  fr.  50  —  à  Valenciennes,  on  signale  une  hausse  de  -2.  fr.  aux 
cours  de  35  fr.  50  à  35  fr.  75  sur  les  sucres  Lruts.  —  Le  stock  de  l'entrepôt 
réel  à  Paris  était,  le  20  octobre,  de  472,000  sacs,  pour  les  sucres  indigènes.  — 
Les  ulTaires  sont  calmes  sur  les  sucres  ralfmés,  qui  sont  toujours  cotés  103  à 
105  (r.  les  lOOkilog.à  la  consommation  et 44  fr.  2?fr.  à  48  fr.  pour  l'exportation. 
Mélasses.  —  On  cote  toujours,  à  Paris,  les  mélasses  de  fabrique  9  fr.  à  9  fr.  25 
les  100  kilog.:  celles  de  rallinerie  9  à  10  fr.  — A  Valenciennes,  les  mélasses  dis- 
ponibles valent  10  fr.  50. 

Fécules.  —  On  signale  une  hausse  de  1  fr.  50  sur  les  cours  de  la  fécule  à  Cam- 
niègne  ;  on  cote  la  première  de  l'Oise  27  fr.  pour  le  disponible  et  le  livrable 
dans  les  trois  mois  d'oclobre.  —  A  Paris,  la  fécule  sèche  vaut  de  26  à  27  fr.  les 
100  kilog.     —  A  Marseille,  les  cours  sont  sans  changement. 

Houblons.  —  Les  aftaires  sont  calmes  dans  le  Nord,  les  planteurs  ne  se  pressent 
pas  d'écouler  leur  récolte,  attendant  que  les  cours  s'affermissent  encore. — A 
Narcy,  les  prix  sont  tenus  de  £50  à  270  fr.  les  100  kilog.  ;  à  Bischwiller,  270  fr.; 
à  Dijon,  280  à  290  fr.  En  Belgique,  on  cote  officiellement  à  Alost,  175  à  190  fr. 
et  200  fr.  les  100  kilog. 

VII.  —  Tourteaux.  —  Noirs.  —  Engrais. 
Tourteaux.  —  Cours  bien  tenus,  avec  légère  tendance  à  la  hausse.  —  On  cote, 
à  Arras,  tourteaux  de  graines  indigènes  :  œillette,  12  fr.  75  les  100  kilog.;  colza, 
17  fr.;  lin,  2k  fr.  50;  cameline,  16  fr.;  tourteaux  de  graines  étrangères  :  pavot, 
12  fr.;  lin,  21  fr.  —  .\  Saint-Quentin,  tourteaux  de  colza,  15  fr.  50;  de  lin. 
17  fr.;  d'œillette,  15  fr.  50;  de  lin  étrangers,  23  fr.  —  A  Bouen,  tourteaux  de 
colza,  15  fr.  50;  à  Caen,  17  fr.  —  A  Marseille,  les  tourteaux  pour  engrais  valent 
de  8  fr.  25  à  12  fr.  25  les  100  kilog._  ■  " 

j^oirs.  —  Les  cours  sont  sans  variation.  A  Valenciennes  on  cote  :  noir  animal 
neuf  en  grains,  33  à  36  fr.  par  100  kilog.;  noirs  vieux  grains,  10  à  12  fr.  l'hecto- 
litre; noir  d'engrais,  2  à  8  fr. 

Entrais.  —  A  ^Marseille,  les  derniers  prix  sont  les  suivants  :  nitrate  de  soude, 
24  à  26  fr.  les  100  kilog.  ;  sulfate  d'ammoniaque,  37  à  39  fr.;  chlorure  de  potas- 
sium, 23  fr.;  sulfate  de  potasse,  23  fr.;  phospho-guano,  26  fr.;  sang  desséché, 
2  fr.  le  degré  d'azote;  superphosphate,  0  fr.  70  à  0  fr.  80  le  degré  d'acide  phospho- 
rique  soluble  . 

YIII.  —  Maliires  résineuses.  —  Textiles  —  Proiutis  forestiers. 
Matières  résineuses. — Les  gemmes  sont  sans  changeaient  à  Bazas,  où  on  cote  ' 
gemmes  nouvelles  22  fr.   50  la   banique    de  250   litres;  gemmes,   système  Hu- 
gues, 25  ff.  —  L'essence  de  térébenthine  a  baissé  de  1  fr. ,  à  Dax,  et  se  vend  46  fr. 
les  100  kilog.;  les  ventes  sont  assez  importantes  en  ce  moment,. 

Chanvres.  —  Les  prix  dans  la  Sarthe  sont  mal  tenus,  avec  affaires  lourdes.  Au 
Mans,  on  a  vendu  :  bonnes  sortes,  70  à  76  fr.  les  100  kilog.;  sortes  intermé- 
diaires, 60  à  70  fr.;  —  à  la  Flèche,  les  prix  sont  de  68  à  84  fr.;  —  à  Ambrières 
(Mayenne,  60  à  70  fr.). 

Bois.  —  Les  ventes  des  coupes  de  l'administration  des  forêts  s'effectuent  en  ce 
moment.  On  a  encore  peu  de  renseignements  sur  les  ventes.  Dans  le  Jura  et  dans 
les  Vosges  les  sapins  ont  obtenu  des  prix  en  baisse  sur  ceux  de  l'année  dernière, 
soit  12  fr.  80  le  mètre  cube.  Mais  sur  d'autres  points  les  coupes  de  bois  feuillus 
ont  été  vivement  enlevées.  Dans  le  département  de  Saône-et-Loire,  le  chêne 
de  0  m.  50  de  diamètre  a  été  vendu  sur  pied  à  raison  de  40  fr.  le  mètre  cube,  en 
grume;  les  bois  de  chauffage  ont  obtenu  8  fr.  le  stère,  la  charbonnette  k  fr.  — 
Sur  les  ports  et  sur  les  places  de  ventes,  les  affaires  sont  peu  actives  et  les  prix 
sont  plutôt  en  baisse. 

IX.  —  Suifs  et  corps  gras.  —  Cuirs  et  peaux. 
Suifs.  —  Les  prix  ont  encore  haussé  depuis  huit  jours  pour  le  suif  frais  de 
l'abat  de  la  boucherie  de  Paris,  qui  est  coté,  83  à  84  fr.  les   100  kilog. 
Saindoux.  —  Marché  calme  au  Havre,  où  l'on  cote  53  fr.  50  les  50  kilog. 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (25  OOTOBRE  1684}.  159 

X.  —  Beurres.  —  Œufs.  —  Fromages. 

Beurres.  —  On  a  vendu  pendant  la  semaine,  à  Paris,  237,587  kilog.  de  beurres. 
Au  dernier  marclié  on  cotait,  par  kilos:.;  en  demi-kilog.,  2  fr.  50  à  3  fr.  60  ;  petits 
beurres,  1  ir.  76  à  2  fr.  80  ;  Gournay,'  2  fr.  à  3  fr.  86  ;  Isigny,  2  fr.  40  à  7  fr.  20. 

CEufs.  —  Les  ventes  à  la  halle  se  sont  élevées  cette  semaine  à  4,013,800  œufs 
aux  prix  par  mille,  de  104  à  141  fr.  pour  le  choix;  76  à  102  fr.  pour  les  ordinaires; 
et  48  à  58  fr.  pour  les  petits. 

X!.  —  Chevaux.  —  Bétail.  —  Viande. 

Bétail.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  officiel  du  marché  aux  bes- 
tiaux de  la  Villette,  du  jeudi  16  au  mardi  21  octobre  : 

Poids     Prii  du  kilog.  de  viande  nette  sur 
Vendus  moyen       pied  au  marclié  du  .jo  octnl>re. 

Pour  Pour  En          4  quartiers.     1"  2"              3»  Prix 

Amenés.  Paris,  l'extérienr.  totalité.  kil.  quai.  quai.  quai.  moyen, 

Bœufs .1,707  a, 416  1,2Î8        4, BU  H48  1.66  1.50  \  .IZ  1.44 

Vaches 3.tl96  857  617         1,474  237  1.58  l./)8  I.IS  1.37 

Taureaux 291  170  35            205  395  1.44  1.34  1.20  1.32 

Veaux 3,127  1,877  681         2,558  78  1.90  1.70  1.50  1.69 

.Moutons,.,...         45,610  17,700  18,478  36,178  21  1.82  1.68  1,44  1.63 

Porcs  gras ... .           7,368  2,743  4,423         7,16à  81  1.32  1.26  1.22  1.27 

Les  arrivages  des  marchés  de  la  semaine  se  décomposent  comme  il  suit  ; 

Bœufs.  —  Calvados,  1,187  ;  Charente,  87:  Charente-Inférieure,  14;  Cher,  172  ;  Côte-d'Or. 
276;  Côles-du-Nord,  29;  Creuse,  8;  Deux-Sèvres,  123;  Dordogne,  19;  Doubs,  51  ;  Eure,  36; 
Finistère,  8;  Gironde,  12;  Indre-el-Loire,  8;  Loire,  54  ;  Loire-lnférieuré,  20:  Loi-et-Garonne,  13; 
Maine-et-Loire,  342:  Manche,  3'i6;  Haute.Marne.  18;  Mayenne,  156;  Morbihan,  16;  Nièvre. 
783;  Orne,  881;  Puy-de-Dônae.  28;  Saone-et-Loire,  51l;"Sarihe,  51;  Seine-Inférieure,  30; 
Seine-et-Oise,  3  ;  Tarn-el-Garonne,  12  ;  Vendée,     202;  Yonne,    58. 

Vaches.  —  Aube,  3;  Aveyron,  17  ;  Calvados,  4o2;Câatal,  14:  Charente,  11  ;  Charente-Inférieure  ; 
14;  Cher,  48;  Côte-d'Or,  73;  Doubs,  9;  Eure,  54;  Eure-et-Loir,  43;  Loire,  2  ;  Lot-et-Garonne, 
25  Maine-et-Loire,  22;  Manche,  269;  Nièvre,  229;  Orne,  287;  Puy-de-Dôme,  75  ;  Saône-et-Loire, 
;6'4;  Sarthe,  14;  Ssine,  92;  Seine-Inférieure,  16;  Seine-et-Marne,  2;  Seine-et-Oise,  17;  Haute- 
Vienne,  6;  Yonne,  54;  Suisse,  36. 

Taureaux.  —  Aisne,  2  ;  .*"ier,  1;  Aube,  7  ;  Calvados,  41;  Cher,  2;  Côte-d'Or,  10;  Côtes-du- 
Nord,  4.  Creuse,  1;  Deux-Sèvres,  3;  Doubs,  3  ;  Eure,  11  ;  Eure-ei-Loir.  2  ;  Finistère,  1  ;  lUe-et- 
Vilaine,  16;  Loire-lnférieure,  2;  Loiret,  12;  Maine-et-Loire,  18;  Manche,  52  ;  Marne,  3;  Haute- 
Marne,  2;  Mayenne,  8;  Nièvre,  18  ;  Oise,  8;  Orne,  12  ;  Saône-et-Loire,  8;  Sarthe,  11  ;  Seine- 
Lnférieure,    2;    Seine-et-Marne,   9;  'Seine-et-Oise,  7  :  Yonne,   10;    Suisse,  2. 

Veaux.  —Aube,  276;  Aveyron,  121;  Calvados,  16;  Cantal,  27;  Corrèze,  20  ;  Eure,  208; 
Eure-et-Loir,  276  ;  1  idre-et-Loire,  20;  Loiret,  198;  Manche,  115;  Marne,  102;  Oise,  32;  Puy- 
de-Dôme,  263;  Sarthe,  72;  Seine-Inférieure,  70;  Seine-et-Marne,  252;  Seine-et-Oise,  50 
Yonne,   133. 

Moutons.  —  Aisne,  579;  Allier,  502;  Aube,  1,153;  Aveyron,  62;  Cantal  1,318  ;  Charente,  67. 
Cher,  330:  Corr-ze,  164  ;  Côte-d'Or,  405;  Creuse,  405;  Dordosne,  82:  Doubs.  156  ;  Eure,  106  : 
Eure-et-Loir,  628  ;  Indre,  263;  Loir-et-Cher,  60  ;  Loiret,  96;  Lot,  157;  Marne,  616;  Haute- 
.Marne, 562;  Meurthe-et-Moselle,  1,360  ;  Meuse,  74:  Nièvre,  1,303  ;  Nord.  122;  Oise,  237;  Puy- 
de-Dôme,  96;  Ssine-et-Marne.  2,734;  Seine-et-Oise,  1,917;  Vosges,  108  ;  Yonne,  436;  Alle- 
magne,  12,165;    Hongrie,   7,942;   Italie,    313;    Ru.ssie,    8.160. 

Porcs.  —  Aisne,  15 ;\4,llier,  664;  Calvados.  148;  Charente,  174;  Cher,  74;  Côte-d'Or,  59; 
Côtes-du  Nord,  99;  Creuse,  159;  Deux-Sèvres  202;  Dordogne,  511  ;  Doubs,  32;  Ille-et-Vilaine, 
192;  Indre,  114:  Loire-lnférieure,  303;  Loir-et-Cher,  188;  Loiret,  163;  Maine-et-Loire,  759; 
Manche,  151  ;  .Mayenne  71;  Nièvre,  245;  Puy-de-Dôme,  149;  Rhône,  87;  Saone-et-Loire,  29  ; 
Haute-Saône,  32  ;  Sarthe,  1,771;    Seine,   98;    Seine-Inl'énaure,   5,  Vendée  889;  Vienne,  85. 

Les  arrivages  ont  été  abondants  pendant  là  semaine,  en  veaux,  moutons  et 
porcs  gras  dont  les  prix  sont  inférieurs  à  ceux  d'il  y  a  huit  jours  ;  les  bœufs  et 
les  vaches  ont  été  moins  nombreux  ;  leurs  cours  sont  maintenus.  —  Sur  les  mar- 
chés des  départements  on  cote  ;  Nancy,  bœuf,  84  à  86  fr.  les  100  kilog.  bruts  ; 
vache,  60  à  86  fr.;  veau,  45  à  57  fr.  ;  mouton,  80^  à  95  fr.  ;  porc,  64  à  66  fr. — 
.Sedaji,  bœuf,  1  fr.  40  à  1  fr.  80  le  kilog.;  veau,  1  fi .  40  à  2  fr.  ;  mouton,  1  fr.  40 
à  2  fr.  4;i;  porc,  1  fr.  40  à  2  fr.  80.  —  Amiens,  ;vache,  1  fr.  50  à  1  fr.  70;  veau, 
1  fr.  35  à  1  fr.  65;  porc,  1  fr.  20  à  I  fr.  2f).  —  Ârras,  veau,  0  fr.  90  à  1  fr.  15; 
jiorc,  1  fr. .  à  1  fr.  10.  — Rouen,  bœuf,  1  fr.  50  à  1  fr.  80  ;  vache,  1  fr.  45  à 
1  fr.  75;  veau,  1  fr.  55  à  1  fr.  90;  mouton,  1  fr.  75  à  2  fr.  05:  porc,  1  fr.  05  à 
1  fr.  30.  —  Evreux,  bœuf,  2  fr.  10;  veau,  2  fr.  30;  mouton,  2  fr.  30;  porc 
1  fr.  70.  —  Dijon,  Bœuf,  1  fr.  60  à  1  fr.  72;  taureau,  1  fr.   10  à  1  fr.  40  ;  vache 

1  fr.  20  à  1  fr.  68,  veau,  1  fr.  06  à  1  fr.    16;    mouton,    1  fr.   50  à  1  fr.  90  :  porc, 

0  fr.  90  à  0  fr.  96.—  Lyon,  bœuf,  1  fr.   30  à  1  fr.  80;  veau,  0  fr.  94  à  1  fr.  14. 
—  Neoers,  bœuf,  1  fr.  60  à  1  fr.  80;  vache,  1  fr.  40  à  1  fr.  60;  veau  et  mouton, 

2  fr.;  porc,  1  fr.  60.  —  Bourges,  bœuf,  1  fr.  60  à  1  fr.  80  ;  veau,  1  fr.  60  à  1  fr.  30; 
mouton,  2   fr.  à  2  fr.    40  ;    porc,  1  fr.  à  1  fr.   50.  —  Condom,  bœuf,  1  fr.    60  à 

1  fr.   80;  veau,    1  fr.  50  à  1    fr.  70;  vache,   1   fr.  à  1  fr.  20;   mouton,  1  fr.  70  à- 


160  RKVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT   (25  OCTOBRE  1884i 

2  fr.  20  ;  agneau,  1  fr.  60  à  1  fr.  80;  porc,  1  fr.  30.  —  Pamiers,  bœuf,  1  fr.  50  ; 
vache,  1  fr.  30  ;  veau,  1  fr.  60  ;  mouton,  1  fr.  50  à  I  fr.  80  ;  porc,  1  fr.  40.  — 
Mende,  bœuf,  1  fr.  70  ;  vache,  1  fr.  60;  veau,  1  fr.  80;  mouton,  2  fr.;  porc, 
1  fr.  80.  —  Privas,  bœuf.     1  fr.  60;   veau,  1   fr.  63;   mouton,    1  fr.     74;   porc, 

1  fr.  47. —  Perpignan,  bœuf,  l  fr.  60;  vache,  1  fr.  50;  veau,   mouton,   l'fr.  80. 
A    Londres.   —  Les  importations    d'animaux    étrangers   ont   été,    durant    la 

semaine,  de  4,303  bœufs,  10,866  moutons,  582  veaux  et  494  porcs,  dontii52  bœufs 
de  Baltimore,  268  de  Boston,  841  bœufs  et  12S  moutons  de  Montréal,  et  864  bœufs 
de   New-York.  —  Prix  par  kilog.  :  bœuf,    1  fr.  38  à  2  fr.  ;  moutons,    1    fr.    72  à 

2  fr.  28  ;  veaux,  1  fr.  72  à  1  fr"  76  ;  porcs,    1  fr.  24  à  1  fr.  65. 

Viande  à   la  criée.  —  Il  a  été  vendu  à  la  halle  de  Pans,  du  13  au  19  octobre  : 

Prix  du  kilog.  le  19  octobre. 

kilog.            t"  quai.              y  quai.             3"  quai.  Chou.     Basse  Doucherie. 

Bœuf  ou  vache...   152.260  1.54  à  1.90     1.32  à   :..j2     0.91  à  1.30  1.50  à  2.60  0.20  à  1.24 

Veau 164,617  1.86       2.10     1.64       1.84     0.40       1.62  ■             »         »            » 

Mouton 81,142  1.50       1.80     1.28       1.48     0.96       1.26  1.40      2.60     »            • 

Porc 49,856  Porc  frais 1.12  à  1.44. 

447,875  Soil  par  jour 63,982  kilog. 

Les  ventes  ont  été  inférieures  de  4,500  kilog.  par  jour  à  celles  de  la  semaine 
précédente.  Les  prix  sont  sensiblement  les  mêmes. 

XII.  —  Cours  de  la  mande  à  rabattoir  de  la  Tillette  du  jeudi  24  octobre  [par  50  kilog.) 
Cours  de  la  charcuterie.   —  On  -^end  à  la  Villette  par  50  kilog.  :  1"  qualité, 
64  à  69  fr.  ;  2",  59  à  64  fr.  Poids  vif,  41  à  47  fr. 

Bœufs,  Veaux.  Moutons. 

1"  r  3*  1"  2-  3'  1"  2' 

quai.  quai.  quai.  qnal.  quai.  quai.  quai.  quai,  quai. 

fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr. 

78  70  62  108  100  92  85  77  68 

XIII. —  Marché  aux  bestiaux  de  la  Villette  du  jeudi  24  octobre  1884. 

Cours  des  commissionnaire^ 
Poids  Cours  officiels.  en  bestiaux. 

Animaux  général.     1"        2"        3*  Prix  l"        2*  3"  Prix 

amenés.  Invendus.  kil.        quai.  quai.  quai,  extrêmes.  quai. quai.  quai.  extrêmes 

Bœufs 2.535  l'i6  34»          \.66  l.bO     1.22  1.13àl.70  1.64     1.50  1,20  l.lôài.SS 

Vaches 783  109  ■ï34         :,58  I.3S      l    18  1.16     1.62  1.56     1.36  1.15  1.10     1   60 

Taureaux...          Uh  8  394         1.46  i.36     1.22  1.12      1   48  1.44      1.34  1.20  1.16     1,46 

Veaux I.2!6  110  76         2  00  1,80     I  60  1.40     2.16  »              »            »  » 

Moutons 19  985  2.330  19         1   84  1.68     1.46  1   40     1.88  »              »            «  » 

Porcs  gras..     4.656  3.t  «O         l.34  1.28     1.24  1.18     1   40  •              »            • 

—  maigres  a,           »  »  »••»!•»»»»■ 

Vente  difficile  sur  le  gros  btail,  assez  active  sur  les  autres  espèces. 

XIV.  —  Résumé. 
Les  cours  se  sont  foutenus  cette  semaine  en  général;  il   y  a  une  légère  hausse 
sur  les  céréales;  les  autres  denrées  n'ont  pas  subi  de  variations  importantes, 

A.  Rémy, 

BULLETIN  FINANCIER 

Après  un  mouvement  de  baisse,  les  cours  des  fonds  publics  se  sont  relevés  et 
sont  supérieurs  aujourd'hui  à  ceux  de  la  semaine  dernière,  —  Les  rentes  françai- 
ses sont  cotées  :  3  pour  100,    77  fr.  97  ;  —  3  pour  100  amortissable,  79  fr,  50  ; 

—  4  et  demi  pour  100  ancien,  105  fr.  25;  —  4  et  demi  pour  100  nouveau, 
109  fr.  05, 

Les  actions  des  établissements  financiers  sont  en  baisse,  excepté  celles  du 
Crédit  foncier  et  du  Crédit  lyonnais.  Voici  leurs  cours  :  Banque  de  France, 
5,025  fr,  ;  Banque  de  Paris  et  des  Pays-Bas,  725  fr,;  Comptoir  d'escompte. 
960  fr.;  Crédit  foncier  et  agricole  d'Algérie,  485  fr.;  Crédit  foncier,  1,297  fr.  SO; 
Banque  d'escompte  de  Paris,  513  fr.  75;  517  fr,  50;  Crédit  lyonnais,  543  fr.  75  ; 
Société  générale,  457  fr.  50;  Société  de  dépôts,  625  fr. 

Les  titres  des  chemins  de  fer  français  sont  cotés  en  hausse  :  Est,  785  fr.;  Pans- 
Lyon-Méditerranée,  1,235  fr.;  Midi,  1,150  fr.;  Nord,  1,631  fr.  25;  Orléans, 
1,302  fr.  50;  Ouest,  820  fr.  —  Les  actions  du  canal  de  Suez  valent  1890  fr.;  les 
Délégations  1,120  fr,;  les  actions  du  Panama  sont  à  485  fr.  E,  FérON. 


Le  Gérant  :  A.  Bouché. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  d-  novembre  ;m). 

Discussions  relatives  à  la  réforme  des  tarifs  de  douane.  —  Les  menaces  de  représailles  sont  chi- 
mériques. —  Protestations  des  Chambres  de  commerce.  —  La  marine  et  l'agriculture  française. 
.\ccusaiions  nouvelles  de  routine  et  d'ignorance.  —  Véritable  situation  des  choses.  —  Exemples 
des  pertes  subies  par  l'agriculture.  —  Nécessité  d'une  prompte  solution.  —  Unanimité  des 
vœux  des  associations  agricoles.  —  Résolution  votée  par  les  Comices  de  l'Aisne  et  par  le  Con- 
seil départemental  d'agricullure  de  l'Isère.  —  Projet  d'un  congrès  national  agricole.  —  Ques- 
tionnaire du  groupe  agricole  de  ia  Chambre  des  députés.  —  Reunioa  du  conseil  de  la  Société 
d'encouragement  à  l'agriculture.  —  Vote  de  la  loi  sur  les  échanges  d'immeubles  et  de  celle  sur 
les  récompense*  pour  l'exposition  d'Amsterdam.  —  Proposition  sur  les  boissons.  —  Rapport  au 
Sénat  sur  le  phyllojera.  —  .amendements  au  budget  du  ministère  de  l'agriculture.  —  Rapport 
de  M.  Vietle  sur  le  service  forestier.  —  Décoration  du  Mérite  agricole.  —  Elèves  admis  à  l'Inslitut 
agronomique.  —  Huitième  volume  des  Annales  de  l'Institut.  —  Station  agronomique  de  Lille. 

—  Examens  à  la  ferme-école  des  Troix-Croix.  —  Ecoles  de  fromagerie  dans  l'Ain.  — 
Recherches  de  .M.  Lechartier  sur  l'emploi  des  engrais  potassiques  en  Bretagne.  —  Bulletin  du 
ministère  de  l'agriculture.  —  Le  fourrage  arlihciel.  —  Société  de  médecine  vétérinaire.  —  La 
pe.ste  bovine.  —  Concours  de  chevaux  de  trait  dans  la  îsièvre.  —  Conccurs  pour  des  semences 
de  céréales.  —  Transport  des  machines  à  battre.  —  Questions  viticoles.  —  Note  de  M.  Paul  Sol. 

—  Questions  d'arboriculture.  —  La  poire  Joigneaux.  —  Concours  de  la  Société  d'agriculture  du 
Gard.  —  Exposition  de  vins  nouveaux  à  Constantine. 

I.  —  Tous  ignorants  et  routiniers. 

Le  nombre  des   adversaires  des  projets  de  réforme  des  tarifs  de 
douane    sur  le  IjJé   est  devenu  très  faible;  mais,  en  revanche,  on  ne 
nous  ménage  pas  les  plus  noires  prévisions,  et  on  se  montre  de  plus 
en  plus  acerbe  pour  les  cultivateurs  et  leurs  défenseurs.  Le  spectre  du 
consommateur  affamé  et  celui  du  retour  au  pain  noir  ont  fait  leur 
temps  ;  on  nous  menace  aujourd'hui  de  représailles,  et  l'on  nous  pré- 
dit que  la  moindre  élévation  des  droits  sur  le  blé  donnerait  le  signal 
d'une  guerre  de  tarifs  dirigée  contre  la  France.  De  qui  veut-on  parler, 
sinon  de  la  Russie  ou  de  IWmérique   du  Nord?    M;iis  à  qui  fera-t-on 
croire   que  l'Empire  moscovite  et  la  République  américaine  acceptent 
les  marchandises  françaises  en  franchise?  C^^  no  st  it  qu'ils  ont  établi 
les  tarifs  les  plus   protectionnistes,   parfois  même  prohibitifs,  sur  les 
vins  et  sur  les  produits  manufacturés,  les  seuls  que  la  France  exporte 
dans    l'Europe   orientale   et  au  delà    de  r.\tlantique?    Les    paysans 
russes  restent  cois,  mais  les  agriculteurs  américains  s'en  plaignent 
amèrement,  parce  qu'ils  payent  plus  cher  que  de  raison  tous  les  pro- 
duits industriels  qu  ils  consomment;  ils  sont  dans  une  situation  ana- 
logue à  celle  de  nos  cultivateurs  français  qui  vendent  à  vil  prix  et  qui 
achètent  cher;  pour  eux   comme  pour  nous,  c'est  la  conséquence  de 
l'inégalilé  choquante  créée  par  des  tarifs  de  douane  mal  équilibrés.  Il 
n'y  a  donc  pas,  dans  celte   crainte  chimérique,  de   raison   suffisante 
pour  laisser  agoniser  l'agriculture  française. 

D'autre  part,  les  Chambres  de  commerce  de  nos  grands  ports  s'a- 
gitent; elles  protestent,  au  nom  de  la  marine,  contre  des  droits  d'entrée 
sur  les  céréales.  «  L'intérêt  de  la  marine  marchande,  écrit  la  Chambre 
de  commerce  de  Marseille,  est  un  intérêt  national.  »  Nous  n'en  dis- 
convenons pas,  et  nous  pouvons  répondre  que  c'est  même  un  intérêt 
très  largement  protégé  ;  notre  budget  en  sait  quelque  chose.  Mais  est-ce 
que,  par  hasard,  l'intérêt  de  l'agriculture  ne  serait  pas  un  intérêt  na- 
tional? Et  puis  vous  savez  bien  qu'un  droit  compensateur  sur  le  blé 
n'arrêtera  pas  les  importations  ;  le  courant  est  établi,  on  ne  le  re- 
montera pas,  mais  il  fout  faire  ce  qui  est  nécessaire  pour  que  le  dé- 
sastre actuel  ne  se  transforme  pas  en  ruine  irrémédiable.  JNous  avouons 
ne  pas  comprendre  les  hésitations  qui  se  manifestent  encore  à  la 
Chambre  des  députés  ;  nous  savons  qu'une  majorité  est  acquise  au 
droit  compensateur  sur  le  blé,  mais  nous  voudrions  que  cette  majorité 

N°  81-2.  —  Tome  FV"  de  1884.  —  1"  Novembre. 


152  CHRONIQUE  AGRICOLE  (l"  NOVEMBRE   1884)  - 

devîûtune  quasi  unanimité.  Il  faut  en  finir  et  ne  pas  laisser  les  excita- 
tations  malsaines  se  mêler  au  f^rand  débat  qui  s'agite. 

Mais  une  accusation  contre  laquelle  je  ne  cesserai  de  protester,  c'est 
l'accusation  de  routine  et  d'ignorance  qu'on  jette  à  la  tête  de  l'a^iri- 
culture  française.  On  doit  la  vérité,  surtout  à  ses  amis  :  il  faut  avouer 
que  cette  accusation  ne  manque  pas  toujours  de  fondement.  Mais  à  qui  la 
faute?  N'est-ce  pas  aux  conditions  déplorables  dans  lesquelles  l'en- 
seignement, à  quelque  degré  que  ce  soit,  a  végété  en  France?  Tout 
cela  change,  mais  il  faudra  du  temps  pour  que  les  fruits  apparaissent. 
Je  suis  heureux  de  im'appuyer  ici  sur  le  témoignage  d'un  homme 
qu'on  n'accusera  pas  d'être  un  rétrogade.  M.  Paul  Bert  écrivait  hier  : 
«  Il  faut  faire  en  sorte,  à  quelque  doctrine  qu'on  appartienne,  que 
l'agriculture  ne  sombre  pas,  pendant  qu'on  lui  prépare  un  personnel 
nouveau.  »  Toutefois,  il  faut  répéter  ce  qui  a  été  dit  déjà  à  cette  place  : 
c'est  surtout  Sur  ceux  qui  sont  sortis  de  la  routine,  sur  ceux  qui  font 
l'honneur  de  l'agriculture  française,  que  la  crise  actuelle  pèse  le  plus 
lourdement.  Si  je  publiais  toutes  les  confidences  que  je  reçois,  on  serait 
effrayé.  A  côté  des  témoignages  qui  ont  déjà  paru  dans  les  colonnes 
du  Jotinml,  de  ceux  qui  paraîtront  encore,  je  vais  citer  deux  faits. 
Un  agriculteur  du  département  de  l'Aisne,  en  même  temps  industriel, 
par  conséquent  habitué  à  compter,  m'écrit  que,  sur  180  hectares  qu'il 
cultive,  il  subit  en  1884  une  perte  de  20,000  fr.  Un  des  principaux 
agriculteurs  delà  région  centrale  delà  France  m'a  confie  que  la  baisse 
des  prix,  malgré  une  bonne  récolte,  a  réduit  de  50,000  fr.  le  produit 
des  terres  qu'il  cultive.  Du  petit  au  grand,  la  situation  est  la  même 
partout;  le  résultat  se  répercute  sur  toutes  les  branches  du  commères 
et  de  l'industrie,  qui  ne  trouvent  plus  dans  les  populations  rurales 
leurs  clients  habituels.  Que  la  crise  agricole  soit  atténuée,  et  toutes  les 
autres  crises  en  seront  diminuées  d'autant  et  disparaîtront  rapi- 
ment. 

Une  des  principales  difficultés  est  de  fixer  le  taux  du  droit  compen- 
sateur sur  les  blés.  Il  faut  éviter  de  tomber  dans  les  errements  du 
protectionnisme;  mais  il  est  impossible  de  trouver  un  chiffre  qui 
réponde  exactement  à  toutes  les  situations.  11  y  a  là  une  question  de 
mesure  que  le  gouvernement,  seul  responsable,  a  pris  l'engagement 
de  résoudre.  Pour  s'éclairer,  il  a  les  vœux  des  Conseils  généraux,  des 
associations  agricoles.  Ce  que  nous  réclamons,  au  nom  des  cultiva- 
teurs, c'est  une  solution,  transitoire  si  l'on  y  tient,  mais  immédiate. 

II.  —  Vœux  lies  associations  agricoles. 

Les  documents  qui  s'accumulent  de  toutes  les  parties  de  la  France, 
relativement  à  la  réforme  des  tarifs  de  douane,  accusent,  dans  toutes  les 
associations  agricoles,  une  unanimité  absolue.  Nous  ne  pouvons  que 
signaler  les  principaux.  Dans  une  réunion  générale  tenue  le  22  octobre, 
les  Comices  agricoles  du  département  de  l'Aisne  ont  exprimé  à  l'una- 
nimité le  vœu  du  relèvement  des  tarifs  de  douane  sur  les  produits 
agricoles,  ainsi  que  la  revision  des  tarifs  de  pénétration  qui  créent 
une  situation  privilégiée,  sur  le  grand  marciié  parisien,  aux  produc- 
teurs étrangers.  On  trouvera  plus  loin  un  remarquable  discours  pro- 
noncé par  M.  Paul  Casimir-Périeràla  Société  d'encouragement  à  l'agri- 
culture du  Havre.  Nous  voudrions  aussi  pouvoir  reproduire  ceux  pro- 
noncés par  M.  Develle,  député  de  l'Eure,  au  concours  du  Neubourg; 


CHRONIQUE    AGRICOLE    (l"  NOVKMBRK   1884).  163 

par  M.  Seillan,  à  une  réunion  récente  du  Conseil  ;,^énéral  du  Gers  ;  par 
M.  de  Garidel,  à  la  Société  d'agriculture  de  l'Allier;  par  M.  Uigal,  au 
Comice  agricole  de  Pamiers  (Ariège),  et  d'autres  encore.  Mais  la  place 
nous  manque,  et  nous  ne  pouvons  que  constater  l'unanimité  d'opi- 
nion que  toutes  ces  manifestations  attestent  entre  les  agricul- 
teurs de  toutes  les  régions,  sans  une  seule  exception.  Toutefois  nous 
devons  donner  une  place  spéciale  au  vœu  que  le  Conseil  départemental 
d'agriculture  de  l'Isère  a  émis  dans  sa  séance  du  4  oclobre,  sur  la 
proposition  de  son  président,  M.  Michel  Perret,  membre  de  la  Société 
nationale  d'agriculture.  En  voici  le  texte  : 

«Considérant  :  I"  que  la  concurrcice  étrangère,  de  ])lus  en  plus  active,  a  eu 
pour  effet  d'abaisser  jusqu'au  'oiniinuai  de  20  fr.  les  100  kilog.  le  cours  du  blé, 
dont  le  prix  de  revient,  au  plus  réduit,  est  actuelle  nent  de  -25  fr.,  et  que,  dans 
cette  situation,  la  culture  du  blé  en  France  n'est  plus  rérauaératrice  ; 

«  2"  Que  pour  assurer  aux  agriculteurs  le  bénéfice  sans  lequel  la  culture  du  blé 
ne  saurait  cire  co'itmuêe  dans  les  conditions  actuelles,  il  faudrait  surélever  de  5  fr. 
au  moins  par  quintal  la  taxe  sur  les  blés  étrangers  ; 

«  3"  Qu'il  est  absolument  nécessaire  de  maintenir  la  production  du  blé  dans 
notre  pays,  et  d'encourager  les  eftorts  tendant  à  réaliser  cliez  nous  les  perfection- 
nements économiques  dont  nos  voisins  nous  ont  donné  l'exemple  pour  cette  pro 
duction; 

«  Le  Conseil  estime  que  le  seul  remède  efficace  dans  la  crise  actuelle  consiste 
à  établir  sur  les  blés  étrangers  une  surtaxe  temporaire  de  5  fr.  par  quintal, 
comme  celle  dont  les  sucres  bruts  étrangers  viennent  d'être  frappés.  » 

A  une  réunion  récente  de  la  Société  d'agriculture  de  .Meaux,  M.  Bu- 
tel  a  proposé  l'organisation  d'un  Congrès  national  agricole  qui  se 
réunirait  pour  la  première  l'ois  en  1885,  à  Paris.  Voici  un  extrait  du 
procès-verbal  de  cette  séance  : 

«  M.  Butel  donne  lecture  d'une  proposition  tendant  à  organiser  un  congrès 
nalional  agricole  pour  la  défense  des  intérêts  de  l'agriculture.  li  constate  avec  re- 
gret que  les  cultivateurs  ne  savent  pas  assez  se  servir  des  deux  plus  puissants 
moyens  d'action  du  siècle  :  la  presse  et  l'association.  Puis  il  ajoute  : 

«  Puisque  par  suite  du  régime  douanier  qui  nous  est  imposé  par  le  gouver- 
nement, nous  en  sommes  arrivés  à  aclieter  :  à  l'Amérique,  le  blé;  à  l'Australie, 
la  laine  ;  à  la  Russie,  le  lin  ;  à  l'Allemagne,  le  sucre,  l'alcool  et  les  moutons  ;  puis- 
que les  efforts  partiels  ne  présentent  plus  aucune  chance  de  succès  ;  puisque  les 
souffrances  de  l'agriculture  augmentent  chaque  jour  et  menacent  de  prendre  des 
proportions  d'un  désastre  nalional,  le  moment  est  venu  d'un  effort  général,  d'un 
mouvement  en  masse  de  toute  la  culture.  Il  faut  que  la  France  agricole,  déshé- 
ritée, sacrifiée,  jetée  en  pâture  à  la  concurrence  étrangère,  se  lève  comme  un  seul 
homme,  et  prenne  enfin  le  parti  de  se  défendre  elle-même;  il  faut,  en  un  mot, 
utiliser  les  deux  puissants  leviers  dont  je  vous  ai  parlé,  la  presse  et  l'association, 
en  organisant  un  Congrès  nalional  agricole. 

«  Sur  la  demande  de  M.  Butel,  sa  proposition  est  renvoyée  à  une  Commission  à 
laquelle  il  se  propose  de  fournir  toutes  les  indications  pour  réaliser  promptement 
et  efficacement  cette  idée  d'avenir  d'un  Congrès  agricole  à  Paris.  » 

Le  projet  de  M.  Butel  n'est  point  de  ceux  que  l'on  puisse  écarter  par 
la  question  préalable.  Les  cultivateurs  n'ont  pas  encore  suffisamment 
appris  à  traiter  eux-mêmes  leurs  propres  affaires  :  ils  s'en  rapportent 
trop  volontiers  à  l'initiative  d'autrui.  C'est  une  des  conséquences 
de  l'isolement  dans  lequel  la  plupart  d'entre  eux  sont  habitués  à  vivre. 
Les  associations  agricoles  n'ont  pas  de  lien  commun  bien  déterminé  : 
quelques-unes  même  sont  tiraillées  par  des  influences  diverses  pour 
lesquelles  l'agriculture  n'est  qu'un  prétexte.  11  est  certain  qu'un  con- 
grès agricole  bien  organisé,  auquel  tous  les  cultivateurs  pourraient 
s'associer,  les  habituerait  à  s'occuper  des  choses  qui  les  intéressent,  et 
donnerait  une  force  irrésistible  aux  députés  et  aux  sénateurs  dévoués 


164  CHRONIQUE  AGRICOLE  (l"  NOVEMBRE   1884). 

aux  intérêts  agricoles.  Aiijourcrhui,  la  réforme  des  tarifs  de  douane 
prime  les  autres  préoccupations.  Si  elle  est  résolue,  et  on  doit  l'espérei', 
avant  la  première  réunion  de  ce  congrès,  il  restera  à  celui-ci  bien 
d'autres  sujets  :  l'examen  des  [)rojets  du  crédit  agricole,  l'étude  com- 
parative de  l'enseignement  agricole  en  France  et  en  Allemagne,  celle 
des  cinaux  du  Rhône,  et  bien  d'autres  encore.  Nous  pensons  donc 
que  l'idée  de  M.  Butel  mérite  d'être  examinée  par  tous  ceux  qui  s'in- 
téi'essentà  l'avenir  de  l'agriculture. 

III.  —  Projets  d' enquêtes. 
On  sait  que,  depuis  plusieurs  années,  une  réunion  de  députés  s'est 
constituée  sous  le  titre  de  yroupe  agricole;  elle  est  formée  par  un  certain 
nombre  de  députés  unis,  sans  distinction  de  partis  politi([ues,  pour 
l'élude  des  intérêts  de  l'agriculture.  Ce  groupe  agricole  vient  d'adresser 
le  questionnaire  suivant  à  tous  les  sénateurs  et  députés  : 

1"  Tout  dégrèvement  étant,  aujourd'hui  et  pour  longtemps  encore  sans  doute, 
reconnu  impossible,  existc-t-il  pour  le  gouvernement  d'autre  moyen  de  venir  effi- 
cacement en  aide  à  l'agriculture  et  de  lui  procurer  un  soulagement  immédiat,  que 
d'augmenter  les  dioits  de  douane  sur  les  produits  similaires  au.\  siens  et  venant 
de  l'étranger  les  concurrencer  sur  le  marche  français? 

2"  Cette  augmentation  des  droits  de  douane,  si  elle  est  reconnue  indispensable, 
doit-elle  porter  sur  lous  les  produits  du  sol  nans  exception  ?  sinon,  quelle  excep- 
tion doit-on  faire'? 

3°  L'augmentation  doit-elieaussi  portersur  le  bétail,  même  sur  le  bétail  propre 
à  l'élevage? 

4°  Doit-elle  être  d'une  durée  illimitée,  ou  simplement  temporaire?  Dans  ce 
dernier  cas,  quelle  durée  doit  lui  être  assignée? 

5"  Doit-on  imposer  à  son  maintien  des  conditions  déterminées,  telles,  par 
exemple,  qu'une  augmentation  du  prix  de  vente  des  produits  français  d'après  les 
mercuriales,  et  lorSL|ue  ce  prix  arriverait  à  dépasser  d'une  proportion  de...  le  prix 
de  revient? 

6°  Quels  sont  aujourd'hui,  en  moyenne,  les  prix  de  revient  des  produits  du  sol? 
Ne  doit-ou  pas  poui-  cette  a|ipréciation  établir  en  France  diverses  régions?  Cette 
nécessité  ne  sera.it-elle  pas  de  nature  à  exercer  une  influence  sur  la  réalisation  de 
la  condition  indiquée  ci-dessus? 

7"  Quelles  devraient  être  les  proportions  de  l'augmentation  des  droits  de  douane? 
Doivent- elles  simplement  alleindre  le  chifire  des  impôts  de  toutes  natures  dont  sont 
gievés  les  produits  du  sol,  ou  doivent-elles  dépasser  celte  limite? 

8"  Si  elles  doivent  dépasser  cette  limite,  quelle  autre  limite  doivent-elles 
atieindre?  Doit-on  ajouter  au  chifl're  représentant  les  impôts  celui  représentant  la 
différence  du  taux  de  la  main-d'œuvre,  l'intérêt  du  capital  engagé,  etc..  etc.  ? 

9"  Quelles  sont  les  conséquences  à  prévoir  de  celte  augmentation  au  point  de 
vue  de  l'alimentation  publique  et  de  sa  répercussion  sur  le  prix  des  salaires  ? 

10"  Peut-on,  par  des  mesures  administratives  ou  législatives,  réglementer  ou 
atténuer  ces  conséquences,  au  moins  dans  une  certaine  mesure? 

Il"  Quelles  seraient  les  conséquences  à  prévoir  du  maintien  du  statu  quo  au 
point  de  vue  de  la  production,  de  l'industrse  tout  entière  aussi  bien  que  de  l'agri- 
culture, partant  de  la  fortune  publique? 

12"  Quels  résultats  budgétaires  pourrait  donner  l'augmentation  des  droits  de 
douane  sur  les  produits  du  sol? 

13°  Est-il  possible  de  donner  législalivement  une  indication  de  l'emploi  à  faire 
des  perceptions  ainsi  obtenues? 

14"  Si  cela  est  possible,  quel  serait  l'emploi  le  plus  utileà  prescrire  dans  l'in- 
térêt de  l'agriculture,  de  son  avenir,  de  ses  progrès?  Dégrèvements,  prestations, 
droits  de  mutations,  encouragements  à  obtenir  déplus  abondants  produits,  crédit 
agricole,  enseignement  professionnel,  assistance  dans  les  campagnes,  etc.,  etc? 

It)"  Quels  seraient  les  moyens  pratiques  les  meilleurs  pour  mettre,  aussi  direc- 
tement que  possible,  en  rapport  entre  eux  les  producteurs  et  les  consom- 
mateurs? 

D'autre  part,  dans  sa  dernière  réunion,  le  Conseil  d'administration 


GHRONIQUK  AGRICOLE  (1"  NOVEMBRE|1884).  165 

de  la  Société  d'encouragement  à  ragriculture  a  décidé  la  nomination 
d'une  Commission  chargée  de  rédiger  un  questionnaire,  et  de  préparer, 
sous  l'autorité  du  ministre  de  l'agriculture,  tous  les  éléments  d'une 
enquête  qui  serait  faite  à  la  fois  dans  tous  les  départements  par  des 
commissions  spéciales. 

IV.  —  Travaux  parlementaires. 

Dans  sa  séance  du  25  octobre,  la  Chambre  des  députés,  après  avoir 
voté  l'urgence,  a  adopté  la  proposition  de  loi  concernant  les  droits  fis- 
caux à  percevoir  sur  les  échanges  d  immeubles  ruraux.  Le  texte  tle- 
vient  ainsi  définitif,  car  ce  texte  est  celui  qui  a  été  précédemment  voté 
par  le  Sénat.  —  Dans  sa  séance  du  29  octobre,  la  Chambre  a  voté, 
sur  le  rapport  de  M.  Hervé  Mangon,  le  projet  de  loi  sur  les  récom- 
penses à  décerner  pour  l'exposition  agricole  d'Amsterdam,  sans  chan- 
gement au  projet  du  ministre  de  l'agriculture. 

Dans  la  même  séance,  M.  Benjamin  Raspail  a  déposé  jine  proposi- 
tion sur  les  boissons.  Dans  une  séance  précédente,  M.  Graux  avait 
présenté  un  contre-projet  à  la  proposition  élaborée  par  la  Commission 
sur  le  régime  des  boissons. 

Au  Sénat,  M.  Meinadier  a  présenté  le  rapport  de  la  Commission 
chargée  d'examiner  le  projet  de  loi  ayant  pour  objet  d'étendre  aux 
zones  franches  du  pays  de  Gex  et  de  la  Haute- Sa  voie  les  mesures  contre 
le  phylloxéra  applicables  en  Algérie. 

V.  —  Le  liudgel  du  minisiere  de  ['agriculture. 

Ainsi  que  nous  le  pressentions,  la  Chambre  des  députés  est  déjà 
saisie  de  plusieurs  amendements  sur  le  budget  de  l'agriculture.  Un  de 
ces  amendements,  présenté  par  MM.  Mercier  et  Giguet,  a  pour  oitjet 
de  rétablir  le  crédit  de  10;00D  fr.  pour  subvention  aux  établi s.semonls 
privés  d'enseignement  agricole.  Un  autre,  présenté  par  39  députés,  a 
pour  objet  de  porter  à  3  millions  de  francs  le  crédit  pour  la  destruction 
du  phylloxéra  et  des  autres  parasites. 

Le  rapport  de  M.  Viette  sur  l'administration  des  forêts  a  été  distri- 
bué cette  semaine.  Les  crédits  demandés  (>ar  le  ministère  de  l'agricul- 
ture s'élevaient  à  15,129,295  fr.;  la  Commission  du  budget  propose 
de  les  réduire  à  14,335,310  fr.,  soit  une  diminution  de  1,793,985  fr. 
Les  principales  réductions  portent  sur  le  personnel  dans  les  départe- 
ments (702,885  fr.),  et  sur  l'amélioration  des  forêts  domaniales 
(610,000  fr.). 

VI.  —    Décoration  dans  l'ordre  du  Mérite  agricole. 

Par  arrêté  du  ministre  de  l'agriculture,  en  date  du  25  octobre  188i, 
la  décoration  du  Mérite  agricole  a  été  conférée  à  M.  Larousse  (Octave), 
fermier-agriculteur  aux  Epées,  commune  de  Lachy  (Marne),  membre 
du  Comice  agricole  de  Sézanue  depuis  quatorze  ans.  Il  exploite  par  les 
meilleurs  procédés  une  ferme  importante,  etja  contribué  par  son  exemple 
et  son  initiative  aux  progrès  de  l'agriculture  dans  le  département  de  la 
Marne;  plus  de  vingt  ans  de  services. 

VII.  —  Institut  national  agronomique. 
Voici  les  résultats  de  la  première  session  des  examens  qui  viennent 
d'avoir  lieu  pour  l'admission  à  l'Institut  national  agronomique  : 

Elèves  admis  de  plein  droit  :  —  MM.  Aubert  (Sartlie),  diplômé  d'Ecole  d'agri- 
culture; Aquirre  (Chili),  diplôme  étranger  équivalent);  Barrion  (Seux-Sèvres). 


166  CHRONIQUE  AGRICOLE  (1"  NOVEMBRE  1884). 

Bussard  (Doubs),  Cartier  '(Indre-et-Loire) ,  Gorblia  (Seine),  Gordebar  (Haute- 
Marne*,  bacheliers  es  sciences;  Glauzade  (Gers),  diplômé  d'Ecole  d'agriculture; 
De  Gliambrier  (Suisse),  diplômé  d'Ecole  d'agriculture;  Dubuc  (Seine-Inférieure); 
Dubois  (Seine),  Ferdut  (Seine),  Gonin  (Orne),  Jenot  (Lorraine),  Jankowski  (Rus- 
sie), Laurent  (Basses-Pyrénées),  Lohmann  (Seine-et-Gise),  Le  Barbier  (Seine), 
baclieliers  es  sciences  ;  Luc  CVosges),  diplôme  d'Ecole  d'agriculture;  Monnier 
(Drome),  Nandin  (Seine),  Paulhiac  (Dordogne),  Penelle  (Eure-et-Loirel,  Reil- 
lat  (Pyrénées-Orientales),  Rouzay  (Sarthe),  bacheliers  es  sciences. 

Elèves  admis  api  es  examen.  —  1.  Plet  (Seine-et-Oise);  -2.  Roidot  (Paris);  3.  De 
l'Hortet  (Vienne);  4.  Garcet  (Seine-et-Marne;  5.  De  Poncins  (Var);  6.  Duboc  (Pa- 
ris); 7.  Blanchet  (Gher);  8.  Malet  (Seine-et-Oise);  9.  Alland  (Ain);  10.  Gault 
(LoiretU  11.  Gayon  (Yonne);  12.  Servia  (Eure);  13.  Harel  (Paris);  14.  Gibert  (Gi- 
londe;;  15.  Saulgeot  (Saôn-eet-Loire);  16.  Binet  (Galvados);  17.  Essique  (Paris); 
18.  Barruel  (Paris);  19.  Bonnet  (Lozère);  20.  Vallin  (Guba);  21.  Atrux  (Paris); 
a.  Maschand  (Paris);  23.  Deloucle  (Tarn-et-Garonne);  24.  Chaptal  (.Allier); 
25.  De  Letamendi  (Espagne);  26.  Riza  bey  (Turquie);  27.  Girurdot  (Paris); 
28.  Meurant  (Nord),  précédemment  admis;  29.  Fournier  (Paris),  précédemment 
admis. 

La  promotion  de  1884  comprend  jusqu'à  présent  54  élèves  sur  68 
inscrits. 

Le  huitième  volume  des  Annales  de  t'Inslitut  national  agronomique 
vient  de  paraître.  Ce  volume  renferme  plusieurs  travaux  importants 
que  nous  devons  signaler  :  un  intéressant  mémoire  de  M.  Eugène 
Risler  sur  les  observations  de  météorologie  agricole  faites  sur  son 
exploitation  de  Calèves,  près  Nyon  (Suisse),  de  1867  à  1876;  un 
deuxième  mémoire  de  M.  Duclaux  sur  le  lait;  des  notes  de  3L  Albert 
Hérisson  sur  les  dessèchements  de  la  vallée  du  Pô;  des  recherches  de 
MM.  Muntz  et  A.-Ch.  Girard  sur  la  valeur  alimentaire  de  l'avoine,  sur 
la  digestion  des  fourrages  employés  dans  l'alimentation  des  chevaux, 
sur  les  phénomènes  chimiques  de  la  digestion  chez  le  cheval.  Nous 
aurons  l'occasion  de  revenir  sur  la  plupart  de  ces  travaux. 

VIII.  —  Station  agronomique  de  Lille. 

Nous  apprenons  que  M.  Ladureau  quitte  la  station  agronomique  du 
Nord  qu'il  dirige  depuis  dix  ans,  pour  prendre  à  Paris  la  direc- 
tion d'un  laboratoire  central  agricole  et  commercial,  rue  Xotre-Dame- 
des-Victoires,  44  (place  de  la  Bourse).  Il  continuera  à  y  faire  tous  les 
travaux  de  recherches  et  d'analyses  que  les  négociants,  les  industriels 
et  les  agriculteurs  lui  confieront,  et  il  compte  également  s'y  livrer  aux 
études  agrouumiques  et  de  science  pure  qu'il  poursuit.  Son  successeur 
à  la  station  agronomique  de  Lille  est  M.  A.  Dubernard,  ex-préparateur 
au  Collège  de  France. 

IX.  —  Ferme-école  des  Trois-Croix. 

Les  concours  d'admission  et  de  sortie  ont  eu  lieu  à  la  ferme-école 
des  Trois-Croix  (lUe-et-Vilaine)  dirigée  par  M.  Hérissant,  les  13,  14  et 
15  octobre. 

23  candidats  se  présentaient  pour  l'examen  d'admission;  15  places 
seulement  étaient  vacantes  ;  elles  ont  été  vivement  disputées. 

Onze  élèves  avaient  lermiaé  leurs  deux  années  d'études,  ils  ont  tous 
obtenu  le  certificat  d'études  et  la  prime  de  300  francs.  Ils  ont  été 
classés  ainsi  qu'il  suit  : 

1.  Garré  (Gôtes-du-Nord).  —  2.  Jouanny  (Gôtes-du-Nord).  —  3.  Phelipeau 
(Vendée).  —  4.  Sévegrand  (lUe-et- Vilaine). —  5.  Rolland  (Finistère).  —  6.  Verron 
(lUe-et-Vilaine).  —  7.  Uvoy  (Côtes-du-Nord).  —  8.  Duhamel  (Manche).— 9.  Bou- 
langer (lUe-et-Vilaine).  —  10.  Mestric  (Finistère).  —  11.  Touffreau  (Morbihan). 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (l"  NOVEMBRE  1884).  167 

Le  comité  a  demandé  à  M.  le  ministre  de  l'agriculture  une  médaille 
d'argent  et  deux  de  bronze  pour  les  trois  premiers  :  (^arré,  Jouanny  et 
Plielipeau.  Ce  dernier  vient  (rétro  admis  le  cinquième  avec  bourse 
entière  à  l'école  nationale  d'iiorticuilure  de  Versailles  La  Commission 
a  constaté  que  des  soins  particuliers  sont  donnés  à  l'instruction  pra- 
tique des  élèves  qui  sont  initiés  successivement  à  tous  les  travaux  de 
la  Terme,  et  l'inspecteur  général  a  adressé  à  31.  Hérissant  des  félicita- 
tions pour  les  progrès  réalisés  dans  l'instruction  pratique  des  élèves, 
pour  les  soins  intelligents  accordés  aux  cultures,  et  pour  les  études 
spéciales  dont  elles  sont  l'objet  sur  divers  points  qui  intéressent  spé- 
cialement la  région. 

X.  —  Ecoles  de,  fromagerie  dans  l'Ain. 

On  sait  que  deux  écoles  de  fromagerie  ont  été  créées  dans  le  dépar- 
tement de  l'Ain,  à  Maillât  et  à  Ruiïieu.  Ces  deux  écoles  recevront  de 
nouveaux  élèves  boursiers  à  partir  du  l"  janvier  1885,  date  de  l'ou- 
verture de  ces  écoles.  Les  candidats  qui  désireraient  y  être  admis  avec 
bourse  entière,  auront  à  adresser,  avant  le  1"  décembre  prochain,  à  la 
préfecture  de  l'Ain  :  1"  une  demande  écrite  et  légalisée;  2°  leur  acte  de 
naissance;  3°  leur  casier  judiciaire;  A"  un  certificat  de  moralité.  Ils 
devront  être  âgés  de  16  ans  au  moins  et  de  '25  ans  au  plus.  Us  subi- 
ront avant  leur  admission  un  examen  dont  le  but  principal  sera  de 
s'assurer  de  leur  aptitude  aux  travaux  manuels  et  de  leur  instruction 
élémentaire.  Ils  seront  informés,  en  temps  utile,  de  la  date  à  laquelle 
auront  lieu  les  examens  qui  seront  passés  devant  une  commission 
composée  du  directeur  et  des  professeurs  de  chaque  école. 
XL  —  Emploi  des  engvMs  potassiques  en  Bretagne. 

M.  Lechartier,  directeur  de  la  station  agronomique  de  Rennes,  vient 
de  présenter  à  l'Académie  des  sciences  le  résultat  d'expériences  qu'il 
poursuit  sur  l'emploi  des  engrais  potassiques  dans  les  terres  de  Bre- 
tagne. Nous  n'avons  pas  besoin  de  rappeler  les  excellents  résultats 
que  Ton  a  obtenus  par  l'usage  des  phosphates  dans  le  défrichement 
des  landes;  mais,  ainsi  que  M.  Lechartier  le  fait  observer,  l'action  de 
ces  phosphates  disparaît  rapidement  et,  en  outre,  les  engrais  phos- 
phatés, en  produisant  des  suppléments  de  récoltes,  font  consommer 
les  réserves  que  le  sol  possédait  en  principes  utiles,  notamment  en 
potasse,  quoique  celle-ci  existe  dans  les  granités  et  les  schistes.  En 
effet,  la  plus  grande  proportion  de  la  potasse  que  ces  roches  renfer- 
ment est  engagée,  d'après  les  expériences  de  M.  Lechartier,  dans  des 
combinaisons  où  elle  est  peu  assimilable  par  les  plantes.  Il  a  donc 
entrepris  des  recherches  alin  de  se  rendre  compte  des  effets  que  pour- 
rait produire  l'emploi  d'engrais  potassiques.  Ces  essais  ont  été  pour- 
suivis, d'une  part  sur  des  défrichements  de  landes,  chez  M.  Ilunault, 
à  Orgères,  d'autre  part  sur  les  terres  de  la  ferme-école  des  Ïrois-Croix, 
depuis  longtemps  en  culture.  Dans  les  deux  cas,  l'effet  des  engrais 
potassiques  a  été  très  sensible.  M.  Lechartier  en  conclut  donc,  "avec 
raison,  que  la  question  des  engrais  potassiques  en  Bretagne  mérite 
d'être  étudiée  sérieusement;  il  se  propose,  d'ailleurs,  de  continuer 
les  expériences  dont  il  vient  de  faire  connaître  les  premiers  résultats. 
XIL  —  Bulletin  du  ministère  de  l'agriculture. 

Le  sixième  fascicule  pour  1884  du  Bulletin  du  ministère  de  l'agri- 
culture a  été  publié  récemment.  A  la  suite  des  documents  officiels  que 


168  CHRONIQUE  AGRICOLE  (1'"'  NOVEMBRE   1884]. 

nos  lecteurs  connaissent,  ce  fascicule  renferme  plusieurs  travaux  sur 
l'agriculture  étrangère  que  nous  devons  signaler.  Ce  sont  quatre  rap- 
ports de  MM.  le  baron  de  l'iancy,  Mérou,  de  Piaa,  sur  la  situation 
agricole  et  le  rendement  des  cultures  en  Allemagne,  la  fin  du  rapport 
de  M.  Lézé,  professeur  à  l'école  nationale  d'agriculture  de  Grignon, 
sur  les  progrès  récents  de  l'industrie  laitière  en  Danemark  et  en 
Hollande,  le  commencement  d'un  rapport  de  M.  Sauvage  sur  l'exposi- 
tion piscicole  de  Londres  en  1883.  Nous  ne  présenterons  qu'une 
observation  :  dans  son  mémoire  très  intéressant,  M.  Lézé  donne  des 
détails  sur  la  fabrication  du  fromage  artificiel  qui,  paraît-il,  se  propage 
en  Prusse;  cette  fabrication,  déjà  signalée  dans  l'Amérique  du  Nord, 
consiste  à  ajouter  au  lait  écrémé  de  la  margarine  et  du  saindoux,  afin 
d'obtenir  un  fromage  moins  maigre.  M.  Lézé  estime  que  le  procédé  est 
rationnel  et  pratique;  qu'il  nous  permetle  de  lui  dire  qu'il  répugne  à 
nos  idées,  peut-être  un  peu  rétrogrades.  Pour  nous,  le  fromage  est  un 
produit  exclusif  du  lait;  si  nous  étions  député,  nous  proposerions 
tout  de  suite  un  amendement  au  projet  de  loi  sur  les  fraudes  dans  le 
commerce  des  beurres,  afin  de  nous  prémunir,  au  besoin,  contre  le 
fromage  artificiel  de  Prusse  ou  d'autres  pays  initiateurs  du  progrès. 

XIII.  —  Sociale  de  médecine  vétérinah'e. 
La  Société  centrale  de  médecine  vétérinaire  a  tenu,  le  jeudi  23  octo- 
bre, sa  séance  publique  de  distribution  des  récompenses.  Après  un 
discours  de  M.  Weber,  président,  et  le  rapport  de  M.  Cagny  sur  les 
concours  de  1884,  on  a  entendu  un  très  intéressant  éloge  biogra- 
phique de  M.  Delafond,  ancien  directeur  de  l'école  vétérinaire  d'Alfort, 
par  M.  H.  Bouley,  secrétaire  général  de  la  Société. 

XIV.  —  La  peslc  burine. 
Nous  avons  annoncé  que  le  gouvernement  belge  avait,  par  un  arrêté 
en  date  du  8  octobre,  interdit  l'importation  et  le  transit  des  animaux 
des  races  bovines  et  ovines  d'Aulriche-Hongrie.  De  nouvelles  informa- 
tions ayant  établi  que  l'existence  du  typhus  contagieux  dans  un  trou- 
])eau  dd  bœufs  amenés  au  marché  de  Presbourg  n'a  pas  été  confirmée, 
un  nouvel  arrêté,  en  date  du  1G  octobre,  a  rapporté  cette  mesure  de 
précaution. 

XV  —  Concours  de  chevaux  de  irait  dans  la  Nièvre. 

La  Société  départementale  d'agriculture  de  la  Nièvre  organise  des 
concours  de  poulains  de  gros  trait  âgé  de  dix-huit  mois.  Des  primes, 
s'élevant  à  la  somme  de  3,000  fr.,  seront  décernées  j)ar  une  délé- 
gation de  la  Société,  le  2  novembre  à  Champlémy,  et  le  8  novembre  à 
Nevers,  aux  poulains  de  gros  trait,  de  robe  noire,  âgés  de  dix-huit 
mois,  reconnus  capables  de  faire  plus  tard  des  étalons  de  gros  trait. 
Les  poulains  primés  devront  être  conservés  dans  le  département  jus- 
qu'au concours  d'étalons  de  gros  trait,  qui  aura  lieu  à  Nevers  en 
188G,  et  être  présentés  à  ce  concours.  Ils  pouri'ont  être  vendus  pen- 
dant l'année  1885,  à  la  condition  expresse  que  les  acquéreurs  habitent 
e  département  de  la  Nièvre  et  s'obligent  à  les  présenter. 

XVI.  —  Concours  pour  des  semences  de  céréales. 
Le  Comice  agricole  de  Sainl-Amand  (Cher)   a  eu    l'heureuse  idée 
d'or-ganiser,  dans  les  cantons  de  sa  circonscription  oîi  se  tiennent  des 
marchés  au  blé,  des  concours  pour  les  plus  beaux  blés  de  semences. 


iPHBONIQIJE  AGRICOLE  (I"  NOVEMBRE  iSik).  169 

Ces  concours  ont  pu  avoir  lieu  dans  quatre  cantons  :  à  Saint-Amand, 
à  Chàteauneuf,  à  Lignières  et  à  Cliàteaumeillant.  Celui  de  Dun-le-Koi 
n'a  pu  se  tenir,  les  blés  ayant  été,  l'année  dernière,  presque  tous 
atteints  par  la  rouille.  Ils  ont  aussi  bien  réussi  qu'il  était  possible  de 
l'espérer  pour  une  première  année,  et  sont  certainement  dans  le  goût 
du  public  agricole.  Ils  portent  principalement  sur  les  blés  de  pays, 
sur  les  blés  étangers  et  sur  les  avoines  d'biver. 

XVII.  —  Transport  des  machines  à  battre. 
Le  ministre  des  travaux  publics  vient  d'Iiomologuer  une  proposition 
qui  lui  a  été  adressée  par  l'administration  des  chemins  de  fer  de 
l'Etat;  d'après  celte  disposition,  les  locomobiles  et  les  machines  à 
battre  envoyées  en  location  à  plus  de  100  kilomètres,  bénéficieront,  au 
retour,  d'une  réduction  de  50  pour  1 00  sur  les  pris  de  transport,  lorsque 
le  retour  aura  lieu  dans  les  trois  mois  qui  suivront  la  date  de  l'expé- 
dition, à  la  charge  par  le  propriétaire  de  justifier  que  les  locomobiles 
ou  les  machines  à  battre  transportées  en  retour  sont  les  mêmes  que 
celles  livrées  en  location.  Cette  nouvelle  disposition  est  mise  en  vigueur 
depuis  le  16  octobre  1884,  sur  toutes  les  lignes  composant  actuellement 
le  réseau  de  l'Etat  (y  compris  les  lignes  à  la  compagnie  d'Orléans). 

XVIII.  —  Questions  vilicoles. 
La  revue  commerciale  du  Journal  a  tenu  nos  lecteurs  au  courant  des 
circonstances  dans  lesquelles  se  sont  faites  les  vendanges  et  des  résul- 
tats qu'elles  ont  donnés.  Au  sujet  de  la  récolte  dans  l'Aude,  le  Mes- 
sager  du  Midi  publie  une  note  intéressante  de  lM.  Paul  Sol,  dont  nous 
croyons  utile  de  reproduire  le  passage  suivant  : 

<<  Nos  vins  sont  fails;  les  quantités  récoltées  sont  assez  fortes  pour  nous  faire 
encore,  cette  année,  tenir  la  lète  des  départements  français;  quant  aux  qualités, 
elles  sont  généralement  bonnes,  mais  quelques  réserves  devront  être  faites  pour 
les  lots  ayant  supporté  les  ondées  tombées  pendant  les  derniers  jours  de  sep- 
tembre. 

«  Bien  avisés  ont  été  ceux  qui,  sans  crainte  de  perdre  un  et  même  deux  degrés 
de  liqueur  et  par  suite  d'alcool,  ont  commencé  de  bonne  heure  à  enfermer  leurs 
raisins.  Un  coupage  avec  les  vins  provenant  du  fruit  cueilli  en  dernier  lieu, 
sera  le  meilleur  remède  à  employer;  cette  acidité  naturelle,  complétée  par  un 
léger  vinage,  procurera  à  leurs  produits  toute  la  tenue  désirable. 

a  Comme  il  fallait  s'y  attendre,  les  petits  vins  dominent,  soit  à  cause  des 
ravages  du  phylloxéra  bien  plus  grands  sur  les  coteaux  qu'en  plaines,  ou  bien  à 
cause  de  la  résistance  beaucoup  plus  forte  des  aramons,  ou  des  énormes  fumures, 
des  arrosages,  submersions,  pluies,  etc..  Vu  cette  abondance,  les  piquettes  n'ont 
pas  un  cours  très  rémunérateur  et  nous  ne  saurions  trop  engager  les  producteurs 
à  les  livrer  aux  flammes,  surtout  s'ils  reconnaissent  que  quelques-uns  de  leurs 
foudres  aient  besoin  d'être  légèrement  remontés. 

«  Qu'ils  utilisent  tout  au  moins  leurs  droits  de  bouilleurs  de  crû,  puisqu'ils  ne 
peuvent  tirer  bénéfice  de  la  loi  récemment  votée  par  le  Parlement,  touchant  le 
sucrage  de  la  vendange.  » 

Nous  espérons  que  les  réclamations  des  viticulteurs  permettront 
d'arriver  bientôt  à  une  application  réelle  de  l'article  de  la  loi  sur  le 
sucrage  des  vendanges  à  prix  réduit. 

XIX.  —  Arboriculture  fruitière  et  d'ornement. 
Nous  avons  reçu  récemment  le  catalogue  général  des  végétaux  de 
pleineterre  provenant  des  établissements  de  MM.  Jacquemet-Bonnefond, 
horticulteurs  et  pépiniéristes  à  Annonay  (Ardèche).  Ce  catalogue  com- 
prend les  plantes  d'ornement,  les  plants  d'arbres  fruitiers  et  d'arbres  et 


170  CHRONIQUE  AGRICOLE  (  1"  NOVEMBRE   1884''.. 

arbustes  d'ornement, les  rosiers,  les  plants  de  vignes,  etc.,  obtenus  sur 
les  sept  fermes  qu'ils  exploitent  dans  le  département  de  l'Ardèclie. 

MM.  Baltet  frères,  horticulteurs  à  Troyes  (Aub-îj,  mettent  en  vente 
une  nouvelle  variété  de  poire,  qu'ils  appellent  poire  Pierre  Joigneaux. 
C'est  un  fruit  volumineux,  de  forme  pyramidale.  L'arbre  qui  le  porte 
est  d'une  vigueur  remarquable. 

Les  pépinières  André  Leroy,  à  Angers  (Vlaine-et-Loire),  sont  dirigées 
par  les  fils  de  l'éminent  arboriculteur.  Les  effets  de  la  gelée  de  l'hiver 
1879-80  y  ont  entièrement  disparu,  et  les  prix  des  plants  sont  revenus 
à  leur  taux  normal;  il  y  a  même  une  diminution  dans  les  prix  des 
arbres  fruitiers  et  d'ornement  pris  par  quantité  de  dix  et  de  cent,  et 
sur    les    jeunes    plants    de    ces   mêmes    sortes   d'arbres. 

XX.  —  Sociélc  d' agriculture  du  Gard. 

Nous  apprenons  que  le  concours  annuel  de  la  Société  d'agriculture 
du  Gard,  qui  devait  avoir  lieu  le  26  octobre  est  renvoyé  au  di- 
manche 16  novembre  prochain.  Ce  concours  aura  toujours  lieu  à  La- 
rignargues,  canton  de  Saint-Mauierl,  au  domaine  appartenanlà  M.  Louis 
Guérin.  Il  comprendra  :  le  concours  d'instruments  aratoires  avec  ou 
sans  avant-trains,  charrues  à  quatre  bêles,  charrues  à  une  bête  ;  le 
concours  d'instruments  variés  pour  la  culture  de  la  vigne,  tels  que 
greffoirs,  herses  à  cheval,  bineuses,  scarificateurs,  etc.  Le  même  jour 
seront  également  distribuées  les  récompenses  afférentes  au  concours 
d'instruction  agricole  primaire,  de  la  race  ovine,  de  reconstitutions 
des  vignobles,  et  des  vieux  serviteurs. 

XXI.  —  Exposition  de  vins  nouveaux  en  Algérie. 
Les  viticulteurs  algériens  ont  pris  l'habitude  de  faire,  chaque  an- 
née après  les  vendanges,  une  exposition  de  vins  nouveaux.  Le  concours 
de  1884  aura  lieu,  sous  le  patronage  du  gouverneur  général,  à 
Constantine.  La  date  en  est  fixée  du  20  décembre  au  15  janvier.  Il  est 
probable  que  ce  concours  présentera  encore  une  plus  grande  impor- 
tance que  les  précédents.  Henry  Sagmer. 

DE  LA  TRAXSFORMATION  DES  TERRES  ARABLES 

EN  PHAIRIES,   PATUR.A,GES,     ETC. 

La  crise  que  traverse  en  ce  moment  notre  grande  agriculture  fran- 
çaise, donne  lieu  à  plusieurs  suggestions  plus  bienveillantes  que  pra- 
tiques, en  vue  d'apporter  quelque  remède  à  la  situation  lamentable 
OLi  les  cultivateurs  du  sol  de  la  France  sont  réduits,  situation  qui  va 
toujours  en  saggravant  et  menace,  si  un  remède  quelconque,  prompt 
et  efficace,  ne  vient  nous  arrêter  sur  le  bord  du  précipice,  de  nous  y 
précipiter  fatalement.  Entre  autres  remèdes,  on  nous  recommande  de 
changer  nos  cultures  et  nos  assolements,  et  de  transformer  nos  terres 
de  labour  en  prairies  et  pâturages.  Cela  est  facile  à  dire_,  mais  difficile 
à  exécuter.  D'abord  une  semblable  transformation  ne  peut  se  faire  du 
jour  au  lendemain.  Les  transformations  et  évolutions  de  l'agriculture 
sont  naturellement  lentes  à  s'accomplir;  cela  demande  un  lon^  travail  et 
1  action  des  saisons  qu'aucune  puissance  humaine  ne  saurait  accélérer  ; 
puis  celte  évolution  coûterait  fort  cher  et  demanderait  un  lourd  capi- 
tal que  les  cultivateurs  n  ont  déjà  plus  à  leur  disposition.  Finalement, 
cette  cessation,  même  partielle  de  la  culture  du  blé,  serait-elle  pru- 


TRANSFORMA.TIOi\  DES  TËUKIiS  AUABLBS   E.N'  PRAIIUES.  171 

deate  et  politi([ue?  Pour  transforiaei'  uae  lerre  do  labour  en  prairie,  il 
n'y  a  que  cju\  (jui  se  sont  livrés  à  cette  opération  qui  peuvent  en  ap- 
précier les  tiii'licultés  et  les  dépenses.  Ayant,  au  cours  de  nu  carrière 
d'agriculteur  et  d'agronome,  conçu  et  exécuté  cette  sorte  d'opération 
maintes  et  maintes  fois,  je  vais  rapidement  donner  une  descripûon 
sommaire  des  travaux  et  des  Irais  considérables  quelle  nécessite. 

Une  des  principales  conditions  de  la  création  de  prairies,  c'est  la 
netteté  des  terres  qu'on  destine  à  celte  opération  ;  c'est  donc  |iar  une 
récolte  soigneusement  sarclée  et  binée  qu'il  faut  débuter.  On  commence 
la  préparation  et  on  procède  à  la  fumure  préliminaire,  dès  l'automne, 
par  un  labour d'éteulage  sitôt  après  l'enlèvement  de  la  récolle  des  céréales; 
puis  on  fume  pour  la  récolle  sarclée  avec  de  bon  fumier  de  Ferme  ([ueTon 
enterre  à  la  profondeur  voulue.  On  laisse  le  cbamp,  ainsi  labouré,  exposé 
aux  frimas  de  l'hiver,  ce  qui  l'aère  et  l'ameublit.  Au  printemps,  on  donne 
un  labour  plus  léger  pour  ne  pas  ramener  le  fumier  à  la  surface  ;  on 
herse,  on  rouie,  souvent  plusieurs  fois,  dans  les  terres  fortes,  puis  on 
sème  les  betteraves,  pommes  de  terre  ou  autres  plantes  exigeant  un 
nettoiement  complet.  A  l'automne,  après  l'enlèvement  des  racines, 
au  lieu  de  semer  du  blé  comme  on  le  fait  ordinairement,  on  laboure  la 
surface  et  on  la  laisse  de  nouveau  exposée  aux  frimas  de  l'hiver,  en 
jachère  morte,  jusqu'au  printemps  suivant,  époque  où  l'on  peut  semer 
la  prairie  soit  seule,  soit  avec  une  emblavure  d'orge  ou  d'avoine,  seule 
de  préférence,  si  l'on  veut  arriver  plus  vite  et  obtenir  de  meilleurs  ré- 
sultats. 

S'il  s'agit  d'une  transformation  en  prairie  permanente,  il  convient 
avant  de  semer  l'herbe,  d'enterrer  à  une  boune  profondeur  une  copieuse 
fumure  d'engrais  de  ferme,  car  les  fumures  subséquentes,  une  fois 
l'herbe  semée,  ne  peuvent  plus  se  foire  qu'en  couverture,  et  il  est  iion 
d'emmagasiner  dans  le  sous-sol  le  plus  de  fumier  possible,  dont  la  dé- 
composition lente  donne  aux  légumineuses  et  aux  graminées  qui  doivent 
y  végéter,  une  nourriture  abondante  et  généreuse,  alin  que  les  plantes 
puissent  s'y  établir  tout  d'abord  avec  luxuriance  etvigueur.  Ce  n'est  que 
l'année  suivante  qu'on  peut  s'attendre  à  une  première  récolte  d'herbe. 
Ainsi  il  faut  trois  années  consécutives  de  préparation,  avantde  récoller  un 
brin  d'herbe,  quatre  ou  cinq  labours,  plusieurs  hersages,  roulages, 
sarclages,  nettoyages,  tout  au  moins  une  forte  fumure  de  fumier  de 
ferme  et  une  dépense  de  250  à  300  francs  de  graines  de  pré  par  hec- 
tare. Ainsi  au  débit,  trois  années  de  fermage,  300  francs  de  graines, 
500  francs  de  fumier,  autant  de  labours,  herbages,  sarclages,  binages, 
nettoyages,  etc.;  et  à  l'avoir,  une  récolte  déracines  qu'on  peut  évaluer, 
nette  des  frais  de  culture  et  de  récolte,  à  ^M)0  francs,  et  peut-être  une 
récolte  de  céréales  de  printemps  tout  au  plus, soit  en  tout  GOO  francs. 
On  peut,  en  somme,  évaluer  la  création  d'une  prairie  à  au  moins 
1,000  francs  l'hectare. 

Mais  ce  n'est  pas  tout.  Pour  tirer  parti  de  cette  augmentation  de 
production  fourragère  qui  nous  est  recommandée,  il  faudra  augmenter 
notre  bétail  dans  une  proportion  adéquate.  Avec  quelles  ressources 
pécuniaires,  nos  agriculteurs,  moitié  ruinés,  pourraient-ils  se  procurer 
cette  augmentation  de  leurs  troupeaux  ?  El  en  admettant  qu'ils  se  la  pro- 
curent, quelles  seront  leurs  ressources  immédiatementdisponibles  pour 
vivre  et  payer  leurs  ouvriers  et  le  loyer  de  leurs  fermes,  en  attendant 
qu'ils  puissent  réaliser  le  bétail  engraissé?  Tout  cela  est  fort  bien  eu 


172  TRANSFORMATIOiv!    DES  TERRES  ARABLES  EN  PRAIRIES. 

théorie;  mais  dans  les  circonstances  actuelles,  ce  n'est  qu'un  songe 
creux,  irréalisable  dans  la  pratique.  Pour  se  procurer  le  bétail  néces- 
saire à  l'aLignientation  de  la  production  fourragère  qu'on  nous  l'econi- 
mande,  il  faudrait  pouvoir  y  consacrer  au  moins  5U0  francs  par  hec- 
tare, ce  qui,  avec  les  frais  ci-dessus  énuaiérés,  fait  un  total  de 
1 ,500  francs  l'hectare,  que  coûterait  celle  transformation. 

On  peut  se  demander  alors,  surtout  dans  les  circonstances  actuelles, 
combien  il  y  a  de  fermiers  et  même  de  propriétaires  qui  peuvent 
s'imposer  un  pareil  sacrifice  d'argent,  de  temps  et  de  travail  ?  D'un 
autre  côté,  serait-il  d'une  bonne  politique  d'opérer  une  pareille  trans- 
formalion,  quand  bien  même  elle  serait  praticable  f*  Serait-il  prudent 
d'amoindrir,  dans  une  proportion  aussi  considérable,  la  cuhure  du 
blé  dans  notre  pays?  Vienne  une  guerre  européenne,  que  nos  ports  et 
nos  chemins  de  fer  soient  bloqués,  comment  pourrions-nous  approvi- 
sionner notre  population  et  nos  armées?  Serait-il  prudent,  pour 
une  nation  continentale  comme  la  nôtre,  de  dépendre,  pour  nos  appro- 
visionnements de  blé,  de  l'importation  de  chez  nos  voisins,  qui  pour- 
raient un  beau  jour  nous  fermer  leurs  portes  et  nous  couper  les  vivres  ? 
D'un  autre  côté,  si  nous  amoindrissons  notre  production  de  blé,  com- 
ment ferionsrnous  pour  nous  procurer  de  la  paille  rendue  encore  plus 
indispensables  avec  l'augmenlalion  du  bétail?  La  paille  est  une  des 
nécessités  indispensables  de  l'économie  de  nos  exploitations  surtout 
au  point  de  vue  de  l'entretien  de  nos  bestiaux  el  comme  litière  et 
comme  fourrage.  Plus  nous  aurons  de  bétail,  plus  il  nous  faudra  de 
paille  de  blé,  comme  nourriture  auxiliaire  et  comme  véhicule  du 
fumier  d'étable.ll  n'estdonc  pas  possible  de  rompreainsi  l'équilibre  de 
nos  assolements  et  de  l'économie  de  nos  exploitations  agricoles.  On 
ne  peut,  dans  les  circonstances  générales  de  l'agriculture,  augmenter 
induement  une  de  ses  branches  de  production,  aux  dépens  d'une  autre. 
Car  toutes  sont  solidaires  les  unes  des  autres,  et  leur  équilibre  normal 
doit  être  maintenu. 

Non,  mille  fois  non!  ce  n'est  pas  dans  cette  transformation  de   nos 
terres  de  culture  en  pâturage,  qu'il  faut  chercher  le  remède  à  notre 
détresse.  In  pays  comme  la  France,  avec  son  sol  et  son  climat,   avec 
sa  situation  si  heureuse,  au  point  de  vue  de  la  production  et  des  mar- 
chés,  ne  peut  amoindrir  sa  production  de  blé,    sans    commettre    un 
véritable  suicide.   C'est  ailleurs  qu'il  i'aut  chercher  le  remède.  Le  re- 
mède n'est  point  tant  dans  le  relèvement  des  droits  d'entrée  sur  le 
bétail  que  dans  celui  des  droits  d'entrée  sur  le  blé.  Le  libre-échange 
appliqué  à  la  production  agricole,   est  une  belle  et  séduisante  théorie 
C'est  une  idée   noble,  généreuse,  mais  ce  n'est  pas  pratique.  Nous  en 
avons  fait  l'essai,  el  cet  essai  n'a  point  réussi;  il  est  temps  de  l'aban- 
donner,   Les  Américains,    après  une  guerre  intestine  qui  avait  ruiné 
leurs  linances,  ont  eu  le  bon  esprit    d'élever  fortement  leurs  tarifs  de 
douanes.    Ils  ont   aujourd'liui    payé  tous  les  frais    de    cette   terrible 
guerre,  rélabli  leurs  finances,    relevé   leur  crédit  el  assuré  leur  pros- 
périté. Voilà  un  exemple  à  suivre  !  Espérons  donc  que  notre  gouverne- 
ment, éclairé  par  l'imminence  de  la  ruine  de  notre  agriculture  et  par 
les  remontrances  qui  s'élèvent  si  unanimement  des   quatre  coins  du 
pays,  saura  dirii^er  les  débals  de  notre  Parlement  vers  Tunique  solution 
possible  de  la  difficulté  qui  nous  étreint,  en  rendant  la  loi  fiscale  que 
nous  réclamons.  De   la  Tkéhgnnais. 


SUR  LES  BESOINS  DE  L  ACRICULTURI':.  173 


SUR  LES  BESOINS  DE  L'AGRICULTURE' 

Tl  y  a  trois  mois  à  peine,  en  fondant  avec  vous  à  cette  place  notre  institution, 
j'exprimais  encore  timidement  l'espoir  d'un  prochain  réveil  de  bon  sens,  de  clair- 
voyance générale,  et  surtout  de  justice  dans  le  Parlement.  Et  voilà  c[ue  depuis 
trois  mois,  le  réveil  a  sonné;  partout  la  lumière  éclate,  le  bon  sens  crie  et  la  jus- 
tice arrive.  A  tous  les  horizons  du  pays,  votre  cause  est  éloquemment  plaidée,  vos 
avocats  s'imposent,  et  les  convictions  se  conquièrent.  Et  ce  n'est  plus  seulement 
dans  les  groupes  où  l'on  parle  entre  soi,  chez  soi,  dans  des  a  parle  d'iniérêts  — 
comme  ici,  je  1  avoue;  —  mais  non,  c'est  dans  des  réunions  libres  et  composites  : 
banquets,  solennités,  rencontres,  assemblées  de  toutes  sortes,  c'est  dans  une 
grande  partie  de  la  meilleure  presse  politique,  et,  ce  qui  pèse  plus  encore,  c'est 
dans  les  comptes  rendus  de  mandataires  à  mandants  qu'on  ose,  qu'on  peut,  qu'on 
sent  devoir  enfin,  non  plus  honorer  seulement  l'agriculture  en  paroles  vaines, 
mais  !a  rassurer,  l'encourager  pour  de  bon,  et  la  gager  par  ces  promesses  qui  lient 
sans  retour. 

Acceptons,  messieurs,  ces  augures  d'un  renouveau  si  longtemps  attendu,  et, 
près  de  toucher  aux  réalités  qui  s'avancent,  éclairons  la  route  qui  nous  y  conduira  ; 
passons  une  rapide  revue  des  hypothèses,  des  systèmes,  et  permettez-moi  de 
vous  dire  d'où,  pour  ma  part,  j'estime  que  nous  viendra  le  co  nraenceraent  du  sahiL. 
11  y  a,  messieurs,  parmi  les  consultants,  de  nombreux  traitements  curatifs  eu 
dispute.  D'abord,  —  et  pour  quelques-uns  tout  est  là,  —  c'est  un  ensemble  de 
petits  moyens,  de  réformes  amalgamées,  décodes  simplifiés,  de  fiscalités  adoucies  ; 
quelque  chose  comme  des  potions  édulcorées,  ou  des  toniques  empruntés  à  la 
vertu  des  simples.  Dans  tout  cela,  je  n'entends  pas,  Dieu  m'en  garde,  vous  dé- 
noncer des  fioles  de  charlatans  ou  des  procédés  d'endormeurs.  Non  pas  ;  mais, 
tantôt  illusions  d'optimistes,  et  tantôt  refuge  des  embarrassés  ;  ici  l'insuffisance 
d'approfondissement  des  questions,  et  là  leur  ignorance  à  peu  près  complète. 

On  proposera  par  exemple  d'abolir  la  prestation?  —  Soit!  elle  est  abolie  ;  qu'y 
gagnerez-vous,  dites-moi,   par  année. ^ 

11  laut  dégrever  la  terre;  plus  d'impôts  fonciers  sur  la  propriété  non  bâtie,  ou 
40  raillions  de  moins,  tout  au  moins:  —  Soit  encore!  nous  le  voulions,  nous 
l'avions  espéré;  c'était  superbe  !  et,  calcul  fait,  c'est  en  centimes  que  se  chitTrait 
le  profit  par  hectare. 

On  doit  abaisser  les  tarifs  de  transports?  —  La  chose  est  fort  désirable, 
quoique  peu  commode  en  sérieuses  proportions;  mais  pourtant  voilà  qui  est  fait  ! 
De  combien  par  sac  de  b!é,  de  combien  par  mouton  tondu  ou  vendu  la  perte 
actuelle  du  cultivateur  en  sera  t-elle  diminuée?  et  qui  mettra  l'épargne  en  poche, 
du  producteur  ou  du  gros  négociant? 

On  doit  aussi  réduire  Iss  droits  de  mutation  entre  vifs,  supprimer  ceux  de  tels 
ou  tels  échanges  et,  là  comme  ici,  rayer  un  décime,  si  ce  n'est  deux?  On  alfran- 
chira  des  atteintes  fiscales,  dans  les  successions,  le  passif  qui  grevait  le  défunt? 
—  C'est  parfait!  Mais  à  moi  qui  ne  vend  pas,  qui  n'échange  pas,  qui  n'hérite 
pas  ;  à  moi  qui  vis  sur  ma  terre  et  qui  la  garde,  qu'en  reviendra-t-il  ?  —  ou  même 
si  je  dois  en  passer  par  là  forcément  une  fois  en  viugt  ans,  —  combien  par 
année"?  Mais  soit  encore!  on  me  prendra  moins,  me  donnera-t-on  plus? 

Voyons  donc  ailleurs  :  en  remaniant  le  Gode  rural,  on  rendra  les  procès  moins 
coûteux?  —  Eh  bien!  vous,  messieurs  les  Normands,  dont  la  réputation  e.i  co 
genre  est  faite  —  et  surfaite  —  eh  bien  !  là  vraiment,  en  avez-vous,  en  savez-vous 
tant  que  cela  des  procès?  Et  vous,  fermier  débonnaire,  homme  conciliant,  pour 
qui  la  crainte  de  la  basoche  est  le  commencement  de  la  sagesse,  cherchez  encore 
ici  votre  réélit,  aubaine. 

Messieurs,  toutes  ces  ordonnances,  tous  ces  expédients,  tousces  adjuvants  sont 
bons  et  baux,  savants,  avisés,  admirables  d'intention;  mais,  en  vérité,  pour 
l'effet,  ils  m'ont  trop  un  air  de  famille  avec  le  fameux  cautère  sur  une  jambe 
de  bois.  Le  résultat  le  plus  clair  sera  de  grouper  et  d'additionner  de  la  sorte  une 
kyrielle  de  moins-values  qui  feront  une  brèche  effroyable  au  budget,  et  qui,  ])our 
chaque  unité  contribuable,  —  c'est  vous,  messieurs,  —  mettront  quelques  sous 
de  plus  dans  les  tirelires.  C'est  toujours  l'histoire  des  40  millions. 

Nous  voilà  donc  loin  du  but.  Y  ferons-nous  grand  pas  avec  l'administratif  et  le 

1.  Elirait  d'un  discours  prononcé  le  7  octolirc  à  la  Société  d'encouragement  à  l'agriculture  de 
l'arrondissement  du  Havre. 


174  SUR  LES   BESOINS  m:  L  AGRICULTURE. 

déliLérani,  plus  ou  moios  officiel  ou  privé?  Il  s'agit  là  d'associer,  d'encommis- 
sionner  et  presque  de  syndiquer  tous  les  intérêts  agricoles,  Chambres  au  petit 
pied,  représentation  permanente,  rapports  et  procès-verbaux,  comptes  rendus, 
vœux,  circulaires,  et  tout  ce  qui  s'ensuit  ! 

Certes,  mes  chers  collègues,  il  me  siérait  mal,  dans  la  fonction  d'honneur  et 
de  confiance  que  je  tiens  aïe  vous,  et  ce  n'est  à  personne  ici,  denier  l'efficacité  par- 
tielle des  institutions  de  ce  ^enre. 

Sociétés  d'agriculture,  centrales  ou  locales  ;  sociétés  d'études  ou  d'application, 
d'enseignement  ou  de  propagande,  libres  ou  rattachées  à  l'Etat;  associations  au 
travail  et  mise  en  commun  des  extra-dépenses,  loutes  ces  utiles  créations,  toutes 
ces  tentatives  méritent  le  concours  empressé,  l'aide  matérielle  et  morale  de  qui- 
conque a  souci  des  progrès  de  notre  agriculture;  mais  ce  sont  là  des  efforts  lents, 
successifs,  qui  demandent  longue  haleine,  et  n'aboutiront  qu'à  des  succès  minimes 
et  relatifs  pour  longtemps. 

Or,  dans  le  marasme  où  nous  sommes,  et  qui,  sans  un  secours  immédiat,  ne  sau- 
rait être  une  crise  passagère  ;  en  présence  d'un  mal  aigu,  ce  n'est  pas  un  traite- 
ment chronique  et  temporisateur  qu'il  nous  faut.  Quand  un  malade  peut  mourir 
tout  à  l'heure,  quel  médecin  demandera  des  années  pour  lui  refaire  une  constitu- 
tion tout  entière,  à  doses  infinitésimales  de  science  et  d'expérimentations 
méthodiques! 

Il  faut  donc  louer  très  fort  et  seconder  ces  sages  visées  d'avenir,  les  encourager, 
les  provoquer  à  l'œuvre,  et  puis...  passer  outre  et  faire  autre  chose.  Car,  pour  bien 
vivre  demain,  il  est  généralement  reconnu  nécessaire  de  vivre  tant  bien  quç  mal 
aujourd'hui. 

Avançons  donc  et  poursuivons  nos  recherches.  Nous  allons,  cette  fois,  appro- 
cher du  but  quelque  peu,  si  vous  prenez  rudement  votre  aide  en  vous-même,  en 
attendant  que  le  ciel  vienne  vous  aider. 

Il  y  a  longtemps,  messieurs  les  cultivateurs,  qu'on  vous  a  conseillé  de  recourir 
au  crédit  agricole, —  quand  il  sera  né,  s'entend  bien  !  —  de  modifier  vos  cultures 
ou  vos  assolements,  d'adopter  ou  d'essayer  tout  au  moins  les  engrais  chimiques, 
d'employer  les  machines  quand  vous  le  pouvez,  et  d'élever  enfin  partout  du  bétail. 

Ici,  j'aurai,  comme  tant  d'autres,  le  médiocre  courage  de  parler  librement  à 
des  hommes  libres,  et  d'user  d'une  honnête  franchise  envers  d'hon;  êtes  gens. 

Eh  bien  !  messieurs,  faites  votre  examen  de  conscience  agricole,  et  demandez- 
vous  si,  par  ces  moyens  divers,  vous  avez  fait  tout  ou  partie  du  possible?  Aux 
appels,  aux  offres  d'expériences  gratuites  prodiguées  par  la  Société  centrale  de 
Rouen,  combien  de  communes  onF  seulement  répondu?  combien  ont  témoigné  de 
leur  bonne  volonté  pour  l'épreuve?  combien  d'entre  vous  se  sont  rendus  aux  con- 
férences du  dévoué  M.  Marchand?  combien  ont  lu  ses  livres  si  pratiquement 
utiles,  ou  les  instructives  publications  des  Sociétés  de  Rouen  et  du  Havre?  les- 
quels ont  recherché,  puis  tenté  d'appliquer  les  conseils  des  plus  autorisés?  les- 
quels ont  profité  des  vieille»  expériences  d'un  éminent  voisin,  tel  qu'est  mon  voisin 
de  droite  à  cette  heure',  de  celui-là  qui  devrait  occuper  la  place  dont  sa  modestie 
m'a  voulu  charger  malgré  moi  ? 

Permettez-moi,  mes  chers  collègues,  une  liberté  nouvelle.  Combien  de  vous  ont 
leurs  comptes  bien  tenus,  pour  se  rendre  compte?  une  comptabilité  seulement 
rudimentaire,  mais  éloquente  en  sa  simplicité?  Connaissez-vous  assez  toujours  les 
éléments,  les  causes  de  vos  profils  ou  de  vos  pertes?  le  coût  spécial  et  distinct  de 
chaque  culture,  pour  en  pénétrer  ainsi  le  fort  et  le  faible,  et  la  poursuivre  ou 
l'abandonner? 

Vous  êtes-vous  ainsi,  d'une  part,  protégés  vous-mêmes  avec  toutes  les  forces  de 
l'intelligence  comme  des  bras,  et,  de  l'autre,  êtes-vous  enfin  en  mesure  de  prouver 
à  tous  ce  que  vous  êtes  et  ce  que  vous  faites,  vous,  vos  exploitations,  vos  décep- 
tions, vos  souffrances,  vos  plaintes  et  revendicaitions  légitimes? 

Mais  si  je  viens  d'être  un  peu  l'accusateur,  messieurs,  si  je  me  suis  presque 
fait  témoin  à  charge,  je  redeviens  bien  vite  le  témoin  à  décharge.  —  Oui,  sans 
doute,  vous  pourrez  beaucoup  obtenir  à  la  longue,  avec  du  courage  et  de  l'ini- 
tiative, enchâssant  la  routine  et  n'ayant  peur  du  nouveau.  —  Mais  s'il  est  ques- 
tion de  crédit,  et  si  vous  y  vouliez  recourir,  encore  une  l'ois,  oiî  est-il?  où  sont  les 
banques  agricoles,    avec    des   conditions    aliordables  —  et  des  guichets  ouveris 

I.  M.  Arthur  Barel,  maire  de  Fongueusemare,  avec  tequel  il  convient  de  nommer  aussi  son 
frore,  M.  Stanislas  Burel,  ancien  élève  de  l'Ecole  polytechnique,  et  culUvateur  émérite 
comme  lui. 


SUR  Li:S  BESOINS  DK  L'AGIUGULTURE.  175 

volontiers  — et  des  rapports  de  droit  praticables,  rassurants,  protecteurs  du  faible, 
entre  emprunteurs  et  prêteurs?  Et  si  de  bonnes  lois  sur  la  matière  sont  difficiles 
à  faire,  encore  faut-il  qu'elles  soient  faites  avant  qu'on  vous  reproche  de  n'en 
point  user. 

Quand  on  parle  d'engrais  artificiels,  vous  répondez  qu'ils  sont  falsifiés  neuf 
fois  sur  dix,  et  qu'une  pénalité  dérisoire  n'empêchera  jamais  le  voleur  de  voler. 

Ah  !  nous  avons  bien  la  grande  panacée  de  l'élevage!  c'est  la  selle  à  tous  che- 
vaux, enfourchée  par  quiconque  prétend  qu'il  suffit  de  vouloir,  et  que  jtout  ira  pour 
le  mieux  dans  les  champs.  —  Faire  du  bétail,  élever  des  chevaux?  c'est  facile  à 
dire  dans  le  cabinet,  comme  tout  à  l'heure  d'j  dresser  la  carte  imaginaire  des 
progrès  théoriques,  et  celle  d'un  pays  transformé  par  un  coup  de  baguette.  Mais 
celui-là  qui  marche  à  travers  la  campagne,  observateur  sérieux  et  fugace,  qui 
visite  la  ferme  et  cause  avec  le  paysan,  celui-là  sait  bien  ce  que  vaut  la  recette. 
Pour  faire  du  bétail,  pour  élever  des  chevaux,  il  faut  des  prairies  naturelles  ou 
artificielles,  et  l'herbe  des  prairies  ne  pousse  pas  sans  eau,  sans  eau  disponible  et 
courante  ;  car  l'eau  du  ciel  n'y  suflil.  Allez  donc  créer  des  prairies  dans  les  plaines 
brûlantes,  et  sur  ces  vastes  plateaux  où  la  sécheresse  de  toute  une  saison  réduit 
parfois  bêtes  et  gens  à  des  puits  vides,  à  des  mares  croupies,  pt  les  force  à  des- 
cendre aux  vallées  pour  y  chercher  l'eau  potable. 

Ajoutons  que  si  tout  le  monde  se  met  à  faire  du  bétail  parce  que  aujourd'hui 
le  bétail  se  vend  bien,  demain,  ipso  faclo^  nous  verrons  le  prix  du  bétail  s'avilir, 
et  la  question  du  blé  deviendra  la  question  de  la  viande. 

Et  puis,  à  changer  vos  cultures,  à  faire  tant  d'expériences  et  d'essais,  à  vous 
exténuer  pour  produire  davantage  sur  un  même  espace,  avec  les  mêmes  frais,  si 
rien  ne  vous  garantit  contre  la  dépréciation  incessante,  si  la  moins  value  menace 
toujours  de  compenser  la  plus-quantité,  si  l'invasion  du  dehors  demeure  librement 
déchaînée,  qui  donc  trouvera  le  courage  d'accuser  votre  découragement? 

Et  maintenant,  mes  chers  collègues,  après  ce  néant  d'enquête,  après  ce  triste 
inventaire  de  moyens  stériles  ou  lointains,  quelle  est  la  conclusion?  Vous  l'avez 
pressentie. 

Il  faut  sortir  des  errements  funestes  que  l'exagération  des  systèmes  et  l'intran- 
sigeance économique  ont  fait  prévaloir.  Il  faut  congédier  les  docteurs  absolus  du 
laisser-faire  et  du  laisser-passer,  et  les  renvoyer  à  leurs  livres,  pour  qu'ils  ne 
ravagent  plus  nos  affaires. 

L'agriculture  est  une  industrie,  la  première  de  toutes,  et  sa  santé  vigoureuse 
est  la  condition  vitale  d'un  pays  comme  est  l'air  aux  poumons  de  l'homme.  Elle 
couvre  la  France  entière,  elle  occupe  les  deux  tiers  de  ses  bras.  Elle  doit  être  pro- 
tégée, secourue,  défendue  autant  que  toute  autre  industrie^  plus  encore;  la  traiter 
comme  une  quantité  négligeable  est  une  absurdité  monstrueuse;  l'abandonner 
dans  le  péril  suprême  serait  une  folie  criminelle:  aucune  des  rares  cultures  qui 
vous  restent  ne  doit  périr  et  celle  du  blé,  la  première,  doit  être  sauvée. 

Si  la  France  était  tributaire  du  dehors  pour  son  blé,  quel  Français  pourrait 
songer  à  la  guerre  maritime  sans  frémir? 

Mais  si  le  problème  du  pain  est  le  plus  redoutable  de  tous,  il  comporte  avec  lui 
tous  les  autres,  et  qui  veut  protéger  le  blé  français  dans  la  mesure  du  possible 
serait  difficilement  soupçonné  d'indifférence  à  toute  production  agricole,  comme  à 
toute  autre  grande  industrie  nationale.  J'en  ai  donc  dit  assez,  messieurs,  pour  que 
vous  ayez  ma  pensée  tout  entière,  sans  que  je  me  livre  aux  détails  et  que  je  me 
risque  à  des  précisions  impoi^sibles. 

Je  ne  suis  pas  un  outrancier  de  la  protection,  sachant  que  la  France  exporte  et 
doit  exporter,  sachant  aussi  que  la  vie  matérielle  de  chaque  citoyen  en  aurait  trop 
à  souB'rir.  Mais  quand  le  libre-échange  serait  un  libre  suicide,  je  le  maudis, 
et  je  combats  Us  prôneurs  qui  le  veulent  imposer  au  pays,  à  l'agriculture,  à 
toute   industrie,  pour  qui  ce  serait  mort  violente. 

Je  veux  la  protection  raisonnée,  raisonnable,  mesurée  aux  besoins  de  ceux  qui 
produisent  comme  aux  besoins  de  ceux  qui  consomment. 

Et  pour  revenir  encore  au  type  de  l'exemple,  au  critérium  supérieur,  s'il  faut, 
si  l'on  peut  accepter  un  droit  sur  le  blé,  c'est  à  la  seule  condition  que,  par  son 
cbifl're  et  par  un  ensemble  de  mesures  concordantes,  on  laissera  le  prix  du  pain 
constamment  et  sûrement  accessible  à  tout  travailleur. 

Ai-je  à  présent  besoin  d'affirmer,  mes  chers  collègues,  de  quel  co'ur  je  vais 
m'associer  au  principe,  au  sens  général  du  vœu  que  vous  émettez.  Je  ferais  plus 
encore,  si  besoin  était  :  ce  vœu  dont  vous  allez  saisir  les  deux  Ciiarnbrcs,  je  ne 


176  SUR  LES  BESOINS  DE  L'AGRICULTURE. 

me  bornerais  pas  à  l'approuver;  je  le  conseillerais,  je  vous  y  provoquerais;  car 
il  répond,  vous  venez  de  le  voir,  à  mon  sealiment  de  la  justice  et  de  l'intérêt  natio- 
nal, autant  qu'à  vos  intérêts  personnels. 

Je  me  réserverais  seulement,  comme  c'est  mon  devoir  et  mon  droit,  une  cer- 
taine latitude,  une  certaine  marge  d'appéciation  ultérieure  et  de  transaction, 
éventuellement  utiles  au  succès  même  de  vos  espérances. 

Mais  ces  espérances,  au  moins,  mes  chers  collègues,  ayez-les  tous  avec  moi. 
Confions-nous  à  la  haute  force  d'évidence  que  le  fait  univeisel  apporte  à  vos 
droits.  Confions-nous  à  la  sagesse,  au  patriotisme  du  Parlement,  sans  distinguer 
ici  la  majorité  républicaine  et  les  minorités  opposantes;  car  il  n'y  va  point  de  la 
politique  des  pariis.  La  majorité  sans  épithète  comprendra  que  le  simple  mot 
libre  échange  n'enferme  pas  la  solution  du  problème  dans  une  consonnance  avec 
le  grand  mot  liberté. 

Elle  reconnaîtra  que  les  protecteurs  modérés  ont,  en  face  de  leurs  adversaires, 
le  droit  au  moins  égal  de  se  dire  les  champions  sincères,  logiques  et  pratiques  du 
travail  intérieur. 

Elle  se  gardera  de  cet  étrange  préjugé  qu'il  faille  parler  du  consommateur 
avant  tout,  et  que  celui-ci  soit  au  producteur  comme  est  la  défense  à  l'attaque. 

Dans  un  Etat  démocratique,  où  l'exception  oisive,  où  l'aisance  toute  faite  sont 
comme  n'étant  pas,  il  n'y  a  pour  tout  citoyen  que  trois  façons  de  pourvoir  à  ses 
besoins  matériels  :  le  travail,  la  mendicité  ou  le  vol.  —  Le  travail,  c'est  la  produc- 
tion, et  dès  lois,  nul  ne  peut  décemment,  dignement,  honnêtement,  consommer 
s-ans  produire.  Mais  toute  production  active  entraîne  et  fait  croître  à  l'envi  la  con- 
somma lion  légitime,  tandis  {|ue  la  réciproque  n'est  pas  vraie;  —  d'où  suit  que 
nul  homme  valide  n'a  dioit  à  ce  que  les  pouvoirs  publics  s'occupent  en  lui  du 
consnmmateui',  sans  qu'il  se  soit  lui-même  acquitté  de  son  devoir  de  producteur. 
Si  donc  on  pouvait  et  s'il  fallait  choisir  celui  qu'il  faut  considérer  d'abord,  celui 
des  deux  qui  doit  être  avant  tout  encouragé,  facilité,  protégé,  c'est  le  producteur. 

Si  ces  élémentaires  vérités  ne  devaient  pas  prévaloir,  il  faudrait  désespérer  du 
bon  sens  humain.  Encore  un  peu  de  patience;  couiinuité  d'efl'orls;  persévérance, 
modération,  et  confiance  dans  les  institutions  du  pays  ;  c'est  ainsi  que  vous  pour- 
rez concourir  vous-mêmes  le  plus  efficacement  à  la  réalisation  de  vos  souhaits. 

Paul  Casimir-Périer, 

Députe    de    la  seine-lnferieure. 

ASSIMILATION  CHEZ  LA  VACHE 

Il  peut  être  utile  de  rappeler  que  les  magnifiques  recherches  de 
M.  Boussingault  (voir  sou  Economie  rurale)  ont  fait  constater  que  ce 
ne  sont  guère  que  les  55  pour  100  des  éléments  nutritifs  contenus 
dans  les  aliments  qui  sont  retenus  par  les  organes  digestifs  et  assi- 
milateurs.  Le  surplus,  soit  les  45  pour  100,  disparaît,  la  majeure 
partie  se  retrouvant  dans  les  déjections  solides  et  liquides. 

Quoi  d'étonnant  dès  lors  que  certains  animaux,  formant  une  race 
douée  de  bonnes  qualités,  puissent  assimiler  une  proportion  d'éléments 
nutritifs  supérieure  à  55  pour  100.  Quoi  qu'il  en  soit  de  cette  propor- 
tion, il  est  aisé  d'admettre  qu'une  quantité  considérable  des  sub- 
stances nutritives  n'étant  pas  absorbée,  les  animaux  assimilant  seule- 
ment 5  pour  100  de  plus  que  d'autres,  les  premiers  auront  sur  les 
autres  un  avantage  considérable,  5  pour  100  représentant  un  bénéfice. 

Tout  est  là.  Or,  pour  se  rendre  compte  de  cette  possibilité  d'assimi- 
lation, en  plus,  il  importe  de  savoirles  grandes  pertes  normales  qui  ont 
lieu.  Les  durliams,  que  j'élève  depuis  dix-huit  ans,  ont  l'incontestable 
avantage  d'assimiler  mieux  la  nourriture  que  d'autres.  Comme  lait, 
travail  et  engraissement,  j'accepterai  la  lutte  avec  qui  voudra,  et  je 
suis  prêt  à  fournir  les  preuves  vivantes  de  la  supériorité  de  celte  race 
pour  ces  trois  aptitudes.  11  s'entend  pour  des  animaux  convenablement 
nourris.  Mais,  à  conditions  égales,  le  durhain  de  bonne  famille  l'em- 
portera toujours  sur  toute  autre  race.  Jdan  Kienek. 


PISGICQLTURE.  —  LA  SARDINK.  177 


PISCICULTURE-  -  LA  SARDINE-  —  XI 

Ajoutons  quelques  faits  à  ce  que  nous  publions  ici  depuis  longtemps 
sur  la  sardine. 

Pour  faire  suite  aux.  dernières  observations  que  contenait  le  n"  800 
du  Journal,  nous  ajouterons  les  faits  qu'une  récente  excursion  à  nos 
côtes  de  l'Ouest  nous  a  permis  de  constater. 

La  campagne  1 88 '^  comptera,  en  effet,  pour  une  des  plus  tristes  de 
ces  dernières  années;  le  mal  semblerait  entrer  dans  une  de  ces  phases 
chroniques  que  seul  le  découragement  de  nos  pêcheurs  égalerait. 

J'ai  qualre  garçons,  nous  disait  la  vaillante  compagne  d'un  inscrit  : 
trois  sont  au  service  de  l'Etat,  dont  deux  embarqués  ;  le  quatrième 
est  mousse  à  bord  d'un  sardinier;  ordinairement,  dans  la  campagne 
de  pèche  de  cent  jours,  il  rapportait  cent  francs  à  la  maison  ;  cette 
année,  il  a  gagné  vingt  francs  ! 

Les  usines  qui  fermaient  en  octobre  ont,  depuis  la  mi-septembre, 
renvoyé  leur  personnel.  Bienheureux  serons-nous  si,  l'année  prochaine, 
elles  se  rouvrent;  quelques-uns,  dit-on,  veulent  transporter  leur 
industrie  sur  les  côtes  d'Espagne,  oi!i  la  sardine  se  pèche  toujours  en 
masse. 

On  nous  abandonne,  nous  disait  dans  son  simple  et  touchant  lan- 
gage celte  Française  comme  il  y  en  a  trop  peu.  Non,  lui  répondîmes- 
nous,  la  République  ne  vous  abandonne  pas,  mais  doit-elle  empri- 
sonner vos  maris  ou  vos  lils  quand  ils  pèchent  la  mouilliere  de  mars^ 
pu  faire  donner  le  poisson  quand,  après  avoir  été  vu  jouant  autour  des 
barques,  il  ne  veut  pas  s'enimailler. 

Non,  mais  ce  que  la  République  doit  pouvoir  empêcher,  c'est  que  qua- 
treoucinq  maisons  accaparent /a  ro^'M?,  nous  faisant  payer  1 10  et  1  I2fr. 
ce  qui  se  payait  70  ou  72  francs  ;  mais  nous  dire  surtout  ce  qu'est  cette 
rogne  nouvelle,  vendue  sous  le  nom  de  rogue  des  colonies  (farine  des 
colonies  faite  dans  certains  ports  bretons  que  l'on  pourrait  nommer), 
qui  non  seulement  empoisonne  le  poisson,  mais  indispose  ceux  de  nous 
qui  ont  le  malheur  de  goûter  à  la  sardine  que  vous  prenez  avec  elle. 

Heureusement  que  l'odeur  de  péti'ole  qui  se  dégage  durant  sa  cuisson 
nous  avertit  du  danger. 

La  composition  de  ce  nouvel  appât,  que  nous  ignorons,  aurait  pour 
base  des  tourteaux  de  lin  desséchés  et  pulvérisés  préalablement,  ma- 
cérés dans  un  liquide  d'une  violence  telle  que  des  rats  à  qui  on  en 
avait  fait  manger,  en  étaient  à  l'instant  gonflés  et  paralysés. 

Le  secret  d'un  tel  toxique  ne  doit  pas  être  difficile  à  trouver,  et  aus- 
sitôt il  est  possible  au  ministère  de  la  Marine  de  protéger  ses  inscrKs 
contre  leur  propre  entraînement. 

Si.  transportant  la  question  de  la  gravité  de  l'atteinte  faite  à  un 
des  plus  grands  facteurs  de  la  défense  nationale  à  celle  du  peuple- 
ment de  nos  côtes,  auquel  il  faudra  pourtant  bien  songer  une  fois  ,  ne 
serait-il  pas  à  craindre  que  ce  qui  se  produit  sur  la  délicate  petite 
sardine,  ne  se  produise  sur  les  autres  plus  gros  poissons,  pour  les 
pleuronectes,  pir  exemple;  qui,  eux,  rampant  sur  les  fonds,  y  trou- 
veraient de  si  terribles  poisons. 

Le  bien  comme  le  mal  s'enchaîne  dans  la  nature  ;  or,  ne  recule-t-on 
pas  de  frayeur  à  la  pensée  qu'un  jour  se  verrait  oîi  nos  côtes  pourraient 


17S  PISCICULTURE.  —  P.A  SARDINE, 

être  délaissées,  to.is  ces  riches  cantonnemeats,  domaines  dont  sont  si 
largement  pourvus  les  plateaux  sous-marins  de  nos  rives  de  l'Ouest, 
abandonnés  par  des  familles  que  non  seulement  nous  n'aurions  pas  su 
y  protéger,  mais  que  nous  y  aurions  même  laissé  empoisonner  ! 

Non,  cela  ne  sera  pas,  et  la  République,  qui  n'est  pas  le  piétinement 
sur  place,  y  pourvoira. 

Seul,  après  Pascal,  le  silence  est  grand,  semblent  vouloir  redire  nos 
laboratoires  marins,  mais  plus  grande  encore  est  la  vérité,  ce  dogme 
avant  tout  de  notre  moderne  démocratie. 

Les  faits  économiques  se  rattachant  à  cette  question  de  la  sardine 
ont  été,  [mr  nous,  chiffrés  ici  tant  de  fois  que  nos  lecteurs  compren- 
dront que  nous  n  y  revenions  pas. 

Un  redoutable  problème  s'impose  a  nous  :  la  pisciculture  aidera- 
t-elle  la  nation  à  le  résoudre  ? 

Depuis  les  années  que  nous  sommes  à  l'œuvre,  d'autres  en  pour- 
raient douter.  Ouant  à  nous,  le  devoir  nous  dit,  en  attendant,  de 
répéter  ce  qui  précède,  ne  serait-ce  que  pour  prouver  à  la  patriote  de 
Belle-Ile-en-Mer,  notre  digneet  vénérée  mère  des  quatre  marins  inscrits, 
que  la  République  n'abandonnera  jamais  de  pareils  enfants. 

Le  département  de  la  Sartlie  a,  comme  le  Conseil  général  de  la 
Creuse,  dont  notre  directeur  parle  dans  une  récente  chronique,  voté 
des  fonds  pour  la  pisciculture,  achats  d'alevins  entre  autres. 

Il  nous  permettra  d'ajouter  que  dans  ces  deux  mêmes  départements 
l'enseignement  de  la  pisciculture  est  donné  et  appliqué  dans  les  deux 
fermes-écoles  de  la  Villeneuve  et  de  la  Pilletière. 

Dans  celte  dernière,  les  alevins  de  la  dernière  campagne,  1 883-1 884 , 
y  ont  atteint,  au  15  octobre,  jour  de  la  pesée  :  les  truitons  un  poids  de 
19  grammes,  et  les  feuilles  (petites  carpes)  4  grammes.  L'éloquence 
de  tels  chiffres  est  la  plus  belle  réponse  de  ces  patriotiques  initia- 
tives. Chabot-Karlein, 

Membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture. 

NOUVELLES  INVENTIONS  AGRICOLES 

ANALYSE   SOMMAIRE   DES   DERNIERS  BREVETS  DÉLIVRÉS. 

161,948.  —  Grégoire.  8  mai  1884.  Nouveau  traitement  accéléré  du  rjreffuge 
de  la  vigne,  système  Grégoire.  —  Ce  système,  qui  a  pour  but  de  gagner  du  temps 
et  qui  réussit  avec  les  plants  américains  même  les  plus  rnbelles,  s'applique  aux 
grelïes  laites  d'après  n'importe  quel  système,  mais  de  préférence  d'après  le  sys- 
tème dit  anglais. 

Une  fois  la  greffe  faite,  on  met  le  plant  dans  une  serre  chauffée  à  25  ou 
30  degrés  et  garnie  de  sable  de  rivière,  en  ayant  soin  que  la  ligature  soit  recou- 
verte d'une  couche  de  sable  d'environ  2  centimètres  d'épaisseur;  on  laisse  le 
plant  dans  la  serre  pendant  25  ou  30  jours  en  l'arrosant  chaque  jour  avec  de  l'eau 
ayant  la  mène  température  de  25  à  30  degrés,  puis  on  transplante  le  plant  dans 
un  pot  contenant  du  terreau,  la  ligature  se  trouvant  alors  au-dessus  du  niveau  de 
la  terre.  Au  bout  de  quelques  jours,  on  transporte  en  terre  libre. 

Pour  éviter  une  brusque  transition  de  température,  on  fait  passer  les  pots  suc- 
cessivement dans  plusieurs  serres  du  plus  en  plus  froides, 

161,950.  I^OBERT  9  mai  1884.  Coupe-racines  conique  vertical.  —  Ce  coupe- 
racines  est  destiné  à  la  moyenne  et  petite  culture  et  se  manœuvre  à  bras  ;  le  tam- 
bour, monté  sur  un  axe  vertical,  a  la  forme  tronconiquo,  une  trémie  latérale 
reçoit  le  chargement.  La  disposition  de  l'appareil  a  pour  but  d'éviter  la  projecti<)n 
des  cossettes  au  loin  sur  le  sol  de  la  grange  où  elles  sont  souillées,  comme  cela 
a  lieu  avec  les  autres  coupe-racines  ;  de  plus,  on  n'a  pas  besoin  d'autant  déplace. 

161,954.  Machet.  9  mai  1^84.  Ingrédient  fertilisant  cl  inseclicide,  applicable 
aux  vignes  en  général  atteintes  de  n'importe  quelle  maladie.  ==-  L'ingrédient  se 


NOUVELLES  INVENTIONS  AGRICOLES.  179 

compose  de  cliaux  hydraulique  en  poudre,  de  cendre  de  bois,  de  poudrette,  de 
ilcur  de  soufre,  le  tout  bien  iaélan<:;é.  On  ne  met  jamais  plus  de  un  dixième  de 
soufre.  On  creuse  jusqu'à  un  centimètre  des  racines,  on  enfouit  une  certaine  quan- 
tité du  mélange,  et  on  rejette  la  terre  par-dessus. 

161,979.  Martin.  20  mai  1884.  Nouveau  produit  dit  .-huiles  des  orphelins, 
pour  la  conservation  de  la  vigne  et  la  destruclion  du  phylloxéra,  comme  aussi  pour 
la  conservation  des  arbres  fruitiers.  —  Ce  produit  se  compose  d'huile  et  de  phos- 
phore pour  activer  la  végétation  et  tuer  les  insectes  ;  on  emploie  5  grammes  de 
phosphore  par  litre.  Pour  arriver  à  dissoudre  le  phosphore  dans  l'huile,  on  com- 
mence par  dissoudre  500  gi-ammes,  par  exemple,  de  phosphore  dans  un  litre  de 
sulfure  de  carbone,  puis  on  mélange  à  100  litres  d'huile,  de  préférence  l'huile  de 
lin.  On  applique  la  composition  vers  fin  octobre,  en  déchaussant  les  racines  et  en 
les  enduisant  avec  un  pinceau  jusqu'au  collet;  le  liquide  pénètre  par  endosmose 
dans  la  plante,  et  la  sève  le  transporto  partout. 

162,022.  Preignan.  Sécateur  greffoir  dit  :  gre/foir  Preignan.  —  L'instrument 
comporte  les  organes  nécessaires  pour  taillerie  greffon  et  le  porte-greffe  en  biseau 
et  en  V,  suivant  la  manière  dont  on  le  tient,  pour  couper  le  greffon  de  longueur 
une  fois  la  ligature  faite,  et  pour  mesurer  au  préalable  la  grosseur  du  porte-greffe, 
de  manière  à  choisir  un  greffon  approprié. 

162,073.  Baron.  13  mai  1884  (Brevet  de  dix  ans).  Nouveau  système  dit  :  sys- 
Icme  Baron,  appelé  à  apporter  une  amélioration  &n  même  temps  quune  économie 
dans  l'installation  des  récipients  destinés  à  recevoir  les  résilies  des  arbres  pins.  — 
Le  breveté  a  pour  but  de  supprimer  la  pointe  que  l'on  enfonce  ordinairement  dans 
l'arbre  pour  soutenir  le  pot  destiaé  à  recueillir  la  résine,  pointe  qui  peut  nuire 
à  la  végétation  et  diminuer  la  valeur  de  l'arbre.  Cette  pointe  est  remplacée  par  une 
ceinture  en  fil  de  fer  fixée  à  une  plaque  de  zinc  que  l'on  adapte  sur  l'arbre,  f/outil- 
lagc  est  complété  par  une  cuillère,  permettant  de  retirer  l'eau  de  pluie  sans  enlever 
les  pots. 

Certificats  d'addition.  Faure  (dame).  5  mai  1884  (Br.  n"  155.471).  Nouvelle 
machine  écossanl  les  petits  pois,  haricots,  flageolHs,  etc..  —  Les  perfectionnements 
apportés  à  la  macliine  sont  relatifs  à  la  disposition  d'un  batteur  et  d'un  contre- 
batteur  animés  de  vitesses  de  même  sens,  mais  inégales,  et  d'une  toile  sans  lin 
placée  dessous  et  marchant  en  sens  inverse.  De  plus,  un  filet  tendu  autour  du 
contre-batteur  sépare  les  grains  des  cosses.  Enfin  le  mode  d'assemblage  des 
différentes  parties  de  l'appareil  est  revendiqué  spécialement. 

Herbé-Ponson.  8  mai  1884  (Br.  n"  156,147),  Faux  mécanique. —  Le  breveté 
remplace  le  mouvement  circulaire  alternatif  des  lames  par  un  mouvement  cir- 
culaire continu.  Un  tablier  coucheur,  fi.xé  sur  l'arbre  rotatif,  et  pouvant  être  rem- 
placé par  des  nervures  des  lames,  facilite  la  récolte  de  l'herbe  fauchée. 

Gii.  Assi  ET  L.  Genès, 

Ingénieurs-conseils  en  matière  de  brevets  d'invention, 
3U,  boulevard  Voltaire,  à  Pans. 


BASCULES  DU  SYSTEME  FAIRBANKS 

Il  n'est  plus  besoin,  aujourd'hui,  d'insister  non  seulement  sur  les 
avantages,  mais  sur  la  nécessité  de  posséder  une  bonne  bascule  dans 
une  exploitation  bien  ordonnée.  Chacun  sait  combien  il  est  important 
de  peser  tout  ce  qui  sort  de  la  ferme  et  tout  ce  qui  y  pénètre;  autre- 
ment, on  ne  peut  ni  établir  une  comptabilité  exacte,  ni  se  rendre  compte 
de  ce  qu'on  vend  ou  de  ce  qu'on  achète. 

On  construit  dans  plusieurs  ateliers,  en  France,  de  bonnes  bascules, 
des  ponis  à  bascule,  etc.;  à  cette  liste,  on  peut  ajouter  désormais  les 
bascules  de  la  célèbre  maison  Fairbanivs  que  M.  Pilter  a  récemment 
introduites  en  France.  Le  type  de  ces  bascules  est  représenté  par  la 
fig.  18. 

La  bascule  Fairbanks  est  entièrement  métallique.  Toutes  les  pièces 
en  sont  montées  très  largement,  avec  des  points  de  contact  aussi  réduits 
que  possible,  ce  qui  assure  la  mobilité  et  la  sensibilité  de  l'appareil. 
Une  disposition  ingénieuse  a  été  adoptée  pour  le  système  de  suspension 


180 


BASCULES  DU  SYSTÈME  FAIRBANKS 


sur  les  couteaux.  Au  ^lieu  d'être  creuses^  les  platines  sont  planes  et 
liorizonlales,  de  telle  sorte  qu'elle  srestent  toujours  en  contact  avec  les 
couteaux,  quelle  que  soit  la  position  de  la  plate  forme.  Ces  platines 
sont  d  ailleurs  en  acier  trempé,  très  dur.  11  résulte  de  cette  disposition 
que  l'appareil  est  toujours  prêt  à  fonctionner,  et  que  l'on  n'a  pas  à 
craindre  l'immobilité  qui  est  la  conséquence  fatale,  lorsque  les  couteaux 
sortent  des  platines  (■'■euses,    (,c  montage  et  le  démontaoe  de  la  bas- 


Fif.  18.  —  Bascule  du  syslème  F.irbaiiks. 


culc  sont  d'ailleurs  facilités  par  un  système  d'anneaux  mobiles  qui  en 
relient  toutes  les  parties. 

Les  prix  des  bascules  Fairbanks  montées  sur  roues  se  ii\ent  comme 
il  suit  :  for.e  de  250  kilog.,  1G0  fr.  ;  de  500  kilog.,  210  fr.  ;  de 
750  kilOf-j  ,  240  fr.  ;  de  1,0t)b  kilog.,  350  fr.        L.  de  Saudui\c. 

LES  CULTURES  FOURRAGÈRES  AU  BROHET-BEFFOU 

Depuis  quelque  temps  nous  voulions  signiler  à  nos  lecteurs  une 
excellente  monographie  des  transformations  que  M.  le  comte  de  Tro- 
guindy  a  fait  subir  à  son  domaine  du  Brohet-Beffou,  dans  les  Côles- 
du-Nord';  le  concours  que  l'Association  bretonne  a  tenu  récemment  à 
Lannion  .nous  permet  de  donner  suite  à  ce  désir. 

Cette  exploitation  compte    190  hectares,  dont  89  constituent  le  do- 

I.  Mi'iiiiiire  sur  le  domaim'  du  ilIralwl-Belfou,  pir  M.  le  comie  de  Tru^uindy.  —  Un  voluma 
iii-1,  avec  plants  coloriés,  Librairie  Rgncole,  Î6,  rtip  Jacob,  à  Paris.  —  Prix  :  4  fr. 


CUI.TtlUES  FOnuRAGKHKS    AU   BROIÎET-BEFFO(J.  !8i 

niaitiR  ac^ricole.  Rlle  est  située  sur  la  commune  de.  Loguivry  Plougras, 
dans  le  canton  de  Piouaret.  Lorsque  M.  de  Troguindy  en  fil  l'acquisi- 
tion, en  1858,  c'était  une  vallée  boisée,  marécageuse,  dont  la  seule 
production  consistait  on  quelques  taillis  de  maigre  valeur.  liCS  pre- 
miers travaux  ont  été  des  opérations  d  assainissement  par  un  drainage 
bien  exécuté,  et  do  déFricliement.  Ensuite  est  venue  la  période  démise 
en  culture  dans  laquelle  M.  de  ïroguindy  s'est  préoccupé  avec  persé- 
vérance, non  seulement  de  la  production  d'abondantes  récoltes,  mais 
de  la  réunion  ou  de  la  création  de  grandes  quantités  d'engrais  pour 
les  terres  arables.  Après  la  première  période,  pendant  laquelle  il  y  aeu 
quelques  tâlonnements,  .M.  de  Troguindy  a  consacré  la  plus  grande 
partie  de  ses  terres  à  la  production  des  plantes  fourragères  ;  ainsi,  tandis 
qu'en  1871 ,  les  céréales  occupaient  un  quart  des  terres  en  culture,  en 
1879  elles  n'en  occupaient  plus  qu'un  sixième.  Le  résultat  a  été  que 
le  poids  du  bétail  qu'on  pouvait  entretenir  sur  le  domaine  s'est  élevé 
de  371  kilog.  par  hectare  en  1871  à  G68  kilog.  en  1879.  Les  recettes 
pécuniaires  se  sont  accrues  dans  des  proportions  semblables.  Nous 
pensons  donc  qu'on  lira  avec  intérêt  l'exposé  que  M.  de  Troguindy  a 
fait  de  ses  opérations. 

Aujourd'hui,  nous  voulons  principalement  insister  sur  la  culture 
des  fourrages.  Pour  nourrir  la  proportion  considérable  de  bétail  que 
nous  venons  d'indiquer,  il  faut  réunir  de  grandes  masses  de  fourra- 
ges. Le  foin  des  prairies  ne  suffit  pas.  Or,  chez  M.  de  Troguindy,  les 
récoltes  de  fourrages  se  succèdent  pendant  la  plus  grande  partie  de 
l'année.  A  cet  effet,  il  varie  les  semailles  qu'il  pratique  à  l'automne. 
Ainsi,  il  fait  un  ememencement  de  navelle,  qui  donne,  dès  le  mois  de 
février,  un  fourrage  abondant;  un  ensemencement  de  navissraux  qui  sa- 
tisfait au  même  besoin  dans  le  commencement  de  mars;  un  ensemen- 
scmcnl  de  ray-grass  d'Italie,  faisant  suite  au  précédent;  un  ensemen- 
cement de  seigle,  pour  couper  fin  mars  et  courant  [d'avril,  et  un  en- 
semencement de  trejle  incarnat,  lequel  est  suivi  du  tre/le  violet  ordinaire; 
enfin,  des  ensemencements  de  choux  du  Léon  et  de  choux  à  mille-têtes, 
d'ajoncs  piquants,  pour  traverser,  avec  les  racines,  la  saison  d'octobre 
à  février. 

La  plupart  de  ces  récolles  sont  suivies  de  racines  (betteraves,  ruta- 
bagas), dont  le  rendement  est  de  60,000  à  80,000  kilog.  à  l'hectare, 
ou  de  choux  raille-têtes,  qui  donnent  de  50,000  à  60,000  kilog.  La 
quantité  de  nourriture  qu'on  obtient  par  cette  double  récolte  est  pour 
ainsi  dire  prodigieuse. 

Il  est  utile  de  signaler  celte  succession  raisonnée  de  fourrages  verts; 
elle  peut  être  appliquée  dans  un  grand  nombre  de  circonstances.  Par 
son  emploi,  on  obvie  à  la  pénurie  de' nourriture  dont  souffrent  tant 
d  élables  pendant  la  mauvaise  saison,  et  on  trouve  le  moyen  d'entrete- 
nir un  nombreux  bétail  toujours  en  bon  état. 

La  valeur  du  système  a  été  démontrée  au  concours  de  Lannion  par 
les  nombreuses  récompenses  que  M.  de  Troguindy  a  remporlées  pour 
ses  animaux,  pour  son  beurre  et  pour  l'ensemble  des  produits  qu'il  y 
exposait.  Henry  Sagmer. 

LE  SULFURE  DE  CARBONE  CONTRE  LE  PHYLLOXERA 

Le  sulfure  de  carbone  est  considéré  aujourd'hui,  avec  raison, 
comme  l'agent  le  plus  efficace  pour  la  destruction  du  phylloxéra.  Tout 


182  LE  SULFURE  DE  CARBONE  CONTRE  LEÎPHYLLOXKRA. 

le  monde  sait  que  M.  le  baron  Paul  Thenard.  membre  de  l'Académie 
des  sciences  et  de  la  Société  nationale  d'agriculture,  a  proposé,  le  pre- 
mier, l'emploi  de  cet  insecticide.  Mais  on  connaît  moins  les  circon- 
stances dans  lesquelles  ont  été  faites  ses  premières  expériences^  qui  ont 
eu  lieu  en  1869,  aux  environs  de  Bordeaux.  Nous  croyons  donc  utile 
de  reproduire  la  note  suivante,  qui  porte  la  date  du  2  août  1 869,Set  dans 
laquelle  M.  Thenard  a  raconté  lui-même  ses  premiers  essais.  C'est  à  la 
fois  un  hommage  rendu  à  sa  mémoire  et  la  constatation  d'un  fait 
désormais  historique.  II.  S. 

Vous  ne  recevrez  pas  sans  intérêt  des  nouvelles  de  ma  prolongation  de  séjour  à 
Bordeaux. 

J'ai  traité  par  le  sulfure  de  carbone  des  ceps  puceronnés. 
La  première  expérience    a  eu    lieu  chez  cet  aimable  et   savant   docteur  Cbai- 
gneau,  auquel  nous  aurions  volontiers  souhaité  le  puceron,  puisque   c'est   cette 
vilaine   bête  qui   nous   a   procuré   l'occasion   de   le   connaître;  la  seconde   chez 
M.  Cahussac,  dans  le  palud  au  pied  de  son  château,  près  la  Souys. 

Chez  M.  Chaigneau  nous  avons  délimité  un  espace  rectangulaire,  et  nous 
l'avons  pioché  comme  dans  un  potager,  puis,  avec  un  plantoir  à  choux,  enfoncé  au 
maillet  de  quelques  centimètres  dans  le  sous-sol,  nous  l'avons  criblé  de  trous 
à  35  centimètres  les  uns  des  autres. 

Alors  dans  chacun  de  ces  trous  nous  avons  versé  la  valeur  d'un  petit  verre 
à  liqueur  de  sulfure  de  carbone,  rebouchant  aussitôt  ceux  qui  venaient  d'être 
remplis  en  appliquant  un  bon  coup  de  talon  à  leur  orifice. 

Au  bout  de  quarante  huit  heures,  accompagnés  de  douze  à  quinze  personnes, 
presque  toutes  membres  de  la  Société  d'agriculture  de  Bordeaux,  nous  sommes 
venus  constater  les  effets. 

Quoi  que  nous  ayons  pu  faire,  nous  n'avoas  pas  trouvé  un  seul  insecte 
vivant,  et  c'est  même  avec  peine  que  nous  avons  rencontré  quelques  cadavres  qui, 
examinés  au  microscope,  ne  donnaient  pas  signe  de  vie. 

.Jusqu'ici  les  choses  allaient  donc  très  bien.  Mais  plusieurs  ceps  avaient  un 
triste  aspect,  surtout  ceux  de  la  ligne  centrale. 

Aujourd'hui  les  premiers  malades  sont  tous  morts,  et  le  reste  est  en  mau- 
vaise voie  :  combien  s'en  sauvera-t-il?  je  l'ignore,  mais  il  y  en  aura  peu. 

Une  discussion  s'éleva  nécessairement  à  ce  sujet,  et  tandis  que  les  uns  attri- 
buaient la  mort  des  ceps  aux  lésions  que  nous  leur  avions  faites,  soit  pour  con- 
stater préalablement  sur  chacun  d'eux  la  présence  de  l'insecte,  soit  par  le  travail 
que  nous  avions  exécuté  sous  une  chaleur  torride.  Les  autres,  au  contraire,  y 
voyaient  comme  effet  prépondérant  l'action  vénéneuse  du  sulfure  de  carbone. 

Quant  à  moi,  j'ai  dès  l'abord  été  de  l'avis  de  ces  derniers  :  en  effet,  tous  les 
ceps  complètement  entourés  de  sulfure  de  carbone  étant  morts,  il  ne  faut  attribuer 
la  survie  des  autres  qu'à  ce  que  la  moitié  et  même  le  quart  de  leurs  racines  seu- 
leoaent  étant  compromises  dans  le  sulfure,  c'est  par  les  racines  non  compromises 
qu'ils  ont  survécu. 

Mais  le  point  capital,  c'est  que  le  puceron  a  été  détruit  par  un  agent  qui 
n'inféconde  pas  le  sol. 

Ainsi  dans  une  certaine  mesure,  et  avec  dos  moyens  à  discuter,  la  Commis- 
sion a  atteint  le  but,  car  elle  a  détruit  l'iusecte,  bien  qu'en  mèine  temps  elle  ait 
tué  la  vigne  :  ce  qui  n'est  qu'un  petit  dommage,  car,  vous  le  savez,  c'est  par  une 
tache  que  se  révèle  le  mal  :  or,  si  dès  que  le  premier  cep  s;  puceronne  ou 
traitait  tous  les  ceps  compris  dans  un  rayon  de  dix  mètres  autour  de  lui,  dût 
on  les  tuer,  dùt-on  faire  une  dépense  relativement  importante  en  argent  et  en 
main-d'œuvre,  on  arrêterait  la  maladie  et,  pour  un  petit  dommage,  on  éviterait 
un  grand  désastre. 

La  seconde  expérience  diffère  de  la  première,  taut  dans  le  mode  d'emploi  du 
sulfure  de  carbone  que  dans  les  proportions. 

En  effet,  au  lieu  de  travailler  le  terrain  à  la  main,  il  l'a  été  à  la  charrue. 
Pour  ce  faire,  on  a  d'abord  délimité  un  espace  où  le  puceron  exerçait  ses  ravages, 
et  afin  de  ne  .rien  laisser  échapper,  on  a  compris  dans  l'espace  à  limiter  une  zone 
de  trois  à  quatre  rangées  de  ceps  pris  à  la  circonférence  et  qui  n'étaient  pas  puce- 
ronnés. La  surface  à  traiter  avait  ainsi  la  figure  de  la  tache  agrandie,  elle  comptait 
environ  12  ares  et  représentait  sensiblement  un  ovale. 


LE  SULFUHE  DE  CARBONE  CONTRE  LE   PHYLLOXERA.  183 

Alors  on  a  donné  un  premier  trait  de  charrue  aussi  près  que  possible  des 
ceps  de  la  première  ligne  :  ceci  l'ait,  avec  une  bure  à  huile  on  a  versé  dans  la  raie, 
et  en  marchant,  un  filet  de  sulfure  de  carbone,  qui  aussitôt  a  été  recouvert  de 
tourteau  d'arachide  qu'un  homme  jetait  à  la  main  derriiire  celui  qui  versait  le 
sulfure,  puis  la  charrue  venait  incontinent  et  comblait  de  terre  la  raie  ainsi  traitée, 
tout  en  en  ouvrant  une  nouvelle,  qui  recevait  à  sou  tour  du  sulfure  et  du  tourteau. 

Les  interlignes  étaient  d'ailleurs  de  deux  mètres,  et  le  nombre  de  raies  de  six 
par  interligne.  Quant  à  celui  des  interlignes  traitées,  il  a  été  de  onze. 

N'ayant  à  ma  disposition  que  38  kilogrammes  de  sulfure  de  carbone  (tout  ce 
que  M.  Fournet  avait  pu  trouver  à  Bordeaux),  et  ne  pouvant  apprécier  exactement 
ce  qu'en  débitait  ma  bure,  j'ai  dû,  comme  vous  le  concevez,  l'économiser  pour 
aller  jusqu'au  bout.  Aussi  ai-je  négligé  d'en  mettre  Jà  où  les  ceps  étaient  morts  ou 
le  plus  atteints,  c'est-à-dire  vers  le  centre,  d'où  généralement,  comme  vous  le 
savez,  le  puceron  se  retire.  Ce  fut  une  faute,  mais  elle  a  son  excuse  dans  la  pénurie 
de  sulfure  où  je  me  trouvais  et  dans  mon  inhabileté  à  mesurer  l'écoulement. 

Quoi  qu'il  en  soit,  j'employai  ainsi  26  kilogrammes  de  sulfure  sur  une  sur- 
face réelle  de  9  ares  environ,  c'est-à-dire  300  kilogrammes  à  l'hectare;  chez 
M.  Chaigneau,  le  rapport  du  sulfure  à  la  surface  avait  été  de  1,500  kilogrammes 
à  l'hectare. 

ha  lendemain  de  cette  opération,  le  24,  je  quittai  Bordeaux,  mais  le  27, 
MM.  Dumout,  Fournet,  Meller  de  la  Société  d'agriculture,  et  mon  parent,  M.  le 
docteur  Rozier,  allèrent  en  constater  le  résultat. 

Voici  l'extrait  d'une  note  écrite  à  ce  sujet  par  M.  Fournet  : 

«  Sur  cinq  pieds  de  viguc  déchaussés  avec  précaution  et  examinés  avec  le  soin 
«■  le  plus  scrupuleux,  un  seul  nous  a  offert  quelques  insectes,  les  quatre  autres 
«  étaient  absolument  exempts  de  phylloxéra,  leur  santé  paraissait  parfaite. 

«  Au  centre  de  la  zone  ayant  subi  le  traitement  se  trouvaient  des  ceps  morts, 
"  et  qui  n'avaient  pas  subi  le  contact  des  substances  insecticides,  leurs  racines 
«  étaient  couvertes  des  animalcules  dévastateurs.    ■> 

Quant  à  M.  Rozier,  il  m'a  aussi  écrit  au  sujet  de  cette  même  expérience.  Après 
avoir  constaté  la  bonne  apparence  des  ceps,  il  me  dit  : 

«  Après  avoir  levé  le  plan  des  lieux,  nous  choisîmes  d'un  commun  accord  un 
<'  pied  de  vigne  et  nous  fîmes  creuser  autour;  dès  les  premiers  coups  de  pioche, 
«  nous  rencontrâmes  des  fragments  de  tourteau,  il  n'y  avait  donc  pas  de  doute,  ce 
"  pied  avait  dû  subir  l'influence  insecticide  du  sulfure  de  carbone  ;  nous  prîmes 
'<  au-dessous  une  racine  et  nous  découvrîmes  facilement  à  l'œil  nu,  et  mieux  à  la 
"  loupe,  des  pucerons  vivants  ;  une  seconde  racine,  examinée  delà  même  laçon, 
<t  nous  offrit  les  mêmes  insectes  dévastateurs,  mais  en  petit  nombre. 

<t  Nous  fîmes  ensuite  déchausser  à  l'autre  extrémité  de  l'ovale  un  second  pied 
"    de  vigne,  et  à  la  stupéfaction  générale,  on  ne  trouva  rien. 

«  Nous  mîmes  alors  à  nu  un  troisième  pied  de  vigne,  et  comme  sur  le  second, 
a  nous  ne  trouvâmes  pas  l'ombre  d'un  phylloxéra.  Un  quatrième  pied  de  vigne 
«  nous  fournit  les  mêmes  résultats,  un  cinquième  de  même,  et  cependant  nous 
«  avons  passé  une  grosse  heure  à  examiner  dans  tous  les  sens  et  à  toutes  lespro- 
tt  fondeurs  toutes  les  racines,  grandes  et  petites,  de  difl'érents  pieds  de  vigne. 

«  A  côté,  en  revanche,  un  cep  qui  n'avait  pas  reçu  de  tourteau,  et  par  consé- 
«  quent  de  sulfure,  était  infesté  d'animalcules  :  une  seule  de  ses  racines  en  portait, 
«  j'en  suis  siir,  plus  de  150.  C'était  un  vrai  piqueté.  Un  fait  étrange  dans  tout 
ic  cela,  c'est  que  les  insectes  ont  disparu  sur  les  pieds  qui  ont  été  traités  par  le 
«  sulfure  de  carbone.  Ont-ils  fui  au  loin  ou  sont-ils  tombés  eu  deliquium  ?  Pour 
«  moi,  qui  suis  un  barbare  en  cette  aff'aire,  j'admettrais  plus  volontiers  ([u'ils  sont 
H  tombés  en  deliquium.  Pour  sortir  de  la  zone  sulfurée,  ils  auraient  eu  un  espace 
•t  trop  considérable  à  franchir.  » 

Au  point  de  vue  du  principe,  si  les  choses  avaient  dû  en  rester  là,  on  aurait 
encore  pu  s'en  contenter  ;  car,  de  1,500  kilog.  qui  tuent  l'insecte  et  la  vigne, 
à  300  qui  épargnent  la  vigne  et  ne  tuent  qu'uae  portion  des  insectes,  il  y  a  de 
la  marge,  et  la  vérité  se  serait  trouvée  entre  les  deux  :  mais  voilà  qu'aujourd'hui 
2  août,  je  reçois  une  nouvelle  lettre  du  docteur  Rozier,  qui  me  dit  : 

1"  Que  les  ceps  de  M.  Chaigneau  vont  toujours  en  dépérissant  ; 

2"  Que  les  insectes  reparaissent  chez  M.  Cahussac  sur  les  ceps  où  on  ne  les  aval  t 
plus  revus. 

.l'abandonne  les  ceps  de  M.  Chaigneau,  mais  si  l'insecte  renaît  de  ses  cendres 
ou  plutôt  de   ses  œufs ,  qui  moins   que  le    puceron  adulte  sont  sensibles  au  sul- 


184  LE  SULFURE  DE  CARBONE  CONTRE  LE    PHYLLOXERA. 

fure,  la  chose  devient  grave  et  indique  que,  isi  l'action  du  sulfure  de  carbonn  est 
énergique,  elle  n'est  pas  suffisamment  soutenue. 

\'ous  dire  que  je  n'avais  pas  par  avance  été  inquiet  de  ce  résultat,  des  mem- 
bres de  la  Société  d'agriculture  de  la  Gironde  me  démentiraient  ;  car  je  leur  ea  ai 
témoigné  mon  souci  le  jour  même.  Bai'on  Paul  Tiienaro. 

COURRIER  DU  NORD-EST 

Les  observations  météorologiques  de  septembre  dans  notre  région  ont  donné 
les  résultats  suivants  :  orages  les  1"  et  2,  tempête  le  4;  le  biromètre  oscille  avec 
une  grande  amplitude,  époq'ie  qui  caractérise  les  équinoxes.  La  température 
moyenne  a  été  de  1 3°. 6  ;  les  températures  extrêmes,  le  18, -I- 27". 4  ;  le  26,  +0°.l. 
Quantité  d'eau  tombée,  49""";   nombre  de  jours  de  pluie,  10. 

Le  ciel  a  été  couvert  7  jours;  ciel  entièrement  pur,  6  jours. 

Le  3,  départ  des  hirondelles;  commencemeat  des  vendanges,  le  30,  donnant 
demi-récolte  et  très  bonne  qualité.  On  signale  un  cas  de  seconde  floraison  sur  du 
lilas  et  des  marronniers. 

Le  cours  des  denrées  de  la  semaine  présente  out  été  de  '20  fr.  à  2  fr.  50  les 
100  kilog.  pour  les  blés;  15  fr.  pour  les  avoines;  15  fr.  50  pour  les  seigles; 
17  fr.  pour  les  orges;  farines,  iS  à  30  fr.  ;  son,  13  fr.  La  meunerie  commence  à 
faire  des  achats  un  peu  plus  importants,  étant  très  dépourvue;  cela  donne 
un  mouvement  dans  Icî  affaires  traitées  de  gré  à  gré,  mais  les  marchés  ne 
prennent  point  d'animation.  Sur  nos  foires,  il  y  a  un  peu  plus  de  lourdeur  sur 
les  transactions  ;  les  chevauï  ne  sont  l'objet  d'aucun  commerce  actii  ;  peu  de 
beaux  sujets  sont  présentés;  on  a  vendu  quelques  chevaux  de  250  à  450  fr.  Les 
bœufs  de  labour  sont  également  sans  prix.  Les  vaches  laitières  ne  se  vendent  qu'à 
la  seule  condition  qu'elles  soient  de  belle  taille  et  bien  portantes  :  on  a  vendu 
quelques  beaux  sujets  de  410  à  450  fr.  Les  veaux  valent  de  47  à  48  fr.;  les  porcs 
gras  38  à  40  fr.,  et  les  porcelets  de  campagne,  p3U  demandés,  de  10  a  25  fr.  la 
paire,  suivant  grosseur. 

Acheteurs  et  vendeurs  attendent  avec  anxiété  ce  que  va  décider  notre  P.irlemant 
à  propos  df,  la  surélévation  des  droits  de  douane.  Les  Comices  de  la  région 
demandent  tous  un  droit  de  5  à  7  fr.  pour  le  blé;  aussi,  le  commerce  se  trouve-t-il 
momentanément  arrêté.  A.  BaoNsviCK. 

LE  CHOU  EN  ALSACE 

Dans  le  beau  pays  d'Alsace,  dont  les  événements  malheureux,  loin 
de  nous  faire  détourner  les  yeux,  doivent  avoir  au  contraire  le  privi- 
lège de  nos  préoccupations  de  tous  les  instants,  les  cultures  légu- 
mières  en  grand  sont  assez  peu  répandues  ;  cependant  deux  ou  trois 
plantes  y  sont  cultivées  d'une  façon  toute  spéciale,  et  à  leur  tète  il 
faut  inscrire  le  chou  servant  à  la  confection  de  la  choucroute.  C'est  de 
cette  plante  que  je  désire  m'occuper  un  instant  ici,  car,  outre  qu'elle 
constitue  un  légume  de  premier  ordre  pour  l'alimentation  des  cam- 
))agnes,  elle  est  capable,  quand  sa  culture  est  bien  conduite,  de  don- 
ner des  résultats  pécuniaires  très  considérables. 

La  culture  du  chou  faite  spécialement  en  vue  de  la  fabrication  de  la 
choucroute  est  très  communément  répandue  en  Alsace.  L'on  en  voit  des 
champs  immenses  dans  toutes  les  belles  vallées  arrosées  par  les 
aftluents  de  la  Meuse  et  du  Rhin,  et  tout  spécialement  aux  environs 
d'Altkirch  et  de  Dannemarie. 

Le  chou  y  est  cultivé  surtout  dans  les  terres  fortes,  les  terrains 
argileux  ot  marneux  lui  conviennent  tout  particulièrement  ;  c'est  là 
qu'il  atteint  ses  plus  belles  dimensions.  Los  variétés  cultivées  pour 
servir  à  la  confection  de  la  choucroute  sont  celles  dont  les  feuilles  lisses 
constituent  des  pommes  serrées  et  dures  ;  toutes  celles,  au  contraire, 
dont  les  feuilles  sont  cloquées  et  épaisses  ne  sauraient  convenir  à  cet 


LE  CHOU  KN  ALSACE.  185 

usatjo.  I/on  cultive  surtout  le  chou  quintal  et  ses  dilTéreatiis  sous- 
variétés,  telles  que  le  chou  de  Melsbacli,  par  exeuiple.  Quelquefois 
l'on  plante  du  gros  chou  rouge  qui  est  considéré  comme  plus  rustique, 
mais  qui  donne  par  contre  une  choucroute  beaucoup  moins  fine  et  par 
suite  moins  estimée. 

Le  semis  se  fait  soit  dans  le  potager,  soit  dans  un  coin  de  terra  avoi- 
sinant  l'habitation;  le  sol  doit  être  fumé,  puis  bien  préparé  par  un 
labour  à  la  bêche  et  un  hersage  au  râteau.  I.a  graine  est  répandue  à 
la  volée  à  raison  de  101)  grammes  à  l'are.  On  la  secoue  en  donnant 
un  coup  de  râteau,  puis  on  répand  à  la  surface  un  léger  paillis  fait  de 
fumier  décomposé,  qui  préservera  le  sol  de  la  sécheresse.  Ce  semis  se 
fait  dès  le  mois  de  lévrier,  et  habituellement  à  celte  époque  il  n'est 
guère  utile  d'arroser  ;  si  cependant  le  printemps  était  trop  sec,  il  serait 
utile  de  hâter  le  développement  du  jeune  plant  par  quelques  arrosages 
légers. 

Dans  le  courant  du  mois  d'avril,  le  plant  qui  possède  déjà  cinq  à 
six  feuilles  est  bon  à  être  mis  en  place.  Pour  procéder  à  cette  opéra- 
tion, on  l'arrache  d'abord  dans  la  pépinière  et  on  le  soumet  à  un  tri 
sévère  qui  a  pour  but  d'éliminer  tous  les  plants  trop  faibles  ou  mal 
faits,  soit  par  suite  d'un  trop  grand  développement  de  sa  petite  tige 
qui  est  alors  coudée,  soit  parce  que  son  bourgeon  terminal  qui  doit 
fournir  la  pomme  a  été  détruit  par  un  accident  quelconque.  11  n'est 
pas  rare  de  rencontrer  de  ces  plants  dont  le  cœur  a  été  mangé  par  les 
insectes  et  qui,  étant  borgnes,  comme  l'on  dit  en  pratique,  ne  sauraient 
fournir  de  pomme.  Un  are  de  pépinière  de  choux  bien  conduit,  fournit 
habituellement  15,000  plants  de  choux  bons  à  planter. 

Avant  de  procéder  à  la  mise  en  place,  il  faut  préparer  le  champ  dans 
lequel  les  choux  doivent  être  plantés  ;  il  est  utile  de  choisir  un  ter- 
rain aussi  propre  que  possible,  afin  d'éviter  de  nombreux  binages  à 
faire  dans  le  cours  de  la  végétation.  Dans  tous  les  cas,  le  sol  est  fumé 
à  raison  de  50,000  kilog.  à  l'hectare,  et  la  fumure  enterrée  par  un  bon 
labour  qu'on  fait  suivre  par  un  double  hersage  et  un  roulage.  Quand 
le  terrain  est  préparé,  on  jalonne  sur  le  champ  des  lignes  distantes  de 
Om.80,  suivant  lesquelles  on  fera  le  repiquage,  en  ménageant  sur  les 
lignes  la  même  distance  que  celle  qui  existe  entre  elles.  Pour  repi- 
quer, l'ouvrier  prend  dans  la  main  gauche  une  poignée  de  plants  de 
choux,  et  dans  la  main  droite  un  plantoir  à  l'aide  duquel  il  fait  un 
trou  dans  le  sol,  y  place  un  plant  contre  lequel  il  serre  la  terre  en 
refaisant  un  second  trou  moins  profond  à  côté  du  premier.  De  cette 
façon  le  chou  se  trouve  solidement  fixé  dans  le  sol,  et  le  trou  de  quel- 
ques centimètres  qui  reste  béant  près  de  lui  se  comble  peu  à  peu  par 
1  eau  des  pluies  qui  viendront  s'y  accu'm'.iler.  Pour  assurer  la  reprise, 
il  est  utile  de  choisir  un  temps  brumeux,  car  il  est  le  plus  souvent 
impossible  de  songer  à  arroser. 

Pendant  l'été,  on  entretient  le  sol  en  bon  état  de  propreté  par  deux 
ou  trois  binages,  qui  ont  l'avantage  d'empêcher  le  sol  de  se  dessécher 
en  constituant  à  sa  surface  une  couche  meuble  qui  isole  la  couche 
sous-jacente. 

La  récolle  se  fait  à  la  fin  d'octobre  ou  au  commencement  de  no- 
vembre ;  les  choux  sont  alors  arrachés  en  saisissant  la  pomme  à  deux 
mains  et  faisant  tourner  le  pied  sur  lui-même  de  façon  à  briser  toutes 
les  petites  racines.  Les  choux  arrachés  sont  mis  en  chaîne  dans  le 


186  LE  CHOU  EX  ALSACE. 

champ;  un  homme  passe  alors  armé  d'une  serpe  et  coupe  la  pomme 
en  la  débarrassant  de  toutes  les  feuilles  vertes,  de  façon  à  la  laisser 
complètement  blanche.  Les  feuilles  coupées  sont  triées;  celles  qui. 
sont  absolument  vertes  serviront  à  la  nourriture  du  bétail;  celles,  au 
contraire,  qui  sont  à  moitié  blanches  sont  mises  à  part  et  serviront  à 
faire  une  sorte  de  choucroute  de  ménage  grossièrement  coupée,  que 
l'on  prise  beaucoup  en  Alsace. 

Les  pommes  sont  entassées  dans  de  grandes  voitures,  et  il  n'y  a 
rien  de  bizarre  comme  ces  charrettes  attelées  de  chevaus  ou  de  bœufs 
et  surmontées  d'un  monceau  de  pommes  de  choux  tellement  blanches 
qu'on  les  dirait  couvertes  de  neige.  C'est  dans  cet  état  qu'on  les  con- 
duit soit  à  la  maison  où  la  choucroute  sera  préparée,  soit  au  marche, 
où  elles  seront  vendues  aux  particuliers  qui  n'ont  pas  de  champ  de 
culture,  ou  aux  maisons  de  gros.  Dans  les  années  humides,  qui  sont 
pour  cette  denrée  des  années  d'abondance,  le  cent  de  choux  est 
vendu  de  1 5  à  20  francs;  mais  il  n'est  pas  rare,  quand  les  cultures  ont 
mal  réussi,  de  voir  ce  prix  s'élever  jusqu'à  30  francs. 

En  admettant  un  prix  moyen  de  18  francs,  il  est  possible  d'évaluer 
ce  que  donne  une  semblable  culture.  Les  frais  culturaux  peuvent  en 
effet  s'établir  comme  suit  : 

Lover  d'un  hectare  de  terre I.ô0  francs. 

Fumure  :  50.000  kilog.  à  5   fr.  pour  100  kilo? 250  — 

Labour  et  hersage ICO  — 

Graine  et  préparation  du   plmt bO  — 

Repiquage  :  à  journées  àSfr là  — 

Trois  binages  à  30  fr.  l'un 90  — 

Arrachage,  10  journées  i  3   fr 30  — 

Tolal 685  francs. 

Etant  donné  que  l'on  récolte  15,000  choux  à  18  fr.  le  cent,  l'on 
obtient  une  somme  de  2,700  fr.,  représentant  le  chiffre  brut  de  la 
récolle.  En  en  retranchant  les  frais  de  culture  et  de  main-d'œuvre,  il 
reste  une  somme  de  2,015  fr.  comme  bénéQce  net. 

En  Alsace,  toute  ménagère  soigneuse  fait  faire  sa  choucroute  chez 
elle,  soit  que  la  maison  possède  un  coin  de  terre  où  l'on  ait  fait  la 
culture  du  chou,  soit  que.  moins  bien  partagé,  l'on  ait  été  obligé  d'en 
acheter  les  pommes  à  l'automne.  Dans  chaque  ménage,  après  s'être 
procuré  des  choux  en  quantité  suffisante,  on  fait  venir  des  ouvriers 
spéciaux  qui  parcourent  la  contrée,  et  ne  font  pas  autre  chose  que  de 
préparer  la  choucroute  à  cette  époque  de  l'année. 

Ils  apportent  avec  eux  leur  outillage,  qui  se  compose  d'abord  d'une 
sorte  de  tarière  à  bord  coupant,  et  dont  la  lame  roulée  en  tronc  de 
cône  a  environ  6  centimètres  de  diamètre  à  sa  partie  la  plus  large, 
sur  le  bord  de  laquelle  vient  s'insérer  une  tige  à  poignée.  Cette  tarière 
sert  à  enlever  Ifes  trognons  de  choux,  tout  en  les  conservant  entiers. 

Un  second  outil,  dont  sont  munis  les  coupeurs,  est  une  sorte  de 
rabot  possédant  quatre  ou  cinq  lames  fixées  transversalement  dans  une 
épaisse  pièce  de  bois  qui  n'a  pas  moins  de  0m.50  de  large,  sur  I  m. 50 
de  longueur,  O^'.OS  d  épaisseur.  Les  lames  sont  mobiles  ;  on  peut  les 
rapprocher  ou  les  éloigner  plus  ou  moins  les  unes  des  autres  au  moyen 
de  coins,  suivant  que  l'on  veut  obtenir  de  la  choucroute  plus  ou  moins 
fine.  Elles  sont  fixées  dans  une  ouverture  ménagée  dans  la  pièce  de 
bois,  comme  le  serait  le  fer  d'un  rabot  Sur  le  bois  du  rabot  glisse, 
dans  des  coulisses,  un  châssis  en  forme  de  caisse  sans  fond,  dont  la 
dimension  des  côtés  est  égale  à  la  largeur  de  la  pièce  de  bois. 


LE  CHOU  EN  ALSACE.  187 

Quand  il  s'agit  de  couper  la  choucroute,  on  commence  par  se  pro- 
curer une  futaille  défoncée,  et  l'on  place  le  rabot  sur  son  ouverture.  Le 
travail  du  coupage  se  fait  avec  deux  hommes,  dont  l'un  prépare  les 
choux  en  enlevant  les  trognons  à  l'aide  de  la  tarière,  ainsi  que  les 
feuilles  défectueuses,  au  moyen  d'un  couteau  bien  tranchant  ;  l'autre 
place  les  choux  préparés  dans  le  châssis,  en  le  serrant  le  plus  possible, 
puis  il  lui  imprime  un  vif  mouvement  de  translation.  Les  chous  sont 
coupés  sur  les  lames  et  tombent  en  lanières  dans  le  tonneau.  Quand 
celui-ci  est  plein,  on  le  charge  de  pierres  reposant  sur  une  planche. 

Le  travail  delà  coupe  est  pénible,  parce  qu'il  est  nécessaire  daller 
vite  si  l'on  veut  obtenir  de  la  choucroute  bien  faite.  On  le  paye  à  rai- 
son de  1  fr.  25  pour  cent  choux  coupés,  les  outils  étant  fournis  par  les 
ouvriers.  Il  faut,  en  moyenne,  125  choux  pour  faire  100  kilog.  de 
choucroute.  J,  Dybowski, 

Chargé  des  conférences  d'horticulture 
à  l'École  nationale  de  Grignon. 

CONSIDÉRATIONS  SUR  LA  SITUATION  AGRICOLE 

Lorsqu'on  constate  les  progrès  accomplis  par  l'agriculture  depuis 
30  ou  40  ans,  il  semble  qu'elle  ait  marché  à  pas  de  géant.  Il  paraît 
extraordinaire  qu'elle  soit  restée,  pour  ainsi  dire,  presque  stationnaire, 
pendant  tant  de  siècles,  demeurant  obstinément  dans  la  même  ornière, 
malgré  les  efforts  tentés  contre  une  routine,  en  apparence  incurable, 
par  quelques  précurseurs,  et  que  tout  à  coup  elle  se  soit  mise  en 
route,  certainement  pour  ne  plus  s'arrêter. 

Et  cela  vous  surprend  d'autant  plus  que  quiconque  vit  à  la  cam- 
pagne sait  quelles  luttes  on  a  à  soutenir,  quelle  persévérance  surtout 
il  faut  déployer,  pour  tenter  la  moindre  chose,  essayer  du  plus  petit 
changement,  c'est-à-dire,  qu'il  faut  vraiment  du  courage,  et  une  con- 
fiance entière  en  soi-même  et  dans  le  résultat  à  obtenir,  pour  conduire 
à  bien  et  jusqu'au  bout  la  plus  simple  expérience,  je  dirai  même  pour 
faire  accepter  le  fait  le  plus  démontré.  C'est  pour  cette  raison  certai- 
nement que  tant  d'hommes  intelligents  et  instruits  se  détachent  des 
choses  des  champs,  lorsque  leur  inlluence  y  serait  hautement  bienfai- 
sante, s'ils  se  voyaient  secondés  et  non  pas  entravés,  par  ceux-là 
même  vers  lesquels  ils  se  sentaient  portés. 

Or  en  ce  moment  ci  plus  que  jamais,  l'agriculture  aurait  besoin, 
non  pas  seulement  de  tous  ses  bras,  mais  surtout  de  toutes  ses  intel- 
ligences, pour  surmonter  la  crise  indéniable  au  milieu  de  laquelle  elle 
se  débat. 

Pour  qu'un  médecin  guérisse  son  malade,  il  faut  avant  tout  qu'il 
connaisse  bien  sa  maladie.  Or  combien  peu  nombreux  sont  les  culti- 
vateurs se  rendant  clairement  compte  du  mal  dont  souffre  l'agricul- 
ture, et  surtout  des  causes  de  ce  mal!  La  plupart  accusent  à  ton  et  à 
travers  les  choses  les  plus  diverses,  et  demandent  à  grands  cris  des 
remèdes,  le  plus  souvent  impraticables. 

Beaucoup  cependant,  je  ne  dis  pas  tous,  ont  le  remède  à  leur  dis- 
position :  ils  ne  s  en  doutent  pas,  ou  bien  ils  ne  veulent  pas  l'em- 
ployer ! 

Pour  les  uns,  c'est  la  main-d'œuvre  qui  est  trop  chère;  et  ceux-là 
vous  les  voyez  coupant  leurs  blés  à  la  faucille,  piochant  leurs  vignes  et 
leurs  cultures  en  lignes,  fanant  ou  ramassant  leurs  foins,  le ''tout  à 


188  CONSIDERATIONS  SUR  LA  SITUATION  AGnICOLE. 

grand  renfort  d'hommes  et  de  femmes,  absolument  comme  si  les  ins- 
truments destinés  à  leur  épargner  ces  peines  et  ces  frais  n'étaient  pas 
inventés. 

Pour  les  autres,  c'est  l'Amérique  qui  nous  inonde  de  ses  produits, 
à  tel  point  qu'en  effet,  l'hectolitre  de  blé  arrive  à  peine  maintenant  au 
prix  de  17  francs!  Ils  sont  dans  le  vrai.  Mais  où  ils  ont  tort,  c'est 
lorsqu'ils  s'obstinent  à  en  faire  de  ce  malheureux  blé,  avec  une  année 
de  jachère  sur  trois,  de  maigres  fumures  dont  ils  saupoudrent  leur  sol, 
et  des  grattages  réitérés  quand  il  faudrait  de  profonds  labours. 

Certes,  sans  l'Amérique,  la  situation  de  la  culture  serait  tout  autre  : 
mais  l'Amérique  est  là,  nous  ne  pouvons  songer  à  la  supprimer;  le 
mieux  est  donc  de  nous  arranger  pour  vivre  avec  elle.  —  «  Elevons 
les  droits  sur  les  blés!  «  répète-t-ou  de  tous  les  côtés.  —  On  a  déjà 
dit  et  écrit  beaucoup  sur  ce  sujet,  et  l'on  pourrait  continuer  encore 
longtemps  sans  que  l'accord  soit  établi.  Cependant  je  crois  que,  grâce 
à  une  foule  de  circonstances  assez  complexes,  on  aboutirait  toujours 
à  ce  dilemme  :  ou  les  droits  ne  seraie.it  que  peu  ou  insuOisamment 
majorés,  et  la  situation  des  cultivateurs  n'en  serait  point  améliorée; 
ou  ils  le  seraient  beaucoup,  et  alors  le  remède  pourrait  bien  être  pire 
que  le  mal.  Il  me  semble  que  tout  ce  que  l'on  a  écrit  sur  cette  ques- 
tion, vient  à  l'appui  de  cette  thèse. 

D'ailleurs  lorsqu'il  s'agit  de  droits  fiscaux  à  établir  il  y  a  toujours 
à  redouter  des  représailles,  et  si  l'Amérique  a  besoin  de  nous,  peut- 
être  bien  aussi  avons-nous  besoin  d'elle. 

Non,  ni  la  douane  ni  les  douaniers  ne  sont  les  soutiens  de  l'agricul- 
ture; ce  n'est  pas  en  eux  que  celle-ci  doit  chercher  du  renfort,  c'est 
en  elle-même  :  mais  pour  cela,  je  le  répète,  il  faut  envisager  la 
situation  nettement  et  véritablement  telle  qu'elle  est. 

Or,  je  crois  être  absolument  dans  le  vrai  en  disant  que  cette  situation 
dérive  surtout  et  avant  tout,  de  l'organisation  générale  actuelle  des 
relations  commerciales  et  des  transports  sur  toute  la  surface  du  giobe. 
Evidemment  on  n'a  pas  enveloppé  la  terre  entière  d'un  réseau  de 
fils  télégraphiques,  multiplié  les  lignes  de  chemins  de  fer,  construit 
de  toutes  parts  d'immenses  navires  à  vapeur,  percé  des  montagnes  et 
coupé  des  isthmes,  pour  ne  pas  se  servir  de  tout  cela.  On  s'en  servira 
au  contraire  de  plus  en  plus. 

Dorénavant,  forcément  tout  pays  bien  placé  pour  produire  dans  les 
meilleures  conditions  telle  ou  telle  denrée,  la  produira,  et  l'exportera 
vers  les  régions  que  la  nature  aura,  sous  ce  rapport,  moins  bien 
dotées.  Forcément  aussi  dans  ces  dernières  régions,  ceux  qui,  jusque- 
là,  avaient  produit  la  denrée  en  question,  souffriront  de  cette  importa- 
tion, et  cela  pendant  une  période  plus  ou  moins  longue,  jusqu'à  ce 
que  l'équilibre  soit  établi;  ou  mieux  et  plus  rapidement,  jusqu'à  ce 
qu'ils  aient  changé  leur  production  en  l'adaptant  à  leur  propre 
milieu. 

Toutes  les  inventions,  toutes  les  améliorations  acceptées  plus  tard 
pour  le  bien  du  plus  grand  nombre  ont  été  la  cause  de  catastrophes 
pour  quelques-uns.  Les  chemins  de  fer  ont  certainement  ruiné  bien 
des  maîtres  de  poste.  Cependant  beaucoup  ont  survécu,  et  cela  cer- 
tainement, parce  que,  suivant  une  expression  courante,  ils  ont  su  se 
retourner.  N'en  est-il  pas  de  même  dans  toutes  les  industries? 

Je  ne  dis  pas  pourtant  que  ceux  qui  étaient  déjà  mal  dans  leurs 


CONSIDÉRATIONS  SUR  LA  SITUATION   AGRICOLE.  189 

affaires,  ou  qui  étaient  au  bout  de  leurs  avances,  peut-être  de  leur  cré- 
dit, aient  pu  résister  ;  probablement  ils  ont  succombé.  Et,  malheureu- 
sement, on  ne  peut  se  le  dissimuler,,  après  tant  d'années  adverses, 
bien  des  agriculteurs  en  sont  là  !  Beaucoup  sont  dans  l'impossibilité 
absolue  de  faire  face  plus  longtemps  à  la  crise,  à  plus  forte  raison  de 
trouver  les  ressources  nécessaires  pour  la  surmonter.  Il  faut  de  grands 
sacrifices  de  temps  et  d'argent  pour  modifier  du  tout  au  tout  un  sys- 
tème de  culture  :  ceux-là  seuls  peut-être  qui  seront  en  mesure  de  les 
supporter — j'entends  là  où  ces  modifications  sont  nécessaires,  — pour- 
ront être  sauvé.s.  Mais  c'est  pendant  qu  il  en  est  temps  encore,  qu'il 
importe  d'agir,  car  on  peut  prévoir  que  plus  on  le  laissera  s'écouler, 
plus  nombreuses  seront  les  ruines  qui  s'accumuleront.  Combien  déjà 
n'ont  que  trop  attendu  ! 

Eh  bien,  l'agriculture  française  ne  peutavoir  la  prétention  d'arrêter,  à 
elle  toute  seule,  le  grand  courant  commercial  moderne.. le  ne  sais  qui 
a  dit  que  le  commerce  tend  à  faire  des  productions  de  toutes  les 
parties  du  globe  une  propriété  commune  à  tous  les  peuples,  et  qu'à 
côté  des  passions  qui  divisent  les  princes,  il  a  placé  le  contrepoids  des 
besoins  mutuels  et  des  intérêts  réciproques.  Kien  n'est  plus  vrai; 
et  bien  mal  inspiré  serait  un  gouvernement  qui,  par  des  entraves  quel- 
conques, songerait  à  le  restreindre.  C'est  à  le  développer,  au  contraire, 
qu'il  doit  faire  tous  ses  efforts,  s'il  est  vraiment  soucieux  de  sa  propre 
prospérité. 

Pour  toutes  sortes  de  raisons,  qui  nous  entraîneraient  trop  loin  si 
nous  devions  les  énumérer,  l'Amérique  est  productrice  de  blé  dans  des 
conditions  telles  que  les  trois  quarts  au  moins  des  agriculteurs  français 
ne  peuvent  songer  à  la  lutte.  Mieux  vaut  se  retirer  avec  les  honneurs 
de  la  guerre,  que  de  persévérer  dans  une  résistance  stérile  et  coûteuse. 
Quant  à  espérer  une  diminution  sérieuse  dans  les  importations 
étrangères,  il  n'y  faut  pas  songer  !  Pendant  trop  longtemps  encore  les 
blés  américains  seront  obtenus  à  des  prix  de  revient  inférieurs  aux 
nôtres,  pour  que  l'on  puisse  escompter  l'avenir  dans  ce  sens.  De  plus, 
les  prix  de  transport,  quoique  bas  déjà,  pourront  peut-être  encore 
être  abaissés  :  une  marchandise  encombrante  comme  le  blé,  constitue 
pour  une  marine  un  fret  trop  précieux  ! 

Je  ne  dis  pas  que  plus  tard,  dans  des  années  et  des  années,  quand 
les  vastes  territoires  de  l'Union  seront  vraiment  peuplés,  l'équilibre 
ne  s'établisse  pas  entre  le  vieux  et  le  nouveau  continent.  Mais  pour  le 
moment,  celte  considération  n'a  rien  pour  nous  arrêter  ;  ce  sera  à  nos 
petits-neveux  d'aviser  et  de  se  remettre  peut-être  à  semer  du  blé. 

Or,  la  seule  ressource  de  l'agriculture  est  de  s'adonner  franchement, 
partout  où  cela  est  possible,  —  car  il  est  certain  que  cela  ne  l'est  pas 
toujours,  —  à  la  production  du  bétail.  En  vérité,  cela  devient  presque 
banal  à  force  d'être  répété,  mais  c'est  à  force  de  frapper  sur  la  tète  du 
clou  qu'à  la  fin  ou  l'enfonce,  et  l'on  nous  pardonnera  si,  après  tant 
d'autres,  nous  essayons  de  donner  notre  coup  de  marteau. 

Pour  entrer  résolument  dans  celte  voie,  que  faut-il?  Il  faudrait, 
avant  tout,  comme  je  disais  au  commencement  de  cet  article,  une  par- 
faite intelligence  de  la  situation,  et  ensuite  une  suffisante  connaissance 
des  moyens  et  procédés  nécessaires  pour  arriver,  par  le  bétail,  à  la 
modifier. 

Ce  serait  surtout,  je  crois,  celte  perception  nette  des  conditions  de 


190  CONSIDÉRATIONS  SUR  LA  SITUATION  AGRICOLE. 

la  production  moderne,  qu'il  faudrait  tâcher  d'inculquer  aux  cultiva- 
teurs. Beaucoup,  même  parmi  les  plus  ignorants,  en  ont  déjà  une  vague 
idée.  Beaucoup,  en  revenant  d'une  i'oire,  où  ils  ont  fait  et  vu  faire  de 
bonnes  alTaires,  se  disent  :  «  décidément  il  n'y  a  que  le  bétail  qui  nous 
sauve!  »  Mais  trop  peu  nombreux  sont  ceux  sullisamment  persuadés 
de  la  nécessité  inéluctable  de  transformer  leur  production  pour  se 
mettre  courageusement  à  l'œuvre,  en  laissant  de  cùté  tout  regret,  tout 
vain  espoir  et  toute  arrière-pensée.  La  plupart  ou  bien  ne  savent  pas 
comment  s'y  prendre,  ou  bien  comptent  vaguement  sur  quelque  heu- 
reux changement,  ou  tout  simplement  n'osent  pas  abandonner  décidé- 
ment leur  vieux  bateau,  qu'ils  connaissent  depuis  si  longtemps, 
mais  qui  ne  lient  plus,  et  cela  au  risque  de  sombrer  avec  lui  ! 

Ce  serait  ie  rôle  et  le  devoir  des  sociétés  d'agriculture,  des  comices 
agricoles,  des  propriétaires  aiséa  et  instruits  de  prendre  la  tête  du 
mouvement,  en  prêchant  par  la  parole  et  surtout  par  l'exemple.  Ce 
ne  sera  qu'à  force  d'exemples  multipliés  que  l'on  convaincra  les  pay- 
sans. Des  concours  et  des  expositions  ne  suffisent  pas  ! 

Il  me  semble  qu'ici  même,  il  y  a  quelque  temps,  l'on  constatait 
combien  peu  les  concours  régionaux  étaient  fréquentés  par  les  petits 
cultivateurs.  C'est  là  une  remarque  que  tous  ceux  qui  les  visitent 
d'habitude  ont  pu  faire.  A  part  les  habitants  des  campagnes  immédia- 
tement voisines,  qui  viennent  au  concours  le  dimanche,  en  partie  de 
plaisir,  les /ja?/.vrt«.v  de  la  région  s'en  occupent  peu  ou  point;  si  peu, 
que  la  plupart  les  ignorent  complètement.  Et  au  fond,  cela  est 
moins  étonnant  qu'il  ne  semble  au  premier  abord  :  il  faut  une  certaine 
instruction  pour  visiter  un  concours  régional  avec  fruit  et  en  retirer  les 
enseignements  qu'il  comporte.  Or,  chez  le  plus  grand  nombre,  celte  in- 
struction manque  ;  un  concours,  pour  la  masse  des  cultivateurs,  j'en- 
tends les  petits  propriétaires,  les  petits  fermiers  et  les  métayers,  est 
une  chose  qui  se  passeau-dessus  d'eux.  J'imagine  que  les  gens  qui  ne 
savent  pas  lire  ne  doivent  pas  être  attirés  par  les  devantures  des  librai- 
res, et  pour  le  paysan  un  concours  régional  est  un  peu  comme  un  gros 
livre  dans  lequel  il  a  grand'peine  à  épeler. 

Les  comices  auraient  un  rôle  plus  efficace  à  jouer.  Mais  il  faudrait 
avant  tout  que  ces  comices  eux-mêmes  aient  cette  perception  nette  de 
la  situation,  sur  laquelle  j'ai  insisté  plus  haut.  11  ne  faudrait  pas 
qu'après  avoir  émis  un  vœu  en  faveur  du  relèvement  des  droits  de 
douane,  chacun  s'en  retourne  chez  soi  en  croyant  avoir  bien  mérité  delà 
patrie!  11  s'agit  en  réalité  de  prendre  le  taureau  par  les  cornes  et  de  ne 
plus  le  lâcher  avant  qu'il  ne  soit  terrassé.  Et  pour  celte  besogne  ce 
n'est  pas  trop  des  efforts  réunis  de  tous,  je  veux  dire  de  tous  les  intelli- 
gents, s'ils  veulent  entraîner  à  leur  suite  ceux  qui le  sont  moins. 

C'est  qu'en  effet  pour  l'agriculture  et  les  agriculteurs  c'est  vérita- 
blement une  lutte  pour  l'existence  qu'il  s'agit  maintenant  de  soutenir. 
Plus  nous  hésiterons  à  l'entreprendre,  plus  nous  différerons,  plus 
elle  deviendra  difficile,  car  nos  ressources,  c'est-à-dire  le  nerf  de  la 
guerre,  iront  en  diminuant.  Il  semble  qu'à  tous  ceux  qui  font  du  blé, 
cette  année  devrait  servir  de  leçon.  Les  prix  du  blé  sont  plus  bas 
qu'ils  ne  l'ont  été,  certes,  depuis  bien  longtemps;  le  prix  de  la  viande 
est  exactement  le  contraire.  De  plus,  c'est  d'un  mouvement  ascension- 
nel continu  que  progresse  le  prix  de  la  viande  au  point  d'avoir  aug- 
menté, pour  le  bœuf,  d'environ  60  pour  100  de  1856  à  1883,  de  plus 


CONSIDÉRATIONS  SUR  LA   SITUATION  AGRICOLE.  191 

de  "iO  pour  100  pour  la  vache  et  pour  le  mouton.  Malgré  cette  éléva- 
tion constante  des  cours,  la  consommation  s'est  accrue  de  telle  sorte, 
que  la  France  a  dû,  pour  parer  aux  insuHisances  par  conséquent, 
importer  en  1877  près  de  lôO  millions  de  kilog.  de  viande  de  l'étran- 
i^er.  Quoi  de  plus  encourageant  que  ces  chiffres  pour  la  production 
nationale  du  bétail?  Et  vraiment  que  faut-il  de  plus  pour  ouvrir  les 
yeux  des  moins  convaincus? 

D'un  autre  côte  la  main-d'œuvre,  qui  joue  un  rôle  si  important 
dans  la  culture  des  céréales,  ira  sans  cesse  en  enchérissant  :  je  crois 
qu'à  cet  éi^ard,  tous  sont  un  'niraes.  Et  la  loi  sur  le  relèvement  des 
droits  sur' les  bestiaux,  si  elle  est  volée,  pourrait  bien  y  contribuer 
pour  sa  part,  dans  le  cas,  admissible  après  tout,  où  le  prix  de  la 
viande  en  serait  encore  augmenté.  Ce  qui  sera  un  avantage  pour  les 
éleveurs,  risquera  donc  d'être  une  source  de  dillicultés  de  plus  pour 
les  producteurs  de  grains. 

Supposons  maintenant  la  situation  bien  comprise;  supposons  tous 
les  agriculteurs  bien  convaincus  qu'elle  provient  d  un  état  général 
avant  sa  raison  d'être  dans  le  développement  des  communications, 
entraînant  forcément  celui  des  relations  internationales  de  toute 
espèce.  Admettons  que  tous  voient  très  bien  qu'un  gouvernement  ne 
peut  pas  songer  à  entraver  ce  grand  mouvement,  qui  est  la  vie  même 
des  peuples.  Dans  cette  hypothèse,  tous  ceux  qui  tournent  les  yeux 
vers  la  protection  de  l'agriculture  par  des  tarifs,  croyant  que  là  est 
le  salut,  renonceront  à  cette  espérance.  Ils  devront  d'ailleurs  se  dire 
que  tout  pas  fait  dans  cette  voie  serait  un  antécédent  déplorable,  en  ce 
qu'il  n'y  aurait  plus  de  raison  pour  refuser  à  toutes  les  industries  qui 
se  croiraient  en  droit  de  le  réclamer,  un  traitement  analogue  :  or  ce 
i-etour  vers  les  errements  d'autrefois,  serait  le  signal  de  leur  déca- 
dence à  toutes. 

Si  tous  les  agriculteurs  arrivent  à  comprendre  les  choses  de  la  sorte, 
ils  verront  la  voie  à  suivre  nettement  éclairée  devant  eux,  et  ils 
n'auront  qu'une  chose  à  faire,  s'y  engager  résolument  en  y  appliquant 
toutes  leurs  ressources  et  toute  leur  intelligence. 

Ce  problème  de  la  transformation  de  la  productian  des  céréales  en 
production  animale  comporte  évidemment  plusieurs  solutions  sai- 
vant  les  diverses  régions  de  notre  territoire  :  il  y  aura  en  effet  une 
question  d'adaptation  des  procédés  à  chaque  milieu,  qui  ne  sera  pas 
toujours  facile  à  résoudre.  Seulement  il  ne  faut  pas  de  demi-mesure  : 
bien  entendu  à  chacun  il  faudra  plus  ou  moins  de  temps  suivant  ses 
ressources  de  toutes  sortes,  mais  tous  aboutiront,  s'ils  ont  la  ferme 
volonté  d'aboutir.  Trop  souvent,  en  effet,  aux  tentatives  agricoles 
manque  l'esprit  de  suite,  parfois  à  cause  de  l'incertitude  du  résultat 
à  obtenir,  et  ce  défaut  fait  avorter  ce  qui  aurait  dû  réussir.  Mais  ici 
point  d'hésitation  possible.  11  faut  à  tout  prix  sortir  de  la  situation 
actuelle!  Que  chaque  cultivateur  se  dise  donc  que  le  temps  des  récri- 
minations oiseuses  est  passé,  qu'il  n'a  rien  à  attendre  que  de  lui- 
même,  et  qu'en  définitive  à  une  situation  nouvelle  il  faut  des  procédés 
nouveaux.  Ces  procédés  pour  la  plupart  sont  connus  ;  c'est  à  les  étu- 
dier d'abord,  à  les  mettre  en  œuvre  ensuite  avec  discernement  qu'il 
doit  s'attacher,  en  ayant  sans  cesse  présent  à  l'esprit  cet  adage 
anglais  :  Ce  qui  mérite  d'être  fait,  mérite  d'être  bien  fait. 

G.  Battanciion. 


192  SITUATION  AGRICOLE  DANS  LE  PÉRIGORD. 


SITUATION  AGRICOLE  DANS  LE  PERIGORD 

En  septembre,  la  température  moyenne  (-[-  i4".  41)  a  continué  d'être  relative- 
ment élevée  ;  mais  comme  les  pluies  sont  arrivées  tardivement,  la  formation  de  nos 
divers  produits  s'est  achevée  sans  augmenter  leur  développement.  Les  pommes 
de  terre,  betteraves,  carottes,  n'ont  pu  acquérir  leur  volume  normal.  —  Les 
tabacs  qui,  dans  notre  contrée,  ont  été  fortement  atteints  par  la  grêle  du  2  sep- 
tembre, sont  restés  relativement  courts  de  feuilles.  —  La  vigne  seule  a  poursuivi 
les  phases  de  maturation  de  son  fruit  dans  des  conditions  exceptionnellement 
favorables;  les  pluies  qui  ont  régné  du  20  au  28,  avec  une  température  élevée, 
ont  fait  gonfler  à  point  le  raisin,  qui  est  très  fondant  et  promet  de  donner  un  vin 
d'excellente  qualité.  —  La  châtaigne  est  abondante,  mais  fort  petite  cette  année. 
Sriint-Jean  d'Alau.x,  le  14  octobre  1884. 

E.  DE  Lentilhac. 

FOIRES  DE  MACHINES  AGRICOLES 

Par  arrêté  de  M.  le  préfet  de  l'Aude,  en  date  du  6  septembre  1884,  il  est  créé 
à  Narbonnedeux  foires  destinées  aux  objets  agricoles,  l'une  du  1'''  au  15  novembre 
et  l'autre  à  l'époque  des  courses  de  chevaux,  en  été.  Chacune  d'elles  aura  une  durée 
de  quatre  jours. 

En  conséquence,  les  constructeurs  de  machines  ou  leiu's  représentants,  les  mar- 
chands de  cnevaux,  etc.,  sont  prévenus  que  la  pieraière  de  ces  foires  s'ouvrira  le 
dimanche  9  novembre  pour  finir  le  jeudi  14,  saut  prolongation  si  on  l'autorise. 
Les  instruments  devront  être  installés  le  8  au  soir,  sur  le  boulevard  Vallière. 
Tout  objet  utile  à  l'agriculture  ou  produit  par  elle  sera  admis  à  cette  foire. 

A  la  toire  d'hiver  sont  plus  spécialement  convoqués  les  instruments  de  labours, 
les  machines  et  pompes  à  submersion  avec  leurs  annexes,  les  tuyautages  en  ciment, 
fonte,  béton,  etc.,  les  chaudières  à  pyrale. 

A  la  foire  d'été  sont  conviés  de  préférence  les  instruments  de  culture  légère 
pour  la  vigne,  les  appareils  à  soufrer,  toutes  les  machines  servant  à  l'automne  à 
la  fabrication  du  vin  :  seaux  à  vendanger,  comportes,  cuivrcrie  vinicole,  fouioirs, 
pressoirs,  pompes,  etc. 

A  toutes  les  deux  seront  admises  aussi  les  bœufs,  chevaux,  mulets,  etc.,  ainsi 
que  les  divers  produits  du  sol.  Les  animaux  logeront  dans  les  écuries  publiques 
et  des   affiches  spéciales  annonceront  au  public  les  noms  des  vendeurs. 

Il  est  important  dans  l'intérêt  de  tous,  que  les  personnes  qui  désireront  envoyer 
soit  des  machines,  soit  autre  chose,  préviennent  M  ^Nlan^et,  203,  rue  des  Nobles, 
à  Narbonne,  afin  que  les  dispositions  nécessaires  aux  emplacements  puissent  et  J 
prises  en  temps  utile.  Le  Piésident    du  Comice  de  iSarbonne, 

Cte  DE   Beauxhostes.  —  Le  secrétaire,  Louis  de  Martin. 

SITUATION  AGRICOLE  DANS  LE  PAS-DE-CALAIS 

Arras,  le  27  octobre  IStji. 

On  est,  dans  le  Pas-de-Calais,  de  plus  en  plus  mécontent  de  la  récolte  des 
betteraves.  L'année,  à  ce  point  de  vue,  a  été  désastreuse  :  pea  de  poids,  encore 
moins  de  richesse.  Le  déficit  cultural  sera,  dans  le  département  considérable.  On  avait 
peu  emblavé  de  terres  en  betteraves;  les  fabricants  de  sucre  ne  sachant  sous  quelle 
législation  ils  allaient  tiavailler,  n'ont  offert  au  printemps  que  15  à  16  francs  des 
mille  kilogrammes  aux  rares  cultivateurs  qui  ont  signé  des  compromis  pour 
l'année.  Les  betteraves  ont  beaucoup  souifert  de  la  maladie  des  feuilles  à  la  fin  de 
l'été  ;  les  racines  sont  restées  petites,  et  ne  sont  pas  pour  cela  riches  en  sucre. 
Elles  donnent  3.5,  4,  et  4.5  de  densité.  Les  fabricants  de  sucre  les  prennent  à 
8,  10,  12  francs  les  1,000  kilog. 

Il  est  cependant  une  chose  à  noter,  c'est  que  si  la  betterave  rose  à  peau  lisse  a 
donné  cette  année  des  résultats  désastreux,  les  bonnes  variétés  (cultivées  par  très 
peu  de  cultivateurs)  ont  donné  quand  même  de  bons  résultats  (5.5,  6,  6.5  de 
densité).  Je  dis  très  peu  de  cultivateurs,  parce  que  plus  des  neuf  dixièmes  de  nos 
planteurs  conservent  malgré  tout  l'ancienne  variété,  qui  a  été  autrefois  possible  et 
qui  aujourd'hui  est  à  supprimer  radicalement. 


SITUATION  AGUICOLK  DANS   LE  PAS-DE-CALAIS.  193 

C'est  dans  ce  but  que  le  Conseil  général  du  Pas-de-Calais  a,  dans  sa  session 
d'août,  voté  une  soinmo  de  30,000  l'rancs  pour  en  encourager  la  culture  de  la  bette- 
rave riche.  Cette  somme  sera  utilisée  par  tiers  en  trois  ans.  J'espère  aussi  que  nos 
Sociétés  d'agriculture  feront  leur  possible  pour  augmenter  la  somme,  dans  les 
limites  des  ressources  de  leur  budget.  Le  Conseil  général  a  nommé  une  com- 
mission qui  a  pour  but  un  règlement  de  concours,  en  vue  de  la  distribution  de  la 
somme  aux  agriculteurs  producteurs  de  betteraves  riches.  Cette  commission  s'est 
réunie  le  16  octobre  dernier,  et  nous  lerons  connaître  ultérieurement  le  pro- 
.   gramme  élaboré  par  elle. 

Il  est  bien  à  désirer  la  réussite  d'un  pareil  concours  ;  car  noti'e  agriculture 
est  bien  malade.  Elle  pourrait,  j'en  suis  convaincu,  se  relever  par  la  culture 
rationnelle  de  la  betteiave.  Le  concours  dont  il  s'agit  est  un  encouragement  à  la 
richesse  saccharine;  mais  il  en  est  un  autre  qui  serait  bien  autrement  efficace  : 
c'est  la  bonne  volonté  des  fabricants  envers  les  cultivateurs.  Chez  nous,  comme 
ailleurs,  les  fabricants  de  sucre  auront  de  la  betterave  riche  quand  ils  voudront, 
à  condition  d'intéresser  les  eu  llivateurs  à  la  produire,  c'est-à-dire  de  la  payer  sui- 
vant la  richesse. 

Quel([ues-uns  de  nos  fabricants  ont  su  le  faire;  ils  n'ont  pas  à  s'en  repentir; 
leurs  planteurs  leur  fournissent  tous  les  ans  des  racines  riches  qui  leur  donnent 
des  jus  purs  (jui  peuvent  se  travailler  avec  avantage. 

Notre  Conseil  général  s'est  beaucoup  occupé,  dans  sa  dernière  session,  de  l'agri- 
culture. Il  a  voté,  comme  vou',  l'avez  déjà  annoncé  dans  le  Journal  de  l'agricul- 
ture, la  création  d'une  école  pratique  d'agriculture  dans  le  département.  Il  a 
nommé  une  commission  qui  s'est  réunie  dernièrement  et  qui  s'occupe  en  ce  mo- 
ment de  rechercher  un  domaine  où  l'on  pourrait  installer  la  future  école. 

Le  sucre  en  grains  entre  de  plus  en  plus  dans  la  consommation.  Tous  les 
épiciers  des  villes  en  vendent,  sous  le  nom  de  Sucre  national,  et  les  fabricants  de 
sucre  font  tous  leurs  efforts  pour  encourager  l'élan.  Beaucoup  de  sucreries  ont 
des  dépôts  dans  les  prmcipaux  centres,  et  plusieurs  d'entre  elles  vendent  au  détail. 
C'est  une  véritable  croisade  contre  les  raflineurs.  L.  Gomon, 

Professeur  départemental  d  agriculture  du  Pas-de-Calais. 

BIBLIOGRAPHIE  AGRICOLE 

Manuel  de  méléorolngic  agricole  appliquée  aux  travaux  îles  champs,  à  la  physiolo;,'ie  végétale  et 
à  la  prévision  du  leruns,  par  MM.  F.  Canu,  mètéorologiste-publiciste,  et  Albert  L,\rbalktrieh, 
sous-directeur  à  la  ferme-école  de  la  l'illetière.  —  Un  volume  in-18  de  168  pages.  —  Librairie 
(le  J.  Hetzel,  IS,  rue  .lacob,  à  l'aris.  —  l'rix  ;  2  fr. 

Les  ouvrages  de  météorologie  sont  aiijourJ  hui  assez  noinbfeu.x, 
mais  la  plupart  sont  des  livres  de  science  pure  dans  lesquels  on  trouve 
peu  d'applications  aux  choses  de  l'agriculture,  et  cependant  peu  de 
sciences  se  rattachent  aussi  intimement  que  la  météorologie  aux  choses  ■ 
rurales.  11  est  inutile  de  rappeler  l'intluence  des  météores  sur  les  ré- 
coltes, leur  action  sur  la  santé  des  animauv,  etc.  ;  on  conçoit  donc 
combien  il  peut  être  intéressant  pour  les  cultivateurs  de  suivre  les 
changements  atmosphériques  et  de  trouver  les  moyens  pratiques 
pour  s'en  garantir.  Tel  est  l'objet  du  livre  que  ^IM.  Canu  et  Larbalé- 
trier  viennent  de  publier. 

Les  auteurs  se  proposent  :  1"  d'exposer  l'élat  de  la  météorologie, 
afin  d'encourager  les  recherches;  2°  de  critiquer  les  mauvaises  mé- 
thodes et  les  résultats  erronés;  3"  de  donner  à  leurs  lecteurs  toutes  les 
indications  pratiques  qui  pourraient  leur  être  utiles;  4"  de  montrer 
les  liens  qui  unissent  la  météorologie  agricole  à  la  [ihysiologie  végé- 
tale. Le  cadre  est  vaste;  pour  le  remplir,  les  auteurs  ont  bien  fait  de 
s'inspirer  des  recherches  faites  avant  eux,  notamment  de  celles  du 
comte  de  Gasparin,  ainsi  que  des  publications  du  Bureau  central  mé- 
téorologique de  France.  Ce  qui  fait  la  partie  la  plus  originale  de  leur 
travail,  c'est  la  réunion  d'un  grand  nombre  de  documents  relative- 
ment à  l'action  des  divers  météores   sur  un  très  grand    nombre  de 


194  BIBLIOGRAPHIE  AGRICOLE. 

plantes  cultivées.  On  pourra  y  trouver  le  goût  d'augmenter  le  nombre 
des  observateurs,  au  profit  général;  car  c'est  par  la  multiplicité  des 
observations  que  la   météorologie  se  constituera  définitivement. 

Traité  sur  la  cullurede  la  ponimr  de  terri;,  un  volumo  in-18.  —  Les  Haies,  un  volume  in-18;  — 
La  Vigne  et  le  Fhijlli>j;era  rastalrij:,  un  volume  in-lS,  par  M.  Oukhen-Mallet,  jardiniers 
membre  de  la  Société  centrale  d'horticulture  de  France.  —  Librairie  de  A.  Goin,  G2,  rue  de, 
Ecolci,  à  Paris. 

Voici  trois  petits  livres  écrits  par  un  bon  jardinier,  et  qui  se  recom- 
mandent à  l'attention,  les  deux  premiers  surtout.  Ils  renferment,  en 
effet,  le  résumé  des  nombreuses  observations  d'un  bomme  qui 
s'est  consacré  avec  passion  à  la  culture  des  bonnes  variétés  de  plantes. 
Les  détails  qu'il  donne  notamment  sur  la  culture  forcée  et  la  culture 
bâtée  de  la  pomme  de  terre,  sont  très  instructifs.  On  doit  en  dire  au- 
tant de  sa  notice  sur  les  haies  vives  d'épine  ;  c'est  un  véritable  traité 
didactique  de  la  formation  du  plant  d'épine,  de  son  emploi  pour  la 
création  et  l'entretien  des  haies.  —  En  ce  qui  concerne  la  vigne,  il  y 
a  des  réserves  à  faire;  M.  Quéhen-Mallet  donne  de  bons  conseils  pour 
la  culture  de  la  plante,  mais  il  affirme  l'efficacité  d'un  insecticide 
qui  en  est  à  faire  ses  preuves;  c'est  une  dissolution,  dans  l'eau,  de 
sulfate  de  fer  et  d'acide  phénique  dont  il  indique  les  doses,  mais  sans 
dire  dans  quelles  circonstances  le  succès  a  suivi  l'application. 

Guide  jiratique  de  comptabilité  agricole,  par  le  vicomte  de-  Coruciie.  —  Un  volume  iii-8.  — 
Typographie  de  Lallemant  frères,  ti,  rue  du  Thesouro  Velho,    à  Lisbonne.  —  Prix  :  4  fr. 

M.  le  vicomte  de  Coruche  est  un  grand  agriculteur  portugais,  qui, 
voulant  faire  connaître  les  résultats  du  système  de  comptabdité  qu'il 
a  adopté  sur  son  exploitation,  a  choisi  la  langue  française  pour  ex- 
primer ses  idées.  Nous  n'avons  pas  à  nous  en  plaindre,  d'autant  plus 
qu'il  manie  notre   langue   avec  beaucoup  de  clarté. 

Ce  n'est  pas  tant  un  système  spécial  de  comptabilité  qu'une  orga- 
nisation des  livres  de  comptes  que  M.  de  Coruche  présente  au  public  ; 
si  nous  voulions  entrer  dans  les  détails,  nous  dépasserions  de  beau- 
coup les  limites  d'un  compte  rendu  bibliographique.  Mais  nous  de- 
vons signaler  l'esprit  général  qui  domine  son  travail.  M.  de  Coruche 
adopte  le  système  de  ce  qu'on  appelle  la  comptabilité  en  partie  double  ; 
la  base  en  est  un  grand-livre  dans  lequel  les  comptes  se  suivent  pour 
arriver  au  compte  final  de  profits  et  pertes.  Mais  ce  qui  fait  l'origina- 
lité de  son  grand-livre,  c'est  qu'il  ne  craint  pas,  au  besoin,  d'inscrire 
des  quantités  échangées,  sans  déterminer  de  valeur  en  argent  ;  il  essaie 
d'échapper  ainsi  d'une  part  au  danger  de  négliger  des  facteurs  impor- 
tants des  comptes,  et  d'autre  part  au  danger  d;e  leur  assigner  des  va- 
leurs arbitraires.  Lesvaleurs  arbitraires,  voilà  en  effet  ce  qui  met  le  chaos 
dans  la  comptabilité  agricole;  en  les  supprimant  et  en  déclarant  qu'il 
s'en  trouve  bien,  M.  de  Coruche  a  fait  une  tentative  sur  laquelleil  est 
juste  d'appeler  l'attention.  Henky  Sagnier. 

REVUE  GO^niERGIALE  ET  PRIX  GOURANT  DES  DENRÉES  AGRIGOLES 

(1"  NOVEMBRE  1884). 
L  —    Silualion    générale. 
Bien  que  les  travaux  des  semailles  retiennent  encore  les  cultivateurs,  les  mar- 
chés agricoles  ont  été  assez  bien  approvisionnés  cette  semaine.  La  tendance  géné- 
rale est  au  maintien  des  cours. 

II.  —Les  grains  et   les  farines. 
Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  quintal  métrique  , 
sur  les  principaux  marchés  de  la   France  et  de  l'étranger  : 


REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT  (I"  NOVEMBRE  1884). 


195 


RÉGION. 


Caivadds.  Lîsieux 

—  CoiiJé-sur-Xoîreau. .. 
C.-du-A'oi  d.  TfKguier. . . 

—  PonLrieux 

Fînistei'e.  Morlaix 

—  Quimper 

lUe-et'Vilaine.  Rennes. 

—  Redon 

Manche.   Cherbourg.... 

—  Villedieu 

Mayenne.  Mayenne 

—  Evron ; .. 

Morbihan.  Hennebont.. 

—  Vannes 

Orne.   Atençon 

—  Laigle 

Sarthe.  Le  Mans 

—  Beauraont 


.  NORD-OUEST. 

Blé.    Seigle.   Orge. 

fr.        fr.         fr. 


20  30 
■20.80 
18.00 
18. SO 
22.00 
19.50 
la.  25 
18  50 
22.80 
25.00 
19.50 
20.00 
19.00 
20.25 
20.75 
20.20 
20.25 
20 .  50 


13.35 
16.00 

» 
14.50 

u 
15.50 

» 
14.50 

20.00 


14.(15 
15.00 
17.35 
lli.oO 
15.25 


18.15 
16.20 
14.75 
«5.50 
10. 00 
15.50 
15.50 

» 
15.50 
10.15 
14.60 


14.60 
19.20 
15.25 

14.50 


Prit  nioyeas 

V  RÉGION 

Aisne.  Vilters-Cotterets. 

—  La   Fere 

—  St-Quentin 

Bure,   jivreux 

—  Louviers 

—  Le   Neubourg.... 
Eure-et-Loir.  Chartres.. 

—  Nogent-le-Rotrou. 

—  Auneau 

Nord.   Bergaes 

—  Valeiiciennes 

—  Dlinkeique 

Oise.  Beauvais 

—  Compicgne 

—  Clermoiit 

Pas-de-Calais.  Arras. . . 

—  Bétbune  

Seine.  Pans 

.S.-et-Manie.  Melun 

—  Montercau 

—  Meaux 

S.-€l-Oise.  Versailles. ... 

—  Et.impes 

—  Houdan 

Soirte-In^érieure.  Rouea. 

—  M'jntiviUiers 

—  Dieppe 

Somme.    Amiens 

—  DoulleQs 

—  Roye 

Prix  moyens 

3*  REGION 

Ardennes.  Sedan 

—  Rethel 

Aube.  Nogent-sur-Seino 

—  .Mery-sur-Seine. . . 
Marne.  ChlloDS-sur-UjraQ.. . 

—  Ste-.Ueneliould. .. 

—  Reims 

Hte-Mame.  Langres..., 

—  Bourbonne 

Meurthe-el-Mos.  Nancy. 

—  Toal 

—  LuneviUe 

Meuse.  Bar-le-Duc 

—  Verdun 

Haute-Saône.  Gray 

—  Vesonl 

Vosges.  Neufch.^teau 

—  .Mirecourt 


20.25      15.83      15.83 
—  NOKU. 


Aïoiie. 

fr. 

20.00 
21.00 
14.25 
15.00 
!  4 .  00 
15.80 
15.00 
15.25 
20.60 
21.00 
16.50 
15.75 
16.00 

ï- 
16.91) 
17.00 
20.25 
15.50 

17.00 


20.72      15.16      17.70     17.10 
—  NORB-EST. 


20.90 
20.00 
20.70 
19.90 
21  00 
20.75 
20.50 
19.50 
20.00 
21.25 
20.70 
21.00 
20.90 
20.60 
21.00 
20.25 
21.30 
20.15 


15.75 
15.00 
14.55 
l4.3i 
16.50 
15.75 
16.25 
14.25 


15.50 
16.75 

15.50 
15.25 
16.25 


19  00 
17.00 
16.75 
16.40 
19.00 
17.50 
18.25 
15.75 

D 

13.50 
16.75 
1C.5Ô 
19.00 


16.75 
18.25 


18.25 
15.73 
17.00 
15.00 
17.00 
15.75 
16.50 
14.50 
14.25 
17.50 
15.75 
16.00 
17.15 

16.00 
15.75 
15.10 
15.00 


Prix  moyens 2 

4*  RÉGION. 


0.58 


15.51      17.53      16.01 
OUEST. 


CAarenle.  Angouléme...  20.00 

—  Barbezieux 20. 't5 

C/iar. -in/er.  Marans 19.20 

—  St-Jean-d'Aiigély..  20.15 

Deux-Stvres.  Niort (9.oo 

Indre-et-Loire.  Tours...  13.50 

—  Bléie 18.75 

Loire-Inf.  Nantes 20 .  35 

M.-et-Lnire.   Saumur...  20. 15 

—  Angers 19.00 

Kendée.  Luçon 19.20 

Kienne.  Loudun 19.80 

—  Civray 19.80 

Haute- Vienne.  Limoges.  20.00 

Prix  moyens 19.60    15. U 


» 

18 

50 

16 

00 

» 

16 

00 

a 

16 

00 

16 

00 

■ 

15 

75 

» 

15 

00 

15 

50 

16.55 

16 

25 

17 

25 

14.00 

18 

45 

17 

00 

1 

17 

00 

16 

00 

■  4.90 

19 

00 

16 

00 

16.25 

17 

00 

17 

50 

» 

16 

90 

15 

50 

)> 

18 

00 

16 

25 

14.00 

15. 

00 

15.00 

18 

25 

18 

50 

15.11 

17 

01 

16 

46 

Ailier.     Montluçou 

—  St-Pourçain 
Cher.  Bourges... 

—  St-Amand 

—  Graçay 

Creuse.  Aubusson 
Indre.  Chàteauroux 

—  Issoudun 

—  Valençay 

—  Vatan. . . . 
Loiret.   Orléans, 

—  Palay 

—  Gien 

L.-et-Cher    Blois 

—  Mon  toi  re 
Nièvre.  Nevers. . 

—  La  Charité 
Yonne.     Sens  — 

—  Tonnerre 

—  Brienon 

Prix  moyens 19.92 

6"  BÉaiON.  —  I 
ilin.  Bourg 21.50 

—  St-laiireiil-l«s-llJcon..  21.75 
CÔLe-d'Or.  Dijon 20.50 

—  .Sermer 19.50 

/>ou/>s.  Besançon 20.45 

Isère.   \'ien[ie 20.75 

—  Bourgoin 20.50 

/i4ra.  Lons-Ie-Saunier  . .  22.00 

Loùv.  .Moiubrisson 20.40 

P.-de-Uàme.  Clermont-F  20.50 

Rhùne.  Lyon 21.50 

Saône-et-Loire.  Chàlon  .  20.50 

—  Autun 19.50 

Sai'ote.  Ghambéry 22.75 

//ie-6'aiioie.  Annecy 22.75 


17.25 
15  00 
15.50 


17.00 
i4.75 
16.65 
16.00 
17.00 
15.25 
16.00 
15.75 
16.00 


Prix  moyens 20.99     16.01 

T  RÉGION.  —  SUD-OUEST 


17.60 
1 8 . 1)0 

» 
17.00 
18.45 

» 
18.50 
18.75 
17.50 

17.50 
1» 

17.91 


Ariège.  Foix 24.10 

—  Pamiers 21  50 

Dordogne.  Sarlat 24.00 

i/(e-GdroHjie.  Toulouse.  21.75 

—  St-Gaudens 23.40 

Cars.  Coadom 23.10 

—  Eauze 22.30 

—  Mirande 20,00 

Gironde.  Bordeaux 21.50 

—  Bazas 21,25 

Landes.  Dax 23.00 

Lof-ei-Goronne.  Agen. . .  21.25 

—  Villeneuve-sur-Lot  21. aO 
6. -P»/renée5.  Bayonne. .  23.25 
//(«i-Pi/j'értees.  Tarbes. .  22.00 


18.65 
16.65 
18.40 
17.00 
IS.OO 


17  35 
17.00 
19.35 

18.60 
16.50 
19.75 
18.50 


16.50 
16.50 
17.25 
15.75 
18.00 
17.00 
17. CO 
15.00 
16.25 
17.00 
17.25 
17.25 
15.50 
17.75 
16.75 

16.72 


16.00 
17.86 

18.50 
18.00 
13.00 
19.50 
17.80 
16.75 


Prix  moyens 22.26  i?.9i 

8*  RÉGION.  —  SUD. 

Aude.   Carcassonne 22.10  17.00 

■^oei/roji.  Bodez 20.80  17.60 

—  Aubin 21.50  19.00 

CaïUoi.  IVJauriac 22.50  19.25 

Correre.  Tulle 22.00  18.00 

Hiravtlt.  Béziers 23.00  13.00 

—  Montpellier 22.80  » 

£,01.  Cahors 22.25  18.00 

Lozère.  Mende 22.75  18.00 

Pyrénées-Or. Perpignan.  24.00  17.80 

ram.  GaiUac 22.50  » 

Tam-el-Gar.  Jlontauban  21.75  17.65 

Prix  moyens 22.33  18. o3 

—  SCO-EST. 

22.80 


16.75 
17.30 


n.75 
16.20 
15.10 
18.25 
18.45 
22.00 

» 
15.75 

17.60 


9'  BEOION. 

Basses-Alpes.  Manosque 
Hautes-. Upfs.  Briançon. 
Alpes-Maritimet.  Nice. . 

Ardeche.  Privas 

B.-du-Rhône.  Aix 

Drame.   Valence 

Gard.  Alais 

Haute-Loire.    Le  Puy... 

Var.  Draguignan 

Vauclase.    Carpentras. 

Prix  moyens 

Moy.  de  toute  la  France 

—  de  la  semaine  precéd. 

Sur  la  semaine^Uausse, 

précédente. .  1  Baisse. . 


22.50 
24.40 
24.35 
21.00 
20.50 
23.70 
21,75 
22.25 
22.50 


18.00 
18.00 
16.65 


1 8 .  00 
16.00 
16.15 


17.30 
18.00 


17.50 
18.80 
15.50 
19.50 
18.25 
19.00 
18.75 
18.00 
18.00 
24.40 
18.50 
19.50 

18  31 


20.50 
18.00 
19.50 
18.65 

» 
17.25 
21.25 
15.00 
17.80 
18.00 


196  REVUE    CUMMERCIALK   ET   PRIX    COURANT 

Blé.  Seigle.  Orge.         Avoine 

Algérie.  Alger  <  ^j« ''^"^^«•-  js'ào 

•'                                 °       (  bledur 14.2»             »  10  75 

Angleterre.               Bristol 18.7.0            »  -  I.S  3.) 

Belgique.                  Anvers 18.00  16.2,'.  21.00  10. .OO 

—  Bruxelles 20.00  16.50  »  » 

—  Liège 10. Ta  17.00  18.00  17.10 

—  Namur 19.00  15.7.J  18.00  15.50 

Pays-Bas.                Amsterdam 17.65  15.85  » 

Luxembourg.          Luxembourg 22.75  19.35  15.40  17.00 

Alsace-Lorraine,    Strasbourg 22.25  19.25  20.75  18.00 

—  Mulhouse 20.00  18.65  -i  16. UO 

—  Colmar 23.40  20.00  20.35  19.25 

Allemagne.             Berlin..., 18.75  18.25  ■• 

—  Cologne 20.00  18.10  »  » 

—  Francfort 21.10  20.10  22.00  1.8.00 

Suisse.                      Genève 22.75  18.50  18.50  18.25 

Italie.                        Turin 22.22  16.00  »  16.50 

Espagne.                  Barcelone 22 .  00            »  b  » 

Autriche.                  Vienne 17.25            »  » 

Hongrie.                  Budapest 16. .50  14.25  14  50  12.60 

Russie.  Saint-Pétersbourg..  17.00  13.15  »  12.55 

—  ndessa 14.45  12.10  ..  10.50 

Etats-Unis.  New-York 17.00  » 

Blés.  —  La  situation  commerciale  est  la  même  qu'il  y  a  huit  jours.  Les  travaux 
des  champs  ne  sont  pas  encore  terminés;  il  n'y  a  que  peu  de  cultivateurs  sur  le 
marché,  et  les  offres  du  commerce  et  de  la  meunerie  son  très  limitées.  —  A  la 
halle  de  Paris,  le  mercredi  29  octobre,   on  cotait,  comme   la  semaine  dernière 

20  fr.  50  à?,2  fr.  25  les  100  kilog.,  soit  21  fr.  40  en  moyenne.  —  Pour  les  blés 
à  livrer,  nous  n'avons  pas  non  plus  de  changement  k  signaler,  le  courant  et  le 
livrable  novembre  sont  à  21  ir.  25;  novembre-décembre,  21  fr.  25  à  21  fr.  5)  ; 
quatre  mois  de  novembre,  21  fr.  50  à  21  fr.  75;  quatre  premiers  mois,  21  fr.  75  à 
22  fr.;  quatre  mois  de  mars,  22  fr.  à  22  fr.  25.  —  Au  Havre,  on  cote  toujours, 

21  fr.;  les  Liés  roux  d'Amérique,  21  fr.  à  21  fr.  2b  les  Californie;  22  fr.  à  22  fr.  25, 
les  Australie;  20  fr.  les  Bombay  blancs.  —  A  Marseille,  les  arrivages  très  faibles, 
n'ont  été  que  de  38,000  quintaux;  le  stock  est  descendu  à  160,000  quintaux.  On 
cote  par  100  kilog.  :  Red-Winter,  23  fr.  25;  Berdianska,  23  fr.  75;  Marianopoli, 

22  fr.  75;  Azoff  dur,  18  fr.  50  à  18  fr.  75;  Danube,  19  fr.  — A  Londres,  les  prix 
ressortent  à  18  fr.  50  les  100  kilog.;  les  affaires  sont  difficiles. 

Farines.  —  Les  prix  des  farines  sont  toujours  stationnaires.  Le  29  octobre,  on 
cotait  :  marque  de  Corbeil,  48  fr.;  marques  de  choix,  48  à  51  fr.;  premières  mar- 
ijues,  47  à  48  fr.;  bonnes  marques,  45  à  46  fr.;  ordinaires,  44  à  45  fr.;  par  sac  de 
159  kilog.,  soit  28  fr.  02  à  32  fr.  48  les  100  kilog.  ou  30  fr.  20  en  moyenne.  — 
Les  farines  de  spéculation  sont  cotées  :  Neuf-marques,  courant  du  mois,  45  fr.  à 
45  fr.  25  ;  novembre,  45  fr.  50  à  45  fr.  75;  novembre-décembre,  45  fr.  75  à  46  fr.; 
quatre  mois  de  novembre,  46  fr.;  quatre  premiers  mois,  46  fr.  25;  à  4B  fr.  50; 
quatre  mois  de  mars,  46  fr.  75  les  157  kilog.  nets.  —  Farines  deuxièmes,  22  fr. 
les  100  kilog.;  gruaux,  33  à  38  ir. 

Seigles.  —  Demande  assez  suivie;  offres  rares  aux. prix  de  15  fr.  25  à  16  fr.  25 
les  100  kilog.;  les  farines  restent  au  cours  de  20  à  23  fr. 

Orges.  —  Demande  active  pour  les  bonnes  qualités.  On  cote  à  la  halle  de 
17  fr.  25  à  19  fr.  25  les  100  kliog  ;  — les  escourgeons  se  vendent  encore  19  fr. 
et  19  fr.  i5. 

Avoines  —  Les  prix  sont  soutenus  de  17  fr.  à  19  fr.  50,  suivant  qualité  pour  les 
avoines  indigènes;  celles  de  Suède  valent  16  fr.  50  à  16fr.  75;  celles  de  Riga  sont 
tenues  à  16  fr. 

Sarrasin.  —  Le  sarrasin  de  Bretagne  est  demandé  à  16  fr.  50  les  100  kilog. 

Maïs.. —  Mêmes  prix  que  la  semaine  dernière  pour  les  maïs  du  Danube  et  de 
la  mer  Noire,  qui  sont  cotés  aux  Havre,  14  fr.  25  à  14  fr.  50  les  100  kilog.  livra- 
bles et  disponibles.  Les  bigarrés  d'Amérique  sont  offerts  de  13  fr.  à  13  fr.  50. 

Issues.  —  Affaires  dificiles  aux  cours  suivants  :  sons  gros  et  moyens,  13  fr.  75 
à  14  fr.;  sons  trois  cases,  13  fr.  à  13  fr.  25;  sons  fins,  12  fr.  à  12  fr.  50;  recou- 
pettes,  12  fr.  50  à  13  fr.  50;  remoulages  blancs,  16  fr.  50  à  17  fr.;  remoulages 
bis,  15  à  16  fr. 

m.  Fourrages  et  graines  fourragères. 

Fourrages.  —  La  vente  est  facile  sur  toutes  les  sortes  et  les  prix  soutenus.  On 
paye,    à  Paris,  sur  le  marché,  par  1,000  kilog.  :  foin,  90  à  122  fr.;  luzerne,  88  à 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (l"  NOVEMBRE    l^Sit}.  197 

120  fr.;  paille  de  blé,  58  à  68  fr.;  paille  d'avoine,  50  à  62  fr.  —  A  Beauvais,  les 
prix  sont,  par  1,000  kilog.  :  foin,  80  à  90  fr.  ;  luzerne,  80  à  90  fr.;  paille,  60 
à  70  fr. 

Graines  fourragères.  —  Les  prix  sont  les  mêmes  que  la  semaine,  dernière, 
sauf  pour  la  luzerne  qui  a  subi  une  baisse  de  5  fr.  par  100  kilof^.  On  cote  à  Paris, 
trèfle  violet,  105  à  120  fr.;  trèlle  blanc,  165  à  200  fr.;  trèfle  hybride,  150  à 
170  fr.;  luzerne  de  Provence,  140  à  150  fr.;  d'Italie,  125  à  135  fr.,  du  Poitou, 
90  à  100  fr.;  minette.  40  à  45  tr.;  ray-grass  anglais,  35  à  40  fr.;  sainfoin  à  une 
coupe,  33  à  35  fr.;  à  deux  coupes,  37  à  38  fr.  ;  vesces  de  printemps,  22  à  23  fr.; 
pois  jarras,  17  à  18  fr.  —  A  Tenezay,  la  graine  de  trèfle  vaut  105  à  110  ir.  ;  la 
luzerne,  85  fr.  —  A  Sens,  on  paye  :  sainfoin,  30  à  38  fr.;  trèfle,  125  à  135  fr.  ; 
luzerne,  115  à  125  fr. 

IV.  Fruits  et  légumes  frais. 

Fruits.  —  On  vend  à  la  balle  de  Paris  :  châtaignes,  18  à  20  fr.  l'hectolitre; 
coings,  5  à  20  tr.  le  cent  ;  nèfles,  1  fr.  25  à  2  fr.  50  le  cent  ;  noix  sèches,  0  fr.  40 
à  0  fr.  85  le  kilog.:  ;  poires,  6  à  60  fr.  le  cent;  pommes,  5  à  80  fr.  le  cent; 
a  fr.  20  à  0  fr.  65  le  kilog.;  raisin  blanc,  0  fr.  65  à  3  fr.;  raisin  noir,  0  fr.  80  à 
1  fr.  20  le  kilog. 

Légunii's.  —  Artichauts,  10  à  32  fr.  le  cent  ;  betteraves,  0  fr.  30  à  0  fr.  80 
la  manne;  carottes,  25  à  30  fr.  le  cent;  choux,  12  à  16  fr.  le  cent  ;  haricots  verts, 
0  fr.  15  à  0  fr.  50  le  kilog  ;  écossés,  0  fr.  40  à  0  fr.  80  le  Htre;  navets,  15  à 
20  fr.  le  cent;  panais,  12  à  15  fr.;  oignons  en  grains,  10  à  12  fr.  l'hectolitre; 
poireaux,  3  à4  fr.  les  100  bottes;  champignons,  I  fr.  à  1  fr.  60  le  kilo-'.;  choux- 
fleurs,  10  à  60  fr.  le  cent;  choux  de  Bruxelles,  0  fr.  20  à  0  fr.  25  le  btie;  épi- 
nards,  0  fr.  20  à  0  fr.  25  le  paquet;  chicorée  frisée,  6  à  12  fr.  le  cent;  escarole, 

4  à  10  fr.;  laitue,  4  à  7  fr.  ;  mâches,  0  tr.  25  à  0  fr.   40  le  kilog.  ;  romaine,  3  à 

5  fr.  la  botte  de  32  têtes;  potirons,  0  fr.  50  à  5  fr.  la  pièce;  barbe  de  capucin, 
0  fr.  60  à  0  fr.  75  la  botte. 

Pommes  de  terre.  —  Hollande    commune,    8  à  10  fr.  l'hectolitre,  11   fr.  42  à 
14  fr.  28  le  quintal;  jaunes,  6  i  7  fr.  l'hectolitre,  S   fr.   57  à  10  fr.'le  quintal. 
V.  —  Vins.  —  Spiritueux.  —  Vinaigres.  —  Cidres. 

Vins.  —  Les  derniers  renseignements  qui  nous  parviennent  sur  la  récolte  de 
cette  année  confirment  ceux  que  nous  donnions  il  y  a  quinze  jours.  Dans  l'Est,  la 
Champagne,  la  Touraine,  le  Poitou,  la  Loire,  l'Auvergne,  le  produit  est  satisfai- 
sant comme  qualité  et  quantité.  En  Bourgogne,  dans  le  Beaujolais,  et  le  Maçon- 
nais, dans  le  jMédoc,  la  Gascogne,  l'Armagnac,  la  quantité  fait  défaut,  mais  la 
quantité  sera  bonnne.  Le  Languedoc  a  fait  une  récolte  abondante  de  vins  qu'on 
avait  jugés  d'abord  médiocres,  mais  qui  s'améliorent  chaque  jour.  Le  Nantais  est 
satisfait  de  la  quantité  mais  non  de.  la  qualité  de  ses  vins.  Dans  le  Jura  seul,  l'an- 
née doit  être  considérée  comme  entièrement  mauvaise. 

Les  transactions  ont  pris  quelque  importance  cette  semaine  dans  le  Midi  aux 
prix  que  nous  avons  déjà  cotés;  mais  en  général  il  y  a  encore  de  l'hésitation  de  la 
part  du  commerce.  En  Bourgogne,  il  s'est  traité  à  Meursault  quelques  affaires  de 
80  à  100  et  110  fr.  la  pièce  "nue,  suivant  qualité.  —  A  Château-du-Loir  (Sarthe) 
il  a  été  vendu  des  vins  de  40  à  42  fr.  l'hectolitre.  —  Dans  la  Touraiue,  on  parle 
de  120  à  125  fr.  la  pièce  logée.  —  A  Vouvray  on  pense  obtenir  200  à  225  fr. 
pour  les  vins  de  coteaux  de  choix,  et  280  fr.  à  300  ir.  pour  les  premières  mar- 
ques. —  A  Surgères,  quelques  vins  se  sont  enlevés  sur  la  base  de  32  fr.  le  degré 
par  tonneau.  —  A  Agen,  les  prix  sont  de  120  fr.  la  pièce  pour  les  vins  ordinaires, 
et  200  fr.  et  au  delà  pour  les  vins  supérieurs.  —  A  Moissac  (Tarn-et-Garonne) 
on  paye  de  40  à  60  et  65  fr.  l'hectolitre.  —  En  résumé  les  affaires  ne  sont  pas 
commencées  dans  les  grands  entrepôts  et  les  cours  ne  se  fixent  pas. 

Spiritueux.  —  La  baisse  des  cours  s'est  accentuée  depuis  huit  jours.  Les 
affaires  sont  très  calmes,  et  la  tendance  générale  est  à  la  lourdeur  en  présence 
d'un  stock  considérable.  A  Paris,  on  cote  les  trois-six  fins  du  Nord,  90  degrés  : 
disponible,  45  fr.  50  l'hectolitre;  livrable  décembre,  45  fr.  25  à  45  fr.  50;  qua- 
tre derniers  mois,  45  fr.  75;  quatre  premiers  mois,  "iS  fr.  à  46  fr.  25.  —  A  Lille, 
l'alcool  de  betteraves  est  à  43  fr.  50,  l'alcool  de  mélasse,  43  fr.  50  à  44  fr.  —  A 
Bordeaux,  les  trois-six  fins  Nord  valent  54  Ir.;  les  extrr-.fins  sont  offerts  à  55  et 
56  fr.;  les  trois-six  allemands  disponibles  sont  à  85  et  86  fr  —  A  Cette,  on  cote 
les  Nord  58  fr.  —  Les  alcools  de  vin  sont  à  des  prix  soutenus  dans  le  Midi.  On 
cote,  à  Béziers,  les  bon  goût,  103  fr.;  à  Nîmes,  100  fr.;  à  Cette,  105  à  110  fr.;  à 
Bordeaux,  113  fr.  — Les  marcs  valent  95  fr.  Thectolitre  à  Cette  et  à   Nîmes  et 


198  REV[IE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT 

93  l'r.  àBéziers.  — A  Goguac,  quolrfues  échantilloiis  d'eau-de-vie  nouvelle  de  1884 
ont  été  olTerts  aux  prix  de  230  à  260  fr.  l'hectolitre. 

Vinaigres.  —  A  Orléans,  le  vinaigre  nouveau  se  vend  de  20  à  28  l'hectolitre 
logé;  le  vieux,  34  à  38  fr. 

VI.  —  Smctcs.  —  Mélasses.  —  Fécules.    —  Houblons. 

Sucres.  —  La  situation  est  à  peu  près  la  même  qu'il  y  a  huit  jours,  mais  avec 
de  la  lourdeur  dans  les  affaires  et  une  tendance  à  la  baisse.  Sur  la  place  de 
Paris,  on  cote  par  100  kilog.  :  sucres  bruts,  88  degrés  saccharimétriques, 
37  l'r.  50;  sucres  blancs,  99  degrés,  43  l'r.  75  à  44  l'r.;  sucres  blancs  a.»  3, 
44  l'r.  25  à  46  fr.  50.  Les  raffinés  sont  plus  fermement  tenus  de  103  à  105  fr. 
les  100  kilog.  à  la  consommation  et  44  fr.  25  à  49  fr.  à  l'exportation. — Le  stock 
de  l'entrepôt  réel  était  à  Paris,  le  27  octob're,  de  534,000  quintaux,  supérieur 
de  40,000  quintaux  à  celui  de  la  semaine  dernière.  A  Valenciennes,  les  sucres 
bruts  sont  encore  en  hausse  à  37  fr.  les  100  kilog. 

Mélasses.  —  Sans  changement  à  Paris,  aux  cours  de  9  fr.  à  9  fr.  25  pour  les 
mélasses  de  fabrique  et  9  à  10  fr.  pour  celles  de  raflinerie.  —  Valcncicnnes  cote 
les  mélasses  disponibles  10  fr.  50. 

Fécules.  —  Mêmes  prix  qu'il  y  a  huit  jours  pour  les  fécules  premières  de  l'Oise 
sur  le  marché  de  Gompiègne,  sait  27  fr.  les  disponibles,  et  27  fr.  50  les  livrables 
trois  mois  de  novembre.  —  A  Marseille,  on  cote:  fécule  première  supérieure, 
36  à  38  fr.  les  100  kilog.;  ordinaire,  35  à  37  fr.;  deuxième,  32  à  33  fr.  —  A  Paris, 
fécule  sèche,  28  fr.  à  98  fr.  50 

Houblons.  —  Rien  de  nouveau  sur  les  houblons;  les  affaires  sont  calmes  et  les 
cours  ne  se  modifient  pas.  A  Alost,  on  cote  officiellement  175  à  190  fr.  les  100 
kilog.;  en  culture,  on  n'achète  pas  à  moins  de  180  fr.  A  Nancy,  on  paye  220  fr. 
les  sortes  ordinaires. 

Vn.  —  Tourteaux.  —   Noirs.  —  Engrais.  ■ 

Tourteaux.  —  Les  cours  des  tourteaux  ont  une  tendance  plus  ferme.  —  A 
Arras,  les  tourteaux  de  colza  valent  17  fr.  les  100  kilog.;  l'œillette,  13  fr.;  le  lin, 
24  fr.;  la  caraeline,  16  fr.  —  A  Rouen,  tourteaux  de  colza,  15  fr.  50.  —  A  Cam- 
brai, colza,  15  fr.  50  à  16  fr.;  œillette,  13  fr.  50;  lin,  21  fr.  à  21  fr.  75;  came- 
line,  16  fr.  —  La  cote   de   Marseille  s'établit  comme   suit:  lin   pur  18  fr.  25  à 

18  fr.  50;  Arachide  décortiquée,  14  fr.;  brune,  13  fr.;  en  coque,  10  fr.  25;  sésame 
blanc  du  Levant,  13  fr.;  de  l'Inde,  12  fr.  25;  cocotier  pour  vaches  laitières 
12  fr.  25;  colza  du  Danube,  12  fr.  25;  œillette  exotique,  11  fr.;  coton,  12  fr.; 
palmiste,  11  fr.  75;  ricin,  9  fr.  ravison,  12  fr. 

Engrais.  —  Prix  sans  changements  à  Paris.  —  ADunkerquc,  le  nitrate  de  soude 
est  coté  23  fr.  75  les  100  kilog.  —  A  Lille,  on  vend,  nitrate  de  soude  23  fr.  75 
à  25  fr.  25;  sulfate  d'ammoniaque,  3S  fr.  50  à  39  fr.  50;  chlorure  de  potassium, 

19  fr.;  superphosphate,  0  fr.  65  à  0  fr.  78  le  degré  d'acide  phosphorique  soluble. 

VIII.  —  Huiles  et  graines  oléagineuses. 

Huiles.  —  1\  y  a  de  la  fermeté  sur  les  huiles  de  lin,  qui  se  payent  à  Paris,  55  fr. 
à  55  50  fr.  les  100  kilog.;  celle  de  colza  sont  tenues  à  67  fr.  25.  —  à  Arras,  les 
colza  sont  à  71  fr.;  la  cameline,  60  fr.;  l'œillette  surfine,  98  fr.  A  Rouen,  colza, 
66  fr.  25;   lin,  54  fr.  50. 

Graines  oléagineuses.  —  On  cote  à  Arras;  par  hectolitre  :  graine  d'œillette, 
24  fr  à  26  fr.'  25;  de  colza,  18  fr.  à  21  fr.  75;  de  lin,  18  fr.  à  19  fr.  60;  de 
cameline,  13  à  17  fr.  ^  A  Orchies,  on  vend,  graine  de  colza,  19  fr.  50  à  20  fr.  50; 
de  lin,  19  à  21  fr.;  de  cameline,  14  à  16  fr.;  à  Samt-Quentin,  graine  de  colza, 

20  fr.  50;  d'œillette,  25  fr. 

IX.  —  Matières  résineuses.  —  Textiles —  Produits  forestiers. 

Chanvres.  —  Au  Mans,  les  chanvres  blancs  se  maintiennent  au  prix  de  70  à 
76  fr.  les  100  kilog.;  les  chanvres  gris  première  qualité  valent  68  à  72  fr.;  qua- 
lité inlérieure,  60  à  66  fr.  —  A  La  Guerche  llUe-et- Vilaine),  le  chanvre  vaut,_ 
60  à  65  fr.;  à  Janzé,  60  à  70  fr. 

Bois.  —  Les  bois  de  chauffage  n'ont  encore  donné  lieu  qu'à  peu  d'affaires  ;  les 
hivers  doux  des  deux  dernières  années  ont  accumulé  sur  les  ports  un  slok  assez 
considérable.  Sur  la  place  de  Paris,  on  cote  par  décastère,  octroi  non  compris  : 
bois  de  Ilot,  125  fr.;  traverses,  125  fr.;  pelard,  130  fr.;  bois  neufs  durs  gris,  1  -25  f^r.; 
blancs,  115  à  120  fr.;  pin  gelé,  115  fr.;  pin  de  Bordeaux,  non  gelé,  150  fr.; 
falourdes  de  pin,  le  100,  75  ou  80  fr.  —  A  Clamecy,  les  prix  sont  par  décastère  : 
bois  de  Ilot,  105  fr.;  bois  neuf  dur,  115  fr.;  bois  blanc,  70  fr.;  traverses  en  hêtre 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (1"  NOVKMBRE.   1881*;.  199 

de  Ilot,  100  fr.;  neuves,  115  fr.;  charljonnelte,  le  stùre.  3  fr.;  margolins,  le  cent' 
4  fr.  25.  —  Sur  les  ports  de  l'Aisne  et  de  l'Oise,  on  paye  le  décastèro  de  chènei 
80  à  90  fr.;  hêtre  et  charme,  quartier,  100  à  110  fr.;  les  cotrets  de  bois  hlancs, 
le  mille,  110  à  120  fr.;  chêne  pelard,  ikb  fr.  à  155  fr.;  bouleau,  135  à  UO  fr. 

Les  bois  d'œuvre  et  d'industrie  sont  l'objet  de  demandes  presque  nulles,  avec 
avec  des  cours  sans  changement,  excepté  à  Pontarlier,  où  la  charpente  a  subi  une 
baisse  sensible. 

IX.  —  Suifs  et  corps  gras.   —  Cuirs  et  peanx. 

Suifs.  —  A  Paris,  le  cours  de  83  fr.  les  100  kiiog.  se  maintient  pour  les  suifs 
frais  de  la  boucherie.  —  A  Merseille,  les  suifs  de  pays  valent  80  fr.  ;  ceux  de  la 
Plata  :  bo'uf,  85  fr.;  mouton,  83  fr. 

Saindoux.  —  Le  cours  est  toujours  de  53  fr.  50  les  50  kilog.  au  Havre. 

X.  —  Jleurres.  —  Œufs.  —  Fromages. 

Beurres.  —  On  a  vendu,  à  la  halle  de  Paris,  pendant  la  semaine,  244,147  kilog. 
de  beurres.  Au  dernier  marché  on  cotait,  par  kilog.;  en  demi-kilog.,  2  IV.  kO  à 
3  fr.  68;  petits  beurres,  1  Ir.  80  à  2  fr.  82;  Gournay,  1  fr.  94  à  4  fr.  16;  Isigny, 
2  fr.  20  à  7  fr.  32. 

Œufs.  —  Les  ventes  se  sont  élevées  cette  semaine  à  2,109,790  œufs,  aux. prix 
par  mille,  de  104  à  148  fr.  les  choix;  76  à  lO-i  fr.  pour  les  ordinaires;  45  à  63  fr., 
pour  les  petits. 

Fromages.  —  On  cote,  par  douzaine  :  Brie,  5  à  23  fr.;  ^lontlhéry,'  15  fr.;  par 
cent,  livarot,  25  à  87  fr.;  Mont-Dor,  10  à  20  fr.  ;  Neufchatel,  5  à  21  fr.;  divers, 
52  fr.;  par  100  kilog.  :  Gruyère,  110  à  190  fr. 

XI.  —  Chevaux.  —  Bétail.  —  Viande. 

Bétail.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  officiel  du  marché  aux  bes- 
tiaux de  la  Villettc,  du  jeudi  23  au  mardi  28  octobre  : 

Poids     Prix  du  kilog.  de  viande  nette  sur 
Vendus  moyen       pied  au  marché  du  27  ott^bro. 

Pour  Pour  En         4  quartiers,     l"          -i"  3"  Prii 

Amenés.  Paris.  Textérieur.  totalité.  WW.  quai.  quai.  quai.  moyen, 

«œufs .5.479        S.oî'i  1,:U2  4,88i  .Wi  1.6i  H8  1.10  l.-'iî 

Vaclies 2.0.S9         1,048  627  1,1)75  235  1..5i5  l.:<6  l.l'i  1,3.5 

Taureaux 242             1«S  33  221  38G  1.44  1.34  1.20  1.30 

Veaux 3,111         2,0.50  7.53  2,804  76  2.00  1.80  l.C.O  1.78 

Moulons    .    ...         4'i,.301  22,076  14,331  36,407  20  1.82  1.66  1.46  1.63 

Porcs  «:n.s....           7,077         2,564  4,280  7,044  81  1.32  1.26.  1.22  1.28 

Les  arrivages  des  marchés  de  la  semaine  se  décomposent  comme  il  suit  : 

Bœufs.  —  Allier,  12;  Aube,  10;  Aveyron,  18;  Calvados,  1,120  ;  Cantal,  11;  Charente.  55; 
Charente-IiiKTieure,  6;  Cher,  130;  Cote-d'Or,  172;  Cieuse,  12;  Deux-Sèvres,  39;  Dordogne, 
97;  Eure,  44  ;  Eure-cl-Loir,  30;  Finistère,  4;  Indre,  35;  Loire,  27  ;  Loiret,  6  ;  Lol-et-Garoniie,  6  ; 
Maine-et-Loire,  256;  Manche,  214;  Mayenne,  224;  M(îlhihan,  28;  Nièvre,  557;  Oise.  S; 
Orne,  731  ;  Puy-de-Dôme.  33;  Saône-et-Loire,  395;  Sarihe,  46;  .Seine-Inférieure,  39;  Tarn- 
el-Garoinie,  8;  Vendée,   20()  ;  Vosges,  6;  Yonne,   2/i;  lialie,  24. 

Yaehes.  —  Allier,  18;  Aube,  7;  Calvados,  316;  Charente,  9;  Cher,  42;  Côte-d'Or,  43;  Eure,  24; 
Eure-et-Loir,  17;  Maine-et-Loire,  21;  Manche,216;  Mayenne,  32;  Nièvre,  207;  Oise,  15;0rne, 
178;  Puy-de-Dôme,  91  ;  .Saône-et-Loire,  108;  Sarthe,  12;  Seine,  135;  Seine-Inlerieui'e.  5;  Seine- 
et-Marne,   14;  Seine-et-Oise,   22;  Vendée.  13;  Haute  Vienne,  4;  Vosg-'s,  6  ;  Yonne,  25. 

Taureàtix.  —  Allier,  1;  Aube,  2;  Calvados,  3G;  Cher,  3;  Cote-d'Or,  11;  Eure,  7  ;  Eure-el- 
Loir,  9  ;  Finistère,  5;  llle-et- Vilaine,  11;  Loiret,  15;  Maine-et-Loire,  12;  Manche,  20;  Marne,  4; 
Mayenne;  6;  Nièvre,  1!  ;  Oise,  7  ;  Orne,  12;  Puy-de-Dùme,  1;  Saône-et-Loire,  7;  Sarthe,  9; 
Seine-Inlérieiire,    2;    Seine-et-Marne,    7;  Seine-et-Oise,   4  ;  Y'onne,   2. 

Veanz.  —  Aube,  289;  Aveyron,  72;  Calvados,  26;  Eure,  188;  Eure-et-Loir,  309;  Loiret, 
279  ;  Marue,  116;  Oise,  53  ;  Puy-de-Dûme,  182;  Sarihe,  79;  Seine -Inférieure,  91;  Seine-et- 
Marne,  278;    Seirie-et-Oise,    44;     Y'onne,   104. 

Moulons.  —  Aisne,  329;  Allier,  994;  Aube,  353  ;  Aveyron,  126;  Cantal,  865;  Charente,  62; 
Cher,  310;  Correze,  92;  C6te-dOr,  438;  Côtes-du-Nord,.57  ;  Eure,  35;  Eure-et-Loir,  173  ;  Indre- 
el-Loirc,  120;  Loire-lnlérienre,  72;  Marne,  748  ;  .Meurlhe-et-Moselle ,  600  ;  Nièvre,  227  ;  Oise, 
200;  Puy-de-Dome,  85;  Seine-el-Marne  1.437;  Seine-el-Oise,  949:  Somme,  55  ;  Vosges,  146; 
Yonne,    386;   Allemat'ne,    10,554;    Hongrie,  '  6.1 11  ;    Italie,     111;    Russie.    7.716. 

Porcs.  —  Allier,  7!1;  Calvados,  94;  Charente,  219;  Charente-Inférieure,  87;  Cher,  150;  , 
Côte-d'Or,  65  ;  Côtes-du-Noid,  109;  Creuse,  156;  Deux-Sèvres  610;  Dordogne,  22;  Ille-et- 
Vilaine,224;  Indre.  237;  I.oire-lnférieure,  108;  Loir-et-Cher,  58;  Maine-el-Loire,  635;  Manche 
77  ;  Mayenne  6;  Xièvre,  363;  Puy-de-Ilôme,  35;  Haute-Haône,  22;  Sarihe,  1,993;  Seine,  22; 
Seine-Inférieure,  22;  Seine-et-Oise,  18;  Vendée,  552;  Vienne,  156;  Haute-Vienne;  96; 
Yonne,   28. 

Les  arrivages  ont  eu  à  peu  près  la  même  importance  que  la  semaine  précé- 
dente; les  prix  sont  en  baisse  pour  les  bœufs  et  les  vaches,  en  hausse  de  0  fr.  10 
pour  les  veaux,  sans  changement  pour  les  moutons.  On  cote,  sur  les  marchés 
des  départements  :  Le  Havre,  le  kilog.,  bœuf,  1  fr.  54  à  1  fr.  64  ;  vache,  1  fr.  50 


200        RKVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT  (1"'    NOVEMBRE  1884). 

à  1  fr.  60;  veau,  2  i'r.  06  à  2  fr.   16   mouton,  1  fr.  70  à  1  fr.  80;   porc,  I  Jr.  40  à 

1  fr.  50.  —  Amiens,  veau,  1  fr.  40  à  1  fr.  60.  —  Nancy,  bœuf,  86  à  89  fr.  les 
100  kilog.  bruts  ;  vache,  60  à  86 fr.;  veau,  52  à  59  fr.;  mouton,  80  à  95  fr.;  porc, 
60  à  66  ifr.  —  Sedan,  bœuf,  le  kilog.,  1  fr.  60  à  1  fr.  80;  veau,  1  fr.  40  à  2  fr.; 
mouton.  1  fr.  50  à  2  fr.  04;  porc,   1  fr.  40  à  1  fr.  80.  —  Louvios,  ba-uf,  1  fr.  40  à 

2  fr.  le  kilog.;  veau,  2  fr.  à  2  fr.  40;  mouton,  2  fr.  à  2  fr.  40  ;  porc,  1  fr.  80 à  2fr. 
—  Neubounj,  bœuf,  1  fr.  50  à  1  fr.  60;  vache,  1  fr.  30  à  1  fr.  40;  veau,  1  fr.  80 
à  1  fr.  90;  mouton,  1  fr.  95  à  2  fr.  05;  porc,  1  fr.  55  à  1  fr.  45. — Bourges,  bœuf, 
1  fr.  60  à  I  fr.  80  ;  veau,  1  fr.  60  à  1  fr.  30,  mouton,  2  fr.  à  2  fr.  40;  porc, 
1  fr.  40  à  1  fr.  50.  —  Le  Puy,  bœuf,  1  fr.  70  ;  vache,  I  fr.  50;  veau,  1  fr.  50; 
mouton,  1  fr.  70;  porc,  1  fr.  60.  —  Bourgoin,  bœuf,  66  à  76  fr.  les  100  kilog. 
sur  pied;  vache,  60  à  70  fr.;  veau,  90  à  95  fr.  ;  mouton,  80  à90  fr.;  porc,  90  à  95  fr. 

Viande  à   la  criée.  —  Il  a  été  vendu  à  la  halle  de  Pans,  du  20  au  20  octobre  : 

Prix  du  kilog.  le  27  ortobre. 

1"  quai.             2*  quai.             3*  quai.  Choix.     Basse  3;uclieria. 
1.51',  à   1.9^     1.34  à   :.r,'4     0.95  à  1.32  1.46  à  2.fi0  0.20  à  1.24 
1.82       2.10     1.60       1.80     1.30       1.58  -  »         » 
1.^0       1.10     1.18       1.38     0.86       1.16  1.46      2.76     »  « 
Porc  frais 1.16  à  1.30. 

430,485  Soil  par  jour 61 ,498  kilog. 

Les  ventes  ont  été  inférieures  de  2,500  kilog.  par  jour  à  celles  de  la  semaine 
précédente.  Les  prix  sont  en  hausse  pour  le  bœuf;  en  baisse  pour  le  veau  et  le 
mouton. 

Xll.  —  Cours  de  la  viande  à  l'abatloir  de  la  Villette  dit  jeudi  30  oclnhre  {par  bO  kilog.) 

Cours  de  la  charcuterie.  —  On  vend  à  la  Villette  par  50  kilog.  :  1"  qualité, 
6b  à  68  fr.;  2%  60  à  65  fr.  Poids  vif,  43  à  47  fr. 

Bœufs.  Veaux.  Moutons. 


kilog. 
Bœuf  011  vache...   141,180 

Veau l.-,5,S24 

Mouton 80,102 

Porc 53,379 


t" 

quai. 

fr. 


quai, 
fr. 

68 


3- 

quai, 
.fr. 
63 


1" 
quai. 

fr. 
110 


2- 

quai, 
fr. 
100 


3- 

quai, 
fr. 
75 


I" 

quai. 

fr. 

80 


2' 

quai, 
fr. 
"0 


60 


XIIl.  —  Marché  aux  bestiaux  de  la  Villette  du  jeudi  30  octobre  1884. 


Animaux 
amenés. 

Bœufs 2.322 

Vaches 857 

Taureaux...         133 

Veaux 1.228 

Moutons. . . .  18.6io 
Porcs  gras. .  4.y25 
—  maigres..  » 

Vente  ralme  sur  tou 


Inrendus. 

250 
137 
8 
257 
1.804 
1^0 


Poids 

moyen 

général. 

kil. 

350 

134 

370 

78 

1!) 


Cours  ofliciels. 


Cours  des  commissionnaires 
en  besUaux. 


1"  2- 

quai.  quai. 
1.64     1.43 


1.56 
t. il 
1.96 
i  82 
1.28 


I.3S 
l.3i 
1.76 

1.66 
1.22 


3* 

quat. 
1.20 
1.14 
1.20 

1.55 
1.46 
1.18 


Prix 
extrêmes. 
I.iaài.63 


quai. quai. 


l.io 
1.14 

1.86 
1  40 
1.14 


1.60 


l. 

1.54 
1.42 


1.46 
1.34 
1.32 


3* 

quai. 


Prix 

extrêmes 

1.14àl.66 

1.08     1.58 

1.12     1.46 


En  résumé,  les 
et  les  sucres  ;  les 


tes  les  espèces. 

XIV.  —  Résumé. 
cours  des  denrées  agricoles  se  soutiennent,  saul'  pour  les  alcools 
céréales  et  autres  produits  sont  sans  changements  notables. 

A.  Rémy. 


BULLETIN  FINANCIER 

Les  cours  sont  un  peu  plus  élevés  que  la  semaine  dernière  pour  les  rentes  fran- 
çaises qui  se  cotent  :  3  pour  100,  78  fr.  40;  —  3  pour  100  amortissaable, 
79fr.  70;  —  4  et  demi  pour  100  ancien,  104  fr.  75;  —  4  et  demi  pour  100 
nouveau,  109  Ir.  27. 

Les  actions  des  établissements  de  crédit  ont  subi  des  flucluations  diverses 
qui  se  résument  ainsi  :  Banque  de  France,  5,065  fr.  ;  Banque  de  Paris  et  des 
Pays-Bas,  722  fr.  50;  Comptoir  d'escompte,  950  fr.;  Crédit  foncier  et  agricole 
d'Algérie,  487  fr.  50;  Crédit  foncier,  1,285  fr.;  Banque  d'escompte  de  Paris, 
512  iV.  50;  Crédit  lyonnais,  528  fr.  75  ,  Société  de  dépôts  et  comptes  courants, 
627  fr.  50;  Société  générale,  457  fr.  50.  —  Les  actions  des  chemins  de  fer  français 
se  cotent  :  Est,  783  fr.  85;  Pans-Lyon-Méditerranée,  1.237  fr.  50  ;  Midi, 
1,157   fr.  50;  Nord,   1,627  fr.  50;  Orléans,  1,307   fr.  50;  Ouest,  815  fr. 

Escompte  à  la  Banque  de  France  3  pour  100;    intérêt  des  avances,  4  pour  100. 

E.  Féron. 


Le  Gérant  :  A.  Bouché. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (s  novembre  nu). 

Lecture  des  travaux  sur  lu  revision  des  tarifs  de  douane  à  la  Chambre  des  députés.  —  Objec- 
tions faites  aux  vœux  des  cultivateurs.  —  Abaissement  du  taux  des  fermages.  —  L'intérêt 
agricole  est  le  premier  intérêt  français.  — ■  Importations  du  blé  et  de  farines  pendant  les  mois 
d'août  et  de  septembre  18S4.  —  Le  projet  de  congrès  national  agricole.  —  Lettre  de  M.  Gatel- 
lier,  président  de  la  .Société  d'agriculture  de  Meaux.  —  t'étition  adressée  au  Sénat  et  à  la 
Chambre  des  députés  par  la  Société  d'agriculture  d'Alger.  —  Société  des  agriculteurs  de  France. 
—  Réunion  des  délégués  des  Associations  agricoles.  —  Création  de  la  ligne  des  ag.itulteurs  du 
Nord-Est.  —  La  proposition  de  loi  sur  l'impôt  des  vins.  —  Résumé  de  la  question.  —  Vœux  des 
Chambres  de  commerce  relativement  au  vinage  à  prix  réduit.  —  Protestations  nécessaire.  — 
Discussion  au  Sénat  d'un  projet  de  loi  sur  les  mesures  contre  le  phylloxéra  dans  la  zone  franche 
du  pays  de  Gex.  —  Recherches  de  .M.  Romiuier  et  de  M.  Livache  sur  la  solution  du  sulfure  de 
carbone  dans  l'eau.  —  Procédé  proposé  pour  le  sucrage  des  vendanges.  —  Programme  du  con- 
cours générai  agricole  de  Nevers  eu  188j.  —  Date  du  concours  général  agricole  de  l'Algérie  à 
Sétifen  18S.J.  —  Analyse  du  programme.  —  Concours  spéciaux  d'instruments.  —  Concours  pour 
la  culture  de  la  ramie.  —  Cours  de  sciences  agricoles  au  Conservatoiie  des  arts  et  métiers.  — 
Nécrologie.  —  M.  Journiac.  —  Comparaison  de  l'agriculture  anglaise  en  1S70  et  en  1884.  — 
Surfaces  cultivées  et  recensements  du  bétail.  —  Le  herd-book  de  la  race  bovine  normande.  — 
Projet  d'un  herd-book  de  la  race  pie-noire  bretonne.  — .Falsifications  dans  le  commerce  des 
engrais.  —  Lettre  de  .M.  Roussille  sur  des  analyses  de  superphosphates.  —  Mouvement  de  la 
population  en  France  en  1883. 

I.  —  Toujours  la  réforme  des  tarifs  de  douane. 

La  question  de  la  réforme  des  tarifs  de  douane  sur  les  produits- 
agricoles  ne  paraît  pas  avoir  fait  un  pis  durant  celte  semaine.  La 
Commission  de  la  Chambre  des  députés  ne  se  liâlepas  de  présenter  son 
rapport  sur  le  projet  de  loi  du  gouvernement  et  sur  les  amendements 
qui  lui  sont  soumis.  L'ardeur  des  premiers  jours  s'est  beaucoup  ralen- 
tie; à  la  hàle  d'apporter  une  solution  aux  graves  questions  soulevées 
par  l'agitation  agricole,  a  succédé  un  calme  trop  complet.  On  a  cru 
avoir  tout  fait  en  nommant  une  Commission  qui  paraît  chercher  à 
prolonger  outre  mesure  ses  travaux  ;  du  29  octobre  au  7  novembre, 
elle  ne  s'est  pas  réunie  une  seule  fois.  Pendant  ce  temps,  les  accusa- 
tions portées  contre  les  agriculteurs  font  leur  chemin  ;  naguère  on  les 
dédaignait,  aujourd'hui  on  coinmence  à  les  écouter.  L'exagération  est 
maniieste,  dit-on;  l'agriculture  est  loin  de  souffrir  autant  que  le  pré- 
tendent les  Comices  et  les  réunions  de  cultivateurs;  la  grande  propriété 
veut  maintenir  les  hauts  prix  des  fermages,  elle  cherche  à  surélever  les 
prix  de  la  production  au  détriment  de  la  bourse  des  consommateurs. 
II  a  été  répondu  mille  fois  à  tous  ces  arguments,  mais  il  faut  y  ré- 
pondre encore.  Que  sont  devenus  les  hauts  prix  des  fermages?  quel 
est  le  propriétaire  qui  n'a  pas  eu  à  subir  de  réduction  au  renouvellement 
deses  baux?  quel  est  mèmecelui  qui  a  touché  intégralement  le  loyer  de 
sa  terre  depuis  quelques  années?  Sans  doute  il  y  avait  eu  une  hausse 
peut-être  exagérée  dans  les  fermages;  mais  elle  a  disparu  et  elle  a  fait 
place  à  un  mouvement  de  baisse  plus  rapide  encore  que  l'ancienne 
hausse.  C'est  un  fait  indiscutable  ;  le  nier,  c'est  aller  à  l'encontre  de  la 
lumière  la  plus  éclatante.  D'ailleurs,  les  prétentions  des  cultivateurs 
sont  bien  modestes;  ils  ne  demandent  pas,  comme  l'industrie,  une  pro- 
tection de  30  pour  100,  de  /iO  pour  100  sur  la  valeur  de  leurs  pro- 
duits; ils  réchiment  simplement  un  peu  de  réciprocité.  Leurs  vœux 
sont  simples  :  c'est  queTéquilibre  soit  établi,  dans  une  certaine  mesure 
au  moins,  entre  les  produits  étrangers  et  les  leurs  ;  c'est  qu'ils  ne 
restent  pas  seuls  chargés  de  l'écrasant  fardeau  des  impôts  qui  pèsent 
sur  leurs  épaules.  Pour  tout  homme  de  bonne  foi,  il  n'y  a  là  que  sim- 
ple et  élémentaire  justice;  les  doctrinaires  endurcis  peuvent  seuls  pro- 
tester. Nous  ne  cesserons  de  le  répéter  :  le  principal  intérêt  français  est 
l'intérêt  de  son  agriculture;  faites  que  l'agriculture  soit  prospère,  et 
toutes  les  crises  industrielles  et  commerciales  disparaîtront.  Les  culti- 

N°  813.  —  Tome  IV  de  1884.  —  8  Novembre. 


202  CHRONIQUE  AGRICOLE  (8  NOVEMBRE   1884). 

valeurs  sont  les  premiers  des  consommateurs;  ils  en  forment  la  pha- 
lange la  plus  nombreuse  ;  leurs  intérêts  sont  les  intérêts  de  toute 
la  France.  Le  vrai  patriotisme  consiste  à  comprendre  celte  vérité  et  à 
la  mettre  en  pratique. 

II.  —  Importation  du  blé  en  France. 
Le  Journal  officiel  vient  de  publier  le  relevé  des  quantités  de  froment 
(gFains  et  farines),  importées  et  exportées  en  France  depuis  le  1"  août 
jusqu'au  30  septembre,  c'est-à-dire  pendant  les  deux  premiers  mois 
de  la  nouvelle  campagne  commerciale  : 

Imporlations  (Quint,  met.).  Exportations  (Quint,  met.). 

Grains.  Farines.  Grains  Farines. 

Du  1"  au  31  août  1884 ],n5,r.>7  30.817  2,171  1I,.VJ6 

Première  quinzaine  de  septembre.. .  285, (ii7  9,410  519  36Ï 

Deuxième  quinzaine  de  septembre..  656,86.î  26,4nî  6,15.5  7,190 

Totaux 'i,017,G39  i;G,6-29  8 ,  84.S  19,149' 

Les  importations  qui  s'étaient  sensiblement  accrues  pendant  le  mois 
d'août  ont  repris,  pendant  le  mois  de  septembre,  les  proportions  du 
mois  de  juillet;  mais  c'est  toujours  beaucoup  plus  que  les  besoins  delà 
consommation.  Quant  aux  exportations  de  farines,  elles  diminuent 
constamment.  Il  est  bon  de  remarquer  que  ces  nombres  se  rapportent 
au  commerce  spécial,  c'est-à-dire  aux  marchandises  destinées  à  la 
consommation  intérieure,  et  non  à  celles  qui  sont  reçues  en  transit. 

III.  —  Mouvement  des  associations  agricoles. 

M.  Gatellier,  président  de  la  Société  d'agriculture  de  Meaux,  nous 
communique  la  lettre  suivante  qu'il  vient  d'adresser,  au  nom  de  cette 
Société,  à  toutes  les  associations  agricoles  de  France  : 

<v  Monsieur  le  président,  l'intensité  toujours  croissante  de  la  crise  agricole  a 
suggéré  l'idée  à  M.  Butel,  médecin-vétérinaire  à  Meaux,  d'organiser  un  Congrès 
national  agricole  qui  se  réunira  à  Paris  le  plus  tôt  possible,  et  qui  aura  à  résou- 
dre, comme  principal  problème,  la  question  des  droits  compensateurs  sur  le  blé 
et  les  autres  céréales. 

«  Ce  congrès  liabituera  l'agriculture  à  se  défendre  elle-même,  donnera  une 
force  incalculable  aux  députés  dévoués  à  ses  inlérêts  et  si  —  par  la  pression  que 
son  annonce  ne  peut  manquer  d'exercer  sur  les  esprits  —  des  droits  compen- 
sateurs suffisants  sont  votés  avant  sa  réunion,  il  lui  restera  encore  une  assez 
lourde  tâcbe  :  Etude  du  régime  douanier  adopté  par  les  pays  étrangers  au  ])oint 
de  vue  des  produits  agricoles.  — Examen  du  projet  de  loi  sur  le  crédit  agricole  — 
Etude  comparative  de  renseignement  agricole  en  France  et  en  Allemagne.  — 
Etude  du  canal  d'irrigation  du  Rhône.  —  Représentation  légale  de  l'agriculture. 
—  Etude  critique  de  nos  traités  de  commerce  toujours  au  point  de  vue  des  jiro- 
duits  agricoles.  —  Etude  des  moyens  de  transport  (système  belge,  tarifs  de  péné- 
tration), etc.,  etc. 

«  Vous  voyez,  Monsieur  le  président,  que  ce  n'est  point  la  besogne  qui  man- 
quera aux  hommes  de  bonne  volonté. 

«  La  proposition  de  M.  Butel,  soumise  à  la  Société  d'agriculture  de  Meaux,  a 
été  accueillie  favorablement  et  la  Commission  à  laquelle  elle  a  été  renvoyée  vient 
de  décider,  à  l'unanimité,  qu'il  était  urgent  d'y  donner  suite. 

«  C'est  pourquoi  nous  venons,  Monsieur,  demander  votre  concours  et  pourquoi 
aussi  nous  vous  prions  instamment  de  bien  vouloir  nous  signaler,  aussi  vite  que 
possible,  les  autres  questions,  qu'à  votre  avis,  il  conviendrait  de  soumettre  à  ce 
Congrès,  pour  l'organisation  duquel  nous  avons  demandé  l'appui  de  tous  les 
Comices  et  Sociétés  d'agriculture  du  département  de  Seine-et-Marne. 

a  Veuillez  agréer,  etc.  Le  Président,  E.  Gatellier. 

Le  Rapporteur  de  la  Commission,  (j.  B'jtel. 

D'autre  part,  M.  Xavier  Bordet,  président  de  la  Société  d'agricul- 
ture d'Alger,  nous  adresse  le  texte  d'une  pétition  à  la  Chambre  et  au 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (8  NOVEMBRE  1884).  203 

Sénat,  dont  la  Société  a  voté  le  texte  clans  sa  séance  du  1G  octobre  ; 

«  La  Sociélé  d'agriculture  d'Alger  vient  joindre  ces  doléances  à  celles  des  cul- 
tivateurs   de  France. 

ce  Elle  a  l'honneur  de  vous  exposer  que  l'Algérie,  colonie  à  céréales  de  longue 
date,  verra  son  sort  bientôt  pire  que  celui  de  la  métropole. 

«  Eneftet,  les  prix  de  revient  de  la  culture  du  blé  en  Algérie  sont  au  moins  de 
25  francs  par  lOJ  kilos  rendus  à  quai  d'embarquement,  et  de  17  francs  pour 
l'orge  ;  les  frais  ne  peuvent  que  s'élever  en  raison  de  l'augmentation  croissante 
du  prix  de  la  main-d'œuvre  provoquée  par  l'exécution  de  grands  travaux  publics, 
chemins  de  fer,  etc.  Or,  il  y  a  plusieurs  années  déjà  que  nous  vendois  nos  céréa- 
les au-dessous  du  prix  de  revient. 

te  Les  prix  de  vente  actuels  sont  les  suivants  :  13  francs  les  100  kilos  pour  le 
blé  dur,  18  francs  pour  le  blé  tendre,  8  francs  pour  l'orge,  à  quai  d'embarque- 
mcnl. 

«  Les  ventes  sont  très  difliciles  et  on  ne  prévoit  pas  que  la  baisse  soit  arrêtée. 

e:  Dans  l'intérieur,  le  blé  vaut  8  f'r.,  l'oige  3  fr.  50  les  lOû  kilos.  Beaucoup  de 
moissons  ont  été  abandonnées  sur  pied.  C'était  inévitable  ;  il  ne  faut  pas  s'en 
étonner. 

«  Quant  à  la  question  des  semailles  nouvelles,  il  y  a  partout  une  grande  hési- 
tation. 

«  On  nous  conseille  de  transformer  notre  agriculture  dans  le  sens  de  là  pro- 
duction exclusive  du  bétail  ou  de  la  culture  de  la  vigne. 

«  Mais  d'abord,  sur  une  grande  partie  du  territoire,  le  sol  et  le  climat  s'y 
opposent  et  ne  permettent  que  la  production  des  céréales.  De  plus,  pour  plaater 
de  la  vigne,  nous  n'avons  pas  de  capitaux.  Notre  crédit,  diminué  pour  tous,  est 
nul  pour  un  certain  nombre  d'entre  nous,  déjà  ruinés.  C'est,  d'ailleurs,  une  œu- 
vre de  trop  longue  haleine. 

«  Quant  au  bétail,  sa  production  exige  des  capitaux  et  des  constructions  qui 
nous  font  défaut.  La  concurrence  indigène  nous  permet  plutôt  l'engraissement  que 
l'élevage  ;  mais  l'engraissement,  pas  plus  que  l'élevage,  ne  peuvent  se  faire  sans 
cultures  adjacentes  de  céréales.  D'ailleurs,  le  bétail  chasse  l'homme  de  la  terre, 
et  sa  production  unique  amènera  promptement  une  baisse  de  la  valeur  au-des- 
sous du  taux  rémunérateur. 

«  Au  surplus,  les  t»aités  de  commerce  et  les  tarifs  de  pénétration  des  chemins 
de  fer  qui  favorisent  les  producteurs  étrangers  sont  un  sujet  de  découragement 
pour  les  viticulteurs  et  les  éleveurs. 

<c  Nous  sommes  donc  prochainement  voués  à  la  ruine  si  des  droits  de  douane 
fortement  relevés  ne  viennent  conserver  aux  producteurs  nationaux  le  marché 
de  la  France  et  de  ses  colonies.  G'e  marché  intérieur,  naguère  si  envié  quand  les 
campagnes  étaient  riches,  est  bien  préférable,  pour  l'industrie  comme  pour  nous, 
aux  débouchés  vainement  cherchés  à  l'étranger. 

«  Il  faut  prévoir,  si  l'on  n  avise  pas  de  suite,  que,  d'une  part,  l'impôt  arabe, 
basé  sur  la  valeur  des  céréales,  baissera  considérablement.  Les  droits  de  timbre, 
d'enregistrement,  etc.,  diminueiont  par  suite  de  la  moins-value  des  propriétés; 
les  transactions  seront  arrêtées. 

«  D'autre  part,  bon  nombre  de  colons,  installés  à  grands  frais  pir  l'Etat,  ne 
pouvant  produire  autre  chose  que  des  céréales  à  perte,  menacés  en  outre  de  l'éta- 
blissement prochain  de  nouveaux  impôts,  seront  forcés  d'émigrer  à  bref  délai.  Ce 
sera  la  ruine  de  la  colonie. 

«  Le  relèvement  des  droits  de  douane,  calculé  de  manière  à  compenser  les 
charges  énormes  résultant  de  la  dette  publique  et  du  colossal  budget  de  la  France, 
du  service  militaire,  etc.,  doit  être  au  minimum  de  : 

5  francs  pour  100  kilog.  de  blé. 
3       —  —  d'orge. 

3      —  —  d'avoioe. 

6  —  —  graine  de  lin. 
60      —      par  bœuf. 

6      —      par  mouton. 
20      —      par  porc. 

«  Le  tarif  pour  les  viandes  abattues  doit  être  proportionnel  au  rendement  moyen 
de  ces  diverses  espèces  d'animaux. 

«  Nous  demandons  un  tarif  de  6  francs  par  hectolitre  de  vin  pesant  moins  de 
11  degrés  d'alcool,  et  les  droits  proportionnels  sur  l'alcool  pour  chaque  degré 
en   sus. 


204  CHRONIQUE  AGKIGOLE    (8  NOVEMBRE    ISik)  , 

«  Le  gouvernement  |.eut  prendre  telles  nresures  qu'il  jugera  convenaLies  pour 
empêcher  l'élévation  du  prix  du  pain.  Le  produit  des  douanes,  d'un  côté,  et  le 
rétalilif^semer.t  delà  taxe,  de  l'autre,  lui  en  donnent  les  moyers 

«  Toute  autre  mesure  prise  pour  porter  remède  à  la  situation  de  l'agriculture 
serait  un  palliatif  insuffisant  et  arriverait  trop  tard. 

«  Le  Piésidcnl,  X.  Boudet.  —  Le  St'crélaire  principal,  Claude.» 

Le  mouvement  des  associations  agricoles  est  réellement  unanime  : 
les  vœux  des  agriculteurs  sont  partout  les  mêmes,  parce  que  partout 
ils  se  trouvent  dans  la  même  situation  :  diminution  constante  de  leurs 
recettes.  Nous  savons  bien  qu'on  a  déjà  traversé  des  crises  très  dou- 
loureuses d'où  l'agriculture  française  est  sortie  victorieuse;  mais  on 
ne  doit  pas  se  lasser  de  répéter  qu'alors  ces  crises  étaient  temporaires 
et  dues  à  des  circonstances  accidentelles.  Aujourd'hui,  il  n'en  est  plus 
de  même;  nous  traversons  une  évolution  qui  demande  du  temps  pour 
s'achever;  la  permanence  et  l'aggravation  de  la  crise  actuelle  ouvri- 
ront les  yeux  de  nos  législaleurs.  Ils  doivent  se  hàler  de  répondre  aux 
vœux  de  l'agriculture  tout  entière. 

IV.  —  Société  des  agriculteurs  de  France. 

Nous  recevons  communication  de  la  lettre  suivante  qui  a  été  adressée 
à  tous  les  présidents  des  Sociétés  et  Comices  agricoles  de  France  : 

Paris,  le  4  novemlirc  18S4. 

a  Monsieur  le  président,  tous  les  ans  vers  cette  époque,  la  Société  des  agri- 
culteurs de  France,  représentée  par  son  Conseil  d'administration,  lient  une  ou 
plusieurs  séances  auxquelles  elle  invile  les  délégués  des  associations  agricoles 
pour  étudier  les  besoins  et  les  aspirations  de  l'agriculture  et  fixer  le  progra  urne 
de  notre  session  annuelle. 

«  L'ti  gravité  des  circonstances  donne,  cette  année,  une  importance  exception- 
nelle à  cette  réunion,  et  le  Conseil  a  décidé  qu'il  y  inviterait  toutes  les  associations, 
qu'elles  soient  affiliées  ou  non  à  la  Socii'té  des  agriculleurs  de  France. 

«  On  parle  d'enquête  nouvelle,  c'est  à-dire  de  nouveaux  et  mortels  délais  Pour 
nous  l'enquête  est  faite,  nous  savons  d'où  vient  le  mal,  il  s'agit  d'y  apporter  des 
remèdes,  et  ces  remèdes  nous  les  avons  maintes  fois  indiqués.  Nous  avons  une 
nouvelle  occasion  de  parler,  nous  la  saisissons  avec  empressement.  Un  groupe 
agricole  de  la  Chambre  des  députés  a  formulé  un  questionnaire  dont  nous  vous 
envoyons  cupie.  Il  nous  semble  que  nous  ne  saunons  mieux  faire  que  de  suivre 
la  voie  qui  nous  est  ainsi  tracée  pai"  des  mandataires  du  pays  qui  s'informent  de 
nos  besoins.  Ce  questionnaire  fera  l'objet  des  délibérations  des  réunions  du  Con- 
seil auxquelles  nous  avons  l'honneur  de  vous  inviter.  Il  sera  dressé  procès -verbal 
de  ces  réunions  et  ceux  de  vos  vœux  qui  auront  été  adoptés  seront  immédiate- 
ment portés  à  qui  de  droit  par  le  bureau  de  la  Société  et  les  commissaires 
nommés  par  la  réunion  même  des  représentants  des  Sociétés  et  des  Comices. 

«  Il  faut  de  prompts  et  énergiques  remèdes,  il  faut  une  autre  direction  im- 
primée à  notre  politique  économique.  Arrière  toutes  les  questions  d'écoles;  nous 
combattons  pour  la  vie  et  c'est  faire  injure  aux  plus  illustres  économistes  du  passé 
que  de  leur  attribuer  des  doctrines  qu'ils  seraient  les  premiers  à  modifier  en  pré- 
sence des  faits  inattendus  qui  se  manifestent  d'un  bout  du  monde  à  l'autre. 

«  A  l'œuvre  donc,  messieurs  et  chers  coopérateurs,  venez  pacifiquement  mais 
résolument  affirmer  quels   sont   nos  droits,  ce  que  vous  voulez  et  ce  C{u'il  nous 
faut:  vous  portez  en  vous  deux  forces  irrésistibles,  le  nombre  et  li  raison. 
«  Recevez,  etc.  Le  président,  E.  de  Dampierre. 

Le  secrétaiie  général^  P.  Teissonniére.  » 
«  P.  S.  —  La  réunion  du  Conseil  aura  lieu  le  jeudi  20  novembre.  Je  9  heures 
très  précises  à  11  heures  et  demie  du  matin,  et  de  2  heures  à  5  heures,  rue  de 
Grrenelle,  84.  La  séance  sera  reprise,  s'il  y  a  lieu,  aux  mêmes  heures,  le  lendemain 
et  les  jours  suivants. 

«  MM.  les  présidents  des  Sociétés  et  Comices  sont  priés  de  vouloir  bien  ren- 
voyer, atHitit  le  13  novembre,  au  siège  de  la  Société,  21,  avenue  de  l'Opéra,  la 
feuille  ci-jointe  après  y  avoir  indiqué  les  noms  et  adresses  des  délégués.  Dans  le 
cas  oi^i  la  Société  obtiendrait  des  compagnies  de  chemins  de  ier  une  réduction  de 


GHRONIQOE  AGRICOLE  (8  NOVEMBRE  1884).  205 

moitié  sur  le  prix  dos  places,  nous  enverrioas  aux  délégués  désignés  par  vous,  en 
même  temps  que  leur  lettre  d'entrée,  une  feuill"-  di  pirijours  pjur  leur  viya^e. 
«  Les  Sociétés  et  Comices  qui  seraient  dans  l'imiossibilité  d'envoyer  des  délé- 
gués, sont  priés  de  faire  parvenir  leur  réponse  écrite  au  questionniire.  Ils  vou- 
dront bien  y  joindre  leurs  vœux  sur  les  questions  qui  intéressent  les  dii-erses 
bran'hes  de  l'agriculture.  Ces  vœux  seront  groupés  par  les  soins  de  la  Sjiiété  et 
l'eront  partie  du  programme  de  la  session  annuelle,  au  mîis  de  février  1835.   » 

Cette  lettre  est  accompagiiée  da  questioanaire  réli;i;ô  par  le  groupe 
a^i'icole  de  la  Chauibre  Jei  députés,  et  que  nous  avons  publie  dans 
noire  dernière  cliroaique. 

V.  —  Lirjae  des  cullioaleurs  du  Nord-Est. 

Un  certain  nombre  de  cultivateurs  des  départements  de  Meurlke-et- 
Moselle,  de  la  Meuse  et  des  Vosges,  réunis  à  Nancy  le  25  octobre,  ont 
décidé  la  formation  d'une  ligue  des  cultivateurs  du  Nord-Est  pour  la 
défense  des  iatérèls  économiques  de  l'agriculture.  Elle  se  propose 
principalement  d'étudier  les  nio  lifications  à  apporter  aux  tarifs  de 
douane.  Le  Comilé  provisoire,  formé  de  .32  cultivateurs  appartenant 
aux  trois  départements,  a  provoqué  une  réunion  générale  du  adhé- 
rents, qui  aura  lieu  le  15  novembre  à  iNancy. 

VI.  —  L'impôt  sur  les  vins. 

Les  discussions  relatives  au  régime  des  boissons  et  au  vinag^  à  pri\ 
réduit  reprennent  à  la  Chambre  des  députés.  Il  est  utile  de  bien  déter- 
miner l'état  de  la  question.  A  la  suite  du  traité  da  commerce  conclu 
avec  l'Espagne,  le  gouvernement  a  saisi  la  Chimbre  des  députés  d'un 
projet  de  loi  ayant  pour  objet  de  réduire  à  20  fr.  en  principal  l'impôt 
sur  l'alcool  employé  au  vinage  des  vins  français  pour  en  porter  la 
richesse  à  15  degrés  au  maximum.  A  ce  projet,  la  Commission  de  la 
Chambre  des  députés  chargée  de  l'éludier  a  substitué  une  proposition 
émanant  de  l'initiative  parlementaire,  qui  a  été  adoptée  en  première 
délibération,  et  qfte  la  Commission  vient  encore  de  modifier.  Le  texte 
qu'elle  présente  à  la  deuxième  délibération  actuellement  ouverte  est  le 
suivant  : 

Article  premier. — Lesvinsprésentant  une  Force  alcooliquesupérieureà  12  degrés 
seront  soumis  au  droit  simple  de  consi)m!nation,  d'e;itrée  et  d'octroi  pour  1 1  quan- 
tité d'alcool  comprise  entre  12  et  15  de^'rés,  et  au  double  droit  de  consom- 
mation, d'entrée  et  d'octroi  pour  la  quantité  d'alcool  comprise  entre  15  et 
21  degrés. 

Les  vins  présentant  une  force  alcoolique  supérieure  à  21  degrés  seroiit  imposés 
comme  alcool  pur. 

Art.  2.  — La  tolérance  de  1  pour  100  sur  le  degré  résultant  de  l'article  7  de  la  loi 
du  21  juin  187.3  est  supprimée. 

Art.  3.  — Un  règlement  d'administration  publique  déterminera  les  conditions 
dans  lesi[uelles  les  vins  présentant  naturellement  une  force  alcoolique  supérieure 
à  12  degrés  sans  dépasser  15  pourront  être  transportés  avec  exemption  do 
droit  de  la  cave  du  récoltant  au  domicile  du  destinataire. 

Art.  4.  —  La  qualification  et  le  terme  de  vin  sont  réservés  exclusivementaux 
produits  résultant  de  la  fermentation  du  jus  de  raisins  frais. 

Art.  5. — Les  vins  qui  ne  proviennent  pas  directement  de  la  vendange,  à  savoir  : 
les  vins  coupés,  les  vins  additionnés  d'alcool,  les  vins  ou  piquettes  de  raisins  secs, 
les  vins  de  seconde  cuvée  et  en  général  toute  boisson  vineuse  qui  n'est  pas  le 
résultat  exclusif  de  la  fermentation  du  jus  de  raisins  frais,  doivent  être  vendus 
comme  tels. 

La  nature  de  la  marchandise  doit  être,  le  cas  échant,  mentionnée  dans 
la   facture. 

Art.  6. — Tout  débitant  de  boissons  mentionnées  à  l'article  5"devra  :  1"  En  faire 


206  CHRONIQUE  AGRICÛLK  (8  NOVEMBRE  IR84). 

la  déclaratiou  préalable,  soit  à  la  mairie  de  sa  coin  m  une,  soit  à  l'administration  des 
contributions  indirecies  de  son  domicile; 

2"  Afiicher  dans  les  locaux  de  vente  et  à  une  place  apparente  la  nature  desdites 
boissons. 

Art.  7.  —  Les  contraventions  aux  prescriptions  des  articles  4,  5  et  6  de  la  pré- 
sente loi  seront  poursuivies  à  la  requête  de  l'administration  des  contributions  indi- 
rectes, conformément  aux  lois  sur  la  matière  et  punies  des  peines  de  simple  police. 

Art.  8.  —  En  cas  de  récidive,  ces  contraventions  seront  punies  des  peines 
édictées  par  l'article  423  du  code  pénal. 

Il  y  a  récidive  toutes  les  fois  qu'une  contravention  nouvelle  est  constatée  dans 
les  douze  mois  qui  suivent  la  précédente. 

Art  9.  —  Toutes  dispositions  législatives  contraires  à  la  présente  loi  sont 
abrogées. 

Le  premier  article  de  cette  proposition  a  soulevé  de  vives  protesta- 
lions  chez  les  viticulteurs  :  nous  les  avons  enregistrées,  et  nous  les 
avons  appuyées,  mais  la  Chambre  des  députés  n'en  a  pas  tenu  compte 
jusqu'ici.  Avant  la  deuxième  délibération,  le  ministre  du  commerce  a 
demandé  l'avis  des  Chambres  de  commerce;  ici  encore  nous  retrouvons 
les  mêmes  sentiments  :  les  Chambres  les  plus  autorisées  dans  le  com- 
merce des  vins,  celles  de  Bordeaux,  de  Montpellier,  de  Aarbonne,  de 
Perpignan,  de  Cette,  s'élèvent  avec  énergie  contre  la  proposition  de  la 
Commission.  Les  arguments  se  pressent  pour  démontrer  combien  cette 
proposition  est  irrationnelle.  Ce  serait,  en  efîet,  créer  la  situation  la  plus 
injuste  à  la  viticulture  française  que  de  la  placer  sous  une  légi-lation 
qui  «  condamnerait,  ainsi  que  le  dit  très  bien  la  Chambre  de  com- 
merce de  Bordeaux,  à  la  fois  l'œuvre  de  la  nature,  les  encouragements 
légitimement  dus  à  la  perfection  du  produit  et  les  moyens  les  plus 
efficaces  de  lutter  contre  la  concurrence  étrangère,  sans  remédier,  en 
rien,  à  la  situation  souvent  précaire  des  vins  fnnçais  à  bas  titre,  qui 
sont  les  plus  nombreux.  »  Nous  espérons  donc  que  la  proposition  de 
la  Commission  ne  sera  pas  adoptée  par  la  Chambre  des  députés;  les 
défenseurs  des  intérêts  vilicales  doivent  la  combattre  énergiquement. 

VII.  —  Le  phylloxéra. 

Nous  avons  annoncé  que  M.  le  colonel  Meinadier  avait  présenté  au 
Sénat  le  rapport  sur  le  projet  de  loi  présenté  par  le  ministre  de  l'agri- 
1  alture  tendant  à  rendre  applicable  à  la  zone  franche  du  pays  de  Gex 
I  L  de  la  Haute-Savoie  la  loi  relative  aux  mesures  contre  l'invasion  et  la 
propagation  du  phylloxéra  en  Algérie.  Ce  rapport  conclut  à  l'adoption 
liu  |)rojet,  mais  en  en  limitant  l'application  à  trois  années,  c'est-à-dire 
iusi|u'au  31  décembre  1887.  Le  Sénat  en  a  adopté  les  conclusions  en 
[jremière  délibération  dans  sa  séance  du  5  novembre. 

Les  comptes  rendus  de  l'Académie  des  sciences  publient  deux  notes 
que  nous  devons  signaler.  Dans  la  première,  M.  Rommier  rappelle  ses 
recherches  antérieures  sur  l'emploi  de  la  solution  aqueuse  de  sulfure 
de  carbone  pour  faire  périr  le  phylloxéra  et,  dans  la  seconde,  M.  Liva- 
che  indique  un  procédé  pour  la  préparation  rapide  de  liqueurs  titrées 
de  sulfure  de  carbone.  M.  Rommier  fait  observer  qu'il  suffirait  déten- 
dre de  quatre  fois  son  volume  d'eau  la  solution  de  sulfure  pour  obtenir 
un  liquide  capable  de  faire  périr  le  phylloxéra  sans  risquer  de  nuire  à 
la  vigne.  Aux  prix  actuels  du  sulfure  de  carbone  et  du  sulfocarbonate 
de  potassium,  cette  solution  pourrait  remplacer  le  sulfocarbonate  avec 
grande  économie,  en  ajoutant  même,  après  le  traitement,  du  chlorure 
de  potassium  pour  remplacer  la  potasse  du  sulfocarbonate.  C'est  une 


CHRONIQUE    AGRICOLE   (8  NOVEMBRE   1884).  207 

questioa  que  les  viticulteurs  doivent  étudier  de  près,  car  il  est  de  la 
plus  haute  importance  de  chercher  tous  les  moyens  propres  à  obtenir 
des  réductions  dans  les  frais  de  traitement  des  vignes. 
VIII.  —  Sucrage  des  vendanges 

Nos  lecteurs  savent,  par  la  lettre  du  ministre  des  finances  parue  dan  s 
nos  colonnes  (Journal  du  1 1  octobre,  page  43  de  ce  volume),  que  le 
Comité  consultatif  des  arts  et  manufactures  a  été  saisi  de  l'examen 
d'un  procède  propre  à  dénaturer  les  sucres  destinés  au  sucrage  des 
vendanges,  avec  réduction  de  droits.  On  annonce  que  le  Comité  con- 
sultatif a,  sur  le  rapport  de  M.  Aimé  Girard,  approuvé  ce  procédé,  qui 
consiste  à  arroser  le  sucre  avec  du  moût  de  raisin,  à  raison  d'un  hec- 
tolitre versé  sur  100  kilog.  de  sucre.  L'opération  devrait  se  faire  sous 
les  yeux  de  la  régie,  el  le  vigneron  emporterait  ensuite  le  sucre 
dénaturé. 

IX.  —  Concours  général  agricole  de  Nevers. 

Tous  les  agriculteurs  connaissent  l'importance  du  concours  agricole 
que  tient  chaque  année  à  Nevers,  avant  le  concours  général  de  Paris, 
la  Société  départementale  d'agriculture  de  la  Nièvre.  Le  concours 
de  1885  aura  lieu  du  28  janvier  au  1"  février;  il  comprendra,  comme 
les  années  précédentes,  des  concours  d'animaux  gras  des  races  bovines, 
ovines  et  porcines,  de  volailles  vivantes,  de  beurres,  fromages  et  pro- 
duits agricoles,  de  vins  de  la  Nièvre,  des  expositions  d'animaux  repro- 
ducteurs des  races  bovines  nivernaise  et  durham,  d'étalons  de  trait  à 
robe  noire,  des  races  asines,  ovines  et  porcines,  et  enfin  une  exposition 
générale  d'instruments  d'agriculture.  Les  exposants  doivent  adresser 
leurs  déclarations  à  M.  Vallière,  secrétaire  de  la  Société  d'agriculture, 
à  Nevers,  avant  le  3 1  décembre. 

X.  —  Concours  général  agricole  de  l'Algérie  en  1885. 

Par  suite  de  la  succession,  dans  les  trois  provinces,  du  concours 
général  agricole  organisé  chaque  année  par  le  ministère  de  l'agricul- 
ture en  Algérie,  le  prochain  concours  se  tiendra  dans  la  province  de 
Constantine.  Il  aura  lieu  à  Sétif,  du  i)  au  14  juin  1885.  Voici  l'analyse 
du  programme  de  ce  concours. 

Pour  la  prime  d'honneur,  les  prix  culturaux,  les  prix  d'ix'rigation 
et  d'améliorations  diverses,  les  prix  destinés  aux  agents  et  ouvriers, 
le  concours  est  ouvert  entre  les  agriculteurs  de  la  circonscription 
ouest  de  la  province  de  Constantine,  comprenant  les  communes  de 
plein  exercice  de  Aïn-Abessa,  Aïn-Rouah,  Aïn-Tagrout,  Akbou,  Bordj- 
Bou-Arréridj,  Bougie,  Bouhira,  Djidjelli,  Duquesne,  El-Kseur,  El- 
Ouricia,  Oued-Amizour,  Saint-Arnaud,  Sétif,  Strasbourg,  et  les  com- 
munes mixtes  de  Akbou,  Bibans,  Bord-bou-Arréridj,  les  Eulmas, 
Fénaïa,  Guergour,  Oued-Marsa,  Sétif,  Sidi-Aïch,  Tababort,  Taher  et 
ïakiloun.  —  Les  concurrents  devront  se  faire  inscrire  à  la  préfecture 
de  Constantine,  avant  le  l"  janvier  1885. 

Voici  les  principales  parties  de  l'exposition  de  Sétif  : 

Animaux  reproducteurs.  —  Espèce  bovine,  3  catégories  :  1"  races  africaines 
(2  sous-catégories  :  race  de  Guelma  et  autres  races  africaines);  2"  races  d'Europe 
(3  sous-catégories  :  races  laitières,  races  spécialement  aptes  à  la  production  de  la 
viande,  races  de  travail)  ;  3"  croisements  divers.  —  Espèce  ovine,  4  catégories  : 
1" races  africaines  des  hauts  plateaux  du  Su  1,  à  face  brune  et  à  lace  blanche: 
2"  croisements  entre  mérinos  et  races  algériennes;  3"  races  mérinos  et  métis 
mérinos  d'Europe  nées  et  élevées,    soit  en  France,  soit   en  Algérie;   4»  races 


203  CHRONIQUE    AGRICOLE   (8  NOVEMBRE   1884). 

diverses.  —  Espèce  porcine,  2  catégories  :  1°  races  étrangères  pures  ou  croisées 
entre  elles;  2"  races  irançaises  pures  ou  croisées.  —  Animaux  de  basse-cour 
(coqs  et  poules,  dindons,  oies,  canards,  pintades  et  pigeons,  lapins  et  léporides). 
—  Espèce  cauuline  (chameaux,  dromadaires,  méharis  et  analogues).  —  Autruches. 

Animaux  gras.  —  6  sections:  1°  bœuls;  2"  vaches;  3"  moutons;  4"  porcs; 
b"  bandes  de  bœul's  (quatre  animaux  au  moins  de  même  provenance  et  de  même 
race);  6°  bandes  de  moutons  (quinze  animaux  au  moins  de  mùme  jîrovenance  et 
de  même  race). 

Machines  et  instruments  agricoles.  —  Exposition  générale  ouverte  à  tous 
les  constructeurs,  inventeurs  et  marchands,  sans  condition  de  nationalité  ni  de 
lieu  de  résidence.  Il  y  aura  en  outre,  cinq  concours  spéciaux  :  1"  appareils  pour 
la  préparation  et  1  ensilage  des  fourrages  verts  (hache-fourrages,  spécimens  de 
silos,  etc.)  ;  2"  semoirs  et  appareils  ti leurs  et  nettoyeurs  ;  3"  appareils  à  décortiquer 
et  à  préparer  la  filasse  de  ramie;  4°  appareils  propres  à  la  création  de  vignobles 
et  à  la  culture  de  la  vigne,  répartis  en  cinq  classes  :  appareils  propres  au  défon- 
cement  du  sol  et  à  la  plantation;  charrues  vigneronnes;  herses,  scarificateurs, 
extirpateurs,  etc.;  matériel  de  vendange;  apiiareils  vinairos  et  matéiiel  de  chais; 
5°  appareils  de  sondage  en  vue  de  la  recherche  des  eaux. 

En  outre,  les  récompenses  suivantes  sont  mises  à  la  disposition  du  jury  : 
1"  Une  médaille  d'or,  une  médaille  d'argent  et  quatre  médailles  de  bronze  pour- 
ront être  décernées,  s'il  y  a  lieu,  par  le  jury,  aux  fabricants  de  machines  agricoles 
établis  en  Algérie  qui  auront  présenté  les  meilleurs  instruments.  Ces  récompenses 
pourront  se  cumuler  avec  les  prix  mentionnés  dans  les  concours  spéciaux. 
2"  Des  médailles  pourroût  être  accordées  par  le  ministre,  sur  la  proposition,  du 
jury,  pour  les  machines  et  instruments  nouveaux  qui  seraient  appropriés  spéciale- 
ment à  la  culture  algérienne  et  de  nature  à  favoriser  son  développement. 

Pro3Uits  agricoles  et  horticoles.  —  Les  producteurs  appartenant  à  l'Al- 
gérie et  aux  pays  africains  limitrophes  seront  admis  à  exposer.  —  Les  produits 
seront  répartis  en  9  catégories  :  1"  échantillons  des  plantes  agricoles  cultivées  ou 
exploitées;  2°  produits  agricoles  non  alin:entaires;  3°  produits  agricoles  alimen- 
taires; 4°  produits  de  l'horticulture  et  de  l'arboriculture;  5"  produits  des  exploi- 
tations forestières;  6"  produits  de  l'ostréiculture  et  de  la  pisciculture;  7"  modèles 
et  dessins;  8"  expositions  scolaires;  9"  expositions  collectives  faites  par  des 
Sociétés  d'agriculture  ou  d'horticulture. 

Concours  spécial  de  ramie.  —  En  raison  de  l'intérêt  que  présente  pour 
l'Algérie  l'extension  de  la  culture  de  la  ramie,  des  récompenses  spéciales  sont 
mises  à  la  disposition  du  jury,  savoir  :  une  médaille  d'or  et  une  médaille  d'argent 
pour  les  agriculteurs  qui  présenteront  les  meilleurs  échantillons  de  tiges  de 
ramie;  une  médaille  d'or  et  une  médaille  d'argent  aux  agriculteurs  qui  justiheront 
des  plus  grandes  surfaces  cultivées  en  ramie. 

Nous  croyons  utile  d'appeler  spécialement  l'attention  sur  ce  dernier 
concours  spécial.  —  Les  exposants  pour  les  diverses  parties  du  con- 
cours régional  doivent  adresser  leurs  déclarations  au  ministère  de 
l'agriculture  avant  le  10  avril  1885. 

XI.  —  Conservatoire  des  arts  et  métiers. 
Nous  recevons  le  programme  des  cours  de  sciences  appliquées  aux 
arts,  qui  seront  professés,  pendant  l'année  1884-85,  au  Conservatoire 
des  arts  et  métiers,  à  Paris.  Nous  en   détachons  ce  qui  est  relatif  à 
l'agriculture  : 

Chimie  agricole  et  analyse  chimique.  Les  mercredis  et  samedis,  à  neut  heures 
du  soir.  AL  Boussingault,  professeur;  ]\L  Schloesing,  suppléant.  Le  cours 
ouvrira  le  mercredi  5  novembre.  Objet  des  leçons  :  Etude  chimique  de  l'atmos- 
phère au  point  de  vue  de  la  nutrition  des  végétaux. — Analyse  minérale  appliquée 
aux  matières  agricoles. 

Agriculture.  Les  mardis  et  vendredis,  à  sept  heures  trois  quarts  du  soir. 
M.  Ed.  Lecouteux,  professeur.  Le  cours  ouvrira  le  mardi  4  novembre.  Objet 
des  leçons  :  L'agriculture  comparée  de  la  France,  de  l'Angleterre,  des  Etats-Unis, 
de  la  Russie  et  de  l'Algérie,  en  1884.  — Les  divers  milieux  naturels  et  écono- 
miques, sols,  climats,  débouchés.  —  Produits  animaux  et  végétaux.  —  Frais  de 
production.  —  Profits  et  pertes.  —  La  crise  actuelle. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (8  NOVEMBRE   1884).  (209 

Travaux  agricoles  et  génie  rural.  Les  mercredis  et  samedis,  à  sept  heures  trois 
quarts  du  soir.  M.  Gh.  de  Comgehoussë,  professeur.  Le  cours  ouvrira  le  mer- 
credi 5  novembre.  Objet  des  leçons  :  Introduction  :  la  ville  et  la  campagne.  — 
Description  et  élude  de  la  ferme  ;  habitation  et  dépendances;  bâtiments  ruraux  ; 
logements  des  animaux;  conservation  et  préparation  des  récoltes;  machines  d'in- 
térieur. —  Apiculture. 

Los  cours  du  Conservatoire  des  arls-et-métiers  sont  publics  et  gra- 
tuits. 

XII.  —   Nécrologie. 
Nous  apprenons  la  mort  de  M.   Jean  Journiac,  [arboriculteur  à  Bu- 
chelay,     près    Mantes    (Seine-et-Oise),    décédé   dans    sa  soixante   et 
onzième  année.  Un  lui  doit  plusieurs  travaux  estimés  sur  l'arboricul- 
ture; il  a  été  pendant  plusieurs  années  collaborateur  du  Journal. 
XIII.  —  L'agriculture  anglaise. 

Chaque  année,  au  mois  de  juin,  on  fait  en  Angleterre  une  statistique 
des  surfaces  consacrées  aux  diverses  natures  de  récoltes  et  au  dénom- 
brement du  bétail.  Nous  croyons  qu'on  lira  avec  un  certain  intérêt  le 
résultat  des  évaluations  pour  l'année  1884,  et  le  rapprochement  des 
mêmes  évaluations  pour  l'année  1870.  On  saisira  ainsi  sans  peine  le 
mouvement  qui  se  produit  dans  l'agriculture  britannique.  Voici  le 
tableau  des  terres  cultivées  dans  l'ensemble  du  Royaume-Uni^  y  com- 
pris l'Irlande  : 

1870.  1884.  AugmenUtion.    Diminution. 

Heclare^.  Hectares.  Hectares.  Hectares. 

Céréales  et  graines  légumineuses...  4, 702, 021  4,û4ô,.S05  »  6.ïG,7l.') 

r'ommes  de  tei'i-e' 6ô.j,718  649,5^4  ..  106,184 

Antrci  récoltes  vertes 1,3S7,136  1,344,010  ..  43,126 

Tréne  et  fonri-aiçes  assolés 2,.5.'8,0.i0  2,0.56,961  28,911 

Pâtures  pei-maiienles 8,83i,118  10,266,882  1,432,764  » 

Lin 87,548  36, ,578  »  50,970 

.Koublon 24,239  27,704  3,465  » 

Jachères  et  terres  sans  récoltes 252,118  309.417  57 ,299  » 

Surface  cultivée  totale 18,470,948      19,136,392       'l, 522, 439  's56,995 

Les  deux  principales  différences  consistent  dans  la  diminution  des 
terres  consacrées  aux  céréales  et  dans  l'augmentation,  bien  plus  con- 
sidérable encore,  de  l'étendue  des  prairies  ou  pâtures  permanentes. 
Cet  accroissement  est  progressif,  et  il  est  constant  dans  toute  l'agricul- 
ture britannique;  de  1883  à  1884,  une  augmentation  de  151,475  hec- 
tares de  prairie  est  accusée.  Pendant  qu'en  France  on  tergiverse, 
qu'on  discute  encore  sur  l'opportunité  de  la  transformation  qui  s'im- 
pose, les  cultivateurs  anglais  marchent  sans  s'arrêter  dans  cette  voie. 
Aussi,  de  1870  à  1884,  la  population  des  animaux  domestiques  a  sen- 
siblement augmenté,  ainsi  que  le  montre  le  tableau  suivant  • 

1870.  1884. 

Chevaux 1 ,808..040  têtes.  1 ,904,515  têtes,' 

Bêtesbovines 9,235,052     —  10,422,762    — 

—  ovines 32,786,7.s3    —  29,376,787     — 

—  porcines 3,6.50,730     —  3,906,205    — 

Il  est  vrai  qu'il  y  a  une  diminution  de  3,410,000  bêtes  ovines; 
mais  elle  est  largement  compensée  par  une  augmentation  de  plus  de 
9(i, 000  chevaux  et  de  près  de  1,188,000  bêtes  bovines.  Sans  doute, 
l'agriculture  anglaise  subit  aujourd'hui  une  crise  analogue  à  la  nôtre  , 
elle  ne  la  traverse  pas  sans  souffrir  et  sans  laisser  des  victimes  ;  mais 
cette  crise  est  sensiblement  moins  aiguii  que  chez  nous,  les  profits  que 
donne  le  bétail  étant  beaucoup  plus  élevés  qu'en  France.  .  ,>  ...^. 


210  CHRONIQUE  AGRICOLE  (8   NOVEMBRE   1884). 

XIV.  —  Herd-book  des  races  bovines. 
Nos  lecteurs  ont  été  tenus  au  courant  des  efforts  faits  par  les  Con- 
seils généraux  et  les  Associations  agricoles  des  départements  du  Cal- 
vados, de  l'Eure,  de  la  Manche  et  de  la  Seine-Inférieure,  pour  la 
création  d'un  lierd-book  de  la  race  bovine  normande  pure.  Ces  efforts 
ont  été  couronnés  de  succès  ;  la  Commission  du  lierd-book  a  parcouru 
les  étables  des  quatre  départements;  le  premier  bulletin  des  inscrip- 
tions d'origine  vient  de  paraître.  On  y  compte  262  animaux  inscrits, 
dont  33  mâles  et  229  femelles;  ils  se  répartissent  ainsi  :  Manche, 
18  mâles  et  94  femelles;  Seine-Inférieure,  11  mâles  et  69  femelles; 
Eure,  1  mâle  et  34  femelles;  Calvados,  3  mâles  et  32  femelles.  Le 
deuxième  bulletin,  qui  paraîtra  en  1885,  contiendra  la  fin  des  repro- 
ducteurs classés  au  même  titre.  Il  est  probable  que  le  département  de 
l'Orne  figurera  alors  dans  le  herd-book,  car  la  somme  nécessaire  pour 
sa  participation  aux  dépenses  a  été  réunie  par  les  agriculteurs  du 
département. 

L'exemple  donné  en  Normandie  est  suivi  en  Bretagne,  Une  com- 
mission s'est  formée  pour  organiser  un  lierd-book  de  la  race  bretonne 
pie-noire;  elle  a  commencé  ses  travaux.  Les  Conseils  généraux  du 
Morbihan  et  du  Finistère  lui  ont  alloué,  le  premier  2,000  francs,  le 
deuxième  1 ,000  francs  ;  elle  a  reçu,  d'ailleurs,  des  Sociétés  d'agriculture 
de  Vannes,  Lorient,  Pontivy  et  Quimperlé  une  somme  de2,000  francs. 
C'est  une  excellente  initiative  à  laquelle  nous  devons  applaudir,  en 
félicitant  d'autre  part,  M.  de  Lapparent,  inspecteur  général  de  l'agri- 
culture pour  la  région,  du  concours  qu'il  donne  à  cette  œuvre  d'inté- 
rêt général,  comme  il  l'a  donné  d'ailleurs  à  la  Commission  du  herd- 
book  normand.  L'organisation  de  livres  généalogiques  est  le  plus  grand 
service  que  Ton  puisse  rendre  à  l'élevage;  lorsque  toutes  nos  bonnes 
races  françaises  auront  leurs  livres  généalogiques,  on  apprendra 
davantage  à  les  apprécier.  C'est  le  devoir  des  Associations  agricoles  de 
mener  ces  entreprises  à  bonne  fin,  en  secondant  les  hommes  qui  en 
prennent  l'initiative. 

XV.  —  Fraudes  dans  le  commerce  des  engrais. 
M.  Roussille,  chimiste  agricole,  à  Paris,  nous  communique  la  lettre 
suivante  qu'il  vient   d'adresser  à  un  journal  deJChâteaudun  (Eure- 
et-Loir)  : 

«  J'ai  écrit  autrefois  que  jamais  messieurs  les  fraudeurs  ne  seraient  pris  de 
court,  et  que,  dès  qu'une  de  leurs  manœuvres  dolosives  serait  éventée,  ils  en 
trouveraient  rapidement  une  autre.  C'est  ainsi  que  le  truc  du  pliospho-guano 
ayant  été  signalé  de  tous  côtés,  ils  se  sont  rabattus  sur  les  superphosphates  d'os 
dits  purs. 

«  Le  superphosphate  d'os  pur  est  remarquable  par  la  presque  totalité  de  son 
acide  phosphorique  soluble  dans  l'eau,  par  la  très  faible  proportion  de  matière 
minérale  insoluble  et  aussi  par  l'absence  jiresqae  complète  de  phosphate  de  fer, 
enfin  par  la  présence  d'une  certaine  proportion  de  matière  azotée  d'une  nature 
spéciale,  sans  parler  d'autres  caractères  qu'il  est  inutile  de  publier,  car  chaque 
fois  qu'un  chimiste  publie  un  caractère  d'une  substance,  on  est  siir  que  messieurs 
les  fraudeurs  mettent  la  révélation  à  profit. 

«  Parmi  les  échaniillons  qui  ont  été  adressés  cette  année  à  mon  laboratoire, 
57,  rue  Truffaut,  à  Paris,  par  les  agriculteurs  d'Eure-et-Loir,  une  partie  notable 
était  de  superphosphates  d'os  purs  ou  prétendus  tels.  Les  os  purs  ont  fourni  des 
résultats  analytiques  dont  le  type  est  offert  par  un  échantillon  venant  du  canton 
de  Gloyes  et  dosant  : 

Aciile  pliosptioriijue  sohible  dans  l'eau 15.87 

Acide  phosphorique  soluble  dans  le   citrate l-H 


CHRONIQaE  AGRICOLE  (8  NOVEMBRE   188'i).  211 

X  Les  superphosphates  indûment  appelés  superphosphates  d'os  ont  fourni  des 
résultats  dont  les  types  les  plus  remarquables  sont  : 

Echiintillon  ii".  7S.  Echantillon  n°  85, 

Acide  phospliorique  snluhle  dans  l'eau.. .       1.;10  1.7;i 

Acide  |jliosphoriquesoluhle.ians  le  citrate.     I;i.l7  12.09 

Acide  phospliuiiciue  insoluble 2.()8  4. HO 

«  La  comparaison  entre  les  divers  chiffres  de  ces  dosages  en  dit  plus  que  tous 
les  raisonnements  possibles,  mais  il  n'y  a  pas  eu  que  deux  victimes  de  cette  trom- 
perie éhontée,  bien  d'autres  cultivateurs  ont  été  atteints  et  il  importe  que  notre 
malheureuse  agriculture,  si  cruellement  atteinte  depuis  nombre  d'années  par  des 
causes  diverses,  soit  protégée  eflicaceraont  par  les  lois  existantes.  —  Il  ne  faut 
pas  que  les  dupeurs  puissent  éternellement  se  moquer  de  leurs  victimes.  —  Je 
ne  saurais  donc  trop  engager  les  cultivateurs  volés  à  s'adresser  à  M.  le  procu- 
reur de  la  République  qui  saura  bien  leur  faire  rendre  justice. 

<c  Veuillez  agréer,  etc.  Albert  Roussille, 

Ancien  professeur  aux  Ecoles  nationales  d'agriculture,  chimiste  agricole 

La  vigilance  la  plus  extrême  s'impose  aux  cultivateurs  quand  ils 
achètent  des  engrais;  mais  il  faut  ajouterque  ceux  qui  le  veulent  peu- 
vent échapper  aux  fraudeurs.  Se  renseigner  et  ne  s'adresser  qu'à  des 
maisons  honorablement  connues,  telle  est  la  première  condition;  ne 
prendre  livraison  qu'après  garantie  de  composition,  telle  est  la 
deuxième.  Cette  dernière  condition  cause  parfois  des  défangeraents, 
des  ennuis  ;  mais  elle  sauvegarde  des  mécomptes.  Les  habitudes  bien 
prises  feront  plus  que  les  meilleures  lois  pour  empêcher  les  fraudes. 
XVI.  —  Mouvement  de  la  population  en  France. 

Le  Journal  o/ficiel  vient  de  publier  le  tableau  du  mouvement  de  la 
population  en  France  pendant  l'année  1883;  ce  mouvement  dans  son 
ensemble,  est  à  peu  près  le  même  qu'en  1882.  On  a  compté 
937,944  naissances  contre  841,101  décès;  l'excédent  des  naissances 
sur  les  décès  est  de  96,843.  En  1882,  cet  excédent  était  de  97,027  et 
en  1881,  de  108,229.  Le  fait  qui  domine  la  situation,  c'est  la  dimi- 
nution de  la  natalité  ;  on  compte,  en  effet  29  départements  dans  lesquels 
pendant  la  dernière  année,  le  nombre  des  décès  a  surpassé  celui  des 
naissances  ;  ce  sont  :  Basses-Alpes,  Alpes-Maritimes,  Aube,  Bouches- 
du-Rhône,  Calvados,  Côte-d'Or,Drôme, Eure,  Eure-et-Loir,  Gard, Haute- 
Garonne,  Gers,  Gironde,  Hérault,  Lot,  Lot-et-  Garonne,  Manche, 
Haute-Marne,  Meuse,  Oise,  Orne,  Puy-de-Dôme,  Rhône,  Sarthe,  Seine- 
et-Oise,  Somme,  Tarn-et-Garonne,  Var,  Vaucluse.  Les  départements 
normands  continuent,  à  l'exception  de  la  Seine-Inférieui'e,  à  tenir  le 
premier  rang  dans  cette  liste  trop  longue.  Henry  Sagnier. 

SOCIÉTÉ    NATIONALE    D'AGRICULTURE 

Séance  du  5  novembre  1884. — Présidence  de  M.  Chevreul. 

M.  Carnot,  membre  associé  national,  est  invité  à  prendre  place 
parmi  ses  confrères. — Après  la  lecture  du^procès-verbal  de  la  séance 
du  27  août,  M.  Passy,  vice-secrétaire  donne  connaissance  à  la 
Société  des  communications  reçues  pendant  les  vacances. 

M.  Passy  fait  ensuite  part  à  la  Société  des  pertes  qu'elle  a  subies 
pendant  les  vacances.  «  La  Société,  dit  M.  Passy,  voudra  s'associer 
tout  spécialement,  par  l'unanimité  de  ses  regrets,  à  la  douleur  que 
nous  a  inspirée  la  mort  de  notre  cher  et  regretté  contrère  e^ecrétaire 
perpétuel,  M.  Barrai.  »  M.  le  vice-secrétaire  donne,  suivant  l'usage, 
lecture  des  paroles  d'adieu  qu'il  a  prononcées  sur  la  tombe  de 
M.  Barrai.  Cette  lecture  est  accueillie  par  des  applaudissements. 

La  Société  a  également  perdu  pendant  les  vacances,  MM.  Rodât, 


212  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'AGRICULTURE  DE  FRANGE. 

lauréat  de  la  prime  d'honneur  de  l'ArdècIie,  et  M.  Faucliet,  de  Rouen, 
tous  deux  correspondants  dans  la  section  de  jurande  culture. 

La  Société  d'agriculture  du  Var  envoie  le  compte  rendu  du  congrès 
vilicole  de  la  région  du  Sud-Est,  tenu  à  Draguignan  ;  M.  J.  Richard, 
une  brochure  sur  le  prolectionnisme  rationnel;  M.  Paul  Muller,  cor- 
respondant, une  note  sur  le  sucrage  des  vins  et  les  vins  de  marc. 

M.  Sacc  envoie  de  Cocliabamha  (Bolivie)  un  échantillon  d'amidon 
d'arracacha,  qui  est,  dans  plusieurs  parties  de  l'Amérique,  une  véritable 
succédanée  de  la  pomme  de  terre. 

M.  llenou,  présente  le  résumé  des  observations  météorologiques 
faites  à  l'observatoire  du  parc  de  Saint-Maur,  octobre  1884, 

M.  Bouquet  de  la  Grye  offre  à  la  Société  les  Notions  de  sylviculture 
enseignées  à  l'école  normale  des  Vos2;es,  par  M.  Muel,  inspecteur  des 
forêts  ;  et  une  brochure  rédigée  par  M.  André  Thil,  inspecteur  adjoint 
des  forêts  et  intitulée  :  Achat,  récolte  et  préparalion  des  graines  rési- 
neuses employées  pur  V aduiinisiration  des  forêts. 

M.  Gayol  présente  un  ouvrage  traitant  des  haras  français,  de  leur 
production,  de  leur  amélioration  et  de  leur  élevage,  rédigé  d'après  les 
notes  dressées  par  M.  le  comte  Gabriel  de  Bonneval,  ancien  inspec- 
teur général  des  haras,  de  1806  à  1833,  par  son  petit- lils,  M.  le  comte 
Timcléon  de  Bonneval. 

M.  Gayot  présente  également,  de  la  part  de  M.  le  directeur  de  la 
ferme-école  de  la  Pilletière  (Sarthe),  un  ra[)port  de  M.  Vezin,  élève 
diplômé  de  l'école  de  Grand'Jouan,  sur  l'influence  qu'exerce  l'incli- 
naison du  pavage  des  logements  des  animaux  sur  leur  accroissement. 

M.  des  Cars  offre  à  la  Société,  de  la  part  de  l'auteur,  M.  Léonide 
Guyot,  ancien  conservateur  des  forêts,  un  volume  intitulé  :  Les  Droits 
de  handile  dans  le  comté  de  Nice,  histoire,  jurisprudence,  opportunité 
de  leur  extinction. 

M.  Bouley  fait  hommage  de  l'éloge  biographique  de  M.  Delafond, 
ancien  membre  de  la  Société,  éloge  qu'  il  a  prononcé  à  la  Société  cen- 
trale de  médecine  vétérinaire  dans  sa  dernière  séance  solennelle. 

M.  Gaston  Bazille  donne  quelques  détails  sur  les  vendanges  dans  le 
département  de  l'Hérault.  La  résistance  des  vignes  américaines  s'est 
affirmée  une  fois  de  plus.  Dans  l'arrondissement  de  Montpellier,  on  a 
fait  une  vendange  véritable.  —  Presque  toutes  les  communes  ont  récollé 
du  vin,  et  de  bons  vins.  Les  vignes  greffées  ont  répondu  aux  espé- 
rances que  l'on  avait  fondées  sur  elles.  Certains  propriétaires,  entre 
autres  M.  S.  Bastide,  au  château  d'Agnac,  ont  vendu  jusquà 
90,000  francs  de  vins  récollés  sur  souches  américaines. 

Trente  mille  hectares  sont  actuellement  reconstitués  dans  l'Hérault 
alors  que  l'année  dernière  20,000  seulement  étaient  replantés,  et  cette 
année,  si  la  pluie  arrive,  on  fera  de  grandes  plantations. 

Faisant  allusion  à  certaines  affirmations  de  M.  de  Lafitte,  M.  Gas- 
ton Bazille  ajoute  que,  dans  l'Hérault,  les  vignes  américaines  ne  sont 
pas  traitées  par  les  insecticides  et  que  le  cas  signalé  par  M.  de  Lafitte 
s'applique  simplement  à  une  douzaine  de  pieds  de  Jacquez,  situés  dans 
la  commune  de  Vauvert  (Gard)  et  qui  dépérissaient  parce  que  le  sol 
était  trop  peu  profond.  En  résumé,  dit  M.  Gaston  Bazille,  nous 
sommes  très  satisfaits  des  résultats  obtenus  cette  année;  la  reconsti- 
tution du  vignoble  suit  une  marche  ascendante  dans  laquelle  elle  ne 
s'arrêtera  plus.  Georges  Marsais. 


LA  CRISK  AGRICOLE  ET  LE  MKTAYAGE  EN  BOURBONNAIS.  213 


LA.  GRISE  AGRICOLE  ET  LE  METAYAGE 

EN    BOURBONNAIS 

A  voir  et  à  entendre  les  nombreuses  consultations  que  chacun 
s'elïorce  de  donner  au  sujet  de  la  crise  ap;ricole,  on  peut  aisément 
croire  notre  jurande  malade  dans  un  état  extrême  de  faiblesse. 

Cependant  toute  triste  et  noire  que  soit  sa  situation,  notre  devoir  tst 
non  point  de  nous  désespérer,  mais  de  l'envisager  avec  sang-froid. 
Avant  de  se  livrer  tête  baissée  et  tout  entier  à  tel  ou  tel  système  éco- 
nomique, il  faut  nous  reconnaître.  Nous  devons  éviter  ces  remèdes 
extrêmes  qui,  pris  sans  mesure,  nous  mènent  plus  sûrement  à  la  mort 
qu'à  la  guérison  :  et  Dieu  merci,  nous  avons  envie  et  besoin  de  vivre! 
Sur  un  tel  sujet,  je  n'aurais  garde  de  me  présenter  avec  une  nouvelle 
panacée.  C'est  simplement  quelques  observations  sur  un  état  particu- 
lier de  notre  agriculture  que  je  veux  essayer  de  mettre  en  lumière; 
car,  comme  le  pensait  si  judicieusement  M.  Barrai,  en  pareille  matière, 
les  conclusions  doivent  sortir  d'elles-mêmes  des  observations  uni- 
verselles. 

A  quel  degré  d'intensité  en  est  la  crise  en  notre  pays  de  métayage 
du  Bourbonnais?  Telle  est  la  question  que  je  me  propose  d'envisager. 
Le  métayer,  comme  chacun  le  sait,  n'est  pas  un  ouvrier  salarié, 
c'est  un  véritable  associé,  et  sa  part  est  d'autant  plus  forte  qu'il  tra- 
vaille avec  plus  de  courage  et  d'intelligence.  Son  bien-être  découle 
donc  de  la  prospérité  de  l'agriculture.  Aussi  le  voyons-nous  aujour- 
d'hui sentir  les  durs  contre-coups  de  cette  crise  que  personne  n'ose 
nier,  et  qui  menace  de  grandir  s'il  n'y  est  bientôt  porté  obstacle.  Vous 
n'avez  qu'à  suivre  nos  trop  nombreuses  et  trop  fréquentes  foires  et 
vous  verrez  avec  quelle  mine  désespérée  on  se  raconte  le  vil  prix  du 
blé  et  la  difficulté  de  vendre  sa  récolle! 

C'est  que  jadis  le  métayer  était  un  homme  aisé,  et  il  lui  semble  dur 
aujourd'hui  de  sentir  les  étreintes  de  la  gêne.  Croyant  à  l'éternité  des 
grasses  années,  il  se  plaisait  à  escompter  l'avenir,  car  chaque  récolte 
venait  augmenter  son  petit  pécule.  11  ne  craignait  pas,  lorsqu'une 
terre  se  vendait  en  détail,  d'en  acheter  une  part  de  beaucoup  supé- 
rieure à  l'argent  qu'il  avait  en  poche.  — Bast!  se  disait-il,  en  trois 
années  nous  payerons  tout.  Grâce  à  son  travail,  à  son  épargne,  les 
choses,  le  plus  souvent,  arrivaient  ainsi.  Le  vieux  métayer,  il  est  vrai, 
qui  n'avait  pas  toujours  été  au  large,  savait  apprécier  la  valeur  des 
vieilles  réserves,  et  à  force  d'économie,  il  se  mettait  encore  facilement 
au-dessus  de  ses  affaires. 

Mais  aujourd'hui  le  jeune,  élevé  dans  une  plus  grande  abondance, 
ne  se  croit  plus  tenu  aux  mêmes  errements  de  parcimonie.  Entraîné 
par  les  occasions  plus  nombreuses  et  plus  impérieuses,  il  dépense 
sans  trop  compter  l'argent  qu'il  a  en  poche.  Comme  sa  nature  le  pousse 
lui  aussi  à  arrondir  le  bien  paternel  lorsqu'une  parcelle  voisine  s'y 
prête,  il  achète,  pense  facilement  payer,  tout  confiant  qu'il  est  en  un 
heureux  avenir.  Mais  au  quart  d'heure  de  Rabelais,  il  lui  faut  emprun- 
ter :  il  n'avait  pas  prévu  que  les  années  des  vaches  maigres  pouvaient 
succéder  aux  années  des  vaches  grasses.  Et  c'est  ainsi  que  chaque 
jour  nous  voyons  le  pauvre  métayer  s'endetter  malgré  son  travail 
opiniâtre,  à  ce  point  que  cette    année     beaucoup   ont  eu    fréquem- 


214  LA  CRISE  AGRICOLE  £T  LE  MÉTAYAGE  EN  BOURBONNAIS. 

ment  recours  à  la  bourse  de  leur  patron  pour  payer  les  menus  frais 
courants. 

Cette  gêne  ne  pourrait  bien  être  que  passagère  et  facile  à  conjurer 
si  la  mévente  des  grains  ne  l'aggravait  chaque  jour  et  ne  lui  donnait  des 
proportions  par  trop  alarmantes.  En  effet,  malheureusement  peut-être, 
le  métayer  de  notre  pays  aime  par  dessus  tout  la  culture  du  grain. 
Celle  récolle  lui  donnait  en  une  seule  fois  à  la  vente  un  assez  grand 
produit.  Quant  au  bétail,  il  n'en  comprenait  pas  la  nécessité  absolue, 
et  la  crise  lui  ouvrira  sans  doute  les  yeux  sur  ce  point.  Si  la  crise  eût 
été  moins  brusque,  il  eût  pris  ses  précautions;  mais  il  a  été  complè- 
tement surpris.  11  s'endort  ayant  cinq  francs  dans  la  main,  il  se  ré- 
veille et  n'en  trouve  que  trois  !  Triste  déception  et  que  rien  ne  pouvait 
compenser,  puisque  la  quantité  du  grain  récolté,  loin  d'augmenter, 
aurait  tendance  à  diminuer. 

Le  contre  coup  de  cette  baisse  qui  amenait  la  gène  d'une  classe 
nombreuse  de  travailleurs,  ne  tardait  pas  à  se  faire  sentir  de  toutes 
les  façons.  Les  propriétés  qui  se  vendaient  au  détail  jusqu'à  3,000  fr. 
l'heclare  et  plus,  ne  trouvent  plus  preneur  à  2,000.  Avant,  c'était  au 
plus  adroit,  la  terre  était  à  l'enchère;  aujourd'hui  on  prie  les  gens,  et 
ils  n'osent  répondre  aux  offres  qui  leur  sont  faites. 

Ce  sont  les  terres  réputées  les  plus  fertiles  qui  accusent  la  plus 
grande  baisse.  Dans  la  région  de  Bellenaves,  Gannal,  Saint-Pourrain, 
plantureuse  contrée  que  forme  la  suite  de  la  Limagne,  la  valeur  vénale 
de  la  terre  a  baissé  de  plus  de  30  pour  100  ;  et  il  n'est  point  que  les 
terres  où  l'on  cultive  surtout  le  froment  qui  baissent,  c'est  un  fait  géné- 
ral. Ainsi  dans  les  cantons  de  Bourbon,  Montmarault,  Marcillat  et 
autres  centres  d'élevage  où  la  culture  fourragère  et  la  prairie  tiennent 
une  large  part,  nous  constatons  également  une  décroissance  très  no- 
table dans  le  nombre  et  la  valeur  des  ventes. 

Dans  un  de  ces  cantons,  en  1880  il  avait  été  fait  244  actes  pour  un 

capital  approximatif  de 990  OCO  Francs. 

En  1881 ,  240  actes 950  000      — 

En  1882,  2fi0  actes 730  000      — 

En  1883,  235  actes 800  000      — 

L'année  1884  s'annonce  de  beaucoup  la  plus  mauvaise. 

Chose  très  rationnelle,  c'est  qu'à  mesure  que  le  nombre  et  la  valeur 
des  ventes  diminuent,  les  prises  d'hypothèques  et  d'obligations  aug- 
mentent, comme  le  prouve  le  tableau  suivant  : 

En  1880,  350  actes  pour 340  000  Francs 

En  ISSlj   329  actes  pour 279  000      — 

F,n  1882,  355  actes  pour 420  000      — 

En  1883,  395  actes  pour 490  OOO       — 

Et  sien  1881  le  nombre  el  la  valeur  des  obligations  prises  a  élé 
moindre,  cela  tient  assurément  à  la  récolte  exceptionnelle  de  l'année. 
Allez  chez  tous  les  notaires  et  partout  il  vous  sera  fait  de  semblables 
aveux. 

Pour  la  vente  du  bétail,  il  nous  arrive  ce  que  nous  prévoyons  tous. 
Chaque  année  nos  bons  bœufs  maigres  partent  pour  le  Nord  où  ils  vont 
faire  une  grande  partie  du  travail  des  distilleries  et  des  sucreries  et 
finalement  s'engraisser  à  la  pulpe.  Plus  atteints  que  nous,  les  sucriers 
sont  venus  en  très  petit  nombre  et  ils  n'ont  achetéà  baisse  que  la  mar- 
chandise de  premier  choix.  Nous  voilà  donc  depar  ce  fait  très  inquiets  sur 
l'avenir  du  bétail.  Nous  espérions,  et  tout  le  monde  nous  le  disait, 


LA  CRISE  AGRICOLE  ET  LE  MKTAYAGR  EN   BOURBONNAIS.  215 

que  ce  serait  là  notre  planche  de  salut,  et  à  peine   mettons-nous  un 
pied  dessus  que  nous  la  sentons  craquer. 

Les  souffrances  du  fermier  sont  encore  bien  plus  fortes  que  celles 
du  métayer  qui  se  trouve  çjaranti  par  son  association  avec  le  proprié- 
taire. Lorsqu'il  a  un  Ions;  bail  ou  une  grande  confiance  dans  celui 
qu'il  appelle  son  maître,  il  ose  espérer  de  l'avenir.  Il  fera  économie  sur 
tout,  il  travaillera  davantage. 

El  puis,  ceci  sans  le  guérir  le  console  peut-être  un  peu,  il  voit  le 
propriétaire  plus  atteint  (jue  lui  ;  car  les  frais  augmentent  chaque 
jour,  et  le  revenu  diminue  dans  une  grande  proportion.  Une  propriété 
qui  rapporlail  bonanmalan  G, 000  francs,  n'en  donne  plus  que  4,000. 
C'est  là,  ce  me  semble,  pour  les  propriétaires  un  joli  petit  déficit. 
Mais  revenons  au  grand  malade,  au  fermier. 

C'est  surtout  du  fermier-métayer  que  je  veux  parler.  Les  fermiers 
^généraux  en  effet  sont  devenus  peu  nombreux.  Leurs  fermes  sont  géné- 
ralement faites  dans  d'assez  bonnes  conditions.  Comme  ils  ont  d'ail- 
leurs des  avances  sérieuses  et  les  connaissances  spéciales,  ils  sont 
armés  pour  lutter  plus  que  tous  les  autres.  En  un  mot,  leur  posi- 
tion se  rapproche  beaucoup  de  celle  du  propriétaire  cultivant  avec 
métayers. 

11  n'en  est  plus  ainsi  pour  le  métayer  devenu  fermier.  A  une  époque, 
qui  n'est  pas  très  éloignée,  tous  les  métayers  voulaient  devenir  fermiers. 
Ils  pensaient  sans  doute  avoir  une  plus  grande  liberté,  et  peut-être 
nussi  un  plus  grand  profit.  Beaucoup  de  propriétaires  éblouis  par  les 
offres  qui  leur  étaient  faites  affermèrent  à  leurs  métayers.  De  celte  façon 
sans  aucune  peine,  sans  aucune  responsabilité  ils  avaient  un  revenu 
bien  plus  considérable  que  lorsqu'ils  étaient  chefs  de  leur  culture. 

C'est  alors  que  le  prix  des  fermes  grandit  dans  une  proportion 
incroyable.  En  quinze  ans,  grâce  au  désir  que  possède  chaque  métayer 
de  devenir  fermier,  les  fermes  montent  de  50  à  100  francs  l'hectare. 
Le  bail  n'a  pas  une  longue  durée,  il  est  fait  pour  six  ans  tout  au  plus. 
Notre  homme  ne  pense  ni  à  améliorer  sa  terre  ni  à  créer  des  prés. 
Partout  où  il  le  peut  il  fait  du  grain,  et  c'est  avec  sa  récolte  qu'il 
compte  payer  sa  ferme. 

Lorsque  le  fermier  avait  signé  son  bail,  il  espérait  vendre  son  blé 
de  4  à  5  francs  le  double  décalitre  (mesure  ordinaire),  et  ainsi  il  éco- 
nomisait quelque  chose  pour  l'imprévu.  Mais  ce  n'est  ni  5  francs,  ni 
4  francs   le  double  décalitre  que  se  vend  le  froment,  c'est  3  francs. 
Encore  le   faut-il  de  bonne  qualité.  Sur  une  récolte  de  mille  mesures, 
c'est  donc  un  déficit  moyen  de   1,500  francs.  Comment  combler  ce 
grand  vide.  Avec  les  prix  actuels  d'une  ferme  la  chose  est  matérielle- 
ment impossible.  Cependant  nous  ne  pouvons  point  accuser  ces  braves 
gens  qui,  pleins  de  confiance  dans  l'avenir,  espéraient  par  leur  travail 
faire  honneur  à  leurs  affaires  et  augmenter  ainsi  la  fortune  publique. 
Ceux  qui  ont  une  nombreuse  famille  à  l'aide  de  laquelle  ils  travaillent 
se  tiennent  encore,  mais   ils  chancellent.    Quant  à  celui  qui  a  besoin 
de  bras  étrangers,  il  tiendra  autant  que  pourra  durer  la  somme  de  ses 
provisions,  mais  le  jour  où  il  n'en  aura  plus,  il  tombera  infaillible- 
ment après  avoir  mangé  jusqu'à  son  dernier  sou. 

Un  expert  me  disait  à  ce  sujet  que  sur  U)  expertises  de  Saint-Marlin, 
il  en  avait  vingt  pour  cause  de  résiliation.  Sur  ces  vingt,  quinze  fer- 
miers demandaient  à  rentrer  comme  métayers,  les  autres,  voyant  leur 


216  LA  GRISE  AGUICOLi:  &T  LE   METAYAGE  EN  BOURBONNAIS. 

communauté  se  dissoudre,  seraient  réduits  à  chercher  les  journées  de 
travail.  11  n'est  point  difficile  de  comprendre  que  les  fermes  aient  dimi- 
nué de  ce  l'ait  de  25  à  30  pour  100.  Si  vous  voulez  en  outre  tenir 
compte  des  nombreuses  affiches  qui  se  trouvent  imprimées  partout  et 
des  annonces  faites  à  la  quatrième  page  des  journaux  de  la  région,  vous 
comprendrez  avec  quelle  prudence  on  demande  aujourd'hui  une 
ferme. 

Tous  ces  faits  ont  été  relevés  par  l'enquête  très  sérieuse  que  la  So- 
ciété d'agriculture  de  l'Allier  avait  ouverte  sur  la  crise.  De  tous  les 
points  du  dépaitement  les  affirmations  ont  été  les  mêmes. 

M.  de  Garidel,  son  président,  résumait  en  ces  termes,  fort  justes  et 
fort  mesurés,  les  déclarations  qui  venaient  de  lui  être  faites  :  «  Notre 
département,  disait-il,  souffre  moins  que  certains  autres  frappés  : 
ceux  du  Nord,  par  le  malaise  de  l'industrie  sucrière;  ceux  du  Midi  par 
les  ravages  du  phylloxéra  ;  mais  il  est  lui  aussi  dans  un  état  de  crise 
qui  s'aggrave  chaque  jour.  Les  agriculteurs  le  constatent  facilement  : 
ceux  qui  sont  propriétaires,  par  la  diminution  sensible  de  leur  revenu  ; 
ceux  qui  sont  fermiers,  par  la  difficulté  qu'ils  ont  à  payer  leurs  termes  ; 
les  métayers,  par  la  disparition  de  leurs  économies,  et  le  recours  fré- 
quent aux  avances  de  leurs  patrons;  les  simples  ouvriers,  par  la  dif- 
ficulté plus  grande  à  trouver  du  travail.  L'épargne  agricole,  si  impor- 
tante il  y  a  quelques  années,  n'existe  plus.  » 

On  ne  saurait  faire  un  tableau  plus  vrai  et  plus  franc  de  notre  agri- 
culture bourbonnaise,  et  je  ne  pourrai,  pour  ma  part,  tirer  une  meil- 
leure conclusion. 

En  face  de  ces  plaintes  si  vives,  qui,  chaque  jour,  s'élèvent  de  tous 
les  côtés,  que  devons-nous  espérer? 

J'ai  dit  en  commençant  que  mon  intention  n'était  point  d'apporter 
un  nouveau  remède  à  la  crise.  Un  de  plus  ou  un  de  moins  ne  ferait 
assurément  rien  à  la  chose.  Sans  doute  nous  agirons  sagement  en 
transformant  en  prés  tous  les  terrains  qui  peuvent  facilement  l'être  ; 
et  j'estime  que  le  nombre  en  est  encore  grand,  1/10°  environ.  Mais 
aussi  nul  n'ignore  qu'en  agriculture,  lorsqu'il  s'agit  de  changer  son 
arme  d'épaule,  il  faut  du  temps  et  de  l'argent.  Or,  dans  le  cas  présent, 
qui  pourra  faire  ces  avances  !  Les  métayers  seuls  ?  cela  ne  leur  appar- 
tient pas.  Les  fermiers?  vous  savez  dans  quel  état  ils  se  tr'iuvent.  Ils 
seront  bien  heureux  de  joindre  les  deux  bouts  sans  pouvoir  penser  à 
ces  améliorations  productives.  Les  propriétaires?  un  grand  nombre  le 
pourrait;  un  nombre  plus  considérable  encore  ne  le  peut  point.  Us 
ne  le  peuvent  pas,  parce  qu'anciens  fermiers  heureux,  ils  ont  employé 
toutes  leurs  ressources  à  acheter  le  petit  domaine  qu'ils  cultivent,  et 
parce  que  souvent  aussi  leur  trop  grande  confiance  dans  l'avenir  leur 
a  fait  contracter  des  obligations  sévères.  Qui  oserait  s'engager  dans  un 
emprunt  même  plein  de  promesses  lorsque  l'avenir  est  aussi  problé- 
matique ?  Les  chutes  périodiques  auxquelles  nous  assistons  aujour- 
d'hui, et  que  les  ventes  judiciaires  confirment,  nous  conseillent  la 
plus  grande  prudence. 

Du  reste,  lorsque  je  vois  tous  les  Etats  de  l'Europe,  l'Italie,  l'Angle- 
terre, l'Autriche,  l'Allemagne,  la  Russie  se  livrer  aux  enquêtes  les  plus 
u:inutieuses  sur  leur  économie  agricole,  lorsque  je  vois  tous  ces  Etats 
s'armer  contre  l'invasion  étrangère,  et  l'Allemagne  elle-même  récla- 
mer un  droit  d'entrée  de  huit  marks  (10  francs)  par  quintal  sur  les 


r-A  CRISE  AGRICOLE  ET  LE  METAYAGE  EN  BOURBONNAIS.  217 

blés  américains,  je  me  demande  si  nous  ne  sommes  point  ridicules  en 
restant  simples  spectalours.  l'ouniiioi,  nous  qui  souffrons  peut-être 
plus  que  CCS  Ktats,  ne  nous  servirions-nous  pas  des  mêmes  armes? 
Est-ce  qu'jiprès  la  guerre  notre  patriotisme  ne  nous  a  point  commandé 
les  plus  f^n-ands  sacrifices  pour  reconstituer  une  armée  capable  de  ré- 
sister à  une  nouvelle  attaque,  et  pour  construire  sur  noire  frontière 
mutilée,  des  forts  nombreux  qui. doivent  la  proléger  des  atteintes  de 
l'ennemi  ?  Personne  n'a  hésité,  et  tout  en  souhaitant  la  fraternité  de 
tous  les  peuples,  on  n'a  pas  craint  un  seul  instant  de  se  mettre  sur  le 
même  pied  de  guerre  que  celui  de  ses  voisins. 

Pourquoi  (hmc  alors  rester  désarmé  contre  cette  nouvelle  invasion, 
plus  redoutable  que  l'autre,  puisqu'elle  attaque  lentement  et  sans  bruit 
toutes  les  forces  vives  de  la  nation  ?  Là  aussi  il  faut  écouter  notre 
patriotisme  et  laisser  de  côté  toutes  les  idées  mesquines  de  système  et 
de  coterie;  car,  comme  le  disait  le  vieux  Sully  :  «  Tout  fleurit  dans  un 
pays  où  fleurit  l'agriculture.  »  Marcel  Vacher. 

DESTRUCTION  DES  RONGES  DANS  LES  BOIS 

Le  Journal  d'agriculture  pratique  du  16  octobre  1884,  pages  588  et 
589,  répond  ainsi  à  une  demande  de  renseignements  sur  les  moyens 
les  plus  efficaces  de  détruire  les  ronces  dans  les  bois  :  «  Nous  avons 
le  vif  regret  de  déclarer  que  celle  question  nous  embarrasse,  nous  ne 
voyons  que  l'arrachage  à  la  pioche  comme  moven  de  destruction; 
mais  moyen  pou  pratique,  à  cause  des  frais,  et  nous  posons  la  ques- 
tion à  nos  lecteurs;  peut-être  se  trouvera-t-il  parmi  eux  quelqu'un 
qui  pourra  nous  venir  en  aide.  Un  procédé  radical  et  pratique  existe- 
t-il?  Nous  n'osons  l'espérer.  » 

Pour  répondre  à  cet  appel,  nous  venons  exposer  le  mode  de  des- 
truction des  ronces  que  nous  employons  avec  succès  dans  nos  bois  de 
basse  Picardie.  S'il  n'est  pas  radical,  ses  résultats  pratiques  n'en  sont 
p;is  moins  satisfaisants. 

Commençons  par  faire  observer  que,  dans  les  sols  tout  à  fait  favo- 
rables à  la  végétation  des  ronces,  l'arrachage  à  la  pioche  ne  suffirait 
pas  à  leur  suppression  complète.  Ici,  nous  avons,  en  elfet,  sous  les 
yeux,  certaines  terres  labourables  de  moyenne  fertilité,  sablo-argi- 
leuses,  dont  la  mise  ea  culture  remonte  à  une  époque  inconnue  de  la 
tradition  locale,  où,  malgré  des  labours  fréquents,  des  marnages,  la 
dépaissance  de  l'herbe  des  chaumes  par  les  vaches  et  les  moulons, 
les  ronces  végètent  néanmoins  avec  vigueur  et  fructifient  chaque 
automne.  Leur  destruction  radicale  ne  peut  donc  pas  être  toujours 
obtenue  par  les  labours. 

Faisons  également  observer  que  l'arrachage  à  la  pioche  des  ronces 
dans  les  bois  aurait,  outre  l'inconvénient  d'une  dépense  considérable, 
celui  bien  plus  grave,  de  détruire,  en  même  temps,  beaucoup  de  jeunes 
semis  naturels  des  diverses  essences  forestières,  indispensables  au 
repeuplement  du  bois.  Ces  pousses  nouvelles  provenant  de  graines 
germées  sous  l'abri  frais  et  sufOsammentaérédes  ronciers,  sont  souvent 
déjà  fortement  enracinées,  quoique  le  développement  de  leurs  tiges  ait 
pu  être  relardé.  Mais,  si  l'on  coupe  au  ras  de  terre  les  ronces  qui  les 
enveloppent,  elles  regagnent  vile  le  temps  perdu,  et  leur  végétation 
prenant  le  dessus  paralyse  bientôt  celle  des  ronces. 


218  DESTRUCTION  DES  RONCES  DANS  LES  BOIS. 

Les  ronces  sont  assez  recherchées  dans  nos  campagnes  pour  le 
chauffage  des  fours.  A  tort  ou  à  raison,  ce  combustible  passe  même 
pour  donner  au  pain  un  goût  particulièrement  agréable.  On  s'en  sert 
aussi  dans  les  foyers  oîi  il  procure  un  feu  vif  et  clair  de  peu  de  durée. 

La  coupe  des  ronces  que  nous  permettons  dans  nos  bois  et  leur  enlè- 
vement sont  l'objet  d'une  surveillance  attentive  du  garde  qui  doit 
s'assurer  si  les  énormes  bourrées  qui  en  proviennent  n'enveloppent  pas 
des  bois  de  délits. 

Aux  époques  hivernales  et  printanières  oîi  nous  autorisons  les 
familles  ouvrières  à  ramasser  les  branches  sèches  tombées,  nous 
imposons  l'obligation  de  l'enlèvement  des  ronces  dans  les  divers  can- 
tonnements où  s'opère  la  récolte  des  bois  morts,  toujours  fort 
recherchée. 

Enfin,  comme  dans  notre  rotation  forestière  de  quatorze  ans,  le 
nettoyage  des  jeunes  taillis  ou  scionnage  a  lieu  la  cinquième  ou  sixième 
année,  les  ouvrières  >^cionneuses  coupent  en  même  temps  les  ronciers 
oubliés  ou  repoussés  depuis  les  enlèvements  antérieurs. 

A  partir  de  ce  moment,  le  taillis  reste  à  peu  près  débarrassé  des 
ronces.  E.  Hkcquet  d'Orval, 

Correspondant  de  la  Société  nationale  d'agriculture  de  France. 

UTILISATION  DES  EAUX  DE  CONDENSATION 

POUR  L'HORTICULTURE'. 

De  tout  temps  on  a  utilisé  les  forces  naturelles,  comme  celle  des 
vents,  pour  la  navigation,  puis  pour  les  moulins,  surtout  dans  les  pays 
plats  comme  la  Hollande  :  on  a  partout  aussi  utilisé  les  chutes  d'eau  et 
jusqu'aux  marées,  quand  elles  varient  suffisamment  de  hauteur;  mais 
on  a  moins  employé,  surtout  pour  la  culture,  les  eaux  minérales  qui, 
jaillissant  du  sol  à  de  grandes  profondeurs,  en  sortent  quelquefois 
à  -\-  80°  centigrades,  comme  la  source  du  Par  à  Chaudesaigues,  dans  le 
Cantal.  Ces  eaux  sont  employées  là  pour  les  bains  et  pour  le  chauffage 
domestique,  en  circulant  sous  le  sol  des  habitations. 

Aux  thermes  d'Acqui,  en  Piémont,  M.  F.  Cirio  emploie  les  eaux  des 
bains  pour  faire  des  cultures  maraîchères  de  primeur  des  plus  lucra- 
tives; ces  eaux  circulent  dans  le  sol  sous  les  châssis,  dans  des  caniveaux. 

11  y  a  une  autre  source  de  chaleur  qu'on  n'utilise  pas  assez  dans  les 
villes  manufacturières  du  Nord  ;  je  veux  parler  des  eaux  de  conden- 
sation provenant  des  usines  si  nombreuses  qui  entourent  certaines 
villes  et  qui  sont  à  proximité  de  cultures  maraîchères  dans  les  fau- 
bourgs. Quels  sont  les  cas  où  l'on  peut  employer  ces  eaux?  Comment 
doit-on  en  combiner  l'usage  avec  celui  de  nos  therraosiphons  ?  C'est  ce 
que  je  me  propose  d'examiner  très  rapidement. 

Je  prendrai  pour  exemple  les  maraîchers  de  Saint-Sever,  vis-à-vis  de 
Rouen.  Là,  depuis  très  longtemps,  les  eaux  de  condensation  de  quelques 
usines  sont  déversées  sur  les  champs  maraîchers  dans  des  rigoles  à 
ciel  ouvert  et  entre  les  planches,  comme  les  eaux  d'égout  dans  la  plaine 
de  Gennevilliers,  près  Paris;  c'est  un  système  primitif  qui,  pour  plu- 
sieurs motifs,  laisse  beaucoup  à  désirer. 

Je  mentionnerai  de  suite  une  installation  modèle,  celle  de 
M.  Charles  Wood,  l'un  de  nos  plus  habiles  horticulteurs,  rue  Sablée, 
à  Saint-Sever-Rouen. 

1.  Communication  à  la  Société  centrale  d'horticulture  de  France. 


UTILISATION  DES  EAUX  DK  CONDENSATION  POUR  L'HORTICULTURE     219 

Placé  près  d'une  des  plus  importantes  usines  du  pays,  M.  Wood 
reroit  les  eaux  de  condensation  à  une  hauteur  suflisante  pour  les  faire 
entrer  par  leur  pente  naturelle  dans  un  collecteur  qui  les  distribue  à  une 
série  de  serres  parallèles. 

Les  eaux  circulent  alors  dans  des  tuyaux  de  poterie  de  1 5  à  20  centi- 
mètres de  diamètre,  à  joints  cimentés,  et  cela  dans  le  sol  même  des 
bâches,  à  une  distance  suffisante  des  racines  ou  des  pots,  pour  ne  pas 
nuire  à  la  végétation,  l^a  terre,  qui  est  un  très  mauvais  conducteur,  est 
bien  plus  lente  que  l'eau  des  thermosiphons  pour  se  mettre  à  la  tem- 
pérature des  tuyaux  qu'elle  renferme;  mais  elle  a  ce  grand  avantage  de 
conserver  longtemps  cette  température,  même  le  dimanche,  où  les 
machines  à  vapeur  s'ari'êtent.  On  met  de  deux  à  troix  tuyaux  dans  les 
bâches,  suivant  leur  largeur,  et  ces  tuyaux  peuvent  être  ou  totalement 
enfouis  dans  le  sol,  ou  surmontés  d'ardoises,  de  tuiles  plates,  etc., sur 
lesquelles  reposent  les  terres  renfermant  les  plantes,  pour  donner  à 
certaines  cultures  chaleur  et  humidité. 

A  la  sortie  des  serres,  les  eaux  qui  n'ont  perdu  qu'une  partie  de  leur 
chaleur,  sont  recueillies  pour  circuler  à  nouveau  dans  les  châssis  de 
couches  du  jardin  maraîcher  et  puissamment  aider  à  la  culture  des 
primeurs.  C'est  faire  ce  que  M.  Naudin  a  appelé  delà  culture  géother- 
mique, c'est-à-dire,  avec  la  chaleur  de  fond. 

Notons  qu'après  avoir  passé  dans  les  tuyaux  des  serres,  les  eaux  ont 
déposé,  chemin  faisant,  la  graisse  dont  les  pistons  sont  enduits  ;  elles 
sont  alors  bonnes  pour  l'arrosement  et  on  les  emploie  de  préférence  à 
l'eau  des  puits,  car  leur  température  permet  d'arroser  les  plantes  les 
plus  délicates,  même  au  grand  soleil. 

Je  n'ai  pas  besoin  d'ajouter  que  cette  circulation  des  eaux  de  conden- 
sation dans  les  serres  n'empêche  pas  d'y  établir  aussi  des  thermosiphons 
avec  circulation  spéciale  et  indépendante ,  mais  ces  derniers  ne  sont  là 
que  pour  les  grands  froids  ou  pour  les  cas  d'arrêt  dans  le  travail  de 
l'usine. 

En  culture,  il  n'y  a  pas  de  petites  économies  :  quand  on  est  dans  le 
voisinage  de  fabriques  et  que  les  eaux  qui  en  sortent,  à  des  hauteurs  et 
à  des  températures  variables,  peuvent,  sans  frais  sensibles,  circuler 
dans  le  sol  des  serres  ou  des  châssis,  il  n'y  a  pas  à  hésiter;  il  faut  faire 
comme  le  manufacturier  qui  utilise  une  chute  d'eau  pendant  les  trois 
quarts  de  l'année  et  qui  pour  les  cas  de  sécheresse,  en  été,  a  son  moteur 
à  vapeur  tout  prêt  pour  ne  pas  interrrompre  le  travail. 

Ch.    JOLY. 

APPAREIL  HOUDART  POUR  LE  CHAUFFAGE  DES  VINS 

Il  n'est  plus  nécessaire  aujourd'hui  d'insister  sur  les  avantages  que 
présente  le  chauffage  des  vins  pour  y  arrêter  les  fermentations  secon- 
daires et  empêcher  le  développement  des  maladies  dues  aux  germes 
que  le  liquide  peut  renfermer.  La  pratique  du  chauffage,  recom- 
mandée par  Appert,  a  été  réglée  par  M.  Pasteur;  l'illustre  savant  a 
fixé  les  conditions  dans  lesquelles  on  doit  conduire  l'opération  :  élever 
le  vin  au  bain-marie,  à  la  température  de  55  à  GO  degrés,  à  l'abri  du 
contact  de  l'air,  et  le  refroidir  graduellement,  pour  qu'il  ne  perde 
aucune  de  ses  qualités. 

Plusieurs  appareils  ont  été  imaginés  pour  chauffer  les  vins  suivant 


220  APPARKIL  ilOUDAUT  TOUR  LE  CHAUFFAGE    DES   VINS. 

la  mélliode  Pasteur.  Parmi  les  plus  récents,  nous  devous  citer  celui 
de  M.  E.  Houdart,  négociant  en  vins,  à  Paris.  C'est  un  appareil  à 
chaudière  thermo-siphon,  à  cliaufTage  par  le  gaz  ou  par  la  vapeur.  Les 
plus  petits  modèles  peuvent  chauffer  à  GU  degrés  par  heure,  5  à  G 
hectolitres  de  vin;  les  plus  grands  traitent,  dans  le  même  temps,  30  à 

0 


Fig.  19.  —  Appaieil  a  llieimusiphon  pour  le  chauffage  des  vins. 


32   hectolitres.  La   figure   19    montre  l'ensemble  d'un  appareil:  en 

voici  la  légende  : 

A,  réservoir  d'arrivée  du  vin,  à  niveau  constant.  —  B,  réfrigérant. —  G,  cliauffo- 
vii).  —  D,  Chaudière  tbermo-sijjiion. —  E,  r.'servoir  d'eau  du  thermo-siphon. 
—  F,  régulateur  automatique  de  température.  —  G,  serpentin  sensibilisateur  du 
régulateur  automatique.  —  A,  tuyau  conduisant  le  vin  au  réfrigérant.  —  I,  robi- 
net à  volant  divisé  et  à  index,  réglant  le  débit  du  vin.  —  J,  tuyau  allant  du  réfri- 
gérant au  chauffe-vin  —  K,  tuyau  allant  du  chauffe-vin  au  réfrigérant.  —  L, 
tuyau  de  sortie  de  vin  de  l'appareil.  —  M,  tuyau  conduisant  l'eau  delà  chaudière 
au  chauffe-vin.  —  N,  tuyau  de  letour  d'eau  du  chauffe-vin  à  la  chaudière.  —  0, 


APPAREIL  HOUDART   POUR  LE  CHAUFFAGE  DES  VINS  221 

tuyau  recevant  les  gaz  et  arômes  qui  se  dégagent  pondant  lo  chaulîago  du  vin.  — 
P,  thermomètres. 

On  voit  que  l'appareil  se  compose  de  deux  colonnes  :  l'une  C,  le 
chauffe-vin;  l'autre  B,  le  réfriti;érant,  renfermant  chacune  un  faisceau 
tubuiairo;  sous  la  colonne  chaulTe-vin,  se  trouve  disposée  une  cliaudière 
thermo-siphon,  destinée  à  chauffer  l'eau  servant  de  véhicule  à  la  cha- 
leur. Le  chaulfe-vin  porte  à  sa  partie  supérieure  un  petit  réservoir  à 
air  libre  recevant  le  trop  plein  du  thermo-siphon.  Le  réfri£;crant  se 
termine  à  sa  partie  supérieure  par  un  réservoir  alimenlaire  dans  lequel 
le  vin  arrive  par  un  robinet  ilotleur,  d'un  réservoir  supérieur.  Ces 
diverses  parties  de  l'appareil  sont  reliées  entre  elles  par  des  tuyaux 
disposés  de  façon  h  obtenir  une  circulation  rationnelle  et  par  suite 
l'échange  de  "température  le  plus  complet  possible,  l'n  régulateur 
automatique,  très  sensible,  assure  la  constance  de  la  température  qu'il 
convient  de  communiquer  au  vin,  en  ne  laissant  passer  à  cet  effet  que 
la  quantité  de  gaz  ou  de  vapeur  nécessaire  au  chauffage.  Des  thernio- 
mèlres  placés  en  divers  points  du  parcours  du  \\n  permettent  de  véri- 
fier le  bon  fonctionnement  de  l'appareil,  Enlin,  des  robinets  permet- 
tent de  vider  et  même  de  nettoyer  toutes  les  parties  de  l'appareil. 

Pour  mettre  en  marche  et  conduire  l'appareil,  M,  lloudart  donne 
les  indications  suivantes  : 

1°  Remplir  d'eau  par  le  réservoir  E  la  chaudière  thermo-siphon  D  et  le  chauffe- 
vin  G. 

2"  Allumer  la  rampe  à  gaz  ou  ouvrir  la  vapeur,  selon  le  cas,  pour  amener  l'eau 
du  chauffe-vin  à  la  température  de  60"  environ,  cfui  est  indiquée  par  le  thermo- 
mètre placé  sur  la  petite  branche  de  retour  de  l'eau  du  thermo-siphon. 

.3"  Relier  le  tuyau  de  sortie  du  vin  Li  la  barriijue,  par  un  tuyau  en  caoutchouc 
terminé  par  un  robinet  à  Ion;;  bec  qui  sera  introduit  dans  le  fût  à  remplir;  la 
Iwrriquc  aura  dû  être  préalablement  bien  rincée  à  plusieurs  eaux  bouillantes  ou 
mieux  à  la  vapeur  et  ensuite  bien  raêchée. 

4°  L'eau  du  chauffe-vin  (bain-marie)  étant  à  60"  environ,  introduire  le  vin  dans 
l'appareil  par  le  robinet  I  et  par  une  ouverture  telle  que  le  vin  indique  au  ther- 
momètre de  sortie  du  vin  la  température  de  55  à  60". 

5"  Régler  ensuite  le  régulateur  automatique  de  température  pour  que  le  débit 
du  gaz  ou  de  la  vapeur  permette  de  maintenir  l'eau  du  chauffe-vin  de  60  à  65". 
L'appareil  pourra  alors  être  presque  livré  à  lui-même,  et,  ayant  été  bien  réglé,  il 
fonctionnera  littéralement  seul.  Le  régulateur,  une  fois  réglé,  n'a  plus  besoin  de 
l'être  les  fois  suivantes. 

Les  surfaces  de  chauffe,  dans  le  plus  petit  modèle,  sont  de  3  m.  20 
pour  le  chautfe-vin  et  11  m.  "iO  pour  le  réfrigérant;  dans  le  plus 
grand,  elles  sont  respectivement  de  19  m.  20  et  de  66  m.  50.  Ces 
appareils  sortent  des  ateliers  de  M.  Egrot,  constructeur  à  Paris. 

L.   DE  S.VRDRIAC. 

LA  VIGNE  ET  LE  VIN  EN  SEINE-ET-OISE  EN  1884 

Monsieur  le  directeur,  dans  le  but  de  me  rendre  compte  de  la  quan- 
tité et  de  la  qualité  du  vin  produit  celte  année  en  Seine-et-Oise,  j'ai 
parcouru  pendant  la  semaine  qui  a  vu  commencer  les  vendanges  en 
cette  région,  c'est-à-dire  du  21  au  27  septembre,  les  localités  du  dépar- 
tement qui  se  livrent  encore  plus  spécialement  à  la  culture  de  la  vigne. 

Autrefois  le  département  de  Seine-et-Oise  était  presque  un  pays 
vignoble,  car  la  vigne  y  occupait  une  surface  qui  atteignait  environ 
20,0(10  heclares. 

Malheureusement  les  gelées  printanières  qui  sévissent  avec  une  si 


222  LA  VIGNE  ET  LE  VIN  DANS  SEINE-ET-OISE. 

grande  intensité  depuis  quelques  années  surtout,  ainsi  que  l'antlirac- 
nose  dans  certaines  régions  et  le  mildew  partout,  ont  déterminé  un 
assez  grand  nombre  de  vignerons  à  arracher  leur  vigne  pour  lui  sub- 
stituer d'autres  cultures  dont  la  rémunération  leur  semble  moins 
aléatoire. 

Il  en  résulte  que  de  cette  surface  de  20,000  hectares,  autrefois  plantée 
en  vignes,  avec  de  bonnes  variétés  pour  la  majorité,  il  ne  reste  plus 
aujourd'hui  que  6,500  hectares  environ  dont  le  plus  gros  noyau  se 
trouve  groupé  autour  d'Argenteuil. 

A  lui  seul,  le  canton  d'Argenteuil  possède  encore  un  vignoble  de 
1 ,500  hectares  dont  le  rendement  moyen  s'élèvera  cette  année  à  envi- 
ron 55  hectolitres  à  l'hectare. 

Cependant  si  l'on  établissait  la  balance  pour  une  période  de  dix 
années,  en  exceptant  toutefois  les  huit  dernières  qui  n'ont  pas  été 
défavorables  à  la  vigne  seulement,  mais  bien  à  toutes  les  cultures  en 
général,  on  ne  tarderait  pas  à  s'apercevoir  que  le  précieux  arbuste  dont 
il  s'agit,  même  en  Seine-et-Oise,  malgré  les  gelées  printanières  et  les 
dévastations  du  mildew  et  de  l'anthracnose,  malgré  les  dépenses  de 
frais  de  culture  et  d'engrais  relativement  élevées  qu'il  exige  impérieu- 
sement pour  produire  de  hauts  rendements,  procure  encore,  dans  cer- 
taines localités  bien  exposées  et  où  le  sol  lui  convient,  déplus  beaux 
bénéfices  à  son  propriétaire  que  beaucoup  d'autres  cultures  que  celui-ci 
continue  par  tradition  et  sur  lesquelles  il  se  fait  une  véritable  illusion. 

Sans  prétendre  que,  sur  la  limite  extrême  de  la  culture  de  la  vigne, 
il  soit  possible  de  fabriquer  des  vins  de  haute  valeur,  j'ose  affirmer 
cependant  qu'en  apportant  quelques  modifications  simples  et  peu 
coûteuses  dans  la  culture  d'une  part  et  dans  la  fabrication  du  vin 
d'autre  part,  il  serait  parfaitement  possible  d'obtenir  des  vins  de 
bonne  qualité  ordinaire,  livrables  directement  à  la  consommation, 
sans  être  obligé  d'avoir  recours  aux  intermédiaires  qui  emploient  nos 
petits  vins  pour  la  confection  des  coupages  que  plus  tard  l'on  décore 
de  noms  plus  ou  moins  pompeux. 

Les  vins  de  Seine-et-Oise  sont  très  goûtés  de  tous  ceux  qui  les 
connaissent;  j'estime  qu'ils  le  seraient  encore  davantage  si  les 
méthodes  rationnelles,  que  la  pratique  et  la  science  nous  enseignent, 
présidaient  à  leur  fabrication. 

Ce  qui  prouve  surabondamment  la  valeur  attachée  aux  vins  de 
Seine-et-Oise,  malgré  leur  qualité  inférieure  au  dire  de  quelques-uns, 
ce  sont  les  prix  auxquels  ils  se  vendent,  prix  qui  atteignent  65  et 
70  francs  la  barrique  de  228  litres  dans  certaines  localités  et  qui  s'élè- 
vent jusqu'à  120  et  même  13o  francs  dans  les  crus  plus  renommés. 

L'amélioration  des  moûts  par  le  sucrage  est  déjà  entrée  dans  In  pra- 
tique courante;  beaucoup  de  vignerons,  qui  s'en  sont  d'ailleurs  très  bien 
trouvés,  comme  qualité  et  comme  écoulement  plus  assuré  du  nouveau 
produit,  continueront  à  appliquer  ce  procédé  qui  sera  bientôt  suivi 
par  les  plus  timides. 

Les  petits  vins  de  cette  région  s'accommodent  fort  bien  de  l'addition 
du  sucre  pour  élever  leur  titre  alcoolique,  précisément  par  ce  fait  que, 
contenant  une  certaine  quantité  d'acide  tartrique  libre,  l'interversion 
du  sucre  d'abord  et  la  térmentation  ensuite  s'opèrent  très  complète- 
ment avec  la  plus  grande  régularité. 

Je  n'ignore  pas  que  les  courtiers  en  vins  sont  hostiles  au  sucrage 


LA  VIGNE  ET  LE  VIN  DANS  SEtNE-ET-OISE.  223 

des  vcnrlaiiges  en  Seine-3l-Oi.se,  cola  se  conçoit  parfaitement;  ils 
apprélicndent  le  jour  où  nos  petits  vins  sur  lesquels  ils  comptent 
encore  aujourd'hui  pour  la  confection  de  leurs  coupages,  viendront  à 
leur  échapper  par  suite  de  la  concurrence  que  provoquera  forcément 
l'élévation  du  prix  de  vente. 

Ce  jour-là  le  vigneron  livrera  directement  au  consommateur  un  vin 
naturel  de  honne  qualité. 

A  la  porte  de  la  capitale,  dont  le  débouché  immense  est  toujours 
ouvert  à  tous  les  produits,  avec  un  procédé  légitime,  comme  celui  du 
sucrage  direct,  il  est  permis  de  penser  qu'avant  peu  les  vins  de  Seine- 
et-Oise,  encore  qualifiés  de  médiocres,  auront  pris  définitivement  la 
juste  place  qui  leur  revient  dans  la  consommation.  Toutefois,  pour 
arriver  à  ce  résultat,  il  est  indispensable,  dans  les  années  ordinaires 
surtout,  de  les  améliorer,  car  les  années  chaudes  et  lumineuses  ana- 
logues à  celle  écoulée  ne  se  renouvellent  malheureusement  pas  assez 
souvent. 

Cependant  d'après  les  essais  gleucométriques  que  j'ai  efïectués  pen- 
dant la  lin  de  septembre  dans  diverses  localités  et  sur  difîérentes 
variétés  de  cépages,  le  vin  de  mère-goutte,  même  sans  addition 
aucune  de  sucre,  contiendra  plus  de  10  degrés  d'alcool. 

Les  chiffres  ci-dessous  que  j'ai  l'honneur  de  vous  communiquer 
ont  été  constatés  à  l'aide  du  densimètre  de  Gay-Lussac  (à  la  température 
de  15  degrés)  dont  chaque  degré  de  l'échelle  correspond  à  très  peu 
près  à  2  kilog.  500  de  sucre  de  raisin  par  hectolitre  de  moût  ou  à 
1  litre  250  d'alcool  dans  le  vin  à  en  provenir  : 

Jus  de  Gamay lOSrt  8  degrés  6 

Meunier  noir. ...  • 108f)  8                5 

Mellier  blanc 1083  S                3 

Gouais  ou  planl  de  Lune.. . . . . .  1080  8               0 

Si  la  récolte  de  1884  ne  peut  pas  être  considérée  comme  ayant  été 
très  abondante,  on  peut  dès  aujourd'hui  cependant  l'estimer  comme 
devant  être  de  qualité. 

Les  chifTres  ci-dessus  ne  laissent  d'ailleurs  aucune  équivoque  à  cet 
égard  ;  la  qualité  clf  nos  vins  croissant  proportionnellement  avec  leur 
richesse  alcoolique. 

Je  dis  que  la  récolte  de  1 884  ne  peut  pas  être  considérée  comme  très 
abondante,  quoiqu'on  puisse  toutefois  l'évaluer  dès  aujourd'hui  pour 
tout  le  département  à  environ  40  hectolitres  en  moyenne  à  l'hectare. 

Ce  qui  procure  comme  produit  total  (40  X  6,500  =  260,000) 
260,000  hectolitres  de  vin  représentant,  à  40  francs  l'hectolitre  en 
moyenne',  une  valeur  de  10  millions  400  mille  francs. 
•  De  ce  qui  précède,  il  est  permis  de  conclure  que,  comparativement 
aux  rendements  de  nos  récoltes  totales  en  vin,  le  département  de  Scine- 
et-Oise  occupe  bien  une  petite  place  dans  la  production  générale  et  que, 
en  ce  qui  concerne  plus  particulièrement  le  département,  une  somme 
de  plus  de  10  millions  rapportée  par  une  culture  unique  mérite 
quelque  attention. 

J'ajouterai  que,  en  présence  de  la  marche  envahissante  du  phyl- 
loxéra, l'ennemi  acharné  de  la  vigne,  et  des  prix  élevés  auxquels  sont 
vendus  nos  vins,  la  replantation  de  l'ancien  vignoble  s'impose  à  tous 
les  cultivateurs  de  Seine-et-Oise  soucieux  de  leurs  intérêts,  qui  pos- 
sèdent des  sols  convenables  et  bien  exposés. 

1.  Les  prix  sont  plus  élevés  dans  certaines  localités. 


224  LA  VIGNE  ET   LE  VIN  DANS  SEINK-KT-OISE. 

Il  demeure  bien  entendu  qu'il  ne  faudrait  pas  obliger  la  vigne  à 
croître  dans  tous  les  sols,  comine  cela  s'était  fait  pour  le  froment 
sans  se  soucier  des  rendements  et  des  prix  de  revient;  il  faudrait  au 
contraire  lui  choisir  les  terrains  dans  lesquels  elle  se  plaît  le  mieux 
et  lui  réserver  de  préférence  les  coteaux  orientés  au  sud,  à  l'est  et  au 
sud-est.  L'exposition  du  nord  devrait  toujours  être  rejetée  d'une  façon 
absolue. 

Malgré  les  fortes  avances  qu'exige  la  vigne,  malgré  les  fumures 
copieuses  et  les  soins  d'entretien  dont  elle  ne  saurait  se  passer,  malgré 
les  nombreux  ennemis  dont  elle  est  la  proie,  sa  culture  est  encore 
susceptible,  dans  les  conditions  présentes,  de  procurer  de  plus  beaux 
bénéfices  que  beaucoup  d'autres. 

Depuis  1870  et  1874,  la  qualité  avait  fait  complètement  défaut  à  nos 
vins,  le  soleil  s'étant  trop  souvent  caché;  l'année  1884  servira  à  rem- 
placer les  vieilles  barriques  disparues. 

Veuillez  agréer,  etc.  Gustave  Rivière, 

Professeur  départemenlal  tl'agricuUure  de  Seine-el-Ois 

NOUVELLES  INVENTIONS  AGRICOLES 

ANALYSE   SOMMAIRE   DES  DERNIERS  BREVETS   DÉLIVRÉS. 

161,949.  Crépain  frères.  2  mai  1884.  Nouvel  avant-corps  de  charrues  à  pointe 
mobile  s'oppliquant  aux  charrues  Brabant,  bisocs  et  ordinaires.  —  Dans  le  but 
d'obtenir  une  attache  solide  à  l'âge,  même  dans  les  charrues  à  âge  en  bois  pour 
labours  ordinaires,  tout  eu  évitant  les  engorgements  et  en  profitant  des  avantages 
que  l'emploi  d'une  pointe  mobile  otFre  au  point  de  vua  des  réparations,  les  inven- 
teurs emploient  une  tige  en  fer  sur  la  partie  supérieure  de  laquelle  ils  boulonnent  une 
pièce  en  fonte  malléable  ou  en  acier  fondu,  percée  d'une  coulisse  pour  recevoir 
la  pointe  mobile,  et  ils  munissent  l'autre  extrémité  de  cette  tige  d'une  chape 
qui  vient  embrasser  l'âge,  sur  lequel  elle  se  fixe  par  une  plaque  et  deux  écrous. 

162,104.  Société  Savary  ET  Gie.  15  mai  1884.  Appareil  nouveau  dit  :  manège 
système  Savary.  —  La  disposition  la  plus  caractéristique  de  ce  manège  consiste  en 
ce  que  la  douille  recevant  la  flèche  à  laquelle  le  cheval  est  attelé,  au  lieu  d'être 
calée  directement  sur  l'arbre  moteur  vertical,  n'entraîne  ce  dernier  que  parl'mter- 
médiaire  d'un  ressort  en  spirale,  de  façon  à  rendre  le  démarrage  moins  brusque 
et  à  diminuer  ainsi  la  fatigue  du  cheval,  tout  en  évitant  des  luptures  dans  l'appa- 
leil.  D'un  autre  côté,  pour  donner  plus  de  rigidité  et  de  solidité  au  bâti,  le  breveté 
forme  d'une  seule  pièce  l'arcade  qui  sert  de  support  supérieur  aux  arbres  verti- 
caux et  qui  vient  rejoindre  la  plaque  de  fondation;  il  fait  cette  pièce  en  fer  en  V 
ou  autre  fer  à  profil,  qu'il  cintre  pour  obtenir  les  deux  pieds-droits  par  lesquels 
l'arcade  se  relie  à  la  plaque  de  fondation.  L'arc  transversal  est  fait  avec  un  fer 
semblable. 

164,124.  Testulat-Henrion.  14  mai  I88k.  Appareils  perfectionnes  protecteurs 
de  la  vigne  contre  la  gelée,  la  coulure,  etc  ,  dits  :  préservateurs  champenois.  —  Le 
système  consiste  dans  l'emploi  de  piquets  en  fonte  ou  en  bois,  présentant  sur 
deux  côtés  opposés  des  dents  relevées  verticalement  pour  servir  à  y  accrocher 
une  planche  armée  en  fer,  qui  peut  basculer  autour  de  son  point  d'attache,  de 
manière  à  permettre  de  la  maintenir  horizontalement  au-dessus  des  plants  de 
vigne  (ce  que  l'on  obtient  en  accrochant  aux  piquets  des  anneaux  terminant  une 
chaînette  fixée  sur  le  bord  extérieur  de  la  planche),  ou  bien  de  la  laisser  pendre 
verticalement.  Dans  le  premier  cas,  la  planche  abrite  les  plants  contre  la  gelée, 
dans  le  second,  elle  les  protège  du  vent  du  Nord  ou  sert  à  réfléchir  les  rayons  du 
soleil,  faisant  ainsi  le  même  office  que  le  mur  d'une  treille.  Comme  les  piquets 
sont  dentelés  des  deux  côtés,  on  peut  avoir  à  la  fois  une  plaque  horizontale  au- 
dessub  des  plants,  et  une  autre  verticale,  derrière  eux.  Ces  abris  protègent  non 
seulement  contre  la  gelée  et  le  vent,  mais  aussi  contre  la  grêle  et  les  grandes 
pluies;  il  faut  les  accrocher  et  les  décroclier  à  la  main,  un  à  un. 

Les  piquets  sont  de  préférence  la  section  d'une  croix,  ils  sont  appointés  et  pour- 
vus d'une  embase  reposant  sur  le  sol  ;  ils  sont  distants  l'un  de  l'autre  de  2  mètres 


NOUVELLES  INVENTIONS  AGRICOLES.  225 

et  leur  écartement  est  maintenu  par  des  entretoises  en  sapin  du  nord  de  4  mètres 
de  longueur,  qui  dépassent  les  piquets  de  1  mètre  de  chaque  côté. 

Gomme  variante,  le  breveté  décrit  un  genre  de  piquet  tout  droit,  muni  de  pis- 
tons en  remplacement  des  dentelures  du  premier  type.  Il  indique  encore  un 
piquet  simplement  percé  de  trous  qui  reçoivent  des  broches  pour  servir  de  sup- 
ports aux  planches-abris;  ici  ces  dernières  ne  sont  plus  à  bascule  et  restent  for- 
cément horizontales. 

Tous  ces  systèmes  permettent  de  remonter  les  planches  à  mesure  que  les  plants 
grandissent. 

162,131.  GrAJAC.  10  mai  18S4.  Perfectionnements  apportés  au  greffoir-outil 
Prades.  —  Ce  brevet  est  relatif  à  des  perfectionnements  apportés  au  greffoir 
imaginé  par  M.  Prades,  de  Bédarieux,  et  servant  à  faire  la  greffe  anglaise.  Ces 
perfectionnements  consistent  :  1"  dans  l'adaptation  d'un  couteau  oscillant  qui 
permet  de  faire  la  fente  en  biseau  plus  rapidement  et  plus  sûrement,  avec  le 
secours  d'un  support  fixé;  2°  dans  l'emploi  d'un  support  iixé  à  la  pince,  pour 
soutenir  le  sarment  pris  par  celle-ci;  3»  dans  l'application  d'un  vernier  en  tète  de 
la  pincs,  pour  faciliter  la  lecture;  4°  dans  la  disposition  d'un  renflement  à  la  partie 
inférieure  de  la  pince  pour  empêcher  le  couteau  de  s'ébrécher;  5"  enfin,  dans 
l'emploi  d'un  couteau  à  deux  tranchants,  avec  levier  formant  excentrique. 

162,133.  GossoN.  17  mai  1884.  Nouveau  système  d'avant-corps  de  charrue  à 
coulisse.  —  Dans  ce  système,  l'avant-corps  présente  intérieurement  deux  coulisses 
verticales  dans  lesquelles  on  glisse  le  soc  à  fond,  après  quoi  on  le  boulonne  pour 
le  fixer  en  place. 

162,145.  G-RiMAULT.  19  mai  1884.  Dineuse  dite  :  la  Française.  —  Le 
poids  total  de  cette  bineuse,  suivant  la  déclaration  du  breveté,  est  de 
1 1  kilog.  et  sa  manœuvre  exige  deux  hommes,  dont  l'un  est  attelé  dans  les  bran- 
cards et  dont  l'autre  dirige  la  marche  de  l'instrument  au  moyen  des  mancherons. 
Les  mancherons  et  les  brancards  sont  fixés  sur  un  châssis  en  bois  formé  d'un 
triangle  dans  lequel  on  en  a  inscrit  un  autre  dont  les  sommets  viennent  rencon- 
trer les  côtés  du  premier  au  milieu  de  leur  longueur  ;  ce  châssis  marche  la  pointe 
en  avant  ;  son  côté  postérieur  et  sa  traverse  intermédiaire  appartenant  au  petit 
triangle  intérieur  (ou,  en  d'autres  termes,  les  deux  traverses  perpendiculaires  à 
l'axe  de  l'appareil)  sont  à  couhsse  pour  permettre  d'élargir  ou  de  rétrécir  le 
châssis. 

Les  cinq  sommets  que  ce  châssis  présente,  en  faisant  abstraction  de  sa  pointe 
antérieure,  sont  munis  d'autant  de  lames  ordinaires. 

Ces  lames  peuvent  être  remjjlacées,  pour  des  cultures  diverses,  par  un  soc  à 
double  versoir,  qui  se  pose  aux  trois  sommets  du  grand  triangle,  ou  encore  par 
une  lame  râtisseuse. 

En  avant  du  châssis  triangle,  est  monté  un  coutre,  situé  lui-même  derrière 
l'unique  roue  de  l'instrument. 

162,162.  Maréchaux.  16  mai  1884.  Système  de  montaqe  des  dents  de  herse  ou 
d'autres  machines  agricoles  du  même  genre.  —  Le  mode  de  montage  décrit  s'ap- 
plique principalement  au  cas  où  le  châssis  de  la  machine  est  en  fer  cornière  ;  il 
consiste  à  emboîter  chaque  dent  dans  une  chape  dont  les  ailes  se  boulonnent  sur 
le  fer  cornière,  de  telle  sorte  que  la  dent  se  trouve  entourée  des  quatre  côtés;  en 
outre,  la  face  de  la  chape  qui  est  parallèle  au  support  est  munie  d'un  goujon  sail- 
lant à  l'intérieur  et  pénétrant  dans  un  évidement  de  la  dent. 

162,170.  Delahaye.  19  mai  1884.  Genre  d'extirpaleur  dit  :  Herse  exlirpateur 
énergique  à  dents  variables.  —  La  caractéristique  de  cet  instrument,  c'est  qu'il 
n'est  muni  de  dents  que  sur  les  deux  côtés  latéraux  du  châssis  qui  a  la  forme  d'un 
triangle  équiangle,  et  qu'il  n'y  a  pas  de  dents  à  l'intérieur  du  triangle  ;  c'est,  de 
plus,  que  ces  côtés  présentent  une  rainure  suivant  leur  longueur,  pour  permettre 
de  disposer  les  dents  en  nombre  quelconque  et  en  des  points  quelconques.  Ces 
dents  sont  dîs  dents  de  herse  rondes,  carrées  ou  ovales,  à  volonté.  A  chacun  des 
sommets  postérieurs  se  trouve  une  petite  roue  porteuse;  au  sommet  antérieur 
est  disposé  un  montant  qui  porte  à  sa  partie  inférieure  un  petit  train  de  deux 
roues,  libre  de  pivoter  autour  du  montant.  Le  dessin  représente  séparément  un 
soc  déchaumeur.  Pour  le  châssis,  le  breveté  se  réserve  de  substituer  à  la  forme 
triangulaire  la  forme  demi-circulaire,  toujours  en  formant  ce  châssis  de  deux 
bandes  de  fer  laissant  entre  elles  un  espace  pour  recevoir  les  dents. 

162,174.  Lei-èvre-Taconet.  21  mai  1884.  Moyen  d'embrayer  et  de  débrayer 
instantanément,  sans  arrêt  de  la  machine,  les  semoirs  à  volée  de  toutes  prove- 


226  NOUVELLES  INVENTIONS  AGRICOLES. 

nances,  munis  de  débrayage.  —  Ordinairement,  dans  les  semoirs  à  la  volée  pour- 
vus d'un  débrayage,  il  faut  arrêter  la  machine  pour  pouvoir  embrayer  ou  débrayer 
le  semoir;  d'un  autre  côté,  les  roues  de  commande  sont  maintenues  embrayées 
par  des  ressorts  à  boudin,  et  il  arrive  que  ceux-ci,  n'exerçant  plus  une  traction 
suffisante,  le  débrayage  se  produit  sans  qu'on  le  veuille  et  la  semence  se  trouve 
«  voyée  »,  c'est-à-dire  mal  disposée  dans  le  sol. 

Le  breveté  évite  ces  deux  inconvénients  et  obtient,  de  plus,  l'avantage  de  pou- 
voir ne  l'aire  fonctionner  que  la  moitié  du  semoir  s'il  le  désii'e,  par  l'emploi  du  sys- 
tème de  débrayage  suivant  appliqué  à  chaque  extrémité  de  l'appareil.  Un  ressort 
à  boudin  tend  à  débrayer  le  pignon  de  commande  ;  pour  embrayei',  on  tourne 
une  canne  à  poignée  qui  produit  l'embrayage  en  surmontant  la  résistance  du 
ressort  ;  lorque  cette  canne  est  arrivée  à  fin  de  course,  uu  ergot  qu'elle  présente 
vient  maintenir  solidement  le  système  embrayé. 

Ch.  Assi  ET  L.  Genès, 

Ingénieurs-conseils  en  matière  de  brevets  d'invention, 
36,  boulevard  Voltaire,  à  Pans. 

LA  VALEUR  VENALE  DE  LA  PROPRIETE  FONCIÈRE 

Dans  un  article  précédent',  le  lecteur  a  été  mis  au  courant  des 
modifications  survenues  dans  l'étendue  des  cultures  depuis  l'achève- 
ment du  cadastre.  Les  recherches  de  l'administration  des  contributions 
directes  sur  lesquelles  on  s'est  appuyé  ici  avaient  pour  but  principal 
une  nouvelle  évaluation  du  revenu  foncier;  elles  ont  entraîné  d'abord 
une  étude  sur  l'étendue  des  cultures,  ensuite  un  examen  de  la  valeur 
vénale.  Les  chiffres  principaux  sur  le  revenu  et  la  valeur  de  la  propriété 
rurale  à  deux  époques  éloignées  l'une  de  l'autre  vont  être  résumés  ici. 
Ils  peuvent  être  l'objet  de  réserves  sur  la  justesse  absolue  des  appré- 
ciations en  ce  qui  concerne  certains  départements;  il  est  bon  pourtant 
de  faire  remarquer  que  l'administration  ne  s'est  pas  contentée  de 
renseignements  pris  dans  les  communes  rurales,  mais  qu'elle  a  puisé 
dans  les  archives  de  l'enregistrement,  qui  contiennent,  au  point  de  vue 
de  la  statistique,  des  trésors  sans  nombre  malheureusement  le  plus 
souvent  restés  intacts. 

Il  a  été  compulsé  plus  de  quatre  cent  mille  baux  s'appliquant  à  une 
étendue  de  plus  de  sept  millions  d'hectares  de  propriétés  sises  dans 
tous  les  départements;  on  a  examiné  cinq  cent  mille  ventes  s'ap- 
pliquant à  une  étendue  de  plus  de  neuf  millions  d'hectares. 

La  vigne  est  la  propriété  qui  offre  le  plus  de  progression  dans  la 
valeur  vénale  et  dans  le  revenu  net.  C'est  dans  le  département  de  la 
Seine  qu'on  arrive  au  prix  le  plus  élevé  à  l'hectare  :  9,132  francs. 
Mais  ce  prix  était  à  peu  près  le  même  en  1850  ;  il  tient,  on  le  sait,  à  la 
proximité  de  la  capitale,  aux  cultures  accessoires  qui  sont  demandées 
au  même  champ  produisant  déjà  le  raisin.  Le  revenu,  loin  de  s'accroître, 
s'est  légèrement  abaissé  :  244  fr.  80  l'hectare,  au  lieu  de  247  fr.  8G. 
L'augmentation  la  plus  considérable  se  trouve  dans  la  Marne;  la  vigne, 
qui  valait  4,51 1  francs  l'hectare,  est  arrivée  à  8,250  francs.  Une  aug- 
mentation non  moins  remarquable  a  eu  lieu  dans  le  Puy-de-Dùme, 
6,074  francs  au  lieu  de  3,863  francs.  Voici  la  valeur  moyenne  actuelle 
dans  certains  départements  grands  producteurs  :  Côte-d'Or,  4,41 4  francs; 
Gironde,  3,471  francs;  Indre-et-Loire,  4,067  francs;  Hérault,  3,891 
francs;  Loiret,  3,441  francs;  Gard,  3,393  francs.  La  Drôme,  l'Aube, 
l'Ardèche  ont  vu  le  prix  moyen  diminuer;  il  en  est  de  même  dans  la 
Charente.  Si  on  considère  le  revenu,  on  rencontre  des  proportions  à 

1.    Voir    dans    le   Journal  du  l'agriculture  du  20   septembre  l'article    sur  le  Progrès  dans 
l'étendue  des  cultures. 


LA  VALKUR   VKNALE  ni',  LA  PROPRIÉTÉ.  227 

peu  près  semblables.  La  Marne  est  en  tête  de  la  liste  avec  un  revenu 
qui  s'est  élevé  de  153  à  394  francs. 

Mais  tous  ces  chiffres  ne  sont  que  des  moyennes  et  ne  sauraient  indi- 
quer les  évaluations  partielles  les  plus  élevées.  Nous  allons  en  donner 
quelques-unes.  L'estimation  oiïicielle  est  pour  Vougeot  de  '24,500  fr. 
l'hectare;  autrefois  on  arrivait  à  21,800  seulement.  Autrefois  à  Saint- 
Julien,  9,000  francs;  aujourd'hui  à  Pauillac,  Saint-Eatèphe,  Saint- 
Julien,  20,000  francs.  On  trouve  à  Bouzy  28,0u0  francs  au  lieu 
de  10,000.  Des  communes  dont  les  noms  ne  sont  point  retentissants 
présentent  pourtant  des  chiffres  élevés  :  Amberieux,  da^is  l'Ain, 
12,000  francs;  Aiguilhe,  dans  la  Ilaute-Loire,  14,000  francs  ;  Beau- 
mont,  dans  le  Puy-de-Dôme,  1G,000  francs;  Bellecombe  en  Savoie, 
15,000  francs. 

Le  revenu  moyen  est  aujourd'hui  pour  toute  la  France  de  129  fr.  95 
l'hectare  au  lieu  de  69  fr.  38;  la  valeur  vénale  de  2,968  francs  au 
lieu  de  2,065.  Quant  à  l'estimation  totale  du  vignoble,  elle  était  au 
moment  du  travail  de  l'administration,  qui  a  duré  de  1879  à  1881, 
au  cours  même  de  la  période  phylloxérique,  de  6,885  millions. 

Au  point  de  vue  du  domaine  agricole,  ce  n'est  pas  la  plus  impor- 
tante des  natures  de  propriété  qui  est  dévastée  par  un  fléau  si  difficile 
à  vaincre,  mais  la  plus  précieuse  et  la  plus  brillante.  La  terre  labou- 
rable, voilà  la  partie  la  plus  importante  du  domaine  agricole.  Sa  valeur 
vénale  a  plié  légèrement  dans  les  départements  suivants  :  Vaucluse, 
Gard,  Drôme,  Vosges,  Hautes-Alpes.  Dans  le  Nord,  l'hectare  s'est 
élevé  de  4,011  à  5,742  francs.  On  le  trouve  coté  au-dessus  de 
3,000  francs  dans  la  Seine-Inférieure,  la  Somme,  Seine-et-Oise,  l'Oise. 
Il  est  au-dessous  de  1 ,000  francs  dans  la  Haute-Marne,  le  Cantal,  la 
Haute-Vienne,  la  Creuse,  la  Lozère,  la  Corse.  Dans  l'Allier  la  valeur  a 
presque  triplé.  Une  augmentation  considérable  se  trouve  dans  l'Ariège, 
la  Vendée,  la  Loire-Inférieure,  les  Deux-Sèvres,  l'Indre-et-Loire,  où. 
l'estimation  est  presque  du  double.  Les  estimations  au  point  de  vue  du 
revenu  sont  à  peu  près  parallèles.  Dans  le  Nord,  le  revenu  s'est  élevé 
de  107  à  162  francs.  Dans  le  Pas-de-Calais,  on  arrive  aujourd'hui  à 
161  francs.  Le  chiffre  90  est  dépassé  dans  Seine-et-Oise,  Seine-Infé- 
rieure, Manche,  Calvados  et  Somme.  La  Beauce  mérite  une  mention 
spéciale.  Dans  le  département  d'Eure-et-Loir,  le  revenu  s'est  élevé  de 
47  fr.  16  l'hectare  à  66  fr.  09.  La  valeur  vénale,  qui  était  de  1 ,405, 
est  arrivée  à  2,105.  Au  point  de  vue  des  moyennes  générales,  consta- 
tons que  la  valeur  vénale  pour  toute  la  France  s'est  élevée  d'un  tiers  et 
qu'elle  est  arrivée  à  2,197  fr.  43  l'hectare.  Le  revenu  moyen  est  de 
56  fr.  74.  Le  rédacteur  officiel  déclare  entendre  par  revenu  des 
terres,  ce  qui  reste  au  propriétaire,  déduction  faite  sur  lé  produit 
brut,  des  frais  de  culture,  semence,  récolte  et  entretien.  La  totalité 
des  terres  labourables  en  France  est  estimée  57,514  millions. 

Les  prés  et  herbages  n'ont  point  augmenté  de  valeur  dans  une  propor- 
tion aussi  considérable  que  les  cultures  précédentes,  en  ce  qui  concerne 
certains  départements,  bien  que  l'augmentation  moyenne  ressemble 
à  celle  obtenue  pour  la  terre  arable.  Il  y  a  eu  dans  i'Eure  une  dimi- 
nution légère.  On  trouve  une  moindre  valeur  estimative  dans  la  Drùme, 
Seine-et-Oise,  le  Gard,  Seine-et-Marne,  l'Aube,  Hautes-Alpes.  Dans 
Vaucluse,  l'estimation  est  de  7,840  francs  l'hectare,  c'est  un  chiffre 
upérieur  à  celui  de  la  Seine.  L'hectare  est  d'une  valeur  supérieure  à 


228  LA  VALKOR  VKNALE  DE  LA  PROPRIETK. 

5,000  francs  dans  la  Seine,  le  Var,  le  Nord,  les  Bouches-du-Rhône,  la 
Rhône.  Nulle  part,  il  n'est  inférieur  à  1 ,000  francs.  Dans  le  Cantal,  le 
valeur  de  l'heclare  a  triplé.  Nous  devons  une  mention  aux  déparle- 
ments grands  producteurs  de  viande.  Dans  le  Calvados,  l'heclare  vaut 
4,570  francs  ;  dans  la  Manche,  4,533;  dans  Maine-et-Loire,  3,215; 
la  Nièvre,  3,676;  la  Vendée,  2,60  5.  Les  bestiaux  bretons  paissent 
sur  des  prairies  estimées  :  2,217  francs  dans  le  Finistère  et  1 ,871  fr. 
dans  le  Morbihan.  Pour  arriver  aux  chiiîres  généraux,  disons 
que  l'hectare  de  prés  et  herbages  s'est  élevé  du  prix  moyen  de 
2,256  à  2^960  francs  et  le  revenu  moyen  de  72  tr.  60  à  96  fr.  67. 
Celte  catégorie  de  culture  entre  pour  une  valeur  de  1,799  raillions 
dans  l'estimation  du  patrimoine  agricole  de  la  France. 

La  valeur  des  bois  est  bien  variable  puisque,  en  laissant  de  côlé  le 
département  de  la  Seine,  qu'il  faut  négliger  dans  cette  étude,  en  ce  qui 
concerne  la  plupart  des  cultures;  on  trouve  une  estimation  de 
2,287  francs  dans  le  Nord  contre  143  francs  dans  les  Hautes-Alpes.  La 
valeur  de  cette  propriété  a  diminué,  mais  légèrement  dans  Seine- 
et-Marne,  Orne,  Haule-iMarne,  Ariège,  Yaucluse,  et  d'une  façon  plus 
considérable  dans  Seine-el-Oise,  Aube.  Les  augmentations  importantes 
sont  dans  le  Nord  et  dans  la  Somme.  La  moyenne  de  la  valeur  des 
bois  était,  en  1850,  de  642  francs  l'hectare;  elle  est,  suivant  les  der- 
nières évaluations,  de  745  francs.  Le  revenu  s'est  élevé  de  20  fr.  18  à 
22  fr.  50.  Celte  partie  si  intéressante  du  domaine  agricole  représente 
une  valeur  de  6,256  millions. 

Nous  ne  parlerons  point  des  terrains  de  qualité  supérieure,  estimés 
à  un  total  de  près  de  4  milliards.  Rien  de  multiple  comme  cette  caté- 
gorie, qui  comprend  les  vergers,  les  chènevières,  les  jardins,  etc.  C'est 
là  surtout  que  les  moyennes  seraient  impuissantes  à  donner  des  idées 
même  approximatives  des  valeurs. 

La  catégorie  des  landes,  pâtis  ou  pâtures  et  autres  terrains  incultes 
offre  peut-être  plus  d'intérêt.  Il  y  a  là  une  sorte  de  réserve  dont  la 
diminution  sera  dans  l'avenir  intéressante  à  constater.  Les  terres  in- 
cultes sont  loin  d  être  dénuées  de  valeur  et  de  revenu,  notamment 
dans  les  pays  d'élevage.  Dans  la  Nièvre,  elles  sont  cotés  en  moyenne 
1,500  fr.  l'heclare,  et  1,000  fr.  dans  Saône-et-Loire.  En  Bretagne,  oii 
leur  quantité  est  si  considérable,  on  trouve,  dans  le  Finistère,  382  fr., 
dans  le  Morbihan,  2j.O.  Le  prix  minimum  est  de  43  fr.,  chiffre  des 
Basses-Alpes.  Le  revenu  moyen  d'un  hectare  de  landes  est  de  6  fr.  13, 
et  le  prix  moyen  de  266  fr.  70.  La  valeur  totale  pour  toute  la  France 
est  de  1 ,594  millions. 

Veut-on  connaître  maintenant  à  quel  taux  on  place  les  capitaux  en 
achetant  telle  ou  telle  nature  d'immeubles  dans  lel  ou  tel  départe- 
ment? Le  travail  officiel  nous  renseigne  encore  sur  ce  sujet,  et  les 
centaines  de  mille  actes  dépouillés  par  l'administration  de  l'enregis- 
trement et  des  domaines  donnent  à  ces  indications  une  certaine  va- 
leur, quelque  réserve  qu'on  ait  pu  faire. 

Le  rapport  du  revenu  net  imposable  à  la  valeur  vénale  ou  taux  de 
l'intérêt  pour  chaque  nature  de  culture  serait  le  suivant  :  terrains  de 
qualité  inférieure,  3  fr.  02  pour  100;  terres  labourables,  2  fr.  58; 
prés  et  herbages,  3  fr.  26;  vignes,  4  fr.  38;  bois,  3  fr.  02  ;  landes, 
2  fr.  96  :  cultures  diverses,  3  iV.  32  ;  moyenne  générale,  2  fr.  89.  Ces 
chiffres  sont    fort  approximatifs;    la   propriété  foncière  ayant  plus 


LA  VALEUR  VÉNALE  DE  LA  PROPRIÉTÉ.  229 

qu'autrefois  à  subir  des  oscillations  constantes.  Un  jour  ce  sont  les 
sinistres  de  la  Bourse  qui  portent  les  capitaux  de  son  côté  ;  une  autre 
fois  les  importations  des  i)lés  étraniiçers,  en  diaiinfiant  les  fermages 
poussent  à  un  nouveau  virement.  Pourtant  les  cliitîres  de  détail  qu'on 
vient  de  donner  comme  résultats  généraux  ne  sont  pas  sans  intérêt, 
a  terre  coule  excessivement  cher  dans  le  Puy-de-Dôme,  la  Creuse, 
le  Cantal;  est-ce  parce  qu'elle  est  disputée  par  les  émii^rants  de  ces 
départements  qui,  chaque  année,  y  rapportent  leurs  économies?  Dans 
a  Creuse,  berceau  d'une  population  laborieuse,  on  place  en  terre  à 
raison  de  2  fr.  32.  Le  taux  le  plus  eleve  se  trouve  dans  les  Pyrénées- 
Orientales,  3  fr.  82  ;  le  moins  élevé,  dans  la  Seine,  0  fr.  1*7.  Le  taux 
dans  Eure-et-Loir  est  de  3  fr.  14.  Pour  la  vigne,  ie  rapport  du  revenu 
net  à  la  valeur  vénale  dépasse  G  pour  100  dans  l'Héiault;  il  est  entre 
5  et  G  dans  l'Ardèche,  la  Corse,  la  Haute-Garonne,  l'Indre,  le  Lot,  la 
Haute-Marne,  les  Pyrénées-Orientales,  le  Tarn.  Le  revenu  le  plus  faible 
est  celui  de  la  Haute-Loire,  qui  n'arrive  qu'à  2  fr.  kl.  Les  terrains  en 
landes  ou  pâtures  sont  souvent  d'un  revenu  avantageux;  ils  rapportent 
h  fr.  22  dans  l'Ariège,  4  fr.  05  dans  la  Haute-Savoie,  5  fr.  dans 
Vaucluse.  Dans  les  contrées  où  les  terres  vagues  sont  un  secours  pour 
l'élevage,  on  trouve  aussi  des  revenus  relativement  élevés  ;  ainsi 
3  fr.  25  dans  le  Morbihan  et  2  fr.  69  dans  le  Finistère.  En  ce  qui  con- 
cerne les  bois,  le  revenu  minimum  se  trouve,  en  Savoie,  2  fr.  14, 
et  le  revenu  maximum  dans  Vaucluse,  4  fr.  97. 

Terminons  ces  nomenclatures  par  des  chiffres  généraux.  Le  revenu 
net  de  toutes  les  cultures  est  en  moyenne  de  2  fr.  69  ;  Ihectare  vaut 
1,830  fr.  89;  le  patrimoine  agricole,  pris  dans  son  entier,  est  estimé 
91 ,583  millions.  Aucun  pays  d'Europe  ne  présente  de  telles  ressources 
agricoles. 

Les  plus-values  indiquées  ci-dessus  ont  besoin  d'être  analysées. 
On  a  vu  que  dans  la  Beauce  la  valeur  vénale  s'était  élevée  de  1,405  fr. 
l'hectare  à  2,104  fr.  Est-ce  à  dire  que  la  production  du  blé  est  de  ôO 
pour  100  plus  considérable  qu'autrefois  î' La  même  question  [lourrait 
être  posée  en  ce  qui  concerne  les  autres  parties  productives  du  do- 
maine de  la  France.  Le  revenu  total  est  passé,  depuis  l'achèvement 
du  cadastre,  de  1,824  millions  à  2,645  millions  ;  mais  il  faut  en  re- 
trancher la  somme  d'impôts  qui,  depuis,  e^t  venue  s'abattre  sur  la 
propriété.  De  1869  à  1877  seulement,  les  centimes  additionnels  ont 
passé  du  chiffre  de  243  millions  à  celui  de  305.  En  ce  qui  concerne 
la  valeur  vénale,  il  y  a  lieu  de  déduire,  pour  un  espace  de  temps  de 
près  d'un  demi-siècle,  la  dépréciation  des  valeurs  monétaires  ;  un 
statisticien  de  premier  ordre,  M.  de  Foville,  l'estime  à  20  ou  25  pour 
100.  Enfin  il  y  aurait  lieu  de  rechercher  quelle  est  la  part  de  capital 
nouveau  incorporé  dans  le  sol.  Dans  son  beau  livre  :  Essai  sur  la  répar- 
tition des  richesses^  M.  Paul  Leroy-Beaulieu  évalue  à  1,500  raillions 
de  francs  l'épargne  annuelle  qui  vient  se  fixer  à  Paris  en  placements  à 
la  Bourse,  et  pense  qu'un  capital  égal  au  tiers  de  cette  somme  se  di- 
rige annuellement  vers  le  sol  et  passe  en  améliorations.  Cet  emploi 
fait  régulièrement  depuis  vingt  ans,  forme  la  plus  grande  partie  de  la 
plus-value.  Enfin  il  faut  mentionner  le  courage,  l'énergie  constante  du 
cultivateur  dont  le  travail  s'incorpore  au  sol. 

Il  faut  en  tout  cas  se  féliciter  de  la  publication  du  volume  et  de 
l'atlas  qui  nous  ont  fourni  ces   renseignements  ;   sans  doute  les  der- 


230  LA  VALEUR  VÉNALE  DE  LA  PROPRIÉTÉ. 

nières  années  ne  répondent  pas  aux  précédentes,  mais  le  mal  ne  peut 
être  que  transitoire,  surtout  si  les  pouvoirs  publics  chercbent  les 
remèdes  nécessaires  dans  une  sage  pratique  de  la  liberté. 

Achille   Mercier, 

Membre  de  la  Société  d'économie  politique. 

SUR  L'OPiCANISATION  DU  CRÉDIT  AGRICOLE 

Dans  le  numéro  du  Journal  du  11  octobre,  M.  Faure  me  pose  une 
question  et  émet  un  doute  auxquels  je  crois  avoir  complètement 
répondu.  11  suffit  pour  en  être  convaincu  de  se  reporter  à  tout  ce  qui 
a  été  écrit  dans  ce  journal  depuis  le  mois  de  février  dernier  sur  le  crédit 
agricole.  Néanmoins,  comme  un  écrit  de  huit  mois  peut  bien  avoir 
été  oublié  des  lecteurs,  je  vais  redire  quelques  mots  au  sujet  de  la 
demande  et  de  l'objection  de  M.  Faure. 

J'ai  employé  dans  mon  projet  de  banque  agricole,  non  le  mot  de 
billet  impliquant  pour  unique  garantie  la  bonne  foi  et  l'honorabilité 
des  signataires  ou,  s'il  s'agit  de  billets  de  la  Banque  de  France,  le 
numéraire,  monnayé  ou  non,  enfoui  dans  les  caves  de  cet  établisse- 
ment, mais  bien  celui  d'obligation,  c'est-à-dire  valeur  garantie,  non 
seulement  par  les  gages  donnés  par  les  emprunteurs,  garantie,  en 
outre  et  surtout,  par  hypothèque  sur  propriété  foncière  et  rurale.  Ce 
sont  donc  bien  des  obligations  et  non  des  billets  qu'il  s'agit  d'émettre. 
Ces  obligations  n'ont  pas  besoin  de  nouvelles  négociations;  j'ai  dit 
comment  elles  seraient  émises  et  quels  taux  d'intérêt  recevraient  les 
propriétaires  consentant  à  les  garantir  sur  leurs  immeubles. 

Que  ces  nouvelles  valeurs  fiduciaires  soient  appelées  à  circuler  en 
même  temps  que  les  billets  de  la  Banque  de  France,  c'est  là  le  fond 
du  projet;  mais,  qu'il  puisse  en  résulter  une  dépréciation  de  25 
pour  100  sur  le  numéraire,  c'est  ce  que  je  conteste,  puisque  la  Banque 
agricole  ne  pourrait  mettre  de  ces  obligations  en  circulation  qu'au  fur 
et  à  mesure  des  besoins  de  l'agriculture  et  en  proportion  directe  du 
capital  réalisé  de  la  Société  créatrice,  à  ses  risques  et  périls,  du  nouvel 
établissement  de  crédit,  et  pour  une  somme  égale  seulement  au  chiffre 
des  hypothèques  consenties. 

La  Banque  agricole,  sagement  conduite  sous  la  surveillance  spé- 
ciale du  gouvernement,  n'aurait  pas  pour  effet  la  diminution  de  la 
valeur  des  capitaux,  mais  elle  pourrait  bien  empêcher  l'augmentation 
de  la  valeur  de  ces  capitaux,  ce  qui  serait  le  résultat  inévitable  d'une 
plus  grande  demande  de  numéraire  circulant,  si  la  clientèle  des 
cultivateurs  venait,  pour  les  établissements  existants  de  crédit, 
s'ajouter  purement  et  simplement  à  celle  du  commerce  et  de  l'indus- 
trie. Tout  ceci  résulte  clairement,  ce  me  semble,  des  articles  que  j'ai 
publiés  et  qu'il  suffit  de  relire. 

M.  Faure  nous  donne  à  entendre  que  la  Banque  de  France  nous 
opposera  son  privilège;  j'ai  démontré  qu'elle  aurait  tort,  à  moins  de 
faire  elle-même  et  dans  des  conditions  analogues,  ce  qu'à  son  défaut 
l'on  sera  obligé  de  confier  à  un  autre  établissement  ;  car  il  ne  peut  y 
avoir  concurrence  quand  on  ne  s'adresse  pas  à  la  même  clientèle.  En 
fin  de  compte  cependant,  si  ce  privilège  devait  être  un  obstacle,  j'ai 
dit  que  le  dernier  mot  resteraitau  Parlement.  D'après  M.  Faure,  il  faudra 
du  temps  avant  qu'une  pareille  loi  soit  votée.  Peut-être  a-t-il 
raison  I  Et,  ce  ne  sera  pas  la  première  fois  que  l'agriculture  sera  sacri- 


SUR  L  ORGANISATION  DU  CRÉDIT    AGRICOLE.  231 

fiée  à  des  intérêts  fort  légitimes,  sans  doute,  mais  qui  ne  sont  pas 
ceux  de  la  majorité  des  Français. 

Je  dois  remercier  M.  Faure  d'avoir  l'ait  naître  à  nouveau  la  ques- 
tion du  crédit  agricole.  Je  la  croyais  enterrée  pour  longtemps,  en  me 
rappelant  les  paroles  de  notre  dévoué  ministre  de  l'agriculture, 
M.  Méline,  lorsqu'il  vint  présider  la  séance  de  distribution  des  prix 
de  la  Société  nationale  d'agriculture,  le  4  juillet  dernier.  M.  Méline 
nous  dit  alors  qu'en  ce  qui  concerne  le  crédit  agricole,  il  voyait  qu'il 
n'existait  pas  pour  ceux  qui  n'en  avaient  pas  besoin,  mais  qu'il  n'en 
croyait  pas  moins  à  sa  nécessité  et  qu'il  ne  pourrait  se  résoudre  à  y 
renoncer.  Ceci  voulait  dire  que  les  membres  de  la  Société  nationale 
d'agriculture  ne  s'étaient  pas,  dans  l'enquête  qui  venait  d'être  close, 
montrés  favorables  à  l'institution  du  crédit  agricole,  qu'il  en  voyait  la 
raison  en  ce  que  la  plupart  des  membres  de  cette  Société  étaient  de 
grands  propriétaires,  n'ayant  aucun  besoin  du  crédit  agricole. 

Je  ne  connais  pas  autrement  l'enquête  faite  par  la  Société  nationale 
d'agriculttu'e,  puisqu'elle  n'a  pas  encore  été  publiée;  mais  je  doute  que 
si  la  majorité,  peut-être  l'unanimité  de  ses  membres  qui  ont  répondu 
au  questionnaire,  est  venue  dire  que  le  crédit  agricole  serait  dangereux 
et  funeste  aux  agriculteurs,  on  ait  entendu  par  là  parler  d'autre  chose 
que  du  crédit  dans  les  conditions   actuelles  et  avec  le  taux   d'intérêt 
généralement  pratiqué.  Quoique  grand  partisan  du  crédit  agricole,  je 
n'ai   pas   dit   autre  chose   et  j'ai   ajouté   que  si   le   commerce  avait 
encore  la  possibilité  de  s'en  tirer  en  empruntant  à  7  pour  100,  c'était 
que  les  commerçants  pouvaient  renouveler  quatre  ou  cinq  fois  leurs 
capitaux    dans   une   année;   ce    n'était    en  définitive   que  de  1.50  à 
2   pour   100   d'intérêt  que  chacune  de  leurs  opérations  se  trouvait 
grevée.  Il  n'en  était  pas  ainsi   pour  les  agriculteurs  qui  ne  peuvent 
rentrer  dans  leurs  déboursés  qu'au  bout  d'une  année  ou  plus.  C'était 
pour  eux  de  7  à  10  pour  100  qu'il  fallait  prendre  sur  le  bénéfice  de 
chaque  opération.  Or,  un  pareil  taux  d'intérêt  est  ruineux  et  mieux 
vaut  pas  de  crédit  que  des  emprunts  à  semblables  taux.  Telle  a  dii  être 
la  conclusion  générale,  je  n'en  doute  pas.  La  majorité  s'en  est  probable- 
ment tenue  là.  En  ce  qui  me  concerne,  j'ai  ajouté  que  les  emprunts  ne 
devaient  pas  être  à  un  taux  supérieur  à  4  pour  100  (3  fr.  ()5,  un  cen- 
time par  jour  par  cent  francs).  La  chose  est-elle  possible'!*  J'ai  répondu 
affirmativement,  en  faisant  connaître  le  projet  d'une  banque  agricole 
susceptible  de  remplir  ces  conditions.  Que  ce  projet  soit  encore  consi- 
déré comme  une  utopie,  je  le  crois  sans  peine,  car  il  faut  du  temps 
pour  qu'une  idée,  même  des  plus  pratiques,  puisse  faire  son  chemin. 
Si  ma  faible  voix  pouvait  être  entendue  de  M.  Méline,  je  lui  dirais  : 
Vous  avez  raison,  ne  renoncez  pas  à  l'organisation  du  crédit  agricole 
qui  eurichira  l'agriculture  et  avec  elle  le  reste  de  la  France.  Vous  allez 
réussir,  ce  n'est  guère  douteux,  à  faire  justice  des  dostrines  du  libre- 
échange,  magnifiques  en    principe,  mais  jusqu'ici  appliquées   sans 
réciprocité  et  à  l'encontre  des  seuls  intérêts  agricoles. 

Joignez-y  la  facilité  de  se  procurer  des  capitaux  à  bon  marché,  saus 
laquelle  vous  n'aurez  atteint  que  la  moitié  du  but.  Je  vous  présente  un 
projet  de  Banque  agricole  pour  arriver  à  ce  résultat;  s'il  est  défectueux, 
corrigez-le!  Si  vous  en  trouvez  un  meilleur,  appliquez-le!  Mais  pour- 
suivez votre  chemin  sans  écouter  les  clameurs.  Il  en  sera  de  votre  pro- 
jet comme  du  tonnerre  qui  épouvante  la  plus  grande  partie  des  gens, 


â32  SUR  l'organisation  du  crédit  agricole. 

bien  qu'il  n'en  tue  qu'un  sur  cent  mille,  et  qu'il  nous  faut  bénir  cepen- 
dant, puisqu'il  nous  apporte  la  fertilité  avec  la  pluie  bienfaisante.  Bien 
des  personnes  également  auront  peur  de  l'idée  que  vous  poursuivrez, 
sans  pour  cela  en  être  atteintes;  et,  comme  après  l'orage  vei'sant  l'eau 
sur  nos  guérets,  vous  répandrez  sur  la  première  de  nos  industries 
nationales  les  capitaux  en  ondées  fertilisantes.      P.-N.  Ayra.i!d, 

Membre  delà  Société  nationale  d'agriculture. 

LES  VENDANGES  DANS  L'HÉRAULT  EN  1884 

Notre  dernière  récolte  a  été  favorisée  par  une  continuation  de  temps 
on  ne  peut  plus  favorable,  et  pourtant  le  degré  alcoolique  des  vins  est 
relativement  faible  cette  année,  surtout  pour  les  vins  de  Jacquez,  qu'on 
avait  vus  quelquefois  titrer  13  à  1  4°  d'alcool,  tandis  qu'ils  n'ont  géné- 
ralement atteint,  cette  année,  que  9°  1/2  à  10",  bien  exceptionnelle- 
ment 11°;  néanmoins  la  qualité  en  a  été  généralement  assez  bien 
réussie  pour  que  le  commerce  ait  recherché  et  enlevé,  dès  la  récolte,  la 
plupart  des  vins  de  Jacquez,  en  dépit  de  leur  fj^iible  degré,  et  n'ait  pas 
craint  de  les  payer  de  40  à  45  francs  l'hectolitre,  sortant  de  la  cuve, 
alors  qu'on  ne  payait  pas  ces  prix-là  pour  les  plus  beaux  vins  d'Es- 
pagne et  d'Italie  titrant  15°.  Cela  a  un  peu  surpris,  d'autant  plus 
que  le  Jacquez  a  le  défaut  d'être  un  peu  plus  noirâtre  que  rougij,  à 
moins  d'être  assez  fortement  additionné  d'acide  tartrique  à  la  cuve. 

Les  vins  provenant  des  greffes  sur  Jacquez  ont  été  également  re- 
cherchés et  rapidement  enlevés  aussi,  dans  les  prix  variant  de  20  à 
30  francs  l'hectolitre,  suivant  la  variété  (Aramon,  Carignane,  Cinseau) 
et  le  lieu  de  production  (plaine,  coteau,  etc.). 

La  note  dominante,  celle  année,  est  la  satisfaction  générale,  en 
voyant  que  ce  ne  sont  plus  d'insignifiantes  et  trop  modestes  récoltes 
qu'a  procurées  la  vigne  américaine,  mais  que  la  progression  rapide 
du  produit,  à  mesure  que  les  plantations  se  multiplient,  assure  déjà 
pour  l'an  prochain  une  récolte  déjà  satisfaisante  dans  notre  région,  et 
surtout,  pour  un  avenir  prochain,  un  retour  à  l'ancienne  richesse  viti- 
cole  du  Midi  qu'on  avait  désespéré  de  revoir  jamais. 

Tandis  que,  ces  dernières  années,  on  ne  trouvait  cà  et  là  que  quel- 
ques rares  propriétaires  produisant  quelques  hectolitres  ou  quelques 
centaines  d'hectolitres,  on  les  compte  désormais  par  milliers. 

Les  caves  où  l'on  récolte  500  à  1,000  hectolitres  sur  pieds  améri- 
cains (greffés  ou  non  greffés)  ne  sont  plus  à  compter  dans  l'arrondis- 
sement de  Montpellier  et  même  dans  celui  de  Béziers.  On  voit  déjà 
plusieurs  caves,  telles  que  Mézouls,  Agnac,  Layraigues,  Venhant,  le 
Terrai  et  bien  d'autres,  donnerdes  récoltes  variant  entre  1 ,0Q0  et  2,000 
hectolitres  :  quelques-unes,  telles  que  Valautre,  Coussergues,  dépas- 
sent même  ce  cernier  chiffre. 

Un  fait  surtout  réjouissant  est  de  voir  nombre  de  paysans  et  proprié- 
taires récolter  dans  leur  petit  domaine  d'un  hectare  au  plus  chacun  sa 
petite  partie  de  vin  de  25,  50,  100  hectolitres,  dont  la  vente  leur  a 
causé  plus  de  joie  que  les  récoltes  antérieures  au  phylloxéra,  alors 
même  qu'elles  étaient  dix  fois  plus  importantes. 

La  satisfaction  et  la  confiance  sont  générales  ;  il  faut  pourtant  qu'il 
y  ait  une  ombre  au  tableau  :  cette  année,  c'est  le  peronospora  ou  mil- 
diou, dont  on  redoute  le  retour,  parce  qu'on  l'a  revu  ces  deux  dernières 
années  (quoique  d'une  manière  bien  moins  générale  en  1884).  Nous 


LES  VENDANGES  DANS  L'H^RaULT  EN  1884.  233 

avons  eu  dans  le  courant  de  cet  été  six  ou  sept  invasions  diverses,  dont 
la  durée  ne  se  prolongeait  pas  au  delà  de  trois  [ou  quatre  jours, 
jusqu'au  moment  où  le  vent  du  nord  en  enrayait  les  effets.  Ces  inva- 
sions, toutes  locales,  n'atteignaient  pas  de  grandes  étendues  de  vignes, 
et  ont  témoigné  des  bizarreries  inexplicables  dans  leur  manifestation. 
Au  lieu  de  sévir  dans  les  plaines  et  dans  les  zones  les  plus  humides, 
ce  sont  souvent  les  coteaux  les  plus  élevés,  les  plus  aérés  qui  ont  été 
atteints,  principalement  pour  la  première  invasion  du  17  juin,  qui  a, 
chez  M.  il.  Mion,  chez  moi  et  chez  quelques  autres  propriétaires, 
atteint  le  fruit  plus  encore  que  les  i'euilles  de  Jacquez,  à  tel  point  que 
pour  ma  part,  j'ai  réellement  perdu  plus  de  7  à  800  hectolitres  par  ce 
seul  fait.  Bien  des  personnes  n'ont  remarqué  cette  disparition  du  fruit 
dans  les  vignes  très  fourrées  qu'au  moment  de  la  vendange,  ils  l'ont 
attribuée  à  la  coulure.  Les  invasions  ultérieures  ont  plutôt  atteint  les 
feuilles  que  le  fruit  et  n'ont  pas  eu,  du  reste,  de  fâcheuses  consé- 
quences. Mais,  par  une  nouvelle  bizarrerie,  tel  cépage  qui  avait  le  plus 
souffert  l'an  dernier  n'était  point  atteint  cette  année-ci  et  vice  versa.  Le 
.facquez  est  en  tout  cas  le  cépage  qui  reste  toujours  le  plus  accessible 
à  ce  fléau,  et,  pour  ma  part,  je  compte  greffer  successivement  tous 
ceux  que  j'avais  conservés  pour  la  production  directe.  Je  m'en  console 
du  reste,  en  constatant  que  c'est  un  excellent  porte-greffe. 

Jules  Leenhaudt. 

MÉTÉOROLOGIE  DU  MOIS  D'OCTOBRE  1884. 

Voici  le  résumé  des  observations  météorologiques  faites  au  parc 
de  Saint-Maur,  en  octobre  1 884  : 

Moyenne  barométrique  à  midi  :  760""". 77;  minimum,  le  10  à  5  heures  du  matin, 
742""". 93  ;  maximum,  le  5  à  1  heure  du  matin,  771"'"'. 06. 

Moyennes  ihcrmo métriques  :  des  minima,  5°. 62;  des  maxima,  IG^.SS;  du  mois 
9". 70;  moyenne  vraie  des  24  heures,  9". 14.  Minimum  le31  au  matin,  —  1".7  ; 
maximum  le  l''"'  vers  1  heure  et  2  heures  du  soir,  21". 9.  Il  y  a  eu  deux  jours  de 
gelée  les  25  et  31  et  7  jours  de  gelée  blanche. 

Tension  moijenne  de  la  vapeur  :  7""". 59;  la  moindre,  le  31  à  5  heures  du 
matin, 4"'™.  1  ;  la  plus  grande,  le  2  à  5  heures  du  soir,  11™"'. 2. 

Humidité  relative  moyenne  :  87  ;  la  moindre,  le  4  à  3  heures  du  soir,  44  ; 
la  plus  grande  100,  en  22  jours. 

Pluie  :  16™'". 6  en  35  heures  réparties  en  17  jours;  la  plus  forte  pluie  4'"'".1  est 
tombée  en  2  heures  1/4,  le  10  octobre  dans  l'après-midi  avec  de  la  grêle;  le  ciel 
était  orageux  ;  il  a  en  effet  éclairé  le  soir  à  l'entrée  de  la  nuit.  Il  n'y  a  pas  eu 
d'autre  manifestation  orageuse  dans  tout  le  mois. 

Nébulosité  moyenne,  67  ;  il  y  a  eu  3  jours  entièrement  couverts  du  16  au  18 
et  4  jours  très  beaux  du  22  au  25. 

Les  vents  ont  presque  toujours  soufflé  du  SW  à  l'W;  ou  du  NW  au  N.  Un  seul 
jour  do  vent  fort,  du  SW,  le  26. 

La  température  moyenne  de  la  Marne,  12°. 33,  a  varié  de  17°.  19  le  1",  à  9°. 06  le 
31.  Elle  a  été  constamment  basse  et  extraordinaïrement  claire  ;  le  21,  j'ai  pu  dis- 
tinguer un  objet  blanc  jusqu'à  5"'.  10  de  profondeur;  c'est  la  plus  grande  transpa- 
rence que  j'aiejamais  observée  dans  la  Marne. 

Moyennes  à  7  heures  du  malin  :  baromètre,  760'"'". 74;  thermomètre,  6°.87  ; 
tension  de  la  vapeur,  7'"". 31  ;  humidité  relative,  96;  nébulosité,  80. 

Relativement  aux  moyennes  normales,  le  mois  d'octobre  1884 
présente  les  résultats  suivants  :  baromètre  plus  élevé  de  3""°. 77  ;  ther- 
momètre plus  bas  de  1°.34;  tension  de  la  vapeur  plus  basse  de  0'"°'.A\  ; 
humidité  relative  normale;  nébulosité  plus_graade  de  3;  pluie,  un  tiers 
de  la  quantité  ordinaire. 


234  MÉTÉOROLOGIE  DU  MOIS  D'OCTOBRE   iSSi 

On  avait  cessé  de  voir  des  hirondelles  sédentaires  le  19  septembre  ; 
nous  en  avons  vu  passer  de  petits  groupes  jusqu'au  17  octobre. 

Le  Pyrèlhre  de  la  Ciiine  a  commencé  à  fleurir  le  20.  (Je  note  tous  les 
ans  la  même  variété).  A  la  tin  du  mois  nos  jardins  ont  conservé  un 
assez  grand  nombre  de  fleurs.  Les  Dahlia,  Canna,  Caladium,  Bégonia, 
ont  été  atteints  par  la  gelée  du  25  qui  n'est  descendu  qu'à  0°,7  au- 
dessus  de  zéro;  la  gelée  de  —  1°.7  du  31  a  achevé  les  Dahlias  et  atteint 
partiellement  les  Ageratum.  Beaucoup  d'arbres  ont  conservé  presque 
toutes  leurs  feuilles  vertes  :  fresne,  orme,  lilas  et  surtout,  nerprun 
purgatif,  sureau  et  saule  pleureur.  E.  Renou, 

Membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture. 

PARTIE   OFFICIELLE 

Loi   concernant  les    droits  fiscaux  à  percevoir   sur  les  échanges  d'immeubles  ruraux. 

Le  Sénat  et  ia  Chambre  des  députés  ont  adopté. 

Le  Président  de  la  République  promulgue  la  loi  dont  la  teneur  suit  : 

Article  premier.  —  A  jiartir  de  la  promulgation  de  la  présente  loi,  il  ne  sera 
perçu,  sur  les  échanges  d'immeubles  ruraux,  que  vingt  centimes  (20  c.)  par 
cent  francs  (100  fr.)  pour  tout  droit  proportionnel  d'enregistrement  et  de  trans- 
cription, lorsque  les  immeubles  échangés  seront  situés  dans  la  même  commune 
ou  dans  des  communes  limitrophes. 

En  dehors  de  ces  limites,  le  tarif  ainsi  fixé  ne  sera  applicable  que  si  l'ua  des 
immeubles  échangés  est  contigu  aux  propriétés  de  celui  des  échangistes  qui  le 
recevra,  et  dans  les  cas  seulement  où  ces  ima-eubles  auront  été  acquis  par  les 
contractants  par  acte  enregistré  depuis  plus  de  deux  ans,  ou  recueillis  à  titre 
héréditaire. 

Art.  2.  —  Dans  tous  les  cas,  le  contrat  d'échange  renfermera  l'indication  de  la 
contenamce,  du  numéro,  de  la  section,  du  lieu  dit,  de  la  classe,  de  la  nature  et  du 
revenu  du  cadastre  de  chacun  des  immeubles  échangés,  et  un  extrait  de  la  matrice 
cadastrale  desdits  biens,  qui  sera  délivré  gratuitement,  soit  par  le  maire,  soit  par 
le  directeur  des  contributions  directes,  sera  déposé  au  bureau  lors  de 
l'enregistrement. 

Art.  3.  —  Le  droit  réglé  par  l'article  52  de  la  loi  du  28  avril  1816  sera  payé  sur 
le  montant  de  la  soulte  ou  de  la  plus-value. 

Art.  4.  —  Les  dispositions  des  lois  des  27  juillet  1870  et  21  juin  1875  sont 
abrogées  en  ce  qu'elles  ont  de  contraire  à  la  présente  loi. 

La  présents,  loi,  délibérée  et  adoptée  par  le  Sénat  et  par  la  Chambre  des  députés, 
sera  exécutée  comme  loi  de  l'Etat. 

Fait  à  Paris,  le  3  novembre  18S4.  Joles  Grévy. 

Par  le  Président  de  la  République  :     Le  ministre  des  finances  :  P.  Tirard. 

COURRIER  DU  NORD-ESï 

Après  les  pluies  bienfaisantes  de  la  semaine  dernière,  un  temps  splendide  a 
succédé;  aussi  voit-on  les  céréales  se  présenter  sous  le  plus  agréable  aspect.  Bien 
des  agriculteurs  avaient  eu  des  appréhensions  pendant  l'époque  des  semailles  qui 
ont  été  faites  par  une  grande  sécheresse,  on  craignait  les  insectes  et  les  froids 
prématurés.  Fort  heureusement  la  température  a  été  on  ne  peut  plus  propice  pour 
les  récoltes  eu  terre.  Aussi  voit-on  la  récolte  future  dans  de  bonnes  conditions  de 
prospérité.  Ad.  Bbonsvick. 

REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COUR.\NT  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(8  NOVEMBRE  1884). 
I.  —    Situation    générale. 

La  situation  est  la  même  qu'il  y  a  huit  jours  :  marchés  suffisamment  approvi- 
sionnés, avec  un  courant  d'atî'aires  ordinaire. 

H.  — l.es  grains  et   les  farines. 

Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  QUINTAL  MÉTRIQUE, 
sur  les  principaux  marchés  de  la   France  et  de  l'étranger  : 


KKVUK  COMiMERGlALK   KT  PRIX    GOCKANT  (8  NOVEMUUE   1884). 

5'  HKOION.  —  CBNTRR 

Bl6.    Seigle. 

fr.         fr. 
Allier.    Montluçon. . . . 

—  St-puurçaia 

Cher.  Bourges 

—  St-\inand 

—  Aiibignv 

Creuse.  Aubussoii 
Indre.  Cbâtcauroux 

—  Valençay 

—  Issouduii. 
Loiret.  Orléans, 

—  Gien 

—  P;ilay 

L.-el-Ciier    Blois 

—  Montoire 
Nièvre.  Nevers 

—  La  Charité, 
Yonne     Sens 

—  St-Florentin 

—  Bnenon 


235 


i"   RBOION.  - 

-  iHOHD.Ul'KST. 

Blé. 

Seitle. 

Orje. 

Aroioe. 

fr. 

fr. 

Ir. 

fr. 

Calvados.  Lisieux 

20  75 

17.35 

18.45 

22.00 

—       Caeu 

■il.iO 

15.20 

16.50 

20.05 

G.-du-Noi  ti.  Tré^îuier. . 

11)  00 

)) 

15.00 

14.25 

—      l'uiitrieux 

18.50 

15.00 

15.50 

15.00 

Finislerir.  Morlaix 

Ti.OO 

0 

10.00 

14.00 

—      Quimper 

19.50 

15.50 

15.50 

15.00 

llte-el- Viiaine.  Rennes, 

19.50 

» 

15.50 

15.00 

18  50 
22. SO 

14.50 

15.50 

15.25 

Wttïic/ie.  t'.herboaig. .. 

20.60 

—      Villedieu 

2j.O0 

20.00 

16.15 

21.00 

Mayenne.  Mayenne 

19.50 

D 

14.60 

16.50 

20.00 
19.00 

» 

14.65 

, 

15    75 

Morbihan.  Uennebont. 

16.00 

20.  Jd 
20 .  80 

15.00 

> 

13.35 

Orne.   Mortagne 

15.00 

—      Seez. 

„ 

16.15 

16.50 

Sarthe.  Le  Mans 

20.  .0 

15.50 

15.60 

19. 5o 

—      Bc.iumont 

20    50 

14.50 

15  5o 

Prix  moyens 

20.45 

10.85 

15.59 

16. 3J 

2*  RBOION.  —  NOKU. 

Aisne.  Soissons 

80.00 

» 

» 

16.20 

—      ChiUeau-Tliierry. 

19.70 

15.50 

16.50 

(6.40 

18.75 
20.50 
20  15 

15.50 
13.40 
15.70 

17.50 
20.00 
16.90 

16.75 

—      Louvicrs 

17.35 

—      Le   Neubourg 

19.75 

1.S.35 

16.90 

18.00 

Sure-et-Loir.  obarires. 

23.25 

13.75 

17.30 

16.00 

—    niuUeaiidun 

20  'i5 

j) 

16.55 

17.15 

—    La  rertiî-Viilaïue. 

2J.I0 

17.35 

20.00 

15.25 

2j.i0 

19.50 

15.50 

18.75 
16.15 

17.20 

—     Cambrai 

17.00 

—    Lille 

20.75 
20.50 

17.10 
15. 2S 

14.  50 
111.50 

17.00 

Oise.  Compiègne 

16.50 

—    Clermont 

19.50 

12  SU 

17.00 

15.55 

20.00 
21.00 

14.50 
15.1)5 

17.80 

16.50 

Pas-de-Calais.  Arras. . . 

14.50 

20 .  80 
21.. ',0 

14  65 
16.00 

16.25 
18.50 

Seine.  Pans 

18.00 

S.-el-Marne.  Melun 

20.40 

15.50 

17.50 

16.60 

—    Montereau 

20.40 

15.25 

17.  ;5 

16.50 

20.75 
21.25 

14.50 
15.25 

17.00 
18  50 

i7.uO 

S.-et~Oise.  Versailles. . . 

18.50 

—    Rambouillet 

20.80 

13.00 

u 

14.50 

20.75 
20.90 

15.75 
14.10 

19.90 
la.ld 

17.95 

Seine-hifêrieure.  Rouen 

23.15 

19.50 

20.25 
20.00 

14.50 
15.25 

16.00 
18.00 

18.50 

Somme.     Montdidier,. 

16  50 

22.75 
20.45 

20.62 

14.65 
14.50 

15.01 

16.90 
16  90 

17.54 

13.00 

—    Peronne 

13.50 

Prix  moyens 

16.69 

3*  REGION. 

—  NUHU-ESr 

Ardennes.  Sedan 

21  .25 

15.00 

13.75 

17.00 

—    Ch.irteviUe 

21.25 

15.55 

18.00 

16.50 

Aube.  Troyes 

20.40 

14.00 

17.25 

16.25 

—    Merj-sur-Seine.. 

19.90 

14.00 

16.25 

14.75 

20. 25 
20.25 
20.40 

15.75 

15.75 
15.75 

1S.6U 
18.00 
18.00 

16.25 

16.50 

—    Sle-Menehould.. . 

15.75 

Hte-Marne.  CUaumont.. 

21.00 

15.00 

» 

15.25 

19.75 
20 .  00 

15.00 
14.50 

16.00 
I7.:.0 

14.50 

—    it-Dizier 

16.50 

Meitrtli6-ei-Mos.  Nancy 

21.00 

■ 

t 

16.75 

—    Luneville 

21.00 

15.50 

16.50 

16.00 

—    Toul 

20.50 

16.00 

17.50 

15.50 

Meuse.  Bar-le-Duc 

20.90 

10.75 

19.00 

17.15 

ilaute-.iyaoiiG.  tiray 

20.00 

15.00 

15.50 

15.00 

20.))IJ 
21  .00 

14.80 
16.00 

16.60 
17.25 

Vosges.  Neufohâteau.. . 

15.85 

—    Mirecourt 

20.40 

)) 

j> 

16.50 

Prix  moyens 2o.i5     l&.3'2     17.  J5 

4'  RÉGION.  —  OUEST. 

Chare7Ue.  Angouléme... 

—  Barbczieux 

Char.'infer.  Marans .... 

—  St-Jean-d'Angély.. 

Deux-Srvres.  Niort 

Indre-et-Loire,  Tours... 

—  Blcre 

Loirt-lnf.  Nantes 

M.-et-Lnire.  Saumur... 

—  Aiii^ers 

Vendée.  Ltiçon 

—  I''ontenay-le-Comte 

Vienne.  Loaduii 

Haute- Vien7ie.  Limoges. 


Prix  novens. 


20.00 

» 

18.50 

16.00 

20.80 

» 

» 

16.00 

19.25 

» 

16.00 

15.00 

20  00 

» 

15.75 

15.50 

19.00 

» 

15.00 

15.50 

19.00 

14.35 

16.25 

17. 2S 

18.75 

13.65 

19.20 

16.00 

20.25 

1 

17.70 

15.90 

20  45 

15.00 

17.00 

17.00 

19.00 

16.25 

17.00 

17.50 

19.50 

u 

16.55 

15.50 

22.75 

)) 

15.70 

> 

19.80 

» 

18.00 

16.25 

20.00 

15.00 

18.25 

18.50 

19.90 

14.85 

16.98 

16.30 

Prix  moyens 


16.50     16.01 


6*  HÉ910N.  —  EST. 


16.35 
15    15 

14.50 


17.50 
•  4.75 
16.65 
15.63 
16.50 
15.50 
15.50 

)> 
15.75 
16.00 


18.25 
18.00 
17.50 


17.25 

18.45 
18.45 
15.50 
17.50 
17.00 


16.25 
17.25 
16.50 
16.50 
18.00 
18.50 
17.00 
15.50 
16.00 
17.00 
17.40 
17.25 

)) 
15.50 
17.75 
16.75 


^ttt.  Bourg 22.10 

—  Pgnt-(ie-Vaux 21.50 

Cùte-d'Ur.  Dijon 20.75 

—  Beaune 19.75 

Douhs.  Hesaiiçon 20.45 

Isère.  Grenoble 22.00 

—  Bourguin 20.50 

Juro.  Lons-le-Sauiiier ..  22.00 

Loire.  Cnarlien 21.10 

F.-de-Liome.  Clermonl-F  l'.i.oo 
Hliône.  Lyon 21.50 

—  VillefrancLie 21.50 

Saàne-et-Loire.  Màcon  .''21.50 

—  Anluu 19.75 

oayoï'e.  Cbambéry 22.75 

the-iSavoie.  Annecy 22.75 

Prix  moyens 21.18     15. S2     17.54    16.8 

7'  BÈGION.  —  SCn-OlTEST. 
Ariege.  Foix 

—  Pamiers 

Dordogne.  Sariat 

lite-Garonne.  Toulouse. 

—  bt-Gaudeiis 

Gers.  Coiidoin 

—  Lauze  

—  Mlrande 

Gironde,  bordeaux 

—  Bazas 

Landes.  Dax 

Lol-et-Oaronne.  Nerac. 

s-    Agen 

B. -Pyrénées.  Bayonne.. 
Htes-Pyrénees.  Tarbes. . 

Prix  moyens 22.29    :8.2s 

8'  BÉGION.  —  SCD. 

Aude.   Castelnaudary..  22. 80 
Aveyron.  Rodtz 20.80 

—  Villefrancbe 20. so 

CanlaL  Mauriac 22.50 

Vurreze.  Tulle 22.00 

HêraiUl.  Bezlers 23.40 

—  Montpellier 21.85 

Loi.  Cahors 22.25 

Lozère.  Mende 22.75 

i^yrénées-Cr. Perpignan.  24.00 

Tarn.  GaïUao 22.50 

rar7i-el-l/a)*.  .Montauban  21.00 

Prix  moyens 22.22    17,92 

y  RÉGION.  —  SITI)-KST 
Basses-Alpes.  Manosque  23.70 
Hautes-Alpes.  Briançon.  22.50 
Alpes-Maritimes. K\c&..  25.00 

.4rdec/ie.  Privas 24.30 

B.-du-HUone.  Marseille  23.25 

Drame.   Valence 20.75 

«ard.  Alais 24.70 

Haute-Loire.   Brionde..  21.10 

Kor.  Draguignaa 22.25 

Vaucluse.   Avignon....  22.80 

Prix  moyens 23.08 

Moy.  de  toute  la  France  21.16 
—  de  la  semaine  precéd.  21.02 


24.10 

18.05 

j> 

16.00 

22.00 

16.65 

n 

17.00 

24.00 

20.50 

n 

)) 

21.35 

17.00 

14.60 

18.50 

23,40 

18.00 

» 

18.50 

22.80 

)) 

» 

18.00 

22.00 

» 

» 

19.00 

19. 3O 

• 

» 

17.40 

21.75 

17  05 

17.25 

17.50 

22.10 

17.00 

» 

» 

23.00 

19.35 

K 

» 

22.40 

I» 

» 

20.00 

20.23 

13.00 

. 

iJI.OO 

23.25 

19.75 

» 

17.50 

22.00 

18.50 

» 

19.50 

16.93      18.08 


18.00 

17.00 

19.00 

17.00 

ii 

I8.S0 

)) 

r, 

16.00 

19.25 

y, 

19.50 

18.00 

17.75 

18.25 

18.00 

16.00 

18.75 

D 

16.00 

18.75 

18.00 

18.25 

13.00 

18.00 

18.45 

18.00 

17.80 

22.00 

24.40 

» 

» 

18.50 

16.65 

15.75 

19.50 

17.05      18  92 


T, 

» 

20.00 

18.00 

18.00 

19.00 

18.00 

16.00 

19.50 

16.15 

16.50 

13.60 

» 

11.75 

15.00 

15.50 

» 

17.75 

)) 

» 

21.25 

18.35 

17.30 

14.00 

» 

18.00 

17.80 

fl 

» 

19.00 

17.20 

10.26 

18.19 

16.17 

10.80 

16.93 

16.13 

17.10 

17.12 

Sur  la  semaiae^Uausse.     o. 
précédente.. tBaisse.        > 


0.04 


0,30       0.19 


ii36  REV[IE  COMMERCIALE  ET  PRIX  GOURANT 

Blé  Seigle.  Orge.        Avoine 

fr.  fr.  fr.  fr. 

Alnérie                     Alger  i  '^'"^ '""''''''••         "^-^0  "  »  " 

Aloene  Alger  ,  ^^.^^^ 1^^^  ^  ^^  „ 

Angleterre.                Londres 19.2.Ô  16.65  15  7.5  ÎLOO 

Belgique.                  Aiiver.s 18  00  16. 2.')  20. '2.5  18. .'jO 

—  Bruxelles 20.00  16.50            »                 » 

—  Lièiçe 19.35  17.00  18.00  17.10 

—  Naiiiur 19.no  15.75  18.00  15.50 

Pays-Bas.                Amsteril.iin 17.55  15.55             »                 ■ 

Luxembourg.           [,uxemlioiirg; 22.75  18.65  15.40  17.00 

Alsace-Lorraine.    Strasbourg. 22.25  19.25  21.25  18.00 

—  Mulhouse 20.80  18.65             »  16.00 

—  Coliuar 22.40  19. .'.0  20.75  19.25 

Allemagne.             Berlin 19.110  17.12 

—  Coiof,'iie 20.1)0  18.10            "                 » 

—  Hambourg 18  50  15.10             »                » 

Suisse.                      Genève 23.50  18.50  18.50  18.50 

Italie.                        Turin 22  22  16.00            i>  16.50 

Espagne.                   Barcelone 22.00             »  14.45  29.00 

Autriche.                   Vienne 18.(0             »                » 

Hongrie.                   Budapesl 17.85  14.50  14  50  12.60 

Russie.  Sainl-l'étersbourg. .  17.00  13.35             »  12.50 

Etals-Unis.               New-York 16.40            »                »                 • 

BIcs.  —  Nous  n'avons  rien  de  nouveau  à  signaler  depuis  huit  jours.  Les  culti- 
vateurs sont  encore  retenus  par  les  travaux  des  champs,  et  n'ont  pas  encore  paru 
en  nombre  sur  le  marché.  Les  olîres  du  commerce  sont  limitées;  la  tendance 
générale  est  au  calme.  Le  mercredi  5  novembre,  on  cotait,  à  la  halle  de  Paris, 
de  2  fr.  50  à  22  fr.  les  100  kilog. ,  soit  21  fr.  40  en  moyenne,  avec  un  léger  mou- 
vement de  baisse  depuis  huit  jours.  —  Sur  les  marchés  des  blés  à  livrer,  on 
cotait  le  mercredi  5  novembre  :  courant  du  mois,  21  fr.  25  à  21  fr.  50;  décembre, 

21  fr.  5  1  à  21  fr.  75;  janvier-février,  21  fr.  75  à   22  fr.:  quatre   premiers  mois, 

22  fr.  à  22  fr.  25;  quatre  mois  de  mars,  22  fr.  50  à  22  fr.  75.  —  Au  Havre,  les 
transactions  sur  les  blés  étrangers  sont  toujours  calmes  ;  on  paye  par  100  kilog. 
de  21  fr.  à  21  fr.  25  pour  les  blés  d'Amérique,  20  fr.  pour  les  blés  de  Bombay. — 
A  Marseille,  il  n'y  a  toujours  que  peu  d'alfaires,  quoique  les  arrivages  soient  peu 
importants.  Les  prix  demeurent  stationnaires  ;  les  Azima  Azoff  sont  cotés  18  fr.  75 
h  19  fr.  par  100  kilog,;  quant  aux  autres  sortes,  elles  restent  aux  anciens  taux. — 
En  Angleterre,  les  ollres  sont  restreintes,  et  zi's  cours  varient  peu.  Sur  l'ensemble 
des  marchés  du  pays,  les  prix  du  bl '^  sont  fixés  à  18  fr.  iO  [lar  quintal  métrique; 
à  Londres,  les  cours  sont  un  peu  plus  fermes,  de  18  fr.  50  à  20  fr.  suivant  les 
provenances  et  les  qualités. 

Farines.  —  Les  affaires  se  bornent  aux  besoins  de  la  consommation  courante. 
Pour  les  farines  de  consommation,  «n  cotait  à  la  halle  de  Paris,  le  mercredi 
5  novembre  :  marque  de  Corbeil,  48  fr.;  marques  de  choix,  48  à  51  fr.;  premières 
marques,  47  à  48  Ir.;  bonnes  marques,  45  à  46  fr.;  sortes  ordinaires,  44  à  45  fr.; 
le  tout  par  sac  de  159  kilog.,  toile  à  rendre  ou  157  kilog.  net,  ce  qui  correspond 
aux  prix  extrêmes  de  28  fr.  05  à  32  fr.  lo  les  100  kilog.,  ou  en  moyenne,  30  fr.  25 
comme  le  mercredi  précédent.  —  Quant  aux  farines  de  spéculation  on  cotait  : 
farines  netif-inarques,  courant  du  mois,  45  fr.  50  à  45  fr.  7o  ;  décembre,  46  fr.  à 
46  fr.  25;  janvier-février,  46  fr.  à  46  fr.  25;  quatre  premiers  mois,  46  fr.  25  à 
4h  fr.  50;  quatre  mois  de  mars.  47  fr.  à  47  fr.  25;  le  tout  par  sac  de  159  kilog., 
toile  perdue  ou  157  kilog.  net.  —  Les  larines  deuxièmes  valent  de  21  à  22  fr.; 
les  gruaux,  de  33  à  38  ir. 

Seigles.  —  I^lus  de  fermeté  dans  les  cours.  On  paye  à  la  halle  de  Paris,  de 
15  fr.  50  à  16  fr.  50  par  100  kilog.  suivant  les  sortes.  Les  farines  de  seigle  se 
vendent  de  20  à  23  fr. 

Ori/es.  —  Prix  plus  soutenus;  on  paye  à  la  halle  de  Paris,  de  17  fr.  50  à 
19  fr.  25  par  quintal  métrique  suivant  les  sortes.  Les  escourgeons  se  vendent  de 
19  fr.  à  19  fr.  i5.  —  A  Londres,  le  prix  moyen  se  fixe  à  18  fr.  10. 

Avoines.  —  La  fermeté  l'emporte  par  suiie  de  demandes  actives.  On  cote  à  la 
halle  de  Paiis  de  1  7  Ir.  25  à  2u  fr.  par  100  kilog  ;  suivant  poids,  couleur  et  quahté. 

Issues.  —  Prix  plus  fermes.  On  paye  par  100   kilog.  à  la  halle  de  Paris  :  gros 

son, seul,    14  fr.  25  à    14  fr.  50  ;    sons  gros  et    moyens,   13  fr.  7  5   à   14  fr.;  son 

trois  cases,  13  fr.  à  13  fr.  25;  sons  lins,  12  fr.  à  12  fr.  50;  recoupettes,  12  fr.  50 

à  13  fr.  50  ;  remoulages  bis,  15  fr.  à  16  fr.;  remoulages  blancs,  17  fr.  50  à  17  fr. 

111.  —  Fourrages  et  graines  fourragères. 

Fourrages.  —  Le^marché  est  assez  bien  approvisionné.  La  venta  est  lente  et  les 


DES  DENRÉES  AGRICOLES   (8  NOVEMBRE    1884;.  237 

pvix  fans  variation.  On  paye,  à  Paris  :  foin,  46  à  61  fr.  les  100  boftes  ou  500  ki- 
log.;  luzerne,  50  à  60  fr.;  paille  de  blé,  26  à  33  fr.;  paille  de  seigle,  2'i  à  3k  Ir.; 
paille  d'avoine,  iV  à  31  Ir. 

Graines  fourragères.  —  Les  prix  sont  sans  changements  à  Paris  où  Ton  cote  : 
trèfle  violet,  105  à  120  fr.;  les  100  kilog.  trèfle  Liane,  165  à  200  fr.;  trèfle  hybride, 
150  à  170  fr.;  luzerne  de  Provence,  140  à  150  fr.;  d'Italie,  125  à  135  i'r.;  du 
Poitou,  90  à  100  fr.;  minette,  40  à  45  fr.;  ray-grass  anglais,  35  à  40  fr.;  d'  ta- 
lie  40  à  44  fr.;  sainfoin  à  une  coupe,  33  à  35  fr.;  à  deux  coupes,  37  à  38  fr.  ; 
vesces  de  printemps,  22  à  23  fr.;  pois  jarras,  17  à  18  fr.  —  A  Marans,  la  graine 
de  trèfle  vaut  105  fr.  ;  la  luzerne,  85  fr. 

IV.  —  Fruits  et  Irgumes  friiis. 

Fruits.  —  On  vend  à  la  ha  l'o  de  Paris  :  poires,  10  à  à  60  fr.  le  cent;  0  fr.  25 
à  60  le  kilog.;  pommes,  5  à  60  fr.  le  cent;  et  20  à  60  fr.  le  kilog.;  raisin  blanc 
0  fr.  80  à  5  i'r.;  à  5  fr.  le  kilog.;  noir,  0.  fr  9  0  à  2  fr.;  coings,  5  à  20  Ir.  le  cent; 
châtaignes,  16  à  22  fr.  l'hoctolilre;  fraises,  1  fr.  50  à  2  fr.  le  panier;  noix,  0  fr. 
32  à  0  fr    70  à  le  kilog.;  nèfles,  1  fr.  50  à  5  fr.  le  cent. 

Légumes.  —  Artichauts,  20  à  32  fr.  le  cent;  carottes  communes,  14  à  25  fr.  les 
cent;  bottes;  4  fr.  50  à  5  fr.  l'hectolitre;  betteraves,  0  fr.  30  à  0  fr.  80  la  manne, 
choux,  12  à  20  fr.  le  cent;  haricots  verts,  1  fr.  80  à  2  fr.  le  kilog,;  en  cosse, 
0  fr.  34  à  0  fr.  42  le  kilog.;  éc(jssés,  0  fr.  55  à  0  fr.  70  le  litre;  navets,  15  à  20  fr. 
les  cent  bottes;  oignons,  14  à  16  fr.;  panais,  12  à  15  fr.;  poireaux,  3  à  4  fr.  les 
cent  bottes;  potirons,  0  fr.  50  à  5  fr.  la  pièce;  chonx-fleurs,  10  à  75  fr.  le  cent; 
barbe  de  capucin,  0  fr.  60  à  0  fr.  75  la  botte;  cardon.  1  fr.  à  1  fr.  25;  céleri, 
0  fr.  50  à  i  fr.  la  hotte;  chicorée  frisée,  6  à  14  fr.  le  cent;  cresson,  0  fr.  27  à 
0  fr.  82  la  botle  do  12  bo^es  ;  escarole,  5  l  8  fr.  le  cent;  laitue,  4  à  5  fr.  le  cent  ; 
mâches,  0  fr.  25  à  0  fr.  30  le  kilog.  ;  romaine,  3  à  5  fr.  la  botte  de  32  tètes  ;  sal- 
sifis, 0  fr.  30  à  0  fr.  40  la  botte;  tomates,  0  fr.  35  à  0  fr.  50  le  calais. 
V.  —  Vins.  —  Sf)iri(ue«a!.  —  Vinaigres.  —  Cidres. 

Vins.  —  Les  transactions  sont  devenus  importantes  dans  le  Midi  pendant  la 
eeraaine  qui  vient  de  s'écouler;  on  a  beaucoup  acheté  à  Narbonne,  à  Béziers,  à 
Bordeaux.  Ijes  fêtes  de  la  Toussaint  ont  un  peu  arrêté  le  mouvement,  de  telle 
sorte  qu'on  ne  peut  encore  établir  des  cours  ;  les  grandes  affaires  ne  se  traiteront 
que  dans  le  courant  du  mois.  Les  prix  que  nous  avons  déjà  donnés  ne  se  inodi- 
hent  guère,  et  pour  les  transactions  nouvelles,  dans  la  Franche-Comté,  ou  espère 
vendre  90  fr.  les  200  litres  en  moyenne.  A  Sennecey,  dans  le  Maçonnais,  on  de- 
mande 100  fr.  de  la  pièce.  A  Béziers,  les  petits  vins  de  plaine  ont  atteint  de  20  à 
26  fr.  l'hectolitre.  —  A  Cette,  les  types  présentés  sont  variables  et  les  prix  ex- 
trêmes vont  de  10  et  12  fr.  à  30  et  32  fr.  l'hec^tofitre.  —  A  Condom,  on  a  traité 
aux  prix  de  H  fr,  50  à  4  fr.  le  degré  pour  fes  228  litres  nu.  — Dans  la  Côte-d'Or, 
on  attend  la  vente  des  hospices  de  Beaune,  qui  aura  lieu  le  9  novembre,  pour 
fixer  les  prix  des  grands  crus. 

Spiritueux.  —  Les  cours  des  alcools  se  sont  relevés  depuis  notre  dernière  revue. 
Aujourd'hui  les  prix  sont  bien  tenus  et  la  tendance  à  la  fermeté.  On  cote  à  Paris, 
par  hectolitre  :  trois-six  fins  du  Nord,  91)  degrés,  disponible,  46  fr.  25,  livrable 
décembre,  46  à  46  fr.  25;  quatre  premiers  mois,  ib  fr.;  quatre  mois  chauds, 
46  fr.  75  à  47  fr.  25. —  A  Lille,  l'alcool  de  betteraves  est  à  42  fr,,  l'alcool  de 
mélasse,  42  fr.  50  —  A  Bordeaux,  les  trois-six  fins  Nord  valent  53  à  54  fr.;  les 
extra-^fins  ,  54  à  55  fr.  —  A  Béziers,  fes  trois-six  bon  goût  vaient  103  fr.  ;  à 
Montpellier,  102  fr.  Les  marcs  se  payent  90  et  95  fr.  sur  ces  deux  places. — 
Dans  le  Gers,  on  a  vendu  à  Condom  les  armagnacs  nouveaux  aux  prix  suivants  : 
Haut-Armagnac,  100  à  102  fr.  50;  Ténarèze  ordinaire,  105  à  107  fr.  50  ;  Ténarèze 
supérieurs,  112  fr.  50  à  115  fr.;  Bas-A  magnac,'  152  fr.  50  à  157  fr.  50 

Crème  de  tartre,  etc.  —  A  Montpellier  on  cote  145  fr.  les  50  kilo^.  la  crème 
de  tartre. 

Verdets.  —  Les  verdets  en  pains  valent  68  fr.;  ceux  en  boules,  65  fr.  les  100  kil. 

Pommes  à  cidre.  —  A  Paris,  les  arrivages  sont  nombreux;  on  cote  la  pomme 

de  l'Ouest  disponible,  72  fr.  les  lOJ  kilog.;  et  la  livrable  deuxième  quinzaine  de 

novembre,  72  fr.  —  Sur  fes  marchés  des  départements,  on  cote  toujours  de  2  fr.  50 

à  3  fr.  50,  excepté  dans  les  villes  comme  Caen  et  Rouen,  où  les  prix  sont  de  4  et  5  fr. 

VI.  —  Sucres.  —  Mélasses.  —  Fécules.   —  Houblons. 
Sucres.  —  La  tendance  à  la  baisse  persiste.  Pour  les  sucres  bruts  88  degrés 
saccharimétriques,  on  paye  aujourd'hui   les   100  kilog.,  36  fr.  75   à  37   fr.;  soit 


238  REVUE    COMMERCIALE    ET  PRIX   COURANT 

0  fr.  50  de  moias  qu'il  y  a  huit  jours.  —  Les  sucres  blaacs,  99  degrés  sont  ^ 
42  fr.  25  à  42  fr.  50;  sucres  blancs  n"  3,  43  fr..  T5  à  46  fr.  Les  raffinés  restent 
tenus  de  102  à  105  fr.  les  100  kilog.  à  la  consommatioQ  et  4^  fr.  25  à  49  fr. 
pour  l'exportation.  —  A  Marseille,  les  prix  sont  soutenus  de  37  fr.  25  à  37  fr.  50 
les  88  degrés  disponibles;  les  raffinés  sont  calmes  aux  cours  de  105  à  112  fr. 
pour  la  consommation  et  55  à  59  fr.  pour  l'exportation.  —  A  Nantes,  on  paye, 
37  fr.  les  sucres  bruts  et  106  fr.  les  l'afrinés.  —  Le  stock  de  l'entrepôt  réel,  à 
Paris  était,  le  3  novembre,  de  633,700  quintaux,  soit  100,000  quintaux  de  plu 
que  la  semaine  dernière. 

Fécules.  —  A  Gompiègae,  les  prix  ne  changent  pas  pour  la  fécule  première  d 
l'Oise  qui  est  cotée,  27  fr.  disponible  et  27  fr.  50  livrable  trois  mois  de  novembre, 
le  tout  par  100  kilog. 

Houblons.  —  C'est  la  baisse  qui  prédomine  sur  tous  les  marchés  aujourd'hui. 
En  Lorraine,  les  offres  ne  dépassent  pas  le  prix  de  203  fr.  les  100  kilog.;  peu 
d'affaires.  —  Dans  le  Nord,  àAlost,  on  cote,  180  fr.  et  à  Poperinghe,  190  fr.  Dans  la 
Bourgogne,  les  détenteurs  sont  forcés  d'offrir  la  marchandise,  qui  ne  dépasse  pas 
les  prLx'de  200  à  230  fr. 

VII.  —  Tourteaux.  —   Noirs.  —  Engrais, 

Tourteaux.  —  Les  prix  n'ont  subi  que  peu  de  variations.  —  A  Arras,  ou  cote  : 
tourteaux  de  colza,  16  fr.  50  les  100  kilog.;  d  œillelte,  13  fr.  25;  de  lin,  24  fr.; 
de  cameline,  15  fr.  50. —  A  Cambrai,  colza,  15  fr.  a  18  fr.  50;  œillette,  14  fr.  50. 

—  A  Rouen,  tourteaux  de   colza,  15  fr.  —  A  Caen,  colza,  17  fr.  les  100  kilog. 
Engrais.  —  Voici  les  cours  pratiqués  à  Masnières  (Nord)  :  nitrate,   15  et  demi 

à  16  pour  100  d'azote,  24  fr.  50  à  2'ifr.  75  les  100  kilog.;  sulfate  d'ammoniaiiue, 
36  fr.  50  à  37  fr.;  chlorure  de  potassium,  19  (r.  50;  superphosphate  riche,  13  à 
15  fr.  et  û  fr.  62  le  degré  d'acide  pliosphorique  soluble;  superphosphate  extra- 
liche,  15  à  17  fr.  et  0  fr.  7  0  le  detçré  d'acide  pliosphorique  soluble;  superphos- 
phate d'os,  15  à  17  fr.  et  0  fr.  90  le  degré  soluble;  nitrate  de  potasse,  ^6  fr.  50 
les  100  kiloD.  Les  phosphates  fossiles  sont  en  baisse. 

VIII.  —  Huiles  et  graines  oléagineuses.  , 

Huiles.  —  Tendance  faible  pour  les  huiles  qui  se  cotent  par  100  kilog.  à  Paris 
colza  disponible  67  fr.;  hvrable,  67  fr.  50  à  70  fr.;  lin  disponible,  54  fr.  50;  livra" 
ble,  54  fr.  75  à  55  fr.  50.  —  A  Rouen,  l'huile  de  colza  est  à  66  fr.  25;  celle  de 
lin  à  55  fr.  —  A  Caen,  on  cote  :  colza,  Gi  fr.  75.  —  -i  Cambrai,  colza  épurée, 
70  fr.  l'hectolitre  ;  lin,  55  fr.;  œillette,  105  fr.  —  A  Arras,  colza,  71  fr.;  cameline, 
61  fr.;  œillette,  100  fr.  —  A  Nice,  l'huile  d'olive  vaut  de  125  à  130  fr.  les 
100  kilog. 

Graines  oléagineuses.  —  Les  prix  sont  sans  changements.  — On  cote  à  Paris: 
la  graine;  de  colza,  32  fr.  50  à  33  fr.  50  les  100  kilog.  —  .\  Cambrai,  oncompte 
à  l'hectolitre  :  œillette,  24  à  25  fr.  50;  cameline,  12  à  16  fr.  — A  .Arras,  œillette, 

24  à  26  fr.  55;  camehne,  13  à  16  fr.  50  ;  colza,  18  à  21  fr.  75;  lin,  18  à  19  fr.  50. 

—  A  Marans,  on  paye  la  graine  de  lin,  27  fr.;  celle  de  chanvre,  36  fr.;  celle  de 
moutarde,  44  fr.  les  100  Isilog. 

IX.  —  Matières  résitieuses  et  textiles. 
Matières  résineuses.  —  L'essence  de  térébenthine  est  toujours  l'objet  de  ventes 
assez  actives  à  Dax,  au  prix  de  47  fr.  les  100  kilog.  — Les  gemmes  sont  cotées  à 
Bazas  :  gemmes  nouvelles,  22  fr.  50  les  250  litres;   gemmes   système  Hugues, 

25  fr.;  gemmes  vieilles,  20  ir. 

Textiles.  —  On  signale  l'apparition  dos  chanvres  nouveaux  sur  les  marchés  de 
Maine-et-Loire.  A  Saumur,  en  attendant  que  les  cours  s'établissent  à  la  foire  de 
Saint-Martin,  on  a  payé  quelques  lots  de  35  à  40  fr.  les  52  kilog.  5ù0.  —  A 
Ambrières,  les  chanvres  valent  de  60  à  70  centimes  le  kilog. 

X.  —  iuifs  et  corps  gras. 

Suifs.  —  Les  suifs  purs  de  l'abat  de  la  boucherie  de  Paris  sont  en  hausse  et 
se  cotent,  82  fr.  les  100  kilog.  —  Au  Havre,  on  cote  suif  de  bœul,  44  à  45  fr.; 
de  mouton,  42  fr.   50  à  43  fr.  les  50  kilog. 

Saindoux.  —  Légère  baisse  au  Havre,  sur  le  disponible  coté  53  fr.  les  50 
kilog. 

XI.  —  Beurres.  —  Œufs.  —  Fromages. 

Beurres.  —  Pendant  la  semaine,  il  a  été  vendu,  à  la  halle  de  Paris,  237,013  ki- 
log. de   beurre.  Au  dernier  marché  on  cotait:  en  demi-kilog  ,  1  fr.  92  à  3  h\  78; 


DES  DENRÉES    AGRICOLES  (8  NOVEMBRE.   1881»)  239 

petits  beurres,  1  fr.  0(s  à  3  fr.  18;  Gournay,  2  fr.  à  4  fr.  06  ;  Isigny,  2  fr.  12  à 
S  fr.  08 r 

Œufs.  —  Les  ventes  ont  porté  sur  4,282,130  œufs,  aux  prix. par  mille,  de  116 
à  148  fr.  les  choix;  90  à  1 12  fr.  pour  les  ordinaires;  54  à  70  fr.  pour  les  petits.  — 
Suivant  les  provenances,  on  paye:  Beauce,  125  à  135  fr.;  Picardie,  118  à  120  fr.; 
Bourgoi;ne,  104  à  110  fr.;  Champagne,  106  à  110  fr.;  Nivernais,  100  à  108  fr.; 
Bretagne,  86  à  94  fr.;  Verdie,  94  i  102  fr.;  Midi,  100   à  110  fr. 

Fromages.  —  On  cote,  par  douzaine  :  Brie,  4  à  32  fr.;  Montlhéry,  15  fr.;  par 
cent,  livarot,  22  à  126  fr.;  Mont-d'Or,  7  à  13  fr.  ;  Neufchâtel,  3  fr.  50  à  20  fr.  50  ; 
divers,    5  à  61  fr.;  par  100  kiiog.  :  Gruyère,  110  à  190  fr. 

XI.  —  Chevaux.  —  Bétail.  —  Viande. 
Bétail.  —  Li  tableau  suivant  résume  le  mouve  nent  officiel  du  marché  aux  bes- 
tiaux de  la  Villette,  du  jeudi  30  octobre  au  mardi  4  novembre  : 

Poids     Prix  du  kiloi.  de  viande  nelte  sar 
Vendus  moyen       pied  au  marché  du    3  novembre. 

Pour  Pour  En          4  quartiers.     1'°  V  3"  Prix 

Amenés.  Paris,  l'extérieur,  totalité.  Isil.  quai.  quai.  quai.  moyen, 

Bœufs 4, .013  3,2(i6  '.116  4,18i  344  1.68  1.52  1.'34  1.40 

Vaches l.obb  819  b4i  1,364  238  1.60  1.38  1.20  1.40 

Taureaux 2o7  160  31  2i;0  389  i.48  1.38  1.28  1.30 

Veaux 3,193  1,826  1-,a  2,r)66  77  1.90  1.70  1..Ô0  1.68 

Moulons 38,062  20,940  12,646  33,o91  20  1.84  1.66  1,46  1.64 

Porcs  firas 7,341  2,927  4,241  7,168  82  1.28  1.22  I.IS  1.24 

Les  arrivages  des  marchés  de  la  semaine  se  décomposent  comme  il  suit  : 

Bœufs.  —Aisne.  8:  Allier,  26;  Aveyron,  6:  Calvados,  1,140;  Charente,  59;  Cher,  134: 
Cùte-d'Or,  194;  Creuse,  10;  Deux-?èvrës,  63;  Dordogne:  65;  Eure,  68;  Indre,  11  :  Loire,  20  ; 
Loire-Inférieure,  24;  Maine-el-Loire,  315;  Manche,  263;  .Mayenne,  171  ;  Nièvre,  617; 
Oise.  6  ;  Orne,  961  ;  Puy-de-Dôme,  IS;  Rhoae,  27  ;  Saône-et-Loire,  439;  Sarlhe,  70;  Seine- 
Inférieure,   34;    Vendée,  6');  Yonne,   62. 

Vaches.  —  .4llier,  11;  Aube,  7;  Calvados,  463  ;  Charente,  11  ;  Charente-Inférieure,  16;  Cher,  33; 
Côte-d'or,  61,  Creuse,  6;  Dordogne,  8;  Eure,  13;  Eure-et-Loir,  19;  Maine-et-Loire,  10;  Manche, 
201;  Nièvre,  323;  Oise,  6  ;  Orne,  218;  Puy-de-Dôme,  79  ;  Saône-et-Loire,  241;  Sarthe,  24; 
Seine,  118;  Seine-Inférieure.  5;  Seine-et-Marne,  18;  Seine-et-Oise.  40;  Yonne,  44. 

Taureaux.  —  Allier,  6;  Aube,  5  ;  Calvados,  44;  Cher,  4  ;  Côte-d'Or,  3  ;  Côtes-du-Nord,  8  ; 
Eure,  4;  Eure-ei-Loir,  5;  Loire-InfiTieure,  9;  Loiret,  S;  Maine-et-Loire,  10;  Manche,  28; 
Haute-Marne,  4;  Mayenne,  5;  Nièvre,  13  ;  Oise,  7;  Orne,  9;  Puy-de-Dôme,  1;  Saône-et-Loire, 
4  ;  Haule-Saùne,  8;  Sarthe,  18;  Seine-Inférieure,  4;  Seine-et-Marne,  7;  Seine-et-Oise,  8  ;  Yonne, 
13  ;  Suisse  ,  10. 

Veaux.  —  Allier,  31  ;  Aube,  372;  Aveyron,  65;  Calvados,  31;  Eure,  225;  Eure-et-Loir, 
327;  Haule-Garonne,  73  ;  Loiret,  23 i  ;  Manche,  lô  ;  Marne,  118;  Oise,  "8;  Puy-de-Dôme,  83; 
Rhône,  28;  Sarthe,  60;  Seine-Inférieure,  80;  Seine-et-Marne,  292;  Seine-et'-Oise,  10;  Tarn, 
20;    Y'onne,    108. 

Moutons.  —  Aisne,  438;  Alher,  1,795;  Ardennes,  104;  Aube,  1,038;  Cantal,  530;  Cher, 
410;Correze,  266;  Côte-d'Or,  130;  Creuse,  18S;  Derdogne,  69;  Eure,  169;  Jîure-et-Loir,  812; 
Indre,  85;  Loir-ei-Cher,  295;  Loiret,  141  ;  Marne,  406  ;  Haute-Marne,  193;  MeurIhe-et-Moselle, 
999;  Nièvre,  324  ;  Oise,  107;  Puy-de-Dôme,  170;  Sarthe,  923  ;  Ssine-et-Marne.  2,184;  Seine- 
et-Oise,  2,084;  Haute  Vienne,  184;  Yonne,  129;  Allemagne,  8,807;  Hongrie,  11,251;  Italie, 
150  ;  Luxembourg,  140  ;    Russie,    7.663 

Porcs.  —  Ai -ne,  22;  Allier,  669;  Calvados,  162;  Charente,  88;  Charente-Inférieure,  23; 
Cher,  100:  Côte-d'Or,  93;  Côtes-du-Nord,  '  53  ;  Creuse,  164;  Deux-Sèvres  659;  llle-et- 
Vilaine,  372;  Indre.  328;  Loire-Inférieure,  224;  Loir-el-Cber,  106  ;  Maine-et-Loire,  716:  Manche, 
148  ;  Mayenne  37;  Nièvre,  238;  Puy-de-Dôme,  31  ;  Soône-et-Loire,  150  ;  Haute-Saône,  30  ;  Sarthe, 
1,113;   Seine,  101;  Seine-Inférieure,   25;  Vendée,    610;    Vienne,    115;     Haute-Vienne;   46. 

Les  arrivages  ont  été  moins  importants  que  la  semaine  précédente,  excepté  pour 
les  veaux  et  les  porcs  gras;  les  prix  sont  donc  en  hausse,  excepté  sur  ces  deux 
sortes  de  viandes.  —  Sur  les  marchés  des  départements,  on  cote  :  Sedan.,  bœuf, 

1  fr.  60  à  1  fr.  80  le  kilog.;  veau,  1  fr.  40  à  2  fr.;  mouton,  1  fr.  50  à  2  fr.  40; 
porc,  1  fr.  40  à  1  ir.  Su.  —  Louviers,  bœuf,  1  fr.  40  à  2  fr.;  veau,  2  fr.  à  2  fr.  40; 
mouton,  2  fr.  à  2  fr.  40  ;  porc,   1   Ir.  80  à  2  fr.  —  Eweux,  bœuf,  2  fr.  10;  veau, 

2  fr.  30;  mouton,  2  fr.  30;  porc,  1  fr.  70.  —  Rouen,  bœuf,  1  fr.  45  à  1  fr.  70; 
vache,  1  fr.  HO  à  1  fr.  70;  mouton,  1  fr.  75  à  2  fr.  05.  — Nancy,  bœuf,  84  à 
88  fr.  les  lOO  kilog.  bruts  ;  vache,  60  à  86  fr.;  veau.  52  à  64  fr.;  mouton,  80  à 
100  fr.;  po'-c,  64  à  68  fr.  —  lieauvais,  veau  gras,  1  fr.  le  kilog.  — NanO'S,  bœuf, 
0  fr.  82;  vache,  0  fr.  79;  veau,  1  fr.  iO;  mouton,  0  fr.  90.  —  Ville  franche,  bœuf, 
0  fr.  80  à  1  fr.  38;  vache,  0  fr.  70  à   1  fr.  25;  veau,  1  fr.  05  à  1  fr.  70;  mouton, 

0  fr.   85   à  1    fr.   65;  porc,  0  fr.  85    à  fr.  40.  —  Ambrières,   bœuf,    1   fr.   40  à 

1  fr.  50  ;  vache,  1  fr.  20  à  1  fr.  40;  veau,  1  fr.  80  à  1   fr.   90;   mouton,  1  fr.  90  à 

2  fr.;  porc,  1  Ir.  05  à  1  fr.  30.  —  Privas,  bœuf,  1  fr.  60;  vache,  1  fr.  47;  veau, 
1  fr.  66;  mouton,  1  fr.  77;  porc,  1  fr-  38.  —  Condom,   bœuf,   1  fr.  60  à  1  Ir.  80; 


240        REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT  (8  NOVEMBRE  1884). 

veau,  1  fr.  50  à  I  fr.  70;  vache,  I  fr.  à  1  fr.  20  ;  mouton,  1  fr.  70  à  2  fr.  20  ; 
agneau,  1  fr.  60  à  1  fr.  80;  porc,  1  fr.  30.  —  Alanosqua,  bœuf,  0  fr.  85;  mouton, 
0  fr.  95. 

A  Londres,  les  importations  d'animaux  étranp;ers  ont  été,  durant  la  semaine, 
de  2,342  bœufs,  9,370  moutons,  429  veaux,  198  porcs,  dont  518  bœufs  et  625 
moutons  de  Montréal.  —  Prix  par  kilog.,  bœuf,  1  fr.  38  à  2  fr.;  mouton,  1  fr.  73 
à  2  fr.  24;  veau,  1  fr.  83  à  2  fr.  07  ;  porc,  1  fr.  25  à  1  fr.  60. 

Viande  à  la  criée.  —  Il  a  été  vendu  à  la  halle  de  Pans,  du  27  octobre  au 
3  novembre  : 

Prix  dQ  kilog.  le  3  novembre.    

kiloK-  1"  quai.  "ï*  'jual.  ^*  quai.  Choix.     Basse  3oucherie. 

Bœuf  ou  vache...    149,. =)8l  1.50  à  1.88     1.28  à  1.48     0.96  4  1.32  1 .46  à  2.46  0.20  à  1 .24 

Veau 162,180  1.78       2.06     1.56       l.tô     1.36       1.54       ■  »         » 

Mouton 82,663  1.36       1.62     1.14       1..3ï     0.86       1.16  1.46      2.90     »  » 

Porc 58,09.1  Porc  frais I.i4àl.40. 

4.ji,.il9  Soil  par  jour 64,645  kilog. 

Les  ventes  ont  été  supérieures  de  plus  de  3,000  kilog.  à  celles  de  la 
semaine  dernière.  Les  prix  sont  en  baisse  de  0  fr.  5  en  moyenne  pour  toutes  les 
sortes. 

XII.  —  Cours  de  la  viande  à  Vabattoir  de  la  Vtllette  du  jeudi  6  novembre  (par  50  kilog.) 

Cours  de  la  charcuterie.  —  On  v^end  à  la  Villette  par  50  kilog.  :  J''  qualité, 
60  à  6b  fr.  ;  2%  55  à  60  fr.  Poids  vif,  44  à  47  fr. 

Bœufs,  Veaux.  Moutons. 

,,.  .j.  3.  ,..  2-  3'  !'•  2- 

qnal.  quai.  quai,  quai.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai, 

fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr. 

■       78  "0  63  105  96  85  80  72  64 

XlII.  —  Marché  aux  bestiaux  de  la  Villette  du  jeudi  6  novembre  1884. 

Cours  des  commissionnaires 
Poids  Cours  officiels.  en  besliauï. 

Animaux  gênerai.     1"  2'  3'  Prix  1"        2*  3"  Prix 

amenés.  Inrendus.  kil.        quai.  quai.  quai,  extrêmes.  quai. quai.    quai.  extrêmes 

Bœufs 2.613  220  346          1.6s  l.bO  1.22  1.18àl.72  1.66     l.bO     1.20  l.l5ài.;o 

Vaches 752  97  '38          i.58  I.3S  1    18  l.li     t. 62  (.b6     1.34     1.18  1.12     1.60 

Taureaux...          173  23  385          i.i6  l.âS  1.2S  1.16     I  -  bO  1.42     1.32     1.22  1.10     1.43 

Veaux 1.154  205  78          1.90  1.70  l.bû  1.30     2.06  »              »            »  » 

Moutons 20  037  1.890  20         1   86  1.66  1.44  1   40     1.90  »              ».  » 

Porcs  Kras..     4.839  2^5  82         1.23  1.22  1.18  1.12     1.32  .              »            .  • 

—  maigres,.            »  •  ».          ,»-•»»»» 

Vente  lente  sur  le  gros  bétail,  mauvaise  sur  les  moutons  et  les  porcs. 

XIV.  —  Résumé. 
En  résumé,  les  cours  des  denrées   agricoles  restent   sans  changements    impor- 
tants. A.  Rémy. 

BULLETIN  FINANCIER 

Le  3  pour  100,  après  diverses  fluctuations,  reste  un  peu  plus  élevé  que  la 
semaine  dernière:  on  le  cote  78  fr.  50  ;  --  le  3  pour  100  amortissable,  80  fr.  30  ; 
—  le  4  et  demi  pour  100  est  en  baisse;  l'ancien,  à  103  fr.  75;  le  nouveau,  à 
108  fr.  10. 

Sauf  la  Banque,  de  France,  dont  les  actions  sont  redescendues  à  5,010fr.,  les  va- 
leurs des  établissements  de  crédit  .se  maintiennent  aux  cours  suivants  :  Banque 
de  Paris  et  des  Pays-Bas,  720  fr.;  Comptoir  d'escompte,  951  fr.  25;  Crédit  fon- 
cier Pt  agricole  d'Algérie,  487  fc.  50;  Crédit  foncier,  1,295  fr.;  Banque  d'escompte 
de  Paris,  707  fr.  50;  Crédit  lyonnais,  52b  fr.  25,  Société  de  dépôts  et  comptes 
courants,    625   fr. 

Les  actions  des  chemins  de  fer  se  cotent  :  Est,  782  fr.  50;  Paris- 
Lyon-Médiierranée,  1,230  fr.;  Midi,  1,157  i'r.  50;  Nord,  1,630  fr.;  Orléans, 
1,315  fr.;  Ouest,  825  fr.  —  Les  actions  du  canal  de  Suez  valent  1,910  fr.;  les  délé- 
tions,  1,125  fr.;  les  actions  du  Panama  sont  cotées  487  fr.  50. 

Escompte  à  la  Banque  de  France  est  toujours  de  3  pour  100;  intérêt  des  avan- 
ces, 4  pour  100. 

E.  Fébon^ 

Le  Gérant  :  A.  Bouché. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (u  NovioiBKi.  i,s«4). 

Orginisalion  d'une  exposiiion  universolli:  i>  Puris  on  18S!).  —  Formation  d'une  commission  cliargLe 
d'en  préijarer  le  pr()},'r;imine.  —  f'iace  que  l'aj^ricnlture  doit  occuper  dans  cette  solennité,  — 
Réunions  agricoles  rclalives  à  la  revision  des  tanl's  de  douane.  —  Les  préoccupations  poliliques 
et  l'agricnliurc.  —  Théories  de  Léonce  do  Lavergne  relatives  aux  droits  fiscaux.  —  Impoi talions 
de  froment  en  France  du  l"'  août  au   1.'!  oclob.e.  —  Excédent  sur  les  besoins  de  la  con«om- 

n];ilion.  Nécrologie  :  .M.  Victor  Guichard  —  Discussions  r.  lalives  à  l'impôt  sur  les  vins.  — 

Rejet  du  principe  du  viniige  à  prix  réduit  par  la  Cil  mbie  des  députés.  —  Culture  de  la  betle- 
riivp.  —  ^éces^ité  de  choisir  de  bonnes  variétés.  —  Annuaire  des  labriiiues  de  siu-re  par  M.  Du- 

reau. Le  mildew.  —  Cnciilaire  ilii  minisire  de  l'agriculluie.  —  Vente  des  vins  des  Hospices 

de  Beaune.  —  Le  phylloxéra.  —  .luge'i  eut  du  tiibiiual  d'Epernay  relatilaux  pépinipresde  vignes 
américaines.  —  Les  vendanges  dans  l'Hérault.  —  Pro|iagalion  des  vignes  américaines.  —  Vœux 
exprimés  par  une  réunion  de  Conii.  es  df  la  S'mnic.  —  Admssions  de  nouveaux  élèves  à  l'école 
naiionale  d'agriculiure  île  Montpellier.  —  Evamen  ds  so'tie  et  d'admission  à  la  l'eime  école 
de  la  iNiùvre.  —  Anahse  des  p  ogrammes  des  coiicnurs  régionaux  d'.^njers,  d'Angriiilênie,  de 
ToulO"se,  de  Moulins,  de  Valence,  do  Charries,  de  Nancy,  de  \'esiul  en  188.').  —  Principales 
modifications  apportées  aux  prngriimnics  compnrativemeni  aux  concours  di:  1884.  —  Nouvelles 
de  l'état  des  récolles  en  lerre.  —  Note  de  Al.  Boiicenne  sur  la  situation  agricole  dans  la  Vendée. 
—  EIFets  de  la  sechercs  e. 

I.  —  L'exposition  universelle  de  1889. 

Depuis  quelques  mois,  !e  projet  d'une  exposition  universelle  inter- 
nationale qui  aurait  lieu  à  Paris,  en  1889,  a  été  agité.  Ce  projet,  qui 
a  été  accueilli  partout  avec  la  plus  gramle  laveur,  eét  désormais  entré 
dans  la  période  de  réalisation.  Un  décret  du  président  de  la  Répu- 
blique a  décidé  qu'une  exposition  internalionale,  ouverte  aux  produits 
de  toutes  les  nations,  aurait  lieu  à  Paris,  du  f>  mai  au  31  octobre  1889. 
En  outre,  sur  la  proposition  du  ministre  du  commerce,  une  commission 
a  été  chargée  de  rechercher  et  d'étudier  les  moyens  propres  à  réaliser  ce 
projet.  Cette  commission  est  présidée  par  M.  Antonin  Proust,  député, 
ancien  ministre  des  arts.  Les  intérêts  agricoles  y  comptent  deux  repré- 
sentants éminents  :M.  Teisserenc  de  Boit,  sénateur,  ancien  ministre  de 
l'agriculture,  et  M.  Tisserand,  conseiller  d'Etat,  directeur  de  l'agricul- 
ture au  ministère  de  l'agriculture.  Ces  intérêts  sont  donc  en  de  bonnes 
mains;  les  représentants  de  l'agriculture,  dans  la  commission  prépara- 
toire, auront  certaioempnt  une  influence  suffisante  pour  que  l'on  n'oublie 
pas  de  donner  à  la  première  des  industries  françaises  la  place  qui  lui  con- 
vient dans  cette  grande  solennité.  Quatre  années  nous  séparent  encore 
de  la  date  de  cette  fête  du  travail,  à  laquelle  la  France  veut  convier,  de 
nouveau,  toutes  les  nations.  C'est  suffisant  pour  que  l'agriculture  fran- 
çaise se  prépare  à  y  figurer  dignement;  mais  ce  n'est  pas  trop  pour 
arriver  à  faire  ressortir  les  progrès  réalisés  depuis  1878.  Malgré  la  crise 
qu'elle  traverse,  l'agriculture  nationale  pourra  montrer  qu'elle  n'est 
pas  restée  en  arrière,  et  qu'elle  a  sérieusement  et  définitivement  rompu 
avec  la  rouline,  dans  quelque  branche  de  la  production  que  ce  soit. 

II.  —  La  réforme  des  tarifs  de  douane. 

Voici  qu'une  nouvelle  semaine  s'est  passée  sans  qu'une  démonstration 
quelconque  ait  fait  faire  un  pas  à  la  question,  toujours  vivace,  de  la  ré- 
forme des  tarifs  de  douane.  Pendant  ce  temps,  les  manifestations  agri- 
coles continuent.  Le  8  novembre,  a  eu  lieu  à  Troyes,  le  congrès  agricole 
de  l'Aube  organisé  sur  l'initiative  de  M.  de  Roys,  député  le  même  jour, 
presque  à  la  même  heure,  se  tenait  à  Dourdan  une  importante  réunion 
de  cultivateurs  de  la  lieauce,  dans  laquelle  M.  Pouyer-Quertier  a  été 
le  principal  orateur.  D'autres  réunions  du  même  genre  ont  eu  lieu  ou 
vont  se  tenir  à  Amiens,  à  Nancy,  à  Chaumont,  à  Dijon.  Partout  jus- 
qu'ici, les  mêmes  vœux  ont  été  exprimés  en  faveur  de  droits  compen- 
sateurs sur  le  blé.  C'est  la  meilleure  preuve  que  l'unanimité  la  plus 

N°  814.  —  Tome  IV  de  1884.  —  \h  Novembre. 


242  CHRONIQUE  AGRIGOLK    (!5  N0Vf5MBRE  'I8':^4). 

complète  règne  anjoui'd'hui  chez  les  agriculteurs.  Leurs  adversaires 
prétendent  que  cette  agitation  est  factice,  qu'elle  a  été  provoquée  et 
qu'elle  est  entretenue  par  les  ennemis  du  gouvernement  républicain. 
Nous  nous  sommes  promis  de  ne  jamais  faire  ici  d'incursion  sur  le 
terrain  de  la  politique;  mais,  puisqu'on  mêle  la  politique  à  la  question 
agricole,  il  faut  bien  y  répondre.  L'accusation  qu'où  vient  de  lire  a  pu 
être  exacte  dans  quelques  cas,  elle  est  entachée  de  fausseté  dans  Ja 
plupart  des  circonstances.  Il  suffira,  pour  le  démontrer,  de  rapprocher 
les  deux  réunions  de  Troyes  et  de  Dourdan,  qui  ont  été  provoquées 
par  des  hommes  appartenant  aux  opinions  politiques  les  plus  opposées; 
il  suffira  aussi  de  rappeler  tous  les  témoignages  que  nous  avons  rap- 
portés, et  qui  viennent  des  points  les  plus  divers  de  l'horizon  politique. 
Cen  est  assez  sur  ce  sujet,  mais  il  fallait  le  dire. 

Dans  un  autre  ordre  d'idées,  on  affecte  de  se  mettre  à  l'abi-i  derrière 
les  principes  défendus  par  Léonce  deLavergne,  qui  a  été  le  plus  illustre 
représentant  de  l'économie  rurale  en  France,  et  dont  l'autorité  gran- 
dira toujours.  Mais  Léonce  de  Lavergne  était  loin  de  considérer  le 
libre-échange  comme  un  dogme  absolu  ;  il  en  a  donné  maintes  preu- 
ves dans  ses  nombreux  écrits  ;  c'est  à  lui  que  l'on  doit  la  théorie  des 
droits  compensateurs.  Sans  doute,  il  était  bien  loin  de  protectionnisme, 
et  il  l'a  proclamé  aussi  nombre  de  fois.  Mais  nous  rappelions,  il  y  a  un 
mois,  ce  qu'il  écrivait  en  1866  dans  le  Journal  de  l'agriadluri' ,  et  nous 
croyons  utile  de  le  rappeler  encore  :  «  Les  droits  perçus  à  l'entrée  des 
produits  agricoles  étrangers  doivent  être  un  peu  relevés  pour  rentrer 
dans  le  grand  principe  de  l'égalité  devant  l'impôt.  Le  Trésor  y  gagnera 
des  recettes  qu'il  pourra  employer  à  déi;rever  d'autres  charges,  et,  ce 
qui  vaut  mieux  encore,  la  grande  famille  agricole,  aujourd'hui  divi- 
sée, y  recouvrera  la  paix  et  l'unanimité.  »  Ces  lignes  ne  paraissent- 
elles  pas  écrites  pour  l'heure  actuelle,  et  ne  peut-on  pas  soutenir  une 
thèse  aussi  juste,  sans  soulever  des  passions? 

III.  —  Itruportation  da  blé  en  France. 
Le  Journal  officiel  nous  fait  connaître  le  relevé  des  importations  de 
grains   et  de  farines  (commerce  spécial),  depuis  le  1"^  aoi'it  jusqu'aii 
15  octobre  : 

importïtions  fQoint.  met.).  Erportations  (Quint,  met.). 

Grains  (froment).  Farin-es.       Grains  (froment)      Farines. 

Du  1"  août  au  30  septembre  1884...        î,0iri,73!î  mM'è  8,84.5  19,149 

Première  quinzaine  d'sciobre 283,170  6,157  845  &36 

Totaux 2,300,809  72,786  9,(390  49,6ÎS 

De  l'avis  unanime,  ladernière  récolte  de  froment  a  atteint,  sinon  dé- 
passé, 110  millions  d'hectolitres,  quantité  jugée  nécessaire  pour  les 
besoins  de  la  consommation.  C'est  ce  qui  ressort  aussi  du  tableau  offi- 
ciel puldié  plus  loin.  D'autre  part,  les  stocks  sont  élevés  dans  les 
entrepôts,  et  il  reste  encore  de  grandes  quantités  de  blé  de  la  ré- 
colte de  1883.  Les  2,300,000  quintaux  métriques  de  blé,  importés 
depuis  deux  mois  et  demi,  forment  donc  un  nouvel  excédent  qui  con- 
tribue puissamment  à  maintenir  l'avilissement  des  cours. 

IV.  —  Nécrologie, 
Nous  avons  le  regret  d'annoncer  la  mort  de  M.  Victor  Guichard,  dé- 
puté de  l'Yonne,  décédé  subitement  le  1 1  novembre  à  Paris,  à  l'âge  de 
quatre-vingt-un  ans.  Au  Parlement,  M.  Guichard  était  un  des  repré- 


CHRONIQUE    AGRICOLE   (15  NOVEMBRE    1884).  243 

sentants  les  plus  autorisés  et  les  plus  respectés  des  intérêts  agricoles. 
Il  a  d'ailleurs  consacré  une  grande  partie  de  sa  vie  active  aux  tra- 
vaux dis  champs,  qu'il  aimait  passionnément;  par  son  exemple  et  par 
ses  conseils,  il  a  puissamment  contribué  au  progrès  dans  le  dépar- 
tement de  l'Yonne,  où  il  jouissait  d'une  légitime  autorité.  Il  a  été  sou- 
vent lauréat  des  grands  concours  agricoles;  eii  1859,  au  premier 
concours  régional  d'Auxerre,  il  a  remporté  une  médaille  d'or  pour  sa 
vacherie  et  son  troupeau. 

V.  —  Le  vinufje  et  l'impôt  sur  les  vins. 

La  deuxième  délibération  sur  les  projets  et  propositions  relatifs  h. 
l'impôt  sur  les  vins  et  au  viuage  a  commencé  le  8  novembre  devant  la 
Chambre  des  députés.  Elle  a  débuté  par  le  rejet  d'une  proposition  de 
M.  Raspail  ayant  pour  but  de  modiUer  complètement  la  base  des 
impôts  sur  les  boissons  alcooliques,  et  par  la  discussion  de  contre- 
projets  de  M.  Salis,  qui  a  repris,  en  partie,  l'ancien  projet  de  loi 
du  ministre  des  finances  et  de  M.  Graux.  Ces  contre-projets  qui  con- 
sacraient le  principe  du  viaage  à  prix  réduit,  ont  été  repoussés  à  une 
très  faible  majorité.  Les  mtérêls  de  la  viticulture  et  du  commerce  des 
vins  français  ont  trouvé  d'ardents  défenseurs  ;  nous  constatons  avec 
plaisir  que  M.  Rouvier,  ministre  du  commerce,  a  déclaré  que  la 
faculté  du  vinage  à  15  degrés  pour  les  vins  français,  avec  réduction 
de  droits,  est  la  conséquence  nécessaire  des  traités  de  commerce  con- 
clus avec  l'Espagne  et  l'Italie.  C'est  là  le  vrai  terrain  de  la  discussion 
actuelle;  on  ne  doit  pas  l'oublier.  C'est  sur  ce  terrain  que  nous  en  ap- 
pelons au  Sénat. 

VI.  —  Sucres  et  betteraves. 

Pour  assurer  l'avenir  de  la  culture  de  la  betterave,  et  lui  rendre  son 
ancienne  prospérité,  deux  conditions  sont  absolument  indispensables. 
La  première  dépend  du  cultivateur  :  c'est  l'abandon  des  anciennes 
betteraves  dites  de  pays,  des  betteraves  à  chair  tendre  et  à  peau  lisse, 
et  leur  remplacement  par  des  variétés  riches  en  sucre.  La  deuxième 
dépend  du  fabricant  de  sucre  :  c'est  le  payement  des  racines  propor- 
tionnellement à  leur  valeur.  Cela  a  été  répété  bien  des  fois  ;  mais  l'appli- 
cation rencontre  des  difficultés,  surtout  parce  qu'un  certain  nombre  de 
fabricants  de  sucre  ne  veulent  pas  le  comprendre.  Seul,  son  union  avec 
la  culture  permettra  à  la  sucrerie  de  profiter  largement  de  l'impôt  sur 
la  betterave.  Ce  qui  se  passe  cette  année  en  est  la  preuve;  ainsi  que 
M.  Pagnoul  l'a  démontré  récemment  devant  la  Société  d'agriculture  du 
Pas-de-Calais,  les  bonnes  variétés  bien  cultivées  ont  seules  donné 
d'assez  bons  résultats.  C'est  le  fait  général,  que  l'on  constate  partout. 
Sur  ce  sujet;  la  Société  des  agriculteurs  du  Nord  vient  de  publier  une 
excellente  notice  sous  le  titre  :  Conseils  à  suivre  pour  l'améliorai  ion  de 
la  culture  de  la  betterave  â  sucre;  nous  aUrons  à  y  revenir. 

Notre  excellent  confrère  M.  Dureau,  directeur  du  Journal  des  fabri- 
cants de  sucre,  a  fait  paraître,  comme  il  le  fait  chaque  année,  la  liste 
générale  des  fabriques  de  sucre,  ralTineries  et  distilleries  de  la  France 
et  des  autres  pays  d'Europe.  Cet  annuaire  présente,  cette  année,  une 
importance  spéciale  à  raison  des  nombreux  documents  qu'il  renferme 
sur  la  nouvelle  léijislatiou  des  sucres.  Si  l'on  examine  le  nombre  des 
sucreries  pendant  la  nouvelle  campagne,  on  n'en  trouve  plus  que  4'i-5, 


244  CHRONIQUE  AGRICOLE  (15   NOVEMBRE   1884). 

au  lieu  de  502  pour  la  campagne  1883-84.  C'est  une  disparition 
de  57  fabriques,  doat  la  plupart  appartenaient  aux  départements  de 
l'Aisne,  du  Nord  et  du  Pas-de-Calais.  Au  contraire,  en  Allemagne,  on 
compte,  cette  année,  415  fabriques  de  sucre,  au  lieu  de  389  pendant 
la  campagne  1883-84;  en  Autriche,  250  au  lieu  de  248.  En  Belgique, 
il  n'y  a  plus  que  1 47  fabriques,  au  lieu  de  1 49  ;  en  Hollande,  le  nombre 
des  fabriques  est  resté  stationnaire. 

VII.  —  Emploi  du  sulfate  de  cuivre  contre  le  mildtw. 
Nous  avons  fait  connaître  les  observations  d'où  il  paraît  résulter  que 
des  ceps  de  vigne  munis  d'échalas  récemment  injectés  au  sulfate  de  1er 
ont  été  indemnes  des  atteintes  du  mildew,  tandis  que  des  ceps  voi- 
sins, munis  de  vieux  échalas,  étaient  atteints  par  le  parasite.  A  cette 
occasion.  M.  le  ministre  de  l'agriculture  a  envoyé  récemment  la  circu- 
laire suivante  aux  professeurs  départementaux  d'agriculture  : 

Paris,  le  11  octobre  1884. 

«  Monsieur,  on  a  constaté,  dans  les  vignobles  de  Bourgogne,  que  les  pieds  de 
vigne  maintenus  par  des  échalas  neufs,  fraîchement  injectés  au  sulfate  de  cuivre, 
étaient  préservés  des  atteintes  du  mildew,  alors  que  les  vignes  voisines  supportées 
par  des  tuteurs  anciens  étaient  attaquées  jiar  cette  cryptogame,  qu'elles  avaient 
perdu  prématurément  leurs  feuilles  et  n'avaient  donné  qu'une  maigre  récolte  de 
vin  pauvre  en  alcool. 

«  Ce  fait  a  été  d'autant  plus  facile  à  remarquer  qu'il  a  été  constaté  sur  des  pieds 
de  vigne  i«olés. 

«  Quelle  que  soit  l'explication  de  l'immunité  acquise  par  les  vignes  échalassées 
avec  des  tuteur*  neufs  injectés  au  sulfate  de  cuivre,  il  pourrait  y  avoir,  dans  la 
constatation  de  cette  immunité,  des  indications  précieuses,  qui  permettraient  de 
trouver  un  moyen  de  détiuire  le  mildew  et  de  préserver  notre  vignoble  des  perles 
considérables  qu'il  a  déjà  essuyées  du  fait  de  l'invasion  de  la  cryptogame  en 
question. 

«  Il  est  peu  probable,  d'après  certaines  observations,  que  la  partie  du  tuteur 
injecté,  exposée  à  l'air,  ait  eu  de  l'action  sur  le  mildew;  il  semble  que  c'est  la  partie 
enfoncée  sous  terre  qui  a  agi. 

«  Quoiqu'il  en  soif  et  àcjuelque  cause  qu'on  doive  attribuer  le  résultat  constaté, 
l'importance  du  fait  en  lui-même  ne  saurait  vous  échapper,  et  j'appelle  toute  votre 
attention  sur  les  applications  et  les  recherches  qu'il  y  a  lieu  de  provoquer. 

«  Si,  dans  votre  dépai  temeni ,  les  vignes  ne  sont  pas  supportées  par  des  tuteurs, 
on  pourrait  e>périmenter  l'emploi  de  brindilles  de  bois  ou  de  saiments  de  vigne 
tremfiés  dans  un  baiu  de  suliate  de  cuivre  et  mis  en  terre  au  pied  des  ceps 

«  Je  Compte,  d'ailleurs,  sur  votre  zèle,  pour  taire  connaître  le  l'ait  signalé  plus 
haut  et  provoquer  des  essais  dont  je  vous  serai  obligé  de  me  fane  connaître  ulté- 
rieurement les  résultats. 

«  Recevez,  etc.  Le  minùlre   de  l'agriculture  :  J.  Mélike. 

Des  expériences  exécutées  suivant  le  programme  qu'on  vient  de  lire 
permettront  certainement  de  vérifier  les  circonstances  dans  lesquelles 
l'immunité  s'est  produite.  L'intérêt  de  ces  expériences  n'échappera  à 
aucun  viticulteur.  11  est  aujourd'hui  prématuré  de  chercher  une  expli- 
cation du  fait  signalé;  il  faut  d'abord  bien  le  confirmer. 
Mil.  —  Vente  des  vins  des  hospices  de  Beaune. 

La  vente  annuelle  di'S  vins  de  ia  récolte  de  1884,  provenant  de» 
vignes  des  hospices  de  Beaune  (Côîv-d'Of),  a  'ii  Hiu  le  9  novembre. 
Celte  vente  n'a  attiré  que  peu  d'uclieltuit,  i4  h  s  enchères  ont  été  peu 
animées;  un  lot  est  même  resté  invendu.  Les  prix  d'adjudicalion  ont 
élé  compris  entre  700  et  1,250  francs  la  queue  (la  queue  vaut  456  litres 
ou  2  pièces  de  228  lilret>).  Ce  deinier  prix  a  été  atteint  par  un  lof 
de  4  pièces  de  Volnay.  En  1883,  les  pri\  a\ aient  élé  compris  entre 
720  et  1,300  francs,  mais  la  production  était  bien  plus  considérable. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (Ib   NOVEMBRE    1884).  245 

IX.  —  Le  phylloxéra. 

A  plusieurs  reprises,  le  Journal  a  sigaalé  les  difficultés  soulevées 
parfois  coQtre  les  viticulteurs  qui  forment,  dans  les  arrondisseuients 
indemnes  du  phylloxéra,  des  cultures  de  vitçnes  américaines  venues 
de  semis.  On  sait  que  M.  Vimont,  propriétaire  au  iMesnil-sur-(!)ger 
(Marne),  y  a  établi  une  pépiniète  d  étude  de  vignes  américaines;  il  y 
a  introduit  notamment  des  ijoutures  de  vignes  américaines  venues  de 
semis  dans  l'arrondissement  d'Albertville  (Savoie),  reconnu  officiel- 
lement indemne.  Poursuivi  pour  ce  fait  par  le  ministère  public,  comme 
ayant  contrevenu  aux  lois  et  décrets  sur  le  phylloxéra,  il  a  comparu 
le  7  novembre  devant  le  tribunal  d'Epernay,  mais  il  a  été  acquitté  sans 
dépens.  Ce  jugement  confirme  les  appréciations  que  nous  avons  sou- 
tenues ici,  à  savoir  que  la  circulation  des  vignes  américaines  venues 
de  semis  dans  des  arrondissements  indemnes,  n'est  pas  interdite  par 
la  réglementation  relative  aux  mesures  contre  le  phylloxéra. 

Nous  avons  publié  une  note  de  M.  Jules  Leenhardt  sur  les  vendanges 
dans  l'Hérault  en  1884;  les  renseignements  qu'elle  renferme  con- 
cordent absolument  avec  ceux  que  Si.  Gaston  Bazilie  a  donnés  à  la 
Société  nationale  d'agriculture.  Dans  une  brochure  qu'il  vient,  de 
publier  sur  l'avenir  des  vignes,  américaines,  M.  S.  Bastide,  au  château 
d'Agnac,  commune  de  Fabrègues  (Hérault),  constate  que  cène  sont  plus 
seulementles  grands  propriétaires  qui  plantent  ces  vignes;  leur  exemple 
a  été  contagieux  et  il  est  imité  avec  ardeur  par  les  petits  vignerons. 
C'est  le  meilleur  signe  pour  la  reconstitution,  désormais  certaine,  du 
vignoble  méridional.  Toute  théorie  à  part,  il  faut  faire  du  vin,  et  l'on  y 
est  revenu. 

X.  —  Vœux  des   associations  agricoles. 

Une  réunion  de  Comices  agricoles  du  département  de  la  Somme  a 
eu  lieu  le  31  octobre  à  Amiens.  Aux  membres  du  Comice  d'Amiens 
qui  avait  provoqué  cette  réunion,  s'étaient  joints  des  délégués  des 
Comices  de  Montdidier,  de  Péronne  et  d'Abbeville.  Les  résolutions 
adoptées  sont  résumées  dans  l'extrait  suivant  du  procès-verbal  : 

«  Les  raembrfis  des  Comices  prient  MM.  les  sénateiiis  ot  députés  de  soutenir 
de  toute  leur  influence,  dans  la  discussion  qui  va  s'ouvrir  aux  Chambres  sur  la 
revision  des  tarifs,  les  chiffres  suivants  qui  ont  été  votés  à  l'unanimité  : 

«  Blés,  5  francs  par  ([uintal,  avec  le  vœu  que  ce  droit  devienne,  parla  suite,  un 
droit  propoi  tionnel  au  prix  de  revient. 

«  Autres  céréales,  3  i'rsncs  par  quintal. 

«  Farines,  7  francs  le  quintal. 

a  Bœufs  et  vaches,  10  francs  par  100  kilog.,  poids  vif. 

«  Porcs  vivants  etporcsde  lait.  15  francs  par  100  kilog.,  poids  vif. 

«  Pour  les  moutons,  15  francs  par  100  kilog. 

«  La  viande  abattue,  fraîche,  -20  francs  par  100  kilog. 

a  La  viande  salée,  15  francs  les  100  kilog. 

«  Quant  à  la  question  des  laines,  l'assemblée  regrette  que  sur  ce  point  nous 
soyons  liés  par  un  traité  d'une  aussi  longue  durée,  exprimant  le  désir  que  ce  traité 
soit  revisé  aussitôt  (]ue  possible. 

«  Pour  les  tarifs  de  pénétration,  l'assemblée  en  a  demandé  avec  instance  la 
revision,  se  ralliant  au  reste  sur  ce  point  si  important  à  la  proposition  du  Conseil 


général  de  la  Somme. 


«  De  plus  l'assemblée  adopte  ce  vœu  :  Pour  éviter  l'encombrement  du  marché 
de  sucre  français  par  les  sucres  extraits  di'S  mélasses  expédiées  en  distillerie, 
donner  lieu  à  la  décharge  en  sucrerie  de  la  moitié  du  poids  de  sucre  qu'elles 
contiennent  suivant  leur  titrage  saccliarimétri  jue. 

«  De  plus,  pour  faire  disparaîire  autant  que  possible  la  fraude  sur  la  consom- 
mation des  eaux-de-vie,  faites  parle   bouilleur  de  crus  :   Nous  demandons  de  ne 


246  CHRONIQUE    AGRICOLE    (15   NOVEMBRE   1884). 

payer  que  25  francs  par  hectolitre  d'alcool  versé  sur  les  vins  et  cidres  dg  France 
pour  les  remontera  quinze  degrés  alcooliques;  comme  les  vins  d'Espagne,  ceux- 
ci  ne  payant  que  2  francs  pour  tout  droit  d'entrée.  » 

Ce<  vœix  ont  été  transmis  pir  le  président  du  Comice  d'Amiens 
aux  sénateurs  et  aux  députés  du  département  de  la  Somme. 

XI.  —  Ecoles  nationales  d' agriculture. 
Le  Journal  officiel  ^MhWa  la  liste  des  élèves  admis  à  l'Institut  natio- 
nal  ajTfonomique  et   dans   les   écoles  nationales  d';'.griculture.    Nous 
avons   publié    cette    liste,   sauf  en  ce  qui    concerna  l'école  de  Mont- 
pellier, à  laquelle  60  nouveaux  élèves  ont  été  reçus  comme  il  suit  : 

1°  Eléi^es  admis  de  droit,  en  vertu  de  diplômes  dont  ils  sont  possesseurs  : 
I>'Aygalliers.  —  Larohertie.  —  Dubost.  —  Beboutoff.  —  Bulto.  —  Fotiadis.  — 
Grammatopoulous.  —  Roigyventosa.  —  Sogomonoff.  —  Vitalis.  —  Stepaniantz, 

—  Bachtschiant. 

2'"  Elevés  admis  après  examens  :  Bayle.  —  Thery.  —  Katz.  —  de  Salve.  — 
Salvat.  —  Duchent.  —  Vieules.  —  Gibert.  ■ —  Rosier.  —  Glaret.  —  Dufaur  de 
Gavardie.  —  de  Brczenaud.  —  Pouli'her.  —  Amiel.  —  Maurel.  —  Garric.  — 
Bauchet.  —  Duchein  (F.).  —  Pannetier.  —  Donati.  —  Bosc.  —  Séfériades.  — 
Clievaly.  —  Combler.  —  Després.  —  Manoyer.  —  Marre.  —  Martin.  —  de, 
Martin.  — Vires.  —  Brandi.  —  Kien.  —  Raphaël.  —  Viallet.  —  Bounal.  —  du 
Lac.  —  Mas.  —  Peirière.  —  Macary.   —  Molicier.   —  Connes.  —  Malabouche. 

—  Reynes.  —    Maray.  —  Valentin.   —  Jourdanne.  —  Daudet.  —  Grimm.  — 
Vallord.  —  Dugand. 

D'autre  part,  9  nouveaux  élèves  viennent  d'être  admis  à  l'école  des 
haras  du  Pin,  et  184  élèves  dans  les  écoles  nationales  vétérinaires, 
savoir  :  77  à  l'école  d'Alfort,  51  à  celle  de  Lyon,  et  56  à  celle  de 
Toulouse. 

XIL  —  Ferme-école  de  Saint-Michel. 

Les  examens  généraux  de  la  ferme-école  de  Saint-Michel  (Nièvre) 
dirigée  par  M.  Salomon,  ont  eu  lieu  le  premier  lundi  d'octobre,  sous 
la  présidence  de  M.  Randoing,  inspecteur  de  l'agriculture. 

Sur  14  élèves  sortants,  13  ont  été  jugés  dignes  du  brevet  de  capa- 
cité. Il  a  été,  en  outre,  attribué  au  premier  une  médaille  d'or  offerte 
gracieusement  parle  Conseil  général  de  la  Nièvre  qui,  pour  témoigner 
sa  sympathie  à  la  ferme-école  de  .Saint-Michel,  vole  tous  les  ans  des 
médailles  destinées  à   récompenser    les  élèves  les  plus   méritants. 

L'un  de  ces  jeunes  gens,  François  Jouvet,  vient  d'être  reçu  à  Gri- 
gnon  et  de  remporter,  à  la  suite  de  son  examen,  la  première  des 
bourses  affectées  aux  écoles  d'agriculture;  trois,  Monniot,  Chapuzy, 
Beugnon,  ont  été  également  admis  comme  boursiers  à  l'école  pratique 
d'agriculture  du  Lézardeau;  trois  vont  faire  leur  volontariat  auquel 
leur  donne  droit,  sans  avoir  à  passer  d'examen  spécial,  le  diplôme  de 
la  ferme-école;  tous  les  autres  aident  leurs  parents  dans  la  conduite  de 
leur  exploitation.  En  outre,  un  ancien  élève  de  Saint-Michel  a  été  reçu 
le  second  au  dernier  examen  d'entrée  à  l'Ecole  nationale  de  Grand- 
Jouan.  Ces  résultats  ne  surprendront  personne  :  la  ferme-école  de  la 
Nièvre  est  une  des  plus  anciennes  de  France  et  l'on  ne  compta  plus  les 
sujets  distingués  qu'a  fournis  à  l'agriculture  cet  établissement  qui 
s'efforce  sans  cesse  de  remplir  sa  mission  en  suivant  ses  élèves  d'un 
œil  attentif  dans  la  carrière  dont  il  leur  ouvre  les  accès. 

Douze  candidats  nouveaux  se  sont  présentés  le  jour  de  l'examen  ;  ils 
étaient  dans  des  conditions  d'aptitude  et  d'instruction  satisfaisantes  et 
ont  tous  été  admis  par  le  jury. 


CHRONIQUE   AGRICOLE  (15    NOVEMBRE   1884).  247 

A  ce  sujet,  il  est  utile  de  rappeler  au\  familles  que  les  règlements 
leur  accordent  bien,  il  est  vrai,  une  latitude  de  trois  mois  après  l'exa- 
men pour  faire  admettre  leurs  enfants  à  la  ferme-école,  mais  que  les 
seize  places  annuellement  mises  à  lour  disposition  par  l'Etat  sont  ordi- 
nairement occupées  avant  ce  délai  de  tolérance  et  la  liste  des  élèves 
définitivement  close.  C'est  ce  qui  arrive  encore  actuellement  ;  les 
demandes  d'admission  ne  pourront  plus  se  produire  utilement  qu'à 
partir  du  15  août  1885,  où  elles  seront  classées  successivement  et 
recevront  satisfaction  à  l'époque  de  l'examen  général,  c'est-à-dire  le 
premier  lundi  d'octobre  suivant. 

XIII.  —  Les  concours  agricoles  régionaux  en  1885. 

Les  arrêtés  fixant  les  conditions  des  concours  ai^ricoles  régionaux 
d'Angers,  Angoulème,  Toulouse,  Moulins,  Valence,  Chartres,  Nancy 
et  Vesoul,  viennent  de  paraître.  Les  dates  de  ces  solennités  restent 
fixées  comme  elles  avaient  été  antérieurement,  sauf  celle  du  concours 
de  Vesoul,  qui  est  reporté  du  13  au  21  juin.  Nous  allons  analyse^ 
suivant  la  méthode  adoptée  ici  chaque  année,  les  programmes  de  ces 
solennités  : 

Concours  d'Angers,  du  9  au  17  mai,  pour  la  région  comprenant  les  départe 
menrs  des  Côtes-du-Nord,  du  Finistère,  d'IIle-et- Vilaine,  de  la  Loire- Inférieure 
de  Maine-et-Loire,  de  la  Mayenne  et  du  Morbdian.  —  Espèce  bovine,  6  catéo-ories  : 
1"  race  durham;  2"  croisements  durham-breton  ;  3"  croisements  duram-manceaus 
et  autres  ;  k"  race  bretonne  ;  5"  race  parthenaise  et  ses  dérivés  (nantaise  ven- 
déenne); 6°  races  laitières  pures  ou  croisées  entre  elles.  Trois  prix  d'ensemble  • 
pour  la  race  durham,  pour  les  croisements  durham  et  pour  les  races  diverses- 
Bandes  de  vaches  laitières  en  lait,  2  prix.  —  Espèce  ovine,  4  catégories  :  1"  races 
françaises  diverses  pures  ;  2"  races  étrangères  à  laine  longue;  3"  races  étrani^ères 
à  laine  courte  ;  'i."  croisements  divers.  Un  prix  d'ensemble.  —  Espèce  porcine, 
3  catégories  :  1"  races  indigènes  pures  ou  croisées  entre  elles  ;  2"  races  étrangères 
pures  ou  croisées  entre  elles;  1°  croisements  entre  races  françaises  et  races  étran- 
gères. Un  prix  d'ensemble.  —  Animaux  de  ba^e  cour,  7  catégories  :  1»  coqs  et 
poules  ,4  sections  :  race  de  La  Flèche,  races  françaises  diverses,  races  étrano-è- 
res  diverses;  1"  croisements  divers);  2'  dindons;  3"  oies;  4°  canards;  5°  pinta- 
des; 6°  pigeons;  7"  lapins  et  léporides.  Un  prix  d'ensemble.  —  Machines  et 
instruments  arjricoles.  Exposition  générale  avec  trois  concours  spéciau.x  :  ]»  char- 
rues bisocs  pour  labours  ordinaires  (0m.l5  à  0  m.  20,;  2»  instruments  divers 
pour  cultiver  la  vigne  et  combattre  l'oïdium  ;  3°  teilleuses  à  chanvre,  mues  par 
manège  ou  à  va[)eur.  —  Produits  agricoles  et  matières  utiles  à  l'agriculture 
8  concours  spéciaux  :  1"  beurres  frais;  i"  beurres  demi-sel;  3"  cidres  (avec  indi-^ 
Cation  des  variétés  et  proportion  de  ces  variétés  de  pommes  entrant  dans  la 
composition  de  chaque  échantillon);  4"  vins  blancs  de  la  région  (années  1883  et 
1884);  5"  vins  rouges  de  la  région  (années  1883  et  1884);  6"  expositions  scolaires 
(2  sections  :  a,  matériel  d'enseignement  agricole,  collections,  dessins  et  b  tra- 
vaux spéciaux  et  objets  d'enseignement)  ;  7° expositions  collectives  faites  par  des 
administrations  publiques,  les  Sociétés  et  comices  agricoles  et  horticoles-  8°  nro- 
duits  divers  non  compris  dans  les  catégories  précédentes  :  produits  végétaux 
produits  des  animaux  domestiques,  de  l'horticulture  et  de  l'arboriculture^  de  là 
pisciculture,  des  exploitations  forestières. 

Concours  d'.'^.ngoulê.vie,   du  9   au   17    mai,  pour  la  région   comprenant   les 
départements  de  la  Charente,  de  la  Charente-Inférieure,  de  la  Dordo^ne    de  la 

Gironde,  des  Deux-Sèvres,  de  la  Vendée,  de  la  Vienne  et  de  la  Haute-Vienne.  

Espèce  bovine,  8  catégories  :  1"  race  limousine;  2°  race  parthenaise  et  ses  dérivés 
(nantaise,  vendéenne);  3"  race  maraîchine;  4"  race  bazadaise;  5"  race  garonnaise- 
6"  race  durham;  7"  croisements  durham  ;  8"  race  laitières  françaises  ou  étrano-ères 
pures.  Deux  prix  d'ensemble  :  pour  les  deux  premières  catégories  et  iiou"!-  les 
autres  Bandes  de  vaches  laitières  en  lait,  3  pri.x  —  Espèce  ovine,  3  catégories  • 
1°  races  françaisea  pures;  2"  races  étrangères  pures;  3"  croisements  divers  Uii 
prix  d'ensemble. — Espèce  porcine,  3  catégories,  et  un  prix  d'ensemble  comme  au 


248  CHRONIQUE   AGRIGOJ.K  (15   NOVEMBRE  188i). 

concours  d'Angers.  —  Anun/nix  de  bassr.-cour,  7  catégories  :  1°  coqs  et  poules 
(4  seclioas,  race  de  Baibezieux,  races  limousine  et  du  Poitou,  races  françiises 
diverses,  races  étrangères  diverses);  z°  dindons;  3"  oies;  4°  canards;  5°  pinta- 
des; 6"  pigeons;  7"  lapins  et  lé|ioridL's.  Un  prix  d'ensemble.  —  Mudiines  et  in- 
slniineulx'  ariricoUs.  Evposilion  générale  ,  et  un  concours  spécial  de  macliines  à 
greffer  la  vigne.  —  l'roduils  agricoles  et  matières  utile!;  à  l'aqricuUure,  concours 
spéciaux  :  1"  vins  de  la  région  (récoltes  de  1882,  rSSet  ISSi);  2°  eaux-de-vie 
de  la  région  (récoltes  de  1832,  188  (  et  l8-i4);  3°  vins  provenant  de  cépages 
greffés  sur  vignes  américaines  (récoltes  de  1882,  18S3  et  1884);  4»  exposition 
scolaire;  5"  expositions  collectives;  6"  produits  divers. 

CoNcori'.s  DE  Toulouse,  du  9  au  17  mai,  pour  la  région  comprenant  les  dé 
Tiartements  de  l'Ariège,  de  la  Haute  Gaionoe,  du  Gers,  des  Landes,  de  Lot-et- 
Garonne,  des  Basses-Pyrénées  et  des  Hiutes-Pyré;iées.  —  Espèce  bovine,  H  caté- 
gories :  r  races  gasconne  et  carolaise  ;  ï»  race  garonnaise;  3°  race  bazadaise; 
4"  races  des  vallées  d'Auie  et  de  Sainl-Girons  ;  b°  race  du  Lourdes;  6"  races 
héarnaise,  basquaise  et  analogues;  7°  race  d'Urt;  8°  races  laitières  françaises  ou 
étrangères.  Deux  prix  d'ensemble  :  l'un  pour  les  1",  -i",  3' et  8'' catégories,  l'autre 
pour  les  4%  5%  6''  et  7'"  catégories.  —  Esiiéce  ovine,  4  catégories  :  1"  races  mérinos 
et  méiis-mérinos  ;  2"  races  liançaises  (deux  sections  :  races  des  plaines  et  races 
des  montagnes)  ;  3°  races  cirangères  diverses;  4"  croisements  divers.  Un  prix 
d'ensemble.  —  Espèce  porcine,  3  catégories  et  un  prix  d'ensemble,  comme  au 
concours  d'Angers.  —  Anim'H'X  de  basse-cmr,  7  caiégiries  :  1"  co  js  et  poules 
(4  sections  :  race  gasconne,  races  françiises,  races  étrangèies,  croisements  divers)  ; 
2"  dindons;  3°  oies;  4°  canards;  5°  pintades;  6°  pigeons;  7°  lapins  et  léporides. 
—  Mtichiws  cl  instruments  agricoles-  Exposition  générale  et  six  concours  spéciaux  : 
1»  charrues  sulfureuses;  2"  charrues  vigneronnes;  3°  charrues  brabant  doubles 
pour  labours  ordinaires  (0  m.  15  àO  m.  20)  ;  4»  égrénoirs  à  ma'iïi;  5°  décuscuteurs 
de  graines  de  légumineuses;  6°  trieurs  de  graim  s.  —  Produits  nyricoles  et 
matières  utiles  à  l'cuiricniture,  9  concours  s]iéciaux  :  1"  vins  de  la  région  [2  sec- 
tions :  vins  rouges  des  récoltes  de  18S3  et  1884,  vins  blancs);  2"  miels  et  cires 
delà  région;  3"  fromages  des  fruitières  des  Pyrénées;  4°  produits  maraîchers' 
5"  semences  des  meilleures  variétés  de  froment  propres  à  la  région  ;  t"  semences 
des  meilleures  variétés  d'avoine  propres  à  la  région;  7"  expositions  scolaires; 
8°  expnsitions  collectives;  fe"  produits  divers. 

G  iNCO'JRS  IjE  Moulins,  du  lii  au  25  mai,  pour  la  région  comprenant  les  dé- 
partements de  l'Allier,  du  Cher,  de  l'Indre,  d'Indre-et-Loire,  de  Loir-et-Gher,  du 
Loiret  et  de  la  Nièvre.  —  Espèce  bot'ine,  5  caléi-'oiies  :  1"  race  nivernaise  ou  cha- 
rolaise  ;  2"  race  durham;  3°  croisements  durham;  4"  laces  laitières  françaises  ou 
étrangères  pures;  5"  races  de  travail.  Trois  prix  d'ensemble:  un  pour  les  charo- 
lais,  un  pour  les  durham  et  leurs  croisements,  un  pour  les  autres  races.  —  Espèce 
ovine,  8  catégories  :  1"  race  southdown;  2"  rai-e  dishley  ;  3°  races  mérinos  et 
métis  mérinos;  4"  race  delà  Gliarmoise;  5°  race  de  Grevant;  6"  races  bel  richoi. nés; 
7"  races  solognotes;  8°  croisements  divers.  Deux  prix  d'ensemble  :  un  pour  les 
P'î,  2"  et  8*"  catégories,  un  jiour  les  autres.  —  Espèce  porcine,  3  c^itégories  : 
1»  races  françaises;  2"  races  étrangères  (deux  sections,  grandes  races  et  petites 
races)  ;  3°  croisements  divers.  Un  prix  d'ensemble.  —  Animaux  de  bnsse-rour, 
7  catégories  :  1"  coi|s  et  poules  (6  sections  :  race  de  Grèvecœur,  race  de  la  Flèche, 
race  de  Houdan,  races  françaises  diverses,  races  étrangères  diverses,  cioiseiueuts 
divers);  2°  dindons;  3°  oies;  4"  canards;  5°  pinlades:  6"  pigeons;  7"la[)ins  et 
léporides.  — Machin.rs  et  imlrumenls  agricoUs.  Exposiiiou  générale  sans  concours 
s|iéciaux. — Prcdaits  agricoles  et  matières  uti'es  à  l'agriculture,  7  concouis  spé- 
ciaux :  1"  semences  de  l'roment;  2°  semences  d'.ivome  ;  3°  semences  d'orge; 
4»  produits  horticoles  (fruits  et  légumes)  ;  5"  expositions  scolaires  ;  6"  expositions 
collectives;  7°  produit^  divers. 

GoN.:ouus  DE  'Valence,  du  16  au  i5  mai,  pour  la  région  comprenant  les  dé- 
pârtemcnls  des  Basses- A l|ies,  dc^  Hautes-.A.lpes,  de  la  Drôme,  de  l'Isère,  de  la 
Sivoic,  delà  IJaute-Savoie  eu  de  Vauclusc.  —  Espèce  bovine,  4  catégories  : 
1' race  tarentai  e  ou  tarine;  2"  race  de  Vilhird-de-Lans  ;  3"  races  liançaises 
diverses  pures;  4°  races  laitières  françiises  ou  étrangères,  puresoa  croisées.  Deux 
prix  d  ensemble,  pour  la  \"  catégorie,  et  pour  les  auties  catégories.  —  lîspèce 
ovine,  5  catégories:  1"  races  mérinos  et  métis-mérinos;  2"  races  des  Alpes  ; 
■  3"  races  françaises  divivrses  ;  4°  races  étrangères  diverses;  5"  croisements  divers. 
Un  prix  d'ensemble.  —  Espèce  porcine,  3  catégories  et  un  prix  d'ensemble,  comme 


CHRONIQUE  AGRICOLE  1(15  N0VKM3KE  iSS't).'  SfiQ 


s 


au  concours  d'Angers.  —  Animaux  de  basse-cour,  8  catégories  :  1°  coqs  et  poiiln 
(3  secliûDs,  races  françaises,  races  étrangères,  croisements  divers);  2"  dindon" 
(2  sections,  dindons  noirs,  dindons  gris  et  blducsi  ;  3"  oies;  k"  canards;  5°  [nvi" 
tades  ;  6"  pigeons;  7°  lapins  et  léporides;  8"  autres  aaimaux  de  basse  coui'. — 
Mac/nues  et  iiisiruiuciits  agricoles.  Exposition  générale,  sans  coiicour.s  spéciaux. — 
Produits  afjricol''s  et  matwres  ulih-s  à  l'iii/riculiure^  7  concours  spécinux  :  l"vinsd.! 
la  région  provenant  des  récolles  de  18S3  el  I8S4  ;  2"  produits  des  fruitières  des  Alpes 
(IVoiniiges,  beurres)  ;  3"  produits  séncicoles  ;  4"  produits  maraîchers;  5"  expositions 
scolaires;  6" expositions  collectives  ;   7"  produits  divers. 

GoNCOURS  DE  Gii.vKraiis,  du  6  au  14|uia,  pour  la  région  comprenant  les  dé- 
partements du  Calvados,  de  l'Eure,  d'Eure-et-Loir,  de  la  Manche,  de  l'Orne,  de 
la  Sarthe  et  de  la  Seiae-Inf'érieure.  —  Espèce  bovine,  4  catégories  :  1"  race  nor- 
mande; 2°  race  durham  ;  3"  croisements  durham;  k"  races  laitières.  Trois  prix 
d'ensemble,  pour  les  l"'  et  4%  pour  la  2"=,  pour  la  3''.  Bandes  de  vaches  laitières  en 
lait,  5  prix  .  —  Espèce  ooinc,  6  catégories  :  1"  races  mérinos  et  métis- 
mérinos;  2"  races  françaises  diverses  ;  3"  races  étrangères  à  laine  longue;  4°  races 
étrangères  à  laine  courte  ;  5"  dishley-mérinos  ;  6"  croisements  divers.  Deux  prix 
d'ensemble,  pour  la  l'''  catégorie  et  pour  les  autres. —  Es/jècc  porcine,  3  catégories 
et  un  prix  d'ensemble,  comme  au  concours  d'.\ngers.  —  Animaux  du  liass--coiir. 
7  caiégori>s  :  1"  coqs  el  poules  ^6  sections  ;  race  de  Crèvecœur,  race  de  la  Flèche, 
race  de  Houdan,  races  françaises  diverses,  races  étrangères  diverses,  croisements 
divers);  2"  dindons;  3"  oies;  4"  canards;  5°  pintades;  6"  |igeons;  T»  lapins  et 
léporides.  Un  prix  d'ensemble.  —  Machines  et  instruments  agricoles.  Exposition 
générale,  avec  deux  concours  spéciaux  :  1°  moissonneuses-lieuses,  en  saison; 
2"  appareils  pour  le  refroidissement  du  lait.  —  Produits  agricoles  et  matières 
utiles  à  l'agriculture,  8  concours  spéciaux  :  1°  beurres  frais  ;  2"  beurres  d^.  con- 
serve; 3°  fromages  à  pâte  molle  alfiaés  ;  4"  miels  el  cires;  5"  produits  maraîchers; 
6"  eXfjosiiious  scolaires;  7"  expositions  collectives;  8"  produits  divers. 

Concours  de  Nancy,  du  6  au  14  juin,  pour  la  région  comprenant  le  départe- 
ment des  Ardennes,  de  l'Aube,  de  la  Marne,  de  la  Haute-Marne,  de  Meurthe-et- 
Moselle,  de  1-i  Meuse  et  des  Vosges.  —  Espèce  bovine,  5  catégories  :  1"  race 
durham;  2°  croisements  durham;  3"  races  laitières  françaises  (3  sous-catégories  : 
race  normande,  race  vosgienne,  autres  races  françaises)  ;  4"  races  laiiières  étran- 
gères (2  sous-Cdtégories  :  races  des  pays  de  montagnes,  de  grande  (aille  et  de 
moyenne  et  petite  taille;  races  des  pays  de  plaine,  hollandaise  et  analogues); 
5"  races  diver.-es  et  croisements  divers  Deux  prix  d'ensemble:  pour  les  deux  pre- 
mières catégories  et  pour  les  autres.  Bandes  de  vaches  laitières  en  lait,  deux  prix. 
—  Espèce  ouine,  5  catégories:  1°  mérinos  et  mélis-méiiiios;  2"  races  françaises 
diverses  ;  3"  races  étrangères  à  laine  longue  ;  4"  races  étrangères  à  laine  cuur'te; 
5"  croisement-i  divers.  Un  prix  d'ensemble.  —  Espèce  porcine,  3  catégories  et  un 
prix  d'ensemble,  comme  au  concours  d'Angers.  —  Animaux  de  basse-cour,  7  caté- 
gories :  1"  coqs  et  poules  (ri  sections  :  race  de  Crèvecœur,  de  la  fjresse,  de  Hou- 
dan, de  Lorraine,  races  françiises  diverses,  races  étrangèr'cs)  ;  2"  dindons  ; 
3°  oies;  k"  canards;  5°  pintades;  6°  pigeons;  7° lapins  et  léporides.  Un  prix  d'en- 
semble. —  Machines  et  instranienls  agncutes.  Exposition  générile,  sans  concours 
spéciaux.  —  Produits  agricoles  et  nvUieres  utdes  à  l'agriculture,  9  concours  spé- 
ciaux :  1"  semences  de  froment  ;  2°  semences  d'avoine  ;  3"  semences  d'orbe  : 
4"  vins  delà  région;  5"  eaux-de-vie  de  vin  et  de  fruits;  6"  produits  horticoles; 
7"  expositions  scolaires;  8"  expositions  collectives;  9"  [iroduits  divers. 

Ga.\'CùaRS  de  Vesoul,  du  13  au  21  juin,  pour  la  région  comprenant  les  di'-par- 
lemeiils  de  l'Ain,  di  la  Gùte-d'Or,  du  Djubs,  du  .Jura,  de  Siùiie-et-Loire,  de 
l'Yonne  et  la  circonscription  de  Belfort  —  Espèce  bouin',  6  catégories  ;  1°  race 
lémeline,  comtoise  nu  bressane;  2" race  cliarolaise  ;  3"  l'ace  durham;  4"  croisements 
durham;  5"  races  Irançaises  diverses;  6"  races  éti'aTigères  laitières  (2  sous  caté- 
gories :  races  de  giunde  taille,  bernoise  ou  fribourgeoise,  hoU mdaise  et  analjgues; 
races  de  moyenne  et  de  petite  taille,  Schwitz,  A|)penzell  et  analo,'ues).  Djux  prix 
d'ensemble  :  pour  la  race  fémeline  et  pour  les  autres  catégories.  Bindes  de  vaches 
laitières  en  lait,  deux  prix.  —  Etpèci  ooi^v,  5  catégories  :  1°  mérinos  et  mélis- 
mérinos;  2"  raciîs  fr-ançaises  diverses;  3"  races  étrangères  à  laine  longue;  4°  races 
étrangères  à  laine  courte;  5°  croisements  divers.  Un  [irix  d'ensemble.  —  Espèce 
poiciae,  3  catégories  et  un  prix  d'cnsemb  e,  comme  au  concours  d'Angers.  — 
Anima  ic  de  b^nse-co  ir,  7  citégories  :  I"  co  [s  et  poules  (ï  sections,  raue  de  la 
Bresse,  race  comtoise,  races  françaises,  races   étrangères);  2°  dindons;  3°  oies; 


250  CHRONIQUE  AGRICOLE  (15  NOVEMBRE    188'*). 

4"  canards;  5°  pintades;  6°  pigeons  ;  7"  lapins  et  léporides.  Un  prix  d'ensemble. — 
Machines  et  instruments  agricoles.  Exposition  générale,  sans  concours  spéciaux.  — 
Produits  agricoles  et  matières  utiles  à  V agriculture,  11  concours  spéciaux  : 
1°  semences  de  froment;  2°  semences  d'orge;  3"  graines  fourragères  pour  prairies 
temporaires;  4°  kirsch  de  la  Haute-Saône;  5°  miel  et  cire;  6"  houblon  du  départe- 
ment delà  Haute-Saône;  7°  vins  du  département  de  la  Haute-Saône;  8°  produits 
de  l'horticulture;  9"  expositions  scolaires;  10°  expositions  collectives;  11"  pro- 
duits divers. 

Signalons  rapidement  les  principaux  changements  que  ces  pro- 
grammes présentent  comparativement  à  ceux  de  1884.  En  ce  qui  con- 
cerne les  animaux:  reproducteurs  des  races  indigènes,  ils  devront  être 
nés  et  élevés  en  France,  appartenir  à  des  agriculteurs  de  la  région, 
être  en  leur  possession  et  se  trouver  dans  les  étables,  bergeries  ou  por- 
cheries situées  dans  la  même  région,  au  moins  depuis  le  1"  février 
1885.  Toutefois  celte  condition  n'est  pas  applicable  aux  acquéreurs 
d'animaux  reproducteurs  présentés  au  concours  général  agricole  de 
Paris  qui  aura  précédé  immédiatement  le  concours  régional. — Au  con- 
cours d'Angers,  le  nombre  des  prix  est  augmenté  pour  la  race  durham. 
Au  concours  d'Angoulême,  deux  sections  nouvelles  ont  été  créées  pour 
les  taureaux  de  deux  à  trois  ans,  des  races  limousine  et  maraîchine; 
des  prix  de  bandes  ont  été  créés  pour  les  vaches  laitières;  la  caté- 
gorie des  races  laitières  d'Ayr,  Jersey  et  analogues  a  été  supprimée, 
de  même  que  la  section  des  verrats  dans  les  croisements  divers.  Au 
concours  de  Moulins,  un  prix  d'ensemble  spécial  à  la  race  charolaise 
a  été  créé,  Au  concours  de  Chartres,  des  sections  ont  été  créées  pour 
les  taureaux  et  pour  les  génisses  de  race  normande  de  six  mois  à  un 
an;  le  nombre  des  prix  réservés  aux  mérinos  a  été  augmenté.  Au 
concours  de  Yesoul,  une  section  spéciale  a  été  ouverte  pour  les  coqs 
et  poules  de  la  race  comtoise.  Pour  les  machines  et  instruments,  des- 
concours spéciaux  auront  lieu,  en  nombre  variable,  à  Angers,  à 
Angoulême,  à  Toulouse,  à  Chartres;  on  en  trouvera  le  détail  plus  haut. 
Enfin,  en  ce  qui  concerne  les  produits  agricoles,  le  nombre  des  con- 
cours spéciaux  a  été  augmenté  dans  la  plupart  de  ces  solennités.  —  Dans 
un  prochain  numéro,  nous  donnerons  l'analyse  des  programmes  pour 
les  concours  de  Montpellier,  do  Beauvais,  de  l^yon  et  de  Montauban. 

XIV.  —  Nouvelles  de  l'état  des  récoltes  en  terre. 

Les  avis  de  nos  correspondants  ne  signalent  pas  de  changements 
importants  dans  la  situation  agricole. 

Dans  la  Vendée,  d'après  la  note  que  M.  Boncenne  fils  nous  adresse 
de  Fontenay-le-Comte,  à  la  date  du  4  novembre,  les  dernières  récoltes 
ont  donné  de  bons  résultats  : 

«  La  température  qui  avait  été  chaude  et  sèche  pendant  tout  le  mois  de  sep- 
tembre, s'est  sensiblement  refroidie  dans  la  première  quinzaine  d'octobre.  Nous 
avons  eu  plusieurs  gelées  de  1  et  2"  au-dessous  de  zéro.  Le  temps  ensuite  est 
redevenu  très  doux,  mais  les  labours  d'automne,  entravés  par  la  sécheresse,  n'ont 
pu  se  faire  en  temps  convenable,  et  malgré  l'activité  qu'on  déploie,  les  ense- 
mensements  de  blé  sont  encore  peu  avancés.. 

«  Nos  betteraves  fourragères  sont  d'excellente  qualité  ;  mais  beaucoup  moins 
abondantes  que  l'an  dernier.  Nos  pommes  de  terre  sont  aussi  très  saines.  La  plu- 
part ont  atteint  une  grossseur  moyenne.  Nous  avons  remarqué,  parmi  les  nou- 
veautés, la  pomme  de  terre  Adérondack  à  tubercules  ronds,  lisses,  de  couleur 
rouge  pâle,  bien  réunis  sous  la  plante;  la  chair  est  blanche  et  farineuse.  Cette 
pomme  de  terre,  d'origine  américaine  et  déjà  fort  estimée  en  Angleterre,  nous 
semble  digne  d'être  sérieusement  expérimentée  en  France. 


CHRONIQUE  AGRICOLE   (13  NOVEMBRE).  251 

ce  Li  consolide  rugueuse  du  Caucase,  continue  de  nous  donner  des  produits  très 
■ibondants-  jusqu'ici,  cependant,  à  cause  de  la  sécheresse,  nous  n  aurons  eu  que 
cinrr  coupes 'au  lieu  de  six,  que  nous  avions  obtenues  en  1883. 

<c  Malgré  la  présence  bien  constatée  du  phylloxéra  sur  plusieurs  points  de  notre 
anondis^ement,  les  vendanges  ont  donné,  presque  p  inout,  des  récoltes  satistai- 
santes  sous  le  double  rapport  de  la  quantité  et  de  la  qualité,  nos  vins  nouveaux 

"''ccTerrens'eio'nements'  publiés  sur  leproduit  des  céréales  dans  l'Ouest  concor- 
dent avec  ceux  que  nous  avons  recueillis  nous-mêmes.  Le  rendement  moyen  du 
froment  récolté  dans  de  bonnes  conlitions,  a  été  de  18  hectolitres  al  hectare. 
L'or-e  distique  ou  baiUarge  a  fourni  24  hectolitres,  et  l'avoine  28.  Nos  grains 
bien%ecs  et  bien  nourris  se  vendent  malheureusement  a  vil  prix.  La  crise  agri- 
cole pèse  lourdement  sur  nos  campagnes,  et  si  cette  situation  déplorable  se 
prolono-eait  encore,  elle  auraitles  conséquences  les  plus  désastreuses. 

Ce  qui  ressort  de  tous  ces  renseignements,  c  est  que  1  automne  de 
1884  a  été  surtout  caractérisé  jusqu'ici  par  une  sécheresse  excep- 
tionnelle; mais,  sauf  dans  la  région  méditerranéenne,  celte  sécheresse 
n'a  pas  été  telle  qu'elle  ait  mis  obstacle  aux  importants  travaux  de 
labour  de  fumure  et  des  semailles.  ^Néanmoins,  il  serait  à  souhaiter 
que  la' saison  reprît  son  caractère  normal;  l'avance  gagnée  ne  serait 
pas  perdue  et  les  jeunes  plantes  pourraient  prendre  assez  de  vigueur 
pour  résister  à  l'hiver.  Henry  Sagmer. 

PARTIE   OFFICIELLE 

ttat  approximatif  de  la  récolte  du  froment,  du  méteil  et  du  saigle  en  1834. 

Le  ministère  de  l'a-riculture  Direction  de  l'agriculture.  —  2''  Division.  —  Bureau  des  subsis- 
tances des  secours  et'de  la  statistique  agricolel'publie,  dans  [.Journal  officleUa  12  novembre, 
le  rele;é  suivant  des  raoports  transmis  par  les  préFetsdans  les  six  semaines  qui  ont  suivi  la  mois- 
son, en  ce  qui  concerne  la  récolte  du  froment,  du  meteil  et  du  seigle. 

FROMENT                                                 MÉTEIL  SEIGLE  ^^____ 

DÉPARTEMENTS.          s'^ces^l^iidmrtr^nT'sarfaoes        Proaa^«a_grain9_^  Surfaces  Produit  en  irr^Jns 

«Bwaieiitto      Uréiulilres.   UilitoH^slr.  e"nsementé«s.      Occlolitrcs.    QuinUai  mêtr.  ensemMcées.  llecUliUes.    ai.i«Uui  m«lr 

l«  R.-7,-o»  (iV.-O.).  hecûres.  ~  "  hecires.  hectares. 

Finistère V',.bO         ;jM-^^        ,nlAl,       looo.        166  OOr)  118,03,  27.0)»  451,000         J14,00» 

C6tes-du-Nord 9'..0.U)       l."?-'»         '■"'?"?*  ?'°",  •8W0  3  OB'!  7'.>,000  1,288,000  9i6,S80 

Morb.han ^l^oo         .7.,o  .AU         inn  .,00  13,J8.  ^^,  ,^^^.^^^  ^^^^^^ 

Manche 116, lO       '■J'!.''»  •;i,?7,  dJO  l4  300  10,6>0  4,50»  83,000  58,630 

Orne -4.  2'         ■^'"■»  »  ^?   '  ^^         \^\^;         ,^7  .JfO  361,on  ô,2oî  58,M0  40,482 

S"' - 83;l3°7  !:n:l;,'.o    '-^^u^o    2-;o9i   .375,8.0    2s.,  104    37^  j^%^  jiio^^ 

ro'ta,;;;'.'.'.  .■.■.■.■.■.■..■.■.       lï^:^^    TIT^^^J^       ^:i^^r^       ^^J^     '.^".«S  l.»8'M«        <8,,591  3.1.9,089     2,2i0,828 

2«  Bégion  [Nord). 
Nord ■., n..S60       3,»M67         2,6,8,707  ,  •  ^_^^>  H.»-  -M-  !^^ 

I^St!"^:!::::::::::::  \^^  ^?^^    V^^:      -;..  i,».;.,    774,^3     .m.     ^^    .^ 

Selne-ln.„o.r..........     .^^^.7      ^       ;,     g  .        ;  ,;  ,  3.004,         ^ 

è^:::;::;:::::::;:::::  i  g  rpS    '  '       é^    .!i^^    ^''^     "-     i--    ^^^ 
l^-^î^t:^^:::::::::::::  '^^^-  ^;-|     i:^  ?;       ^:  ^»    -:-»     --     -;-■     -;-    ^^^ 

Toulx !.........   MS6.7Ù  liisiiiïso-  2-5;ïii;ï:r  Kiïï-  -îïïTTiiir  .,577,18.    .55,391    ,,«22,20.    2,147,099 

3':  Région (Sord-Esl).  .  ...,,, 

rro.-        ,n.3S101  303  3S9  2  250  52,30".  40,809  14,605  223,W2  172,434 

Meuse • «".«JS       '«".'I^         l'I^îi  535  11770  8,709  5,540  110,8^0  83,100 

SSrS •;;::;;  'B  s    -iiS  :^  lœ.  m  si  JS  jsn 

,"",..   ..:....  ■i.i.ii  iïS.ir     wSiS'     S55^    >«ïl^     '^wT    ..i,».      >."•."•     '.»'.'■> 


252 


PARTIE   OFFICIELLE 


FRO.MKNT 


M ÉTÉ IL 


surfaces     Pr^iliiii.  nn  jriins    Surfaces     '''■n  luit  e»  ^jr.iins  ^s  urfaces 
ensementte.     llrelolilres.      Qijialaiu  niJlr.  cn!fm?nc(tj.     llpcloliln«.    Qniolaui  mi'lr.  ensemencées. 


4e  Tiéfj'ori  [Oiiesi], 

Loue- Inférieure 100,000 

Maine  ei-Lou'e 160.300 

Indre-et-Loire S9,500 

Vendée 187,932 

Charente-Inférieure 178,900 

Deux-Sè«res 119,240 

Charente 10.i),897 

Vienne 9  ",ii40 

Haute-Vienne 33,340 


,770 
.8.V.', 
,401. 
,756, 
,444, 
,506, 
,-'13, 
,744, 


000 
,0'>U 
,240 
,727 
i612 
,843 
920 
534 
230 


1,362.900 
2,130,6.50 
1,084,940 
2,"96,n2 
1,753,193 
1,1!0,132 

946,838 
1,325,845 

354,299 


6no 
5,600 
8,000 
2,0)C1 
3,970 
1,726 
11,413 
6,430 

698 


11,400 

71,300 

117, '(80 

19,800 

33,066 

.15,823 

170,015 

146,888 

12.240 


Totaux. 


1,091,899     16,144,105        12,165,i29         40,'i37         618,307 


5»  Région  (Cenlre). 


Loir-et-Cher 68,005 

Loiret 78,675 

Yonne 119.000 

Indre 101,941 

Cher 95,500 

Mèvre 82,800 

Creuse I6,2»3 

Allier 98,291 

Puy-de-Dome 68,500 

Totaux , 


6"  Ite'gion   {Est). 


1.5311 
1,464 
2.100 
1,420, 
l,4:i8 
1,169, 
77, 
1,360. 
1,3S7 


380 
Oil 

000 

.S!6 
732 
430 
,530 
5O0 
123 


718,9.15     11,952,764 


C6te-d'0r 

Haute-SaOr.e.  . 

Houbs 

Jura 

Saône-et-L:ire. 

Loire 

nhùne 

Ain 

Hàute-Savuie.. . 
Savoie. 


68,761 

35,200 

59,000 

146,710 

50,000 

56,(00 

S4,53'i 

36,201 

19,5uO 

Isère 141,840 


1,980 

1,206 
8  0 
880 

2,006 
6.i0 
800 

^UO. 
610, 
23',, 

2,626, 


167 
3i6 
il  0 
,000 
.5(0 
OjU 
,000 
091 
4S9 
655 
500 


1,180,014 
1,112,671 
1,596,000 
I.u6t3,769 
1,079,050 
88^,766 
58,147 
I. 033. 980 
1,067,237 


1.584,133 
640,835 
604, 801) 
677,6(10 

1,524,910 
4 '2,300 
640,1100 

1.072,508 
■(61,971 
183,U21 

1,838.550 


9,284 
16, '(50 
5,920 
2,597 
1,200 
1,200 


2,373 
7,349 
3,900 
1,380 
522 
6,000 
1.000 
5,069 
3,663 
4,000 
9,013 


Totaux 831.166     13,225,448         9,902,913         46,231 


7'  Région  (Sud-Ounst). 

jironde 89,312 

Dordogne 140, ooo 

Lot-et-Garonne 126,465 

Lardes r-8,430 

Gers 1 30,9 1 5 

Bayses-Pyrenées 

Hautes -l'y  rénées 

Hauie-Garoi.'ne 

Ariège 


lolaux. 


52,256 
22,500 
106,1  66 
33,389 

-.39,333 


1,850 
,91 

,37 
708 
405 

,332, 
380, 


,695 
,000 
,610 
,476 
,607 
,068 
000 
,065 
389 


1,270,956 
l,4i3,00O 
1,534,880 

385,071 
1,101,485 

552.080 

311,850 
1,081,650 

296,208 


436 
4,800 


1,052 
7,400 
;,875 
4,369 


érjion  [Sud). 

Cori('ze 

Cantal 

Lot 

Aveyron  

Lozère  

Tarn-et-Garonne 

Tarn 

Hérault 

Aude 

Pyrénées-Orientales., 


18,500 

8,965 

64,000 

78,000 

8,000 

108,000 

101,750 

38,000 

ÈO,  li'O 

7,2UO 


298,376 

86,982 

675,1100 

701,950 

110,500 

1,048,111 

1,303,:121 

300,000 

602,436 

8!»,5uO 


232,320 

65,235 

526,500 

524,923 

•  81,295 

817,536 

1,049.856 

240  000 

469,835 

70.705 


2,700 
1,430 
2,500 
2,000 
3,000 
1,500 
2,760 
200 
1,154 
1,000 


Totaux. 


482,615  5,216,196     4,081,205        18,244 


S"  Région  [Sun-Est). 

Haute-Loire 

Ardèclie 

Drônie 

Gard 

Vaucliise 

Basses -Alpes 

Hautes- Alpes 

Bouclies-du-llhùne 

Var 

Alpes-Maritimes 

TntallX 

10*  Rctjion. 
corse  

Totaux   généraux  de  la  ré- 
colte de  1884.  iEvaluation  ) 


11, 300 
37,720 
115,000 
57,260 
80,313 
00,315 
26,757 
51,475 
67,500 
25,9:.3 

536,833 
35,120 


127 
288 
950 
387, 
703, 
595, 
294. 
970 
735. 
19:1, 


295 
>)73 
,000 
016 
361 
300 
9? 
000 
"00 
615 


103,225 

225,400 
615,000 
309,536 
553,762 
440,892 
229,605 
766,  09 
583,OUO 
149,711 


8,500 
377 

4,500 
483 
393 

1,625 

2,439 

600 
802 


5,231,361      4,011,132       19,719 
210,900       168,720  • 


242,163 
224,700 
121,(100 
2l>,192 
25,349 
16,800 


20,014 


8,750 

32,0')0 

88,110 

i4.917 

24.433 

26,976 

123,130 

105,739 

8,812 


181,765 
166,273 
9;,000 
22,377 
18.405 
12,600 


14,944 


27,500 

12,300 
9,200 
3,200 
3,730 
4,  (.44 

14,199 
9,315 

00,000 


29,875 
16,9(0 
14,734 
16,700 
16, OOO 
93,226 
39,484 
60,000 


079,723         508,309         313,767 


20,162 
117,852 
127,9110 
2l.0f.0 
11,000 
66,000 
16,000 
96.871 
58,392 
32,000 
74,192 


16,129 
84,444 
9J,100 
10,500 
8,110 
52,000 
12,000 
72,547 
36,203 
39,130 
51,374 


16,136 

12,133 

2,000 

3,100 

20,632 

47,000 

19,000 

6,190 

3,982 

16,260 

17,623 


661,769         474,867  164,078 


6,8S0 
65,000 


15,334 
144,000 
61, 800 
61.305 


5,512 
49,100 


10,054,900  7,976,180       23,932         353,329 


18,800 

10,000 

8,224 

96,300 

670 

934 

8,200 

9,680 

11,229 

257,016  163,337 


10,216 
103,680 
42,230 
45,078 


36,530 
7,791 
23,100 
16,329 
54,001 
18,235 
14,655 
1.450 
11,623 
12,480 

261,102  196,200 


,225 
,673 
000 
,322 
.985 
,313 
i5t 
rlOO 
630 
OOO 


61,300 

64,600 

12,000 

54,000 

50,000 

2,300 

33,300 

6,600 

8  209 

10,000 


85,545 
6,408 

23,100 
4,284 
4,20S 

14,850 

34,557 

5,800 
4,420 

183,166 


64,220 
4,870 

1(1,000 
3,105 
3.116 
9,652 

24,583 

4,200 
3.313 


80,0flO 

30,671 

20,000 

5,735 

1,248 

2,445 

8,142 

341 

500 

1,627 


SFir  L  F 

P. ■•'T  II  Ht  .Ml  fr.iins 
llfclolitres.    (Juinlaox  melr. 


450,0^0 

156,200 

92.530 

17,378 

45,327 

53,34( 

196,107 

132,126 

910,8110 


2,076.412 


425,504 
328,860 
233,500 
184,744 
194,37! 
î6i,7H 
753,345 
631,500 


1,737.160       1, ■.'93. 903 


4,831,896         3,505,474 


175, 6!8 

166,808 

34,850 

35,250 

499,300 

564,000 

280,000 

80,857 

82,166 

217,152 

222.010 


2,386,061 


343,060 
144,0110 
148,515 
520,317 
7,370 

13,337 
141,000 

70,200 
144.410 


808 
735 
108 
623 
986 

34, 
55» 

66 
142 
160 


,7!3 
187 
iiOO 
278 
413 
,307 
882 
,100 
2)0 
000 


274,443 

103,6811 

109,9811 

385,3  6 

5,150 

9,55!i 

100.808 

49,1511 

102,530 


598,109 
529,334 

75,600 
«50.354 
660,302 

25,387 
404,097 

47,000 
103.250 
124,800 


302,309     4.223,110         3,018,233 


715,010 

458,4119 

200,000 

96,025 

13,354 

19,125 

146,157 

5,l'i0 

5,500 

21,125 


544,900 

313,807 

140,000 

60, '45 

10,015 

12,240 

99,245 

3,600 

3,600 

15,844 


170,709      1,669,805 
3,950  47,600 


1,233,396 


Raprel  des  4  der- 
nières anr.ees. 
{Résultats    déû- 
nitifsi. 


6,976,203     111,141,845  84,803,731 


103,753,426  79,2    1,591 

1.2,153,524  93.4  3,716 

96,81('.356  75.676,355 

99,471.559  75,504,773 


1883.  6,803,821 

1882,  6. 407. 192 

1881.  6,1.59,114 

18S0.  6,879,875 


363,577 

6,804,049 

4,984,363 

1,765,616 

25,487,589 

13,343,935 

366,926 
396,316 
401, 4'7 
410,784 

5,688,537 
7,262,9i9 
6,01  7,388 
6,021.305 

4,178,776 
5,334, -JOO 
4,420,135 
4,459,730 

1,719.666 
1,871,052 
1,777.268 
1,848,107 

21,842,602 
29,487,099 
23.731,^31 
13.318,486 

17,736,953 
21,115,535 
16.979.634 
18,692,815 

LES  DROITS  DE  DOUANE  ET   LA  PETITE   CULTQRE.  253 


LES  DROITS  DE  DOUANE  ET  LA  PETITE  CULTURE 

Monsieur  le  rédacteur  en  chef,  je  ne  veux  pas  entrer  dans  une  polé- 
mique au  sujet  des  droits  de  douane  qui  peuvent  être  imposés  aux  denrées 
agricoles  similaires  à  celles  que  nous  produisons  en  France.  Le  Par- 
lement est  saisi  de  la  question,  et  sans  doute  il  aura  souci  des  intérêts 
de  la  classe  la  plus  nombreuse  et  la  plus  vitale  du  pays.  Jusqu'à  pré- 
sent les  agriculteui's  ont  été  traités  par  la  législation  commerciale  et 
fiscale  comme  des  gens  patients,  capables  de  beaucoup  souiîrir,  sans 
se  plaindre  autrement  qu'en  paroles  emportées  par  les  vents  de  la  cam- 
pagne, légitimes  successeurs  de  la  gent  taillable  et  corvéable  à  merci.  Le 
suffrage  universel,  entre  autres  mérites,  a  celui  de  lui  donner  uneparole 
effective  qui  se  confie  au  bulletin  de  vote  et  n'est  plus  emportée  par  le 
vent.  En  d'autres  termes  il  faut  compter  avec  les  cultivateurs,  et  leur 
patience  traditionnelle  ne   va  pas  jusqu'à  consentir  à  leur  ruine. 

Mon  intention  est  donc  de  mettre  en  garde  les  lecteurs  du  Journal 
de  l'agriculture,  et  surtout  ceux  qui  peuvent  être  appelés  en  consul- 
tation pour  les  résolutions  à  prendre,  contre  une  grave  erreur  de  fait,  je 
ne  veux  pas  dire  un  sophisme,  caressé  par  les  partisans  à  outrance  de 
la  libre  entrée  de  ce  qu'ils  appellent  la  matière  première  de  l'industrie 
et  qui  est  en  réalité  le  produit  péniblement  obtenu  de  l'industrie  agri- 
cole qui  est  bien  la  principale  de  nos  industries  pour  tout  économiste, 
sauf  pour  ceux  qui  s'obstinent  à  la  considérer  comme  une  servitude. 

Cette  erreur  de  fait  consiste  à  croire  et  à  dire  que  l'établissement  de 
droits  de  douane  sur  les  céréales  n'est  réclamé  que  par  les  grands 
propriétaires,  les  aristocrates,  qui  trouveraientdur  de  voir  baisser  leurs 
revenus,  et  voudraient  en  rétablir  le  chiffre  aux  frais  du  pays.  Voilà  ce 
qui  s'imprime  sous  la  signature  de  personnes  sérieuses,  ce  qui  prouve 
une  fois  de  plus,  ce  que  nous  disions  dans  un  précédent  article,  que 
les  spéculations  de  l'économie  politique  sans  la  base  solide  de  la  statis- 
tique ne  sont  que  des   exercices  théoriques  reposant  sur  les  nuages. 

Et  d'abord  ceux  qui  font  cette  observation  très  vraie  sur  les  souf- 
frances du  grand  propriétaire  ont-ils  voulu  pousser  à  la  jalousie  d'une 
classe  de  citoyens  contre  une  autre  classe,  je  ne  peux  pas  le  croire, 
car  ce  serait  une  mauvaise  action,  et  les  affaires  de  cette  nature  doivent 
plus  que  toutes  les  autres  être  soustraites  à  l'influence  des  passions. 
Non  sans  doute,  ils  ont  voulu  simplement  constater  un  fait,  l'abais- 
sement de  la  rente;  nous  le  constatons  avec  eux.  Il  y  a  plusieurs 
années  que  cet  abaissement  se  produit  avec  une  vitesse  toujours  plus 
grande,  en  sorte  que,  sur  beaucoup  de. points,  on  ne  trouve  plus  de 
fermiers  même  à  prix  réduit,  et  que  je  connais  des  propriétaires  dont 
la  rente  s'est  abaissée  au  payement  des  taxes  de  diverses  natures  qui 
grèvent  la  propriété. 

Mais  ce  grand  fait  de  l'abaissement  de  la  rente  de  la  terre  (sauf  pour 
certaines  exploitations  spéciales),  en  d'autres  termes  de  la  terre  de 
labour,  n'est-il  pas  à  lui  seul  une  preuve  complète  de  la  souffrance 
des  intérêts  agricoles,  et  croit-on  qu'on  puisse  isoler  et  exempter  de  ce 
fait  ceux  qui  ne  sont  pas  grands  propriétaires? 

Evidemment  il  faut  vivre  loin  de  la  terre,  n'avoir  jamais  vécu  avec 
les  populations  agricoles  pour  pouvoir  supposer  un  seul  moment  que 
les  intérêts  soient  distincts  en  ce  qui  concerne  les  mouvements  de  la 


254  LES  DROITS  DE  DOUANE  ET  LA  PIOTITE  GULTUHE. 

rente,  et  que  le  petit  cultivateur  souffre  moins  que  le  grand  propiiélaire. 
La  vérité  est  qu'il  souffre  beaucoup  plus.  N'ayant  que  le  nécessaire,  il 
ne  peut  pas  se  restreindre  dans  ses  dépenses  comme  le  grand  pro- 
priétaire qui  d'ordinaire  a,  en  sus  des  revenus  agricoles,  d'autres  res- 
sources échappant  à  la  crise.  Le  petit  cultivateur  tombe  dans  la 
misère,  et  c'est  le  grand  propriétaire  résidant  a  la  campagne  qui  le 
soutient  et  le  préserve  des  extrémités.  Il  y  a  non  seulement  solidarité 
d'intérêts  entre  eux,  il  y  a  assurance  mutuelle. 

Ce  qui  trouble  la  vue  de  certains  économistes,  c'est  qu'ils  créent 
dans  leur  imagination  une  division  de  classes  artificielle.  Ils  ne  pen- 
sent pas  qu'en  France  le  nombre  des  petits  propriétaires,  en  d'autres 
termes  des  parcelles,  estexcessivementconsidérableetque  l'ouvrier  agri- 
cole proprement  dit,  ne  possédant  pas  et  allant  de  lieu  en  lieu  louer  ses 
services,  est  l'exception  au  lieu  d'être  la  règle  comme  en  Angleterre. 
La  lutte  entre  l'ouvrier  et  le  patron  n'existe  qu'à  l'état  d'exception 
dans  la  France  agricole;  depuis  longtemps  l'exode  des  ouvriers  agri- 
coles non  possédants  est  commencée,  et  elle  touche  à  son  terme.  Ce  sont 
les  petits  propriétaires  qui  échappent  anx  dernières  conséquences  de  la 
crise  en  louant  temporairementleurs  services  aux  grands  propriétaires. 
Leurs  intérêts  sont  absolument  inséparables,  et  c'est  une  singulière 
méprise  que  celle  que  nous  signalons.  11  faut  pourtant  la  signaler, 
puisqu'on  voit  souvent  des  résolutions  prises  pour  des  i-aisons  abso- 
lument étrangères  au  sujet  qui  devrait  les  motiver. 

La  seconde  erreur  de  fait  que  je  veux  signaler  est  celle-ci.  Despubli- 
cistes  distingués,  examinant  les  cours  des  céréales  tout  à  fait  en  dehors 
de  la  question  brûlante  qui  s'agite  en  ce  moment,  constatent  qu'il 
y  a  une  crise  des  céréales  en  Amérique.  La  perspective  d'inonder  le 
continent  européen  de  leurs  blés  avait  donné  à  la  production  une  acti- 
vité exagérée.  II  y  a  pléthore  ;  l'abaissement  des  prix  a  dépassé  les  pré- 
visions des  spéculateurs  américains,  et  il  en  est  résulté,  d'abord  un 
stock  énorme,  et  en  outre  un  véritable  krach.  Je  crois  ce  renseignement 
très  conforme  aux  faits.  Mais  il  en  ressort  deux  conclusions  évidentes. 
D'abord  l'existence  de  la  spéculation  qui,  elle,  avait  une  base  sérieuse  : 
la  différence  entre  les  frais  de  production  du  blé  américain  et  du  blé 
européen.  Cette  différence  est  réelle.  On  produit  le  blé  en  Amérique 
à  13  francs  les  100  kilog.,  et  tout  le  monde  peut  comparer  ce  prix  de 
revient  avec  celui  de  nos  blés  (je  ne  parle  ici  que  des  frais  de  produc- 
tion de  toute  nature,  sans  rente,  impôt  ni  transport).  Cette  différence 
persistera  quand  la  crise  actuelle  sera  liquidée,  et  nous  resterons  en 
présence  d'un  pays  qui  surtaxe  notre  production  industrielle  et  nous 
envoie  en  franchise  sa  production  agricole. 

Enfin  dans  l'Inde  anglaise  on  paye  le  blé  au  producteur  13  francs,  et 
ici  ce  prix  comprend  non  seulement  les  frais  de  production  mais 
toutes  les  charges  de  l'agriculteur.  Le  négociant  n'a  plus  qu'à  s'occu- 
per du  transjjort.  Ce  fait  est  bien  plus  menaçant  encore  que  la  produc- 
tion américaine.  Quant  au  stock  américain,  il  est  évident  que  son  exis- 
tence est  une  raison  de  plus  de  se  défendre  à  court  terme. 

Le  bon  marché  du  blé  américain  tient  à  la  faible  valeur  capitale  des 
terrains  et  à  l'emploi  des  machines  sur  de  vastes  étendues.  Le  bon 
marché  du  blé  indien  tient  au  bas  prix  de  la  main-d'œuvre.  Ces  con- 
ditions-là ne  changeront  pas  du  jour  au  lendemain. 
Recevez,  etc.  Paul  de  Gasparin, 

Membre  de  la  Société  natiatiale  d'agricuUiire,  correspollJ.nt  de  l'iiislitut. 


SITUATiOiN  FORESTIERE  ET  AGRICOLE  AU  CANADA.  255 


SITUATION  FORESTIERE  ET  AGRICOLE  AU  CANADA 

L'exploitation  des  forêts  canadiennes,  quoique  ayant  été  très  active 
pendant  l'année  écoulée,  a  été  peu  rémunératrice;  les  prix  des  bois  de 
tous  genres  ont  été  assez  bas  et  la  cause  en  est  due  à  l'encombrement 
dos  marchés  anglais.  Nous  donnons  la  liste  des  pays  qui  ont  importé 
le  plus  de  bois  du  Canada  : 

Grande-Bretagne H  027  337  Piastres.     France 417  080  Piasties. 

Etats-Unis 9  !)1G  040  —  Espar^nc Iô3  44o  — 

Terre-Neuve ViH  'J46  —  Antilles  espagnoles...  91  "iUO  — 

Antilles  anglaises..    ..  304  821  —  l'ùrlngal 88  209  — 

Guyane  anglaise 102  659  —  Cliine 63  243  — 

Uruguay 28S  09.t  —  Australie 250  784  — 

République  A  rgcul:ne.  194  175  — 

Les  prix  des  principaux  bois  d'exportation  étaient,  au  printemps  de 
1884,  les  suivants  : 

Pin  j'aune,  épaisseur  3  pouces;  l"  qualité,  17  €  par  Pétersbourg  Standard i 
franco  bord  à  Québec;  2'  qualité,  12  S.  ;  3°  qualité,  6  €.  —  La  longueur  de  ces 
madriers  est  généralement  de  12  à  16  pieds  et  la  largeur,  70  pieds  carrés  de 
1  l  pouces  et  au-dessus,  30  pieds  carrés  de  7  à  10  pouces. 

Einueile  blanche.  F'  qualité,  7  €  par  Pélersbourg-Slandard  franco  bord  à 
Québec  ;  3''  qualité,  k  £.  —  Largeur  généralement  9  pouces,  soit  80  pieds  carrés 
de  9  pouces  et  20  pieds  carrés  de  8  pouces  donnant  une  moyenne  de  12  à  13  pieds 
de  longueur. 

l'in  rouge.  1'"  qualité,  10  £  par  Pétershourg-Standard  franco  bord  à  Québec; 
3'^  qualité,  5  €.  10  sh.  —  La  longueur  moyenne  est  de  12  y  16  pieds  et  de  9  à 
]  1  pouces  de  largeur. 

Planches  de  pin  jaune  sciées  à  une  longueur  de  12  à  16  pieds  et  de  8  poucesau 
moins  de  largeur,  épaisseur,  1,  1  1/4,  1  1/2  et  2  pouces.  ■ —  ï"'  qualité,  14  £  par 
Pétersbourg-Standard  franco  bord  à  Québec;  2'"  qualité,  11  £. 

Le  Pétersbourg-Standard,  l'étalon  généralement  employé  pour  l'exportation 
est  égal  à  165  pieds  cubes  pour  les  madriers  et  à  2,750  pieds  carrés,  mesure  de 
planches  (1  pouce  d'épaisseur). 

Le  Québec-Standard,  parfois  aussi  employé  dans  le  commerce  du  bois,  a 
12  pieds  de  longueur  sur  1 1  pouces  de  largeur  et  2  1/2  pouces  d'épaisseur  ;  il  est 
plus  grand  que  le  Pctershourg-Slandard  :  72  Québec-Standard  représBiitant 
100  Pétersbourg-Standard.  Pour  le  commerce  des  planches,  le  Québec -Standard 
équivaut  à  3,600  pieds  carrés,  mesure  de  planches  (1  pouce  d'épaisseur). 

La  récolte  des  céréales  n'a  pas  été  brillante  en  1883  et  l'exportation 
s'en  est  ressentie.  Le  commerce  canadien  se  ressent  fortement  de  l'abo- 
lition des  péages  sur  le  canal  Erié,  les  céréales  venant  de  l'Ouest  ont 
pris  la  voie  du  canal  Erié  et  des  ports  américains  de  l'Atlantique,  au 
détriment  de  la  voie  du  Saint-Laurent,  pour  éviter  le  payement  des 
droits  du  canal  Welland  et  des  autres  canaux  canadiens.  Montréal  a 
beaucoup  perdu  par  suite  de  ce  détournement  des  traites,  et  tout  le 
commerce  de  cette  ville  use  de  son  intlueiice  sur  le  gouvernement  fédé- 
rai  pour  1  engager  à  supprimer  les  droits  de  passage  sur  les  canaux 
canadiens  conduisant  des  lacs  à  Montréal,  port  d'embarquement. 

Au  moment  de  terminer  son  rapport  le  consul  a  reçu  des  nouvelles 
que  pour  empêcher  la  ruine  de  l'exportation,  les  commissaires  du  port 
de  Montréal  ont  réduit  les  droits  de  quayage  de  7  cents  la  tonne  à 
1  cent;  la  Compagnie  des  élévateurs  a  rétabli  son  escompte  de 
20  pour  100  et  les  Compagnies  de  transports  ont  également  accordé 
une  réduction  de  un  quart  de  cent.  De  cette  far  on,  toute  dilïérence 
de  prix  entre  Chicago  et  New- York  et  Chicago  et  Montréal  est  aujour- 
d'hui supprimée . 


256  SITUATION  FORESTIÈRE  ET  AGRICOLE  AU  CANADA. 

L'inauguration  de  la  ligne  transcontinentale  du  Pacifique  en  1886 
sera  un  événement  dont  les  effets  ne  tarderont  pas  à  se  faire  sentir  en 
Europe  ;  ce  sera  en  effet,  la  ligne  la  plus  courte  pour  se  rendre  au  Japon 
et  dans  l'Extrême-Orient.  On  calcule  que  la  distance  entre  Liverpool  et 
Yokohama  via  IVIontréal  et  le  Canadian  Pacific  Railway  sera  de 
11,019  milles,  tandis  que  la  même  distance  via  New- York  et  San- 
Francisco  serait  de  12,038  milles,  soit  une  différence  de  1,019  milles 
en  faveur  de  la  voie  canadienne. 

De  grandes  améliorations  ont  été  apportées  dans  la  préparation  du 
beurre  et  du  fromage.  Rien  que  dans  la  province  de  Québec,  il  y  a 
280  fromageries,  47  beurreries  et  28  fromageries  et  beurreries  com- 
binées; près  de  1.50  fabriques  nouvelles  ont  été  montées  en  un  an. 
Aussi  l'exportation  des  fromages  a-t-elle  été  beaucoup  plus  considé- 
rable pendant  le  dernier  exercice. 

L'exportation  du  bétail  en  1884  est  plus  considérable  que  dans  les 
années  précédentes.  Presque  tout  l'espace  réservé  pour  le  bétail  sur  les 
navires  est  déjà  retenu  pour  l'année  ;  le  prix  moyen  serait  de  4  i  (1 00  fr.) 
par  tête  pour  les  bêtes  à  cornes,  la  nourriture  étant  à  la  charge  des 
navires,  et  la  garde  à  la  charge  de  l'expéditeur.         Max  Hoffmann. 

COMITÉ  CENTRAL  AGRICOLE  DE  LA  SOLOGNE 

On  sait  que  le  Comité  central  agricole  de  la  Solopfne.  constitué  officieileruent 
en  1859,  comme  un^  sorte  de  Conseil  général  agricole  des  trois  départements  du 
Clier,  du  Loiret  et  de  Loir-et-Cher,  dans  le  but  d'améliorer  et  transformer  cette 
province  du  centre  appelée  la  Sologne,  a  été  reconstitué  sur  les  bases  de  statuts 
nouveaux,  et  est  devenu  une  association  libre,  qui  poursuit  avec  plus  d'activité  et 
de  dévouement  que  jamais  ses  travaux  commencés.  Il  tenait  sa  session  d'automne, 
le  26  octobre,  à  son  siège,  l'hôtel  de  ville  de  Lamotte-Beuvron. 

Après  avoir  salué  les  noms  de  MM.  Dumas  et  Barrai  enlevés  à  la  science  et  à 
leur  siège  de  présidence  honoraire,  le  Comité  a  unanimement  oll'ert  le  siège  de 
M.  Dumas  à  M.  Pasteur. 

Plusieurs  admissions  de  membres  ordinaires  nouveaux  ayant  été  prononcées, 
M.  le  président,  qui  trouve  dans  son  inépuisable  dévouement  à  la  Sologne  et  à 
l'œuvre  du  Comité  une  source  toujours  nouvelle  de  bienveillante  énergie  pour  pré- 
sider et  diriger  ses  travaux,  a  présenté  les  candidats  pour  les  livrets  de  caisse 
d'épargne  de  100  francs,  distribués  chaque  année  aux  ouvriers  et  petits  cultiva- 
teurs ayant  donné  l'exemple  de  la  persévérance  dans  le  travail  et  de  l'accomplis- 
sement des  devoirs  de  la  famille.  Sept  de  ces  livrets  ont  été  accordés  aux  sieurs 
Landillay,  de  Nançay,  —  Béguin,  de  Sainte-AIontaine, — Taillandier  et  Jeuillard, 
d'Ennordres,  —  Legendre  et  Bouvassin,  de  Ncuvy-sur-Barangeon  (Ciier.) 

Il  est  désirable  que  les  ressources  de  son  trésor  permettent  au  Comité  d'inscrire 
longtemps  encore  ces  jjrix  Monlhyon  de  l'agriculture  sur  le  programme  de  ses 
concours. 

Les  médailles  destinées  aux  élcves-maîlres  des  écoles  normales,  aux  insliluteurs, 
aux  élèves  des  écoles  primaires  de  la  Sologne  pour  encourager  l'enseignement 
agricole  et  horticole,  ont  été  décernées  sur  le  rapport  de  M.  E.  Gaugiran. 

Sur  le  rapport  de  M.  Ed.  de  Laage  de  Meux,  le  prix  d'honneur  de  1,000  francs 
fondé  dans  le  but  de  solliciter  les  grands  efforts  et  les  beaux  exemples  d'exploita- 
tion des  propriétaires  et  des  fermiers,  soit  au  point  de  vue  cultural,  soit  au  point 
de  vue  forestier,  a  été  partagé  entreM.  Léopold  Dejoulx,  propriétaire  à  Presly,  et 
M.  Dusapt-Lucet,  propriétaire  à  Aubigny  ,Cher).  Une  médaille  de  bronze  et 
50  francs  ont  été  donnés  à  M.  Valet,  garde-régisseur  du  domaine  de  M.  Dejoulx, 
en  témoignage  de  ses  bons  services. 

Le  prix  David-Cannon  pour  les  gardes  et  régisseurs  ayant  le  plus  et  le  mieux 
contribué  au  reboisement  par  leurs  soins  de  direction  et  de  surveillance  donnés  à 
leurs  semis  et  plantations,  consiste  en  une  somme  de  120  francs,  dont  une 
médaille  d'argent;  il  a  été  attribué  à  M.  F.  Foussard,  garde  au  château  de  Nancy 
(propriétaire,  M.  Pepin-le-Halleur.) 


COMITÉ  CENTRAL  AGRICOLE  DE  LA  SOLOGNE.  257 

Ont  été  décernés  ensuite:  Sur  le  rapport  de  M.  André  Gourtin,  pour  création 
de  pr-airies  par  l'irrirjation,  un  objet  d'art  de  400  francs  à  M.  Rolland  d'Estapes, 
propriétaire  à  la  Bergerie  (Brinon,  Cher); 

Pour  création  de  prairies  temporaires,  un  objet  d'art  à  M.  Pornay,  de  La  Jau- 
draie  (Roraorantin,  Loir-et-Glier),  un  objet  d'art  à  'SI.  EL  Fougeu,  de  la  Gou- 
chère  iMillançay.  Loir-et-Glicr); 

Une  médaille  "d'argent  et  75  francs  à  M.  Beaufils,  pour  la  bonne  surveillance 
des  travaux  d'irrigation  de  Ja  Bergerie. 

Sur  le  rapport  de  M.  Manteau,  pour  plnntalion  et  culture  de  la  vigne,  un  rappel 
de  tous  les  prix  remportés  par  lui  dans  les  concours  précédents,  à  AI  le  docteur 
Burdel,  de  Vierzon;  une  médaille  d'argent  et  475  francs  à  M.  Ghenault,  fermier 
à  la  Vannelière  \Vienne-en-Val,  Loiret);  une  médaille  d'argent  à  titre  d'encoura- 
gement à  AL  Saget,  fermier  à  La  Loge  [Coulions,  Loiret). 

Après  l'attribution  de  ces  prix,  M.  le  président  a  exposé  i[ue  l'Etat  des  pépinières 
de  secour.fj  créées  sur  les  instances  de  M.  le  conservateur  R.  Boucard,  appuyé 
par  les  représentants  des  intérêts  de  la  contrée,  et  par  les  soins  persévérants  de 
l'administration  des  forêts,  est  très  satisfaisant,  —  qm;  10,300,000  plants  de  pin 
sylvestre,  repiqués  de  deux  ans,  pouvaient  être  distribués  cet  automne,  malgré  une 
perte  de  près  de  4,000,000  de  plants  détruits  par  la  grêle  à  Salbris,  —  que  cette 
dernière  délivrance  élèvera  le  total  des  plants  produits  par  les  pépinières,  et  pro- 
duits économiquement  dans  les  limites  des  fonds  mis  à  la  disposition  du  service, 
à  34,000,000  de  plants,  —  que  grâce  à  ces  secours  et  à  l'activité  déployée  par 
les  propriétaires,  on  peut  estimer  à  40,000  hectares  les  pineraies  reconstituées 
depuis  leur  destruction  dans  l'hiver  de  1879-1880. 

M.  E.  Rousseau,  président  du  Gomice  de  Salbris,  a  lu  ensuite  un  travail  très 
intéressant  sur  le  traitement  dis  vieux  pâtis  de  Sologne  par  les  engrais  chimiques 
et  le  séjour  des  bêtes  à  cornes,  que  les  annales  du  Comité  donneront  in  extenso. 

Après  une  courte  discussion  sur  les  tarifs  douaniers,  et  la  décision  prise  par  le 
Comité  de  joindre  ses  vœux  à  ceux  des  Gouseils  généraux  du  Loiret  et  de  Loir-et- 
Cher,  AL  Courtin  a  donné  communication  des  premiers  travaux  de  la  Commission 
spéciale  chargée  de  rechercher  les  iaduitries  qui  pourraient  être  utilement  intro- 
duites en  Sologne. 

Plusieurs  questions  ont  été  renvoyées  aux  Commissions  permanentes  et  la 
séance  a  été  levée  à  la  fin  du  jour.  i  Ernest  G-augiran. 

LES  MOISSONNEUSES-LIEUSES  EN  ANGLETERRE 

La  dernière  moisson,  en  Angleterre,  a  donné  lieu  à  de  biea  inté- 
ressantes expériences,  faites  dans  le  but  de  déterminer  quel  est 
aujourd'hui  le  liieilleur  système  et  l'engin  le  plus  pratique  pour 
effectuer  cette  opération  si  importante  de  la  ligature  en  gerbes  des 
javelles  au  sortir  de  la  moissonneuse,  et  de  leur  livraison,  complète- 
ment réunies  en  gerbes,  au  chariot  qui  doit  les  emporter,  soit  à  la 
grange,  soit  à  la  meule. 

Depuis  l'invention,  aujourd'hui  absolument  pratique,  des  moisson- 
neuses qui  remplacent  si  avantageusement  la  faux  et  la  faucille,  au 
double  point  de  vue  de  la  rapidité  du  travail  et  de  celui,  non  moins 
important,  de  l'économie  de  la  main-d'œuvre,  on  a  cherché  avec  ar- 
deur, tant  l'application  en  était  urgente,  un  moyen  efficace  et  pratique 
de  réunir  et  de  lier  en  gerbes  les  javelles  déjà  coupées  et  formées  en 
faisceaux  distincts  par  la  moissonneuse.  En  effet,  une  fois  cette  opéra- 
tion accomplie,  il  restait  encore  à  faire  mécaniquement  l'assem- 
blage et  la  ligature  des  gerbes,  et  tant  que  cette  dernière  opéra- 
tion restait  confiée  h.  la  main  de  l'ouvrier,  l'utilité  de  la  moissonneuse 
restait  incomplète,  et  l'économie  réalisée  par  son  emploi  demeurait 
neutralisé,  dans  une  certaine  mesure,  par  le  coût  d'une  main-d'œuvre 
auxiliaire  restée  indispensable.  Le  problème  à  résoudre  était  donc  de 
munir  les  moissonneuses  d'un  appareil  automatique,  à  la  fois  simple 


258  LES  MOISSONNEUSES-LIEUSES  EN  ANGLETERRE. 

et  léger,  solide  et  pratique,  n'ajoutant  qu'une  faible  addition  à  la 
traction  des  chevau.v,  et  éliminant  complèlement  la  dépense  de  l'as- 
semblage et  de  la  ligature  des  gerbes  par  les  mains  de  l'homme. 

On  peut  dire  que  ce  problème  est  aujourd'hui  absolument  résolu  ; 
l'art  mécanique,  qui  a  déjà  tant  fait  pour  simplifier,  accélérer,  amé- 
liorer et  économiser  les  travaux  de  l'agriculture,  a  réussi,  encore 
cette  fois,  à  accomplir  cette  nouvelle  conquête,  à  réaliser  cette  nou- 
velle économie  d'une  main-d'œuvre  qui  tend  à  disparaître,  et  de 
frais  de  temps  et  d'argent  que  l'agriculture,  dans  les  circonstances 
actuelles,  ne  peut  plus  supporter. 

(Test  sous  les  auspices  de  la  Société  royale  d'agriculture  de  l'Angle- 
terre que  les  expériences  ont  été  organisées.  Elles  faisaient  partie  do 
l'exposition  annuelle  de  la  Société,  laquelle  avait  lieu,  cette  année,  à 
Shrewsbury;  mais  comme  à  l'époque  où  cette  exposition  était  ouverte, 
les  récoltes  n'étaient  pas  encore  assez  mûres  pour  être  moissonnées, 
on  avait  été  obligé  de  remettre  les  essais  au  mois  d'août,  et  c'est 
le  mercredi  6  de  ce  mois  que  commencèrent  les  expériences  sur  une 
ferme  aux  environs  immédiats  de  la  ville  de  Shrewsbury,  où  s'était 
tenu  le  grand  concours  de  la  Société  royale  le  mois  précédent. 

Deux  grands  prix  étaient  offerts  à  la  concurrence  des  moissonneuses- 
lieuses  :  l'un  de  2,r)t)0  fr.,  et  l'autre  de  1 ,250  fr.;  mais  ce  qui  ajoutait 
encore  à  la  valeur  de  ces  prix  importants,  c'était  la  sanction  de  ces 
expériences  solennelles,  organisées  par  la  plus  grande  et  la  plus  sé- 
rieuse des  Sociétés  d'agriculture  du  monde  entier;  une  telle  récom- 
pense, une  si  puissante  recommandation,  une  annonce  aussi  retentis- 
sante, valaient  bien  la  peine  et  les  frais  considérables  encourus  par  les 
concurrents. 

Aussi,  parmi  ces  concurrents,  on  voyait  figurer  les  constructeurs 
les  plus  éminents  de  l'Angleterre  et  de  l'Amérique  :  les  Hornsby,  les 
Howard,  les  Wood,  les  Johnston,  les  Samuelson,  etc.  Seize  machines 
combinées  avaient  été  déclarées  et  se  trouvaient  sur  le  terrain  prêtes 
à  entrer  en  lice.  Sur  ce  nombre,  dès  le  premier  jour  qui  fut  entière- 
ment consacré  à  des  vérifications  et  à  des  expériences  préliminaires  de 
réception,  après  quelques  essais,  deux  de  ces  machines  furent  écartées, 
les  juges  ne  croyant  pas  nécessaire  de  les  soumettre  à  d'autres  expé- 
riences. 

Le  second  jour,  on  essaya  deux  lieuses  indépendantes,  sur  une 
avoine  qui  avait  été  coupée  en  andains  et  en  javelles  ;  mais  après  un 
essai  peu  satisfaisant,  ces  deux  engins  furent  également  écartés  du 
concours.  C'est  alors  que  commença  le  véritable  combat  entre  les  qua- 
torze moissonneuses-lieuses,  appartenant  à  MM.  Hornsby  etCie,  J.  etF. 
Howard,  Lankesteret  Cie,  ces  trois  constructeurs  exposant  chacun  trois 
machines;  MM.  Samuelson  et  Cie,  Walter  A.  \yood,  chacun  deux; 
et  MM.  Georges  Kearsley,  Johnston  et  Cie  et  M.  King,  chacun  de  ces 
derniers  avec  une  seule  machine.  Ce  sont  les  machines  de  ces  deux 
derniers  constructeurs  qui,  dès  le  premier  jour,  furent  écartées  du  con- 
cours. Les  autres  concurrents  accomplirent  la  tâche  qui  leur  avait  été 
mesurée,  environ  30  ares,  avec  une  perfection  et  une  rapidité  remar- 
quables. 

L'expérience  suivante  eut  lieu  sur  une  avoine  d'hiver;  chaque  ma- 
chine eut  à  couper  et  lier  un  espacé  de  40  ares.  La  nature  irrégulière 
de  la  surface  du  champ  et  la  condition  de  la  récolte,  laquelle  était  des 


LO'S  MOISSONNKUSES-UEUSIiS  EN  ANGLETERRE.  259 

plus  défavorables,  vu  l'état  enchevêtré  de  l'avoine,  forte  de  tige,  lourde 
d'épis  et  entremêlée  avec  confusion,  rendaient  le  travail  extraordi- 
naireraent  (liflicile  ;  il  n'était  donc  guère  posssible  d'expérimenter  dans 
des  conditions  plus  défavorables.  Les  quatorze  machines  s'acquittèrent 
de  leur  tâche  avec  une  telle  rapidité  (moins  d'une  minute  par  are, 
c'est-à-dire  40  ares  dans  3.'î  minutes),  que  le  jury  ne  trouvant  point 
dans  cette  expérience  les  données  nécessaires  pour  arriver  à  une  déci- 
sion, dut  les  soumettre  à  une  nouvelle  expérience. 

Le  lendemain,  vendredi,  on  attribua  à  chaque  machine  un  espace 
de  deux  acres  de  blé  (80  ares).  Huit  concurrents  entrèrent  en  iice  et 
accomplirent  cette  tâche  avec  le  môme  succès,  en  fait  d'excellence  du 
travail  accompli  et  de  rapidité,  c'est-à-dire  en  moyenne,  un  are  à  la 
minute.  Le  seul  accident  à  enregistrer  dans  cette  expérience,  fut  la 
mise  hors  de  combat,  d'une  des  machines  de  M.M.  Samuolon  et  Gie, 
dont  une  pièce  en  fonte  défectueuse  se  brisa  dès  les  premiers  tours  ; 
les  autres  firent  un  travail  parfait. 

Le   lendemain,    samedi,  dans   la   matinée,    trois    machines   furent 
essayées  :  en  premier  lieu  celle  de  Kearsley,  puis    celle  de  M.    Mac 
(lormick,  et  enfin  celle  de  Mornsby.  La  moissonneuse-lieuse  de  Kearsley 
commença  par  donner  rapidement  de  petites  gerbes,  telles  qu'on  les 
fait  ordinairement  dans  le  comté  de  Yorkshire,  et  généralement  dans 
le  nord  de  l'Angleterre  ;  mais  à  la  suggestion  du  jury,  le  conducteur  de 
cette  machine  put  immédiatement  réajuster  son  appareil,  de  manière  à 
donner  de  plus  grosses  gerbes.  Ce  changement  fut  accompli  dans  quel- 
ques minutes.  La  machine  de  M.  Mac  Cormick  fit  un  excellent  travail, 
mais  aurait  pu  donner  ses  gerbes  avec  un  peu  plus  de  régularité.  La 
lieuse  de  Hornsby  fit  son  travail  d'une  manière  presque  irréprochable. 
Dans  l'après-midi,  les  machines  de  Wood  et  de  MM.  Howard  en- 
trèrent en  lice.  —  La  machine  de  Wood  termina  sa  tâche  de  80  ares 
dans   une   heure  24  minutes,  et    celle    de  MM.    Howard,  dans    une 
heure  23  minutes.  La  machine  de  Wood,  malgré  quelques  arrêts,  fit 
son   travail  d'une  manière  satisfaisante.    Les  gerbes,    bien  coupées, 
tombaient  de  la  plate-forme,  à  intervalles  réguliers,  bien  formées  et 
solidement  liées.  C'est  évidemment  une  machine  pratique  qui,  avec 
quelques  améliorations,  pourra  devenir  un  précieux  auxiliaire  pour  le 
cultivateur.  La  machine  de  Howard,  dont  la  coupe  est  de  1  mètre  50 
centimètres  de  largeur,  accomplit  sa  tâche  avec  rapidité,  et  une  rare 
perfection.  Les  arrêts  étaient  bien  moins  fréciuents  qu'avec  celle  de 
Wood,  et  l'impression  que  son  travail  produisit  sur  les  spectateurs 
était  évidemment  des  plus  favorables  ;  c'était  évidemment  et  jusqu'alors 
la  machine  favorite  et  celle  qui  semblait  là    plus  appréciée  par  les 
nombreux  praticiens  qui  en  suivaient  le  travail  avec  une  attention 
marquée.  Cette  machine,  que  je  crois  appelée  à  une  grande  faveur  parmi 
les  agriculteurs  sérieux,  et  doni  je  donne  ici  un  dessin(fig.  21),  possède 
un  grand  avantage  sur  ses  rivales,   par  sa  facilité  de  transport  sur  les 
routes  et  d'un  champ  à  un  autre.  Elle  est  munie  d'une  paire  de  roues 
attachées  à  un  brancard,  et  on    peut  ainsi  la  transporter  d'un  lieu  à 
un  autre,  dans  le  sens  de  sa  moindre  largeur,  de  manière  à  la  faire 
passer  sur  les  routes  les  plus  étroites  et  par  les  barrières  les  moins 
larges.  Ce  mode  de  transport  évite  aussi  les  secousses  imprimées  par 
les  chemins  raboteux,  les  fondrières  et  les  profondes   ornières.   Les 
brancards  sont  agencés  de  manière  à  s'adapter  à  la  machine  dans  le 


260  LES  MOISSONNEUSES-LIEUSES   EN  ANGLETERRE. 

sens   de    sa  loni?ueur.   On  arrive  ainsi  à  en  réduire  la  largeur  à  une 
voie  de  tout  au  plus  2  m.  60. 

Il  restait  à  essayer  !es  machines  sur  un  champ  d'orge,  et  puis  à  eu 
constater  la  résistance  de  tirage  par  des  expériences  avec  le  dynamo- 
mètre. Cette  partie  du  concours  fut  remise  au  lundi  suivant. 

Le  lundi,  M  août,  les  essais  furent  repris,  dès  le  matin,  sur  uue 
grande  pièce  d'orge  assez  vaste  pour  occuper  les  13  machines  en 
même  temps.  On  avait  mesuré  pour  chacune  un  lot  de  80  ares  qu'il 
s'agissait  de  couper,  d'enjaveler  et  d'engerber.  La  machine  de  Samuel- 
son,  écartée  à  cause  de  son  accident,  se  mit  aussi  en  travail,  avec  la 
permission  spéciale  du  jury,  mais  resta  toujours  hors  concours. 

La  récolte  d'orge,  qu'il  s'agissait  do  moissonner,  était  fort  courte  de 
paille,  et  par  conséquent  offrait  peu  de  rigidité  et  de  résistance  à  la 
scie,  ce  qui  était  une  circonstance  peu  favorable  au  travail  régulier  des 


Fig.  20.  —  Moissonneuse-lieuse  de  Samuelson. 


machines,  car  celte  récolte  sans  consistance  se  dérobait  à  l'action  des 
scies  en  cédant   à  la  pression  de  la  traction.  C'était  ce  jour-là  que 
devaient  avoir  lieu  les  expériences  avec  le  dynamomètre,  et  il  avait  été 
entendu  que  les  machines  devaient  employer  dans  la  pièce  de  blé, 
choisie    pour    ces    expériences,   la  même  scie   qui    leur  avait    servi 
pour  la  moisson  de  l'orge  ;  seulement  il  avait  été  stipulé  que  chaque 
concurrent  emporterait  avec  lui  une  scie  de  rechange  pour  être  em- 
ployée à  la  discrétion  du  jury.  IMais  ce  ne  fut  que  vers  cinq  heures  de 
l'après-midi  que  les  expériences  avec  le  dynamomètre  purent  com- 
mencer ;  aussi  on  ne  put  y  soumettre  que  trois  machines  avant  la  nuit. 
La  pièce  d'orge  sur  laquelle  les  14  machines  concurrentes  furent 
essayées  ce  jour-là,  présentait  de  sérieuses  difficultés,  comme  je  l'ai 
remarqué  plus  haut;  non  seulement  le  chaume  était  très  court,  mais 
toute  la  récolte  était   tellement  enchevêtrée  que  même  les  meilleures 
lieuses  ne  parvenaient  pas  à  lier  toutes  les  gerbes,  et  presque  toutes 
les  gerbes  présentaient  une  apparence  des  plus  irrégulières. 

Une  des  machines  de  MM.  Howard  fut  mise  hors  de  concours  par 
la  rupture  du  marchepied  du  conducteur;  mais  l'autre  machine, 
présentée  par  ces  constructeurs,  connue   sous  le  nom  de  «simplex», 


LES  MOISSONNEUSES-LIEUSES  EN  ANGLETERRE. 


261 


accomplit  sa  tâche  de  80  ares,  sans  Irop  de  difficulté,  dans  une 
heure  et  demie.  La  machine  Hornsby  mit  une  heure  28  minutes  et 
demie,  et  son  travail  fut  tout  aussi  satisfaisant,  malgré  les  difficul- 
tés à  surmonter. 

Les  machines  de  Wood  et  de  Samuelson  ne  mirent  pas  plus  de  temps, 
mais  leur  travail  laissait  beaucoup  à  désirer.  La  moissonneuse- 
lieuse  de  Mac  Cormick  ayant  une  voie  de  1  m.  80, tandis  que  les  autres 
n'avaient  que  1  m.  50,  accomplit  sa  tâche  en  moins  de  temps  (1  heure 
et  16  minutes),  mais  le  travail  était  peu  satisfaisant. 

En  somme,  cette  première  journée  de  la  nouvelle  série  d'expériences 
fit  ressortir  clairement  les  mérites  et  démérites  des  diverses  machines, 
en  présence  de  diflicultés  insolites  et  sérieuses,  et  le  résultat  de 
cette  journée  fut  la  mite  hors  de  combat  de  six  autres  des  machines 
concurrentes,  et  le  mardi  matin  huit   seulement  se  présentèrent  au 


Fig.  21. —  Moissonneuse-lieuse  de  Howard,  dite  Simplew. 


combat  :  une  de  Samuelson,  une  de  Wood,  une  de  Mac  Cormick,  deux 
de  MM.  Howard  et  trois  de  Hornsby.  Sur  ces  huit  machines,  comme 
on  le  voit  par  les  noms  des  concurrents,  deux  seulement  étaient  d'ori- 
gine américaine  et  les  six  autres  de  fabrication  anglaise. 

Les  épreuves  au  dynamomètre  qui,  comme  je  l'ai  dit  plus  haut, 
n'avaient  pu  se  terminer  la  veille,  à  cause  de  l'heure  avancée  à  laquelle 
elles  avaient  commencé,  furent  reprises  ce  jour-là  dès  le  matin  sur  une 
pièce  de  blé  et  occupèrent  toute  'la  journée  jusqu'à  la  nuit.  Mais 
dans  l'après-midi  et  dans  un  intervalle  pendant  lequel  les  expériences 
dynaraométriques  furent  interrompues,  les  huit  concurrents  furent 
soumis  à  une  nouvelle  épreuve  dans  une  pièce  d'orge,  sur  laquelle  on 
avait  mesuré  un  espace  de  40  ares  pour  chacune  des  huit  machines 
concurrentes.  Chaque  machine,  après  un  parcours  préliminaire,  aller 
d'un  côté  et  retour  de  l'autre,  devait  faire  trois  autres  tours  sur  le  même 
lot,  guidée  par  des  conducteurs  étrangers,  sous  la  surveillance  immé- 
diate du  jury.  Seulement  on  permit  à  l'un  des  ouvriers  de  chaque  con- 
current d'accompagner  la  machine  dans  tout  le  parcours,  mais  sans  y 
toucher,  ni  intervenir  autrement  que  par  des  recommandations  orales. 
Cette  pièce  d'orge  présentait,  elle  aussi,  des  difficultés  sérieuses.  Au 


262  LES   MOISSONNEUSES-LIEUSES  EN  ANGLETERRE. 

beau  milieu  du  parcours,  il  y  avait  une  fondrière  marécageuse  formant 
un  creux  que  les  machines  avaient  à  traverser,  et  dans  certains  endroits 
la  récolle  était  complètement  couchée  à  phil  sur  le  sol. 

Dans  ces  circonstances  la  netteté  du  travail  était  chose  impossible. 
Dans  celte  épreuve  difficile,  la  machine  de  Hornsby  se  tira  d'affaire 
avec  succès.  Celle  de  Wood  fut  moins  heureuse,  la  Simplex  de  Howard 
accomplit  sa  tâche  sans  beaucoup  de  peine.  Celle  deSarauelson  fit  des 
gerbes  de  dimensions  et  de  formes  très  diverses  et  comme  celle  de 
Wood,  ne  fut  pas  heureuse,  et  enfin,  celle  de  Mac-Cormick  passa  un 
certain  nombre  de  gerbes  sans  les  lier. 

Le  résultat  des  expériences  du  mardi  fut  l'élimination  entière  des 
machines  américaines,  et  les  concurrents  pour  les  expériences  finales 
du  lendemain,  mercredi,  furent  ainsi  réduits  aux  trois  macliines  de 
Hornsby,  aux  deux  de  Howard  et  à  celle  de  Samuelson.  Les  parties 
du  champ  d'orge|sur  lequel  les  expériences  de  la  veille  avaient  eu  lien, 
et  qui  restaient  intactes,  avaient  été  réservées  pour  cette  expérience 
finale. 

Dans  cette  dernière  épreuve,  la  machine  Samuelson  fit  un  arrêt  pro- 
longé et  fut  écartée  du  concours,  de  sorte  que  la  bataille  resta  imx 
mains  de  Hornsby  et  de  Howard,  deux  rudes  jouteurs  qui  se  disputaient 
vaillamment  la  palme  de  la  victoire. 

La  lutte  entre  ces  deux  champions  avait  surexcité  un  vif  intérêt  de 
la  pari  du  public  qui  suivait  avec  une  anxiété  fiévreuse  les  péripéties 
du  combat. 

Dans  l'après-midi,  eul  enfin  lieu  l'épreuve  suprême  entre  une  seule 
machine  de  Hornsby  et  la  Simplex  de  Howard.  Pour  cette  éfireuve  dé- 
cisive, on  avait  choisi  un  morceau  encore  plus  difficile  que  tous  les 
iutres.  Mais  les  deux  rivales  s'acquiltèrent  de  leur  tâche  avec  un  succès 
qui  excita  l'admiration  des  nombreux  spectateurs  assistant  au  com- 
bat, el  l'anxiélé  manifestée  par  la  foule  était  d'autant  plus  grande, 
qu'il  était  impossible  de  discerner  un  degré  quelconque  de  supériorité 
chez  l'une  ou  chez  l'autre  des  deux  rivales,  et  ce  ne  fut  pas  sans  un 
certain  étonnement  que  peu  de  temps  après  la  fin  de  l'épreuve,  le 
jury  fit  connaître  son  jugement  qui  donnait  à  Hornsby  le  prix  de  cent 
livres,  et  à  ,MM.  Howard  celui  de  cinquante. 

Dans  tous  les  cas  et  quelle  que  soilla  supériorité  de  la  machine  de 
MM.  Hornsby  et  Cie  sur  celle  de  MM.  Howard,  la  différence  ne  peut 
être  qu'une  simple  nuance  qui  ne  diminue  en  rien  le  mérite  de  la 
machine  désormais  célèbre  de  MM.  Howard,  tout  en  consacrant  dune 
manière  incontestable  celui  de  la  machine  Hornsby. 

Les  résultats  de  ces  expériences  mémorables  acquirent  de  la  lon- 
gueur des  épreuves,  de  leurs  difficultés  calculées  et  voulues,  de  la 
publicité  absolue  de  leurs  péripéties,  et  de  la  direction  si  habile  et  si 
désintéressée  d'un  jury  si  compétent  et  si  honorable,  une  valeur  pra- 
tique et  précieuse  pour  l'agricullure  du  monde  entier.  Le  fait  qu'on  est 
enfin  parvenu  à  construire  un  instrument  efficace  pour  la  formation  et 
la  ligature  des  gerbes  de  nos  moissons,  est  d'une  importance  dont  les 
circonstances  actuelles  rehaussent  la  valeur.  Au  prix  infime  où  la  libre 
concurrence  des  céréales  étrangères  vient  avilir  le  prix  de  nos  pro- 
duits agricoles,  l'économie  réalisée  par  les  nouvelles  moissonneuses- 
lieuses  est  un  appoint  considérable  dans  la  réalisation  -de  nos  ré- 
coltes sur  le  marché.  En  effet,  on   ne  peut  calculer  à  moins  de  15  fr. 


LES  MOISSONNEUSES-LIEUSES  EN  ANGLETERRE.  263 

par  hectare  le  montant  do  cette  économie  réalisée  par  l'emploi  d'une 
bonne  moissonneuse-lieuse.  C'est  peu  de  chose,  il  est  vrai  ;  mais  en 
présence  des  dinicultés  que  soulèvent  la  disette  et  la  cherté  des 
ouvriers  ruraux,  et  des  prix  infimes  auxquels  les  produits  du  sol 
sont  tombés,  c'est  encore  un  appoint  respectable  dont  l'agriculture 
peut  se  montrer  reconnaissante,  non  seulement  comme  accroissement 
dans  ses  maigres  bénéfices,  mais  encore  comme  moyen  d'assurer  son 
indépendance  relative  des  exigences  de  plus  en  plus  onéreuses  des 
salaires  demandés  par  les  ouvriers  et  de  la  disette  de  plus  en  plus 
grande  de   la   main-d'œuvre   agricole. 

F.-R.    DE    LA   TrÉHONNAIS. 

LE  FROMENT  A  15  FRANCS  L'HECTOLITRE 

D'une  manière  approximative,  on  peut  dire  que  la  production  du 
froment  en  France  s'est  accrue  d'un  quart  depuis  vingt-cinq  ans.  Elle 
était  de  75  millions  d'hectolitres  en  1860;  elle  est  aujourd'hui  de 
100  millions.  Il  faut  attribuer  cet  excédent,  pour  moitié  à  l'extension 
de  la  culture  du  froment,  en  place  du  seigle  et  de  terres  en  fiiches,  et 
pour  l'antre  moitié  au  perl'eciionnement  des  procèdes  de  culture.  Cette 
moyenne  de  100  mdlions  d'hectolitres,  en  retranchant  14  millions 
pour  la  semence,  suffit  à  la  consommation  actuelle,  et  si  celle-ci  est 
plus  forte,  avec  une  population  guère  plus  nombreusequ'en  18G0,  c'est 
pnr  la  raison  qu'aujourd'hui  on  blute  mieux  la  farine  et  qu'on  mange 
du  meilleur  pain. 

En  1860,  la  moyenne  du  prix  du  froment  était  de  20  francs  l'hec- 
tolitre, et  la  plupart  des  propriétés  au-dessus  de  ;tO  hectares  ont  été 
affermées  relativement  à  ce  prix.  C'est  à  partir  de  1861,  lorsque  les 
droits  sur  les  blés  étrangers  ont  été  supprimés,  que  le  prix  moyen  de 
l'hectolitre  de  froment  a  toujours  été  en  diminuant  et  est  descendue 
15  francs.  Cependant  jusqu'à  présent,  la  valeur  et  le  revenu  des  pro- 
priétés en  général  ont  été  plutôt  en  augmentant,  malgré  cette  baisse, 
parce  que  celle-ci  a  été  plus  que  compensée  par  l'élévation  du  prix  du 
bétail.  Si,  pour  le  moment,  il  y  a  une  crise  agricole?,  elle  n'existe  pas 
pour  les  propriétaires  qui  possèdent  moins  de  30  hectares  de  terres, 
et  qui  représentent  les  neuf  dixièmes  au  moins  delà  population  rurale, 
par  la  raison  que,  proportionnellement,  ils  nourrissent  un  plus  grand 
nombre  de  bêtes  que  la  grande  propriété,  et  que  bien  peu  récoltent  en 
grains  au  delà  de  ce  qui  leur  est  nécessaire  pour  vivre.  La  crise  n'existe 
pas  non  plus  pour  ceuxqui,  ayant  une  propriété  de  plus  de  30  hectares, 
la  font  \aloir  à  leur  main,  en  suivant  un  bon  système  de  culture.  Elle 
n'atteint  que  les  propriétaires  qui  louent  des  domaines  dont  le  princi- 
pal produit  est  la  récolte  des  céréales,  à  des  fermiers  ou  métayers,  en 
se  basant  sur  le  prix  du  froment. 

On  peut  dire,  il  est  vrai,  qu'en  subissant  les  conséquences  de  la 
funeste  guerre  de  1870,  nous  sommes,  vis-à-vis  des  autres  nations, 
dans  une  situation  bien  moins  avantageuse  qu'auparavant.  Aussi,  les 
propriétaires  qui  ont  à  se  plaindre  de  cette  crise,  demandent,  pour  en 
sortir,  des  droits  compensant  les  charges  plus  lourdes  qui  nous  sont 
imposées.  En  obtenant  un  droit  de  5  francs  par  hectolitre,  ce  serait, 
pour  la  vente  de  40  millions  d'hectolitres  de  grain,  un  prélèvement  de 
20  millions  de    francs  au  détriment  de  toutes  les  autres  classes  de  la 


264  LE  BLÉ  A    15  FBANCS  L'HECTOLITRE. 

population.  La  prohibition,  en  élevant  le  prix  des  objets  de  première 
nécessité,  maintiendrait  la  cherté  de  la  main-d'œuvre,  et  mettrait 
ainsi  notre  industrie  manufacturière  dans  l'impossibilité  de  soutenir  la 
concurrence  étrangère.  Elle  amènerait  infailliblement  des  représailles 
qui  seraient  préjudiciables  à  notre  commerce  extérieur.  Enfin,  en  por- 
tant atteinte  à  la  libre  concurrence,  elle  deviendrait  un  obstacle  pour 
le  progrès. 

Cependant,  en  vue  de  concilier  les  divers  intérêts,  ou  peut  établir  un 
droit  d'entrée  sur  les  blés  étrangers,  à  condition  que  cedroit  soit  mobile, 
de  manière  qu'il  ne  soit  appliqué  que  lorsque  le  prix  du  Croment  res- 
terait au-dessous  de  15  francs  l'hectolitre,  et  qu'il  ne  soit  augmenté 
qu'à  mesure  de  la  baisse.  Le  prix  de  1  .">  francs  par  hectolitre  forcera  les 
propriétaires  qui  ont  des  fermiers  ou  des  métayers  à  s'entendre  avec 
eux  pour  améliorer  leurs  domaines,  s'ils  ne  veulent  pas  voir  diminuer 
leur  revenu;  et  ce  sera  un  grand  bien  pour  eux  et  pour  la  nation. 

La  principale  amélioration  à  faire  est  de  restreindre  la  culture  du 
froment,  pour  augmenter  celle  des  fourrages  et  par  suite  le  bétail.  De 
ce  côté,  on  peut  être  assuré  que  le  prix  de  la  viande  n'ira  pas  en  dimi- 
nuant; car  tandis  que  la  production  du  froment  ne  doit  pas  être  dé- 
passée pour  la  consommation,  il  s'en  faut  de  beaucoup  que  celle  du 
bétail  soit  suffisante.  Aussi,  toutes  les  puissances,  excepté  l'Angleterre, 
nous  en  fournissent.  Cependant  la  quantité  de  viande  consommée  par 
chaque  habitant  ne  va  pas,  en  moyenne,  à  50  grammes  par  jour,  tandis 
qu'il  en  faudrait  au  moins  quatre  fois  plus.  On  peut  donc  prévoir  à 
coup  sûr,  que  la  consommation  de  la  viande  ira  toujours  en  augmen- 
tant, pendant  que  celle  du  pain  diminuera,  par  la  raison  que,  plus  on 
mange  de  viande  et  l'on  boit  de  vin,  moins  on  mange  de  pain. 

lln'est  pas  douteux  que  le  territoire  peut  nourrir  une  plus  grande 
quantité  de  bétail.  Sur  52  millions  d'hectares  dont  il  se  compose,  en- 
viron 26  millions  sont  en  terres  incultes,  bois,  vignes,  prés  et 
pâtures,  et  en  terres  dont  une  grande  partie  est  mal  cultivée  faute 
d'engrais  et  de  travail.  Pour  rendre  ces  terres  plus  productives, 
il  faudrait  en  convertir  la  moitié  en  prés  et  pâturages,  pendant  que 
l'autre  moitié  produirait,  par  égale  portion,  des  céréales  et  des  plantes 
ou  racines  fourragères.  Par  ce  moyen,  au  lieu  de  15  millions  de  têtes 
de  gros  bétail  ou  l'équivalent  en  moutons  et  cochons,  on  pourrait  en 
avoir  le  double,  produire  plus  de  fumier  et  faire  plus  de  travail  pour 
la  culture  des  fourrages  et  des  racines.  L'étendue  consacrée  aux  cé- 
.  réaies,  quoique  diminuée  de  moitié,  fournirait  la  même  quantité  de 
grain  qu'auparavant,  et  le  revenu  moyen  d'un  hectare,  qui  est  actuel- 
lement de  50  francs  dans  les  propriétés  de  plus  de  30  hectares,  serait 
doublé  par  l'excédent  du  produit  du  bétail. 

Les  partisans  de  la  prohibition  objectent  qu'un  pareil  résultat  ne 
peut  pas  être  obtenu  sans  beaucoup  de  temps  et  de  capitaux.  J'ai  pour 
voisin  un  propriétaire  de  400  à  500  hectares,  qui,  depuis  trois  à 
quatre  ans,  a  déjà  établi,  avec  des  fermiers  et  des  métayers,  plus  de 
100  hectares  de  prés  en  dépensant  moins  de  200  francs  par  hectare. 
A  mon  avis,  il  vaudrait  mieux,  pour  ceux  qui  n'ont  pas  de  capitaux 
disponibles,  faire  un  peu  plus  de  dépenses  en  faisant  moins  de  prés  à 
la  fois  et  en  y  consacrant  chaque  année  l'excédent  du  revenu  qu'on  en 
retirerait.  Les  pâturages  semés  dans  une  céréale  ne  coiitent  que  la  se- 
mence, et  il  est  bon  de  les  renouveler  tous  les  cinq  ou  six  ans.  Ils 


LE  BLÉ  A   15  FRANCS  L'HECTOLITRE.  265 

peuvent  être  établis  dans  tous  les  terrains,  principalement  dans  les 
contn';es  montagneuses,  pendant  que  les  pré^ ,  pour  être  fauchés, 
exigent  un  terrain  en  état  d'être  arrosé  par  un  cours  d'eau  ou  par  les 
eaux  de  pluie  découlant  des  terres  cultivées.  D'un  autre  côté,  on  ne 
risque  pas  de  laisser,  avec  ce  système  de  culture,  une  partie  des  bras 
inoccupés;  au  contraire,  il  exige  plus  de  soins  et  de  travail.  Du  reste, 
il  existe  en  France  beaucoup  de  terrains  improductifs  ;  si  l'Etal  ou  des 
compagnies  les  mettaient  en  état  de  culture  et  les  vendaient  ensuite 
par  petites  propriétés,  ce  serait  certainement  un  débouciié  plus  sûr  et 
moins  coûteux  que  celui  offert  par  nos  colonies,  pour  le  trop  plein  de 
la  population  ouvrière  qui,  depuis  vingt-cinq  ans,  ne  trouve  plus  à 
acheter  de  propriétés  au  détail,  en  raison  de  leur  cherté  toujours  crois- 
sante. 

Je  croisque  ce  simple  aperçu  de  l'état  de  notre  agriculture  peut  suf- 
fire pour  faire  comprendre  que,  sous  le  rapport  de  ces  deux  principius 
produits,  il  n'y  a  aucun  danger  à  craindre  pour  son  avenir.  Il  y  aurait 
plutôt  à  se  préoccuper  de  la  crise  industrielle  qui,  étant  autrement  plus 
sérieuse  que  celle  de  l'agriculture,  demanderait  pour  sa  solution  uae 
moditication  profonde  de  notre  état  économique   et  social. 

Alamartine. 

GONliRÉS   INTERNATIONAL  PHYLLOXÉRIQUE  DE  TCRIN 

Le  phylloxéra  en  Italie.  — Depuis  longtemps  la  France,  le  Portugal,  l'Espagne, 
la  Hongrie  et  les  Provinces  rhénanes  avaient  subi  les  atteintes  désastreuses  du 
phylloxéra;  lorsqu'en  1879  l'Italie  reconnut  que  l'immunité  dont  elle  paraissait 
jouir  jusqu'alors  avait  cessé  :  au  mois  d'août  on  avait  découvert  l'insecte  dans  les 
provinces  de  Gôme  et  de  Milan. 

A  ce  moment,  la  Suisse  se  trouvait  de  son  côté  aux  prises  avec  le  phylloxéra. 
Le  mal  était,  il  est  vrai,  localisé,  il  l'aliail  à  tout  prix  en  limiter  l'extensioa. 

L'imminence  du  danger  dont  les  riches  vignobles  de  'Jenève,  de  Neul'chàtel 
étaient  menacés,  lit  prendre  aux  hommes  d'Etat  de  ces  deux  cantons  des  mesures 
énergiques  qui  curent  dès  le  début  le  plus  grand  succès. 

Atin  de  n'èlre  point  arrêté  par  des  considérations  secondaires,  on  dut  s'armer 
de  mesures  législatives  exceptionnelles;  ces  décisions  fédérales  permirent  d'ex- 
proprier momentanément,  pour  cause  d'utilité  publique,  les  territoires  envahis 
ou  sur  le  point  de  l'être,  et  d'occuper  les  vignes  contaminées,  pour  en  opérer  la 
destruction  immédiate. 

Ces  mesures  eurent  un  plein  succès  dans  le  canton  de  Genève,  où  deux  taches 
seulement  avaient  été  signalées.  Aussi,  lorsque  l'invasion  éclata  en  lialie,  on 
résolut  de  les  adopter,  malgré  les  dépenses  considérables  qu'elles  devaient  occa- 
sionner. 

On  eut  d'abord  à  s'applaudir  des  résultats  obtenus  du  système  d'extinction 
appliqué  dans  les  premiers  foyers  d'infection  de  Gôme  et  de  Milan;  mais  l'Italie 
est  un  grand  royaume,  et  son  vignoble  de  1,926,882  hectares,  le  plus  étendu 
après  celui  de  la  France,  est  réparti  sur  toute  la  superficie  de  son  territoire. 
Aussi,  tandis  qu'on  travaillait  à  enrayer  le  développement  du  mal  là  où  on  le 
croyait  seul  concentré,  des  recherches  le  faisaient  découvrir  en  1880  dans  les 
provinces  de  Port-Maurice  en  Ligurie,  de  Messine  et  de  Gatanisetta  en  Sicile; 
en  1882,  dans  la  province  de  Girgenti;  en  1883,  dans  celles  de  Sassari,  de  Ga- 
tane  et  des  Calabres  ;  enfin,  en  188't,  dans  celle  de  Syracuse. 

Malgré  l'énergie  développée  par  le  gouvernement  italien  pour  entraver  le  déve- 
loppement des  foyers  d'infection,  on  eut  le  ret;ret  de  constater  qu'à  la  fin  de  1883, 
on  comptait  sur  tout  le  territoire  de  la  péninsule,  en  chiffre  rond,  604  hectares 
de  vignes  phylloxérées  et  308  hectares  compris  dans  la  zone  de  protection. 

A  ce  moment  on  avait  opéré  la  destruction  de  355  hectares  de  vignes,  et  540 
restaient  à  détruire.  On  s'est  arrêté  faute  de  ressources  suffisantes  pour  opérer  et 
indemniser  les  propriétaires;  les  dépenses,-  partie  à  la  charge  de  l'Etat,  partie  à 
la  charge  des  proviaces,"arrivaient  déjà  à  ce  moment  à  3,372,080  fr.   93;  il  en 


266  CONGRES  PHYLLOXERIQUE  INTERNATIONAL  DE  TURIN. 

fallait  encore  au  moins  autant  pour  détruire  les  540  hectares  condamnés  à  dispa- 
raître. 

L'élûvation  des  nouveaux  sacrifices  nécessaires  pour  continuer  le  traitement 
commencé  n'est  pas  sans  doute  le  seul  motif  qui  en  a  déterminé  momentanément 
l'abandon.  On  aura  reconnu  que  la  destruction  des  foyers  d'infection,  si  utile 
lorsqu'il  s'agit  d'opérer  au  début  de  l'invasion,  ne  donne  plus  de  résultats  sen- 
sibles lorsque  le  mal  s'est  généralisé  ;  c'est  ce  qui  est  arrivé  pour  les  provinces 
les  plus  méridionales  de  l'Italie. 

En  réunissant  l'étendue  des  vignes  italiennes  phylloxérées  à  la  fin  de  1883,  à 
celle  de  la  zone  de  protection  qui  aura  certainement  été  envahie  pendant  le  cours 
de  188'i,  on  trouve  que  1,0ÛÛ  hectares  de  vignes  sont  actuellement  contaminées, 
et  comme  d'après  les  recherches  opérées,  l'invasion  remonte  au  moins  à  1875,  il 
y  a  dix  ans  que  cette  superficie  plantée  de  vignes  est  en  partie  attaquée,  détruite 
ou  en  train  de  l'être. 

Il  ne  s'agit  donc  plus  seulement  aujourd'hui  d'entraver  la  marche  envahissante 
de  l'insecte,  mais  bien  d'aviser  aux  moyens  do  soutenir  en  état  de  production  les 
vignes  récemment  attaquées,  et  de  replanter  avec  des  chances  de  succès  celles 
mortes  ou  mourantes. 

Ces  questions,  d'un  si  haut  intérêt  pour  l'avenir  viticole  de  l'Italie,  ont  été 
rob,et  des  préoccupations  des  agronomes  les  plus  éminents  que  compte  l'Italie  ; 
plusieurs  sont  des  élèves  de  l'Ecole  de  Montpellier;  chaque  année,  quelques-uns 
d'entre  eux  viennent  dans  nos  congrès,  et  MM.  le  chevalier  Joseph  de  Rova- 
senda,  les  professeurs  Cavazza,  Gerletti,  Tarqioni-Tozzetti,  sont  avantageusement 
connus  en  France,  tant  par  leurs  écrits  que  par  leur  utile  intervention  dans  les 
discussions  de  nos  congrès. 

Les  nombreuses  écoles  d'agriculture,  de  technologie,  de  viticulture  et  d'œno- 
logie  créées  par  le  gouvernement  italien  dans  toutes  les  villes  de  quelque  impor- 
tance du  royaume,  ont,  de  leur  côté,  étudié  avec  soin  toutes  les  questions  se  rat- 
tachant à  l'invasion  phylloxérique,  leurs  écrits  en  font  foi.  Le  terrain  était  donc 
bien  préparé  pour  la  réunion  d'un  congrès  auquel  devaient  prendre  part,  à  titre 
consultatif,  les  pays  viticoles  depuis  longtemps  aux  prises  avec  l'insecte  dé- 
vastateur. 

Ix  Con/fTcs.  —  Son  ouveriarc.  —  L'ouverture  du  Congrès,  d'abord  fixée  au 
8  août  1884,  dut  être  ajournée  par  suite  de  l'apparition  du  choléra  dans  les 
Bouches-du-Rliône;  il  fallut  attendre  la  cessation  des  quarantaines  établies  à 
toutes  les  frontières  pour  en  fixer  la  réunion  au  20  octobre. 

Les  invitations  laites  au  nom  de  son  excellence  M.  Grimaldi,  ministre  de  l'agri- 
culture, étaient  nominatives  ;  le  titre  de  membre  effectif  du  Congrès,  avec  ses  pré- 
rogatives, y  était  attaché. 

Toutes  les  provinces  du  royaume  se  trouvaient  représentées  au  Congrès  parleurs 
hommes  les  plus  éminents.  Parmi  les  puissances  étrangères,  la  France  seule  avait 
répondu  à  l'appel  de  l'Italie,  en  lui  envoyant  la  plupart  des  personnalités  qui  se 
sont  acquises  une  notoriété  méritée  dans  la  lutte  entreprise  contre  le  destructeur 
de  nos  vignes.  Citons,  parmi  les  plus  connus,  M.  Maxime  Cornu,  délé2;ué  de 
l'Etat;  MM.  Planchon,  Foëx,  Lichtenstein,  Pulliat,  ^Cazalis ,  Mouillefert, 
D'  Crolas. 

Le  Congrès  s'est  réuni  et  a  tenu  ses  séances  dans  la  partie  du  palais  Carignan 
occupée,  sous  le  régime  sarde,  par  la  Chambre  des  députés.  Son  ouverture  a  eu 
lieu  avec  une  solennité  que  l'on  n'a  pas  l'habitude  de  rencontrer  chez  nous;  son 
altesse  royale  le  prince  Amédée  le  présidait 

C'est  M.  le  comte  de  Sarabuy,  syndic  de  la  ville  de  Turin,  qui  le  premier  a 
pris  la  parole  pour  souhaiter,  dans  les  termes  les  plus  sympathiques,  la  bienvenue 
aux  membres  du  Congrès;  M.  le  ministre  de  l'agriculture,  qui  lui  a  succédé,  a  lu 
un  remarijuable  travail,  qui  mériterait  d'être  reproduit  tout  entier,  dans  lequel  il 
a  retracé  à  grands  traits  les  phases  de  l'invasion  phylloxérique  de  l'Italie,  les 
efforts  réalisés  par  le  gouvernement  pour  arrêter  la  marche  de  l'insecte,  les  résul- 
tats jusqu'à  ce  jour  obtenus,  les  sacrifices  considérables  faits  par  l'Etat  et  les  pro- 
vinces: il  a  terminé  en  exprimant  l'espoir  que  les  délibérations  des  hommes 
éminents  qui  avaient  bien  voulu  répondre  à  son  appel,  contribueraient  à  faciliter 
la  tâche  du  gouvernement  en  l'éclairant  sur  ce  qu'il  avait  à  faire. 

Ce  discours,  fort  applaudi,  a  été  suifi  delà  présentation  individuelle  de  chacun 
des  membres  étrangers  du  Congrès  par  M.  le  commandeur  Miraglia,  directeur 
général  au    ministère  de  l'agriculture,  à  son  altesse  royale  le  prince  Amédée,  à 


CONGRKS  PHYLLOXÉRIQUE  INTER.v  ATI  JNA.L  DK    TURIN.  267 

M.   le  ministre    Griinaldi   el  à  M.  le  syndic   de  la  ville   de  Tarin,  avec  lesquels 
chacun  d'eux  a  bien  voulu  s'entretenir  un  instant. 

Lors  de  lY'li'ction  du  bureau,  qui  a  eu  liea  dans  la  première  séance  elîectivedn 
Congrès,  les  délégués  l'rançais  ont  été  l'.dijet  d'une  attention  à  laquelle  ils  ont  été 
fort  sensibles  :  jiar  acclamation.  AI.  Planchon,  qui  est  bien  le  père  du  phylloxéra, 
puisiju'après  l'avoir  découvert,  il  lui  a  donné  le  nom  qu'il  porte,  a  été  appelé  à  la 
présidence  d'honneur,  et  MM.  Maxime  Girnn  et  l'oé';  à  la  vico-présidencc,  tandis 
que  M.  Tar^nooi-Toz/.etti,  écrivain  de  mcrile,  dire;  ci.  et  piofesseur  de  la  station 
d'entomologie  agricole  de  Florence,  en  était  nommé  président. 

Les  discussions  d'un  Congrès  ayant  pour  objet  les  intérêts  de  la  viticulture, 
peuvent  porter  sur  des  sujets  si  nombreux  qu'il  est  souvent  dil'iicile  à  un  piéside:it 
d'en  limiter  les  débats.  Le-;  o  ginisateurs  de  la  réunion  de  Turin  n'avaient,  so  is 
ce  rappoi-t,  rien  laissé  à  l'imprévu.  Après  avoir  assigné  dans  le  programme  du 
Congrès  un  but  déterminé  à  ses  travaux,  résumé  en  quatre  propositions,  ils  o  it 
formé  pour  chacune  d'elles  quatre  commissions  dont  les  membres,  choisis  par  ni 
les  spécialistes,  devaient  soumettre  au  G)ngrès  et  s  -utenir  devant  lui  les  conclu- 
sions adoptées.  C;  sont  CBS  conclusions  qui  ont  l'ait  l'objet  des  délibjrations  di 
Congrès  jugeant,  en  dernier  ressort,  de  leur  opportunité. 

La  première  commission  avait  eu  à  s'occuper  de  la  statisti]ue  de  l'invasion  pliyl- 
lo.xéri  jue  dans  chacun  des  pays  où  l'insecte  a  pénétré  et  des  moyens  mis  en 
œuvre  pour  le  combattre.  Elle  avait  encore  à  indi([uer  les  limites  de  l'ingérence  du 
gouvernement  dans  la  lutte  entreprise  contre  le  phylloxéra. 

L'absence  des  représentants  de  la  majeure  partie  des  Etats  phylloxérés  n'a  pas 
permis  à  la  commission  de  renseigner  le  Congrès  sur  ces  deux  questions.  Ses 
conclusions  ont  porté  exclusivement  sur  le  pouvoir  et  le  devoir  de  l'Etat  dans  un 
pays  attaqué. 

On  n'a  pas  eu  de  peine  à  se  mettre  d'accord  sur  les  pouvoirs  absolus  dévolus 
à  l'Etat  toutes  les  Fois  que  l'intérêt  public  est  en  jeu,  et  dans  le  cas  spécial  dont  il 
s'agit,  toutes  les  fois  (]u'il  est  urgent  de  |;rendre  des  mesures  préventives  rapides 
et  énei'giques  pour  erapèciier  le  mal  de  s'étendre,  alin,  s'il  est  possible,  de  préser- 
ver des  vignobles  jusque  là  indemnes. 

Il  est  bien  entendu  que  celte  expropriation  immédiate  du  sol  au  bénéfice  de 
l'Etat  a  pour  corollaire  l'attribution  d'une  équitable  indemnité  donnée  aux  proprié- 
taires dépossédés. 

On  a  encore  reconnu  qu'il  entrait  dans  les  attributions  de  l'Etat  de  faire  opérer 
des  recherches  afin  de  signaler  les  nouveaux  foyers  d'infection  et  d'y  porter 
remède  ;  de  renseigner  les  populations  sur  les  mœurs  de  l'insecte,  sur  les  dom- 
mages qu'il  occasionne,  en  même  tem^.s  qu'on  leur  ferait  connaître  les  divers 
moyens  mis  jusqu'à  ce  jour  en  œuvre  pour  entraver  son  développement. 

La  généralisation  du  mal  fait  rentrer  les  vignes  dans  les  conditions  du  droit 
commun;  chacun  se  défend  comme  il  le  croit  utile  à  ses  intérêts,  et  si  l'Etat  in- 
tervient, c'est  unii[ueniBnt  pour  encourager  les  efforts  individuels  ou  syndiqués, 
pour  conserver  les  vignes  à  l'état  de  production  par  l'e^nploi  d'insecticides,  ou 
pour  repeupler  les  vignes  détruites  en  cépages  américains  reconnus  résistants  aux 
attaques  de  l'insecte. 

La  seconde  commisnon  avait  à  indiquer  au  congrès  le  parti  qu'on  peut  tirer  des 
insecticides,  de  la  submersion  et  de  la  culture  de  la  vigne  dans  les  sables  pour 
la  défense  des  vignes  phylloxérées.  Ses  conclusions  précises  sont  uti'es  à  retenir. 

Insecticides.  —  L'application  d'un  insecticide  d'une  vigne  phylloxérée  peut  avoir 
pour  but,  ou  la  destruction  complète  de  l'insecte,  ou  sadestruction  partielle,  pour 
atténuer  ses  ravages,  ou  enfin  la  destruction  complète  du  phylloxéra,  sans  nuire 
au  végétal,  comme  cela  arrive  pour  la  désinfection  des  vignes  racinées  ou  non  des- 
tinées à  voyager. 

Sulfure  lie  carbone  el  s  al  fo -carbonate  de  potassium.  —  C'est  exclusivement  au 
moyen  du  sulfure  de  carbone,  injecté  à  forte  dose,  que  l'on  arrive  à  la  destruction 
complète  du  phylloxéra. 

On  fait  vivre  la  vigne  en  partie  avec  l'insecte  détruit  ;  on  la  maintient  à  fruit  en 
utilisant  le  sulfure  de  carbone  et  le  sulfo-carl)onale  de  potassium. 

Il  convient  d'appliquer  le  sulfure  de  carbone  dans  les  terrains  fertiles  et  pro- 
fonds, de  moyenne  consistance,  à  la  dose  de  15  à  32  grammes  par  mètre  carié 
avec  des  injections  réitérées,  à  la  dose  de  25  grammes  seulement,  en  opérant  en 
une  seule  lois. 

Pour  protéger  les  jeunes  vignes,  il  est  préférable  de  se  servir  du  sulfo-carbo- 


268  CONGRÈS  PHYLLOXÉRIQUE  INTERNATIONAL  DE  TURIN. 

jiato  de  potapsium  à  la  dose  de  60  grammes  par  souche  dilués  dans  40  a  45  litres 
d'eau. 

Enfin,  l'un  et  l'aulre  de  ces  insoclicides  sont  sans  effets  utiles  dans  les  terrains 
calcaires,  sans  profondeur,  pauvre j,  et  dans  ceux  fortement  argileux,  —  surlout 
si  CBS  conditions  se  présentent  dans  un  sol  sec,  en  colline,  ei  dans  ceux  sujets  à 
la  sécheresse. 

L'époque  recommandée  pour  opérer  ces  traitements  culturaux  insecticides  va 
de  novembre  à  mars.  — Il  faut  éviter  autant  que  possible  de  les  pratiquer  après 
le  départ  de  la  végétation,  d'abord  parce  qu'ils  apportent  un  trouble  dans  la  cir- 
culation de  la  sève,  et  ensuite  parce  que  les  effets  en  sont  peu  sensibles  pour  la  des- 
truction du  phylloxéra. 

Les  doses  d'msecticides  que  nous  venons  d'indiquer  n'empêchent  pas  le  phyl- 
loxéra, échappé  à  leurs  atteintes,  de  se  multiplier  et  de  donner  lieu  à  des  réinva- 
sio7is  qui  obligent  à  renouveler  annuellement  le  traitement  cultural. 

La  végétation,  le  développement  des  bourgeons  est  assuré  par  le  traitement  que 
nous  venons  d'indiquer;  pour  obtenir  la  fructification,  il  est  de  toute  nécessite 
de  fournir  à  la  vigne  une  fumure  facilement  assimilable;  c'est  pour  obtenir  ce 
résultat  que  l'on  donne  généralement  la  préférence  aux  engrais  chimiques. 

Les  vignes,  fortement  attaquées,  traitées  avec  les  iusecticides,  restent  trois  ans 
pour  se  remettre  à  fruit.  On  obtient,  dans  ce  cas  spécial,  de  meilleurs  résultats 
des  injections  de  sulfo-carbonate  de  potassium  que  du  sulfure  de  carbone. 

On  estime  de  130  à  240  fr.  le  traitement  cultural  d'un  hectare  de  vigne  au  sul- 
fure de  carbone,  selon  que  le  terrain  est  plus  ou  moins  fort,  plus  ou  moins  diffi- 
cile à  pénétrer. 

A  ce  premier  chiffre  il  faut  ajouter  300  fr.  par  hectare  pour  la  première  année, 
et  la  moitié  pour  les  années  suivantes,  pour  l'achat  d'engrais  chimiques  composés 
de  100  kilog.  de  potasfe,  50  d'azote  et  30  d'acide  phosphorique.  Ce  qui  revient  à 
dire  que  le  traitement  d'un  hectare  de  vigne  au  sulfure  de  carbone  coûte,  en 
moyenne,  de  450  à  500  fr.  la  première  année  et  300  fr.  les  années  suivantes. 

Si  l'on  préfère  se  servir  du  sulfo-carbonate  de  potassium,  en  supposant  que  l'eau 
nécessitée  par  son  emploi  ne  soit  pas  à  une  trop  grande  distance,  le  traitement 
coLite  de  500  à  700  fr.  pour  le  traitement  régénérateur,  et  400  fr.  pour  les  sui- 
vants. 

Les  frais  assez  élevés  des  traitements  cpie  nous  venons  d'indiquer,  réunis  à 
ceux  de  la  culture  ordinaire,  limitent  leurs  applications  aux  vignes  plantées  dans 
les  meilleures  conditions  pour  produire  beaucoup,  et  à  celles  où  l'on  récolte  des 
vins  d'un  grand  prix;  partout  ailleurs,  sur  les  collines  et  dans  de  maigres  ter- 
rains, la  récolte  ne  couvrirait  pas  la  dépense. 

Ces  traitements  insecticides  nécessitent,  du  reste,  des  avances  considérables  que 
le  petit  vigueron  ne  peut  faire. 

La  submersion.  — La  submersion,  partout  où  elle  est  praticable,  est  un  excel- 
lent moyen  de  rendre  inottensives  les  attaques  du  phylloxéra  ;  il  faut,  pour  atteindre 
ce  but,  que  la  vigne  soit  sous  0  m.  20à  0  m.  25  d'eau  pendant  cinquante-cinq  jours 
dans  les  terres  fertiles,  pendant  soixante-cinq  dans  celles  de  moyenne  perméabilité 
et  de  soixante-quinze  dans  celles  perméables.  Il  est  du  reste  inutile  d'essayer  la 
submersion  dans  les  sols  trop  perméables. 

Il  est  nécessaire  de  renouveler  annuellement  la  submersion  et  de  fumer  forte- 
ment la  vigne  toutes  les  fois  que  les  eaux  dont  on  se  sert  ne  sont  pas  chargées  de 
limon  fécondant. 

Le  prix  de  la  submersion  d'un  hectare  de  victne  avec  de  l'eau  canalisée,  coûte 
de  120  à  150  francs  ;  il  s'élève  de  500  à  1,000  francs  lorsque  l'on  doit  se  servir 
d'une  machine  élévatoire. 

11  convient  d'ajouter  à  cette  première  dépense  300  francs  par  hectare  pour  l'en- 
grais nécessaire. 

Les  vignes  plantées  dans  le  sable.  —  Pour  que  le  sable  donne  une  immunité 
phylloxérique  aux  vignes  qu'on  y  plante,  il  faut  que  ce  sable  soit  formé  de  grains 
très  fins,  glissant  facilement  les  uns  sur  les  autres,  se  desséchant  rapidement 
après  la  pluie,  sans  mélange  d'argile,  et  ayant  une  composition  géologique  qui 
ne  se  prête  pas  à  des  formations  terreuses. 

Jusqu'à' ce  jour,  on  ne  s'est  pas  rendu  un  compte  exact  de  l'action  du  sable  sur 
l'insecte,  mais  il  est  constant  qu'il  ne  peut  vivre  dans  ce  milieu. 

Le  sable,  pour  jouir  de  cette  prérogative,  doit  ètrequartzifère,  avoir  une  couche 
de  0  m.  60  de  profondeur,  et  être  naturellement  assez  frais  et   assez  fertile  pour 


GJXGUES   PHYLLOXÉRIQUE   INTERNATIONAL  DE   TURIN.  269 

maintenir  la  fécondité  de  la  vigne  sans  addition  d'enj^rais,  qui  lui  feraient  immé- 
diatement perdre  son  immunité. 

Oq  n'obtient  pas  le  même  résultat  des  sables  transportés  au  pied  des  vignes. 
Il  est  du  reste  nécessaire,  avant  de  planter,  de  se  biea  assurer  de  la  nature  du 
sable  qu'on  a  à  sa  disposition  ;  ceux  provenant  des  gisements  quartenaires, 
pliocènes  e'.  miocènes  nejouissent  pas  de  la  même  résistances  qu;  ceux  quartzi- 
fères.  P.  TocHON, 

[La  suite  pmrhninemenl.)  Président  île  la  Société  d'agriculture|de  la  Sarthe. 

PISCICULTURE.  —  LE  POISSON  DÉFExNDJ 

Lorsqu'il  y  a  iin  an,  à  propos  des  mesures  [jrises  par  l'adminis- 
tration aux  halles  de  Paris  pendant  le  frais  des  salmones,  nous 
consignions  notre  si  courte  joie  tlans  le  n°  756  da- Journal,  nous  étions 
obligé,  avec  l'honoré  chroniqueur  du  Temps,  M.  de  Cherville,  de  con- 
stater quelques  semaines  après  (voir  n°  770),  qu'une  t'ois  encore  nous 
avions  pris  nos  désirs  pour  la  réalité. 

Avec  lui,  hélas!  depuis  bien  des  ans,  nous  plaidons  contre  une  es- 
pèce de  braconnage  officiel,  dont  vraisemblablement  nous  ne  verrons 
pas  la  Qn.  Quelle  autre  expression  devons-nous  employer  pour  dési- 
gner l'écœurante  et  persistante  violation  des  lois,  dont  nous  allons 
prendre  la  liberté  de  rappeler  encore  un  fait  ! 

La  lecture  des  numéros  précités  pouvant  mettre  le  lecteur  au  courant 
de  la  question,  il  ne  nous  reste  plus  qu'à  la  lui  faire  juger.  Nul  doute 
pour  nous  que  le  grand  juge  ne  parle  là  aussi  une  fois  en  souverain; 
aussi  insistons-nous  sur  noire  espérance  dernière  :  Ah  si  le  roi  savait  ! 
Mais  pour  que  le  roi  sache,  il  faut  le  lui  dire. 

Jamais,  depuis  1 8G2,  époque  oix  Coste  lit  diriger  et  réglementer 
par  l'administration  des  ponts  et  chaussées  le  régime  des  eaux,  jamais 
nous  ne  fûmes  témoin  d'une  pareille  méconnaissance  et  ignorance 
des  intérêts  de  la  nation. 

Dans  les  deuxièiue  et  troisième  travées  du  pavillon  7,  aux  tables 
que  nous  pourrions  désigner  plus  spécialement  (mais  pourquoi?  Les 
marchands  ne  sont  pas  ici  la  cause  du  mal;  ren:ontons  donc 
plus  haut  et  visons  la  tète),  nous  avons,  sealenienl  sur  deux  tables, 
compté  vendredi,  7  courant,  47  truites  et  7  saumons,  en  pleine 
œuvée  ou  laitée  d'un  poids  moyen  de  1    1/2  kilog.  à  4  kilog. 

Faisons  maintenant  un  petit  calcul  pour  bien  faire  ressortir  les  con- 
séquences d'un  tel  massacre. 

iUettons  donc  54  pièces  à  3  kilog,  soit  mâles  défalqués,  78  à  80  ki- 
log., ou  160,000  œufs;  de  ces  œufs  faisons  naître  100,000  alevins, 
lesquels,  à  18  mois,  nous  donneront  un  poids  moyen  de  100  gram- 
mes, pour  nous  tenir  dans  les  plus  petits,  ou  10,000  kilog.  de  truites, 
à  l'automne  de  1886,  à  6  fr.  le  kilog.,  soit  6l),0i)0  fr.,  alors  que  les 
que  les  54  pièces  vendues  en  1884,  pesant  ensemble  162  kilog.  à 
6  fr.,  donnent  1 ,072  fram  s. 

Notons  bien  qu'il  ne  s'agit  ici  que  dos  deux  tables  des  travées 
citées  que,  sans  crainte  de  nous  tromper,  nous  pourrions  porter  à  10 
pour  le  reste  du  pavillon. 

Eh  !    maintenant,  n'aurions-nous  pas  le  droit  et  le  devoir  d'aver- 
tir encore  une  fois  les  é^itles  de  Paris,  parmi  lesquels  nous  comptons 
des   amis   uiilitants  de  l'avint-veill--,  qu'ils   nous   semblent  pi'endre 
un  singulier  chemin  ponr  faire  grand  avec  une  pisciculture  municipale 
créée  dans  les  plus  patriotiques  intentions  ? 


2  70  PISOICULTaRE.   —  LE  POISSON  DÉFENDU. 

C'est,  qu'hélas  !  ladistanoe  est  toujours  grande  entre  travailler  au 
bien  public  dans  une  petite  parlotte  bien  chauffée  l'hiver  et  bien  rafraî- 
chie l'été,  devant  quehpes  oisifs  ou  complaisants  auditeurs,  etl'action  ! 
Veillez  surtout  à  l'exécution  des  lois,  d'une  main  ferme,  tout  en  procédant 
de  l'autre  à  l'empoissonement  de  nos  eaux,  cet  objectif  unique  des  vrais 
et  sérieux  amis  de  notre  pays.  Encore  quelques  années  d'un  réanime 
dont  personne  n'ose  prendre  la  responsabilité,  et  nul  doute  pour  nous 
que,  malgré  les  espérances  naissantes,  tout  sera  de  nouveau  compro- 
mis, et  le  vide  fait  pour  les  pauvres  bêtes,  dans  plus  des  SjS  du  pays. 
Qu'on  le  sache  donc  au  moins  encore  une  fois. 

Chabot-Karlen. 

DE  L'USAGE  DU  CARBONATE  ET  DU  PHOSPHATE 

EN  BRETAGNE    (1). 

A  part  quelques  bassins  du  terrain  tertiaire,  en  Ille-et- Vilaine  et 
dans  les  Côtes-du-Nord,  le  sol  de  la  Bretagne  appartient  au  terrain  gra 
nilique  de  formation  primitive,  dont  la  désagrégation  lente  par  les 
phénomènes  atmosphériques  n'a  pu  que  constituer  des  couches  arables 
dépourvues  des  éléments  carbonates  et  phosphatés.  Or,  chacun  sait 
aujourd'hui  qu'un  sol  n'est  fertile  que  lorsqu'il  renferme  tous  les  élé- 
ments que  les  plantes  peuvent  s'assimiler  jusqu'à  leur  complet  déve- 
loppement. 

Le  soc  de  la  charrue  ne  perce  que  trop  souvent,  en  Bretagne,  un  sol 
trop  maigre  pour  le  revêtir,  et  auquel  manquent,  dans  le  centre  au 
moins,  la  chaux  et  le  phosphate. 

Il  est  vrai  de  dire  que  sur  le  littoral,  l'emploi  séculaire  des 
engrais  de  mer  dont  la  science  explique  aisément  la  pratique, 
rendait  justement  à  la  terre-  l'élément  calcaire  qui  lui  manquait 
et  goémons,  des  traces  d'acide  phosphorique,  et  la  soude  qui  remplace 
et,  par  les  varechs  souvent  la  potasse  dans  les  plantes  du  littoral. 

Nous  ne  rappellerons  pas  ici  la  nécessité  de  remlre  à  la  terre  les  élé- 
ments que  les  récoltes  lui  enlèvent  et  qu'on  a  qualiQée  de  loi  de  resti- 
tution, ni  les  travaux  des  Dumas,  Liel)ig,  Boussingault,  Malaguti,  à  ce 
sujet.  Ils  ont  en  définitive  déterminé  les  cléments  nécessaires  qui  en- 
trent dans  l'organisme  animal  par  la  ration  fourragère. 

La  chaux  et  le  pliosphate,  manquant  aux  terres  granitiques  en  Bre- 
tagne, il  fallait  les  en  pourvoir. 

En  1832,  M.  le  comte  de  Lorgeril  découvrit,  dans  le  bassin  du 
Quiou,  près  Evran  (Côtes-du-Nord),  des  gisements  presque  inépuisables 
de  sablon  calcaire  (carbonate  de  chaux),  tandis  que  des  agriculteurs 
distingués  de  la  Basse-Bretagne,  au  nombre  desquels  il  faut  placer 
l'énergique  comte  de  Saisy,  s'entendaient  avec  divers  Comices  pour 
introduire  la  chaux  dans  le  centre  de  la  Bretagne,  par  le  canal  de 
Nantes  à  Brest. 

Chauler,  c'est  apporter  au  sol  un  élément  qui  lui  manque,  c'est 
aussi  apporter  un  corps  qui,  par  ses  réactions  sur  la  substaiice  végé- 
tale qui  entre  dans  la  plupart  de  nos  terres  nouvelles,  en  rend  assimi- 
lables les  matières  azotées. 

Mais  les  terres  riches  en  matières  organiques  sont  en  général   très 
pauvres  en  acide  phosphorique,  de  sorts  que,  dit  M.  Joulie  dans  son 

l.Note  lue  à  VAssocialion  hrel07ine. 


KAiPLUl  DjiS  CARBONATES  ET   DES  PHOSPHATES    EN   BRETAGNE.      271 

livre  sur  les  engrais,  l'on  doit  leur  donner  des  phosphates  et  particu- 
lièrement des  phosphates  fossiles,  dont  le  prix  est  moins  élevé,  et  dont 
l'acide  phosphorique  est  plus  facilement  rendu  soluble  par  l'acidité  même» 
de  la  terre.  Mais  on  a  remarqué  qu'un  chuulage  préalable  musqué  en 
grande  partie  l'action  des  phosphates.  On  devra  donc  en  user  avec  la 
plus  grande  circonspection,  et  donner  à  la  terre,  au  commencement, 
beaucoup  de  phosphate  et  peu  de  chaux,  de  manière  à  laisser  au  sol  l'a- 
cidité nécessaire  à  l'attaque  des  phosphates  fossiles  ;  plus  tard,  lorsque 
la  proportion  d'acide  phospiiorique,  assimilé  au  sol,  devient  suffi- 
sante, moins  de  phosphate  et  beaucoup  de  chaux.  On  peut  arriver 
ainsi,  en  peu  d'années,  à  transformer  une  lande  en  bonne  terre  arable, 
tout  en  obtenant  des  récoltes  rémunératrices. 

Nous  avons  brièvement  étabU  le  rôle  des  éléments  nécessaires  à  la 
fertilité  de  la  terre,  et  il  suffit  de  rappeler,  en  ce  qui  concerne  le  phos- 
phate, que  le  froment  en  contient  à  l'analyse  plus  de  AO  pour  100,  et 
que  le?  os  et  les  éléments  plastiques  du  corps  des  animaux  en  contien- 
nent des  quantités  considérables,  si  bien,  disait  un  illustre  savant, 
M.  Elie  de  Beaumont,  à  l'Académie  des  sciences,  que  là  où  le  phos- 
phate de  chaux  aurait  complètement  disparu,  toute  végétation  serait 
impossible,  et  il  ne  se  trouve  qu'en  très  minimes  quantités  dans  les 
principales  roches  de  la  Bretagne. 

Le  phosphate,  dont  le  rôle  si  important  dans  la  végétation  avait 
été  mis  en  lumière  par  d'illustres  savants,  tels  que  MM.  Dumas,  Liebig, 
après  M.  Elie  de  Beaumont,  était  demandé  aux  os  des  animaux  morts, 
aux  résidus  de  raffinerie,  etc.  11  allait  peut-être  manquer  à  l'agricul- 
ture, lorsqu'un  de  nos  compatriotes,  chercheur  inlaligable,  découvrit 
dans  les  terrains  jurassiques,  antérieurs  à  la  formation  des  terrains 
tertiaires,  de  véritables  gisements  de  nodules  qui,  broyés,  constituent 
le  phosphate  de  chaux  du  commerce.  Depuis  lors,  .M.  Ch.  de  Molon 
est  parvenu  à  en  découvrir  dans  la  majeure  partie  de  nos  départe- 
ments. 

Sans  doute  des  sophistications  sont  faites  de  cet  amendement  néces- 
saire à  certaines  de  nos  terres  en  Bretagne,  malgré  la  loi  qui  reste 
à  peu  près  inappliquée  par  les  parquets  de  nos  tribunaux.  Mais, 
en  exigeant  l'analyse  chimique  et  surtout  en  s'adressantà  des  maisons 
honorables,  on  peut  user,  sans  crainte  des  résultats,  et  sur  une  large 
échelle,  des  phosphates,  dans  les  terrains  qui  sont  privés  de  cet  élé- 
ment. A.    DE   LA   MonVONNAIS. 

NOUVELLES  INTENTIONS  AGRICOLES 

ANALYSE   SOMMAIRE   DES   DERNIERS  BREVETS   DÉLIVRÉS. 

162,128.  Chevallier.  14  mai  183i.  Système  de  vis  sans  fin  pour  entraîne)- 
les  farines,  sables  et  toutes  substances  en  général.  —  Le  breveté,  ayant  remarqué 
l'usure  rapide  des  vis  en  fer-blanc,  en  bois,  en  cuir  ou  même  en  fer,  employées 
dans  les  meuneries  et  autres  usines,  par  exemple,  pour  entraîner  les  farines,  pro- 
pose, pour  éviter  cet  inconvénient,  d'employer  un  genre  de  vis  en  fonte  avec 
douille  centrale  s'enfilant  sur  un  arbre  en  fer,  et  qui  sont  formées  de  tronçons 
d'une  certaine  longueur  s'entraîuant  l'un  l'autre  par  des  crans  qui  forment 
épaulement. 

162,132.  Lacrolx.  14  mai  1884.  Moulin  à  un  seul  ci/lindre  métallique.  — 
L'appareil  breveté  par  AI.  Lacroix  et  qui,  dans  sa  pensée,  doit  surtout  constituer 
un  muulin  agricole  capable  de  rendre  des  services  dans  les  campagnes,  comporte 
un   cylindre  unique,  en  foute   ou  en  acier,  muni  de  cannelures  qui  peuvent  être 


272  NOUVELLES  INVENTIONS  AGRICOLES. 

droites,  c'est-à-dire  dirigées  suivant  les  géaératrices,  on  être  obliques  et  for.'aer 
une  hi>lice  très  allongée.  Un  segment  de  même  métal  entoure  le  tiers  environ  de 
la  circonférence  du  cylinlre.  depuis  la  liauteur  de  Taxe  jusqu'un  peu  au  delà  du 
point  iiplérieur;  il  porte  la  raê  i)c  cannelure,  mais  inclinée  en  sens  opposé  dans  le 
cas  d'une  cannelure  héliçoïJalu  :  ce  segment  [leut  pivoter  autour  de  son  extrémité 
supérieure,  qui  est  écariée  du  cylindre  de  manière  à  laisser  l'enlrure  nécessaiie, 
tandis  qu'une  vis  de  serrage  passant  dans  un  écrou  porté  par  le  bâti  permet  de 
ra|i|iroclier  ]ilus  ou  moins  son  extrémité  inférieure  du  cylindre,  pour  réglei'  conve- 
nablement la  pression;  cette  vis  n'exerce  sou  action  que  par  l'intermédiaire  d'un 
ressort  à  boudin,  afin  d'éviter  des  ruptures  fn  permettant  au  segment  de  s'écarter 
dans  le  cas  où  un  corps  dur  s'introduirait  dans  le  moulin. 

Au-dessus  de  l'entrée  du  canal  à  aire  décioissante  formé  par  le  segment  sus- 
mentionné, se  trouve  la  trémie  d'alimentation,  dans  le  bas  de  laquelle  tourne  un 
petit  cylindre  distributeur,  commandé  par  pignon  par  un  contre-arbre  qui  est 
entraîné  lui-même  par  l'arbre  du  cylindre  cannelé  au  moyen  d'une  courroie;  un 
trapillon  disposé  sur  la  trémie  permet  de  régler  la  quaniité  de  grain  tombant  sur 
ce  distributeur.  Dps  joues  et  i  ne  enveloppe  en  tôle  entourent  le  cylindre  cannelé 
et  forment  une  goulotte  pour  l'écoulement  des  produits  de  la  mouture. 

Le  système,  dit  le  breveté,  permet  de  faire  la  mouture  haute  ou  basse  en 
variant  en  conséquence  la  grosseur  des  cannelures.  Dans  le  cas  de  la  mculure 
basse,  on  obtient  au  premier  passage  environ  50  pour  100  de  farine. 

L'appareil,  en  le  munissant  d'un  cylindre  en  fonte  très  dure  ou  en  acier,  pour- 
rait également  seivir  à  broyer  les  cliaux,  plâtres  et  ciments. 

162,198.  MecuwaRT.  17  mai  1884.  Appnreil  auVunalique  de.  déseinbrayage  cl 
de  siipiul  pour  grenoirs.  —  Avec  la  disp  isition  ordinaire  des  greooirs  et  autres 
appareils  analogues,  fait  remarquer  le  breveté,  si  l'on  n'alimente  pas  soigneusement 
et  que  la  mouture  vienne  à  manquer  dans  la  trémie,  les  cylindres  l'rotient  l'un 
contre  l'antre  et  séchauHent,  qu'il  y  a  usure  des  cannelures  si  les  cylindres  sont 
cannelés.  C'est  pour  éviter  cet  inconvénient  qu'il  a  imaginé  une  disposition  grâce 
à  laquelle  les  cylindres  mobiles,  aussi  bien  que  les  cylindres  alimentaires  que  les 
cylindres  travailleurs,  s'écartent  automatiquement  des  cylindres  fixes  quand  la 
mouture  commence  à  mani|uer,  attendu  que  la  charge  de  la  trémie  est  nécessaire 
pour  les  maintenir  rapprochés.  En  même  temps,  un  signal  produit  par  une  clocha 
ou  par  un  timbre  se  lait  entendre  et  avertit  qu'il  y  a  besoin  d'alimenter  l'ap- 
pareil. Ch.  Assi  ET  L.  Genès, 

ingénieurs-conseils  en  matière  de  brevets  d'invention, 
3(>,  boulevard  Voltaire,  a  Pans. 

VIGNES    AMÉRIG.UNES    ET   INSECTICIDES 

Mon  cher  directeur,  daas  le  numéro  du  8  novembre,  au  compte 
rendu  de  la  Société  )iaLioaale  d'aifricnlture  (pag.^.  212,  à  la  lin),  je  lis  : 

K  Faisant  allusion  à  certaines  affirmations  de  M-  de  Lafitte,  M.  Gaston  Bazille 
ajoute  que,  dans  l'Hérault,  les  vignes  américaines  ne  sont  pas  traitées  par  les  in- 
secticides, et  que  le  cas  signalé  par  M.  de  Lafitle  s'applique  simplement  à  une 
douzaine  de  pieds  de  Jacquez,  situés  dans  la  commune  de  Vauverl  ^Gard),  et  qui 
dépérissaient  parce  que  le  sol  était  trop  peu  prolond....  » 

Comment  M.  Gaston  li.izilie  me  prend-il  à  partie  à  la  Société  natio- 
nale d'agriculture,  oix  je  n'ai  ni  voix  ni  place,  quand  il  était  si  simple 
de  le  faire  d'abord  dans  le  Journal  d' agriculture  pratique,  où  a  paru 
l'article  qui  le  chagrine"?  Dans  le  Journal  d'-a;/riculture  pratique, 
j'aui'ais  prise  sur  une  critique  dont  j'aurais  le  texte  sous  les  yeux.  — 
Là,  persoiîne  ne  m'a  répondu,  personne,  et  pourtant,  ce  que  les  expli- 
cations fournies  par  l'honorable  sénateur  à  la  Société  nationale  d'(i;/ri- 
culture,  montrent  le  mieux,  c'est  que  la  chose  valait  une  repunse. 
Qu  en  pense  ta  Vigne  américaine?  Agréez,  etc.,         Prosper  de  Lafitte. 

Mon  cher  directeur,  je  ne  veux  phis  faire  de  polémique  à  propos 
des  cépages  américiiins;  il  y  a  aujourd'hui  bien  près  de  quinze  ans 
que  je  parle  en  leur  faveur,  c'est  bien  suffisant. 

Je  me  contente  de  prier  c^ux  qui  doutent  encore,  de  venir  voir  les 
foudres  de  mon  cellier  pleins  de  très  bon  vin,  environ  deux  mille 


VIGNES  AMÉRICAINES    ET  INSECTICIDES.  273 

hectolitres  déjà  ven  lus  à  un  bon  prix  et  rénlisés  pour  moitié,  en  sep- 
temljre,  sur  planls  américains  iiroiïus  el  jamais  traités. 

Mercredi  dernier,  à  la  Société  nationale  d'agriculture,  notre  véné- 
rable et  illustre  président,  M.  Chevreul,  m'engagea  à  dire  quelques 
mots  sur  les  vendanges  de  l'année  dans  l'Hérault.  Je  parlai  alors  de 
l'iraporlant  produit  des  Jacquez  dans  le  département,  et  notamment  de 
la  récolte  de  M.  Bastide  à  Agnac,  vendue  86  000  Irancs. 

Les  Jacquez  d'Agnac,  pas  plus  que  ceux  des  environs  de  Mont- 
pellier, n'ont  jamais  reçu  le  moindre  traitement  insecticide. 

Je  me  rappelai  alors  tout  naturellement  Le  pot  aux  roses  de 
M.  de  Laffiie,  au  sujet  des  plants  de  Vauvert,  dans  le  Gard.  J'ajoutai  que 
si  ces  quelques  Jacquez  avaient  élé  traités,  ce  que  je  croyais  parfai- 
tement, puisque  l'iionorable  M.  de  LaCûlenous  l'alTirmait,  c'étaient  les 
seuls  à  ma  connaissance,  et  que  le  président  du  Comité  de  vigilance  du 
Lot-et-Garo  me  avait  fait  d'une  exception  la  règle. 

C'est  tout,  et  l'incident  n'a  pas  eu  d'autre  portée. 

Recevez,  etc.  Gaston  Bazille. 

SOCIETE    NATIONALE    D'AGRICULTURE 

Sémce  du  12  novembre  1834.  — Présidence  de  M.  Ctievreul. 

M.  le  ministre  de  la  guerre  envoie  à  la  Société  la  54"  livr.iison  de  la 
carte  de  France  au  0,80^000' revisée;  — le  directeur  général  des  douanes 
adresse  le  tableau  général  du  commerce  de  la  France  avec  ses  colonies 
et  avec  les  puissances  éirangères  pendant  l'année  1883. 

M.  Pardon,  membre  de  la  Chambre  consultative  de  Chalon-sur- 
Saône  fait  hommage  d'une  brochure  sur  les  droits  à  mettre  sur  les  blés 
étrangers  et  les  dispositions  d'un  crédit  agricole  réalisable;  — 
M.  le  maire  de  SainL-Ouen  envoie  le  projet  d'exposition  universelle 
de  188iJ,  à  établir  sur  les  territoires  de  Saint-Ouen,  Asnières,  île  de 
Saint-Denis  et  Gennevilliers. 

La  Commission  d'enquête  d'Italie  pour  la  revision  des  tarifs  de  douane 
adresse  le  questionnaire  qu'il  a  rédige  pour  son  enquête  agricole. 

M.  Balbiaai,  professeur  au  collège  de  France  envoie  une  brochure 
intitulée  :  «  L-ï  jjhylloxera  du  chêne  el  le  phylloxéra  de  la  vigne;  étude 
d'entomologie  agricole. 

La  Société  royale  d'agriculture  d'Angleterre  adresse  le  20"  volume  de 
son  mémoire. 

M.  Deherain,  professeur  au  Muséum  d'histoire  naturelle  fait 
hommage  de  diverses  brochures  traitant  de  la  chimie  agricole. 

M.  Magne  offre  la  9"  édition  de  son  ouvrage  sur  le  choix  des  vaches 
laitièms. 

M.  Hdgard  adresse  un  procédé  de  destruction  du  phylloxéra  basé  sur 
l'emploi  du  mercure;  M.  Briot  de  la  Mallerie  fait  hommage  d'un 
article  sur  le  herd-book  breton. 

La  Société  départementale  d'agriculture  de  la  Nièvre  envoie  sa  réponse 
à  l'enquête  sur  le  crédit  agricole. 

M.  Cornu -présente  le  pied  de  mais  qu'il  a  obtenu  du  grain  qui  lui  a 
été  remis  par  M.  le  président.  Ce  grain  envoyé  par  M.  Sacc,  de  Bolivie, 
appartient  probablement  à  la  variété  dite  maïs  Cuzco.  —  11  a  été  semé 
en  pot  sur  couche  chaude,  le  20  mai  188'i,  mis  en  pleine  terre  le 
25  juin  et  arraché  le  1 1  novembre.  11  mesure  4  m.  30  de  hauteur;  ce 
pied  n'a  pas  produit  de  fleura  femelles. 


a74  SOCIÉTÉ   NATIONALE  D'AGRICULTURE  DE  FRANGE. 

M.  Bouchardat  appelle  l'allentiou  de  la  Société  sur  les  remarquables 
et  récents  travaux  de  M.  Berthelot  se  rapportant  à  la  vie  végétale.  — 
La  vie,  dit  M.  Bouchardat,  est  une  suite  non  interrompue  de  synthèses 
et  d'analyses  effectuées  dans  les  organes  des  êtres  vivant?,  dans 
laquelle  les  synthèses  dominent  pour  produire  ces  merveilleuses  assi- 
milations du  règne  inorganique.  C'est  surtout  dans  les  cellules  des 
végétaux,  sous  l'influence  de  la  radiation  solaire,  que  ces  synthèses 
s'opèrent.  Pour  les  principes  immédiats  azotés  si  variés,  si  impor- 
tants que  les  plantes  fournissent,  en  prenant  pour  guide  les  nouvelles 
et  belles  recherches  de  M.  Berthelot,  on  peut  admettre  que  la  première 
phase  de  ces  créations  consiste  dans  la  formation  du  salpêtre,  qu'elle 
est  due  au  jeu  de  certaines  cellules  végétales;  que  l'accumulation  du 
salpêtre  se  manifeste  surtout  dans  la  tige  et  dans  les  racines. 

La  seconde  phase,  celle  qui  donne  naissance  aux  matières  albu- 
minoïdes,  s'opère  surtout  dans  les  feuilles  sous  l'influence  de  la  fonc- 
tion chlorophylliène.  Ces  réductions  donnent  très  probablement  nais- 
sance aux  principes  immédiats  azotés  si  variés  qui  se  produisent  dans 
les  plantes. 

M.  Chabot-Karlen  fait  ensuite  une  communication  sur  l'alevinage  des 
salmones  par  la  nourriture  vivante.  — M.  Duchartreoffreàla  Société 
la  3°  édition  de  ses  éléments  de  botanique. 

M.  Mille  expose  les  résultats  des  irrigations  de  Gennevilliers.  Il  y  a 
actuellement  dans  la  plaine  de  Gennevilliers  605  hectares  irrigués  par 
la  culture  libre  qui  prend  ou  qui  repousse  à  volonté  les  eaux  ;  c'est  un 
service  moyen  de  60,000  mètres  cubes  par  jour,  à  peu  près  le  cin- 
quième du  tout.  Tout  réussit,  légumes,  fourrages,  pépinières,  l'herbe 
se  coupe  cinq  fois  et  nourrit  aujourd'hui  850  vaches  laitières.  Les 
betteraves  obtenues  ont  donné  11. 30  pour  100  de  sucre.  —  Les  cul- 
tivateurs payent  450  francs  de  location  par  hectare. 

M.  Bouley  présente  un  manuscrit  de  M.  Goubaux,  directeur  de  l'école 
vétérinaire  d'Alfort,  traitant  des  pertes  de  poids  que  subissent  dans  la 
cuisson  les  viandes  qui  servent  ordinairement  à  l'alimentation  de 
l'homme;  —  le  compte  rendu  d'une  conférence  faite  à  Patay,  par 
M.  Daviau,  vétérinaire,  sur  la  vaccinatien  charbonneuse,  et  une  bro- 
chure de  M.  Eloire  vétérinaire  à  la  Cappelle  (Aisne),  sur  l'industrie  lai- 
tière dans  le  nord  de  l'arrondissement  de  Vervins. 

M.  Max.  Cornu  entretient  ensuite  la  Société  des  vœu\  émis  par  le 
congrès  international  phylloxérique  tenu  à  Turin  le  20  octobre 
dernier.  Le  Journal  reviendra  sur  cette  communication  importante. 

La  Société  décide  ensuite  qu'elle  procédera,  dans  sa  séance  du 
17  décembre  1884,  à  l'élection  des  trois  candidats  qui  doivent  être 
présentés  au  choix  du  ministre  de  l'agriculture,  pour  remplacer  le  re- 
gretté secrétaire  perpétuel  de  la  Société,  M.  Barrai. 

Georges  MarsaisÎ 

REYUE  GO^niERGIALE  ET  PRIX  G1UR\NT  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(15  NOVEMBRE  1884). 
I.  —    Situation    générale. 

L'achèvement  des  travaux  des  semailles  a  amené  sur  les  marchés  un  plus 
grand  nombre  de  cultivateurs  ;  mais  les  affaires  n'ont  pas  pour  cela  pris  un  essor 
à  signaler. 

II.  — Les  grains  et   les  (arines. 

Les  tableaux  suivants  résument  les  courà  des  céréales,  par  QUINTAL  MÉTRIQUE, 
sur  les  principaux  marchés  de  la   France  et  de  l'étranger  : 


REVUE  OOMMERGIALE  ET  PRIX  GOUaA.NT  (15  NOVEMBRE   1384) 


275 


1"    RÉGION.  - 

-  MORI 

-OUEST. 

Blé. 

Seigle. 

Offe. 

fr. 

fr. 

fr. 

Calvados.  Caen 

21   3i 

10.00 

10.15 

—       Lisietix 

20. 'i3 

17.35 

17.70 

C.-du-Noi d.   Linnion.. 

1».5U 

» 

1 4 .  25 

—      PoiUrieux 

13. 30 

15.00 

•  5.50 

Finistère..  Moi'UiX 

'.9.10 

0 

14,00 

—      Qiiirnper 

t>).6l) 

15.50 

15.25 

Itle-el-Vitaiite.  Rennes. 

19  50 

n 

!5.50 

18.75 
19.75 

14.50 

„ 

Manche.  S;iint-Lû 

17.00 

—      f.outanoes 

16.70 

» 

10  00 

—      Villedieu 

JÎ.7D 

20.00 

15.75 

Mayenne.  Mayenne 

19.50 

8 

14.0') 

19.50 
19.35 

15.35 

15.60 

Morbihan.  Hennebont. 

« 

Orne.  BelUJue 

20.60 
20.80 
20.40 

» 

15.00 
15.75 
15.75 

Sarthe.  Le  M.ins 

15.25 

—      Beaumont 

21)  50 

14.75 

Prii  moyens 19. S8  16.12     15.53 

2"  RÉGION.  —  NOKD. 

^isne.  Soissons 20.00  »            » 

.-      Villers-Gotterets.  20.50  14.50     16.50 

—  La  Père 20.00  »            >• 

Eure.  Les  Andelys 20.20  13.50 

■—     Pacy 20  15  15.511 

—  Gisôrs 20.15  i'i-65 

E«re-et  toir.  ■■.hartres..  23.25  13.75 

—  Cliàlea  idun 20  00  » 

—  La  Ferle-Vidame.  2i.l0  17.35 
/ford.   Lille 21.00  17.4» 

—  Cambrai 19.50  15.50 

—  Bergiies 20.50  » 

Oi«.  Baa  ivais 20.50  IS.OO 

—  Clermont 19.65  13  35 

—  Compiegne 21.25  i4.00 

Pas-de-Caiiiis.  Ams,..  21.40  15.65 

—  Bapaume 20.50  14  75 

Seine.  Paris 21.25  16.10 

î<.-el-Marne.  Montereau    20.40  15. 10 

—  Me.iux 20.50  14. 7o 

—  Dammartin 20.50  14.75 

S.-6t-()is«.  Versailles. .. .  21.25  15.25 

—  Elampes 21.25  18.25 

—  Angerville  20.40  14.75 

Sôzn6-/rt/e''teure. Rouen.  20.10  14.00 

—  Fecamp 21.50  14.00 

—  GjJerviUe 20.55  » 

Somme.  Amiens 21.40  1$,35 

—  Doulleni 22.10  14.65 

—  Roye 19.50  13.35 


15.50 
16.50 
15.40 
17.50 
16.80 
20.35 
16.00 
16.50 
18  75 
18-50 
17.50 
21.50 
17.30 

16  50 
18.75 
17. ;5 
17.00 
16.50 
19. 00 

17  50 
17.50 
18.10 


16.90 
lô  90 


Avoine. 

fr. 

20  00 
21.00 
14.50 
15.  Ou 
'.3.75 
15.00 
15  00 
15.25 
21.45 
21.60 
20.00 
17.0,) 
16. Oo 
13.00 

n  Oo 

17.00 
20.2;, 
15  5  0 

17.46 


15.70 
16.00 
•6.00 
18.00 
17,00 
17.50 
16.00 
16  75 
15.25 
16.40 
17.00 
17.20 
17.50 
15.85 
20.00 
14.75 
14.25 
18.25 
16  50 
17.00 
15.50 
18.50 
13  OU 
16.10 
23.73 
13  50 
18.00 
21  50 
14.00 
15.00 


Prix  moyens 20.71     15.08     17.46     17.19 


3'  REGION.  —  NORD. EST. 

Ariennes.  Sjîlan 20.90  15.00  18  75 

.—     GharleviU; 2i.25  15.75  18.75 

.4w()e.  Bar-siir-Seiii-j. .. .  21.40        0  15.^0 

—  Mêry-sur-Seine...  19.90  14.25  16.50 
fl/arn-i.  Ghilons 20  25  15.75  18.50 

—  Reims 20. 2i  15.75  18.00 

—  Sle-vleaelioald 20.00  15.50  19.10 

HLe'Marne.  Llilgres.. , .    19.50  14.50  14.75 

—  GhaoïnoiU 19.75  14.50         » 

Meurlhe-u-.Mus.  î^anoy.  20.30        ■  « 

—  Tou: ...20.50  15.25  17.00 

—  Lunoville 21. OJ  15.25  17.50 

.tfeuse.  Bar-le-Duc 20.40  15.00  18.60 

Wauie-Sudne.  Vesoiil ...  20.60  i4.80  10.60 

—  Gray 18.90  15.00  14.60 

fosges.  Epinal 21.50  14,50        » 

—  NeafcllWean 20.50  15. '5  17.25 

—  MireL;oart 20.50        »  « 

Prix  moyens 20. 4i     14.77     17.  j3 

4"  RÉGION.  —  OUEST. 

Charente,  Kn%^n\émQ...  20.00 

—  Bari)^ziiu.ic 20.80 

Chor.-/ii/e>'.  .Uiraiis....    19.15 

—  St-Jean-d'An^ély..   !9.15 

Deux-S'.'u/'es.  Niort 20  00 

Indre-ei- Loire.  Tours...  19.00 

■—    Blcre 18.20 

Loire-liif.  N.iiitâs 20.00 

itf.-el-i.mVf.  An,:ier3 19  00 

Vendée.  L  ii;o;i 19.50 

—  Fontenay-le-Gomte  22.10 
rie«ne.  G  vray 20.15 

—  Pûitiirs 19.30 

Hau.te-Vii>i,nG.  Limoges.  20.00 

Priimo/eaj 19.06    14.83    17.19    16.11 


16.50 
16  ;.0 
15.50 
15.40 
16  75 
16.50 
15.10 
14.50 
1  i .  00 
18.00 
15.75 
16.00 
16.50 
16.40 
13.00 

15.85 
'.6.50 


18.30 

17.50 

a 

16.00 

16,00 

15.5) 

13.75 

15.50 

15.40 

15    50 

14.35 

16.25 

17.25 

14.35 

20.00 

16  00 

17.70 

16.25 

16.25 

17.00 

17.50 

16.55 

15.50 

15.70 

* 

14  65 

II 

14.50 

!4.3; 

19  20 

14    50 

15.00 

18.25 

18.00 

5*  RÉGION.  —  CEKTRB 

Blé.    Seide. 


Ailier.    Moulins 

—  St-Puuryaia. 
Cher.  Bo  ir^es. 

—  St-\mand 

—  Grai;.iv 

Creuse.  Aubusson... 
Indre.  Gliàteauroax . 

—  Valençay 

—  IssouJtin 

Loiret.   Orléans 

—  Pilhiviers 

—  Muntargis 

L.-et-Cht:r    Blois.... 

—  Montoire 

Nièvre.  Nevers 

—  La  Gbarit.é., . . 
Vonne.   Sr.-Florenlin 

—  Tonnerre 

—  Brienon 


Prix  moyens. 


20.23      15.04      16.74      15.65 


15    10 
Î5.75 


17.00 
14.75 
15.00 
15.73 
16. 75 
16.50 
15.50 
15.75 
15.50 
16.00 


6'  RBaiON.  —  EST. 
.4m.  Bourg 22.00    15.00 

—  Pùni-de-Vaux....   21.50 
Côte-d'Or.  Dijon 21. Oo 

—  Ueaune 19.75 

Oou/ïs.  Besançon 20.75 

Isère.  Voiroii 20.50 

—  Bour'Oin 20.75 

Jura.  D'jle 20.50 

Loire.  Ujanne 21.25 

—  MjnLbriàon 20.75 

P.-de-Ooine.  Glermont-F  19.50 

Rhône.  Lyon 22.00 

Saàiie-et-Loire.  Màcon  .  20.00 

—  .4uluri 19.75 

oaooie.  Ghambéry 22.75 

tIle:S'ivoie.  Annezy 21.55 

Prix  moyens 20.89 

T  REGION.  —  SCD-OUEST. 

Ariége.  Foix 24.10 

—  Pamiers 22.10 

Dùrdogne.  Sarlat 24.00 

Ilte-Garo'ine.  Toulouse.  21.85 

—  bt-Gaudens 22.10 

Gers.  Gojidom 22.00 

—  Eauze 23.35 

—  -Mirande 19.  lO 

Giroiide.  Bordeaux 21.75 

—  Bazas 22.50 

Landes.  Dax 23.00 

Lol'eC-'raroTine.  Agen..   20.60 

—  VilIeneuve-iur-Lot  2). 60 

B.'Pijrcnf^.  LJiyOïllie..    2.J.i3 
lUes-l^yren'ies.  l'aroes..   22.00 

Prix  moyens 22.17     18.25 

8*  RÉGION.  —  SU». 

Au.de.   Castelaaudary..  22.80 
.Ayeyron.  Rodez 20.80 

—  Aubin 21.50 

Caillai,  .a-iarlai; 22.50 

Corraze.  Tulle 22.00 

HérauU.  Bèziers 22.10 

—  Montpellier 21.50 

Lot.  Cah'ics 22.25 

Lozère.  Mende 22.75 

Pyrêiiées-O/'. Perpignan.  2.i.65 

Tarrl.  Gaillaa 22.40 

Tarn-el-llar.  Montauban  22.4» 

Prix  moyens 22.22     18.05 

9*  RÉGio:).  —  SCD-EST 
Basses-Alpes.  Manosi^ue   23.70 
lfiu.le?-.itpes.  Bnan^în.  22.50 
.itp'iS-.Maritimes.  Nice. .  24.40 

.ird'iCle.  Privas 24.80 

B.-dii-Hhàne.  Arles....  23.75 

Drimt    Romais 21.50 

(îard.  Alais 23.75 

l[ iute-Loire.   Brioude..  20. 8J 

l'ur.  Drajuignan 22. 2i 

Vaucliise.   Airigaon....  21.50 

Prix  moyens 22.90 

Moy.  de  toute  la  l'Vance  20.94 
—  de  la  semaine  preced.  21.16 

Sur  la  semaine)  H  lusse.      •         » 
preoélente..!  Baisse.      0.22    0  0 


16.90 

17.25 
17.00 
16.50 
16.75 

n.oo 

17.00 
16.50 

16. ai 
16.75 
17.00 
17.40 
17.00 
16.25 
17.7» 
»  »  16-50 

15,74      17.21      16.90 


16.00 
17.00 

» 
18.50 
18.50 
18.00 
19.50 
17.50 
17.25 


18.25 
18.00 
17.su 

1 5 .  00 
17.25 
17.25 
18.00 

i> 
16.00 
18.73 
16.00 
17.00 
17.50 


1» 

63 

16 

65 

20 

00 

17 

00 

17 

35 

& 

» 

17 

3. 

17 

50 

19 

35 

13 

63 

"9 

75 

18 

50 

»  17.50 

»  19.50 

15.9!      17.95 


18.00 

17.00 

19. OU 

17.00 

1» 

18.80 

19.15 

n 

15  30 

19.25 

» 

19.50 

18.00 

17.75 

18.25 

18. 63 

17.70 

19  50 

n 

15.25 

18.50 

18.00 

13.25 

ts.oo 

18.00 

18.45 

18.00 

17.80 

24.00 

26.05 

» 

j) 

18   50 

16.65 

15.75 

19.50 

18.02     19.13 


B 

» 

20.00 

18  00 

16.01 

19.00 

18.00 

15. OJ 

19   50 

16.50 

16.50 

18.60 

n 

16.50 

20.25 

16.50 

» 

18.25 

A 

II 

21.50 

13.35 

17.30 

14  00 

» 

18.00 

17.80 

s 

■ 

18.75 

17.47 

16.72 

13.77 

16.15 

16   8* 

17.18 

16.17 

16.80 

16.93 

276  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  GOURANT 

Blé  Seigle.  Orge.        Avoine 

fr.  fr.  fr.  fr. 

Algérie.                    *'8^M  blé  dur 13.2.5            ,>  10.75 

Angleterre.               Londres 19.50            t>  12  50  15.40 

Beigique.                  Anvers 18  liO  16.25  20.25  16.7.Ô 

—  Bruxelles 20.50  16.50  .  16.75 

—  Liège 19.35  11.00  18.00  17.15 

—  Namur 19  25  16.00  18.00  15.50 

Pays-Bas.                Amsterdam 17.15  15.60  »  » 

Luxembourg.           Luxembourg 22.75  18.65  15.40  17.00 

Alsace-Lorraine.    Strasbourg 22.25  19.25  21.25  18.60 

—  Mulliouse 21.50  18.10  19  75  18.25 

—  Coliuar 22.4(1  18.65  20.35  19.25 

Allemagne.             Berlin 18.85  17.10  ■■  » 

—  Cologne 20.30  18.10  -  » 

—  Hambourg 18  60  15.25  ..  d 

Suisse.                      Genève 23.50  18.50  18.50  18.50 

Italie.                        Turin 22  00  17.00  »  15.50 

—  Mdan 21.10  16.50  »  14,25 

Espagne.                  liarcelone 22 .  00            »  14.45  29 .  00 

Autriche.                  Vienne 17.75            »  »  .. 

Hongrie.                   Budapest 16.30  14.25  14  50  12.50 

Busiie.  Saint-Pétersbourg..  16.65  13.35  »  12.60 

Etats-Unis.               New-York 16.35             »  » 

Blés.  —  Malgré  la  présence  d'un  plus  grand  nombre  de  cultivateurs,  le  marché 
reste  lourd,  et  la  meunerie  résiste  aux  demandes  des  détenteurs.  On  constate  une 
baisse  de  25  centimes  sur  la  semaine  dernière.  Le  mercredi  12,  on  cotait  à  halle 
de  Paris,  de  20  fr.  50  à  ?,l  fr.  75  les  100  kilog.,  soit  21  fr.  15  en  moyenne.  Les 
marchés  des  blés  à  livrer  s'effectuent  également  en  baisse;  le  courant  du  mois 
est  fixé,  le  13  au  soir,  à  21  fr.;  le  livrable  décembre,  21  fr.  à  21  fr.  25;  janvier- 
février,  21  ir.  25  à  21  5);  quatre  premiers  mois,  21  fr.  50  à  21  fr.  75;  quatre 
mois  de  mars,  22  fr.  à  2-2  fr.  25.  —  Au  Havre,  les  affaires  sont  de  plus  en  plus 
difficile;  la  question  de  l'élévation  des  droits  de  douane  préoccupant  le  commerce; 
on  offre  les  blés  roux  d'Amérique,  de  20  fr.  50  à  21  fr.  25;  les  blés  d'Australie, 
21  fr.  25  à  22  fr.,  et  les  Bombay,  20  fr.  à  20  fr.  50.  A  Marseille,  les  affaires  ont 
été  plus  actives.  On  cote  :  Red-Winter,  23  fr.  25;  Berdranska,  2)  fr.;  Mariano- 
poH,  22  fr.  75;  Irka,  19  fr.  25;  Azima-Azoff,  19  à  30  fr.;  Danube,  18  à  19  fr.; 
Azoff  durs,  18  fr.  50  à  18  fr.  75  les  100  kilog,.  A  Londres,  les  affaires  sont  tou- 
jours lourdes;  on  cote  18  fr.  30  à  19  fr.  70.  Les  marchés  de  l'intérieur  de  l'An- 
gleterre sont  peu  approvisionnés  ;  les  prix  restent  sans  changements. 

Farines.  —  Les  prix  sont  stalionnaires  depn.'s  huit  jours,  avec  une  vente  très 
difficle.  Le  mercredi  12  novembre,  on  cotait,  à  Paris,  pour  les  farines  de  consom- 
mation :  marque  de  Corbeil,  48  Ir.;  marques  de  choix,  48  à  51  fr.;  premières 
marques,  47  à  48  fr.;  marques  ordinaires,  44  à  45  fr.;  le  tout  par  sac  de  159  ki- 
log., toile  à  rendre  (lu  157  kilog.  net,  ce  qui  correspond  aux  prix  extrêmes  ue 
de  28  fr.  02  à  32  fr.  50  les  1  00  kilog.,  ou  en  moyenne,  30  fr.  25.  —  Pour  les  fari- 
nes de  spéculation  on  cotait  :  [urines  neuf-marques,  courant  du  mois,  45  fr.  25; 
livrable  décembre,  45  fr.  50;  janvier-février,  45  fr.  50;  quatre  premiers  mois, 
45  fr.  50  à  4'  fr.  75;  quatre  mois  de  mars,  46  fr.  50;  le  tout  par  sac  de  159  ki- 
log., toile  perdue  ou  157  kilog.  net.,  en  baisse  de  0  fr.  25  à  Ofr.  50.  —  Le 
farines  deuxièmes  valent  toujours  de  21  à  22  fr.;  les  100  kilog.  presque  sans 
affaires. 

Seiiiles.  —  La  fermeté  persiste  dans  les  cours;  les  offres  sont  plus  rares.  Oa 
cote  à  la  halle  de  Paris,  15  fr.  50  à  16  fr.  50  les  100  kilog.  avec  tendance  à  la 
hausse.  Les  farines  de  seigle  conservent  leur  prix  fortement  tenus  de  20  à  23  fr. 
les  100  kilog. 

Orijes.  —  Affaires  actives  sur  les  orges  de  toutes  provenances.  A  la  halle  de 
Paris,  on  cote,  par  100  kilng.  17  fr.  7  5  à  22  fr.  ;  les  belles  qualités  sont  rares  et 
demandées.    Ijes  escourgeons  valent  de  19  fr.  à  19  fr.  50. 

Avoi.nes  — La  vente  est  plus  diiicile  sur  les  avoines  On  cote  à  h  halle  17  fr.  25 
à  20  fr.  les  100  kilog  ,  suivant  poids,  couleur  et  qualité,  comme  la  semaine  pré- 
cédente. 

Issues.  —  Affaires  nulles;  prix  sans  changement.  La  cote  de  la  hille  de  Paris 
est  de  :  gros  son  seul,  14  fr.  25  à  14  fr.  50  les  100  kilog.;  sons  gro-f  et  moyens, 
13  fr.  "S  à  14  fr.;  son  trois  cases,  12  fr.  75  à  13  fr.  25;  sons  lins,  12  fr.  à 
12  fr.  50;  recoupettes,  12  fr.  50  à  13  fr.  50  ;  remoulages  blancs,  16  fr.  50  à  17  fr.; 
remoulages  bis,  15  à  16  fr. 


DES  DENRÉES    AGRICOLES  (5   NOVEMBRE.   ISSi)  277 

III.  —  Fourrages  et  ijraines  fourragères. 

Fourrages.  —  Les  apports  sur  le  marché  continuent  à  être  assez  abondants.  Les 
afl'aires  sont  actives  ;  les  prix  de  la  paille  se  sont  un  peu  relevés.  On  paye,  à 
Paris  :  foin,  50  à  58  fr.  les  100  bottes  de  5  kilog.;  luzerne,  50  à  56  fr.;  paille  de 
blé,  30  à  35  fr.;  paille  de  seigle,  30  à  36  fr.;  paille  d"avoine,  24  à  28  fr. 

Graines  fourragères.  —  Prix  sans  changement.  Voici  les  chiffres  du  prix  cou- 
rant àParis.  par  100  kilog.  :  Irèile  violet,  105  à  120  fr.;  trèfle  Liane,  165  à  200  fr.; 
trèiïe  hybride,  150  à  170  fr.;  luzerne  de  Provence,  140  à  150  fr.;  luzerne 
d'Italie,  125  à  135  fr.;  du  Poitou,  90  à  100  fr.;  minette,  40  à  45  Ir.;  ray-grass 
anglais,  35  à  40  fr.;  d'  talie,  ,40  à  44  fr.;  sainfoin  à  une  coupe,  33  à  35  fr.; 
à  deux  coup'es,  37  à  38  fr.  ;  vesces  do  printemps,  22  à  23  IV.;  pois  jarras,  17  à 
18  fr.  —  A  Gaillac  (Tarn),  on  paye  la  graine  de  trèlle  et  de  sainfoin  de  90  à 
100  fr.  les  100  kilog.  —  A  Strasbourg,  la  graine  de  trèfle  vaut  de  105  à  110  fr.; 
au  Havre,  112  à  120  fr.  —  Au  Mans,  le  trèfle  s'est  vendu  98  à  105  fr.;  lalu- 
zerne,  80  à  90  fr. 

IV.  —  Fruits  et  légumes  frais. 

Fruits.  —  A  la  hal'e  de  Paris,  on  cote  :  châtaignes,  l'hectolilre,   12  à  18  fr. 

nèfles,  1  fr.  50  à  5  fr   le  cent.;  noix,  0  fr.  32  à  0  fr.  70  le  kilog.;  poires,    10  à 

à  50  fr.  le  cent;  0  fr.  25  à  65  le  kilog  ;   pommes,   5  à  90  fr.   le  cent;   0    fr.   18  à 

0  fr.  60  le  kilog.;  raisin  commun,  0  f i .  75  à  3  ir.  le  kilog.;  noir,  0  fr.  90  à  1  fr.  50. 

LcQutiies.  —  Artichauts  de  Paris,  3  à  40  fr.  le  cent  ;  carottes  communes,  18  à 
20  fr.  les  cent  boties;  carottes  d'iiiver,  k  fr.  50  à  5  fr.  l'hectolitre;  choux,  12  à 
16  fr.  le  cent;  haricots  vert«,  1  fr.  90  à  2  fr.  10  le  kilog  ;  en  cosse,  0  fr.  34  à 
0  fr.  38  le  kilog.;  écossés,  0  fr.  90  à  1  fr.  20  le  litre;  navets,  18  à  20  fr.  les  cent 
bottes;  oignons,  14  à  16  fr.;  panais,  12  à  15  fr.;  poireaux,  3  à4  fr.;  champi- 
gnons, 0  fr.  80  à  1  fr.  60  le  kdog  ;  choux-fleurs,  6  à  60  fr.  le  cent  ;  choux  de 
Bruxelles,  0  fr.  20  à  0  fr.  25  le  litre;  é|iinards,  0  fr.  20  à  0  fr.  25  le  paquet; 
oseille,  0  fr.  60  à  0  fr.  80  le  paquet;  potirons,  0  fr.  50  à  4  fr.  la  pièce;  tomates, 
0  fr.  35  à  0  fr.  50  le  calais. 

Po'/nws  de  lerve. —  Hollande,  8  à  10  fr.  l'hectolitre;  11  fr.  42  à  14  fr.  28  le 
quintal;  jaune,  6  à  7  fr.  l'hectolitre;  8  fr.  57  à  10  fr.  le  quintal. 

V.  —  Fins.  —  Spiritueux.  —  Vinaigres.  —  Cidres. 

Vins.  —  Les  ventes  continuent  dans  les  vignobles,  et  le  commerce  commence 
à  se  préoccuper  de  ses  achats  dans  les  entrepôts.  A  Paris,  il  règne  une  assez 
grande  animation.  Les  vins  nouveaux  sont  cotés  à  Bercy  aux  prix  suivants  :  vins 
rouges:  .Auvergne,  125  à  13D  fr.  la  pièce;  Bdsse-Bourgogne,  120  à  160  fr.  le 
muid;  Blois,  110  à  130  fr.  la  pièce  ;  vins  noirs  du  Blésois,  115  à  140  fr.  ;  Bor- 
deaux, 140  à  160  fr.;  Cher,  1 10  a  145  fr.  ;  Fitou,  48  à  62  (r.  l'hectobtre;  Gaillac, 
115  à  125  fr.  la  pièce;  Maçonnais  et  Beaujolais,  1'°  classe,  200  à  220  fr.  ;  2'« 
classe,  130  à  150  fr,  ;  Montagne,  36  à  44  fr.  l'hectolitre;  Narbonne,  45  à  60  fr.  ; 
Benaison,  115  à  125  Ir,  la  pièce;  Boussillon,  50  à  65  fr.  1  hectolitre  ;  Sancerre, 
120  à  130  h\  la  pièce;  Selles  sur  Cher,  115  à  125  fr.  ;  Tnuraine,  100  à  110  fr.  ; 
—  Vins  blancs:  Basse-Bourgogne,  l'"  classe,  180  à  200  fr,  le  muid;  2""-  classe, 
140  à  150  ff.,  Bergerac  et  Saute-Poy,  l'"  classe  la  pièce  160  à  170  fr.,  2'"'  classe 
135  à  150  fr.  ;  Chablis  et  environs,  180  à  220  fr.  le  muid;  Nantais,  60  à  70  fr.  la 
pièce;  Poitou,  60  à  70  fr.  l'heciolitre.  — Vins  d'Espagne,  40  à  50  f.'.  l'hectolitre  ; 
d'Italie,  52  à  60  fr,  ;  de  DaliLatie,  52  à  55  fr.  —  Les  vins  vieux  conservent  leurs 
cours. 

La  vente  des  vins  fins  des  Hospices  de  B^aune  a  eu  lieu  le  dimanche  le  9  no- 
vembre; elle  a  présenté  peu  d'animation.  Voici  les  prix  qui  ont  éié  obtenus  pour 
les  dilft'rcnts  crus:  Beauue  1,000a  1,300  fr.  la  queue  île 456  litres  ou  deux  pièces; 
Pommard,  1020  fr.  ;  Aloxe-Goi  ton,  1250  fr  ;  Volnay,  1350  fr.  ;  Sautenot,  li20  fr.; 
Santenot  blanc,  700fr.;  Savigny  et  Ver^elesses,  1,120  à  1,200  fr  —A  Cette,  les 
vins  nouveaux  d'Espagne  ont  dduné  lieu  à  un  bon  courant  d'aftaires;  on  peut 
coter  les  prix  comme  suit:  Mayor(ue  sans  plâtre,  19  à  24  fr.  l'hectolitre;  Cata- 
logne, 25  à  27  ir.;  Requence,  36  à  38  fr.  Valence.  33  à  36  fr.  ;  Benicarla,  35  à 
37  fr.;  Alicante,  40  à  41  fr.  —  A  Nice,  ont  cote  les  vins  d'Italie  :  Scoglielii,  50 
à  54  fr.  ;  Pacchino,  45  à  48  fr.  :  Mirsala,  48  à  59  fr.;  G  islelkmare,  52  à  55  fr.  ; 
Saint-Tro()ez,  53  à  55  fr.  ;  vins  blanc  de  Gisleliamare,  38  à  40  fr.  ;  de  Tarragone, 
40  à  45  fr. 

Spiritueux.  —  La  hausse  que  nous  signalions  il  y  a  huit  jours  s'est  accentuée, 
et  la  tendance  reste  ferme.  A  Paris,  les  trois-six  lins  du  Nord  90  degrés  disponi- 


278        RKVUE  COMMERCIALE   ET  PRIX  COURANT   (8   NOVEMBRE  1884). 

bles  se  payent  47  fr.  50,  en  hausse  de  1  fr.;  les  livrables  en  décembre,  47  fr.; 
quatre  premiers  mois,  46  fr.  75  à  47  fr.;  quatre  mois  de  mai,  47  fr.  2î)  à  47  fr.  75. 
—  A  Lille,  l'alcool  de  mélasse  disponible  est  toujours  à  42  fr.  l'hectolitre.  —  A. 
Bordeaux,  les  trois  six  du  Nord  sont  côtés  de  51  à  53  fr.  —  Les  trois-six  bon 
goût  con>ervent  leurs  prix  de  110  à  105  fr.;  à  Montpellier,  103  fr.  à  Bé/iers. 
105  à  110  fr.  à  Celle,  100  fr.  à  Nîmes,  101  fr.  '  à  Perpignan,  105  fr.  à 
Marseille.  —  L'esprit  de  marc  se  cote  de  03  à  95  fr  ,  suivant  les  localités.  — 
Les  eaux-de-vie  de  la  nouvelle  récolte  sont  offertes  à  La  Rochelle  au  prix  ae 
210  Ir.;  mais  le  commerce  se  tient  à  celui  de  20U  fr.  Thectolitre.  —  A  Tonnay, 
(Charente)  les  esprils  line  Champagne  86  degrés,  récolte  1884,  valent  150  fr.; 
les  52  degrés,  97  fr.;  les  esprits  preuve  de  Hollande,  55  degrés,  64  fr.  l'hecto- 
litre. 

Matières  à  tartre.  —  A  Bordeaux,  le  tartre  brut  naturel  70  degrés  est  coté 
2  fr.  55  le  degré;  les  matières  de  lartre,  2  fr.  65  à  2  ir.  70;  les  cristaux  de  Lie, 
2  fr.  70  à  2  Ir.  75  les  100  kilogr.  ;  les  tartres  blancs  criblés  valent  225  à  2.'.5  fr.  ; 
les  rouges  210  à  255  fr.  ;  la  crème  de  tar(re  292  à  295  fr.  les  100  kilogr. 

Cidrea.  —  Les  cidres  vieux  sont  cotés  22  fr.  la  barrique  de  2V,5  lities  dans  les 
pays  de  production,  et  de  26  à  35  fr.  à  Paris.  A  Cherbourg,  on  paie  le  cidre  nou- 
veau 9  fr.  l'hectolitre. 

Pommes  à  cidre.  —  La  vente  est  assez  courante  à  Paris  et  les  prix  se  sou- 
tiennent à  70  et  72  fr.  pour  la  pomme  disponible;  à  livrer  courant  du  mois,  on 
cote  75  à  78  fr.  les  1,000  kilogr.  sur  wagons.  En  province,  les  prix  varient  de  2  fr. 
à  3  fr.  l'hectolitre. 

VI.  —  Sucres.  —  Mélasses.  —  Fécules.    —  Houblons. 

Sucres.  —  Les  cours  ont  repris  un  peu  de  fermeté.  On  constate  une  légère 
ha;usse  de|iuis  huit  jours.  Les  sucres  bruis  88  degrés  saccharimétriques  sont  cotés 
sur  la  place  de  Paris,  36  fr.  50  les  100  kilogr.;  les  sucres  blancs  99  degrés, 
42  fr.  50  à  42  fr.  75;  les  sucres  m"  3  disponibles  43  fr.  75  à  44  fr;  les  livrables, 
44  à  46  fr.  Les  sucres  raffinés  sont  faiblement  tenus  de  101  fi.  à  102  fr.  les  lûQ 
Ikilogr.  à  la  consommation,  et  47  fr.  25  à  48  fr.  75  pour  l'exportation.  Le  stock  de 
t'entrejiùt  réel  était,  le  10  novembre  à  Paris,  de  721,  000  quintaux,  en  augmen- 
ation  de  près  de  100,  000  quintaux.  A  Valenciennes,  on  cote  les  88  degrés  35  fr. 
25  les  100  kilogr.  A  Bordeaux,  les  raffinés  valent  de  108  à  109  fr.  en  pains.  A 
Lille,  le  sucre  indigène  88  degrés  est  coté  34  fr.  50  à  34  fr.  75,  les  raffinés  106  fr. 
50.  A  Saint-Quentin,  les  sucres  roux  sont  demandés  à  35  fr.  50. 

Mélasses.  —  Les  mélasses  sont  cotées  à  Paris  par  100  kilogr.  :  celles  de  fabri- 
que, 9  fr.  à  9  fr.  25;  celles  de  raffinerie,  9  à  10  fr.  A  Valenciennes,  les  mélasses- 
disponibles  valent  10  fr.  50. 

Fécules.  —  Le  prix  de  la  fécule  de  l'Oise  a  baissé  de  1  fr.  sur  le  marché  de  Com- 
piègne,  où  elle  est  cotée  26  fr.  les  lÛO  kilogr.  A  Lyon,  la  fécule  première  vaut  de 
27  à  29  fr.  suivant  les  provenances;  la  fécule  verte  s'écoule  facilement  au  prix  de 
15  fr.  à  15  fr.  50. 

Houblons.  —  Cours  toujours  en  baisse  sur  tous  les  marchés.  A  Alost,  on  a  payé 
160  à  170  fr.  par  exception  les  100  kilogr.  ;  à  Poperinghe,  il  y  a  eu  quelques  ventes 
de  200  à  206  fr.  en  ville,  et  180  à  174  fr.  aux  villages.  A  Nancy,  les  prix  sont  d« 
220  à  224  fr.  ;  à  Haguenau,  de  220  à  230  fr.  ;  à  Dijon,  de  200"à  230  fr. 
VII .  —  Tourteaux.  —  Noirs.  —  Enyrais. 
Tourteaux.  —  Les  prix  se  maintiennent  dans  le  Nord  sans  donner  lieu  à  beau" 
coup  d'affaires.  A  Arras,  on  cote  :  tourteaux  d'œillelte,  14  fr.  les  104  kilog.;  de 
colza,  16  fr.  50;  de  lin,  24  fr.;  de  cameline,  15  fr.  50;  tourteaux  de  graines 
étrangères,  pavot,  12  fr.;  lin,  21  fr.  50.  —  A  Marseille,  voici  les  cours  de  la 
semaine  :  lin  disponible,  18  fr.  75  les  100  kilog.;  Arachide  décortiquée,  13  fr.  50; 
en  coque  10  fr.;  sésame  du  Levant.  12  fr.  75;  de  l'Inde,  11  fr.  75;  cocotier  ou 
coprah  pour  vaches  laitières,  12  fr.  ;  colza  du  Danube,  12  fr.  25;  œillette  exotique, 
11  fr.;  coton  d'Egypte,  12  fr.;  palmiste,  11  fr.  25  ;  ricin,  9  fr.  25;  ravison,  11  fr.  75. 

]\foirs.  —  A  Valenciennes,  on  cote  le  noir  animal  neuf  en  grains,  33  à  36  fr.  les 
100  kilog.;  les  vieux  grains,  10  à  12  fr.;  le  noir  d'engrais,  2  à  8  fr. 

Engrais.  —  Prix  sans  changement  pour  le  Nord  et  Paris.  Le  nitrate  de  soude 
est  côté,  23  fr.  50  les  100  kilog.  en  gare  de  Dunkerque. 

VIII.  —  Huiles  cl  graines  oléagineuses. 

Huiles.  —  Cours  assez  fermes  pour  les  huiles  de  colza.  Ou  cote  à  Paris  par  100 
kilog.  :  colza  disponible  66  fr.  75;  livrable,  67  fr.  25  à  69  fr.  75  ;  lin   disponible^ 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (15  NOVEMBRE    1884;.  279 

:.i  fr.  50  à  5i  fr.  75;  livrable,  54  fr.  50  à  55  fr.  —  A  Arras,  les  prix  sont  les  sui- 
•vants  :  huile  de  pavot,  80  fr.  les  lOD  kilog.;  de  colza,  69  à  70  fr.;  de  lin,  59  fr.; 
de  cameline,  61  fr.  de  pavot  (industrie),  71  fr.  50.  —  A  Rouen,  l'huile  de  colza 
se  paye  65  fr.  50;  celle  de  lin,  55  fr,  —  A  Bordeaux,  on  cote.  Arachide  surfine, 
118  fr.  les  100  kdosj;.;  sésame,  98  Ir.;  colza  épurée,  34  fr.  —  A  Lille,  huile  de 
colza,  60  fr.  l'hectolitre.;  huile  de  lin,  53  à  54  fr. 

Graines  oléaiiineuses.  —  Cours  sans  changement  à  Paris.  —  A  Arras,  il  y  a  eu 
quelques  variations.  On  paye  les  graines  nouvelles  :  œillette,  24  à  26  fr.  '25  ;  colza, 
18  à  21   fr.   50;  lin,  18  fr.  à   ^Ifr.;  cameline,  13  fr.  à    16  75.  —   A  Lyon,  les 
graines  de  colza  valent,  32  fr.  75  à  3  i  fr.  50  ;  la  navette,  32  fr.  à  32  fr.  50. 
IX.  —  Matières  résineuses  el  teitiles. 

Matières  résineuses.  —  Les  gemmes  conservent  leurs  pri.x  à  Bazas.  —  L'essenoe 
de  térébenthine  se  paye  à  Bordeaux,  51  fr.  les  100  kilog.;  à  Dax,  46  fr. 

X.  —  iuifs  et  Saindoux. 

Suifs.  —  Le  suif  frais  de  la  boucherie  de  Paris  est  redescendu  à  81  fr.  les  100 
kilog.  avec  peu  d'affaires. 

Saindoux.  —  Au  Havre,  les  saiodonx  valent  toujours,  53  fr.  les  50  kilog.  dis 
ponibles. 

XI.  —  Beurres.  —  Œufs.  —  Fromages. 

Beurres.  —  On  a  vendu  pendant  la  semaine,  à  la  halle  de  P.iris;  230,331  kilog. 
de  beurre.  Au  dernier  marché  on  cotait  :  en  demi-kiloî  ,  2  fr.  30  à  3  fr.  78  ;  le 
kilog.;  petits-beurres,   1  fr.   66  à    2   fr.  54;   Gouniy,   2' fr.  à    3  fr.    92;   Isigny, 

1  fr.  90  à  8  fr.  10. 

Œufs.  —  Les  ventes  se  sont  élevées  à  3,837,475  œufs,  aux  prix,  par  mille,  de 
115  à  148  fr.  les  choix;  90  à  lOi  fr.  pour  les  ordinaires:  5S  à  l-l  fr.  les  petits. 

Fromages.  —  On  cote,  par  douzaine  :  Brie,  4  à.  30  fr.;  Montlhéry,  là    fr.;  par 
cent;  livarot,  31  à  81  fr.;  Mont-d'Or,  10  à  16  fr.;  Neufchâtel,  2  fr.  50  à  21  fr.  50; 
divers,  5  à  67  fr.;  par  100  kilog.  :  Gruyère,  105  à  185  fr. 
X:i.   —  Chevaux.  —  Bétail.  —  Viande. 

Bétail.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  officiel  du  marché  aux  bes- 
tiaux de  la  Villette,  du  jeudi  6  au  mardi  1 1  novembre  : 

Poids     Prix  du  kilog.  de  vianie  nette  snr' 
Vendus  moyen       pied  au  marche  du    10   novembre 

Pour  Pour  En          4  quartiers.     1"  V  3«  Prix 

Amenés.  Paris,  l'extérieur,  totalité.  kil.  quai.  quai.  quai.  moyen. 

Bœufs 5.337  3,302  1,443  4,79.i  343  I.G4  l.iS  i.22  1.42 

Vaches 1.908  915  612  1,527  235  1.56  1.34  '     l.lfi  1.3.S 

Taureaux 367  242  41  283  398  1.42  1.32  1.22  1.31 

Veaux 3.056  1  ,S;!}  675  2,514  79  l.SG  16)  1.4)  1.60 

Moutons..    ...         43,56'J  2Û,4S9  15,892  36,381  20  1.80  1.62  1   34  1.57 

Porcs  sras 8,179  3,097  4,384  7,481  82  1.2i  1.18  1.16  1.17 

Les  arrivages  des  marchés  de  la  semaine  se  décomposent  comme  il  suit  : 

Bœufs.  —Aisne,  7;  Allier,  20;  Aveyron,  6;  Calvados,  1,223;  Canlal,  10;  Charente,  73; 
Cher,  58  ;  Corrèze,  8;  Côte-d'Or,  164;  Côies-du-Nord,  5;  Creuse,  36;  Deux-Sèvres,  60;  Dor- 
dogne,  86;  Eure,  54;  Eure-et-Loir,  34;  In. ire,  17;  Loire,  12;  Loir-et-Cher,  16:  Lot-et- 
Garonne,  12;  IVlaine-et-Loire,  358;  Manche,  256;  Mayenne,  63;  Meuse,  7;  Morbihan,  41  ; 
Nièvre,  454;  Orne,  729;  Puy-de-Dôme,  62;  Saône-et-Loire,  4S4;  Sarlhe,  56;  Seine-Infé- 
rieure,  60;    Seine-et-Oise,  G;  T,irn-et-Gar'ûnne,  26  ;  Vendée,  245;  Haute-Vienne,  4;   Yonne,    57. 

Yaclies.  —  Aube,  S;  Calvados,  342;  Cantal,  14;  Cner,  26;  Côte-d'Or,  19,  Dordogne,  17; 
Doubs,  7;  Eure,  40;  Eure-et-Loir,  52;  Loire,  9;  Manche,  154;  .Marne,  6;  Meuse,  3;  Nièvre, 
175  ;  Oise,  6;  Orne,  174;  Puy-de-Dôme,  56  ;  Saôae-et-Loire,  83;  Sarthe,  6  ;  S?ine,  107;  Seine- 
Inférieure.  22,  Seine-et-Marne,  19;  Seine-et-Oise.  40;  Vendre,  8;  Hante-Vienne,  8;  Yonne,  24. 

Taureaux.  —  Allier,  3;  Aube,  5;  Calvados,  29;  Cher.  2;  Côte-d'Or,  10;  Côtes-du  N3rd,  4; 
Creuse,  2;  Deuv-Sùvres,  4  ;  iJoubs,  4;  Eure,  10;  Eure-ei-Loi'r,  14;  lle-et-Vilaine,  18;  Indre,  2  ; 
Loire,  2;  Loire-Inférieure,  1  ;  Loiret,  2  ;  Maine-et-Loire,   14;  Manche,  26  ;  Marne,  2:  Mayenne, 

2  ;  Meuse,  1;  Nièvre,  13  ;  Oise,  4;0.ne,  12;  Puy-de-Dôme,  3;  Saône-et-Loire,' 5;  Haule- 
Saône,  12;  Sarthe,    14;  Seine-et-Marne,  11;  Seine-et-Oise.  13  ;  Yonne,  .5. 

Veaui.  —Aube,  245;  Aveyron,  40;  Calvados,  21;  Cantal,  35;  Eure,  196;  Eure-et-Loir, 
252;  Haute-Garonne,  9(1  ;  Loiret,  234  ;  Manche,  3;  Marne,  118;  Oise,  55;  Puy-de-Dôme,  164; 
Sarthe,    45;    Seine-Inférieure,    84;    Seine-et-Marne,    271;    Seine-et-Oise,  41;    Yonne,    112. 

Moutons.  —Aisne,  426;  Allier,  1,083;  Aube,  695;  Cantal,  401;  Charente,  100;  Cher,  60; 
Correze,  90;  Eure,  353;  Eure-et-Loir,  41;  Loiret,  165;  Marne,  250;  Haute-Marne,  2,067; 
277;  Meuse,  64;  Nièvre,  I8S;  Seine,  46;  Seine-et-Mirne,  2.(167  Seine-Oise,  2,110;  Haute-Vienne, 
108;  Yonne,  202;Allemagne,   12,125;  Hongrie,   6,785;  Russie,    9.711. 

Porcs.  —  Allier,  667;  Calvados,  155;  Charente,  281  ;  Charente-Inférieure,  34;  Cher,  160: 
Côte-d'Or,  98;  Côtes-du-Noid,  87;  Creuse,  144;  Deux-Sèvres  6.55;  Ille-et-Vilaine,  204;  Indre, 
205;  Indre-et-Loire,  38;  Loire.  56;  Loire-Inléneure,  195;  Loir-et-Cher,  111;  Maine-et-Loire, 
584  ;  Manche,  107  ;  Mayenne  45;  Nièvre,  644;  Puy-de-Dôme,  172  ;  Rhône,  83  ;  ."^aôneet-Loire, 
227;  Sarthe,  1,499;  Seine,  6;  Seine-Inférieure,  18;  Vendée,  580;  Vienne,  15i;  Haute- 
■Vienne,    40. 


280  REVUK   COMMERCIALE  (15  NOVEMBRE   1884). 

Les  arrivages  ont  été  sensiblement  supérieurs  à  ceux  de  la  semaine  précédente 
Les  prix  de  toutes  les  sortes  sont  en  baisse  de  0  fr.  05  au  moins.  —  Sur  les  mar- 
chés des  départements,  ou  cote  :  Nancy,  bœuf,  84  à  88  fr.  les  1 00  kilog.  bruts; 
vache,  60  à  86  fr.;  veau,  52  à  64  fr.;  mouton,  80  àlOO  fr.;  pove,  64  à  68  fr.  — 
Rouen,  veau,  le  kilog.  1  fr.  50  à  1  fr.  95;  porc,  1  fr.  à  1  fr.  35.  Sedan,  bœuf, 
1  fr.  60  à  1  t'r.  80;  veau,  1  fr.  40  à  2  fr.  10;  mouton,  1  fr.  50  à  2  fr.  40;  porc, 
1  fr.  40  à  1  tr.  8j.  —  Bourg,  bœuf,  60  à  85  fr.  les  100  kilog.  sur  pied;  veau 
95  à  10  J  fr.  ;  porc,  70  à  88  fr.  —  Ville  franche  (Rhône),  bœuf,  1  fr.  35;  vache, 
1  fr.  25;  veau,  1  fr.  75;   mouton,  1   fr.   65;  porc,  1   Fr.  45.  —  Bourgnin,  bœuf, 

0  fr.  66  à  0  fr.  76  sur  pied;  vache,  0  fr.  65.  à  0  Ir.  75:  veau,  0  fr.  95  à  1  fr.; 
mouton,  0  fr.  80;  porc,  U  Ir.  90  à  0  fr.  92.  —  Nevers,  ba-ul,  1  fr.  60  à  1  fr.  80; 
vache,  1  fr.  40  à  1  fr.  60;  veau,  2  f r  ;  mouton,  2  fr.;  porc,  1  fr.  60.  —  Lk  Puy, 
bœuf,  1  fr.  75  le  kilog.  — Barbezieiix,  bœuf,  1  fr.  60  à  1  Ir.  80;  veau,  1  fr.  80; 
mouton,  1  fr.  40  à  1  ir.  60  ;  porc,  1  fr.  30  à  1  Ir.  60.  —  Cnndom,  bœul',  1  fr.  60  à 

1  fr.  f-0;  veau,   1  fr.  50   à   1  fr.  70;   vache,    1  fr.   à  1  ir.  20;  mouton,  1  fr.  70  à 

2  fr.  20;  agneau,  1  fr.  60  à  1  ir.  ^0;  porc,  1  fr.  30.  —  Nice,  bœuf,  1  fr.  60  à 
1  fr.  65;  vache,  1  fr.  35  à  1  fr.  40;  veau,  1  IV.  60  à  1  fr.  65;  mouton,  1  fr.  50 
à  1  fr.  55. 

Viande  à  la  criée.  —  Il  a  été  vendu  à  la  halle  de  Pans,  du  3  au  9  novembre  : 

Prix  du  kilog.  le  9  novembre. 

kilog.           t"  quai.             ■;•  quai.             3*  quai.  Chou.     Basse  3c.;cherle. 

Bœuf  ou  vache...    150,633  \J,r>  à   1   90     1.3i  à   L.'.'i     1.00  à  1..32  1.40  à  l.hO  0.20  à  1.26 

Veau 169,430  1.70      2.00     1.48      1.6S     1.16      1.46  ■            ••        »           . 

Mouton 79,776  1.34      1.60     1.12      l.S>    0.86      1.10  1.46      3.00    »            » 

Porc 62,180  Porc  frais 1.10  à  1.30. 

467,019  Soitparjour 66,117  kilog. 

Les  ventes  ont  dépassé  de   2,000  kilog.  par  jour  celles  do   la  semaine  précé- 
dente. Les  prix  sont  in'érieurs  surtout  pour  le  veau  et  le  porc. 
XllI.  —  Cours  de  la  viande  à  l'abattoir  de  la  Tillelte  du  jeudi  13  novembre  {par  50  kilog.) 
Cours  de  la  charcuterie.   —  On  vend  à  la  Villette  par  50  kilog.  :  1"  qualité, 
63  à  65  fr.  ;  2%  55  à  60  fr.   Poids  vif,  43  à  45  fr. 

Bœufs.  Veaux.  Moutons. 

1"  u'  3-  I"  2-  3'  I"  2" 

qaal.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai. 

fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr. 

80  74  67  108  100  94  84  77  68 

XIV.  —  Marché  aux  bestiaux  de  la  Villette  du  jeudi  13  novembre  1884. 

Cours  des  commissionnaire' 
Poids  Cours  officiels.  en  bestiaui. 

Animaux  gênerai.     1"        2*        3'  Prix             1"        2*  3*  Prix 

amenés.  Inrendos.  kil.        quai.  quai.  quai,     extrêmes.       quai. quai.  quai.  extrêmes 

Bœufs 2  242  ■  348         1.6»      1.54      1.26     l.20àl.72  1.66     1    &2  1.2S  1.20àl    70 

Vaches 591  »  '36          1.60     1.44      1   20     1.16     16»  1.60     1   42  1.20  l.lS     1   62 

Taureaux...          130  »  390         1   48     1.38      1.28     1.20     I    52  1.46      1,36  1.28  1   20     1   52 

Veaux 1.073  60  81          1.90     1.70     l.bO     1.30     2   10         »              »  »  » 

Moutons 16  984  740  19          I   90     1.70     1.48      1   40     1.96         »              •  •  » 

Porcs  gras..    .4.119  49  80         1.28     1.2J     1.18      I.IO     132          »              »  •  • 

—  maigres..            »  >  ■••»•»■»■• 

Vente  lente  sur  le  gros  bétail,  mauvaise  sur  les  moutons  et  les  porcs. 

XV.  —  Rf!sumé. 

En  résumé,  les  fluctuations  de  la  semaine  n'ont  pas  grande  importance.  Les 
cours  se  maintiennent,  et  se  sont  même  relevés  un  peu  pour  les  sucres  et  les 
alcools.  A.  Rémy. 

BULLETIN  FINANCIER 

La  baisse  est    à   peu  près  générale   sur  toutes  les  valeurs.  On  cote  :  3  pour 
100,  78  fr.  10;    —    3    pour  100  amortissable,  79   fr.  75  ; — 4  et  demi  pour   100 
ancien,  103  fr.   25;  4  et  demi  pour  100  nouveau,  i07  fr.  50. 

Les  actions  des  établ.ssements  de  crédit  sont  aux  cours  suivants  :  Banque  de 
France,  5,160  fr.  ;  Banque  de  Paris  et  des  Pays-Bas,  710  fr.;  Comptoir  d'es- 
compte, 958  fr.  75;  Crédit  foncier  et  agricole  d'Algérie,  475  f'.  ;  Crédit  foncier, 
1,2«5  fr.;  Banque  d'escompte  de  Paris,  507  fr.  50;  Crédit  lyonnais,  510  fr. 
Société  de  dépôts  et  comptes  courants,  616  fr.  25.  —  Les  chemins  de  fer  sont 
cotés  :  Est,  762  fr.  50;  Paris-Lyoa-Médiierranée,  1,210  fr.;  Midi,  1,750  fr.  25; 
Nord,   1,620    fr.;  Orléans,  l,31ufr.;   Ouest,   820  fr.     E.  Féhon. 

Le  Gerunl  :  A.  BouonÉ. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  ,n  novembre  issa). 

Discussion  à  la  Conimission  i!e  la  Chambre  des  députés  chargée  d'examiner  le  projet  de  loi  sur 
le  relèvement  des  tarifs  de  dou.ine.  —  Rejet  du  projet  relatif  aux  droits  sur  le  bétail.  —  Vel- 
léité de  recommencer  une  enquête  agricile.  —  Vote  du  principe  du  rclèvaraent  du  droit  Eur  les 
céréales.  —  Ri>jet  par  la  Chambre  dos  députés  de  toutes  les  propositions  relatives  :iux  buissons 

—  La  récolte  du  blé  en  Amérique  en  1884.  —  Le  phylloxéra  —  Reunion  de  la  section  per- 
manente de  la  Commission  supérieure.  —  Subvention  à  des  syndicats.  —  Taches  phylloxé- 
riques  dans  ^arrondi^sement  de  Charollcs.  —  Travaux  de  défense  dans  la  Côte-d'Or.  —  Rapport 
supplémentaire  de  M.  Hugot  sur  le  budget  de  l'agriculture.  —  Héun'ou  des  Comices  du  Pas- 
de-Calais.  —  Réunion  des  Comices  et  Sociétés  agricoles  de  la  Mayenne.  —  Vœux  du  Comice 
central  de  la  Loire-Inférieure.  —  Projet  d'une  exposition  intemalion  île  de  meunerie  et  de  bou- 
langerie. —  Concours  de  la  Société  hippique  fr.inçiise  en  1885-  —  Projet  de  créaiion  de  stations 
séricicoles.  —  Recherches  de  M.  Aime  Girard  sur  la  migration  du  sa  charose  dans  la  betterave. 

—  Communication  de  M.  Pagnoul  à  la  Société  d'agriculture  du  Pas-de-Calais  sur  les  betteraves 
de  M.  Deeoninck.  —  Concours  de  fromages  et  de  beurre.^  à  Salers.  —  Questions  d'enseignement 
agricole.  —  Concours  pour  la  station  agrom-mique  de  Nice.  —  Admissions  à  l'école  nationale 
d'horticulture  de  Versadles.  —  Election  de  M.  L'on  Say  comme  pri?sident  de  la  Société  centrale 
d'horticulture.  —  Concours  d'animaux  de  bouherie  à  Pauiiers  et  à  Chàlon.  —  Analyse  des  pro- 
grammes des  concours  régionaux  île  Montpellier,  Beauvais,  Lyon  et  Montauban.  —  Etude 
M.  de  l'Epine  sur  la  reprise  de  la  culture  de  la  garance  dans  Vauc^use.  —  Notes  de  MM.  Pagnoul, 
Bronsvick,  Gy  de  Kermavic  sur  la  sitijation  des  récoltes  dans  les  départements  d.i  Pas-de  Calais, 
des  Vosges,  du  Morbihan,  de  la  Nièvre.  —  Réunion  des  délégués  des  Associations  agricoles 
à  Paris. 

I.  —  Un  travail  laborieux. 

Il  est  assez  difficile  de  suivre  les  péripéties  des  discussions  de  la 
Commission  de  la  Chambre  des  députés  chargée  d'étudier  le   projet 
de  loi  sur  le  relèvement  des  tarifs  de   douane  sur  les  bestiaux.   Tout 
d'abord,   elle  mène  lentement  ses  travaux,  elle  passe  des  semaines 
sans    se    réunir,   elle  convoque   successivement    les    ministres,    elle 
se  fait  communiquer  le    rapport  de   l'enquête  administrative   sur  la 
situation  agricole   dans  le  département  de  l'Aisne.  Après  un  grand 
mois  de  travaux  de  cette   nature,  tout  d'un  coup  elle  émet  un   vote 
rejetant  le  projet  du  gouvernement.  C'est  son  droit.  iVIais  elle  a  des 
amendements,    et   de    nombreux    amendements    à   examiner.    Vous 
croyez  peut-être  qu'elle  va  procéder  à  un   nouveau  vote,  qu'elle    les 
rejettera  ou  les  acceptera.   Ce  serait  beaucoup  trop  simple.  Suffisam- 
ment éclairée  tout  à  l'heure  lorsqu'il  s'agissait  du  bétail,  elle  ne  l'est 
plus  lorsqu'il  s'agit  du  blé.  Il  faut  qu'elle  interroge  encore  le  gouver- 
nement, qu'elle  s'informe  à  droite  et  à  gauche;  elle  réclame  du  minis- 
tre de  l'agriculture  qu'il  fixe  le  quantum  du  droit  sur  le  blé  qu'il  est 
prêt  à  défendre  devant  le  l'arleuient.  Harcelé,  fatigué,  le  ministre  lui 
répond  qu'il  croit  boa  de  s'en  tenir  à  un  droit  de  10  pour  100.  Le 
télégraphe  s'empare  de  cette  déclaration,  et  deux  jours  après  nous  la 
retrouvons   dans  tous  les  journaux  des  pays  étrangers  ;  elle  a  filé  en 
Amérique,  en  Australie,  aux  Indes,  et  tous  les  commerçants  ont  com- 
mencé leurs  calculs  sur  cette  base.  Quant  à  la  Commission,  son  opi- 
nion n'est  pas  encore  faite;  sans  crier  gare,  elle  déclare  qu'il  lui  faut 
faire  à  son  tour  sa  petite  enquête  dans  le  déparlement  de  l'Aisne;  elle 
délègue  trois  de  ses   membres,  MM.   Clemenceau,  Georges  Graux  et 
Frédéric  Passy,  pour  mener  celle  enquête;  et  puis  chacun  rentre  chez  soi 
jusqu'à  nouvel  ordre.  Voilà  l'histoire  delà  semaine  dernière.  Singulière 
et  bizarre  conclusion;  l'enquête  faite  par  le  ministère  de  l'agriciillure 
était  jugée  excellente  lorsqu'on  a  eu  à  discuter  les  droits  sur  le  bétail, 
elle  ne  vaut  plus  rien  lorsqti'il  s'agit  des  droits  sur  le  blé.  Les  vœux 
des  Conseils  généraux,  ceux  des  Associations  agricoles,  sont  considérés 
comme  non  avenus;  on   déclare  qu'on   a   le  temps  d'aviser  et  qu'on 
pourra  voir,  en  1885,  si  l'on  a  le  temps  de  s'occuper  des  intérêts  agri- 
coles;  la  session  actuidle  est  bien    chargée,   pourquoi  la   surcharger 
encore  ?  Hàtons-nous  de  dire  que  cette  conduite  a  été  sévèreinent  jugée 
dans  la  Chambre  des   députés  ;  le  groupe  agricole  s'est  ému,  et  il  a 

K  815.  —  Tome  IV  de  1884.  —  22  Novembre. 


282  GHRONIUUE  AliKICOLE    (22  NOV.CMBKE    18^4). 

cUerché  les  moyens  propres  à  sortir  de  celte  impasse.  Voyant  qu'elle 
i'.iisai'i  fausse  route,  la  Commission  s'est  réunie  de  nouveau  le  18  no- 
vembre :  elle  a  abandonné  son  projet  d'enquête  et  elle  a  ado[)té  le 
principe  de  la  surélévation  du  droit  de  douane  sur  le  fronr.ent  et  sur  la 
farine.  C  est  quelque  chose  ;  mais  il  faut  en  linir,  prendre  surtout  une 
lésolution  définitive;  les  tergiversations  ne  sont  plus  de  mise.  Nous 
espérions,  avec  tous  les  agriculteurs,  que  la  question  serait  vidée 
à  la  fin  du  mois  de  novembre  ;  noui  nous  sommes  trompé,  et  nous 
le  regrettons,  non  pour  nous,  mais  pour  ceux  qui  ne  veulent  pas 
comprendre  les  dangers  de  la  situation  actuelle.  Toute  solution, 
quelle  qu'elle  soit,  vaut  mieux  que  l'incertiludj  prolongée  qui  fait  le 
plus  grand  tort  noa  seulement  à  1  agriculture,  mais  encore  au  com- 
merce dont  on  prétend  sauvegarder  les  intérêts. 

II  —  L'impôt  sur  les  vins  et  h'vinage. 

Dans  notre  dernière  chronique,  nous  avons  donné  les  résultats  des 
premiers  voles  de  la  Chambre  des  députés  dans  la  discussion  rela- 
tive à  l'impôt  sur  les  vins  et  au  vinage.  Cette  discussion  a  été  longue 
et  elle  a  passé  par  des  péripéties  assez  inattendues.  Après  avoir  re- 
poussé la  réduction  des   droits  sur  l'alcool    employé  au  vinage  das 
vms  jusqu'à   15  degrés,  la  Chambre  a  successivement  rejeté  un  cer- 
tain nombre  de  propositions  subsidiaires,  et  finalement  l'article  I"  du 
projet   de  la   Commission.   Plusieurs  séances  ont  été  employées  pour 
arriver  à  ce  résultat  absolument  négatif.  On  restera,  temporairement 
du    moins,    dans    la    situation  actuelle;  mais  cela  veut  mieux  que  le 
projet  élaboré  par  la  Commission  de  la  Chambre,  et  dont  M.  Jean  Da- 
vid était  le  rapporteur.    Le    devoir  du  gouvernement  n'en  reste  pas 
moins  étj'oii,  c'est  de  faire  surveiller  rigoureusement  à  nos  Ironlières 
l'introduction  des  mixtures  alcooliques  qui  pénètrent  en  France  sous 
le  nom  de  vin  qu'elles  ne  méritent  à  aucun  égard. 
III.  —  La  recolle  du  blé  en  Amerujue. 
Le  département  de  l'agriculture  à  Washington  viftnt  dî  publier  ses 
appréciations  sur  les  recul  tes  aux  Ktals-l^nis,  au  mois  d'octobre,  l'après 
ce  rapport,  la  récohe  du  froment  dépasserait  de  100  millions  de  bushels 
(25   millions  d'hectolitres)  celle    de   'I8S3,    et  le   rendement   moyen 
sérail  de  13  bushelset  demi  par  acre  (Il   hectolitres  .Si    pu-  heciarie'. 
En  admettant   que   la  surface    cultivée  soit  la  même  qu'en  1883,  son 
14,-s97,200  hectares,  le  rendement  total  serait  de  172, 3113, OtlO  hecto- 
litres. —    Pendant    la   dernière   année   fiscale    (1"  juillet    1883    an 
30  juin    1884),    les    Etats-Unis  ont  exporté  70  millions  de   busheLs 
(24,500,000   hecloliLresj  de  grain,   et  8,15'2,(i>0l»  barils  de  farine  de 
froment. 

IV.  —  Le  phylloxéra. 
Dans  sa  séance  du  18  novembre  18S4,  la  Section  permanente  de  la 
Commission  supérieure  du  phyiloxera  a  ordonné  le  traitement  admi- 
nistratif au  moyen  du  sulfure  de  carbone  des  taches  phylloxériques  de 
Tournon  (arrondissement  d'Albertville,  Savoie)  eldu  canton  de  Nemours 
(Seine-et-Marne)  Elle  s'est  occupée  ensuite  des  taches  constatées  dans 
les  communes  de  Mauves  et  Oudon  (Loire-Inférieure).  —  Après  avoir 
posé  en  principe  qu'à  l'avenir  les  propriétaires  syndiqués,  en  vue  d: 
la  défense  de  leurs  vignes  par  le  sulfure  de  carbone  et  le  sulfocarbonate 
de  potassium,   qui  ont  syndiqué  une  surface  de   5  hectares  au  plus 


CHRONIQUE  AGRICOLE '(22  NOVE MB KE  1881).  283 

seraient  appelés  à  bénéficier  des  subventions  de  TEtat,  la  Section  per- 
manente a  examiné  les  demandes  de  subvention  suivaates  : 

r^ùmljre  Noinlire 

des  syndicats,     des  projjrictaires.  Sariaceg. 

Hectares. 

Ain 34  23.80 

Alpes  (Basses-) I  34  38.28 

Ardèche ;!  152  136.00 

Aube 139  l,883.1.'i 

Aveyroii 25  'iO-ôâ 

Bouches-du-Rhône lOi)  410. 2& 

Cùte-d'Or 45  1,IH3  2,692.42 

Diô:ne 4  154  2U9.89 

Gard 4  246  .216.80 

Garonne  (Haïute-) 2  30  293. T4 

Gironde 12  274  663.20 

Hérault 1  18  60.80 

Indre....; 1  12  4.90 

Isère 5  143  133.85 

Loir-et-Cher 9  594  628.00 

Loire , 19  693  468.84 

Lot-et-Garonne ..  2  24  147.92 

Pyrénées  (Hautes-) 2  79  18.5.32 

Pyrénées-Orientales 5  124  819.85 

Rhône 1K9  5,728  6,79'J.21 

S,iône-et-Loire 16  420  525.11 

Tarn-et-Garonne 1.  16  9.49 

Var .       1  16  27.50 

Vaucluse. 2  24  40.08 

Vienne 1  li  3.ÛÛ 

Soit  en  tout  348  syndicats  coinpreaant  10,257  propriétaires  pour 
16,448  hectares  95  ares.  — Jusqu'au  18  novembre  1884,  la  Section 
permanente  a  eu  à  examiner  716  syndicats,  comprenant  18,626  [»ro- 
priètaires  et -43,1  77  hectares. 

Nous  apprenons  que  la  présence  du  phylloxéra  a  été  constatée  dans 
des  vignes  de  l'arrondissement  de  CharoUes  (Saône-et-Loire).  D'autre 
part,  on  annonce  une  extension  du  fléau  dans  le  canton  de  Beaumont 
(Seine-et-Marne). 

Le  rapport  présenté,  dans  sa  dernière  session,  auGonseil  général  de 
laCôte-d'Or,  par  .M.  Alagnien,  professeur  départemental  d'agriculture, 
donne  un  tableau  de  l'invasion  dn  phylloxéra  dans  ce  riche  département 
viticole.  Les  ravages  de  l'insecte  ont  été  signalés  jusqu'ici  dans  58 
communes,  dont  33  dans  l'arrondissement  de  Lîaaune,  i'i-  dans  celui 
de  Dijon,  et  1  dans  celui  de  Semur;  sur  ce  total,  'J  ont  été  reconnues 
pliyllo.xéfées  en  1884.  Des  syndicats  nombreux  se  sont  constitués  ;  il 
en  existe  aujourd'hui  42,  comptant  1 ,2^7  associés,  pour  une  surface 
syndiquée  de  3,16'!  iiectares.  Dans  sa  séance  du  15  octobre  dernier, 
le  Comité  central  contre  le  phylloxéra  dans  le  département  a  repoussé 
la  demande  présentée  par  le  Comité  d'agriculture  de  Beauue  ausujel  de 
rinlroduction  des  cépages  américains  dans  ce  département. 

V.  —  Bad'jel  di  l'agriculture. 

En  analysant  le  rapport  présenté  par  iM.  Hugot  à  la  Chambre  des 
députés  sur  le  budget  du  ministère  de  l'agriculture,  nous  avons  pro- 
testé contre  quelques-unes  des  diminutions  proposées.  Nous  sonimcs 
heureux  de  constater  qu'un  rapport  supplémentaire  de  M.  Hugot  donne, 
en  partie  au  moins,  satisfaction  à  ces  réclamations.  La  diminution 
sur  les  dépenses  de  renseignement  ai^ricole  ne  serait  plus  que  de 
6,000  fr.,  au  lieu  de  5O,000'fr.  ;  le  crédit  de  10,000  fr.  pour  subven- 
tions aux  établissements  privés  a  été  rétabli  ;  le  crédit  pour  le  personnel 
des  haras  et  dépôts  d'étalons  n'est  diminué  que  de  30,600  fr.,  au  lieu 


284  CHRONIQUE  AGRICOLE  (22   NOVEMBRE  1R84). 

de  40,600  fr.  Par  contre,  une  diminution  de  48,500  fr.  est  proposée 
sur  les  encouragements  à  l'agriculture  et  au  drainage,  aint.i  qu'une 
nouvelle  réduction  de  57,000  fr.  pour  les  études  et  subventions  aux 
travaux  d'irrigation. 

VI.  —  Vœux  des  associations  agricoles. 
Une  réunion  générale   des   sociétés  d'agriculture  du  Pas-de-Calais 
a  eu  lieu  à  Bethune,  le  1',)  octobre,  sous  la  présidence  de  M.  Ddlory, 
président  du  Comice  agricole  de  Bélhune.  Voici  le  texte  des  vœux  qu'elle 
a  transmis  aux  sénateurs  et  aux  députés  du  département  : 

1°  Réclamer  l'établissement  d'un  droit  proportionné  à  l'écart  qui  existe  entre 
le  prix  de  vente  et  le  prix  de  revient  sur  les  Liés,  farines  et  issues,  le  prix  Je 
revient  étant  fixé  à  22  francs  l'hectolitre  de  blé. 

2"  L'établissement  de  droits  compensateurs  sur  les  autres  céréales  ; 

3"  L'élévation  des  droits  d'entrée  sur  le  bétail,  ce  droit  étmt  établi  au  poids. 
Le  même  droit  sur  les  viandes  abattues. 

k"  Le  vote  de  la  loi  sur  le  sucrage  des  vins  et  boissons  alcooliques. 

5»  Le  vote  de  la  loi  sur  le  vinage  à  prix  réduits. 

6°  Le  relèvement  des  droits  sur  les  laines,  textiles  et  les  graines  oléagineuses. 

Une  réunion  des  Comices  et  sociétés  a,i;ricoles  de  la  Mayenne  a  eu 
lieu  le  15  novembre,  à  Laval,  sous  la  présidence  de  M.  Le  Breton,  pré- 
sident de  l'Association  des  agriculteurs  de  la  Mayenne  et  du  Comice  de 
Laval.  Elle  a  adopté  les  vœux  suivants  : 

«  A  l'unanimité,  elle  émet  le  vœu  qu'il  soit  établi  à  l'entrée  des  céréales  étran- 
gères un  droit  de  douane  équivalant  au  moins  à  la  somme  des  charges  de  toute 
nature  supportées  par  les  céréales  récoltées  en  France. 

«  A  la  majorité  de  57  voix  contre  12,  elle  émet  le  vœu  que  les  droits  d'importa- 
tion du  blé  soient  gradués  de  la  manière  suivante  :  Au  cours  moyeu  de  22  à  24  fr. 
l'hectolitre,  droit  d'entrée,  3  fr.  l'hectolitre;  —  au  cours  moyen  de  24  à  25  fr., 
2  fr  ;  —  au  cours  moyen  de  25  à  26  fr.,  1  fr.;  —  au-dessus  du  cours  moyea  de 
26  fr.  l'hectolitre,  le  droit  d'entrée  serait  supprimé. 

«  Au  contraire  :  au  cours  moyen  de  20  à  22  fr.  l'hectolitre,  le  droit  d'entrée 
serait  porté  à  4  fr.;  —  au  cours  moyen  de  18  à  20  fr.,  ."S  fr.;  —  au  cours  moyen  de 
16. à  18  fr.,  6  fr.;  —  au  cours  moyen  de  14  à  16  fr.,  7  Ir. 

«  Pour  tous  les  produits  autres  que  le  blé,  admettant  en  principe  que  tous  les 
produits  agricoles  français  supportant  une  somme  d'impôts  de  toute  nature  éi^ui- 
valant  au  moins  à  15  pour  luO  de  leur  valeur  moyenne,  la  réunion  émet  le  vœu 
qu'il  soit  établi  à  l'entrée  de  tous  les  produits  similaires  importés  de  l'étranger  un 
droit  fixe  et  permanent  représentant  15  pour  100  des  valeurs  moyennes  de  chacun 
de  ces  produits,  pendant  les  dix  dernières  années,  telles  qu'elles  ont  été  fixées 
par  l'administration  des  douanes  et  publiées  dans  les  documents  officiels.  » 

Dans  sa  séance  du  8  novembre,  le  Comice  agricole  central  de  la  Loire- 
Inférieure,  après  avoir  rédigé  ses  réponses  au  questionnaire  de  l'enquête 
parlementaire,  a  adopté  les  conclusions  suivantes  : 

«  Nous  nous  bornerons  à  u«er  d'un  droit,  du  droit  de  nous  plaindre  et  de 
réclamer,  et  tant  qu'on  maintiendra  contre  l'agriculture  une  situation  exception- 
nelle, nous  nous  ferons  un  devoir  de  pi'otester. 

a  Nous  demandons  dune  pouri[uoi  nous,  l'agriculture,  nous  l'industrie  la  plus 
nécessaire,  l'œuvre  par  excellence,  qui  em[iloyons  le  plus  de  bras  et  faisons  vivre 
le  pays,  qui  subissons  toutes  les  charges,  qui  soames  soumis  aux  durs  travaux, 
qui  sommes  en  présence,  le  |)lus  souvent,  de  tant  de  dilficult 'S,  qui  sommes  livrés 
à  tous  les  éléments,  pourquoi  nous  l'honneur  et  la  grande  ressouice  de  la  France, 
pourquoi  sommes-nous  condamnés  au  traitement  le  plus  inégal  et  le  plus  rigou- 
reux, et  pourquoi  seule  de  toutes  les  industries,  restmis-nous  sans  protection?  Le 
devoii-  du  Comice  est  donc  de  réclamer,  au  nom  de  l'équité  et  de  l'égalité,  des 
conditions  qui  soient  une  réparatio  i  du  passé,  une  assuran';e  d'avenir  et  rendent 
enfin  l'espéiance.  Et  nous  bornant,  quint  à  présent,  à  la  question  des  blés  et  tra- 
duisant par  un  chiffre  Is  nature  et  l'importance  de  la  protection  qui  nous  est 
divenue  de    plus  en  plus  nécessaire,  nous  Comice  agricole  central  de  la  Loire- 


CHRONIQUE   AGRICOLE    (22  NOVEMBRE    1884).  285 

Inférieure  demandons  qu'un  droit  de  douane  de  cinq  francs  par  100  kilosf.  de  blé 
étranger  introduit  en  France  soit  imposé  à  titre  de  campeniation  des  avantages 
que  ces  blés  rencontrent,  sous  tant  de  formes  diverses,  dans  les  pays  qui  les 
ont  produits. 

«  Le  relèvement  de  nos  cours  avilis  est  à  cette  condition  et  le  salut  de  notre 
agriculture  à  ce  prix.  » 

On  trouvera  plus  loin  un  compte  rendu  de  la  réunion  de  la  Ligue 
des  cultivateurs  du  Nord-Est,  qui  a  eu  lieu  à  Nancy,  le  16  novemljre 
courant. 

\ll.  —  Exposition  internationale  de  meunerie. 

Une  exposition  internationale  de  meunerie,  delà  boulangerie  et  des 
industries  qui  s'y  rattachent,  se  tiendra  à  Paris  du  1"  mai  au  31  octo- 
bre 18!S5.  Cette  exposition  est  placée  sous  le  patronage  de  M.  le  ministre 
de  l'agriculture  ;  elle  a  pour  commissaire  général  Al.  Louis  Lockert, 
ingénieur,  rédacteur  en  chef  du  Journal  de  la  meunerie.  Nous  lui  souhai- 
tons un  succès  complet;  elle  ne  peut  manquer  de  présenter  un 
grand  intérêt,  à  raison  des  modilicalions  qui  se  produisent  dans  le  maté- 
riel de  la  meunerie. 

VllI.  —  Concours  de  la  Société  hippique  française. 

Les  cinq  concours  de  région  et  le  concours  central  de  chevaux  de 
service,  organisés  par  la  Société  hippique  française  sous  la  présidence 
(le  M.  le  marquis  de  Mornay,  se  tiendront  en  IS<Sô  comme  il  suit  : 
concours  du  Midi,  à  Bordeaux,  du  8  au  l5  février;  — concours  de 
l'Ouest,  à  Nantes,  du  I"  au  8  mars;  —  concours  central  de  Paris, 
du  28  mars  au  16  avril;  —  concours  du  Sud-Est,  à  Lyon,  du  3 
au  10  mai;  —  concours  du  Nord,  à  Lille,  du  2'i  au  31  mai;  —  con- 
cours de  l'Est,  à  Nancy,  du  23  au  28  juin.  Dans  ces  six  concours,  il 
pourra  être  décerné  1,641  prix,  pour  une  somme  totale  de 
340,902  fr.  50. 

IX.  —  Travaux  parlementaires. 

Parmi  les  propositions  soumises  récemment  à  la  Chambre  des  dépu- 
tés, nous  devons  signaler  une  proposition  présentée  par  M.  des  Ilotours 
et  plusieurs  de  ses  collègues,  ayant  pour  objet  de  dispenser  delà  licence 
et  de  l'exercice  les  propriétaires  qui  distillent  exclusivement  les  bette- 
raves provenant  de  leur  récolte. 

M.  Adolphe  Pieyre  propose,  de  son  côté,  de  créer  12  stations  séri- 
cicolesà  Nîmes,  Al  as,  Uzès,  Le  Vigan,  Saint-Ambroise,  Ganges,  Les 
Vans,  Pont-Saint-Esprit,  Hagnols,  Privas,  Avignon  et  Valence.  Les 
producteurs  et  marchands  de  graines  de  VQi's  à  soie  seraient  tenus  d'y 
faire  vérifier  leurs  produits. 

X.  —  Sucres  el  betteraves. 

Dans  une  note  présentée  à  l'Académie  des  sciences  le  10  novembre 
M.  Aimé  Girard,  professeur  au  Conservatoire  et  à  l'Institut  agrono- 
mique, a  fait  connaître  les  résultats  des  nouvelles  expériences  qu'il  a 
exécutées  en  188  V  pour  contrôler  ses  recherches  antérieures  sur  la  for- 
mation du  sucre  cristallisable  dans  la  racine  de  la  betterave.  De  ces 
expériences,  il  résulte  que,  formé  dans  les  limbes  des  feuilles  sous 
l'influence  de  la  lumière,  le  saccharose  émigré  ensuite  vers  la  souche 
à  travers  le  pétiole,  «  Ces  faits,  ajoute  t-il,  ont  non-seulement  au  point 
de  vue  scienlilique,  mais  encore  au  point  de  vue  pratique,  unei.mpor- 
tance  que  l'on  ne  saurait  méconnaître.  En  nous  apprenant  que  c'est 
du  fonctionnement  des  limbes  que  dépendent  directement  la  formation 


286  GHRONIQUK  AGRICOLE  (22  NOVEMBRE    1884). 

du  saccharose  et,  par  suite,  son  emmagasinage  dans  la  souche,  ils 
indiquent  à  quel  degré  le  cultivateur  et  le  producteur  de  graines  de 
betleraves  doivent  se  préoccuper  de  la  nature  et  de  l'aptitude  saccha- 
rogènes  des  organes  aériens  des  sujets  qu'Us  destinent  à  la  repro- 
duction. » 

Les  cultivateurs  se  préoccupent  beaucoup  de  1;î  nature  des  graines 
de  betleraves  à  adopter  pour  les  prochaines  semailles.  Nous  publierons 
prochainement  une  excellente  notice  que  \I.  Violette,  doyen  de  la  Faculté 
des  sciences  de  Lille,  dont  les  travaux  sur  la  betterave  jouissent  d'une 
si  grande  autorité,  nous  a  envoyée  sur  ce  sujet.  D'autre  part,  M.  Pagnoul, 
directeur  de  la  station  agronomique  d'Arras,  a  présenté,  dans  sa 
séance  du  8  novembre,  à  la  Société  centrale  d  iigricuUure  du  Pas-de- 
Calais,  des  observations  que  nous  croyons  utile  de  reproduire  : 

te  M.  Pagnoul  dépose  sur  le  bureau  des  betterrives  prises  par  lui-même  dans  un 
champ  appartenant  à  M.  Plaisant,  du  faubourg  Ronville.  et  dont  la  graine  a  été 
fournie  par  M.  Deconinck.  Ces  betteraves  sont  de  belle  forme,  peu  racineuses  et 
lui  ont  donné  à  l'analyse  les  résultats  suivants  : 

Poids.  Densité.  Sucre  par  décilitre  de  jus.  Pureté. 

630  gr.                              6.8  15.31  87 

&9fi  7.8  17.90  8K 

610  7.9  17.9;i  88 

867  8.1  18.73  89 

<•  Deux  autres  lots  envoyés  au  laboratoire  de  la  station  provenant  d'autres  points 
du  département  ont  donné  : 

Poids  Densité.  Sucre  par  décilitre  de  jus.  Pureté. 

393    gr.  7.1  15.-44  82 

470  7.1  16  04  87 

«  Ces  dernières  étaient  plus  courtes  et  plus  racineuses. 

■c  On  voit  qu'au  point  de  vuedelaricbesseet  delà  quantité,  ces  betteraves  sont  tout 
à  fait  exceptionnelles;  le  rendement  sur  le  cbamp  de  M.  Plaisant  était  également 
très  élevé,  puisque  les  plantes  étaient  à  peu  près  à  10  au  mètre  carré,  avec  un 
poids  moyen  de  678  grammes.  On  peut  donc,  avec  cette  variété  de  betteraves, 
par  une  culture  appropriée  et  dans  une  terre  assez  profonde,  obtenir  des  résultats 
réellement  remarqualiles  et  M  Deconinck  aura  rendu  un  service  réel  à  l'agricul- 
ture et  à  l'industrie  en  1  introduisant  en  France. 

«  C'est  ce  que  pense  M.  Bouillez-Bridou,  président,  en  remerciant  M.  Pagnoal 
de  cette  intéressante  communication.  Il  fait  ensuite  remarquer  que  vu  le  bas 
prix  offert  celte  année  par  les  fabricants  de  sucre  pour  la  betterave  commune 
dégénérée,  il  devient  indispensable  pour  l'agriculteur  de  produire  une  betterave 
de  qualité.  On  arrivera  toujours  à  ce  résultat  :  1"  en  recherchant  une  bonne  graine  ; 
2°  en  mettant,  autant  que  possible,  10  racines  au  mètre  carré;  3"  en  semant  sur 
umier  de  l'année  précédente.  Quant  aux  engrais,  on  pourra  ajouter  un  tiers  de 
nitrates  pour  activer  le  développement  des  Feuilles  et  deux  tiers  de  superphos- 
phate. » 

Le  Conseil  général  du  Pas-de-Calais  a  voté  une  somme  de  30,000  fr. 
à  répartir  en  trois  années  pour  encourager  par  des  concours  la  pro- 
duction de  la  betterave  riche.  Le  premier  de  ces  concours  aura  lieu 
en  1885. 

XL  —  Concours  de  l'industrie  laitière. 

Le  9  novembre,  a  eu  lieu  à  Salers  (Cantal),  sous  la  présidence  de 
M.  Tissandier  d'Escous,  président  du  Comice  agricole,  le  concours 
comprenant  la  bonne  installation  et  la  bonne  tenue  des  burons,  et  la 
meilleure  fabrication  des  fromages  et  des  beurres.  Aucun  candidat  ne 
s'est  fait  inscrire  pour  la  bonne  tenue  des  burons  :  néanmoins  plu- 
sieurs primes  ont  été  décernées  à  des  vachers.  Les  principaux  prix  ont 
été  attribués  :  pour  les  fromages,  à  M.  Besson  et  à  M.  Guy-Rongicr, 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (22  NOVEMBRE  188i).  287 

l'un  et  l'autre  fermiers  au  Vieilmur;  poar  les  beurres  de  lait,  à 
Mme  Faure,  propriétaires  Salers.  Aucune  récompense  n'a  été  décernée 
pour  les  beurres  de  petit-lait. 

XII.  —  Enseignement  agricole. 

Le  projet  de  loi  tendant  à  autoriser  le  département  de  la  Somme  à 
contracter  un  emprunt  de  120,000  francs  pour  la  création  d'une  éode 
pratique  d'agriculture,  a  été  définitivement  voté  par  le  Parlement.  La 
loi  a  été  promulguée  au  Journal  olficirl  du  IG  novembre. 

M.  Adolphe  Pieyre  vient  de  présenter  à  la  Chambre  une  propusition 
de  loi  ayant  pour  objet  de  créer  dans  chaque  lycée  ou  collège  de  1  Etat 
un  emploi  de  professeur  d'agriculture.  Ce  serait  Fintroduction  délini- 
live  des  sciences  agricoles  dans  l'enseignement  universitaire.  On  a 
beaucoup  fait  en  introduisant  les  notions  d'agriculture  dans  les 
matières  obligatoires  de  l'enseignement  |)rimaire  ;  il  faut  que  l'agricul- 
ture pénètre  dans  l'enseignement  spécial  et  dans  l'enseignement  secon- 
daire. Nous  espérons  donc  que  la  proposition  de  M.  Pieyre  sera  favo- 
rablement accueillie;  tous  les  amis  de  l'agricultuj'e  doivent  1  appuyer 
énergiquement.  Le  collège  municipal  de  Melun  a  donné,  sous  ce  rap- 
port, un  exemple  dont  le  succès  doit  encourager  les  initiuiives 
analogues. 

Le  8'  fascicule  du  Bullelin  de  la  Société  des  professeurs  départemen- 
taux d'agriculture  fait  connaître  les  efforts  que  l'association  poursuit 
pour  faire  entrer  l'agriculture  dans  le  programme  du  brevet  supérieur 
pour  les  institutfurs.  Ce  serait  une  excellente  innovation,  qui  donnerait 
enfin  une  consécration  sérieuse  à  l'enseignement  agricole  dans  les 
écoles  normales. 

XIII.  —  Station  agronomique  de  Nice. 

La  Préfecture  des  Alpes-Maritimes  nous  communique  l'avis  suivant  : 

Par  suite  du  décès  de  M.  Laugier.  directeur  de  la  Station  agronomique  de  Nice, 
un  concours  pour  la  nomination  d'un  directeur  de  cette  Station  aura  lieu,  le 
lundi  15  décembre  prochain,  à  Paris,  à  l'Institut  national  agronomique  où  les  can- 
didats se  réuniront  à  9  iieures  du  matin.  Ceux-ci  devront  se  faire  inscrire  avant 
le  I"  décemi)re  1864,  lerrne  de,  ri^i.cur,  à  la  Pielectnrrt  dea  Alpes-Maritimes 
(12°  division),  et.  pioduire  à  l'appui  de  leur  demande  :  1»  Leur  acte  de  ]iais-anc«; 
2"  Un  certificat  constatant  (ju'ils  ont  sati-1'.iit  à  la  loi  sur  le  lecrutement;  3"  Une 
notice  sur  leuis  tiavauxet  toutes  les  pièces  permettant  d'apprécier  leurs  antécé- 
dents et  leur  mérite;  4"  Un  programme  détaillé  des  études  expérimentales  et  des 
recherches  scientiliquea  qu'ils  se  proposent  de  faire  sur  les  cultures  et  les  diffé- 
rentes industries  agricoles  a|ipropriées  au  département  dos  Alpes-Maritime.s, 
ainsi  que  sur  les  matiè'cs  utiles  k  i'agiiculture 

Les  épi'euves  auxquelles  seront  soumis  les  candidats  consisteront  :  1"  En  une 
épreuve  de  chimie  pratique  qui  seia  fa'te  au  lalioratoire  de  l'Institut  agionomique  ; 
—  'i"  En  une  épreuve  de  micrographie  ;  —  3"  En  questions  si  le  jury  le  jufje  né- 
cessaire, sur  la  chimie  agricole,  la  physiologie  et  l'agricultuiie  ;  —  4"  Dans  l'exa- 
men des  titres  scienti[i.(ues  et  des  travaux  des  candidats. 

Un  traitement  de  5,000  fr.  est  attribué  au  directeur  qui,  en  outre, 
a  son  logement  dans  les  bâtiments  de  la  Station. 

XIV.  —  Ecole  naiionule  d'horticulture  de  Versailles. 

La  rentrée  des  élèves  à  l'Ecole  nationale  d'horticulture  de  Versailles 
a  eu  lieu  le  1"  oi^tobre  dernier.  Les  élèves  admis  en  première  année  ont 
subi,  à  leur  arrivée,  un  examen  de  classement  dont  voici  le  résultat  : 

1.  Plament,  d'Emmerin  (Nord). — 2.  Savès,  deRoquefoit  (Haute-Garonne).  — 
.3.  Gouilot,  de  Cusnes  (Nièvre;.  —  4  Guillemain,  de  Sury  (Gliarenle).  —  5  Phe- 
lippeau,  de  Vouillti-lcs-Marais  ^Vendée).  — 6.  Pressoir,  d'.icy  (Aisne).  — 7.  Ro- 


23S  CHRONIQUE   AGRICOLS    (22    NOVEMBRE   1884). 

qiie^!,  de  Villasavary  (Aude)  —  8.  Sprécher,  d'Azannes  (Meuse).  —  9.  Arabeyre, 
a  Artis  (Ariège).  —  10.  Prévost,  de  Saint-Gioud  (Seiue-et-Oise).  —  11.  Arailhat, 
des  Allemands  (Arisge).  —  12.  Blanchon,  de  Milly  (Seine-et-Oise).  —  13.  Mail- 
let de  Guyancourt  (Seine-et-Oisel.  —  14.  Berlhier,  de  Bourbon-l'Ancy  (Saône-et- 
Loire).  —  15.  Nomblot,  du  Creuzot  (Saôue-et-Loire).  —  16.  Baiilaud,  de  Nevers 
(Nièvre).  —  17.  Cliâtel,  d'Elincourt  (Oise). —  18.  Divoire,  de  Gompiègne  (Oise). 

—  19.  Girard,  de  Plaisir  (Seine-et-Oise).  — 20.  André,  de  Gléder  ^Finistère). — 
21.  Dehayes,  de  Gondé-sur-Vesgre  (Seine-et-Oisel.  —  22.  Verjut,  de  Dôle 
(Jura). —  23.  Rémûnd,  do  Besançon  (Doubs). —  24.  Rabet,  de  Bue  (Seine-et-Oise). 

—  25.  Franciiault,  de  Paris.  — -26.  Hébrard,  de  Fontenay- sous-Bois  (Seine).  — 
27.  Gistowski,  de  Paris.  —  28.  Sadornau,  deDraveU  (Seine-et-Oi-e).  —  29.  Es- 
nault,  de  Meau.x  (Seine-et-Marne).  —  30.  Delhaye,  de  Bohain  (Aisnel. 

Hors  classement.  — Leclerc,  de  Versailles.  — Jaussan,  de  B  ziers  (Hérault). 

Ce  nombre,  ajouté  à  celui  des  élèves  anciens  de  2"  et  de  3'"  année, 
constituait,  au  \"  octobre,  un  effectif  total  de  70  élèves. 

XV.  — Société  centrale  d'horticulture  de  France. 
Dans  sa  séance  du  13  novembre  la  Société  nationaleet  centrale  d'hor- 
ticulture de  France  a  procédé  à  l'élection  d'un  président  en  rempla- 
cement du  regretté  M.  Lavallée.  Le  nombre  des  votants  était  de  262. 
M.  Léon  Say  a  été  élu  par  182  voix,  contre  57  à  M.  Horace  de  Choiseul 
et  23  réparties  entre  diver.s  noms.  M.  Léon  Say  a  été  proclamé  pré- 
sident pour  les  années  1884  à  1887  inclusivement.  Dans  cette  séance 
avait  été  organisée  une  très  remarquable  exposition  de  Chrysantèmes, 
qui  fait  Je  plus  grand  honneur  aux  horticulteurs  dont  elle  renfermait 
les  produits. 

XVL  —  Concours  d'animaux  de  boucherie. 

Le  concours  d'animaux  de  boucherie,  qui  a  lieu  annuellement  à 
Pamiers,  se  tiendra  en  1885  le  dimanche  8  février.  On  sait  que  ce 
concours  est  organisé  par  la  Société  d'agriculture  de  l'Ariège  et  par 
le  Comice  agricole  de  Pamiers.  L'importance  de  cette  solennité  va  en 
augmentant  d'année  en  année. 

Le  concours  d  animaux  gras  organisé  à  Chalon-sur-Saône  pour  la 
région  de  l'est,  se  tiendra,  en  1885,  du  19  au  22  mars.  A  ce  con- 
cours seront  Jointes  des  expositions  d'animaux  reproducteurs,  de 
volailles  vivantes  et  d'instruments  d'agriculture.  Ne  sont  admis  à  y 
concourir  que  les  animaux  engraissés  dans  les  départements  du  Jura, 
de  l'Ain,  de  Saône-et- Loire,  de  laCôte-d'Or,  de  l'Yonne,  de  la  Haute- 
Saône  et  du  Doubs  et  dans  l'arrondissement  de  Belfort,  ayant  au  moins 
trois  mois  de  résidence  dans  ces  départements.  L'exposition  d'instru- 
ment est  ouverte  aux  constructeurs  et  dépositaires  de  tous  pays.  Les 
exposants  devront  adresser,  avant  le  1"  février  1885,  à  M. Gréa, 
à  Rutalier,  par  Vincelles  (Jura),  président  du  Comité  d'organisa- 
tion, une  déclaration  portant  la  désignation  exacte  de  la  race,  de 
l'âge  et  de  k\s  robe  de  chaque  animal,  la  section  et  la  classe  dans 
lesquelles  il  doit  concourir. 

XVII.  —  Les  concows  agricoles  régionaux  en  1885. 
Dans  Qotre  dernière  chronique  (page  247),  nous  avons  commence 
l'analyse  des  programmes  des  concours  régionaux  de  1885  ;  nous  de- 
vons achever  aujourd'hui  celte  analyse,    en  ce  qui  concerne  les  con- 
cours de  Montpellier,  de  Beauvais,  de  Lyon  et  de  Montauban. 

Concours  de  MoNTPELrjF.R,  du  2  au  10  mai,  pour  la  région  comprenant  les 
dé[)arteraents  des  Alpes  Maritimes,  de  l'Aude,  des  Bouches-du-Rhône,  de  la 
Corse,  du  Gard,  de  l'Hérault,  des  Pyrénées-Oiientales  et  du  Var.  —  Espèce  bo- 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (22   NOVEMBRE   1884).  289 

vine,  3  catégories  :  I^race  tarentaise ou  tarine;  2°  races  françaises  diverses  pures, 
plus  spécialemenl  aptes  au  tras'ail  et  à  la  production  de  la  viande;  3"  races  lai- 
tières françaises  ou  étrangères,  pures  ou  croisées.  Deux  prix  d'ensemble  pour  la 
race  tarine  et  pour  les  autres  catégories,  —  Espèce  oinim,  8  catégories  :  1°  races  mé- 
rinos et  métis-mérinos;  2"race  barbarine;  S'racîS  du  Larzac;  4"  races  des  Causses; 
5°  races  du  L^uraguais  ;  6°  races  diverses  françnises  pures;  7°  races  étrangères; 
8°  croisements  divers.  Deux  prix  d'ensemble  :  pour  la  race  m'rinos  et  pour  les  autres 
catégories.  —  En pèce porcine,  3  catégories  :  1°  races  indigènes  pures  ou  croisées  entre 
elles;  i°  races  étrangères  pures  ou  croisées  entre  elles;  3°  croisements  entre  races 
françaises  ei  races  étrangères.  Uu  prix  d'ensemble.  —  Aninviux  de  basse-cour, 
7  catégories  :  1°  coqs  et  poules  (3  sections  traces  françaises  diverses,  races  étran- 
gères diverses,  croisements  divers)  ;  2"  dindons;  Broies;  4°  canards;  5°  pintades; 
6"  pigeons;  7°  lapins  et  léporides.  Prix  d'ensemble.  —  M'ichines  et  inslrumtnls 
agricoles  Exposition  générale  sans  concours  spéciaux.  —  Produits  agricoles  et 
matières  miles  à  l'agricullure,  9  concours  spéciaux  :  1"  produits  séricicoles; 
2"  huiles  d'olive  3°  produits  maraîchers;  4°  vins  delà  région  (cépages  français) 
des  récoltes  de  1883  et  1884  ;  5°  vins  des  cépages  américains  à  production  directe, 
avec  indication  des  cépages,  de  l'âge  de  la  vigne,  etc.,  et  de  l'âge  du  vin;  6°  vins 
de  plants  français  gretiés  sur  souches  américaines,  avec  indication  du  plant,  de 
l'âge  de  la  vigne,  etc.,  et  de  l'âge  du  vin  ;  7°  expositions  scolaires  ;  8"  expositions 
collectives  faites  par  des  administrations,  les  Sociétés  et  Comices  agricoles  et  hor- 
ticoles; 9°  produits  divers. 

Gtnco'JRS  î  e  Bi-:AiJVAis.du30maiau  7  juin,  pour  la  région  comprenant  les  départe- 
ments de  l'Aisne,  du  Nord,  de  l'Oise,  du  Pas-de-Calais,  de  la  Seine,  de  Seine-et-Marne, 
de  Seine-et-Oise  et  delà  Somme. — Espèce  bovine,  6  catc'^ories  :  1" race  normande  ; 
2°  race  flamande  ;  3"  race  hollandaise;  4°  race  durham;  5°  croisements  duiham; 
6°  autres  races  françaises  et  cioisements  divers.  Deux  prix  d'ensemble  :  pour  les 
trois  premières  catégories  et  pour  les  trois  dernières.  Bandes  de  vaclies  laitières 
en  lait,  3  prix.  —  Espèce  ovine,  4  catégories  :  1°  races  mérinos  et  métis  mérinos; 
2°  races  trançaises  diverses  et  croisements  divers;  3" 'aces  étrangères  à  laine 
longue  ;  4"  races  étrangères  à  laine  courte.  Deux  prix  d'ensemble  :  pour  les  méri- 
nos et  pour  les  autres  catégories.  —  Espèce  porcine,  3  catégories  et  un  prix  d'ei.- 
semble  comme  à  Montpellier.  —  Animaux  de  basse-cour,  7  catégories  :  1"'  co  {s 
et  poules  16  sections  :  race  de  Crèvecœur,  race  de  la  Flèche,  race  de  floudan,  races 
françaises  diverses,  races  étrangère-!  diverses,  croisements  divers);  2"  dindons; 
3"  oies:  4"  canards;  5"  pintades:  6"  pigeons;  7"  lapins  et  léporides.  Un  prix 
d'ensemble.  —  Machines  et  inttru/nents  agricoles.  Exposition  générale  sans  concours 
spéciaux.  — Pj'cduits  agricoles  et  matières  uti'es  à  l  agriculiure,  11  concours  spé- 
ciaux :  1"  pavot-œillette;  2"  lins  teilles;  3°  pommfis  de  terre  pour  féculeries; 
4°  semences  de  froment  ;  5"  semences  pour  herbages  ;  6°  cidres  de  Picar- 
die; 7°  produits  maraîchers  ;  8"  arbres  fruitiers  formés,  de  deux  ans  de  greffe  ; 
9°  expositions  scolaires;  10  expositions  collectives;  11°  produits  divers. 

GoN'COUKS  DE  Lyon,  du  30  mai  au  7  juin,  pour  la  région  comprenant  les  dé- 
partements de  l'Ardèche,  de  la  Lo;re,  do  la  Haute-Loire,  de  la  Lozère,  du  Puy- 
de-Dôme  et  du  Rhône.  —  Espèce  bovine,  8  catégories  :  1"  race  charolaise; 
2°  race  tarentaise  ;  3"  race  de  Salers  :  4"  race  d'Aubrac  ;  5"  race  deMézenc  ;  6"  race 
durham  ;  7''  races  françaises  et  étrangères  pures;  8°  croisements  divers.  Deux  prix 
d'ensemble  :  pour  la  race  charolaise  et  pour  les  autres  catégoiies.  Bandes  de 
vaches  laitières  en  lait,  4  prix.  —  Espèce  ovine.  4  catégories  :  1°  races  fran- 
çaises à  laine  blanche;  2"  races  françaises  à  laine  noire;  3"  races  étrangères  di- 
verses; 4"  croisements  divers.  Un  prix  d'enseml>le.  —  Espèce  porcine,  3  catégories 
et  un  prix  d'ensemble,  comme  au  concours  de  Montpellier  —  Animaux  de  basse- 
cour,  mêmes  divisions  qu'au  concours  de  Montpellier.  —  Machines  et  instruments 
agricoles.  Exposition  générale  ,  et  7  concours  spéciaux  :  1"  charrues  et  herses 
vigneronnes  ;  î" charrues  sulfureuses;  2°  pompes  à  vin  ;  4"  pompes  à  purin  et  à 
vidange  ;  b"  pressoirs  à  vins;  6°  coupe-racines;  7°  hache-paiile. —  Produits  agri- 
coles et  matiei-es  utiles  à  l'agriculture,  12  concours  spéciaux  :  1'^  fromages  de  lait 
de  chèvre  ou  de  brebis,  dits  chevretons;  2"  fromages  de  lait  de  chèvre  ou  de  bre- 
bis, dits  Mont-d'Or;  3°  vins  de  la  côte  du  Rhône  (récoltes  de  183.',  1883  et  1884); 
4"  autres  vins  de  la  rég  on  (récolles  de  1882,  1C83  et  18S4);  5»  fruits  fiais  et 
fruits  conservés  de  la  région;  t"  beurres  frais;  7»  produits  de  l'horticulture; 
8"  produits  forestiers;  &"  plantes  pour  plantations  et  reboisements  ;  10"  exposi- 
tions scolaires;   1  i"  expositions  collectives  ;  12"  produits  divers. 


290  CHRONIQUE    AGIUCOLK  (22   NOVEMrUK    1S84). 

CoNXOLTiS  DE  INToNiAUUAN  dii  i-'ûmai  àu  7  ]uiii,  |iour  la  région  compreniint 
les  (léparlements  de  l'Aveyron,  lïn  Ciintal,  tle  U  Coiiè/.e,  do  la  Creuse,  l'.u  Lot, 
du  Tarn  et  de  Tarn-et  Gaioniuv  —  As  èca  lovinr^  9  fatct!iirics  :  1"  race  i^aron- 
naise;  2"  race  d'Auhrac;  'A"  liice  df.  Salers  ;  4"  race  d'Angles  ;  5"  lace  iiiuousuie; 
6"  race  marchoise  ;  7"  races  t'raiiÇHises  diverses  ;  8"  races  étrangères  diverses  ; 
;  "  croisements  divers.  Deux  piix  d'ensemble  :  pour  la  race  garonnaise  et  pour  les 
autres  catégories.  Bandes  de  vaches  laitières  en  lait,  3  prix.  —  Espèce  ovme, 
7  calégories  :  Prace  du  Larzac;  2"  race  des  causses  de  l'Aveyron  et  du  Ségalas  ; 
:  °  i:ice  delà  Muntairne-Noire;  4"  race  des  causses  du  Lot;  5°  race  du  Lauraguais; 
6"  races  françaises  diverses  pures;  7"  croiscmeiiLs  .:ivers  Un  prix  d'ensemble  — 
Esirce  porcine,  3  catégories  et  un  prix  d'ensemble,  comme  au  concours  de  Mont- 
pellier. —  Animaux  de  hassi'-cour,  7  catégories  :  1"  coqs  et  poules  (^  sections, 
race  de  Gaussade,  races  françai-es  diverses,  races  étrangères  diverses,  croise- 
ments divers);  2"  dindons;  3"  oies  ;  4"  canards;  5"  p'ntddcs;  6°  pigeons;  6"  la 
lins  et  Icporides.  Un  prix  d'ensemble.  —  Machims  et  instnuncnis  u(jricoh'S. 
Exposition  générale,  sans  concours  spéciau-^-.  —  ProduUs  uQricoL'S  et  vuiVcres 
unes  à  l'nfirkuUure,  9  concours  spéciaux  :  1"  vins  (trois  seclions  :  vins  ronges  do 
Tai'u-et-Gaionne  des  récoltes  de  1882,  1883  et  18^4;  vins  rouges  du  Loi  iies  ré- 
rollos  de  18'i2,  18':>3  et  I  84;  autres  vins  rouges  de  la  l'égiou)  ;  2°  produits  d« 
l'Iiorticulture  (légumes);  3"  produits  forpstiers  ;  4"  plantes  pour  plantations  et 
reboisements;  5"  beurres  (Jeux  vections,  beurres  fiais  et  beurres  de  conserve); 
b"  fromages  (cinq  seclions,  fi-om;ige  du  Cantal  ei  do  l^aguiole  dits  de  printemps, 
fromage  de  montagne  de  l'îiaiice  précédente,  fromages  d'hiver  à  [làio  raolie  et 
aifinés,  fromages  de  hit  de  brebis  (Roquefort),  fromage  de  iait  de  chèvre); 
7"  expositions  scolaires;  S"  expositions  eulioctives  ;  9"  produits  divers. 

Fn  ce  qui  concerne  les  anitnatix:  reprotlucleurs,  au  concours  do 
.Montpellier  les  prix  onl  ti^té  diminués  par  les  r.ices  ovines  barbarine 
et  (les  Catisses,  mais  nm'.  caléiiorie  a  été  créée  pour  les  croisements; 
quant  aux  concours  de  iîeauvais,  de  i>yon  et  de  Montauban,  les  ]iro- 
ijr'inmes  ne  comportent  pas  de  clianp;emenls,  couqîarativemeut  à  ceu,v 
des  mêmes  régions  en  IS'n'i.  Au  concours  de  Lyon,  il  y  aura  plusieurs 
concours  spéciaux  importants  de  macliiues  et  inslruiuents.  Enfin,  pour 
ics  produits  agricoles,  le  nombre  des  concours  spéciaux  a  été  augmenté 
dans  la  plupart  des  concours;  une  part  plus  birge  aéié  faiteà  la  culture 
potagère  et  à  l'arboricullure. 

Nous  rappel leriins  que  les  déclarations  des  exposants  doivent  être 
par  Menues  au  ministère  de  l'agriculture,  ti  Paris,  pou  ries  divers  concours, 
aux  dates  suivantes:  Montpellier,  le  1"  avril;  — Angers,  Aiigoulèuie 
et  Tniilniise,  le  5  avril  ;  —  Moulins  et  Valence,  le  10  avril;  —  Beauvais, 
I.vmii  cl  Alontauban,  le  'J")  avril  ;  — Chartres  tt  Nancy,  le  l"''  mai;  — 
\'e?uul,  le  5  mai. 

XVIII.  —  Ciiliiire  lie  In  garance. 

On  connaît  les  conditions  dans  lesquelles  la  culture  de  la  garance, 
(pli  faisait  naguère  la  riclu\-se  d'une  partie  du  déparlement  de  Vaucluse, 
a  clé  complèleiiient  abandonnée;  la  baisse  amenée  par  l'emploi  des 
roidiMirs  d'anilineen  a  été  la  principale  cause.  Les  entrepôts  d'Avi^'uon 
claient  rein|ilis  d'alizaris,  dont  on  vendait  parfois  de  laible.s  quantités 
au  i^rix  de  lO  Ir.  les  100  kilog.  Mais  voici  (pie  ces  alizaiis  fonl  de- 
mandes maintenant  à2i)  et  môme 30  tV.  les  it'O  kilog.  [)our  IWiigletcrre, 
la  Hollande,  l'Italie,  les  Etats-L!ni.<.  C'est  (pje,  à  Nuples,  les  garances 
se  payent  aiijourd'bu;  i'i)  Ir.  le.-*  1 1  ()  kilog..  et  eu  Hollande  jusqu'à 
l-Lô  Ir.  ;  c  est  à  ce  dernier  prix  (pie  le  gouverneuienl  lran(-ais,  paraît- 
il,  achète  en  Hollande  la  garance  nécessaire  pour  la  teinture  des  draps 
de  troupe.  M.  le  marquis  de  l'Espine,  président  de  la  Société  d'agricul- 
ture de  Vaucinse,  vient  d'appeler  lattenliou  sur  la  reprise  possible  d© 
le  cu'ture  de  la  gar  mce  dans  les  paluds  du  département;   si  le  mou- 


GHRONIQaE    AGRICOLE   (22  NOVEMBRE   1884).  291 

vement  actuel  continue,  la  culture  dans  les  bonnes  terres  du  Comtat 
Venaissin  pourrait  donner  des  résultats  avantageux.  Il  appartient  au 
gouvernement  de  favoriser  cette  reprise,  pour  un  de  nos  départements 
les  plus  malheureux,  en  achetant  la  garance  à  Avignon  au  lieu  d'aller 
la  cliercher  en  Hollande  :  il  y  trouverait  économie,  en  môme  temps 
qu'il  rendrait  le  courage  à  des  cultivateurs  dignes  du  plus  grand  intérêt. 

XIX.  —  Nouvelles  ch  l'étal  des  réco'tes  en  teire. 
Dans  la  plus  grande  partie  de  la  région  septentrionale,  on  se  loue 
de  la  manière  dont  les  semailles  de  céréales  ont  été  exécutées.  M.  Pa- 
gnoul  nous  envoie  d'Arras,  à  la  date  du  iG  novembre,  la  note  suivante 
sur  la  situation  agricole  dans  le  Pas-de-Calais  : 

«  Partout  les  semailles  s'effectuent  dans  les  meilleures  conditions,  sur  des 
terres  convenablement  ameublies  et  bien  préparées.  Le  seigle  est  beau  et  biea 
levé,  et  il  en  est  de  môme  de  resi;o,irt,'eon.  La  pomme  de  terre  a  donné  une 
récolte  abondante  et  de  bonne  qualité;  on  signale  peu  de  cas  de  maladie.  La 
récolte  des  betteraves  est  tacilitée  par  le  beau  temps,  mais  on  considère  toujours 
le  rendement  comme  devant  être  inférieur  ;i  la  moyenne.  En  outre,  les  mauvaises 
espèces  encore  cultivées  cette  année  ne  pouvant  plus  être  payées  à  un  prix  rému- 
nérateur par  le  fabricant,  une  partie  de  la  récolte  est  employée  sur  plusieurs 
points  à  la  nourriture  des  bestiaux.  » 

Voici  la  note  que  M.  Bronsvick  nous  adresse  de  Mirecourt  (Vosges), 
à  la  date  du  9  novembre  : 

«  Bien  des  cantons  de  notre  région  se  plaignent  delà  sécheresse  et  que  les  pluies 
de  fin  octobre  n'ont  humecté  qu'une  partie  bien  faible  du  territoire.  Il  est  à  remar- 
quer que  les  semailles  faites  immédiatement  après  les  récoltes  ne  donnent  qu'une 
récolte  passable,  tandis  que  celles  faites  un  peu  i)lus   tard   sont  mieux  réussies. 

«  La  généralité  des  emblavures  se  trouve  cependant  dans  d'excellentes  condi- 
tions. Tous  les  travaux  de  culture  d'automne  se  sont  achevés  sans  encombre.  La 
situation  actuelle  est  donc  bonne. 

«  L'hiver  cette  année  est  tardif,  pas  de  basses  températures  ni  de  précipi- 
tations aqueuses.  Le  soleil  continue  à  nous  envoyer  ses  plus  beaux  rayons  et  la 
saison  actuelle  appelée  l'été  de  la  Saint-Martin  ne  démérite  point  de  sa  bonne 
renommée. 

«  On  a  constaté  cette  semaine  une  reprise  assez  active  des  affaires.  Dans  la 
contrée  on  a  l'habitude  de  payer  les  fermages  vers  la  première  dizaine  de  novem- 
bre, le  fermier  est  obligé  de  réaliser  des  fonds  pour  payer  sa  location.  Si  les 
halles  restent  désertes,  il  n'en  est  pas  de  même  des  commerçants  en  grains  qui 
achètent  en  quantité.  Le  bon  marché  du  blé,  l'espoir  d'une  hausse  prochaine  sont 
les  seules  causes  du  mouvement  d'affaires  qui  vient  de  se  produire.  La  moyenne 
du  prix  est  donc  pour  les  blés  20  fr.  50  les  100  kilog.  et  les  avoines  nou- 
velles. 15  francs. 

«  Les  pommes  de  terre  restent  toujours  à  des  prix  relativement  très  bas.  Dans 
la  montagne  ou  obtient  de  beaux  tubercules  à  2  fr.  80  l'hectolitre  ;  dans  la  plaine 
les  prix  sont  à  peu  près  les  mêmes. 

«  Les  vins  de  nos  coteaux  peu  recherchés  d'habitude  se  vendent  assez  acti- 
vement; on  paye  certains  vins  de  58  à  60  fr.  les  176  litres. 

«  Les  animaux  de  boucherie  et  les  chevaux  de  culture  ne  sont  l'objet  d'auc  une 
transaction,  les  bas  prix  actuels  forcent  les  éleveurs  à  garder  leurs  produits  en 
attendant  qu'une  hausse  se  produise  et  donne  un  résultat  plus  rémunérateur.   » 

Sur  les  occupations  actuelles  du  cultivateur  dans  le  Morbihan, 
M.  Jules  Gy  de  Kermavic  nous  adresse  de  Carnac  la  note  suivante,  à 
la  date  du  6  novembre  : 

«  Nos  ensemencements  de  froment  sont  terminés,. ils  ont  eu  lieu  dans  un  ter- 
rain trop  sec;  on  craignait  pour  la  levée,  mais  heureusement  il  est  tombé  un  peu 
d'eau  ces  jours  derniers  et  la  levée  se  fait  assez  bien;  quoique  cette  récolte  ne 
donne  pas  de  bénéfice,  on  aime  encore  l'avoir  bonne. 

«  On  s'occupe  de  fumer  les  prairies  et  de  ramasser  du  goémon  quand  la  mer  en 


292  CHRONIQUE  AGRICOLE    (2  2  NOVEMBRE    1884). 

apporte,    ce  qu'elle    ne   fait,  pas    souvent   parce  qu'il  fait  beau  temps,  trop  beau 
même,  car  nous  manquons    de   bonne  eau  pour  abreuver   nos  bestiaux. 

«  Voici  le  moment  le  plus  favorable  pour  les  plantations  d'arbres  et  arbustes 
notamment  des  arbres  Iruitiers;  en  les  faisant  de  bonne  heure  (ce  qui  peut  se 
faire  partout  en  tous  terrains  cette  année,  parce  que  nulle  part  les  terres  ne  sont 
trop  mouillées),  la  reprise  est  plus  prompte  et  partant  plus  facile. 

«  L-d  plantation  actuelle  dans  les  terrains  plutôt  secs  qu'humides  fait  paj^ner  une 
année  sur  celle  faite  tin  février,  à  plus  forte  raison  en  mars,  parce  que  les  racines 
poussant  plus  vite  amènent  aussi  l'échsion  des  feuilles  plus  tôt  tindis  qu'en  mars 
le  hàle,  quand  il  ne  tombe  pas  assez  de  pluie,  compromet  la  reprise. 

«  On  doit  toujours  prendre  les  plus  b  eaux  sujets  des  pépinières  parce  qu'ils 
viennent  beaucoup  mieux  et  plus  vite;  quoiqu  on  les  paye  plus  cher,  ce  sont  en 
définitive  les  meilleurs  marchés.  Ceux  des  rebuts  sont  toujours  trop  cliers  Lors 
même  qu'ils  réussissent,  ils  mettent  trop  de  temps  à  acquéiir  leur  complet  déve- 
loppement qui  n'est    jamais  aussi  beau  que  celui  des  premiers. 

«  Je  crois  que  l'on  ne  planie  pas  assez,  car  les  arbres  ne  coûtent  presque  rien 
d'entretien  et  donnent  de  très  bons  produits  dont  le  débouché  est  assuré.  » 

Le  Journal  de  la  Nièvre  n  ous  donne  les  renseignements  suivants 
sur  la  situation  dans  cet  important  département,  à  la  date  du 
1"  novembre  : 

«  La  température  la  plus  favorable  a  accompagné  les  emblavures,  qui  se  sont 
effectuées  dans  les  m-nlleures  conditions.  On  peut  se  rappeler  qu'en  1877,  à  la 
même  époque  qu'aujourd'hui ,  un  tiers  seulement  des  ensemencements  était  fait, 
et  ce  retard  a  été  une  des  principales  causes  du  déficit  de  la  récolte  de  1878;  au 
contraire,  les  semailles  précoces  de  1873  et  de  1^81  ont  préparé  les  mat,'niliques 
moissons  de  IS?!*  et  cle  1882  :  il  est  donc  logique  de  concevoir  les  plus  belles 
espérances  pour  la  récolte  de  1885. 

«  Après  une  période  de  beau  temps,  toujours  très  favorable  en  cette  saison, 
quelrjues  pluies  semblent  nous  arriver.  Elles  vont  avoir  pour  effet  de  faciliter  les 
labourages  dans  les  pièces  de  trèfles  et  de  fourrages  artificiels  que  la  sécheresse 
avait  durcies  et  rendues  peu  accessibles  à  la  charrue;  eu  sorte  que  les  débuts  de 
la  campagne  sont  aussi  heureux  qu'on  peut  le  désirer. 

«  L'extraction  des  pommes  de  terre,  qui  ont  été  plus  productives  qu'on  ne 
pensait,  s'est  opérée  aussi  bien  que  possible,  et  elles  ont  été  de  suite  remplacées 
par  les  nouveaux  serais.  Il  n'y  a  plus  à  compter  maintenant  qu'avec  les  parcelles 
occupées  par  les  belteravîs  et  carottes  ;  mais,  si  la  pluie  ne  vient  pas  contrarier 
leur  enlèvement,  tout  sera  fiai  dans  quelques  jours. 

Après  quelques  jours  d'une  tenpératare  froide  le  temps  est  deveuu 
plus  doux;  la  pluie  est  enfin    arrivée,  mais  en  faible  quantité.  Cette  pluie 
commençait  à  être  impatiemment   attendue  par  les  cultivateurs  dans 
toutes  les  reliions.  Le  cammerce  agricole  reste  dans  la  même  situation. 

XX.  —    Réunion  des  délégués  des  Sociélcs  agricoles. 

La  réunion  des  délégués  des  Associations  agricoles,  organisée  par  la 
Société  des  a2:riculteurs  de  France,  s'est  ouverte  le  20  novembre  à  Paris. 
La  réunion  est  très  nombreuse,  et  tlle  compte  des  représentants  des 
Sociétés  de  toutes  les  régions  du  piys;  ses  discussions  continuent  au 
moment  oii  paraît  le  Journal.  Après  un  discours  de  M.  de  Dampierre, 
aussi  remarquable  par  la  force  des  arguments  que  par  la  modération 
de  la  forme,  M.  Teissonnière  a  présenté  un  tableau  de  la  situation 
agricole,  puis  M.  Ny?safait  l'historique  des  enquêtes  poursuivies  dans 
le  départeinent  de  l'Aisne.  Les  points  sur  lesquels  doivent  porter  les 
résolutions  de  la  réunion  sont  les  suivants  :  1°  dfoits  de  douane  sur  les 
céréales;  2°  droits  de  douane  sur  le  bétail  ;  3°  droits  de  douane  sur 
les  aulres  produits  du  sol;  4"  etnploi  à  faire  des  ressources  provenant 
des  perceptions  douanières.  Le  Journal  en  fera  connaître  le  résumé. 

Henry  Sagisier. 


TERRAINS  C-LOS-  —  CHASSE  EN  TEMPS  PROHIBÉ.  293 


TERRAINS  CLOS  —  CHASSE  EN  TEMPS  PROHIBE 

Une  question,  qui  ne  paraît  pas  avoir  été  encore  soumise  aux  tri- 
bunaux, a  étH  tranchée  par  le  tribunal  de  Roanne  dans  un  jugement 
du  T  mars  1884.  La  loi  du  .3  mai  1844  l'art.  2)  confère  au  propriétaire 
d'un  terrain  clos,  attenant  à  une  habitation,  le  droit  de  chasser  sur  ce 
terrain  sans  permis  de  cliasse,  et  même  en  temps  prohibé.  Si  tout  le 
terrain  compris  dans  la  clôture  appartient  à  un  seul  propriétaire,  ou 
même  s'il  appartient  indivisément  à  plusieurs  propriétaires,  il  est 
certain  que  le  bénéfice  de  l'exception  établi  dans  l'article  2  s'appli- 
quera, ^lais  que  décider  dans  le  cas  oii  la  clôture  contient  deux  ou 
plusieurs  héritages  appartenant  à  des  propriétaires  distincts,  chacun 
de  ces  héritages,  pris  isolément,  n'étant  pas  clos? 

Le  tribunal  de  Roanne  a  déclaré  que  l'un  de  ces  propriétaires,  même 
muni  de  l'autorisation  de  ses  voisins,  ne  peut  pas  invoquer  la  protec- 
tion de  l'article  2. 

On  peut  trouver  au  premier  abord  que  cette  décision  est  rigoureuse, 
mais  il  ne  faut  pas  oublier  que  nous  sommes  en  matière  d'exception  et 
que  tout  doit  s'interpréter  restrictivement.  Ce  jugement  est  d'ailleurs 
longuement  motivé.  Le  tribunal  pose  avec  beaucoup  de  netteté  ce  prin- 
cipe que  deux  héritages,  appartenant  à  des  maîtres  différents,  et  non 
séparés  l'un  de  l'autre  par  une  clôture,  ne  peuvent  être  considérés, 
même  fictivement,  comme  formant  un  seul  héritage.  Or,  dans  l'espèce, 
il  s'agissait  de  deux  propriétés  entièrement  distinctes  appartenant  à 
deux  propriétaires  différents.  Prises  isolément,  elles  n'étaient  pas  en- 
tièrement closes.  On  ne  se  trouvait  donc  pas  dans  les  termes  de  l'article 
2  de  la  loi  de  1844  qui  n'accorde  le  droit  de  chasser  à  toute  époque 
qu'autant  qu'on  se  trouve  dans  une  propriété  entièrement  séparée  par 
une  clôture  des  héritages  environnants. 

Quant  à  1  autorisation  donnée  par  les  propriétaires  voisins,  elle  ne 
peut  avoir  aucune  valeur  ;  car  ces  propriétaires,  pas  plus  que  celui  à 
qui  l'autorisation  est  accordée,  ne  peuvent  invoquer  le  privilège 
institué  par  la  loi,  leur  propriété,  comme  celle  du  voisin,  n'étant  clôturée 
que  sur  trois  côtés  seulement  :   nemo  dat  quod  non  habel. 

ElO.    POUILLET, 

Avocat    à    la   Cour    de     l'aris. 

FÉCONDATION  ET  GESTATION  CHEZ  LES  ANIMAUX' 

Pour  l'examen  de  la  plupart  des  questions  relatives  à  la  fécondation 
des  animaux  et  à  la  durée  de  la  gestation,  il  est  utile  de  tenir  grand 
compte  de  la  manière  dont  ce  phénomène  physiologique  s'accomplit,  et 
à  cet  égard  il  a  régné  jusqu'en  ces  derniers  temps  des  opinions  très 
erronées.  On  sait  maintenant  que  la  fécondation  n'est  pas  une  consé- 
quence immédiate  du  rapprochement  sexuel,  que  la  conception  ne  résulte 
pas  de  l'inlluence  exercée  par  le  mâle  sur  l'organisme  de  la  femelle, 
mais  du  contact  matériel  de  certains  produits  vivants  fournis,  les  uns 
par  la  mère,  les  autres  par  le  propagateur  mâle,  savoir  :  des  cellules 
microscopiques,  appelées  ovtdes  et  fournies  par  les  ovaires,  et  des  .sper- 
ma<osoà/es  ou  animalcules,  également  microscopiques,  nés  dans  l'appa- 
reil mâle.  Or,  les  ovules  se  développent  lentement  dans  les  ovaires, 

1.  observations  présentées  à  la  Société  nationale  d'agriculture. 


294  FÉCONDATION  ET  GESTATION   CHEZ  LES    ANIMAUX. 

antérieurement  à  tout  rapprochement  sexuel,  et,  arrivés  à  maturité, 
se  détachent  de  cet  orijçane  pour  tomber  dans  l'oviducte  correspondant 
et  descendre  ensuite  dans  l'utérus,  sans  que  le  mâle  ait  aucune 
influence  sur  ce  phénomène  que  les  physiologistes  appsllentV ovulation 
spontanée.  Le  retour  en  est  d'ordinaire  périodique  et  coïncide  avec  l'état 
du  rut  et,  chez  certaines  espèces  animales,  avec  des  évacuations  san- 
guines. Lorsqu'un  ovule  microscopique  mis  de  la  sorte  en  liberté  ne 
rencontre  pas  de  spermatozoïdes  vivants,  il  ne  tarde  pas  à  mourir  et  à 
se  détruire;  mais  lorsqu'il  s'associe  à  des  spermatozoïdes  de  son  espèce, 
un  travail  embryogénique  commence  dans  son  intérieur,  et  c'est  de  ce 
moment  que  date  en  réalité  la  fécondation.  Chez  beaucoup  d'animaux, 
tels  que  la  plupart  des  poissons  et  des  batraciens,  elle  n'a  lieu  qu'après 
la  ponte,  mais  chez  les  vertébrés  supérieurs,  les  spermatozoïdes  déposés 
dans  l'appareil  femelle  y  remontent  plus  ou  moins  rapidement  vers 
l'ovaire,  et  c'est  dans  l'utérus  ou  dans  les  oviductes  qu'ils  rencontrent 
l'ovule  en  route  vers  l'extérieur.  La  fécondation,  suivant  les  circons- 
tances, peut  donc  s'efi"ectuer  à  dilîérentes  hauteurs  dans  ce  conduit,  et 
à  un  moment  plus  ou  moins  éloigné,  soit  de  l'ovulation  spontanée,  soit 
du  rapprochement  sexuel.  Les  dift'érences  peuvent  être  de  plusieurs 
jours  et  cela  explique  comment,  chez  des  animaux  dont  la  durée  nor- 
male du  travail  embryogénique  est  fixe,  la  durée  apparente  de  la  ges- 
tation varie  notablement  lorsqu'on  l'évalue  d'après  le  temps  écoulé 
entre  le  coït  et  la  mise-bas.  Les  physiologistes  ne  possèdent  que  peu 
de  données  positives  concernant  la  durée  possible  de  la  vitalité  des 
spermatozoïdes  dans  l'intérieur  des  voies  oviducales  chez  les  divers 
mammifères,  mais  il  y  a  lieu  de  penser  qu'elle  peut  être  de  plusieurs 
jours,  et  que  le  mélange  de  la  liqueur  séminale  provenant  de  deux  ou 
de  plusieurs  mâles  ne  l'abrège  pas. 

Il  est  également  à  noter  que  chez  les  mammifères,  où  il  y  a  toujours 
deux  oviductes  parfaitement  indépendants  et  souvent  deux  utérus  en 
communication  avec  un  vagin  unique,  la  fécondation  des  ovules  peut 
avoir  lieu  simultanément  ou  à  des  moments  plus  ou  moins  éloignés 
dans  l'un  ou  l'autre  de  ces  organes  pairs,  soit  à  la  suite  d'un  rappro- 
chement sexuel  unique,  soit  après  laccomplissement  de  deux  ou  de 
plusieurs  coïts.  Dans  des  cas  de  ce  genre  il  n'y  a  aucune  relation 
constante  entre  la  primogéniture  réelle  des  individus  d'une  même  por- 
tée et  les  dates  des  saillies,  ou  la  succession  des  naissances.  La 
recherche  de  la  paternité  dans  des  conditions  semblables  ne  saurait 
donc  conduire  à  des  résultats  dignes  de  grande  confiance. 

H.    Mila'e-Edwards, 

Membre  de  l'Institut  et    de  la  Société   nationale  d'agriculture. 

BOULANGERIES  COOPÉRATIVES  DANS  LES  CAMPAGNES 

La  question  brijlante  de  la  vie  à  bon  marché  a  été  poursuivie  jus- 
qu'à pl'ésent  au  détriment  et  pour  la  ruine  de  la  culture,  sans  que  l'on 
se  soit  trop  inquiété  si  les  corps  d'état  intermédiaires  entre  la  culture 
et  les  consommateurs  ne  faisaient  pas  parfois  des  bénéfices  scanda- 
leux. Je  veux  parler  principalement  de  la  boulangerie. 

Il  y  a  six  ans,  pour  éviter  cet  inconvénient,  nous  avons  formé  à 
Etreux  (Aisne)  une  boulangerie  coopérative,  au  capital  de  0,000  francs, 
divisé  en  deux  cent  quarante  actions,  représenté  par  cent  vingt-cinq 
actionnaires,  avec  l'intention  de  vendre  au  prix  de  revient.  La  location 


BOULANGERIES  COOPÉRATIVES  DANS   LES  CAMPAGNKS  295 

du  local,  les  frais  de  premier  établissement  que  l'on  amortit  par 
dixièmes,  le  s,sis,e  du  boulanger  et  de  sa  Femme,  Tenlretien  et  la  nourri- 
ture  du  cheval,  et  tous  les  autres  frais,  nous  créent  une  charge  de 
12  francs  par  jour.  La  première  année,  nous  cuisions  deux  sacs  de 
100  kilog.  de  farine  par  jour,  c'était  donc  6  francs  par  sacs  de  béné- 
fice qu'il  nous  fallait;  nous  avons  toujours  établi  la  taxe  d'après  ce 
chiffre,  les  autres  boulangers  ont  également  suivi  notre  prix. 

Aujourd'hui  nous  fabriquons  un  peu  plus  de  ti'ois  sacs,  ce  ne  serait 
donc  que  4  francs  de  bénéfice  que  nous  devrions  prélever  par  1 00  kilog. 
de  farine;  mais  comme  ce  faible  bénéfice  pourrait  occasionner  une 
grande  gène  pour  les  autres  boulangers,  nous  avons  continué  de  pré- 
lever six  francs.  Nous  avons,  par  ce  moyen,  doublé  notre  capital  avec 
nos  bénéfices  ;  déplus,  nous  payons  nos  farines  au  comptant,  moyen 
sur  d'être  bien  servis,  et  nous  avons  la  remise  de  1  pour  100.  Le  sur- 
plus de  notre  bénéfice,  qui  ne  nous  est  pas  nécessaire,  nous  l'em- 
ployons à  acheter  des  rentes  sur  l'Etat,  avec  la  pensée  de  faire  plus 
tard  l'acquisition  du  local  de  la  boulangerie. 

Comme  base  du  prix  de  notre  pain,  nous  faisons  en  moyenne,  par 
sac,  trente-quatre  pains  et  demi  de  quatre  kilog.  Notre  prix  d'achat 
est  dans  ce  moment  de  2G  fr.  50  auxquels  il  faut  ajouter  les  6  francs 
de  bénéfice,  ce  qui  fait  32  fr.  50  pour  trente-quatre  pains  et  demi,  ou 
0  fr.  94  les  quatre  kilog.  Si  la  crainte  de  ruiner  les  autres  boulangers 
ne  nous  retenait,  nous  vendrions  0  fr.  88  les  quatre  kilog.,  somme 
très  suffisante  pour  nous  couvrir  de  tous  nos  frais. 

Toutes  les  boulangeries  coopératives  ne  réussissent  pas  comme  la 
nôtre,  il  s'en  faut  même  de  beaucoup;  mais  cela  tient  à  ce  qu'elles 
sont  presque  toujours  faites  dans  un  esprit  politique;  alors  le  conseil 
d'administration,  craignant  de  blesser  les  électeurs  actionnaires,  se 
relâchent  sur  les  conditions  des  statuts,  de  là  viennent  des  difficultés 
financières  qui  les  font  végéter  ou  échouer. 

Pour  réussir,  il  faut  un  homme  en  tète,  désireux  de  faire  le  bien 
sans  autre  espoir  que  de  voir  faiblir  assez  vite  la  reconnaissance  que 
l'on  lui  doit,  et  en  même  temps  de  voir  grandir  la  haine  de  ceux  à  qui 
la  boulangerie  coopérativepeut  nuire.  Les  localités  qui  peuvent  trou- 
ver cet  homme  sont  à  peu  près  sûres  de  réussir. 

Beaicamp-Brurois. 

PISCICULTURE  -  LES  NICHEURS 

Par  une  froide  et  brumeuse  journée  de  l'hiver  1853,  deux  inconnus 
sonnaient  à  la  grille  du  parc  de  Beaufremont,  dépendance  de  l'établis- 
sement d'Enghien-les-Bains  dans  lequel  M.  de  Cursay  avait  installé  la 
pisciculture.  La  direction  de  cette  nouveauté  avait  été  confiée  par  ce 
patriote  gentilhomme  à  une  épave  de  l'Institut  national  agronomique 
de  Versailles,  brusquement  fermé,  aujourd'hui  sorti  de  ses  cendres 
grâce  à  la  République  et  à  l'énergie  de  quelques-uns  de  ceux  que  l'on 
avait  voulu  anéantir. 

Le  stagiaire  que  l'administration  de  l'agriculture  de  ces  temps  loin- 
tains y  avait  placé,  reçut  donc  les  deux  visiteurs,  leur  montrant  avec 
cette  primitive  installation,  les  alevins  de  truites  récemment  éclos  pour 
la  vue  desquels  ils  avaient  expressément  fait  le  voyage  de  Paris. 

Telle  fut  l'origine  des  relations  qui  s'établirent  entre  MM.  Barrai  et 


296  PISCICULTURE.  —  LES  NICHEUHS. 

Victor  Borie,  son  secrétaire  d'alors,    relations  que  la  mort  vient  d'in- 
terrompre, avec  le  narrateur  dudil  incident. 

Bien  que  1  illusion  ne  nous  fût  plus  permise  en  quittant  à  Paris 
M.  Barrai,  les  lecteurs  comprendront  notre  émotion. 

Par  les  poissons  nous  connûmes  ce  rude  lutteur  aux  côtés  duquel 
durant  plus  de  trente  ans  nous  combattîmes  ce  bon  combat;  par  les 
poissons  nous  tenons  à  lui  envoyer  notre  dernier  salut. 

Avec  l'automne  arrivent  les  travaux  des  pisciculteurs.  Ici  nous  en 
avons  parle  tant  de  fois  qu'en  nous  contentant  de  les  leur  rappeler, 
nous  les  entretiendrons  d'un  sujet  sur  lequel,  à  propos  du  Meunier,  du 
Chabot,  dans  le  n°  554  du  Journal  188t),  nous  avions  pris  l'engaj^e- 
ment  de  revenir. 

Cette  question  des  mœurs,  des  habiludes  des  poissons,  de  la  philo- 
sophie des  eaux,  en  un  mot,  est  aussi  obscure  qu'attachante.  La  pisci- 
culture aurait-elle  enfin  trouvé  dansM.le  professeurBrehms  le  Tousse- 
nel  de  l'ichthyologie?  A  propos  des  nicheurs,  conslatons-le  en 
l'espérant. 

Mais  rappelons  d'abord  que  la  pisciculture  prend  en  Allemagne 
une  telle  importance,  en  y  inspirant  tant  d'intérêt,  qu'il  est  rare  que 
des  principaux  organes  scientifiques  ou  même  littéraires  ne  lui  con- 
sacrent pas  de  périodiques  articles. 

Un  nouvellement  venu,  Diefells  zuin  meers,  l'a  prise  spéciale- 
ment en  main.  Son  numéro  2  de  la  présente  année  contient  sur  cette 
question  un  travail  du  plus  haut  intérêt,  précisément  sur  ces  mêmes 
études  de  la  philosophie  des  eaux  dont  nous  parlions  ci-dessus. 

D'après  les  idées  qui  dominent  aujourd'hui  en  souveraines  en  Alle- 
magne avec  M.  Dorhn,  les  études  analogiques  des  animaux  aquatiques 
et  terrestres  devraient  de  plus  en  plus  prendre  le  dessus,  expliquant 
ainsi  pour  nous  cette  comparaison  entre  les  jardins  de  la  mer,  ceux  des 
côtes  et  les  nôtres,  selon  les  latitudes,  et  où  la  pauvreté  des  types  du 
nord  est  comparée  aux  exubérances  des  régions  tropicales  :  les  madré- 
pores, les  coraux  entre  autres  logeant  dans  leurs  pointes  ces  polypes 
vert  olive  contrastant  si  agréablement  avec  le  bleu  foncé  des  eaux  dans 
lesquelles  croissent  les  êtres  aujourd'hui  si  connus,  irisant  comme  des 
cristaux  ces  profondeurs  jusque-là  ignorées. 

Le  Scanis  Crelemis  ou  poisson  papagaie  au  pourpre  écarlate  sur  azur 
au  fond  d'or  ne  nous  frapperait  pas  moins  que  les  coraux  aux  milliards 
de  pointes. 

La  fi'une  du  nord,  plus  sombre,  ne  nous  ménagerait  pas  des  sur- 
prises moins  étonnantes,  l'analogie  avec  la  faune  terrestre  n'en  étant 
pas  moins  frappante. 

De  cette  analogie  nous  ne  retiendrons  aujourd'hui  que  celle  dont 
quelques  familles  nous  offrent  un  exemple  si  complet  avec  les  oiseaux, 
c'est-à-dire  la  justification  de  notre  titre  :  les  Poissons  nicheurs. 

Si  la  science  allemande  nous  trouve  toujours  prêt  à  lui  rendre  la  jus- 
tice due,  elle  nous  permettra  cependant  de  ne  pas  rayer  la  vérité  his- 
torique. Un  malheureux  privilège  nous  rend  aujourd'hui  à  peu  près  le 
seul  survivant  de  ces  beaux  temps  de  la  pisciculture  renaissante.  Notre 
devoir  n'en  est  que  mieux  tracé.  Ce  sera  donc  sans  la  moindre  hési- 
tation qu'encore  une  fois  nous  rappellerons  le  nom  de  Coste  qui  s'est 
placé  par  son  travail  de  la  nidification  de  l'épinoche,  à  la  tête  des  beaux 
travaux  qui  se  font  aujourd'hui   à  peu    près    partout  dans   cette   si 


PISCICULTURE.   —  LES   NICHEUaS. 


297 


curieuse  et  attrayante  direction,  mais  où  spécialement  sur  cette  ques- 
tion des  poissons  nicheurs,  la  curiosité  allemande  semble  n'être  jamais 
rassasiée. 

Après  l'épinoche,  connue  de  tous  les  amis  des  poissons  par  sa  curio- 
sité autrement  grande  que  son  utilité,  citons  quelques  autres  exemples. 


Fig.  22 .  —  Poisson  soleil . 


Fij,'.  Ti.  —  Nid  de  l'Aiitennana. 


Le  poisson  soleil  (£K/Jomoi(s)  appellerait  d'aljord  notre  attention.   La 
figure  22  donne  une  idée  assez  exacte  du  pénible  labeur  du  petit  ouvrier, 


Fig.  24.  —  Nid  du  Weisfisch  rhynchichlys. 


Fig.  20.  —  Lamproies  faisant  leur  nid. 


avec  ce  détail  que  les  bords  en  rond  de  la  place  si  minutieusement 
appropriée,  tiges  et  cailloux  enlevés,  sont  formés  d'abord  des  petites 
pierres  transportées  avec  leur  bouche,  puis  pour  les  plus  grosses, 
poussées,  roulées  par  2,  3  ou  4  poissons  réunis,  la  petite  colonie  tra- 


298 


PISCICULTaRE. 


LES  NIGHEURS. 


vaillant  tout  entière  à  la  construction  de  cette  frayère,  toujours  placée  à 
l'ombre  des  plus  larges  feuilles  de  nénufar. 

Ils  la  construisent  à  l'arrière-automne,  et  ils  s'y  réunissent  pressés  les 
uns  contre  les  autres,  pour  y  passer  l'hiver,  les  pontes  ne  commençant 
qu'au  printemps. 

Le  JT''eisfisch  rhynchichtys,  petit  poisson  de  mouvement  et  de  gaieté, 
construit  en  pyramide  ce  que  le  poisson  soleil  a  fait  en  creux;  inces- 
sant et  infatigable  chasseur  de  libellules  et  de  mouches,  il  fraye  en  juin, 
déposant  alternativement  sur  sa  frayère,  œufs  et  graviers.  Sa  frayère- 
nid  dépasse  rarement  0  m.  20  de  haut  (fig.   24). 

La  lamproie  [Pelromison],  comme  l'indique  la  fig.  25,  a  dans  nos 
climats  les  mêmes  habitudes  de  nidification  que  le  rhynchichtys  amé- 
ricain, à  cela  pi  es  que  les  grosses  pierres  transportées  pour  la  confec- 
tion du  nid  sont  toujours  prises  à  l'amont,  le  courant  de  l'eau  étant  le 


;f%>; 


Fig.  25.  —  Nid  du  Protopterus  du  Nil  blanc. 


Fig.  27.  —  l'uisson  grimpeur 


grand  auxiliaire  de  ces  architectes  aquatiques  auxquels,  comme  on  le 
voit,  certaines  lois  de  la  physique  ne  sont  pas  inconnues. 

Ce  monument,  d'un  quart  de  mètre  au  moins,  abrite  la  génération 
jusqu'à  un  âge  assez  avancé,  car  aveugles  et  sans  dents  ils  doivent  y 
attendre  la  fin  de  leur  développement  avant  de  gagner  la  mer.  Mœurs 
si  diiïérentes  de  celles  de  l'anguille  dont  les  formes  sembleraient  indi- 
quer de  plus  identiques  habitudes;  il  y  avait  avec  ces  deux  poissons 
un  double  mystère  aujourd'hui  parfaitement  éclairci. 

Par  ie  Challanger,  le  Talismann  et  tant  d'autres,  nous  savons  que  les 
70,000  milles  carrés  de  la  mer  des  Sargasses  contiennent  tout  un 
monde  d'inconnus  dont  nous  ne  citerons  que  l'Antennaria,  que  la  fig.  23, 
fera  connaître.  Son  œuf  repose  dans  une  espèce  de  cocon  comme 
ceux  de  nos  vers  à  soie,  solidement  fixé  aux  ramilles  qu'il  transporte 
partout  avec  lui. 

Avec  le  Protopterus  annectevs  du  Nil  blanc  (fig.  26)  et  le  Periophthalmus 


PISCICULTURE.    —  LES  NICHEURS.  2,99 

dipus  (fig.  27),  dit  poisson  grimpeur,  nous  finirons  cet  entretien. 
Qu3  réserve  l'avenir  à  ces  curiosités  du  présent  mises  en  nouvelle 
lumière  par  les  travaux  de  la  pisciculture  actuelle.  C'est  son  secret  ; 
sans  y  attacher  aucune  importance  économique,  nous  avons  cru  de 
notre  devoir  d'en  parler,  puisque  partout  autour  de  nous  l'on  s'en 
occupe. 

Un  seul  mot  à  nos  bienveillants  lecteurs  et  correspondants  allemands, 
à  M.  F...  de  la  Société  de  pisciculture  de  Wurlzbourg  notamment. 
Notre  œuvre  dans  le  Journal  de  l'agriculture  est  une  œuvre  de  plus 
de  trente  ans  ;  la  reprendre  par  le  détail  serait  donc  puéril. 

De  nos  articles  sur  Die  Stamunultcr  Iluningen  en  1872  à  nos  appré- 
ciations sur  l'aquarium  de  Naples  en  1884,  qu'on  nous  signale  un  fait 
sur. lequel  notre  sévérité  n'était  pas  la  vérité  !  Se  tromper  est  possible, 
mais  persister  dans  une  erreur  démontrée  serait  indigne  du  Joicrnal 
dont  nous  tenons  à  honneur  d'être  un  des  plus  anciens  collaborateurs. 

Chabot-Karlkn. 

CONCOURS  DE  FROMAGERIE  A  MEAUX 

Un  concours  de  l'industrie  laitière,  spécial  aux  fromages  de  Brie  et 
de  Coulomniiers,  ainsi  qu'au  matériel  des  laiteries  et  des  fromage- 
ries, a  eu  lieu  a  Meaux  les  11  et  12  novembre;  il  a  été  organisé, 
comme  nous  l'avons  annoncé,  par  la  Société  d'agriculture  de  l'arron- 
dissement de  Meaux.  Nous  devons  déclarer,  dès  l'abord,  que  le  con- 
cours n'a  répondu  ni  aux  espérances  des  organisateurs,  ni  à  l'impor- 
tance de  la  production  laitière  en  Brie.  Ce  n'est  pas  que  les  fromages 
exposés  aient  manqué  de  qualité;  au  contraire,  la  présence  des 
plus  habiles  producteurs  a  fait  peur,  paraît-il,  à  leurs  concurrents,  qui 
se  sont  abstenus  de  figurer  au  concours,  même  après  avoir  fait  les 
déclarations  nécessaires  pour  y  prendre  part.  Mais  le  nombre  est  tou- 
jours un  élément  du  succès  d'un  concours,  et  il  a  fait  trop  défaut  dans 
cette  circonstance. 

Les  fromages  étaient  divisés  en  deux  catégories  :  Brie  et  Coulom- 
niiers. Les  principaux  lauréats  ont  été  ;  pour  les  Brie  grand  moule, 
1"  prix,  un  objet  d'art  offert  par  M.  Siot-Decauville,  M.  Anatole  Prof- 
fil,  à  Bouillancy;  2°  prix,  une  médaille  d'or,  à  M.  Paul  Proffit,  à  Ois- 
sery;  —  pour  les  Brie  moyen  moule,  1"prix,  M.  Laroche,  à  Forfry; 
'^'  prix,  M.  Lefèvre,  à  Charmentray;  —  pour  les  Brie  petit  moule,  prix 
unique,  M.  Hareng,  à  Oissery;  —  pour  les  Coulomniiers  (fromage  dou- 
ble crème),  prix  unique,  M.  Sassinot,  au  Mée.  —  Eïi  outre,  des  récom- 
penses extraordinaires  ont  été  décernées  :  une  médaille  d'or,  à  M.  Châ- 
telain père,  dont  la  réputation,  comme  fromager,  est  universelle  en 
Brie,  et  deux  médailles  d'argent  à  mesdames  AnatoleetPaul  Proffit,  les 
habiles  fermières  de  Bouillancy  et  d'Oissery. 

L'exposition  des  instruments  était  peu  importante.  Toutefois,  nous 
devons  signaler  M.  Lillemann.  à  Suresnes,  qui  a  fait  connaître  l'écré- 
meuse  centrifuge  Burmeister-Pétersen,  et  le  contrôleur  d'analyse  de 
Fjord;  il  a  remporté  une  médaille  d'or.  M.  Duvoir,  de  Meaux,  a  rem- 
porté une  médaille  de  vermeil  pour  son  thermosiphon  de  fromagerie, 
système  Jules  Bénard.  La  plupart  des  autres  ustensiles  de  laiterie 
exposés  étaient  ceux  qui  sont  déjà  connus. 

Pour  les  présures,  une  médaille  de  vermeil  a  été  attribuéeà  MM.  Ver- 


300  CONGOUKS  DE  FROMAGERIE  A  MEAUX. 

cheval   et  Joly,  de   Sézanne    (Marne),    et  des   médailles    d'argent    à 
M.  Boll  et  à  M.  Fabre,  de  Paris. 

Enfin  la  Société  d'agriculture  a  décerné  une  médaille  d'or  à  M.  Lézé, 
professeur  à  l'école  nationale  d'agriculture  de  Grignon,  pour  son 
remarquable  rapport  sur  les  progrès  récents  de  l'industrie  laitière  en 
Danemark  et  en  Hollande. 

La  distribution  des  prix  a  été  faite  avec  solennité  sous  la  prési- 
dence de  M.  Gatellier,  président  de  la  Société  d'agriculture.  M.  Heuzé, 
inspecteur  général  de  l'agriculture,  et  la  plupart  des  autorités  de  l'ar- 
rondissement y  assistaient,  ainsi  que  des  délégués  des  Associations 
agricoles  du  département.  M.  Heuzé  et  M.  Gatellier  y  ont  prononcé 
deux  discours  que  nous  reproduisons  plus  loin.  M.  Gassend,  directeur 
de  la  station  agronomique  de  Melun,  a  donné  lecture  du  rapport  sur 
les  récompenses  décernées.  Ensuite,  M.  Guilloux  a  présenté  un  rapport 
très  intéressant  sur  le  concours  de  tenue  des  fumiers,  ouvert  entre  les 
petits  cultivateurs  du  canton  de  la  Ferté-sous-Jouarre;  le  principal  lau- 
réat a  été  M.  Constant  Lorette.  A  l'occasion  de  ce  concours,  M.  Guil- 
loux a  tenu  à  rappeler  les  conditions  de  la  bonne  tenue  des  fumiers. 

Le  soir,  un  banquet  a  réuni  les  lauréats  et  les  membres  de  la  Société 
d'agriculture.  Nous  reproduisons  plus  loin  le  toast  prononcé  par 
M.  Gatellier.  On  y  verra  que  le  congrès  national  agricole  provoqué  par 
la  Société  d'agriculture  de  Meaux  se  confond  avec  la  réunion  des  délé- 
gués des  Associations  agricoles  organisée  le  20  novembre,  à  Paris, 
par  la  Société  des  agriculteurs  de  France.  Henry  Sagnier. 

I.  —  Discours  de  M.  Heuzé  à  la  distribution  des  récompenses. 

Messieurs,  en  prenant  la  parole,  je  cède  aux  instances  réitérées  de  votre  ho- 
nor  able  président.  J'aurais  été  très  heureux  de  pouvoir  constater  une  fois  de  plus 
un  Succès  complet  en  l'honneur  de  la  Société  d'agriculture  de  Meaux,  dont  le  zèle 
est  au-dessus  de  tout  éloge,  mais  je  me  dois  à  moi-même  de  dire  que  son  attente 
a  été  un  peu  déçue  et  que  l'exposition  de  fromages  qu'elle  a  ouverte  hier  ne  ré- 
pond, vu  le  petit  nombre  des  agriculteurs  qui  y  ont  pris  part,  ni  à  la  renom- 
mée des  fromages  de  Brie  et  de  Goulommiers,  ni  à  l'importance  de  leur  fabrica- 
tion. Est-ce  à  dire  pour  cela  que  les  fromages  exposés  manquent  de  qualité?  Non 
et  je  suis  convaincu  que  si  Legrand  d'Aussy,  qui  s'est  plu,  il  y  a  déjà  longtemps, 
à  rendre  justice  à  leur  supériorité  sur  bien  d'autres  de  même  na'ure,  si,  dis-je, 
il  avait  pu  goûter  ceux  que  le  jury  a  récompensés,  il  se  serait  empressé  de  féli- 
citer ceux  qui  les  ont  fabriqués.  Ces  lauréats  ont  un  grand  mérite  parce  qu'ils 
exposent  toujours  d'excellents  produits,  mais  les  remarquables  fromages  qu'ils  en- 
voient dans  les  concours  ont  le  grave  défaut  d'éloigner  indirectement  des  exposi- 
tions les  agriculteurs  timides  ou  qui  produisent  des  fromages  qui  n'ont  pas  toute 
la  délicatesse  voulue  pour  obtenir  les  premières  récompenses.  Faut-il  blâmer  vos 
lauréats  d'être  toujours  au  premier  rang  dans  vos  luttes  pacifiques?  Evidemment 
non  !  Mais  sans  vouloir  les  évincer  à  tout  jamais  des  concours,  je  crois  qu'il  faut 
à  l'avenir  les  ranger  dans  une  catégorie  particulière  en  leur  offrant  des  couronnes 
spéciales  dignes  de  leurs  nombreux  succès,  puis  engager  les  producteurs  qui 
font  un  peu  moins  bien  à  perfectionner  leur  fabrication  et  à  venir  disputer  les 
premiers  et  les  seconds  prix. 

Dans  les  circonstances  actuelles  on  ne  saurait  trop  appeler  l'attention  des  agri- 
culteurs sur  les  avantages  que  présentent  les  produits  d'une  cour  de  ferme  bien 
dirigée  et  surtout  parfaitement  surveillée.  Ces  produits  sont  très  divers  et  tous, 
je  puis  le  dire,  accroissent  les  revenus  annuels  du  domaine  dans  une  notable  pro- 
portion. Il  y  a  plus  même,  ces  divers  produits  sont  peut-être  les  seuls  qui,  en  ce 
moment,  donnent  de  véritables  bénéiices.  Ici,  c'est  le  lait  qu'on  vend  en  nature  à 
un  prix  réellement  rémunérateur.  Ailleurs,  on  le  convertit  en  excellent  fromage, 
et  par  le  prix  de  ce  produit  on  le  vend  ordinairement  plus  cher  que  si  on  le  li- 
vrait en  nature,  parce  qu'on  utilise  avec  succès  le  petit  lait  qui  en  provient  dans 
l'alimentation  des  animaux  appartenant  à  l'espèce  porcine.  Plus  loin,  le  lait  est  un 


CONCOURS   DE  FROMAGERIE   A    MEAUX.  301 

produit  secondaire  parce  que  l'exploitation  est  éloignée  soit  d'une  ville  ou  d'une 
importante  bourgade,  soit  d'une  gare  à  marchandise.  Dans  cette  circonstance  la 
cour  de  ferme  peut  et  doit  fournir  d'aulres  produits  oui  ont  aussi  souvent  une 
grande  importance.  Il  existe,  en  effet,  des  fermes  dans  les  cours  desquelles  on 
admire  de  belles  et  nombreuses  volailles  ;  mais  les  personnes  qui  les  surveillent 
et  qui  savent  apprécier  à  leur  juste  valeur  les  produits  qu'elles  donnent  annuel- 
lement n'oublient  pas  un  seul  instant  que  les  poules  ft  autres  volatiles  demandent 
des  locaux  spéciaux  et  propres,  et  des  soins  pour  ainsi  dire  incessants.  Il  me  se- 
rait facile  de  signaler  dans  le  département  de  Seine-et-Oise  des  fermes  qui  livrent 
ciiaque  année  30,000  à  40.000  œufs  à  la  vente  et  à  des  prix  très  satisfaisants. 

Mais  ces  produits  très  importants  dans  les  circonstances  Hctuelles  imposent  aux 
agriculleurs  l'obligation  de  bien  nourrir  les  vaches  auxquelles  ils  demandent  du 
lait  etde  donner  une  nourriture  régulière  et  abondante  aux  volailles  qui  font  l'orne- 
ment de  leurs  cours  de  fermes.  Une  alimentation  copieuse,  variée,  hygiénique  et 
bien  appropriée  à  la  destination  des  animaux,  ne  constitue  jamais  une  vaine 
dépense.  J'ajouterai  qu'une  vacherie  bien  nourrie  et  dont  l'empaillement  est  suffi- 
sant concourt  dans  une  large  mesure  à  la  fertilisation  des  terres  labourables.  On 
ne  saurait  trop  aujourd'hui  se  préoccuper  des  moyens  d'accroître  la  richesse  ini- 
tiale des  champs  deslinés  à  la  culture  des  céréales.  C'est  en  élevant  le  degré  de 
lécondité  du  sol  par  des  engrais  complémentaires  des  fumiers  qu'on  pourra  augmen- 
ter le  produit  moyen  du  froment  et  en  abaisser  le  prix  de  revient.  Ce  fait  n'est  pas 
pour  moi  une  espérance,  mais  bien  une  cerlitude.  En  me  prononçant  ainsi,  je 
m'appuie  sur  des  faits  sévèrement  constatés  depuis  plusieurs  années  dans  di- 
verses exploitations  appartenant  aux  départements  de  Seine-et-Marne  et  de  Seine- 
et-Oise. 

Une  bergerie  peuplée  de  bons  animaux  a  quelque  chose  de  pastoral,  mais  elle 
n'a  pas  l'atlrait  qu'offre  une  étable  dans  laquelle  se  prélassent  de  belles  vaches 
laitières.  Certes,  je  n'étonnerai  nul  Briard  en  disant  qu'une  vacherie  bien  tenue 
est  le  plus  bel  ornement  lucratif  d'une  exploitation.  Avec  quel  plaisir  on  admire 
des  vaches  bien  propres,  bien  nourries  et  confinées,  comme  à  Arcy,  dans  des  bâti- 
ments parfaitement  aérés  et  éclairés.  Avec  quelle  satisfaction  on  voit  porter  à  la 
laiterie  deux  fois  par  jour  des  seaux  pleins  d'un  liquide  remarquable  par  j^on  écla- 
tante blancheur  et  sa  douce  saveur  et  qui  est  pour  tous  les  âges  l'aliment  le  plus 
complet,  le  plus  salutaire,  le  plus  hygiénique.  Oui,  la  vache  bien  tenue  plaît  tou- 
jours et  elle  est  certainement  l'animal  qu'on  caresse  le  plus  quand  elle  est  bonne 
laitière  ;  aussi  n'est-ce  pas  sans  émotion  souvent  qu'on  se  voit  forcé,  à  cause  de  son 
âge,  de  s'en  défaire  et  de  la  livrer  au  couteau  du  sacrificateur! 

Je  disais  à  l'insiant  que  les  volailles,  pour  être  lucratives,  demandaient  des  soins 
nombreux.  C'est,  en  effet,  par  une  surveillance  pour  ainsi  dire  de  tous  les  instants 
qu'on  arrive  à  prévenir  ces  épidémies  meurtrières  qui  sévissent  principalement 
sur  les  poules  et  qui  ont  souvent  pour  cause  la  rareté  de  l'eau  pendant  les  grandes 
chaleurs,  une  alimentation  mal  appropriée  à  leur  tempérament  ou  des  locaux  trop 
humides,  ou  trop  froids,  ou  mal  tenus,  ou  trop  exigus.  Les  volailles  bien  soi- 
gnées, bien  nourries,  sont  vives  et  alertes,  et  chaque  poule  pond  par  an  120  à 
130  œufs  et  donne  dès  lors  un  revenu  brut  minimum  de  6  à  8  francs. 

Les  volailles  ont  un  autre  mérite  qu'on  ne  saurait  trop  signaler  à  l'attention  des 
personnes  étrangères  à  l'agriculture;  elle-i  font  aimer  la  vie  agricole,  non  parce 
qu'elles  fournissent  des  produits  divers  pour  le  ménage,  mais  parce  que  leur  chant 
rend  la  ferme  plus  animée,  plus  vivante,  plus  agréable  à  habiter.  Une  cour  sans 
volailles  est  bien  triste,  bien  monotone,  quelle  que  soit  la  disposition  des  bâti- 
ments qui  l'encadrent.  Aussi  n'est-ce  point  exagérer  son  aspect  que  de  la  com- 
parer à  un  printemps  sans  roses,  à  un  ciel  sans  étoiles! 

La  relation  qui  existe  et  qui  doit  exister  plus  intense  f(ue  jamais  entre  la  ferme 
et  les  champs,  entre  les  engrais  et  les  céréales,  entre  les  cultures  fourragères  et  le 
bétail,  justifie  bien  l'opportunité  du  Concours  ouvert  par  la  Société  d'agriculture 
de  Meaux.  Si  cette  exhibition  n'a  pas  répondu  aux  sacrifices  qu'elle  a  bien  voulu 
s'imposer,  il  reste  néanmoins  démontré  que  cette  association  avait  très  bien  com- 
pris l'importance  des  spéculations  qu'on  peut  adopter  à  l'intérieur  d'une  exploi- 
tation située  dans  l'arrondissement  où  elle  exerce  son  heureuse  influence. 

Permettez-moi  d'espérer  que  cette  non  réussite  complète  ne  diminuera  en  rien 
son  dévouement  pour  les  progrès  de  l'agriculture  et  que  les  cultivateurs  fabri- 
cants de  fromages  répondront  désormais  avec  plus  d'empressement  à  son  bien  - 
veillant  appel.  Il  ne  faut  pas  l'oublier,  l'esprit  humain  progresse  sans  cesse,  et  il 


302  CONCOURS   DE  FROMAGERIE  A    MEAUX. 

n'y  a  rien  de  fait  tant  qu'il  reste  quelque  chose  à  faire.  Le  Concours  qu'on  a 
annexé  au  Concours  de  fromages  est  intéressant  sous  divers  rapports  ;  il  démontre 
jusqu'à  l'évidence  que  le  matériel  agricole  se  perfectionne  de  plus  en  plus,  et  que 
lu  fabricant  de  fromages  peut  y  puiser  d'utiles  appareils  et  des  produits  spéciaux, 
appelés  à  simplifier  les  opérations  ou  à  les  rendre  d'une  promptitude  véritable- 
ment économique. 

Je  m'arrête,  messieurs;  j'ai  des  excuses  à  vous  faire  pour  avoir  occupé  votre 
attention  si  longtemps  ;  mais  vous  serez  indulgents  si  je  vous  rappelle  que  c'est 
sur  les  instances  de  votre  président  que  j'ai  esquissé  rapidement  les  avantages 
que  présente  l'intérieur  d'une  exploitation  quand  la  fermière  aime  la  vie  des 
champs,  lorsqu'elle  s'impose  la  mission  d'être  la  directrice  vraie  des  spéculations 
qu'on  peut  y  adopter  avec  profit,  lorsqu'elle  veut  prendre  véritablement  en  main 
la  fabrication  des  fromages,  la  multiplication  et  l'élevage  des  volailles,  la  surveil- 
lance du  jardin  où  les  fleurs  qu'efle  y  a  fait  naître  et  admirer  pendant  toutes  les 
saisons  la  dédommagent  souvent  des  peines  et  des  soucis  que  l'inclémence  des 
éléments  elles  fluctuations  commerciales  peuvent  lui  causer. 
II.  —  Discours  de  M.  Gatellier. 

Mesdames  et  Messieurs,  dans  ce  temps  de  crise  agricole  dont  la  réalité  n'est 
aujourd'hui  que  trop  évidente,  il  ne  manque  pas  de  gens  pour  nous  donner  des 
conseils  afin  de  remédier  à  cette  fâcheuse  situation. 

Les  uns  nous  disent  :  il  faut  abandonner  les  céréales  et  faire  des  prairies  pour 
l'élevage  et  l'engraissement  du  bétail. 

Les  autres  trouvent  que  notre  agriculture  est  arriérée  et  que  nous  pouvons  faire 
des  progrès  de  façon  à  augmenter  nos  rendements,  et  diminuer  par  cela  même  nos 
prix  de  revient,  ce  qui  nous  permettrait  de  lutter  contre  la  concurrence  étrangère. 

Permettez-moi  de  répondre  aux  uns  et  aux  autres. 

Mes  arguments,  j'en  suis  convaincu,  vous  sont  déjà  venus  à  l'esprit;  mais  il 
faut  le  reconnaître,  quoi  qu'on  fasse,  ils  aboutissent  tous  à  la  même  conclusion. 

A  ceux  qui  nous  recommandent  de  changer  notre  système  de  culture  et  de  faire 
du  bétail  au  lieu  de  céréales,  nous  répondrons  que  ce  conseil  ne  peut  être  suivi 
p  rtout,  par  exemple  dans  certaines  contrées  telles  que  la  Beauce  où  le  sol  manque 
de  l'humidité  nécessaire  aux  prairies,  et  où  l'on  ne  peut  y  remédier  par  les  irriga- 
tions. Nous  dirons  plus,  que  là  où  il  est  possible  de  le  faire,  il  n'est  pas  prudent, 
dans  un  intérêt  de  défense  nationale,  d'abandonner  la  culture  des  céréales. 

Nous  sommes  cependant  d'avis  que  dans  notre  Brie,  dont  la  majeure  partie  du 
sol  est  de  nature  argileuse,  il  y  a  heu  de  diminuer  cette  culture  des  céréales  sans 
la  proscrire  entièrement,  et  d'augmenter  les  prairies  non  pas  tant  pour  faire  de  la 
viande  que  pour  faire  du  fromage  de  Brie. 

Nous  avons  ici,  dans  cet  arrondissement,  une  ancienne  industrie  agricole,  celle 
du  fromage,  dont  la  réputation  est  parfaitement  établie.  Inutile  pour  la  consacrer 
de  remonter  jusqu'à  Philippe-Auguste  ni  de  rappeler  le  vieux  cliché  du  congrès 
de  Vienne  en  1815.  Non  !  cette  réputation  est  bien  acquise  et  nous  devons*  en  pro- 
fiter pour  nous  aider  à  traverser  moins  malheureusement  la  crise  que  nous  subis- 
sons aujourd'hui.  Toutefois,  ne  l'oubliez  pas,  nous  se  saurions  trop  faire  pour 
maintenir  toujours  à  sa  hauteur  cette  vieille  ré|)utation. 

C'est  pour  cela  que  nous  avons  demandé  et  obtenu  du  ministre  de  l'agriculture 
l'envoi  en  mission  dans  notre  arrondissement  d'un  savant,  M.  Duciaux,  pour  étu- 
dier cette  fabrication  ;  c'est  pour  cela  que  nous  avons  organisé  notre  concours 
d'aujourd'hui;  c'est  pour  cela  que  nous  arriverons  probablement  à  la  création  d'une 
école  de  fromagerie  avec  l'aide  du  Conseil  général  du  département,  du  ministre  de 
l'agriculture  et  de  M.  Georges  Bonjean. 

Si  nous  parvenons  à  toujours  faire  de  beaux,  d'excellents  fromages  et  d'un 
transport  facile,  il  n'y  a  pas  d'inconvénient  à  augmenter  notre  production;  car 
l'agriculture  française  ne  fournit  pas  en  fromages  la  consommation  nationale. 

Pour  les  fromages  à  pâte  molle,  nous  n'exportons  qu'un  million  de  kilogrammes, 
tandis  que  nous  en  importons  deux  millions. 

Pour  les  fromages  à  pâte  cuite,  nous  n'en  exportons  que  deux  millions,  tandis 
que  nous  en  importons  quinze  millions  qui  viennent  surtout  de  Hollande  et  de  la 
Suisse. 

Que  nous  considérions  n'importe  laquelle  de  nos  industries  agricoles,  qu'il 
s'agisse  du  sucre,  de  la  farine  ou  du  fromage,  nous  arrivons  à  ce  résultat  profon- 
dément triste  :  nous  n'alimentons  pas  notre  consommation  nationale.  —  11  nous 
ftut  avoir  recours  à  l'industriel  agricole  étranger,  qui  nous  fournit  un  appoint 


CONCOURS  DE  FROMAGERIE  A  MEAUX.  303 

plus   ou  moins  considérable  au  détriment  de  notre  industrie  nationale  et  de  la 
valeur  des  matières  premières  que  nous  produisons. 

Ce  résultat  nous  conduit  à  la  nécessité  d'augmenter  les  droits  de  douane  pour 
Ifes  produits  des  industries  agricoles. 

On  l'a  déjà  fait  pour  le  sucre,  un  peu  tard  pour  certaines  sucreries  françaises 
et  l'agriculture  qui  en  dépend.  —  Il  n'est  que  temps  de  le  iàire  pour  la  farine  si 
l'on  ne  veut  pas  qu'il  soit  plus  avantageux,  comme  cela  existe  aujourd'hui,  de 
fabriquer  de  la  farine  à  l'étranger  plutôt  qu'en  France  pour  la  consommation 
française. 

Malheureusement,  pour  les  fromages  nous  sommes  liés  par  des  traités  de  com- 
merce qui  ont  réduit  de  moitié  le  droit  de  douane  établi  par  le  tarif  généi'aj, 
mais  nous  devons  espérer  qu'à  l'expiration  de  ces  traités,  en  1892,  ils  ne  seront 
pas  renouvelés. 

Quant  à  ceux  qui  nous  reprochent  d'être  des  cultivateurs  arriérés,  ne  retirant 
pas  du  sol  tout  ce  qu'il  peut  produire,  nous  pouvons  leur  répondre,  comme  l'a 
fort  bien  établi  le  rapporteur  de  notre  réponse  collective  des  sociétés  de  ce  dépar- 
tement au  questionnaire  delà  conjmission  des  44,  que  depuis  trente  ans  les  pro- 
duits de  l'agriculture  française  ont  augmenté  d'une  valeur  d'un  milliard  et  que 
cet  accroissement  a  été  absorbé  par  l'augmentation  de  la  main-d'œuvre. 

Nous  pouvons,  il  est  vrai,  faire  encore  des  progrès,  et  tous  les  effoi'ts  de  notre 
société  d'agriculture  tendent  à  ce  but. 

C'est  pour  cela  que  nous  avons  créé  un  bureau  de  renseignements  pour  l'emploi 
judicieux  des  mgrais  complémentaires.  —  C'est  pour  cela  que  nous  avons  envoyé 
dernièrement  en  Allemagne,  avec  l'aide  du  ministère  de  l'agriculture,  une 
m'ssion  qui  nous  a  rapporté,  par  l'intermédiaire  de  notre  dévoué  collègue, 
M.  Jules  Bénard,  des  documents  très  intéressants  sur  une  agriculture  voisine  en 
voie  de  ])rospBrité. 

Il  devrait  naturellement  en  ressortir  pour  nous  une  certaine  atténuation  à 
notre  fâcheuse  situation,  si  l'extension  de  la  culture  des  céréales  dans  les  terres 
vierges  où  l'on  n'a  pas  besoin  d'engrais  pour  récolter,  coïncidant  avec  des  faci- 
lités de  transport  incroyables,  ne  marchait  pas  plus  vite  que  les  progrès  que 
nous  avons  ])u  et  que  nous  pourrions  encore  réaliser. 

Déjà  aujourd'hui  nous  sommes  arrivés  à  ce  point  que  la  concurrence  étrangère 
nous  (ait  vendre  nos  céréales  bien  au-dessous  de  leur  prix  de  revient. 

Est-il  possible  daus  ces  conditions  de  faire  de  nouveaux  progrès?  Nous  savons 
tous  que  pour  récolter  il  faut  semer.  De  même  pour  augmenter  nos  produits  il 
faut  faire  des  dépenses  et  nous  ne  pouvons  les  prélever  que  sur  nos  bénéhces.  — 
Quand  ces  bénéfices  se  traduisent  en  déficit,  est-il  rationnel  de  nous  demander  de 
nouveaux  sacrifices? 

Nous  arrivons  donc  encore  lorcément  à  cette  conclusion  que  pour  nous  per- 
mettre de  faire  des  progrès,  il  faut  que  nous  vendions  nos  produits  à  des  prix 
rémunérateurs,  et  pour  cela  il  faut  frapper  les  produits  étrangers  de  droits  de 
douane  représentant  au  moins  les  charges  que  nos  propres  produits  ont  à  sup- 
porter par  les  impôts. 

La  Sociéié  d'agriculture  de  Meaux  a  été  l'une  des  premières  qui  a  indiqué 
cette  solution  en  examinant  attentivement  nos  tarifs  de  douane  et  nos  traités  de 
commerce  en  ce  qui  concerne  les  produits  agricoles,  en  prouvant  que  sur  la 
question  des  douanes  il  n'y  avait  pas  de  réciprocité  avec  les  nations  étrangères, 
enfin  en  signalant  les  produits  qui  ne  sont  pas  engagés  par  les  traités  de 
commerce  et  dont  nous  pouvons  librement  surélever  les  droits  d'entrée. 

La  gros'^e  objection  mise  en  avant  par  nos  adversaires  est  la  question  du 
consommateur. 

Mais  d'abord  le  plus  gros  consommateur  est  l'agriculture  elle-même  qui  compte 
24  milions  sur  37  millions  d'habitants. 

Ensuite  il  ne  faut  pas  se  fig  urer  que  le  droit  établi,  quel  qu'il  soit,  fera  augmen- 
ter d'autant  le  prix  du  blé. 

L'Amérique,  qui  a  un  trop-plein  énorme  de  blé,  sera  forcément  obligée  pour 
l'écouler  de  baisser  ses  prix.  —  D'ailleurs  la  discussion  qui  a  eu  lieu  récemment 
au  sujet  du  prix  du  pain  nous  a  prouvé  que  pour  l'établissement  de  ce  prix  le 
taux  de  la  farine  n'était  pas  le  seul  facteur  et  qu'un  autre  au  moins  aussi  impor- 
tant résidait  dans  la  quantité  du  débit  journalier. 

Quand  bien  même  le  prix  du  pain  serait  un  peu  augmenté,  n'est-il  pas  évident 
que  la  mauvaise   situation  de  l'agriculture,  en   ne  lui  permettant  plus   de   faire 


304  CONCOURS  DE  FROMAGERIE  A  MEAUX. 

aucune  dépense,  rejaillit  sur  le  commerce  et  l'industrie,  et  qu'il  vaut  mieux 
donner  à  l'ouvrier  du  travail  avec  le  pain  un  peu  plus  cLer  que  du  chômage  avec 
le  pain  à  bon  marché? 

Nous  demandons  en  conséquence,  pour  sauver  l'agriculture  et  la  nation  tout 
entière,  une  surélévation  des  droits  de  douane  sur  tous  les  produits  agricoles  non 
engagés  par  les  traités  de  commerce,  céréales,  farines  et  bestiaux.  Et  nous  avons 
dit  aux  pouvoirs  publics  : 

«  Votez  ces  droits  compensateurs,  mais  faites-le  vite;  car  pendant  que  vous 
discutez,  l'ennemi  est  à  vos  portes.  —  Rappelez-vous  ce  qui  s'est  passé  lors  de  la 
discussion  sur  ia  surtaxe  des  sucres.  Rappelez-vous  combien  il  est  entré  de 
sucre  allemand  entre  le  vote  de  la  Chambre  des  députés  et  celui  du  Sénat.  — 
Nous  assistons  en  ce  moment  au  commencement  d'une  semblable  opération.  — 
Il  n'est  pas  d'usage  en  efl'i'tdans  une  année  de  bonne  récolle  comme  celle-ci  de 
se  hâter  de  faire  entrer  du  blé  étranger.  Cependant  il  en  entre  actuellement  environ 
un  million  de  quintaux  par  mois.  C'est  pourquoi,  croyez-le  bien,  il  n'y  a  pas  un 
instant  à  perdre.  » 

III.  —  Toast  de  M.  Gatellier   au  banquet. 

Messieurs,  cette  année,  au  Concours  de  Crèvecœur,  j'ai  porté  un  toast  à  l'union 
des  Sociétés  d'agriculture  et  de.^  Comices  du  département  de  Seine-et-Marne. 
Cette  idée  émise  par  mon  honorable  collègue,  M.  Josseau,  a  été  suivie  d'effet. 
Les  Sociétés  d'agriculture  et  Comices  de  notre  département  se  sont  réunis  pour 
faire  une  réponse  collective  au  Questionnaire  de  ia  Commission  des  quarante- 
quatre. 

Permettez-moi  aujourd'hui  d'étendre  ce  toast  et  de  le  porter  à  l'union  de  tous 
les  agriculteurs  de  France  et  des  Sociétés  d'agriculture  et  Comices  qui  les  repré- 
sentent, en  attendant  que  la  représentation  oliicielle  projetée  de  l'agriculture  soit 
définitivement  établie. 

Nous  avons  essayé  de  réaliseï  cette  union  en  prenant  l'initiative  d'un  congrès 
national  agricole,  sur  la  proposition  d'un  de  nos  sociétaires,  M.  Butel. 

La  Société  des  agriculteurs  de  France  a  approuvé  notre  projet  et  a  organisé, 
pour  le  20  novembre  prochain,  le  congrès  dont  nous  avons  pris  l'mitiative. 

Comprenant  que  la  Société  des  agriculteurs  de  France  a  des  moyens  d'action 
plus  puissants  et  plus  prorapts  que  ceux  que  nous  pourrions  mettre  en  œuvre, 
nous  nous  rallions  de  tout  cœur  au  congrès  national  agricole  organisé  par  la 
Société  des  agriculteurs  de  France  et  lui  souhaitons  les  meilleures  chances  de 
succès. 

En  agissant  ainsi,  nous  prouvons  que  nous  voulons  à  tout  prix  éviter  tout 
désaccord  entre  les  agriculteurs,  dans  ce  moment  où  les  intérêts  les  plus  graves 
de  l'agriculture  sont  soumis  aux  pouvoirs  publics. 

Et  c'est  en  m'inspirant  de  vos  pensées  et  de  vos  actes  que  je  porte  ce  toast  à 
l'union  de  tous  les  agriculteurs  de  France. 

NOUVELLES  INVENTIONS  AGRICOLES 

ANALYSE    SOMMAIRE   DES   DERNIERS  BREVETS   DÉLIVRÉS. 

162,235.  Elans.  20  mai  ISSk.  Tombereau  destiné  aux  transpnrls  des  ler7-es  e 
terreaux  dans  les  vignes.  —  La  caisse  du  tombereau  est  constituée  par  un  lond 
composé  de  deux  faces  inclinées  qui  forment  comme  un  A  dans  l'axe  du  véhicule, 
et  de  deux  côtés  qui  viennent  s'appliquer  contre  les  bords  inférieurs  de  ces  faces 
et  qui  sont  inclinés  en  sens  contraire,  de  telle  sorte  que  la  caisse,  avec  ses  côtés, 
figure  deux  V  juxtaposés.  Les  côtés  peuvent  pivoter  autour  de  leur  partie  supé- 
rieure; si  donc  on  cesse  de  les  maintenir  appliqués  contre  le  fond,  ils  viennent 
d'eux-mêmes  prendre  une  position  verticale  en  laissant  ainsi  une  ouverture  d'en- 
viron 0  m.  25  sur  toute  la  longueur  pour  la  chute  de  la  terre  ou  du  terreau,  qui, 
n'étant  plus  retenu,  glisse  sur  le  fond  incliné.  Pour  maintenir  la  fermeture,  le 
breveté  emploie  des  châssis  qui  entourent  les  côtés  mobiles,  et  dont  l'extrémité 
supérieure  est  attachée  à  des  écrous  disposés  sur  une  vis  à  manette;  cette  dispo- 
sition permet  de  régler  à  volonté  la  section  de  passage  de  la  terre.  L'essieu  du 
tombereau  est  coudé  on  forme  de  A,  comme  le  fond  lui-même,  afin  de  lui  per- 
mettre de  passer  même  par-dessus  les  plants  les  plus  élevés. 

Iii2,236.  Marqués.  20  mai  1884.  Appareil  dit  :  siUfoscope,  destiné  à  rechercher 
le  sulfure  de  carbone  dans  le  sol  et  à  en  déterminer  la  quantité,  —  Cet  appareil  se 


NOUVELLKS  INVENTIONS  AGRICOLES.  305 

compose  :  1°  d'une  sonde;  2"  d'un  tube  effilé  aux  deux  bouts  ou  présentant  deux 
étranglements  dans  sa  longueur,  et  passant  au-dessus  d'une  lampe  à  alcool  ; 
3»  d'une  éprouvette  contenant  le  réactif;  4"  enfin,  d'un  aspirateur;  toutes  ces  par- 
ties étant  reliées  entre  elles  par  des  tubes  de  caoutchouc. 

La  sonde  est  un  tube  métallique  ayant  environ  0  m.  fjO  de  longueur,  terminée 
par  une  pointe  au-dessus  de  laquelle  se  trouve  une  partie  cylindrique  de  peu  de 
longueur  ayant  un  plus  petit  diamètre  que  le  reste  et  percée  de  trous  d'aspira- 
tion; depuis  le  milieu  de  cette  partie,  jusqu'au  haut  la  sonde  porte  des  divisions 
de  5  en  5  centimètres.  A  sa  partie  supérieure,  elle  peut  être  pourvue  de  deux 
poignées  pour  permettre  de  l'arracher  plus  l'acilement  du  sol;  quant  à  son  enfon- 
cement, il  s'exécute  au  moyen  d'une  tige  percutrice  en  fer,  assez  mince  pour  pou- 
voir pénétrer  dedans,  et  armée  d'une  lourde  poignée  dont  l'embase  vient  frapper 
sur  le  bord  supérieur  de  la  sonde. 

Dans  le  haut,  cette  dernière  reçoit  un  bouchon,  traversé  par  un  tube  recourbé 
qui  sert  à  la  relier  par  un  tube  de  caoutchouc  effilé  dont  il  a  été  question  plus 
haut  et  qui  traverse  horizontalement  une  sorte  de  lanterne  où  il  est  chauffé  par 
une  lampe  à  alcool,  par  exemple.  Un  second  tuyau  en  caoutchouc  relie  l'autre 
bout  de  ce  tube  elfilé  à  un  tube  recourbé  qui  traverse  le  bouchon  de  l'éprouvette 
contenant  le  réactif  et  descend  jusqu'au  fond  de  celle-ci;  enfin,  un  tube  plus 
court  disposé  dans  ce  même  bouchon  se  relie  à  son  tour  à  l'aspirateur,  qui  est 
monté  sur  pieds.  Telles  sont  les  indications  purement  descriptives  que  le  breveté 
donne  sur  son  appareil. 

162.239.  Massonneau.  23  mai  1884.  Batteuse  égreneuse  délivrant  le  grain 
séparément  en  dessous.  —  Cette  machine  comporte  un  tambour-batteur,  du  genre 
dit  à  dents  ou  égreneur,  dont  les  dents  sjiit  portés  par  des  1ers  en  U  fixés  à 
deux  plateaux  extrêmes  en  tôle,  et  maintenus  en  outre  par  un  plateau  intermé- 
diaire en  fonte.  Le  contre-batteur  est  également  formé  de  fers  en  U,.et  est  à  jour 
pour  laisser  passer  le  grain.  A  la  suite  de  cet  organe  se  trouve  un  conduit  en  tôle 
perforée  qui  conduit  la  paille  sur  un  plan  incliné  où  elle  glisse,  après  avoir  laissé 
se  séparer,  pendant  le  trajet,  les  grains  qui  pouvaient  s'y  trouver  mêlés;  ceux-ci 
tombent  avec  les  autres,  sur  un  couloir  incliné  situé  en  avant  de  celui  par  où  sort 
la  paille.  Une  trappe  à  charnière  sert  à  régler  la  section  de   passage. 

162.240.  ViRCONDELET.  24  mai  1884.  Perfectionnementsapportés  aux  charrues. 
—  Dans  la  charrue  que  décrit  ce  brevet,  il  est  fixé  à  la  suite  de  1  âge,  au  moyen 
d'une  chape,  une  barre  dite  sus-age,  et  près  de  sa  naissance  on  en  a  articulé  une 
autre,  dite  sous-age,  qui  se  teimine  par  les  manchons  et  qui  sert  à  porter:  1°  une 
crémaillère,  disposée  à  peu  piès  verticalement,  et  qui  est  en  prise  avec  un  verrou 
terminant  un  levier  monté  sur  le  sus  âge,  disposition  qui  sert  à  brider  la  char- 
rue dans  la  position  convenable  ;  2°  le  sep;  3"  le  versoir;  4°  une  barre,  terminée  à 
un  bout  par  un  contre  ordinaire,  et  à  l'autre  par  un  contre  spécial,  barre  que  l'on 
peut  retourner  de  bout  en  bout,  suivant  les  besoins.  Le  breveté  indique  comme 
principal  avantage  de  son  mode  de  construction  la  grande  solidité  qu'il  procure 
à  la  charrue  à  laquelle  on  l'applique.  Ch.  Assi  et  L.  Genès, 

Ingénieurs-conseils  en  matière  de  brevets  d'invention, 
36,  boulevard  Voltaire,  à  Pans. 

LES  RAGES  DE  BETTERAVES  A  SUCRE 

Il  en  existe  un  grand  nombre  qui  peuvent  être  groupées  en  trois 
grandes  catégoriessesubdivisant  en  ungrand  nombre  de  sou  s- variétés  : 

1°  Les  races  à  chair  très  dure  et  à  peau  très  rugueuse,  ayant  un  col- 
let assez  large,  des  feuilles  abondantes,  une  racine  allongée  et  poussant 
très  profondément  en  terre  sans  en  sortir; 

2°  Celles  à  chair  tendre  et  à  peau  lisse,  ayant  un  petit  collet,  peu  de 
leuilles,  racine  courte,  moins  exposées  que  les  autres  à  produire  des 
racines  latérales  et  sortant  plus  ou  moins  de  terre  selon  la  nature  du 
sol  et  la  quantité  d'engrais  employés  ; 

3°  Celles  à  chair  intermédiaire,  à  peau  rugueuse,  à  collet  moyen, 
feuilles  larges,  racine  pivotante,  courte  ou  allongée  selon  la  nature  de 
la  sous-variété  employée. 

Les  premières  sont  celles  qui  produisent  le  plus  de  sucre  du  poids 


306  LES  RACES  DE  BETTERAVES  A  SUCRE. 

de  la  betterave  ;  les  secondes,  celles  qui  donnent  ordinairement  le  plus 
fort  rendement  en  poids  des  racines,  mais  souvent  le  moins  de  sucre  à 
l'hectare;  les  troisièmes,  celles  qui  produisent  toujours  le  plus  de  sucre 
à  l'hectare  avec  un  rendement  satisfaisant  en  poids. 

Les  variétés  de  betteraves  pivotant  le  plus  profondément  en  terre 
sont  les  plus  riches  et  ont  toujours  le  quotient  de  pureté  du  jus  le  plus 
élevé  . 

Lanouvellelégislalion  sucrière  française  peut  devenir,  si  l'on  apprend 
à  en  tirer  bon  parti,  avantageuse  et  pour  1  industrie  sucrière,  et  aussi 
pour  l'agriculture.  Pour  en  retirer  le  plus  de  bénéfices,  il  faudrait  cul- 
tiver les  variétés  rapportant  le  plus  de  sucre  du  poids  de  la  betterave. 
Malheureusement,  il  n'en  peut  être  ainsi,  car  chaque  sol  a  une  espèce 
qui  lui  convient  ;  vouloir  faire  produire  à  tous  la  même  race,  c'est  courir 
à. un  échec  certain. 

Il  faudra  cultiver  les  variétés  à  ch;iir  très  dure,  à  peau  très 
rugueuse,  dans  les  terrains  fertiles,  labourés  profondément,  riches  en 
humus  et  ayant  beaucoup  d'engrais.  Celle  à  chair  intermédiaire,  dans 
les  terres  de  fertilité  moyenne,  labourées  moins  profondément  et  oîi  il 
v  a  eu  une  moins  grande  accumulation  d'engrais. 

Les  variétés  à  chair  tendre  et  à  peau  lisse  doivent  être  généralement 
rejetées  pour  la  fabrication  du  sucre.  Néanmoins,  l'on  pourra  encore 
les  employer  dans  les  terres  n'ayant  pas  de  profondeur,  peu  fertiles, 
ayant  peu  d'engrais,  dans  lesquelles  on  obtient  quelquefois,  avec  ces 
espèces,  des  betteraves  de  12  à  13  pour  100  de  sucre  et  des  jus  d'une 
assez  grande  pureté;  en  tous  cas,  elles  pourront  toujours  être  utilisées 
pour  la  distillerie  et  la  nourriture  des  bestiaux. 

Carrés  (fessais.  —  La  même  variété  de  betteraves  n'étant  pas  conve- 
nable à  tous  les  terrains,  il  est  nécessaire  d'en  cultiver  plusieurs  espèces 
si  l'on  veut  être  fixé  à  ce  sujet,  savoir  la  distance  à  laquelle  il  faut 
espacer  les  betteraves,  connaître  les  engrais  les  plus  favorables  et  le 
système  de  culture  le  mieux  approprié  au  sol.  C'est  en  établissant  des 
carrés  d'essais  qu'on  peut  faire  des  expériences  sérieuses.  Pour  cela,  il 
faut  chercher  une  terre  homogène,  ayant  toujours  été  cultivée  partout 
de  la  même  façon,  sur  laquelle  il  n'y  a  pas  eu  de  charrois  effectués,  ni 
d'animaux  au  piquet,  et  sur  laquelle  l'engrais  employé  a  été  répandu 
avec  un  grand  soin  de  façon  à  ce  qu'il  n'y  ait  pas  un  carré  favorisé  au 
détriment  d'uu  autre.  Il  faut  aussi  que  les  betteraves  que  l'on  veut  com- 
parer soient  exactement  mises  à  même  distance  et  qu'il  y  en  ait  le 
même  nombre  sur  chaque  ligne  (Il  en  est  autrement  si  les  carrés 
d'essais  sont  faits  pour  étudier  le  rapprochement  des  plantes  dans 
la  ligne.) 

La  terre  doit  être  dans  de  bonnes  conditions  de  culture,  labourée  pro- 
fondément avant  Ihiver,  chaque  variété  de  graines  employées  bien 
séparée.  Tous  les  carrés  d'essais  doivent  être  semés  le  même  jour  et 
chaque  façon  doit  également  être  donnée  le  môme  jour.  Pendant  la 
croissance  des  betteraves,  il  est  nécessaire  de  les  visiter  très  souvent 
pour  voir  si  la  levée  et  si  la  végétation  sont  partout  égales,  et  enfin  si 
certains  carrés  n'ont  pas  souffert  les  uns  plus  que  les  autres. 

Il  faut  noter  toutes  les  observations  qui  ont  été  faites,  pour  qu'à 
l'arrachage  on  puisse  s'expliquer  les  anomalies  que  l'on  rencontre  par- 
fois, si  l'on  veut'fiiire  des  expériences  sur  le  rendement  en  poids  et  en 
sucre  à  l'hectare. 


LPS  RACES  DE  BETTERAVES  A  SUCRE.  307 

Lorsque  le  moment  d'arracher  est  venu,  il  faut  noter  la  quantité  d'eau 
tombée  au  moins  quinze  jours  à  l'avance;  on  commence  par  arracher 
le  même  jour  une  ligne  de  chaque  carré  dont  il  est  nécessaire  d'ana- 
lyser toutes  les  betteraves  en  un  ou  deux  jours  au  plus,  en  ayant  soin 
de  conserver  à  tous  les  sujets  le  même  degré  d'iniinidité,  oud  en  consta- 
ter la  densité  du  jus  au  moyen  d'un  densimètre  bien  réglé.  CJiaque 
betterave  doit  être  pesée  et  analysée  séparément  pour  que,  lors  de  la 
classification  des  rendements  en  poids  et  de  ceux  en  sucre  de  chaque 
carré,  elle  soit  portée  pour  sa  valeur  réelle. 

Beaucoup  d'expérimentateurs  se  contentent  d'analyser  4  à  5  bette- 
raves prises  soit  dans  un  carré  d'essai,  soit  dans  un  champ,  et  ils 
tirent  des  résultats  obtenus  des  déductions  de  toute  nature  ;  cette 
manière  de  procéder  est  certainement  très  fausse,  et  les  chiffres  ainsi 
trouvés  n'ont  aucune  valeur.  Fl.  Desprez, 

Agriculteur  à  Cappelle,   près  Templeuve  (Noid). 

CONGRÈS  PHYLLOXÉRIQUE  INTERNATIONAL 

DE  TURIN  '.  —  IL 

Traitement  d'exlinclion.  —  Le  sulfure  de  carbone,  injecté  à  la  dose  de  140  à 
à  300  grammes  par  mètre  carré  dans  l'intention  de  détruire  complètement  le  phyl- 
loxéra, tue  en  même  temps  l'insecte  et  la  vigne. 

En  opérant  à  la  dose  de  160  grammes,  en  trois  traitements,  ou  mieux  de 
300  grammes  en  quatre,  on  est  assuré  de  la  destruction  complète  de  l'insecte  et 
de  la  vigne,  si  des  conditions  spéciales  ne  viennent  à  se  produire. 

C'est  ainsi  que,  contre  les  murs  fraîchement  construits  et  dans  les  fortes  pentes, 
l'influence  toxifère  du  sulfure  de  carbone  est  moins  assurée  qu'ailleurs  ;  on  doit 
donc,  dans  ce  cas,  multiplier  les  injections  et,  malgré  ces  soins,  rarement  on 
obtient  la  destruction  complète  du  phylloxéra. 

Dans  les  terrains  de  moyenne  qualité,  ayant  un  sous-sol  perméable,  le  sulfure 
de  carbone  injecté  à  forte  dose  pénètre  jusqu'à  6  mètres  de  profondeur;  au  con- 
traire, dans  les  terrains  argileux,  humides  et  poreux,  il  s'échappe  plus  facilement 
au-dessus  du  sol  ;  on  est  obligé  de  renouveler  les  injections. 

G'i'St  donc  dans  les  terrains  de  moyenne  qualité  qu'on  obtient  les  meilleurs 
résultats  des  injections  à  la  dose  d'extinction,  et  les  moins  bons  dans  les  terrains 
argileux  et  humides. 

Dédnfecliùn  des  vignes  hors  de  terre.  —  Les  boutures  de  vignes  peuvent  sûre- 
ment être  débarrassées  du  phylloxéra  à  ses  divers  états,  sans  en  éprouver  de  dom- 
mages, en  les  plaçant  pendant  36  heures  dans  uu  bain  contenant  214  à  322  gram- 
mes de  sulfure  de  carbone  par  mètre  cube.  On  obtient  le  môme  résultat  en  2  heu- 
res avec  25  à  50  grammes  d'acide  cyanhydrique,  et  en  6  heures,  si  le  bain  est 
chauffé  à  44  ou  46  degrés  dans  un  milieu  humide. 

Toutes  les  plantes  peuvent  être  désinfectées  sur  leur  partie  aérienne,  en  les 
faisant  séjourner  dans  un  local  contenant  un  demi-gramme  d'acide  cianhydrique 
par  mètre  cube  d'air. 

Une  fois  la  partie  aérienne  désinfectée,  on  opérera  sur  les  racines  et  sur  la 
terre  qui  les  environne,  en  les  immergeant  pendant  une  heure  dans  une  dissolu- 
tion contenant  deux  grammes  de  sulfo-carbonate  de  potasse  et  un  gramme  d'éther 
sulfo-carbonaté  par  litre  d'eau. 

Gomme  on  le  voit,  la  désinfection  des  plantes  ne  présente  aucune  difficulté  ;  en 
agissant  avec  précaution,  il  ne  peut  en  résulter  aucun  inconvénient  pour  l'opéra- 
teur. 

Ces  conclusions  si  intéressantes  sont  suivies  d'un  voeu  émis  par  la  Commission, 
pour  que  le  ministre  de  l'agriculture  envoie  en  France,  le  plus  tôt  possible,  une 
commission  chargée  d'étudier  sur  place  toutes  les  questions  qui  concernen  t  les 
insecticides,  et  que  le  rapport  de  cette  commission  reçoive  la  plus  grande  publicité. 

Vignes  américaines.  —  Tout  ce  qui  concerne  la  vigne  américaine  a  fait  l'objet 
des  délibérations  de  la  troisième  commission. 

Avant  de  donner  les  conclusions  que  nous  avons  à  faire  connaître  sur  ce  sujet, 

1.  Voir  le  Journal  du  15  novembie,  page  2tiô  iJe  ce  volume. 


308  CONGRÈS  PHYLLOXERIUUE  INTERNATIONAL  DE  TURIN. 

nous   croyons    devoir  donner    quelques  renseignements  sur    les  plantations    de 
vignes  américaines  faites  en  Italie. 

Ce  fut  en  1851  que  l'oïdium  parut  en  Italie,  occasionnant  des  dommages  con- 
sidérables à  la  récolte  de  la  vigne. 

Ayant  remarqué  que  l'Isabelle  et  l'York -Madeira,  qui  se  trouvaient  dans  une 
collection  de  vignes,  ne  souffraient  pas  des  atteintes  de  ce  cryptogame,  on  en 
lit  venir  des  quantités  considérables,  qu'on  cultive  encore  aujourd'hui  pour  leurs 
fruits,  malgré  leur  goîit  foxé  et  le  maigre  rendement  de  l'York. 

Frappé  des  résultats  obtenus  dans  le  Midi  du  la  France  par  les  plantations  de 
de  cépages  du  Nouveau-Monde,  le  gouvernement  italien  comprit  le  parti  qu'il 
en  pouvait  tirer  pour  résister  aux  dommages  causés  par  le  phylloxéra,  dommages 
qui  allaient  toujours  en  s'augmentant.  Aussi,  en  I88I,  résolut-il  de  créer  une 
pépinière  de  plants  américains  ayant  fait  leurs  preuves,  et  sans  tarder,  on  fit  dans 
l'île  de  MoDte-Ghristo  une  plantation  de  200, i  00  boutures.  Malheureusement  le 
phylloxéra  y  fut  découvert  peu  de  temps  après,  et  l'on  se  hâta  d'en  ordonner  la 
destruction  sans  tenir  compte  de  la  possibilité  qu'il  y  avait,  en  faisant  la  part  du 
feu,  de  sauver  cette  magnifique  plantation. 

Dès  lors  rintroduction  des  cépages  américains  a  été  prohibée,  mais  de  nom- 
breux semis  ont  été  faits,  et  les  Italiens  sont  aujourd'hui  armés  pour  la  défense 
sans  avoir  besoin  de  recourir  à  l'étranger. 

Revenons  aux  conclusions  de  la  Commission  longuement  discutées  au  Congrès  ; 
elles  conslatent  : 

Que  les  vignes  américaines  ont  affirmé  leur  résistance  relative  et  que  plusieurs 
variétés  ont  prouvé  par  leur  résistance  prolongée,  qu'elles  peuvent  vivre,  se  déve- 
lopper et  donner  des  fruits  dans  les  milieux  les  plus  phylloxérés,  et  qu'elles  pré- 
sentent comme  porte-greffe  et  même  comme  plants  directs  un  moyen  efficace  de 
repeupler  les  vignes  tuées  par  l'insecte. 

De  même  que  tous  les  végétaux,  les  vignes  américaines  ont  besoin,  pour 
prospérer,  d'un  climat  et  d'un  sol  favorables  à  leur  développement  ;  les  variétés 
résistantes  sont  assez  nombreuses  pour  en  trouver  qui  s'adaptent  à  toute  espèce 
de  sol. 

Cépaijes  américains  à  bons  fruits.  —  Il  existe  un  certain  nombre  de  vignes 
américaines  susceptibles  de  fournir  des  vins  communs  de  commerce  qui  n'excluent 
pas  une  certaine  finesse. 

L'expérience  a  prouvé  que  pour  réussir,  il  faut  planter  le  Jacquez  dans  la  ré- 
gion de  l'olivier,  l'Herbemont  dans  la  région  méridionale  la  plus  fraîche,  le  Cor- 
nucopia  dans  les  terrains  t|ui  lui  conviennent,  l'Othello,  le  Canada  et  l'York- 
Madeira  dans  les  autres  régions  ;  ils  y  miirissont. 

Gre/fe  de  la  vigne.  —  La  greffe  de  la  vigne  européenne  réussit  sur  les  vignes 
américaines  sans  modifier  en  rien  leurs  produits  et  leurs  qualités  spéciales;  les 
porte-greffes  les  plus  recommandables sont  les  variétés  sauvages  du  Biparia  et  du 
fiupeslris,  VYork-Madeira,  le  Sotonis,  le  Vialta,  le  Jacquez.,  VOporlo  et  le  Taylor. 

iMuUipïication  des  vignes  américaines.  —  Les  semis  de  pépins  de  vignes  amé- 
ricaines peuvent  occasionner  des  variations  dans  les  types  que  l'on  a  en  vue 
d'obtenir  ;  on  ne  les  conseille  pas  pour  obtenir  des  producteurs  directs  ;  ils  ne 
peuvent  même  être  conseillés  pour  obtenir  des  porte-greffes,  sauf  lorsqu'il  s'agit  de 
se  procurer  les  variétés  sauvages  du  Riparia  et  du  Rupestris. 

Les  procédés  de  culture  employés  jusqu'à  ce  jour  pour  la  vigne  européenne 
sont  applicables  à  la  vigne  américaine. 

Qre/fe.  —  Pour  obtenir  de  bons  résultats  de  la  greffe,  on  doit  la  pratiquer  sur 
des  sujets  racines  provenant  de  boutures,  et  non  de  semis  ayant  un  ou  deux  ans 
au  plus  de  plantation. 

La  greffe  anglaise  et  la  greffe  en  fente  simple  sont  celles  que  l'on  doit 
préférer. 

Quelle  que  soit  la  perfection  apportée  à  faire  la  greffe,  sa  réussite  dépendra  sur- 
tout de  la  bonne  conservation  du  greffon  et  du  porte-greft'e;  des  précautions 
prises  lors  de  leur  plantation  et  des  soins  culturaux  dont  elles  seront  l'objet  pen- 
dant la  première  année. 

Comment  on  assure  la  fécondité  d'une  plantation  de  vigne.  —  Pendant  le  cours 
de  la  discussion  sur  la  plantation  de  vignes  américaines,  le  choix  à  faire  et  le 
soin  à  prendre  des  greffons,  pour  ea  assurer  la  fertilité,  ont  amené  M.  PuUiat,  pro- 
fesseur de  viticulture  à  l'Institut  agronomique  de  Paris,  à  faire  connaître  le  pro- 
cédé employé  dans  le  Valais  pour  assurer  cette  fertilité. 


CONGRÈS  PHYLLOXÉRIQUE  INTERNATIONAL  DE    TUniN.  3C9 

Au  moment  des  vendanges,  le  chef  de  famille  parcourt  ses  vignes  en  marquant 
d'un  signe  particulier  les  souches  les  plus  chargées  de  raisins;  chaque  année, 
pendant  cinq  ans,  il  renouvelle  sa  visite,  et  chaque  lois  il  s'assure  fjue  la  fertilité 
se  maintient  ;  c'est  seulement  après  cette  épreuve  qu'il  lève  ^es  boutures  sur  les 
seules  souches  n'ayant  pas   faibli  ()endant  ce  lajis  de  temps. 

On  devrait  apporter  ce  soin  judicieux  dans  le  choix  des  greffons  et  les  lever 
exclusivement  sur  la  partie  médiane  du  sarment  dont  on  a  reconnu  les  qualités 
fructifères,  en  rejetant  la  partie  inférieure  et  le  sommet  qui  le  sont  moins. 

La  qitalricme  Commission  avait  à  indiquer  les  mesures  d'ordre  intérieur  et  les 
arrangements  internationaux  à  prendre  pour  empêcher  la  propagation  de  l'insecte 
par  les  échanges  commerciiux. 

Ses  conclusions  constatent  la  nécessité  de  mettre  à  la  chirge  du  gouvernement 
la  recherche  du  phvlloxera,  et  lorsqu'on  a  trouvé  de  nouvelles  taches,  l'applica- 
tion immédiate  des  moyens  les  plus  efficaces  pour  circonscrire  l'invasion 
de  l'insecte. 

Il  entre  encore  dans  les  attributions  de  l'Etat  de  prohiber  l'exportation  des 
vignes  provenant  des  localités  infectées,  d'interdire  leur  transport  ain-i  ([ue  celui 
de  tous  les  objets  ayant  servi  à  leur  entretien,  tels  que  les  pieux,  les  échalas,  les 
liens,  etc.  Cette  prohibition,  on  l'étendra  aux  lingrais  végétaux  et  animaux,  aux 
composts  et  aux  terreaux. 

On  autoriserait  le  transport  d'un  Etat  à  l'autre  des  raisins  écrasés,  des  vinasses, 
des  olives  concassées  cont'-nues  dans  des  récipients  fermés,  mais  faciles  à  visiter  ; 
il  en  serait  de  même  des  raisins  de  table  mis  en  boîte  sans  y  avoir  placé  des 
feuilles  de  vigne  pour  l'emballage  ;  des  œufs  de  vers  à  soie,  des  feuillfs  de  mûrier, 
des  fleurs  coupées  et  des  fruits  qui  ne  croissent  ni  en  teire,  ni  trop  près  de 
sa  surface. 

Quant  aux  pommes  de  terre,  rhizomes,  concombres  et  légumes,  ils  devraient, 
pour  obienir  la  libre  circulation,  être  préalablement  débarrassés  de  la  terre  qui  les 
tache  au  moyen  d'un  lavage. 

(Je  lavage  serait  remplacé  par  un  nettoyage  à  sec  pour  les  rhizomes  de  Heurs,  des 
plantes  ornementales  et  pour  les  plantes  de  serre. 

On  pourrait  encore  accorder  la  libre  circulai  ion  aux  végétaux  destinés  à  des 
plnntations  autres  que  la  vigne,  pendant  une  période  déterminée  par  chaque  Etat, 
correspondant  à  l'époque  de  leur  mise  en  teire,  à  la  condition  que  ces  ])lantes, 
emballées  avec  soin,  seraient  accompagnées  d'un  certificat  d'origine  délivré  par  les 
autorités  locales,  constatant  que  les  plantes  expédiées  ont  crû  dans  un  terrain 
éloigné  de  plus  de5J  mètres  de  toute  plantation  de  vignes,  et  que  le  pays  n'est 
pas  phylloxéré. 

Même  après  avoir  rempli  ces  formalités,  ces  expéditions  n'entreraient  sur  le  sol 
italien  qu'après  avoir  été  désinfectées  en  douane  par  un  préposé  chargé  spécia- 
lement de  ce  soin. 

Ne  pourraient  en  aucun  cas  circuler  d'une  circonscription  infectée  à  une  autre 
ou  d'un  Etat  à  l'autre,  les  feuilles  de  toutes  les  autres  parties  de  la  vigne,  quel 
qu'en  soit  l'emballage. 

Si  l'un  des  végétaux  indiqués  ci-dessus,  arrivé  en  douane,  élait  reconnu  porter 
du  phylloxéra  ou  ses  cejfs,  il  serait  immédiatement  brûlé  avec  son  emballage 

Tous  les  colis  qui,  arrivés  en  douane,  ne  rempliraient  pas  les  conditions  préco- 
nisées ci-dessus  seraient  réexpédiés  à  leur  point  de  départ  aux  frais  de  qui  de 
droit. 

Le  congrès,  après  avoir  discuté  et  voté  ces  d  fférentes  propositions,  a  émis  le 
vœu  que  les  divers  Etats  soumis  aux  atteintes  du  phylloxe  a  étudient,  comme  l'a 
fait  le  gouvernement  italien,  les  procé  lés  de  désinfection  des  plantes  ;  ceux  qu'il 
a  adoptés  méritent  d'être  pris  en  considération  par  leur  facile  application  et  leur 
commodité  pour  les  plantes.  En  les  adoptant,  on  diminuerait  leseuiiaves  appor- 
tées aujourd'hui  à  la  libie  circulation  de  ces  végétaux. 

La  plupart  des  conclusions  de  la  commission  sont  depuis  longtemps  en  pra- 
tique dans  les  relations  internationales  du  plus  grand  nombie  des  Etats 
phyl'oxérés. 

Exposition  inlernalionnle  phyllodé:  ique.  —  Une  exposition  internationale  phyl- 
ioxérique  avait  été  organisée  par  les  soins  du  ministre  de  l'agriculture  dans  une 
annexe  du  palais  de  l'exposition. 

Cette  ex|iosition,  à  laquelle  la  France  a  pris  part,  en  envoyant  la  riche  collec- 
tion réunie  à  l'école  de  Montpellier  de  tout  ce  qui  e  t  relatif  à  l'histoire  de  l'ia- 


310  CONGRÈS  PHYLLOXÉRIQUE  INTERNATIONAL  DE  TQRIN. 

vasion  phylloxériqiie,  à  l'iatroduction,  à  la  propagation  et  à  la  sélection  des 
vignes  américaines,  cette  exposition,  disons-nous,  était  fort  riche  en  documents 
pour  tout  ce  qui  intéresse  directement  ou  indirectement  la  vigne  et  les  no.nbreuses 
maladies  auxquelles  elle  est  sujette. 

L'Italie,  nous  l'avons  dit,  est  mieux  pourvue  que  nous  en  établissements  an;- 
pélographiques,  œnologiques,  entomologiques,  et  en  écoles  de  viticulture. 

Tous  ces  établissements  ont  concouru  à  Texposition  piiylloxériquo  du  Valentin. 
11  ressort  des  documents  réunis  par  chacun  d'eux,  la  preuve  des  travaux  consi- 
dérables auxquels  ils  se  livrent  sur  toutes  les  branches  de  la  viticulture,  qui  est 
bien,  en  ce  moment,  la  production  agricole  formant  la  plus  riche  de  ses  expor- 
tations. 

L'exposition  du  ministère  de  l'agriculture  représentait  tout  le  matériel  néces- 
saire pour  combattre  l'invasion  phylloxérique. 

L'Institut  technique  de  Florence  avait  envoyé  une  carte  à  grande  échelle  des 
vignobles  attaqués  par  l'insecte. 

L'école  de  viticulture  et  d'œnologie  d'Alba,  placée  sous  Li  direction  du  sympa- 
thique professeur  Cavazza,  avait  apporté  de  nombreux  documents  relatifs  aux 
maladies  de  la  vigne,  des  brochures,  des  raisins  des  principales  variétés  de 
vignes  américaines,  conservés  dans  de  l'alcool,  tous  les  modèles  de  greffoirs 
inventés  jusqu'à  ce  jour,  enfin  la  collection  des  vignes  américaines  cultivées  à 
Alba. 

L'école  de  viticulture  et  d'œnologie  de  Gonegliano,  d'Avellino,  les  écoles  prati- 
ques d'agriculture  de  Bergame,  de  Pesaro,  la  station  agraire  de  Païenne,  la  sta- 
tion œnologique  d'Asti,  et  enfin  la  plus  riche  de  toutes,  la  station  d'eutomologie 
agricole  de  Florence,  dirigée  par  le  savant  professeur  Targioni-Tozzetti,  président 
du  congrès,  formaient  dans  leur  ensemble  le  plus  riche  musée  que  l'on  puisse 
trouver  de  tous  les  documents  relatifs  à  l'étude  de  la  vigne  des  deux  mondes  et 
des  maladies  de  toute  espèce  auxquelles  elles  sont  exposées. 

Le  gouvernement  central  de  la  République  helvétique  et  le  royaume  de  Portu- 
gal étaient  représentés  à  l'exposition  par  les  livres  et  les  brochures  se  référant  au 
phylloxéra  et  aux  moyens  préventifs  mis  en  œuvre  pour  en  combattre  la  propa- 
gation. 

Un  nombre  considérable  de  livres  et  de  brochures  sur  le  phylloxéra,  sur  les 
vignes  américaines,  sur  les  insecticides,  sur  les  engrais  chimiques,  envoyés  de 
tous  les  points  de  la  péninsule  italique  et  de  divers  départements  français,  com- 
plétaient l'ensemble  de  l'exposition. 

Ces  divers  ouvrages,  ainsi  que  les  procédés  proposés  pour  détruire  le  phylloxéra, 
ont  été  l'objet  d'un  rapport  d'une  commission  spéciale  chargée  du  soin  d'en 
rechercher  le  mérite,  pour  décerner  à  lents  auteurs  des  médailles  mises  à  la  dis- 
position du  congrès  par  M.  le  ministre  de  l'agriculture.  Nous  regrettons  de  ne 
pouvoir  donner  la  liste  complète  de  ces  récompenses;  les  seules  dont  nous  ayons 
gardé  le  souvenir  se  réfèrent  à  des  médailles  d'or  décernées  à  MM.  Planchon, 
Foëx,  Targioni-Tozzetti  pour  leurs  travaux  sur  le  phylloxéra  et  sur  la  vigne  amé- 
ricaine. 

Les  agréments  du  congrès.  —  Nous  l'avons  dit,  mais  nous  ne  saurions  trop  le 
répéter,  la  réception  faite  aux  invités  du  congrès  par  Son  Altesse  Royale  le  prince 
Amédée,  par  le  ministre  de  l'agriculture  et  par  le  syndic  de  la  ville  de  Turin,  a 
été  empreinte  de  cette  franche  cordialité  que  mieux  que  tous  autres  les  Italiens 
savent  apporter  dans  leurs  relations  avec  les  étrangers. 

Visite  à  la  Superga.  —  La  ville  de  Turin  est  bâtie  dans  une  plaine  fertile  que  le 
Pô  arrose  et  féconde  ;  les  Alpes  et  les  Apennins  l'encadrent  au  loin  de  leurs  nom- 
breuses chaînes  que  des  neiges  éternelles  couronnent  au  sommet,  tandis  que  leurs 
déclivités  sont  chargées  de  bois  et  de  riches  récoltes. 

Plus  près  de  la  ville,  adossé  à  une  montagne  boisée,  s'élève  Superga,  mamelon 
avancé  d'où  l'on  embrasse  le  plus  beau  ])anorama  que  l'imagination  la  plus 
féconde  puisse  créer.  Au  commencement  du  dix-huitième  siècle,  la  maison  de 
Savoie  y  a  construit  une  basilique  destinée  à  recevoir  les  tombeaux  de  sa  dynastie 
jusque-là  réunis  dans  celle  d'Hautecombe. 

L'accès  de  la  Superga,  anciennement  long  et  fatigant,  est  aujourd'hui  à  une 
heure  de  Turin,  grâce  à  un  tramway  à  vapeur,  puis  à  un  funiculaire  récemment 
construit.  M.  de  Sambuy,  le  sympathique  représentant  de  la  ville  de  Turin,  a  eu 
la  bonne  idée  de  conduire  ses  hôtes  dans  ce  lieu,  unique  au  monde  par  la  vue  dont 
on  y  jouit,  et  de  leur  y  offrir  un  banquet. 


CONGRÈS   PHYLLOXliaiQU;.:   INTEllM.VTIO VA'^  DK   TURIN.  311 

Pendant,  le;  (lojemKM',  dn  même  i[u'à  la  splendide  réception  de  250  couverts 
ofïeite  le  lendemain  à  l'hôtel  de  l'KiiOfe.  pnr  M  le  ministre  de  l'agriculture, 
l)iiii|uct  ••luquel  avaient  été  conviés,  c'utre  les  membres  du  congrès,  les  som- 
inirés  du  Parlement,  du  Sénat,  de  la'  maiiislranire  «r  de  l'^Timéo  réumes  à  Turin, 
fil!  nfïuibreux  Ina-'ls  i  nt  été  portés:  tous  étaient  empieints  de  la  plun  traitche  cor- 
diialilé,  léuioignant.  des  excellentes  lelations  e.\i>lanL  et  qui  ne  devraient  jamais 
cesser  d'exister  entre  la  France  et  l'Italie. 

Qu'il  noua  soit  fiermis,  avant  de  clore  ce  compte  rendu,  d'être  l'inlerprète  des 
seniim-nfs  de  reconnaissance  de  fous  les  invités  français  du  coni;rès,  en  remer- 
ciant les  personne"  avec  lesquelles  nous  avon-t  été  en  rapport,  spéicialeraent  S.  E. 
.VI.  le  minii>lre  de  l'agriculture,  du  com.inerce  et  des  travaux  piljlics,  M.  le  syndic 
de  la  ville  de  Turin  et  M.  le  président  '  a  congrès,  des  preuves  d'atVectueuse 
bienveillance  dont  nous  n'avons  cessé  d'être  l'objet.  Pli:nRE  TocilON', 

Prt'Sideiit  de  ij  Srtcieti;  d'agricalftiire 
de  la  .Sa.vu-e. 

LlfiUE  DES  CULTIVATEURS  DU"  NOiiD-EST. 

La  réunion  du  cultivateurs  du  Nord-Est  à  laquelle  |'ai  «s-^i^té  le  15  novembre 
à  N»ncy,  co'nptait  environs  ôOÛ  cultivitcurs.  M.  Clément  du  Lupcouit  présidait, 
assisté  de  'SI.  RaiUy.  d'ArrauNcours. 

M.  Brice,  de  .Montauville.  a  lu  un  long  discours  dans  lequel  il  dit  que  l'industrie 
a  produit  dan-i  des  proportions  exagérées.  I.'Elat,  c'est  l'agriculiuro  quiind  il 
iaut  remplir  U  caisse,  non  pour  y  puiser.  Pour  écou.er  le  1er  ou  invenie  des 
fravau.v  de  toutes  so  le.  Le.  Crédit  pul)lic  est  suimené, 

Î\I.  Biidly  estiaie  ([ne  Ini^riculture  doit  être  en  didiors  de  coter-ios  ;  il  reproche 
également  aux  pouvoirs  publics  de  majorer  les  tarils  industriels  el  de  n'imposer 
que  des  droits  dérisoires  au  prolil  de  l'agriculture.  Il  récame  ensuite  que  l'on 
prenne  poui- base  dans  la  modilicalion  des  tarifs  doaariiers  le  cbifire  desàmiiôts- 
ijue  subit  la  production  nationale. 

iVI.  Duroselle  demande  que   l'argent   produit  par  les   ta'es  destinées  à  la  pro- 
tection  de  l'agriculture  retourne  à  l'agriculture  sous  forme  de  dégrèvement. 
■     M.  Genijy  se  plaint  qu'en  facilitant,  la  concurrence  étrangère,  on  fournisse  du 
trava  I  aux  ouvriers  ftrangers. 

iVl.  Frederick  Michel  dem-inde  rpie  l'association  prenne  k;  nom  die  fédération. 
M.  Duroselle  demande  que  le  turc  soit  celui  d»  l'alliance. 

Les  statuts  de  la  ligne  sont  approuvés.  M.  Suisse  est  nommé  syndic.  Sont  élus 
membres  du  Comité  MM.  Bnce  de  Munluuville,  Cl.'ment  de  Lupcouri,  Flnrenlin 
lie  Manoncourt,  Vanessun  de  Lei  oncoiirt.  Louis  de  Tomldaine,  Hachette  de' 
Seicluimps,  Gcnay  de  IJellevue,  Yendanl  de  Ubesy,  Colle'  deThtaucoun,  Lœven- 
bruck  de  Dieourt,  Bailly  d'Anuancuuit. 

A.  Bkoksiîick. 

SOCIÉTÉ    N.VTIONALE    D'AGIUCULTURB 

S&uice  du  19  nooem'irK  18S4  —  Présidence  de  M.  Cluvreul. 

M.  Boisselot,  de  Nantes,  adresse  uue  commiinic;itiun  sur  le  pai'li  à 
tirer  des  cliarmilles;  —  M.  Lecliartier,  directeur  de  fa  station  a^rono- 
mir.iue  de  Rennes,  envoie  une  note  sur  l'emploi  des  engrais  potassiques 
en  Bretagne. 

JM.  Decroix  fait  Iioinmage  d'une  brochure  intitulée  :  Prrjuifices 
causés  à  la  fortune  publiiiue  par  le  la'iac. 

M.  AngusSmitli  envoie  un  volume  contenant  fes  méinoires  destinés  à 
célébrer  le  centenaire^cientifiquede  la  Société  lillL'rairi;  r.r,  philosophique 
de  Manchester,  ainsi  que  le  volume  Vfl  des  mémoires  de  cette  société. 

M.  Chîiuibrelent  communique  à  la  Société  les  résultats  des  essais  de 
culture  de  la  vigne  et  des  eiitemenceiuents  forestiers  d'ans  les  Landes 
de  Gascogne. 

Les  vignes  ont  eu  à  souffrir  de  la  gelée  et  d'une  sécheresse  excessive 
pendant  le  mois  d'août.  —  L'emploi  des  nu  iges  artidciels  a  permis  de 


312  SOCIÉTÉ   NATIONALE  D'AGRICULTURE  DE  FRANCE. 

lutter  avec  succès  contre  les  gelées;  la  dépense  ne  s'est  élevée  de  ce 
chefqu'à  13  fr.  30  par  hectare.  Il  a  fallu  soufrer  quatre  fois  à  cause  de 
l'oïdium  ;  l'anlliracnose  a  été  combattue  par  des  badigeonnages  au 
sulfate  de  fer.  On  n'a  récolté  à  Sainl-Allian  que  G  liectolitres  et  demi  par 
hectare.  En  ce  qui  concerne  l'oxploilalion  forestière,  les  résultats  ont 
été  plus  heureux;  des  poteaux  télégi-aphiques  ont  été  expédiés  à  Panama 
ainsi  que  des  traverses.  L'Algérie,  la  Tunisie  et  l'Espagne  s'approvi 
sionnent  presque  exclusivement  dans  les  Landes. 

M.  Gayot  fait  connaître  que  la  ferrure  Charlicr,  dont  l'inventeur  a 
été  récom])ensé  par  la  Société,  est  employée  en  Ecosse  depuis  plus  de 
dix  ans;  les  inconvénients  que  cette  ferrure  présenlail  ont  disparu 
par  suite  de  l'emploi  de  l'acier  Bessenier;  la  bande  de  fer  ne  s'écarte 
pins,  ne  casse  plus.  Il  suffit  de  ferrer  deux  fois  les  chevaux  pendant 
une  période  de  chasse.  La  ferrure  Cliarlier  ainsi  modifiée  ne  coule  pas 
plus  que  I;'  ferrureordinaire  ;  elle  n'est  pas|)lus  difficile  queles  autres. 
Ces  renseignements  concordent  avec  ceux  donnés  déjà  à  plusieurs 
reprises  dans  le  Journal. 

M.Passy,  vice-secrétaire,  donne  lecture  à  la  Société  des  évaluations 
delà  récolte  de  188-'i,  en  blé,  seigle  et  méteil  d'après  la  Journal  officiel 
du  12  novembre  dernier.  —  Ces  renseignements  ont  été  publiés  dans 
le  dernier  numéro  du  Journal. 

RI.  le  vice-secrétaire  annonce  à  la  Société  qu'elle  recevra  prochai- 
nement le  premier  fascicule  des  documents  étrangers  de  l'enquête  sur 
le  crédit  agricole. 

M.  le  président  déclare  la  vacance  j)our  une  place  de  membre  titu- 
laire dans  la  Section  dts  sciences  physico-i^liimiqnes  agricoles,  en  rem- 
placement de  M.  Dumas. 

M.  Cornu  entretient  ensuite  la  Société  du  26"  congrès  pomologique 
tenu  à  Rouen  au  mois  d'octobre  dernier  et  de  la  2'  réunion  de  l'Asso- 
ciation pomologique  de  l'ouest.  Il  existe,  dit  "Sï.  Cornu,  un  grand 
nombre  de  variétés  de  fruits  à  cidre,  mille  variétés  au  moins  étaient 
exposées  à  llouen.  Il  importe  d'étudier  celles  qui  donnent  le  cidre  le 
plus  alcoolique,  un  cidre  de  garde.  La  composition  de  ces  fruits  est 
une  question  de  la  plus  grande  importance.  M.  llaucheeoriie,  chimiste  à 
Yvetot,  avait  commencé  le  travail  d'analyse;  ce  ti'avail  a  été  repris  par 
M.  Lechartier.  —  Les  conclusions  de  M.  Cornu  sont  qu'il  faut  avant 
tout  pour  faire  de  bon  cidre,  éviter  les  pommes  acides.  Pour  obtenir  un 
un  cidre  de  garde,  il  recommande  l'emploi  des  pommes  amères.  — 
Les  fruits  actuellement  préférés  doivent  être  de  la  grosseur  d'une  noix, 
ce  qui  justifie  le  proverbe  ancien  :  «  Petit  fruit,  bon  cidre.  « 

En  présence  de  la  disette  de  vin  qui  sévit  en  ce  moment,  ajoute 
M.  Cornu,  il  est  très  intéressant  de  voir  se  développer  et  s'élever  la 
fabrication  du  cidre  ;  c'est  une  boisson  de  premier  ordre,  très  saine,  et 
qu'il  serait  bon  de  voir  remplacer  les  boissons  frelatées  que  consom- 
ment aujourd'hui  les  ouvriers  des  villes. — M.  Pliichet  confirme  les  ren- 
seignements fournis  par  M.  Cornu;  chez  lui,  à  Trappes  (Seine-et-Oise), 
tous  les  habitants  consomment  du  cidre;  quant  aux  marcs,  ils  ont  été 
employés  à  l'alimentation  du  bétail  ou  en  couverture  sur  les  prairies 
artificielles.  M.  Boussingault  signale  le  procédé  qu'il  employait  pour 
utiliser  ses  marcs  de  pommes.  Les  marcs,  bien  pressés,  étaient  mis 
dans  de  grandes  cuves,  et  soumis  à  un  tasseruent  énergique  ;  les 
marcs,  ainsi  abandonnés  à  eux-mêmes,  subissent  des  fermentations 


sor.iÉn';  nation \lk  d'agriculture  de  frange.  313 

cellulaires  ;  au  bout  de  six  mois  on  les  distille,  et  les  eaux-de-vie 
obtenues  sont  préférables  aux  eaux-d-î-vie  de  marcs  de  raisins. 
M.  Heuzé  ajoute  que  dans  les  départements  d'I!le-et- Vilaine,  de  la 
Mayenne,  de  Maine-et-Loire  et  de  la  Charente-Inférieure,  le  marc,  après 
avoir  été  pressuré,  est  abandonné  à  lui-même;  il  prend  une  teinte 
brune,  puis  noirâtre;  il  se  charge  d'eau.  On  le  mélange  alors  de  curu- 
res  de  fossés  ou  de  route,  on  en  fait  un  compost;  au  mois  de  mars, 
on  ouvre  le  tas  et  on  y  ajoute  de  la  cliaux  vive.  Après  douze  à  quinze 
jours,  on  procède  à  un  mélange  général  ;  le  terreau  obtenu  e^t  très 
remarquable,  il  a  produit  d'excelh-nts  résultats  sur  les  prairies  natu- 
relles.—  D'après  M.  Heuzé,  la  chaux  aurait  anéanti  le  tannin  qui  s'op- 
pose à  l'action  fertilisante  du  marc.  — M.  Berlin  confirme  les  renseigne- 
ments fournis  par  M.  Heuzé;  il  a  employé  le  procédé  sur  sa  propriété. 
—  MM.  Cbevreul,  Heuzé  et  Pluchet  échangent  quelques  observations 
sur  le  même  sujet. 

Voici  l'analyse  de  la  communication  faite,  à  la  séance  précédente, 
par  M.  Maxime  Cornu,  sur  le  Congrès  phylloxériiiue  de  Turin.  — 
Quatre  sous- Commissions  avaient  été  instituées  :  la  f'  chargée 
d'étudier  la  répartition  des  territoires  phylloxérés  dans  les  divers  Etats, 
les  mesures  à  prendre  pour  empêcher  l'apport  du  phylloxéra  par  les 
voies  ferrées;  la  2*^,  chargée  d'examiner  les  procédés  insecticides  actuel 
lement  en  vigueur;  la  3%  d'étudier  la  question  des  vignes  américaines, 
de  leur  existence,  de  leur  adaptation,  et  la  4'  de  régler  les  conditions 
dans  lesquelles  doit  s'effectuer  le  commerce  international  des  produits 
agricoles,  viticoleset  horticoles. 

La  V  Sous-Commission  a  puisé  la  plus  grande  partie  de  ses  ren- 
seignements dans  les  documents  publiés  chaque  année  par  le  minis- 
tère de  l'agriculture  ;  elle  a  admis  que  les  vignes  américaines  étaient 
le  moyen  le  plus  sûr  de  reconstituer  le  vignoble. 

La  2"  Sous-Commission  a  présenté,  par  lorgane  de  M.  Freda,  di- 
recteur de  l'institut  agronomique  de  Rome,  un  rapport  très  bien  fait, 
résumant  toutes  les  connaissances  actuelles  sur  la  question  des  insec- 
ticides. 

Dans  la  3*  Sous-Commission,  on  s'est  entretenu  lonsuement  des 
Vilis  Labrusca,  et  parliculièrement  de  l'Isabelle.  Dans  notre  pays,  ce 
cépage  n'a  pu  réussir  à  cause  du  goût  foxé  du  vin  qu'il  produit;  les 
paysans  italiens  s'y  sont  habitués,  et  comme  Y  Isabelle  a  une  grande 
fertilité,  et  qu'il  résiste  à  l'oïdium  que  les  vents  du  sud  déterminent 
fréquemment,  on  le  cultive  dans  d'assez  fortes  proportions  —  Les 
Italiens  op.t  également  réclamé  l'inscription  du  Yurk-Madeira  parmi 
les  producteurs  directs. 

La  4'  Sous-Commission  a  émis  le  vœu  que  la  loi  italienne  fût  révi- 
sée dans  un  sens  plus  libéral.  —  On  a  notamment  demandé  que  les 
fruits,  les  tleurs  coupées,  les  tubercules,  le.5  légumes  soient  admis  à  la 
libre  circulation.  Quant  aux  produits  des  pépinières,  ils  devront,  pour 
être  introduits,  avoir  été  au  préalable  désinfectés.  Les  parties  aérien- 
nes seront  soumises  à  un  traitement  à  l'acide  cyanhydrique,  les  par- 
ties souterraines  à  l'action  du  sulfocarbonated'éthyle.  M.  Cornu, 
tout  en  constatant  l'insuffisance  des  concessions  obtenues,  fait  remar- 
quer que  l  Espagne  est  actuellement  le  seul  pays  où  la  prohibition  soit 
absolue,  et  pourtant  les  surfaces  phylloxérées  y  sont  considérables. 

Gkorges  Maiisais. 


311  DBUOC.RAPIIIE   AGIur.OLE. 


BiBLiOGRAPHIE  AGRICCL'^ 

Rapport':  snr  tel  er.ii'rie.nrp.'s  cnmparaliies  de^  il  (fimi's  sijsthnes  df  moii'ur/"  failcs  p.ir  \".  synli- 
cule-î  si':ii"S  ei:  fariin'-  'le  \'nrU.  avor  fe  coiiconrs  ,[.-  jl.  le  Miiiii-lre  de  r.igrj,  ullirrr;.  en  'l,SN3- 
im4.  —  Lin  vnlirne  ni-H  il'c  los  p\s<:s,  iiv«-:  |il,i:mlies  ei  gravures.  — l.iiiturie  (i«s  Ualles  i-l 
.M  irclio-,  iii"  lia  S.irtuie,  it,  à  Pari<.  —  Pnx  :  îi)  IV. 

Il  ,1  Clé  question  plusieurs  fois,  dans  nos  colonnes^  des  expériences 
comparalives  de  imtulnre  organisées  par  le  syndicat  des  grains  et 
farines  de  Paris  ;  nous  avons  publié  les  résultais  de  ces  expériences. 
L'ensemble  des  rappo'ts  rédigés  sur  les  diverses  parties  de  ces  expé- 
riences a  paru  rcceniment;  c'c-t  un  Iravail  magistral,  qui  dépeint  la 
sitnaiion  exae'c  de  Tiiidr.sirie  de  la  nihioterie. 

La  plus  granle  ])aitie  du  volume  est  consacrée  à  deux  grands 
rapports  :  l'un  de  M.  Grandvoinnet  sur  la  niarcbe  et  les  résultais  des 
Cï^sais,  l'autre  de  M.  Aimé  Girard  sur  l'analyse  chimique  et  microsco- 
pique des  principaox  produits  de  mouture.  Viennent  ensuite  des  rap- 
ports de  M.  Lucas  sur  les  expériences  de  panificalioji,  de  AI.  Prager 
aîné  sur  le  classement  des  sons^  de  M.  Gnillier  sur  le  classement  des 
farines  bises  et  des  remoulages.  Le  volume  se  termine  par  une  élude 
de  .M.  Gatellier,  qui  a  éle  l'organisateur  des  expériences,  sur  la  culture 
du  blé;  nous  avons  reproduit  cetteétude,  et  on  n'a  pas  oublié  les  lésul- 
tats  ipi'il  a  obLeaiis,sous  le  rapport  delà  richesse  du  blé  en  gluten,  par 
l'emidoi  d'engrais  de  composition  variée. 

L^  [nri-fn  lie  l.'iiiduvlrie,  pragws  lie  ).i  puissance  Inmiaine,  par  M.  Lou's  DSurdeiu.  —  Un 
vnlunii.'  III  K  .ie  pré- île  400  pages.  —  Libr-iirie  Je  Kéiix  Altan,  lOS,  boulevard  Saiiit-Gemiaiii 
à  l'aiis.  —  l'i  i\  :  5  IraiiC". 

Le  nouveau  livre  de  M.  Louis  Bourdeau  est  une  œuvre  de  grande 
ériidiiion.  G  est,  en  elTel,  un  tableau  historique  des  conquêtes  p-'ogres- 
sives  d;  riioinme  >ur  la  nature,  el  de  t'uiilisation  qu'il  a  su  faire  d.'S 
forcps  naliircUes.  (À's  forces  sont  de  diverse  sorte  :  les  unes  senties 
forces  luimaines  elles-uièmes,  les  autres  sont  les  fiiirces  animales  ;  puis 
viennent  les  forces  motrices  naturelles  ou  artificielles,  les  forces  phy- 
siques dont  les  principales  manifestations  sont  la  chaleur,  la  lumière 
el  l'électricité.  .\u|ourd"hui  l'homme  dispose  libremeiil  de  la  plupart 
de  ce.s  liirces,  et  s'il  ne  les  maîtrise  pas  toujours  complètement,  il  peut 
l'e  plus  souvent  les  diriger  au  mieux  île  ses  intérêts.  G'est  donc  un 
tableau  réellement  saisissant  que  M.  liourdeau  nous  présente  dans  un 
styl«  ferme  et  concis.  A  côté  de  l'intérêt  élevé  qui  s'attache  aux  ques- 
tions de  cette  nature,  les  airriculleurs  trouveront  d'ailleurs  dans  son 
litre  des  détails  très  intéressants  sur  l'appropriation  des  forces  ani- 
males el  s^iir  le  développement  des  machines  agricoles  à  travers  les 
siècles.  Henry  Sagmer. 

REVUE  fioriEHCnALE  ET  PlilX  C»llli\Nr  DES  DI-^NliEES  AGRICOLES 

(22  NOVEMBRE   iSSk). 

1.    —      Stlufitlini      tji>h''riitp  _ 

Lts  maiclttis  des  céréales  ont  été  calmes  pendint  toute  la  semaine;  les  cours 
acquis  ile|)iMS  duu.^  mais  pcrsislent  avec  lourdeur,  et  rieu  ne  lait  prévoir  uncliai;- 
gemi-i  t  diuis  la  siluslion.  Les  vins  sont  l'objet  de  tnin'-attions  actives,  dansd'a-sez 
bonnes  coniliiiims.  Les  autres  den-ées  resl  nt  dans  la  même  situaiion  que  la 
sentaine  dernière. 

II.  —  fas  grains  et   Us  farines. 

Les  tablenu'x  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  quintal  métrique, 
sur  tes  principaux  marchés  de  la    France  et  de  l'étranger  ; 


REVUE  nOMMERCLVLK  ET  PRIX  COURANT     (22  NOVEMBRE  1884).  315 


-  NOKII-OrKST. 


Calvados.  Cacn 

—  Uayeux. 

C,-du-Noid     .Lannioii.. 

—  Tréguier 

Finistère,  .\lorlaix 

—  Quifnper 

Ule-el'Vitaine.  Rennes. 

—  Fougères 

Manche.   Saint-Lo 

—  Houtances 

—  Valogaes 

Mayenne.  Mayenne 

—  Evron 

Morbihan.  liennebont. . 
Orne.   Bellêmc , 

—  Vimouticrs 

Sar/V,  Le  Mans 

—  Beauraorit , 


B!é. 

fr. 

21  30 
22. 'lO 
18.75 

18  7i 
19.51) 
19.50 

19  50 
la. 80 
19.7;> 
18.70 
18  30 
19.50 
19. bO 
19.35 
20.60 

20  00 
20.40 
2".  00 


Seigle.  Orgt. 

fr.  fr. 

13.00  14.60 

18.65  15  40 

»  14.50 

!i  50 

i>  11.25 

(5.50  15.25 

i>  15.60 
))  » 

»  17. iO 

»  15   90 

1)  17.50 

B  14.60 

»  15  75 

15.35         • 

.  10.90 

»  17.70 

15.25  15   25 


Prix  moyens 11.76  15. o. 

2*  RBOION.   —    NOUI>. 

i4tsne.  I,.ion 18.75  15.50 

Villers-Cotterets.  20.50  14.50 

—  Chauny '21.75  15.00 

Sure.  Evreu.K 19.50  13.70 

—  Pacy 19  75  15  bo 

—  Gisors 20.15  15  35 

Eure-ei  tûtr.  Chartres..  23.00  13.75 

—  nliileaiidun 19  80  » 

—  Lii  Ferte-Vidame.  20.45  17.35 
Nord.   Douai 19.50  15. lO 

—  Boarboorg 20.15  16-40 

—  Bergiies 20.00  » 

Oi«e.  Beaiivais 20.75  16.00 

—  Cler.Tlont 19.60  13  35 

—  Corapiijgne 21.25  14.00 

Pas-de-Caiais.  Arras. . .  20.80  15.60 

—  Bapaume 20.80  13  50 

Seine.  Paris , 21.15  16.15 

S.-el-Marne.  Montereau    20.20  15.25 

—  Mea'ix 20  110  (4.50 

—  Melun 21.25  15.50 

8..«t-0ise    Versailles....  21.25  15.25 

—  Elampes 20.40  17.75 

—  .-Vogervilie ...   20.00  14.60 

Scine-Zn/^erieure. Rouen.  20.70  14.75 

—  Fécamp 24.00  14. OU 

—  Eu 20.15  14  56 

Sommi.  Amiens 20.60  15.00 

—  Uoullens 22.00  14.65 

—  Roye 19.15  13. 35 

Prix  moyens 20.60  1519 

3*  REGION.  —  NOKD-Esr 
Arde)\nes.  Sedan. 20.25 

—  Clurleville 2 1.25 

4u6c.  Bar-sur-Seine. ...   19.50 

—  Mery-sur-Seine. ..   19.70 
.Warn;;.  Chàions 20.60 

—  Epernay 20.75 

—  Ste-.Menehoûld 19.75 

Hte-Marne.  Sl-Diiier...  19.85 

—  Chaumont 19. 4o 

Ueurtlie-ei-Mos.  Nancy.  21.00 

—  Toul 20.25 

—  Einville ;i.25 

Meuse.  Bar-le-Duc 20.60 

//au(e-Sao?ie.  Vesoul . ..  20.60 

—  Gray 20.50 

Vosges.  Ep\a^\ 21.50 

—  NfiufcliUean 20.15 

—  .Mirecourt 20.50 

Prix  moyens 20.40  15.45 

4"  REGION.  —  OUEST. 

Cxirente.  Angoulème...  20.00  » 

—  Barbezieux 20.80  » 

C/var. -/n/ér.  .\larans. ...    19.25  » 

—  St-Jean-d'Angély..   19.15  • 

Deux-Sr-vres.  Niort 20.00  » 

Indre-et-Loire.  Tours...   19.70  14.35 

—  Blére 18.10  14.35 

Loire-Ittf.  Nantes 19  50  t 

M.-el-Lnire.    Saumur...    20.75  15.25 

—  Angers 19.80  15.33 

Vendée.  Luçon iy..so  » 

—  Fontenay-le-Comte  22.10  » 

Kienne.  Poitiers 19.80 

Haute-Vïennu.  Limoges.  20.80 

q    Friziaorens 19.87 


17  50 
1S.50 

15.90 
16.55 
18.00 
17.50 
16.75 
19.60 
16  10 
■17.75 

15  7a 
19.20 
17.60 
21.50 
17.70 

16  80 
18.75 
17.35 
17.00 
18.50 
19.00 

18  50 
17.75 
17.30 

» 
18  «0 
17.00 

17  70 


fr. 

10.00 
10.20 
14.50 
14.25 
14.00 
15.00 
15  50 
16.50 
21.55 
21.70 
22.00 
17.00 
16. 00 
18.00 
17  00 
21.00 
19. 7o 
15   50 


15  '0 
15.75 
14.50 
16.00 
16.65 
17.60 

16  00 
tS  75 
15.75 
21.00 
15  89 
18.05 
!6.50 
15  80 
22.20 
14.00 

15  25 
18.15 

16  50 
17.00 
16.75 
18.50 
16.40 
16.00 
22.50 
18  50 
15.00 
21  50 
14 .  00 
15.00 


17   12     17.00 


15.00 

18.75 

16.50 

15.75 

19.00 

16    jll 

» 

16.75 

17.75 

14.30 

16.50 

15.50 

16.90 

18.90 

17.15 

15.50 

18.00 

18.00 

15.75 

19.25 

15.2) 

14.50 

17.50 

16.50 

14.50 

• 

14..15 

17.50 

19.25 

18.00 

15.25 

17.25 

15.75 

15.50 

17.50 

16.25 

16.25 

19.00 

17.10 

14  80 

1C.60 

16.40 

15.50 

15.00 

15.40 

14.50 

!• 

• 

15.76 

18.50 

15.75 

» 

n 

16.50 

17.78      16.44 


18.00 

16  00 
15.76 
15.40 
15.75 
18.45 

19.00 

17.00 

15.70 

15.70 

19.20 

13.85 

16.65 


Ailier.    Montliiçon.. 

—  St-Pourçain. . . 
Cher.  Bourges 

—  St-Amand 

—  .\ubigny 

Creuse.  Aubassuu... 
Indre.  Châteauroox 

—  Valençay 

—  Issoudun 

Loiret.   Orléans 

—  Patay 

—  Muntargis 

L.-el~CUer    B1015.... 

—  Monloire 

Nièvre.  Nevers 

—  Clamecy 

—  La  Gbarité.. . . 
Vonne    ^ens 

—  Ti-Minerre 

—  Brienon 


—  Ce^iTKR 

Blé.    Seigle. 

fr.        fr. 


19.80 
21.00 
19.75 
20.20 
20  15 
20.80 
20.00 
20.15 

19  30 
20.00 
20.00 
20.00 
21.00 

20  80 
19.00 
19.15 

Ij.ia 

20.50 
19.40 

20.00 


17.35 
16.10 

14.60 

13.40 
14.00 
15.65 
14.50 
15.35 
15.35 
14  90 
14.75 
14.65 
11.50 
16  50 
14.00 

!  6.00 
15.15 

13.75 
14.20 


(r. 

15. 40 
16.00 
IG.50 
15.40 
15.40 

» 
16  00 
18.45 
16.90 
16  25 
17.40 
17.50 
18.00 
16.00 
17.30 
15.75 
16.40 
17.25 

» 
16.50 


AToiot. 

fr. 

16.00 
16.00 
15.60 
14  00 
16,00 
16  50 
15.00 
16  00 
15.00 
16.25 
16.25 

16  40 
17.60 
16.00 

17  00 
15.20 
16.00 
16.50 
16.50 
17.65 


Prix  moyens 20.02     i4.97     16.63     16.02 

6"  RBaiON.  —  EST. 

13.7 


15  25 
15.50 


.Ain.  Bourg 22.00 

—  Pont-de-Vaux 21.75 

Côl6-d'0r.  Dijon 20.60 

—  Beaune   19.75 

Dou'is.  Besançon 20.75 

Isère.    Voiroii    21.00 

—  Bûurgoin 20.75 

Jitra.  Lons-le-Saunier  . .  22.10 

/.oire.  Kjanne 21.25 

P.-de-Uàme.  Clermonl-F  20.60 

tiliûne.  Lyon 21.25 

Saône-et-Loire.  Màcon  .  20.00 

—  AuLun ...    19.75 

oauoie.  Cbambéry 22  75 

//(e-Sauoie.  Annecy 21. 6J 

Prix  moyens 21.05     15.47     17.4;     16.86 

T  RÉGION.  —  SUD-OUEST. 
.Ariëge.  Foii 24.15 

—  Paniiers 22.10 

Oordogne.  Nontron 23.40 

//(«-Garmme.  Toulouse.   21.00 

—  Muret ÎI.20 

Gers.  Condora 22.50 

—  Eauze 23.30 

—  Miratidà 18.50 

Gironde.  Bordeaux 2 1. 50 

—  Bazas 22.50 

Landes.  Dax 22.50 

Lot-et-i'aritnne.   Agen..    20.60 

—  ViUeneave-sur-Lot  21.75 
B.-Pyrenees.  tiixyoane. .  23.25 
//<es-Pj/réiiee5.  Tarbes. .  22.00 

Prix  moyens 22.02 

8*  RÉGION.  —  SUD. 

Aude.   Castelnaudary. .    22.80     ;8.00     17.00    19.00 
Aveyrnn.  Hndez 20.80     17.60         »         18.80 

—  Villelrano  le 20.75        »  »        16  00 

Canlai.    vliuilai; 22.50  19.25          »  19.50 

Gorreie.  Tulle 22.00  18.00  17.75  1&.25 

Hérault.  Beziers 21.75  17.65  17.70  19   50 

—  Montpellier 21.50         »  16.00  18.40 

toi.  Clhûrs 22. 2S  18.00  18.25  18.00 

Lo:èrE.  Mende 22.75  18.00  18.45  18.00 

Pi/rênées-Or.Perpignan.   23.65  17.80  24.00  26.50 

Tarti.  Caillac 22.60         »              »  18.60 

Tarn-et-(iar.  Moutauban  22.40  14.65  15.75  19-50 

Prix  moyens 22.15     17.66    19.36     19.17 


18.65 

• 

16.00 

16.65 

n 

17.Û0 

14.65 

» 

» 

17.00 

15.75 

IS.SÛ 

s 

15.50 

)) 

» 

v 

18.00 

» 

m 

19.50 

• 

> 

17.50 

17   30 

17.20 

17.75 

17  50 

j» 

» 

19.35 

> 

s 

13. 3o 

» 

18. ou 

17.35 

» 

» 

19.50 

» 

17.50 

18.50 

» 

19.25 

71      16. li      17.90 


9'   REGION. 

Basses-Alpes.  Manosque 
Hautes-Alpes.  Brianç-jn. 
Aipes-Maritimes.  Nice. . 

Ardfcke.  Privas 

B.-du-likône.  Arles 

Drame    Romans 

Gard.  Alais 

Hauie-Loire.   Brioude.. 

Var.  Draguigaan 

VaucliLse .   Avignon 

Prix  moyens 

Moy.  de  toute  la  Trance 
—  delà  semaine  précéd. 

Sur  la  seraainelHausse. 
précédeate . .  )  Baisse. . 


—  SCU-EST 

-23.70  » 


2Î.92  16.87 
20.98  15.96 
20.94      16. là 


316  REVUE   COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT. 

Blé  Seigle,  Orge.         Avoine 

Algérie.  Alger   S  f'-^'^"^^"^--  l^'^? 

"                                  "       (  bledur 13. 2d            »  10.25 

Angleterre.                Londres 19.25             »  12  aO  l.S.ôO 

Belgique.                  Anvers 18  LO  16.2.')  20. .îO  11 .1ô 

—  Bruxelles 20.00  Ki.OO            »  |6..=i0 

—  Lièpte 19.3.1  17.00  IH  00  K.IO 

—  Nanuir h)  25  16.00  IS.OO  15.50 

Patjs-Das.                Amsterdam 17.15  15..^5             »  > 

Luxembourg.          Luxenilioiirg 22.75  18.65  15.40  17.00 

Alsace-Lorraine     Strashourg 22.2.5  19.25  2l.2;i  18.60 

—  MiilliOUse 21.50  18.25  19  75  18.25 

—  Colujar 22.10  19.3.5  21.30  19.25 

Allemagne.              Berlin 19  25  17.25             »  » 

—  Cologne 20.30  18.10            .  » 

—  Hambourg 18  GO  15.25             »  » 

Suisse.                      ùenève 23.50  18.50  18.50  18. .50 

llnlie.                        Turin 22  00  17.00             »  15.50 

Espagne.                   Barcelone 25.40             »  13.. 35  18.25 

Autriche.                   Vienne 1 7 .  00             »                 »  . 

Hongrie.                    Budapest 17.30  14.5i,'  14.00  13.20 

husite.  Saint-l'étersliourg. .  16.70  i3  35             »  12.65 

É(a(,^-(/n^s.                New-York. 15.60              »                  ■  . 

Blr.s.  —  La  situation  du  marché  ne  s'amélioro  pas.  La  demande  est  excessive- 
ment restreinte,  et  quoique  les  ollres  ne  soient  pas  très  abandante-t,  les  prix  ont 
beaucoup  de  peine  à  se  maintenir.  La  cote  du  mercredi  19,  à  la  halle  de  Paris, 
accuse  une  baisse,  légère  il  est  vrai,  sur  la  semaine   dernière;  les   prix  sont  de 

20  i'r.  50  à  21  fr.  50,  soit  21  fr.  en  moyenne  pour  les  bons  blés  de  mouture.  Les 
blés  à  livrer  se  cotent:  décembre,  21  fr.;  janvier-Céi'rier,  21  Ir.  à  21  25;  quatre 
premiers  mois,  21  fr.  25  à  21  fr.  50;  quatre  mois  de  mars,  22  fr.  avec  0  fr.  25  de 
baisse.  —  Au  Havre.,  les  affaires  sont  à  peu  près  nulles,  et  les  prix  sont  les 
mêmes  que  la  semaine  dernière;  avec  une  tendance  à  la  lourdeur.  Les  blés  roux 
d'hiver  d  Amérique  sont  oiïerts  à  20  fr.  50  et  21  fr.  lesGHlifornie  n"  1,  20  I'r.  75  à 

21  fr.  -25;  les  Australie,  21  fr.  25  à  22  fr.;  les  Bombay,  blancs,  20  fr.  à  20  fr.  50. 

—  A  Miirseilk,  les  piix  du  disponible  sont  mieux  soutenus.  On  cote  :  Red-Winter, 
23  fr.  25;  Berdianska,  2*  tr.;  Marianopoli,  22  fr.  -.5;  Irka,  19  fr.  25  à  20  fr.; 
Azima-Azût'f,  19  È  20  fr.;  Danube,  18  à  19  fr.;  Azoff  durs,  18  fr.  50  à  18  fr.   75. 

—  A  Lohdres,  les  affaires  sont  1res  calmes,  avec  prix  plutôt  faibles,  de  18  I'r.  10  à 
20  fr.  les  100  kilog.  Pour  les  marchés  intérieurs  de  l'Angleterre,  le  prix  moyen 
de  la  semaine  est  de  17  fr.  55. 

Farines.  —  Les  prix  restent  sans  changements  depn.is  la  semaine  dernière;  les 
offres  de  la  meunerie  ne  dépassent  pas  les  be.soins  de  la  consommation,  et  la  bou- 
langerie se  tient  tur  la  léserve  en  attendant  la  solution  de  la  question  de  la  taxe 
du  pain.  Le  mercredi  19  novembre,  on  cotait,  à  Paris,  peur  les  farines  de  consom- 
mation :  marijue  de  Gorbeil,  48  fr.;  marques  de  choix,  48  à  51  fr.;  premières 
marques,  47  à  48  fr.;  bonnes  marques,  44  à  45  fr.;  le  tout  par  sac  de  159  kilo;^., 
toile  à  rendre,  ce  qui  correspond  aux  prix  extrêmes  de  28  fr.  02  à  32  fr.  48  les 
JOO  kilog.,  ou  en  moyenne,  30  fr.  25.  —  Pour  les  farines  de  spéculation,  1-s  cours 
sont  inférieurs  à  ceux  de  la  semaine  précédente;  on  coiait  :  farines  neiif-mirqiu's, 
cour-tnt  du  mois,  4'4  fr.  50;  à  4'-4  fr.  75;  décembre,  45  à  45  fr.  25  ;  janvier-février, 

45  fr.  25;  qualre  premiers  mois,  45  fr.  25  à  45   fr.    50;  quatre  mois  de   mars. 

46  fr.  à  k6  fr.  25,  —  Les  farines  .-ont  toujours  cotées  de  21  à  22  fr.  les  100  kilog. 
Seiiiles.  —  Prix  fermement  tenus,  otfres  toujours  rares.  On  paye  à  Paris,  15  i'r.  75 

à  16  fr.  50  les  100  kilog.  Les  prix  de  la  farine  de  seigle  resiont  sans  variation  de 
20  à  23  fr.les  100  kilog. 

Orye^.  —  Les  demandes  sont  plus  actives  pour  l'exportation,  et  ont  décidé  une 
fermeté  dans  les  cours.  On  cote  à  la  halle  do  Pans,  17  fr  75  à  22  fr.  par  100 
kilog.  —  Les  offres  sur  les  escourgeons  sont  rares  et  les  affaires  très  calmes  au 
cours  de  19  fr.  à  19  fr.  50  fermement  tenus 

Avoiries  —  Affaires  modérées,  avec  demande  très  ordinaire,  les  prix  sont  tou- 
jours de  17  fr.  50  à  20  fr.  suivant  proveni'nce,  poids  et  qualité. 

Issues.  —  Les  prix  sont  en  hausse  de  0  fr,  i5  sur  la  semaine  dernière,  par  suite 
de  la  demande  plus  active  et  des  ollres  plus  restreintes.  On  cote  à  la  halle  de 
Paris  [lar  100  kilog.,  gros  son  seul;  14  fr.  50  à  14  fr.  75;  sons  gros  et  moyens, 
13  fr.  '.  5  à  14  fr.  25  ;  sons  trois  cases,  I3  fr.  à  13  fr.  50;  sons  lins,  12  fr.  à  12  fr.  50; 
rccoupettes,  12  fr.  50  à  13  Ir.  50;  remoulages  blancs,  lo  fr.  50  à  17fr.;  remoulagcs 
bis,  15  à  16  fr. 


DES  DENRÉES    AGRICOLES  (2  2   NOVEMBRK.    1881*)  317 

Maïs.  —  Les  maïs  du  Danube  et  de  la  mer  Noire  valent  de  14  fr.  '2b  à  14  fr.  50 
les  100  kilog.;  au  Hivie  ou  à  Rouen;  les  livrables  sont  tenus  à  Paris,  suivant  pro- 
venance de  13  fr.  i5  à  14  fr.   15. 

Sarrasins.  —  Le  sarrasin  de  Bretagne  disponible  est  coté  en  gare  d'arrivée  à 
Paris,  Iti  ir.  les  100  kilog.;  le  livrable,  15  l'r.  75. 

III.  —  Fourrages  et  graines  ftmrrar/ères. 

Fourrages.  —  Les  prix  des  fourrages  se  -soutiennent,  surtout  pour  la  paille  de 
seigle,  qui  est  rare  sur  le  raarclié  ;  les  foins  et  les  luzernes  so;it  également  en 
hausse.  Voici  les  prix  pratiqués  à  Paris  par  100  bottes  de  5  kilog.  :  foin,  48  à 
61  fr.  ;  luzerne,  50  à  59  fr.;  paille  dj  blé,  il  à  33  fr.;  paille  de  seigle,  36  à 
42  fi'.;  paille  d'avoine,  15  à  30  fr. 

Graines  fourragères.  —  Les  graines  sont  toujours  sans  changement  à  Paris. 
Oq  cote,  par  100  kilog.  :. trèfle  violet,  105  à  120  fr.;  trèfle  blanc,  165  à  200  fr.; 
trèfle  hybride,  150  a  170  fr.;  luzerne  de  Provence,  140  à  150  fr.;  luzerne 
d'Italie,  125  à  135  IV.;  du  Poitou,  90  à  100  fr.;  minette,  40  à  45  fr.;  ray-grass 
anglais,  35  à  40  fr.;  d'  talie,  40  à  44  fr.;  sainfoin  à  une  coupe,  33  à  35  fr.; 
à  deux  coupes, -37  à  38  fr.  ;  vesces  do  printemps,  22  à  23  fr.;  pois  jarras,  17 'à 
18  fr.  —  A  Garpentras,  la  graine  de  trèlle  vaut  1 10  fr.  ;  celle  de  luzerne,  130  fr. 
les  100  kilog. —  A  Bordeaux,  on  paye  :  la  luzerne,  160  fr.  les  100  kilog.  ;  trèfle 
de  Hollande,  160  fr.;  trèlle  blanc  300  fr.;  alpeste,  50  fr.;  lupuline,  90  fr.;  sain- 
foin, 60  fr.  ;  trèfle  farouch,  60  fr.;  ray-grass,  70  fr. 

IV.  —  Fruits  et  légumes  frais. 

Fruits.  — Voici  les  cours  de  la  halle  de  Paris  :  châtaignes,  17  à  17  fr.  l'hec- 
tolitre; coings,  3  à  25  fr.  le  cent;  nèfles,  1  fr.  à  4  fr.  le  cent.;  nou,  0  fr.  50  à 
0  fr.  80  le  kilog.;  poires,  10  à  50  fr.  le  cent;  0  fr.  22  à  6ô  le  kilog  ;  pommes, 
5  à  80  fr.  le  cent;  0  fr.  20  à  0  fr.  60  le  kilog.;  raisin  commun,  1  fr.  à  8  Ir.  le 
kilog.;  noir,  1  fr.  à  2  fr,  50. 

Lé!/um';s.  —  Carottes  communes,  20  à  2.j  fr.  les  cent  bottes;  d'hiver,  4  fr.  25 
à  4fr.  50  l'hectolitre;  choux,  8  à  15  fr.  le  cent;  navets  communs,  16  à  22  fr.  les 
cent  bottes;  oignons  en  grains,  14  à  16  fr.  l'hectolitre;  panais,  12  à  15  fr.  les 
cent  bottes;  poireaux,  k  à6fr.  50;  chimpignons,  1  fr.  à  1  fr.  60  le  kilog.; 
choux-fleurs,  6  à  75  fr.  le  cent;  choux  de  Bruxelles,  0  fr.  20  à  0  fr.  25  le  litre  ; 
épinards,  0  fr.  20  à  0  fr.  25  le  paquet  ;  oseille,  0  ir.  60  à  0  fr.  80  le  paquet  ; 
potirons,  0  fr.  50  à  4  fr.  .  la  pièce;  salsifis,  0  fr.  30  à  0  fr.  40  la  botte  ;  tomates, 
0  fr.  35  à  0  fr.  50  le  calais. 

V.  —  y'ins.  —  Spiritueux.  —  Vinaigres.  —  Cidres. 

Vins.  —  La  période  d'activité  des  transactions  continue,  surtout  dans  le  Midi. 
Le  Languedoc  et  le  Bordelais  font  de  nombreuses  expéiitions,  le  Roussillon,  le 
Nantais,  le  Maçonnais  sont  le  théâtre  d'att'iires  suivies,  à  des  cours  modérés, 
mais  soutenus.  Le  gros  commerce  des  entre|iôts  s'est  décidé  à  faire  ses  achats; 
la  campagne  se  poursuit  donc  dans  des  conditions  normales.  —  A  Carcassonne, 
les  vins  foncés  ont  obtenu  une  faveur  de  2  à  3  fr.  par  hectolitre  sur  les  prix  de 
début.  —  A  Narbonne,  les  transactions  avec  les  maisons  étrangères  ont  été  assez 
actives;  les  vins  sur  place  sont  tenus  à  34  et  36  fr.  l'hectolitre;  on  demande 
même  37  et  3S  fr.  pour  les  qualités  exceptionnelles.  — A  Moissac,  les  vins  ordi- 
naires se  maintiennent  aux  prix  de  50  à  60  fr.;  les  meilleurs  vont  jusqu'à  70  et 
80  fr.  —  A  Nantes,  on  cote  les  muscadets  de  60  à  65  fr.  les  ordinaires  et  75  fr. 
les  supérieurs  ;  les  gros  i)lants  de  1884  sont  à  '30  et  32  fr.  sur  lie,  fût  compris. — 
Dans  l'Orléanais,  on  a  payé  la  pièce  do  226  litres  logée,  li  0  et  105  fr.  pour  les 
crûs  ordinaires,  et  110  et  120  fr.  les  meilleurs  crûs.  —  A  Dissangis  (basse  Bour- 
gogne!, les  vins  blancs  nouveaux  valent  50  fr.  la  feuillette  de  136  litres,  les  rouges, 
55  à  70  fr.  —  A  Lézignan  (Aude),  les  ventes  ont  donné  26  à  30  fr.  l'hectolitre. — 
Dans  la  Cùte-d  Or,  les  affaires  sont  relativement  peu  actives  :  les  passe  tout 
grains  de  la  côte  de  Dijon  et  de  Nuits  sont  tenus  de  145  à  185  fr  ;  les  gamays 
ordinaires  valent  90  à  95  fr.  ;  les  gamays  choix,  105  à  110  Ir.  la  pièce. 

Spiritueux.  —  Les  alcools  sur  la  place  de  Paris  ont  perdu  la  légère  faveur  que 
nous  signalions  la  semaine  dernière;  cependant  la  tendance  reste  ferme;  les 
fluctiialiuns  des  cours  sont  sans  ira[iorlance.  On  cote  les  trois-six  fins  du  Nord 
90  degrés  disfionibles  de  46  fr.  25  à  46  fr.  50  l'hectolitre;  les  livrables  décembre, 
45  tr.  75  à  46  francs  quatre  premiers  mois,  kë  fr.  25;  quatre  mois  chaud, 
46fr.  75.  Les  trois-six  du  Languedoc  90  degrés  disponihlessonttenusde  110  à  112fr. 
—  A  Lille,  l'alcool  de  betterave  disponible  vaut  42  fr.  —  A  Bordeaux,  les  trois- 


318  REVCIE  COMMERCIALE   ET  PRIX  COURANT 

six  fins  du  Nord  sont  tenus  à  53  fr.  l'hectolitre;  à  Marseille,  63  fr.  —  Les  trois- 
six  bon  goût  sent  cotés  à  Nimes,  98  fr.  l'hectol.  ;  à  Béziers,  103  fr.;  à  Pezenns, 
101  fr.  :  ci  Marseille,  105  i'r.  ;  à  Bordeaux,  113  fr.  —  Les  eaux-de-vie  nouvelles 
sont  offertes  au  prix  de  215  à  2^10  fr.  à  Cognac  ;  et  200 à  210  fr.  àLa  Rochelle  ;  les 
eaux-de-vie  pour  coupages  valent  100  fr.  I  liectol.  à  Cognac.  —  Les  marcs  con- 
servent leurs  prix  de  92  fr.  à  95  fr.  suivant  qualités  sur  les  place  du  Midi.  Dans 
la  Basse-Bourgogne,  les  eaux-de-vie  de  marcs  sont  toujours  rares  et  chères,  au 
prix  de  2C0  à  250  fr.  l'hectoliire 

Vinaiffres.  —  Sur  la  place  de  Bordeaux,  on  cole  les  vinaigres  pur  vin  blanc 
370  fr.  le  tonneau;  les  vinaigres  de  table,  195  fr  à  315. 

Pommes  à  cidre.  —  A  Evreux,  les  poinines  à  cidre  valent  4  Ir.  20  l'heclol.;  à 
Caudebec,  4  fr,  30  et  4  fr.  80;  k  Rouen  5  fr.  35;  à  Sillé-le-Guilhume,  3  fr.  30, 
en  hausse  sur'  tous  les  marchés. 

VI.  —  Sucres.  —  JTe'Jaçses.  —  Ficules.    —  Houblons. 

Sucres.  —  Le  marché  fst  lourd;  ainsi  que  pour  les  alcools,  la  hausse  acquise 
il  y  a  huit  jours  ne  s'est  pas  maintenue.  Voici  les  cours,  à  Paris,  par  100  kilog.,,, 
sucres  bruts  88  degrés  sacchiriinétriques  35  fr.  50;  sucres  blancs  99  degrés, 
41  fr.  à  41  fr.  25;  sucres  blancs  n"  i  disponibles,  42  fr.  50  à  42  fr.  75;  livrables, 
décembre,  42  fr.  75;  livrables  aanée  prochame,  43  fr.  2ià  44  fr.  75.  Les  rafiinés 
valent  100  ft.  à  101  fr,  les  loO  kilog,  à  la  consommation,  et  45  fr.  à  47  fr.  25 
pour  l'exportation.  Le  stock  do  rentrep(5t  réel  augmente  toujours  ;  il  était,  1b- 
17  novembre,  de  802,472  quintaux.  .\  Saint-Quentin,  les  affaires  ont  été  impor- 
tantes sus  les  sucres  blancs,  qui  se  sont  payés  42  fr.  50;  les  roux  valaient  35  fr. 
à  35  fr.  50.  —  A  Valenciennes,  les  sucres  bruts  88  degrés  valent  35  fr.  —  A  Lille, 
les  cours  sont  faiblement  tenus  à  31  fr.  75,  pour  les  roux,  et  42-  à  k'î  fr.  25  pour 
les  blancs.  —  A  Nantes,  on  cote  35  75.  —  Les  raffinés  valent  100-  à  112' fr.  les 
100  kilog.  à  Bordeaux,  103  à  104  à  Nantes.  105  à  109  Ir.  à  Marseille. 

Mélasses.  —  Sans  changement  à  Valenciennes,  au  prix  de  10  ir.  50  les  100  ki- 
log. :  à  Paris,  on  cote  9  fr.  à  9  fr.  25  les  mêlasses  de  fabrique,  9  à  10  fr.  celles 
d«  raffinerie. 

Fécules.  —  La  fécule  première  de  l'Oise  est  toujours  au  cours  de  26  fr.  les 
100  kilogr.,  à  Compiègne.  ^  A  Paris,-  la  fécule  sèche  vaut  de  2T  fr.  à  2T  fr.  50. 

Houblons.  —  La  baisse  s'est  encore  accentuée  sur  tous  les  marchés,  en  raison 
des  exportations  considéiables  de  houblons  américains  qui  ont  eu  lieu  en  Angle- 
terre. Dans  le  nord,  à  .Alost,  on  offre  de  la  marchandiseà  livrer  à  150  et  160  fr  les 
100  kilogr.  ;  à  Poperinghe,  on  cote  160  à  180  fr.  —  A  Nancy,  l'es  ache'eurs  sont 
rares  aux  cours  de  200  ir.  :  à  Biscliwiller,  de  110  à  130  i'r.  —  A  Dijon,  on  ne  paie 
pa.s  plus  de  180  à  200  fr.  Dans  plusieurs  centres,  la  moitié  de  la  réculte  est  encore 
invendue. 

VII.  —  Tourteaux.  —    JVoi'rs.  —  EiiQrais. 

Tourteaux.  —  Prix  soutenus  sans  changements.  On  cote  à  Arrai.-  tourteaux 
dœillelte,  15  fr.  50  les  100  kilog.-  de  colza  16  fr.  50-:  de  lia,  2'i  fr.;  de  cameliue,. 
15  fr.  50;  —  à  Rouen:,  colza,  15  fr.;  lin,  2;1  fr.;  — à  Caen,  colza  17  fr.;  — à 
Cambrai,,  colza,  16  fr.  50;  œillette,  14  fr.;  lin,,  21  à  22fr. ;  carneline,.  15  fr.  50. 

Noirs.  —  Ou  cotetoujonrs  à  Valenciennes  :  noir  animal  neuf  en  grains,  33  à36.fr., 
les;  100  kdog. ;  noir  vieux  grains,   10  à   12  fr.;  noir  d'engrais,  2  à  8  fr. 

Eingrak.  —  Voici  les  comrs  pratiqués  à  Masiiières  (Nord)  :  Nitrate  15  et  demi, 
à  li-<  pour  100  d'azote  24  fr.  les  100  kil.;  sulfate  d'ammoiùaqiue  disponible,  35  Ir..  50; 
chlorure  de  paLassium,,  20  fr.;  siiperphos jh:»le  pur  d'o-ti.  0  fr.  77  le  degré  d'acide 
(ihosphorique  soluble;  superpho.s^phite  blanc,  0  fr.  70  le  degré  ;,  nitrate  de.  potds.se, 
47  Ir,;  poudre  de  matières  organiques  7  à9  d'azote,  1  lir.  4=0,  le;  kilog.  d'azoUe». 

VIII.  —  Miitièri'S  résineuses  et  textiles.  —  Bo(<. 

Riisuies.  —  A  Bazas,  les  vieilles  gamrnes  sont  cotéas  20  ir.  les  250  litres  ;  les 
gemmes  nouvelles  système  Hugues,  2j  tr  ;  à  Viliaadraut,  les  gemmes  nouvelles 
valent  22  Ir. 

E^scncm.  —  .A  Bardeaux,  on  paye  l'essa.ice  Je  térébeulhine  50  fr.  et  à  Dax, 
46  fr.  les  100  kilog.  en  lùts. 

TeanUes.  —  L'is  lins  de  première  qualité  valent  1  fr.  50  les  2  kilog.  dajis  la 
Somme,  ceux  de  deuxième  qualité,  i  Ir    25. 

Uuis  de  lonueUerie.  —  Il  y  a  eu  des  ventes  assez  actives  à  Bordeaux  sur  les 
merrains  pour  barii[ues  qui  sont  cotés  comme  suit  :  les  1,616  douves  de  34  à 
35  pouces  de  longueur  :  12  à  14  lignes  d'épaisseur,  900  à  950  fr.  ;  l4  à  16  hgnes 


UKS   DENRKES   AGRICOLES   (22  NOVEMBRE    1884;.  319 

1.075    à  1,12J    ir.;   16    à    18  liicnes,    1 , 1 75  ;i  1 ,225  fr.  ;    18  à  20  lijnjs,   l,350à 
i.kihir. 

IX.  —  ^m'/"»  d  rorps  (jntx. 

Suifs.  —  Le  silir  irais  do  la  LouctiRrie  de  Paris  est  oa  Laisse  de  1  fr.  par  100 
kilog.  et  se  coie  80  fi-. 

Snindoux  —  Au  Havi-o,  les  saindonx  ont  uerdu  50  centimes,  au  cours  de 
52  fr.  50  les  50  liilog. 

X.  —  Beurre  .  —  Œufs.  —  Fromayes. 

Beurres.  —  On  a  veudu  peadaot  la  semaine,  à  la  hiUe  ds  Pxris  ;  2.17,902  kilnjr, 
de  beurres,  coLùs  au  dernier  marclié  :  en  iemi-kilog.,  1  IV.  80  à  A  Ir.  90;  pelit-- 
beurres,  1  fr.  58  à  3  fr.  32;  Gournay,  1  l'r.  86  à  4  fr.  16;  Isl^'iiy,  1  l'r.  U6  â 
8  fr.  22.  _      ^  '        " 

Œufs.  —  Los  vente-  se  sdhI  élevées  à  3,917,8'i5  reiTs,  aux  prix  suivants,  pir 
mille  :  clioix;  116  à  152  fr.;  orllnairns,  88  à  112  Ir.;  les  petils^  5i  à  6i  fr. 
.K'.   —  Chevaux.  —  Uetail.  —  Vinnde. 

Bélni.i.  —  FjH  lableiu  laivant  rés;iue  le  lao  iiveUMit  i>ffiairtl  'lu  jaiir.-.iié  aux  bes- 
tiaux de  la  Villeiie,  du  jeudi  13  au  mardi  18  novembre  : 

Poi'la     Pru  (iiMihti.   'tu  vinn'***  nette  *'i"* 
Veinittâ  mav'en        pied  du 'jnHPdhe  du    17    n-'vembre 

Pour            Po(jir            En  k  quarlVars.     I"          '-'"               8'  ^^^u 

AmeHàs.       Paris,  l'eiterieux.  tot^l'le.  Jtvl.       H'^^'-  UUti.  qu.i  move". 

tiœiifs .=..447         »                ••  4."9i  :!*'»       1.64  i..V)  l.!i  1.14 

Vaclies I.I.m;         »                 .  l..">'7  2:i.'>       1  .ô'i  1.41  I    IS  I.St 

Taureaux :G7         •                "                 2?:!  ;ISS       H6       l.:tfi         1.26  I  .;f.S 

Veaux K,M'?        »                 ..  T.. .14  «2       1.9;       1   76         I..16  1.74 

Moutons :i:,';6i       »  »        â.,:i-tt  21.1     1  yi     i.;o       1   16        iiis 

t^orcs  (îr;i.s 6,6ô'J         «  •>  7, 4SI  82        I.S2       1.22  I.IK  I      -il 

Lts  arrivajîes  desmir.;hés  de  la  seaiaiiu  .sidii;)  Qjjseut,  co  0  Uti  il  s-uit  : 

Bœufs.  — Aisne.  16;  .AJiier,  6);  nali'ido<,  I.Û'fS;  Oharcnle,  31;  C.'i:ironte-Iiiférieure,  i'>  : 
Cher,  80;  Cote-(rOT,  \hl -.  ti'jles-du-Nord.  6;  Crejse,  Kl-  Deux-=îvres,  H;  Dordoi^ne,  68; 
Eure.  41;  Eure-et-Loir,  12;  Irilre,  :jl  :  Lobre,  Isl  :  L^ire-lnfécieurs,  26;  Lot,  18;  Lot-el- 
<j,ironne.  8;  Maine-et-Loire,  4'i.i;  iVUnclie,  282;  Mo-bih.in,  26:  Nièvrs,  385.;  Orne,  993: 
Saone-et-Loire,  37C  ;  .Santi»,  26;  .Saine-Inrè'-ieu'e,  31;  Tjrn-et-Garji;ne,  2't;  Vendée,  160; 
Haute-Vieane,    5;  Yonne,    3.5. 

Vaches.  —  AUier,  16;  Aulie,  5;  Ca4val.).<,  32t  ;  Cantal.  .=i"  ;  Cner,  23;  Côle-d'Or.  71; 
Creuse,  16  ;  Doubs,  3;  Eure,  2i;  Eure-et-Loir,  15  ;  Loirj.  2  ;  H.iul.!-Loire.  10  .  Loire-Inféi  ieure, 
16  :  Loiret,  3;  Mancli".  244:  .Marne,  2:  Haute-Marne.  8;  Ni.'.-vre,  187,. Orne,  273;  Puy-de-Dôme, 
23;  Saô:ie-et-LDirÊ.  81;i5arlliH.  19;S;iue.  102;  Seine-tnlerieuri;.  1  1  ;  Seine-et-Mariie,  14;  Sauie- 
el.-Oise,  22;  Haule-Vieirae,   11  :  Ynaciie,  2i,i. 

Taureaux.  —  Ain.  4,  Allier,  17;  Aube,  1  ;  (ialvidos.  27;  Cher,  3;  Cùte-d'Or,  3;  CôJes-du- 
7\'ord,  7  ;  Doubs,  6;  Eure,  Il  ;  Eure-ei-Loir,  3;  lUe-et-Vilaine,  8;  Loiret,  3  ;  M.tirke-ct-Loire,  10  ; 
Manche,  56;  Marne,  2;  Haute-Marne,  12:  Mayenne,  21  ;  Meu-e,  13;  .Nii:vre.  19  :  O'ne.  13; 
Saône-et  Loire,  5;  H.iule-Saô'ie,  7;  Sartlie ,  1;  Seino-et-Marne,  H;  Séi-ne-et-Oise,  8: 
Yonne,    8. 

Fn(iM.r.  —  Aubp,  320;  Avevron,  H'6:  ralvado"!,  ?4  ;  Cantal,  30;  Eure.  ÎM  ;  Eure-et-Loir, 
339;  Loiret,  155;  Manche,  19;  Marne,  78;Oise,  ô,S  ;  l'uy-ile-Uôine.  1,6;  Sarlhe,  37  ;  Seine- 
Inlerieure,    41;    Sein  ■  Pt-M.irne,    :i34;    .Seiiie-et-Oi-,e,  27:    Yonne,    106. 

Uoutims.  —  Aisne,  nS.l:  Allier.  1,55<);  Anbe,  741;  Camal,  1,035:  tCher,  397;  :C4ta-dl,0r, 
193;  Creuse,  210;  licux-Sc-vre.*.  412  :  fiur(-e.l-.Loir,  433;  Indre,  141  :  ludre-et-LoIre.,  73.;  U-dnae, 
716;  .ileurlhe-el-.M..sa|lc,  445  ;  Meuse,  162;  .Mèvre,  701:  Nord,  114  :  Oise,  90:  l'iiy-de-Dôm".  478: 
.Seine,  74  ;  Seine-et-.Mirne,  1.861  rieine-Oise,  2,491  ;  Allemagne,  1 1,758;  Autriche.  222; 'Hoiig-r.e, 
8,101;  Italie,  412;  Rii-sie,  4.826;   Va'acbie,  167. 

/'orcv.  —  Allier,  812;  Calvïdos.  23  ;  Cliarenle.  241  ;  Cher.  292;  Côte-d'Or.  63  ;  Côtcs-dn  ■ 
Nonl,  51;  Creuse,  312;  Den\-.Sèvres  79  :  III.' el-Vilaine,  181  ;  Indre. '|82-  Loire-Inléneurc,  311; 
Loir-el-Cber,  119;  Mame-el-Loire,  .S39,  M.inche,  46  ;  Mayenne  KS;  Nièvre,  399;  Saône-et-l.oire, 
96:  Sarlhe  1,703;  Seine,  3;  Seine-lnl^rijurtf,  2;.  Venlée,  Ta[  ;  Vienne,  227;  Haule- 
Vionne,    74. 

Les  arrivages  ont  été  à  peu  près  les  mêmes  que  la  semaine  dern-êre,  sauf  pour 
les  moutons  et  les  porcs,  qui  ont  été  sensiMement  moins  -nombreux.  Les  |iri.\ 
sont  plus  élevés  pour  toutes  les  sortes.  —  Sur  les  ma  relié..!  d-'s  dépHriements,  on 
cote  :  Arras.  bœuT,  0  fr.  95  à  1  Ir.  le  kilo,^.:  vache.  0  fr.  85  à  0  fr.  95.  —  /(«((.»«, 
Lœiif,  1  tr.  60  à  1  fr.  80;  vache,  1  fr.  45  à  1  fr.  75;  veau,  1  fr.  50  à  1  f.-.  85- 
mouton,  1  fr.  75  h  2  Ir.  06;  porc,  1  fr.  05  à  1  fr.  30.  —  Nancy,  bœuf,  86  à 
89  fr.  les  1  00  kiloir.  bruts;  vache,  60  à  85  ir.;  veau,  56  à  63  fr.;  mouton,  80  à 
95  fr.;  porc,  63  à  67  fr.  —  Erreux,  bœuf,  2  fr.  10  le  kilog.  ;  veau,  2  fr.  30; 
mouton,  2  fr.  3);  porc,  1  fr.  70.  —  Loaviers,  bœuf,  1  fr.  40  à  2  fr.;  veau,  2  fr. 
à  2  fr.  40;  mouton,  2  l'r.  à  2  fr.  40;  porc,  1  fr.  80  à  2  fr.  —  Hergun,  vache, 
I  fr.  70;  veau,  1  fr.  85;  mouton,  1  fr.  90;  porc,  0  fr.  85.  —  D//'«i,  veau,  1  fr  à 
1  fr.  20:  mouton,  1  fr.  30  à  1  fr.  40;  porc,  0  fr.  80  à  0  fr.  90.  —  Muninrgh, 
veau,  1  fr.  70  à  2  IV.  10;  mouton,  1  fr.  80  à  2  IV.  10   —  Le  il/a 'li',  vache,  1  fr.  48 


320        REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT  (22   NOVEMBRE  1884). 

à  1  fr.  58;  veau,  1  fr.  80  à  1  fr,  90;  mouton,  I  fr.  85  à  1  fr.  95.  —  Nantes  bœuf, 
G  fr.  80;  vache,  0  fr.  77;  veau,  1  fr.  15;  mouton,  0  fr.  98.  —  Barbezieux,  bœuf, 
1  fr.  60  k  1  fr.  80  ;  veau,  1  fr.  80;  mouton,  1  fr.  40  à  1  fr.  60  ;  porc,  I  fr.  40  à 
1  fi._  60  —  Moulins,  bœuf,  0  fr.  90;  vache,   0  fr.  80;  veau,  I    fr.  àl  fr.  10;  porc, 

0  fr.  75  à  0  fr.  85. —  Rodez,  bœuf,  72  fr.  les  100  kilog.  sur  pied;  vache,  62  fr.  50; 
ve^u,  75  fr.  ;  mouton,  70  fr.;  porc,  86  fr. — ViUefranche  (Rhône),  bœuf,  1  fr.  35; 
vache,  1  fr.  25;  veau,  1  fr.  75;  mouton,  1    fr.  65;  porc,  1  fr.  45.  — Nice,  bœuf, 

1  fr.  55  à  1   fr.    60;  vache,  1  fr.  35  à   1  fr.   40;  veau,    1  fr.  55  à   1    fr.  60. 

A  Londres,  les  importations  d'animaux  étrangers  ont  été,  durant  la  seraaine- 
de  2,965  bœufs,  821  veaux,  10,7^3  moutons,  45  porcs,  dont  174  bœufs  et  389  mouà 
tons  de  Boston,  et  272  bœufs  de  New-York.  —  Prix  par  kilog.  :  bœuf,  1  fr.  .ik  . 

2  fr.;  mouton,  1  fr.  73  à  2  fr.  25  ;  veau,  1  fr.  83  à  2  fr.  06;  porc,  1  fr.  20  à  1  fr.  55 

Viaiideà  la  criée. —  Il  a  été  vendu  à  la  halle  de  Pans,  du  10  au  16  novembre  ; 

Prix  do  kilog.  le  16  novembre. 

kilog.  I"  quai.              2*  'lual.             3"  quai.               Clion.     Basse  3ouoherie. 

Bœufou  vaclie...   156,102  l.CG  à  2  08     1.4i  à   Mii     1.04  à  1.4-2     1.56  à  2.80  0.20  à  1.36 

Veau      154,736  1.78       2.14     1.56       1.76     1.20       1.54       .             ..         »             > 

Mouton 79,998  1.48       1.70     1.26       1.46     1.04       1.24     1.50      3.30     » 

Porc 69,946  Porc  frais 1 .14  à  1.34;  salé,  1 .40. 

460,782  Soit  par  jour 65,826  kilog. 

Les  ventes  ont  été  inférieures  de  900  kilog.  par  jour  à  celles  de  la  semaine  der- 
nière. Les  prix  sont  en  hausse  sur  toutes  les  sortes  et  qualités. 

XII. Cours  de  la  viande  à  l'abattoir  de  la  VtUelte  du  jeudi  20  n'jvemhre  {par  50  kilog.) 

Cours  de  la  charculerie.  —  On  \rend  à  la  Villette  par  50  kilog.  :  1"  qualité, 
63  à  6b  fr.;  2",  55  à  62  fi*.  Poids  vif,  44  à  48  fr. 

Bœufs.  Veaux.  Moutons. 

(..                 t?                3*  1"                 2'                  3-     '             1"                  î* 

Qual             quai.           quaU  quai.           quai.           quai.           quai.           quai.            quai. 

fr  ■             fr                 fr.  fr.                fr.               fr.               fr.                 fr.               fr. 

,S0              73              65  105               98               90             82                75              67 

Xlil.  —  Marché  aux  bestiaux  de  la  Villette  du  jeudi  20  novembre  1884. 

Cours  des  commissionnaires 
Poids  Cours  officiels.  en  bestiaux. 

Animaux  gênerai.  I"        2-  3-  Prix  f        2'  3'.  Prix 

amenés        Inrendus.         kil.  quai.  quai.  quai,  extrêmes.       quai. quai.  quai.  extrêmes 

Bœufs   ...     2  !i\l'  m  348  1.6i  1.50  1.24  I.20à!.6S  1.62      I    48  1.22  I.ISàl   6S 

Vaches   ....          73i  il  '34  :.b6  1.40  1   20  1.12      1.60  1.54     1.38  I.IS  I.IO     1   58 

Taureaux...          140  il  38s  ■.   46  i.3S  l   26  1.20     1.50  1.41     1    34  1.24  1    18     1   48 

Veaux 1.472  370  76  1    84  1    64  1   44  I    30     2  00         •              »  »  » 

Moutons 15  929  507  19  1   94  1 .  74  1    54  !   43     1   9S          •              •  »  » 

Porcs  gras..     4.813  128  8o  i.îd  l.!0  1.16  .08     i.3o        >            .  •  ■ 

—  maigres..           »  »  ...»-..... 

Vente  lente  sur  le  gros  bétail,  assez  facile  sur  les  autres  espèces. 

XIV.  —  Résume. 
En  résumé,  la  situation  commerciale  est  assez  bonne  pour  les  vins,  et  ordinaire 
pour   les  autres  denrées.  Les   houblons  seuls  voient  décroître  leurs   cours  d'une 
manière  continue.  A.   Rémy. 

BULLETIN  FINANCIER 

Les  cours  des  fonds  publics  sont  en  hausse  depuis  huit  jours.  Les  rentes  fran- 
çaises sont  cotées  comme  suit  :  3  pour  100,  78  fr.  .'-0;  --  3  pour  100  amor- 
tissable, 79  fr.  tO;  —  4  et  demi  pour  100  ancien,  104  fr.  10;  —  4  et  demi  pour 
100  nouveau,  i07  Ir.  75. 

Les  actions  des  établ.ssements  de  crédit  sont  également  mieux  tenues.  On 
cote  :  Banque  de  France,  5,190  fr.;  Banque  de  Paris  et  des  Pays-Bas,  722  fr.  50; 
Comptoir  d'escompte,  955  fr.  ;  Crédit  foncier  et  agricole  d'Algérie,  485  fr.  ; 
Crédit  foncier,  I,;i0ûfr.;  Banque  d'escompte  de  Paris,  520  fr.;  Ciédit  lyonnais, 
520  fr.  Société  de  dépôts  et  comptes  courants,  615  fr.  ;  Société  générale, 
452  fr.  10  —  Actiona  des  chemins  de  fer  :  Est,  760  fr.  ;  Paris-Lyon-Méditer- 
ranée, 1,210  fr.;  Midi,  1,160  fr.;  Nord,  1,640  fr.;  Orléans,  1,315  fr.;  Ouest, 
828  fr.  75. 

Taux  de  l'escompte  à    la  Banque  de  France,  3   pour  iOO:  inléiêt  des  avances, 

4  pour  100. E.  FëRON. 

Le  Genml  :  A.  BouuiiÉ. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (29  novfoibre  i,ss.'o. 

Arrivée  de  l'hiver.  —  Les  travaux  de  la  saison.  —  Produit  brut  de  la  rfcolte  du  froment  pendant 
les  trois  dernières  années.  —  Extension  de  l'agitation  agricole.  —  Réunion  de  l'Allianoe  des 
fermiers  anglais.  —  Discussion  à  la  réunion  des  délégués  des  Sociétés  agricoles  provoquée  par 
la  Société  des  agriculteurs  de  Frani-e.  —  Votes  émis  relativement  aux  tarifs  de  douane.  — 
Réponses  du  Comice  agricole  de  Châlellerault  au  questionnaire  du  groupe  agricole  de  la 
Cliamlire  des  députes.  —  Vœux  de  la  réunion  des  membres  du  la  Société  des  agriculteurs  de 
France  appartenant  au  département  de  la  Vienne.  —  Rapjjort  de  M.  Ducliilaux  au  Comice  de 
Reims  sur  la  situation  de  l'agricdlure.  —  Klude  de  M.  Barrai  sur  l'agriculture  et  les  irriga- 
tions dans  la  Haute-Vienne.  —  Recherches  de  M.  Paul  de  Oasparin  sur  les  gites  phosphatés 
dans  le  sud-est  de  'a  France.  —  La  chaire  de  sylviculture  à  l'Institut  national  agronomique. 
—  Ouverture  de  concours  pour  des  chaires  départementales  d'agriculture  en  lUSh,  —  La  ren- 
trée de  l'école  nationale  d'agriculture  de  Montpellier.  —  Le  phylloxéra.  — Concours  ouvert  par 
la  Société  d'agriculture  de  l'Aude.  —  Conférence  de  M.  Millardet  sur  les  vignes  américaines.  — 
Concours  de  greffage  de  la  vigne  dans  le  Var.  —  Nouvelles  expériences  de  M.  Rornniier  sur 
l'action  de  la  levure  de  vins  cultivée.  —  Sucrage  des  vendanges.  —  Lettre  de  M.  de  Saint- 
ïrivier.  —  Concours  d'animaux  de  boucherie  à  Rourges.  -^  Concours  d'animaux  gras  en  Angle- 
terre. —  La  dentition  des  animaux  de  concours.  — Journal  de  la  Société  royale  d'agriculture 
d'Angleterre.  —  Kludes  de  MM.  Larvez  et  Gilbert  sur  la  culture  continue  du  froment  et  sur 
l'emploi  de  divers  engrais.  —  Société  d'acclimatation.  —  Pépinières  forestières  de  MM.  Cannon 
et  Brace.  —  Hommage  à  la  mémoire  de  Duhrunfaut.  —  La  campagne  sucrière.  —  Agenda  du 
fabricant  de  sucre  par  M.  Spenlé.  —  Rapports  au  Comice  de  Saint-Quentin  sur  la  sucrerie  et  la 
betterave  en  Allemagne.  =  Notes  de  M.M.  Bronsvick,  de  Lentdhac  et  Allier  sur  la  situation  des 
récoltes  dans  les  départements  des  Vosges,  de  la  Dordogne  et  des  Hautes-Alpes. 

I.  —  La  situation. 
Rien  de  nouveau  ne  s'est  produit  depuis  huit  jours,  sinon  l'arrivée 
définitive  de  l'iiiver,  laquelle  s'est  manifestée  par  un  refroidissement 
soutenu  de  la  température  et  par  des  chutes  de  neige,  plus  ou  moins 
importantes  suivant  les  régions,  sérieuses  surtout  dans  les  départe- 
ments  de  l'Est.   Toutefois,  les  travaux  des  champs  n'en  ont    pas  été 
interrompus,  et  on  les  achève  presque  partout  dans  des  conditions  qui 
donnent  les  plus  belles  promesses  pour  l'avenir  des  nouvelles  réeoltes.  11 
faut  ajouter  que,  dans  un  certain  nombre  de  localités,  on  se  borne  aux 
travaux  indispensables,  et  que  beaucoup  de  cultivateurs  ont  pris  la 
résolution  de  remettre  à  de  meilleurs  jours  les  entreprises  d'entretien 
ou   d'amélioration   qui  ne    sont  pas  absolument   indispensables.   On 
espère  diminuer  ainsi  les  frais  de  main-d'œuvre  et  réduire  d'autant 
les  dépenses  de  l'exploitation.  Poumons,  c'est  un  mauvais  calcul;  car 
il  faudra  toujours  en  arriver  à  exécuter  ces  travaux,  et  ils  coûteront 
alors  d'autant  plus  cher  qu'ils  auront  été  davantage  retardés.  Quelque 
dure  que  soit  la  situation,  on  ne  doit  pas  se  laisser  aller  au  décourage- 
ment. Malgré  la  lenteur  calculée  que  la  Commission  de  la  Chambre 
des  députés  apporte  à  l'examen  de  la  réforme  des  tarifs  de  c'ouane,  il 
faudra  bien  que  la  question  aboutisse,  et   cela  dans  un  avenir   pro- 
chain. C'est  surtout  des  droits  sur  les  céréales  que  les  agriculteurs  se 
préoccupent.  Il  suffît  de  quelque  réflexion  pour  comprendre  combien 
leurs  réclamations  sont  justes  et  fondées.  Dans  un  précédent  numéro, 
nous  avons  publié,  d'après  le  Journal  officiel,  l'évaluation  approxima- 
tive de  la  récolte  du  froment  en  1884.  Si  l'on  compare,  d'une  part,  le 
rendement  des  trois  dernières  années,  et  d'autre  part  les  prix  de  vente, 
on  constate  que  le  produit  brut  en  argent  de  la  récolte  de  1882  a  été  de' 
2,400  millions  de  francs,  tandis  que  celui  de  1883  a  été  de  1 ,980  mil- 
lions, et  que  celui  de  ISS-'i   ne  dépasse  pas  1,750  millions  au  maxi- 
mum. De  1882  à  18813,  la  diminution  du  produit  a  été  de  450  millions 
pour  la  seule  récolte  du  froment,  et  de  1883  à  1884,  la  chute  est  encore 
de  230  millions;  et  l'on  ne  peut  pas  dire  que  les  intempéries  ont  été 
la  cause  de  ce  véritable  efîondrement  ;  au  contraire,  les  récoltes  ont  été 
bonnes.  Nous  ne  cesserons  de  le  répéter,  il  y  aaujourd'hui  un  excès  de 
production  du  blé,  qu'aucune  puissance  humaine  ne  pourra  arrêter; 
ces  circonstances  ont  placé  l'agriculture  européenne  dans  une  situation 
telle  qu'on  doit  recourir  à  des  mesures  exceptionnelles  pour  lui  per- 

N°  816.  —  Tome  IV  de  1884.  —  29  Novembre. 


322  CHRONIQUE  AGRICOLE    (29  NOVEMBRE    1884). 

mettre  de  reprendre  son  équilibre  détruit.  Ce  n'est  pas  seulement  en 
France  que  ces  questions  s'agitent;  elles  inquiètent  tous  les  pays  euro- 
péens. Allez  en  Allemagne,  en  Belgique,  en  Angleterre,  partout  vous 
trouverez  les  mêmes  préoccupations.  L'Alliance  des  fermiers  anglais  a 
tenu,  la  semaine  dernière,  à  Londres,  une  grande  réunion  qui  s'est  ter- 
minée par  un  vote  en  faveur  d'une  réduction  immédiate,  générale,  du 
taux  des  fermages,  aussi  bien  pour  les  prairies  que  pour  les  terres 
arables.  Voilà  oîi  l'on  en  est  dans  le  pays  dont  l'agriculture  a  été  don- 
née jusqu'ici,  et  avec  raison,  comme  modèle  à  tout  l'ancien  monde. 

IL  — Réunion  des  délégués  des  Sociétés  agricoles. 
Ainsi  que  nous  l'avons  annoncé,  la  réunion  des  délégués  des  So- 
ciétés agricoles,  provoquée  parla  Société  des  agriculteurs  de  France, 
s'est  tenue  à  Paris  le  20  et  le  21  novembre.  Nous  publions  plus  loin 
(page  S'il)  le  discours  prononcé  par  M.  le  marquis  de  Dampien'e, 
président.  La  réunion  éiait  nombreuse,  et  les  discussions  ont  été  sui- 
vies avec  assiduité  ;  elles  n'ont  pas  ajouté  de  nouveaux  faits  à  ceux 
qui  ont  été  mis  déjà  en  lumière;  mais,  malgré  quelques  exagérations 
regrettables,  elles  ont  montré  l'unanimité  presque  complète  qui  règne 
parmi  les  cultivateurs.  Parmi  les  principaux  orateurs  qui  ont  pris  part 
à  la  discussion,  nous  devons  citer  MM.  Pouyer-Quertier,  IMarc  de  Haut, 
de  Monicault,  Gatellier,  Le  Breton,  de  Poncins,  Teyssonnière,  etc. 
M.  le  président  a  communiqué  aussi  une  lettre  de  M.  Paul  de  Gas- 
parin,  dont  nos  lecteurs  ont  lu  les  remarquables  articles  sur  la  ques- 
tion. L'assemblée  a  repoussé  un  vote  qu'on  lui  proposait  pour  un  retour 
à  l'échelle  îDobile;  sur  le  rapport  de  M.  Iloudailie  de  UaiUy,  elle  a 
demandé  la  fixation  des  tarifs  de  douane  ci-après  : 

Blé,  5  fr.  par  cfuinUd  métrique; —  seigle,  avoine,  orge,  mais.  3  fr.  —  Farine 
de  toute  nature,  9  ir. 

Bœufs,  'iO  Ir.  par  tète  ;  —  taureaux  et  vaches,  40  fr.  ;  —  tauriilons,  bouvil- 
lons  et  génisses  ayant  encore  des  dents  de  lait,  20  fr.  ;  —  moutons,  7  fr.  ;  — 
porcs,  15  fr.;  —  porcs  de  lait,  3  fr.  ;  — ■  chevaux,  70  fr.  ;  —  poulains  ayant 
encore  des  dents  de  lait,  35  fr. 

Viandes  fraîches,  20  fr.  par  quintal  métrique;  —  viandes  salées,  ^5  fr. 

C'est  à  l'unanimité  que  ces  votes  ont  eu  lieu.  Toutefois,  nous  de- 
vons signaler  une  protestation  écrite  en  faveur  du  régime  douanier  ac- 
tuel, adressée  par  M.  Fernand-ILioul  Duval,  membre  de  la  Société  na- 
tionale d'agriculture,  agriculteur  à  MaroUes  (Indre-et-Loire). 

III  —  Vœux  des  associations  agricoles. 
Dans  sa  réunion  générale  du  6  novembre,  le  Comice  agricole  de 
l'arrondissement  de  Châtellerault  (Vienne),  sous  la  présidence  de 
M.  de  la  Massardière,  membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture,  a 
adopté  le  rapport  préparé  pour  répondre  à  l'enquête  parlementaire 
sur  la  situation  agricole.  Ce  rapport  se  termine  par  les  vœux  suivants  : 

l»  Que  les  produits  agricoles  étrangers  soient  frappés  de  droit.s  d'entrée  suffi- 
sants pour  compenser  les  droits  de  toute  nature  qui  grèvent  les  produits  agri- 
coles français  ;  et  que  les  ressources  provenant  de  ces  droits  soient  employées  à 
alléger  quelques-uns  des  impôts  qui  pèsent  le  plus  lourdement  sur  notre  agri- 
culture. 

2°  Que  l'agriculture  soit  représentée  conformément  aux  vœux  émis  (lors  de  Sa 
dernière  session    annuelle)  par  la  Société  des  agriculteurs  de  France. 

3"  :  1°  Que  l'enseignement  agricole  ait  une  large  part  dans  les  écoles  primaires 
des  campagnes,  surtout  qu'il  soit  pratique  et  que  les  bibliothèques  scolaires 
■reçoivent  de  bons  livres  élémentaires  d'agriculture:   2"  que,  par  suite  de  l'excel- 


CHRONIQUE  AGIUCOLR  {29  NOVEMBRE  188i).  323 

lente  création  do  professeurs  d'af^iiciilturu  départementaux,  les   cours  faits  pa 
ces  professeurs  soient  assidûment  suivis  par  tous  les  élèves  des  Ecoles  normales 
et  cju'à  leur  examen  de  sortie  on   tienne  un  compte   s-érieux  de  leur  instruction 
agricole. 

4"  Que  les  centimes  additionnels  soient  réduits  et  ne  puissent  être  établis,  à 
l'avenir,  sans  le  concours  des  plus  imposés. 

5"  Que  les  charges  qui  >{révent  la  fortune  immobilière  ne  soient  pas  plus  impor- 
tantes que  celles  grevant  la  fortune  mobilière. 

6"  Que  les  tarifs  provisoires  de  pénciraiion  soient  abolis. 

7°  Que  les  objeis  de  consommation  destinés  aux  approvisionnements  do  l'Etat 
soient  toujours  de  provenance  iiatio)iale. 

La  réunion  départementale  des  membres  de  la  Société  des  ai^ricul- 
teurs  de  France  appaiienant  à  laViennea  eu  lieu  le  I  5  novembre  à  Poi- 
tiers, avec  la  Société  déj3artementale  d'agriculture,  sous  la  présidence 
de  M.  de  la  Rîassardière.  Les  réponses  au  c[uestionnaire  du  groupe 
agricole  delà  Cbambredes  députés  ont  été  adoptées  comme  il  suit  : 

«  II  n'y  a  que  les  droits  de  douane  çfficacenient  appliqués  qui  puissent  adoucir 
la  crise  agricole. 

oc  Lea  droits  doivent  porter  sur  tous  les  produits  du  sol  sans  exception.  L'aug- 
mentation doit  porter  sur  le  bétail. 

«  On  doit  assigner  à  cette  augmentation  une  durée  temporaire,  mais  la  conserver 
tant  que  la  situation  l'exigera. 

«  Inutile  d'établir  en  France  diverses  régions.  L'agriculture  française  comme 
celle  d'Algérie  supportant,  à  des  points  de  vue  ditlérents,  il  est  vrai,  des  souf- 
frances analogues. 

«  Faire  subir  aux  produits  étrangers,  sans  distinction,  le  chiffre  des  impôts  de 
toute  nature  dont  les  produits  agricoles  français  sont  grevés.  —  Soit,  35  pour  100 
du  revenu  net. 

«  L'augmentation  des  prix,  au  point  de  vue  de  l'alimentation  publique  sera  in- 
sigifiante. 

«  La  consommation  et  la  production  n'ayant  c[u'à  se  féliciter  des  dispositions 
qui  seraient  prises,  l'administration  n'aurait  nullement  à  intervenir. 

«  La  ruine  de  l'agriculture  et  de  l'industrie  françaises,  serait  la  consécpience 
du  statu  quo. 

«  L'augmentation  des  revenus  de  l'Etat  serait  la  conséquence  de  l'élévation  des 
droits  do  douane. 

«  Les  ressources  provenant  de  cette  augmentation  de  revenus  devront  servir 
au  dégrèvement  des  charges  qui  pèsent  si  lourdement  sur  l'agriculture,  mais  par- 
ticulièrement :   abolition  des  prestations  et  abaissement  des  droits  de  mutation. 

a  Suppression,  s'il  était  possible,  des  intermédiaires.  Mais  c'est  une  utopie.  » 

Ces  réponses  ne  diffèrent  de  celles  adoptées  par  le  Comice  de  Chà- 
tellerault  que  sur  deux  points  :  ce  Comice  dematide  le  retour  à  la  taxe 
sur  le  pain  et  la  viande,  et  il  est  opposé  ù  l'élévation  des  droits  de 
douane  sur  le  bétail  propre  à  l'élevage. 

Nous  devons  signaler  aussi  un  rapport  de  M.  Duchataux,  président 
honoraire  du  Comice  de  Reims,  sur  la  situation  de  l'agriculture.  Ce 
rapport  conclut,  comme  la  plupart  de  ceux  que  nous  avons  déjà  signa- 
lés, à  l'égalité  du  traitement  entre  l'agriculture  et  l'industrie. 

IV.  —  L'agriculture  dam  la  Haute-  Vienne. 

Nous  avons  dit  que  M.  Barrai  corrigeait,  dans  les  semaines  qui  ont 
précédé  sa  mort,  les  dernières  épreuves  d'un  rapport  important  sur 
l'agriculture  et  les  irrigations  dans  la  Haute-Vienne.  Ce  rup))orl,  écrit 
à  l'occasion  de  deux  concours  spéciaux  d'irrigation  et  du  dernier  con- 
cours de  la  prime  d'honneur  dans  ce  département,  est  publié  par  le 
ministère  de  l'agriculture;  il  vient  de  paraître,  et  on  en  lira  plus  loin 
(p.    334)  la  préface.  Nous  n'avons  pas  à  en  faire  l'éloge  ;  mais  nous 


324  CHRONIQUE  AGRICOLE  (29    NOVEMBRE   1884). 

devons  constater  que  jamais  élude  plus  complète  d'un  départe- 
ment français  n'a  été  publiée.  On  n'y  trouve  pas  moins  de  S9  mo- 
nographies de  fermes,  dont  un  certain  nombre  sont  très  détaillées. 
Une  étude  comparative  de  la  composition  des  fourrages  obtenus  dans 
les  terres  granitiques  du  Limousin,  et  de  ceus  récoltés  dans  les  terres 
calcaires  du  Midi,  donne,  en  outre,  à  cet  ouvrage  une  valeur  scien- 
tifique spéciale  sous  le  rapport  des  recherches  sur  la  physiologie  végé- 
tale. 

V. —  Les  gtlcs  phosphatés  en  Fiance. 

Dans  sa  séance  du  17  novembre,  l'Académie  des  sciences  a  reçu 
une  intéressante  communication  de  M.  Paul  de  Gasparin  sur  les  gîtes 
phosphatés  dans  la  région  du  sud-est  de  la  France.  Dans  cette  note, 
l'éminent  chimiste  s'occupe  spécialement  de  l'origine  de  l'acide  phos- 
phorique  accumulé  dans  les  fossiles  et  les  coprolythes  du  gault.  Pour 
lui,  l'hypothèse  la  plus  plausible  est  celle  qui  attribuerait  l'accumula- 
tion de  l'acide  phosphorique  dans  les* fossiles  à  une  filtration  prolon- 
gée d'eau  contenant  des  phosphates  solubles  à  travers  un  calcaire  poreus 
rencontrant  là  une  place  d  élection  pour  la  fixation  de  l'acide  phospho- 
rique. Quant  à  l'origine  des  eaux  incrustantes  phospiiatées,  il  estime 
qu'il  faut  la  rapporter  aux  convulsions  volcaniques  des  massifs  mon- 
tagneux ;  pour  les  gîtes  de  la  rive  droite  du  Rhône,  c'est  des  mon- 
tagnes des  Cévennes  que  ces  eaux  auraient  pu  soi'tir. 
VI.  —  Inslitut  national  agronomique. 

Le  Journal  officiel  annonce  que,  par  arrêté  en  date  du  '21  novembre 
courant,  le  ministre  de  l'agriculture  a  déclaré  vacante  la  chaire  de 
sylviculture  à  l'Lislitut  national  agronomique.  Un  délai  de  20  jours 
est  accordé  aux  candidats,  à  dater  de  la  publication  de  la  présente  note, 
pour  produire  leur  demande.  Les  candidats  devront  adresser  cette 
demande  au  ministre  de  l'agriculture,  en  y  joignant  :  1°  leur  acte  de 
naissance;  2"  un  certificat  constatant  qu'ils  ont  satisfait  à  la  loi  sur  le 
recrutement;  3°  un  projet  de  programme  du  cours  tel  qu'ils  entendent 
que  le  cours  doit  être  professé  a  l'Institut  agronomique;  4"  une  notice 
faisant  connaître  leurs  titres  et  les  travaux  qu'ils  auraient  publiés; 
5°  deux  exemplaires  de  leurs  travaux  imprimés. 

"VII.  —  Chaires  dcparternenlales  cT agriculture. 
Des  concours  seront  ouverts,  en  1885,  dans  16  départements,  pou  r 
l'emploi    de   professeur    départemental   d'agriculture.    Ces    concours 
seront  répartis  entre  deux  sessions,  comme  il  suit  : 

Première  session.  Jura,  6  avril.  —  Aisne,  7  avril.  —  Saône-et-Loire,  13  avril. 
—  Oise,  14  avril.  —  Cantal,  20  avril.  —  Haute- Vienne,  27  avril.  —  Charente, 
4  mai.  —  Charente- Inférieure,  11  mai.  —  Nord,  15  mai.  —  Meurlhe-et-iMoselle, 
20  mai.  —  Vosges,  26  mai.  — Haute-Saône,  l'-^juin. 

Deuxième  session.  —  Haute-Savoie,  3  août.  —  Vaucluse,  10  août.  —  Var, 
17  août.  —  Alpes-Maritimes, '24  août. 

Les  candidats  devront  être  âgés  de  vingt-cinq  ans  au  moins.  Ils 
adresseront  leur  demande  au  ministre  de  l'agriculture  par  1  intermé- 
diaire du  préfet  de  leur  département,  au  moins  un  mois  avant  la  date 
fixée  pour  l'ouverture  du  concours.  Ils  y  joindront  : 

1°  Leur  acte  de  naissance,  un  certificat  de  bonne  vie  et  mœurs  et  un  certificat 
constatant  qu'ils  ont  satisfait  à  la  loi  sur  le  recrutement  ; 

2°  Une  note  faisant  connaître  leurs  antécédents,  ainsi  que  les  travaux  auxquels 
ils  se  sont  particulièrement  livrés; 


CHRONIQUE   AGRICOLE    (29  NOVKMRKE    I88i).  325 

3°  Leurs  titres,  diplômes,  et  deux  exemplaires  au  moins  des  livres,  mémoires,  etc., 
qu'ils  ont  publiés. 

Chaque  candidat  ne  pourra  se  faire  inscrire,  dans  la  même  session, 
que  pour  un  seul  concours,  à  son  choix. 

VIII.  —  Ecole  nationale  d'agricullum  da  Montpellier. 

La  deuxième  session  d'examens  à  l'école  nationale  d'agriculture  de 
Montpellier  a  eu  lieu  le  lundi  17  novembre.  Le  nombre  des  candidats 
qui  se  sont  présentés  aux  deux  sessions  s'est  élevé  à  85,  sur  lesquels  G9 
ont  été  admis;  ce  qui  porte  l'erfectit' total  de  l'école  à  135  étudiants, 
déduction  faite  de  ceux  qui  sont  en  congé. 

IX.  —  Le  phylloxéra. 

On  trouvera  plus  loin  (page  340)  les  instructions  pratiques  pour  le 
badigeonnage  des  vignes  phylloxérées,  que  M.  Balbiani  vient  de 
publier  sur  la  demande  du  ministre  de  l'agriculture. 

Nous  avons  annoncé  qu'un  concours  d'appareils  propres  au  traite- 
ment des  vignes  phylloxérées,  organisé  par  la  Société  d'agriculture  de 
l'Aude,  se  tiendraitaux  environs  deCarcassonne,  du  1 0  au  1 2  novembre. 
Ce  concours  adonné  les  résultats  suivants  : 

Charrues  sttifureuses.  —  1"  prix,  M.  James  Lugan,  à  Lugan   (Tarn-et-Garonne)  ;   2=,  M.  Henri 
Saturnin,    à   Béziers    (Hérault);  3',    M.  Gasliiie,  pour  l'Avenir  vilicole,  Marseille;  4°,  e,c  œquo 
MM.  Boileau  et  Rous,  à  Saint-Michel-la-Rivière  (Gironde)  ;   M   Cliarabenl  (Gers).  ' 

Pats  injectfun.  —  1"  prix,  M.  Philippe  Boiteau,  à  Villegouge  (Gironde)  ;  2",  MM.  Boiteau  et 
Rous,  à  Saint-Michel-la-RivIère  (Gironle);   3°,  M.  Gastine,  pour  l'Avenir  vilicole,  Marseille. 

Bidons  doseurs.  —  1"  prix,  M.  Auguste  Mauger,  à  Sîmsay-li-Vache  (Kure)  ;  T.  M.  Saint-Jean,  à 
Pézenas  l'Hérault)  ;  3°,  M.  Pierre  Claude,  à  Péz'Mias  (Hérault). 

Appareils  propres  à  l'emploi  des  sulfocarhonales  alcalins  dans  les  vignes.  —  I"'  prix  M.  Gala- 
vielle-Cauvy,  à  Montpellier  (Hérault):  T,  M.  Paul  Culeron,  k  Lignan  (Hérault). 

Dans  le  tableau  des  syndicats  subventionnés,  qui  a  paru  dans  notre 
dernière  chronique  (page  283),  on  a  imprimé  par  erreur  Aube,  au  lieu 
de  Aude.  Le  département  de  l'Aube  est  indemne  du  phylloxéra. 

X.  —  Vignes  américaines. 

Dans  une  intéressante  conférence  faite  récemment  au  Comice  viti- 
cole  et  agricole  du  canton  de  Cadillac  (Gironde),  M.  Millardet,  profes- 
seur à  la  Faculté  des  sciences  de  Bordeaux,  a  exposé  les  résultats  de 
ses  observations  sur  la  reconstitution  des  vignobles  par  les  vignes 
américaines.  Après  un  exposé  des  faits  aujourd'hui  acquis,  il  insiste 
sur  les  conditions  de  l'adaptation  des  divers  cépages  proposés.  Ceux 
qu'il  recommande  surtout  pour  servir  de  porte-greffes  sont  :  le  Riparia, 
dans  les  terrains  profonds;  le  Rupestris,  dans  les  terrains  secs  ;  le 
Solonis,  dans  les  terrains  crayeux  ;  le  York-Madeira,  dans  les  sols 
siliceux  ;  le  Vialla,  dans  les  terrains  assez  profonds  et  fertiles.  Ces 
désignalions  s'appliquent  à  la  région  du  sud-ouest. 

La  Société  d'agriculture  du  Var  a  procédé,  le  16  novembre,  à  la  dis- 
tribution des  récompenses  de  son  concours  de  greffage  de  la  vi'ne  en 
1884.  Cinq  prix  ont  été  décernés  sur  le  rapport  de  iM.  Robert,  de  Vi- 
dauban,  ain.si  qu'un  grand  nombre  de  mentions  honorables.  Grâce  à 
ces  concours,  dans  plusieurs  départements  on  a  pu  former  non  seule- 
ment des  pépinières  de  vignes  américaines,  mais  aussi  des  escouades 
d'ouvriers  greffeiirs  qui  rendront  de  très  grands  services  pour  la  re- 
constitution des  vignobles. 

XL  —  La  levure  de  vin  cultivce. 
Nos  lecteurs  ont  été  tenus  au  courant  des  études  de  M.  A.  Rommier 
sur  la  culture  du  ferment  de  vin,  et  sur  son  emploi  pour  hâter  la  fer- 


326  CHRONIQUE   AaRICOLE   (29   NOVEMBRE  1.S84). 

mentation  des  moûts.  M.  Roramier  a  profilé  des  dernières  vendanges 
pour  conlinuer  ses  recherclies,  et  il  vient  défaire  connaître  à  l'Acadé- 
mie des  sciences  le  résultat  de  ses  expériences  sur  ce  sujet  important. 
Ces  essais  ont  porté  sur  divers  cépages,  notamment  le  Pineau,  le 
Gamay  et  le  Meunier.  L'addition  au  moût  de  la  levure  de  vin  cultivée 
a  eu  pour  effet,  dans  toutes  les  circonstances,  de  diminuer  la  durée 
de  la  fermentation,  et,  en  outre  de  l'accélérer  et  de  la  régulariser 
lorsqu'elle  se  produit  par  les  temps  froids.  Il  y  a  là  une  indication 
pour  les  viticulteurs  qui  sont  souvent  obligés  de  vendanger  par  un 
temps  froid.  Régulariser  la  fermentation,  c'est  arrêter  le  développement 
des  mauvais  germes,  comme  le  dit  très  bien  M.  Rominier,  et  c'est 
assurer  la  conservation  des  vins. 

XII.  —  Sui'  le  sucrage  des  vendanges. 
A  l'occasion  d'une  note  parue  récemment  dans  le  Journal,  M.  le 
vicomte  de  Saint-Trivier,  agriculteur  au  Tbil, par  Fleurie  (Rhône),  nous 
adresse  la  lettre  suivante: 

«  Monsieur  le  rédacteur,  je  lis  dans  la  chronicfue  du.  Journal  du  8  novembre 
dernier  que  le  comité  consultatif  des  .\rts  et  Manufactures  a,  sur  le  rapport  de 
M.  Aimé  Girard,  approuvé  le  procédé  de  dénaturation  du  sucre  destiné  au  su- 
crage des  vendantes,  procédé  qui  consiste  à  arroser  100  kilog.  de  sucre  avec  un 
hectolitre  de  moût  de  raisin  sous  les  yeux  de  la  régie,  et  à  emporter  ensuite  dans 
son  chais  ce  sucre  dénaturé. 

«  Vous  savez,  monsieur,  que  je  ne  suis  pas  un  savant,  mais  bien  un  simple  pra- 
ticien. Or,  tel  qu'il  est  indiqué  dans  votre  Journal,,  ce  procédé  de  dénaturation  m.e 
semble  absolument  impraticable  pour  te  plus  grand  nombre  des  vignerons. 

«  Si  l'on  avait  dit  :  Sur  la  demande  des  intéressés,  la  régie  se  rendra  dans  les 
chais,  fera  procéder  sous  ses  yeux  à  la  dénaturation  du  sucre,  et  donnera  un  bon 
pour  obtenir  le  remboursement  des  droits,  je  le  comprendrais  encore  ;  mais 
aller  transporter  son  moût  de  raisin  dans  un  entrepôt  quelconque,  dénaturer  le 
sucre  dont  on  a  besoin,  et  le  remporter  chez  soi  après,  c'est  presque  impossible, 
surtout  quand  on  agit  sur  des  quantités  considérables. 

a  II  faut  en  effet  à  peu  près  1,700  grammes  de  sucre  pour  élever  d'un  degré 
d'alcool  un  hectolitre  de  vin.  Rarement  on  se  contente  de  relever  le  moût  d'un 
degré,  et  on  le  relève  généralement  de  deux  ou  trois  degrés. 

a  Prenons  par  exe  rple  un   propriétaire    qui  veut  relever  de  deux   degrés  sa 

récolte  évaluée  à  200  hectolitres  (c'est   peu  si  on  parle  des  récoltes  de    2,000    et 

-3,000    hectolitres,    qui    se  font    souvent  dans  le   Midi)     il   lui  faudra   pour  ces 

200  hectolitres  340  kilog.  de  sucre  et  3  hectolitres  de  moût.  Pour  1 ,000  heLtolitres 

il  faudiait  1,700  kilog.  de  sucre  et  170  hectolitres  de  moût. 

«  Or  où  seront  les  dépôts  de  sucre?  A  5,  10  ou  20  kilomètres  et  quelques  fois 
plus  du  chais  du  vigneron.  Gomment  transportera-t-il  le  moût  à  l'entrepôt,  et 
comment  rapportera-t-il  le  sucre  dénaturé  chez  lui?  Il  faudra  un  outillage  spé- 
cial, des  pprtes  de  temps  e^  des  dépenses  considérables.  Il  y  a  de  plus  à  craindre 
que  ce  moût  imbibé  de  sucre  et  soumis  à  l'action  de  l'air  pendant  un  temps  assez 
long  avant  qu'on  puisse  In  mettre  dans  les  cuves,  ne  subisse  des  altérations  nui- 
sibles au  vin  qu'il  est  destiné  à  remonter.  G'est  pour  toutes  ces  raisons  que  je  per- 
siste à  dire  que,  si  le  vigneron  n'e>t  pas  autorisé  à  faire  la  dénaturation  du  sucre 
chez  lui,  la  promesse  d'abaisser  les  droits  du  vinage  à  la  cuve  avec  du  sucre  ne 
sera  qu'une  amère  plaisanterie,  parce  qu'elle  sera  impraticable  pour  le  plus  grand 
nombre. 
.  «  Agréez,  etc.  Vte  de  Saint-Trivieb. 

Les  observations  présentées  par  M.  de  Saint-Trivier  nous  paraissent 
tout  à  fait  judicieuses.  JNous  pensons  qu'elles  doivent  être  prises  en 
sérieuse  considération  pour  l'application  du  sucrage  des  vendanges, 
XIII. —  Concours  d'animaux  de  boucherie. 

La  Société  d'agriculture  du  Gber  a  décidé  que  le  concours  d'ani- 
maux de    boucherie,  ainsi    que    l'exposition   des   reproducteurs,    de 


GHRONIQ'JE  AGRICOLE  (29   NOVEMBRE   1884).  327 

machines  et  instruments  agricoles  qu'elle  organise  tous  les  ans,  aurait 
lieu  en  1885  à  Bourges,  du  jeudi  22  janvier  au  dimanche  25  janvier. 
A  l'aide  de  ses  ressources  et  des  subventions  fournies  par  l'Ktat,  le 
département  et  la  ville  de  Bourges,  la  Société  distribuera  tant  aux 
meillurs  animaux  de  boucherie,  qu'aux  meilleurs  reproducteurs  des 
races  bovines,  ovines,  porcines  et  chevalines,  des  primes  tant  en 
argent  qu'en  médailles  s'éievant  à  une  somme  d'environ  douze  mille 
francs.  Des  programmes  du  concours  et  de  l'exposition  seront  dès- 
maintenant  mis  à  la  disposition  des  agriculteurs  qui  en  réclameront 
à  M.  iMarois,  secrétaire  de  la  Société  d'agriculture  et  employé  à  la 
mairie  de  Bourges. 

XIV.  —  Concours  du  club  de  Smithfield. 

Le  concours  annuel  d'animaux  de  boucherie  organisé  à  Londres 
par  le  club  deSmiihfield  se  tiendra  en  1884,  du  6  au  10  décembre;  il 
suivra  le  concours  de  Birmingham  qui  aura  lieu  du  ]"''  au  4  décembre. 

En  Angleterre  comme  en  France,  on  se  préoccupe  des  moyens  à 
employer  pour  se  servir  de  la  dentition  dans  la  classification  des  ani- 
maux exposés.  Dans  sa  dernière  réunion,  le  Comité  du  club  de  Smith- 
field  a  décidé  que  31.  le  professeur  Brown  serait  invité  à  examiner  la 
dentition  des  bêtes  bovines  et  ovines  présentées  au  concours,  et  à 
rédiger  ensuite  un  rapport  qui  servirait  au  Conseil  pour  prendre  une 
détermination  relative  aux  règles  à  adopter  pour  les  concours  ulté- 
rieurs. 

XV.  —  Société  royale  d' agricullure  cV Angleterre. 

La  deuxième  partie  du  Journal  de  la  Société  royale  d'agriculture 
d'Angleterre  pour  1 884  a  paru  récemment.  On  y  trouve  tous  les  rap- 
ports sur  les  diverses  parties  du  concours  tenu  parla  Société  à  Shrewsbu- 
ry,  au  mois  de  juillet  dernier.  Parmi  les  autres  travaux  que  ce  volume 
renferme,  nous  devons  signaler  une  étude  de  MM.  Lawes  et  Gilbert  sur 
les  résultats  de  la  culture  continue  du  froment  sur  les  mêmes  champs 
à  Rothamsted,  de  18G4  à  188o;  deux  mémoires  de  M.  A.  Voelcker 
sur  la  chimie  de  l'ensilage  et  sur  l'emploi  de  la  créosote  pour  les  perches 
à  houblon;  une  étude  de  M.  W.  Robertson  sur  la  fièvre  delà  partu- 
rition  chez  les  ruminants;  un  rapport  de  M.  Anderson  sur  l'emploi 
du  fer  pour  la  purification  de  l'eau,  etc.  —  Nous  pensons  qu'on  lira 
avec  intérêt  la  traduction  des  conclusions  du  mémoire  de  ^l\l.  Lawes 
et  Gilbert  : 

Sùl.  —  1.  Un  sol  qui,  dans  les  conditions  ordinaires  de  la  culture,  aurait  reçu 
des  engrais  avant  qu'on  lui  demandât  une  récolte,  a  produit  40  récoltes  succes- 
sives de  froment,  dont  la  moyenne  est  de  12  hectol.  20  par  hectare,  par  sa  seule 
fertilité  primordiale. 

2.  Au  commencement  de  l'expérience,  le  sol  renfermait  une  grande  quantité 
d'azote  organique  provenant  des  débris  de  la  végétation  antérieure,  il  contenait 
aussi  une  grande  quantité  d'aliments  minéraux  des  plantes. 

3.  Chaque  année,  une  certaine  proportion  de  l'azote  organique  a  été  nitrifiée 
par  les  organismes  existant  dans  le  sol. 

4.  Une  partie  des  nitrates  formés  a  été  employée  dans  la  végétalion  de  la 
récolte  de  froment;  une   partiea  été  lavée  dans    le  sol,  ou  perdue  d'autre.façon. 

5.  La  perte  d'acide  nitrique  est  plus  grande  dans  les  saisons  humides,  et  la 
proporlion  absorbée  par  la  récolte  est  en  conséquence  plus  faible.  Les  saisons 
sèches  seraient  ainsi  favorables  à  la  production  de  fortes  récolles  de  froment. 

6.  Le  stock  de  la  fertilité  du  sol  sous  forme  d'azote  organique  a  été  considéra- 
Mement  réduit  durant  les  quarante  années  d'expériences  :  la  proportion  de 
cette  réduction  a  été  déterminée  par  les  analyses  du  sol  faites  à  diverses  époques. 


328  CHRONIQUE  AGRIGOLB  (29  NOVEMBRE    188'i). 

Le  stock  de  la  potasse  et  de  l'acide  phosphorique  a  été  aussi  largement  réduit. 

7.  Malgré  la  diminution  dans  la  l'ertilUe  du  sol,  on  pourrait  cependant  obtenir 
encoie  des  récoltes  de  froment  pendant  une  très  longue  périole;  toutefois,  le 
produit  deviendrait,  avec  le  temps,  plus  faible  qu'il  ne  l'a  été  jusqu'ici. 

Engrais.  —  8.  Les  engrais  minéraux  employés  seuls  ont  assuré  une  récolte 
beaucoup  plus  abondante  que  sur  la  terre  qui  n'a  pas  reçu  d'engrais. 

9.  Les  engrais  contenant  seulement  de  l'acide  nitrique  ou  des  composés  azotés 
facilement  nitriliables  ont  acci'u  considérablement  la  récolte. 

10.  Le  sol  contenait  un  stock  d'éléments  minéraux  que  la  récolte  de  froment  a 
été  impuissante  à  épuiser,  comparativement  à  l'insuffisance  de  l'azote  sous  forme 
utile. 

IL  Les  engrais  contenant  de  la  potasse,  de  l'acide  phosphorique,  de  l'ammo- 
niaque ou  des  niliates,  paraissent  propres  à  assurer  de  fortes  récoltes  continues 
de  froment. 

12.  Un  prids  donné  d'azote  nitrique  a  amené  une  plus  vigoureuse  végétation 
du  froment  que  le  même  poids  d'azote  ammoniacal. 

13.  La  quantité  d'azote  fournie  par  les  engrais  dépasse  toujours  beaucoup  celle 
que  l'on  rencontre  dans  l'accroissement  de  la  récolte. 

14.  Au  delà  d'une  certaine  limite  de  production,  chaque  accroissement  de  ré- 
colte demande  proportionnellement  une  plus  grande  quantité  d'engrais.  Quand 
Je  prix  du  grain  est  élevé,  les  récoltes  très  aLondanles  donnent  ainsi  plus  de  profit 
que  lorsque  le  prix  du  grain  est  bas. 

15.  Quand  on  apijlique  du  fumier  de  ferme  au  blé,  on  doit  appliquer  une  quan- 
tité d'azote  considérablement  plus  grande  pour  obtenir  un  accroissement  donné 
de  récolte,  d'autant  plus  que  tout  l'azote  contenu  dans  le  fumier  n'est  pas  sous 
une  forme  active. 

16.  Un  poids  donné  d'azote,  sous  forme  d'acide  nitrique,  produira  un  plus  grand 
accroissement  dans  la  récolte  qu'un  même  poids  d'azote  dans  le  fumier;  mais 
l'influence  du  nitrate  sur  les  récoltes  suivantes  sera  beaucoup  plus  faible. 

17.  Il  ne  ressort  pas  des  expériences  que  l'effet  total  utile  de  l'azote  soit  plus 
grand  dans  un  de  ces  engrais  que  dans  un  autre. 

Engniis  non  épuisés.  —  18.  En  l'absence  de  végétation,  ou  lorsqu'on  les  ap- 
plique aux  cultures  au  delà  de  leurs  besoins,  la  potasse  et  l'acide  phosphorique 
forment  avec  le  sol  des  composés  insolubles,  et  restent  utilisables  pour  les  récoltes 
futures 

19.  En  l'absence  de  végétation,  ou  lorsqu'on  les  applique  aux  cultures  au  delà 
de  leurs  besoins,  les  nitrates  et  les  sels  ammoniacaux  ne  paraissent  pas  former 
avec  le  sol  de  composés  permunents,  mais  au  contraire  sont  facilement  lavés  [lar 
les  pluies  ou  perdus  d'autre  façon. 

20.  L'application  d'une  plus  glande  proportion  d'azote  nitrique  ou  ammoniacal 
que  la  récolte  ne  peut  en  utiliser  comparativement  à  ses  besoins  en  princifies  mi- 
néraux, ne  parait  pas  mettre  obstacle  à  la  nitrilication  de  l'azote  organique  du  sol. 

21.  La  proportion  d'azote  dans  le  sol  peut  être  réduite,  quoique  l'on  ajoute 
annuellement  une  quantité  d'azote  supérieure  à  celle  enlevée  par  les  récoltes. 

22.  Après  l'enlèvement  de  fortes  récoltes  de  froment  obtenues  par  l'emploi  de 
nitrates  ou  de  sels  d'ammoniaque  accompagnés  d'engrais  minéraux,  le  sol  ne  pa- 
raît ni  avoir  gagné  ni  avoir  perdu  de  sa  fertilité.  La  nitrilication  des  matières 
organiques  du  sol  a  pu  se  faiie  comme  d'habitude,  mais  la  perte  a  été  compensée 
par  la  quantité  d'azote  provenant  des  débris  et  des  racines  des  fortes  récolles 
obtenues  anléiieurement. 

23.  Dans  le  cas  de  l'emploi  continu  du  fumier  de  ferme,  l'accumulation  de  fer- 
tilité non  épuisée  devient  très  grande,  et  l'enlèvement  par  les  récoltes  des  sub- 
stances accumulées  demanderait  une  longue  série  d'années. 

24.  Le  lumier  appliqué  suivant  les  procédés  ordinaires  de  la  culture  n'est  en- 
tièrement épuisé  qu'après  un  nombre  considérable  d'années  écoulées  depuis  sa 
premièi;e  application. 

En  publiant  ce  nouveau  mémoire,  MM.  Lawes  et  Gilbert  ont  mis, 
ur;e  ibis  de  plus,  à  la  portée  de  tous  les  agriculteurs  les  résultats  d'ex- 
périences qui  ont  désormais  une  durée  de  plus  de  quarante  années. 

X^'I.  —  Société  d'accUmalalion. 
La  Sociélé  nalioualc  d'acclimatation,   dont  le  siège  est  19,  rue  de 


CHRONIQUE  AGRICOLE  ;(29  NOVEMBRE  iSS^i).  329 

Lille,  à  Paris,  rappelle  aux  intéressés  qu'elle  récompense  chaque 
année,  par  des  prix  ou  des  primes,  et  par  des  médailles,  les  travaux, 
tant  théoriques  que  pratiques, intéressant  l'acclimatation  :  publications 
diverses,  introductions,  reproductions,  cultures,  emplois  industriels 
ou  autres,  etc.  Les  Français  et  les  élrangei's  peuvent  obtenir  ces  récom- 
penses et  encouragements.  Les  perionnes  qui  croient  y  avoir  droit 
devront  envoyer  franco,  avant  le  1  "  décembre,  un  l'apport  circonstancié 
sur  les  résultats  qu'elles  auront  obtenus. 

XVIL  —  Pépinières  forestières. 
M.  D.  Cannon  et  E.  Brace  ont  créé  au  domaine  des  Vaux,  à  Sal- 
bris  (Loir-et-Cher),  une  pépinière  d  arbres  forestiers  et  d'agrément, 
dont  les  essences  soit  choisies  spécialement  en  vue  du  reboisement 
des  terrains  vagues,  notamment  en  Sologne,  et  des  plantations  d'ai^ré- 
ment  qu'on  peut  y  établir.  Parmi  les  vieilles  essences,  on  a  choisi 
celles  qui  ont  fait  leurs  preuves  sous  ce  rapport,  et  parmi  les  plus 
récemment  introduites,  celles  qui,  par  leur  vigueur  et  leur  rusticité, 
présentent  le  plus  de  chances  de  réussite  ;  ce  sont,  parmi  les  conifères 
et  les  arbres  à  feuilles  caduques,  les  variétés  les  plus  recomniandables. 
MlM.  Cannon  et  lirace  ont  obtenu,  pour  leurs  plants  de  pépinières,  un 
diplôme  d'honneur  à  l'exposition  forestière  internationale  d'Edimbourg, 
en  1 884. 

XVIIL  —  Hommage  à  la  mémoire  de  Dubrunfaut. 
Un  décret  du  président  de  la  République,  en  date  du  14  novembre, 
a  approuvé  i'rrrèlé  du  préfet  de  la  Seine  par  lequel  le  nom  de  Dubrun- 
faut a  été  donné  à  une  voie  publique  de  la  ville  de  Paris.  C'est  un  hom- 
mage public,  bien  mérité,    à  l'un  des  hommes  qui  ont  rendu  le  plus 
de  services  aux  grandes  industries  agricoles  de  la  France. 
XLX..  —  Sucres  et  betteraves. 
Les  documents  publiés  sur  les  travaux  de  la   sucrerie  permettent 
d'apprécier  les  conditions  dans  lesquelles  se  poursuit  la  nouvelle  cam- 
pagne.  Un  nombre  relativement  considérable  d'usines  achèvent  leurs 
travaux  avec  le  mois  de  novembre.  Ce  fait  met  en  relief  l'importance 
du  déficit  qui  a  été  constaté,  d  une  manière  presque  générale,  au  moment 
d';  l'arrachage  des  betteraves. 

M.  H.  Spenlé,  ingénieur-chimiste,  vient  de  publier  une  traduction 
française  de  V Agenda  cl  calendrier  de  poche  du  fabricant  d'  sucre,  par 
le  D''  Ch.  Stammer.  Ce  petit  vulume  renferme  un  très  grand  nombre 
de  documents  du  plus  haut  intérêt  pjur  les  .fabricants  ;  des  tables 
nombreuses  peuvent  servir  de  guide  pour  les  différentes  phases  du 
travail;  enfin,  des  cadres  spéciaux  servent  pour  le  contrôle  des  opé- 
rations de  la  fabrication.  Cet  agenda  est  en  vente  chez  Klem-Spenlé, 
15,  boulevard  de  Strasbourg,  à  Paris,  au  prix  de  5  fr.  25  franco. 

Parmi  les  publications  récentes  sur  la  culture  de  la  betterave  en 
Allemagne,  nous  devons  encore  signaler  un  intéressant  rapport  pré- 
senté par  M.  Séverin  au  Comice  agricole  de  Saint-Ouentin  (Aisne)  sur 
une  mission  envoyée  par  ce  Comice  en  Allemanjne.  Ce  rapport  est 
accompagné  d'observations  duesiiM.  Carlier,  président  du  Comice,  sur 
plusieurs  points  des  systèmes  de  culture  adoptés  en  Allemagne. 
XX.  —  Xùiivelles  des  récoltes  et  des  travaux  agricoles. 
Les  notes  de  nos  correspondants  signalent  peu  de  changements  dans 
la  situation  générale   des  cultures   et  des  affaires  a'^ricoles.   Voici  la 


330  CHRONIQUE  AGRICOLE    (29   NOVEMBRE    1884). 

lettre  que  M.  Broasvick  nous  adresse  de  Mirecourt  (Vosges),  à  la  date 
du  23  novembre  : 

a  L'hiver  a  commencé  cette  semaine  à  nous  montrer  ses  rigueurs  ;  dans  toute  la 
région  il  est  tombé  une  assez  grande  quantité  de  neige  dans  la  nuit  du  20  au  21  ; 
puis  les  froids  se  sont  accentués. 

«  Les  agriculteurs  réclament  toujours  de  l'eau  pour  l'abreuvement  du  bétail,  er 
ce  sont  les  neiges  seules  qui  pourront  alimenter  les  sources.  Les  récoltes  en  terre 
se  trouvent  donc  dans  d'excellentes  conditions  pour  passer  l'hiver  ;  cette  année  on 
ne  signale  aucune  plainte  à  ce  sujet  et  les  animaux  et  insectes  rongeurs  ne 
commettent  guère  de  dégâts. 

i<  La  culture  est  fort  gênée  dans  notre  contrée.  Les  animaux  produisent  peu 
d'argent  ;  les  autres  industries  locales  étant  arrêtées,  on  est  réduit  aux  propres 
ressources  des  produits  agricoles.  Beaucoup  de  moulins  situés  sur  des  petits 
cours  d'eau  sont  arrêtés,  cela  ne  donne  lieu  à  aucun  mouvement  de  hausse  sur  les 
farines  ;  nos  boulangers  continuent  à  s'approvisionner  au  dehors.  Le  maintien 
du  statu  quo  influe  énormément  sur  les  cours  des  farines.  Ce  serait  un  grand  avan- 
tage pour  la  culture  de  trancher  définitivement  cette  question  de  droits  de  douane 
à  imposer  sur  les  produits  étrangers.  » 

Dans  la  note  suivante  qu'il  nous  adresse  de  Saint-Jean-d'Ataux,  à 
la  date  du  18  novembre,  M.  de  Lentilhac  résume  comme  il  suit  la 
situation  agricole  dans  la  Dordoirne  : 

«  En  octobre,  ce  sont  terminées  les  vendanges;  la  température  qui  avait  été 
déjà  très  favorable  à  la  maturation  du  raisin  ne  l'a  pas  été  moins  à  sa  cueillette, 
ijui  s'est  faite  sans  pluie,  ce  qui  est  bien  rare  à  cette  époque.  Le  raisin  riche  en 
glucose  a  fermenté  rajiidement  à  la  cuve  et  sept  à  huit  jours  après  on  pouvait 
écouler.  Le  vin  a  de  la  vinosité,  mais  il  est  moins  riche  en  couleur  qu'on  ne 
l'avait  espéré  d'abord  ;  il  en  est  de  même  de  la  quantité  qui  est  de  fort  peu 
supérieure  à  celle  de  l'an  dernier.  Néanmoins  il  faut  se  tenir  pour  très  satisfait, 
car  voici  bien  des  années  que  nous  n'avions  fait  anssi  bon;  reste  la  question  de 
vente,  qui  devient  pour  nous  un  vérilable  problème  depuis  que  des  liquides  de 
toutes  sorles.  fabriqués  sous  le  nom  de  vin,  inondent  nos  débitsde  boissons  et 
nos  tables  bourgeoises. 

«  Huit  à  dix  jours  ont  suffi  pour  enlever  les  semailles  grâce  au  beau  temps 
qui  persiste  au  moment  oîi  nous  écrivons  ces  lignes  (18  novembre).  On  avait 
rarement  vu  le  sol  plus  souple  à  la  charrue,  plus  docile  à  la  herse  ;  les  embla- 
vures  ressemblaient  à  des  carrés  de  jardm.  Nous  savons  bien  que  les  vieux 
praticiens  eussent  préféré  une  terre  plus  alourdie  par  les  pluies,  condition  qui 
favorise  le  tassement,  mais,  sous  le  rapport  de  l'exécution,  rien  ne  laissait  à 
désirer,  et  s'il  reste  cette  année  des  terres  à  enserûencer  les  cultivateurs  ne  peu- 
s'cn  prendre  qu'à  eux-mêmes.  » 

M.  Allier  constate,  dans  la  note  qu'il  nous  envoie  de  Gap,  le  17  no- 
vembre, les  mauvais  effets  de  la  sécheresse  dans  les  Hautes-Alpes  : 

«  J'attendais  pour  vous  écrire  que  le  ciel,  plus  clément,  eût  rendu  un  peu  de 
fraîcheur  aux  terres  ensemencées  et  modifié  la  situation  déplorable  des  embla- 
vures  d'automne  dans  les  Hautes-Alpes;  au  lieu  de  la  pluie,  c'est  le  froid  qui  est 
arrivé,  et  je  me  vois  obligé  de  vous   adresser  des  nouvelles  peu  satisfaifaisahtes. 

«  Dans  ma  dernière  lettre,  je  constatais  que  les  blés  et  seigles  semés  en  septem- 
bre avaient  bien  levé  et  étaient  de  fort  belle  venue;  je  vous  disais  que  les 
semailles  continuaient  à  s'eifectuer  dans  de  bonnes  conditions.  Je  ne  prévoyais 
pas  la  sécheresse  sans  précédente  qui  règne  depuis  lors  dans  le  département  et 
dans  tout  le  JVlidi  :  du  i''  octobre  à  ce  jour,  il  n'est  tombé  à  Gap  que  2  millimètres 
d'eau.  Aussi  les  blés  déjà  levés  sont-ils  restés  stationnaires,  languissants,  et  les 
blés  semés  en  octobre  n'ont-ils  pas  levé.  Quelques-uns,  mis  eu  terre  au  commen- 
cement du  mois,  ont  eu  ^ssez  d'humidité  pour  geraier;  mais  ensuite  la  plupart 
des  plantes  ont  péri  avant  de  voir  la  lumière,  et  le  terrain  devra  être  réense- 
mencé au  printemps  en  orge  ou  en  avoine;  c'est  un  vrai  désastre.  Les  blés  qui 
n'ont  point  encore  bougé  auront-ils  un  meilleur  sort?  Il  arrive  parfois  que,  ger- 
mant sous  la  neige,  ils  se  développent  vigoureusement  au  printemps  et  donnent 
une  récolle  passable.  Il  est  à  souhaiter  qu'il  eu  soit  ainsi  celte  année,  dans  l'inté- 
rêt des  malheureux  cullivateurs  dont  s'empaie  un  profond  découragement.  Dans 


CaRONIQUE   AGRICOLE   (29  iNOVEMBRE    1884).  331 

la  moitic  Ju  département,  la  productioQ  fourragère  ne  saurait  dépasser  certaines 
limites,  parce  que  le  sainfoin  ne  peut  revenir  dans  le  même  sol  qu'à  d'assez 
longs  intervalles,  parce  que  le  trède,  la  luzerne  et  les  prairies  naturelles  ne  réus- 
sissent qu  à  la  condition  d'irriguer  et  que  les  terres  à  l'arrosage  sont  encore  très 
rares;  à  moins  de  laisser  les  champs  en  friche,  il  faut  donc  yfaire  du  blé.  Si  les 
semailles  échouent  et  si  les  prix  des  céréales  ne  s'élèvent  pas,  les  agriculteurs 
seront  réellement  à  plaindre  et  on  peut  se  demander  ce  que  acviendront'Leaucoui) 
d'entre  eux.    » 

Les  semailles  ont  été  presque  partout  exécutées  dans  de  bonnes  con- 
ditions ;  on  peut  espérer  que  les  jeunes  plantes  supporteront  bien 
rhiver.  Mais,  dans  la  plupart  des  ré2;ions,  on  se  plaint  amèrement  de- 
là lenteur  apportée  à  la  solution  des  questions  agricoles  acluellemenl; 
pendantes,  Henry  Sacmeh. 

FALSIFICATIONS  DU  BEURRE 

AU  POINT   DE   VQE  LÉGAL  ET  AGRICOLE.    —  DE   LA  MARGARINE 
ET  DES  PRODUITS  SIMILAIRES: 

L'habitude  de  mélanger  au  beurre  proprement  dit  des  graisses  pro- 
venant des  animaux  n'est  peut-être  pis  aussi  nouvelle  qu'on  peut  le 
penser.  J'ai  entendu  dire  sous  le  manteau  delà  cheminée  que  certaines 
marques  des  plus  renommées  en  France,  pour  la  qualité  et  la  finesse  de 
leurs  produits,  devaient  peut-être  leur  suecàs  à  l'introduction  dans  leur 
marchandise  de  graisses  d'une  extrême  finesse,  provenant  notamment 
des  rognons  de  bœuf  ou  de  veau.  Un  industriel  des  plus  importants 
de  Pans  qui,  pour  les  besoins  de  sa  fabrication  d'acides  gras,  savons  et 
bougies,  achetait  une  immense  quantité  de  matières  grasses  aux  bou- 
chers et  aux  abattoirs,  prélevait  les  plus  délicates  pour  l'une  des 
villes  les  plus  célèbres  de  notre  pays,  par  la  cherté  et  sans  doute 
l'excellence  de  son  beurre.  J'en  fis,  il  y  a  plus  de  vingt  ans,  la  confi- 
dence à  une  dame  très  scrupuleuse  pour  l'observation  du  maigre  et 
très  difficile  en  même  temps  pour  la  qualité  de  l'ingrédient  indispen- 
sable à  la  cuisine  du  Nord.  S'en  est-on  jamais  plaint?  La  santé  publique 
en  a-t-elle  jamais  souffert'?  A-t-on  jamais  poursuivi  les  marchands  ou 
producteurs  pour  tromperie  ou  fraude?  Nous  ne  le  pensons  pas.  Le 
mélange  était  absolument  ignoré  des  consommateurs  et  des  magistrats 
du  parquet.  On  ne  se  plaignait  pas  :  on  ne  pouvait  pas  se  plaindre.  Et 
pour  deux  raisons.  D'abord  les  beurres  ainsi  raffinés  (c'est  la  vraie 
épithèle)  étaient  excellents  et  se  vendaient  très  cher;  il  n'était  pas  à 
craindre  que  leur  sophistication  nuisît  à  la  production  agricole,  puis- 
qu'ils coûtaient  beaucoup  plus  que  le  prix  du  beurre  de  pur  lait.  La 
deuxième  raison,  c'est  que  les  graissés  destinées  à  ces  mélanges 
étaient  d'une  qualité  tout  à  fait  fine,  ne  pouvant  présenter  aucun 
inconvénient  pour  la  santé  et  procuraient  même  au  beurre  un  goût  de 
noisette  exquis  et  distingué  qui  en  doublait  la  valeur. 

En  sommes-nous  là  aujourd'hui?  Le  gros  public  a  connu  la  marga- 
rine pendant  le  siège  de  Paris.  Dans  le  dur  hiver  i  870-71  les  Parisiens 
ne  manquèrent  jamais  de  beurre  pour  accommoder  leurs  aliments,  mais 
en  revanche  les  aliments  manquaient  au  beurre.  On  coinprend  qu'il 
ne  fut  plus  question  alors  des  fines  graisses  de  rognons,  je  n'ai  pas 
besoin  d'expliquer  pourquoi  :  pour  fiire  un  civet  prenez  un  lièvre,  dit 
la  sagesse  universelle.  Alors  de  sombres  légendes,  où  se  mêlaient  les 
plus  lugubres  matières,  coururent  dans  les  journaux  sur  la  fabrication 


332  FALSIFICATIONS   DU  BEURRE. 

de  la  mari;ariiîo,.  C'est  depuis  cette  époque,  chez  nous,  uu  produit 
abandonné  surtout  anx  ejargotes  économiques,  et  jamais  la  ménagère 
ne  se  consolerait  de  faire  faire  ses  omeleites  avec  cette  substance 
sinistre.  Si  on  l'emploie^  c'est  dans  la  plupart  des  cas  absolument  par 
suite  d'une  fraude,  d'un  vol  des  fabricants  ou  des  marchands.  .<] 

Malheureusement  il  faut  convenir   que  si  le  consommateur  répugne 
absolument  à  faire  un  usage  habituel  de  ces  produits  frelatés,  le  com- 
merce de  ce  produit  n'en  prend   pas  moins,  surtout  à  l'étranger,  unQ,j 
extension    tout    à   fait  inquiétante.  M.   Pouriau,  avec  sa  compétence; 
bien  connue  surtout  en  ce  qui  concerne  le  lait  et  ses  prorluits'^  nous  a., 
signalé,  ici  même,   le  danger  de  ces  falsifications  au  point  de  vue  du 
bon  renom  de  nos  beurres    à   l'étranger.  Il   a  reproduit   l'opinion  de 
notre  consul  à  Elseneur  (Danemark)  qui  faisait  remarquer  l'extension.; 
que,    dès  l'année  1881,   la  fabrication  du   beurre  artificier  prenait  en 
Amérique  et  ailleurs.  Ce  sont  actuellement  des  plaintes  générales  de 
toutes  les  parties  du  monde.  Les  noms  de  ces  substances   sont  aussi 
variés   que   les    produits   sont  détestables.  Après  la  margarine,  c'est 
l'oléomargarine,   c'est  la  suine,   c'est  la  b  Utérine,  variétés  purement 
nominales,  la  plupart  du  temps,  des  matériaux  d'une  fraude  similaire.  ^ 
La  chaudière   où  se  brassent  toutes   les  graisses  les  plus  infimes  voit 
s'accomplir   sous   ces  divers  noms  les  mêmes   phénomènes.   Tout  au 
fond  se  précipite  la  stéarine  que  l'on  recueille  pour  les  fabriques  der, 
bougies,   au-dessus   la  margarine,  plus   superficiellement    Voléine   qui 
surnage.  On  ralllne  plus  ou  moins  la  margarine  en  enlevant  avec  plus 
ou  moins  de  soin  l'oléine  qui  la  ti-ahirait  plus  facilement  à  l'analyse, 
au  moins  à  l'analyse  faite  par  le  procède  des  différences  de  degrés  dans 
la   fusion.  De  cette  margarine  barattée    avec   du  lait    on   façonne  un 
beurre  :  parfois   on  se  donne   moins  de  peine  encore.    On  évite  même 
l'emploi  du  lait  qui  pourrait  augmenter  le  prix  de  revient  du  produit. 
On  parfume  la  margarine  avec  de  l'acide  butyrique,  de  telle  façon  que  ' 
le  résultat  soit  le  chef-d'œuvre  absolu  dune  synthèse  chimique. 

J'ose  à  peine  citer  les  termes  du  rapport  qui  cependant  aurait  été 
communiqué  au  gouvernement  de  Sa  j^lajesté  britannique  par  celui  des 
Etats-Unis  au  sujet  du  beurre  sophistiqué  fabriqué  en  Amérique  : 

«  Il  a  été  officiellement  attesté"  que  sur  cent  millions  de  livres  de 
beurre  vendues  dans  la  cité  de  New-York,  de  quarante  à  soixante  mil- 
lions sont  falsifiés.  Uok'omargarine  a  abaissé  le  prix  du  beurre  naturel 
d'environ  0  fr.  53  par  livre,  occasionnant  une  perte  de  4  millions  de 
livres  sterling  par  année  aux  fermiers.  Presque  la  moitié  et  plus  du 
tiers  des  entrées  de  beurre  à  New-York  est  classé  comme  butlerine", 
article  produit  par  le  mélange  de  lard  et  du  bon  beurre,  livre  pour 
livre.  La  suine  apparaît  sous  le  nom  de  butterine  :  c'est  un  produit  , 
similaire,  seulement  avec  une  plus  grande  proportion  de  lard.  L'o/éy-'' 
viargarine  est  fabriquée  à  l'aide  de  toutes  sortes  de  graisses.  Dans  ce 
but  le  suif,  le  lard,  les  graines  de  coton,  la  pea-nut,  les  autres  huiles 
sont  recherchées  et  obtenues  de  toutes  les  sources  et  de  toutes  les 
contrées.  On  enlève  la  mauvaise  odeur  de  ces  graisses  et  on  les  neutra- 
lise en  les  traitant  par  l'acide  nitrique,  puis  on  les  mélange  avec  du 
lait,  de  la  crème,  des  beurres  inférieurs,  et  on  les  baratte.  Dans  cette 

1 .  Noies  siLi'  le  L'ommerce  du  benne.  Journal  de  Cmjricultare,  1881.  T.  I,  p.  70  et  suiv. 

2.  Tlie  provisionner,  Aug.  16,  1884,  p.  179. 

3.  Notons  eu  passant  la  manière  do  certains  marcliôn^'s  anglais  qui  ^•tiquettent  ainsi  leur  pro- 
duit ;   hntlerinc. 


FALSIFICATIONS  DU  BEURRK.  333 

composition,  l'acide  est,  comme  de  juste,  fort  nuisible  et  le  produit, 
suivant  la  proportion  qu'il  en  conserve,  est  plus  ou  moins  dangereux: 
quelques-uns  de  ces  produits  se  distinguent  difficilement  du  beurre 
naturel,  même  pour  les  experts,  et  les  analyses  par  le  microscope  et  par 
l'acide  sulfurique  sont  essentielles  pour  en  déterminer  le  véritable 
caractère.  Les  lois  en  vigueur  dans  plusieurs  Etats  (des  Etats-Unis 
d'Amérique)  exigent  que  les  fabricants  marquent  leurs  articles  d'après 
leur  composition  ;  mais  malheureusement,  quand  ces  articles  at- 
teignent le  point  où  on  les  distribue,  les  étiquettes  sont  retirées  et  le 
consommateur  est  trompé.  Le  dégoût  universel  qu'engendrent  ces 
industrieuses  productions  produit  son  effet  dans  tous  les  p  lys,  et  de 
rigoureuses  mesures  seront  prises  sans  doute  pour  découvrir  et  punir 
les  individus  qui  pratiquent  ces  fraudes. 

«Tandis  que  cette  contrée  (l'Amérique  du  Nord)  peut  être  accusée 
justement  de  l'odieuse  exportation  de  ces  articles,  leur  fabrication 
s'étend  à  plusieurs  pays,  et  les  autres  feront  bien  de  se  mettre  en  garde 
contre  la  propagation  du  mal.  On  affirme  que  des  pieux  sont  enfoncés 
dans  les  égouls  de  Londres,  desquels  pieu.v  un  dépôt  graisseux,  laissé  par 
le  courant,  est  gratte  chaque  jour,  produisant  un  grand  profit  par  l'oléine 
qui  s'emploie  pour  faire  du  beurre  artificiel.  On  fait  aussi  du  fromage  de 
lard,  mais  la  fabrication  de  cet  article  ne  dépasse  pas  un  demi-million 
de  livres  par  an.  » 

C'est  à  la  suite  de  ce  rapport  que  la  législature  de  l'Etat  de  New-York 
a  adopté,  le  14  avril  dernier',  une  loi  imposant  des  pénalités  contre  le 
fabricant  et  le  vendeur  de  ces  produits  nauséabonds.  Les  amendes 
varient  de  25  à  500  dollars,  avec  des  alternatives  d'emprisonnement 
variant  de  un  à  six  mois'. 

Le  rapport  dont  je  viens  de  citer  les  termes  parle,  on  le  voit,  d'une 
production  de  40  à  60  millions  de  livres  de  margarine  rien  que  sur 
le  marché  de  New-York.  Est-ce  là  un  document  statistique  sérieux?  Je 
me  le  demande.  M.  Pouriau.  dans  son  article  (année  1881  du  Journal 
de  l'agriculture,  t.  l,  page  72),  évaluait  à  3  millions  de  kilog.  la  pro- 
duction annuelle  de  ce  beurre  artificiel  aux  Etats-Unis.  En  admettant 
qu'il  ne  s'agit  que  de  livres,  il  y  a  encore  une  telle  différence  entre  les 
chiffres,  que  je  suis  porté  à  croire  que  le  rapporteur  à  la  législature  de 
l'Etat  de  New-York  n'était  pas  un  statisticien  minutieux.  Peut-on,  en 
effet,  admettre  qu'il  y  aurait  eu  en  moins  de  trois  ans  une  si  prodi- 
gieuse augmentation  dans  la  fabrication  de  cet  article?  Mais  si  les 
chiffres  sont  discutables,  le  fait  d'une  immense  production  ne  saurait 
cependant  être  douteux. 

Aussi  je  le  répèle,  l'inijuiétude  est  universelle.  Au  mois  d'août 
dernier,  M.  Moore,  membre  de  la  Chambre  des  Communes,  demandait 
au  sous-secrétaire  d'Etat  des  affaires  étrangères  si  l'on  avait  procédé  à 
une  enquête  sur  les  lois  publiées  dans  les  Etats-Unis,  en  Hollande  et 
ailleurs  au  sujet  du  commerce  delà  margarine  et  de  la  butterine. 

1.  n  serait  curieux  de  connaître  le  teite  de  cette  loi  pour  définir  exactement  le  dOlil 
qu'elle  prévoit. 

2.  Les  lecteurs  du  Journal  de  l'agriculture  ne  doivent  pas  ignorer  que  dans  la  plupart  des 
législations  étrangères  les  peines  sont  très  souvent  alternatives,  c'est-à-dire  composées  de  peines 
d'emprisonnement  qui  peuvent  être  remplacées  au  gré  du  condamné  ou  du  ju^e,  suivant  les  cas 
par  des  amendes.  Ce  principe  est  bien  en  harmonie  avec  les  idées  modernes  et  excellent  pour 
des  délits  de  la  nature  de  ceux  i|Ui  prévoient  les  fraudes.  11  est  extrèmeemont  regret- 
table que  notre  article  423  du  r:ode  pénal  édicté  un  maximum  d'amende  fort  ridicule  de  50  francs 
alors  que  le  fraudeur  serait  bien  mieux  puni  s'il  pouvait  encourir  des  amendes  de  16  à  3,000  ou 

4,000  francs, 


334  FALSIFICATIONS  DU  BEURRE. 

Dans  les  Pays-Bas,  une  Société  s'est  formée  pour  la  protection  du 
commerce  contre  le  beurre  artificiel.  Le  projet  de  statuts  eu  a  été  publié. 
Le  but  spécial  de  celte  Société  est  de  combattre  l'intluence  domma- 
geable qu'a  prise  le  commerce  du  beurre  artificiel  contre  le  beurre 
naturel.  La  Société  doit  user  de  tous  les  moyens  légitimes:  1"  pour 
éclairer  le  public  sur  la  véritable  valeur  des  beurres  artiiiciels  ;  2"  pour 
1  institution  de  récompenses  aux  meilleures  méthodes  pour  distin- 
guer le  beurre  naturel  du  beurre  artificiel;  3°  pour  obliger  les  négo- 
ciants à  vendre  les  beurres  artiiiciels  seulement  sous  leur  véritable 
nom:  4"  pour  l'obtention  de  dispositions  législatives;  5"  pour  les  pu- 
blications statistiques  sur  la  production  et  le  commerce  du  beurre. 

Enfin  M.  Méline,  ministre  de  l'agriculture,  que  nous  voyons  toujours 
si  dévoué  aux  intérêts  qu'il  a  pour  mission  de  détendre,  a  présenté  à 
la  Chambre  un  projet  relatif  au  commerce  de  la  margarine'.  Le  point 
essentiel  de  ce  projet  est  de  punir  tout  individu  qui  vend  ou  met  en 
vente  de  la  margarine  ou  des  substances  analogues  sans  que  la  véri- 
table nature  de  la  marchandise  soit  indiquée  sur  l'emballage,  etc.  La 
même  indication  doit  être  reproduite  sur  les  factures  destinées  à 
l'acheteur  et  sur  les  lettres  de  voiture  annexées  à  l'expédition.  Les 
peines  varient  de  six  jours  à  six  mois  d'emprisonnement  et  de  100  à 
2000  francs  d'amende.  Nous  félicitons  le  ministre  de  l'agriculture  de 
cette  excellente  proposition  et  nous  faisons  des  vœux  pour  qu'elle  soit 
rapidement  transformée  en  loi  et  exécutée. 

Ce  n'est  pas  le  moment  d'examiner  le  côté  juridique  de  ce  projet. 
L'amende,  disons-le  tout  de  suite,  nous  parait  trop  limitée  dans  son 
maximum.  Il  conviendra  de  l'augmenter  au  moins  jusqu'à  cinq  mille 
francs  et  même  indéfiniment  à  concurrence  de  la  valeur  de  la  moitié 
de  la  marchandise  expédiée  ou  vendue.  —  J'aimerais  assez  aussi  une 
peine  alternative  de  prison  ou  d'amende.  Enfin  cette  loi  sera  d'une 
application  moins  difficile  que  beaucoup  de  celles  qui  ont  pour  objet 
la  repression  de  la  fraude  alimentaire,  parce  qu'elle  ne  nécessitera  pas 
la  recherche  de  la  bonne  ou  la  mauvaise  foi  du  délinquant.  C'est  la 
grande  habileté  du  fraudeur  de  se  retrancher  derrière  sa  prétendue 
bonne  foi.  Ici  la  simple  contravention  sullira  pour  faire  encourir  la 
peine.  Mais  il  restera  encore  bien  des  difficultés  pour  arriver  à  protéger 
efficacement  la  production  agricole  du  beuri'e  et  bientôt  peut-être  du 
fromage.  du  Pré-Collot. 

{La  nulle  pt'achainaincnt.) 

L'A^GRIGULTURE,  LES   PRAIRIES  ET  LES  IRRIGATIONS 

DANS    LA  HAUTE -VIENNE  - 

Monsieur  le  ministre,  vous  avez  bien  voulu  décider  que  les  rapports 
que  j'avais  adressés  à  quelques-uns  de  vos  prédécesseurs,  comme 
membre  des  commissions  chargées  de  décerner,  dans  la  Haute-Vienne, 
les  prix  d'irrigation  en  1877  et  en  1878,  la  prime  d'honneur  et  les 
prix  culturaux  en  1879  seraient,  publiés.  Vous  m'avez  autorisé  à  les 
compléter  par  une  étude  approfondie  de  l'agriculture  et  des  prairies  du 
Limousin.  Je  vous  en  remercie  profondément,  parce  que  je  pense  que 
ce  travail  aura  une  utilité  générale. 

1.  A  Pari^  et  pou  toul  le  ressort  de  la  préfecture  île  police,  il  existe  déjà  une  ordonnance  du 
1  :i  mai  188:i  co  icernant  la  vente  des  beurres  artificiels  et  qui  notamment  interdit  l'introduction 
de  ces  beurres  au  pavillon  n">  10  drs   hEiles  centrales. 

2.  l'rélace  des  rapports  sur  les  concours  d'irrigation  en  1877  et  1878,  ul  sur  le  concours  de  la 
piinic  d'honneur  en  lsl9.  —  Voir  la  chronique  de  C3  numéro. 


L'AGRICDLTURE  et  les  irrigations  dans  la  HAUTE-VIENNE        335 

Du  dernier  rang  à  la  fin  du  xviii'  siècle,  le  département  de  la  Haute- 
Vienne  est  monté  au  premier  dès  le  milieu  du  xix"  pour  plusieurs 
productions  agricoles;  il  était  le  moins  peuplé  de  tous  les  départe- 
ments, il estmaintenant  dans  la  moyenne;  la  prospérité  agricole  y  est 
assurée  pour  l'ouvrier  des  champs,  le  métayer,  le  propriétaire.  Les 
populations  sont  dans  une  aisance  relative  là  où  elles  mouraient  de 
faim  il  y  a  cent  ans  à  peine.  Ce  fait  ne  saurait  être  contesté  en  pré- 
sence des  comparaisons  que  j'ai  pu  faire  de  l'état  présent  avec  les 
descriptions  de  Jean  de  La  Fontaine,  de  Turgot,  d'Arthur  Young,  de 
Léonce  de  Lavergne.  Je  le  prouve  par  des  textes  authentiques.  D'ail- 
leurs les  nombreuses  exploitations  dont  j'ai  donné  la  description  té- 
moignent de  la  réalité  des  immense^  progrès  accomplis. 

Comment  ces  progrès  ont-ils  pu  être  obtenus?  J'ai  dû  rechercher  les 
moyens  employés  par  les  cultivateurs  limousins;  je  crois  les  avoir 
trouvés  et  je  les  ai  exposés  en  appuyant  mes  démonstrations  par  de 
minutieuses  monographies  d'exploitations  rurales.  Cette  méthode  a 
pour  avantage  de  multiplier  les  observations  en  variant  les  circon- 
stances ;  les  observations  ainsi  répétées  équivalent  à  des  expériences 
qui  se  contrôlent  réciproquement.  J'ai  d'ailleurs  eu  la  bonne  fortune 
de  pouvoir  étudier  les  beaux  exemples  donnés  par  des  propriétaires 
tels  que  MM.  Teisserenc  de  Bort,  Paulin  Talabot,  de  Léobardy. 

Je  crois  devoir  signaler  tout  d'abord  à  votre  attention  les  irrigations 
créées  dans  la  Haute- Vienne.  Elles  sont  considérables,  car  elles  se 
font  sur  plus  de  100,000  hectares.  Il  en  existait  quelques-unes  dès  le 
siècle  dernier,  principalement  en  montagne  ;  Arthur  Young  les  a  dé- 
crites; mais  c'est  depuis  quarante  ans  surtout  que,  leurs  bienfaits 
ayant  été  reconnus,  elles  se  sont  propagées.  Elles  ont  pour  caractère 
particulier  tout  à  fuit  digne  de  remarque,  qu'elles  sont  dues  entière- 
ment à  l'initiative  individuelle  et  qu'elles  ont  été  exécutées  sans  aucun 
secours,  sansaucune  participation  de  l'Etat.  C'est  à  ce  point  que,  si  l'on 
s'en  rapportait  aux  statistiques  dressées  par  le  service  des  ponts  et 
chaussées  pour  les  irrigations  faites  dans  le  département  avec  les  eaux 
des  cours  d'eau  non  navigables  ni  flottables  sur  lesquels  des  permis- 
sions de  création  de  barrages  ont  été  demandées,  on  ne  trouverait  pas 
plus  de  600  à  700  hectares  irrigués. 

L'étendue  de  100,000  hectares  arrosés,  déterminée  par  une  en- 
quête spéciale  que  j'ai  pu  faire  dans  toutes  les  communes  avec  le  bien- 
veillant concours  de  l'administration  préfectorale,  résulte  de  la  capta- 
tion  des  sources,  de  l'emploi  des  petits  ruisseaux,  de  l'emmagasine- 
ment  des  eaux  pluviales  dans  de  nombreux  réservoirs,  appelés  des  pê- 
cheries par  les  cultivateurs  limousins.  Chacun  connaît,  dans  la  Haute- 
Vienne,  la  puissance  de  l'action  de  l'eau  pour  la  production  dos  her- 
bages. Chacun  s'est  mis  et  se  met  encore  à  l'œuvre.  L'intégrale  de 
tous  ces  efforts  individuels  représente  une  somme  énorme  d'efîorts 
accumulés  qui  correspond  ;'i  plusieurs  dizaines  de  millions  de  francs, 
avancés  sans  bruit  par  le  travail  opiniâtre  de  toute  une  population 
rurale. 

Les  herbages  créés  par  l'eau  répandue  au  moyen  de  canalisations 
improvisées  par  de  simples  cultivateurs  sont  d'ailleurs  fécondés  par 
l'emploi  de  nombreux  engrais;  le  fumier  et  les  purins  s'en  vont  par 
partie  aux  prairies  et  ne  sont  pas  exclusivement  réservés  comme  ailleurs 
aux  cultures  de  céréales;  après  avoir  eu  recours  d'abord  exclusivement 


336       l'AGRICULTQRE  ET  LES  IRRIGATIONS  DANS  LA  HAUTE-VIENNE. 

au  marnage  et  au  chaulage  pour  les  terres  en  labour,  on  répand  en 
outre  sur  les  prés  des  phosphates  depuis  quelques  années.  Le  foin 
produit  ainsi  fournit  un  rendement  plus  élevé,  en  même  temps  que  la 
qualité  en  est  considérablement  accrue. 

Pour  mettre  ce  dernier  résultat  en  évidence,  j'ai  dû  entreprendre  de 
faire  l'analyse  d'un  grand  nombre  de  foins  de  la  Haute-Vienne.  J'ai 
établi  la  composition  chimique  de  quarante  et  un  fourrages  récoltés 
dans  les  circonstances  les  plus  diverses  ;  la  richesse  moyenne  en  est 
plus  élevée  que  celle  adoptée  pour  les  bons  foins  du  reste  de  la  France. 
Je  me  permets  de  vous  signaler  ce  travail  de  laboratoire  qui  a  exigé 
beaucoup  de  temps;  il  est  sans  précédent.  Sus  principales  conséquences 
sont  que  non  seulement  la  qualité  d'un  fourrage  dépend  de  la  nature 
des  herbes  qui  constituent  la  prairie,  mais  que  cette  qualité  peut  en- 
core varier  sur  le  même  sol  et  aVec  les  mêmes  plantes  du  simple  au 
quadruple,  selon  qu'on  a  fourni  à  la  végétation,  outre  de  l'eau  par 
l'irrigation,  des  engrais  complémentaires  en  proportions  suffisantes  et 
appropriés  à  la  nature  des  terrains.  Si  les  éleveurs  limousins  tirent  un 
parti  remarquable  du  bétail  qui  fait  leur  prospérité,  c'est  qu'ils  ont 
amélioré  la  qualité  en  même  temps  qu'augmenté  la  quantité  de  la 
nourriture  de  leurs  animaux  domestiques. 

Le  système  de  culture  qui  domine  dans  la  Haute-Vienne  est  celui  du 
métayage.  Les  autres  modes  d'exploitation  des  propriétés  par  le  fer- 
mage, par  les  régies  intéressées,  par  les  fermiers  généraux  sont  dé- 
sormais l'exception.  Le  métayage  a  mis  l'agriculture  limousine  à  l'abri 
de  la  crise  causée  ailleurs  par  l'élévation  du  taux  des  salaires.  Chaque 
famille  de  colons  partiaires  donne  sa  main-d'œuvre  sans  compter  ;  elle 
est  d'ailleurs  satisfaite  de  voir  sa  part  des  bénéfices  s'accroître  surtout 
par  le  fait  de  l'augmentation  du  prix  des  animaux,  qui  a  plus  que 
doublé  en  quarante  ans. 

Les  métayers  aiment  les  bêles  qui  peuplent  leurs  étables  ;  ils  leur 
prodiguent  des  soins  attentifs.  Ils  savent  qu'ils  en  seront  récompensés 
par  les  résultats  des  ventes.  Tout  naturellement,  à  cause  des  bénéfices 
croissants  dus  au  partage  du  prix  de  la  vente  du  bétail,  la  création  des 
prairies  a  pris  le  dessus  sur  les  cultures  de  céréales,  qui  ne  donnent 
pas  de  forts  rendements  dans  les  sols  granitiques,  sur  l'entretien  des 
châtaigneraies,  sur  le  parcours  dans  les  terres  incultes.  La  prairie 
arrosée  a  été  un  instrument  actif  de  civilisation.  Néanmoins  la  produc- 
tion de  toutes  les  récoltes  s'est  améliorée,  parce  que  la  masse  de  fumier 
obtenue  s'est  accrue  au  fur  et  à  mesure  que  les  animaux  domestiques 
étaient  mieux  nourris;  la  culture  du  froment  a  pris  une  extension  no- 
table à  côté  de  celle  du  seigle.  Au  lieu  d'être  exposé  à  de  fréquentes 
famines,  le  Limousin  est  devenu  un  pays  d'exportation  pour  les  grains 
aussi  bien  que  pour  le  bétail. 

Quant  aux  propriétaires,  ils  sont  déchargés  presque  tous  de  l'impôt 
foncier,  qui  est  payé  parles  colons;  mais  ils  s'occupent  en  général 
avec  activité  et  intelligence  de  leurs  domaines;  ils  participent  aux  amé- 
liorations en  avançant  le  capital  nécessaire  soit  pour  le  bétail,  soit  pour 
l'achat  de  machines  nouvelles,  soit  enfin  pour  l'emploi  de  la  chaux  et 
des  engrais  commerciaux,  notamment  des  phosphates;  ils  reconnais- 
sent que  leurs  intérêts  sont  liés  à  ceux  des  métayers,  qui  sont  vérita- 
blement devenus,  dans  la  plupart  des  cas,  leurs  associés.  La  condition 
des  métayers  s'est  ainsi  beaucoup  élevée;  ils  commencent  à   acquçrir 


L'AGRICULTURE  ET  LES  IRRIGATIONS  DANS  LA  HAUTE-VIENNE.        337 

de  l'aisance;  quelques-uns  deviennent  eux-mêmes  propriétaires. 
L'exemple  du  Limousin  contribue  à  démontrer  que  les  progrès  ne  sont 
considérables  en  agriculture  qu'autant  que  les  propriétaires  s'occupent 
intelligemment  de  leurs  domaines  et  aident  les  métayers  ou  les 
fermiers . 

La  création  de  voies  de  communication  nombreuses,  permettant 
l'accès  de  tous  les  grands  centres  de  consommation  intérieurs  et  des 
ports  de  mer,  a  été  une  condition  essentielle  de  la  transformation  d'une 
contrée  pauvre,  naguère  en  proie  aux  horreurs  de  toutes  les  crises  des 
subsistances,  en  une  contrée  prospère  qui  exporte  largement  et  qui  ne  se 
ressent  pas  des  souffrances  des  autres  parties  de  la  France.  C'est  à 
l'administration  de  Turgot  qu'il  faut  reporter  l'honneur  d'avoir  donné 
une  vive  impulsion  à  l'établissement  d'un  réseau  de  magnifiques  routes  ; 
celles-ci  ont  été  complétées  par  le  réseau  vicinal  créé  depuis  1836  et 
par  la  construction  des  chemins  de  fer;  ainsi  ont  été  ouverts  des  dé- 
bouchés que  l'on  peut  dire  insatiables  aux  produits  dus  à  l'intlustrie 
d'une  population  rurale  laborieuse,  ayant  surtout  besoin  maintenant 
d'une  plus  grande  instruction. 

Je  vous  prie  d'agréer,  etc.  .I.-Â.  Barr  vl. 

BETTERAVES  BLANCHES  ET  BETTERAVES  ROSES 

Depuis  trente  ans  que  je  m'occupe  de  la  betterave  à  sucre,  j'ai  vu 
plusieurs  fois,  en  Frauce,  selon  les  contrées,  l'opinion  des  intéressés 
changer  sur  l'influence  que  la  couleur  de  la  peau  de  la  racine  peut 
avoir  sur  sa  richesse  en  sucre. 

De  1850  à  18,59,  on  ne  cultivait,  pour  ainsi  dire,  que  la  betterave  à 
peau  blanche.  De  1860  à  1873-74,  les  espèces  à  peau  rose  étaient  en 
grande  faveur. 

Depuis  cette  dernière  époque,  la  variété  blanche  est  redevenue  à  la 
mode,  à  tel  point  que  des  hommes  sérieux  qui  font  autorité  dans  la 
matière,  font  paraître  dans  les  journaux  des  erreurs  comme  celles-ci  : 

«  Quant  à  la  variété  rose^  la  récolte  sera  nulle 11  faut  espérer  que 

la  variété  rose  sera  rigoureusement  exclue  delà  culture  l'an  prochain.  » 

Un  membre  influent  de  la  Société  des  agriculteurs  du  Nord  disait, 
dans  la  dernière  séance  tenue  par  cette  Société  :  «  La  variété  à  collet 
rose  est  presque  aussi  riche  cette  année  dans  notre  rayon  que  la 
blanche.  » 

Ce  caprice  de  la  mode  serait  sans  inconvénient  s'il  n'exposait  pas 
les  cultivateurs,  les  fabricants  de  sucre  et  les  distillateurs  à  faire  fausse 
route  en  rejetant  de  bonnes  variétés  de  betteraves,  parfaitement  appro- 
priées à  leur  sol,  pour  prendre  des  espèces  blanches  inconnues  qui 
pourraient  ne  leur  convenir  en  aucune  façon. 

Je  crois  donc,  dans  l'intérêt  général,  devoir  réagir  contre  cette 
tendance. 

Dès  le  début  de  mes  recherches,  je  me  suis  préoccupé  de  cette 
question  de  la  valeur  relative  des  betteraves  blanches  et  des  betteraves 
roses.  Chaque  année,  je  faisais  établir,  dans  mes  champs  d'expé- 
riences de  Cappelle,  près  Templeuve  (Nord)  et  autres,  des  semis  de 
variétés  roses  et  blanches,  de  même  valeur  sucriere,  dans  le  but  de  ré- 
soudre la  question.  J'avais  soin  de  comparer  entre  elles  les  variétés 
roses  et  blanches,  appartenant  toutes  deux  à  la  race  à  chair  très  dure, 


338  BETTERAVES  BLANCHES  ET  BETTERAVES  ROSES. 

à  peau  rugueuse,  à  racine  pivotante  et  provenant  toutes  deux  de  mères 
analysées  ayant  même  richesse,  ou  bien  des  variétés  roses  et  blanches 
de  race  intérieure,  à  peau  lisse,  à  chair  tendre,  à  racines  peu  pivo- 
tantes et  provenant  toujours  de  mères  de  même  richesse.  J'ai  toujours 
constaté  que,  dans  la  même  race,  dans  la  betterave  rose  ou  blanche, 
de  même  valeur  sucrière,  la  couleur  de  la  racine  n'avait  aucune  in- 
fluence, ni  sur  la  richesse,  ni  sur  le  rendement  en  poids,  ni  sur  le 
coefficient  de  pureté.  Il  n'en  serait  pas  de  même  évidemment  si  l'on 
con'parait  la  rose  de  la  première  qualité  avec  la  blanche  de  la  dernière, 
ou  la  blanche  d'une  année  avec  la  rose  d'une  autre  année;  ce  sont 
probablement  des  comparaisons  de  cette  nature,  faites  dans  des  con- 
ditions non  identiques,  qui  ont  donné  naissance  au  préjugé  que  je 
viens  combattre. 

Que  les  intéressés  soient  donc  complètement  convaincus  que  la 
couleur  de  la  peau  de  la  betterave,  qu'elle  soit  blanche^'  rose,  grise  ou 
jaune,  n'exerce  aucune  influence;  que  la  constitution  de  la  chair  de 
la  plante  saccharine  est  le  facteur  dominant  et  que  c'est  d'elle  que 
dépendent  la  richesse  en  sucre,  le  rendement  en  poids,  et  le  coefficient 
de  pureté  de  la  variété.  A  cette  occasion,  je  crois  devoir  rappeler  une 
observation  que  j'ai  faite  bien  des  fois  sur  les  variétés  de  betteraves. 

Il  en  existe  un  nombre  considérable,  exagéré,  du  reste,  par  les  mar- 
chands de  graines  dans  un  intérêt  purement  commercial  que  chacun 
devine. 

En  écartant  toutes  les  racines  houleuses,  toupies,  toujours  impropres  à 
la  fabrication  du  sucre,  qui  n'ont  été  que  trop  cultivées  en  France  jus- 
qu'ici, on  peut  ranger  toutes  les  bonnes  variétés  en  trois  grandes  caté- 
gories, pouvant  se  subdiviser  elles-mêmes  en  plusieurs  sous- variétés  : 
la  betterave  de  très  bonne  qualité,  la  betterave  de  bonne  qualité,  la 
betterave  d'assez  bonne  qualité.  Voici  les  caractères  qui  les  distinguent. 

1°  Betteraves  de  1res  bonne  (jualité.  Leur  chair  est  dure,  leur  peau  est 
rugueuse,  leur  collet,  très  large,  porte  des  feuilles  abondantes,  leur 
racine  est  allongée  et  pousse  très  profondément  en  terre  sans  en  sortir. 

2°  Betteraves  de  bonne  qualité.  Leur  chair  est  assez  dure,  leur  peau 
rugueuse,  elles  ont  le  collet  moyen,  la  feuille  large,  la  racine  pivotante, 
courte  ou  allongée,  selon  la  nature  de  la  sous-variété  employée. 

3°  Betteraves  d^assez  bonne  qualité.  La  chair  est  tendre,  la  peau 
lisse,  présentant  cependant  quelques  rugosités,  le  collet  porte  peu 
.de  feuilles,  la  racine  est  courte.  Les  betteraves  de  cette  catégorie  sont 
moins  exposées  que  les  autres  espèces  à  produire  des  racines  latéra- 
les, et  sortent  plus  ou  moins  de  terre,  selon  la  nature  du  sol  et  la 
quantité  d'engrais  employée. 

Les  premières  sont  celles  qui  produisent  le  plus  de  sucre  par  rap- 
port au  poids  de  la  betterave;  celles  de  la  troisième  catégorie  donnent 
ordinairement  le  plus  fort  rendement  en  poids  de  racines,  mais  sou 
vent  le  moins  de  sucre  à  l'hectare. 

Les  betteraves  de  la  seconde  catégorie  produisent  toujours  le  plus 
de  sucre  à  l'hectare  avec  un  rendement  satisfaisant  en  poids. 

On  ne  doit  jamais  perdre  de  vue  que  les  variétés  de  betteraves  pivo- 
tant le  plus  profondément  en  terre,  sont  les  plus  riches,  et  que  leur 
jus  produit  toujours  le  quotient  de  pureté  le  plus  élevé. 

La  nouvelle  législation  sucrière  françaisepeut  devenir,  sil'on  apprend 
à  en  tirer  bon  parti,  avantageuse,  et  pour  l'industrie  sucrière,  et  aussi 


BETTERAVES  BLANfiHKS  ET  BETTERAVES  ROSES.  339 

pour  l'agriculture.  Pour  en  obtenir  le  plus  de  bénéfices  possible,  il  fau- 
drait cultiver  les  variétés  rapportant  le  plus  de  sucre  par  rapport  au 
poids  de  la  betterave  ;  mallieureusement,  il  n'en  peut  toujours  être 
ainsi,  car  chaque  sol  ne  peut  porter  que  l'espèce  qui  lui  convient; 
vouloir  l'aire  produire  à  tous  les  sols  la  niênie  race,  c'est  courir  à  un 
échec  certain. 

C'est  dans  les  terrains  fertiles,  labourés  profondément,  riches  en 
humus  et  en  engrais  consommés,  (ju'il  faut  cultiver  les  variétés  à  chair 
très  dure  et  à  peau  très  rugueuse. 

Celles  à  chair  intermédiaire  devront  être  cultivées  dans  les  terres  de 
fertilité  moyenne,  labourées  moins  prolondément  que  les  précédentes, 
et  ayant  une  moins  grande  accumulation  d'engrais. 

Les  variétés  à  chair  tendre  et  à  peau  lisse  doivent  être  généralement 
rejetées  pour  la  fabrication  du  sucre.  Néanmoins  on  poui-ra  encore  les 
employer  dans  les  terres  n'ayant  pas  de  profondeur,  peu  fertiles,  ayant 
peu  d'engrais.  Dans  ces  sols  pauvres,  on  obtient  quelquefois,  avec  ces 
espèces  bien  cultivées,  des  betteraves  de  î"2  à  13  pour  100  de  sucre  et 
des  jus  d'une  assez  grande  pureté;  en  tous  cas,  elles  pourront  toujours 
être  utilisées  pour  la  distillerie  et  la  nourriture  des  bestiaux. 

Ch.  Violletti;, 

Professeur  de  chimie  appliquée  à  l'inJustrie  et  à  l'.igiicuUiirej 
Doyen  de  la  Faculté  des  sciences  de  Lille. 

ÉCHELLE  GRADUÉE  POUR  LES  POUDRES 

M.  Duras,  à  Cognac  (Chai'ente),  a  imaginé  récemment  une  ingé- 
nieuse combinaison  pour  les  tubes  de  niveau,  à  échelles  graduées, 
servant  à  indiquer  le  niveau  auquel  monte  le  liquide  dans  les  foudres, 
et  par  suite  les  quantités  que  ces  récipients  renferment  à  chaque  jour. 
Ces  indications  sont  d'une  grande  importance,  surtout  pour  les  spiri- 
tueux dans  les  rapports  a\ec  la  régie. 

Dans  la  plupart  des  tubes  et  échelles  gradués  employés  jusqu'ici,  le 
robinet  de  prise  (fig.  28)  est  vissé  sur  le  devant  du  récipient  sur  le 
côté  du  fond,  ce  qui  laisse  une  couche  relativement  importante  au- 
dessous  de  l'orifice  intérieur  de  ce  robinet;  mais  comme  en  outre  le 
corps  du  robinet  était  d'une  élévation  de  4  à  5  centimètres,  il  s'ensui- 
vait une  quantité  de  10  à  15  pour  100  de  la  capacité  des  futailles 
tenue  en  dehors  de  la  surveillance  des  intéressés.  Le  système  de 
M.  Duras  évite  cet  inconvénient  :  la  prise  de  robinet  du  tube  est  fixée  h 
la  partie  la  plus  basse  des  récipients,  ainsi  qu'on  le  voit  dans  la 
figure  29.  La  prise  I  étant  à  la  partie  la  plus  basse  du  récipient,  alors 
que  le  dessus  du  robinet  B  est  lui-même  légèrement  en  contre-bas  du 
bouge,  la  plus  légère  quantité  de  liquide  versée  se  manifeste  dans  le 
tube,  car  l'apjiareil  de  contrôle  tout  entier  ne  jauge  pas  plus  de  2  à  3 
centilitres. 

Le  tube  de  communication  est  légèrement  cintré  et  il  est  mobile 
dans  son  écrou,  ce  qui  permet  de  placer  le  tube  de  graduation  à  droite 
ou  à  gauche  du  récipient,  et  sa  forme  cintrée  prévient  aussi  les  dan- 
gers qui  pourraient  résulter  pour  le  caoutchouc  C  s'il  foisait  un  angle 
droit  en  arrivant  au  tube.  Enfin,  la  manipulation  très  simple  de  l'écrou 
et  du  bouchon  permet  de  rincer  les  récipients  facilement  et  sans  danger 
de  détruire  l'exactitude  de  l'échelle  de  graduation  lorsqu'il  est  néceS' 
saire  de  remuer  lesfoudres  pour  les  nettoyer. 


3'i0 


ÉCHELLES  GRADUÉES  POUR  LES  FOUDRES. 


Mais  lorsque  les  liquides  à  loger  dans  les  récipients  sont  de  nature 
à  formel'  un  dépôt,  il  serait  à  craindre  que  ce  dépôt  n'obstrue  l'oriûce 
du  bouchon,  rendant  incertain  ou  au  moins  irrégulier  le  fonction- 
nement de  l'appareil.  M.  E.  Duras  a  obvié  à  cet  inconvénient  par  un 


Fig.  28.    —    Ancien  tube   à  niveau  pour 
les  foudres. 


Fig.   29.    —  Tube   à  échelle  graduée  du 
système  Duras. 


tubedeprotection.  L'orifice  de  ce  tube,  percé  latéralement,  est  protégé 
par  un  champignon,  qui  écarte,  par  sa  forme  même,  les  lies  ou  dépôts 
qui  tombent  sur  le  tube  de  protection,  et  ne  laisse  pénétrer  que  le 
liquide  par  l'orifice  supérieur,  lorsque  cet    orifice   arrive    à    ' 


a  ligne 


O^^^^^^CK^ 


Fig.  30.  —  Appareil  double  pour  deux  foudres,  du  système  Duras. 


liquide  de  flottaison  après  avoir  traversé  la  couche  des  dépôts.  Le 
tube  de  protection  est  élevé  ou  abaissé  au  moyen  d'une  vis  de  rap- 
pel terminée  à  son  extrémité  inférieure  par  un  volant,  de  manière  que 
l'ouverture  puisse  être  amenée  exactement  au  niveau  de  la  couche  de 
dépôts.  Un  cône  situé  à  la  base  de  la  vis  de  rappel  tient  lieu  de 
presse-étoupe. 

L.  DE  Sardriac. 


DISCOURS  A  LA  RÉUNION  DES  DftLEGUÉS  DES   SOCIKTÉS  AGRICOLES.     141 


RÉUNION   DES  DÉLÈGUES  DES   SOCIÉTÉS   AGRICOLES 

Discours  de  M.  le  marquis  de  Dampierre,  président 

Messieurs,  sentinelles  vigilantes  de  l'agriculture,  nous  avons  poussé  le  cri 
d'alarme  et  nous  vous  avons  réunis  autour  de  nous.  —  Il  importait  qu'on  entendît 
en  ce  moment  la  voix  des  agriculteurs,  et  la  Société  des  agriculteurs  de  France  a 
appelé  à  elle  toutes  les  Associations  agricoles  du  pays,  Lien  sûre  de  voir  ainsi 
toutes  les  opinions  économiques  et  tous  les  intérêts  représentés  avec  l'autorité  qui 
s'attache  au  mandat  que  chacun  de  vous  a  reçu  pour  venir  siéger  ici.  Nous  ne 
pouvions  mieux  répondre,  je  crois,  aux  vœux  de  plusieurs  de  nos  Sociétés  alliliées, 
notamment  de  celles  de  Meaux,  do  l'Aisne,  ainsi  qu'aux  instances  des  membres 
si  dévoués  de  notre  Société  qui  habitent  le  département  de  la  Loire.  Mon  émi  • 
nent  prédécesseur  M.  Drouyn  de  Lhuys,  exposant  le  rôle  qu'il  appartenait  à  notre 
Société  de  prendre  dans  le  groupement  des  institutions  agricoles  du  pays,  disait, 
il  y  a  bientôt  vingt  ans,  au  congrès  d'Arras  :  «  Les  voix  parties  de  tous  les  points 
delà  France  pour  se  réunir  en  un  immense  écho  se  feront  entendre  au  loin;  les 
bras  réunis  dans  un  même  etlort  auront  une  puissance  irrésistible;  les  lumière 
convergeant  de  toutes  parts  auront  un  rayonnement  qui  frappera  tous  les  jîux.  > 

Nous  n'avons  d'autre  passinn  que  celle  du  bien  public,  et,  en  défendant  le-., 
intérêts  de  l'agriculture,  nous  défendons  les  plus  sûrs  éléments  de  la  prospérité 
de  notre  pays,  de  sa  grandeur,  de  son  influence  dans  le  monde.  Notre  ambition, 
c'est  de  découvrir  à  travers  les  diflicultés  financières  et  économiques  qui  nous 
enserrent,  la  meilleure  voie  à  suivre,  le  meilleur  conseil  à  donner  aux  pouvoirs 
publics,  dont  nous  cherchons  à  éclairer  la  marche  Gomment  avec  ces  sentiments 
ne  rencontrerions-nous  pas  le  concours  de  toutes  les  bonnes  volontés'? 

Mais,  messieurs,  pour  arriver  au  but,  il  faut  être  francs,  l'utilité  de  notre  inter- 
vention est  à  ce  prix.  Nous  dirons  donc  hautement  les  causes  du  malaise  et  de 
l'inquiétude  de  l'agriculture  :  l'exagération  de  notre  budget  des  dépenses  ;  l'em- 
ploi mal  équilibré  de  nos  impôts  ;  des  traités  de  commerce  désastreux;  un  mauvais 
régime  douanier  ;  l'inégalité  de  traitement  de  l'agriculture  partout  et  toujours, 
aussi  bien  devant  l'impôt  que  devant  la  douane;  les  délais  apportés  à  l'utilisation 
des  eaux  qui  relèverait  de  la  ruine  nos  départements  méridionaux,  des  confins  de 
la  Méditerrannée  au  golfe  de  Gascocjne  ;  tout  cela,  combiné  avec  un  ensemble  de 
circonstances  économiques  déplorables,  des  excès  de  production  et  de  production 
à  vil  prix  en  certaines  contrées,  du  bon  marché  et  de  la  rapidité  des  transports, 
des  tarifs  de  faveur  pour  les  produits  étrangers  venant  faire  concurrence  aux  pro- 
duits nationaux,  des  mesures  de  toute  sorte  qui  favorisent  l'émigration  des 
ouvriers  de  l'agriculture  dans  les  villes,  l'absence  d'établissements  de  crédit, 
l'absence  de  toute  représentation  légale  de  l'agriculture,  tout  cela,  dis-je, 
constitue  une  situation  ruineuse,  c'est-à-dire  intolérable  pour  l'industrie  nourri- 
cièie  de  la  France. 

Je  ne  m'étendrai  pas  longuement  sur  des  douleurs  que  personne  ne  nie  plus. 
M.  le  ministre  actuel  de  l'agriculture,  à  peine  entré  au  pouvoir,  disait  à  Amiens, 
il  y  a  deux  ans,  qu'il  savait  bien  que,  de  toutes  les  industries,  c'était  l'agri- 
culture qui  souffrait  du  mal  le  plus  aigu,  et  il  ajoutait  :  «  .Te  suis  malheureusement 
trop  bien  placé  pour  m'en  rendre  compte;  quand  je  suis  par  exemple  sur  la  carte 
lus  ravages  de  ce  petit  insecte,  qui  continue  sa  marche  impitoyable,  qui  a  déjà  en- 
vahi lingt  de  nos  départements  les  plus  riches  et  les  plus  flori-sants  autrefois; 
quand  je  Vois  dans  ces  départements,  toutes  les  fortunes  anéanties  et  les  popu- 
lations des  campagnes,  saisies  de  désespoir,  émigrer  en  masse  dans  toutes  les 
directions,  laissant  le  désert  derrière  elles:  quand  je  chiffre  ce  désastre  et  que  je 
trouve  ainsi  dans  la  fortune  de  la  France  une  trouée  annuelle  de  près  d'un  mil- 
liard, je  comprends  alors  que  la  consommation  générale  du  pays  soit  ralentie  et 
que  les  magasins  de  nos  industriels  regorgent  de  produits  qui  cherchent  en  vain 
des  acheteurs;  je  comprends  que  les  prix  s'abaissent  et  que  les  plus-values  de  nos 
impôts  s'arrêtent  comme  par  enchantement.  Une  seule  chose  m'étonne,  c'est  qua 
la  France  ait  astez  de  vitalité,  d'énergie  et  de  génie  pour  résister  à  ces  coups  re- 
doublés et  supporter  sans  succomber  de  pareils  assauts.  » 

La  situation  des  contrées  à  céréales  est  surtout  en  ce  moment  l'objet  de  nos 
préoccupations.  Producteurs  de  sucre  et  producteurs  de  blé  font  entendre 
d'amères  plaintes;  la  loi  sur  les  sucres  qui  leur  a  été  trop  tardivement  concédée 
cette  année,  ne  peut   les  relever  que   lentement,  la  ruine  a  déjà  atteint  beaucoup 


342     DISCOURS  A  I>A  RIÔUNION  DES  DÉLÉGUÉS  DES  SOniKTKS  AGRICOLES, 

d'usines  et  beaucoup  de  fermes,  et  vous  savez  quelle  est  l'intensité  des  souffrances 
des  départements  du  nord.  Les  délibérations  des  Comices  agricoles  de  l'Aisne,  les 
démarches  de  son  Conseil  général  aupiès  du  fçouvarnement,  les  vœux  de  la  So- 
ciété des  agriculteurs  du  Nord,  portés  au  gouvernement  par  les  hommes  les  plus 
autorisés  et  accentués  par  l'approbation  d'un  grand  nombre  d'autres  Sociétés, 
parlent  trop  haut  pour  qu'il  soit  utile  d'insister  sur  ce  point.  Le  mal  que  l'enquête 
faite  par  noire  Soéiété  en  1880  avait  signalé  a  décuplé.  Des  chiffres  sont  là, 
écrasants  dans  leur  douloureuse  éloquence;  en  voici  quelques-uns  pour  le  seul 
arrondissement  de  Saint-Quentin,  relatés  dans  un  rapport  de  M.  Ernest  Robert, 
vice-président  de  son  comice  : 

1*  Terres  dont  la  culture  ;i  été  abandonnée  dans  ces  rternirres  nnnées 
et  qui  sont  acluellemem  en  friche 727  hectares. 

2°  Terres  délaissées  p  r  les  exploitants  et  que  les  propriétaires  ont  diV 
cultiver  par  eux-mêmes,  ne  trouvant  plus  de  fermiers. ^  ,124       — 

3°  Terres  abandonnées  au  cours  du  bail,  par  suite  de  la  ruine  de 
l'exploitant fi,97.j      — 

11,836  hectares. 

Le  Comice  de  Saint-Quentin  avait,  en  1860,  chaleureusement  accueilli  le  régime 
inauguré  alors  de  la  prétendue  liberté  commerciale  ;  comptant  sur  une  réciprocité 
qu'on  oubliait  d'assurer,  il  avait  cru  qu'à  la  faveur  de  la  liberté  des  échanges  le 
commerce  étendrait  ses  transactions,  que  le  travail  national  augmenterait,  que 
l'agricultuie  trouverait  les  issues  qui  lui  manquaient,  il  acceptait  la  libre  concur- 
rence avec  l'étranger,  et,  aujourd'hui,  après  vingt-quatre  ans  d'expérience,  par 
l'organe  du  même  rapporteur,  ce  même  Comice,  avouant  son  erreur,  fait  entendre 
le  cri  de  sa  détresse. 

Une  enquête  a  été  faite  par  le  gouvernement  dans  le  département  de  l'Aisne,  le 
Bulletin  de  la  Société  des  agriculteurs  de  France  en  a  publié  les  premiers  élé- 
ments, et  nous  sommes  surpris  de  ne  pas  connaître  encore  les  résultats  officiels 
de  cette  enquête.  "  Le  pajs,  comme  disait  énergiquement  M.  le-.préfet  de  l'Aisne 
dans  l'audience  donnée  au  Conseil  général  par  M.  le  président  ou  Conseil  et  en 
présence  de  M.  le  ministre  de  l'agriculture,  le  pays  peut  perdre  son  sang-froid, 
et  il  supiilie  le  gouvernement  dans  l'intérêt  de  la  patrie  et  de  la  République  de 
prendre  l'initiative  de  mesures  promptes  et  efficaces  pour  parer  à  cet  état  de  choses.  » 
C'est  ainsi  que  s'e.xptime  le  procès-verbal  de  cette  audience  que  vous  avez  tous  lu, 
messieurs,  avec  émotion. 

D'aussi  unanimes  manifestations  étaient  un  avertissement  pour  le  gouverne- 
ment, et  il  répond  aujourd'hui  au  vœu  des  agriculteurs  en  acceptant  une  majora- 
tion modérée  de  queh^ues  tarifs  douaniers.  Nous  le  louons  de  cette  concession, 
mais  que  l'on  ne  dise  pas  qu'en  demandant  des  droits  fiscaux  compensateurs  pour 
nos  pioduits  nous  nous  rangeons  sous  le  drapeau  de  la  protection  contre  les  doc- 
trines du  libre-échange  ;  ce  n'est  pas  le  libre  échange  qui  est  en  cause,  mais  un 
régime  bâtard  auquel  on  donne  bien  à  tort  ce  nom.  Pratiqué  isolément  par  un 
pays,  le  libre-échange  n'est  plus  le  libre-échange,  et  un  député  de  l'Isère, 
M.  Couturier,  disait  bien  justement,  il  y  a  peu  de  jours  :  «  Le  désarmement 
douanier,  comme  le  désarmement  militaire,  no  peut  se  faire  que  par  un  consente- 
ment simulLiné  des  Etats.  »  Le  régime  que  nous  pratiquons  est  une  grande  du- 
perie ;  il  se  fonde  sur  une  prétendue  opposition  entre  les  iniérêts  des  consomma- 
teurs et  ceux  du  producteur,  comme  si  tous  les  producteurs  n'étaient  pas  des 
consommateurs  eux-mêmes,  comme  si  la  ruine  des  uns  n'entraînait  pas  la  ruine 
des  autres,  et  une  juste  pondération  des  prix  ne  devait  pas  être  le  salut  de  tous. 

Le  bon  sens  proteste  contre  les  conséi|uences  désastreuses  qu'entraîne  un  tel  état 
de  clioses,  et  voilà  ce  nom  de  libre-échange  décrié  et  compromis  désormais  par  la 
faute  de  ses  partisans,  qui  en  ont  laissé  altérer  la  signification.  Léonce  de  Lavergne 
disait  déjà  de  ces  frères  imprudents  en  1855  :  «  C'est  le  langage  des  libre-échan- 
gistes eux-mêmes  qui  a  été  la  principale  cause  de  l'erreur,  »  et  il  ajoutait  :  "  La 
liberté  commerciale  n'est  pas  une  de  ces  divinités  farouches  qui  exigent  des 
victimes  humaines  ;  c'est  une  déesse  toujours  bienfaisante  et  toujours  juste.  Fa- 
vorable en  Angleterre  aux  consommateurs  parce  que  ce  sont  eux  qui  soutfrent, 
elle  viendrait  eu  Frauce  au  secours  des  producteurs  par  le  même  motif.  » 

Messieurs,  il  ne  faudrait  pas  croire  que  les  pères  de  la  doctrine  de  la  liberté  des 
échangres,  ceux  qui  portent  les  noms  illustres  de  Smith,  Jean-Baptiste  Say,  [''re- 
déric  Basliat,  Léonce  do  Lavergne,  aient  jamais  refusé  aux  proauits  nationaux, 
dans  leur  lutte  avec  les  produits  étrangers,  la  compensation  des  charges  que  ceux- 


DISGOUHS  A  LA  Rl'jUNlON  DES  DÉf.ÉGaÉS  DES  SOCIÉTÉS  AGHICOLES.     ikS 

ci  n'ont  pas  à  supporter.  Jean-Baptiste  Say  conseillait  aux  gouvernants  de  din^  aux 
étrangers  :  «  Vous  apporterez  chez  nous  toutes  les  marchandises  que  vous  voudrez 
en  acquittant  des  droits  proportionoés  <à  toutes  nos  autres  contrihulions  publiques. 
Les  produits  du  commerce  étranger  doivent  payer  leur  part,  aussi  bien  que  ceux 
des  autres  industries.  »  Ailleurs,  Jean-Baptiste  Say  [Tr<nlé  il'êcon.  potil.,  liv.  I,, 
ch.  171  rappelle  que  Smith  admet  des  circonstances  où  l'on  peut  avoir  recours  au 
droit  d'eutrée  :  «  Une  circonstance  est  celle  où  un  produit  intérieur,  d'une  con- 
sommation analogue,  est  déjà  chargé  de  quelque  droit.  On  sent  ipi'alorsun  produit 
extérieur  par  lequel  il  pourrait  être  remplacé,  et  qui  ne  serait  chargé  d'aucun  droit, 
aurait  sur  le  prtMnier  un  véritable  privilège.  Faire  payer  un  droit  dans  ce  cas,  ce  n'est 
point  détruire  les  rapports  naturels  qui  existent  entre  les  diverses  branches  de  pro- 
duction :  c'est  les  rétablir.  En  effet,  on  ne  voit  pas  pour  quel  motif  la  production  de 
valeur  qui  s'opère  par  le  commerce  extérieur,  devrait  être  déchargée  du  tait  des 
impôts  que  supporte  ia  production  qui  's'opère  par  h  moyen  de  l'agriculture  ou 
des  manufactures.  C'est  un  malheur  que  d'avoir  un  impôt  h  payer;  ce  malheur,  il 
convient  de  le  diminuer  tant  qu'on  peut.  » 

En  1847,  mou  éminent  compatriote,  Frédéric  Bastiat,  dans  ses  SopMsmes 
économiques,  faisait  dire  à  l'utopisle  (c'était  lui)  que  s'il  était  ministre,  il  ferait  une 
loi  de  douane  en  deux  parties  :  <t  Article  premier,  toute  marchandise  importée 
payera  une  taxe  de  5  pour  100  de  la  valeur;  art.  2,  toute  marchandise  exportée 
payera  une  taxe  de  5  pour  100  de  la  valeur.  »  —  Dieu  me  garde  d'entrer  dans 
l'explication  de  !a  doctrine  de  mon  illustre  collègue  de  députation  de  1848  sur 
cette  simplification  originale  de  notre  régime  douanier;  mais  il  en  ressortait  évi- 
demment que,  dans  sa  pensée,  le  produit  étranger  devait  contribuer  à  nos  charges 
publiques,  parce  qu'il  profitait  de  nos  ports,  de  nos  roules,  de  notre  sécurité,  do 
tout  ce  qui  est  la  raison  de  nos  impôts,  en  un  mot. 

Pour  Léonce  de  Lavergne,  rien  de  plus  clair,  rien  de  plus  net  que  son  opinion 
sur  cette  question.  En  ce  qui  concerne  le  bétail,  il  disait  :  «  Tout  ce  qui  nuit  à  la 
prospérité  du  bétail  est  un  malheur  public  ;  tout  ce  qui  k  favorise  est  un  bien.  Si 
la  libre  introduction  du  bétail  étranger  devait  avoir  pour  effet  de  diminuer  la  quan- 
tité ou  la  qualité  du  nôtre,  je  serais  le  premier  à  la  combattre.  Quelle  que  soit  ma 
conviction  sur  les  avantages  de  la  liberté,  je  ne  sais  pas  lésister  aux  faits  et  je 
reconnais  qu'il  n'y  a  pas  au  monde  de  principe  absolu.  »  —  Plus  loin,  il  ajoute  : 
«  Dans  un  temps  (1855)  où  pour  subvenir  aux  intérêts  des  emprunts  nouvel- 
lement contractés  il  faut  trouver  de  nouvelles  sources  de  recettes,  on  doit  cher- 
cher à  l'aire  rendre  aux  douanes,  comme  aux  autres  branches  du  revenu  public, 
tout  ce  qu'elles  peuvent  rendre.  Il  convient  alors  de  choisir  le  tarif  qui  donnera 
le  plus  de  recettes,  en  dehors  de  toute  préoccupation  protectionniste.  » 

A  l'occasion  des  droits  d'entrée  sur  les  blés  étrangers,  et  demantlant  un  chiffre 
plus  élevé  que  celui  qu'on  proposait,  Léonce  de  Lavergne  écrivait  en  1861  : 
«  Depuis  la  lettre  impénale  du  5  janvier  1860,  le  gouvernement  fait  une  guerre  à 
mort  aux  droits  de  douane;  100  millions  de  recettes  annuelles  ont  ainsi  disparu 
du  budget.  Ce  serait  un  bien  si  100  millions  de  dépenses  avaient  disparu  en  même 
temps;  mais  comme  les  dépenses  ne  font  que  s'accroître,  au  lieu  de  diminuer,  ces 
100  raillions  et;  bien  d'autres  encore  n'ont  l'ait  que  changer  de  foi'me.  Ce  que 
payent  en  moins  les  produits  étrangers,  les  produits  Irançais  doivent  le  payer  en 
sus.  Nous  ne  comprenons  pas,  quoique  partisan  déclaré  de  la  liberté  commerciale, 
cette  faveur  accordée  aux  produits  étrangers  aux  dépens  des  nôtres.  Qu'on  efface 
jusqu'aux  dernières  traces  du  système  protecteur,  rien  de  mieux;  mais  il  est  bon 
de  maintenir  les  perceptions  fiscales  qui  ont  pour  but  de  répartir  le  fardeau  de 
l'impôt.  Décharger  les  douanes  pour  charger  à  l'intérieur  les  contributions,  c'est 
sortir  de  la  justice  et  de  l'égalité,  c'est  faire  de  la  protection  à  rebours.  )>  Et 
ailleurs  il  dit  :  a  II  nous  paraît  contraire  aux  principes  d'une  bonne  administra- 
tion fiscale  de  laisser  introduire  en  France  une  denrée  quelconque  sans  payer 
de  droits.  » 

Depuis  le  temps  où  ces  choses  se  disaient,  un  bouleversement  profond  est  sur- 
venu dans  les  relations  commerciales  de  la  France  par  h  promptitude  et  le  bas 
prix  des  transports  :  ce  ne  sont  plus  seulement  les  blés  d'Egypte  ou  de  Crimée  qui 
viennent  sur  nos  marchés,  mais  ceux  de  l'Amérique  et  de  l'Inde,  produits  dans 
des  conditions  exceptionnelles  de  b  n  marché;  ce  ne  sont  plus  seulement  les  bes- 
tiaux de  nos  voisins  d'Europe  qui  nous  arrivent,  la  viande  nous  vient  de  toutes 
les  parties  du  monde,  et  les  5  pour  100  ad  valorem,  considérés  comme  des  droits 
compensateurs  suflisantsil  y  a  vingt-cinq  ans,  ne  le  sont  plus  aujourd'hui.  Je  crois 


344     DISCOURS  A  LA  RÉUNION  DES  DÉLÉGUÉS  DES  SOCIÉTÉS  AGRICOLES. 

donc  pouvoir  conclure  des  citations  abrégées  que  je  viens  de  vous  faire  que  ]es 
illustres  économistes  qui  avaient  conçu  la  pensée  d'une  liberté  des  échanges,  fondée 
sur  la  réciprocité  et  sur  l'égalité  de  situation  de  toutes  les  industries,  c'est-à- 
dire  sur  la  justice,  n'hésiteraient  pas  à  se  ranger  de  notre  avis,  en  présence  des 
faits  inattendus  qui  se  manifestent. 

Oh,  assurément,  on  a  eu  raison  de  dire  que  ce  n'est  pas  une  augmentation  des 
droits  d'entrée  sur  les  bestiaux  et  sur  les  blés  qui  peut  avoir  une  influence  décisive 
sur  le  relèvement  de  notre  agriculture.  Ce  serait  un  acte  de  justice  devenu  néces- 
saire, une  atténuation  de  quelques  souffrances;  mais  c'est  sur  un  ensemble  de 
mesures  d'une  bien  autre  portée  et  que  la  Société  des  agriculteurs  de  France  ne 
cesse  de  réclamer  depuis  ffu'elle  existe,  que  doit  se  porter  l'attention  des  pouvoirs 
publics.  La  revision  des  tarifs  douaniers  mérite  votre  intérêt  certainement,  mais 
ce  n'est  là  qu'un  des  côtés  de  la  question.  Je  disais,  à  l'ouverture  d'une  de  ros 
sessions  ;  «  Une  pensée  doit  dominer  toutes  nos  revendications,  celle  de  la  justice 
qu'il  y  aurait  à  placer  une  bonne  fois  l'agnculture  sur  le  même  pied  que  toutes 
les  autres  industries,  devant  les  règlements  administratifs,  devant  l'impôt,  dans 
Iss  tarifs  douaniers,  dans  les  traités  de  commerce.  Qu'on  nous  évite  ainsi  la  dou- 
leur d'avoir  à  demander  sans  cesse  de  faibles  palliatifs  aux  crises  qui  sont  la  consé- 
quence de  cette  inégalité,  et  on  fera  de  la  grande  et  bonne  administration.  »  Tel  a 
été  toujours  le  point  de  départ  de  toutes  nos  demandes  et  je  dirais,  si  l'expression 
ne  jurait  pas  trop  avec  le  but  pacifique  que  nous  poursuivons,  que  ['égalité  est 
devenue  le  cri  de  guerre  de  la  Société  des  agriculteurs  de  France. 

Qu'on  nous  exauce  et  nous  demanderons  à  la  culture,  avec  plus  d'autorité,  d'ap- 
porter à  ses  méthodes  tous  les  perfectionnements  qui  lui  permettraient  la  concur- 
rence avec  les  produits  étrangers,  de  consentir  à  des  dépenses  utiles  assurément, 
mais  qui  sont  aujourd'hui  au-dessus  de  ses  forces.  Nous  nous  efforçons  déjà  de 
mettre  sous  ses  yeux  les  exemples  qui  montrent  la  possibilité  de  diminuer  les  prix 
de  revient  par  l'augmentation  des  rendements,  nous  lui  montrons  toutes  les  res- 
sources que  la  science  lui  oflre;  si  elle  était  relevée  de  ses  découragements,  vous 
la  verriez  bientôt,  vaillante  et  laborieuse,  se  mettre  à  la  hauteur  de  tout  ce  qu'on 
exigerait  d'elle. 

Messieurs,  nous  devons  une  grande  reconnaissance  aux  hommes  de  talent  et  de 
dévouement  qui  défendent  les  droits  de  l'agriculture  au  Sénat  et  à  la  Chambre 
des  députés.  Leurs  sages  discours  étaient  de  nature  à  porter  la  conviction  dans 
tous  les  esprits,  ils  ont  fait  au  dehors  la  plus  vive  impression  ;  on  sait  quel  a  été 
le  retentissement  de  celui  de  M.  de  Saint -Vallier  au  Sénat,  et  les  regrettables 
entraînements  de  la  politique  ont  pu  seuls  détourner  la  représentation  nationale 
de  porter  à  de  tels  avertissements  l'attention  qu'ils  méritaient.  —  Je  dois  bien  le 
dire  aussi,  ceux  qui  aiment  l'agriculture  ei  qui  connaissent  ses  affaires,  sont  trop 
peu  nombreux  dans  nos  assemblées  parlementaires,  et  vraiment,  messieurs,  c'est 
bien  votre  faute  s'il  en  est  ainsi  :  il  s'agit  de  vos  intérêts  les  plus  directs  et  les 
plus  sensibles,  du  choix  de  vos  défenseurs,  vous  formez  les  deux  tiers  delà  nation, 
et  vous  laissez  à  d'autres,  qui  n'ont  ni  vos  aspirations  ni  vos  besoins,  le  soin  de 
désigner  les  candidats  qui  recueillent  vos  suffrages.  Si  vous  vous  abandonnez 
vous-mèoaes,  comment  voulez-vous  qu'on  vous  secoure! 

Il  y  a  ici,  messieurs,  de  nombreux  représentants  de  la  presse  de  tous  les  partis. 
Je  saisis  cette  occasion  pour  remercier  la  presse  française  du  généreux  concours 
qu'elle  prête  à  l'agriculture  en  faisant  connaître  partout  ses  revendications. 

Je  vous  laisse  la  parole,  messieurs;  puissent  de  calmes  délibérations  éclairer 
les  problèmes  que  vous  êtes  ici  appelés  à  débattre.  Souvenez-vous  qu;  les  vivacités 
de  langage  n'ont  jamais  servi  qu'à  compromettre  les  meilleures  causes  et  que  le 
bon  droit  n'a  pas  besoin  de  ces  moyens  de  défense. 

AGRICULTURE  DE  BASSE-PICARDIE  EN  1884 

I.  — Concours  agricole  de  r arrondissement  d'AbbevUle  en  1884.  — 
L'ordre  alphabétique  établi  pour  la  rotation  annuelle  entre  les  onze 
cantons'  de  l'arrondissement,  ramenait,  cette  année  à  Ault^,  le  qua^ 
rante-rinquihne  concours  du  Comice  agricole  d'Abbeville. 

1.  Un  seul  concours  à  Alibeville  comprend  les  deux  cantons  de  ce  chef-lieu  d'arrondissement. 
1.  Le  précédent  concours  à  Ault  avait  eu  lieu  en  1874.  Nous  eu  avons  rendu  compte  au  Jour- 
nal de  l'ngricullure,  du  15  août   1874. 


AGRICULTURE  DE  LA   BASSE-PICARDIE.  345 

C'est  le  29  juin  dernier  que  cette  réunion  a  eu  lieu,  favorisée  par 
un  temps  superbe 

Le  bourg  d'Ault  s'étend  au  sommet  d'une  des  falaises  calcaires  qui 
terminent  brusquement,  à  la  mer,  les  plaines  fertiles  du  Vimu.  L'es- 
pace qu'il  occupe,  ayant  peu  de  profondeur  vers  l'Est,  et  se  trouvant 
limité,  à  l'Ouest,  par  l'Océan,  il  y  eut  obli^^ation  d'en  éloigner  un 
peu  le  champ  du  concours.  Les  nombreux  animaux  exposés,  la  mul- 
tiplicité des  instruments  dont  la  plupart  dut  fonctionner  dans  un  sol 
que  la  sécheresse  avait  durci,  occupaient  la  surface  assez  étendue  offerte 
au   Comice,  à  2  kilomètres  d'Ault. 

Les  récompenses  auxquelles  les  concurrents  ont  eu  droit  furent  dis- 
tribuées dans  l'ordre  suivant  : 

Bonne  culture.  —  Une  prime  avec  médaille  d'or  offerte  à  une  des 
cultures  du  canton  d'Ault. 

Moralité.  —  Six  primes,  six  médailles  d'argent  aux  valets  de  char- 
rue, filles  de  basse-cour  et  domestiques  de  cour. 

Instruments  opérant  à  pri.c  d'argent  le  fauchage,  le  battage  des  grains 
chez  les  cultivateurs.  —  Deux  primes,  deux  médailles  d'argent. 

Espèce  chevaline.  —  Poulinières  suitées,  pouliches  de  deux  et  trois 
ans.  Une  médaille  d'argent  d'ensemble,  offerte  par  la  Société  des  agri- 
culteurs de  France.  Vingt  primes.  Une  médaille  d'argent,  six  médailles  de 
bronze.  L'espèce  chevaline,  représentée  par  des  poulinières  et  des  pou- 
liches boulonnaises  destinées  à  la  reproduction,  au  moins  pour  la  plu- 
part, offrait  un  beau  choix  d'animaux.  Cette  brillante  partie  du  concours 
fut  très  appréciée  des  éleveurs.  Succès  prévu  du  reste  dans  une  con- 
trée aussi  voisine  de  la  portion  occidentale  du  delta  de  la  Somme, 
connue  sous  le  nom  de  Bassure  de  Cayeux.  Les  cultivateurs  y  entre- 
tiennent des  poulinières  boulonnaises  de  gros  trait,  fort  estimées,  et 
sont  d'habiles  éleveurs. 

Espèce  bovine.  —  Taureaux  et  génisses  à  dents  de  lait,  et  taureaux, 
génisses  et  vaches  plus  âgés.  Une  médaille  d'argent  d'ensemble, 
offerte  par  la  Société  des  agriculteurs  de  France.  Vingt-deux  primes, 
quatre  médailles  d'argent  et  cinq  médailles  de  bronze. 

L'espèce  bovine  présentait  une  réunion  satisfante  de  bêtes  issues  des 
races  normandes,  flamandes,  hollandaises  et  diverses.  Néanmoins, 
l'élevage  local  semble  accorder  ses  préférences  aux  normandes. 

Le  canton  d'Ault  confine  à  la  Seine-Inférieure,  ce  qui  permet  aux 
éleveurs  de  cette  contrée  d'apprécier  les  qualités  maîtresses  de  cette 
excellente  espèce. 

A  côté  des  éloges  bien  mérités  par  les  bêtes  bovines,  on  a  blâmé, 
et  non  sans  raison,  l'excès  d'embonpoint  de  la  plupart  de  ces  animaux. 
C'est  là  une  observation  fondée  et  généralement  applicable  à  presque 
tous  les  concours.  Dans  la  préparation  qu'ils  font  subir  aux  bêtes  des- 
tinées à  ces  exhibitions,  les  éleveurs  sont  naturellement  disposés  à 
cacher  sous  la  graisse  bien  des  défauts  de  conformation.  Cela  est  infi- 
niment plus  commode  que  de  chercher  à  les  faire  disparaître  progressive- 
ment par  une  étude  attentive,  une  sélection  judicieuse  des  producteurs 
mâles  et  femelles,  et  un  élevage  rationnel  des  produits.  Mais  pour 
arriver  à  obtenir  des  modiûcations  zootomiques  sérieuses  et  durables, 
le  temps  est  le  facteur  indispensable,  car  là  rien  ne  peut  être  impro- 
visé. Or,  il  faut  reconnaître  qu'il  se  trouve  peu  d'éleveurs  disposés  à 
attendre,  sans  trop  d'impatience  et  pour  une  époque  indéterminée,  les 


346  AGRICULTURE  DE  LA  BASSE-PICARDilv 

résultats  qui  devraient  provenir  de  la  sagacité  de  leurs  observations 
ainsi  que  de  l'habileté  persévérante  de  leur  élevage. 

Espèce  ovine.  —  Béliers. et  brebis.  Une  médaille  de  bronze,  d'en- 
semble, offerte  par  la  Société  des  agriculteurs  de  France.  Neuf  primes. 

Espèce  porcine.  —  Une  médaille  d'argent,  d'ensemble,  aux  verrats 
et  truies.  Huit  primes. 

Espèce  asine.  —  Deux  primes. 

Animaux  de  basse-coiir.  — Poules,  dindons,  lapins,  pigeon  s. Quatre 
médailles  d'argent  et  trois  médailles  de  bronze. 

Produils  divers.  —  Pour  les  meilleurs  cidres.  Une  médaille  d'or 
offerte  par  M.  Douville  de  Maillefeu,  député  de  la  Somme. 

Apiculture.  —  Mention  très  honorable,  hors  concours,  à  la  Société 
d'apiculture  de  la  Somme.  Trois  médailles  d'argent.  Trois  médailles 
de  bronze. 

Inslniménls  aratoires.  —  Une  médaille  de  bronze,  d'ensemble,  offerte 
par  la  Société  des  agriculteurs-  de  France.  Une  médaille  d'argent, 
d'ensemble,  par  le  Comice  d'Abbeville.  —  Charrues.  Cinq  primes. 
Deux  médailles  d'argent.  Deux  médailles  de  bronze.  —  Exlirpateurs, 
Scarificateurs,  herses,  houes  à  cheval,  rouleaux  et  instruments  divers. 
Huit  primes.  Dix  médailles  d'argent.  Sept  médailles  de  bronze. 

L'importance  du  concours  d'Ault,  soutenu,  cette  fois  encore,  par 
les  souvenirs  et  les  traditions  d'époques  plus  heureuses,  aurait  pu 
faire  illusion  aux  visiteurs  étrangers  qui,  pour  s'y  rendre,  venaient  de 
traverser  des  champs  couverts  de  récoltes  pleines  de  promesses.  Néan- 
moins on  sentait  au  manque  absolu  d'entrain,  à  la  morne  tristesse  des 
cultivateurs,  fermiers  ou  propriétiires,  l'étendue  des  maux  qui  achèvent 
de  ruiner  nos  campagnes  où  l'agriculture,  naguère  pleine  d'espérances, 
est  actuellement  réduite  à  une  douloureuse  misère. 

Dans  un  excellent  discours  qui  précéda  la  distribution  des  récom- 
penses, M.  Lefebvre  de  Villers,  président  du  Comice  d'Abbeville,  a 
exposé  cet  état  de  profond  découragement,  en  termes  émus,  mais  avec 
une  modération  et  un  tact  qui  lui  ont  valu  de  nombreux  applaudis- 
sements. Nous  en  extrayons  quelques  passages  : 

<t  Les  cultivateurs  qui  ont  assisté  au  concours  d'Ault  de  1874  y  sont  venus  sans 
trop  de  préoccupations  sur  leur  situation. 

<f  La  vente  de  leurs  produits  leur  permettait  encore  de  couvrir  leurs  frais  de 
culture,  de  vivre  et  de  faire  honneur  à  leurs  engagements. 

«  Les  choses  ont  bien  changé  depuis. 

«  Atteints  par  la  crise  l'oriuidalile  que  subit  l'agriculture,  entrevoyant  l'anéan- 
tissement de  leurs  espérances  et  leur  ruine  dans  un  avenir  prochain,  ils  viennent, 
en  oe  jour,  tristes  et  découragés,  répondre  à  notre  appel.  Et  peuvent-ils  avoir  le 
cœur  à  la  joie,  à  la  vue  delà  dépréciation  de  leurs  produits,  résultat  de  la  concur- 
rence que  leur  font  les  nations  étrangères,  produisant  à  moindres  frais? 

«  Quand,  sans  protection  contre  cette  concurrence  désastreuse,  abandonnés  à 
leurs  seules  forces,  ils  reconnaissent  qu'ils  ne  peuvent  soutenir  la  lutte.  Quand 
ils  se  voient  traités  moins  favorablement  que  l'industrie,  défendue  contre  la  con- 
currence par  des  droits  de  douane  élevés  pour  beaucoup  de  ses  produits.  Quand 
ils  considèrent  les  charges  énormes  de  toute  nature  qui  pèsent  sur  eux,  charges 
supérieures  à  celles  qui  pèsent  sur  les  autres  catégories  de  contribuables; 

'•-  Puisque  la  propriété  rurale  paye  en  impôts  30  francs  de  son  revenu,  tandis 
que  la  propriété  urbaine  ne  paye  que  23  pour  100,  la  propriété  industrielle  et 
commerciale  que  19  pour  100,  les  valeurs  mobilières  que  11  pour  100  et  que 
l'égalité  n'existe  pas  pour  enx. 

«  L'agriculture,  dans  les  conditions  qui  lui  sont  faites,  ne  pourra  survivre  à  1 1 
crise,  si  on  ne  vient  pas  à  son  secours,  sans  délai,  par  des  mesures  efficaces  et 
non  par  des  promesses  stéfiles.Ces  mesures,  depuis  longtemps,  elle  les  réclame. 


AaKlCULTUltK   1)K  LA.  BAiiSK-PlOARDIE.  347 

<>  Ne  cessez  pas  de  faire  entendre  votre  voix,  messieurs  les  agriculteurs;  ce 

n'est  que  par  des  demandes  réitérées  et  pressantes  que  Ton  obtient  :  vous   ê;es 
le  nombre,  vous  êtes  la  force,  il  faudra  bien  enfin  que  justice  vous  soit  rendue. 

«  Espérons  que  dans  un  avenir  prochain,  les  hommes  haut  placés  auxquels  sont 
confiées  les  destinées  du  pays,  qui,  jusqu'alors  ont  paru  s'inquiéter  faiblement 
de  l'état  misérable  de  l'agriculture,  mettant  de  côté  des  préoccupations  d'un  autre 
ordre,  et  cédant  à  l'évidence,  tiendront  sérieusement  compte  de  ses  doléances  et 

porteront  secours » 

Nos  pltis  vivei  sympathies  sont  acquises  à  ces  sages  et  patrioliquei 
paroles.  Noas  uaissons  nos  vœux  à  ceux  de  M.  le  président  du  Comice 
d'Abbeville  pour  que  les  pouvoirs  publics  cessent  bienlôo  de  consi- 
dérer l'agriculture  française  comme  une  serve  taillable  el  corvéable  à 
merci.  On  la  pressure  de  toutes  façons,  puis  on  secroit  quitte  envers  elle^ 
quand,  à  l'occasion  de  quelque  solemnité,  concours  régional  ou  autre, 
et  surtout  à  l'approche  de  ({uelque  élection  politique,  on  a  couronn  ;,, 
de  tleurs  de  réthoriquei,  cette  mère  nourrice  de  la  nation,  aima  parens. 
Mais  les  banalités  n'iliusioniient  plus  les  désespérés  des  campagnes. 
Dans  leur  détresse,  ils  voient  trop  bien  les  fruits  de  leur  rude  labeur, 
sacriGés,  plus  impitoyablement  que  jamais,  à  la  désastreuse  concur- 
rence des  produits  exotiques  affranchis  des  charges  qui  les  oppriment. 
II.  ^  Des  devoirs  professionnels  nous  ayant  empêché  de  publier, 
aussitôt  que  nous  le  désirions,  le  compte  rendu  qui  précède,  nous 
venons  y  ajouter  d'autres  documents  relatifs  à  la  situation  actuelle  de 
l'agriculture  en  basse-Picardie. 

Lors  du  concours  d'Ault  (20  juin  1884),  la  chaleur  et  la  sécheresse 
n'avaient  encore  compromis  ni  les  champs,  ni  les  pâturages  de  notre 
contrée.  Mais,  leur  continuité,  d'abord  si  nuisible  aux  herbages,  vint 
hâter  prématurément  la  maturité  des  céréales,  arrêter  la  croissance 
des  betteraves,  griller  sur  pied  les  secondes  coupes  de  trèfle,  rendre 
impossible  le  travail  des  jachères  d'été. 

Ouragan  Je  grêle.  — La  culture,  bien  que  ne  vendant  qu'à  des  prix 
dérisoires,  ses  excellents  blés  de  1883,  s'était  trouvée,  au  commence- 
ment de  juillet,  en  présence  de  récoltes  assez  plantureuses  pour  faire 
rêver  d'un  avenir  peut-être  moins  mauvais,  réservé  aux  cérea'es  de 
188'i.  Tout  au  moins  l'abondance  des  pailles  promettait  un  auxiliaire 
opportun  pour  la  nourriture  d  hiver  du  bétail.  Mais  le  12  juillet,  vers 
sept  heures  du  soir,  un  furieux  ouragan,  accompagné  de  tonnerre  et 
de  grêle,  tel  que,  de  mémoire  d'homme,  il  ne  s'en  était  vu  dans  la 
contrée,  vint  s'abattre  sur  le  fertile  plateau  de  Vimeu',  ravageant  les 
cantons  de  Gamaehes,  de  Moyenneville,  s'étendant  dans  plusieurs 
communes  suburbaines  d'Abbeville  et  jusqu'à  l'un  de  ses  faubourgs. 
Colzas,  œillettes,  lins,  chanvres,  betteraves,  trèfles,  céréales,  pâtu- 
rages, furent  littéralement  hachés,  anéantis  et  enterrés  de  plusieurs 
centimètres,  par  de  véritables  trombes  de  grêlons  gros  comme  des 
œufs  de  pigeon. 

Les  arbres,  absolument  dépouillés  do  leurs  feuilles,  prirent  aussitôt 
leur  aspect  hivernal.  Les  vergers  furent  jonchés  déjeunes  pommes  à 
cidre,  les  jardins,  de  tous  les  légumes,  tleurs  et  fruits.  La  grêle  écrasa 
le  gibier  de  plaine,  à  poil  et  à  plume,  les  pies,  corbeaux  et  autres  oi- 
seaux robustis,  à  plus  forte  raison  ceux  plus  petits  et  moins  résistants. 

1.  Les  plaines  du  Vimcii,  dune  allitiido  uiuyejinc  de  120  mètres,  sétendent  enlre  l;i  rive 
gauclie  de  ia  Somme,  la  rive  droite  de  la  Bresie,  qui  les  sépare  de  la  Nûrmandie,  et  la  mer, 
Jusque  sur  une  purtiou  de  l'arrondissement  d'Amiens,  [.a  partie  du  Vimeu  située  d.ins  l'arron- 
dissement d'Abbeville,  de  beaucoup  plus  iinportanlc,  forme  à  peu  près  la  moitié  de  cet  arron- 
dissement, 


348  AGRICULTURE  DK  LA   BASSE-PICARDIE. 

Enfin,  elle  causa  des  dégâts  considérables  aux  habitations  ainsi  qu'aux 
bâtiments  ruraux. 

Pour  le  seul  arrondissement  d'Abbeville,  les  pertes  causées  aux  ré- 
colles par  ce  cataclysme  furent,  tout  d'abord,  estimées  à  environ  trois 
millions  de  francs.  Le  chiffre  adopté  par  l'administration,  après  véri- 
fication des  contrôleurs,  s'élève  à  2, 227, 212  francs,  pour  un  total  de 
27  communes,  comprenant  5,657  cultivateurs  sinistrés,  parmi  lesquels 
3,1 1 7  sont  actuellement  considérés  comme  absolument  nécesiteux. 

La  solidarité  qui,  de  tout  temps,  unit  dans  nos  campagnes  les  pro- 
priétaires à  leurs  fermiers,  se  manifeste  hautement  à  l'occasion  de 
cette  douloureuse  épreuve.  Les  possesseurs  du  sol  acceptent  libérale- 
ment une  large  participation  aux  charges  nouvelles  imposées  aux 
champs  sinistrés.  Beaucoup  d'entre  eux  ont  pris  l'initiative  d'une  re- 
mise du  fermage  de  1884  à  leurs  tenanciers  et  s'engagent,  en  outre,  à 
solder  tous  les  grains  nécessaires  aux  semailles.  Tous  suivront  certai- 
nement cette  généreuse  impulsion.  C'est  là  une  nouvelle  et  probante 
confirmation  de  notre  réponse  du  printemps  dernier  à  l'enquête  sur  le 
crédit  agricole,  faite  par  la  Société  nationale  d'agriculture'  : 

a  En  Picardie,  écrivions-nous  alors,  les  propriétaires  accordent  ordi- 
nairement de  très  longs  délais  pour  le  payement  des  fermages.  N'ayant 
à  payer  aucun  intérêt,  l'agriculture  trouve  amsi  le  plus  avantageux  des 
crédits.  « 

La  suppression  momentanée  du  fermage  et  la  fourniture  gratuite 
des  semences  dans  les  circonstances  calamiteuses,  ne  constituent-elles 
pas  aussi  l'application  du  vrai  crédit  agricole  sous  sa  forme  la  plus 
simple,  la  plus  immédiate  et  la  plus  sérieusement  utile? 

m.  Courses  d'Abbeville.  — Ce  fut  devant  une  assistance  profondément 
impressionnée  par  les  désastres  du  12  juillet  qu'eurent  lieu,  le  14, 
les  courses  d'Abbeville,  sur  le  bel  hippodrome  de  la  prairie  de  Mali- 
corne.  Mais,  malgré  les  circonstances  atmosphériques  les  plus  favo- 
rables, cette  réunion  dont  l'institution  remonte  déjà  1850,  et  qui  a 
toujours  exercé  une  si  grande  altraction,  manqua  d'entrain  cette  an- 
née, tant  les  calamités  agricoles  avaient  frappé  les  esprits. 

11  y  fut  couru  trois  courses  plates,  un  steeple-chase  militaire,  une 
course  de  haies,  un  steeple-chase  à  réclamer. 

Sur  le  même  hippodrome,  les  courses  au  trot,  instituées,  depuis 
peu  d'années,  par  la  Société  des  courses  au  trot  d'Abbeville,  ont  eu  lieu 
le  27  juillet. 

Ces  courses  offrent  d'ordinaire  un  intérêt  agricole  tout  particulier 
dans  une  contrée  où  le  cheval  boulonnais  occupe  une  place  si  consi- 
dérable parmi  les  productions  rurales;  mais  la  récente  destruction  de 
tant  de  récoltes  sur  le  plateau  du  Vimeu  où  l'élevage  des  poulains  est 
général,  avait  jeté  les  cultivateurs  dans  un  tel  marasme  que  l'assistance 
fut  infiniment  moins  nombreuse  que  d'ordinaire.^ 

Les  cinq  courses  au  trot  furent  courues  dans  l'ordre  suivant  : 

1°  Prix  de  Vimeu,  offert  par  le  gouvernement.  Ait  trot  monté,  pour  chevaux 
entiers  et  juments  d'espèce  boulonnaise  de  gros  trait,  de  trois  an-î,  nés  et  élevés 
dans  la  ciiconscription  du  dépôt  de  Gompiègne.  Distance:  1,500  mètres;  cinq 
chevaux  ont  couru, 

2°  Prix  des  Haras.  Au  trot  monté,  pour  chevaux  entiers,  hongres  et  juments, 
d'espèce  boulonnaise   de  trait,  âgés  de  quatre  à  cinq  ans,  nés  et   élevés  dans  la 

1.  Le  premier  volume  de  cette  importante  emiuète  ijui  d  paru  récemmeal  contient  lu  texte  de 
notre  réponse. 


AGRICULTURE  DANS  LA  BASSE-PIRARDIE.  349 

circonscription  lia  Jopôt  de  Compiègne.   Distance  :  2.000    mètres;   neuf  chevaux 
ont  couru. 

3"  Prix  du  Conseil  général.  Au  trot  monté,  pour  chevaux  entiers,  hongres  et 
juments  do  trait  et  de  trait  léger,  d'espèce  boulonnaisc,  âgés  de  trois  et  quatre 
ans,  élevés  dans  la  Somme.  Distance  :  2,000  mètres;  sept  chevaux  ont  couru. 

4"  l'rix  du  Ponthieu.  Au  trot,  monté,  pour  chevaux  et  juments  de  toutes  races, 
âgés  de  trois,  f[uatre  et  cinq  ans,  n'ayant  pas  couru  dans  les  courses  précédentes. 
Distance  :  .'i,000  mètres;  sept  chevaux  ont  couru. 

5"  Prix  de  la  ville  dWbbeville.  /1((  trot  monlé,  pour  tous  chevaux  et  juments  de 
toute  race,  appartenant,  depuis  le  1«'' avril  1884,  à  des  propriétaires  de  la  cir- 
conscri|ition  de  Compiègne.    Distance:  4,000  mètres;  sept  chevaux   ont  couru. 

Concours  départemental  d'élalonw  —  Avant  de  terminer  ce  qui  con- 
cerne les  institutions  hippiques  do  la  basse  Picardie,  nous  devons 
inentiotiner  les  succès  obtenus  par  les  étalons  d'espèce  boulonnaise  de 
l'arrondissement  d'Abbeville  au  concours  départemental  de  la  Somme, 
(jui  eut  lieu  à  Amiens  le  19  juillet. 

Sur  les  onze  primes  accordées  aux  étalons  de  gros  trait,  de  4  ans  et 
au-dessus,  cinq  primes  dont  les  trois  premières  ont  été  décernées  à 
des  étalons  de  l'arrondissement  d'Abbeville. 

Sur  les  huit  primes  destinées  aux  jeunes  étalons  de  trois  ans  au 
moins,  quatre  ont  été  obtenues  par  des  étalons  boulonnais  de  l'arron- 
dissement d'AblDeville,  la  r%  la  3",  la  4'^  et  la  (V. 

Concours  départemental  de  jnnics  étalons  boulonnais.  —  Enfin,  im 
concours  de  jeunes  étalons  boulonnais,  nés  on  1882,  attira  à  Abbe- 
ville,  le  29  septembre  1884,  soixante-trois  poulains.  Vingt-six  primes, 
ont  été  décernées  aux  concurrents  les  plus  méritants. 

Sur  ces  vingt-six  primes,  deux  seulement,  lu  quinzième  et  la  vingt- 
troisième,  ainsi  qu'une  mention  honorable,  sont  sorties  de  l'arromlis- 
sement  d'Abbeville.  Vingt-quatre  primes  sur  vingt-six,  deux  médailles 
d'or,  deux  médailles  d'argent,  trois  médailles  de  bronze,  une  des  deux 
mentions  honorables,  ainsi  que  la  prime  d'honneur  (vase  de  Sèvres) 
forment  le  bilan  des  brillants  succès  obtenus  par  l'élevage  de  notre 
basse  Picardie.  C'est  la  démonstration  la  plus  manifeste  de  l'impor- 
tance toujours  accordée  ici  à  la  production  chevaline.  Il  est  facile  d'en 
conclure  que  malgré  tant  de  ruines  agricoles,  le  goiît,  nous  devrions 
plutôt  écrire,  la  passion  de  l'élevage  du  cheval  boulonnais,  passion 
liéreditairo  dans  les  familles  rurales,  n'a  pas  encore  été  atteinte. 
Cependant,  malgré  la  haute  estime  oii  le  commerce  tient  toujours  le 
Vimeu  une  bons  chevaux  \  ces  animaux  puissants  et  vigoureux,  mais 
très  gros  consommateurs,  sont,  pour  ceux  qui  savent  compter,  les 
moins  rémunérateurs  des  produits  vivants  de  la  ferme. 

[La  suite  prochainement).  E.  .ÏIecquet  d'Orval, 

Correspomlant  de  lu  Société  nationale  d'agriculture  de  France. 

INSTRUCTIONS  PRiTIQUES  POUR  LE  BADIGEONNAGE 

ANTIPHYI.LÔXKRIQUI-;    DKS    VIGNES. 

But.'!  et  l'Ifets  du  hndigeonnagi;.  —  Le  badigeonnage  des  vignes  a  pour  but  la 
destruction  des  œufs  d'hiver  q\ii  peuvent  se  trouver  éventuellement  sous  leurs 
écorces. 

Appliqué  à  des  vignes  indemnes,  miis  ex:iosécs  à  l'invasion  par  leur  proximité 
de  loyers  phylloxériques,  le  badigeonnage  constitue  le  traitement  prérentif  du 
phylloxéra.  Il  a  pour  effet  d'empêcher  réclos'on  des  œafs  d'hiver  et  la  formation 
des  colonies  radicicoles  par  les  insectes  issus  de  ces  œufs, 

1.  Peu  dVIeveurs  du  Vinieu  loiit  nniire  leurs  clievaux.  Ils  éK'veiit  génêralemeiil  des  poulains 
mâles  provenant  des  juments  du  Ponthieu,  du  Marijucnlerre  et  des  fermes  du  Boulonnais. 


350     INSTRUCTIONS  PRATIQUES  POUR  LE  BADIGEONNAGE  DES  VIGNES. 

Sant  réputées  indemnes  les  vignes  placées  à  l'extérieur  d'une  zone  de  15  à 
20  kilomèlres  autour  d'une  région  phylloxérée. 

Les  -vignes  situées  dans  cette  zone  elle-même  doivent  être  tenues  pour  sus- 
pectes, bien  que  le  phylloxéra  ne  s'y  manifeste  encore  par  aucun  signe  extérieur. 
Appliqué  à  ces  vignes,  ainsi  qu'à  celles  qui  présentent  un  ou  plusieurs  points 
d'attaijue,  sans  être  encore  gravement  atteintes,  le  badigeonnage  doit  avoir  pour 
moindre  eflet  de  ralentir  les  progrès  du  mal.  Il  l'arrêtera  probablement  même 
complètement,  s'il  est  continué  pendant  trois  ou  quatre  années  consécutives,  en 
dé'.erminant  l'extinction  des  foyers  anciens  et  en  empêchant  la  formation  de  foyers 
nouveaux  par  les  insectes  issus  des  œufs  d'hiver.  L'effet  du  bidigeonnage  sera 
alors  tout  à  la  fois  curatif  et  préventif. 

A  ces  titres,  il  constituera  un  complément  utile  des  traitements  souterrains, 
qui  pourront  ne  plus  être  renouvelés  chaque  année,  et  donnera  ainsi  lisu  à  une 
réduction  con-iidérable  des  dépenses  que  ces  traitemenl-i  nécessitent. 

Enfin,  si  le  mal  est  déjà  ancien  et  la  plupart  des  plants  d'un  vignoble  grave- 
ment atteints,  le  badigeonnage,  pas  plus  que  les  autres  traitements,  ne  sauvera 
ces  vignes  d'une  destruction  complète. 

Maiiére  a  emplot/er  pour  le  badigeo>ina'je,el  sa  prêparalion.  —  On  aura  recours 
au  mélange  suivant  : 

Huile  lourde 20  parties. 

Naphtaline  Iji'ule 31 

Chaux  vive 100      — 

Eau 4U0      — 

Pour  préparer  le  mélange,  on  dissout  la  naphtaline  dans  l'huile  lourde;  on  verse 
celle-ci  sur  la  chaux  préalablement  humectée  avec  la  quantité  d'eau  nécessaire 
pour  en  déterminer  le  foisonnement,  et  l'on  ajoute  le  reste  Je  l'eau,  en  remuant 
continuellement  le  mélange  jusqu'à  ce  qu'il  devienne  bien  homogène  en  prenant 
une  consistance  crémeuse. 

La  chaux  qui  convient  le  mieux  est  celle  fraicliemont  cuite,  dite  chaux  grasse. 

Lorsque,  au  bout  d'un  certain  temps,  le  mélange  tend  à  se  prendre  en  masse, 
et  ne  se  laisse  plus  facilement  étendre  au  pinceau,  on  y  ajoutera  la  quantité  d'eau 
nécessaire  pour  lui  redonner  sa  consistance  première. 

Pour  se  procurer  l'huile  lourde  et  la  naphtaline,  on  pourra  s'adresser  aux 
usines  à  gaz  de  la  plupart  des  grandes  villes,  ou  aux  usines  spéciales  où  l'on 
fabrique  les  produits  dérivés  du  goudron  de  houille.  L'huile  lourde  se  vend  de 
10  à  15  francs  les  100  kilog.;  la  naphtaline  brute,  de  5  à  l'.i  francs  la  même  quan- 
tité, et  même  3  francs  seulement  sur  certains  marchés  anglais.  G^s  prix  sont 
d'ailleurs  susceptibles  do  baisser  encore  par  la  concurrence  qui  s'établira  lorsque 
ces  substances   seront   devenues   d'un    usage  général  en  viticulture. 

Quant  à  la  chaux,  elle  se  trouve  aboudamraeat  partout. 

Mode  opératoire.  —  Les  badigeonnages  se  feront  à  l'aide  d'une  bro<!se  ou  gros 
pinceau  rond  fait  de  soies  de  porc.  Ou  étendra  le  mélange  à  plein  pinceau  sur 
toiilc,  la  surface  du  cep,  sans  se  préoccuper  des  bourgeons  (yeux)  et  des  sections  de 
taille. 

Epoque  du  traitement.  —  Pour  plus  de  commoditii  et  par  mesure  d'économie, 
le  badigeonnage  se  fera  après  la  taille  de  la  vigne.  On  pourra  opérer  durait  tout 
l'hiver,  mais  l'époque  la  plus  convenable  est  celle  oii  l'œuf  d'hiver  touche  au 
terme  de  son  incubation,  c'est-à-dire  le  mois  de  février  pour  les  régions  du  Midi, 
et  ceux  de  février  et  mars  pour  les  autres  parties  de  la  Fi'ance.  Mus  comme  à 
l'époque  la  plus  convenable  un  temps  pluvieux  pourrait  empêcher  l'opération  de 
se  faire,  on  fera  sagement  de  la  pratiquer  dès  que  les  circonstances  le  permettront. 
Dans  au!-un  cas,  le  badigeonnage  ne  devra  se  faire  après  le  débourrage  di  la  vigne. 

Opérations  prélionnnires.  —  Si  les  vjgnes  sont  vieilles  et  à  éorces  épiisses, 
on  n'efl'^ctuera  le  badigeonnage  qu'après  avoir  pratiqué  un  décjrticage  superfi- 
ciel. Ce  décorticage  sera  fait  une  fois  pour  toutes  et,  n'aura  pas  besoin  d'être 
renouvelé  chaque  année. 

Dana  le  cas  d;  vignes  jeunes  et  à  écirces  minces,  le  décorticage  ne  sera  pas 
nécessaire  ;  il  pourrait  même  être  nuisible. 

Pour  décortiquer,  on  pourra  employer  divers  instruments,  tels  que  les  gants 
à  mailles  d'acier  de  M.  Sabaté,  des  làcloirs,  des  râpes  ou  même  de  simples  cou- 
teaux à  lame  forte  et  solidement  emmanchée. 

En  ce  qui  concerne  les  précautions  à  prendre  lors  de  la  taille,  il  est  recom- 
mandé de  làire  ramasser  avec  le  plus  grand  soin  les  sarments  coupés  qui  peuvent 


INSTRUCTIONS  PUATIQUES  POUU  LK  BADIGEûNNAGE  DES  VIGNES.     351 

receler  quelques  œufs  d'hiver;  on  les  brûlera  sur  place  ou,  si  oq  le  préfère,  on  les 
emportera  loin  du  vignoble,  dans  un  endroit  sec  el  abrité.  —  A  ce  propos,  il  est 
utile  de  faire  connaître  que  les  sarments  de  taille  ne  doivent,  en  aucun  cas,  être 
gardés,  comme  cela  arrive  trop  souvent,  à  l'air  et  à  l'humidité;  les  œufs  peuvent 
conservciT  leur  vilaiité  et  éclore  au  printemps,  si  l'on  ne  renferme  pas  les  sarments 
dans  un  lieu  clos  couvert  et  non  liuraide. 

Contrôle  du  trailement.  —  Pour  les  vignes  portant  des  galles  (les  Riparia  sont 
surtout  dans  ce  cas),  un  seul  traitement  sufiira  pour  juger  de  l'efiicacité  du  hadi- 
geonnage.  Il  a  été  reconnu  que  les  insectes  des  galles  ont  tous  pour  origine  les 
jiliylloxeras  issus  de  l'œui  d'hiver  ;  si  donc  tons  les  œufs  ont,  été  détruits  par  l'opé- 
ration, les  galles  ne  doivent  pas  se  représenter  l'année  suivante. 

Pour  les  viynes  françaises,  qui  portent  rarement  des  galles,  le  contrôle  précédent 
n'est  pas  possible.  On  ne  pourra  reconnaître  l'effet  du  traitement  qu'après  plu- 
sieurs années.  Les  vignes  saines  ne  devront  pas  être  envahies,  si  ce  n'est  dans 
les  trois  premières  années  de  traitement,  auquel  cas  elles  seraient  contaminées  par 
suite  d'invasion  remontant  à  une  époque  antérieure  au  premier  traitement.  Quant 
au.\  vignobles  qui  présenteront  des  pomts  d'attaque,  il  ne  devra  pas  s'y  produire 
de  nouvelles  taches,  isolées  des  anciens  loyers. 

\ùla.  Il  résulte  de  ce  qui  précède  que  les  trois  ou  quatre  premières  années  de 
l'emploi  de  l;i  méthode  des  badigeonnages  devront  être  considérées  comme  une 
période  d'essai,  pendant  laquelle  on  étudiera  l'inlluence  du  traitement  3ur  la 
marche  du  phyllo.xera.  Par  conséquent,  il  sera  prudent  de  continuer  les  traitements 
souterrains  concurremment  avec  les  badigeonnages  partout  où  ces  traitements 
sont  en  usage  aujourd'hui.  L' expérience  apprendra  dans  quelle  mesure  ceux-ci 
pourront  être  suppléés  par  les  badigeonnages  employjs  seuls.  Tous  les  viticul- 
teurs sont,  en  conséquence,  invités  à  faire  l'essai  de  cette  méthode  ]ieu  dispen- 
dieuse et  inotïensive  pour  la  vigne,  et  à  faire  connaître,  dans  un  intérêt  général, 
à  l'administration,  les  résultats  qu'ils  auront  obtenus  dans  leur  pratique. 

G.  Balbiani, 

*  Prcfesseur  au  Collèpe  de  France. 

Membre  de  la  Cointuission  srpinieure  du  phylloxéra 

CONCOURS  DE  LA  SOCIETE  D'AGRICULTURE  DU  GARD 

Chaque  année,  la  Société  d'agriculture  du  Gard  organise  une  série 
de  petits  concours  ayant  lieu  à  des  époques  particulières  et  dont  l'en- 
semble constitue  son  concours  annuel.  Le  siège  de  ces  concours  n'est 
jamais  le  même,  notre  Comice  ayant  à  cœur  de  promener  son  drapeau 
de  progrès  dans  les  divers  cantons  de  l'arrondissement  de  Nîmes. 

En  1884,  c'est  la  propriété  de  M.  Louis  Guérin,  à  Parignargues, 
canton  de  Saint-Mamert,  qui  a  été  choisie.  Dans  ce  canton,  aujour- 
d'hui que  l'ancien  vignoble  a  disparu,  le  progrès  agricole  demande 
un  puissant  stimulant,  appelle  à  son  secours  non  seulement  l'initiative 
individuelle,  mais  encore  celle  plus  imposante,  sinon  plus  efficace, 
des  sociétés  d'agriculture.  Notre  Comice  l'a  compris  ainsi,  et  c'est  ce 
sentiment  qui  a  guidé  son  choix. 

M.  Guérin,  au  reste,  ne  l'a  pas  fait  regretter.  Le  16  novembre,  dès 
le  matin,  les  portes  de  sa  ferme  étaient  ouvertes  aux  exposants,  aux 
concurrents  ainsi  qu'aux  membres  de  la  Société,  et  tout  le  monde  n'a 
eu  qu'à  se  louer  de  l'hospitalité  si  large  et  si  généreuse  qui  était  si 
gracieusement  offerte.  M.  Guérin,  ce  jour-là,  a  dû  se  multiplier  et  dé- 
ployer une  grande  activité,  mais  heureusement  son  grand  amour 
de  l'agriculture  et  son  vif  désir  de  voir  la  prospérité  renaître  dans  son 
pays  l'ont  dédommagé  de  tant  de  charges. 

Concours  de  viticulture.  —  La  reconstitution  des  vignobles  avec 
toutes  ses  conséquences  tiep.t  actuellement  une  large  place  dans  les 
préoccupations  de  la  Société  d'agriculture  du  Gard.  Il  est  même  pos- 
sible que  la   poursuite  de  cette    œuvre    finisse  par    devenir  l'objet 


352  CONCOURS  ÛE  LA  SOCIÉTÉ   D'AGRICULTURE  DU  GARD.. 

unique  de  ses  travaux,  surtout  si  les  lois  économiques  et  purement 
agricoles  qui  régissent  la  culture  des  céréales  et  des  plantes  fourra- 
gères ne  sont  pas  bientôt  modifiées.  C'est  qu'une  Société  d'agricul- 
ture ne  peut  encourager  que  des  entreprises  avantageuses,  et  il  est 
bien  évident  aujourd'hui  que  l'agriculteur  ne  peut  vivre  sur  son  fonds 
et  acquérir  un  certain  bien-être  qu'à  la  condition  de  devenir  viticul- 
teur. Il  faut  qu'il  oublie  de  semer,  mais  non  de  planter;  il  faut  qu'il 
sème  le  moins  possible  et  plante  le  plus  possible.  Tout,  de  nos  jours, 
doit  être  sacrifié  à  la  vigne.  Et  c'est  même  très  probablement  dans  la 
culture  de  cette  précieuse  planie  arbustive  que  réside,  pour  le  Midi  au 
moins,  la  solution  de  la  crise  agricole  dont  on  souffre. 

Pénétrée  de  ce  sentiment,  notre  Société  organisa  l'année  dernière, 
dans  le  double  but  de  constater  le  chemin  parcouru  dans  la  reconsti- 
tution des  vignobles  et  de  juger  de  l'importance  et  de  l'efticacilé  des 
moyens  généralement  employés  contre  le  phylloxéra,  un  concours  de 
viticulture  dont  le  succès  fut  complet.  A  ce  concours  pouvaient  prendre 
part  les  petits  comme  les  grands  propriétaires,  et  ce  ne  fut  ])as  sans 
contentement  que  la  CuniMiission  constata  que,  des  deux  côtés,  on 
avait  fait  des  etVorts  très  louables  et  obtenu  des  résultats  sérieux. 

Cette  année,  un  nouveau  concours  a  eu  lieu,  mais  en  vue  seulement 
de  primer  les  propriétaires  qui  présenteraient  la  plus  grande  surface 
de  vignes  en  bon  rapport,  par  rapport  à  l'étendue  de  leurs  propriétés. 
Ce  concours  a  été  des  plus  instructifs  et  des  plus  intéressants  et  a 
prouvé,  une  fois  de  plus,  les  bons  résultats  que  l'on  peut  obtenir  par 
la  culture  des  vignes  américaines. 

Concours  d'nistruclion  primaire  agricole.  —  C'est  dans  le  double  but 
d'encourager  et  de  stimuler  l'enseignement  agricole  primaire  et  de 
faire  naître  et  développer  chez  l'élève  le  goût  et  l'amour  de  l'agricul- 
ture, que  notre  Comice  créa  il  y  a  quelques  anuées  un  concours  spé- 
cial d'instruction  primaire  agricole. 

Depuis  sa  fondation,  ce  concours  a  subi  constamment  une  marcha 
ascendante;  chaque  année,  le  nombre  des  écoles  qui  ont  concouru  et 
des  élèves  présentés  a  augmenté  dans  une  proportion  notable,  et  c'est 
ce  qui  nous  fait  espérer  que  bientôt  notre  idéal,  qui  est  de  voir  tous 
les  instituteurs  venir  soumettre  a  la  grande  épreuve  d'un  examen  pu- 
blic l'instruction  agricole  qu'ils  donnent,  et  dont  nous  réclamons  le 
développement,  sera  atteint. 

A  la  suite  de  ce  concours,  de  nombreux  instituteurs  ont  reçu  des 
médailles  et  des  ouvrages;  aux  élèves  les  plus  méritants,  on  a  distribué 
de  jolis  petits  volumes. 

Uécompemes  aux  avcicm  servileurs.  —  Les  bons  ouvriers  agricoles 
ne  sont  pas  rares,  mais  rares  sont  ceux  qui  restent  au  service  du 
même  propriétaire  pendant  vingt  ans,  trente  ans,  quarante  ans  et 
plus.  Notre  Société  a  voulu  les  récompenser,  les  offrir  en  exemple,  ces 
anciens  serviteurs,  ces  auxiliaires  précieux  de  l'agriculture.  A  cet 
effet  et  pour  se  conformer  à  une  tradition  .constante,  elle  a  ouvert  un 
concours,  mais  qui  ne  s'adressait,  cette  année,  qu'à  deux  catégories 
d'ouvriers  :  celle  des  valets  de  ferme  et  celle  des  bergers.  Les  deman- 
des ont  été  nombreuses,  et  cinq  prix  représentés  par  des  médailles 
et  une  certaine  somme  d'argent  ont  été  distribués. 

Concours  de  charrues  à  quatre  bêles  et  à  une  bête,  et  d'instrumenls  de 
binarje.  —  Dans  le  Midi,  les   labours  de  défoncement  et  superficiels 


CONCOURS  DE  LA  SOCIKTÉ  D'AGRICULTURK  DU  GARD.  353 

tirent  une  grande  importance  de  la  situation  particulière  faite  à  la 
vin;ne.  Aujourd'iiui  que  l'on  reconstitue  l'ancien  vii^noble,  on  est 
obligé  de  pratiquer  des  labours  profonds  sur  une  grande  échelle,  et  on 
se  trouve  aussi  dans  la  nécessité,  aliii  de  réduire  les  frais  généraux, 
d'user  de  petites  cliarrues,  d  instruments  qui  permettent  de  faire  vite 
et  bien  les  diverses  façons  exigées  par  la  culture  de  la  vigne. 

Notre  Société,  cora[)rcnant  ces  besoins  divers  et  désireux  de  les  satis- 
faire, inscrivit  dans  son  programme  de  concours  annuel  un  véritable 
concours  de  labourage  et  de  binage.  Ce  concours  a  eu  lieu  le  IG  novem- 
bre, et  il  a  prouvé  encore  une  fois  que  nous  avons  dans  le  Gard  de 
bons   laboureurs   ainsi  que  d'excellents  constructeurs  d'instruments. 

Concours  d'animaux  reproducleurs  appartenant  à  l'espèce  ovine.  — 
La  production  animale  est  aussi  l'objet  des  préoccupations  de  notre 
Comice.  C'est  qu'il  n'ignore  point  que  l'élève  du  mouton  est  pour  la 
plupart  de  nos  exploitations  agricoles  la  seule  entreprise  zooteclinique 
possible  et  la  seule  rémunératrice.  L'espèce  ovine  a  donc  des  titres 
nombreux  à  sa  constante  sollicitude. 

Le  concours  spécial  qui  a  eu  lieu  et  auquel  ont  pris  part  les  éleveurs 
du  pays  a  été  satisfaisant.  Quelques  bêlesavaientune  conformation  irré- 
prochable, et  les  croisements  southdown-barbarins  ont  été  très  entourés. 

LIne  fois  les  résultats  de  ce  concours  connus,  la  distribution  des  prix 
a  commencé.  Elle  s'est  faite  en  plein  air  et  a  été  précédée  par  un 
excellent  discours  de  M.  Molines,  président  de  la  Société,  sur  la  crise 
agricole.  Un  banquet  des  plus  gais  a  terminé  celle  petite  fête,  et  chacun  est 
ensuite  rentré  chez  soi,  empoitant  la  meilleure  impression  du  concours 
auquel  il  venait  d'assister. 

La  Société  d'agriculture  du  Gard  fait  une  œuvre  éminemment  utile 
en  organisant  chaque  année  des  concours  ayant  pour  but  d'encourager 
certaines  branches  de  l'agriculture.  Elle  continuera  dans  cette  voie  ; 
rien  ne  l'arrêtera  sur  la  roule  du  progrès.  C'est  là  le  seul  moyen  au 
reste  de  prouver  son  utilité  et  d'alïirmer  qu'elle  existe.  En  agissant 
ainsi,  elle  s'attirera  l'estime  et  la  sympathie  de  tous  les  amis  de  l'agri- 
culture, en  même  temps  qu'elle  rendra  de  grands  services  au  dépar- 
ment;  ce  sera  là  sa  récompense  et  elle  n'en  veut  pus  d'autres. 

B.  CiiACzn-, 

Professeur  d'-parlemerilat  du  Gard. 

SOCIÉTÉ    NATIONALE    D'AGRICULTURE 

Séance  du  2o  novembre  1884.  — Présidence  de  M.  Clievreul. 

M.  le  Président  invite  M.  Reiset,  membre  associé  national,  qui  est 
présent  à  la  séance,  à  prendre  place  parmi  ses  confrères. 

M.  Jaubert,  de  Ville-d'Avray  (Seine-et-Oise)  envoie  une  notice  sur 
un  procédé  de  son  invention,  pour  la  destruction  du  phylloxéra; 
M.  le  docteur  Guillon,  d'Ayron  (Vienne),  une  protestation  contre  la 
modification  des  tarifs  de  chemins  de  fer  en  ce  qui  concerne  le  trans- 
port des  agglomérés  de  houille. 

I\L  le  ministre  du  commerce  adresse  l'annuaire  statistique  de  la 
France  pour  1884;  M.  le  ministre  d'agriculture  d'Italie,  une  note  sur 
les  écoles  pratiques  d'agriculture. 

Le  département  de  l'agricullLire  de  Madras  fait  hommage  de  son 
rapport  annuel  pour  l'année  1882-1883. 

M.  Alix   envoie  une  brochure  intitulée  :  De  la  charrue-drague,  ou 


354  SOCIÉTÉ   NATIONALE  D'AGRICULTURK  DE  FRANCK. 

miiyens   de  doubler  la    profondeur,  quelle  qu'elle  soit,   des  labours 
actuels. 

M.  (]ornu  dépose  sur  le  bureau  les  documents  qui  ont  été  distri- 
bués aux  membres  du  Congrès  international  pliylloxérique  de  Turin. 

M.  Cornu  olîre  à  la  Société,  de  la  part  de  M.M.  Foëx,  directeur  de 
l'école  d'agriculture  de  Montpellier,  et  Pierre  Viala,  une  brochure 
intitulée  :  Le  mildiou  ou  Perunospora  de  la  vigne.  Ce  fascicule  contient 
l'exposé  des  connaissances  relatives  à  ce.  parasite  présenté  aux  réu- 
nions viticoles  qui  ont  eu  lieu  au  rao!s  d'avril   1884,  à  Montpellier. 

M.  Aimé  Girard  appelle  l'attention  de  la  Société  sur  le  déficit 
sérieux  qu'a  subi,  en  1884,  le  rendement  cullural  de  la  betterave: 
c'est  à  20  pour  100  environ  du  poids  net  des  racines  que  ce  déficit 
est  estimé;  en  certaines  régions,  eu  outre,  on  l'a  vu  s'accompaiiner 
d'une  diminution  notable  dans  la  richesse  saccharine  de  la  plante.  La 
densité  des  jus,  d'après  les  documents  officiels  publiés  par  Tadminis- 
tration  des  contributio  ;s  indirectes  ([ui,  en  septembre  1882  et  1883, 
était  de  3°. 5  et  3". G,  s'est  abaissée  cette  année  à  3''.1,  accusant  ainsi 
une  diminution  de  13  à  14  pour  idO  dans  la  proportion  du  sucre. 
Tout  en  constatant  que  la  sécheresse  excessive  des  mois  de  juillet  et 
de  septembre,  l'abondance  des  myriapodes  et  des  vers  gris  ont  con- 
tribué à  entraver  l'accroissement  de  la  betterave,  M.  Aimé  Girard  dit 
que  c'est  à  une  autre  c.'use,  non  signalée  jusqu'ici,  qu'il  convient 
d'attribuer  le  mal. 

Cette  cause  est  le  développement  sur  les  radicelles  de  la  betterave 
des  nématodes  ou  Heieredora  Schachtii.  Sous  ce  nom,  on  désiiïne  une 
variété  d'anguillule,  découverte  il  y  a  vingt  ans  par  M.  Schachtde  Bonn, 
et  dont  les  mœurs  ont  été  depuis  étudiées  par  MM.  Sfhmidt  et  Larc- 
kart  d'abord,  et  surtout  par  M.  Kuehn  de  l'université  de  Halle.  Les 
nématodes,  après  s'être,  sous  la  forme  d'anguillules,  logées  sous  l'écorce 
des  radicelles  de  la  betterave,  soulèvent  cette  écorce  et  la  font  éclater. 
Elles  se  montrent  alors  fixées  à  la  surface  des  radicelles  comme  autant 
de  vers  allongés  qui  se  g  mfleut  et  affectent  la  forme  de  citron.  Sous 
cette  forme,  les  nématodes  apparaissent  à  l'œilsur  les  radicelles  comme 
de  petits  points  blancs. 

M.  Girard  a  constaté  la  présence  de  ce  parasite  pour  la  première 
fois,  le  22  août  dernier,  dans  ses  carrés  d'expériences  à  la  ferme  de 
Joinville.  Les  feuilles  se  sont  flétries  tout  d'un  coup,  se  sont  piquées 
de  taches  de  rouille  et  sont  devenues  bientôt  toutes  noires.  Peu  de  temps 
après,  M.  Têtard,  de  Gonesse  (Seine-et-Oise),  invita  M.  Girard  à  visiter 
ses  cultures;  la  présence  des  nématodes  fut  constatée.  Au  milieu  de 
pièces,  saines  en  apparence,  se  montraient,  tout  analogues  aux  taches 
phylloxériques  de  nos  vignobles,  de  grandes  taches  circulaires  de  10  à 
20  ares  sur  le  sol  desquelles  les  pieds  de  betteraves  ne  se  recon- 
naissaient plus  qu'à  la  présence  de  tas  de  feuilles  mortes,  noircies  et 
étendues  sur  le  sol.  Entre  Lille  et  Séclin  (Nord),  sur  plusieurs  points, 
la  présence  des  nématodes  a  été  constatée. 

L'influence  néfaste  causée  par  la  présence  du  parasite  sur  la 
richesse  saccharine  des  betteraves  est  très  considérable.  A  Gonesse, 
des  betteraves  attaquées  ont  donné  des  richesses  de  8.29  —  7.88  — 
6.32  —  5,!)S  et  même  3.'J2  poi,r  100  de  sucre,  alors  que,  dans  les 
pièces  voisines,  la  richesse  variait  de  12  à  13  pour  100.  —  Le  dan- 
ger, bien  qu'il  existe,  dit  M.  Girard,  ne  doit  pas  être  exagéré. 


SOCIETK  NATIONALE  D  AGRICULTURE  DE  FRANGE.  355 

Il  n'en  est  pas,  en  effet,  de  la  bellerave  comme  de  la  vigne  :  l'alter- 
nance de  la  culture,  la  possil)ilité  de  modifier  l'assolement  mettent  à 
notre  disposition  des  armes  que  la  viticulture  ne  possède  mallieureu- 
sement  pas.  —  Du  reste,  à  côté  du  mal,  M.  Girard  nous  fait  connaî- 
tre le  remèiie  :  le  sulfure  de  carbone  appliqué  sur  les  taches  némato- 
dées  aussitôt  qu'elles  sont  reconnues,  est  un  moyen  qui  réussira  cer- 
tainement. Ce  moyeu,  M.  Girard  va  prochainement  l'appliquer  sur  les 
taches  de  Gonesse. 

M.  Cornu  se  demande  si  les  nématodcs  qui  produisent  la  nielle  du 
blé  ne  seraient  pas  les  raêines  que  M.  Girard  a  retrouvées  sur  la  bette- 
raves ;  dans  ce  cas,  l'alternance  des  cultures,  loin  d'être  un  moyen  de 
destruction,  augmenterailles  chances  de  propagation  du  iïéau. — M.  Pril- 
lieux  dit  que  cette  hypothèse  ne  sai^rait  être  admise.  L'anguillule  qui 
produit  la  nielle  n'a  rien  de  commun  avec  celle  qui  attaque  la  bette- 
rave. —  MM.  Pasteur,  Aimé  Girard  et  Prillieux  échangent  quelques 
observations  sur  la  même  question. 

M.  Bouchardat  demande  ensuite  à  la  Société  de  vouloir  bien  décla- 
rer la  vacance  pour  une  place  de  membre  titulaire  dans  la  Section  des 
cultures  spéciales,  en  remplacement  de  M.  Lavallée.  —  Cette  propo- 
sition est  adoptée.  Geokges  Marsais. 

REVUE  GO\niERGL\LE  ET  PRIX  G  lURlNr  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(29  NOVEMBRE  1884). 
I.  —    Situation    générale. 
La  situation    commerciale    reste  à  peu  près  la  même  qu'il  y  a  huit  jours;  les 
affaires  sont  ordinaires,  avec  maintien  des  cours  et  plutôt  tendance  à  la  lourdeur. 

IF.  —  t.es  grains  et    les  farines. 
Les  tableau.x  suivants  résumant  les  cours  des  céréales,  par  quintal  métrique, 
sur  les  principaux  marchés  Je  la  France  et  de  l'étranger  : 

Blè.  Seigle.  Orge.        Avoine 

•      fr.  fr.  Ir  (r. 

.,    .   .                          ii™,„   (  blé  tendre..         17.01  on» 

Alqérie.                    Alger  !  . , .  ,  ,„  .,-  ,«  -„ 

•'  (  bledur l.).2.i  »  10. oO 

Angleterre.  Bristol IS.OO  »  .  LSC."» 

Beiyi(jue.  Anvers 18  UO  16.25  20.50  17.7.S 

—  Bruxelles 20.50  16.50  -  li;.25 

—  Liège 18.85  16.75  18.00  K.15 

—  Nanuir H). 25  16.00  18.00  15.50 

Pays-Bas.  Amsterdam 18.10  15.55  »  » 

Luxembourg.  Luxembourg 22.75  18.65  15.40  17.00 

Alsace-Lorraine.    Strasbourg 22.25  19.25  21.75  18.25 

—  Mulliouse 21.45  18.25  19  75  IG.UO 

—  Colmar »  »  s  » 

Allemagne.  Berlin 19.25  17.50  »  » 

—  Cologne 20  00  18.7.S  »  » 

—  Hambourg 19.00  15.25  »  » 

Suisse.  Genève 23.25  17.75  18.50  18.50 

Italie.  Turin 22  00  17.00  »  15.50 

Esp'njne.  Barcelone 25.40  »  l:i.25  18.25 

Autriche.  Vienne 17.00  »  »  .. 

Hongrie.  Budapest 1(3  30  14.50  14.00  13.50 

BuSite.  Saint-Pétersbourg..  lij.8i)  13.35             »  13.25 

Etnts-Unif.  New-York 15.50  »  •  » 

{Voir  le  Lahleau  des  inarcliiis  ilr.t  IJ.'parti'inenta  à  lu  piigeSoU.) 

Blés.  —  Les  affaires  sont  toujours  restreintes;  la  demande  est  peu  active,  elle 
se  borne  aux  Le-^oins  de  la  meunerie  du  rayon.  D'un  autre  côté,  les  olTres  de  la 
culture  et  du  CQmmerce  sont  très  ordinaires,  les  détenteurs  attendeot  la  solution 
de  la  question  du  relèvement  des  droits  de  douane.  C'est  en  somme,  la  lourdeur 
qui  domine  sur  le   marché.  Le  mercrc  li   26,   à  la  halle   de   Paris,    on   cote   de 

20  fr.  50  à  ?.l  fr.  50  les  bons  blés   de  raoïturc;  les  blés  à  livrer  se  tiennent  à 

21  fr.  25  les  100  kilog.,  pour  le  courant  du  mois;  décembre,  21  ir.  k  21  25; 
janvier-lévrier,  21  fr.  25;  quatre  premiers  mois,  21  fr.  50;  quatre  mois   de  mars, 


356 


REVUE   COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT. 


1"  HÉGION.  —  NORD.OIIEST. 


Blé.  Seigle. 

fr.  fr. 

Calvados.  Caen 21  25  14.00 

—  Lisieux 20.75  17.35 

C.-dU'Nmd.   Lannion...  20.00  » 

—  Tré.giiier 19.00  > 

Finisiere..  Morlaix 20.50  » 

—  Qilimper 19.50  15.50 

JUe-et- Vilaine.  Rennes.   19  50  » 

manche.  S^iint-Lô 19-35  » 

—  r.ou  tances 18.35  » 

—  Valopnes 18.30  » 

Mayenne.  Mayenne 19.50  » 

—  Evron 19.00  » 

Morbihan.  Hennebont. .  18.75  15.35 

Orne.    Alem^ou 21.10  17.80 

_       Fiers 21. 40  16,65 

Sarthe.  Le  Mans 20.50  16.35 

—  Beaumont 20-25  ltï.65 

—  Mamers 20.25  » 


Orge. 

fr. 

15.70 
17.70 
14.50 
14.75 
14.50 
15.25 
15.60 
17. iO 
15  15 
17.50 
14.75 
16.90 

n 
15. 90 
16.55 
15.15 
15.40 


Aïoiae. 

fr. 

19.80 

2!.  00 

14.25 

14.50 

14.25 

15.00 

15  50 

22.00 

22.25 

22.00 

17.00 

16.00 

16.00 

17.30 

15.45 

19.50 

17.20 


Prix  moyens 19.58     16.21     15  76     17 


2"  RÉGION.  —  NOKD. 

Aisne.  Laon 20.00  15.50 

Château-Thierry.   19.75  15.25 

—  La  Fère 20.00  15.00 

Eure.   Evreux 19.80  13.35 

pacy 19  00  15.50 

_      Gisors 20.15  15.35 

Evre-el-ioir.  Chartres..  23.25  13.75 

—  Chàlea.tdun 20.25  » 

—  Auneau f8.85  15.10 

Word.    Douai 1915  14.00 

—  Cambrai 20.05  15.35 

—  rtergues 19.80  » 

Oise.  Beaiivais 20.75  16.00 

—  Clermont 19.75  13  35 

—  Compiègne 20.80  14.00 

Pas-de-Calais.  \TTia...  21.20  15.65 

—  Bap.aume 20.80  13  60 

Seine.  Paris 21.00  16.15 

S.-et-Marne.  Montereau    20.00  15. ï5 

—  C-ulommier» 20.00  » 

—  Dammaitin 19.75  14.75 

S.-e(-Oise.  Versailles 21.25  15.25 

—  Etampes 24.00  17.75 

—  Houdan... 18.50  13.80 

Seine-Jn/eiHciire.  Rouen.  19.90  14.75 

—  Fecamp 2i.00  14. oO 

—  Fauville 19.00  14.00 

Somme.   Amiens 20. 60  15.00 

—  noullens 22.10  14.65 

_     Roye 19.25  13  35 

Prix  moyens 

3'   REGION. 

Ardennes.  Seiian 

—  Charleville 

—  Rethel 

Aube.  Bar-sur-Seine... 

—  Mêry-sur-Seine. . 
Marne.  Gliiilûns 

—  Sêzaiine 

—  ."-^te-Vlenehould. . 


17  50 
17.00 

)» 
16.20 
IG.'jO 
18.45 
17.^3 
16,90 
17.50 
15.40 
16.40 

18  40 
18.45 
17.60 
21.50 
17.70 
16  80 
18.90 


16.50 
19.00 
17  25 
17.50 
17.65 

17.75 
16.90 
1(1.15 


lô.^O 
•6.50 
20.00 
15.60 
16.10 
17.50 
16. Oo 
16. 5J 
16. 3i) 
18.00 
14.00 
16. Oj 
16.50 
15  .  7  j 
22. 2u 
14. 00 
15.50 
18.20 
16.23 
17  5o 
15.30 
17. 7i 
16. 4o 
15,73 

21.8o 
17  5|) 
19.33 
20  5 

iD.»,, 


■20.3-'     14,79     17,50     16,9^ 
—  NOBB-RST. 


21.00 
20.75 
19,50 
19.50 
19.30 
19.35 
19.75 
19.75 

Hte-ilarne.  Chaumont..   19.25 


—  Bourboiine 20.00 

MeuWhe-cl-.Uos.  Nancy.  20.50 

_     ToQl 20.50 

Meuse.  Bar-le-Duc 20.60 

Wau(e-8aôue.  Vesoul . . .  19.50 

—  Gray 20.50 

Fosges.  Epinal 21.00 

—  Niîufchàteai; 20.15 

—  Mirecourt 20.40 


16.50 
15.75 
14.50 

> 
14.15 
.15.85 
14.50 
15.75 
15.00 

n 
16.55 
16.50 
16.25 

» 
15.50 
14.50 
15.75 


■10  00 

17.25 

19.00 

16  50 

17.00 

16.00 

17.50 

17.50 

16.75 

15.35 

18. 75 

16.90 

17.00 

15.50 

18.75 

15.23 

a 

13.50 

» 

14.75 

19.00 

le.  00 

19.00 

10.00 

19.00 

17    10 

17.25 

15    75 

15.25 

15.50 

II 

15  .io 

18.50 

16.75 

» 

15.00 

Prix  moyens 

4*  RÉGION 


io.io     15.50 
—  OUEST. 


13.05      16.01 


Chorenle.  Angoulèrae...  20.00 

—  Barbezieux 20.80 

Char.'intér.  Marans 19.25 

Deux-Sci'res.  Niort 20  00 

Indre-et-Loire.  Tours...   I9  35 

—  BIcre 18.10 

Loire-lnf.  Nantes 19  75 

M.-et-Lnirf.   saumur...  20.10 

—  Ansers 19.80 

Vendée.  Lu i;on 19.50 

—  Fontenay-Ie-Corale  20.80 
Fienne.  CtuUellerault...  20.60 

—  LoucJun Î9.S0 

ffoiae-Kienne.  Limoges.  20.80 

IPrlxDioven» 19.17- 


s*  RÉGION.  —  CENTRB 

Blé. 

fr. 
Allier.    Montluçon 19.80 

—  St-Pourçain 21.00 

Cher.  Bourges 19.75 

—  Vierzon 20.80 

—  Graçay 2u  15 

Creuse.  Aubusson 20,80 

/ïidre.  Ch;\teaaroux  , ...   19.50 

—  Valençay 19.60 

—  Issoudun 20.15 

Loiret.   Orléans 20.20 

—  Montargls 20,25 

—  Courleilay 20  00 

L.-et-Chtr    Blois 21,10 

—  Montoire.... 19.45 

A^iéure.  Nevers 19.45 

—  La  Charité 20, uo 

—  Premery 18.50 

Yonne.    Sens 20.00 

—  Joigny 19.75 

—  Brienon 19.80      

Prix  moyens 20.00'  15.15 

6*  HÉaiON.  —  EST. 

>4in.  Bourg 22.50  18.45 

— .    Sl-Laurenl-les-Uàcoa . .    21.50  14,75 

Coie-d'Or,  Dijon 20.50  15.50 

—  Se  mur 19,50  » 

ZJou/is.  Besançon 20.50  » 

Isère.  Grenoble. 22.00  16.50 

—  Bour^oin 21.25  i5,25 

,/um.  Dôle 20,50  15.25 

Loire.  Moritbrisson 20.50  16, 2d 

P.-de-Dôme.  Clermout-F  2'). 50  16.50 

fthune.  Lyon 21,50  15.25 

—  Villefranche  ..    ..   21.15  15.25 
Saone-el-LoiVe.  Chalon  .  20, co  15.50 

oODOie.  Chamhéry 19  50  15.60 

i/(e-SaDOie.  Annecy 22.20  16. 00 


17.20 
18.00 


17.00 
17.25 

» 
17.50 
19.00 
17.00 
16,00 


•14.73     16.76     16,05 


Prix  moyens 

7"   REGION.  - 

Ariège.  Foix 

—  Pamiers 

Dordogne.  Nontron  .... 
Hle-tiaronne.  Toulouse 

—  St-Gaudens 21.40 

Gers.  Condom 22.60 

—  Eauze 22.85 

—  Mirande 18.75 

Gironde.  Bordeaux 21.50 

—  Bazas 18.35 

Landes.  Dax 22.50 

Lot-et-*'''n.rnnne.  Agen..  20.50 

—  Villeneave-sur-Lot  21,40 
B,-Pi/re/iees.  Bayonne, .  23.25 
Wies-Z'i/renees.  ïarbes..   23.40 

Prix  moyens 21,  »1 

8*  RÉGION 

Aude.   Castelnaudary..  22.80 

Avei/rnn   Rodez 20.80 

—  Aubin 21.90 

Cantal,  .imuriao 21.50 

6'orre:e.  Tulle 22.00 

Hérault.  Beziers 21.75 

—  Montpellier 

Lot.  Cahors 

Lozère.  Monde 

fi/ ré  i»êes-Or. Perpignan 
Tarti.  Gaillao 


20.91      15  85      17.37 

-  SITD-OOEST. 

24.10 
22  10 
23.40 
21.00 


18.65 
16.65 
14.75 
17.00 
17.35 


16.25 
16.10 
17.25 
15.50 
17.50 
18.50 
17.24 
16  50 
16.50 
17.50 
17.40 
17.50 
17.40 

16.25 
16.96 


17.70 
18.00 

» 
18.50 
13  50 
18.00 
19.50 
17.70 
18.50 


22.25 
22.75 
23.65 
22.60 


17  35  1 
17  65         »  » 

14.65         »  » 

13.3»         »  18.00 
17.35         »  >' 

19.00         »  17.50 
17.35         »  >' 

17.18  16.50  18. 19 


SUD. 

18.00 
17.00 
19.00 
19.25 
18.00 
17.65 

» 
18.00 
18.00 
17.80 


17.25 
17.70 
18.00 
16.25 
18.45 
24.00 


19.00 
19.40 
15.50 
19.50 
18.25 
21  50 
18.75 
18.00 
18.00 
26.50 
18.50 


rorn-el-lior.  Montauban  2 1 .  20        '  '  " 

Prix  moyens 22.17     18.08     18.38     19.35 

9-  RÉGION.  —  SCU-EST. 
Basses-.lipes.  Manosque  23.70 


15.50 
20.00 
17.35 


Hautes-Alpes.  Briançon.  22.50     18.00 
^iues-.V/orilimes.  Nice..  24.60     16.00 

Ardcche.  privas 23.95     16.40 

B.-du-Hhàrie.   Arles 23.75         » 

Drame     Ro.-naas 21.55 

Gard.  Aliis 26.00 

Haute-Loire.    Brioude..  20.80 

Kar.  Diaguignan 22.25 

Vaucluse.   Avignon 21.25 

Prix  moyens 23.04 

Moy.  de  toute  la  France  20.83 
—  lie  la  semaine  précéd.  20  93 
Sur  lasemainejH.tusse.       » 
précédente.. (Baisse.      0.15 


16.00 
16.00 
16.50 
16.50 

» 
16.15 
17. 30 
18.00 


20.00 
19.00 
19.50 
18.90 
20.25 
18.25 
20.00 
15.00 
17.80 
18.80 


DES  DENRÉES    AGRICOLES  (29  NOVEMBRE'  188i»).  35? 

22  ir.  à  22  fr.  25.  —  Au  Havre,  les  prix  sont  les  mêmes  qu'il  y  a  liuit  jours 
pour  les  blés  exotiques;  on  demande  de  20  ir.  50  à  20  tr.  75  pour  les  roux  a'iiiver 
d'Amérique,  et  les  Californie;  21  iV.  50  à  22  fr.  pour  les  Australie,  20  IV.  à 
20  fr.  25  pour  les  Bombay  blancs,  —  A  Marseille,  le  marché  a  été  calme  pendant 
la  scmiine  (|ul  se  termine  avec  un  peu  plus  de  fermeté  sur  le  disponible.  On 
cote:  Red-Winter,  22  fr.  75;  Berdianska,  22  fr.  50  à  22  fr.  75;  Alarianopoli, 
22  fr.;  Irka,  19  fr.  25  à  20  fr.;  Azima-Azoff,  18  fr.  50  à  19  fr.  50;  Danube,  18  à 
19  fr.;  Azolf  durs,  l8  fr.  50  à  18  fr.  75.  —  A  Londres,  on  constate  un  peu  de 
fermeté  sur  le  froment,  qui  est  tenu 'de  20  fr.  à  20  fr.  30  les  100  kilog.  Sur  les 
marchés  intérieurs  de  l'Angleterre,  les  transactions  sont  plus  actives  et  les  prix 
mieux  tenus,  aussi  bien  sur  les  blés  que  sur  les  menus  grains. 

Farines.  — "\'ente  toujours  lente,  limitée  aux  besoins  journaliers;  prix  sans 
variations  depuis  huit  jours.  Le  mercredi  26,  on  cotait,  à  la  halle  de  Paris,  les 
farines  de  consommation  :  marque  de  Corbeil,  48  fr.;  marques  de  choix,  48  à 
51  fr.;  premières  marques,  47  à  48  fr.;  bonnes  marques,  45  à  46  fr.;  marques 
ordinaires,  44  à  45  fr.;  le  tout  par  sac  de  159  kilog.,  ce  qui  correspond  aux  prix 
extrêmes  ue  28  fr.  02  à  32  fr.  48  les  100  kilog.,  ou  en  moyenne,  30  fr.  25.  —  En 
farines  de  spéculation,  1"S  cours  se  sont  relevés  sur  le  livrable  et  le  rapproché;  ils 
sont  établis  comme  suit  :  farines  neuf-marques,  courant  du  mois,  45  fr.  25  à 
45  fr.  50;  décembre,  45  à  25;  janvier-février,  45  fr.  25  à  45  fr.  50;  quatre  pre- 
miers mois,  45  fr.  25  à  45  fr.  50;  quatre  mois  de  mars.  46  fr.  25.  —  Les 
farines  deuxièmes  restent  au  prix  de  21  à  22  fr.  les  100  kilog. 

Seigles.  —  Les  seigles  sont  toujourr,  tenus,  mais  on  constate  moins  de  résistance 
chez  les  vendeurs.  On  paye  à  Paris,  15  fr.  50  à  16  fr.  25  les  100  kilog.  La  farine  de 
seigle  vaut  sans  changement  20  à  23  fr.les  100  kilog.;  affaires  très  calmes. 

Orges.  —  L'activité  des  demandes  ne  se  ralentit  pas  ;  les  cours  à  la  halle  de 
Paris  sont  de  17  fr.  75  à  22  fr.  par  100  kilog.  —  Les  escourgeons  restent  sans 
affaires  aux  prix  de  19  fr.  à  19  fr.  50. 

Avoines.  —  Prix  sans  changement;  demandes  et  offres  très  modérées.  On  cote 
à  la  halle  17  fr.  25  à  20  fr.  suivant  proven.ince,  poids  et  qualité,  pour  les  avoinrs 
indigènes.  Les  avoines  de  Suède  sont  l'ermement  tenues  de  16  fr.  50  à  16  fr.  75  ; 
on  demande  14  fr.  50  à  15  fr.  pour  celles  de  Riga;  les  Liban  noirs  valent  16  fr.; 

15  fr.  le  tout  par  100  kilogr. 

Maïs.  —  Les  prix  .sont  toujours  de  li  fr.  25  à  14  fr.  50  les  100  kilogr.  sur 
wagon  au  lîavre  ou  à  Rouen,  pour  les  maïs  du  Danube  ou  de  la  mer  Nuire  ;  les 
livrables  valent  à  Paris  12  fr.  60  à  14  fr.  25. 

Sarrasins.  —  Le  sarrasin  de  Bretagne  conserve  son  cours  ferme  de  15  fr,  75  à 

16  fr.  les  100  kilogr.  livrable  et  disponible,  en  gare  d'arrivée  à  Paris. 

Issues.  —  Les  affaires  sont  assez  actives,  et  les  cours  se  maintiennent  comme 
la  semaine  dernière.  On  cote  à  la  halle  deParis  par  100  kilog.,  gros  son  seul  : 
14  fr.  50  à  14  fr.  75;  sons  gros  et  moyens,  13  fr.  50  à  14  fr.  25  ;  sons  trois  cases, 
12  fr.  75  à  13  fr.  25;  sons  lins,  12  fr.  à  12  fr.  50;  recoupettes,  12  fr.  50  à  13  fr.  50  ; 
remoulages  blancs,  16  fr.  50  à  17  fr.;  remoulages  bis,  15  à  16  fr. 
III.  —  Fourrages  et  (/raines  fourragères. 

Fourrages.  —  La  tendance  est  plus  faible  sur  les  fourragea,  surtout  pour  les 
bonnes  qualités  ;  la  paille  d'avoine  e^t  en  baisse.  Voici  les  prix  à  Paris  par  cent 
bottes  de  5  kilog.  :  foin,  52  à  58  fr.  ;  luzerne,  52  à  56  fr.;  paille  de  blé,  29  à 
33  fr.;  paille  de  seigle,  38  à  42  fr.;  paille  d'avoine,  22  à  26  fr. 

Graines  fourragères.  —  Peu  de  variations  dans  les  prix;  la  graine  de  trèffo  est 
demandée.  On  cote  à  Paris  :  trètle  violet,  105  à  120  fr.;  les  100  kilog.;  trèfle 
blanc,  165  à  200  fr.;  trèfle  hybride,  160  à  180  fr,;  luzerne  de  Provence, 
140  à  150  fr.;  d'Italie,  125  à  135  fr.;  du  Poitou,  85  à  100  fr.;  minette,  40  à 
45  fr.;  ray-grass  anglais,  35  à  40  fr.;  d'talie,  40  à  44  fr.;  sainfoin  à  une  coupe, 
33  à  35  fr.;  à  deux  coupes,  37  à  38  fr.  ;  vesces  de  printemps,  22  à  23  fr.;  pois 
jarras,  17  àl8  fr.  —  A  Marans,  le  trèfle  se  paye  105  fr.  ;  luzerne,  85  fr.  les 
les  100  kilog. 

IV.  —  Frtiits  et  higumes  frais. 

Fruits.  —  On  cote  à  la  hal'e  de  Paris:  châtaignes,  15  à  20  fr.  l'hectolitre; 
coings,  5  à  30  fr.  le  cent;  nèfles,  2  fr.  à  6  fr.;  noix,  0  fr.  40  à  0  fr.  60;  poires, 
6  à  70  fr.  le  cent;  0  fr.  25  à  0  fr.  60  le  kilog.;  pommes, 5  à  90  fr.  le  cent; 
0  fr.  20  à  0  fr.  55  le  kilog.;  raisin  blanc,  1  fr.  50  à  4  Ir.;  noir,  1  fr.  50  à  3  fr.  le 
kilog. 

Pommes    de    terre.  —  Hollande    commune,  8    à  10  fr.  l'hectolitre,  11  fr.  42  à 


358  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  GOURANT 

14   fr.  28    les  100    kilog.;   jaunes,   6    à  7    fr.   l'hectolitre,    8  fr.   57  à  10  fr.  les  . 
lOCkilog. 

V.  —  Vins.  —  Spirilueux.  —  Vinaigres.  —  Cidres. 

Viiu.  —  En  présence  de  l'élévation  des  prix  demandés  par  les  délenteurs,  les 
affaires  ont  plus  de  calme  qu'il  y  a  huit  jours,  et  le  commerce  attend  des  offres 
dans  des  conditions  plus  modestes.  Dans  le  Bordelais,  la  Bourgogne,  la  Gascogne, 
les  Charentes,  on  signale  peu  de  transactions.  A  Lyon  les  affaires  sont  actives  en 
vins  nouveaux,  mais  il  y  a  une  tendance  à  rechercher  les  vins  vieux,  à  cause  des 
prix  élevés.  On  cote  les  Beaujolais  de  150  à  240  fr.  la  pièce;  les  Maçonnais  120  fr.; 
les  Bugey,  95  fr.  —  A  Narhonne,  les  hons  vins  de  plaine  se  payent  de  20  à  22  fr. 
l'hectoHtre;  à  Carcassonne,  ils  atteignent  23  t'r.;  ceux  qui  titrent  10  à  12  degrés 
se  traitent  de  30  à  40  fr.  —  A  Celte,  les  vins  étrangers  conservent  des  coura 
élevés.  Mais  les  affaires  sont  restreintes.  On  cote  par  hectolitre  :  Alicante  vieux, 
33  à  40  fr,;  nouveau,  42  à  44  fr.;  Valence,  vieux,  25  à  28  fr.;  nouveau,  35  à  37  fr.; 
Requena,  32  à  36  Ir.;  Vinaroz  nouveau,  34  à  35  fr.;  Catalogne  nouveau,  28  à 
30  fr.;  Mayorque  vieux,  18  à  20  fr.;  nouveau,  21  à. 23  fr. 

Spirilueux.  —  Les  offres  sont  très  nombreuses  en  trois-si.x  sur  la  place  de 
Paris,  et  les  prix  ont  encore  fléchi  depuis  la  semaine  dernière,  dans  une  sérieuse 
proportion.  On  cote  aujourd'hui  :  trois-six  fins  du  Nord  90  degrés  disponibles, 
44  fr.  25  à  44  fr.  50  l'hectolitre;  les  livrables  dans  les  quatre  mois  chauds  sont 
demandés  aux  prix  de  45  fr.  25  à  45  fr.  50.  Les  trois-six  du  Languedoc  sont  tou- 
jours à  1 10  et  112  fr.  suivant  qualité.  —  L'alcool  de  betterave  reste  sans  variation 
à  Lille  au  prix  de  42  fr.  —  A  Bordeaux,  les  trois-six  fins  du  Nord  sont  offerts 
de  51  à  52  fr.  ;  les  extra-fins,  53  et  54  fr.;  les  neutres,  type  allemand,  60  à 
70  fr.;  les  trois-six  allemands  premières  marques  de  Berlin  disponibles,  83  et 
84  fr.  —  Les  trois-six  bon  goi!it  sent  cotés  à  Nîmes,  98  fr.  l'hectol.  ;  à  Pezeuas, 
101  fr.  ;  à  Cette,  110  fr.  ;  à  Béziers,  103  fr.  —  Les  marcs  valent  de  95  fr.  à 
97  fr.  dans  le  Midi.  —  A  Barhezieux,  les  eaux-de-vie  sont  aux  prix  suivants  ; 
bons  bois.  220  à  225  fr.;  fin  bois,  235  à  270  fr.;  fiue  Cliampagne,  265  à  310  fr.; 
à  Cognac,  bois  à  terroir,  210  à  220  fr.;  petite  Champagne,  240  à  280  fr. 

VI.  —  Sucres.  —  Mélasses.  —  Fécules.   —  Houblons. 

Sucres.  —  C'est  encore  de  la  baisse  que  nous  avons  à  signaler  sur  les  sucres. 
Après  s'être  un  peu  raffermis,  les  cours  sont  redescendus  au  dessous  de  ceux  de 
la  semaine  dernière.  On  cote  à  Paris,  par  100  kilog.  :  sucres  bruts  88  degrés 
saccharimétriques,  34  fr.  75;  sucres  blancs  99  degrés,  40  fr.  à  40  fr.  25;  sucres 
blancs  n"  3  disponibles,  41  fr.  25  à  41  fr.  50;  décembre,  41  fr.  50  à  41  fr.  75; 
quatre  premiers  mois,  42  fr,  50;  quatre  mois  de  mars,  43  fr.  25  à  43  fr.  50; 
quatre  mois  de  mai,  44  à  44  fr.  25.  Les  raffinés  sont  faiblement  tenus  de  99  à 
100  fr.  pour  la  consommation,  et  45  fr.  à  47  fr.  25  pour  l'exportation.  Le  stock 
de  l'entrepôt  réel  était,  le  23  novembre,  de  890,000  quintaux.  —  A  Lille,  les 
sucres  roux  valent  33  fr.  50;  les  raffinés,  105  fr.  —  A  Valenciennes,  on  cote 
33  fr.  50  à  34  fr.  les  sucres  bruts.  —  A  Bordeaux,  les  raffinés  valent  103  à  107  fr. 

Mélasses.  —  A  Paris,  la  mélasse  de  raffinerie  est  montée  à  16  fr.  les  100  kilog. 
—  A  Valenciennes,  on  cote  la  mélasse  disponible  10  fr. 

Fécules.  —  Sans  changements  à  Corapiègne,  où  la  'fécule  première  est  cotée, 
26  fr.;  à  Paris,  la  lécule  sèche  vaut  de  27  fr.  à  28  fr.  les  100  kilog. 

Amidons.  —  Les  pris  se  tiennent  quoique  les  demandes  soient  rares  sur  les 
amidons  de  pur  froment.  On  cote  à  Paris  :  amidons  pur  froment,  56  à  57  fr.  les 
100  kilog.;  amidons  de  province,  41  à  45  fr.;  amidons  mi-fins,  30  à  32  fr.;  ami- 
dons de  maïs,  38  à  40  fr.;  fleur  de  riz,  34  à  36  fr.;  riz  de  Louvain,  68  à  7  0  fr. 

Houblons.  —  Même  situation  qu'il  y  a  huit  jours  et  mêmes  prix;  on  ne  signale 
d'aff'aires  qu'à  Bischwiller,  aux  cours  de  200  à  220  fr.  les  100  kilog. 

VII.  —  Tourteaux.  —   Noirs.  —  Engrais. 

Tourteaux.  —  Voici  les  cours  de  Marseille  :  lin  disponible,  18  fr.' 75  les 
100  kilog.;  arachide  décortiquée,  13  fr.;  en  coque,  10  fr.;  pour  engrais,  11  fr.  50; 
sésame  blanc  du  Levant,  12  fr.  75  ;  de  l'Inde,  [lour  engrais,  1 1  fr.  50  ;  cocotier  ou 
coprah,  12  fr.;  colza  du  Danube,  12  fr.  25;  œillette  exotique,  11  fr.;  coton  d'E- 
gypte, 12  fr.;  palmiste,  11  fr.  50;  ricin,  8  fr.  50;  ravison,  11  fr.  50:. 

Noirs.  —  Même  cours  à  Valenciennes  :  noir  animal  neuf  en  grains,  33  à  36  fr.; 
vieux  grains,  10  à  12  fr.;  noir  d'engrais,  2  à  8  Ir. 

Engrais.  —  Le  nitrate  de  soude  vaut  23  Ir.  50,  en  gare  de  Dankerque. 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (29  NOVEMBRE    1884;.  359 

Vin.  —  Suifs  et  corps  gras. 
Suifs.  —  Le  cour^  s'est  relevé  de    1   IV.  à  Paris  où   l'on  cote  suif  frais  de  bou- 
cherie, 81  à  82  fr.  les  100  kilog. 

Saindou.t.  —  Les  saindoux  sont  toujours  en   baisse  au   Havre,  avec   affaires 
nulles  au  prix  de  51  fr.  les  50  kilog. 

IX.  —  Beurres.  —  Œufs.  —  Fromages. 
Beurres.  —  Les  ventes  se  sont  élevées  à  la  huile  de  Paris,  nendant  la  semaine,  * 
216,214  kilog.  de  beurres,  aux  prix  suivants  :  en  demi-kilog.,  2  Ir.  88  à  4  fr.  04! 
petits  beurres,  2  fr.  à.3  fr.;  Gournay,  2   fr.  à  :j  fr.    98;  Isigny,  2   i'r.  06  à  7  fV.70.. 
Fromages.  —  On  cote  par  douzaine:  Brie,  7  à  29  fr.;  Moatlhéry,  15  fr.;  par 
100  :  Livarot,  26  à  104  fr.;  Mont-d'Or;  8  à  14  fr.  Neufchàtel,  2  fr.  50  à  20  fr.  50; 
divers,  7  à  65  fr.;  par  100  kilog.,  (iruyère,  110  à  190  fr. 
X.  —  Chevaux.  —  Bétail.  —    Viande. 
Bétail. —  L>>.  tablciu  suivant  rési;ina  le  laoïve'uent  ofticiel  du  inarclié  aux  bes- 
tiaux de  la  Villette,  du  jeudi  20  au  mardi  25  novembre  : 

Poids     Prii  ia  kilog.  rie  viande  nette  snr 
Vendus  moyen       pied  au  marché  du   ■2i   novembre 

Pour  Pour  En          i^  quartiers,     r"  2'              3"  Prix 

Amenés.       Paris,    l'extérieur,  totalité.  kil.  quai.  quai.  quai.  moyen. 

Bœufs 5.i,r,fi     3,302  1,'m  4,.S|:(  347  l.iiO  I . 'i8  1.20  l.iO 

Vaches 1.925     1,035  oSI  l,ô)o  WJ  l.ôi  1.3fi  l.liî  1.3i 

Taureaux -iijy        196  3S  23i  39.)  \.i2  \.n  t.î2  1.31 

Veaux 3,313     1,828  661  2,4S9  75  l.Hi  1.6i  1.44  1.6.i 

Moutons 3i, 3)3  23,772  9,213  32,985  19  1.S2  \.Cm  14fi  1.fi2 

Porcsgras 7,420     2,81S  4,265  7,OS3  81  1.20  1.14  1.10  1  .li 

Les  arrivages  des  marchés  de  la  semaine  se  décomposent  comme  il  suit  : 

Bœufs.  —  Aisne.  8;  Allier,  37;  Aveyron,  6;  Calvado-s,  1,154;  Charente,  71;  Cher,  87: 
Côte-d'Or,  200;  Cùies-du-Nord,  9;  Creuse,  144;  Deuï-Sèvres,  52;  Dordogne,  180;  Eure,  45; 
Eure-et-Loir,  25  ;  Ille-et-Vilaine,  29;lnJre,  54;  Loire,  61  ;  Haute-Loire,  33;  Maine-et-Loire, 
500;  Hanche,  168;  Haute-Marne,  10;  Mayenne,  239  ;  Morbihan,  58;  Nièvre,  423;  Oise,  10; 
Orne,  910;  Rhône,  12,  saône-et-Loire,  427;  Haute-.Sjône,  16;  Sarlhe,  63;  Seine-Inférieure, 
53;  Seine-et-Oise,  6;  ï.i.rn-et-Oaronne,    15;    Vendée,    266;   Yonne,    47. 

Vaches.—  Allier,  22;  Aube,  14;  Calvados,  374;  Charente,  26;  Cher,  53;  Côte-d'Or,  27; 
Creuse,  19;  Dordosne,  19:  Eure,  28;  Eure-et-Loir,  54;  Loire.  7  ;  Loiret,  18:  Maine-et-Loire.  13; 
Manche,  185;  Marne,  3;  >Jièvre,  250  ;  Oise,  18;  Orne,  255;  Puy-de-Dôme,  49  ;  Saône-et-Loire, 
119;  Sarthe,  17  ;  Seine,  137;  Seiae-lnférieure,  48;  Seine-et-Marne,  6;  Seine-et-Oise,  36;  Haute- 
Vienne,  16;Yonne,  34. 

Taureaux.  —  Ain,  1;  Allier,    8;  Aube,    7;   Calvados,    38;   Cher,   5;    Cûte-d'Or,  11;  Creuse, 
3;  Eure,  5;   Eure-ei-Loir,  16;  llle-et-Vilaine,  lû;  In  Ire,  2;  Loire,  3;  Haule-Loire,  4:  Loiret,   9  ; 
Maine-et-Loire,    10;    iManche.    20;    Marne,  3:  Mayenne,  7;  Nièvre,    14  ;  Orne,     10;    Saôoe-et- 
Loire,    4;    HauleSaône,     22;    Sarthe,    8;     Seine.     2;   Seine-et-Marne,    8;    Seiae-et-Oise,    15 
Vendée,  i;  Haute-Vienne,   1;  Yonne,    10;  Suisse,  11. 

Veaux,  — Aube,  638;  Aveyron,  25;  Calvados,  17;  Eure,  23S  ;  Eure-et-Loir,  362;  Haute- 
Garonne,  2;  Loiret,  393;  Marne,  26;  Oise,  44;  Puy-de-Dôme,  155;  Sarthe,  118;  Seine- 
Inférieure,    116;    Seine-et-Marne,   345;    Seine-et-Oise,    33:    Yonne,   112. 

J/ou(ons.  —  Aisne,  100:  Allier,  484;  Aube,  1,157;  Cantal,  634;  Charente,  132;  Cher, 
128;  Côte-d'Or,  .iOS;  Creuse,  203;  Eure,  136;  E  ire-ei-Loir,  5)3;  Loir-et-Cher,  201  ;  Loiret, 
371;  Lot,  02;  Marne,  55;  Meuse,  9i);  Nièvre,  351;  Nord,  97  ;  Oise,  2)4;  Seine,  594;  Seine-Infé- 
rieure, 100;  Seine-et-Mirne,  2.499  Seine-Oise,  4,794;  Sjmme,  290;  Yonne,  175;  Allemagne, 
13,315;  Belgique,  85;  Hongrie,  3,875  ;  Russie,  1.239;  Wesphalie,  190. 

Porcs.  —  Allier,  927;  Calvados.  'i2  :  Charente,  13J;  Charente-Inférieure,  30;  Cher,  305; 
Deux-Sèvres,  ii74  ;  Ille-et-Vilaine,  198  ;  Indre.  736-  Haute-Loire,  85  ;  Loire-Inférieure,  221;  Loir- 
et-Cher,  87;  Maine-et-Loire,  771;  Manche,  63  ;  .Mayenne,  48;  Nièvre,  257;  Puy-de-Dùme,  31: 
Saône-et-Loire,  135;  Sarlhe,  1,689;  Seine,  58;  Seine-Infénaure,  8;  Vendée,  436;  Vienne, 
89;    Haute-Vienne,    80. 

Sauf  pour  les  moutons,  qui  sont  inférieurs  d'environ  2,030  tètes,  les  ai  rivages 
ont  été  à  peu  près  les  mêmes  que  ceux  de  la  semaine  dernière.  Les  prix  ont 
fléchi  en  moyenne  de  5  centimes  par  kilog.  sur  toutes  les  sortes.  —  Sur  les  mar- 
chés des  départements,  on  cote  :  Nancy,  bœuf,  86  à  89  fr.  les  100  kilog.  bruts; 
vache,  65  à  85  fr.;  veau,  54  à  62  fr.;  mouton,  80  à  100  fr.;  pove,  60  à  63  fr.  — 
Sedan,  le  kilog.,  bœuF,  l  fr.  60  à  1  (r.  80;  veau,  1  IV.  40  à  2  ir.;  mouton,  1  fr.  50 
à  2  fr.  40;  porc,   l  tr.  40  à  1  fr.  70.  —  How-ii,  veau,  1  fr.  45  à  1  fr.  80  ;  mouton, 

1  fr.  75;  porc,   1   fr.  à  1  fr.  25.  Erreux,  bœul',  2  fr.  10;  veau,  2  fr.  30;  naouton, 

2  fr.  30;  porc,  1  fr.  70. —  Louviers,  hœu\\  1  fr.  40  à  2  fr.;  veau,  2  fr.  à  2  fr.  40; 
mouton,  2  fr.  à  2  fr.  40;  porc,  1  fr.  80  à  2  fr.  —  Neubourçi,  bœuf,  1  fr.  60  à 
1  fr.  70;  vache,  1  fr.  40  à  1  fr.  50;  veau,  1  ir.  80  à  1  fr.  90;  porc,  1  fr.  30  à 
I  fr.  40;  mouton,  1  fr.  90  à  2  fr.  — Bourges,  bœjf,  1  fr.  40  à  1  ir.  60;  veau, 
1  fr.  60  à  2  fr.  ;  mouton,  1  fr.  80  à  2  ir.  20;  porc,  1  fr.  40  à  1  fr.  50.  — 
Nevers,  bœuf,  1  fr.  60  à  1  fr.  80;  vache,  1  fr.  40  à  1  fr.  60;  veau  et  mouton,  2  fr.. 
porc,  1  fr.  60.  —  Barbezicux,   bœuf,   0   fr.  80  à  0  fr.  90;    veau,  0  fr.  90  à  1  fr.'. 


360        REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  GOURANT  (29   NOVEMBRE  1884). 

mouton,  0  fr.  70  à  0  fr.  80;  porc,  0  fr.  70  à  0  fr.  80. — Bordeaux,  bœuf,  1  fr.  30  à 
1  fr.  70;  vache,  1  fr.  20  à  1  fr.  60;  mouton,  1  fr.  50  à  1  fr,  90.  —  ViUefranche 
(Rhône),  hœuf,  0  fr.  80  à  1  fr.  38;  vache,  0  fr.  70  à  I  fr.  25  ;  veau,  1  fr.  05  à 
1  fr.  70  ;  mouton,  0  fr.  85  à  1  fr.  65  ;  porc,  0  fr.  80  à  1  fr.  40.  —  Le  Pvy,  bœuf, 
1  fr.  70;  vache,  1  fr.  50;  veau,  1  fr.  50;  raoùtou,  1  fr.  75;  porc,  1  fr.  70.  — 
Privas,  bœuf,  1  fr.  59;  vache,  1  fr.  45;  veau,  1  fr.  64;  mouton,  1  fr.  74;  porc, 
1    fr.  50. 

A  Londres,  les  animaux  étrangers  importés  ont  été,  durant  la-  semaine,  de 
2,639  bœufs,  487  veaux,  9,599  moutons  et  32  porcs,  dont  410  moutons  de  Mont- 
réal. —  Prix  par  kilog.  :  bœuf,  1  fr.  38  à  2  fr.;  mouton,  1  fr.  72  à  2  fr.  23  ;  veau, 
1  fr.  83  à  2  fr.  07  ;  porc,  1  fr.  20  à  1  fr.  50. 

Viande  à  la  criée.  —  Il  a  été  vendu  à  la  halle  de  Pans,  du  17  au  23  novembre  : 

Prix  du  kilog.  le  23  novembre. 

k-iloa.  t"  quai.             2*  quil.             3*  quai.               Choix.     Basse  33'.:oherie. 

Bœuf  ou  vaclie...   164,913  l.fiOàl.'.n     1.3Sà:.5S     1.04  à  1.36  1.36  à  2.. 54  0.20  à  1 .30 

Veau 168, .V28  1.58       1.9i)     I.3Ô       1.56     1.04       1.34       .             .>         »             » 

Moutoa... 84, .524  1.48       1.68     1.26       1.46     1.00       1.24  1.46       2.96     ..            » 

Porc 80,975  Porc  frais 1.18  à  1.32. 

498,940  Soilparjour 71,277  kilog. 

Les  ventes  ont  été  supérieures  de  plus  de  5,000  kilog.  par  jour  à  celles  de  lase- 
maine  dernière.  Les  prix  sont  sensiblement  en  baisse. 

XI.  —  Cours  de  la  viande  à  l'abattoir  de  la  VtUelte  du  jeudi  27  novembre  (par  50  kilog.) 
Cours  de  la  charcuterie.  —  On  vend  à  la  Viilette  par  50  kilog.  :  1"  qualité, 
6b  à  68  fr.  ;  2%  60  à  65  fr.  Poids  vif,  43  à  48  fr. 

Bœufs.  Veaux.  Moutons. 

1"  •.;•  3*  1"  2-  3-  1"  2* 

quai.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai. 

fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr. 

78  70  62  105  95  86  78  71  62 

XIII.  —  Marché  aux  bestiaux  de  la  Viilette  du  jeudi  21  novembre  1884. 

Cours  des  commissionnaires 
Poids  Cours  officiels.  en  besliaui. 

Animaux  général.     I"        2*        3"  Prix  1"        2"         3*  Prix 

amenés.  Inrendus.  liil.        quai.  quai.  quai,  extrêmes.  quai. quai.    quai.  extrêmes 

Bœufs 2.543  244  346         1.60     1.46      1.18  1.14àl.64  1.60     1.44     1.18  l.lOàltW 

Vaches 762  93  !34         1.54     1.36     1   14  1.08     l.bS  l.b2     1.32     1.14  1.05     1  64 

Taureaux...          lie  s  395          142     1.32     t   22  1.16     1   46  1.40     t   30     1.20  1    15     144 

Veaux 1.030  140  78          l.SS     1.68     1.48  1.34     2.10  »              »            »  » 

Moutons 18.211  507  19          1.82     1.66     !  46  1   38     1.86  •              ».  » 

Porcs  gras..     3.997  11.42  81          1.28     1.22     1.18  1.12     1.34  «              •            •  • 

—  maigres.,           »  »  »»•»«»»»»■ 

Vente  mauvaise  sur  le  gros  bétail,  ordinaire  sur  les  autres  espèees. 

Xlll.  —  Ri!sumé. 
En  résumé,  les  cours  des  menus    grains  se  soutiennent  ;   ceux  du  blé  ont  peu 
fléchi.  Les  vins  ont  donné  lieu  à  des  affaires  plus  restreintes;    les   sucres  et  spi- 
ritueux accusent  toujours  de  la  baisse.  A.  Rémy. 


BULLETIN  FINANCIER 

Les  cours  des  rentes  françaises  ont  regagné  encore  un  peu  de  hausse  sur  la 
semaine  dernière.  On  cote  :  3  pour  100,  78  fr.  95;  —  3  pour  100  amortissable, 
80  fr.  65;  —  4  et  demi  pour  100  ancien,  104  fr.  10;  —  4  et  demi  pourlOO  nou- 
veau, 108  fr.  65. 

Les  actions  des  établ'.ssements  de  crédit  ont  subi  quelques  fluctuations  qui 
se  résument  comme  suit:  Banque  de  France,  5,170  fr.  ;  Banque  d'escompte, 
522  fr.  50  ;  Banque  Je  Paris  et  des  Pays-Bas,  717  fr.  50;  Comptoir  d'escompte, 
952  fr.  50;  Crédit  foncier,  1,310  fr.;  Crédit  lyonnais,  520  fr.  Société  de  dépôts 
et  comptes  courants,  610  fr.  ;  Société  générale,  452  fr.  50  —  Les  Actions  de 
chemins  de  fer  sont  aux  couis' suivants  :  Est,  767  fr.  50;  Paris-Lyon-Médi- 
terranée, 1,245  fr.;  Midi,  1,175  fr.  ;  Nord,  1,660  fr.;  Orléans,  1,325  fr.; 
Ouest,  827  fr.  50. 

Taux  de  l'escompte  à  la  Banque  de  France,  3  pour  100:  intérêt  des  avances, 
4  pour  100.  E.  Fébon. 

Le  Gérant  :  A.  Bouché. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (6  décembre  i884). 

Déclarations  faites  par  le  gouverneraent  à  la  Commission  de  la  Chambre  dos  députés  relativement 
au  relèvement  des  tarifs  de  douane.  —  Nécessité  d'une  solution  rapide.  —  Création  d'une  ligue 
contre  le  renchérissement  du  pain  et  de  la  viande.  —  I'roj,'ranimc  de  cette  ligue.  —  L'agri- 
culture rendue  rcsponsaldc  de  la  question  du  pain.  —  Les  véritaliles  responsabiliti-s.  —  Kn(|uête 
de  la  Société  nationale  d'agriculture  sur  le  crédit  agricole.  —  V(eux  des  Associations  agricoles. 
—  Rapports  de  M.  Fortier  au  Comice  de  Kouen,  île  M.  Carré  au  Comice  de  Sair]t-Ouenlin,  de 
MM.  Cambon  et  Chassaignon  au  Comice  de  Lyon.  —  Importation  du  blé  en  Krance  du  1"'  août 
au  ',i\  octcihre.  —  Nécrologie.  —  M.  le  vicomte  de  Villa-Maïor  et  M.  Pinta.  —  Irianguiation  du 
buste  de  M.  Suint  pierre  à  l'école  nationale  d'<ipricullure  de  .Monipellier.  —  Projet  de  loi  sur 
la  destruction  des  insectes  nuisibles.  —  La  production  fruitière.  —  Etude  de  M.  Laverrière  sur 
le  commerce  des  fruits  en  Angleterre.  —  Le  phylloxéra.  —  Pépinières  de  vignes  amprieaines 
et  franco-américaines  chez  M.  Aimé  Cham|iin,  —  Ouvrage  de  M.  Fleischmann  sur  l'industrie 
laitière  au  point  de  vue  scientifique  et  pratique.  —  Importance  des  travaux  récents  sur  la  lai- 
terie. —  Concours  d'animaux  de  boucherie  à  Quimper.  —  Concours  pour  un  emploi  de  prépa- 
rateur à  la  Station  agroromique  d'Amiens.  —  La  production  du  blé.  —  Concours  ouverts  par 
la  Société  des  agriculteurs  de  France  sur  la  culture  du  blé- dans  les  cinq  départements  de 
l'Ariége,  de  l'Allier,  de  l'Ain,  de  l'Avejron  et  de  la  Meuse.  —  Nouvelles  études  de  M.  Dehérain 
sur  la  betterave  à  sucre.  —  Notes  de  MM.  Bronsvick  et  Vacher  sur  les  récoltes  et  les  travaux 
agricoles  dans  les  départements  des  Vosges  et  de  l'Allier. 

I.  —  La  réforme  des  tarifs  de  douane. 

La  Commission  de  la  Chambre  des  députés  chargée  d'étudier  les 
projets  de  réforme  des  tarifs  de  douane  sur  les  produite  agricoles,  a 
tenu,  durant  cette  semaine,  plusieurs  réunions  importantes.  Après 
avoir  entendu  les  délégués  de  l'administration  de  l'agriculture  qui  ont 
été  chargés,  au  printemps  dernier,  de  l'enquête  sur  la  situation  de 
l'agriculture  dans  le  département  de  l'Aisne,  elle  a  reçu  communica- 
tion des  propositions  adoptées,  le  29  novembre,  par  le  conseil  des  mi- 
nistres. M.  le  ministre  de  l'agriculture  lui  a  fait  connaître  que  le  gou- 
vernement soutiendrait  une  élévation  de  2  fr.  par  quintal  pour  le  droit 
sur  le  blé  (ce  qui  porterait  ce  droit  à  2  fr.  60),  et  de  4  fr.  sur  les  fa- 
rines (ce  qui  porterait  le  droit  à  5  fr.  20).  Pour  l'avoine,  le  gouverne- 
ment propose  l'établissement  d'un  droit  de  1  fr.  50;  il  n'en  propose 
aucun  ni  pour  le  seigle,  ni  pour  l'orge,  ni  pour  le  sarrasin  ;  quant  au 
maïs,  il  réserve  son  opinion  sur  ce  point.  Telles  sont  les  limites  dans 
lesquelles  le  ministre  de  l'agriculture  paraît  devoir  ^soutenir,  devant  la 
Chambre,  les  relèvements  des  droits  de  douane.  11  n'en  reste  pas  moins 
acquis  que  le  Parlement  prendra,  en  définitive,  sous  sa  responsabilité, 
les  résolutions  qui  feront  la  loi  nouvelle.  L'agriculture  demande  avec 
instance  que  celte  grave  discussion  ne  soit  pas  retardée  plus  long- 
temps. L'importation  des  blés  et  farines  a  pris,  depuis  quelque  temps, 
des  proportions  réellement  menaçantes  ;  grâce  à  la  lenteur  qu'on 
apporte  à  prendre  une  décision,  les  mesures  adoptées  ne  donneront 
probablement  pas  tout  de  suite  les  résultats  qu'on  était  en  droit 
d'en  attendre. 

Une  société  s'est  formée  récemment  à  Paris  sous  le  titre  de  «  Ligue 
nationale  contre  le  renchérissement  du  pain  et  de  la  viande.  »  Le  ma- 
nifeste qu'elle  vient  de  publier  en  montre  nettement  le  but  ;  il  s'agit 
de  protester  contre  l'agitation  agricole  et  de  mettre  obstacle  à  toute 
mesure  «  qui  aurait  pour  résultat  d'imposer  aux  classes  laborieuses  de 
douloureuses  privations,  et  d'aggraver  le  malaise  présent  par  le  ren- 
chérissement artificiel  des  deux  produits  les  plus  nécessaires  à  l'ali- 
mentation du  peuple.  »  On  place  la  lutte  entre  les  producteurs  et  les 
consommateurs,  on  accuse  les  agriculteurs  de  mal  comprendre  leurs 
intérêts  et  de  vouloir  s'enrichir  aux  dépens  des  autres  classes  de  la 
société.  C'est  toujours  le  même  raisonnement  qui  est  mis  en  avant; 
notre  éminent  collaborateur  M.  Paul  de  Gasparin  y  répond  plus  loin 

N°  817.  —  Tome  IV  de  1884.  —  0  Décembre. 


362  CHRONIQUE  AGRICOLE    (ô  DÉCEMBRE    1884;. 

dans  ce  numéro.  Mais  il  est  une  phrase  que  nous  devons  relever  dans  ce 
inanifesle  :  «  On  ne  craint  pas,  dit-il,  de  l'aire  de  pareilles  propositions 
à  l'heure  même  où  la  question  du  prix  du  pain  préoccupe  vivement  le 
gouvernement  et  les  municipalités.  »  A  qui  la  l'aute  si  la  question  du 
pain  est  agitée?  Est-ce  aux.  agriculteurs?  Vous  savez  bien  que  non. 
Qui  se  plaignait  du  prix  du  [>ain  il  y  a  un  ou  deux  ans  ?  C'est  la  baisse 
rapide  du  prix  du  blo,  non  suivie  d'une  baisse  équivalente  dans  le  prix 
du  pain,  qui  a  créé  cette  nouvelle  question.  Les  agriculteurs  sont  les 
victimes  et  non  les  auteurs  de  cet  état  de  choses  ;  c'est  aux  industries 
intermédiaires  que  vous  devez  vous  en  prendre,  si  vous  voulez  ac- 
cuser quelqu'un.  A  chacun  sa  responsabilité  :  l'agriculteur  a  le  droit 
de  vivre  tout  comme  un.  autre  citoyen;  il  est  aujourd'hui  la  bête  de 
somme,  écrasé  de  charges,  et  parce  qu'il  commence  à  se  rebiffer,  vous 
mettez  en  avant  les  accusations  les  plus  erronées,  pour  employer  une 
expression  adoucie.  Ne  créons  pas  de  luttes  de  catégories  de  Fran- 
çais armés  les  uns  contre  les  autres;  sachons  nous  soutenir  les  uns 
les  autres;  évitons  de  nous  écraser  mutuellement  sous  les  pavés  des 
principes  les  plus  discutables. 

II.  —  EiiquiJle  sur  le  crédit  agricole. 

On  se  souvient  que  le  ministre  de  l'agriculture  a  chargé  la  Société 
nationale  d'agriculture  d'une  enquête  sur  le  crédit  agricole.  Le  premier 
volume  de  cette  enquête,  renfermant  les  réponses  des  correspondants 
français  de  la  Société,  a  paru  au  mois  d'août;  il  renfermait  un  résumé 
comparé  de  ces  réponses,  rédigé  par  M.  Barrai.  Le  premier  fascicule 
du  2°  volume  vient  de  paraître  sous  la  direction  de  M.  Louis  Passy, 
vice-secrétaire  de  la  Société.  Il  est  consacré  aux  réponses  adressées  des 
pays  étrangers  par  les  correspondants  de  la  Société,  en  Alsace-Lor- 
raine, en  Autriche-Hongrie,  en  Allemagne,  en  Belgique,  en  Angleterre, 
en  Espagne,  en  Portugal,  en  Italie,  en  Roumanie.  La  plupart  de  ces 
documents  sont  fort  intéressants;  nous  citerons  notamment  ceux  qui 
viennentde  Belgique  et  d'Italie.  On  pourray  puiser  des  renseignements 
précieux  pour  résoudre  enûn  le  problème  de  L'organisation  du  crédit 
agricole  en  France. 

III.  —  Vœux  des  associations  agricoks. 

L'agitation  agricole  continue  dans  toutes  les  parties  de  la  France. 
Dans  sa  séance  du  14  novembre,  le  Comice  agricole  de  Rouen  aadopté 
un  important  rapport  de  son  président,  M.  Fortier,  dont  les  conclusions 
se  résument  dans  les  vœux  suivants  : 

1"  Que  les  tarifs  de  douane  soient  revisés  dans  le  plus  bref  délai  possible,  de 
telle  iaçon  que  les  produits  agricoles  non  compris  dans  les  traités,  venant  de 
l'étranger,  soient,  à  leur  entrée  en  France,  fnipp^s  des  droits  équivalents  aux  im- 
pôts et  charges  qui  grèvent  les  produits  similaires  français,  et  notamment  que 
les  céréales  et  le  bétail  acquittent  à  la  frontière  un  droit  d'entrée  en  rapport  avec 
leur  prix  de  revient  en  France,  soit  : 

Pour  le  blé,  5  fr.  par  quintal;  le  seigle,   l'orge,  l'avoine,  3.fr.  ;  la  farine,  7  fr.  ; 

—  clievaux,  bœufs,  45  fr.  par  tête;  vaclies,  35   fr.  ;  moutons,  5  fr.  ;  porcs,  10  fr,  ; 

—  viandes  fraîches  ou  salées,  15  fr.  le  quintal. 

2"  Que  les  traités  qui  peuvent  être  dénoncés  le  soient  dans  le  délai  de  rigueui-, 
afin  de  permettre  un  relèvement  de  tarif  pour  nos  laines,  lins,  colzas,  etc. 

3"  Que  le  produit  de  ces  droits  d'entrée  soit  employé  au  dégrèvement  de  l'agri- 
culture. 

4"  Que  les  tarifs  des  chemins  de  fer  soient  étudiés  et  révisés  de  telle  sorte 
qu'ils  ne  permettent  jjIus  à  l'étranger,  par  aes  tarifs  do  pénétration,  de  taire  aux 
producteurf.  français  une  concurrence  insoutenable. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (b  DÉCEMBRE  1884).  363 

£"  Que  la  représentation  de  l'agriculture  par  des  Chambres  d'agriculture  soit 
promptcment  organisée,  et  sur  les  bases  les  plus  larges. 

Dans  le  même  ordre  d  iilées,  et  aboutissant  aux  mêmes  conclusions, 
nous  devons  signaler  encore  un  rapport  sur  les  tarifs  de  douane  pré- 
senté au  Comice  de  Cliàteau-Tliierry  (Aisne),  par  son  vice  président, 
M.  Carré,  dans  la  séance  du  14  novembre;  —  deux  notes  sur  les  con- 
ditions économiques  de  la  culture  du  blé,  par  iM.  Victor  Cambon,  et  sur 
la  protection  à  l'agriculture,  par  M.  Henri  Chassaignon,  président,  lues 
au  (iomice  de  Lyon,  dans  sa  séance  du  23  novembre.  Les  vœux  qui  en 
ont  été  la  conséquence  concluent  à  la  réforme  des  tarifs  de  douane  et 
à  l'emploi  des  ressources  ([u'elle  fournira  à  des  dégrèvements  en  faveur 
de  l'agriculture. 

Sous  le  titre  :  Le  prnpriclaire  ilevant  sa  ferme  délaissée,  M.  Georges 
Ville,  bien  connu  des  agriculteurs,  vient  de  réunir  (librairie  de 
G.  Masson,  à  Paris)  les  conférences  qu'il  a  faites  en  décembre  1883, 
à  la  Société  centrale  .d'agriculture  de  Belgique.  Ces  conférences  ont  été 
consacrées  à  l'examen  des  conditions  de  la  production  agricole,  à  l'em- 
ploi des  engrais,  à  l'aménagement  des  forces  en  agriculture.  Il  y  a  là  un 
plan  de  système  de  culture  qui  ne  diffère  pas  sensiblement  de  ceux  pré- 
conisés jusqu'ici  par  M.  George  Ville,  mais  qui  est  de  nature  à  appeler 
la  discussion,  et  par  suite  l'attention  des  agriculteurs.  Quoiqu'il  ait 
une  confiance  extrême  dans  la  culture  par  les  engrais  chimiques 
employés  exclusivement,  M.  Ville  conclut  à  la  nécessité  économique 
de  relever  les'  tarifs  de  douane  actuellement  en  vigueur. 

l\.  —  L'importation  du  blé  en  France. 

Li:  Journal  officiel  publie  le  relevé,  communiqué  par  le  ministère  de 
l'agriculture,  des  quantités  de  froment  («crains  et  farines)  importées  et 
exportées  du  \"  août  au  31  octobre  1884  (commerce  spécial)  : 

Importations  (quinLrnêlr.).       Exportations  ^qniritMiifUr.). 
Grains.  Farines.  Grain*.  Farines. 

Du  1"  août  au  30  septembre....     2,017.639  66,6-39  8,845  !9,l'i9 

Première  quinzaine  d'octobre... .         283,170  6,1.57  845  526 

Ueuxieme  —  l,0a0,4.3Û  .'37, «35  1,846  4,049 


Totaux 3,391,259  110,421  11,536  23,724 

On  remarquera  que,  pendant  la  deuxième  quinzaine  d'octobre,  les 
importations  de  grains  et  celles  de  farines  ont  pris  des  proportions 
absolument  anormales  ;  elles  ont  atteint  la  moitié  du  total  accusé  pour 
les  deux  mois  nrécédents. 

V.  —  Nécrologie. 

Nous  avons  le  regret  d'apprendre  la  linort  de  M.  le  vicomte  de  Villa- 
IMaïor,  ancien  commissaire  général  du  Portugal  à  l'exposition  univer- 
selle de  1878,  membre  de  la  Chambre  des  pairs.  Cétait  un  des  ampé- 
lographcs  et  des  viticulteurs  les  plus  distingués  de  notre  époque,  et  il 
jouissait  d'une  autorité  universellement  reconnue.  Il  laisse  un  Manuel 
de  vilicullnre  pratique  et  une  Amptlograpliie  portugaise,  deux  ouvrages 
fort  estimés.  Il  a  été  un  des  collaborateurs  du  Vignoble  de  MM.  Mas 
et  PuUiat. 

M.  Xavier  Pinta,  ancien  agriculteur  et  fabricant  de  sucre,  à  Saint- 
Laurent-Blangy  (Pas-de-Calai.s),  vient  de  mourir  dans  sa  quatre- 
vingtième  année.  On  lui  doit  des  essais  intéressants  sur  ramélioration 
de  la  culture  du  blé. 


364  CHRONIQUE  AGRICOLE  (6  DÉCEMBRE  1884). 

VI.  —  Inauguration  du  buste  de  M.  Camille   Sainlpierre. 
Samedi  dernier,  29  novembre,  a  eu  lieu  à  l'Ecole  nationale  d'agri- 
culture de  Montpellier,  l'inauguration  du  buste   de  M.  Camille  Saint- 
pierre,  son  ancien  directeur,  décédé  il  y  a  trois  ans.  Nous  recevons  le 
compte  rendu  suivant  de  cette  cérémonie  : 

«  L'inauguration  du  buste  de  M.  G.  Saintpierre,  ancien  directeur  de  l'école 
nationale  d'agriculture  de  Montpellier,  a  eu  lieu  le  29  novembre  au  milieu  d'une 
nombreuse  et  sympathique  assemblée.  On  remarquait  parmi  les  personnes  pré- 
sentes, M.  le  préfet  de  l'Hérault,  délégué  par  M.  le  ministre  de  l'agriculture  pour 
le  représenter  à  cette  cérémonie,  M.  le  sénateur  Dupré,  MM.  les  doyens  et  plu- 
sieurs professeurs  des  facultés  des  sciences  et  de  droit,  Planchon,  directeur  du 
jardin  des  plantes,  F.  Cazalis,  directeur  du  Messager  agricole,  l'intendant  Du- 
moulin, de  Gabrières,  évêque  de  Montpellier,  le  président  de  la  Ghambre  de 
commerce,  Mares,  correspondant  de  l'Institut,  la  plupart  des  membres  de  la  So- 
ciété d'agriculture  de  l'Hérault  et  de  nombreuses  notabilités. 

«  Mme  Gamille  Saintpierre  était  entourée  d'un  grand  nombre  de  dames 
de  sa  famille  ou  de  ses  relations  qui  avaient  tenu  à  lui  donner  un  témoignage  de 
leur  vive  sympathie. 

«  Après  que  Mme  Saintpierre  eut  reçu  dans  les  salons  de  la  direction  les  pro- 
fesseurs et  employés  de  l'école,  une  délégation  des  élèves  et  les  nombreux  amis 
qui  avaient  désiré  la  saluer,  l'assemblée  s  est  réunie  devant  le  buste  dû  au  ciseau 
de  M.  Baussan,  sculpteur  à  Montpellier. 

«  M.  le  préfet  de  l'Hérault  a  déclaré  la  séance  ouverte  et  a  découvert  le  buste. 
Il  a  rappelé  alors,  en  quelques  mots  heureux,  les  éminents  services  rendus  par 
M.  Saintpierre,  services  dont  l'Administration  de  l'agriculture  tient  à  honorer  la 
mémoire  en  s'associant  à  cette  cérémonie. 

«  M.  Vialla,  président  de  la  Société  centrale  d'agriculture  de  l'Hérault,  a  ex- 
primé ensuite  la  reconnaissance  des  agriculteurs  méridionaux  pour  l'œuvre  de 
M.  Saintpierre  et  les  regrets  unanimes  dont  il  a  été  l'objet.  Il  explique  ainsi  le 
sentiment  qui  a  amené  ses  collègues  de  la  Société  d'agriculture,  ceux  de  l'Ecole 
Id'agriculture,  de  la  Faculté  de  médecine,  ses  anciens  élèves  et  ses  amis  à  élever 
e  modeste  monument  dont  l'inauguration  a  lieu  en  ce  moment. 

«  Après  quoi,  M.  Foi'x,  directeur,  a  retracé  la  brillante  carrière  de  son  prédé- 
cesseur et  ami  et  l'œuvre  remarquable  qu'il  a  accomplie  à  l'école  d'agriculture  de 
Montpellier.  Il  rappelle  les  conditions  difficiles  daos  lesquelles  il  a  pris  cet  éta- 
blissement et  la  remarquable  rapidité  avec  laquelle  il  a  su  le  relever  et  le  porter 
au  niveau  des  plus  prospères  et  des  plus  anciennement  connus. 

«  M.  Pécholior  prend  la  parole  au  nom  des  professeurs  agrégés  à  la  Faculté  de 
médecine  et  de  sjsamis;M.  — Ghauzit,  profosseurdépartemental  d'agriculture  du 
Gard,  rend  hommage  au  nom  des  anciens  élèves  de  l'école  de  Montpellier  à  la 
mémoire  du  regretté  directeur  r;ue  tous  ont  aimé. 

«  Enfin,  M.  L.  Vialla  donne  lecture  d'un  télégramme  qu'il  vient  de  recevoir  de 
M.  L.  de  Martin  qui  lui  exprime  les  sympathies  des  viticulteurs  de  l'Aude. 

«  La  séance  se  termine  ainsi,  laissant  dans  le  cœur  de  tous  l'émotion  que  procure 
le  souvenir  d'une  belle  existence  consacrée  au  service  des  grands  intérêts  du  pays.  » 

Le  buste  est  placé  dans  la  cour  d'honneur  de  l'école  oi^i  il  perpé- 
tuera le  souvenir  d'un  directeur  qui  fut  cher  à  tous. 
VII.  —  Destruction  des  insectes  nuisibles. 

Nous  avons  annoncé  que  M.  le  ministre  de  l'agriculture  a  présenté 
au  Sénat  un  projet  de  loi  concernant  la  destruction  des  insectes, 
des  cryptogames  et  autres  végétaux  nuisibles  à  l'agriculture.  L'esprit 
de  ce  projet  ressortira  à  la  lecture  des  articles  qui  le  compo.sent,  et 
dont  voici  le  texte  : 

Article  premier. — Les  préfets  sont  autorisés  à  prescrire  les  mesures  nécessaires 
pour  arrêter  ou  prévenir  les  dommages  causés  à  l'agriculture  par  des  insectes,  des 
cryptogames  ou  par  des  végétaux  nuisibles,  tels  que  le  chardon,  la  cuscute,  le  gui 
et  autres  plantes  analogues,  lorsqu'il  est  reconnu  que  ces  dommages  présentent 
un  caractère  envahissant  et  calamiteux  pour  un  ou  plusieurs  départements,  ou 
même  pour  une  portion  de  département. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (6   DÉCEMBRE   1884).  365 

L'arrêté  ne  peul  être  pris  par  le  ])rêret  qu'après  l'avis  du  Conseil  général  du 
département,  à  moins  qu'il  ne  s'agisse  de  mesures  urgentes  et  temporaires. 

L'arrêté  préfectoral  rendu  en  cette  matière  détermine  l'époque  à  laquelle  il 
devra  être  procédé  à  l'exécution  des  mesures,  les  localités  dans  lesquelles  elles 
sont  applicables,  ainsi  ({ue  les  modes  spéciaux  à  employer. 

Il  n  est  exécutoire,  dans  tous  lescas,  qu'aprèsl'approbation  du  ministre  de  l'agri- 
cullurc  qui  prend,  sur  les  procédés  à  appliquer,  l'avis  d'une  commissiou  technique 
instituée  par  décret. 

Art.  2.  —  Les  propriétaires,  les  fermiers,  les  colons  ou  métayers,  ainsi  que  les 
usufruitiers  et  les  usaMrs,  sont  tenus  d'exécuter  sur  les  immeubles  qu'ils  possè- 
dent et  cultivent,  ou  dont  ils  ont  la  jouissance  ou  l'usage,  les  mesures  prescrites 
par  l'arrêté  préfectoral. 

L'Etat,  les  communes  et  les  établissements  publics  et  privés  sont  astreints  aux 
mêmes  obligations  en  ce  qui  concerne  les  propriétés  leur  appartenant. 

Art.  3.  —  En  cas  d'inexécution,  dans  les  délais  fixés,  des  mesures  ordonnées 
par  l'arrêté  préfectoral,  il  y  est  procédé  d'office,  aux  frais  des  contrevenants,  par 
les  soins  du  maire  ou  du  commissaire  de  police,  sans  préjudice  des  poursuites  qui 
peuvent  être  exercées,  comme  il  est  dit  à  l'article  4. 

Le  recouvrement  des  dépenses  ainsi  faites  est  opéré  par  le  percepteur  en  vertu 
de  mandements  exécutoires  délivrés  par  les  préfets  et  suivant  les  règles  suivies  en 
matière  de  contributions  directes. 

Art.  4.  —  Les  contraventions  aux  dispositions  des  articles  1  et  2  qui  précèdent 
sont  punies  d'une  amende  de  six  francs  à  quinze  francs. 

L'amende  est  doublée  et  la  peine  d'emprisonnement  pendant  cinq  jours  au  plus 
peut  môme  être  prononcée,  en  cas  de  récidive,  contre  les  contrevenants. 

Art.  5.  —  Sont  maintenues  toutes  les  dispositions  des  lois  et  règlements  con- 
cernant la  destruction  du  phylloxéra  et  celle  du  doryphora,  ainsi  que  celles  de  la 
loi  du  26  ventôse  an  IV,  relative  à  l'écheniUage,  dont  les  délais  d'exécution  seront, 
toutefois,  fixés  conformément  à  l'article  premier  de  la  présente  loi. 

Art.  6.  —  L'article  463  du  Gode  pénal  est  applicable  aux  pénalités  prononcées 
par  la  présente  loi. 

Depuis  plusieurs  années,  le  Sénat  est  saisi  de  projets  et  propositions 
analogues  qui  n'ont  pas  encore  abouti.  Nous  espérons  que  le  nouveau 
projet  du  gouvernement  aura  une  solution  plus  rapide.  Aujourd'hui  la 
loi  sur  l'échenillage,  la  seule  qui  soit  un  peu  appliquée,  n'est  plus  en 
rapport  avec  les  connaissances  scientifiques  ;  il  est  temps  que  de  nou-- 
veaux  règlements  interviennent. 

VIII.  —  La  production  fruitière. 

Le  Journal  a  signalé,  il  y  a  quelques  mois,  une  étude  intéressante  de 
M.  Charles  Whitehead  sur  la  production  fruitière  et  ses  débouchés  en 
Angleterre.  Cette  étude  a  été  faite  spécialement  en  vue  de  pousser  les 
cultivateurs  anglais  à  donner  un  plus  grand  essor  à  leurs  plantations 
d'arbres  à  fruit.  Notre  excellent  confrère  M.  Jules  Laverrière  a  pensé, 
avec  raison,  qu'il  serait  opportun  d'en  tirer  des  renseignements  utiles 
pour  les  producteurs  français.  C'est  pourquoi  il  vient  de  réunir,  dans 
une  brochure  spéciale,  les  documents  fournis  par  M.  Whitehead  sur  la 
consommation  des  produits  de  la  culture  fruitière  en  Angleterre,  sur 
le  traitement  et  l'expédition  de  ces  produits,  sur  l'importance  des 
débouchés  offerts  par  le  marché  anglais.  On  estime,  année  moyenne, 
à  plus  de  100  millions  de  francs  le  produit  du  commerce  de  nos  fruits; 
c'est  un  joli  denier,  que  l'on  peut  accroître  dans  de  grandes  proportions 
et  à  peu  de  frais,  en  augmentant  les  relations  avec  les  pays  septen- 
trionaux, avides  des  fruits  savoureux  qu'un  climat  moins  favorable  leur 
refuse. 

IX.  —  Le  phylloxéra. 

Parmi  les  ouvriers  de  la  première  heure  pour  la  reconstitution  des 
vignobles  au  moyen  des  cépages  américains  résistant  au  phylloxéra, 


366  CHRONIQUE  AGRICOLE    (6  DÉCEMBRE    1884). 

notre  excellent  coUoborateur  M.  Aimé  Champin  occupe  un  rang  des 
plus  honorables.  Par  la  parole,  par  une  plume  alerte  el  brillante,  par 
l'exemple,  il  a  puissamment  contribué  à  la  solution  des  nombreux  pro- 
blèmes que  suscite  celte  question  grosse  de  difficultés.  Dans  le  nouveau 
catalogue  des  vignes  américaines  et  franco-américaines  introduites, 
acclimatées  et  cultivées  de  1873  à  1884  dans  les  plantations  du  châ- 
teau de  Saletles,  près  Montélimar  (Drôme),  il  donne  un  nouvel 
exemple  de  la  rigueur  des  observations  auxquelles  il  se  livre.  Ce 
fascicule  renferme'une  description  de  plus  de  250  variétés  de  cépages 
producteurs  el  de  cépages  greffés,  pour  chacune  desquelles  des  indi- 
cations sont  données  sur  la  grappe,  le  grain  de  raisin,  sa  chair  et  son 
goût,  le  moût,  la  maturité,  la  fertilité,  les  usages.  Ces  indications 
sont  sommaires,  mais  elles  résultent  toujours  d'observations  directes, 
faites  avec  le  plus  grand  soin. 

X.  —  Études  sur  la  laiterie. 
En  France,  comme  dans  la  plupart  des  autres  pays  d'Europe,  on  se 
préoccupe  aujourd'hui  des  moyens  d'accruître  les  bénéfices  que  l'on  re- 
tire de  la  production  laitière.  Des  recherches  scientifiques  ont  été  pour- 
suivies et  elles  ont  donné  la  clef  d'un  grand  nombre  de  problèmes  de  la 
laiterie.  L'agriculteur  qui  veut  réussir  dans  la  fabrication  et  le  coin- 
mei"ce  du  beurre  et  des  fromages  n'a  plus  le  droit  d'ignorer  ces  solutions, 
d'autant  plus  que  des  ouvrages  nombreux  les  mettent  aujourd'hui  à  sa 
portée.  Parmi  les  ouvrages  les  plus  récents,  nous  devons  signaler  au- 
jourd'hui celui  de  M.  le  docteur  Wilhelm  Fleischmann,  directeur  de  la 
station  laitière  de  Raden  (Mecklenbourg).  Cet  ouvrage  intitulé  :  L'in- 
duslnc  laitière  au  point  de  vue  srienli/ique  el  pratique',  a  été  traduit 
de  l'allemand  par  MM.  G.  Brélaz  el  J.  Oetlli.  Il  renferme  la  collection 
la  plus  complète  de  documents  qui  ait  encore  été  réunie  sur  le  lait, 
le  beurre  et  le  fromages.  Les  recherches  poursuivies  en  Allemagne  sur 
cet  important  sujet  ont  été  mises  ainsi  à  la  portée  des  agriculteurs 
français;  c'est  un  service  réel  que  les  traducteurs  ont  rendu.  Toutefois, 
il  est  à  regretter  que  iM.  Fleischmann  n'ait  pas  tenu  compte  suffisam- 
ment des  recherches  dues  aux  savants  français,  notamment  de  celles 
de  M.  Duchaux,  qui  a  contribué  autant  que  personne  à  élucider  les 
problèmes  relatifs  à  la  composition  du  lait  et  à  la  fabrication  des  fro- 
mages. Celte  réserve  faite,  nous  devons  ajouter  que  l'ouvrage  de 
M.  Fleischmann  est  de  ceux  qui  seront  consultés  avec  le  plus  de  fruit 
par  les  personnes  qui  veulent  connaître  à  fond  les  questions  complexes 
de  l'industrie  laitière. 

XL  —  Concours  d'animaux  de  boucherie  à  Quimper. 

Le  concours  annuel  des  animauv  de  boucherie  et  d'animaux  repro- 
ducteurs, organisé  à  Quimper  sous  les  auspices  des  Sociétés  d'agri- 
culture de  Quimper,  de  Quimperlé  et  de  Lorient,  pour  encourager  la 
production  et  l'engraissement  du  bétail  dans  les  arrondissements  sud 
de  la  Bieiagne,  se  tiendra  le  19  déL^embre  courant,  sous  la  directi.')n 
de  M.  G.  Briot.  Des  prix  en  argent,  des  médailles  d'or  d'argent  et  de 
bronze,  seront  distribués  aux  propriétaires  des  animaux  les  mieux 
préparés  pour  la  boucherie  et  reconnus  les  plus  parfaits  sous  le  rapport 
de  la  c(mformalion.  Les  concours  de  Quimper  ont  une  réelle  importance. 

1.  Un  volume  grand  in-8,  de  1.1'2't  pages,  aveo  278  ll^'aics.   Libraiiie  Diiuod,   'tO,   yuai    des 
GranJs-Auguslins,  à  Pans.  —  Prix  :  50  fr. 


CHRONIQUE  AGRICOLE   (6  ^DÉCEMBRE    1884).  367 

XII.  —  Station  agronomique  de  la  Somme. 
Nous  avons  annoncé  qu'un  concours  serait  ouvert  pour  la  nomina- 
tion d'un  préparateur  à  la  station  agronomique  de  lu  Somme.  Voici  le 
programme  de  ce  concours  : 

Les  conditioQS  à  remplir  sont  les  suivantes  :  1°  Etre  Frani^ais  ou  naturalisé 
Français;  —  2"  Posséder  une  instruction  suFiisante  sur  les  matliéraatiqu 'S  élé- 
mentaires, arithmétique,  algèbre,  y  co:npris  les  équations  du  second  degré  et  les 
logarithmes,  géométrie  élémentaire,  ainsi  que  sur  Ips  notions  élémentaires  de 
physique,  de  chimie  et  de  physiologie  animale  et  végétile  ;  —  3»  Bien  connaître 
le  travail  pratique  des  laboratoires  de  chimie. 

Le  jury  d'examen  sera  composé  du  directeur  de  la  station  agronomique,  de 
doux  membres  de  la  Commission  de  surveillance  de  la  station,  cl  de  deux  autres 
personnes  désignées  par  le  préfet. 

Les  candidats  auront  à  subir  trois  épreuves  :  1"  un  examen  oral  sur  les 
mathématiques  élémentaires,  la  physique,  la  chimie  et  la  physiologie  (lois  géné- 
rales et  applications  nouvelles);  —  2"  une  épreuve  écrite  (composition  sur  un 
sujet  parmi  les  théories  élémeataires  les  plus  importantes)  avec,  une  application 
prise  dans  la  pratique  journalière  du  laboratoire;  — 3"  une  épreuve  pratique,  ana- 
lyses qualitatives  et  quantitatives  exécutées  au  laboratoire. 

Les  examens  auront  lieu  le  IG  décembre  prochain,  à  la  station  agro- 
nomique, boulevard  Guyencourt,  n"  7,  à  Amiens. 

XIII.  —  Concours  relatifs  à  la  culture  du  blé. 

La  Société  des  agriculteurs  de  France  ouvre,  en  1885,  des  concours 
dans  cinq  départements  pour  l'augmentation  de  la  production  du  blé. 
Ces  concours  seront  répartis  comme  il  suit  : 

Prix  Destrais.  —  Départemmls  de  r Arièije  et  de  l'Allier.  —  La  Société  des 
agriculteurs  de  France  ouvre  dans  ces  départements  un  concours  entre  les  agri- 
culteurs, propriétaires,  fermiers  ou  métayers,  dont  la  moyenne  des  terres  emblavées 
en  céréales  (froment,  seigle,  orge,  avoine,  escourgeon,  épeautre,  maïs,  sarrasin) 
est  de  huit  à  douze  hectares  chaque  année  et  dont  le  rendement  en  blé  est  le  plus 
considérable. 

Une  somme  de  2,000  francs,  provenant  des  intérêts  du  legs  de  50,000  francs 
fait  à  la  Société  par  j\I.  Destrais,  sera  divisée  entre  les  deux  départements  et 
distribuée  aux  lauréats  eu  un  ou  plusieurs  prix,  suivant  la  volonté  du  testateur. 

Prix  Godard.  —  Départements  de  l'Ain,  de  t'Aveyron  et  de  la  Meuse.  —  La 

Société  des  agriculteurs  de  France  ouvre  dans  ces  départements  un  concours  entre 

ees  agriculteurs,  propriétaires,  fermiers  ou  métayers  dont  la  moyenne  des   terres 

mbiavées  en  céréales  (froment,  seigle,  orge,  avoine,   escourgeon,  épeautre,  maïs, 

arrasin)  est  de  dix  à  quinze  hectares,  et  qui  obtiennent   en  blé  le  rendement  le 

plus  considérable. 

Une  somme  de  3,000  francs,  provenant  de  la  rente  léguée  h  la  Société, par 
M.  Camille  Godard,  sera  divisée  également  entre  les  trois  départements  et  distri- 
h  uéô  aux  lauréats  en  un  ou  deux  prix,  suivant  les  intentions  du  testateur. 

Les  agriculteurs  et  cultivateurs  de  ces  cinq  départements  qui  désirent  prendre 
[  art  au  concours  sont  priés  de  faire  connaître  leur  nom  et  leur  adresse  au  siège 
de  la  Société  des  agriculteurs  de  France,  21,  avenue  de  l'Opéra,  au  plus  tard 
le  25  avril. 

Une  Commission  locale  sera  formée  dans  chacun  des  cinq  départements  pour 
visiter,  au  moment  de  la  moisson  de  1883,  les  exploitations  inscrites,  et  se  rendre 
compte  du  rendement  »btenu  en  blé. 

Le  rapport  de  la  Commission  locale  devra  contenir  des  renseignements  complets 
et  précis  sur  les  exploitations  des  divers  concurrents  et  indiquer  les  noms  de  ceux 
qu'elle  proposera  pour  les  prix. 

Ce  rapport  devra  être  envoyé  au  secrétariat  de  la  Société  des  agriculteurs  de 
France,  21,  avenue  de  l'Opéra,  avant  le  1"  novembre  1885. 

Ces  prix  seront  décernés  en  1886,  durant  la  session  annuelle  de  la 
Société  des  agriculteurs  de  France,  après  la  lecture  d'un  rapport  d'en- 
semble approuvé  par  le  Conseil  de  la  Société.  Des  médailles  seront 
jointes  aux  principaux  prix.  *       , 


368  CHRONIQUE    AGRICOLE  (6    DÉCEMBRE   1884). 

XIV.  —  Sucres  et  belleraves. 

Les  expériences  sur  les  conditions  les  plus  avanUigeuses  de  la  cul- 
ture de  la  betterave  à  sucre  ont  été  nombreuses  celte  année.  Parmi  les 
plus  importantes,  nous  devons  signaler  celles  qui  ont  été  poursuivies 
à  Grignon,  par  M.  Dehérain  ;  elles  ont  porté  à  la  fois  sur  diverses 
qualiiés  de  graines,  et  sur  les  modes  de  fumure.  Les  résultats  en  ont 
été  communiqués  récemment  à  l'Académie  des  sciences  ;  nous  publie- 
rons procbainement  la  note  de  M.  Dehérain. 

XV.  —  Nouvelles  des  récolles  el  des  travaux  agricoles. 

L'hiver  est  arrivé  avec  ses  alternatives  de  gel  et  de  dégel.  Sur  ce 
sujet,  M.  Bronsvick  nous  adresse  de  Mirecourt  (Vosges),  à  la  date  du 
30  novembre,  la  note  suivante  : 

Pendant  toute  cette  semaine  la  température  a  été  très  variable;  nous  avons  eu 
des  gelées  suivies  de  pluies  et  de  neige.  D'après  l'avis  des  cultivateurs  c'est  un 
excellent  temps,  pour  la  région  en  ce  qui  concerne  l'arrêt  d'une  sécheresse  qui 
commençait  à  gêner  non  seulement  l'abieuvement  du  bétail,  mais  encore  les  usines 
et  moulins  situés  sur  les  petits  cours  d'eau  et  ne  pouvant  plus  fonctionner,  vu  les 
basses  eaux. 

Quoiqu'il  soit  tombé  beaucoup  d'eau  au  commencement  de  cette  semaine,  les 
rivières  n'ont  point  augmenté  de  volume,  ce  qui  prouve  que  la  terre  a  absorbé  les 
pluies  et  en  absorberait  encore  s'il  en  tombait  d'autres. 

Les  marchés  continuent  à  présenter'  le  plus  grand  calme.  Aucun  changement 
notable  ne  se  produit  dans  la  région.  Le  bétail  est  en  baisse  un  peu  partout.  Vu 
le  trop  plein  des  élèves  et  des  noiirrits,  les  cultivateurs  se  décident  à  vendre;  mais 
la  boucherie  en  présence  des  otî'rcs  demande  de  grandes  concessions.  Les  pii.x  des 
vaches  varient  de  325  à  450  francs,  des  veaux,  43  à  48  francs  les  50  kilog.,des 
porcs  gras,  38  à' 40  francs  les  50  kilog.,  petits  porcelets  de  5  à  15  IV.  pièce. Viande 
sur  pied:  bœuf,  84  à  86  francs;  vache,  80  à  84  francs;  mouton,  80  à  95  francs. 

Les  phénomènes  par  lesquels  l'hiver  s'est  maaifesté  dans  le 
centre  sont  résumés  par  M.  Marcel  Vacher,  dans  la  note  suivante  qu'il 
nous  adresse,  le  30  novembre,  de  Montmarault  (Allier)  : 

8i  nous  en  croyons  ce  vieux  proverbe  :  «  Il  vaudrait  mieux  être  fol  que  semer 
seigle  en  temps  mol,  «  nous  devrions  espérer  une  abondante  récolte  pour  cette 
céréale,  car  il  ne  pourrait  faire  moins  mol  qu'à  l'époque  des  semailles.  En  re- 
vanche, ce  pauvre  froment  que  nous  cultivons  toujours  par  habitude  et  aussi  dans 
l'espoir  de  temps  meilleurs  et  plus  justes,  n'a  pas  été  servi  suivant  ses  goûts.  Il 
aime,  pour  germer,  la  terre  boueuse,  et  c'est  en  terre  ;jou(/reuie  qu'il  a  été  cou- 
ché. Aussi  a-t-il  été  lent  à  sortir. 

Du  20  au  25  novembre,  la  neige  est  tombée;  elle  a  même  couvert  le  sol  et  le 
couvre  encore  dans  les  endroits  les  plus  élevés  du  département.  Ailleurs  elle 
fondait  en  tombant  et  procurait  cette  eau  que  chacun  demandait.  Nous  étions 
tous  en  grande  pénurie  de  cet  utile  liquide,  et  je  sais  de  nombreuses  fermes  oii, 
tant  pour  l'homme  que  pour  les  animaux,  il  fallait  faire  plusieurs  kilomètres  pour 
trouver  de  quoi  se  desaltérer. 

Aujourd'hui  la  terre,  légèrement  humectée,  se  laisse  fendre  par  la  charrue,  et 
on  commence,  encore  avec  peine,  les  hibuurs  d'hiver. 

Ce  que  nous  redoutons  le  plus,  c'est  la  gelée  de  la  nuit  et  le  dégel  du  jour.  Ces 
brusques  transitions  déchaussent  les  plantes  d'autant  plus  facilement  qu'elles 
n'avaient  pu  se  fixer  tout  d  abord  à  cause  de  la  sécheresse. 

Les  foires  grasses  commencent  à  entrer  dans  leur  période  d'activité.  Mais  que 
de  mécomptes  aux  prix  où  se  vendent  actuellement  toutes  les  bêtes  ! 

La  sécheresse  persistante,  qui  s'est  manifestée  pendant  les  mois 
d'octobre  et  de  novembre  par  l'absence  presque  complète  de  pluie,  a 
pris  fin  dans  la  plus  grande  partie  de  la  France.  Les  alternatives  de 
froid  et  de  temps  humide  que  nous  traversons  sont  favorables  à  la 
préparation  des  terres  oîi  l'on  fera  des  semailles  ou  des  plantations  au 
printemps.  Henry  Sagmier. 


l'agriculture  et  les  tarifs  de  douane.  369 


L'AGRICULTURE  ET  LES  TARIFS  DOUANIERS 

Je  ne  me  lasserai  pas  de  rétablir  la  vérité  des  faits  et  la  justice  de  la 
cause  que  soutient  le  Journal  de  l'agricullure.  Notre  intervention  est 
plus  nécessaire  que  jamais;  car  ce  que  je  prévoyais,  et  ce  qui  était 
inévitable  du  reste,  est  arrivé;  la  question  a  été  transformée  par  nos 
adversaires  en  question  politique,  et  l'on  nous  menace  d'aller  aux 
urnes  en  nous  qualitiant  d'atTameurs  du  peuple. 

Nous  ne  sommes  pas  effrayés  de  ces  menaces,  nous  sommes  un  peu 
moins  ignorants  et  beaucoup  moins  protectionnistes  qu'on  ne  le  sup- 
pose, et  le  libre-échange  en  théorie  ne  nous  déplaît  pas  autant  que  le 
gouvernement  despotique,  qui  seul  a  osé  le  mettre  en  action  aux  dépens 
de  l'agriculture  française.  Mais  nous  ne  voulons  pas  sortir  de  la  pra- 
tique, et  notre  regretté  fondateur  J.-A.  Barrai,  tout  libre-échangiste 
qu'il    était,   signerait   ce  (pie  nous  avons    à    dire. 

Nous  sommes  voués  à  la  défense  des  intérêts  agricoles  sous  toutes 
les  formes  :  sans  doute  d'abord  le  progrès  des  pratiques  agricoles, 
l'emploi  de  toutes  les  ressources  de  la  science  et  de  l'expérience  pour 
augmenter  les  rendements  ;  mais  en  second  lieu  et  au  même  degré, 
l'égalité  de  l'industrie  agricole  et   des  autres    industries  devant  les 
charges  de  toute  nature,  impôts  directs  et  indirects,  droits  de  mutation, 
droits  de  douane,  etc.,  etc.  Nous  n'admettrons  jamais  que  l'industrie 
agricole  soit  simplement  une  servante  au  profit  des  autres  industries, 
servante  à  petits  gages  et  dont  on  n'a  à  se  préoccuper  que  pour  tirer 
d'elle  le  plus  de  services  possibles  au  moindre  prix  possible,  afin  d'aider 
au  développement  des  industries  maîtresses.  Notre  devoir  vis-à-vis  des 
agriculteurs,  notre  droit,  et  la  vérité  veulent  que  nous  affirmions  les 
droits   égaux   de   tous  les  Français,   agriculteurs,    filateurs,  tisseurs, 
mineurs  et  fondeurs;  que  nous  rappelions  tous  les  jours  sans  nous  las- 
ser qu'il  faut  beaucoup  plus  de  travail  et  d'industrie  pour  produire  une 
tonne  de  blé  que  pour  extraire  dix  tonnes  de  charbon,  ou  livrer  deux 
tonnes  de  fer,  ou  tisser  100  mètres  de  toile,  etc.,  etc.;  que  nous  ne 
vivons  pas  de  pain  seulement,  qu'il  nous  faut  du  feu,  des  outils,  des 
vêtements,  et  qu'il  n'y  a  ni  raison,  ni  justice  à  nous  faire  surpayer  ces 
denrées  nécessaires,  grâce  à  une  protection  douanière,  sans  nous  accor- 
der l'équivalent.  Nous  sommes  donc  en  théorie  pour  le  libre-échange 
absolu.  Supprimez,  si  vous  l'osez,  les  droits  sur  le  fer,  la  houille,  les 
files,  les  tissus  et  tous  les  produits  de  l'industrie  française  qui  servent 
à  la  consommation  courante,  la  justice  sera  satislaite.   Nous  douions 
que  le  bon  sens  le  soit  également.  Essayez  seulement,  voyez  ce  qui  s'est 
passé  pour  les  filés  de  colon  destinés  à  entrer  dans  les  tissus  mélangés 
de  soie.  La  clameur  des  filateurs  menacés  a  été  si  forte  qu'il  semblait 
qu'il  s'agît  tout  au  moins  d'atîamer  l'industrie  de  la  ûlalure,  ce  qui 
naturellement,  aux  yeux  des  intéressés,  est  un  intérêt  national  de  pre- 
mier ordre.  Certainement  la  menace  d'élever  le  prix  du  kilog.  de  pain, 
à  raison  d'un  droit  de  douane  de  1 0  pour  100  ad  ualorem,  de  deux  cen- 
times, n'aurait  pas  provoqué  chez  les  filateurs  non  plus  que  dans  les 
autres  industries  un  toile  pareil  à  celui  que  provoquerait  la  moindre 
atteinte  à  la  protection  dont  elles  jouissent. 

Voilà  la  vérité,  et  voilà  la  position  que  nous  avons  prise  et  que  nous 
maintiendrons,  quoi  qu'il  advienne.  «Nous  ne  pouvons  autrement.   » 


370  L'AGHICULTURE  ET  LES  TARIFS  DE  DOUANE. 

Aussi  n'avons-nous  pas  accepté  une  protection  exceptionnelle  ;  nous 
nous  sommes  séparés  nettement  dès  le  début,  malgré  les  entraîne- 
ments de  l'agitation  agricole,  de  ceux  qui  ne  voient,  le  salut  que  dans  un 
droit  de  5  francs  par  iOO  kilog.  ku*  le  blé,  au  minimum.  Nous  avions 
un  rôle,  celui  de  demander*  justice  et  égalité,  et  nous  ne  le  déserterons 
jamais. 

Mais  on  revient  à  la  charge,  en  insinuant  toujours  la  question  poli- 
tique. Qu'êtes-vous,  en  définitive,  nous  dit-on?  de  faux  démocrates,  des 
aristocrates  qui  ne  veulent  pas  voir  diminuer  leurs  rentes,  et  vous  vous 
composez  en  définitive  de  800,(100  propriétés  intéressant  environ  trois 
millions  de  personnes,  à  peine  un  dixième  de  la  population  de  la 
France,  et  sans  doute  la  moins  intéressante.  Et  d'abord  une  industrie 
qui  nourrit  directement,  par  ses  profits,  trois  millions  de  personnes, 
n'est  pas,  je  pense,  une  quantité  négligeable,  et  il  n'y  a  pas  beaucoup  d'in- 
dustries protégées,  en  France,  qui  puissent  opposer  un  chiffre  supérieur. 
Mais,  il  y  a  plus;  c'est  de  la  statistique  de  bureau,  dont  il  faut 
savoir  le  sens.  Les  mouvements  de  la  rente  de  la  terre,  nous  dit-on, 
n'intéressent  que  ces  trois  millions  d'aristocrates  et  n'importent  pas  à 
la  richesse  du  pays.  Je  veux  bien  qu'on,  considère  ces  trois  millions 
d'aristocrates  comme  des  parias  trop  heureux  qu'on  leur  laisse  leurs 
terres,  et  qui  sauront  proportionner  leurs  dépenses  à  la  diminution  de 
leurs  recettes.  Mais  a-ton  réfléchi  que  l'abaissement  de  la  rente  sur 
ces  800,000  grandes  cotes  ferait  inévitablement  baisser  la  rente   des 
petites  cotes,   que  ces  petites  cotes  ne  sont  pas  pour  une  moitié  culti- 
véees  par  leurs  propriétaires,  qui  ne  pourraient  vivre  sur  la  terre,  et 
cherchent  fortune  ailleurs  dans  le  commerce,  dans  les  fonctions  rétri- 
buées des  industries,  surtout  de  l'industrie  des  transports.  Ces  pro- 
priétaires louent  leurs  parcelles,  et  c'est  abuser  de  notre  simplicité  de 
venir  nous  dire  qu'ils  ne  souffrent  pas  de  l'abaissement  de  la  rente. 
Cet  appoint  leur  manque  cruellement;  comme  les  trois  millions  d'aris- 
tocrates, ils  sont  obligés  de  se  restreindre  ;  ils  réduisent  leurs  achats, 
et  le  commerçant  ne  vend  plus  et  souffre  aussi  cruellement  que  le  pro- 
priétaire. 

Voilà  le  résultat  vrai  de  l'abaissement  de  la  rente  ;  ce  n'est  plus  un 
dixième  du  pays  qui  en  soufTre,  ce  sont  les  deux  tiers  au  moins. 

Ce  sont  les  défenseurs  de  la  libre  entrée  des  blés  américains  et  indiens 
qui,  sans  s'en  douter,  font  de  la  fausse  démocratie,  et  nous  pouvons 
dire  hautement  que  si,  au  lieu  de  réclamer  une  justice,  nous  avions  à 
demander  un  privilège,  nous  ne  signerions  pas  ces  lignes. 

P.  DE  Gasparin, 

Membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture, 
Correspondant  de  l'Institut. 

FALSIFICATIONS  DU  BEURRE 

AU  POINT  DE  VUE  LÉGAL  ET  AGRICOLE.    —  DE   LA  MARGARINE 
ET  DES  PRODUITS  SIMILAIRES.   —  II  '. 

La  question  se  présente  à  un  double  point  de  vue  :  l'intérêt  de 
l'agriculteur,  l'intérêt  du  consommateur.  Je  n'ai  pas  besoin  de  dire 
que  dans  le  Journal  de  l'a'jriculture  nous  avons  à  nous  occuper  avant 
tout  du  premier,  toutes  les  fois  qu'on  le  peut  faire,  sans  vouloir  lui 
sacrifier  inju-îtement  le  second.  Au  surplus  c<>s  intérêts  sont-ils  aussi 

1     Voir  le  Join'/iitt  du  2y  wûveuiore,  pagu  331  d-'  ce  vuluiae. 


FALSIFICATIONS  DU  BEURRK.  371 

(lisUucLs  qu'on  le  supposerait  au  premiep  abord i'  La  production  à  bon 
marché  n'est-elle  pas  souvent  plus  nuisible  qu'utile  au  consomma- 
teur';' En  malit're  alimentaire  surtout,  le  bon  marché  doit  être  examiné 
avec  soin  par  1  acheteur.  Il  y  a  des  gens  (}ui  soutiennent  que  c'est  la 
faute  du  comsoramateur  s'il  est  trompé  :  il  pousse  le  marchand  à  la 
i'raude  par  ses  exigences.  Vn  conférencier  de  la  dernière  exposition 
internationale  d'hygiène  et  salubrité  à  Londres.  M.  Georges  Barham  le 
disait  avec  l'humour  britannique  :  «  Donnez  l'ordre  dans  votre  mai' 
son  de  ne  pas  paver  votre  lait  moins  de  5  pence  (50  centimes  la 
quarte  ou  I  litre  1359,  soit  I  litre  un  dixième  et  demi),  votre  mar- 
chand de  lait  ne  vous  trompera  pas,  il  ne  mouillera  pas  d'eau  son 
lait,  il  tremblera  à  l'idée  de  perdre  votre  clientèle  ».  Je  ne  suis  pas 
aussi  sûr  que  JL  Barham  de  l'excellence  de  son  préservatif  contre  la 
i'raude.  Je  crois  bien  que  les  producteurs,  s'ils  pouvaient  vendre  direc- 
tement leur  lait,  seraient  heureux  de  le  vendre  50  centimes  ou  45  cen- 
times le  litre.  Mais  les  revendeurs  sont  plus  âpres  au  gain  :  c'est  pour 
eux  que  Vauvenargues  a  dit  dans  un  moment  de  mauvaise  humeur  : 
«  le  commerce  est  l'école  du  vol  »;  maxime  révoltante,  mais  (jui  vous 
vient  à  l'esprit  devant  l'insatiable  convoitise  d'un  certain  nombre  de 
marchands. 

Somme  toute,  le  conseil  de  M.  Barham  n'est  pas  suffisant.  L'un 
des  plus  grands  intérêts  de  l'agriculture  est  en  jeu.  Comme  si  tous 
les  tléaux  que  nous  avons  soufferts  n'étaient  pas  assez  désolants  pour 
nous  abattre  et  nous  réduire  à  néant,  voilà  à  nos  portes  le  plus  grand 
danger  que  la  petite  culture  puisse  affronter  et  sous  lequel  elle  finira 
par  périr  si  l'on  ne  vient  pas  à  son  aide.  On  nous  dit  :  vous  ne  pouvez 
plus  faire  de  blé,  vous  ne  pouvez  plus  produire  de  betteraves,  faites 
des  prairies;  avec  les  pâtures  vous  élèverez  du  bétail  :  les  produits  de 
la  laiterie  vous  payeront  de  toutes  vos  peines.  Si  la  grande  culture 
souffre  de  la  concurrence  étrangère,  de  l'abaissement  des  tarifs,  des 
importations  de  l'Amérique,  des  menaces  de  l'Inde,  au  moins  le  petit 
cultivateur,  l'herbager  qui  fait  son  beurre  ou  son  fromage,  esta  l'abri 
de  ces  grandes  surprises  des  lois  économiques,  et  son  modeste  bénéfice 
est  toujours  assuré.  Son  travail  sera  toujours  rémunéré;  il  vendra 
cher  son  lait;  son  beurre,  pourvu  qu'il  le  fabrique  suivant  les  bonnes 
méthodes,  sera  toujours  enlevé  sur  les  marchés  français  ou  étrangers; 
la  Bretagne,  la  Normandie  n'ont  rien  à  redouter  pour  l'écoulement  de 
leurs  produits.  Et  voilà  que  la  science  elle-mène,  esclave  de  l'industrie 
et  de  la  spéculation,  se  met  aussi  à  lutter  contre  l'humble  fermier  et 
l'écrase  de  ses  inventions  trop  perfectionnées!  Que  faire?  L'alarme  est 
donnée  partout.  New- York  prohibe  absolument  le  commerce  de  la 
margarine;  des  sociétés  se  forment,  des  lois  se  proposent  dans  les 
principales  contrées  du  monde,  en  Aniéri  jue  et  dans  tous  les  Etats 
du  nord  de  l'Europe. 

En  L-lande,  le  célèbre  chanoine  \V.  B;igot  écrit  cette  lettre  déses- 
pérée au  secrétaire  de  la  Société  royale  d'agriculture  à  Dublin  :  «  Cher 
monsieur,  à  la  dernière  réunion  du  Conseil,  j'ai  été  invité  à  envoyer 
par  écrit  quelques  propositions  en  ce  qui  concerne  l'injustice  soufferte 
par  les  fermiers  producteurs  du  lait  de  FL-lande  par  la  vente  presque 
non  réprimée  de  beurre  de  graisse  ou  butterine  comnie  beurre  pur. 
Récemment  à  Manchester,  dans  tous  les  cas  oij  des  condamnations  ont 
été  obtenues,  la  butterine  était  vendue  comme  le  meilleur  beurre  d  Ir- 


372  FALSIFICATIONS    DU  BEUHKE. 

lande;  dans  des  poursuites  récentes  à  Dublin,  il  a  été  prouvé  que  la 
butterine  était  vendue  comme  du  beurre  d'herbes  nouvelles.  L'état  le 
plus  démocratique  peut-être  du  monde,  Xew-Vork,  par  suite  de 
découvertes  devant  un  comité  choisi  relativement  à  la  composition  de 
l'oléo-margarine,  qui  est  le  principal  principe  de  beaucoup  de  butte- 
rines,  a  promulgué  une  loi  prohibant  tout  à  la  fois  la  fabrication  et  la 
vente  de  la  butterine.  Je  suis  convaincu  que,  si  l'on  ne  met  pas  des 
barrières  immédiatement  pour  arrêter  cet  odieux  trafic,  notre  indus- 
trie laitière  suivra  le  sort,  hélas!  de  tant  de  nos  industries  irlandaises 
et  deviendra  une  chose  du  passé.  I>e  consommateur  et  le  producteur 
ont  le  droit  de  demander  l'intervention  législative  puisque,  dans  tous 
les  cas,  c'est  une  fraude  grave  (comme  pour  l'adultération  des  dro- 
gues), aux  vendeurs  de  vendre  du  lait  ou  du  beurre  falsiflés  pour  du 
beurre  ou  du  lait  purs.  Les  amendes  sont  impuissantes  pour  arrêter 
un  commerce  si  fructueux.  Les  profits  sont  si  grands  qu'ils  payeront 
le  montant  des  amendes.  Je  conseillerais  au  Comité  de  provoquer  une 
réunion  générale  des  membres  et  autres  intéressés,  la  semaine  pro- 
chaine à  Kilkenny,  dans  le  but  de  forcer  le  gouvernement  à  inlroduu'e 
dans  la  loi  sur  les  fraudes  en  matière  alimentaire  (the  adultération  of 
food  act',  les  changements  nécessaires  pour  arrêtera  la  fois  le  tralic  du 
lait  falsifié  comme  lait  pur  et  de  la  butterine  comme  beurre.  J  ai  donné 
avis  que  je  porterai  ce  sujet  à  la  réunion  annuelle  des  membres  de  la 
Société  royale  d'agriculture  en  Angleterre,  à  Shreswbury  et  aussi  à  la 
Société  des  Higlands,  à  Edimbourg.  » 

La  citation  de  ce  document  dans  son  entier  démontre  l'inquiétude 
que  les  représentants  les  plus  autorisés  de  l'agriculture  éprouvent  en 
face  d'un  danger  aussi  considérable.  Cette  inquiétude  est  des  plus  légi- 
time.;. Nous  savons  que  le  premier  résultat  de  l'apparition  de  ces  pro- 
duits a  été  de  faire  baisser  le  prix  du  beurre.  M.  Pouriau,  dans  Tarlicle 
précité,  qui  remonte  au  mois  de  janvier  1881  ',  faisait  observer  déjcà 
que  l'inondation  des  marchés  anglais  par  les  beurres  américains  ven- 
dus à  vil  prix  et  par  ceux  de  Hollande,  dont  beaucoup  margarines  se 
vendent  moins  cher  que  les  véritables  beurres,  avait  eu  pour  consé- 
quence de  faireà  nos  beurres  salés  de  Bretagne  une  concurrence  facile. 
Le  même  auteur  signalait  en  1879  un  abaissement  moyen  de  0  fr.  34 
par  kilog.  de  beurre  en  France  depuis  1874.  l'our  connaître  la  véritable 
situation  de  ce  commerce  et  des  autres  branches  de  la  laiterie,  la  Société 
française  d'encouragement  à  l'industrie  laitière  a  ouvert  cette  année 
même  une  enquête  dans  toutes  les  parties  de  la  France.  Nous  ignorons 
si  le  questionnaire  a  élé  assez  exactement  rempli  pour  permettre 
d'établir  les  cartes  de  la  France  laitière  comme  elles  existent  es  Alle- 
magne ou  en  Italie.  Mais  j  ai  peur  que  cette  statistique,  si  diflicile 
d'ailleurs  ii  faire,  ne  nous  révèle  pas  une  situation  plus  favorable.  La 
baisse  du  beurre  est  générale. 

Mais  s'arrêtera-t-elle?  Non,  si  elle  a  pour  cause  principale  l'industrie 
de  la  margarine.  C'est  la  loi  usuelle  de  chaque  branche  de  l'industrie 
de  ne  pas  s'arrêter  dans  la  production  :  à  mesure  qu'une  industrie 
s'élève  à  la  prospérité,  des  concurrences  se  créent;  la  lutte  s'engage; 
les  outillages  se  perfectionnent  ;  les  procédés  d'extraction  deviennent 
de  moins  en  moins  coûteux,  à  une  production  indéfinie  ne  corres- 
pond pis  une  consommation  sans  limites.  l)j  là  baisse  nouvelle  dans 

1.  Journal  du  l'ayrrcullnrc.  lS81,t.  I,  p.  72. 


FALSIFICATIONS  DU  BEURRE.  373 

les  prix,  difficultés  d'écoulement  de  la  marchandise,  surtout  quand 
celte  marchandise  ne  peut  pas  se  conserver  au  delà  de  quelques  jours 
en  magasin.  Voilà  de  nouveaux  périls  pour  l'avenir  déjà  si  menacé 
de  notre  production  agricole. 

Le  moment  actuel  a  donc  été  choisi  avec  beaucoup  d'opportunité  pa. 
le  gouvernemenl  pour  proposer  des  mesures  qui  restreignent  au  moins 
les  Iraudes,  lesquelles  sans  doute  augmentent  les  chances  de  développe- 
ment d'une  industrie  si  contraire  aux  intérêts  de  la  petite  culture.  Il 
faut  aider  noire  ministre  dans  des  projets  qui  doivent  au  contraire 
les  favoriser. 

M.  Méline  a  parfaitement  compris  qu'il  ne  pourrait  pas  suivre  la 
législature  de  l'Etat  de  New-Vork  dans  sa  prohibition  absolue  delà 
fabrication  et  du  commerce  de  la  margarine.  Une  telle  prohibition  est 
absolument  contraire  aux  principes  depuis  longtemps  admis  sur  la 
liberté  commerciale  et  industrielle.  Elle  ne  pourrait  être  motivée  que 
si  cette  industrie  était  insalubre  ou  dangereuse  pour  la  santé  publique. 
La  margarine  offre-t-elle  au  consommateur  une  alimentation  saine  et 
absolument  sans  dangers? 

Il  n'est  pas  possible  de  répondre  d'une  manière  catégorique  à  cette 
question  :  les  experts  interrogés  répondent  qu'il  faut  examiner  chaque 
cas  pour  se  faire  une  idée  exacte  des  dangers  ou  de  l'innocuité  de  cet 
aliment. 

La  margarine  se  trouve  dans  les  graisses  végétales  et  dans  les 
graisses  animales.  Dans  l'huile  d'olive,  par  exemple,  la  matière 
grasse  se  représente  comme  une  substance  grasse  solide,  —  la  marga- 
rine, en  dissolution  dans  une  autre  substance  liquide,  — l'oléine.  Mala- 
guti  enseigne  (t.  II,  p.  124)  que  cette  huile  renferme  72  pour  100 
d'oléine  et  28  pour  100  de  margarine.  Mais  les  fabricants  de  beurres 
artificiels  ne  s'amusent  pas  à  extraire  de  l'huile  d'olive  la  margarine 
qu'elle  contient;  le  procédé  serait  trop  coûteux. 

On  trouve  dans  les  graisses  animales,  connues  sous  le  nom  de  suifs 
trois  principes  immédiats  et  non  pas  deux  seulement  comme  dans 
l'hude  d'olive.  Ces  trois  principes  sont  l'oléine ,  la  margarine  et  la 
stéarine  :  c'est  de  cette  dernière  matière  que  l'on  fait  la  bougie. 

Or  en  principe,  si  l'on  peut  dire  que  les  graisses  ne  sont  pas  nui- 
sibles à  la  santé,  puisqu'on  les  emploie  dans  toutes  les  cuisines,  il  n'en 
est  pas  moins  csrtain  qu'elles  ne  sont  pas  d'une  digestion  aussi  facile 
que  le  beurre.  Ajoutez  cette  réflexion  que  les  procèdes  pour  l'extraction 
de  la  margarine,  s'ils  ne  sont  pas  tous  dangereux  au  même  degré,  sont 
tous  suspects.  Traite-t-on  vraiment  les  graisses  par  les  acides  et 
notamment  par  l'acide  nitrique  pour  leur  enlever  leur  odeur,  comme 
le  dit  le  rapport  cité  plus  haut?  Alors  le  danger  me  paraît  évident  pour 
la  santé  publique.  Il  restera  toujours  quehiue  chose  de  cette  inter- 
vention d'un  agent  aussi  délétère  que  l'acide  azotique.  Se  sert-on  sim- 
plement de  la  fonte  des  graisses?  Nous  devons  faire  remarquer  que,  si 
habilement  qu'elle  soit  faite,  elle  ne  sera  jamais  complètement  purifiée 
de  toute  stéarine.  C'est  même  fort  heureux,  car  c'est  celte  présence  de 
la  stéarine  qui  décèlera  le  principe  de  la  falsification  des  beurres  mar- 
garines. Mais  cette  stéarine  vous  semble-t-elle  d'un  ragoût  agréable, 
ô  naïfs  consommateurs,  qui  prenez  bien  malgré  vous  de  la  bougie  pour 
accommoder  vos  beeftteacks  '( 

[La  fin  prochairtcmenl.)  P.  du  Pré-Collot, 


'lix  à  100  kilotn.  c 

le  distaace 

,  8  fr.     la 

—      200       — 

— 

13  fr. 

—      300      — 

— 

I(i  fr. 

—      400      — 

— 

18  fr.  50 

—      500      — 

— 

21  fr. 

—      600      — 

— 

23  Ir.  50 

de  distance, 

26  fr.     la 

tonne. 

— 

28  fr.   50 

— 

— 

31  fr. 

— 

— 

33  fr.  50 

— 

— 

36  fr. 

— 

— 

38  fr.  50 

— 

374  NOUVEAUX  TARIFS  DE  LA  COMPAGNIE  D'ORLÉANS 


NOUVEAUX  TARIFS  DE  Ll  GOMPAaNIE  D'ORLEANS 

Voici  quelques  renseignements  sur  les  nouveaux  tarifs  proposés  par 
la  Compagnie  des  chemins  de  ter  d'Orléans,  et  qui  intéressent  l'agri- 
culture. 

Pour /es  6/ex  par  tarifs  spéciaux,  sans  aucune  condition  de  tonnage, 
tarif  spécial  D  n°  2  : 

la  tonne.   Prix  à  700  kilom. 

—  80(1   — 

—  900   — 

—  1,000   — 

—  1,100   — 

—  1,200   — 

Sans  condition  du  tonnage.  l'Orléans  effectue  ainsi  le  transport  du 
blé  à  1,200  kilomètres  à  38  fr.  .5i1  la  tonne,  ce  qui  en  Allemagne 
coûte  pour  la  même  distance  et  par  charge  de  5,000  kilog.  à  8  m.  24 
par  100  kilog.  =  10  fr.  30. 

Les  prix  exceptionnels  sont  par  wagon  complet  : 

Tarif  1,  de  Paris  à  Angers  338  kilomètres,  17  fr.  par  exemple,  tandis  qu'à 
charge  de  10,000  kilog.  le  blé  est  taxé  pour  cette  distance  en  Allemagne  à  la 
V  classe  du  tarif  spécial,  soit  à  1  m.  64  les  100  kilog.  =  iO  fr.  50  la  tonne. 

Tarif  2,  de  Paris  à  Chàteauroux,  par  charge  de  4,000  kilog.,  distance 
118  kilomètres,  5  fr.  50,  ce  qui  en  Allemagne  coûte  pour  la  même  distance  et 
charge  de  10,000  kilog.,  0  m.  65  les  lOU  kilog.,  soit  8  fr.  12b  la  tonne. 

Tarif  8,  de  Nantes  à  Saint-Nazaire,  par  charge  de  5,000  kilog.,  distance 
65  kilomètres  2  fr.  75,  pour  les  blés  en  sacs. 

Engrais  ne  pouvant  servir  à  d'autre  etiiploi,  à  100  kilomètres, 
5  francs;  200  kilomètres,  8  fr.  50;  500  kihimètres,  18  francs; 
1,000  kilomètres,  31  francs,  sans  condition  de  charge. 

Engrais  de  mer  ou  de  poisson  comme  ci-dessus  et  par  tarif  spé- 
cial D  22. 

Boues  et  vases  de  Paris  à  Châteaudun,  charge  et  décharge  par  les 
intéressés  à  dislance,  132  kilomètrs,  4  francs  par  tonne,  et  par 
wagon  complet. 

Cendres,  pour  engrais  fumiers,  feuilles  pour  engrais,  par  wagon  com- 
plet à  500  kilomètres,  12  francs  la  tonne.  Guano  à  300  kilomètres, 
10  fr.  75  ;  de  Paris  à  Angers,  338  kilomèti-es,  10  fr.  50;  de  Nantes  à 
Paris,  425  kilomètres,  13  fr. 

Le  tarif  allemand  taxe  fumier  IIP  Cl.  du  tarif  spécial,  par  charge  de 
10,000  kilog.  soit  à  100  kilomètres,  à  4  fr.  25  ;  à  300  kilomètres, 
à9  fr.  75;  à  425  kilomètres,  à  13  fr.  25. 

Bœufs  et  vaches,  par  tarif  spécial  D  1  par  wagon  et  par  kilomètre, 
50  c,  minimum,  18  fr.;  de  Poitiers  au  Mans,  199  kilom.,  12fr. par  tête. 

Pour  veaux  et  porcs,  tarif  spécial  D  1,  à  50  c.  m.  par  wagon  et  par 
kilomètre,  minimum  1 8  fr.  et  par  tète  pour  parcours  ne  dépassant  pas 
75  kilomètres,  3  c.  par  tète  et  par  kilomètre;  pour  parcours  dépassant 
75  kilomètres,  2  c.  par  tète  et  par  kilomètre. 

montons,  pour  une  bande  de  60  moutons  par  tète  et  par  kilomètre 
0  fr.  005,  à  l'exception  d  Orléans  à  Maleshcrbes  0  fr.  0085,  deSaincaize 
à  Orléans  171  kilomètres,  60  c.  par  tète. 

Volailles  vivantes  par  wagon  et  par  kilomètre  pour  un  parcours 
n'excédant  pas  1 00  kilomètres,  0  fr.  70  ;  pour  un  parcours  de  plus  de 
100  kilomètres,  0  fr.  60;  retour  des  cages  pour  parcours  de  plus  de 
100  kilomètres,  0  fr.  25.  Max  HoF^'MA^N. 


MODELE  DE  GRANDE   ÉCURIE. 


375 


UN  MODELE  DE  GRANDE  ÉCURIE 

Nous  avons  visité  récemment,  aux  portes  de  Paris,  une  écurie  dont 
l'installation  nous  paraît  tout  ;'i  fait  propre  à  appeler  l'attention.  Cette 
écurie  est  celle  de  M.  Antoine  Kedier,  entrepreneur  de  camionnage  à 
Charenton  (Seine).  Ce  n'est  pas  une  écurie  de  luxe,  mais  une  écurie  de 
chevaux  de  service  de  trait,  aménagée  sans  dépenses  superflues,  mais 
dételle  sorte  que  tous  les  services  s'y  fassent  le  plus  économi(iuement 
possible,  et  que  les  chevaux  y  trouvent  toutes  les  conditions  d'hygiène 
nécessaires  pour  le  maintien  de  leur  santé,  malgré  un  travail  soutenue! 
quotidien. 

Les  aménagements  adoptés  par  M.  Redierontété  disposés  de  manière 
à  rendre  le  service  absolument  facile.  La  figure  31  montre  le  plan  de 


Fig.  31.  —  Plan  de  l'écurie  île  M.  Antoiae  Kedier. 


l'écurie,  les  figures  32  et  33  représentent  le  devant  et  le  derrière  d'une 
stalle,  et  dans  la  figure  34  on  voit  les  dispositions  adoptées  pour 
déposer  les  harnais. 

L'écurie  est  divisée  en  deux  sections  parallèles  A  et  B,  renfermant 
20  chevaux  chacune.  Dans  chaque  section,  les  chevaux  sont  placés 
sur  deux  rangs  par  dix,  et  ils  se  font  face.  Entre  les  rangs,  règne  un 
couloir  E,  de  1  m.  60  de  largeur,  dont  0  m.  80  libres  et  réservés  à  la 
circulaliond'un  wagonnet,  et  0  m.  80  occupés  par  les  trémies,  les  râte- 
liers, les  mangeoires,  etc.  Chaque  cheval  a  sa  stalle  G  de  1  m.  (iUde 
largeur.  En  façade  (fig.  32),  deux  ouvertures  de  0  m.  40  de  largeur, 
l'une  à  droite  pour  l'eau,  l'autre  à  gauche  pour  l'avoine,  et  entre  les 
deux,  un  peu  au-dessus,  le  râtelier. 

Les  stalles  présentent  les  dispositions  et  les  avantages  de  la  stalle  fixe. 
En  effet,  les  séparations  sont  pleines,  mais  elles  sont  mobiles  et  pré- 
sentent par  conséquent  une  plus  grande  garantie  de  durée,  puisque 
l'effort  du  cheval  qui  rue  ou  se  roule  n'a  aucune  action  sur  elles.  Par  la 


376 


MODELE  DE  GRANDE  ECURIE. 


manière  dont  elles  sont  suspendues,  elles  résistent  aux  efforts  les  plus 
violents,  et  si  elles  se  déplacent,  elles  n'en  reviennent  pas  moins  aussi- 
tôt à  leur  point  d'arrêt. 

Les  chevaux  occupant  le  milieu  de  l'écurie,  les  murs  restent  libres 
pour  recevoir  les  harnais.  A  cet  effet,  derrière  chaque  cheval  se  trouve 
(fig.  34)  une  cheville  en  accent  circonilexe  pour  recevoir  la  selle  et  à 
côté  un  caisson  dans  lequel  le  charretier  place  ses  ustensiles  et  dont  la 
partie  supérieure,  ouverte,  l'orme  une  sorte  de  yaîne  sur  laquelle 
s'emboîte  le  collier.  Celte  manière  de  placer  les  colliers  offre  le  grand 


Kig.  32. 


Vue  d'une  stalle  ifécurie  nar  devan'. 


avantage  de  ne  pas  les  rompre  ni  les  déformer,  comme  cela  arrive  géné- 
ralement lorsqu'on  les  accroche  à  des  chevilles. 

Sur  le  côté  de  l'écurie,  se  trouve  une  galerie  vitrée  D,  de  3  m.  50 
de  largeur,  dans  laquelle  arrivent  les  wagons  de  paille,  fourrages,  etc., 
et  qui  est  absolument  réservée  à  la  manutention.  C'est  dans  cette  gale- 
rie que  sont  placés,  sur  un  appentis  G,  les  hache-paille,  coupe-ra- 
cines, etc.,  de  telle  sorte  que  les  wagonnets  arrivent  au-dessous  pour 
en  faciliter  le  chargement.  Chaque  écurie,  disposée  perpendiculaire- 
ment à  cette  galerie,  en  reçoit  le  jour  et  1  air  par  une  grande  ouver- 
ture de  2  m.  40  de  largeur  sur  3  m.  50  de  hauteur.  Chaque  écurie 
possède  en  outre,  du  côté  opposé  donnant  sur  un  couloir  L,  de  3  m. 
de  largeur,  une  ouverture  de  même  dimension,  qui  sert  exclusivement 
au  passage  des  chevaux.   Dans  ce  couloir  on   voit  d'abord  un  grand 


MODÈLE  DE  GRANDE  ÉCURIE. 


377 


réservoir  d'eau  R,  et  ensuite  une  piscine  P  par  laquelle  passent  les 
chevaux  rentrant  du  travail.  Sur  le  même  couloir  s'ouvre  la  maison 
d'habitation  H. 

La  largeur  de  l'écurie  double  est  de  22  mètres,  sur  lesquels  1  m.  60 
de  couloir  sont  à  déduire;  il  reste  5  m.  20  qui  sont  suffisants  pour  la 
circulation.  Les  planchers  ont  3  ni.  80  de  hauteur,  et  l'écartement  des 


!^,•„^>, 


|i  ii)IIIU1i|liii^i//(  Mtw   -4-^^,^. 


Fig    33.  —  Vue  d'une  stalle  d'écurie  par  derrière. 


fermes  est  combiné  de  manière  que  les  montants  qui  forment  l'enca- 
drement des  stalles  leur  servent  de  support  dans  leur  milieu. 

La  voie  ferrée  I,  qui  part  de  la  galerie  vitrée  D,  est  reliée  au  chemin 
de  fer  de  Lyon-Méditerranée  à  travers  les  magasins  généraux  de  la 
Compagnie  de  Bercy-Contlaus.  Cette  voie  permet  aux  wagons  de  paille, 
fourrages,  etc.,  de  décharger  directement  dans  les  greniers  et  maga- 
sins. Elle  sert  en  outre  à  la  circulation  du  petit  wagon  qui  enlève  les 
fumiers;  ce  petit  wagon,  muni  de  rails  sur  sa  plate-forme,  reçoit  sur 
celle-ci  des  wagonnets  destinés  à  amener  les  rations  dans  chacun  des 
quatre  couloirs  de  l'écurie.  Cette  disposition  permet  à  un  homme  seul 
de  prendre  et  de  distribuer  les  rations  a  toute  l'écurie.  Une  fois  chargé, 
le  petit  wagon  est  amené  en  regard  du  couloir,  un  côté  se  rabat  et  les 
wagonnets  sont  introduits  dans  le  couloir. 


378 


MODELE  UE  GRANDE  ECURIE. 


Un  palefrenier  seul  distribue  ainsi,  tout  à  son  aise,  d'abord  la  ra- 
tion du  soir  et  ensuite  celle  du  malin.  Celle-ci  est  versée  dans  des 
trémies  (fig.  33)  dont  le  fond  présente  une  inclinaison  suffisante  pour 
■que  la  ration  glisse  dans  la  mangeoire  dès  que  la  clancheest  soulevée. 

Toutes  les  clanches  aboutissent  à  une  tringle  commune  se  termi- 
nant par  un  levier;  il  suffit  de  mettre  celui-ci  en  mouvement  pour  que 
tous  les  chevaux  reçoivent  leur  ration  du  même  coup. 

Il  en  est  de  même  pour  l'eau.  Il  suffit  d'ouvrir  un  robinet  commu- 
niquant par  le  tuyau  r  (fig.  31  )  au  réservoir  à  niveau  constant  R,  ettous 
les  chevaux  ont  à  boire.  A  ce  propos,  plusieurs  hommes  compétents 
ont  manifesté  leur  crainte  au  sujet  de  cetle  eau  donnée  à  discrétion. 


*-—  ^^-., 


Fig.  34.  —  Remise  des  harnachements. 


Mais  l'expérience  que  M.  Redier  a  faite  depuis  plusieurs  années  a 
prouvé  que  cette  crainte  est  chimérique  :  les  chevaux  commencent 
à  manger  en  rentrant,  comme  ceux  que  l'on  renvoie  au  pâturage  en 
les  dételant,  et  qui  se  gardent  bien  d'aller  se  gorger  d'eau  avant 
d'avoir  mangé. 

Cette  disposition  rend  la  surveillance  des  rations  d'autant  plus 
facile  qu'aucun  oubli,  soit  pour  le  boire,  soit  pour  le  manger,  n'est 
possible.  Si  un  cheval  est  malade  ou  ne  mange  pas  sa  ration,  ou  pour 
toute  autre  cause,  on  s'en  aperçoit  aussitôt;  car  les  charretiers,  ne 
voyant  pas  l'avoine,  ne  peuvent  la  faire  passer  au  voisin. 

En  outre  les  mangeoires,  aérées  des  deux  côtés,  sont  faciles  à  net- 
toyer, et  ne  contractent  jamais  de  mauvaise  odeur. 


MODÈLE  dp:  grande  KHURIE,  379 

L'écurie  de  M.  Redier  compte  40  chevaux;  mais  l'installation  peut  être 
faite  sur  une  plus  petite  échelle,  de  même  qu'on  pourrait  l'augmenter. 
Quant  aux  résultats,  on  peut  les  résumer  en  deux  mots  ;  M.  Redier 
nous  a  affirmé  avoir  récupéré,  en  deux  ans,  d'une  part  par  l'écono- 
mie résultant  de  la  bonne  répartition  de  l'avoine,  d'autre  part  par  la 
diminution  des  frais  de  manutention,  la  dépense  occasionnée  par  l'in- 
stallation de  cette  écurie.  Excellente  répartition  de  la  nourriture,  faci- 
lité et  économie  d'entretien,  telles  sont  les  conséquences  des  ingé- 
nieuses combinaisons  qu'il  a  adoptées.  Henry  Sagnier. 

AGRICULTURE  MÉRIDIONALE.  —DE  MARSEILLE  A  NICE 

Du  pied  des  Alpilles  où  chante  Mistral  jusqu'aux  bois  de  l'Estérel  à 
l'ombre  desquels  un  autre  grand  poète_  Alphonse  Karr,  coule  paisi- 
blement ses  vieux  jours  en  chantant  les  roses,  les  paysages  de  Pro- 
vence, riches  de  grâce  et  de  majesté,  parfaits  de  coupes  et  de  con- 
tours, malgré  les  tons  sévères  que  le  soleil  leur  imprime,  n'ont  rien  à 
envier  aux  paysages  de  l'Atlique.  Qu'il  suive  à  pied  les  sentiers  décou- 
pés dans  les  roches,  les  chemins  du  marinier,  ou  qu'il  soit  emporté 
dans  l'espace  par  la  vapeur,  le  voyageur  passe  souvent,  sans  transi- 
tion, de  l'indifférence  à  l'admiration,  de  l'étonnement  à  la  contem- 
plation. 

Longtemps  délaissés  ou  peu  fréquentés,  les  beiux  rivages  qui  se 
déroulent  de  Marseille  à  Nice  ont  subi  aujourd'hui  une  véritable  trans- 
figuration. Des  bourgades  peuplées  de  pêcheurs  vivant  assez  misérable- 
ment dans  des  huttes  en  planches  sont  devenues  comme  par  enchante- 
ment des  villes  pleines  d'attraits  et  de  confort;  des  hôtels  splendides 
se  sont  élevés  à  la  place  des  anciennes  cabanes,  et  ces  plaines, 
autrefois  malsaines,  où  croissaient  le  roseau  et  le  laurier  rose,  sont 
transformées  en  boulevards  bordés  d'eucalyptus  et  de  palmiers-dattiers. 
On  a  semé  de  l'or  pour  embellir  et  rendre  coquettes  ces  petites  villes 
du  littoral  et  pour  y  fixer  l'étranger  fortuné  qui  les  visite.  On  allait 
autrefois,  sur  des  côtes  étrangères,  à  la  poursuite  de  ce  climat,  de  ce 
confortable  qu'onavait  sous  la  main.  Aujourd'hui,  les  valétudinaires  qui 
cherchent  à  rétablir  leur  santé,  les  favoris  de  la  fortune,  les  artistes 
les  plus  aimés^  les  hommes  politiques  les  plus  en  vue,  tout  ce  que 
l'Europe  renferme  de  grand  et  de  fortuné  vient  à  Menton,  à  Hyères,  à 
Saint-Raphaël,  à  Saint-Tropez,  à  Cannes,  à  Antibes,  à  Nice,  pour  y 
jouir  de  la  chaleur  et  de  la  lumière  dont  cette  côte  est  inondée. 

Le  littoral  méditerranéen  offre  en  outre  au  savant  des  sujets  d'études 
variées,  pleines  d'intérêt,  et  à  l'artiste  un  panorama  des  plus  réussis, 
une  série  de  spectacles  saisissants  dignes  du  pinceau  des  grands 
maîtres. 

Là,  des  montagnes  escarpées  laissent  affleurer  très  haut  dans  les 
airs  leurs  roches  nues  et  bleuâtres  au  sommet  desquelles  est  bâti 
le  temple  de  la  bonne  Mère  de  la  Garde.  Du  plus  loin  qu'il  aper- 
çoit l'humble  chapelle,  le  marin  provençal  la  montre  an  passager. 
C'est  la  madone  de  la  Garde  que  les  pécheurs  invoquent  dans  les  mo- 
ments de  détresse  lorsqu'ils  sont  surpris  par  l'orage;  puis,  quand  le 
beau  temps  est  arrivé,  ils  vont  pieds  nus  en  marchant  sur  leurs 
genoux,  à  travers  les  sentiers  rocailleux,  déposerl'ea;  voto  qu'ils  avaient 
promis.  La  région  que  nous  parcourons  rappelle  par  bien  des  côtés  les 


380  l'agriculture  MÉRIDIONALE.  —  DE  MARSEILLE  A  NICE. 

sites  de  la  Béotie  et  de  l'Attique.  Ces  roches  calcaires,  aux  formes 
puissantes  et  imposantes,  cette  uniformité  de  couleur,  celte  pureté  im- 
placable des  lignes,  puis  ces  routes  blanches  et  poussiéreuses  qui 
serpentent  au  fond  des  gorges  pittoresques,  tout  cela  donne  à  la  contrée 
un  caractère  empreint  de  grandiose  et  d'affreux  qui  se  traduit  dans 
l'esprit  par  une  idée  de  fatigue  et  de  soif. 

Ici  se  déroule  une  chaîne  de  collines  couvertes  d'oliviers  au  feuillage 
grisâtre.  La  vigne  qui  rampe  à  ses  pieds,  entrelace  ses  pampres  verts  aux 
membres  rongés  du  vieux  lutteur,  et  semble  vouloir  s'unir  à  lui  pour 
braver  les  feux  du  soleil.  Sur  ces  coteaux  exposés  au  midi,  autrefois 
couverts  de  vignes,  aujourd'hui  dépeuplés  par  le  phylloxéra,  fleurit 
aussi  la  tendre  immortelle  dont  la  Heur  jaune  est  vouée  au  culte  des 
morts.  Le  soleil  prend  soin  de  ses  pétales  dorées.  On  voit  encore  de 
ci,  de  là,  par  touffes  isolées,  le  sumac  colorant,  le  thérébinthe, 
le  doux  lentisque,  le  laurier-tin,  aux  baies  noirâtres  et  aux  petites 
fleurs  roses,  qui  forme  des  berceaux;  le  genêt  doré  au  parfum  péné- 
trant; peu  de  bois,  point  de  grands  arbres,  seulement  quelques  taillis 
de  chênes-verts  et  quelques  massifs  de  pins  d'Alep.  Les  pluies  souhai- 
tées souvent  pendant  un  an  sont  toujours  torrentielles,  et  ont  entraîné 
peu  à  peu  dans  la  mer  et  dans  les  vallées  la  terre  des  montagnes. 

Le  soleil  luit,  éblouissant,  calcinant  la  roche  même  ;  le  mistral  souf- 
fle, soulevant  des  nuages  de  poussière.  Et  dans  les  champs  qui  bjr- 
dent  les  chemins,  courbé  sur  son  sillon,  paisible  et  résigné,  le  paysan 
endurci  gratte  cette  terre  ingrate  sans  se  préoccuper  du  jeu  étrange  de 
ces  éléments  qui  conspirent  contre  son  œuvre. 

A  la  tombée  de  la  nuit,  tout  change  :  le  calme  reparaît;  au  vent 
impétueux  succède,  pendant  les  soirs  d'été,  une  brise  de  mer, 
fraîche,  embaumée  de  romarin  et  de  myrte  odorant;  une  rosée 
bienfaisante  descend  lentement  sur  les  plantes  et,  entraînant  avec  elle 
la  poussière  dont  se  recouvrent  les  oliviers,  donne  à  l'atmosphère 
cette  limpidité,  cette  transparence  qui  sont  l'attrait  principal  des  nuits 
du  Midi,  car  elles  laissent  apercevoir  la  profondeur  des  cieux. 

Poursuivons  notre  marche  Dès  que  nous  avons  franchi  le  cap 
Sicier,  superbe  bastion  qui  préserve  le  port  de  Toulon  de  la  tempête 
en  brisant  les  vagues  furieuses  que  soulève  le  vent  du  sud-ouest, 
nous  entrons  dans  une  toute  autre  région.  A  des  vallées  fraîches  et 
ombragées  où  l'eau  suinte  des  fissures  du  sol,  succèdent  des  plaines 
fertiles  au  milieu  desquelles  serpentent  des  rivières  aux  eaux  argen- 
tées. Des  pins  élancés,  droits  comme  des  colonnes,  ombragent  les 
vallons;  au  fond  coulent  de  petits  filets  d'eau  ressemblant  plutôt  à 
des  nappes  vermeilles  dont  la  surface  trahit  à  peine  un  léger  tressaille- 
ment. De  Toulon  à  Fréjus,  le  département  du  Var  n'a  qu'une  vallée 
étroite  et  longue  ;  le  reste  est  une  série  de  plis  de  montagnes,  de  gor- 
ges plus  ou  moins  profondes  qui  méritent  à  peine  le  nom  de  vallons, 
mais  qui  recèlent  des  beautés  de  premier  ordre.  Le  sol,  tout  différent 
de  celui  que  nous  avons  vu  de  Marseille  à  Toulon,  appartient  à 
l'époque  primitive;  les  terrains  phylladiens,  d'une  belle  couleur,  vous 
font  oublier  la  teinte  cendrée  et  monotone  des  montacrnes  calcaires 
dont  la  Provence  est  écrasée;  le  granit  et  les  schistes  feuilletés  ou 
pailletés,  avec  leurs  teintes  variées,  ont  je  ne  sais  quel  aspect  de  fraî- 
cheur et  de  vie  que  j'ai  observé  dans  toutes  les  contrées  où  ces  roches 
se  rencontrent  et  qui  réjouit  l'esprit.  La  vallée,  proprement  dite,  que 


l'agriculture  méridionale.  —  DE  MARSEILLE  A  NICE.  381 

l'on  suit  en  chemin  de  fer,  et  qui  sépare  très  nettement  la  portion  cal- 
caire (le  la  région  granitique,  est  elle-même  formée  de  grès  triasique, 
de  marnes  aux  teintes  rouges,  bleues,  vertes,  grises,  du  plus  joyeux 
aspect.  Jusqu'à  ce  moment,  les  vignes  plantées  sur  cette  zone  bigar- 
rée ont  ofiert  un  degré  de  résistance  au  phylloxéra  bien  supérieur  à 
à  celles  de  la  région  crétacée.  Les  sols  provenant  de  la  désagrégation 
d  ■  s  grès,  sablonneux  à  l'excès,  présentent  le  même  phénomène  d'immu- 
nité que  l'on  observe  sur  les  dunes  de  la  Méditerranée  et  de  l'Océan 
et  qui  a  produit  de  magnifiques  vignobles  là  oii,  vingt  ans  auparavant, 
la  mer  venait  encore  vomir  son  écume  blanche. 

Enfin,  entre  ces  grès  et  la  mer  qui  baigne  le  pied  des  montagnes,  se 
trouve  la  chaîne  des  Maures  qui  s'étend  sur  le  littoral  méditerranéen, 
sur  une  zone  de  150  à  180  kilomètres  de  longueur,  depuis  Ilyères 
jusqu'au  petit  ileuve  le  Var,  qui,  après  avoir  donné  son  nom  à  un 
département,  est  allé  rouler  ses  eaux  torrentielles  dans  un  départe- 
ment voisin. 

«  Ce  groupe  de  montagnes,  dit  E.  Reclus,  qui  servit  de  boulevard 
auN.  Maures  pendant  le  cours  du  neuvième  et  du  dixième  siècle,  conserve 
encore  le  nom  de  ses  conquérants  africains.  11  forme  à  lui  seul  un 
système  orographique  parfaitement  limité.  Les  massifs  de  granit,  de 
gneiss  et  de  schistes  sont  séparés  des  montagnes  calcaires  environ- 
nantes par  les  profondes  et  larges  vallées  de  l'Aille,  de  l'Argens,  du 
Gapeau.  En  réalité,  il  constitue  un  ensemble  aussi  distinct  du  reste 
de  la  Provence  que  s'il  était  une  île  éloignée  du  continent. 

«  La  grande  route  et  le  chemin  de  fer  de  Marseille  à  Nice  décrivent 
une  grande  courbe  autour  des  montagnes  des  Maures,  sans  pénétrer 
dans  un  de  leurs  vallons;  seulement  deux  routes  à  peine  convenables, 
très  peu  fréquentées,  rattachent  les  bourgs  et  les  villages  de  cette 
réa;ion  montueuse  au  réseau  de  voies  de  communication  françaises.  Ces 
montagnes,  dignes  au  plus  haut  degré  de  l'intérêt  des  savants  par  la 
constitution  géologique  de  leurs  roches  et  le  nombre  de  leurs  plantes 
rares  devraient  être  également  visitées  par  les  simples  touristes  amou- 
reux de  la  nature. 

«  Aussi  bien  que  les  Alpes  et  les  Pyrénées,  le  système  des  Maures  qui 
couvre  seulement  une  superficie  de  80,000  hectares  et  dont  la  hauteur 
moyenne  ne  dépasse  pas  400  mètres,  a  sa  chaîne  principale  et  ses 
chaînons  latéraux,  ses  vallons  et  ses  gorges,  ses  torrents  et  ses  rivières. 
Il  a  même  son  bassin  fluvial  complètement  formé  offrant  en  miniature 
tous  les  phénomènes  que  présentent  les  vallées  des  grands  fleuves.  » 

L'Esterel  est  séparé  des  Maures  par  la  vallée  de  l'Argens;  le  sol  de 
cette  contrée  sauvage  est  formé  aussi  par  les  roches  primitives  d'érup- 
tion autour  desquelles  se  sont  redressés  des  schistes. 

La  douceur  du  climat,  la  distribution  uniforme  de  l'humidité  à 
travers  les  feuillures  des  schistes,  la  richesse  naturelle  du  sol  donnent 
un  puissant  essorl  à  la  végétation.  La  flore  maritime  de  l'Algérie 
donne  la  main  à  celle  de  la  montagne.  Les  pms  maritimes  dressés  en 
haute  futaie  fournissent  à  Toulon  et  à  Marseille  les  planches,  chevrons, 
pilotis  et  autres  pièces  que  nécessite  l'industrie  du  bâtiment.  Les 
bruyères,  les  cistes,  les  arbousiers,  la  lavande,  le  lentisque,  le  myrte, 
le  cytise,  les  fougères  aux  feuilles  larges  et  crénelées  forment  des 
fourrés  impénétrables,  causes  des  fréquents  incendies  qui  désolent 
les  Maures  au  fort  de  l'été.  Sur  le  penchant  des  montagnes,  à  leur 


382  l'agriculture  MÉRIDIONALE DE  MARSEILLE  A   NICE. 

base,  dans  les  endroits  frais,  le  châtaignier  forme  d'épais  massifs ;son 
feuillage  gai  se  détache  sur  le  'vert  sévère  des  chênes,  contraste  au- 
quel sont  habitués  les  voyageurs  qui  parcourent  les  régions  grani- 
tiques. Les  marrons,  fruits  du  châtaignier,  sont  emportés  par  chemin 
de  fer  à  Lyon  et  à  Paris  où  ils  sont  connus  sous  le  nom  de  marrons 
du  Luc  ou  de  Lyon  et  particulièrement  recherchés  pour  la  confi- 
serie. 

L'industrie  séricicole  y  est  très  avancée;  eile  a  même  engendré  un 
commerce  international  considérable;  c'est  le  pays  par  excellence  de 
la  fabrication  des  semences  de  vers  à  soie. 

Mais  la  production  la  plus  importante,  depuis  que  la  vigne  chancelle 
ou  disparaît,  celle  qui  fait  qu'une  véritable  richesse  se  cache  dans  les 
extérieurs  et  dans  les  intérieurs  les  plus  modestes,  celle  dont  on  ne 
parle  guère  dans  nos  livres  d'agriculture,  la  vraie  récolte  enfin  du  pro- 
priétaire des  Maures,  c'est  celle  du  chêne-liège. 

Le  temps  est  bien  loin  derrière  nous  où  l'on  considérait  le  chêne- 
lièo;e  comme  un  obstacle  à  l'aménaoement  des  forêts  et  où  on  laissait 
brûler,  sans  porter  aucun  secours,  des  forêts  entières  de  cette  précieuse 
essence.  Aussi  bien  en  France  qu'en  Tunisie,  qu'en  Algérie  et  qu'en 
Espagne,  la  faveur  dont  jouissent  les  forêts  de  liège  me  dispensent 
d'entrer  dans  de  plus  longs  détails  pour  le  moment. 

Que  de  fois  j'ai  couru  les  chemins  impraticables  de  cette  région  des 
Maures,  allant  dans  tous  les  sens,  quelquefois  à  l'aventure,  et  trou- 
vant toujours  à  la  Pabourette,  à  la  Favière,  et  à  la  Mourre,  sites  poé- 
tiques autant  que  sauvages,  de  bons  amis  qui  ne  ménageaient  ni  leur 
temps,  ni  leur  place,  ni  leur  bourse  pour  me  rendre  chez  eux  le  séjour 
plus  agréable,  choses  qu'on  ne  saurait  faire  à  Paris  car,  comme  le  dit 
quelque  part  Dumas  I",  à  Paris  on  n'a  réellement  de  temps,  de  place  et 
d'argent  que  pour  soi. 

Plus  tard,  emporté  par  une  maladie  qui  ne  m'est  point  particulière, 
celle  du  voyage,  maladie  incurable  s'il  en  fut.  je  visitais  une  contrée  plus 
pittoresque  encore,  et  plus  remplie  d'imprévu  :1a  Catalogne.  Là  encore, 
le  chêne-liège  s'offrait  à  mon  observation  ;  mais  il  n'était  pas  seul.  Dans 
la  province  de  Valence,  les  orangers  que  je  connaissais  de  vue,  car  nous 
en  avons  en  pleine  terre  à  OUioules  qui  laissent  cueillir  leurs  beaux 
fruits  par-dessus  les  murs  des  vergers,  les  orangers  dis-je,  m'appa- 
rurent  vraiment  ce  qu'ils  sont  :  des  arbres  élégants  et  grandioses,  au 
feuillage  sévère  cootrastant  magnifiquement  avec  le  beau  ciel  toujours 
bleu  de  l'Espagne. 

Chemin-faisant,  de  ci,  de  là,  j'ai  recueilli  quelques  notes  que  je 
demande  aux  lecteurs  du  Journal  do  l'agriciiUiire  la  permission  de 
leur  présenter.  F.  Gos, 

Répétiteur  à  l'Instituî.  agronomique. 

NOUVELLES  INVENTIONS  AGRICOLES 

ANALYSE    SOMMAIRE  DES   DERNIERS    BREVETS   DÉLIVRÉS. 

162,160.  Le  Callenec.  15  mai  1884.  Semoir  à  simple  et  à  double  distribution, 
appropriée  à  la  petite  et  à  la  moyenne  culture.  —  Ce  semoir  est  entièrement 
construit  en  fonte  et  en  fer,  sauf  la  caisse  qui  est  en  Lois  et  qui  présente  deux 
compartiments  superposés  :  celui  d'en  bas  pour  la  semence  et  celui  d'en  haut 
pour  l'engrais  convenablraeent  préparé  ;  la  semence  et  l'engrais  peuvent  être  dis- 
tribués séparément,  et  en  telle  quantité  que  l'on  désire.  Le  compartiment  supé- 
rieur renferme  des  distributeurs  circulaires  à  palettes,  et  l'inférieur  est  muni  de 


NOUVELLES  INVENTIONS  AGRICOLES.  383 

brosses  rotatives  ;  ces  organes  distribuent  la  matière  dans  les  godets  disposés 
contre  la  paroi  postérieure  de  la  boîte,  d'm'i  elles  tombent  dans  les  «  bottes  »  qui 
la  déposent  dans  le  sol.  La  forme  rétrécio  de  ces  bottes  à  la  partie  pestérieure 
permet  à  la  terre  de  revenir  d'elle-même  recouvrir  la  semence  et  l'engrais  déposés; 
d'un  autre  côté,  comme  c'est  à  l'arrière  qu'elles  sont  percées,  le  semeur  peut 
t'ac'lement  surveiller  le  travail  de  la  machine. 

Le  mouvement  est  donné  aux  organes  distributeurs  par  une  roue  latérale  rou- 
lant sur  le  sol,  et  qui  peut  être  relevée  à  volonté  pour  arrêter  le  travail.  Les  deux 
roues  de  l'avant-train  sont  montées  sur  deux  essieux  séparés  et  peuvent  se  rap- 
procher ou  s'éloigner  l'une  de  l'autre. 

162,193.  Société  Knaoth  et  Cie.  17  mai  1884.  Jardinière  destinée  à  l'élevage 
en  chambre  des  plantes  exotiques.  —  L'appareil  décrit  dans  ce  brevet  n'est  destiné 
qu'à  la  culture  des  plantes  en  appartement  ;  il  permet,  dit  le  breveté,  d'obtenir 
une  végétation  durable.  Il  se  compose  d'un  plateau  à  fond  perforé,  rempli  de  tai;,  . 
sciure  de  bois  ou  autre  substance  analogue,  dans  laquelle  on  place  les  plantes; 
au-dessous  de  ce  plateau  se  trouve  une  cuve  pleine  d'eau,  chautfée  par  une  lampe, 
le  tout  supporté  par  un  trépied.  On  peut  laire  tourner  le  plateau  supérieur,  indé- 
pendamment de  la  cuvette  et  du  pied,  pour  éviter  que  les  plantes  ne  poussent 
obliquement.  Plusieurs  variantes  de  l'appareil  sont  décrites. 

162,200.  YuLL,  VoGi^L  et  Ihle.  17  mai  1884.  Innovations  aux  macfiines_  à 
battre  le  blé.  —  On  s'est  proposé  dans  ce  brevet  d'éviter  l'inconvénient  du  poids 
des  courroies  motrices,  surtout  lorsqu'elles  sont  longues,  qui  tend  à  détruire  le 
parallélisme  du  tambour  de  la  batteuse.  On  les  remplace  par  des  cordes  ;  toute- 
fois, si  l'on  emploie  un  chariot  intermédiaire  portant  un  débrayage,  des  courroies 
peuvent  conduire  de  là  à  la  batteuse. 

D'autre  part,  le  brevet  décrit  une  disposition  pour  empêcher  le  blé  égrené  sor- 
tant du  panier  de  se  mêler  aux  menues  pailles,  et  une  disposition  pour  chasser 
les  grains  mêlés  à  la  paille  venant  du  secoueur. 

162.264.  Brizion.  24  mai  1S84.  Houe  extirpntfur  à  charrue  vii^neronne.  —  Le 
brevet  porte  sur  une  houe  à  cheval  dans  laquelle  les  tiges  qui  portent  les  socs 
sont  rondes  et  assujetties  par  des  vis  de  pression,  dans  les  douelles  de  même 
forme  disposées  sur  les  longerons.  De  plus,  ceux-ci,  articulés  l'un  sur  l'autre  à 
l'avant,  au  sommet  de  leur  angle,  peuvent  se  rapprocher  ou  s'écarter,  de  manière 
à  diminuer  ou  à  augmenter  la  largeur  du  champ  de  l'instrument  :  deux  arcs  de 
ce'-cle  fixés  sur  les  longerons  servent  à  les  guider  pendant  ces  mouvements  de 
rapprochement  et  d'écart,  et  une  vis  de  pression  disposée  sur  la  tète  des  manche- 
rons les  assujettit  en  position  et  arrête  les  longerons.  Enfin,  un  levier  avec  poignée 
à  verrou,  placé  à  la  disposition  du  conducteur,  permet  de  faire  varier  la  hauteur 
de  la  roue  d'avant  et  par  conséquent  l'entrure. 

162.265.  GHEVALitiR.  24  mai  1884.  Xouvclle  moissonneuse  pour  couper  le  blé 
à  sillon.  —  Cette  moissonneuse,  destinée  à  la  petite  et  à  la  moyenne  culture,  est 
caractérisée  par  sa  disposition  générale  combinée  en  vue  de  permettre  la  coupe 
du  blé  à  sillon  et  de  former  une  gerbe  de  grosseur  variable.  Le  conducteur  arrête 
la  machine  pour  poser  la  gerbe.  Un  lien  posé  à  l'avance  sur  le  tablier  où  la  gerbe 
est  rabattue  par  les  râteaux  permet  de  la  lier  rapidement.  Un  homme  et  un  seul 
cheval  suffisent  pour  la  manœuvre  et  la  conduite  de  la  machine. 

162.266.  Renard.  24  mai  1884.  Charrue  avec  ses  agrès  et  pièces  de  rechange 
servant  à  former  différents  inslraments  agricoles.  —  Ce  brevet  décrit  une  série  de 
dispositions  variées  pour  charrues  et  montre  la  forme  d'une  quantité  d'outils  sus- 
ceptibles de  remplacer  les  socs.  Un  seul  homme  sutfit  à  la  conduite  de  la  charrue. 
Lorsque  l'appareil  forme  une  charrue  bisoc,  le  retournement  se  fait  automatique- 
ment à  la  fin  du  sillon.  De  même,  l'entrure  est  réglée  automatiqueraunt.  Un  pa- 
lonnier  spécial  facilite  le  tirage  dans  les  diflérents  cas.  Grâce  aux  dispositions 
adoptées,  les  instruments  peuvent  travailler  indiiléremment  en  plaine  on  en  pente; 
on  peut  en  outre  éviter  la  culture  en  planches  avec  raies  à  intervalles  divers  qui 
abîment  les  moissonneuses. 

162,283.  Vesterung  et  Semler.  21  mai  1884.  Système  perfectionné  d'appa- 
reil de  séc/iafje  jiour  fruits  et  l-gumes.  —  L'appareil,  en  forme  de  caisse  prisma- 
tique élevée,  contient  une  série  de  plateaux  ou  claies  superposées  chauffées  par 
de  l'air  chaud  fourni  par  un  caloiilère  placé  à  la  paitie  inférieure.  Les  claies  sont 
disposées  de  manière  à  créer  des  chicanes  pour  l'air  chaud,  afin  qu'il  agisse  d'une 
manière  uniforme  sur  toute  la  hauteur  de  l'appareil.  A  la  partie  supérieure,  se 
trouve  une  galerie  qui  permet  de  venir  retirer  la  claie  la  plus  élevée,  qui  vient  se 


384  NOUVELLES  INVENTIONS  AGRICOLES. 

présenter  à  l'orifice  de  sortie  lorsqu'on  déploie  un  parallélogramme  articulé  placé 
Las  et  manœuvré  par  une  manivelle  adaptée  à  un  carré  disposé  à  l'un  de  ses 
sommets;  ce  parallélogramme  fait  ainsi  remonter  tous  les  plateaux  superposés,  et 
pendant  cette  manœuvre  le  plateau  le  plus  bas  vient  s'appuyer  sur  des  taquets  à 
ressort,  ce  qui  permet  de  replier  le  parallélogramme  et  de  laisser  libre  de  cette 
manière  la  place  nécessaire  pour  enfiler  une  nouvelle  claie  qui  se  trouvera  située 
sur  toutes  les  autres  et  restera  dans  l'appareil  jusqu'à  ce  qu'elle  vienne  se  présen- 
ter à  son  tour  devant  l'orifice  de  la  sortie  supérieure. 

162,293.  Maude.  23  mai  18S4.  Modifications  aux  appareils  exerçant  une  pres- 
sion sur  le  contenu  des  silos.  —  Au-dessus  de  chaque  compartiment  du  silo  se 
trouve  une  bielle  centrale  de  pression  agissant  sur  un  plateau.  Ces  bielles  cen- 
trales peuvent  être  appuyées  vers  le  bas  par  une  pression  hydraulique,  avec  ou 
sans  ressorts,  ou  par  un  levier  actionné  par  une  chaîne  enroulée  sur  un  treuil. 

Gh.  Assi  ET  L.  Genès, 

Ingénieurs-conseils  en  matière  de  brevets  d'invention, 
36,  boulevard  Voltaire,  à  Pans. 

AGRICULTURE  DE  BASSE-PICARDIE  EN  1884-  —  II 

IV.  Recolles  (le  1884.  —  En  ce  qui  concerne  la  production  végétale, 
nous  devons  constater  que  dans  les  champs  épargnés  par  la  grêle,  les 
céréales  ont  donné  des  moyennes  assez  satisfaisantes. 

Les  prairies  artificielles,  malheureusement  peu  abondantes,  ont 
fourni,  en  faible  proportion,  des  foins  d'excellente  qualité,  tant  en 
premières  qu'en  secondes  coupes. 

N'omettons  pas  d'ajouter  que  les  jeunes  trèfles,  luzernes  et  sainfoins, 
étiolés  et  fortement  éclaircis  pendant  leur  première  végétation,  par  les 
insolations  de  juin,  juillet  et  août,  laissent  des  craintes  motivées  pour 
leurs  produits  de  1885. 

Le  lin,  dont  la  culture  autrefois  avantageuse  dans  les  terres  spécia- 
lement propres  à  cette  plante,  s'est  prodigieusement  restreinte  par 
suite  des  importations  exotiques,  a  donné  des  résultats  passables 
en  1884.  Il  en  a  été  de  même  pour  le  chanvre.  La  récolte  des  œillettes 
s'est  trouvée  inférieure  à  la  moyenne  ordinaire  et,  en  outre,  les  prix  de 
cette  oléifère  sont  tombés  de  plus  de  20  pour  100.  Les  betteraves,  lan- 
guissantes pendant  les  sécheresses  estivales,  ont  repris  une  végétation 
plus  active  cet  automne.  Les  pommes  de  terre,  belles  et  saines,  otïrent 
généralement  un  rendement  satisfaisant. 

La  sécheresse  prolongée  fut  très  nuisible  aux  pâturages  permanents. 
Comme  les  bas  prix  des  céréales  et  la  rareté  de  la  main-d'œuvre  déter- 
minent, tous  les  jours,  la  création  de  nouvelles  pâtures,  la  valeur  du 
bétail  maigre  s'élève  dans  une  progression  tout  à  fait  anormale.  D'un 
autre  côté,  les  prix  consentis  par  la  boucherie,  loin  de  suivre  la  même 
proportion,  ont  plutôt  baissé,  et  les  herbagers,  après  avoir  couru  les 
chances  d'épizootie  et  autres  pertes  habituelles,  voient  leurs  bénéûces 
réduits  à  des  chiffres  infimes.  Il  en  résulte  un  découragement  qui  se 
traduit  par  une  baisse  inusitée  et  progressive  du  fermage  des  pâtures  si 
recherchées  encore  il  y  a  peu  d'années.  Cette  baisse  atteint  souvent 
50  pour  100.  La  valeur  vénale  des  fonds  en  herbages  a  décru  suivant 
la  même  progression. 

Moutons.  —  Le  prix  des  laines,  tombé  de  50  pour  100  depuis  dix 
ans,  et  celui  du  mouton  gras  s'étant  peu  relevés,  il  en  est  résulté  une 
diminution  considérable  dans  le  nombre,  comme  dans  l'importance 
des  troupeaux. 

Porcs.  —  Le  bas  prix  des  porcs  gras  a  entraîné  l'avilissement  de 
celui  des  porcelets.  Cette  branche  de  production  avait  une  importance 


AGRICULTURE  DE  LA  BASSE-PICARDIE.  385 

considérable  ea  basse  Picardie,  surtout  en  Marquenterre,  oii  l'entre- 
tien des  truies  portières  procurait  souvent  de  sérieux,  bénéfices  à  la 
petite  culture,  et  rémunérait  les  soins  minutieux  et  intelligents  des 
ménagères. 

Chevaux.  —  Le  commerce  des  chevaux  boulonnais,  dont  la  produc- 
tion et  l'élevage  se  font  à  grands  frais,  en  basse  Picardie,  dans  l'espoir 
rarement  déçu,  sinon  d'un  bénéfice  important,  tout  au  moins,  d'une 
vente  régulière,  est  tombé  à  tel  point  qu'on  trouve  difficilement  ache- 
teurs, même  à  prix  très  réduit,  pour  les  poulains  des  divers  âges, 
condition  déplorable  pour  l'industrie  chevaline  locale. 

V.  —  L'agriculture  française  se  trouve,  par  son  climat,  dans  une 
situation  exceptionnellement  favorable  à  la  production  de  toutes  les 
choses  nécessaires  à  la  vie. 

Le  blé  fut  de  tout  temps  le  principal  objectif  de  ses  assolements. 
Peut-être,  a-t-elle  dépassé  le  but,  en  consacrant  trop  souvent  aux 
céréales  des  terres  peu  propres  à  leur  culture.  On  pouvait  apporter 
quelques  tempéraments  à  cette  tendance  agricole,  en  ce  qu'elle  avait 
d'excessif.  Mais,  aucun  économiste  de  bon  sens,  à  quelque  école  qu'il 
appartînt,  n'eût  contesté  l'heureuse  fortune  pour  notre  pa}'s  de  tirer 
de  son  sol  fécondé  par  le  travail  des  habitants,  les  produits  nécessaires 
à  l'alimentation,  ainsi  que  la  plupart  des  matières  premières  requises 
par  les  industries  nationales. 

Malheureusement,  une  application  funeste  et  persistante  des  doc- 
trines d'un  fallacieux  libre-échange,  a  créé  une  concurrence  écrasante 
pour  les  denrées  issues  du  sol  français  et  qui  en  faisaient  naguère  la 
richesse.  Pour  ne  citer  ici,  que  les  céréales,  nos  marchés  ne  sont-ils 
pas  encombrés  de  blés  exotiques?  Cet  énorme  stock  grossit  sans  cesse, 
avilissant  les  prix  bien  au-dessous  des  prévisions  les  plus  pessimistes, 
au-dessous  de  ce  que  la  précieuse  céréale  coûte  à  produire  chez  nous. 

Cet  état  de  choses  donne  lieu  chez  les  travailleurs  agricoles,  ouvriers, 
ménayers,  fermiers  ou  propriétaires,  à  un  profond  découragement 
qui,  malgré  la  baisse  inouïe  de  la  valeur  vénale  et  locative  des  terres, 
précipite  encore  l'abandon  du  travail  agricole  et  la  désertion  des 
campagnes. 

Cet  abandon  a  pris  de  telles  proportions,  dans  ces  derniers  temps, 
qu'un  grand  nombre  de  champs,  même  de  petite  étendue,  restent  en 
friches;  que  bien  des  fermes  très  recherchées,  il  y  a  peu  d'années, 
aujourd'hui  absolument  délaissées,  ne  trouvent  preneurs  à  aucun  prix, 
pas  môme  à  la  seule  charge  de  payer  l'impôt  foncier'. 

VI.  —  Bien  des  agronomes  en  chambre,  bien  des  économistes  de 
cabinet,  naguère  libre-échangistes  fanatisés,  sont,  par  la  force  des 
choses,  obligés  d'ouvrir  les  yeux  sur  les  désastres  de  l'agriculture.  Ils 
ont  d'abord  plaidé  les  circonstances  atténuantes  en  faveur  du  faux  libre- 
échange  qui  accumule,  coup  sur  coup,  tant  de  ruines  dans  la  Somme, 
de  même  que  dans  les  départements  limitrophes,  l'Aisne  %  l'Oise,  le 
Pas-de-Calais,  la  Seine-Inférieure.  Forcés  enfin  de  se  rendre  à  l'évi- 
dence, ils  viennent  maintenant  dire  aux  cultivateurs,  avec  cette  in- 
croyable outrecuidance  que  donne  le  demi-savoir  :  «   Puisque  la  cul- 

1.  Nous  en  avons  de  douloureux  exemples  dans  nombre  de  communes  de  notre  voisinage  et 
jusque  dans  notre  chef-lieu  de  canton. 

2.  Les  assertions  produites  au  Sénat  par  M.  de  Saint- Vallier  relativement  à  l'abandon  de  huit 
cents  frrmes  dans  l'Aisne,  n'ont  pu  être  contredites  Et  il  ne  faut  pas  oublier  que  les  terres  de 
l'Aisne  sont  généralement  de  baute  fertilité. 


386  AGRICULTURE  DE  LA   BASSE-PICARDIE. 

turc  des  céréales  est  devenue  ruineuse,  que  les  produits  animaux  seuls, 
sont  encore  recherchés,  transformez  donc  voli'e  mode  d'exploitation. 
Plus  de  champs  cultivés!  Plus  de  moissons  !  Plus  de  blés  coûteux  ! 
Créez  des  herbages  !  Elevez  de  nombreux  bestiaux  !  Fabriquez-nous  de 
la  viande,  toujours  de  la  viande,  encore  de  la  viande!  Sa  consomma- 
tion ne  peut  que  croître  avec  l'aisance  générale.   » 

Etonnons-nous,  en  passant,  qu'on  ose  invoquer  l'aisance  générale, 
devant  tant  de  sinistres,  tant  de  ventes  forcées,  de  mobiliers  ruraux, 
de  récoltes  sur  pieds,  tant  d'annonces  de  fermes  abandonnées,  à  louer 
et  à  vendre  ! 

Quant  à  la  brus:jue  transformation  cullurale,  prêchée  aussi  légère- 
ment, par  de  soi-disant  agronomes  qui,  n'ayant  jamais  cultivé,  ne  se 
sont  pas  trouvés  aux  prises  avec  les  faits  tangibles  et  les  difficultés  de 
la  pratique,  trop  de  motifs  en  interdisent  la  réalisation,  même  partielle. 
Si  théoriquement  il  est  vrai  que  les  méthodes  de  culture  doivent  être 
modifiées  peu  à  peu,  en  faisant  une  part  de  plus  en  plus  large,  aux 
fourrages,  à  l'élevage  des  animaux,  au  système  pastoral,  ne  perdons 
pas  de  vue  que  le  temps  et  le  capital  sont  les  facteurs  indispensables  de 
ces  modifications. 

Pour  les  tenter  avec  quelques  chances  de  succès,  il  faudrait  d'abord 
préparer  de  longue  main,  un  stock  de  fourrages  secs,  beaucoup  plus 
considérable  que  d'ordinaire,  pour  la  saison  où  le  bétail  est  tenu  à 
l'étable,  c'est-à-dire  pour  la  moitié  de  l'année. 

Pour  l'autre  moitié,  il  faudrait  créer  des  pâturages,  à  grands  frais  et 
avec  des  soins  minutieux  sur  les  champs  qui  conviennent  à  la  produc- 
tion herbagère  permanente  ou  temporaire.  Or,  bien  des  terres  sont  peu 
favorables  à  cette  production  qui  ne  peut  être  improvisée,  même  sur 
les  meilleures,  où  pour  réussir,  elle  demande  toujours  une  préparation 
pins  ou  moins  longue. 

Si  l'on  destine  ces  pâturages  aux  bêtes  bovines,  il  faut  les  entourer 
de  clôtures  solides  dont  l'établissement  et  Fentretien  ne  laissent  pas 
que  d'être  fort  dispendieux  et  réclament  une  surveillance  continuelle. 
Les  animaux  doivent  aussi  être  pourvus,  régulièrement  et  abon- 
damment, d'eau  fraîche  qui  leur  est  encore  plus  indispensable  que 
l'herbe.  Enfin,  la  conservation  des  gazons  oblige  à  un  épandage  très 
fréquent  des  déjections,  ainsi  qu'à  des  fumures  ou  tout  au  moins  à  des 
applications  périodiques  d'engrais  commerciaux. 

VII.  —  Après  avoir  pourvu  par  avance,  tant  à  la  nourriture  d'hiver 
des  bestiaux,  qu'à  leur  pâturage  estival,  il  reste  à  se  procurer  les  ani- 
maux eux-mêmes  qui  transformeront  ces  fourrages,  secs  ou  verts,  en 
élèves,  produits  laitiers  ou  viande.  Le  succès  de  ces  achats  demande 
un  tact  qui  s'acquiert  par  la  pi-atique.  11  exige  aussi  beaucoup  de  pru- 
dence, car  le  capital  engagé  est  infiniment  plus  élevé  que  pour  la  cul- 
ture des  terres  à  céréales.  Or,  pour  se  procurer  ce  supplément  de 
capital,  on  est  le  plus  souvent  oblige  de  recourir  à  des  emprunts  assez 
onéreux,  ne  pouvant  être  contractés  qu'en  fournissant  des  garanties 
sérieuses. 

La  plupart  des  conditions  sus-énonce'es  s'appliquent  également  aux 
terrains  d'une  fertilité  moins  élevée,  qu'on  destinerait  aux  bêtes  à  laine. 
Là  aussi,  pour  réussir,  une  abondante  alimentation  d'hiver  à  la  ber- 
gerie est  indispensable,  de  même  que  des  pâturages  de  bonne  qualité 
pour  la  belle  saison.  On  n'a,  dans  ce  cas,  aucune  clôture  à  installer, 


AGRICULTURE  DE  LA  BASSE-PICARDIE.  387 

mais  il  faut  aux  bergers  des  salaires  dispendieux  qui  constituent  une 
dépense  au  moins  aussi  élevée. 

Vill.  —  Les  explications  sommaires  qui  précèdent,  sulli.->ent  à  dé- 
montrer que  la  translbrmation  d'une  ferme  à  céréales  en  une  ferme  à 
élevage,  produits  laitiers  ou  engraissement,  est  une  opération  agricole 
qui  ne  peut  être  improvisée  ;  quelle  exige  du  tem[)s  et  ne  réussit  bien 
que  sur  les  sols  préparés  de  longue  main  à  la  végétation  fourragère  et 
berbacée  ;  qu'elle  nécessite  une  avance,  relativement  importante,  de 
capitaux  dont  la  rentrée  ne  peut  s'opérer  qu'à  longue  échéance;  qu'elle 
demande  des  connaissances  de  zootechnie  pratique  toutes  spéciales; 
enfin  qu'en  cela  comme  en  tout  ce  qui  concerne  l'agriculture,  le  temps 
et  la  persévérance  sont  indispensables  au  succès. 

Ces  réserves  faites,  n'hésitons  pas  à  conclure,  d'après  l'expérience  de 
notre  longue  carrière  agricole,  que  les  produits  animaux  sont  appelés 
à  conquérir,  peu  à  peu,  par  la  force  des  choses,  une  place  de  plus  en 
plus  importante  dans  l'économie  rurale  française. 

Nous  sommes  profondément  convaincu  que  si  les  agriculteurs 
trouvent  dans  l'avenir  un  palliatif  à  leur  détresse  actuelle,  c'est  l'éle- 
vage du  bétail  qui  le  leur  fournira. 

A  ceux  de  nos  voisins  de  basse-Picardie  qui  réunissent  encore  assez 
d'épaves  de  notre  grand  naufrage  agricole,  pour  pouvoir  résister  viri- 
lement au  découragement  général,  et  qui  veulent  bien  accepter  les  con- 
seils de  notre  vieille  expérience,  nous  disons  donc  : 

«  Augmentez  progressivement  votre  mobilier  agricole  vivant,  en 
réservant  dans  vos  assolements  une  étendue  de  plus  en  plus  large  aux 
plantes  fourragères.  Si  vous  avez  des  terres  propres  aux  pâturages  per- 
manents, convertissez-en  une  bonne  partie  en  herbages  pour  les  bêtes 
à  cornes.  Si,  au  contraire,  la  nature  de  votre  sol  convient  mieux  aux 
pâturages  temporaires,  élevez-y  toutes  les  bêtes  à  laine  qui  pourront  s'y 
nourrir  profitablement.  Etendez  peu  à  peu  tous  ces  pâturages  en  dimi- 
nuant d'autant  les  surfaces  en  labour.  Ne  négligez  pas  la  production 
chevaline,  ne  serait-ce  que  pour  renouveler  vos  attelages,  au  fur  et  à 
mesure  des  remplacements  nécessaires.  Conservez  une  porcherie  assez 
importante  pour  consommer  utilement  vos  pommes  de  terre,  les  issues 
de  la  laiterie,  les  otons  et  les  purures  de  vos  grains. 

«  N'oubliez  pas  la  production  des  œufs  et  de  la  volaille.  Une  bonne 
ménagère  y  trouve  de  grandes  ressources  pour  la  consommation  inté- 
rieure de  la  maison  et  un  profit  qui  dédommage  largement  des  soins 
consacrés  aux  oiseaux  de  basse-cour.    »  ■ 

Pour  tous  les  propriétaires,  des  grands  comme  des  plus  petits 
domaines,  nous  devons  ajouter,  avec  insistance,  aux  avis  qui  précèdent, 
le  conseil  d'augmenter  progressivement  les  enclos  qui  confinent  aux 
fermes;  de  les  engazonnerd'herbes  de  bonne  qualité;  d'y  planter,  avec 
les  soins  désirables,  des  pommiers  à  cidre  et  au  couteau  des  meilleures 
espèces,  surtout  des  plus  tardives.  Ces  dernières  sont  les  moins  expo- 
sées à  souffrir  des  gelées  printanières  si  fréquentes  et  si  funestes  aux 
vergers  de  basse-Picardie.  Des  plantations  de  haute  futaie  autour  des 
enclos  protégeront  les  pommiers  contre  les  vents  de  mer  et  les  bestiaux 
contre  le  hàle  et  les  insolations.  Elles  fourniront,  en  outre,  des  pro- 
duits en  bois  réalisables  dans  l'avenir.  Enfin,  comme  les  bois  de  toute 
espèce  seront  toujours  nécessaires,  qu'ils  paraissent  destinés  à  résister 
à  l'avilissement  des  autres  produits  végétaux,  il  sera  d'une  bonne  éco- 


388  AGRICULTURE  DE  LA  BASSE-PICARDIE. 

nomie  rurale  de  planter  annuellement  quelques  parcelles  en  taillis, 
d'essences  les  mieux  appropriées  au  terrain,  dans  les  champs  de  mau- 
vaise ou  médiocre  qualité,  ou  à  pentes  rapides,  ou  seulement  trop  éloi- 
gnés de  la  ferme. 

En  opérant  régulièrement  les  plantations  annuelles  que  nous  re- 
commandons, on  aura,  en  peu  d'années,  et  à  frais  modérés,  converti 
en  bois  productifs  des  surfaces  dont  la  culture  est  presque  toujours 
onéreuse.  On  créera  ainsi,  sur  des  champs  ingrats,  une  valeur  qui 
augmentera  d'année  en  année.  Nous  croyons  devoir  insister  sur  ce 
mode  d'amélioration,  dont  nous  pouvons  démontrer  les  avantages  par 
des  exemples  probants,  sur  nos  terres  de  qualité  inférieure.  On  y 
constatera  que  la  coupe  des  taillis  ne  tarde  pas  bien  longtemps  à 
compenser  les  sacrifices  faits  pour  leur  plantation.  Ajoutons  qu'en 
attendant  l'époque  où  cette  coupe  donne  des  produits  rémunérateurs, 
c'est  tout  au  moins  une  réelle  satisfaction  pour  le  planteur  de  voir  se 
développer  continuellement  la  végétation  ligneuse  appelée  à  constituer, 
à  la  longue,  un  nouveau  capital  forestier. 

IX.  —  Résumons-nous,  en  affirmant  que  les  agriculteurs  des  peti- 
tes comme  des  grandes  exploitations  qui  sauront  restreindre  les  surfa- 
ces cultivées,  en  augmentant  d'autant  celles  destinées  à  la  nourriture 
du  bétail  de  toute  espèce,  y  trouveront  les  avantages  suivants  : 

1°  Economie  d'une  portion  notable  des  frais  de  main-d'œuvre  et  de 
culture; 

2°  Accroissement  de  la  masse  et  de  la  qualité  des  fumiers  à  consa- 
crer à  une  moindre  étendue  de  terre  à  labour,  d'où  culture  plus  inten- 
sive et  récoltes  relativement  plus  abondantes  ; 

o"  Produits  animaux  plus  importants,  d'une  vente  infiniment  moins 
désavantageuse  que  celle  des  céréales  ; 

4"  Enfin,  conservation  et  amélioration  progressive  de  la  fertilité  du 
sol. 

Ces  conseils,  nous  les  mettons  en  pratique  pour  la  culture  de  nos 
terres  abandonnées.  Ils  s'adressent  aux  agriculteurs,  fermiers  ou  pro- 
priétaires assez  énergiques  pour  envisager  l'effondrement  agricole 
sans  désespérer  absolument  de  l'avenir.  A  ceux-là  qui  font  de  virils 
efforts  pour  lutter  jusqu'à  la  venue  de  temps  meilleurs,  nous  dirons  : 
«  Ne  vous  bercez  d'aucune  illusion.  Malgré  l'énorme  baisse  de  la  va- 
leur des  terres,  la  situation  ne  peut  changer  de  sitôt,  contentez-vous, 
puisqu'il  le  faut,  des  plus  modestes  bénéfices.  Sachez  utiliser  laborieu- 
semnt  tout  ce  que  le  vieux  sol  de  la  patrie  nous  laisse  encore  de  res- 
sources. Fragmenta  colligite  ne  pereant.  Pas  de  défaillance  !  travaillons 
sans  relâche.  »  E.    Hecquet  d'Ohval, 

Correspondant  Je  la  Société  nationale  d'aj^TicuIture  de  France 

LES   VIGNES  DU  HAUT-BAILLY  (GIRONDE) 

Quand  M.  Bellot  des  Minières  acheta  le  Haut-Bailly,  dans  les  graves  de  Léo- 
gnan  (Gironde),  en  1872,  on  y  faisait  d'excellent  vin,  mais  un  peu  rude,  à  sève 
courte  et  manquant  de  bouquet.  En  examinant  les  croupes,  il  fut  frappé  de  ce 
fait  que  les  vignes  étaient  plantées  sur  de  la  terie  des  landes,  noirâtre  et  friable, 
au  lieu  de  reposer  sur  le  sol  caillouteux  que  la  constitution  géologique  du  pays 
et  l'orientation  indiquaient;  de  plus,  que  les  100,000  ceps  dont  se  composait  le 
vignoble  en  comprenaient  environ  60,000,  tels  que  l'enrageat,  le  grappu,  le  tein- 
turier, le  périgord,  cépages  donnant  un  produit  abondant  mais  inférieur.  Un 
travail  de  Romain  lut  alors  conçu  et  exécuté  :  tous  les  cépages  grossiers  furent 


LES  VIGNES  DU  HAUT-BAILLY  (GrRONDK).  389 

arrachés  et  remplacés  en  plants  et  non  en  barbots,  dans  les  intervalles  qu'allaient 
laisser  les  partants.  Un  trou  d'un  mètre  de  large  et  de  profondeur,  sur  l  m.  50 
de  long,  bourré  de  compost,  reçut  ces  plants.  En  creusant,  k  grave  pressentie 
s'était  montrée  à  ,30  centimètres,  aussi  fut-il  décidé  d'y  descendre  également  les 
pieds  restant.  Ces  derniers  furent  sapés,  et  une  grande  partie  de  leurs  racines 
allèrent  jilonger  dans  ou  près  des  trous,  foyers  de  végiitation.  qui  avaient  reçu 
les  plants  nouveaux.  C'était  une  véritable  création!  Deux  ans  après,  les  vieilles 
vignes,  qui  avaient  puisé  leur  vie  dans  ce  nouveau  terrain,  donnaient  ce  nectar 
de  1874  :  la  sève  et  le  bouquet  étaient  trouvés,  ainsi  que  le  gras,  le  cuit  ou  rôti 
et  la  robe. 

A  Haut-Bailly,  le  terrain  est  siliceux  et  caillouteux,  parsemé  d'oxydes  ferrugi- 
neux. La  section  des  immenses  fossés  qui  entourent  en  partie  la  propiiété  accuse 
une  profondeur  de  terrain  graveleux  d'environ  5  mètres,  et  le  puits  artésien  qu'on 
y  a  creus'î  laissa  constater  une  couche  graveleuse  de  17  mètres  d'épaisseur.  Dans 
certaines  parties,  à  un  mètre,  on  trouve  un  banc  d'argile.  Où  l'on  voyait  jadis 
des  rochers,  des  ravins,  repaires  de  reptiles,  se  trouvent  aujourd'liui,  et  grâce 
aux  efl'orts  énergiques  du  propriétaire,  des  pièces  de  vignes  parfaitement  nivelées  : 
complète  transformation  accomplie  en  peu  d'années,  mais  au  prix  de  quelles  fa- 
tigues 1  de  quels  sacrifices! 

Toutes  les  pièces  de  vignes  ont  une  pente  qui  permet  dé  recueillir  les  eaux  de 
pluie  et  de  drainage  dans  des  fossés  qui  aboutissent  à  un  fossé  coU-ecteur,  lequel 
s'écoule  à  volonté,  parce  que,  au  moyen  d'une  vanne,  on  retient  les  eaux  pour  en 
retirer  tous  les  fumiers  ou  matières  fertilisantes  qui  s'y  trouvent  en  suspension  ; 
elles  ne  sont  donc  lâchées  qu'après  cette  opération 

L4  domaine,  qui  comprend  80  journaux,  est  complètement  entouré,  notam- 
ment par  des  fossés  très  profonds  et  très  larges,  doublés  d'une  forte  clôture, 
haute  de  1  m.  75,  et  se  trouve,  par  suite,  entièrement  à  l'abri  d,es  maraudeurs  et 
des  animaux. 

Jjes  croupes  vont  du  nord  au  sud  et  au  levant.  En  été,  dès  trois  heures  du 
matin  jusqu'au  soir  vers  huit  heures,  le  soleil  inonde  flaut-Bailly  de  ses  rayons, 
lui  prodiguant  ses  longs  baisers,  pour  parler  comme  le  poète,  sans  que  le  moindre 
arbre  vienne    projeter    son   ombre  sur  ce  vaste  champ  de  lumière. 

Les  cépages  sont  le  Gabernet-Sauvignon,  le  Malbec,  le  Merlol,  le  Verdot,  la 
Carmenaire  et  divers  autres  de  bon  choix.  Le  Cabernet-Sauvignon  occupe  les 
sept  douzièmes  du  vignoble;  les  cinq  autres,  chacun  un  douzième;  de  sorte  que 
l'ensemble  d'une  barrique  de  vin  de  Haut-Bailly  est  composé  Je  :  7  douzièmes  de 
Gdbernet-Sauvignon,  1  de  Malbec,  1  de  Merlot,  1  de  Verdot,  1  de  Garmenaire, 
1  de  divers  cépages  fins. 

11  est  établi  en  principe,  à  Haut-Bailly,  que  chaque  pièce  de  vigne  doit  toujours 
.■lïoir  un  contingent  de  3,200  pieds  au  journal,  soit  10,400  pieds  à  l'hectare. 
Uuand  un  cep  décline  et  s'en  va,  il  est  immédiatement  remplacé.  Point  de  vides 
dans  cette  armée  dont  le  produit,  véritable  conquérant,  a  depuis  longtemps  fait 
la  conquête  du  globe!  Aussi  est-ce  eu  vain  que  le  regard  s'étendant  au  loin 
cherche  le  sol  :  c'est  un  tapis  de  verdure  sans  le  moindre  trou.  Et  c'est  en  vain 
aussi  que  vous  chercheriez  le  chiendent. 

On  fait  de  huit  à  dix  façons  par  an  à  Haut  Bailly.  Tous  les  cinq  ans  la  propriété 
est  entièrement  fumée,  en  procédant  par  cinquième  chaque  année.  Et  n'allez  point 
parler  à  son  propriétaire  d'engrais  chimiques,  etc.,  c'est  du  fumier  d'étable  qu'il 
emploie  et  pas  d'autre,  avec  bruyères,  beauge  et  terre  légère.  Dans  ce  compost  il 
entre  chatjue  année  de  800  à  1,000  charrettes  de  fumier  des  vaches  laitières  de 
Gadaujac,  Villenave,  etc. 

Le  propriétaire  de  Haut-Bailly  a  abandonné  la  taille  du  .Médoc  pour  revenir  à 
l'ancieune  taille  kcôt  qui  lui  semble  préférable  pour  la  contrée.  Pour  éviter  l'an- 
trachnose  et  l'oidium,  il  opère  en  temps  opportun  un  badigeonnage  général 
avec  de  l'acide  sulfurique  au  dixième,  sans  préjudice  de  cinq  à  six  soufrages 
ultérieurs. 

Et  que  de  précautions  employées  dans  la  vinification;  c'est  plus  que  de  la 
science,  c'est  de  l'art  vinicole.  Certes,  s'il  est  dans  la  Gironde  dis  vins  qui  mé- 
ritent depuis  longtemps  de  gravir  l'échelle  de  la  classification,  —  il  n'en  manque 
point  en  Médoc,  —  le  cru  de  Haut-Bailly  s'impose  d'une  manière  toute  spéciale. 
Loin  de  moi  la  pensée  d'emboucher  la  trompette  de  l'éloge  I  Je  constate  un  l'ait. 
D'ailleurs,  le  commerce  conlirme  mon  appréciation  en  payant  les  vins  de  Hiut- 
Baillv  un  prix  hors  de  pair  parmi  ceux  de   la  contrée,  et  je  dis  simplement   tout 


390  LES  VlGNliS  UU  HAUT-BAILLY  (GIRONDE). 

haut  ce  que  plus  d'un  pense  tout  bis.  — «  C'est  un  Ghambertin  réussi  doublé 
d'un  Ghâtcau-Margaux,  »  a  dit  tel  dé£^ustateiir  que  je  connais;  et  tel  autre,  en 
présence  de  deux  bouteilles  de  1874,  l'une  de  Haut-Bailly,  l'autre  de  Lalitte,  s'est 
prononcé  en  faveur  du  premier...  Et  les  années  suivantes  sont  à  l'avenant. 

Tel  est  le  résultat  d'un  labeur  incessant,  làclie  pénible,  qu'a  su  obtenir 
M.  Bellot  des  Minières.  Dès  l'aube,  il  dirige  son  personnel  et  ne  le  quitte  que  le 
soir,  toujours  payant  de  sa  personne,  encourageant  les  bons  travailleurs,  d'est 
tout  bonnement  chez  lui  l'amour  passionné  de  lu  viticulture;  aussi,  dans  la  con- 
trée, son  nom  est  synonyme  de  «  roi  des  vignerons.  « 

Ainsi  que  je  le  dis    plus   haut,  le  sol,   à  Haut-Bailly,    est  partout  caillouteux. 

On  y  trouve  même  le  cnillou  du  kcdoc  qui,  une  fois  travaillé,  est  remarqua- 
blement beau;  aussi  la  dame  du  lieu  peut-elle  dire  comme  ce  gentilhomme, 
propriétaire  en  Médoc,  interrogé  par  Louis  XV  sur  la  provenance  de  belles 
pierres  dont  il  se  parait  :    «  Je  porle  les  diamants  de  ma  terre.  » 

En  terminant  cette  rapide  et  incomplète  description  du  château  du  Haut-Bailly, 
il  me  revient  en  mémoire  une  légende  qui  a  fait  remonter  la  renommée  du  cru 
au  temps  des  croisades.  Je  ne  sais  si  elle  dit  vrai  ;  mais,  ce  qui  est  certain,  c'est 
que  son  propriétaire  actuel  a  donné  à  la  Gironde,  ou  pourrait  dire  à  la  France, 
un  des  meilleurs  crus  qu'elle  possède.  •  Ignis. 

MËTÉOROLOUIE  DU  MOIS  DE  NOVEMBRE  1884. 

Voici  le  résumé  des  observations  météorologiques  du  parc  de 
Saiiit-Maur,  en  novembre  1884  : 

Moyenne  barométrique  à  midi  :  762""". 45;  minimum,  le  21  à  2  heures  du  soir, 
749""". 64  ;  maximum,  le  10  à  9  heures   du  malin,  771""". 53. 

Moyennes  thermo métriques  :  des  minima,  O^.Sl;  des  maxima,  7°. 88;  du  mois, 
4". 34;  moyenne  vraie  des  24  lieures,  4°. 09.  Minimum  le  26  vers  6  heures  du 
matin, —  6^.1  ;  maximum  le  7  dans  l'après-midi,  19».!. 

12  jours  de  gelée  et  4  jours  de  gelée  blanche. 

Tension  moyenne  de  la  vâpcu'-  :  5""". 70;  la  moindre,  le  26  à  6  heures  du 
matin,  2"'". 9;  la  plus  grande,  le  4  à  1  heure  du  soir,  10'""'. 3. 

Humidité  relative  moyenne  :  91  ;  la  moindre,  le  19  à  3  heures  du  soir,  43; 
la  plus  grande  100,  en  26  jours. 

Température  moyenne  de  la  Marne,  6». 75;  elle  a  varié  de  10". 16,  le  8,  à  3°. 68 
le  30.  Plus  basse  encore  que  dans  les  mois  précédents  et  extraordinairement 
claire. 

51  heures  et  demie  de  p^-tites  pluies,  réparties  eu  14  jours;  n'ont  donné  que 
17""". 5  d'eau;  la  journée  la  plus  luimile,  le  29,  a  fourni  5""". 3  d'eau  de  pluie  et 
de  neige;  il  était  déjà  tombé  un  peu  de  neige  les  22  et  23. 

Il  y  a  eu  7  jours  de  brouillard  à  l'Observatoire  et  2  jours  de  brouillard  bas  sur 
la  vallée  de  la  Marne. 

Les  venls  dominants  ont  oscillé  autour  du  SW  et  du  NE. 

11  y  a  eu  ni  tonnerre  ni  éclairs. 

Moyennes  à  7  heures  du  matin  :  Baromètre,  762""". 55;  thermomètre,  2'"û3; 
tension  de  la  vapeur,  5'""'. 34;  humidité  relative,  97;  nébulosité,  62. 

Relalivemenl  aux.  moyennes  normales,  le  mois  de  novembre  1884 
présente  les  résultats  suivants  :  baromètre  plus  haut  de  5"'".G1  ;  ther- 
momètre plus  bas  de  r.7'2;  tension  de  la  vapeur  moindre  de  0"""'.C3; 
luimidilé  relative  plus  grande  de  4;  nébulosité  moindre  de  13;  pluie, 
un  tiers  de  la  hauteur  normale. 

Le  Pelargonium  zonale  a  résisté  aux  deux  minima  de  —  5M  qui 
ont  eu  lieu  les  I  7  et  20  novembre.  Jusqu'ici  j'avais  cru  le  point  de  con- 
gélation de  cette  plante  bien  déterminé  à —  4". 3.  Cette  résistance  plus 
grande  tient-elle  à  la  chaleur  de  1  élé  ou  à  ce  que  cette  chaleur  s'est 
prolongée  jusqu'en  septembre,  ou  la  sécheresse  de  l'année  ou  spécia- 
lement un  peu  de  pluie  de  l'arrière-sai.son  ;  c'est  ce  que  je  ne  saurais 
décider  quant  à  présent;  j'incline  toutefois  à  l'attribuer  à  cette  der- 
nière cause.  E.  Rt-Nou, 

Membre  de  l;i  Socielé  nalioniile  d'agriculture. 


SUR  l'organisation    du  GRKDIT  agricole.  39i 


SUR  L'ORGANISATION  DU  CRÉDIT  AGRICOLE 

Pour  répondre  à  M.  Ayraud,  sur  la  question  de  l'orgaaisatioa  du 
crédit  agricole,  je  commencerai  par  lui  dire  franchement  ce  que  je  pense 
au  sujet  du  projet  qu'il  nous  propose,  lui  Liissant  le  droit  et  la  liberté 
de  réplique. 

En  premier  lieu,  c'est  bien  de  la  création  d'un  papier-monnaie,  qu'il 
s'agit  dans  le  projet  de  M.  Ayraud;  ce  qui  exciterait  nécessairement 
de  la  part  de  la  Banque  de  France,  une  opposition  très  énergique,  ce 
qui  ne  veut  pourtant  pas  dire  qu'elle  aurait  tort,  car,  quand  on  défend 
ses  droits  et  ses  intéjèts,  on  a  toujours  raison. 

En  second  lieu,  il  est  très  probable  que  les  nombreuses  demandes 
nécessiteraient  la  création  d'une  quantité  considérable  du  papier- 
monnaie  dont  il  s'agit,  ce  qui  exercerait  nécessairement  une  dépré- 
ciation sur  la  valeur  du  capital  monnayé,  dépréciation  que  chacun 
peut  apprécier  à  sa  guise,  et  que,  pour  ma  part,  j'estime  à  environ 
25  pour  lut),  dans  le  cas  où  l'émission  dudit  papier  serait  portée  au 
chiffre  très  respectable  de  5  milliards,  comme  il  en  a  été  question. 

En  troisième  lieu,  l'émission  de  ce  papier-monnaie,  constituerait  un 
privilège,  même  pour  ceux  qui  donneraient  leurs  propriétés  en  gage, 
privilège  qu'on  ne  pourrait  accorder  à  tous  ceux  qui  en  feraient  la 
demande,  car  ils  seraient  sans  doute  très  nombreux,  vu  les  avantages 
qu'on  en  retirerait. 

En  résumé,  le  projet  de  M.  Ayraud  n'est  qu'un  palliatif,  qui  pour- 
rait être  prolitabic  aux  uns,  mais  préjudiciable  aux  autres,  et,  par 
conséquent,  anti-économique,  et  qui,  pour  ces  diverses  raisons,  n'a 
aucune  chance  d  être  pris  en  considération  par  le  Parlement. 

Pour  qu'un  système  de  crédit  ait  chance  de  réussite,  il  faut  qu'il 
soit  simple,  économique,  éminemment  populaire,  et  pour  ce,  essen- 
tiellement basé  sur  1  équité;  il  faut,  en  outre,  pouvoir  puiser  à  une 
source  inépuisable,  toutes  conditions  essentielles  et  indispensables 
qui  constituent  un  programme  immense,  qui  peut  paraître  très  diffi- 
cile à  remplir,  sinon  impossible.  Et  pourtant  il  n'en-est  rien,  car,  par 
la  seule  simplification  de  notre  régime  hypothécaire,  le  but  serait  pour 
ainsi  dire  atteint. 

Oui,  le  jour  oîi  notre  régime  hypothécaire  sera  réellement  simplifié, 
le  crédit  agricole  ou  populaire  sera  pour  ainsi  dire  fondé. 

Depuis  longtemps  déjà,  on  prête  et  on  emprunte,  et  sans  frais,  sur 
titres  ou  valeurs  mobilières,  et  on  s'en  trogive  bien.  La  loi  sanction- 
nant le  fait,  on  pourrait  tout  aussi  bien  prêter  et  emprunter,  sur  titres 
d'immeubles  ou  valeurs  immobilières. 

Dans  tes  conditions,  une  institution  de  crédit  ayant  un  grand 
nombre  de  succursales  pourrait  être  organisée.  Elle  prêterait  sur 
titres  d'immeubles,  comme  le  banquier  sur  effets  de. commerce  :  mais 
indistinctement  à  court  et  à  long  terme,  et  sans  déplacement  de  litres. 

Dans  de  telles  conditions,  un  tel  établissement  de  crédit  traiterait 
de  nombreuses  et  importantes  affaires,  ce  qui  lui  permettrait  de  pou- 
voir se  contenter  d'un  bénéfice  relativement  peu  élevé.  J'estime  qu'avec 
un  bénéfice  de  1  franc  par  100  francs  il  pourrait  prospérer. 

Les  prêteurs  ne  feraient  certainement  pas  défaut  à  un  établissement 
de  crédit  de  ce  genre  qui  ne  prêterait  que  sur  titres  de  tout  re[)os  et  à 


392  SUR  l'organisation  DU  CRÉDIT  AGRICOLE. 

peu  près  à  l'abri  de  toute  chance  aléatoire.  Il  est  probable  qu'à 
4  pour  100,  il  trouverait  à  peu  près  autant  de  capitaux  qu'il  pourrait 
en  placer  à  5  pour  100,  ce  qui,  avec  toutes  facultés  d'emprunt  et  de 
remboursement,  n'a  rien  d'exagéré.  Parce  moyen,  le  prêteur  aurait 
affaire  directement  avec  l'établissement  de  crédit  qui  lui  inspi- 
rerait confiance  et  sécurité,  et  où  il  pourrait  placer  et  retirer  ses  capi- 
taux à  peu  près  quand  il  voudrait. 

De  même  l'emprunteur  aurait  affaire  directement,  et  uniquement, 
avec  l'établissement,  oîi  il  aurait  à  peu  près  toutes  facultés  pour 
l'emprunt  et  pour  le  remboursement. 

Tel  est,  en  résumé,  le  système  d'organisation  de  crédit  que  je  pro- 
pose, et  qu'il  sera,  je  crois,  très  difficile  de  remplacer  avantageusement. 

Faure. 

SOCIETE    NATIONALE    D'AGRICULTURE 

Séance  du  3  décembre  1884.  — Présidence  de  M.  Chevreul. 

M.  Pierre  Tochon  fait  hommrge  à  la  Société  de  son  compte  rendu 
du  congrès  international  phylloxérique  de  Turin.  —  Ce  compte  rendu 
a  été  publié  dans  le  Journal. 

M.  le  ministre  du  commerce  adresse  les  tomes  1  12  et  113  de  la 
collection  des  brevets  d'invention  pris  sous  le  régime  de  la  loi  de  1 884  ; 

—  M.  le  ministre  de  la  guerre  envoie  la  54'  livraison  de  la  carte  de 
France  au  80,000'. 

M.  Henry  Vilmorin  pose  sa  candidature  à  la  place  de  membre  titu- 
laire vacante  dans  la  section  des  cultures  spéciales  par  suite  du  décès 
de  M.  Lavallée. 

M.  le  vice-secrétaire  signale  parmi  la  correspondance  imprimée  le 
Bullclinn"  7  du  ministère  de  l'agriculture  et  le  volume  intitulé  L'agri- 
culture^ les  prairies  elles  irrigations  de  ta  Haute-Vienne  par  J.-A.  Barrai. 

—  M.  Passy  se  réserve  de  revenir  dans  la  prochaine  séance  sur 
cette  très  intéressante  publication  dont  la  préface  a  été  reproduite  dans  le 
Journal. 

M.  le  vice-secrétaire  dépose  également  sur  le  bureau  le  premier  fas- 
cicule du  tome  II  de  l'enquête  ouverte  par  la  Société  sur  l'organis-ilion 
du  crédit  agricole  mobilier.  —  Ce  fascicule  contient  les  dépositions 
étrangères. 

31.  Cornu  complète  les  renseignements  qu'il  a  donnés  dans  la  der- 
nière séance  sur  les  dégâts  causés  par  les  anguillules.  —  Le  nématode 
de  la  betterave  peut  vivre  et  se  multiplier  sur  un  certain  nombre  de 
plantes  sauvages  ou  cultivées,  telles  que  la  moutarde  des  champs,  la 
moutarde  blanche,  le  cresson  alénois,  les  radis,  la  navette,  le  colza,  la 
rave,  le  navet,  le  chou,  etc.  On  voit  ainsi  combien  peut  être  difficile  à 
extirper  un  parasite  tel  que  celui-ci,  qui  peut  rester  à  l'état  latent 
dans  les  cultures,  dans  les  haies,  sans  que  rien  fasse  soupçonner  son 
existence. 

M.  Ilenou  présente  le  résumé  des  observations  météorologiques 
faites  pendant  le  mois  de  novembre  1884  à  l'observatoire  du  parc  de 
Sainl-Maur  et  le  résumé  général  des  observations  faites  pendant 
l'année  1884. 

M.  Prillieux  analyse  un  travail  de  M.  Fréchou,  de  Nérac  (Dordogne), 
sur  les  meilleurs  moyens  à  employer  pour  préserver  les  vignobles  de 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'AGRIGULTQRE   DE  FRANGE.  393 

l\nvasion  du  mildew.  —  Après  avoir  essayé  le  traitement  direct  des 
feuilles  au  moyen  des  antiseptiques  les  plus  puissants  (acide  phénique, 
créosote,  sulfate  de  fer,  sulfure  de  carbone),  projetés  à  l'aide  d'un  pul- 
vérisateur, M.  Fréchou  a  pu  constater  que  ces  agents  n'avaient  pro- 
duit aucun  résultat  sérieux.  Ce  fait  constaté,  il  restait  à  examiner  s'il 
n'exislaitpas  des  mesures  à  prendre  pour  atténuer  les  ravages  que  cause 
ce  tléau.  Pour  M.  Fréchou,  il  est  nécessaire  tout  d'abord  d  abandonner 
tous  les  cépages  faciles  à  la  contagion,  notamment  le  Jacquez,et  de  ne 
cultiver  queles  cépages  à  maturation  hàlive.Mais  il  y  a  d'autres  mesures  à 
prendre  :  le  mycélium  du  Peronospera  meurt  avec  la  chute  des  feuilles, 
les  conidies  perdent  rapidement  leur  faculté  de  germination  et  la  con- 
servation du  champignon  pendant  l'hiver  est  liée  à  l'existence  des 
spores  dormantes;  il  importe  donc  de  brûler  les  feuilles  et  de  suppri- 
mer les  rejets  intermédiaires  qui  sont  indispensables  à  la  réapparition 
du  champignon.  —  Pour  les  cépages  produisant  les  crus  renommés, 
M.  Fréchou  recommande  d'abriter  les  vignes. 

M.  Heiizé  entretient  ensuite  la  Société  des  moyens  employés  pour 
éloigner  les  corbeaux  au  moment  des  semailles.  Après  avoir  rappelé 
l'emploi  des  ûls  de  coton,  tendus  de  place  en  place  sur  le  champ,  des 
cornets  de  papier  munis  d'un  appât  et  enduits  de  glu,  M.  Heuzé  décrit 
un  appareil  ingénieux,  la  inilmiUeusc,  qu'il  a  vu  employer  avec  succès 
sur  le  domaine  d'Arcy-en-Brie.  Cette  machine,  qui  ne  coûte  que  lOOfr., 
consiste  en  une  brouette  surmontée  d'une  caisse  quadrangulaire  en 
bois.  La  partie  supérieure  de  cette  caisse  est  nmnie  d'un  réservoir  à  eau 
terminé  par  un  robinet  dont  l'écoulement  peut  être  réglé  à  volonté. 
Sous  le  robinet  se  trouve  un  godet  d'une  capacité  déterminée  ;  ce  godet 
est  fixé  à  l'une  des  branches  d'un  fléau  articulé  et  maintenu  en  son 
milieu  par  un  support  fixé  sur  la  brouette;  l'autre  extrémité  du  levier 
est  terminée  par  un  marteau  qui  vient  frapper  sur  un  disque  de  revol- 
ver à  dix  ou  douze  coups,  et  détermine  la  déflagration  de  la  poudre. 
On  coTiprend  aisément  la  manière  dont  fonctionne  l'appareil  :  lorsque 
le  godet  est  plein,  il  bascule,  le  tléau  est  entraîné  et  le  marteau  se 
trouve  soulevé  ;  une  ibis  vidé,  le  godet  et  le  fléau  auquel  il  est  fixé 
tendent  à  reprendre  la  position  horizontale;  le  marteau  qui  termine 
l'autre  extrémité  du  fléau  vient  frapper  sur  le  disque  à  revolver  et  fait 
partir  le  coup.  L'appareil  peut  être  réglé  comme  on  veut.  Les  cor- 
beaux, ne  pouvant  souffrir  l'odeur  de  la  poudre,  ne  séjournent  pas 
dans  le  champ  et  ne  causent  pas  de  ravages.  —  M.  Muret  ajoute  que 
l'époque  la  plus  favorable  pour  la  destruction  des  corbeaux,  est  du  8  au 
12  mai,  car,  à  ce  moment,  lesjeunes  ne  volent  pas  encore  facilement. 
M.  Bouquet  de  la  Grye  présente,  de  la  part  de  M.  Briot,  une  bro- 
chure intitulée  :  Les  questions  alpines. 

M.  Tisserand  offre  à  la  Société  au  nom  des  auteurs,  MM.  Gastine  et 
Couanon,  délégués  régionaux  du  service  du  phylloxéra,  un  livre  inti- 
tulé :  Evploi  du  sulfure  de  carbone  contre  le  phylloxéra.  M.  Tisse- 
rand appelle  l'attention  sur  ce  livre  qui  est  un  véritable  traité  clas- 
sique pour  l'emploi  des  insecticides  contre  le  phylloxéra. 

M.  Pasteur  présente  à  la  Société,  un  travail  de  M.  Joannès  Chatin, 
intitulé  :  Recherches  sur  l'anguillule  de  l'oigno/i. 

M.  de  Poncins  fait  connaître  les  procédés  qu'il  a  employés  pour 
faire  entrer  économiquement  dans  la  pratique  agricole,  l'emploi  du 
téléphone.  Il  a  remplacé  les  poteaux  qui  reviennent  fort  cher  par  les 


394  SOCIÉTÉ   NATIONALE  D'AGRICULTURE  DE  FRANGE. 

arbres  qui  servent  alors  de  supports.  —  Il  a  eu  soin  d'attacher  aux 
branches  sullisantes  à  supporter  le  poids  du  fil  une  perche  sur 
laquelle  a  été  fixé  l'isolateur.  La  végétation  des  arbres  n'a  été  nul- 
lemeut  entravée  et  la  ligne  téléphonique  n'a  pas  eu  à  souffrir  des  grands 
vents.  —  Répondant  à  une  question  de  M.  Léon  Sav,  M.  de  Poncins 
ajoute  qu'il  paye  une  redevance  annuelle  de  25  francs  par  kilomètre 
de  fil  et  une  somme  égale  pour  chaque  poste  établi  entre  les  deux 
points  extrêmes  de  la  ligne.  Georges  Maiisais. 

LES  PÉPINIÈRES  DE  SECOURS  EN  SOLOGNE 

Nous  trouvons  dans  les  communications  laites  au  Comité  central 
agricole  de  la  Sologne,  en  sa  séance  du  26  octobre  dernier,  des  obser- 
vations et  des  renseignements  intéressants  en  ce  qui  concerne  les  six 
pépinières  de  secours  créées  par  décision  du  ministre  de  l'agriculture, 
sous  ladirectiondeM.Boucard^pour  aider  les  propriétaires  de  la  Sologne 
à  reconstituer  leurs  pineraies  détruites  par  les  gelées  de  1879-1880. 

Après  avoir  rappelé  des  distributions  de  graines  et  les  délivrances 
de  plants  àe  pin  sylvestre  qui  ont  pu  être  faites,  grâce  à  ces  pépinières, 
situées  dans  les  centres  des  principaux  groupes  de  pineraies  dispa- 
rues, jusqu'à  cette  année  1884,  c'est-à-dire  de  18,375,000  plants  de 
deux  ans  repiqués,  et  de  5,421,250  plants  semés  d'un  an;  après 
avoir  exposé  que  584  propriétaires  ont  profilé  de.s  délivrances  faites 
en  1883,  sans  que  le  crédit  de  30,000  francs  ait  été  dépassé,  M.  le 
président  dit  que  les  plants  préparés  pour  la  distribution  de  188' 
sont  généralement  plus  forts  que  ceux  de  1883,  bien  venus  et  dan.^ 
une  proportion  satisfaisante.  Il  pourra  être  attribué,  suivant  les  de- 
mandes, en  cet  automne  1884,  10,300,000  plants  de  deux  ans  repi- 
qués, en  bon  état,  et  dans  les  proportions  suivantes  :  5,678,000  dans 
le  Loir-et-Cher;  3,090,000  dans  le  Loiret;  1,442,000  dans  le  Cher. 

Le  Comité,  constamment  préoccupé  du  caractère  d'intérêt  public  du 
reboistmerd  de  la  contrée,  considérant  qu'il  importe  d'encourager  et  de 
maintenir  cette  disposition  des  propriétaires  à  reconstituer  et  à  aug- 
menter leurs  forêts,  et  qu'il  reste  encore  25,000  hectares  de  pineraies 
sur  les  80,000  hectares  environ  enlevés  en  1880,  a  joint  ses  vœux  à 
ceux  des  Conseils  généraux  et  de  la  Société  des  agriculteurs  de  France 
pour  que  le  service  des  pépit^ières  de  secours  soit  continué  au  moins 
jusqu'au  délai  fixé  par  l'arrêté  ministériel  qui  lésa  fondés. 

Le  ministre  venant  d'autoriser  la  délivrance  de  10,300,000  plants, 
les  préfets  dressent  les  listes  des  propriétaires  admis,  suivant  leur  de- 
mande, à  profiter  des  délivrances,  et  vont  fixer  la  quantité  de  plants  à 
distribuer  à  chacun  d'eux.  11  est  désirable  que  les  permis  d'enlever 
indiquant  cette  quantité,  le  jour  et  le  lieu  de  la  délivrance,  soient 
adressés  le  plus  prochainement  possible.  Ernest  GAi;ciRA>-. 

REVUE  GO'iniERGlALE  ET  PRIX  CIURVNT  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(6  DÉCEMBRE  1884). 
I.  —    Situation    générale. 
C'est  tonjour.s  le  calme  qui  domiae  sur  les   iuarch<5s.    Les  approvisionnements 
sont  peu  importants  ;  les  demandes  sont  ordioaires  ;  les  cours  ne  se  modilieat  que 
peu. 

It.  —  Les  grains  et   les  farines. 
Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  QUiNTAf.  métrique, 
sur  les  principaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger  : 


KKVUlîJ    GOiMMERGIALE  ET   PHiK   COtlHANT  (6   DÉGËMBHE    Î884).  395 


NOKI>.OrRST. 


CaLvadus.  Caon 

—  Bayeux 

C-du-Niiid.    Linnion.. 

—  Tic^iiier 

Finisie.rr..  Murlaix 

Ule'ei-VU<iin&.  Keunes. 

—  Fougères 

tdanche.   S.iiiit-L6 

—  '^'.oti  tances 

—  Valogniis 

Mayenne.  Mayenne...., 

—  Kvron  .  - 

Morbihan.  Hennebont. 
Orne.     Alenyou 

—  Laigle 

SaW/te.   Le  Mati'^ 

—  He;iiimont 

—  Mainers 


B!é. 

fr.  ■ 
20  4:i 
22.40 
13. iO 
I'J.2i 

20,  ao 

19  75 
19.80 
19. 3b 
18.30 
18.30 
19. 50 
19. bO 
19.35 
,  20. 7i 
20.80 
19.60 
20.80 
20.30 


fr. 

I'i.03 

17.3b 


(à. 3b 
18.00 
10.00 
18.35 

ls.75 


fr. 
10.50 

(7  bO 
l'i.7b 
l'i  75 
14.50 
lô.oo 

17. Jb 
15   75 

« 
15.75 
15.75 

15  90 
19.20 
lb-7b 
Ib.C.'i 
lb.2i 


Avoine. 

fr. 

21.00 
21.20 
15.50 
14.lii 
14.50 
15  50 
IS.Oo 
->2.1o 
22. 6o 
23.  Ou 
llj.bo 
10. 8o 
16. C„ 
17   3i 

ta.o„ 

19.5,, 

l^'-O 
16. 0„ 


5"  REQIO.-).  —  CKNTKR 


Prix  fnoyeas. 


19.91      16.51      16   ul      17.79 


a*  REGION 

Aisne.  Laon 

Cliâteaa-ThitMTy. 

—  Vic-sur-Aisne  . .. 
Eure.   Evreux 

—  Pacy 

-~     GLSors 

Eure-et  Loir,  '.hartres.. 

—  CiiûLeA.iduil 

—  Auiieaa 

^ord.    Douai 

—  Cambrai 

—  liergues 

Oise.  Bea  ivats 

—  Clermont .-... 

—  CompLegoe ., 

Paade-Catdis.  Arras... 

—  BëLhutie .. 

Seine.  Pans. 

ti.-et-Marne.  Dauimai  lia. 

—  Monlereau 

—  Meaux 

S.-et-Oise    Vei-saïUes 

—  Eiamop^ï    

—  AngervilU 

Seine-J/t/ (^.tiiure;.  Rouen. 

—  Eu 

—  MonLiviUiers 

Somm/i.   Aiuien.s 

—  Meru 

—  Roye 

Prix  moyens 

S"  REGION.  - 

Ardennes.  Sedan 

—  Ch,irleviU-3 

—  Reihei 

Aube.    Troyes  

—  Bar-sur-^ubj 

Marne.  Cliàlons 

—  Keims 

—  Sie- vlenehoiild.. .. 
Hte-MaTiie.   Chaumont.. 

—  Langres 

&leurtlie-e(.-Mos.  Nancy. 

—  Tou! 

Meuse.  Bar-le-Diic 

Haule-H'iône.  Vei^oul... 

—  Gray 

Vosges.   Raon-l'Elape, . . 

—  Raml)ervilliers  . , . 

—  Mirecûurt 


19.75     15.00  19.50  16  60 

19.00     15.00  -  !S.3J 

19.50     16.15  !•  15.90 

19.45     14.00  16.20  15.60 

19  40  13  35  16.30  22. UO 
20.15  15  3b  17.70  17.50 
23.25  13.75  17.^5  16.00 
20.00         »  17.00  16   50 

20  |5  15.00  17.30  16.50 
19.30  15.35  n.4o  17.00 
19.80  15.35  16.50  12.50 
20.40  »  18  40  16.20 
20.75  15  35  18.45  17.50 
20.30  14.10  16.65  14  30 
20.25  13.65  21.50  22.00 
21.10  16.00  17.70  14.00 
20.80  18  00  18  45  (4  00 
21.00  16.40  11)  00  18.25 
19.50  15. oa  16  50  1b  50 
20.00  15.110  17.50  16.25 
20.6b  15.00  17.00  (7  00 
21.25  15.75  19.00  18.85 
20.75      17.00  17   2b  16    50 

20.20  14.7.'i  17.25  16.25. 
19.90  14.75  18.50  22.00 
19.80  14.65  1S.05  H  50 
19.70  »  »  18.60 
20.75  Ib.OO  17.70  20  50 
20.50  13.35  16  80  19.10 
18.85     13.35  »  Ib.OO 

20.21  14.98  17.67  16. 9o 

-  NORD.P.ST. 

16.50 
15.75 
14.50 
14.75 
14.50 
16.15 
15.75 
15.75 


20.90 
20.75 
19.75 
20 .  00 
19.25 
20.1b 
19.75 
19.65 
19.75 
19.50 
20.50 
20.25 
20.50 
19.75 
20.00 
20.00 
20.95 
20.40 


15.00 
15.00 

Î6.55 
17.00 
16.25 
15.75 
15.00 
15. '5 
» 


18  90 
18.75 
17.00 
17.00 
17.50 
18  7.1 
16.75 
18.25 

» 
IS  00 
19.00 
19.00 
19.00 
17.00 
15.50 


Prix  moyens....     20.11     15.62 
4'  RESiON.  —  OUEST. 

CAoren/e.  An^onlème...  2Î.15  » 

—  Barbozi-iux 20.80  » 

Char. -tn[ér.  Wnmns. ...  19.15  » 

—  St  Jeaii-J'An^ély  .  20.25  » 

Deux-S''vres    Niort 20  00  » 

Indre-et-Loire     Tours...  iy.3b  14.00 

Loire-Jnf.   Nantes    20.50  » 

M.-et-Loir-'.    S.luinuP. ..  19   50 

—  Angers 20.10 

Vendée.  Lnon 19.80 

—  Foriteiiay-le-Corate  22.10 
Vienne.  CiKUellerault.. .  20.60 

—  Civray 20.00 

Haute- Vie-iine.  Limoges.  20.80 


16.00 
15.10 


15.00 
15.35 

14  65 


16.00 

» 
15.40 
14.75 
16  90 
16  90 
18.75 
(S. 70 
15.70 
17.80 
15.40 
14.IJ0 


17. ÛO 
16  50 
16.00 
16.25 
18.0,) 
16.90 
16. bo 
15.75 
13.75 
14.75 
IS.Oo 
16.00 
17.15 
15  9o 

1-0.  9 

15.5» 
15.2» 


17.00 
16.50 
15  50 
15  50 
17.50 
tS.25 
15.50 
17.50 
15.5» 

15.25 
16.00 
13.50 


PrilDlovon» 20.30     lb.03      16.33     16.11 


Aliier.    Montliiçon.. 

—  St-Pourçain.. . 
Cher.  Vieizoïi 

—  Aubigny 

—  Sl-Aniuiid 

Creuse.  Aiiba^son... 
Indre.  Ch;tteauroax. 

—  Valenr.ay 

—  Issoudiin  ..... 
Loiret.    Orléans, 

—  Montargis 

—  Gien 

L.-et'Cher    Blois. 

—  Roinoraatia 
Nièvre.  Nevers 

—  Claniecy 

—  Preinepy 

Vo7ine.   Sens 

—  Tuiin&rre 

—  St'I'Iorentin  .... 

Prix  moyens 19  35 

6"  RÉaiON.  —  EST. 

Ain.  Bontg 21.75  15.65 

—  l'ont-de-Vaux... .  22. uo  16.25 
Côle-d'Ur.  Dijon 20.50  15.50 

—  Beauite 19.75         » 

Z^ow'is.  Besançon 20.50         » 

Isère.  Grenoble 22. bo  16  50 

—  Vo  ron 21.25  (6.00 

Jura.  Uù\e 20.75  15.50 

totj-e.  Firminy 21.50  17.7a 

P.-de-Dôme.  ClermoiU-F  21.00  17.01) 

fihôiie.  Lyon 21.25  15.50 

Saône-et-Loire.  Chalon  .  20.00  15.50 

—  Alltun 19.75      15.50 

Cavoie.  Chambéry 20  0»     15  60 

i7(6-Savoie.  Annecy 22.20     16. uo 

Prix  moyens 20.9s 

7*  RÉGION.  —  SUD-OUEST 
Ariège.  FoiiL 24.10     18.65 

—  Paraiers 22  10 

Dordogne.  Nùntron  ....  23.40 
Hte-Garonne.  Toulouse.  22.20 

—  St-Gaodens 21.40 

Gers.  Coudoin 22.80 

—  Eauze 22.90 

—  Mirande IS.75 

Gironde.  Bordeaux 21.40 

.—     La  Reole 20.00 

Landes.  Dax 22.40 

Lot-et-Garonne.  Agen..    19.95 

—  Nérac 2.'  80 

B. -Pyrénées.  BuyonnQ. .   23.25 
Hles-Pyrénées.  TarhQS. .   23.^0 

prix  moyens 22.06 

8*  RÉGION.  —  SUD 
Aude.    Casteinaudary..  22.90 

—  Carcassonne 22.75 

.^uei/ron.  Rodez 20.80 

CaïUaL.  MamciiiC 22.50 

Correze.  Tulle 22.00 

Héraidl.  Beziers 21.85 

—  iMonipelUer 21.85 

£01.  Cahor» 22.25 

Lozère.  Mende 22.75 

Pi/renées-Oi-. Perpignan.  24.30 

Tarn.  GaïUao 22.60 

Tam-el-f /ar.  Moissac...  20.25 

Prix  moyens 22.23     17.77 

9*  RÉGION.  —  SUO-E8T. 
Basses-Alpes.  Manosque  '>3.70 
llaiites-.Atpes.  Briançon.  22.50 
Alpes-Maritinies.  Nice. .  24.60     16.00 

Ardeche.  Pnvis 23.95     ■'   '" 

B.-du-fthône.  Arles....  23.45 

Orome    Valence 21.50 

Gard.  Àlais. 26.00 

llaulf-Loire.    BriouJe..  20.81P 

Var.  Draguignan 23.25 

Vauciuse.   Avignon....  22.00 

Prix  moyens 23. 3i 

Moy.  de  toute  la  r'rance  20.9* 
—  delà  semaine  préced.  20  83 

Sur  la  semaine^  Hausse,    o.tl 
précédente..)  Baisse.        > 


16.77   16.12 


16  50 
17.40 
16.00 
16.50 
17.50 
18. 75 
18.25 
16  25 
19.50 
17.5» 
17.75 
17.30 
15. 7S 

M 

16.75 
16.02     17.43      16.26 


18.00 
17.50 


16.00 
17.50 

B 

13.50 
18.50 
16.00 


15 

35 

14 

75 

17 

00 

16 

00 

17 

35 

16 

85 

lu 

3d 

17 

75 

19 

00 

17 

.35 

(7 

20 

13 

00 

» 

18 

50 

18 

50 

18 

00 

21) 

00 

17 

70 

18 

50 

1 

19 

50 

18 

00 

17 

.50 

17.21      16.50     18.31 


:7.6b 

16.90 

19.00 

17.35 

;0.I5 

17  ,25 

17.00 

» 

19  40 

19.25 

» 

19.50 

18.00 

17.25 

18.25 

18  00 

16.15 

20  00 

» 

1) 

18.75 

18.00 

16.25 

18.00 

18.00 

18.45 

18.00 

17.80 

24 .  00 

24.40 

» 

» 

18  50 

a 

19.00 

21  00 

18.02     19.34 


. 

1» 

20.00 

18.00 

16.00 

19.00 

16.00 

16.00 

19.50 

16.40 

16.50 

18.90 

B 

17. OJ 

19.50 

16.00 

» 

18.00 

2J.U0 

16.15 

26.00 

18.35 

17.30 

■  4  00 

» 

18.00 

17.80 

16.25 

» 

17.40 

17.29 

16  7! 

18.41 

16  16 

17  02 

17  38 

16.08 

17.03 

17.34 

0.04 


0.06 


396  REVUE   COMMERCIALE  JST  PRIX  COURANT. 

Blé.  Seigle.  Orge.        Avoine' 

fr.  fr.  Ir.  fr. 

Algérie.                    ''^^     |  blé  dur 13. ÎS            »  10.50 

Angleterre.               Liverpool 19.00            i>                »                . 

Belgique.                  Anvers 18.00  16.2.>  10.7.=>  17.7.> 

—  Bruxelles 19.50  16.25            • 

—  Liège 18.35  16. .50  18.00  17.10 

—  Namur 19.00  16.00  18.00  15.50 

Pays-Bas.               Amsterdam 18.10  15.00            »                » 

Luxembourg.          Luxembourg 22.10  18.60  15.40  17.00 

Alsace-Lorraine.    Strasbourg 22.25  19.25  21.75  18.25 

—  Mulhouse 21.50  18.25  19. .50  18.85 

—  Colmar 22.10  18.65  19.80  19.00 

Allemagne.             Berlin 19.10  17.60            »               » 

—  Cologne 20.30  18.10            "                » 

—  Hambourg 20.10  15.10            »               » 

Suisse.                     Lausanne 22.00            »               »  18.50 

/faite.                         Turin 23.00  16.50            »  15.50 

Espagne.                   Barcelone 25.40            »  13.25  18.25 

Autriche.                  Vienne 17.80            »                » 

Hongrie.                  Budapest 17.20  14.40  14.00  14.55 

Busste.  Saint-Pétersbourg..  15.35  13.35            »  12.70 

Etats-Unis.              New-York IS.isO            »               »                • 

Blés.  — La  situation  est  toujours  calme.  Le  marché  ne  présente  pas  plus  d'ac- 
tivité qu'il  y  a  huit  jours;  les  offres  des  détenteurs  sont  très  ordinaires,  la  culture 
attendant  toujours  la  solution  de  la  question  du  relèvement  des  droits,  d'où  il 
pourrait  résulter,  sinon  de  la  hausse,  au  moins  un  enrayement  de  la  baisse.  Les 
acheteurs  sont,  de  leur  côté,  très  rares  sur  le  marché;  les  affaires  sont  donc 
assez  dilliciles.  Le  mercredi  3  décembre,  à  la  halle  de  Paris,  on  cotait  les  bons 
blés  de  mouture  du  rayon,  20  fr.  50  à  21  fr.  50  les  100  kilog.  ;  les  blés  à  livrer 
courant  du  mois  et  janvier,  '21  à  21  fr.  25  ;  janvier  et  février,  21  fr.  25;  quatre 
premiers  mois,  21  fr.  50  à  21  fr.  73  ;  quatre  mois  de  mars,  22  fr.  à  22  fr.  25.  — 
Au  Havre,  les  blés  exotiques  sont  sans  affaires  aux  prix  de  la  semaine  der- 
nière, soit  20  fr.  50  à  21  tr.  les  roux  d'hiver  d'Amérique  ;  21  fr.  75  à  21  fr. 
les  Cahfornie;  21  fr.  50  à  22  fr.  les  Australie;  20  fr.  à  20  fr.  25  pour  les  Bombay 
blanc;  le  tout  par  100 kilog.  sur  wagon.  —  A  Marseille,  il  y  a  eu  également  peu 
d'affaires;  les  vendeurs  et  les  détenteurs  se  tiennent  sur  la  réserve;  les  prix  sont 
soutenus  comme  suit  ;  Red-\Vinter,22  fr.  50  à  22  fr.  75  ;  Berdianska,  22  Ir.  75; 
Marianopoli,  21  fr.  75  à  22  fr.;  Irka-Odessa,  19  fr.  à  19  fr.  25;  Iska-Nico- 
laïefff,  20  fr.  à  20  fr.  25  ;  Azima-Azoff,  18  fr.  50  à  19  fr.  50;  Danube,  17  fr.  50 
à  29  fr.;  Azoffdurs,  18  fr.  50  à  18  fr..  75. —  A  Londres,  les  prix  restent  faibles; 
on  paye  de  20  fr.  30  à  20  fr.  75  les  100  kilog.  Sur  les  marchés  intérieurs,  les 
affaires  sont  plus  actives  et  les  prix  en  hausse  de  1  fr.  25  pour  le  iroment  et  de 
0  fr.  60  pour  les  menus  grains. 

Farines.  —  Même  situalion  qu'il  y  a  huit  jours  :  vente  lente,  prix  sans  varia- 
tion. Le  mercredi  3  décembre,  on  cotait,  à  la  halle  de  Paris,  les  farines  de  con- 
sommation :  marque  de  Corbeil,  48  fr.;  marques  de  choix,  48  à  51  fr.;  pre- 
mières marques,  47  à  48  fr.;  bonnes  marques,  45  à  46  fr.;  marques  ordinaires, 
44  cà  kb  fr.;  le  tout  par  sac  de  159  kilog.,  ce  qui  correspond  aux  prix  extrêmes 
ue  28  fr.  02  à  32  fr.  48  les  100  kilog.,  ou  en  moyenne,  30  fr.  25.  —  Sur  les 
farines  de  spéculation,  il  y  a  une  légère  hausse  de  0  fr.  25  depuis  huit  jours  sur 
toutes  les  époques  :  on  cote  :  farines  neuf-marques,  courant  du  mois,  45  fr.  50; 
janvier  et  février,  45  fr.  50  à  45  fr.  75;  quatre  premiers  mois,  45  fr.  75;  quatre 
mois  de  mars.  46  fr.  50  à  46  fr.  75.  —  Les  farines  deuxièmes  valent  toujours 
21  fr.  à  22  fr.  les  100  kilog. 

Seigles.  —  Les  prix  sont  toujours  soutenues  de  15  fr.  50  à  16  fr.  25  les  100 
kilog.  à  Paris,  avec  affaires  restreintes.  La  farine  de  seigle  se  cote  toujours  de  22 
à  23  fr.  les  100  kilog. 

Orges.  —  Les  belles  qualités  sont  très  recherchées  et  les  transactions  nom- 
breuses. A  la  halle  de  Paris  on  paye  de  17  fr.  75  à  22  fr.  les  100  kilog.  suivant 
provenances  et  qualités.  —  Les  escourgeons  sont  offerts  de  19  fr.  25  à  19  fr.  50; 
mais  on  ne  veut  donner  que  19  fr.  par  100  kilog. 

Avoines  —  Les  avoines  indigènes  conservent  leurs  cours  17  fr.  25  à  20  fr.  sui- 
vant proven-^nce  et  qualité,  par  100  kilog.  —  Les  prix  des  avoines  exotiques  res- 
tent également  bien  tenus  comme  suit  :  avoines  de  Suède  16  fr.  50  à  16  fr.  75  ;. 
Liban  noires,  16  fr.;  blanches,  15  fr.;  Riga,  14  fr.  50  à  15  fr. 

Maïs.  —  Mêmes  prix  qu'il  y   a  huit  jours  :   lï  fr.  50  à    15   fr.  les  100  kilog. 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (6  DÉCEMBRE   1884;.  397 

sur  wagon  au  Havre  ou  à  Rouen,  pour  les  Danube  et  mer  Noire  disponibles.  Sur 
les  livrables,  il  y  a  25  centimes  de  baisse;  on  cote  à  Paris  12  fr.  75  à  14  fr. 

Sarrasins.  —  On  cote  toujours  à  la  halle  le  sarrasin  de  Bretagne,  16  fr.  les  100 
kilog.  en  gare  d'arrivée,  pour  le  disponible  et  le  livrable  mois  prochain. 

Issues.  —  Cours  un  peu  plus  faibles,  avec  demandes  plus  calmes  que  la  semaine 
dernière.  On  cote  à  la  halle  de  Paris  par  100  kilog.  :  gros  son  seul  :  14  fr.  50   à 

14  fr.  75;  sons  gros  et  moyens,  13  fr.  50  à  14  fr.  25  ;  sons  trois  cases,  12  fr.  50  à 
13  fr.;  sons  fins,  12  fr.  à  12  fr.  25;  recoupettes,  12  fr.  50  à  13  fr.;  remoulages 
blancs,  16  fr.  50  à  17  fr.;  remoulages  bis,  15  à  16  fr. 

III.  —  Fourrages  et  graines  fourragères. 
Fourrages.  —  Sans  changement  depuis  huit  jours,  les  prix  restent  bien  jtenus 
avec  affaires  calmes.  On  cote   à  Paris,  par  100   bottes   de   5  kilog.   :  foin,    52 
à  58  fr.  ;  luzerne,  52  à    56  fr.;    paille    de  blé,  29  à  33  IV.;  paille   de  seigle,  38  à 
42  fr.;  paille  d'avoine,  22  à  26  fr. 

Graines  fourragères.  —  Il  y  a  eu  une  légère  baisse  •-ur  quelques  sortes  depuis 
huit  jours.  Voici  les  cours  pratiqués  :  trèfle  violet,  95  à  120  fr.;  trèfle  blanc, 
165  à  200  fr.;  trèfle  hybride,  160  à  180  fr.;  luzerne  de  Provence,  140  à 
150  fr.;  d'Italie,  125  à  110  fr.;  du  Poitou,  85  à  100  fr.;  minette,  38  à  42  fr.; 
ray-grass  anglais,  35  à  40  fr.;  d'îtalie,  38  à  44  fr.;  sainfoin  à  une  coupe,  33  à 
35  fr.;  à  deux  coupes,  38  à  40  fr.  ;  vesce  de  printemps,  22  à  23  fr.;  pois  jarras, 
17à  18  fr. 

IV.  —  Fruits  et  légumes  frais. 

Fruits.  —  La  vente  des  fruits  est  peu  active  à  la  hal'e  de  Paris,  où  l'on  cote  : 
châtaignes,  12  à  16  fr.  l'hectolitre;  nèfles,  2  fr.  à  6  fr.  le  cent;  poires,  6  à 
7  0  fr.    le  cent;    0  fr.    25   à   0  fr.  60   le   kilog.  ;  fpommes,    5  à    90  fr.    le    cent; 

0  fr.  20  à  0  fr.  55  le  kilog.;  raisin  blanc,  1  fr.  50  à  4  Ir.  le  kilog.;  noir,  1  fr.  50 
à  3  fr. 

Légumes  frais.  —  Carottes  communes,  20  à  25  fr.  les  cent  bottes;  carottes 
d'hiver,    3  fr.    à  4  fr.  50   l'hectolitre;    choux,    10  à    14  fr.  le  cent;  navets,  12  à 

15  fr.  les  cent  bottes;  oignons  en  graines,  14  à  16  fr.  l'hectolitre;  panais,  10  à 
12  fr.;  poireaux,  3  fr.  50  à   4  fr.    50   les    100  bottes;   champignons,  0  fr.  90  à 

1  fr.  60  le  kilog.;  choux-fleurs,  15  à  80  fr.  le  cent;  choux  de  Bruxelles,  0  fr.  20 
à  0  fr.  25- le  litre;  épinards,  0  fr.  20  à  0  fr.  25  le  paquet;  oseille,  0  fr.  25  à 
0  fr.  30  le  paquet;  potirons,  0  fr.  50  à  4  fr.  la  pièce;  radis  noirs,  6  à  10  fr.  le 
cent;  salsifis,  0  fr.   30  à  0  fr.  40  la  botte  ;  tomates,  0  fr.  45  à  0  fr.  55. 

Pommes  de  terre.  —  Hollande  8  à  10  fr.  l'hectobtre,  11  fr.  42  à  14  fr.  28  les 
100    kilog.;   jaunes,   6    à  7    fr.   l'hectolitre,    8  fr.   57   à   10  fr.  les  100  kilog. 

Fruits  secs.  —  A  Moissac,  les  prunes  communes  sont  très  demandées  au  cours 
de  12  fr.  les  50  kilog.  nus.  La  prune  d'ente  est  en  hausse  et  se  vend  de  20  à 
20  fr.  50  les  50  kilog.,  suivant  qualité. 

V.  —  Vins.  —  Spiritueux.  —  Vinaigres.  —  Cidres. 

Vins.  —  Le  calme  que  nous  signalions  dans  notre  dernière  revue  continue  en 
général.  Les  achats  importants  du  mois  dernier  ont  donné  aux  cours  une  termeté 
qui  fait  hésiter  le  commerce,  et  l'on  peut  prévoir  que  cette  situation  durera  quel- 
ques semaines  encore;  on  attend  Noél  et  la  nouvelle  année.  A  Béziers  et  Mont- 
pellier, dnns  le  Nantais  et  les  Charente,  en  Bourgogne,  dans  le  Beaujolais  les  af- 
faires sont  lourdes.  Le  Médoc  a  un  assez  bon  courant  d'affaires  en  vins  fins  ;  c'est 
en  Touraine  et  en  Anjou  que  les  achats  sont  les  plus  importants.  En  Touraine,  on 
cote  :  Ghinon,  120  à  140  fr.;  Bourgueil,  130  à  160  fr.;  Vouvray  et  Rochecorbon, 
200  à  300  fr.,  crûs  ordiuaires,  95  à  130  fr.;  on  estime  la  récolte  de  1884  comme 
supérieure  à  la  précédente  en  qualité  et  en  quantité.  —  D.ins  l'Aude,  les  vins  de 
plaine  sont  tenus  de  18  à' 22  fr.  l'hectolitre,  les  vins  foncés  de  28  à  30  fr.  —  A 
Surgères  les  vin-  rouges  1884  se  vendent  2  fr.  75  à  3  fr.  la  velte  de  7  litres  60  ; 
les  vins  de  chaudière  valent  180  à  270  fr.  les  912  litres.  —  A  Bourg,  les  vins  nou- 
veaux se  payent  de  600  à  800  fr.  —  A  Frouton  dans  le  Languedoc  on  demande 
82  à  90  fr.  la  birrique  nue  prise  à  la  propriété.  —  A  Villandric  (Haute-Garonne) 
les  vins  de  choix  ont  été  achetés  de  80  à  92  fr.  la  barrique  de  228  litn^s;  les  vins 
qui  restent  en  cave  obtiennent  de  55  à  65  ir.  la  barrique.  —  Dans  l'Aube,  aux 
Riceys,  les  vins  nouveaux  se  cotent  de  30  à  35  fr.  l'hectolitre.  —  Dans  l'Ain,  les 
prix  sont  de  90  à   110  fr. 

Spiritueux.  —  La  baisse  a  fait  encore  de  nouveaux  progrès  pendant  cette  hui- 
taine; mais  aujourd'hui  elle  semble  arrêtée,  et  l'on  signalait  une  tenue  meilleure 


398  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT 

des  prix  à  la  Bourse  du  2  décembre,  dont  voici  la  cote  :  trois-six  fins  du  Nord 
90  degrés  disponibles  42  fr.  25  à  42  fr.  50  l'hectolitre;  livrable  janvier,  42  f'r.  75 
à  43  fr.;  quatre  premiers  mois.  43  ir.  25  à  40  fr.  50  ;  quatre  mois  de  mai,  44  fr.  50 
à  45  fr.  —  Les  trois-six  du  Languedoc  valent  toujours  110  à  112  Ir.  —  A  Lille, 
l'alcool  de  betterave  est  descendu  à  39  et  40  fr.,  suivant  qualité.  —  A  Bordeaux, 
les  trois-six  du  Nord  sont  également  en  baisse;  le  disponible  est  offert  de  51  à 
52  fr.  l'hectolitre;  le  livrable  de  53  à  54  fr.;  les  neutres,  tjpe  allemand,  60  à 
70  fr.;  les  premières  marques,  83  à  84  fr.  —  Les  trois-six  bon  goût  valent,  98  fr. 
à  Nîmes;  101  fr.  à  Pézenas  ;  103  fr.  à  Béziers;  100  fr.  à  Alontpelller.  —  Les 
marcs  se  cotent  de  90  à  95  fr.  —  Les  eaux-de-vie  d'Armagnuc  valent  à  Con- 
dom  :  haut-Armagnac,  102  fr.  50  à  107  fr.  50;  Ténarèze,  115  à  117  fr.  50;  bas 
Armagnac,  140  à  155  fr. 

Vinai'ires.  —  A  Bordeaux,  le  vinaigre  pur  vin  blanc  vaut  370  fr.  le  tonneau, 
\'"  qualilé;  le  vinaigre  de  table,  qualité  mixte,  275  fr.:  le  vinaigre  de  table  d'al- 
co,.l  extra  fin,  195  à  315  fr.;  le  tout  en  barriques  d'exportation.  —  A  Orléans,  on 
cote  :  vinaigre  nouveau  de  vin  logé,  20  à  28  fr.  1  hectolitre.;  vieux,  34  à  38  fr. 

Matières  tartriques.  —  La  crème  de  tartre  est  cotée  145  fr.  les  50  kilog.  à 
à  Montpellier;  les  cristaux  de  tartre,  128  fr.  par  demi-degré  de  rendement.  —  A 
Bordeaux,  on  paye  :  tartres  blancs  criblés,  ^25  à  235  fr.  les  100  kilog.;  tartres 
rouges,  210  à  255  fr.;  tartres  bruts  naturels,  2  55  le  degré  ;  cristaux  de  lie,  2  fr. 
70  à  2  fr.  75;  crème  de  tartre,  292  à  295  fr.  les  100  kilog. 

Yzrdets  — Les  verdets  en  pains  valent,  à  Montpellier,  68  fr.  les  100  kilog.; 
en  boules,  65  fr.,  suivant  qualités. 

Pommes  à  ciilre.  —  Dans  l'Ille-et- Vilaine,  on  paye  les  pommes  à  cidre  2i  à 
32  fr.  les  500  kilog.;  à  Mayenne,  3  fr.  75  à  4  fr.  l'hectolitre;  dans  la  Sarthe, 
3  fr.  50  l'hectolitre. 

Cidres    —  Le  cidre  pris  nu  au  cellier  vaut  de   12  à   20  fr.    les  225    litres  dans 
riUe-et- Vilaine;  à  Mayenne,  il  se  paye  de  30  à  35  fr.  la  barrique. 
VI.  —  Sucres.  ^-  Mélasses.  —  Fécules.   —  Houblons. 

Sitcrcs.  —  Il  y  a  eu  pou  de  variations  dans  les  cours  depuis  la  semaine  der- 
nière; les  sucres  bruts  88  degrés  saccharimétriques  restent  calmes  au  prix  de 
34  ir.  à  34  fr.  25  les  100  kilog.;  les  sucre  blancs  99  degrés  sont  à  39  fr.  50  et 
39  fr.  75  avec  50  centimes  de  baisse.  Les  sucress  n"  3  sont  mieux  tenus  aux 
cours  suivants  :  disponibles,  40  fr.  25  à  kO  fr.  50;  livrables  janvier,  40  fr.  50 
à  40  fr.  75;  quatre  mois  de  janvier,  41  fr,  50;  quatre  mois  de  mars,  42  fr.  25; 
quatre  mois  de  mai,  43  fr.  a  43  fr.  25.  Les  raffinés  se  soutiennent  de  99  à 
100  fr  les  100  kilog.  pour  la  consommation,  et  44  fr.  25  à  47  fr.  25  pour  l'ex- 
portation. Le  stock  de  l'entrepôt  réel  était,  le  2  décembre,  à  Paris,  de  974,000 
quintaux.  —  A  Valenciennes,  les  sucres  bruts  sont  en  baisse  à  33  fr.  25  ;  à  Lille, 
on  paye  32  fr.  75  à  33  fr.;  le^  raffinés  n"  1,  101  Ir.  les  100  kilog.  —  A  Saint- 
Quentin,  les  roux  à  livrer  valent  33  fr.  50  à  33  fr.  75.  —  ABordeaux,  les  raffinés 
obtiennent  105  à  106  fr.  —  A  Marseille,  les  sucres  bruts  83  degrés  de  toute  pro- 
valent 35  fr.  50  à  36  fr.  les  50  kilog.;  les  n"  3,  41  fr.  à  41  fr.  50  ;  les  raffinés  pour 
l'exportation,  55  fr.  à  58  fr.  50  les  100  kilog. 

Fécules.  —  La  fécule  première  de  l'Oise  est  cotée,  26  fr.  les  100  kilog.,  à 
Gompiègne;  la   fécule  sèche  se  paye,  à  Paris,  26  fr.  à  26   fr.  50;  en  baisse. 

Houblons.  — Les  cours  sont  toujours  en  baisse;  mais  on  signale  une  légère 
résistance  de  la  culture.  A  Alost,  les  derniers  prix  payés  sont  130  à  140  fr.  les 
100  kilog..;  à  Poperinghe,  on  ne  livre  pas  au-dessous  de  170  fr.;  en  Bourgogne  et 
en  Alsace-Lorraine,  quelques  afi'aires  se  sont  traitées  à  180  et  210  Ir.;  suivant 
qualité. 

Vil.  —  Tourteaux.  —    Noirs.  —  Engrais. 

TourUnux.  —  A  Cambrai,  on  cote:  tourteaux  de  colza  17  à  18  fr.  les  100 
kilog.;  d'oeillette,  15  fr.  50.  —  A  Arras,  œdlette,  15  fr.  50;  colza,  16  fr.  50  ;  lin 
de  pays,  24  fr.;  cameline,  15  fr.  25. —  A  Rouen,  colza  indigène,  15  fr.;  lin  21  Ir.; 
le  tout  aux  100  kilog. 

Noirs.  —  Mêmes  prix  que  précédemment  à  Valenciennes  :  noir  animal  neuf  en 
grains,  33  à  36  fr.;  vieux  grains,  10  à  12  fr.;  noir  d'engrais,  2  à  8  fr. 
VIII.  —  Huiles  et  graines  oUagineuses . 

Graines  oléagineuses.  —  A  Arras,  la  graine  d'œiUette  vaut  23  tr.  50  à.  26  fr. 
l'hectolitre  ;  de  colza,  20  à  21  fr.  25;  dehn,  19  à  22  fr.  25  ;  cameline,  14  à  17  fr.j 
—  A  Saint-Quentin  :  colza,  20  fr.;  œillette,  25  fr.;  —  à  Cambrai  :  colza,  20  à 
21  fr.  ;  œillette,  24  f i .  à  24  fr.  50;  camehne,  12  à  16  fr. 


DES  DENRÉES    AGRICOLES   (6  DÉCEMBRE  1881»).  399 

IX.  —  iuifs  et  corp^  yras. 

Si'ifs.  —  Les  suifs  frais  de  la  boucherie  de  Paris  conservent  leur  prix  de  82  ir. 
les  100  kilog. 

Saindoux,  -r  On  signale  une  baisse  sensible  au  Havr^;  le  saini  oux  disponible 
se  paye    49  fr.  50  les  50  kilog, 

X.  —  Beums.  -^  Œufs.  —  Fromages. 

Beurres.  —  On  a  vendu  à  la  halle  de  Paris,  nendant  la  semaine,  21 1,722  kilog. 
de  beurres,  aux  cours  suivants  :  en  demi-kilog.,  2  fr.  20  à  3  fr.  60  ;  petits 
beurres,!    fr.  92  à2  fr.  80;  Gournay,  1  fr.  80_  à    4    fr.  12;  Isigny,  2  fr.  02  à8  fr. 

Œufs.  —  Les  ventes  de  la  semaine  se  sont  élevées  à  40,089,714  œufs,  au  prix, 
par  mille,  de  :  choix.  107  à  150  fr.;  ordinaires,  82  à  108  fr.;  petits,  6i  à  74  fr. 

Fromages.  —  On  cote  à  la  halle  :  par  douzaine  :  Brie,  4  à  26  fr.;  Montlhéry, 
15  fr.;  —  par  cent  :  Livarot,  35  à  103  fr.;  Moat-d'Or;  6  à  28  fr.;  Neufchàtel,  3  fr. 
à  25  fr.;  divers,  5  à  67  fr.;  —  par  100  kilog.  :  (iruyère,  100  à  190  fr. 
XI.   —  Chevaux.  —  Bétail.  —    Viande. 

Bétail. —  Le  tableau  suivant  résiime  le  mouvement  ofticiel  du  marché  aux  bes- 
tiaux de  la  Villette,  du  jeudi  27  novembre  au  mardi  2  décembre: 

Poids     Prix  du  kilog.  de  viande  nette  sa  '' 
Vendus  moyen       pied  au  marché  du   1"  flLNv^rabre- 

Pour  Pour  En         4  quart.ers.     1"          2°  3*  Prix 

Amenés.       Paris.    l'extérieur,  totalité.  Icil.  quai.  quai.  quai.  moyen, 

fiœuls 4.3^!,     2,901  LKiO  4,0)1  342  I.136  1..Ô2  1.20  1.4i 

Vaclies 1.680     1,084  463  l,ii7  229  l.GO  1.40  1.20  1.40 

Taureaux 841         19.5  3!  228  390  ;.4'i  1.36  1.20  1.32 

Veaux 2,875     1,9)3  657  2,rji;0  79  1.90  1.70  1.60  1.75 

Moulons 38.946  25,834  9,322  35,156  20  1.82  1.68  1.46  1.62 

Porcs  «ras ... .           6,168     2,578  3, .5:)',)  6,137  81  1.28  1.22  1.18  1.23 

Les  arrivages  des  marchés  de  la  semaine  se  décomposent  comme  il  suit  : 

Bœufs.  —  Allier,  27;  Calvados,  998;  Charente,  26;  Charenle-Inférieiire,  17;  Cher,  58; 
Cùte-d'Or,  122;  Creuse,  52T  ;  Deux-Sèvres,  79;  DorJogne,  29;  Eure.  30;  Eure-et-Loir,  18' 
IiiJre,  6;  Loire,  39;  Loire-Inférieure,  73;  Loiret,  8;  Maine-et-Loire,  6ti7  ;  Manche,  186; 
Mayenne,  55;  Morbihan,  ,  36  ;  Nièvre,  287;  Orne,  560;  Puy-de-Dôme,  14;  Saône-el-Loire, 
498;  Haute-S:i6ne,  25;  Sarlhe,  23;  Seine-Inférieure,  6;  Vendée,  411;  Vienne,  10;  Haute- 
Vienne,  4;  Yonne,   13:  Italie  17. 

Vaches.  —  Allier,  35;  Calvados,  403;  Charente,  8;  Charenle-Inférieure ,  15;  Cher,  26; 
Côte-d'or,  68,  Creus»,  46;  Eure,  23;  Eure-et-Loir,  41);  Indre-et-Loire,  6  ;  Loire,  30;  Loiret,  7; 
Maine-et-Loire,  16.  Manche,  92;  Marne,  8;  Ni'^vre,  225:  Oise,  12;  Orne,  1S8  ;  Puy-de-Dôme, 
20;  Saône-et-Loire,  228;  Sarthe,  7;  S'iine,  89;  tjeiae-lnférieure.  12  ;  Seine,-et-.Marne,  8  ;  Seine- 
et-ùise,  3J;  Haute-Vienne,  28:  Yonne,  19. 

Taureaux.  —  Allier,  5;  Calvados,  26;  Cher,  6;  Cûte-d'Or,  17;  Creuse,  2  ;  Doubs,  4  ;  Eure, 
5;  Eure-et-Loir,  10:  lUe-et-Vilaine,  7  ;  Indre,  2;  Indre-et  Loire,  9:  Loire-Inférieure,  3;  Loir-et- 
Cher,  1;  Loiret,  7;  Maine-et-Loire,  9;  Manche,  19;  Marne,  3:  Mayenne,  13:  Nièvre,  5; 
Oise,  9  ;  Oine,  8  ;  Puy-de-Dôme,  8:  Saône-et-Loire,  2;  Haule-Saône,  23;  Sarthe,  12:  Seine- 
et-Marne,   5;    Selne-et-Oise,   10  ;  Vienne,  2;  Yonne,    3. 

Veaux.  —  .Ulier,  28;  Aube,  259;  Calvados,  19;  Eure,  212;  Eure-et-Loir,  257;  Loiret,  264; 
Marne,  53;  Nord,  3;  Oise,  49;  Puy-de-Dôme,  34;  Sarthe,  29;  Seine-Inferieure,  79;  Seine- 
et-Marne,   228;    Seiiie-et-Oise,    39;    Yonne,    101. 

Moulons.  —  Aisne,  684;  Allier.  2,0'u  ;  Aube,  .^01;  Aveyi'on,  75  ;  Cantal,  1,464  ;  Charente, 
227;  t.:her,  4S:j;  Corrèzj,  188;  Côte-J'Or,  224;  Creuse,  62;  Ueux-Sùvres,  478  ;  Kure,  223; 
Enre-et-Loir,  377;  Indre-et-Loire;  95;  Loir-et-Cher,  1)9;  Loiret,  364;  Lot,  142;  Marne,  118; 
Meurthe-et-Moselle,  263;  Nièvre,  246;  Oise,  179;  Puy-de-Dùme,  544  ;  Seine-et-.Mirne,  2,174; 
Seine-et-Oise,  2,698;  Sonarae,  104;  H^ute-Vienne,  188;  Yonne,  265,  Allemagne,  16,116; 
Autriche,   173;  Hongrie,  3,520;  Lu-tembourg,  125;  Russie,  2.880;  W.>spliaUe,  161    ' 

Porcs.  —  Allier,  466;  Calvados.  3;  Charente,  1 12  ;  Cher,  •  148  ;  Cùte-d'Or,  33  ;  Côles-du-Nord, 
22;  Creuse,  639  ;  Deux-Sèvres,  158;  Ille-et-Vilaine,  lïO;  Indre,  561;  Loire-Inférceure,  158;  Loir- 
et-Cher,  55;  Maine-et-Loire,  740;  Manche,  5;  Mayenne,  20;  Nièvre,  310;  Puy-de-Dôme,  18; 
.Sa6ne-et-Loire,  1 11  ;  Haute-Saône,  2;  Sarthe,  l/i47  ;  Seine,  3.1;  Seine-Inférieure,  13;  Vendée, 
6-48;    Vienne,     220;    Haute-Vienne,    76. 

Les  arrivages  de  moutons  ont  été  supérieurs  de  3,500  tètes  environ  à  ceux  d" 
la  semaine  dernière,  tous  les  autres  ont  été  moindres.  Les  prix  sont  en /•auss'' 
pour  toutes  les  sortes  excepté  pour  les  moutons,  qui  ont  conservé  le  même  qu'il 
y  a  huit  jours.  —  Sur  les  marché:^  des  départements,  on  ente  :  Stdan^  bœuf, 
1  fr.  60  à  1  fr.  80  le  kilog.;  veau,  1  fr.  4U  à  2  fr.;  mouton,  1  fr.  50  'à  2  fr.  iO; 
porc,  1  tr.  40  à  1  fr.  70.  —  Nancy,  bœuf,  84  à  86  fr.  les  100  kilog.  bruts;  va- 
che, 80  à  84  fr.;  veau,  45  à  55  fr.;  mouton,  80  à  95  fr.;  porc,  55  à  60  fr.  —  F.rreux, 
bœuf,  2  fr.  10  le  kilog;  veau,  2  fr.  30;  mouton,  2  fr.  3i);  porc,  1  fr.  70.  —  lloum, 
boeuf,  1  fr.  'i5  à  1  fr.  75;  vache,  1  fr.  40  ."i  1  fr.  70;  veau,  1  fr.  45  à  1  fr.  80; 
mouton,  1  fr.  75  à  2  fr.  05;  porc,  1  fr.  à  1  fr.  25.  —  Louvurs,  bœuf,  1  fr.  40 
à  2  fr.;  veau,  2  fr.  à  2  fr.  40;  mouton,  2  fr.  à  2  fr.  40;  porc,  1  fr.  80  à  2  fr. 
—  Nevcrs,  bœuf,  1  fr.  .60  à  1  fr.  80;  vache,  1  fr.  40   à   1    fr.    60;  veau,    2    fr.; 


400         REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  GOURANT   (6  DÉCEMBRE  1884). 

mouton,  2  fr.;  porc  1  fr.  60;  —  Le  Pinj,  bœuf,  1  fr.  80;  vache,  1  fr.  60;  veau, 
1  fr.  70;  mouton,  1  fr.  80;  porc,  1  tr.  70.  —  Barbezieiix,  bœuf,  1  fr.  60  à 
1  fr.  80;  veau,  1  fr.  80  à  2  fr.;  mouton,  1  fr.  40  à  1  fr.  60;  porc,  1  fr.  40  à 
1  fr.  60.  —  Givrât),  bœuf,  1  fr.  50;  vache,  1  fr.  50;  veau,  1  fr.  80;  mouton, 
1  fr.  80;  porc,  1  ir.  40.  —  Condom,  bœuf,  1  fr.  60  à  1  fr.  80;  veau,  1  fr.  40  à 
1  fr.  60;  vache,  I  fr.  à  1  fr.  20;  mouton,  1  fr.  70  à  2  fr.  20;  agneau,  1  fr.  60  à 
1  fr.  80.  —  Bordeaux,  bœuf,  0  fr.  80  à  2  fr.  45  ;  veau,  I  fr.  40  à  2  fr.  40:  mou- 
ton, 0  fr.  90  à  2  fr,  50;  porc,  0  fr.  65  à  2  fr.  —  Perpignan,  bœuf,  1  fr.  60; 
vache,    1  fr.  50;  veau,  1  fr.  80;  mouton,  1  fr.  70;  porc,  1  fr.  35. 

A  Londres,  il  a  été  importé,  pendant  la  semaine  1,833  bœufs  étrangers, 
353  veaux,  5,998  moutons  et  28  porcs,  dont  115  bœufs  de  Montréal.  —  Prix  par 
kilog.  :  bœuf,  1  fr.  38  à  2  fr.  ;  mouton,  1  fr.  72  à  2  fr.  19  ;  veau,  1  fr.  83  à  2  fr.  07  ; 
porc,  1  fr.  04  à  1  fr.  38. 

Viande  à  la  criée. —  Il  a  été  vendu  à  la  halle  de  Pans,  du  24  au  30  novembre  : 

Prix  du  kilog.  le  1' Ji-cembre.    

kilog.  l"  quai.              V  quai.             3'  quai.                Choix.     Basse  nciicherie. 

Bœuf  OU  vache...  166,693  1.60  à  2.00     1.38  à  \.b«    0.96  à  1.36     1.46  à  2.46    0.20  à  1.36 

Veau 147,952  1.66      2.00     1.44       1.64     1.10       1.42       .             »         . 

Veau 70,715  1.38       1.64     1.16       1.36     0.90       1.14     1.50       3.10     .              » 

Porc 61,42S  Porc  frais 1.10  à  1.34;     salé,   1.18 

446,688  Soilparjour 63,862  kilog. 

Les  ventes  ont  été  moins  importantes  que  la  semaine  dernière;  elles  ont  dimi- 
nué de  plus  de  7,000  kilog.  par  jour;  les  prix  sont  en  hausse  pour  le  bœuf,  en 
baisse  pour  le  mouton. 

XII.  —  Cours  de  la  mande  àl'ahattoir  de  la  Villelte  du  jeudi  4  décembre  (par  50  kilog.) 
Cours  de  la  charcuterie.  —  On  ^end  à  la  Villette  par  50  kilog.  :  1"  qualité, 
64  à  67  fr.;  2%  59  à  64  fr.   Poids  vif,  42  à  47  fr. 

Bœufs.  Veaux.  Moutons. 

1"  T  3'  i"  V  3"  l"  2' 

quai.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai. 

fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr. 

77  68  60  103  98  90  78  70  63 

XIII.  —  Marché  aux  bestiaux  de  la  Tillette  du  jeudi  k  décembre  1884. 

Cours  des  commissionnaires 
Poids  Cours  officiels.  en  bestiaux. 

Animaux  gênerai,     l"        i:        3"  Prix  1"        V         3*  Prix 

amenés.  In7endas.  kil.  quai.  quai.  quai,  extrêmes.  quai. quai.  quai.  extrêmes 

Bœufs 2.543  2S1  350  1.64     l.bO  1.24  ;.l(iàl.63  1.62     i    bO  l.2'2  1.24HI    US 

Vaches 753  99  i36  i.b6     1.38  I    16  I.IO      1  .  tio  l.b'i     1    36  1.1b  I.U5     1   60 

Taureaux...          H6  !0  390  1.42     1.34  1-lS  1.14     I   46  1.40     1,30  1.15  1    10     1    42 

Veaux 1. 118  164  »  1.90     1.70  i.60  I   40     1A0  »              »            »  » 

Moutons 15  242  2.497  20  l.PO     1.66  !   44  !   38      t   84  .              .            .  » 

Porcs  gras..     5.093  185  81  1.16     1.10  1   05  1.02     1.22  »              »            »  ' 

—  maigres..            »  >  »»•»..»»»»» 

Vente  difficile  sur  toutes  les  espèees. 

XIV.  —  Résumé. 

En  résumé,  les  cours  des  céréales  se  maintiennent;  ceux  de  toutes  les  autres 
denrées  sont  sans  changements  notables,  sauf  pour  les  alcools  qui  ont  encore  subi 
de  la  baisse.  A.  Rèmy. 

BULLETIN  FINANCIER 

La  faveur  s'est  maintenue  sur  les  fonds  d'Etat  qui  ont  regagné  encore  quelques 
centimes  sur  la  semaine  dernière.  On  cote  à  la  Bourse  :  3  pour   100,  79  fr.   17  ; 

—  3  pour  100  amortissable,  80  fr.  75;  — 4  et  demi  pour  100  nouveau,  108  fr.  70. 
Les  actions  des   établ.ssements  de  crédit  sont  cotés  comme  suit  :  Banque  de 

France,  5,180  fr.  ;  Banque  Je  Paris  et  des  Pays-Bas,  720  fr.;  Banque  d'escompte, 
525  fr.;  Comptoir  d'escompte  955  fr.;  Crédit  foncier  et  agricole  d'Algérie,  483  fr.  7b; 
Crédit  foncier,  1.307  fr.  50;  Csédit  lyonnais,  520  fr.;  Société  générale,  452  fr.  50; 
Société  de  dépôts  et  comptes  courants,  605  fr.  —  Les  Actions  de  chemins  de 
fer  sont  aux  taux  suivants  :  Est,  772  fr.  50;  Pans-Lyon-Médilerranée, 
1,240  fr.;  Midi,  1,177  fr.  50;  Nord,  1,665  fr.;  Orléans,  1,321  fr.  25;  Ouest, 
837  fr.  50. 

Taux  de  l'escompte  à  la  Banque  de  France,  3  pour  100:  intéiêt  des  avances, 
4  pour  100.  E.  Féron. 

Le  Gérant  :  A.  Bouché. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (i.  décb:mbre  i8S4). 

Vote  de  la  Commission  des  tarifs  de  douane  sur  les  relèvements  relatifs  aux  céréales.  —  Dépùl 
du  rapport  de  M.  Raoul  Duvdl  relatif  à  l'élévation  dfis  droits  de  douane  sur  le  bétail.  —  Dis- 
cussion et  vote  du  budjjet  du  ministère  de  l'agriculture.  —  Prise  en  considération  de  la  propo- 
sition de  loi  de  M.  Fleury  sur  la  mobilisation  partielle  «le  la  propriété  foncère.  —  Iri'poriation 
du  blé  en  France  jusi|u'au  l.î  novembre  1884.  —  Vœux  des  Associations  agricoles  sur  le  relève- 
ment des  tarifs  de  douane.  —  Vote  de  la  Société  d'agriculture  des  Bisses-Pyrénées  du  Comice 
de  Parihenay,  de  la  réunion  des  agriculteurs  du  Loiret.  —   Visite  du  hureaa  du  Comice  de 

Seine-et-Oise  au  ministre  de  l'agriculture.  —  Etaploi  du  blé  pour  la  nourriture  ilu  batail.  

Ligne  agricole  du  Mili.  —  Le  prix  de  revient  du  blé.  —  Proposition  de  M.  d'Aillières  sur  les 
encouragements  à  la  production  du  cheval  de  trait.  —  Nécrologie.  —  .M.  Touatllon.  —  Société 
des  agriculteurs  du  N'onl.  —  Concours  d'animaux  de  boucherie  à  Angouléme  et  à  Reiras.  — 
Concours  de  volailles  grasses  à  Louhans.  —  Le  phyl  oX'îra.  —  Fraude  dans  le  sulfurage  des 
vignes.  —  Ecole  de  greffage  dans  l'arrondissement  de  Béziers.  —  Diminution  de  la  rente  du 
sol  dans  la  grande-Bretagne.  —  Rapport  de  M  Grandvoinnet  sur  les  fromageries  de  Suisse  et  du 
département  de  l'Ain.  —  Syndicat  des  engrais  à  Qnimperlé.  —  Emploi  des  tourteaux  de  graines 
de  colon  d'Egypte.  —  Bulletin  du  ministère  de  l'agriculture.  —  Analyse  du  7'  fascic  île  de  1884. 
—  Exposition  d'horticulture  à  Caen.  —  Promotion  de  M.  Renou  au  grade  d'oflicier  de  la  légion 
d'honneur.  —  Décoration  dans  la  légion  d'honneur  à  l'occasion  de  l'exposition  internaiionale 
agricole  à  .\msterdam.  —  Médailles  fic/te  inm-enli  envoyées  à  M-M.  Grandvoinnet,  Heuzé  et 
Prillieux. 

I.  —  La  réforme  des  tarifs  de  douane. 

La  question  de  la  réforme  des  tarifs  de  douane  sur  les  produits  agri- 
coles a  fait  un  nouveau  pas  durant  cette  semaine.  Nous  avons  fait  con- 
naître, dans  notre  précédente  chronique,  les  tarifs  que  le  ministre  de 
'agriculture  avait  proposés,  au  nom  du  gouvernement,  à  la  Commis- 
sion de  la  Chambre  des  députés.  Celte  Commission,  après  avoir  discuté 
ces  tarifs,  les  a  modifiés  comme  il  suit  :  sur  le  blé,  3  fr.  par  quintal 
métrique,  au  lieu  de  2  fr.  60,  chiffre  du  gouvernement  ;  sur  les  farines, 

7  fr.,  au  lieu  de  5  fr.  20  ;  sur  l'orge,  2  fr,,  au  lieu  de  l'exemption.  Le 
taux  de  1  fr.  50  pour  l'avoine  serait  maintenu,  ainsi  que  l'exemption 
pour  le  seigle  et  le  sarrasin,  la  question  du  droit  sur  le  maïs  étant 
toujours  réservée.  La  Commission  a  désigné  deux  rapporteurs  : 
M.  Raoul  Duval,  pour  la  question  du  bétail,  M.  Graux,  pour  celle  ces 
céréales.  Telles  sont  les  conditions  dans  lesquelles  la  discussion  s'ou- 
vrira devant  la  Chambre  des  députés. 

M.  Raoul  Duval  a  déposé  son  rapport  dans  la  séance  publique  du 

8  décembre.  On  sait  que  ce  rapport  conclut  au  maintien  de  l'état 
actuel  des  choses  en  ce  qui  concerne  le  bétail.  A  côté  de  diverses  consi- 
dérations sur  lesquelles  il  n'y  a  pas  lieu  d'insister  en  ce  moment,  le 
rapporteur  s'appuie  sur  un  argument  qui  présente  une  force  réelle. 
C'est  que,  les  viandes  abattues  étant  comprises  dans  les  traités  de 
commerce  actuellement  en  vigueur,  l'élévation  du  droit  de  douane 
sur  le  bétail  ne  pourrait  pas  avoir  actuellement  d'effet  sensible  :  les 
importateurs  tourneraient  la  difficulté  en  nous  expédiant  delà  viande 
abattue,  au  lieu  de  bétail  sur  pied.  Le  résultat  serait  donc  nul  pour  l'a- 
griculture française. 

Nous  en  avons  désormais  fini  avec  les  lenteurs  de  la  Commision  de 
la  Chambre  des  députés.  Le  rapport  de  M.  Graux  ne  peut  tardera  être 
déposé,  et  la  discussion  pourra  commencer  avant  la  fin  de  la  session 
de  1884.  Les  agriculteurs  attendent  une  solution  avec  une  légitime  et 
vive  impatience. 

IL  —  Le  budget  de  l'agriculture. 

Dans  ses  séances  du  4,  du  5  et  du  6  décembre,  la  Chambre  des 
députés  a  discuté  et  volé  le  budget  du  ministère  de  l'agricilture 
pour  1885.  Dans  un  précédent  numéro,  nous  avons  annoncé  que  ie 
ministre  de  l'agriculture  s'était  mis  d'accord  avec  la  Commission  sur 
la  plupart  des  chapitres  sur  ce  budget.  Il  en  est  résulté  que,  de  ce 
côté,  sauf  en  ce  qui  concerne  l'administration  des  forêts,  la  discussiofl 

ri°  818.  —  Tome  IV  de  1884.  —  13  Décembre 


402  CHRONIQUE  AGRICOLE   (13  BÉCEMBRE   1884). 

n'a  pas  été  très  animée.  Mais  beaucoup  d'amendements  ont  été  présentés 
et  vivement  défendus  par  leurs  auteurs  :  tous  remplis  d'excellentes 
intentions,  mais  se  heurtant  facilement  à  cet  inévitable  obstacle  de  la 
situation  des  finances  qui  exige  impérieusement  des  économies.  Une 
brillante  discussion  a  été  engagée  entre  M.  Viette,  rapporteur  du  bud- 
get des  forêts,  et  M.  Méline,  ministre  de  l'agriculture:  le  premier, 
attaqant  avec  force  les  rouages  de  ladministration  forestière,  le  second 
défendant  énergiquement  son  personnel  et  son  organisation  qu'il 
reconstitue  d'ailleurs  pour  la  mettre  à  la  hauteur  des  nécessités  des 
travaux  nouveaux  dont  la  loi  récente  sur  le  reboisement  lui  a  confié 
l'exécution.  La  victoire  est  restée,  en  fin  de  compte,  à  la  justice  défen- 
due par  le  minisire  de  l'agriculture;  on  ne  peut  pas,  du  jour  au  lende- 
main, modifier  jusque  dans  ses  fondements,  le  corps  forestier  dont 
les  services  sont  hautement  appréciés  dans  toutes  les  régions  où  il 
exerce  son  activité.' 

Entre  temps,  la  Chambre  des  députés  a  pris  en  considération  ime 
proposition  de  loi  de  M.  Fleury,  ayant  pour  objet  la  mobilisation  par- 
tielle de  la  propriété  foncière.  Chaque  propriétaire  serait  autorisé  à 
émettre  des  billets  hypothécaires,  jusqu'à  concurrence  du  quart  de  la 
valeur  de  sa  propriété;  ces  billets,  qui  seraient  remboursables  à 
échéance  fixe,  seraient  garantis  par  l'Etat,  qui  percevrait  une  rede- 
vance annuelle  de  2. et  demi  pour  100  sur  le  montant  des  billets  émis. 
C'est  une  solution  assez  originale  de  la  question  du  crédit  pour  le 
propriétaire  du  soi;  elle  se  rapproche  du  système  Torrens,  appliqué, 
comme  nous  l'avons  expliqué,  dans  plusieurs  parties  de  l'Australie. 
Mais  serait-ce  une  solution  pour  le  crédit  agricole,  quand  l'exploitant 
n'est  pas  propriétaire  du  sol?  11  est  permis  d'en  douter.  Par  conséquent, 
ce  ne  serait  pas  le  crédit  agricole  complet.  Toutefois,  c'est  une  question 
à  examiner  de  près,  à  étudier  à  fond.  Des  systèmes  analogues  à  celui 
proposé  par  M.  Fleury  ont  été  exposés  dans  nos  colonnes,  notamment 
par  M.  Ayraud.  Il  serait  bon  qu'une  discussion  approfondie  ne  tardât 
pas  longtemps  devant  le  Parlement.  Presque  tout  le  monde  est  d'ac- 
cord sur  ce  point  que,  dans  beaucoup  de  circonstances,  le  capital  du 
cultivateur  est  insuffisant,  et  que  celui-ci  est  obligé  de  payer  trop  cher 
l'argent  qui  lui  est  nécessaire.  11  faut  aboutir  ta  organiser  le  crédit  agri- 
cole, dont  notre  agriculture  a  le  besoin  le  plus  réel, 
ni.  —  L'importation  du  blé  en  France. 
Pendant  que  les  discussions  se  poursuivent,  le  commerce  des  grains 
ne  reste  pas  inactif.  Le  Journal  officiel  publie  le  relevé  suivant  des  quan- 
tités de  froment  (grains  et  farines)  importées  et  exportées  du  l"  août 
au  1 5  novembre  : 

Importations  (quint,  métr.).       Exportations  ^quint.  métr.). 
Grains.  Farines.  Grain?.  Farines. 

Du  1"  août  au  31  octobre 3,391,259  110,421  11,536  23,724 

Première  quinzaine  de  novembre.        304,173  14,950  081  1,188 

Totaux , 3,695,432  125,371  12,217  24,912 

Le  mouvement  commercial  est  moins  accéléré  que  durant  la  quin- 
zaine précédente;  mais  c'est  surtout  en  ce  qui  concerne  les  exportations 
que  la  diminution  est  considérable. 

IV.  —  Vœux  (les  associations  agricoles. 

Nous  continuons  à  enregistrer  les  vœux  émis  par  les  associations 
agricoles.  Dans  une  réunion  qui  a  suivi  le  concours   de  MauléoUj 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (13   DÉCEMBRE  I88i).  403 

le  4  novembre,  la  Société  d'agrieiillure  des  Basses-Pyrénées,  prési- 
dée par  M.  Sers,  a  émis  un  vœu  relatif  au  relèvement  des  tarifs  de 
douane  sur  les  denrées  agricoles.  Nous  publierons  prochainemeni  les 
excellents  conseils  que,  dans  cette  occasion,  M.  Sers  a  donnés  aux 
agriculteurs  pour  l'amt-lioration  de  la  culture  du  blé. 

Dans  sa  séance  du  12  novembre,  le  Comice  agricole  de  Partbenay 
(Deux-Sèvres),  sous  la  présidence  de  M.  Albert,  a  émis  les  vœux 
suivants  : 

«  Considérant  que  la  crise  qui  pèse  sur  l'agriculture  depuis  plus  d»  cinq  ans 
devient,  chaque  joui-  plus  intense,  et  qu'à  bref  délai  elle  amènera  la  ruine  de  la 
France  entière  et  plus  particulièrement  des  départements  (jui,  comme  celui  des 
Deux-Sèvres,  n'ont  pas  d'autre  industrie  que  l'agricullure  ; 

a  Emet  à  l'unanimité  le  vœu  que,  par  une  loi  spéciale,  les  droits  de  douane 
soient  immédiatement  augmentés  sur  les  produits  agricoles  similaires  aux  siens, 
et  qui  viennent  de  l'étranger  leur  faire  concurrence  sur  les  marchés  français; 

«  Et  que  les  droits  à  percevoir  par  la  douane  française  soient  ainsi  lixés  par  le 
Parlement  : 

«  Grains.  —  Proment,  épeautreet  méteil,  par  hectolitre,  5  fr.;  farine,  par  hecto- 
litre, 9  Ir.;  ssigle,  avoine,  orge,  maï<,  sarrasin,  p-ir  hectolitre,  3  fr. 

_  «  Bélail.  —  Bœu''s,  6Û  fr.  par  tète;  vaches,  40  fr.;  taureaux,  32  fr.;  bouvillons, 
génisses,  20  fr.;  veaux,  béliers,  moutons,  brebis,  6  fr.;  agneaux,  7  fr.;  boucs, 
chèvres,  chevreaux,  2  fr.;  porcs,  15  fr.;  cochons  de  lait,  3  fr. 

«  Viande  de  boucherie,  par  100  kilog.,  20  fr.;  viande  salée,  par  100  kilog.,  15  fr.; 
chevaux,  mules,  mulets,  50  fr. 

«  Elle  a  fixé  les  droits  sur  les  céréales  en  raison  du  prix  de  revient  qu'elle  a 
établi  comme  il  suit;  bl',  par  hectolitre,  21  fr.;  seigle,  par  hectolitre,  14  fr.; 
avoine,  par  hectolitre,  9  fr.   » 

Une  réunion  des  agriculteurs  du  Loiret  a  eu  lieu  le  7  décembre  à 
Orléans,  sur  l'initiative  des  Comices  d'Orléans,  de  Montargis,  de 
Pithiviers  et  de  Gien,  présidés  par  MM.  Darblay,  Nouette-Delorme, 
Rabier  et  Augère.  Les  sénateurs  et  les  députés  du  département  y 
assistaient.  Après  un  important  discours  de  M.  Darblay,  qui  présidait, 
une  discussion  s'est  engagée  à  laquelle  ont  pris  part  MM.  Rabier, 
Thibault,  de  Courcy,  Lefebvre,  et  MM.  de  Massy  et  Bernier,  députés. 
La   réunion  a  voté  les  relèvements  de  tarifs  de  douane  qui  suivent: 

Froment,  5  fr.  par  100  kilog.;  seigle,  orge,  avoine,  maïs,  riz  et  darie,  3  fr.; 
farine,  8  fr.;  chevaux,  40  fr.  par  tête  ;  bœufs,  60  fr.;  vaches,  40  fr.;  moutons  7  fr.; 
porcs,  15  fr.  — Viandes  fraîches  et  salées,  20  fr.  par  100  kilog.;  laine  eu  suint,  30  fr.; 
vin,  10  fr.  par  hectolitre.  —  Tous  les  autres  produits  non  énumérés,  10  pour  100 
de  leur  valeur. 

Le  bureau  du  Comice  agricole  de  Seine-et-Oise,  représenté  par  son 
président  M.Henri  Besnàrd,  accompagné  de  quinze  autres  membres, 
a  été  reçu  le  26  novembre,  par  M.  le  ministre  de  l'agriculture  et  lui 
a  exposé  les  souffrances  de  la  petite  et  de  la  grande  culture  dans  ce 
département,  dues  surtout  à  la  concurrence  des  produits  agricoles 
étrangers,  dont  l'entrée  est  libre.  Les  membres  du  Comice  ont  prié 
M.  le  ministre  de  demander  au  parlement  un  relèvement  des  droits 
payés  par  ces  produits  à  leur  entrée  en  France.  Ils  se  sont  retirés  très 
satisfaits  des  encourageantes  paroles  par  lesquelles  M.  Méline  a 
accueilli  leur  démarche  auprès  de  lui. 

Relativement  au  découragement  qui  paraît  se  manifester  chez  ua 
certain  nombre  de  cultivateurs,  M.  G.  Maleit  nous  envoie  d'Angers 
(Maine-et-Loire)  la  noie  suivante  : 

«  Voulez-vous  me  permettre  de  vous  signaler  un  fait  nonveau  dans  notre  région 
de  l'Ouest?  Le  voici  :  beçLucoup  de  fermiers  commencent  à  donner  leur  froment 


kQk  CHRONIQUE    AGRICOLE  {13  DÉCEMBRE    1884). 

en  pâture  a  leurs  bœufs,  à  leurs  porcs  et  aux  animaux  de  basse-cour.  Jusqu'ici  on 
se  contentait  de  leur  donner  de  l'orge,  de  l'avoine,  du  son.  Mais  le  prix  du 
froment  est  tombé  si  bas  que  nos  cultivateurs  trouvent  qu'ils  ont  avantage  à 
procéder  de  la  sorte. 

«  C'est  inouï  avec  nos  traditions  et  nos  préjugés,  mais  le  fait  n'est  pas  niable, 
ci  l'on  doute,  qu'on  ouvre  une  enquête.  » 

Le  Comice  agricole  de  Vau vert  (Gard)  a  pris  l'initiative  de  l'orga- 
nisation d'une  Ligue  agricole  du  Midi,  analogue  à  celle  dont  nous 
avons  annoncé  la  création  dans  plusieurs  régions.  Dans  une  réunion 
qui  a  eu  lieu  le  29  novembre,  un  comité  provisoire  a  été  désigné 
pour  poursuivre  cette  entreprise. 

Dans  la  délibération  du  comice  de  Parthenay,  que  nous  venons  de 
reproduire,  le  prix  de  revient  de  l'hectolitre  de  blé  est  fixé  à  21  fr. 
Ge  prix  est  celui  qui  ressort  aussi  d'intéressants  documents  que  nous 
a  remis  M.  le  marquis  de  Poacins  sur  la  moyenne  du  prix,  du  revient 
du  blé  dans  la  Loire,  dans  les  bonnes  exploitations,  et  en  se  basant 
sur  un  rendement  de  16  hectolitres.  Nous  aurons  à  revenir  sur  ces 
documents.  Pour  l'Algérie,  M.  Bastide,  président  du  comice  d'Oran. 
nous  communique  les  frais  d'une  exploitation  de  200  hectares  affectée 
à  la  culture  des  céréales  :  le  prix  de  revient  du  blé,  à  raison  de 
12  quintaux  par  hectare,  ressort  à  20  fr.  par  quintal,  celui  de 
l'orge  à  1 2  fr. 

V.  —  La  production  des  chevaux  de  trait. 

On  sait  que  M.  d'Aillières,  député  de  la  Sarthe,  et  un  grand  nombre 
de  ses  collègues  ont  présenté  à  la  Chambre  une  proposition  de  loi  ayant 
pour  objet  de  provoquer  des  mesures  afin  de  sauvegarder  les  intérêts 
de  l'élevage  des  races  chevalines  de  trait,  notamment  en  augmentant 
le  nombre  des  étalons  de  trait  dans  les  haras  de  l'Etat.  D'après  la  loi 
organique  de  1874,  l'administration  des  haras  doit  entretenir 
400  étalons  de  trait  dans  ses  dépôts;  or,  on  n'en  compte  actuellement 
que  230.  Faut-il  maintenir  rigoureusement  le  nombre  fixé  par  la  loi, 
ou  peut-on  airiver  par  d'autres  moyens  au  but  que  l'on  poursuit? 
C'est  ce  qu'a  recherché  la  Commission  de  la  Chambre,  chargée 
d'examiner  la  proposition  de  M.  d'Aillières.  Elle  tonclul  à  proposer  la 
disposition  suivante  :  «  Indépendamment  des  crédits  inscrits  au  bud- 
get |)Our  encouragements  à  l'industrie  chevaline,  lorsqu'un  dépar- 
tement, une  commune,  ou  une  Société  hippique  ou  agricole  aura  voté 
une  somme  destinée  à  être  employée  en  primes  aux  reproducteurs 
approuvés  de  nos  races  de  chevaux  de  trait,  dans  les  pays  et  aux  condi- 
tions qu'aura  déterminés  un  arrêté  ministériel,  l'Etat  donnera  une 
somme  égale  qui  viendra  doubler  la  première  et  sera  répartie  avec 
elle,  par  une  Commission  présidée  par  l'inspecteur  général  de  la 
région.   » 

Nous  ne  pouvons  qu'approuver  l'esprit  dô  cette  mesure;  mais  nous 
craignons  bien  qu'elle  ne  demeure  platonique.  Demander  à  un  arrêté 
ministériel  de  déterminer  les  régions  dans  lesquelles  on  pourra  encou- 
rager l'élevage  du  cheval  de  trait,  c'est,  dans  l'état  actuel  des  choses, 
s'en  rapporter  exclusivement  à  l'administration  des  haras  ;  par 
conséquent,  c'est  prolonger  les  errements  actuels,  et  même  c'est  leur 
donner  une  consécration.  Or,  les  faits  sont  là  pour  prouver  le  peu 
d'enthousiasme  que  l'administration  des  haras  apporterai  la  nouvelle 
mesure.  Ne  serait-il  pas  bien  préférable  de  revenir,  mais  celle  fois  par 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (13   DÉCEMBRE    188'à).  405 

une  bonne  loi  au  lieu  d'un  arrêté  facilement  révoc;ible,  à  la  dispo- 
sition qui  a  duré  trop  peu  de  temps,  par  la([uelle  les  encoura<i;emeat8 
à  la  produclion  du  cheval  de  trait  ont  été  mis  à  la  disposition  de  la 
direction  de  l'agriculture.  Le  cheval  reviendrait  figurer  avec  honneur, 
au  même  rang  que  tous  les  autres  animaux  de  la  ferme,  dans  les  con- 
cours régionaux  d'où  il  n'aurait  jamais  dû  être  éliminé. 

VI.  —  Nécrologie. 

Nous  apprenons  avec  regret  la  mort  de  M.  Charles  Touaillon.  in- 
génieur civil,  décédé  le  3  décembre  à  l'âge  de  T,i  ans.  Il  était  un  des 
hommes  les  plus  versés  dans  toutes  les  questions  qui  se  rattachent 
aux  industries  des  céréales;  comma  constructeur  de  moulins,  il  a  fait 
faire  d'importants  progrès  à  la  meunerie.  Oa  lui  doit  un  ouvrage  très 
estimé  sur  la  meunerie,  l'araidonnerie  et  les  industries  annexes. 

VII.  —  Société  des  agriculteurs  du  Nord. 

La  Société  des  agricuUeurs  du  Nord  procédera,  le  dimanche  21  dé- 
cembre, à  la  distribution  solennelle  des  récompenses  pour  ses  divers 
concours,  notamment  pour  celui  de  la  culture  de  la  bettsrave  à  sucre. 
Nous  n'avons  pas  à  rappeler  l'importance  prise  par  ces  concours  qui 
ont  puissamment  contribué  à  propager,  dans  le  département  du  Nord, 
la  culture  des  bonnes  races  de  betteraves  à  sucre. 

VIII.  —  Concours  d'animaux  de  boucherie. 

La  Société  d'agriculture  de  la  Charente  a  décidé,  sous  la  présidence 
de  iM.  Eug.  de  Thiac,  que  son  concours  d'animaux  gras  et  de  repro- 
ducteurs aurait  lieu  à  Angoulême  les  samedi  31  janvier  et  diman- 
che 1"  février  1885.  Sont  admis  à  ce  concours  les  animaux  gras  nés 
ou  élevés  dans  la  Charente  et  dans  les  départements  de  la  région  du 
sud-ouest  :  Charente-Inférieure,  Gironde,  Lot-et-Garonne,  Dordogne, 
Haute-Vienne,  Vienne,  Deux-Sèvres  et  Vendée.  Les  animaux  reproduc- 
teurs sont  spéciaux  à  la  Charente.  Des  prix  nombreux  et  importants  et 
des  médailles  y  seront  distribués.  Les  machines  et  instruments  agri- 
coles y  sont  admis.  On  doit  s'adresser,  pour  les  renseignements,  à 
M.  Clément  Prieur,  secrétaire  général  de  la  Société,  Hôtel  de  Ville,  à 
Angoulôme. 

Un  concours  d'animaux  de  boucherie,  organisé  par  le  Comice  de 
l'arrondissementdeReims,  sous  ladireclion  deson  président,  M.  Charles 
Lhotelain,  se  tiendra  à  Reims  les  5  et  6  janvier  prochain.  Ce  con- 
cours est  ouvert  à  tous  les  éleveurs  et  nourrisseurs  des  trois  départe- 
ments des  Ardennes,  de  l'Aisne  et  de  la  Marne  ;  il  comprendra  les 
animaux  de  boucherie  des  races  bovines,  ovines  et  porcines.  Une 
somme  de  3,750  fr.  est  mise  à  la  disposition  du  jury  pour  être 
décernée  en  primes  et  en  médailles.  Les  déclarations  doivent  êlreadres- 
sées  au  président  du  Comice  de  Reims,  avant  le  {"janvier. 
IX.  —  Concours  de  volailles  grasses. 

La  Société  d'agriculture  de  Louhans  (Saône-et-Loire)  organise  un 
concours  de  volailles  grasses  qui  se  tiendra  à  Louhans,  le  dimanche 
21  décembre.  Les  volailles  vivantes  de  race  bressanne  seront  admises 
à  ce  concours  à  titre  de  spécimens,  et  des  primes  leur  seront  attribuées. 
Chaque  lot  de  ces  volailles  comprendra  un  coq  et  deux  poules.  Les 
déclarations  pour  ce  dernier  concours  devront  être  faites  le  lundi 
15  décembre,  au  plus  tard,  au  secrétariat  de  la  Société,  à  Louhans, 


40^  CHBONIQUE  AGRICOLE    (13   DÉCEMBRE    1S84). 

X. —  Le  phylloxéra. 

Le  Progrès  agricole  et  viticole,  rédigé  par  M.  Degrully,  publie,  dans 
son  numéro  du  30  novembre,  la  note  suivante,  relative  à  des  fraudes 
commises  dans  le  sulfurage  des  vignes  contre  le  phylloxéra.  Nous 
croyons  utile  de  la  reproduire  : 

«  Le  Progrès  agricole  n'a  jamais  manqué  une  occasion  de  signaler  les  abus 
dont  sont  victimes  les  viticulteurs  ;  il  a  aujourd'hui  l'occasioa  de  signaler  une 
fraude  qui  pourrait  faire  le  plus  j^'rand  tort  à  la  viticulture  régionale  si  on  la  lais- 
sait continuer.  C'est  un  ouvrier  récemment  congédié  par  un  des  nombreux  entre- 
preneurs de  sulfurage  à  façon,-  qui  vient  de  nous  la  dévoiler. 

«  Il  paraîtrait  que  certains  ouvriers  ont  la  consigne  de  travailler  avec  la  ron- 
delle de  dosage  peu  serrée,  en  sorte  qu'une  grande  partie  du  sulfure  remonte 
dans  le  réservoir,  au  lieu  d'être  projetée  dans  le  trou.  Avec  ce  moyen  économique, 
l'entr.'preneur  n'emploie  qu'un  baril  de  sulfure  au  lieu  de  deux.  Si  le  propriétaire 
survient,  il  va  sans  dire  qu'on  fait  tourner  légèrement  les  manettes  du  pal  pour 
rétablir  en  partie  le  dosage.  ^ 

11  n'est  pas  étonnant  qu'avec  cette  façon  d'opérer  le  phylloxéra  ne  soit  pas 
détruit;  si  le  propriétaire  se  plaint,  on  lui  répond  que  le  terrain  n'est  pas 
favorable. 

«  De  tous  les  systèmes  employés,  le  pal  Grastine  est  prs.:;que  le  seul  qui  ne  se 
prête  pas  à  cette  fraude  ;  aussi  nous  dit-on  qu'un  certain  nombre  d'entrepreneurs 
le  reie.ttent  systématiquement,  pour  employer  les  contrefaçons. 

«  "Nous  ne  saurions  trop  engager  les  propriétaires  à  surveiller  le  dosage  des 
pals  des  entrepreneneurs  et  surtout  à  acheter  eux-mêmes  le  sulfure  ;  car  il  est  bien 
évident  que,  si  le  viticulteur  fournit  cet  insecticide,  l'entrepreneur  n'a  pas  intérêt 
à  le  ménager  en  employant  des  pals  qui  ne  dosent  pas.  » 

Le  Comice  agricole  de  Béziers  (Hérault),  présidé,  par  M.  Janssan, 
vient  de  suivre  l'exemple  donné  déjà  par  plusieurs  associations  agri- 
coles notamment  par  la  Société  de  viticulture  du  Rb(5ne.  11  a  décidé 
que  des  écoles  de  greffage  de  la  vigne,  subventionnées  par  le  Comice 
et  fonctionnant  sous  sa  direction,  seraient  établies  en  1885  dans  les 
communes  suivantes  :  Béziers,  Pézenas,  Agde,  Florensac,  Servian  et 
Murviel.  Chacune  de  ces  écoles  sera  dirigée  par  un  maître  greffeur 
nommé  par  le  Comice.  Les  cours  de  greffage  auront  lieu  dans  ces  com- 
munes les  dimanches  et  jours  de  fête  de  2  heures  à  4  heures  depuis 
le  21  décembre  1884  jusqu'au  15  mars  1885.  L'entrée  des  cours  de 
greffage  sera  gratuite. 

XI.  —  La  rente  du  sol  en  Angleterre. 
Dans  une  précédente  chronique,  nous  avons  fait  connaître  que  la 
crise  agricole  qui  pèse  en  Frauce  atteint  aussi  les  autres  pays  d'Europe, 
notamment  l'Angleterre,  et  nous  avons  signalé  les  vœux  émis  par 
l'Alliance  des  fermiers  anglais,  relativement  à  la  baisse  du  taux  des 
fermages.  En  Angleterre,  grâce  à  rincome-lax,  on  peut  se  rendre 
compte  assez  facilement  du  mouvement  de  la  rente  du  sol.  La  rente 
adéjà  subi  un  mouvement  de  recul  assez  considérable  ;  ce  mouvement 
résulte  de  la  comparaison  suivante  entre  les  évaluations  faites  à  trente 
ans  d'intervalle,  de  1852-53  à  1882-83.  Ce  tableau  s'applique  à  la 
rente  des  fermes,  des  jardins  maraîchers  et  des  établissements  d'é- 
levage en  Angleterre  et  eu  Ecosse  : 

Accroissement     Diminution 

de  1S52-53        de    1879-80 

1652-53.  1879-80.  188Î-83.  à  1879-80.  â  1383-33. 

Fr.  Fr.  Fr.  Fr.  Pr. 

Angleterre  et  pays  de  Galles.     1,028,930,425  l,290,r,39,000  l,20(i,  727,200  261,690,575  83,911,800 

Ecosse....; 135. 37 1.900  Iv'i,i22,975  lSH,321,6i5  59.051.075  5,101.350 

Totaux... ^ l,l«'i,302,325  1,485,061,975  1,398,043,825  331,741,650  89,113,150 


GHRONIQaE   AGRICOLE   (13  DKGEMBRE   1884).  407 

Ea  dix-huit  années,  l'accroissement  du  revenu  a  été  de  plus  de 
320  millions  de  francs;  en  trois  ans,  la  diminution  a  été  de  89  mil- 
lions de  francs,  c'est-à-dire  qu'elle  atteint  presque  28  pour  100  de 
l'augmentation  totale.  Le  mouvement  de  baisse  est  beaucoup  plus  ac- 
céléré ([ue  ne  l'avait  été  le  mouvement  de  hausse. 

XII.  —  L'induslrie  laitière  en  Suisse. 

Nous  n'avons  pas  à  rappeler  l'importance  de  la  fabrication  du  fro- 
mage de  Gruyère  dans  quelques-uns  de  nos  départements  de  l'est, 
notamment  dans  ceux  du  Doubs  et  de  l'Ain.  Des  elTorts  ont  été  pour- 
suivis depuis  quelques  années  par  les  associations  agricoles,  afin  de 
développer  les  progrès  dans  la  fabrication,  et  surtout  dans  l'instal- 
lation des  fruitières.  Parmi  les  travaux  qui  seront  d'une  grao'/^" 
utilité  pour  donner  de  l'extension  à  ce  mouvement,  nous  devons  si- 
gnaler un  rapport  que  M.  Grandvoinnet,  professeur  d'agriculture 
dans  l'Ain,  vient  d'adresser  à  la  Société  d'agriculture  de  ce  dé- 
partement, sur  un  voyage  qu'il  a  fait  en  Suisse,  au  mois  de  mai 
ièS'i.  Dans  ce  rapport  rédigé  avec  le  plus  grand  soin,  et  accompa- 
gné de  nombreuses  planches,  M.  Grandvoinnet  passe  en  revue  plu- 
sieurs des  meilleures  fruitières  pour  la  fabrication  du  Gruyère  propre- 
ment dit  et  pour  celle  du  fromage  gras  ou  d'Emmenthal.  Il  signale, 
d'autre  part,  ([uelques-unes  des  fromageries  du  département  de  l'Ain, 
qui  peuvent  aussi  servir  de  modèle,  notamment  celles  de  Maillât,  de 
Ruffieu  et  de  Revonnas.  On  consultera  son  rapport  avec  un  réel  pro- 
fit. Notons,  en  passant,  une  étude  de  M.  Roset,  conseiller  général, 
sur  le  rendement  du  bétail  de  pays  dans  le  canton  d'Izernore;  il  en 
ressort  que  quatre  vaches  ordinaires,  nourries  à  l'étable  avec  foin  et 
regain,  ont  donné  en  fromage  et  en  veaux  vendus  à  la  boucherie,  un 
produit  brut  de  1,156  fr.  ;  les  frais  de  fabrication  du  fromage  s'étant 
élevés  à  85  fr.,  le  produit  net  aétéde  1,071  fr.  pour  les  quatre  bêtes. 

XIII.  —  Commerce  des  engrais. 

On  nous  prie  de  reproduire  l'avis  suivant  : 

Le  bureau  du  syndicat  des  agriculteurs  de  rarroudlssement  de  Quimperlé 
(Finistère)  s'est  définitivement  constitué  à  la  date  du  16  novembre  1S84.  Il  prie 
les  négociants  qui  voudraient  participer  aux  fournitures  d'engrais  d'adresser  leurs 
conditions  de  vente  et  les  renseignements  concernant  leurs  produits,  à  M.  David, 
président  du  syndicat  agricole,  à  Quimpcrlé.  Out  e  les  conditions  de  vente,  de 
livraison  et  de  payement,  le  bureau  prie  les  fabricants  d'indiquer  dans  leur  note 
le  mode  de  dosage  auquel  ils  entendraient  se  rapporter  pour  la  vérification  de  la 
richesse  des  engrais  qui  leur  seraient  demandés. 

L'emploi  des  tourteaux  de  graines  de  coton  d'Egypte,  fabriqués 
à  Marseille  par  MM.  Darier  de  Rouffio,  a  pris  une  grande  exten- 
sion dans  beaucoup  d'exploitations.  On  nous  prie  d'annoncer  que 
M.  Th.  Pilter,  de  Paris,  est  désormais  le  seul  concessionnaire  pour 
la  vente  de  ces  tourteaux  en  France,  en  Algérie  et  en  Tunisie.  Ces 
tourteaux  sont  vendus  avec  garantie  de  dosage  ;  les  prix  n'ont  pas  subi 
de  changements. 

XIY.  —  Bulletin  du  ministère  de  f agriculture. 
Le  7"  fascicule  pour  1 884  du  Bulletin  du  ministère  de  l'agriculture 
a  paru  récemment.  Outre  plusieurs  documents  officiels  que  nos  lec- 
teurs connaissent,  on  y  trouve  plusieurs  rapports  sur  des  questions 
agricoles  dans  les  pays  étrangers  :  un  rapport  de  M.  le  comte  Fou- 


408  CHRONIQUE  AGRICOLE  (13  DÉCEMBRE  I88't]. 

cher  de  Careil,  ambassadeur  à  Vieane,  sur  le  crédit  agricole  eu  Autri- 
che-Hongrie; plusieurs  rapports  relatifs  à  la  réunion  des  parcelles  ter- 
ritoriales en  Allemagne;  des  rapports  sur  la  sériciculture  en  Pologne, 
sur  la  culture  du  pommier  en  Espagne,  sur  la  production  séricicole  et 
l'exportation  des  vins  de  Sicile  ;  une  étude  de  M.  Clavery  sur  l'insalu- 
brité des  viandes  salées  américaines  ;  plusieurs  documents  l'éunis  par 
M.  Grosjean,  sur  l'agriculture  américaine;  la  suite  du  rapport  de 
M.  Sauvage  sur  l'exposition  internationale  des  produits  et  engins  de 
pêche  à  Londres  en  1883.  On  lira  avec  profit  le  rapport  de  M.  Tisserand 
sur  les  moyens  employés  en  Allemagne  pour  combattre  le  parcellement 
en  pièces  éparses  des  domaines  ruraux. 

XV.  —  Exposition  d'horlicuUure  à  Caen. 

A  l'occasion  du  cinquantième  anniversaire  de  sa  fondation,  la  Société 
d'horticulture  de  Caen  et  du  Calvados  organise  une  exposition  géné- 
rale, dont  la  date  est  fixée  du  6  au  8  juin  1885.  Elle  fait  appel  à  tous 
les  horticulteurs  marchands  et  amateurs,  français  et  étrangers.  Ses 
concours  comprendront  tous  les  produits  de  l'horticulture  :  plantes  de 
serre  et  de  pleine  terre,  fleurs,  arbres,  arbustes,  graines,  légumes, 
fruits,  objets  se  rattachant  à  l'horticulture,  etc.  Des  prix  d'honnenr 
consistant  en  objets  d  art  et  médailles  d'or,  de  vermeil,  d'argent  et  de 
bronze,  seront  mis  à  la  disposition  du  jury. 

XVI.  —  Décorations  pour  services  rendus  à  VagricuUure. 

Par  décret  en  date  du  4  décembre,  M.  Renou,  ancien  membre  de 
la  Commission  scientifique  de  l'Algérie,  directeur  de  l'observatoire 
météréologique  du  parc  Saint-Maur,  a  été  promu  au  grade  d'officier 
de  la  Légion  d'honneur.  On  sait  combien  sont  importants  les  travaux 
de  M.  Renou  sur  la  météorologie.  Nos  lecteurs  ont  sous  les  yeux, 
chaque  mois,  le  résumé  de  ses  observations. 

Le  Journal  officiel  du  1 1  décembre  publie  la  liste  des  promotions  ou 
nominations  dans  la  Légi m  d'honneur,  faites  sur  la  proposition  du 
ministre  de  l'agriculture,. à  l'occasion  de  la  récente  exposition  interna- 
tionale agric  de  d'Amsterdam.  —  Ont  été  promus  ou  nommés  : 

Au  grade  d'ojficier  :  MM.  NûUette-Delorme,  propriétaire-a£;ricuIteur  à 
Ouzouer-des- Champs  (Loiret),  membre  du  Conseil  supérieur  de  l'agriculture, 
membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture  de  France,  lauréat  de  la  prime 
d'honneur  de  son  département  et  des  principales  récompenses  décernées  dans 
tous  les  concours  régionaux,  généraux  et  internationaux  d'agriculture  depuis  plus 
de  vingt  ans,  membre  du  Comité  d'organisation  et  du  jury  de  l'exposition  inter- 
nationale agricole  d'Amsterdam.  Chevalier  du  10  avril  1877. 

Lavalabd,  membre  du  Conseil  supérieur  de  l'agriculture  et  du  Comité  des 
èfiizooties.  chargé  de  cours  à  l'Institut  national  agronomique,  membre  du  Comité 
d'organisation  et  du  jury  de  l'agriculture  à  l'exposition  universelle  de  1878,  mem- 
bre du  jury  des  concours  généraux  agiicoles  de  France  depuis  douze  ans,  membre 
de  la  Commis-ion  d'organisaiiou,  du  Comité  d'aimission  et  du  jury  de  l'exposition 
internationale  agricole  d'Amsterdam.  Chevalier  du  17  septembre  1»71 . 

CoRNUT,  ingénieur  en  chef,  président  de  l'Association  des  propriétaires  d'appa- 
reils à  vapeur,  à  Lille,  l'un  des  principaux  organisateurs  du  musée  industriel  et 
agricole  de  Lille,  membre  du  jury  de  l'exposition  internationale  agricole  d'Ams- 
terdam. Chevalier  du  20  octobre   1878. 

Au  gradô  de  chevalier:  MM.  Récipon,  président  du  Comité  d'admission  et 
président  de  section  du  jury  international  de  l'exposition  d'Amsterdam,  vice-pré- 
sident de  la  Commission  d'organisation,  membre  du  Conseil  supérieur  de  l'agri- 
culture, président  de  la  Société  nationale  d'encouragement  à  l'agriculture;  services 
exceptionnels. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (13  DÉCEMBRE   1884).  409 

BoUFFET  (Alexis-Gabriel),  secrétaire  général  de  la  préfecture  du  Nord;  services 
exceptionnels  pour  l'organisalioa  de  l'exposition  collective  du  Nord  à  l'exposition 
universelle  d'Amsterdam  en  1883,  et  à  l'exposition  internationale  d'agriculture 
en  1884,  président  de  section  au  jury  international  de  l'exposition  agricole 
d'Amsterdam. 

Bdyenval,  agriculteur-éleveur  à  Sainte-Geneviève-des-Bois  (Loiret),  lauréat 
d'un  prix  cultural  dans  son  département  et  de  nombreuses  récompenses  dans  les 
concours  régionaux  agricoles  de  France,  2  premiers  prix  à  l'exposition  internationale 
agricole  d'Amsterdam;  services  exceptionnels. 

De  (jAmbefort  (Marie-Louis  Riymond),  secrétaire  du  commissariat  général  de 
la  section  fiançaise  et  membre  du  jury  international  à  l'exposition  universelle 
d'Amsterdam  en  1883,  secrétaire  du  commissariat  général  français  à  l'exposition 
internationale  agricole  d'Amsterdam;  services  exceptionnels. 

DANTU-DAMiiRicouRT,  agiiculteur  et  distillateur  de  betteraves  à  Steene  (Nord), 
130  médailles  dans  les  concours  agricoles  pour  ses  produits  et  son  élevage,  prix 
d'honneur  dans  la  10'  classe  à  l'exposition  internationale  agricole  d'Amsterdam; 
services  exceptionnels. 

DuQQENEt^  (Germain-Auguste),  propriétaire-agriculteur  à  Saint-Sorlin-de-Go- 
nac  (Cliarente-Inférieure),  lauréat  de  la  prime  d'honneur  de  son  département, 
nombreuses  récompenses  dans  les  concours  agricoles  français  et  étrangers 
pour  son  élevage;  2 S  ans  de  services.  Lauréat  des  expositions  internatio- 
cales  agricoles  de  Philadelphie,  de  Sydney,  de  Melbourne  et  d'Amsterdam  ;  ser- 
vices exceptionnels. 

Gilbert  (Victor),  propriétaire-agriculteur  à  Wideville  (Seine-et-Oise),  nom- 
breuses récompenses  pour  son  élevage  de  moutons  mérinos  dans  toutes  les  expo- 
sitions générales  et  régionales  de  P\-ance  et  dans  les  plus  importantes  evpositions 
universelles  de  l'étranger  tenues  depuis  quinze  ans,  lauréat  de  l'exposition  inter- 
nationale agricole  d'Amsterdam  ;  26  ans  de  services.  Services  exceptionnels. 

Hervieu,  propriétaire-éleveur  à  Varaville  (Calvados),  nombreuses  récom- 
penses dans  les  concours  hippiques  et  dans  les  concours  régionaux  de  France, 
lauréat  de  l'exposition  internationale  agricole  d'Amsterdam;  services  exceptionnels 
Laverriére,  publiciste  agricole,  nombreuses  missions  à  l'étranger,  membre 
du  jury  de  l'exposition  internationale  agricole  d'Amsterdam;  30  années  de  ser- 
vices agricoles. 

Lemoine  (Ernest),  agriculteur  à  Crosne  (Seine-et-Oise),  membre  de  la  com- 
mission d'organisation,  du  comité  d'admlsiioa  et  du  jury  de  l'exposition  interna- 
tionale agricole  d'Amsterdam,  nombreuses  récompenses  dans  les  concours 
régionaux  et  généraux,  fondateur  d'un  grand  établissement  d'élevage  de  vo- 
lailles, lauréat  d'un  prix  d'honneur  à  l'exposition  d'Amsterdam;  services  excep- 
tionnels. 

Muret,  propriétaire-agriculteur  à  Noyen-sur-Seine  (Seine-et-Marne),  membre 
de  la  Société  nationale  d'agriculture  de  France,  membre  du  jury  agricole  et  du 
comité  d'organisation  à  l'Exposition  universelle  de  1878,  membre  du  jury  de 
l'exposition  internationale  agricole  d'Amsterdam,  lauréat  des  principales  expo- 
sitions iniernationales  de  France  et  de  l'étranger  et  de  l'exposition  universelle 
d'Am4erdam  ;  services  exceptionnels. 

Nicolas,  propriétaire-agriculteur,  à  Arcy-en-Brie  (Seine-et-Marne),  lauréat 
d'un  prix  cultural  de  son  département,  nombreuses  récompenses  dans  les  concours 
généraux  et  régionaux,  sept  prix  à  l'exposition  internationale  agricole  d'Amster- 
dam ;  services  exceptionnels. 

Pierre,  propriétaire-éleveur,  à  Gaen  (Calvados),  nombreuses  récompenses  dans 
les  concours  hippiques,  lauréat  de  l'exposition  internationale  agricole  d'Amster- 
dam pour  ses  chevaux;  services  exceptionnels. 

Plusieurs  nominations  dans  l'ordre  du  Mérite  agricole  ont  été  faites 
à  la  même  occasion;  nous  en  donnerons  la  liste. 

Nous  apprenons,  d'autre  part,  que  le  roi  de  Roumanie  vient  d'en- 
voyer à  MM.  Grandvoinnet,  Hetizé  et  Prillieux,  professeur  à  l'Institut 
national  agronomique,  la  médaille  d'or  Beiie  merenti.i 

Toutes  ces  distinctions  sont  venues  trouver  des  hommes  qui  ont 


rendu  des  services  distingués  à  l'agriculture 


Henry  Sagmer. 


410     LA  LIGUE  €ONTRE  LE  RENCHERISSEMENT  DU  PAIN  ET  DE  LA  VIANDFJ. 


MANIFESTE  DE  LA  LIGUE 

CONTRE  LE   RENCHÉRISSEMENT  DU  PAIN   ET   DE   LA  VIANDE 

Ce  manifeste,  sous  le  nom  de  programme,  est  signé  par  le  président 
du  comité  de  la  Ligue,  M.  Léon  Say.  M.  Léon  Say,  notre  confrère  à  la 
Société  nationale  d'agriculture,  n'est  pas  un  simple  docteur  en  écono- 
mie politique  ;  rompu  aux  grandes  affaires,  ayant  étudié  et  suivi  avec 
une  rare  distinction  les  intérêts  et  les  institutions  agricoles  de  la 
France  et  des  pays  voisins,  il  est  un  de  ces  hommes  qu'il  n'est  pas 
permis  de  combattre  sans  le  nommer,  et  quand  il  vient  appuyer  de  sa 
grande  autorité  morale  les  théories  un  peu  trop  idéales  et  beaucoup 
trop  absolues  des  économistes  de  profession,  on  doit  se  recueillir  et 
peser  avec  soin  les  motifs  de  son  intervention. 

Nous  parlerons  peu  de  la  tactique  qui  s'imposait  sux  auteurs  du 
manifeste,  que  nous  avions  prévue  et  qui  était  inévitable.  Pour  peser 
sur  le  vote  d'une  assemblée  issue  du  suffrage  universel  et  émue  des 
conditions  d'une  lutte  prochaine,  il  fallait  lui  montrer  la  démocratie 
blessée  dans  ses  intérêts  et  marchant  aux  urnes  au  cri  :  Le  pain  et  la 
viande  à  bon  marché  1  Mais  il  y  avait  un  danger  à  cette  tactique  :  n'al- 
lait-on pas  partager  la  France  en  deux  camps?  ne  risquait-on  pas  de 
compromettre  l'avenir  même  de  nos  institutions,  en  sacrifiant  l'agri- 
culture dans  l'avenir  comme  elle  a  été  sacrifiée  dans  le  passé,  et  en  lui 
interdisant,  comme  aux  damnés  de  l'enfer  du  Dante,  même  l'espérance? 

Pour  parer  à  ce  double  inconvénient,  il  fallait  amplifier  les  souf- 
frances du  prolétariat  résultant  d'un  droit  de  douane  de  2  fr.  60  par 
100  kilos  sur  l'entrée  de  blés  étrangers;  de  l'autre,  il  fallait  dire  aux 
agriculteurs  :  «  Nous  compatissons  à  vos  souffrances;  mais  ce  n'est  pas 
à  l'introduction  des  blés  étrangers  qu'il  faut  vous  en  prendre  Vos  charges 
fiscales  trop  lourdes,  les  champs  désertés  et  la  main-d'œuvre  rare,  enfin 
les  droits  de  douane  qui  frappent  les  objets  nécessaires  aux  agricul- 
teurs et  tout  ce  qui  est  de  consommation  courante  pour  tous  les  ci- 
toyens, voilà  les  trois  grandes  raisons  de  vos  soutîrances,  et  voilà  ce  que 
vous  devez  poursuivre  et  renverser.  Nous  vous  y  aiderons.  » 

Les  lecteurs  du  Journal  de  l'agriculLure  ont  vu  dans  notre  dernier 
article  que  nous  connaissions  ces  trois  chemins  ouverts  à  notre  dévoue- 
ment pour  les  intérêts  agricoles  ;  mais  mon  illustre  confrère,  M.  Say, 
me  pardonnera  si,  en  ma  qualité  d'ingénieur,  je  fais  la  vérification 
des  routes  offertes,  afin  de  savoir  si  l'on  peut  passer. 

En  ce  qui  concerne  les  impôts,  pesant  lourdement  sur  la  propriété, 
je  rends  hommage  à  M.  Léon  Say  ;  il  ;i  eu  le  courage  de  projeter  un 
large  dégrèvement  de  ces  charges  ;  mais  qu'est  devenu  ce  projet  : 
ce  que  sont  devenues  les  neiges  d'an  tan  ?  Non  seulement  il  n'en  est  plus 
question,  mais  je  doute  fort  que  M.  Say,  lui-même,  revenu  au  pouvoir, 
eût  l'audace  d'en  poursuivre  la  réalisation  en  présence  de  l'élat  de  nos 
ressources.  Je  craindrais  bien  plutôt  une  aggravation  si  le  souvenir 
des  40  centimes  de  Garnier-Pagès  ne  nous  servait  pas  de  paratonnerre. 

Voilà  pour  le  premier  point;  la  route  est  fermée.  Le  second  point, 
c'est  la  rareté  de  la  main-d'œuvre  :  les  campagnes  sont  désertées,  et 
le  prix  des  journées  s'élève;  il  en  résulte  une  augmentation  de  frais. 
Mais  sans  doute  si  la  campagne  est  déserte,  c'est  que  le  simple  culti- 
vateur ne  possédant  rien  qu'une  parcelle  insuffisante  pour  son  entxe- 


LA  LIGUE  CONTRE  LE  RENCHERISSEMENT  DU  PAIN  KT  DE  LA  VIANDE.     4]  1 

tien,  trouve  plus  avantageux  de  quitter  les  champs  et  d'employer  ses 
forces  dans  l'industrie  ou  le  commerce.  //  loue  sa  parcelle  (il  faut  rete- 
nir ce  fait  capital),  et  sa  journée  dans  l'industrie,  accrue  du  prix  de 
location,  lui  font,  sans  compter  l'attraction  des  centres,  une  vie  plus 
aisée  que  celle  de  journalier  agricole.  C'est  un  grand  fait  économique, 
inéluctai)le,  comme  on  dit  aujourd'hui.  Il  ne  dépend  pas  de  notre 
bonne  volonté  de  le  supprimer  ;  celte  roule  est  fermée. 

La  troisième  route  est  la  suppression  des  droits  de  douane  sur  tous 
les  objets  de  consommation  courante,  en  d'autres  termes,  la  suppres- 
sion absolue  des  droits  de  douane;  car  je  ne  vois  pas  un  objet  utile 
aux  commerçants  et  aux  iJustriels  qui  ne  le  soit  aussi  aux  agriculteurs, 
sauf  des  articles  tout  à  fait  en  dehors  de  ce  qu'on  appelle  la  consomma- 
tion courante.  Certes,  on  nous  dira  que  les  besoins  du  Trésor  ne  per- 
mettent pas.  la  suppression  des  droits  de  douane,  mais  on  ne  nous  dira 
pas  la  vérité  vraie,  c'est  qu'une  partie  notable  de  l'école  économique 
n'accepte  pas  l'agriculture  comme  une  industrie;  c'est  pour  elle  un 
monopole,  et  la  protection  qu'on  doit  à  l'industrie  nationale,  on  ne  la 
doit  pas  aux  monopoleurs,  dont  l'Etat  doit  tirer  tout  ce  qu'il  peut  sans 
se  préoccuper  d'un  appauvrissement  mérité.  Du  reste,  on  n'osera  pas 
même  essayer  la  suppression  des  droits  sur  les  tissus,  et  j'en  appelle  à 
noscontradicteurs  eux-mêmes.  La  troisièmeroute  est  absolument  fermée- 
C'est  qu'il  y  a  loin  de  la  coupe  aux  lèvres,  de  la  théorie  k  l'applica- 
tion. La  théorie  c'est  1  absolu,  et  nous  vivons  dans  le  contingent. 

Les  trois  consolations  qu'on  nous  offrait  n'étant  que  de  l'eau  bénite 
de  cour,  le  programme  revient  à  dire  :  vous  souffrez,  nous  en  conve- 
nons ;  mais  la  crise  sera  passagère,  et  puis,  vous  êtes  la  minorité  : 
Vas  paucisl  malheur  au  petit  nombre!  Il  faut  se  mettre  un  triple  ban- 
deau sur  les  yeux  pour  la  regarder  comme  passagère,  puisque  les  causes 
sont  permanentes  :  le  bas  prix  de  la  main-d'œuvre  dans  l'Inde,  l'es- 
pace illimité  ouvert  à  la  culture  aux  Etats-Unis.  L'abaissement  du 
prix  sera  permanent,  et  ne  sera  interrompu  que  par  les  années  de 
disette,  dont  Dieu  nous  préserve. 

Mais  il  faut  dire  encore  quelques  mots  à  propos  de  l'évaluation  du 
nombre  des  intéressés  au  relèvement  du  prix  du  blé,  et  sur  les  souf- 
frances des  victimes  de  ce  relèvement.  Quand  on  abuse  à  ce  point  des 
figures  de  rhétorique,  il  faut  revenir  brutalement  aux  faits.  M.  Paul 
Leroy-Beaulieu,  dans  un  article  de  fond,  inséré  dans  le  numéro  du 
26  novembre,  du  Journal  des  Débats^  évaluait  à  800,000  environ  le 
nombre  des  familles  qui  avaient  un  intérêt  réel  à  la  hausse  du  prix  du 
blé,  c'est  à-dire  3  raillions  d'individus  environ  sur  36  millions.  Nous 
ne  voulons  pas  insister  sur  la  comparaison  de  ces  3  millions  sacrifiés 
avec  les  intéressés  de  telle  ou  telle  des  industries  protégées  ;  c'est  de 
la  petite  guerre,  et  d'ailleurs,  si  nous  défendons  les  agriculteurs,  nous 
n'avons  pas  mission  d'attaquer  les  industriels.  Mais  en  prenant  les 
chiffres  de  M.  Paul  Leroy-Beaulieu,  et  même  les  groupements  un  peu 
fantaisistes  qu'il  fait  des  parcelles,  nous  trouvons    12,228,000  par- 
celles qui,  étant  au-dessous  de  1 0  hectares  de  superficie,  n'ont,  d'après 
M.  Paul  Leroy-Beaulieu,  aucun  intérêt  au  relèvement  du  prix  du  blé, 
et  ont,  au  contraire,  pour  les 92  centièmes,  un  intérêt  à  son  abaissement. 
La   statistique  est  une  bien  belle  chose;  mais  encore  faut-il  que  le 
sens  en  soit  bien  établi.  Comment  !  les  campagnes  sont  désertes,  vous 
le  déclarez  dans  votre  manifeste  ;  il  y   a  rareté  de  main-d'œuvre,  et 


412      LA  LIGUE  CONTRE  LE  RENCHÉRISSEMENT  DU  PAIN  ET    DE  LA  VIANDK. 

voilà  12,228,000  propriétés,  appartenant  à  des  familles  comme  celles 
des  800,000  grands  propriétaires,  et  qui  seraient  exploitées  par  leurs 
possesseurs.  Mais  alors  il  y  aurait  pléthore  d'ouvriers,  toute  la  popula- 
tion serait  attachée  à  la  glèbe.  Puisque  pour  800,000  gros  propriétaires, 
vous  comptez  3  millions   d'intéj'essés,  pour   12,228,000  il  en  faudra 
beaucoup  plus  que  la  population  entière  de  la  France.  C'est  que  la  vérité 
n'est   pas   là.   L'ordre    des    successions  a  divisé  toutes  ces  parcelles, 
mais  plus  des  deux  tiers  sont  inhabitées  et  ne  sont  pas  cultivées  par 
leurs  propriétaires.  Ces  parcelles  sont  louées  à  prix  d'argent,  vouloir 
les  faire  cultivera  journées  serait  une  vraie  folie,  un  cas  d'interdiction. 
Elles   sont   possédées  par  des  petits  marchands,  des  ouvriers  de  fa- 
brique, des  employés  des  entreprises  de  transport,  etc.  Le  prix  de  lo- 
cation est  un  appoint,  quelquefois  sérieux  (selon  l'importance  de  la 
parcelle),  de    leur   existence  et  de  celle  de  leur  famille.  Et  on  vient 
nous  dire  qu'ils  n'ont  pas   d'intérêt  au  mouvement  de  la  rente  des 
terres,  que  ce  mouvement  n'importe  pas  à  la  richesse  du  pnys,  d'a- 
près les  axiomes  delà  science  économique.  Mais  il  y  a  plus  :  on  connaît 
l'influence  considérable  du  taux  des  denrées  sur  le  prix  de  la  rente. 
Non  seulement  les  faits,  mais  la  logique  le  veut  ainsi.  La  rente  n'étant 
que  l'expression  de  ce  qui  reste  après  avoir  prélevé  les  frais  de  toute 
nature  du  fermier,  un  abaissement  de  5  fr.  sur  le  prix  du  blé  suffit  à 
la  faire  disparaître  ou  tout  au  moins  à  la  réduire  dans  une  proportion 
au  moins  quadruple.  Voilà  une  famille  dont  le  chef  louait  une  par- 
celle d'un  hectare  bien  placé  près  d'une  ville  80  fr.  ;  il  n'en  tire  plus 
que  40  fr.  (et  ce  fait  est  ordinaire)  ;  il  a  donc  perdu  40  fr.   sur  ses 
ressources.    Supposons    sa    famille    composée    de   qualre    personnes 
(comme  celles  des  800,000  aristocrates),  un  droit  de  5  fr.  par  100  ki- 
log.  de  blé  rétablirait  sa  rente,  mais  augmenterait  pour  lui  le  prix  du 
pain.  Dans  une    famille  composée  de  quatre  personnes,  femme  et  en- 
fants, la  consommation  du  pain  peut  être  évaluée  à  500  grammes  par 
jour  et  par  individu  ;  un  droit  de  5  fr.  repi*ésente  donc,  pour  chaque 
individu,  2  centimes  et  demi,  et  pour  la  famille  10  centimes  par  jour; 
c'est  donc  pour  la  famille  una  perte  de  3G  fr.  50,  compensée  et  au  delà 
par  un  bénéfice  de  40  fr.  sur  la  rente. 

Voilà  la  réalité  dégagée  de  toutes  les  exagérations,  et  notez  bien  que 
j'ai  supposé  un  relèvement  de  5  fr.  ;  le  gouvernement  ne  propose,  et 
nous  ne  demandons  qu'un  relèvement  de2  fr.  11  s'agit  d'une  aggravation 
de  dépenses  de  8  fr.  30  par  an  pour  une  famille  de  quatre  personnes, 
compensée  et  au  delà  par  l'accroissement  de  la  rente. 

En  résumé,  le  renchérissement  est  à  peine  sensible,  et  il  faudra  les 
clameurs  de  la  ligue  faisant  chorus  avec  les  faux  démocrates  pour  que 
le  consommateur  s'en  aperçoive  ;  quant  aux  intéressés  au  relève- 
ment de  la  rente  de  la  terre,  ils  sont  au  moins  cinq  fois  plus  nombreux 
que  ne  le  supposent  les  ligueurs. 

Nous  avons  beaucoup  insisté,  parce  que  les  erreurs  dans  ces  ques- 
tions sont  funestes  et  ont  des  conséquences  bien  au  delà  de  la  pensée 
de  ceux  qui  les  prennent  de  trop  haut.  En  tout  cas,  ce  n'est  pas  pour 
nous  une  question  économique,  c'est  une  question  de  justice;  nous 
rélamons  l'égalité  pour  les  agriculteurs  sous  toutes  leii  formes.  Qu'on 
y  prenne  garde  :  une  réclamation  de  cette  nature  devient  un  péril  si 
elle  n'est  pas  écoutée.  P.  de  Gasparin, 

Membre  de  la  Socielé  nationale   d'agriculture, 
Correspondant  de  l'Institut. 


INOCULATIONS  PRÉVENTIVES  DU    CHARBON  BACTÉRIf.N.  413 

INOCULATIONS  PRÉVENTIVES  DU  CHARBON  BACTÉRIEN 

ou  SYMPTOMATIQUE   EN   SUISSE  EN    1884. 

Comme  aucun  traitement,  aucua  remède  prophylactique  n'a  l'éussi 
jusqu'à  présent  contre  le  charbon  symptomatique,  il  était  indiqué  de 
chercher  un  moyen  efficace  de  prévenir  l'évolution  de  cette  maladie  à 
issue  si  funeste.  Le  chiffre  énorme  de  victimes  que  fait  le  charbon 
bactérien  chaque  année  parmi  les  jeunes  bovidés  dans  les  différents 
pays  de  l'Europe  valait  certes  la  peine  qu'on  s'en  occupât.  La  Suisse 
perdait  jusqu'à  présent  annuellement  près  de  2,500  pièces  de  bétail  par 
suite  de  cette  maladie.  A  eux  seuls,  sept  à  huit  de  nos  cantons  éprou- 
vaient une  perte  annuelle  sèche  de  plus  de  500,000  francs. 

A.  mon  avis,  un  assez  bon  moyen  prophylactique  se  trouve  dans 
l'assainissement  des  pâturages  humides.  Malheureusement,  ce  procédé 
rencontre,  dans  la  règle,  des  difficultés  insurmontables.  11  fallait  donc 
découvrir  un  autre  mode  de  préservation,  ce  que  MM.  Arloing,  Corne- 
vin  et  Thomas  ont  réussi  à  faire.  Leur  découverte,  qui  a  dû  exiger  de 
bien  patientes  éludes,  investit  féconomie  animale  de  l'immunité  au 
moyen  de  l'insertion  ou  du  virus  frais  dans  le  milieu  sanguin  ou  du 
viru"  atténué  par  la  chaleur  dans  le  tissu  conjonctif  sous-cutané.  Le 
premier  procédé  présentait,  toutefois,  trop  de  difficultés  d'exécution 
pour  devenir  pratique;  et,  de  plus,  il  n'était  pas  sans  quelque  danger, 
tandis  que  le  second  procédé,  l'inoculation  hypodermique  caudale,  tout 
en  étant  aussi  efficace  que  l'inoculation  intra-veineuse,  est  beaucoup 
plus  simple  et  tout  à  fait  pratique.  C'est  uniquement  par  ce  dernier 
procédé  qu'ont  été  pratiquées  cette  année,  en  Suisse,  les  vaccinations 
dont  je  vais  rendre  compte. 

Les  beaux  résultats  que  les  expérimentateurs  lyonnais  ont  obtenus 
en  1883  par  ces  inoculations  sous-cutanées  caudales  dans  le  pays  de 
Gex  avaient  attiré  l'attention  de  tout  le  monde,  notamment  des  méde- 
cins vétérinaires  et  des  agriculteurs  de  la  Suisse.  Envoyé  à  ce  moment 
parle  gouvernement  du  canton  de  Fribourg  pour  assister  aux  inocu- 
lations opérées  par  M.  le  professeur  Cornevin  dans  le  pays  de  Gex  et 
ayant  ainsi  pu  me  familiariser  avec  le  procédé  opératoire,  je  cherchai, 
au  grand  bénéfice  de  nos  éleveurs  de  bétail,  à  propager  en  Suisse  la 
méthode  d'inoculation  préventive  hypodermique  que  je  venais  de  voir 
employer  avec  tant  de  succès.  Secondé  vigoureusement  par  le  Comité 
de  la  Société  fribourgeoise  d'agriculture,  je  donnai  dans  le  courant  des 
mois  d'avril  et  de  mai,  à  Mariahief,  à  La  Roche,  à  Grandvillard  et  à 
Châtel-Saint-DeniS;  des  conférences  théorico-pratiques  sur  la  nature  et 
l'étiologie  du  charbon  symptomatique,  suivies  des  démonstrations  du 
manuel  opératoire  de  l'inoculation  hypodermique  faites  sur  de  jeunes 
bovidés.  A  toutes  ces  conférences  assistait  un  public  nombreux.  A  celle 
de  Mariahief,  se  rencontraient  MM.  Zschokké,  professeur  à  l'école  vé- 
térinaire de  Zurich,  etisepponi,  vétérinaire  cantonal  des  Grisons,  lequel 
dans  la  suite  a  inoculé  dans  son  canton  un  grand  nombre  déjeunes 
bovidés.  Répondant  à  une  invitation  de  M.  Steiger,  directeur  de 
l'Intérieur  du  canton  de  Berne,  je  fis  aussi  une  conférence  à Erlenbach, 
centre  d'une  vaste  et  riche  contrée  alpestre,  mais  des  plus  ravagées 
par  le  charbon  bactérien.  Là,  outre  deux  professeurs  de  l'école  vétéri- 
naire de  Berne,  se  trouvaient  de  nombreux  vétérinaires  bernois  ;  j'y  vis 


414  INOCULATIONS  PRÉVENTIVES  DQ  CHARBON  BACTÉRIEN 

aussi  un  des  vétérans  de  la  profession  vétérinaire  dans  le  canton  de 
Salnt-Gall,  M.  Eberlé,  de  Flunis,  qui  n'a  pas  craint  de  laire  un  loni^ 
voyage  pour  y  assister. 

Voici  maintenant  l'exposé  des  vaccinations  pratiquées  en  Suisse  au 
printemps  de  1884  et  leurs  résultats.  On  a  inoculé  2,199  jeunes  bovi- 
dés, qui  se  répartissent  entre  les  cantons  nommés  ci-après  comme 
suit  :  743  animaux  inoculés  dans  le  canton  de  Fribourg,  dont  392  par 
l'auteur  de  ces  lignes,  157  par  son  fds  établi  dans  la  Gruyère, 
172  par  RI.  Sudan,  à  Bulle;  22  par  M.  Ruffieux,  à  La  Boche;  300  par 
M.  Cottier  de  Cossonay,  295  inoculés  par  M.  Kummer,  à  Wirainis, 
dans  le  canton  de  Berne;  281  inoculés  parM.  Isepponi,;i  Corre,  dans  le 
canton  des  Grisons;  31  inoculés  par  M.  Schindler,  à  Mollis,  dans  le 
canton  de  Claris;  21  inoculés  par  M.  Eberlé,  à  Flums,  dans  le  canton 
deSainl-Gall;  400  inoculés  par  l\1.  Humbesset,  vétérinaire  à  Begnino, 
dans  le  canton  de  Vaud  et  128  inoculés  dans  le  Valais,  à  Vouvry,  par 
M.  le  professeur  Cornevin,  de  Lvon. 

A  l'heure  oîi  j'écris  ces  lignes,  je  possède  des  renseignements  abso- 
lument certains  sur  1,499  de  ces  bêtes,  que  j'ai  suivies  ou  dont  mes 
confrères  m'ont  donné  des  nouvelles.  De  ces  1 ,499  bêtes  vaccinées,  qui 
ont  séjourné  pendant  l'été  dans  des  pâturages  dangereux  et  même  très 
dangereux  pour  la  plupart,  deux  seulement  ont  été  attaquées  par  le 
charbon  symptomatique,  l'une  deux  et  l'autre  quatre  mois  et  demi 
après  la  seconde  inoculation.  En  raison  de  ce  que,  dans  quelques 
alpages,  les  bovidés  non  vaccinés  et  les  vaccinés  ont  été  épargnés  par 
la  terrible  maladie,  que,  par  conséquent,  ici  les  résultats  ne  sont  pas 
comparables,  je  ne  prendrai  en  considération  que  les  pâturages  où  se 
trouvaient  des  animaux  vaccinés  et  des  non  vaccinés  et  où  le  charbon 
symptomatique  a  fait  des  victimes.  !1  y  a  en  tout  21  de  ces  pâturages 
dans  lesquels  ont  eslivé  753  bêles  vaccinées  et  environ  1,500  non 
vaccinées.  Parmi  ces  753  bovidés  inoculés  préventivement,  il  n'y  eut, 
comme  je  viens  de  le  dire  tout  à  l'heure,  que  deux  cas  de  charbon 
symptomatique,  c'est-à-dire  0.  26  pour  100,  tandis  que  parmi  les 
1,500  non  vaccinés,  on  a  compté  88  cas  ou  5.93  pour  100.  Si  l'on 
examine  le  tableau  des  pertes  dans  les  cantons  que  cela  touche,  on 
trouve  la  proportion  suivante  :  dans  le  canton  de  Fribourg,  il  y  eut, 
parmi  les  C6  non  vaccinés,  9  cas  de  charbon  bactérien,  c'est-à-dire 
13  pour  100;  dans  le  canton  de  Berne,  parmi  380  non  vaccinés, 
34  cas,  9  pour  100;  dans  le  canton  des  Grisons,  parmi  854  non  vac- 
cinés, 41  cas,  ou  5.8  pour  100;  dans  le  canton  de  Saint-Gall,  parmi 
169  non  vaccinés,  4  cas  de  maladie  ou  2.36  pour  100.  Tandis  que  la 
proportion  des  pertes  chez  les  vaccinés  n'est  que  de  0.26  pour  100,  elle 
est  parmi  les  non  vaccinés  de  5.9  pour  100;  d'où  il  résulte  que  le 
chiffre  de  pertes  est  parmi  les  non  vaccinés  24  fois  plus  grand  que 
chez  les  vaccinés. 

De  pareils  chiffres,  je  veux  dire  de  pareils  résultats,  parlent  très  élo- 
quemment  en  faveur  de  l'efficacité  de  l'inoculation  préventive  du  char- 
bon symptomatique  contre  les  attaques  naturelles  de  celui-ci.  Mais  ces 
résultats  sont,  en  réalité,  encore  bien  plus  liivorables  qu'ils  ne  le 
paraissent.  Voici  pourquoi.  Dans  un  pâturage  de  la  commune  de  Vou- 
vry, canton  du  Valais,  on  a  perdu  durant  huit  ans,  de  1876  à  1883 
inclus,  69  génissons  sur  1,049,  soit  6.3  pour  100  des  bêtes  qui  y  ont 
alpé.  Ce  printemps,  tout  le  troupeau,  composé  de  120  têtes,  fut  vac- 


INOCULATIONS  PRÉVENTIVES  DU  CHARBON  BACTÉRIEN.  415 

cine  par  M.  le  professeur  Cornevin  de  Lyon.  A  Tautomne,  il  est  des- 
cendu tout  entier  sain  et  saui'de  la  montagne.  De  mon  côlé,  j'ai  constaté 
des  faits  analogues.  Dans  deux  troupeaux  vaccinés  tout  entiers  et  ayant 
estivé  dans  des  pâturages  oii  auparavant  on  avait  chaque  année  des  cas 
de  charbon  symptomatique à  enregistrer,  il  n'y  a  eu  cette  année-ci  aucun 
cas  à  noter.  Il  faut  ensuite  mentionner  une  autre  circonstance  impor- 
tante. Parmi  les  864  bêtes  non  vaccinées  dans  le  canton  des  Grisons, 
il  y  en  avait  145  dépassant  l'âge  de  trois  ans,  et  dans  le  canton  de 
Berne  parmi  380  non  vaccinés,  80  dépassaient  aussi  cet  âge  après 
lequel  les  animaux  ne  sont  que  1res  exceptionnellement  attaqués  du 
charbon  bactérien.  En  défalquant  ces  225  animaux  des  1,500  non  vac- 
cinés, il  ne  reste  que  1,275  avec  une  perte  de  89,  c'est-à-dire  de  7 
pour  100.  Je  dirai  aussi  qu'à  mon  sens  la  perte  de  deux  animaux  vac- 
cinés ne  peut,  rigoureusement,  pas  être  considérée  comme  un 
insuccès. 

En  voici  les  raisons.  Le  jour  de  la  première  inoculation  —  à  la  mon- 
tagne—  fut  pluvieux  et  froid.  On  dut  faire  l'opération  dans  un  chalet 
trop  rempli  de  bétail.  On  y  manquait  d'espace  et  de  lumière 
suffisants.  La  seconde  inoculation  se  fit  dans  d'aussi  défavorables  con- 
ditions. On  opéra  donc  mal  et  l'insuccès  s'explique  du  reste, 
l'écoulement  de  sang  auquel  donne  lieu  parfois  l'introduction 
du  trocart  dans  le  tissu  cellulaire  sous-cutané  peut  mettre  obstacle  à 
l'absorption  du  liquide  vaccinal  injecté,  de  sorte  qu'il  est  possible  que, 
par  ce  fait,  l'inoculation  ne  soit  pas  réelle  et  eff'ective  dans  un  certain 
nombre  de  cas.  Quand  cela  se  présente,  il  faut  avoir  soin  de  creuser 
un  nouveau  canal  ou  retarder  Tinjection  du  liquide  vaccinal  jusqu'à 
ce  que  l'hémorrhagie  ait  cessé.  Mais  il  n'est  guère  possible  qu'un  pro- 
cédé opératoire  atteigne  la  perfection  absolue.  Du  reste,  je  le  demande, 
quelle  est  l'opération  un  peu  complexe  qui  n'eut  jamais  un  insuccès  à 
noter  ? 

Nous  condensons  dans  le  tableau  ci-joint  le  résultat  des  vaccinations 
observé  dans  les  pâturages  dangereux  : 

Nombre  des  animaux.  Perles, 

Cantons.  Pâturages.  Vaccines.      Non  vaccinés.        Vaccines.      Nou  vaccinés. 

Ellenbor,!^ 22  24  <■  ï 

Bruch G  .T  »  2 

Favel  (étaVile) (3  ?  M 

Ftibour-'        /  Hohberg Xi  »  1 

'      "  °^   ^  ^  La  Praz  (Lessoc) 48  1  »  1 

Fissenivaz 44  2  >•  1 

Viidallaz 1,S  '  »  2 

Cousimbei-j< 18              .        !7  »  1 

1  Neunenenbsrg l.'jl  50-  «  1 

Bprnp             1  Vorholzailmei:d 3',)  ?  ••  1 

y  Mcttenberg 51  9:!  «  7 

'.  isiesenrevier 48  ?  ■•  19 

f  Churer-Alp .f,9  139  ..  l:j 

Fiimmiser-Alp 40  405'  «  7 

Mùlinare-Alp 15  ;>0    '  "  1 

Grisons.   ...'jLerch   (Isris) 50  128  ■■  lu 

Fainutz  (Malans). 39  103  ■•  ô 

Pleun  (Sagens) 13  14  ■•  2 

Pieuls  (Flims) 8  27  »  1 

,  Schleuis 28  63  »  2 

Sainl-Gall.  ..!  Gastilon 15  45  t.  3 

'  Flums  (village) 6  124  »  1 

753  '  1  ,500'  2  88 

1 .  Devenu  malade  36  heures  après  le  retour  de  lamoutagne  Sclwferti. 

2.  Tous  avaient  plus  de  3  ans. 

;^ .   128  animaux  ayant  dépassé  l'âge  de  3  ans. 

4.  Nombre  compté  le  plus  approsuuativemenl possible. 


416  INOCULATIONS  PREVENTIVES  DU  CHARBON  BACTERIEN. 

En  présence  des  résultats  qui  viennent  d'être  exposés,  on  peut  sans 
témérité  affirmer  que  le  printemps  prochain  on  inoculera  sur  une  très 
vaste  échelle  en  Suisse.  J'estime  à  20,000  le  nombre  de  bêtes  que  l'on 
va  soumettre  à  cette  opération. 

Observations.  —  Accidents.  —  Des  1,499  vaccinations  que  j'ai  sui- 
vies, deux  ont  occasionné  des  accidents,  peu  graves  dans  un  cas,  plus 
graves  dans  l'autre^  que  je  dois  mentionner.  Une  génisse  a,  par  suite 
de  nécrose,  perdu  les  trois  dernières  vertèbres  caudales.  Cet  accident 
doit  nécessairement  être  attribué  à  ce  que  le  trocart  a  été  maladroite- 
ment enfoncé  dans  une  vertèbre.  Chez  une  autre  génisse,  huit  jours 
après  la  seconde  inoculation,  il  y  a  eu  mortification  du  dernier  tiers 
de  la  queue.  D'après  ma  manière  de  voir,  la  cause  de  cet  accident 
doit  être  uniquement  cherchée  dans  la  circonstance  que  l'inoculation 
a  été  imprudemment  pratiquée  vers  la  fin  du  mois  de  juin,  c'est-àdire 
dans  une  saison  trop  chaude  oîi  l'atmosphère  se  trouve  considérable- 
ment chargée  de  micro-organismes  pathogènes,  surtout  de  nature  sep- 
tique.  Tous  les  autres  animaux  vaccinés  n'ont  pas  trahi  le  moindre 
signe  d'une  indisposition  quelconque.  Strebel, 

Vt^térinaire   à  Fribourg  (Suisse) 

PRODUIT  DES  BOIS  DANS  LES  LANDES 

Dans  notre  dernière  communication,  après  avoir  dit  avec  quelle  cir- 
conspection on  devait  procéder  à  la  culture  de  la  vigne  dans  les  Landes, 
nous  ajoutions  qu'une  des  raisons  principales,  et  la  meilleure,  pour 
maintenir  la  culture  en  grand  des  bois  dans  les  Landes,  c'est  que  ces 
bois  donnaient  des  produits  largement  rémunérateurs. 

Nous  avons  fait  depuis,  le  relevé  des  bois  exportés  des  Landes  dans 
ces  dernières  années  et  provenant  des  ensemencements  entrepris  depuis 
1850,  époque  de  l'assainissement  du  sol. 

En  1881  et  1882,  il  a  été  fait  en  poteaux  télégraphiques  injectés  au 
sulfate  de  cuivre  les  exportations  suivantes  : 

Nous  avons  expédié  à  Panama  pour  la  ligne  télégraphique  du  canal 
interocéanique  en  construction,  la  quantité  de  3,360  poteaux  télégra- 
phiques qui  ont  servi  à  la  construction  entière  de  la  ligne,  présentant 
une  longueur  totale  d'environ  100  kilomètres. 

M.  Daubrée,  secrétaire  général  de  la  Compagnie,  nous  a  donné  lui- 
même  le  relevé  des  réceptions  de  ces  poteaux. 

Une  partie  de  ces  poteaux  vient  de  graines  de  pins  semées  par  nous- 
même  de  1850  à  1854,  dans  les  premières  landes  assainies. 

On  a  également  expédié  à  Panama,  pour  les  chemins  de  fer  provi- 
soires, 4,1  GO  traverses  venant  de  ces  semis.  Le  nombre  en  est  relati- 
vement beaucoup  moindre  que  celui  des  poteaux  télégraphiques,  parce 
que  nos  bois  ne  sont  pas  encore  généralement  assez  âgés  pour  donner 
beaucoup  de  traverses  et  qu'on  trouve  aussi  plus  de  traverses  que  de 
poteaux  télégraphiques  dans  le  pays. 

Dans  ces  trois  dernières  années,  les  Landes  ont  expédié  encore  pour  le 
chemin  de  fer  Rio-Grnnde  do  Sul  à  Bagé,  de  !280  kilomètres  de  longueur 
dans  la  province  de  l'Uruguay  (Amérique  du  Sud),  4,200  poteaux  télé- 
graphiques qui  ont  servi  à  la  construction  de  toute  la  ligne. 

Ces  poteaux  ont  été  livrés,  au  port  de  Bordeaux,  à  la  Société  de  con- 
struL-tiun  de  la  rue  Louis-le-Grand  à  Paris,  et  expédiés  par  Montevideo 
à  la  Compagnie  du  chemin  de  fer  américain. 


PitODUIT  DES  BOIS  DANS  LES  LANDES.  417 

La  presque  totalité  du  bois  des  poteaux  télégraphiques  ettraverses  de 
chemins  de  fer  du  Sénégal  ont  été  fournis  par  les  semis  des  Landes. 

L'Algérie,  la  Tunisie  et  lEgypte  s'approvisionnent  aussi  presque 
exclusivement  dans  nos  Landes. 

De  nombreux  envois  ont  été  faits  également  ces  dernières  années  au 
Pirée  pour  le  royaume  de  Grèce. 

Il  y  a  cinq  ans,  des  poteaux  et  traverses  de  nos  semis  de  1850  ont 
été  envoyés  à  l'île  Maurice. 

Quant  aux  poteaux  de  mines  qui  proviennent  des  éclaircissages  des 
massifs  aménagés  pour  fournir  plus  tard  des  poteaux  télégraphiques, 
des  traverses  ou  de  grands  pieux  de  construction,  ces  poteaux,  qui  ne 
sont  en  quelque  sorte  que  le  produit  de  nos  aménagements  par  jar- 
dinage, alimentent  presque  exclusivement  les  exploitations  des  usines 
de  l'Angleterre  et  de  l'Ecosse.  Les  mines  françaises  commencent  égale- 
ment à  les  faire  venir  des  Landes. 

Dernièrement  des  agents  de  l'Angleterre  nous  demandaient  si  l'on 
pouvait  espérer  d'en  avoir  toujours  pour  les  besoins  du  pays,  qui  ne 
saurait  s'en  passer  aujourd'hui.  Nous  avons  pu  les  rassurer  à  cet 
égard. 

Indépendamment  des  poteaux  de  mines  que  procurent  des  éclaircis- 
sages des  massifs  aménagés  pour  poteaux  télégraphiques,  traverses  de 
chemin  de  fer  et  grands  pieux  de  construction,  beaucoup  de  pro- 
priétaires pressés  de  récolter  le  produit  de  leurs  bois,  les  exploitent  à 
blanc  étoc,  en  les  abattant  tous  à  l'âge  de  seize  à  dix-huit  ans  pour  en 
expédier  la  totalité  comme  poteaux  de  mines. 

Ces  coupes  peuvent  aussi  se  reproduire  tous  les  seize  à  dix-huit  ans 
sur  une  étendue  de  près  de  800,000  hectares  ;  c'est  dire  combien  on 
pourra  toujours  répondre  aux  besoins  des  mines  anglaises. 

Ce  qui  fait  surtout  rechercher  les  bois  des  Landes  pour  les  poteaux 
de  mines,  c'est  que,  par  suile  de  leur  croissance  rapide,  ils  sont  plus 
élastiques,  moins  cassants  que  les  bois  ordinaires.  Sous  ce  rapport, 
ils  sont  plus  aptes  à  être  employés  pour  le  fonçage  des  puits  des 
mines.  Ils  sont  en  même  temps  moins  chers  que  les  bois  plus  durs 
venus  plus  lentement  et  présentant  un  tissu  plus  serré. 

C'est  également  ce  tissu  moins  serré,  venant  d'une  croissance  très 
rapide,  qui  fait  rechercher  nos  poteaux  télégraphiques  des  Landes. 

Plus  poreux  que  les  bois  venus  moins  rapidement,  ils  prennent  plus 
facilement  et  plus  abondamment  le  sulfate  de  cuivre  dont  ils  sont  in- 
jectés et  peuvent  ainsi  résister,  on  peut  dire  indéfiniment,  à  l'action 
du  temps. 

Ce  qui  est  un  avantage  pour  les  poteaux  télégraphiques  et  les  po- 
teaux de  mines  des  Landes  est  au  contraire  un  désavantage  pour  nos 
traverses.  Les  clous  qui  y  attachent  les  coussinets  y  sont  moinssoli- 
dement  fixés  que  dans  les  tissus  serrés  et  plus  durs  des  traverses  de 
chêne  et  autres  bois  ;  on  ne  prend  des  traverses  de  pin  que  parce 
qu'elles  coûtent  moins  cher. 

Au  surplus,  il  faut  remarquer  que  tout  pin  qui  peut  donner  des 
traverses peutêtreutiliséauparavanlenpoteaux  télégraphiques;  o!  quand 
un  massif,  qui  n'a  pas  été  entièrement  abattu  pour  poteaux  de  mines 
à  dix-huit  ans,  est  arrivé  à  l'âge  de  vingt-cinq  à  trente  ans,  au  moment 
où  tous  les  autres  arbres  restant  peuvent  être  employés  aux  poteaux 
télégraphiques,  presque  tous  les  propriétaires  les  abattent  pour  les 


418  PRODUIT  DES  BOIS  DANS  LES  LANDES. 

utiliser  comme  tels,  sans  attendre  qu'ils  puissent  être  utilisés  en  tra- 
verses. 

Toutefois  on  peut  faire  encore  de  très  bonnes  traverses  dans  les 
Landes  avec  les  pins  gemmés  ;  l'opération  du  gemmage  rend  le  tissu 
beaucoup  plus  serré  et  le  bois  dur. 

Mais  depuis  déjà  quelque  temps  on  ne  fait  que  très  peu  de  résine 
dans  les  Landes.  Tous  les  semis  qui  atteignent  trente  ans  sont  abattus 
pour  poteaux  télégraphiques.  Le  produit  de  la  coupe  est  d'autant  plus 
avantageux  que  nous  avons  obtep.u  del'administrationdes  télégraplies, 
en  France,  ce  que  les  pays  étrangers  acceptent  aussi,  une  très  grande 
latitude  pour  la  flèche  tolérée  dans  la  longueur  du  poteau. 

Le  poids  à  peu  près  insignifiant. du  fil  de  fer  que  ce  poteau  doit  sup- 
porter n'exige  pas  qu'il  soit  bien  droit.  Il  résulte  de  cette  tolérance 
que,  sur  400  sujets  qui  se  trouvent  dans  un  hectare,  il  n'y  en  a  pas  une 
dizaine  qui  soient  à  rejeter  comme  poteaux  télégraphiques. 

Dans  notre  dernière  communication,  nous  avions  dit  que  nous  avions 
vendu  une  coupe  de  pins  de  30  ares  à  raison  de  1 ,200  francs  nets 
l'hectare.  Les  pins  étaient  dans  des  conditions  spéciales,  il  est  vrai, 
comme  nous  l'avons  dit;  ils  étaient  à  une  petite  distance  de  la  gare 
d'embarquement  et  avaient  été  l'objet  de  ces  soins  de  culture  spéciaux, 
dont  i'ai  rendu  compte  dans  une  précédente  communication  ;  mais  on 
peut  dire,  en  moyenne,  quun  hectare  de  pins  abattus,  au  bout  de  30  ans, 
et  exploités  en  poteaux  télégraphiques,  donne  un  produit  net  de 
600  francs  au  moins,  qui  s'ajoute  aux  produits  annuels  des  éclair- 
cissages  précédents,  lesquels  peuvent  être  évalués  eii  moyenne  à  30  fr. 
par  an,  à  partir  de  la  dixième  année  du  semis. 

Ce  résultat  doit  inspirer  plus  de  confiance  que  celui  à  espérer  de  la 
plantation  de  la  vigne,  qui  ne  pourrait  d'ailleurs  être  jamais  tentée  sur 
une  aussi  grande  étendue  de  terrains,  où  la  population  n'estpas  encore 
très  dense. 

L'exploitation  des  bois  des  Landes,  au  contraire,  qui  nécessite  bien 
moins  de  bras  et  de  frais  de  culture,  donne  un  produit  facile  et  assuré 
contre  tout  aléa,  et  peut  être  maintenue  sans  crainte  sur  les  800,000  hec- 
tares ensemencés.  Ce  qui  prouve  d'ailleurs  la  valeur  de  ce  produit, 
c'est  le  bien-être  et  l'aisance  du  pays  au  milieu  de  la  crise  agricole 
actuelle  qui  sévit  si  malheureusement  en  France. 

Ce  bien-être,  assuré  aujourd'hui,  ne  l'est  pas  moins  pour  l'avenir; 
car  comme  nous  venons  de  le  dire,  le  débouché  des  produits  des 
Landes  s'étend  non  seulement  à  toute  l'Europe,  mais  à  une  partie  de 
l'Afrique  et  de  l'Amérique.  Toutes  ces  contrées  lointaines  sont  aujour- 
d'hui tributaires  d'une  partie  du  sol  de  la  France,  récemment  encore 
la  plus  stérile  de  son  territoire.  Ciiambrelent, 

Inspecteur  général  da  service  liydraulique. 
Membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture 

SUR  LA  CULTURE  DES  BETTERAVES  A  SUCRE 

Lorsque,  dans  le  nord  de  la  France,  l'assolement  alterne  a  été  sub- 
stitué au  vieil  assolement  triennal,  on  a  considéré  comme  une  règle  de 
placer  en  tête  de  la  rotation,  sur  la  fumure  de  fumier  de'ferme,  une  plante 
sarclée  qui  est  habituellement  la  betterave. 

On  propose  aujourd'hui  d'agir  autrement  :  on  assure  qu'en  Alle- 
magne, où    la  culture  de  la  betterave  à  sucre  a  pris  depuis  quelques 


SUR  LA  CULTURE  DES   BR.TTERAVES  A  SUCRE.  419 

années  un  énorme  développement,  on  a  trouvé  avantageux  de  mettre  le 
blé  en  tète  de  la  rotation,  sur  la  fumure,  et  de  rejeter  les  betteraves  à 
la  seconde  année,  en  soutenant  leur  végétation  par  des  engrais  salins. 

Les  inconvénients  de  ce  système  sont  évidents  :  on  sait  que  les  fu- 
mures copieuses  exposent  le  blé  à  verser  ;  on  sait,  en  outre,  qu'une  cul- 
ture de  céréales  est  difficile  à  délivrer  des  plantes  adventices  dont  les 
graines  sont  amenées  par  le  fumier,  et  l'on  ne  concevraitpas  qu'on  se 
décidât  à  braver  ces  inconvénients  si  l'on  n'y  était  poussé  par  de  sé- 
rieuses raisons. 

En  Allemagne,  depuis  longtemps  déjà,  l'impôt  qui  pèse  sur  l'indus- 
trie sucrière  est  perçu  sur  la  betterave  au  moment  où  elle  pénètre  à 
l'usine  :  c'est  ce  même  mode  de  perception  qui  est  déjà  appliqué  cette 
année  à  un  certain  nombre  de  nos  usines.  Or,  on  sait  aujourd'hui,  et  les 
travaux  que  nous  avons  publiés,  M.  Fremy  et  moi,  il  y  a  une  dizaine 
d'années,  ont  contribué  à  l'établir,  que  les  betteraves  qui  reçoivent 
d'abondantes  fumures  s'enrichissent  en  azote  et  s'appauvrissent  en 
sucre.  Les  fabricants  payant  l'impôt  sur  la  betterave  ont  le  plus  grand 
intérêt  à  obtenir  des  racines  riches  en  sucre,  et  c'est  précisément 
pour  éviter  l'appauvrissement  qui  suit  l'emploi  des  fortes  fumures  de 
fumier  de  ferme  qu'ils  ont  jugé  utile  de  conseiller  aux  cultivateurs  de 
ne  plus  mettre  les  betteraves  en  tête  de  la  rotation,  sur  la  sole  fumée. 

Si  l'abondance  des  engrais  azotés  influe  sur  la  richesse  des  betteraves, 
cette  influence  est  très  variable  avec  la  race  cultivée,  et  les  expériences 
que  nous  avons  exécutées,  M.  Fremy  et  moi,  nous  ont  fait  voir  qu'on 
pouvait  obtenir  encore  d'excellentes  betteraves,  même  avec  de  fortes 
fumures,  à  la  condition  de  bien  choisir  les  graines. 

Avant  donc  d'appuyer  une  modification  importante  dans  les  règles 
de  culture  généralement  adoptées,  j'ai  voulu  reconnaître  si  le  fumier 
de  ferme,  et  d'une  façon  générale  les  engrais  renfermant  de  l'azote 
engagé  dans  une  combinaison  organique,  exerceraient  une  influence 
aussi  fâcheuse  qu'on  le  prétend  actuellement,  et  les  parcelles  du  champ 
d'expériences  de  Grignon  ont  reçu  cette  année,  soit  du  fumier  à  la 
dose  de  40,000  kilog.,  soit  des  doses  plus  faibles  additionnées 
d'azotate  de  soude,  soit  des  engrais  commerciaux  riches  en  azote, 
débris  de  viande,  corne,  azotine,  soit  enfin  des  engrais  salins,  pour 
reconnaître  si  ces  derniers  présentaient  la  supériorité  marquée  qu'on 
tend  à  leur  attribuer. 

On  a  semé  des  graines  appartenant  à  la  variété  améliorée  par 
MM.  Vilmorin  ;  la  récolte  a  eu  lieu  au  mois  d'octobre  et  a  fourni  des 
racines  d'une  richesse  exceptionnelle,  qui  n'a  pas  varié  avec  la  fumure. 

Les  betteraves  de  la  parcelle  sans  engrais  renfermaient  en  moyenne 
19  de  sucre  dans  100  de  jus,  et  l'on  a  trouvé  exactement  le  même 
chiffre  pour  celles  qui  ont  été  recueillies  sur  le  sol  qui  avait  reçu 
40,000  kilog.  de  fumier;  les  autres  engrais  n'ont  pas  fourni  de  belle- 
raves  moins  riches  que  les  précédentes. 

Sur  G4  bfitteraves  analysées  séparément,  on  en  a  trouvé  10  qui  ren- 
fermaient plus  de  20  pour  100  de  sucre;  23  en  contenaient  de  19  à 
20,  4  de  18  à  19,  12  de  17  à  18  et  5  seulement  de  16  à  17. 

Pour  s'assurer,  au  reste,  de  la  richesse  générale  des  betteraves,  on  a 
procédé  à  une  seconde  série  d'analyses  ;  les  racines  ont  donné  les  chiffres 
compris  entre  21  et  16  de  sucre  pour  100  de  jus,  avec  des  densités 
comprises  entre  11  et  8. 


420  SUR  LA.  CULTURE  DES  BETTERAVES  A  SUCRE. 

En  général,  les  betteraves  très  riches  sont  d'un  poids  minime.  11  n'en 
a  pas  été  ainsi  cette  année  :  on  a  trouvé  une  richesse  égale  aux.  bette- 
raves de  600  à  700  grammes  et  à  celles  qui  ne  pesaient  que  250  à 
300  grammes. 

La  valeur  de  la  récolte  aurait  été  très  élevée,  en  effet,  en  calculant 
le  prix  des  betteraves  d'après  les  conventions  habituellement  en  usage  : 
on  en  trouve  de  33  à  35  francs  la  tonne  ;  or,  tandis  que  la  parcelle 
sans  engrais  fournissait  29,700  kilog.  à  l'hectare,  qu'on  obtenait 
35,000kilog.  avec  lefumier,onatteignait38,000, 39,000  et  43, OOOkilog. 
quand  le  fumier  était  additionné  d'azotate  de  soude. 

En  réduisant  le  prix  des  betteraves  à  30  francs,  la  moyenne  des  ren- 
dements à  35,000  kilog.,  on  aurait  pour  la  récolle  d'un  hectare 
1,050  francs,  qui  dépasse  de  beaucoup  le  chiffre  de  700  francs,  qui  est 
considéré  comme  la  limite  inférieure  au-dessous  de  laquelle  le  culti- 
vateur de  betteraves  n'a  plus  de  bénéfices. 

Si  les  betteraves  améliorées  par  MM.  Vilmorin  sont  peu  sensibles  à 
l'action  des  engrais,  elles  me  paraissent  l'être  davantage  à  celle  des 
saisons.  En  1876,  je  les  ai  cultivées  à  Grignon  sans  grand  succès  : 
elles  ne  renfermaient  en  moyenne  que  13  pour  100  de  sucre;  en 
1877,  au  contraire,  elles  ont  présenté  une  richesse  analogue  à  celle  de 
1884. 

On  sait  qu'une  des  causes  aui  influent  davantage  sur  la  richesse 
en  sucre  des  betteraves  est  la  poussée  tardive  des  jeunes  feuilles  qui 
utilisent  pour  leur  développement  le  sucre  déjà  accumulé  dans  la 
racine;  en  consultant  les  registres  météorologiques  de  Grignon,  j'ai 
reconnu  que  si  le  dernier  mois  de  végétation  est  chaud  et  humide,  la 
betterave  continue  à  végéter,  et  elle  est  pauvre  en  sucre,  mais  si  au 
contraire  ce  dernier  mois  est  sec,  que  la  hauteur  de  pluie  ne  soit  pen- 
dant cette  période  que  1 1""°.47,  comme  en  1877,  ou  9"". 5,  comme  en 
1884,  les  betteraves  sont  de  bonne  qualité. 

Je  crois  que,  dans  les  conditions  difficiles  oi^i  se  trouve  aujourd'hui 
la  sucrerie  française,  il  n'était  pas  inutile  de  montrer  qu'en  choisissant 
judicieusement  la  graine,  ainsi  que  M.  Peligot  le  recommande  depuis 
si  longtemps,  on  peut,  en  conservant  l'assolement  adopté  dans  le  nord 
de  laFrance,  obtenir  des  betteraves  qui  assurent  une  large  rémunération 
au  cultivateur  et  au  fabricant.  P. -P.  Dehéuain, 

l'rofesseur  au  Muséum  d'histoire  naturelle 
et  à  l'école  nationale  d'agriculture  de  Grignon. 

TRAITEMENT  DES  SAPINIÈRES  GELÉES 

PENDANT  l'hiver   1879-80 

Au  moment  de  l'hiver  1879-80,  j'étais  possesseur  de  semis  de  pins 
maritimes  nombreux  et  de  presque  tous  les  âges.  J'en  avais  notam- 
ment de  1 ,  2,  3,  4,  5,  6,  7  et  8  ans. 

Le  froid  a  sévi  chez  moi  avec  une  intensité  sans  pareille,  et  tous 
mes  pins  maritimes,  quelque  âge  qu'ils  eussent,  ont  été  littéralement 
grillés  par  la  gelée.  Des  sujets  de  40  ans  même,  excessivement  vigou- 
reux, n'ont  pas  été  épargnés,  et  il  n'en  est  pas  resté  debout  plus  d'une 
quinzame  dans  toute  ma  propriété. 

L'aspect  de  mes  sapinières  était  lamentable  :  les  arbustes,  grillés, 
étaient  rouge  feu;  les  genêts  qui  parsèment  les  semis,  calcinés  par  le 
froid,  étaient  noirs  comme  charbon  et  faisaient  l'effet,  au  milieu  des 
sapins  roussis,  d'affreux  démons  dans  une  fournaise  ardente 


TRAITEMENT  DES  SAPINIÈRES  GELÉES  EN  1879-80.  421 

Mon  désespoir  fut  grand,  d'autant  plusgrand  que,  vu  la  nature  du  sol, 
composé  de  sable  pur,  je  n'avais  pas  d'autre  essence  que  du  pin  mari- 
time. Tous  mes  semis  étaient  perdus,  sauf  celui  d'un  an,  qui,  couvert 
par  la  neige,  était  indemne.  Je  n'ai  pas  besoin  de  dire  avec  quelle  peine 
et  surtout  avec  quelles  pertes  je  parvins  à  me  débarrasser  de  mes 
arbres  gros  et  moyens.  Ce  fut  une  liquidation  désastreuse;  elle  est  ter- 
minée à  l'heure  qu'il  est,  n'en  parlons  plus.  Quant  à  mes  jeunes 
semis,  de  2  à  8  ans,  je  n'avais  qu'une  chose  à  faire,  au  dire  de  tout 
le  monde  :  les  arracher,  en  débarasser  le  terrain  le  plus  promptement 
possible,  labourer,  ressemer  et  attendre.  C'est  ce  qu'ont  fait,  je  crois, 
la  plupart  des  propriétaires  de  la  Sologne.  Je  n'adoptai  pas  cette  ma- 
nière d'opérer. 

Une  étude  attentive  de  mes  semis  gelés  me  fit  découvrir  qu'au  pied 
de  presque  chaque  arbuste  de2, -i,  4,  5,  6,7  et  Sans,  se  trouvaient  une 
ou  plusieurs  branchettes,  moitié  branches,  moitié  racines,  grêles,  me- 
nues, délicates,  se  traînant  péniblement  à  la  surface  du  sol.  Ces  branchet- 
tes 6  (0g.35),de  la  grosseur  au  plus  d'une  aiguille  à  tricoter,  s'étaient 
trouvées  cachées  sous  la  neige,  et  semblaient  avoir  été  épargnées  par 
la  gelée;  car  elles  avaient  encore  une  apparence  de  verdeur,  tandis 
que  le  tronc  B  de  l'arbusle  et  ses  branches  étaient  absolument  morts; 
ces  branchettes  semblaient  avoir  conservé  un  reste  de  vie,  ainsi  que  la 
racine.  Je  me  raccrochai  à  cet  espoir,  et  au  lieu  de  faire  arracher  mes 
semis,  je  les  fis  couper  par  le  pied,  en  recommandant  bien  aux  ouvriers 
chargés  de  ce  travail,  de  couper  l'arbuste,  en  c,  un  peu  au-dessus  des 
branchettes  rasant  le  sol,  et  de  les  ménager  avec  le  plus  grand  soin. 

Mon  raisonnement  était  celui-ci  :  la  racine  de  l'arbuste  n'est  pas 
gelée,  puisqu'elle  est  en  terre  et  que  la  terre  était  couverte  de  neige.  Si 
les  branchettes  qui  rasent  le  sol  et  sont  fixées  à  cette  racine  ne  sont 
pas  mortes,  elles  vont  puiser  de  la  vie  et  de  la  force  dans  les  racines, 
et  comme  le  sapin  cherche  toujours  la  verticale,  d'horizontales  qu'elles 
sont,  elles  se  redresseront  peut-être. 

Je  ne  cacherai  pas  que  tous  ceux  qui  me  virent  opérer  ainsi  blâ- 
mèrent ma  manière  de  faire.  Persuadés  qu'il  n'y  avait  rien  de  bon  à 
attendre  de  ce  procédé,  et  que  les  branchettes  que  je  respectais  avec  un 
soin  jaloux,  ne  pouvaient  jamais  arriver  à  faire  des  arbres  (puisque 
le  pin  maritime  ne  repousse  pas  du  pied),  ils  estimaient  que  je  dou- 
blais à  plaisir  mes  frais  de  main-d'œuvre  ;  car  après  avoir  coupé  les 
arbustes  parle  pied,  il  faudrait  plus  tard  arracher  ce  pied  pour  labourer 
le  champ  et  le  resemer  à  nouveau. 

Pour  moi,  je  n'avais  qu'une  confiance  médiocre  dans  mon  procédé, 
que  je  considérais  comme  un  essai  un  peu  hasardeux;  et  pendant 
toute  l'année  qui  a  suivi  l'opération  du  recépage,  j'ai  attendu  avec  une 
véritable  anxiété  quel  en  serait  le  résultat.  Cette  opération  du  recé- 
page, je  l'ai  faite  dans  tous  mes  jeunes  semis,  tous  ceux  qui  présen- 
taient encore,  vu  leur  jeune  âge,  des  branchettes  basses  qui  avaient 
été  cachées  par  la  neige.  Ma  foi  dans  mon  système  n'étant  pas  absolue, 
je  me  suis  laissé  entraîner  à  arracher  quelques  hectares  de  semis,  et  je 
le  regrette  bien  vivement,  car  aujourd'hui  ils  font  tache  dans  mes 
sapinières  renouvelées. 

L'opération  du  recépage  eut  lieu  dans  le  courant  de  1880  :  dès  le 
printemps  de  1881,  je  constatais  qu'à  tous  les  pieds  d'arbustes  cou- 
pés,  les  branchettes  vivaces  s'étaient  fortifiées,  relevées,   et  qu'elles 


422 


TRAITEMENT  DES  SAPINIÈRES  GELÉES  EN  1879-80. 


étaient  daiitanlplus  grosses,  qu'elles  avaient  puisé  la  vie  à  des  racines 
plus  fortes.  Chaque  pied  formait  alors  une  véritable  souche  (Be;.  36  , 
composée  d'un  nombre  variable  de  br-mchettes  redressées,  et  l'on 
aurait  dit  que  le  sapin,  depuis  l'hiver  1880,  jouissait  de  la  faculté 
qu'a  le  chêne  de  diageonner. 

Ce  premier  résultat  était  déjà  satisfaisant,  et  je  commençais  à  espé- 
rer que  je  n'avais  pas  fait  fausse  route.  Malheureusement,  la  maladie 
ronde  envahissait  mes  sapinières,  et  les  branchetles  qui  ne  demandaient 
qu'à  renaître  à  la  vie  et  à  se  soulever,  étaient  écrasées  par  le  mouche- 
ron rouge,  qui  leur  brisait  la  tête.  Malgré  ce  contretemps,  dès  l'au- 
tomne 1881,  je  fis  une  première  élimination  de  branchettes.  Chaque 
pied  renouvelé  portait  généralement  3,  4,  5  ou  6  branchettes,  qui 
toutes  avaient  repris  delà  vie  et  redevenaient  verticales;  je  fis  élimi- 
i 


r 


/ 


Fig.  35.  —  Etat  des  jeunes  sapins  Fig.  36.  —  Arbuste 

après  la  gelée.  recépé. 


Fig.   37.  —  Etat  actuel   de 

Parbuste. 


ner  à  chaque  pied,  les  plus  faibles,  de  façon  à  éviter  l'éparpiilement 
des  forces  végétales  de  la  racine,  et  à  les  concentrer  sur  les  deux  ou  trois 
plus  fortes  branches.  Lerésultatde  cette  opération  lut  merveilleux,  etdès 
le  printemps  de  I88"2,  je  constatais  que  les  branches  restantes,  malgré 
les  assauts  de  la  maladie  ronde,  avaient  pris  un  développement  re- 
marquable ;  et  je  me  voyais  ainsi  amené  à  faire,  sans  retard,  une 
nouvelle  ablation  de  branches,  qui  toutes  partaient  du  pied.  Donc, 
dans  le  courant  de  l'automne  et  de  l'hiver  de  1882,  les  ouvriers  furent 
remis  à  l'œuvre  et  eurent  ordre  de  ne  laisser  à  chaque  pied  qu'une 
seule  branche  (fig.  37). 

Voilà  bientôt  deux  ans  que  cette  opération  est  terminée,  et  on  peut  en 
admirer  le  résultat.  Mes  pépinières  sont  reconstituées,  elles  présentent 
actuellement  le  même  aspect  que  lorsque  le  désastre  de  1879-80  est 


TRAITEMENT  DES  SAPINIÈRES  GELÉES  EN  1879-80  423 

venu  les  frapper  :  les  arbustes  ont  la  mi'me  taille  qu'à  cette  époque. 
Chose  bien  singulière,  les  branchettes  ont  repoussé  avec  une  force 
d'autant  plus  grande  que  les  racines  où  elles  jpuisaient  la  vie  étaient 
plus  vieilles;  et  quoique  l'opération  ait  été  faite  en  même  temps  pour 
toutes  les  sapinières,  on  voit  la  différence  d'âge  de  chacune  d'elles, 
comme  on  la  voyait  en  1879,  à  la  différence  de  hauteur  des  sujets. 
Seulement  l'arbuste  reconstitué,  formé  seulement  d'une  branche  laté- 
rale au  tronc  primitif,  présente  encore  à  sa  base  un  coude  qui  dispa- 
raîtra dans  quelques  années,  à  mesure  que  le  sujet  grossira. 

Une  remarque  à  faire,  c'est  que  le  corps  de  ces  arbustes  est  beau- 
coup plus  gros  que  ne  le  comporte  leur  hauteur.  Cela  tient-il  à  Texu- 
bérance  de  sève  produite  par  une  racine  vieille  et  déjà  forte,  ou  est-ce 
l'effet  de  la  maladie  ronde,  qui  ayant  sévi  deux  ans  de  suite  contre 
ces  arbustes,  a  gêné  leur  développement  en  hauteur  et  entraîné  le 
développement  exagéré  du  tronc?  C'est  ce  que  je  ne  saurais  décider. 
Dans  tous  les  cas,  la  maladie  ronde  a  complètement  disparu  de  mes 
sapinières  en  1883,  et  j  ai  l'espoir  que  je  vais  voirie  développement 
de  mes  semis  suivre  désormais  une  marche  normale. 

L'opération  que  j'ai  pratiquée  a  donc  eu  pour  résultat  de  me  don- 
ner une  très  grande  avance  pour  la  reconstitution  de  mes  semis; 
car  en  trois  ans  ils  ont  acquis  le  développement  qu'ils  n'auraient 
eu  qu'au  bout  de  4,  5,  6,  7  ou  8  ans.  11  est  certain  que  mes  semis, 
surtout  les  plus  vieux,  sont  moins  serrés  qu'autrefois;  car  tous  les  ar- 
bustes n'ont  pas  pu  fournir  de  branchettes  vivaces,  et  il  y  en  a  eu 
forcément  d'éliminés;  mais  je  ne  regrette  pas  beaucoup  ces  éclaircies 
forcées  :  il  aurait  toujours  fallu  arriver  à  les  faire,  et  le  développement 
de  mes  arbres  sera  d'autant  plus  rapide  qu'ils  auront  plus  d'air  et 
plus  d'espace;  j'ai  eu  de  plus  une  notable  économie,  puisque  j'ai  évité 
les  frais  de  labourage  et  d'ensemencement  à  nouveau.  L  opération  du 
recépage  n'a  pu  porter  sur  les  semis  âgés  de  plus  de  8  ans  ;  ceux-là  ne 
présentaient  plus  de  branchettes  à  fleur  de  terre,  et  je  n'ai  eu  d'autre 
ressource  que  de  les  arracher. 

Les  semis  sur  lesquels  j  ai  opéré  présentent  une  surface  d'environ 
2.5  hectares.  Le  travail  auquel  je  me  suis  livré  ne  m'a  rien  coulé. 
J'habite  un  pa^'s  fort  peuplé  :  on  y  plante  beaucoup  de  vignes;  les 
bourrées  de  sapin  sont  utilisées  pour  mettre  dans  les  rigoles,  et  j'ai 
pu  faire  faire  le  recépage  et  l'ébranchage  en  abandonnant  le  bois  qui 
en  provenait. 

Comme  conclusion  de  ce  travail,  je  dirai  aux  svlviculteurs  solognots, 
mes  collègues  :  Si  jamais  désastre  pareil  à  celui  de  1879-80  nous 
frappe  encore,  gardez-vous  d'arracher  vos  jeunes  semis  ;  recépez-les 
en  conservant  précieusement  les  branchettes  basses  cachées  sous  la 
neige.  Antoine    de    Verkeuil, 

Ancien  capitaine  d'étal- tEajcr. 
Memî>re  da  Comice  de  l'arrondissement  de  Blois. 

VAINE  PATUR]^: 

Le  droit  de  vaine  pâture  est  le  droit  réciproque  que  les  habitants 
d'une  même  commune  ont  d'envover  leurs  bestiaux  paître  sur  les  fonds 
les  uns  des  autres,  à  certaines  époques.  Lorsque  la  vaine  pâture 
s'exerce  parles  habitants  de  deux  communes  sur  le  territoire  l'une  de 
l'autre  respectivement,  on  sait  qu'elle  prend  le  nom  de  parcours. 

La  loi  des  '28  septembre  et  G  octobre  1791,  à  laquelle  le  Codo  civil 


424  VAINE  PATURE 

n'a  pas  dérogé,  inspirée  des  idées  libérales  de  la  Révolution,  a  voulu 
fonder  la  liberté  des  héritages  et  exonérer  la  propriété  privée  des  servi- 
tudes nombreuses  auxquelles  elle  était  soumise.  Le  législateur  de  1791 
n'a  pu  d'un  trait  de  plume  abolir  des  coutumes  immémoriales;  il  a 
dû  se  contenter  d'en  restreindre  l'étendue.  Le  droit  de  vaine  pâture 
n'a  plus  existé  que  dans  les  lieux  oîi  il  était  fondé  soit  sur  un  titre, 
soit  sur  un  usage  local  depuis  longtemps  établi.  De  plus,  d;  ns  ce  der- 
nier cas,  le  propriétaire  a  pu  désormais  se  soustraire  a  cette  servitude 
en  faisant  clore  son  terrain. 

Il  résulte  de  ces  considérations  que  les  tribunaux,  lorsqu'il  y  aura 
doute,  devront  appliquer  la  loi  dans  sou  sens  le  plus  large.  Mais  il  ne 
faut  pas  en  conclure  que  les  autorités  communales  puissent  affranchir 
leurs  administrés  de  cette  servitude.  Le  maire  et  le  conseil  municipal, 
auxquels  incombe  le  devoir  de  réglementer  et  de  déterminer  le  mode 
d'exercice  et  la  durée  de  la  vaine  pâture,  ne  pourront  pas  prendre  des 
mesures  aboutissant  directement  ou  indirectement  à  la  supprimer. 

La  Cour  de  cassation  s'est  conformée  à.  ces  principes  dans  un  arrêt 
du  2  février  1859,  par  lequel  elle  a  déclaré  nul  et  non  obligatoire  un 
arrêté  municipal  imposant  aux  habitants  qui  voulaient  mener  paître 
leurs  bestiaux  sur  le  terrain  d'autrui  soumis  à  la  vaine  pâture  l'obli- 
gation de  se  munir  d'une  autorisation  du  propriétaire,  visée  par  le 
maire.  Le  20  janvier  1876,  elle  a  également  annulé  le  règlement  qui, 
contrairement  à  l'usage  et  aux  titres,  exceptait  du  droit  de  vaine 
pâture  certaines  espèces  d'animaux. 

Voici  un  arrêt  de  la  Cour  de  cassation,  en  date  du  17  août  1883,  qui, 
rendu  dans  le  même  sens,  nous  paraît  être  allé  beaucoup  plus  loin  : 

La  Cour,  sur  le  moyen  tiré  de  la  violation  par  refus  d'application  de  l'art.  471, 
n"  '•),  du  Gode  pécal,  en  ce  que  le  jugement  attaqué  a  relaxé  indûment  Massonnet, 
prévenu  de  contravention  à  un  arrêté  municipal  interdisant  l'exercice  de  la  vaine 
pâture  avant  l'enlèvement  de  la  dernière  récolte: 

Attendu  que  d'après  les  lois  du  28  septembre,  6  octobre  1791  et  18  juillet  1837, 
art. 17,  n"  3,  19,n'"8et20,  le  droit  de  réglementer  la  vaine  pâture,  d'en  détermi- 
ner le  mode  d'exercice  et  la  durée,  de  fixer  l'époque  de  son  ouverture,  appartient 
au  Conseil  municipal  de  la  commune  où  ce  droit  peut  s'exercer,  mais  que  ce  pou- 
voir de  réglementation  sur  l'exercice  d'un  droit  reconnu  par  la  loi  ne  s'étend  pas 
jusqu'à  permettre  à  l'autorité  municipale  de  prendre  des  mesures  qui  auraient, 
directement  ou  indirectement,  pour  résultat  de  supprimer  la  servitude  elle-même, 
ou  de  la  restreindre  au  delà  des  prévisions  du  législateur; 

Attendu  que,  par  délibération  en  date  du  14  avril  1882,  approuvée  par  le  pré- 
fet du  département  de  l'Ain,  le  6  mai  suivant,  le  Conseil  municipal  de  Hrenod  a 
décidé  qne  le  droit  de  vaine  pâture  qu'il  reconnaît  exister  dans  la  commune  «  ne 
pourra  avoir  lieu  sur  les  prairies  naturelles  produisant  plusieurs  récoltes,  qu'a- 
près que  la  dernière  récolte  aura  été  faite  ;  » 

Attendu  que  celte  délibération  et  l'arrêté  du  maire  du  20  juin  suivant,  pris 
pour  son  exécution,  en  ajournant  ainsi  l'exercice  de  la  vaine  pâture  jusqu'après 
la  dernière  récolte  des  prairies  naturelles  sans  aucune  précision  de  terrain,  ni  du 
nombre  des  récoltes,  et  sans  aucune  détermination  d'époque,  auraient  pour  eflét 
de  le  rendre  vain  et  d'exposer  les  ayants  droit  à  l'arbitraire  des  propriétaires,  en 
même  temps  que  d'exonérer  indirectement  ceux-ci  de  l'obligation  de  se  clore,  seul 
procédé  légal  pour  dégager  la  propriété  de  l'assujettissement  à  la  vaine  pâture; 

Qu'en  déclarant,  dans  ces  conditions,  que  la  délibération  du  Conseil  municipal 
de  Brenod  et  l'arrêté  du  maire  qui  l'a  suivie,  portant  essentiellement  atteinte  à 
l'exercice  d'un  droit  légitime,  n'étaient  pas  obligatoires,  et  en  refusant,  en  con- 
séquence, d'appliquer  dans  l'espèce  la  sanction  pénale  de  l'art.  471,  n"  5,  le  ju- 
gement attaqué  n'a.  en  aucune  laçon,  violé  cette  dispositioii  de  loi; 

Par  ces  motifs,  rejette.  Eue.  Pouillf.t, 

Avocat    à    Is   Cour   de    Paris. 


BIBLIOGRAPHIK  AGRIGULK. 


425 


BIBLIOGRAPHIE  AGRICOLE 

Le  mirru^copi",  Ihrorie  et  applications,  traduction  etannotations  sur  !a  4'  édition  du  docteur  Hager, 
par  MM.  L.  Planciion,  et  le  docteur  HuGOi.tKNO,  de  la  Faculté  île  médecine  de  Montpellier, 
avec  une  introduction  par  M.  .I.-K.  I'lanjhon.  —  Un  volume  ia-l8,  orné  de  350  vignettes.  — 
Librairie  de  J.   Rothschild.  13,  rue  des  Saint^-I'ùres,  à  Paris. 

Le  microscope  a  pris  possession  du  monde  scientifique,  et  il  en  a  si 
bien  pris  possession  qu'il  est  aujourd'hui,  dans  presque  toutes  les 
branches  des  sciences  physiques  et  naturelles,  l'arme  joiiriiahére  du 
chercheur.  C'est  à  cet  instrument  précieux  que  l'on  doit  la  plupart  des 
grandes  découvertes  des  cinquante  dernières  années.  Aussi,  partout,  on 
apprend  maintenant  à  s'en  servir;  il  est  même  entré  dans  le  domaine 
des  industries  aciricoles,  il  sert  chaque  année  à  la  sélection  de  laL,'raine 
des  vers  à  soie  d'après  la  méthode  de  M.  Pasteur.  D'humbles  ouvrières 
ont  donné  un  démenti  au  préjugé  qui  reléguait  le  microscope  dans  les 
laboratoires  de  recherches  transcendantes.  Toutefois,  pour  bien  utiliser 
le  microscope,  il  faut  le  connaître,  il  faut  apprendre  à  s'en  servir;  c'est 
un  apprentissage  délicat,  qui  demande  un  temps  plus  ou  moins  long 


KIg.  3S.  — Caractères  des  fibres  textiles:  L,  Un;  H.  chanvre;   J,  ramic;   B,  coton;    S,   soie; 

A.alpaca;  E  et  W,  laines. 


suivant  les  dispositions  naturelles,  mais  qui  est  absolument  indispen- 
sable à  quiconque  veut  en  surprendre  les  secrets. 

Le  nouveau  livre  que  nous  présentons  au  public  est  une  traduction, 
accompagnée  de  commentaires  et  de  notes,  d'un  ouvrage  qui  a  eu  un 
légitime  succès  en  Allemagne,  et  qui  est  di\  au  docteur  Hager.  Les 
deux  traducteurs  appartiennent  à  la  Faculté  de  médecine  de  Montpel- 
lier, et  ils  ont  eu  la  bonne  fortune  d'avoir,  auprès  du  public;  un  intro- 
ducteur très  autorisé,  M.  Planchon,  correspondant  de  l'Institut,  dont 
le  nom  est  bien  connu  de  nos  lecleurs.  Voici  d'ailleurs  l'appréciation 
que  M.  Planchon  en  donne  dans  son  introduction  :  c  Tel  qu'il  est, 
résumé  succint  de  notions  justes,  introduction  à  des  études  plus  com- 
plètes, avant-goût  de.s  jouissances  que  le  microscope  réserve  à  ceux 
qui  sauront  y  trouver  soit  une  distraction,  soit  une  occupation  sérieuse, 
ce  manuel  aura  la  valeur  d'une  œuvre  d'initiation  et  d'application 
usuelle.  » 

L'ouvrage  est  divisé  en  deux  parties.  La  première  est  consacrée  à  la 


426 


BIBLIOGRAPHIE  AGRICOLE. 


théorie  du  microscope,  à  sa  description  et  à  sa  technique.  La  deuxième 
est  réservée  aux  applicalioQs;  on  y  trouve  la  description  des  études 
micrographiques  sur  un  grand  nombre  de  sujets  d'ordre  très  varié.  Ces 


.-*\ 


-  'ra 


J'ig.  39.  —  R,  farine  de  seigle;  r,  grains  de  froment, 
)M,  ergot  du  seigle. 


Fig.  40.   —  Fibres  musculaires- garnies  de  trichines. 


\ 


applications  sont  destinées  à  exercer  le  commençant  à  l'usage  du  micro- 
cope,  à  lui  montrer  ce  qu'il  doit  y  voir  sur  des  sujets  bien  connus,  et 

à  lui  faciliter  ainsi 
des  recherches  per- 
sonnelles ultérieures. 
On  apprend  à  con- 
naître les  vrais  carac- 
tères des  matières  pre- 
mières dont  la  plupart 
appartiennent  au  rè- 
gne végétal  ou  au  rè- 
gne animal  ;  on  ap- 
prend, par  consé- 
quent, à'dévoiler  les 
altérations  qui  s'y 
produisent  naturel- 
lement et  celles  qui 
sont  dues  à  des  opé- 
rations frauduleuses  : 
farines,  fécules,  lait, 
beurre,  et  un  grand 
nombre  d'autres  den- 
rées aoricoles  sont 
ainsi  passées  en  re- 
vue. Beaucoup  de  gravures  exécutées  avec  soin  accompagnent  ces 
applications;  nous  en  reproduisons  quelques-unes  (fig.  38  à  41),  afin 
de  donner  une  4dée  de  l'exactitude  avec  laquelle  elles  sont  gravées. 


Fig.  41. 


Beurre. 


BIBLIOGRAPHIE  aUXUCOLE  427 

Le  public  auquel  .MM.  L.  Planehon  et  Ilugoiinenq  s'adressent  est  un 
public  très  nombreux  ;  nous  pensons  qu'il  saura  apprécier  l'œuvre  de 
vulgarisation  sérieuse  qui  lui  est  présentée.  Henry  Sagkier. 

FALSIFICATIONS  DU  BEURRE 

AU  POINT   DE   VUE  LÉGAL  ET  AGRICOLE.    —  DE   LA  MARGARINE 
ET  DES  PRODGITS   SIMILAIRES.   —  III  '. 

Les  sociétés  qui  exploitent  la  bulLerine,  la  margarine  et  autres 
drogues  soi-disant  alimentaires,  font  de  grands  efforts  pour  accréditer 
dans  le  public  l'opinion  que  leurs  produits  sont  tout  à  fait  inoffen- 
sifs. L'une  des  principales  usines  à  butterine  de  Chicago  fait  publier 
des  sortes  de  réclames  dans  les  journaux,  dans  lesquelles  le  directeur, 
qui  est  naturellement  défenseur  enthousiaste  de  son  produit  (loho  icas 
natural/y  enthusiaslic  m  de/cnce  oj  Oie  good  lie  tanis  oui),  fait  voir 
l'excellence  de  chacun  des  produits  qui  entrent  dans  leur  composition. 
Voilà  notre  lard,  dit-il  avec  orgueil,  c'est  le  plus  joli  lard  que  l'on 
puisse  trouver,  et  on  le  passe  à  la  glace  pour  qu'il  ne  se  gâte  pas  ;  on 
le  fond  à  140  degrés.  Quelle  est  la  trichine  qui  résisterait  à  cette  tem- 
pérature? (Notons  en  passant  comme  cette  idée  de  trichine  est  rassu- 
rante pour  le  consommateur  qui  veut  acheter  du  beurre).  Quelle  huile 
pure  nous  en  retirons  !  Melangeons-la  avec  de  l'oléo-margarme  extraite 
des  graisses  de  bœuf;  nous  la  baratterons  ensuite  avec  du  lait  ou  de 
la  crème  fraîche  ou  sure  ou  du  lait  de  beurre,  un  peu  de  colorant 
d'huile  de  sésame  ou  d  amande,  et  voilà  la  butterine  préparée!  Et  il  ne 
reste  plus  qu'à  la  refroidir,  la  saler  et  la  vendre  comme  beurre.  Et 
voilà  une  usine  qui  en  a  fabriqué  ainsi  2  millions  de  livres  la  saison 
dernière,  au  rapport  de  la  Tribune  de  Chicago.  Remarquez  que  le  di- 
recteur en  question  reconnaît  que  la  butterine  a  un  mauvais  renom, 
au  moins  à  New-York;  il  prétend  que  les  vendeurs  en  détail,  dans 
cette  dernière  ville,  n'y  vendent  que  des  graisses  acides  et  rances, 
bonnes  tout  au  plus  pour  graisser  les  chariots,  sous  le  nom  de  but- 
terine. 

Quoi  qu'il  en  soit  delà  butterine  de  Chicago,  «  qui  est  la  meilleure 
butterine  »,  une  réflexion  s'impose  à.  ma  raison  en  face  de  ces  pro- 
duits. Quand  bien  même  on  referait  de  toutes  pièces,  à  l'aide  d'une 
synthèse  des  plus  exactes,  un  beurre  artificiel,  exactement  composé 
dans  ses  constituants,  comme  le  beurre  naturel,  ayant  le  même  goût  et 
le  même  parfum,  sans  danger  si  l'on  veut  pour  la  sanlé,  ce  produit 
serait-il  encore,  au  point  de  vue  de  notre  alimentation,  l'équivalent 
du  beurre  ?  —  Non,  pas  plus  que  nous  ne  pourrions  nous  nourrir  de  la 
même  façon  avec  les  aliments  chimiques  qui  constituent  les  matières 
alimentaires  qu'avec  les  matières  alimentaires  elles-mêmes.  Que  diriez- 
vous,  par  exemple,  si  l'on  vous  tenait  ce  langage  :  le  bœuf  rôti  contient 
3.5  d'azote,  18  de  carbone,  5  de  matière  grasse  et  70  pour  100 
d'eau.  Eh  bien  !  nous  allons  mettre  dans  un  litre  d'eau  3.5  d'azote, 
18  de  carbone  et  5.0  de  matière  grasse,  et  au  lieu  de  rosbif  qui  coûte 
cher,  vous  aurez  une  alimentation  identique  par  ses  effets  en  absor- 
bant ce  mélange,  que  l'on  pourra  même  parfumer  avec  un  éther  quel- 
conque. Vous  enverriez  la  chimie  à  ses  fourneaux  et  vous  demande- 
riez à  la  cuisine  un  rôti  de  bœuf.  H  en  est  de  même  du  lait.  Voici  un 

1  .  Voir  le  Journal  du  29  novembre  et  du  6  décembre,  payes  331  et  37U  de  ce  volume. 


428  FALSIFICATIONS   DU  BEURRE. 

aliment  qui  est  la  source  même  du  beurre.  Obtenez-le  d'une  manière 
factice  et  donnez  à  boire  votre  lait  artificiel  à  de  jeunes  enfants,  c'est 
la  mort  assurée  dans  un  bref  délai  qu'un  tel  breuvage  pour  des  nour- 
rissons. Et  croyez-vous  que  la  buUerine  puisse,  au  point  de  vue  ali- 
mentaire, remplacer  le  beurre?  Peut-être  les  inconvénients  ne  seront- 
ils  pas  les  mêmes  que  lorsqu'il  s'agit  du  lait  ;  il  ne  faut  rien  exagérer, 
mais  j'ai  la  conviction  que  la  nature  possède  un  secret  vivifiant  qui 
échappe  à  l'analyse,  aussi  bien  que  la  source  même  de  la  vie.  Le  beurre 
obtenu  par  une  simple  séparation  du  lait  qui  le  renferme  participe  à 
la  nature  du  lait  par  les  liens  les  plus  intimes.  Notre  estomac,  recon- 
forté par  l'alimentalion  si  plastique  du  lait  et  du  beurre,  ne  prendra 
pas  la  même  dose  de  matière  vraiment  utile,  en  dépit  de  la  chimie  et 
de  toutes  ses  analyses.  Dans  ce  sens,  on  peut  hardiment  proclamer 
suspect  l'emploi  du  beurre  artificiel  quand  il  n'est  pas  directement 
nuisible. 

Il  faut  que  nos  législateurs,  secondant  lesheureuses  inspirations  du 
ministre  de  l'agriculture,  se  rassurent,  à  ces  divers  points  de  vue,  sur 
la  portée  très  utile  de  la  loi  qu'ils  vont  voter.  Mais  les  dispositions  de 
la  loi  nouvelle  ne  resteront  pas  lettre  morte.  On  peut  compter  sur  le 
zèle  des  parquets  pour  les  faire  exécuter.  Nous  serions  trop  incomplet 
sur  ce  sujet  si  nous  ne  disions  pas  un  mot  de  la  question  des  pour- 
suites et  des  expertises. 

Le  projet  de  loi  punit  le  défaut  d'indication  de  la  nature  exacte  du 
produit  dans  les  expéditions,  étiquettes,  factures,  etc.  Deux  groupes 
distincts  de  difficultés  sont  à  prévoir  pour  l'exécution. 

La  mise  en  vente  d'un  produit  permet  facilement  à  un  agent  de  se 
procurer  une  marchandise  suspecte  chez  le  vendeur  commerçant.  On 
saisira  chez  lui,  avec  les  formalités  d'usage.  Il  se  retranchera  immé- 
diatement derrière  son  vendeur.  Si  le  vendeur  est  un  fabricant  de 
beurre  artificiel,  pas  de  difficulté;  mais  ce  cas  se  présentera  fort  rare- 
ment. La  fraude  est  plus  ingénieuse  dans  ses  moyens.  Il  faudra  saisir 
le  sophisticateur,  c'est-à-dire  celui  qui  a  fait  le  mélange  du  beurre 
naturel  avec  la  margarine  ou  la  butterine,  car  le  plus  souvent  on  se 
trouvera  en  présence  de  beurres  margarines.  Donc  le  premier  soin  de 
l'agent  qui  fera  la  saisie  sera  de  demander  au  détaillant  de  lui  faire 
connaître  son  vendeur,  la  date  de  l'expédition,  la  quantité,  le  prix  et 
autres  renseignements.  Si  l'inspecteur  de  police  qui  a  saisi  le  beurre 
suspect  ne  met  pas  en  mesure  l'autorité  compétente  de  faire  faire  im- 
médiate recherche  chez  le  vendeur,  la  poursuite  sera  compromise  dans 
ses  résultats.  Les  juges  se  trouveront  bien  embarrassés;  le  détaillant 
devait,  il  est  vrai,  indiquer  que  son  produit  était  de  la  margarine  ; 
mais  s'il  ne  l'a  pas  su,  s'il  a  cru  avoir  acheté  du  beurre,  comment  le 
punir?  car  c'est  un  délit  dont  on  Laccuse.  Pour  punir  un  délit,  il  faut 
prouver  1  intention  frauduleuse,  et  les  tribunaux  verront  défiler  le  cor- 
tège habituel  de  toutes  les  ruses  de  défense  qui  font  de  la  répression 
de  la  fraude  une  chose  presque  accidentelle.  Il  faut  donc  empêcher 
toute  entente  préalable  entre  le  vendeur  et  le  négociant  ou  industriel 
qui  lui  a  fourni  la  marchandise.  Dans  ce  but,  les  procès-verbaux  de- 
vront toujours  être  remis  le  jour  même  où  ils  sont  dressés  dans  les  par- 
quets, assez  à  temps  pour  que  des  mesures  soient  ordonnées  par  le 
procureur  de  la  République  par  les  moyens  mis  à  sa  disposition  et 
d'urgence. 


FALSIFICATIONS  DU  BEURRE.  ij29 

Dans  l'autre  ordre  de  difficultés  que  nous  prévoyions  plus  haut,  on 
rencontre  toutes  celles  qui  sont  relatives  à  la  partie  scientifique,  à 
l'expertise.  Nous  avons  parlé  de  la  composition  de  la  margarine,  de  la 
butlerine;  il  nous  reste  à  dire  un  mot,  pour  finir,  des  procédés  que 
l'on  a  imaginés  pour  reconnaître  la  nature  exacte  du  produit.  D'après 
un  journal  anglais,  le  gouvernement  britannique  aurait  presque  re- 
noncé à  distinguer  le  beurre  artificiel  du  beurre  vrai  pour  la  désigna- 
tion en  douane  de  ces  substances.  Le  board  of  trade  aurait  pris  la 
sage  précaution  de  désigner  les  importations  sous  le  nom  générique  de 
ff  importation  des  beurres  ou  de  la  butterine  ».  Un  journaliste  sommait 
plaisamment  le  board  of  (rade  et  ses  officiers  d'établir  une  distinction. 
Il  est  malheureux  qu'elle  ne  soit  pas  faite.  Est-ce  à  l'imperfection  des 
méthodes  d'analyse  qu'il  faut  attribuer  cette  fâcheuse  confusion? 
Peut-être.  Voici  ce  que  nous  pouvons  dire  sur  cet  important  sujet. 

La  l\lilch  Zeitung  du  1"  octobre  de  cette  année  traite  cette  question 
sous  le  titre  de  propriétés  des  différentes  graisses.  Elle  emprunte  au 
compte  rendu  failpar  le  professeur  D'  Fleischmann,  de  la  station  expé- 
rimentale et  de  l'Institut  de  laiterie  de  Raden,  pour  l'année  1883, 
les  résultats  suivants.  Dans  le  margarimètre,  le  poids  spécifique  de  la 
graisse  de  porc  pure  et  bien  filtrée  à  la  température  de  l'eau  bouillante 
et  sous  une  pression  barométrique  de  764  mm.  52,  est  de  0.8609. 
Le  point  de  fusion  de  la  graisse  de  porc  a  été,  après  plusieurs  déter- 
minations fixée  à  36°. 35  du  thermomètre  centijjrade,  et  celui  de  la 
fusion  des  acides  gras  retirés  de  la  graisse  à  39°. 30.  De  semblables 
recherches  faites  sur  de  Toléomargarine  provenant  de  Hambourg,  ont 
permis  de  fixer  à  34". 50  centig.,  le  point  de  fusion  de  ce  corps. 

Dans  des  analyses  de  la  graisse  du  beurre,  le  poids  spécifiqu^  à  la 
température  de  l'eau  bouillante,  sous  une  pression  atmosphérique  de 
7G0mm.27,  a  été  de  0.8658.  Le  degré  où  fondent  les  diverses  «rraisses, 
a  été  fixé  comme  suit  : 

Degrés. 
Matière  grasse  du  beurre 30.50 

—  (autre  essai).. .     31.00 

OUiomargarine 34.50 

Graisse  de  porc 36 .  35 

Acides  irréductibles  de  la  matière  grasse  du  beurre 38 . 20 

—  —                    (autre  essai)...     38.50 
.Vcides  de  la  graisse  de  porc 39.50 

Nous  n'avons  aucune  qualité  pour  contredire  ces  expériences,  ni 
même  les  contrôler.  Nous  ferons  seulement  remarquer  que  Malaguti 
fixe  à  -|-  47°  le  point  oîi  se  fond  la  margarine  pure,  et  nous  ensei- 
gne que  les  suifs  fondent  presque  tous  à  +  67°,  suivant  un  rensei- 
gnement trouvé  dans  un  dictionnaire  scientifique. 

De  là,  il  suit  que  la  fusion  du  beurre  se  produit  à  une  chaleur  exces- 
sivement moindre  que  les  graisses  de  suifs,  mais  que  les  degrés  de 
fusibilité  de  ces  corps  ne  sont  pas  assez  constants  pour  prouver  absolu- 
ment une  falsification. 

Le  microscope,  suivant  le  D'  Saffrey  ',  permet  de  reconnaître  l'adul- 
tération. Le  beurre  naturel,  vu  au  microscope,  se  montre  sous  la  forme 
de  globules  transparents,  dit-il,  de  taille  à  peu  près  uniforme,  sauf 
quelques-uns  assez  gros,  formés  par  l'agglomération  de  plusieurs  petits 
globules,  tandis  que  dans  le  saindoux,  les  globules  seraient  très  gros 
et  très  opaques, 

1.  ta  Chimie  des  Champs,  3"  édition.  Hashette,  1880,  p.  172. 


430  FALSIFICATIONS  DU  BEJRRE. 

iM.  Rabol,  docteur  es  sciences,  pharmacien  et  chimiste  expert,  à  Ver- 
sailles, a  lu  à  ce  sujet  à  la  Société  de  pharmacie  une  note  résumant 
une  expertise  qu'il  a  faite  et  au  microscope  et  par  l'analyse  chimique. 
Cette  note  n'a  pas  encore  été  publiée,  et  nous  souhaitons  qu'elle  le 
soit  bientôt.  11  a  fait  son  analyse  à  l'aide  de  la  luniière  polarisée.  Les 
résultats  en  ont  été  très  concluants  :  l'aspect  de  fourrure  et  les  cris- 
taux lumineux  qu'offre  la  margarine,  vue  de  cette  façon,  les  façons 
de  fils  ou  de  fibres  qu'on  y  retrouve,  ainsi  qu'un  peu  de  tistre  cellu- 
laire, qui  n'est  jamais  complètement  détruit  par  la  clarification  la  plus 
attentive,  forment  des  contrastes  avec  cette  forme  globuleuse  lisse, 
légèrement  cerclée  d'un  nimbe  lumineux,  que  présente  le  beurre,  elle 
fond  noir  du  champ  du  microscope  polarisant.  M.  Rabot  considère  que 
cette  analyse  est  très  sûre,  et  permet  de  distinguer  facilement  les  beurres 
suspects.  Le  Journal  de  ragricuHure  aura  peut-être  l'occat^ion  de  publier 
cette  étude,  avec  les  figures  qui  la  rendront  facile  à  comprendre.  Ce 
sera  un  service  à  rendre  au  cultivateur  et  au  consommateur. 

On  voit  par  ces  renseignements  que  les  fraudeurs  n'auront  pas  le 
dernier  mot,  et  que  la  science  saura  réparer,  par  sa  précision,  les 
maux  qu'elle  a  involontairement  causés.  La  loi  peut  venir  :  elle  est 
nécessaire,  attendue;  elle  sera  exécutée.  P.  du  Pré-Collot. 

NOUVELLES  INVENTIONS  AGRICOLES 

ANALYSE    SOMMAIRE  DES   DERNIIiRS    BREVETS   DÉLIVRÉS. 

162,305.  Colin.  23  mai  1884.  Système  de  pièges  à  taupes.  —  Le  piège  décrit 
dans  le  brevet,  et  qui  d'ailleurs  convient  non  seulement  pour  les  taufies,  mais 
aussi  pour  les  rats,  souris,  etc.,  consiste  en  un  certain  nombre  de  tiges  en  fer 
verticales  disposées  en  cercle  et  se  recourbant  à  leur  partie  supérieure  pour  se 
fixer  à  une  douille  centrale;  la  partie  inférieure  de  chacune  de  ces  tiges  est  con- 
formée comme  la  pointe  d'un  hameçon.  La  douille  qui  leur  sert  de  point  d'at- 
taclie,  et  qui  est  remplie  de  plomb  pour  lui  donner  du  poids,  est  suspendue  aune 
ficelle  qui  passe  sur  des  poulies  portées  par  une  sorte  de  potence,  et  l'autre  bout 
de  cette  ficelle  .vient  s'attacher  à  une  bascule  sur  laquelle  on  place  un  appât  quel- 
conque. Lorsqu'un  rongeur  mange  l'appât,  la  bascule  se  déclanche,  et  le  faisceau 
de  tiges-harpons  tombe  sur  l'animal  qui  ne  peut  s'en  dégager. 

Le  brevet  décrit  également  une  fourche  à  main,  dont  les  dents  forment  de 
même  harpon,  et  sont  très  rapprochées  les  unes  des  autres,  de  manière  que  l'in- 
strument offre  peu  de  largeur  et  ne  puisse  pas  endommager  les  plantations. 

162,319.  Société  Périnfrères.  26  mai  1884.  Abri  à  ouverture  mobile  servant 
à  préserver  des  intempéries  et  particulièrement  de  la  gelée  ele  vigne  et  les  autres 
■  végétaux.  —  Ce  brevet  décrit  un  genre  de  poteaux-supports  pour  les  paillassons 
ou  les  toiles  servant  à  abriter  les  plantes  contre  la  gelée,  lèvent  ou  le  soleil.  Les 
poteaux  sont  en  fer  et  nervés;  ceux  qui  sont  situés  aux  extrémités  d'une  rangée 
sont  consolidés  par  des  contrefiches,  et  ils  sont  munis,  à  leur  partie  supérieure, 
d'uD  disque  en  tôle  fixé  dans  un  plan  vertical  perpendiculaire  à  la  ligne  de  pieux, 
disque  qui  est  percé  de  trous  sur  son  pourtour.  Au  centre  du  disque  de  ctiaque 
poteau  extrême  pivote  une  tige  que  l'on  fixe,  à  l'aide  d'une  goupille,  en  face  tel 
ou  tel  trou  du  disque,  c'est-à-dire  dans  une  position  plus  ou  moins  inclinée,  et 
aux  bouts  de  laquelle  s'attachent  des  fils  de  fer  qui  iront  s'attacher  de  même  à 
l'autre  bout  de  la  rangée  ;  les  fils  sont  soutenus  par  les  pieux  inteimédiaires  au 
moyen  de  tiges  articulées  semblables,  mais  sans  disque.  Sur  les  fils  ainsi  tendus, 
on  étend  les  paillassons,  ou  mieux,  une  toile  qui  retombe  sur  les  deux  côtés. 

162,344.  Société  Faurë  Et  Kessler  et  Dalbouze.  26  mai  1884.  Perfectionne- 
ments apportés  aux  appareils  mélangeurs  et  plus  spécialement  aux  mélanges  desti- 
nés à  la  fabrication  des  superphosphates,  ainsi  qu'au  mélange  des  engrais.  —  Le 
breveté  reproche  aux  appareils  ordinairement  employés  pour  mélanger  l'acide 
suUurique  ou  l'acide  chlorhydrique  aux  phosphates,  dans  la  fabrication  des  engrais 
superphosphates,  leurs  dimensions  et'  kur  poids  trop  considérables.  Il  annonce 


NOUVELLES  INVENTIONS  AGRICOLES.  431 

être  arrivé,  par  les  dispositions  qu'il  a  adoptées,  à  pouvoir  traiter  100  à  200  kilog. 
par  minute  de  phosphate  on  poudre,  avec  uu  appareil  mesurant  à  peine  une  cen- 
taine de  litres  et  pesant  moins  de  100  kilog. 

Les  anciens  appareils  contenaient  des  palettesdontles  talus  formaient  un3hélico 
plus  ou  moins  continue.  Le  breveté,  en  outre  de  ces  palettes,  emploie  une  ou 
plusieurs  palettes  simples  mélangeuses,  parcnuiant  le  même  champ  que  chacune 
des  palettes  à  talus;  son  appareil  est  de  petit  diamètre,  et  les  organes  mobiles 
fonctionnent  à  très  grande  vitesse,  ce  qui  permet  de  n'y  laisser  séjourner  la 
matière  que  pendant  un  temps  très  court. 

162,3'i9.  Kelner.  26  mai  188't.  Couveuse  artificielle  électrique  avec  régulateur 
thermo-électrique.  —  Un  caractère  saillant  de  cette  couveuse,  c'est  qu'elle  produit 
et  maintient  automatiquement,  dans  le  tiroir  renfermant  les  œufs,  la  température 
convenable  (39"  C),  et  cela  au  moyen,  d'un  thermomètre  spécial  à  mercure,  agis- 
sant sur  un  régulateur  électrique  qui  éteint  le  foyer  quand  la  température  s'élève 
trop,  pour  le  rallumer  dès  qu'elle  est  redevenue  normale.  Voici  quelle  est  la  dis- 
position de  l'appareil  : 

Au-dessous  du  tiroir  est  placé  un  réservoir  d'eau  chaude  en  communication 
avec  un  thermosiphon^  situé,  sur  le  côté,  et  chauffé  par  un  four  qui  peut  être  un 
bec  de  gaz  ou  une  lampe  à  alcool;  on  verso  l'eau  à  70°  G  pour  obtenir  39"  C.  dans 
le  tiroir,  et  l'on  n'allume  le  foyer  que  lorsque  l'appareil  est  plein,  afin  de  ne  pas 
fondre  le  foyer,  qui  est  en  zinc.  Tant  que  la  température  dans  le  tiroir  reste  à 
39",  il  ne  se  produit  rien  de  particulier,  mais  dès  que  cette  température  se  trouve 
dépassée,  le  régulateur  entre  en  jeu  et  éteint  le  foyer. 

Dans  le  cas,  par  exemple,  où  ce  dernier  consiste  dans  un  bec  de  gaz,  les  choses 
sont  disposées  comme  suit  :  le  gaz  arrive  dans  une  capacité  dans  laquelle  est 
vissé  le  bec,  et  dans  laquelle  il  est  amené  par  un  tuyau  horizontal  traversant  la 
paroi  latérale  au  delà  de  laquelle  ii  est  percé  d'un  trou  sur  le  dessus  ;  un  petit 
tampon  conique  porté  par  l'armature  d'un  électro-aimant  peut  venir  boucher  cet 
orifice,  si  l'armature  est  attirée  par  suite  du  passage  d'un  courant  dans  l'électro- 
aimant.  Dans  ce  cas,  le  gaz  cesse  d'arriver  dans  la  capacité  et  le  foyer  s'éteint; 
par  contre,  un  petit  bec  situé  à  côté  et  qui  est  alimenté  de  gaz  par  un  branche- 
ment pris  en  amont  de  l'orifice  sus-mentiouné,  reste  allumé  pour  servir  ultérieure- 
ment au  rallumage  automatique  du  foyer. 

Le  régulateur  qui  vient  d'être  décrit  est  actionné  par  un  thermomètre  à  mer- 
cure placé  dans  le  tiroir  aux  œuls.  Ce  thermomètre  reçoit  deux  fils  de  platine  dont 
l'un  pénètre  dans  la  cuvette  de  l'instrument  et  dont  l'autre  entre  dans  le  tube  à 
la  hauteur  de  39  degrés;  ces  fils  sont  en  relation  avec  les  deux  pôles  d'une  pile 
logée  à  la  partie  inférieure  de  la  couveuse.  On  comprend  que  si  la  colonne  de 
mercure  vient  à  monter  jusqu'à  ce  degré,  le  mercure  ferme  le  circuit  électrique; 

Far  suite  l'armature  de  l'électro -aimant  du  régulateur  est  attirée  et  intercepte 
alimentation  du  bec  de  gaz  qui  s'éteint;  dès  que  la  température  redescend  au- 
dessous  de  39  degrés,  le  circuit  électrique  se  trouve  rouvert,  l'armature  se  relève, 
laisse  de  nouveau  arriver  le  gaz  et  le  foyer  est  rallumé  par  le  petit  bec  voisin 
à  ce  destiné.  Gh.  Assi  et  L.  Genès, 

Ingénieurs-conseils  en  matière  de  brevets  d'inventioQt 
36,  boulevard  Voltaire,  à  Pans. 

AMÊLIORATlOiN  DES  FOSSES  A  FUMIER 

A  diverses  reprises,  et  notamment  cette  année,  le  Journal  a  publié 
plusieurs  notes  de  M.  Vandercolme  sur  la  nécessité  de  corriger  la 
construction  vicieuse  des  fosses  à  fumier  dans  un  trop  grand  nombre 
d'exploitations,  et  sur  la  possibilité  d'arriver  à  ce  résultat  sans  dépense 
exagérée.  M.  Vandercolme,  convaincu  de  l'impérieuse  nécessité  de 
porter  remède  à  cet  état  si  fâcheux,  s'est  fait,  dans  l'arrondissement 
de  Dunkerque  qu'il  habite,  l'apijtre  de  la  transformation  des  fasses  à 
fumier,  et  il  a  entrepris,  pour  atteindre  ce  but,  une  véritable  croisade. 
Il  fait  l'avance  des  frais  pour  les  cultivateurs  qui  consentent  à  suivre 
ses  conseils,  à  la  condition  qu'ils  rembourseront  ces  frais  en  trois  ans 
sur  les  bénéfices  qu'ils  auront  réalisés.  Le  Journal  a  publié  plusieurs 
résultats  obtenus  ainsi  (voir  le  numéro  du  1"  mars  dernier,  page  333 


432  AMÉLIORATION  DES  FOSSES  A  FUMIER. 

du  tome  I"  de  1884).  Voici  un  nouvel  exemple  qui  vient  à  l'appui  de 
ce  que  nous  avons  déjà  publié  : 

M.  Vandercolme  a  fait  exécuter,  cette  année,  Tamélioration  de  la 
fosse  à  fumier  de  M.  Alphonse  Liévin,  à  Volekinckliove.  Les  frais  ont 
été  les  suivants  : 

20  mètres  de  gouttières  à  1   fr.  80 3î  f.  00 

2  couches  de  peinture  et  pose   des  f^outtières. .  ■ 13  Tn 

Ferrures  pour  les  gouttières 19  30 

Soit  pour  les  gouttières tiô  05 

14  mitres  de  chêne  de  0  m.  063  X  0  m.  27,  à  2  fr,  le  mètre 28  00 

12  journées  de  maçon  et  de  charpentier  à  I  fr.  75  l'une 21  00 

Divers  pquets  en  chêne •.  11  00 

2,000  briques  à  17  fr.   le  mille 34  00 

Slble 3  00 

Chaux 3  00 

Menus   frais   payés  de  la  main  à  la  main,  sans  note  des  fournisseurs, 

comme  pour  les  articles  ci-dessus 12  00 

Total 177     U5 

Dans  une  lettre  écrite  à  M.  Vandercolme  le  24  novembre  dernier, 
M.  Liévin  constate  comme  il  suit  les  résultats  obtenus  :  «J'ai  fumé, 
celte  année,  18  mesures  de  33  ares,;  j'ai  mis,  par  mesure,  12  mètres 
cubes  de  fumier  qui  vaut  G  fr.  le  mètre  cube.  Avant  l'arrangement 
de  ma  fosse,  la  qualité  n'était  pas  supérieure  à  5  fr.  le  mètre  cube. 
La  différence  de  12  fr.  par  mesure  m'assure  un  bénéfice  de  21Gfr.  » 
Ainsi,  dès  la  première  année,  l'excédent  de  valeur  du  fumier  dépasse 
le  total  des  dépenses. 

Nous  avons  à  notre  disposition  quelques  exemplaires  de  la  brochure 
de  M.  Vandercolme  sur  sa  méthode  de  transformation  des  fosses  à 
fumier;  nous  les  enverrons  gratuitement  à  ceux  de  nos  lecteurs  qui 
nous  en  feront  la  demande.  Henry  Sagniër. 

LA  GRAINE  DE  LIN  DANS  L'ALIMENTATAION 

DU  BÉTAIL 

Je  crois  utile  d'appeler  l'attention  sur  les  avantages  que  j'ai  trouvés 
à  employer  la  graine  de  lin  comme  supplément  de  nourriture  pour 
l'alimentalion  des  bestiaux. 

C'est  un  correctif  de  lapidpe. — La  pulpe  échauffe  (pas  celle  de  diffu- 
sion, hélas!  qui  contient  de  88  à  94  pour  100  d'eau),  je  parle  de  la 
pulpe  de  presse  hydraulique;  —  la  graine  de  lin  rafraîcliiL  Un  trou- 
peau d'élevage  qui  consommerait  200  grammes  de  graine  de  lin  cuite, 
additionnée  dans  les  mélanges  de  menues  pailles  ou  encore  mélangée  au 
son  que  l'on  distribue  lorsque  les  brebis-mères  nourrissent,  éviLerait 
bien  des  maladies,  et  aux  brebis  <'t  aux  agneaux.  —  Plus  tard,  lorsqu'à 
deux  mois  l'agneau  commence  à  manger,  et  qu'alors  son  estomac  n'est 
pas  encore  habitué  à  la  nourriture  sèche,  donnez  de  la  graine  de  lin, 
et  vous  n'aurez  pas  de  coup  de  sang,  ce  qui  arrive  fréquemment  chez 
les  bons  agneaux. 

La  u raine  de  lin  pousse  à  rengraisement.  — Pour  une  bête  bovine,  il 
est  d'usage  de  donner  deux  tourteaux  pour  commencer  son  engraise- 
ment,  trois  et  quatre  ensuite.  Or,  le  tourteau  du  Nord  pèse  environ 
1  kilog.,  ce  qui  représente  22  centimes  le  tourteau.  Donnez  pour  la 
même  somme  d'argent  de  graine  de  lin,  et  vous  constaterez  que  la  bête 
à  l'engrais  profitera  plus  vite  par  l'emploi  de  la  graine  de  lin  que  par 
celui  du  tourteau. 


LA  GRAINE  DE  LIN  DHNS    L'aLIMENTATION   DV  BÉTAIL.  t33 

La  e;raine  de  lin  est  enfin  le  médicament  le  meilleur  marché  et  le 
plus  sain  pour  les  chevaux  fatigués  qui  ne  mangent  pas  bien  l'avoine 
ou  qui  la  digèrent  mal.  Elle  leur  refait  l'estomac  et  leur  rafraîchit  le 
sang.  Pour  les  chevaux  qui  toussent  ou  quigourment,  la  graine  de  lin 
cuite  jetée  bouillante  sur  la  ration  d'avoine,  et  couverte  alors  pour  en 
empêcher  l'évaporation  en  mettant  une  couche  de  son  sur  le  tout, 
constitue  pour  les  chevaux  une  nourriture  excellente  qui  est  bien  pré- 
férable aux  barbotages  de  son  qui  refroidissent  l'estomac  de  l'animal 
et  n'aident  guère  à  sa  guérison.  A,  Prévôt. 

SOCIÉTÉ    NATIONiLE    D'AGRICULTURE 

Séance  du  10  décembre  1884.  — Présidence  de  M.  Clievreul. 

M.  ïriana  présente  à  la  Société  un  mémoire  de  M.  de  Larret,  à  Nan- 
'tilly  (Haute-Saône)  sur  une  faucheuse-moissonneuse  perfectionnée  dé- 
nommée «  Le  Furet  ». 

M.  Duclaux,  professeur  à  l'Institut  national  agronomique,  pose  sa 
candidature  à  la  place  de  membre  titulaire  vacante  dans  la  Section  des 
cultures  spéciales. 

M.  Sacc,  correspondant  adresse  de  Cochabaraba  (Bolivie)  un  travail 
sur  les  principales  variétés  de  maïs  cultivées  dans  ce  pays. 

M.  Bastide,  de  Chàteau-d'Agnac  (Hérault),  fait  hommage  d'une 
brochure  sur  la  reconstitution  d'un  vignoble  français  par  les  vignes 
américaines.  —  Une  analyse  de  ce  travail  a  été  publiée  dans  le  Journal. 

M.  Lescuyer  oft're  à  la  Société  une  brochure  ayant  pour  titre  :  Mélan- 
ges (furiiïlhologie;  —  M.  Huin,  une  note  sur  l'éducation  des  Altacus 
Roylei  et  Perny  et  d'Actias  Selene  faite  en  1882;  —  M.  Flandrin 
envoie   un    rapport   sur  l'agriculture  des   Bouches-du-Rhône. 

M.  Heuzé,  revenant  sur  sa  communication  de  la  dernière  séance, 
ajoute  que  la  mitrailleuse,  dont  il  a  donné  la  description,  est  fabriquée 
par  M.  Fortin,  mécanicien,  à  Chevry-Cossigny  (Seine-et-Marne). 

M.  Passy  annonce  la  nomination  de  M.  Renou  au  grade  d'officier  de  la 
Légion  d'honneur;  M.  le  président  félicite  M.  Renou  de  celte  distinction. 

M.  le  vice-secrétaire  donne  ensuite  à  la  Société  des  nouvelles  de 
M.  Pluchet,  qui  a  été  victime  d'un  accident  de  voiture;  M.  Pluchet, 
ajoute  M.  Berlin,  va  un  peu  mieux;  il  pourra  revenir  prendre  sa  place 
parmi  nous  dans  cinq  à  six  semaines. 

M.  le  marquis  de  Poncins  fait  connaître  les  résultats  des  expé- 
riences entreprises  par  lui  sur  le  procédé  Neilson  pour  le  séchage  du 
foin.  Les  résultats  obtenus  en  1884,  bien  que  supérieurs  à  ceux  cons- 
tatés l'année  dernière,  sont  loin  de  lui  donner  satisfaction.  —  11  im- 
porte de  les  continuer  en  pressant  le  foin  mis  en  tas  de  3, 000  à  4,000  ki- 
log.,  d'une  façon  uniforme;  il  convient  d'éviter  le  tassement  produit 
sur  place  par  suite  du  piétinement  des  hommes  qui  édifient  le  tas. 
D'après  M.  de  Poncins,  il  ne  faut  pas  considérer  le  procédé  Neilson 
comme  une  méthode  de  séchage,  mais  bien  comme  un  moyen  permet- 
tant d'empêcher  l'altération  du  foin  avant  sa  complète   dessiccation. 

M.  Cornu  entretient  la  Société  d'une  graine  de  graminée  qui, 
en  Russie,  s'introduit  dans  la  peau  des  moutons.  H  a  reconnu  que 
cette  graine  était  celle  du  Slipa  torlilis;  cette  graine  est  munie  d'un 
prolongement  en  spirale;  la  graine  très  pointue  entre  dans  la  peau 
des  moulons  et  détermine  des  abcès  qui  n'apparaissent  pas  à  l'exté- 
rieur. —  M.  Prillieux  complète  les  renseignements  fournis  par  M.  Cornu , 


43-4  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'AGRICULTURE  DE  FRANCE. 

il  fait  connaître  que  l'examen  de  la  structure  du  fruit  de  Stipa  permet 
de  comprendre  par  quel  mécanisme  se  fait  cette  singulière  pénétration. 
Les  fruits  ou  grains,  dans  les  stipas,  sont  vêtus;  ils  sont  entourés  d'une 
balle  qui  les  enveloppe  très  étroitement  et  ne  s'en  détache  pas  ;  à  sa 
partie  supérieure  elle  se  continue  en  une  très  longue  barbe,  plumeuse 
à  son  CN^trémité  dans  certaines  espèces,  et  plus  ou  moins  tordue  à  sa 
base.  Dans  certains  stipas,  le  Sùpa  toriitis,  par  exemple,  la  torsion 
est  fort  considérable  et  sur  une  grande  longueur  la  barbe,  forme  une 
spirale  à  tours  fort  serrés.  La  base  du  fruit  se  termine  en  une  pointe 
fort  aiguë  et  très  dure,  dirigée  un  peu  de  biais,  au-dessus  de  laquelle 
se  trouvent  des  poils  roides  fort  abondants  et  tous  dirigés  de  bas  en 
haut.  La  balle  dans  toute  sa  longueur  et  la  barbe  portent  aussi  une 
quantité  plus  ou  moins  considérable  selon  les  espèces  de  poils  aigus  et 
roides  dirigés  dans  le  même  sens.  Il  en  résulte  que  s'il  est  facile  de« 
faire  glisser  à  la  surface  d'une  feuille  de  papier  une  graine  de  stipa  la 
base  eu  avant,  il  nest  pas  possible  de  la  repousser  en  sens  inverse.  Le 
fruit  de  stipa  ne  peut  donc  cheminer  que  dans  ane  direction,  la  pointe 
en  avant.  En  arrière,  c'est  la  barbe  tordue  qui  est  le  propulseur  actif 
capable  d'enfoncer  l'éperon  qui  est  au  bout  opposé  dans  le  corps  qu'il 
pique.  Cette  barbe  est  hygrométrique  :  à  l'humidité,  elle  s'allonge  en 
se  détordant;  à  la  sécheresse,  elle  se  retord  et  se  raccourcit.  A  l'humi- 
dité par  suite  de  l'allongement  de  la  barbe  qui  se  détend,  le  grain  est 
donc  poussé  en  avant;  à  la  sécheresse,  les  poils  qui  le  couvrent  l'em- 
-pêchent  de  retourner  en  arrière  et  la  barbe  doit,  en  se  raccourcissant, 
s'avancer  à  la  suite  du  grain.  C'est  ainsi  que  les  fruits  de  stipa  engagés 
dans  la  toison  des  moutons,  pénètrent  par  une  sorte  de  mouvement 
de  vrille  jusque  dans  le  corps  des  animaux.  —  Une  autre  graminée, 
ajoute  M.  Prillieux,  cause  des  blessures  analogues  aux  moutons 
dans  la  Nouvelle-Calédonie,  c'est  V Andropoçjoii  Allioni  signalé  comme 
produisant  dans  les    troupeaux  des  accidents  souvent  mortels. 

M.  Ladureau  présente  un  mémoire  renfermant  le  résultat  des  expé- 
riences auxquelles  il  s'est  livré  dans  le  but  de  reconnaître  la  présence 
du  ferment  ammoniacal,  c'est-à-dire  de  celui  qui  transforme  l'urée  en 
carbonate  d'ammoniaque  dans  les  eaux  et  dans  le  sol  arable.  —  Il  con- 
clut de  ses  études  que  ce  ferment  existe  en  quantités  considérables  dans 
les  eaux  de  la  surface  du  sol,  dans  celles  qui  y  tombent  sans  cesse, 
dans  beaucoup  d'eaux  souterraines  et  enfin  dans  le  sol  arable.  Les 
agents  aneslhésiques  n'entravent  guère  son  action,  sauf  le  chloroforme. 
Quant  aux  antiseptiques,  il  en  faut  des  quantités  relativement  assez 
élevées  pour  l'empêcher  de  déterminer  la  fermentation.  M.  Ladureau 
termine  en  exposant  les  conséquences  de  ces  déi^ouvertes  et  le  rôle 
considérable  que  joue  ce  ferment  dans  la  nature.        Geokges  Maksais. 

REVUE  GOUMERGIALE  M  PRIX  CDURINF  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(13  DÉCEMBRE  1884). 
I.  —    &iitialion    généraXe. 

Les  pluies  qui  sont  tombées  depuis  le  commencement  du  mois  ont  été  bien 
accueillies,  et  en  beaucoup  d'endroits,  ont  amélioré  la  situation  des  récoltes  en 
terre  ^  Les  marchés  agricoles  sont  toujours  assez  calmes,  avec  des  approvisionne- 
ments ordinaires  ;  néanmoins  les  prix  des  denrées  ne  subissent  pas  de  nouvelle 
baisse  sensible. 

II.  —  les  grains  et   les  farines. 

Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  quintal  métrique, 
sur  Je»  principaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger  : 


REVUE  COMJaERCIALE  ET   PHIX  GOURANT  (13  DÉCEMBRE   1884). 


435 


f  RéolON.  —  MOHD-OrBST. 

Blé.    Seigle.   Orge.  Aïoiie. 


fr.  fr. 

Calvadd'.  ii:ion 21  ;i.i  14. OO 

—  Lisieux 20.00  15.3b 

C.-du-A'o»  fi.   'Prêguier..  19.  jO  » 

—  Pontrieux 19.25  14.50 

Pinistrri'..  VlurUlx 20  00  13. 50 

lUe-ct- Vilaine.  Rennes.   19  25  » 

—  Fougères 19.80  « 

Manche.  S.iint-Lû t9.:i5  " 

—  Avranclies ,.  21.00  » 

—  Valognus 1»  30  » 

Mayenne.  Mayenne 19.50  » 

—  EvroQ 19.50  » 

Morbihan.  Hennebont. .  18.75  f4.C5 

Orne.     AleTuor] 20.75  18  00 

—  L.cigio 20  80  10  0» 

9ôr(he.  Le  .Mans 19.90  15.75 

—  licaumoat 20  80 

—  Marnera îo.r.o 


fr. 

10. 25 
17  70 
15  25 
15.50 
14.50 
11). 00 


Oise. 


Prix  moyens 19. yj 

2*  mioiON 
Aisne.  Cli^teau-Thierry.    19.00 

—  .Soissons 19.10 

—  Sainl-Quentin 19  50 

Eure.   Evreux l'i.80 

—  Paoy. .  • 19  30 

—  Louviers 18.20 

EMre-el  Loir   Chartres..  23.50 

—  I.a  Furlé-vidame  .  20.15 
— ■    Aurieau 20  45 

Nord.    Dunkerque 21  30 

—  Cambrai 19  45 

riergijes 19.80 

Beaiivais 19.75 

—  Scnlia I9  00 

—  Clermont 18  60 

Pa9-de-Calais.  Xms...   19.50 

—  '  Bapaume |9.;5 

Seine.  Paris 21.00 

S.-€l~Mar^e.  Melon 21  45 

—  Datnnia-tiii ,  19.50 

—  Coulonimiers 20.00 

S.-et-iline    Versailles....  21.00 

—  K'unii.es 20.80 

—  Mante».., 20  00 

S«ne-/t*/«;*-ït!ure.  Rouen.  19.75 

—  Eu 19.80 

—  Fecamp 19  00 

Somme,   Amiens 20.75 

—  DouUons 20  80 

•   —    .Montdidier 111.50 


II). 75 

lj.3^ 

—  .\OItD. 

l.'i.OO 
16.00 


fr. 

•JO.'Ji 
23.00 
14.75 
15.50 
15.00 
15  50 
16.00 
22.10 
20.90 
23.00 

lu.  5a 

10. »o 
17.0„ 
17.3" 
I8.0J 
20.2" 

'6% 
16. 0„ 


17.25 
10  .15 

* 
16.00 
15.75 

» 
15  90 
19.29 
15.75 
15. 6.^^ 
15  25    

II)   14     17. y9 


14.00 

13  40 

14  00 
13.00 

15.10 
17.40 
15.35 

14  50 
15.50 
11.  65 
15.65 

15  00 
15.90 
15.00 
15.00 

15.25 

15.00 

1  ri .  00 

14.75 
14.65 
14  00 
15. .35 
14.00 
14  75 


16.25 
15.90 
15.40 
16.50 
18.25 
17.40 
19.00 
16.15 
18  00 
16.50 


16.90 
15.40 
17.00 


Prix  moyens 19.94  14  96  17.25  16.42 

3*  RRGION.  —  î»ORI>.KSr. 

<lrdeime«.  Sedan 20.75  ni. 50  19  25  17. 3^ 

—  Charlevllle 2100  1700  19.2»  19  0" 

Av,be.    Troyes I'.)  20  11.80  17.50  16.00 

—  Mery-sur-5«ine...  18.65  14.35  16.75  f5  6* 
itartle.  Chilons 19  50  15.90  18.50  16. 7^ 

—  Reims 19.50  15.75  17.00  16.5" 

—  Epernay  !0  50  15.00  18.50  17.59 

Bte-Marne.  chaumonl..   19.75  14.00  »  (4  2^ 

—  st-Dizier 19.90  14.50  18  25  10.50 

4feur»ie-e<-,Uos.  Nancy.  20.50  16  55  19.00  17.40 

—  Toul 20.00  1700  IS.OO  15.6" 

—  Luncvllle 20  50  15.75  17.00  16.25 

Weu«e.  Bar-le-Diic 19.75  14  90  18.90  160" 

Waule-Sutiae.  Vesonl  . ..   i9.5o  15.75  17.25  15.7* 

—  Gray 2040  15.25  15.30  15.50 

Votges.   Epinal 21.25  15  25  »  16  00 

—  Mirecourt 20.15        "  »  15. 2J 

—  Neiitcli,Ue,iu 20.25        »  17.00  15.1* 


Prix  moyens. 

4'  lllioiON. 

Charente.  Kn«^o\\\^-m<i...  ', 

—  Barbezieux *; 

Char.-infér.  Marans I 

DeuX'Sivres.  St-Vlaixcnt 
Indre-et-I.oire.  Toui's...   1 

—  Blére 

Loire-Inf.  Nantes 

M.-el-Lnirc.   Saumur, ..  ' 

—  Arit;ar*. '. 

Vendée.  Lnçon 

—  Fontenay-ie-Comte 
Ktenîtfl.  CJiiUelleraull.. . 

—  Loudun  

Haute- Vienne.  Limoges.  ' 


20.06     15.52 

.  —  oresT. 


16.00 


14.00 
13.35 


15.75 
15.10 


17.25 
17.00 
16.50 

17.50 
15.50 

16.25 
16,40 
17.50 
15.50 


AUier.    Montliiçon.. 

—  Gannat 

Cher.  Bourges  

—  Gra';ay 

—  Sl-Amand 

Creuse.  Guéret 

Indre.  Chateauruux  . 

—  Valençay 

—  Issuudiin 

Loiret.    Orléans 

—  Montargis 

—  Gien 

L.'et-Cher    Blois..,. 

—  Montoire 

Nièvre.  Nevers 

—  La  CliariU- 

—  Clamecj 

Yonne    Sens 

—  Jo'g^iy  

—  Brienon 


.  —  CBNTRB 

Blé.    Seigle. 

fr. 
18.00 


fr 

20.15 
20.45 
.  19.50 
,  20.25 
.  18  80 
.  20  80 
.    20.00 

20.80 
.  19  60 
.  19. 'lO 
.  20  00 
.  18  8.-> 
.  20.45 
.  19.20 
.  19.45 
.  19  90 
.    19.00 

20.00 
.  20.00 
.    20.00 


Otje.  Aïoine. 

fr.  fr. 


15.00 
14.35 
12  80 
15  00 
15.00 
18.65 
14.65 
15  75 
14.50 
14.10 
14.85 


15.40 
10.50 
16.25 


15.  lO 
18  25 
16.50 
16.90 
1.)  00 
» 

16  50 
16.90 
18.45 
18.00 
17.50 
16.15 
17.80 
15.40 
17.30 
1S.25 
15.90 

17  00 
If). .10 
16. 50 


10.50 
15.50 
15  50 
14  00 
13.00 
l'i  00 
15.40 
14  00 
16.0» 
17.50 
16.10 
15.75 
17.75 
16.00 
17  00 
16.25 
15.00 
17.00 
16.00 
16.60 


Prix  moyens 19  3.J     15.00     16.75     15.72 

6'  RâalON.  —  EST. 

j4in.  Bourg 21.75 

Côie-d'dr.  Dijon 20.50 

—  B'-ailrie   20.45 

£lou/)«.  Besançon 20.75 

Uiire.  Bourgoin 20.75 

—  St-Marcollin 21.75 

Jura.  Dôïe 20.50 

—  Lons-le-Saulnier.  20.25 

Loire.  Firininy 21.50 

P.-de-l)àme.  Clermonl-F  21.80 

Rhùne.  Lyon 21.75 

Saône-et- Loire.  Chalûn  .  20.00 

—  Micon 21.00 

davoie.  Chambéry 22  75 

//ift-Sttuoie.  Annecy 21.55 


15 

65 

17 

25 

15 

50 

18 

00 

17 

25 

18 

05 

17 

50 

% 

17 

50 

14 

75 

17 

25 

17 

00 

16 

35 

» 

17 

50 

15 

75 

17 

50 

16 

50 

10 

73 

16 

75 

17 

75 

19 

50 

17 

00 

10 

75 

15 

10 

15 

50 

18 

00 

17 

75 

15 

.75 

17 

.00 

18 

00 

15 

50 

• 

16 

00 

17 

75 

lli 

00 

16 

.75 

Prix  moyens. 


21.14     15.95      17.47     17. SI 


17.50 
18.35 
14.40 


T   HBOIO.-J.  - 

Ariège.  Foix 

-  SCD- 

24.10 
22  20 
22.60 
22.10 
22.20 
21   40 
22.90 
22.90 
21.25 

22 .  SO 
22.40 
21.00 
22    15 
23.25 

23 .  )0 

22.44 

aUEJÎT 

18.65 

Dordogne.  Pêrigueux... 

—  Sarlat 

Hte-Gnrnane.  Toulouse 

—  St-Gaudens 

111.70 
16.00 
17.00 
16.00 

^ 

Gironde.  Bordeaux 

—      Lesparte 

17  00 
15   50 

Lot-et-Garonne.  Agen. 

18.65 

B.-Pyrenèes.  Bayonne. 
Utes-Pyrênêes.  Tarbes. 

Prl»  moyens 

19.00 
17.35 

17.27 

18.25 
18.80 


20.00 
18.50 


16.60     17. SO 


Prix  movens.. 


20.12     11.70     17.03     16.35 


Aude.   Castelnaudary.. 

22.90 

17.65 

16.90 

19.00 

—    Carcassonne 

22  75 

17.35 

f6.15 

17.50 

Aveyron.  Rodez 

20.80 

1 6  30 

> 

19.40 

Gantai.   Aunllac 

23.40 

18.70 

17.00 

16.60 

22.90 
21.75 

18.00 
17.65 

16.60 
17.70 

16.20 

Htruult.  Bexiers 

20  00 

22.00 
23.10 
22.75 

» 
18.00 
18.00 

I2.ua 
16.60 
18.45 

17.75 

16.30 

Lozère.  Mende 

18.00 

/^^reTiêe«-Or. Perpignan. 

23.70 

17.10 

22.00 

24.45 

22.75 
22.10 

» 
17.00 

15.75 

18.50 

Tarn-el-(îar .  Montauban 

19.59 

Prix  moyens 

22.58 

17.58 

16.92 

18  60 

9'   RÉGION. 

—  SITU-BST. 

Basses-Alpes.  Manosque 

23.70 

n 

» 

20.00 

Hautes-. ilpes.  Briançon 

22.50 

18.00 

16.00 

19.00 

Atties-.Varilimes.  Nice. . 

25.00 

16.00 

16.00 

19.50 

ArdKhe.  Privas 

23.45 

16.00 

16.15 

18.90 

B.-du-lthone.  Arles 

22.50 

» 

17.50 

20.50 

Orùme    Romans 

21.75 

14.50 

» 

17.50 

Gard.  Al.iis. 

24.35 

20.00 

16.15 

21.00 

Haute-Loire.   Le  Pu  y.. 

21.40 

14.65 

17   70 

16.25 

l'ar.  Draguignan 

23.  2S 

x 

18.00 

17.80 

Vaaciuse.  Avignon.... 

21.50 

16.25 

s 

18. 7J 

Prix  moyens 

22.94 

16.49 

16   79 

18.92 

Moy.  de  toute  la  France 

21.00 

15  37 

16  98 

17.26 

—  de  la  semaine  préced 

20.94 

16.16 

17.02 

17.38 

Sur  la  semainelHausse 

.     0.  06 

V 

> 

» 

précédente..  JBaisae. 

a 

0   29 

».04 

O.I2 

436  REVUE   COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT. 

Blé  Seigle.  Orge.        Avoine 

fr.  fr.  fr.  (r. 

,,   ,  .                         »i„„,   (blélendre..         17.51  »  »  » 

Algéru.  Alger  ,j^|,j^^, ^^  .^  ^  ^^  ^^        ^^  ^^ 

Anglererte.               Londres 18.50            b  lî.fiO            • 

Belgique.                  Anvers 18  110  16.25  10. ,50  18.00 

_                        Bruxelles 19.75  16.00 

—  Liège 18.40  16. ,50  18.00  17.10 

—  Naniiir 18  50  16.00  18.00  15.50 

Pays-Bas.                A  m  s  le  ni  a  m 18.05  16.05             »                 • 

Luxembourg.          Luxemlioiirg '22.10  18.60  15. 'lO  17.00 

Alsace-Lorraine.    Strashourg 22.25  19.25  21.75  18.25 

—  Mulhoase 21   50  18.25  19  .50  1S.15 

—  Culiuar 22  00  19.65  20.60  19.00 

Allemagne.              Berlin 19.10  17.35 

—  Cologne 19.25  17.50            •                 » 

—  Hambourg 19.00  15.10            •                 » 

Suisse.                     Genève 2:i  00  17,50  18.50  18.50 

Italie.                         Milan 21.25  16.50            »  14.25 

Espagne.                  Barcelone «                »  13.25  18.25 

Auiriehe.                   Vienne 17.80             »                 »                 • 

Hongrie.                  Budapest 17  10  14.50  14.00  14.55 

Busiie.  Sainl-Pélersbourg..  15.35  13.40            »  12.70 

Etats-Unis.              New-York 15.75            »               •                . 

Blés.  —  Le  marché  de  Paris  est  toujours  dans  la  mêine  situation.  Dans  l'at- 
tente de  la  surélévation  des  droits  douaniers,  les  vendeurs  sont  rares  et  réservés, 
et  la  meunerie,  de  son  côté,  continue  à  montrer  peu  d'empressement.  Les  trans- 
actions sont  donc  très  calmes  et  les  prix  sans  variations  On  cote  à  la  halle  les 
blés  de  mouture  du  rayon,  20  fr.  à  21  fr.  tO  les  100  kilog.  ;  les  blés  à  livrer  cou- 
rant  du  mois  et  janvier-février,  21    fr,  à  21  fr.  25  ;   les  quatre  premiers  mois, 

21  fr.  25  à  21  fr.  50  ;  les  quatre  mois  de  mars,  21  fr.  75  à  22  fr.  —  Les  blés  e.xo- 
tiques  conservent  également  leurs  cours  au  Havre;  sous  réserve  des  nouveaux 
droits,  on  demande  de  20  fr.  50  pour  les   roux  d'hiver  d'Amérique;  21   fr.  25  à 

22  fr.  pour  les  Australie  ;  20  fr.  50  à  21  fr.  pour  les  Cahfornie;  20  fr.  à  20  fr.  25 
pour  les  Bombay  blanc;  le  tout  par  iOO  kilog.  sur  wagon,  disponible.  —  A  Mar- 
seiile,  les  affaires  ont  été  calmes  pendant  toute  la  semaine;  pour  les  mêir  es  raisons 
qu'à  Paris  ;  les  détenteurs  sont  décidés  à  attendre.  Les  prix  se  soutiennent  comme 
.suit  :  Red-Winter,  22  fr.  50  à  22  fr.  75  les  100  kilog.  disponibles;  Berdianska, 
22  Ir.  75;  Marianopoli,  21  fr.  75  à  22  fr.;  Irka-Oiessa,  19  fr.  à  19  fr.  25; 
Irka-Nicolaïffft,  20  fr.  à  20  fr.  25  ;  Azoff,  18  fr.  50  è  19  fr.  50;  Danube,  17  fr.  50 
à  20  fr.; —  A  Londres,  on  cote  avec  lourdeur,  les  Australie,  20  fr.  30  ;  les  Cali- 
fornie, 19  fr.  50  ;  les  roux  d'hiver,  19  fr.  Sur  les  marchés  intérieurs  de  l'Angle- 
terre, le  prix  moyen  du  blé  ressort  à  17  fr.  2-5  les  100   kilog. 

Farines.  —  Prix  Fans  changements  pour  les  farines  de  consommation,  qui 
étaient  cotées  le  10  décembre,  à  la  halle  de  Paris  :  marque  de  Gorbeil,  48  fr.; 
marques  de  choix,  48  à  51  fr.;  premières  marques,  47  à  48  fr.;  bonnes  mar- 
ques, 45  à  46  fr.;  marques  ordinaires,  kkkkb  fr.;  le  tout  par  sac  de  159  kilog., 
toile  à  vendre,  ce  qui  correspond  aux  prix  extrêmes  ue  28  fr.  02  à  32  fr.  48  les 
IOO  kilog.,  ou  en  moyenne,  30  fr.  25.  —  Les  farines  de  spéculation  ont  fléchi 
de  1  fr.  depuis  huit  jours  ;  on  cote:  farines  neuf-marques,  courant  du  mois,  44  fr. 
à  44  fr.  25;  janvier,  44  fr.  25  à  44  fr.  50  ;  janvier  et  février,  44  fr.  50  à  44  fr.  75; 
quatre  premiers  mois,  44  fr.  75  à  45  fr.  ;  quatre  mois  de  mars,  45  fr.  50  à 
45  fr.  75.  —  Les  farines  deuxièmes  valent  de  21  fr.  à  24  fr.  les  100  kilog. 

Seigles.  —  Demandes  et  offres  restreintes.  On  place  les  belles  qualités  à  16  fr. 
les  100  kilog.;  les  ordinaines  de  15  fr.  50  à  15  fr.  75,  à  la  halle  de  Paris.  —  La 
farine  de  seigle  se  cote  de  21  à  22  fr.  50  les  100  kilog. 

Orges.  — La  demande  est  toujours  suivie  ;  les  cours  se  soutiennent  de  17  fr.  75 
à  22  fr.  les  IOO  kilog.,  suivant  provenances.  —  Les  escourgeons  sont  rares;  on 
en  demande  19  fr.  à  19  fr.  25  par  100  kilog. 

Avoines  —  Quoique  la  demande  soit  peu  importante,  les  prix  sont  bien  tenus 
de  17  fr.  25  à  2o  fr.  25  par  100  kilog.  pour  ks  avoines  ordinaires.  —  En  avoines 
avoines  exotiques  on  cote  comme  suit  Suède  16  fr.  50  à  16  fr.;  Liban  noires, 
16  fr.;  blanches,  15  fr.;  Riga,  14  fr.  75  à  15  fr. 

Maïs.  —  Les  prix  sont  également  bien  tenus  pour  le  disponible  de  l 'i  fr.  25 
à  14  fr.  soles  100  kilog.,  sur  wagon  au  Hivre  ou  à  Rouen,  provenance  du  Da- 
nube ou  de  la  mer  Noire.  Le  livrable  trouve  acheteur  de  12  fr.  65  à  13  fr.  90. 

Sarrasins.  —  Peu  d'affaires;  le  prix  est  toujours  de  16  fr.  les  100  kilog.,  en 
gare  d'arrivée  à  Paris. 


DES  DENRÉES    AGRICOLES  (13   DÉCEMBRE   1884).  437 

Issues.  —  Affaires  lentes,  sans  variation  dans  les  cours  On  cote  à  la  halle  de 
Paris  jiar  100  kilog.  :  gros  sons  seuls,  14  l'r.  7o  à  15  l'r.  25;  sons  gros  et  moyens, 
13  IV.  i5  à  14  fr.  50;  sons  trois  cases,  12  l'r.  25  à  12  fr.  75;  sons  lins,  11  fr.  75 
à  12  fr.  ;  rccoupettes,  12  fr.  25  à  12  fr.  75;  remoulages  blancs,  15  fr.  50  à 
16  fr.;  remoulagcs  bis,  14  à  15  fr. 

III.  —  Fourrages  et  graines  fourragères. 

Fourrages.  —  Les  prix  sont  toujours  hien  tenus  ;  et  les  affaires  courantes.  On 
cote  à  Paris,  par  100  bottes  de  5  kilog.  :  foin,  52  à  58  fr.  ;  luzerne,  52  à  56  fr.; 
paille  de  blé,  28  à  32  fr  ;  paille  à»  seigle,  36  à  40  fr.;  paille  d'avoine,  -.2  à  26  fr. 

—  A  "Versailles  les  prix  sont,  par  lOJ  boites  :  foins,  40  à  44  fr.;  luzerne,  35  à 
36  fr.;  paille,  25  à  28  fr.;  sainfoin,  34  à  38  fr.;  regain,  37  fr. 

Graines  fourragères.  —  Mêmes  cours  qu'il  y  a  huit  jours,  à  Paris,  ou  l'on  cote  : 
trèfle  violet,  95  à  120  fr.  les  100  kilog.:  tièlle  blanc,  165  à  200  ir.;  trèfle 
hybride,  ItO  à  180  fr.;  luzerne  de  Provence,  140  à  150  fr.;  d'Italie,  125  à 
liû  Ir.;  du  Poitou,  85  à  100  fr.;  minette,  38  à  42  fr  ;  ray-grass  anglais,  35  a 
40  fr.;  d  Italie,  38  à  44  fr.;  sainloin  à  une  coupe,  33  à  35  tr.;  à  deux  coupes,  38  à 
40  l'r.;  vesc«  de  printemps,  22  à  23  fr.;  pois  jai  ras,  17  à  18  fr.  —  A  Toulouse,  la 
graine  de  trèfle  vaut,  95  à  100  fr.;  celle  "de  luzerne,  165  à  110  ir.  les  100  kilog. 

IV.  —  Frxiits  et  légumes  frais. 

Fruits.  —  Voici  les  cours  de  lahal'e  de  Paris,  Poires,  6  à  60  fr.  le  cent,  0  fr.  25 
à  0  fr.  55  le  kilog.,  pommes,  5  à  75  fr.  le  cent,  0  fr.  20  à  0  fr.  60  le  kilog.,  rai- 
sins, 1  fr.  50  à  4  fr.  le  kilog.;  raisin  noir,  1  fr.  tO  à  3  fr.  50  le  kilog  ;  noix,  0  fr.  35 
à  0  fr.  70  le  kilog.;  coings,  15  à  35  fr.  le  cent;  cl.'âtaignes,  12  à  16  fr.  l'hec- 
tolitre. 

Légumes.  —  Carottes  communes,  20  à  25  fr.  les  cent  bottes;  d'hiver,  4  fr. 
à  4  fr.  50  l'hectolitre;  navets,  10  à  15  f."-.  les  cent  bottes;  panais,  5  à  18  fr.; 
poireaux,  3  fr.  à  4  fr.;  oignons  en  grains,  14  à  18  fr.  l'hectolitre;  choux,  8 
à  12  fr.  le  cent;  betterave  0  ir.  30  à  1  l'r  40  la  manne;  tomates,  0  fr.  50  à  0  fr.  65 
le  kilog;  salsifis  0  l'r.  30  à  0  fr.  45  la  botte;  poliron,  0  fr.  50  à  3  fr.  50  la  pièce 
oseille,  0  Ir.  90  à  1  fr.  10  le  paquet;  épinardsO  fr.  20  à  0  fr.  25  le  paquet  ;  choux 
de  Bruxelles,  0  fr.  20  à  0  l'r.  25  le  kilog;  choux-fluurs,  5  à  85  fr.  le  ceut;  cardon, 
1  fr.  à  1  fr.  25  la  botle. 

Salades.  —  Barbe  de  capucin,  0  fr.  45  à  0  fr.  60  la  botte;  céleri,  0  fr.  60  à 
0  f r  70  la  botte;  céleri  rave  Ofr.  08  à  0  fr.  12  la  pièce  ;  chicorée  frisée,  8à  14  l'r. 
le  cent  ;  sauvage  0  fr.  20  à  0  fr.  30  le  kilog  ;  cresson  0  fr.  30  à  1  fr.  40  la  botte 
de  12  boites;  escarole,  9  à  15  fr.  le  cent,  laiiue,  4  àô  fr.  le  cent  ;  mâches  0  fr.  20 
à  Ofr.  25  le  kilog.;  pissenlits,  0  fr.  30  à  0  fr.  tO  le  kilg. 

Pommes   de    terre.  —  Hollande  8  à  9  fr.  l'hctolitre,  11  fr.  42  à  12   fr.  85   les 
100  kilog.;  communes,  5  à  6  fr.  l'hectolitre,  7  fr.   14  à  8  fr.  57    les  100  kilog. 
V.  —  Vins.  —  Spiritueux.  —  Vinaigres.  —  Cidres. 

Vins.  —  La  période  d'accilmie  générale  continue,  aussi  bien  dans  le  Bordelais 
et  dans  le  Midi  qu'en  Bourgogne  et  en  Beaujidais.  Seule  la  Tuurdine  a  un  bon 
courant  d'h flaires.  Dans  le  Loir-et-Cher,  les  vins  noirs  se  payent  de  9b  à  105  fr. 
la  pièce;  les  vins  rouges  supérieurs  valent  de  72  à  82  fr.,  et  les  secondaires  de 
72  à  76  fr.  le  tout  logé.  Les  vins  blancs  de  Sologne  sont  très  demandés  au  prix 
de  58  à  63  fr.  les  200  litres  nus;  et  ceux  de  la  côte  de  48  à  52  fr.  suivant  qualité. 

—  Dans  le  Nantais,  les  transactions  sont  plus  dilficiles  ;  la  qualité  des  vins  étant 
très  irrégulière;  les  gros  plants  sont  cotés  de  â5  à  37  fr.;  les  muscadets  logés 
sur  tins,  60  à  65  fr.  —  A  Bergerac,  les  cours  des  vins  nouveaux  sont  établis 
comme  suit  :  !"'■  Bergerac,  600  à  b50  fr.  le  tonneau,  2''  550  à  600  ;  ordinaires 
500  à  520  fr.;  V'  .'.-signac,  450  à  500  fr.;  2'',  400  à  450  fr.;  ordinaires,  350  à 
400   fr.;  vins  blancs    de  Munlbazillac,  1",  1,000  à  1,200  Ir.;  2'",  900  à  l.cOJ  fr. 

—  En  Algérie,  à  une  période  assez  active,  succède  aujourd'hui  le  calme.  On 
cote  à  Orun,  lus  vins  de  premier  choix,  de  11  à  12  degrés,  25  à  26  fr.  l'heclolitre; 
ceux  de  deuxième  choix,  10  à  12  degrés  23  à  24  fr.;  ceux  de  troisième  choix,  9  à 
'10  degrés,  20  à  21  fr.  le  tout  pris  sur  place. 

Spiritueux.  —  Il  y  a  une  amélioration  dans  les  cours  depuis  huit  jours;  au- 
jourd'hui, les  demandes  sont  ])lus  actives  et  la  tendance  ferme  avec  une  hausse 
de  0  fr  50  sur  toutes  les  époques.  Ou  cote  à  Paris,  trois-six  fins  du  Nord  90  de- 
grés disponibles  et  courant  du  mois,  42  fr.  75  à  43  fr.,  l'hectolitre  nu  en  entre- 
pôt; janvier,  43  à  %3  fr.  25  ;  quatre  premiers  mois,  43  fr.  75  à  44  fr.;  quatre 
mois  chauds,   45  à  45  fr.  25.  —  Les  trois-six  du  Languedoc  conservent  leurs  prix 


438  REVaE  GOMMERGIAXE  ET  PRIX  GOURANT 

àe  110  à  112  fr.  —  A  Lille,  l'alcool  de  betterave  est  remonté  au  cours  de    40   à 

40  fr.  50.  —  A  Bordeaux,  les  affaires  sont  nulles  et  les  prix  encore  en  baisse.; 
on  cote  les  trois-six  Nord  fins  49  à  50  fr.  disponibles,  50  à  55  fr.  les  durtbles^ 
les  trois-six  type.allemand,  60  à  70  fr.;  les  premières  marques  de  Berlin  82  fr; 
— Les  trois-six  bon  goût  valent  98  fr.,  à  Nîmes;  105,  110,  à  Cette;  103  fr.  à 
Béziers  ;  101  fr.  à  Pézenas.  —  Les  marcs  sont  cotés  de  93  à  100  fr. 

Raisins  secs  pour  boisson.  —  Voici  les  cours  pratiqués  à  Cette.  Goriathe  extra, 
24  à  35  fr.  les  100  kilog.  ;  ordinaire,  20  à  21  Cr.;  Ttiyra  nouveau,  25  fr.;  vieux, 

21  fr.  50;  Vourla,  30  à  32  fr.  ;  Samos  noirs,  30  à  32  fr.  ;  Samos  muscat,  31  à 
34    fr. 

Figues  à  distillerie.  —  On  cote  à  Celte,  17  à  18  fr.  avec  tendance  ferme. 

Pommes  à  cidre.  —  Les  prix  sont  en  hausse,  et  l'on  se  hâte  de  terminer  la  récolte 
des  variétés  tardives,  qui  obtiennent  dans  la  Seine-Inférieure  jusqu'à  5  fr.  50  et 
'\  fr.  par  hectolitre. 

VI.  —  Sucres.  —  Mélasses.  —  Fécules.  —  Houblons. 
Sucres.  —  Nous  avons  encore  de  la  baisse  à  signaler  depuis  huit  jours  sur  le 
marché  des  sucres.  A  Paris,  les  sucres  bruts  88  degrés  saccharimétriques  sont 
cotés  33  fr.  50  à  33  fr.  75  les  100  kilog.;  les  sucres  blancs  99  degrés  38  fr.  75 
à  39  fr.  ;  les  n"'  3  valent  39  fr.  75  à  40  fr.  le  disponible;  40  fr.  à  40  fr.  25  le 
livrable  janvier;    40    fr.    75    à    41    fr,    les   quatre    mois  de  janvier;  41  fr.  50  à 

41  fr.  75  les  quatre  mois  de  mars;  42  fr.  50,  les  quatre  mois  de  mai.  —  Les 
raffinés  disponibles  se  cèdent  de  98  à  101  fr.  les  100  kilog.  pour  la  consomma- 
tion, et  41  fr.  25  à  44  fr.  25  pour  l'exportation.  —  Le  stock  de  l'entrepôt  réel  à 
Paris  dépassait  le  8  décembre  1  million  de  quintaux.  —  A  Lille,  les  sucres 
bruts  ont  fait  de  32  fr.  à  33  fr.  et  les  blancs,  38  fr.  75  ;  les  raffinés  sont  cotés, 
103  fr.  50  à  104  fr.  —  A  Valenciennes,  on  cote  les  88  degrés,  32  fr.  50  en  baisse 
de  G  fr.  75.  —  A  Péronne,  les  sucres  blancs  valent  39  fr.,  les  roux,  32  fr.  75.  — 
A  Londres,  Amsterdam  et  Anvers,  la  situation  des  marchés  est  lourde,  avec  ten- 
dance à  la  baisse. 

Mélasses.  — Dans  le  Nord,  la  mélasse  vaut  de  10  fr.  à  10  fr.  50  les  100  kilog. 
— -  A  Paris,  la  mélasse  de  raffinerie  est  cotée  16  fr.  ;  à  Bordeaux,  les  cours  sont 
bien  tenus,  de  30  à  35  fr.  les  bonnes  marques,  et  25  à  35  fr.  les  ordinaires. 

Fécules.  —  Sans  changement    pour   la    fécule  première  de  l'Oise,  à    26  fr.  les 
100  kilog.;  à  Paris,  la  fécule  sèche  vaut  26  fr.  à  26  fr.  50. 

Houblons.  —  Affaires  calmes  et  cours  sans  changements.  A  la  foire  de  Beire-le- 
Chàtel,  près  Dijon,  les  transactions  ont  été  nulles,  les  prix  sont  arrêtés  de  150  à 
180  fr.  les  100  kilog.  —En  Lorraine,  on  cote  160  à  180  fr. 

Amidon.  — A  Paris,  on  cote  :  amidon  de  pur  froment,  .=i6  à  57  fr.  les  100  ki- 
log ;  amidon  de  province,  44  à  45  fr.  ;  mi-fins,  30  à  32  fr.;  amidon  de  maïs,  38  à 
40  fr.  ;  fleur  de  nz,  34  à  36  fr. 

Sirops.  —  Sur  les  sirops  de  fécule,  la  tendance  est  faible  aux  cours   suivant   : 
sirops  de  froment,  41    à    42  fr.  les  100  kilog.;  massé   34  à  35  fr.;   sirop  liquide 
33  degrés  25  à  26  fr.;  sirop  de  maïs,  35  à  36  fr. 

VII.  —  Tourteaux.  —   Noirs.  —  Engrais. 

Tourteaux.  —  Voici  les  cours  actuels  de  Marseille,  par  100  kilog.;  lin,  dispo  C 
nible,  18  fr.  25  ;  arachide  décorti  [uée,  13  fr.;   en  coque,  9  fr.  75;  sésame   blan , 
du  Levant,   12  fr.  50;  sésame  de  l'Inde  pour  engrais,    11  fr.;  cocotier  ou  coprah, 

11  fr.   15;  colza  du  Danube,  12  fr.;  oeillette  exotique,    10  fr.  75;  coton  d'Egypte: 

12  fr.;  palmiste,  11  fr.  75;  ricin,  8  fr.;  ravison,  1 1  fr.  —  Dans  le  Nord,  on  cote  ; 
à  Cambrai,  colza  15  à  18  fr.  50;  œillette,  16  fr.  50;  à    Arras,  œillette,  16   fr.  25 
lin  de  pays,  24  fr.;  cameiine,  15  fr.;  pavot,  12  fr.  50. 

Engrais.  —  .4.  Paris,  la  cote  est  la  suivante  par   100  kilog.    :  nitrate  de  soude, 

22  fr.  50  ;  sulfate  d'ammoniajue,  37  fr.;  sulfate  de  potasse,  21  fr.;  chlorure  de 
potassium,  19  fr.;  sang  desséché,  1  fr.  80  le  degré  d'azote;  superphosphates 
0  fr.  64  par  degré  d'acide  phosphorique  soluble  dans  l'eau. 

VIII.  —  Huiles  et  graines  oléar/ineuses. 
Huiles.  —  Il  y  a  eu  delà  baisse  de, mis  notre  dernière  cote;  néanmoins  la  ten- 
dance se  raffermit  aujourd  hui.  A  Paris,  on  cote:  par  100  kilon;.  huile  de  colza 
disponible,  65  fr.  75  à  66  fr.  ;  livrable,  66  fr.  50  à  69  fr.  ;  huile  de  lin,  dispo- 
nible, 54  fr.  25  à  54  fr.  50;  livrable,  53  fr.  25  à  53  fr.  75  ;  —  à  Arras,  l'huile 
d' œillette  suifine  vaut  95  fr.  les  lOO  kilog.;  de  colza,  70  fr.;  de  lin,  6*  fr.;  de  ca- 
meiine, 61  fr.;  —  à  Cambrai,  colza  70  fr.;  œillette,  105  fr.;  lin,  55  fr.;  — à  Lille, 


DES  DENRÉES   AGRICOLES   (13  DÉCEMBRE    1884}.  439 

lin,  56  fr.;  colza,  60  fr.;  —  à  Siint-Q  i3Qtin,  colza  72  fr.;  œillette,  112  fr.;  de  lia 
étrangers,  60  fr.  —  à  Caeu,  colza,  62  fr.  50;  —  à  Rouen,  colza,  65  fr.  50;  lin, 
55  fr. 

Graines  oléagineuses.  —  A  Arras,  on  cote  :  œillette,  24  fr.  à  26  fr.;  colza,  18  à 
21  fr.;  lin,  18  à  21  fr.  50;  cameline,  14  à  16  fr.;  —  à  Cambrai,  colza,  20  à 
21  fr.  ;  œillette,  24  fi.  à  25  fr.  25;  cameline,  12  à  16  fr.  le  tout  aux  100  kiiog. 

IX.  —  Matières  résineuses  et  textiles- 
Matières  résineuses.  —  A  Bordeaux,  on  cote,  aux  100  kiloof.;  essence  de  têrében- 

tbine,  51  f r  ;  Lrai  sec,  12  fr.;  demi-clair,  10  fr.  50  à  1 1  fr.;  clair,  12  à  13  fr.; 
demi-colophane,  16à  17  fr.;  colopbaneordinaire,  14  fr.;  colophane  Hugues,  14  fr.  50 
à  15  fr.;  résine  jaune,  11  à  12  fr.  —  A  Dax,  l'essence  est  à  54  fr.  les  100  kilog.  — 
A  Bazas,  on  paye  :  gemme  vieille,  20  fr.  à  22  fr.  50  les  250  litres;  gemme  nou- 
velle 22  fr,  50;  gemme  système  Hugues,  25  fr.  ■ 

Textiles.  —  Les  chanvres  sont  1  objet  de  ventes  assez  actives  sur  les  marchés 
de  la  Sarthe  et  de  l'Ille-et-Vilainc.  Au  Mans,  des  chanvres  blancs  se  sont  payés 
de  36  à  40  fr.  les  50  kilog.;  des  chanvres  gris,  34  à  37  fr.  —  A  La  Guerche,  on 
cote  par  100  kilog.,  65  à  70  fr.;  à  Janzé,  60  à  70  fr.;  à  Château-Giron,  45  fr,  — 
Les  1ms  valent  de  45  à  70  fr.,  suivant  qualité,  dans  l'IUe-et- Vilaine. 

X.  —  Beurres.  —  Œvfs.  —  Fromage':. 

Beurres.  —  On  a  vendu  pendant  la  semaine  à  la  halle  de  Paris,  211,605  kilog. 
de  beurres,  aux  prix  suivants  :  en  demi-kilog.,  1  fr.  90  à  3  fr.  94;  petits  beurres, 
1  fr.  82  à  3  fr.  14;  Gournay,  1  fr.  84  à  4  Ir^  14;  Isigny,  2  fr.  08  à  8  fr. 

Œufs.  —  Les  ventes  de  la  semaine  ont  été  de  4,259,'200"  œufs,  au  prix  de  : 
105  à  150  fr.  le  mille;  ordinaires,  80  à  102  fr.;  petits,  61  à  f^8  fr. 

Fromages.  —  On  cote  à  la  halle  par  douzame  :  Brie,  6  à  28  fr.;   MontUiéry, 
15  fr.;  —  par  cent  :  Livarot,  30  à  102  fr.;  Mont-d'Or,  7  à  2^  fr.;  Neufchâtel,  4  à 
18  fr.;  divers,  9  à  65  fr.;  —  par  100  kilog.  :  Gruyère,  100  à  190  fr. 
XI.  —  Chevaux.  —  Bétail.  —    Viande. 

Bétail,  —  La  tableau  suivant  résume  te  inouvs'ûent  officiel  du  marché  aux  bes- 
tiaux de  la  Villette,  du  jeudi  4  au  mardi  9  décembre: 

Poids     Prix  du  Idlog.  4e  viande    nette  aa' 
Vendus  moyen       pied   au  marché  da   8    décembre. 

Pour  Pour           En          k  quartiers,     r"          2°  3"  Prix 

Amenés.       Paris,  l'extérieur,  totalité.  kil.  *  quai.  quai.  quai.  moyen. 

Bœufs 4,n68     3,tâ.î  1,269  4,4>2  H50  l.t)6  1.50  1.26  1.45 

Vaclies 1,715        948  hb3  1,501  2:14  1.56  1.38  1.16  1.36 

Taureaux 23?         195  26                221  396  1.44  1.36  1-20  1.31 

Veaux 2,911      1,901  640  2,541  78  1.90  1.70  1.60  1.75 

Moutons 33,3)4  23,013  7,106  30,178  21  1.86  1.70  150  1.67 

Porcs  gras ... .          7,489     3,239  4,135  7,374  81  1.18  1.12  1.06  1.14 

Les  arrivages  des  marchés  de  la  semaine  se  décomposent  comme  il  suit  : 

Bœufs.  —  Aisne,  18;  Allier,  128;^veyron,  32;  Calvados,  830;  Charente,  81;  Cher,  56  ;  Côte" 
d'Or,  26;  Côtes-du-Nord,  22;  Creuse,  316  ;  Deux-Lèvres,  42;  Dordogne,  303;  Doubs,  9;  Eure, 
22;  Indre,  12  ;  Loire-lnfirieure,  Vi  ;  Loiret,  3;  Maine-et-Loire,  930;  Manche,  80;  Mo:bihan,  28; 
Nièvre,  173;  Orne,  352  ;  Puy-de-Dôme,  32;  Saône-el-Loire,  143;  Sarlhe,  19;  Seine-Inférieure, 
40;    Tarn-cl-Garonne,  27  ;Ven(lée,   409;    Haute-Vienne,  22;  Yonne,   45. 

Vaches.  —  Allier,  32;  Aube,  3;  Aveyron,  22  ;  Calvados,  428;  Charente,  22;  Cher,  43; 
Côte-d'Or,  Côte.s-du-Kord,  2;  Creuse,  73;  Dordogne,  G;  Eure,  20;  Eure-et-Loir,  12;  Loire,  2  ; 
Loiret.  18;  Maine-et-Loire,  13:  Manche,  125:  Nièvre,  203  ;  Oise,  6;  Orne,  150;  Puy-de-Dôme, 
58;  Saôiie-et-Loire,  90;  Sarlhe,  12;  Seine,  46;  Seine-Inférieure.  12;  Seme-et- Marne,  33;  Seine- 
et-Oise,  42;  Vendée,  14;  Haute- Vienne,  73;  Yonne,  25. 

Taureaux.  —  Allier,  8;  Aube.  6;  Calvados,  20;  Charente,  1;  Cher,  9;  Côte-d'Or,  9;  Dor- 
dogne, 2  ;  Eure,  4  ;  Eure-ei-Loir,  6;  Gironde.  8;  Ille-et-Vilaine,  7  ;  Loire,  2;  Loire-Inférieure,  7; 
Loiret,  3  ;  Maine-et-Loire,  22;  Manche,  24;  Hiute-Marne,  1  ;  Mayenne,  11  ;  Nièvre,  14  ;  Oise,  5; 
Orne,  5  ;  Saône-et  Loire,  5;  Sarthe,  3;  Seine-nférieure,  1;  Seine-et-Marne,  5;  Seine-et-Oise, 
13  ;  Haute- Vienne,    1  ;  Yonne,  11;  Sui^se,  11. 

Veaux.  —  Allier,  40;  Aube,  368;  Aveyron,  79;  Calvados,  22;  Cantal,  41  :  Eure,  2.i3  ;  Eure-et- 
Loir,  195;  Ille-et-ViIaine,  7;  Loire,    2;  Loire-Inférieure,  2;  Loiret,   208  ;  Manche,  7  ;  Marne,  25  ; 
,Oise,   67;  Puy-de-Dôme,  118;   Sarthe,  67  ;  Sdiae-Inférieure,  73  ;   Seine-et-Marne,   275;    Seine. 
et-Oise,    39;    Yonne,   110. 

Moutons.  —  Aisne,  221;  Allier,  2,858;  Aube,  1275;  Aveyron,  143  ;  Cantal,  1,548  Cher,  544; 
Côte-d'Or,  238;  Creuse,  61;  Eure,  46;  Eure-et-Loir,  241;  Indre,  132;  L'it,  194;  Meurthe-et- 
Moselle,  186  ;  Nièvre,  137  ;  Nord,  68;  Oise,  379;  Puy-de-Dôme,  523;  Sarthe,  147  ;  Seine-et-Marne, 
1,330;  Seine-et-Oise,  1,958;  Somme,  278;  Yonne,  571,  Allemagne,  18,824;  Autriche,  2,207; 
Hollande,  200;  Hongrie,  3,427  ;;  Russie,    2.470;  W-stphalie,  185 

Porcs.  —  Allier,  679;  Calvados,  :i6  ;  Charente,  111;  Cher,  175;  Côtes-du-Nord,  23;  Creuse, 
225;  Deux-Sèvres,  577  ;  llle-et-Vildiiie,  339  ;  Indre,  514;  Loire-lnférieure,  278;  Loir-et-Cher,  49  ; 
Maine-et-Loire,  634;  Manche,  84;  -Moyenne,  136;  Nièvre,  449;  Puy-de-Dùme,  106;  Saô.ne-et- 
Loire,  60;  Sarthe,  1,566;  Vendée,  589;  Vienne,  68;  Haute-Vienne,  140;  Yonne,  37. 


440         REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  GOURANT  (13  DÉCEMBRE  1884). 

Sauf  pour  les  moutons,  dont  il  a  été  amené  près  de  500  de  moins,  les 
arrivages  ont  éié  supérieurs  à  ceux  de  la  semaine  dernière.  Les  prix  ont  été 
meilleurs  piurles  moutons,  mais  en  baisse  pour  les  vaches  et  les  porcs.  —  Sur 
les  marchés  des  départements,  on  c^ite  :  Sadan,  bœuf,  1  fr.  60  à  1  Ir.  80le  kilog.; 
veau,  1  fr.  4u  à  2  fr.;  mouton,  1  fr.  50  à  2  fr.  40;  porc,  1  fr.  40  à  2  fr.  60. 
—  Nancy,  bœuf,  82  à  86  fr.  les  100  kilog.  bruts;  vache,  75  à  80  fr.;veau,  50 
à  60  fr.;  mouton,  90 à  100  fr.;  po'-c,  60  à 65  fr.  —  Evreux,  bœuf,  2  fr.  10  le  kilog.; 
veau,  2  fr.  30;  mouton,  2  fr.  30;  porc,  1  fr.  75.  —  Louviers,  bœuf,  1  fr.  40  à  2 
fr.;  veau,  2  fr.à  2  ir.  40;  mouton,  2  fr.  à  2  fr.  40;  porc,  1  fr.  80  à  2  fr.  — 
Amiens,  vache,  1  fr.  40;  à  1  fr.  60;  veau,  1  fr.  50  à  1  fr.  85;  porc,  1  fr.  05  ;  à  1  fr. 
15.  —  Rouen,  bœul,  1  fr.  kb  à  I  fr.  75;  vache,  1  fr.  40  à  1  fr.  70;  veau, 
1  fr.  45  à  1  fr.  80  ;  mouton,  1  fr.  75  à  2  fr.  05  ;  porc,  I  fr.  à  1  fr.  25.  —  PUhiviers, 
vache,  1  fr.  20  àl  fr.  60  ;  veau,  1  fr.  75  à  2  fr.  15  ;  mouton,  2  fr.  —  Bourg,  bœuf, 
65  à  80  fr.  les  100  kilog.  bruts;  veau,  98  à  115  fr.;  porc,  b5  à  88  fr.  —  Bou?-- 
goin,  bœuf,  64  à  74  Ir.;  vache,  6.3  à  73  fr.;  veau,  80  à  90  fr.;  mouton,  75  à 
80  fr.;  porc,  84  fr.  à  86  fr.  —  Nevers,  bœuf,  1  fr.  60  à  1  fr.  80;  le  kilog.; 
vache,  1  fr.  40  à  1  fr.  60;  veau,  2  fr.  ;  mouton,  2  fr.  ;  porc,  !  fr.  60.  —  Le  Puy, 
bœuf,  1  fr.  80;  vache,  1  fr.  60;  veau,  1  fr.  70;  mouton,  1  fr.  80;  porc, 
1  fr.  70.  —  Rodez,  bœuf,  1  fr.  70  les  100  kilog.  brut>;  vache,  60  fr.  ;  veau  et 
mouton,  75  fr.  ;  porc,  86  fr.  —  Coiuhm,  bœuf,  1  fr.  60  à  1  fr.  80;  veau,  1  fr.  40 
à  1  fr.  60;  vache,  1  fr.  à  fr.  1  20;  moutOQ,  1  fr.  70  à  2  fr.  20  ;  agneau,  1  fr.  60 
à  1  fr.  80;  porc,  1  fr.  30.  —  Prioas,  bœuf,  1  fr.  59;  vache,  1  fr.  49  ;  veau. 
1  fr.  69  ;  mouton,    1  fr.    73;  porc,   1  fr.  44. 

A  Londres,  les  importations  de  la  semaine  se  sont  élevées  à  1,967  bœufs, 
19,229  moutons,  324  veaux,  et  9  porcs,  dont  180  bœufs  et  247  moutons  d'Ha- 
lifax et  Boston;  92  bœuls  et  465  moutons  de  de  Montréal,  et  309  bœuls  de  New- 
York.  —  Prix  par  kilog.  :bœuf,  1  fr.  38  à  2  fr.  02;  mouton,  1  fr.  72  à  2  fr.  19  ; 
veau,  1  fr.  80  à  2  fr.  09  ;  porc,  1  fr.  05  à  1  fr.  45. 

Viandeà  la  criée.  —  Il  a  été  vendu  à  la  halle  de  Pans,  du  1"^  au  7   décembre  : 

Prix  du  kilog.  le  8  dn-embre.     

kilog.  !'•  quai.             1'  quil.             3*  quai.                Choix.     Basse  3:ucherie. 

Bœuf  OU  vache...   lb'i,Oi)i  l..=i6  à  l  88    1.34  à  l..i4     1.00  à  1.3i     1.46  à  2.46     0.20  à  1.36 

Veau 146,913  1.6';       2.04     1.44       1.64     1.04       1.42       ,             »         . 

Veau 67,457  1.32       1.62     1.10       1.30     0.80       1.08     l.oO      2.93     »              » 

Porc 6'i,394  Porc  frais 1.14  à  1.30;     salé,   1.32 

433,766  Soit  par  jour 61,966  kilog. 

Les  ventes  ont  encore  diminué  cette  semaine  de  2,000  kilog.  environ  par  jour, 
es  prix  sont  en  baisse  pour  le  bœuf  et  le  mouton. 

XII.  —  Cours  de  la  viande  à  l'abattoir  de  la  Villelte  du  jeudi  11  de'cemhre  (par  50  kilog.) 
Cours  de  la  charcuterie.   —  On  vfend  à  la  Villette  par  50  kilog.  :  1"  qualité, 
65  à  68  fr.;  2%  60  à  65  fr.  Poids  vit,  43  à  48  fr. 

Bœufs.  Veaux.  Moutons. 

l"  •!•  3*  1"  2*  3-  1"  V 

qaal.  quai.  quai.  q>ial.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai. 

fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr. 

78  70  63  106  98  92  80  72  66 

XlII.  —  Marché  aui  bestiaux  de  la  Villette  du  jeudi  U  décembre  1884. 

Cours  des  commissioanaires 
Poids  Cours  officiels.  en  bestiaux. 

Animaux  gênerai.  1"  V  3'  Prix  1"        V  3*  Prix 

amenés.      Invendus.         kil.  quai.  quai.  quai,  extrêmes.  quai. quai.  quai.  extrêmes 

Bœufs 1934  50  352  1.68  l.bî  1.26  1.20àl.74  1.66     1    50  1.25  l.20àl.70 

Vaches 499  5  »36  1.60  I    40  1   20  1.14      1.64  1.60     1.40  l   20  1.10     1.62 

Taureaux...            88  »  394  1   IS  (.3!  I   22  1.18      l    52  1.45     1.30  1.25  1.20     1.50 

Veaux 1.124  116  31  1   90  1   70  1.60  1.40     2.10         •              »  »  » 

Moutons 14  979  .1  20  1   90  1.72  !   51  I  46     l  94         «              »  »  » 

Porcs  tjras..     3.606  »  81  1.30  1.24  1.20  1.16     1.36         »              »  »  ' 

—  maigres..           »  »  »»•»»■»»»»             , 

Vente  assez  active  sur  toutes  les  espèces. 

XIV.  —  Résume. 
En  résumé,  nous  avons  peu  de  changements  à  signaler  depuis  notre  dernière 
j.evuc,  sauf  les  sucres  dont  les  cours  ont  faibli,  toutes  les  denrées  se  soutiennent, 
j^vec  un  courant  d'affaires  assez  suivi.  A.  RévîY 

Le  Gérant  :  A.  Bouché. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  c2o  décembre  i8S4). 

Rapport  présenté  à  la  Chambre  des  députés  au  nom  de  la  Commission  des  tarifs  de  douane.  — 
Conclusions  de  ces  rapports.  —  Le  commerce  de  la  viande  abattue.  —  Rapport  de  M.  Kisler 
sur  l'enquête  agricole  dans  le  département  de  l'Aisne.  —  Conclusions  de  ce  rapport.  — •  Com- 
merce général  de  la  France  pendant  es  onze  ]n-eniiers  mois  de  1884.  —  Vœux  des  associations 
agricoles.  —  Organisation  d'une  réunion  agricole  à  Gisors.  —  Vote  de  la  Chambre  syndicale  des 
grains  et  farines  de  Paris.  —  Conclusions  adoptées  par  la  Société  d'agriculture  de  la  Savoie  et 
par  celle  de  la  Loire.  —  Vœu?i  du  conseil  général  de  l'Oise.  —  Rapport  de  la  Commis-^ion  de  la 
Société  des  agriculteurs  de  France.  —  Prix  de  revient  du  blé  et  des  betteraves  dans  la  Loire. 

—  Prix  de  revient  du  cheval  et  du  jeune  bœuf.  —  Conclusions  de  M.  de  Poncins.  —  Eleclion  à 
la  Société  nationale  d'agriculture.  —  Nécrologie.  —  M.  le  D''  Voelcker.  —  Décorations_  dans 
l'ordre  du  Mérite  agricole.  —  Concours  d'animaux  de  boucherie  à  J'amiers.  —  Exposition  inter- 
nationale de  menuiserie  à  Paris.  —  Deuxième  fascicule  des  Annales  de  la  science  agronomique. 

—  Recherches  de  iU.  Aimé  Girard  sur  la  composition  du  grain  de  froment.  —  Le  pourndié  de  la 
vigne.  —  Etudes  de  MM.  Foex  et  Viala.  —  Sucres  et  betteraves.  —  Lettre  de  M.  Olivior-Lecq. 

—  Crise  de  l'industrie  sucrière  en  Belgique.  —  Production  du  sucre  en  France  pendant  les  trois 
premiers  mois  de  la  campagne.  —  Notes  de  MM.  Pagnoul,  Bronswick,  Garin,  sur  l'élat  des 
récoltes  et  les  travaux  agricoles  dans  les  départements  du  Pas-de-Calais,  des  Vosges, 
et    de    r.Ain. 

I.  —  Lu  réforme  des  tarifs  de  douane. 

Les  travaux,  de  la  Commission  de  la  Chambre  des  députés  chargée  d'exa- 
miner le  projet  de  réforme  des  tarifs  de  douane  sur  les  produits  agricoles, 
sont  enûn  achevés.  On  trouvera  plus  loin  dans  ce  numéro  ("page  450) 
le  rapport  de  M.  Raoul  Duval  relatif  au  relèvement  des  tarifs  sur  le 
bétail.  D'autre  part,  M.  Georges  Graux  a  déposé,  dans  la  séance  du 
15  décembre,  son  rapport  sur  les  céréales;  nous  en  publierons  égale- 
ment le  texte  dès  qu'il  nous  sera  parvenu.  Nous  avons  fait  connaître 
les  premières  résolutions  adoptées  relativement  au  blé,  aux  farin;  ., 
à  l'avoine,  au  seigle  et  à  l'orge;  en  ce  qui  concerne  le  maïs,  le  riz  et 
les  graines  oléagineuses,  la  Commission  a  pensé  qu'il  y  avait  lieu  de 
maintenir  l'exemption.  Il  est  absolument  nécessaire  de  rappeler  que 
la  réforme  des  tarifs  de  douane  réclamée  par  l'agriculture  française 
ne  doit  être  considérée  que  comme  une  compensation  des  charges 
écrasantes  qui  pèsent  sur  la  production  agricole  du  pays  ;  il  ne  s'agit 
pas  de  faire  prévaloir  un  système  économique  sur  un  autre,  il  s'agit 
d'essayer  de  rétablir  un  équilibre  désormais  rompu.  L'agriculture 
française  n'appartient  à  aucune  école  théorique;  elle  ne  demande 
aucun  privilège,  mais  elle  réclame  des  pouvoirs  publics  qu'ils  la  met- 
tent en  mesure  de  lutter,  sur  les  marchés  intérieurs,  contre  une  con- 
currence qui  la  ruine  aujourd'hui.  Faire  fi  de  ses  réclamations,  ce 
serait  donner  la  preuve  d'une  imprévoyance  dont  nous  nous  refusons 
à  admettre  la  possibilité.  Accordez  à  l'agriculture  un  peu  de  cette 
réciprocité  dont  vous  avez  été  prodigues  à  l'égard  de  toutes  les  indus- 
tries, et  elle  s'en  déclarera  satisfaite. 

Dans  son  rapport  sur  le  bétail,  M.  Raoul  Duval,  rappelant  que  les 
viandes  abattues  figurent  dans  les  tarifs  conventionnels,  conclut  que 
le  relèvement  des  tarifs  sur  le  bétail  vivant  ne  pourrait  pas  avoir 
d'utilité  réelle.  Sur  ce  sujet,  un  de  nos  correspondants  nous  écrit  : 
«  L'expédition  des  viandes  abattues,  c'est  une  industrie  à  fonder; 
industrie  dont  l'organisation  en  Europe  entraînera  des  frais  assez 
élevés,  particulièrement  pour  en  assurer  le  succès  en  toute  saison, 
sans  compter  une  fréquente  diminution  dans  la  qualité  de  la  marchan- 
dise et  la  dépréciation  de  prix  qui  subsistera  toujours  pour  les  viandes 
abattues  par  rapport  au  prix  du  bétail  sur  pied.  Les  bénéfices  des 
importateurs  se  transformeraient  bientôt  en  pertes  assez  sensibles  pour 
réduire  considérablement  l'importation  des  viandes   abattues.»     Ces 

ÎS°  81'.).  —  Tome  IV  de  1884.  —  20  Décembre. 


442  CHRONIQUE    AGRICOLE  (20  DÉCEMBRE    1884). 

réflexions  sont  de  celles  gui  s'imposent  dans  la  solution  d'un  problème 
aussi  important. 

IL  —  L'enqiéie  agricole  dans  le  dcpaiHement  de  l'Aisne. 

Le  rapport  général  sur  l'enquête  ordonnée  par  M.  le  ministre  de 
Tagriculture  sur  la  situation  de  l'agriculture  dans  le  département  de 
l'Aisne  en  1884,  vient  d'être  publié.  Il  est  dû  à  M.  Risler,  directeur  de 
l'Institut  agronomique.  On  peut  dire  que  c'est  un  tableau  exact  de  la 
situation,  non  seulement  dans  ce  département,  mais  dans  une  grande 
partie  de  la  France.  Ce  tableau  est  sombre;  il  se  résume  en  ces 
quelques  mots  que  nous  empruntons  à  M.  Risler  :  «  Avant  1865,  il 
restait  au  fermier  125  fr.  par  liectare,  et  en  1881  il  ne  lui  restait  plus 
que  35  i'r.  pour  payer  son  travail,  les  risques  et  les  intérêts  d'un 
capital  d'exploitation  qui  doit  être  d'au  moins  500  à  GOO  fr.  par 
hectare.  En  1882,  le  produit  brut  a  diminué.  Pour  la  plupart  des 
fermiers,  les  campagnes  de  1883  et  1884  se  sont  soldées  par  zéro  ou 
par  des  perles  plus  ou  moins  considérables.  Ils  sont  aujourd'hui  sous 
cette  triste  impression,  et  ils  craignent  que  la  situation  ne  s'améliore 
pas.  »  Faut-il  y  remédier  par  une  élévation  des  tarifs  de  douane?  Lai 
Commission  d'enquête  a  cru  devoir  en  laisser  juges  le  gouvernement 
et  les  chambres.  Mais  elle  indique  des  réformes  urgentes  à  réaliser  : 
réforme  des  tarifs  de  chemins  de  fer,  diminution  des  impôts,  baisse 
des  fermages,  progrès  de  l'instruction  agricole,  réforme  des  baux, 
organisation  du  crédit  agricole.  Ainsi  que  nous  l'avons  dit  à  plusieurs 
reprises,  dans  les  pays  de  culture  intensive,  comme  l'Aisne,  la 
question  des  fermages  domine  la  situation.  C'est  ce  qui  ressort  encore 
de  l'important  rapport  de  M.  Risler. 

III.  —  Commerce  de  la  France. 

Les  documents  statistiques,  publiés  par  la  Direction  générale  des 
douanes,  donnent  le  résumé  suivant  du  commerce  de  la  France  pen- 
dant les  onze  premiers  mois  des  deux  dernières  années  : 

Importalions.        Exportalions^ 

18S4  1883  1884  1883 

Francs.  Francs.  Francs.  Francs. 

Objets  d'alimentatinn..       1,326,617,000  1,447,260,000  712,342,000  743. 079)000 
Matières  nécessaires  à 

linilustrie 2,01.5,153,000  2,034,013,000  602,301,000  .':t)},91G  .000 

Olijuts  fabriqués 579,2.(8,000  b43,Ui5,000  1,543,736,(100  1,(^9,931,000 

Autres  marchandises..           r0.100,(W)  183,154,000  143,1(18,000        144.772,000 

Total 4,091,108,000        4, 307,. 592, 000  3,001,487,000        "37140,698,000 

Les  onze  premiers  mois  de  1884  accusent,  comparativement  à 
4883,  une  diminution  de  355,095,000  fr.,  dont  216, 48'i,()00  fr.  pour 
les  importations  et  139,211.000  i'r.  pour  les  exportations.  En  ce  qui 
concerne  les  objets  d'alimentation,  les  importalions  sont  inférieures 
dé  120,643,000  fr.  à  celles  des  onze  premiers  mois  de  1883. 

IV.  —  Vœux  des  associalwns  agricoles. 
Les  réunions  de  cultivateurs  pour  manifester  leurs  vœux  relative- 
ment aux  modifications  à  apporter  aux  tarifs  dé  douane  continuent 
dans  un  grand  nombre  de  départements.  Un  comité  d'agriculteurs  des 
départements  de  l'Eure  et  de  l'Oise,  présidé  par  M.  Louvet,  a  organisé 
ïine  réunion  qui  se  tiendra,  à  Gisors  (Eure),  le  '28  décembre,  et  dans 
laquelle  M.  Pouyer-Querlier,  sénateur,  traitera  la  question  de  la  crise 
agricole. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (20  DÉCEMBRE   188^;.  ^43 

Les  adversaires  de  la  réforme  des  tarifs  de  douane  prétendent  que 
cette  réforme  apportera  une  perturbation  dans  le  commerce  des  grains 
et  des  farines.  Voici  la  réponse  que  leur  fait  la  Chambre  syndicale 
des  grains  et  farines  de  Paris  : 

La  Chambre  syndicale,  dans  sa  séance  du  9  décembre  1884,  appelée  à  donner 
■son  avis  sur  l'opportunité  d'un  droit  sur  les  céréales  et  farines,  énaet  à  l'unanimité 
les  avis  suivants  : 

1°  Que  l'établissement  d'un  droit  fixe  sur  les  blés  et  céréales  supérieure  céloi 
actuel  ii'udra  les  plus  grands  services  à  l'agriculture  dont  les  membres  de  la 
•Chambre  constatent  dans  leurs  transactions  journalières  la  situation  précaire  ; 

2°  Que  l'élévation  projetée  n'est  pas  de  nature  à  produire  une  hausse  appré- 
ciable sur  le  prix  du  pain; 

3"  Que  le  droit  sur  la  farine  devra  être  proportionnellement  plus  élevé  que  celai 
sur  les  blés,  de  manière  à  compenser  les  abus  auxquels  donne  lieu  l'applicatioii 
de  la  surtaxe  d'entreiôt  ; 

4"  Qu'il  est  de  la  plus  haute  importance  que  la  question  reçoive  sa  solution  à 
très  bref  délai,  dans  l'intérêt  de  l'aLMiculturc  et  pour  empêcher  le  développement 
de  l'importation  avant  le  relèvement  des  droits. 

La  Société  centrale  d'agriculture  du  département  de  la  Savoie,  pré- 
sidée par  M.  P.  Tochon,  avait  invilé  à  sa  séance  hebdomadaire  du 
13  décembre  les  personnes  qui  s'intéressent  à  l'avenir  de  l'agriculture. 
Un  grand  nombre  de  membres  du  Conseil  général,  des  Conseils  d'ar- 
rondissement, des  Comices  et  des  autres  sociétés  agricoles  du  dépar- 
tement  assistaient  à  la  réunion.  Après  un  dél>at  approfondi,  les  vœux 
suivants  ont  été  émis,  à  l'unanimité  des  membres  présents  : 

Considérant  que  la  rareté  et  renchérissement  de  la  main-d'œuvre,  le  faible 
rendement  moyen  des  terres,  l'élévation  croissante  des  impôts,  mis  en  présence 
du  prix  actuel  des  denrées  agricoles,  est  loin  de  rémunérer  l'agriculteur  de  ses 
■peines; 

Considérant  que  cet  état  de  chose  est  dii  en  grande  partie  à  la  faveur  accordée 
aux  étrangers  de  venir  vendre  leurs  denrées  et  leur  bétail  en  concurrence  avec  le 
nôtre,  sans  avoir  à  supporter  les  charges  qui  pèsent  sur  les  produits  nationaux 
et  que  cette  diSérence  leur  peimet  ùe  les  livrer  à  un  prix  intérieur  au  nôtre  : 

Emet  le  vœu  : 

1"  Qu'afin  de  relever  le  prix  des  denrées  agricoles,  l'Etat  ait  recours  à  un  droit 
protecteur,  comme  il  le  fait  pour  les  produits  industriels. 

2"  Que  la  réduction  du  prix  de  transport  qui,  .■•ous  le  nom  de  tarif  de  pénélra- 
tion,  est  appliqué  aux  produits  étrangers  soit  aboli  et  que  l'économie  qui  en  sera 
la  conséquence  pour  le  chemin  de  fer  so.t  appliqué  à  réduire  le  prix  des  trans»- 
ports  de  petite  vitesse. 

3"  Que  le  nouveau  tarif  de  douane  soit  fixé  de  manière  à  faire  peser  sur  les  pro- 
duits agricoles  étrangers  la  quantité  d'impôts  qu'ont  eu  à  supporter  les  nôtre» 
au  moment  où  ils  arrivent  sur  nos  marchés. 

Ce  droit  compensateur  devrait  être  :  pour  le  froment  de  5  fr.  par  li  0  kilu^; 
pour  l'avoine  de  3  fr.  par  100  kilog.;  pour  l'orge  et  le  maïs,  2  fr.  par  100  kilog.; 
pour  les  farines  de  toute  nature,  7  fr.  par  100  kilog. 

Pour  les  bestiaux,  les  droits  actuels  imposés  au  bétail  étranger  à  son  cnirée  en 
France  étant  une  compensation  insulfisante  aux  impôts  dont  la  nôtre  est  charité, 
il  est  de  toute  justice  que  le  tarif  douanier  actuel  soit  doublé. 

Qu'enlin  les  ressources  créées  par  ces  nouvelles  taxes  soient  intégralement 
employées  à  dégrever  i'tgriculture  des  charges  qui  pèsent  sur  elle. 

Dans  sa  dernière  Assemblée  générale,  la  Société  d'an;riciillure  de  la 
Loire,  après  une  importante  discussion  dans  laquelle  les  intéi^êts  agri- 
coles ont  été  défendus  par  MM.  Euverte,  président,  Maire,  Croisier  et 
Noël  Pardon,  a  voté  à  une  très  forte  majorité  une  surtaxe  de  5  francs 
par  100  kilog.  à  l'importation  des  blés. 

Le  bureau  du  Conseil  général  de  l'Oise,  présidé  par  M.  le  duc  d'Au- 
male  et  accompagne  ilii  préfet  du  département,  a  pré.senté,  le  lOdécem- 


444  CHRONIQUE  AGRICOLE  (20  DÉCEMBRE   iBik). 

bre,  à  M.  le   président  du  Conseil  des  ministres,  un  vœu   émis  par 
cette  assemblée  le  23  août  dernier,  et  demandant  : 

1"  Que  le  tari!' général  des  douanes  soit  immédiatement  augmenté  sur  tous  les 

Ï (réduits  agricoles  non  compris  aux  traités. de  commerce,  d'une  façon  telle  que 
'agriculture  française  puisse  lutter  contre  la  concurrence  étrangère; 

2»  Que  le  même  tarif  général  soit  augmenté  dans  toutes  ses  parties,  au  fur  et  à 
mesure  de  l'extinction  des  traités  aujourd'hui  existants; 

3°  Qu'aucun  traité  de  commerce  ne  soit  consenti  avant  la  revision  du  tarif 
général. 

La  commission  de  la  Société  des  agriculteurs  de  France,  chargée  de 
poursuivre  la  réalisation  des  vœux  émis  dans  la  réunion  des  '20  et 
21  novembre  (voir  le  Journal  du  29  novembre,  page  322  de  ce  volume), 
vient  d'adresser  aux  présidents  des  Sociétés  et  des  Comices  agricoles 
une  lettre  pour  leur  faire  connaître  les  résultats  de  cette  réunion.  Elle 
ajoute  :  «  C'est  un  devoir  rigoureux  pour  les  représentants  des  Comices, 
des  Sociétés  d'agriculture  et  pour  leurs  membres,  d'éclairer  leurs 
députés  sur  la  gravité  de  la  situation,  sur  la  nécessité  et  l'urgence  des 
mesures  demandées,  et  de  les  amener  à  partager  leur  conviction.  » 

V.  —  Les  prix  de  revient  du  blé  et  du  bétail. 

Dans  les  grandes  discussions  soulevées  aujourd'hui,  le  prix  de 
revient  des  récoltes  et  celui  du  bétail  jouent  un  rôle  important.  Un  de 
nos  meilleurs  correspondants,  M.  le  marquis  de  Poncins,  membre  de 
la  Société  nationale  d'agriculture,  nous  a  remis,  sur  les  frais  de  cul- 
ture du  froment  et  des  betteraves  fourraicères,  dans  les  conditions 
moyennes  du  département  de  la  Loire,  qu'il  habite,  d'utiles  renseigne- 
ments. Nous  reproduisons  ces  documents  sous  la  forme  même  où  ils 
ont  été  établis. 

Pour  le  froment,  le  rendement  étant  de  16  hectolitres  de  grains  et 
de  2,000  kilog.  de  paille,  les  frais  sont  les  suivants  pour  1  hectare  : 

Frais  de  culture  (la  journée  de  deux  chevaux  est  cotée  11  i'r.,  celle 

de  deux  bœufs  est  cotée  6  f r X8  fr. 

Semences  (2  hect.  à  24  fr .  ) 48 

Moisson  à  la  maclilne  (1  f.  73  par  hectolitre  sur  16  hectolitres)....  28 

Battage  à  la  machine  (2  f.  par  hectolitre),   soit  pour  16  hectolitres...  35 

Engrais 100 

Frais  généraux  (impôts,  assurances,  etc,) 4.S 

Location  de  la  terre 50 

"394 

En  évaluant  la  paille  â  3  fr.  les  100  kilog.,  évaluation  très  faible, 
les  frais  de  culture  ne  seront  couverts,  que  si  l'hectolitre  est  vendu 
21  fr.;  son  prix  de  revient,  à  raison  de  16  hectolitres  par  hectare,  est 
donc  bien  de  21  fr.  En  effet  on  a  : 

2,000  kilog.  de  [aille  à  3  fr.  ;lcs  100  kilog 60  fr. 

16  hei;lolitres  de  grain  à  21  fr.  l'hectolitre •*'"i 

396 

Pour  les  bîtteraves  fourragères,  le  compte  de  culture  de  M.  de 
Poncins  s'établit  comme  il  suit,  pour  un  hectare  : 

fr.  c. 

Frais  de  culture  (même  prix  de  journées  que  ci-dessus) 100  00 

Sarclage  (trois  façons  à  la  main,  70  fr.  ;  deux  à  la  houe  à  cheval. 

40  fr.;  éclaircissement,  20  fr.) 130  00 

Semences,  15  kilog.  à  1  fr.  50 • • 22  50 

Récolte  (arrachage,  charroi,  mise  en  silo) 100  00 

Engrais 200  00 

Frais  généraux 45  00 

Location 50  00 

"647  50 


CHRONIQUE    AGRICOLE   (20  DÉCEMBRE   1884).  445 

La  récolte  est  en  moyenne  de  32,000  kilog.,  ce  qui  fait  ressortir  le 
prix  de  revient  de  la  betterave  à  '20  francs  par  1 ,000  kilog.  Pour  que 
le  cultivateur  ne  soit  pas  en  perte,  il  est  indispensable  qu'elle  soit 
comptée  à  ce  taux  pour  le  bétail  ou  qu'elle  soit  vendue  au  moins  à  ce 
prix  pour  la  distillerie, 

En  ce  qui  concerne  l'élevage  du  cheval,  M.  de  Poncins  nous  four- 
nit le  tableau  suivant,  établi  sur  la  plus  stricte  économie  ;  l'année 
agricole  est  comptée  pour  chaque  exercice  du  1  "'novembre  au  31  octobre: 

fr. 

l"  année.  —  Laiton  âgé  de  (i  à  8  mois  (|il-ix  on  foire) 400     » 

2°  année.—  Frais  généraux  (personnel,  vétérinaire,  divers) 4,S     » 

Nourriture.  —  Fourrages...   ., .')74  Iciloj,'.  estimés      341'. 44  ] 

—  Paille 722  kilog.      -           16    25  ,„.  „ 

—  Avoine  et  farine 214  kilog.       —            38     09  1  iw  ai 

—  Pâturage 332  jours        —  49    74  ) 

4'  année.  —  Frais  généraux 45     , 


Nourriture.  —  Fourrages 076  kilog.  estimés      57     56  ) 

'  "^   '  ■■  22     99   ( 


Paille 1,022  kilog. 


Avoine  et  farine 242  kilog.      —  41     06  ( 


184  61 


—  Pâturage 302  jours       —  63 

3'  année.  —  Frais  généraux 45 

Nourriture.  —  Fourrages... 1,437  kilog.  estimés      87     97  ] 

—  Paille 65  kilog.       —  14     30  /         „, ,   , , 

—  Avoine  et  farine 446  kilog.      —  90    22  i        -*^  *'^ 

—  Pâturage 185  jours        —  46    96   ! 

Total 7.     1,103  58 

Accidents,  mortalité,  5  pour  100  de  la  valeur 55  17 

Total ~.     1,158  7 

Le  chiffre  des  rations  de  pâturage  diminue,  et  au  contraire  celui 
des  autres  rations  augmente,  à  mesure  que  le  jeune  cheval  prend  de 
l'âge  :  cette  modification  a  pour  but  de  préparer  son  entrée  au  service  . 

Il  résulte  de  ce  tableau  que,  dans  ces  conditions,  le  cheval  non 
dressé  revient,  à  l'âge  de  trois  ans  et  demi,  à  plus  de  1,150  fr.  Le 
fumier  n'est  compté  que  pour  mémoire,  et  n'est  pas  évalué,  car  on  doit 
le  considérer  comme  le  bénéfice  nécessaire  de  l'exploitant. 

Pour  le  cheval  aussi  bien  que  pour  le  bœuf,  M.  de  Poncins  donne 
au  laiton  l'estimation  des  prix  ordinaire  des  foires,  lequel  est  d'après 
lui  le  plus  bas  qu'il  soit  possible  d'admettre,  attendu  qu'aucun  sys- 
tème d'élevage  ne  peut  livrer  les  laitons  à  ce  taux-là. 

En  ce  qui  concerne  l'élevage  des  bovidés,  le  tableau  suivant  extrait 
de  la  comptabililé  du  domaine  des  Places,  exploité  par  M.  de  Poncins, 
n'est  pas  moins  instructif. 

iccroisse-      Ptids 
Fr.i!S.  ment      total  de 

en    poids  l'animal 

1'"  année.  —  Laiton  d'environ  huit  mois  (estimation  basée  sur  le  prix  fr.  kitog.   kilog. 

moyen  de  nos  foires ».   »   190     «     221       2;i 

2'  aniw'e.  —  Frais  généraux   (personnel,   vétérinaire,  médicaments, 

écuries,  etc 38 .  ■>       ».   »       »  » 

Nourriture  :  Fourrages  secs. .  672  kilog.  estimés  40  32  \ 

—  Paille 241  kilog.       -         5  49 

Racines  ou  maïs  j 

—  fermenté 807  kilog.      —       lî>  10  [,„,,.„  ,^.,  .„       ,.,„     „, , 

Germe,    farine,  }  124.60  162.60      130    341 

—  son,tourl.,etc.     94  kilog.      —       15     » 

—  Sel 8  kilog.      —         »  69 

—  Pâturages 243  jours.       —       44     » 

3"  année.  —  Frais  généraux  (comme  ci-dessus) 38 , 

Nourriture:  Fourrages  secs..  858  kilo^;.  estimés  54  77 

—  Paille 336  kilog.       —         8  15 

—  Racines  ou   maïs 

fermenté 824  kilog.      —       19  47  s  ,„  ,  „ 

Germe,     farine,  [  Idd. 40  193.40     132      483 

—  son,tourt.,  etc.     94  kilog.       —       10  12 

—  Sel 7  kilog.       —         »  58 

—  Pâturage 246  jours.      —       65  61 


446  chronique;  agricole  (20   DÉCEMBRE  188'*! 

4^  année.  —  Frais  généraux  (comme  ci-dessijs) 38 . 

Nourriture;  Fourrages  secs.  1,076  kiloy.  estimés  64  61 

—  Paille Ô0-2  kilog.       —       13  79 

—  Racines  ou  maïs 

_        Geî^rtnuel'''''""'-  "  ^^  '«  M88...  2.6..9     103      605 

sou,  lourl.,  elc    159  kilog.  —  17  16 

—  Sel 5  kilnç.  —  »  ^1 

^—         Pâturage îiSjours.  —  Ô7   16 

Total  des  frais 772.29  W,         ~ 

Mortalité  et  accidents  divers  calculés  sur  le  taux  de  ô  pour  100  de  la  valeur 

de  l'animal 38.60  j^ » 

To'al 811.89      '. 

Le  fumier  est  toujours  laissé  à  l'exploitaot  comme  son  bénéfice 
nécessaire. 

De  ce  tableau,  il  résulte  que  le  coût  d'un  bœuf  non  engraissé,  au 
31  octobre  de  la  troisième  année  après  sa  naissance,  c'esl-à-dire  à 
lan^e  d'environ  trois  ans  et  huit  mois,  ressort  à  81  1  fr.  8'J.  M.  de  Pon- 
cins  ajoute  : 

«  On  est  peut  être  en  droit  d'espérer  des  poids  un  peu  plus  élevés  que  ceux 
obtenus  chez  moi;  mais  comme  je  parle  de  poids  moyens  pris  sur  l'ensemble  d'un 
élevage,  et  dans  Icsifuels  je  fais  entrer  tous  les  animaux  mal  réussis,  mes  chif- 
fres seront  certainement  de  très  peu  dépassés.  .Toutefois  pour  rendre  l'exposé  de 
la  situation  plus  saisissant,  j'accepte  un  chiffre  moyen  plus  élevé  que  le  mien, 
et  j'admets  celuide  650  kilog  par  animal.  Quant  à  la  dépense  d'entretien,  tous  lef5 
praticiens  reconnaîtront  qu'il  est  impossible  de  la  diminuer  en  rieu. 

«  Donc  notre  bjeuf  de  trois  ans  et  liuit  mois  eatreteiiu  convenablemeat  nuis 
sans  frais  spéciaux  et  non  engraissé,  pèsera  en  moyenne  650  kilog.  et  coûtera  à 
l'exploitation  811  fr.  89,  il  reviendra  par  suite  à  1  fr.  ai  le  kilog.  poids  vivant. 
Par  suite  l'élevage  restera  en  perte  de  tout  lîécart  qui  existe  entre  ce  prix  et 
celui  du  marché.  Il  est  facile,  eo  considérant  cHte  situation,  de  trouver  l'expli- 
cation du  ralentissement  constité  en  France  dans  l'élevage  du  bétail  sur  lequel 
reposent  cependant  l'avenir  de  l'agriculture  et  le  bien  être  des  classes  ouvrières.» 

On  pourra  discuter  les  renseignements  qu'on  vient  de  lire;  mais, 
€omme  ils  sortent  d'une  comptabilité  tenue  avec  précision,  ils  s'im- 
posent à  l'attention  de  tous  ceux  qui  se  préoccupent,  à  quelque  titre 
que  ce  soit,  de  la  solution  des  graves  problèmes  agités  aujourd'hui. 

VI.  —  Élection  à  la  Sociélé  nationale  ifugriculture. 
Dans  sa  séance  du  17  décembre,  la  Sociélé  nationale  d'agriculture  a 
procédé  à  la  formation  d'une  liste  de  ti'ois  candidats  à  présenter  au 
choix  du  gouvernement  pour  la  nomination  d  un  secrétaire  perpétuel 
en  remplacement  de  M.  Barra!.  Celte  liste  a  été  formée  comme  il  suit  : 
en  première  ligne,  M.  Louis  Passy  ;  en  deuxième  ligne,  M.  Bouquet 
de  la  Grye;  en'troisième  iigne,  M.  Cornu. 

VU.  —  Nécrologie. 

Les  journaux  anglais  nous  apportent  la  nouvelle  de  la  mort  du  doc- 
teur Auguste  Voelcker,  chimiste  consultant  de  la  Société  royale  d'agri- 
culture d'Angleterre.  Né  en  18"23,  à  Francfoi-t-snr-le-Mein,  le  docteur 
Voelcker,  après  s'être  distingué  dans  les  laboratoires  de  chimie  de 
Goeltingue,  d'Utrecht,  d'Edimbourg,  devint,  en  1851,  professeur  de 
chimie  au  collège  royal  d'agriculture  de  Cirencester,  en  Angleterre. 
Dej)uis  1857  il  occupait,  à  Londres,  le  poste  de  chimiste  consultant 
de  la  Société  royale  d'agriculture.  Comme  analyste  et  comme  écrivain, 
il  acquit  rapidement  une  autorité  qui  s'étendit  d'Angleterre  dans  les 
autres  pays  :  le  Journal  de  la  Société  royale  d'agriculture  est  rempli 
des  Mémoires  qu'on  lui  doit  sur  la  plupart  des  applications  de  la  chi- 
mie  à  l'agriculture.   Récemment  encore,  il  y  traitait  l'important  pro- 


CHRONIQUE  AGRICOLK  (20  DKGKMBKE    188ij.  k\7 

blême    de  l'iniluence  de  l'ensilage  sur  la  composition  des  fourrages 
verts.  Le  docteur  Voelcker  n'était  âgé  que  de  soixante-deux  ans. 
Vttl.  —  Décoralioiiî  dans  l'ordre  du,  Mérite  agricole. 
Le  Journal  officiel  du    14  décembre  annonce  que,    par  arrêté  du 
ministre  de  l'agriculture  en  date  du    13  décemjjre,  la  décoration  du 
Mérite  agricole  a  été  conférée  aux  personnes  dont  les  noms  suivent  : 

M.  Albaret,  constructenr  de  machines  agricoles  à  Liancourt-Rantigny  (Oise); 
très  nombreuses  récompenses  dans  les  expositions  universelles  internationales  et 
dans  les  concours  régionaux  agricoles,  membre  de  la  Commission  d'organisatiott 
et  lauréat  de  l'exposition  internationale  agricole  d'Amsterdam.  Officier  de  la 
Légion  d'honneur. 

M.  Paury,  propriétaire-éleveur,  à  Limoges  (Haute-Vienne);  très  nombreuses- 
récompenses  dans  les  concours  régionaux  agricoles,  lauréat  de  l'exposition  inter- 
nationale agricole  d'Amsterdam. 

M.  Mayeux,  propriétaire-agriculteur,  à  Villejuif  (Seine);  nombreuses  récompen- 
ses dans  les  concours  généraux  agricoles,  lauréat  d'un  prix  d'honneur  à  l'exposi- 
tion internationale  agricole  d'Amsterdam. 

M.  Broqqet  (Victor),  agriculteur-éleveur,  à  Void  (Meuse);  nombreuses  récom- 
penses dans  les  concours  régionaux  agricoles,  lauréat  de  l'exposition  internatio- 
nale agricole  d'Amsterdam  (cinq  prix). 

M.  FoRGEOT,  marchand  grainetier  à  Paris  ;  nombreuses  récompenses  dans  les 
concours  généraux  et  régionaux  agricoles,  lauréat  d'un  prix  d'honneur  à  l'expo- 
sition intern&tionale  agricole  d'Amsterdam. 

M.  DuGARDiN-GrARDiN,  propriétaire-agricul  leur  à  Saint-Amand-les-Eaus 
(Nord);  lauréat  de  l'exposition  internationale  agricole  d'Amsterdam. 

M.  Langlois,  à  Paris,  membre  du  jury  des  concours  généraux  et  régionaux: 
agricoles;  nombreuses  récompenses  dans  les  expositions  pour  ses  produits  de- 
laiteri\  lauréat  de  l'exposition  internationale  agricole  d'Amsterdam, 

M.  Mesnier  (Hcnii),  attaché  au  commmissariat  français  de  l'exposition  inter- 
nationale agricole  d'Amsterdam;  plus  de  20  ans  de  services  dans  les  commissariats 
des  concours  généraux  et  régionaux  agricoles. 

M.  Albert  (Stéphane),  chancelier  du  consulat  général  de  France  à  Amsterdaro,, 
commissaire  adjoint  de  la  section  française  à  l'exposition  d'Amsterdam. 

Celte  liste  complète  celle  que  nous  avons  donnée  dans  notre  dernier- 
numéro,    relativement  aux    récompenses    bonorifîques    décernées    à 
l'occasion  de  l'exposition  internationale  agricole  d'Amsterdam. 
IX.  —  Concours  d'animaux  de  boucherie. 

Un  concours  départemental  d'animaux  gras  des  races  bovines^ 
ovines,  porcines,  de  volailles  vivantes  et  de  volailles  mortes,  aura 
lieu  à  Tarbes,  le  dimanche  18  janvier  1885,  sous  la  direction  de^ 
M.  Dupré,  sénateur,  président  du  Comice  agricole  de  l'arrondissement 
de  Tarbes.  Les  animaux  exhibés  devront  appartenir  à  des  propriétaires 
ou  fermiers  du  département  des  Hautes-Pyrénées. 

X.  — Exposition  internationale  de  meunerie. 

Nous  avons  annoncé  qu'une  exposition  internationale  de  meunerie 
et  de  boulangerie,  placée  sous  le  patronage  du  ministre  de  l'agricul- 
ture, se  tiendrait  à  Paris  en  1885.  Cette  exposition  aura  lieu  du 
1*"'  mars  au  31  mai,  aux  Champs-Elysées,  dans  le  pavillon  de  la  ville 
de  Paris  et  sur  les  terrains  environnants.  Les  machines  et  objets, 
exposés  devront  être  arrivés  au  plus  tard  le  15  février.  Les  déclarations 
des  exposants  doivent  être  adressées,  sans  retard,  à  M.  Louis  Lockert, 
commissaire  général,  24,  rue  Norvins,  à  Paris. 

XI.  —  Annales  de  la  science  agronomique. 

Nos  lecteurs  savent  que,  sous  le  titre  d'Annale>;  de  la  science  agrono- 
mique  française   et   étrangère,    M.   Grandeau  directeur    de  la  station 


448  CHRONIQUE   AGRICOLE    (20   DÉCEMERE    ISS-i) 

agronomique  de  l'Est,  a  commencé  la  publication  d'une  revue  périodi- 
que consacrée  aux  recherches  que  son  titre  indique.  Le  2"  fascicule, 
qui  vient  de  paraître  à  la  librairie  Berger-Leviault,  complète  le  jiremier 
\olumedecette  revue.  On  y  trouve  un  important  rapport  de  MM.  Ueuss 
et  Bartet,  professeurs  à  l'école  forestière  de  INancy,  sur  l'urganisalion, 
lefonctionnemenlet  les  résultats  obtenus  par  les  stations  d'expérimen- 
tation forestière  en  Allemai^ne  et  en  Autriche,  des  recherches  chimi- 
ques et  physiologiques,  dues  à  MM.  Fliche  et'jrandeau,  sur  la  jjruyère 
commune,  un  travail  de  M.  Vivier  sur  les  phosphates  de  Logrozan, 
des  recherches  de  M.  Leclerc  sur  la  déperdition  d'ammonniaque  dans 
les  sols  fumés  au  sulfate  d'ammoniaque,  une  étude  de  M.  Ladureau 
sur  le  dosage  de  l'acide  phosph  orique  dans  les  engrais,  des  recherches 
chimiques  de  M.  Munlz  sur  la  maturation  des  graines  oléagineuses. 

XII.  —  Coiiiposiiion  du  grain  de  fromenl. 

Les  recherches  sur  la  composition  chimique  du  grain  de  froment 
et  sur  la  valeur  alimentaire  des  parties  qui  la  constituent  ont  été 
nombreuses  jusqu'ici.  Toutefois  elles  n'ontpas  élucidé  complètement  la 
question,  cardes  discussions  s'élèvent  assez  souvent,  et  on  en  a  signalé 
récemment  en  Angleterre,  sur  les  avantages  que  l'on  pourrait  retirer 
de  l'emploi  du  grain  complet  dans  la  fabrication  du  pain.  M.  Aimé 
Girard,  professeur  à  l'Institut  agronomique,  membre  de  la  Société 
nationale  d'agriculture,  a  voulu  résoudre  définitivement  ce  problème; 
il  s'est  livré  à  une  étude  approfondie  de  toutes  les  parties  du  grain  de 
froment  :  enveloppe,  germe,  amande  farineuse.  Cette  étude  a  paru 
dans  le  dernier  fascicule  des  Annales  de  chimie  et  de  physicjue.  La  con- 
clusion de  M.  Aimé  Girard  confirme  les  méthodes  adoptées  par  la 
mouture  :  on  doit  séparer,  autant  que  possible,  l'amande  farineuse  de 
l'enveloppe  et  du  germe  et  n'employer  que  l'amande  à  la  fobrication 
du  pain  ;  l'enveloppe  et  le  germe  trouvent  d'ailleurs  leur  utilisation  dans 
l'alimentation  des  animaux  domestiques,  dont  l'appareil  digestif  exerce 
sur  ces  substances  une  action  bien  plus  énergique  que  l'appareil  di- 
gestif de  l'homme. 

Xm.   —    Le  pourridié  de  la  vigne. 

Des  recherches  assez  nombreuses  ont  été  poursuivies  depuis  quel- 
ques années,  sur  le  pourridié  de  la  vigne  ou  pourriture  des  racines- 
Dans  une  note  qu'ils  viennent  d'adresser  à  l'Académie  des  sciences, 
MM.  G.  Foex  et  P.  Viala  font  connaître  les  résultats  de  leurs  études 
sur  cette  maladie.  Il  en  résulte  que,  dans  le  midi  de  la  France,  la 
cause  la  plus  habiluelle  du  pourridié  serait  un  cryptogame,  le  Dcma- 
tophora  nera'.rix  ;  des  inoculations  sur  des  vignes  saines,  cultivées 
en  pots  avec  excès  d'humidité,  ont  déterminé  la  mort  de  ces  vignes 
au  bout  de  six  mois.  MM.  Foex  et  Viala  considèrent  l'assainissement 
du  sol  comme  le  moyen  le  plus  efficace  pour  détruire  le  parasite;  ils 
recommandent  l'arrachage  des  vignes  atteintes  avant  la  destruction 
complète  des  ceps,  afin  d'éviter  les  dangers  d'ensemencement,  résul- 
tant du  développement  des  fructifications,  qui  se  produit  au  moment 
de  leur  dépérissement. 

XIV.  —  Sucres  cl  bellermes. 

M,  P.  OlivierLecq,  producteur  de  graines  de  betteraves  à  Tem'- 
pleuve  (Nord),  nous  adresse  la  lettre  suivante  : 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (20   DÉCEMBRE  1884).  449 

'<  L'impôt  sur  la  betterave  est  venu,  de  concert  avec  les  bas  prix  des  sucres  et 
des  alcools,  révolutionner  la  culture  betleravii'^re. 

«  Tous  les  cultivateurs,  libres  par  leur  muiché,  d'acheter  eux-mêmes  leurs 
graines  se  demandent  où  ils  pourront  trouver  une  variété  riche  et  productive  qui 
leur  permettra  d'obtenir  une  juste  rémunération  de  leurs  peines. 

«  Tous  ceux  qui  ont  ess  lyé  les  variétés  blanches  longues  sont  aujourd'hui  à 
peu  près  unanimes  à  reconnaître  que  celle  variété,  à  rendement  eu! tarai  égal,  est  plus 
riche  que  la  rose.  Beaucoup  d'entre  eux  affirment  même  qu'elle  est  tout  à  la  fois 
plus  riche  et  plus  ■productive  que  la  betterave  rose  de  bonne  qualité.  .l'en  ai  de 
nombreuses  preuves  sous  la  main,  mais  je  me  contenterai  de  vous  donner  le 
témoignage  de  M.  Moquet,  l'excellent  agriculteur  de  Brégy,  conseiller  généra!  de 
l'Oise,  qui  m'écrit  : 

«  J'ai  semé  trois  sortes  de  graines  en  188^  :  blanche  Olivier-Lecq,  prise  à 
l'usine,  blanche  de  X,  et  rose  n"  2  de  la  sucrerie. 

«  La  densité  moyenne  de  ces  graines  a  été  :  blanche  Olivier-Lecq,  6". 20  ;  — 
blanche,  X,  5".7'J;  — rose  de  l'usine,  5». 73. 

a  La  betterave  Olivier-Lecq  m'a  produit  un  rendement  supérieur  aux  autres 
graines  :  en  poids  de  4  à  5,000  kilog.  à  l'hectare,  en  densité  de  4  à  5  dixièmes  da 
degré.  Toutes  mes  betteraves  étaient  vendues  à  la  densité. 

«  La  même  différence  en  faveur  de  la  betterave  Olivier-Lecq  s'est  proluite  clu'/: 
tous  ceux  qui  eu  ont  fait  usage  ;  c'est  un  fait  bien  constaté  et  acquis  dans 
notre  région.  Déjà  l'année  dernière  j'avais  remarqué  cette  supériorité  et  je  suis 
bien  décidé  pour  la  campagne  prochaine  à  ne  pas  semer  d'autres  graines, 
sauf  quelques  essais. 

c<  D'autres  cultivateurs  et  M.  Ragot,  administrateur  de  la  sucrerie  centrale  de 
Meaux  qui  a  employé  21,000  kilog.  de  graines  Olivier-Lecq,  confirment  cette  supé- 
riorité qui  se  traduit,  grâce  au  poids  et  à  la  densité,  par  un  avantage  de  180  francs 
à  l'hectare.  P.   Olivier-Lecq.  v> 

L'industrie  suei'ière  belge  est  aetuelleraent  aux  prises  avec  une  crise 
violente  due  à  la  baise  du  prix,  des  sucres  ;  elle  s'agite  pour  la  trans- 
formation du  système  d'impôt  qui  pèse  sur  cette  industrie.  Les  par- 
tisans de  l'impôt  sur  la  betterave  deviennent  nombreux,  et  s'appuyant 
sur  les  résultais  obtenus  en  Fiauce,  ils  réclament  l'adoption  de  ce  mode 
d'impôt  en  Belgique.  Sur  ce  sujet,  M.  C.-P.  Gieseker,  à  Angleur-lès- 
Liègri,  vient  de  publier  une  excellente  brociiure,  sous  le  titre  :  Uimpot 
sur  la  belleraoc,  son  utilité,  sa  possibilité,  sa  nécessité  et  ses  eflets  éco- 
nomiques pour  la  Belgique. 

Le  Journal  officiel  a  publié  le  tableau  de  la  production  et  du  mou- 
vement des  succès  indigènes  depuis  l'ouverture  de  la  campagne 
jusqu'au  liO  novembre.  De  ce  tableau,  il  résulte  qu'à  cette  date  les 
travaux  de  dclècalion  étaiem  aciicvus  dans  17 1  fabriques,  sur  447 
qui  ont  travaillé  durant  cette  campagne.  La  production  est  notable- 
ment inférieure  à  celle  de  la  campagne  précédente;  elle  sera  bien  au- 
dessous  des  premières  évaluations  faites. 

XV.  —  Nouvelles  des  récoltes  et  des  travaux  agricoles. 

M.  Pagnoul,  directeur  de  la  station  agronomique  d'Arras,  nous 
envoie  la  note  suivante  sur  la  situation  agricole  dans  le  Pas-de-Calais. 

«Toutes  les  céréales  sont  belles;  Ic^  blés  ont  ('(é  semés  dnn«  d'excellentes 
conditions  et  plus  tôt  que  les  années  précédentes;  la  levée  a  été  bonne  partout. 
On  se  plaint  sur  quelques  points  de  l'envahissement  des  mulots  dans  les  blés  et 
les  plantes  fourragères.  La  récolte  des  betteraves  a  été  favorisée  par  un  temps 
convenable  et  la  plupart  des  sucreries  avaient  terminé  leur  fabrication  à  la  fin  du 
mois.  Les  emblavures  en  betteraves  seront  probablement,  l'année  prochaine, 
encore  moindres  que  cette  année.  » 

Dans  la  note  suivante  qu'il  nous  adresse  de  Mirecourt  (Vosges),  à 
la  date  du  16  décembre,  M.    Bronsvick  constate   un  revirement  dans 

Kîs  conditions  météorologiques  : 


450  CHRONIQUE    AGRICOLE    (20   ÛÉCEMBRE   1884). 

«  La  température  s'est  remise  peu  à  peu  et  les  pluies,   dont  la  continuité  com- 
mençait à  gêner  l'agriculture,  ont  cessé.  Les  traviux  un  moment  interrompus 
vont  être  repris  dans  nos  campagnes.  La  situation  des  plantes  en  terre   est  pros- 
père, de  ce  côté  nulle  plainte  ;  il  n'en  est  pas  de  même  pour  le  commerce. 

«  Les  blés  abaissés  à  des  prix  désastreux  n'arrivent  plus  sur  nos  mcircliés,  la 
fameuse  question  des  droits  protecteurs  n'ayant  pas  de  solution,  les  cultivateurs 
perdent  espoir  de  ce  côté  et,  ne  songent  plus  qu'à  tirer  profit  de  leurs  écuries. 
Là  encore  ils  se  sont  butés  contre  une  trop  grande  production.  —  Sur  les  foires 
de  la  région  on  a  vu  arriver  des  quantités  de  porcelets  de  campagne  dont  le  trop 
grand  nombre  a  produit  une  baisse  désastreuse,  aucun  écoulement  ne  se  fait  avec 
activité.  C'est  une  gène  générale  dont  tout  le  monde  se  plaint.  Les  vaches  d'en- 
grais cependant  maintiennent  non-seulement  leurs  y  rix  ;  mais  accusent  de  la 
hausse,  celte  nouvelle  ressource  va  sans  doute  être  exploitée  par  les  éleveurs. 

«  Il  est  aussi  dans  l'intention  de  nos  cultivateurs  de  semer  des  orges  en  plus 
grande  quantité,  la  hausse  qui  vient  de  se  produire  sur  cette  céréale,  les  demandes 
actives  que  les  étrangers  nous  font  journellement,  en  sont  les  principales  causes. 

«  Quant  au  commerce  des  vins  de  nos  coteaux,  on  n'en  entend  plus  parler;  les 
vignerons  espéraient  vendre  dans  de  bonnes  conditions,  mais  aucun  aclaeteur  ne 
se  présente;  il  y  a  une  baisse  forcée,  quoique  la  qualité  soit  bonne.  » 

M.  Gariri,  dans  la  note  qu'il  nous  adresse  de  Pont-de-Vaux,  à  la 
date  du  7  décembfe,  résume  la  situation  agricole  dans  le  déparietnent 
de  l'Ain,  pendant  l'été  et  l'automne  : 

ce  A  la  fin  de  juillet  on  avait  généralement  achevé  la  récolte  des  blés,  qui  s'esc 
faite  dans  les  conditions  les  plus  avantageuses.  Le  froment  a  éié,  comme  partout 
d'une  beau'ié  exceptionnelle.  Seulement  la  paille  était  courte.  Les  autres  céréales, 
telles  que  le  maïs,  le  blé  noir  ou  sarrasin,  et  les  pommes  de  terres,  ont  été  très 
abondantes.  La  vigne  seule  n'a  rien  produit.  Les  gelées  des  22,  23  et  2*1  avril 
avaient  atteint  tous  les  bourgeons  sensiblement  développés.  L'oïdium  a  achevé  ce 
que  la  gelée  n'avait  pas  fait. 

«  Nous  avons  eu  cet  été  et  cet  automne  une  sécheresse  tout  à  fait  exception- 
nelle, qui  a  été,  dans  les  commencements,  accueillie  avec  joie  par  les  cultivateurs, 
mais  dont  la  persistance  leur  a  causé  par  la  suite  de  grands  embarras,  attendu 
que,  depuis  quelque  temps  déjà,  il  n'y  a  plus  d'eau  dans  les  puits.  Les  serves 
sont  presque  à  sec  il  n'y  reste  plus  qu'un  peu  d'eau  croupie.  Les  sources  tarissent. 
On  est  obligé  d'aller  chercher  fort  loin  de  l'eau  pour  s'abreuver  et  pour  abreuver 
le  bétail.  La  plupart  des  moulins  sont  muets,  et  chôment  depuis  des  mois,  et  les 
paysans  de  notre  contrée  qui  se  nourrissent  presque  exclusivement  de  gaudes 
pendant  l'hiver,  ne  peuvent  pas  faire  moudre  leur  maïs,  et  sont  obligés  de  se 
passer  de  cet  aliment  jusqu'à  nouvel  ordre. 

«  Par  suite  de  l'absence  prolongée  de  la  pluie,  la. plupart  des  cultivateurs  n'ont 
pu  semer  leur  blé,  et  attendent  tous  les  jours  un  changement  dans  la  tempéra- 
ture. Depuis  deux  jours  seulement  nous  avons  eu  un  peu  de  neige  qui  a  rafraî- 
chi la  surface  des  terrains  ensemencés.  Le  temps  cependant  semble  devoir  se 
mettre  décidément  à  la  pluie,  malgré  les  indications  du  baromètre  qui  tend  tous 
les  jours  à  monter  de  plus  en  plus.  » 

A  une  longue  période  de  sécheresse  a  succédé,  dans  la  plus  grande 
partie  de  la  France^  une  série  de  jours  pluvieux  qui  dure  encore.  Jus- 
qu'ici l'hiver  ne  s'est  pas  montré  rigoureux.  On  comptait,  dans  quel- 
ques régions,  sur  le  froid  pour  détruire  les  campagnols;  cet  espoir  ne 
se  réalise  pas  jusqu'ici.  Quant  aux  récoltes  en  terre,  elles  se  présen- 
tent généralement  sous  un  aspect  favorable.  Henry  Sagmer. 

LE  RELÈVEMENT  DES  DROITS  SUR  LE  BÉTAIL' 

Messieurs,  par  un  projet  de  loi  déposé  le  14  août  dernier',  M.  le  ministre  de 
l'agriculture,  dans  le  but  nettement  proclamé  de  venir  en  aide  à  l'industrie  agn- 
cole,  a  proposé  d'élever  notablement  les  droits  d'entrée  sur  le  bétail  vivant  déjà 

1.  Rapport  fait  à  la  Chambre  des  diiputùs  au  nom  de  la  Commission  chargée  d'examiner  le  pro- 
jet de  loi  portant  modificaiion  du  tarif  général  des  douanes. 

2.  Voir  le  Juurnal  du  23  août,  page  311  du  tome  III  de  1884. 


RAPPORT  SUR  LE  RI'XÈVEMENT  DES  DROITS  SUR  LE   BÉTAIL.         451 

surtaxé  en  1881,  et  par  voie  de  conséquence,   ceux  qui  grèvent  les  produits  et 
dépouilles  d'animaux. 

La  Commission  que  vous  avez  chargée  d'examiner  ce  projet,  ne  croit  pas  devoir 
vous  en  proposer  l'adoption. 

Il  lui  paraît,  sans  avoir  à  prendre  parti  entre  les  divers  systèmes  économiques, 
que  rien  ne  commande  une  mesure  douanière,  qui,  à  moins  de  demeurer  inelli- 
cace,  augmenterait  le  prix  de  la  viande  au  déti'iment  des  consommateurs  peu  aisés 
et  nous  exposerait,  de  la  part  des  nations  qui  uous  avois.inent,  à  de  regrettables 
représailles. 

Votre  Commission  a  été  tout  d'abord  frappée  du  peu  d'importance  des  importa 
lions  de  bétail  étranger,  par  rapport  à  la  production  indigène,  et  s'est  prompte- 
ment  convaincue  que,  tout  en  apportant  à  la  consommation  française  un  appoint 
des  plus  utiles,  l'importation  des  bestiaux  étrangers  ne  peut  actuellement  exercer 
qu'une  influence  très  restreinte  sur  le  cours  de  la  viande  de  boucherie. 

Elle  a  en  outre  constaté  que  cette  importation  qui  ne  s'était  que  lentement 
accrue,  pendant  les  années  précédentes,  avait  un  peu  fléchi  en  1883,  pour  les 
bœufs,  et  ne  s'est  augmentée,  pour  les  vaches,  que  par  suite  de  la  rareté  des  ani- 
maux maigres  dans  la  région  du  Nord. 

D'un  autre  côté,  les  prix  des  diverses  sortes  de  bestiaux  ont  considérablement 
monté  depuis  quelques  années  ;  —  la  production  herbagère  est  certainement  celle 
des  industries  agricoles  qui  a  le  moins  souffert.  Il  faut,  du  reste,  lui  rendre  cette 
justice  qu'elle  ne  fait  pas  entendre  des  doléances  analogues  à  celles  que  provoque 
l'état  de  la  culture  des  céréales. 

M.  le  ministre  de  l'agriculture  s'est  ému  de  la  diminution  du  nombre  de  tète"* 
de  bétail,  accusée  par  les  derniers  recensements.  —  Votre  Commission  n'a  pas 
partagé  les  impressions  que  révèle  le  projet  de  loi. 

Elle  estime  que  M.  le  ministre  aurait  dû  tenir  compte  de  la  précocité,  inces- 
samment croissante  des  races  utilisées,  et  de  la  proportion,  de  jour  en  jour  plus 
satisfaisante,  entre  la  quantité-nette  de  viaude,  livrée  à  la  consommation,  et  le 
nombre  des  animaux  abattus. 

D'après  les  données  des  statistiques  officielles,  parfaitement  d'accord  en  cela 
avec  l'expérience  des  hommes  spéciaux,  le  poids  moyen  des  moulons,  par  exemple, 
aurait  à  peu  près  doublé  depuis  trente  ans.  33  millions  de  ces  animaux  recensés 
en  1856  étaient  en  effet  évalués  à  100  millions  de  kilogrammes,  tandis  que 
23  millions  et  demi  seulement  atteignaient  en  1877,  le  poids  de  135  millions  de 
kilogrammes. 

Votre  Commission  a  été  confirmée,  dans  son  sentiment  sur  ce  point,  par  ce 
fait  qu'une  diminution  analogue  s'est  produite  dans  les  pays  mêmes  qui  impor- 
tent le  plus  en  France. 

C'est  ainsi  que,  de  1869  à  1880,  le  nombre  des  moutons  a  diminué  en  Autriche 
de  1,185,000,' soit  23.6  pour  100  et,  en  Hongrie,  de  5,237,00.»  tètes,  soit  34.7 
pour  100. 

Deux  autres  considérations  nous  ont  encore  paru  devoir  être  signalées  à  l'atten- 
tion de  la  Charrbre.  La  première,  c'est  que  l'Etat,  qui,  par  ses  soldats,  ses 
marins,  les  élèves  de  ses  établissements  d'instruction,  même  ses  prisonniers,  estle 
plus  grand  consommateur  de  France,  supporterait  lourdement  l'augmentation  de 
prix  qu'entraînerait,  vraisemblablement,  la  surélévation  de  la  taxe  douanière.  La 
seconde,  que  si  le  Parlement  est  libre  d'élever  le  droit  d'entrée  sur  les  bestiaux 
vivants,  il  n'en  n'est  pas  de  même  en  lait,  pour  la  viande  abattue;  celle-ci  figure 
en  effet  aux  tarifs  conventionnels,  annexés  aux  traités  de  commerce  en  cours 
d'exécution.  Tarifée  à  3  francs  par  100  kilog,  elle  continuerait  à  entrer  au  même 
droit,  et  prendrait  sans  doute  la  place  du  bétail  vivant,  ce  qui  rendrait  à  peu  ])rès 
illusoire  la  mesure  proposée.  On  ne  découvre  donc  aucune  raison  d'intérêt  général 
de  nature  à  justifier  celle-ci. 

Il  faut,  en  outre,  ne  pas  oublier  que,  dans  la  moitié  de  la  France,  les  bœufs  et 
les  vaches  sont  de  véritables  instruments  de  travail. 

Si,  d'autre  part,  on  examine  la  façon  dont  s'opère  le  commerce  extérieur  des 
animaux  de  boucherie,  on  est  conduit  à  conclure  que  l'agriculture  elle-même  n'a 
aucun  intérêt  à  l'adoption  des  surtaxes  proposées. 

On  constate,  en  effet,  que  déduction  faite  des  animaux  venus  des  départements 
français  de  l'Algérie,  les  bœufs  et  vaches  introduits  en  France  ne  représentent,  en 
1883,  que  123,133  têtes  d'animaux,  sur  lesquelles  40,000  proviennent  d-i  la  Bel- 
gique, de  la  Hollande  et  de  la  Suisse,  pays  avec  lesquels  nos  départements  limi- 


452  RAPPORT  SUR  LE  RELÈVEMENT  DES  DROITS  SUR  LE  BÉTAIL. 

troplies  font  un  échange  incessant  d'animaux  sur  lequel  on  ne  pourrait  législati- 
vement  influer,  sans  dommage  pour  nos  nationaux  eux-mêmes.  C'est  ainsi  que 
pendant  le  cours  de  l'année  dernière,  26,000  bœufs  ou  vaches  ont  passé  la  frontière 
cie  Belgique  pour  venir  en  France,  tandis  que  21,241  ont  opéré  le  mouvement 
inverse. 

Quant  aux  départements  de  Bretagne  et  de  Normandie,  ils  Jont  encore  plus 
désintéressés.  L  importation  des  bestiaux  étrangers  y  est,  en  effet,  absolument 
nulle,  et  l'inondation  des  bestiaux  américains,  dont  on  menaçait,  il  y  a  plusieurs 
années  déjà,  les  cultivateurs  et  lierbagers  du  nord-ouest,  est  encor<î  à  venir  ;  l'im- 
portation américaine  se  réduit,  bon  an  mal  an,  aux  140  à  150  animaux  qui,  em- 
barqués sur  nos  paquebots  U-ausaLlanLiques,  pour  les  besoins  de  la  traversée, 
arrivent  au  Havre,  avant  d'avoir  été  consommés,  et  sont  livrés  à  la  boucherie  de 
cette  ville,  comme  sont  vendus,  à  la  boucherie  de  New-York,  les  survivants  des 
bœufs  embarqués  au  départ  de  France. 

Il  convient  en  outre  d'ajouter  qu'en  dépit  des  entraves  auxquelles  les  pres- 
criptions sanitaires  ont,  dans  ces  derniers  temps,  servi  de  prétexte,  les  cultivateurs 
des  régions  normandes  et  bretonnes,  ont  encore,  en  18"i3,  trouvé  sur  le  marché 
d'Angleterre  un  débouché  pour  9,325  animaux  de  l'espèce  bovine  et 
7,2:25  moutons. 

En  réalité  la  seule  importation  sérieuse  de  bœufs  et  vaches  se  fait  par  l'Italie 
(80,184  têles  en  1883),  au  grand  profit  de  nos  départements  du  sud-est,  qui 
manquent  de  prairies,  et  dont  les  villes  industiielles  et  commerçantes  seraient 
insuffisamment  approvisionnées  en  viande,  sans  les  animaux  qui  proviennent  des 
pâturages  qui  couvrent  les  flancs  dps  Alpes  Italiennes. 

Le  droit  proposé  de  2b  francs  serait  exorbitant  pour  les  bœufs  de  petite  faille 
que  l'on  importe,  en  France,  de  la  vallée  d'Aoste  et  de  la  Sardaigne.  Quant  au 
droit  de  60  francs  que  n'a  pas  craint  de  réclamer  une  réunion  récente,  dite  des 
agriculteurs  de  France,  il  serait  absolument  prohibitif. 

Il  y  aurait  d'autant  plus  d'inconvénients  à  surtaxer  la  viande  que  mangent  les 
ouvriers  de  Marseille,  Lyon,  Saint-Etienne,  etc.,  que  l'industrie  de  la  région  du 
sud-est  a  aujourd'hui  plus  de  peine  à  lutter,  sur  le  marché  du  monde,  avec  la 
concurrence  des  fabricants  de  la  Suisse  et  de  la  Prusse  Rhénane,  que  protège, 
contre  les  industriels  français,  le  tarif  douanier  de  la  France. 

Quant  à  l'espèce  porcine,  elle  figure  dans  le  tableau  du  commerce  extérieur  de 
1883  pour  74,588  têtes  à  l'importation  et  "9,280  à  l'exportation.  Ce  mouvement 
d'échanges  est  sans  influence  sur  les  cours  de  notre  marché  intérieur. 

Tout  en  reconnaissant  que  la  situation,  au  point  de  vue  du  bétail,  est  moins 
défavorable  que  pour  les  autres  produits  agricoles,  la  minorité  de  la  Commission 
s'est  prononcée  en  faveur  du  projet,  par  ce  motif,  que,  dans  la  fâcheuse  situation 
de  l'agriculture,  il  lui  paraît  nécessaire  de  relever  les  tarifs  douaniers  sur  toutes 
les  denrées  agricoles,  non  comprises  dans  les  stipulations  du  tarif  conventionnel, 
et  d'encourager  ainsi  le  développement  de  l'élevage  chez  nos  cultivateurs. 

Dans  le  sentiment  de  nos  collègues,  le  relèvement  de  taxe  demandé  par  le  gou- 
vernement n'a  rien  d'excessif.  Il  ne  représenterait  à  leurs  yeux  que  la  juste  com- 
pensation des  avantages  dont  jouissent,  suivant  eux,  nos  principaux  concurrents 
étrangers. 

A  la  majorité  de  six  vois  contre  cinq,  la  Commission  vous  propose  de  ne  pas 
adopter  le  projet  du  gouvernement.  E.  Raoul  Duval, 

Député. 

LE  BLÉ  FUMÉ  ET   SARCLÉ 

L'agriculture  française,  basée  sur  la  production  des  céréales,  est 
fixée  depuis  longtemps  sur  la  méthode  la  plus  convenable  à  suivre  dans 
cette  voie.  L'introduction,  relativement  récente,  de  la  betterave  à  sucre 
et  à  alcool  n'a  pas  changé  le  mode  d'assolement  adopté,  qui  consiste 
à  faire  précéder  la  sole  de  blé  d'une  sole  de  plantes  sarclées  :  le  but  que 
l'on  se  propose  ainsi  est  d'empêcher  le  blé  de  verser  en  lui  fournissant 
des  aliments  préparés  par  une  culture  apte  à  ueltoyer  le  sol. 

La  verse  est,  en  effet,  l'obstacle  contre  lequel  viennent  échouer  les 
efforts  de  coux  qui  essayent  les  cultures  intensives,   c'est-à-dire  qui 


LE  BLÉ  FUMÉ  KT  SAIU'.LÉ.  453 

tendent  à  obtenir  des  produits  abondants  par  Fabondance  de  l'engrais 
ordinaire  (l'iunier  d'étabie  enfoui  direcLemeat).  Dans  ces  conditions,  la 
tic!;e  du  blé  croît  rapidement,  mais  elle  reste  d'autant  plus  longtemps  à 
l'état  herbacé,  qne  les  plantes  parasitaires,  dont  le  développement  est 
favorisé  par  l'excès  de  l'unuire,  maintiennent  l'humidité  autour  de  cette 
tige,  (pi'ils  enserrent  et  apjjauvrissenl  en  absorbant  une  partie  de  la 
nourriture  dontelle  devrait  profiter.  Dès  lors,  la  verse  est  presque  inévi- 
table avec  ses  conséquences  :  diminution  et  mauvaise  qualité  du  produit. 

On  a  cherché  dans  la  composition  des  engrais  un  remède  à  ce  grave 
inconvénient,  et  l'on  a  obtenu  quelques  résultats  en  ajoutant  au  fumier 
d'étabie  un  complément  formé  de  substances  appropriées  à  la  nature  de 
la  céréale.  Néanmoins,  dans  la  plupart  des  terres,  les  parasites  sont 
tellement  abondants  et  se  reproduisent  avec  tant  de  persistance  malgré 
tous  les  soins  et  les  sarclages  donnés  à  la  culture  précédant  celle  du 
blé,  que  le  seul  moyen  d'éviter  les  funestes  effets  de  ces  mauvaises 
herbes,  c'est  de  les  détruire  sur  le  sol  emblavé  lui-même. 

Ici  se  présente  une  difficulté  comportée  par  la  nature  même  du  blé 
dans  les  conditions  ordinaires  où  il  est  cultivé  :  l'espace  compris  entre 
les  tiges  provenant  du  semis  à  la  volée  n'est  pas  suffisant  pour  que  Ton 
puisse  pénétrer  dans  le  champ  sans  endommager  les  plantes.  La  main- 
d'oeuvre  serait  d'ailleurs  beaucoup  trop  coûteuse. 

Le  seul  moj'en  pratique  de  détruire  les  parasites  consiste  à  semer  le 
blé  en  lignes  suffisamment  espacées  pour  permettre  l'introduction  dans 
les  intervalles  d'un  instrument  traîné  par  un  cheval  et  susceptible  de 
nettoyer  plusieurs  de  ces  intervalles  à  la  fois.  A  cet  effet,  il  est  nécas- 
saire  que  l'écartement  entre  les  lignes  du  blé  soit  de  30  centimètres. 

On  pourrait  craindre  que  ce  mode  de  culture  n'entraînât  une  dimi- 
nution dans  le  nombre  des  épis,  et,  par  suite,  une  réduction  du  rende- 
ment. L'expérience  a  montré  qu'il  n'en  est  rien.  Soit  que  le  tallage 
multiplie  le  nombre  des  liges  dans  la  ligne,  soit  que  les  épis  soient 
plus  régulièrement  chargés  de  grains,  le  lait  est  que,  maigre  une  éco- 
nomie de  moitié  au  moins  sur  la  semence  employée,  le  rendement 
peut  excéder  de  moitié  la  production  ordinaire. 

Ainsi,  dans  la  vallée  du  Graisivaudan,  où  l'on  obtient  en  moyenne 
dans  les  meilleures  cultures  vingt  hectolitres  à  l'hectare,  des  blés  sar- 
clés ont  donné  depuis  plusieurs  années  une  moyenne  de  31  hectolitres. 

Ces  blés  i^de  la  qualité  courante  dans  le  pays  dite  blé  bleu)  sont  fumés 
fortement,  sarclés  fréquemment,  et  ne  versent  pas. 

Cette  opération  du  sarclage  est  répétée  aussi  souvent  qu'il  est  néces- 
saire pour  ne  laisser  subsister  aucune  des  herbes  parasitaires  qui  pul- 
lulent dans  le  sol  d'alluvion  de  l'Isère. 

Les  frais  de  ces  sarclages  légers  rapidement  effectués,  souvent  par 
quatre  fois  et,  en  premier  lieu,  avantl'hiver,  sont  compensés  par  l'éco- 
nomie de  semence  que  j'ai  indiquée  et  n'augmentent  pas,  conséquem- 
ment,  les  dépenses  de  la  culture. 

On  peut  donc,  par  le  nettoyage  du  sol  pendant  la  végétation  du  bit-, 
en  éviter  la  verse.  Dans  ces  conditions,  il  est  possible,  on  le  conçoit, 
de  lui  donner  une  forte  alimentation  et  d'en  augmenter  le  rendement 
dans  une  proportion  encore  indéterminée.  On  parle  en  ce  moment  du 
chiffre  énorme  de  3, 000  à  4, 000  kilog.  à  l'hectare  obtenu  par  l'agriculture 
allemande,  qui  a  été  conduite  à  ces  résultats  en  cherchant  à  améliorer 
la  qualité  des  betteraves  à  sucre. 


4b4  LE  BLÉ  FUMÉ  ET  SARCLÉ. 

Cette  amélioration  a  été  réalisée  en  intervertissant  l'ordre  des  asso- 
lements suivi  en  France,  afin  de  ne  pas  fumer  directement  la  betterave; 
dans  ces  conditions,  c'est  la  sole  blé  qui,  précédant  la  sole  betterave, 
a  reçu  tout  l'engrais.  Afin  d'éviter  la  verse,  on  a  étudié  les  sortes  de 
blés  dont  les  tiges  otïrent  le  plus  de  fermeté  :  un  blé  écossais  à 
épis  carrés,  nommé  Square  liead,  a  donné  les  meilleurs  résultats 
dans  les  terres  convenablement  nettoyées  par  le  sarclage  des  légumi- 
neuses alternant  avec  la  céréale. 

De  tels  efforts  et  de  si  grands  progrès  doivent  stimuler  notre  ardeur 
et  nous  encourager  à  suivre  la  même  voie,  en  modifiant  radicalement 
nos  vieux  errements  pour  adopter  les  procédés  nouveaux,  qui  consistent 
pour  moi,  dans  notre  Daupbiné,  à  fumer  direclement  età.  sarcler  soigneu- 
semenl   les  blés  semés  en  lignes.  Michel  Perret, 

Président  du    Conseil  départemental  d'agriciiltare    de    l'Isère, 
membre  de  la  Société  nationale  a'agriculture. 

L'ÉGALITÉ  DEVANT  L'IMPOT 

11  y  avait,  dans  l'antiquité,  un  certain  Procuste,  lequel  était  un 
partisan  si  zélé  de  l'égalité,  qu'il  avait  inventé  une  machine  fort 
ingénieuse  sous  forme  délit,  pour  satisfaire  son  idiosincratie  égalitaire. 
Tous  ceux  qui  lui  tombaient  sous  la  main,  il  les  couchait  sur  son 
appareil  d'uniformité,  lequel  avait  une  dimension  fixe.  Si  son  hôte 
était  trop  grand  et  dépassait  la  mesure  fixée,  on  le  rognait  bel  et  bien; 
s'il  était  trop  court,  on  l'allongeait  comme  s'il  s'était  agi  d'un  morceau 
de  caoutchouc.  Ce  n'était  pas  plus  difficile  que  cela. 

De  nobis  fabula  narratur.  L'ingénieux  Procuste  a  laissé  une  longue 
postérité,  c'est  elle  qui  règne  aujourd'hui  dans  notre  société  de  France. 
L'égalité  est  le  mot  de  notre  époque,  on  en  a  mis  partout  dans  une 
société  dont  l'inégalité  est  l'essence  et  la  raison  d'être.  Qu'importe 
que  les  conditions  de  la  vie  soient  aussi  inégales  que  possible,  qu'im- 
porte que  les  aptitudes,  les  responsabilités,  les  devoirs,  les  moyens 
d'action,  les  penchants,  les  besoins,  etc.,  etc.  soient  forcément  inégaux, 
et  cela  en  vertu  d'une  loi  d'équilibre  qu'il  n'est  pas  plus  possible  de 
changer  que  n'importe  quelle  autre  loi  delà  nature. 

Je  disais  tout  à  l'heure  que  celte  folie  égalitaire  s'étendait  à  tout  et 
à  tous,  je  me  trompais  gravement.  Ily  a  des  exceptions  fort  injustes, 
mais  qu'importe?  On  a  le  mot  sinon  la  chose,  et  cela  sui'lit.  Dans  cette 
application  piulùl  verbale  que  réelle  du  faux  principe  de  l'égalité 
appliquée  "Sans  mesure,  sans  degrés,  aux  hommes  et  aux  choses  les  plus 
inévitablement  inégales,  on  a  oublié  l'égalité  devant  l'impôt,  c'est-à- 
dire  qu'on  a  laissé  en  dehors  de  cette  application,  toute  une  classe  de 
citoyens,  celle  qui,  parle  nombre,  l'importance  de  ses  fonctions,  et  la 
valeur  immense  de  ses  intérêts  représente,  en  même  temps  direc- 
tement ou  indirectement,  ceux  de  toute  la  nation.  Cette  classe  est  celle 
des  agriculteurs,  c'est-à-dire  celle  des  hommes  qui  produisent  la 
nourriture  et  le  vêtement,  la  satisfaction  indispensable  des  besoins  ma- 
tériels de  la  société,  en  un  mot,  les  éléments  obligés  de  la  vie  matérielle. 
Celte  classe  de  citoyens  est  naturellement  paisible,  elle  vit  dans  un 
isolement  comparatif,  et  reste  étrangère,  par  ses  goûts,  par  ses  travaux, 
et  par  son  éparpillement  résidentiel,  à  l'agitation  bruyante  des  villes  ; 
elle  se  contente  de  travailler  et  de  produire,  dans  le  silence  de  son  assi- 
duité et  de  son  isolement.  Aussi  est-elle  devenue  corvéable  et  taillable 


L'ÈGALITI';  DEVANT  LIMPOT.  455 

à  merci.  Il  n'y  a  eu  que  les  grands  administrateurs,  les  véritables 
hommes  d'Etat,  les  gouvernants  à  jurandes  et  larges  vues  qui  se  soient 
occupés  de  l'agriculture  et  de  ses  intérêts. 

Puisque  l'on  crie  si  haut  le  mot  égalité,  il  semble  logique  d'appli- 
quer ce  principe,  surtout  aux  charges  qui  pèsent  et  doivent  justement 
et  équitablemenl  peser  sur  toutes  les  classes  de  la  société,  dans  la  pro- 
portion des  moyens  de  chaque  citoyen.  Le  principe  de  l'égalité,  dans  le 
sens  abstrait  du  mot,  est  juste,  mais  c'est  l'application  qu'on  en  fait 
qui  est  souverainement  injuste  et  inégale,  comme  il  est  facile  de  le 
démontrer.  L'application  aveugle,  absolue,  sans  égard  pour  les  diffé- 
rences de  conditions  et  d'aptitudes,  voilà  ce  qui  est  injuste  et  impra- 
ticable. C'est  le  système  de  Procuste.  Est-il  rien,  par  exemple,  de  plus 
inégal  en  pratique,  que  le  service  militaire,  si  onéreux  surtout  pour  les 
travailleurs  qui  n'ont  que  leur  salaire  pour  soutenir  leur  famille,  et 
qu'on  n'hésite  point  à  soustraire  à  leur  travail  pendant  vingt-huit  jours, 
pendant  lesquels  ils  dépensent  sans  rien  gagner,  avec  d'autres  plus 
favorisés  de  la  fortune,  pour  qui  cette  corvée  n'est  qu'une  diversion, 
qu'ils  subissent  gaiement,  et  sans  que  personne  en  souffre  au  logis, 
tant  leur  vie  est  pleinede  loisirs  et  leurs  poches  pleines  d'argent.  Est-ce 
que  c'est  là  de  l'égalité? 

L'agriculture,  elle,  souffre  surtout  de  la  partialité  de  notre  système 
fiscal.  La  terre  subit  des  charges  excessives  que  ni  l'industrie,  ni  le 
commerce,  ni  les  professions,  ni  les  métiers,  ni  les  autres  moyens  de 
gagner  les  frais  de  l'existence,  n'ont  à  supporter.  L'impôt  foncier  est 
exclusivement  prélevé  sur  les  produits  de  l'agriculture,  mais  cet  impôt 
ne  va  jamais  seul,  on  l'augmente  de  charges  additionnelles  qui  lui  sont 
propres,  tels  que  les  centimes  qu'on  ajoute  à  son  fardeau,  dans  des 
proportions  qui  souvent  vont  au  delà  du  double  de  la  quotité,  ce  qui 
n'empêche,  en  aucune  faron,  ceux  qui  vivent  de  la  terre,  de  payer  les 
mêmes  impôts,  les  mêmes  taxes  que  tous  les  autres  citoyens,  et  cela 
par  surcroît. 

Lorsqu'un  industriel  ou  un  commerçant  veut  disposer  de  son  fonds 
et  de  sa  clientèle,  il  n'est  soumis  à  aucun  droit  de  mutation.  L'ouvrier 
peut  vendre  librement  ses  outils;  l'avocat,  le  notaire,  l'avoué,  leurs 
éludes,  le  marchand  son  fonds  de  commerce,  le  stock  de  ses  marchan- 
dises. Il  n'en  est  pas  ainsi  pour  le  propriétaire.  Dans  le  pays  que 
j'habite,  la  commission  du  notaire  qui  vend  une  propriété  aux  enchères, 
ou  bien  l'outillage  et  le  cheptel  d'un  cultivateur,  s'élève  à  15  pour  100, 
dont  8  pour  100  appartiennent  à  l'Etat  comme  droit  d'enregistrement. 
Est-ce  là  de  l'égalité? 

Le  rentier  vend  et  achète  ses  valeurs,  réalise  son  avoir  comme  bon 
lui  semble,  touche  les  revenus  sur  les  fonds  d'Etat,  sans  payer  une 
obole;  tandis  que  le  propriétaire  du  sol  est  soumis  à  des  taxes  et  des 
impôts  sans  fin,  presque  sans  limites,  sur  son  revenu,  sur  ses 
échanges,  sur  ses  réalisations,  sur  sa  production,  sur  ses  dépenses, 
sur  ses  profits,  en  un  mot,  sur  tout  ce  qui  le  touche  de  près  ou  de 
loin,  de  médiat  ou  d'immédiat.  Ces  contacts  avec  le  flsc  sont  incessants, 
universels,  et  quelle  que  soit  la  nature  de  ses  produits,  de  ses  ventes, 
de  ses  achats,  le  fisc  est  son  j»arasile  inséparable,  il  s'attache  à  sa  per- 
sonne, à  ses  intérêts,  à  son  avoir,  à  ses  dépenses  comme  à  ses  pro- 
duits, il  ne  le  quitte  pas  même  après  la  mort,  car  il  revendique  une 
large  part  sur  son  héritage. 


456  L'ÉGALITÉ  DEVANT  L'IMPOT. 

Voilà  l'homme  que  la  législation  fiscale  de  la  France  livre,  pieds 
et  poings  liés,  à  la  concurrence  des  agriculteurs  étrangers,  qui  viennent 
librement  offrir  leurs  produits  sur  nos  marchés,  s^ns  payer  une  obole 
de  toutes  ces  charges,  dé  toutes  ces  taxes  et  de  tous  les  impôts,  de  ces 
conditions  onéreuses  de  l'existence,  de  cette  disette  et  cette  cherté  de 
main-d'œuvre,  de  cet  impôt  foncier,  de  ces  prestations,  de  ces  centimes 
additionnels  et  de  tout  ce  lourd  et  écrasant  fardeau,,  dont  nos  épaules 
sont  surchargées  et  qui  nous  enfoncent  de  plus  en  plus  sous  le  flot 
envahissant  de  la  ruine  et  du  désespoir.  Est-ce  là  de  l'égalité? 

Pourquoi,  et  en  vertu  dequel  principe  d'égalité  etde  justice,  les  pro- 
duits de  l'industrie  sont-ils  protégés  par  des  droits  tutélaires  contre  l'im- 
portation des  produits  de  l'étranger,  lorsque  les  produits  de  l'agricul- 
ture sont  livrés  à  la  concurrence  libre  du  monde  entier?  Pourquoi  ces 
intérêts  industriels  qui  ne  payent  ni  impôt  foncier,  ni  centimes  addi- 
tionnels, jouissent-ils  de  cette  protection  et  pourquoi  en  sommes-nous 
privés?  Est-ce  là  de  l'égalité? 

Lorsqu'on  vient  à  réfléchir  sur  cette  flagrante  injustice,  sur  cette 
inégalité  du  fardeau  qui  consiste  à  décharger  les  épaules  des  uns, 
pour  surcharger  celles  desautres,  on  s'étonne  qu'un  abus  si  intolérable 
soit  resté  si  longtemps  sans  soulever,  de  la  part  des  victimes,  d'éner- 
giques protestations.  Mais  il  faut  considérer  que  l'agriculture  est  une 
bonne  vache  à  lait,  bonasse  et  patiente,  qui  se  laisse  traire  sans  ruer, 
tant  que  ses  pauvres  mamelles  laissent  tomber  une  goutte  de  lait; 
mais  il  arrive  un  moment,  et  ce  moment  est  arrivé,  où  la  mamelle  est 
vide,  et  ne  peut  plus  rien  sécréter.  Alors  le  paisible  animal  se  regimbe 
et  se  plaint;  faut-il  s'en  étonner. 

Espérons  que  nos  gouvernants,  cette  fois  éclairés  sur  nos  justes 
griefs,  se  décideront  enfin  à  nous  venir  en  aide.  Ce  sera  à  la  fois  d'ua 
grand  patriotisme  et  dune  bonne  politique,  dont  le  pays  tout  entier 
leur  sera  reconnaissant. 

11  ne  s'agit  point  ici  d'esprit  de  parti,  il  s'agit  d'une  nécessité  impé- 
rieuse, d'une  mesure  de  justice  et  de  salut  pour  la  France  tout  entière. 
Il  s'agit  de  sauver  notre  richesse  publique,  que  cette  fatale  lubie  du  libre- 
échange  a  saignée  à  blanc.  Il  s'agit,  avant  qu'il  soit  trop  tard,  d'em- 
pêcherla  dernièreélincellede  vie  de  s'éteindre  toutà  fait, etde  préserver 
comme  éléments  de  future  prospérité  les  forces  qui  nous  restent  encore 
pour  raviver  notre  puissance  productive  et  ramener  dans  nos  champs 
appauvris  et  déserts  la  vive  activité,  le  courage  et  la  prospérité.  Pour 
cela,  nous  réclamons  l'égalisation  des  charges  par  le  dégrèvement 
de  l'impôt  foncier,  et  celui  encore  plus  onéreux  des  droits  de  mutation, 
et  par  surcroît,  l'imposition  d'une  taxe  adéquate  sur  l'importation  de 
produits  agricoles  de  l'étranger,  céréales  et  bestiaux.  Le  régime  répu- 
blicain, qui,  il  faut  le  reconnaître,  est  innocent  de  cette  mauvaise 
situation  économique  que  les  régimes  précédents  lui  ont  si  fatalement 
léguée,  laissera  t-il  échapper  cette  occasion  si  favorable  de  mettre  fin  aux 
reproches  de  ses  adversaires  qui  prétendent  souvent  qu'il  n'est  puissant 
qu'à  détruire,  et  impuissant  à  créer.  Ce  serait  une  grande  faute,  car 
s'il  laisse  échapper  cette  occasion  si  favorable  de  prouver  sa  fécondité 
et  son  action  réparatrice,  le  pays  pourra  lui  reprocher  sinon  la  faute 
économique  d'avoir  créé  une  si  pénible  situation,  du  moins  la  négli- 
gence coupable   de  n'y  avoir   point   remédié. 

F.-R.  DE    LA    TrÉHONiNAIS. 


CURIOSITKS    POMOLOGIQUES  EN  AMÉRIQUE. 


457 


CURIOSITÉS  POMOLOGIQUES  EN  AMÉRIQUE 

Les  premiers  fruits  européens  introduits  aux  Etats-Unis  ont  été,  sur 
la  côte  du  Pacifique,  les  raisins  delà  Mission,  ainsi  appelés  parce  que 
les  missionnaires  espagnols  les  cultivaient  à  l'instar  de  leur  pays. 
Cette  variété  existe  encore,  mais  la  Californie  en  compte  aujourd'hui 
un  grand  nombre  d'autres  qui  lui  sont  supérieures,  et  de  plu-,  elle 
perfectionne  tous  les  jours  ses  procédés  de  vinification.  Disons  deux 
mots  du  pied  de  la  fameuse  vigne  «  de  la  Mission  »  dont  je  donne  ici 
une  vue  (fig.  42). 

Cette  gravure,  faite  d'après  une  photographie,   représente  l'ancien 


Fig.  42.  —  vigne  de  la  Mission  en  Californie. 


pied  planté  -i  Montecito,  près  de  Santa-Barbara,  en  Californie.  On  voit 
sur  la  figure  le  treillis  supportant  les  branches  qui  couvraient  un  es- 
pace de  10,000  pieds  carrés.:  la  récolte  annuelle  s'élevait  à  10  ou 
'12,000  livres  ;  les  grappes,  formées  de  grains  noirs  et  écartés,  pesaient 
de  5  à  6  livres.  Le  pied  que  montre  le  dessin  a  été  coupé  pour  être 
montré  à  l'exposition  universelle  de  Philadelphie,  en  187G;  le  vin 
qu'il  produisait  était  très  alcoolique;  on  lui  préière  aujourd  hui  des 
variétés  nouvelles  qui  donnent  un  produit  bien  supérieur  en  qualité. 
A  côié  de  l'ancien  pied,  dont  je  viens  de  parler,  se  trouve  un  plant 
qui  n'a  guère  que  vingt-cinq  ans,  et  qui  produit  déjà  6,U0U  livres  de 
raisin  annuellement.  Sa  circonférence,  mesurée  cette  année,  est  de 


458  CURIOSITÉS  POMOLOGIQUES  EN  AMÉRIQUE. 

1  m.  30,  à  1  m.  du  sol.  A  cette  hauteur,  le  pied  se  bifurque  en  plu- 
sieurs branches  qui  ont  de  50  à  60  centimètres  de  diamètre,  et  s'éten- 
dent sur  un  treillis  placé  à  2  mètres  d'élévation  ;  quelques  branches 
ont  déjà  15  mètres  de  longueur. 

C'est  ici  le  cas  de  rappeler  quelques  pieds  de  vignes  que  j'ai  eu 
occasion  de  citer  et  qui  sont  de  la  variété  Blacic  Hambourg.  C'est  d'a- 
bord le  pied  de  Hampton-Court  que  tout  le  roonde  a  vu  en  allant  à 


0. 


Londres  ;  puis  celui  de  Cumberland  lodge,  dans  le  parc  de  Windsor  • 
ce  dernier  produit  de  1 ,500  ù  2,000  livres  de  raisin  annuellement. 

Dans  l'est  des  Etats-Unis,  le  père  Marquette  et  les  jésuites  ont  intro- 
duit des  fruits  d'Europe  par  le  Canada,  en  suivant  les  lacs  jusqu'à 
Saint-Louis;  on  voit  encore  quelques  arbres  vénérables  qui,  d'après 
la  tradition,  auraient  près  de  deux  siècles. 

Je  donne  (fig.  43)  la  vue  du  plus  vieux  poirier  que  l'on  connaisse  ;  un 
«  Seckel  pear  tree  »  qui  passe  pour  avoir  plus  de  150  ans;  il  se  trouve 
dans  une  ferme  située  près  de  Philadelphie,  à  Girard-Point. 


CURIOSITES  POMOLOGIQUES  EN  AMKBIQUE.  459 

Son  fruit,  qui  ressemble  à  notre  Rousselet,  est  très  parfumé,  très 
abonJant,  et  n'a  qu'un  défaut,  sa  petitesse.  Il  y  a  une  quinzaine  d'an- 
nées, un  orage  a  presque  renversé  cet  arbre  vénérable;  mais  il  a  été 
redressé  et  a  repris  racine.  Il  a  2G  pieds  de  haut;  son  tronc  est  creux 
et  sa  circonférence  est  de  2  mètres  à  1  mètre  du  sol. 

Le  digne  et  respectable  président  de  la  Société  pomologique  améri- 
caine depuis  trente-six  ans,  M.  Marshall  P.  Wilder.  dans  son  discours 
d'ouverture  de  la  dernière  session,  recommande  d'éliminer  impitoya- 
blement tous  les  fruits  nouveaux  qu'on  présente  comme  des  acquisi- 
tions précieuses  et  qui  ne  valent  pas  les  anciens.  Il  conseille  surtout 
de  favoriser  les  semeurs  qui  ont  chance  de  trouver  des  fruits  mieux 
adaptés  au  sol  et  au  climat  du  pays  que  ceux  qui  pourraient  venir  de 
l'étranger.  «  Plantez,  dit-il,  les  semences  les  plus  parfaites  des  varié- 
tés vigoureuses  et  productives,  puis  croisez  les  meilleures.  Vous  per- 
fectionnerez ainsi  sans  cesse  vos  produits.  Celui  qui  trouve  un  fruit 
nouveau,  de  culture  facile  et  de  bonne  qualité,  est  un  bienfaiteur  de 
l'humanité  tout  aussi  bien  que  celui  qui  applique  un  principe  scienti- 
fique au  bonheur  de  ses  semblables.  »  Ch.  Joly. 

SITUATION  DE  LA  SÉRICICULTURE  DANS  LE  VAR 

Au  moment  où  M.  Dextrems,  de  la  Société  des  agriculteurs  de  France, 
établissant  le  prix  de  revient  des  cocons  dans  les  Cévennes,  arrive  à 
conclure  que  l'industrie  séricicole  est  ruineuse  pour  les  propriétaires 
de  cette  région,  et  qu'il  faut  par  conséquent  arracher  les  mûriers,  ce 
dont  notre  grand  patron,  Olivier  de  Serres,  se  fût  scandalisé,  il  n'est 
pas  sans  intérêt  de  considérer  l'état  de  l'industrie  séricicole  dans  les 
diverses  régions  où  elle  s'exerce,  de  voir  ce  qu'elle  est  et  quel 
avenir  lui  est  réservé.  Il  y  a,  en  effet,  de  très  notables  différences 
d'un  pays  à  un  autre,  et  il  est  bon  de  les  signaler.  Certes,  la  séricicul- 
ture est  fort  éprouvée  dans  la  plupart  des  régions  où  elle  fut  prospère  ; 
mais  il  n'en  est  pas  partout  ainsi. 

Laissons  de  côté  les  pays  où  l'on  ne  produit  que  des  cocons 
destinés  à  la  filature,  et  dont  la  situation  est,  je  le  reconnais, 
des  plus  précaires,  et  occupons-nous  un  peu  de  ceux  qui  se  livrent 
à  la  production  des  cocons  pour  la  reproduction.  Nous  verrons  de 
suite  que  ces  derniers  :  les  Pyrénées,  la  Corse  et  le  Var,  sont,  sous  ce 
rapport,  dans  un  état  de  prospérité  qu'il  faut  désirer  voir  se  maintenir 
longtemps.  Je  me  trouvais  justement  dans  les  Maures,  chez  mon  brave 
camarade  Bérenguier,  au  moment  de  la  dernière  récolte  séricicole,  et 
j'ai  pu  me  rendre  un  compte  exact  des  conditions  dans  lesquelles  s'ac- 
complit l'élevage  des  vers  à  soie,  et  juger  de  son  importance. 

De  tout  temps,  les  éducations  ont  été  dirigées  en  vue  de  la  repro- 
duction. L'éducateur  des  Maures  ne  néglige  rien  pour  arriver  à  un  bon 
résultat  de  ce  côté;  il  apporte,  dans  la  conduite  des  chambrées,  les 
soins  les  plus  minutieux.  Rien  n'est  laissé  au  hasard  chez  lui,  tout 
au  contraire  est  réglé  pour  arriver  à  cette  fin,  et  les  méthodes  qu'il 
emploie  lui  sont  suggérées  par  une  pratique  plus  que  séculaire. 

C'est  aussi  une  des  premières  régions  de  la  P'rance  où  le  système 
Pasteur  qui,  pendant  quelque  temps,  a  puissamment  contribué  au 
relèvement  de  la  sériciculture,  ait  été  appliqué,  et  c'est  à  cette  dernière 
considération  qu'il  faut  rapportef  la  faveur  dont  jouirent  les  graines 


460  SITUATION   DE  LA  SÉRICICULTURE  DANS  LE  VAH. 

des  Maures,  alors  que  le  procédé  Pasteur  commençait  à  entrer  dans  la 
pratique.  Depuis,  grâce  aux  conditions  exceptionnelles  du  railieu.dans 
lequel  on  opérait,  la  renommée  de  ces  produits,  non  seulement  s'est 
maintenue,  mais  s'est  accrue. 

Il  semble  tout  d'abord  que  la  nature  du  sol  ait  une  influence  mar- 
quée sur  la  production  séricicole,  puisque  les  trois  contrées  où  cette 
industrie  est  prospère  appartiennent  à  la  même  période  géolos;ique.  Le 
fait  est  au  moins  curieux  à  signaler.  11  est  général  que  les  mûriers 
des  régions  granitiques  se  comportent  mieux  que  ceux  des  ré- 
gions calcaires,  et  donnent  une  feuille  saine,  nutritive  et  peu  aqueuse, 
ce  qui,  dans  l'état  présent  où  les  chambrées  périssent  souvent  de 
la  flacherie,  est  une  des  qualités  les  plus  recherchées  :  la  douceur 
du  climat,  les  soins  particuliers  qu'on  donne  aux  mûriers,  et  celle 
constance  de  la  température  qu'assure  le  voisinage  de  la  mer, 
contribuent  aussi  pour  une  grande  part  à  la  régularité  dans  la  marche 
des  éducations. 

Les  conditions  de  l'exploitation  ont  une  influence  indéniable  sur  le 
résultat  final  ;  il  faut  en  tenir  compte.  La  division  du  travail  s'est 
introduite  dans  les  opérations  séricicoles.  On  dislingue  dans  le  pays 
deux  sortes,  de  producteurs.  Les  industriels  sont  en  général  des  pro- 
priétaires produisant  beaucoup  de  graines,  et  se  chargeant  en  outre  de 
faire  connaître  et  apprécier  au  loin  leurs  produits;  ils  font  à  propre- 
ment parler  du  commerce,  et  trouvent  leur.-;  bénéfices  dans  ces  négoces. 
Puis,  il  y  a  le  simple  éleveur  qui  vend  ses  produits  au  négociant. 

Les  industriels  se  procurent  les  cocons  pour  le  grainage  au  moyen 
de  deux  combinaisons.  La  première  consiste  à  donner  les  vei's  à  mège- 
rie  (lueger,  moitié).  Le  négociant  fournit  la  graine,  la  feuille,  la  ma- 
gnanerie qui  est  presque  partout  un  appartement  quelconque  muni 
d'une  cheminée,  et  lecombustible  nécessaire.  L'éducateur,  lui,  ne  four- 
nit que  son  travail.  Après  la  récolle,  on  partage  les  produits  par  moi- 
tié, et  l'industriel  rachète  à  l'éducateur  sa  part  de  cocons  à  un  prix 
convenu  d'avance.  Comme  on  le  voit,  c'est  une  façon  de  métayage 
appliqué  à  la  sériciculture  ;  elle  esttrès  avantageuse  pour  les  deux  parlies  : 
pour  l'éducateur  d'abord,  qui  est  assuré  de  la  réussite,  car  il  aura  de 
bonnes  graines,  et  il  vendra  toujours  ses  cocons  à  un  prix  rémuné- 
rateur; pour  l'industriel  ensuite,  car  la  part  qu'il  fournil  dans  la  pro- 
duction n'équivaut  pas  à  la  dépense  qu'il  serait  obligé  de  faire  s'il 
devait  acquérir  la  totalité  de  la  récolte. 

La  deuxième  combinaison  consiste  à  acheter  les  cocons,  à  un  prix 
convenu  d'avance  h  l'éducateur,  qui  reste  chargé  de  tous  les  soins, 
et  qui  prend  à  sa  charge  les  risques  de  l'éducation. 

Dans  ces  conditions,  le  sériciculteur  obtient,  d'une  manière  géné- 
rale, des  rendements  s'élevant  en  moyenne  à  60  kilog.  par  once  de 
25  grammes  de  graines,  rendements  qui  sont  considérés  ailleurs 
comme  difficiles  à  obtenir. 

Le  prix  des  cocons  a  subi  de  très  grandes  variations.  A  l'époque  la 
plus  critique  de  la  sériciculture,  alors  que  la  pébrine  sévissait  dans 
toute  son  intensité,  on  les  payait  jusqu'à  25  et  30  francs  le  kilog.  Au 
fur  et  à  mesure  que  le  procédé  Pasteur  se  généralisait  dans  les  magna- 
neries, ce  prix  subissait  des  diminutions  sensibles,  et  aujourd'hui  on 
vend  couramment  les  cocons  à  8  et  10  francs  le  kilog'. 

I.  Il  ne  s'agit  ici  que  des  cocons  destinés  à  la  reproduction,  ainsi  que  je  l'ai  établi  plus  haut. 


SITUATION  DE  LA  SÉRICICULTURE   DANS  LE   VAR.  461 

A  l'aide  de  ces  données,  on  peut,  dans  les  deux  combinaisons  que 
je  viens  de  décrire,  établir  la  part  et  le  bénéfice  qui  échoient  à  l'in- 
dustriel et  à  l'éducateur. 

Dans  le  premier  cas,  lorsque  les  vers  sont  donnés  à  megerie,  les 
frais  de  l'éducation  peuvent  être  calculés  de  la  manière  suivante   : 

:in  journées  à  1  fr.  50 45  francs. 

10  journées  d'hommes  à  4  fr 'lO  — ■ 

Broussailles  pour  la  montée,  pnpier,  etc.,  balai    et  frais 

divers 10  — 

Total  des  dépenses 95   francs. 

Il  est  à  noter  que  le  chiffre  de  A5  francs  est  plutôt  au-dessus  qu'au 
dessous  de  la  vérité. 

En  effet,  pendant  les  quatre  premiers  âges  de  l'éducation,  la  fer- 
mière cueille  la  feuille  pour  la  nourriture  des  vers,  tout  en  vaquant  à 
ses  travaux  de  ménage,  et,  à  ce  moment,  deux  heures  de  travail  jour- 
nalier suffisent  pour  la  conduite  de  la  récolte. 

Quant  au  produit,  nous  pouvons  le  supposer  de  60  kilog.,  quoique 
les  rendements  de  70  et  de  15  kilog.  ne  soient  pas  rares.  La  part  du 
métayer  est  de  30  kilog. 

Au  prix  moyen   de  9  fr.  le  kilotç..  c'est  un  revenu  brut 

de 270   francs. 

A  déduire  pour  frais  d'éducation 95      — 

Bénéfice  net.. 175    francs. 

Le  calcul  qui  précède  est  établi  comme  si  l'éducateur  louait  e* 
payait  le  personnel  qui  lui  est  nécessaire;  mais  il  n'en  est  pas  ainsi 
généralement.  Le  plus  souvent,  l'éducateur  qui  est  en  même  temps 
petit  propriétaire,  suffit,  avec  sa  femme,  aux  travaux  de  l'éducation. 
De  sorte  que  dans  l'espace  d'un  mois  environ,  il  se  constitue  un  pro- 
duit de  270  francs. 

Voyons  maintenant  la  part  qui  revient  à  l'éducateur  lorsqu'il  prend 
tout  à  sa  charge  : 

U  a  d'abord  les  mème^  frais  que  précédemment  soit 95  francs. 

i   Ach  it  de   feuilles ,    .  110       — 

Eu  plus  J  Corabustibl  j 5       — 

[  Annuité  du  matériel  de  la  magnanerie 15      — 

Total 225   francs. 

Il  vend  sa  récolte,  supposée  comme  précédemment  de  60  kilog., 
9  francs  le  kilog. 

Ce  qui  lui  constitue  un  revenu  de 5i0    francs. 

Dont  il  faut  déduire 225       — 

Soit  un  revenu  net  de 315   francs. 

Il  ressort,  au  premier  abord,  à  l'examen  de  ces  chiffres  que  les 
bénéfices  de  l'éducateur  sont  beaucoup  plus  élevés  dans  le  second 
cas  que  dans  le  premier.  Mais  il  court  de  nombreux  risques  :  la 
feuille  qu'il  est  obligé  de  se  procurer  à  l'avance  peut  lui  faire  com- 
plètement défaut  au  printemps,  s'il  vient  à  geler,  et  le  mettre  aussi 
dans  la  nécessité  de  doubler  et  quelquefois  de  tripler  les  dépenses 
prévues.  En  cas  de  non  réussite  par  suite  de  maladies,  il  perd,  outre 
son  temps,  l'argent  qu'il  a  avancé.  Puis,  il  faut  tout  dire,  il  n'a  pas 
toujours  les  avances  nécessaires  pour  acheter  les  feuilles  et  le  mobilier 
de  la  magnanerie,  si  restreint  qu'il  soit. 

En  résumé,  la  situation  de  la  sériciculture  dans  les  iMaures,  loin  de 
suivre  la  marche  qu'elle  suit  dans  les  grands  centres  de  production, 
devient  de  plus  en  plus  prospère.    Tous  les    petits  propriétaires,  les 


462  SITUATION   DE   LA   SÉRICICULTURE  DANS  LE  VAR. 

cultivateurs  élèvent  des  vers  ù  soie  et  tous   comptent  sur  ce  revenu. 
Pour  quelques-uns  même,  c'est  le  produit  principal. 

Les  opérations  agricoles  sont  presque  toutes  lentes  à  s'accomplir  ; 
celle-ci  au  contraire  s'effectue  dans  un  temps  très  court,  ce  qui  permet 
à  l'entrepreneur  de  rentrer  rapidement 'dans  ses  avances  et  dans  ses 
bénéfices.  Elle  peut  en  cela  être  comparée  aux  spéculations  ani- 
males d'engraissement  qui  ont  toujours  engendré  autour  d'elles  sinon 
la  richesse,  du  moins  une  grande  somme  de  bien-être. 

La  sériciculture  ne  péréclite  donc  pas  partout  et  ceux  qui  seraient 
tentés  de  se  livrer  à  cette  industrie  dans  les  régions  granitiques  mé- 
ridionales, ne  doivent  pas  se  laisser  décourager  par  les  insuccès  trop 
réels  qu'on  constate  dans  les  autres  pays.  Ils  peuvent  d'avance  comp- 
ter sur  un  revenu  assez  élevé;  c'est  là  le  point  qu'il  s'agissait  d'établir. 

F.  Gos. 

VIGNES  AMERICAINES  A    SAINT-GYPRIEN  (DORDOGNE) 

M.  Carrier-Ladevèze,  notaire  à  Sàint-Cyprien,  ancien  lauréat  de  la 
Société  départementale  (F agriculture  de  la  Dordogne,  a  créé  depuis 
quelques  années,  sur  sa  propriété  de  Beynac,  un  vignoble  considé- 
rable, qui  est  l'objet  de  tous  ses  soins,  et  qu'il  agrandissait  tous  les  ans, 
lorsque  le  phylloxéra  est  venu  le  lui  attaquer  sur  plusieurs  points  à  la 
fois. 

Sans  se  laisser  abattre,  M.  Carrier-Ladevèze  s'est  mis  courageuse- 
ment à  la  recherche  des  procédés  qui  pouvaient  combattre  et  détruire 
le  terrible  fléau  qui  ravage  nos  vignobles.  Deux  moyens  se  présentaient 
à  lui  :  les  insecticides  pour  l'un  et  les  vignes  américaines  pour 
l'autre.  C'est  ce  dernier  qu'il  a  pris  énergiquement  en  mains,  et  il 
s'est  mis  résolument  à  l'œuvre.  Dès  le  printemps  de  1882,  il  faisait 
l'acquisition  de  plants  américains  en  boutures  simples  et  boutures  enra- 
cinées, producteurs  directs  et  porte-greffes.  Il  arrachait,  sur  la  moitié 
d'une  vigne  française  plantée  de  l'année  précédente,  un  pied  tous  les 
quatre  dans  chaque  rangée  et  les  remplaçait  par  des  racines  produc- 
teurs directs.  Dans  le  surplus  de  la  jeune  vigne,  il  remplaçait  les  bou- 
tures françaises  n'ayant  pas  réussi  l'année  de  la  plantation  par  des 
boutures  de  Riparia,  de  Solonis,  de  Jacquezet  d'IIerbemont.  En  même 
temps  il  créait  à  Saint-Cyprien  une  pépinière  de  plants  américains 
destinés  à  reconstituer  son  vignoble  au  fur  et  à  mesure  de  la  destruc- 
tion par  le  phylloxéra. 

Sa  plantation  au  milieu  de  jeunes  plants  français  a  parfaitement 
réussi,  et  tandis  que  ces  derniers  commencent  à  dépérir  sur  plusieurs 
points  à  leur  quatrième  feuille,  les  américains,  qui  sont  à  leur  troi- 
sième, se  couvrent  de  fruits  et  leurs  pampres  atteignent  jusqu'à  5  et 
6  mètres  de  hauteur.  On  compte  sur  des  pieds  d'Herbemont  jusqu'à 
vingt-quatre  raisins.  Pas  une  des  boutures  non  racinées  de  produc- 
teurs directs  n'a  réussi  dans  celte  vigne,  mais  les  Riparias  et  les 
Solonis  s'y  sont  développés  d'une  façon  extraordinaire,  bien  que  le 
terrain  dans  lequel  ils  plongent  leurs  racines  soit  d'une  qualité  très 
inférieure  et  en  coteaux  calcaires  et  ferrugineux.  En  1883,  M.  Carrier- 
Ladevèze  a  planté,  sur  un  terrain  phylloxéré  où  la  vigne,  très  ancienne 
déjà,  venait  d'être  arrachée,  des  plants  américains  et  franco-américains  : 
llerbemont,  Ja;quez,  Elvira,  Rupestris,  Viala  et  greffés  suv  Hiparia,  Solo- 


LES  VIGNES  AMÉRICAINES  A  SAINT-CYPRIËN.  'i63 

m's  et  Viala  —,  Petit-Bouscliet,  Merlot,  Manzac,  Cabernet,  Folle-noire, 
Cot-rouge,  Aramont,  Carignan,  Gamey,  ]Malvoisie,  Sémilion,  Moiir- 
vèdre,  etc.,  etc.  Presque  tous  ces  plants  ont  parfaitement  réussi;  un 
grand  nombre  de  greffes  ont  déjà  de  magnifiques  fruits,  bien  que 
n'étant  qu'à  la  deuxième  feuille  de  plantation. 

Au  printemps  dernier,  M.  Carrier-Ladevèze  a  continué  sur  trois 
parcelles,  dont  une  en  terrains  neufs  et  deux  en  terrains  phylloxérés, 
ses  plantations  de  vignes  américaines,  et  il  a  obtenu  une  réussite  com- 
plète. M.  Carrier-Ladevèze,  pour  suivre  avec  exactitude  la  marche  de 
ses  plantations,  se  rendre  bien  compte  des  causes  des  dépérissements 
qui  pourraient  y  survenir  par  la  suite,  et  pour  arriver  à  une  bonne 
sélection  le  cas  échéant,  a  dressé  de  chacune  de  ses  plantations  un 
plan  sur  lequel  chaque  pied  de  vigne  est  représenté  par  un  numéro 
correspondant  à  un  catalogue  qui  fait  connaître  le  cépage  producteur 
direct  ou  greffé,  et  quand  il  s'agit  de  ce  dernier,  le  nom  du  porte- 
greffe. 

En  quittant  Beynac,  nous  nous  sommes  rendus  à  Saint-Gyprien  pour 
visiter  la  pépinière  de  M.  Carrier-Ladevèze,  consistant  principalement 
en  greffes  sur  américains  de  vingt-trois  variétés  des  meilleurs 
cépages  français.  Ces  greffes  ont  été  faites  sur  table,  quelques-unes  en 
fente  anglaise,  la  plupart  en  fente  évidée  Ferrari,  sur  simples  bou- 
tures et  sur  plants  racines.  Des  lignes  de  ces  dernières  ont  donné 
jusqu'à  100  pour  100  de  réussite;  la  moyenne  est  de  75  pour  100.  Les 
greffes  sur  boutures  ont  donné  un  résultat  bien  inférieur,  mais  cela 
n'a  rien  d'étonnant,  en  présence  de  la  chaleur  et  de  l'absence  complète 
de  pluie  pendant  l'été. 

M.  Carrier-Ladevèze  tient  pour  ces  greffes  une  comptabilité  particu- 
lière, sous  forme  de  tableau,  qui  permet  de  connaître  toutes  les  phases 
suivies  par  la  greffe  dans  sa  pépinière,  depuis  le  moment  où  les  deux 
parties  qui  la  composent  sont  réunies,  jusqu'à  la  réussite  parfaite. 
Ainsi,  d'un  seul  coup  d'œil  et  sur  une  même  ligne  du  registre  sont 
indiqués  par  différentes  colonnes  : 

1"  Le  nom  du  cépage  gretïé; 
2"  La  date  de  la  confection  de  la  greffe  ; 
3°  Le  nom  du  porte-greffe  ; 

4"  Si  la  greffe  est  sur  bouture  ou  sur  plant  racine; 
5°  Le  système  de  greffage  employé  ; 
6"  L'engluement,  si  on  s'en  est  servi; 
7"  Le  nombre  de  boutons  de  chaque  greffe; 
8"  La  ligature  employée  ; 

9"  La  durée  de  la  stratification,  lorsqu'elle  a  été  employée; 
10"  La  date  de  la  plantation  en  pépinière;' 
11"  Le  numéro  du  carreau  de  la  jjépinière  occupé  par  la  greffe; 
12"  Le  numéro  de  la  ligne  du  carreau  ; 
13°  Le  nombre  de  greffe  plantées  dans  chaque  ligne  ; 
14°  Le  nombre  des  greffes  réussies  dans  chaque  ligne  ; 

15°  Et  enfin  les  remarques  et  observations  auxquelles  peuvent  donner  lieu  les 
différentes  opérations  dont  la  greffe  a  été  l'objet. 

M.  Carrier-Ladevèze  est  le  grand  propagateur  des  vignes  américaines; 
il  engage  ses  voisins  et  amis  à  le  suivre  dans  cette  voie  et,  pour  les  y 
amener,  il  fait  don  à  beaucoup  d'entre  eux  de  boutures  et  de  plants 
racines. 

M.  Carrier-Ladevèze  ne  s'occupe  pas  seulement  de  viticulture,  il 
emploie  encore  une  partie  des  loisirs  que  lui  laissent  ses  fonctions  de 


464  LES   VIGNES  AMÉRICAINES  A  SAINT -CYPRIEN. 

notaire  à  la  taille  des  arbres  fruitiers.  Aussi  avons-nous  pu  admirer, 
dans  son  jardin  de  Beyuac,  de  magnifiques  arbres  taillés  en  gobelet  à 
branches  croisées,  en  palmeltes  Verrier,  à  branches  droites  et  à  bran- 
ches croisées. 

En  conséquence,  nous  demandons  que,  par  une  dérogation  spéciale 
aux  prescriptions  du  programme,  et  dans  l'intérêt  de  notre  viticul- 
ture, sérieusement  compromise,  un  encouragement  particulier  et  de 
nature  à  mettre  en  relief  des  recherches  d'une  haute  portée  soit  accordé 
à  M.  Carrier- Ladevèze,  et  nous  prions  la  Société  de  lui  voter,  à  titre 
de  prix  exceptionnel,  une  médaille  de  vermeil.     Glandier, 

Président-rapporteur  de  la  Commission 
de  la  Société  d'ab'riculture   de   l.i  Dordogne. 

OSTRÉICULTURE 

Le  Journal  a  rendu  compte  des  beaux  travaux  ostréicoles  du  syndi- 
cat des  roches  de  l'Estrée  qui,  sous  la  direction  de  M.  de  Piolant,  a 
reçu,  dans  différents  concours  de  l'Ouest,  et  plus  récemment  de  la  So- 
ciété nationale  d'agriculture  de  France,  des  récompenses  si  justement 
méritées.  Non  seulement  ïhuître  à  bon  marché  sera  la  conséquence 
immédiate  de  cette  belle  œuvre,  qui  a  su  tirer  d'un  rocher  nu,  par  la 
mise  en  culture  de  l'huîlre  portugaise,  une  ressource  si  inattendue,  mais 
encore  elle  donnera  à  un  de  nos  pires  monopoles,  cekii  du  marchand 
d  huUrcs  en  gros,  un  de  ces  coups  dont  il  lui  sera  difOcile  de  se  relever. 

Que  sont  les  15  ou  16  fr.  par  100  kilog.  de  la  boulangerie  contre 
les  100  p.  100  net  de  cet  intermédiaire  qui  paye  14  et  15  francs  le 
millier  d'huître  marchande,  qui  sera  revendue  jusqu'à  1  fr.  la  dou- 
zaine, mettunt  à  12  p.  100  transport  et  droits  d'octroi. 

Lorsque  nous  avons  traité  celte  question  et  que  nous  avons  appelé 
avec  notre  insistance  ordinaire  l'attention  sur  les  conséquences  de 
cette  initiative  unique  en  ce  jour,  nous  disions  ici  même  aux  objec 
tions  d'ordres  scientifique  et  économique  qui  sont  faites  à  cette  mise 
en  assolement  de  la  griphée  :  Voyez  bien  les  faits  présents  si  vous 
voulez  bien  comprendre  toute  l'importance  de  la  révolution  qui  se 
prépare  dans  cette  direction  :  Modification  dans  la  forme,  ayant  pour 
conséquence  amélioration  encore  plus  évidente  dans  le  goût,  faits 
indéniables  qui  ne  peuvent  n'être  pas  vus  que  de  ceux  qui  ne  veulent 
pas  voir. 

Mais  prenez  bien  garde  aussi,  ajoutions-nous,  car  nous  sommes 
un  de  ceux,  si  rares  aujourd'hui,  qui  l'ont  aussi  vu  naître,  cette 
question  huître,  dans  celte  même  région,  où  il  y  a  environ  trente  ans 
elle  faisait  ses  débuts,  près  de  ces  mêmes  rochers  de  l'Estrée. 

Rélléchissez  aux  conséquences  de  votre  indifférence,  car  des  yeux 
attentifs  vous  regardent  :  ce  ne  sont  pas  seulement  les  Allemands  qui 
les  font  étudier,  ces  côtes  privilégiées  d'entre  Loire  et  Gironde;  les 
Anglais  surtout  suivent  attentivement  et  avec  la  plus  grande  persévé- 
vérance,  tout  ce  qui  s'y  fait.  La  culture  réussie  des  roches  de  l'Estrée 
ne  leur  échappera  certainement  pas. 

Voilà  ce  qui  fut  écrit  ici  même  en  1883,  et  répété,  en  1884,  à  la 
Société  nationale  d'agriculture.  Or,  que  se  passe-t-il  aujourd'hui?  1884 
n'est  pas  encore  passé  que  les  navires  anglais  viennent  charger  par 
100,000  des  g'njo/iees  pour  leurs  marchés,  et  ce  qui  est  plus  digne  d'être 
noté  pour  son  acclimatation  et  son  exploitation  sur  certaines  côtes  du 


OSTREICULTURE.  465 

Royaume-Uni,  que  le  capitaine  du  steamer  qui  les  a  emportées  n'a  pas 
voulu  faire  connaître.  Notons  encore  que  l'huître,  qui  se  vendait 
0  fr.80,  et  I  fr.  20  la  douzaine,  Portugaises  et  Gravettes,  se  vend 
aujourd'hui,  dans  ces  régions,  0  l'r.  .'^5  et  0  f'r.SO,  soit  pour  les  mêmes 
qualités,  une  haisse  de  70  à  100  pour  100,  baisse  due  uniquement  à 
l'augmentation  dans  la  proiiuction  et  aux  cultivateurs  heureux,  intel- 
ligents et  persévérants,  des  rochers  incultes,  ravagés  et  sans  valeur. 

A  eux  donc  honneur  et  remerciements,  en  espérant  que  nous  ne 
sommes  qu'au  début.  Chabot-Karlen. 

CLASSIFICATION  DES  ARGILES 

La  géologie  nous  apprend  que  l'argile  est  le  produit  d'une  décom- 
position lente  des  roches  qui  renferment  du  feldspath,  telles  que  les 
porpiiyres,  les  granités,  les  gneiss,  etc..  L'analyse  chimique  nousy 
t'ait  reconnaître  de  la  silice,  de  l'alumine,  de  l'eau. 

L'air,  l'eau,  l'acide  carbonique  sont  les  agents  principaux  qui  ont 
présidé  à  la  décomposition  des  roches.  Sous  l'influence  de  ces  agents 
chimiques,  et  aussi  en  tenant  compte  des  phénomènes  physiques  qui 
ont  bouleversé  notre  planète,  la  roche  primitive  s'est  désagrégée,  pjis 
a  été  amenée  à  l'état  terreux,  et  ensuite  entraînée  par  les  eaux,  elle 
s'est  fixée  dans  les  endroits  où  nous  la  rencontrons  aujourd'hui  sous 
forme  d'argile. 

Primitivement  pure,  cette  masse  argileuse,  dans  la  longue  suite  de 
ses  pérégrinations,  s'est  chargée  d'une  foule  d'éléments  étrangers,  sables, 
matières  bitumineuses,  pyrites,  carbonate  et  sulfate  de  chaux,  frag- 
ments de  roche  non  décomposée,  mica,  feldspath,  etc. 

Voilà  ce  que  nous  disent  la  géologie  et  la  chimie,  concernant  l'agro- 
logie  du  sol.  Mon  but  n'est  pas  de  faire  ici  une  élude  purement  scienti- 
fique des  argiles;  je  veux  simplement  essayer  de  classer  ces  produits 
naturels  du  sol  au  double  point  de  vue  de  leur  emploi  dans  l'industrie  et 
de  leur  rôle  en  agriculture. 

1  "  Argiles  plastiques.  —  Ces  argiles  sont  onctueuses  au  toucher,  on 
peut  très  aisément  les  polir  avec  l'ongle  et  si  on  vient  à  les  mouiller, 
on  obtient  une  pâte  liante  et  très  tenace.  Soumises  à  l'action  d'une 
haute  température,  elles  acquièrent  une  grande  solidité. 

Outre  la  fabrication  des  poteries  fines,  on  s'en  sert  dans  les  verreries 
et  l'on  en  façonne  aussi  les  cazeltes  qui  servent  à  la  cuisson  de  la 
porcelaine.  Les  sculpteurs  en  font  emploi  pour  le  modelage  de  leurs 
figures. 

Les  gisements  d'argiles  plastiques,  autrement  nommées  argiles 
réfraclaires,  sont  nombreux.  Chez  nous,  eî  France,  les  principaux  se 
trouvent  près  de  Dreux  (Eure-et-Loir),  Forges-les-eaux,  Gournay 
(Seine-Inférieure);  Montereau  (Seine-et-Marne);  en  Angleterre,  on 
fabrique  les  creusets  à  fondre  l'acier  avec  l'argile  réfraclaire  de 
Slourbridge, 

2°  Argiles  communes  ou  terre  glaise.  —  Les  propriétés  physiques  de 
ces  argiles  sont  absolument  les  mêmes  que  celles  des  argiles  plas- 
tiques. Cependant  il  faut  dire  toutefois  que  les  argiles  communes  sont 
plus  friables  et  qu'elles  se  délayent  mieux  dans  l'eau. 

Elles  sont  remarquables  en  ce  sens  qu'elles  contiennent  de  l'oxyde 
de  fer  et  qu'elles  fendent  à  une  température  moins  élevée  que  les  autres 


466  CLASSIFICATION   DES  ARGILES. 

argiles.  Très  souvent  aussi,  elles  donnent  une  légère  effervescence  avec 
un  acide,  ce  qui  dénote  la  présence  de  la  chaux. 

Dans  le  bassin  de  Paris,  au  sud-ouest  de  la  capitale,  on  en  rencontre 
des  bancs  d'une  étendue  immense  et  mesurant  souvent  une  très  grande 
épaisseur.  Vanves,  Vaugirard,  Issy  semblent  en  avoir  le  monopole. 

Il  n'est  pas  rare  de  rencontrer,  empâtés  dans  ces  masses  argileuses, 
des  fragments  brillants  qui  ne  sont  autres  que  de  minuscules  pyrites 
de  cuivre,  des  débris  végétaux  et  des  dents  de  squales  antédiluviens. 

L'imperméabilité  des  terrains  causée  par  la  présence  de  ces  masses 
argileuses  serait  un  obstacle  insurmontable  pour  l'agriculture,  si,  le 
plus  souvent,  ces  masses  ne  se  rencontraient  pas  à  des  profondeurs 
quelquefois  considérables.  Presque  toujours,  à  moins  que  l'affleurement 
ne  soit  visible,  la  couche  de  terre  arable  est  suffisante  pour  permettre 
au  propriétaire  du  sol  d'en  tirer  parti. 

3°  Argiles  marneuses.  —  C'est  un  mélange  intime  de  chaux  et  d'ar- 
gile. Elles  sont  peu  consistantes  et  se  délitent  facilement  au  contact  de 
l'eau,  formant  une  pâte  qui  ne  s'attache  pas.  Elles  offrent  celte  parti- 
cularité caractéristique  de  donner  une  vive  effervescence  avec  les 
acides.   C'est  avec   elles  qu'on  fabrique  industriellement  la  brique. 

Les  gisements  sont  nombreux;  on  en  rencontre  en  grande  quantité 
dans  certaines  régions  de  la  France.  C'est  ainsi  par  exemple  que  les 
coteaux  de  Suresnes,  cultivés  depuis'des  siècles,  reposent  sur  un  banc 
d'argile  ;  la  ferme  de  la  Pouilleuse  située  derrière  le  Mont-Valérien  est 
assise,  elle  aussi,  sur  ce  même  banc  des  marnes  du  gypse. 

La  chaux  qu'elles  contiennent,  en  fait  un  précieux  auxiliaire  pour  les 
agriculteurs,  à  la  condition  cependant  que  cette  chaux  soit  régulière- 
ment répartie  et  qu'elle  ne  constitue  pas  exclusivement  le  sol  arable. 

Cette  propriété  d'apporter  de  la  chaux,  soit  à  l'état  de  carbonate, 
soit  à  l'état  de  sulfate  comme  dans  les  marnes  du  gypse,  la  fait 
rechercher  comme  amendement.  C'est  par  les  marnes  vendues  et 
transportées  à  bas  prix,  qu'on  a  refait  une  partie  des  terrains  tourbeux 
de  la  Bresse,  des  plaines  de  sable  de  la  Sologne. 

4°  Argiles  kaolins.  —  Le  kaolin  est  une  pâte  blanche  ou  grise  pro- 
venant de  la  décomposition  directe,  mais  partielle,  d'une  roche  grani- 
tique. La  pâte  obtenue  avec  l'eau  est  peu  liante  et,  une  fois  séchée, 
elle  devient  très  friable. 

Plus  son  degré  de  pureté  est  grand,  plus  le  kaolin  devient  infusible; 
il  acquiert  alors  une  dureté  grande,  mais  sans  solidité.  Il  sert  à  la 
fabrication  de  la  porcelaine. 

En  France,  les  kaolins  de  Saint- Yrieix,  qui  servent  à  la  fabrique  de 
porcelaine  de  Sèvres,  sont  connus  de  tous. 

Récemment,  on  a  découvert  dans  le  département  de  l'Allier,  sur  le 
territoire  des  Colettes  appartenant  au  baron  de  Veauce,  sénateur, 
décédé  il  y  a  quelques  mois,  on  a  découvert,  dis-je,  des  gisements  con- 
sidérables de  kaolin. 

On  se  sert  du  procédé  dit  de  lévigation  pour  séparer  les  fragments 
grossiers,  non  décomposés,  de  la  poudre  argileuse.  Les  eaux  de  lavage, 
réunies  dans  d'immenses  bassins  ressemblant  à  s'y  méprendre  à  des 
marais  salants,  laissent  déposer  cette  poudre.  On  décante  une  pre- 
mière fois,  puis  une  seconde;  finalement,  on  mélange  les  eaux 
de  cette  dernière  opération  avec  du  bleu  en  poudre  comme  font  nos 
ménagères  pour  blanchir  le  linge,  et  le  dépôt  qu'on  obtient  alors  est 


CLASSIFICATION  DES   ARGILES.  467 

nommé  impalpable;  c'est  le  plus  riche  et  le  plus  estimé  sur  les  mar- 
chés commerciaux. 

Quel  est  l'état  des  cultures  du  côté  de  Saint- Yrieix?  Je  n'en  sais 
rien,  mais  j'ai  noté  précieusement  celui  que  nous  pûmes  voir  dans 
notre  voyage  dans  l'Allier.  Partout  dans  les  environs  des  Colelteset  de 
Veauce,  les  terres,  sans  avoir  la  richesse  de  celles  de  la  Limagne 
d'Auvergne,  n'en  possèdent  pas  moins  une  certaine  dose  de  fécondité; 
on  peut  dire  d'elles,  qu'elles  sont  bonnes  et  produisent  bien. 

Dans  ces  contrées,  nulle  question  des  engrais  artificiels;  on  ne  sau- 
rait qu'en  faire  avec  les  richesses  accumulées  de  siècle  en  siècle  et 
provenant  d'anciens  volcans  éteints. 

La  vigne  est  en  honneur  depuis  quelques  années  ;  elle  y  vient  bien. 
Les  vins  du  pays  ne  sont  pas  désagréables  à  boire,  ils  sont  naturelle- 
ment astringents,  mais  cela  est  si  facile  à  corriger. 

5°  Argiles  à  foulon.  —  Onctueuses  et  grasses  au  toucher,  ces  argiles 
offrent  de  curieux  caractères.  Délayées  dans  de  l'eau  et  battues  avec  ce 
liquide,  elles  moussent  comme  du  savon;  de  plus,  elles  absorbent 
facilement  les  huiles.  Son  emploi  industriel  est  le  foulage  des  draps 
d'où  son  nom  de  terre  à  foulon. 

Partout  où  se  rencontrent  les  terrains  oolithiques  et  crétacés,  on 
trouve  l'argile  à  foulon  en  couches  intercalées. 

L'analyse  nous  révèle  dans  sa  composition  intime,  de  la  chaux,  de 
la  silice,  de  l'alumine  et  aussi  de  la  magnésie  en  quantité  notable. 

L'agriculture  ne  peut  pas  repousser  comme  mauvaise,  une  terre 
contenant  cette  argile.  En  effet,  toutes  ces  substances  sont  propres  à  la 
nutrition  des  végétaux,  la  magnésie,  alors  qu'elle  serait  en  quantité 
très  notable,  étant  regardée  de  nos  jours  comme  une  substance  plutôt 
neutre  que  pernicieuse. 

5°  Argiles  ocreuses.  —  Très  colorées  par  de  l'oxyde  de  fer,  en  rouge 
lorsqu'il  est  anhydre,  et  en  jaune  lorsqu'il  est  hydraté,  ces  argiles  sont 
maigres  et  siliceuses. 

Calcinées,  elles  donnent  la  terre  d'Ombre,  la  terre  de  Sienne,  le  brun 
rouge,  etc. 

Préparées  à  l'état  naturel,  après  séparation  par  un  lavage  des  corps 
étrangers,  elles  servent  à  la  fabrication  des  crayons  de  couleur,  et 
mélangées  avec  des  huiles,  elles  constituent  des  peintures  industrielles. 

En  France,  on  en  rencontre  près  de  Blois,  de  Saumur  et  aussi  dans 
l'Yonne  sur  l'arrondissement  d'Avallon. 

Une  quantité  de  fer  pas  trop  considérable  peut  être  un  obstacle 
pour  une  bonne  culture,  mais  un  agriculteur  intelligent  qui  peut  dis- 
poser ou  d'un  four  ou  d'un  cours  d'eau  trouvera  toujours  moyen  de 
compenser  les  pertes  que  de  pareilles  terres  peuvent  lui  occasionner. 

C'est  là  une  de  ces  industries  qui  peuvent,  sans  inconvénients,  se 
greffer  sur  l'arbre  central  qu'on  nomme  une  exploitation  agricole. 

EuG.  Ferret, 

Diplômé  de  l'Institut  agronomique. 

LE  PRÉSENT  ET  L'AVENIR  DE  L'AGRICULTURE  ' 

«  De  la  discussion  naît  la  lumière  »  dit-on. 

Pourra  l-on    appliquer    cet    axiome    à   la  discussion    qui,    depuis 

1.  Uuoique  les  doctrinei  soutenues  par  M.  Reilier  s'écartent  de  celles  que  nous  défendons,  nous 
publions  Son  article,  parce  que  le  Journal  est  une  tribune  librement  ouverte  à  toutes  les  opinions 
sincères,  exprimées  par  des  hommes  compétents.  H.  S. 


468  LE  PRÉSENT  ET   L'AVENIR  DE  L'AGRICULTURE. 

quelques  mois,  se  continue  clans  les  journaux   de  toutes  les  nuances, 
au  sujet  de  la  crise  agricole. 

Verra-t-on  surgir  de  cotte  discussion  quelque  projet,  quelque  idée, 
capable  de  faire  entrevoir  une  solution? 

ftlalheureusement  il  est  permis  d'en  douter,  tant  que  cette  discus- 
sion ne  tVancliira  pas  les  limites  mesquines  qu'on  lui  a  tracées. 

La  nomenclature  des  besoins  de  l'agriculture  est  pourtant  dressée 
depuis  de  longues  années  par  des  hommes  compétents;  cependant 
celle-ci  attend  toujours  son  crédit,  ses  écoles  de  contre- maîtres,  sa 
division  de  travail,  en  un  mot  l'exemple  d'une  grande  organisation 
qui  lui  permettrait  de  soutenir  la  lutte  qui  s'engage  à  peine  sur  la 
production  à  bon  marché. 

Que  l'on  ajoute  à  cette  nomenclature  la  question  des  enfants  aban- 
donnés qui  préoccupe  à  juste  titre  les  municipalités,  celle  de  l'émi- 
gration de  la  campagne  à  la  ville,  et  celle  non  moins  importante  des 
vidanges,  cause  permanente  de  grandes  dépenses  en  même  temps  que 
d'insalubrité  pour  les  villes,  et  l'on  trouvera  alors  matière  à  discus- 
sion à  un  point  de  vue  général,  c'est-à-dire  de  la  production  et  de  la 
consommation. 

Au  lieu  de  cela,  la  discussion  se  trouve  circonscrite  entre  deux  termes 
uniques  qui,  pas  plus  l'un  que  l'autre,  ne  peuvent  être  considérés 
comme  une  solution. 

D'un  côte  les  libre-échangistes,  fidèles  à  leur  principe  de  liberté 
pour  tous,  voudraient  que  l'agriculture  fit  par  elle-même. 

De  l'autre  les  protectionnistes,  généralement  disposés  à  exagérer  le 
danger,  et  sans  se  préoccuper  de  ce  qu'une  pareille  mesure  présente 
d'arbitraire  pour  l'industrie  comme  pour  le  commerce,  ne  trouvent  rien 
de  mieux  que  d'imposer  la  nation  tout  entière  au  profit  de  quelques 
privilégiés. 

Donc,  dans  un  cas  comme  dans  l'autre,  les  deux  propositions  con- 
cluent au  statu  qiio;  car  peut-on  considérer  comme  une  solution, 
comme  un  aide  sérieux,  cet  impôt  que  l'on  prétend  créer  pour  favo- 
riser l'agriculture.  Qui  retirera  le  profit  de  cet  impôt?  Sera-ce  le 
pauvre  diable  de  cultivateur  qui  récoite  à  peine  le  pain  pour  nourrir 
sa  famille;  sera-ce  celui  qui  récolte  de  quoi  vendre  de  cinq  à  dix 
quintaux  de  blé?  Je  veux  admettre  que  la  récolte  de  celui-ci  lui  don- 
nera un  excédent  de  recettes  de  2.t  à  50  francs  de  plus  par  an;  sera- 
ce  avec  celte  somme  qu'il  parviendra  à  améliorer  son  domaine. 

Mais  alors  si  la  protection  est  de  nul  effet  pour  ces  deux  catégories 
de  cultivateurs  qui  se  comptent  par  millions,  à  qui  profitera-t-elle  si- 
non aux  gros  propriétaires  ou  fermiers,  aux  privilégiés. 

Et  qui  oserait  affirmer  que  ces  messieurs  emploieront  leur  excédent 
de  receltes  à  modifier  leur  système  de  culture?  Une  catégorie  surtout 
parmi  les  plus  favorisés  y  consentirait  encore  moins.  Je  veux  parler 
des  propriétaires  ou  fermiers  qui  se  trouvent  voisins  des  grandes 
villes. 

Grâce  à  cette  situation  exceptionnelle  qui  leur  permet  de  faire  arri- 
ver à  peu  de  frais  leurs  produits  à  la  consommation,  d'en  ramener 
sans'  frais  des  fumiers  à  bas  prix,  il  leur  arrive  de  retirer  deux  fois  le 
prix  de  leur  récolte  de  céréales  :  une  fois  en  grains,  et  ensuite  en 
paille. 

Peut-on  supposerquc  ces  cultivateurs  vont  même  songer  à  modifier  un 


LE  PRÉSENT  ET  L'AVENIR   DE   L'AGRICULTURE.  469 

système  de  culture  qui  les  enrichit?  Dès  lors,  il  est  évident  que  le  plus 
clair  de  l'impôt  que  l'on  veut  établir  au  profit  de  l'aj^riculture  en  géné- 
ral sera  justement  pour  ceux  qui  en  ont  le  moins  besoin. 

Mais  est-ce  ainsi  que  l'on  peut  entendre  de  venir  en  aide  à  l'agri- 
culture? Est-ce  par  de  pareils  moyens  qu'on  la  préparera  à  soutenir  la 
lutte  avec  les  produits  étrangers? 

Pendant  que  propriétaires  et  fermiers  s'endormiront  en  réalisant  les 
bénéfices  résultant  de  la  protection,  peut-on  supposer  que  les  Russes 
cl  les  Américains  surtout  resteront  dans  l'inaclion,  et  si,  après  quel- 
ques années  de  doux,  repos,  nous  recevions  un  beau  jour  des  céréales 
avec  une  nouvelle  diminution  de  prix,  faudrait-il  avoir  recours  à  une 
nouvelle  demande  de  protection? 

Quand  je  dis  que  ces  cultivateurs  privilégiés  s'endormiront  dans  un 
doux  repos,  je  n'entends  nullement  faire  la  moindre  allusion  désobli- 
geante pour  personne.  Je  veux  démontrer,  au  contraire,  que  leur  situa- 
tion autour  des  grands  centres  présente  de  tels  avantages,  qu'elle 
mérite  de  servir  de  base  pour  déterminer  les  points  oîi  la  culture  des 
céréales  peut  se  faire  avec  profit. 

Qu'il  me  soit  permis  de  fournir  un  exemple  pour  faciliter  cette 
démonstration. 

Sans  entrer  dans  les  détails  de  culture  qui  restent  les  mêmes  dans 
l'un  et  l'autre  cas,  je  supposerai,  à  20  kilomètres  au  maximum  de 
Paris,  un  hectare  de  très  bonne  terre,  et  un  autre  hectare  de  terre 
de  même  qualité,  à  50  kilomètres.  La  récolte  sera  la  même  :  25  quin- 
taux de  blé  et  6,000  kilog.  ou  1 ,200  bottes  de  paille,  et  la  fumure  de 
30,000  kilog. 

Dans  le  premier  cas,  le  champ  est  fumé  avec  du  bon  fumier  de  che- 
val pris  à  Paris. 

Dans  le  deuxième  cas,  la  paille  est  convertie  en  fumier,  et  le  com- 
plément pour  la  fumure,  acheté  à  Paris,  arrive  par  chemin  de  fer. 
Premier  cas.  — Le  champ  à  20  kilomètres  de  Paris  (r°  zone)  : 

Dépense.  Recelle. 

Achat  de  30,000  kilog.  de  fumier  2i  guint:iux  de  lilé  .1  20  fr ...  500  fr. 

de  cheval,  à  6  fr.  pris  sur  place.     ISO  fr.  1,200  bottes  de  paille  à  28  fr 336 

6  voyages  à  10  fr...  60  j,  ^ 

2  voyages  de  paille  a  10  fr JO  j,^l,^„^^ «gf; 

l'^P""*^ 260  j^ggjp ^ 

Deuxième  cas.  —  Le  champ  à  50  kilomètres  de  Paris  : 

Dépense.  Recette. 

La  paille  convertie  en  fumier  pou-                        25  quitaux  de  blr  à  20  fr 500  fr. 

vaut  en  produire  10,000  kilog..                        Paille   passée  au  fumier » 

complément,   de    20,000     kiloj;.  Trj; 

acheter  à  Paris  à  7  fr.  sur  wagon.  140  fr.                           '         minpnsp  'l'on 

Transportparchemindefer,  Scent.                                                    i^epense KiU 

par  kilomètre  et  par  tonne 50                                        Reste aïO 

190 

Dans  cette  deuxième  zone,  la  culture  aura  un  certain  profit  à  con- 
duire à  Paris  ses  pailles  et  fourrages  et  à  ramener  du  fumier.  Cependant 
comme  il  faudra  deux  journées  pour  faire  le  double  trajet,  l'on  peut  comp- 
ter que  la  fumure  de  l'hectare  lui  reviendra  à  80  ou  100  francsdeplus 
que  dans  la  première  zone.  Mais  au  delà  de  cette  distance,  il  faut  se 
servir  des  chemins  de  fer,  et,  dans  ce  cas,  la  différence  des  recettes 
et  dépenses  avec  celles  de  la  première  zone  est  tellement  considérable 
que  la  lutte  n'est  déjà  plus  possible. 


470  'LK  PRÉSENT  ET  L'AVENIR  DE  L'AGRICULTURE. 

Faudra-t-il  dès  lors  avoir  recours  à  la  transformation  de  la  culture? 
C'est  ici  que  commencent  les  difficultés.  ' 

L'agriculture  n'a  pas  à  sa  disposition,  comme  l'industrie,  un  corps 
de  savants  ingénieurs,  des  architectes,  des  entrepreneurs  million- 
naires, des  maisons  de  banque  et  de  crédit  qui  lui  permettent  de 
tranformer,  en  quelque  sorte  du  jour  au  lendemain,  son  outillage  et 
ses  produits.  Pour  l'agriculture,  tout  reste  à  créer,  et  peut-on  espérer 
que,  privée  de  ces  puissants  auxiliaires,  elle  pourra  conduire  cette 
transformation  à  bonne  fin? 

Et  que  peut-elle  attendre  elle-même  de  son  pet  .<onnel  insuffisant? 

Je  veux  admettre  que  des  hommes  riches,    d  «sireux  de  se  rendre 
utiles,  veuillent  organiser  une  grande  entrepris  ^agricole,  onî-its  des 
modèles  à  suivre?  Peut-on  leur  montrer  un  seul  domaine  organisé  sui 
vant  les  principes  rationnels  qui  régissent  les  granas  etabiissemenis 
industriels? 

Tel  est  Tordre  d'idées  qui  m'a  suggéré  le  projet  d'usine  agricole 
que  j'ai  eu  l'honneur  d'exposer  dans  le  Journal  de  l" agriculture,  et 
dont  l'organisation  a  pour  base  la  recherche  des  moyens  de  produire 
à  bon  marché.  Antoine  Redier. 

NOUVELLES  INVENTIONS  AGRICOLES 

ANALYSE    SOMMAIRE  DES   DERNIERS    BREVETS   DÉLIVRÉS. 

-  162,355.  Guillaume.  !i6  mai  1884.  Syslénie  d'un  nioulin  couplé,  dit  vioulin 
français,  destiné  à  moudre,  à  sec  ou  à  mouitté.  Le  muïs,  toutes  les  céréales 
et  lcul£s  les  matières  qu'on  désire  pulvériser  ou  réduire  en  houillic  ténue.  —  Ce 
brevet  décrit  un  appareil  de  mouture  pouvant  servir  aussi  de  broyeur  ou  de  dé- 
libreur,  par  lequel  le  breveté  se  propose  d'obtenir  les  avantages  des  moulins  à 
cylindre  sans  en  avoir  les  inconvénients.  L'appareil  se  compose  d'une  sorte  de 
tambour  à  axe  horizontal  dont  les  deux  joues  servent  de  meules  dormantes,  entre 
lesquelles  tourne  une  meule  rhabillée  sur  ses  deux  faces.  Le  grain  entre  de  chaque 
côté  ;  les  produits  de  la  mouture  s'échappent  à  la  circonférence,  dans  deux 
espaces  annulaires  séparés,  en  vertu  de  la  force  centrifuge  et  de  la  direction  des 
cannelures,  et  de  là  ils  se  rendent  à  la  bluteric  par  des  orifices.  Les  meules 
peuvent  être  en  fonte  dure  ou  être  en  fonte  ordinaire,  à  la  condition  d'y  encastrer 
des  lames  d'acier  lors  de  la  coulée  ;  elles  peuvent  aussi  être  tout  en  verre  avec 
stries  à  leur  surface,  ou  être  en  verre  ou  ciment  avec  lames  d'acier  encastrées.  La 
meule  courante  se  rapproche  à  volonté  de  l'une  des  dormantes  par  le  moyen 
d'une  vis  de  rappel  agissant  sur  le  paher  de  l'arbre  (ce  dernier  est  à  collets)  ;  en 
outre,  l'autre  dormante  peut  être  rapprochée  de  la  courante,  également  à  l'aide 
d'une  vis.  Il  est  donc  possible  de  régler  à  volonté  l'écartement  des  surfaces 
travaillantes,  et,  si  on  le  préfère,  on  peut  produire  une  mouture  différente 
de  chaque  côté  de  la  meule  volante.  Si  l'on  désire  faire  de  la  mouture  'Hon- 
groise exigeant  un  certain  nombre  de  passages,  on  pourra  donc  ainsi  diminuer 
de  moitié  le  nombre  des  appareils  nécessaires. 

Vue  en  coupe  transversale,  chaque  meule  dormante  est  limitée  sur  sa  face  in- 
térieure, e'est-à-dire  la  face  travaillante,  par  une  ligne  parabolique.  Pour  préve- 
nir toute  communication  entre  les  deux  espaces  annulaires  qui  reçoivent  les  pro- 
duits de  la  mouture  et  qui  entourent  les  meules  fixes,  la  meule  courante  porte 
sur  sa  périphérie  des  saillies  obliques  qui  la  font  ressembler  à  une  roue  d'en- 
grenage à  chevrons;  ces  plans  inclinés  ont  pour  fonction,  en  tournant,  de  ren- 
voyer la  mouture  dans  ses  espaces  respectifs. 

162,370.  Ghevallot  et  MciosKv.  29  mai  1884.  Application  du  tétralhionate  de 
fer  au  traitement  des  maladies  de  la  vigne.  —  Ce  brevet  propose  l'emploi  du 
tétralhionate  de  fer  comme  moyen  curatif  du  phylloxéra  ou  de  l'oïdium,  et  il  en 
indique  le  mode  d'application.  Ge  corps  est  obtenu  rapidement  en  faisant  agir 
sur  du  fer,  en  présence  de  l'air,  de  l'acide  sulfureux  en  dissolution  dans  l'eau. 
Il  est  très  instable  et  se  résout  facilement  en  sulfate  ferreux,  acide  sulfureux  et 
soufre. 


^ 


NOUVELLES  INVENTIONS  AGUlCOLIiS.  ^71 

Pour  iiiUoduire  le  tétrathionatc  de  fer  dans  la  circulation  de  la  vigne  (ou  d'un(3 
autre  pUiiite)  afin  delà  jTu<'.i-ii- d'une  rnahidie  parasitaires,  on  perce  '  n  trou  dans  le 
cep,  jusque  dans  sa  partie  ligneuse,  au  moyen  d'une  raèche  à  cuillère.  Celte  opi';- 
ralion  se  fait  à  la  première  sève  ou  à  la  seconde;  on  introduit  ensuite  dans  ce 
trou  le  bec  d'un  petit  entonnoir  en  l'er-blanc  contenant  environ  50  centimètres 
cubes  de  liquide  Si  l'on  upèie  à  la  première  sève,  le  sel  ci-dessus  dpit  s'employer 
en  solution  marquant  au  maximum  1"  IJaumé;  si  c'est  à  la  seconde  sève,  on  peut 
se  servir  d'une  s'ibition  à  5"  B;  1  action  du  sel  n'empêche  pas  la  v6i,'étation. 

162,37).  Leclerc.  "29  mai  1884.  Système  de  noix  composée  de  disques  étoiles 
cl  dtsLlnée  à  broyer  les  fruits  à  cidre  et  à  couper  les  racines.  —  L'appareil  est 
coinjiosé  de  deux  arbres  carrés  lournant  en  sens  inverse  et  sur  chacun  desquels 
on  eniile  une  série  de  disques  étoiles  portant  sur  une  de  leurs  laces  un  moyeu 
(|ui  maintient  leur  écaiteraent.  La  circonférence  des  disques  portés  par  chacun 
es  arbres  fiasse  très  près  de  la  circonférence  des  moyeux  des  disques  portés  [lar 
l'autre;  les  moyeux  sont  très  sensiblement  plus  épais  i(ue  les  disques,  de  manière 
à  avoir  un  espace  assez  grand  entre  les  faces  planes  des  dis([ues  d'une  série  et  des 
disques  de  l'autre.  Le  breveté  indique  comme  étant  la  caractéristif(ue  de  ses 
disques  étoiles  le  fait  que  le  bord  antérieur  de  chaque  branche  est  à  double  biseau 
pour  constituer  un  taillant,  mais  qu'à  l'extrémité  de  la  branche  celle-ci  conserve 
toute  son  épaisseur  et  est  en  même  temps  appoinlie,  de  laçou  à  former  un  taillant 
parallèle  à  l'axe  de  rotation;  sur  la  face  postérieure  de  chaque  branche,  un  bos- 
sage forme  renfoit  dans  le  voisinage  du  cintre. 

162,382.  Société  dite  :  Thi-:  Uniteu  Statks  Gotton  seed  Cleaning  Company 
(incorporated) .  27  mai  1884.  Perfectionnements  dans  le  traitement  de  la  (jraine  de 
colon.  —  Pour  débarrasser  la  graine  de  coton  de  son  duvet,  on  propose,  dans  ce 
brevet,  de  la  soumettre  à  l'action  de  l'acide  sulfurirpie  étendu  et  de  la  chaleur, 
puis  d'ajouter,  au  moyen  d'une  (lommc  d'arrosoir,  de  l'eau  à  la  masse  ciiaullee, 
ce  qui  achève  la  carbonisation  du  duvet  en  trois  minutes.  On  débarrasse  enfin  la 
graine  du  duvet  et  de  l'acide  par  un  lavage.  Gomme  on  le  voit,  c'est  à  un  moyen 
chimique  que  les  brevetés  ont  recours  pour  obtenir  un  résultat  (jui  a  déjà  été 
cherché  de  différentes  manières. 

162,at)3.  Société  J.  WèbilK  i^t  Cie.  27  mai  18S4.  Pcr/'ectlonnernents  dans  les  mou- 
lins àcijlindres. —  Ce  brevet  décrit  des  dispositions  qui  permettent,  tant  dansles 
moulins  dont  les  cylindres  sontplacés  l'un  au-dessus  do  l'autre  ([uedansceux  où  ils 
sont  placés  sur  la  même  ligne  horizontale,  non  seulement  de  débrayer  le  cylindre 
alimentaire  pour  faire  cesserren;;ieiiagB,  lorsfiuehs  cylindres  se  trouvent  engorgés 
ou  qu'il  se  produit  tout  autre  accident,  mais  en  mêine  temps  d'annihiler  l'action 
di's  ressorts  qui  en  temps  normal  a(ipuient  les  cylindres  l'un  contre  l'autre.  Grâce 
aux  dispositions  décrites,  il  suliit  de  manœuvrer  un  levier  à  main  ])our  obtenir 
ce  double  résultat. 

Ln  outre,  le  brevet  di'crit  un  moyen  de  régler  rapidement,  par  un  levier  à  main, 
l'ouverture  de  la  trappe  d'alimentation.  Gii.  Assi  et  L.  Gênés, 

Ingcnieurs-consuib  en  inaliure  «le  brevets  d'invention, 
36,  boulevard  Voltaire,  à  Parie. 

LE  MARC  DE  POMMES  GOMME  ALIMENT 

ET    GOMME     ENGUAIS. 

Les  congrès  et  les  travaux  de  l'Association  pomologiquc  de  l'Ouest 
ont  dirif^é  l'aLtcnlion  des  agrictilteurs  sur  l'amélioralion  do  la  qualité 
du  cidie  el  sui-  les  procédés  les  plus  avanlagcu.v  à  employer  p(jur  uti- 
liser Je  marc,  résidu  de  sa  fabrication. 

Comme  le  prouvent  la  pratique  signalée  par  M.  Boussingaull  à  la 
Société  nationale  d'agricullui'o  de  France  el  les  essais  cITeclués  à  la 
station  agronomique  de  Rennes,  on  peut  fabritjuer  avec  le  marc  de 
l'eau-de-vie  de  bonne  qualité.  Il  suffit  de  le  lasser  Ibrlemenl  dans  des 
cuves  ou  des  silos;  au  bout  de  six.  mois  on  procède   à  la  distillation. 

Il  m'a  paru  intéressant  de  rcclierclier  quelle  peut  être  la  valeur  du 
marc  de  pommes,  soit  comme  engrais,  soit  comme  aliment  desliné  au 
bétail. 

Le  marc  analysé  nous  a  élé  fourni  au  mois  de  décembre   1883, 


472        ^LE  MARC,  DE  POMMKS  COMME  ALIMENT  ET  COMME  ENGRAIS. 

par  M.  Champion,  iignculteur  à  Feurs,  qui  dans  cette  année  d'abon- 
dance, n'a  fabriqué  que  des  cidres  sans  eau  et  à  utilisé  tous  les  marcs 
pour  la  nourriture  de  i^es  vaches  laitières.  C'est  dans  ces  conditions 
qu'ils  possèdent  leur  maximum  de  valeur  alimentaire,  parce  qu'ils 
n'ont  pas  été  épuisés  par  des  macérations  et  des  pressurages  avec  de 

l'eau. 

Le  marc  qui  sortait  des  pressoirs  du  Chalet  avait  une  odeur  franche 
d'éther  acétique  et,  au  moment  oii  il  nous  est  parvenu,  il  contenait  déjà 
une  proportion  très  sensible  d'alcool.  Après  l'avoir  séparé  de  la  paille 
qui  s'y  trouvait  mélangée,  nous  lui  avons  trouvé  la  composition  en 
centièmes  suivante  : 

Eau  et  matières  volatiles 75.7.'i  pour  100. 

Matières  azotées 1-37  — 

Substances  grasses 1  • -'j  — 

Matières  sucrées 3.17 

Substances  h ydrocarbonoes  sacchariliables 5.01  — 

Cellulose  brute l'2-08  — 

Matières  minérales. 0.65  — 

En  comparant  cette  composition,  soit  à  celle  du  maïs-fbiirrage, 
soit  à  celle  des  pulpes  de  betteraves,  on  reconnaîtra  que  le  marc  de 
pommes  possède  une  valeur  alimentaire  sérieuse. 

Pulpes  de  betteraves. 
Maïs  Caragua.  Pressées.      Fraîches  de  diiluaion. 

Eau se. 20  71-77  92. S6 

Matières  azotées 0.90  1.91  0.59 

Substances  grasses 0  18  0.42  O.OS 

Sucre  et  pruiciiics  extracUl.-.  Iiy- 

drocarbonés S. 10  17.24  4.01 

Cellulose  brute 3.67  .5.59  1.71 

Cendres 0.90  3.07  0.75 

On  ne  saurait  trop  faire  remarquer  que  la  bonne  qualité  du  marc 
comme  aliment  dépend  surtout  des  soins  donnés  à.  la  fabrication  du 
cidre.  Il  importe  que  les  pommes  ne  soient  pas  altérées  et  ne  soient 
pas  déjà  envahies  par  des  fermentations  nuisibles.  Si  les  pommes  sont 
en  partie  pourries,  si  elles  sont  le  siège  d'une  fermentation  butyrique, 
le  marc  perd  une  grande  partie  de  sa  valeur  et  n'est  plus  accepté 
qu'avec  répugnance  par  le  bétail. 

Si  le  marc  n'est  pas  immédiatement  consommé,  il  est  nécessaire  de 
prendre,  pour  le  conserver,  les  mêmes  soins  que  pour  la  conservation 
des  fourrages  verts  ou  des  pulpes  de  betteraves.  Si  on  l'abandonne 
sans  précaution  au  contact  de  l'air,  des  acides  acétique  et  butyrique  se 
développent  rapidement  dans  sa  masse  aux  dépens  des  principes  nutri- 
tifs qu'il  contient.  11  cesse  d'être  uq  aliment  de  bonne  qualité. 

Comme  engrais,  le  marc  do  pommes  apporte  au  sol  par  1,00         log.: 


Azote 

Acide  phosphorique. 

Chaux 

Magnésie 

Potasse 


Kilog. 

Kilog. 

■IMi 

0.70 

à 

0.84 

0.59 

a 

0.61 

0.41 

a 

0.87 

2.08 

à 

:i.05 

Le  marc  est  donc  surtout  un  engrais  azoté  et  potassique.  Sa  valeur 
pour  le  cultivateur  est  d'environ  5  francs  les  1,000  kilog.  Mais  avant 
de  l'employer,  il  faut  en  détruire  l'acidité  et  en  activer  la  décompo- 
sition en  l'employant  à  fabriquer  des  composts  oîi  l'on  fait  entrer  de  la' 
chaux. 

De  cette  étude  comparative,  il  nous  paraît  résulter  que  le  marc  de 
pomme,  lorsqu'il  ost  de  bonne  qualité,  a  comme  aliment  pour  le  bétail 


LE  MARC  DE  POMMES  COMME  ALIMENT  ET  COMME  ENGRAIS.         473 

une  valeur  bien  supérieure  à  celle  qu'il  possède  comme  en^^rais.  Ou  doit, 
ajouter  qu'en  passant  par  l'étable  le  marc  de  pommes  n'est  paspeidu 
pour  le  fumier  et  que  la  majeure  partie  des  principes  fertilisants  qu'il 
contient  retournent  au  sol.  Ces  simples  considérations  devraient  être 
un  encouragement  de  plus  pour  le  cultivateur  à  prendre  dans  la  conser- 
vation des  pommes  et  dans  la  fabrication  du  cidre  des  soinss  intelligents 
qu'on  néglige  trop  souvent.  Lecbartier, 

*"  Directeur  de  la  statioû  agrouoniique  de  Ueiines 

LES  COTES  FONCIÈRES  SUPERIEURES  A  lUO  HECTARES 

La  division  de  la  propriété  en  France  va  en  s'accenluant,  comme 
tout  le  monde  le  sait.  Le  nombre  des  cotes  foncières,  qui  était  de 
10,893,528  en  1835,  de  11 ,51 1 ,841  en  1842,  de  13,1 18,723  en  1858, 
estde  14,074,801  en  1884. Malgré  les  changements  que  les  événements 
ont  amenés  dans  la  superficie  territoriale  de  la  France,  le  mouvement 
est  donc  bien  accentué.  Néanmoins,  la  superficie  afférente  aux  cotes 
de  plus  de  100  hectares  est  encore  considérable;  pour  l'ensemble  de 
la  France,  elle  est  de  25.1  pour  100  de  la  contenance  imposable.  C'est 
ce  qui  ressort  d'un  document  publié  récemment  par  l'administration 
des  flnances.  Ce  document  donne  la  répartition  qui  suit  de  l'im- 
portance de  ces  cotes  pour  chaque  département  : 

De  60  à  50  pour  100  de  la  contenance  imposable,  dans  3  départements  : 
Hautes-Alpes,  Cher,  Bouchos-du-Rhône. 

De  50  à  40  pour  100,  dans  II  déparlements  :  Alpes-Maritimes,  Landes,  Hautes- 
Pyrénées,  Nièvre,  Pyréuées-OriBUtuks,  Corse,  Allier,  Basses-Alpes,  Loir-et- 
Cher,  Indre,  Var  ; 

De  30  à  40  pour  100  dans  12  départements  :  Savoie,  Aude,  Loiret,  Hérault. 
Doubs,  Ariège,  Lozère,  Basses-Pyrénées,  Gironde,  Côte-d'Or,  Gard,  Maine-et- 
Loire  ; 

De  30  à  20  pour  100  dans  24  départements  :  Jura,  Seine-et-Marne,  Saône-el- 
Loire,  Haute-Marne,  Bellorl,  Vosges,  Indre-et-Loire,  Isère,  Vendée,  Haute- 
Saôce,  Vienne,  Eure-et-Loir,  Seine-ei-Oise,  Ain,  Meurthe-et-Mopelle,  Sarthe, 
Mayenne,  Ardennes,  Meuse,  Yonne,  Loire-Inférieure,  Eure,  Deux-Sèvres, 
Vaucluse; 

De  20  à  10  pour  100  dans  26  déparlements:  Seine-Inférieure,  Aisne,  Haute- 
Savoie,  Oise,  Marne,  Aveyron,  Drôme,  Morbihan,  Aube,  Haute-Garonne,  Gor- 
rèze,  Cantal,  Tarn,  Côtes-du-Nord,  Orne,  Haute-Vienne,  lUe-et-Vilaine,  Loire, 
Somme,  Finistère,  Dordogne,  Calvados,  Lot-et-Garonne,  Pas-de-Calais,  Puy-de- 
Dôme,  Creuze; 

Au-dessous  de  10  pour  100  dans  11  départements  :  Cher,  Charentes,  Ardèche, 
Manche,  Nord,  Haute-Loire,  Lot,  Charenle-Iniér.,  Rhône,Tarn-et-Garonne,  Seine. 

Le  nombre  des  cotes  de  plus  de  100  hectares  est  de  49,243;  elles 
correspondent  ensemble  à  une  superficie  de  12,355,782  hectares. 

G.  Galdot. 

SOCIETE    NATIONALE    D'AGRICULTURE 

Séance  du  17  décembre  1884.  —  Présidence  de  M.  Chevreul. 

M.  le  ministre  de  la  République  Argentine,  à  Paris,  adresse  à  la 
Société  les  tomes  III  et IV  des  Etudes  et  voi/ayes  agricoles,  de  M.  Eduardo 
Olivera.  ancien  élève  de  l'Ecole  de  Grignon  ;  deux  brochures  concer- 
nant l'agriculture  argentine  et  l'émigration  sont  jointes  à  cet    envoi. 

Le  Comité  central  des  fabricants  de  sucre  envoie  trois  brochures 
intitulées  :  Sucrage  des  cidres,  Sucrage  des  vendanges  et  l'roduclion  de 
la  betterave  riche. 


474  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'AGRICULTURE  DE  FRANGE. 

M.  le  vice-secrétaire  informe  la  Société  que  M.  Nouette-Delorme, 
memljre  titulaire,  a  été  promu  au  grade  d'officier  de  la  Légion  d'Iion- 
neur  et  que  MM.  Mur«t,  membre  titulaire,  et  Laverrière,  correspon- 
dant et  bibliothécaire,  ont  été  nommés  chevaliers.  M.  le  Président 
félicite  ces  diverses  personnes  des  distinctions  dont  elles  ont  été  l'objet. 

M.  Prillieux,  revenant  sur  sa  communication  de  la  dernière  séance, 
ajoute  qu'il  a  reçu  de  M.  le  Directeur  de  l'Agriculture  des  échantillons 
de  la  plante  dont  les  graines  pénètrent  dans  le  corps  des  moutons. 
Cette  plante  a  pu  être  déterminée.  C'est  bien  un  Stipa,  non  pas  le 
Stipa  torlilis  qui  est  une  espèce  méditerranéenne,  mais  bien  le  Stipa 
capillata,  espèce  répandue  dans  toute  l'Europe  Orientale  et  qui 
s'étend  dans  toute  la  Russie,  jusqu'en  Asie  au-delà  du  lac  Baïkal. 

M.  Bouquet  de  la  Grye  rappelle  que,  dans  la  discussion  du  budget 
des  forêts,  M.  Viette  s'est  appuyé  sur  un  avis  de  la  Société  concernant 
la  méthode  préconisée  par  M.  Gurnaud,  ancien  agent  de  l'administration 
des  forêts.  —  M.  de  la  Grye  constate  que  la  Société  n'a  nullement  ap- 
prouvé, ni  recommandé  la  méthode  préconisée  par  M.  Gurnaud  ;  elle 
s'est  bornée,  dans  sa  séance  du  4  avril  1884,  ;à  voter,  sur  la  proposi- 
tion de  sa  section  de  sylviculture,  des  remerciements  à  cet  auteur  pour 
l'envoi  de  son  ouvrage. 

M.  Chabot-Karlen  met  sous  les  yeux  des  membres  de  la  Société, 
du  naissain  d'huîtres  récolté  au  rocher  de  l.'Estrées,  près  Rochefort. 
Ce  naissain  est  âgé  de  huit  à  dix  jours.  L'industrie  ostréicole  prend 
un  grand  développement  dans  cette  région;  l'huître  est  vendue 
en  grande  quantité  ;  celle  qui  est  mise  en  vente  à  Paris  est  âgée  de 
huit  mois  environ.  Les  principaux  faits  mis  en  évidence  par  M.  Cha- 
bot sont  résumés  dans  ce  numéro  (p.  464). 

M.  Gayot  rappelle  sa  communication  relative  à  l'emploi  d'un  essieu 
propulseur;  ce  système  est  employé  actuellement  à  Toulouse. 

L'ordre  du  jour  appelle  ensuite  Télection  de  trois  candidats  à  pré- 
senter au  choix  de  M.  le  ministre  de  l'agriculture  pour  la  place  de 
secrétaire  perpétuel,  vacante  par  suite  du  décès  de  M.  Barrai;  après 
trois  scrutins  distincts,  la  Société  adopte  la  liste  suivante  :  en  pre- 
mière ligne,  M.  Louis  Passy,  en  deuxième  ligne,  M.  Bouquet  de  la 
Grye,  et  en  troisième  ligne,  M.  Cornu.  Georges  Mahsais. 

EXPOSITION    INTERNATIONALE  DE  BUENOS-AYRES 

Une  exposition  internationale  de  bétail,  de  produits  et  de  machines 
agricoles  se  tiendra  à  Buenos-Ayres,  sous  la  direction  de  la  Société 
rurale  argentine,  en  1886.  L'agriculture  des  pays  de  l'Amérique  mé- 
ridionale se  développe  avec  rapidité;  nous  pensons  qu'il  y  aurait, 
pour  nos  constructeurs  agricoles,  un  intérêt  réel  à  se  préoccuper  des 
débouchés  qu'ils  peuvent  y  trouver,  et  par  conséquent  à  figurer  à 
l'exposition  internationale  de  Buenos-Ayres.  L.  DE  Sardriac. 

REVUE  COlDIERGIiLE  ET  PK\l  G)UR.\NT  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(20  DÉCEMBRE  1884). 
1.  —    Situation    générale. 

La  situation  des  marchés  agricoles  ne  s'améliore  pas.  Bien  que  les  affaires  aient 
un  courant  ordinaire,  les  prix  ne  peuvent  se  soutenir.  La  tendance  générale  est  à 
la  baisse. 

II.  —  les  grains  et   les  farines. 

Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  quintal  métrique, 
sur  les  principaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger  : 


REVOK  COMMERCIALE  BT  PRIX  GOURANT  (20   DÉCEMBRE   1884).  475 


1"   RBOION. 


Calvados.  Caen 

—  Lisieux 

C.-dtt-Noid.   Ti'i'guier. 

—  Pontrieux 

Finistère.  Uoi-laix 

lUe-et' Vilaine.  Keiines, 

—  Fougères 

U€mche.  S.iiiit-Lô 

—  Avranciies 

—  Vatognes 

Uayentie.  Mayenne 

—  Evron 

Morbiiian.  Hennebont. . 
Orne.    Ah^ngoii 

—  Vimoutiers 

Sarthe.  Le  Mans 

—  Beaumont 

—  Marner      


fr. 
4l  00 

20.60 
19.50 
19. ■'5 
20  00 
19  50 
19  8  1 
l9.:ij 
îl.OO 
1 8 .  30 
19.50 
19. io 
18.0(1 
20.75 

19  15 
50.25 

20  6) 
20    TiO 


-orrRST. 

Seigle.   Org«. 


fr. 


fr. 


14  00 
15.35 


In. 75 

Prix  moyens 19.87     li  25 

2-   RÉGION.    —    .VOH». 
19.60     15.25 


IS.IS 

18  45 

15.25 

14.50     !5  50 

13.50     14.50 

»  16.00 

»  17.25 

1  16    15 

n  » 

»  16.15 

»  15.75 

14.65  » 

IS  00  15  90 

•  18.05 

»  16   10 

»  15. nO 
15.25 


Oise. 


Aitne.  I.aon 

—  Chiteau-Thierry 

—  Chauny  

fiwre,   Evreux 

—  Pacy 

—  Conches 

■Bure-et  Loir.  Chartres. 

—  La»Ferté-vlUame 

—  Auneaa  

Nord.   Douai.. . .    

^    Cambrai 

rtourbourg 

Beaiivais 

—  Senlis 

—  Compiêgne , 

Pas-de-Calais.  Arras.. 

—  Béthune 

Seine.  Pans 

S.-et-Marne.  Meaux 

—  Dammaflin 

—  Coulotnmiers. . .. 
S.-et-Oise.  Versailles... 

—  Ho  Tfl.-ïn     

—  ADgerrilIe 

Seine~lii.jt:.tL.:,t,-e.  Rouen 

—  Doucieville 

—  Fécainp 

Somme.   .■Viuiens 

—  Doullens 

—  Roye 


18.75 
21.10 
19.21) 
19  60 
19.20 
21.55 
20.15 

19  00 

20  10 
18. .Si 
lil.l.i 
19.25 
19  00 
19.110 

19  00 
20.00 

20  75 
20.25 
19.50 
20 .  00 
;  1  .  25 
13.50 
19.90 
19.75 
18.95 
20  00 
20.75 
21.00 
18.25 


15.25 
15.50 

14.00 
13  65 

13  65 
14.00 

15.10 
16.35 
15.35 

17.25 

14  50 
15.50 
14.7.5 
16.25 
16  65 
15.90 
15.00 
15. no 

15.75 
13.80 
14  80 
14  60 
14.00 
14.00 
15.35 
14.00 
1-1.50 


16    13 
18.60 


16.25 
15.75 

a 
16.30 
18.00 
17.40 
1615 
16.40 
17  50 
16.25 

17.00 
17.50 
18.00 
19.15 
17.00 
16.50 

19.00 
17,25 
17.25 
18.20 
17.00 

n 
16.90 
15-40 
17.00 


Avoine. 

fr. 

19  75 

2i.0u 

15.(0 

15.50 

15.U0 

15  50 

ts.oo 

22.  10 
20 .  9ij 

23 .  00 
17.00 
16-80 
17. eu 
17.35 
20.50 

16  OJ 
16  50 
16.00 

17.66 


lô  25 
16  00 
•4  00 
17.75 
16  50 
I  5  -  50 
16  00 

15  50 
16.00 
13. ((0 
12.. 50 
15.25 
16.50 

16  50 
16.00 
12.75 
13  00 
18.10 

17  00 
15.50 
'.7.50 
17.25 
15.7.5 
16.20 
21.25 
16  00 
18. Oo 
21  40 
13.0.» 
15. 5u 


Prix  moyens. 


3"   REGION. 

Ardennes.  Relhel 

—  Chirle  ville 

Aube.    Troyes 

—  Bar-sur-Aulje 

Marne.  Ghàlons 

— .    Reims. . .    

—  Ste-Meneliould. . . 
Hte-Marne.  Cliuumonl. . 

—  St-Dizier,  -    

Ueurthe-el-Mo^  Nancy. 

—  Toul 

—  Lunêville 

Meuse.  Bar-le-Duc 

flaute-Saône.  Vesoul . . . 

—  Gray 

Vosges.  Epinal 

—  Mi  recourt 

—  Neufchàteaa 

Prix  moyens.... 

4*  HÉOION 

Ci^^snte,  Ango ultime... 

—  Barbezieux 

Char.-tnfér.  Marans.... 

—  St-Jear.-d'Angély  . 
Deux-S^'.vres.  St-Muixent 
fndre-et- I.oire.  Tours... 

—  Blêré ... 

Loire-hif.  Nantes 

U.-ei-Lnire.   Saumur... 

—  Angers 

Vendée.  Laiton 

—  Roche-sur  Yon. . . 
Vienne.  ChAtellerault.. . 
Haute-  ViemiG.  Limoges. 


19.71      15.0.!      17.15      16   0 
—  NOail-EST. 


19.50 

20.50 

18.75 

19.00 

19   50 

19.25 

19  60 

19.25 

19.90 

19.75 

20.00 

20.25 

19.65 

19.60 

20.10 

21.25 

20.25  » 

20.25         » 

19.79      15.41 
.  —  OUEST. 


!4.50 
16.50 
14.35 
15.00 
15.50 
15.50 
15.75 
14.00 
II.  50 
16.40 
16.75 
15.75 
15.25 
15.75 
15.75 
15.25 


15.50 
18  50 
18.50 
17.50 
16.75 
16.50 

i:>.7i 

<  4 .  50 

16.D() 

18.01) 

16.00 

15. 5o 

16.00 

16.25 

15.65 

16. 0^, 

»  15.5 

17.00     !5_lj 

17.93      16.23 


17  00 
19.25 
17.50 
17.50 
IS-.'O 
1S.25 
18.75 

18  50 
19.00 
17.50 
19.00 
18.90 
16.75 
13.50 


Prix  ra0Y3ns. 


Cher. 


Allier.    Montliiçon. . . 

—  Saint-l'oai'5»in  . 
La  Palisse 

Bourges  

—  Sancerre 

—  St-Amand 

Creuse.  Gueret 

Indre.  ^Ueauroux. . 

—  V^ençay 

—  Issoudun  .,..., 
Loiret.   Orléans 

—  Montargis 

—  Gien 

L.-et-Cher    Blûis 

—  Montoire 

iVtewre.  Nevers 

—  Clamecj 

Yonne    Sens 

—  Saint-Florentin. 

—  Brienon 


fr. 

20.45 

.     J I . 00 

.    20.25 

.     19.50 

19.60 

.    19  00 

.    20.8». 

20.10 

20.80 

19.Gi> 

19.20 

19  50 

18  83 

20.45 

19.20 

18.85 

19.00 

19.75 

20.00 

19.75 


Seigl«. 

fr. 


15.25 
15.00 

» 
13  00 
15.50 
15 .  00 
14.65 
13.35 
15.75 
15.40 
14.1  0 
14.70 


13.00 
14.65 


flrje. 

fr. 

(5.40 
17.70 

s 
16.50 
15.00 
15.40 

■ 
16  50 
18.50 
17.30 
17.73 
17.30 
16.13 
17.75 
15.40 
16.90 
16  00 
17.50 
16  73 
17.00 


14.50 

■ 

18  25 

16.25 

I) 

17.50 

15.50 

18.00 

17.25 

1) 

17.25 

16.75 

B 

B 

17.50 

16   50 

K 

19.00 

15.25 

17.00 

17-00 

15.15 

17.00 

16  50 

17.75 

» 

19.50 

16  00 

18   2'i 

17.00 

16.30 

19.00 

17. .'.0 

1S.50 

19.00 

17.75 

16.00 

17.00 

17.75 

15  40 

» 

15.73 

1 6 .  uo 

n 

16.30 

Prix  moyens 19.78      14.85      16. 

6*  RBalON.  —  BST 

^in.  51-Laurent 22.00 

Châtillon-s.-chalarone.  21.25 
Càle-d'Or.  Dijon 20.50 

—  Beaune 19.75 

Oou/)S.  Besançon 20.50 

Isère.    Grenoble 22. 5o 

—  Bourgoin. 20.73 

/ura.  Oole 20.30 

£/OtVe.  Firininy 21.75 

—  Roanne. 20.50 

P.-de-Uàme.  Clermoht-F  20.00 

Hfiône.  Lyon 21.25 

■•^aône-et-Loire.  Chaloa  .  22.00 

.'^aiioie.  Chambéry 22  60 

/ftfl-.Sauoie.  Annecy 21.53 

Prix  moyens 21.03     15  91 

T  BÉGION.  —  SUD-OUEST 
.driège.  Pamiers 22.20 

—  Foix 24.10 

Dordopntî.  Périgueiix. ..   22.00 
//(e-ÏTrtronjie,  Toulouse.   22  65 

—  St-Gaudens 21  40 

G«rfi.  Coiidom 22.75 

—  Eaiize 22.90 

—  .VLnnde 19  10 

Gironde.  Bordeaux 20*.  15 

—  Lesparre 22.  so 

Landes.  Dax 22.40 

Lot-et-Garonne.  Agen. .  20-.60 

—  Nerac 22.80 

B. -Pyrtiliies.  Biiyonne. .  23.25 
Htes-Pyrènées.  Tarbes-..  23.40- 


Afolnt. 

fr. 

16.00 
16.00 
16.00 
15.50 
14.50 
14  95 
14,00 
15.40 
16.00 
14  00 
17.04 
16.40 
15.50 
17.51) 
16.00 
16.00 
15.50 
17.00 
17. .0 
17.40 

13   95 


14.63 

16.90 

20.00 

16.00 

» 

1«.50 

11;.  70 

» 

14.40 

l(i.65 

16.55 

19.00 

16.00 

» 

18.50 

D 

» 

» 

. 

% 

20.00 

t 

n 

17.50 

17  00 

17.00 

19iO0 

15    50 

n 

* 

19. 3û 

» 

fi- 

18.65 

» 

ls.  50 

« 

B 

IS.OO 

1 9 .  00 

B 

17.30 

Prix  moyens 

.  22.17 

15.99 

16.82 

18.26 

8*   RÉGION.  — 

«UD. 

Aude.   Castelnaudary. 

22.75 

17.35 

17.00 

17.76 

—     Carcassonne 

22   80 

17.65 

16.20 

19.00 

Aveyron.  Rodez 

20.80 

17.60 

» 

19.40 

Cantal.   Aurillac 

23.40 

1S.70 

17.00 

16.60 

Correze.   Tulle 

22.90 
21.75 

18.00 
17.65 

16.60 
18.45 

16.20 

Hérault.  Béziers 

20    00 

—    Montpellier 

2J.20 

» 

15.00 

18.75 

23.10 
22.75 

18.00 
18.00 

16.60 
18.45 

16.40 

Lozère.  Mende 

18.00 

Pi/cértMs-Oi-.Perpignan 

23.70 

17.25 

22.00 

24.45 

22.80 
1  22.10 

16.35 

15.75 

18.30 

Tarn-el-Gar .  Montaubai 

18. S« 

Prix  moyens.... 

22.59 

17.66 

17.31 

18  63 

9*  RÉGION 

—  SDI>-EST. 

Basses-Alpes.  Manosque 

^3.70 

» 

» 

20.00 

llautes-.ilpes.  Briançon 

12.50 

18.00 

16.00 

19.00 

Aipes-Marilimes.  Nice. . 

25.60 

16.00 

16.00 

19.50 

Ardeche.  Privas 

23.45 

16.00 

16.15 

18.90 

B.-du-8hône.  Arles.... 

22.50 

» 

19.00 

13.50 

Drôme    Romans 

21.75 

14.50 

> 

17.50 

Gard.  Alais 

24.70 

20.00 

16.55 

21.25 

Haute-Loire.   Le  Puy.. 

21.40 

16.65 

17.70 

16  50 

Var.  Draguignan 

23.25 

» 

18.00 

17.80 

21.83 

16.25 

» 

18.75 

Prix  moyens 

23.07 

16.77 

17.06 

18.47 

Moy.  de  toute  la  France  20.90 

15.33 

17   13 

17.23 

—  delà  semaine  précéd. 

21.00 

15.87 

16.98 

1T.26 

Sur  la  seinaineJHaiisse, 
précédente.. iBaisse. 


seigle. 

Orge. 

Avoine 

fi 

(r. 

fr. 

« 

> 

1 

> 

& 

10.00 

13 

.75 

1(5, 

.65 

15.25 

21 

.15 

16 

.25 

n 

18.00 

16, 

.00 

» 

„ 

16, 

..50 

18.00 

17 

.10 

16 

.00 

I8.no 

15 

.,50 

15 

.35 

,t 

18. 

.65 

15.40 

17 

.00 

18. 

.25 

22.25 

19 

.90 

18, 

.25 

20  00 

18 

.15 

19. 

35 

20.35 

19.00 

17. 

25 

» 

18. 

10 

» 

1 

> 

15, 

.10 

* 

1 

» 

17. 

50 

18.50 

18. 

50 

E 

" 

13. 
19. 

50 
60 

M 

13.25 

18. 

25 

14.40 

14.00 

13. 

.50 

12 

35 

» 

12. 

00 

ï 

» 

476  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  GOURANT 

Blé 

Angleterre.  Londres 18.. 35 

Belgique.  Anvers 18  00 

—  Bruxelles 19.50 

—  Liège 18.35 

—  Namur 18  25 

Pays-Bas.'  Amsterdam 18.10 

Luxembourg.  Luxembourg. 22. 10 

Alsace-Lorraine.    Strasbourg 22.25 

—  Mulhouse 21. .50 

—  Colmar 22,10 

Allemagne.  Berlin.... 18.90 

—  Cologne 19.35 

—  Hambourg 19.00 

Suisse.  Genève 23  00 

Italie.  Milan 21.40 

—  Florence 24.50 

Espagne.  Barcelone » 

Autriche.  Vienne 17.50 

Hongrie.  Budapest 1 6  90 

Bussie.  Saint-Pétersbourg..  14.80 

Etats-Unis.  New-York 15.30 

Blés.  —  Les  marchés  du  rayon  de  Paris  accusent  de  la  baisse  depuis  huit 
jours.  La  meunerie  achète  peu  et  les  détenteurs  ont  été  amenés  à  faire  des  conces- 
sions Cjui  se  traduisent  par  une  baisse  de  0  fr.  25  à  0  fr.  50  par  quintal.  A  la  halle 
de  Pans,  on  cote  les  blés  de  mouture  du  rayon,  19  fr.  75  à  21  fr.  25  les  100  kilog.; 
les  blés  à  livrer  courant  du  mois  et  janvier-février,  21  fr.  à  21  fr.  25  ;  les  quatre 
premiers  mois,  21  fr.  23  à  21  fr.  50;  les  quatre  mois  de  mars,  21  fr.  75  à  22  fr, 
—  Les  blés  exotiques  sont  sans  affaires  au  Havre  au  cours  de  la  semaine  der- 
nière,   c'est-à-dire  20  fr.  25  à    20   fr.    50  pour    les  roux  d'hiver   d'Amérique  ; 

20  fr.  50  à  20  fr.  75  les  Californie;  21  fr.  50  à  21  fr.  75  les  Australie  ;  19  fr.  75 
à  20  fr.  les  Bombay  blanc,  par  100  kilog.  disponibles.  —  A  Mar^eAUe,  malgré  de 
forts  arrivages,  les  cours  se  sont  soutenus,  les  blés  étant  à  livrer;  les  affaires  sont 
calmes.  On  cote:  Red-Winter,  22  fr.  25;   Berdianska,  22  ir.    75;   Marianopoli, 

21  fr.  75  à  22  fr.;  Irka-Odessa,  19  fr.  à  19  fr.  25;  Irka-Nicolaïefff,  20  fr. 
à  20  fr.  25  ;  Azima  Azoff,  18  fr.  50  à  19  fr.  50;  Danube,  17  fr.  50  à  20  fr.;  Azoff 
durs,  18  fr.  50  à  19  fr.  50;  le  tout  disponible  par  100  kilog.  en  gare.  —  A 
Londres,  les  transactions  sont  calmes,  les  prix  se  soutiennent  ;  les  blés  d'Australie, 
trouvent  preneurs  à  19  fr.  86.  Sur  les  marchés  de  l'intérieur,  la  situation  est  la 
même;  le  prix  moyen  du  blé  est  toujours  de  18  fr.  les  100   kilog. 

Fai'ines.  —  La  semaine  a  été  marquée  également  par  une  baisse  sensible  sur 
les  farines.  Aujourd'hui  la  tendance  reste  lourde,  les  offres  dépassant  la  demande. 
Les  farines  de  consommation  étaient  cotées,  le  17  décembre,  à  la  halle  de  Paris: 
marque  de  Corbeii,  47  fr.;  marques  de  choix,  47  à  50  fr.;  premières  marques, 
46  à  47  fr.;  bonnes  marques,  44  à  45  fr.;  marques  ordinaires,  43  à  44  fr,;  le  tout 
par  sac  de  159  kilog.,  toile  à  rendre,  ce  qui  correspond  aux  prix  extrêmes  ue 
27  fr.  30  à  31  fr.  85  les  100  kilog.,  ou  en  moyenne,  29  fr.  55.  —  Les  farines 
de  spéculation  se  sont  maintenues  à  peu  près  aux  cours  d'il  y  a  huit 'jours  ;  on 
cote:  farines  neuf-marques,  courant  du  mois,  44  fr.  ;  janvier,  44  fr.  25  ;  janvier- 
février,  44  fr.  25  à  44  ir.  50;  quatre  premiers  mois,  44  fr.  50;  quatre  mois  de 
mars,   45   fr.   i5  à  45  fr.  50.  —  Les  farines  deuxièmes  sont  cotées  de    21  fr.  à 

22  fr.  les  100  kilog. 

Seigles.  —  Les  prix  se  maintiennent  avec  un  assez  bon  courant  d'affaires.  Les 
premières  qualités  valent  16  fr.  à  16  fr.  25;  les  secondaires  de  15  fr.  50  à 
15  fr.  75  par  100  kilog.  nets.  —  La  farine  de  seigle  est  tenue  aux  prix  de  20  à 

23  fr.  les  100  kilog. 

Orfies.  —  Demande  régulière  pour  les  bonnes  qualités  ;  prix  fermes.  On  cote 
de  18  à  22  fr.  les  100  kilog.,  suivant  provenances.  —  Les  escourgeons  sont  plus 
offerts  que  la  semaine  dernière.  On  tient  les  premières  sortes  19  fr.  à  19  fr.  25 
les  100  kilog.  ;  les  sortes  secondes,  18  fr.  50  à  18  fr.  75. 

Avoines.  —  Prix  sans  variations  ;  demandes  et  offres  très  modérées.  Les  prix 
sont  cotés  de  17  fr.  25  à  20  fr.  par  100  kilog.  pour  les  avoines  indigènes.  — Les 
avoines  exotiques  sont  plus  fermes  aux  cours  extrêmes  de  14  fr.  50  à  16  fr.  75 
suivant  provenances. 

AVats.  —  Les  prix  restent  bien  tenus   de  14  ir.  2:    î  14  fr.  50  les  100  kilog., 


DES  DENRÉES    AGRICOLES  (20   DÉCEMBRE   1884].  477 

sur  wagon  au  Havre  ou  à  Rouen,  pour  les  Danube  et  mer  Noire  disponibles.  Les 
livrables  valent  de  12  fr.  75  à  14  ir.  25. 

Sarrasins.  —  Le  sarrasin  de  Bretagne  disponible  est  demandé  à  16  fr. 
les  100  kilog.,   en  gare  d'arrivée  à  Paris. 

Issues.  —  Prix  en  baisse  ;  les  offres  sont  plus  nombreuses  et  les  affaires  très 
calmes.  On  cote  à  la  halle,  par  100  kilog.  :  gros  sons  seuls,  13  IV.  25  à  13  fr.  50; 
sons  gros  et  moyens,  12  fr.  50  à  13  fr.  ;  sons  trois  cases,  12  fr.  à  12  fr.  25;  sons 
fins,  11  fr.  50;  rccoupettes,  11  fr.  50;  remoulages  blancs,  15  fr.  50  à  16  fr.; 
remoulagcs  bis,  14  fr. 

m.  —  Fourrages  et  graines  fourragères. 

Fourrages.  —  Les  affaires  sont  peu  actives  à  Paris;  les  cours  ont  uu  peu  fléchi 

fiour  la  luzerne  et  la  paille.  On  cote  par  100  bottes  de  5  kilog.  :  foiu,  52  à  58  fr.; 
uzerne,  50  à  56  fr.;  paille  de  blé,  28  à  32  fr  ;  paille  de  seigle,  36  à  40  fr.;  paille 
d'avoine,  22  à  26  fr.  —  A  Nancy,  on  paye  le  foin  40  à  44  fr.  les  500  kilog.,  la 
paille,  24  à  28  fr.  ;  le  régain,  40  fr.  —  A  Beauvais,  le  foin  et  la  luzerne  valent  de 
35  à  50  fr.  les  104  bottes;  la  paille,  de  35  à  Qg  fr.  —  A  Nîmes,  les  prix  sont 
établis  aux  100  kilog.,  comme  suit  :  luzerne  nouvelle,  7  fr.  50  ;  sainfoin,  6  fr.  50; 
foin,  7  fr.  50;  paille,  4  fr.;  à  Toulouse,  luzerne,  7  fr.;  sainfoin,  8  fr  25;  foin, 
8  fr.;  paille,  5  fr. 

Graines  fourragères.  —  Il  y  a  eu  un  pi  u  de  baisse  sur  les  graines  de  trèfle  et  de 
minette.  On  cote,  à  Paris,  trèfle  violet,  100  à  115  fr.  les  100  kilog.;  trèfle  blanc, 
160  à  190  fr.;  trèfle  hybride,  160  à  180  fr.;  luzerne  de  Provence,  140  à  150  fr.; 
d'Italie,  120à  130  iV.;  du  Poitou,  75à  110  fr.;  minette,  35  à  40  fr.;  ray-grass, 
anglais,  35  à  40  fr.;  d'Italie,  38  à  42  fr.;  sainfoin  à  une  coupe,  34  à  35  ir.;  à  deux 
coupes,  38  à  40  fr.;  vesce  de  printemps,  22  à  24  Ir.;  pois  jarras,  17  à  18  fr.  —  A 
Saint-.Amand,  le  trèfle  vaut  de  100  à  105  fr.  les  100  kilog.;  la  luzerne,  90  à 
à  100  fr.  —  A  Avignon,  les  bonnes  qualités  de  luzerne  ont  atteint  127  à  132  fr.; 
les  secondaires,  110  à  115  fr.;  le  trèfle  violet  se  vend  108  à  112  fr.  les  100  kilog. 

IV.  —  Fruits  et  h-gumes. 

Fruits.  —  Cours  de  la  halle  de  Paris,  Poires,  6  à  70  fr.  le  cent,  0  fr.  25  à 
0  fr.  60  le  kilog.;  pommes,  5  à  75  fr  le  cent,  0  fr.  20  à  0  fr.  55  le  kilog.;  rai- 
sin noir,  1  fr.  50  à  3  fr.  50  le  kilog.;  raisin  blanc,  1  fr.  tiO  à4  fr.  le  kilog  ;  noix 
sèches  0  fr.  35  0  fr.  60  le  kilog.;  nèfles,  1  fr.  50  à  7  fr.  le  cent;  châtaignes, 
13  à  16  fr.  l'hectolitre. 

Légumes  frais.  —  —  Choux,  12  à  16  fr.  le  cent;  oignons  en  grains,  14  à 
18  fr.  l'hectolitre;  carottes  communes,  20  à  28  fr.  les  cent  bottes;  d'hiver, 
3  fr.  50  à  4  fr.  l'hectolitre  ;  navets,  15  à  18  fr.  les  cent  bottes;  panais,  8  à  12  fr.; 
poireaux,  3  fr.  25  à  4  fr.;  betteraves  0  Ir.  30  à  1  fr.  40  la  manne;  salsifis, 
G  fr.  30  à  0  fr.  45  la  botte  ;  thym,  0  fr.  15à0fr.  20  la  botte;  radis  roses, 
0  fr.  03  à  0  fr.  04  la  botte:  radis  noirs,  8  à  25  fr.  le  cent:  persil,  0  fr.  25  à 
0  fr.  40  la  botte;  cerfeuil,  Û  fr.  20  à  0  fr.  25:  oseille,  2  fr.  à  2  fr.  50  le  paquet; 
épinards,  Û  fr.  20  à  0  fr.  25  le  paquet;  choux  de  Bruxelles,  0  fr.  25  à  0  fr.  30  le 
litre  ;  champignons,  0  fr.  90  à  1  fr  50  le  kilog  ;  choux-fleurs,  6  à  90  fr.  le  cent  ; 
polirons,  0  fr.  50  à  3  fr.  50  la  pièce  ; 

Pommes  de  terre.  —  Hollande,  8  à  9  fr.  l'hectolitre,  11  fr.  12  à  12  fr.  85  les 
100  kilog.;  jaunes,  6  à  7  fr.  l'hectolitre,  8  fr.  57  à  10  fr.    les  100  kilog. 

Fruits  secs.  —  A  Moissac,  les  prunes  sont  l'objet  de  demandes  nombreuses  et 
donnent  lieu  à  beaucoup  d'affaires.  On  cote  les  piunes  communes  12  fr.  50  les 
50  kilog  pour  des  rames  de  125  à  130.  Les  prunes  d'Enté  sont  en  hausse  aux 
cours  de,  20  à  45  fr.  suivant  grosseur. 

Légumes  secs.  —  Les  lentilles  de  choix  sont  recherchées  ;  les  autres  sortes  sont 
ofi'erte-;  et  les  achats  restreints.  On  cote,  à  Paris,  à  l'hectolitre  et  demi  :  haricots 
flageolets  choix,  80  à  105  fr.;  ordinaires,  58  à  80  fr.;  Soissons,  92  à  93  fr.; 
Liancourt,  70  à  72  fr.;  nains,  34  à  kO  fr.;  suisses  blancs,  50  à  52  fr.,  rouges, 
35  à  39  fr.;  Chartres,  52  à  54  fr.;  cocos  roses,  35  à  43  fr.  —  Lentilles,  les 
100  kilog.,  35  à  48  fr.;  pois,  24  à  25  fr. 

V.  —  Vins.  —  Spiritueux.  —  Vinaigres.  —  Cidres. 

Vins.  —  Les  vins  de  la  nouvelle  récolte  continuent  à  s'écouler  lentement,  sauf 
aans  quelques  centres,  où  une  reprise  d'activité  commerciale  s'est  manifestée 
cette  semaine.  Les  transactions  ont  été  assez  animées  dans  l'Aude  et  le  Roussillon 
à  la  suite  de  concessions  faites  par  les  propriétaires.  A  Narbonne,  on  a  payé  de 
22  à  27  fr.  l'hectolitre  les  vins  foncés:  à  Coursan  les  vins  non  plâtrés  se  placent 


478  REVaE   COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT. 

au  prix  de  16  à  19  f'r.;  à  Lésignan,  les  Aramans  valent  de  15  à  18  fr.;  les  monta- 
gnes, 20  à  2"  fr.;  les  Narbonne  premier  choix  et  Corbières,  34  à  35  fr.  A  Gour- 
san,  les  prix  ont  varié  entre  13  et  26  fr.  suivant  couleur  et  qualité;  à  Fitou,  des 
vins  supérieurs  ont  obtenu,  43  fr.  Dans  le  Bordelais,  la  Bourgogne,  le  Beaujolais 
et  le  ÎSÎantais,  le  calme  domine  ;  les  affaires  sont  toujours  assez  difficiles. 

Les  arrivages  de  vins  étrangers  sont  toujours  nombreux  à  Cette,  et  à  Nice,  où 
les  prix  des  vins  rouges  d'Espagne  et  d'Italie  sont  compris  entre  45  et  58  fr.  l'hec- 
tolitre, et  ceux  des  vins  blancs  entre  38  et  40  fr.  On  se  plaint  de  la  qualité  infé- 
rieure des  provenances  d'Espagne  et  de  la  cherté  des  vins  d'Italie. 

A  l'entrepôt  de  Paris,  les  livraisons  sont  toujours  actives.  Voici  les  cours  éta- 
blis par  la  mercuriale  mensuelle  des  contrées  de  Bercy.  Vins  rovi;cs  :  .\uvergne, 
125  à  130  fr.  la  pièce;  Basse-Bourgogne,  112  à  160  fr.  le  muid;  Blois,  110  à 
140  fr.  la  pièce;  Bordeaux,  140  à  220  fr.;  Charente,  HT)  à  125  fr.;  Cher,  115  à 
145  fr.;  Chinon,  160  à  210  fr.;  côtes  châlonnaises,  130  à  140  fr.;  Fitou,  48  à 
65  fr.  l'hectulitre;  Gaillac,  115  à  125  fr.  la  pièce;  Maçonnais  et  Beaujolais,  130 à 
220  fr.;  montagne,  33  à  42  fr.;  Orléans,  120  à  140  fr.;  Renaison,  150  à  170  fr.; 
Sancerre,  120  à  130  fr.;  Selles-sur-Cher,  120  à  140  fr.;  Touraine,  110  à  135  fr.; 
Narbonne,  40  à  55  fr.  l'hectolitre:  Roussillon,  45  à  70  fr.  Vins  blancs  :  Anjou,  la 
pièce,  135  à  140  fr.;  Bergerac  et  Sainte-Foy,  150  à  170  fr.;  Nantais,  60  à  70  fr.; 
Pouilly-Fuissé,  210  à  250  fr.;  Pouilly-Sajicerre.  145  à  180  fr.;  Sologne,  60  à  70  fr.; 
^'ouvray,  170  à  230  fr.;  Basse-Bourgogne,  le  muid,  140  à  200  fr.;  Chablis,  175  à 
300  fr.;  Poitou,  l'hectolitre,  60  à  70  fr.  —  Vim  étrangers  :  Es^pagne,  40  à  55  l'r.; 
Portugal  et  Sicile,  48  à  53  fr.;  Italie,  52  à  60  fr.;  Dalmatie,  52  à  55  fr.;  Turquie, 
52  à  60  fr.;  Espagne  blanc,  32  à  48  fr. 

Plants  de  vignes  américaines.  —  Voici  les  cours  de  Montpellier  :  boutures,  le 
mille:  Riparia  et  Jacquez,  15  à  18  fr.;  Solouis,  20  fr.;  Othello,  90  fr.;  Rupestris^ 
60  fr.;  —  plants  racines;  le  mille  :  Riparii,  60  à  75  fr.;  Jacquez,  60  à  100.  — 
Greffes-boutures,  300  à  400  fr. 

Spiritueux.  — La  haus-se  signalée  il  y  a  huit  jours  n'a  pas  persisté.  Aujourd'hui 
les  affaires  sont  calmes  aux  cours  suivants.  A  Paris,  trois-six  fins  du  Nord  90  de- 
grés disponibles  41  fr.  75;  janvier,  42  fr.  LO  ;  quatre  premiers  mois,  43  fr.  25; 
quatre  mois  de  mai.  —  A  Lille,  l'alcool  de  betterave  a  gasné  1  fr.  ;  il  est  à 
41  fr.  50.  —  Dans  le  Midi,  les  prix  des  trois-six  bon  goût  et  des  mares  restent 
stadonnaires. 

Cidres.  —  Les  cidres  nouveaux  sont  abondants  sur  le  marché  de  Paris,  où 
ils  sont  cotés  de  24  à  34  fr.  les  228  litres,  en  gare  d'arrivée  ;  les  vieux  se  vendent 
de  32  à   38  fr. 

Pommes  à  cidre. — La  lareté  se  fait  sur  les  marchés  de  l'Ouest.   A  Rouen,  on 
cote  6  fr.  à  7  fr.  50  l'hectolitre,  droits  d'entrée  compris  ;  à  Evreux,  4  à  4  fr. 20  l'hec- 
tolitre: à  Caudebec,  4  fr.  40  à  5  fr.;  dans  la  Sarthe,  3  fr.  20;  dans  la  Mayenne,, 
4  fr.  —  A  Paris,  les  prix  sont  de  75  à  85  fr.  les  l,000  kil.  en  gare  d'arrivée. 
VI.  —  Sucres.  —  JUélas.ies.  —  Fécules.    —  Houblons. 

Sucres.  —  Les  cours  ont  encore  fléchi  pour  toutes  les  sortes.  On  cote  à  Paris, 
par  100  kilog.  :  sucres  bruts  88  degrés,  32  Ir.  à  32  fr.  50;  blancs  99  degrés 
37  fr.  50  à  37  fr.  75:  blancs  n"'  3  disponible,  38  fr.  75  à  39  fr.;  livrable  suivant 
époques,  39  fr.  à  1 1  fr.  50.  —  Les  raffinés  disponibles  sont  faiblement  tenus  de 
97  fr.  50  à  99  fr.  pour  la  consommation,  et  de  41  fr.  à  44  fr.  25  pour  l'expor-- 
tation,  avec  demandes  calmes.  —  Le  stock  de  l'entrepôt  réel  à  Paris,  le  15  dé- 
cembre, 1,089,000  quintaux.  —  A  Valenciennes,  maintien  du  cours  de  32  fr.  50 
pour  les  sucres  roux  —  A  Lille,  on  cote  les  sucres  roux  31  fr.  50  à  35  fr.  25;  les 
blancs,    38   fr.  :les  raffinés  sont  cotés,  103  fr.  les  100  kilog.  J 

Mélasses.  —  A  Paris,  la  mélasse  de  fabrique  est  cotée  de  9  fr.  à  9  fr.  25  les- 
100  kilog.:  celle  de  raffinerie  !'6  fr. —  A  ^'alenciences,  le  prix  est  descendu  à 
9  Ir.  50.  ' 

féc'wks..  —  La  détule  sèche  de  l'Oise  est  toujouis  au  cours  de  26  fr.  à  Com- 
ftiègne  :  à  Paris,  la  fécule  première  du  rayon  vaut  27  fr.  La  fécule  verte  se  cote 
de   15  à  15  fr.  50  disponible,  et  16  fr.  à  16  fr.  50  livrable;  le  tout  par  liO  kiog. 

Houbtuiis.  —  Les  marchés  éli'angers  sont  toujours  abondamment  approvisionnés 
et  les  cours  fléchissent  encore.  En  Belgique,  à  .\lost  de  nombreux  achats  ont  été 
laits  à  70  fr.les  50  kilog.;  à  Poperingbe,  les  affaires  ont  éié  également  animées, 
au  prix  de  85  à  90  fr.  A  Bischwiller,  on  cote  90  à  100  fr.:  à  Nancy,  80  à  85  fr. 
VII.  —  Tonneaux.  —    Noirs.  —  Engrais. 

Tovrieav.r.  —  A  Arrôs    les  iiM,ule;iux  de  i^iaiues    ind^ènes  valent  :   œillette, 


DES  DENRÉES  AGRICOLES   (20  DÉCEMBRE    1884;.  479 

15  fr.  25;  colza,  16  fr.  75;  lin,  2i  l'r.;  cameline,  15  tV.;  ceux  de  graines  étrau- 
gères  :  pavot;  12  fr.,  lin,  22  fr.  25,  le  tout  aux  lOû  kilog.  —  Rouen,  les  tour- 
teaux de  colza  indigères  se  pavent  15  fr.  —  A  Cambrai,  on  cote  :  colza  de  pays, 

16  fr.    50;   oeillette,    15  fr.   60   à  16  fr.;  lin,    21   fr,  50  à  22  fr.  25;  cameline, 

15  fr.  50.' 

Noirs.  —  Cours  sans  changement  à  Valenciennes  :  noir  neuf  en  grains,    33   à 
36  fr.  les  100  kilog.;  vieux  grains,  10  à  12  fr.;  noir  d'engrais,  2  à  fr.  l'hectolitre, 
vin.  —  lluili's  nt  rjraincs  nléagincuxes. 

Huiles.  —  Mêmes  cours  qu'il  y  a  huit  jours,  avec  tendance  à  la  baisse.  On  cote 
à  Paris,  par  100  kilog.  huile  de  colza  disponible,  65  fr.  75;  livrable,  66  fr.  25 
à  66  fr.  50;  huile  de  lin,  52  fr.  25  à  52  fr.  75;  livrable,  52  fr.  75  à  53  Ir.  25  ; 
—  à  Arras,  l'huile  de  colza  vaut  70  fr.;  celle  de  lin,  Oi  fr.;  celle  de  cameline, 
61  fr.;    —  à  Rouen,  on  vend  colza,  65  fr.  ;  lin,  54  fr.  50. 

Graines  oléaijiiuuses.  —  Les  graines  de  colza  des  Indes  sont  offertes  en  abon- 
dance dans  le  Nord.  —  A  Lille,  on  les  cote  de  32  fr.  à  32  fr.  25.  Celles  de  lin  de 
Bombay  sont  faiblement  tenues  de  3ù  fr.  à  30  fr.  25  disponibles.  —  A  Arras,  les 
graines  indigènes  valent  :  œillette,  24  fr.  à  26  fr.  25;  colza,  18  à  21  fr.;  liii, 
18  à  21  fr.  50;  cameline,  14  à  17  fr.;  —  à  Cambrai,  on  cote  :  colza,  20  fr.  6'» 
à  21  ir.  ;  œillette,  25  f i .   25  à  25   fr.   50;  lin,  19  fr.  50  à  20  fr.  ;  cameline,  12  à 

16  fr.,  le  tout  à  l'hectolitre. 

IX.  —  Matières  résineuses  et  textiles^ 
Matières  résineuses.  — A  Bazas,  on  cote  les  gemmes  de  la  récolte  de  1883,  20  fr. 
les  S50  litres;  celles  de   1884,   22   fr.  50;   c-^lles  au  système  Hugues,  25  fr.  — 
J'esseuce  de   térébenthine  vaut  toujours  45  fr.  les   100  kilog.  à  Dax,   et  52  tr.  à 
Bordeaux. 

X.  —  Suifs  et  corps  gras. 

'■  Suifs.  —  Le  suif  frais  de  la  boucherie  de  Paris  est  coté  80  fr.  avec  des  affaires 
très  calmes. 

Saindoux.  —  Le  saindoux  d'Amérique  disponible  est  à  48  fr.  les  50  kilog,  au 

au  Havre. 

XI.   —  Chevaux.  —  Bétail.  —  Viande. 

Bétail. —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  officiel  du  marché  aui  bes- 
tiaux de  la  Villette,  du  jeudi  11  au  mardi  16  décembre  : 

Poids     Prix  du  kilog.  de  viande    nette  sn 
Vendus  moyen       pied  au  marciie  du  ij    décembre* 

Pour  Pour           En         4  quartiers.     I"  2'  3«  Prix 

Amenés.       Paris,   l'extérieur,  totalité.  liil.  quai.  quai.  quai.  moyen, 

Bœufs 4.710     3,-2'-7  1,2S9  4,oli;  357  l.o6  1.50  1.2'b  1.45 

Vaches 1.351         812  485             l,-297  Î38  1.56  1.38  1.18  1.37 

Taureaux 243        201  31                232  396  1.46  1.36  1.20  1.33 

Veaux 2,861     1,923  648  2,571  80  2.00  1  80  1.70  1.85 

Moutons 31,340  26,272  4,604  30,876  20  1.90  1.70  l50  1.69 

Porcs  sîras ... .           6,209     2,683  3,499  6,182  82  1-21  1.18  1.14  1.17 

Les  arrivages  des  marchés  de  la  semaine  se  décomposent  comme  il  suit  : 

Bœufs.  —  Aisne,  8;Allier,  454;  Calvados,  743:  Charente,  80;  Cher,  49  ;  Côte-d'Or,  13;  Creuse^ 
173  ;  Deux-Sèvres,  26;  Dordogne,  280;  Gironde,  3:  Indre,  8  :  Loire  10;  Loire-Inférieure,  138  . 
Maine-et-Loire,  1032;  Manche,  106;  Morbihan,  36 ;Nièvre,  112;  Orne,  20S  ;  Puy-de-Dôme,  26  ' 
Sarlhe,  14;  Seine-Inférieure, 19  ;  Tarn-et-Garonne,  10;  Vendée,  497;  Haute-Vienne,  110;  Yonne, 
42:  Italie,  24. 

Vaches.  —  Aisne,  2;  Allier,  71;  Aube.  4:  Calvados,  358;  Cantal,  37  ;  Charente,  39;  Cher,  l.i; 
Côte-d'Or,  26;  Creuse,  93  ;  Dordogne,  10  ;  Eure,  14;  Eure-et-Loir,  20;  Loiret.  4;  Maine-et-Loire, 

17  :  Manche,  130;  Marne,  6  ;  Nièvre,  94;  Oise,  6  ;  Orne,- 10  l  ;  Puy-de-Dôme,  20  ;  Saône-et-Loire, 
100;  Sarthe,  25;  Seine,  151;  Seine-Inférieure.  3;  Seiae-et- Marne,  22;  Seine-et-Oise,  39;  Vendée, 
13:  Haute-Vienne,  44;  Yonne,  17.  ' 

Taureaux.  —  Allier,  24;  Aube.  3;  Calvados,  20;  Charente,  3;  Cher,  5;  Côte-d'Or,  1:  Creuse. 
2;  Eure,  2;  Eure-et-Loir,  6;  Finistère,  11;  Gironde.  3:  Ille-et-Vilaine,  5  ;  Indre.  1;  Loire-Infé- 
rieure, 10;  Loiret,  7  ;  Maine-et-Loire,  14;  Manche.  13;  Marne,  3  ;  Mayenne,  12;  Nièvre,  13  ; 
Orne,  6;  Sarthe,  6:  Seine,  2;  Seine-et-Marne,  6;  Seine-et-Oise,  9  ;  Vendée,  5;  Yonne,  6  ; 
Suibse,  2. 

Veaux.  —  Allier,  22;  Aube,  388;  .\veyron,  64;  Calvados,  42;  Eure,  214  :  Eure-et-Loir,  26T; 
Loiret,  193  ;  Manche,  14  ;  Marne,  77  ;  Oise,  51  ;  Puy-de-Dôme,  98  ;  Sarthe,  63  ;  Seine-Inférieure, 
S6;    Seine-et-Marne,    237;    Seine-et-Oise,  53  ;    Yonne,  90. 

Moutons.  —  Aisne,  307:  Allier,  1,124  ;  Aube,  390;  Cantal,  82;  Cher,  115;  Creuse,  84;  Eure, 
150;  Eure-et-Loir,  103;  Indre,  128  ;  Indre-et-Loir,  104;  Loiret.  611;  Lot,  302;  Lot-et-Garonne, 
72;  Nièvre,  240  ;  Nord,  60;Puy-de-Dùaie,  531;  Seine-et-.Marne, 1,004;  Seine-et-Oise,  1,989;  Somme, 
50;  Yonne,  149,  Allemagne,  10,877;  Autriche,  500;  Hongrie,  4,075;  Italie,  462;  Russie,  3,281; 
Turquie,  500. 

Porcs.  —  Allier,  367;  Calvados,  43;  Charente,  125  ;  Charente-Inférieure.  54;  Cher,  200; 
Creuse,  349;  Deux-Sèvres,   594;  lUe-et-Vllaine,  163;  Indre,  783;   Indre-et-Loir,  50:  Loire-Infé- 


480         REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  GOURANT  (20  DÉCEMBRE  1884). 

rieure,  17  j;  Loir-et-Cher,  51  ;  Maine-et-Loire,  ')57  ;  Manclie,  32;  Nièvre,  367;  Puy-de-Dome,  180; 
Saôneet-Loire,  73:  Sarthe,  1,224;  Seine,  26;  Seine-Inférieure,  18;  Vendée,  340;  Vienne,  232; 
Haute-Vienne ,  lU  2. 

Les  arrivages  ont  été  uu  peu  plus  faibles  que  ceux  de  la  semaine  précédente 
surtout  pour  les  moutons,  qui  sont  inférieurs  de  2,000  environ.  Le  prix  du 
bœuf  est  le  même;  les  autres  sortes  sont  en  baisse  légère,  excepté  le  veau  qui  a 
faibli  de  10  centimes  par  100  kilog.  —  Sur  les  marchés  des  départements,  on 
cote  :  Nancy,  bœuf,  84  à  86  fr.  les  100  kliog.  bruts,  vache,  60  à  82  fr.;  veau, 
50  à  60  fr.;  mouton,  90  à  100  fr.;  po'x,  60  à  65  fr.  — Beauvais,  veau,  1  fr.  10  le 
kilog.  —  Evreux,  bœuf,  2  fr.  10  le  kilog.;  veau,  2  fr.  30;  mouton,  2  fr.  30  ;  porc, 

1  fr.   70.  —  Louviers,   bœuf,    1    fr.   40  à  2   fr.;  veau,  2  fr.  à  2   fr.  40;  mouton, 

2  fr.;  porc,  1  fr.  80  à  2  fr.  —  Vire,  bœuf,  1  fr.  80;  veau,  1  fr.  80;  mouton,  2fr.; 
porc,  1  fr.  50.  —  Chartres,  veau,  1  fr.  50  à  2  fr.  20;  porc,  1  fr.  15  à  1  fr.  20.  — 
Mirecourl,  bœuF,  0  fr.  82  à  0  Ir.  86  le  kilog.  sur  pied;  vache,  0  fr.  68  à  0  fr.  75. 

—  Ambriéres,  bœuf,  1  fr.  30  à  1  fr.  50  ;  vache,  1  fr.  20  à  1  fr.  40  ;  veau,  1  fr.  60 
à  1  fr.  90;  mouton,  1  fr.  80  à  2  fr.;  porc,  1  tr.  à  1  fr.  10.  —  Rouen,  bœuf, 
1  fr.  60  à  1  fr.  80;  vache,  1  fr.  iS  à  1  fr.  75  ;  veau,  1  fr.  45  à  1  fr.  85  ;  mouton, 
1  fr.  75  ;  à  2  fr.  05  ;  porc,  1  fr  à  1  fr.  30.  —  Pilkiviers,  vache,  1  fr.  50  veau,  1  fr.  80 
à  2  fr.  20;  mouton,  1  fr.  70  à  1  fr.  90.  —  Le  Pvy,  bœuf,  1  fr.  60;  veau,  1  fr.  70; 
mouton,  1  fr.  80;  porc,  porc,  1  70.  —  Condom,  bœuf,  1  fr.  60  à  1  fr.  80;  veau, 
1  fr.  30  à  1  fr.  50;  vache,  1  fr.  à  1  fr.  20;  mouton,  1  fr.  60  à  2  fr.  10  ;  agneau, 
1  fr.  60  à  1  fr.  80;  porc,  1  fr.  40.  —  Nice,  bœuf,  1  fr.  50;  à  1  fr.  60  ;  vache,  1  fr.  35 
à  1  fr.  40;  veau,  1  fr.  60  à  1  fr.  65;  mouton,  1  fr.  35.  à  1  fr.  50;  chèvre, 
1  fr.  05  à  1  fr.  10;  porc,  1  fr.  40  à  1  fr.  45. 

A  Londres,  les  importations  de  hétail  étranger  ont  été,  pendant  la  semaine,  de 
229  bœufs,  232  veaux  et  4,313  moutons.  —  Prix  par  kilog.  bœuf  1  fr.  3S  à  2  fr.l2; 
mouton,   1  fr.  72  à  2  fr.  23;  veau,  1  fr.  64  à  2  fr.  07;   porc,    1  fr.   15  à  1  fr.  50, 

Viandeà  La  criée. —  Il  a  été  vendu  à  la  halle  de  Pans,  du  8  au  Ib  décembre  : 

Prix  du  lïilog.  le  15  décembre. 

liilog.  1"  quai.  1'  quai.  3'  quai.  utioix.     Basse  acucherie. 

Bœuf  ou  vache...   167,507  1.64  à  1  96     1.42  à   1.62     1.10  à   1.40  1..56  i  2.60     0.20  i  1.34 

Veau ,   174,748  1.62      2.00     1.40       1.60     1.00       1.38       .  »         . 

Moutons 80,730  1.46       1.70     1.24       1.44     1.00       1.22  1.46      2.96     ■>  » 

Porc 81.547  Porc  frais 1.14àl.30;     salé,  1.40 

5u4,5J2  Soitparjour 72,076  kilog. 

Les  ventes  se  sont  accrues  de  10,000  kilog.  environ  par  jour  ;  les  prix  sont  en 
hausse  pour  le  bœuf  et  le  mouton,  en  baisse  pour  le  veau,  sans  changement 
pour  le  porc. 

XII.  —  Cours  de  la  viande  à  l'abatloir  de  la  ViUette  du  jeudi  18  décembre  (par  50  kilog.) 
Cours  de  la  charcuterie.  —  On  >?end  à  la  Villette  par  50  kilog.  :  1"  qualité, 
65  à  68  fr.  ;  2%  60  à  65  fr.  Poids  vif,  44  à  49  fr. 

Bœufs.  Veaui.  Moutons. 

,,.  .^.  3.  ,..  j.  3.  ,t.  2- 

quai.  quil.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai. 

fr.  fr.  :fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr. 

78  70  63  110  104  98  84  77  68 

XIU.  —  Marché  aux  bestiaux  de  la  YiUette  du  jeudi  18  décembre  1884. 

Cours  des  cummisslonnaire 
Poids  Cours  officiels.  en  bestiaux. 

Animaux  gênerai,     i"  2"  3*  Prix  1"        î"         3'  Prix 

amenés.      Inrendus.  kil.       quai.  quai.  quai,  extrêmes.  qual.qual.  quai.  extrêmes 

Bœufs ■2.0O7  53  347          \.66  1.50  !.24  1. 2041.70  1.64     i    48  1.2i  1.18àl.68 

Vaches 654  26  '30         1.56  I    38  l   20  1.16     1.60  <    54     1    36  1.18  1.14     1   58 

Taureaux...          153  5  390         1   16  1.36  l   20  1. 16     1    bO  1.4^     1    34  1.18  1    14     1  48 

Veaux 1.174  174  31          2.00  1.30  1.70  1.50     2.20  »              .            »  • 

Moutons 17-094  210  20         1.94  1.74  !   56  1   48     1   98  »              »            »  » 

Porcs  gras..     4.135  »  8i         1.30  1.24  t  20  1.16     1.36  »              •            •  ■ 

—  maigres..            »  ■  »»•«■■»»»» 

Vente  lente  sur  le  gros  bétail,  les  porcs  et  les  veau.v,  active  ^lur  les  moutons. 

XIV.   —  Résumé. 
En  résumé,  la  baisse  a  fait  encore  un  peu  de  progrès  ;   le  prix  du    blé  a  fléchi; 
ainsi  que  celui  des  spiritueux  et  dos  sucres.  Les  vins  ont   une   meilleure  tenue- 
Les  autres  denrées  restent  stationnaires.  A.  Rèmy 

Le  Gérant  :  A.  Bouché. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (.7  décembre  i884). 

Aperçu  sur  l'année  1884.  —  Pertes  subies  par  l'agriculture.  —  Aggravation  de  la  crise  agricole.  — 
Me-ures  favorables  édictées  depuis  douze  mo  s.  —  Nouvel  ajuuriienierit  de  la  discussion  sur  les 
larils  de  duuaue.  —  i\ouveiles  accusitioi.s  des  aneesnire»  de  la  réforme.  —  Création  de  la 
Ligue  lies  brri  ag'TS  du  Nord-Est.  -  Situuion  i  arliculière  de  la  zone  île  la  frontière.  — Vœux 
émis  par  le  Congrès  agricole  de  la  H.iule-.Miune.  —  Obstacles  i|ui  s'opposent  à  la  léfurme  des 
octrois.  —  Création  incessante  de  sui  t:i.xps.  —  LleLtion  de  M  Reiseï  à  l'.'Vcadéniie  d-s  sciences. 
—  Extension  du  phyl'oxera  en  Espagne.  —  A  p recuit  on  sur  la  dernière  ié:i  Ite  de  vins  en 
Italie.  —  Concours  ne  la  S^  ciélé  des  agriculteurs  du  Nuid.  —  Séance  de  rentrée  de  la  Société 
nationale  d'acclimatation.  —  Les  livres  géiié.lo^'iqucs  pour  les  lac^s  pures  d'animaux  d-ituesli- 
ques.  —  Cré  non  il'un  stu  l-book  mnlassier  dans  I  Ouest.  —  Laboratoire  central  agricole  tt  vom- 
muicial  à  Paris.  —  Les  graines  de  [dautes  fourragires  pour  la  création  de  prairi-'S.  —  Décret 
relatif  â  l'application  dans  la  Hauie-Siôie  de  la  I  i  sur  la  police  suiilaire  des  aiiimiux.  —  Les 
mul'.ts  dans  le  Pas-le-  alais.  —  Pn-parations  ar-enioales  p  lur  les  délrune  —  E^sai  de  M.  l'a- 
gO'Ul  sur  le  pmcédé  de  iVl.  Aimé  Girard  i  onr  utiliser  les  calavies  d'animaux.  — Huniniage 
rendu  à  M.  Bairal  [lar  le  Sojiélé  centrale  d  agricnlmre  de  l'Aveyron.  —  .""lolfs  de  MM.  Nantier, 
Gy  de  Keriiiavic,  Maurice,  Bronsvvitk,  sur  la  situation  des  récoltes  dans  le  département  de  la 
Somme,  du  M.rbihao,  de  la  Marne  et  des  Vosges. 

I.  —  Bilan  de  f année  1884. 

L'année  188'i-  s'achève  dans  quelqu^^s  jours  :  année  sombre,  année 
triste,  qui  laissera  peu  de  regrets  derrière  elle.  L'agriculture  Française 
aélérutjement  éprouvée  depuis  douze  mois;  elle  a  perdu  quelques-uns 
de  ses  plus  brillants  et  de  ses  plus  énergiques  champions,  et  la  crise 
qui  pèse  sur  elle  s'est  aggravée  dans  les  proportions  les  plus  in- 
quiétantes. C  est  d  abord  notre  bien-aimé  maître  et  ami,  Barrai,  enlevé 
dans  un  moment  où  l'on  a  besoin  de  réunir  toutes  ses  forces.  Puis 
c'est  de  Béhague,  le  type  accompli  du  grand  propriétaire  airricullfur, 
qui  sert  de  modèle  pour  les  entreprises  de  progrès  agricole.  C'est 
J.-B.  Dumus,  dont  le  fier  génie  a  résolu  tant  de  problèmes,  au  grand 
bénéfice  de  l'agriculture.  C'est  encore  Piul  Tlienard,  modèle  de  l'al- 
liance du  savant  et  du  praticien.  Bien  d'autres  encore  devraient  être 
cités,  les  uns  pour  ce  qu'ils  ont  fait,  les  autres  pour  les  légitimes  espé- 
rances que  les  amis  de  l'agriculture  fondaient  sur  eux.  Fendant  que 
la  mort  fauchait  ainsi  d  ins  des  rangs  toujours  trop  peu  serrés,  la  solu- 
tion des  grandes  questions  qui  préoccupent  les  agriculteurs  n'avan- 
çait pas,  et  cepeadant  la  situation  s'aggravait,  au  point  de  susciter  la 
plus  grande  agitition  qui  se  soit  m  inifeslée  jusqu'ici  chez  les  agricul- 
teurs, ordinaireaienl  si  calmes,  si  paisibles.  L'avenir  paraît  sombre; 
le  sera  t-il  autant  que  quelques-uns  le  craignent?  Pour  noire  part, 
nous  ne  le  croyons  pas  :  car  nous  avons  confiance,  d'une  part  dms  le 
patriotisme  du  Parlement  Français  qui  saura  prendre  enlin  Ijs  me- 
sures néces-aires,  d'autre  part  dans  l'énergie  et  le  ressort  de  notre 
belle  po[)ulalion  agricole  qui,  du  plus  Forlunéau  plus  humble,  cherche 
avec  une  ardeur  sans  égale,  les  moyens  de  retrouver  les  bénéfices 
d'antan.  L'agriculteur  suit  toujours  accomplir  son  devoir,  puisse-l-on 
en  dire  bientôt  aulant  du  [iropriétaire  foncier! 

L'année  1884  n'a  cependant  pas  été  tout  à  fait  stérile.  A  son  actif 
nous  devons  placer  d'abord  la  transFormation  de  l'impôt  du  >ucre, 
transformation  lieureuse  qui  permettra  à  l'une  de  nos  principales 
industries  agricoles  de  retrouver  se.s  anciens  jours  de  prospérité.  Uns 
autre  mesure  doit  être  rappelée  aussi  aujourd'hui  :  c'est  la  ciéalion 
des  primes  spéciales  dans  les  concours  régionaux,  pour  la  pslite  cul- 
ture tt  p')ur  l'horticulture;  celle  innovation  a  complété  heureusement 
l'ensemble  des  encouragements  distribués  par  l'Etat  à  la  production 
agricole.  Lesjours  de  tempête  |)asseronl,  les  nuages  se  diss'peront, 
et  ragriculleur  rclr)uvera  au  firmimenl  son  étoile  aujourJ  liai  voilée 

N°  820.  —  Tome  IV  de  1884.  —  37  Décembre. 


482  CHRONIQUE  AGRICOLE    (27   DÈGEMERE    1884). 

II.  —  La  reforme  des  tarifs  de  douane. 

Les  atermoiments  dont  nous  avons  montré  les  phases  depuis  près 
de  trois  mois  ont  eu  le  résultat  auquel  on  devait  s'attendre  :  l'année 
1bb4  s'achève,  sans  que  la  discussion  sur  la  réforme  des  l;i,rit's  de 
douane  ait  été  ouverte  de\anl  le  Parlement.  Le  rapport  de  M.  Georges 
Graux  sur  les  céréales  n'est  pas  encore  entre  les  mains  des  députés  au 
moment  où  nous  écrivons  cette  chronique;  nous  sommes  donc  obli- 
gé d'-en  ajourner  la  publication.  La  Commission  de  la  Chambre 
des  députés  a  lini  par  comprendre  qu'elle  avait  assumé  une  lourde 
respons  ibililé  ;  dans  une  note  quelle  a  communiquée  à  la  presse, 
elle  essaye  de  se  dégager,  et  elle  annonce  qu'elle  va  inviter  le  gouver- 
nement à  s'engager  à  appuyer,  dès  la  rentrée,  la  mise  à  l'ordre  du 
jour  de  la  discussion  de  ses  rapports.  C  est  s'y  prendre  un  peu  tard, 
et  même  nous  ajouterons  que  c  est  inti^rverlir  les  rôles.  Au  mois 
d'octobre,  il  n'était  pas  un  député  qui  n'eût  étudié  la  question,  la  plu- 
part demandaient  qu'on  sût  résolument  prendre  un  parti,  (^e  sont 
les  lenteurs  appportees  aux.  travau.K  de  la  Commission  qui  sont  l'unique 
cause  du  retard  actuel. 

Pendant  ce  temps,  les  adversaires  de  la  réforme  relèvent  la  tête.  Ils 
crient  siH' tous  les  tons  que  le  relèvement  des  tarifs  actuels  constituerait 
une  iniquité  et  une  absurdité,  qu'il  vaudrait  mieux  abolir  tous  les 
droits  sur  le  blé,  réduire  considérablement  ceux  sur  le  fer  et  sur  les 
tissus,  que  ce  serait  alors  le  signal  delà  grandeur  industrielle  et  agricole 
de  la  France.  C'est  toujours  le  même  raisonneinent  :  on  parle  comme 
si  la  France  était  seule  au  monde,  ou  bien  comme  si  tois  les  peuples 
n'attendaient,  pours'incliner,  que  les  ukases  dune  économie  politique 
autoritau'e.  Tous  ces  arguments  sont  percés  à  jour,  mais  il  ne  *'aut  pas 
se  lasser  de  le  répéter  :  ce  qui  serait  inique,  ce  serait  de  ne  pas  recon- 
naître la  situation  désastreuse  dans  laquelle  se  trouve  l'agriculture  fran 
çaise  pour  la  plupart  des  branches,  de  sa  production;  ce  qui  serait 
absurde,  ce  serait,  le  mal  bien  constaté,  de  se  refuser  à  y  apporter  les 
remèdes  ou  au  moins  les  palliatifs  que  les  circonstances  commandent- 
impérieusement. 

III.  —  Une  nouvelle  liijue  agricole. 

A  maintes  reprises,  le  Journal  a  rappelé  que  l'on  ne  peut  appliquer 
à  l'ensemble  de  la  France  agricole  îles  règles  absolimient  uniformes. 
Par  suite  de  la  diversité  des  conditions  économiques  et  climatériques 
des  régions  qui  forment  le  pays,  ce  qui  est  exact  ici  ne  l'est  plus 
ailleurs,  et  réciproquement.  En  voici  une  nouvelle  preuve.  Parmi  les 
nombreux  documents  que  nous  recevons  de  tou.s  les  points  du  pays, 
il  en  est  un  qui  mériie  d  être  signalé  .spécialement,  parce  qu'il  émane 
d'une  réunion  d'agriculteurs  qui  se  trouvent  dans  une  situation  tout 
à  fiit  parliculière.  On  sait  que,  sur  notre  frontière  du  nord  et  du  nord- 
est,  depuis  le  département  du  Nord  jusqu'à  celui  de  la  Meuse,  sur  une 
longueur  de  plus  de  30it  kilomètres  et  pénétrant,  suivant  les  lieux, 
plus  ou  mois  profondémentà  l'intérieur,  règneunezoned  ins  laquelleun 
grand  nombred'agriculteurs  ont  pour  principale  industrie  d'acheter  au 
dehors  les  bêles  bovines  jeunes,  et  de  les  revendre,  après  les  avoir  ame- 
nées à  point,  sur  les  marches  extérieurs,  principalement  sur  celui  de 
Biuxelles;  ils  y  trouvent  généralement  des  prix  plus  avantageux  que  sur 
le  marché    de  Paris.    On    cou)prend   immédiatement   que  l'élévation 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (27   DÉOKMBRE  18S4).  483 

des  droits  sur  les  bêtes  bovines  gèneiviil  eon-iiéiMbleinent  cette 
industrie.  Aussi  les  culiivaleiirs  <Jont  iihiis  iiai-lons  se  sont  étnus-, 
sous  le  nom  de  L'rjne  dps  herbirjprs  ihi.  So-d-Est.  ils  se  sont  constitués 
en  assticiaiion  pour  ciéiendre  leurs  intéiêls,  et  il  viennent  d'adresser 
au  Parls^ment  un  manifeste  dans  Iciiuel  ils  s'élèvent  contre  le  projet  de 
relèvement  des  droits  sur  les  bêtes  bovines.  On  trouvera  ce  document 
plus  loin  pai;eA9fl;.  car  notre  devoir  est  {]<>  donner  h  la  liiiiie  des 
herbygers  du  Nord-Est  la  publicité  qu'elle  nous  demande,  comme 
nous  l'avons  fait  piur  les  autres  manifestations.  Nous  ajouterons  que 
la  nouvelle  ligue  se  trouve  en  communion  d'idées  avec  un  certain 
nombre  d  associations  agricoles  d'autres  régions,  lesquelles  ont  de- 
mandé que  le  relèvement  proposé  de  tarifs  ne  s'appliquât  pas  au  bétail 
d'élevage. 

C'est  dans  le  département  des  Vrdennes  que  le  mouvement  dont 
nous  parlons  a  pris  naissance.  Le  Comité  d'initiative  delà  ligne  se  com- 
pose de  Mil.  René  LalT(Ui,  pro|)riétaire  berbagcr  au  Clos-Btrieau, 
commune  de  1  Echelle,  presideiil;  Edouard  lléuiarl,  propriétaire  ber- 
baiier,  maire  à  Rouvroy,  par  Aubiguy  (Ardenne:*),  secrétaire;  Louis 
Giilet,  propriétaire  lurbager,  à  Signy-le-Petit;  Basilide  Frougnut,  pro- 
priétaire lierbager.  maire  au  Tremidois:  Faucillon,  iiroprietaire  lier- 
bager,  à  Signy-le-Pelit;  Abraham,  propriétaire  herbiiger,  à  La  Neuville- 
auX'Jnùlcs  ;  Jonval,  propriétaire  herbager,  à  Rocroi;  Jules  Rirabcau, 
propriétaire  herbager,  à  la  Taillette.  l-es  adbéreats  doivent  justifier  de 
l'importance  de  leur  exploitation  lierbagère. 

IV.  —  Congres  agricole  de  in  Hauie-Marne. 

Le  congrès  départenental  organisé  par  les  Sociétés  agricoles  de  la 
Haute-Marne  s'est  réuni  le  3l>  novembre  à  Chaumont,  sous  la  prési- 
dence de  AI.  Bizot  de  Fonteny,  député.  Cette  réunion  s'est  terminée 
par  l'adoption  des  vœux  suivants  : 

1*  Que  les  tarifs  de  douane  sur  les  denrées  agricoles  soient  élevés  comme  il 
sait  :  Wé,  5  f'r.  par  100  kiloo;.;  !--ei;ile,  orge,  avoine,  3  fr.;  farine  de  froment, 
3  fr.;  —  chevaux,  jumeiils,  60  fr.  par  tète;  bœufs,  40  Ir.;  vaches,  25  tr.;  houvd- 
lons  etgénissfs,  i5l'r.;  moutons.  5  fr.;  porcs  gras,  10  Ir;  porcs  d'élevage,  2  fr.; 
—  viandes  fraîches,  l.'i  fr.  par  100  kilog  ;  viandes  salées,  10  fr. 

2°  Que  le  moment  des  droits  perçus  en  >us  de  ceux  fi\s  par  les  tarifs  actuelle- 
ment en  vigueur,  soit  employ  '  au  dégrèvement  des  charges  qui  pèsent  sur  l'agri- 
ture,  y  compris  les  piestations. 

3"  Que  tous  les  grains  et  les  farines  destinés  aux  approvisionnements  de  l'ar- 
mée soient  de  jiroveianee  Irançaise. 

4°  Que  1  homologation  des  tarifs  dits  de  pénétration  soit  retirée  aux  com;iagnies 
de  chemin  de  fer. 

Ces  vœux  concordent  avec  ceux  qu'ont  émis  la  plupart  des  réunions 
agricoles  et  des  Conseils  généraux  dans  leur  dernière  session.  Le  mou- 
vement agricole  actuel  est  le  plus  imposant  que  l'on  ait  eu  à  constater 
jusqu'ici, 

V.  —  />i  réforme  drs  octrois. 

Parmi  les  réformes  à  apporter  dans  l'organisation  de  notre  régime 
fiscal,  la  suppression  des  octrois  est  une  île  celles  que  l'agriculture 
réclame  avec  le  plus  d'insistance,  et  depuis  longtemps.  La  démonstra- 
tion des  graves  inconvénients  que  les  octrois  apporient  au  commerce 
agricole  a  été  faite  maintes  fois;  c'est  presque  exclusivement  sur 
ces  produits  agricoles  que  ces  droits  sont  établis,  et  c'est  sur  ces  pro- 
duits qu'ils  pèsent  le  plus  lourdement.  Quand  verra-t-on  la  réforme 


484  CHRONIQUE  AGRICOLE   (27  DÉCEMBRE   1884). 

des  octrois?  La  réponse  est  bien  difficile,  et  elle  devient  chaque  année 
plus  h ypolhéliqne.  C'est,  en  effet,  de  ce  côté  que  les  villes  aiment  surtout 
à  clierclier  les  augmentations  de  ressources  dont  elles  ont  besoin.  On 
crée  des  surtaxes  temporaires,  et,  quand  le  temps  pour  lequel  elles 
ont  été  créées  est  passé,  on  les  proroge.  Le  Parlement  approuve  tou- 
jours. C'est  un  projet  de  loi  d'inlérêt  local  ;  cela  se  vote  au  début  d'une 
séance,  quand  les  bancs  sont  à  peine  garnis.  Chaque  année,  nous 
assistons  à  ce  délilé;  c'est  par  dizaines  qu'on  compte  parfois  ces 
créations  ou  ces  prorogations  de  taxes  votées  sans  discussion,  dans 
une  seule  séance.  Le  délilé  constaté  les  années  précédentes  vient  de  se 
reproduire  à  nouveau.  Le  chiffre  des  ressources  demandées  aux  octrois 
augmente  ainsi  constamment,  et  de  plus  en  plus  s'éloigne  le  jour  où 
l'on  pourra  en  demander  la  suppression  ou  la  transformation,  sans 
passer  pour  un  dangereux  utopiste. 

VL  —  Election  à  l'Académie  des  sciences. 
Dans  sa  séance  du  22  décembre,  l'Aeadémie  des  sciences  a  procédé 
à  l'élection  d'un  membre  titulaire  dans  la  section  d'économie  rurale, 
en  remplacement  de  M.  Thénard.  La  section  présentait  la  liste  de 
candidats  suivante  :  en  première  ligne  M.  Reiset;  en  deuxième  ligne 
et  par  ordre  alphabétique,  MM.  Le  Bel,  Dehérain,  Duclaux,  Aimé 
Girard,  Muntz.  —  Sur  55  votants,  M.  Ueiset  a  été  élu  par  l'unanimité 
des  suffr.iges.  On  sait  que  M.  Jules  Ueiset,  agriculteur  à  Ecorcbeliœuf 
(Seine-Inférieure),  s'est  fait  connaître  par  d'inipor:ants  travaux  d'agro- 
nomiri.  no'amment  par  des  recherches  sur  le  fumier  et  sur  plusieurs 
questions  délicates  de  pbysiologie  animale. 

Vit.  —  Le  phylloxéra. 
Le  fléau  qui  atteint  les  vignes  françaises  a  déjà  fait  de  grands  ravages 
dans  les  vignobles  d'Espagne.  Dans  ce  pays,  dont  la  richesse  viticole 
s'est  considérablement  accrue  durant  les  dirnières  années,  la  manhe 
du  pbylloxera  suit  une  rapide  progression.  C'est  p  »r  dizaines  de  mille 
que  l'on  compte  aujour  l'hui  le  nombre  d'hectares  détruits  ou  atteints, 
notamment  dans  la  province  de  Malaga.  H  est  à  craiadre  que,  dans 
quebpies  années,  si  l'on  ne  pir^'ienl  pis  à  enrayer  le  mal,  la  proluc- 
tion  viticole  espagnole  soit  aussi  éprouvée  que  l'est,  depuis  trop  long- 
temps, la  production  viticole  française. 

YIII.  —  Les  vendanges  de  1884  en  Italie. 
La  production  viticole  a  été  faible,  durant  l'année  1884,  en  Italie. 
D'après  la  Gazette  af/icii'lle  de  Ro'ne,  le  résultat  des  vendanges  ne 
serait  pas  supérieur  à  14  millions  d'bectolitr'es.  On  estime  la  produc- 
tion moyenne  de  20  à  V2  'millions  d  hectolitres  ;  en  1883,  la  récolte 
était  évaluée  à  28  raillions  d'iiectolitres.  Les  vendanges  de  1884 
servaient  donc,  non  seulement  bien  au-dessous  de  celles  de  l'année  pré- 
cédente, mais  encore  notablement  inférieures  à  celles  d'une  année 
ordinaire. 

IX.  —  Société  des  agriculteurs  du  Nord. 
La  distribution  solennelle  des  récompenses  pour  les  concours  agri- 
coles organisés  en  188V  par  la  Socié;é  des  agriculteurs  du  Niu-d  aura 
lieu  le  dimanche  *i8  décembre,  à, trois  heures  et  demie,  dans  la  salle 
des  fêtes  de  l'ancien  Cercle  du  Nord,  à  Lille,  sous  la  présidence  de 
M.Méline,  minisire  de l'agriCuUure.  La  Société  décernera  des  récom- 
penses consistant  en  objets  d'art,  médailles  d'or,  de  vermeil  et  d'ar- 


CHRONIQUE    AGRICOLE   (27  DÉCEMBRE    1884).  485 

gent,  et  primes  en  argent  :  I"  aux  fabricants  de  sucre  qui,  par  l'achat 
à  la  densité  ou  à  la  qualité,  ou  par  tout  autre,  moyen,  auront  le  plus 
contribué  à  l'amélioration  de  la  culture  de  la  betterave;  2"  aux  culti- 
vateurs qui  se  seront  distingués  par  la  bonne  tenue  de  leurs  fermes  et 
notainmtint  par  les  méthodes  qu'ils  auront  em|)loyées  pour  la  produc- 
tion et  la  conservation  du  fumier;  '6°  aux  cultiva'eurs  qui,  dans  l'en- 
semlde  de  leur  exploitation,  auront  prouvé  qu'ils  se  sont  le  mieux 
rendu  compte  des  sols  qu  ils  cultivent,  ainsi  que  des  engrais  et  amen- 
dements qui  conviennent  à  leurs  terrains  et  des  époques  où  ces  engrais 
doivent  être  appliqués;  4°  aux  auteurs  de  brochures  dans  lesquelles 
seront  élu  liés  les  moyens  les  plus  efficaces  pour  améliorer  la  betterave 
dans  le  département  du  Nord;  5"  aux  instituteurs  qui,  par  leurs 
enseignements  et  leurs  expériences,  ont  concouru  aux  progrès  agri- 
coles et  spécialement  à  l'anélioralion  de  la  betterave;  6°  aux  vieux 
serviteurs  qui  ont  rendu  les  meilleurs  services  dans  les  exploitations 
agricoles. 

X.  —  Société  nalionale  d'à  climat ation. 

La  Société  nationale  d'acclimatation  de  France  a  tenu  sa  séance 
de  rentrée,  vendredi  dernier,  sous  la  présidence  de  M.  Bouley,  membre 
de  riuslilut.  L'honorable  président,  après  avoir  rappelé  les  travaux 
accomplis  pendant  la  dernière  session,  a  constaté  la  valeur  des  docu- 
ments adressés  à  la  Société.  M.  Raveret-Wattel  a  donné  lecture  d'une 
longue  et  intéressante  correspondance.  —  Eufia,  M.  Pierre  Picbot  a 
entretenu  l'asseuiblé^,  d'unî  espèce  de  cerf  fort  rare,  qui  se  rencontre 
seulement  dans  les  parcs  impériaux  de  Pékin.  Ce  cerf,  appelé  Sni-pou 
sia'^g,  peut  se  voir  actuellement  au  Muséum  et  au  Jardin  d'acclima- 
tation. 

XI.  —  Création  d'un  slud-book  mulassier. 

Nous  avons  signalé,  à  diverses  reprises,  les  efforts  poursuivis  pour 
la  ciéation  de  livres  généaloj^iques  spéciaux  à  diverses  races  pures 
d'animaux  domestiques.  Ces  livres  généalogiques  s'appliquent  surtout 
jusqu'ici  au^  races  chevalines  et  aux  races  bovines.  Une  nouvelle 
tentitive  vient  d'être  faite;  elle  est  due  à  la  Sjciété  centrale  d'agricul- 
ture des  Deux-Sèvres.  Il  s'agit  de  créer  ua  registre  généalogique  des 
races  poitevines  mulassières,  chevaline 'et  asine  ;  il  est  spécialement 
destiné  aux  agriculteurs  des  dépirtements  des  Deux-Sevres,  de  la 
Vienne,  de  la  Vendée,  de  la  Charente  et  de  la  Charente-Inférieure.  Une 
Commission,  co  nposée  de  délégués  de  la  Société  d'agriculture  des 
Deux-Sèvres  et  des  autres  Associations  agricoles  de  ces  départements, 
est  chirgée  d'examiner  les  animaux  présentés,  et  de  les  admettre  à 
l'insciiplion  sur  lestud-book.  Les  inscriptions  comprendi'ont  :  1°  les 
étalons,  pouliches  et  juments,  les  baudets  et  ânesses  de  laracemulas- 
sière,  soumis  à  l'esamjn  de  la  Commission;  2°  les  produits  prove- 
nant de  pères  et  de  mères  préalablement  inscrits.  Une  somme  de  5  fr. 
estpu'çue  pour  l'inscription  de  chiquî  animal.  Les  demandes  d'ad- 
mission doivent  être  adressées  :  pour  les  Deux-Sèvres,  à  M.  Déniau, 
secrétaire  de  la  Soeiété  d'a.çriculture,  h  Niort;  pour  les  autres  départe- 
ments, aux  membres  de  la  Comaiission  permanente. 

Xn.  —  Laboratoire  anlral  agricole  et  conmcrcial. 
M.  Ladureau,  qui  diri.çe  le  laboratoire  central  dont  nous  avons  annon- 
cé récemment  la  création  à  Paris,  nous  prie  de  faire  connaître  à  noslec- 


486  GHRONIQUIi    AGRICOLE    (2?    DÉCEMBRE   1884). 

leurs  qu'il  est  en  mesure  de  leur  rendro  les  services  que  le  laboratoire, 
créé  par  la  Sociélé  des  agriculteurs  de  Fr.ince,  rend  aux  rneuibres  de 
celte  Société.  Il  fera  dé.sormais  toutes  les  analyses  aj^rii-oles  aux.  mêmes 
prix  et  conditions  que  le  laboraioire  précté.  Il  suffit  d'envoyer  les 
échanlillons  dans  dns  tlicons  ou  d  ms  des  boîtes  bien  fermées  au  labo- 
rutoire  central  ogn'colc,  44,  rue,  NoIre-Dime-dej-Victoires,  pour  en 
recevoir  l'analyse  dans  les  (juaranle-luiil  heures.  Cetie  rommunicalioa 
ne  peut  manquer  d'ialéresser  un  grand  nombre  de  nos  lecteurs,  en  ce 
moment  surtout  où  la  culture  cummence  à  s'occuper  de  ses  aciiats 
d'engrais  en  vue  de  la  prochaine  campagne. 

XIII. —  Création  de  prairies  permanentes  et  temfioraires. 

On  86  préoccupe,  dans  beaucoup  de  régions,  de  la  création  de  prai- 
ries temporaires  et  pennanenles.  La  (pioslion  du  choix  des  graines  à 
employer  est  assez  délicate.  Nous  ap^irenons  que  M.  Jean  Gaudet, 
lauréat  de  la  prime  d'honneur,  à  IMagueux-le-Gabion,  par  Moniront 
(Loire),  dispose  d'assez  grandes  quanlilés  de  g  aines  de  bonne  (jua- 
lilé  Ces  graines,  géneraleinoul  connues  sous  les  noms  de  fli'ur  •h-  fain, 
graine  de  foin^  ffinsse,  proviennent,  de  la  récolle  des  foins,  faite  en 
^883  sur  des  praii'ies  nouvellemenl  créées,  et  ensemencées  avec  des 
graines  très  pures  et  suivant  des  mél  mges  raisonnes.  Elles  sont  pur- 
gées de  tous  les  débris  de  foin  et  des  poussières  par  un  appireil  bluieur 
et  secoueur  qui  les  livre  prêles  à  ôire  semées.  La  quantité  nécessaire 
par  heitare  est  d'environ  VOO  kilog.  ;  le  semis  peiil  avoir  lieu  à  l'au- 
tomne ou  au  prinîem|)s;  un  coup  île  herse  et  un  roulage,  énergi(iue 
sont  nécessaires  pour  assurer  une  bonne  germination.  Les  graines  sont 
livrées  en  sacs,  sur  wagon  en  gare  de  départ,  au  prix  de  40  fr.  les 
100  kilog. 

XIV.  —  Police  sanitaire  des  animaux. 

•^ar  un  décret  en  date  du  13  dé^^embre,  l'article  39  de  la  loi  sur  la 
policd  sanitaire  des  animaux  a  été  rendue  applicable  dans  le  dépirte- 
menl  de  !a  Haute-Saône.  Ot  article  e.-<t  ainsi  conçu  :  «  Les  communes 
où  il  exi»i3  des  foires  et  marchés  aux  chevaux  el  aux  bestiaux  seront 
tenues  de  p^-époser  à  leurs  frais,  et  sauf  à  se  rembourser  pur  l'étahlis- 
semenl  d'une  taxe  sur  les  animaux  amenés,  un  vétérinaire  pour  l'ins- 
pection sanitaire  des  animaux  conduits  à  ces  foires  et  marchés.  Cette 
défiense  sera  obligatoire  pour  la  commune.  Le  Gouvernement  (loiirra, 
sur  l'avis  des  coa.>eils  généraux,  ajourner  par  décret  dans  les  :ieparte- 
menls  l'exécution  de  celle  mesure  pendant  une  période  de  six  années, 
à  partir  de  la  promulgalion  de  cette  loi.  »  La  Hanle-Siône  était  Jus- 
qu'ici au  nombre  des  déparlements  dans  lesquels  1  application  de  cette 
mesure  a  elé  îijournée. 

XV.  —  Destruction  des  mulots. 

Dans  la  dernière,  séance  de  la  Soe.iélé  centrale  d'agriculture  du  Pas- 

,de-Calais,  M.  (Jomon,   professeur  département  il  d'agriculture,  a   l'ail 

connaître  que  les  mulots  exercent,  dans  les  arrondissemenls  de  iMun- 

, treuil  el  de  Saiul  Pul,  des  ravages  considérables.  Voici,  sur  ce  sujet, 

un  extrait  du  pr(jcès-verbal  de  la  séance  : 

«  Les  cullivalears  sonl  réduits  à  d-inandei'  au  préfet  un  arrêté  perinettan'  aux 
pharmaciens  k  vente  de  préparations  arsenicales.  La  destiiictinn  des  mulots  par 
l'arsenic,  est,  il  est  vrai,  uue  opéraiion  assez  dangereuse,  mais  c'est  la  saule  qui 
donne  de  bons  résultats.  Il  indique  à  eu  propos  la  recette  suivante  :  «  On   preud 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (27   DÉCEMBRE    18S4),  487 

10  litres  de  blé  que  l'on  fait  macérer  psnianf  plusieurs  heures  dans  une  eau  coa- 
tenant  par  litre  60  grammes  de  mélisse,  on  retire  le  b'é  et  on  le  liiss»  séclier 
jusqu'à  ce  qu'il  devienne  collant:  on  le  roule  alors  dans  30  grammes  d'arsenic, 
puis  dans  600  grammes  de  larine  de  blé.  Oi  prfud  avec  une  spatule  rinq  ou 
six  des  praUnis  aiusi  formées  et  on  les  plaça  dans  un  trou  que  l'on  a  soin  de 
boueherd'un  coup  de  talon.  Il  faut  environ  10  litres  de  blé  pour  un  hictare.» 

On  peut  ajouter  que  le  sulfure  de  carbone  a  rlonné  d'excellents  ré- 
sultats aux  environs  de  Rouen  et  dans  le  dépirlement  de  S>3ine-et- 
Marne  le  Journal  a  publié  le  résultat  d'essais  concluants  à  cet  égarJ. 
XVI.  —  VlUisalion  des  cidavres  d'animaux 

Dans  la  même  séance  de  la  Société  d'agriculture  du  Pas-de  Calais, 
M.  Pagnoul,  directeur  de  la  station  agronomique  d'Arras,  a  fait  con- 
naître les  résultais  de  ses  estais  suc  lappliciiion  du  procédé  de 
ftL  Aimé  Girard  pour  utiliser  les  cadavres  d'animaux,  morts  : 

«  M.  Pagnoul  appelle  l'atlention  de  la  Société  sur  les  nouveaux  procédés 
empliiyés  pour  la  desirujtion  des  amminx  m  )rts  et  leur  transf  trmitioaen  en^'iais 
à  l'aide  de  l'acide  sulfuri  (ue  et  des  phospliates.  Ces  procédés  avai-^nt  déjà  été 
essayés,  mais  sans  grands  |)ro(its,  il  j  a  ua  certain  nombre  d'années,  par 
M.  Decrombecque  et  dans  les  fabriques  d'engr*is  de  G^juy  et  de  Gjrbiliem.  Plus 
récemment  M.  Aimé  G-irard  les  a  moditiés  et  rendus  pratiijues. 

«  M.  Pagnoul  présente  les  produits  qu'il  a  obtenus  en  traitant  le  corps  d'un 
jeune  mouton  parle  procédé  (jir.ird  Le  li  qui  le  aciie  dins  lequel  l'animil  a  été 
dissous  a  été  partagé  e-i  deix  pirlies  égiles  .^ui  ont  reç  i  l'une  du  n  dr  de  blutage 
en  poudre  fine,  l'autre  un  pliosphite  niturel  assez  pauvre,  en  pou  Ire  impalpible. 

11  a  lallu  pour  obtenir  une  rn  isse  solide  et  puUéruIenie,  un  poils  de  noir  é;^al 
au  poids  de  l'acide  et  un  poids  de  phosphate  beaucoup  plus  grani.  Les  engrais 
obtenus  contenaient  pour  100  : 

Avec  le  noir.    Avec  le  phosphate. 

Acide  phospliorique  so'uble 12.20  7.6(5 

Acide  phjsphoriqae  insoluble 1 .50  l.!*0 

Azjle ■•• 0.8S  0.39 

«  Le  détail  des  opérations  et  des  analyses  sera  publié   dans  le'  Bulletin   de  I 
Station.  )i 

Après  des  observations  présentées  par.M.  Viseur  et  par  M.  Dangréau, 
la  Sijciété  a  émis  le  vœ  i  que  ce  pi'ucédé  fût  adopté  dans  les  abattoirs 
et  dans  les  établissements  d'équarrissage. 

XV IL  —  Hommage  rendu  à  M.  Banal. 

Nous  recevons  communication  de  l'extrait  suivant  du  procès-verbal 
de  la  dernière  séance  de  la  Société  centrale  d'agriculture  de  l'Aveyron  : 

«  La  Société  centrale  d'agriculture  de  l'Aveyron,  qui   s'honorait  de  coTipter 
M.  Barrai  au  nombre  de  ses  membres,  vuulan    donner  un  temoig  lage  public  de 
sa  piofoode  estime  et  de  ses  regrets  pour  l'homme  é  niuent  qu'e  le  a  perilu,  on 
faii  parvenir  l'e.K  ir 'ssion  au  Jo'i  n  d  d-.  l''igrca  t'ire  dont  M.  Barrai  lutlefouJa-. 
leur  et  qui  était  demeuré  l'organe  de  >a  pensée.  » 

Le  président  de  la  S  ici''-té  d'ayricuUare,  ■         Le    s^c  élaire, 

VtMNlIliS.  E.    L. 

Nous  remercions  vivement  les  agriimlteurs  de  l'Aveyron  de  l'iicm- 
mage  qu'ils  ont  tenu  à  re:idrjau  uiiître  ijue  nous  regrettons. 

XVIIL  —  yonmlles  des  récd'es  et  des  traviux  afjHcoles. 
Voici  une  note  (\m  M    Nan'ier,  directeur  de  la  station  agronomique 
d'Amiens,  nous  e:ivoie,  à  la  date   du  20  décemiire,  sur  les   semailles 
et  les  travaux  agricoles  dans  le  département  de  la  Somme  : 

«  La  lerapéialure  s'est  forrement  abaissée  dans  la  d'-rnière  quinzrne  de  dé- 
cerabie,  pendai  t  laquelle  les  miiiima  ont  été  au-dessous  de  zéro,  ^ans  cepcn^ 
daut  dépasser —  k°.'^.  La  température  miyeuue  du  mois   est  aussi    relaliviment' 


488  'GHRONIQUK  AGRICOLE  (27    DECEMBRE  188't). 

bas'se,  piii«!qu'elle  est  inférieure  de  3°  à  la  moyenne  générale.  Cet  abaissement  de 
tera  .ératuri!  a  été  des  plus  heureux,  en  perrcettant  de  continua  et  de  terminer 
les  travaux  açjricoles  et  en  provo{[uant  un  temps  d'ai'êt  dans  la  végétation,  qui 
aurait  pu  snulïnr  ulté'ienrement  des  froids  qui  se  produiront  jus  |u'hu  printemps. 
La  iiluie  a  été  très  inégalement  répartie  sur  le  département.  La  hauteur  totale 
d'eau  varie  de  5™"  à  SB""'". 7  et  partout  la  quantité  de  iduie  tombée  est  de  beau- 
coup intérieure  à  la  moyenne  générale  qui  est  de  69"""  5,  soit,  une  diUeience  de 
plus  de  30"""  en  moins.  Le  mois  a  donc  été  relativement  ^ec,  le  nombre  de  jours 
de  pluie  n'a  pas  dépns-^é  14  et  s'est  maintenu  généralement  au-dessous  de  10. 

«  Tous  les  travaux  relatifs  aux  S"mailies  se  sont  faits  dans  de  lionnes  condi- 
tions, grâce  à  la  sécheresse  relative  de  ce  mois  et  aux  quelques  jours  de  gelée 
qui  sont  venus  heureusement  faciliter  les  charrois  et  les  labours;  ausi-i,  dans 
beaucoup  d'endroiîs  même,  les  façons  pour  les  semailles  de  mars  sont-elles 
presqurt  terminées.  Les  conditions  climatériques  de  novembre  ont  donc  été  très 
favorables  à  l'agriculture.  » 

Sur  la  situation  agricole  dans  le  Morbihan,  M.  Gy  de  Kerrnavic  nous 
adresse  la  note  suivante,  à  la  date  du  18  décembre  : 

«  Les  récoltes  en  terre  n'  ont  pas  eu  trop  à  souftiir  de  la  pluie  continuelle  qu'il 
y  a  eu,  lateireen  avait  fort  besoin.  On  continue  à  ramasser  les  feuilles  pour 
litières  le-!  plu-s  sèches  quant  aux  autres,  on  les  met  dans  les  chemins  pour  les  broyer 
a(in  d'en  mélanger  avec  le  fumier  d'étable  pour  fumer  les  prairies.  On  répare 
les  tilus  qui  enclosent  les  champs,  on  fait  aussi  la  coupe  des  bois  de  3  à  6  ans  et 
on  coupe  les  branches  ;  on  lait  aussi  des  fossés  à  écoulements  pour  les  eaux.  » 

Voici  les  appréciations  que  M.  Maurice,  secrétaire  de  la  Chambre 
consiiliative  d'agriculture  dt;  Vitry-le-Franeois,  nous  envoie  sur  la 
situation  agricole  dans  la  iMarnc  : 

«  La  période  pluvieuse  continue.  La  pluie  était  nécessaire  pour  alimenter  les 
sources  presque  mises  à  sec  par  la  sécheresse  persistante  du  trime- tre  précé- 
dent; mais  sa  continuité  commence  à  gêner  sérieusement  les  cultivateurs,  car 
il  exi-te  quantité  de  travaux  d'extérieur  (labours  préparatoires,  transport  des 
engrais,  exploitation  des  bois,  etc.,  etc.),  en  soullrance.  Néanmoins  il  faut  dire 
que  son  influence  a  été  excellente  sur  toutes  les  emblavures,  elle  a  f.i-vorisë  la 
lovée  des  derniflis  blés  et  causé  le  débordement  des  rivières;  la  crue  de  la  Marne 
n'a  pas  été  sensible.  On  se  plaint  dans  plusieurs  cantons  des  dégâts  causé-  aux 
blés  par  les  corbeaux  et  les  souris.  Les  prix  de  vente  du  bétail  (animaux  de  bou- 
cherie et  autres)  ont  subi  une  forte  diminution  pendant  les  trois  derniers  mois; 
les  producteurs  n'y  trouvent  plus  leur  compte.  Le  qui  n'empêche  nullement  les 
bouchers  de  débiter  la  viande  abattue,  1  fr.  80  et  2  fr.  le  kilog.  (bœuf  et  veau). 
Je  ne  dis  rien  des  céréales  et  des  farines,  nos  marchés  suivant  les  cours  de  Paris. 
En  résumé,  mauvaise  campagne  pour  les  cultivateurs  dont  la  bonne  humeur  s'en 
va  avec  IfS  bénéfices.  Les  pnpulations  rurales  verraient  avec  plaisir  les  Chambres 
aborder  au  plus  vite  les  propositions  faites  en  leur  faveur  parle  gouvernement.» 

Nous  nous  trouvons  encore,  durant  cette  semaine,  sous  l'intluence 
de  pluies  prolongées,  de  bourrasques  et  de  vents  violents,  avec  quel- 
ques alternatives  de  jours  un  peu  plus  froids.  La  région  du  sud-est  est 
à  peu  près  la  seule  qui  échappe  à  cette  situation;  c'est  cependant  la 
partie  du  pays  où  le  besoin  d'eau  se  fuit  le  plus  vivement  sentir. 

Henuy  Sagmer. 

PISGICULTUPtE 

S'il  est  une  chose  lUilf  et  agréable,  c'est  certainement  la  pisciculture. 
Utile,  car  elle  a  pour  oitjet  l'exploitation  économique  des  poissons,  ces 
habitants  naturels  des  trois  qutirls  de  notre  planète.  Agréable  comme 
tout  ce  qui  nous  laisse  entrevoir  quelque  chose  du  grand  mystère  : 
l'origine  de  la  vie,  le  développement  de  1  être  créé. 

Le  poisson  est  un  des  aliments  les  plus^ains,  les  plus  abondants 
dont  l'homme  puisse  se  nourrir.  Multiplier  cet  aliment,  le  mettre  à  la 
portée  de  tous,  luire  du  poisson  comme  on  lait  du  bœuf  ou  du  mou- 


PISCICULTURE.  489 

ton,  voilà  un  problème  qui  se  pose  aux  philanthropes  comme  aux 
spéculateurs. 

L'élen  lue  dd  ses  côtes,  li  surfice  considérable  occupée  par  ses  lacs, 
ses  étangs,  ses  cours  d'eau,  Ibat  de  la  France  une  nation  piscicole  au 
premier  chef.  M.  Chabol-Karlen,  notre  savant  maître,  signalait  le  peu 
de  lecondiié  de  nos  eaux  douces,  comme  équivalent  à  la  stérilité  du 
plus  grand  des  quatre-vingt-six  départements. 

Le  poisson  disparaît  et  peu  d  hommes  s'en  préoccupent  chez  nous; 
tandis  (|u'en  Allemagne,  en  Angleterre,  en  Italie,  en  Autricbe,  la  pis- 
ciculture, cette  science  toute  française,  a  conquis  ses  droits  de  cité  et 
pris  place  parmi  les  facteurs  les  plus  importants  de  la  richesse 
nationale. 

La  décroissance  de  la  population  de  nos  eaux  peut  être  attribuée  en 
grande  partie  au  déboisement;  nombre  de  cours  d'eau  qui  roulaient 
des  masses  d'eaux  courantes  sont  réduits  à  de  simples  filets;  certaines 
sources  intarissables  se  dessèchent  maintenant  à  la  suite  des  plus 
courtes  sécheresses.  Les  crues  sont  plus  fréquentes  et  surtout  plus  vio- 
lentes. Il  résulte  de  ces  deux  effets  contraires  des  déboisements,  que 
tantôt  les  poissons  sont  à  sec,  tantôt  leur  frai  ou  leurs  alevins  sont 
souvent  entraînés  par  des  eaux  torrentueuses. 

Le  remède,  facile  à  trouver,  laissera  longtemps  encore  attendre  ses 
bons  eiîets,  et  pendant  que  nos  crêtes  se  recouvrent  de  massifs  fores- 
tiers, il  importe  du  moins  d'assurer  la  protection  des  œufs  et  des 
jeunes  poissons  contre  les  crues  trop  violantes;  nous  verrons  bientôt 
que  la  pisciculture  artificielle  répond  à  ces  deux  desidcr  ita. 

Quant  au  dessèchement  altcrnalif  des  étangs,  tel  qu'il  s'exécute  en 
Bresse,  s'd  estun  obstacle  à  l'améaagimeit  rationnel  des  eaux,  il  peut 
produire  des  bénéfi  ;es  culturaux  assez  importants  pour  qu'on  n'espère 
pas  voir  de  sitôt  disparaître  une  pratique  contre  laquelle  on  s'est 
élevé. 

L'établissement  de  nombreuses  écluses  et  d^  barrages  abrupts  em- 
pèclie  les  poissons  migrateurs  de  remonter  Vr-rs  leurs  frayères  natu- 
.  relies,  c'est-à-dire  vers  les  sources.  Les  échelles  à  saumons  sont  un 
des  moyens  les  plus  eflicaces  pour  surmonter  celte  difliculté. 

Li  canalisation  des  cours  d'eau  a  puissamment  coatribuéà  la  des- 
truction des  poissons.  Les  faucardiges  fréquents  suppriment  les  herbes 
aquatiques  qui  sont  indispensables  à  la  vie  des  espèces  phytophages 
et  sont  presque  toujours  un  lit  naturel  pour  les  œufs  de  perches, 
de  cyprins,  etc. 

Les  rives  des  canaux,  dépouillées  d'arbres  à  branches  tombantes, 
n'offrent  aucun  ombrage;  les  racines  ne  servent  plus  ici  de  soutiens 
aux  pirois  des  retraites  souterraines  qu'affectionnent  nombre  d'es- 
pèces. Enlîn  les  infectes  qui  pullulent  sur  les  bords  ombragés  et  sont 
une  abondantes  pâture,  suKisent  à  peine  pour  nourrir  quelques  mai- 
gres cabolins  (meuniers).  La  navigation  à  vapeur,  par  les  remous  des 
roues  et  de  l'hélice,  détache  les  œufs,  les  entraîne  et  les  détruit. 

En  p'éjence  des  deux  genres  de  destruction  que  nous  venons  d'ex- 
poser, on  aura  nécessairement  recours  à  l'aménagement  rationnel  des 
eaux,  à  la  multiplication  artilicielle,  à  la  crèition  des  abris  indispen- 
sables. 

S.fuvent  des  propriétaires  ne  tiennent  pas  compte  dans  leurs  essais 
de  repeuplement  des   affinités  naturelles  des  espèces;  on  met  de  la 


490  PISCICULTURE. 

truite  d:ins  les  eaux  où  la  carpe  seule  peut  vivre;  on  associe  le  bro- 
chet et  la  perche  sans  leur  offrir  assez  de  menuaille  pour  se  subvenir. 
Pour  répéter  le  mot  d  un  pisciculteur,  «  on  attache  des  chevaux  devant 
un  (atelier  vide.  »  Il  fuut  donc,  et  avant  tout,  bien  connaître  ki,  nature 
de  IVau,  ses  extrêmes  températures,  sa  flore  et  sa  faune. 

A  côté  de  toutes  ces  causes  de  décroissance,  il  en  est  deux  qu  une 
législation  plus  sé\ère  ou  mieux  appliquée  pourrait  certainement  faire 
disparaître;  nous  voulons  parler  de  rinléction  des  eaux  par  les  résidus 
industriels  et  du  maraudage.  (]e  sont  là  deux  sujets  sur  lesquels  nous 
reviendrons  plus  tard,  si  nos  lecteurs  veulent  bien  nous  accorder 
quelque  attention.  Jules  Tardy, 

Diplômé  de  l'ItisLtut  na'ional  agrononriiqtie, 
sous-di' ecteiir  de  la  leniie-ecolc  de  La  Jioche  (Doubs). 

P. -S.  —  Si  quelques  personnes  désiraient  tenter  elles-mêmes  des 
multiplications  de  truites,  nous  nous  tenons  à  leur  disposition  pour 
leur  fournir  tous  les  renseignemenls  utiles;  dans  ce  cas,  elles  nous 
adresseraient  leurs  lettres  à  la  ferinc-ecole  de  La  Roche,  par  Marchaux 
(Doubs). 

LIGUE  DES  HERBAGERS  DU  NORD-EST 

Pétition  au  Parlement  contre  la  surélévation  des  d' oits  d'entrée  sur  le  bétail  étranger 
et  en  faveur  de  la  libre  pratique  du  commerce  des  bestiaux  de  Tespèce  bovine  avec 
les  pays  voisins. 

Les  soussignés,  tous  propriétaires  ou  fermiers  d'iierbai^es,  éleveurs  et  embou- 
cheuis  delà  rtgion  du  Nord-Bsl,  juslifiant  de  leur  qualité  et  de  l'imporlance  de 
leursexpluilaliOMS  par  des  attestations  r.  gujièies,  viennent  protester  énergiqueraent 
contre  le  projet  de  loi  tendant  à  relever  les  droits  d  entrée  sur  le  bétail  étranger. 
Ils  estiment  (jue  la  mesui'e  projetée,  loin  de  venir  en  aide  à  l'agrienltuie,  lui  «eiait, 
au  contraire,  |  rufondéraent  nuisible,  en  ce  qu  elle  aiteindiait  dans  ses  sources 
et  dans  sesdébouchés  rengiaissemeut  du  bétail  à  l'Iierbage,  et  amrnerait  en  défi- 
nitive une  nouvelle  dépréciation  de  la  propriéié  foncière  déjà  si  gravement 
atteinte. 

Quel  but  Fe  propnse-t-on  ?  —  f'avoriser  l'élevage  du  gros  bétail.  —  Mais  est-il 
en  souflumce?  —  Nullement.  Tandis  que  la  culture  des  céicales,  la  pioilnction  de 
la  betterave  et  l'élevage 'lu  'nouion  devenaient  de  moins  en  moins  rémunérateurs, 
la  valeur  des  animaux  de  l'espèce  bovine  n'a  cessé  au  contraire  de  suivre  une 
marche  ùonslamment  ascendante.  Partout  cil  l'on  fiil  de  bon  bétail,  on  le  vend 
hors  de  prrx.  Les  marchés  de  l'Ouest  et  du  Centre,  où  l'on  trouve  les  remar- 
quables races  normande,  ranncelle,  nivernaise,  cliarolaisp,  etc.,  sont  devenus 
presque  inaliorilables  Dans  l'Esl,  les  couis  sont  ég<ilement  élevés.  De  touies  Its 
iDranelies  a-gricoles,  l'élevage  est  la  seule  pi  espère,  c  est  celle  quia  le  moins 
besoin  d'eue  protégée. 

Quant  a.x  pays  oij  l'élevage  n'est  pas  encore  aussi  rémunérateur,  c'est  que  par 
routine  ou  par'  incurie  on  n'y  fait  que  des  ani  naux  médiocres.  Le  remède  n'est 
pas  de  cens  iiuer  une  sorte  de  privilège  à  une  produciion  inférieure  qui  ne  peut 
donner  que  des  bénéfices  insulfisants,  mais  de  pousser  à  la  transfoimation  des 
races  |iar  l'introilucliou  de  types  plus  partaits.  El  pour  la  région  du  JStird-Est  en 
particulier-,  la  mesure  la  plus  piolitalde  consrsterait  à  faciliter  l'impoilalion  de 
reproducteurs  et  de  iemies  animaux  des  meilleures  races  de  Bclgii|ue  et  de  Hol- 
lande qui  reus  isseni  si   bien  dans  nos  climals. 

La  mesure  projetée  vadoirc  directement  cnntre  le  but  qu'on  se  propose.  De  plus 
elle  aui'ait,  dans  mie  notab  e  partie  du  pa^s,  les  plus  désas:reuses  conséquences 
pour  l'industrie  si  inipor  tante  Je  l'exploitaliori  irci  bagèie. 

Pour  loiile  la  légion  fonlière,  composée  des  de  artiments  duNoid,  de  l'.-Visne, 
des  Aidennes  et  de  la  Meuse,  région  qui  comprend,  sur  une  longueur  de 
'MO  ki'.Oinèires,  le  plus  vaste  ensemble  de  pàtuiages  i|ui  soit  en  Fr.ince,  les  pays 
voisins  sont  à  la  fors  un  ceniie  d'approvisiouneracnt  pour  le  bétail  maigre  et  un 
marché   d'ecnilement  p.iur  le  b'tail  gras. 

Cette  sitiiatinn  est  forcée.  Elle  est  commandée  à  la  fois  par  les  circonstances 
éconoiniiiues  et  p^r  la  position  géo:,M'aplii que  des  li-ux. 

Par  suiij  des  prix  très  élevés  atteints  par  le  bétail  dans  les  pays  d'élevage  du 


LIGOE  DES  HERBAGEUS  DU  NORD-EST.  491 

Centre  et  de  l'Ouest,  dont  il  a  éié  parlé  tout  à  l'heure,  et  à  raison  de  l'importcfice 
des  Irais  di;  transport,  les  herbigfisdu  Nord-En  ne  pouveil  tirer  de  ces  contrées 
qu'une  l'aible  pai  tie  des  bestiaux  dont  ils  ont  besoin.  D'autre  part,  la  production 
local  e,  dont  les  cours  sont  d'ailleurs  égalfinent  élevés,  étant  néi;essairement  insuf- 
fisan'e  à  fournir  de  bétail  maign  les  giandes  élenlues  de  pâturages  d'embou- 
che de  la  région,  les  heibagers  sont  et  resteront  dans  la  nécessité  d'allei'  chercher 
le  complément  i|ui  leur  est  nécessaiie  dans  la  Belgi(|ue  et  la  Hollande,  et  plus 
pailicnlièreraent  sur  la  frontière  b-lge  où  ils  trouvent,  pres.jue  sans  Irais  de 
transport,  de  bon  bétail  à  un  piix  encore  abonlablf. 

Celte  siiuation,  qui  résulte,  répétons  le,  de  i'insiifrisaucc  f  ircée  de  i'clevag'e 
local  et  du  prix  irès  élevé  du  bétail  françtis,  est-elle  fâcheuse  au  point  de  vue 
économique?  |iorte-t-elle  atteinte  eux  intérêts  français? 

A^surémeot  non,  puisque  le  béiad  miigre  n  est  pour  l'herbager  qn'um 
mniii-ie  pr-  miP'e  ']u\\  transforme  en  viande  sur  ses  pàtnrage-î,  et  qo'en  livrant 
à  la  consoiamition  son  produit  transformé,  il  enrichit  en  définitive  i'éparoTie 
française  de  toute  la  [ilus-value  obtenue. 

Avec  les  dimls  prop  )sés,  cette  source  nécessaire  de  notre  aporovisionn  ement 
se  trouverait  à  peu  près  taiie.  Le  droit  de  15  francs  p  ir  bœuf  et  de  8  Irancs  par 
vache  était  déjà  une  charge  sensib.e,  un  droit  de  50  ou  60  francs  sciait,  en 
quelijue  soi  te,  p^ohibitil.  Oi  n'achètera  plus  en  Belgique,  nu  on  y  achètera 
extrêmement  peu.  Et,  remarquons-le,  ce  ne  sont  pas  seulement  les  herhajers,  qui 
se  fournissent  pour  tout  ou  pour  partie  de  bétail  belge,  qui  sou'friront  de  cette 
mesure.  Ceux  mèiues  qui  n'acliètent  habituellem"nt  que  du  bétail  fançais  en 
subiront  tout  autant  les  conséquences,  car  l'une  des  sources  d'afiprovisionnement 
se  trouvant  fermée,  et  presque  tous  les  acquéreurs  éiant  re|etes  sur  le  mè  ne 
marché,  la  hausse  des  prix,  déjà  trop  élevés,  s'imposera  aux  uns  aussi  bien 
qu'aux  autres. 

L'eX|doitation  herbagère  ne  peut  supporter  sans  péril  cette  aggravation  de 
charges.  Depuis  assez,  longtemps  déjà,  les  herbagers  ont  vu  dininuer  <i  année  en 
année  leur  bénéfices  à  raison  do  renchérissement  de  leur  matière  première  c'est- 
à-dire  du  bétail  maigre.  Aojourd'hui  l'industrie  agricole  de  l'embouche  à 
l'herbage,  dernière  ressource  des  propriétaires  qui  ne  tiouvent  nlus  de  fermiers 
et  des  cultivateurs  qui  ne  peuvent  plosse  tirer  d  affaire  avec  le  blé  et  la  betterave, 
l'industrie  de  l'embouche,  disons-nous,  n'est  p'us  que  très  strictement  n'muné- 
ràtrice  de  la  valeur  locative  du  sol  augmentée  de  l'intérêt  du  ca  uial  engigc.  Pour 
peu  qu'on  en  aggrave  les  conditions,  elle  deviendra  aussi  improductive  que  la 
culture  des  céréales! 

En  l'éiat,  ladoption  des  droits  prohibitifs  proposés,  ou  l'augmentation  dans 
une  mesure  queicon  (ue  des  droits  existants  et  le  renchérissement  dn  bétail 
maigre  fiançais,  qui  en  serait  la  conséquence,  devien  raient,  pour  les  dé^jaite- 
ments  herbagers  du  Nord-Est,  une  véritable  calamité. 

Dira-t  on  ([ue  les  herbagers  seraient,  [.ar  compensation,  débarrassés  de  la  con- 
currence du  bétail  gras  é'r.mger?  Qu'il*  retrouveraient  à  la  vente  l'augmentation 
de  prix  (|u'ils  auraient  dû  débourser  à  l'a  quisiiion. 

'  S'il  en  devait  être  ainsi,  si  les  cours  du  bétail  iiras  devaient  hausser  sensiblement, 
la  mesure  serait  encore  plus  n  fasie  pour  l'intérêt  généial.  puisqu'elle  aurait 
pour  conséquence  l'auginentaiinn  de  la  viande,  dont  les  prix  (90  centimes  dans 
les  campagnes,  1  fr.  dans  les  villes)  sont  déjà  très  élevés  pour  la  masse  dus  con- 
somraateuis. 

Mais  tous  les  gens  du  métier  savent  que  le  prix  de  vente  du  bét<il  gras  ne 
dépend  que  dans  une  très  lail)|p  m^sore  du  prix  d-i  l'aquisition  du  bétail  maigre. 
On  l'a  bien  vu  cette  année  même  oii  les  herbagers  ont  a  heté  1res  ciier  et  vendu 
bon  marché,  sa  s  que  d'ai  leurs  la  boucherie  ait  pour  cela  dininué  ses  prix. 

Quant  à  la  p-  rspective  d'écarter  la  concurrence  étrangère,  c'est  une  puie  liction. 
Dans  la  plus  grande  partie  di^  la  Fiance,  il  n'  y  a  pas  de  concurrence  étran- 
gère pour  la  viande  grasse.  S'il  entre  des  bœufs  tardes,  c'est  seuleineni  dans  la 
partie  du  Midi  oii  la  p'oduction  est  iiisu!ri~ante,  et  ce  n'est  qu'exceptionnellement 
qu'on  en  voit  paraître  qoe|,|urs-uns  sur  le  inarcliéde  Pans.  Mais  pour  b  Centrv,! 
l'Ouest,  et  la  région  du  Nord-Est  il  n'y  a  pas,  à  jiroprement  parler,  d'importation 
de  viande  étrangère. 

Tout  au  contraire,  c'est  la  France  qui  produit  an  delà  de  ses  besoins  et  exporte 
à  l'étranger.  Pour  le  Nord-Est  en  particulier,  de  même  que  l'élevage  local  ne 
saurait  fournir   assez   de   bétail  miigre   pour  garnir  l'étendue   des  herbages  eu 


492  LIGUE   DES    HERBAGERS    DU   NORD-EST. 

exploitation,  de  même  la  consorarnation  locale  ne  suffirail  pas  à  absorber  toute 
la  viande  produite:  et  cette  situation  ne  fera  que  s'accentuer  par  suite  de  la  créa- 
tion incessante  de  nouveaux  pâturages. 

Lavéïité  est  donc  que  les  nouveaux  droits  d'entrée  sur  le  bétail  étranger,  ou 
raugmentiilioQ  de  prix  correspondanie  pour  les  besliaux  achetés  en  Fra  'ce 
resteraient  purement  et  simplement  à  la  charge  de  ceux  qui  les  auraient 
déboursés,  et  que  par  suite  de  cet  e  aggravation  l'herbager  achetant  plus  cher  et 
vendant  au  même  prix  qu'auiourJ'hui,  se  t'ouvnrait  en  perte  sur  la  situation 
actuelle  qui  n'est  déjà  que  médiociement  satisfaisante  et  appelle  impérieusement, 
non  l'augmeiitaiion  des  dmits,  mais  leur  suppression. 

11  y  a  |]lus.  On  vient  de  voir,  dans  la  région  du  Nord-Est  au  moins,  qu'il  y  a 
surproduction  de  viande.  L'excédent  de  la  consommation  locale  ne  ]ieut  être 
dirigé  sur  le  marché  de  Paris  qui  e>t  éloigu'î  et  très  abondamment  pourvu  par 
d'autres  sources  d'approvisionnement.  Le  bétail  gras  qui  n'a  pas  été  acheté  par  la 
boucherie  de  la  région  est  envoyé  au  marché  de  Bruxelles  qui  est  plus  rapproché, 
moins  encombré  et  dont  les  conditions  de  vente  sont  généralement  beaucoup  plus 
favorables.  C'est  là  que  s'écoule  presque  tout  le  I  étail  non  encore  vendu  en  fin 
de  saison,  et  la  Belgique  en  reçoit  chaque  année  des  quantités  très  importantes. 
C'est  la  planche  de  salut  des  emboucheurs  de  la  légion. 

Avec  les  droits  proposés  cetie  ressource  leur  est  enlevée. 

Si  l'herbager  français  voit  augmenter  ses  prix  de  revient  et  se  trouve  grevé 
directement  ou  indirectement  d'un  droit  que  n'a  pas  à  supporter  le  product(^ur 
étranger,  il  est  bien  évident  qu'il  ne  pourra  plus  lutter  à  armes  égales  avec  celui- 
ci,  il  devra  renoncer  à  ailer  lui  faire  concurrence  sur  les  marchés  du  dehors.  Il 
sera  dans  l'impossibilité  absolue  d'exporter  l'excédent  de  ses  produits;  et  la 
supfiression  de  cette  faculté  le  laissant,  sans  compensation  aucune,  à  la  discrétion 
des  bouchers  et  des  intermédiaires,  il  pourra  voir  ses  prix  de  vente  baisser  tandis 
que  ses  piix  de  revient  se  seront  élevés.  Cette  protection  à  rebours  constituerait 
ainsi  pour  lui  une  double  cause  de  ruine. 

Au  moment  où  les  agronomes  les  plus  compétents  aussi  bien  que  les  praticiens 
reconnaissent  que  l'agriculture  proprement  dite,  c'est-à-dire  la  culture  des  céréa- 
les, ne  donne  plus  de  bénéfices,  si  même  elle  ne  laisse  le  producteur  en  perte,  au 
moment  où  l'on  engage  les  propriétaires  et  fermiers  à  transformer  partout  où 
faire  se  peut  leurs  terres  arables  en  pâturages,  est-ce  ben  le  cas  de  ruiner  dans 
une  notable  partie  du  pays  et  sans  profit  pour  personne  le  dernier  mode  d'exploi- 
tation que  l'on  présente  au  cultivateur  comme  une  su,rême  ressource  1 

Les  soussignés  n'ignorent  pas  que  quelques  vœux  contra  res  aux  conclusions  de 
la  présente  pétition  ont  été  émis  par  plusieurs  sociétés  ou  réunions  agricoles.  Mais 
ils  permettront  de  faire  remarquer  que  ces  vœux,  en  ce  qui  touche  l'espèce  bovine, 
se  trouvent  englobés  et  dout  ainsi  dire  noyés  au  milieu  d'autres  vœux  relatifs  aux 
céréales,  aux  farines,  au  bétail  de  toute  espèce,  aux  Uines,  etc.,  en  un  mot  à  tous 
les  produits  et  dérivés  de  l'agi iculture  ;  et  il  leur  semble  que  la  fjénéralité  même 
de  ces  demandes  leur  enlève  une  partie  de  leur  autorité,  car  il  n'est  guère  a  Imis- 
sible  que  les  personnes  qui  ont  formulé  et  appuyé  ces  désidéraia  soient  à  la  fois  in- 
téressées et  par  consi'quent  compétentes  dans  toutes  les  branches  do  la  production. 

Les  soussignés,  tout  au  contraire,  entendent  se  maintenir  sur  leur  terrain  spé- 
cial, et  ne  s'occuper  que  de  ce  qui  les  touche  directement. 

Mais,  dans  ces  limites,  ils  pensent  avoir  plus  que  qui  que  ce  soit  qualité  pour 
parler  en  leur  propre  nom  et  être  les  meilleurs  juges  de  leur  propre  intérêt 

Dégagés  de  toute  préoccupation  politique  ou  autre,  mus  par  la  seu'e  peu^éc  de 
défendre  leur  situation  menacée  et  avec  el'e  la  prospérité  aj^ricole  de  la  région; 

Ils  déclarent  repousser  de  toutes  leurs  forces  la  prétendue  protection  qu'on 
veut  leur  imposer  et  considérer  la  surélévation  des  droits  d'entrée  sur  le  bétail 
étranger  comme  une  mesure  néfaste  pour  l'industrie  agricole  de  l'élevage  et  de 
l'engraissement  à  l'iierbage,  seule  branche  encore  relativement  prospère  de 
l'agriculture  française  ; 

Et  persuadés  qu'en  cette  matière  la  liberté  absolue  des  transactions  est  la  seule 
solution  qui  puisse  sauvi-garder  tous  les  intérêts; 

Ils  sujiplicnt  le   gouvernement    et    les  Chambres  de    r'server,  s'il   y  a  lieu,  la 
proteciion  douanière  pour  les  cultivateurs   producteurs  de  céréales  qui  la  récla- 
me' t,  elde  témoigner  leur  sollicitude  à  rex[)loiialior.  herbi^ère  en  sup|iriinant  les 
droits  d'entrée  existants  sur  les  animaux  de  l'espèce  bovine  venant  de  l'étranger. 
Le  président,  René  Laffom.—  Le  secrétaire,  Edouard  HtiniAiiT. 


PRODUCTION  DU  FROMENT   DANS  L'INDE.  493 


PRODUCTION  DU  FROMENT  DANS  L'INDE 

Le  «gouvernement  de  l'Inde  vient  de  publiei*  des  renseignements 
détaillés  sur  la  culture  du  froment  dans  ce  pays.  Ce  pays  où  les  con- 
ditions climatériques  sont  si  diverses,  produit  d'innombrables  variétés 
de  froment.  Au  point  de  vue  commercial,  les  blés  forment  deux  groupes 
tranchés,  selon  qu'ils  sont  tendres  ou  durs,  et  ceux-ci  se  subdivisent 
chacun  en  deux  nouvelles  classes,  celles  des  blés  blancs  et  des  blés 
roux.  Les  froments  tendres  sont  les  plus  estimés  sur  les  marchés  d'Eu- 
rope; les  autres  conviennent  mieux  à  la  consommation  indigène  et  ils 
étaient  autrefois  plus  chers  sur  les  lieux  de  production;  il  est  vrai 
que  la  demande  pour  l'exportation  a  produit  dans  ce  dernier  temps 
un  mouvement  de  bascule  en  faveur  du  premier. 

Chaque  variété  a  une  zone  de  culture  qui,  sans  être  nettement 
définie,  peut  cependant  être  indiquée  approximativement.  Le  froment 
tendre  blanc  [soft  lohite  icheai)  se  cultive  dans  le  Guzerat,  au  Nord  de 
Bombay,  et,  en  remontant  plus  haut  encore,  dans  le  Rajpoutana.  Sa 
véritable  pairie  paraît  être  toutefois  la  région  qui  s'étend  le  long  de 
l'Himalaya  à  l'ouest  de  Delhi  et  qui  est  généralement  susceptible  d'ir- 
rigation au  moyen  de  l'eau  des  canaux  ou  des  affluents  du  Gange  et 
de  rindus.  Le  Guzerat  et  le  Rajpoutana  appartiennent  de  droit  au  bas- 
sin commercial  de  Bombay;  le  reste  devrait  se  partager,  d'après  les 
indications  géographiques,  entre  ce  port  et  Kurrachee;  mais  de  fait, 
grâce  aux  tarifs  du  chemin  de  fer  de  l'Etat,  Calcutta  supplante  en 
partie  Bombay.  Cette  variété  demande  un  sol  fertile  et  argileux,  irrigué 
et  bien  fumé^  et  un  hiver  assez  froid.  Il  s'agit,  bien  entendu,  d'un 
hiver  comme  celui  du  nord  de  l'Inde,  oii  les  gelées  blanches  de  la 
nuit  succèdent  à  des  journées  chaudes  et  ensoleillées. 

Le  blé  tendre  roux  [soft  red)  s'obtient  aussi  dans  le  nord,  où  il  se 
sème  fréquemment  avec  de  l'orge  et  du  pois  chiche  {Cicer  arielinum); 
c'est  toutefois  dans  les  provinces  centrales,  et  nolam.ment  dans  la 
vallée  de  la  Nerbudda,  que  sa  production  atteint  le  chiffre  le  plus 
considérable.  La  terre  y  est  une  argile  noire  très  compacte,  d'une 
grande  fertilité;  elle  donne,  dans  les  années  de  pluie  moyenne,  une 
moisson  abondante  sans  engrais  ni  irrigation.  Cette  céréale  se  cote  en 
Angleterre  4 à  5  sh.par  quarter(8  boisseaux)  plus  bas  que  la  précédente. 

Le  froment  dur  blanc  {Jiard  ivhilc),  sur  lequel  se  porte  de  préférence 
le  goût  natif,  se  localise  surtout  dans  le  Deccan  et  dans  le  pays  des 
Mahrattes,  au  sud-est  de  Bombay;  il  exige  un  sol  irrigué  et  une  culture 
plus  soignée  que  la  variété  rousse  {hard  red),  qui  peu  connue  dans  le 
.  Nord,  donne  lieu  à  une  culture  répandue  dans  le  Rajpoutana  ainsi  que 
dans  les  provinces  centrales  et  dans  la  présidence  de  Bombay.  Les 
blés  durs  s'acheminent  généralement  vers  l'Europe  par  ce  dernier  port. 

La  totalité  des  terres  ensemencées  actuellement  en  froment  couvre 
une  superficie  de  26,188,000  acres,  soit  environ  H  raillions  et  demi 
d'hectares,  et  se  décompose  comme  suit  : 

Bengale  (Bchar) SoO.boO 

Provinces  du  noi-d-ouest  et  Oiulhe GjîOO.OijO 

,     ,            ,    .     ,           1  Punjab 7,000,000 

Indes  anglaises.         i  provinces  centrales 4,000,000 

Bombay 1 ,600,000 

lierai- ■ 700, OUO 

*        » 


494  PRODUCTION  DU  FROMENT  DANS  l'INDE, 

(   Haïdorabad 750,000 

Ttnti  iniihimdanls    '   agences  ijolitiquus  de  l'Inde  centrale. ., 2, .500, 000 

Ltats  inaLpenaams.                _                 du  Rajpouiana 2,510,000 

(   Baroda 88,000. 

Total -26,188,000 

Cette  évaluation  ne  peut  être  qu'approximative;  il  est  en  un  sens 
difficile  de  préciser  avec  quelque  certitude  le  rendement  moyen  du 
froment  par  an.  La  fertilité  des  terres  varie,  le  paysan  n'apporte  pas 
partout  les  mêmes  soins  à  la  culture  et  il  ne  dispose  pas  toujours 
d'une  eau  suffisante  pour  arroser  ses  champs.  Dans  le  Nord-Ouest  et 
rOudlie,  où  la  densilé  de  la  population  et  la  rareté  relative  des  terres 
poussent  à  une  culture  intensive,  la  moyenne  du  rendement  s'élève  à 
13  boisseaux  par  acre  (10  hectolitres  et  demi  par  hectire  )  Elle  descend 
à  10  dans  le  Punjab,  à  9  dans  la  présidence  de  Bombay,  oii  le  sol  sou- 
vent pauvre  du  Deccan  contrebalance  la  fertilité  du  Guzerat;  elle  tombe 
à  8  boisseaux  dans  les  provinces  centrales,  où  l'abondance  des  terres 
rend  le  cultivateur  néoligent,  et  elle  n'est  plus  que  de  7  dans  les  Berars, 
où  le  coton  absorbe  les  meilleurs  champs  et  où  le  froment  n'est  consi- 
déré que  comme  un  produit  accessoire.  Dans  la  principauté  d'Haïde- 
rabad,  le  rendement  n'est  probablement  pus  supérieur  à  celui  des 
Berars,  tandis  que  dans  les  Etats  de  l'Inde  centrale  et  dans  ceux  du 
Rajpoutana  oriental,  où  malheureusement  l'absence  de  moyens  de 
transports  économiques  paralyse  encore  la  production,  la  fertilité  natu- 
relle du  sol  fait  entrevoir  des  récoltes  aussi  fructueuses  que  dans  les 
provinces  centrales. 

On  est  arrivé  ainsi  à  estimer  les  quantités  de  froment  obtenues 
annuellement  dans  l'Inde  à  G  millions  trois  quarts  de  tonnes,  dont 
750,000  ont  été  exjiortées  en  1882,  et  1,125,000  tonnes  en  1883.  Le 
volume  disponible  pour  l'exportation  est-il  susceptible  d'une  augmen- 
tation sérieuse?  On  ne  peut  hésiter  à  répondre  affirmativement  à  cette 
question.  Malgré  l'extension  rapide  des  expéditions  pour  l'étranger, 
les  prix  n'ont  pas  haussé  dans  l'Inde  depuis  deux  ans.  Ceci  implique 
que  la  consommation  intérieure,  qui  évidemment  n'a  pas  pu  se  con- 
tracter, les  prix  restant  les  mêmes,  s'est  trouvée  en  présence  d'une 
offre  suffisante.  Lacultures'estdoncétendueetelleestdevenue  plus  pro- 
ductive. Si  les  prix  du  blé  venaient  à  monter,  soit  que  de  nouveaux 
besoins  se  fissent  sentir  en  Europe,  soit  que  d'autres  sources  d'appro- 
visionnement s'épuisassent,  la  population  native  délaissserait,  dans 
une  certaine  mesure,  le  froment  pour  se  contenter  des  céréales  moins 
chères  qui  jouent  déjà  un  si  grand  rôle  dans  son  alimentation.  Enfin, 
dévastes  espaces  n'attendent  que  la  charrue  pour  se  couvrir  de  mois- 
sons, et  cela  dans  les  régions  mômes  qui  cultivent  déjà  pour  l'expor- 
tation et  qui  sont  aujourd'hui  traversées  par  des  chemins  de  fer.  Ainsi, 
dans  les  provinces  centrales,  où  nous  avons  vu  la  fécondité  du  sol  se 
passer  d'engrais  et  d'irrigation,  la  zone  cultivée  se  limite,  le  long  de  la 
voie  ferrée,  à  une  bande  étroite  où  la  jungle  non  défrichée  fait  souvent 
irruption  jusqu'aux  stations.  De  même  dans  le  Rajpoutana  et  dans  le 
nord  de  l'Inde,  en  deçà  de  Delhi,  toutes  contrées  où  la  locomotive  vient 
seulement  de  pénétrer,  les  cultures  de  froment  forment  quelques  rares 
taches  brillantes  au  milieu  d'immenses  plaines  qui  semblent  pourtant 
offrir  partout  un  sol  de  qualité  uniforme.  Il  est  certain  donc  qu'ici  la 
production  du  blé  n'a  pas  dit  son  dernier  mot  ;  à  plus  forte  raison  en 
est-il  ainsi  dans  les  districts  fertiles  de  l'Inde  centrale,  où  le  manque 


PRODUCTION  DU  FROMENT  DANS  LINDE.  495 

de  moyens  de  communications  rapides  arrête  aujourd'hui  la  culture. 

Mais  le  sol  ne  s'epuise-t-i)  pas,  notamment  là  où  l'on  ne  lui  restitue 
rien  sous  forme  de  fumier,  ou  du  moins  sa  fertilité  n'est-eile  pas 
atteinte  par  cette  méthode  imprévoyante?  Sous  ce  rapport  on  ne  signale 
rien  d'alarmant.  Dans  les  provinces  centrales,  le  sol  vierge  perd  une 
partie  de  sa  richesse  première,  grâce  à  l'insouciance  du  cultivateur; 
mais  il  garde,  toutefois,  un  degré  de  fertilité  qui  semble  permanent. 
Ailleurs,  on  se  plaint  vaguement  que  les  récoltes  ne  sont  plus  aussi 
belles  qu'autrefois,  sans  que  ces  plaintes  paraissent  toutefois  justifiées 
par  l'expérience.  Il  est  vrai  que  le  paysan  fatigue  parfois  la  terre  par 
une  répétition  fréquente  des  mêmes  cultures  et  par  l'absence  de  rota- 
tions intelligentes.  Cette  tendance  s'observe  surtout  dans  les  districts 
oîi  de  nouveaux  canaux  d'irrigation  apportent,  pour  ainsi  dire  soudai- 
nement, une  abondance  inespérée  d'eau;  les  engrais  de  ferme,  les 
seuls  dont  on  fasse  usage,  ne  sont  plus  suffisants  alors,  au  moins  les 
premières  années,  pour  conserver  au  sol  surmené  sa  fécondité  naturelle. 
Quoi  qu'il  en  soit,  on  n'a  pas  à  craindre  pour  le  moment  que  l'ap- 
pauvrissement du  sol  devienne  un  danger,  ni  qu'il  creuse  un  vide 
dans  la  production  des  céréales. 

L'irrigation  joue  un  grand  rôle  dans  l'agriculture  de  l'Inde,  ce  qui 
s'explique  par  la  sécheresse  de  1  hiver,  saison  pendant  laquelle  le 
froment  se  sème  et  mûrit  ici.  Dans  tout  le  nord  et  dans  la  vallée  de 
riadus,  les  rivières,  les  canaux,  les  puits  fournissent  l'humidité  que 
lé  cultivateur  sait  nécessaire  à  une  bonne  moisson. 

Dans  le  Uajpoutana,  on  a  recours  aux  réservoirs,  tandis  que  dans 
le  Guzerat,  des  puits,  creusés  souvent  à  une  grande  profondeur,  per- 
mettent seuls  d'inonder  les  champs.  Dans  toute  la  partie  centrale  de 
l'Inde,  les  rares  pluies  hivernales  et  la  singulière  facilité  avec  laquelle 
le  sol  conserve  l'humidité,  rendent  superflus  les  soins  d'une  irrigation 
artificielle. 

Il  est  difficile  de  donner  au  coût  de  la  production  une  précision  même 
approximative,  et  cela  d'autant  plus  que  si  des  récoltes  variées  récla- 
ment les  soins  du  cultivateur,  on  ne  peut  discerner  la  part  qui  revien 
à  chacune  d'elles.    Bien  plus,  à  quel  taux  évaluer  le  travail  des  labou- 
rejrs  et  de  leur  famille?  Dans  un  district  de  l'Inde  septentrionale,  coupé 
par  une  voie  ferrée,  on  est  parvenu  à  estimer,  sur  les  lieux  de  culture,  le 
prix  de  revient  d'un  boisseau  de  froment  à  1  shelli ng  (3  fr.  43  par  hecto- 
litre) sans  la  rente  de  la  terre,  et  à  1  shelling  6  p.  (5  fr.  15  par  hectolitre) 
y  compris  celle-ci.    Le  montant  des  fermages   s'élève  au  tiers   du  coût 
total,  et  reste  relativement  stalionnaire,  alors  que  la  baisse  du  change 
pousse  les  produits  d'exportation  à  la  hausse;  je  constaterai  en  consé- 
quence que  la  dépréciation  de  l'argent  vient,  à  chacune  de  ses  étapes, 
libérer  le  paysan.    Dans  le  district  dont  il  est  fait  mention,  le  cultiva- 
teur  réaliserait  probablement   pour  son  froment  2  sh.   par   boisseau 
(6  fr.  90  par  hectolitre),  soit  un  profit  de  6  pences  par  boisseau  (1  fr.  75 
par  hectolitre).  Si  l'on  prend  pour  base  le  rendement  moyen  de  10  hec- 
tolitres et  demi  par  hectare,  on  [)eut  évaluer  le  profit  du  producteur  à 
1 8  dollars  -lO  par  hectare.  Cette  marge  représenterait  le  bénéfice  net  après 
déduction  de  toutes  dépenses  quelconques  de  main-d'œuvre  personnelle 
et  étrangère,  de  fumier,  d'irrigation  et  de  fermage.  Dans  les  provinces 
centrales,  oii  la  terre    est  moins  bien  cultivée,  la  réduction  des  frais 
compense   la  diminution  du  rendement  et  met  probablement  le  coût 


496  PRODUCTIOX  DO  FROMBNT  DANS  L'INDE 

de  production  au  niveau  indiqué  plus  haut.  Ce  ne  sont  là  que  des 
données  conjecturales  auxquelles  il  serait  imprudent  d'accorder  une 
confiance  absolue. 

Pour  lepris  du  transport  des  lieux  de  production  aux  ports  expéditeurs, 
nous  ne  sommes  pas  bien  renseignés.  Comparativement  aux  prix  payés 
en  Europeet  aux  Etats-Unis,  nous  pouvons  cependant  dire  que  ces  prix 
sont  exorbitants,  et  les  Compagnies  ne  sont  pas  prêtes  à  les  diminuer. 
Le  développement  de  ces  voies  ferrées  est  rapide,  l'Inde  sera  sans  cesse 
prête  à  verser  sur  les  marchés  d'Europe  des  quantités  croissantes  de 
blé:  mais  je  doute  que  les  conditions  de  bon  marché  d'aujourd  hui 
soient  dépassées.  —  De  la  récolte  de  1883  un  cinquième  n'est  pas 
vendu.  Les  résultats  de  la  récolte  de  1884  sont  satisfaisants  dans  le 
Guzerat.  daas  la  province  de  Bombay.  La  moisissure  a  détruit  une 
partie  du  froment  dans  le  Sud,  dans  le  district  de  Ilaïderabad.  La 
production  est  moyenne  dans  le  Xord,  sauf  dans  le  district  de  Saha- 
ranpore.  oii  la  moitié  des  blés  non  irrigués  est  perdue,  et  dans  la 
partie  sud-est  de  Pungad,  où  1  on  appréhende  une  fiimine  partielle.  En 
résumé,  Bombay  aura,  sans  doute,  à  sa  disposition  des  quantités  plus 
grandes  de  froment,  tandis  que  la  qualité  dispooible  pour  Calcutta  et 
Kurrachee  pourra  être  affectée  par  quelques  récoltes  manquées. 

3Iax  Hoffma>.\. 

JURISPRUDEXCE  AGRICOLE  -  CHASSE  ET  GIBIER 

Le  tribunal  civil  de  Vienne,  confirmant  une  décision  rendue  par  le 
juge  de  paix  du  canton  de  Saint-Jean-de-Bournay  (^Isèrel,  a  rendu  le 
jugement  suivant  en  matière  de  chasse  : 

En  droit  :  attendu  qTie  le  gibier  est  une  res  nullius  d'une  nature  particulière, 
que  le  droit  de  chasse  a  été  organisé  par  des  lois  spéciales,  qu'on  ne  saurait  donc 
1  assujettir  d'une  façon  absolue  aux  principes  qui  régissent  l'occupation; 

Attendu  notamment  que  dans  la  chasse  aux  chiens  courants,  le  lancer  et  la 
poursuite  doivent  constituer  un  droit  de  possession  et  de  prétérenee  au  profit  du 
chasseur  dont  les  chiens,  après  avoir  levé  la  bête,  n'en  ont  jamais  perdu  le  pied 
jusqu'à  sa  capture  ou  à  sa  mort;  que  ce  droit  de  préférence,  au  profit  du  maître 
des  chiens,  est  surtout  légitime,  dans  la  chasse  au  lièvre,  dont  le  fumet  est  parti- 
culièrement subtil  et  la  trace  fugitive  ; 

Attendu  que  le  système  contraire  porterait  une  grave  atteinte  au  droit  de 
chasse,  puisqu'il  irait  jusqu'à  sanctionner  l'intolérable  abus  de  celui  qui,  s'atiachant 
aux  pas  d'un  chasseur,  propriétaire  de  bons  chiens,  irait  tuer  impunément  sous 
leur  nez  tout  le  gibier  qu'Us  feraient  partir  : 

Par  ces  motirs,  confirme. 

On  sait  que  la  jurisprudence  est  divisée  sur  la  question  de  savoir  à 
quel  moment  le  droit  d'occupation  est  réalisé  pour  le  chasseur  sur  le 
gibier.  Dans  un  premier  système,  c  e.st  le  fait  même  de  l'appréhension 
qui  seul  constitue  l'occupation  et  crée  le  droit  au  proQ'  du  chasseur. 
Dans  un  second  système,  on  exige  que  la  bête  chassée  ait  été  mortelle- 
ment blessée  ou  soit  au  moins  sur  le  point  d'être  forcée,  de  telle  sorte 
que  la  capture  soit  imminente  et  certaine. 

Le  jugement  que  nous  rapportons  va  plus  loin  encore  :  il  admet 
qu'il  y  a  occupation  et  droit  pour  le  chasseur  de  réclamer  le  gibier, 
dès  qu'il  y  a  poursuite  non  interrompue  par  les  chiens  ;  tous  les  chas- 
seurs comprendront  l'importance  de  cette  décision  qui  n'est  pas  du 
reste  sans  précédent.  (V.  notamment  trib.  de  paix  de  Bulgréville, 
28  mars  1000,  sir.  03,  I.  247,  la  note).  Etc.  Pocilleï, 

AT&-:at  à  la  Cour  de  Paris. 


CULTURE  DC  BLÉ  DAX3  LES  PYRLXÉHS.  497 


GULTURE  DU  BLE  DANS  LES  PYRENEES 

L'asriculturenepeut  pas  s'abandonner  au  découragement;  elle  peut, 
elle  doit  réagir  et  lutter  énergiquement,  toujours  lutter.  La  chose 
principale  et  la  plus  immédiate,  c'est  d'obtenir  labaisssement  du  prix 
de  revient  du  blé.  Le  moyen,  et  cela  vous  surprendra  peut-être  au 
premier  moment,  c'est  de  réduire  vos  emblavures. 

Que  le  cultivateur  qui  sème  d'ordinaire  quatre  sacs  de  froment  n'en 
sème  plus  que  deux  et  même  moins;  mais  qu'il  cultive  son  blé  avec 
beaucoup  de  soin  pour  obtenir  sur  la  surface  simple  au  moins  ce  qu'il 
obtenait  sur  la  surface  double.  Les  frais  de  culture  ne  doubleront  pas. 

Ceux  qui  sèment  leur  blé  en  lignes,  au  lieu  de  le  semer  à  la  volée, 
peuvent  d'ores  et  déjà  économiser  la  moitié  de  la  semence.  De  plus  le 
champ  sera  plus  facile  à  sarcler. 

Le  choix  des  semences  est  une  chose  capitale.  M.  Vilmorin,  par  des 
mélanges  de  blés,  ou  par  des  espèces  particulières,  obtient  un  rende- 
ment de  40  à  50  hectolitres  à  IheL-tare.  Les  Allemands  et  quelques  dépar- 
tements du  Nord  de  la  France  en  obtiennent  autant.  Comparez  cela  aux 
résultats  de  notre  pays  qui,  dans  les  circonstances  favorables,  sont  de 
13 ou  1 4  hectolitres  à  l'hectare.  Au  printemps,  après  avoir  sarclé  avec 
soin  la  future  récolte,  il  conviendra  de  lui  donner  un  supplément  de 
fumure  en  engrais  chimiques,  du  nitrate  de  soude,  par  exemple,  repré- 
sentant une  dépense  de  100  francs  par  hectare  à  peu  près. 

Ensuite  vous  vous  efforcerez  de  faire  la  moisson  en  temps  opportun 
et  de  ne  pas  attendre  que  tout  le  blé  soit  miir  pour  y  mettre  la  faux. 
Il  achèvera  de  mûrir  dans  la  paille  et  vous  ne  l'égrènerez  pas.  Vous 
n'arriverez  sans  doute  pas  d'emblée  à  des  produits  aussi  magnifiques 
que  ceux  que  je  vous  ai  cités,  mais  si  vous  obtenez  le  double  de  votre 
récolte  ordinaire,  ce  qui  est  possible,  ne  serez-vous  pas  déjà  satisfait? 
Votre  froment  vous  reviendra  à  un  prix  plus  doux. 

Je  viens  de  parler  d'engrais  chimiques  et  de  nitrate  de  soude,  ce 
sont  des  mots  peut-être  bien  scientifiques.  II  n'est  pas  que  vous 
n'en  avez  bien  entendu  parler.  Aujourd'hui,  l'agriculture  ne  peut 
se  passer  de  science.  Vous  en  avez  eu  une  preuve  dans  votrf  arron- 
dissement, lorsque  la  péripneumonie  est  venue  faire  le  vide  dans  vos 
étables.  On  a  inoculé  la  maladie  aux  vaches  contaminées  ou  mena- 
cées ;  elles  ont  échappé  au  fléau.  Rendez  en  grâce,  avec  moi,  à 
M.  Pasteur,  un  grand  chimiste,  l'honneur  de  la  France,  qui,  par  ses 
admirables  découvertes,  que  je  ne  vous  énumère  pas  ici,  a  trouvé  le 
moyen  de  défendre  l'agriculture  contre  d'épouvantables  maladies  qui 
la  déciment  chaque  année. 

Nous  ne  pouvons,  disais-je,  nous  passer  de  la  science.  La  Société 
que  j'ai  l'honneur  de  présider,  vous  offre,  sous  ce  rapport,  une  res- 
source dont  on  n'a  pas  fait  grand  u.*age  jusqu'ici  et  qui  sera  accueillie, 
je  n'en  doute  pas,  avec  reconnaissance.  Elle  est  en  rapport  avec  un 
laboratoire  de  chimie  à  Paris  et  vous  procurera  ainsi  1  analyse  de  tos 
terres,  analvse  dont  nous  paverons  la  moitié  du  prix.  C  est  par  ce 
moyen  que  vous  pourrez  exactement  connaître  ce  qui  manque  à  vos 
sols  et,  par  suite,  quels  sont  les  éléments  chimiques  qu'il  convient  de 
leur  apporter  pour  en  tirer  le  meilleur  parti. 

Je  vous  ai  conseillé   de  réduire  la  surface  de  terre  ensemencée  en 


498  GU:-TUHË   nu  BLE    DANS  LES  PYRKNEES. 

froment;  il  va  vous  rester  des  champs  inoccupés  et  vous  voudrez  les 
utiliser;  différents  moyens  sont  à  votre  disposition.  Certaines  produc- 
tions de  notre  sol  ne  sont  pas  aussi  sujettes  que  le  froment  à  l'avilis- 
sement des  prix.  Je  citerai  par  exemple  :  l'orge  et  l'avoine;  ne  pour- 
riez-vous  pas  consacrer  ces  terres  aussi  à  des  productions  fourragères, 
betteraves,  raves,  topinambours,  et  vous  assurer  ainsi  une  plus 
grande  quantité  de  nourriture  pour  des  animaux  que  vous  entretien- 
drez à  l'étable.  Les  prairies  temporaires,  c'est-à-dire  semées  en 
graines  de  choix  durant  2,  3,  4  ou  5  ans  et  rentrant  ensuite  dans  l'as- 
solement, vous  procureraient  des  ressources  analogues.  Dans  quel- 
ques contrées,  on  a  préconisé  la  culture  en  grand  des  gros  légumes 
susceptibles  d'être  expédiés  dans  les  centres  de  consommation.  Il 
y  a  encore  bien  d'autres  ressources,  mais  je  suis  obligé  de  me  res- 
treindre. 

Je  veux,  en  terminant,  vous  citer  un  exemple  de  ce  que  l'on  peut 
faire  avec  du  courage  et  de  l'énergie  :  Il  y  a  une  contrée  sur  les  bords 
du  Rhône  qui  a  été  éprouvée  successivement  par  des  fléaux  qui  l'ont 
réduite  à  la  misère. 

La  culture  de  la  garance,  très  lucrative,  a  été  détrônée  par  la  décou- 
verte de  l'alizarine,  une  couleur  tirée  du  goudron  de  houille. 

La  culture  du  miîrier  a  du  être  mise  de  côté,  par  suite  de  la  maladie 
lougtemps  persistante  des  vers  à  soie,  et  enfin  la  vigne  a  été  emportée 
par  le  phylloxéra. 

Les  habitants  de  la  Drôme  ne  se  sont  pas  laissé  aller  à  un  lâche 
désespoir.  Ils  se  sont  mis  à  cultiver  les  primeurs;  ils  les  expédient 
par  masse  à  Paris  et  la  prospérité  ancienne  refleurit  parmi  eux. 

Serait-ce  trop  présumer  de  l'énergie  des  Basques  et  de  leurs  qualités 
natives  que  de  croire  qu'en  pareil  cas  ils  sauraient  aussi  se  défendre 
en  mettant  en  action  le  proverbe  :   Aide-loi,  le  ciel  t'aidera. 

Sers, 

l'rciiilont  de  la  Sociuto  d'agriculture  des  Basscs-Pyrénées. 

LE    SUCRE   EN   ANGLETERRE   • 

Mon  cher  directeur,  ily  a  environ  un  anj 'ai  consacré  dans  les  colonnes 
du  Journal  de  l'agriculture  un  long  article  à  la  sucrerie  allemande.  Je  vous 
demande  aujourd'hui  la  permission  de  dire  quelques  mots  sur  la  sucre- 
rie anglaise.  Je  serai  bref  parce  qu'ici  l'intérêt  agricole  est  secondaire. 

J'emprunte  d'abord  des  données  générales  à  un  important  rapport 
qu'un  éminent  économiste  anglais,  M.  Roliert  Giffen,  a  consacré  à  l'in- 
dustrie sucrière.  La  production  et  la  consommation  du  sucre  ont  con- 
sidérablement augmenté  depuis  trente  ans.  L'ensemble  de  la  produc- 
tion en  dehors  de  l'Inde  et  de  la  Chine,  s'est  élevée  de  1,423,000  tonnes 
anglaises  (la  tonne  anglaise  contient  20  quintaux  de  1 12  livres  et  con- 
vertie en  poids  français  équivaut  à  1,016  kilog.  04S)  en  1853-1855,  à 
3,564,000  tonnes  en  1880-1882  et  dépasse  actuellement  4  millions 
de  tonnes.  L'augmentation  de  chaque  décade,  par  rapport  à  la  période 
précédente,  monte  à  30  pour  100;  elle  porte  sur  toutes  les  variétés  de 
sucre,  aussi  bien  sur  le  sucre  de  canne  que  sur  le  sucre  de  betterave. 
Le  sucre  de  belterave  qui  en  1853-1855  entre  pour  14  pour  100  dans 
le  chiffre-  delà  production  totale,  s'élève  à  46  pour  100  en  1880-1882. 
J'arrive  à  l'Angleterre. 

On  sait  que  l'Angleterre  ne  produit  pas  de  sucre  brut.  Comparée  à 


LE  SUCRE  EN  ANGLETERRE.  499 

l'importation  du  sucre  de  betterave,  la  proportion  de  l'importation  du 
sucre  de  canne  dans  le  Royaume-Uni,  celle  du  sucre  de  canne  de  prove- 
nance anglaise  spécialement,  a  diminué  depuis  trente  ans;  mais  la 
quantité  tot^de  de  sucre  de  canne  de  provenance  exclusivement  étran- 
gère a  augmenté;  l'importation  pour  le  sucre  de  canne  brut  passe 
de  3s9,00i)  tonnes  en  1853-185.')  à  647,000  tonnes  en  1880-1882,  et 
pour  le  raffiné  de  52,800  quiniaux  à  130,000  quintaux.  L'excès  de 
production  de  sucre  de  canne  dans  les  colonies  britanniques  et  dans 
d'autres  contrées  a  été  absorbé  par  les  besoins  croissants  des  Etats- 
Unis,  du  Canada  et  de  rAustralie. 

La  consommation  annuelle  du  sucre  dans  le  Royaume  Uni  atteint 
maintenant  le  chiffre  fabuleux  de  1,083,000  tonnes,  soit  6S  livres  par 
tète,  et  une  dépense  annuelle  de  ;^0  millions  de  livres  sterling,  ou  la 
moitié  de  la  dépense  totale  en  pain  du  Royaume- Uni  quand  le  blé  est 
coté  au-dessous  de  40  shillings  le  quarter  (le  quarter  contient 
8  bushels  et  converti  en  mesure  française  équivaut  à  2  hectolitres 
90  litres  70  centilitres). 

La  valeur  du  sucre  fabriqué  dans  les  Indes  occidentales  évaluée  aux 
lieux  de  production,  s'élève  à  environ  4,500,000  £  tandis  que  le  capi- 
tal engagé  dans  les  raffineries  du  Royaume-Uni  peut  être  estimé 
à  2,750,000  £.  L'industrie  sucrière  ouvre  au  travail  dans  le  Royaume- 
Uni  de  vastes  débouchés  dont  l'importance  croît  journellement.  Le 
nombre  des  raffineurs  a  passé  de  2,820  en  1851  à  4,48'i  en  1881. 
Aujourd'hui  le  Royaume-Uni  raffine  plus  de  800,000  tonnes.  Les  confi- 
series emploient  plus  de  100,000  tonnes  de  sucre  raffiné.  Vous  seriez- 
vous  douté  que  l'usage  du  plum-pudding  et  des  bonbons  développât  une 
pareille  consommation? 

Les  quantités  de  sucre  brut   raffiné   en   Angleterre  ont   passé  de 
.320,000   tonnes   en    1854-1850   à    400,000    tonnes  en    1862-1864, 
à  050,000  tonnes  en  1877-1879  et  s'élèvent  maintenant  au  delà  de 
800,000  tonnes. 

L'importation  du  sucre  raffiné  dans  le  Royaume-Uni  n'a  pas  aug- 
menté depuis  1877.  Peut-être  cette  situation  va-t-elle  changer.  Le  pro- 
blème du  raffinage  en  sucrerie  paraît  résolu  aujourd'hui,  et  si  la  tur- 
bine Stepaneck  donne  les  résultats  dont  on  parle  depuis  quelques  mois, 
les  sucreries  produiront  les  piles  ou  agglomérés  dans  des  conditions 
particulièrement  avantageuses.  En  admettant  que  la  consommation 
générale  préfère  le  raffiné,  on  peut  cependant  supposer  que  la  confiserie 
s'approvisionnera  de  piles  allemands  au  lieu  de  raffinés  anglais. 

Les  exportations  de  sucre  raffiné  ont  passé  de  45,000  tonnes  en  1 879 
à  58,000  en  1883.  Telles  sont  les  principales  données  statistiques  sur 
le  Royaume-Uni  que  je  crois  devoir  vous    signaler. 

Paul  Muller. 

NOUVELLE  CHARRUE  VIGNERONNE 

La  nouvelle  charrue  que  représente  la  fig.  44,  est  destinée  par 
son  inventeur,  M.  Fermé  des  Cheneaux,  à  Dampierre,  par  Sau- 
mur  (Maine-et-Loire),  à  former  un  brabant  simple,  pouvant  servir 
au  cultivateur  pour  les  labours  ordinaires  et  une  charrue  vigne- 
ronne double.  Comme  charrue  vigneronne;  elle  remonte  les  terres, 
butte   les    ceps,    et  offre    cet   avantage   particulier  aux  brabants  de 


500 


NOUVELLE  CHARRUE   VIGNERONNE. 


pouvoir  revenir  iramédialement  sur  elle-même  en  renversant  les 
versoirs  à  chaque  bout  de  la  raie.  Comme  bultoir,  elle  ouvre  un 
large  sillon  dans  l'enlre-deux  des  rangées,  sur  une  profondeur  de 
0'".'i2  à  O^.lô  pour  l'épandage  des  engrais  pulvérulents,  que  l'on  peut 
faire  immédiatement  en  suivant  le  buttoir.  Son  poids  semblerait  à  pre- 


Fig.  44.  —  Charrue  vigneronne  de  M.  Fermé  des  Cheneaux. 


mière  vue  devoir  être  un  peu  exagéré  pour  la  légèreté  que  demande 
ordinairement  une  vigneronne,  mais  son  inventeur  nous  assure  qu'elle 
ne  dépasse  que  de  quelques  kilos  le  poids  des  vigneronnes  ordinaires, 
soit  50  à  55  kilog.  au  lieu  de  45  à  48  kilog. 

Les  mancherons  sont  mobiles,  de  manière  à  pouvoir  raser  les  ceps 
d'aussi  près  que  possible.  Les  deux  versoirs  mobiles  autour  de  la  tige 
sont  maintenus  par  une  clavette  qui  se  retire,  et  sert  à  fixer  alterna- 
tivement celui  qui  doit  fonctionner.  Le  conducteur  fait  donc,  avec  le 

premier  versoir,  un  sillon; 
au  bout  du  champ, il  renverse 
l'instrument;  et  revenant  avec 
l'autre  versoir,  il  jette  la  terre 
dans  le  premier  sillon,  et  la 
remet  ainsi  sur  les  parties  en 
côte.  Corn  me  vigneronne,  l'ins- 
trument fonctionne  avec  une 
simple  roulette  en  avant  (fig. 
44);  mais  lorsqu'on  veut  l'em- 
ployer comme  charrue  de  la- 
bour ordinaire  pourla  prépa- 
ration du  sol  ou  l'enfouissement  des  fumiers,  il  est  monté  sur  un 
avant-train  dont  la  fig.  45.  donne  le  dessin.  F.a  vigneronne  devient  alors 
un  brabant  complet  pour  les  labours  de  15  à  20  centimètres.  La  chape 
de  la  roulette  de  l'araire  coiffe  la  pièce  G  qui  est  rendue  mobile  autour 
de  l'essieu.  Cet  avant-train  sert  aussi  de  cliariot  pour  le  transport  de 
la  charrue.  Un  coutre  peut,  ainsi  que  l'indique  le  dessin,  être  ajouté 
sur  l'âge,  lorsqu'on  traite  des  terres  fortes  ou  pierreuses.  Cette  charrue 
peut,  suivant  M.  Fermé- des  Cheneaux,  ancien  officier  de  marine, 
membre    de    plusieurs  sociétés  agricoles,   à  l'aide  de    modifications 


Coupe  de  l'avant-train   adopté 
i  la  même  charrue. 


NOUVELLE  CHARRUE  VIGNERONNE.  501 

très  simples,  indiquées  dans  son  prospectus,  accomplir  le  travail  de 
cinq  instruments  divers.  Son  prix  avec  cliariot  formant  avant-train  est 
de  180  francs,  et  sans  chariot,  de  130  francs,  livrée  en  gare  de  départ. 

Charpentiek. 


LES  CULTURES,  LES  CULTIVATEURS 

DANS  LA  RÉGION  DU  MAÏS 

Je  ne  sais  sous  quel  vocable  placer  cette  note.  Hésitation  de  tout 
côté  :  je  dis  région  du  maïs;  le  Tarn,  la  Haute-Garonne  sont-ils  la 
région  du  maïs?  Pour  la  Haute-Garonne,  cette  culture  pourrait  bien 
servir  de  caractéristique  :  dans  la  région  voisine,  le  Tarn,  malgré 
une  augmentation  notable  de  surface  consacrée  à  celte  récolte,  il  n'en 
est  pas  tout  à  fait  ainsi.  Du  reste  l'incertitude  à  ce  point  de  vue  n'est  pas 
de  capitale  importance,  tout  comme  dans  ce  fait  :  si  à  l'heurre  actuelle, 
il  vaut  mieux  porter  son  attention  sur  les  plantes  implantées  au  sol.  ou 
sur  ceux  qui  les  y  ont  placées. 

Autrefois,  il  y  avait  un  certain  intérêt,  un  certain  attrait  à  don- 
ner des  nouvelles  de  nos  plantes  en  cours  de  végétation.  Faire  le  diag- 
nostic du  futur  rendement  de  nos  hectares  en  notant  les  conditions  du 
sol,  de  température,  et  autres  faits  météréologiques  sous  la  pression 
desquels  nous  avions  semé  nos  blés,  nos  maïs,  avait  utilité.  L'agri- 
culteur à  la  recherche  du  mieux  y  puisait  l'occasion  d'un  rapproche- 
ment :  une  indication  lui  était  donnée.  On  perfectionnait  son  mode 
d'opérer,  grâce  à  ces  notes  éparpillées  dans  des  correspondances 
diverses. 

L'avare  aime  à  compter  fréquemmentson  trésor  :  ceux  qui  aiment  et 
s'intéressent  aux  richesses  agricoles  se  livraient  à  des  appréciations, 
à  des  calculs  qui  les  émouvaient  à  la  perspective  de  cette  vie  facile, 
de  celle  aisance  à  venir;  d'autres  y  trouvaient  des  avis  utiles  et  moins 
généraux.  Us  sont  peu  nombreux  aujourd'hui  ceux  qui  liront  avec  intérêt 
la  note  leur  apportant  la  nouvelle,  que  dans  les  départements  précités, 
les  céréales  d'hiver,  blé,  avoine,  orge,  ont  été  confiées  au  sol  dans 
d'assez  bonnes  conditions. 

Un  été  avec  intermittence  de  pluies  a  donné  toutes  facilités  pour 
émietter  nos  champs.  Lorsque  l'heure  des  semences  est  venue,  tout 
était  prêt,  ou  à  peu  près,  le  scarificateur  et  l'exlirpateur  ne  se  trou- 
vant que  dans  les  magasins  de  dépôt  d'outils  agricoles.  Est-il  possible 
d'avoir  Tassurance  d'un  champ  fouillé,  ameubli  dans  toute  la  profon- 
deur désirable,  sans  le  passage,  la  vérification  de  ces  précieux  engins? 

On  peut  espérer  que,  grâce  à  l'humidité  du  sol  pendant  la  période 
estivale,  nos  plantes  nuisibles  auront  germé  et  leurs  jeunes  tiges  dé- 
truites par  le  passage  de  la  charrue  seule. 

Je  faisnéanmoins  une  exception  pour  lechardon  des  champs.  Jamais 
pareille  pullulation  de  cette  plante  extra-nusible.  Pendant  de  longues 
journées  nous  avons  vu  le  zéphyr  disséminer  dans  l'air  les  graines  de 
cette  composée,  merveilleusement  disposées  pour  aller  au  loin. 

Les  faits  malheureux  s'enchaînent  aux  faits  malheureux  dans  notre 
industrie.  On  a  négligé  la  culture  de  la  vigne,  elle  ne  paye  plus  les 
frais  du  nettoyage  auquel  on  la  soumettait  autrefois;  de  là,  celte 
multiplication,  de  là  infection  probable  de  nos  céréales. 

A  elle  aussi  on  refuse  et  on    refusera  surtout  les  soins  supplémen- 


502     LES  CULTDRES   ET  LES  CULTIVATEURS  DANS  LA  RÉGION  DU  MAIS. 

laires  de  sarclage,  d'échardoaaage.  Nous  avons  semé  avec  ua  sol  sec  ; 
nos  blés  derniers  semés  ne  naissent  pas  avec  uniformité  ;  il  y  aura 
des  vides,  surtout  une  très  grande  inégalité  :  la  pluie  leur  manque  et 
les  allures  de  notre  hiver  paraissent  être  vers  l'absence,  la  rareté  de 
précipitations  atmosphériques.  La  disette  d'eau  est  telle  que,  dans 
plusieurs  exploitations  rurales,  on  est  contraint  défaire  boire  aux 
animaux  une  eau  chargée  de  débris  organiques,  qui  doit  leur  être 
nuisible.  Nos  ouvriers  assurent  que  les  bœufs  courent  avec  empres- 
sement vers  ces  mares  infectes;  ils  ne  tiennent  pas  compte,  ces  ap- 
préciateurs téméraires,  de  la  soif  que  la  fatigue  entraîne,  que  le  mode 
d'alimentation  exalte.  Quel  est  le  cultivateur  qui  met  dans  ses  études 
d'économie  rurale,  le  bon  et  profitable  repas  à  servir   à  ses  animaux? 

Je  le  disais  en  commençant,  faut-il  parler  des  plantes  ou  de  ceux 
qui  les  cultivent  ?  Est-il  plus  utile  de  s'occuper  des  uns  que  des  autres. 

Jamais  depuis  de  longues  années  que  je  parcours  les  champs,  que 
je  cause  avec  ceux  qui  les  habitent,  je  n'ai  touché  à  de  pareiU^is 
souffrances,  constaté  de  telles  difiicultés. 

Je  ne  voudrais  pas,  dans  une  note  d'aussi  faible  importance  que  celle 
que  je  formule,  toucher  à  ces  délicates  questions  du  commerce  agri- 
cole, des  difficultés  qu'il  éprouve,  des  améliorations  possibles. 

Est-il  uneculturequi  ait  moins  progressé,  plus  abandonnée  que  celle 
sur  laquelle  se  crée  le  budget  du  cultivateur  du  Sud-Ouest.  On  a  fait 
quelques  essais  ;  on  les  a  vite  abandonnés;  quelle  est  l'expérience  en 
agriculture  qui  se  clôt  en  une  tentative?  Le  laboratoire  est  trop  vaste, 
traversé  par  trop  de  météores  pour  que  la  persévérance,  la  continuité 
dans  la  lutte  ne  soit  pas  nécessaire. 

On  est  mal  venu  à  dire  en  présence  de  cette  dépréciation,  momen- 
tanée peut-être,  m  lis  très  réelle  de  tous  les  produits  du  sol:  améliorez 
votre  terre.  L'outillage  est  primitif  dans  notre  région  à  conditions 
d'humidité  si  variables,  où  nous  passons  de  l'hydratation  extrême,  à 
l'extrême  sécheresse.  Le  défoncement  est  une  pratique  qui  s'impose  ; 
par  le  défoncement,  vous  placez  votre  blé,  votre  maïs,  vos  plantes 
fourragères,  dans  un  équilibre  d'humectation  du  sol  qui  assure  leur 
réussite;  avec  labours  superficiels,  elles  sont  livrées  aux  caprices  de 
l'atmosphère. 

Interrogez  un  agriculteur,  un  propriétaire  suivant  le  langage  com- 
mun, demandez,  lui  pourquoi  il  n'approfondit  pas  la  couche  arable  : 
!a  main-d'œuvre  est  chère,  première  phrase  de  la  réponse.  Pourquoi 
alors  n'achetez-vous  une  charrue  defonceuse,  le  génie  rural  a  fait 
d'immenses  progrès  dans  cette  direction.  Si  la  charrue  Bonnet 
d'Avignon  était  la  seule,  il  y  a  vingt  ans,  elle  a  des  rivales  aujourd'hui. 
Deuxième  réponse  ànoter,  non  à  qualifier  :  Nospajjsans  ne  veulent  pas  s'en 
servir,  cela  fatigue  les  bœufs.  Je  me  refuse  à  qualifier  cette  réponse  de 
l'adjectif  qu'elle  .mérite,    elle   en    mérite    plus   d'un. 

A.    DUPUY-MONTBUUN. 

QUESTIONS  PRATIQUES-  ~  LA  LUZERNE   ' 

On  nous  adresse  la  question  suivante  : 

«.  J'ai  semé  en  juiu  dernier  cim]  hectares  de  luzerne  que  jo  voudrais  amender. 
Dois-je  y  répandre  un  phosphate  ((uelconque  ou  J)iea  du  plâtre,  de  la  mirne  ou 
de  la  chaux?  —  A  quelle  époque  répandre  ces  divers  amendements  ou  engrais  ? 
—  Peut-on  ou  doit-on  plâtrer  après  avoir  répandu  de  la  marne  ou  de  la  chaux?  » 


QUESTIONS  PRATIQUES.  —    LA  LUZERNE.  503 

L'ameniieinentà  adopter  doit  varier  suivant  la  nature  du  sol.  —  Si  le 
sol  manque  de  chaux,  l'emploi  de  la  marne  ou  de  la  cliaux  est  in- 
diqué; si,  au  contraire,  Je  sol  est  calcaire,  on  aura  plus  d'avantage  à 
eirployer  du  phosphate,  ou  mieux  du  superphosphate  pour  obtenir 
une  action  plus  rapide.  L'emploi  du  phosphate  naturel  est  surtout 
utile  dans  les  terres  acides. 

C'est  à  la  fin  de  l'hiver  qu'il  convient  de  semer  ces  amendements, 
après  les  avoir  réduits  en  poudre. 

Le  plâtrage  est  inutile  dans  Tannée  où  l'on  a  fait  usage  des  amen- 
dements. Le  plâtrage  produit  surtout  son  efîet  dans  les  années  un  peu 
humides,  et  lorsque  la  luzerne  est  déjà  un  peu  forte.        G.  Galdot. 

NOUVELLES  INVENTIONS  AGRICOLES 

AN.ALYSE    SOMMAIRE   DES   DERNIERS    BREVETS    DÉLIVRÉS. 

162,402.  GiBAUDAN.  21  mai  1884.  NouveUe  charrue  sulfureuse,  dite  :  sulfo- 
charrue.  —  L'inventeur  s'est  proposé  de  faire  une  charrue  sulfureuse  qui  put 
passer  en  tout  temps  dans  les  vignes  même  quand  les  feuilles  rétrécissent  le 
passage  libre  entre  les  plants;  qui  fût  très  légère  et  qui,  enfin,  permît  de  régler  la 
sortie  du  liquide  suivant  l'avancement  de  l'appareil  sur  le  sol.  Il  est  arrivé  à  ne 
pas  excéder  le  poids  de  45  kilog.  et  un  volume  de  1  m.  sur  0  m. 2b. 

C'est  le  louloau  compresseur,  ou  les  roues  roulant  sur  le  sol,  qui  donnent  le 
mouvement  au  piston  de  la  pompe,  et  la  commande  a  lieu  par  des  manirelles  ré- 
glables calées  sur  le  rouleau  ou  sur  les  roues  et  auxquelles  sont  attachées  des 
bielles  qui  actionnent  le  piston  par  l'intermédiaire  de  cliquets  ou  de  doigts  de 
friction;  on  peut  ainsi  obtenir  soit  un  mouvement  continu  soit  un  mouvement 
intermittent,  et  qui,  dans  l'un  et  l'autre  cas,  est  dans  un  rapport  choisi  ave» 
l'avancement  de  la  charrue. 

162.411.  Société  Br.vUlt  et  Tëisset.  28  mai  1884.  Convertisseur  de  gruaux. 
—  Ce  brevet  décrit  un  genre  de  moulin  à  cylindres  étudié  par  MM.  Brault  et 
Toisset,  de  Chartres,  et  dont  la  manœuvre  et  le  réglage  sont  très  faciles,  parce 
qu'on  a  tout  l'agencement  sous  la  main. 

Ce  moulin,  entièrement  métallique,  se  compose  de  deux  cylindres  unis  en  fonte 
trempée,  avec  axes  en  acier,  plus  un  petit  cylindre  distributeur  cannelé  en  fonte, 
disposé  au  pied  delà  trémie  et  muni  d'un  débrayage.  Le  cylindre  supérieur  est  fixe, 
le  cylindre  inférieur  est  mobile  et  les  paliers  de  son  arbre  sont  poi  tés  par  des 
leviers  qui  peuvent  s'élever  ou  s'abaisser  en  tournant  autour  de  leur  extrémité  pos- 
térieure ;  sous  leur  extrémité  antérinure,  appuient  les  bouts  d'un  ressort  arqné, 
dont  on  règle  la  tension  par  un  écrou  à  volant  disposé  au  milieu.  Afin  d'assurer 
le  parallélisme  des  cylindres,  les  paliers  du  cylindre  inférieur,  portés  par  les 
leviers,  dont  il  vient  d'être  question,  sont  montés  à  la  partie  supérieure  des  tiges 
de  deux  excentriques  calés  sur  un  même  arbre  que  l'on  manœuvre  au  moyen  d'un 
levier;  un  secteur  denté  arrête  celui-ci  dans  la  position  où  on  l'a  amené. 

Les  paliers  des  deux  arbres  sont  garnis  de  rouleaux,  pour  substituer  le  frotte- 
ment de  roulement  au  frottement  de  glissement  ;  le  tout  baigne  dans  l'huile  et  est 
soigneusement  enfermé  afin  d'éviter  les  rentrées  de  poussières.  Des  panneaux  en 
bois  garnis  de  feutre  sont  disposés  aux  extrémités  des  cylindies. 

162.412.  HouRDRY  ET  HiJRY.  24  mai  1884.  Procédé  destiné  à  la  dcslrucllon  des 
insectes  occasionnant  la  maladie  de  la  vigne.  —  Le  moyen  décrit  par  les  brevetés 
pour  protéger  la  vigne  contre  l'oïdium,  le  phylloxéra,  etc.,  consiste  dans  l'emploi 
du  mélange  suivant  :  carbonate  de  soude,  25  parties;  carbonate  de  potasse, 
75  parties.  On  place  70  grammes  de  ce  mélange  au  pied  de  chaque  cep,  après 
avoir  mis  à  nu  les  premières  racines,  puis  on  recouvre  la  terre. 

162,415.  Lho.mme.  30  mai  1884.  Pressoir  hydrauliijuc  destiné  au  pressurage 
des  vins,  cidres,  huiles,  etc.  —  Dans  cet  appared,  la  vis  centrale  ordinaire  est 
remplacée  par  une  tige  dont  la  partie  inférieure  porte  un  piston  se  mouvant  dans 
un  corps  de  presse  hydraulique,  de  sorte  que  lorsqu'on  foule  de  l'eau  avec  une 
pompe  au-dessus  du  piston,  la  tige  descen  I  en  entraînant  la  «  charge  pliante  » 
(supprimant  les  marcots  ou  bois  de  charge)  qui  y  est  fixée  et  qui  comprime  ainsi 
la  matière  mise  dans  le  pressoir.  Cette  tige  centrale  est  filetée  et  porte  un  écrou 
à  poignées   placé  au-dessus  de  la  charge  pliante,  pour  permettre  de  descendre 


504  NOUVELLES  INVENTIONS  AGRICOLES. 

d'abord  cette  dernière,  à  la  main,  jusque  sur  la  matière,  qui  peut  être  en  quantité 
plus  ou  moins  grande. 

En  vue  de  pouvoir  remonter  rapidement  la  ti^re  après  la  pression,  sa  partie 
inférieure  pénètre  dans  un  second  corps  de  presse  taisant  suite  au  premier  et 
pouvant  être  mis  séparément  en  communication  avec  la  pompe. 

leiiifib.,  Woods.  29  mai  1884.  Perfeclionnemenls  dans  la  fabrication  des  ver- 
soirs  de  charrues  servant  à  labourer  et  pulvériser  la  terre.  —  Afin  de  mieux 
briser  la  terre,  tout  en  diminuant  la  résistance  éprouvée  par  la  charrue  pendant  le 
travail,  le  breveté  applique  au  versoir  les  dispositions  suivantes  :  fil  incline 
cette  pièce  de  manière  qu'elle  ne  passe  plus  à  angle  droit  sous  la  tranche  du  sil- 
lon, mais  bien  suivant  un  certain  angle  ;  2"  il  y  mélange  des  ajours  qui  le  font 
ressembler  à  une  fourche  à  trois  dents  ;  3"  il  rapporte  à  l'extrémité  de  chaque  dent 
ainsi  constituée  une  bigorne  ou  point-  relevée  vers  le  haut  et  qui  herse  ou  pulvérise 
la  terre  en  passant  sous  la  face  inlérieure  de  la  tranche  du  sillon. 

162,45'».  De  Chaï,seloup-Laubat.  30  mai  1884.  Procédé  employé  à  la  destruc- 
tion du  phylloxéra.  —  Dans  une  description  très  courte  écrite  de  sa  main 
]\I.  de  Chasseloup-Laubat.  le  grand  propriétaire  de  Coulonnieux  (Dordogne), 
indique  comme  suit  en  quoi  consiste  son  moyen  curatif.  Il  déchausse  le  pied  de 
vigne,  à  0  m. 25  ou  0.  m.3K;  le  badigeonne  de  chaux  vive  délayée  dans  l'eau  et 
l'entoure  ensuite  de  vieux  chiffons  ou  d'un  petit  bourrelet  de  menu  foin;  puis  il 
verse  la  composition  suivante  :  sulfure  de  potasse  liquide,  100  grammes;  sel 
marin,    200    grammes;    eau    commune,    70u   grammes. 

(Jh.  Assi  ET  L.  Genès, 

Ingénieurs-conseils  en  maliere  de  brevets  d'invention, 
36,  boulevard  Voltaire,  à  Pans. 

CONSIDÉRATIONS  GÉNÉRALES  SUR  L'AGRICULTURE 

L'agriculture  traverse  une  crise  à  laq.uelle  on  n'a  pns  su  encore 
rennédier.  Cependant  elle  n'est  pas  sans  remèdes;  il  s'agit  de  les  dé- 
couvrir et  de  les  mettre  en  pratique.  Comment  y  arriver?  Par  l'étude, 
et  en  approfondissant  les  choses;  aussi  allons-nous  chercher  à  faire 
ressortir,  en  peu  de  mois,  l'importance  que  l'on  doit  attacher  aujour- 
d'hui aux  études  agronomiques,  qui  aideront  les  praticiens  à  découvrir 
les  causes  du  mal  ;  celles-ci  étant  connues,  il  ne  sera  plus  difficile  de 
trouver  les  moyens  de  les  faire  disparaître,  et  l'agriculture,  comme 
toutes  les  autres  sciences,  les  autres  arts,  les  autres  industries,  repren- 
dra son  essor. 

Doit-on  négliger  l'étude  du  sol  et  sa  production,  alors  que  de 
sa  fécondité  dépend  non  seulement  la  prospérité  de  l'agriculture  en 
général,  mais  encore  celle  des  autres  industries,  celle  du  pays  tout 
entier?  Doit-on  plutôt  laisser  de  côté  cette  étude  que  celle  de  la  chi- 
mie, de  la  botanique,  de  la  physique?  Non,  évidemment.  Les  études 
agronomiques  ont  pour  but  de  faire  connaître  :  les  lois  de  la  végéta- 
tion, le  sol  et  son  rôle  au  point  de  vue  agricole,  les  plantes  et  leurs 
exigences,  les  moyens  et  les  méUiodes  employés  en  vue  de  la  produc- 
tion de  tous  les  végétaux  dont  nous  avons  besoin.  Ce  n'est  pas  tout, 
elles  ont  encore  pour  but  d'indiquer  les  systèmes  de  culture  ou  asso- 
lements dont  les  combinaisons  peuvent  souvent,  ou  bien  faire  la  for- 
tune du  cultivateur  intelligent  qui  agit  en  connaissance  de  cause,  ou 
bien  amener  la  ruine  chez  ceux  qui,  au  contraire,  auront  laissé  de 
côté  les  procédés  et  les  méthodes  perfectionnés  ou  qui  seront  restés 
indifférents  à  ce  genre  d  études. 

Le  gouvernement,  les  Chambres,  tout  le  monde  enfin  a  reconnu 
la  nécessité  d'étudier  le  sol,  de  savoir  ce  qu'il  est  capable  de  produire, 
de  rechercher  les  causes  pour  lesquelles  la  production  ne  peut  se  sou- 
tenir d'elle-même. 

Le  public  commence    à  ouvrir  les  yeux,  il    est    moins    indifférent 


CONSIDÉRATIONS  GÉNÉRALES    SUR  L'AGRICULTURE.  505 

pour  les  choses  agcicoles,  il  s'est  aperçu  que  l'agriculture  u'était 
pas  un  métier  vulgaire;  c'est  qu'aujourd'hui,  en  cITet,  elle  est  devenue 
tout  à  la  fois  une  science,  un  art,  une  industrie. 

Elle  a  trop  longtemps  été  dédaignée  et  considérée  comme  un  métier 
de  manœuvre;  la  noblesse,  les  sens  riches  et  aisés  l'avaient  laissée  aux 
serfs  et  aux  manants. 

Depuis  notre  grande  Ilévolution,  les  conditions  sociales  ont  changé; 
le  commencement  du  siècle  a  vu  naître  une  prospérité  agricole  remar- 
quable, parce  que  la  mise  en  culture  d'immenses  terrains,  réservés 
jusque-là  aux  chasses  des  seigneurs,  a  donné  aux  cultivateurs  de 
torts  rendements.  L'epuis  une  trentaine  d'années,  les  récoltes  lais- 
sant à  désirer,  tant  au  point  de  vue  de  la  quantité  que  de  la  qua- 
lité, il  fallut  introduire  dans  le  sol  des  engrais;  alors  la  production 
augmenta  de  nouveau,  peu  à  peu,  mais  en  même  temps  d'autres  indus- 
tries se  développaient;  l'agriculture  étrangère  faisait  concurrence  à  la 
nôtre,  elle  continue  et  ne  s'arrêlera  pas. 

A  la  vérité,  nos  cultivateurs  ont  fait  quelques  progrès,  mais  avec 
une  lenteur  désespérante;  leur  outillage  n'a  pas  cessé  d'être  primitif, 
en  tout  cas  bien  inférieur  à  celui  de  leurs  rivaux;  ils  ont  vu  le  prix  de 
la  main-d'œuvre  augmenter  dans  des  proportions  considérables  ;  pour 
rendre  quelque  fécondité  au  sol  ils  ont  dû  se  procurer  à  grands  frais 
des  engrais  de  toutes  sortes;  enfin,  de  toutes  les  difficultés  qu'ils  ont 
à  surmonter,  la  plus  considérable,  sans  contredit,  consiste  dans  l'im- 
possibililé  où  ils  se  trouvent  de  changer  du  jour  au  lendemain  les 
assolements  et  les  procédés  de  culture  en  usage  dans  le  pays  depuis 
des  siècles. 

Comment  lutter  aujourd'hui  contre  la  concurrence?  Faut-il  déposer 
les  armes  ?  Evidemment  non.  Mais  pouvons-nous  l'éviter  en  fermant 
nos  portes  aux  produits  dont  nous  avons  le  plus  pressant  besoin  ?  Non, 
encore.  Que  doit  faire  le  cultivateur  français?  chercher  à  produire  à 
meilleur  compte  ce  qui  se  vend  le  plus  facilement  sur  les  grands 
marelles  européens  :  c'est  ce  que  lui  indiquera  la  connaissance  parfaite 
des  lois  économiques  et  entre  autres  celle  de  l'offre  et  delà  demande. 

De  grandes  quantités  de  céréales  nous  arrivent  de  l'étranger;  pour- 
quoi persisterions-nous  à  cultiver  beaucoup  de  blé  puisqu'il  ne  nous 
donne  plus  un  bénéfice  suffisamment  rémunérateur?  Pourquoi  ne  de- 
manderions-nous pas  ce  bénéfice  à  la  culture  des  récoltes  d'une  autre 
nature,  plus  recherchées  sur  le  marché  ?  Notre  sol.  Dieu  merci,  peut 
porter  d'autres  plantes  que  des  céréales  qui  ne  sont  pas  les  seuls  pro- 
duits de  grande  consommation.  Nous  pouvons  lutter  avec  avantage 
contre  l'étranger,  les  moyens  ne  nous  feront  pas  défaut,  mais  nous  ne 
les  découvrirons  et  les  mettrons  en  pratique  que  par  l'examen  des  phé- 
nomènes de  la  végétation,  c'est-à-dire  en  étudiant  l'industrie  agricole 
et  tous  ses  rouages. 

Comme  toutes  les  industries,  l'agriculture  a  besoin  de  matières  pre- 
mières, d'instruments  qui  augmentent  et  multiplient  les  forces  de 
l'homme;  elle  doit  chercher  à  utiliser  les  agents  naturels  :  l'eau,  le 
vent,  la  vapeur,  et  les  faire  concourir  au  but  qu'elle  se  propose,  c'est- 
à-dire  à  obtenir  les  plus  forts  rendements  avec  le  moins  de  frais 
possible. 

Elle  n'est  pas,  comme  tant  de  personnes  le  supposent,  un  métier 
grossier  réservé  aux  pauvres  gens,  tant  s'en  faut;  elle  a  été  très  hono- 


506  GONSIDÉRA.TIONS  GÉNÉRALES  SUR  L'AGRIGULUURE. 

rée  chez  les  peuples  civilisés  anciens,  et  aujourd'hui  elle  est  devenue 
la  maîtresse  science,  l'industrie  par  excellence,  sans  laquelle  toutes 
les  autres  ne  sauraient  exister.  Or,  comment  arriver  à  pi'oduire  le  plus 
de  végétaux  dans  le  moindre  temps  et  avec  le  mois  de  frais  possible, 
si  l'on  ne  possède  pas  certaines  notions  empruntées  aux  sciences  natu- 
relles ? 

Ne  faut-il  pas  s'adresser  à  la  botanique  pour  le  choix  des  espèces  à 
cultiver?  A  la  zoologie  pour  connaître  les  races  d'animaux  qui  peuvent 
être  le  plus  avantageusement  exploités  en  vue  de  la  production  de  la 
viande,  du  lait,  de  la  graisse  et  de  la  laine?  A  la  mécanique  qui  éta- 
blira les  machines  et  les  outils  propres  à  rendre  les  travaux  faciles  tout 
en  multipliant  au  centuple  le  travail  de  l'homme?  A  la  physique,  à  la 
chimie  qui  indiqueront  le  rôle  des  agents  naturels  et  leurs  effets  sur 
l'homme,  les  animaux,  les  végétaux  les  substances  qui  composent  le 
sol;  qui  rendront  compte  des  réactions,  des  transformations,  des 
combinaisons  qui  s'y  opèrent?  Ne  faudra-t-il  par  demander  à  la  science 
économique  les  moyens  de  tirer  parti  de  toutes  les  situations  et  de 
varier  les  cultures  selon  les  besoins  du  marché  et  de  la  consommation? 

N'importe-t-il  pas  au  cultivateur  de  connaître  parfaitement  le  sol 
dans  lequel  il  opère,  sa  composition,  les  éléments  ou  les  substances 
qui  en  font  partie,  ses  propriétés,  ses  qualités  et  ses  défauts,  les 
moyens  de  corriger  les  uns  et  de  tirer  parti  des  autres  ;  enhu  les  agents 
de  production  tlont  il  peut  disposer,  les  débouchés  qui  lui  permettront 
d'écouler  facilement  les  produits  tirés  de  sa  terre  ou  fabriqués  dans 
son  exploitation?  En  résumé,  pour  enrayer  la  crise  actuelle,  le  premier 
conseil  que  nous  nous  permettons  de  donner  aux  agriculteurs,  pro- 
priétaires ou  fermiers,  c'est  d'étudier  la  science  agricole  et  de  mettre 
en  pratique,  prudemment  mais  avec  persévérance,  les  découvertes 
qu'elle    a   faites  et  les  principes    qu'elle   a   consacrés. 

Ch.  PoiusoN, 

Répétiteur  à  l'Ecole  nationale  d'agriculture  de  Grignon 

COURRIER  DE  L'OUEST 

L'hiver  est  enfin  venu  après  un  automne  favorable  à  tous  les  ensemencements 
de  froment,  d'avoine,  et  aux  cultures  dérobées,  telles  que  celle  de  la  navette  qui 
s'étend  chaque  jour,  et  procure  à  nos  bestiaux  le  premier  fourrage  prialauier, 
toujours    si  favorable  à  la  lactation,  après  un  tem])s    prolongé  de    stabulation. 

Les  blés  et  les  avoines  ont  très  bonne  mine,  à  de  rares  exceptions  près  résul- 
tant d'un  manque  d'eau  venue  ti'op  tardivement. 

Au  reste  nos  blés  de  1884  étaient  bans  et  ont  atteint  en  moyenne  76  à  78 
kilog.  l'hectolitre  et  leur  siccité,  à  peu  près  complète,  a  permis  à  beaucoup  de 
cultivateurs  de  les  envoyer  de  la  machine  à  battre  au  moulin. 

Nos  orges  de  bonne  qualité,  comme  l'orge  chevalier,  ont  trouvé  un  bon 
débouché  pour  la  brasserie  anglaise;  mais  à  quel  prix!  15  fr.  les  100  kilog. 
et,  telle  est  la  force  de  l'habitude,  qu'au  môme  prix  le  son  est  encore  recher- 
ché lorsijue  le  même  poids  d'orge  concassée  représente  le  double  ou  le  triple  de 
la  valeur  nutritive  du  son  du  commerce.  —  Nos  orges  sont  en  général  semées 
trop  tard,  et,  par  les  années  humides,  le  trèfle  qu'on  sème  très  généralement 
dans  l'orge  en  abat  les  épis,  et  la  récolte  n'est  plus  marchande. 

Nos  froments  en  terre  font  présager  dès  aujourd'hui  une  bonne  récolte  si  le 
temps  s'y  prête;  mais  hélas!  la  culture  du  froment  met  nos  cultivateurs  en 
perte. 

C'est  du  reste  une  vérité  incontestable  aujourd'hui,  que  la  valeur  de  nos 
céréales  est  déterminée  sur  le  marché  non  pas  pir  notre  prix  de  revient,  «mais 
par  celui  des  blés  de  l'Amérique  et  de  l'Inde  oii  le  producteur  ne  supporte  pas 
nos  charges  territoriales. 


COURRIER   DE  L'OUEST.  507 

Connaissant  les  intentions  do  notre  gouvei-nomcnl  et  le  relèvement  demandé 
par  la  culture  frani^-aise  et  dont  le  vote,  si  tant  est  qu'il  ait  lieu,  ne  peut  venir 
avant  la  fin  de  janvier  désormais,  les  Américains  et  les  Anglais  ont  chargé  à 
destination  de  France  de  grandes  quantités  de  blé  qui  n'acquitteront  ni  le  droit 
de  3  fr.  demandé  jmr  la  Commission  parlementaire  ni  celui  de  5  fr.  dont  la 
demande  par  l'agriculture  paraissait  unanime,  non  pas  tant  comme  droit  pro- 
tecteur que  comme  droit  compensateur  des  charges  qui  pèsent  sur  nos  céréales 
avant  même  d'être  semées. 

Les  pommes  ont  fourni  cette  année  aux  cultivateurs  une  ressource  très  appré- 
ciable. Ce  n'est  pas  le  cidre  qu'on  expédie,  mais  les  pommes  à  cidre  dont  l'expé- 
dition a  fourni  un  tel  aliment  aux  chemins  de  fer  de  l'Ûuest  que  force  a  été  à  la 
Compagnie  de  demander  un  grand  nombre  de  voitures  à  la  Compagnie  du  Nord. 

Le  cirlre  bien  fabriqué  est  une  boisson  saine  et  agréable  et  même  un  aliment 
respiratoire  dont  les  principes  de  conservation  soat  puisés  dans  les  qualités 
sucrées,  parlant  alcooliques,  de<  fruits  à  cidre;  nous  nous  étonnons  doncqn'imi- 
tant,  s;in-;  doute  nos  représentants  qui,  àdeux  voix  de  majorité,  ont  repoussé  une 
loi  qui  devait  relever  de  leur  infériorité  nos  Vins  Français  d'un  degré  alcoolique 
insuflisant,  le  congrès  pomologiquede  Rouen  ait  condamné  lesucrage  des  cidres'. 

Le  but  pratic[ue  d'une  pareille  réunion,  en  dehors  des  analyses  qui  peuvent 
être  faites  sur  les  fruits  des  diverses  contrées,  est  de  mettreen  lumière  les  condi- 
tions qui  peuvent  rendre  le  cidre  plus  trausportable,  et  d'une  consei'vation  plus 
longue  et  de  vulgariser  l'usage  du  densimètre  dans  les  achats,  celui  de  M  Vivien 
notamment. 

Qu'après  cela,  un  amateur  recoure  aux    tableaux   d'analyse  pour  planter  chez 
lui.  les  espèces  qui  lui  paraîtront  les  meilleures  sous  le  rapport  du  sucre  et  du 
tanin,   sans  tenir  compte  de  la  nature  argileuse,  calcaire  ou  granitifjue  du  sol 
c'est  une  expérience  qui  n'a  rien  d'une  utilité  générale. 

L'agriculture  doit  aussi  faire  ses  réserves  au  point  de  vue  de  la  plantation  abu- 
sive des  pommier-i  qu'on  plante  en  vergers  dans  la  Normandie,  en  bordure  dans 
l'Anjou,  et  en  plein  champ  en  Bretigne.  On  pense  généralement  que  vingt  pom 
miers  à  l'hectare  sont  un  nombre  suffisant.  A.  de  la  Morvo,nnais. 

SITUATION  AaRIGOLE  DANS  LE  PÉRIGORD 

La  caractéristique  de  novembre  est  la  persistance  d'une  sécheresse  inaccou- 
tumée à  pareille  époque.  Les  ré~ervoirs  et  les  puits  sont  privés  d'eau  dans  beau- 
coup de  villages,  ce  qui  oblige  à  faire  de  longs  parcours  pour  faire  face  aux  besoins 
journaliers  des  habitants  et  des  bestiaux. 

Les  froments  ne  paiaissent  pas  s'accommoder  de  cet  état  de  choses,  ils  sont 
généralement  clairs,  irréguliers,  filiformes,  et  semblent  peu  disposés  au  talle- 
ment,  c'est  la  conséquence  assez  ordinaire  de  semailles  faites  en  terre  sèche.  On  a 
terminé  dans  de  bonnes  conditions  l'enlèvement  des  dernières  racines,  cantces, 
betteraves,  rutabagas,  qui  n'ont  été  ni  abondantes,  ni  sujfi>amment  développées. 
Si  l'on  joint  -à  ce  mécompte  la  mauvaise  réussite  des  raves  d'hiver  par  suite  de  la 
sécheresse  survenue  au  moment  du  semis  et  le  faible  rendement  celte  année  des 
l'oins  de  prairies  naturelles,  on  peut  prévoir  que  la  période  hivernale  sera  dilficile 
à  passer  pour  nos  élubles. 

Aussitôt  les  semailles  terminées,  ont  commencé  les  manipulations  des  tabacs 
en  feuille  :  dcpente,  effeuillage,  triage  et  maiioquage  :  sauf  quelques  jours  de  gelée 
durant  lesquels  on  a  dû  interromnre,  la  feuille  étant  brisante,  ces  diverses  opéra- 
tions se  sont  faites  dans  les  meilleures  conditions,  le  tabac  n'offrant  pas  cette 
année  de  cas  de  moisissure  et  sa  couleur  étant  généralement  uniforme;  la  seule 
chose  à  lui  reprocher,  c'est  le  peu  d'ampleur  des  feuilles  et  leur  légèreté  relative. 

E.  DE  Lentilhac. 

SITUATION  AGRICOLE  DANS  LE  PAS-DE-CALAIS 

Etat  des  récoltes  dans  le  Pas-de-Calais.  —  Les  campagnols,  {a  fin  de  la  fabrication.  — 

Les  compromis  de  betteraves. 

L'étal  des  semailles  est  des  [jliis  satisfaisants.  L'arrachage  des  bette- 
raves s'est  terminé  pour  les  pluies,  et  les  céréales  d'iiiver  onlétéense- 

1.  Le  cntigrè"!  nnmolo^'ique  île  Rouen  n'a  |ias  coiiilamiié  le  sucra;^'i;  des  enires,  mais  il  a  Jéclaré 
i|u'(iii  (levait  s'aliSteiiir  de  do.iner  le  wjfo  do  cidre  pur  aux  boissons  préparées  avec  du  sucre 
(Voir  le  Journa!  du  18  octobre  dernier,  paye  111  de  ce  volume),  —  A'o(c  de  la  rédaction. 


508  SITUATION  AGRICOLE   DANS  LE  PAS-DE-CALAIS. 

mencées  dans  de  bonnes  conditions.  La  levée  s'est  faite  normalement, 
et  tous  nos  cultivateurs  sont  satisfaits  de  leurs  semailles. 

La  terre  avait  bien  besoin  de  pluie.  La  sécheresse  avait  été  cette 
année,  si  grande,  que  les  ondées  réitérées  dont  nous  avons  été  gra- 
tifiés depuis  six  semaines  n'ont  guère,  jusqu'à  présent,  fait  que  du 
bien.  L'eau  a  pu  pénétrer,  la  pluie  étant  fine,  et  le  terrain  sec.  Plu- 
sieurs petites  rivières  du  département  qui  n'avaient  jamais  été  à  sec 
depuis  plus  de  cinquante  ans,  n'ont  pas  encore,  malgré  les  averses 
qui  sont  tombées  depuis  quelque  temps,  une  seule  goutte  d'eau  dans 
leur  lit. 

Les  campagnols  viennent  de  faire  leur  réapparition  dans  deux  de 
nos  arrondiiisements.  Plusieurs  communes  sont  fortement  atteintes, 
et  les  cultivateurs  réclament  un  arrêté  préfectoral  qui  autorise  les  phar- 
maciens à  livrer  des  préparations  arseniquées  pour  la  destruction  de 
ces  rongeurs,  aux  personnes  munies  d'un  certificat  du  maire.  Si  les 
pluies  continuent,  le  fléau  disparaîtra;  mais  s'il  nous  arrive  un  temps 
sec,  il  est  à  craindre  de  voir  l'invasion  prendre  une  certaine  extension 
comme  en  1881-82.  Il  est  une  chose  à  noter,  c'est  que  les  lieux  conta- 
minés sont  exactement  les  mêmes  qu'il  y  a  trois  ans. 

Presque  toutes  nos  fabriques  de  sucre  ont  fini  leur  fabrication.  Celles 
qui  sont  encore  en  activité  auront  terminé  leurs  travaux  pour  le 
l"  janvier. 

Tout,  il  est  vrai,  a  htâté  cette  prompte  terminaison  de  la  campagpc 
sucrière  :  peud'emblavures,  rendements  faibles  en  poids  (et  en  sucrej, 
temps  magnifique  pour  l'arrachage  et  les  transports.  On  annonce  un 
déficit  considérable  dans  la  production  du  sucre  ;  le  Pas-de-Calais  en 
aura  sa  bonne  part. 

On  se  demande  ce  que  l'on  va  faire  pour  la  prochaine  campagne. 
C'est  avec  plaisir  que  Ion  voit  un  certain  nombre  de  nos  fabricants  de 
sucre  disposés  à  encourager  enfin  la  culture  de  la  betterave  riche,  ce 
qui  s'était  peu  vu  jusqu'ici.  Espérons  qu'ils  proposeront  un  mode 
d'achat  rationnel  et  des  conditions  acceptables.  Jusqu'à  présent,  on 
ne  connaît  encore  guère  les  prix  qu'ils  comptent  offrir,  parce  qu'ils 
ne  savent  quels  seront  les  cours  du  sucre  de  l'an  prochain.  Evidem 
ment,  ils  ne  pourraient  payer  la  betterave  qu'à  des  prix  en  rapport 
avec  ceux  des  sucres.  Il  résulte  de  celte  incertitude  qu'on  fera  peu  de 
compromis  ;  et,  le  cultivateur  n'ayant  pas  d'engagement  formel  avec  le 
fabricant,  ne  sera  guère  intéressé  à  faire  des  racines  riches. 

Il  faudrait,  pour  remédier  à  ces  inconvénients,  fixer  le  prix  des 
betteraves  d'après  une  méthode  analogue  à  celle-ci  : 

On  pourrait  stipuler  dans  le  compromis  que  l'on  prendra  la  moyenne 
des  cours  des  sucres  bruts  a  88"  de  telle  place,  désignée,  du  15  septembre 
par  exempte  au  15  janvier;  diviser  ce  chiffre  par  2.  Le  quotient  obtenu 
représenterait  le  prix  des  1 ,000  kilog.  de  betteraves,  par  exemple  à  5°  de 
densité,  soit  9.5  pour  100  du  poids  des  betteraves  environ 

Pour  fixer  les  idées,  prenons  un  exemple  :  Si  la  moyenne  des  cours 
des  sucres  à  88°  du  15  septembre  au  15  janvier  est  comme  mainte- 
nant d'environ  32  francs,  32  :  2  :=  16. 

Le  prix  de  base  serait  de  16  francs  les  1,000  kilog.  de  betteraves 
à  5".  Si  l'on  admet  une  diminution  de  0  fr.  60  par  dixième  de  degré 
de  5°  à  4.5,  des  betteraves  à  4.5  seraient  payées  13  francs. 

Par  contre,  on  pourrait  admettre  une  majoration  : 


SITUATION    AGRICOLE    DANS    LE    PAS-DE-CALAIS.  509 

De Ofr.  r.0  entre  5.0  et  5  5 

De ...  0      00  entre  5.5  et  6.0 

De 0      7il  euire  6.0  et  6.5 

De 0      8J  entre  fi. 5  et  7.0 

Ce  qui  donnerait  les  prix  suivants  : 

5''.0  densimétriquei  10  fr.  —  les  1000  kilog. 

5°. 5  —  18        50  — 

ô'.O  —  21         50  — 

6°. 5  —  25        —  — 

7°.0  —  2  —  — 

Je  n'ai  pas  l'intenlion  de  proposer  l'échelle  ci-dessus,  qui  n'est 
choisie  que  pour  montrer  le  fonctionnement  du  système.  L'échelle,  ou 
es  au^menliitions  et  les  diminutions  par  dixième  de  degré,  doit  être 
débattue  entre  labricant-i  et  planteurs,  et  peut  varier  suivant  les  cir- 
constances. Je  pensH,  même  que  l'achat  à  la  ricliesse  saccharine  est 
meilleur,  et  aujourd'hui  tout  anssi  pratii|iie.  Mais  les  cliilTres  que  je 
viens  de  citer  n'ont  pour  but  que  de  compléter  l'exposé  du  principe  de 
prenlre  la  moyenne  d^s  cours,  et  de  la  diviser  par  2,  afin  d'obtenir  le 
prix  de  base  des  1,000  kilog.  de  betteraves  à  5°  densimétriques,  ou 
9.5  pour  101  de  sucre. 

Si  l'on  employait  cette  méthode,  on  pourrait  faire  des  compromis; 
le  cultivateur  serait  certain  qu'on  lui  payera  sa  betterave  suivant  la 
qualité;  le  fabricant  serait  rassuré  aussi,  car  il  ne  payerait  ses  racines 
qu'à  des  prix  en  rapport  avec  les  cours. 

Ce  système  pourriit  donc  remédier  à  cette  situation  fâcheuse  qui 
laisse  planteur  et  fabricant  dins  une  incertitude  nuisible  à  tous  deux. 

Je  craiss  bien  que  cette  année  on  ne  fasse  que  peu  de  compromis 
pour  cette  rai>on.  Dans  ce  cas  les  cultivateurs  mettront  encore  moins 
de  betteraves.  Je  compte  revenir  dans  peu  de  temps  sur  cette  impor- 
tante question.  Louis  Comon, 

Professeur  départemental  d'Agriculture  du  Pas-de-Calais. 

REVUE  GO,niERGI\LE  ET   n\\  GlUl{V\r  DliS  DENRÉES  AGRICOLES 

(27  DÉCEMBRE  1884). 
1.  —    Siluatinn    génf'rale. 

Les  marchés  agricoles  ont  été  contrariés  par  le  mauvais  temps,  et  quoique  les 
apports  en  céréales  aient  été  peu  abondants  la  biisse  a  encore  fait  des  progiès.  Le^ 
besoins  d'argent  de  la  culture  ont  amené  une  diminution  générale  des  cours. 

II.  —  les  grains  et   les  farines. 

Les  tableaux  suivants  risumant  les  cours  des  céréales,  par  quintal  métrique, 
sur  les  principaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger  : 

Blé  Seigle.  orge.  Avoine 

fr.  fr.  tr.  Ir. 

.,   ,  .  ,|         jblé  tendre..  17.50  »  »  t 

Algérie.                    *'8"|blédur I'...n0  »  10.00  13.75 

Angleterre.               Londres 18  55  16.65  15.40  21.10 

Belgique.                  Anvers 17  75  16.25  19.50  18.00 

—  Bruxelles 19.50  15.75  »  » 

—  Liège 18.35  16. .50  18.00  17.10 

—  Namur 18  50  16.00  18.00  15.40 

Pays-lins.               Amsterdam 18.20  15. 2i  <>  • 

Luxuiihoiirg.           LuKeiiilionrs; 22.10  18.50  «  17.00 

Alsace-Lorraine     Strasriour;^ 22.25  19.25  22.25  18.25 

—  Muliiouse 21.50  \n.ih  20  00  16.00 

Allemagne.              lierlm 19.10  17.35  »  • 

—  Colo^-ne 19.;i5  18.10  •  b 

—  Hambourg 19.00  15.10  .  > 

Suisse.                      Genève 23  00  17.50  18.50  18. .SO 

/i.iLV.                         MiLm 21.40  »  "  1350 

I^spayne.                    liarcelone »  •  13.25  18.25 

AïKriche.                   Vienne 16.86  »  d  » 

Hongrie.                    Buda|.esl 16  90  14.40  16.00  11.75 

y.usic  SaMil-l'étersbourg..  10.75  13.70  »  12.50 

Hiati-Unis.               New-Vork 15.30  »  »  • 


510 


REV[IE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT 


I"    RÉGION.  —  (I«>«l>.«rKST. 

Ble.  Seigle.  Orge    Aïoiie. 

fr.  fr.  fr.         (r. 

Calvaiing.  Caen 2«  bu  14  65  ib.75    w  bo 

—  Condè-s.-NoireiJU  vu  vo  16  uo  la.t^    -n  tu 

—  b.iyeu.\ 2  '  00  »  16  30    îu  6b 

C.-dur^i'ff     Tréguier.      19  .lO  »  la  Ub     l.i.(U 

—  Poritrieux m  •'i  14. bO  15  bO     Ib  bu 

Finixlerr..    >iulUiX l9   bO  »  14.7b      14  60 

lUe-el-  l^ilaitit.    Hennés,    ly   i,tt  p  16. Oi)      Ib   bO 

—  Fougères 19    8il  »  •            lbt«l» 

iiaiichr     S.lnl-Lô 19  3b  »  17  25     'ii-lO 

—  Avranclieb VI.OO  »  16   i5      io.9u 

—  Vaiugricjs.  ....     18  30  »  »        23.00 
BâayeiniK.  iviayeiine 19  bo  »  16.1b     17.00 

—  Evrull 19   7j  »  16   2)          » 

Uo>'biUait.   Heniiebunt   .    18  7b  *4   6b  0          17.00 

Or7t«.     Aleiiyoi 2u   7b  18  00  Ib  90     17  3b 

—  Vimuuliers 19   lo  »  i8.05     20. bO 

Sartlw.  Le  .vUii^ 19  7>  ib.:0  i6  '*0     'iO.25 

—  Maniera    ■  "  '"i  l-i.îb  15  2b     16.00 

Pru  moyens u  oj  ij  72  i6  07     17  3i 

•!•  RÈGlOff.    —    »l»«l(. 

AUnc   I.Hon 18  75  l.S.OO  18  5»     16  40 

—  Villeib-Cotteiets.  19. 'jo  i4.30  16.00     Ib  bo 

—  Siiuii-g.jrntin 18  2b  »  r        «7.50 

fiui».   Evreux l.U  14  10  17.70     17  50 

—  Pacy    1»  ,S>  12  6i  lb.7j     16  35 

—  Luu'viers 19  oj  i3  ni)  ib  40     16  80 

Eure-ii  /.mr.  i.liarlies..   21  4ii  14.00  16.50     16  00 

—  AU I  eau     18  30  II. 10  i'.dO    I6  0'> 

—  Galllaidun 19. Ib  14   2j  16. 2b     15.60 

P^ora     Ll.lÊ 20  50  Ib  7b  16  00     17-00 

—  HO.irliOU-g     19   2i  14.33  17    25      15.60 

—  Duiikeique 2>.ao  17   M  1875      l7   :i 

Oise     Btaiivai» 19.25  i4  50  16. bO      ;6  bu 

—  feerills 18   50  .5  bu  "          16  ao 

—  ,    Coai|)iegiie... ..    .  18  bO  I5  00  17.00     16  00 

Pas  de-*  "'"i.^.  Arraa. . .    19     5  16. "0  17. dO     1:1. 7b 

—  helhuiie 2u  00  10  63  18  0'     i3  00 

Seint^.  1  ai  1»    20  50  ib   90  18  90     18  i>0 

S.-el-Maiite.  Melun   ...  .   2u  ou  15. 01  17  00     IS  70 

—  Meaux 19  75  15  10  17  00     17.00 

.< —    ûatuiiia  Lu: 19  ko  14  bO  16.50       5  5u 

S.'6l-tns'     Velballles.  .  .       <l    2b  15  2j  18   50      17.75 

._      Pamhn  ,11  cl 18  85  13  35  16  55     14  .'rj 

^     Etampes. . . .    . . .     20  00  i7  oO  i7.b»        • 

Seine;.., .rr.  nouen.  19  75  (4-60  18.00    2J  00 

—  J>iu>ieville ..  18  90  >  17.00     18  00 

—  Fecaujp 19  00  14  Oi)  »         18  bu 

Sonnuc.  Amiens 20. 3o  15.00  »        19  ':tt> 

—  DonW  IIS 19  80  14. 3i  16  55      13.00 

—  Albelt 2'-15  1-1. lO  16.1a      14. uO 

Pru   moyens 19.^9  14  88  17.16     16  Oj 

3'  RRGJON.  —   mi-II.KS  •  . 

Ardennex.  Sedan 19  50  15.00  19  50     16.50 

—  Ch.irieillle 20  ..0  16  OJ  i9.25     18  50 

Aube.    Truyes     19  Oi  14  35  17.50     1^.00 

—  Mely-^ur-S.ine. . .    18  20  la.  .-5  16. 50      la, 00 
Aforn. .  Cliàloiis 19  lu  la  2b  i7     0     16.7b 

—  Heini^..,    19   2b  lb-7a  18   50      16, ao 

—  Epernay  .......   20  2b  »  i7  jO      17. 23 

Hte-Muruf.    LhaumoiU..    19  4o  14  23  »         1400 

—  Laiigres 19. bu  14.50  16  25      14.75 

Meurl/ie-ei-.Uoii.  Nancy.    19   75  16  40  19. .rO      17    5i 

—  ïou: 19. i5  16   50  19. uo      15.75 

—  Luneville 20  00  15  75  17. ■■0      16. aO 

Ueust.   b.ii-le-Unc 2'.u0  15.00  19.40     Ib    bO 

—  VerJun 20  2j  n.oo  19. »0     16.00 

Haute.-aniutt..  vesoul  ...   ly  6»  15.75  16.75     16  23 

Vtisj,e».   Epinal -.   20  7b  la  uo  »         16  2b 

—  Miieto..!!    !9.7b  »  ■          15  23 

—  NeufcU.ueau ly  73  »  18  60     i5  73 

Prix  il«uyen»...        19  08  15.45  16.11      16   17 

4*    Ht-.G.ON.   —    (»|IK2il'. 

Clflï'en/R.  Antiiiiilè.ne...    2Î.15  11  18. J5      17,25 

—  Bai'beiieux -tvtiii  »  «         17.00 

Char.-Êiiie.i'.   vioiaiia,  ...    19.51  »  16  00      17  uu 

—  Sl-Jeai.T.rin^ety      20, ^5  »  »         16  00 
Dtltx  O'-fie»    ftt-walxeul  19..  0  »  »              ji 
InOii  6-tl-lAnri     'iou.a..  .    ia  4j  12  65  n          17. bO 

—  bleiu ,..    13.10  13  OU  17.70     li.bo 

Lo\rt-tnl     i\aiitc> 19  i'3  •  16  'iM     17  Ou 

M.-tl-Luir-     Sauniur  ..   20,15  |5  4o  <>         16  40 

—  Alliier» 211.10  15    10  18. 7a      17    ao 

Vendef    L..^nii lu  23  *  16  90     16. bo 

—  Itudie^ùur  Yon  .  19  8u  »  »  17  50 
Vteniir.  Loudun  .  .  ...  19.70  15  35  16. 5«»  la. 50 
/luulc- klcAiiç.  i^iluo^e.-).    lU.'àO  15.00  16. 3O      14   5ii 

Pni  inoMJtih IS  79  14.41  17  20     16  47 


S*  BE310N.  —  CRNTRR 

Blé.    Seigle.  Orje.  Aïoine. 

fr.         fr.  (r.  fr. 

Alher.    Mnulirts.......  '20.50      16.25  »  16   75 

—  Saint-l^our^ain  . ..  21  00        »  18.00  17  00 
Cher.    Vieizoïi 20.45      14.6b  i7.3u  15  00 

—  Smcerre. ......    .   19  45         r,  15, 3u  i<  50 

—  Uiaçi 20   10      li  65  17. 3j  14  OO 

Creuse.  Gueret 2u.8ii      15  50  »  14  OO 

/ndre.  rbaleauroux    ...    19  25      14.73  16  50  15  40 

—  Valeiiçiy 19  50      13  35  16-80  IJ  75 

—  ISSuuiJiin    20  65      14  60  la. 25  16  00 

Loirel      Oneaiis 19. iO      14  65  16  ou  16  25 

—  Montargls 19  50      14.70  17.50  10  30 

—  DuUfleii.iy 19   7b      Ib.    0  16    50  15   SO 

L.-el-VUer    Hluis 2u    lO      U.60  18  4b  17.75 

—  Ronioi-anûn 20  15     14.63  16  55  15  50 

/Vieure.  Mevera 19.45      15. 00  16.90  17  00 

—  Liaineay 19  15          .  15  75  U  50 

—  La  Cnarité     19.75     14.60  15.75  16  45 

Vonne     Suns     19  50      15    25  17  50  16   .'a 

—  Saiiit-H"lorentln...    19,00     16.70  16.50  16  50 

—  brieiion 19. 70      16.73  17  00  17.25 

Pru  moyens 19  8a      15  Oi  16.88  15  79 

6"  RBilON.  —  KST. 

.lin,  Bonrg 21. vS      16.35  •  17  00 

Ponl-de-Vaux 21.25      16. bO  »  17.50 

Càtfitllr.  iJijon 20  2a     i5.bo  18.00  17.00 

—  Semiir lu.bO     i4,bo  •  15  50 

—  Beaucie    20.00          »  17  25  17  00 

Ouu(i«.  besatiçon 20  03        t  »  17  25 

het-e.    Hourgoin 211.73     15  25  17.00  17. .0 

Jura    Dote 20   25      15  2b  n  16    75 

L:nre.  ibarlin....     ..   20-80     >6  2j  IS.45  16.25 

H. -de- Dallée,    liiom 20   23      15   80  18. .0  16  40 

H/i.i/ie.   Lyun 21   00      I..30  18  73  17   7u 

SuOite-ei-Loii-e.  Chaion  .   20.20     16  00  17  00  17.75 

—  A    lun 19.75      13   50  I)  l3.7b 

ii/avuie.  Chdinlièry 22  75         u  »  17  bb 

ftte.àavdie.  Antiecy  ....   21.10      16  oO  1»  16  bo 

Prix  moyens 20  64     15  70  17.78  16. s 

7"    RSUIOM.  —  »lI|»-<HIKSr. 

ilriêjje.  Pamiers  2i.ao     16  00  »  13. 85 

—  fOA 24.10      16. uo  »  IS  50 

Wurdoiyne,  Périgueiix. . .    22.00      16. 7o  ■  15  00 

Itte-Oarni'.iiK.  Toulouse.   2i,8i     16.80  15.75  18.75 

—  iat-Gaiiilens ^2  10     16. uo  »  18  00 

Gers.  Cuil. luiii ^2   7a          »  »              » 

—  iùmiZf 22    90           »  »  20.00 

—  \lr  nl^ 25  00        0  »  20  00 

Gironde.    tioideaUX 2u   90      17   00  17.00  18.75 

—  Lesjiarre 22  bO     ib  75  »            » 

Latidea.  b.ix 24.i'0     10  00  i»             » 

Lvt  el-(iarnniie,  Agen..    21  .bO      17. bo  »  18  zO 

~-     Nerac 'tl  8j        »  »  18. uo 

fi.-f'iyi-eMt-e.s-  Bayonne.  .    2.1-40         »  »  22.00 

Htes-l^yvi-nffs.  t'arbes..   -ti.iQ     n.35  »            » 

Prix  moyens 22.67     :6.5;  16.37  18.76 

8*  RÉOluN.  —  sl'o. 

Aude.    Castelnaudary. .  22.75     :7.33  17.00  17. so 

—  carcassoiiiie. , 22  6fi     17.6'>  '.6  25  I9  00 

Aveyroit,.  tludez 20.80     17  60  »  19  40 

Cantal..    Aiiiili.tC 23.40      i5.70  17  oO  16-75 

Cut-reze.    Tulle 22  \I0     18. uO  16.60  16.30 

tiérautt.   beziers 2i.75      I?  65  16   15  2o  uO 

i.o;.  Cahi-ira 23    10      18. uo  1660  16.40 

Luzere.    Mei.de 22.7a      18   uo  18.^5  18   00 

H yrcafes-Ur.e&rf\^nin.   24.35      l7  80  2i.00  24  40 

Tara    GiUac 22.75         1»  »  18  bo 

—  LaViUC 22    73           11  •  IJ.bO 

ro/-'u-el-i  faV.  Montauban  22  40     16,35  15.75  18  50 

Prix   raoyena..    ..   22  71      17   71  17.31  18  61 

9*  RÉGION.   —  sri>-H.*T. 

Bas.sea-.^lpes.  Mauoaque  15.95          ■  ■  20.30 

Uauua-.iti/es.  briaiiii.in.   22.30     18  00  16.00  19. uO 

/li/-.e.s  ,Wa'"Uwnei.  Nice.  .    25.30      16-Uu  lu  00  19   50 

/lr</.^t;/te.  t^nVrtS 23.20      16    25  16.15  18.60 

fi. -au  Itaoae.  Arles...  22.50        »  i-.ou  15.50 

Oriunt:     Ho.nans 21.50      14. bO  »  18.25 

■■(ja*'(i.   Ai'ils. 24.70  •  2l.2j 

UaaU-Uive.    Le  Puy..    21.40      16  65  17   70  16  50 

Kur.  Dla.;Ulglian 23    2i           ■  18.00  17.80 

VauctanG.    Aù^non..    .    21.75     16.25  *  18  75 

Piix  iniiye.ia 23  21      16  27  17    i4  18.55 

Moy.  ne  luute  la  r'rance  20, »8     15  74  16  89  i7  18 

—  lie  la  seii.ame  pieucd.  20  90     15.83  17.13  17.25 

âUr  la  seiiiaïuti  lU.tusse.        •            ■  •            * 

pre<.eiieule..|baisse.       0,02     0  09  0.24     0.0 


DES  DENRÉES   AGRICOLES  (27   DÉCEMBRE  188i»;.  511 

[liés  —  Les  prix  du  blé  sont  en  baisse  sur  ceux  de  la  semaine  dernière.  A  la 
bulle  de  Paris  du  -3  déceiiil)re,  on  cotait  les  blésde  mouture  19  IV.  75  à  21  Ir.  25 
les  lOOkiloo;.  —  Les  blés  à  livrer  courant  du  mois  et  janvier-lévrier,  valaient  de 
SO  fr.  50  à  20  fr.  75  ;  les  quatre  [ireiniers  mois,  20  Ir.  75  à  21  fr.  les  quatre  mois 
de  mars,  21  Ir  25  à  21  Ir  50  —  A  iidr.sfil'f,  l'approclie  des  fêtes  de  lin  d'année 
a  complètement  ralenti  les  Htlnires.  On  cote  ^ans  variations  :  Red-Winter,  12  fr. 
Berdianska,  22  Ir.  Alarianopoli,  21  fr.;  Irka-Azoll,  20  Ir.  50;  Irka-NicolaïeÛ', 
19  fr.,  Irkii-OJessa,  18  fr.  50  ;  Pologne  jaune,  20  fr.  50  ;  Pologne  roux,  18  fr.  50  ; 
Aziraa-Azoff,  16  fr.  50  fi  is  Ir.  Danube,  16  fr.  75;  Deieagh  rouge,  17  fr.  tuzel.e 
d'Uran,  22  fr.  50  à  23  fr.;  tuzelle  d'Alger,  iO  fr.  50;  blé  dur  d'Afrique,  16  fr.  50 
à  17  fc;  Taganrock  dur,  17  fr.  50  les  luO  kilog.  dispoaible-î.  —  A  Londres,  les 
cours  se  soutiennent  à  19  fr.  pour  la  Caliloinie  et  19  fr.  25  pour  les  Australie. 
—  Sur  les  mHrcbés  intérieurs  de  l'Anglelerie,  le  prix  moyen  du  blé  ressorti 
18  fr.  55  les  100  kilog. 

F'iri.  ifs.  —  Prix  sans  variations.  En  farines  de  consommation,  on  cotait  le 
23  décrabre,  à  l'aris,  mar.|ue  de  Corlieil,  47  Ir.;  marques  de  cboix,  47  à  50  fr.; 
premières  marques,  46  à  47  Ir  ;  bonnes  marques,  44  à  45  fr.;  marques  ordinaires, 

43  à  44  fr.;  le  tout  par  sac  de  15^  kilo;,',  bruts,  toile  à  rendre,  ce  qui  correspond 
aux  prix  extrêmes  lie  27  fr.  3  •  à  31  fr.  85  les  100  kilog.,  ou  en  moyenne, 
29  fr.  .5  —  Les  farines  de  spéculation  étaient  aux  cours  suivants  :  fdriiies  neaf- 
ii(<iiiiues,  cour  nt  du  mois,  44  fr.  à  44  fr.  25;  janvier,  43  fr.  75  à  44  fr.:  janvier- 
février,  44  fr.;  quatre  premiers  mois,  4i    fr.  à  44  fr.  25;  quatre  mois    de  mars, 

44  fr.  75  à  45    fr. 

Sei'i'lfS.  —  Les  seigles  conservent  leurs  prix  de  15  fr.  50  à  16  fr.  25;  mais 
on  constate  de  la  lourdeur;  les  ali'aiies  sont  sans  importance. 

0;i,e>.  —  Les  orges  i  ouvelles  se  ^ont  cotéesde  18  ir.  50  à  21  fr.  les  100  kilog., 
et  les  escourgeons  1«  fr.  tO  à  19   fr.  25. 

Aoiiini-s  —  Les  adieleurs  sont  rares  et  la  tendance  reste  lourde.  La  dernière 
cote  s'étiblit  de  i7  Ir.  25  à  fr.  à  19  50;  les  100  kilog.  suivant  provenances,  cou- 
leur et  qualité, 

l'sue.s.  —  On  cote  à  la  halle  de  Paris,  par  100  kilog.  :  gros  sons  seuls,  13  fr. 
à  13  fr.  50;  gros  sons  seuls,  13  fr.  50  à  14  l'r.  ;  sons  trois  cases,  12  fr.  5);  re- 
coupetles,  12.  fr.  à  i2  fr.  25;  remoulages  blancs,  16  à  13  fr.  remoulages  bis, 
1 4  à  1 5  fr. 

III.  —  Fourragrs  et  graines  fourragères. 

Faiirritrifis.  —  Les  prix  se  maintiennent  pour  les  fourrages  de  yiremière  qualité, 
avec  des  ventes  ordinaires.  On  cote  à  Pans  :  foin,  48  à  59  fr.;  luzerne,  48  à 
58  fr.;  ]iaille  de  blé,  27  à  32  fr  ;  paille  de  seig'e,  34  à  40  fr.;  paille  davoine,  t'6 
à  27  Ir  les  \0a  bottes  de  5  kilog.  rendus  à  Pai  is,  au  domicile  de  l'acheteur.  — 
Les  f.iurrau'es  sur  wagou  en  gare  valent  :  foin  <7  à  45  fr  ;  luzerne,  h5  à  4*  fr.; 
paille  do  blé,  22  à  ik  fr.;  paille  de  sei>,'le  30  à  39  fr.  ;  pallh  d'avoine  19  à  22  fr.; 
les  1(4  bottes  de  5  kilog.,  déehargcment  et  octroi  à  la  charge  de  l'acbetnnr.  — 
A  Versailles,  on  cote  :  foin,  36  à  40  fr.  les  10  )  bottes;  luzerne,  36  *r.;  pjiide  de 
blé,  2'j  à  2'  fr.;   paille  d'avoine,  22  à  24  Ir.;   sainfoin,  34  à  33  Ir.;  regain,  35  fr. 

—  A  Bléié,  lj  foin  \aut  de   v  à  9  fr.;  la  paille  5  fr.  les  100  kilog. 

Grai"is  InirriKièris.  —  Aucun  changement  dans  les  cours  du  marché  de  Paris. 

—  A  Lyon,  les  alfaires  sont  lentes  et  les  prix  se  soutiennent  dillicilement  comme 
suit  :  lu/.erne  de  Provence,  120  à  150  fr.;  du  Poitou,  80  à  90  fr.;  trèfles  violets 
do  pays,  90  à  12U  fr.;  sam^oin^■,  30  a  32  fr.;  vesces,  19  fr.  60  à  ïO  fr.  25;  jiois 
j;irias,  16  à  17  Ir.,  le  tout  aux  100  kilog.  —  .Au  Havre,  les  trèfles  d'Amérique 
i-ont  cotés  de  98  a  101    fr.  les  100  kil  g.  di-pouibles. 

IV.  —  Fruits  et  Icyumes  frais. 

Friiils.  —  On  cote  à  la  halle  de  Paris,  raisin,  1'  fr.  20  à  I  fr.  50  le  kilog;  extra 
noir  et  b'anc,  1  fr.  60  à  3  fr.;  Punes,  0  fr.  20  à  1  Ir.;  pommes,  0  Ir.  12à 
I  fr.  70  le,  kilog  ;  noix  40  à  50  Ir.  les  1  lO  kilog;  m;urons,  12  à  40  fr.  oranges 
de  Valence,    10  à  13  l'r.  la  coulTe;  mandarines  6  à  12  fr.  le  cent. 

léijiiiiis — Hiricots  veit'^,  I  fr.  60  à  -i  Ir.  20  le  kilog.;  moyens,  1  fr  30  à 
1  fr.  lO;  gros,  1  tr.  a  1  fr.  10;  pois  d'.Alger,  0  fr.  70  à  i  fr..  extra,  l  tr  10  à 
1  fr.  20;  pis>enliis  veVts  0  fr.  .-lÛ  à  0  Ir.  40;  blancs,  U  Ir.  80  à  1  Ir.;  ch  corée, 
7  à  12  Ir.  le  cent;  ariicliauls,  25  à  40  fr.  le  cent;  cho  ix-lluuis,  6  à  7  fr.  U  dou- 
zaine; e.resson,  10  à  2  fr  le  panier  de  18  à  2!,  doiiziiiues  ;  oiguuns,  10à2ofr., 
les  U  0  kilog.  Je  carottes.  5  tr. 

Pommes   de    terre.  —  Hollande,  8  à  14  fr.;  jaunes,  8  à  9  fr.  les   100  kilog.. 


512  REVUE   COMMERCIALE  ET  [PRIX    COURANT. 

V.  —  Vins.  —  Spiritueux.  —  Vinaigres.  —  Cidres. 

Vins.  —  C'est  dans  le  Lancruedoc  que  l'activité  commerciale  continue  à  se 
eoncentrer.  Les  petiis  vins  de  Bczieis  et  de  Narbonnesoni  l'obit^t  d'achats  assez 
suivis.  A  Béziers  les  vins  df  10  dei;rés  sont  cotés  25  fr  l'hectolitie,  ceux  de  8  à 
9  degrés  16  t'r.,  et  reux  de  7  degrés  depcendeat  jusqu'à  12  fr.  A  Narhonne,  les 
vins  lie  premiers  choix  valent  -2  à  3ô  Ir.,  les  ordinaires,  de  22  à  25  fr.  Ce  qui 
ressort  de  la  sit  ation,  c'est  la  délaveur  croissante  qui  accueille  l-.s  vii.s  étrangers, 
dont  la  qualité  et  les  prix  ne  répondent  pas  aux  exigences  du  commerce.  Les 
vins  d'Espagne  sont  cotés  à  Cette  de  31  à  45  fr.  et  les  vins  d'Italie  de  38  à  55  Ir. 
—  Dans  le  Bûrdelns,  les  affaires  en  vins  de  la  récolte  nouvelle  s  int  à  peu  près 
terminées,  et  les  vins  vieux  reprennent  laveur.  —  Partout,  d'ailleurs,  le  calme 
s'accentue.  —  Dans  le  Nantais  les  gros  plants  obtiennent  un  prix  moyen  de 
35  fr.  ftles  muscadets  de  <iO  à  6i  fr.  Dans  le  Loir-et-Cher  les  cours  varient 
entre  75  et  80  Ir.  la  pièce  aux  environs  de  Blois.  Les  vins  blancs  de  Sologne  se 
paient  au  vignoble  de  58  à  63  fr.  la  pièce  nus.  —  La  demande  est  moins  active 
sur  les  vins  d'Algérie.  A  Oran,  on  cote,  premier  choix  12  à  13  degrés.  25  à 
26  fr.  l'hectolitre;  10  à  12  degrés,  23  à  24  fr.;  deuxième  choix,  9  à  10  degrés, 
21  à  25  fr. 

SiiiriixiP.iix.  —  La  tendance  est  ferme  sur  les  alcools  à  Paris;  les  prix  se  sont 
relevés  depuis  huit  jours  On  coee  :  trois-six  fins  du  Nord,  90  degrés,  disponi- 
bles, 42  fi-.  50  l'hectolitre  ;  janvier  4  <  à  43  fr.  25  ;  quatre  premiers  mois,  43  l'r.  75; 
quHlre  mois  de  mai,  45  à  45  fr.  25.  Les  trois-six  du  Languedoc  disponibles 
valent  de  110  à  112  t'r.  l'hectolitre  en  cntiepùt.  —  A  Lille,  l'alcool  de  betterave 
fin  vaut  42  fr.  —  A  Bordeaux,  les  trois  six  hns  du  Nord  sont  ollerts  à  49  fr.  et 
tenus  à  50  fr.  l'hectolitre;  les  marques  supérieures  type  allemand,  valent  62  à 
72  fr.;  les  premières  marques  de  Berlin  82  fr;  les  trois-sixx  bon  goiit  sont  cotés 
113  Ir.  sans  affaires.  —  Dans  le  Languedoc,  les  trois-six  bon  goiit  valent  de 
101  à  103  fr.;  les  eaux-de-vie  de  marc,  93  à  97  fr.  —  En  Bourgogne,  les  eaux- 
de-vie  de  marc  nouvelles  se  vendent  2,-i0  à  275  fr.  la  feuillette.  —  Les  eaux-de- 
vie  d'Armagnac  sont  en  hausse  aux  cours  suivants  :  haut-Armagnac,  110  à 
112  Ir.  50;  Tenarèze  ordinaires,  117  fr.  à  122  fr.  50;  bas-Armagnac,  132  fr.  50 
à  140  fr.  l'hectolitre. 

VI.  Surres.  —  Mélasses.  —  Fécules.  —  Houblons. 

Sucres.  —  La  situation  du  marché  des  sucres  s'e«t  également  améliorée;  la 
tendance  était  très  terme  cette  s  raaine.  On  cote  à  Paris,  par  100  kilog.  :  sucres 
bruts  88  degrés  32  fr.  les  100  kiloj;.;  sucres  blancs  99  degrés,  37  fr.  '75  à  38  fr.; 
blancs  n"  3  disponibles  39  ir.  à  39  fr.  25,  livrables  suivant  époques,  39  fr.  25  à 
42  fr.  —  Les  raffinés  disponibles  se  tiennent,  avec  une  demande  calme,  au  cours 
de  68  à  9i  fr.  pour  la  consommation  et  50  fr.  pour  l'exportation.  —  A  Valen- 
ciennes,  les  sucres  roux  sont  descendus  à  àb  fr.  75  les  100  kilog.  sans  atfaires;  à 
Lille,  on  demande  de  30  fr.  50  à  31  fr.  —  Les  sucres  coloniaux  sont  en  baisse  à 
Nantes;  on  coie  31  fr.  50  à  32  fr.  les  88  degrés,  ainsi  qu'à  Marseille.  —  Les 
ralfinés  valent  à  Nantes  100  à  101  fr.;  à  Marseille  103  à  109  fr.;  à  Bordeaux  104 
à  105  fr.  les  100  kilog. 

Mél'i.<'Ses.  —  A  Paris,  on  cote,  en  hausse  sur  la  semaine  dernière  :  mélasse  de 
fabrique,  10  f r  ;  de  raftinerie,  18  fr.  les  100  kilog.  —  A  Valenciennes,  la 
mélasse  disponible  vaut  toujours  9  fr.  50. 

Féculfs.  —  La  fécule  première  du  rayon  de  Paris  est  colée  2'i  fr.  les 
100  kilog.  —  A  Marseille,  on  paye  :  fécule  blutée  supérieure  35  à  38  fr.;  ordi- 
naire, 35  à  37  Ir.;  fécule  deuxième,  32  à  33  fr. 

Iloubldiis.  —  La  situation  est  toujours  aussi  désavantageuse  pour  les  ven- 
deurs. La  baisse  qui  persiste  en  Angleterre  ne  permet  pas  d'espérer  un  relève- 
ment des  cours.  A  Poperinghe,  on  a  traité  quelques  achats  de  70  à  85  fr.  les 
50  kilog.;  en  Alsace,  on  cote  75  à  95  fr.;  en  Lorraine,  60  à  70  Ir.  et  en  Bourgo- 
gne 75  a  90  fr.  mais  sans  aflaires. 

Vit.  —  Tourteaux.  —  Moirs.  —  Engrais. 
Tourlenux.  —  A  Arras,  la  demande  en  tourteaux  est  très  calme,  aux  prix  sui- 
vants :  œillette,  15  fr.;  colza,  i6  fr.  75;  cameline,  15  fr.:  pavol,  12  fr.  —A  Rouen, 
les  tourteaux  de  colza  valent  15  fr.  et  à  Caen,  16  Ir.  les  10  i  kilog.  —  .\  Marseille, 
les  cours  de  la  semaine  sont  fixés  comme  suit  aux  100  kilog.  :  lin,  17  Ir.  25,  ara- 
chide (lécoriiquée,  13  fr.;  en  coque,  9  fr.  50;  sésame  blanc  du  Levant,  12  Ir.  50; 
sésame  de  l'Inde  pour  engrais,  10  fr.  75;   cocotier,  11  fr.  75;  colza  du  Danube, 


DES  DENRÉES   AGRICOLES  (27  DÉCEMBRE    1884;.  313 

12  fr.;  œi'lette  exotique,  10  fr.   75;  cotoa  d'Egypte,   12  fr.;  palmiste,  II   fr.  50; 
ricin,  7  i'r.  75;  ravisim,   10  IV.  ^0. 

i\oirs.  —  Shis  changements  à  Valcncicnans. 

Engriiis.  —  Voici  les  cours  pi:iii'|ués  dans  le  Nord  :  nitrate  dft  soude,  15  et  demi 
à  16  pour  100  d'azjtu,  24  fr.  les  IQj  kiloj.;  sulfaied'aimnonia  pie,  M  li-.;  chlorure 
de  potassium,  0  tr.  42  le  kilog  de  potasse;  suderphosphitî  d  os  0  fr.  78  le  dc^ré 
d'azote;  superphospate  blanc,  0  fr.  69  \e  d^gré  ;  supliosplia'e  riche  solub  e  citrate 
8  fr.  les  100  kilog.;  nitrate  de  potasse  44|45  potasse  et  13[14  azote,  46  fr.  les 
100  kdog.  livraison  sur  printemps.  —  A  Paris,  oa  cote  :  nitrate  de  soude,  15 
pour  lÙO  azoté,  22  fr.  5';  suUate  d'amouiaqae,  37  ir.;  suKate  potasse,  21  fr.; 
nitrate  de  potasse,  46  IV.;  phosphate  à  38  piur  100  d'acide  phosphorique, 
0  fr.   65  l'unité;   superphosphate   de  chaux  soluble,  0  fr  6^;  sang  desséché,  11  à 

13  pour  lOJ  d'azote,  1  fr.  80  l'unité. 

VIII.  —  Matières  résineuses  et  textiles.  —  Combuslibles. 

Ess'tice  de  térébenthine.  —  Les  ventes  de  la  semaine  dernière  à  Bordeaux  ont 
donné  le  cours  de  62  fr.  les  100  k  log.  avec  1  fr.  de  hausse. 

Clviivres.  —  On  C'ite  à  .\bb'^ville  l-t  chanvre  blanj  de  2  fr.  20  à  3  fr.  60 
selon  qualité,  et  le  chanvre  gris  de  1  fr.  hO  à  2  fr. 

Bois.  —  Les  bois  de  lea  sont  t'objet  de  transactions  assez  suivies  sur  les 
ports  de  la  Nièvre,  quoique  li  consom  u^itioa  pirisi^nie  ait  été  un  p  m  ralentie 
depuis  la  seconde  quinzaine  de  novembre.  Sur  le  port  d.^  Clam-cy,  le  bois  de  flot 
se  vend  110  fr.  le  décastère,  le  b  lis  neuf  dur  115  à  118  fr.;  le  bois  blanc,  72  à 
80  fr.  les  traverses  en  hêtre  de  lljt,  105  à  10^  tr.;  les  traverses  neuves;  115  fr. 
La   charbinnette  est  cotée  8  à  9   Ir.    la   corde  de  2   stères   33;  les    .mrgitins, 

4  fr,  25  le  cent.  —  Sur  les  poi-ts  de  l'Aisne  et  de  l'Oise,  on  vend  :  chêne  non 
gelé,  80  à  90  fr.  le  décastère;  chèn»,  g  dé,  5)  à  60  fr.;  hêtre  et  c  laran  q  urtier, 
110  à  115  f.;  cotrets,  par  mile,  bois  blanc,  IIO  à  120  fr.;  chêne  pelard,  130  fr.; 
bouleau  135  à  140  fr.  —  Sur  les  ports  de  la  Mirae  et  de  TÛarcq,  les  bo.s  de 
flot  durs  valent  80  à  1 10  fr.;  les  tendres,  8  i  à  90  fr 

Les  bois  pour  la  vigne  et  la  tonnellerie  donnent  également  lieu  à  des  afl'aires 
actives.  A  Ulamecy,  le  merrain  se  vend  635  fr.  le  millier  de  2  600  pièces;  les 
lattes  de  première  qualité,  635  fr.  les  104  bottes,  2''  qualité,  88  à  )  >  fr.;  les  é  ha- 
liers,  aubier,  30  fr.  le  mille;  cœur  de  chêne,  40  Ir  ;  acacia  et  cliàtaignier,  52  fr. 
—  A  Raon-l'Etape,  les  perches  à.  houblon  se  ve-id^nt  :  5  à  7  mètres  de  long, 
65  fr.  le  cent  ;  7  mètres  et  au-dessu-;  9  >  ïr.  —  A  Bordeaux,  le  merrain  de  B  isnie 
pour  les  barriques  est  coté,  les  l,hl6  douves  de  34  à  36  p  )uces  sur  12  à  14  li- 
gnes d'épaisseur,  90J  à  95J  fr.:  14  à  16  lignes,  1,075  à  l,l25fr.:  16  à  18  lignes, 
1,150  à   1,225  fr.;     18  à  2  i  lignes,  1,350   à  1,425  fr. 

Charbona  de  boU.  —  On  cote  à  Cla  necy  6  fr.  75  le  ûouble  hectolitre  ;  sur  les 
ports  de  la  Marne,  2  fr.  à  2  fr.  ib  l'iieciolitre;  à  (JhatiUoii-sur-Loipg,  i  fr.  75  à 
3  fr.;    à  Arbois  et  à  Salins,  13  à  14  fr.  le  mètre  cube  rendu  en  g  ire. 

Ecorci's.  —  Sans  afl'aires.  Le  tan  battu  est  en  hausse  dans  la  iSièvre  à  135  fr. 
les  1040  kilog. 

IX.  —  Suifs  et  corp-:  gras. 
Suifs.  —  Il  y  a  une  baisse  de  1  fr.  sur  le  sud'  frais  de  la  boucherie  de  Paris,  qui  est 
coté  79  fr.  les  100  kilog.    disponibles. 

Saindoux.  —  Le  cours  des  saindoux  au  Hivre  s'est  élevé  de  25  centimes,  à 
48  fr.  25  les  50  kilog. 

X.  —  Beurres.  Œufs.  —  Fromages. 

Beurres.  —  Les  quantités  vendies  à  la  hiUe  de  Paris,  du  15  au  21  décembre, 
se  sont  élevées  à  191,544  k'iog.  aux  prix  suivants  :  en  demi-kilog.,  t  fr.  80  à 
3    fr.  94  le  kilog.;  petits  beurres,  1    fr.  52   à  3  fr.    06;    Gjurniy,    1  fr.    90  à 

5  fr.  2S;  Isigny,  2  Ir.  18  à  «  fr.  2i. 

Œufs.  —  Ou  a  vendu  pendant  la  seraiinfî.  3,953,634  œifs,  aux  prix  de  :  choix  , 
102  à  146  fr.  le  mille;  ordinaires,  80  à  101  fr.;  petits  54  à  68  f: . 

Froinig'S.  —  On  cote  à  la  halle,  par  douzaine  :  Brie,  5  à  57  fr.  ;  Mintlhéry, 
15  fr  ;  —  par  cent,  livarot,  26  à  78  fr.;  MoiU-d'Or,  5  à  15  fr. ,  N-ul'chàiel,  2  fr.  50 
à  13  fr.  50;  divers,  4  à  58  fr.;  —  par  lOd  ki  og..  Gruyère,  80  à  120. 

.XI.  —  Ctievauc.  —  Bétait.  —  Viande. 
Bétail.  —  L"  tableau  ^uivint  rés  :in'  le  <n  >  we.  n<ini  officiel  du  marché  aux  bes- 
tiaux de  la  Villelte,  du  jeudi  17  au  lundi  21  décembre  : 


514  REVUE  COMMERCIALE   ET    PRIX   GOURANT 

Poids     Prix  du  kilo^.  de  vianfle    n*»tte  sor 
Vendus  moyen       pied  au  marche  di-  21    décembre. 

Pour  Pour           En         4  quartiers,     i'"  2"  3"  prix 

Amenés,       Paris,    l'extérieur,  lotatité.  kil.  quai.  quai,  quai.  muyen. 

Bœufs 2.007     1,590  364  I,9.d4  Hliî  1   tî6  l.oT  1.2't  1.4.> 

Vaches 62'»        4:58  ItiO                5'W  237  155  1.38  120  1.33 

Taureaux l.ô.i         137  13                 I.i0  4li0  1.46  1.(6  1.20  1.33 

Veaux 2.058     l,24d  515  1,814  81  2.03  18)  1  :0  1.85 

Moutons 19  094  15,054  1,830  16,884  20  1   9i  1.74  1   56  1.70 

Por.s   ;ras...,           4,135     1,698  2,437  4,134  81  1.30  1.24  1.2.)  1.2S 

Li's  irtivages  des  marchés  de  la  semaine  se  décomposent  comme  il  suit  : 

Bœufs.  —  Ain,  72;  Aisne,  3;  Allier.  179;  Aveyron,  8;  BeKort,  11;  Calvados,  643;  Charente, 
120;  Cliai-enie-Inferieure,  4;  Cher,  56;  Côle-d'Or,  4;  Creuse,  2i4;  Deux-S^vTe.^i,  87,  Dordogoe, 
370:  Eure-et-Loir,  lOi  Finist -i-e,  6;  Indre.  39;  Loire-Inferieure,  129;  Loiret,  8;  Lut,  20;  .Maine- 
et-Loire,  1.206;  Manche,  00;  Marne,  4;  Ha>ite-.\I.trne.  2;  Mayenne,  176;  Mnrbilian,  ,55;  Nièvre, 
150;  Oise,  4;  Orne,  66:  Puy-ile  DoQie,  35;  Saùne-el-Loire,  5;  Sinhe,  37,  Suiiie-lurérieure,  21; 
Somme,  11;  Tarn,  24;  T.irn-et-Garonne,  12:  Vendre,  59j;  H;iiite-Vienne,  317:  Yon',e,  14. 

l'a  lies.  —  Ai<ne,  1;  Allier,  64;  Ardennes,  13;  Auhe,  2;  Calvadns,  276;  ('..inlal,  14,  Charente, 
24:  Cher,  4J;  Côie-d'Ur,  26;  Creuse,  9);  Doidogne,  34;  Doiibs,  3;  Enre-et-Loir,  26;  L'iiet,  7; 
Maine-el- Loire,  33;  Manche,  105;  Mirne.  11:  Hanie-Marne,  9;  .Nievi-.?,  99;  oise,  2  Orne,  2i;  Hny- 
de-Uôine,  88;  SHÔife-el-Loire.  6;  .S  rihe,  3;  Seoie,  165;  Seine-lnlerieure,  8;  Seine-et-Marue,  26; 
Seine-ct-'hse,  38;  Haute-Vienne,  154;  Yonne,  18:  S  Osse,  12. 

Taureaux.  —  Aisne,  1;  Al  ier,  21;  Aube.  3;  Cilvalos,  18;  Cher.  23;  CMe-rfOr,  5;  Donbs,  6; 
Eure.  2;  Enre-el-Loir,  9;  Fi-islère,  12;  Gironde,  6;  lll'-et-Viliin':,' 8;  Loire-lnf-rie.ire,  21; 
Loiret.  3:  Maine-et-Loire,  24;  Muno'ie,  12;  Mirne,  9;  Mayenne,  IK;  Nièvre,  23;  Oi^",  il  ;  Orne, 
2;  Haute-Saone,  19;  Saribe,  12;  Seine-lnleiieure,  1  :  .Seme-et  Marne,  11;  Seine  et-Oise,  14;  Ven- 
dée, 1:  Hauie-Vieniie,  1;  Ynnne,  6 

Veaux.  —  Allier,  31  ;  Aube,  465;  Aveyro',  21  ;  Calvados,  40  ;  Eure,  132  ;  Eure-et-l.oir,  219; 
Loiret,  195  :  Manie,  168  ;  O.se,  61  ;  Puy-  le-Dô  ne,  ISJ  ;  Sarlhe,  72  ;  Seine -Inlifie^re,  8i»;  Se.ne- 
el-Morne,  268  ;  Seine-el-Oi^e,  46;  Yonne;   115, 

M'm«,ns.  —  Ai-ne.  1.039;  Allier,  l,i,4l  ;  Aube,  541;  Calvalo^.  60;  Cantal,  8i7  ;  Chareiie,  60: 
Cher,  2.(9;  Côle-d  or,  501  :  Eure.  313  ;  Eure-et-Loir,  916  :  Loir-et-Cher,  191;  Loirel,563;  Lot, 
213;  Marne,  114;  Menrthe  et  Moselle,  I9J;  Meue,  5i  ;  Nièvre,  1.  51;  Nord.  I.'O;  Oise,  5 '8; 
Puy-de-Uôuie,  44ii;  Saône-et-LoIre,  367;  Seine,  350:  Seine-et  Marne.  2,778;  Seim-et-Oise, 
4,625;  .Somme,  112;  Haiite-Vienne,  60;  Yonne,  180;  Allemagne,  11,315;  Hjngr.e,  000; 
Russie,  1 .3  1 . 

Vorcs. —  Allier,  465;  Calvados,  126;  Charente,  116;  Chareme-lnféoieiire,  50;  Cher,  214; 
Creuse,  587:  Deu«-Sèvrts,  512;  Eure-et-Luir,  M;  llleet-Vilaine,  157;  Indre,  "87;  Lire-Infé- 
rieure, 135;  Loir-et-Cher,  42;  Maine-el-Luire,  647;  Manche,  89;  Mayenne,  137;  .Nièvre,  5.59; 
Puy-de-Dôme,  114 ;  saô'ie  et-Loire,  54;  Sarlhe,  1,149;  Seine,  62;  VeuJée,  443;  VienOt;,  105; 
Haute-Vienne,  118. 

Sauf  pour  le  porc  dont  le  prix  à  haussé  de  9  cenlimes,  les  cours  des  autres 
viandes  sont  les  raèinas  (|ue  la  seni;iine  pipcédeiite.  S  r  les  marchés  des  dépar- 
tements, on  cote  :  Nnncy,  iJoeuT,  82  à  86  l'r.  les  00  kilog.  bruts;  vache,  60  à 
80  fr.;  veau,  50  à  60  fr  ;  mouton,  90  à  KO  fr.;  po-c,  h5  à  60  fr.  —  llou-n,  b.eiil, 

1  fr.  55  à  I  fr.  ^5  le  kilog.  ;  vaclie,  1  fr.  50  à  I  fr.  80;  veau,  1  fr.  45  à  1  fr.  85; 
mouton,  1  fr.  80;  à  2  fr.  lu  ;  porc,  1  fr  i  5  à  1  fr.  30.  —  P.rreux,  bœuf,  2  fr,  10  ; 
veau,  2fr.  30;  mouion.  2  fr.  30;  pdc,  1  fr.  70.  —  Lonviers,  bœuf,  1  IV.  40 
à  2    IV,:   veau,  2  fr.  à  2   Ir.  40;  mouton,  2    fr.  à  2    fr.  40;  porc.  1  fr.  80  à  2  fr. 

—  Pnhivier.'^.  vdchf,  1  fr.  -^Oà  I  fr.60;  veau  1  fr.  85à2f  .  25;  mouton,  1  fr.  90  à  2fr. 

—  Bounje-,  bœuf,  i  fr.  60  à  1  fr.  80;  feau;  1  fr.  60  à  1  fr.  80;  mouton,  1  fr.  80  à 

2  fr.:  pi-rc,  1  fi  20  à  1  fr.  50  — Ro  uorajilut,  bœuf,  I  fr.  50;  vache,  I  Ir  40  veau, 
1  fr.  60;  mouton  1  fr.  9ù;  porc-I  fr.  4J.  — l'^eoers,  bœuf,  1  fr.  60  à  1  Ir.  (-0  le 
kiliig.;  v:iche,  1  fr.  40  à  i  fr.  60;  ve;'u,  i  fr.;  mouton,  2  fr  ;  porc,  1  fr.  60.  —  Le 
Pi.y,  bœul,  1  fr.  80;  veau,  1  fi .  70;  inoulon,  1  fr.  80;  porc,  1  70.  —  li  rluzicux 

—  bœuf,  1  fr.  60  à  1   fr.  80;  veau,  1  fr.  8  ';  mouton  ei  fioro,  I  fr.  40  à  1  fr.  60. 
A  Loiid  M,  les  imporialions  de  héiail  étranger,  pendant  la  semaine,  oii'  Pté  de 

1,554     bœufs,     5.:-i60    moulons,     1,16'   veaux,    -7     porcs,  dont    46.3    bixnifs    de 
Bostnn,    et  399  bœufs  et  600    loouions     de    Nfw  York.    —  Prix    pHr    kilog 
bœuf,   1  fr.  3'i  h  2  Ir,;  mouton,   1  fr.  85  à  2  fV.  23;  veau,   1  fr.  72  a  2  fr.;  porc, 
1  fr.   15  à  i  fr.  45. 

Viandcà  ta  criée.  —  Il  a  été  vendu  à  la  halle  de  Pins,  du    15  au  21  décembre  : 

Prix  du  tiiliig.  le  'JI    ili'i-embre,    ^^^^___ 

kiloR.  I"  quai.  '•    mal  ■!•  quai.  r.hoiv.     R  i^s»  ^,-:;che^ie 

Bœufon  vache...    155.^37     1   62  à  2  04     1,41  à   I  60     0  95  .i   1.38     1.50  i  2.70     O.îO  à  1.32 

Veaii 16i,0:)0     I   6S      2.04     1.46       1   1)6     1.10       1.^4       .  »         . 

Moutons 7388i     1.51       172     128       I.4S     1,16       1.26     1.60      3.06     »  »     , 

?orc fi.i,4i9  l'ir."   fr-ti, l,16il,32;     salé,    1,44 

458,2lil  Soit  pa    jour 65  ,46'i  Uilog, 

~  Les  ventes  ont  diminue  de  7.000  kilog.  environ  p:ir  jour.  Les  prix  sont  en 
hausse  iiour  toutes  les  rorles. 


DES   DENRÉES  A'^BÏGOLES  (27  DÉriEMBRE  1884). 
XII.  —  Cours  de  la  Villi-lle  du-yj  décembre  1884. 


515 


Les  nécessilés  riu  tirdoe  à  raison  de  la  fête  di3  Noël,  aous  empêchent  de  publier 
aujourJ  liui  les  derniers  cours  de  la  Vil  ettc. 

Xlll.  —  HiKiitmé. 

En  résumé,  si  la  baisse  s'est  ace  -ntaéw  sur  les  céréales,  les  autres  denrées  n'en 
ont  pis  été  atteintes.  Les  sucres  et  spiritueux  ont,  au  coatriire,  ropris  un  ()C  u 
de  laveur;  les  autres  deurées  restent  slatioimares.  A.  HÈviy. 

Lr  (irrunl  :  A.   Bot'i.ilK. 


TABLE    ALPILVBËTIQUE  DES  AUTEURS 

•  DU  Q'J.VTRIÈ.MK   VULU.ME   DE    188'i. 


*tAniARTmE.  —  Le  froment  "à  l.i  fr.incs  l'Iirc- 

toliiie.   .'Bo. 
At-i-I-iiR    —   Nouvelles    d^  l'état    des   récf>lt''s 

dans  les  Hac.te~-AI|iu-;,  '.)  I,  33  1,  —  Cmucoius 

déporlHmeni.Tl  îles  Hauie^-Alpes,  114. 
ASSI  ('.Il  )■  —  B-ev  ts  délivrés  pour  de  ninivpl'es 

iiiveniions   agrionle».    'i'i,  (il,    10",   fiS,  Ti*, 

271.  :i  l't,  :i8->,  d'JU.  47U,   5(13. 
AYBAUD  iP  -N  ).  — Sur  i'ori;anisalioii  du  cré- 

dil  :igricole,  230. 
balbiaHI.  —  l);stru:tion  de  l'oBnf  d'hiver  du 

pliylli.xera,    .Ô3l.    —    liisti  uctions    pntiqu.s 

pour  le  li.iditçeounige  anliplij  lloxerique  des 

vignes.  349. 
SARkAL  (i.-A  ).  —  L'a;,'ricnllure.  le<  prairies  et 

les  irii^'-iii'ins  dans    ;i  Haute-Vjeiine,  3:*4. 
BA-iTANCBON  (G.).  —  ConsidéralioiiS  sur  la  si- 

tuaiidi  a^ricule.  187. 
BASILLE    (liaslrin).   —   Vignes  :iinéric;iines   et 

iiiseciii'.ides,  îrl. 
■EAUSAMP-BRUMOis    —  Boulangeries  coopc- 

ratiies  dans  les  campagnes,  294. 
BUanxHOSTES  (de).  —  F.iresde  machines  agri- 

cnles  à  Narbonue,   I9>. 
BERTRAND  (A).   —    Ferrure    Clnrlier  perP^c- 

tiuniiée  pai'  l'emploi  de  l'acier  Bes-euicr,  26. 
BO^ccNKE  (fils).  —  Nouvelles  d;  l'éial  des  ré- 

c  1  e-i  en  Vendée,  2  .0. 
BOHDCT   (X.'.  —  Péli  iun  de  la  .Soc'élé  dagri- 

cuiuire  d'Alger  relative  à  la  ciise  agricole, 

203. 
BOSC  (Ernest).  —  Sur  la  culture  des  palmiers, 

97. 
BROHSVicK    — Courrier  du  Nord- Est,  74,  184. 

23.. —  Nouvelle   dHlé'atd-s  lècoUes  dans  les 

Vusges,   90,    2'il,   330,   36.S.   4'i!).   —    Ligue 

des  cuUivalaurs  d  i  Noril-Esl.  311. 
CASlmlR-'ERiEa    (PruI).  —  Sur    les  besoins 

de  l'agricul  ure,  p.   173. 
CBABOT-B.ARLEM'.  —   Piscicullure.  la  sardine, 

177.  —  L.*"    pois  on   défendu,  269.  —    Les  ni- 

clienrs,  290.  —  Oslréicnllure,  464. 
CBAuBREiEMT.  —   Pruduil  des  buis  dans   les 

Lande-,  4lti. 
CBf  BPîNTiEB.    —    Nouvelle   charrue  vigne- 

rOiHie,  499. 
CBAirziT  fB  ).  —  Concours  delà  Sjciété  d'agi i- 

culiure  du  daid,  3ôl . 
conON  |L.).  —  Suuuion  agricole  d.ins  le  P.is- 

de-Calais.  192,  .i07. 
I>Aini>XSRaE  (E   de).  ^  Appel  delà  .Société  des 

agriouUeu  s  de    France  à  loutes  les  ass  cui- 

lioiis  agric  des,  204.  —  Uiscours  prono  ce   à 

la  reunion  des  délégués  des  bociélés  agricoles, 

341. 
DErAiKS  (A.).   —   Les   irrigali  ms   en  Algérie, 

13.1. 
BEORUIXT.  —  Fraudes  commises  dans  le   sul- 

fur  ge  des  vignes  contre  le  phylloxéra,  4"(3. 
DEHÉBAIN.  —Sur  les  l'ernientaiions  du  fuuii.^r, 


9.  !8.  —  Sur  la  culture  des  betteraves  à  su- 
cre, 4i«. 

DENi.-i  (Th.).  —  Culture  de  la  vigne  en  buttes- 
bdloiis.  142. 

DEHomE  (A.).  —  Cul.urepxpérimenlale  de  Ba- 
v-.y.  .-,9. 

deshhls  (F!.).    — Les  races  de   betteraves  à 


l 'j  r- 


3I).S 


D0PTJT  moNTBHUN.  —  Les  cultures  et  les  cul'- 

il' aiei  rs  iiaiis    a  légion  du  maïs,  riOl 

DUVAi.  (Raou).  —  Rai'port  sur  le  relèvement 
des  ilroiis  sur  le  hé  ail.  450. 

DYBOWSKI   (J.)    —   le  ch'>u  en  Alsace,  IS4. 

faObE. —  Suri  organisa  ion  du  Crédit  agricole, 
n(i,  391. 

FÉKAL  (L.).  —  Prix  culturaux  et  d'irii.'ation 
dans  les  Haut  s-Pyrénées  en  U84,  28,  69, 
93. 

Fi.BRET  (E.).  —  Classification  des  argiles, 
4ti.î. 

rÉHOH  (F.).  —  B  rictin  fînancier  du  4octobi'e, 
40;  —  du  11  oc'ohre  80;  —  du  18  octobre, 
120;  — ilu  2.T  octobre.  liO;  —  du  l"  novem- 
bre 200; —  du  8  nov>-iiibi-e,  24";  —  du  l,ï 
rovenib'C,   28i)  ;    —  du  22    nove  nbre,  320; 

—  du  29  novembre,  36 j;  —  du  6  dé.;em- 
bie,  400. 

GAMBiER    (G.).   —  Emploi    du  pivot     double 

[lour  la  cuiisolidation  des  talus   de   remblais, 

II. 
GARIN.    —    Nouvelles    de    l'état    des     récoltes 

dai.s  l'Ain,  4rjO- 
CASrAHiH  {P   de).  —  Fmiuète  à  Taire  sur  l'état 

pré^eni  de  l,i   culture  ou   ble  eu   F'rane,  13. 

—  La  crise  agricole  et  les  droiis  de  dnu-ine, 
90.  —  Les  dnd  s  le  douane  et  la  peii.e  cul- 
ture, 253.  —  L'agciculiure  et  les  tarif>  doua- 
niers, 369.  —  Manifeste  de  la  lijue  contiele 
lenclierissement  du  pain  et  de  U  viande, 
410. 

OATELLIEB.  —  Proposition  d'un  congrès  natio- 
nal agricole,  202-  —  Di-cOurs  piouifncé  à  la 
distiibiiiion  des  recompenses  du  ton(  onrs  de 
froniageiie  de  Meaux,  3u2  ;  —  toast  au  ban- 
quet, 30 1. 

GA0DOT.  —  Corcours  di^partemental  de  la  Sar- 
tlle,  114.  —  Aliin^nlaiion  du  bétail  avec  les 
louite'UX  de  marc  d-  pommes,  l'i.i.  —  Les 
eues  foncière-^  su  éneures  à  10. (  hectare», 
473.  —  (Questions  pratiques  :  la  luzerne, 
hiri. 

CAnciBAM  (E.l.  —  Comité  ceniral  agicole  de 
la  S  l.igne,  !hC>.  —  Les  pépinières  de  secours 
en  S.iliigne,  394. 

GENES  (1.).  —  Brevets  délivrés  pour  de  nou- 
ve.le~  invenlions  ag' ic  l^s.  ;i4.  6.,  101,  178, 
224,  271,  304,  382,  430,  470,  51'3. 

OEHUt.  —  I)i  cours  prononce  a  ,  C.uic'iirsde  la 
société  d  agric  ilture  de  Bourg  un,  âl. 

oii,  OM  (Le  Culuuel).  —  Sur  la  lerrure  t^harlier, 
26 


516 


TABLE  ALPHABETIQUE  DES  AUTEURS 


OLAifDiER.   —    Vignes    américaines  à  Saint- 

Cyi.rien  (Dorilognel ,  4i'2, 
cos  (F.).  —  AgricuUui'e   méridionale;  de  Mar- 
seilh  à  Nice.  379.  —  Situation  de    la  strici- 
cultiiie  dans  le  Var,  4.i9. 
GT  (E.).   —  Situation   agi'icole   dans   le   Mor- 

bihi'i,  3.'). 
GY  D2  KERniAVIc   (.T.).  —  Nouvelles  de  l'état 
de*  recolles  d.ns   le  Morbihan,  291,  488. 

Ri:C2'7ET  o'okvai..  —  Uest  uciion  des  rinces 
dans  les  bo  s,  217.  —  Ajiiculture  de  Baass- 
P  cirdie  en  1884.  :i41,  3^4. 

HÉDOirvitLE  (Ch.  de).  —  D  s.;ours  prononcé  au 
concours  de  la  Sociéié  d'dgncnllure  de  Wassy, 
88. 

HSHVÉ  BIAN31N.  —  Progrès  à  réaliser  dans  la 
prodiictioii  cb.'valine.  47. 

HSiTSÉ.  —  Dis'îours  pro  loncé  à  la  distribu- 
tion de-i  réc  impenses  da  concours  de  froma- 
ge ie  de  .Meaux,  300. 

HOTF.nAN.i  (M  X).  —  L'agriculture  dans  les 
Eiits-Unis,  aux  Indes  et  a  i  Chdi,  31  —  Si- 
tuation forestière  etagricoleau  Canadi,  2iô. 
—  Nju>'eau«  tarifs  de  la  (iompi'^'nie  d'Or- 
léan-,  374.  —  Production  du  froment  dans 
l'Inde,  49.Î. 

iSMis,  —  Les  vignes  du  Haut-Bidly  (Gironde). 
38S. 

jAcguOT.  —  Nouvelles  de  l'état  des  récoltes 
diris  l-s  Vosges,  89. 

JOLT  (Cil.).  —  Ulilisa'ion  cies  eaux  de  conden- 
sa.ion  pour  l'horliculture.  218.  —  Curiosités 
p  jmologiques  eu  Am^riij  le,  4  >7. 

KifiBEa  (.1.)  — Sur  la  ferrure  Chirlier,  100. — 
Assimila. ion  chez  U  v-iclie,  16  •. 

LAFFOH.  —  L'gue  des  herbag.-rs  du  nord-est, 
490. 

uiPORTE.  —  Discours  prononcé  au  CoTiice 
agricole  de  Nérac,  51. 

LASZCZYNSKi  (L.).  — Hommagî  à  M.  Barrai. 
13. 

LAWi:s  ET  GiLBEtiT.  —  Culture  continue  du 
froment  sur  les  mêmes  clmnps,  327. 

LESHETON.  —  Discours  prononcé  au  Comice 
agricole  de  Laval,  49. 

ixaHARTiEA.  —  l.e  mtrc  de  pommes  comme 
aliment  et  comme  engrais.  471. 

LEFEVHE  DB  VILLIURS.  —  Discours  prononcé 
au  Co  i.ice  d'AblievilIc.  S'il). 

LEEHHAHDr.  —  Les  vendanges  dans  l'Hérault 
en  1884.  232. 

LENTILBAC  (E.  de).  —  Sit^iation  agricole 
dans  le  Pcrigord,  192.  —  No  ive  les  de  l'état 
des  réo  ii|es  dins  la  Djrd5  ;  ^e.  3  i  i. 

LBOrEt.Al!T.  —  Disiours  pron'incé  à  la  distri- 
bution des  récompenses  du  Comice  agricole 
de  lieims,  ,50. 

MAOUiEa  (E.).  —  Visite  au  Plaud-Chermi- 
giia.;,  112. 

MALBIT  (G.).  —  Consommafon  du  froment  par 
le  l)étail,  4U3. 

BK&BSAIS  (G.).  —  Séances  deli  SKicté  natio- 
nale d'.igriculture,  211,  273,  311,  35J,  39>, 
433,  173. 

MAURICE.  —  Nouvelles  d3  l'état  des  récoltes 
dans  la  Mar.ie,  418. 

mÉLiNS.  —  Circuliire  relative  à  l'emploi  du 
S'illatede  cuivre  contre  le  mildew,  24'*. 

aiERCiEn  (Ach.).  —  La  valeur  vénale  de  la  pro- 
priété foncière,  226. 

niLHz-EDWARDS  [H.).  Fécondition et  gesta- 
li  in  chez  les  animaux,  293. 

MOMIOault  (de).  —  Discours  prononcé  au 
Co.icoursd'i  Comice  agricole  de  l'révoux.  .SO. 

mOHVONKAlS  (A.  'le  la).  —  De  lu-ag;dii  c  ir- 
hoiiate  et  du  plio-phale  en  Bre.aguj,  270.  — 
Courrier  de  l'iuest,  .itJfi 

ISULLGR  (Paul).  —  Les  nididi^s  du  houblon, 
61.  —  Le  sucrag'î  des  vins,  129.  —  Le  sacre 
en  Angleterre,  VM. 

EAKTIBR.  —  Nouvelles  de  l'état  des  rJcoltes 
dans  la  Somme,  487. 


OLI7IER-LSC3.  —  La  betterave  blanche  longue, 

4»K. 
PA  -NDUL.  —  Nouvelles  de  l'éiat  des  ré.!olles 

dmsle  Pas-d-Cilais,  89,  291,  449.  —  Aiia- 
lyses  de  batt-raves,  286. 
Parlie  n  ji.-ieL  e.  —  Décret  relalif  à  l'exporta- 
tioi  des  cep.  airichés,  des  sarments,  éclnlas, 
tueurs  et  feudles  de  vigne.  6.i.  —  Loi  con- 
cern  int  les  droits  fis;  iix  il  perc  voir  sur  les 
é  hangesd'immeuiiles  ruraux,  2  li. —  État  ap- 
proximatif d  :  la  riche  du  liomenl.  du  inéteil 
et  du  seigle  en  1884,  2.')l.  —  Projet  de  loi  pré- 
senté au  S  nal.  coiic-rnait  U  di  trucuoii  des 
insene-,  des  cryptog  unes  et  autres  végétaux 
nuisihies  à  ragriculture,   36'4. 

rsLcor  ([•'..).  —  Dissolution  d  i  sulfura  de  car- 
bone da  is  I  eau  poar  le  tiauem;iit  des  vignes 
phylloxérée-,  130. 

pjHREr  (.Micneli.  —  Le  blé  fumé  et  sarclé. 
45; . 

poiasoN  (Ch.).  — •  Améliorations  urgentes  à  ap- 
pir.er  d  iiis  les  petites  exploit  ili  m*  rurales, 
15';.  —  Considérations  générales  sur  l'agn- 
cu'ture,  50'». 

P9if3iNS  (M  irquis  de).  —  Frais  de  culture  et 
d'elev,ii,'e  dms  la  Lo"'e.  444. 

POjitLET  (K  ).  —  Te.rains  clo>;  chasse  en 
temps  p  uhibé,  293.  —  Vaine  pâture,  423.— 
Chasse  e(  g. hier,  495. 

Pas-cOLiOT  (du).  —  Falsifi:;ation  du  beurre 
au  point  de  vue  légal  et  agricole,  331  ,  370, 
427. 

PREVOT  (A.).  —  Li  graine  de  lin  dans  l'ali- 
ment ni  'U  du  bétail,  432. 

REDisR  (\.\  —  L'usine  agricole,  104,  146.  — 
L  t  pré  ent  et  l'.iveiur  de  l'agiicuiiure,  4  i7. 

R3  >iY  (A  ).  —  Revu?  com.urciale  et  prix  cou- 
rant d'S  denrées  du  4  octobre  3)  ;  —  du  11 
oot  ibre,  74  ;  —  du  18  octobre,  114;  ^  du  25 
octobre,  I5'«;  —  du  1"  novembre,  194;  — 
du  8  iiuve  ubre,  234;  —  du  l.j  n  ivembre, 
27i;  —  di  il  novembre,  31'i;  —  du2J  no- 
vemb-e,  3ici  ;  —  d  i  6  décembre,  3  )4  ;  —  du 
13  dé  .embre,  4'i4;  —  du  20  décembie,  474; 

—  du  27  décembre,  509. 

BS!i3iT  —  .M  ;t;o.ologie  du  mois  de  septembre 
H8'i,  113;— di  mois  d'octobre,  233;  —du 
mois  de  novenbre.  3J0. 

RivicaE  (G  ).  —  La  v  giie  et  le  vin  en  Seine- 
et  0  se  en  1884,  2.'l. 

R07SSILI.E.  —  Fraudes  sur  les  superphosphates 
d'os,  210. 

Bouv  ÉiiE  (A.)  —  Conservation  des  fourrages 
à  l'air  libre,  153. 

SAGNIER  Henry).  —  Chronique  ajricole  du 
4  octobre,  5;  —  du  11  octobre,  41;  —  du 
ISoctobre,  81;  —  du  25  oclohre,  121;  -~ 
du  1"  novembre,  161;  — du  8  novenbre, 
2'il  :  —  du  |.i  nova  iib  e,  241;  — di  22  no- 
vembre. 281;  —  du  29  n  ivemhre,  321  ;  — 
du  6  décembre,  361  ;  ^  du  13  décembre, 
401;  -  du  2)  décembre,  441;  — d  i  27  dé- 
c  niihrî,  481.  —  Bar  u  tes  et  minège<  du  sys- 
tème Simon,  19.  —  Tansport  hydrauli  iue 
des  betteraves,  6i,  102.  —  Biu  iu,'ra(riie 
agric.de,  72,  193,  314,  425.  —  C  m^rès  et 
concours  pom3lo,'ii4u-;s  à  R)uen,  Ir8.  —  Les 
cultures  foiirra,'èr  s  ai    B dut  Belfou.  18i). 

—  Concours  de  fr.im  ig-jric  à  .vleaux,  29').  — 
U.i  modèle  de  grande  écurie,  3(5.  —  Amé- 
lioritiiin  d<=sl'os-es  à  fumier,  431. 

SAiNr-TRiviE^  (de).  —  Sur  le  sucrage  des 
vendanges,  326. 

SAKSON.  —  Les  i  prétendus  métis-mérinos, 
|.)3. 

SAao.UA?  (L.  de).  —  l'.inril  li  des  norias  piur 
r  .rrusiue,  141. —  Biscile  dn  3yst'',n3  Fair- 
ba  iki.  179.  —  Ap^jare  I  Hniiirt  pou"  le 
chiuffagi  'es  vins,  2hl.  —  Edulle  gradjee 
puir  lis  f.i  id  es,  :l  i9.  —  E<n)sition  inter- 
iiaiioiiale  de  Liuenos-Ayras,   '(74 

SATr7AQa(A.).  — La  vigue  et  le  pourridié,  100. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  AQTEdRS. 


517 


SERS.  —  Culture  du  blé  dans  les  Pyrénées, 
4'J7. 

SOL  (Paul  .  —  RAcoUe  du  vind.ins  l'Aude,  IfiT. 

STR  BEL.  —  Inoculntions  préventivps  du 
cliarljon  bancrien  eu  symptomaii  ,ue  en 
Sa  sse  en  ISS'i,  il:j. 

SUI.LT-PRUDHOXME.  —  Vers  adressés  à  Cor- 
neille, 8j. 

TABDT.  —  Pisciculture,  4S9. 

THENAHD  (Pa.il).  —  Le  sulTure  de  carbone 
coiilre  le  phylliXera,  182. 

TIHARD  —  Heduciion  (les  droits  sur  les  sucres 
eiuplov'L'S  au  su  Ta;,'!'  des  «'«ndingjs,  43. 

TOcaON  (P  ).  —  Sur  U  greiîj  d^;  la  vigne,  23. 
—  Congres  iiiteinational  phyllo.iérique  de 
Turin,  20.1,  307. 

TBÉBOirsAts  (F.-R.  de  la).  —  N  niveaux  blés 
de  SB. nonce,  44-  —  La  confëren;e  lailire  'le 
Glocester,  137.  —  De  la  Ira^sfaiinalion  des 
terres  arab  es  en   prairies,  piturages,   etc.. 


170.  —  Les  moissonneuses-lieuses  en  Anjjle- 
lerre,   2.i7.  — L'égalité   devant  l'impôt,  4.i4. 

TRÉNEt.  (H.).  —  Discours  prononcé  au  con- 
cours lie  Pont-Evé'iue  (Kère) ,  32. 

VACHSH  (.\LI.  —  Li  crise  agri;oleet  le  mé- 
tayage en  Bout  0 mais,  213.  — Nouve.lesde 
ret.it  iles  ré;oltes  dans  l'Allier,  358. 

VASSlciÉaE  (F.).  —  Variétés  de  cépages  amé- 
ricain-, 128. 

vsRNEtl;L(A.  lie).  ^Traitement  des  sapinières 
gelées  penilant  l'hiver  1S79S0,  42'l. 

VILLARS.  —  Hommage  à  M.  du  Pcyrat  et  à 
.M.  lîirril,  Kb. 

viLni}RiN  AMDRIE7Z,  —  F.mploi  du  pavot 
double  pjur  la  consolidation  des  talus  de 
remblais,  12. 

vioiLETTE  (Ch.).  —  Betteraves  blanches  et 
betteraves  roses,  337. 

wiTT  (C.  de).  —  Discours  prononcé  au  concours 
de  UOiUlé,  S7. 


TABLE  ÂLPU.VBËTIQUE  DES  GRAVURES  NOIRES 


.\ppareil  à  thermosiphon  pour  le  chauffage  des 

vin<,  220. 
Barane  à  manège  de  M.  Simon,  21. 
Bascule  du  syslene  Kairbanks,  180. 
Beurre  vu  au  inicro-cope,  42o. 
Bouchon    métallique    obturateur  pour  les  ba-, 

raiies,  2.1. 
Caniveai.'.x  pour    le  transport   hydraulique  des 

betteraves,  62,   63. 
Charrue  vigneronne  de  .M.  Fermé  des  Cheneau.\', 

500. 
Ecurie  de  M.  Reder.  —  Plan,  375.  —  Slalle 

vue  par  devant,  376.   —  Stal  e  vue  par  der- 
rière, 377.—  Remise  'les  harnachements, 378. 
Er>;ol  du  seigle  vu  au  microscope,  426. 
Farines  vu  s  au  microscspe.  426. 
Fibres   te.vliles    vues   au   microscope, •42.5.  — 

Fibres    musculaires    garnies    de    trichines, 

426. 
Lami)roie^  faisant  leur  nid,  297. 
Magisin    à  betteraves  muni  d'un  transporteur 

hytraulique,    103. 
Manège   d-f  .vl.   Simon,    20.  —  Commande  par 

friciion    ilu    manège    à    la    baratte.    21  .    — 

Transmission   de  mouvement  à  changement 

de  vitesse,  22. 
Mj;s.sonneii~e- lieuse  de    Stmuelson,    2D0.    — 

Mjisso  ineuse-lieuse    de  Hownd,  dite  Sim- 

plex,  21.1. 
Nid  de  l'Aii'ennaria,  297.  —  Md  du   U'iis/isr/i 


r.'tyiic  hi  cluys,  297.  —  Nid  du  Proto;iterus  du 
Nil  blanc,  298. 

Noria  pour  le  retour  des  eaux  an  transporteur 
bydr  ulique  d^  betterave;,  102.  —  Noria 
priimlive,  lil.  —  Noria  mo  :erne  de  M.  Bon- 
nau'l,  141 . 

Poirier  de  l.'jQ  an«,  près  de  Phila'elphie,  4.58. 

Poiss  m-so'eil,  297.  —  Poison  giimpeiir,  298. 

Récepteur  de  lietteraves  dans  le  système  de 
transport  hydraulique,  63,64. 

Remise  des  harnachements  de  l'écurie  de 
M   Rider.  378. 

Sapins  gelés  et   recépés,  422. 

Stalles  de  l'écurie  .le  M.  Redier,  376,377. 

Tranport  hydraulique  des  betteraves  — Ga- 
n  veau  en  maçunneiie,  6!;  —  coevercle  en 
tôle,  62.  — Caniveau  rectiligne  en  fo.it-,  63. 
—  Val.'e  de  lisiriliuiion  dans  deux  cainveaui 
riccordés,  63  —  Caniveau  enbos,  63.  — 
Coupe  du  récepteur  de  betteraves,  63  ;  plan, 
04.  —  Noria  pour  le  retour  de-  ea.x  au  trans- 
porteur. 102.  —  Transporteur  hydraulique 
sous  un  silo,  103.  —  Magasin  à  betteraves 
muni  d'un  transporteur,    103. 

Tubes  de  niveau  à  échelles  graduées  pour  les 
foudres.  —  ,\ncien  tube  à  niveau,  340.  — 
Tune  à  échelles  graduées  du  système  Duns, 
340.  —  Appareil  d"Uide  pour"  deux  foudres 
du  système   Duras,  340. 

Vi^ne  de  la  .Mission  en  Californie,  457. 


TABLE    ANALYTIQUE  DES  M.mÈRES 


Académie  des  sciences. — Election  de  M  Reiset, 
484. 

Agiicultiire.  —  Rapport  sur  l'agriculture  dans 
la  Hanie-Vienne,  323.  334.  —  Agricultuie 
de  B,jss--Picardi.-  en  IH8i,  344.  384.  —  A^'ri- 
culture  méri  lioaa  e  :  de  .Marseille  à  Nice,  3'9. 
—  In-'galitè  des  chirges  de  l'agriculture  et 
de  celles  de  l'industrie,  454.  —  Le  présent  et 
l'avenir  de  l'a^oiculture,  467.  —  Bilan  de 
l'année  1884,  481.  —  Cultures  et  cultivateurs 
dans  la  région  ilu  sud-ouest,  ôOI. 

Angleterre.  —  L'agriculture  anglaise  en  1884, 
209. 

Arbor  culture  friiiiière  et  d'ornement,  16  i. 

Ass.ileiients.  —  Modification  envuede  la  pro- 
duciion  des  e-'giais,  152. 

.\rgiie-.  —  Cl  issilicatioo,  465. 

Birattes  du  système  Simon,  13. 

Barrai  (.l.-A  )  —  Hommages  rendus  à  sa  mé- 
moiic,   13,  .52,  85. 

Basculé's  du  sysième  Fairbancks,  1)9. 


Bétail.  —  Mesures  à  prendre  contre  la  peste 
bovine,  83.  —  Ali  uentation  avec  les  tour- 
teaux de  marc  de  pommes,  145,  471.  —  As- 
similation chez  la  va  he,  176.  —  Nécessité 
de.l'evtension  de  sa  proluctio  i.  189,  26'i.  — 
Herd-book  nornianl,  2i0  —  Fécondation  et 
gesiation  ch  zlesaniaiaux  29t.  —  Inocula- 
tion  préventive  d  i   charbon  baclèrifii,   143. 

—  La  graine  de  lin  dins  l'alimentation  du 
bétail,  432.  —  Prix  de  revi"nt  de  l'élevage 
dms  la  Loire.  144  —  Rapport  a  la  Cliainhre 
sur   le  relèvement  des  droits  du  b  ta  1,  450. 

Bette  aies    —   transport  hydraulique,  tj2,  102. 

—  Clioix  des  vari-lés,  24i,  2.s6.  —  Migra- 
lion   di  saccharo-e  dans   la    b  lierave,   285. 

—  Les  races  de  betterave  à  sucre,  305.  — 
Betteraves  blan'-hes  et  beleraves  loses,  3'JÎ. 
Défi^ii  du  lendem^-nt  en  ISSi,  35'i.  —  Cul- 
ture 'les  hetieravesà  su'^ro,  418.  —  La  va- 
riété blanche  Olii'iei-Le  q,  4^9.  —  Compromis 
entre  cultivateurs  et  fabricanti,  508. 


518 


TABLE  ANALYTIQUE  DES  MATIERES. 


Beurre     —  Falsilic'lion  an  point  de  vue  Icg.-.l 

et  a^rcole.  3  il,  310,  «T. 
Bibliographie  agricole.  —  Em/doi  du  sulfnv 
de  ciiibone  cotre  'C  phyltoiern,  par  MM.  i.as- 
tine   et    Coinnnii,    11.  —  Culture  du  pom- 
mier   à   cidre    et  fa'rii-iilinn  du   cidre     p^r 
M.  .1.  Nnnoi,  lî.  —  JV  lions  de  iylriciil' lire, 
par    M.     K.    Muel,    ■;3.   —  Tr'ité    vraiitpie 
d'nna  ysccli'mùiiie,  par  M.  Staiiisl^isM   un  i-r, 
Kiiuit  t-tA.  lîerliaiiJ,  73  —  Le  ynniierd'Aiien. 
par  M.   L.  Brugmere,    W).  —  Les    proe'Ies 
«..UD  aur.de  l  industrie  laitière  .  par  M.  Che- 
vron, 129     —  Annaiex  de  l'institut  a'iriinii- 
miqùe,    106.    —    BnlUtin     du    vimislère  de 
l•agril^ulture.^6^    'i07.  —  Momiel  de  n.éirn- 
loyie  agricole.  p»r  M-   Cann,  193.—  Culture 
des  pommes  de  terre;  le-   liaies  ;  la  rigne  -t 
le  phiil'o.rera.,   par  M.  Uuelien-îl.il  el,  19=)  — 
Gu  de  pratique  de  comptnlnlité  (u/rtcole.  par 
le  vic.iiit-i  (leCoruche,  Uli.  —  Hippori  ■■■nr 
les  expériences  cuniparutires  sur  les  dillèrents 
sl^slèmes   de  montures,  31'i.  —  Les  fnrres  de 
l'industrie,  par  M.  Bonrd'aii,  314.  —  Agenda 
et  calendrier  de  poctic  du  fabricant  de  sucre, 
329.     -     Le    prnprièimre    devant    sa  je' me 
délai'xée,  par   M.  G.   Ville,  363.  —  Lmdtis- 
irie   laitière  au  point  ae  rue  scientifvive  il 
pratique,  par    M.     Kleisclimaun,   366.  —  Le 
.Wicrosco'pe,   par   MM.    I  lanclioii  el  Hnngnu- 
neuq,  ii2.).  —  Annales  de  la  i.cience  agrono- 
mique,  par  M.  Giantleiin,  447. 
Blé.  —  Etiittle   1.1  culiure  du  blé  en  Krance, 
T3   — Pris   de  revient  aux  I   des  et  au  Chili, 
30,  493.  —  Ollre  de  blés  de  semence  ,44.    — 
iixpérlcncessiir  les  semis  du  ble,  59.  —  Im- 
porlalion  en   France,  2n2,   242,  363,  402.  — 
Le  froment  à  l.i  fr.  l'hecuditre,  263.  —  Pro- 
duit en  argent  ne  l.i  recuite  de  1883,  321.  — 
CullUie    continue   dans  les  mêmes  cnainps. 
327.  —  Pri.\  du-  revient  dans  la  Loire,  444. 

—  Le  blé  iumé  et  sarclé,  4.'i2.  —  Culture  du 
blé  dans  1rs  Pyrénées,  497. 

Bois.  —  La  product.on  du  Lois  dans  les  Lan- 
des,  416. 

Boulangeries  ooo|éralives  dan^  les  campagnes, 
294. 

Bourse.  —  Bulletin  financier  du  4  octobre. 
40:  —  du  11  octobre,  80;  —  du  18  octobre, 
120;  —  du  .5  ociobre,  161);  —  du  i"  no- 
vembre, 200:  —  du  8  novembre,  240;  — 
du  15 novemliie  2.SU;  —  du  22  novembre,  32U ; 

—  du  29  novembre  3  0;  —  du  6  décerr.lire, 
400. —  Cndavres.  — Utilisation  pou.  la  l'abri- 
calinn  d'i  ngrais,  487- 

Canada.  —  Si.lualio.n  agricole  et  forestière,  255. 

Céréales.  —  liéduction  de  l'éieudue  consacrée 
à  leir  culture,  121,  152,  170.  —  Récolte  des 
céréales  en  1884,  251 

Chaires  départementales  d'agriculture.  —  (/in- 
conrs  pour  des  emplois  île  professeurs,  324. 

Chambre  des  députés.  —  Proiets  et  prnposi- 
tiniis  concernant  lagriiultuie.  125,  165,205, 
243,  282,  285.  —  Questionnaire  ru  groupe 
agricole.  164.  —  Happoit  de  M.  Ranul  Dj- 
val  «ur  le  relèvement  des  droits  sur  le  bé- 
tail, 450. 

Charbon  —  Inoculations  préventives  du  char- 
bon baciérien,  413. 

Charrue  vigneronne  en  Brabant,  499. 

Chemin  de  fer.  —  Noiiveaux  tarifs  Ue  la  Com- 
pagnie d'Orléans,  374. 

Chevaux.  —  La  produclinn  des  chevaux  de 
Irait.  40'i.  —  Création  d'un  slud-book  mulas- 
sier,  485. 

Cliili.  —  L'agriculture  aj  Chili  en  1883, 
31. 

Chronique  agricole  du  4  octobre,  5;  —  du 
Il  octobre,  41;  —  du  18  octobre,  81  ;  — 
du  25  octobre,  121;  —  du  1"  novembre, 
161  ;  du  8  novembre  2(il  ;  —  du  15  iio\em 


lire    241  :    —   du   22   novembre,  281  ;  —  du 

'J'.l  no^e  libre,  321  ;  —  du  U  décembre,  361; 

—  du  ndéCTi  bre  401  ;  —  d.i  20  décembre, 

441  ;   —  du  27   drcemhrs,  481. 
Chou.  —  .''ullure  en  Alsace,  I8S4. 
Cidre.  —  Fabricaiion.  312. 
Comiio     cen.ral     agricole     de    la      Sologne, 

2. -je. 

(omincrce  agricole.  —  Revue  commerciale  du 
4  ocinb-  ,  35;  -  'lu  11  nciiibie,  74:  —  du 
1-  O'-tobre,  114;  —  'In  25  ociobre,  l.i4;  — 
du  l"'  novembre,  1  4;  —  du  8  novembre, 
234  :  —  du  15  novi-mbre,  274;  —  du  22  uo- 
v(^mbre,  314;  —  ilu  29  novembre,  355;  — 
du  6  oéc-mbre,  3'.i4;  —  du  13  décembre, 
41(4;  _  Jii  ,0  dtcembie.  474;  —  du  27  dé- 
cembre, 509.  —  I  olice  lits  foires  et  mar- 
chés, 12.  —  Résumé  du  commerce  de  la 
Krance  pendant  les  onze  premiers  mois  des 
deux  di--inieresanin.es.  442. —  Elévation  des 
droiis  de  douane  sur  IfS  produits  étrangers, 
voir  Crise  agrico'e. 

Cnnconrs  régioianx.  —  Dates  des  concours  de 
]gj^5_  41.  —  Programmes,  des  concours, 
247, '28'.  ,     . 

Concours  divers.  —  Concours  pomologiqne  a 
Rouen,  9,  li  8.  —  Concours  de  fromager  e  à 
M  anx,  10,  298.  —  Concours  pour  la  race 
bovine  gasconne.,  10.  —  '  oncours  d  iu^liu- 
menis  à  Foi.'i,  10  —  Concours  de  l'unt- 
Evê|ue  (I-^ère),  32  —  Concours  de  poulains 
de  gro- trat  dans  la,  Nièvre,  168  —Concours 
poiTr  semences  de  céréales,  InS.  —  <  oncours 
général  a.:ricole  de  l'Algfiie  en  188.5,  207.  — 
(,om  ours  df  l'iiiduslri-  laitièie  à  Saleis,  286. 

—  C  ncours  dan  maux  de  houclurie,  288, 
366,  405,  447.  —  Concnurs  de  charrues  sul- 
fureuses' dans  l'Aude,  325  —  Concours  de 
boucherie  du  Chb  de  Siui'hlield,  327  — 
Concours  pour  l'augmentai  ion  de  la  culture 
du  blé,  367. —  Concours  de  volailles  grasses 
à  l.ouhans,  405.  —  Concours  d'animaux  de 
b' ucherie  à  l'amiers,  à  Chàlon-sur-<a<'ine, 
28S;  —  à  Oiiimper,  366  ;  —  à  Angoulème,  à 
Reims,  405  :  —  à  Tarh-s,  447. 

Concoiirsdes  .So'  létésd'agriculinre  de  Mirande, 
de  l'Aiièiie,  10  :  —  d'AvrancbfS,  11;  —  de 
l'Eure,  47  :  —  de  Lisienx,  47  .  —  de  Hourgoin, 
51  ;  —  de  Ponl-I  Evoque,  87  ;  —  de  W.'Ssy. 
^S;  —  desHailes-Al]  es.  114  : —  de  la. 'Marthe, 
]I4.  —du  G.ird,  170;  —de  la  Nièvre,  168, 
207;'  —  de  lAude,  32..;  —de  Louhans,  40.i. 

—  (;  ncours  dos  (lomices  d'Euie-et-Loir.  -i6; 
_du  Coienlin,  47;—  de  Laval,  deCl.àlons, 
de  Hennés,  49  ;  — de  S  incerre,  de  Vemlôme, 
de  Trévoux,  .50;  —  de  Riom.  51  ;  —  de  Né- 
„c  51  ;  ■_  ,le  Nevcrs,  de  Cb:Heau-Chinon, 
89;  —  deSi-Anuiud,2Û7;  — d'Abbeiille,  344; 

—  du  Comice  de  Salers,  286. 

Congrès  pnmologiqnc  de  Hoiien,  9,  108.  —  Con- 
grès iibvlloxériijue  de  Tnrui.  43,  265,  307, 
3i;j.  _"  Congr-s  agricole  départemental  de 
l'Anbe  83.  —  Projet  d'un  cnug-ès  naloiial, 
ag-icole,  163,  202.  —  Congiès  de  Chaumont, 
483. 

Conservatoire  des  Arts  et-Méliers.  —  Pro- 
i;ramme  des  cours  concernant  l'agriculture, 
208. 

Corbeaux.  —  Moyen  de  les  éloigner  des  champs 
emblavés,  393. 

Cotes  foncières  siipéri-nres  5  lO'l  beclares, 
473. 

Crédit  agricole.  —  Organisation,  66,  230, 
391.  _  Enquête  sur  le  crédit  agr  cole,    362. 

—  Mobilisation  partielle  de  la  propriété  lon- 
cière,  402. 

Crise  agricole  —  Discussions  relatives  à  l'.'lé- 
vatiiiii  des  droits  sur  les  prnduts  étra.igers, 
41,  81.  90,  121,  1.50.  161.  173,  187,  201,  i4l„ 
2.53,  281  321,  361,  402,  461.  —  Vœux  des  As- 


TABLE   ANALYTIQUE    DSS  MATIERES. 


519 


socialions  agricoles  en  Viveur  cIps  droits  pro- 
tecteurs: Coiiii'es  cl'Kin-'  el-l,nir,  'i(i;  —  So- 
ciété lies  agriciilt'iir-  du  N  rnl,  W;  —  C  i- 
mice-  (le  S^iii  -et  Mirri  ,  !;■>;  —  S  )cicU' 
d'eiK.'Oiira-'einent  à  riii^riciilture  ilu  H  ivre, 
12S;  —  Réunion  des  a^ncu'te  ir<  de  la  Loire . 
123;  —  Ccmioes  de   l'Aisne,  li>2;    -  Ciiiseil 

..  dépar'e  iieiital  de  l'isori!,  IBJ;  —  S  leiéle 
d':igric'iUur-!  do  Meaux,  2i).';  —  Société 
d'à. nculiure  d'Alger.  "03:  —  tiongrès  ajri- 
cole  de  lAube;  241;  —  Comices  du  la 
Somm>',  lih;  —  Soci Hé  d'agricalliire  du  Pas- 
de-Calais,  2H4;  —  Comices  et  Soci-^lés  de  la 
Mayenne.  28  i  ;  —  Comice  aurico  a  central  de 
la  Lo're-Inferieiire;  —  [jguo  de-;  citliivaieiUN 
du  Nard-Esl.  311  ;  —dm  ce  de  idiiUedTaull, 
322;  —  Soiîiétè  d'.iirncidtiir  !  de  la  Vn^nne 
32a;  —  Comice  d-  Rennes.  .■{!3;  —  Cimics 
de  Rouei.  3  "2;  —  Société  d'agricnlture  des 
Basses-Pyrénées.  4ii3;  —  Co  iiices  di  Loirei, 
403;  —  Comice  de  Seine-ei-Oi-ie.  403:  —  r^o- 
eiétê  d'a'.;riciiltiir«  de  la  Sipde,  443:  — 
S  iciété  d'aïric  ilture  di"  la  Lnii-e,  443:  —  (loii- 

•  seil  général  de  l'Oise,  443,  —  Ro'inions  l'agri- 

-eulleurs  à  nminlan.  Arniein,  Naocr.  Chui- 
mont.  Dijon,  2'tl.  -^  L.i.  crue   agncol  i  et  le 

■  mètayne  dms  le  Bjiirooti  la  s,  213. 

Douanes.  —  Li  rél'o-ini'  des  tarifs  devant  le 
Pu'le  11 -iil,  1-22.  201,241,  asi,  V21.  361,  401, 
441,  4-S2.  —  L,a  crise  a^'ncole  et  les  d  oits  'le 
douine,  90.  —  Les  dro  ts  de  il  iiiaue  et  la 
pet  te  Ci  lu'e,  2.')3.  —  L'a^'ri  niltur  i  et  les 
tarifs  ilouaniers,   3!)'i. 

Droits  fi<i-aux  à  éiahlir  sur  les  produits  agri- 
coles étraigers.  —  Voir  Crisi'  ayi'icole. 

Droit  ru  al.  ^  Ternin  clos;  clia-se  en  temp^ 
proliil)é,  2  13.  —  Vaine  pâture,  423. —  Clias.-.e 
et  gibier,  4!I6. 

Eau\  de  coiide-isition.  —  Utilisation  p  au- 
l'horticulture.  218. 

Ecliaigos  dimmeuliles  ruraux.  —  Droits  fis- 
ciiux  à  percevoir,  '.'34 

Echelle  graduée  pour  les  foudres,  339. 

Ecoles  nitioniles  l'a-iri  okure. —  Elèvesadrais 
à  Grigiion  et  à  Giaud-Jou  m,  127  ;  —  à  Mont- 
pellii-r,  246,  32'i.  -  luni-'ur ni  m  do  buste 
de  M.  Saii.l-Pierre  à  l'école  d'agriculture  d; 
Montpellier.  31J4. 

Eco  1p  fores  lié -e  —  Elèves  admis  à  l'école  natio- 
nale forestière.  9. 

Scono  uie  rurale.  —  L'usine  agricole,  104, 
14>i.  —  V  ileurvenalede  la iiropriéié  foncière, 
226.  —  C  uisidérations  gôiié  aies  sur  l'agri- 
eulture,  h04. 

Ecuries.  —  Un  modèle  de  grande  écurie 
37  .T. 

Eugrai.^.  —  Syndicats  pour  l'.icliat  des  engrais, 
44  —  Projet  de  loi  pour  la  répression  dos 
fraudes  couimerciaies,  I2.>.  —  E'npioi  dcî 
cngr,iis  polassiijus  eu  lirjtigne,  ib7.  — 
Fra  id(-s  dans  le  commerce  des   superpbos- 

-  pliâtes.  210.  —  U'agi  du  carbuiate  et  ilu 
phi  s(di;ile  en  Belg.ie,  270.  —  Commerce 
des  en:;rais.  407. 

Enqu-'ies  agricoles.  —  Oueîtioniiiire  du  groupe 
agricole  .le  la  Chambre,  164.  -  Incpiète  S'ir 
le  cre  lit  agricole,  362.  —  Enquête  agricole 
dans  l'Aisne,  442. 

Enseitineinent  aaric  de.  — Création  d'une  é"olc 
pr.ti'jue  d'a,L;ricultui'c  dans  le  Pas-de-Calais, 

';.  84;  —  daFi-:  la  Somme,  12.i.  287,  367.  — 
Ecoles  de  Iromau'erie  dans  l'Ain.  lo7.  — 
C.rpation  de  chiires  d'iig^'icu  lune  d  ms  le- 
!yp/es,  '287.  —  Ecole  d'iiorticoliure  de  V-r- 
sailles,  28'*^.  —  Concimrs  po  ir  des  chaires 
déparlemeutiles  d  agriotdtor  ■,  324  — Fer. ne- 
école  des  Trois-Croix,  166;  —  de  baint- 
Michel,   246. 

Etats-Unis.  —  La  pro.luclion  agricole  anx 
Etits-Unis.  42,  —  Révolte  du  hé  eu  1884. 
282. 


Exportations  des  blés  et  farines  en  iMancc, 
2)2. 

Exp 'Si'ioii  internitioQale  do  Budapest,  11  ;  — 
J'Aniilerdam ,  récon-.penses  honoiifiques 
décernées.  83.  40S.  447  :  —  de  Buenos-Ayres, 
en  1886,  '174.  —  Expo-iiion  de  vins  nouveaux 
eu  A'g^rie.  170. — Exposiiion  intern.ilioiiale 
de  menu. ri',  28.').  4'i7.  —  Exposition  il'hor- 
licul  ure  à  de  i,  40'>. 

Exposition  univer.sflie    de  IHSi)  à  Taris,  241. 

E.iriiies.  —  Imporiafion  et  exportation  en  l''rance, 
242. 

Ferrure  Charlier  p»rfecliounée,  26,  100. 

Fore  s.  —  Pépiniores  foreslères,  iV.).  —  Pro- 
duit de  la  culture  des  bois  dans  les  Laudes. 
417. 

Fourrages.  —  Exf'nsion  de  la  culture  d'S  four- 
rages. Ul.  — C  inservation  des  fourrages  à 
l'air  libre,  l,î3.  —  Cultures  fotirrrauéres  au 
Br ocliei-BeH'ou,  ISI.  —  Séchage  du  foin, 
433. 

Froment.  —  Le  fronent  il.Tfra'ic;  l'hectolitre, 
20!.  — Composition  du  grain  de  froment, 
4i8. 

Fruits  —  La  production  friitière,  365. 

Foraier.  —  Recherches  sur  les  fermenlations 
du  fumer  de  f^Tuie,  8,  18.  —  Confection  et 
entretien  des  fu  iiiers,  tôl.  — ■  Amélioration 
des  fos-es  à  fumier,  431. 

Gara  .ce  —  Reprise  de  la  culture  dans  V'ju- 
cluse,  290. 

Honicultiire.  —  Culture  des  pal  niers,  97.  — 
Uulisition  des  eaux  de  conden-aliou  pour 
riioiiicullure,  218.  —  Expasiiou  d'horticul- 
ture à  Catn,  408. 

HouMm.  —  Les  maladies  du  houblon,  61. 

H  lities.  —  Progrès  dins  la  culturedes  huîtres, 
4H'i. 

I  ijpoilitions  des  blés  et  farines  en  Fiance, 
■J42. 

Impôts.  —  L'égilité  devant  l'iinpôt,  4.'54. 

Indes.  —  L'agriculture  d  nis  les  Indes  en  1883, 
311.  —  Production  du  froment  dans  l'iudc, 
VJ3. 

Insecte.s  nuisibles.   —  Distruclion,  364. 

Institut  national  agronomique.  —  Elève?  rid- 
ais. 16,1. —  Vacance  de  la  chaire  de  sylvi- 
culture, 324. 

Inventions  a<.'ric  des^.  —  Anatyse  des  brevets 
pris,  3i,  67.  1U7,  178,  224,  271,  304,  3S2, 
430,  47i),   al  3. 

Irrigiitiuus.  —  Les  irrigations  en  Algérie,  1.Î5. 

.Kirdio  zodogique  d'acclimatation. — Acquisition 
d'un  é.'an,  85. 

Juuinaf  de  l'aijrkuUnre.  —  Nouvelle  direction, 
ô.   —  Progr.iuini?.  6, 

Laboratoire  centra!  agricole  et  commercial, 
48.J. 

Lnilerie.  —  Conforcuiie  laitière  de  Glocester. 
137.  — L'iudustiie  laitière  en  Suisse,  407. 

Légion  d'honneur.  —  Décoralion.s  pour  services 
rendus  à  l'agriculture,  408. 

Lev  tire.  —  Culture  de  la  levure  de  vin,  327. 

Libre-èchinge.  —  Discussions  relatives  au  libre- 
échange  et  à  la  protection.  —  Voir  Crise 
(i  ijiiaile. 

Ligue  des  cuUniteurs  du  Nord-Est,  20.'),  311. 
—  Ligue  coiiire  le  réncliérisserneiit  Ou  pain 
et  de  la  viande,  361,  410  —  Ligue  agricole 
du  Midi,  404  —  Ligue  des  herbagers  du  nord- 
est,  4k'2,  490. 

Luzerne.  —  Amendements  qui  conviennent  aux 
jiunes  luzernes,  ;)02. 

Mjcliiiies  agricoles.  —  Foires  dans  l'Aude, 
192. 

Machines  à  battre.  —  Pr.x  de  Iransport,  169. 

Mililies  contagieuses.   —  Inoculation  préven- 
tive du  charbon  bactérien,  413. 
M  inèges  lu  système  Simo,),  19. 


520 


TABLE  ANALYTIQUE  DKS  MATIERES. 


Marc  de    pommes  comme    aliment  et  comme 

engra's,  411 . 
Méi'ite  aj;ricolc.  —  Décorations  dans  cet  ordie. 

1G:>,  k!tl . 
Mélayave.  —  La  crise  agricole  et  le  métayage 

dans  le  Bourlioîiiiais,   2i3. 
Métcurnloïie  agricole.  —  Observai  ion»  du  mois 

de   s>'[JlPmbre,    ll:j;    —  du  mois  d'ociobre, 

23!!;  —du  mOK  de  noveinijre,  390. 
Mildew.  —  I  e  sulfaie  de  cuivre  comme  prpser- 

valil',  24'i.  —  Moyen  d'altenuer  ses  lavage-, 

39,i. 
Minisirre  ds  l'agriculture.  —  Discussion  de  son 

budget,  126,   1C5,  283,401 
Moissoi  neuves-  ie^ses  en  Angleterre,   257. 
Moutons. —  Les  prétendus  mélis-niérinos,  13S. 

—  Blessures  causées  par  la  graine  du  Sii/ja 
tnrlilis,  433,  414. 

Mulots  —  De-iruciion   par  l'arsenic,  4^6. 
Néciologie.  —  MM.  Robert  de  Luisenuin,  43: 

—  Michel  Graeff,  Audran,  44;  —  du  Peyrat, 
86:  —  Jouriiiac,  209;  —  Guicbard,  242:  — 
le  vienne  de  Villamajor.  X.  l'irita,  3G:i  ;  — 
Touaillon,  40j  ;  —  Voelcker,  446.  —  Hom- 
mage d  la  mémoire  de  Liubrurifaul,  329. 

Norias    —  Emplui  pour  1  arro-age,  141. 

Octrois.  —  Uiiiicuilé  de  leur  reforme,  483. 

Ostréiculiure     aux    roches   de     l'Kstrée,    464. 

Palmiers.  —  Culture,  97. 

Pavot.    —  Emploi   du  pavot  double   dans    les 
talus,  1 1. 

Pépinières   forestières,  329.    —    Pépinières   de 
secours  en  Solog  e,  394. 

Peste  bovine. —  Inteidiclion  d'enirée  du  bétail 
autrichien  en  B-lgique,  83,  168. 

Phosphates. —  Gîtes   phjspbalé»  dans  le   sud- 
est,  a24. 

Phyll'ixcra  vnstalrix.  —  Destruction  de  l'oenf 
d'hiver.  8,  .î3.  —  Congres  phylluxérique 
inlrrnatinnal  de  Turin,  43.  —  Tiaileii.ent 
par  le  sulfure  de  carbone,  18'';  dissous  dans 
l'eau,  127,  130,  206.  —  Mesures  contre  le 
ph)lloxHra  dane  la  zore  franche  du  pay-i  de 
Gex,  206.  —  Propagation  des  vigi.es  améri- 
caines. 84, 12S,  24.Î,  272.  325,  36.i.  —  Exien 
sion  d  1  phylloxéra,  2x3,  —  Badigeonna.'e 
anti|diylloxérii|ue  des  vignes,  349  — Fraudes 
commises  diins  le  mlfuia^'e  des  vignes,  406 

—  Kxi'însion  du  jibylloxera  en  EsiMgne,  484. 
Physique  végétale.  —  Marche  de   la  végétation 

dans  les  pLiites  anniiHlles,  46. 
Pisciciiliure.  —  Hepeu|  lenieiil  des  cours  d'e  u 

daiis  la   Creuse,  85.   —  Li   sardine,    177.  — 

Le   poisson   uélendu,  269.    —  Les    niiheurs. 

29.S. 
Poirier  âgé  He  150  ans  en  Aménqn»,  458. 
Police  SH   itaire.  —  Son    application    dans   la 

Haute-S'.ôi.e,  486. 
Poniolofjie.    —  Concours  et   congrès   pomnlo- 

gique   de   Rouen.  9.  —   Cuiiosilés  puiuulogi- 

quei  en  Amtri'iue.  457. 
Population.  —  Mouvement  en  Fiance,  211. 
Pourridié.  —  Le  pounidié  ue  la  vigne,    100, 

448. 
Prairies.    —  Tran-formalion  des  terres  arables 

(n    prairi  s,    121,     nu.  —  Graines   pour    ta 

créHlion  de  pian  les,  486. 
Primes   d'Iioi  neur   et   pnx  cnlluranx.  —  Prix 

ciill'irHuxet  pnx  d'irrigation  dai  s  les  Haiite^- 

Pyréi.t'es,  28,  61),  93.  —    Les   primes  d'bun- 

neiir  en  1886,  42. 
Proprié'e    fnnciere.  —   Valeur  vénale,  226.   — 

Sa  uiobilisrtiion  partielle,  402.  — Les  cotes- 
foncières      supéiieures    a     100       beclaies, 

473. 
Proieciion.    —  Discussion  relative  aux   droits 

pio.ectcurs.  —  Voir  Crue  agricole. 


Récoltes.  —  Nouvelles  de  l'état  des  récoltes  en 
terre,  3;),  89,  2.50,  291,  329,  3n8,  449.  —  Si- 
luition  agricole  dms  le  Morbihan,  35;  — 
dans  le  nord-et,  74,  184.  234;  —  dans  le 
Péngonl,  192,. 507;  —  ilan-le  l'a  -de-Calais, 
507,  192;  —  djns  l'Ain,  450.  —  La  récolte 
en  Angleterre  et  en  Suis^e,  42. 

Rente.  —  La  rente  du  sol  en   Angleterre,  406. 

nonces    —  Destruction  dans  le--  bois,  217. 

Sjpiiis.  —  Tiaiiement  des  sapinières  gelées  en 
lf-79-SU,  420. 

Sardine    —  Culture,  177. 

Sériciculture.  —  Klat  actuel  dans  le  Var 
4.59. 

Société  natiomle  d'agriculture  de  France.  — 
Comptes-rendus  des  séance-  liehdumadaires, 
211.273,  311,  353,  392,433.  —  Kl-cuon  des 
candidats  aux  fonctions  de  secrécaire  perpé- 
tuel, 4'i6. 

Société  des  agriculteurs  de  France.  —  Réunion 
des  délègues  des  AssuciatiOiis  agricoles,  123  , 
204,  292,  3.'2,  341.  —  (Joiicours  poirl'aug- 
meiilalion  de  la  piotuctiun  du  ble,  367. 

Socièlé  royale  d'agriculture  d'Angleterie.  — 
Concours  de  moissonneuses-i.euses,  258  — ■ 
Travaux,  327. 

Société  do  médecine  vétérinaire;  séance  pu- 
bliipie,  1*^8.  —  Concours  de  la  So  .icté  hip- 
pique tran 'aise,  285.  —  Ctéatinn  de  la  Société 
myculogique,  85.  —  Concours  de  la  Société 
des  agriculteurs  du  Nord,     05,  484. 

Stations  agronomiques.  —  Travaux,  45,  46, 
166,  167, '287. 

Sucres.  —  La  camp.ngne  sucrière.  12,  243, 
329,   449.    —    Emploi    du   sucre   cristalisé, 

129.  —   L'impôt  sur  les  sucres  en  Belgique, 
449.  —  Le  sucre  en  A'igleterre,  498. 

Sulfate  de  cjivre.  —  Emploi  contre  lemilJew, 

244. 
Sulfure  de  car''one.  —  Dissolution    dans  l'eau 

pour  le  traitement  des  vignes  phylloxérees, 

130,  206.  —  Le  sulfure  de  carbone  contre  le 
ptiylluxera,  181. 

?yndicats  pour  lâchât  d'engrais  dans  le  Loir- 
et-! lier,  44. 

Terre-  arables.  —  'transformation  en  prairies, 
121,  170. 

Torieaux.  —  Alimentation  du  bétail  avec  les 
tourteaux  de  marc  Me  pommes,  145,  470. 

Usine  agricole,    104,  146 

Vaine  pâture.  —  Exercice  du  droit  de  vaine 
pâlniv,  243. 

Village.  —  Discussion  du  projet  de  loi  sur  le 
village,  243. 

Vigne.  —  La  greffe  de  la  vigne,  23.  —  Décret 
leblif  à  I  exportation  de-  ceps,  sarments, 
éclialas  et  tuteurs,  65.  —  Lu  vigne  et  le  ponr- 
r.dié,  100.  —  Cultme  ;iu  Plauil  Cuermignac, 
112.  —  Culture  en  huites-hilions,  142.  — 
Récolle  dans  l'Au. le,  16:);  —  dans  l'Hérault, 
212.  212.  —  La  vig.ie  en  Seine-et  Oi.sc  en 
188'i,  2il.  —  Propagation  des  cépiges  amé- 
ricains, 34,  128,  245.  272,325,  365,  4.59.  — 
Les  vignes  du  Haut-Bailly,:!88.  —  Causcsdu 
pourndié  de  la  vigne,  448.  —  Vigne  de  la 
Mis-i.in  en  Calilornie,  457.  —  Vignes  amé- 
ricaines à  Saint-Cyprien  (DorJogne), 
46i. 

Vins.  —  Le  sucr.ige  des  vendanges,  43,  129, 
ï07.  — Exposition  de  ^ins  nouveaux  en  Algé- 
rie, 171).  —  Diacu-sion  du  projet  de  loi  sur 
l'iuipôtiles  vins  et  1'  viiingc,  205,  243.  282. 
—  Appa  eil  Houdart  pnir  le  ch.iufTage  des 
vins,  ■jig.  —  Venie  des  vins  des  hospices  de 
Beaune,  244.  —  La  kvûre  de  vin  cultivée, 
325.  —  Vendanges  de  1884  en  Italie, 
484. 


FL\  DE  LA  TABLE  DU  QUATRIÈME  VOLUME  DE  1884. 


Î^A 


'■^v 


¥  '^A 


/ 


New    York   Bolanicai   Garden   Llbran 


A^ 


n^^'  h