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//Oîj )
^
inniGTIÈlIE ANNÉE
DE LA NOUVELLE SÉRIE.
LISTE DES KIBRES RÉSIDIMS
SSdIVKD» 3)2 ilt33>3<Basr3«
MM.
LafoBd, doctcv en dnnirgîe.
Le Baj, docteor^Dédecui.
Marchaadfdodesr en diinirgie.
MM.
Gavtron,
Thibeand,
MM.
ABard (Emile) , doct'-médecip.
AsizoD^ docteur-médecin.
Aubioais , docteur-médecin.
Baré, docteor-médecin.
Blanchet fils, docteor-médedB^
Bonamy (Eogène) ^ , docteur-
médecin.
Boaanchavd, doctear-médedn.
Champenois, docteur-médecin.
Chenantais, doctenr-médecin.
Citerne, docteur-médecin.
Delamarc , doctenr-médecin.
Delnen, doctenr-médecin.
De Bostaing de Bivas, doctenr-
médecin.
Fonlon , doctenr-médecin.
Fonré ^ , doctenr-médecin.
Galicier, doctenr-médecin.
G atterre , doctenr-médecin.
Gély, doctenr-médecin.
Hélie, doctenr-médecin.
Hienard , doctenr-médecin.
Leoorgne, doctenr-médecin.
Lefenrre , doctenr-médecin.
Il MM.
Le Bon , doetear-médMB.
Leiennenr, doctenr-médecin.
Leqnnré, doctenr-médecin, an-
cien chirurgien de maiine.
Mabit, doctenr-médecin.
Magnéro , pharmacien.
Mahot, doctenr-médecin.
Maisonnenre (Th.), doctenr-
médecin.
Malherhe, doctenr-médecin.
Marcé , docteur-médecin.
Mandnit, docteur-médedn.
Hénard, docteur-médecin.
Moisan, pharmacien.
Horicean fils, docteur-médecin.
Padiolean , doctenr-médecin.
Papin-Glergerie, doct'-médecin.
Petit, doctenr-médecin.
Pihan-Dnfeillay, doct.-médecin.
Pincet, pharmacien.
Bonxcan , docteur-médecin.
Trastonr, doctenr-médecin.
Tnrpin, doctenr-médecin.
Villeneuve, docteur-médecin.
JOURNAL
DB LA
SECTIOn DE HËDECIHE
DE u Mit mâwm
DU
DÉPARTEMENT DE LA LOIRE-INFÉRIEURE.
31* YOLUniE.
20* ÂimÉE DE LA NOUVELLE SÉRIE.
NANTES,
IMPRIMERIE DE M"' V« CAMILLE MELLINET.
1855.
JOURNAL
DE LA
SECTION DE MEDECINE
DE LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE.
BULLETIJV DES SÉANCES.
Séance du 15 décembre 1854.
PBÉSHUBIICB DE M. LEQUBRBÉ , PBÉSIDBNT.
Cette séance est consacrée aux élections. En voici le
résultat :
BVHEAC.
MM. Lbtbnneur, président;
Mahot, vicê'président ;
Champbnois , secrétaire,-
Lb Houx , secrétaire^adjoint;
Dblahabb, bibliothécaire;
Méhabd, trésorier.
6 JOURNAL DE MÉDBCINE.
COMITÉ DE RÉDACnOlf •
MM. RouxsAu, Màlhebbe, Hélie, tUtUaires;
MM. Leboegne et Blanobbt, membres suppliants.
CSOMITÉ DE VACSGUf E.
MM. ÂuBiNÀis, Màbit et Maudvit.
COMITÉ DE TOPOGRAPHIE.
MM. BoNÂMT , Foulon et Allard.
COMITÉ D'ADMINISTRATION.
MM. Saillant, Mabit, Morigeau, Leborgne et Marchand.
Séance du 12 janvier 1855.
PRÉSiDBNGII DB M. LBTENN^R, «RÉSIDENT.
M. Lequerré , avant de quitter le fauteuil de la prési-
dence , remercie la Section de la bienveillance qu'elle lui a
témoignée pendant tout le temps qu'il a eu Thonneur de
présider ses séances.
Après Vinstallation des membres élus pour composer le
bureau pendant l'année 1855, M. Leteniwur, président,
prononce le discours suivant :
Messieurs et cffsns Collègui^s ,
En venant occuper ce fauteuil, je ne pu» me défendre
d'une vive et profonde émotion. Je oompreods toutes les
difficultés attachées aux devoirs qui me sont imposés ;
aussi, pour les accomplir, je compte biea œftÎDB sur mes
propres forces que sur votre bienveillao* appui. Je suis
sMIenu par le sonveDHr de tous ks (émoiignages de sym-
pathie que vous m'avez donnés et qui sont trop honorables
pour tlioi , pour que je puisse les oublier jamais. J'étais
devenu votre collègue depuis quelques mois à peine, que
déjà vous me donniez le titre de secrétaires-adjoint, et,
depuis ce temps , vos suffrages m'ont élevé successivement,
d'année en année, a'U secrétariat, à la vice- présidence ,
et, enfin, à Tbonneur de présider et de diriger tos
séances.
Recevez ici, Messieurs, l'expression bien sentie de ma
reconnaissance pour cette succession non interrompue
de faveurs, dont je sais apprécier tout le prix. Puissé-je ,
dans le courant de cette année, me montrer digne de la
confiance que vous m'avez accordée , en apportant, danis
l'exercice de mes nouvellles fonctions, l'exactitude, le
zèle , la prudence et l'esprit de justice auxquels votis Ont
accoutumés mes honorables prédécesseurs.
Pendant les mois qui viennent de s'écouler, des devoirs
impérieux, auxquels vous avez consacré, sans relâche,
vos jours et bien souvent vos nuits , vous ont empêchés
d'apporter dans les travaux de notre Société une activité
aussi grande peut-être que celle que nous y avons vue
régner quelquefois. Cependant , en reportant notre pensée
vers fan Aée 1854, nous pouvons dire avec franchise et
avec orgueil que, par l'importance de ses travaux, la Sectioh
de Médecine de la Société Académique de la Loire-Infé-
rieure s'est maintenue au premier rang parmi les Sociétés
médicales de province; et, en exprimant cette pensée,
nous n'olyéissom pas à un vain sentiment d'amour-
ph)^re , niMis rious ne faisons que reproduire le jugement
porté, sur nos ptibliciftiohs, par la presse médicale de
Paris, qtfi hri flrh de fréquents emprunts, dont èiHe eh-
riicbft ses colonnes.
Aujourd'iMlt , Messieurs, que le choléra en s'éloilgnant
de nous a latesé à ctyacnn le lôfsir de repretidre le cotirs
de 9B» ét^rfés et àè ses traVafux , vous reviendrez , ateû ùù
zèle noùveàfti , apporter ail fdyet commun le fruit de votre
expérience et de vos tfiééHatioAs. Voua reviendrez prendre
8 JOUBNAL DE UÊDECSNIL
part à ces discussions scientifiques dans lesquelles rimpor^
tance des questions soulevées, l'ardeur de la lutte , lechocr
des opinions, ont donné quelquefois. tant de charme et
d'intérêt à nos séances.
Nous vivons à une époque où les intelligences déploient
une prodigieuse activité. Jamais les sciences, jamais sur-
tout la science médicale n*a compté tant d'ouvriers in&ti-
gables. Les barrières qui, il y a un demi-siècle à peine,
séparaient encore les peuples, se sont abattues, et la presse
médicale, prenant un immense développement, va recueil-
lir chez toutes les nations le riche butin qu'elle nous
apporte chaque jour. Aussi ftut-il un travail opiniâtre et
persévérant à l'homme qui ne veut pas rester en arrière
du mouvement général, et surtout à celui qui veut contri-
buer à ce mouvement. Ce double but est souvent bien
difficile, quelquefois même impossible à atteindre pour
l'homme isolé, et c'est là ce qui rend si profitables le^
réunions comme les nôtres.
Ce riche butin dont je parlais tout-à-l'heure , cette pro-
duction , cette accumulation sans cesse croissante de ma-
tériaux divers entre lesquels on ne découvre , au premier
abord, aucune corrélation, aucun rapport possible,
effraient certaiifs esprits qui, ne. comprenant pas dans
quelle direction ils sont entraînés, cherchent eix vain pour
se guider, un nom, un drapeau qui dominent lâ foule,
croient que la science marche au hasard , et sont tentés
de nier le progrès.
Cependant, ce désordre n'est qu'apparent ou n'existe
qu'à la surface. Il est facile, en se plaçant à un point de
vue général et en pénétrant au fond des choses, de s'as-
surer que nous avançons dans la voie du- progrès, d'une
manière lente peut-être , mais d'une manière sûre , régix-
lière, et, en quelque sorte, méthodique. L'édifice grandit et
s'élève sans, qu'il soit toujours possible d'apprécier et de
mesurer ce que produit le travail de chaque jour, erescH
occulto velut arbor obvo (Horace) ; >tandis qu'en embras-
sant d'un coup d'œil une certaine période d'années, on est
JOOBlUIi OB VÉDBGDIS. 9
frappé de rimportanee des résultats qui ont été obtenus
et de ceux que promet l'avenir.
On a dit avec raison que les hommes d'une génération
ne sont que les éclaireurs de la génération qui les suit.
Tout s*encbaine dans la marche de IVsprit humain « et
pour bien comprendre l'idée philosppbique autour de
laquelle doivent être rangés les faits qui se produisent à
notre époque , il faut ne pas perdre de vue Tidée domi-
nante qui a imprimé son cachet à Tépoque qui nous a
précédés.
La médecine, pendant la première moitié du XIX*
siècle, a créé la science dont Horgani avait été le précur-
seur, Tanatomiy jMilAofogifue^ en même temps, elle a
perfectionné les méthodes d*observatiop , et a réussi à
porter à un haut degré de précision la connaissance ou
plutôt hi eonstation du fait.
Aiais ee n'e$t pas tout de voir, a dit Albinus (Annota-
tio anatom.), t( faut encore savoir ce qu'on a vu. Et, en
effet, ce n^est pas toi]it d'ol^server les symptômes des
maladies^ de connaître les lésions organiques qui leur
correspondent, de découvrir la cause, qui a produit ces
troubles et ces désordres, il faut pouvoir omir, coor-
donner ces divers éléments,^ en former un tout harmo-
nique ; il faut , en un mot , non plus seulement constater ,
mais encore interpréter et expliquer te rapport quil y a
entre les causes, les. lésions et les sympt&mes; c-est là ce
qui constitue la physiologie pathologique qui fut le rêve
lies médecins de tous les temps», mais qui ne pouvait
naître- qu'après Tanatomie pathologique dont elle dérive
naturellement. •
. La seconde moitié du XIX' siècle tend à se caractériser,
nous pouvons raiSrmer déjà , par la création , comme
science , de^ la physiologie pathologique, -
Les anciens, pour expliquer ce qu'ils observaient, avaient
été obligés d'inventer des systèmes qu'ils décoraient quel-
quefois du nom de > doctrines. Aujourd'hui, la science,
abandonnant ces théories aventureuses qui, en jetant par-
fois tant d*éclat, l'ont cependant trop souvent égarée.
10 JOViillAL DB llâMCREMt»
roTient avee plus de confianoe que jamais à • la véritable
source de tout progrès, l'observation et rexpériefioe.
En restant dans cette voie qu'elle n'a jamais quiHée
sans danger, la médecine éblouira peut-être moins les
esprits , mais elle réussira à mcfttre. la réalité à la |!rface
de nilusion, des vérités démontrées à la place dès liypo*-
thèses , et à substituer à la routine aveugle , l'induction
sévère et rationnelle. C'est ain^ qa'ont été élevés tant de
beaux travaux dont notre époque peut s'enorgueillir , et
qui constituent déjà comme autant de chapitres épars de
la physiologie pathologique dont ils révèlent l'avènement
prochain.
Cette science , appuyée sur l'anatofmie pathologique ,
éclairée par la physiologie normale , prenant po»r auxt'-
liaires et non pour guides les sciences physiques qui lui
prêtent un si utile concours, sachant enfin franchir à
propos les bornes souvent trop étroites de l'organtcisme ,
nous permettra d'approfondir de plus en plus les secrets
de la maladie, et nous aidera puissamment à atteindre
le but suprême auquel nbus aspirons, c'est-à^ire, une
bonne thérapeutique.
Voilà quel est à mes yeux l'avenir qui s'ouvre devant
nous. Déjà, j'aime à le constater, plusieurs des travaux
qui ont été lus à votre tribune, pendant l'année qui s'a-
chève, ont montré, de la part de leurs auteurs, des études
sérieuses de physiologie pathologique. Nous devons nous en
féliciter , car c'est une preuve que nous ne restons pas en
dehors des tendances scientifiques de notre époque.
En signalant ces heureuses tendances, je n'ai point la
prétention , Messieurs , d'indiqilier une direction spéGiàfle
à vos travaux et de chercher à reinfe^pmer votre sphère d'ac-
tivité dfins les termes d'un programme arrêté d'avance:
loin de moi cette pensée. Je me plais, au contraire, à
rappeler ici que, pôar nous,- le champ du travail n'a point
die limites : depuis la relation d'tin simple fait, depuis h9
détails les plus élémentaires de-ia pratique jusqu'aux aspi-
rations les plus ëtevéesde la philosophie médioate, chacun
est libre de choisir ce qui lui parait le plàs utile ^ ce tpai
JOVUIAL BB uÈMcam. 11
séduit leplu» son esprit, ce qui, enfiii, est le plus err rap-
port avec ses goàts et ses aptitudes.
. Chaque genre de travail a son utilité ; tantôt en ouvrant
à la science des horizons nouveaux , tantôt en confirmant
des vérités qui peuvent être attaquées ou oubliées, souvent
en dévoilant des ^erreurs qui tendent à s'implanter dans
la science ou qui y régnent déjà depuis longtemps, car
lorsqu'on travaille sur les connaissances humaines, a dit
avec ration Condillac, on trouve plus d'erreurs à détruire
que de vérités à établir. Cette variété dans les travaux
offre les pl\is grands avantages ; au sein des Sociétés
conime la nôtre, chacun, bénéficiant du travail des autres,
augmente ainsi sans efforts et comme à son insu, la somme
de ses connaissances,, et se livre à l'étude avec d'au*
tant plus d'ardeur qu'il est sans cesse stimulé par
l'exemple.
L'intérêt et l'utilité de nos réunions sera donc toujours
en raison du nombre des travailleurs ; c'est pourquoi nous ne
devons jamais nous lasser de faire un appel à ceux de nos ho-
norables confrères qui setiennent encore éloignésde nous et
auxquels nous serions siheureux d'ouvrir ceftte enceinte. Nous
leur dirions : ^soyez left'bienvenus,<;ommenous le disions
naguère à tous ces jeunes collègues qui sont venus grossir
nos rangs et dont l'active collaboration soutiendra la
vieille réputation de notre Société et lui assurera on bril-
lant avonir^
Pourquoi faut' ii , Messieurs,, que nous ne pmsisiôns
élever un regard 3'espéraiace vers l'avenir, sans être forcés
de ferre en même temps un pénible retour vers le passé
en nous rappelant que , cette année encore, Ifl mort ne
nous a pas épargnés? '
M. Danet, pharmacien de l'Hospice général, a suc-
combé le^20 octobre 1854 , â:gé de 43 ans, à une cruelfe
maladie quiy depuië longtem})5 déjà, menaçait son exis-
tence , et le condânainait à un repos d'autant plus pénihie
qu'il était entièrement incompatible avec l'ardeur et Tacti-
vité peu communes de son intelligence.
M. Danet avait. fait partie, autrefois, de notre Société
12 jomnÂh j>E HÉDiBcms.
doDt i*état fâcheux de sa santé Tavait obligé de s'éloigner
temporairement; mais, en 1853^ sentant ses forces
renaître, et croyant peut-être à sa proobaine guérison, il
était revenu prendre part à nos travaux.. Pur malheur ,
la trêve ne fut que de courte durée, et nous dûmes bien-
tôt perdre Fespoir de revoir notre collègue parmi nous. .
Vous n'avez point* oublié comment ^ à l'occasion d'une
discussion sur les applications du tabac en thérapeutique ,
M. Danet s'empressa , à la demande de quelques-uns d'en-
tre nous, de nous apporter, sur ce sujet, un travail plein
d'intérêt. Un procès célèbre venait d'attirer l'attention sur
la nicojtine et de soulever des questions de la plus haute
gravité, (je moment était donc bien choisi; et nous de-
vons regretter que le travail de M. Danet soit resté inachevé^
car nuL cloute que son esprit ingénieux n'eùl^ réussi à
jeter une vive lumière sur un sujet qui est loin d'être. encore
complètement élucidé. .. . • .
H. Danet a professé la chimie avec distinction , soit dans
des établissements d'instruction publique, soit au, Jardin
des Pharmaciens, où il avait institué un cours gratuit qui
attirait un nombreux auditoire.
En 1847, des fraudes signalées dans le comnierçe.dela
boulangerie nécessitèrent une série, d'expertises dans les*
quelles M. Danet réussit à éclairer l'Autorisé sur desques^
tions fort difficiles et la mit à même de réprimer bien des
abus. . .
C'est probablement à partir de cette époque et par
suite des recherches qu'il ..fut obligé de faire, qu'il conçut
la pensée de découvrir un système économique de panifi-
cation* •
La cherté .des subsistances vint , il y a un an, raviver
cette pensée, chez M. Danet. On sait qu'il était parvenue
des résultats qu'on, xlit devoir être très-sati.sfaisants, et
que c'est au moment où il espérait recueillir le fruit de sa
découverte que la mort est venue le surprendre.
On doit à M. Danet la fondation d'un journal scienti-
fique : y Abeille Pharmaceutique, doot il était le principal
rédacteur et le gérant.
JOtmitAI. DB HÉBËGHfB. i3
II était membre du jury médical du département de la
Loire-Inférieure, et était, depuis plusieurs années,
essayeur pour les matières d'or et d'argent.
Pendant le temps qu'il a rempli les fonctions de phar-
macien à l'hospice Saint* Jacques , il a cherché à faire
bien dea réformes, et a tenté plusieurs innovations qui
n'ont peut-être pas toujours eu les résultats heureux qu'il
avait espérés, mais qui ont mis en relief son amour du
bien et son désir ardent de répondre à la confiance que
l'Administration des hospices avait mise en lui.
Sf j'avais eu la pensée de faire la bio^aphie de M*
Danet , je vous aurais parlé de son existence si accidentée,
de ses luttes, de ses efforts* contre les difficultés qu'il a
rencontrées sUr sa foute et qu'il a souvent réussi à'vaincre,
grâceàson énergique ténacité. Mais j'ai voulu me borner
à retracer quelques-^uns • des traits principaux de la vie
scientifique du collègue que nous avons perdu, et mon*
trer combien est grand le vide qu'il a laissé parmi nous,
et combien sont légitimes les regrets qu'a inspirés sa mort
prématurée.
Je n'aurais pas accompli ma tftche, Messieurs, si je ne
rappelais ici le nom d'un , homme qui fut longtemps un
des membres les plus actifs de notre Société , après avoir
été un de ses fondateurs^ et que nous avons toujours ainié
à considérer conune nôtre collègue, * bien que, cédant aux
exigences d*une santé un instant vivement éJiranlée , il se
fût retiré depuis plusieurs années de nos reniflions.
M. Marion tle Procé nous a été enlevé le 21 février
1854.
Vous avez encore présents à la mémoire les discours
touchants qui furent prononcés au jour de ses funérailles ,
et4'émotion qui s^empara de la foule attentive au récit de
cette existence SI noblement et si utilement remplie. Je
ne v^x puint affaiblir, en les reproduisant, les paroles
éloquentes que des voix, plus autorisées que la mienne
firent entendre alors; permettez-mot. Messieurs, de dire
seulement, en quelques mots, ce que fut M. Marion de
Procé au sein de la Section de Médecine.
14 JOUBllAt BK iDSiocaiiB.
Après avoir terminé ses ébides médicales el reçu le
diplôme de docteur, M. Marion fit un voyage en Italie,
où rentrafnait Tamour des arts; peu après, il se rendait
aux Itides, où Thistoire naturelle et la médecine fiotomirent
à son esprit investigateur un riche et vaste champ d'étu-
des. De retour en France, il Voulut aller se retremper
au foyer si brillant alors de l'École de Paris , et recevoir,
pour ainsi dire, un second baptême médical avant de
revenir d«ns sa ville natole, où son mérite ne tarda pas
à être apprécié, et où il obtint bientôt de si légitimes
C'est alors, en 1824, qu'il s^assbcia à quelques autres
médecins , pour fonder, au sein de la Société Académique,
la Section de Médecine, qui compte déjà , vous le voyez,
tinente années d'existence.
Mk Marion fut le premier secrétaire de notre Société et
fut maintenu dans ces fonctloi^s pendant trois ans. Les
première volumes de nos collections publiés par ses soins,
montrent combien il apporta, à cette œuvre^ de zèle et de
dévouement. Sous son utile direction, le journal compta
bientôt un nombre d'aboimés qui n'a pas été atteint depuis.
Qn peut trouver re;Kpiication de ce fait dans l'intérêt que
devaient trouver les médecins de la ville et du département
à la lecture de la revue cUuique des hôpitaux , publiée alors
avec une grande régularité, et dans la relation de tout ce
qui: concernait la médecine locale et les intérêts proies*
sionnels. ,'
Dans le» premiers volumes de notre journal, nous
retrouvons M. Marion faisant partie d'un grand nombre de
eommissiQf)S, oùétaient élaborées^des questions d'organlsa^
tion intérieure, où étaietit étudiés des problèmes d'hygiène
publique, et dé topographie médicale; enfin, Messieurs^
H. M^ion a enrichi nos publications de travaux originaux
dans lesquels se révèlent le remarquable talent d'oteerva**
tion et la rectitude de jugement que nous avons toujours
admirés en lui. '
. U fut élevé i en 1.833, aux honneurs de la présidence ; et
cette dignité lui fiit conférée de nouveau en: 1889.
Au seio de la Seciion.de Médecine, M. Marion s'est
montré. .ce qu'il a été partout et toujours: nul n'a porté plus
loin q^e lui cette bieoYeiUance , cette aménité , ces formes
giraves et poÛes , qui , jointes à uiie exactitude en quelque
sorte mathématique dans raccoBipiissement de tous les
devoirs de notre profession , faisaient de notre tant regretté
collègue , un parfait modèle de déontologie médicale.
Nous conserverons religieusement sa mémoire , car c'est
un titre de noblesse pour les Sociétés savantes de compter
sur la liste de leurs fondateurs des noms tels que celui de
H. lUarion de Procé.
Nous aimerons toujours à nous rappeler que , par les
belles qualités de soq cœur et de son esprit , il a honoré le
corps n^ical de notre ville, et qu'il était entgytiré de
l'estime , de l'affection et du respect de tous ceux qui ont
eu le bonheur de le connaître.
Je. crois être l'interprète des sentiments de I9 Section
tout entière en offrant des remerciements à H. Lequerré et
à M. Blan^het^pour la manière dont ils ont ren»pli leurs
fonctions de président et de secrétaire , pendant l'année
1854. '
AprèscediaoourSt H. le Pré»dent appelle à la tribune
M. Papin-Clergerie, inscrit à Tordre du jour pour la lecture
d-uQ. traviail intitulé : De la Nature d& Uju Maladie' de
Brighl (1).
Vv Aubinaisi rapp<»te, à cette occasion , une observation
intéressante d'albuminurie» Il a donné des soins* à na
enfant de 9 ans, att^eint, à deux reprises difféî^entes , de
néphriliO albumineuse. La premièrcvfois, iL employa d'a-
(f) Voir plus loin, pag..20.
16 JOUBIUL BB
bord, pendant une quinzaine de jours ^ les boissons dé-
hyanteset alcalines; mais, n obtenant aucun résultat, il
se décida, sur t'in«stanoe d*un médecin consultant, à re-
courir aux émissions sanguines, malgré l'apparence lym-
phatique du malade* Il lui pratiqua, successivement, trois
saignées de>bras; ce traitement eut un succès complet Une
ascite considérable, qui avait fait songer déjà à la para-
centèse, se dissipa en peu de temps, et le malade guérit.
Deux ans après, le même enfant, àla suite d'un refiroi-
dissement , fut de nouveau atteint de la même affection.
Les saignées procurèrent encore une guérison rapide.
M. Aubinais pense que ce malade n'a paseuune vérita-
ble maladie de Bright, affection dont la guérison est si
rare, mais seulement une simple néphrite aiguë que les
saignées ont pu juguler.
Séance du. i6 février i855.
PBiSIDBnCE DE H. LBTEIlIŒtJB, PBÉSn>ElfT.
Lecture et adoption du procès-verbal. * -
Ouvrages reçus :
l^* Mémoire sur les polypes de l'oreille, par M. Boqna-
font, médecin principal de THôpital militaire du Roule. .
2^ Discours sur les moyens à opposer à l'invasion du
choléra asiatique , par le même..
3^ Discours à l'Académie de Médecine , sur les déplace-
ments de la matrice, par le même.
4^ Ou Cathétérisme de la trompe d'Eustache, par le
même.
5^ Observation de bec-de-lièvre double, trës-compKqué,
opéré avec succès par un nouveau mode opératoire, par le
Blême;
fi"" L'Homœopathie et Je choléra de 1854 à Marseille,
par M. le docteur Crochet, de Marseille.^ ^
7^ Cobsiderations pratiques sur la propagation du
Chpléra-mof bus ^ par M. le docteur Pascal, médecin de
l'Hôpital militaire de Bayonne.
jotmtnt BB vttfiGiNS. 17
L'ordre du jour appelle une lecture de M. Pmcet, sur un
cas d'empoisonnement par l'acide arsenieux (1).
Cette observation donne lieu h plusieurs réflexions:*
M. Aubinaîs s'étonne de^ voir rarsenic, ce poison si actif,
Srh parfois à doses énormes sans déterminer la mort. Il
it appelé, un jour, près d'une jeune (ille, qui venait
d'avaler, dans le but de s'empoisonner, une grande quan-
tité dé nrort-aUx-rats , et , ensuite , 60 centigrammes
d^extrjiit thébaïque.'Elle eut des vomissements répétés et
des symptômes de narcotîsme très-prononcés. A défaut
d'hydrate de peroxyde de fer, H lui fit prendre de l'oxyde
de fer ordinaire. Elle à fini par guérir, après avoir éproUvé
une violente gastro-entérite. Vers le quinzième jour, elle
eut une opbthalmie profonde, qui lui fit perdre un œil.
M. Aubinats a vu administrer à des moutdns des quan-
tités énormes d'acide arsenieux , ?ans qu'il se soit produit
de-symptômes d'empoisonnement. Ces faits extraordinaires
le conduisent à supposer que l'acide arsenieux, pris à très-
haute dose, n'agit pas dé Fa même manière que lorsqu'il
est administré en mofndre quantité à la fois.
M. -Rouxeau fut appelé , un jour , près d'un jeune
hpmme , qui lui parut atteint d'une maladie bizarre. î\
était dans un état de somnolence et d'abattement dont rien
ne pouvait l'arracher. Lé malade finit par lui avouer qu'il
avait avalé un gramme d'acide arsenieux, mÔlé à deux
grammes de sulfate de morphine. Il ne survint ni vomisse-
ments ni selles. Les symptômes d'engourdissement et de
torpeur persistèrent pendant huit jours, ainsi qu'une très-
forte céphalalgie; cependant, la guérison eut lieu. M.
Rouxeau se demande, en présence de ces faits, si i opium
et Parsenic^n'éxerceràient pas sur l'économie une action
opposée, l'un devenant par là Te contre-poison dé l'autre.
JU. Pincet dit que M. Forget a rapporté l'histoire d'un
homfne de 63 ans, qui prit un jour 60 grammes d'acide
arsenrèux. Huit jours après, survint une gangrène de la
(1) Voir pltis loin, ^age ITo.
18 JOinpiAL DB vÉBBcna.
jambe, qui nécessita l'amputation, laquelle fut suivie de
mort.
M, Malherbe ne trouve pas surprenant qu'oo , ait ob-
servé des cas de gangrène après Tingestiou de Tacide
arsenieux, puisque ce poison détermine, des troubles ner-
veux et circulatoires si considérables, il croit qu'on peut
rapprocher ces fails de ceux qu'on i)bserve dans l'ergotisme
gangreneux, ainsi que des cas de gangrène qu'on voit se
produire dans les affections graves des centres, nerveux.
La fonte de l'œil, survenue chez la malade.de M. Aubinais,
peut encore être rapprochée des cas de perforation de la
cornée, qui se produisaient, dans les (expériences de
M. Magendie, chez les animaux soumis à l'infiuence des
saignées répétées.
Dans les cas d'ingestion de grandes doses d'acide arse-
nieux, une grande partie du poison reste non dissoute, car
l'acide arsenieux n'est pas très-soluble.
Quant à ce qui se passe chez les moutons^ il peut fort
bien y avoir décomposition de lacide arsenieux et forma-
tion d'arsenic métallique, au contact d'une grande quantité
de matières alimentaires presqu&entièrement composées de
carbone et d'hydrogèr\e. U se passerait là une action chi-
mique analogue à celle qui a lieu dans la formation d^s
eaux minérales sulfureuses. On sait, en effet maintenant,
que toutes les eaux sulfureuses naturelles sont produites
par la décomposition de divers sulfates au contact de. débris
végétaux ou animaux.
il/. Ménard croit qu'on n'emploie, pas autant de savon
arsenical pour préparer la peau d'un animal, qu'on L'a dit
dans l'observation lue par M. Pincet. Il pense d'ailleurs
que le poison, placé ainsi à )a suriace internée d'une peau
recouverte de plumes, n'a été que fort peu en contact avec
les parois du tube digestif. M. Ménard ajoute qu'il a vu
survenir Ja gangr^ène de l'œil à la suite de l'administration
du mercure.
M. Monceau fait observer que , chez les chiens et les
chats nourris uniquement ^vec du pain , on voit survenir
la perforation de la cornée , et que M. Claude Bernard a
joinoiAii DB KÉoicna* 19
vu aassi se produire la fonte de l'œil chez des animaux , k
la suke de l'enlèveoient des ganglions cervicaux. Quant à
l'action antagoniste de Tarsenic et de Topium « elle a été
admise par l'école italienhe, qui, dans sa division des
mé<Jicaments en deux classes, Tune des hyperstbénisants
et l'autre des hyposthénisants, a placé l*ppium dans la
première, et l'arsenic dans la seconde.
JH. Bélùi dit que, depuis longtemps, on a vu des exemples
d'ingestion de grandes doses d'acide arsenreux non suivis
de mort.; mais q^u'jl faut remarquer que, dans tous ces
ca$, l'acide arseuieux a été pris à l'état solide, et que. le
vomissement a eu lieu rapidement et avant que le poison
ait eu le temps de se dissoudre dans l'estomac. La disso-
lution de Tacide arsenieux dans les liquides contenus dans
le tube digestif ne s'opère, en effet, que très-lentement.
H« Hélie se fonde , pour énoncer cette proposition, sur la
fréquence avec. laquelle oïl trouve, dans les autopsies, des
gr<|ins d'acide arsenieux solide sur la membrane muqueuse
de l'intestin. Il pettse^ d'après cela, quil est inutile de
recourir â( des hypothèses ingénieuses pour expliquer l'ab-
sence d'accidents mortels dans les cas doiit il s'agit. Malgré
la grande quantité de poison ingérée, une très^-âtible partie
seulemeni a pu être absorbée, et elle a été ensuite étif
minée peu à -peu de l'économie. ' '
M. Âiericeau hit remarquer qu'il existé cependant de
nombreux exemples, d'empoisonnement par l'acide arse-
nieux solide. La mort» dans ces circonstances, peù( avoir
lien de deux cnanières différentes': elle peut être produite
tout d'abord par Faction dé l'agent toxique sur' le système
nerveux, oa bien n'avoir lieu que pli» tard par suite de la
gastro-entérite violente que détermine Tarsenic.
L'ordre du jour appelle à la tribune M. Papin, pour
lirç une observation de carcinome du pylore (i).
Après cette lecture, M. MoriCeau demande la parole. Il
ne trouve pas, dans la description anatomique de cette
(Yoir plitt loin 9 page 53).
20 tét^A tÈ «MicMt.
lésidf), des raisons sufltsarites pour àdmeUfe fétistietice
d\in caneer. 11 a eu occasion d'exatniner Hu inicroscopè
plusieurs estomacs provenant de sujets morts avec tous
les symptAmes du cancer stomacal ; dans (]nelqués cas \ il
n*a pu constater qu'une simple hypertrophie dés tissus.
Cette hypertrophie lui paratl d'ailleurs suffisante pour pro-
duire la plupart des symptôntes attribués au cancer du
pylore.
M. Minûrd ne pense pas qu'ori puisse mettre en douté
l'existence du cancer dtos l'observation qtii Vient 'A^éïte
hie.
•ilf. if^{fe iTôtive qtiè lll. Papih a eu raisbn d^ittt'îbttèr lé
vomissement à l'élrôitësse de l'ouverture pyloriqtie. H '^iént
d\)b8Cfver un cas êe. cancer du pylore, dans lequel H h'y
a pas eu de vonirissëmenls ; mais, dans ceca^, il n*y
avait point de rétrécissement de Panneau jf>yforfque ; tetle
ouverture était, au contraire, large et ntaintenué béante
par stiite de l'induration des (issus, aussi le vomisseitieht
n'était pas possible.
La séance est levée à 7 hiîures l/î.
Le Secrétaire, '
L.-T. CnAaffiBftOtt.
De la ncUvre de la maladif de Bright,par M,
Papin-GlbMbub 9 Médecin^mppUatit de$ Hùs-
pices.
Avant de rechercher la nature mystérieuse de la mala-
dte dé Bright, iioui indiquerons rapidement, au point de
vue du diagnostic différentiel , lé de^ "de Vélteur in-
Urin%^oe âe$ ^ymj^mes de catt^ maladie^ at las pmcipçiux
tré^MU^ts qu*^e a (durçia- ^ l'analyse cbiuMiCiQe e|( aii dû-
eroscope.
L'afieciron de Bright,c;|^i attend toujours uqe dénonai-
natioQ scientifique et rationnelle, figure dans le cadre
nosologique depuis sa pren)iél*e description par le docteur
Bright. C'est là le privtb^ge des découvertes vraiment utifes.
La science les accepte en principe dès leur apparition ; elle
les dégage, avec le temps, des erreurs inséparables de toute
yérilé oaîaaanle. L'eiistence de oelte affection , aoufujçoaoée
et «ntrevue au]^ différantes époques de ThisAotra médicalaf
a été parfiiitement démontrée par le aélèbre n^édeçip jon-
glais qqi a eu l'honneur d'y i^ttachçr ^pn ^on\^ dlans ^J^
mémoire plein d'originalité, d'exactitude et de çn^tbod^^
qu'il publia sur ce sujet en 1827 (i). MM. Bostock, Chrîs-
tîspn ; Gregory, Grav'»s, Hamilto.i çt Efiotson, en Angle-
terre; Rayçr, Marlin-Solon et Forget, en. Prancç, confir-
mant la découverte du docteur Brigh^ par de nombreux
travaux^Teconnaissent à cette maladie une individualité
propre, fondée sur Tensémble des caractères suivants :
jL'hypérémie, ThypertropHie ^ l'induration simple e^ la
décoloration successfve:^ du tissu rénal, qui correspondfent
à la ^pjremière période QiJ^fQrmç $^gi|ë de l*afifectioi(i ;
Une lésiop organique du mètpe^ssu, spécifique i consé-
cutive aux formes» précéde^nteè , et, qui tend futalemeni à
parepunr ioji^i^ ses dègc^s, à savoir: Is^ dégénéiraçcence
jaunâtre, l'état granulé, l'induration cartilagineuse et la
surface bosselée;
La sécrétion d'une urine albumineuse, congulable par
la cbaleur et l'acide nitrique,. moins riche en urée et en
urate, trouble, rare, sanguinolente au . début , souvent
akxrtine el moqdseuse, et d'une fiiible pesanteur spéci-
(t) B^gbt. — ftea^l 4i(^a||«s acçowaglii^^ m^ se^Pretioii
albtiiDiiia9# ijirÂaf t i^V-
22 JOUnfAL DE HÉDECmS.
La diminution des globules , de Faibumine et de la
pesanteur spécifique du sang , et la présence de l'urée dans
ce liquide;
Un mouvement fébrile initial peu marqué et assez
rare ;
Une douleur sourde dés reins sans retentissement habi-
tuel dans les uretères et les cuisses, chez les hommes, du
moins;
L'apparition d'un cedème au visage et. aux extrémités,
suivi d'un épancbement dans les cavités séreuses ; •
Enfin , des complicatio^is presque toujours inflamma-
toires éclatant avec une fréquence inégale sur certains
points de l'économie.
La maladie deBright, comme il est facile de le remar-
quer , ne possèdie exclusivement que les caractères anato-
miques de la deuxième période, c'est-à-dire la clégéué-
rescence jaunâtre, les granulation^, l'induratioa cartilagi-
neuse, et l'aspect chagriné da la surface des reins. .
L'albuminurie a été observée , en effet :
1^ Dans la congestion et l'hypertrophie essentielles dû
rein, dans le scorbut, le purpura, les fièvres érùplîves,
les fièvres typhoïde et pernicieuse hémorrbagiques , le
diabète, l'ascîte (1), la grossesse, ies" affections du cœur,
des poumons et du foie , compliquées, alors d'bypéré-
(t). L^asoite ne doit figarer ici que comme ud agent méca-
nique qui entrave le cohfs do la circulation dans. le rein, et j
détermine une congestion suivie d'albuminurie , ainsi qu'on Fob-
serve dans la grossesse et les affections du cœur, des poumons
et du foie. Considérée autrement, l'àscite ii'a pas de valeur étio-
logique qui lui soit propre dans l'espëce. Eue n'est plus qu'un
des traits nombreux de la physionomie du groupe hémétopatho-
iogiqué, cpii a été sienaldd^k au nombre d08 causés ocdinatres
de l'albuminurie, sous le nom de scorbut, dé purpura, etc.
JOUBNiL BE MÉBECIMB. 23
mie, et quelquefois même d'hypertrophie rénales consé-
cutives (1-)*
2® Avec les^ lésions précédentes, et, à un degré plus
avancé de la maladie, avec induration simple et décolora-
tion du même organe, dans la néphrite en général ;
3^ Avec dégénérescence dans la tuberculisation et le
cancer du rein , et avec simple production anormale dans
le kyste rénal;
4**^ Sans sécrétion d'albumine, mais avec mélange, dans
tous les cas où Turtne Contient dû pus ou du sang: la né-
phrite et la cystite suppuratives , la blennorrhagië et Thé-
maturis (2) ; .
(1) Le petit nombre d'observation^ d'albuminurie sans trace
de lésion bu dé modification dn tisstt rénal , en présence de la
msisse de faits contraires, et dans lesquels des modifications orga-
niques mèm% très-superfiçieUes ont été xévélées plus d'une ibis
par l'autopsie, n'infirme pas notre opinion relativement k la
coïncidence absolue de l'albuminurie et d'un état particulier de
la substapce rénale. 19 ous^^ sommes disposé k admettre chez les
quelques albuminuriques dont il s'agit , l'eiistence d'aune conges-
tion du rein au premier, degré, dont l'expression anatomi que aura
disparu avec les phénomènes \itaux. L'analogie , du moins, nous
autorise à dobuer cette explication.
Du resté ^ considérant ralbuminurié comme le résultat d'un
désordre fonctionnel. du rein, nous reconnaissons que celui-ci
est susceptible de sécréter momentanénieut une urine albumi-
neuse aous l'influenee d'un ébranlement nerveux général ou
local,. 4el qu'une syncope, une forte émotion, une attaque d'hys-
térie ou d^épilepsie , une douleur ^ioleùte , et principalement la
. colique néphrétique ; et encore , dans ce dernier cas , la douleur
s'accoinpagne-t-elle d'une fluxion rénale \ mais ce troubla de la
sécrétion uiinairé accidentel et instantané ne constitue pas Val-
àuminurie proprement dite,
(2) L'urine mélangée avec du muco-pus ou. du sang présente
nalupellèmentdes traces d'albumine ; mais elle dépose un sédi-
ment . muca^epurulent ou sanguin reconnaissable à la simple ins-
Ïtectiou, et le microscope y découvre, au besoin, des globules^ si
'urine est acide.
24 joaauL u wÈmcam*
i"* Dftns la cystite cantbaridique (1); ^
6* Enfin, dans les conditions pathologiques, encore
loal déterminées, on l'urine est généralement considérée
comoie chyleuse ou laiteuse. HH. Deville et Personne ,
Mayer et Pearse (2) ont prouvé que les urines prétendues
cbyleusesou laiteuses ne contenaient ni caséine « ni pus,
ni phosphate, mais de l'albumine, et, surtout, une ma-
tière grasse , qui donne à ces urines leur apparence laiteuse.
Toutefois « dans les divers états que nous venons de citer,
Turine renferme moins d'albumine , et celle-ci n'y existe
(1) Nous ferons remarquer , d'abord , qne cette dénonûnation
est iocomplète et même vicieuse, car, d'après les observations de
MM. BooiUaad (1) et Morel-Lavallée , raction irritante de 4a caiir j
tharide se manifeste primitivement et principalement sur les *.
maqa^oses rénale et nrétérale ^plus encore do côté de la ma- 1
qoense rénale) , sons l'aspect d'une injection yive , de plaques^
Yiolacées, et de pseudo -membranes^ tandis que la muqueuse
vésicaie n'offire les mêmes lésions qu'àl'embouchure des uretères, '
et« smr ce point, la rougeur est habituellement moins pronoiMîée
et la formation de fausses membranes relativement rare.
Disons maintenant que la cvstite cantharidique apAaraft et dis-
paraît trop rapidement, dans le plus grand nombre des cas, pour"
donuer lieu à de la suppuration, et que l'albuminori» peut être
ici le résultat simultané i" de la disposition des muqueuses uri-
naires» qui ne se rencontre que dans l'intoxication cantharidique,
de laisser transsuder de l'albumine ^ 2" de l'hypérémie rénale par
extension de Tinjection de la muqueuse ^ et 3« ae la cystorrhagie
qui accompagne très- souvent la cystite canthandiqùe. Ifous
avons rangé déjà la congestion rénale et rhématurie au nonibre
des causes les plus habituelles de l'albuminurie. 11 y adraiC
donc ici, à la fois, sécrétion rénale albumineuse et simple
mélange d'albumine transsudée avec l'urine.
(I) M. BMnttaiia, — Sur l' Aibiuun«rie caMliaridique (Rev^e .védico-
durorgicaie, IS4S). , . , ^ .
M. Morel-LaYallée , — Mémoire sar.U Gj^stale CanlbvidiqQe , 1847.
a MM. Deville et Personne , — Journal d« Pharnacie tMi
. Mayer et Pearse, — Expériences sur las Urines chvleM^
t)u divlo-séreoses on laiteuses (Trantactioas m4dico-cUm>^
cales, terne XVI, 1851). ''—««i^
que passagëreoient. L'urine n« s*écarte pas autaoi àe sa
densité normale, et la proportion de Turée et des urates
ol&e peu de changement; enfin, le sang, presque tou-
jours coagulé dans Thématurie, s'écoule plus abondam-
ment, et donne à l'urine une teinte plus rougeâlre.
Ainsi donc , l'albuminurie et les premières formes de
ranatomie pathologique des reins, dans la maladie de
Bright, n'appartiennent pas uniquement à cette affection.
Ce n'est pas tout.
I4,'usage interne des médicaments alcalins, et une nour-
riture composée d'aliments de même nature, fournissent
une urine alcaline.
La diminution des globules du sang se rencontre dans
les cachexies et la chlorose, mais il est vrai, sans diminu-
tion appréciable d'albumine.
L'urée se trouve dans le ^ng après l'extirpation des
reins, et à la suite d'accidents néphrétiques prolongés ou
répétés, /
La fièvrequ'on Observe quelquefois au début de la ma-
ladie de Bright, accompagne aussi la néphrite. Cependant,
elle est régulière, plus intense et précédée de frissons daps
cette dernière maladie.
La douleur rénale est Un symptôme constant dans toutes
les affections des reins; néanmoins son obscurité .habituelle
dans la maladie de Bright est caractéristique.
L'œdème de cette affection ne peut pas être distingué
de celui de la scarlatine, qui affecte le même siège, suit
la méniQ marche et précède également les épancbements
dans les cavités séreuses. Aussi MM. ..Bright et Rayer ,
frappés des ressemblances nombreuses des deux maladies,
n'hésitent pas à rattacher la scarlatine albumino-œdéma-
teuseà la forufie aiguë de la maladie de Bright. 11 faut
ajouter que, dans certaines néphrites et congestions
rénales* albumineuses, l'oedème se nianifeste encore avec
les mêmes caractères.
Mais cependant l'œdème de l'affection de Qright est
plus constant , plus durable el moins circonscrit.
L'hy()r6pisié apparaît d'ans presque tous les cas^ où l'on
26 JOUBNÀL BB HÉIttCDIB*
observe un appauvrissement du siEing très-prononcé ou un
arrêt de la circulation. Elle suit alors, qu'elle progresse
ou qu'elle rétrograde , une marche régulière qui contraste
avec ses évolutions brusques et capricieuses dans la maladie
de Bright.
Quant aux complications aiguës de cette maladie, on
doit r*>connattre qu'elles surviennent plus rarement dans lé
^ours des autres affections.
La maladie de Bright, si Ton fait abstraction de Tét^t
caractéristique des reins, se révèle donc seulement par un
ensemble de signes qui, pris isolément, n'ont pas une
valeur suffisante pour la caractériser , mais ^ont la coïn-
cidence et l'enchaînement conduisent en général à affirmer
son existence. r
Du reste^ rhistpiré dé cette affection n'est pas achevée.
On devra faire des expériences comparatives plus étendues
et plus précises sur la densité et la proportion respec-
tives des éléments de Turine et du sang dans les états du
rein qui^donnent lieu ordinairement, et accidentellement
à Talbuminurie. Ces recherches seront sinlgulièrement
facilitées par les progrès de la chimie organique "et une
plus grande hal^itude du microscope , qui permettent d'éta-
blir, dès aujourd'hui, un diagnostic plus rigoureux dans
la classe des affections albumineuses des reins.
Déjà, le docteur Grégory (1), dirigé par un remar-
quable talent d'obsej'vation et d'analyse vers les opérations
expérimentales sur les. liquides de l'économie, a eu le
mérite de dresser eji ^cegard des tableaux très-curieux qui
retracent , d'une part , les variations de la densité -spéci-
fique des urines et du sérum du sang , et «elles du degré
Je coagukbilité îles urines chez des albuminuriquei
(1) Grégory. — Edinburgh jnédical and sargicaljournal', tomes
XîavietVII.
joranAL BB wÈsMam. 27
atleÎDts d*bydropisid, et, d'autre part, les variations de
la pesanteur spécifique de l'urine et du sérum du sang
dans Fétat de santé. Mais, comme le remarque M. Rayer,
le savant Anglais, privé des lumières actuelles de Tana-
tomie pathologique, a compris, dans le groupe de ses
observations d'albuminurie compliquée d'hydropisie, des
affections qui n'ont de commun avec la maladie de Bright
que rbydropisie avec urine coagulable. Il n'a pu fournir,
en conséquence, aucune donnée exacte qui puisse servir
de terme comparatif entre Turine et le sang dans la ma-
ladie de Bright, et lés mêmes liquides dans les autres états
albufïiîneux.des reins. C'est encore là le problême à ré-
soudre. - .
M. Rayer (1), dont lès travaux plus récents attestent
une eonnaissancé pluç nette de cette affection , a reconnu
la diminution de la pesanteur spécifique de Farine dan^
la néphrite chronique primitive ou consécutive à la cys-
tite : f urine est albumîneuse. ,
Enfin, M: Becquerel (2), fécondant là découverte de
M. Biot, relative à la déviation à gauche du rayon de
lumière polarisé par l'albumine, a précisé les données
générales sur les proportions de c^et élément d^ans le sang
et l'urine^. Il est parvenu t mesurer exactement la quan-
tité d'albumine contenu dans le sang et l'urine d'individus^
bien portant» et nuttades. L'application de son ingénieux
procédé au diagnostic différentiel dé ia maladie de
Bright et des ^autres lésbns et modifications rénales pou-
vant entraîner la production de l'urine coagulable él des
(1) M. Rayer. — Traité des maladies du rein. (Historique de la
néphrite albumiaense.)
(2) M. Becquerel. —Recherches microscopiques et patholor»-
eiqaes sûr ralBuuiine du sang et dés divers hqnides organiques.
(Archives générales, 1850.) .' -
26 lonana. »
épancbements séreux, procurera peul^tra des résulkils
positifs (t).
M. Becquerel coocluf, de plusieurs expéneoces, que 1 ap-
pauvrissement du sérum, dans la maladie de Brigbi, est
la conséquence de l'hydropisie, et non pas le résultai du
passage de Talbumine dans les urines. Ahisi , dans les cas
d'hydropisie avec urine coagulable, le aérum lui a offert
les déviations suivantes: 6 degrés 17 minutes, qui corres-
(f ) L'albaminimètre (cVst le nom de Tappareil de M. Becquée
rel) se compose i« d'uo prisme bi-refiriogeiit appelé polarisenr;
2» d'an tube de 30 k 20 centimètres de longueur, selon la Boance
plus on moins foDoée èa sérum du sang, qui doit être traité préa-
lablement par une petite quantité de salfale de soude, i partie
sar fOC, et €ltré (raddition du seléclaircit le sérum et fixe les
eloboles sur le filtre sans altérer les propriétés physiques du
fiquide) ; S» d'un second prisme bi-refringent nommé analyseur,
placé au centre d'un cercle divisé en degr& et minâtes. Due cage
en fer-blanc^ peint en noir, contient nne lomiftre très-vive qu'pn
dinge vers le polariseur.
Les déviations que subit le rayon de lumiire polarisé k travers
la colonne de sérum, misées k l'aide de Tanalysenr, sont marquées
sur le cerde gradué. Elles ne peuveot être attribaées à «n autre
élément que l'aUmmine en dissolution dans le sérum, car on n'y
découvre pas de glucose , et les sels alcalins , ainsi que las ma-
tières cxtractives de ce figuide, n'ont aucune action sur le rayon
de lumière. Enfin, Ptntensité de la déviation du rayon kunineux
eat proportionnette k la richesse du sérum en albumine , et l'on
obtient les mêmes effets en substituant k ce liquide une solution
aqueuse d'albumine purifiée.
Les résultats de l'application de Falbuminimètre k Texamen
de 30 sérum recueillis dans diverses affections, ont été vérifiés
par Panalyse chimique et la séparation de l'albumine. Les dévia-
tions ont oscillé entre 4 degrés HO minutes et 9 degrés, et les
roportions d'albumine ont varié de 48 grammes 60 centigrammes
94 grammes 41 centigrammes. Dans l'état de santé, les dévia-
tions oscillent entre 7 a s degrés, et les proportions d'albumine
varient de 75 k 85 grammes. La moyenne de 20 observations de
cette catégorie , pour chaque analyse, a donné 0,180 milli^ammes
pour chaque minute. Il sumt donc, pour obtenir la quantité d^al-
bumine dissoute dans un liquide dêoaé, de multiplier par 0,180
milligrammes le nombre de degrés (.cewrertis ea miuules) qui ùi-
diquent la mesure de la déviaifion.
NfeWÈié DB MÉ(>SCItffi. i9
pondant à 67 gramines 3fi centigrammes, — 5 degrés 48
minâtes ou ê2 grammes 64 centigraitimes, et chez une
femme ailèi^te de. la maladie de Brigfat , %vec un peu
d'oedème aux malléoles et beaucoup d*aibumine dans les
urines , ralbuminfm&tre marquait 7 degrés 50 minutes ou
78 grammes 60 cîentî'^rammes.
Ces différences, si elles sont réelles, nous ne les compre-
ilom pas , car le liquidé épanché dans les cavités séreuses
tvè i^nf\erme qu'une quantité insignifiante d'albumine. Où
se porte donc l'albumine en moins, dans l'hydropisie avec
une urine -peu coagulable?
M. Becquerel recommande également de filtrer les
urines , avant de les soumettre à l'épreuve de ralbùmlni-
mètre. Selon lui , des urines très-albumineuses en appa-
rence, ne contiennent qu'une faible quantité d'albumine, lia
vu ralbumirtîtnètre marquer 5 grammes 76 centigrammes ,
4 grammes 50 centigrammes , et 3 grammes 60 cfenli-
gfantmes rfans des urines qui fournrssaient un précipité
très-abolidant par la chaleur ôu YacMe nitrique.
En présence de pareils résultats , on se demande d'abord
si le précipité , obtenu par l'action du calorique-, a été traité
par4'aeideDrtrique. Ge précipité n'est peut-être qu'un dépôt
Complexe d'albumine, -de carbonate d'ammoniaque prove-
naut dé la décomposition de l'urée et du mucus par la
chaleur, de phosphate de ^haux et d'^amrnoniaque, et d'urate
d'àfmmotiiaqu^ , précipités ^ la suite de la transformation
des acides libres en sels ammoniacaux, aux dépens du
carbonate d'ammoniaque. Ce dépOl est aipalogue au
coagulum albumineux; mais il se dissout , moins l'albu-
mihe, dans l'âclde nitrique'. Le même précipité peut se
former sans albumine dans une urine alcaline, sous
llnfluencc rie la chaleur: l'albumine, dissoute dans les
alcalis , rie su dépose pas.
Quant au précipité obtenu par l'acide nitrique, il n'a
peut-être pas été traité par un excès d'acide. Il est donc
'possible qu'il soit composé d'albumine, d'acide ufi<|iie et
d'uriBte d'ammoniaque, {itéeiptiés par l'acide nitrique. tJn
excès d'acide le dissoftt, à f exception del'albuùiine.
30 loimsÀi^ Bs MÉMcniB.
M. Becquerel (1) a rendu un autre service à l'histoire de
la maladie de Bright, eu contribuant, par ses étudtô
microscopiques, à déterminer le point de départ de la
dégénérescenc^e rénale. H H. Valentin et Gloge (2) Pavaient
déjà établi , mais avec moins de précision et de clarté^
peut-être. MM. Valeutin, Gluge et Becquerel ont reconnu,
à Taide du microscope, que les glandes de Malpighi, c'est-à-
dire la substance corticale , étaient le siège primitif de la
lésion du rein; ce qui explique fort bien le trouble immé-
diat de la sécrétion urinaire.
H. Becquerel admet 3 degrés de lésions organiques,
qu'il divise et décrit en ces termes :
1<> c¥ Développement des glandes de Halpighi, par suite
d'une congestion sanguine, et probablemeiit compression
et peut-ôtre oblitération des vaisseaux qui les enitourent;
2^ n Hypertrophie des glandes dUe à leur infiltration
par une matière albumineuse encore peu consislanjLe, jaune
et provenant d'une première transforniation du si^ng , qui
les congestionnait au premier diegré, et qui a perdu sa
. matière colorante ; .
3° n Hypertrophie des mêmes organes avec dégénéres-
cence jaunâtre ou blanchâtre , qui tranche surtout , parce
que toutes les glandes ne sont pas altérées au même
degré. Lorsque la lésion devient générale \ elle donne un
aspect uniforme à la substance altérée., d .
La première forme d'altération appartient également à
la congestion du rein, en général, et la seconde forme à
la néphrite, tancjis que la dernière imprime à la maladie
de Brigbt un cachet tout particulier.
Coïkiplétant. les recherches, microscopiques de MM.. Va-
(1) M. Becquerel. — Séméiotique des urines, 1841, \
(2) M. Valentin. —' Eepertorium fur Anatomie und Physiologie,
2« volume, 1837. . , . '
M. Gluge. — ÀBatQmisch-Mikroscopisch Uatersuchàng zftr
allgmeinen uxid speciellen pathologie, 1839.
H
JOIUUUL^ BB UÉiaCIIf^. 31
lentin, Gluge et Becquerel, un micographe anglais, M. Fré-
richs (1) , a constaté^ dans la première phase de la maladie
de Brigbt, avec rhypérémie plus fortement accusée des
glandes de Halpighi , rinjection du tissu jnter-glandulaire,
de la subslance tubuleuse, et de la muqueuse des calices et
du bassinet ; les plexus veineux de la substance corticale ,
sont gorgés d*pn sang noirâtre. Â la deuxième période, et
quelquefois, dès la première, les canaux urinifères de la
subslHDce corticale d'abord, et ceux des. pyramides,
contiennent des débris de leui* paroi épilhéliale, de la
fibrine coagulée, et des^ globules sau^^uins plus ou moins
modifiés. Le coagulum emprisonne ordinairement dans ses
mailles fibrineuses des lamelles d'épitbélium, et des glo*
bu[es désagrégés. L'hyperémie diminue alors. A la troi-
sième période, les portions d'^pilhélium détachées, et la
fibrine coagulée , se transforment en granulations grais-
seuses» qui remplissent les vaisseaux uriuifères. Enfin , à
une époque plus avancée de ce^ie période, les mémeç
lésions, se .généralisent et^ s'aggravent: le tissu interstitiel
participe, a son tour, au travail d'exsudation épitéli.ale , et
î'hypérémiç disparaît.
Dans cette description très-abrégée des lésions rénales
observées par M. Frérichs dans la maladie de Bright , ri.en
ne distingue encore la. première forme pathologique de
cette, maladie de l'hypérémie simple du rein , à moins ,
circonstance rare .,jc|u'on ne trouve, dés la première phase,
dans les vaisseaujç urinifères ou dans l'urine, les-cylindres
fibrineux (c'est le nom donné par le médecin anglais au
coagulum fibrineux, qui se moule dans les canaux). Et ce
signe, lui même, ii'est-il pas rigoureusement caraetéris*
tique dé la maladie de Bright, .à la première période,,
puisque, d'après le témoignage de M. Frérichs, on l'observe
aussi dans Talbuniinurie des formes aiguës tumuUmuses, qni
(\) M.. Fréricl^s, t- Die Brightische nierenk.ankheit und deren
BehandluDg^ 185?. — M. Lasègue (ArchÎTes Générales, 1854).
82 joumiâL DB UbBctiifi.
suécèdent à la scarlatine , aux refroidissements violents, etc.
Maintenant, le siège anatomiqoe delà désorganisation
rénale est-il bien le siège réel de la maladie de Brighi'î
Au-delà du siège démontrable, n'existet«il pas un autre
siège indéterminé, et que nos moyens d'investigation ne
notjs permettent pas encore de fixer? Nous arrivons ainsi
à Fexamen d'une question très-obscure , et cependant très-
intèressainte.
La plupart des auteurs qui se sont occupés de la maladie
de Bright , ont émis tour à tour une opinion théorique sur
sa nature. Est-ce une variété de néphrite, la néphrite
albumineuse de M. Rayer? Est-ce une lésion rénale sut
generisPLerein est -il altéré primitivement ou consécuti-
vement à l'altération des liquides? où et comment s'accom-
plit l'altération des liquides?
M. Rayer (1) se basant, d'une part, sur la fièvre, la
douleur, la congestion , Thyperlrophie , la décoloration et
l'induration simple rénales; d'autre part, sur Pétai couen-
neux du sang, la disposition manifesté de divers organes à
la phlogôse, et Tefficacité du traitement antiphlogistique ,
prétend que TafiV^ction de Bright est d'origine inflamma-
toire. Il considère la dégénérescence jaunâtre , les granula-
tions, l'induration cartilagineuse et les aspérités extérieures
du rein, comme de simples transformations successives
d'un état pHegraatique. ,
Mais rhypèrémie, l'hypertrophie et la décoloration, ne
se rattachent pas nécessairement à un état inflammatoire.
On les rencontre aussi dans un grand nombre d'altéra-
tions organiques étrangères à l'inflammation : le ramol-
lissement qui , du moins , n'est pas toujours le^ produit
d'un travail phlegmasique, les liibércules, la cirrhose, le
ciincer, la mélandîse et les kystes, qui n'ont rien de com-
mun avec les phlegmasies. Pourquoi , dans la maladie de
^i) M. Rayer. —Traité dès tnaladiçs du jrein. (Historique d^la
népmitè «Sbmniiieiise.)
JOimNAL DB MÉBBCIIfB. 33
Bright, rbypérémie ^D6 se formerait-elle pas autour des
points envahis successivement par le principe et la lésion
morbides, comme -elle se développe autour d'un corps
étranger on d'une production anormale; et, dans cette
hypothèse, Ffaypertrophie serait la conséquence du mou-
vement (bongestionnel qui ouvre la scène , et activé peut-
être par un redoublement fonctionnel rdes reins analogue
h celui qui détermine l'hypertrophie active du cœur , lors-
qu'il existe un obstacle centrale à la circulation. On sait
qu'en pareil cas , le cceor réagit avec force contre ses
entraves, et que Fanévrysme est presque toujours le
résultat de la surexcitation prolongée de cet organe.
Il en est de même encore de l'hypertrophie musculaire
de l'estomac et de- la vessie avec rétrécissement de leur
orifice inférieur. C'est toujours le même mécanisme.
Enfin, . à ^une période plus avancée de raffectiôn de
Bright , ja congestion disparàitrait progressivement ,
rqpoussée ou assimilée par la matière morbide déposée on
développée dans Je tissu rénal , et passant successivement à
l'état jaunàtre,^ granulé, cartilagineux et chagriné.
. Quant à l'induration simple des reins, observée beau-
coup moins souvent, la présence de l'élément pathognomo-
niquodans la substance de l'organe, peiU bi^en y développer
accidentellement une inflammation secondaire, exagération
dé l'hypérémie, qui se révèle à t'autopsie sous l'apparence
de plaques indurées rouges ou pâles^. Le rôle de l'inflam-
mation dans la maladie de Bright se bornerait là.
Cette manière d'envisager la nature et les difl'érentes
phases des lésions constitutives de la maladie de Bright,
nou6 parait plus conforme à l'observation générale des
bits, et aux lois qui les formulent. En effet, quelles sont
les modes de terminaison de la phlégmasie? La réso-
hit ion > l'hypertrophie V l'induration simple ou la suppu-
ration. Mais l'inflammation n'a pas la puissance de fabriquer
de toutes pièces d^s tissus sans analogue, tels que fa
dégénérescence jaunfttre , les granulations et l'induration
cartilagineuse. Les reins auraient donc seuls le privilège
de faire produire, à l'inflammation ces sortes de tissus. De
3
34 JOiAHAi* m mknçsn.
plus^ 00 n'a jamais constaté de trac(9S de suppuration
rénale dans la maladie de Brigbl, à moins de complications
du côté des moquçuses.des voies urioaires. .
La douleur locale, commune à toutes Jes affectioos des
rein^, n'est point Tindiced'une pblegmasie. L'analogie, le
prouve suffisamment. La rate et le foie , plus ou moins
congestionnés mais non phlogoséis, celui-ci dans l'ein-
barras gastrique , celle-là dans la fièvre intermittente ,
deviennent le siège de douleurs locale^, spontanées ou
provoquées par la pression. Or, la douleur splénique
tombe le plus souvent avec le mouvement fébrile ; et un
vomitif ou une application de , quelques , sangsues awr.la
région du foie, détend cet organe et apaise ses souf-
frances.
La fièvre n'a pas de valeur inflammatoire par «Ue-
méme» car. elle accompagne les fièvres éruptives, par
exemple, qi|t ne sont pas rangées parmi 1^ phlegmasies,
et s'observe même dans certaines formes de chlorose ,
.qui paraissent exemptes de complication inflammatoire.
De plus, elle n'es| pas constante, dans U maladie de
Brigfit.
H;. Rayer invoque encore, à l'appui de son qpinion,
la disposition de plMsieurs organes à rinffl4mmation dans
le <;ours de cette maladie. La diathèse inflammatoii^ y
existe réell^mfuot et ne peut être contestée ; mais d'abord
les phlegmasies intercurrentes qu ellQ produit^ n'ont, pas
une physionoii^ie franchement aiguè. On dirait qu'elles
sont dominées par le génie de Taffection principale , et
ce n'est pas sans riison qu'on leur a trouvé une grande
ressemblance avec celles qui se manifestent sous l'in-^
flueoce des infections putrides ou purulentes. Leurs allu-
res brusques et irrégulières « leur développement habituel
en dehors des conditions étiologiques ordinairea, la rapi-<
dite effrayante ou l'extrême leuteur de leur marche vers
une terminaison pi^esque toujours funesle , contraatentsip-
gulièrément avec les phlegmasies entées sur des sujets
sains, et contractées seulement au mUieu des variations
de température. Ensuite , le) caractère phleglna^ique de
^QUBHAL 9B «tiDBCmBk 35
certaines complications de la maladie de Bright, ne
prouve pas sa nature inflammatoire, car les mêmes acci-
dents s'observent dans les pyrexies éruptives qui présentent
aussi une altération du- sang.
MM. Andral et Gavarret (1) ont^ du reste, établi sans
réplique le caractère non inflammatoire de l'affection de
Brigbt. Après avoir posé en principe que^ dans les phleg-
masies, le chiffre de la fibrine s'élevait constamment,
sans changement dans le nombre des globules , tandis que
la proportion des globules diminuait de même, sans
variation de iibirine , dans la chloro-anémie, ils ont tou-
jours coni^taté, dans la maladie de Bright, une diminution
sensible des globules coïncidant avec le maintien de la
fibrine normale. Ces résultats rendent compte de la
couche fibrineuse qui se forme à la surface du caillot
sanguin dans cette affection. C'est la couenne molle, mince
et large des cbloro-anémiques. Quant .à la couche fibri-
neuse, ferme, épaisse et d'un petit diamètre, observée
accidentellement dans le cours de la maladie de Bright,
elle doit èire liée à l'existence d'un élénoent phlegmasique
qui est venu traverser l'affection principale.
Nous avons{dit quelles complications aiguës de la maladie
de Bright semblent se produire en dehors des conditions
étiologiquès extrinsèques; mais il n'en faut pas moins
rec<H)Daître ici l'intervention assez fréquente de causes
extérieures qui concourent ttës-activemejat au développe-
ment des accidents phlegmasiques. C'est ainsi que la plu-
part des nialades, rarement alités avant la dernière pé-
riode de la maladie, s'exposent, dans les conditions les
plus fâcheuses, aux conséquences d'un changeaient "de
tempéraiture ; et on s'explique aisénient la puissance de
ses effets sur des organes qui , doués d'une grande activité
fonctionnelle et interstitielle , ne reçoivent plus qu'un
sang a{^uvri et altéré. Atteints profondément dans leur
(1) MM. Andral et Gavaret. — Essai d'hématologie patho-
^Ji^ue, t843i
36 JOUBIIÂL DE ■ÉOfiCllfB.
vitalité, ils résistent difficilement aux agents morbides
qui les entourent.
I! importe maintenant, pour bien fixer la valeur séméïo-
tique du traitement antiphlogistique, dans la maladie de
Bright, d'établir une distinction préalable. Ao début de
Taffection , le rein offre deux éléments nettement tranchés:
la lïiatière morbide, infiltrée et disséminée dans la subs-
tance de cet organe, et une hypérémie primitive et sym-
ptomatique à la fois , plus ou moins étendue. Que , dans
de pareilles conditions, les évacuations sanguines opè-
rent une amélioration notable; rien de plus naturel et
de plus physiologique. On dégorge ainsi le tissu rénal
qui recouvre momentanément ses fonctions. L'oedème
s*efface, et l'albumine ne se retrouve plus dans les urines.
Mais l'élément spécifique, réfractaire aux émissions san-
guines, n'en continue pas moins sa imarche, dans le plus
grand nombre des cas , et la congestion du rein se repro-
duit en vertu de la même cause. La médication antiphlo-
gistique fera cesser encore pendant quelque temps l'afflux
sanguin, la néphrite secondaire et les complications aiguës,
ou du moins les symptômes les plus sensibles de ces ma-
nifestations fnorbides; on pourra obtenir de la sorte une
guérison apparente et répétée, ou plutôt un amendement
appréciable jusqu'à l'entière destruction du tissu rénal par
les progrès de la lésion caractéristique. A cette dernière
période de la maladie , les accidents sont nécessairement
complets et permanents.
La nature de la maladie de Bright n'est donc pas
inflammatoire. Supposerons-nous maintenant, en nous
fondant sur des lésions organiques sans analogue, et un
travail de dégénérescence sans rémission , que sa nature
doit participer de celle du cancer ou du tubercule? Mais,
si le cancer, le tubercule et la dégénérescence rénale de
l'affection de Bright, forment au point de vue de l'ana-
tomie pathologique, des individualités morbides distinctes
de toute autre , elles-mêmes sont loin d'offrir entre elles,
sous ce rapport, une similitude complète. De plus, le
cancer et le tubercule sont susceptibles d'attaquer tous
JOIII0A& DB MÉP&CBIIB. 37
les tissus, et ils sont presque toujours Texpression sym-
ptomatique d'uue altération des liquides. Ënfia ^ si cette
altératioa est suSUamment Remontrée par l'extrême fa-
cilité .avec laquelle l'une et Tautre lésions organiques, le
cancer surtout, se reproduisent sur place ou ailleurs i
après l'opération, elle est peu appréciable. Dans la maladie
de Brigbt au contraire, la lésion. or^^anique a son siège
imnmable dans le rein , et l'analyse cbimiqpe a révélé
une altération matérielle des liquides. £tsi nous ajoutons
que la môme altération des liquides s^observe dans Taibu-
minurie eu général, c'est-^à-dire , avec des modifications
du tissu rénal, d'une part,. très-variabies sous le rapport de
la physionomie, de l'espèce, et du degré de gravité, mais
constantes, d'autre part; nous sommes en droit de con-
clure, dès à présent, dans la maladie de firight: 1® à
une nature différente de celle du cancer et du tu-
bercule ; 2° à une prédisposition congéaiale ou ac-
quise, condition préalable d'invasion morbide, qui est
commune, du reste, à toutes les maladies offrant un type
spécial; 3^ à.une ^Itération primitive du rein, du moiris
dans sa première expression pathologique ou période
bypéi*émique; 4'^ enfin, à un rôle à part secondaire de la
dégéhéresiceDce rénale, comme cause spécifique, dans
l'apparition, mais non pas dans le développement ulté-
rieur des sympiônies caractéristiques.
. Ce& quatre points acquis à la question qui nous occupe
en ce nK>ment , poursuivons son examen.
L'altération des reins étant primitive à celle des liqui-
des, il est vraisemblable, quoique cette double altération
se manifeste d'emblée, et sans^ ordre apparent de succes-
sion., qu'il existe entre elles une relation de cause à
effet. Pour l'établir y-^recherchons d*âbord ^vec soin Fo-
rigine individuelle et l'évolution successive des phéno-
mènes de l'albuminurie en général. Nous essaierons
ensuite de &ire la part, de la dégénérescence rénale de
la maladie de Brigbt dans la physionomie propre à cette
dernier^ affection.
Deux faits nous frappent surtout dans l'albuminurie
3g lOOlKA]» SB
avec OU sans hydfopisîe: f un état particulier do rein,
très-différent selon Toccurence, mais consUot, et «opi-
nant un désordre fonctionnel de Torgane, comma lat-
teste la composition anormale de TuriDe; 2* une altération
toujours identique des liquides. Si la lésion du tissu rénal ,
dans ralbominurie, éuit eUe même toujours poifonue et
homogène, on pourrait n'y voir qu'une simple maoïtes-
tation locale de cette altération des liquides toujours la
même ; mais il n'en est pas ainsi. Le rein est constamment
modiOé ou altéré, et il Test très-diversement. Comment,
dirons-nous encore, attribuer ces éuts si différents à une
seule et même cause? L'alléraiion des reins, encore une
fois, est donc primitive à celle des liquides (i).
Efforçons-nous naaintenant de démontrer que, dans
ralbuminurie, l'altération des liquides est la conséquence
immédiate d'une lésion quelconque des reins , au
lieu de n'être qu'un fcit indépendant, quoique sub-
séquent.
Et d'abord, comment une modification légère du rem
peut-'elle entraver ses fonctions?
Nous avons déjà dit que l'albuminurie pouvait se pro-
duire , dans les conditions les plus élémentaires de l'ana-
tomie pathologique des reins, et il est fiicile de le c<wn-
prendre. La congestion rénale, par exemple, a son prin-
cipal siège dans l'ogane sécréteur lui-même, les glandes
de malpigbi. Elle donne Heu au développement de ces
(!) MouB ne voulons pas par Ik contester l'actiou des liquides
et du sang, en particiuier, sor les reins, dana la maladie de
Bright. Le sang, profondément altéré, imprime, sans doute, un
monvement accéléré an travail de la désorganisation pénale,
d'une part, en lui fonmissant incessamment l'élément attraniitteax
qui subit tontes les transformations de la dégénévescence 4Sarac-
téristiqne, et, d'autre part, en agissant sur le reii» commo il
agit en même temps sur certains organes , de la manière la pins
manifeste: nous voulons parler des complications de cette
maladie.
glandes, à leur refoûteroent réciproque, ainsi qu'à la
compression de leurs vaisseaux. De là, un trouble dans ta
fonction , une sécrétion viciée , et Ton doit même être
surpris que, dans les observations de désorganisation com-
plète des glandes, de leurs vaisseaux et du tissu ambiant,
les fonctions du rein .n'aient pas été totalement sus-
pendues. Nous croyons qu'alors rémission d^es urines
doit être attrtbuéo à un mécanisme particulier de Torgane.
Cependant, la modification légère du rein paraîtrait-
elie insuffisante pour l'intelligence de <;e désordre fonc-
tionnel, et faut- il donc faire intervenir dans cette opération
irrégulièfe les effets directs et nécessaires d*un principe
morbide?
Nous pei^sons que, dans Talbuihinurie qui tra-
verse les maladies constituées par une altération pri*
Dnitiveet peu appréciable du sang, qu'il ne faut pas con-
fondre avec Taltération propre à Talbuminurie, le sang
détermine une èoiSgestion rénale, active ou passive , ana-
logue à Tèngorgement de la rate dans la fièvre typboHe.
Il va donc ici, comme fait. antérieur à Talbuminurie , une
modification sensible du tissu rénal et rien de plus. A
plus forte raison, en est-il de même dans Talbuminurié,
placée sous la dépendance médiate ou immédiate de la
grossesse, des maladies du cœur , des poumons , du foie
et de la néphrite; où Tintervéntion d'un autre agent
qu'une congestion ou une induration simple rénale , n'est
pas admissible un seul instant (1).
Du reste , les expériences de M. Robinson (2) confir-
ment cette explication. Il a toujours obtenu une urioe
coaguiable, après la ligature des veines émulgentes. Or,
(1) De plus , dans ranémie comptiquaiit les affections chroni-
quel du cœur, despouiuoDs et du foie, avec urine coagulable ,
le sang très-appauvn aj^t peut-être sur le rein de la même
matnètré que dans la lièvre typhoïde, et il y aurait lieu, dans
Fespëce , île tenir compte de ce^ nouvel élément de producfioiï
albamimiriqub.
(2) M. RobinsoB. — The lance t, 1849.
40 lOimiil. DB «ÉBBCniE.
cette ligature, produisait une congestion du rein par cause
mécanique, comme la groesesse.
Noua citerons encore, 6 l'appui de notre opinion, une
observation très-curieuse d'albuminurie, publiée par M.
Delaruelle (i). Il s'agit d'une femiiie atteinte, dans le cours
d'une pleurésie, d'une phlébite des veines rénales ayant son
point de départ dans les veines iliaques dont -la réunion
avait lieu au niveau des veines émulgentes. Cette phlébite
était caractérisée par un caillot fibriqeux qui oblitérait
les veines émulgentes. Les urines étaient fortement coa-
gulables.
Est-il besoin d'ajouter que, si l'bypérémie rénale peut
[>rovoquer un désordre fonctionnel du rein, qui donne
ieu à urine coagulable, la dégénérescence rénale de la
maladie de Bright est susceptible à fortiori de produire
le même résultat. Comment le rein laisse*t-il s'échapper
une partie de l'albumine et retient-il l'autre qu'il
s'assimile , taudis qu'il repousse l'urée 7 II y a là une in-
connue , un phénomène vital qui nous échappe.
Enfin , comment une simple nidification ou une lésion
organique du rein, détermine-t-eUe réitération, des li-^
quides observés en pareil cas? Nous, savons -que, dans
I albuminurie , le sang contient de l'urée et moins de
S lobules, que l'urine renftîrme une proportion notable
'albumine , et que l'hydropisie est à peu près constante.
M. Dumas (2) a constaté chez des animaux la pré-
sence de l'urée dans le sang , après l'extirpation des reins.
II résulte de ce fait, que l'urée existe primitivement dans
le sang, et que le râle du rein., en ce qui concerne cet
élément, est dé l'éliminer de l'économie. L'illustre chi-
miste ne s'est pas borné à démontrer ce fait, et, remontant
(1^ M. Delaruelle. — Ob&ervation d'albuminiirie dans un cas
de phlébite des veines énmlgentes. (Bulletin de la Société anato-
mique, 1846.) • ^
(2) M. Dumas. — Traité de chimie appliquée aux arts, tome 8«
1846.
à 1 origine de l'urée , il nous fait assister à sa mystérieuse
formation. Voici en quelques mots sa théorie : Une opéra-
tion analogue à la combustion s accomplit sans relâche
dans les capillaires. L'oxygène du sang artériel consume
dans cet ordre de vaisse^iux les tissus usés par le jeu des
organes, et désormais sans utilité pour la vie» Le car-
bone et r.bydrogène se combinent: i"" avec de loxygène
pour composer de Tacidé carbonique et de Feau, qui
s'exhalent par les poumons ; 2"^ avec Tazote pour coniposer
du cyanogène et de Tammoni^ue. Le cyanogène s'unit à
de To^igène , et se transforme en acide cyanique, qui se
combine avec Tamnaoniaque , en donnant lieu à un
cyanate d'anlmoniaque ou urée, que les reins séparent
aussitôt de la masse du sang, et expulsent au dehors.
(Nous compléterons cette théorie, en disant que les pou-
mons rejettent de l'azote.)
Supposons^ m.aintenant , une certaioe manière d'être de
la substance réputé; il est possible, alors, que le rein se
laisse traverser, en quelque sorte comme un filtre, par
l'élément le plus simpleet le plus abondant du fluide san-
guin, l'eau, -chargée, dans Tespèce, d'albumine réduite
à un état particulier de dissolution , et s'oppose , en partie
du moins, à l'élimination de l'urée et des urates^ dont la
séparation préalable du sang est l'effet d'une action spé-
ciale de l'organe sécréteur de l'urinjq. Nous venons de
parler d'albumine modifiée, nous y reviendrons lout-à-
rbeure. Les reins altérés ou modifiés seulement dans
leur texture.» interceptent le cours prdinaire de l!urée. Mais
que devient cet.élément destiné à être rejeté de l'écono-
mie, et retenu d^ns la circulation malgré les tendances de
l'organisme?
Appliquerons-nous, ici la théorie de, MM. Bernard et
Barres wji (1) sur les voies d'élimination de l'urée, après
l'extirpation des reins ? Dirons-nous que le sang des albu-
(1) MM. Bernard et Barreswil. -r^ Sur les voies d'éliminatioa de
l'€rée après rextirpation des reins. (Arcbiv^s géaérales., 1847.)
42 JOtfBllAL DS HÉDkcniK.
minuriques ne contient de Turée qu'à la période ultime de
l'albuminurie , lorsque le malade , tombé dans un épuise-
ment extrême, ne conserve plus assez de vitalité pour
l'exercice de l'élimination de cet agent à travers les organes
gastro-intestinaux , qui sont considérés par lés savants
physiologistes comme solidaires des organes urinaires? Evi-
demment non , car on constate la présence de Tarée dans
le sang des albuminuriques dès le -début de la maladie.
Ensuite, l'opération de la népbrotomie et ses conséquences
physiologiques immédiates, doivent apporter une pertur-
bation profonde dans l'économie , dont le résultat définitif
est de refouler vers leur source , pour me servir de l'ex-
pression pittoresque de MM. Bernard et Berreswil, les pro-
duits non assimilés introduits dans le sang par les organes
gastro-intestinaux. La réaction organique qui préside à ce
mode d'expulsion de l'urée ne peut donc être comparée
qu'à une crise violente, tandis que, dans l'albuminurie,
la sécrétion urinatre et l'élimination dé l'urée n'offrant
qu'une diminution graduelle, l'économie s'habitue en
quelque sorte, mais non sans préjudice, a la présience
de l'urée dans le fluide sanguin , et elle n'éprouve
pas le besoin de réagir contre cet agent, avec la même
énergie que dans la népbrotomie. JMais il est possible,
par exemple , que , dans le degré le plus avancé de
l'albuminurie, une portion de l'urée accumulée dans le
sang trouve une émanation supplémentaire dans lés or-
ganes gastro-intestinaux. Ce fait toùtefoiis n'a pas encore
été démontré, et les expériences de MM. Bernard et Bar-
reswil ne sont même pas favorables à cette hypothèse^
puisqu'ils ont constaté, avec les progrès de raSaibiisse-
mentdes animaux néphrotomisés , la diminution etv enfin,
la suspension de l'élimination de l'Urée , du côté du tube
digestif.
Quoi qu'il en sOit , l'urée existé dans le sang dès Tappa*-
rition de l'albumine dans les urines. Ces deux faits sont en
quelque sorte simultanés , et rien ne prouve jusqu'ici que
l'urée s'échappe, à un moment donné, par la surface in-
testinale.
JOVBNAL Bfi HÉMCOtt. 43
Quel rôle joue cet élément insoliU dans la circulation?
fiûnefeld (1) prétend quefurée attaque les globules san-
Î;uins. SansTeconnaître avec le savant chrmiste allemand que
'urée en nature soit douée de cette propriété , ne peut-on
pas admettre, comme une hypothèse vraisemblable, que ,
dans le sang saturé d'urée des albuminuriques, une por-
tion de cet élément se décompose, par l'effet d'une réac*
tion chimique, soit dans le système capillaire, c'est-à-dire ,
dans l'acte de combustion organique, soit dans TensemUe
du système circulatoire , et dégage ainsi 'de l'ammoniaque,
qui a bien la propriété de dissoudre les globules du sang.
D'après les expériences récentes de MM. Viale et
Latini (2), les poumons n'exhaleraient pas d'azote ni d'acide
carbonique purs, mais de l'ammoniaque combiné avec
l'acide carbonique, à l'état de sous-carbonate d'ammo-
niaque. Cette nouvelle loi de chimie organique viendrait
à l'appui de notre hypothèse. Dans les conditions ordinaires
de la vie, l'amnioiiiaque physiologique et l'acide carbo-
nique, en . circulation avec le sang, s'y trouveraient en
proportions exactes pour donner lieu à un sous-carbonate
d'ammoniaque, qui est considéré Iui*môme , il 'est vrai ,
comme un dissolvant des globules sanguins, mais d'un
ordre très-inférieur à l'ammoniaque. Dans lalbuminurie ,
la décomposition de l'urée fournirait naturellement un
excès d'ammoniaque libre, qui attaquerait les globules
sanguins.
M. Aees (B) , médecin anglais , attribueà une autre cause
la diminution des globules sanguins. « Les globules san-
guins, dit<-il, empruntent leurs. éléments au chyle, dont la
deiisité est moindre que celle du sérum et du liquide
contenu dans les globules. Par conséquent, d'après les
lois de l'endosmose , le chyle , à son entrée dans je système
(4) M. Hiinefeld, — De Ghemismusia derThierischeo organi-
sation.
MMi Viale -et Latmi. — (Gazette médicale, 1S54.>
M. Rees, — (Ediabnrgh médical an Surgical. (Journal.)
(2)
13)
44 JOUBIlAIi D£ HÉDSCilŒ.
veioeux , fournit plus au sang qu*il n'ea reçoit. Le contraire
arrive quand, par suite de la diminution du sérum, la pe-
santeur spécifique des deux liquides se rapproche.- »
Mats, objecterons-nous à M. Rees^ Tune des causes,
sinon la seule, de la diminution de la pesenieur spécifique du
sérum, doit être le passage de Talbumine, partie intégrante
du sérum, dans les urines. Or, la dissolution intime de
Talbumine, qui est la condition indispensable de son écou-
lement extrà-vasculaire , parait être, subordonnée direc*
tement, comme nous le verrons plus loin , .à la diminution
des. globules sanguins, , v
L'opinion du médecin anglais repose donc sur une
sqccession de faits . qui n'existe pas, à savoir : 1^ Ja
diminution de la pesanteur spécifique du. sérum; 2<^
la diminution des glpbiiles sanguins. Tout au pbs,
cette opinion çst-elje vraie, d'une nianière . relative ,
dans ce seu^ que la diminution de la densité spécifique
du sérum contribue secondairement, et dans une cer-
taine mesure, à la diminulion des globules sanguins.
En ^flfet , dans les conditions .que nou^ venons de déter-»
miner, l'endosmose des globules, phénomène normal
et explicable, qu^ l'on considère le globule comme une
vésicule composée d'une enveloppe albumineuse colorée
et remplie d'une matière semi-^Iiquide, ou comme une
petite masse de matière organique spongieuse et, par
conséquent , susceptible de se gonfler, l'endosmose serait
suspendue par suite de l'équilibre qui s'établirait entre' tes
globules sanguiitô et leur fluide nourricier, et d'où résul-
teraient l'atrophie et finalement la diminution namérique
des globules. \
Helativement au passage de l'albumine dans l'urine des
albuminuriques, M. Robin (1 ) a proposé Texplication suivan-
te: c( Les matières albumineuses sont brûlées dans |e sang,
et l'urée, résidu azoté de la combustion, est éliminé par
l'A^li
M. Robin. — (Mémoire sar Us Ganses da passage iie
lùmiae dans lesUriiies, 1851.)
JOUBNÀL 1m IIÉBECIIIE. 45
les urines. Or, si les matières albumineuses viennent à
subir une quantité de combustion notablement moindre
qu'à Tétat normal , Talbumine doit passer en nature par
les urines au lieu d*étrë éliminé à l'état d'urée. Aussi cons-
tate-t'on l'albuminurie dans certains états pathologiques
et même physiologiques qui entravent directement ou
indirectement la respiration, et diminuent l'hématose,
source de combtistion , — les maladies du cœur et des
pouhipns, rhydropisie, la grossesse. — Oh observe encore
l'albuminurie dans la classe des lésions nerveuses qui dé-
terminent un abaissement de la température, et parla, une
diminution notable de -la combustion, ainsi que dans
les refroidissements extérieurs , qui agissent de la même
manière/ »
Mais cette théorie , qui rendrait bien compte de Talbu-
minurie se produisant dans les conditions énoncées par
l'adteùr, n'est pas applicable à l'albuminurie la plus fré-
quenté , celle qui dépend de lésions rénales sans hydropisie
et sans grossesse préalables, et e7([emptes de complications
antérieures du côté du cœur et des poumons. Enfin, la
théorie de M. Robin fût-elle complète, n'aurait encore
qu'une valeur limitée au seul fait du passage de l'albumine
dans les urines, puisque cette explication du phénomène
dont il s'agit, ne jette aucune lumière, au point de vue
de l'enchaînement des causes et des effets, sur les phéno-
mènes concomitants, à savoir , la présence de l'urée dans
le sang, la diminution des globules sanguins, et Thydro-
pîsîe. Aussi, luj préférons -nous l'explication de M,
Mialhe (1) qui du moins a le mérite de pouvoir s'appli-
quer au passage de l'albunime dans les urines, (}àns tous
les cas d'albuminurie, et de rattacher ce fait aux -phéno-
mènes co-èxistantô.
Suivant M. Mialhe, dans l'albuminurie, Falbumine n'a
pas seulenùnt diminué comme élément du sang, mais
(1) M. Mialhe. — Miémoire inédit. (Cours de physiologie de
M. Béraud, tome 3.)
î
46 JOUBRAi BB KÉpBcaiau
elle est encore transformée, et son passage dans les urines
est le résultat de cette modiGeation. L'albumine physio-
logique, composée de globules invisibles, est insoluble
dans ce sens qu'elle circule dans le système vasculaire en
contact avec des membranes imperméables à ses globules.
Elle doit ce caractère à un certain degré de concentration.
Mais, si cet équilibre est rompu par la diminution des .
globules sanguins , ce qui arrive dans ralbu.mijnurie, l'ai-
bumine globulaire, désagrégée par l'eau du plasma ou
sérum du sang en circulation, relativenient en excès,
traverse ses vaisseaux conducteurs et s'échappe avec les
urines. C'est peut-être aussi l'origine des globules san-
guins suspendus dans l'urine des albuminuriques , car ces
globules sanguins sont également attaqués par l'eau. Ce
jui prouve enfm que l'Hlbumine, en pareil cas, n'est pas
le l'albumine normale, c'est qu'au bout de 3 heures de
digestion dans de l'eau acidulée, l'albumine du sang d'un
homme sain et l'albumine extraite de l'urine ne se com-
portent pas de la mêmetnanière : l'albumine de l'urine est
seule dissoute.
Cette théorie est très-ingénieuse et très-séduisante; elle
soulève toutefois deux observations critiques.
1<* Si l'émission d'une urine coagulabie est la consé-
quence naturelle et immédiate de la dissolution de l'albu-
mine qui» dans cet état, aurait la propriété de s'échap-
per à travers les parois des vaisseaux sanguins , la pré-
sence simultanée de l'albumine dans les épanchementa
séreux, reconnaissant la même cause , cet élément devrait
se rencontrer, en proportion égale , dans le liquide uri-
naire et .^ dans Içs collections séreuses, ce qui n*a pas
lieu.
Il faut peut-être tenir compte ici des communications
particulièrement faciles et nombreuses qui existent entre
les appareils circulatoire et sécréteur du rein. On sait , en
effet , que l'injection la plus grossière poussée par l'artère
ou la veine rénale revient par l'uretère. H serait -donc pos-
sible que , tandis qu'il s'opère dans Thydropisie allmmi-
nurique, une simple transsudation albumineùse extrà-vàs-
JOVWkh BS HÉBSGIZQt. 47
culaire, il y eût, dans Turine coagulable, passage en
quelque sorte direct de Talbumine des capillaires libres du
rein dans les vaisseaux urinifères.
2^ Si , par le simple fait de la diminution des globules
sanguins, Talbumine, modifiée par Teau, transsude à
travers ses meiphranes naturelles et les reins, les réactifs
devraient constater son existence dans l'urine des cbloro-
anémiques dont le sang se rapproche , sous le rapport de
la diminution absolue des globules, de celui des albumi-
nuriques, et cependant l'albuminurie est un fait rare dans
la chlorose. II y aurait donc autre chose dans ralbuminurie
qu'une différence en moins de globules sanguins détermi-
née par une cause appréciable ou hypothétique, et une
différence en plus du plasma qui produirait la dissolution
de l'albumine?
Une dernière question se présente. Comment Tbydropisie
se jformert^elle dans Talbuminurie?
L'albuminurie complic[uéè d'hydropisie est un fait à peu
près constant- Elle précédé toujours, la suffusion séreuse,
et si , dans quelques cas exceptionnels , l'ordre normal de
succession est interverti , la priorilé^ de l'épanchemenl se
rattache à une cause particulière , antérieure à la lésion
rénale et&cile à dégager le plus souvent : une maladie du
cœur, des poumons ou du foie, une tumeur quelconque
qui comprime les vaisseaux ou un état de cachexie syphi-
litique ou scorbutique. Enfin , Fhydropisie coïncidante
diminue, si Turine contient moins d'albumine ; elle aug-
mente lorsque l'urine fournit une plus grande proportion
d'albumine, et elle disparaît quand l'urine cesse d'être
coagulable.,0'un autre côté, le sang des albuminuriques
est très-appauvriv Concluons donc que les épanchçments
séreux qui surviennent dans le cours de la maladie de
Brigbt résultent de l'altération du sang qui suit immé--
diatenienl la suspension de la sécrétion physiologique de
l'urine , et doivent rentrer, par conséquent , dans la elasse
des hydropisies par anémie.
. Toutefois, l'ascite, qui reconnaît; une cause indépen-
dante de, l'albuminurie,, peut contribuer mécaniquement
48 JOimilAL DB llfo^CINB.
(nous l'avons déjà dit) au développement ou seulement à
l'entretien de l'albuminurie , selon qu'elle lui est antérieure
ou postérieure. ^
En résumé, l'albuminurie proprement dite, que i^ous
distinguons ainsi de l'albuminurie fugitive qui se produit
Kous l'influence d'une cause instantanée, co-existe avec^n
état particulier de la substance rénale. Les résultats géné-
raux de l'observation cadavérique établissent cette coïn-
cidence, et l'analogie nous permet de rattacher les excep-
tions à la règle , en nous conduisant à admettre ici l'exis-
tence d'une congestion rénale au premier degré , qui s'est
effacée avec la vie.
Toute altération ou même toute modification matérielle
du rein, permanente ou fugace, est susceptible d'occa-
sionner, si elle ne le produit pas nécessairement (1) ; un
trouble fonctionnel de cet organe, durable ou passager,
qui se traduit d'abord par la présence de l'urée dans le
sang , la diminution des globules sanguin*^ et leur uirine
coagulable. Le rein , .comme paralysé dans cette conditiop
(l)JNoii8 sommes disposé k croire aue, de même que Fal-
bttminarie se rattache nécessairement a une cause matérielle,
fixe ou temporaire, ayant son siège dans le rein, toute lésion ou
modification du tissu rénal, doit engendrer nécessairement l*état
albuminurique. La liaison étroite qui existe entre lés deuf phéno-
mènes, pourrait être invoquée en faveur de cette ^action réci-
proquoi Toutefois, Texpérimontation sur uno iaree échelle pou-
vant seule trancher la gestion ^ nous citerons, à l'appui de notre
opinion, les recherches statistiques de fH, Finger (t) , entreprises
à un autre point de vue. Sur 600 malades dont le professeur alle-
mand a examiné les urines sans distinction de maladies, 155
avaient des urines coagtttables. Il est kregretter que l'essai des urines
ne se fasse généralement que dans des conditions exceptionnelles
Ïiii fixent l'attention du praticien, i'anasarque par exemple,
es cas nombreux d'albuminurie liée k une simple modifica-
tion du tissu rénal, et dont la durée est limitée k quelques jours
seulement, doivent échapper presque tous k l'observation. .
(i) H. Finger. — Recherches statistiqueB sur rslbaminurie qui n'eft
pai liée à une maladie du rein. (Prager Vierieljahrschrilit, 1847.)
an«lomk{cie, sécarètê bi«iii encore ou pivtôl iMwnte^ «n«
faible quantité d'of ines tronibles «I légères ; mms son aelidn
élimiflatrice sar Turée émiem insensible « et cet étément,
réfïUMe réskli» de l'oxydbtionf des matières azotées dont
la nature se débarrasse sorua ceUtë forme par la voie des
urines, eoimen^é darts la musse Aq sang, se déooinilose
peut'-éire , en partie , par i-effet d'une réaction diinMi^^
soit; dans le s]fstèine eapidaire, B'eîst^à«dire dans l^aote de
eombuslfqn orgsu^tque , soit dans l^efisembie ém ^ttoie
oircalaioire ., en donnant: itiçu à un dégagement d'ammb*-
niaqafa^qut déëagrégerait une ponion> def gtobnies sangcrins.
L'albun^iiHe , pent^^tre aussi , esd îAtaquée à son tonr pbr
l'au^entution refaire du sérum , récitant) de la dimi*-
ffutfôn^ des globule». L'albumine et les gldbulel^ attaqués
par reau, devenus solubtes, sécoiuleni a¥ee tes Urines^.
Wm autre" côté, la partie lu plus fluide du* sang , qui
esâ profondément^attéré dkez leà ulbimninuriqiiic^ , tymssmè
à travers les parois (tes vaisseaux^ et se dép^ , sons^forilft
de coHeotiona sérèuaes, im& le tissu cellulatro et lea cav4têi
oloses.
dans rhypérémie et Minflaniniation fri^nch^ du rein; hû
medifieationa mmériella» qu'il* subit, liifrttéi^ striïv^t à^unë
portion de Torgane, et se terminant presque toiifèvlr^ ptef
résolution; d*autre part, Tinduration, quand elle est le
mode de terminaison 4e la néphrite, consistant en une
ou plusieurs petites plaques disséminées; les accidents,
dans lé premier cas, disparaissent sans bisser de IraeeSi
ei, dans le second cas, passent presque inaperçus, parce
qu'ils goril très-încotiiplèlé.
ies éltératlèfm rénales^ eonstHlitl\/iftfe^ dè^ là^iïtaladW^ de
Brighl, essentiellement envahissantes et dés^gél^iàillt^ées ,
déterminent, au contraire, des désordres fonctionnels qui
suivent une marche paraMète aux progrès des lésions.
Enfin, dans l'état pathologique du rein le plus avancé, les
phénomènes morbides , plus fortement accusés , engen-
dfani' éuic'-ilfiMi^ d^atilt^esi iftieidëms q«ri c<^|iîplètettt' le
ttblieairdi)^ ift maladie. L-àllératî^n « du sâittg, de [flub ew
pfesprofemie', coneoirttatofs a« dételop^éttaéiyt dès phfteg^
50
\ imereorreotas ea afidbUsant les tissus orgao^aes ,
ci eo aecromaot aiosi levr sosoeptibililé.
Nms termineroiis en forîDokot les proposîtioos soi-
vantes, qui décooleot oaturellenient des considérations
qoe noos avons présenlées dans le cours de ce travail.
Les caractères essentiels de la maladie de Brigbt, sont:
1* une altération da rein sni generis , qnî ODarche progrès*
sivement jasqu'à la deâtniction complète de forgaiie ; 2<^
une altération continue et toujours croissante du oiode
physiologique des mutations organiques , se révébot par le
pbénoBBèoe compleie, d'une part, delà diminotioB des
globules sanguins, de l'albumine dans le sang et de l'urée
dans les urines; d'autre part , de la présence d'an certain
nombre de globules désagrégés et d'albomioe modifiée
dans les urines, et de l'urée dans le sang.
Enfin , la maladie de Brigbt ne semble pas ao-^tessas
des reseources de l'art, aussi longtemps qu'elle n'a p&
firancbi la période congestive, précédant l'évolution de l'èié-
meot spécifique, et pouvant être considérée comaae an
effet de la réaction du rein contre le principe morbide qai
l'imprègne d^. Au-delà de ce terme , la maladie s'avance,
d'un pas plusoaoK^ins rapide, vws un dénouement tour
jours fiUaL
OBSEnVATION d'empoisonnement par U
savon, arsenical de Bécœur; traitement par
MJJ^^^ ; par m. PiKCiT,
Bien des méthodes ont été nronosJ^Pc ■wk»» v l
nestpoiDt m le heu de les expoeer et d'w^IpjSfcik
wsMKÈt ro Ktnenv. Si
valeur , noo» avoçs seolemeni pour but de CEiire «onuAttre
UQ bit d'eoipoiiomieAe&t par la substance toxi<|ud , qui
fait ia bpse du soyofi de Béeœur. Voici la composition die
cette préparation, employée par les natuvalistes pour la
coaservatîoa de» aniiuau!! empailléa :
Acide arsenieux 500 gramoies.
^ Camphre. 60 —
Chaux vive 10 —
Savon blanc 625 —
Eau.... 625 —
Un chien dévora^ à Finsu dé son nbaftre, un oitoau
qu'on venài( de préparer avec ce savon arsenical ; on avait
employé 30 gramme^ de savon , ce qui représente environ
8 grammes d*acide arsenieux^ Depuis deux heures, rani-
mai était S0U3 rinfluénce du poison , et paraissait souffrir
beaucoup; ôo vint à la pharmacie nous demander un
contre-poison. Manquant d*hydrale de pénokyde de fer, il
nous parut à propos de donner de Thydrate de magnésie^,
suivant le conseil dé M. Bussy.
Il n'y avait point eu encore de vomissements, lorqu^on
commença Tadministration de 25D grammes d-bydrate de
magnésie délayée dans de l'eau. Après l'es premières doses ,
il y eut quelques vomituritions, qui cessèrent prompte-
nient. On continua l'administration du contre-^poison , et ,
une heure après, survinrent de nombreuses évacuations
alvines. Le chien, couché sur le côté, poussa des cris
plaintifs pendant environ deux heures ; les troiè jours qui
suivirent;, il ftit triste et sans appétit, puis il finit par
reprendre sa vivacité habituelle.
Pour nous procurer Thydratede magnésie, nous avons
procède d'aprfe la fbrmule suivante :
N"" 1. Sttl&le de Baagnésie». . . 10 g|rdmme§.
Eau... 250 —
N*^ 2.1 Potasse à TalcooK ..... 5 gèammes.
Eau... 100 —
F. S. Âx Un précipité , filtre» ei délayez.
52 IMMUL DB MÉMCaDIB.
L'efficacité de la magnétiè, comme eooire-^isoii de
l'apide arsenieux, ii*a point été admiie d'vne ipanière posi-
tive par Orfila. Voici comment il s'exprime dans ses éié-
menu de chimie :
« La magnésie absorbe, en effet, Tacide arsenieox et
» forme avec lui un $el insoluble dans Teau ; mais , comme
u cet effet est lent, et que, d'ailleurs, Tarsénite de ma*
i> gnésie finit par être vénéneux à mesure quil se dissout
» dans les acides de Testomac , il est préférable de favo-
» riser, par le vomissement, l'expulsion du toxique; cela
o étant, on pourrait tirer parti de la magnésie comme
tt conire-poisoD , pourvu qu'elle fût administrée dans une
« grande quantité d eau tiède »
Dan$ $on J" volume de toxicologie, Orfila s'exprime
d'une manière cucore plus restrictive :
« Sf , Bu^y a préconisé la magnésie « mais les observa-
4 tioQ3 qu'il a recueillies che^ l'homme ne sont pas pro-
9 bontés, pui^iue, dans toutes, les individus ont vomi.
D Or, qui oserait assurer que la.guérisoa a été plut^it due
» à faction chimique de la magnésie qu*aux évacuations?
D Çe^t qu'an effet, l'arsénitede magnésie, <|uoiqua moins
a. véuéneux qua Tacide arsenieux. Test encore as&ez ppur
o tu^ au bout d'un certain temps, a
On va^t , par ces citations ^ que Topinion du grand toxir
c^ogisite ^t peu favorable à l'emploi de la magnésie
comme contre-poisou de Tacide arsenieux. M. Bussy^ a
établi, toutefois, que la magnésie pure, mais faiblement
calciué^, peut absorber facilement l'acide arsenieux en
diçsolutiou, et formeir avec lui uo composé insoluble
même dans l'eau bouillaule. Une observation recueillie
pftr JJ|. Levage est ic^uue depuia démontrer la vérité de
ce fait et Futilité du cQutrc^-poison ovignésien.
M. le docteur dArdiége et M. Lepage furent requis
pour doBDer des soins à un noÎEnmé DehuMtte^qm avait
pris i 5 grammes de roorl^aux-rats (acide aisenieux) dé-
layée dans ime certaine quantité d'eau. Ik lui ad«iinis-
trèrent de la magnésie, et ftipent assez heureux pour le
voir se rétablir promptement. Sous rkifluflmse du kit de
vmgnéfàe^ k aial«<]« avilit voitii ; ot) re6H«UIU {%$ Oléifères
des vomissenaents ^ur les ôxamioer. « On mit d'abord
» sur un filtra toutes les œatièr€s vomies, qui cènsis*-
» talent eo magnéfiie délacée dans w liituida à p^ine
» odorant* Il passa un liquide transparent et de couleur
» anribrée. Oii Tintroduisit dans un appareil de Marsh
i> donnant du gaa hydrogène pur; il fût impossible d'ob-
u tenir la plu$ petite tache d*arseniç sur ues soucoupes
JD de porcelaine que nous présentâmes à la flamme da
i> Tappareil. Aussitôt que nous eûmes mis» dans ce même
» appareil, quelques parcelles du magna magnésien resté
» sur le filtre, nous pûmes recueillir sur les soucoupes
» de larges taclies d'arsenic métallique. »
Ces faits et l'observation que hous avons rapportée nous
conduisent à conclure que la magnésie pure, faibleftienl
calcinée, peut absorber facilement Tacide arsenieux et
former avec lui un composé insoluble même dans l'eau
bouillante ; qu'à Tétat gélatineux , elle Tabsorbe plus
promptement encore; et qu'enfin , on ne peut mettt*e èû
doute rèfflcacité de fa magnésie nouvellement précipitée,
conmie contrepoison de Tacide arsenreox.
OBSERFJTION d'un cas de carcinome du
pylQre; far M. PÀPici-CLEttGiSBW , Médecin^
$ntp(piUtmi dM Bm^c^s.,
Pierre Rarré, marbrier, âgé de 56 ans y est entré à
l'Hèlei-Dteo, salte 16, n^ A , le 5 septcs^br^ |gSâ. AiHai-
gnssejanenl très-prononcé, teint j^âte et plombé par pfci-
qoes, peau sècliie; langue salles kHl^uche maityaise, i^oete
mîsérabte^ et. ftiéqueiit; perte d'appétit , soif àiadérée. Ce
malade est sujet, de{^ $ mois em^iron, à cbs rappiofte
nidoreoa aâm% qu'àîea na^àsée^el à des vonùésemems qui
sosviieiiiieci^ ima^édiateaiefiÉ après, ses .ropaai II épro«ve,.
S4 jomoiAi. Bfi MÉmomu
depuis cette époque, des élancemenU au niveau de l'ap-
pendice xyphoïde. La percussion donne dans ce point une
matilé relative. Le foie et la rate ne paraisséfit pas s écarter
sensiblement de leurs dimensions et de leur position nor-
males. Il n'existe pas de tumeur, nî de gargouillement à
Tépigastre, ni de tyippanile stomacale.
Des vomissements ont eu lieu avant la visite : les ma-
tières sont d*un brun-clair, et offrent la consistance d'une
bouillie mal liée; leur quantité ne doit pas dépasser celle
des aliments qui composaient le dernier repas. Cons-
tipation depuis 15 jours.
Nous diagnostiquons un carcinome du cardia. Le carac-
tère, Tancienneté et le siège de la douleur, Tobscuri té
du son épigastrique, la coloration des inalières vomies^ le§
vomissements apparaissant avec régularité après cbaique
repas, la maigreur excessive du sujet, son teint pâle et
livide par endroits , leâ rajpports fétides et la constipation
opiniâtre, accusaient uo^ affection cancéreuse du ventri-
cule. 11 manquait bien à Texpression symplomatique de
cette maladie le signalement de la tumeur caractéristique ;
mais la matité relative en avait^ presque la valeur dans
l'espèce. Quaht à là précision du siège de la lésion ;
l'absence de gargouillement et de tympanite stomacals,
les vomissements si rapprochés des repas, le point dou-
loureux et mal, indiquaient plus particulièrement uri car-
cinome du cardia. On sait du i»çste que les tumeurs cancé-
reuses du cardia sont moins accessibles au toucher que
celles du pylore, qui occupent un plan moins élevé et plus
antérieur, et.se rencontrent généralement au-dessus de
1 ombilic ou prèiS de la vésicule biliaire.
Le m^àde est soumis à une alimentation suhstantielto
soua la. forme la plus légère, BouiUon de poulet, awiau'
Poudre lax^ve,absort^^^ et calmante, et lavemenisX
miel naercuriale. Sinapismes appliqués sur Tépigastre
Les vomissements deviennent moins fpÀ/moofl i
cessent „jéa.e ,e 18; ies nausées «r^^'^pX 'pèi:
jOOKIUài DB HÉDBGHIB. S5
sistent. Le malade ne tarde pas à tomber dans un élat
de siibdélirium et s'éteint le 2B.
L'autopsie est fiiite le sarlendemain. Dans TintervaUê , la
poitrine a été ouverte avec précaution, par un élève, qui a
pratiqué l'injection de i'aorte pour un concours. Nous
remarquons d'abord que le diaphragme , an lieu de bomber
dans la cavité thoracique; décrit une courbe en sens
inverse. LVstomac rempKt plus du tiers de TabdoRfien ; il se
dirige comme une large baridede l'épigastre à l'ypogastre ,
en suivant une ligne légèrement objique de gaucbe adroite.
La fNremîèré partie du duodénum , le pancréas , le foie et la
rate, ont suivi le ventricule dans son déplacement : ils sont
abaissés. Nous n'avons pas besoin <ie rappeler ici , pour
TexpUcation de ce. fait, les rapports étroits qui existent,
d'uoe part ,. entre le foie et la rate ^ et réstomac , et d'autre
part, «ntre le pancréas et le daodé^num. Le pylore, qui
occupe l'extrémité de la ligne représentée par le ventricule,
et. le duodénum sur une longueur de 5 centimètres,
forment lin boyau plein de. 2 centimètres de diamè-
tre, Lfœsopbftge est. tiraillé par le poids de l'estomac.
Des fécès rares, et de la. grosseur d'une noisette^ sont
disséminés dans les circonvolutions de l'intestin. Le péri-
toine n'est point altéré , et là coloration des organes diges*
tife t^ présente rien de particulier. Le foie, coupé par
trancfaés V n'a pas conservé l'aspect granuleux qui lui est
ppof^e. Sa substance est plus unie et plus ferme qu'à
rordiiiaire^ et sa coo^ur se rapproche de la nuance rouge-
feu. L'injection ne l'a pénétré' qu'imparfaitement^, ainsi
c|ue le tissu de la rate et du pancréas, qui est sain , et dont
la couleur est naturjelle. L'estomac est Incisé dans sa lon-r
gueur; ses parois ne sont pas hypertrophiées. 11 contient
une énorme quantité de matières semblables à celles des
vomissemmis. Lé cardia est intact ; mais le doigt introduit
dans rortiicet «st comme étranglé. Cette disposition est
aceidéntelie ; elle résuhe évidemment dé la tension que fait
subir, à la partie supérieure' du tube digestif le poids du
ventridilé siffcbargé. La muqueuse , sur le trajet de la
grande courbure, est d'un blanc bcté , et souleTée inégaie-
ntent pas dé» pelite» bulles é'air emprifionnées^pair groupes,
et enchâssées dans une substaace. k deml-concFète et
cKapioieceAce albuiukieusiri Le pylore et le duodénum sont
fendus bftgitudiiRale»eni. Le pylove et la portion da
dnodéiHiBii , qui y &ii suite, sont conveirtis en. un eoedan
9qiltiirheii& ^peroé d'ua.canfil;(fonl le cafibre permet àpeûie
(e paseage d'une sonde n»o3):en0e.
Cette obtofvatfon nou» a offert quel^pie inlépèt au point
de vue de l-anatemie pathologrque, de la difficulté du
diagnostic appliqué au siège «précis des lésions caFf^o-
mateustô die Testomac, etdeta.physiplogie du. vomiaBâanentt.
Nous ne- reviendrons pas sur la descivipUon anaaoink}ue
des organe» abdomiuaua , et il nous suffir-a. dé rappeler
que le& oaraàtères généroriement atlrilmés par l'observation
dniique au ^carcinôine du cardia , se trouvaient rénnia ici
sauè inèlaage, c'eet-è-dire - saits m«nifesta;tioa- dlun des
symptômes également aç^ignés à la< dégénérescem^js du
(^tere) tels que la tumeur sous-ombiHçale ou juxiàr-véëica-
laire, le gargouillement épigastrique, Texagération. du son
stomacal , et Tapparition de vonrissements aa^z éloignés
de» repas, et, cependat^t, le pjllore était le sié|§^ de la
lé^OQ organique. Le déplaeement iiemai^uid>ie de Jf^sto-
men expliijuait bien> 1» mutité relative et ta. sensation
doulotvreuse au niveau de Tappencfiice xyphoïde , Fabsenoe
de k tumeur caraciétisttcfue , du gargouillement épi^a^
trique^ de i ■exagération duison stomacal; mais la.skqpu^-
larité des vomis^mentâ, et leur cessation dans les di^mteris
jours de la. maladie, devaient reconnaître imev autre èausei
Nous avf^s communiqué , Tannée dereiÀre-v'à la Seetkm
de Hédeeine , une observation . de rupture dep restomao ,
suivie d'tunè péritonite stir'aiguë , sans^nausées!, ni vomis-
sements. En nous a|:qfrayatit sur la physiologie moderne,^
nous a^ieas rattaicbé l'absence de ces' accidents à une^paara-
lysie: tmumaâiqueduventricuiei Le^phraf^me et les nuis-
desabdominauxs disLone-^riô^s, Sont reconnus ai^ourd'hoi
eommeles seuls agents actifii du vomtssmnent. Leurcontrae-
tion s>mu(kanée a^ pour- effets de eompHrimer brusquement
t'eetjQ^aAac , taudis que celle des ittires lomg^diiialéâT de
rce^pp^gfi {^cjlUe l'expulsion (}e$ ips^iières (^ élargisMOI
VorÎHç^ çardi^qpe; pais ce$ (jiffér^nts nçiu^cles se mett^iit
ep ^e^ sQus ripjIueDc^ dq ipoMv^meQt venDjculi^re du
yeniricule , qui accompagne la nau^e. Or, i| e^i admis
sénér^jetn^nt que, Ic^i^uq le vomissieineot a sop point de
départ jiors du yeqtricule, dao^ le péri|oîne, par ei^eiipfle,
rjmpf^?^ipQ es^ traosnais^ d'a|)ord au çei^Mre nerv§ui(, piiis
à 1 ^stof]i|ac par r^^Cle^iop , eu y faisant naître la n^us^e et la
coiitf^plïftP pb§purp qiji prépare et provoque w vomisae-
bfnt. \ *
Cette théorie , tPHtéfois, ne p$ira{t pas applicable aiii^
yofàiss>içfnents ocpaslonnés par |'injec|iop de l'épietique dans
(es y^ipeç. .
'^q^s s^pposions dope que l'es^onific , par^l^sé par une
lésion Qiortelle, n'était plus susceptible do i^ecevoir L'iip-r
pression particulière qui y déierniiop la pai^sée et le i»Ou-
Yejnept ye^miculaire. Me 1$, l'absence 4^s nauséj^s §t des
voinisspipents af3 dél>ut ^t 4^^^ ^ coixi^ dé la péritonite^ Ce
phénomène particulier, ajoutions-nous , pouvait dépendre
encore, dans une certaine mesure, de Tineriie du dia-
phragme et des muscles abdominaux repoussés avec force
par une accumulation rapide et prodigieuse de liquides
dans le péritoine.
L'observation actuelle confirmerait, maintenant, Texpli-
cation théorique du vomissement, dont le point de départ
est dans le ventricule. Ici , Timpression se développait
primitivement dans l'estoniac , et y faisait naître la nauséa
et le mouvement vermiculaire , dont nous avons parlé déjà.
Nous sommes disposée à «admettre seulement qu'au début de
la maladie, il s'écoulait entre les repas et les vomissements,
un temps plus ou moins long, qui n'a pas été suffisamment
apprécié par le malade, ou dont il n'a pas gardé le souvenir.
A une époque ultérieure, l'estomac, d'une part, agrandi
par le séjour permanent d'aliments et de gaz retenus dans
sa cavité par le rétrécissement du pylore , mais non pas au
point d'être dépourvu entièrement de sensibilité et d'élas-
ticité fonctionnelles; d'autre part, le diaphragme et l'oeso-
"''"Re ^çserya^jt f(Pî^re ^ne pw^ie de kmjt action
5
58 JOUBIfÂL DB KÉDSCIRB.
musculaire , malgré le tiraillement que leur faisait éprouver
le poids de l'estomac, toute addition d'aliments, en comblant
la mesure physiologfque de Cet organe, devait avoir pour
résultat immédiat de provoquer la nausée et le vomissement
ou plutôt la régurgitation, car le ventricule ne se débarras-
sait que de la couche du bol alimentaire qui dépassait le
niveau de sa capacité fonctionnelle. Hais la contractilité
musculaire , condition essentielle du mouvement initial et
précurseur du vomissement, devait s'éteindre, à un moment
donné, dans un organe énormément distendu par les
matières qui s'y accumulaient sans issue , et flottant , en
quelque sorte, dans la cavité péritonéale. Dès lors, les
vomissements ont dû cesser de se produire, et les nausées
seules ont persisté. D'un autre côté , l'œsophage et le dia-
phragme , qui coopèrent au vomissement , allongés par une
traction continue et progressive , ne pouvaient pas conserver
eux-mêmes la propriété de se contracter avec le degré
d'énergie nécessaire pour l'accomplissement de ce phéno-
mène.
Nantes, Imp. de B|«« v« G. Mellinet. — 2792.
Des Obstrvatians AiO mètres ^ à peu près, au-dessus des
MOIS.
FÉTRIER. . .
BIARS.
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Bi PLUIE TOMBÉE
7 H. V SI;R la PI.ÀTK-Ft>RMF..
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0 ln^l. 06*J inill.
0 iiiM. 015 iniH.
• laèt. OOS mill.
0 met. 030 inill.
0 mhi. 0'i5 mi II.
PHASES
DE I K LL'NE.
I». O/ le B, * 5 h. 57*111
P. L. le 14^ à » II. L'O' m
D. O. Ife S?» À 1 h. 32' m
TV. L. le 28, A n h. ïTs.
P. Q. |p 'i, * iO h. 46' s.
P. L. le 13, ik 3 h. fi'iu.
D. Q. Je UO, à 10 h. .15' m.
N. L. le 27, A 4 h. 4fc' ;m.
P. Q. le ft, A 7 h. I!l' s.
P. L. le 14, à 6 h. r s.
D.Q. le 21, k G h. H' s,
TV. L. le 28, à 5 h T s.
P. Q. le 5, * 3 h. ri2' s.
P. !.. le 13, à 6 b. 6* m.-
D. Q. le 20, à 0 h. 2{' m.
N. L. !e27,à 6 h. 23' in
9 h. 39' m.
P. Q. le S, k 9 h. 39'
P. h. le 12, à 3 h. 46'
I>. Q. lo 19, à' 6 î». 42*m
rr. L. Io26, à 8h. 5(»' s.
0 met. 058 mill.
P. Q. le 4, à 0 h. 50' m,
P. L. le 10, à 11 h. 40' s.
D. Q. le i7, ■ a h. sr s.
W. L. le 25, à Oh. H' s
e au-dessus du sol, et 40 mètres, à peu près, au-dessus des
£TTB ÀiRÉy à Nantes.
B 185^.
JECTIOW
ÉTAT
PLUIE TOMBEE
PHASES
s VENTS.
DUGIEf
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SUR I.A PLATE-FORME.
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A
1
JOURNAL
DB LA
SECTION DE MEDECINE
DE LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE.
BULLETIN DES SÉANCES.
Séance dû 16 mars 1S55.
PRllSIDEMCB DE M. MAHOT , VICE-PRéSlDENT.
Le |»Qcè8rverbal de la dernière séaDce est lu ei ado|Hé.
Après rappel nominal, la Section procède à Télection
d'ua Trésorier ^ en jreiop)acen^en( de M. Ménard , qui
remplissait ces fonctions, depuis plusieurs années, avec
60 JOUEflAL BS MÉDBCHIE.
un zèle remarquable, et qui a succombé, encore plein de
vigueur, à la suite d'une courte maladie.
M. Moriceau obtient la majorité absolue des voix; il
est en conséquence proclamé , par M. le Président , Tré-
sorier de la Section de Médecine.
M. Moriceau faisant partie précédemment du comité
d'administration , il y a lieu de pOQr\K>ir à son remplace-
ment dans ce comité; une autre place- étant devenue
vacante dans le même comité, par la retraite de M. Saillant,
la Section procède de suite à cette double élection.
MM. Maguéro et Lequerré obtiennent la majorité des
sufirages, et sont en conséquence proclamés, par M. le
Président, membres du comité d'adminisiralion de la
Section de Médecine.
Le reste de la séance est consacré à la démonstration
de pièces d'anatomie clastique , par M. le docteur Le-
ipercier.
A 8 heures moins un quart, la séance est levée.
Séance du 13 avril 1855.
PRÉSIDENCE DE HT. M ABIT.
En l'absence du Président et du Vice-Président , M.
Mabit, le plus ancien des membres présents, dans Tordre
de date du diplôme, est appelé à présider la séance, en
vertu de l'article 45 du règlement.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
M. le Secrétaire a reçu une lettre de M. Beaupoil , mé-
decin à Ingrandes (Indre-et-Loire) , qui demande à la
Section le titre de membre correspondant, et lui envoie,
à l'appui de sa candidature , deux brochures hititulées :
Tune, de Ventéropathie métallique; l'autre, de l'intermH'
tente composée.
Cette demande sera transmise au Président de la Société
Académique.
JOUBRAt DE HÉUBCOOK, 61
La Section a reçu , en outre , les ouvrages suivants :
i" Du Goitre endémique dans le département de ta
Serne- Inférieure , et de Tétiologie de cette maladie, par
le docteur Yingtrinier ;
2<' Bulletin de la Société de ^ Médecine de Besançon ,
année 1853;
S*" Notice sur les eoux thermales de Néris, par le doc-
teur Riçbond des Brus;
4'' Études de Psychologie médicale^ par le docteur
Dumontt médecin delà maison centrale du Hont-Saint-
Michel;
5» Lettres a M. le professeur Rostan, sur VBypochondrie,
par le même.
L'ordre du jour appelle à la tribune M. le docteur
Aubinais, pour la lecture d'un travail intitulé : Quelques
réflexions sur les fièvres périodiques pernicieuses , à Voc-
ceaum d'un accès de fièvre pernicieuse cholérique, lequel
accès fut d^abord pris pour un cas grave de choléra (1).
Après cette lecture , JU. Rouœeau fait à la Section le
récit d'un &it analogue. Il donnait des soins , avec un
antre médecin , à une boulangère de la Grenouillère, qui
leurparaissait affectée d'bépatite subaiguë. Us avaient em-
ployé les émissions sanguines, les purgatifs et les révulsifs,
sans obtenir la moindre amélioration ; la malade manifesta
alors le désir de se fair« traiter par un homœopatbe. Ses
premiers médecins durent en conséquence se retirer; mais,
quelques jours après, survint une nouvelle maladie, beau-
coup plus grave que la première ; cette femme fut prise
d'une iittaque très^^grave de choléra épidémique, et M.
Rouxeau fut rappelé. Il trouva la malade dans l'état le plus
alarmant: cyanose, crampes, vomissements incessants,
pouls à peine perceptible , absence d'urine, etc. Le soir,
le mal a fait de nouveaux progrès , le pouls ne se fait plus
sentir. Le lendemain, un peu d'amélioration , le pouls
peut être compté, la peau est recouverte d'une légère
(1) Voir pluà loin, page 64.
6^ JûiUJ»]^ DE MÈWfSSif^
moiteur ; la garde dit qu'elle a observé « la vqIU^, une
moiteur sepabkable. On commence alors Tadministration
de deux grammes de sulfate de quinine en lavements , à
la dose de 50 centigrammes^ d'heure eo . heure. Le soir«
rétat si grave de la. veille se reproduisit : le pouls devint
de nouveau imperceptible, les battements du cœur ne
présentaient à Tauscultatipu qu'une sorte de tressaillement
irrégulier. On prescrivit l'administration de deux autres
grammes de. sulfate de quinine en lavements. Le
lendemain, il y eut enfin. ui)e amélioration n^arquae ; on
continua le sulfate de quinine plusieurs jours encore , à
dosé d^eroissaiite* La nialade s'esl cQmpléiement rétablie.
Une circonstance remarquable et qu il est bon de nçtçr,
c'est que Te cathétérisme pratiqué, cli^que jour, suv cette
femme, donna isspe, chaque fois, à une.ceirtaine.quaptité
d'urine^év^luce a 50Qgrami]nes; il n'y euiAoïiCjfiQint^.ci^e'A
elle, suppression complète de la sécrétion urin^ire. Q^^el-
ques. jours après la cessation des accidents ct)o|érique§f« la
malade rendit une masse d^ maiière§ fécales eMrémèment
considérable.. Cette, circonstance, dit. M, Rouxe^u, me
porte à croire que nous nous étions trompés sur le dia-
gnostic de Taifection primitive, et que nçùs n'avions pç^im
eu affaire à une hépatite subaiguë, mais simplement. à un
amas de matières sterçorale^.
Quant à l'affection cholériforme , qui est survenue en-
suite, M.. Rpuxeau la considère comme une attaque de fièvre
pernicieuse, <lans laquelle l'administation du sulfate de
quinine a eu les plus heureux résultats. Il foit remarquer,
en outre, que si le médicament a eu cette action, efficace.,
c'est qu'il a été absorbé, et que, par conséquent, on a
émis une erreur .quand on a dit que, da^is le. choléra „ le
tube digestif devenait un vase inerte, dépourvu de la faculté
d'absorption.
M. Thibeauii a observé, avec M. Marchand,, up cas de
fièvre pernicieuse, analogie à celui de M.. Âubinais. C'était
pendant l'épidémie de choléra de 1832: l'intermittence
fut bien évidente , car elle se manifesta en tierce; le sul-
fate de quinine fui administré, et le m^la^e gyérjt. Ces cas
imJUlfÂL bB IlÉDfiCiNE. 63
de fièvre pernicieuse ne sont point conâidérés, par M.
Tbiheaud , colwme des cas de choléra , quoiqu'bh les âtt
observés pendant le rè^he de celte maladie épidémique. Le
lîholéra, dit-il, ne guérit point, malheureusement, sous
rinfluencedu sulfate de quinine.
M. Hélie demande la parole^ Il a entendu M. Aubinai$
prononcer son nom tôut-à-l'heure ; il fut appelé, en effet,
à donner des soins à Ja malade en question. Il la trouva
assise dans Un fautedil. Les symptômes qu'elle présentait
étaient ceux d'une cholérine très-légère; il prescrivit quelques
moyens dç traitement peu actifs. Le lendemain , il apprit
que des accidents plus graves étaient survenus et que d*au-
trçs médecins l'avaient remplacé.
M. Hélie ajouta qu'il ne partage pas les idées émises
par M. Aubinaili sur TappiioatloD du principe : NâiUPam
morborum o^tendunt cur aliènes. M. Aubinais a eu tort,
suivant lui , de dire d'une manière générale , que toute
affection grave , cbolériforme , guérie par le sulfate de
qtiinine, était une fièvre pernicieuse. Nous avoins tous, dit
*M. Hélie, âditilnistré le sulfate de quinihe dans certains cas
de choléra, et nous javons ^u voir les nfiaiadës guérir ; mais,
est-on fondé à dire pour cela quiB ces malades ont guéri
parce qu'ils avaient pris du sulfate de quinine ? Tout ce
qu'on peut affirmer ,^ c'est que la guérison a eu lieu pen-
dant qu'on administrait ce médicament. On aurait tort
évidemment d'attribuer , dans tous ces cas, au sel fébri-
fuge* les honneurs de la guérison ; et tort aussi, par consé^
quent , de conclure que tous ces malades étaient atteints de
lièvre pernicieuse-
M. Hélie dit, en. teinninant, qu'ils'élève seulement ici,
d'une manière générale, contre l'extension trop grande
donnée par M. Aubinais à un principe de thérapeutique ,
qui n'est vrai que dans certaines litnites; que, d'ailleurs, il
ne prétend faire aucune application de ce qu'il vient de dire
au fait particulier contenu dans lé mémoire de M. Aubinais^
L'ordre du jour appelle à la tribune M. ^lartïei^e, pour
la lecture d'un travail intitulé : ObHîération àes commis
64 joubuâl DE iiédbc^ie.
biliaires , atrophie du foie , réflexions sur Vairophie simple
et sur Vairophie symptomatique de ce viscère (1).
H. Malherbe lit ensuke une observation de pneumo-
thorax, recueillie dans son service de l'HôteUDieu , par M.
Vallin, interne dç cet hôpital (2)r
Lé Secrétaire ^
L.-F. Champenois.
QUELQUES RÉFLEXIONS «flr les fièores
périodiqms pernicieuses, à l'occasion d'un accès
de fièvre pernicieuse cholérique, lequel dccès fut
d'abord pris pour un cas grave de choléra,
par le docteur Pitbb âubuvais , président dit
jury de médecine de la Loire-Inférieure,
On lie peut écrire sur la fièvre interniittente perni-
cieuse , saris se laisser guider par le savant ouvrage de
Torti (Therapêulicespecialis ad febres quasdam pernîciosas,
in-4**. Mutin. 1712). On ne peuf*^, en effet, suivre un
meilleur guide. C'est là îju'on rencontre les grandes et
belles distinctions établies entre les fièvres (continues,
(1) Voir plus loin, page 82.
C2) Voir plus loin, page 98.
lÙUKSkt BB KÉBECINB. 65
réfniitentes , intermittentes). Pour justifier cet éloge, it
suffira de citer leà paroles empruntées au Compendium de
médf^eine pratique, a Torti a fait sortir de l'obscurité
l'histoire des fiëyrep perniûieuses , et. formulé leur traite^
ment avec une telle netteté et une t^lle certitude, qu'il n'a
rien laissé à faire sur ce point à ses successeurs. Il a écrit,
en outre, Tliistoire du quinquina, d'une maniéré si com-
plète et si médicale, qu'on peut encore le proposer pour
modèl$ dans ce genre. » > :
Torti désigne chaque fièvre pernicieuse par son symptôme
culminant. Il en distingue dix-huit variétés, ou formes
différe^ntés , et sa description de chacune de ces formes
est ^l'uoe telle eicactitude et représente si fidjèlement la
nature , que dans les meilleurs ouvrages qui ont été écrits
depuiSf on ne peut en trouver de plus complète.
Au nombre de ces dix-huit formes ou variétés de la
fièvre périodique pernioieuse , l'on trouve la forme algide
(febrisalgida), la forme chptérique (febris cholerica). Ces
deux formes peuvent se montrer réunies , et alors sj Ton
n'y porte atteation, l'accès simule une violente attaque de
choléra ^et entraîne un vtiriiable danger.
Ceux qui désirent bien connaîtra cette forme de la fièvre
à accès pernicieux, doivent l'étudier dans, les ouvrages
des médecins élevés à l'école de François Torti, qui ont
exercé leur art tlans les contrées méridionales , et, à ce
sujet, je citerai {es études sur la fièvre perniçième^ publiées
à Avignon , en 1 842 ^ par la docteur Gouraud (pèret) ,
médecin de la^suçcursale de THôtel des Invalides, études
qui sont le fruit de sa propre expérience, tant en Corse
qu'en Algérie , et qui résument la pratique de plusieurs
médecins qui ont habité les pays chauds ; de M. Antonini,
médecin de Ihôpital du dey d'Alger; dt^ baron Michel,
médecin principal de l'hôpital français « à Rome; du doc-
teur Roux, médecin en chef de Tarnlée française, en
Morée (1829), etc., etc.
Plus on creuse; les études cliniques des pyrétologistes ,
plus on se pénètre de l'opinion exprimée . par Richard
Norton (Ricbardi Morton, oper. med., t. t. Pyreiologi»,
66 JOtm^Ai DE HiMcnvs.
eap. 6-8, pag. S6-40S, io-i^" ; Lugii. 1737), fet par
Weribof (observaiiones de febribos, pmcipiie rrriermît-
tefitibus, in-4^; Hanov. 1732-17^5), il y a déjà plus d'oii
sîëcle V à savoir que la fièvre intermittente constitue un
véritable empoisonnement, dont ta nature du poison est
encore inconnu-, et dont Tafitidote est- le qui^uina.
Oans Tétude de cette fièvre et surtout dans le choix du
. traitement ^ lorsque le caractère insidieux de la' -fièvre est
révcJQ par un symptôme dominant, on ne doit pas se laisser
diriger par Te^rit de doctrine qui peut conduire à une
nuisible hésitation. On doit ne pas perdre un instant de
vue le précepte posé paf 8enac (de reconditft Tebriumi
naturft) , que le plus grand danger consisté dans le retard
que Ton apporte dans remploi du quinquina (ma/ué est
in morâ péTiculum quàm in cortice peruvtano adhibendô),
théorème qui a été mis de nouveau en lumière par Fodéré ,
lorsqu'il b écrijidans ses leçons sur tes épidémies j U)iù. 2,
pag. 2^1, les lignes suivantes:*
(t Lorsqu'il s'agit d'un accès de fièvre périodique perni-
cieuse, le praticien ne doit pas perdre un temps précieux
à combattre ^Jes accidents -qui ne soKit que l'ombre de la
maladie : ici, le principal emporte l'acçessoirev Le quin-
quina doit être donné à forte dose et sans aucun retard. »
Cette pratique, qui était celle de Torti , a été sanctionnée
depuis par H. Bailly, deBlois, dans sonlroîté ématotnico-
patkùlogique des fièm^es intermiUentes fm-S®, Paris, 1 825) î
par M. Nepple, dans son essai sur ks piètres rémittentes
et intermittentes (in-8'', Paris, 1828) ; par M. MaiHot , dans
son traité des fièvres ou irritet^ions cérébro-spinales inter-
mittentes (m-S^^ Paris, 1836). Tous rces auteurs, par one
rigide observation de faits cliniques ,. ont éclairé certains
points de l'bistoire des fièvres périodiques, sans beaucoup
s'éloigner de la pratique de Torti.
Aujourd'hui, tous tés médecins doués d'un véritable
talent d'observation imitent la conduite des praticiens qui
se sont souvent trouvés aux prises, dans les pays chauds ,
avec le génie. des fièvres périodiques dé mauvais carac-
tères; ils donnent le quinquina d'efàbUe et sems RisiktHèn;
que ie malade êoit au début, au font ou au dHMn de
l^accès , du moment qu'ils ont la crainte fondée que raccès
ne devienne mortel. Ainsi agissait Sandifori aux ties Bar-
badés, SarcDne, à Naplès.
Déjà Cléghorn (Observationes on the epidemical discases
of Minorqua) , aprèâ avoir fait la médecine à Minorque
pendant treize aîis, avait senti la nécessité tl'administref le
quinquina plus abondamment et plus promptement aux
fd^bricitants de Ttle espagnole qu'à ceux de' l'Angleterre et
des autres contrées septentrionales. Dans {es cas où la
fièvre paraissait menacer la vie, il n'était nullement retenu*
par le paro^s^ysme; il donnait le quinquina sitôt son -arrivée
auprès du malaiie, dominé qu'il était par la pensée de
W«rlbof , que la fiétre pemkieuêe est un monstre qu'il
faut étouffkr dès sa naissance, ^ '
C(' serait s'exposer à de cruels mécomptes si , ayant à
combattre une fièvre dont Taccès peut tuer , on suivait
à la lettre ce précepte posé par Richard Norton : « Denique
ne Gorte$ peruviamns nec aliud quodcumqùé* febrifugium
tempore plKroxismi propinandum'est, sed in intervallis. »
Mais , si Ton se pénètre de la pensée de Norton , on voit
qu'il n'entend point appliquer ce* précepte à la fièvre qui ,
dès le premier ou le second «ccès, menace de lainr les ,
sources de la vie.
On a reproché à Broûssais d'avoir exposé ses élèves à
une temporisation nuisible,^ en écrivant : c Qu'avant d'éta-
blir le traitement, il est nécessaire de connaître au juste
la gravité de l'accès et l'état des organes dans la pyrexie.
^- Toutes tes fois que, dans un accèsi pernicieux , dit^il ,
la réaction s'est bien opérée , il faut combattre immédiate-
ment 4es accidents qui existent actuellement :' ainsi i les
symptômes de gastrite , d'aracbnitis , etc. , seront , sans
aucu^i retard , attaqués, soit par la saignée, soit par les
sangsties. »
Il est évident qbe Br-oussais n'a pas voulu, dans «e
passage, poser un prineipe absolu, principe auquel il ne
serait , en aucune oirconstanee , permis de déroger. Il
laisse à la sttgactté^ du médecin qui , en toute occasion ,
68 JOIIUIÂL DB MÉIlBCOIfiw
ne relève que de la scieDce et de sa conscience , le soin
de prendre le parti qui lui semble le noeilleur , et je nie
rappellerai toujours d'avoir vu ce profond observateur
donner, pendant le paroxysme d'un second accès de .fièvre
pernicieuse (sous le type tierce) , un gramme de sulfate
de quinine, en exprimant la crainte que le n^ilade ne sur*
vécut à cet accès.
Le reproche adressé, à Broussais a égaienieat été adressé
à Alibert qui , dans sa dissertation sur les fièvres perni-
cieuses ou ataiiques intermittentes, préseptée et soutenue
•à l'École de Médecine de Paris , le 28 brumaire an Vill
de la république française , a conseillé de faire une étude
' profonde des divei*ses pblegmasîes qui accompagnent les
fièvres dé mauvais caractères^, afin de combattre ces pMeg-
masies, qui souvent constituent la. gravité de Ces. fièvres.
Oxï a dit qu'il avait trop perdu de vue le génie de la fièvre,
qu'il en avait plutôt poursuivi l'ombre qiie le génie fui-
même. Assurément, ce reproche n'est pas encore fondée A
la lecture de cette remarquable dissertation , et surtout
d.es travaux que le médecin- de Thôpital Saint-Louisa pu*
bliés depuis sur les fièvres intermittentes pernicieuses , on
voit qu'il est continuellement préoccupé d'arrêter la' fièvre.
c« Dans le traitement des fièvres ataxiquës intermittentes,
dit-il , à la page 199 de sa thèse , les indications sont de
la plus grande évidence , et l'art y procède avec une cer-
titude presque géométrique. La gravité des synàptômes
qui se manifestant repousse te méthode d'expectation , et
le soin le plus pressant du médecin doit être de s'opposer
au retour de l'accès. Aussi, {tfercatus avait-il déjà entrevu
la nécessité de se hàler<lans leur traitement. « Celui , dit
Leroy (du pronostic dans les maladies aiguës, page 81) ,
qui , dans une. fièvre intermUtente maligne -, négligeant
l'usage du quinquina , s'attendrait à .la voir se terminer par
une crise , soit proprement dite , soit par voie de solution,
i^elui-là serait évidemment téméraire et dépouiv,u de toute
connaissance de cette ^maladie. )>.Les vues. sages émises
par Broussais el par Alibert ne sauraient, du reste, s'ap
pjiquer aux fièvres pernicieuses observées dans les' pays
JOUBNÀL DE MÉDSdNS. 69
chauds, et s il restait encore dans Tesprit des médecins
nourris à Técoie de ces illustres mattres quelque tendance
à la temporisrition , ils font vite table rase des opinions
qu'ils se sont formées lorsqu'ils étaient sur les bancs^ pour
suivre , en^ tous points , la pratique des hommes expéri-
mentés. Pour se fortifier dans cette opinion , il leur suâU
de méditer l'ouVrage de Lind, sur les maladies des Euro*
péens dans les pays chauds. Un médecin, qui a longtemps
dirigé rhôpital militaire d' Ajaccio , le docteur Tliioude la
Chaume , a écrit :
<i Si Ton ne brusque pas toutes les fièvres intermit-
tenles pernicieuses par de fortes doses de quinquina , les
malades penvent périr avant le troisième accès , comme
nous ïayons vu pendant noire séjour en Corse. » Ces ci^
tations, que je ne multiplierai pas, me conduisent natu*
Tellement à rechercher si , dans 1» département de la
Loire-Inférieure, il n'est pas commun d'observer les fièvres
à accès pernicieux , et si ces fièvres n« présentent pas ,
dans^certaines pirconstances, toute la gravité des fièvres
des pays chauds. Ces recherches seraient assurément de ta
plus haute utilité , et notre Section de Médecine l'a com-
pris , lorsque-, dans son sein , il fut proposé de faire de
cette question une question de concours pour le prix
annuel que décerne notre Société Académique.
Les départements sont loin de posséder dés travaux
d ensemble de géographie et.de topographie qui établissent
leur constitution médicale et fassent connaître les épidé-
mies qui prennent leurs sources dans la nature du climat,
du sol, etc., etc. Cependant , ces topographies, dressées
par k's praticiens des localités, seraient le document le plus
propre à appeler TaUention du chef de FÉtat sur l'assai-
nissement de ces localités maisames. Il paraîtrait que des
réclamations , basées sur des rapports médicaux qui éta-
blissaient combien la Sologne était décimée par des mala-
dies endémiques, n'auraie^U pas peu contribué à décider
le Gouvernement de f Empereur à ordonner les grands
travaux d'jassaihissement de cette, contrée, jusque-là si dé-
laissée. Qui ne connaît les études pyrétologiques de MM.
70 JOtRNÂL DE MÉtedftlS.
Nepple, Bailiy, de 6lots , Bretonneau , de Tours , Fopget
et Toardes, de Strasbourg, et les recherchas qui ont feit
apprécier les fièvres intermittentes dans leurs rapports
avec d'autres maladies. Les noms de MM. Andoùard , Bou-
din, Maillot , rappellent ces belles recherches faites en
France , comme en Algérie ; et avec quel intérêt l'Aca-
démie de Médecine n*a-t-elle pus écouté , il n*y a que
quelques années, le remarquable rapport qui lui fut lu sur
les travaux de M.Chaçsinat, travaux qui avaient pour but.
la comparaison entre eux des cas de phthisie , de fièvre
iyphofde et de fièvre intermittei'ite daiis les ports de Brest,
Toulon , Roohcfort.
Aucuns travaux, que je sache, de géographie médicale
tendant à établir les constitutions épidémiques de notre
département, et ici je veux parler dé travaux d'ensemble,
n'ont été tentés jusqu'à ce jour. C'est un* fait regrettable,
car, pour ne parler que dtes travaux relatifs à l'étude de la
fièvre intermittente , confibien cette fièvre ne trouve-t-elle
pas dé foyers qui la développent dans les dix sept mille hec-
tares de marais dVau ^douce , les deux mille hectares de
marais salants , et Jes bent mille hectares de landes que
contient environ' le déparlement de la Loire-Inférieure.
J'ai, compris les landes comme terrains qui dégagent le
miasme des fièvres périodiques , en tant seulement que ces
landes sont en voie de défrîcheîment;, car tout remuement
de lérreô incultes est toujours accompagné du dégage-
ment de ce miasme , qui n'est pas seulement le propre des
eftluves marécageuses. ~
Tous les nvédecinsqui iBxercent leur^irt parmi les po-
pulations qui avoisinent le lac de Grand-Lieu , le plus
grand lac de France, les étangs de rarroridissement de
Châteaubriant , les marais d'eau douce et salée des arron-
dissements de Savenay et de Paimboêùf, ont pu observer
avec stfin toutes les formes que le ç^énie des fièvres inter-
mittentes sait revêtir V formes/ aussi variées que bizarres,
et qui n^onl pas toutes été signalées par Tortî. Si Difeu
m'en donne le temps , j'achèverai , je respère , l'essai de
topographie et de géologie médicale de rârrémdissement
foi^ii. DE uÈVBcam* 71
de Paiiir^hœuft J>i beaucoup de noies élaborées qu^ je n'ai
plus qu'à coordonner. Je connais cet arcondissement pour
l'avoir parcouru jours et iVuils dans toutes &es directioas
pendant quinze années \ et je donnerai le tableau abrégé
de toutesi les fièvres qui m'ont. paru offrir des ikccès , des
accidents pernicieux.; Je comparerai les fièvres , quant à
leur degré d^ gravité , qui se montrent le long de cette
long,ue zone circulaire de marais d'eau douce et salants
qui s'étendent depuis la Loire au, lac de Grand*-Lieu , et
de là à. Machèçou)., et de cette dernière ville jusqu'à la
Bernerie , entre Bourgneuf-en-Retz et Pornic. Je parlerai
aussi des fièvres des marais de Haute- Perche et de la Gi-
guenais., et jç comparerai , dis-je , toutes pes fièvres par
miasme paludéen . avec, celles quj se développant dans
l'intérieur des terres et sur des plateaux éloignés des
effluves marécageuses ; et , de celte comparaison ,. il ré-
sultera,que remj[)oisQnnement (|ui constitue la fièvre est
d'autant plus redoutable , que les habitations sont plus
rapprocliées des marais. Il resté de belles études à faire sur
cet empoisonnement paludéen. Ainsi, on a beaucoup écrit
sur les accès de fièvre qui sont la manifestation de cet em-
poisonnement; mais il est un empoisonnement lent, qui ne
se manifeste quç tardiyeiïient par des act es à stades régu^
liers ; c'est une soi^te de période d'incubation du miasme,
pei^dant laquelle lesorgaues vitaux éprouvent une commo-
tion gradueue et générale, qui va bientôt déplacer suc-
cessivement les forces motrices de la périphérie au centre,
(lu centre à la périphérie du corps, et produire cette
irritatiqu nerveuse qui va agiter ,. avec un grand tumulte,
ainsi que le disait Âlibért, Te système circu{atoire> «t con-
gestionner la rate. £h bien ! cette période d'incubation du
miasme puituléen n'a pas été étudiée avec assez de soin ,
et cependant cette étude est de. la plus haut^^ importance ;
car, avant que la fièvre éclate , si le malade 9 dont l'écono-
mie est ^ux prises avec le miasme marécageux , vient à fuir
vers un lieu élevé, loin du foyer de l'infection , quelques
jours passés dans ce lieu salubre ont suffi souvent , avec le
secours d'une tisane amère, telles que celte de petite oen-
72 joubuai. de «ëmcirb.
tauréfi , pour faire jivorter le miasme et en faire cesser la ,
période d'imprégnaiion. Beaucoup de domestiques d'habita-^
tions situées au milieu des marais venaient me consulter
pour épargner le prix d'une visite. Je leur épargnais , moi ,
la fièvre , alors qu'ils n'étaient que dans la période d'incu-
bation , en leur conseillant de prendre une tisane amère ,
quelquefois un vomitif ou un purgatif, suivant l'indication ,
mais en leur enjoignant , et c'était là l'ancre^ile salut , de
séjourner pendant un temps convenable à leur guérison ,
chez leui^ jparents , lorsque ceux-ci demeuraient loin des
marais. Si c'en était ici le lieu , je blâmerais les hautes
doses de sulfate de quinine que certains malades avaient le
soin de prendre avep persévérance dans le but de se dé-
barrasser de la fièvre, sans pouvoir Souvent y réussir, au
heu de suivre le conseil qu€| je leur donnais de fuir la
localité où ils avaient gagné la fièvre. Chacun sait que c'est
là le meilleur moyen de faire cesser les fièvres invétérées.
En disant qu'aucuns, travaux importants n'ont été
publiés dans ce département, à ma connaissance, sur les.
fièvres périodiques causées par les miasmes marécageux, il
est bfen entendu que j'ai voulu dire qu'aucuns travaux sé-
rieux dé géographie médicale n'avaient été livrés à l'im-
pi*ession , car les fièvres périodiques ont été étudiées par de
bons observateurs qui nous ont fait connattre le fruit de
leurs études, et, à ce sujet, j'éprouve un vrai plaisir à citer
le nom de mon honorable ami, le docteur Marcé , médecin
de f Hôtel-Dieu de Nantes. Il y a même à dire, pour être
juste , qu'une conquête a été faite par les habiles médecins
de cet hôpital. Ce sont eux qui paraissent avoir été les
premiers à fixer l'attention de la science sur un signe qui
semble appelé à dévoiler le caractère pernicieux de la
fi^vré intermittente, ou rémiltente. Je veux parler de la
pâleur extrême de la langue, jointe à la laxité et au défaut
de caloricité des tissus de cet organe. Il arrivé que la
langue se montre d'une pâleur telle qu'elle semble exsangue
et dune flaccidité de tissus qu'elle semble avoir macéré
dans de l'eau, quand on a -affaire à une fièvre qui va
prendre le caractère pernicieux ; mais j'observerai que
JOimNâL DE HÉDBCINE. 73
Texamen attentif de nombreux malades m*a appris qu'il rry
a pas que la langue qui soit décplorée d'une manière si
caractéristique, tQutes les muqueuses visibles à Tgeil le
sont: ainsi, kumaqueuSie labiale, la buccale, la conjonctive
palpébrtile ct.mème le petit corps, cliarnu, qui, placé daas
l'angle interne de Tœil, porte le nom de caroncule lacrymale.
Cette pâleur de la langue, sa largeur, la température basse et la
flaccidité de cet organe, a tel point qu'il semble avoir séjourné
dans Teau pendant plusieurs heures, restent évidentes pen-
dant tOQt le temps que dure la période pernicieuse ; mais
sitôt que, sous l'action du sulfate de quinine ou de quin^
quina, le caractère insidieux de la fièvre ton>be4 la langue
paraît moins décolorée , moins fanée, moiùs flétrie, elle
devient aussi moins molasse et moins froide, et de jour en
jour, à mesure que l^e danger s'éloigne, elle prend de rank-
mation. On o donné à cette décoloration toute remarquable
deJa langue, le nom dé couleur feuille tnorle. Je ne suis pas
assez versé dans la connaissance et l'appréciation des cou-
leurs pour savoir si la couleur feuUle morte, bien connue
des ouvriers des ^Aobêlins, doniie bien l'idée de la décolo-
.ration delà langue jdans. la fièvre périodique pernicieuse ,
et rend bien la vérjté. C'est une décoloration suigeneris,
qu'il faut avoir ;vue^ pour ^en. avoir une idée bien netter.
(Lixigua prppria.)
4^ me hâte (('arriver à l'observation de fièvre pernicieuse
cholérique -qui a donné lieu à ce petit travail, et qui en
constituera tout Tintérfet, si jamais il mérite quelque intérêt.
. " OBSERVA tlON.
M "^^ Albert, âgée de 60 ans, d'une cotistilution ner-
veuse, joui 1 d'une lH>nne santé. Elle ne se souvient pa^
d'avoir jamais ^té gravement malade. Ë^le éprouve brus-
quement de vifs chagrins, à Gand, par suite de la ferme-
ture ^ inattendue du théâtre, où sa demoiselle, vient de dé-
buter en qualité de première chanteuse. Elle a été aussi
en proie, dans cette vill^, à de cruelles émotions, à une
frayeur . cbniitiue causée par lea ravages du choléra. Elle
74 JOUBM^t «B KÉIIBGniB*
n'a portant pas éprouvé de. derangemenU des voiesiiiges-
tives , à r«jLception du jour dé son départ pour Paris, où,
pendant tout le voyage par le chemin de-fer, elle a eu-des
coliques fort douloureuses. Pendant son séjour à Paris, qui
e^ d'une semaine, les coliques ne cessent pas, quoique plus
supportables ; eKes sûnt accompagnées- de diarrhée., , ce
que la malade attribue à Teau de la Seine; elle ne coi>Si|ite
point de méde^n, eUe ne fait emploi d'aucun «aimant
Elle arrive à Nantes , et après avoir pris l'air du théâtre,
elle sia préoccupe du sort qui attend les débuts de sa lUIé,
préoccupation d'autant plus vive à mesure que le= jour, des
débuts approche, quelle connaît la cbute...devant ri>pfaiou
publique du plus grand nombre des débutants. Devant cette
contention d'esprit, elle sent ses aer&s'agacer« elle cherche
à les calmer ainsi que les coliques et la diarrhée qui con-
tinuent à la tourmenter^ par des infusions de tilleul avec
addition d'eau de fleurs d'oranger. Elle a remarquéi depuis
deux jours, que vers les trois heuresilu soir, elle est prisé de
froid aux pieds et aux mains, puis d'un élatdé malaise gé-
néral, ensuite de chaleur à la p^u, de douièùr» de tète: elle
éprouve alors l'envie de. boire des boissons froides* (elle
croit bien avoir eu. un peu de fièvre), et elle ^décides
faire appeler un raédecifr, surtout pçur calmer les coliques
qui, loin de cesser, paraissent augmenter; il en est de même
de la diarrhée. Notre honorable collègcle, M. HéUe, voit la
malade. Son état ne paraît offrir rien d'ihquiétànt; il se
borne à lui donner quelques sages conseils, à lui .prescrire un
régime convenable el l'usage de calmants.
La malade ne passe pas Aial la première moitié Je la
Journée du 10 décembre ;^ mais, vers tt'ois heures après
midi, elle est prise du frisson de -la veille^ accompagné. d'un
intiment tel de courbature générale , de sidératipn das
forces, qu'elle a à peine le courage dé se déshabiliéur. EUe
n'est pas montée au lit, qu'elle éprouve uu froid glacial
aux extrémités pelviennes et thoraciques d'abord , ^ puis
dms la région des reins : Jes . dents claquient d'One n^ai-
nière fatiguante et le besoin de vomir se fait vîte si^ntic.
Au bout de quelques mimites, les vomissemeois sont Jur
KKIBHAI. DS vAuLiamk 75
ceasants, 1«9 oolîcpies prennent une grande intensilé; elles
s'accompagnent de cranapea dans les cuUses et surtout
dans les mollets. Des évacuations divines, d'une od^r fé-
tide , se répètent tellement, qu'en moins de trois heures elle
compte avoir été plus de vingt fois à la selle , el chaque
garde-robe est précédée ou suivie de vomissements peu
abondants de matières liquides d*une couleur porracée et
d'une amertume prononcée. Cet état s'aggrave encore de
crampes tellement douloureuses et tellement rapprochées ,
quelles arrachent à la patiente des* cris perçants. £n ma
qualité de médecin du Théâtre^ le Directeur me prie
d!aller de suite voir la malade : il était alors 8 heures du
soir; .
Voici Tétat.de la malade:
La peau est froide comme du marbre /les mains sont
légèrement cyanosées; il en est de même des pieds : les
jambes sont rapinrochées des cuisses et celles-ci dû siège,
par des crampes qui paraissent occasionner les plus horri-
bles souffrances. La voix est cassée, presque éteinte; la
langue est très-large, mdiiàsse et iremblottante , elle est
froide et recouverte d'un endpit verdâtre : j'ai le' soin de
la laver avec de l'eau froide, et elle me paraît de suite
avoir la coToration terne et d'une pûleur remarquable, qui
caractérise, sous le nom de couleur de feuille morte /la
fièvre périodique pernicieuse. Je m'arrêtais à cette pensée
que la mabide, qui avait éprouvé les jours précédents,
toujours à la même heure, un léger paroxysme fébrile ,^
était cette fois sous le ooup d'un accès de fièvre perni-
cieuse cholérique; cependaat, j'avoue qué^ sans cette
circ(H)staBce de petits accès de fièvre à heure fixe, les jours
précédents , et sans aussi l'examen des matières , des vor
missements et des évacuations alvines qui n^étaient pas de
la nature si caractéristique àaes' selles du. choléra- mor bus,
j'eusse é(é disposé à admettre un cas grave de choléra , bien
que; depuis une quinseainede jours, le choléra eût à peu
près disparu de notre ville. Je fis entourer la malade de
boQteiliiBs d'eau booitlante; je lui repassai ia colonne ver-
tébrale avee^uii fer que je. promenais sur un long morceau
7
76 JOUBNAL BB mÉDECIllE.
de flanelle, sur lequel j'avais jeté^ de Feau de- Cologne ,
pendant que l'on courait chercher un x^îtron ei de la glace,
ainsi que de la &rine de moutarde. Bientôt des cataplas-
mes de moutarde pure furentappliqués autour des pieds et
dès poignets et sur la région épigastrjque. Pour toute mé*-
dication interne., on se bornait à engager la malade à sucer
un peu de glace pilée , qui était arrosée par quelques
gouttes de jus de citron et par quelques gouttes d'éther. sui-
furique.
Cette médication fut soutenue jusque vers l'heure ^e
minuit, sans avoir réussi à produire la moindre iréac-
tion : tes crampes avaient pourtant perdu de leur inten-
sité, le$ vomissementâ étaient moins incessants; «t les
selles, qui étaient involontaires, avaient toujours l'odeur
d'une grande fétidité. Quant au pouls , il était filiforme ;
on avait même quelquefois de la peine à le saisir. Cet état,
do la plus haute gravité, avait: nécessité Tasâistançe d*un
prêtre, et la malade venait de recevoir rÈxtrème-Onction
avec toute la liberté de ses facultés intedectueiles ^ lors-
qu'elle fut prise d'un état de syncope qui exigeait continuel-
lement finspiration des vapeurs d'éther et d*acide acétique
et aussi le lancement au .visage d'eau froide. Je confesse
que je m'attendais à voir la vie cesser promptement , et que
ce ne fut que pour sauvegarder ma refsponsabilité que je
fis chercher un de mes collègues.
Il était environ une heure après minuit, lorsque H. le
docteur Charryau fils arriva. La malade était alors un peu
moins mal : il y avait un semblant de réaction, et bien que
mon confrère crût, comme moi , à une mort très- rappro-
chée, nous arrêtâmes d'essayer le sul&te de quinine -à
doses élevées. Sur les deux heures après minuit, la réac-
tion était plus Apparente. Le pouls était plns-saisissable,
et , bien que la déglutition parût .encore difficile , la ma-
lade put cependant avaler 20 centigrammes de sulfate de
quinine dissous iflans une cuillerée d'eau à la glace, avec
addition dé quelques gouttes de jos de citron et deux
gouttes d'éther sulfurique. Très-exactement de demi<-heure
en demi-heure , on fit avaler , de la même imanière , 20
lovKPtkh BB MÉinGirai, 77
centigrammes de siel de cpiinine, et la malade en ingéra
quatre grammes - dans les 24 heures. Le fébrifuge fut
nriieux supporté par Testomac qu'on aurait pu le supposer
tout d'abord ; il y eut cependant^ dans les trois premières
heures, deux, vomissements qui durent rejeter une partie
du médicament ; mats les vomissements cessèrent et les
évacuations divines diminuèrent également à mesure que
la réaction s'accomplissait. Vers les huit heures du lende-
main , la réaction était assez prononcée pour qu'on dût
renoncer^ continuer les sinapismes.
Je. coupe' court fi celte observation qui, délayée désor-
mais dans trop de détaiJs , ferait perdre de vue l'intérêt
qui s'attache aux symptômes culminants. Qu'il suffise de
savoir que, bien que quatre grammes de sulfate de quinine
eussent été ingérés dansjes premières 24 heures, l'accès
se fit néanmoins sentir le lendemain deux heures plus tard
que la veillô : mais le paroxysme ne fut pas intense, et. tout
laissa espérer qu'en continuant le sulfate de quinine, on ar-
rêterait les accès subséquents. M"* Albert continua de
prendre, pendant six jours consécutifs, quatre grammes de
sel fébrifuge par 24 heures, et, comme ce médicanient
héroïque avait réussi au-delà de nos espérances, on en
diminua la quantité. Celle-ci fut réduite à deux grannmes
par jour, puis à un gramme, enfin à cinquante centigram-
mes; cependant, Kemploi de ce moyen ne cessa entiè-
rement que le 30 décembre, époque à laquelle la guérison
parut radicale.
J'avais oublié de dire qu'à dater du^ jour de l'invasion du
terrible accès de fièvre, il y avait eu suippression entière des
urines jusqu'au septième jour. La palpation de la région
sus-pubienne ayant laissé croire, à rabsènce d'urine dans
la^ vessie , on avait ajourné l'application d'une algaiie. Il
ne devint pas néeessaîrèsde recourir aU cathétérisme; lu-
rine prit son libre cours, ainsi qu'il a été dit, le septième
jour ; et , à : dater de ce moment, chaque journée annonçait
un prompt retour a la santé. Aujourd'hui, 20 février ^ la
guérison ne s'est pas démentie.
78 lOUUIAL DB HteSOlHB.
RÉFLEXIONS.
Torti empruntail au symptôme le plus cafaninant la dé-
nomination qu'il imposait à chaque fièvre pernicieuse ; mais
il existe des fièvï*eà qui offrent en même temps plusieurs
symptômes dominants , et dont aucun n'est précisément
culminant j d'après la rigoureuse acception ou àignification
du mol ctilmtfumi.
Cette difficulté dans le choix de la dénomination à im-
poser aux maladies, justifierait en partie la bfsuirre nomen-
clature admise par M. le professeur Piorry, si dette
nomenclature ne supposait une profonde connaissance des
racines des langues, surtout de la langue grecque , connais-
sances en linguistique que les médecins les plus savants
ne possèdent pas toujours. Ainsi ,. dans robservation qui
précède , trois synnptômes se distinguent parmi tes autres :
le froid de la peau , la fréquence des vomissements , Tégale
fréquence des déjection? alvines. Laquelle des trois déno-
minations suivantes, puisqu'elles sont toutes les trois admises
par les auteurs, fièvre cUgide , fièvre vomitive, fièvre cfto-
Wn'çu^, choisirez- vous? Cette réflexion fait voir combien
il est difficile de. trouver une dénomination nette, claire,
précise , ponr une maladie , et c'est ce qui explique pour-
quoi certains noms bizarres, tel que celui de Croup , par
exemple , mot d'origine écossaise, resteront, longtemps dans
la science. Ceci dit, il est facile de déduire les raisons qui
empêchèrent vite de persister à croire que M"** Albert était
prise du choléra ; et cependant , celte pensée devait venir
tout d*abord, d'autant plus naturellement, qu'à l'époque du
iO déceit)bre, jour de l'apparition de l'accès pernicieux,
l'épidémie cholérique qui a ravagé Nantes avait à peine
disparu. Les raisons qui ont fait diagnostiquer une lièvre
intermittente pernicieuse cholérique , se tiraient surtout de
la connaissance apprise par la malade qiie les jours pirécé-
dents, à pareille heure, elle avait éprouvé un léger paroxys-
nié fébrile. En outre, les vomissements, les déjections al-
vinés , étaient de nature bilieuse et d'une entrôme fétidité.
Or, on sait que les vomissements et les évacuations alvines
jManOi BB ,iiÉ0«aM. 79
sont d'upe nature sut gêneris , nature qui jette un grand
jour «ur le diagnostic.
Dans la fièvre ciiolérique, la eonceRtràtion des mou-
veoients organiques de la périphérie au centre du corfts
détermine- le froid de la peau^ car la caloricitéf cette
propriété du corps humain de conserver sa température
dé 30 à 32 degrés, diniiniie par Taffaiblissement de
l'exercice de, la sensibilité à fur et à mesure que les dé-
jections alvines brisent les forces par leur fréquence. On
peut même dire qu'il n'y a pas de fièvre pernicieuse cfao-
léricpiesans le refroidissement des extrémités; mais, dans
cette fièvre toujours grave, l'estomac devient surtout le
siège d*une ardeur, d'une anxiété extrêmes .: delà, le be-
soin instinctif des boisâons froides; de là, le l)ien&it de
ces boissons, que Ton ne doit donner que par très-petite
quantité à la fois; car, il paraît prouvé que, danslecho^-
léra , la, fonction dVhsorption de la part de l'estomac est à
peu près entièrefnent paralysée, et la paralysie de cette
inopor tante fonction doit être prise en grande considération :
elle doit faire repousser du .traitement du choléra toutes
ces boissons chaudes que ronangèré avec. une déplorable
profusion, dans le but d'amener la réaction. L'estomac
dont la. faculté d'absorption est presque anéantie , se rem-
plit de ces boissons comme un vase inerte, et sile vomis-
sement ne vient à le vider, le refoulement du diaphragme
ne contribue pas pour peu à rendre la respiration anhé-
ieuse et pénible.
Dans ht recherche des causes des maladies , l'homme qui
est doué du sentiment philosophique ne se laisse pas dé-
courager; car, il sait que la science progresse, et ce qui n'a
pu êtr<e découvert hier ^ Je sera aujourd'hui ou demain. Il
est de toute probabinté' scientifique que Ton finira par
connaître,' par saisir la véritable^ cause du choléra : déjà,
cette cause est entrevue. Il est vraisemblable que le miasme
du ciioléra enlève, au sang l'impi^ession {Simulante par
laquelle, à l'état normal, ce liquide provoque l'action vie
rhythmcdu cœuc>; car, le sang du ohotérique paraît être
vicié, il ne senble pas oxigéné , et la vie, a dit Aicheraiid,
80 lomuiiL BB KÉMcnns.
est subordonnée à l'oxidation da sang diuis le poumon; et
à la distribution de ce sang vivifié dans les orgatieé. Le
choléra constituerait donc un empoisonnement miasmatique,
dont la nature , l'essence du miasme , seraient encore in-
connues.
Que certains praticiens, de bons esprits, du reste, qui
ont obtenu par l'emploi du quinquina à hautes doses des
succès dans les cas les plus désespérés, viennent soutenir que
le choléra n'est autre chose qu'une fièvre pernicieuse dont
l'écorce du Pérou fait justice , rien ne paraît moins prouvé,
ou plutôt rien n'est moins vrai. Tout ce qu'il y a de sensé
dans cette opinion , c'est que , lorsque le quinquina donné
à doses élevées^ a jugulé une attaque de choléra, ce succès
démontre que Yàn avait affaire à une fièvre pernicieuse
cholérique. L'élément , le génie de la périodicité n'avaient
pas été découverts. Voilà tout , et c'est en cela qu'a consisté
l'erreur du diagnostic, erreur que le Quinquina est venu
rectifier. (Naturam morborum osteudunt cqnîtiones.)
cr Dans la fièvre pernicieuse cholérique,' a écrit Torti ,
l'élément de la périodicité de la fièvre ost -voilé par le
masque du choléra, mais 1& symptôme culminant suit le
mouvement et la période de la fièvre,; comme l'ombre
suit le corps. » Cette ingénieuse comparaison est de toute
vérité, et elle révèle un ^profond observateur dans le mé-
decin de Modène. .
Chaque fois que, dans te travail, j'ai écrit le mot çtitti-
quina^ j'ai entendu par ce mot générique, ta quinine et
les sels de quinine, et je reconnais toute la îùslesse des
considérations cofitenues dans le passage suivant, que je
copie littéralement dans l'excellent ouvrage du docteur
Bailly, de Blois<:
(f Avant l'analyse do quinquina, avant la découverte de
la quinine, il était nécessaire , dans un traité de fièvres
intermittentes, d'entrer dans tous^ les détails propres à faire
connaître les différentes espèces de quinquina et leurs pro-
priétés relatives ; mais aujoUrd'Jiui qu'une substance iden-
tique remplace toutes ces variétés, nous renvoyons l'histo-
rique concernant cet arbre à lia matière médicale. Quelle
JOUMiX DE HÉDBqmS. 81
que soit son origine , la quinine sera considérée en elle-
même comoie le sont tous les autres médicaments simples,
tels que le mercure, la morphine, l'étherf etc.
» Ce 4ébut ne parait guère aononcer que nous hésitions
entre le quinquina et la quinine : telle est, -en effet, Qotre
manière de voir, fondée sur plusieurs centaines d'observations
de succès en Italie.. La. quinine convient toujours là où le
quinquina eist indiqué; alors encore elle convient mieux que
lui ; elle peut opérer des guérisons qu'il serai! incapable
d'aniener: elle est exempte.de la plupart des inconvénients
auxquels il donne si. souvent lieu. En. un mot, c'est une
des plus belles: acquisitions que Ja médecine ait faites. Il
arrive souvent que le quinqnina est vomi, et alors on a
fatigué le. malade sans âueun résultat avantageux»' Combien
de fois à Thôpital du SaintrEsprit n*ai-je pas vu les draps
ou le plancher couverts de quinquina rejeté. Sur cent lits,
il eût été difficile d'en trouver dix dont les draps n'en
eussent pas été plus pu. moins salis. Comment J'jestômac ne'
rejetterait-il pas une dose aussi considérable de bois amer
et nauséeux, lui qui, à l'époque où régnent les fièvres inter-
mittentes, appeAe si avidement les boissons fraîches et
acidulés? » (Bailly, de Blpis: page 406).
L'autorité de Norton , toujours invoquée avec respect
par. Torli, sonouvrage toujours .cité par lui avec éloge,
avaient fait que le précepte de ne pas donner le quinquina
pendant lé paroxysme fébrile, était rigoureusement et gé-
néralement suivi. Cependant, dans certaines fièvres ré-
mittentes, surtout dans celles où la rémission esta peine
sensible, et qui, par le peu de durée de ce temps de rémis-
sion et par l'avancement et la violence de l'accès, suivant ,
portent la dénonriination de sub-intrantes, on fut. tenté,
en présence d'un accès qui menaç(iit la vie, d'enfreindre
la conduite de Morton et . seà sectateurs. Ce fut surtoht
dans certains paysxhauds où la fièvre se montre si prompte-
ment mortelle, qu'on sut s'affranchir de l'autorité de ces
médecins justement recommandables. Des faits d'une
consciencieuse observation apprirent, à connaître que le
médicament làbrifuge pouvait être donné avec profit pen-
S2 joniiiàt m
dani le paroxysne. Quelques pnilicieiis éekirés sur ce
point de dodrioe, cberchèreoi même à génénKet^ l'emploi
du sulfate de quiiûne pendant Taecès fébrile, et un de nos
regrettables collègues, le docteur Harion de Procé, entrant
dans cette voie d'expérimentation , a cru remarquer que le
sel de quinine avait une puissance febrifuge plus grande et
plus ràre lorsqu'il était administré pendant le paroxysme
que lors de l'apyrexie. Les grands noms de Merton et de
Torti se dresseront longtemps encore devant tout praticien
qui poursuivra la voie dans laquelle le médecin en chef
de notre H6tel-Dieu était entré , et bien que le respect
environne ces noms, ils s'inclineront, j'en ai la oon6ance,
devant la rigide observation de faits cliniques. Je me suis,
dans plusieurs circonstances, trouvé assez alarmé par la vio-
lence d'un accès de fièvre, pour ne pas différer d'un seul
instant l'emploi du sulbte de quinine. Je n'ai pas eu à le
regretter, je crois même avoir eu à m'en applaudir.
OJBSER VA TIONS cliniques^parnMkiaBMR,
médecin de L'Hôtel-Dieu de Nantes^ Secrétaire
du CanscU central de salubrité du département
de la Loire-Inférieure.
Oblitération du canal hépaiiqae par un ealcal /
atrophie du foie. .
La veme Pageot, âgée de 76 ans, est entrée à
rhôpilal. le 19 juillet 1854.
Ello présente un ictère général et bien prononoé qui
JOOBlUli DE KÉBBGIIIB* 8S
r^iionte à plqgieurs mois ; de temps en temps, elle éprouve
des accès en tout seroblaUes à ceux des fièvres in-
lennitientes, m^isdoiii les fébrifuges n'empêchent point
le retour. Elle n a point de vomissements et l'appétit est
eu partie conservé ; elle n'a de soif prononcée que pendant
les accès de fièvre, tes gardes-robes sont plutôt rares
que fréquentes , les matières fécales ne sont pas complète-
ment décolorées, lés urines sont safranées. La région
de riiypochondre droit est le siège de douleurs constantes,
ipais peu vives, que la pression et Ik percussion n'exas-
pèrent pas; par ce dernier mode d'exploration, on- déter-
mine une diminution notable du bbtunp de la matité
hépatique, et on diagnostique une atrophie simple du foie.
Ce diagnostic semblait d'autant plus fondé, que les divers
appareils d'organes interrogés avec soin ne donnaient
aucun signe d'altération organique, telle que tubercules,
cancer, etc.
La marche de fa maladie devait' pourtant infirmer ce
diagnostic , et faire croire à une^ lésion grave mettant
obstacie.au cours -ou à la sécrétion de la bile. En effet;
les accès de fièvre se rapprochèrent, l'appétit diminua,
et des vomissements rares d'abord , plus fréquents, vers la
fin de la vie, ne tardèrent pas à se manifester. La teinte
ictérique devint plus foncée et verdâtre; les douleurs de
rhypochondre furent beaucoup plus intenses, l'amaigrisse-
fiient fH des progrès, et ta malade succomba le 22 dé-
cembre 1854, dans l'état de marasme le plus complet.
Le traitement avait consisté dans un réghne sévère,
quelques remèdes alcalins et calmants, de légers purgatifs ;
dans les dernières semaines, les calmants seuls avaient été
employés» A l'autopsie, nous trouvâmes le foie fiasque et
peut-être un peu moins voluniineux qu'à l'état normal;
mais la diminution der volume était moindre que, d'après
les résultats de la percussion pratiquée pendant la vie, nous
n'avions supposé.
Le canal hépatique était oblitéré vers le milieu de sa
longueur par un '.calcul ovoïde de la grosseur du pouœ.
Derrière cet obstacle , le canal hépatique dilaté formait
84 jomiiAL DE tfÉwcmfi.'
une- poche, capable de loger un gros œof de poule , tous
les canaux biliaires étaient énormément dilatés, et on
pouvait facilement introduire le pouce ou au moins le doigt
indicateur jusque dans les ramifications de 3* et de 4*"
ordre. Toutes ces cavités étaient pleines d'une bile verte ,
filaiite , assez visqueuse , contenant une grande quantité
de graviers ; dans qgelques-uns des conduits se trouvent
des calculs mal agrégés , et affectant la forme des cavités
qui les contiennent.
La vésicule forme' une tumeur de la grosiseur d'un œuf,
ses parois sont épaissies, d'un blanc opaque: eHe est remplie
d'une pâte vert foncé, très-homogène, sèche et rappelant
la consistance de la craie. Le canal cystique aboutit au
canal hépatique en avant du lieu oblitéré.
La substance du foie présente ^ne couleur gris-verdâtre
foncé; les vaisseaux sanguins qui la parcourent sont moins
volumineux qu'à l'état normal et ne laissetU écouler que
peu de sang. Le tissu parait évidemment ainoindri par la
compression.
Les deux poumons sont un peu emphysénoateux , pserti-
culièrement en avant et à Ja base.
Les autres or^janes n'offrent rien d'anormal.
. Ce fait nous a semblé intéressant à plusieurs égards:
1*^ Nous n'avons trouvé mentionné dans les auteurs, aucune
observation où la dilatation des vaisseaux biliaires oblitérés
par un calcul, eût atteint les mêmes proportions qii.e chez
notre malade. ' '
2® Quoique le volume du foie ne fut pas notablement
moindre qu'à l'état normal, son tissu était pourtant atrophié
par la compression excentrique qu'exerçait la bile accu-
mulée derrière le point oblitéré.
B"" Tandis que les vaisseaux biliaires étaient dilatés, les
vaisseaux sanguins étaient diminués de volume, et certes,
pendant la vie, la circulation y devait éprouver de grandes
difficultés : néanmoins,' nous n'avonspas observé d'hydro-
pisie, probablement parce que la masse totale .du sang
avait été progressivement diminuée par le dé&ut d'assi-
milation.
JôduriL DE kàdbcuie; 8S
4^' L'émphysème.dé la base du poumon droit, eii don -
liant un son exagéré \ nous avait induit en erreur sur le
volume réel du foie*.
X Voici maintenant un caVd'iclère clans lequel des symp-
tômes de dyspepsie y^ggravant progressivement , mais
assez intenses dès le début , avaient fait immédiatenieni
songer à une affection organique plutôt qu'à une atrophie
simple, tin sqùirrhe do pylore avait déterminé l'oblitéra-
tion du canal cholédoque.
Sqùirrhe du pylore, obliléralion du canal cholédoque.
Lé nommé Cloarec , Claude , âgé de 50 ans, cotonnier,
enlrç^ ThôpilaJ ie 26 décembre 1854. . , .
Ictère remontant à quatre ou cinq mois ; constipation
liabituelle ; anorexie ; douleur à la région épigastrique ;
rapports acides \ vomituritipns fréquentes : quelques ali-
ments liquides sont seuls supportés.
Le traitement consiètedans la.diète et quelques laxatifs,
des applications calmantes surj'àbdomen.
H sort de.rhôpital le 22 janvier 1855, sans changement
notable dans son état: il y rentre le 1.3 février suivant.
La coloration de la peau est la même que la première
fois , peut-être un peu plus foncée ; lamaigrissement est
considérable ,, la faiblesse très-^grandè ^ l'épigastre est le
siège de vives douleurs , dont le malade se plaint beau-
coup,, et qu'exaspère la moindre quantité d'aliuienis;^ la
pression et la percussion sont également très-douloureuses,
la matité hépatique semble plutôt augmentée que dimi-^
nuér ; des vomissements de . matières alimentaires non
digérées ont lieu fréquemment \ Aucun épanchement de
sérosité. \ -
Les matières fécales ont eté^ constamment colorées , et
les urinesisafranées se coloraient en verX intense par Facide
azotique.
86 JMIIIÂK »B
Oo diagnostique une affection organique do foie ou de
resiomac.
Le traitement a consisté cette fois en laxatifs* et calmants
intus et extus; un vésicatoire volant a été appliqué sur
I epigastre pour essayer de calmer la douleur.
La mort arrive le 8 mars 18S5 et semble due aux pro-
grès de rinanition.
Autopsie. — Le cadavre est très-amaigri ; tous les tissus
sont fortement colorés en jaune. Aucune des cavités viscé-
rales ne contient de sérosité. Une tumeur volumineuse
occupe la pc)rtioii pylorique de Festomac et la première
courbure du duodénum; elle est dure, adhéreivte au pan-
créas , qui participe à Finduration dans une partie de son
étendue ; le tissu cellularre , intermédiaire a ces différents
or;^nes^ est condensé, et une dissection assez attentive
est nécessaire pour les isoler. Dans toute la partie malade
de l'estomac, les membranes sont épaissies ; nulle part,
la muqueuse ne présente dé solution de continuité ; elle
conserve son poli et son aspect villeux. La membrane nius-
culaire et Ja séreuse sont écartées par une couche mince
d'abord , ei s épaississant de pluà en plus, à mesure que
Ion se rapproche dîi pylore^ de substance blanche, de
consistance squirrbeuse ; au niveau de f anneau pylorique,
ce dépôt est très-abondant et forme un bourrelet qui ferme
presque complètement cet orifice , c'est à peine si l'on
y pourrait faire passer une plume d'oie. La production
accidentelleV moins épaisse dans le duodèniim, existe dans
toute la première portion de cet. intestin. De nombreuses
granulations de même nature que la tumeur principale
existent dans le péritoine qui recouvre l'estomac et le foie ;
sur l'estomac, elles sont d'autant plus grosses et plus nom-
breuses, qu'on se rapproche davantage du pylore.
Le foie, un 'peu diminué de volume et de consistance
normale, contient assez de sang; sa substat^oe est d'un
vert grisâtre foncé. Il contient un grand nombre de tu*
meurs sq\iirrheuses de voimne variable et qui semblent
formées de grains réunis ; au centre de ch&eujoe de ces
tumeurs on ne trouvé que la production accidentelle , niais
JOinUlàl. DB HÉMCIRB. 87
eiies envoient de toute leur périphérie des prolongements
rayonnes £ntre lesquels se retrouve la substance du foie;
celles de ces tumeurs qui s^aperçoivent à travers le péri-
toine hépatique forment^ à la surface de Torgane , des
tachos bidncbes étpilées.
Tous les canaux biliaires sont dilatés , remplis d une
bile épaisse, decouleùr vert foncé ; la plupart, pourraient
admettre dans leur cavité un tuyau de plume d*oie ; le
conduit cholédoque a le volume du doigt indicoîteur; son ori-
fice, dans le duodénum, ainsi que toute la partie qui che-
mine dans 4'épaisseur de la paroi de Tintestin , sont com-
plèlemcnt oblitéi'ées. Le canal cystique est revenii sur
lui-même, ainsi que la vésicule, «dont le volume ne dépasse
pas celui du doigt, et qui ne contient qu'un peu de mucus
à peine coloré.
^ La rate préseûtait un peu de ramollissement ; son enve-
loppe ^propre , épaissie , semblait envahie par la matière
squirrheuse. Les reins étaient très-hypérémiés.
Nous ferons remarquer qu'ici comme dans 4'observatron
précédente, il n'y a pas eu d'hydropisiè ; mais nous rap-
pellerons, en nnitgme temps, ..que la cipculation sanguine
dans le foie ne devait pas trouver d'obstacle , et, d'un autre
coté, là dyspepsie qui existait depuis longtemps avait en
pour conséquence nécessaire la diminution progressive des
liquidés apportés au foie par la veine-pqrle.
Le principal trait de ressemblance- entre les deux mala-
des dont nous venons de donner Thistoire, c'est l'existence
d'oin ictère dû à Toblitération des voies biliaires. Une
atrophie du foie commençante dans le second cas, très-
marquée, an contraire, dans le premier, avait été la con-
séquence de, la compression exercée par la bile accumulée,
derrière rubstacle; mais cette atrophie n'était que sympto-
matique, c) autres lésions plus gVîives lui ôtaient toute valeur
au point de vue du pronostic. Il n'en est pas ainsi de
i'atrophte idiopatique, à laquelle il convient d'attribuer
un certain nombre d'ictères graves par défaut de' sécrétion.
Plusieurs cas de cette dernière espèce que j'ai rencontrés
dans la pratique civile, ont été accompagnés de symptômes
88 JOUI^L DE
assez graves pour me faire croire à rexisfènce de lésions
organiques devant déterminer la mort dans un temps limité.
L*issue ayant été autre que celle à laquelle je m'attendais^
j'ai cru utile de comparer la marche qu'ils m'ont présentée
avec ceHe de la mairie de la veuve Pageot.
f/atrpphie simple du foie conduit ausstsûrement à une
terminaison funeste que les oblitérations des canaux biliai-
res par des causes intrinsèques ou extrinsèques , telles
que les hétérosarcoses (cancers , .tubercules) : comme ces
dernières maladies, elle peut donner lieu à. tous les phéno-
mènes de la consomption et à rhydropisie^ dont la produc*
tion dépend évidemment. alors de la. difficulté que le sang
des affluents de la veine-porte éprouve à traverser le foie.
Cependant, Fhydropisie ne s'obserye pas toujouirs dans la
maladie qui nous occupe , et nous pensons qu'on peut aisé-
ment alors expliquer son absence, comme nous ayons
cherché à le faire dans les deux observations précédeikes,
par la diminution du volume - total du sang.^Çn effet, à
mesure que l'altération fait des^progrès, l'appétence pour les
aliments, et surtout pour les sabs^ances animales., diminue ;
elle est souvent remplacée par une répugnance invincible.
Dans d'autres circonstances, la marche de la maladie est
excessivement lente, et, sous l'infiuence durepos,d éva-
cuations plus ou moins abondantes, d'une diète^^vère, on
Voit l'ictère diminuer, la fièvre ciBsser , l'appétit revenir et
se prononcer même avec assez d'activité. Si alors le malade
cède, sans précaution , au désir des aliments, les accidents
ne tardent pas à se reproduire, tandis qu'un régime bien
entendu peut écarter, pour assez longtemps , leur retour.
Nous n'avons pas besoin de dire que l'attention du mé-
decin doit se porter ici ^ la fois sur la quantité et sur la
nature des aliments. En général , leur quantité sera faible:
ils devront être de facile digestion et dépourvus de. toute
qualité excitante; on ne saurait, du reste, poser de règle
absolue , c'est une itude spéciale à faire pour 4baqu£ cas
particulier.
Les travaux modernes sur. la digestion permettent de
traduire en formules scientifiques les considérations qui
JOimNAL BB H^pBCniB. 89
précèdent : si vous fournissez au foie, diminué de volume,
des matériaux de nutrition aussi abondants qu'à Télat nor-
mal, vous produisez un engouement de son tissu et une
compression qui s'opposent à l'exercice libre de ses fonc-
tions dVgîirie sécréteur, tandis quil aurait pu suffire en-
core à rélajboration d'une moindre quantité de ces matériaux.
L'ingestion de substances irritantes, en augmentant l'afflux
du sang artériel, peut produire un eifet analoguç ou même
(les complications iodàmmatoires.
Le médecin ne doit donc point céder aux désirs du ma-
lade^ chez lequel, malgré le retour de l'appétit, chaque écart
de régime est signalé par pnè rechute. La maigreur et
même la faiblesse persistante, sont ici des nécessités qu'il
faut subir^ car on ne peut jamais se flatter de ramener la
digestion à son type normal.
On ne fait, en délinitive, qu'un traitement palliatif; mais
^n n'a pas même cette ressource quand l'atrophie hépatique
est la conséquence d'une autre lésion ; alors on ne voit point
survenir ces intervalles d'amélioration dont nous avons
parlé, et le mal marche incessamment vers sa fatale termir
naison..
£n résuipé, le. diagnostic précis de la causa de Tict^re
étant souvent impoa^ible.v il convient, dans touà les cas
d'ictère chronique, de chercher à obtenir y par le régime,
l'umélioration possible dans l'atrophie simple , impossi-
ble dan$ les autres cas. ^ ^
Chlorose^ fièvre, intermittente rebelle ^ hématémèse y pieu--
, résiepurulentej alHiès de la rate.
BoëdroUr Véronique , âgée de 28 ans, domestique,
entre, le ("février 1855, à rHôpilal.
Depuis deux ans ,. symptômes de chlorose avec aménor-
rhée/ Vers le 15 décembre 18£4 9 ^ns fatigue plus grande
que d'habitude , indisposition caractérisée par un^ douleur
90 JOrailAL DB HÉDBGmi.
gravative ft l'estomac , inappétence , accès de fièvre inter-
mittente, sans type régulier. Le 30 décembre 1854, la
maiiide , qui a Thabitude de prendre ses aliments très-
cbauds, vomit du sang noir caillé en Quantité médiocre ;
le vomissement ne dure que quelques instants « et ne se
répète pas dans la journée. On se borne à' prescrire le
repos , la diète et les boissons (ralcbes.
Le I*' janvier, la malade étant à jeun, est reprise
d'hématémèse en allant à la garde-robe; l' hémofrhagie ,
très-abondante, est suivie d'une syncope qui cesse au bout
de quelques minutes de décubitus dorsal. Je la vois quel-
ques instants après et je trouve le pouls fréquent, mou,
mais assez large ; la peau est froide et décolorée ,• la
connaissance parfaite. Je prescris de réchauffer les mem-
bres inférieurs , d'y promener ^des sinapismes , et je fais
administrer toutes les heures une pilule contenant un cen-
tigramme environ d'azotate d'argent.
Le lendemain ,2 janvier , l'hémorrhagie ne s'est pas
renouvelée ; la pâleur de la peau est la mênae , le pouls
s'est relevé, il n'est pas fébrile. Ce retour de l'hémorrha-
gie, à 48 heures d'intervalle, et Ja préexistence d'accès
intermittents me faisant craindre une fièvre pernicieuse,
je prescris deux grammes de sulfate de quitiine et la conti-
nuation des pilules d'azotate d'argent. - *
Le 3 janvier, accès de fièvre caractérisé par frissons,
chaleur et sueur, mais sans hémorrhagie. (2 grammes de
sulfate de quinine ; les pilules d'azotate d'argent ne sont plus
données que toutes les <leux heures.)
Les 4 et 5 janvier ,\on administre^ un gramme de
sulfate de quinine et on continue l'azotate d'argent. Ce
dernier jour, une augmentation légère de la chaleur, dans
l'après-midi, est considérée comme un souvenir de Tarées.
Le 6, on commence l'usage de l'eau de. Pagliari (15
grammes dans une potion). Cette dose est continuée cha-
que jour, jusqu'à la terminaison. -
La maladjB reste faible ; cependant le pouls se relève et
la pâleur diminue ; sardes-robes noires provoquées par
une petite dose dliuile de ricin:
JÔUBNAI. DB MÉDECINE. 91
^ Le 8, à la suite d*un écart de régin^e (la malade a mangé
de la pâtis^rie) , nouvelle hémorjrbagie considérable ,
suivie. d'une syncope prolongée, après laquelle le pouls
reste petit, misérable, la peau et les origines des mu-
queuses complètement décolorées , la faiblesse excessive.
Douleur constante à Thypocbondre gaucbe, matité étendue
à la région splénique. Les pilules d'azotate d'argept sont
prescrites de nouveau pendant 48 beures; les jours sui-
vants, les accès en tierce continuent; on donne encore
quelques doses de sulfate dé quinine. Vers la fin de janvier,
Tétat général semble un peu s'améliorer, Tappétit se pro-
nonce; quelques cuillerées de bouillon glacé et même un
peu de panade froide sont bien supportés , mais les forces
ne reviennent pas. Le l*"^- février, elle entre à THôpital:
son état est le même que précédemment; elle rend de
temps en temps des selles noires , demi-liquides et très-
fétides. On lui fait le même traitement; le; 6 février, on
y joint le fer réduit par l'hydrogène, à la dose de 10
centigrammes par jour. .
Le IQ février, la malade , qui s'était trouvée mieux
pendant la journée et disait, à 6 beures 1/2 du soir, sentir
un bien-être général, vomit toul-à-coup, à 7 lieures, envi-
ron 300. grammes _de sang. Aucune imprudence n'avait
été commise; elle. avait maipgé, à 4 beures 1/2, la faible
ration i^'aHments qu'on Jui permettait : aussitôt, tipotbymie
complète, qui se prolonge pendant près d'une d<*mi-heure,
puis le pouls commence à se faire sentir, et prend même
une certaine ampleur. (Position horizontale , application ,
sur répigastré , d'une vessie pleine de glace ^ sinapismes
sur les membres inférieurs; à l'intérieur, glace en petits
morceaux.) < '
Vers une heure du matin , trois nouveaux vomissements,
à peu d'intervalle, amenant chaque fois, au deltors, un caillot
gros comme une noix : mais la faiblesse extrême dé la
malade\ et le peu d'efforts qui accompagnent ces vomisse-
ments, donnent lieii de penser qu'une plus grande quantité
de sang s'est épanchée dans Testomac. Le pouls; à 1 10 pul-
sations, est assez développé, mais dépressible. L'irrégularité
B
92 ^OVfmÂL PB piÉ^UM^.
dans 4a sijiccession dés accè» précédents, ne permet pas aie
savoir si ce jour était paroxystique o.u intercalaire. On ad-
ministre 1 gramme 50 centigrammes 4e sulfate de quinine.
Lés vomissements ne se reproduisent pas jusqu'au len-
demain matin, 1 ^ février ; un peu de sommeil. Le Doatin ,
abatten^ent extrême, peau moite, fraîche, pouls à 110. Ouie
trèsrobtuse, intelligence nette. Pas de selles depuis hier,
malgré U sensation du besoin d'évac.uer. (Vési(»toire sur
le sternum et Tépigastre, 75 centigrammes de sulfate de
quiniHe,siaapismes aux membres inférieurs.) ;
Les jours suivants , la faiblesse diminue progressivement,
mais ta décoloration générale reste la môme. Pe $ février,
le pouls a repris de la force , et ne bat plus que % fois
par minute. Constipation qui résiste aux lavements Ijaxatifs,
émission abondante d'urine. (Diète sévère, ip^lgré les ré-
clamations de la malade.). ^
19 février. Expulsion de , quelques boules stercorales
dures, qui ne présentent plus la cou|eur noire. La doti-
teur de rhypochondre gauche se fait sentir plus vivement.
Les frissons, qui avaient cessé depù^ Thématémèse ', ont
reparu, irrégulièrement, depuis le 17- (Potion fébrifugie
opiacée, mêjpe prescpiplîpn du reste.)
21 février. Qppression très-grande,, toux, douleur p)us
étendue et plus vive ai^ côté gauche , pouls fréqiiept , dur,
serré ; on constate Texistepcè d'un épancbement considéra-
ble dans la cavité d^^ la plèvre gauche. IJaùspultation, prati-
quée pliJ^ieurs fois, à une.époque antérieure de la maladie, n!â-
vait donné que des résultats négatifs. (Vésic>atbire sur le côté.)
. I)ans là soirée, l'oppression est la même., Taifaisseme^t
est très-grand, la. douleur nviHe, je pouls donne environ
1 30. Mort à 9 beures.
Autopsie 30 heures agrès la mort.
Décoloration complète (jes tégujnents, pâleur de cire,
membres en résolution complète : dilatation, notable du
côté gauche du. thorax. -
La cavHé pectorale gauche contient 4 à $ litres d'un
sér«Qsité a$s6z limpide et citrine dans les coucbes supé- .
rieures, puis trouble et floconneuse, eofin purulente dans
le tiers iofériéur. Les feuillets, de la plèvre, sont tapissas
d'une fausse membrane jaune, molle, s'enlevant avec le
dos du scalpel* Le poumon, refoulé, te long de la colonne
vertébrale, présente dfns son plus grand diamètre trans-
versal, une épaisseur qui né dépasse pas 7 centimètres.
Sop parenchyme pur de toute altération est exsangue,
sèc , rés^istant' à lasectipn, et ne crépite dans aucun point j
sa couleur est grisâtre. De ce côté, le diaphragme a été
coDsidérablement refoulé ; en bas et au lieu de sa convexité
habituelle; il offre une profonde dépression remplie de
pus ; la fausse membrane qui recouvre la plèvre diar
phragma(ique a une. grande épaisseur.
Du côté droflUde la poitrine.il s'écoule environ t litre i/2
de sérosité citrine très-limpide. Le poumon est légèrement
refoulé vers la colonne vertébrale : son tissu est sain, les
vésicules ne sont pas affaissées. Le diaphragme offre ici la
convexité normale. L^ péricarde est distendu par de la
sérosité limpide. Le cœur, de volume normal, est décoloré ,
ses fibres musculaires sont jaunâtres; il ne contient pas de
caillots. ,
Le foie, notablement augmenté de volume, offre une co-
loration jautie, son lobe gauche va toucher la rate.
La rate, d'un ^volume médiocre4 est enveloppée d'un
épiploon épais, induré, qui la fait adhérer au diaphragme
et à Testomac. .£à cherchant à la séparer de ce dernier
organe, on tomj>e sur un abcès du volume d'un gros œuf
de poule, qui occupe son tiers supérieur, et qui coouQu-*
nique avec un autre foyer un peu moins volumineux placé
plus bas, vers ïe milieu du diamètre transversal. Ces deux
cavités remplies d'un pus épais , jaune et bien lié, sont
tapissées partout par une membrane tomenteuse. Le pa-
renchyme splénique, de couleur rouge lie de vin, est friable
et ^ .laisse facilement réduire en bouillie: il offre assez
bien l'aspi^ct d'uQ poumon passant de l'hépatisation rouge
à riiépatisatiou ' grise.. La coque qui enveloppe Tithcès
s^périeMr adhère à la foliole gauqhe du oeatre phrénique ;
94 JOUBIIÀL DE KÉDBCITŒ.
en ce point , Taponévrose paraît tendue et tirée vers
Tabdomen.
L'estomac ne. présente aucune lésion : sa menabrane mu-
queuse, compiélenient décolorée , présenté seulement deux
ou trois plaques rouges vers le grand cul-de-sac.
La .membrane muqueuse intestinale, également déco-
lorée, n'offre aucvine altération.
L'ensemble des symptômes observés; chez notre malade
et des lésion» constatées «près la mort, nous suggère les
réflexions suivantes: 1<* la maladie primitive a été une
splénite qui s'est plus tard tei'minée pe^r abcès ; 2^ l'hé-
màtémèse a été symptomatique de la mirladie de la rate ;
3^ une pleurésie purulente à marche subaiguë s'est déve-
loppée par contiguité, plusieurs semaities avant la mort , et
c'est à cette citconMance qu'était due l'aé%mentation du
champ de la mutité splénique ; 4^ les frissons irréguliers
observés les derniers jours ont coïncidé avec l'extension
de la pleurésie purulente , à laquelle est venu s'ajouter à
la fin un épanchement considérable de sérosité, dans les
-deux plèvres v et dans le péricarde ; 5^ l'augmentation de
volume du foie et sa coloration , étiolent sans doute en
rappor:t avec le trouble des fonctions de la rate et fa dimi-
nution du champ de lé respiration.
La maladie primitive a été une splénite et une splénite
méconnue, ce dont on n'a. pas lieu de s'étonner, quand on
songe à la rareté relative de cette maladie, eu égard à la
fréquence de Thypertrophie. Toute fièvre intermittente un
peu prolongée donne lieu k un développement anormal de
la rate, et dans les contrées éminemmenî marécageuses ,
comme la Sologne par exemple, l'engorgement de ce
viscère est un fait générai. ^
Selon M. Nepple, rintumescencé splénique ne tient pas
toujours à la fièvre , elle dépend souvent de la seule cons-
titution des habitants des marais , chez lesquels , dit^il ,
on observe une grande ampliation passive du système vei-
neux ascendant , surtout des vaisseaux de l'abdpmen.
Tous les auteurs qui ont écrit sur les fièvres intermit-
tentes sont d'accord sur la fréquence de l'hypertrophie
JOUBIfÛ. DB KÉDBCIMB. 95
spléaique ,. et 'chacun sait ce que H. Piorry a ^crit sur
ce sujet. Dans les fièvres pernicieuses et dans les fièvres
continues graves, on signale bien le ramollisçeroent de la
rate , mais oh parle rareineiU nie splénitç suppurée.
De tous les auteurs modernes, Maumann, d0 Berlin (1),
est celui qui a' donné la meilleure description de la
splénite ; il indique les symptômes suivants : douleurs fré-
quentés à Testomac , nausées , vomissemetits de' matières
muqueuses, bilieuses, sanguinolentes , renvois acides;
ces accidents augmentent par la station verticale.
Plusieurs autres auteurs signalent également rhématé-
mèse comme ^mptôme de la splénite; Marcus.et Heu-
singer la regardent mênfke comme un signe pathognomo-
nique de cette affection.
Ce symptôme n'a pas manqué chez notre malade; mais,
indépendamment de ce que nous pouvions croire à une
hématémèse idiopathique , le retour périodique de Thé-
morrhagie, chez un sujet primitivement atteint de fièvre
intermittente , .devait nous faire penser à^une fièvre per-
nicieuse gastrorrhagique , maladie dont Tortl et plufTieurs
autres ont rapporté des exemples , et que j'ai eu moi-
même oc(^asion d observer che2,un jeune homme de 18
ans, adonné à Tusage des liqueurs alcooliques. Le sulfate
de quinine avait eu ici un plein succès.
Une autre circonstance, qui a rendu le diagnostic en-
core plus difficile , c'est que nous avions affajre à une
splénite chronique , comme. le démontre l'existence d'un
kyste parfaitement organisé autour de la ' collection pu-*
ruiente.. .
L'hématémèse , ainsi que plusieurs autres hémorrha-
gies, a , du re^te , été observée dans les autres maladies
de la rate , et même dans les simples engorgements. ^^
On Kt à la page 487 du tome IV du Compendium de
Médecine :
« L'hypertrophie de la rate, qui est souvent considérable
(1) Handbuch^ der medieuiisches KUnik.
96 jorànAÉ DE «Éiacnlc.
et persiste encore après la disparition de la fièvre . inter-
mittente , peut expliquer certaines hénflorrhagies intesti-
nales. On conçoit, en effet, qu'un organe aussi éminem-
ment vasculaire que la rate, dont )es fdhctioi;is paraissent
liées plus ou moins directement à celles de la circulation ,
doit prendre quelque part à la production des hémor-
rhagiesi »
Galien , en parlant des maladies de la rate , a noté -la
fréquence des hémorrhoïdes chez les sujets qui en sont
atteints; il prétend que ce flux est salutaire , et que,
lorsqu'il vient à cesser , il est remplacé par des vomisse-
ments de sang et des. hémorrhagtes par Tint^tin .ou les
narines. \
M. Gendrin (1) range les maladies du foie et de la rate,
en général , parmi les causes des gastrorrhagies.
Frédéric Hoffmann note . les vomissements de sang
comme un des signes de Thypertrophie splénique, et
regardé comme hors de douté que le sang provient dés
vaisseaux courts, de l'artère et de la veine splénique.
(F|*édéricHoflmann, de'Morbis Lienis.) Les anciens, disent
les auteurs dd Compéndium , avaient imaginé certaines
communications qui n'existent pas entre lés vaisseaux de
la rate et de l'estomac , et ilis croyaient que robstructibn
de ces vaisseaux occasionnait rbématémèsé. (Riolan, Co-
lumbus , Wedel , Marcellus Donatus , Scbénk,, Théaph.
Bonet^ ont soutenu celte opinion.) Cetleliémorrhagie n*a
rien de spécial,, et se fait comme les autre^ hématèmèses ,
par exhalation sanglante dans la cavité de l'estomac. IHa
reste j elle est rare, et an ne lobserù que dans le cas oti
là constitution est altérée et l'hypertrophié splénique déjà,
très-ancienne. Celle-ci ne parait exercer aucune infltience
mécanique sur ta production de Vhémâtémése. ,
Il jious semble cependant que quand l'aUératîon de la
rate est assez prononcée pour gêner le cours du sang dans
Fartère splénique', les autres branches du* tronc cœfiaque
(l) Traité Philosophique dé Médecine Prâtiqtie, t. f , p. 1^.
. SO^Wld DE HÉBSGI«£. 97
doiveiit recevoir en p(us ce que celle-^ci reçoit eÀ mbins^
ce qui devient une câXiSe d'hypérémie pour les organes
auxquels elles se distribuent ; or , <te Phypérémîe à Thé-
moprh'agiô , il h*y a qu'une, différence du plus au
moins (1); ,' ■ \
L'afFaibliissement progressif de r^coriqmie sous -Fin- .
fluence de la chlorose , de l'aménorrhée et de la fiëvi'e
intermittente , mérite d'être pris en sérieuse considération
dans lé cas qui nous occupe. MM. Môttttéfet et .Fleury
disaient etn 1846:
Ce n*est'pa$unedes particularités les moibs importaintes
dé l'histoire deà maladies de ia^ rate, que de voir cet
organe , dont les fonctions sont inconnues ^ et qui ne pu-
ratt guère entretenir de syijnpathie» qu'avec le foje.etresio-
mae , s altérer proinpitement et d'une manière coilstanie,
chaque fois que le. sang a subi qbelqUe altération, que
celle-ci soit primitive ou seulement consécutive. '
Poiir ce qui est de la pleurésie purulente ,- on se l'end
aiséntent compte de sa production aa voisinage de l'abcès
splénique, dont les parais adhièraient au diaphragme , et
Ton sait d'ailleurs avec quelle facilité- les phlegmasies pu-
rulentes, envahissent les tissus similaires^ ceux qui ont
été primitivement alfectés, quand les forces de lëconomie
ont subi une atteinte profoncle.. Cette nouvelle pbl^gmasie,
beaucoup^lus étepdue que la première, est venue ajouter
à [a gravité* du pronostic et hâter la«iort,:qui ne semble
pas avoir été , di^ns tous les cas , la con.séquetice néôes-
saire des àb(}ès de la r^te. G'est elle; enfin , qui a* donné
lieu il l'énorme épànchement séreux des plèvres et dû péri-
(t) 9i on admet, avec M. Beaii^ que la rate est un organe
d'impulsion , et que ~, par son élasticité., elle contribue k faire
progresser le sang dans la veine jBplénique , et , par suite , dans, la
?eine-porte, on concevra que (j^and elle aura perdu cette pro-
priété, par suite d'une dilatation passive , ou d[uiko hypertrophie
permanente r elle se dét)arrassera difficilement' du sang que lui
apporte l'pttère splénique: '
98 JOUBIfÂL DE «ÉBECiraS.
carde , dont le développement rapide a du suspendre si-
multanément les fonctions des pOumons et du cœur.
L'hypertrophie et Taltération de couleur du foie ont été
signalées généralement dans les maladies de la rate. M.
Beau , dans son mémoire sur l'appareil spléno^hépatique ,
qne nous avons cité plus haut, insiste avec raiso" sur la
solidarité qui existe entre ces deux organes. Il rappelle
que , chez les animaux auxquels on a enlevé la rate, '^ foie
se trouve constamment hypertrophié, et il cite de!i*;^^s
observés chez Thomme, dans lesquels l'ablation de la rate,
nécessitée par une blessure « n'empêcha pas la vie de con-
tinuer pendant plusieurs années , et même l'un des àeux
sujets , qui était une femme , put concevoir et accoucher à
terme. Elle mourut cinq ans après, et présenta à l'au-
topsie un foie d'un volume extraordinaire.
L'influence de la gêne respiratoire sur le foie n'a pu
être ici que secondaire ; cependant , l'état de compression
du poumon gauche était tel , que, depuis assez longtemps
déjà , il ne servait plus à l'hématose, dont 4e champ se
trouvait considérablement rétréci , circonstance qui con-
tribuait sans doute à augmenter l'embarras de la circulation
abdominale.
OBSEB. VA TI ON de pneumo-thorax , conÈé-
cuftf à une pneumonie lobulaire , termirtée par
abcès ouvert dans la plèvre, par M/Vallin,
élève interne à l'Hôtel-Vieu {Service de M.
Malherbe).
La femme Coiquaud, Jean, jouniarière, âgée de 42 ans,
présenta, en entrant à l'hôpital, le 6 janvier 1855, lés
JOURNAL DE MÉDÈCINB. 99
symptômes d'un épuisement excessif, (l*un état de débilité
général, sans lésions d'organes apparentes. Interrogée sur
les circonstances qui ont précédé sa maladie, elle donna les
renseignements suivants: elle a quitté la campagne, il y
a quelques mois seulement pour venir h Nantes, où ejle
espérait trouver plus de ressources et moins de misère:
habitation dans un quartier malsain de la ville (je ftlarchix),
dans un logement bas, humide, peu éclairé ; alimentation
de mauvaise nature et insuffisante, misère profonde à la-
quelle viennent se joindre Ie6 fatigues d'un accouchement
facile ; il est \frai , mais après lequel la malade se hâte beau-
coup trop de reprendre des occupations fatiguantes : essais
pénibles d'aHaitement, cessés forcément au bout de deux
mois ; aflFaiblissement tel enfin que Jà femme Coiquaud se
décide à entrer à Thôpital. À cette époque, l'abattement
est considérable, les tîssus sont décolorés, mais non in-
filtrés de sérosité ; le pouls est faible , médiocrement
accéléré; Tauscultation de la poitrine fait entendre quel-
ques râles à grosses bulbes disséminés dans les deux pou-
mons. La re$piratit)n n'est pas gênée, ses mouvements
n'éveillent aucune douleur ; les fonctions digestives s'exé-
cutent assez régulièrement. Malgré une nourriture substan-
tielle, l'usage du vin de quinquina, Tétat ne change pas ;
il s'y joint même des symptômes de nostalgie. Le 18 jan->
vier, son jeune enfant meurt dans une des salles de l'Hôtel-
Dieu ; <}uelques jours après, on lui apprend que .sa fille,
âgée de IQ ans, a disparu, et qu'elle n'a pu être re-
trouvée, malgré les rech^erches actives de la police. Dès
lors, l'adynamie est plus profonde encore^ l'appétit est nul;
il survient un peu de diarrhée.
Le 26 janvier, la malade se plaint d'une douleur sourde,
n^ais peu vive dans toute la .poitrine: l'oppression est
marquée, la tou3^ fréquente, le pouls faible à liO.
L'auscultation révèle des ronclius. sonores et sibilants
dans les deux poumons, .mêlés à des buUes de. râles mu-
queux. Looch, buîl. calm. 2 past. Ipéca. Vésicatoire à, la
partie postérieure du tiiorax.
Le 29 et le 30 , légers frissons le jour, suivis de chaleur
100 joîjuvai. m «ÉMcmB.
et de sueur , venant à ihtervaltes irréguUers. J^x>t fébrifuge
opiacée. Même état de b poitrine. Pot. avec acétate am*
moniaq. et $p. opium.
Le 31 au soir, douleur plus vive au côté droit; respi-
ration courte et gênée ; pouls à 112 , faible, dépressibie ;
rftie sous-crépitant dans le tiers inférieur et postérieur du
poumon droit : résonnadce vocale marquée : pas de souffle
bronchique, d^égophonie^ ni de matité relative en ce
point. Râles muqùeux dans le poumon gauche , expectora-
tion peu abondante de crachats visqueux, blancb&tres, mêlés
de stries sanguines» Un vésicatoire est appliqué sur le côté
affecté.
1*^ février. La douleur et f oppression n'ont pas augmenté
pendant la nuit; râle sous-crépitant, souffle tobaire ,
bronchophonie dans le tiers inférieur du poumon droit:
dans les points où s'entend le souffle bronchique^ on perçoit
une respiration amphorique douteuse, existant seulement
dans les fortes respirations. La voix présenté aussi à un
faible degré le timbre amphorique. La sonorité n'est pas
dimiiiuée dans tout le côté, la vibration est la même qu'à
Tétat normal.
2 février. Même état général ; le pouls est à i 12 , faible,
dépressibie, Toppression est médiocre, la douleur presque
nglle: le bruit vésiculaire ne s'entend nulle part , niiais la
respiration et la voix amphoriques sont parfaitemenl: dis-
tinctes dans toute la partie droite de la poitrine en arrière;
il n'ya pas de tintement métallique : lasuccussion hippo-
cratique ne produit point le bruit de flot. La "sonorité est
tympanique dans tout le côté malade qui est sensiblement
désveloppé ; les espaces intercostaux sont bombés et élargis.
Le poumon gauche, ausculté avec le plus grand soin , ne
présente aucun signe de tuberculisation. -- .
3 février. La sonorité s-est étendue à la |)nrtie latérale
et atltérieure ; mais aU niveau du quart inférieur du poumon
droit, on trouve une matité relative très-prononcée : on
n'entend pas d egophonie en ce point. La nialado est de
plus en plus affiftissiée, les mouvements inspiratoires sont
L
JOfJRlfAI. DE UÉXKCOŒ. 101
feibies et courts, sans angoisse ; la douleur est nulle , l'ex-
pectoration très-peu abondante, et seulement muqueuse.
I^e 4 et le 5. Matité plus étendue en arrière :. absence
die tintement métallique, ei de bruit de flot: diarrhée
abondante, fièvre hectique. Les symptômes précédents
persistent jusqu'^à la veille de la mort; la faiblesse augmente
chaque jour, la malade est très*souvent assoupjç : elle
n'uccuse pas de dopleur, à peine de Toppression.
Le-^IÔ, la respiration. est plus gênée^ fréauente, anxieuse:
les extrémités, les lèvres, la face sont violettes ; la malade
succombe enfin le. 1 1 février , avec tous les symptômes
d'une asphyxie lente.
Autopsie 40 heures après la mort, le eadacre ne ^
présenlatU aucun signe de putréfaction.
L» thQracenthèse pratiquée à la partie supérieure et laté-
rale de la poitrine permet de recueillir dans une vessie
adaptée à la canule, du trocart, une qnantilé de gaz qu'on
peut évaluer à un Htre et dômi. Ce gaz dégage une
odeur d'hydrogène sulfuré très-prononcée ; dirigé dans une
dissolution d'acétate de plomb, il donne un précipité noir;
il colore également en noir la canule en argent de Tinstru-
ment : il (rouble Teau de chaux , mais pas assez prompte-
ment pour faire croire que le gaz soit presque entièrement
formé d'acide carbonique. A l'ouverture du thorax , il
s'écoule environ deux litres d'un liquide constitué par une
faible quantité de sérosité ci^rine, tenant en suspension
une matière mucoso-purulente en masses numinulaires, qui
représente assez bien l'expectoration des phthisiques, et
qui fornae les deux tiers de tépanchement : ces masses
arrondies sont en partie blanchâtres , en partie Jaunes et
rouillées, nulle part brunes ou sanieuses. Ce liquide est
enf(*rmc entre les deux plèvres parfaitement libres de toute
adlh^rence, et recouverties d^une pseudo-membrane jaune-
clair, épaisse, surtout dans le cul-de^sac inférieur, où du
pus parfaitement homogène constitue seuirépaûchement.:
cet enduit se détaehe en grattant légèrement avec le
102 JOUBNAL D£ MÎÉBBCIIVS.
scalpel, et présente dans une grande étendue, principale-
ment sur la plèvre costale, une teinte légèrement brune ,
due peut-être à laclion du gaz hydrogène sulfuré.
En quelques points, Ton trouve de petites plaques noir
res, arrondies, de la grandeur d'une lentHIe, enchâssées
dans la séreuse , de consistance fibreuse ; elles sont au
nombre de trois : deux à là partie moyenne et latérale de
la plèvre costale, une autre à la partie supéneure et in-
terne de la plèvre. pulmonaire : elles sont très*adhérentes
et paraissent n*avpîr excité autour d'elles aucun travail
d'élimination;; elles, n'ont pas non plus l'apparence sèche
d'une esc^arre gangreneuse. Le poumon, réduit à une
lame très-mince, si ce n'est dans l'espace correspondant
à l'angle costo-vertébral « est appliqué contre le rachis. On
y voit, à la partie postérieure, devenue externe, deux ou-
vertures circulaires, pouvant admettr^ une sonde de femme,
à bords minces et lisses, situées fune au-dessus de l'autre,
h la partie supérieure du lobé inférieur. Un trajet très-
coqrt, oblique de bas en haut et d'arrière en avant, conduit
à une cavité qui pourrait loger un œuf de poule , et dont
la paroi, lisse et régulière , est formée par du tissu hépatisé
au second degré, nullement infiltré de pus,, ni recouvert
d'une fausse membrane. Cette cavité ne contient aucun
liquide : elle présente l'orifice de trois rameaux bronchi-
ques , à section très-nette et dont la muqueuse est à peine
injectée ; on amène , en raclant les parois , un liquide clair,
légèrement rougeâtre, d'une odeur d'hydrogène sulfuré,
mais qui ne rappelle nullement l'odeur caractéristique de la
gangrène.
Uhe couche de tissu Tiépatisé, d'un centimètre d'épais-
seur, violacé, à déchirure grenue, entoure cette cavké, et
forme comme un noyau parfaitement distinct par sa consis-
tance, du tissu voisin. Au-delà, de celte zone, et dans tout
le reste du poumon, le parenchyme comprinié>st verdâ-
tre , dense, mais surnage à l'eau. Nulle part, on ne trouve
la moindre trace de tuberculeé : la plèvre gauche contient
une sérosité limpide, très-abondante; elle est injectée,
mais non recouverte de fausses membranes ; le poumon
JOtmilAL Iffi «lÉDEClIfE; 103
gauche, un peu affaissé, est engoué à la base, il est
complètement efxempt de matières tuberculeuses. Tous les
organes voisins , thoraciques et abdominaux , sont écartés
de leur position normale : le. cœur , surtout , se trouve
placé dans ia partie la plus externe du côté gauche, et est
refoulé d'arrière en avant, contre le thorax, par Tépanche-
ment de ce côté. Le diaphragme, revêtu de la plèvre, forme,
à droite , une poche, remplie du liquide de Tépanchement,
qui descend fort bas derrière le foie , et le déforme com-
plètement. Le foie, très-volumineux, est pftie , de couleur
fauve, piqueté de points rouges; sa consistance est dimi-
nuée , les doigts pénètrent facilement dans son tissu ; sa
pesanteur spécifique n'a pas sensiblement changée : cette
dégénération affecte toute Tétendué du parenchyme ; de
plus, il présente l'état graisseux à un degré tel, qu'en le
coupant, la lame du scalpel se recouvre d'une couche de
matière suiffeuse, d'une ligne au moins d'épaisseur.
. Les autres organes n'ont pas été examinés.
QueHe est la nature de la lésion qui a donné lieu à l'exca-
vation, et, plus lard, à la perforation du parenchyme
pulmonaire ? Les circonstances qui ont précédé le début
de la maladie , l'état cachectique du sujet , s'accorderaient
très-bien avec la présomption d'une gangrène circonscrite
du poumon , à l'état d'excavation formée par le ramollisse-
ment complet , et l'évacuation de la matière gangrenée.
Mais, dans les foyers gangreneux , la cavité est habituel-
lement anfractueuse , irrégulière ; les parois , noirâtres
ou verdâtres , sont tapissées de débris putrilagineux, pro-
venant de l'élimination de l'escharre. Dès débris dii bour-
billon, des lambeaux gangrenés, unesanie noirâtre, d'une
horrible fétidité, se retrouvent dans le liquide épanché;
la lésion est ordinairement multiple ou plus étendue. Or ,
ces caractères , Todeur spéciale de la gangrène surtout ,
ont fait complètement défaut, et leur absence doit faire
naître des doutes sur la nature gangreneuse du foyer.
D'une autre part , l'existence de celte excavation dans
104 JOUBICA& M KÉBBGBIB.
le lobe inférieur, alors que les sommets et les parties restées
saines ne présentent aucune trace de tubercules , la na-
ture du noyau d'hépatisation, dans lequel $*est développée ta
cavité, excluent Tidée d'un /amollissement tuberculeux.
La supposition d'une hémorrhagie pulmonaire en foyer,
n'est guère plus probable.
Nous trouvons décrite, dans l'ouvrage de MM. Rillietet
Bartfaez surtout , une forme de la broncho-pneumonie des
enfants , la pneumonie lobulaire ou mamelonnée , dont
les caractères anatomiques présentent, avec ceux que nous
avons sous les yeux , une analogie remarquable.
(r Les abcès du poumon, disent-ils, appartiennent, pres-
que exclusivement, à la pneumonie lobulaire.' Ces
abcès se forment au centre d'un noyau d'hépatisatioQ
mamelonné, entouré d'un tissu par&itement sain. ^.. . Ils
ont, en général, une assez grande tendance à s'apprœher
de la sgrface de l'organe , et si une inflammation
adhésive ne vient pas unir les plèvres , il y a pneumo-
thorax. Dans ce cas, la poche est entièrement vide. Cette
terminaison de la pneumonie, ajoutent-ils, est loin d'être
rare ; et , chez deux de leurs malades^ il y a eu complica-
tion de pneumo-thorax. i>
La forme symptomatologique permet aussi de faire les
mêmes rapprochements : la douleur manque presque cons-
tamment , ou bien elle est diffuse et peu intense ; l'expec-
toration est nulle ou catharrale. « Le mouvement fébrile,
disent les mêmes auteurs, n'est presque jamais réactionnel ,
il prend quelquefois le cachet hectique .... Le type de la
fièvre se rapproche souvent du type rémittent et «léme
intermittent. » Ils insistent particulièrement sur ce point ,
et, chez notre malade, cette rémittence a été assez sensible,
pour qu'on ait cru devoir donner ^ à deux reprises, le
sulfate de quinine.
Une objection sérieuse pourrait être élevée au sujet de
la rareté de cette forme de la pneumonie, dans l'âge
adulte : très-fréquente chez les enfants d'un à cinq ans, cette
affection est , en effet, d'autant plus rare, que les individus
avancent davantage dans la vie.
JOUTAI DE M^p^.I1|l)2. 10$
Cependant, a dans les pneumonies secondaires, dit M.
Chomel, c'est principalement la forme, lobulaire que Ton
rencontre surtout chez ladulte. » Or, dans le caç actuel, la
faiblesse excessive du sujet , la préexistence d'un catarrjie
bronchique général, le décubitus prolongé, étaient autant
de prédispositions^ à ce qu'une inflammation secondaire du
poumon se développât, sous l'influence d'une cause en appa-
rence insignifiante. Et, telle était la faiblesse de. la réaction,
que Fintrôduction des liquides du foyer dans la plèvre, que la
pleurésie suraiguë consécutive^ n*ont excité ni douleur très*
vive , ni anxiété, ni gêne extrême de la respiration, symp*
tomes presque constants de l'invasion du pneumo-thorax.
Nous venons de dire pleurésie suraiguë consécutive , car
nous ne croyons pas quil y ait lieu d'invoquer ici la pré^
existence d'une inflammation de la plèvre, qui, par un tra>
vail ulcératrf de celle-ci vers le poumon , aurait produit ou
contribué à produire la perforation de la paroi pulmonaire :
l'auscultation , pratiquée presque tous les jours , n'eut pas
manqué de donuer les signes d'un épanchement pleuré-
tique, s'il eût existé. Un fait qui concorde avec l'absence
d'une gêne^ très-grande de la respiration , cVst qu'on a
observé, au début, un souffle et une voix amphpriques très-
obscurs , tenant sans doute à l'étroit/esse de la fi§tule et à la
petite Quantité de gaz épanché : plus tard, cette fistule s'est
agrandie; mais, déjà, le poumon avait été lentement com-
primé, et la malade s était peu à peu habituée àrinsuffi--
sance de la respiration.
pin dehors de l'appareil respiratoire , l'aulopsie a révélé
un fait intéressant qui porte sur un organe dont la patho-
logie n*est pas, à beaucoup près,, aussi avancée que le mé-
riterait son importance : le foje ^ présenté au plus haut
degré les caractères assignés à Tétat adipeux. Cette lésion,
que l'on pourrait dire spéciale à la phthisie, affecte cepen-
dant une femme oui n'a présenté, nous le répétons, aucune
trace de tubercules. Mais il est permis de faire entre la
phthisie et le pneumo-thorax envisagés :^ un certain point
de vue , des rapprochements qui semblent assez naturels :
(ï\x^ côté, des masses tuberculeuses compriment, si elles ne
détruisent pas, le parenchyme pulmonaire, et diminuent
106 JOUBIIAL DF KÉDBCIRB.
d*autant le champ de la respiration ; de l'autre, la présence
d*un fluide liquide et aériforme dans les plèvres, affaisse
les vésicules par une pression lente et énergique qui peut,
comme dans le fait actuel , rendre le poumon tout entier
imperméable à Tair. Or, dans les deux cas, le sang ne
subit plus dans les poumons les modifications ordinaires;
moins oxygéné, il ne suffit plus pour comburer les prin-
cipes hydro- carbonés de la graisse amenés dans le foie par
le système de la veine-porte , et cette cause étant cons-
tante, Taccumulation de la graisse deviendra bientôt con-
sidérable. Mais, chez les phthisiques, ce n'est qu'au bout
de plusieurs mois que cette altération a lieu, tandis que
notre malade a été exposée pendant 12 jours seulement à
ces conditions physiologiques. Faudrait-il admettre avec
M. Louis, une forme aiguë de cette transformation du foie,
en rapport d'ailleurs avec Tasphyxie lente produite par la
compression d'un des poumons par le pneumo-thorax , de
l'autre par Tépanchement pleurétiqlie , du cœur enfin par
ces deux causes à la fois? ou bien, faut-il prétendre,
comme M. Bonnet, que l'inflammation suraiguë de la
plèvre diaphragmatique s'est propagée au foie, et que la
dégénération graisseuse n'est qu'une terminaison de l'hé-
patite? Nous n'invoquerons pas davantage les autres hypo-
thèses imaginées pour expliquer les corrélations qui existent
etitre les maladies chroniques du poumon et la production
de l'état gras du foie, cet organe appelé par certains
physiologistes, le poumon de l'abdomen. Remarquons seu-
lement que le sujet de l'observation est une femme ;_or,
dit M. Louis, les femmes sont plus exposées que les hommes
h cette transformation graisseuse, dans le rapport de 4 à 1.
Terminons cette note trop longue déjà , en rappelant
que le bruit de flot et le tintement métallique ont manqué,
alors que se trouvaient réunies toutes les circonstances
propres à favoriser leur développement. A l'égard du bruit
de flot, cependant, il eonvient de dire que l'on n'a im-
primé à la malade que de légères secousses, l'état de faiblesse
du sujet s'opposant à ce qu'on usât plus vivement d'un
moyen qui, dans certaines circonstances, a quelque chose de
brutal et de répugnant.
JOURNAL
DB LA
SECTION DE MÉDECINE
DE LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE.
BULLEim DES S.ÉANCES.
Séftnee duH mai i855.
PR&SIDBnCB DB » IB-CinHBDB.
Le procès>verfoal de la dernière séance est lu et adopté.
lia Section de Médecine a reçu une lettre de M. 9èrtn-
lus , de Marseille , en réponse au rapport dé. M. Haiherbe,
9
i08 JOUIRAL DE MÉBBCnŒ.
sur son mémoire intitulé : De Vinfluence de Védairage au
,gaz sur la santé publique.
Dans cette lettre, M. Bertulus s'applique à faire ressor-
tir les différences que présentent , dans leur action sur l'or-
ganisme , les gaz acide sulfhydrique et oxyde de carbone.
Il paraît mettre en doute TactioD véritablement délétère de
ce dernier et reproche à la Coromiss^oo de lui avoir at-
tribué des effets aussi nuisibles qu'à Tacide sulfhydrique.
Après cette lecture , M. Malherbe demande la parole et
s'exprime ainsi :
« M. Bertulus attaque une des conclusions de la Com-
mission , ainsi conçue :
ir Les qualités nuisibles du gaz oxyde de carbone sont ,
pour le moins , aussi prononcées que celles de l'acide suU
fhydrique , et nous regrettons que H. Bertulus n'ait pas
recherché la part qu'il a pu avoir dans la production des
accidents observés à* Marseille. »
j» L'expression pour le moins est assurément la seule ,
dans cette phrase , dont la justesse puisse être légitimemeut
contestée, et , en la remplaçani pa» celle-ci : presque aussi
prononcées , etc. , nous ne voyons pas quelle objection on
pourrait nous faire. C'est à tort que H. Bertulus accuse la
Commission d'avoir attribué à l'oxyde de carbone les mê-
mes propriétés qu'à lacide sulfhydrique, aucun de ses
membres n'a jamais^ eu cette pensée ; mais elle a établi
et croit devoir maintenir que le gaz oxyde de carbone pos-
sède une action délétère indépendante de son action mé-
canique ; sans quoi , il ne serait pas plus nuisible que
l'acide carbonique, que Thydrogène pur, que l'azote,
qu'on a pu introduire à très-forte dose dans des atmosphè-
res artificielles sans troubler notablement la respiration des
animaux sur lesquels on expérimentait, tandis qu'un cen-
tième ou un demi-centième de gaz oxyde de carbone
suffisait pour donner la mort.
» L'espèce d'innocuité que M. Bertulus attribue à Toxyde
de carbone n'est point démontrée par le passage sur lequel
il s'appuie , puisque l'auteur cité reconnaît à ce gaz une
influence sur le système nerveux.
JOimrVÂL DB MÉDECINE. 109
» Remarquons , en passant , que les recherches attri-
buées ici à Orfila sont dues à Nysten.
D L'observation suivante, citée dans notre rapport,
prouve assez bien que les effets de ce gaz ne se dissipent
pas toujours avec rapidité : Un ouvrier robuste et intel-
ligent respira du gaz sortant par la soupape d'un gazomè-
tre ; il fut renversé. Malgré les soins qu'on lui donna , il
éprouva un malaise continuel , avec extrême agitation et
besoin incessant de se mouvoir. Au bout de quelques mois,
il devint fou et mourut dans cet état deux ans après.
» Nous ajouterons qu'on ne connaît pas les effets de la
respiration, longtemps continuée, de très-faibles doses
d'oxyde de carbone ; mais , ce qu'on sait très-bien , c'est
que le gaz de houille en contient une proportion moyenne
de 7 Vo « 6^ que les moyens d'épuration n'ont aucune prise
sur lui , tandis qu'ils peuvent,. quand ils sont bien appli-
qués , faire disparaître à peu près complètement les com*
posés sulfureux.
0 La Commission avait donc raison de se préoccuper
de l'existence de l'oxyde de carbone, dans le gaz pour
l'éclairage , et d'exprimer le désir qu'on étudiât son action
sur la santé de ceux qui le respirent accidentellement.
» Pour ce qui est de l'hydrogène sulfuré , nous n'avons
nullement cherché à infirmer ce que M. Bertulus dit de ses
effets fâcheux ^ seulement , nous persistons à penser que
c'est conclure prématurément que de prétendre que ce gaz
est la seule cause de la nocuité des miasmes , et qu'à lui
seul doit être attribué le développement de tous les typhus.
Nous gardons cette manière de penser , même après la
lecture de l'intéressante observation rapportée dans la.
lettre de H.. Bertulus. »
L'ordre du jour appelle à la tribune M. Mahot , pour la
lecture d'observations cliniques. (1)
M. Malherbe lit ensuite une observation d'abcès de la
rate. (2)
(1) Voir page 117.
(2) Voir le noméro précédent.
110 J0UBRAJ4 BB l^ÉDBCnaU
Séance du 15 jum 1855.
PBÉSmBNCB DB M. LBTBRTIEUB.
Après la lecture^u procès-verbal de la dernière séance ,
M. Harcé lit la dernière partie de son travail sur la Sémiio-
logiê de$ flivreê intermittentes. (I)
(lette lecture donne lieu aux réflexions suivantes :
M, iluôfnata trouve le travail de M. Marcé entièrement
neuf et original ; il est disposé à lui donner pour cela de
grands éloges. Il craint, toutefois, que ces détails minu-
tieux d'anatomie pathologique ne fassent perdre de vue le
génie de la maladie , Tintoxication paludéenne. Il craint
aussi qu'en fixant trop son attention sur les lésions locales,
on ne soit conduit à leur opposer une médication trop ac-
tive et à négliger l'administration du quinquina, qui doit
toujours constituer la partie principale du traitement. Pour
lui , dans les cas très-nombreux de fièvres intermittentes
3u'il a eu occasion de traiter, il ne s'est janiais préoccupé
es complications ; le sulfate de quinine a toujours fait
justice de tous les symptômes. Il constate à regret , dans
ces recherches minutieuses d'anatomie pathologique , le
défaut de grandes vues philosophiques. II est peu partisan,
en général, des recherches nécroscopiques ; il craint que,
dans ces recherches , on ne prenne quelquefois pour des
lésions morbides , des altérations purement cadavériques.
JV. Marcé répond qu'il n*est pas de l'avis de M. Âubi-
nais et que les recherches anatomiques peuvent être très-
fécondes en pensées philosophiques. Ainsi , M. Cruveil-
hier , comme il vient de le dire , ayant eu l'occasion de
faire l'autopsie d'un individu qui était resté pâle et op-
pressé, à la suite de fièvres paludéennes , découvrit des
traces d'inflammation rayonnant de la partie supérieure de
la rate, à travers le diaphragme , aux organes de la poi-
(1) Voir page 125.
ioÎTÈNJkL DS MÉDECINE. Ifl
trine situés immédiatement au-dessus. H. Marcé pense que
celte voie ouverte par M. Cruveilhier peut être féconde
en indications thérapeutiques. Pour lui , ayant eu à traiter
des sujets affectés de cachei^ie paludéenne , combattue
inutilement par le sulfate de quinine , il fut conduit , par
la circonstance de l'oppression et du sentiment de gène
accusé dans la région.cardio-splénique \ à attaquer loca-
lement la maladie locale par des vésicatoires et des appli-
cations stibiées , et il fut assez heureux pour obtenir une
guérison demandée en vain jusque-là aui^ préparations de
quinquina.
M. Bélie a soigné pendant plusieurs mois , à rhôpital ,
le malade Gruèard , dont M. Marcé nous a parlé daps son
mémoire. Il constata, en effets chez ce malade, une hy-
pertrophie de la rate vraiment énorme ; le cœur était sou-
levé et le battement de là pointe avait lieu très-haut. Les
bruits du cœur étaient éclalants comme cliez les chloroti-
ques. Le sujet paraissait profondément anémique. Il disait
avoir eu une dysenterie longtemps prolongée, mais point
d'accès de fièvre intermittente, il eut des hémonhagies par
diverses voies : des épistaxis', des hématémèses et des hé-
morrhagies intestinales (ce qu il prenait sans doute pour
une dysenterie). Le sang était évidemment altéré.
Dans lautopsie, on constata , comme Ta dit M. Marcé,
que ta rate , appuyée en bas sur la fosse iliaque , avait forcé
la pointe du cœur à remonter. Chez ce malade, le dépla-
cement du cœur était bien dû évidemment à celte énorme
hypertrophie de la rate.
Sbis, en est-îl ainsi dans tous les cas où la rate s^e
gonfle?
M. Hélie rie le pense pas ; il est extrêmement rare , dit-
'I» que la rate vienne ainsi prendre un point d'appui solide
à la partie inférieure de Fabdomen , et , dépourvue de ce
point d'appui , il hai est impossible de faire remonter le
cœup.
Le silence des auteurs, à cet égard , doit faire voir à
M» Barcé qu€ cet effet doit être bien rare, puisqu'il n'a
jamais été constaté dans les autopsies.
112 joirnnu. db MÉmcuis.
Chez beaucoup de malades affectés de cachexie palu-
déenoe , les bruits du cœur peuvent être entendus plus
haut qu*à Tétat normal; c'est que ces bruits sont devenus
très-éclatants , ils peuvent souvent « comme chez certaines
chlorotiques « être entendus à distance. En raison de cette
circonstance, H. Marcé aura confondu peut-être les bruits
avec le choc qui , lui , n'est pas fort. Comme les bruits du
cœur s^entendent dans une étendue considérable , il est
fisicile de se figurer leur maximum d'intensité plus haut
qu'il ne l'est réellement.
H. Hélie a vu , dernièrement , plusieurs enfants affectés
de cachexie paludéenne : chez un seul, la rate était dé-
veloppée ;chez tous, cependant, les bruits du cœur s'en-
tendaient dans une très-grande étendue.
La rate , à l'état normal , n'est pas située sur un plan
antérieur à celui du cœur , mais bien sur un plan posté-
rieur ; il paraît , d'après cela, fort difficile de comprendre
comment , en se tuméfiant, elle pourrait rejeter la pointe
du cœur en arrière. La rate est également située plus à
gauche que le cœur , elle devrait donc , par son gonfle-
ment , repousser la pointe du cœur du côté droit plutôt
que du côté gauche.
M. Malherbe a trouvé le travail de M. Marcè très-inté-
ressant , sous plus d'un rapport. Contrairement à ce qu'a
dit M. Aubinais , ce travail lui parait offrir de l'intérêt,
même au point de vue philosophique. Quand on étudie les
diathèses , Jl &ut tenir compte de toutes les lésions locales
qui peuvent se produire sous leur influence. Dans Jes fié-
vres intermittentes simples , de date récente , on n'a pas à
s'occuper , il est vrai , des lésions locales ; elles ne sont
que passagères et disparaissent avec la fièvre. Hais , dans
les cas chroniques , c'est tout différent. On aura alors à
traiter les lésions développées soqs l'influence de la dia-
thèse paludéenne , lésions qui sont devenues permanentes
et qui , souvent , à leur tour , entretiennent la fièvre. C'est
Jà de bonne philosophie médicale.
Quant aux déplacements mécaniques du cœur, ils se
développent sous des influences diverses et la rate , sans
JOtrSNAL D£ MÉIkEGIN£. 113
aller s'^arcbouter sur la fosse iliaque , peut, elle aussi , les
produire par sa tuméfaction considérable. La rate, il est
\Yai , H^est pas la cause, la plus ordinaire des déplacements
du cœur, qu'on observe dans la cachexie paludéenne* L'é-
tat d*atonie dans lequel sont tombés les organes digestifs
détermine raccùmulation des gaz dans l'estomac ; cet or-
gane , ainsi distendu , pre^e , à travers le diaphragme, sur
la pointe du cœur et la rejette souvent à plusieurs centi-
mètres en dehors du mamelon.
m, Thibeàud fait quelques réflexions sur l'étiologie des
hydropisies , oui survieruient à la suite de l'intoxication
paludéenne. 11* a vu des enfants qui présentaient un gonfle-
ment vraiment énorme de la rate, et qui \ cependant ,
iVétaient ppint affectés d'jjydropisie. Il a observé , d'un
autre côté, des hydropisies consécutives aux fièvres inter-
mittentes , sans tuméfaction (le la rate. Ce ne pouvait donc
pas être le déplacement du cœur par la raté qui avait causé
ces hydropisies.
M., Thibeàud trouve très-utiles les recherches d'anatemie
pathologique , mais il veut que l'anatomie. reste a sa
place. Les faits de déplacements du cœur, par la tuméfac-
tion de la rate, sont-ils positifs? Pour lui , U n'est pas
disposé à le croire. Il pense que les hydropisies consécu-
tives aux fièvres intermittentes sont dues à l'iiltération du
sang , survenue par suite de Tinfluence prolongée des
miasmes paludéensi sur la nutrition. ^
M* Marcé ne pense pas et n'a pas pu dire que ce soit
toujours l'état du cœur qui produise , dans ce cas ,^ Thy-
dropisie. Il a dit seulement que lorsque cet état morbide du
cœur existe, il y a là un élément de plus, qui peut avoir
sa part dftns la production de Thydropisie.
Comme M. Afalherbe, il pense , contrairement à M. Hé-
lie , que la rate peut' soulever la pointe du cœur sans s'arc-
bouter au bas de l'abdomen. Il a constaté ce refoulement
du cœur chez presque tous les malades de répidfémie de La
Divate, dont il a parlé. D'ailleurs , il n'a poiot confondu ,
conime l'a supposé H. Hélie , les bruits et le choc du
114 JOVnilI. Bl BÉIIICIRI.
cœar; le choc, comme les bruits, loat dtatt situé plus
haut qoe dans l'état normal.
M. Marcé a fiiit , sur le vivant , nne expérience qui lui
paratt concluante; il a, chez des enfants, refoulé la rate
avec la main vers la poitrine , et , de suite, il a constaté ,
en présence d'élèves qui Font vu comme lui , que la pointe
du cœur était aussitôt remontée et venait battre dans l'es-
pace intercostal situé au-dessus de celui où ses battements
se faisaient sentir avant Texpérience.
M. Marcé ajoute^ pour répondre à ce qu'a dit H. Thi-
beaud , qu'il croit avoir observé que , chez les enfants, les
hydropisies surviennent' moins souvent que chez les adul-
tes , à la suite des engorgements spléniques. Chez eux , la
rate , en se tuméfiant, paraît. se porter beaucoup plus en
bas qu'en haut , ce qui peut tenir à une résist&nce moins
grande des parois abdominales.
Il pense, du reste , que lorsque Tengorgement dé la rate
est rapide, cet organe remonte davantage vers la poitrine;
quand , au contraire , Thypertrophie de l'orgune est lente
et progressive^ les ligaments tiraillés cèdent peu à peu et
la rate se porté principalement en bas.
M. MfjHherhe dit que bien certainement les altérations
du sang peuvent produire des hydropisies, mais que, dans
ces circonstances , il faut reconnaître , en outre , Inexis-
tence de troubles fonctionnels du cœur. Dans les cachexies,
en effet , tous les organes sont dans un état d*atonie et de
reiftchemént; le cœur participe à ce défaut de tonicité,
qui amène une dilatation passagère de ses cavités , dilata-
tion qui pourra devenir plus tard permanente. Il sa produit
par là une sorte d'insuffisance valvufoire , qui pourra bien
être pour quelque chose dans la prodoctioi^ de l'hydropt-
sfe. Le développement de Thydropisie , dana les maladies
du coeur , est souvent peu en rapport avec k gravité des
lésions cardiaques. H. Beau a dit que pour qu'etie %e pro-
duise , il est nécessaire qu'il y ait un dé&ut de proportion
entre Tobstaclè et la force qui doit le vaincre. Quand les
cavités du cœur ont perdu leur force contractile ,. une alté*
loeiHài. Bs utamcBOi. iftS
ration trës-iégère peut alors être suffisante pour faire nattre
Thydropisie.
Jf . Trastour pense que tous les faits d'observation sont
importants à considérer, mais qu'il faut tâcher de les in^
terpréter d'une manière convenable. Dans Tintoxication
paludéenne, on Constate, d'une part, une altéralion du
sang consistant en une diminution des globules, de l'al-
bumine , etc. ; et, d'une autre part , une tuméfaction dé la
rate. Le&troubles cardiaqoe^i sur lesquels M. Marcé viejit
d'attirer notre attention , sont un troisième fait qu'il ikut
admettre , mais t]oelle signification lui donner? Devra-t-
on attribuer les troubles^observésdans lés fonctions du cœur
à riotoxicalion du sang ou bien à Tengopgf'mént de la
rate? Peat-êlre à l'un et -à l'autre. Nous croyons cepen-
dant , dit M. Trastour, que l'altération du sang doit avoir
la plus grande part dans la production d^s bruits anor-
maux du cœur.
M. Hélie a cru trouver, dans la position normale de la
rate, une impossibilité pour ce viscère de repousser la
pointe du cœur en arrière; mars il faut remarquer que la
rate, en se tuméfiant, ne garde pas sa situation normale,
elle se porte en avant dans l'abdomen et quelquefois jusqu'à
l'ombitie, EUe ne se trouve plus alors sur un plan posté-
rieur à celui du cœur. -
Il ne faut pas croire non plus que, Sans point d'appui
solide à sa partie inférieure , la rate ne puisse -pas dévjer
le cœur en baul et à gauche. Il a été démontré dernière-
n^ent que le diaphragme pouvait, dans certaines circons-
tances, trouver, daMs les viscères abdominaux, un point
d'appui suffisant pour abaisser les côtes. La rate peut s'ap-
puyer ainsi sur les^utres viscères de l'abdomen et soulever
la pointe du cœur. Get effet a lieu^ sans doute, dans ces
cas où l'on constante une tuméfaction, considérable de la ré-
gion gauche de l'abdomen^ sans que cependant la rate
soit beaucoup descendue au-dessous des cotes.
M. Marcé a parle d'inflammations subaiguês delà portion
du péricarde la plus voisine dé la rate ; j'ai observé , dit
K* Trastour , dans l'autopsie d'un militaire , qui avait con-
116 JOUANiL BB KtoECpiB.
tracté en Afrique la cachexie paludéenne , des traces d'in-
flammation à la partie supérieure de la rate. Cette inflam-
mation pourrait fort bien, dans certains cas , se communi-
quer, môme à travers le diaphragme , à la portion voisine
du péricarde. Voilà pour les faits; mais la péricardite est-
elle à redouter dans les fièvres intermittentes? M. Trastour
ne le pense pas. Il faut se garder d'être exclusif, dit^il en
terminant. Le quinquina a été trop considéré comme le
seul médicament fébrifuge. On voit cependant très-souvent
des individus , traités longtemps sans succès par les pré-
parations kiniques, débarrassés tout- à-coup de leur fièvre
par un traitement çn apparence insignifiant , quelquefois
môme -sans qu'aucune médication ait été mise en usage.
M. Fleury a réussi à prouver qu'on peut aussi guérir la
fièvre par les douches d'eau froide sur la région spléntque.
La guérison n'a pas lieu , sans doute , parce que ce traite-
ment détermine la réduction du volume de la rate , mais
bien plutôt parce qu'il exerce sur l'organisme une action
tonique et reconstitutive.
M. Leborgne veut ^ avant tout, que; dans cette ques-
tion, les détails ne fassent pas perdre de vue l'ensemble.
Dans une fièvre d'accès, on peut observer , il est vrai,
des syniptômes nombreux du côté du cerveau, des poumons,
de la rate , etc. Mais à quoi bon se préoccuper de toutes
ces lésions passagères? Le quinquina, administré conve-
nablement, saura faire justice de tout» M..Marcé a bien ob-
servé, sans doute , et~ bien conataté les faits qu'il nous a
exposés , mais , dit ^n terminant H. Leborgne , il me pa-
raît avoir attaché trop d'importance à ces détails.
Le Secrétaire,
L.-F. Champenois.
lOimiCAt DE MÉBECINB. 117
OB SERf^J TI ON S cliniques ,parMMxmT ,
docteur-médecin.
Observation I". — Rétention d* urine. — Tumeur de la
prostate.
Lorsque , dans le mots d'août 1854 , je fus cbavgé, par
rÂdfuinistration des hôpitaui^ , du service des hommes
dans rbospice Saint-Jacques , je trouvai, au n^' 21 de la
salle Saint-Ctair , un vieillard nommé Mabit , âgé de 70 à
75 ans , atteint d'une bronchite chronique.
Ce malade était à Tinfirmerie depuis longtemps; de temps
à autre, la toux et surtout l'oppression devenaient plus
prononcées. Il n'était soumis à aucun traitement actif.
Pendant les mois de septembre et d'octobre , Tétat du
malade resta à peu près le même ; vers la fin d'octobre ,
Mabit éprouva une augmentation de bronchite et d'oppres-
sion , semblables à celles auxquelles il était sujet.
On trouvait , à rauscuhation, des r&les sibilants dans la
partie supérieure du thorax , et des râles muqueux en
bas.
Vers le milieu du mois » le malade fut pris de rétention
d'urine; il n avait jamais, jusque-là, accusé la moindre dif-
iiculté d'uriner. :
Pas de douleurs ni dans l'bypogastre ni dans le canal
de l'urètre.
Nous trouvons, le matin, un globe très-dur et très volu-
mineux dans la région de la vessie.
Une très-grosse sonde de Mayor , courbure Gély , y
pénètre presque seule très-facilement.
L'urine, alors, est lancée par un jet assez fort.
Ne connaissant pas cette circonstance , parce que le
cathétédsine. n'eut pas lieu en ma présence , je considérai
le malade comme atteint d'une rétention d'urine par pa-
il8 lOVlHAl DB^ KÉtttCnte.
ralyste de la vessie , et je Je soumis à Taction de la nois
vomique , du 18 novembre au 26. Aucun résultat ne Ait
obtenu.
Les urines, d'abord limpides, devinrent plus tard trou-
bles et rouges.
Les symptômes de bronchite persistèrent et s'aggravè-
rent.
Le faciea du malade s'altéra.
Le 5 décembre au soir , frisson prolongé , nuit fort
agitée.
Le 6 décembre , pouls très-accéléré.
Le 7 , léger frisson le matin , raccélération du pouls est
toujours très-grande ; urines troubles et très-chai'gérs.
Ju<%qu'à la mort de Mabit , qui .eut lieu le 8 ou le 9 dé-
cembre , la rétention d'urine persiste. On sonde le malade
matin et soir , et toujours l*instrumon( étant introduit avec
la plus grande facilité , l'urine est lancée par un jet puis-
sant.
Depuis ies derniers jours de novembre , le malade s'é-
tait plaint d'une douleur vive dans Tarticulation de la
mftchoire inférieure.
Cerveau un peu diminué de volume , ne remplissant pas
la dure-mère , membranes infiltrées^ opaques et non ad-
hérentes sur la convexité des hémisphères.
Substanoe cérébrale , bonne consistance , pas d'injec-
tion.
Le lobe supérieur du poumon gauche est sain , un peu
emphysémateux dans sa partie antérieure.
EngouemeiH , et môme , par endroits , hépatisation au
deuxième degré de la partie postérieure du lobe infé-
rieur.
A droite , œdème du lobe supérieur qui laisse écouler,
à l'incision, uaé sérosité spumeuse, blanchâtre, abon-
dante.
Le lobe inférieur, bien volumineux , est engoué et hé-
patisé dans sa partie postérieure.
JOUKRAdU AB HtitaCniB. 1 19
Le coeaie est augipepté de volume gros comme deux fois
le poiug du sujet.
Quelques plaques blanches sur le péricarde. Adhéren-
ces aociennes , filamenteuses, de la pointe du cœur au pé-
ricarde pariétal.
Le ventricule droit et Foreillette sont distendus par du
sang cruorique et des caillots fibrinéux.
La capacité du ventricule gauche est augmentée , ses
parois nç paraissent pas avoir plus d'épaisseur qu'à TéUit
normal.
Les valvules du cœui^ droit sont saines.
La valvule milrale est un peu épaisse.
Le bor<;l adhérent des valvules aortiques est ossifié.
Le foie est sajn. La vésicule biliaire renferme une grande
quantité de bile épaisse comme du sirop*
La rate a son volume normal , sa consistance est dimi-
nuée^ .
Le rein droit est un peu plus volumineux et plus ar-
rondi que le gauche.
On trouve , en le cot^pant , dans son parenchyme , un
grand nombre de^elits abcès contenant un pus Jaune et
bien lié. 1 .
Ces. a^ès sont, en générât , gros comme des pois
rond& La plu;^ grande partie a son siège dans la substance .
tubuieuse.
Le tissu durrein , en général , me parait plus mou qu'à
rordinaire.
Dans le rein gauche , on ne trouve qu'un ou deux pe-
tits abcès.
Il existe , en ou(,re , à la surface des reins , de nombreux
kystes d'un volume très-variable , depuis celui d un grain
de chenavis jusqu'à cetbi d'u,ne noisette. Ces kystes con-
tiennent un liquide transparent de la consistance d'une
solution dé gomitie un peu épaisse.
La vessie offre le volynie du ppîQg. Ses pairois^ sont
épaissies.
La muqueuse qui la tapisse présente une coloration
noirfttf e.
120 JOQBNAI.. DB HÉDBCniB.
Elle contient une petite quantité d'urines troubles d'une
odeur ammoniacale.
La prostate est hypertrophiée ; elle entoure tout le col
de la vessie et présente même en avant une épaisseur
considérable.
Son lobe moyen , constituant ce que Ton a appelé la
luette vésicale , a acquis un volume remarquable ; il forme
une tumeur allongée et conique que , pour la forme , on
peut comparer à une |)oire allongée ou à un battant de
sonnette.
L'extrémité pointue du lobe est tournée vers le canal de
l'urètre.
La tumeur offre une certaine mobilité.
L'articulation gauche de la mâchoire contient du pus
en quantité notable.
On conçoit facilement comment la tumeur qui vient d*être
décrite mettait obstacle à la sortie des urines. Lorsque la
vessie se contractait, la tumeur s'enfonçait par son extré-
mité pointue dans loritice vésical du canal de l'urètre et
l'obstruait d'autant plus complètement que le malade fai-
sait plus d'efforts pour uriner.
Une circonstance remarquable de cette observation, c'est
la facilité du cathétérisme. Les plus grosses sondes péné-
traient pour. ainsi dire d'elles-mêmes dansla vessie.
Il n'en est pas ainsi généralement dans l'hypertrophie
de la prostate ,.les tuméfactions de cette glande ont pres-
que toujours pour effet de dévier ou de rétrécir le canal de
Turètre, de manière à rendre l'introduction des sondes dans
la vessie très-difficile.
)\ résultait de cette facilité de cathétérisme et de la ma-
nière, soudaine dont s'étaient développés les accidents,
qu'il était fort difficile de diagnostiquer chez Mabit qne
maladie de la prostate comme cause de la rétention d'u-
rine. -
On était tout naturellement porté à voir, dans ce cas,
une rétention d'urine par paralysie de la vessie; cepen-
dant, une circonstance qui devait éloigner de ce diagnos-
tic , c'était la force avec laquelle la vessie se vidait lorsque
JOOUIAL DB MÉDKCIIfE. 121
la sonde ^ étoDi iotroduile, faisait disparatire Tobsiacle
qui s'opposait à la sortie des urines.
Le calhétéri$me étaat pratiqué après la visite par l*élève
interne du service, qui ne me fit que plus tard cette re-
marque , je crus pendant quelque temps avoir à combattre
une paralysie de la vessie , et j'eus recours à des moyens
thérapeutiques qui ne pouvaient nécessairement avoir au-
cun rftsultat avantagent
L'observation de Mabit est un exemple de ces cas si nom-
breux dans lesquels une lésion peut se développer lente-
ment et acquérir des proportions considérables , sans
donner signe de s(jn existence.
Mabit ne s'était jamais plaint d'éprouver aucune diffieulté
d'uriner ni de sentir aucune douleur dans la région de la
vessie.
Tout à coup , sans cause connue , survient cette réten-
tion d'urine complète qui persiste alors jusqu'à la mort du
malade.
L'.urineiut d'abord parfaitement claire et limpide chez
notre malade, puis, elfe s'altéra et devint trouble: et
boueuse ; ce. résultat morbide dépendit évidemment des
troubles que le séjour' prolongé de l'urine dans.la vessie
amena et dans cet organe, et dans les organes secréteurjs,
les reins.
Il me parait évident qu'il y eut chez Mabit , dans les
derniers jours de sa vie , une résorption purulente à la-
quelle on attribuera , je pense, et les frissons très-carac-
téristiques qui eurent lieu et les abcès que nous rencontrâ-
mes à l'autopsie dans les reins et dans Tarticalation gauche
de la mâchoire inférieure.
Enfin , Habit mourut d'une pneumonie , qui se développa
et marcha d'une manière tout-à-fait latente , comme le
faisaient la plupart des ai&çtions de ce genre qui ont été ,
cet hiver , très-fréquentès à l'hospice de Saint-Jacques et
funestes à un si grand nombre de vieillards de l'établisse-
ment.
122 jountAL Bi
ObiêrvaUùn 11^. -r- Cancer du Larynx.
Brelet , Pierre , Agé de 59 ans , «ntra le & décembre
1854 dans la salle Saint-Clair.
Brelet avait été reçu comme infirme à l'hospiee « il y a
4 ans, en 1850, après avoir séjourné pendant plusieurs
mois daqs la succursale.
Il était alors atteint d*un gonflement énorme de toute
l'extrémité inCèrieure droite. Le membre avait pris peu à
peu des dimensions extraordinaires, comme s'il eût été
atteint d'élépliantiasis. Il était indoré comme dans le sclé-
rème.
La peau n'avait pas changé de couleur. Il n'y avait pas
eu de signes d'inflammation du derme ; pas de tumeurs
circonscrites. La peau était sèche. Le malade éprouvait ,
parfois, dans le membre., des douleurs assez vives. Pas^ de
sensibilité notal^le à la cession. L*état général de usante
était bon.
On employa difl^érents moyens pour combattre la mata-
()ie ; iis ne parurent pas avoir d'effets bien sensibles. Peu
à peu, avec, le temps, 1^ gonflement dimmua et il finit par
disparaître presque entièrement. , '
Le malade sortit des infirmeries; il allait et.venait daes
rhospioe , et je le perdis de vue.
Des renseignements que j'ai pris sur. son compte m'ont
appris que bien qu'il ne se irouvftt pas assez malade pour
entrer à l'infirmerie , il avait souvent la voix éteinte et en-
rouée. Il était facilement oppressé ; il avait maigri peu-à peu.
Enfin , ce fut seulement le 6 décembre qu'il entra à Tin-
firmerié et qii'iKfat soumis à notre observation.
La première nuit, il ne se passa rien d'extraordinaire,
et te 7 au matin , je trouvai le malade dans l'état suivant :
Figure amaigrie et pâle, altérée, respiration gênée,
laryngienne. L'inspiration et l'expiration , surtout quand
le 'malade parle, sont sifflantes, et ce sifflement oflre les
caractères de celui qu'on observe dans l'œdème de la
glotie.
Lorsque le malade est tranquille , l'opjpression n'est pas
JOVMJLl DE MÉSECmC. 123
très-prononcée. Il peut rester couché dans son Ht. Il ne
tousse pas beaucoup.
A l'auéculiation , rien de bien notable; quelques râles
moqueux.
Pas de matité.
Brelet ne se plaint pas dé mal de gorge.
On trouve, sur le côté gauche du col et au niveau de
Tangledela mâchoire, une tumeur dure, grosse comme
une pomme, adhérente au larynx, et distincte de la glande
parotide^ et de la glande sous-maxillaire.
Nous nous réservions d'examiner plus attentivement en-
core le malade; mais il mourut dans la soirée, à huit heu-
res, presque tout à coup.
Autoprie. •
La jambe droite n'est pas beaucoup plus. volumineuse
que la gauche. L'épiderme est un peu épaissi et écail-
leux. -' . .
Le tissu cellulaire sous-cutané est plus dense, plus dur
à couper et grenu.
La tumeur du col est disséquée avec soin ; elle est in-
dépendante de la parotide et de la glande sousr-maxil-
laire.
Elle est située au niveau de Tangle de la mâchoire. La
carotide et le nerf pneumogastrique traversent la tumeur.
Le nerf est isolé avec attention , de même que la branchç
du laryngé supérieur. Ces nerfs pai^aissent sains et leur vo-
lume n'a pas diminué dans la tumeur.
il en est de même du dalibre de l'artère.
Le tissu de la tumeur est blanc, d'une consistance squiN
rheUse. Lorsqu'on le comprime, il en suinte un liquide
blanc purulent.
La tumeur , grosse comme une petite pomme , arron-
die, est adhérente à la partie latérale du larynx, dans la
portion placée entre le thyroïde et l'os hyoïde.
Le larynx est enlevé avec la base de la langue.
10
124 ^^^^f* P^ ¥^9^f-
Daps toute sa partie supérieure , la muqueuse est tumé-
fiée, végétante et tapissée par une sanie blanchâtre.
L'épiglotte est ramollie; lorsqu'on y touche» elle tombe
en putruage. Elle est relevée, adhérente, ne peut plus
s'abaisser sur lé larynx.
Les ligaments aryténo-épig|ottiques ne soDt plu$ recon-
naissables.
Du côté droit du larynx , on voit encore le ventricule et
là corde vocale inférieure.
Mais la corde vocale supérieure ne se voit plv|s ; .elle se
perd dans l^ boursoufleipent de la muqueqse.
Ou c^té. gauche, tout est confondu* On trouve , à la
place du ventricule et des cordes vocales, un^ tmipeur
évidemment cancéreuse , analogue à ces végétations qu'on
rencontre dans Testomac cancéreux.
Avant que le larynx n'éùl été moisé, on ne voit aucune
ouverture en le regardant par la partie supérieure. L'orifice
de la glotte parait large comme un tuyau dei plume à ppu
près /et encore est-'il obstrué par des mucosités sanieuses.
Les poumons sont volumineux , surtout le droit.
Ils ne contiennent pas dé tubercules.
bans le lobe supérieur du poumon gauche » nous trou-
vons une b^fonçhe dilatée. ^
Les poumons sont engoués dan^. leur partie poj^térieure.
Le cœur est d*un volume moyen.
Rien dans \es cavit<!s droites.
Les valvules gauches sont saines.
. On trouve , sur l'aorte , immédiatem^t a^-dessu$ des
valvules sygmqïdes, des espèces de végétations osseuses
ou plutôt crétacées. , ;
Le foie est sain.
La rate égalemept. >
JQDMfAt M «â»B€IlfB« 12S
SÈMÉfOLOGlE des fiè^es intermittentes {Suite),
par M» BIargé, Midedn de l'Hôtelr-Dim dé
Nantes^
ll« MÉMOIRE (1).
'Après avoir démontré, dans un précédent mémoire,
que dans tous les cas d'engorgement un peu considérable
de la rate, le cœur est porté en haut et à gauche, nous
avons pensé qu^il pouvait y avoir quelque intérêt histori-
que à nous edquérir de l'état actuel de la science sur ce
point inôportant de séméiologie.
Les auteurs que nous avons interrogés tout d'abord ,
ont été naturellement ceux qui , dans ces derniers temps,
ont montré la part que les engorgements de la rate pren-
nent habituellement à révolution des fièvres intermittentes.
Les ouvrages des Bailly^ des CruVéilhier, des Piorry, se
sont naturellementtrouvés les premiers sous notre main ;
nous les avons tous scrupuleusement compulsés ,. désireux
que nous étions desavoir si les fiaits de séméiologie qui
nous préoccupaient avalent été , par eux , remarqués et
signalés comme des données propres à guider les obser-
vateurs dans rappréciationséméiologique des fièvres d'accès.
Devons^nous ici le déclarer , nos recherches ne nous ont
conduit 'k aucun résultat. Tout en tenant compte de la
coïncidence habituelle des engorgements spléniques et des
accès fébriles , ces auteurs sont muets ou à peu près sur
les conséquences séméioîogiques que ces engorgements
(pour peu qu'ils atteignent certaines limites), ne manquent
jamais d'exercersur l'état local et fonctionnel du cœur.
Que dit, à cet égard, Bailly, dans son Traité des fièvres ?
Dans les nombreuses autopsies qu'it rapporte, presque
(1) Voir $6» vol., page 83, 1854.
126 JoraHAL DE aÉiMMaraE.
totqours la rate est engorgée; parfois, son volume est tel
que rhypochondre en est distendu. Il y a là toutes les
conditions propres à faire nattre les faits séaiéiol<^i-
qiies dont nous nous occupons, et cependant, ces
bits ne sont point par lui remarqués : rien au point de
vue symptomatique , rien au point de vue anatonio-patbo-
logique ne dénote que Fauteur ait eu , sur ces &its , la
moindre préoccupation. Un instapt , iM)us crûmes qu'il ai-
lait être mis sur la voie des rapports insolites que la rate
engorgée crée constamment pour le cour : il cite une ob^
servation dans laquelle, il montre la rate tunaéfiée et ra-
mollie, adhérant au diaphragme , et ce muscle participant
lui-même à ^inflammation dont le viscère spléaique ^ à
son extrémité supérieure , paraissait être le foyer. Puis,
au moment où Ton croit qu'il va bire mention du cœur ,
il se tait absolument sur Tétat et les^rapports de l'organe
de la circulation centrale
M. Cruveilhier n'est guère plus explicité que M. Bailly
sur cette question. Toutefois , l'illustre anatomo-patholo-
giste inscrit les bits suivants ;
a J'ai connu, dit-il, des individus qui, à la suite de
» lièvres intermittentes, avaient conservé une gêne dans la
» respiration, qui les empêchait d^ bire une longue course.
» Un de ces individus ét^nt mort, il fut trouvé sur son
» cadavre des adhérences, traces d'inflammation qui^ par-
» tant deja-rate connne d'un foyer , traversaient le dia-
i> .phragme pour se répandre aux organes qui Jni sont su-
» perposés, à la plèvre qui tapisse, à la. fois, le diaphragme,
i> la base du poumon et les côtes. »
Au point de vue qui nous occupe, cette déclaration
semble tout d'abord bien féconde en inductions sôméiolo-
giques et thérapeutiques ; on croit que l'auteur va les abor-
der, mais il s'arrête immédiatement, e^ lui , qui mieux
que personne connaît les rapports anatomiques de la rate et
du cœiir dans, l'état normal, il ne voit pas ceux qu'anorma-
lement peut développer , au-dessus du diaphragme , l'en-
gorgement splénique propre aux fièvres intermittentes.
Nous devons dire que , sur cette question , M. Piorry a
lOUBHAI. DE MÉDECINE. 127
pressenti la vérité clinique, Mais cette vérité n*6st demeu-
rée pour lui qu*à f état d'aperçu. Il ne Ta point consacrée
par des faits.
Il dit bien que, sous l'influence des engorgements splé-
niques, le cœur doit éprouver un soulèvement comparable
à celui que produisent les épanchements liquides ou gazeux
de l'abdomen. Mais, lorsqu'à l'appui d'une semblable as*
ser4ion« on recherche quelques preuves justificatives, on
n'en trouve nulle part , et sar les 170 cas d'engorgements
spléniques rapportés par M* Piorry , il n'est pas dit un
mot (chose étranger} sur l'état local et fonctionnel du
cœur.
Nous croyons que, sous ces divers rapports, iKpeuiy
avoir d*iinportantes iacuïies k combler.
Serait-ce trop préjuger des observations contenues dans
la première partie de ce travail que de dire , qu'à nos.
yeux , elles auraient pour résultat de signaler et de décrire
des faits de seniéiologie qui , jusqu'à présent , n'auraient
pas attiré l'attention des observateurs ?
Du reste , il ne saurait nous suffire de démontrer la
réalité clinique de ces&its, il faut encore démontrer les.
conditions anatomiques , soit normales , soit pathologiques,
au nom desquelles ces faits doivent nécessairement se dé-
velopper.
Ce sont ces conditions anatoiniqués qu'il nous faut main-
tenait déterminer.
La rate et le^ cœur, bien que séparés par le diaphragme,
sont si' près l'un de l'autre que , sans cet intermédiaire , ils
se toucheraient.
L!extrémité supérieure de la rate, la pointe du cœur,
placés vis-à-vis l'un de l'autre, se regardent, s'àvoisiuent ,
mais dans un sens absolument inverse. La rate est tournée
en haut, à droite ef en dedans; le cœur se dirige en bas,
à gauche en dehors.
La rate , le diaphragme, la partie mobile du cœur cons-
tituent ainsi trois zones ou points anatomiques qui se sui-
vent f qui se superposent , qu'aucun intervalle ne ^pare.
Tout mouvement qui , de bas en haut , parcourt cette
i28 JOVBNÀX DE «ÉmaNB.
ligne anatomique , aboutit au ccÈor et a pour résultat dé-
finitif son soulèvement et sa déviation , en dehors et à
gauche.
La rate étant également en rapport médiat avec la base
du poumon gauche , au niveau ae la gouttière costo-dia-
phragmatique, tout mouvement, tout gonflement de rorgàne
splénique a pour double résultat l'effacement du sillon
costo-diaphragmatique et la propulsion proportiontielle in
bord inférieur du poumon gauche.
Dans le soulèvement que , sous cette influence , le cœur
et le poumon gauche éprouvent à la fois , que deviennent
les rapports respectifs de ces deux organes ? "^
Voici le fait qui se produit : la poime du cœur cesse
immédiatement de correspondre à Téchancrure pulmonaire
qui la loge , le ventricule gauche cesse d'ôtre abrité par la
zone pulmonaire qui le recouvre habituellement ; il s'ap-
plique ainsi sans intermédiaire et dans un espace double
de l'état normal à la face postérieure des côtes.
Le cœur subit dans cette attitude une véritable antéversion.
Voici ce qui existe encore r le cœur, placé entre la résis-
tance qu'il trouve en harut et le mouvement qui soulève sa
pointé, s'infléchit sur lui-même. Cette inflexion a lieu au
niveau du sillon qui , antérieurement, sépare les oreillettes
des ventricules , au niveau de la double émergence de
l'aorte et de Tartèrë pulmonarre.
Toutes les fois que le cœur est violemment ' repoussé
en haut par un engorgement splénique , c'est sur (a ligne
que nous venons de décrire qu'a lieu l'espèce d'aniéflexioD
dont il s'agit. Cette antéflexiôti porte, pon-seulenient sur le
sillon anriculo-ventricutaire , mais sur l'artère pulmonaire
et particulièrement sur l'aorte^ Il eh résulté pour ta crosse
de l'aortô une exagération de courbure et un véritable
coude il son point d'émergence.
Les valvules> sygnioïdes aortiques ressentent immédiate-
ment le contre-coup' d'iin semblable état de choses; leurs
rapports naturels sont changés.
La valvule sygmoïde antérieure s'abaisse et se relâche
pendant que les valvules postérieures se relèvent et se ten-
jouÀNÂt i>£ Miracnsfi. 129
dent: Il y à la création accidentelle d'une véritable insuffisance.
Dire que. la propulsion de la rate engorgée peut agir
ainsi sur le cœur et sur Taorte , c'est laisser pressentir
que le mouvement qui entraîne la moitié gauche du cœur
en haut et en dehors , doit se produire avec des résultats
inverses sur ifes cavités droites qui sont tfraillée^, précisé-
ment parce que celles du côtq opposé se trouvent dans uû
état de relâchement relatif.
Le .tableau anatomo-^palhologique qui précède n'est
point imaginaire ; il est la reproduction fidèle de faits que
bien des foid nous avons constatés , soit directement , soit
expérimentalement sur le cadavre.
Une observation, que nous devons à M. Ateslier , in-
terne des hospices , attache au service de Ht* Mahot , à
Saint-Jacques, va nous fournir un exemple frappant des
faits ci dessus mentionnés.
Observation 7^^ ,
Julien Guéard , journalier , âgé de 34 ans , entra le 8
avril ISfSi à ThôpUal succnrsal , poùi» un état morbide
dont lé diagnostic fut: dysenteriej chlorù-ànémie, énorme
engorgement de la rate.
Dix ans auparavant , Ôuéard avait . eu, des fièvres
inteniàittentes. Depuis un an, il présentait tous les signes
d'un engorgement spléniquë. On constata que cet engorr
gemen^ était énorme , qu'il reihpHssait, distendait Thypô-
chondre gauche , qii'rl s'avançait assez vers le thorax pour
diminuer à gauche l^étëndue du champ respiratoire et qu'il
s'accompagnaît d'iibfe irès-vive douleur. Le teint était dé-
coloré et une é^tstaxis , qui survint , montra que le sang
l'était aussi.
On prescrivHdii fer réduit pat^ l'hydrogène , et des pi-
lules fondantes composées d'extrait' de ciguë , et de savoh
médicinal. '
Vers la fin dé novembre , la* diarrhée , que le malade
avait avant d'eutrer à l'hôpital , reparut et coptinua mal-
gré des potions laùdahisées ; les extrémités devinrent
oedémateuses ; il y eut des épistaxis et de la toux. A ces
dîvérs accidènti , furent' en vain o|f)]()osées dés poudres hé-
130 JOUBIUI. BB KÉDECIMB.
mostatiques» des pilules astringentes, desloocbs haileux,
des pilules de cynoglosse.
Vers la Gn de février 1855, l'œdème avec teinte
jaune paille de Fa face, Toppression avec.soufSe très-mar-
qué au cœur et aux carotides , la tçux avec quintes , la
diarrhée , les épistaxis allaient se prononçant de plus en
plus. Le bord gauche du foie proéminait vers les régions
épigastrique et ombilicale , qui étaient douloureuses
à la pression.
Le 28 février, essoufflement très -marqué, pâleur très-
grande , toux incessante ; le soir , altération profonde des
traits, accélération progressive du pouls.
Le 1" mars , mort a 2 heures du matin.
A Tautopsie, &ite 30 heures après la mort., on cons-
tata que la rate et le foie remplissaient tout le haut de
labdomen et adhéraient au diaphragme* La rate était
tellement volumineuse que s'arc-bbutant en bas sur la
fosse iliaque gauche, elle refoulait en haut le diaphragme,
de manière à réduire sensiblement , de bas en haut , le
champ de la cavjté thoracîque. Le cœur était refoulé; sa
pointe, repoussée en haut, correspondait à un niveau situé
à un pouce au-dessus du mamelon.
Par suite de Téiévation et de la déviation de la poiute
du cœur, en haut et à gauche, Taorte présentait, dans
sa crosse, une exagération de courbure; les parois du
cœur étaient décolorées; dans les cavités .existaient deux
caillots iibt'ineux ; il n'y avait rien aux valvules. Le péri-
carde contenait une abondante sérosité fies poumons étaienl
exsangues en avant, œdémateux en arrière.
Le foie s'étendait jusque sur la rate , l'estomac était pris
entre ces deux organes au point d'être rétréci dans son
calibre , surtout à son milieu où ses parois étaient épais-
sies. ' .
Le foie était plus volumineux encore que la rate elle-
même , son tissu n'avait pas changé de nature ; la vésicule
ne contenait qu'une très-petite quantité de bile presque
incolore.
Le tissu de la rate était ferme , violacé, plus dense qu'à
JODBllàl. DB VÉDBCHiS. 1^1
l'éiat norimli mais, non changé aussi dans sa nature ; sa
coque fibreuse était épaissie et comme cartilagineuse , les
vaisseaux spléniques n'avaient pas beaucoup augmenté de
voiiime.
Voici ^ comparativement , le poids , l'épaisseur , te dia-
mètre , ^nt vertical que transversal , de la rate et du
foie :
Poids. ...<.. ^ . . 3 kilog. environ*
|. . 1 Diamètre vertical. . . . 30 centim.
^^•* '^.Diamètre transversal. . 18 centim.
Épaisseur • . 12 centim»
Poids. ......... 3 kilbg. environ.
p, . I Diamètre vertical. . . . ^25 centim.
oie...<. ^ijijnèji^g transversal. . 27 centim.
Épaisseur 14 centim.
te cerveau était pâle , exsangue, sans infiltration sé-
reuse, anormale; . * .
Nous citerons une seconde autopsie qui, non moins évi-
demment que celle-ci , nous montre le refoulement que
l'engorgement splénique exerce sur. la cavité thoracique et
notamment sur le cœur et les gros vaisseaux.
Observation /7«.
Ler 7 décembre 1854 , nous perdîmes dans notre salle,
litn*> 12, des cuites d'une diarrhée, et d'une fièvre inter-
mittente , Je nommé Gatin , âgé de 3 ans.
Cei enfant, atteint depuis longtemps sans doute de ces
deux maladies , était , très-faible , très-àmaigri au moment
de son entrécà l'Hôtel-Dieu, le 9 octobre 1854.
^ La rate était chez lui considérablement tuméfiée^ dépas-
sait le> rebord costal et s étendait tellement vers Je cœur
que la pointe de cet organe était refoulée en dehors et en
haut ; un sou|Qe accompagnait ses battements.
La diiirrhée et la fièvre intermittente furent, à plusieurs
reprises, momentanément suspendues, la piremière, par
l'azotate d'argent à Tintérieur et en lavement , la seconde ,
par le sulfate de quinine. La rate elle-même suivit , dans
ses alternatives de Congestion et^ de réduction sur elle-
même, les péripéties des- accès fébriles.
132 JOtVfVAL DB VÉflltèim.
Enfin , la coqueluche , qui régnait dans la sallè^, attei-
gnit ce malheureux enfiint déjà épuisé par la diarrhée et par
la fièvre intermittente.
Il mourut le 7 décembre 18^4.
A l'autopsie , la rate disteudait et soulevait tellement
fbypochondre gauche que, considérée relativement au cœur,
elle semblait a\^ec lui dans un contact immédiat. La pointe
cardiaque était sensiblement refoulée en dehors et à gau-
che. Le péricarde contenait un peu de sérosité et en divers
points était uni au cœur par quelques fausses membranes.
Il y avait , en un mot , des traces évidentes de péricardite.
Les cavités gauches du cœur étaient vides^ les cavités droi-
tes et Tartère pulmonaire étaient plus on moins distendues
par des caillots fibrineux. -,
Dans les intestins furent notées toutes les lésions ca-
ractéristiques de renléro-èolile chronique (ulcérations çà
et là dans le gjros intestin , etc.). .
Ces deux observations ,. de niéme que plusieurs autres
que nous pourrions citer, montrent quel est , yis-à-vis des
engorgements spléniques , l'état anatomique du cœur, de
l'aorte et de tous les organes qui se trouvent en rapport de
voisinage et de contiguïté avec la rate frappée d'intumes-
cence. ' ' -
Il devient évident que cet état anatomique se traduit par
les traits suivants: soulèvement et déviation à gauche
delà pointe cardiaque, exagération de la courbure que
présente la crosse aprtique , refoulement du poumon
gauche, dont le bord inférieur est chassé de la goMttière
çosto*diaphràgmatique.
Pour ne point sortir de notre sujet, nous nous conten-
terons de mentionner ici la déformation et -le ré^trécîsse-
ment remarquables que ,^dans notre première observation ,
subit Testomac, comprimé qu'il était par la rate énor-
mément engorgée.
Maintenant; jl est d'autres lésions anatômiques, propres
aussi aux fièvres intermittentes, sur lesquelles nous croyons
devoir appeler Tatlention.
11 nous est arrivé quelquefois de faire l'autopsie de
sujets qui avaient succombé au milieu des atôidents
Sôt&Hâl DE BÉteCIN£. lâS
cârdctéristtqued de 4a -cachexie febriie paludéenne. Ces su-
jets avaient eu dé Nombreuses rechutes de fièvre ; c'était en
vain que, chez eux , on avait employé la médioation fébri-
fiige la plus énergique et la plus variée. Maigre tous ces
moyens , malgré les ferrugineux \ ils étaient demeurés pâ-
les, faibles^ languissants; ils avaient un sentiment d'op-
pression habituelie , des palpitations , Un peu d*endoloris^
serpent vers la région précordiale.
Lorsqu'au milieu de cet éttft morbide, la mort venait
inëidentellement les frapper, voici ce que, chez eux, l'au-
topsie nous a révélé:
Toujours , dans ces cas , "Doxts avons trouvé d es indices
non équivoques d'endocardite, d'aortite et surtout de pé-
ricardit^. Dans Taortè , existaient quelques ptaques jaunes ;
sûr le feuillet tant pariétal que viscéral du péricarde, se
remarquiaient habîtueltemerit des adhérences celluleuses qui
devaient nécessairement gêner le cœur dans ses mouve-
ments. Ces adhérences se remarquaient particulièrement à
la partie postéî^ieoredu cœur , aux envirofis de roreîllêtie
gauche. ^
Dans plusieurs cas, ces adhérences entouraient, d'un
lacis filamenteux , les veines pulmonaires aboutissant dans
la cavité ventriculairè gauche. J'ai vu ce lacis tellement
serré que ces veinés étaient rétrécies et que l'abord du
sang , renouvelé par le poumon , devait en être notable-
ment gêné.
Dans ces cas, Toreillelte était anioindfie dans ses di-
vers diamètres. L'amoindrissement de la cavité' auriculaire
avait pour accompagnement corréfalif l'amoindrissement
de la cavité ventriculairè, disposition anatomiquequi con-
trastait avec la dilatation relative des éavités droites du
coèuret delà veine cave inférieure. *
D^nrs ces mêmes drcoiislances , et comme conséquence
de râmomdrissemént des cavités gauches , Paorte était ré-
duite dans soh calibre, non^^euiement au niveau dé sa
grande courbure , mais aussi dans ses partions thoràciqûe
et abdominale. Les prrncrpales divisions du système arté-
riel participaient à cette atrophie dés artères, dont lé point
134 JOVBIIAL DE MÉmORB.
de départ et la caose étaient sans doute ces lésions péri-
cardiaques , ces lacis filamenteux qui , gênant 4e dégorge-
ment des veines pulmonaires, au sein des cavités gauches
du cœur , entravaient , à sa source même , le cours du I
sang, qui doit servir à la revification des organes. i
Ces états anatomiques sont beaucoup plus communs
qu'on ne l'imagine chez les sujets qui , depufs longtemps ,
souffrent des suites de fièvres intermittentes et qui se pré^
sentent avec Tétat cachectique que. chacun de tfous connaît. <
Les lésions anatomiques que nous venons de décrire se i
rapprochent beaucoup de celles que nous ont présentées i
certaines chloroses rebelles au traitement ferrugineux. i
Combien de ces prétendues chloro-anémies, avec bruits de i
soufQe au cœur et dans les artères., et qui ne sont que des
péricardites? Cette conviction résulte /pour nous , de plu-
sieurs autopsies nous ayant démontré que ces états d'apptH
rence chlorotiqMe ne sont ,.bien fréquemment, que la ma-
nifestation fonctionnelle de lésions anatomiques siégeant
soit au cœur , soit dans l'aorte , soit au péricarde. Toute- \
fois , dans ces cas , comme dans la ^^achexie fébrile intér- i
mittente, c'est la péricardite quf prédomine, et lapériear-
dite , avec adhérences.
fjivisageons maintenant notre travail, au point de vue
de sa valeur séméiologique :
La séméiologie des fièvres intermittentes ne s'est pas
constituée tout d'un coup ; elle est le résultat d^observa-
lions successives. • -
Ce fut d'abord la considération du type, des péripéties
symptômatiques de l'accès, Télément paroxystique , en un
mot, qui frappa J'attentipn des observateurs. ' . . [
A une époque peu éloignée de nous intervint , dans la j
séméiologie des fièvres intermittentes, un second élément (
représenté par l'engorgement splénique ; état viscéral en ,
ccûncidence à peu près constante avec les accès et que M. | ^
Piorry aura, rhonneur d'avoir, signalé aux préoccupations .
dés praticiens. ' ^
Quel que soit le rang^iu'on lui attribue dans la patho- ,
génie fébrile, que, relativenoent aux accès ^ H paraisse
3<fCmkt . BB BtÉDBCmE. 135
avant, pendant ou après eux , I-engorg^ment de ia raie,
grâces aux. conquêtes récentes delà séméiologie, dloitètre,
à bon droit , inscrit à côté de l'élément paroxystique , au
double titre des. déterminations symptômatiques et de^ in-
dications curati^es dont il est le point de départ.
Tels qu'ils se présentent , ces deux éléments de l'accès
fébrile» le paroi^ysme et l'engorgement spléniqué, ne don-
neraient qu'une analyse inct>mplète de la fièvre d'accès. A
côté d'eux, doit venir prendre rang uu troisième élément
non moins important, suivant nous , que les deux pire-
miers, etqiii, émanant de l'état tout spécial des fonctions
cardiaques dans^ les fièvres intermittentes, peut devenir
le gage d'un nouveau progrès dans l'analyse séméiôlogique
de ces affections si complexés et si- obscures.
Au nom des &its par nous invoqués , tant au point de
vue séméiôlogique qu'au point de vue anatomo-patholo-
giqùe, pouvons-nous; penser et dire que le cœur peut et doit,
dans h nosologie. des fièvres d'accès , revendiquer le privi-
lège que rélémént paroxystique et ia rate plus tard ont
jusqu'à ce jour exclusivement possédé ?
Pouvons-nous avancer que le cœur et les gros vaisseaux
doivent compter parmi tés organes tributaires de la séméio-
logie des fièvres intermittentes , et, qui plus est, de la
thérapeutique de ces-maladies , comme nous espérons , du
rester pouvoir plus tard le- démontrer.
Nous est-il enfin peifmis de penser qu'une significatioti
rationnelle et scientifique peut être donnée à des phéno-
mèaeis qui , dans lès fièvres d'accès, setnblaient se sous-
traire, à toute systématisation de ce genre, et qu'en mon-
trant le rapport qui existe entre l'intumescence de la rate
et divers troubles cardiaques, il serait possible d'entrevoir
la filiation de &its jusqu'àprésent incomplètement observés
et. analysés ?
Maintenant, il est un fait préalable sur lequel nous
éprouvons^ le besoin d'une explication catégorique. .^
Au milieu des préoccupations anatomo-pathologiques
spéciales , que nous venons d'invoquer à propos des fièvres
intermittentes, ^quelle part ferons^noqs à Hntoxication pa-
ludéenne?
fâ6 JQÇBIUt K IIÉ9^jçgiS>
Loin de noua. la pensée de vouloir reveodiqùer , au pro-
lit exclusif du déplacement du cœur par là raté engorgée,
toute révolution des symptômes djûiot ie oœur et Tappareil
circulatoire se trouvent être , dans ce cas , le foyer per-
manent. '
Les fièvres intermittentes ;soat le produit d'uqe intoxi-
cation paludéenne; le sang est profondément altéré datis
ces maladies; il est modifié dans les proportions relatives
de ses éléments essentiels^ ; il contient mains d*albaniine et
plus de sérum- L'hématose est universellement troublée ;
ce n'est pas seulement en raison de son intumescence que
la rata intervient «ymptômatiqueipent dans la pathogéoie
fébrile, m.ais en raison^ aussi des. troublesr fonctionnels
qu'intimement éprouve cet prgane desanguification. L'exis-
tence de: l'élément paludéen o'eielue point Ja réalité des
faits ()'ordr6 difiereht. que tious avons cru devoir si-
gnaler. " .
La coexistence de ces faits hétérogènes n'a , du reste ,
rien. de .contradictoire. Cette coexiatence vient seulement
démontrer , d^une part , la nùiltiplicité , l'hétérogénéité des
conditions constitutives de la fièvre intermittente; d'autre
par(, la nécessité de soumettre ces éléments de& fièvres
d'accès à une analyse séméiologique do plus en plus ri-
goureuse.
Ces réserves faites , à l'égard de la part eoniributive que
rintoxication 'paludéenne peut avoir dans les manifesta-
lions des fièvres intermitten^tes, voyons quel parti nous
pourrons tirer d.e la situf^tion anatomorpathologique qiie
faft au coçur rin).ua]iesypence de la rate» au sujel de, certains
incidents , de certaines complications propres aux fièvres
d'accès.
Ces incidents, ces coipplicatiQns qae bous voulons in*
terpréter, au. moyen des données !anatomo-pathologi(]ues
ci-jdessus stipulées , sont : .
1^ Les hydrofrisies,*
2<> Les cachexies ;
3*» Les fièvre9 permckme».
Parlons 4'^bQrd ^es hydropi$ie8 coDsécuiives aux fièvres
înterDiittentes;
Pour donner une idée d€$ lacunes que la science pré-
sente à cet égard , nous cjterpns textuellement lepassaige.
suivant , extrait du Çomp^fidium de Médecine^ t. V «page
150:
¥ Les.épàriciieinents de sérosité dans le tissu cellulaire
et dans diverses cavités. splanchniques, Tabdomen spécia-
lement , ont été constatés par tous les observateurs anciens
et modems (consécutivement aux fièvres d accès) , et ce-*
pendant on n'en connaît pi|s encore la .cause dans Iç plus
grand nombre des cas» On peut même dire- que Tobscurité
la plus complète règne sur ce point, et nous n'avons trouvé
dans les pqvrages les plus récents qu'un très-petit nombre
d'ouvertures cadï^ypriques capables de mettre sur la voie de
la lésion qui/cause ces . hydropisies. Elles difi*èrent entre
elles sous le rapport de lepr^iége et de l'époque de leur
apparition.
• |jes congestions séreuses peuvent se faire dans le tissu
cellulaire des membres : d^ là , l'œdème , borné tantôt aux
malléul^, tantôt aux extrémités inférieures , aux niembrès
supérieurs ou à la face ; quelquefois , enfin ^ Tanasarque.
9 ItÇ^ ai^(res iiydropjsies occupent la cavité du péritoi^.
ne , plus rarement celles de la poitrine ou de la tête.
» L'bydropisie se montre à des époques assez différen-
tes tie la fièvre 4 tantôt durant son cours; tantôt au moment
où elle guérit,. tantôt, enfin ^ lorsqu'elle est entièrement
dissipé^. On^ comprend qu'en bonne pathologie , il est im>
possible 40 ranger 3Ûr la même ligne des hydropisies qui
se naanifestentdciiiç des. conditions si diverses... L'étiide
attentive de tous {^$ symptômes., l'exploration des lésions
viscérales et de celles des reins et du foie^ en particulieri
pourraient xseul^s dissiper, les ténèbres qui couvrent cette
partie de l'histoire des fièvreis. ^
» L^hydropisie ascite , qui se forme au moment où la
fièvre dure encore, a été rapportée par H. Sfaillot à un
travail irritatif, à une congestion dont le péritoine devient
le siég^^; elle augmente à mesure que les ac<^ès,se répètent.
138 lonivAt DE «ÉMGim.
Une autre cause d'ascite, pour le même auteur, est r«n*
gorgement des viscères abdominaux , sur la nature duquel
il ne donne aucune espèce d'explication et qu'il croit pro-
duire rhydropisie , suivant le mécanisme développé par
Lower et H. Bouillaud.
« M. Nepple attribue Tanasarque , l'ascite , Thydrotbo-
rax, qui surviennent dans le cours de la (ièvre intermit*
tente , à la diminution de Fécoulement sudoral chez les
individus obligés de rester dans les champs pendant le pa-
roxysme fébrile... L*bypérémie splénique et le ralen^
lissement de la circulation veineuse abdominale ont été
considérés par- le même 4iufeur comme la cause de rhy-
dropisie. » • '
Voici maintenant les questions que se posent les auteurs
du CompentHum, relativemem à Tétiologre des hydropjsies
chez les fiévreux ;
«r Est-ce en vertu d'une hypérémie ou de toute autre
altération du foie <, ou de quelque conoplication dont le
cœur et ses membranes deviennent le siège? Est-^ce parce
qu'il existe une de ces altérations des reins încooHues de
ceux qui ont écrit sur les fièvres intermittentes ? Il est
permis de croire qu'une ou plusieurs de ces lésions ont
échappé aux observateurs, même les plus modernes. D'ail-
leurs , ils ne disent pas s'ils les ont cherchées , et quand
ils parlent d'ouvertures cadavériques , Içurs assertions sont
trop vagues pour que l'on^ puisse même hasarder une opi-
nion . . ; '
»... Disons donc que ces hydrepisies ont probable^
ment leur cause dans une de ces lésions viscérales dont
l'influence, sur la production des hydropisies, n'est mise
en doufe aujourd'hui par personne, et qi^e si la fièvre in-
terroitttnte ce^e au moment où Thydropisie se manifeste,
c'est parce que les lésions organiques interrompent pî*es-
que toujours la marohe des affections intermittentes en se
substituant à elles... . *
» L'hydropisie peut encore se montrer chez les sujets
qui ont contracté plusieurs foii^ la fièvre intermittente et
dont la constiiutioa est profondément détériorée. Ù n'est
9&cmk% M AÉô^ciNir. 139
pfis fiieUe de dire à quelle cause tiennent les collections
séreuses dans ce cas; il est seulement permis dé croire
qu'elles dépendent de quelque maladie du foie, de la rate,
du tube digestif,- des organes thoraciques et de toutes les
causes que rtous avoua signalées. Nous rappellerons aussi
que dans notre description de l'fcydropisie,nous avons fait
jouer^un certaiir rôle dans la production de ces bydropi-
sieâ à réitération du sang ))dr les miasmes paludéens ;
mais, tout en reconnaissant ce qu'a de probable une telle
opinion, on ne. peut que là mettre au rang des hypo-
thèses. i> '
On le voit , l'altération • du* sang par les miasmes pa-
ludéens, l'engorgement de la' rate et des viscères abdomi-
naux , ne suffisent pas aux auteurs du Compeiidiùm pour
expliquer les hydropisies , les anasarques .qui se dévelop-
pent consécutivement aux fièvres intermittentes. '■ ' .
Eki présence de ces desiderata de la science, nous nous
ferons lei questions suivantes:
Sommes*BOus 'autorisés à penser que, dans la pro-
duction de ces hydropisies, la situation et les conditions
spéciales que font au cœur et aux gros vaisseaux les engor-
gements de la rate , doivent', ici jouer un rôte ; dont on
aurait tort , selon nous , de* mécôrtnaître rinhportance.
Est-ce impunément^ pour la liberté de la circulation
ceotrale , que ie cœur est violemment poussé en haut et à
gauche, que, dans cette attitude, nouvelles les vaisseaux
afférents, et notamment la veine cave inférieure et le ven-
tricule droit , subissent un tassement /lôtable dans leur
calibre, dans leur'cavité ?
, Est-ce impunément aussi, pour la liberté de là- circu-
lation centrale, qu'existent et cette antéflexiôn cardiaque
dontnoiis avons, parlé, et cène incurvation que présente
l'aorte à son émergence et dans sa crosse , incurvation
qui- dérange le niveau desës valvules et les rend désormais
insuffisantes. /
EstH^ impunément , enfin , que , dans sa ihasse to-
tale, Jé cœur scibiiune- étreinte^ laquelle devient le point
de dépari d^im trouUeplus où tnoins profond dans le mé^
11
140 JODllIAi ra «ÉIKBGOIS.
canisme de la circulation » tant artérielie que veineuse*
Il est évident pour nous que ëe semblables condi-
tions anatomo-pathotogîques qui, par elte-mèaies, sont
si fécondes en troubles locaux et fonctionnels , > doivent
avoir le retentissement le plus filchéux sur les autres sections
de l'appareil circulatoire , et que là, probablement se trouve
la cause principale des bydropisies propret aux fièvres in-
termittentes.
Nous croyons, qu'en. dehors, de toute altérattoti san-
guine , ces troubles mécaniques de l'appareil de la circu-
lation centrale suffiraient, à la lutTgue^pottr 'détenpiner
des épanchements séreux et que , coexistant avec l'altéra-
tion paludéenne du sang , il y a là double raison pour que
les bydropisies .doi>t il s'/igit se produisent.
* Concilions que\ dans. * réxplfcation^ des bydropisies
consécutives ^ux fièvres intermittentes , 11 y: a,' comme
données étiologiqoes , non-seulèment l'aKéraèioQ spéciale
du sang, non-seulement les obstructions viscérales, mais
encore l'intêryentioB du fait essçntiel^ qui résulte de l'état
anatomo -pathologique que créent, pour 1è *coeur et les
gros vaisseaux , les engorgements spiéniques propres aux
fièvres d'accès, -
Nous livrons ces' considérations à l'appréciation des ob*
servateurs, ayant lieu dé croire, d'après nos obseryatioos,
Sue l'examen attentif et désintéressé des faits pourra justi-
er les interprétations que nous invoquons dans ce mo-
mônt,
Les cdcA^W des fièvres se prêtent-elles, comidie les
kydropisiés, à l'application de quelques-unes des données
analômiquês que nous avons signalées? .
Coinmé les auteurs du Gômpendiuni , nous- croyons que
la cacbexie dpnt il e^t ici question peut se rattacher^ plu-
sieurs lésions viscérales ; mais^celle qûi^, d'après noç ob-
servati.ons , lui appartiendrait spécialement , serait^ sans
contredit, la pérroarSîte ; et cette péricardite, qui s^ob-
serve particulièrement au niveau des oreillettes , et prin-
cipalèm^t àé la. gauche , serait, d'après nos observations,
la conséquence 4iltime -et tiien souvent irrémé<iiable de
JOUBMAX BB MÉDSCIMB. 141
l'espèce de. traiimatisme qu^ pu reproduire , sur l'appa-
reit de la circulation centrale , la propulsion longtemps
continuée des engorgement^ spléniquès.
. Gommt pour les hydropisies., . faisons encore ici la part
de raltération paludéenne du sang et de Tinfluence que
ces troubles de l'hématose peuvent avoir sur l'économie
tout entière, influence qui, du reste , n'a rien d'incom-
patible avec la cardiopathie^ soit fonctionnelle , soit ana*
tomique, que. nous avons constatée , dans tous les cas de
cachexieconsécutive aux fièvres d'accès.
L'intervention pathogénique des fonctions cardiaques,.,
dans la nosologie des fièvres, intermittentes , nous semble
ouvrir des aperçus nouveaux , hbhseulèihent au sujet de
l'étiologie des hydropisies et de3 cachexies qui leiir sont
propres, mais encore au sujet de l'étiologie d^s fièvres
perniciemes eUes-mêmes* ' ■•^'
Combien de fois la préexistence de quelque état morbide
duccêurou des gros vaisseaux ne nous art-elle pas mis en
Sarde contre les éventualités de certains états fébriles qui,
'abord simples et bénins, devenaient bientôt pernicieux,
sous 4a double influencé d'un développement çonsiflérable
dé la raté et du contre-coup fatal qui en résultait pour les
or^nés circulatoires primordialement affectés., ->
Jïous croyons que , dans les fièvres intermittentes, la
tbrme pernicieuse, est à^çraindre , du moins sous certaines
formes symptôniatiques, toutes les,foist]u un engorgemen t
splénique étant donné, lé cœur, les gros vaisseaux et |es .
viscières qui^^ comipe'les poumons et le cerveau, sont avec
eux en communication vasculaire très^dirçcte , se trou^
vent être le siège de quelque altération plus où itioinrs .
chroniijue. ■ • . ] ■ ■. ■
Voil^ pourquoi la propàrtion des fièvres pernicieuses
croit habituellement avec . les chances d'affections organir
ques,. et qu'elles s'observe.nt bieo plus fréquemment chez
les vieillards que chez les enfants : voilà pourquoi, sans
crainte d'être démenti ; on pQUt dire qu'en dehors de
certaines conditions épidémfques,.le nombre des fièvres
pernicieuses est précisément en raison directe de l'âge et
142 JotiBifAi BB KtoBcnm. .
conséquetnment des chances de mahdie empreintes de
chronicité.
Nous croyoDs enfin que , si notre travail peut dojiner
lieu à des déductions séméiologiques , il peut encore
conduire à certains corollaires thérapeutiques.
Alors que le pathologiste n*eut en vue, dans les fièvres
intermittentes, que l'élément paroxystique., Texistence des
accès dut être le mobile exclusif et suprénoe des efforts et
des déterminations du médecin.
Lorsque , plus tard, il fut reconnu que, parallèlement ou
consécutivement aux accès , il y avait un engorgement,
splénique , les fébrifuges furent adressés , non plus seule-
ment aux accès eux-mêmes , mais aussi , mais en même
temps, à Tobstruction viscérale. -
S*il est vrai qu'à ces deux motife de détermination, cura-
tive, doive s'en ajouter un troisième puisé dans l'intervention
nosologique des appareils de la cifculatioA centrale , Je
médecin ne s'appuiera plus seulement sur deux .raisons,
mais bien sur trois, pour «n. finir au plus- vite possible
avec les conséquences si multiples de t'intooLication palu-
déenne. . . ' - .
Administrer le sulfate 'de quinine ou le quinquina à do-
ses fébrifuges, c'est à la fois agir sur des accès dé fièvre,
sur l'engorgement splénique qui les accompagne habituel-
lemient et sur toutes les perturbations cardiaques et vas-
çulaires dont nous ayons indiqué la source et les fatales
conséquences.
Ce qujB nous venons de dire surla nécessité de suppri-
mer aussitôt que possible les accès. dé fièvre , ce que nous
venons de dire^ùssi sur lé critérium à la fois séméiologji-
que et thérapeutique que peuvent offrir leâ engorgements
de la rate, indique suffisamment que l'activité du traitement
fébrifuge sera aussi toujours en raison directe des dangers
et des complications viscérales qu^on pourrait prévoir, dan-
gers et complications viscérales que nous avons vti se tra-
JÔUBIflL DB MÉDBCHa. <^^
duire soit par Faccès pernicieux , soit par la diathèsq sé-
reuse , soit par l'état cachectique.
N'oublions pas de dire en terminant que les inflamma-
tions chroniques qui , dans lés fièvres intermittentes d'anr
cienne date , atteignent trop fréquemment les organes de
la circulation ^centrate , et que l'anatomie pathologique
nous a montrés sous forme d'aortite et de péricardite ,
sont. heureusement modifiés par des topiques révulsifs, ap-
pliqués sur la région précdrdiale, lorsque dans ces états si
graves et ti tenaces c'était en vain que la moindre amé-
lioration était demandée à l'emploi niéthodique. et persévé-
rant des fébrifuges et des ferrugineux.
Ces considérations résument en principe et en appli-
cation les principales conclusions que nous pouvons tirer
de notre travail.
QUELQUES CAS D'JUTOPL^STIE faciale,
par le D'- JLBTbUvneifa , Professeur-adjoint de
tlmiqae exlerne.à VÉcole^ Médecine dé Nantes,
Membre correspondant de la Société de Chirurgie
de Paris, etc.
Parmi toutes les. conquêtes récentes de la chirurgie, il
n'en est pas qui ait pris une extension aussi grande que celle
qui comprend €e qu'on à dé^gné sous le nom de chirurgie
restauratrice. Oïl pourrait dire que c'est tout un art nou-
veau, qui permet, par une foule de procédés ingénieux,
de réparer des difformités natives ou accidentelles, de re-
constituer des organes qui manquent en partie ou en tota-
lité, de remédier à 'des infirmités considérées autrefois
comiïie incurables. Aussi, en énumérantles progrès rapides
obt0nus-dans cetfe voie qu'il a tant contribué à féconder ,
l'illustre chirurgien qui fut mon maître. M.. Roux, dit avec
12
144 JOUUfÀL DE 1[ÉBB<aiŒ.
raison : « Par ce que nous faisons aujourd'hui, à quelle dis-
tancé ne sommes-nous pas de ce qu'on faisait il y a, seule-
ment trente ou quarante 9ns?... Nos devanciers en géraient
étonnés, slls pouvaieiit en ^Ire témoins. » (Quarante années
de pratique chirurgicale. Ph.-J: Roux.)
Pendmit que la chirurgie à réussi à agrandir ainsi son
domaine, elle est parvenue ; par Tétude plus approfondie
des maladies, par la découverte de nouvelles ressources
thérapeutiques çt par l'emploi mieux raisonné des moyens
connus depuis longtemps, à diminuer, d'une manière
chaque jouf plus sensible, le nombre des cas où des muti-
lations cruelles sont le seul remède cjue'nous ayons à offrir
au^ malheureux dont la vie ne peut être rachetée qu*à ce
prix. Ainsi , <l'un côté , progrès pour la création de Ùl chi-
rurgie restâui'atrice ; de l'autre côté , perfectionnement , et
par conséquent, progrès encore, par cette direction ^lu-
tajre imprimée au traitement d*uh grand nombre de mala-
dies, ce qui permet de caractériser la chirurgie dç notre
époque, en disant qu'elle est essentiellement conservatrice.
La chirurgie restauratrice, à' laquelle se râppo^rtént îes
cas qui font la base (|e c.e. travail, emprunt^ ses. moyens
d'action Jes plus puissants et le^ plus précieux ^ VautqplqS'
tiéj cet art curieux qui , éclairé par les lumières dé la phy-
siologie , à été" élevé h la' hauteur d'une science.
L'auto|>lastie, si riche et si ^féconde aujourd'hui , a, dans
le passé, deux origines distinctes qu'on peut suivre, a tra-
vers les siècles, dans leur lente évolution.
La première est représentée par le chapitre que Celse
a écrit sur' les réparations des pertes de substance des
oreilles,. des lèvres et des narines. (Liv. vu; cap. ix.) Ces
préceptes utiles tracés par l'auteur latin coutenaienj, en
germe, une partie de cette branche importante de l'art opé-
ratoire qui a pris tant dp développement depuis quelques
anneqs. Cependant, ces préceptes étaient, pour ainsi dire ^
resjés stériles , les auteurs s'ètant bornés , le plus souvent,
aies reproduire ,'^sans même être d'accord sur rinterpréjp-
tiôn du' texte qu'ils avaient sous lepyeiix. A peine', à de
lon^s intervalles^ peut-on citer quelques essais qui sor)t loin
d*offir1r (ÔQjoiifs un rérltable carftctèra d utitité , et de cons-
tit4ier un'4)rogrès.
Les pôrfecUènnetnents apportés successivement à l'opi^-
raticMfi du bec-de-lièvre et le procédé employé par Chopart
pour 4a cheiloplastie eonstituent i^s points les plus saiRânts
de Fhîçtoire des restaurititions faciales,, dans Tordre ^es faits
qui ont été adtQÎs et qoi sont restés dans le domaine scien-
tifique, depuis Celse jusqu'au XiX* siècle.
JLa seconde origine de ia chirurgie plastique est consti-
tuée par la rhim^lastiè, qui n'était jamais entrée pleine-
ment dans le. courant scientifique général, môtné à la secofide
phase de son histoire. - \ •
Chacun sait aujo.urd'hui que cette opération se pratiquait
fréquemment, dans rindé, où elle était autrefois le privi-
lège de la secte des Koomàs; mais le mystère dont on avait
soin de l'entourer, rempécha< longtemps d'être connue en
Occident. ^ . '
Les auteurs du moyen*âge n'en parlent que pour en nier
la possibilité, ou, tout au. moins, pour la mettre endoUte.
C'est en 1442 , qu'un SiciHen du nom de Branca réussit
à pratiquer la rhinoplastie et employa., pour «cette opéra-
tion , un procédé nouveau qui , adopté et perfectionné à la
fin du XVl' siècle par TagUacozz'r, porta aussi haut que
possible la réputation de ce chiî^urgien. Le bruit que firent
les succès de Tagliacozzj fut tei,«(]ue les poètes chantèrent
sa gloire, et, qu^après sa ixiort,on lui éleva une statue dans
l'amphithéâtre (fanatomie de Bologne. Qn en fit presque un
Dieu ; \ ^
^Ôn mocb ta priticeps , sed D^us arti^ eris^ ^ -
Cependant, si les contemporains de Tagiracozzi portèrent
trop loin Fehthousiasme, les générations suivantes eurent-
le tort plus girand d'oublier les services qu'il avait rendus.
L'auréole du Dfeu s'effara bientôt, et même avec une telle
rapidité , qu'ion a peine à comprendre comment, un siècle
plus tard 9 Dîonis ait pu traiter eie qu'on disait de la restau-
ration du nez , d'Mst&ires cipacryphés et -de contefs faits à
pl€Èisir. ; * w
146 JOUBi^Aii itt jukmaaxfi.
Ce n'est qu*en 1814, que Carpue iità la, rbinoplastie de
ToQbli où elle était tombée , et réussit à la foiré» accepter
par les chirurgiens qui n'étaient pas trop esclaves de la rou-
tine et des préjugés.
On comprit bientôt qu'en réunissant , dans un foisceau
commun , les deux ordres de foits que je viens de passer ra-
pidement en revue, les traditions de Celse et la rbinoplastie
indienne et italienne; on pouvait en déduire des principes
généraux dont les applications jfiombreuses ne tardèrent pas
à jeter un vif éclat, et adonner une impulsion toute nou*
velle aux travaux dés chirurgiens.
Les difformités ou les pertes de substance que l'art est
appelé à faire disparaître ^ et dont le visage est si souvent le
siège, affectent les dispositions les plus variées et souvent
les plus imprévueii ; aussi, faut-il que le chirurgien, lorsqu'il
a recours à Tautoplastie , soit presque toujours plus ou
moins créateur, et qu'il sache, selon les circonstances, mo-
difier à propos les procédés opératoires. On;peut dire que
chaq\Jie cas particulier exige quelque combinaison spéciale ;
de là , des difficultés toujours nouvelles^ mais aussi, et pré-
cisément à cause de ces difficultés ^ qui. rehaussent le mérite
du succès, un charme et un attrait que le chir^irgien ne
peut pas trouver , à un semblable degré , lorsqu'il suit for-
cément les sentiers, battus.
Il est souvent impossible de donner une idée bien nette
d*une opération, en disant seulement qu'elle a été pratiquée
d'après telle méthode ou tel procédé connu .; les quelques
mots qui précèdent justifient pleinement cette proposition ,
que viennent encore corroborer le vague et les dis9idences
qui existent a ce sujet dans les auteurs. ,
C'est pourquoi il est utile de rapporter avec quelque dé-
tail les observationts de cette nature, lorsqu'elles présentent
. des particularités qu'on peut mettre h profit dans de^ cas
analogues. , -
Les quatre observations qui suivant, et qui ont pour objet
deu.x rhinpplasties ^ une génoplastie et uneblépharophistie,
ont entre elles un lien de parenté, qui ressortira à tous les
JOCBIIAL 0B MÉDSCniK. 147
yçux , bien qu'elles diffèrent cependant sous plus d'uni rap*
port :
Faciès non omnibus uoa
Hec divers^ tamen, qualem deeet'csse sororum.
^ (Ovid9, Métamorpl^*)
Lorsqu'il s'agit d'auloplastie , c'est-à-dirè de Iransfoma-
tion , ce n'e^t pas trop in'élorgner de mon sujet que d'em*
prlinter* en passant, une citation au chantre des méta-
morphoses. : ' " ■
Chez les malades dont j'ai à rapporter l'histoire, il m'a
été possi^^le d'appliquer la méthode indienne telle qu'elle
ajBté perfectionnée par les modernes, et non en suivant
l'exemple des Brames, qui allaient chercher un lambeau à
une distance assez grande de la perte de substance; qui tpr-
daietit sur lui-même le pédicule du lambeau , et laissaient'
suppurer la plaie résultant de l'emprunt qu'ils avaient fait
aux' téguments. Le procédé d^s Brames est, du reste, celui
qui^est encore en usage, lorsqu'il s'agit de spratiquer la
rhinoplastte dans les cas où le nez manque en totalité.
Dans le procédé que j'ai suivi, le lambeau est taillé de
telle sorte qu'un des côtés de sa rucine est tangent à un
des points de la circonférence de la solution de continuité,,
et qu'une des incisions, destinées à circonscrire le lam*
beau , parte de ce point et se confonde autant que pos-
sible, djans une partie de son étendue ^ avec lé bord môme
de cette solution de continuité, l'autre incision eildemèu-'
raal éloignée de toute la largeur du lambeau ; en. outre , le
pédicule, au lieu d'être tordu sur lui-même , tourne sim-
plenient à plat autour d'un axe qui le traverserait suivant
son épaisseur ; enfin, un dos avantagés les plus grands de
ce procédé , ç est là réunion imipédiate des bords de la
perte de substance résultant de la formation du lambeau.
Dans certains cas, la rotation, où plutôt rinclinaison du
lambeau , né dépasse pas 30 ou 40 degrés , et peut être
considérée comme un simple glissement ; d'un autre côté ,
le larbbeau est pris aussi prés que possible de. la perte de
substance : ex vicino (^dducitur (Celse). Ces deux caractè-
148 JOUBNAL DE MÉBÎBCIHE.
res établissent une sorfe de trait-^*union entre la méthode
française et la méthode indienne, à laquelle appartient ce-
pendant plus spécialement le, procédé auquel j'ai eu re-
cours.
Observation première*
fieslauration de la moitié droite du nez, au moyen d!un
lambeau emprunté à lu joue ; reconsHintion de VaOe du
neZj à l'aide d'un ourlet cutané.
En 1840, un vieillard presque octogénaire , lé nommé
Penard, de Notre-Dame-de-Riez (Vendée), se présenta chez
rnoi et me demanda si je ne pourrais pas faire disparattre,
par une opération , ou dissiniuler, par tout autr.é moyen,
une perte de substance qu'il, avait au néz et qui donnait à
sa physionomie quelque chose' de bizarre et de repous-
sant.
Le mal avait commencé , depuis un assez grand nombre
d'années , par une petite croutë sèche ayant son siège sur
Taiie du nez ; cette Croûte tombait souvent et se reprodui-
sait inimédiatement en gagnant peu à peu du terrain,
mais, en même temps, les tissuâ étaient détruits et rongés
par une sorte d'usure progressive. Cette ulcération , évi-
demment de nature caneroïde, était sèche , et le malade
remarquait à peine ua suintement sanieux ôU sanguino-
lent lorsqu'il avait arraché prématurénient une portibn de
la croûte. Lès tissus voisins n'étaient ni rouges, ni gon-
flés.
Penard jouissait d'une très-bonne santé et avait conser-
vé une certaine verdeur juvénile.- On disait même que des
projets de mariage l'avaient seuls déterminé à chercher un
remède àî sa difformité;
Quand il vint me consulter, sa maladie avait déjà fait
des ravages Considéf ables , car, dd côté droit dû nez,
peau ,• cartilages et membrane muqueuse avaient été en-
tièrement détruits; Les limites du. mat suivaient assez
exactement en avant le bord àe la ctofsbn , qui était restée
jbtANxi dS MlSSBcnd.
l'49
^ine; en Mut et en dehorsv elle correspondait au bord
osseux: formé par Vos propre du nez et par lapophyse mon-
tante du maxillaire supérieur. Âutouf de In perte -de subs-
tance , Tuleération n'était caractérisée que pal* une ligne
dé trois à cin(} millimèti*es de largeur , formée par des
croûtes sèchcis d'apparence épidermique. Toute la oiu-
queusedela cloison était rouge et recouverte de. mucus
desséché ; les replis înuqueux, qu'on apercevait dans Tin-
térieuf de la fosse nasale, paraissaient aussi légèrement en- <
flammée , ce qui tenait évidemment à ce que Tair extérieur
y pénétrait largement , transportant avec lui la poussière
et les corps étrangers qui n'étaient point arrêtés ou tamisés
au passage par les poils protecteurs désignée sous le nom
de vftrisses. Pas de ganglions lymphatiques engorgés, pas
d'autres traces d'affection xiancroïde bu cancéreuse que
celles que fai indiquées plus haut et qur étaient bornées
aux bords de4a perle de substance.
D'après Tétut de maigreur du malade, d'après la flacci-
dité^ eft les rides rionibreuses que présentait la peau du
visage^ je compris la possibilité de restaurer le nez avec là
pcaû voisine , et mon plan d'opération fut arrêté immédia-
tement : je le rilis/à exécution quelques jours plus tard.
Xe comnicnçài par aviver les bords de la perte d^ subs-
tance en enlevant toiitçs les parties qui paraissaient mala-
des. L'eépâèe a combler eut alors la forme d'un triangle,
150 JOUBHIL DR )|ÉDBCOfB.
dontlecâté inférieur était le plus courte les deux autres
ayant à peu près une longueur égalé. -
Je taillai mon lambeau de la manière suivante :
Le côté externe de la solution de continuité fut prolongé
par une incision qui passa à un centimètre de la commis-
sure labiale et descendit à un centinoètre et demi au-des-
sous de cette commissure., en s'inclinant en dehors. A
trois centimètres et demi de Tangle supérieur de la plaie ,
et à partir du^ niveau du hovd inférieur de Torbite, une
seconde incision fut pratiquée pârallèièmeut à là première,
dans ses deux tiers supérieurs , et s'inclînant en dedans,
dans son tiers inférieur, de manière à venir rejoindre la
première sous un angle aigu. . , •
Le lambeau fut détaché de bas en haut aveoune couche
> suffisante du tissu cellulaire sous-cutané. J'etus soin de le
disséquer complètement vers sa. base, ce qui demanda de
grancles précautions au niveau du sac facrymal.
Je fis alors tenir le lambeau par un aide et je m*em-
Eressai'de réunir, par des épingles^ la partie inférieure de
i plafe de la joue , ce qui put s'opérer avec la plujs grande
facilité. Les téguments de la face, entraînés ainsi vers la
ligne médiane, facilitèrent le déplacement que je voulais
imprimer au lambeau. Celui-ci vint s'appliquer sans ti-
raillement sur la perte de substance., en formant cepenr
Jant en haut et en avant qn léger godet qui s!effaça plus
tard. Jo fixai son bord antérieur à la peau du nez , au
moyen d'épingles à insectes très-flnes et de la suture en-
tortillée;
Le lambeau , ainsi qu'on a pu en faire la remarque ,
était plus long que le vide qu'il était destiné à combler.
En le taillant ainsi, j'avais un double motif: le premier,
de donner à la plaie de la joue une forme qui me permit
d'en affronter les bords; c'est ce quf eut lieu, en effet,
ainsi que nous venons de le voir; le second motif était
de façonner l'aile du nez au moyen d'un ourlet qui lui
donnât une solidité suffisante' et une forme se rapprochant
autant que possible de la forme normale , et qui , enfin ,
iwm»kh râ iiËa>BcniB. iSl
reportât, à l'intérieur de la nouveUe narme, le bord cica-
triciel, inférieur du lambeau.
Pour cela ;i je retranchai, avec des ciseaux « la partie du
lambeau qui devenait inutile , en ayant soia de lui laisser
une longueur suffisante pour remplir Tobjet que je viens
d'indiquer. Je renversai ensuite Ja partie inférieure dû lam*
beau , de manière à mettre les surfaces saignantes en ^oti-
tact , en formant, .ainsi que je Tai déjà dit , un véritable
ourliet t qi^l fut maintenu au moyeu d^un double point de
suture. J'ajouterai que cette partie renversée du lambeau
avait été taillée, de manière à x^e que sa forme représentât
assez bien celle de l'aile du nez.
Reétaît encore à fixer le bord exterae.du lambeau' aux
parles voisines. ,
L'aile du nez nouvelle fut maintenue au' ctioyen d'iin
point de suture simple , au sommet de l'angle qui,; déjà ,
avail servi en dehors de point d'attache pour la suture de
la plaie de la JQue. , . ^ : .
Le bord externe de la partie, supérieure de la plaie de
la jouQr grâce a, une dissection peu étendue, peut être
amené, sans trop d'efforts, jusqu'au contact du lambeau
auqu<U il fut fixé par desépingles. /
Cette opération, qui dura trois quarts d'heure, fut bien
supportée par le malade.- Les suites en furent assez sim-
ples; les premiers jours, pendant lesquels,. d'ailleurs, je ne
vis pas le inalade, se passèrent sans accident qui mérite
d'être noté.
Le quatrième jour, jç mè rendis chez^naou opéré: il y
avait déjà .un gonflement considérable dé tout le coté
droit de la face ; je me hâtai d'enlever quelques épingks ;
sur d'autres points i je me bornai à enlever les fils et à les
remplacer par d'autres fils moins serrés.
Le lendemain , de nouvelles épingles furent retirées , et,
le sixième jour, j'enlevai les dernières.
La réunion immédiate avait eu lieu dans la phis grande
partie, et, bien qu'un pBu d|| suppuration ce montrât sur
quelques points , il était facile de voir que, 1^ succès de l'o-
pération n'était pas douteux. ./
15% iùûtàniit DE lËÉMicrnW.
Des bandelettes de sparadrap furent ajppli^tiéës pour
prévenir récartement des plaies et pour soutenir les par-
ties.
^ Les jourâ suivants, le gonflement diminua ; ce n'est qu*un
mois après l'opération que toute trabe de suppuration avait
disparu. Alors, on pouvait juger du résultat, qui était des
plus, satisfaisants. C aile du nez se dessinait assez bien à
l'extérieur, et elle présentait tiiie soliditlâ suffisante pour
maintenir la narine ouverte et pour de pas éprouver de
ballotement dans les mouvements de ta respiration. Mais,
dans ces premiers teinps, elle avaif urie épaisseur trop
considérable qui , du reste, a diminué dans la suite.
La cicatrice de lajoue n'était pas extrêmenjent tendue
et allait bientôt être cachée en partie par les rides. La pau-
pièrequif après Popération, paraissait assez fortement ti^
raillée en dedans, avait repris sa forme normale. Je dois
«jouter que le nez s'était incliné uiipeu du côté droit, mais
sans qu'il y eut là rien de choquant.
Mon malade a vécu plusieurs années après cette opéra-
tion ; je ne l'ai pas revu dans tés derniers temps de sa vie ;
cependant, j'ai su que l'ulcère rongeant avait reparu sur
la cloison qui s'était perforée'; mais cçtte récidive ne se
manifesta point à l'extérieur et ne toucha en rien à la
partie nouvelle du nez.
Je n'ajouterai que deux courtes réfte^ions à cette ob-
servation : la première, pour établir que je crois avoih fait
une chose nouvelle en utilisant l'excédant de mon lambeau, .
afin de reconstituer Taile du nez par un ourlet où repli
cutané. Du moins , je n'avais , à Tépoque où j'ai pratiqué
cette opération (IS'iO), rien vu qui pût. m'en'dônner l'idée ;
depuis ce tenfips, la première observation qui ait une cer-
taine analogie avec la mienne, appartient à M. Serre (1B42).
Quoi qu'il qn soit , c'est là , je crois, une dés applications
les plus heureuses qu'on puisse faire de" ce qu'on a nommé
aùtoplastie par doublement du lambeaui-
La seconde réflexion est relative à là difficulté ou à ia'
facilité que présente l'exécution db certaines ppéràlrons ,
dans des cas semblables, en apparence, et^oùc'epèïîdant
JOmUAft BE MÉAKCOm. f'53
certaines circonstances, qu il importe d'apprécier d'avance,
viennent aider ou gêner le chirurgien.
Ainsi , l'opération que je viens de décrire, n'a été possi-
ble que grâce à la maigreur de mon malade , à la souplesse
et à l'extensibilité dé Ta peau. Changez ces conditions et
les diflficultés pcfuvent devenir insurmontables.
Ce >que]'ai fait chez Penard eût été impossiMe chez la
femme qui lait le sujet de Tobservation suivante. Chez elle,
en eftel,4e peu de laxité du tissu cellulaire sous* cutané
et he peu d'extensibilité de la peau , m'auraient présenté
des obstacles très-iérieut , si j'avais eu à faire «ubir à cette'
membrane de grands déplacements, et si la perte de subs-
tance eût été iSeJâtivemént très-considérable. Dans le cas
dont j'e vaift parlef, la perte de substajice existant sur la
ligné médiane , et l'état de la. peau ne me permettant pas
de trouver dans une seule joue un lambeau- d'uhe étendue
suffisante , j'ai dû emprunter à chaque joue un lambeau
semblable, et j'ai établi ainsi une symétrie parfaite entre
les deux côtés du visage , ce qui, en somme , devait don-
ner. 0t'a donné/, en enet, un résultat plus satisfaisant que
celui que j'aurais pu obtenir avec un seul lambeau.
Observatloo 11%
nicère cancroïde du riez ; ablation avec nnétrumenl Iran-
chaixt; rhinoplàsiie au moyen d'un lambeau emprunté
à chaque joue (i).
Au mois de novembre 1854, est entrée à l'Hôtel-Dieu
de Nantes, salle 8, la femme Martin, journalière, âgée de
60 àiis.
(1) La deuxième otmervation et la qualriàme ont été rédigées
d'aràès des notes recaeiUiesf chaque jouiry au lit des malades, par
M. Noblet, élève du service.
154 JOUÙIAL M MtoBCBIB.
Celle femme nous raconte que le début de sa matadre
remonte à sii ans. Ce n'était alors qu*an petit bouton ver*-
ruqueux ; mais ce bouton ne tarda pas à grossir , et , plus
tard, il s'ulcéra. Un médecin fut consulté et se borna à teire
de lojn en loin , quelques cautérisations avec le nitrfite
d'argent. Pendant ee traitement, l'ulcère s'étendit et devint
douloureux ;ufï suintement séro-purulent formait, a sa sur-
face, en se-concrélant , une croûte noirâtre, que la malade
faisait tomber de temps en temps, ndais qui se reproduisait
immédiatement. _ . _ .
Malgré l'insuffisance des cautérisations avec le nitrate
d'argent , la malade resta einq ans sans consulter d'autre
médecin. A cette époque, elle s'adressa au docteur Mar-
chand , qui conseilla des applications d'onguent napoli*
tain. Sous l'influence de ce topique, I ulcère se modifia et
se cicatrisa; mais cette guèrison ne fut que de. très-courte
durée, efle mal reparut bientôt plusr grave que jamais.
La femme Martin affirme n^avoir Jamais eu de maladie
syphilitique; après l'avoir interrogée à plusieurs reprises
dans' ce but, nous sommes resté convaincu qu'elle n'aivàit
janàais présenté de symptômes qu'on pût considérer comme
des accidents secondaires ou tertiaires de la syphilis. L'ul-
cération du nez offrait, d'ailleurs, au moment Où j'ai pu
l'observer, les caractères les plus tranchés du caiicroïde
de la. peau.
Ulcération végétante faisant saillie au-dessus du niveau
de la peau , assez exactement arrondie , d'un diamètre de
trois centimètres et demi ; ayant laissé iatactes les^ailes du
nez et la sous-cloison , mais .ayant détruit toute la peau
du lobe moyen; en haut, elle recouvrait le tiers des os
propres du nez, et sur les côtés, elle venait se terminer
dans le sillon nasorgénfen. •
La sur&ce d& cet Ujcère , noirâtre et recouverte d'une
croûte peu épaisse et fepdillée, était le> sié^. de fréquen-
tes hémorrhagies et donnait lieu habituellement à un écou-
lement de pus -sanieuxi La malade y ressentait des dou-
leurs lancinantes. - /
Le doigt, introduit dans les narines, permettait de cons»-
JOUIRAI. PB NÉDBCINB.
155
talerrintégrité de la membrane muqueuse; les cartilages
ne paraissaient pas déformés et on pouvait espérer qu'ils
n'avaient pas été atteints par la maladie.
Pas de ganglions engorgés; cette observation , comme
celle qui précède et comme celle qui suit , vient donc con-
tirmer les idées exprimées, à cesujet, par M. i»ebert, dans
les Mémoires de la Société dé Chirurgie. {Du cancer et du
cahcroïde de la peau, t. II , p. 568.)
L'étendue du mal né permettait pas de songer à la cau-
térisation avec les préparations arsenicales , et, d'ailleurs ,
quer que fût le caustique dont on aurait foit choix, on ne
pouvait espérer la formation d'une cicatrice sur toute
cette surface ; enfin, on se serait exposé , par l'emploi des
caustiques, à perforer largement le nez.
Je songeai donc de suite à l'ablation du mal avec l'ins-
trument tranchant et à la reconstit4ition dé l'organe au
nooyen de Tautoplastie, et c'est aux joues que je me déci-
dai à emprunter les lambeaux.
L'opération fut pratiquée le là novembre.
Deux incisions, parlant des côtés de la racine du nez et
séparées ii leur point de départ par un espace d'un demi-
ccntimèire environ, furent abaissées dans la direction du
sillon naso-génien , jusqu'à la hauteur^ des commissures
labiales. Une incision transversale , rsola'nt entièrement les
ailes du nez et la sous-cloison des parties malades , vint
rejoindrai à droite et à gauche , les deux premières iaci-
sious ; en haut , sur ie dos du nez, une petite incision ho-
rizontale rejoignit également les deilx premières « de sorte
(|tte l'ulcère se trouva circonscrit àp toutes parts. L'abla-
tion de cette surface fougueuse fut assez longue et diffi*
cile, les tissas n'offrant aucune résistance à l^iction des
pinces : il fitllut gratter , et , pour ainsi dire « ruginer les
cartilages qui étaient entièrement sains.
J'achevai ensuite de tailler mes lambeaux, par une in-
cision pratiquée de cliaque côté, à partir d'un centimètre
environ au*de$saus du bord inférieur -de l'orbite jusqu'à
rextrcmilé inférieure de la première inc^ion , de manière
à terminer mes lambeaux par un angle aigu et à donner à
chacun d'eux une largeur égale à la Qioitié de la perte de
substance.
Les lambeaux furent disséqués jusqu'à. leur base, apjrès
quoi je réunis , au moyen de la suture ^tortillée , les
plaies des joues, ce qui contribua à faire cheminer les lam-
beaux à la rencontre l'un de l'autre.
Avant de les réunir, j'abattis les angles de la portion de
peau que j'avais laissée sur le dos du nez : de sorte que sur
la ligne médiane la plaie représenta un Y allongé.
La réunion des lambeaux entre eux fut assez facile, mais
j'éprouvai plus de difficulté à les adapter au bord supérieur
des ailes du nez. Par leurs extrémités, dont j'excisai une
petite portion, ils conslituèrent le lobe moyen; Pour flxer
les lambeaux, je me servis de la suture entortillée, au iiK>yen
d'épingles très -fines.
Je dois noter , en passant , que les tissus étaient moins
extensibles à gauche qu'à droite , ce. qui fit éprouver au
lambeau gauche une assez grande tension..
Le lendemain de l'opération (14 novembre), gonfle-
ment des lambeaux et des paupières ii^fiàrieui^s^. L'extré-
mité inférieure du lambeau gauche est violacée et menace
de se gangrener.
Deux sangsues sont appliquées en avant de chaque
oreille. V ..
Dans la journée , j'enlève plusieurs fils qui comprimaient
trqp fqrternent les tissus ^ mais je laissai les éipingle^ en
plabe.^ ' ,
La 15 , état sàtisfaiss^nt ; ablation d'une épiogle $ur la
ligne médrane.
Le 16, ablation de plusieurs épingles ; lesillsçout p^r-
Jout remplacés par d'autres Als moins serrés.
. Le 17, les dernières épingles sont enl,evée$ , et les par-
ties sont souteoues avec des bandelettes de sparadrap.
Le 20 , le gonflement a bjendiminué , mais TextrémUé
inférieure uu lambeau gauche, ga^igr^née , s'est détachée
et a laissé un vide dans le point coiTespondant , vide qu'on
faisait disparaître en relevant le sommet et' l'^iie du nez. Du.
côté droit /la réunion paraît solide.
Je fixai, avec du collodion, deux petites bandelette^ de
linge dans les narines ; ces bandelettes furent ramenées sur
le nez, où elles ç'enlreçroisèrent , et furent fixées^ avec
du collodion , à chaque paupière inférieure. Une troisième
bandelette , fixée à la sous-cloison d'une part, et d'autre
part entre les deux sourcils , contribua aussi à maintenir
le néz relevé. La période substance, produite par la gan-
grène , était désprnjais insignifiante ^ la cica^trisation mar^
cha régulièrement, grâce à la préc^iution q,M.e j'eus de
réappliquer de nouvelles bandelettes quand lés premières
parurent se relâcher;
Je dois ajouter que lé lambeau drpit glissa peu à peu au-
delà de la li^ne médiane , de manière à combler en partie
le vide, qui avait été. produit par I^ gangrène cje Tejitrjéniité
du lambeâU gauche.
Le 27 , la guérison était complète , mais je ref^ps la
malade à l'Hôtel-Diéu jusqu'au J6 décembre.
Depuis ce temps , j'ai eu occaspn dç la revojp plusieurs
fois;. le liez, autrefois aqùilin , est légèrement retroijssé ,
l'aile gauche un peu plus élevée que l'afle droite ; njais ,
à part.ces petites irrégulpités qui tendent, du reste, à
s'effacer de plus en plus , on ne peut guère se douter au-
jourd'hui de l'étendue et de la gravité dé la maladie pour
lâqîielle j'ai pratiqué cette opération.
Disons enfin, pour nerien omettre , que de petites ex-
iS8^ JOVBIUt DB MftOBCIRB.
coriations se sont manifestées à diverses reprises siir les
cicatrices, mai»qa*il a suffi, pour les faire disparaître, de
quelques lotions avec Teau de Pagliari.
L'eau hémostatique de Pagliari avait déjà été employée
plusieurs fois chez cette malade depuis lemoipent de l'o-
pération , dans le but de réprimer les bourgeons charnus *
et. de hâter la cicatrisation , et son efficacité m'a paru de
la dernière évidence. J'avais été conduit à avoir recours à
ce moyen par un fait qui s'était passé , quelque temps au-
paravant , dans mon service. ' • .
Une femme de soixante-dix ans portait, depuis quinze
ans, sur le front , un large ulcère saillant , dont les bords
renversés formaient un chamfNgnon. Cet ulcère occupait
tout le côté gauche du front et avait même détruit une
portion de peau couverte de cheveux. Il était le srége de
douleurs extrêmement vives et donnait lieu à des pertes
de sang très-abondantes, qui se renouvelaient souvent plu-
sieurs (ois par jour.
peux aiilres ulcères, moins étendus et déprimés , exis-
taient de l'autre c6té du: front.
Depuis quinze ans, bien des traitements internes avaient
été suivis , bien des topiques avaient été appliqués sur ces
ulcères, sans aucun résultat favorable.
On avait eu recours à divers caustiques , et moi-même,
en dernier lieu , j^avais essayé la pâte sulfo-safranée ; mais,
à chaque application , les douleurs devenaient intoléra-
bles, et, à la chute des croûtes, les hémorrbagies reparais-
saient. Pour combattre ce dernier accident, }e prescrivis
des lotions avec de reaù de Pagliariv, répétées deux fois
par jour.
Sous riiiftuence de ce moyen , Taspèçt des ulcères se
modifia promptement, le champignon s'affaissa, les hé-
mprrhagies cessèrent et les douleurs liisparurent complè-
tement. Enfin , une cicatrice de bonne apparence recou-
vrit peu à peu les surfaces malades. Cette femme quitta
l'Hôpital après quinze jours de l'usage de ce oioyen qui ,
seul N, depuis quinze ans , avait donné un résultat favo-
rable.
Cette guérison -s^ra-t^elle durable 7 11 est permis de
conserver quelques doutes à cet égard. Quoi qu'il en soit ,
ce foit m'a . vivement fca^ppé , et, depuis eette époque ., j'ai
employé UR. grand nombre de fois, avec succès, Teaade
Pagliari, dans le .traitement .d'ulcères de mauvaise na^
ture.
Observât ion 111%
Vaste cancroï'de àe la joue ; guérison par la génoplastie.
Chéneau (Pie^rre) , âgé de 63 anss». demeurant à Froid*
fond (Vendée)., est entré à rHôtel-Dieu de Nantes te 5 mai
1855 , pour y être traité. d'un large ulcère canoroïde ayant
détruit une grande partie de la joue dreite. Cette affeç-r
tion avait débuté , il y. a plqs de dix ans , çtt avait été atta-^
quée, avec un succès tempprairf, une première fois par les
caustiques^ une secondée fois par l'instrument tfancliaat»
C'est en 1846 que Chéneau, se préoccupant d'un bou-
ton qu'il portait sur la partie interne et ^supérieure dé là
joue, et qui, depuis quelque temps, s était ulcéré , alla
tisouver d^^^çmpiriquea qui appliquèrent , sur le mal , un
caustique <^nt l'action axtrènckement douiourease dusa plus
de yiogt*quatre h,eures. La guérison fut obtenue, mais il
resta une cicatrice plissée et.adbérènte, s étendant jusque
sur le côté (iji nez. Peu de temps aprèi», l'ulcération repa-
rut à la partie externe de la cicatrice. Cbéneau , effrayé
des douleurs qu'il avait soufferte& une première fois , at-
tendit longtemps, et ce n'est qu'en 1^48 , deux ans après
lapplicatipi^ du caustique , qu'il se décida à venir me con-
sulter. Le mal alors avait l'étendue d'une., pièce de deux
francs ; il n^e fut feicile de l'enlever au. moyen de dûux in-
cisions semi-lunaires « qui permirent de rappirocher . lee
bords de la, division et d'pbtenir^ par la suture entortillfie,
une.réuniou immédiate^ la cicatrice fut linéaire et dirigée
de haut en bas., \ . ^ -^ . ^
13
160 JÙVmkL BB MÉDSCINE.
f^a guérison parut définitive , et , pendant plusieurs An-
nées, rien n'annonçait une seconde récidive. Cependant, il
y a trois ans environ, le mal reparut avec des caractères
qui ne permettaient pas de se foire illusion. Gfaéneau a ,
sans aucun doute, eu recours à des remèdes nombreux ,
dans l'espérance de^se soustraire k une nouvelle opération ;
mais il a refusé de faire des aveux à ce sujet ; quot^ qu'il
en soit, lorsqu'il est revenu me voir afin d*obtenir, comme
pensionnaire, une place à FHôtel-Dieu ^ l'ulcère avait ac-
quis <fes proportions considérables. Il s'étendait en haut , à
la paupière inférieure qui était, elle-même, atteinte en
partie : en bas , la moitié de la lèvre supérieure était dé-
truite; en dedans, le mal s'était arrêté ^ l'aile du nez,
mais au-dessus de ce point, il s'avan^it un peu sur les
côtés du nez ; là, on apercevait encore, au-delà des limites
du mal , une partie de la cicatrice plissée , produite par
Tapplication du caustique en 184f> ; on voyaii également,
à une petite distance de la commissure des lèvres, la por-
tion inférieure de la cicatrice résultant de l'opération pra-
tiquée par moi en 1 848. En dehors , Tulcération dépassait
le niveau d'une ligne verticale abaissée de Fangle externe
des paupières. s '
Cet ulcère , dont les bords étaient saitiants^ comme fran-
gés en certains points , donnait lieu à un écoulement de
sang qui se produisait au moindre contact et qui. souvent
avait lieu spontanément. Les tissus profonds étaient indu-
rés au-delà de la solution de continuité de la peau ; c'est
- ainsi qu'on sentait un bourrelet très-dûr -adhérent au bord
de l'orbite et s'avançant sous la paupière. Le mal parais-
sait, du reste, ne pas avoir envahi le tissu osseux , mais il
était évident que toutes le$ parties molles avaient été dé-
truites ou étaient infiltrées de matière épidermique.
Pas de ganglions lymphatiques engorgés.
Enlever toutes les parties malades avec l'instrun^ent
tranchant , réparer la perte de substance avec un lambeau
autoplastique, emprunté à la partie inférieure de la joué ,
tel est le seul mayen qui me parut applicable dan^' un cas
aussi grave. - '
JOTONAL BÈ StiraCINB*
L'opération fut pratiquée le 9 irïai.
161
Toutes les parties malades furent circonscrHes par une
inoîsîon profonde , excepté , toutefois, en haut; oïli je me
proposais de fiiire, dans^ un autre moment^ la section de la
paupière inférieure avec dçs ciseaux.
La dËssection fut assez difficile , à cause de la friabilité
des tissus, c^ qui me fbrça à reporter plusieurs fois Tins-
trûment sur quelqaes points , afin d'enlever tout le mal.
' L'écoulement de sang fiit abondant et un grand nom^
bre d'artères furent liées;, tout le système vasculaire de
cette région paraissait développé d'une manière insolite.
Le bourrelet adhérent au bord de Forbite , et dont j-ai
parlé plus haut ,- fut détaché de bas en haut^ sans avoir été
préalablement séparé de la paupière; celle-ci fut ensuite
découpée avec des ciseaux, immédiatement au-dessus des
limites^du mal.
La perte de substance paraissait alors énèrme pui^ue ,
d'un côté, elle communiquait largement avec l-orbite, que,
d'an autrecôté, elle comprenait la moitié de là lèVre su- .
périeure ; et que, tranversalement, elle avait plus d'étendue
encore que^de baât en bas. /
Malgré les deux opérations précédentes, qui avaient né-
cessairement iHnoinuéCexiensibilité de la peau du visage,
je pus tailler, en -dessous et en dehors de la perte de
substance, un ^rge lambeau dont la forme se rapportait,
sinon géométriquement, du moins assez exactement , à la
forme de l'espace qu'il devait recouvrir.
161 JODUIàL M
Pour cela , ufie inckbn presque veriicale, ptri^nt du
bord inférieur de la plai)e, fut abaissée jusqu'au-dessous
du bord de la mâchoire , en passant à un demî^^centimètre
de la commissure des lèvres.
De la partie inférieure de la région malaire, une seconde
incision vint , en formant un démi-cercle, rejoindre la
première sous le bord du maxillaire.
Le pédicule du lambeau était donc situé en tiaut «t cor-
respondait, par un des cÀtés de sa racine , au côté externe
dé la perte de substance. Ce pédicule avait deux centimètres
au moins de largeuh
Le lambeau fut détaché de bas en haut , et, par une
dissection portée en avant et en dehors, sôus les bords de
la plaie, je véusais à faire gUsse» les partiea et àl les téunir
par la suture entortillée, après lavoir fait soidevei; le buiH
beao. Ce premier résuléat était imnaense , car il fiieilîtaîi
singulièrement le reste de l'opératioa. iCt, en; effel, le^lfs»-
beau fut très-aisément amener sur la perte de subetance,
eu parcourant un angle d'envioon 90degiréfi. Pluaieucs fils
des ligatures furent dirigés vers le'poînt le plus- voisin des
bords de la plaie ; mais la plupart de ces fils, étant fixés
vers le centre même de la plaie, furent cûnduît& dans b
cavité buocale par. une ouverture que je pratiquai , à cet
effet, à travers la muqoeuse de la lèvre. Die eettenànière,
ils ne pouvaient plus nuire à la réunion du lambeau avec
les téguments V4^în$.
Pour fix^ le lambeau, j'eus t^ecoûrs à la siiUire entor-
tillée , excepté vers là paupière inférieure , où j'appbquai
quatre points «le suture simple. -
Quand l'opération fat terminée, on vit que le lambeau
n'était tiraillée dans aucun sens. La partie du visage qui
était soumise et la plus forte traction était la lèvre supé-
rieure , de sorte que la commissure labiale était eiatfalnée
en haut et en dehors, disposition qui n'était (fiie l'exagéra-
tion de ce qui existait précédemment, car, par suite des
deux premières opérations, la lèvre supérieure avieiit siAi un
mouvement ascensionnel, et le nez s'était noUd>le8ieot in-
cliné à droite.
Une simple compresse sèche , attacl^ au bonnet du
malade, recoiivrit le côté droit du visagie pour |[>rptéger
les parties..
Le soir.de l'opération, il y eut de la fièvre qui continua
pendant trois jours , mais, sans avoir un caractère inquié*
tant.
Le 10 mai , lendematti de Topération ^ gonflement du
lambeau etdèspiirties voisines ; le lambeau a une colora^
tien un peu foncée ; huit sangsues en avant de l'oreille.
Le il i le gonflement â augmenté, mais le lambeau a
une eouteur moins foncée ; l'œil est fermé par suite de là
tnméfiiction des paupières ; la conjonctive secrète une no-
table quantité de rouco-pus;
En presfMint sur lé lambeau^ je fiiis sortir du pus , qui
s'échappe surtout par en baut^ entré les points.de su*
ture.
J'enfèyé tous lef fils fixés aux épingles et je les remplace
par- des fils moins serrés.
Lé i2i je réussis , par uée tradlion un peu forte , à ar-
racher une gt-ande partie dé ligatures , soit du c6té. de . la
peau V soit dtt côté de la bouche, ou j'avais amené la plu-
part des fife à travers une ouverture pratiquée à cet effet
dans le coMe-sac gengivo»labial ^ ainsi <}ue je Tai exposé
plus haut. :^
Le 13; l'écoulemekU da pus esl moins abondant ^ les
dernières ligatures sont arrachées saios qu'il sécoulé de
sahg. Le lambeau est adhérent dans la plus grande partie
dé sa circonférence I j'enlève tous les. points ^le suture et
toutes les épingles qui Je maintenaient ; mais, pour ne
pas rabândonner à lut-mèlne , j'ai recours à trois petites
bandelettes de linge que je fixe avec du collddion , par
une de leurs extrémités, au lambeau lui-inèjme , et par leur
autre extrémité à ia partie externe de l'orbite , à la partie
supérieurs du nez et enfin à la lèvre supérieure.
Les épingles de la plaie inférieure ike forent enlevées
que le i6 ; la réunion, était complète. -
/Chaque jourv iq>rës avoir enlevé tes croûtes qui se for-
matant autour du lanifaean, dans les points où la réunion
n'était pas adfaevéé, je bisais des lotions avec Teau de Pa-
gliari. '
164 JOOUI^K DB HÉIlBCaNS.
Le 17 et le 18, pour faciliter l'adhérence de la fiice
profonde du lambeau , je le soumis à une légère compres-
sion , au moyen d^une boulette de charpie et d'une ban-
delette de sparadrap ; ce moyen eut un plein succès.
Les jours suivants , le gonflement disparut complète-
ment, la suppuration devint pres(pie nulle, les-^tîssus re-
prirent leur aspect normal et la guérisonput être considé-
rée comme assurée. La paupière inférieure, bien que ten-
due, conserve une longueur suffisante et n'a pas de ten-
dance à se renverser en formant un ectropion. Grâce à
l'extensibilité du lambeau , l'angle de la bouche a pu
s'abaisser et se rapprocher de la ligne médiane , de sorte
que, sous ce rapport, les traits sont plus réguliers qu'avant
l'opération; le nez, lui-même, est moins incliné à droite
qu'il ne Tétait autrefois. ^ >
Cet abaissement de la commissure la.Male , fevorisé par
la contraction musculaire , l'a été également par la rétrac-
tion de la cicatrice inférieure de la joue. Cette cicatrice ,
qui correspond au point où a été emprunté le lambeau ,
est linéaire et présente une longueur bien moindre qu'on
aurait pu le supposer : elle n'a que quatre centimètrîBs et
demi , tandis que la plaie avait primitivement six centimè-
tres au moins.
Chéneau a quitté l'Hêtel-Dieu le 23 mai , c'est-à dire le
quatorzième jour après l'opération.
Il est peut-être difficile de se défendre de la craiiHe* de
voir ^emal reparaître encore chez cet homme. Cependant,
on (ioit espérer que la transplantation du lambeau autoplas-
tique va modifier d'une manière avantageuse la vitalité des
tissus et prévenir une troisième récidive.
Si cette espérance était déçue , si , vers la circonférence
du lambeau , quelques tuBercules venaient à surgir et à
s'ulcérer et que les lotions d'eau de 4^agltari fussent insuffi-
santes, il ne faudrait pas en conclure que l'art est im-
puissant et regarder une guérisoil définitive comme impos-
sible. L'absence de ganglions lymphatiques engorgés ,
l'absence <le toute autre manifestation plus ou moins éloi-
gnée d'affection cancéreuse , démontre d'une manière évi-
dente que le mal est tout local et qu'il sera toujours possi-
JOUiUlAli DB MÉDECINS. 1^5
ble de le détruire, comme toutes les affections épitfaéliales
ou épîdermiques « si on réussit à enlever tous les tissus
circonvoisins qui ont éprouvé déjà un commencement d al-
iération.
Pour obtenir un succès complet et radical , il ne s'agit
donc que de se tenir en garde et d avoir de la persévé*
rance.
On a cité , à ce sujet, bien des faits qui peuvent servir
d*eiLeinple et d'encouragement, et, parmi ceux qu^ j.ai
observés moi-même , il en est un -qui me paraît digne
d*être rapporté ici.
C'était en 1839 , au début xle ma carrière médicale : On
me présenta un homme de Saint-Étienne-du-Bois (Ven-
dée) , ieune encore , mais ayant déjà subi sept opérations
pour un cancer de la lèvre inférieure. Trois fois, il avait été
opéréà THôteUDieu de Nantes, au moyen de Tinsirument
tranebant, par Al. Cocl^ard, oncle , alors chirurgien en
chef de cet hôpital ; quatre fois, il s'était soumis à Tappli-
cation des caustiques , . eu se mettant entre les mains de
femmes de campagne qui , grâce à une tolérance regret-
table de l'autorité, exploitent de ia manière la plus déplo-
rable et souvent, la plus désastreuse i la crédulité des niai-
heureux qui ont ou qui croient avoir des maladies can-
céreuses, ,
Chez le malade dont je parle en ce moment^ le mal avait
donc récidivé sept fois, et cependant ce malheureux n'était
pas découragé et était encore disposé à supporter une hui-
tième opération.
La-lèvre inférieure et le menton étaient en partie dé-
truits , et, à leur place, existait^ une large échancrure , au
fond et aux bords ulcérés., par où la salive s écoulait sans
cesse ; mais il n'y avait pas de ganglious lymphatiques en-
gorgés. . .
Deux incisions, partant à un demi-centimètre en dedans
de chaque commissure labiale, vinrent se réunir sur la
ligne médiane, vers le milieu dq la région sus-hyodieane,
en comprenant enire elles , non-seulement les parties ma-
lades , mais encore une certaine étendue de parties qui pa-
raissaient complètement intactes.
166 JWMâL DB HÉMCBIB.
En détachant les joues de la mftchoire infi§rieure , jus-
qu'au point on passe l'artère feciale , je pus ramener les
bords de la plaie sur la ligne médiane et les réunir par la
suture entortillée. J'obtins une réunion immédiate , et la
lèvre inférieure , qui n'avait alors qu'un centimètre de lon-
gueur, s'est allongée peu à peu et a acquis, au bout de quel-
ques mois, des dimensions suflSsantes.
Mai» ce que je tenais surtout à établir ici , c'est que
la guérison a été définitive, ainsi que j'ai pu le constater un
grand nombre de fois.
Érysipèle delà face; gangrène des paupières ; destruction
de la paupière inférieure ; guérison 4 Vaide de la blé-
pharoplastie.
La destruction partielle ou totale des paupières altère si
profondément la physionomie , l'espression du visage , la
régularité des traits, compromet d'une manières! grave le
globe de l'œil et dans sa structure et dans ses fonctions ,
qu'il n'est pas étonnant que, dès hi plus haute antiquité, on
ait cherché à y remédier.
Cependant, il &ut bien avouer que les efforts qu'on avait
faits, dans ce but , sont restés à peu près stériles jusqu'à
la création de la blépharoplastre , opération toute mo-
derne.
Ce fait est d'autant plus remarquable que l'origine de la
rhinoplastie se perd dans la nuit des temps , et que cette
dernière opération aurait dû conduire à la première, puis-
qu'elles reposent toutes deux sur les mêmes principes. La
perte des paupières, entraînant plus de gène et plus de
dangers et constituant une difformité au moins ausi^l cho-
quante que la perte du nez, on est porté à se demander
pourquoi l'art ne s'est pas ingénié plus tôt à y remédier
d'une manière efficace ?
C'est qu'il y a chez l'homme un sentiment qui domine
et la crainte du danger et l'aiguillon, pourtant si puissant,
de l'amour-propre , je veux parler du désir dese sous<-
traire au déshonneur. Or , on sait que chez les Indiens la
perte du nez était un supplice infligé légalement à certains
criminels , et que ceux qui l'avaient subi étaient ainsi mar-
qués du sceau de Tinfamie.
Ges mots suffisent pour expliquer comment la rhîno-
plastie est de date si ancienne, et comment la blépharo*
plastic n*a été créée que lorsc^e les travaux et les expé-
riences de nos contemporains eurent généralisé l'auto-
piastie. -
Jusque-là , nous n'étions guère plus avancés qu'on ne
rétait du temps de Celse, qui résume ainsi ce qu*il savait
sur la restauration des paupières : si nimium ptUpebrœ
deest j nuUa id resliiuere curaiio potest y si eœigmm > me-
deri Ucet.
le sortirais de mon sujet ; si je rappelais 'et (e traite-
ment conseillé par Celse pour guérir Vectropion » et les
autres opérations instituées depuis dans le même but ; j'ai
à raconter un cas de blépharoplastie , c'est-à-dire de res-
tauration de toute une paupière, opération dont les pre-
lîii^s essais datent , en France du moins , de vingt ans
seulement.
Disons, cependant, que des opérations de blépharoplas-
tie, peu connues dans notre pays, avaient été faites aupa-
ravant, avec des succès variables, par Grœfe, Dzondi ,
Fricke et Jungken. C'est le procédé de Fricke, modifié par
Van Ammon, qui est suivi généralement aujourd'hui. Par
ce procédé, on évite ta torsion^ du pédicule du lambeau, et,
par conséquent, la section ultérieure de ce pédicule.
Malgré ce perfectionnement important, Tautopiastie pul-
pébrale est loin de constituer une ^opération uniforme et
soumise à deà règles, fixes , Unn de là; cest peul-être , de
toutes ks opérations du même genre j la moins semblable
à eUe-méme dans tes dixierses drconstantes qui la nécessi-
tentj celle quixomporte le plus de variétés dans la inanière
iy procéder i Peut-être n'afit-eUe jamais été pratiquée deux
fois de la- même façon ? (ftoux. loco citât.)
Cette citation^ empruntée à un maître dont j'aime à in-
voquer le souvenir et l'autorité, me fait espérer qu'on trou-
vera quelque intérêt à la lecture de l'observation suivante ,
168 JiMllRAL m KÉBSCm.
que je considère connue un très-bel exemple de blépbaro-
plastie.
La nommée Jamin (Ëliza) , journalière, Agée de 1 9 ans ,
me fui adressée, le 25 octobre 1854 , par le docteur Mé-
chineau, de Clisson, pour une lagopbtalmie du côté droit ,
portée au plus haut degré et donnant un aspect repoussant
à un visage, d*ailleurs régulier, et même' assez agréable
quand on le regardait de profil du côté gauche.
Cette jeune fille avait eu , six mois auparavant , dan$ le
courant d'avril, un érysipèle de la face, qui se termina par
des abcès dans les paupières et par la gangrène de ces
voiles membraneux , et même d'une partie de la peau de
la régioH temporale.
Après la chute des escarres , la cicatrisation marcha ra-
pidement, et, dès le mois de juin , les choses étaient dans
rétat où il m'a été donné de les ol^server.
Des cicatrices irrégulières et adhérentes existent en de-
hors de Torbite , vers la région temporale. La paupière su-
périeure , bornée à peu près à sa portion tarsienne , n*a
plus quun centimètre à peine de hauteur. Le nouscle orbi-
culaire ayant été presque entièrement détruit , ce reste de
paupière ne jouit que de mouvements extrêmement bor-
nés. Cependant , les cils ont conservé leur régularité , le
point lacrymal, est intact, et bieo que très-incomplète,
cette paupière n a rien de trop choquant etprotége encore
la partie supérieure du globe de Toeil.
Hais il en est autrement de la paupière inférieure; ici
la gangrène a produit des accidents bien autrement graves.
Le bord libre de la paupière nest plus indiqué que par
des cils disposés irrégulièrement sur un tissu de cicatrice
adhérent à ^ partie antérieure du maxillaire supérieur et
de Tos malaire; la conjonctive rouge , enflammée, forte*
ment tiraillée en bas , laisse le globe de Tœil à découvert.
Sous cette membrane muqueuse, on sent le cartilage tarse
renversé complètement ^ de telle sorte que. son bord infé-
rieur est devenu supérieur. On ne retrouve aucune trace
du point lacrymal, et des larmes coulent continuelleinent
sur la joue.
L'écartement des deux paupières est tel, que leur com-
lOUBNàt DB HÉBBCniB*
169
missure externe, tendue jusqu'au-dda des limites de son
extensibilité naturelle « est déchirée et ulcérée.
La conjonctive oculaire est enflammée, surtout en bas,
ei une injection radiée et profonde indique que la cornée
transparente est menacée aussi d'être envahie par Tin-
flammation. Par suite du déplacement de la conjonctive
palpébrale, le globe de l'œil n'a que des mouvements très*
peu étendus.
Pour remédier à cette difformité, il n'y avait qu'un seul
moyen i faire une paupière inférieure nouvelle, au moyen
d*un lambeau.de peau emprunté aux parties voisines.
L'opération fut pratiquée le 28 octobre , à l'Hôtel-Dieu
de Nantes, salie 8, où j'avais fait placer la malade.
: Une incision demi-circulaire , commençant un peu au-
dessous de la commissure externe, et éloignée du- bord
ciliaire de 3 millimètres environ , fut pratiquée , pa-
rallèlement à ce bord , sur la limite du tissu cicatriciel et
de la peau de la joue. Par une dissection rapide, je détachai
les tissus, d'abord des os auxquels ils adhéraient, puis du
tissu cellulaire de l'orbite.
Ce preiBièr temps de l'opération achevé, je saisis, entre
le pouce et l'indicateur de la main gauche, le cartilage
tarse que je fis basculer, de manière à ramener en bas son
bord inférieur , qui , je l'ai déjà dit , était devenu supérieur.
Une aiguille courbe fut portée au fond de la plaie et me
permit de passer un fil à travers le cartilage tarse que je
pus ainsi foire maintenir par un aide dans la position que
I7A idittHAL m ÈÉbÉcm.
je lui avais donnée. Mais j*acqtiis bientôt la certitude que
ce moyen était insuffisant, à moins d'une traction très-forte,
et je crus prudent d*y renoncer avant la fin de Topératton.
En écartant les bords de la plaie, je pus juger de retendue
du vide qu'il y avait h combler, et, par conséquent , des
dimensions que je devais donner an lambeau.
Je taillai le lambeau en faisant sur la joue une incision
verticale de quatre centimètres et demi de longueur , par-
tant de Tangle externe de l'incision horizontale, ou plutôt
se confondant avec elle , dans l'étendue d'un centimètre
environ, et une seconde incision verticale , à trois centi-
mètres en dehors de la précédente ^ qu'elle vint rejoindre
en bas en s'incurvant un peu.
Ce lambeau , avant d'être séparé des parties sous-jacentes,
était donc circonscrit en avant , par uoe ligne droite verti-
cale dans toute son étendue ; en dehors , par une ligne ,
parallèle à la première dans les 3/5 supérieurs , et courbe
dans les 2/5 inférieurs : le point de jonction de ces deux
lignes formait un angle aigu. L'incision externe , commen-
çant un peu plus bas que l'interne , la base du lambeau
était oblique de haut en bas et de dedans en dehors. La
dissection du lambeau fut portée , en haut , au-delà de sa
base, pour faciliter son inclinaison ainsi que l'élévation du
bord de la paupière.
Le lambeau étant soulevé par un aide , je rapprochai ,
par la suture entortillée , la plaie verticale qui se trouvait
dans le point où il avait été pris. Cette suture se fit sans
tiraillement, grâce aux décollements 'que j'avais eu soin
d'errer.
En soulevant ensuite le bord de. la paupière, j'entrahiai,
dans le même mouvement, la partie antérieui*e de la base
du lambeau , qui exécuta, pour ainsi dire dé lui-même, un
quart de cercle, de ihanière à venir combler, sans torsion
appréciable, le vide qui se trouvait formé par Técartement
des lévites de la plaie horizontale. Le lambeau s'adapta à la
perte de substance avec tine telle régularité, les angles
rentrants et les angles saillants s'ajustèrent si bien , qu'un
confi^re ^ témoin des résultats de cette opération, la com-
parait à un ouvrage de marqueterie.
Le lambeau (Mt f\%é w place par seize poiots ^e sutura
eati^çQ^p^Q , huit po^r son bord sMpéJrieur , huit pour son
bord inférieur, l^fifm • pour reipédier, lyuiant quie possible,
à r^longation qu'avait subie t^ bord palpébral, ei à l'ulcéra-
tion de la coqunis9Are eUeçne « je mis les parties ulcérées
à l'état, dei cruent^tio^ au a¥>yea de d^ux coups de ciseaus^
puis une 4pii)gle à insecte, pasfifée de bas en haut, me
p«riiût de rapprocher tes paupières par la suture entor-
tillée ei i^ rétrécir la co9Wissujre de trois miilio^ètres.
Cette petite opération accessoire eut une action tr^*
faYorahl^ sur la position du cartilage tarse.
Des compresses d'eau froide furent appliquées sur la
joue et sur l'ceil , pendant les quatre premiers jours qui
suivirent Topération. I^a fièvre fujt modérée ; mais le gon-
flement du konbeau et des parties voisines lut assez consi-
dérable* Lé troisième jour, le huitiheau étant soulevé par
du pus, je dpnnai un libre, écoulement à ce liquide en
enlevant deux points de suture.
Le quatf ièçne jour , je retirai les épingles de la joue ;
dans; ce point 9 la réunion était parfaite; le même jour,
j*ep^vai h plupart <Jes points de suture , n'en laissant que
deux en haut et deux en bas, par précaution*
La rémion av^c le bord pa^ébral se fit trèsrbien ; la
réunion avec la jou^ se fit également , excepté dans le point
par où découlait le pus, dont k quantité diminuait chaque
jour d*une onanière sensible,
L'épipgle de la commssure externe des pnupièces. fut
retirée le. cinquième jour ; la réunion s'était fiiite et parais-
sait solide* . ^
Le huitième jour , il n*y avait presque plus de. supputa-
tion, sous le laml^eau, mais il survint un goofiement dou-
loureux, de toute 1a région parotidienne et de^ la joue, au
niveau de la. cicatrice. CeÙe-ci s*entr'ouvrit bientôt et
donna passage à du pus qui semblait venir d'en haut.
Dans la crainte que , pac T.effet de ce gonflement , le
lambeau ne fiûi entraîné en deboirs, je le soutins du côté
du nez au moyen d'une bandelette dé Ijnge, fi&^eavec du
cpilodiour
Deux autres bandelettes , fij^ées, l'une , près d^ la pointe,^
172 lOVUlàl. DB «ÉBBCINB.
l'autre, près de la base du lambeau, prirent, en haut,
leur point d'appui sur le front, en laissant entre elles un
intervalle suffisant pour ne pas gfiner Tceil.
Quatre sangsues furent appliquées derrière l'oreille.
Les accidents se calmèrent les jours suivants, mais je gar-
dai quelque temps encore la malade à l'hôpital , et elle
ne retourna dans sa famille que le 1*' décembre. '
Alors, son état était aussi satisfaisant que possible. La
nouvelle paupière avait une hauteur suffisante pour recou-
vrir la partie inférieure du globe de l'œil et pour retenir
les larmes, qui ne coulaient plus sur la joue comme avant
l'opération.
Mais il restait encore un ectropion , avec renversement
incompkt du cartilage tarse. Pour faire disparaître cet
ectropion , j avais Tintention de faire une nouvelle opéra-
tion , en suivant le procédé de W. Adams , qui a réussi si
souvent entre les mains de M. Roux , et qui seul pouvait
remédier à lexcès de longueur du bord ciliaire.
Malgré mes recommandations, la malade n'est pas reve^
nue me voir , comme je l'espérais. Peut-être redoute-t-elle
de nouvelles souffrances, ou bien se trouve-t-elfe satisfaite
du résultat qu'elle a déjà obtenu.
Quoi qu'il en sôitje regretterais de ne pas pouvoir ache-
ver mon œuvre, en faisant disparaître les dernières traces
d'une difformité qui nuit encore , à un certain degré , à
l'harmonie du visage.
Il me semble que toutes les fois que la paupière a été
détruite par une cause quelconque et que le bord ciliaire
a été entraîné au loin par la formation d'une cicatrice irré-
gulière, ce bord doit toujours subir une telle élongation,
que , lors même qu'il est ramené à sa position normale
par une opération convenable , la fétractilité natureitè des
tissus reste insuffisante pour lui rendre sa longueur pri-
mitive^
11 faut donc, dansce cas, diminuer ta longueur du bord
palpébral par une incision qu'on doit pratiquer, soit en
même temps qu'on pratique la blépharoplastie, soit (ce qui
est bien préférable à mon avis) , lorsque le succès de la
première opératipn est asssuré.
SOVmÂh DB MÉDECINE. 173
On a pu remarquer que , dans Topération que je viens
de décrire, j'ai suivi le précepte, bien formulé, pour la
première fois, par Van Ammon, de tailler le lambeau de
telle manière qu'il forme un angle droit avec la perte de
substance qu'il doit combler.
En agissant ainsi , on évite la torsion du pédicule , et
la cicatrice irrégulière qui en résulte. Sans doute, au lieu
d'avoir une cicatrice placée sur la tempe, où elle peut être
dissimulée par les cheveux, on a une cicatrice à la joue;
iTiaîs cette cicatrice est linéaire et peu apparente. Di*
sons encore que, lorsque le lambeau n'a pas besoin de
subir de torsion , il n'est pas nécessaire de lui donner
autant de longileur, et, par conséquent, on cause moins
de dégâts dans les parties voisines.
En laissant, ce qui est impossible dans les autres pro-
cédés , une large base au lambeau, on ne modilie pas sen-
siblement sa vitalité, et on évite ainsi, soit la gangrène,
soit, au contraire, cette hypertrophie choquante dont on a
rapporté plus d'un exemple, à la suite de la blépharoplastie.
Enfin, en taillant le lambeau de manière à ce que sa base
fût oblique, et que son bord interne se confondît en haut,
dans une petite étendue, avec le bord même de la perte de
substance , j'ai rendu le glissement du lambeau extrême-
ment fecilé ; et, de vertical qu'il était d'abord, il a pu de-
venir horizontal, sans que, vers sa racine, il se formât de
plis ou de' godet bien appréciables.
âe noterai , comme une chose très-avantageuse , It^ su-
ture pratiquée à la commissure externe des paupières : par
ce moyen, j'ai rapproché cette commissure de la ligne mé-
diane dont elle se trouvait trop éloignée; j'ai combattu le
renversement du cartilage tarse; enfin , j'ai soulevé le bord .
paipébral inférieur, et, par suite, le bord supérieur du
lambeau.
Je crois, en terminant, devoir attirer l'attention sur la
forme que j*ai donnée au lambeau. Les auteurs disent , en
effet; qu'il doit figurer une ellipse, un triangle, un carré,
selon les indications qui ressortent de la forme même de
la perte de substance. Dans les cas analogues à celui que
j'avais à traiter , on conseille généralement un lambeau
174 f^WUL DB WttOMKL
elliptique. Or, on se souvient que, chez vas, malade, il
était dessiné, en dedans, par une ligne droite, dans toute
son étendue, et, en dehors, par une ligne courbe , à sa
partie inférieure.
Le bord convexe s'est adapté par&itemenl au bord
concave que présentait, en bas, la perte de substaoce ; d'un
autre côté , lorsque le lambeau fut placé dans le lieu qui
lui était destiné , il fut facile de se convaincre que, si son
bord supérieur eût été convexe, le milieu de la paupière
eût. été trop saillant. Tandis que, ce bord étant droit, re-
présentait aussi exactement que possible, la formie natu-
relle de la paupière.
En rapportant les faits qui précèdent, etquej*ai choi-
sis, entre plusieurs autres, cooune fermant, en quelque
sorte, un groupe naturel, j'ai cherché à faire ressortir ie&
détails qui m*ont paru offrir le plus d'intérêt, surtout au
point de vue du manuel opératoire. Ces détails sont comoie
la preuve de ce que je disais en commençant , que « dans
. I^s cas d autoplastie , les indications sont variées à Tinfini,
et que le chirurgien , tout en profitant de lexpérience des
autres, doit toujours savoir trouver en lui-même des res-
sources nouvelles.. Il importe de savoir que la {>eau se
prête, avec une merveilleuse facilité, à des glissements,
à des déplacements et même à des migrations successives
qui permettent, lorsqu'on sait tirer parti de ces avantages,
d'arriver à des résultats véritablement inespérés. Aussi ,
quelle que soit la gravité des cfis qui se présentent, quelles
que soient l'étendue et la forme des pertes de substance
qu'il s'agit de réparer, il faut ne pas perdre courage et
lutter c(Hitre les diSjcultés, en se souven^fit qne, selon
1 expression inspirée à M. Roux, par ses propres, succès,
^ **. y apeul^Hre rieud'impas$ible en fait de reHowral^m
«^. la face.
JOURNAL
DS LA
SECTION DE MÉDECINE
DE LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE.
BULLETIN DES SÉANCES.
«éanee 4o 19 laillel tHSik.
PRtiSlBENCE DB M. LBTËNNEtR.
L'ûrdre du jour appelle à la tribune M. "Leteaaeur, pour
la tectare de plusieurs faits d'autoplastie faciale (1).
Pendant cette lecture, M. Mahot, vice<^président^ pré-
side la séance.
(1) Voir le numéro précédent^ p. 143.
14
176 jourhal de sédbcins.
Le travail de H. Leienneur donne lieu à quelques ré-
flexions.
M. Lebargne pense que l'afl^ecUon qui avait détruit une
partie considérable du nez, chez la malade dont a parlé
H. Letenneur, était une affection syphilitique. Tous les
cas de ce genre, qu'il a été à même d'observer, étaient
dus à la syphilis. li pense que le cancer n'attaque pres-
que jamais cette région , et que la syphilis est peut*être
la seule cause des déperditions de substance du nez.
M. Leienneur répond qu'il a interrogé la malade sur
l'existence d'antécédents syphilitiques et qu'il n'a obtenu
que des réponses négatives. Il n'attache pas, toutefois^ à
ces renseignements une grande importance; il a pu, en
effet, être trompé par la malade, mais l'aspect de l'ulcère
était bien celui des cancroïdes du nez.
M. Leborgne ajoute que ce qui le confirme dans sa
manière de voir , c'est que le véritable cancer ne guérit
pas radicalement, et qu'il est toujours suivi de récidive.
C'était l'opinion de Boyer , qui disait que les cas de gûé-
rison qu'on pouvait citer n'étaient pas des cas de cancer.
Dupuytren , à l'aide d'un traitement antisyphifitique, obte-
nait la résolution de tumeurs du testicule que d'autres
chirurgiens lui adressaient comme des tumeurs cancéreu-
ses. Cela fait voir combien ces erreurs de diagnostic sont
faciles.
/m. Lequerré partage l'opinion de M. Letenneur sur la
nature de l'affection de cette malade. Il fait observer
que les affections syphilitiques attaquent presque toujours
les os du nez, quand elles ont leur siège dans cette région,
et qu'elles ne se bornent pas à la peau comme les can-
croïdes.
M. Malherbe lit une note sur le chongetnenl que cer-
taines pérkardiies apportent dans les rapports de fréquence
de la respiration et du pouls (t).
M. Aubinais trouve très-intéressants les aperçus nou-
(1) Voir plus loin, p. 180.
lOraN'iL DB HÉDBCHIB. 177
veaux présentés par M. Malherbe , sur la relation qu*ont
entre elles les fonctions respiratoire et circulatoire. S'il a
bien saisi, toutefois, le sens d'une citation faite par M.
Malherbe, il croit devoir foire observer que le pouls, à
la suite des pertes de sang abondantes et rapides « loin
d'être ralenti comme il a cru l'entendre dire, est au
contraire très-accéléré.
M. Malherbe répond qu'il n'est pas dit, dans le passage
cité par lui , que le pouls se ralentit à la suite des hémor-
rhagies abondantes; c'est la respiration qui se ralentit,
tandis que le pouls s'accélère.
M. Marci lit ensuite une observation de morve aiguë (1).
Séance du 11 aoAt 1855»
PBÉSmEI^CE DB M. L£TENNEI}R.
La Section a reçu :
i» Une lettre de M. Marjolin , secrétaire de la Société
de Chirurgie de Paris, par laquelle il lui fait connaître les
prix mis au concours par cette Société, et là prie de
vouloir bien insérer ce programme dans son journal;
2^ Essai sûr la névralgie intercostale, par le D' Lecadre ;
B"" Notice biographique sur Frissard, par le D' Lecadre;
4° Bulletin des maladies chroniques et de l'établissement
hydrothérapique d'Auvergne , à Brioude, par le D' An-
driettx.
L'ordre du jour appelle à la tribune M. Malherbe , pour
la lecture d'une observation d'acéphalie (2).
Après ^ette lecture, JU. Bélie prend la parole : il re-
mercie l'auteur de son intéressante communication. Cet
acéphale , dont la dissection a été bien faite , lui paraît
différer de ceux que l'on rencontre habituellement ; car ,
U) Voir plus loin, p. 183.
(2) Voir phis loin, p. 1^5.
(?8 iOVUiHi' ra vÉiiBqiiE.
si t'absence du cœur a été constatée ici comme dan^ tous
l^s cas de ce genre t on ^ rencontré , ce quj est un^ excep-
tion , ^n poumon entier et ies rudiments de l'autre , ainsi
que le fpie. M* fl^He aun^it désiré savoir quel était au
juste le développement de la moelle épinière. Allait-eile
jusqu'à la fin du canal sacré ? Comment se terminait^elte
à son extrémité inférieure ?
Af. Malherbe répond qu'elle présentait sa IpQgueur et sa
disposition normales.
M. HéUe bit observer alors que les os du ba^jn étaient
très-développés ; on peut donc concevoir le développement
d'un fœtus , dépourvu de cerveau , s'effectuant par le seul
moyen de la moelle. Ce que, d'après lui, ce monstre pré-
sente de plus étrange , c'est l'absence complète du cœur
et l'existence d'un fluide se mouvant dans les vaisseaux
sanguins, lorsque^ surtout, Ton n'a pas trouvé de veines
accompagnant les artères drs membi^ inférieurs ; car ,
comment se rendre compte du cours du sang avec une
pareille disposition anatomique? Gela paraît presque im-
possible. Cet acéphale diffère encore, par l'absence d'es-
tomac» {'existence du foie et ^'organes sexuels assez
bien caractérisés , d'un monstre du même genre , chez
lequel M. Uéiie avait rencontré des reins énormes , un
squelette plus développé et le rudiment de l'un, des mem-
bres supérieurs»
Af. A^lf^erie dit que Breschet a constaté ces variations
ch^iez (es acéphales ;^ ainsi, il en est un certain non^bre qui
ont un foie , mais l'estoniac n'existe que chez ceux don^ la
poitrine présente uri haut degré de développemei^t. Qaant
à la manière dont s'effectue la crrculàtion, il ne se charge
pfis de l'expliquer; m^is ceh| n'empêche pa$ qu'il soit très-
connmun de ne pa& rencontrer de vaisseaii^x veineux chez
les acéphales, et ce fait à encore été relaté par Breschet ,
quia noté, en Qutre, Téxi^teuce fréquente d'un cœur en
général mal conformé.
À#. Hélie répond que Breschet a cependant représenté
les deux ordres de vaisseaux artériels et veineux che^ les
ucéphales. Il ne peut s'empêcher de trouver singalière
l'opinion qiii veutque le sang arrive au fœtus par Tarière
ombilicale; il lui semble beaucoup plus naturel d'admettre
que le sang suit un ordre inverse.
M. Aiêbinàis diffM'è d'o^ifiioh avèe !t). Matherhe et là
plupart des aoieiirs ieniehunt finfluenoe dès grossesses gé-
n^ellaires sur la production des acéphales. Suifrant kii ,
cette influence serait plus marcju.ée sut la production de
Tanencéphalie. II croirait beaucoup plus volontiers à Tin-
liuehce dêS coups ,» chûtes , exercices violents dtfrfini la
gestation. Ace sujet, il pense que l'on pourrait consulter
avec fruit un ouvrage dont il a eu déjà occasion d'entretenir
ses collègues , et^ qui est intitulé : Fêles el courtisanes^ de
la Grèce j suite du voyage d'Anténor. On y cite, en «ffet ,
des aberrations trèsfréqueiUes et monstrueuses de la na-
ture , et cela en dehors de tout esprit de système physio-
logique préconçu, Fauteur étant tout-à-ftit étranger aux
préooeupfttions de cet^ sortes En somtne, l'étiologie de ces
RHMiéfrao^ités est eneore |^ connue, et Ton toit les
femmes le» plus sédentaires mettte au monde de pareils
feelOB.
. M. Gèuiran pire est appelé à faire une communication .
H fait passer sous les yeu» des meraibre^ de la'Sectton ,
plusieurs oâleuls provenant de la tessie et des intestins,
et dontie lecture de l'analyse de ces divers calciils, atiulyse
faite par M. Moride el extraite d'un trarvail inédit bien plus
étendu, que prépare ce dernier , sur l'histoire des mala-
dies ôalctfteuses et sur la nature des ealeuls chez riidmmc
et les animaux de l'Ouest delà Prahce ^1 ).
Après eette lecture, la séance est levée.
Le secrétaire ,
L.-F. CaiMPÉNois.
(1) Voir plus loin ^ p. 200.
180 JOiailAI< DE MÉDBCUIB.
DU CHANGEMENT que certaines piricardites
apportent dans les rapports de fréquente de la
respiration et du pouls, par M. Malherbe, d.-si.,
médecin de l'Hôtel-Dieu de Nantes, secrétaire
du Conseil central d'hygiène pj/hlique et de salu-
brité.
M. Marcé, interne des hôpitaux de Paris, vient de pu-
blier un intéressant travail sur les rapports numériques qui
existent chez l'adulte , à l'état normal et à Tétat patbolo*
gique, entre le pouls et la respirât ioti. Ce travail, fondé
sur des recherches d'érudition et sur de nombreuses obser-
vations personnelles , a conduit l'auteur à formuler eâtre
autres les propositions suivantes : « En général, à l'état
i> physiologique ou à l'état pathologique, it y a harmonie
» entre lés mouvements de la respiration et de la circula-
» tion, qui s'accélèrent ou se ralentissent simultanément.
» te chiffre qui, à Tétat normal, exprime le rapport
» entre le nombre des pulsations et celui des respirations,
» est, en moyenne^ de 3 1/2.
n Ce rapport n'est pas constant. Quc^nd le nombre des
» pulsations tombe au-dessous de la moyenne normale , le
» nombre des respirations reste proportionnellement supé-
» rieiir ; quand le nombre des pulsations s'élève de beau-
n coup au-dessus de l'état normal, le nombre des respira-
» tions, tout en augmentant d'une manière absolue / reste
)> proportionnellement inférieur; en un mot , le chiffre du
n rapport augmente avec le nombre des pulsations.
n Le chiffre qui exprime ce rapport varie entre 2,69 ei
» 3,40. D
lOtBItAI BS IIÉ1IBC31IB. 18i
Dans certains cas , i'harmonie entre les deux' fonctions
est troublée, et la respiration se trouve tantôt accélérée,
tantôt ralentie , relativement au pouls.
Pour ce qui est de Taccélération , M. Marcé a établi que
les maladies des pounoous et du cœur n'avaient aucune part
dans la production de ce phénomène , qui dépend unique-*
ment de l'existence du point de côté et qui disparait avec
lui-
Les affections cérébrales comateuses et les pertes de
sang subites et considérables sont les seules causes qui
amènent le ralentissement proportionnel des mouvements
respiratoires (1).
Les feits que nous allons vous rapporter, tout en restant
d'accord avec les principes' posés par M. Harcé, différent
cependant assez de ceux qui font la base de son travail, et
nous croyons .pouvoir affirmer qu'il n'en a rencontré de
semblables ni dans les auteurs , ni chez les malades soumis
à son observation , car il n'aurait pu manquer de les. si-
gufler.;
Nous avons observé trois cas de péricardlte aiguë avec
épancbenfient considérable et rapide de sérosité, dans l$;s*
quels les mouvements respiratoires étaient, absolument par-
lant , plus fréquents que les battemt^nts du pouls. Le pre-
mier de ces cas nous a été montré par M. Harion de Procé:
il y avait cinquante-six respirations par minute, et seule-
ment quarante-huit pulsations; le rapport était représenté
par la fraction e/?*". Le deuxième cas nous a laissé des
souvenirs moins précis, mais les mouvements respiratoires
étaient également plus fréquents que les pulsations.
Le troisième cas nous a élé présenté à THôpital général,
par un frère de l'école des sourds-muets, âgé de 20 à 21
ans, d'une constitution faible, peut-être, strumeuse. Le
(1) Il y faut ioiadre la section des perfs pneumogastriques, à la
suite de laquelle on voit le pouls s'accélérer et la respiration se
ralentir progressivement jnsqu'au moment de la mort, et ce trouble
est plus senuble alors que dans aucune autre circonstance.
têi jbiwKAL UB «Émiera.
débul de la maladie fait caraelérisé par quelques jours de
malaise .et des douleurs sourdes à la région préeordkile ;
puis , tout-à-coup , douleur vive à la iBÔme r^îou , anxîélé
extrôofie, dyspnée, respiration à 64 par minute; peau un
peu chai^de, pouis bible, déprimé , serré , à 52. (Rapport
entre le pouls et la respiration, 13/16.) La main, appliquée
sur la région du cœur, ne perçoit aucun choc; la région
précordiale est le siège d'une voussure notable et d'une ma-
tité étendue. A l'auscultation , les bruits du cœur s'entèn-
deatr faiblement et dans Téloignement; ils deviennent un
peu plus forts, quand on fait asseoir le malade ; mais il n'y
a pas plus de choc appréciable dans la position verticale
que dans la position. boriiontale. (Remarquons en passant,
que ce jeune frère, qui n'a jamais eu de rhumatisme , est
chargé de &ire la euisine, et qu'il reste presque toute, la
journée dans une position telle que la^égion dueg&ùr reçoit
la chaleur du fourneau.) Le trailement s'est conipûsé
d'applications de sangsues, <le larges vésicatoives volants,
loco dolenlù et de quelques purgatifs; la doHuleur a dîsj^u
rapidement ; la ré6orj>tion de l'épancbement a été assez
C)mpte, et la respiration et la cii'çulation (Hii repris
rs rapports normaux au bout de troia jours.
Néanmoins, la convalescence a été longue « et la persis-
tance de quelques douleurs sourdes à la régira précor-
diale, une grande tendance à l'essoufflement, ont obligé le
malade à un long rq>os et à rabandbn ^s fonetioos de
cuisinier. Nous avons su, plus tard , qii'il s'était complète-
ment rétabli.
Nou$ voyons , dans ces trois pas de périoatdiie , iii>e in-
tio'versidn complète des r^ipports de la circulation et de la
respiration que nous n'avons trouvée indiquée nulle part.
Le râpfMMrt ntmiéffique entre les deux fonctions était espri*
mé par une fraction , tandis que te chiffre le plus bas trouvé
par M. Marcé est 2,69. Nous pensons qu'ici, comme dans
les observations de M. Marcé, c'est au poiht douloureux
qu'il faut attribuer Taccélération de la respiration ; (es dou-
leurs de la périçardite causent , comnie chacun le sait^ bien
plus d'ansiété, toutes cboses égales d'ailteurs, que celles
de la pleuréùe:- le.raiedtiiweineBt de la circulation dépend,
au contraire , selon nous , de Tobatacle qu'oppose aux mou-
veinei^ts du cœur ie développement subit d'un épanche*
ment considérable. Nous avons , depuis plusieurs années ,
el chez des malades dans toutes les conditions possibles ,
recherché sf d'autres cauàes pouvaient aussi troubler riiar-
monie des mouvements du pouls et de la fespiratioo, et les
résultats négatifs de cette recherche nous ont- conduit à
considérer Tinterversion du rapport de ces deux fonctions
comme le signe pathognomonique des èpânchements aigus
et abondants de sérosité dans la cavité du péricarde. Nous
terons remarquer, en^ finissant, que lé sujet.de notre ob-
servation était faible et strumeux ; s'il n'en était pas ainsi
des deux autres malades que nous avons seulement cités ,
, nous nous souvenons parfaitement qu'ils avaient été soumis
d'avance à l'action de causes débilitantes : circonstances
qu}« dans les phlegmasies des memëranes séreuses, fevo*
risent la formation des épanehements considérables de li-
quide, tandis que les proidnits plastiques sont nuls ou peu
abondants. ' ^ ^
OÉSER VA TÏON de Fàrcin chronique suivi
de Morve aiguë , par M. Çoiubeau , interne à
l'Hétetr-Dieude Nan^s (sermce de M. MÂacË).
Le nommé Gouardô, François, manœuvl^e, âgé de 32 a»s,
entra à l'HÔteUDièu Iel2 mars 1855. Cet homme paraissait
d!uDe constitiilmi assez forte. Au mois de Sérrier derniery il
bafaifait eoeore les environ» de Saiul^Bpieic ; mais, dams
184 JOCftlIAL DB «ÉHEGOIB.
le même mois, il émîgra avec sa femme et ses deux en-
fants. Pei)(lani les quinze jours qui précédèrent son dépari,
il logea chez un voiturier-commissionnaire, possesseur
d*un cheval morveux. Il y couchait avec sa feniille , à trois
pas du lieu où reposait lanimal ; nulle cloison ne les
séparait. Quand il partit pour Nantes, ce fut avec le même
cheval; aussi, pendant le voyage, qui dura 8 jours', le
nommé Gouardo dut- il encore avoir des rapports fréquents
avec l'animal malade. Dès le lendemain de son arrivée à
Nantes, c'est-à-dire dans les premiers jours de mars, il fut
pris d'une angine intense , à laquelle s'ajoutèrent bientôt
des symptômes de bronchite.
Douze jours plus tard , sa petite tille , âgée d'un an ,
tombait aussi malade. Des vomissements, la diarrhée , le
gonflement des jambes et du ventre, des excoriations
noirâtres, avec suintement purulent aux oreilles, tels sont
les symptômes qu'elle présenta, si Ton en croit sa mère.
Elle mourut après 20- jours de maladie.
Quoi qu'il en soit , l'angine et la bronchite du père ne
disparaissaient pas : il se plaignait aussi de douleurs va-
gues dans tout le corps. Il entra à l'Hôtel-Dieu le 12
mars. Des préparations calmantes, des sangsues appliquées
à la gorge, un vomitif, tels furent les moyens successi-
vement employés et qui parurent amener un peu d'amé-
lioration. Mais, vers le 25 mars, la diarrhée se montra
pendant quelques jours. Le malade semblait abattu. Tout
cela, joint aux signes de bronchite, pouvait faire penser
à une -fièvre typhofcie mal dessinée , surtout quand , dans
les premiers jours d'avril , on vit des abcès se manifester
sur différents points du corps. •
A la partie interne du pied gauche , était un gonfle-
ment rouge, œdémateux, où parfois des élancements dou-
loureux se faisaient sentir : une incision fut faite; il s'en
écoula un pus épais , verd&tre , mêlé de grumeaux san-
guins noirâtres. — A la partie moyenne et externe de
1 avant-bras droit , s'étaient développés deux autres petits
abcès, mais sans aucun symptôme inflammatoire. A leur
ouverture, ils rendirent un pus à peu près semblable à
iOVBNAi DE MÉfiBCINE. t85
celui de Tabeès précédent. — L'engorgement nfiomentané
de la glande thyroïde avait un instant fait craindre le dé-
veloppement d'une autre collection^ purulente, mais cet
engorgement se dissipa.
Tout cet ensemble de symptômes et l'abattement pro*
giressif du malade, nécessitèrent remploi des toniques. Le
quinquina fut donné (4 avril). On put croire, pendant
quelques jours , à une amélioration durable.
Mais/vers le 13 avril, des frissons irréguliers survin-
rent : le soir, i| y avait des exacerbations fébriles assez
intenses , accompagnées de sueurs abondantes,, et, parfois,
d'un peu de subdelirium. L'appétit était presque nul ,^ le
dévoiement n'existait pas, mais la prostration était grande :
il y avait somnolence et rêvasseries fréquentes; les abcès
restaient sans cicatrisation. Le malade conservait toujours
un peu de toux sèche, quelques râles sous-crépitants dans
la poitrine, et quelque peu d'enrouement dans la voix;
l'angine avait pourtant disparu.
16. avril. — Tout en était là, quand lé malade se plai-
gnit d'éprouver, à la partie supérieure de l'épaule droite ,
une douleur vive, augmentée par là pression : il n*y avait
point encore de changement de couleur à la peau; l'épaule
ne présentait qu'un empâtement œdémateux. Mais, le 20
avril, à l'endroit douloureux, parut une surface rosée,
large comme la paume de la main et ayant un contour
irréguliér. Quelques jours plus tard, se développaient, sur
cette surface j des phlyctènes nombreuses^ et entourées
d'un cercle violacé. Le 25 avril, le fond des phlyctènes
rompues était noirâtre. Leur grand nombre transformait
donc la surface rosée en une plaque noire , sèche , dure ,
déprimée ,^ sûr laquelle une' foule de petites dépressions
secondaires indiquaient la place primitivement occupée par
les phlyctènes disparues. Une seconde plaque, entièrement
semblable à la première, mais de moindre dimension,
s'était formée en arrière de la précédente. Tout près, sur
la même épaule, un groupe de pustules s'était développé :
ces pustules, un peu résistantes, avaient un sommet
bleuâtre, non ombiliqué; elles étaient entourées d'une
aorêole vioboée. L'épaule avait considérableilimt augmenté
de volome.
20, 28 avril. — Pendant Tapparition d€ toas ces sym|>-
tomes locaux, Tétat général s'aggravait d'one maiMère nota-
ble. L appétit avait complètement disparu; la diarrhée
revint; la partie antérieure des fosses nasales était sèche ;
mais, dans le pharynx, étaient des mucosités filantes,
troubles, visqueuses, qui semblaient évidemment des-
cendre de la partie supérieure du voile palatin ^ et qui ,
parfois, restaient suspendues à la luette. -^ Le pouls
devenait de plus en plus fiiible en augmentant de fré-
quence. Un cercle ecchymotique violacé entourait Tou-
verture béante siégeant à Taboès du pied. Une cicatrice
semblait avoir fermé les abeès du bras. 41è et là , sur les
membres , paraissaient quelques ecchymoses bleuâtres. —
La pit>stration du malade augmentait, sa figure était
pâle et amaigrie, ses mouvements devenaient lents et in-
décis; il n'accusait plus guère que les douleurs de son
épaule. A la fin , la somnolence et le subdelirium étaient
presque continuels. Cependant, toutes les fois qu'on inter-
rogeait le malade , il sortait encore de cet état pour faire
une réponse lente, mais bien comprise. Il succomba le 28
avril.
AUTOPSIE.
Membre supérieur droit. — L'épaule droite était consi-
dérablement augmentée de . volome ; la pression exercée
sur la peau de cette région, faisait sentir unfe induration
notable dans les parties sousjaoentes. C'est à peu près àti
centré de cette surfiice indurée, que se trouvait la plaque
noire , sèche , déprimée, dont j'ai parlé plus haut. RUe n^a-
vait pas changé de caractère, pas plus qiie les pustules
qui se trouvaient dans son voisinage. Elle offrit, au sealjpel
qui la divisa, la dureté du pavchemin ; elle n'ei» avait guère
aussi que l'épaisseur. Ao-dessous^^ d'elle, était un tissu cellu-
laire, épais, marbré, ferme et comme lardacé , au milieu
duquel se trouvaient des infiltrations sanguines et une
multitude de petits noyaux purulents, très-distincts, dont
JOVIBAI. n SÉ]>B€IBn« I4T
la plupart n'avaient guère que le volume d'un ^rain de
millet. Cependant, on y re.n€ont^a deux collections puru-
lentes plus considérables; ayant à peu près le volume d'une
amande. Le pus eti était homogène, épais, visqueux et
brunâtre.
Des iiix^isions profondes furent pratiquées sur le sommet
des pustules, perpendiculairement au plan de la peau :
sur le plan de section, on aperçut alors des lignes gri*
sâtres de tissiisrplus ou moins ramollis , partant du som-
met des pustules et venant aboutir à des foyers profonds.
Ainsi, ces pustules ne semblaient être qu'une efforescence
révélant aix dehors Texistencc et le siège d^altérations
profondément cachées.^
Au-dessous du tissu cellulaire , le musclé, deltoïde et
la portion su^scàpulaire do trapèze avaient entièrement
changé d'aspect : on pouvait à peine y distinguer la di-
rection de leurs fibres. Ces muscles étaient partout infil-
. très de sang , et semés d'une multitude de tout petits
foyers, contenant un pus plus ou moinft élaboré. Ces
tissus avaient un peu ta forme d'une ^onge durcie et un
aspect granité. — Malgré tant de désordres d^ns son
voisinage^ l'articulation scapulp-hqitiérale se trouvait par-
faitement enveloppée d'une très^légère couche de tissu sain.
La capsule ouverte ne laissa voir due quelques suffiisions
sanguines danrs le tissu cellulaire sous -synovial. Sur la
tête de l'faumerus était étendue une petite menibrane
tr^rmince, jaunâtre, légèrement friable , représentant assec
le pus par sa. couleur, mais étant entièrement libre^ au
sein de l'articulation parfaitement saine.
Les- vaisseaux et nerfe lixillaires n'étaient pas directe-
ment en rapport avec le ifoyer. Cependant, on vit d^ns
les veines a^illaires et sous-clavières quelques petits gru-
meaux de pus. Dans le sang liquide que contenait ces
vaisseaux, se trouvaient mêlée» des stries blanchâtres, évi-
demment purulentes. Leurs rameaux afférents, qui pion-
gement au milieu des tissus malades , pressentaient les
mêmes phénomènes ; les ganglions axillaires avaient aussi
élé préservés : ils n'offraient qu'urne teinte légèrement rosée.
fgg JOVUIÀI DE IIÉIIBGIIIE*
Au-dessous de la région deitoîdienne , le bras et l'avant-
bras droit ne présentaient guère qu'un œdème énorme du
tissu cellulaire. Les veines et les muscles étaient intacts..
Toutefois, en examinant les deux abcSs situés à la partie
moyenne et externe de Favant- bras , et que Ion avait ou-
verts pendant la vie du malade , on en trouva la cicatrice
d'une friabilité extrême : die était entourée d'un cercle
ecchymotique qui l'accompagnait dans toute sa profondeur.
Au fond de cette cicatrice, déchirée plutôt qu'incisée,
étaient des fibres musculaires sèches, Jaunfttres et très*
friables.
Membre supérieur gauche. — Au membre supérieur
gauche, il n'y avait rien à noter que quelques légères ec*
chymoses sous-cutanées.
Membre inférieur gauche. — A la partie interne du
pied gauche, était cet autre abcès que l'on avait aussi ou-
vert pendant la vie du malade. Quand il lut largement
incisé, on y vit un vaste décollement se propageant sous.
l'aponévrose plantaire ; une sanie purulente s'en écoula
abondamment. Le premier métatarsien était dépouillé de
son périoste dans une partie de son étendue. Les parois
de ce foyer étaient anfractueuses et semblaient formées de
caillots moitié fibrineux , moitié cruoriques. Toutes les ar-
ticulations du pied étaient saines. Cependant, il y avait
quelques gouttelettes d'une synovie trouble dans l'articula-
tion métatarso-phalangienne du gros orteil, c'est-à-dire
daps Tune des articulations les plus rapprochées du foyer.
A la partie antérieure et moyenne 4e la jambe , était un
abcès assez volumineux , s'étendant presque jusqu^au liga-
ment interosseux ; i) semblait creusé dans le tissu muscu-
laire détruit ; il était rempli d'un putrilage épais, visqueux,
couleur de chocolat et mêlé de grumeaux noirs. Ses
parois anfractueuses étaient formée par du tissu muscu-
laire infiltré de sang et ramolli.
Trois autres abcès se présentaient sur le trajet du même
membre et avec les mêmes caractères : l'un d'eux alvait dé-
truit la partie supérieure des muscles jumeaux ; un autre
s'était logé dans l'épaisseur du vaste externe delà cuisse,
JOVBIIAL DE MÉDBCCfB. 189
mais sans être encore en rapport direct avec le féniur ;
l6 troisième enfin , commençait à naître au niilieu d un
noyau volumineux, formé par une infiltration sanguine dans
le tissu cellulaire du creux poplité.
Çà et là, sur le même membre, apparaissaient quelques
ecchymoses sôus-cutanées ; quelques*unes signalaient la
position des abcès précédemment indiqués.
Malgré le voisinage de tous ces désordres, les vaisseaux
et les gaiiglions tyrophatiques du membre inférieur gauche
étaient intacts ; il n*y avait, dans les veines, nulle trace
de phlébite. L'articulation tibiofémorale gauche contenait
environ deux ♦•uillerées d'une synovie claire , épaisse et
visqueuse, mais nulle altération. Il n'y avait rien à l'ar-
ticulation co^o-fémorale. Partout , sur le trajet du membre,
le tissu cellulaire était infiltré d'une sérosité claire et ver-
dâtre, surtout aux environs des abcès.
Membre inférieur droit. — A la région plantaire du
pied droit, le 4issu cellulaire abondant qui entoure les
muscles gavait été remplacé par un |mis séro-sanguinolent.
Rien au dehors n'en pouvait révéler l'existence.
En avaiit du tendon d'Achille, dans les muscles posté-
rieurs de la jambe , était creusée , comme avec un emporte-
pièce , une excavation profonde, aux deux bords de laquelle
passaient les vaisseaux péroniers et tibiaux. Du reste , cet
abcès ne présentait rien qui n'ait déjà été signalé.
Sur la continuité du même membre, on trouva encore
plusieurs autres lésions, semblables à celles que naus avons
déjà décrites : une partie du muscle soléaire avait été dé-
truit par un abcès; au creu poplité, un énorme noyau
d'infiltration sanguine logeait une petite collection puru-
lente : les fibres des muscles jumeaux étaient profondément
et largement ecchyniiosés, mais, ne contenaient encore au-
cun foyer central.
Tout le membre inférieur droit ne présentait rien de
notable^dans ses vaisseaux, ni dans ses articulations. Comme
à 'gauche, le tissu cellulaire était fortement infiltré.
Cœur. — Une grande quantité de sérosité citrine dis-
tendait le péricarde : toutefois , la membrane séreuse
190 jouBiuii ra mimÊan.
n'avait rien d*anomiaL L'oreiUette droite contenait quelques
caillots fibrlneux et cruoriques.
Appareil reêpiraiwre. — Le ventricule gauebe du laryui
était presque effacé : au fond suintaient quelques goutte-
lettes d'un pus grisâtre, venant d*un abcès placé dans la
gouttière latérale gauche. La perforation de la muqueuse
et de la membrane arytheno-épigloUique faisait commu-
niquer le ventricule avec le foyer.
Au sein de la glandé thyroïde existaient deux ou trois pe-
tites cavités i^régulières, assez grandes pour loger une
aveline. Ces cavités étaient vides, béantes, et tapissées sur
leurs parois d'une fausse membrane sèche , épaisse , blan-
châtre et comme caséeuse.
D'anciennes et nombreuses adhérences fixaient intime-
ment les poumons aux parois thoraciques. La main, en
pressant ces organes, senlait une foule de noyaux indurés, ré-
pandus partout dan^ le parenchyme pulmonaire. C^ noyaux
étaient formés par une matière concrétée jaunâtre, repr^é-
sentanl du pus par sa couleur, mais ayant la consistance
d'une pâte assez ferme. Du reste, on ne remarq;ua nul
signe d'Inflammation dans les parties eptoiirant ces dépôts
insolites.
Dans les gouttières postérieures de la cavité thoracique,
le tissu cellulaire sous-pleural était le siège de plusieurs
ecchymoses. À droite, l'une de ces ecchymoses occupait
une assez vaste étendue : elle paraissait se propager dans
les. fibres des muscles intercostaux ; cette infiltration san-
guine se continuait jusque dans Tabdomen , où elle en-
vahissait le tissu çfllulairé sous-péritonéal d'une grande
partie de Ihypochondre, droit. . .
Çatnié aAdofRitia/^. — A la partie supérieure du foie
était un endroit ramolli, rougeâtre, grunieleux, mais non
pas encore entièrement désorganisé. Cette altération tra-
versait tout le lobe droite en conservant partout le diamètre
d'une pièce de cinq francs. ^ Dans le même lobe était un
autre point semblablement altéré, mais beaucoup plus li-
mité.-^ Du reste, dans tout Torgane, il n'y avait nulle
trace de pus.
iomnàt VB mÉMEcmm* 191
La raie, hypertrophiée , était d'une flaccidité remarqua^
bl« et trte*friable« Le couteau, passé légèrement sur les
tranches qu'on y fit, y recueillait un putrilage rouge.
Tous les autres organes contenus dans Tabdomen ne
préeentaient rien à notera La muqueuse intestinale était
semée, çà et Ut, d'uft piqueté légèrement rosé.
Cervêùu* •— Beaucoup de sérosité à la base de la grande
caTÎIé de l'arachnoïde, légère infiltration séreuse du réseau
de là pté-mère, telles furem les seules choses que Ton put
c(mstater au cer?eau. Les ventricules latéraux étaient li-
bres de sérosité. - ^ '
FoMês nasàks. — La partie supérieure do voile palatin
était couverte de mucosités troubles, qui descendaient sur
la paroi postérieure du pharynx.-^ La muqueuse recou-
vrant l'apophyse basiiaire, présentait deux ulcérations ,
au^de^iHis de l'entrée postérieure des fosses nasales. Ces
ulcérations, à bords relevés, étaient remplies de mucosi-
tés purulentes. *-^ Dans la fosse nasale'gauche étaient deux
autres ulcérations légères , se deissinaut sur un fond rosé :
Tune , était à ta partie postérieure du cornet supérieur,
l'autre , à la partie antérieure du-cernet moyen ; elles étaîenl
couvertes de mucosités troubles et grisâtres. — Au fond
du- sinus spfaénoîdal était une petite surface rouge, coo-^
verte aussi d'un mucus suspect, mais sans qu'il y eut éro-
sîoiï bien éi^idente de la muqueuse.
En jetant uû coup d'oeil d'ensemble sur les feits dont
on vient de raconter l'histoire , l'esprit s'arrête tout d'abord
aux circonstances qui les ont précédés, et à la cause qui.
leur a domné «aissanee.
On voit, pen>dant trofe semaines, la famille Gouurdo
en rapports îfréquents avec un cheval morvc^ux; pendant
1 Séjours, elle s'abrita sous le même toit; couche à trc^s pas
d» lieu oft repose ranimai malade, sans que nulle cloisotn
ne les sépare; pendant S jours, elle voyage avec l^i ; purs
des accidents éelateut.
E}n présence de faits semblables, il est difficile desavoir
si c'est par inoculation ou par simple inféctiôii que l'éié^
meiM mulent a péfiéUrÀ dans l'économie^ On asâure bien
15
192 JOOBRAL BE ftÉDBCOŒ.
que Gouardo iravait alors à la peau d-érosion nulle part ;
mais quand on a le droit, comme ici, de supposer, chez
la victiilie, l'imprévoyance, la malpropreté ef l'usage pro-
bable, d'objets contaminés, on peut bien croire à résorp-
tion du virus porté sur quelquest muqueuses, sans avoir
besoin d'invoquer la possibilité de l'infection.
Quoi qu*il en soit, la maladie dont il fut atteint se divise
nettement en deux périodes. La première période fut lente,
et, dans une durée de sept semaines, se dessina avec tous
les caractères du farcin chVonique. La série des accidents
commença par. une angine, tenace il est vrai, mais, du
reste, sans aucun caractère spécial. Puis , on vit succes-
sivement $e manifester des douleurs vagues dans les nnem-
bres , de la tristesse, de la prostration, un pe^ de diarrhée,
une toux sèche, de renrouement,-parfois un léger mouve-
ment fébrile, et,. enfm, des abcès multiples, mais rien de
sensible du côté des fosses nasales.
Tout cet ensemble symptomatique , légèrement modifié
par des rémissions ou des recrudescences irrégulières,
constitua la première période^ Il y avait bien là tous les
signes d'une infection purulente : mais c'était une infec-
tion purulente survenue d'eml)lée , et dont on nepouvait
trouver la raison d'être que dans une intoxication spéciale.
Dans la seconde période, l'affection ^ sans changer de
nature, changea de forme. Elle prit les caractères delà
morVe aiguë. L'aggravation subite des symptômes précé-
demment indiqués, la persistance du mouvement fébrile et
l'apparition d'une douleur vive à l'épaule droite, signala
le début de ce changement. Mais, en même temps, parais-
saient des signes nouveaux et pathognomooiques , qui
donnèrent à cette période son caractère propre : ce fût
l'érysipèle de l'épaule, les phlyctènes gangreneuses, les
pustules violacées et surtout l'écoulement mucoso-puruient,
qui, de là partie postérieure des fosses nasales, tombaient
dans le pharynx. Cette période eut une marche plus ra-
pide et plus tranchée : elle ne dura que 8 jours et se ter-
mina par la mort.
L'autopsie révéla des lésions anatomiques nombreuses.
JOmolAL BB HÉIKBCIRB. 193
qu'on petit, d'après la similitude de leur caractère^ ranger
en un petit nombre de groupes, distincts.
Tout d'abord se présentent les infiltrations sanguines ,
dont le siège de prédilection parut être dans le tissu cel-*
lulaire libre et dans les muscles. Leur forme ne fut pas
toujours là nième. Ce n'étaient, parfois, que dé .légères
couches eccbymotiques dans des lames celluleuses minces ;
d'autres fois, au contraire, c'étaient des noyaux durset plus
ou moins volumineux , formés par du sang épanché dans
des tissus serrés , dont.souvent on ne reconnaissait plus
aucun des caractères primitifs.
Après les infiltrations sanguines viennent les collections^
purulentes, qui, comme les lésions précédentes, semblè-
rent siéger surtout dans le tissu cellulaire et dans lés
muscles; pourtant,, les poumons en étaient aussi tout rem-
plis. Le foie , le cerveau , les articulations, si tristement
privilégiées dans l'infection purulente , ne présentaient ici
que quelques altérations tardives ou de nulle valeur, mais nulle
trace de pus. Les veines axillaires et sous-clavières droites
furent les seules qui laissèrent -voir,' dans leur cavité,
quelques grumeaux jaunâtres ou quelques traînées puru-
lentes mêlées à du sang liquide : c'était là, il est vrai , la
région le plus altérée.
Les abcès n'avaient , dans leurs caractères , que peu de
différences. Pourtant , ceux des muscles s'étaient formés
d'une , manière toute latente; et, comme ils étaietit placés
profondéndent^ , ils restèrent ignorés jusqu à la fin. Ceux du
tissu cellulaire, au contraire, se révélèrent presque dès
leur début 4. par un état inflammatoire plus ou moins pro-
noncé.' Hais, du reste, c'était presque partout des foyers an-
fraciaeux creusés, soit dans des musclés ecchymoses, ramollis
et érodés, soit dans du tissu cellulaire infiltré de sang. Pres-
que toujours, ces cavités étaient remplies d'un putrilage
rouge , ressemblant à un détritus musculaire mêlé de pus.
Toutefois, les dépôts insolites qui furent trouvés au sein
des poumons, présentèrent des caractères particuliers. Leur
cûkMration légèrement jaunâtre, leur consistance assez
ferme , l'absente de tout état inflammatoire et dé toute in-
194 JovBM» w wtvmm*
filuntion «uguio^ à leurp^i^iphério, leiirvoluiMatleur
forme arrondie, loa fa4»|ieiH as^i r689Wibler k des
mas«fis tub«rculQU9«$« ^ ia pa^udcKineipbfmM épaisae,
qui tapis^it les eavitéa béantes trouvées dans la glaode tfay-
roïde , semblfiU élre de même nature*
JUaist ftu milieu de tout cela, ce qu'il y eiil do pbia re-
marqufdUe, c^tMt Ifi luapi^re dbui les iafiUraMoos^aMgiHiitt
et les coU^tiooa pavitmiy^ parurent se forioer «t a'eoahai-
\W* Daos les unes semblait Alr^ Torigiae. 4b9 aulcea; les
iDiiUr<itiop$ de «ang ne parai^aaie»! que le principe ai
comme le premier degré de iQua lea imaK4Ua«attiMta|Mir
tf ilflgili^uy, Ainai , of) fut toujours au oenU^ 4e eea myaux
dHu^Uration que» furent trouvés les noytuK puruleoia : par-
foi^, ce n'était que quelques gouttelettes de pua, jetées au
milieu d'un caillot ; en d>utrea endroits, \^ fonte pumleMi
avait pi^esque entièrement envahi les tissus inmurés , tandis
qu'ailleurs, de> noyaux ecohyoïiQsés ne préaenlaieut eiMXMra
aucun foyer central.
S^ dehors de toutes ces alt^r^ions^ on eu rettoontrait
une autre, qui parut être seuk de sa nalture: je veux, pukrlor
de ce^ fibres piusQulfires jauu^treai sèoh^, irutbliea, qui
furent trouvées au foini d'un foyer effi»cé pac une ^calri-
sation friable elle-même, et tout entourée, sur ses bords,
d'un cercle eccbyimltH|U^*
i4eafuisudes; que Vqu aur<^U piu cousidôpev t^ul^'ahocd
cûtnn^ 4es allératioua distinctes 4^ temlfs lea wtrea,
av^ept çepeuidant un po^nt die cputacl tivec leacoUections
puruleuiea: peut-4tre inê«fie y avait-il^ enM^ ettaa, un
lieu duuiw plus. iuAimek Pendant la vie, oi^«vail dkéî* pu
remarquer quie l'apparitiw des pustulea n'avait é*é qu'un
pliét^w^ne seoendaire et couséeutif à une altéra^ioA gmve
des p^rtiei^ sousr^Qei^te& Après la mort, xm ^vait tr«wvé
que la peau n'était pa^ le siège aiMon^ique. eiiQlusîf de
i'éf uption (M^uleuae» car^ w sommot des pufttutea, venaient
aboijuir des lÂgiue^ grisAtreade lîAsuapli&fMi naaina nunoUis,
pa^teut de foyers profonds et travei'aanti u«k lissiiiceUuliÛN
é^ssi et» lardacé. teiut cela 9eo^a|t asaes im ^ua ces
lignes. g^ises^n'éiaÂ^nlqm In dioecitiqu suiiûepar l'^xtensÎM
jmuNLt Di HAMomfi» 195
progressive des abdte^ et i)ue téft pustules b*àuraiMt ^té
bientAi que l'extrémité de trajets fistvrIeUx , psf où des
foyers profonds se seraient traduits no débets Après (a
rupture dé l'épiderme soulevé.
Dans le^ dernier groupe des lésions anaton^i<)aés , VreA*
aent eoltn dmiieêratioUs dont là raletir était slgâifiéatire.
L^aur position, à l'entrée postérieure des ft^sses nasales,
explique assez bien^ le jetage qui se fit dans lé ptiarynx
plutôt qu'an dehors. Hah , si leur existence Oârat^tétisait
la fiionreâigué,leur peode profondeur et d*étendaé, en
dénotant leur formation réeente, attestait aussi que la ma-
tadieftie fat, dans sa première période, qu'un farcin chro>
nique.
OBSETL VA JJOlV^^ct'ao^Aa^.f^arM.lttiiiHnM,
Médeâin de l'HMel-Diéu de JfàntèÉj secritaire
du Consôit central d'hyùihie piitUque et^de
salubrité du département de la Loire-Infériefure.
Lé sujet de cette obeervatton est venu à 6 mo«s\de
terme , avec xm enfant biM conformé.
Afipect extérieur : maese ô^oide, terminée , dtf cdté de
sa. pçtiie extrémité « par des membres abdominattft notma-
fement eônfàtmés ;.l^aulre extrémité , arrondie , recouverte
d'une peau lisae et uniforme, n'oflfire rien qui indiqué liés
pdiita que la tète et les membres thoraciques devaient
oocuiper.
Le iSordM ombilical) qnri a été conservé ate<i ûneptifrtiie
dofiaioeiit»'^ n'a pas plue Ae 15 milHmètves <to foo^uéW.
196 JOVUUL BB
U misse toUle a de 26 à 37 ceotimètees de loog; sa
circonftreDGe inesore, dans Tendroit le pk» volumineux ,
24 cenUmètres eoviroD.
En incisant les tégumenU, on trouve, au-dessous, un
tissu cellnlaire hrdacéet infiltré; de la sérosité s'en écoule
en abondance. A droite et en haut, sur te partie antérieure
du tronc, existe, immédiatement sons la peau, un kyste
séreux capdrie de contenir une petite noix- Nulle part m
ne remarque de graisse. U couche sous-cutanée de la
parUe po^eure du tronc, épaisse de 12 à 13 milliine-
très, offre, comme à l'état normal, une or^nisation «»«^-
rente de celle de h partie antérieure, qui a de 25 à 30
millimètres d'épaisseur.
Cette couche ceUulaire est parcourue par quelques vais-
seaux déliés plus nombreux en arrière qu'en avant.
Les membres abdominaux sont également recouverts
d'une couche épaisse de tissu cellulaire.' Celui-ci contient
un peu de graisse, mais toujours beaucoup de sérosité : il
a l'aspect moins laidacé que celui du tronc.
Au-dessous de la couche sous -cutanée, sont les cavités
thotacique et abdominale; moins développées que ue le
fiiisait présumer le volume total du tronc.
Aucune trace des membres thoraciques ni des muscles
qui meuvent l'épaule.
Sysiéme nerveux. — La moelle épiniëre se terminé eu
haut tout à coup, sans aucun renflement ni amincisse-
ment; en bas, elle offire la disposition normale. On en
voit naître les nerfe intercostaux , au nombre de 9 de
chaque côté, les plexus lombaire et sacré. Lés nerfe fé-
moral et sciatique ont la disposition ordinaire.
Le long de la colonne vertébrale, on trouve les gan-
glions thoraciques de chaque côté , puis les nerfs grand et
peut spianchniques, et, enfin , les ganglions semi-lunaires,
ires-peu développés, dans la situation normale.
^ -^^ locomoteur, squeUOe. — La colonne vertébrale
^rT^^ ."^ .'^"'"^ vertèbres, cinq lombaires et dix
déSwToéi^^f'' de chaque côté, que neuf côtes bien
développées; en haut, il ^mble en exister uoe dixième,
JOTTEffAl M. MÉÔBCUm. 1 07
mais elle n'atteint pas le sternum. Ce dernier os ne s'éloigne
de l'état normal que par sa brièveté.
En haut , dans la masse homogène de tissu lardacé , à
peu de distance de l'extrémité de la colonie vertébrale ,
on rencontre trois ou quatre pièces osseuses de forme irré-
gulière : ce sont probablement des rudiments de vertèbres
cervicales.
Les os du bassin et des membres abdominaux sont bien
conformés.
Muscles, -r- Tous ceu'x de la colonne vertébrale, les in-
tercostaux, ceux du bassin et des membres abdominaux ,
sont parfaitement reconnaissables : ils sont pâles, minces,
membraneux.
Appareil circulatoire. — Absence de cœur: un grand
vaisseau, qui règne tout le long de la colonne vertébrale ,
se divise en bas , pour les membres abdominaux , comme
le fait ordinairement l'artère aorte. Plus dilaté à sa partie
moyenne , ce vaisseau diminue insensiblement vers ses deux
extrémités. Il se divise en haut en deux branches, jiont la
supérieure va se perdre dans le tissu cellulaire sousrcutané ;
la seconde, eontournée comme la crosse de l'aorte, vient
' se subdivisier en deux rameaux d'inégale grosseur , se ren-
dant à deux masses spongieuses qui , par leur position
et 'leur apparence , rappellent les poumons.
La veine ombilicale, suivie depuis le cordon, passe à la
face supérieure du foie dans. une gouttière superficielle,
et va se rendre directement dans les poumons, après avoir
reçu, auprès du foie^ une très-petite veine venant du mé«
senlère; il a été impossible de découvrir aucun vaisseau
veineux dans les membres abdominaux.
Les artères ombilicales, nées des iliaques primitives, re-
montent lé long de ia vessie pour venir à l'ombilic.
Appareil respiratoire- '— Les deux poumons présentent
une organisation vasculaire assez marquée ; le gauche, assez
développé., occupe tout le côté correspondant de la cavité
thoracique; le droit, très-petit, est refoulé par le foie
jusqu'au sommet de cette cavité ; il reçoit une branche ar-
téHelle plus petite que celui du côté opposé. Aucune trace
ttt JO^«M w
des broocbes ni de la Iraohée. Un diapbr^goie »inoe sépare
la poitrine de Fabdooien.
J^tpareil digestif. — Canal digestif terminé en bas par
un anua bien conformé, remontant de là directement, jus-
que derrière le foie, sans aucune courbure » puis , formimt
quelques flexuosités au-dessous du bord inférieur de ce
viscère, il redescend pour aller se terminer à Tombilic dans
une espèce de cul-de-sac. C'est là l'intestin anal d'Oken;
nulle trace de la portion supérieure du canal digestif, in-
testin stom^ical du même auteur. L'intestin anal présente ,
dans toute son étendue, un tube uniformément développé
et parfiiitemeat blanc Foie volumineux^ normal; point de
rate.
Appareil genikhuriuaire. <— Organes urinaires bien dé-
veloppés ; ouraque formant avec la vessie un conduit coni-
que, dont la petite extrémité répond à l'ombilic.
Parties sexuelles mâles, extérieures, trèa-^léveloppées et
bien conformées^
R&FLXXIOIIS.
L'acéphale dont nous venons de vous donnur la des-
cription, provenait d'une grossesse double, comme oelit a
élé observé dans presque tous les cas. Noua ignorons si
les vaisseaux ombilicaux communiquaient avec ceux de
l'autre enfiint, n'ayant eu à notre disposition que le sujet
monstrueux, avec une très-petite portion du placenU.
Cette communication peut être regardée comme probable,
car on a pu la constater dans la plupart des grossesses
doubles. Tout le monde sait , et nous avops^été plutOeurs
fois temom du fiiit qu'après la sortie du premier enfant,
m poruoo du cordon adhérente au placenU peut devenir
te source duno bémorrhagie qu'il &ut arrêter par uueU-
g^ure , sous peine d'exposer le second enfiint à mourir
Nous ferons r«0Mn(uer la préswce e» le déveloDueuieat
normal du to.e . ™Ugré lahsiîoede rïto^tS^
iWKUJU DE M^MCmi* 199
sécréteur n'existe que chez w petit nombre d'aeéphaies ,
et, la plupart du temps, il est mal développé.
Il n'existait, chez notre sujet , que la partie inférieure
du tube digestif et aucune trace de la portion supéirieure,
malgré le développement déjà assez par&it de la poitrine.
L'absence de la raté doit se Her nécessairement à celle
de Testomac.
Les poumons, qui manquent souvent chez tes acéphales,
existaient chez le nôtre , et Tun d'eux était trèst-déyeloppé.
L'absence de toute autre veine que la veine ombilicale
a été souvent observée ; ici , nous ne voyons qu'une très*
petite veine venant du mésentère et &é déchargeant dans
Va veine ombilicale.
L'arrêt du développement a dû avoir lieu à une époque
trè^rapprodiée' du moment de la conception, puisqu'on
ne trouve aucune trac^de la tête, à moins qu'on ne qou*
sidère comme des rudiments de ^on squelette les pièces
osseuses irrégulières dont nous avons parlé , et que nous
avons considérées comme des vertèbres cervicales non dé-
veloppées. Le kyste séreux trouvé près de l'extrémité su*
périeare, semble indiquer que l'arrêt de développement a
èlè très-précoce, car la forme globuleuse ou vésiculaire est
le premic^r état des organes.
Le développement des organes génitaux et surtout la
préseuee des testicules dans le scrotum^ pouvait faire sup*
poser que l'accouchement a eu lieu à s4>t mois de^ terme
et M» à skx 01^, comme on nous l'a dit, car à cette époque
les boufses sent encore vides*
200 JOUIRAI DB MÉBBGIiai*
NOTE sur pliuieurs calculs , par M. Gactron ,
MsSSIfiL'RS ,
Eu extrayant ces divei-ses notes d'un travail inédit bien
plus étendu de M. Ed. Moride , sur Tbistoire des maladies
ealculeuses et sur la nature des calculs chez rhomroe et les
animaux dans l'Ouest de la France , études faites au point
de vue de la chimie et de la physiologie , je n'ai d'autre
but que de joindre aux calculs curieux que je vais fiiire
passer sous vos yeux , leur composition chimique et leur
histoire abrégée.
Le n» i est un calcul intestinal, rendu le 27 mai 1854,
par une femme de 60 ans, d'une parfaite santé , et qui
jamais , dans le cours de sa vie , n'avait été atteinte de
maladies ealculeuses.
Dans la soirée du 27 mai , prise subitement de ferles
coliques , qui avaient leur siège surtout à l'épigaslre et
dans Imiestin grêle, on me fit appeler près de la malade.
4 ordonnai des bains, des tisanes émollientes et des cata-
plasmes. •
m Jp"^"^«**'' j ^^^"^^ •P'*^^ ' ^'^y^"* '®s coliques conti-
fl«AnoJ!i ^ ^^"^'""^*''^"' "»e P<>t»on huileuse. Sous Fin-
Sunt L^^ médicament , les douleurs se déplacèrent
?n moïs v^vl? *' ''?^' '°^"^**°«^' ^ «* devinrent de moins
iTpbsTS^^^^^^^ --"- ^«'^"^ «PP-»»aient
On besoin d'aller à la garfe^robe se manifeste : la ma-
JOUBUàL DB BlÉinGOlB. 201
lade crbii foire une selle abondante , un corps dur tombe
au fond du vase; étonnée du bruit, elle regarde et
trouve ce calcul isolé , qu'elle voqlut bien me remettre.
Depuis , elle n*a plus rendu un seul calcul et n*a jamais
éprouvé de coliques.
Comme vous pouvest le vérifier , Messieurs , ee calcul ,
long de 4 centimètres, large de 2 centimètres 50 millim.,
et d'un pourtour de 8 centimètres 3 millim. , pjèse 14
grammes 50 centigr. ; sa forme est ovoïde régulière , sa
surface est rugueuse, mamelonnée, parsemée d'une multi-
tude de petits cristaux brillants micacés jaunes , et quel-
quefois brillants.
En enlevant du calcul la couche extérieure épaisse et
colorée , on trouve au-dessous de gros cristaux blancs et
brillants ; les deux tiers du calcul sont d'un brun rouge ,
les deux extrémités d'un blanc jaunâtre; la cassure est mica-
cée et a beaucoup d'analogie avec le blanc de baleine non
raffiné.
Au milieu dû calcul , se trouve un espace.
Le frottement- de la scie détermine sur les. deux faces
du calcul séparées une coloration jaune, luisante, sous
laquelle on distingue des jcristaux gris&tres disposés par
couches concentriques, de formation progressive. La den-
sité du calcul est peu considérable.^
Sous l'influence d'une chaleur modérée, il entre prompte-
ment en fusion ; élève-t-on la température , il s'enflame
sans dégager d'odeur désagréable; les cendres sont presque
imperceptibles.
Fondu à une douce chaleur , dans une capsule en por-
celaine , la substance liquéfiée se colore eu jaune foncé et
cristallise par le refroidissement. .
L'eau distillée froide ou bouillante ne dissout rien du
calcul , elle reste incolore après le contact ; le calcul ne
s'y fond , ni ne s'y ramollit.
L'alcool rectifié bouillant dissout presque la totalité du
calcul , sauf une petite quantité de poudre jaune , qui doit
être probablement la matière colorante de la bile. :
ao2
Le papier el le teintiire de touraesoi ne varient pasée
teinte « lorsqu'on les plonge dans b sohilioo aicoôliqee.
L'anal) se qualitative et quantitative indique les résultais
suivants p. V© :
Cbolestérine (C^*H"0-) 76
Matière colorante jaune 13
Cendres i
HomidHé > fi
Perte \
Total 100
N"" 2. — Dans la boite n"" 2 , vous trouverez des calculs
de la vessie , rendus par un homme , dans l'espace de deux
jours « au nombre de plus de 500 ; ils oni tojis une forme
pilulairt, et sont tantôt gros comme des pois ronds,
tantôt comme du plomb à lièvre , tantôt comme de la
cendrée; leur forme est régulière et le poida des plus
gros atteint jusqu'à 3 décig. 5 ceotîg.
Leur couleur extérieure est d'un gris-blanc ; la cassure
en est jaunâtre et présente une cristallisation à rayons qui
partent du centre de chaque calcul.
La première couche du calcul , limitée par un cercle ,
est environ d'une épaisseur de i centimètre ; la poussière
qui blanchit les doigts étant enlevée de la surface au calcul,
laisse apercevoir une surface d'un beau jaune orangé d'une
égalité parfaite et d'un grand poti.
La densité de ces calculs est considérable.
Au feu, ils sedurimomiit, se fBBdilloit eu dégageant
20»
uoe. odeur de HMlièves animales brûlées; ta combuaticm
en est parfaite et sans résidus.
lia sont insolubles dans l'eau , insolubles dans TalGOol ,
soit à chaud , soit à froid.
Solubles dans Tacide nitrique , ils laissent après éva'po-
ration de eeluh-ci une abondante quantité d'acide rosa-
cique ; ils ne contiennent qu'une matière colorante jaune
et de Tacide urique.
N<» 3. — Le n° 3 est un calcul dont la cortiposilion est
la même que celle du n° i ; il appartient à la classe des
calculs intestinaux et se comporte comme eux sous l'ac-
tion des réactifs.
Sa forme est très-remarquable ; il affecte , en effi^ , la
forme d'une masse ronde applatie des deux bouts , dont
le pourtour imite la cupule rugueuse d'un gland; une fois
la couche brune enlevée , le calcul est blanc.
Son poids est de 7 grammes 852 millig. , sa densité est
peu considérable.
La longueur est de 2 contimètres" 4 millim. ; sa lar-
geur , de 2 centimètres 3 millim. ; et , le pourtour , de 7
centimètres 3 millim. ; le pourtour pour Tes deux extré-
mités égale 8 centimètres.
Son applatissement doit venir de ce qu'il était accom*
pagné d'autres calculs semblables , qu'on n'a pu apporter.
N<^ 4. — Les 12 ou 14 calculs qu'on voit affecter des
formes triangulaires , sont des calculs biliaires à angles
204 jouuut w
oblus , formés de cholestérioe et de nwlîère eolonote de
la bile.
Us sont creux au milieu, et, dans leur cassure, laissent
apercevoir une cristallisation en aiguilles disposées hori-
zontalement autour d'un axe , à la manière dont les cou-
ches ligneuses dans le chêne sont disposées autour de la
moelle.
Sous la substance très-brune et des luisants des calculs,
on distinguerait des stries couleur chocolat irrégulière ,
et d'une densité très-minime.
Le plus gros calcul pèse 0( 61.
Après la combustion , on trouve une grande quantité
de cendres.
jpiiBNix DE hédeghib. 205:
PRIX
DE LA SOCIÉTÉ DE CHIRURGIE DE PARIS.
Prix de la Société pour 1S58.
La Société rappelle qu'elle a mis au concours, pour
l'année 18 56, la question suivante :
Des résultais définitifs des amputations des membres
inférieurs. — Le prix est de 400 fr. — Les mémoires de-
vront être rédigés en français ou en latin , et adressés ,
suivant les formes académiques, au secrétariat de la Société,
rue de l'Abbaye, 3, avant le 15 mai 1856.
Prix de la Société pour tM'9.
Des plaies des os. — Les candidats n'auront pas à parler
des fractures. Us sont invités à s'occuper principalement
des solutions de continuité produites sur le squelette par
laction de la scie ; néanmoins, la Société accueillera avec
intérêt les recherches qu'ils pourront faire sur les lésions
des os par des instruments piquants ou tranchants. — Ce
prix est de 400 fr. — Les mémoires devront parvenir au
secrétariat avant le 15 janvier 1857.
Prix de la Société pour 1S5S«
Des paralysies traumatiques. — Ce prix est de 400 fr. —
l^es mémoires devront parvenir au secrétariat avant le 1 5
janvier 1858.
Prix HvTiik
La Société de chirargie, après une donation de M. Duval,
fonde, à titre d'encouragement, un prix annuel de la va-
leur de 100 fr., en livres, pour Tauteur de la meilleure
thèse en chirurgie publiée en France dans le courant de
Tannée.
Autant que possible, les recherches doivent porter sur
un seul sujet et s*appuyer sur des observations recueillies
par l'auteur lui-même dans un service d'hôpital.
Tous les auteurs anciens ou modernes qui ont traité le
même sujet devront être indiqués,- ainsi que la source
précise des dlations.
Seront admis seuls à concourir les docteurs ayant rempli
les fonctions d'internes définitifs dans les hôpitaux civils ,
ou ayant un grade analogue dans les hôpitaux militaires
ou de la marine.
Les thèaes aottlenues depuis le i*' janvier 1855 jusqu'au
31 décembre de la même année seront seules admises au
ccmcours pour le prix de 1856.
Les candidats devront adresser franco deux exemplaires
de leur thèse au secrétariat de la Société, rue de F Abbaye,
3, avant le 1 S janvier 1856, et indiqiier dans la lettre d'en-
voi les hôpitaux où ils ont fait leurs études.
JOURNAL
DB LA
SECTION DE MEDECINE
DE LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE.
BUI^LEim DES SÉANCES.
Séance du 14 septembre 1855.
PBÉSmENCE DE M. MAHOT , TICE-PBÉSiDENT.
Ouvrages reçus par la Section :
l" Recueil des procès- verbaux des séances de la Société
de Médecine pratique fondée en 1808; années 1853 et
1854.
16
208 JOUBIIAL Dfi MÉOBCim.
2"" Recueil des travaux de la Société médicale du dé-
partement d'Indre-et-Loire; 2* trimestre de 1854.
3"* Mémoire et Observations cliniques de médecine et
de chirurgie, par le docteur Morand, de Tours.
4'' Hémoires de la Société royale des sciences, lettres
et arts de Nancy; 1843,
S*" Compte-rendu des travaux de la Société impériale
de Médecine , Chirurgie et Pharmacie de Toulouse; 1855.
6*» Mémoires de l'Académie de Médecine;. 1854.
L'ordre du jour appelle à la tribune M. Rouxeau , qui lit
un travail sur la méningite des enfants (1).
Cette lecture donne lieu aux réflexions suivantes :
M. Petit trouve le travail de M. Rouxeau très-intéres-
sant; mais il pense que la dernière objection que Fauteur
s est posée a peutétre une portée plus grande que cdle
qu'il paraît lui accorder. Il n'existe pas, en effet, de signes
distinctifs suffisants pour établir d'Une manière positive le
diagnostic différentiel des deux espèces de méningite. En
1848, à la colonie de Petit-Boyrg,M. Petit observa une
épidémie de méningite cérébro spinale dans laquelle, chez
les malades qui succombèrent , les autopsies lui montrè-
rent du pus, des fausses-membranes , etc. Certains malades
qui avaient offert un appareil symptomatique aussi carac-
térise et au moins aussi grave, en apparence, que ceux
qui moururent, guérirent cependant à son grand étonne-
T"\- 7"si, on aurait eu tort de supposer chez ceux-là,
IpE^ swilitude des symptômes, l'existence des mêmes
Darn,!^"® ^^^^ ^®"^ ^"' succombèrent. Il ne faut donc
Sent T^ '''''' ^y'^P^^^ d« valeur qu'ils n'en mé-
sidfcle d'.?\1^'\ P'i ^^«"^ étonné, d'après cela, s'il est
giie lubLnî ''^''if ^^««nostic différentiel de la ménin-
grande oré^^^^r ""® ^S"'^ circonstance peut fournir une
d'une mïS*^". ^" f^^^""* ^e la natJre tuberculeuse
méningite: cest celle d^une diathèse tuberculeuse
Ci)Voirphi8loi„,p.2,9,
JOUBNAL DE WÊDSCINE. 209
bien caractérisée chez les malades ou chez leurs ascen-
dants.
M. Rouùceau pense que la guérison des malades n'est pas
une raison suffisante pour faire douter de la bonté du
diagnostic porté d'après l'ensemble des symptômes. Il y a
dans toutes les maladies , dans la pneumonie par exemple,
un appareil symplomatique qui, lorsqu'il est complet, per-
met d'établir le diagnostic avec autant de certitude que Tau-
topsie elle-même. Il en est de même dans la méningite.
Les auteurs qui ont écrit sur cette maladie ont vérifié,
par des centaines d'autopsies, que certains symptômes
révèlent toujours l'existence de lésions bien déterminées.
On peut donc, d'après les symptômes seulement , établir le
diagnostic exact de la maladie avec une certitude aussi
graiVde qu'à l'aide de l'autopsie elle-même. D'un autre côté ,
si la découverte de H.Robin se vérifie, si la granulation
des méninges n'est pas de nature tuberculeuse , la. coristi-
tution tuberculeuse des enfants fie doit plus entrer eu
ligne de compte dans le diagnostic différentiel des deux
méningites.
M. Malherbe croit que, malgré les nombreux travaux
des auteurs sur ce sujet, le diagnostic différentiel dont il
estquestion ne peut pas encore être établi d'une manière
certaine. Il ne pense pas, avec M. Rouxeau, qu'on puisse
comparer, sous ce rapport , les affections thoraciques, que
les moyens spéciaux d'exploration dont nous disposons
nous permettewt de reconnaître avec tant d'exactitude,
aux maladies des organes encéphaliques que la boîte
osseuse du crâne dérobe si complètement à notre examen.
Toutes les formes de méningite , d'ailleurs , ne sont pas
représentées par la méningite inflammatoire et la ménin-
gite granuleuse. Indépendamnaent d^ celles précédemment
admises par les auteurs , M. Rilliet vient d'en décrire une
nouvelle espèce sous le nom d'encéphalopathie cUbuminu-
riqtie. Si, dans cette mahdie, qui ressemble beaucoup
aux autres espèces de méningites par ses symptômes , les
urines sont supprimées, comme cela arrive quelquefois,
il ne sera pas possible d'établir le diagnostic différentiel.
Dans certaios c^s, cependant , on peut reconnaît^ d'une
manière à peu près certaine Texistence d'une méningite
granuleuse , c'est lorsque la maladie procède avec beau-
coup de lenteur dans son développement ; mais , dans les
cas aigus, un diagnostic positif n'est pass possible. L'exis-
tence de tubercules dans les autres organes et la circons-
tance de parents tuberculeux seront alors les seuls motifs
de présomption en faveur de l'existence d'une méningite
granuleuse.
M. S/oriceau trouve que M. Rouxeau a eu tort de nier
l'utilité de la découverte de M. Rohin. Si cette découverte
n'a point, en effet, de conséquences immédiateis au, point
de vue thérapeutique, elle n'en conservera pasmoin^une
grande importance, comme toute vérité scientifique bien
établie, si surtout de nouveaux travaux viennent confirmer
ceux de M. Robin sur ce sujet. M. Rouxeau a lui-même
fait connaître un des résultats immédiats de cette décou-
verte. Il est parti de là, en effet, pour ruiner l'argumen-
tation de ce^x qui considèrent l'existence de la diathèse
tuberculeuse comme une présomption en fayçur de la
forme granuleuse d'une méningite.
Af. RotueoM répond qu'il a dit seulement que la distinc-
tion établie par M. Rphin , entre la granulation des n^é-
ninges e( les tuberci^les , ne nous avait rien fait gagner au
point de vue thérapeutique.
Af. Bonamy lit une note sur les débuts de j'épidémie
cholérique qui. com(nonce à se luanifester à I^antçs depuis
le 24 août Déjà, depuis celle époque jusq^u'au 1,4 sep-
tembre, c'est-à-dire dans un espace de trois senpaines, 9
cholériques ont été traités à rHôtel-Dieu. Sur ce npmbre,
3 ont succombé. En ville, il y a çu 2 décès. Pe ces pre-
mières manifeslaliotis de notre cinquième épidémie cho-
lérique , M. Bonamy tire les conclusions suivantes :
1° Comme i dansiez épidémies précédentes, le choléra
affecte une préférence marquée pour les quartiers rive-
rains de la Loire et de l'Erdre ; le& V3 au mo.içs , presque
les 3/4 des individus atteints demeuraient dans le voisi-
nage (Je la Lo.ire ou sur la Loire ip^me, ou si^r les rives
(le l'Erdre
lOtRÎfAt i)E teÉtoCÏNk. 2li
2^ Comme d*fiabilude la classe pauvre fournil Te prin-
cipal tribut. Elle est, au début, presque exclusivement
Atteinte.
M. fconamy indique , en terminant , les précautions hy-
giéniques et ie traitement qui lui paraissent le plus conve-
nables. *
Jf . Aubinais demande la parole à ce sujet. Pendant la
dernière épidémie de choléra # dit-il, dans le départetnent
fie là Meuse, on isola les malades cholériques, et cette
séquestration parut avoir de bons résultats pour prévenir
la contagion. Si le choléra prend beaucoup d'extension à
Nantes, il sera peut-être à-propos de réserver, dans nos
hôpitaux , des salles spéciales pour l(^s cholériques.
M. Malhèrie répond que Tadministration des hôpitaux
consulta, en 1849, le Conseil dé Santé sur la question de
Tisolemenl des cholériques, et que ce Conseil fut d'a\is de
ne pas isoler les malades. La transmission du choléra par
contagion ou infection paraît possible ; niais les exemples
de transmission pris dans les hôpitaux n'ont pas toute la
valeur qu'on leur attribue, ta population des salles d'hô-
pital n'^est pas une population saine et valide; elle fest for-
mée, au contraire, de sujets plus où moins affaiblis et
peu capables de résister aux influences épidérntqués.
On à signalé déjà l'inconvénient de réunir dans un mêitie
lieu un grand nombre dé cholériques et de former ainsi
un vaste foyer dlntectioh. Les intîrmiers, d'ailleurs, en
voyant les précautions prises pour éviter la contagion,
consentiront-ils à rester dans un poste aussi périlleux?
M. Malheïrbe ajoute qu'il vient d'observer, pour la pre-
mière fois, en examinant tes urines d'une cholérique , un
phénbbiène qu'hl n'avait point encore vu se produire. Chez
la plupart des cholériques, dit-il , les premières urines
rendues éont alcalines et effervefscentes par l'addition de
l'âlrfde azotique. Chez une tnàlade , l'additiot) de Tacide
azotique a donné lieu à une coloration rose, puis vîûfctte
et pourpre foncée ; èhlin , en cotitinuant l'addition d'acfde,
la couleur est déventie acajou , puis l'eflfërvescehce s'est
prôtïôrtcée.
212 JOmUUL DB ■ÉDBGINB.
M. Hignard rappelle qu'il faisait p^ie du Conseil de
Santé qui« en 1849, pensa qu'il n'y avait pas lieu d'isoler
les cholériques. C'était bien là son opinion à cette époque;
mais les bits qu'il a été à même d'observer depuis ont
modifié ses idées sur la contagion du choléra. Dans l'épi-
démie de 1834, il n'avait vu se développer aucun cas de
choléra dans les salles où étaient traités des cholériques.
Aucun fait de contagion ne setait donc produit sous ses
yeux, et il ne pouvait admettre que la maladie fut conta-
gieuse. En 1849, quelques faits vinrent ébranler son opi-
nion. Enfin, en 1854, des bits nombreux observés dans
son service l'ont convaincu que le choléra peut se trans-
mettre aux individus qui séjournent d'une manière per-
manente dans les salles où il y a des cholériques. L'état
valétudinaire des individus qui peuplent les hôpitaux ne
suffit pas pour rendre compte des coups nombreux frappés
par l'épidémie dans les salles d'hôpital. On voit les sujets
les plus vigoureux frappés les premiers dans les lits voisins
de ceux occupés par les cholériques. Ce qu'il y eut de
plus remarquable dans la salle»! 5, c'est que ce Tut dans la
partie la plus saine et la plus aérée que les cas de choléra
prirent naissance, au voisinage, toutefois, des cholériques
apportés du dehors. Plusieurs médecins de l'expédition
d'Orient, dit en terminant M. Hignard, antjcontagionistes
avant leur départ, ont observé, dans cette campagne, des
faits tellement concluants qu'Us se sont convertis, comme
lui , à l'opinion opposée.
M. Bonamy confirme les faits dont vient de parler M.
Hignard et qui se sont passés dans la salle 15. Dès 1849,
il était disposé à isoter les cholériques , quoique ce sys-
tème ne soii pas exempt d'inconvénients ; mais , comment
laisser des individus, atteints quelquefois d'ipie indisposi-
tion légère, exposés ainsi dans les salles à contracter un
choléra mortel ? M. Bonamy rappelle que , dans son mé-
moire sur le choléra de 1849, il a rapporté plusieurs
exemples frappants de la transmission de la maladie. Des
faits aussi positifs l'ont conduit à admettre que le choléra
peut se transmettre comme les autres maladies contagieu-
JOUBMAL DE HÉOECINE. 213
ses, la variole, la rougeole , la scarlatine, eic, mais avec
moins dé facilité toutefois que ces dernières.
^M. Lequerré pense que la transmission dq la maladie est,
en effet, bien peu active, puisqu*à Nantes, ou les méde-
cins se sont prodigués sans réserve pendant la dernière
épidémie, aucun d'eux n'a été atteint.
M. Mauduit trouve la question du trailement plus
importante que celle qui vient^ d'être agitée. Il a cru re-
marquer que, da.ns l'épidémie de 1832; les succès furent
plus nombreux à partir de Tépoque où les médecins eu-
rent recours au traitement par la glace- Il pense que l'usage
de la glace est encore un des meilleurs moyens de traite-
ment. Il ajoute qu'il ne lui paraît pas prudent d'adminis-
trer à très-haute, dose des médicaments énergiques. Il
craint , en effet, q^ue la période de cyanose unç fois
4>assée, Tabsorption ne se fasçe d'une .manière très-ac-
tive , lorsqu'à lieu la réaction., et qu'il ne, survienne des
accidents. .
M. Bonamy dit que le meilleur traitement du choléra
n'est pas encore formulé ; que certains cas graves résistent
à tous les moyens. Si, en 1832, le traitement par la glace
parut avoir plus de succès que les autres, c'est que peut-
être déjà, à l'époque où on commença à le mettre en vi-
gueur, ^épidémie était entrée dans sa période dç déclin.
La glace et les stimulants externes lui paraissent être ce-
pendant les meilleurs moyens à employer.
H. Thibeaud rappelle les faits qui se sont passés à Tîle
Maurice^ en 1854. Cette lie, qui n'avait jamais eu d'épidé-
mie, vit le choléra se développer, après l'arrivée d'un navire
chargé d'Indiens sur lesquels cette maladie sévissait. L'épidé-
mie futtrès- violente et enleva un dixième de la population de
Maurice. D'autres faits, également propres à faire admettre
le caractère contagieux du choléra, se sont produits à
Lyon. Tous ces faits positifs ne sont en rien infirmés par
les feits négatifs. N'en est^l pas de même pour les autres
maladies contagieuses ? Qui peut , dans certains cas , en
présence d'une variole par. exemple, découvrir les traces
de la contagion ? .
214 JOUSIVàL de MÉOECaNE.
Séance du i2 octobre 1855.
PRÉSIDERCB D» M% LETENNEim.
L'ordre du jour appelle à la tribune M. Rouxeau^pour
la lecture de la fin de son travail sur la méningite.
Cette lecture terminée, M. Moriceau demande la parole :
M. Rouxeau , dit-il , a recommandé l'ufuge des émissions
sànguiues, mais il n'a pas parlé d'un procédé qui consiste
à faire les applications de sangsues à l'intérieur même des
narines. Ces applications sont, il est vrai, assez difficiles
à faire chez les enfants; on éprouve de la résistance de leur
part, mais il est bon d*insister, car on obtient ainsi de bons
effets des émissions sanguines.
M. Malherbe rappelle que , dans la dernière séance , il
a été question de la difficulté du diagnostic ; il &ut ajouter,
dit-il^ que, même après la guérison, oh ne peut préciser da-
vantage le degré de TafFection qu'on a eu à combattre. Il est
impossible de dire s'il y a eu seulement hypérémi'e, ou bien
s'il s'était produit un épianchement séreux ou des fausses- \
membranes et du pus. !
Parmi ces maladies des enfants désignées sous le nom
de méningites, il en est qui ne dépassent pas la période ' j
d'hypérémie; celles-là guérissent rapidement sous l'in-
fluence des émissions sanguines. Dans les autres cas, lors*- |
que la maladie parvient à une période plus avancée, les
émissions sanguines sont suivies d'une prostration rapide |
des forces, qui doit rendre très-réservé dans l'emploi de ce
moyen thérapeutique. L'application de sangsues dan^ les
fosses nasales est souvent suivie de bons résultats. Quant
aux révulsifs^ les frictions stibiées sur le cuir chevelu ne
sont pas toujours exemptes de dangers , et il ne faut les
employer qu'avec prudence. Il n'en est pas de même du
vésicatoire appliqué sur la tête ; l'excitation qu^l détermine,
quand on y a recours dans la période d'épanchement , est
bien plus avantageuse que nuisible. Elle est, dti reste, peu
prononcée, car les malades sont plongés dans un coma qui
JOUàNÂL DE MDteCINË. 215
les rend presque insensibles. Le bichlorure de nfiercure en
potion, conseillé par les médecins allemands et anglais dans
plusieurs phlegmasies, et que M. Malherbe a employé lui-
même avec avantage dans les broncho-pneumonies des
enfants, lui paraît devoir trouver place dans le traitement
des méningites. Il n'a pas, au même degré que le calbmef,
l'inconvénient de déterminer la salivatron, accident souvent
très-fâcheux.
M. Rouxeau répond qu'il existe des faits de guérison
survenue dans une période plus avancée que celle de l'hy-
pérémie. Ainsi, il a vu la guérison s'opérer chez des en-
fants qui avaient présenté une paralysie incomplète, Tabo-
lition de l'ouïe et de la vue, des accidents tétànrques et
quelques autres symptômes qu'il croit devoir rapporter à la
période de la formation du pus et des Fausses-memirranes.
Il ajoute que le calomel n'a jamais déterminé la salivation
chez les enfants qu'il a traités.
M. Malherbe a vu le calomel produire la salivation chez
plusieurs enfants; chez l'un d'eux, cet accident fut suivi de
la nécrose de l'os maxillaire. Il n'a pas nié , d'une maiiiere
absolue, la possibilité de la guérison dans les cas où il y a
eu formation de pus et de fausses-membranes, mais les
symptômes préseniés par Af. Rouxeau, comme dénotant
lexistence de ces produits derinflammat1on,se rencontrent
bien souvent avec une simple hypéréniie. Bien des fois ,
dans des^ cas de ce genre, l'autopsie n'a révélé rien autre
chose que l'existence d'une hypérémie plus ou moins
considérable. Dans la fièvre typhoifde , on voit de même
se produire des symptômes semblables à ceux de la mé-
ningite, et l'alitopsie, cependant, ne motitre qu'une hypéré-
mie légère.
Âf. Thibeaud a vu mourir bien dès enfants de méningite
granuleuse ; il ne pourrait cfter qu'à grand'peine Quelques
cas de guérison.
De sa longue "pratique , il a acquis la conviction que
cette maladie est presque toujours mortelle. M. Trousseau,
ayiant constaté de même la terfninàison presque nécessai-
i*emeht funeste de èetté maladie , en est arrivé à s'abstenir
216 JOUHRAL DE MÉBfiCUIB.
de tout trailemeiU. Ces résultats de robservation doivent
nous rendre bien défiants sur les cas de guérison qu'on
nous cite , et si nous-mêmes « dans une affection de ce
genre , nous voyons le malade guérir , au lieu de nous
glorifier de ce succès inaltemiu , nous devons supposer
plutôt qu'il y a eu de notre part une erreur de diagnostic.
Cette maladie est, du reste, encore mal connue. Ce
nom de méningite qu'elle porte lui convient-il bien ? M.
Trousseau l'appelle simplement affection cérébrale. Est-ce
bien , en effet , une inflammation ? Souvent l'autopsie ne
révèle méme^pas l'existence de l'hypérémie. Les enfknls
des campagnes , exposés plusi|ue ceux des villes au soleil
et aux causes excitantes, sont beaucoup plus rarement qiie
ces derniers victimes de cette maladie. Ce n'est donc pas
ui^e méningite, ou c'.est du moins une méningite d'une oa-
ture toute particulière, qui réclame un 'emploi très-modéré
des émissions sanguines#Oii pourra aussi mettre en usage les
autres moyens de traitement : les révulsifs , les frictions
mercuriclles , les purgatifs , ^es vésicatoires sur la tête ;
mais il faut se rappeler que cette maladie est presque tou-
jours audessus^des ressources de l'art.
M. Deluen se rappelle, avoir soigné , avec M. Thibeaud ,
un enfant atteint, depuis 4 ou 5 jours, de convulsions in-
cessantes, l^s émissions sanguines avaient été employées
^ns succès ; 5 où 6. gramunes de calomel furent adminis-
trés en 3 ou 4 jours , et un séton fut place à la nuque. 11
survint enfin une amélioration , qui fut bientôt suivie de
la guérison.
M, Moriceau fait observer que les enfants sont souvent
atteinte d'affëctioos diverses de la poitrine et du ventre ,
dont le retentissement sympathique sur le cerveau donne
lieu à des symptômes. qu'on est souvent tenté de rapporter
à une maladie cérébrale. Il faut donc apporter le plus
grand soin dans l'examen des petits malades , et, mèœe
dans les cas qui paraissent les plus graves , ne jamais
cesser d'agir. . .
M. Pihan'DufeiUay a vu , avec H. Marion , une petite
fille , qui leur parut atteinte d'une méningite tubercu-
JOOBNAl DB MÉDBCUIE. 217
leuse. D'après la gravité des symptômes , la maladie leur
paraissait parvenue à sa dernière période. Le 9' jour, Feu-
tant rendit un cysticerque avec les urines. A partir de ce
moment , tous les accidents disparurent , et il y eut une
guérison rapide. Cette malade, fait observer avec raison M.
Piban-Dufeillay , n'était donc point atteinte de méningite.
Il n'a , du reste , jamais vu guérir de méningite tuber-
culeuse.
M. Hignard partage l'opinion de M. Thibeaud sur la
gravité de la méningite granuleuse. Dans sa longue car-
rière médicale , il n'a pu observer qu'un seul cas de
guérison. L'en&nt , parvenu au 15' jour de la maladie,
présentait les symptômes les plus graves et paraissait devoir
bientôt succoniber. Â la suite d'évacuations déterminées
par le calomel, il survint une amélioration bientôt suivie
de la guérison. Dernièrement , un enfant de. 1 1 ans fut
amené sans connaissance à l'hôpital. Les yeux convulsés
en haut, une hémiplégie complète à gauche, font supposer
rrxistence d une grave lésion encéphalique. Cependant ,
soupçonnant la présence de vers dans le tube digestif ,
M. Hignard fait adnrHnistrer du calomel , qui détermine
l'expulsion de plusieurs ascarides vermiculaires.il y eut
de suite une amélioration sensible. Cet enfant n'était nulle-
ment atteint de méningite. Les vers produisent souvent
ainsi des symptômes cérébraux très-graves.
Le traitement , presque toujours impuissant pour guérir
la méningite confirmée, peut être plus utile pour en pré-
venir l'explosion chez les enfants menacés de cette mala-
die^ Lorqu'èn observe, cliez ces enfants, des vomisse-
ments , êtes soubresauts . des tendons , des mouvements
convulsffs des yeux, etc. , on peut , à l'aide des énriissions
sanguines et des révulsifs , prévenir le développement de
la maladie.
L'ordre du jour appelle une lecture de M. Aubinàis ,
sur une forme particulière d'hémorrhagie puerpérale (1).
(1) Voir page 246.
218 JouB^ii tE MÉbiciiik.
Séance du i6 notemtre 1855.
PBÉSIDENCE DE M. LETENHEUB.
M. Trastour lit uo travail intitulé : Note sur l'élidogie
des parotides symptomaliques (i)- .
Cette lecture donne lieu aux réflexions suivantes :
M. Aubinais partage volontiers Topinion de l'auteur.
Il a observé, à la campagne, des parotides chez des
scarlatineux dont la muqueuse buccale était enflammée
et recouverte d'un enduit pultacé. 1] pense que si Ton
examinait plus souvent l'intérieur de la bouche, on trou-
verait bien des fois la stomatite pour expliquer l'inflamma-
tion parotidienne. Cependant , dans certains états graves
de l'économie , il survient quelquefois des parotides , qui
lui paraissent indépendantes de toute inflammation de la
muqueuse buccale. Ainsi , dans la fièvre puerpérale , il a
vu survenir des parotides , quoique la bouche ne fut pas
malade. Il se rappelle aussi avoir, vu des parotides se
produire à la suite d'une application de sangsue^ à la ré-
gion^parotidienne pour une violente amygdalite , mais il
apprit ensuite que les sangsues dont on s'était servi
avaient été recueillies sur un animal mort du charbon.
i^. Malherbe dit que l'éliologie des parotides présentée
par M. Trastour , dans ce travail, a déjà été indiquée par
M. Piorry , qui attribue les parotides à l'inflammation de
la muqueuse buccale , aux ulcérations de la muqueuse
qui tapisse l'onverture du conduit de sténon et à l'oblité-
ration (je ce conduit.
M. Thibeau4 reconnaît que souvent les parotides peu-
vent dépendre de la stomatite ,' mais cest toujours en
vertu d'une stomatite de nature spéciale , que hnflamma-
tion se propage aux glandes salivaires ; xela a lieu ainsi
dans la scarlatine et dans les fièvres graves. On ne voit
(1) Voir page 261.
guère , au coçCraire , les parolidea s'^nÇammer dans la
stomatite mercuiiielle.
M. i/aU^erbe a remarqué que les parotides ne sout pas
égaiem<Bnt fréquentes dans toutes les épid^ipies de fièvre
typhoïde , et qu1l n'y a pas toujours ua rapport exact
entre la fréquence des parotides et l'intensité delà maladie
principale. Cette inflamnoi^tion surviendrait-elle surtout
dans les cas où il y a des aphthes?
ilf . JtfaïuiiUit a soi^vent vu les applic^tiop^ de sangsues
sur les parotiides déterminer la suppuration ; il peuse qu'il
faut rejeter ce moyen de traitement , qui lui paraît, plus
nuisible qu'utile.
Le Seùritaire»
L.»F. CHAVPBiiora.
QUELQUES MOTS swr ta mningite des
enfq,nts^ par M. Ch. Roux^âU, D.-M.-P.
Une opinion partàjgée pjar un certain nombre de méde-
cins, o'esi que la méningite des enfents est toujours grj\-
nuleuseou tul)er.cijdeu?e, par conséquent touJ9urs mortçlljB.
Les guérisons n,^ seraient que dç, fort rares exceptions ;
encore i^udrait-il accueillir avec p^u. de cQnfiance cçs
cures exceptionnelles , où le diagqpstic n'apurait ^a,s,d,'ai|-
l^urs un 4ègré de prépi?ipr> suffisanjt. On q^aiirait gi^éri ,
en çfl^st, que des congestions cqrébrales plus, ou moiiis
intenses, des trovibles syoïipâthiquçs divers éveillés dar^s
220 JOTIBIIÀL DE MÉraCÏIfE.
les centres nerveux par la dentition , les vers , les affec-
tions aiguës du tube digestif, etc. Le pronostic, au chevet
de Tenfant atteint de méningite; ne serait donc qu'une sen-
tence de mort sans appel, le traitement, une routine, Tbabi-
lude de faire quelque chose quand même ; le résultat, un
nécrologe immuable. -^ C'est l'exagération de l'axiome
de Senn , qu'au 3' degré la méningite est au-dessus de
toute ressource.
Cette manière de voir était acceptée hautement par M.
Trousseau dans ses leçons cliniques à THôpUal des Enfants:
(T On ne doit pas traiter les méningites, disait-il en
n 1850 ; je n'en ai jamais vu guérir une seule , quoiqu'on
n ait fait. Si aucun des moyens employés par vous ne doit
» sauver vos malades, pourquoi voulez-vous les faire nager
» au milieu des matières fécales, en leur donnant le ca-
» lomel ? les faire souiFrir inutilement avec vos vésica-
n toires et vos sétons. En les tourmentant ninsi, vous préci-
« pitez leur chute. Votre premier devoir, c'est de ne pas
M nuire. Laissez-les donc tranquilles, -et vous les conser-
» verez ainsi quelques jours de plus. (Léon Liégard, sur
0 la nature et le traitement de la fièvre cérébrale,
» Bévue Midieo chirurgicale de Paris, janv. 1855.) »
Il fallait en eiFet une bien longue série de cruels mé-
comptes pour arracher ces désolantes paroles à rillustre
ihérapeqtiste , et lannener à se contenter du triste rôle de
simple spectateur devant un pauvre enfant se débattant contre
une implacable fatalité ; car c'était lui qui avait dit peu de
temps auparavant : cr Ne vous refusez ni au diagnostic,
» ni au pronostic , mais soyez en même temps thérapeu-
M tistes entêtés. Si votre science vous dit : Affection mor-
» telle,ne fais rien; que votre humanité vous dise : T<i peux
» te tromper, agis, et vous agirez, et si vous réussissez à
)> guérir un seul de ces malades que votre science avait
» condamnés, votre conscience vous en remerciera. (L.
» Liégard, loc. cit.) a
Bien que dictée par un profond découragement , une
opinion aussi absolue, tombée de la bouche d'un homme si
haut placé , dont les observations cliniques ont une si
H>VVNÂt DB MÉDECINB. 221
grande portée ,- devait à coup sûr produire une immense
sensation parmi les médecins, et surtout, au sein de toute
une génération de jeunes gens séduits par la parole entrat-
nante du maître ! Mais aussi quel immense danger si cette
parole si séduisante ne devait consacrer qu'une erreur !
Dans quelle décourageante pauvreté elle devait laisser
tomber la, thérapeutique des affections cérébrales , théra-
peutique encore si incomplète comme celle dé tant d'autres
maladies ! Comme elle devait paralyser les efforts de tant
d'intelligences qui appellent la lutte et qui s'y préparent
avec toute l'énergie' dont elles sont capables ! Quel triste
rôle elle laissait au- médecin convaincu, restant sans armes
au chevet de pauvres créatures dont quelques-unes peut-
être auraient échappé à la mort, comme le dit H. Trousseau
lui*niême !
I.
Heureusement, la théorie qui accorde à la méningite
des enfants une {orme constamment granuleuse , est vic-
torieusement combattue par la grande majorité des auteurs
qui se sont occupés de pathologie infantile, Presque tous,
en effet, ont séparé avec soin la méningite simple de la
méningite granuleuse. HM. A. Liégard, Barrier, Grisolle ,
Rilliet et Barthcz, Fabre et Constant; Guersant, Goltin,
Mazade , etc. , en donnant de nombreuses observations de
guérisons de la première de ces maladîes , se sont attachés
avec un soin tout particulier à Fétude du diagnostic diffé-
rentiel des granulations. Quelques autopsies faites avec toute
Tattention possible, ont d'ailleurs surabondamment dé-
montré que ce produit morbide n'était. pas un élément
constant de la méningite , lors même que les symptômes
semblaient accuser sa présence.
L'observation suivante nous paraît un cas de méningite
simple.
Observation I".
Joséphine Qhattier , 2 ans , blonde , fraîche , mais peu
322 J01}«9AL w vbw^B»»
forte , née de parents bien portants , a le ventre très^gros
ordinairement et un peu sensible. Depuis quelques jours,
cette enfant est changée « et sa figure est devenue
livide et bouffie. Elle est triste , grognon , dort mal, se
réveille en sursaut; Thaleine est aigrelette, l'appétit se
perd ; le moindre aliment lui donne des nausées et même
des vomissements, sa langue est sale ; le ventre est devenu
plus gros , plus tendu , plus douloureux ; il y a des alter-
natives de constipation et de dévoiement. La. peau est
chaude, le pouls fébrile , la tête brûlante et lourde.
f^ jour. La mère, convaincue que^on enfant a des vers,
me supplie de lui donner un vermifuge ; je m'y résous
plutôt pour lui faire plaisir que par conviction.
Semen contra, 2 gram. ; eau, 60 gram.
2' jour. Le lendemain, ricin, 4 gram. Quelques selles
et pas de vers.
3' jour. Aggravation notable de tous les symptômes.
Tête brûlante , inondée de sueur , face ordinairement pâle
et défaîte, parfois plaquée de rougê sur les pommettes;
engourdissement comateux , yeux caves , à demi fermés ,
laissant voir le segment inférieur des cornées ; pupilles
contractées ; sensibilité de la peau diminuée ; toutefois
Fenfant fronce le sourcil et crie quand on la pince. Cette
somnolence est interrompue par de rares mohfients d'agita-
tion ; quelques vomissements, constipation, langue chargée,
haleine fétide ; peau chaude , sèche , pouls petit ,
fréquent.
2 sangs, aux malléoles ; 2 vésic. aux jambes ; calomel,
I5centig. (pas de selles).
4' jour. Les sangsues saignent abondamment , les vési-
catoires prennent bien; le tout sans résultat. L'enfent est
sans connaissance , immobile ,' plongée dans le coma ; la
face toujours alternativement pâle ou plaquée de rouge ;
l'ouïe et la vue semblent abolies ; les pupilles se sont di-
latées , poipt de strabisme ; les paupières toujours demi-
closes, laissent voir le segment inf^eur des cornées, douées
d'un mouvement lent de va et vient.
Calomel , 2Q centigr. ; 2 vésic. aux cuisses, (i selle).
lûmHAL AB «ÉDBCIRB. 223
5^ et 6« jours. Poinl d'amélioration.
1 vésic. à la naque ; calomel, 20 ceniig. Le 6* jour, une
sangsue derrière une oreille.
Celte sangsue saigne beaucoup; Tenfent est soulagée,
car elle ouvre les yeux et semble renaître à la vie ; elle
fixe sa mère avec attention , mais sans prononcer une
parole. L'assoupissement est moins profond, la peau moins
chaude, le pouls plus calme, quoique très-fiiible. Trois
selles.
Sécher les. vésic. ; quelques cuiUerées de bouillon. Calo-
mel, 10 ceatig.
7' jour; Quelques heures d'un bon sommeil; face amai-
grie , mais bonne ; regard presque naturel ; retour du
sens de Touïe; abaissement du pouls et de la température
à% la peau.
A partir de ee jour, la guérison se dessine de plus en
I^us et TeDÊint entre bientôt en convalescence.
Aujourd'hui , Joséphine Chartier est une jeune fille de
13 ans, frêle, mais d'une santé passable. *
Voilà un ensemble de phénomènes assez caractéristique :
cependant, je ne me dissimule point qu'il y manque quel- .
ques traHs saillants, les cris hydrencéphaliques, les grince-
ments de dents, le mâchonnemifîiit , les soubresauts dans
les tendoos , la raideur du tronc. S'ils ont existé , ils ont
été omis dans le tableau sommaire que je viens d'esquisser,
et ma ménK)ire ne vient pas au. secours de mes notes. D'un
autre côté. Ton ne doit pas perdre de vue que cet appa-
reil si menaçant de symptômes s'est déclaré au milieu
dune affection abdominale ; cpi'il est très-naturel de sup«
poser qu'il n'est peut*étre qu'un retentissement sympathi-
que de cette dernière. J'^is moi-même, dès le premier
)our, très-disposé à partager cette qpinion ; mais , s'il y a
eu retentissement sympathique, ce que je suis loin de con-
tester, il paraît certain que l'encéphale, dont les sympathies
om été si vivement éveillées , est devenu le siège d'une
lésion anatomique qui a dominé toute la maladie. Il est
difficile, d'ailleurs, de concilier une simple souffrance sym-
pathique des centres nerveux avec un coma continuel , à
17
224 JOUANAL DE ■ÉBSCQŒ.
peine interrompu par de rares moments d'agitation , dfes
yeux caves, cernés, entr*ouverts , laissant voir le segment
inférieur des cornées nageant en quelque sorte dans l'or-
bite; Fabolition de la vue et de Touîe, la diminution de
la sensibilité cutanée, des vomissements verdâtres et ré-
pétés, une constipation rebelle, etc. Ces symptômes me
semblent bien plutôt caractériser une méningite, bien qu'elle
n*ait pi*ésenté ni la gravité ^ ni la durée habituelle de la
méningite granuleuse.
Une comparaison fera peut-être mieux ressortir encore
la différence qui existe entre la véritable méningite et les
affections sympathiques du cerveau.
Obsbbvation II'.
Olivier Samson, 13 mois , gras-, bouffi et pâle, est de-
venu grognon et maussade depuis une quinzaine ; il dort
mal et se réveille en sursaut ; il a peu d'appélit , ma-'
chonne et bave sans cesse; un peu de soif et de diarrhée.
6 octobre 1850. A ces symptômes vient se joindre une
(lèvre violente, avec un peu d'assoupissement, mais sans
perte de connaissance; la diarrhée continue.
H sangs, au siège, 3 lavem. amid., cat. émoll. sur Tabdo-
men ; sinap. 3 fois aux extrém. inf.
7 oct. Agitation continuelle, fièvre ardente, pouls à 140;
mâchonnement; Tincisive latérale gauche se dessine à tra-
vers la gencive rouge et tuméfiée.
3 sangs, sur l'abd. Le reste, ut suprà.
8 oct. Bien que la connaissance semble conservée, Tagi*
tation commence à alterner avec un assoupissement assez
profond ; il y a quelques soubresauts dans les tendons ; la
joue gauche rougit et pâlit alternativement plusieurs fois
par jour. La diarrhée a cessé ; des frissons irréguliers sont
remplacés , à diverses reprises dans la journée , par une
chaleur violente; le pouls est actuellement à 120.
10 centig. de suif, de quinine; 2 sangs, à un genou ; un
vésic. à une jambe.
Le lendemain, un vésic. à l'autre jambe ; 20 centig. de
calomel. (Deux selles jaunes.)
JOURNAL DB MÉDECINS. 225
10 oct. L'enfant a dormi d*un bon sommeil ; il est plus
éveillé ce matin; la peau est fraîche, le pouls à 120.
Continuer le calomel.
11 oct. Même état ; mais, le 12, l'enfant est fort abattu ;
la face et le front sont brûlants ; nausées, vomituritions ;
peau chaude, pouls à 1 50. La dent ne sort point encore.
Incision de la gencive ; cat. sinap.; vésic. à une cuisse.
13 -oct. Même état. Ipécacuanha, 25 centig. qui ne font
pas vomir, mais déterminent 3 selles abondantes ; frictions
mercurieiles autour du cou et sous les aisselles.
14 oct. L^enfiant a dormi toute la nuit ; ce matin, il joue
sur son lit : la face est calme et naturelle, la peau fraîche,
le pouls à 1 iO. Les vomituritions ont cessé, il reste un peu
de diarrhée.
A partir de ce moment, la convalescence n'est entravée
par aucun accident nouveau; la diarrhée seule persiste
pendant quelques jours et finit par céder h une potion lé-
gèrement laudanisée.
Chez l'enfant qui fait le sujet de cette observation , le
travail de la dentition est évidemment le point de départ
de tous les accidents. Soit que les sympathies de l'appareil
àïgestif aient été éveillées les premières et qu'elles aient
réagi sur celles de Tencéphale, soit que le retentissement
ait été simultané sur toutes les grandes fonctions, toujours
est-il que le cerveau s'est trouvé lésé à un degré capable
d'inspirer d'assez vives inquiétudes. Hais quelle différence
entre cette congestion qui détermine quelques rougeurs fu-
gaces des pommettes, quelques soubresauts, un peu de som-
nolence, sans perte de connaissance, sans altération appré-
ciable de l'ouïe ni de la vue, qui s'accompagne de diarrhée,
etc., et les lésions anatomiques sans lesquelles on ne
saurait expliquer l'ensemble des symptômes offerts par
J. Chartier, tels que le coma, l'abolition progressive de la
vue et de l'ouïe, la dilatation des pupilles, l'affaiblissement
de la sensibilité des téguments, les vomissements, la cons-
tipation, etc.! Dire que d'un côté il y a eu simple hypéré-
mie, de l'autre, pblegmasie confirmée, c'est établir, en deux
mots, toute la distance qui les sépare.
2M io&^Ai DB nÉvpcim.
IL
Noas avons donc un fait acquis, c*est qm h oaépingite
des enfiii^ peu^ être simple et céder ^ uj^ inédici|tîon
appropriée.
Mais, lprsqu'e|le est de nature granuleuse, les s}^
qu'elle attaque soat-ils voués à une mort inévitable? Ovii,
répoodr^-t^on de toutes parts, car elle est tub^rçuleiise.
ImmedicabUe vitium, s'écrie Camper. — I^es U^erc^lçs ne
pardonnent jamais , surtout dans Tencéph^le, où Vm ne
pçHit mèipe pas, comme dans le poui^on, eoiraver pour un
temps le trftvaîl pbleginasique qu'ils développent autour
d'eux. Voilà, en abrégé, l'opinion de tous les auteurs, de
Robert Whigtt, de Senn, de Rufz, de Gerhard , 4^ FieU,
de Green, de Billiet et Barthez , de Fabre et ÎC(M)$ta,nt de
Guersant, etc., auxquels je n'ai point l'intention d'emproi)-
ter une série fatigante de citations.
Pourtant, quelques tentatives de réaction contre t^ie
idée aussi absolue, avaient été déjà ÊMtes. Jahn , Meissner ,
Nasse, Tourtual, RieckeetM. Charpentier, avaiept pul^(ié
des ei^en^ples de guérisou. Malheureusement, leurs obser-
vations étaient au trop incomplètes, ou entachées d'erreurs
^natçmiques ou physiologiques incroyables. Leurs efforts
laissèrept dans toute son intégrité la tbé«orie de l'incurahi-
Uu^ absohjie de la méningite granuleuse.
Chose étrange et qui prouve toute la vanité des idées
exclusives ! Les coups destinés à ruiner cette théorie de-
vaient partir de ce groupe d'élèves qui recueillaient avec
tant d'avidité la parole du maître. De nombreuses obser-
vations prises dans le service de M. Trousseau et ^qalysées
avec soin par MM. Moynier et Sayouret fii^renjt les pre-
mières armes av^c lesquelles ce dernier battit en brèche la
doctrine de la méningite tuberculeuse. Les recbercb^ de H.
Ch. Robin venaient de démontrer que hs granulations
des méninge^ ne copten^ent pas un atome de matière tu-
berculeuse , qu'elles avaijBnt une nature à part et fort dis-
tincte. La lumière se faisait et l'espénainpe renaissait au
cœur de toute cette pléïade de ji^uaes gens qup désespé-
JOVJBIVjll. DÉ MÉÏ>ÊCI^È.
227
rait le désespoir de DNustre professeur. Lui-mêine voyait
ses idées en subir une profonde modilicafiort. Bietrtôi, urie
notrrelie thèse parut sur cet important scO^et ; M. Lédh
Liégard , de Caen, vint (1*54) s'associer au rticfuveriiefit
réactionnel et faire faire à la vérité utt pas dé plus , grâce
eiieofe aux recherches microscopiques de M. Ch. Robrfr.
En effet , cette thèse*, à lafqoellé nous rc^nvo jôns pour les
détails , démontre que non-seulemént les granulations des
méninges , mais encore celles que l'on rencontre dans les
AMTérents organes des enfants morts dé méningite granu-
Ictise , n'ont sTvec fe tubercule aucun ràfpport de nature.
L^aftiteitr cite quelques exemples dé guérisdn à l'appui
de sa démonstration fournie par \e mici'oscope.
III.
Voici d'abord l'analyse sommaire des observations com-
paratives faites sur le tubercule et la matière des granu-
lations :
Les granulations renfer-
ment des Cytoblastions ovoï-
des , sphériques , de 4 à 6
millièmes de railHmètfe de
diamètre.
L'acide aoétique fonce le
eOff»tour des cytobla»liM>n&
et ne modifie point les gra-
nules qu'ils cotitiennent.
I^es granules du cytoblas-
tien sont plus rapprochés
du eeiHre que de la circon-
férence.
Les cytobiastlons appar-
tiennent au groupe de cel*-
lules renfermant des noyaux
libres.
Les tubercules contien-
nent des Corpuscules polyé-
driques, à bords irrégulière-
ment dentés, de 7 à 10
millièmes de millinïètre de
diamètre.
L'aèide acétique pâlit les
corpuscules tuberculeux et
leurs granules.
Les granules sont mifor-
mément répandus dans tofât
he champ du. èorpiisedlè
tuberculeux.
Les corpuscules ttfbérea-
leox n'a|)partiënnént pas à
la clasi&e des celhftefs à
noyaux K bres dont ifs n'ont
pas l'aspect.
}
ï
228 JOUEN/IL DE MÉDECINE.
Une idée de H. Trousseau viendrait encore , si elle se
justifiait , établir une grande différence entre la granula-
tion méningitique et le tubercule. Selon l'illustre profes-
seur, ces granulations se formeraient pendant les accidents
aigus qui terminent Tcxistence : elles seraient le résultat
de ces accidents. Or, nous savons que si le tubercule peut
grandir et se développer sous l'influence de Finflamma-
tion , il la précède et la détermine dans l'immense majo-
rité des cas.
On conçoit facilement la révolution que cette décou-
verte devait opérer dans les idées. Ne plus être en présence
de l'élément tuberculeux, dont le nom seul a quelque
chose de si effrayant , c'était avoir gagné , ce semble ,
immensément de terrain. Mais si l'élément granuleux,
tout en différant singulièrement du tubercule, quant à sa
nature, n'offrait pas plus de chances de guérison que
lui, s'il tuait aussi infailliblement, la découverte prenait alors
des proportions bien mesquines et se réduisait à une ques-
tion de stériles distinctions : nugœ difficiles.
IV.
Mais des recherches consciencieuses et patientes ont
démontré (autant qu'il était possible de le démontrer), que
la méningite granuleuse n'est pas toujours au-dessus des
ressources de l'art. Dans un travail cité par M. Léon Lié-
gard , et consigné dans les Archives générales de méde-
cine (août 1853) , M. Rilliet modifiant ses opinions au
sujet de la gravité de cette sorte de méningite , oite 8 cas .
de guérison recueillis par divers auteurs , et dont l'authen- 1
ticité ne laisse rien à désirer. 11 en ajoute 3 qui lui sont \
propres. Un 12' est cité dans la thèse de M.* Savouret , |
comme ayant existé dans le service de M. Trousseau , qui !
avait reconnu lui-même la nature granuleuse de la ma-
ladie ; un 13', cité par M. Léon Liégard , est tiré de
la pratique de H. Liégard père, médecin à Caen. '
Voilà donc un total de 13 cas de méningite granuleuse
JOUBUAi DE MÉDfiONS. 229
terminée par la guérisoii. Ce chiffre , cfuoique ayant déjà
une cerlaine valeur, ne constitue encore que de rares ex-
ceptions. Mais ces exceptions , grâce à un traitement plus
rationnel, mieux suivi , modifié avec le courage et la per*
sévérance que donne Tespoir, devront nécessairement se
multiplier. N'atteindraient-elles pas un chiffre fort impo-
sant, si tous nos confrères, répondant à la généreuse
initiative des élèves de M. Trousseau, apportaient le résultat
de leurs observations ?
La lecture du travail de M. Léon Liégard m'a singuliè-
rement ému et entraîné. C'est une si séduisante bonne
fortune pour le médecin que de voir une maladie , réputée
jusque-là incurable , enfin dépossédée de cette fatale répu-
tation , que je n'ai pu résister à cette sorte d'appel. Je me
suis mis avec ardeur à compulser toutes les notes que j'ai
recueillies à la campagne et à Nantes, depuis onze ans, sur
les affections du cerveau chez les en&nts (1). Cette re-
(1) Ces notes se composent : l** d'une multitude d'enfants at-
teints, k l'occasion d'affections abdominales, da travail de la
dentition, etc. , d'accidents cérébraux plus ou moins inquiétants,
plus ou moins prolongés, qui, chez quelques-uns même ont
mis un instant la vie en danger ; 2<^ de 3 cas de cbolérine ou diar-
rhée séreuse chez lesquels des phénomènes cérébraux sont venus
figurer pendant les demiàres heures de la vie ; 3» de huit enfants
de 16 mois k 12 ans pris de scarlatine maligne avec symptômes
cérébraux simulant une méningite foudroyante (4 décès) \ 4° d'une
pneumonie double chez une petite fille succédant k la rougeole et
8e compliquant, les deux derniers jours, de phénomènes ataxi-
ques an muieu desquels la vie s'éteignit; 5» de deux enfants hy-
drocéphales qui succombèrent lentemejot k cette maladie \ 6° de
quatre cas de méningite traités de nov. 1844 k décembre 1845 , et
signalés dans une statistique faite sur la demande de la Préfecture,
au commencement de 1846. De ces quatre cas, je n'ai pu re-
trouver qu'un seul tn extenso : c'est celui qui fait le sujet de ma
première observation (2 décès) ; 7^ de neui observations de mé-
ningite dont une tellement foudroyante qu'elle m'a laissé des
doutes. Quant aux huit autres, elles me semblent réunir toutes les
conditions susceptibles de satisfaire l'esprit le plus difficile (5 dé-
cès). En tout, 13 cas de ménin^te , 8 décès. Je possède enfin un
dernier cas de méningite terminée par guérison \ mais il n'est
3 n'indiqué , et ma mémoire ne me fournit , k cet égard , que des
onnée^ trop incomplètes pour en faire l'objet d'une démons-
traUon.
230 jonmiiAL DE mÈùBcam.
cherche me pormet d'ajouter trois nouveaux cas de gué-
rison à ceux qui sont mentionnés dans h thèse de M. Léon
Liégard. Avant la lecture de cette thèse, je m'étais sou-
vent demandé si la méningite granulée n*étoit pas susoep*
tible de pardonner dans quelques cas. La guérison ines-
pérée de plusieurs enfiints qui présentaient tous les
symptômes de cette affection m'avait finit concevoir une
espérance que je n'osais émettre encore. Aujourd'hui que
la curabilité de cette redoutable maladie semble n'être plus
impossible, ees observations peuvent être présentées avec
le titre de méningites granuleuses.
Observation III* (1).
Marie Mercier, de Couëron, 7 ans, blonde , lympbati({ue,
d'une constitution assez forte , éprouve , à chaque indis-
position , une réaction sympathique plus où moins vive du
côté des centres nerveux.
Le 12 octobre 1847, après quelques jours de malaise,
un frisson violent , suivi de vomissen^nts bilieux répétés;
céphalalgie intense; douleur fixe et insupportable dans
l'abdomen. — A ma première visite, je trouve cette enfant
couchée sur le dos, la face rouge, grippée et souffrante,
la tôte douloureuse, les yeux sensibles à la lumière, l'in-
telligence nette, répondant avec clarté, mais avec brusquerie
et mauvaise humeur. Point de somnolence ni de convul-
sions. La langue est sale, la bouche mauvaise, la soif
vive, l'anorexie complète aveo des vomissements fréquents
de matières bilieuses. Le ventre est le siège d'une douleur
déchirante qui s'exaspère à la moindre pression ; les selles
sont naturelles pour la fréquence et la consistance, les
urines rouges et chargées. Rien d'anormal du côté da
(1) Cette observation a été publiée in extenso dans U Journal
de Iffédecine àe "S^dnies {ÏH'^ liv», lâ^l). Gomme elle est fort
longue Y je me contenterai de la présenter sons forme d^extrait,
en m cooservanttoutefois les traits qui la oaracténsent.
JOnOIAL BE MÉDBCnO». 23t
cœur et de l'appareil respiratoire ; la peau est brûlante , le
pouls petit, serré, à 120.
J'ai aous les yeux une péritonite à son début et qui déjà
s'accompagne de symptômes cérébraux inquiétants.
Diète; orge ; potion légèr^ éihérée; 8 sangs, sur l'abdom.
— 2 vésic. aux jambes. «
13 oot. Malgré cette double attaque dirigée contre
l'affection abdominale et les phénomènes sympathiques
qu'elle met en jeu, les . accidents suivent une marche
croissante; le ventre est plus douloureux, plus tendu t les
vomissements plus fréquents, les seltes nulles, le pouls
plus petit, à 130. En même temps, la céphalalgie aug-
mente avec l'impatience ; les yeux se cavent et ne peuvent
supporter l'éclat du jour ; la face rougit et pâlit alternati-
vement; quelques cris aigus qui ressemblent aux cris hy-
drencéphaliques.
Cat. sur l'abd. — . 8 sangs, aux cuisses ; eau froide sur
le front; le soir, 20 gram. d'huile de ricin qui donnent 2
selles.
14. Quelques mouvements convuisifs alternant avec de
la somnolence; les autres symptômes angasentent d'in*
tenisité.
8 sangsues aux apophyses raastoïdes.
15. Nuit mauvaise : délire , agitation, convulsions,
^cris aigus succédant à une période de résolution complète.
A minuit , coma , face pâle, immobile , yeux caves et
cernés, entr'ou verts, pufNlIes dilatées; quand on lappelle,
l'enfant se réveille en sursaut et retombe immédiatement
dan& sa somnolence. Tète brûlante , couverte de sueur a sa
partie postérieure; respirsition à 40 , thoracique , pouls à
180 , presque insensible. Ventre très^allonné, urines rares,
ventre serré.
1 vésic. sur le ventre $ 2 vésic. aux cuisses; lavem^
purg.
Le matin , délire, carphologie, convulsions ,< contrac-
tures, cris bydrenoéphaliques, grincements de dents,
mâetionnement continuel; foce rouge , animée ; yeux
éthiceiants, pupilles resserrées y contractiles. Il est difficile
232 joubual be HÉraGua.
de savoir s'il existe un strabisme morbide, la malade lou-
chant habituellement. Céphalalgie déchirante qui s'exas-
père au moindre attouchement exercé sur la tête; sensi-
bilité telle des téguments qu*il suflSt de toucher le lit de
Marie Mercier pour lui arracher des cris. Peau chaude, pouls
irrégulief, s'effaçant sous le doigt, à 1 50. Bientôt tout cet
appareil d'excitation dit de nouveau place au coma le plus
profond. Respiration fréquente , ventre énorme, doulou-
reux, quoique à un moindre degré , mat dans les parties
déclives. Les vomissements ont cessé.
4 gram. d*ong^ napol. en frictions toutes les 4 heures ;
25 centig. de calomel toutes les 6 heures.
Le calomel donne des selles nombreuses; mais si, les
les jours suivants, Taffection du ventre marche vers la
résolution ; si un nouvel épanchement qui s'est opéré dans
les deux plèvres se résorbe graduellement , les symptômes
cérébraux sont loin d'avoir fléchi. Le 21 , le coma est pro-
fond , la face immobile^ pâle ou plaquée de rouge alterna-
tivement, la tête inondée de sueur, les pupilles dilatées,
presque insensibles, la peau peu excitable. Connaissance
perdue , marmottement inintelligible ; les coiivulsions et
les contractures s'éloignent de plus en plus. La circulation
devient irrégulière, sans rhythme , le pouls varie de 130 à
180, quelquefois on ne peut le compter. La respiration est
anxieuse , précipitée, inégale ; les selles et les urines invo-'
lontaires.
Conlinuer les frictions et le calomel dont l'action pur-
gative se maintient.
L'enfant reste 7 jours encore dans cette cruelle situation ,
entre la vie et la mort.
Le 22 (onzième jour). La nuit a été un peu meilleure :
il y a eu une couple d'heures d'un vrai sommeil; les cris
de tête ont été rares; la connaissance est revenue par
instants. — Le matin , la malade répond lentement par
monosyllabes, mais avec justesse, à quelques questions;
la tête est toujours douloureuse et brûlante , la face tou-
jours alternativement pâle ou plaquée de rouge; mais il y
a du calme; le coma disparaît; le pouls est à 125, ^us
JOUBRÂL DB MÉDBCUIE. 233
régulier; Tabdomen indolore; point de toux; plèvres
vides.
Même prescription.
A partir de cette époque, le mai est vaincu; les symp-
tômes s'amendent graduellement , la petite malade se
rétablit lentement à la vérité, mais rien ne vient entraver
sa convalescence. Aujourd'hui, Marie M. a 15 ans, et, depuis
8 aps , sa santé ne s'est pas démentie.
Lorsque je présentai, pour la première fois, la relation
de ce fait intéressant à la Section de Médecine, je n'osai
prononcer le mot de méningite granuleuse. Bien plus , le
mot de granuleuse étant , à cette époque , synonyme de
tuberculeuse dans l'esprit de tout le monde , il eut semblé
singulièrement téméraire d'inscrire ce diagnostic en tète
d'un cas de guérison.
Cependant, lorsque Ton considère la gravité des symp-
tonnes, leur forme, leur enchaînement, la durée du mal,
il est difficile de ne pas admettre une immense ressem-
blance entre ce cas et les descriptions que les auteurs nous
ont données de la méningite granuleuse , d'autant plus que
la disposition du cerveau, chnez cet en£eint, à ressentir
douloureusement la moindre souffrance d'un autre organe ,
doit nécessairement faire soupçonner un travail spécial ,
une manière d'être particulière de l'encéphale.
Observation IV« (1).
Stanislas Maugat, de Couëron, 22 mois, enfant fort, né
d'une mère sujette à d'horribles maux de tête qui la tien-
nent au lit pendant des semaines entières, a présenté
jusqu'ici une bonne santé, qui n'a été interrompue que par
quelques dérangements de corps si fréquents chez les en-
fants. Dans les derniers jours de décembre 18i6 , il est
{i) Bien que tracée a grands traits et même incomplète sous
beaucoup de rapports , cette observation me paraît des plus
concluantes.
234 wvamàh bb «ÉnemB.
trisie , reebigoé , perd l'appétit « crie qaand on veut le htre
maoger, et rejette une partie des aliments qu'on lui domve.
Il dort mal, crie la nuit« se réveille en sursaut, a des
soubresauts dans les fendons ; la &ee est pâle et altérée.
Point de traitement.
Le2 janv. 1847. Depuis hier, Stanislas est beaucoup phis
mal, une fièvre violente s'est déclarée; il existe une vive
céphalalgie qu'accusent le plissement du front et Tobstina-
tion avec laquelle l'enCHit ferme les yeux ; les pupilles sont
contractées et contractiles; la face est rou^, une agita-
tion inquiète alterne avec une somnolence profonde entre-
coupée de temps en temps par un réveil en sursaut et des
cris aigus ; quelques soubresauts et un peu de mâchonne-
ment. La langue est uu peu blanche ; deux vomissements
bilieux depuis hier; soif, ventre souple, un peu sensible
à la pression, constipation. Peau chaude, pouls à ItO-
120.
4 sangsues aux malléoles; eau froide sur le front; ca-
lomel, 20 centig.
Le 3. Le calomel détermine 2 selles ; les sangsues sai-
gnent abondamment. L'enfiint parait notablement sou-
lagé, presque en convalescence : il s'assied et joue un
instant sur son lit.
Calomel, 20 centig.
Le 4. Les accidents se sont aggravés depuis cette nuit ;
la connaissance s'est perdue; les yeux se sont fermés; les
pupilles resserréfs sont encore contractiles, la face crispée
pâlit et rougit alternativement. L'enfimt s'agite viol^foment,
grince des dents, mâchonne, jette des cris hydreocépha-
Hques, tressaille et se renverse en arrière, puis tombe,
au bout de quelque temps , dans une somnolence profonde
avec la pâleur et rimmoinlité de la mort. Le pouls est
petit, serré, à iSO.
4 sangs, aux cuisses ; 2 vésic. aux mollets; 1 vésic. sur
le cou; calomel, 30 centig.
Les sangsues saignent passablement, les 3 vésicatoires
prennent bien ; plusieurs .selles vertes.
5, 6 et 7 janvier. Coma presque continuel dont Stanislas
n€i sort que pour ybLsr des cris aigus. Parfois il ouvre la
bouche toiHe grande comme pour crier ; mais la voix ne
sort point , ou bim c*0st une sorte de en à voix basse , si
je puis ainsi dire , une expiration sourde. Le mâchonne-
ment, les grincements fie 4ent$, las soubresauts devien-
nent plus rares. Yeux fermés , convulsés en haut , roulant
lentement dans leurs orbites , qvand on ouvra les pau-
pières; strabisme léger, pupilles dilatées, peu contractiles;
abolition de la vue , de l'ouïe et de la sensibilité cutanée.
Une pâleur cadavérique de la foce est remplacée de temps
en ten^ps encore par des plaques d'un rouge ardent sur
l^s pommettes. La raideur du cou et de tout le rachis est
considérable , Tamaigrissement marqué , la peau chaude et
sèche, le pouls irré^ier, petit, ioc<^rlaio, variant de 120
à 180. Les vomissements ont cessé, mais tes selles sont
fréquentes, le veutre souple.
2 vésic. aux cuisines ; calamel , 30 centig. ; ong^ napolit. ,
1 5 grana- en frictions.
8 et 9. Malgré Ténergie du traitement, la maladie s'ag-
^ave a,veç uo^ persistance désespérante. Le 9 surtout , le
cooia est sans io,terruptu)n. Plus de cris, de mftchonae-
menl, de soubresauts; Tenfant ressemble à un petit ca-
davre ; les paupières eatr'ouvertes laissent apercevoir les
giobes oculaires se mouvant avec lenteur, les pupilles pres-
que de la largeur de l'iris, insensibles. On peut tou<^her
les conjoi)ctives avec les barbes d'une plume, sans que
Tenfant ait Tair d'^ avoir conscience. Peau chaude; la
pl^ce occupée sur Torpiller par la tête est inondée de
su«ur. Poiuls impossible à compter, irrégulier, inégai,
CUforme,
Continuer les merqufiaux.
10 Ja^v. Coma un peu mioins profond ; pouls plus per-
ceptible ; les jours suivants la comiaisaa^ce semble reve-
nir un peu ; les yeux s'ouvrent et deviennent plus nets. Le
13, il y a de l'espérance; (e 16 , la maladie semble défi-
nitivement jugée , et (a cQovislesa^nce se dessine fraucber
ment.
Aujourd'hui (septembre 18;55), Stanislas Najjigat a 10
236 JOdHAL n ■ÉnBCRB.
ans, il est d'oDe santé assez frêle et sujet à des céphalal-
gies fréquentes qui le prennent brusquement et le quit-
tent de même , après l'avoir cruellement torturé.
OBSElYATtOlf V«.
Marie Martin , belle et forte enfant de 4 ans, a toujours
joui d'une bonne santé: ses parents sont forts, sanguins
et bien portants. Elle est lente, assez peu intelligente. De-
puis les premiers jours d'avri4 1855, on remarque qu'elle
est seule, triste , grognon , qu'elle aime peu à se déplacer ,-
elle n'accuse , du reste , aucune souffrance ; seulement elle
vomit fr^uemment , l'appétit s'est perdu ; elle est brûlante
par instant : toutefois , elle n'est pas obligée de s'aliter.
Dans la nuit du 18 au 19, frisson suivi d'une fièvre
violente avec rougeur vive , céphalalgie intense qu'accusent
plutôt les gestes que les paroles de l'enfant. Jactitation,
insomnie; quelques vomissements bilieux; constipation
depuis deux jours.
19. Décubitus dorsal ; tête douloureuse, brûlante, fiice
rouge, crispée; yeux chassieux; pupilles un peu contrac-
tées, connaissance complète, humeur très-irritable, cris
d'impatience au moindre attouchement, pas de convul-
sions: peau chaude , pouls fréquent, ferme, à 130 ; langue
légèrement blanche , soif ardente.
4 sangs, aux malléoles; elles saignent abondamment;
calomel , 25 centig. (une selle insignifiante).
20. La peau est un peu moins chaude, le pouls moins fort,
moins fréquent , la fiice rouge ou pâle alternativement ,
mais toujours crispée , les yeux toujours chassieux , les
pupilles contractées, l'impatience extrême ; le sommeil est
agité , interrompu souvent par un réveil brusque que
signale un soubresaut et un cri aigu ; quelques vomitu-
ritions.
4 sangs, aux genoux (écoulement de sang considérable);
lavement avec sel commun; sinapismes aux pieds; calo-
mel, 30 centig. (une selle).
21. Peu de résultats; la peau est un peu moins chaude
JOUUIAL DE VÉDECHfB. 237
toutefois , le pouls moins fréquent, oscillant entre 90 et
110. Mais la face est par moment immobile, violacée,
livide , pour grimacer ensuite et se plaquer de rouge sur
les pommettes ; le front se plisse à la racine du nez , les
yeux mornes , stupides pendant Tatonie , deviennent bril*
îantsdans la période d'excitation, les pupilles resserrées,
contractiles, non oscillantes. Marie est d*une impatience
extrême , jette des cris aigus quand on lui parle , qu'on
la touche , qu'on remue son berceau , ou même quand on
s'approche d'elle : il semble que la sensibilité tactile soit
lellement exaltée que l'agitation de l'air lui cause une im-
pression désagréable. Pas de délire; sommeil agité, fati-
gant, entrecoupé; déjà la tête a un peu de tendance à
se renverser en arrière. Langue blanche , soif, pas de vo-
missements, constipation rebelle: nn peu de toux que
n'explique aucun phénomène stétboscopique ou plessimé-
trique.
Les frissons signalés par les parents, la différence éx*
tréme présentée par le pouls à diverses époques, m'engagent
à donner du sulfate de quinine, au moins à titre de pré*
caution contre la possibilité d'accès pernicieux^
Sul&te de quinine, 25 centig. ; 2 vésic. aux jambes;
lav^ purgat.
22. Un changement inattendu me fait supposer qu'en
définitive je n'ai à combattre qu'une fièvre rémittente à
symptômes cérébraux. Ce matin, la face est naturelle,
épanouie, les yeux nets et vifs, la peau fraîche, le pouls à
86. Quoique d'assez mauvaise humeur encore, l'enfant
s'occupe de ce qui l'entoure et demande à manger : les
vomissements ont disparu , mais le ventre est toujours
serré.
Sulfate de quinine , 30 centig. ; 2 cuillerées de panade.
23. Cette amélioration n'est que de courte durée. Dans
la soirée , Marie retombe dans une grande agitation ; le
rachis se raidit et se renverse en arrière ; des soubresauts
se font sentir dans les tendons; la tête douloureuse se
couvre de sueur; la face crispée rougit et pâlit tour à tour ;
la petite malade mâchonne , grince des dents , tire sa lèvre
288 joimMAL BB MÉsmaasE*
inférieure avec acbaraenieiU et s'arrache les cheveux ; elle
jeCle à chaque ioslant un cri aigu, unique, en ouvrant une
bouche énorme ; le moindre attouchement Tirrite ou lui
arrache de ces cris; rintelligence commence à se perdre;
pourtant elle semble encore parfois entendre et compren-
dre sa mère, quand celle-ci lui parle à haute voix. La
vision est altérée , les pupilles contractées , la soif vive ;
poini de vomissements ni de selles; peu de toux; peau
chaude; pouls petit , irrégulier, variant de 120 à 160.
2 vésic. aux cuisses; glace sur le front; calomel, 40
centig.; ong^ napolit. , f 5 gram. en frictions.
24. Décubitus sur le côté, en chien de fusil; tète ren-
versée en arrière et raide; cris aigus, incessants depuis
celle nuit; pâleur morteUe alternant avec une rougeur
plaquée des joues, amaigrissement notable, traits efMés,
front crispé; yeux fermés, globes oculaires légèrement
convulsés en haut; pupilles dilatées, égales, légèrement
contractiles. La vue est abolie complètement, les cornées
chassieuses sont comme granulées; pas de strabisme. Abo-
lition de l'ouïe; màclionnement et grincem^ats de dents
répétés , surtout cette nuit. La sensibilité delà peau semble
fortement diminuée à gauche; mouvements autonnatiques
(le la main droite qui se porte au front , fourrage ses che-
veux ou cherche quelque chose en l'air et sur son lit.
Immobilité très-prononcée du bras gauche; soubresauts
dans les tendons. Déglutition diflScile, point de vomisse-
ments, langue blanche, point de salivation, ventre sen-
sible à la pression, selles rares. Peau chaude, aride,
flétrie ; pouls variable^ fréquent, irrégulier, dépressible, de
110 à 150 ou môme 180.
Depuis 24 heures , cette agitation a fait place, plusieurs
fois, à un état comateux des plus alarmants.
Sécher les vésic.; 1 selon sur le cou (il saigne sriion-
damment); calomel, 40 eentig. ; onguent napolit., 15
gram.
25. M. Thibeaud est appelé en consultation. Marie est
exactement dans le même état qu'hier; seulement, il y a
eu 4 ou 5 selles vertes abondantes.
Oiagno^ic : méniogilie probableoieot granuleuse. Pro-
nostic : mort presque certaine. Traitement : le même,
absolument, seulement, dans les deux jours suivants,
après av<>ir essayé^ sans succès , le calomel à doses frac-
tionnées, selon la méthode de M. Trousseau, nous por-
tons successivement la dose de ce médicament à 60 , 75
centigM 1 gram. mépae dans les 24 heures, et l'onguent
napoli^iin à 30 grammes dans ie même espace de temps.
Sous Tinfluencede cetraitemeot, renCeint reste dans le
même état pendant 4 ou 5 jours. Elle jette des cris aigus
pendant de^ heures entières, puis retombe dans le coma.
Le racliis est raide , tout d'une pièce ; la vue et Touïe
toujpurs abolies, la sensibilité des téguments toujours
amoindrie , le côté gaucbe.presque paralysé du mouvement
et du sentijsient. La nuit surtout, il y a plus d'agitation,
de cris, d'alternatives de rougeur et de pftieur de la face;
les selles sont abondantes et répétées, 6 ou 7 fois dans les
24 heures.
Môme traitement.
l^"' mai. Li^ connaissance semble revenir, là vue saisir
quelques objets. La mère a cru remarquer un peu d'atten-
tion chez sa , fille , qn^nd elle l'appelle. Les yeux sont
ouverts, un peiu fixes et étonnés, mais nets; les pupilles
moyenneiQen^ dilatées ; le visage est assez bon , quoique
trèsrpàle ; mc|ia il y a encqre un peu de raideur du cou ,
encore quQlq^^S! cris la nuit, quelques alternatives de
rougeur et de pâleur ; li^ soif rest^ viv^, le ventre toujours
très-libre; la déglutitiofli est plus facile, la peau fraîche,
le pouls à 90-95.
Continuer les mercuriaux.
Cet état s'aipéliore graduellement : peu à peu la vue et
Touïe reviennent à leur état normal; la tête est libre, la
conaajsSfinc.9 parfaite, le cou flexible, ie sommeil répara*
teur; l'appétit se dessine, le ventre reste longtemps libre.
Le 12, l'enfant est complètement guérie ; son intelligence
est la même qu'avant cette crueUe maladie.
Malgré 10 à 11 gr^ammes de calomel et 300 gram. au
moins d'oi^ueal napolitain en frictions, iMbrie n'a pas eu
18
240 JOUBNÂL DE KÉBECIIVB.
de salivation ; seulement elle a fait peau neuve de la tëie
aux pieds.
Il me semble difficile de trouver deux observations plus
concluantes. Le tableau' est aussi complet que pourrait le
désirer le pathologiste le plus diflicile, et cadre parfiiite-
ment avec la description que les auteurs récents nous ont
laissée de la méningite granuleuse. D'abord, quelques
prodromes insidieux, à forme mal dessinée, peu inquié-
tante; un peu d'abattement , de tristesse, d'altération des
traits, de céphalalgie, de perte d'appétit, de constipation
avec quelques nausées, quelques vomissements; puis un
cortège de symplômes*des p(us significatifs par leur forme
et leur marche : la céphalalgie , l'agitation , les soubre-
sauts dans les tendons , l'impatience , la perte de connais-
sance, les cris hydrencépbaliques, la raideur du cou, la
constriction des pupilles, etc., auxquels succèdent, au bout
d'un temps variable, le coma, le renversement de la tète
en arrière, la dilatation des pupilles, labolition de la vue
et de l'ouïe , la difficulté de la déglutition , la rougeur et
la pâleur alternative de la (ace, l'altération de la sensibilité
et de la motilité , etc.
Les pathologistes ont regardé comme un trait spécial à
la méningite granuleuse, comme une sorte de phénomène
pathognomonique, sa durée considérable, sa marche lente,
irréguliére, entrecoupée de périodes d'amélioration plus
ou moins accusée qui peuvent, au premier abord, induire
en erreur le médecin même expérimenté et lui donner
ridée d'une sorte de résurrection ou de la présence de
l'élément intermittent (1).
(1) En février 1844j mourut, li l'hôpital de la Charité, une
jeune fille de 18 ans, affectée de méningite granuleuse. Après cinq
jours de délire, de coma, d'agitation , de grineements de
dents, etc., elle sembla tout d'un coup renaître à la vie. La
connaissance revint complète, la céphalalgie disparut presque
entièrement, ainsi que tous les troubles nerveux. La malade
était sauvée aux yeux de tous ceux qui suivaient la clinique de
M. Gouraud , aux jeux de M. Gouraud lui-même. Le lendemain,
les accidents s'étaient reproduits avec un redoublement d'inten-
sité , et cette jeune fiUe expira le dixième jour. La pie-mère était
littéralement criblée de granulations.
JOUANAL DE HÉbSCUfE. 241
Ces deux- observations présentent ce phénomène aussi
complet que possible. Dans Its deux cas , dans le dernier
surtout , je me suis laissé prendre à cette apparence trom-
peuse. A la vue du changement opéré dans Tétat de Marie
M., à la suite de la première dose de sulfate de quinine,
je crus à une fièvre intermittente grave : on se rappelle
combien cette opinion fut justifiée.
Je ne me dissimule pas qu'une objection grave peut
m'arrèter au milieu de cette discussion , et cette objection
peut être faite également à tous les cas de guérison de
méningite granuteuse rassemblés par M. Léon Liégard.
Les enfants dont je vous ai donné la pénible histoire
étaient bien atteints de méningite : cela ne paraît pas
contestable. Mais cette méningite était-elle granulée?
Comment se prononcer pour TafiRrmative, quand l'autopsie
n'est pas venue justifier le diagnostic porté pendant la vie?
Il est vrai que je n'ai pas eu la triste bonne fortune de
joindre au tableau de la maladie celui des lésions nécros-
copiques. Cet avantage, dont le médecin est fort peu ja-
loux , aurait sans doute apporté le critérium infaillible de
la méningite, et son absence doit laisser planer, sur ces
observations, un doute qu'il est fâcheux de ne pouvoir
dissiper autrement. Mais alors que penser du diagnostic si
laborieusement étudié et formulé par tous les hommes
spécialement occupés de pathologie infantile, diagnostic
si complètement en harmonie avec la symptomatologie de
nos deux observations. De deux choses Tune : ou ces
affections sont bien véritablement des méningites graim-
leuses, et la carabilité de cette redoutable affection est
désormais un fait acquis à la science ; ou bien ce sont des
méningites simples, et ce diagnostic différentiel est tout à
refaire : il faut déblayer le champ de la pathologie de toutes
les erreurs qui y ont trait et convenir avec MM. Grisolle
et Léon Liégard , qu'il n'existe aucun élément certain sur
lequel on puisse établir une distinction positive. Il découle
encore de cette seconde alternative une conclusion bien
consolante ^ même- pour celui qui reste convaincu de la
nature tuberculeuse des granulations ; c'e3t que la ménin-
242 JOOBlfAJ. DE WtoBCOlB.
gîte des enfants n*e$t pas toujours gramilews^, qqe lois-
qu'elle se présente avec la Corme en apfiarefice ia moins
récusable , il > a encore à espérer qij^ le malade n^a qii'one
niéningite simple et peut guérir; c'est qu'avec cette pré-
vision 9 le médecin ne se condamnera pas à une Lpaction
déplorable , et qu'il luttera avec toute l'éi^ygie que 4onne
l'espérance du succès.
V.
Quel sera donc le traitement que l'on pourra opposer
avec le plus d avantages à la méningite?
Nous passerons rapidement sur cette question que tant
de monographies ont déjà plus ou moins élucidée et ^|ue
la thèse de M. Léon Li4^d traite avec beaucoup de
détails.
1° L'e&périence de tous les temps a prononcé à l'ogard
des antiphlogistiques. Ils sont presque toujours indiq^n-
sables ; maniés avec énergie et intelligence, ils produisent
souvent de remarquables elFets., quelquefois mtoe ils
peuvent avoir tous les honneurs de Ig guérison, comme op
peut en juger par ma première observation, où une der-
ûi ère sangsue, appliquée derrière l'oreiMe, porta le (ter-
nier coup à une malAdie que les révuisife, les vésiciaiQÎr^s,
le calomel n'avaient point eotJrayée*
Je n'entrerai pas dims de kûigs détails, m Stuji^t de la
question diversement controversée d<a ia purtie où lés sang-
sues doivent être appUquéea , s'il &ui leur p«;éCàrer la sai-
gnée, etc. Cette.question est sounoise à mille considérations
quant à Tàge, le tempérament, rintensité réactiopMl^i
l'époque de la maladie , le traitement déjà, suivi , etc. Dire
qu'au début la saisn^e semble préfér^bW Ipr^qM'eUp est
possible, lorsque lés préjugés des parents n'y m^Uent
point un obstacle invincible ; sinon qu'il faut la rempifucer
par une vigoureuse application de sangsues aux eiArémîtés
inférieures ; que de nouvelles sangsues appliquées supces-
sivement et en petite quantité à la. fois, davr^Qnt entretenir
Técoulemeot dp sang pendant le plus longtemps possible ;
JOURNAL DÉ ldl>£<:iNÈ. 243
que , plùâ iaM , une application sembhible aux mastoîdes
produit alors une déplétion plus directe, plus énergique,
plus efficace; c'est répéter ce que tout le monde a appris,
vu , expérimenté.
I^ous en dirons aiitant des applications froides sur ta
tête , de la glace, etc. La perturbation qu'elles jettent dans
les fonctions nerveuses, la modification qu'elles impriment
par contre-coup â la circulation capillaire, lâf sédation
puissante qui en résulte , sont des faits bien connus de tout
le monde.
2^ Les révulsife extérieiirs ne justifient pas tous égale-
ment l'usage et Tàbus qu'on en fait. Les vésicatoires appli-
qués aux cuisses, âu?t jambes, au cou, nous ont semblé
d'une nullité absolue d'action : cet^e aiction n'est ni assez
profonde, ni assez énergique pour entraver une maladie
aussi grave; ils ne font qu'ajoutera la souffrance, k l'agi-
tation, à là fièvre des petits malades. Jamais je n'ai pu
en constater le moindre bon effet. Nombre d'auteurs dont
Topinion mérite d'être acfceptée préfèrent de beaucoup les
sinâpîsmés dont l'action plus vive, plus rapide, ptus sus-
ceptible d'être réitérée, peut devenir tin utile adjuvant,
sans causer des plaies douloureuses, qfui ne sont qu'un
embarras de pTùis.
Cependant, la niéthode révulsive comj^fe des agents d'urte
puissance extrême constatée par une longue expérience. Td
est le séton sur lé coà , moyéti héroïque dont Taôtion peut
être regardée ébhnyie com*()lexe. D'abord, la plaie dbnné
qtrelq'uefois une assîez notable quantité de sang , circons-
tance qui est loin d'être indifférente, qui est soiivetlt d'ùt^é
grande utilité. Ensuite, cette révulsion si énergique, si
proforWfe, si rapprochée eu siège du mal, tend nécessai-
rement à entraver, à rompk-e la flnxiort pWégitiasiqùé qui
se fiiit sur Tencéphale , à accéférer le mouvement de dë-
compôsrtion de ses élélnents. Je l'ai employée chez Ile sujet
de m« cinquième observation; Mais sî l'amélioration «'est
dessinée peu de iours après rapplicàtibn du^ sétôn ^ il* né
fiàût ^s oublier non plue que h petite malade était sou-
mise à une aijitre médication non moins béroïqdi^, la
244 jouihàl db hébeghib.
roercurialisatioD , et que, dans ce cas, il est fort difficile
de déterminer la part de chacun des agents thérapeu-
tiques.
Un autre moyen révulsif auquel M. Léon Lriégard ac-
corde une efficacité supérieure peut-être à ceJie de tous
les autres modes de traitement connus, c'est Tusage de la
pommade stibiée en frictions sur le cuir chevelu préala-
blement rasé. Il Ta vu opérer de véritables merveilles.
Mais il insiste sur les précautions à prendre pour mainte-
nir Téruption dans de justes limites et éviter ces désordres
graves, suites malheureusement trop fréquentes d'un usage
indiscret : tels que la destruction des cheveux , les larges
ulcérations de toute l'épaisseur du derme , et même des
surfaces osseuses. Quelle est la valeur réelle de cette médi-
cation à laquelle M. Léon Liégard lui-même , malgré su
prédilection , ne peut refuser le titre de barbare? Je l'ignore
absolument. Je l'ai vu employer une fois chez un pauvre
enfant auquel je donnais des soins en commun avec MM.
Piban-Dufeillay et Thibeaud. Les frictions stibiées, bien
que secondées par la mercurialisation et un séton sur le
cou , ne purent sauver notre malade, qui nous échappa le
dix-septième jour. Théoriquement, il est facile de se
rendre compte des résultats heureux d'une révulsion si
large , si violente ; et je ne doute pas que la pratique ne
puisse parfois justifier les prévisions de la théorie. Toute-
fois, n'est-il pas à craindre que la douleur cruelle , éveillée
par une éruption plus ou moins confiuente de pustules,
ne détermine un surcroît d'agitation , de fièvre , de fluxio'^
phlegmasique vers la tête, et, partant, n'agisse au profit
de la pbiegmasie qu'elle est destinée à combattre ? Ctette
crainte ne peut-elle également être formulée à l'endroit du
vésicatoire recouvrant tout le cuir chevelu et dont quel-
ques praticiens, recommandables à tous égards, disent
avoir obtenu des effets surprenants. Cette question , je
n'ose la résoudre*, et pourtant elle mérite d'être prise en
sérieuse considération.
S"" Nous arrivons enfin à un mode de traitement qui
compte, peut-être les succès les plus nombreux, les plus
JOCâNÀt DE MÉDfiGINE. 245
éclatants : l'administration du mercure intùs et extra. Pré-
oonisée d abord par M. A. Liégard père (Revue Médicale,
1 834), puis bientôt accueillie avec faveur par la plupart des
praticiens, cette médication a besoin, comme on le sait,
ci*être envisagée sous un double point de vue pour être
parfaitement comprise.-
Elle se compose de calomel donné sous diverses formes
et de frictions mercurielles , à doses plus ou moins larges.
Quelques mots d'explication sur ces deux éléments du trai*
temeot mercuriel.
A. Le calomel peut être donné à doses franchement
purgatives et susceptibles de déterminer des selles abon-
dantes, 15, ^5, 50, 75 centigr. , 1 gramme même dans
les 24 heures. Sous cette forme , il rentre dans la classe
des révulsifs, à la tête desquels il peut être placé à cause
des larges sur&ces qu*il intéresse , de l'abondante sécrétion
qu'il détermine.
B. A doses fractionnées (5 à 10 centig. divisés en 10
ou 12 paquets), le calomel peut encore produire des éva-
cuations alvines ; mais il jouit surtout alors d'un mode
d'action particulier, il devient un altérant d'une énergie
incomparable, un antiphlogistique puissant que tout le
monde connaît. Cette action est exactement la même que
celle des frictions mercurielles, sur lesquelles l'opinion
est également édifiée.
En résumé, le traitement qui semble le plus rationnel
contre la méningite, consiste dans l'emploi, presque si-
multané, des émissions sanguines et des préparations
mercurielles. Ces deux indications convergent vers le
même but, se prêtent un mutuel appui : attaquer l'inflam-
mation dans sa source, en diminuant la masse, la richesse
et la plasticité anormale du sang , rompre la fluxion qui
se fait vers l'encéphale par une énergique et large révul-
sion sur le tube digestif, par une abondante sécrétion de
liquides; activer ainsi l'absorption interstitielle, hâter la
décomposition , la dissolution des éléments phlogistiques ;
tel est le triple but que le médecin se propose , que cette
association de moyens thér^ipeu tiques parait, eu théorie.
246 SMBBàt HE «ÉMBGMB.
parfaitement propre à conquérir, qu'elle a surtout conquis
plus d'une fois. -—Si, au bout de quelques jours, la ma-
ladie semble résister, il est utile de recourir an séton sur
le cou , mais il ne faut pas attendre trop longtemps. Il faut
se rappeler que , dans cette cruelle maladie , la question se
juge toujours avec promptitude , souvent avec une rapi-
dité foudroyante. Ce révulsif demande quelque temps pour
que son action se lasse sentir. C'est une réserve puissante,
quelquefois décisive : l'engager trop tard , c'est s'exposer
à perdre une cause qui eût triomphé avec plus d'à-
propos.
8 octobre 1855.
OBSERFJTIONS pour servir à l'histoire dune
variété d'hémorrhagie utérine post-puerpérale
excessivement rare et par conséquent encore peu
connue , par le docteur ÂtiBiNAis , Président du
Jury de médecine de la Loire-Infêrieure.
J'ai fait des recherches dans les Traités ex^professo les
plus complets sur les bémorrhagîes utérines tels que ceux
de Rigby et de M"*' Lachapelle ; dans les ouvrages sur les
accouchements les ptus moderhes, entre autres ceux de
MM. les professeurs Moreau et Velpeau : j'ai cherché dans
les collections de journaux de médecine de nos jours si je
pourrais m'éclairer sur la variété d'hémorrhagie post-puer-
pérale qui parait étroitement liée au tmvailde la dotation,
et dont M. le professeur Négrier cite deux exemples, «t
j'avoue que je n'ai à peu près rien trouvé; cependant, cette
J0liR!IAL DB vrilVBC^Ë* 247
forme d'hémorrhagie, que Ion a vue assez grave podr
mettre la vie de la femme en danger, mér?(ë d'être soi-
gneusement étudiée : aussi , comme le devoir du médecin
qui écrit est d'ajouter le plus qu'il peut a ce qui a été
regardé comme boo avant lui , je mettrai sous les veut du
lecteur les deux observations que M. Négrier a msérées
dans ses Curieuses recherches et considérations sur la
constitution et tes fonctions du col de l'utérus, et je ferai
suivre ces observations de deux faits extraits de ma pra-
tique, dans le but de laisser croire , ainsi que le pense le
professeur de l'Ecole préparatoire de Médecine d'Angers,
que l'on doit attribuer ces hémorrbagies sui generis aux
étroites corrélations qui existent entre les organes mam-
maires, l'utérus et les ovaires.
OUtterrAtlonii extraites texiaelleinent die Ton-
vrage de M. Négrier*
I" Obsbrvàtioii.
Insertion normale du placenta. — Accouchement spontané,
— Hémorrhagie latente grave après la délivrance. —
— Deuxième hémorrhagie provoquée par la su4:cion du
mamelon onze jours après la parturition.
M"*« G..... ,24 ans, de très-grande taille, ayant peu
d'énergie morale et physique, dévint grosse en 1833.
Cette dame , pendant les trois premiers mois de la gesta-
tion, ressérttlt uîïe iettdioh fort incommode qu'elle rap-
portait nù centre du bassin. Au cinquième mois, celte
sensation devint douloureuse et fit haître de Finquiétude.
La malade ne pèi^iHit jpas fe tbucfaef. Une soignée donna
quelque soulagement et fit cesser un asdôUjii^emelit jour-
uatrer.
Je vis b malade , pour la première ft>is , éù WrCième
mois dé là grossesse. A ce moment, te sensértion dbu-
loufeuse dans le basslt) élant revenue plus forte que jamais,
je crus devdr eo i^pfiK^ter te sié^e vers les ligaïUehtâ
larges tiraillés. La constipation était habituelle. Je ne pus
248 JOimilAL 1>B ■É9BCI1IB.
obtenir le toucher vaginal, pas même le palper de l'ab-
domen. Je pratiquai une saignée, prescrivis la siUialiou
horizontale. Ces moyens rendirent la situation meilleure.
L'accouchement eut lieu le 7 mars ; il fut prompt et
exempt d'accidents. Le placenta fut eaj^iib^ jusque dans le
vagin et extrait sans peine. ;
De gros caillots de sang suivirent la sortie de l'arrière-
faix ; Tutérus se contracta bien. Quelque temps après (20
minutes) « la malade se plaignit de faiblesses , de tinte-
ments d'oreilles. L'utérus s'était laissé distendre par du
sang. J'introduisis la main dans l'organe et remarquai le
resserrement de l'oriiice supérieur. Les caillots furent ex-
traits et la main laissée dans le col et au-delà , jusqu'à la
contraction suffisante du fond de l'organe.
La malade, bien qu'affaiblie, voulut allaiter, ce quelle
fit dès le lendemain de son accouchement. Le quatrième
jour, les seins se gonflèrent, l'enfant put obtenir du \ait
trois fois dans ce jour. La stACcion des mamelons développa
à chaque fois de véritables douleurs à l'hypogastre; tes
lochies étaient sensiblement augmentées pendant la lacta-
tion.
L'allaitement, pendant les jours suivants, ne fut permis
que deux fois par 24 heures, tant à cause des douleurs
utérines, que pour fétat de faiblesse générale. A chaque
succion , les douleurs se renouvelèrent avec une sensation
de gontlenienl dans tout le bassin.
Le onzième jour, pendant que l^enfant tétait ^ il se ma-
nifesta tout a coup une hémorrhagie utérine considérable,
vu l'état de faiblesse de la malade : la perte de sang fut
estimée à 560 grammes. Un long évanouissement suivit
cet accident qui ne fut combattu que par des' aspersioos
froides sur l'hypogastre.
La convalescence fut longue et difficile. La malade souf-
frit longtemps d'une céphalalgie rebelle qui la privait de
tout sommeil : elle qraignait même cet état de repos , car
il était accompagné de rêves affreux et bientôt d'ua
réveil en sursaut : le pouls resta longtemps d'une grande
rapidité.
JOUBllAi DE HÉDBCIIIB. 249
BÉFLEXIONS.
€e fait, en outre de Thémorrhagie puerpérale, pour
lequel je l'ai rapporté, offre deux circonstances remar-
quables. La première est la douleur utérine affectant le
segment inférieur de l'organe, douleur que j'attribue à la
compression des parois de la matrice dans Fexcavation.
Je m'attachai à cette idée, après avoir constaté les trois
grandes dimensions du bassin : cette largeur influa, plus
tard, sur la promptitude du travail et sur Thémorrhagie.
La seconde circonstance est le fait d'irritation sympa-
thique simultanée de Vutérus et sans doute des ovaires à
l'occasion de la succion des mamelons. On a signalé bien
des fois de ces corrélations génitales dans de telles cir-
constances , mais pas , que je sache , d*une manière aussi
patente.
Je supposai que la perte sanguine était devenue une
véritable hémorrhagie sous t'influence d'un retour de la
fonction ovarique bâtée par l'agacement du mamelon. Jus-
qu'à la rupture d'une vésicule ovarienne les titillations des
seins n'avaient produit que des contractions utérines et le
dégorgement plus marqué des parois; mais ce fut une vé-
ritable hémorrhagie quand la fonction de l'ovaire vint
congestionner un organe mou dont les vaisseaux étaient
presque béants encore. Il serait difficile d'expliquer autre-
ment un accident semblable onze jours après la parturi-
tion, quand, à cette époque, le sang locbial est presque
complètement expulsé du tissu de l'utérus.
Le fait qui va suivre corroborrera les explications hypo-
thétiqtAes sans doute que je viens d'émettre, mais qui sont
d'une grande vraisemblance.
Il* Observation.
tiémorrkagie utérine causée par Vallaitefnent un mois
après l'accouchement.
La femme B..., 32 ans, chairs molles et étiolées, était
accouchée heureusement , pour la quatrième fois, le 20
250 JOUBIfAL BË MlbÉCtkÈ.
février 1841; son accouchement n'avait offert de reinar-
Juable qu'une perte de sang assez forte au moment de la
élivranc<».
Un mûis aprè$\ pendant qu'Me donnait à téter, fonc-
tion i\\x\Vaqaçait toujours beaucoup, dit-elle, la malade
fut prise d'une héroorrhagie violente, pour laquelle je fus
obligé de tamponner exactement le vagin.
Le môme accident se renouvela, en apparence , sous
l'influence de la même cause , douze jours plus tard. La
pauvre femme fut tellement affaiblie de ces pertes de sang
que, non-seulement elle ne put continuer son allaitement,
mais encore qu'elle ne reprit ses forces que plusieurs mois
BÉVLEXIO!iS.
Je crois encore reconnaître, dans ce fait, une influence
immédiate de la fonction ovarique sur la première des
Iiémorrhagies utérines ; aucune autre cause sévèrement
examinée n'en peut rendre raison. Quant à la deuxième
perte, qui fut peu considérable , elle serait le résultat d'un
dégorgement utérin sollicité sympathiquement par les
agacements des mamelons, Torgane étant resté conges-
tionné par du sang appauvri et d u^ie grande fluidité.
Maintenant que j'ai cru, dans l'intérêt au sujet que je
traite , devoir rapporter tout au long et textuellemeht les
deux observations et les courtes réflexions qu'elles ont
suggérées à H. Négrier, je passe aux deux faits dont j'ai
été témoin et qui offrent une grande analogie avec ceux
observés par Faccoucheur distingué d'Angers.
I" Observation.
Bassin à larges dimenèîofis. — Acc&uchement très-prompt.
— Inertie du fond de l'utérus. — Spasme de l'orifice
supérieur. — Perte interne conmdérable. — Fouille de
la cavité utérine. — Compression extérieure de la ma-
trice à fàide d'un!e sangle. — Suspensi&n de' ïù perte.
Renouveltetnenl brusqué (fe celk-ci té septième jout, éiu
niotnfint mime de Iq sucmn fort doyJpureu^e d'un ma-
mfidn qlteint de gerçures. — Aspefsiqm insuffisanfes
d'eau frQide s^r le ventre et les cuisses. — Tamponne-
ment du col utérin et du vagin. — Compression eçoU-
rieure du globje utérin^ suivant le procédé de JUillot, de
pijon. — Cessation de l'aUaitemenL — Hétçtblissement
très-lent.
Une fejfn^e âgée de 20 ans, chairs éiiolé^s, accouche
au bovu, d*une heure de douleurs qui n'offrent entre ejles
presqi^ pas d'interruption. Une légère perte suit l'extrac-
tion du délivre : cette perte cède à des aspersions froide^
sur rhypogastre et au massage utérin. L'enfant est mis en
nourrice.
Un a^ après, la fenime a un accouchement tellement
prompt que, bien que voisin de son domicile, je ne puis
arriver à efle qu'alors que l'en&nt a franchi la vulve* lie
cordon est aoiirt et la violence des contractions a entraîné
dans le va^gin le placenta. L'utérus est mol)a3$e; il ne $e
contracte pas vers son tiers postérieur, bien que 1-^ col
in^rne parj^jsse (oi;tement resserré : aussi uqe a^sez grande
qjuaAtité de sajng s'acpumuje derrière ce resserrerpent du
col et exige Ip fouille d^ la cavité utérine : 500 gçamqnes
environ de sang coagulé sont extraits et la main'rçst^ à
demeure dans l'utérus jusqu'à ce que l'inertie paraisse
vaincue: toutefois, par excès de précautions sans doute,
l'utérus e^t coniprimé extérieurement, pe^ndant douze
heures, par la ç^ifi^iire de jUiilot.
La ti^mcue qui a perdu S0[n premier eniapt ep nourrice,
vept absolument ali/^iter celui-ci. L^ séprétion Ifiiitç.useï
s'élabht difficileinent , etTenfant, avide de tester, exer^p
une succion fort douloureuse. Bientôt la succion d^evient
d autant plus i douloureuse que le marnelon est uijf^é.
Cbaq^ fois que l'enfant prend le mamelon atteint de ger-
çures, lafeipme est en, proie à des spasmes qui reten-
tissent sur l'utérus : alora les lochies coulent plus abon-,
dammei^t. Le septième jour après l'accouchement, au
i]|iQmen|t où, la s)icpioji du o^ap^elon est. encprç, c^tte fois«
252 JOUBAAI DB MÉDECniB.
plas douloureuse que de coutume , la femme est mouillée
par du sang qui continue à s'écouler avec une telle force
par la vulve, que, dans moins d'un quart d'heure, tout le
linge du lit est imbibé. Le sentiment d'une défaillance
prochaine fait qu'on ouvre les deux fenêtres de la chambre
et qu'on fait respirer du vinaigre ; mais dans quelques ins-
tants survient un évanouissement , et lorsque j'arrive, mon
premier soin est de faire des aspersions d'eau froide sur
le ventre et les cuisses. La tête, qui est dans une position
élevée , est placée dans une position déclive. Un sang
noirâtre s'écoule en nappe par la vulve. N'ayant pas de
seigle ergoté à ma disposition et Thémorrhagie continuant
en dépit des aspersions et du massage de la région hypo-
gastrique , le col utérin et le vagin sont solidement tam-
ponnés , tandis que des compresses superposées en forme
conique tiennent précipitée l'aide d'une sangle en cein-
ture le globe utérin dans le petit bassin.
Au bout de 24 heures, le tampon qui est devenu dou-
loureux est enlevé: la femme peut uriner. L'allaitement est
supprimé, et, bien que les soins hygiéniques les mieux
entendus soient donnés , la santé revient si lentement que
ce n'est qu'après trois mois qne les occupations ordi-
naires peuvent être reprises. La femme n*a pas eu d'autre
enfant.
II^'.Obsebvàtion.
Femme primipare, âgée de 22 ans. — Constitution
éminemment lympathique. -^ Leucorrhée constitution-
nelle. — Chlorose. — Bassin large. — Accouchement au
bout de deux heures de douleurs soutenues. — ' Inertie
complète de l'utérus après une délivrance rendue prompte,
un cordon court et enroulé autour du cou ayant entraîné
i'arrière-faix dans le vagin au momont de* l'expulsion de
l'enfant. — Perte abondante. — Aspersions d'eau froide.
— Seigle ergoté. — Massage de l'utérus au travers de la
région hypogastrique. -^ Fouille de l'utérus. — Cessation
de rhémorrhagie. — Faiblesse grande. — Sécrétion lai-
teuse lente devenue assez abondante vers le douzième jour.
-H
JOURNAL DE MÉbEClNE. 253
— Ecoulement lochiai abondant pendant la succion tou^
Jours fort agaçante des mamelons. — Sensation pendant
celte succion d'une douleur sourde et de la nature d'une
tranchée du côté du petit bassin, — La face hypogastriqu^
de l'utérus s palpée dans ce moment, laisse reconnaître une
contraction. — Pendant • cet état de turgescence et d'éré-
ihisme de Vutérus, les lochies coulent en abondance.
Le toucher vaginal, pratiqué avec précaution, n'ap-
prend rien autre chose qu'un prolapsus dans le vagin du
col utérin. L'orifice inférieur du col ne permettrait pas
l'introduction du doigt index sans forcer le col.
Le quatorzième jour après Vaecauchement , la femme
donnait le sein : elle était fort agacée par la succion dou-
loureuse du mamelon lorsqu'elle ressentit tout à couf^ des
tranchées qui la forçaient à pousser en bas. 11 ne s'échappa
aucun caillot de sang, non plus qu'aucun débris placen-
taire, mais bien du sang en abondance, comme si elle
eût été au fort d'une époque menstruelle.
Le sang continua à couler et d'une manière si rapide
que bientôt la femme, éprouvant le sentiment d'une dé-
faillance, me fit appeler.
Lorsque j'arrivai à elle, elle venait d'éprouver une
syncope, le sang s'échappait toujours avec force. L'ou-
verture des fenêtres, afin de ventiler la chambre, des as-
persions d'eau froide vinaigrée sur le ventre et les cuisses ,
des frictions de l'utérus au travers des téguments de la
région hypogastrique ne maîtrisant pas la perte, je fus
forcé d'en venir au tamponnement du col utérin et du
vagin en y joignant une compression méthodique de l'uté-
rus à l'aide de compresses graduées et d'une ceinture,
suivant , en cela , les conseils donnés par Alphonse Leroi ,
Millot , etc. Le tampon arrêta la perte, et, bien que l'utérus
parût être, lors de son application, dans un état d'or-
gasme qui eût pu faire redouter, phis tard , une métrite ,
rien ne vînt confirmer cette crainte. Le tampon fut en-
levé au bout de douze heures, parce que sa présence
commençait à ne pouvoir plus être supportée , et aucune
hémorrhagie inquiétante ne suivit. Là femme cessa d'allai-
254 JOPiiui. DE irtpy4ff>
ter; ^lle perdit, pendiint quelques jours, uo^ sérosité
sanguiaoienle , et aucun accideut ne vint contrarier une
convalescence qui fut pourtant de longue durée , mais qui
s'expliquait facilement par la faiblesse, résultat de Thé-
morrbagie.
RÉFLlXIOlfS.
Voici quatre observations dont Tanalogie est frappante
et dont on peut tirer d*utiles eoseignfiments. Quatre
femmes éprouvent des pertes par suite de l'inertie de Tu-
térus, rien de plus commun; mais, ce qui est excessive-
ment rare, c'est que, cbez ces mêmes femmes, l'on voit
ces pertes récidiver, chez l'une, le septième jour ; cbez une
autre , le onzième jour ; chez une àixt^e , le quatorzième
jour; enfin, chez une autre, au bout d'un mois après
Taccouchement, et cette récidive coïncide tellement avec
la succion agaçante douloureuse du mamelon que l'on est
forcé de reconnaître quâ l'utérus a été sjympajtbiquc^nent
solicité a l'hémorrhagie.
Les corrélations intimes des organes mammaires et des
organes génitaux constituent un fait physiologique qui
a non-seulement frappé , dans tous les temps et dans tous
les pays, les médecins, mais qui était conni^ dans les
maisons 4e débauche de l'antiquité païenne. Au dire de
plusieuf*s écrivains, les qourtis^nnes de la Grèce se pro-
curaient l'avortemeni pa^> les baisers lascifi^ de leurs aidants,
par la titillation du clitoris , même . du . col utérin , en
même temps que par la succipp erotique, des mamelons.
Il est vrai que ces attouchements obscèpes, au dire des
mêmes écrivains, ne déterminaient q^e rarement l'avor-
tement. Il y avait d'autres moyei;^ qi^i , malheureusement,
ne son^ en^ployés encore que trop fréquemment aujour-
d'hui, que l'autorité païenne tolérait, à oei qu'il pai^H,
dans les lap^nare^ de Ja. Gjrèce, puisqi|i'op écrivait publi-
quenaent.sur lés mur§ de ces lieui^ ^e débauche: «r Ici
l'on procure Vaaoori&mnU «>
Hippocrate avait étudié les ^n^pathiçs qui ei^is^ni
entre les fonctiQ(is des organes ms^mm^ires et cdlesde^
I
JOtmilAl DE HÉDECHŒ. 255
organes delà reproduction. Ce serait, toutefois, se mon-
trer bien peu physiologiste que de vouloir généraliser
l'aphorisme.
(ï Mulieri menstruasi veîis cohibere , cucurbitam quàm
mcujcimamadmammas appone. » (Sect. 5, aph. 50.)
11 n'y a point en thérapeutique de principe absolu , de
règle générale, et ce serait manquer de philosophie médi-
cale que d'examiner les faits toujours à travers le même
prisme. Il y a assurément une vérité dans cet aphorisme
du père de la médecine : le tout est de bien comprendre
les tempéraments, les idiosyncrasies individuelles; en
un mot, de bien saisir les indications qui permettent de
tirer profit de cette vérité ; car, si on voulait généraliser,
pour tous les cas, l'emploi de très-larges ventouses aux
mamelles dans le but de ralentir, diminuer, supprimer
les menstrues exhubérantes , on s'exposerait à de nom-
breux mécomptes. En turgescent les organes mammaires
par l'appel des fluides, les vastes ventouses détermineraient
souvent un éréthisme nerveux qui retentirait sur les
ovaires, l'utérus, et produirait l'effet opposé à celui que
l'on se proposerait. C'est ce qu'apprend l'expérienàe
conforme en cela à la saine physiologie.
Quant aux recherches de M. Négrier, sur les ovaires
humains, ouvrage dans lequel ce professeur cherche à
démontrer la subordination de l'utérus dans la fonction de
la menstruation, il y a là des vues ingénieuses dont quel-
ques physiologistes, quoique M. Négrier dise le contraire,
ont contesté l'exactitude ; mais c'est à ces vues, j'aime à le
reconnaître, qu'est dû l'élan donné à la science sur ce
point de' physiologie.
M. Négrier a écrit « que chaque époque menstruelle
était la conséquence du développement de la séparalion et
de r écoulement d\tn (Buf provenant de la vésicule de De-
graaf ; que cet œuf portant un germe vivant et non fé-
condé j est saisi par la trompe et presque toujours conduit
par elle jusque dans la cavité de l'utérus, etc. , etc. »
Dans ce système, il subordonne entièrement la fonction de
l'utérus à la fonction des ovaires. Ce n'est pas ici le lieu
19
256 J(M^ix i»E nAi^jififsufi.
de faire ^onpajtre les opinions des ai^iei^f^ ^i ont critj/fuié
G/e systièoie. Q]u'il ipe suffise da déclarer ^uç, saos entrer
dans le cœur de la question, je me range voloo^ers à
l'opinio^i du professeur Ifégrier, au «^et du retentisse-
ment que Texcitation de$ orgaj^ mamm^ir^s p^ J^ suc-
cion des paflf^elous, a sur '^es ojiraires let s^r rulénps,
surtout à r^Qque imeosuelie de J'allai tement quiré{koi^d#
chaque époque i^eusu^uelle autant l'^llaitemeol. Il y a i|ies
noi^rr^res qui oni fait i^fie étude parlicuiiière d'elles-môm^,
eJL qui lioVOvt as^juré qu'elles étaient parfaitement avjSfriies
par des douleurs de reins ^t dans |e bassin, qi^répi^iji^e du
mois à laquelle elles se trouvaient répondais à TépiE^ue
mensuelle de leurs règles. Les douleurs qu'éprouvant les
femmes avapi et pendant le llux menstruel sont a^sez
caract|àristiqi^es,ppur qu'jaucuoe femfne ne se méprenne ^spi*
la nature de cesdoul^rs. Il y a à remarquer qu|3iou$ Les
accoucheurs ont signalé cette manifestation (de ^épojq^^
menstruelle pendant tout le temps de 1;^ gjçstat^ou , nnaai-
te^tation qui se ^ei^oifvelle d'une ^)anièr^ . lateîiite cba^M^
mois. Il est vraisemblable q^e la naU^re qui m saurait se
soustraire eptièrement aux lois qu'elle s'est infpos^s ré-
veille, du côté des ovaires , du côté de l'utérus, pepi^i^t
la £est|ition et pend/tnt rallaiteji^ent , un certaiu orga3Rie,
bien que les fonctions de l'ovaire et de l'utérMs, c'^ ^à-dire
la menstruation , soient alors suspendues. C'est yxaisem-
bjl^ement aussi à l'excitation des man^ell^s par ia suc*
cion qu'pst dû Téré^hisme ovariq^e et ptérin qui détermine,
daiis les premiers tmps de l'allaite^xent , chez l^s femmes
douées dune constitution pçrveuse, irritable, Ip fKioÙffii^
hémorrhagique auquel se rattachent les quatre observa-
tions citées ci-dessus. — Quand on songe, en effet, a
Tébranlemient du système nerveux que cause, chex cer-
taines femmes, la succion avide du mamelpjQ par des
nourrissons très-vivaces, à la douleur quelquefois poi-
gnante que détermine cette succion lorsque le bout du sein
est escorié : quand on joint à cet état la SMSceptibililé i^r-
veuse, résultat des pertps auxquelles, comme dans les
observations précédentes, ces fenames pnt été soumises;
joinmiAi* w «ÉuGiNE. 257
quand on tient compte de la laxité de la spo^giosité du
tissu utérin à la suite des pertes post- puerpérales par iner-
tie, on conçoit qu'une hémorrhagie par exsudation puisse
se réveiller sous Faction sympathique des organes mam-
maires, alors surtout que Fépoque du mois correspond à
l'époque de la fonclion ovarique, pour toujours raisonner
au point de vue du système de M. Négrier. Mais on objectera :
a Toutes les femn^s qui allaitent sont soumises à Tinfluence
delafonotion ovarique^bien que cette influence soit latente;
plusieurs .d!entre elles ne donnent le sein qu'avec douleur,
uar les gerçures des mamelons sont chose commune;
comment se fait-il donc que Thémorrhagie que vous rat-
tachez à la succion douloureuse du mamelon et au
retentissement de cette douleur surTutérus, surtout pen-
dant la fonction ovarique, soit un fait si rare? N'est-il pas
présumable plutôt que la titillation, la succion du mame-
lon même la plus douloureuse, ainsi que la fonction men-
suelle des ovaires, fonction très-contestable au point de
vue de Tintei^pré talion que voys en faites , restent étran-
gères à la production de ces rares hémorrhagies, et qu'il
convient de ranger ces hémorrhagies parmi celles appelées
lochiales parles auteurs, hémorrhagies qui, comme cha-
ciu) le sait , tiennent à différentes causes et qui sont , le
plus ordij^aireineAt, liées, suivant H. Jacquemier, à Tac-
tion de se lever, de marcher ou à quelques autres écarts
dans le r^ime que les femmes se permettent souvent
après la fièvre ^ lait? Ce flux immodéré des lochies
peut aussi dépendre de causes particulières. Âinsi« M. le
professeur Moreau cite deux cas de pertes abondantes
survenues huit à dix jours après Taccouchement et qu'il
attribue à des matières fécales tellement endurcies qu'il
&llût Une curette pour débarrasser le rectum. Et puis, il
faut bien en convenir, si la cause de ces hémorrhagies
passe souvent inaperçue, c'est que Ton recherche cette
cause avec trop peu de soin. Ces hémorrhagies tardives
tiennent , comme t)eaucoup d'aujtres hémorrhagies puer-
pérales, à des causes diverses : tantôt, c'est un caillot de
sang retenu par Torifice supérieur du col qui devient une
258 JOUBNÂL DE IIÉII&CIIIB.
cause d'irritation du tissu utérin , et celui-ci se dégorge
d'une grande quantité de sang au moment où des contrac-
tions viennent à expulser ce caillot; tantôt, c*est une petite
portion de placenta qui n'a pas été extraite, retenue qu'elle
était par une adhérence , et ce corps étranger renouvelle ,
par suite de l'irritation du (issu utérin , une hémorrha-
gie , etc. »
On convient que ces objections et beaucoup d'autres que
Ton pourrait faire sont fondées; mais on peut cependant
répondre à toutes ces objections d'une manière victorieuse,
en disant que, lorsque l'on a reconnu une cause à une
hémorrhagie , on cite cette cause, et que c'est justement
parce que , dans les deux cas d'hémorrhagie post-puerpé-
rale pendant l'allaitement, rapportés par H. Négrier, et
dans les deux observations qui me sont propres , il a paru
impossible de rattacher ces hémorrhagies à d'autres causes
qu'aux corrélations qui sont naturelles entre les organes
mammaires et les organes de la reproduction et à l'in-
fluence de la fonction ovarique que l'on a rapporté cette
variété d'hémorrhagie à ces dernière causes. J'observerai
que si ces hémorrhagies sont d'une si excessive rareté,
c'est que, pour qu'elles se produisent , il faut un ensemble
de causes , un enchaînement de faits qui ne sont heureu-
sement pas communs. Il faut d'abord qu'il y ait eu hé-
morrhagie au moment de la délivrance par suite d'inertie
de l'utérus; il faut que, quels que soient les moyens em-
ployés pour triompher de cette perte , que l'utérus soit
resté dans un état de mollesse qui laisse craindre le retour
de rhémorrhagie ; il faut que la succion du sein devienne
assez douloureuse pour ébranler le système nerveux et
pour réagir sur l'utérus; il faut, avant tout, que la femme
soit d'une constitution irritable, et que cette irritabilité
soit accrue par la faiblesse qui suit les pertes puerpérales.
Du reste, que ces explications paraissent plausibles ou
qu'elles laissent à désirer, il vaut mieux les risquer que
de rester sous ce doute philosophique qui nous porte sou-
vent à nier la vérité.
Que cette variété d'hémorrhagie se rattache à telle ou
JOURNAL DE «HÉBECINS. 259
telle cause , le traitement reste le même : il consiste à
réprimer par des moyens que l'expérience a sanctionnés,
la perte de sang sans trop de retard ; car toute temporisa-
tion deviendrait d'autant plus nuisible , que déjà la femme
e.st arrivée, par suite de le perte qu'elle a subie immédia-
tement après la délivrance, par des lochies abondantes,
par l'allaitement à un dej^ré de débilité des forces qui ne
permet plus la privation du sang.
Quand Thémorrhagie est modérée , elle cède , le plus
souvent , à des moyens simples et à la portée de tout le
monde : les aspersions d*eau froide sur le ventre et les
cuisses, le massage utérin au travers des parois hypogas-
triques, le seigle ergoté, les boissons froides acidulées et
légèrement astringentes, etc. — 11 est, toutefois, à re-
marquer que lexpérience a prouvé que le seigle ergoté
agit faiblement sur l'utérus, lorsque les forces sont épui-
sées par des pertes successives , aussi doit-on peu compter,
dans ce cas, sur ce moyen hémostatique.
Si rhémorrhagie persiste , il reste un moyen mécanique
d'une grande puissance et qui réussit presque toujours, je
veux parler du tamponnement du col utérin et du vagin ,
en joignant à ce moyen la compression extérieure du
globe utérin. Je sais que quelques accoucheurs ont cherché
à trop généraliser l'emploi du tampon; mais si jamais il
est rationnel d'y recourir, c'est assurément dans la variété
d'hémorrhagie dont il vient d'être parlé. Ici, la titillation du
col utérin , le massage hypogastrique de l'utérus ne réus-
sissent pas à déterminer des contractions utérines par la
raison que, à cette distance de l'accouchement, le retrait
des parois utérines s'est effectué, et, à ce sujet, il est
bon de consulter les curieuses recherches de M. Négrier.
On doit, en effet, savoir gré à ce professeur d'avoir, par
un toucher soigneux et persévérant, cherché à apprécier
le retrait gradué du tissu utérin pendant les quinze jours
qui suivent l'accouchement. On connaît aujourd'hui la
marche du retour des parois utérines à leur état naturel.
Ces études , d'une difficile exécution et qui ne pourraient
pas être suivies dans la pratique civile, ont fourni des
260 jomMAL M HâMicm.
résultats qu'il importe de counattre. Le tamponnement du
col utérin et du vagin s'opposant à l'écoulement du sang
par la vulve , il n'y a pas à redouter, ordinairement du
moin$, la transformation d'une perte externe en perte
interne, parce qu'à cette distance de l'accouchement les
parois de Tutérus sont assez revenues sur elles-mêmes
pour ne pas se laisser distendre par l'accumulation du
sang. Si cependant la force de contractilité paraissait
vaincue par le sang , il faudrait ajouter au tamponnement
la compression extérieure de l'utérus , après avoir préala-
blement vidé la vessie. C'est ainsi que se comportaient
Alphonse Leroi, Leroux, de Dijon, Chanssier, etc.
Inutile de dire que ces accidents étant en partie imputés
à la succion douloureuse du mamelon , il convient d'au-
tant plus de cesser l'allaitement, qu'après des pertes suc-
cessives, la femme se trouve réduite à un état de foiblesse
qui ne lui permet plus de nourrir.
CORCIUSIONS.
Des recherches bibliographiques auxquelles je me suis
livré, il appert que les cas d'hémorrbagie de la nature de
ceux qui viennent d'être signalés son excessivement rares,
et que ces cas sont rangés par les auteurs parmi ceux d'hé-
morrhagies lochiales.
Avant M. Négrier, aucun médecin , que }e sache , n'a
rattaché ces hémorrhagies à la succion douloureuse du
mamelon et aux corrélations qui existent entre les organes
mammaires et les organes génitaux. Quant à l'action de la
fonction ovarique sur la production de ces hémorrhagies,
ce système appartient exclusivement au professeur d'accou-
chements de TEcole d'Angers.
Nantes, i«t septembre 1855.
UttÈÈÀt Dri nihitti^tt. 2frl
NOTÉ sût l'itioto^e des pêtroUdes syinptoma-
ticfues ou parotidites^ par W. Tbastoub, Ù.-ST,
ancien interne des hôpitaux de Paris.
Ub mtà est toujmtraiiil mal, bieff qu'il
n'aille pasjusqrii'k rendre martelle k'affeé^
tion dont il dépend.
(EocHODX, Diction, en 30 voIm ^^t. Parotides^
Les pdrotfdes symptottiatiques sont, chacun le sail!,
bien dr8tinct«â des parotides' idiopatfaiqiteâ oti oreillons ,
el dont surtout observées dans les matàdies typhoïdes 6t
pestiterilielles , dont efles sont regardées comme une des
conifylioatioiié lés phis caractéristiques. On les voit survenir
aussi, mais plus rarement,* dans des affections aiguës ou
chroiiritiueâ , qui ne présentent aijicuni signe de cette altéra-
tibn des htïMeurs que fea ancîMid désignaient par Ibs
expressions de pnffîdiié ou de wiaKgniti,
Si, dans lé premier cas, l'esprit trouve dans la nature
spéoiate de la maladie, une explication asisez satisfevsante
et ce symptéme sin^Kër, il n'en est plu^ aitisi d^ns le se-
cond, et, quand oh y réfléchit, on né peut se défendre
d'on certain étbnnement, en présence d^un phénomène
qui ttte pWrail avoit», au premier abord, aucune relatibn
ave<& l^afleetidn prificipale. De ià vient que les idées de
ci^iie, de ndamifestrition critique, dont leà anciens étaient
si prodigues et dont le& mwlerntes sont peat-*ètte trop
avares, se «ont perpélloées et conservée^ jdëqii'à nous,
àf Tégârd des parotides;
Bneflfet, tes auteurs les pliss' récents les? divisent encore
en critiques et acritiques. Il faut bien le dire pourtant , cette
262
JOUBNÀL DB MÉBBCDIB.
distinction supporte difficilement Texamen et ne semble
fondée sur aucun signe sérieux; c'est seulement d'après
I issue heureuse ou funeste que Ton prononce sur la nature
critique ou non critique de cette complication. Alors , à
quoi sert cette division?
Il est, en clinique, une foule de faits qui seraient éga-
ement, pour nous, le sujet d'un profond étonnement, si
les lumières, puisées par la pathologie dans les recherches
anatomiques et dans une saine physiologie, n'eussent
dissipé les ténèbres qui les environnaient. Les adénites de
la racine des membres par suite de lésions, situées aux
extrémités; les ophthalmies , liées à une inflammation du
nez ou des narrioes; les orobites, les cystites dépendant
de phlegmasies urétralfs; les catarrhes et les abcès des
reins, amenés par des maladies des parties inférieures des
voies urinarres, tous ces phénomènes s'expliquent, pour
nous, de la manière la plus simple et la plus claire. La
loi de la propagation de l'inflammation à la surface des
muqueuses, a i intérieur des conduits et des vaisseaux,
nous met sous les yeux la relation directe et positive qui
existe entre des phlegmasies se manifestant successivement
sur des points si différents et si éloignés.
La physiologie nous a prêté de même uu utile secours
pour nous rendre compte de phénomènes moins élémen-
taires restes, jusqu'à ces derniers temps, entourés d'obs-
cunte. Les abcès du foie, par exemple, si communs dans
^.ntfT a^^' """^ ^"^" '•^^ "»^ explication satisfai-
scime. tn effet, nos médecins militaires, en Algérie, ayant
nn. î?- ''^P*^'^' très-rarement primitive, vient, le
ïïsurSl'!?''^'"^^ ^ '* ^"^'« ^^^ affections intestinales
à adm^uL '^ T'" ^^ '^ dysenterie, on ne peut hésiter
ïo2n r "îî* ?"^ l^^flaroinalion se propage, ïar voie de
SK'Î'^"'^" *^"^ ^ conLt cholédoque jus^
ïïiis tt '^.P^'»^"^* <^ q«e les produite mSrWdes,
veiÏÏ rn^J^ '^^^ns, enflammés et ulcérés, par les
\
JOUBIUi PB MÉDBGIMB* 263
Ainsi se simplifient et s'éclaircissent peu à ,peu quel-
ques-uns des problèmes, trop nombreux encore, que nous
offre la paihogénie. Tous ces faits, conquis à Taide de la
physiologie pathologique , cette science nouvelle qui mar-
che et grandit à la suite de la physiologie normale, son
aînée , doivent nous encourager à chercher l'origine et le
mode de développement des complications bizarres qui
surgissent dans les maladies et dont nous n avons pu nous
rendre encore un compte suffisant.
L'observation de Tétat normal nous montre chaque or*
gane recevant les matériaux nécessaires à l'entretien de sa
vie propre et à Tesercice de ses fonctions, par des voies
constantes et régulières; la physiologie pathologique doit
chercher de même , si les maladies n'arrivent pas, en gé-
néral , aux organes par des voies uniformes et déterminées
et s'efforcer de saisir le point de départ, la source du
mal , afin de le prévenir ou de leteindre dès son origine.
Voyons donc si nous ne pourrions pas arriver à péné-
\rer le mystère dans lequel le développement des parotides
symptomatiques est encore plongé.
Les observations qui forment la base de ce travail, et
dont je ne donnerai que les détails relatifs à notre sujet,
mo semblent de nature à prouver que l'intlammation des
parotides qui vient compliquer un certain nombre de ma-
ladies, a souvent, pour point de départ, une cause locale,
une inflammation de la muqueuse buccale qui se propage
par Tbuverture du conduit de Sténon, jusqu'à la glande
elle-même. Voilà pourquoi je rappelais tout à l'heure des
faits pathologiques du même ordre qui sont acceptés, sans
contestation , dans la science , et qui peuvent être vérifiés
tous les jours.
Cette inflammation buccale est tantôt simple, tantôt
accompagnée d'une sécrétion particulière, du muguet par
exemple; je pense que toute inflammation, de quelque
nature qu'elle soit, peut avoir le même efl^et; mais, dans
le petit nombre de faits que j'ai rassemblés, c'est le muguet
qui a surtout été rencontré (3 fois sur 4).
L'explication que je propose et dont je dois la première
idée, je me hâte de le proclamer, à un anatomo-patbolo-
204 lotmivjkt M «tiliBCtNfi.
giste tipës^renommé, à mon honorable mivftris, M. Baftrth (I ) ,
n'a pas la prétention d'être exciusite. Les parotkies se
montrant partieulièreroent dans une certaîne classe de
maladies, les maladies putrides et pestilentielles, j'admets
volontiers^, pour elles, une cause prédisposante, une in-
fluence générale de nature spéciale. Mats, rtiéme dans ces
ca6,}e crois qu*ii sera bon de rechercher s*il n*y a pas ime
cause occasionnelle , une influence locale qui provoque
Téruption de cette phlegmasie singulière; et, d'un autre
c6té , lorsque la maladie principale n'aura aucun caractère
de malignité ou de putridité, j'espère qu'on pourra se
contenter des causes locales, si on parvient à les constater,
sans fiiire intervenir des principes occultés et insaisissables.
On envisagera ainsi, il me semble, cette complication à
un point de vue plus simple et plus vrai ; on sora moins
disposé à lui attribuer, dans les cas heureux , une rnfluence
salutaire qu'elle ne possède sans doute pas; on accueillera
plutôt la pensée émise à ce propos par Rochoux : un mal
est toujours un mal, bien qu'il n'arille pas jusqu'à rendre
mortelle l'afl^ection dont il dépend.
J'ai recueilli le premier fait qui m'a mis sur la voie de
cette explication à l'hôpital Beaujon, en 1853.
OBSfiBVATiON r«. — Au n» 36 de la salle Sainte-Marthe
entra, le i«' févriei*, une femme Laurence, âgée de 34
ans, déjà malade depuis i S jours, et chez laquelle se
développèrent bientôt tous les symptômes curactéristiqoes
d'une nèvre typhoïde (stupeur, céphalalgie, insomnie,
épistaxis, toux, dévoiement, ballonnement du ventre,
sécheresse de la langue, foligtnosités des dents « taches
rosées assez nombreuses , etc.).
La maladie suivit sa marche ordinaire avec une moyenne
intensité, le pouls variant de 84 à 100 pulsations par mi-
nute, jusqu'au 15 lévrier. Seulement, dès le 9, des vo-
missements , symptôme assez rare dans la fièvre typhoifde,
étiaient survenus; la malade rejeta d'abord de la bile,
ptlis , les jburs suivants , vomit ses tisanes ; sitôt qti'elle
(1) M. le professeur Plorry, dans son Traité de médecine prati-
que, a aussi donfié cette oxpfioation daspifarotiditea*
JMUlilL DB VÈOÈCOmU 265
avalait des liquides, elle les rendait; mais si on là- laissait
tranquille, sans lui présentera boire, elle ne vomissait
pas. Le dévoiement continuait, la stupeur était très- pro-
fonde , et l'hébétude si grande que la malade pleurait quel-
quefois sans raison. Jusque là le traitement avait consisté
en tisanes de limonade et dégomme, eau de Seltz, juleps
diacodés, cataplasmes sur le ventre. Un seul jour, le 10,
2 grammes de diascordium furent administrés et vomis.
Le 15, à la visite du matin, on fut assez surpris de
trouver les deux régions pstrotidiennes très-goniiées, très-
tendues , surtout du côté gauche , tr^s-douioureuses et
d'une ferme consistance à la pression. Le pouls n'était qu'à
92 ; la chaleur modérée. La malade avait plus, de connais-
sance que la veille; la douleur diminuait sa stupeur; elle
se plaignait continuellement; elle avait encore vomi dans
la nuit, époque du développement spontané des parotides.
En cherchant à examiner ces tumeurs par l'intérieur de la
* bouche, on vit une exsudation blanchâtre , crémeuse , ca-
ractéristique du muguet, sur la lèvre inférieure et les
gencives. On ne s'en était pas aperçu jusque-là , mais on
n'avait pas, il est vrai, porté son attention de ce côté.
10 sangsues à la base de la parotide gauche.
Le 16, les sangsues ont bien pris et fait couler beau-
coup de sang; la tun^ur du côté gauche a diminué, mais
la droite a augmenté. La douleur est très-vive. A la région
sous-maxill&ire , il y a aussi du gonflement et de la sen-
sibilité. Sur tous les points de la muqueuse buccale qu'on
peut voir, le muguet est très-intense. Il n'y a pas eu de
vomissement ; 3 selies asse^ abondantes , pouls très-petit ,
à 112.
Onctions mercurieiles; garg. au borax.
Le 17, la faiblesse faisait des progrès ; le pouls était à
124; les deux parotides, gonflées à peu près uniformé-
ment, gardaient l'empreinte du doigt, ofl'raientiin peu de
rougeur, mais pas encore de fluctuation. Le tissu cellu-
laire sous"-outané était infiltré sous la rtiâchoire inférieure ,
mais la peau y conservait une couleur d'un Uanc maV.
BagDolst 100 grant.; plus, le traitement de la veille.
266 lOOBNÂI OB Mtoscois.
Le 18, le goufleraent des parotides diminuait, les
glandes se dessinaient , le tissu cellulaire sous-cutané n'é-
tait plus distendu, mais le pouls très-petit, à 124, le
dévoiement abondant, la faiblesse qui augmentait, lais
saientpeu d'espoir. La mort arriva le 19, à 7 heures du
matin. — Autopsie, 26 heures après la mort. — La cavité
buccale tout entière est recouverte d'une couche fibrineuse
blanche ou lie de vin en raison du Bagnols ingéré, de
consistance molle, mais formant cependant des plaques
assez étendues, faciles à détacher de la muqueuse, qui pa-
raît légèrement injectée.
Dans Tarrière-gorge, cette concrétion recouvre toute la
surface pharyngienne, les amygdales, la face antérieure
de Tépiglolte, la base de la langue ; mais la muqueuse des
voies aériennes n'en présente aucune trace, et sa coloration
est infiniment plus pâle.
Danr; l'œsophage, on voit de longues lamelles fibri-
neuses c pvrant toute la surface muqueuse et s'en détachant '
très- facilement sous un filet d'eau ou par le raclage. Klles
cessent brusquement au cardia, au niveau du changement I
d'épilhélium. Elles sont colorées en jaune par suite du
passage d'un liquide biliaire dont il existe encore deux ou |
trois onces dans l'estomac.
Dans le cinquième inférieur de l'intestin grêle, il y a |
une très-grande quantité d'ulcérations noirâtres, sur des
plaques ou des follicules, la plupart en voie de cicatri- |
sation.
Dans tout le gros intestin, on retrouve une couche
fihrineuse, d'un blanc grisâtre, chagrinée, continue it
d'une seule pièce , analogue à celle de la partie supé-
rieure des voies digestives. Seulement , elle est plus gru-
meleuse à sa surface, plus adhérente à la muqueuse dont
la vascularité est aussi plus prononcée, sans ramollisse-
ment cependant.
Rien de semblable sur les muqueuses vaginale, utérine,
urétrale et vésicale.
Je passe sous silence un engorgement d'une partie du
iovuràl de HÉDBcniB* 267
poumon gauche, une adhérence complète du péricarde au
cœur, et.j'arriveà Texamendes parotides.
Ces glandes sont enlevées avec les canaux de Sténon et
la parlie de la muqueuse buccale sur laquelle ils s'ou-
vrent. Celle-ci est recouverte de larges plaques fîbrineuses,
mais non injectée. Du pus sort de Fouverture du conduit
(le Sténon à la pression de la glande.
La parotide droite est doublée de volume; la gauche
est encore plus grosse.
On incise d'abord le conduit de la parotide droite jus-
qu'à ses principales ramifications inclusivement; on trouve
partout du pus. Le tissu glandulaire présente à la coupe :
V Une coloration rouge générale sur laquelle sont dis-
séminés des points blancs nombreux, dus à la dilatation
des grains glanduleux par du pus; en pressant la glande,
en piquant la surface de ces points blancs , on fait sourdre
un liquide purulent d'un blanc crémeux.
2° Le tissu glandulaire est friable , ramolli , mais à des
degrés différents; là où il l'est le moins, , on distingue des
vaisseaux très-nombreux qui lui donnent la coloration
rouge indiquée; là où il est le plus ramolli, il y a eu
combinaison du pus avec le tissu de la glande; on ne dis-
tingue plus qu'une bouillie lie de vie.
La parotide gauche est exactement dans le même état.
Les glandes sous-maxillaires sont saines et servent de
terme de comparaison par leur tissu blanc résistant, par
leur liquide limpide, pour apprécier le degré des altéra-
tions des parotides.
Bien que le muguet n'ait été constaté, dans ce cas,
qu'au moment de l'apparition des parotides, on ne refu-
sera pas d'admettre qu'il a bien pu exister auparavant sans
être aperçu ; et l'extension de l'inflammation de la mu-
queuse buccale, par les conduits salivaires, jusqu'à ces
glandes, rendra un compte assez satisfaisant du développe-
ment de cette complication.
Les vomissements , je l'ai noté , se sont montrés dès le
9 février , tandis que les parotides n'ont paru que le 15.
268 JOVBIUL BE flÉmOHE.
Or, la rafeté de ce symptôme dans la fièvre typhoïde
simple et sa fréquence assez grande dans les cas. de mu-
guet , surtout lorsqu'il s*élend , comme chez notre malade,
jusque dans Tœsophage, me semblent appuyer notre
supposition de la préexistence de la pblegmasie buccale.
Mais, dans les faits qui vont suivre, il n'Vaura pas le
moindre motif de doute à cet égard.
L'un d'eux est d'autant plias probant qu'il avait été
recueilli antérieurement, alors que je n'avais pas du tout
ridée de la rcflation qui pouvait exister entre le dévelop-
peoi^nt des parotides et la présence du muguet ou d'une
autre iofiammation buccale. L'observation que j'en avais
gardée contient de très-lcmgs détails étrangers à la ques-
tion dont je m'occupe; i)e n'en présenterai donc qu'Ain
simple résumé.
Obsebvation II. — Une femme ISerrier, Françoise^ &gée
de 76 ans, entra, le 28 février 1852, à l'infirmerie de la
Salpétrière, salle Saint- Alexandre, n** 21^ service de M.
Mpissenet.
Elle ne parut d'abord souffrir quip de la coi^stipation et
fut soulagée par des purgatifs; mais^ le 3 mars, dans la
soirée , après avoir mangé avec appétit , elle fut prise de
malaise, de point de côté à droite, ide frissons, puis, le
lendemain matin, vers 4 heures, vomit à plusieurs re-
prises d'abord des aliments et ensuite de la bile. Bientôt,
tous les s^nes d'uiie inflammation de la base' du poumon
droit se manifestèrent, mais avec un tel abattement, une
telle prostration, qu'on se borna, les deux premiers jours,
à lui donner du thé et à lui appliquer des sinapi^nes. .
Les forces s'étant un peu relevées, on put employer,
les jours suivants, des moyens plus actifs (sangsues, vomi-
tifs , vésicatoires) , après desquels les symptômes locaux et
généraux .qui av,aient causé de grandes inquiétudes corn-
méncèr^nt à diminuer. L^ mutité et le souffle tuber qui
existaient à la base du poumon dro^t, quelques crachats
rouilles qui avaient été rejetés, la langue sale , sèche,
croOteuse; la figure très<a})attu^, l'œil terae, le teint
jaune avec injection des pommettes; tous ces phénomènes,
JOraBAii B& MÉBSCiW. %69
parmi Jesqueb Fadynajnie ^aii la fiiit domioant, dispa*
laissaient peu à peu, quand, le 14 mars, on aperçut,
dans ia bouche ^ un peu de muguet. On toucha les points
qui en étaient recouverts avec un mélange d'acide chlo*
rhydrique et de miel rosat.
Néanmoins, le 17, le «luguet était revenu plus intense,
et , le ^C , un gonflement considérable de ia parotide
{4auch« avec douteur vive , induration, rougeur de la peau,
fut constaté. La tumeur augmenta le 21 et le 22; le 23,
bien que le gooflemeat eut diminué , ia douleur était plus
forte et la rougeur plus foncée. On croyait ta suppuration
inévitable, il n'en fiit rien; sans autre médication que
Vapplication de cataplasmes émoUients , la parotide di-
minua peu à peu, et, le 26, elle avait presque disparu,
i\ ne restait plus qu*tin peu de sensibilité à ia pression. La
langue était bqniiàe et nette, la peau fraîche, le pouls à
92. La malade prenait volontiers du bouillon et du vin
qu'on lui avait toujours prescrit.
Le 27, on vit un peu de muguet de nouvelle formation
sur la langue et à la face interne des joues ; mais le gon-
flement et la douleur avaient complètement disparu de la
région parotidienne.
La pneumopie avait Qédé; mais une bronchite, peut-
être ()e vieille date, persistait avec opiniâtreté et s'oppo-
sait au retour de la santé. Des crachats verts , opaques ,
assez abondants, étaient rejetés; des râles muqueux , ron-
flants étaient entendus avec du retentissement de la voix
e^ une respiration souillante dans la rooitip inférieure du
pourpoB droit.
Le 1 3 avril , |a parotide gauclie se gonfla et s'iadura de
nouveau avec iwe vive douleur dans l'oreille du même
côté. Les jours suivants, ces symptômes s'accrurest, et,
le 17, la tumeur étant moins dure et la peau légèrement
violacée; on crut, de npuveau, que la suppuration allait
se mootrer. Cependant, jusqu'au 23, il y eut plutôt des
siigDes de résolution ; ca jour là , on vit immédiatement
sous le lobule fie Toreitle «m point ramolli , gros coinme
270 JOVKHàh DE MÉDBCOIB.
une noisette, fluctuant, et dont la peau était d'un blanc
bleuâtre.
A notre grande surprise , ce point si ramolli ne s*ou-
vrit pas, et la parotide sembla complètement en voie de
résolution pour la seconde fois.
Enfin, le 4 mai, la tumeur reparut à la partie anté-
rieure et inférieure de la glande, et une incision prati-
quée le 6, sur un point fluctuant, donna issue à une
assez grande quantité de pus louable.
Le 7, du pus, mêlé de sang altéré, sortit en abon-
dance.
Après un affaiblissement progressif, pendant les jours
qui suivirent, la malade succomba, le 12 mai, sans symp-
tômes nouveaux.
A l'autopsie , on trouva la parotide à peu près guérie.
Une fausse membrane très-forte, quoique .peu ancienne,
existait sur le lobe inférieur du poumon droit, sain d'ail-
leurs , sauf un peu de condensation. Un noyau de pneur
monie chronique, de la grosseur d'une pomme d'api, qui
existait dans la partie antérieure du lobe supérieur du
poumon gauche, et du muco-pus dans les bronches expli«
quèrent la terminaison funeste.
En raison de l'adynimie profonde que présenta cette
malade, on pourrait croire à une influence autre que celle
de la pneumonie dans le développement des symptômes
observés.
M. Beau a donné, sous le nom de typhus sénile, des
faits qui ont , avec le précédent, une grande ressemblance.
(Voyez ses études cliniques sur les maladies des vieillards.)
Mais , quand on est familiarisé avec tes physionomies si
diverses que peut oflrir la pneumonie*dans un âge avancé,
on ne sent plus le besoin d'aller chercher au loin la raison
de la stupeur, de la prostration extrêmes qu'on rencontre
parfois dans cette affection. Si la présence du muguet ou
d'une autre inflammation buccale peut être constatée avant
l'apparition des parotides qui viennent aussi quelquefois
compliquer la maladie , ne trouvera-t-on pas , dans cette
JOUBNÀL DE HÉBEGIFŒ. 271
cireoQSlance , un motif de plus pour douter de la réalité
d*UDe influence oculte , typhique ou autre ?
On a remarqué la marche, si curieuse et si bizarre de
la parotide dans ce cas; je n*ai pas besoin de m'appesantir
sur ce point. Mais les partisans des Crises seraient, il me
semble , assez embarrassés pour classer ce fait.
- Mis sur mes gardes par la première observation que j*ai
citée, je in'étais promis d épier attentivement les rapports
que pouvait avoir l'éruption des parotides avec les phleg-
masies de l'intérieur de la bouche. J*ai recueilli dernière-
ment deux nouveaux exemples de cette complication pro-
duite , je crois , par cette cause.
Obsbbyatioi^ III. — Il y a deux mois, remplaçant
M. Bonamy dans son service de THôteUDieu, je vis, au
n"" ^1 de la salle 16 « un nommé Beurrier, âgé de 61 ans,
atteint d'asci te et d'oedème des membres inférieurs, qui
paraissaient avoir été amenés par une diarrhée chronique
et par une aifectipn ancienne des voies génito-urinaires.
Ce malade avait d'abord été traité dans une salle de chi-
rurgie pour une rétention d^urine, puis transporté dans
un service médical pour les autres maladies. Tous les
moyens dirigés contre la diarrhée eurent peu de succès,
les forces diminuèrent et le muguet, qui se voit assez sou-
vent vers la, fin des maladies chroniques dont Tissue doit
être fatale, apparut sur toute la muqueuse buccale.
Je le traitai, comme on le fait d'ordinaire , à l'aide des
gargarismes de Borax et de miel rosat, et la bouche parut
se nettoyer. Mais, comme la diarrhée continuait toujours
et que le malade déclinait, j'essayai., comme ressource
extrême, la. diète lactée. Au bout de quelques jours, le
muguet reparut avec plus d'intensité et fut bientôt suivi
de l'éruption d'une parotide du côté gauche. Je mé bornai
à appliquer, sur cette tumeur inflammatoire, qui n'était
pas extrêmement douloureuse à la pression, des cata-
plasmes émoUients; le malade succomba trois jours après,
sans que cette complication parât avoir hâté la termi-
naison funeste.
A l'autopsie , je trouvai le tissu de la parotide infiltré de
20
272 JOURNAL DE MÉDBCIIfB.
pus, ramolli, friable, d'un rouge sanieux;on voyait très-
distinctement que le pus se formait dans les glandules
salivaires , mais il n'avait pas encore rompu leurs parois
de manière à se rassembler en foyers.
Des ulcérations nombreuses et anciennes dans le gros
intestin ; une hypertrophie considérable de la prostate qui
avait pu momentaném^^nt causer une rétention d*urine, et
de petits abcès dans l'un des reins, furent les principales
lésions constatées pour expliquer le développement de
rhydropisie et la mort.
OssERVATion IV. — Peu de temps après arriva, dans la
même salle , au n<* 4 , urt jeune homme de 23 ans, nommé
Gallène, atteint de fièvre scarlatine. U eut une angine pal-
tacée fort grave , qui nécessita plusieurs cautérisations avec
une forte solution de nitrate d'argent ; puis , le cinquième
ou sixième jour de la maladie, bien que l'éruption n'eût
pas encore perdu beaucoup de son intensité , il fut pris
d'un délire nerveux qui dura pendant 48 heures et qui
céda à l'influence du chloroforme et de l'extrait thébafque
donnés à l'intérieur à assez forte dose. — Vers le neu-
vième jour, il se plaignit de douleur à la région paroti-
dienne droite, et, le lendemain, une tumeur considérable
très douloureuse, un peu rouge è sa surface et très-dure,
s'était élevée à cet endroit. — 10 sangsues furent appli-
quées à sa base et soulagèrent un peu. — Mais, le jour sui-
vant, lé côté gauche se prit aussi , toutefois à un bien moia-
dre degré. — Malgré cette complication^ l'étal général
resta assez bon et la convalescence s'établit peu à peu ;
mais , en dépit des frictions mercurielles et belladonées ,
des signes de suppuration se montrèrent dans la parotidie
droite, et M. Chenantais , qui voulut bien m'assister, pra-
tiqua une ouverture par laquelle bientôt la suppuration se
fit jour. — M. Bonamy ayant repris, à cette époque, son
service , j'ai cessé de* suivre le malade , mais j'ai eu le
plaisir de le trouver ce matin , dans une visite que je lui
ai faite à l'hôpital , en fort bonne voie. U a fallu faire une
contre ouverture ; mais aujourd'hui la parotide droite s'est
presque complètement affaissée, il n'y a presque plus de
JOVfillJU. DB MÉDBCINB. 273
suppuration, Tétat général est très-satisfaisant. La paro-
tide gauche est entrée en résolution très-promptement ,
sans avoir acquis un grand développement.
Il D*y a pas ici de muguet à invoquer pour expliquer
la pai*otide; mais serait-il déraisonnable de supposer que
l'angine ptiltacée, fort grave, quia signalé le début de la
maladie , s*est étendue jusqu'à l'ouverture des conduits de
Sténon? Ne sait-on pas d'ailleurs que, dans toutea les
fièvres éruptives, la muqueuse buccale est plus ou moins
rouge, gonflée, enflammée? Les plaques nacrées qu'on
voit si souvent alors sur les gencives et qui sont consti-
tuées par de I epilhélium en voie d'exfoliation , qu'indi-
3uent*elles autre chose , sinon le gonflement inflammatoire
u iissu muqueux subjacent ?
Je me crois donc autorisé , d'après ces faits, à exprimer
Ippinion que les parotides symptomatiques, qui surgissent
dans les maladies aiguës ou cbroniques, ont souvent, pour
point de départ, une cause locale, une inflammation
quelconque de la muqueuse de la bouche qui arrive par
lesconduitasalivaires jusqu'à ces glandes. On peut dire, il
est vrai , qu'il y a bien peu d'exemples de parotides , en
raison du nombre immense des cas d'inflammations buc-
cales, ie reconnais l'importance de cette objection, et
c'est pour cela que je ne rejette pas, au moins pour un
grand nombre de cas, l'influence d'une cause générale
prédisposante. Mais je désire qu'on s'enquière aussi des
causes locales occasionnelles qui peuvent exister , et peut-
être un traitement topique, soigneux et énergique , pourra
prévenir une complication qui me semble, comme à
M. Rocboux , toujours &cheuse.
La cystite, l'orcbite ne viennent pas compliquer tous
les cas de blennorrhagie; lophthalmie n'arrive pas néces-
sairement après une phlegmasie des narines; mais, comme
on est averti de la possibilité de ces faits , on n'est pas
étonné quaùd ils se montrent , et l'on se tient , autant que
possible, sur ses gardes vis-à-vis d'eux. Je n'en demande
pas d'avantage à l'égard des parotides; seulement, dans les
cas où quelque symptôme anormal, typhoïde ou autre.
274 joubnàl de MÉDEcnffi.
pourra les faire craindre , qu'on s'efforce de veiller à l'état
de la bouche et de combattre surtout très soigneusement
le muguet.
Les faits que j'ai cités, et, en particulier le premier
que j'ai donné dans tous ses détails, serviraient à démon-
trer, s'il en était encore besoin après les travaux de M. Mu-
rât, de M. Louis, que le siège de l'inflammation dans les
parotides symptomatiques que nous observons ordinai-
rement, est bien dans le tissu, dans les grains sécréteurs
de la glande elle-même. Il paraît que, dans la peste, le
mal occupe, au contraire, les ganglions lymphatiques
(Rochoux). — le rappelle ce (ait parce que je n'ai eu en
vue que les parotides observées dans les maladies de nos
contrées ; et , par conséquent , c^est à elles seules que
s'adresse Texplication donnée plus haut, qui trouve, du
reste, un nouvel appui dans le siège anatomique de la
lésion , à Tintérieur des cellules parotidienires.
Mais les glandes parotides ne jouissent pas seules, à
l'exclusion des autres glandes salivaires, du triste privi-
lège de s'enflammer dans le cours des maladies. On ren-
contre aussi, plus rarement à la vérité, des maxiUites»
M. Beau (mémoire cité) en a publié un exemple. J'en
avais recueilli moi-même un cas à la Saipetrière, avant
d'avoir les idées que je viens d'émettre.
Il vs'agissait d'une feuime de 75 ans, atteinte d'une
pneumonie de la base du poumon droit, qui, huit à dix
heures avant sa mort, présenta une tumeur dure des deux
glandes sous-maxillaires. Dans le cours de la maladie, il
n'y avait eu , en fait de symptômes extraordinaires, qu'un
éry thème violacé delà paume des mains, qui, ayant ap-
paru deux jours avant la mort , persista jusqu'à la fin.
A l'autopsie , cet érythème n'avait laissé aucune trace ;
mais les deux glandes sous-maxillaires furent trouvées
gonflées , indurées ; de quelques points , déjà ramollis et
friables, on pouvait, par la pression, fisiire sortir un peu
de pus.
Le lobe inférieur du poumon droit était atteint d'hépa-
tisation grise.
JOCBNAL DB MÉDECINS. 275
Je n'ai vu, dans mes notes sur Tétat de la cavité buccale
pendant la vie , que l'indication de la sécheresse et de la
coloration noire de la langue, symptôme si commun chez
les vieillards, dans la pneumonie surtout. Je ne serais pas
éloigné de regarder cet état de la muqueuse buccale
comme une des variétés d'inflammation qui peut causer,
en se propageant, dans certains cas donnés , la phlegmasie
des glandes salivaires. J'ajouterai que le tartre stibié avait
été donné deux fois, 5 jours et 2 jours avant la mort, à
la dose de 15 et de 30 centigrammes. Mais je ne veux
pas m'appuyer sur un fait incomplet, et je me borne à
signaler la possibilité du développement des maxillites,
comme des parotides, sous l'influence d*une irritation
locale. La différence de calibre des conduits excréteurs des
glandes salivaires suffirait à donner la raison de la plus
grande fréquence de Tune de ces phlegmasies , comparati-
vement à Tautre.
JOUBNAL DE MÉDBGIME. 277
TABLE DES MATIÈRES
DO XXXI' VOLUME.
Pages.
Auhinais. Voyez quelques réflexions sur les fièvres
périodiques pernicieuses 64
Aubinais. Voyez observations pour servir à This-
toire d'une variété d'bémorrhagie post-puerpérale
excessivement rare, et, par conséquent encore peu
connue. 246
Bulletin des séances 5, 59, 107, 175, 207
Combeau. Voyez observation de farcin chronique
suivi de morve aiguë . • 183
Discours de M. Letenneur, président 6
De la nature de la maladie de Bright , par M, Papin-
Clergerte 20
Du changement que certaines péricardites appor-
tent dans le rapport de fréquence de la respiration et
du pouls, par M. Malherbe 1 80
Gautron. Voyez notes sur plusieurs calculs 200
Huette. Voyez tableau des observations météorolo-
giques de 1854 59
Letenneur. Voyez discours 6
LetennAir. Voyez quelques cas d*autoplastie fa-
ciale 143
Malherbe. Voyez observations cliniques 82
Mahot. Voyez observations cliniques. 117
Marcé. Voyez séméiologie des fièvres intermittentes. 125
Malherbe. Voyez du changement que certaines pé-
ricardites apportent dans le rapport de fréquence de
la respiration et du pouls. 1 80
Malherbe. Voyez observation d'acéphalie 195
Note sur plusieurs calculs, par M. Gautron 200
Note sur Tétiologie des parotides symptomatiques
ou parotidites, par M. Trastour 261
278 JOUHRÂL DE HÉ]IBCn««
Pige».
Observalion d'empoisonnement par le savon arseni-
cal de Bécœur, par M. Pincet 50
Observation d'un cas de carcinome du pylore, par
M. Papin-Clergerie. 53
Observations cliniques, par M. Malherbe 82
Observation de pneumo-thorax, consécutif à une
pneumonie lobulaire, par M. Vallin, élève interne à
rOôlel-Dicu 98
Observations cliniques, par H. Mahot i 17
Observation de farcin chronique suivi de morve
aiguë, par M. Combeau, interne de l'Hôtel-Dieu.. . 183
Observation d'acéphalie, par M. Malherbe. . .... 195
Observations pour servir a Thistoire d'une variété
d'bémorrhagîe utérine post-puerpérale rare et par
conséquent encore peu connue, par M. Aubinais... 246
Papin-Clergeric. Voyez de la nature de la maladie
de Brighl 20
Papin-Clergerie. Voyez observation d'un cas de
carcinome du pylore 53
Pincet. Voyez observation d'empoisonnement par
le savon arsenical de Bécœur 50
Prix de la Société de Chirurgie de Paris • . 205
Quelques réflexions sur les lièvres périodiques per-
nicieuses à l'occasion d'un accès de fièvre pernicieuse,
par M. Aubinais 64
Quelques cas d'autoplastie faciale, par M. Letenneur. 143
Quelques mots sur la méningite des enGints,*par
M. Ch. Rouxeau 219
Rouxeau. Voyez quelques mots sur la méningite
des enfants 219
Séméiologie des fièvres intermittentes, par M. Marcé. 125
Tableau des observations météorologiques 59
Table des matières 277
Trastour. Voyez note sur Tétiologie des parotides
symptomatiques ou parotidites. 261
Vallin. Voyez observation de pneumo-thorax • . . . 98
Raotes, Imp. deH* tente C. MeHiiwc.
VINGT ET I7]fl£aif: AXifriSB
PE LA Î^OUVELLE SÉRIE.
LISTE DES MEMBRES RÉSIDANTS
DE LA
sis(iiva(Dsi S)iB 8atos(oasis<a
MM.
ME1IBBE8 H01I0BAIBE8.
MM.
Lafond , docteur en chirurgie.
Le Ray, docteur-médecin.
Marchand, docteur en chirurgie.
Gautron père, docteur-médecin.
Thibeaud , docteur-médecin.
Hignard , docteur-médecin.
MEMBRES TITULAIBES.
MM.
AUard (Emile) , doct'-médecin.
Anizon, docteur-médecin.
Aubinais , docteur-médecin.
Baré, docteur -médecin.
Blanche t fils, docteur-médecin.
Bonamy (Eugène) ^ , docteur-
médecin.
Champenois , docteur-médecin.
Ghenantais, docteur-médecin.
Citerne, docteur-médecin.
Gormerais, pharmacien.
Delamaro , docteur-médecin.
Deluen , docteur-médecin.
De Rostaing de Ri?as, docteur-
médecin.
Foulon , docteur-médecin.
Galicier, docteur-médecin.
Gatterre , docteur-médecin.
Gautron fils, docteur-médecin.
Gély, docteur-médecin.
Georges, pharmacien.
Hélie, docteur-médecin.
Leborgne , docteur-médecin.
MM.
Lefeuyre , docteur-médecin.
Le Houx , docteur-médecin.
Lequerré, docteur'^médecîn, an-
cien chirurgien de marine.
Letenneur, docteur-médecin.
Mabit, docteur-médecin.
Maguéro , pharmacien.
Mahot , docteur-médecin.
Maisonneuve (Th.), docteur-
médecin.
Malherbe , docteur-médecin.
Marcé , docteur-médecin.
Mauduit, docteur-médecin.
Moriceau fils, docteur-médecin.
Padioleau , docteur-médecin.
Papin-Clergerie, docU-médecin.
Petit, docteur-médecin.
PihanDufeillay, doct.-médecin.
Pincet, pharmacien.
Rouxeau , docteur-médecin.
Trastour, docteur-médecin.
Turpin, docteur-médecin.
Villeneuve , docteur-médecin.
JOURNAL
DE LA
SECTION DE nÉDECINE
DE l SOCIfiH ÂllÂDlNIOliE
■ DO
DÉPARTEMENT DE LA LOIRE -INFÉRIEURE.
32« yOLUME.
H* ANNÉE DE LA NOUVELLE SÉRIE-
NANTES,
IMPRIMERIE DE H-» V* CAMILLE MELLINET.
1856.
JOURNAL
DE LA
SECTION DE MEDECINE
DE LA SOCIÉTÉ ACADÉMIODE.
BDLLETm DES SÉANCES.
Séance du 14 décembre 1855.
PBÉSIDENCE DE M. LETENNEUR , PHÉSIDENT.
- Le procès-verbal lu et adopté , U séance est coiisacrée
aux élections éa Bureau ei des Cofhités pour l'année
18»«.
6 JOUaVAL DB MÉOBCXnE.
En voici le résultat:
Biipeaa.
MM. Mabot , Président ;
Malhebbb, Vice- Président,'
Lb Houx, Secrétaire;
CiTBBNB, Secréiairer Adjoint y-
Dblanabb, Bibliothécaire;
Dblubn, Trésorier.
Comité de Rédaction.
HV. Blanchbt, Boûxbaiï, Hélib, iitulùires;
MM. Le Bobone et ânizon, memhres suppléants*
Comllé de Tiiccliiei
MM. âubinais, Mabit et Mauduit.
Comité de Topographie.
MM. BoNAHY, Foulon et Allabd.
Comité d^AdmlnletratloB.
MM. Maguéeo, Mabiti LEQUEBBÉ,MoBiCEAuet Mabghand.
Séance du 11 janvier 1856.
PBÉSIDEnCE DE M. MAHOT « PBÉSIDENJ.
Avant de quitter le fauteuil de la présidence, M. fieien-
neur, dans une simple et brève allocution, remercie la
Section du sympathique appui qu'elle lui a accordé duraot
Texercice de ses fonctions^ et la félicite de ses travaux
JOmUfÀL B£ MÉDECIKE. 7
solides et variés attestant que son zèle ne s est point ra-
lenti pendant Tannée écoulée; un grand nombre d'ouvrages
importants dont s*est enrichie la bibliothèque, et fadjonc-
tion prochaine de nouveaux membres, lui semblent en-
core . le présage d'une prospérité croissante pour notre
Association.
M. Letenneur invite ensuite les membres nouvellement
élus à venir prendre place au Bureau, et M. Mahot, pré-
sident, lit le discours suivant :
<v Messieurs,
jo Vous avez bien voulu, dans votre séance du 14 décem
bre dernier, me confier l'honneur de présider vos séances
pendant Tannée 1 856 ; ]e vous en rt^mercie bien sincèrement.
J'ai accepté avec empressement la mission que vous m'a-
vez confiée : je sens bien, cependant, qu'un grand nombre
des qualités qui doivent se retrouver réunies dans un Prési-
dent, et qui distinguaient mes honorables prédécesseurs,
me font défaut, mais je compte, pour y suppléer, sur
mon zèle et ma bonne volonté, dont je suis sûr ; sur Tindul-
gence que je vous prie de m'accorder et que vous ne me
refuserez pas, je Tespère; enfin, je compte sur les conseils
bienveillants des membres du Bureau qui m'ont été adjoints,
conseils auxquels j'aurai recours avec empressement, toutes
les fois qu'il se présentera à prendre une décision qui
pourra avoir quelque gravité pour la Section.
*» Je crois n'être. Messieurs, que l'interprète de vos sen-
timents, en adressant, au nom de la Section de Médecine ,
des remerciements bien mérités au Bureau de 1855. Nous
avons tous été à même d'apprécier la manière conscien-
cieuse et distinguée avec laquelle tous les membres qui le
composaient ont rempli leurs fonctions pendant Tannée
qui vient de s'écouler.
0 Depuis deux ans, Messieurs, le corps médical de
Nantes a été frappé, par la mort, d'une manière bien
cruelle, et cette année encore, la Section de Médecine a eu
8 jotiRtiAL te MiÀÈCmË.
à déplorer la perte de trois de ses membres. Ce n*est pas
ici le lieu de vous présenter la biographie de MM. les doc-
teurs Ménard, Leroux et Fouré; néanmoins, pernrtettez-
moi de ne pas laisser passer celte occasion sans vous rappeler,
\sn quelques mots, le souvenir des collègues que nous avons
perdus.
A M. le docteur Ménard , un des membres les plus assidus
a\ix séances de la Section et de la Société , avait, pour notre
compagnie, une affection toute particulière, fet il né s'é-
coulait pas un seul jour qu'il ne vînt y passer quelques
instants.
D Nous voyons tous ici la place qu*il occupail constam-
ment parmi nous, et, le soir, on s'étonne de ne plus entendre
sa voix forte et retentissante dans les conversation^ qui
accompagnent si souvent, trop souvent peut-être, la lecture
des journaux.
«En 18â2, M. Ménard ne recula pas devant les chances
du concours qui fut ouvert, pour urte place de chirurgien,
par TÂdministration des Hospices, concours qui se termina
par la nomination de M. le docteur Marchand.
Pendant plus de <0 années, M. Ménard fut le chirurgien-
major de la garde nationale de Nantes.
» Vous savez tous avec quel zèle et quelle régularité il
a rempli, dorant de longues années , les fonctions dé tréso-
rier, qui semblaient si bien lui appartenir, qu'il était, à
chaque élection , renommé par une acclamation unanime.
» M. Ménard à peu écrit dans le sein de la Section , mais
il prenait une part active à ses discussions. Fîdèle obser-
vateur du règlement i il délaissait passer, sans opposition,
aucune mesura qui lui paraissait tontraire à la lettre et à
l'esprit de notre code disciplinaire, et souvent isîes observa-
tions, dans les discussions médicales, étaient Sagos, judi-
cieuses, et portaient le cachet du bon sens.
n M. le docteur Ménard s'^était beaucoup Occupé de chi-
rurgie, et il a laissé, parmi nous, la réputation d'an opérateur
habile. Moi-même, dans plusieurs circonstances, j'ai, pu
apprécier soh adre^e manuelle, vraiment fort remarquable.
^ » Notre confrère nous a été enlevé paV une maladie
lOUftftÀL DÉ MÉDECINE. 9
aiguè, alors que son Age peu avancé et sa forte constitu-
tion semblaient lui promettre encore de longs jours.
» M. le docteur Dominique Leroux fut aussi un des
concurrents à cette épreuve chirurgicale dont je voUs par-
lais tout à l'heure ; cinq de nos confrères y prirent part ,
et déjà trois d'entre eux , MM. Touzeau , Ménard et Leroux
ont quille cette terre; tous les trois étaient alors pleins de
force et de santé.
» A son début dans la carrière médicale, M. Leroux fut
interne à THôtel-Dieu de Nantes.
» Plus tard , il rentra dans les hôpitaux, d abord comme
chirurgien suppléant, puis comme chirurgien titulaire ;
enfin, il fit partie de notre Ecole de Médecine, en qualité
de professeur suppléant.
D M.. le docteur Leroux était un esprit distingué , sa pa-
role était brillante et remarquablement facile, sa conver-
sation agréable et variée.
» D'une constitution robuste , on pourrait dire athléti-
que, notre confrère semblait défier la maladie, el cependant
il fut, on peut le dire, écrasé par des affections morales
et par de violents chagrins de famille. Il perdit une jeune
nièce qu'il regardait comme sa fille, qu'il avait adoptée
pour ainsi dire et sur qui se concentraient toutes ses facul-
tés aimantes. Sa femme fut atteinte, à la même époque,
d'une longue et cnielle maladie.
» Notre pauvre confrère ne put soutenir ces épreuves:
sa santé s'altéra rapidement, et tous nous fûmes Frappés
d'un étonnement douloureux, en renconIVant dans les rues
cet homme que, quelques jours auparavant, nous avions vu
si fort, si plein de santé et d'énergie, maintenant pâle,
défait, se traînant à peine, portant empreint sur sa figure
le cachet de la décomposition physique; riert, en effet,
n'a pu le sauver; il a lutté pendant quelque temps, el
malgré les soins éclairés de plusieurs de ses amis et conJFrè-
res, il a succombé au mal qui lui rongeait le cœur.
» Comme je vous l'ai dit,Mcssieurs, je n'ai pas ici l'in-
tention de vous faire la biographie de M. le docteur Fouré :
im de nos collègues que ïious aiitions et que nous respec-
tons tous, a pris l'engagement de se charger de cette
10 JOumiÀL DB MÉHBCINE.
tâche , qui sera bien douce pour lui , je n'en doute pas , et
qu'il remplira mieux que tout antre, ayant été, pour ainsi
dire, pendant sa vie entière, uni à notre vénérable doyen
par les liens d'une intime amitié.
D Qu'il me soit seulement permis de rendre hommage à
la mémoire de Thomme de cœur, du médecin éminemment
distingué, qui m'a, pendant iongucs.années, honoré d'une
affection toute paternelle; qui, avec une bienveillance qui
ne s'est jamais démentie, a bien voulu me guider dans mes
études, me diriger et m'assister de son appui et de ses
conseils à mon entrée dans la carrière si honorable , mais si
difficile et si épineuse de la médecine.
I) Toute ma vie, le souvenir de rattachement qu'il m'a
témoigné restera gravé dans mon cœur, et je lui en
conserve une bien vive reconnaissance.
» Je n'essaierai pas de vous présenter le tabjeaude toutes
les nobles et belles qualités qui ont fait de. M. Fouré un
homme admirablement organisé. Comme savant et comme
homme du monde, M. Fouré pouvait briller partout, dans
un salon comme dans une Académie ; sur tous les théâ-
tres, il fut sorti de la foule, à Paris aussi iiien qu'en pro-
vince.
0 M. Fouré fit, à Angers, des études très-brillantes, il
travailla beaucoup alors les mathématiques , pour lesquelles
il se sentait une attraction toute particulière : il réussit par-
faitement, dans cette étude, et je lui ai souvent entendu
parler des succès qu'il avait obtenus dans plusieurs examens
et plusieurs thèses -ayant rapport à cette spécialité.
M. Fouré partit très-jéune pour S-Domingue ; là, il sut se
créer une position, qui, sans la révolution, l'eût inévitable-
ment conduit à une grande fortune; mais, en même temps,
il sut mettre son temps à profit pour son instruction , et il
revint ruiné , mais riche d'observations sur les maladies des
régions tropicales. Peut-être même est-ce à son séjour dans
les colonies , qu'il faut attribuer en partie la supériorité
qu'il a toujours conservée dans le diagnostic et la connais-
sance des affections intermittentes.
» Loin d'avoir subi l'action énervante des pays chauds
JOVBIIAL SB MÉDECINB. 11
qui usent si rapidement les organisations les mieux trem*
péps, M. Fouré^à peine de retour en France, se remet à
Véiude avec une ardeur toute |)a$sionnée. Il se lie d*amitié,
à Parts « avec tous les hommes destinés à illustrer leur
époque, Dupuytren, Richerand, Caillàud, Dubois, Ali-
bert, Pariset, tous le regardaient alors commeleur égal,
comme leur émule, et comme on condisciple digne d*être
associé à leurs travaux; et certes, s'il est permis de faire
ici l'application du proverbe: Dis-moi qui lu hantes et je
te dirai qui tu es; les hommes dans le groupe desquels^se
trouvait alors M. Fouré doivent nous donner une haute idée
de ce qu'il, était lui-même.
» Depuis lors, nous avons vu M. Fouré à Tœuvre, aussi
supérieur dans la pratique et au lit du malade, que lorsqu'il
traitait une question théorique.
}> Sa belle intelligence lui faisait embrasser cette ques-
tion dans tout son ensemble, et lui suggérait des considé-
rations toujours élevées, toujours philosophiques, qui par-
fois approchaient du sublime.
o II est une qualité en médecine dont tous reconnaissent
la réalité et qu il est cependant bien difficile de définir :
cette qualité à laqu^le on a donné le nom de tact médical ,
et qui appartient à un bien petit nombre de privilégiés,
M. Fouré la possédait à un haut degré.
» Combien de fois, J'avons-nous vu près d'un malade,
en présence d'un cas difficile, réfléchir profondément, purs
tout à coup illuminé par une sorte d'intuition divine , poser
avec précision son diagnostic, et en déduire comme. consé-
quence un traitement admirablement conçu.
a M. Fouré possédait toutes les qualités du professeur :
sa voix était douce et agréable , mais si faible et si délicate
qu'elle ne lui permettait pas de se faire entendre dans
toutes les parties d'un amphithéâtre un peu vaste.
» Aussi, loi*squ'il professait, ses élèves se groupaient et
se resserraient autour de lui dans un cercle pressé, afin de
ne perdre aucune des paroles qui coulaient avec douceur de
la bouche du maître vénéré. Dans l'hiver de tSS^i, M. Fouré
entreprit de faire aux élèves des leçons de clinique ; sa
12 jovBNA]. se MÉmcaiiB;
santé, toujours très-déhile, et ses nombreuses occupations
ne lui permirent pns de continuer longtemps ; mais le peu
de leçons qu'il nous donna nous fit regretter vivement que
dans renseignement, il n'eut pas été chargé de ce cours
préférablement à celui qui lui avait été confié.
0 M. Fouré avait , pour les sciences , et pour la science
médicale en particulier, un' amour si passionné,- qu'il tra-
vailla jusqu'à son dernier jour avec une ardeur toute juvé*
nile. Avec une supériorité d'esprit qu'on ne retrouve pas
constamment chez les gens âgés , il sut toujours apprécier
justement les découvertes modernes et se maintenir au cou-
rant des sciences médicales, chimiques et naturelles.
0 Chaque fois que je me présentais chez lui, dans les
dernières années de sa vie ^ je le «trouvais assis dans son
grand fauteuil , occupé à relire les anciens auteurs, qu'il
possédait parfaitement, ou les brochures et les ouvrages
parus i^cemment et qui faisaient quelque bruit dans le
monde scientifique. Quinze jours avant sa mort, il était
encore tout occupé à traiter une grande et importante
question d'étiologie médicale, sur laquelle il pensait avoir
émis des vues nouvelles , qu'il désirait vivement soumettre
à l'appréciation de l'Académie de Médecine.
» Tel était M. Fouré comme savant. Spirituaiiste par
conviction, se rattachant à la grande Ecole médicale de
Montpellier, et cependant admirate<jr des travaux de l'Ecole
de Paris, dont il reconnaissait toute l'importance et qu'il
prisait à leur juste valeur.
» Si M. Fouré était feit pour briller dans une chaire de
professeur et dans un cercle de savant, il était au moins
aussi remarquable et aussi distingué dans une réunion
d'amis.
» Lorsqu'il se trouvait au milieu d'une société choisie
et qu'il était un peu stimulé par le rang ou par l'intelli^
gence des personnes qui l'entouraient, il devenait un cau-
seur délicieux et un narrateur si attachant , qu'il tenait ,
pendant une longue soirée , tout son auditoire sous le
charme de ses récits et des anecdotes variées que sa
mémoire heureuse lui fournissait à profusion , anecdotes
XnjtMkL DE MÉBBGINE. 13
parfois drtantiques ei palpitantes d'intérêt, lorsqu'elles se
rapportaient aux dangers qu*il avait eu à courir pendant la
guerre de Saint-Domingue.
» Nul ne possédait à un aussi haut degré que M. Fouré
ie charme de la pM^ole et de la diclion : expression toujours
admira btemefit choisie ci appropriée à ce qu'il voulait
dire.
» Organe doux^ iDsiivuaat, délicat et permettant au
causeur de faine sentir les moindres nuances de sentiment
et de psœsion.
» Figuire «fxpressive et sur laquelle se peignaient toutes
les impressions que ressentait en parlant le narrateur.
Parole tantôt vive et spiritudle, tantôt caressante et
itisinitante^ rei^dant avec des nuances charmantes les
^émotkms m variées parÊDts douces, parfois énergiques, qui
se succédaient avec la rapidité de la pensée chez M. Fouré.
Nu4 laie pduvait résistai à la séduction de sa parole , nul ne
pouv^â^ défendre des émotions qu'il ressen>tait lui-snéme
vivement. Mais si M. Fouré réu&sissait à s'emparer ainsi
compiédement du cœur et de l'esprit de ses auditeurs, c'est
qu'on sentait que le causeur aimable, le narrateur spirituel
était , en même temps, un être aiuiant et dévoué , un méde-
cin éminemment diaritable , un homme de bien en un
mot. M. Fouré fut, avant tout, un ami de Thumanité et
àe la science, et jamais, même dans un âge avancé, il ne
refusa d'aider de ses conseils et de sa bourse les malheu-
reux qui venaient en foule réclamea* ses soins.
n M. «Foupé se regardait comme le père de sa trè§-nom-
breusefamiUe et s'était fait une obligation sacrée de veiUer
sor ses parents, de les diriger, de les protéger. Lorsqu'ils
élwsent ma!:: ries, il les soignait comme ses pro^pre^ -en-
fants. Il avait voué, particulièrement à «a si»ur,M>^« An-
nette Fouré, et à son frère Benjamin, le colonel de la
garde nationale, une amitié très-iendre , et qui ne s'est
jamais démentie. Jusque dans les derniers -jours de sa vie,
dbaque fois que sa santé lui permettait de sortir en voi-
ture, il allait rendre visite à sa sœur, et lorsque les iufirJiii-
tésTie lui ^laissèrent plus la iiiciilté<de descendr<e. de ^a voi-
14 JODBIIAL DB MÉDBCniB.
ture , il se faisait conduire à ia porte de sa maison et s'in-
formait de ses nouvelles.
» La maladie et la mort de son frère portèrent à
M. Fouré un coup dont il ne s'est jamais relevé. Il s'éta-
blit près de son lit, à la campagne, et il ne le quitta plus.
J'ai assisté à toutes ses angoisses pendunt cette maladies!
longue et si douloureuse, et Je ne comprenais pas que
l'organisation irèle et nerveuse de M. Fouré pût résister à
des émotions si fortes et surtout si prolongées.
D Ce que M. Fouré avait surtout d'attachant, ce qui &isait
qu'on ne pouvait s'empêcher de l'aimer, c'était cette fraîcheur
de sentiment, cette jeunesse de sensibilité qu'il a conservée
jusqu'à sa mort ; sensibilité qui le rendait , du reste, d'une
susceptibilité bien grande, parce que toutes les impres-
sions étaient, pour son organisation nerveuse, d*une viva-
cité extrême.
» Dans mon opinion partagée, du reste, par toutes-les
personnes qui l'ont connu intimement , M. Fouré était \e
cœur le plus aimant, Uami le plus chaud et le plus dé-
voué; mais, plus il aimait quelqu'un, plus il devenait sen-
sible à tout ce qui pouvait venir heurter ses sentiments;
un rien le froissait; le moindre défaut d'égard prenait, à
ses yeux, des proportions énormes et qui l'affligeaient pro-
fondément. Ces nuages, du reste, se dissipaient facile-
ment, et, pour peu qu'on lui fît quelques avances et qu'on
eût avec lui une explication franche , il ne vous en aimait
que plus tendrement. Je m'aperçois, Messieurs, que mon
sujet m'emporte bien au-delà des bornes que je m^étais
prescrites, je vous en demande pardon; mais vous m'ex-
cuserez, je l'espère, car je vous parlais d'un homme que
j'ai aimé bien tendrement, et que je considérais comme
un second père. »
Après ce discours, M. le Président dépouille la corres-
pondance , qui .comprend :
1° Chirurgie conservatrice des membres ou Traité des
priimpesM des moyens d'éviter lès amputations et ks ré-
sections osseuses, et d'harmoniser l'art chirurgical omc les
JOURNAL DE MÉDECINE. 15
progris de la science de l'homme et ceux de la cmlisation ,
par Amédée Massart.
2® Etude nouvelle sur Ventrée de Voir dans les veines,
dans les cas de plaie ou d'opération chirurgicale^ par le
même.
L'auteur , membre correspondant de la Section , lui fait
hommage de ces deux brochures.
L'ordre du jour appelle M. Petit à Ta tribune, pour lire
une observation de lypémanie (i).
Cette*lectute faite, les jetons sont distribués et la séance
est levée.
Séance du ii février 1856.
PRÉSIDENCE DE H^ HAHOT, PRÉSIDENT.
Le procès-verbal de la dernière séance est In et adopté.
La Section a reçu de M. Cornaz, docteur en médecine
*et en chirurgie da KUniversrté de Berne , médecin et chi-
rurgien en chef de l^hôpital Pourtalès à Neufchâtel;, en
Suisse , une lettre par laquelle il demande le titre de mem-
bre correspondant. A Tappui de sa candidature, M, Cornaz
adi*esse à la Section une brochure intitulée : Etudes staUs-
tiques sur la fièvre typhoïde.
Cette demande est renvoyée au Comité central de la So-
ciété Académique, conformément au Règlement.
M. Aubinais est appelé à la tribune et donne lecture d'un
travail- intitulé: De certains phénomènes hystérifofmes avec
suppression passagère de la menstruation , pouvant laisser
soupçonner à tort un commencement de grossesse (2).
(1) Voir plus loin , p. 20.
(2) Voir plus loin, p. 33.
16 JOUSHAL DS IIÉDSCIIfB.
M. Mabit lui succède et lit une Etude sur le$ direri effets
physiologiques du café , selon ses différents modes df pré-
paration^ communiquée à la Société par M. Offre! , phar-
macien de Nantes.
En 1849, M. Offret cul occasion, pour satisfaire au caprice
de Tun de ses clients, de préparer de l'extrait aqueux de café.
Jugeant inutile de perdre la partie aromatique et Tbaile
essentielle concrète de cette substance, il eut recours à la dis-
tillation alcoolique du café torréfié jusqu'à la couleur de bois
de noyer foncé , et soumit le résidu de cette opération préa-
lable à lepuisement par Teau ; il obtint ainsi, d'une part,
un produit d'un arôme très-agréable, et de l'autre, l'extrait
qu'on lui demandait.
La plus grande partie de cet extrait aqueux lui étant
restée entre les mains, il ne crut pouvoir mieux faire que
de l'utiliser, en le prenant chaque matin à la dose de 0^75
à U dans de l'eau, ave^^. addition de lait, au lieu et place
de l'infusion usitée généralement. Mais , après quinze jours
d'usage de cette préparation, déjà M. Offret éprouvait quel-
ques troubles de la vue et une constriction légère a la
gorge; une seconde quinzaine ne s'était pas écoulée, qu'il
ressentait la plupart des symptômes produits })ar les nar-
cotiques : dilatation notable de la* pupille, voix rauque ,
douleur occipitjile, somnolence, vertiges, troubles passa-
gers de rinteliigence. Une saignée, l'application de siua-
pismes, firent cesser ces accidents, dont on était encore
loin de soupçonner la cause, et que les médecins consultés
par lui avaient pensé tout d'abord être dus, soit à l'ingestion
de quelque narcotique , soH a l'abus des spiritueux. Depuis
lors , M. Offret avait complètement renoncé au café , et de
pareils symptômes ne s étaient pas reproduits cliez lui ; il
y a environ trois mois qu'il se remit à lusage de cette li-
queur, dans je but de mettra à profit ses vertus anti-hypao-
Uques et de suflire à des veilles nécessitées par ses travaux
momentanément exagérés. Il put, cette fois, constater et
analyser en parfaite connaissance de cause les effets divers
produits sur son économie par le cale, Ain^ préparait-il
lui-même avec tout le soin désirable une infusion d^ café
H
légèr^^mçQit, tqri;4&é; (ici, ifi. Offrit 4o^l\^ |e^ «J^tfils de
ce^e prépaiTalion , plus djéljiç£^te qu'cM^ aç lepep^^ çommu-
néçnçn,t) il çp Qbienait l'effçt at,^adjM , l'éveil du cerveai} ej^
la ^cviUé d^ veiller ^nojs; fa),^ue, fofl; ayant d§QS la ÇLyi^^
Fai9ai^-U, «VU contraire, avec inteutiw e^ copiipe terçiie.
de ççmp^ra^spn, u$age (;i'uDe décpiçtioiii de. Wdvc. (i^çafé ,
aussi^^t II vojait r^pi^raître la, séri^de3$yn^^e$.de^fkr-
cotis^Qoe éïxçfifié^ pl;U§ haMt, syi^ptOçiies, q^i, sp di^$jp%iç;)t
facil^m^çpt sp^ riiifluencfe de Vingostion d'une ^ni^iop 4fr
D^ çeç expériences, per^nij^elleç et d^ qi^e|que$ ^v^f^s
Ea^ils doip^i il a» ^lé $pjç^ 91^, téinpi^, I^. Olfi;çt se crpit ai^^ori^,
à conclure qjAç , ^t^ Iç çaS? , çgeixi^ep^ 4^^ prijij^^si
euli^içei?(ïwt optf^ûsés p^r leurs, prop^iç^és^, Vw rés^^nt
i»sf^ Ifos; par^ie^ volatile^ dç 1^ ff;m^ sQucai^ç. ^ yf) (tegré
vouli^ |4e torréfactions et dont s'^mpa^e ripfu$joi| ^queii,^^
cQftyw?,!plew?«it préparé^, Va.utr^ ^meur^pt d^ns leiwçç,
de ce^e in&iS|i|Q^ on d^v^ k gvoji^^ içritlK^f^ ^ un d^gqé ^M*.
périei^r, s^ djéye\6ppant pey^^-^trq ^n p^fftie aux d^pe^^s ^e^
re;iS!çnf5^ aromatique et d^ Tbi^if^ es^ptiftlie çon^rètç. fit,
annihilé, lui-même p^r u^ e;^cè3 d^ cha^çur qui p^^t ali^
ju^iji'à pr«^vijfe la. ca^bojii^ation çopwe tçrn?e Mltinp^. A
ce.4ern,ijçr pri^îcipp, çaféioe oi^ aiA^re^ prq^ui^ inimédJi^,
ajPawçtielR<^raie^t l^^ veçius véw»eiv?es et nîircoijiqu^si ; s^\^
prç^ji^, 1^ yertus ej^ci^^t^s ^t toniques.
t'aut^qif cpftdamne^ coro^^. ccmj^Jij^ph pratiquie 4e siOft
tr^v^il, Ymsi9h du n^a^ç ^^ café SjC^u^ (Jurfq^ç forWje q,ve cç
spiV II oe soiraM p^ éloigné d'aHribuer c^rl^n? ^flfqfe fi^-.
cheux occasionnés par rus^g^ i^^pp^j^ré dvi «î^é n(vr, eff^î^
analog^\^ ^ cçux Wpduit^ p^r Vap.us des spiritueHX et
des. parçpILiqi^ , à la pré^Éjpce. di'w wincipiot particulier,
c^inç. p^ w^re, SM^cqpUble, aprè§ pi^ ^^^ ^XiçUar
tiop p^»4(vlabte, à rinsi^r d^ pçiaçéi?, ^ dét^çn^inç^ \\q
ét^t çp^estif des organes çérébR^w ?t n^êiiRç, r^poplexijç.
Enfin, 4aï^, r^piplpi 4m café çojWWiÇ çpiA^r^-ppi^u 4^
Vopium, il faudrait, selon Tauteur, avoir bie^ s^^p dç i;i^'a4-
«W^pr ^ c^ iiSve q\^ Ti^îiwipn de crfé cpuw««iiriewent
V^wAf^i et ^ dp§fi3 wftçlérée?, ^^m 9^m 4>gw^yer le.
'^«'W 3e Jffppose 4e çpiftMtrç.
2
18 JOmiÀL BB VÉBBCHIB.
M. Offret termine son intéressante communication en
énumérant les divers produits mis par lui à la disposition
de la Société et qu'il a extraits du café vert non torréfié ,
du café légèrement torréfié, du café torréfié outre- mesure,
enfin du café carbonisé. Ces produits sont des eaux dis-
tillées^ des alcools distillés, des extraits aqueux et un sirop
hydro- alcoolique. Ces faits encore entourés de tant d'obs-
curité, lui paraissent assez importants au point de vue de la
chimie organique, de l'hygiène et de la thérapeutique,
attendu l'usage de plus en plus répandu de cette précieuse
substance pour mériter de la part d'une Société médicale
une attention sérieuse et l'institution d'expériences qui
seraient soumises à son contrôle et à son examen.
Cette communication est suivie des réflexions suivantes :
ilf. Pihan-Dufeillay trouve fort intéressants les faits qui
viennent d'être exposés; M* Ofiret n'a pas, il est vrai, la
prétention d'avoir découvert dans le café quelque principe
immédiat nouveau • mais il a le mérite d'avoir appelé l'at-
tention, sur les effets narcotiques de quelques-uns des
principes déjà connus , effets qu'on ne saurait attribuer
entièrement à une idiosyncrasie spéciale. Ainsi , déjà
Christison avait reconnu a la caféine et à la théine prises
à doses élevées des propriétés toxiques et stupéfiantes. Les
divers modes de préparation du café sont donc loin d'être
une chose indifférente dans la pratique ; et, dans remploi
de cette substance comme antidote de l'opium , par exem-
ple , on pourrait être exposé à ajouter un narcotique à un
narcotique , si le café avait été trop torréfié ou s'il étail
administré à doses trop considérables.
il propose d'adresser des remerciements à l'auteur.
M. Âtabii tient de marins avec lesquels il a eu occasion
de s'entretenir sur ce sujet, qiie ceux-ci connaissent par-
fiiitement ces propriétés opposées du café , et les mettent
souvent à profit en torréfiant modérément ou avec excès
cette graine suivant qu'ils désirent obtenir un état de veille
ou de sommeil.
M. Atdrinais^ dans un voyage qu'il fit en Allemagne,
remarqua avec un certain étonnement que l'on servait dans
les tavernes deux sortes de café^ au gré des consomma-
JOtniHÀL DE HÉlttCniB, 19
teurs : Pun froid était apporté dans des carafes ; l'autre
chaud était pris comme il Test chez nous. Il apprit d'un
français que la première sorte très-concentrée et à laquelle
on ajoutait de* Teau-de-vie, possédait des propriétés stu-
péfiantes et était destinée aux personnes qui ne fumaient
point.
M, Deluen se rappelle avoir pris assez longtemps du
café préparé par décoction à son insu ; n'en obtenant pas
FefFet attendu et fatigué de sa saveur amère, il prit le parti
de le préparer lui-même par infusion au moyen d'une
cafetière à vapeur. Ce dernier café, très-riche en huile-essen-
tielle concrète, lui fit éprouver immédiatement des effets
excitants analogues, sansr être absolument les mêmes, à
ceux ressentis par M. Offret. On lui a raconté que deux
demoiselles, ayant pris dans une partie de campagne, du
café préparé par décoction, éprouvèrent après cette inges-
tion des crampes et des étourdissements. Tous ces faits
tendraient donc à établir l'existence de propriétés tout
opposées dans la décoction et Tinfusion de café.
M. le Président, conformément au désir exprimé par
M. Offret, nomme une Commission, composée de MM.
Pihan-Dufeillay , Cormerais et Georges , lesquels auront
à contrôler par de nouvelles expériences les assertions
énoncées dans le mémoire de l'auteur. Des remerciements
lui seront en outre adressés pour son intéressante com-
munication.
L'ordre du jour appelle M. Le Hoiix à lire une observa-
tion de tumeur hydatiqv£ abdominale (1).
M. Malherbe cite, à cette occasion, un fait dont il a été
témoin chez un malade ayant une tumeur dans la région
sous-diaphragmatique au bord postérieur du foie. Cette
tumeur, due ft la présence d'hydatides, finit par se frayer une
route dans le thorax, et après une expectoration abondante
d*un liquide d'abord sanguinolent, purs purulent, le malade
rendit par les voies aériennes, dans l'espace de deux jours,
(1) Voir plus loin, p. 44.
M JMBIM* n
pkMs de i20Q hydatidas doat la ^satut Mmmi «aire eelk
d'un nayaa de eeriae et ceUe d'un œii£de poule. L'applû»-
Uoo de caiapkemes préparés avee de l'eau salée pcov^^
vonpjait ÎHHnédiatamtDl Faspulsion de oes. entoaoakes. La
makdia succomba plus tard à uM affectioo de» la aoloiMie
vertébrale avec tuberculisatîon pulmonaire.
Le SêOPitHre^
QBSEBfrjTION de lypëmanie, par N. k
doctetar Petît^ médecin de l^asik des aHiHé^ de
Saint-Jacques.
Louis W . . • • est âgé de. 34 ans, marié depvU i& mois,
protestant de la confession d'Ausbourg, né à Sofi^e^rock
(Prusse), donûcilié à Metz. U a été Longtemps commis-
voyageur ; depuis son mariage, il dirigeait pouc h^ compte
de son frère une {abri()ue importante. Sans être didué é'une
grande intelligence,, M, W«.. a néanmoins toutes lesca«>
pacités nécessaires pour djrigejp coavenablement um «iai$QO
de commerce considérable. Il est passionné pour la musi()ue^
pianiste babile. Son caractère est très gai, sa moralité sans
reproche, ses rapportssocisux excellents^
U est d'un temipéramenit lympbatico^sanguin » trèa-ro*
buste. Sa santé a toujours été bonne.
Le frère de M. W • . • beaucoup plus ftgé que lui, doué
d'une intelligence supérieure^ ayant de bonne heure acquis
jovftNAl BB isÉMao^. 24
à iMetz «inelMHe'posilion oommerciale, Louis "fat très-^jeun«i
enddre placé Aons la même maison en qualité de commis.
f^r stiite , la déférence d'infériettr à supérieur, vint domi-
ner Tifithnllé fraternelle, et l'atné a conservé un ^aiid as-
oenlIaM «ur'l'eaprit du plus jeune.
^Lh vie active de oommts^voyageur remplftcéie par une
pedilion dédeutah^e, la grandie resporisafaîlité qui est venue
reposer sur lui , {Miralssetft anroir influé sur le moral de
M. W. . • Ses amis remarquaient depuis jAusieurs mois cer-
txines bizarreries, plus de laisser-aller dans les aflhires ,
tnoinfi de fermeté dans ses opinions, 41 adoptaH toujours
avengléitoent 4'avis de sou frère.
Loote W. . • était en mésintelligence avecle^mécanicien
côntre-fkiaftfe , le soupçonnant 'non sans motif de soigner
beaiOGdup «plus ses propres intérêts que ceux de la fiibrique.
Les choses en étaient là, -quand le 29 juillet 184^6 , un
violent incendie éclalte dans la 'partie de l'établissement
voisitie du logement de SI. W. . . dont l'appartement, en
quelques «minutes, est envahi par les flammes. Sa femme
nllaitait une petite 'fille de trois mois ; tous ses soins se
portèrerrt sur ces deux objets de sa tendresse; à peine il a
placé tla mère évanouie hors de la portée du fléau., qu'il
se «précipite de nouveau dans le bâtiment embrasé, sort
avec son enfant , et l'édiflce s'abîme. Mais l'émotion a été
trop forte ; M. W. . .., dont les forces physiques et morales
sont épuisées., demeure étranger à tout ce qui se passe
autour de hii^ ne s'inquiète plus des, progrès de l'incendie.
Resté cependant sur les lieux pour présider à la recons-
truction de l'usine , il est accablé de sinistres îfppré-
hensions; la figure du contre-maître lui apparaît sans. cesse
comme un cauchemar dont rien ne peut le délivrer , il
redoute une ruine complète, il voit les ouvriers^ dont les
travaux sont'forcémerit suspendus, coalisés contre lui et
maîtres de ia fiibrique ; il s'imagine qu'on rejettera sur lui
toute la responsabilité du funeste accident. Ha conscience
du ëhangement opéré dans son intelligence, va trouver
son frère, lui fait part de ses craintes , dit qu'il est incapa-
ble'de gérer f>lus longtïemps les affaires > se jihint d'être
22 JOaUfAL BE MÉDSCINE.
malade, maie refuse de consulter un médecin. Le frère
espérant voir se dissiper cet état qu'il attribue à Témo-
tion encore récente, se borne à le raisonner un peu^ et
Louis repart pour la campagne. Cependant, les mêmes idées
persistent avec plus de force, et M. W. . . prenant la ré^-
iution de se détruire, se précipite d'une fenêtre du i^' étage
dans un canal très-peu profond conduisant Teau à un mou*
lin. C'était vers le 25 septembre ; il n éprouva aucun mal
dans sa chute, et loin d'être submergé, il demeura ac-
croupi dans leau qui lui atteignait à peine à la ceinture.
Son absence fut bientôt remarquée , mais on visita tout
avaiit de se douter du lieu où il était; le hasard seul le fit
découvrir après un assez long intervalle. Depuis ce moment,
M. W . . . refuse toute nourriture , il répond rarement aux
questions qu'on lui adresse et ses paroles se rapportent
aux idées qui le dominent exclusivement.
Un médecin appelé près de lui constate le désordre des
idées et croit remarquer des symptômes de paralysie. On le
ramène de force en ville; il est saigné sans raodiiication
du délire, seulement on croit remarquer qu'il tremble moins
et marche mieux. Il persiste a ne point vouloir manger.
Le 28, il est conduit à Maréviile. Là, il fuut le retirer de
la voiture et le porter jusqu'à la chambre qui lui est des-
tinée; il se laisse porter , déshabiller , coucher sans faire de
résistance, mais aussi sans faire aucun effort.
Le 3, à là visite du matin, il parait en proie à une tristesse
profonde , on ne peut obtenir de lui le moindre mot.
M. Archambault, médecin en chef, l'envoie au bain, expri-
mant le regret de le traiter commt» un fou. A la première aflu-
sion, il promet de manger et prend seulement un peu de vin
dans la journée.
4 octobre. — Même état. Placé dans le bain , il refuse
de parler; deux affusions lui délient un peu la langue, il
promet de manger et de se servir de ses jambes. En effet,
il mange seul dans la journée. (2 bains de 2 heures tous les
jours.)
5 octobre. — H. W... . ne répond à aucune question^
JOUBUàL de MÉSfiCIHB. 23
mais se promène avec le médecin qui le conduit devant
d'autres malades, lui explique leur délire et chaîne un mo-
nomaiiiaque gai et spirituel de le dérider. M. W. . . parait
prendre quelque part à ce qui lui est dit, lève les yeux et
semble étonné.
6 oclobre — M. W. . . n*avant pas voulu manger, reçoit
uueaifusion et promet de parler et de manger; mais dès
qu'il est sorti du bain , il retombe dans le même état de
résistance passive. Même chose a lieu le 7; au bain^ la
menace de la douche lui fait promettre d'écrire à sa femme,
mais une fois sorti, on ne peut rien obtenir*
8 octobre. -^ Il promet de nouveau et à plusieurs re-r
prises , d'écrire à sa femme; sorti du baip, il a pris le papier
et la plume , mais sans tracer un mot : la sœur de son quar*
tier l'exhortant à ne pas laisser sa famille dans l'inquiétude,
il est sorti de son apathie ordinaire. Ta violemment repous-
sée, disant qu'il ne voulait pas écrire et que rien ne pou-
vait l'y contraindre. A la suite de ce fait^ il reçoit une
affusion plus forte que les précédentes ; il promet alors de
nouveau, mais, ajoute-t-il, je ne sais ce que je pourrai
écrire , car il y a bien longtemps que ma tête est perdue»
Il sort du bain , et n'écrit pas; le soir, il refuse de dîner.
Les menaces ne suffisant plus, il faut avoir recours à la
violence pour lui faire avaler quelques cuillerées de potage.
Il reste toujours immobile. S'il est couché, il faut l'habiller;
debout, il faut rasseoir; assis> le lever. Depuis ce jour,
néanmoins, il mange seul.
25 octobre. — M. W... parle plus volontiers, mais
refuse toujours d'écrire; il croit toute sa famille sous
les verroux , à Maréville ; il a demandé plusieurs fois à
visiter la maison pour s'en assurer. La veille, il a sali son
pantalon, bien qu'il n'eût pas de dévoiement. Il se plaint
aujourd'hui d'éprouver un frisson, cependant le pouls paraît
normal.
30 octobre. — M. W. . . ne cesse de réitérer ses ins-
tances pour voir sa femme et ses parents que l'on tient
enfermés, à ce qu'il dit. Sur sa demande, on le conduit
dans tout le quartier des hommes > il refuse de voir le
24 jotMii HiB ioâti^tifitË.
quafrtîer des fënnfmes: a C*e^, dit-il, înutîlè; on |)éfàtbiett
cachfT sa femme de manière à ce qu'il ne ta retrotfve p^s, n
Il refcse d'écrire à Metz pour s'assurer de la vérité.
(Continuation des bains.)
3 novembre. — Il croit reconnaître dans dfeS pen^on-
mit^ (te la maiîâofft plusieurs de ses amis intimes : chu jetiDe
lypémaïAaqùe qtfi fie parle >pas , l'ôcctipe stirtofrt ; il les
appefle par fés iicfm^ qo*ll lefur ^pp6se ; te^ accuse de te
tromper, lorsqu'ils ne lui répdtidënt pas ; 'dëfiijc pefriUs -Midts
ÉàtH ses tevéux.
12 novembre. -^ Il fe'esi enfin décidé â écrire â îson
médedin; il Itfi dit qtre sa santé s'eM ahfnélioré^ , le ][jrie
de le •réclamer et Itii deihande des 'ftoàvélles de sa fa^itte,
qu'il pèrsisfte à croire enfermée à Martévillè , malgré les dé-
négatioife de M. ArchamIbauH.
(Prescription d'unie promenade de deux Déùes chèque
jotïr.)
20 novdnrfbre. — La physioitomiie de n. W . . . est jitas
ouverte , il cause plus volontiers ; il écrit à son frère fiùe
lettre anaflogue à celle qu'il a adressée à ^n médecin, mais
comrhe il à paru draîrtdre qu'elle ne parvînt pas, on 1-en-
vôfe, ôcdôriipagné de Son domesliqtfe , la porter hi-toème
a Nàricy. A la porte de la ville, Il rencoritrè un de ses
ami^ eh qtii il paraît aVdir ude grande confiance 'et la lui
rértîët.
24 nôVemfbre. — *Le frëre a répondu , mais M. W. . . ne
paraît pas persuadé.
Tl se figure que son voisin de chambre et compagnon
d'infortune dont Faccoutrement et là figure soht passable-
ment excentriques , le fajt toutes les nuits desceridi^e dans
d'immenses souterrains, Tarmed'un poignard et rdblige à
égorger dés milliers de personnes.
30 novembre. — Un piano est placé dans la chambre de
M. W. 4 .<, mais il s'en occupe peu.
5 jianVier 1847. — Aucun obartgômeiït notable n'est
jitrVëtJit pendant cette^pér iode de plus d*un 'mois; cependiint^
h physionomie e^t tin peu moins sombre, tes traits expri-
iOfvà^iL *hE 'ÉÉbtecfniË. 2S
ment 'Moins de terreur. (Les proMenades sdflt interrom-
pues seulement les jours où le tenrvps est trop mauvais.)
M. W . . . «pairie moins de ses idées délirantes son main-
tien e&t meilleur.
Il a écrit à ses amis quelques lettres assez sensées ; lïiais
il cfott encore totts les siens victimes de la coalition de ses
ouvriers.
Les tjabits qu'on lui envoie, Ont été volés; H è«i Uh
banqueroutier, un voleur , un assassin , Il a fait tok*t àplus
de ceiH mille personnes , H doit être guillOtiYié. La justice
n'ayant pu découvrir sa retraite Ta condamné par con-
H. W. . . persistait à ne point s'occuper, l'interne pré-
te&laM feflors le désir de prendre des leçons de musique,
vint 'passer tous les jours deux heures avec lui. M. W. . .
refusa d'dbord asseà opiniàlrement de faîire aucune démofts-
ttatîoin ; néanmoins^ il céda a^u'x instances réitérées, d'abord
avec un peu d'humeur, comme psÉr contrainte; pèo-à-pëu,
il s'y^préta plus volontiers, puis éniin cîn vit renaître le
goût dé la musique.
Tiant qn'oti Toccupe de sujets étrahgers à son déHre , sa
conversation est agréable et très-sehsée ; mais qu'on le
laisse revenir à ses idées fixes, ce sont des divagations
sans fin; alors les mêmes terreurs reparaissent d'aularit
plus vives qu'on le laisse plus longtemps se livrer à ées
chimères.
Ce jour là , 5 janvier , l'interne lui parle d^un opéra
qui doit èti^e représenté à Nancy le soir môme et qu^îl se
propose d'aller enltendre; on en vante les beautés, et après
un moment de conversation, M. W . . . laisse écbtipper
cette exclamation : « Vous êtes 'bien heureux de pduvoir
entendre d'tjussi belle musique. » cdhne tieift qu'ià vous-,
répond Tinterne , d'y prendre part, et pour peu que voUs
le désiriez, M. le médecin en chef vdus le përihéttHi. »
Après quelques hésitations, <fl accepte. On dontre à
M. W..'. ses habits les plus propres, mais alors*, il ne
veut plus; c'est une dépense qu'il nc'peUt pas se (permettre,
étant TUiné; et puis, il n'est pas digne d'aller tto spectucle,
26 JOUBNAL B£ VÉDBGHIB.
il esl un trop ^rand criminel. L*inlerne lui reproche vive-
ment sa mobilité, ne lui laisse aucun répit qu'il ne soit
habillé, mais aloi*s il ne veut plus sortir du quartier. « Vous
êtes un mauvais plaisant, lui dit Tinterne^ vous vous riez
de ma complaisance , vous avez voulu aller au spectacle ,
j'en ait dit la demande au birocleur et au médecin en chef
qui se sont empressés d*y accéder : toutes les mesures né-
cessaires ont été prises. Eh bien, maintenant, vousy viendrez
de force ou de *^ré; s'il le faut, je vous y ferai porter et
ce sera mie curieuse comédie que vous donnerez aux spec-
tateurs. »
Après bien des résistances, nous nous mettons euiin en
route. Il divague tant que dure le chemin, s'arrèie à
chaque instant, et supplie quon le laisse retourner; les
gendarmes vont larrêler , les ouvriers de Nancy vont s'a-
meuter contre lui; dans la salle, ou le sifflera, on lui
criera : « En prison, le voleur!... » Tous les grillages en fer
qu'il rcncor)tre ont été placés sur son chemin pour lui faire
honte. (Je dois faire observer que c'est une tréGlerie et
une fabrique de pointes de Paris que M. W... dirigeait.)
Arrivé à Nancy , il demande à passer la soirée chez un
de ses amis; mais tout est inutile , il faut qu'il aille au spec-
tacle. Le dîner amène une diversion ; depuis longtemps il
n'a que la nourriture monotone de l'asile ; il parait
satisfait et cause raisonnablement tout le temps du repas.
Se résignant enfin à entrer au spectacle, il implore pour
dernière grâce d'être placé dans une loge grillée d'où l'on
ne pourra le découvrir; mais son compagnon est inflexible,
il ira à l'orchestre d'où il pourra être vu et surtout voir con-
venablement. Il ne fait pas de résistance, mais il s'empare
d'un coin et s'y tapit obstinément. Depuis lors, jusqu'à la
fin de la représentation, il n'a plus laissé échapper la moin-
dre folie , il a causé avec plusieurs personnes placées au-
près de lui, qui n'ont pu se douter de l'état mental de leur
voisin; seulement il s'est obstinément refusé à sortir pendant
les entr'actes, bien que la salle fut encombrée et qu'il y fit
une chaleur accablante.
La représentation lui a fait grand plaisir , et lorsqu'à la
JOUBNÀL DE MÉDBCINB. 27
fin , on lui demaDde pourquoi ouvriers et gendarmes Tant
laissé parfaitement tranquille « il ne peut s'empêcher de
sovirire et ne répond pas.
Le lendemain, 6 janvier, il est content, mais ne veut pas
recommencer, parce qu'il en coûte trop. Du reste , il se
croit toujours criininel , banqueroutier et doit amener la
famine et la peste dans tout le pays.
Le 9 février , pour combattre ses idées de ruine, M. Ar-
chambault exige que M. W . . . demande à son frère de l'ar-
gent pour ses plaisirs ; la lettre est f^iite et envoyée.
12 février. -^ La réponse du frère contient un bon dont
M.. W . . • va recevoir le montant.
16 février. — J'accompagne M. W... à Nancy. Pendant
\a voûte, il ne cesse de me reprocher de lui faire dépenser
trop d'argent ; il se croit encore ruiné et coupable ; il s'of-
fusque toujours de chaque morceau de fil de fer qu'il ren-
contre. Après quelques hésitations il se décide à entrer dans
un café : là , il cause très-sensément avec des personnes
qu'il voit pour la première fois. 11 aperçoit , à l'autre ex-
trénf)ité de la salle , un de ses amis qu'il n'a pas vu depuis
fort longtemps et témoigne un vif désir do lui parler. « Je le
veux bien, lui dis-je, mais à la condition expresse que vous
ne lui direz pas de folies. » 11 s'empresse de promettre, et
l'entrevue a lieu. iM. S... ignorant le malheur arrivé à son
ami , lui fait grand nombre de questions sur sa famille et sur
ses affaires. M. W... répond parfaitement à cesdemuiides, qui
cependant se rattachent toutes a son déhre. Les deux inti-
mes s'entrt'tiennent fort longuement, fort gaiment, et lors-
qu'enfin M. W... dit que depuis longtemps il est loin de sa
famille, qu'il est séquestré parce qu'il est fou, M. S... refuse
d'y croire et ne se rend que sur l'affirmation générale de
leurs amis communs.
Le moment du retour venu, M. W... paie spontanément
la dépense, témoigne le regret de partir aussitôt et se pro^
met de reyeïiir le plus tôt possible.
Dès cet instant, M. W... n'a plus donné le nioindre signe
de délire, ni dans ses paroles, ni dans ses actions.
Le 2 mars, il demande au médecin la permission d'é-
S8 joimma t»B HÉttscniiB.
crfre à 9»n trère pour lui anaonceir su guérison , et le
prier de veiliir. A peine la lettre était-elle achevée, que ce
dernier «rrive , et trouve M. W... exactement conforme à
sa imanière ë'étre habrtuetle. Ils causent longuement des
affaires de famille , des affaires commerciales , de fc fio^ion
qu'occupera M. W... à son retour à licJtz. Ils sortent en-
semble, et le convalescent doit passer deux jours à Nan<^y.
15 mairs. — M. W... est réeHemeni bien guéri ; depuis
le départ de son frère , presque chaque jour i\ va-à Nancy,
visite ses amis, va au spectacle, au concert, et aucune
idée déllrarite ne s*est manifestée. Son caractère est ex-
trêmement gai, très-affable et très-aflectueux.'ll rend compte
de toutes les sensalions qu'il éprouvait dans son délire.
Les cris des idiots voisins de son quartier lui fivîsaienit
croire à regorgement de milliers de persk)rïne$ dans des
souterrains. La voix d'un de ces petits idiots -ressemble un
peu à celle de l'un de ses neveux, et c'est ce qui lui faisait
croire à la présence de toute sa famille. Il affirme que c'était
bien avec la résolution de se donner la mort , qu'il s'est
(jirécfpité dans un ruisseau. Il ne pedt s'empêcher de rire
en songeant à la manière dont il barboltait 'dans fort peu
d'eau et beaucoup de boue ; il entendait les perquisitions
auxquelles tout le monde se livrait, mais l'idée de répon-
dre, d'appeler , ne lui venait'paa; c'était égirtlement le désir
de mourir qui le portait à repousser toute espèce >de 'nourri-
ture. L'aspect d'une force a laquelle il De pouvait résister et
la vue de la sonde oesophagienne , en le persuadait qu'on
parviendrait à le faire manger malgré lui , avaient seuls
changé sa détermination ; du reste, toutes ses sensations
avaieilt quelque chose d'insolite, de voilé, à tel point
qu'il demande de recevoir une afl^usiou'pour en comparer
l'effet à l'impression terrible dont il a gardé le souvenir.
Il explique , par la crainte à 'laquelle 11 était en proie , le
tremblement qui au début avait 'feit redouter la parttlysie
générale. M. W... sort de l'Asile le 22 mars f847. Au mois
d'octobre suttarit, j'ai eu occasion de le'voir dans âa fiimille.
Sa santé physique etmorïile s'e^t parfaitement maintenue. Il
a repris' d'aUttes occupations toujburs dans' la même affiiire;
j.'ai élé témoin de 9a vU p9J6ibl<9aiip(è8.4'ui)efei»SBieeldiW
enfiant q^'il cbérij. , et dont la^ticlion 90 lui. inAn<|U9 pas».
C'était L'anniv.éiïsaiire. de son entrée à MairéviUeh lous ai^a
anus cedoutaîent ce moyien^. De péQJ,b|as saiiivenii?$ kjii
ont été rappelée , mm^ sa ra^n n'en, a subi aucun ébrau-
leiAfsut. IL I9.'ai eondiuiA Ui-mêroe. , et c'était la pfeopiè^e
foÎ3 ^'il repai^dissait sur ]^^ lieux , depuis la terrible cal^Sr
teof^ie ,, sur le théâtre du s^n^tce , m>«^ a exf liqyé 1^$
pba$es , ui!et mpu^^é le Duiaseaiv, eà il s'était jetô, — 4e n'ai
pu voir sans i|ne. douée émotion « Veinpresseinenit d^nl
i eutouiraient ces envsieps, pai|F quit il uv^Mt toi^wvsété ju^le
et bon»
M^ W... est deineuré l'uA de mes imiUieafs amis ; je
n!aii j^a (^^é d'étxe en conrespondanca avec bjii; sa dernière
lettre, qinâdate de qi|elq«iea pioi^ (juillet 1855),m'aneon$ait
la. pert€r d'ue enia^t* Sa raispa i^'en a point été ébranîée.
Il n'a paa cessé un iosiant de reiiipiplir ses devoirs ^ofi»^
sionnel)^ aveçU Qaâaae intelligence qu'avant sa inajadie^ Sa
guériaon est^ donc bien compile.
Cette observatiw Bons isMMitre un, finit qui n'ofre rieo; de
bien e^eptiponel et peut ménne être considéré o^umne un
type de.!^ ff^Wfi ^'^Ménation nieiMiale nommée par Esqiftirol
lypèiuaçie^ NéfMiiiwins, cerl^Nupsea cireonstan^es me seni'^
biept dignes d'appeler ratt^^ntion, et. je les signalerai en
qpekqyues Hgaes.
Je Qopstatei'ai 4'abord la pjré4i$po$itiion.h(éréditaireoa{ûiae
dans^ le eour&de t'observaliion , paipce q<fie je et'aiobtec^u.de
renseignenaenls pf'éeis h ce «ujel qu'après, l'époque (juillet
t847) o])i elle a été rédigée.
M-^ W... e^t le preoMev de sa fanfiiUe qui ait ea mi i^érir
table accès d'aliénatioç, mentale) cependant soa pare,
Uiaistre lu^liévieii, avait été pend^^iM djix-buit «oeia^ vers
l'âge de 36 à 38 ans, dans un état de tri^a^se, de dége(àt de
laviequikùfai^eii négl,i,(|er et presque aha^n^er Wfi devoirs
de spn ministère et le soin 4e s^ fimille. Cet étal s'est dissipé
spputanémeut. Vers le même âge , le frère aîné de M. W.. .
pjcéneiRta un phénomène à peu-pvès de tems paima idemi-
q|i^, J^JD&I^ h 2' &ére, de qaeiqu^ ^nées yto âgé qae
30 JOimNàL BE HàDSCniB.
Louis, habitant une dês principales villes de la Prusse
Rhénane, fut en 1848 désigné pour faire partie du jury
appelé à juger les auteurs d'une insurrection. A peine le
jugement fut-il prononcé, que M. W... manifesta des scru-
pules extraordinaires , il se prétendait coupable de n'avoir
pas prêté une assez grande attention aux débats ; puis sur-
vinrent des hallucinations , il voyait des insurgés partout.
Enfin, il tomba dans un état fort analogue à celui où j'avais
vu sou frère Louis. La famille le fit venir d'Allemagne et
le plaça à Maréville que je quittai peu de temps après ; je
n'ai pu suivre la maladie, mais j*ai su que le malheureux
ne s'est pas rétabli , et qu'il est encore dans une maison de
santé en Allemagne où habitent sa femme et ses enfants.
De toutes les causes éloignées de la folie, l'hérédité est
incontestablement la plus fréquente. Malgré les efforts que
font la plupart des familles pour cacher cette Ùtcheuse
prédisposition qu'on voudrait se dissimuler à soi-même ,
Esquirol l'a constatée 22 fois sur iOO dans son service de la
Salpétrière, 24 fois et demie dans la statistique de Charenton,
et 57 fois sur 100 dans sa maison de santé.
M. Archambault, dans ses relevés sur Maréville qu'il n'a
point encore publiés , mais qu'il a bien voulu me com-
muniquer, est parvenu à établir que, 55 fois sur 100, il a
existé des aliénés chez les ascendants , descendants ou col-
latéraux proches. Spécialement à la iypémanie, M. Archam-
bault a trouvé l'hérédité 59 fois sur 89 malades ; c'est l'é-
norme rapport de 67 pour 100. Pour M. Moreau, de Tours,
qui considère comme prédisposition héréditaire à l'aliéna-
tion mentale non -seulement toutes les maladies cérébrales
de quelque nature qu'elles soient, toutes les bizarreries de
caractères, mais encore toutes les névroses , il ne peut guère
rencontrer d'aliéné qui n'ait eu dans sa femille quelque
affection de ce genre.
C'est de 25 à 35 ans, suivant Esquirol , que Ton rencon-
tre le plus fréquemment la Iypémanie; cependant, elle est
encore très-fréquente jusqu'à 45 ans. Ainsi, c'est à 34 ans ,
que Louis W... devient triste, que son caractère, ses habitu-
des se modifient, bien qu'il soit encore au début d'un
JOURNAL DB MÉDSCHOS. 31
mariage qui a mis le comble à tous ses vœux , et dans une
position industrielle de nature à lui faire espérer un avenir
de tous points satisftûsant. Peut-être eût-il éprouvé seule-
ment comme son père et son frère atné un état de spleen
de quelques mois de durée , sans la terrible catastrophe qui
vini subitement le plonger dans le délire mélancolique le
plus profond. Quoi qu'il en soit, la gravité même des acci-
dents fut probablement pour lui une circonstance heureuse;
on n'hésita pas, comme il arrive trop souvent, à le mettre
dans des conditions de traitement favorables.
Un des accidents les plus redoutables de la lypémanie ,
est certainement Tidée fixe qu'ont presque tous ces malades
de se laisser mourir de faim. Dans le cas actuel, nous voyons
ralîéné vaincu par Taspect d'une force imposante et par la
persuasion qu'au moyen de la sonde oesophagienne, on par-
viendra à le &ire vivre malgré lui. Malheureusement, il est
loin d'en être toujours ainsi ; cela se rencontre quelquefois
chez les hommes , très-rarement parmi les femmes. Mais il
est bien plus ordinaire de voir les lypémaniaques lutter
jusqu'à la dernière extrémité , s'efforcer , en contractant
onergiquement les muscles du pharynx, d'opposer une
barrière au passage de la sonde; ils y réussissent quelque-
fois ; on en a vu même par des régurgitations volontaires ,
vomir aussitôt après le retrait de la sonde les aliments in-
troduits de force dans l'estomac.
Sa passion pour la musique fut certainement pour Louis
W... d'un très-grand secours; c'est à son aide que je
suis parvenu à occuper un peu l'esprit du malade. II n'y a
point de chances de guérison pour le monomaniaque ou le
lypémaniaque , tant qu'on ne peut, par une occupation
quelconque, soustraire sa pensée aux idées fixes qui l'assiè-
gent. Il s'établit dans ce cas un cercle vicieux trop fré-
quent en pafhologie ; l'effet devient générateur de la cause;
la maladie enfante l'idée fixe, et à son tour l'idée fixe en-
tretient la maladie.
Pour que l'aliéné commence h s'occuper utilement , il
faut qu'il ait subi une amélioration très-sensible; cependant,
il est encore loin d'être guéri ; c'est même là l'époque la
3^^ jwBf^j^ «B wfm^vh
pljMlk critique d\j{ tmtenM»;t& , c'est ajorq qu^ va se décider
celle leri[ible question : le malade guériça-l-M , ou sop alii^-
nalioo. va,-t-eUe passer à Tétat chrooiqu^ ? Tous les» travaux
exécutés dans les asiles par des aliénés incural^les témoi*
goent éoergiquement qu'il reste encoRç bea^CQ^p à Caîire au
looroeot où l'on est parveuu à obtenir qj^e le malbiçureux
laisse un peu de côté ses iii^es fixes pour une occupiatioa eo
rapport avec ses ha))iludes a,D4érievres.
Je m'arrêterai up instaiit sur la cessation brusque et
complète du délire* Je n'ai rencontré ai^CM,D auti:e ei^empj^
d'une modification aussi rapidement cadicalp. En qi^kmes
instanU, la physionomie, U laaintieo,, les idées si^biire^
une métamorphose al^solue. Les M^aits toul-à-l'heurç çoa-
tractés , e^pripiant Tapprébension et 1^ çoptraint^ , fii^eot
place 4 une expression ouvert^ et enjouée qui, esjtlana^nièr^
d'être habituelle de Louis W..- î il devient tp^t-à-coup e(
demeure s^ussi gai q^'il é^it mx^^ose., aièssi çoutem qu'i^
étai^ liàciturne.
Les détasils; d^ l'observatiou. auront siifiS , je pense, pour
fiË^ir^ apprécier la méthode de tra,itement. Dans 1^ prçmi^r^
période, les douch^ç opt été employées congi^e moyen
per^rbant pour rappeler çn quelque sor^ 9^ la vie exté-
rieure te malade absorbé par ses idée3 sinistres et ses. hàX-
lucin^tions. En même temps on avait recours aux bains p|ro-
longés et à de longues proni^uades, pour apiçner p^r Ia
vu^ d'objets nouveaux et pjar la l^ssit^de quelques idées
d'un ordre différent et surtout UA peu d^ sou^nei,! s^ rar^
et si précieux pour l^s ^iénés. Eipjin^ du ipoment que son
esprit devient accessible àk distraction, ç'e^ de ce c^jié
que s^ porte^i^ tous les efibrts, Lis p^i^ir est inaposié au
maUd« ^v^ W^ volonté énergique et persistante, qui pe lui
lais^ a^ucuB répjjt , ses idées fausses son,^ at^quées de froot,
sans qu'il soit jwais fait la, moin<i^e conce§si^^ apporetii^.
Je dis qfpftr^t^t^ , car en cela , Içs ii^liénés ressen^blent ^ux
enfants; la faiblesse physique et intellectuelle ef^gent q^'o]|i
sf dépftfftisse ^équemment de ^ rign^çii^Mr; m^is^ alors de
i^ôme q^'oA feii[Lt d'ignorer 1^ foute q^'(VA w yeut p^ py«Mr«
iil f^%\ i^^^ crp^r^ à l'aliéna qiie ^on, ret^^r i^ ses ijdéest
jovbnàx db mébecinb. 33
fausses n'a poinl été aperçu. C'est là une des nombreuses
appréciations dans lesquelles doit se manifester le tact du
médecin aliéniste.
DE CEBTAINS PHÉNOMÈNES hystinformes
avecsuppressionpassagère de lamenslruationpou'
vanl laisser soupçonner à tort vn commencement
de grossesse, par le D' AjJhiJSkis , président du
jury de médecine du déparlement de la Loire-
Inférieure.
La menstruation , cette fonction si importante que l'on
a pu dire qu'elle domine à la fois la physiologie et la
pathologie de la femme, se supprime rarement, même
pour une courte durée de temps, sans susciter dans l'or-
ganisme des troubles plus ou moins notables. Ces troubles
fonctionnels sont surtout la suite des atteintes portées par
cette suppression à l'innervation. Multiples et protéiformes,
les accidents spasmodiques que la disparution des mens-
trues entraîne, empruntent un cachet tout particulier à
chaque idiosyncrasie, se modifient suivant chaque organi-
sation : c'est ce qui explique leur diversité.
Quelquefois des phénomènes de nature hystérique coïn-
cident avec la disparition des règles, et Ton est fort embar-
rassé pour savoir si ces phénomènes sont la cause ou l'effet
de cette suppression. Le plus souvent ^ ils en sont l'effet; ils
peuvent pourtant en être la cause. L'embarras dans lequel
se trouve le médecin augmente , s'il est en droit de soup-
çonner un commencement de grossesse ; aussi , est-ce tou-
3
34 JOUBUAI. DE «ÉD^CIRE.
jours avec une extrême prudeoce , avec la plus grande
réserve qu*il formulera soo opinion , surtout s'il est consulté
par une personne qui n'est pas mariée, qui est veu,ve, ou
dont il suspecte la moralité.
Exisle-t-il des signes propres à faire reconnaître, d*une
manière infaillible, la vraie grossesse, et si ces signes exis-
tent, à quelle époque de la grossesse se montrent-ils? On
connatt Fétat de la science au sujet de ce problème fort
complexe et l'un des plus importants que l'obstétrique ait
à résoudre. On a pesé le de^ré de copfiance que chaque
signe de la grossesse inspire, et je ne puis mieux faire que
de renvoyer pour l'étude de cette question, pour la sohitîon
de ce prôUème aox ouvrages êxprùfesm. Qu'il ine suffise
de dire, pour prouver, toutes les obscurités qui rni^ehp-
peut epcpre Ifi science , que dans certains cas, à la vérité
très-exceptionnels, le problème a paru tellement difficile à
résoudre, que l'on n'a pu acquérir qu'une certitude de
probabilité même à l'époque de la grossesse où ordinaire-
ment le toucher et l'auscultation ne laissent plus de prise
au doute, et cependant les accoucheurs qui hésitaient
enqore à sq prononcer étaient fort experts dans la pratique
du toucher, dans le maniement du stéthoscope : ils avaient
aussi cherché des enseignements dans les études de JÎf. Jac-
quemin, sur la coloration plus foncée dans l'état de gesta-
tion que dans l'état de vacuité de l'utérus de la membrane
muqueuse vulvo-vaginal^ : ils n'avaient p^s non plus né-
gligé de tenir compte des remarques de tt. Hontgomme-
rie sur les changements particuliers que subit pendant
l'époque de la grossesse l'aréole du mamelon; enfin, et à
l'imitation de HM. les professeurs Andral et Gavarret, ils
avaient examiné le sang, analysé l'urine suivant le procédé
de M. Donné.
Le diagnostic de la grossesse devient d'autant plus, diffi-
cile, que la grossesse est moins avancée: en effet, ainsi
que je l'ai dit dans un autre travail: cr Pendant les trois
prenuers mois de la gestation , le col utérin est trop haut
placé pour pouvoir être facilement exploré par le doigt, et
cettp exploration fut-elle même facile , elle ne saurait rien
JOVBSIAL DB méseciue. ^i
apprendre, puisque le col n'a encore subi aucun change-
ment appréciable* La petite quantité de liquide amnio-
tique contenue alfiiBs dêm ki oivité de rutéfos rend aussi fort
confuse la sensation éprouvée par le doigt ou les mouve-
ment$ passifs du fœtus, ce que Ton appelle le bqllottement.
Quanta la perception des deux bruits différents qui , selon
M. de Kergaradcc, annoncent la présence dans Futérusdu
fœtus, à savoir: le brpiU placenlaire également appelé bruit
de souffle et le bruit à doubles ballemenls ou bruil du cœur
du fœtus , ceiie perception ne peut se distinguer pendant
les trois premiers mois, le produit de 'la conception étant,
jusqu'à celte époque , à l'état embryonnaire. »
foutes ces considérations. font que, pendant les trois
premiers mois de la grossesse, le diagnostic de la grossesse
est tellement obscur, qu'une Société de Médecine consultée
à l'occasion d'une accusation juridique, s'il existait un si-
gne certain, infaillible de reconnaître la grossesse pendant
les trois premiers mois de la gestation, crut devoir répon-
dre que ce signe n'existait pas. Dans l'état actuel de la
science, c'était, en effet, la seule réponse que Ton pouvait
donner.
C'est surtout' chez les femmes en proie à Thystérie^que
le diagnostic des premiers temps de la grossesse est hérissé
de (iifllcultés : chez certaines hystériques, il se développe
quelquefois des accidents tellement propres à iiiasquer la
grossesse, qu'ils exigent , pour que la lumière se. fasse , une
attention toute particulière. Cette ailention , bien que soi-
gneuse, ne conduit pas toujours à la conviction, et il suf-
fît qu'une place soit laissée au doute 'dans l'esprit du mé-
decin, pour que celui-ci n'émette, son opinion qu'avec une
extrême réserve , avec la dernière prudence. C'est dans le
. but de servir au diagnostic de ces grossesses douteuses chez
les femmes hystériques, que j'extrais de mon portefeuille
trois observations, que j'avais rédigées dans le temps, me
promettant de- les communiquer à une Société savante ,
quand' l'occasion s'en présenterait.
36 JomufÀL DE vtoEcniB.
Première •bserratian.
Une jeune personne, douée d'une constitution nerveuse ,
révélée par des cheveux noirs, une peau brune et brûlante ,
de ramaigrissement , fut prise, dans le courant d'un
voyage, d'accidents spasmodiques extrêm. ment intenses.
Appelé près d'elle , il me fut facile de constater de suite
que l'attaque de nerb se rattachait à l'hystérie , car la sen-
sation de ce que l'on a appelé la houle hystérique, était
par&itement caractérisée. J'attendais l'eifet d'une potion
anti-spasmodique, lorsqu'une question que j'adressai à la
mère: «r Mademoiselle est-elle bien réglée? » me valut
les confidences suivantes :
La jeune personne avait aimé éperduement un jeune
homme, sans fortune, sans état et d habitudes fort légères.
Les parents de la demoiselle s'étant refusés au mariage , le
jeune homme avait trouvé le moyen de la séduire : ce-
pandant , une seule cohabitation avait eu lieu, et justement
pendant le flux menstruel; toutefois, les règles, jusque là
régulières, avaient disparu à dater de ce moment, et Tacte
sexuel, dont la jeune personne avait fait immédiatement
Taveu à sa mère, remontait déjà à quatre-vingt-quinze
jours. Les accidents hystériformes avaient précédé de plu-
sieurs mois la cohabitation : ils étaient évidemment sous
l'action de l'orgasme utérin produit par les assiduités du
jeune homme. Un médecin avait essayé de calmer ces
accidents par de petites applications de sangsues aux
cuisses, diverses potions calmantes, et, chose surprenante
ou plutôt qui ne saurait surprendre, la mère et la jeune
personne étaient restées seules confidentes de ce qui s'était
passé : le père , le médecin étfiient bien loin de le soup-
çonner, et c'était d'après l'avis du médecin qu'on se rendait
aux bains de mer, près la source ferrugineuse de Préfailles.
Les bains de mer chauds, l'eau ferrugineuse, des courses à
cheval avaient été conseillés en même temps que la cessa-
tion de toute médication pharmaceutique.
JOUHIfAt DE MÉDECINE. 37
Cependant, la mère, cruellement tourmentée par la
pensée d'une' grossesse, que la cessation des règles rendait
a ses yeux plus que probable, avait tellement fait partici-
per sa fille à son tourment, que celle-ci passait les nuits
à pleurer. Cette insomnie soutenue n'avait pas peu con-
tribué à agacer le système nerveux et à aggraver les acci*
dents spasmodiques.
Honoré d'une confiance absolue, par suite de cette confi*
dence, il me fut permis de chercher à apprécier si les
craintes inspirées par la supposition d'une grossesse étaient
réellement fondées. Il me paraissait, en effet, peu ordi-
naire, en admettant que le récit que Ton venait de me faire
ne contînt que l'exacte vérité (et il paraissait empreint
d'une candide véracité), qu'une seule approche sexuelle
chez une personne jusque \h vierge, approche pendant
le flux menstruel, eût entraîné aussi facilement la concep-
tion. Mon doute s'augmentait surtout de cette circonstance
qui m'était apprise , que le coït avait été pratiqué debout
et à la dérobée.
Dans le but d'abréger cette observation , je dirai de suite
que* la palpation de l'abdomen la plus soigneuse éloignait
tout d'abord de la supposition d'une grossesse qui devait
entrer dans son quatrième mois. Il était impossible de
trouver le moindre développement à l'utérus; mais, com-
bien ne fus*je pas rassuré lorsque je trouvai l'anneau vul-
vaire tellement intact que le bout du doigt index ne pou-
vait y pénétrer ! Pour arriver au col utérin , il eut fallu
forcer Tanneau vulvaire,et cette douloureuse dilatation ne
me parut pas nécessaire. J'insistai tellement sur la particu-
larité que le coït ne me semblait nullement avoir été con-
sommé , que je versai du baume dans le cœur de la mère et
de sa demoiselle. Je leur promis d'aller les visiter de temps
à autre à Préfailles, conseillant à la jeune personne de
n'employer aucun médicament; de prendre, chaque jour,
un bain de mer chauffé à la température du corps; de faire,
en mangeant, usage dé l'eau ferrugineuse de la source de
Kirouard , laquelle eau devait être mélangée à un quart de
vieux vin de Bordeaux. Je joignis à ces moyens le conseil
de faire , chaque jour, une promenade à âne. Au bout de
38 JOUBWAL DE MÉDECINE.
quelques jours de ce traitement, les phénomènes spasino-
iJiques perdirent de leur fréquence et de leur intensité.
Après un séjour tie cinq semaines sur le bord de la mer,
l'évacuation menstruelle reparut, et tout se. passa d'une
manière si normale, que le doute élevé sur une grossesse ne
fut plus permis. Ces damés passèrent encore trois semaines
à Préfailles, puis eHes revinrent joyeuses à leur domicile.
Une lettre de remefcîmenls , que je reçus quelque temps
après, m'apprit que la santé était* parfaitement recou-
vrée.
beaxiènie observatibn.
Une jeune fiHe, victime d'une brutale séduction, devient
tout d'un coup sujette à des atxidenls hyslériformes quelle
n'avait janriais éprouvés. La mère , mise immédiatement
dans la confidence de ce fait, attribue ce nouvel état aux
vives émotions de sa fille. On se borne à des infusions de
tilleul, à Teau de fleurs d'oranger, à quelques gouttes
d'éther, et l'on espère que les règles, qui doivent venir rfans
quelques jours, mettront fin à ces désordres du système
nerveux.
Cependant, l'époque menstruelle si 'ardemment atten-
due manque entièrement , et,*à dater de cette suppression,
les accidents spasmodiques se rapprochent lellerhent que
je suis appelé. . . i assiste à une attaque franche d'hystérie,
et bientôt' je suis mis au courant par la mère de la jeune
personne de tout ce qui s'est passé.
^ Rien , assurément, dans l'examen des organes génitaux,
n'eût pu éclairer sur l'existenc^e de la grossesse, -car le rap-
prochement sexuel ne datait que d'une quinzaine de jours;
aussi , sans me livrer à aucune investigation , je me bornai
à prescrire une potion dans laquelle j'associai la valériane
à Topium, et j'engageai la mère à rentrer dans sa famille,
MNe Y ^^^ '^ nnonde parlait des attaques de nerfs de
M • X Je crus devoir remettre, pour le médecin de
celte famille, une lettre dans laquelle je lui donnais con-
naissance de la confidence qui m'avait été faite et dans
JOtKNÀii DE kÉbEciNE. 39
laquelle, élevant des doutes sur la gross'esse, j'insistais sur
des cataplasmes Idudanisés apposés à là régiori hypogàs-
trique, sur des quarts de lavements éiYiollienls avec addî-
lîou de quelques gouttes de teintuï'e de musc, et de quel-
ques gouttes de laudanum de Sydenha'm , supposant que
les phénomèi^es hy&tériques, ainsi que la dist'iarition des
rinenslrues, pouvaient se trouver sous la dépendance dé
l'oï-gâsme utérin. Je parlai, toutefois ,maiâ avfec une ex-
trême réserve, delà possibilité à la rigueur d'ud commen-
cement de grossessie. Au bout dé deux mois, je reçus de
mon honorable confrère une lettre qui m'annonçait que les
menstrues venaient de reparaître ^ que rien , dans Texamen
dti flux menstruel , ne légiiimait le soupçon d'une grossesse.
J*aî su, depuis, que la médication calmante que j'avais çon-
selllièo avdil.élè régUlièrenienl suivie; qu'à dater de la réap-
paritidii des règles, les spasmes byslérilques s*étaténl
amoindris ël que le rfctour à la santé ne s'était pas fait
attendre.
Troisiènie ei dernière elmerTMleÉi.
Un jeiinc homme; se trouvant seul avec une jeUné
feiiime de chambre , consomma l'acte sexuel. Pendant les
trois jours qui suivirent cette cohabitation, des accidents
hystériques se Hia ni lestèrent aviec unfe telle fréquence et Une
telle iiuetisité chez cette jeune fille, qlic je crus devoir
conseiller de Ténvoyér à la campagne , chez ses parents.
Jusqu'à répocjUe de la ctthabitalidn, les règles , malgré
les spasmes hystériques, s'étaient riiontrées t-égulières; mais,
à dater de l'dcte sexuel, les hienstirdës rie reparurent J)as.
Le séjouir à la campagne et lés qiietqUëà câlinants que le
médecin de la localité avait conseillés, n'avaient dinii-
tiué eh rrerl U fréc^uëncé et l'inteiisité des {ihënomènès
hystériques, et bientôt ce médecin, bieh rjue h jeune tille
né lai eût pas fait la cônHderiCe de àa faute, soUfiçoniia tine
grossesse. Il m'en écrivit conildëntiellement. Je crus devoir
en pîtt'Iei' att jeune hdmrhe avec ^ui je supposais que la
40 JOimilAL DB aÉDBCnfB.
fille avait eu des relations. Celui-ci me confessa toute la
vérité; vérité qui me fut confirmée plus Urd par celte tiUe,
que j'ai accouchée. La date de raccouchement sanctionna la
date de la réunion sexuelle. Si Ton m croit cette fille, et
je n'ai assurément aucune raison à alléguer contre U
vérité de sa déclaration , eUe était vierge au moment du
coït. Cette déclaration semble au contraire confirmée |»r
la remarque du jeune homme, qui assure que le coït fut
douloureux et qu'il fut accompagné d'effusion de sang:
« AptAd mrgines prima nox est cruenta. »
■éf extoMS*
Chaque médecin, faisant un appel à ses souvenirs, pour-
rait, sans aucun doute , citer des faits analogues à ceux que
je viens de relater. Il ressort de la vulgarité même de ces
faits, que l'hystérie a son siège dans la matrice et que ce
n'est pas une affection cérébrale, ainsi que plusieurs au-
teurs l'ont écrit en faisant considérer que cette prétendue
névrose des organes de la génération se développe quel-
quefois chez l'homme. Il est vrai que certains hommes ont
présenté des phénomènes hystéri formes; mais si on exa-
mine avec soin toute la série des troubles dans les centres
nerveux qui constitue ces phénomènes, on verra que ce
n'est pas là la véritable hystérie de la femme. Celle-ci est
toujours sous l'étroite dépendance de Torgasme utérin.
Toute excitation de d'autres organes qui ont des corréla-
tions intimes avec la matrice, comme le clitoris , le mame-
lon, peut faire naître des phénomènes hystériformes ; mais,
assurément, ces troubles fonctionnels n'offrent pas la sen-
sation de celle boule qui semble s'élever de la matrice
jusqu'à la poitrine et au cou, et qui produit cet étouffement,
cette strangulation mi generis que l'on connaît , sensation
qui est SI caractéristique de l'hystérie.
Lorsque l'hystérie se développe sous des causes diverses
chez une personne jusque là régulièrement menstruée , elle
suscite quelquefois des dérangemenU dans la fonction de la
JOUBNÀIi DB MÉDECINB. 41
menstruation: ces troubles peuvent aller jusqu'à la suspen-
sion de cette fonction ; alors, si le coït a coïncidé avec cette
période hystérique , on peut soupçonner un commence-
meni de grossesse, et ce soupçon peut pourtant porter a
taux. Les deux premières observations que j*ai rapportées
confiraient, au milieu de tant d'autres, la vérité de ce fait,
et impliquent l'obligation, pour le médecin, de ne présen-
ter son opinion qu'avec la derpière réserve , lorsqu'il est
app(*lé à se prononcer en pareille occurrence.
Chez certaines femmes , dès le début de la grossesse, des
phénomènes bystériformes apparaissent et semblent être
sous l'étroite dépendance de ce nouvel état physiologique
de l*utérus; mais, chez certaines femmes aussi, et alors
qu'il n'y a pas un commencement de grossesse^ il se mon-
tre dans les premiers temps du mariage et sous Tempire de
l'excitation des organes génitaux des phénomènes égale-
ment bystériformes qui font d'autant plus croire Si la ges-
tation qu'ils s'accompagnent de suspension temporaire de
la menstruation. Ce n'est que lorsque la grossesse a pu se
dégager à travers ces désordres spasmodiques , qu'on
peut la diagnostiquera l'aide d'un ensemble désignes lien
connus, dont les plus convaincants sont révélés par le tou-
cher et l'auscultation. Jusqu'à ce que les signes pathogno-
moniques de la ^^rosscsse aient pu être reconnus, lu
médecin qui respecte sa profession ne doit jamais rien
affirmer, car le temps a souvent donné des démentis à de
téméraires affirmations.
Dans la dernière observation, on voit une grossesse chez
une fille vierge être la conséquence d'une seule cohabita-
tion. Il est vrai que l'acte sexuel avait dû être entièrement
consommé; car la verge avait évidemment forcé, en le
déchirant « l'anneau vulvaire, à en juger par l'eiFusion du
sang au dehors de la vulve. Ces cas de grossesse, après
une première et unique cohabitation, ne constituent pas
la règle ; ils constituent , chez la femme, l'exception ; tandis
que dans les races bovine , équine , porcine , canine , féline,
la femelle est presque toujours fécondée par le seul fait
d'une seule approche , si le coït a été consommé. Il est vrai
42 JOtmNAl DE MÉOCCINfe.
que, chez la (ille dont il est question , l'utérus était tlisposé
à la conception par ce surcroît de vitiililé- que I'oti a appe^
lée orgasme utérin. Vitalité surexci4ée des organes géni-
taux qui s*était manifestée par des phénomènes hystériques.
Chez la femme , en effet , selon plusieurs auteurs , un cer-
tain orgasme des ovaires lel de Tulérus paraît nécessaire à
la fécondation. Cet orgasme exige même une certaine
durée de temps, et Ton a cru remarquer que, dans ia
majorité des cas, la femme qui ne porte avfec ellfe aticune
cause de slériliré ne devenait guère grosse qu'après la pre-
mière quinzaine du mariage ; mais je crois que , dahs cette
appréciation , Ton a trop perdu de vue les obstacles que
l'intégrité des organes génitaux (je parle de la fetnitie
vierge) oppose à ta perpétration de lacté sexuel. La
nature se montre néanmoins quelquefois très-ponctuellê
dans l'accomplissement de la fonction physiologique qui loi
est dévolue, et, à ce sujet, qu'il më soit permis de citer
le fait curieux dont j'ai été témoin : Deux sœurs , âgées
l'une de 25 ans, l'autre de 20 ans, ayant éCé élevées d'une
manière si religieuse qu'il n'est pas permis de suspecter
leur moralité, se marient le même jour à deux marins
vigoureusement constitués. Le navire qu'ils doivent monter
est retenu par un vent contraire ; mais la première nuit du
mariage s'est à peine écoulée qu'un vent favorable force le
capitaine à lever l'ancre : tios deux marins sont arrachés à
la couche nuptiale. Les deux femmes accoucheht le même
jour et juste à la fin du neuvième mois. Les faits de cette
nature ne sont pas rares.
L*on voit même, assez souvent, déjeunes mariées fort
vertueuses, qui sont vivement contrariées d'accoucher
avant le neuvième mois révolu, à dater du jour do leur
mariage: elles se consoIeraieYlt si elles savaient que la
science n'est pas encore parvenue à dissiper les irfcértitudes
qui enveloppent la fixation par la nature du ierme de la
grossesse, bien que des travaux sét'ieux aient été entre-
pris dans le but d'élucider celte question. Il est au ^oins
positif que les neuf mois qui 'constituant, sclentiriquement
parlant, |je terme naturel de N grossesse, ne sont pas les
JOURNAL DE HÉDECINE. 43
mois Hu Caletîdrier. Toujours est-il que quelques faits
prouvent, d'une manière péremptcîire, que des vierges
sont fécondées par le premier acte sexuel, même en
dehors de tout orgasme utérin , témoins les cas de viol où
la défloration a été le résultatde la force brutale.
Pendant les premiers mois de la gestation et quelquefois
même pendant tout le temps de la gestation, il n'est pas
rare d'observer (tes phénomènes hystériques chez des
femmes qui n'y étaient pas sujettes dans l'étal de vacuité
de l'utérus. C'est à cet état de spasmt^s qu'il faut rapporter
la constructiôïi du*pliarynx et de l'œsophage, qui donne a
la femme la sensation d'un corps *él ranger arrêté daiis le
gosier : d'autres fois , ces spasmes sont suivis de ce que l'on
a appelé (e vertige épUeptïque ^ que l'on ne doit pas con-
fondre avec la syncope , et encore moins avec l'éclampsie,
qiii est' une sorte d'épilepsie aigué, qui tient à des causes
diverses et qui a toujours urt caractère' de gravité.
Nous avons vu, dans la première observîttion, que l'on
redoutait une grossesse commençante chez une jeune per-
sonne hystérique, qui avuit subi ,'»endant V époque mehs-
truelle j une seule approche seamelle j, et dont l'examen du
vagin dénotait l'intégrité de l'anneau vulvaire, d'où l'on
peut induire que l'introdcrtion de la verge a été fort in-
complète.
Il est positif qu'il n'est pas nécessaire que la verge soit
introduite profondément dans le l^agin pour que la fécon-
dation s'accomplisse. L'on comprend que, dans la fonction
du coït, le fluide spermatique est lancé au moment de
l'éjacuiation jusqu'à l'ouverture de l'utérus par l'anneau
vulvaire, bien que celui-ci soit intact, ou par toute ouver-
ture de la cloison que peut former la membrane hymen.
On ne croit plus aujofurdJhu» à la puissance fécondante de
l'aura seminalis , à .son arrivée à la cavité utérii^e par les
pores de la cloisoaque l'hynTen , restée intacte, peut pré-
senter dé manière à opérer l'oCclusiôn complète du vagin.
Il y a assurément du merveilleux dans tout ce que l'on a
dit et écrit à ce sujet. Si Ton avait apporté plus de soin à la
constatation de ces faits de conception où l'on assure avoir
44 JOUBNAL DE MÉDECINB.
trouvé la membrane hymen entièrement intacte et obtu-
rant entièrement le vagin , on eût trouvé sur un point de
cette cloison un pcrtuis par lequel le sperme a pu arriver
à l'utérus. Il liiut que le sperme pénètre dans la cavité
utérine pour que la conception puisse avoir lieu , et la prin-
cipale cause de stérilité chez la femme dépend , selon moi,
des obstacles anatomiques qui s'opposent à la libre entrée
de la liqueur spermatique dans la cavité utérine. Dans un
autre travail , je traiterai cette question, car j'ai par devers
moi des faits de fécondation qui n'ont pu se réaliser chez
des femmes jusque là stériles, que lorsque je suis parvenu à
vaincre et détruire les obstacles qui empêchaient le
sperme d'entrer dans la cavité utérine. On comprend
que je veux surtout parler ici du redressement du col
utérin ; mais je m'aperçois que je donne trop de dévelop-
pement aux simples notes que j'avais recueillies , aha de
servir à l'histoire de l'hystérie dans ses rapports avec le
diagnostic de la arossesse: diagnostic que l'hystérie masque
et rend (|uelquefoi$ très-difficile.
Nantes, !«' février 1856.
N O TE sur une tumeur hydatique abdominale ;
ruptures spontanées et périodiques du kyste^ sui-
vies de l'excrétion de son contenu par la voie
intestinale; persistance de la tumeur et des phi-
nommes énoncés ci-dessus, par M. Lb Houx^ doc-
leur-médecin.
Messieurs, ce fut au mois de mai 1849 que je vis pour
la première fois la personne, sujet de cette observation, qui
JOUBNAL DE MÉDECINE. 45
i*a paru présenter assez d'intérêt pour pouvoir vous être
oommuniquée. Cette malade me fut confiée à cette époque
f>2)r le docteur Bernard , de Frossay, praticien émérite de
In médecine rurale; toutefois, celui-ci voulut bien consentir
à partager avec moi la direction du traitement et me prêter
le concours de ses conseils et de sa longue expérience,
concours d'autant plus précieux que je débutais alors dans
la carrière médicale.
Anne 0... exerce la profession de lingère, à la campa-
gne; elle est célibataire, d'un tempérament nerveux très-
prononcé et a aujourd'hui 37 ans. Depuis sa puberté jus-
qu'à ce jour , sa santé a toujours été fort mauvaise. A
18 ans, elle demeura privée de la vue pendant quelque
It^mps, à la suite d'une affection cérébrale ou typhoïque.
Sans parler de tous les troubles nombreux auxquels sa
santé fut en proie durant le cours de son existence, les
fonctions menstruelles mal établies , déviées ou suspendues
à diverses reprises, ont été pour elle l'occasion fréquente
de mille souffrances et accidents divers. L'hémorrhagie
physiologique était souvent suppléée soh par des hémopty-
sies soit par des hémorrhagies oculaires , nasales , cutanées.
Puis, c'étaient des névralgies atroces se succédant les
unes aux autres, de telle sorte que cette pauvre fille a pré-
senté dans sa vie comme un tableau abrégé des perturba-
tions nerveuses et sanguines devenant tour à tour causes et
effets les unes des autres.
Cinq à six mois avant d'être soumise pour la première
fois à notre examen, elle avait failli mourir au milieu des
symptômes d'une péritonite intense. Au mois de mai 1849 ,
nous pûmes constater chez elle l'existence d'un état chloro-
anémique des plus prononcés, lequel nous parut dominer
tous les autres phénomènes pathologiques. Rien n'y man-
quait : peau de même que les ongles, pâle, exsangue,
offrant la blancheur mate de la cire; veine sous-cutanées
affaissées, presque vides et à peine perceptibles ; oppres-
sion ; palpitations; souffles cardiaque et carotidien, etc.
Pendant longtemps jusqu'au commencement de 1852,
il nous fut impossible de reconnaître chez cette malade
46 JOUUXAL QE MÉDECIHB»
autre chose que des névralgies intenses, se répétant, à
des intervalles irréguliers, névralgies faciale, crânien-
ne , gastralgie , entéralgie déterminant souvent , par
Texcès et la continuité de la douleur , de véritables
convulsions hystériformes suivies de défaillance et de
lipothymies, et durant lesquelles les battements et les bruits
du cœur avaient une énergie telle quon se prenait à ap-
préhender une rupture immédiate de cet organe. Puis, à la
sortie de ces crises effrayantes, sç montraient, comme par
le passé, des hémoptysies, des syncopes suivies d'une £ii-
blesse extrême. Presque toujours l'appétit était nul ou
Teslomac rejetait tout ou partie des aliments. En résumé,
de 1849 à 1 852, Tétat des choses fut celui-ci : Pertes de sang,
pertes nerveuses répétées et presque incessantes; inso.m-
nies; alimentation réparatrice insuffisante, et malgré tout
cela pas d'amaigrissement notable. Joignez à ces conditions
physiques une sensibilité morale exquise , une impression-
nabilité nerveuse poussée à Texcès, mises Tune et Taulre
pendant tout ce laps de temps aux plus rudes épreuves par
des chagrins domestiques et de violentes émotions.
Jusqu'alors M. le docteur Bernard et moi, nous avions
cru devoir nous borner à prescrire en principe _ (car les
difficultés de lapplication étaicntjiombreuses, vu Tintolé-
rance et la susceptibilité excessive des organes) , un régime
substantiel analeptique, et une médication tonique où le
fer entrait avec les amers comme base essentielle. Mais il
fallut trop souvent suspendre ce traitement pour faire ex-
clusivement la médecine des symptômes et administrer soit
le sulfate'de quinine contrç la périodicité des névralgies ,
soit les narcotiques de tous genres contre la douleur , soit
la digitale contre la vivacité des battements cardiaques ,
soit enfin les astringents contre les hémorrhagies , etc.
Malgré un état aussi constitutionnel et aussi invétéré, en
l'absence de toute lésion anatomique des. solides^ du moins
reconnue par nous, nous ne pouvions ni ne voulions sur-
tout désespérer de notre malade ; telle qtait notre situation
d*esprlt, lorsqu'au commencement de 1852, la malade
appela pour la première fois notre attention sjujr la présence
d'une tumeur douloureuse qu'elle avait découverte quelque
JOG^AL 9B Bf^I^Ci^. 47
jours auparavant (li^ns Ija fosse iliii|f|ue gaiuelie, dans cel en-
droit même d'où irradiaient le plus souvent les douleurs
attribuées à une entéralgie.
C^tte tuoneur, peu sensible encore à la vua, était par&î-^
tem^nt appréciable au toucher: d'une dureté pierreu<se,
nou mobile, bosselée, non adbérenle aux os, du n)oif>s
clans la partie accessible à U pniaiti,, mate à l.i percussion ,
excessiven]ieiH douloureuse à la pression, elle s'étendait de
la région pubienne jusque vers 1 hypochtondre gauche d'où
elle se prolongeait eo mourant vers l'ombilic; nous n'y
perçûmes janaais ni fluctuation, ni brnit d'aucune sorte. De
quellje nature était cette tt^meur? A quelle époque remon*
tait son origine? Quels étaient son siège précis et ses rap-.
ports? Etait-ceune tumeur scrofiuleuse, cancéreuse^ tuber->
culçuse, séreuse 1 yolypeuse ou simplement hypertro-
phique? Siégeait-elle dans l'ovaire, dans le rein, dans la
rate , dj)p& Tg^érus, dans les. parois de l'iptestin? Fallait-il
faire rerppiUer son oiiigine à la péritonite donti nous avjons
parlé plu3 t^auli? A^utiant de. questions qu'il nous fallut lais-
ser indécises pour la plppart. Restaient les indications à
reipplir ; nous crûmes y satisfaire par une médecine d'abord
pal^iatjiv.e et nécessitée pj^r la douleur devenant de plus en
plus intolérable au fur et à mesure que la tumeur, prenait
plfis de volume.et qiie le veiitre se ballonnait sous rinflueiice
(le ces deux cause» réunies.
. Nous-euineSi donc recpuriS a.des applications émoUientes
et narcotiques , plu^i spécialement a des bains tièdes qui ,
bien que coptre indiqués con^me débilitants, parvenaient
souvent seuls à SQ^Iag^r la patiente. A ces moyens , nous
joignîmes, successivement ou simultanément, l'emploi des
mer<curif^tti^ , de la cigtië, des vésiq^toires, dit^ iodures. de
pota^ium ^^ de. fer, et, enfin, de purgatifs doux. Mais le
mal augmentait tpujpur^, el la marche et le- mouvement
devinrent bientôt impossibles, grAce à la douleur et aux
tiraiUeipeqt^ ocK^asionnés probablement par les adhérences
de.latmtneur.
Déjà plusif^ur;^ hémorrh^gies intestinales avaient; eu
lieu, Igkvs^uau. ippis i^ déçen^br^ 18£i2, presque un
ap- ap^ci^Sr 1(1 ipanif^staiion. de Texisit^oc^ de la tuûmir
48 JOimilÂL DB HÉDBGHIB.
abdominale, nous vîmes une nouvelle phase de la maladie
se dérouler devant nous.
Les douleurs abdominales étant devenues intolérables, le
ventre énormément ballonné et la tumeur plus développée
et plus sensible que jamais, on avait plongé, selon Thabi
lude contractée lors de ces exaspérations , la malade dans
un bain tiède. A la sortie du bain , à la suite d'efforts très-
douloureux pour aller à la selle, elle avait éprouvé une
syncope, et, en vidant le vase de nuit, on y trouva des
matières sanieuses, liquides et purulentes, lesquelles
avaient été jetées à tort. La malade , après cette crise, était
demeurée dans un état d'anéantissement et de &iblesse
extrêmes, plus grand encore qu'à la suite de ses pertes de
sang; mais le ventre, nous dit-elle, était à peine doulou-
reux , et s*était complètement aplati. Je m*empressai im-
médiatement de vérifier le feit. La tumeur était, en effet,
affaissée et l'abdomen devenu souple. Evidemment, un kyste,
formant en tout ou en partie la tumeur, s'était rompu dans
l'intestin, et une voie inattendue s'ouvrait à la guérison.
Malheureusement, cette dernière prévision ne se réalisa
pas; peu à peu le ventre se bossela de nouveau et la dou-
leur reparut, et, au bout d'environ un mois, les tnèwes
phénomènes se renouvelèrent. Une seconde rupture eut
lieu, et, cette fois, nous pûmes constater dans les matières
excrétées des débris de pellicules rougies par le sang;
l'une de ces pellicules avait môme conservé une forme
globuleuse et contenait des débris sanglants et in-
formes et quelques matières visqueuses analogues au frai
de grenouille, le tout disséminé au milieu d'un liquide
trouble et jaunâtre. L'aspect de ces matières expulsées nous
fit penser à un kyste hydatique, ce dont nous eûmes bien-
tôt la certitude, car à quelque temps de là eurent lieu tantôt
des bémorrhagies et tantôt des évacuations de pus ou de
sanie, et il nous fut facile, à divers reprises, de recueillir
les débris de vésicules que nous faisons passer sous vos
yeux. Plusieurs de ces vésicules sont remarquables par
leurs dimensions et l'épaisseur de leurs parois.
 partir de cette époque , le même fait se montra d'une
manière presque périodique; avec ceci de particulier, que
JOUBRAL DB MÉDÈCIHB. 49
chaque évacuation de sérosité, de mucosité et de pus était
suivie d'une prostration beaucoup pins grande que celle qui
suivait les pertes de sang, comme nous l'avons déjà fait
remarquer. Puis la malade se trouvait soulagée pour une
quinzaine de jours ; après quoi, la douleur augmentait peu à
peu, la tumeur se bosselait encore et se durcissait, et ces phé-
nomènes locaux allaient s'aggravant jusqu'à une nouvelle
évacuation. Nous étions donc désormais suffisamment
éclairés, sinon sur le siège, du moins sur la nature du mal.
1 1 y avait là un kyste hydatifère qui , soit par un excès de
distension , soit par un travail inflammatoire, se brisait
après que des adhérences protectrices avaient rendu la
communication avec une portion de l'intestin exempte de
dangers. Mais si le diagnostic était bien établi , le traite*
ment devait-il en retirer quelque bénéfice? La ponction
nous était interdite par l'ignorance du siège et des rapports
du kyste. Restait une voie indirecte, celle des injections
par l'anus ; nous y eûmes recours tout en tremblant de
produire une péritonite par une déchirure des parois de la
fistule ou en y suscitant un travail inflammatoire. C'était
une dissolution de chlorure de sodium que nous faisions
injecter par cette voie. Ces tentatives réitérées un certain
nouibre de fois, déterminèrent de telles douleurs, que nous
jugeâmes prud.ent de nous arrêter pour le moment, quitte à
y revenir plus tard. Nous nous bornâmes, pendant fort
longtemps , à l'emploi de bains d*eau salée et à des purga-
tifs doux , tels que le calomel ou l'huile de ricin. Les acci-
dents allèrent en s'éloigant insensiblement jusqu'au mois
de juin 1853 , et la malade put marcher, non sans douleur,
avec des béquilles, en se tenant courbée vers la terre et
inclinée du côté gauche.
Je la quiUai à cette époque ; mais sans la perdre de vue«
Pendant l'hiver, son état s'aggrava. Durant Tété de 1854,
M. le docteur Bernard , aux soins exclusifs duquel elle
demeura confiée , la soumit à l'usage de bains frais avec
douches froides sur la région de la tumeur; sous l'in*
fluence de ce nouveau moyen , toujours accompagné de
l'emploi de purgatifs doux et de la médecine nécessitée par
I
90 JQWN^X. 9E Mi^Wf^qi*
l^s syoïplônf^^s, Télal local et Véi^i gér^^rM saîpendèrei^l
notablement , la tumeur s^affaissâ de pU)$ eii plu$ » qevipt
|)resc[i|e indolore, les évacuations périodiques cessèrent
coqïnl^iemenl, et la majade gui maVcner sjins béqjiilles»
avec moins de souffrances et en se tenapt 4p. mcrins en
moins courbée. Celle anpélioration se soqtjnt dlix-huil
mois environ. Pepuis (|uelques fpois, la tuaieur fait saillie
A^ noijveau, reçjevien^ douloureuse, quoiq^iie à uq ri^oindre
degré que par le passé, et des évaçij^atipns an^ogqes à
celles cj'autrefois reparaissent.
^Yl eu occsjsion'de voir i^ernièr^ment Anne Q... J^es pal-
(Hita^lbns etl^ dyspnée, qvjj lônt tq^yiçMçMpHCDaeptéç , sont
i^^aihtenant presque permaaentes et a^gVperitpnt p^f le
réoindre "mouvement çl la marçli<^; î^is^i flie toi^t-ellèfi
craindre un coipmehcement d'î^ffedipip. organique c]|^ cœur,
rèsu|m.* des ipouyements (jesordoncjés ç.t tHR^u|tueusf ^^%-
juéls cet oçgànç esf en pmç clepuis sj iQngtççp, j^ sovîs fip-
^uencé prolongée delà diiuleur'p^sique etmoca(^.
lUFjLJixiofis. — Cette observaiipa, Messiei^ra, nous, ferait
offrir uadottl4e iatécèt: d'abord celui qui naît du ^il M
liH-nA4me, de cette pocbe hydaiiqftie se romf^ânt sfM)ntaoé*
m^M à dWerses ireprises et laissant échapj^r au delw)«s par
0»» voiif pAtureik et par suide iuofeimvè pour lai naabMJk ,
1^ oiati^ras qu'Ole contient , bit cuciei» à ajouter à bsc^ur-
coup d'airtres de ce genre, duresie; nous n'ipsisteroi^ pas
s^ ce, prjemier ppiat aMquel la hécvoscopie^ par la révéla-
tÎQAd^s détails anatooûqàes, donoerait stu^e tout riniéeét
d(f^ il est susceptible.
Le second aspect, qui aibtire plus vcriontierç niHve es|^ri|,
e^t oeliiii qui: a trait aus cieconstaaees au miJiif&u df squelLes
s*est développée cette tumeur, et à la poss^iliié. de U gu^ci-
soi»^ maJ^é ^. gravité dii ptooo^ic, àfiu% objets sur les-
qtteknous vous (kQianderoQjS lapefinission, d'appeler, q/ff^
qUes iiis^oAs votive atteniioo ; la patbogénie et la curabiliVé
de ces productions morbides aeoîdealelles peuveo/l^ eo
effrt, ôt«e encore raagées aa nosibce .d<{s (kMaraliik <j^ la
saieôeemédiifeale.
Seua le rapport. de Tétiologie, aous avoo^ ici soua^ les
yeiix, uye jeune fille en proie toute sa vie à des déviations
OU irré^ulftrilés moisir uell«s, à des névroses opiniâtres, et,
finalement, un étal chloro^anémique des plus prononcés.
Qu#ud nous la vîmes, pour la première fois, ret état était
deyç^DU invétéré et constitutionnel. Maintenant, quelle cor-
réûtipa-yu-t-il à établir entre cette manière d*étre de Té-
COf^on^ie et 1 apparition des liydHtides? Nous ne savons,
imis i| nous semble ri^ncontrer, dans le cas qui nous
pccupe, Iq réunion des conditions les plus fnvorables à la
pcfi^lHHion de cf s parasites : cau$es débilitantes de toutes
sortet», pertes de sang , perles nerveuses presque continues,
cb^grH^ et émotions (iouloureuses incessantes, puis modi-
fication spéciale et profonde de la crase du sang telle
q^*^le. ft^^iste dur» la chlorose. Voilà pour les influences
c€44imA9ç et générales, causes prédisposantes constituant
r^piittide de l'économie a ù(re envahie par ces produc-
tions parasites. Nous premlrons ensuit*^ en considération les
&y<nptôfnes d'infi|«mmaiion abdominale survenue en 1848,
ei qui pourraieot bien être le point de départ initial de la
fbrni^tiQo i^t do développement du kyste. Nous serions , en
^iSéi, Vfilontiers porté à penser que ks états' pathologiques
(W f'écQQomie , résultant d*un déiàut de quantité dans hi
QWissct du sang , ou plutôt d'un défaut de proportion de cer-
tains, de $es élémeuts, accondpagné presque toujours de pro-
fmides perturbatious de l'innervation, sont avec les inflam^
inations locales intercurrentes, et qui jouent ici le rôle de
cap^ occasionneik , les meilleures conditions pathogé-
ni<)U^ de pareilles productions.
U f^'esi pas rare, en oulre, de voir Tanémie, eHe-même,
à U|)stifr des pyrexies, favoriser h dévelopipement d'inflam-
mations locales, inflammations qui ont, il est vrai, un ca-
çb^ sfiépial , noAKS n'en sont que. pins redoutables et plus
re)>€^Ue$; eicette cause prédisposante, des phlegmasies prête-
r^ k (ies considéraiions théoriques et pratiques, que nous
nei oous seiUo^s ni la vof ont^, ni surtout la force d'aborder fci.
Noua nous boroberons à cçnstaler cocnme un fait acquis à
ï^fdmnae journalière la cotncid4»nce fréquente d*url état
dapii^aMvrisseinent du sang et de l'^iptitiude de; ces organis-
ons, appaa^vris à conAracter avec une extrême fecititédes
inflammations. Cela se voit surtout après les perles brusques
52 JOCKSÂL DE HÉDBCINE.
et abondantes de sang , telles gae celles qui, trop souvent,
accompagnent ou suivent la parlarition.
Parlons enfin du traitement : Les pensées que nous ve-
nons d'émettre sur les causes de la production de cette tu-
meur bydatique, résument aussi l'esprit de la thérapeutique
instituée en cette circonstance , et qui a été celui-ci : Tenter
de modifier Tétat anémique général, combattre ou prévenir
un travail inflammatoire exagéré, dans la tumeur ou la
région occupée par elle, pouvant devenir fatal à la malade;
enfin, provoquer directement ou indirectement la destruc-
tion du kyste, considéré comme un résultat des causes énu-
mérées ci-dessus.
La cbloro-anémie a été, il faut Ta vouer, peu modifiée,
mais, on peut croire que l'influence du régime ana-
leptique et de la médication tonique Ta empêché d'attein-
dre ses dernières limites. Quant aux moyens dirigés contre
la tumeur, un seul a eu du succès, l'emploi des douches
froides auxquelles a eu recours le docteur Bernard , emploi
qui fut suivi de dix-huit mois d'engourdissement et de
repos de la tumeur. Aussi , notre confrère se propose4-il
de revenir à ce .moyen c^t été. A défaut de réussite plus
complète et radicale, ne serait-ce pas le cas d'avoir
recours à l'acupuncture d'Aug. Bérard , ou à l'électro-
puncture ? Ne serait-ce pas encore le cas d'appliquer , avec
quelque modification ou substitution dans le choix des*
substances , la méthode employée par Pravçz dans les
tumeurs anévrismales, et cette introduction, au moyen
de l'électro-puncture, ne remplacerait-elle pas ici avanta-
geusement les injections qu'une ponction pr^lable permet-
trait de &ire en d'autres circonstances?
Enfin , ne pourrait-on pas encore recourir à l'application
d'un cautère, seul moyen qui soit parvenu à soulager un
malade, que j'ai eu occasion de voir dans le service hospi-
talier dirigé par notre honorable président, à Saint-Jac-
ques. Ce malade est porteur, depuis sept ans, je crois, d'un
kyste bydatifère dans l'un des reins et l'expulsion des byda-
tides se fait par le canal de l'urèthre; fexcrétion desento-
zoaires est constamment suspendue ou ralentie par l'appli-
cation d'un cautère.
rd
Des ObservationSfS mètres^ à peu prés, au^ttessus des
jiriO
MOIS.
JANVIKK.
FÉVRIER.
MARS.
MAI.
JUIN.
PLUIE TOMBÉS
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Ma
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UR LA PLATR-FORME.
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0 met. 0«3 iniU.
0 met. 046 uiill.
PHASES
DE \.k LUNE
P. L. le 3, À % h. 88'm.
D. il. le 11, h 0 h. 13* *
N. L I«I8, A N h. 47*in
P. O. le 2% à I II. 4b 'm
P. L. le 2, à 3 h. .51*m.
D. Q le 10, à 3 h. Jh*Di.
N. !.. le 16, A 6 h. 57* s.
P. Q. Ir23, ih 3h. 4)' s.
P. L. lu 3. à U h. \V %.
I>. Q. le 11. à 2 h. 9' s.
I\'. L. le 18, i 4 h 35*111
P. O. le 23, h 11 h. 33* lu
P. L. le 2, i 2 h. 38* s.
I). Q. le 9,k 9 II 46* s.
N. L. le 16, à 3 h. J4' ».
P. (I. le 24, A 6 h. 6' m.
P. L. le 2, à 4 h. iV m.
D. Q. le 2, i Sh. Il*iu.
N. L. le 16, k 2 h. 23* m.
P. q. le 24, i Oh. 12* m.
P. L. Ir 31, à 2 h. 53* s.
D. Q. le 7, A 7 h. 57*
IN. L. te 14, à 2 h. 3K*
P. Q. le 8ï, à 5 h. r &
P. L. le 2», A 11 h. 23
s.
au'desstis du sol, et 40 mètres, à peu près, au-dessus des
BTTB AÎNÉ, à Nantes.
) 1855.
ECTIOri
ÉTAT
PLUIE TOMBÉE
PHASES
» VENTS.
DIT CI Kl
SUR LA PLATE-FORME.
DE 1 A LUKE.
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Tonuerro
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JOURNAL
DE LA
SECTION DE MEDECINE
DE LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE.
»^<il»<Bw
sBULLËTm DES SÉAKCES.
Séanee du 14 mars i8£6.
PBÉSIDEKCE DE H. MAHOT, PBÉSIDENT.
ilf. Malherbe présente à .la Section des pièces analo-
miques recueillies par lui le jour même , e]t provenant <jbi
ca<javre d'une femme morte dans son service de rHûtel-
Dieu, quelques jours auparavant.
5
54 JOUBNAL DE MÉDECINE.
Cette femme, malade depuis 18 mois, fîit prise, à
la suite d'une frayeur , de chloro-anémie et de névropa-
thie générale. La peau devint grise ou bistre , et cette
coloration persista jusqu'à la mort , survenue subitement.
Les organes mis par M. Malherbe sous les yeux de la Sec-
tion , sont les reins et les capsules surrénales. Le rein
droit , un peu hypertrophié , était le siège d'une hypé-
rémie simple ; la capsule du même côté est peu dé-
formée , mais remplie de tubercules. Le rein gauche est
atrophié et farci de tubercules caséeux ou ramollis et en-
kystés ; la capsule surrénale gauche arrondie a la forme
d'un cylindre et est pénétrée d'une multitude de petits tu-
bercules. Ces productions ont été également rencontrées
dans les ganglions cervicaux. Tous les autres organes
étaient sains.
H. Malherbe appelle l'attention de l'assemblée sur cette
couleur bistre de la peau signalée par Addison , dans les
affections des capsules surrénales. Toutes les maladies des
capsules , quelles qu'elles soient, inflammation, dégéné-
rescence cancéreuse , tuberculisation , etc. , donnent
presque toujours lieu à cette altération. — Il se propose ,
du reste , de lire ultérieurement l'histoire détaillée de h
maladie qu'il a observée dans son service.
M. Leray a eu l'occasion d'observer un malade dont
la peau prit la teinte brune du créole le plus foncé. Ce
malheureux , dont l'autopsie n'a pas été faite , succomba
au bout de 15 mois de maladie, après avoir vu dispa-
traître graduellement ses forces , et perdu complètement
le sommeil et l'appétit.
M. Aubinais a souvent rencontré chez les femmes
grosses une coloration bistre plus ou moins foncée , par-
tielle ou générale , qu'il croit n'être pas toujours due à
la même cause. Il conclut de la présence des tubercules
existants dans plusieurs des organes de la malade de H.
Malherbe , qu'ici la teinte bistre ne doit pas être attri-
buée à l'affection des capsules , mais bien à une tuber-
culisation générale , dont l'influence aurait retenti dans
JOUBIfAL DE MÉDBCII9S. 55
toute l'économie et déterminé une altération de la sécré-
tion pigmentaire.
M. Malherbe^ tout en reconnaissant que la couleur
bistre est l'effet d'une altération de la sécrétion pigmen-
taire , n'en persiste pas moins à croire à la corrélation qui
existerait entre cette teinte et la maladie des capsules , cor-
rélation bien établie par Addison. Toutefois , on n'a pu
encore déterminer quelles étaient les maladies des cap-
sules qui donnaient lieu à cette coloration. Aussi , dans la
circonstance présente , n'a-t-il pas eu d'autre but que
d'apporter un fait de plus à l'appui des assertions du mé-
decin anglais.
M. Lequerré demande si les urines ont été analysées ,
si elles ont varié en quantité ou en qualité? Il ajoute
que , selon lui , la tuberculisation ayant été générale ,
la coloration bistre ne saurait être attribuée à la maladie
des capsules.
M. Malherbe répond que l'examen des urines a été
omis , mais qu'il ne peut considérer la tuberculisation
comme ayant été générale , celle-ci n'ayant pas envahi les
organes qui , d'habitude , sont pour elle l'objet d'une
triste prédilection.
La discussion étant épuisée sur ce sujet , M. Malherbe
lit une Observation de néphrite albumineuse , avec encé-
phalopathie chronique (1).
M. Petit demande la parole. Il fait observer que les
aliénés stupides ne sont pas toujours atteints d'œdème ;
chez eux, au contraire, Tanasarque est l'exception. En
outre , beaucoup d'aliénés , considérés comme apparte-
nant à cette catégorie , ne sont stupides qu'en appa-
rence ; si ces malheureux ne peuvent exprimer aucune
idée , cela tient aux hallucinations dont ils sont obsédés ,
et ils sont alors susceptibles de guérison. Seuls les alié-
nés stupides , atteints d'œdème , sont complètement dé-
nués d'idées.
^1) Voir plus loin , p. 71.
56 JOtTEN^L DE VÉDECHHE.
Af. Malherbe dit qu'il n'a entendu parler que des
aliénés stupides, dont l'histoire est rapportée par M. Etoc
de Mazie.
Gomme M. Petit, il ne croit pas la stupidité nécessai-
rement mortelle et incurable; Texistence même de l'œdème
n*est pas toujours un signe fâcheux.
M. Aubinais assimile l'état de la malade de M. Malherbe
à celui de certaines femmes grosses atteintes d'albutni-
nutie. Pour lui, les attaques éclamptiques de cette ma-
lade sont l'effet de Talbuminurie et non de ses chutes sur
la fête.
L'ordre du jour appelle M. Trastour à lire une obser-
vaixàn ayant pour titre : Sytnplômes graves produits par
r administration iu èeigle ergoté , à la dose de trois
grammes , dans l^ espace d'une heure, dans un cas dhé-
morrhagie utérme après îa délivrance (1).
Cette lecture est suivie ele diverses réflexions.
M. Leborgne trouve la dose de 3 grammes de seigle
ergoté beaticoup trop forte; il ne dépasse jamais t
granmie à 1 gramme 50. Il félicite M. Trastour de sa
sincérité , le récit d'un mécompte étant souvent jrfos
utile à la science que celui d'un résultat prévu et cou-
ronné de succès.
'M. ittiMnawTi'a jamais vu d'empoisonnement occasionné
par l'ingestion de 3 grammes de seigle ergoté. Les Anglais
(Simpson) l'administrent à la dose de 4 grammes, 5
grammes et mètne 8 grammes , sans provoquer d'acci-
dents toxiques. Lorsqu'ils voient survenir des boûrdonne-
nfients d'oreJFle , de l'hébétude , ils -donnent un vomitif
qui met fin à ces symptômes.
M. Malherbe est porté à rattacher l'effet toxique pro-
duit t^her la malade de M. Trastour à une idiosyncrasie
qui peut ? e rencontrer accidentellement. Quand à la pra-
tique des Anglais, H se l'explHque par la prédoinfinance
du tempérament lymphatique dans cette nation , d'où
(1) Voir plus loin, p. 88.
joubual de NÉD^çnii^. 57
la nécessité de doses exagérées de ce médicament , pour
obtenir de lui une stimulartion saiRsanle.
M. Mauduit fait remarquer que le seigle ergoté a une
action qui se prolonge longjtemps après ao» ingestion.
Dans sa pratique , pour que ce médicament soit mieux
supporté , il a l'habitude de Tadministrer dans de Teau de
menthe. Coo>me M. Aubinais, il n'a jamais vu 3 grammes
de seigle ergoté produire d'accidents sérieux.
M. Leray porte toujours avec lui du seigle çrgoté. Les
résultats fournis par sa pratique lui ont démontré que le
seigle ergoté, même à fortes doses , n'agit pas immédia-
tement. 11 attribue l'intoxication rapportée par H. Trastour
au trop grand rapprochement des doses.
M. Trastour répond que les accoucheurs modernes ont
rhabitude de donner le seigle ergoté de 40 en 10 minutes,
Vaction du médicament se manifestant le plus souvent au
bout de ce temps. Si M. Leray n'a pas observé une action
aussi prompte chez ses malades , cela lui paraît l^enir à
ce que le seigle employé par lui était trop vieui^ , partant
moins actif. Dans le cas dont il s'agit , force lui a été de
rapprocher les doseç, l'hémorrhagie utérine devenant
menaçante pour la vie de la malade.
M. Cormerais soutient en opposition avec les assertions
émises par St. Bouchardat , que le seigle ergoté ne p(}rd
pas de ses propriétés en vieillissant.
M. HÊabU dit , qu'en effet , le seigle ergoté livré par les
pharmaciens est pulvérisé longtemps à l'avance , malgré
les recommandations contraires des médecins , et cepen-
dant son action est tout aussi intense. Il agit au bout de
15 ou 20 minutes , et son action se fait sentir pendant une
demi-heure environ. M. Mabit ne dépasse jamais 2 grammes
à 3 grammes , donnés par doses de 0 gramme 50.
iV. Deluen préfère le seigle pulvérisé à l'avance à la
poudre récemment pulvérisée , celle-ci préparée précipi-
tamment étant généralement en grumeaux.
Il donne également la préférence à la décoction , qui
est plus facilement absorbée par les malades.
58 JOUBNAL DB MÉDECUŒ.
Séance du H acril 1856.
PBÉSIDEIICE DE M. HÂHOT , PRÉSIDENT.
Ouvrages reçus par la Section :
l"" La Fièvre typhoïde à l'hôpital Paurtalès, pendant
l'aunée 1853. Notice statistique, par le docteur Edouard
Cornaz, de Neufchâtel (Suisse).
2° Recherches sur le développement , la propagation
et la transmission du choléra , par le docteur Huette (de
Hontargis) 1855.
L'ordre du jour appelle la lecture, par M. Malherbe,
d'une observation de tibberculisation des capsiUes surrénaleSj
dont il a déjà donné verbalement quelques détails dans
la dernière séance.
M. Aubinais lui succède pour lire un travail intitulé :
Appréciation de la méthode de Deventer, ayant pour
but de faciliter la version (1).
M. ifabit a rencontré quelquefois dans sa pratique de
ces cas difficiles , à obliquité antérieure de Tutérus très-
prononcée. Il se rappelle entre autres faits de ce genre ,
celui d'une femme tellement obèse , que cette obésité ne
permettait pas d'apprécier chez elle Tétat de grossesse ;
déjà lors de deux premiers accouchements , il lui avait
fallu avoir recours au forceps et surmonter bien des diffi-
cultés. Après un second mariage , cette femme devint
enceinte une troisième fois , et la procidence de l'abdomen
sur les cuisses était portée plus loin que jamais. Instruit
par les obstacles rencontrés dans les précédentes couches,
M. Mabit , nonobstant l'état pléthorique de sa cliente , la
lit coucher de manière que le bassin se trouvât plus
élevé que la tête et la poitrine. Grâce à cette position ,
l'abdomen fut refoulé en haut et en arrière , et l'accou-
(1) Voir plus loin, p. 95.
JOUBNÂL DE MÉDECINE. 59
chement singulièrement facilité. Dans d'autres cas ana-
logues , la compression à l'aide de la main ou des ser-
viettes lui ont également été utiles.
Ces faits , dans lesquels la présentation de Tenfant ne
nécessita pas la version , il est vrai , lui paraissent cepen-
dant tendre à démontrer l'utilité dont peut être l'appli-
cation de la méthode de Deventer. Grâce à l'emploi de
cette méthode , il put, dans une autre circonstance , où
existait une rétroversion des plus exagérées, chez une
femme primipare , atteindre le col utérin derrière le
pubis , raccrocher avec le doigt, et terminer enfin l'accou-
chement.
L'ordre du jour appelle M, Hahot à lire une observa-
lion de tumeur squirrheuse développée dans le médiastin
antérieur, avec compression de la veine-cave supérieure
et oRdéme de toutes les parties ' sus-diaphragmatiques (1).
La séance est levée après cette lecture.
Séance du 16 mai 1856.
PRÉSIDENCE DE Bf. MÂHOT , PRÉSIDENT.
L'ordre du jour appelle à la tribune M. Marcé , pour
lire un travail ayant pour titre : Notes sur quelques cas
de fièvres eruptives (2) , recueillis à l'Hôtel-Dieu (service de
M. Marcé), par M. Vallin, élève interne.
Cette lecture donne lieu à diverses observations.
M. Hélie n' adhère pas, sur tous les points, aux opi-
nions qui viennent d'être énoncées.
Il trouve d'abord une différence notable entre le mode
d'administration de la belladone , adopté par M. Marcé ,
qui a eu recours a des doses assez élevées et pendant un
(1) Voir plus loin, p. 105.
(2) Voir plus loin, p. Ui.
M JOUIMAL BB MÉDBC^B.
temps fort courte et celai préconisé par les naédecins allé-
maods « pour lesquels les vertus anti-scaFiatineoses de la
belladone sont incontestables. Ainsi « Habnemann en par-
ticulier, donnait la belladone à doses atomiques durant
plusieurs mois, et ne croyait à son efficacité préservatrice
que lorsqu*au bout de ee temps elle provoquait une érup-
tion spéciale.
Ensuite, on a omis de dire si ces trente eofiiots dont
il est question, avaient ou n'avaient pas eu antéoédemment
la scarlatine ; dans Tignorance de cette circonstance v il
croit les argunoents favorables aux vertus prophylactiques
de la belladone , puisés dans ces faits, frappés de nullité.
Pour ce qui est de l'existence de la scarlatine sanfs érup-
tion , M. Hélie ne diffère pas d'opinion avec M. Marcé. Il
cite à Tappui de cette manière de voir, le fait d'une ieuite
femme, qui fut prise de fièVre, de vomissements^ et pré-
senta une angine scarlatineuse avec enduit pultacé et rou-
geur de la langue. Pendant ce temps, le mari eut une
scarlatine des mieux caractérisées, et, au moment où
l'éruption avait atteint chez celui-ci son plus haut degré
d'intensité, sa femme éprouva une desquamation mani-
feste.
Enfin, il semble à itl. Ilélie qiié l'on a confondu à tort l'an-
gine pultacée et l'angine pseudo-membraneuse, qui sont loin
d'être identiques. Pour lui, sauf deux ou trois cas, il re-
garde le^ angines dont on a parlé comme des angines
pultacées; ces dernières se guérissent en générai assez
vite sous l'influence des émoliients , sans qu'il sort utile
de faire intervenir la cautérisation.
Il faut bien distinguer l'angine simple de l'angine pul-
tacée, et celle-ci de Tangine pseudo*membraneuse , qui
seule réclame un traitement énergique et spécial.
M. Sfariceau croit que M. Marcé n'a pas prétendu affir-
mer, comme une chose absolue, la Vertu prophylactique
de la belladone , mais qu'il a seulement voulu apporter
des &its favorables à cette opinion , faits qui démontre-
raient, en outre, que les doses et le mode d'administra-
tion employés par Habnemann , ne sont pas nécessaires
jouBifAL ms HÉineniB* 6f
pour obtenir le résultat désiré. Dernièrement , il a eu oc-
casion de voir une famille composée de trois enfants : Tainé
fut atteint d'une scarlatine normale, mais intense ; n'ayant
pu décider les parents à séparer le malade des autres en-
fants , il mit cecix-ei à l'usage du sirop de belladone. A
quinze jouts de là, ces deux enfants furent pris de symptô-
mes qui auraient pu lui échapper, s'il n'avait em l'œil au guet ;
ils eurent une angine modérée et présentèrent quelques
plaques scarlatineuses dans la région seule des lombes.
N'est-ce pas, évidemment là, un exemple de scarlatine at-
ténuée par la belladone ?
M. Mareé , répondant aux observations de M. Héiie ,
dit que la salle 18 est consacrée partie aux enfants atteints
d affections chirurgicales, partie aux enfants malades, en-
fants de 6 à 15 ans pour la plupart.
M. Patoureau,chefdu service chirurgical, et lui, en pré-
sence de l'épidémie qui sévissait , convinrent d'avoir re-
cours à ia belladofie, à titre de remède préventif ; et , à
dater de ce moment, tout enfant qui entrait dans la salle
prenait immédiatement de la belladone; il ignore, il est
vrai, si tous ces enfants avaient eu la scarlatine, mais cela ne
lui paraît pas probable. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'avant
remploi de la belladone, quatre ou cinq enfants étaient,
chaque jour V pris de la scarlatine , et que, depuis lors, ce
nombre alla toujours en diminuant. En un mot , il trouve
un contraste frappant entre les deux phases de l'épidémie :
dans la première, la transmission était rapide et incessante;
dans la seconde, elle se montra très-ralentie. Trente en-
fants prennent de la belladone et ne contractent pas la
scarlatine , cinq n'en prennent pas et ils sont frappés de la
maladie.
Quant à la distinction des deux angines pultacée et
pseudo-membraneuse , M. Marcé en reconnaît l'importance,
mais il ne croit pas le diagnostic différentiel toujours très-
facile à établir.
M. Rouœeau rapporte quelques faits qui lui senablent
militer en faveur des vertus anti-scarlatineuses de ta bella-
done. Ainsi, depuis le commencement de l'épidémie, il
62 JOUBIIÀL ]>£ MÉOBCUiE.
a pu voir uue trentaine de cas disséminés dans vingt mai-
sons environ. Sitôt Tapparition de cette maladie au sein
d'une famille , il administrait la teinture de belladone aui
membres non encore frappés. Cette médication préserva-
trice ne manqua jamais son but; partout, elle fut suivie
d'un succès complet, même dans tes familles où le lit des
malades était partagé par des enfants qui n'avaient jamais
eu la scarlatine; une famille seule, au contraire, où l'emploi
de cette médication préventive fut omis, vit tous ses en-
fants frappés de la maladie.
En présence de pareils résultats, on comprend qu'il
incline fortement à croire aux propriétés prophylactiques
de la belladone.
M. Hélie n'a pas encore d'opinion arrêtée à l'égard de
la belladone, si ce n'est que cette substance ne saurait,
en tout cas, produire d'effets fâcheux. Mais, pour appré-
cier avec justesse ses vertus préservatrices, il y a à tenir
compte de bien des circonstances et de bien des faits; par
exemple, il est fort rare de voir tous les enfants d'une
même famille contracter simultanément la scarlatine ; plu-
sieurs ne la contractent que plus tard, dans le courant
d'une nouvelle épidémie.
Il revient ensuite sur la distinction à établir entre la
nature des diverses angines, distinction des plus impor-
tantes, puisque les unes n'exigent aucun traitement actif
et spécial, les autres, au contraire, réclament impérieu-
sement une médication prompte et énergique. Il croit les
angines gangreneuses , dont a également fait mention
M. Marcé, consécutives. le plus souvent à des gengivites
ou à des stomatites.
M. Lequerré n'a pas l'intention de dénier à la belladone
les vertus qu'on lui attribue, mais il croit sage de suspen-
dre son jugement. Celle année, au Petit-Séminaire, un
jeune homme est sérieusement atteint de scarlatine; la
question de l'isolement complet et efficace ayant dû être
écartée, restait celle de savoir s'il serait opportun d'adop-
ter, comme mesure générale et préservatrice, l'emploi de
la belladone chez tous les autres élèves ; ce moyen fut éga-
JOCBNÀL DE MÉDECINE. 63
lement rejeté. Or , il arriva que ce premier cas de scarla-
tine fut suivi d'un second, moins grave, une dizaine de
jours plus tard , puis répidémie s'arrêta court. N'cst-il pas
clair que, si la belladone avait été administrée, on lui
eût fait honneur de cet arrêt brusque de Tépidémie , et
que l'on eût été ainsi induit dans Terreur la plus complète.
11 ajoute, sur la demande précise de M. Kouxeau, que les
deux malades avaient été, durant le cours de la scarlatine,
en contact avec leurs camarades.
I9Î. Marcé dit s'être toujours bien trouvé de Temploi de
Tesprit de nitre dulcifié dans les cas de scarlatine accompa-
gnée de fièvre très-forte, de délire ou d'accidents céré-
braux. Ce moyen, qui lui avait été recommandé comme
des plus efficaces en pareille circonstance , par M. Breton-
neau , de Tours, lui a paru tempérer la chaleur de la peau
et modérer la circulation.
M. Mauduit rappelle un mode d'emploi de la belladone,
préconisé par M. Bretonneau , il y a 20 ans environ ; il
consiste à inoculer sous Tépiderme la teinture de bella-
done , à l'instar du vaccin. Par ce procédé , l'action
du médicament préservateur serait beaucoup plus prompte
et plus certaine que lorsque celui-ci est introduit par
l'estomac.
M. Aubinais trouve la discussion présente des plus op-
portunes, vu le grand nombre de cas graves de scarlatine,
trop souvent suivis de mort , qui ont sévi dans le courant
de l'année sur la population nantaise.
Il y a encore à peine quinze jours qu'il a vu mourir
très- inopinément une jeune femme , dont la fièvre scar-
latine affectait une marche très-régulière. Subitement ,
cette malade , âgée de 30 ans environ , fut prise de
symptômes effrayants et imprévus : selles et vomissements
incessants de matières cholériques ; peau froide , face
grippée ; éruption disparaissant pour faire place à des
taches bleuâtres, sur la figure et les mains. Quatre
heures après le début de ces accidents, la mort survint.
A quoi attribuer cette mort? Fût-elle le résultat d'une
64 IWmÈOi BE MàDfiCCKB.
aspbyiie déterminée par la (briBeiion de caillots sanguins
dans les gros vaisseaux , le cœur ou les poumons ?
M. Makot constate et déplore Timpuissance où les
médecins se trouvent journellement en présence de la
gravité de certaines scarlatines , comme cela s'est vu cette
année dans notre ville. Il Tnit appel aux lumières et à l'ex-
périence de ses confrères , touchant la mise en pratique
de quelques moyens héroïques peu familiers aux médecins
français, tels que les aiFusions et les bains froids , et
devant lesquels nous reculons, tandis que les médecins
anglais et allemands y ont volontiers recours.
/ff. Mauduit se souvient d'avoir vu un médecin anglais
traiter deux jeunes filles atteintes de scarlatine , dans un
pensionnat où cette maladie régnait à l'état épidémique.
Au plus fort de l'éruption , qui était très-intense, ce mé-
decin leur fit promener rapidement sur tout le corps une
éponge trempée dans de l'eau très-froide , et immédiate-
ment après cette opération , il les enveloppa dans une
converture de laine. Au bout de huit jours , la guérîson
était complète , et ses deux malades s'exposaient impu-
nément au grand air , tandis que les autres élèves , at-
teintes de la même maladie , voyaient se dérouler bien
plus lentement les diverses périodes de la scarlatine , et
étaient encore longtemps astreintes à garder la chambre.
Dans les Indes , ce mode de traitement est une chose vul-
gaire.
M, Mabit a entendu notre confrère, M. Guissart, qui
a longtemps pratiqué la médecine à Rio-Janeiro , lui ra-
conter que , dans une épidémie de scarlatine qui
était accompagnée de symptômes graves , d'éruption in-
complète , d'accidents cérébraux , il se décida , après
avoir employé infructueusement bien des moyens, et après
avoir consulté un grand nombre d'anciens auteurs, à plon-
ger, par immersion, ses malades dans um bain d'eau
froide , pendant 2 minutes environ. Tous ceux qui subi-
rent cette immersion , guérirent ; les autres succom-
bèrent.
Af. Aubinais dit que ces iaits sont connus de tous ,
1
JOmWÀL DE KÉBECOfE. 65
mais qu'il n'est permis qu'à un petit nombre de médecins,
suffisamment accrédités dans Tesprit public , de recourir
à ces moyens héroïques , sans inconvénient pour eux-
mÔBn^s ou pour leur art. M. Potonnier , alors médecin à
la Chapelle^Basse-Mer , ayant à lutter contre une épidémie
qui décimait la population , crut devoir, en présence d*ac*
cidents cérébraux des plus intenses, faire mettre deux
jeunes filles atteintes de scarlatine dans un bain froid.
Malheureusement, elles succombèrent presque immédiate-
ment, et peu s'en fallut que le médecin ne fût lapidé. —
M. Aubinais, lui-même, durant une épidémie de scarlatine
qui sévit en 1833 ou 1834, dans farrondisfiiement de
t^aimbœuf , se trouvant aux prises avec des accidents cé-
rébraux mortels , et une éruption qui ne se formulait pas
surtout chez les adultes, eut recours aux aiFvsions froides
chez un enfant de 10 ans , dans une maison où il venait
lie perdre quatre malades. Elles n'eurent aucun résultat,
et cet enfant succomba comme les autres.
Af. P^dioleau a eu à s'applaudir en plusieurs circons-
tances , d'avoir mis ses malades dans un bain tiède , en
même temps que des aiFusions froides étaient faites sur la
tête. Il a vu céder à ce moyen des accidents qui avaient
résisté aux sangsues , aux vésioatoires , etc.
M. Héiie fait observer que le procédé mis en pratique
par M. Padioleau, diffère complètement de celui qui con-
siste dans l'emploi de lotions ou de bains froids.
M. Mûikot vient d*être témoin d'un fait q^ri se rap-
proche beaucoup, sauf l'existence de la scarlatine, de
celui cité par M. Aubinais. Il s'agit d'un véritable cas de
choléra , pour lequel il a été appelé lavant-filernière nuit,
à Chantenay. Après un léger malaise , datant de deux
jours , le malade fut pris subitement, le soir , de coliques
avec selles et vomissements , devenant de plus en plus
répétés, et s'accompagnant de crampes dans les membres
et les mâchoires.
Il le trouva dans l'état suivant , sur les deux ou trois
•lieures du matin : voix éteinte et cassée , peau cyanosée,
seNes incessantes involontaires à odeur spermatique et à
66 JOUBIIAL DE HÉDBCIRE.
aspect d*oau de riz , et tellement abondantes que les
matelas en étaient transpercés ; pouls tendant à s*e£Pacer ,
et refroidissement très-marqué. La prostration était exces-
sive , et le moindre mouvement provoquait des crampes
atroces. Des sinapismes et une potion anti-émétique avec
addition de sirop de morphine et d eau de mélisse spiri-
tueuse , furent prescrits sur le champ, avec de Feau froide
sortant du puits , pour calmer la soif qui était intense ;
les urines étaient supprimées.
Les vomissements et les crampes cédèrent prompte-
mont, et les selles diminuèrent; mais Tangoisse et l'op-
pression persistèrent jusque sur les cinq heures , époque à
laquelle la réaction se manifesta. La chaleur reparut d'abord
H la paume des mains, puis çà et là, par plaques partielles.
Le pouls reprit de la force et de la fréquence, la figure
s injecta. Depuis lors, la réaction a marché franchement,
tout en restant modérée, et tout fait présumer une gué-
rison complète et prochaine.
M* Padioleau a eu occasion de voir , rue Moquechîen ,
un cas analogue à celui-ci , qui s'est terminé par la
guérison.
M. Deluen a traité depuis une quinzaine de jours , un
grand nombre de diarrhées dans deux sections d'ouvriers,
dont il est le médecin. Les purgatife en ont eu facilement
raison. Il se demande si ce ne serait pas là de ces diarrhées
prodroraiques du choléra.
M. Mat^uit a rencontré également des symptômes de
ce genre, en grand nombre , dans une communauté com-
posée de 248 personnes. 11 les a combattus avantageusement
par le calomel et le diagrède.
Séance dw 13 juin 1856.
PBÉSmENCE DE M. MÂHOT , PRÉSIDENT.
L'ordre du jour appelle M. Thibeaud à la tribune,
pour lire un travail intitulé : Etudes cliniques. Des hydro-
— -^
JOUBNAL DE MÉDECINE. 67
pisies , suite de fièvres intermiltentes et de tewr traite-
ment , spécialement de l'acétate de potasse à haute
dose (i).
Cette lecture achevée , M. Malherbe demande la parole :
Après avoir remercié M. Thibeaud de sa communica-
tion , non moins intéressante au point de vue des faits
qu'elle relate , qu'à celui des considérations philosophiques
dont Fauteur les a fait suivre , il demande , toutefois , à
faire quelques réserves touchant ces dernières. M. Thibeaud
lui paraît avoir posé d'une manière trop absolue le prin-
cipe des tendances médicatrices de la nature ; oui , sans
doute , la nature montre souvent de pareilles tendances ,
et nous invite à les seconder ; ainsi agit-elle, par exemple, dans
la cicatrisation des plaies et dans la consolidation des
fractures , comme on a eu raison de le dire tout à l'heure;
mais dans les faits qui font l'objet des réflexions de M.
Thibeaud , est-ce bien la nature , sauf dans le dernier cas,
qui s'est montrée médicatrice ? N'est-ce pas, au contraire,
le médecin qui lui adonné un vigoureux coup de fouet ,
à l'aide d'un médicament fort énergique et qui a réussi à
provoquer des mouvements physiologiques , que l'on
aurait probablement attendus en vain de son initiative, et
auxquels elle ne paraissait guère songer. Suivant lui , on
aurait tort de toujours compter sur la nature dite médica-
trice, laquelle se montre même le plus souvent destructrice.
M. Aubinais donnera, lui aussi , de grandes louanges
au travail qui vient d'être lu ; mais ce qui l'a particuliè-
rement frappé , c'est l'absence de toute préoccupation des
désordres occasionnés par le déplacement du cœur , sous
l'influence de l'augmentation de volume de la rate , dont
on nous a entretenus jadis. Ce silence lui paraît significatif
et est loin d'être l'objet d'un blâme de sa part. Il voit,
au contraire , avec plaisir, mettre enfin de côté toutes ces
prétendues causes mécaniques des hydropisies , et il eût
(1) Voir pins loin, p. 117.
69 WVWÀL DE HÉnSCIIIB.
&U comise M. Thibeaud , s*il eût eu à traiter ces
questions.
C'est encore avec bonheur qu'il voit ce retour vers un
médicament aussi énergique et aussi efficace que l'acélate
de potasse. Il est de fait qu'on abandonne trop &cîiement,
pour expérimenter des médicaments nouveaux et dou-
teux « d'autres médicaments doai l'usage avait été consa-
cré par l'expérience des siècles. S'il interroge sa pratique,
il est d'accord avec M. Thibeaud , pour accorder, parmi
les diurétiques, ses préférences à l'acétate de potasse. Re-
venu de Paris , imbu des doctrines de Broussais , toutes
puissantes à l'époque de ses débuts dans ta carrière mé-
dicale, M fut surpris de voir, dans l'arrondissement de
Paimboeuf, où il exerçait alors la médecine, les prati-
ciens les plus en renom , tels que UM. Bessard et Ber-
nard de Frossay , faire un emploi journalier de ce sel ,
administré à hautes doses. Ce ne fut que contraint , &a
quelque sorte , dans des consultations avec ses confrères ,
qu'il se décida à l'employer aussi hardiment. Hais se»* ré-
pugnances durent promptement tomber devant les heureux
résultats obtenus par cette médication.
M. Malherbe ignore, dit-il, si M. Thibeaud a eu l'in-
tention de présenter un travail en opposition avec celui
de M. Ilifarcé, auquel on vient de faire allusion ; quoi qu'il
en soit , il trouve bien une diiférence entre ces deux
études , mais il ne saurait y voir d'opposition. En effet ,
l'une a pour objet des faits thérapeutiques , l'autre des
faits d^étiologie et d'anatonûe pathologique.
M. iMalherbe persiste à tenir pour constants les faits
avancés par M. Harcé ; il a pu en vérifier plus d'une fois
l'exi^titùde , particulièrement dans la chloro-anémie , où
le cœur et la tunique musculeuse des intestins,^ sont relâ-
chés , tout aussi bien que les muscles de la me de rela-
tion. Pans ce cas de défaut de tonicité des intestins , les
préparations strychnées réussissent parfaitement, de même
que le fer et les amers remédient à la dilatation passagère
du cœur , simple résultat de son atonie. Cet état de mol-
lesse et de flaccidité du cœur , cpïncidant avec le;s ^nor-
JOVBNAL DB HÉBBCHnE. 69
mes hypertrophies de la rate , explique suffisamment les
déplacements du premier organe , et les accidents qui en
sont la conséquence. Il ne croit pas quil soit possible de
nier Tencbaînement de cet ordre de faits , si bien exposés
par H. Marcé.
M. Tbibeaud a bien , il est vrai , dit-il , opposé dans
le temps quelques objections aux idées émises par H.
Marcé , mais il n'a nullement eu Tintention qu'on lui a
supposée gratuitement. Cependant , il doit dire que , dans
les observations dont il est question , il n'a rencontré ai
déplacement du cœur , ni troubles appréciables dans les
fonctions de cet organe. Un grand phénomène physiolo-
gique a surtout fixé son attention , la substitution d'une
diurère considérable aux suffusions et aux épanchements
séreux. Il n'a pas non plus voulu dire que les ten-
dances de la nature fussent médicatrices , partout et tou-
jours. C*est justement à distinguer ces tendances , tantôt
bonnes , tantôt mauvaises , que doit s'appliquer notre art
pour les provoquer , les aider ou les combattre au be-
soin.
Cette discussion terminée, M. Le Houx lit quelques obser-
vations d^empoisonnement, par les tubercules de Vœnanthe
orocata , recueillies et communiquées par M. le docteur
Dusoucbay, médecin à Vertou (1).
M. Auiinais rapproche ces faits de celui qui est consi-
gné dans la Toxicologie d'Orfila et dans le grand Dic-
tionnaire des Sciences médicales, au sujet de 3 soldats
belges ayant succombé au milieu d'accidents analogues à
ceux dont on vient de parler. Il serait volontiers tenté
d'attribuer au jeune âge des malades de M. Dusouchay ,
le rôle prédominant des convulsions dans les symptômes
qu'ils offrirent.
M. Deluen ajoute que, malheureusement, les exemples
d'empoisonnement par Vomanthe crocala ne sont pas très-
(1) Voir le numéro suivant.
70 JOmUJL BB ■ÉBBCOIB.
rares. H y a 2 ob 9 ans i deux enbnts niangèrmit des tu-
beroules de celle pianle vénéneuse , qu'îb prirenl , par
une méprise Irop facile el Irop habilueile dans noire ré-
gion , pour ceux de famanUiê pewêdanifàHa* Lé plus âgé
survécul seul. Entre autres symptômes , ils éprouvèrent
una dysphagie Irès^iQarqnée. Bn vain essaya^^il de les
faire vomir. Le trouble de la vue el la gdne 4e ta gorge
peraistèrent trois ou quatre jours chez reofani qui
survécul.
M. Mokot présente des pièces analottiqnea recimNies
par lui, le matin même , à l'amphilhéftire de rhospiee
Sainl-iaoqoes , sur te cadavre d'un jeime homme atteint
d'une afieoiiott du cœur.
Cal organe offre, sur la paroi tnlerne d» ventrioiile
gauehe, trois orifices doMnanl accès à des cavités creueées
daaa la cloison ventrîcttiaire épaissie et se ter minsmt en
Qutde^sao; ces cavités, placées presque immédialement au-
dessous de Torilke aortique, eonlemienl uûe petite quan-
tîlé de caillots fibrineux , qui étaient toin de les remplir.
Des trois valvules sigmoïdes, deux sont saines, la troî-
sième est à pea près complètement détruite; la valvale
BUimle, saine, présente quelques concrétions adhérentes
à ses lamelleB. Le volume ém eœur est à peu près nernMi.
M. Mahot se propose de rédiger Tobservatioa détaillée
de ce malade el de nous la fMre cofmaftve ainsi d'âne ma-
nière complète.
Nittlle attire eoianMinicalion n^élaal ferle, la séance est
le\ée.
Le Secrétaire,
Le Houx*
1^
jOOtUIAi. DE IlÉttBCnlÈ. 71
OBSERVATIONS CLINIQUES, par
M. Malherbe , D.-M. , médecin de l'Hôtel-Ùieu
de Nantes , secrétaire du Conseil d'hygiène
publique et de salubrité de la même ville.
Néphrite albumineuse , encéphalopalhie chronique , eon-
mlsionê éeldmptiques. Mort
Le nommé Besnard , âgé de 37 ans , jonrnalier, enîte
à l'hôpital le 3 décembre 1855.
Cet homme , élevé à la campagne , où il exerçait lé
niétier de laboureur , a mené une vie régulière et a tou-
jours joui d'une bonne santé , jusque vers Tâge de 24 ou
!25 ans. A partir de cette époque, Fusage immodéré' du
viîi blanc a ptodtiit d'abord de Tihappétence, par foià déâ
indigestions, de là diarrhée, puis bientôt utre diminution
sensible des forces et une grande disposition à l'enroue-
ment. Le sotntneil, devenu agité, faisait souvent défaut ;
le malade éprouvait de la raideur dans les muscles dés
membres , et depuis deux ans des crampes fréquentes
dans les mollets , pendant la nuit. Il était qoelquefoîs
exposé à la pluie , et, à différentes reprises , il est resté
mouillé toute une demi^journée.
11 y a deux ans , il a été atteint d'une fièvre tierce qui
dura deux mois : depuis , une dizaine de récidives ont
eu lieu sous le même type , chacune se composant de
deux ou trois accès seulement ; la dernière a précédé d'un
mois son entrée à rhôpital. Toutes ont eu pour cause
occasionnelle de grandes fatigues ou l'exposition à la
pluie.
72 joubual db sÉoBcmB.
Devenu garçon d'écurie depuis quatre mois , il était
obligé de se lever assez souvent la nuit. Quoique assez bien
nourri (il faisait trois repas de viande par semaine), il
sentait depuis quelque temps ses forces diminuer de plus
en plus , et il avait remarqué qu'il s'enrhumait très-
facilement.
Dans le courant de novembre 1855 , il fut pris de dou-
leur à la région lombaire gauche , avec diminution dans
la quantité des urines ; huit jours après , il se manifesta
aux membres inférieurs un œdème qui envahit bientôt
tout le corps , excepté les membres thoraciques.
Nous voyons le malade, pour la première fois , le 4
décembre , et l'aspect fatigué du visage nous le fait
prendre pour un vieillard , quoiqu'il n'ait que 37 ans.
La face est pâle et légèrement bouffie , Tanasarque n'est
pas considérable ; il n'existe pas dans le péritoine d'épan-
chement appréciable.
Le pouls est lent , modérément résistant , le cœur
présente un dédoublement du second temps , sans aucun
bruit anomal. Il y a peu d appétit , les selles sont na-
turelles.
Les urines peu abondantes se colorent en rose , et
précipitent abondamment par lacide azotique; le précipité
ne se redissout que dans un grand excès du réactif.
Nous diagnostiquons une albuminurie symptomatique
d'une altération des reins, compliquée d'intoxication al-
coolique.
Vers le 10 décembre , l'état du malade paraît s'ag-
graver: il a tout l'aspect d'un homme en démence , il ne
voit presque pas , entend plus haut que de coutume , ne
peut se tenir sur les jambes ni manger seul ; il répond
cependant aux questions qu'on lui adresse, mais avec
difficulté.
12 décembre. Persistance et augmentation des mêmes
symptômes , pouls assez résistant ; on lui fait une saignée
Ae bras de 250 grammes.
ï,y 13, H accuse à la région du rein gauche une
'-1
JOUBIfÀt BB MÉBEGIMB. 73
douleur que la pression exaspère. On lui applique cinq
sangsues.
Le 1 5 décembre , raideur et douleur dans les
muscles du cou; ce symptôme dure pendant trois jours,
et cède à des frictions de pommade de belladone.
Le 1 7 décembre , nouvelle saignée de 200 grammes ,
à cause de la persistance des symptômes cérébraux.
Les jours suivants Je malade semble aller mieux, mais
il reste plus faible que précédemment.
A partir du 8 janvier, douleur à l'oreille gauche, pen-
dant 2 ou 3 jours.
Le 1 5 janvier , les accidents cérébraux reparaissent sous
la même forme , mais avec plus d'intensité que la première
fois ; c'est toujours de l'hébétude, un délire fugace , une
amaurose presque complète, de la dureté de Touïe, de la
faiblesse musculaire. L'état de débilité générale ne permet
pas de recourir à aucun traitement actif ; cependant, vers
\a fin du mois , il survient un peu d'amélioration , le ma-
lade peut se lever et même descendre dans la cour.
Le 9 février, il sort de l'hôpital où il s'ennuie.
Pendant toute la durée de son séjour, il a eu peu d'ap-
pétit ; pendant les derniers temps, il ne mange presque
rien. Les nuits ont été à peu près constamment sans som-
meil. L'anasarque n'a pas cessé d'exister, sans jamais ac-
quérir un grand développement ni présenter d'oscillations.
Les urines insensibles aux réactifs colorés ont toujours
été pâles, et la plupart du temps troubles ou louches.
L'acide azotique y produisait un précipité abondant,
qui a cependant diminué d'une manière progressive ; la
coloration rose déterminée par le même réactif a aussi
diminué, et au moment de la sortie du malade, elle est
presque nulle.
Outre les moyens ci -dessus mentionnés, il a été pres-
crit, le 13 décembre, 15 grammes d'huile de foie de
morue ; au bout de 4 jours, la diarrhée en a fait suspendre
l'usage.
Du 24 décembre au 18 janvier, il a été pris chaque
jour 20 centigrammes de fer réduit par l'hydrogène; les
74 JOVlMAt PB HÉpBCPffL*
dev{x ou trois derniers jours le médicaoïeat a été vomi.
Du 6 au 17 décembre, chaque soir 50 centigrammes
de thériaque.
Du 14 janvier au 9 février, 5 centigrammes d'extrait
thébaïque.
Quelqifes verres d*eau de Sediitz ont été administrés à
diverses reprises quand les selles faisaient défaut.
Le 26 févi^ier, le malade rentre à l'tiôpital, porté par
deux hommes ; la faiblesse musculaire e( 1^ trouble de
la vue lui rendent. Ifi n^arche impossible. \l est dans le
même état que lors de sa sortie , seulen^eut il est plus
faible, et les troubles de la sensibilité et de Vintelligence
sont plu^ marqués ; il nous apprend que, chez lui, il a peu
mangé, et qu'il a bu quelques verres de vin rouge.
Les urines donnent, par l'acide azotique, un dépôt considé-
rable d'albumine sans coloration rose.
Le 27 et le 28 , il fait deux cbutes sur la tète en vou-
lant se lever de son lit«
Le 28 ^^ soir , convulsions éclamptiques qui se renou-
vellent plusieurs fois dans la nuit- Le ^9 au matin, nous
topâmes témoin d'un accès convulsif d'vine grande inten-
sité ; dans l'intervalle des attaques, 1^ malade reste plongé
dans un coma profond avec respii^ation légèrement ster-
tojfeuse; il meurt dans la nuit du 29 février au 1'^ mars.
Autopsie faik le 2 mars à 9 heures du matin.
Crâne. — Dure-mère t^due, sans injection. Les tissus
contiennent quelques gouttes, de saq^ liquide, noirâtre,
^ai^ fo\n\ de caillots. Quand on incise la dnre-mère, |es
çircQnvolutions cérébrales tendent à faire h^miç. Peu de
sérosité dans la pie-mère qui n'est pas épaissi^,, les mem-
branes se détachent avec facilité ; raicacbnoïde. pjj^éseiUe
des traces blanches linéaires le long 4n iK^^i des^ vais-
seanx,; ceux-ci sont presque vi^es. La surface des cir-
convolutions est humide, pâle, sans adhérence aux ment-
btiçanes. Dans, tout l'encéphale, la sub^^Mice g?ise a '^
mjème conlenr feujUil^ ijaortç pâle. Les dem, sul;>s|Uinçes
JWBEUL DB BitiDBCaM» 75
sont anémiquaSf de eoBusUnce normale, très^huinidés ,
œdématiées. Les ventricules ne contiennent que peu de
séroftité ; il ne s'en écoule pas non plus du eanai vf rtébral.
Les artères carotides internes, vertébrales et basilaire sont
cartîlagtiiîfiées.
Thorax. Poumons adiiérents par toute leur surface,
eogoués daits toute leur étendue , mais surtout dans leur
moitié postérieure.
CcBor volumineux » ventricule gauche hypertrophié ; tes
trois autres cavités dilatées. Tissu musculaire déeoforé
mou et friable se déchirant sous la pression du doigt;
èpaicaîasiement du bord des valves dé la valvule mitrale ;
aucun des orifices n'offre de rétrécissement ni d'insuffisance
appréciable.
Abdomen. Reins atrophiés à surface bosselée; le droit
en partie décoloré extérieurement présente à un haut àe*
gré la transformation granuleuse : le gauche présente les
inèmes altérations, mais à un degré moindre, il est nfioins
atrophié que le droit. Rate peu vohiminease ttèa-^ferme,
foie de volume normal , sans aucune altération. Le tube
digestif n'a pas été examiné. Nulle part on ne trouve de
caiUota fibt ineux , mais du sang liquida et des caillots
cruoriques diffluents.
Le sang des deux saignées a été analysé par M. BaUevre.
Le sérum de ta première saignée faite le i2 décembre,
ne cooti^it que 7 % de matières fixes, tandis que la
moyenne de l'état normat tombe entre 9 et 10 , ainsi qtfii
résulte des ebiffres obtenus par MM. Prévost et Duma»,
Laasaigne , Becquerel et Rodier. Le chiffre de Palbumine
est de 5,50 7o, au tieu de 8,&8 selon Hareet, 8,f2 ,
(Leeanu), 8 (Berselios, Becquerel et Rodier).
La présence de l'urée dans le sang a été constatée.
La seconde saignée a été pratiquée le t7 décembre. Le
sérum contenait 7 ""/o d'albumine.. Le sang, renfermait de
l'urée comme la première fois.
L'urine examinée à l'époque de la seconde saignée a été
lyouvée claire, inodore, mousseuse. Sa densité est iic
L
76 JOUBRÀL DE MÉDBGDIE.
1013, chiffre inférieure la moyenne normale qui est de
1017 , selon MM. Becquerel et Rodier.
Elle précipite par le bichlorure de mercure et l'acide
azotique. Sa réaction est franchement acide. La chaleur
suffit pour la coaguler ; un accident arrivé au liquide en
expérience a empêché de doser l'albumine.
Ces résultats analytiques s'accordent parfaitement avec
ceux obtenus par les auteurs qui se sont occupés de la
maladie de Bright ; nous n'avons pas à nous y arrêter.
Notre observation présente aussi une grande concor-
dance avec les faits déjà connus, sous les divers points
de vue des causes, des symptômes et des altérations ca-
davériques ; mais elle offre d'ailleurs quelques traits spé-
ciaux qui nous semblent mériter de fixer l'attention.
Tous les auteurs s'accordent, pour attribuer à l'action
prolongée du froid, la première et la plus grande part
dans le développement de la néphrite granuleuse. Cette
circonstance a été constatée chez notre malade. On se rap-
pelle aussi , qu'il avait usé immodérément des liqueurs
alcooliques ; or , voici ce que nous lisons à ce sujet dans le
Compmdium de médecine pratique :
L'abus des liqueurs spiritueuses est , suivant la plupart
des médecins de la Grande-Bretagne, la cause la plus fré-
quente de dégénérescence rénale. M. Christison dit que
cette influence s'est montrée à lui, dans les trois quarts ou
les quatre cinquièmes des cas; sur 69 malades, M. Becque-
rel a trouvé que 9 seulement étaient adonnés aux boissons
alcooliques. Ce relevé tendrait à faire croire que l'influence
nuisible signalée par les médecins anglais, est loin d'être
bien établie. (Comp., t. VII , p. 358.)
Cette influence est assurément bien moins contestable
lorsqu'il s*agit de rechercher la cause des complications
cérébrales, beaucoup moins fréquentes en France qu'en
Angleterre et dans le Nord de l'Europe , où l'abus des
liqueurs spiritueuses est porté bien plus loin que dans
notre pays (1).
(1)
rïous remarquerons en passant que l'action pernicieuse du
izzd
JOURNAL BE MÉDECINE. Tf
Les maladies du cœur sont regardées comme une cause
très-efficace de la dégénérescence granuleuse des reins ,
en raison de i'bypérémie habituelle qu'elles entretiennent
dans ces organes; on se souvient que notre malade avait
une énorme dilatation du cœur, avec ramollissement et
décoloration de son tissu.
Parmi les symptômes observés chez Besnard, ceux qui
se rapportent à la complication cérébrale, sont sans con-
tredit les plus dignes d'intérêt. Au premier abord, nous
nous sommes demandé s'il fallait les attribuer à la dia-
thèse albuminurique , ou bien à Tintoxication par Talcool.
Nous pensons que ces deux influences ont dû agir con-
curremment. La marche des phénomènes cérébraux a été
telle que nous pourrions la comparer à une démence pro-
gressive, ou bien encore à cette forme spéciale de Talié-
nation décrite par M. Etoc, sous le nom de stupidité;
nous expliquerons plus loin pour quel motif nous faisons
ce rapprochement.
Dans un excellent mémoire publié en 1852, dans les
Archives générales de médecine , par M. Lasègne, nous
trouvons à propos de la forme chronique des complica-
tions cérébrales de la maladie de Bright , un tableau tracé
d'après Addison , pour lequel notre malade aurait pu servir
de modèle. C'est bien le même affaissement progressif de
^intelligence , des fonctions des organes des sens et de
l'appareil locomoteur. Nous ne reproduirons pas cette
description , qui a été citée sans indication de
sa véritable source , dans le Moniteur des Hôpitaux ,
par M. Vidal.
L'araaurose qui a été si prononcée chez notre malade, ne
peut cependant être rapprochée de celle observée par
M. Landouzy ; elle n'a été qu'un trait dans l'ensemble des
symptômes fournis par le système nerveux.
froid doit bien souvent s'exercer, sur les sujets qui abusent de
Palcool , que l'on voit dans l'état d'ivresse profonde rester exposés
sans mouvement, à l'air libre, pendant un temps souvent fort
long.
78 jommài. 9b v^nBonoi.
Nous avons également eonsUié la dureté mcraientanée
de Touîe ; nous n*avoDs pas cherché à apprécier l'état des
$enB de Todorat et du goût* mais nous serions porté à
croire que ce dernier était afiEaibii et qu'il suivait les
phases de Tinappétenoe.
Quelle est la cause matérielle de rencéphalopalhie aibu-
minurique? C'est une question controversée et sur bquelle
le^ auteurs sont divisés en deux camps. Bright« Christtson,
Addison , etc. , re^gardent la présence de l'urée daos le
sang I comme la cause des désordres oérébraui ; Freriohs
attribue ce qu'il appelle Tintoxication urémique à la présence,
dans le liquide nourricier, du carbonate d'ammoniaciue. On
ne saurait nier sai\s doute que de semblables altérationa du
sang ne puissent apporter un trouble profond dans la
nutrition et dans les fooctions des organes; mais pour
avoir le droit de leur attribuer la production de l'encépha-
lopatbie albuminurique, il faudrait déntontrer It présence
de l'urée dans le sang, dans toutes les ciroonstaiioes où ces
désordres cérébraux sont susceptibles de se manifester,
c'est-à-dire dans tous les cas d'albunÙDurie. Or ^ comme le
disent avec raison MM. Becquerel et Rodier, si le iaitest
constant pour la plupart des cas de maladie de Brtght, il a
manqué dans un certain nombre,, et il est encore à démon-
trer pour toutes les autres espèces d'albuminurie, ainsi
que dans les circonstances où , sous l'influence d'autres
causes pathologiques, la sécrétion urinaÂre est notable-
ment diminuée, comme dans la rétention d'urine, les
maladies des reins, etcu
D'après ces considérations, nous sommes très-peu porté
à admettre Tinfluenee attribuée ici à L'urée, et iMius con-
clurions plutôt avec M. RiUiet, que les accidents cérébraux
sont la conséquence de l'hydfooéphalio , en prenant ce
mot dans sa plus large acception , e'est-àrdire em y fri-
sant rentrer , non-seulement les épanchements intra ou
sous-arachnoïdrens et ventrieulaires, mais aussi l'infiltra-
tion séreuse de la substance cérébrale elle-même.
Nous ajouterons que , suivant la forme et le volume va-
riables (jle Téps^PQbement de sérosité, la lenteur ou la
rapidité de son développement, l'existence ou l'absence
JOUIRAI. DB «ÉORCIiqi* 79
d'une hypérémie simultanée, on voit varier l'expression
symptomatique et on observe les formes aiguës ou chro-
niques , les convulsions , le coma , le délire ou Tabolition
lente et progressive des fonctions du système nerveux.
Notre malade a présenté à Tautopsie une turgescence
très-notable du cerveau, avec infiltration séreuse géné-
rale ; c'était un véritable œdème comme chez les aliénés
atteints de stupidité , rapport qui , selon nous, parle hs^u-
tement en faveur de l'opinion que nous défendons; car
Tétat de Besnard nous rappelait parfaitement celui des
aliénés stupides que nous avons eu occasion d'observer.
L'absepce complète d'hypérémie nous rend compte du
défaut d^ réaction, et on pourrait peut-être attribuer (es
attaques d'éclarnpsie qui ont précédé la mort aux chutes
sur la tête qu'il avait faites deux jours de suite, quoiqu'elles
n'eussent pas laissé de traces aux téguments ni aux parois
du crâne.
Un des arguments les plus concluants en faveur de
l'opinion de M. Rilliet, opinion que nous adoptons sans
réserve, c'est le développement de symptômes cérébraux
semblables, non-seulement dans les cas d'albuminurie sans
maladie de Bright, noais encore dans des états morbides
où les urines ne contiennent pas la plus faible tr^ce d'al-
bumine.
Enfin , pour les cas aigus , l'efficacité du traiten^ent
anti-phlogistique et révulsif, et surtout les résultats rapides
qui suivent son application , résultats définitifs chez (es
malades qui n'ont pas d'altération des reins, démontrent
suffî^mment que la cause des accidents cérébraux est ail-
leurs que dans l'intoxication urémique, et qu'on ne doit
la chercher que dans l'accumulation de la sérosité.
En résumé , notre observation peut servir à établir, pour
les formes chroniques de i'encéphalopathie albuminurique^
ce qu^ M. Rilliet a prouvé pour les formes aiguës, l'intluence
de l'hydrocéphalie sur le^ur développenient.
80 lOVftlIÀL DE MÉDECHŒ.
Tuberculisation des capsules surrénales.
La femme Ouvrard, âgée de 48 ans, journalière, entre
àThôpital le 23 février 1856.
Elle est malade depuis plus d'un an : elle se sent faible,
mais ne présente aucun symptôme d'affection organique
viscérale. Seulement, les ganglions cervicaux et sous-maxil-
laires du côté droit sont engorgés et forment une tumeur
dure, bosselée, que nous considérons comme de nature
strumeuse. Des douleurs vagues existent dansTabdomen et
dans les membres. Les carotides sont le siège d'un léger
souffle. La peau est d'une couleur terreuse remarquable,
à travers laquelle on saisit cependant la pâleur jaunâtre de
la chlorose ou des affections organiques à leur dernière pé-
riode : l'amaigrissement n'est pas très-prononcé. Nous con-
cluons à l'existence d'une chloro-anémie avec névropathic
générale, et nous prescrivons, en conséquence, un traitement
ferrugineux et des aliments réparateurs.
Au bout de quelques jours, nous sommes forcé de sus-
pendre traitement et régime , à cause d'une diarrhée abon-
dante et de vomissements répétés.
En même temps, Tétat de débilité, déjà très-marqué,
augmente progressivement ; le pouls, assez lent, devient
d'une faiblesse extrême; tous les aliments répugnent, et le
peu de substances liquides que la malade ingère est rejeté
presque immédiatement ; enfin, tout fait présager une fin
prochaine.
A ce moment , le hasard nous fit tomber sous les yeux
l'analyse d'un mémoire de M. Addison , publiée par M.
Lasègue, dans le numéro de mars des Archives générales de
médecine.
Le médecin anglais rapporte, dans son travail, un cer-
tain nombre de cas d'affections diverses des capsules surré-
nales, dans lesquels les malades présentaient une forme
particulière de chloro-anémie, qu'il ne savait à quelle cause
attribuer, ne rencontrant dans l'économie aucune des cir-
constances habituelles qui donnent lieu à cette maladie. Le
hasard seul vint le mettre sur la voie du rapport qui exis-
H
JOUJUIÀL D£ MÉDECINS. 81
tait entre l'état cbloro-anémique et les altérations des
capsules surrénales ; mais le fait le plus curieux, c'est un
changement particulier de la couleur de la peau, symp-
tôme sans lequel la chloro-anémie spéciale qui nous occupe
ne se distinguerait pas, pendant la vie , de celles qui dépen-
dent d'influences morbides d'une autre nature.
Cette description nous rappela , à mesure que nous la
lisions, l'impression que nous avait faite l'aspect de la femme
Ouvrard , et nous comptions l'observer à ce point de vue ,
quand nous apprîmes , le lendemain à la visite , qu'elle
avait succombé la veille, 12 mars , à 6 heures du
soir.
Nous primes alors des renseignements et nous sûmes
que la maladie avait débuté dix-huit mois auparavant , à
la suite d'une vive émotion morale; que, depuis lors,
elle avait toujours langui , et qu'on avait remarqué que sa
penu , très-blanche auparavant, avait pris une teinte de
plus en plus foncée.
Autopsie faite le 14 mars au matin.
1-,'amaigrissement n'est pas très- prononcé.
La couleur enfumée est un peu moins foncée que pen-
dant la vie. Elle est plus intense à la face , aux aisselles et
aux aines , que partout ailleurs. Elle est sensible par tout
le corps.
Tous les ganglions lymphatiques sont à très-peu près
transformés en tubercules ; ils ne forment de tumeur un
peu considérable qua la région cervicale et sous* maxil-
laire du côté droit.
Les uns sont ramollis, les autres indurés ; ces deux de-
grés se rencontrent à peu près en proportion égale.
Pas un tubercule dans les poumons ni dans aucun
autre organe parenchymateux ou membraneux. — Le rein
droit , augmenté de volume , est légèrement hypé-
rémié.
La capsule surrénale du même côté conserve sa fprme
triangulaire, mais elle est beaucoup plus épaisse qu'à l'état
êi JOtJEIfAL DE IlÉIIEClIlfi.
normal et contient deut gros tubercules enkystés , ne
commençant pas encore à se ramollir.
Le rein gauche , bosselé , présente à peine la moitié
de son volume normal ; il est plus pâle que le droit et
d'utle couleur grisâtre ; il est farci de tubercules enkystés
de volume variable , les uns durs , d'autres à l'état ca-
séeux , d'autres enfin contenant du pus liquide , qui s'é-
coole à riocision.
La capsule surrénale correspondante a complètement
changé de forme ; c'est Un cylindre légèrement atténué à
ses extrémités, placé transversalement sut- l'extrémité su-
périeure du rein. Elle est de consistance lardacée, comme
du tubercule cru, et présente un grand nombre de tuber-
cules enkystés à l'état caséeux , variant pour le volume
depuis celui d'un grain de millet jusqu'à celui d'un poîs
tert.
Nous n'avons d'autre prétention , en publiant cette ob-
servation , que de joindre un fait à ceux publiés par H.
Addison , auxquels le Médical Times en a déjà ajouté
quatre.
Dans tous ces cas, excepté un seul, le changement de cou-
leur de la peau a été noté , et c'est aussi la teinte de la
peau qui nous a frappé chez la femme Ouvrard. Ce phé-
nomène emprunte , à notre avis , une gtande valeur à
une circonstance physiologique remarquée par Cassan ,
nous voulons parler du grand volume des capsules surré-
nales chez les nègres. Ce dételoppement , rapproché de
celui des organes génitaux , qiii caraetérise cette race ,
est-il plutôt corrélatif à celui de l'appareil pigmentaire? Le
docteur Addison a posé la question sans oser la ré-
soudre.
La coloration bistre ou enfumée de la peau ne saurait
dtl reste se rapporter à telle lésion spéciale des capsules
surrénales , puisque , dans les cas où elle a été observée ,
on a rencontré les affections les plus diverses , telles que
hypertrophie , atrophie , apoplexie , inflammation, frans-
foi'maitionâ fibreuses , athéromateusé , tubercijflense , can-
eél*eQ9e ; oin pourrait supposer tout au plus que l'altéra-
jOtlltlAL bB UtilïfiGtltB. 83
tion pigmentaire est causée par toute lésion Capable d'an-
nihiler les fonctions inconnues de ces organes.
En dehors de l'altération des capsules surrénales , Tob-
servttiion de la femme Ouvrard présente, ce nous semble,
un assez grand intérêt , comme exemple de tuberculisa-
tion bornée presque exclusivement aux ganglions lymfiha-
tiques. Il n'est pas ordinaire , en efFet , chez l'adulte ,
quand il existe des tobercules dans l'économie , de ren*-
contrer tine pareille intégrité des organes parencby-
nntteux*
Nous ignorons si les «rines présentaient , dails ce cas ,
quelque chose d'anormal , notre attention n'ayant pas été
éveillée asses tdtt pour que nous eussions la pensée de di-
riger nos investigations de ce côté.
Pse^lis terminé par la mm.
Briand , Augusiine , âgée de 22 ans , domestique ,
entre à l'Hôtel- Dien le 28 mai t8S6. Elle accuse 8 à f a
jours do maladie ; mais nous avons appris plus tard ,
qu'avant ces 8 ou 10 jours, et depuis plus d'un mois,
elle marchait avec difficulté , se plaignant d'une douleur
constante dans le membre pelvien droit et dans le cèté
correspondant du ventre.
Voi-ei te résultat de notre premier examen. Mouvement
fébrile iM^ononcé « abattement , diarrhée , gargouillement
cœcal, inappétence , douiesr dans les reins et particulière-
ment dans la cuisse droite , se prolongeant dans le Jambe.
Les mouvements du membre sont libres , l'extension se
bit compiétementé Nous diagnostiquons une fièvre
typhoïde , tout en conservant quelques doutes à ce sajet ,
parce qail ne nous semble pus exister une stupeur pro-
partionnelle à l'ensemble des autres symptômes ; et nous
demandant si nous n'avions pas sous les yeux une de ces
fièvres rémittentes , dont la véritable nature masquée au
début, se dévoile sous l'influence de ta médicarfioll.
84 JOCBNAL DE KÉlffiGKNB.
Nous prescrivons une potion fébrifuge.
Les jours suivants, Tétat de la malade ne varie pas sen-
siblement. Le gargouillement cœcal est toujours très-
marqué. Les 1'' et 3 juin , nous administrons de l'eau de
Sediitz , et nous faisons frictionner la cuisse droite avec de
la pammade de belladone.
Le 8 juin , la malade est prise d*une scarlatine ano-
male (il existait alors plusieurs cas de scarlatine dans la
salle), La maladie d'intensité moyenne ne s'accompagna
d'aucun accident spécial : mais les douleurs du membre
abdominal droit allèrent en augmentant, la cuisse se
plaça en demi-flexion sur le bassin , et la jambe se fléchit
de même sur la cuisse , en môme temps que le genou et
le pied étaient portés dans une demi-abduction.
Les tentatives faites pour imprimer des mouvements au
membre , excitaient de vives douleurs.
La percussion sur la rotule, dans la direction du fémur,
occasionnait de même une sensation douloureuse , que la
malade rapportait à l'aine.
Nous crûmes voir dans ces symptômes ceux d'une
coxalgie. Cependant la fièvre continuait toujours ainsi que la
diarrhée ; l'appétit était nul , la faiblesse et l'amaigrisse-
ment faisaient des progrès.
Tout le mois de juin se passa ainsi, sans modification
dans l'état général : le traitement cousista dans l'emploi
des calmants à l'intérieur et à l'extérieur.
Le 4 juillet au matin , nous voyons la malade dont
l'état nous semble toujours très*grave ; mais sans que rien
nous fasse présager une fin imminente : dans la soirée,
elle rend tout-à-coup par lanus une grande quantité de
matière sanieuse ; elle s'afiaiblit de plus en plus , et expire
le 5 juillet , à 4 heures du matin. Ce mode de terminaison
rapproché des symptômes observés pendant la vie , nous
fit penser à l'existence probable d'un psoïtis , maladie que
nous n'avions jamais eu occasion d'observer. Cette tardive
réflexion fut vérifiée par l'autopsie faite le 6 juillet, à 9
heures du matin.
L'attitude du cadavre était celle que nous avions ob-
joubnâl db hédeghcb. 85
servée pendant la vie , l'amaigrissement était très-pro*
nonce , le ventre un peu météorisé , des sudamina exis-
taient dans les régions inguinales. L'anus était teint par
la sanie qui l'avait traversé ; les poils des parties génitales
étaient agglutinés par ce même liquide desséché. Toutes
les parties du corps étaient remarquablement exsangues.
Le grand épiploon était aminci et détruit par places ; tout
le péritoine présentait des traces légères d'une péritonite
subaiguê ; ces traces étaient plus évidentes dans le petit
bassin que partout ailleurs.
En enlevant la masse intestinale, on trouvé sous le fascia
iliaca , du côté droit , une tumeur flasque , volumineuse «
s*étendant depuis les piliers du diaphragme jusqu'à l'arcade
crurale, refoulant vers la ligne médiane , l'utérus , l'ovaire
droit et la trompe du même côté , organes avec lesquels
elle a contracté des adhérences. Elle adhère aussi dans
cette région ai^ rectum ; aux points d'adhérence les parois
de cet intestin sont amincies , mais non perforées.
Il n'en est pas de même de deux anses de l'intestin
grèle V appartenant l'une au jéjunum, l'autre à Tiléum, qui
adhèrent à une partie plus élevée de la tumeur, et qui pré-
sentent toutes deux une communication étroite avec sa
cavité : toutes les parties de l'intestin situées au-des-
sous des perforations , présentent des traces du li-
quide sanieux qui s'est écoulé par le rectum. Le cœcum
et le colon ascendant en sont complètement tapissés. Il
en est de même du rectum , qui, même après le lavage,
se montre teint en rouge sale, dans presque toute son
étendue. L'appareil génital ne présente aucune trace de
grossesse antérieure ; il est sain; l'ovaire droit est augmenté
de volume et rempli par un caillot fibrineux rouge-noir
à sa sur&ce , et dont le centre commence à se décolorer.
La présence de ce caillot se rattache sans doute à une
époque menstruelle qui a eu lieu peu de jours avant la
mort. Point de communication entre les voies génitales
et la tumeur.
La vessie contient une urine trouble et qui semble
7
nMée 4e p«ui ; V^im eumnée à Fépoque da U «carlatine,
ne nous levait donoé aucun rénalM*
Le tMnmir elle-même oovis présente iine coUection de
bouillie stni^us^ , noirftire , roèlée de sMig OQir coagidé ,
et danfi laqiieUe flottent des filaments fibreux. Les téguments
de ia région Vmbaire oorrespoudanie ont une teinte
viojacée due A ^ne ecchymose qui oeciApe TéiMisseur du
derme et la couche sous*cutanée. Les oiuscles (psoas^ i^que
fi carné dea lombes» sont con^pi^temeot détruits.
En arrière , l'inflammation a atteint et détruit les li^-
ments de la symphyse sacro-iliaque , et Ion pénètre dans
cette articulation. L'artère fémorale rejetée en dedans de
la tumeur, est danç un état de par&ite intégrité. La veine
fémorale au contraire « depuis le creux poplité jusqu'à
l'arcade crurale, est remplie par un caillot adhérent rou^e,-
noirfttre. Nulle part il n'existe de pus phlegmoneux. La veine
iliaque et la veine cave sont vides.
Tous les autres organes sont à l'état normal. Le tube
digestif, en particulier, ne présente aucune des lésions
«aradéristiques de la fièvre typhoïde.
ÛuoiquMI existe dans ta science un certain nombre
d*obsenrations de psoïtis , il est constant que cVst une
maladie assez rare, puisque le cas que nous venons de
vous racomer est le seul que nous ayons été à même d'ob-
server.
C'est à ce thre et parce qu'il a été pour nous l'occasion
i*une erreur de diagnostic , qu'il nous a semblé utile de
vous le communiquer.
Voyons d^alKird comment nous aurions pu éviter cette
ei^eur. Le siège de la douteur à droite, la coexistence du
gargoniNement , l'absence ^ie tumeur appréciable au tou-
dher, ta diarrhée et le météorisme du ventre , nous ont
em^pêclié ^'attacher toute la valeur qu*eHes méritaient ,
aux deuteurs accusées par la malade dans le roemibre
pelvien correspondant. Cependant , mafigré l'aflhis^emeBt
qui résultait de la vivacité de ses doofleurs et du travaît
phlegmasique qui s'accomplissait, il n'a jamais existé de
véritable ^^^peur; plus tard^ nous aurions fm nous éclairer
par la pQ&iiion da membre qui était inoliné en* dehors ,
tandis que dans la eoxalgie il s'ioclineen dedaos. Mais à
Tépoque où la flexion est deveoMif^ennanente et s'est
accompa^Qée de rot^tioo en dehors,' les désordres étaient
trop considérables pour qu'aucun traitement pût ea
triompher. — On sait que le plus gtaad nombre des eas
connus de psoïtis, ont eu une issue folale, et dans ceux qàî
sont rapportés comme des exemples de guérison , il reste
des doutes sot l'exactitude du diagnostic.
L'extrême gmvité de cette affection vient sans doute de
ce que« au début, il est très-diilicile, pour ne pas dire impos*-
sibtet delà reconnaître, et ce serait pourtant alors que le
traitement aucait quelque eiBcaciié ; quand le mal se tra*
duit par des signes évidents, il est déjà au-dessus des res^
sources de Tart.
Cette noaladie est ordinairement le résultat de pressions
violenter ou de tiraillements exercés sur les muscles psoas
et iliaque; aussi Taccoucbement est-il signalé comme cause,
dans un bon nombre des cas connus.
Une circonstance curieuse, qui s'explique sans doute par
la position que la tête de l'enfant affecte le pins ordinaire-
ment, c'est que les psoïtis arrivés à la suite deTaccoucbe^
ment s'observent le plus souvent à gauche; c'est le contraire
pour ceux qui dépendent de causes différentes. Chez notre
malade, nous avons trouvé les organes génitaux dans un
état exclusif de toute grossesse antérieure; le mal siégeait à
droite; nous n'avons pu, d'ailleurs, obtenir de renseigne-
ments sur les circonstances antécédentes auxquelles il fau-
drait attribuer son développement.
Ni>iis remarquions que la scarlatine intereomiitei n'a
pas semblé avoir la moindre induence sur la marche de la
maladie principale.
Qu'on nous permette une dernière réflexion.
Les auteurs dn Compendiutn , marchant en cela sur les
traces de M. Grisolle , auteur d'un mémoire ea^professo
sur la matière , confondent , dans une même description ,
la psoîte et les autres tumeurs phlegmoneuses de la fosse
iliaqua. Ils décrivent troiaespèces de tumeur» pUagmoneu-
88 iÙVWHkh DB MÉBBCinB.
ses de cette région , sous le nom d*abcès intra-péritonéaux ,
souS'pérHonéaux et* sous-aponévrotiques. Cette dernière
espèce, on le convpfcfld, représente le psoîtis.
Nous ne croyons pas cette manière de procéder avan-
tageuse; il est préférable, selon nous, de séparer complè-
tement des deux premières espèces la description de l'in-
flammation du muscle psoas.
Voici sur quels motifs nous fondons notre opinion.
Les symptômes du psoîtis ont une forme bien plus cons-
tante que ceux des autres phlegmons iliaques ; ceux-ci
viennent en général faire saillie sous les téguments , et de
la manière la plus variable , ce qui n'arrive jamais « oa
presque jamais , pour l'abcès du psoas emprisonné sous le
fascia iliaca. La position du membre est bien plus cons-
tante et plus caractéristique ; enfin , les produits de l'in-
flammation ne sont pas identiques ; pour le psoîtis , ce
n'est jamais de véritable pus blanc , mais une sanie rouge
noirâtre , résultat de la fonte du tissu des muscles en-
flammés.
Il convient donc , à notre avis , de ne rapprocher de
cas aussi dissemblables , que pour établir leur diagnostic
difiérentiel ; pour leur description spéciale , elle doit être
faite séparément.
SYMPTOMES GRAVES produits par L'admi-
nistration du seigle ergoté^ à la dose de trais
grammes, dans l'espace d'une heure, dans un
cas d'hémorrhagie utérine , après la délivrance,
par M. Tbastoub^ D.-im., ancien interne des
hôpitaux de Pari$ , médecin suppléant des hô-
pitaux de Nantes.
Le 28 janvier 1856, à 7 heures du matin, je fusap-
JODRNAL DE MÉBSCIUB. 89
pelé, rue Kervégan, près d'une femme âgée de 37 ans,
mariée à un ouvrier cbarpeoHer, à laquelle j'avais donné
des soins le mois précédent, pour une bronchite légère.
Cette femme , de taille moyenne , de tempérament lympha-
tique, quoique paraissant d'une ussez forte constitution,
ayant beaucoup d'embonpoint, mais des chairs molles,
avait fixé, dès cette époque, mon attention par le désac-
cord qui existait entre les symptômes généraux qu'elle
présentait et la maladie locale. Ainsi, une simple bronchite,
peu intense, avait suffi à déterminer un abattement consi-
dérable , un malaise extrême et une très-grande accéléra-
tion du pouls. L'idée que j'avais gardée de cette personne
était qu'il fallait peu compter sur sa force de résistance
vitale, et que son embonpoint était plutôt un indice de
faiblesse que de force.
Cette femme , mariée depuis peu de temps à un homme
plus jeune qu'elle et adonné à l'ivrognerie , est t^ès-mal*
heureuse en ménage; des tourments continuels, des frayeurs
incessantes , et quelquefois des coups, sont les seuls béné-
fices que cette infortunée ait retirés de sa tardive union.
Devenue enceinte, elle n'a pas été plus ménagée* Se trou-
vant actuellement à 7 mois et demi ou 8 mois de grossesse,
elle a fait hier, 27 janvier, une course assez longue; elle
est allée jusqu'à Chantenay et a pris l'omnibus pour reve-
nir. Elle s'est couchée bien portante, mais, à 4 heures, œ
matin , elle s'est réveillée avec un grand malaise , des en-*
vies de vomir et des coliques. Elle a vomi deux fois de
la bile et est allée aussi deux fois à la selle en dévoie-
ment.
Les douleurs sont assez vives e très-fréquentes, accom-
pagnées d'un malaise et d'un abattement considérable.
Elles n'ont pas franchement le caractère des douleurs in*
tcrmittentes de l'accouchement. L'utérus s'élève jusqu'à
4 travers de doigts au-dessus de l'ombilic ; je ne sens pas
de mouvements de l'enfant; je cherche de même, en vain,
les bruits cardiaques et placentaires ; mais hier soir encore
l'en&nt remuait. .Au toucher , je trouve le col de Tutérus
irès-amoindri en longueur, très-aminci , assez mou , mais
tO JOrailAI. SE HÉMOm.
c'eftt à peine d l'extrémité de Tiodex peut pénétrer dans
Forifice externe; la dilatation ne fiiit donc que oom>
mencer.
La niakde a la peau chaude , le pouls très-fréquent et
petit, la iace rouge comme dans la rougeole, el une soif
vive.
Limonade au citron.
A 9 heures du matin , les eaux s'écoulent toat*à-eoup ;
je touche de nouveau « et , comme la dilatation du col a
très-peu fait de progrès , comme d'un autre c6té je cherche
toujours en Tain les bruits du cœur du imtus , je commence
à croire à la mort de l'en&nt.
En eflbt, vers 3 heures de raprès-raidi, l'aocoucbement
se fait, et un enfant d'environ 8 mois , d'un eorpe grêle
et maigre , vient au monde sans vie. La mort parait ré-
cente; l'épiderme n'est nullement décollé; le cadavre n'a
paa d'odeur.
La mère a beaucoup de chagrin de cet événement qu'on
ne peut lui dissimuler. La délivrance se lait cependant
très4Men et très^&cilement, au bout de 20 à 26 minutes.
Le placenta et les membranes sont venus en entier et
ne semblent pas altérés. — Mais une perte assex abon-
dante ne tarde pas à se déobrer : le sang coule , non pas
par flots , mais par nappe ; l'utérus est mou , se contracte
avec peine sous l'influence de frictions hypogastriques ,
et ne reste pas resserré. J'envoie chercher deux granomes
de seigle ergoté en quatre paquets, et , en attendant , je
m'efforce par la titillation d'un ou de deux doigts sur
l'orifice utérin , par des frictions soutenues du bas- ventre,
de bire cesser cet état d'inertie de la matrice.
Le médicament arrive bientôt ; les quatre paquets soiil
avalés successivement de 10 minutes en 10 minutes. La perte
n'estpas très-forte, mais elle continue ; Tutérus se contracte
momentanément , mais faiblement et sans persistance. Les
forces diminuent , la noabde pâlit , va tomber en syncope;
j'applique des mouchoirs, trempés dans l'eau froide, sur
le ventre et sur les cuisses; j'exede avec les doigts, autant
que poesiblet toutefois sans violence, le eot de l'utérus,
JOinmAL SE XÉMCBtt. 91
ei je fais demander de nouveau sit paduets de seigle ergoté,
(ie 50 oenUgiramines chacun. Deut de ces nouveaux pa-
quets sont seulement administrés de la même manière al
bien tolérés par restomac. Pendant une heure, les linges
froids sdnt renouvelés sur le ventre et tes baisser ; enfin
peu à peu la perte s'arrête , Tutérus devient et reste dur.
ie quitte la malade au bout d'bne heure, les accidents
paraissant tout^à-fait enrayés , Tétat général étant satidfei-
sant , sauf la faiblesse naturelle dans ces circonstances, h
&is de nombreuses recommandations aux personnes pré-
sentes , pour éviter tout ce qui pourrait ramener rhétiior-
rbagte. J'ordonne même de donner «un autre paquet de
seigle , si le sang coulait en abondance , en attendant que
je pusse revenir près de la malade.
L'hémorrhagie né reparait pas , et on ne dohne pas ^ar
conséquent de seigle ergoté.
Mais la nuit se passe dans un malaise, dans une agita-
tion extrêmes ; la malade ne peut rester en place , elle ne
doK pas une minute , elle a des rêvasseries , une esipèbe de
subdelirium , du hoquet et des rapports qui ont , dit-elle ,
le goût d'œufs pourris.
Quand j'arrive près d'elle, le 29 janvier « k 7 heures dn
matin , je la trouve extrêmement agitée ; elle se roule i
chaque instant d'un côté sur l'autre , les cheveux en dé-
sordre ) la figure pâle , les lèvres un peu bleues. La toil
pourtant est assez bonne , la physionomie n'est pas trè^-
altérée ; mais quand je veux tâter le pouls , je ne puis
percevoir les battements de l'artère radiale. Je (Mtois que
je cherche mal , que mes doigts sont engourdis par le
froid ; je passe d'un bras à l'autre , j'explore successive-
ment les artères radiale , cubitale et même bt^aebiale de
chaque e6té ; je ne peux saisir aucun battement. Alarmé,
je mets bien vite l'oreille sur le cœur , il bat tégulièi*e-
ment , sans fréquence , assea faiblement.
Je constate que la malade ne perd pas de sang , que la
matrice n'est pas distehdue et se maintient bien rétractée.
La malade accuse des fourmillements ; du froid dans les
mams et dans les pieds; elle dit qu'elle ne sent pfus ses
92 JOimiTÀL DE MÉBBCWS.
extrémités , qu'elle a les membres rompas « qu'elle ne peut
les bouger. Les extrémités sont ifroides en effet , la peau
et les ongles ont une légère teinte bleue aux mains et aux
pieds.
Fort inquiet de cet état dont le seigle ergoté , bien que
donné à une dose assez modérée , me paraît être la cause,
j'ordonne de donner du bouillon et du vin rouge alterna-
tivement tous les quarts d'heure , et de réchauffer les ex-
trémités.
A iO heures, je reviens; l'état est toujours le même;
peu alarmant) si on ne considère que la figure, mais tou-
jours très-inquiétant quand on constate l'état des membres.
Car je ne suis pas bien sûr de trouver quelques batte-
ments de l'artère radiale. — Je fois mettre des sinapismes
aux poignets et continuer le vin et le bouillon.
Le soir, le pouls n'est pas plus perceptible ; la malade
se plaint toujours de froid , de fourmillement et d'engour-
dissement dans les doigts ; de plus , je constate à la face
postérieure des jambes , sur les côtés des malléoles , des
taches livides dans l'épaisseur de la peau, qui ne s'effaceot
pas sous le doigt et qui m'effraient beaucoup ; car , je
crains qu'elles ne soient les indices précurseurs de quel-
ques plaques gangreneuses. Le pouls est toujours imper-
ceptible sur les artères des membres ; il est vrai que l'em-
bonpoint de la personne gène dans l'exploration des gros
troncs vasculaires.
On cause de la douleur en frottant les extrémités ; la
malade a bien senti les briques chaudes qui ont été
mises aux pieds et la moutarde qu'on a placée sur les
poignets.
* Elle a pris du bouillon et du vin assez fréquemment ;
elle ne se plaint plus tant de sa faiblesse ; les lochies cou-
lent très*peu , le bas- ventre est un peu douloureux et
tendu ; il y a toujours de l'agitation.
Sirop thébaïque , ane cuillerée à café de 2 heures en
2 heures , jusqu a ce qu'il y ait du calme. Frictions sur
les extrémités.
Le 30. — La nuit a été assez bonne, grâce à trois
JOUBRAL DE MÉBBCOIB. 93
cuillerées de sirop. H y a encore du froid , de Tengour--
dissement, des fourmillements dans les extrémités. Les
membres sont brisés et douloureux à la pression ; il y a
hyperesthésie générale de la peau ; la langue est blanche ,
humide ; les lèvres bleuâtres ; un peu de douleur à la
gorge ; hoquet fréquent , goût d'œufs pourris et rapports
acides ; très-peu de flux lochial « très-peu d'urine , pas de
selle depuis raccouchement ; cependant, la vessie n'est
pas distendue et le ventre est moins douloureux qu'hier.
J'ausculte le cœur et les carotides ; leurs bruits sont
réguliers , peu fréquents et plus intenses ; mais le pouls
radial aux deux bras est toujours douteux. La teinte livide
de la peau des jambes a diminué ; elle persiste seulement
au mollet gauche.
Magnésie calcinée , 6 grammes en 3 paquets. Bouillon.
Sinapismes. Frictions.
Le soir , un peu de fièvre commença à se manifester ,
la peau devint chaude ; le pouls était perceptible à Tar-
tôTo cubitale du bras droit et à l'artère radiale du bras
gauche.
Le 31. — Le hocfuet a diminué ainsi que les aigreurs;
il est vrai que la malade a cessé de sucer des morceaux
d'orange , ce qu'elle avait fait jusqu'alors. H y a eu une
selle en dévoiemeat et un peu d'urine a été rendue. La
femme se trouve assez bien; elle a dormi à l'aide de 15
grammes de sirop thébajk}ue ; toutes les artères de l'avant-*
bras ont des battements très-manifestes; l'engourdisse-
ment des extrémités a diminué , le fourmillement disparu,
la température de la peau est bonne ; les taches cuivrées
du mollet gauche diminuent ; il reste une légère exalta*<
tion de la sensibilité de la peau , une lassitude extrême ,
un peu de mal de gorge, mais sans apparence d'inflam-
mation ; le siûn gauche commence à se gonfler.
Le lendemain , 1<' février , la malade était bien , le
pouls à. 84 , trèS'bon ; tout symptôme inquiétant avait dis-
paru , seulement il était survenu une extinction de voix
et les douleurs des membres continuaient. La coovales-
94 jonuvAi BB SÉMcnvK.
oence a été asset lohgue ; les forces sont revenaes lente-
ment ; mats aujourd'hui la sainte est parfaite.
Réflextan».
A quoi sont dus les symptômes , véritablement alar-
itoants, qui se sont montrés ches la personne qui fait le
sujet de cette observation? J'ai pris soin de relater toutes
les circonstances de tempérament , de constitutioti , de
situation morale, qui pouvaient rendre raison de leur
développement; mais la tréritable cause qui les a dmenés
ne me semble pas douteuse ; je crois que , dans ce cas ,
le seigle ergoté , bien que la dose administrée m'ait pas
été bien élevée et soit très-souvent dépassée dans la pra-
tique , a produit un commencement d'empoisonnement.
Il est impossible d'attribuer ces accidents à Thémorrha-
gie , qui n'a pas été excessive , qiil d'ailleurs était com-
plètement arrêtée et depuis longtemps , quand ils se sont
manifestés.
Quand il y a absence de pouls dans les hémorrhagies ,
il y a pâleur extrême , syncopes l'éitérées et prolongées ,
etc. Ici , rien de tout cela. Mais , au premier abord , que
peot^on penser d'une personne dont les membres n'offrent
plus de battements artériels , et qui cependant vous parle,
vous rend compte de ce qu'elle éprouve , et n'a pas la
figure très-altérée ? Le corps esl encore plein de vie, mais
les membres semblent menacés de mort. Pendant 48
heures que les pulsations des artères des membres ont
manqué , j'ai été réellement fort inquiet sur les accidents
qui pouvaient survenir aox extrémités. Que serait-il arri-
vé, si l'on eût été obligé de recourir de nouveau au seigle
ergoté ? Et cependant , bien des praticiens emploient tous
les jours des doses plus considérables de ce inédioament !
Je ne sais si des fiiits analogues à cèltti-ci existent dans la
science , mais j'ai pensé qu'il était utile de le faire con-
naître, pour mettre mes confrères sur leurs gardes , vis*
à-vis d'un remède usuel , dont on ne oraiivt pas d'effets
JOVBIIAL SB XÉBBeniB. 95
redoutables « au moins pour les mères , dans la jpratiiiue
des aecottchemenls.
Je sais que le seigle ergoté varie beaucoup de qualité ^
suivant une foule de circonstances ; aurait-il été plus actif
dans ce cas qu'il ne Test d'ordinaire ? Quelque fait acces-
soire , tel que son administration rapide, l'usage de bois-
sons et de sues acides , aurait*il pu augmenter ses effets
sur l'organisme? Je ne puis, à cet égard , émettre que
des doutes. — Le sujet était probablement , par idiosyn-
crasie , par les circonstances que j'ai relatées, plus sen-
sible qu'un autre à l'action du seigle ergoté ; il n'en reste
pas moins établi pour moi , que , sans qu'il soit possible
de le prévoir , une dose, môme peu élevée, de ce mé«
dicanMOt , peut causer quelques-uns des symptômes les
plus inquiétants de l'ergotisme gangreneux.
APPUÈCIATION de la méthode de Devmter ,
ayant pour kul de faciliter la version , par te
rf' AVBiNÀis , Président du Jury de Médecine
de la Loire-Inférieure.
Chez certaines femmes , dont une remarquable obésité
se trouve liée d'ordinaire à une constitution lymphatique,
l'abdomen , à la suite de plusieurs accouchements ,
porte , vers les derniers temps de la grossesse , dd tout
son poids sur le devant des cuisses. On a coutume, alors,
de dire que le ventre est tombé en besace sur les cuisses,
et , dans le but de soulager la femme des douleurs qu'elle
éprouve par le tiraillement des ligaments larges, on cherolie
à soutenir l'abdomen de bas en haut par un bandage de
96 JOVBIfÀL BE HÉDECHŒ.
corps. C'est ordinairement une large serviette , dont les
bretelles croisent dans le dos et viennent se fixer en avant.
Il y a des ceintures élastiques qui obtiennent , dans ces
cas , un résultat que le repos au lit favorise aussi.
La distension démesurée des aponévroses et des muscles
abdominaux, outre qu'elle dispose aux hernies, devient
pour la femme très douloureuse vers les insertions ou
attaches des muscles : aussi, M. Jacquemier a-t il raison
de dire « que les points douloureux que beaucoup de
femmes enceintes éprouvent à la base de la poitrine n'ont
pas ordinairement d'autres causes. »
Il est d'observation aussi que les femmes , douées d'une
constitution éminemment lymphatique, sont prédisposées,
par le fait seul de leur tempérament , à la distension ou-
trée de l'utérus. Chez ces femmes , en effet , par suite
d'une supersécrétion de la membrane amnios, il n'est pas
rare de voir survenir une véritable hydropisie de l'utérus ,
à laquelle il faut rattacher la maladie décrite par le pro-
fesseur Nacgelé , sous le nom d'hydrorrhée utérine,
La procidence sur les cuisses d'un ventre démesuré-
ment distendu imprime souvent au fœtus, dans la cavité
utérine , une position qui se traduira au moment du tra-
vail , par une présentation contre-nature ; de là, la néces-
sité de recourir à la version.
Cette remarque n'avait pas échappé aux anciens; mais il
faut arriver jusqu'à Deventer pour trouver l'indication et
l'explication des moyens de faciliter la version. La mé-
thode qui porte le nom de Méthode de Deventer, consiste,
chacun le sait, à placer la femme sur ses genoux et sur
ses coudes. Pendant qu'elle se maintient dans cette situa-
tion , l'accoucheur , placé en côté et un peu derrière elle ,
tente la version.
11 faut reconnaître que Deventer s'était mieux pénétré
que les accoucheurs distingués ses devanciers , des ob-
stacles apportés à la version par les diverses déviations
de l'axe de l'utérus. Quelquefois , à l'aide de prudentes
manœuvres, il devient possible à l'accoucheur de con-
vertir en position naturelle une présentation contre-na-
•— '1
JOUBNAL BB uàBECINB. 97
iure , qui résulte de l'obliquité de Tutérus ; mais , le
plus souvent , lorsque raccoueheur est appelé , le travail
est toujours trop avancé , pour qu'il puisse tenter avec
suecès ces manœuvres , et le plus sage est de recourir
à la version.
C'est surtout , ainsi que je l'ai dit , chez les femmes
obèses , dont la distension de la peau de l'abdomen est
portée au point de produire des ecchymoses dans Tépaiâ-
spur du derme , que le ventre tombe au-devant des cuisses
en forme de besace dès le septième mois de la grossesse.
On conçoit qu'à dater de cette époque jusqu'au terme de
la gestation , le fœtus se développe en dehors et en avant
du bassin dans cette partie antérieure de la cavité utérine
qui repose sur les cuisses. Cette situation du fœtus dévie
forcément l'axe obstétrical de l'utérus. Deventer en cite
plusieurs exemples et cherche à démontrer l'utilité de pla-
cer la femme sur les genoux et les coudes , position qui
facilite singulièrement la version. Smellie partage lopi*
nion de Deventer , ainsi que le constate le passage sui-
vant , extrait textuellement de la traduction de ses œuvres :
rr Dans plusieurs cas de version , j'ai essuyé beaucoup de
fatigue avant de pouvoir amener les pieds, surtout
lorsque le ventre était pendant et que les extrémités infé-
rieures de l'enfant étaient logées dans la partie antérieure
de l'utérus. — La femme en travail est dans une position
plus fermé lorsqu'elle est couchée sur le dos, et vous
parvenez aux jambes plus aisément , lorsqu'elles sont vers
la partie postérieure ou les parties latérales de la matrice;
mais , lorsqu'elles sont à la partie antérieure , vous les
trouvez et les atteignez beaucoup mieux lorsque la femme
est couchée sur les genoux et sur les coudes , parce que
vous pouvez vous tenir derrière elle , et le pubis ne s'op-
pose pas autant à l'introduction de la main, que si celle-ci
était introduite la femme étant couchée sur le dos. — Il
m'en est encore passé dernièrement par les mains qui
avaient le ventre fort pendant , et , en les faisant cou-
cher sur le côté , je ne pouvais aisément attrapper les
pieds. Alors , en faisant soutenir la malade sur ses ge-
98 johmai db xtoimiai.
DOUX et sup 8M coudes , j'atteignais aux piads avec une
plus grande facilité , parée que cetle posture permet à
la main d'arriver dans la partie amérieure de ruiérus,
au*de8sus et en avant du pubis, oà reniant se trouve
logé. C'est là la méthode de Deventer. d
La position qu'il eonvieat de faire prendre à la femme,
lorsqu'il s'agit de pratiquer la version , n'est assuréns^t
pas chose indiSéiente : la conduite de raccouclieur doit
se déduire de la position de l'enfant et des rapports de
ses différentes parties avec Tutérus. C'est cette coonais-
sanee nette, acquise par un toucher attentif, qui abré-
gera des tentatives de manœuvres, dont le moindre încon-
véoient est la fatigue de l'accoucheur.
Dans la grande majorité des cas, ta posture à donner à
la femme est eelie qu'elle prend pour raccouohement na-
turel , à savoir la position sur le dos , pr^rable , selon
moi , à la position sur le côté , qui est usitée en Angle-
terre : oiais , ici , tout est de mode , et si des contre-
indications ne s'y opposent , il n'y a pas de graods in-
convénients à se conformer à l'usage des pays , aux ha-
bitudes contractées dans des accouchements précédents ;
seulement, une précaution, qui est préakble à la version,
et qui est trop négligée , c'est celle de s'assurer de Tétst
de la vessie et du rectum , afin de les vider , s'il y
a lieu.
Trois observations , que je choisis parmi Irait obser-
vations , que plus de vingt-cinq apnées die pratique ob-
stétricale m'ont offertes , ^ront saisir tout l'avantage
que fon peut retirer de la méthode dite de |>eventer.
f '« tibfterTaÉiQiB.
Une pauvre femme adonnée aux rudes travaux du la-
bourage , avait, vers les deux derniers mois d'une qua-
trième grossesse , le ventre tellement en chute sur le de-
vant ées cuisses , par suite d'une obésité remarquable et
d'un amfocissemeAt de la ligne blanche , que le foetus
—H
semblait èlre entièrement coiiteou en avant et en dehori
du bassin. Je i^i avais conseillé de prendre du repos et
de maintenir le poUfe d^ son ventce |mm* une large serviette
souieiiud par de» bretaUe^* Sa profonde misère lui avait
fait négliger ces conseils.
Elle étMi dans le travail de l'enfantement , aasistée seu-
lement par sa voisine, loraque la poche des eauK vesiini à
s«*. rompri^, une main ne tarda pas à frai&cbir la vuivo. Ce
ne fut qu'^pr^ 12 heurea environ de la s<Mrtle de la main ,
que îe pus arriver au secours de mUe malheureuse. La
cavité utérine s'était vidée de tout le liquide amnioiique :
le^ paroi$ die Torgane , ppr «Mlle de douleurs soutenues ,
s'étaient moulées sur Lb corps du fœtus ; la main droite,
tuméfiée et d'une couleur violscée « était au debors de la
vulve.
Après avoir donné Teau du baptême sur cette main , la
femme fut couchée en supination , la tête plus déclive que
le ventre que je maintiaa iabdament relevé avec la main
gauche , pendant qu'à l'aide de la main droite je tentai
ia version ; «vais je m'épuiaai bientdt en ^orts stériliss ,
par le snoÂil que Fouvertur^ du coi, par suite d*uue obli-
quité aatérîeure fort prononcée , était presque au niveau
de l'auigile sacro-vertébral. La main de Ten&fit , nsnirée
après uoe peiue indicible dans la cavité de Totérus , j'avais
réussi à a<:ci?QGher le col à Taide du doigt index et à le
ramener dans Taibe obstétrical , tandis que de la imm
gauche je redreissais fortement de bas en haut « la (aceamé-
rieu#!e du g)k>be utérin, et tout me laissait croire à la réussite
die la version, lorsque j'acquis la conviction, apcès m'étre
consumé en de veina efforts , que. dans cefete posture de la
femme je ne pourrais arriver aux pieds de l'enfant.
£n «ffet , la cavité utérine était tellement flissée sur le
c<i)rps de fenfaut , celui-ci paraissait tellement en dehors
et eu avaiOt du baasin , que l'utérus formait une éoûrnne
luweur en boule , qui venait reposer sur le devi^nt des
cuisses , comme si il y eut eu .éyentration.
l'étais fort embarrassé loin de tout secours , sur le
parti que je devais prendre, lorsqiu'aprèt avoir donné uja
f 00 jrOUHHAL DE MÉDBCIIiB.
peu de vin chaod et sucré à la femme , et l'avoir laîssëe
une heure reposer, l'idée me vint de la placer sur ses
genoux et sur ses coudes. Bien me prit d'avoir eu celle
pensée , car cette posture favorisa singulièrement la
version.
Placé de côté et un peu en arrière de la femme , j'in-
troduisis la main droite jusqu'au col utérin , puis , arc-
boutant le bras droit, je pus l'introduire dans la matrice
et passer au-delè de l'arcade du pubis , et saisir un pied ,
après avoir , par la force, vaincu la contracture des parois
utérines. Un pied saisi et amené dans le vagin, la recherche
de l'autre pied fut moins diflBcultueuse : l'en&nt put être
extrait ; mais malgré tous les moyens employés en pa-
reil cas , il ne fut pas possible de le rappeler à la vie.
9* Observation.
Une dame âgée de trente-cinq ans , atteinte d'une obli-
quité antérieure de l'utérus, par suite d'obésité et d'une
grande laxité des parois abdominales , avait eu trois cou-
ches qui n avaient rien offert de particulier , sinon qu'elles
avaient traîné en longueur. Dans ces trois accouchements,
il y avait eu présentation delà tête, et l'inclinaison vi-
cieuse du globe utérin avait été en partie corrigée d'une
part , par l'action de soutenir relevée^ de bas en haut , la
&ce antérieure de la matrice, et d'un autre côté , par le
redressement du col utérin à l'aide de l'introduction du
doigt dans l'orifice , et celui de la lèvre antérieure vers les
pubis.
Cette dame présenta, dès le septième mois de sa qua-
trième grossesse , une obliquité antérieure encore plus
prononcée qu'à la grossesse précédente. Une ceinturene
parut que soulager la malade , sans corriger autrement
l'inclinaison vicieuse du globe utérin , car sitôt qu'on
enlevait la ceinture, le ventre était entraîné par son propre
poids au-devant des cuisses.
rj
JOURNAL DE MÉDECINE. iOi
Le malheur voulut que cette fois , et dès les premières
douleurs , Tenfant se présenta par le bras droit : mais
présent auprès de cette dame , lors de la rupture de la
poche des eaux , et alors que la dilatation était complète,
je pus , instruit par l'observation précédente , tenter sans
aucun retard la version , en me conformant aux conseils
donnés par Deventer.
Je fus étonné de la facilité avec laquelle , la dame étant
soutenue sur les genoux et les coudes , je pus introduire
la main dans Tutérus , y saisir les pieds et les amener au
dehors de la vulve. Cette manœuvre fut de la plus courte
durée : l'enfant ne parut pas en souffrir ; il est vrai que
le bassin avait une grande ampleur et que l'introduction
de la main s'était faite au moment où la chose est ordinai-
rement la plus facile , c'est-à-dire à Tinstant de la rupture
de la poche des eaux.
S« Obserratien.
Une femme qui avait les parois du ventre très-amincies,
par suite de sept grossesses , avait à la fin de sa huitième
grossesse , le fond de l'utérus descendu au-devant des
cuisses et presque jusqu'aux genoux. Il y avait évidem*
ment un relâchement des plus prononcés de la ligne blan-
che : le corps de l'utérus se présentait en forme allongée
plutôt que ronde, et portait de tout son poids sur la ligne
blanche, de manière à la déjeter en avant, d'une manière
effrayante pour l'accouchement.
Une ceinture bien faite remédiait autant que possible
à cette sorte de hernie de la face antérieure de l'utérus,
à travers la ligne blanche.
Dès les premières contractions utérines, les eaux s'écou-
lèrent : le coi utérin offrant à peine la dilatation de l'ou-
verture du goulot d'une bouteille, répondait à l'angle sacro-
vertébral. Ce fut avec beaucoup de peine que le doigt
8
101 JMWAI. DB HÉDBCniB.
index pàt y être infrodiûi, et qu*il pût, en s'y «ocrochaDt,
ramener la lèvre antérieure vers les pubis. Aucune fMtrtie
de l'enfiinl ne pouvait être touoliée par le doigt , ce fii
donna tout d'abord le soupçon d'une présentation contre*
nature. Bientôt ce soupçon se changea en certitude : à
Taide d'un toucher soigneux , on put reeonnaStre une posi-
tion de l'épaule^ sans pouvoir dire si c'était l'épaule droite
ou l'épaule gauche. Les douleurs étaient de booiie nature,
et tout laissait craindre qu'en y a})portant du retard « l'é*
paule ne s'engageât et gènàt les tentatives de version. L'é-
ooulenrient du liquide amniotique commandait aussi d'agir
sans plus tarder.
La position du oorps de l'enfant fit redouter des dii-
cultés insurmontables, si la veraiou était essayée, la femtae
étant couobée sur le dos; car l'enfant paraissait k»gé dans
la partie antérieure de l'utérus, et cette partie antérieure
procidante sur les cuisses était en dehors du bassin. En
outre, l'orifice utérin, par suite de cette inclinaison vi-
cieuse, était tellement en arrière, que la main, après l'avoir
franchi, ne pourrait facilement se courber, pour venir à
la recherche des pieds , «en «vaut des os pubis. Ces di-
sons firent adopter de suite la méthode de Deventer.
La femme qui airait encore toutes ses fiorces , et qui ne
manquait pas de courage, fut placée sur ses genoux et
sur ses coudes, les cuisses un peu écartées. (^ main droite
préidablement trempée dans de l'huile, fut introduite pa^
derrière dans le vagin ; le col utérin , pas eiMore suffi-
samment dilaté, fut forcé; l'épaule, qui s'engageait dans le
col, fut repoussée , et k main piH à ^and'peine étve ra-
menée en avant des os pubis, et glisser derrière l'épaule ,
puis le long de l'épine dorsale, jusqu'à la rencontre d'un
pied qui fut difiicultueusement saisi. Cependant, ce pied
put être amené au dehors de la vulve, et l'extraction àe
l'autre pied fut loin d'offrir la môme difficulté. Le peAi^
bassin était large: la tète y fut engagée avec facilité et la
sortie de l'enfant ne se fit pas atleodre. Toutes ces mancBO-
vre ne durèrent peut-être pas dix minutes,^ et j'ai la oou-
viction profonde que ]a position indiquée far Deventer^
JOSBNAL DB MÉDECINB. i03
reodu ici la version plus bcile qu'elle ne leùk été dans
toute autre posture prise par la fenupe.
L'enfiEtnt était fatigué; cependanit, au bout de quelques
minutes, la respiration devenue plus régulière ne tarda
pas à le ranimer et il a continué à vivre.
Réflezi#ii«.
On a longuement et savamment discuté suf la meil-
leure posture à donner à la femme en travail ; et loin de
naoi la prétention de transcrire ici tout ce qui a été dit et
écrit sur ce sujet.
L*abs^étrique n'a pu, sur ce point, comme sur tant d'au-
tres , que fixer l'attention sur les rapports de l'enfant avec
la cavité utérine , et surtout avec la filière qu'il est appelé
à parcourir. C'est en dernière analyse la connaissance
exacte de ses rapports qui doit inspirer l'accoucheur et
le porter ii donner la préférence à telle posture sur teUe
autre. Seulement , et c'est ici un reproche que Tobstétri-
que peut justement adresser à plus d'un accoucheur ,
rarement on réfléchit sur la posijtion à donner à la femme,
pendant le travail : on sacrifie en cela à une routine qui
est soMTept bien éloignée des préceptes de la science ; cair
assurément, la position que doit prendre la fenune n'est
pas une^ elle doit varier suivant telle ou telle indication, et
chacun comprend que ce serait upe puérilité que de s'ér
tendre pfus longuement sur ce point.
Dans l'obliquité antérieure de l'utérus, alors que cette
direction vicieuse est fort prononcée , le globe utérin une
fois sorti du petit bassin, se développe non en suivant son
axe normaU mais bien en avant de cet axe, et cette in-
clinaison se fait au détriment des parois relâchées de
l'abdomen. Ces parois , en effet, ne soutiennent plus le
globe utérin dans son ascension normale, et l'on peut dire
que dans les cas d'obliquité antérieure très-prononcée,
l'idée de la méthode de Ueventer a pu prendre naissance
104 JOVBIVAL DE mébechhe.
de la méthode suivis par les vétérinaires dans le part des
animaux. Je m'explique. La posture de la femme sur ses
genoux et sur ses coudes se rapproche de la position dé-
volue par la nature aux animaux , et la version tentée chez
la femme dans cette posture est en tout semblable à la
version tentée dans la station chez les femelles de Tes-
pèce équine , etc.
Dans la version, d'après la mélhode de Deventer, Tac-
coucheur est placé en côté, et un peu en arrière de la
femme. Il en est ainsi du vétérinaire : c'est que la femme,
placée sur ses genoux et sur ses coudes , est à peu près
dans la même position que la femelle du quadrupède dans
la station ; et, si c'en était ici le lieu, je pourrais faire
la remarque, d'accord avec plusieurs naturalistes, que la
méthode de Deventer est empruntée à l'état de nature ,
puisque les femmes sauvages, abandonnées aux seuls ins-
tincts de la nature , prennent instinctivement cette posi-
tion , qui semble aider à l'expulsion de l'enfant.
Je ne voudrais pas que l'on pût donner à cette opinion
plus d'importance qu'elle ne mérite ; je prie seulement
de remarquer que ce qui gène surtout la main, lorsqu'on
tente la version , dans les cas de forte inclinaison en avant
du globe utérin, et alors que celui-ci tombe avec le ven-
tre en besace au-devant des cuisses , c'est justement la
présence des os pubis. Les extrémités inférieures de l'en-
fant se trouvent souvent logées en avant de ces os, dans
cette partie antérieure de la matrice qui repose sur les
cuisses, et, pour que la main puisse y venir saisir un pied,
il faut qu'elle dépasse l'arcade du pubis, bien que, pour
faciliter cette manœuvre , l'accoucheur prenne le soin de
refouler de bas en haut et d'avant en arrière le globe uté-
rin. Or, cette difficulté, souvent insurmontable, on ne la
rencontre pas si la femme prend la posture indiquée par
Deventer.
Il est vrai qu'en plaçant la femme sur un siège un peu
élevé , les jambes pendantes et écartées , l'accoucheur, qui
met un genou en terre, trouve, dans cette position, une
grande facilité pour pratiquer certaines versions difficiles ,
JOVBNÀL DE HÉDECUIE. 105
telles que celles qui résultent de rinclinaison vicieuse de
Tutérus que jo viens de signaler ; mais cette posture, prise
par l'accoucheur, le rend moins à Taise que dans celle exi-
gée par la méthode de Devcnter, et je ne saurais trop faire
revivre cette méthode, dont le judicieux emploi peut ren-
dre de (j;rands seiwices.
TUMEUR SQUIRUHEUSE développée dans le
médiaslin antérieur. Compression de la veine
cave supérieure. Œdème de toutes les parties
sus-diaphragmaliques^ par M. M4H0T.
Rieux., Antoine, chaudronnier, âgé de 25 ans, entra
le 11 juin 1856, à la succursale et fut placé au n*" 2 de
la salle Saint-Louis.
Ce jeune homme, qui jouissait habituellement d'une
bonne santé, avait été pris, 15 jours auparavant, de cour-
bature générale, avec fièvre , toux et expectoration mu-
queuse.
Lors de son entrée, la langue était très-sale et sabur-
raie. Le ventre un peu dur. Rien d'anormal à l'ausculta-
tion.
Le \ 2, on prescrit une bouteille d'eau de Sedlitz émétisée
qui provoque deux vomissements.
Le 18, tête étourdie, ventre légèrement ballonné, pouls
un peu accéléré, selles diarrhéiques.
20. Vomissements ce matin. Langue rouge; 4 selles
liquides; tête étourdie.
23. Le malade se trouve mieux ; uu peu de diarrhée, pas
de fièvre.
106 JOUBHA.! DE KÉMClMI.
25. L'amélioration persiste. Les étourdissenienis ont
disparu.
27. Quelques râles muqaeux.
29. Toujours diarrhée et toux.
Depuis son entrée jusqu'à la fin du mois , le malade
prend chaque jour une potion pectorale et une pilule d'opium.
3 juillet. Toujours diarrhée ; ventre tendu et ballonne ;
pouls calme.
5. Depuis quelques jours, le malade est bouffi ; la figure
surtout est le siège d'un oedème prononcé. La diarrhée et
l'état abdominal persistent; pouls calme.
Potion de digitale, cataplasme émoilient sur te ventre.
6. Œdème du col et de la face pttts marqué à d^roite ,
cdcé sur lequel le malade se couche constamment.
9. Gonflement de la face un peu moindre.
11. Le bras droit est œdématié.
12. L'œdème augmente ; mal de gorge , luette œdéma-
teuse ; précipité rouge, non albumineux par l'acide nitrique
dans les urines.
13. L'œdème augmente visiblement à la face; pas de
douleurs lombaires. La gorge est mieux; rten àe notable à
l'auscuttatton. Les bruits respiratoires soiH purs dans toute
ta poitrine
Tisane d'orge et chiendent , avec nitrate de potasse , 8
grammes. (Bis).
Une bouteitte eau de Sediitz.
15. Selles très-nombreuses ; figure sensiblement désen-
fiée.
16. Dix selles très-liquides, sans coliques ;cedème disparu.
17, 18 et 19. Les selles continuent à être fréquentes et
diarrbéiques.
20. Deux selles seulement ; œdème considérable Ai cou
et d^ la face.
21 . L'œdème augmente , bortré au col et à la farce.
Deux verres eau de Sediitz.
23. Deux verres eau de Sediitz.
24. L'œdème de la face a beaucoup auguïenté , surtout
à droite ; le côté droit de la poitrine est également œdé-
JOtBNAIi DE HÉMCINB. 107
mateuit. Pouh, 120 pulsations; oppression. Hien (l'anormal
à l'ausGultalion du cœur et de ki poitrine.
2:9. L'oedème, très-considérable, est borné au col, à la
Êice , à la poitrine et aux brt^s. Toute la partie sou6-dia-
Y^hragmatique du corps ne présente pas la moindre trace
d'înÉUlration. Pouls accéléré ; langue rouge; quelques exsu«
dations blanches sur la muqueuse buccale.
30. Le malade a eu, depuis hier, plusieurs selles de
sang presque pur ; ventre souple.
31. Selles non sanguinolentes liquides; urines abon-
dantes.
On continue , pour tout traitement, la tisane avec nitrate
de potasse , 1 5 grammes.
1 août. L'œdème diminue; le malade urine beaucoup.
Les urines , examinées à plusieurs reprises , n'ont jamais
offert la nïoiiidre trace d'albumine. Quatre selles très-abon-
dantes, liquides; oppression allant jusqu'à l'ortbopnée;
pouls à 120. Lorsque le malade se couche un peu à plat,
la face devient bleue ; douleur à la pression, dans la région
lombaire gauche. Quelques râles ronflants ; bruits du cœur
sourds , matitc étendue dans la région sternale et précor-
diale.
Vésicatoire le 4 sur cette région.
5. Oppression très-forte; décubitus sur le côté gauche.
Pouls très-accéléré ; figure et cou cyanoses. La cyanose
augmente qnaind on remue le malade.
Vésicatoire Ift 5.
Mort, le 5 août, h 8 heures du matin.
Autopsie.
L'autopsie est faite à peu près 40 heures après la mort,
par un temps chand<. Les téguments de l'abdomen présen-
tent déjà une teinte verdâtre.
Poitrine. — A l'ouverture de la poitritie , au moment
où l'on enlève le sternum , on aperçoit entre les 2 pou-
mons une masse blanchâtre d'où s'écoule assez abondam-
ment un liquide |atmâtre, ayant la consistance d'un sirop.
108 JOU&NAi DE MÉDEGUIE.
Tout le médiastiu antérieur est occupé par une tumeur
considérable , grosse comme les 2 poings. Cette tumeur
est formée par un tissu blanc mou par endroits , dense et
criant sous le scalpel dans d'autres, offrant laspect du
tissu squirrheux ramolli et non ramolli. Ou fait suinter
par la pression à la surface des coupes un liquide lactescent.
En divisant la tumeur, on trouve en certains points des
ilôts rouges et injectés de sang. La grande masse de la
tumeur ne paraît pas parcourue par des vaisseaux.
La tumeur est mal circonscrite, elle se confond avec
la plèvre, à laquelle adhère de chaque côté le bord an-
térieur des poumons.
Le cœur , au premier abord , ne se distingue pas ; û
est complètement englobé dans la tumeur. Les 2 feuillets
du péricarde sont confondus par des adhérents intimes et
forment une membrane épaisse qu*on isole avec peine du
tissu squirrheux environnant.
Le cœur n'avait en conséquence aucune indépendance
dans ses mouvements ; en incisant la masse dans laquelle
il est contenu , on reconnaît les quatre cavités; elles oui
leurs apparences normales , mais elles sont très-petites.
Les valvules sont saines ; leurs parois sont amincies. Jl
n'y a ni sang ni caillots librineux dans les cavités du
cœur.
L aorte parait applatie.
La veine cave supérieure est entourée partout par la
tumeur qui la comprime fortement.
Des deux côtés, épanchement de sérosité dans les
plèvres. Les deux poumons sont adhérents aux côtes. Ils
sont tous les deux crépitants. Mais le poumon gauche
offre dans sa partie supérieure un assez grand nombrt;
de tubercules, à différents degrés d'évolutions.
Les deux poumons sont peu volumineux. Ils ont été
réduits par le développement de la tumeur.
La trachée arlère a conservé son calibre.
Cavité abdominale. — Foie sain.
Rate consistante, d'un volume ordinaire.
JOCBNÀL DE BIÉDECINE. 109
Les reins sont injectés ; ils ont, du reste , leurs dimen-
sions et leur aspect ordinaires.
Les intestins paraissent sains ; ils ne sont pas ouverts.
L'observation dont vous venez d'entendre la lecture, Mes-
sieurs , m'a paru intéressante et digne , sous plusieurs
rapports , de vous être présentée.
La tumeur m'a semblé de nature squirrheuse ; cependant,
vous savez combien la classification des tumeurs laisse encore
à désirer ; sur certains points, son tissu était dur, d'un blanc
jaunt âtre et criant sous le scalpel ; sur d'autres, il était
ramolli, imprégné d'un suc lactescent et comme sirupeux.
D'Ans quelques endroits , on trouvait des vaisseaux
pénétrant dans la tumeur ; <lans la plus grande partie, le
tissu de nouvelle formation semblait privé d'organes cir-
culatoires
Par suite de la position , la tumeur comprimait plu-
sieurs organes importants , mais cette compression s'exer-
çait surtout efficacement sur la veine cave supérieure ,
dont les parois plus molles n'offraient pas la même résis-
tance que l'aorte , la trachée artère et les grosses bron-
ches. Il résulta de cette compression un phénomène
pathologique très-remarquable, et qui donna à la maladie
de Rieux un cachet tout particulier ; toutes les parties
dont les vaisseaux veineux vont aboutir dans le système
de la veine cave supérieure s'oedématièrent.
Dans le système de la veine cave inférieure au contraire,
la circulation restant libre, les membres inférieurs et l'ab-
domen ne présentèrent rien de semblable. Les jambes et
les pieds étaient maigres et secs, tandis que la face , le
cou , les bras , étaient le siège d'un œdème considérable, .
et dans les derniers jours de la maladie, cet œdème s'ac-
compagna d'une cyanose , qui devint de plus en plus pro-
noncée.
Le cœur, comme nous l'avons dit, se trouvait englobé
et confondu dans la tumeur; au premier abord, il était
impossible de le distinguer, et ce n'était que par une dissec-
tion attentive, qu'on arrivait à découvrir une membrane
fibreuse d'enveloppe assez épaisse, et qui résultait de
tlO iOUBHÂL DB MËMCimi.
rutiion inlime d^ deux feuillets du péricarde. Dans celle
enveloppe se trouvait contenu le cœur partout adhérent ,
partout enveloppé par le tissu de la tumeur. Ses parois
étaient amincies , mais ses cavités avaient conservé leur
forme normale, et ne contenaient pas de caillots. Oi» se
demande comment le cœur, dans de telles conditions, pou-
vait continuera fonctionner, comment les parois de ses
cavités partout adhérentes extérieurement, pouvaient se
contracter de manière à chasser le sang contenu dans leur
intérieur, comment, en un mot, pouvait s'exercer la systole
et la diastole; et cependant les fonctions du cœur ne p-
rurent pas très-notablement troublées; le pouls resta calme
et régulier jusque dans les derniers jours.
A rauscultation,on ne constata rien d'anormal, seulement
les bruits du cœur parurent sourds. A Tautopsie, on trouva
les cavités oreillettes et ventricules à peu près vides de sang
et ne renfermant pas de caillots; c'est là une preuve de plus,
attestant combien il y a encore d'inconnus dïins la phy-
siologie normale et pathologique du eœur, et combien
souvent les lésions pathologiques trouvées après la mort,
paraissent peu en harmonie avec les troubles fonctionnels
observés pendant la vie.
La localisation de l'œdème à la face, puis dans les par-
ties sus-diaphragmatiques, nous fit penser d'abord que
nous avions affaire à une affection albuminurique ; mais
jamais les urines ne donnèrent le moindre précipité aibu-
mineux, et à l'autopsie, rien dans l'état des reins n'indi-
qua l'existence d'une maladie de ce genre.
L'œdème fut combattu d'abord par les purgatifs; et à
la suite de l'administration d'une bouteille d'eau de Sedittz,
il s'étaMtt une diarrhée très-abondante et très-séreuse qui ,
en quelques jours, amena la disparition complète de l'infil-
tration; plus tard et dans les derniers jours de la vie, l'rn-
filtration diminua encore notablemetit sous riiiHuence des
diurétiques. Ce sont là des faits remarquaMes et qui prou-
vent bien la puissance ée la médication dérivative , dans
les cas d'œdème et d'anasarque , suite de compressioti des
vaisseaux. Seulement, la cause persistant, Tamélioration
obtenue ne peut être que fort temporaire.
ICnjUNAi DB MÉDSCniE. lit
Le sthétoscope, dans le cas de /lieux ^ ne procura pas
de données propres ù éclairer le diagnostic. Rien à laus-
callaiion des poumons, battements sourds du cœur sans
bruits, anormaux. La percussion indiqua au contraire une
matité étendue dans les régions sous-sternale et précor*
diale.
En rapprochant cette matité des signes de compression
du système de la veine caire inférieure, on aurait pu diag-
nostiquer , je crois , une tumeur du médiastin antérieur
comprimant la veine cave , et n'intéressant pas très-nota-
ment les poumons et le cœur.
Enfin, et c'est par cette réflexion que je terminerai
cette note déjà trop longue , j'appellerai l'attention sur la
rapidité du développement des accidents. Le malade ne fit
à i*hôpital qu'un séjour de deux mois; il n'était malade, lors
de son entrée, que depuis 15 jours, et los accidents qu'il
avait éprouvésjosqu'à son arrivée à Tiiôpitai, ne consistaient
qu'en des symptômes de courbature et d'embarras gas-
ti-iques ; rien alors ne pouvait faire prévoir la gravité des
accidents qui allaient se manifester.
NOTES sur quelques cas de fièvres éruptives ,
recueillies à l'Hô tel-Dieu {service de M. Marge),
par M. Vallin , élève interne.
Scarlatines. — Le 30 octobre 1855, «n enfant de douze
ans, atteint d'une scarlatine anomale Irès-bénij^ne , entra
dans la salfe 18, lit n° *2; il n'en sortit qu'après la fin de la
desquanmiation.
Le 16 novembre , environ 20 jours après l'entrée de ce
premier malade, deux autres enfants, retenus depuis long-
temps dans la même salle pour des affections chroniques ,
présentèrent, après quekfues heures de prodromes, tiii
exanthème scarlatîneux non équivoque , avec coïncidence
112 JOVIUfAL DE MÉDBGinS»
de fièvre , de rougeur du pharynx, d'amygdalite pseudo-
raembraueuse. L'exsudation dipbthéritique céda , au bout
de quelques jours, à des cautérisations énergiques avec
la solution de nitrate d'argent; la fièvre tomba rapidement,
et , chez ces deux sujets , la maladie se termina sans autre
complication fâcheuse.
Le 18, deux jours après cette première manifestation
delà contagion ou de l'infection scarlalineuse, un autre
enfant , dans la même salle , est pris d'une fièvre très-forte,
avec lombago, vomissement, gêne de la déglutition ; le
3*^ jour, un enduit pultacé, très-épais, recouvre les amyg-
dales et la paroi postérieure du pharynx. Cependant, on
n'aperçoit aucune rougeur à la peau , soit que l'exanthème
eut manqué tout à fait, soit quil ait été de si courte
durée, et si peu marqué, qu'on n'ait pu le saisir. Quoi-
quil en soit, le dixième jour de cette maladie, la des-
quammation devenait évidente sur plusieurs points du
corps.
Longtemps après , alors que cette desquammation était
déjà terminée et sous l'influence de l'épidémie qui durait
encoredànsie service, ce même enfant fut atteint d'une angi-
ne puitacée Irès-intense. Vers le mois de février, il lui survint
de l'œdème à lafacedel'anasarque, un épanchement asciti-
que, état symptomatique d'une albuminurie que nous
révéla l'action de l'acide azotique sur l'urine. Vers la fin
d'avril dernier, l'ascite prit un tel développement, que la
suffocation , devenant imminente, la paracentèse fut pra-
tiquée: plusieurs litres d'une sérosité citrine en furent le
résultat. Depuis cette opération, l'enfant respire librement,
bien qu'un reste d'épanchement dans le ventre fasse pré-
sager des accidents ultérieurs (1). Des douleurs vis-à-vis la
région du rein droit y ont motivé l'application d'un vési-
catoire. Cet enfant est atteint du mal de Pott;les vertèbres
(i) Â la date du 13 août 1856 , ces accidents n'ont pas en lieu :
Teofant, eu égard k son infirmité habituelle, est aussi bien qud
possible.
^
JOUBNAL DE MÉDECINE. 113
cervicales exclusivement atteintes et affaissées ont raccourci
la région cervicale à un point tel que Tépiglotte et la
glotte même apparaissent au fond de Tarrière-gorge aussi
manifestement que la luette et le voile du palais lui-même.
A dater du 18 novembre 1855, onze enfants, dans la
salle 18, furent ainsi successivement atteints de scarla-
tine. Les symptômes prédominants de cette épidémie peu-
vent se résumer en quelques mots : forme anomale et
disparition très-prompte de Texanthème; dans quelques cas,
épistaxis ; pharyngite pseudo-membraneuse constante et
assez grave , jamais mortelle , jamais laryngienne, accom-
pagnée d*adénite cervicale. Dans la moitié des cas de diar-
rhée au début et souvent persistante , variétés dans la des-
quaromation qui , chez deux malades , se fait à deux repri-
ses successives; chez plusieurs, éruption abondante de
vésicules miiiaires contenant d'abord une sérosité cris-
talline, puis de plus en plus trouble. Chez trois ou quatre
de ces enfants , la scarlatine fut suivie d'une anasarque
symptomatique de l'albuminurie; dans l'un de ces der-
niers cas, devenu mortel chez un sujet atteint d'une entéro-
colite chronique, l'autopsie montra du pus dans la substance
tubuleuse d'un des reins. Sauf les cas d'anasarque qui
furent traités au moyen des purgatifs, la médication fut
entièrement expectante. L'angine pultacée céda constam-
ment aux cautérisations avec l'azotate d'argent.
Le cabinet de femmes n° 10, nous offrit, quant à la
transmission contagieuse de la scarlatine , des faits ana-
logues à ceux de la salle 18. Une jeune fille, reçue dans
ce cabinet avec la scarlatine, la communiqua, au bout
de quelques jours, à Tune de ses voisines, qui la transmit
elle-même à une autre. Sur 11 lits, 4 ou 5 furent bientôt
atteints par l'infection scarlatineuse, qui se déclara ainsi
au sein même de l'hôpital, chez des sujets y étant venus
pour des affections parfaitement étrangères à cette mala-
die éruptive. Deux de ces cas observés l'un chez une jeune
fille de 15 ans, l'autre chez sa sœur, âgée de 18 ans, se
compliquèrent de délire , de coma , portés au point de
nous faire croire à une méningite. Cet état grave, coïnci-
114 JOUBSÀi PS «ÉOECIKB.
dant avec une accélératioD grande du pouls, s'améliora
rapidement sous rinfluence peut-être d'une mixlure dont
1 élément principal fut l'esprit de nitre dulcifié, à la dose
quotidienne de 20 à 25 gouttes par jour.
Ce moyen fut par nous plusieurs fois employé, avec
un égal succès, dans des cas analogues, dans la variole
continente avec accélération notable du pouls et toute
cette agitation fébrile qui en est la suite ou la coïncidence
habituelle.
En présence de cette épidémie, on résolut d'expéri-
menter la belladone comme moyen prophylactique. Une
solution fut préparée d'après la formule suivante :
Extrait de belladone , 5 centigrammes.
Teinture de cannelle, 30 grammes.
Chaque malade dut en prendre de 10 à 15 gouttes
suivant l'âge ; en général, autant de gouttes qu'il y avait
d'années.
Voici quels furent les résultats de cette médication.
Pendant le temps écoulé entre le premier et le dernier
cas apparu dans la salle 18, c'est-à*-dire pendant 7 se-
maines , 35 enfants furent soumis à l'emploi de ta bel-
ladone, tous, âgés de 6 à 15 ans, tous par conséquent,
ou à peu près, aptes à contracter l'infection : sur ces
35 individus, 5 seulement furent atteints par l'épidémie:
2 après avoir pris la solution prophylactiqge pendant 4 et
6 jours; 1 pendant 9 jours, 1 autre pendant 14 jours, le
5' pendant un mois. Chez 3 d'entre eux, la scarlatine fut
anomale et très-bénigne ; Texanthème localisé à une par-
tie du corps; chez un 4% il y eut de l'angine pultacée, de
la desquammation , mais pas de taches scariatineuses ; la
scarlatine ne parut pas avoir été modifiée chez le 5^.
D'un autre côté , 2 infirmiers , dont 1 avait eu déjà
la scarlatine, et 4 malades, qui ne prirent point de bel-
ladone, furent atteints par l'épidémie: c'est dans ce groupe
qu'on trouve les cas qui ont présenté quelque gravité, et
entre autres , celui d'un délire violent qui dur$i pendant
deux jours, délire tel que le malade sortit de son lit et de
la salle pour courir dans l'hôpital, et qu'il fallut le re-
JOeBNAIi DE NÉDBCINB. 115
tenir de force peiidunt 4H heures; la maladie fut grave,
mais se (ermioa par la gucrison. Si l'on retranche de ce
nombre de 6 , un malade qmi fut pris de scarlatine le len-
demain de son entrée, et qui, par conséquent, n'usa pas de
la belladone, on arrive à ce résultat que tous ceux sur qui
Ton ci*a pas employé la médication prophylactique ont été
atteints, tandis que sur 35 individus aptes à contracter la
maladie, mais iniluencés par la médication, 5 seuleinent
n'ont pas été épargnés, résultat qiii semble concluant, et
qui doit donner confiance dans l'action anti-scarlatineuse
(le la belladone.
Il nous reste encore à ajouter quelques mots touchant
d'autres fièvres éruptives qui se sont présentées à notre
observation.
VairiQU$. — La variole devint épidémique parmi des ou-
vriers icordonniers, demeurant ensenoblc , chez la mère de
leur corporatiion, petite rue Notre-Dame, n° 15. Sur 12 au
moî^ns atteints de variole, dans l'espace de quelques
jours , 6 ont été dans une des salles de M. Harcé : i'un ,
eut une variole très-grave, terminée heureusement ; 5
d^eotre eux , présentant des traces vaccinales, n'eurent que
des varioles modifiées, et assez bénignes ; dans les autres
services de l'Hôtel-Dieu , la variole s'est présentée spécia-
lement chez les individus de cette profession, circonstance
qui s'explique par leurs habitudes de travail en commun.
Dans la majorité des cas, et même dans les ras légers,
les sympt6mes du côté de la gorge ont été constants ;
tous ont eu une pharyngite pustuleuse confluente.
Rfmgeales. — Cette complication d'angine si marquée dans
lepidémie de scarlatine, s'est également présentée daos tous
les cas de rougeoles. avec le caractère pseudo-membraneux.
Peut-être fimt-il rattacher à cette particularité épidémique la
terminaison mortelle , par gangrène de la bouche , d'une
variole extrêmement confluente survenne à la fin de la
convalescence d'une lièvre typhoïde très-grave. Chez la jeune
lille qui fait le sujet de cette observation , les frictions
nifîrcurieUes employées pendant qu4i<)ues jours , et qui
avaient fait complètement avorter les pustules sur la lace,
116 jovrnàl de médecine.
n'avaient jamais déternninë la moindre inflammation du
côté de la bouche, et ne se faisaient plus depuis longtemps,
quand au milieu d'une angine avec enduit pultacé très-
épais, se manifestèrent des points gangreneux qui, malgré
les cautérisations avecracidechlorhydrique, envahirent toute
la muqueuse buccale. Presque tous les cas de rougeole,
avons-nous dit, furent compliqués de pharyngite pseudo-
membraneuse ; tous le furent également de bronchopneu-
monies qui , bien que très-graves , n'eurent pas une ter-
minaison fatale. Les autres complications furent des paro-
tidites, de petits abcès multiples , des otorrhées. delà
diarrhée chez un grand nombre, diarrhée mortelle chez
deux enfants. La rougeole se montra presque exclusive-
ment chez des sujets de la première enfance ; il n'en
parut aucun cas , chez ceux de la seconde enfance sur
lesquels sévissait exclusivement l'épidémie de scarlatine.
Comme fait contradictoire , nous citerons une malade adulte
qui présenta à la fois, d'une manière discrète, sur différents
points du corps , des vésicules de varicelle , des plaques
d'exanthème scarlatineux , et des taches morbilleuses , qui
se terminèrent par desquammation sans aucun accident.
Vaccine. — Un grand nombre de très-jeunes enfants,20 en-
viron, furent vaccinés ; la moitié seulement le fut avec succès :
tous ceux qui étaient fébricitants , ou même qui séjour-
naient depuis longtemps à l'hôpital pour une affection
chronique grave, se montrèrent réfractaires à la vaccina-
tion. Chez un enfant vacciné 3 jours avant l'apparition de
la rougeole , et chez lequel les pustules vaccinales avaient
manqué, il survint, vers le 12^ jour, une variole qui fut
anomale, discrète, avec fièvre secondaire très-peu marquée.
Malgré la complication d'une parotidite et d'une otorrhée,
la guérison eut lieu , et c'est là un fait digne de remarque,
que dans un hôpital les fièvres éruptives survenues chez des
sujets de la 1" et de la 2*= enfance , malgré des compli-
cations fort graves , aient eu toutes une issue heureuse et
que pas une ne se soit terminée p»r la mort.
Au milieu de tous ces faits, nous constaterons particu-
lièrement :
JOUBNAL DE HÉDSCJNE. 117
i*" Que le caractère propre à toutes ces fièvres a été là
pharyngite pustuleuse dans la variole, pseudo-membraneuse
dans la rougeole et la scarlatine ;
2^ Que la scarlatine a été presque constamment anomale,
quelquefois grave^ mais généralement de gravité moyenne ;
3^ Que, dans cette maladie, la vertu prophylactique de la
belladone semble avoir été constatée ;
4^ Que les vaccinations, chez les enfants dans un mau-
vais état de santé, sont demeurées sans succès.
ÉTUDES CLINIQUES. Des hydropisies, suites
de fièvres intermittentes , et de leur trai-
tement y spécialement de l^ acétate de potasse à
haute , dose , par M. Thibeaijd , professeur de
clinique à l'école préparatoire de médecine et de
pharmacie de Nantes.
Les épanchements de sérosité dans le tissu cellulaire
et dans les grandes cavités séreuses, les hydropisies, sont
dues à des causes diverses. Les travaux des médecins mo-
dernes , et particulièrement les recherches de Tanatomie
pathologique , ont conduit à constater ce fait général
qui avait été reconnu par les expérimentations des phy-
siologistes , l'oblitération des troncs Vf^ineuœ ou des veines
de certains viscères, comme cause du plus grand nombre
des hydropisies. Cependant, l'hématologie venant à Tappui
de l'opinion des médecins antérieurs à notre siècle, a re-
connu comme une autre cause d'hydropisie , l'altération
du sang, la prédominance de sa partie séreuse sur le
cruor et les globules. Cette anémie, ou pour nous servir
de l'expression de M. Piorry, cette hydrohémie qui sur-
vient dans la chlorose , et chez les sujets atteints depuis
longtemps de fièvres intermittentes, amène assez souvent
à sa suite l'œdème des extrémités inférieures, puis Tana-
sarque, quelquefois enfin, mais plus rarement, des épan-
tiS JOURNAL DB «ÉOBCINB.
chemenu dam les cavités séreuses. Quelque danger qu'elles
fassent courir aux malades , les hydropistes ainsi prodaites
sont susceptibles de guérison , et l'absence de lésion des
grands viscères et des g»os troncs veineux, permi^t aux
médicaments d'agir avec une grande efficacités
C*est spécialiement dans Temploi des moyens propres à
activer la sécrétion urinaire que le médecin a recours dans
les cas de ce genre. Les mé<licaments diurétiques sont
nombreux , la matière médicale est riche en ce genre.
Notre but n'est pas d'examiner en particulier chacune de
ces substances, d'analyser et d'étudier leur valeur; nous
avons vouki seulement rappetet à l'aitention des médècJHs
un médicament autrefois fort vanté, oublié pour ainsi
dire depuis, et qui nous paraît devoir reprendre son rang
en thérapeutique. Nous voulons parler de l'acétate de po-
tasse, terre foliée de tartre de l'ancienne chimie. Il mérite,
d'après tes aulevrsdu Traité de Thérapeutiqae, MM. Trous-
seaux et Pidoux, d'occuper une place assez ifii|M>rtante
parmi les diurétiques. Employé jadis avec beaucoup de
faveur, il est aujourd'hui presque tombé dans l'oubli. Les
<loses indiquées dans le Formulaire de Bouchardat^ dans
l'ouvrage que nous venons de citer, dans toutes les ma-
tières médicales modernes, sont de 4, 6, 10 grammes.
Ij^ médecins qui nous ont précédés le donnaient à des
doses bien plus fortes. C'est là probalement la cause des
succès qu'ils lui attribuent. Toutefois, ce n'est qu'après
avoir lu dans \aMnUére médicale de Uesbois de Rockeforl,
le passage suivant , que nous avons été conduit à prescrire
ce médicament à doses plus élevées que celles auxquelles
on le donne aujourd'hui, et c'e^it alors que nous en avons
obtenu des effets remarquables.
« La terre foliée de tartre , dit Desbois, s'emplc^ye dans
n les hydropisies, les engorgements du bas -ventre, les coii-
« ques hépatiques, etc. Mais pour en retirer du succès,
» il faut qu'elle soit donnée à certaine dose, et continuée
» pendant longtemps. La médecine française, d'aitteurs
M très-sage et très-savante , est trop timide à l'égard de
» ce remède , comme à l'égard de keaueeiiip d autres. La
JOUBNAL DE MÉDECINE. il9
» terre foliée est très-soluble, et peut se donner à la dose
» de 2 gros , demi-once , une once et plus par jour.
» A la dose d'une demi-once, c'est un excellent diuréli-
» que très-utile dans beaucoup d'hydropisies. » {Desbois
ae Rochefort, Mal'^ médic, t. 2, p. 122.)
l'« ObserTatiiMi*
II y a une vingtaine d'années, dans une salle de mili-
taires dont nous fûmes appelé à faire le service, se trou-
vait un jeune soldat d'une forte constitution, atteint depuis
plus d'un mois d'anasarque et d'ascite. La sérosité épan-
chée dans le péritoine était très-abondante , les parois de
Tabdomen fortement distendues, la fluctuation des plus
manifestes. On avait employé sans succès contre cette
maladie, qui s'était développée à la suite de fièvres inter-
mittentes prolongées, divers diurétiques, des purgatifs;
toute médication intérieure était à peu près abandonnée
alors que nous prîmes le service. L'examen du malade nous
porta à croire que l'anasarque et l'ascite n'étaient qu'une
conséquence de la cachexie paludéenne. Il n'existait au-
cune altération organique des viscères de l'abdomen; dç
plus, le cœur ne présentait rien d'anormal. Nous rappelant
le passage cité de Desbois, nous administrâmes immédia-
tement l'acétate de potasse , d'abord à 6 , 8 grammes, puis
en quelques jours à 12, 15, 30 à 40 grammes dissous
dans deux à trois litres de tisane d'orge et de chiendent.
La diurèse fut abondante et s'établit rapidement; en 10 à
12 jours l'ascite et lanasarque étaient guéries, il ne restait
plus rien d'une maladie nécessairement grave et qui
avait été jusque-là rebelle à tous les traitements.
Depuis cette époque, nous avons eu l'occasion d'obser-
ver plusieurs cas analogues. Nous allons en faire connaître
quelques-uns.
9« Observation.
Pellier , maçon , âgé de 42 ans , entré à l'Hôtel-Dieu le
24 décembre 1841, est placé dans la salle de Clinique.
f20 JOVRNAL BE MÉDSCHIB.
Atteint depuis 3 mois de fièvre intermittente d'abord à
type quotidien , puis tierce , il a pris à différentes fois du
sulfate de quinine. I^es accès ont été suspendus , mais il
a éprouvé plusieurs rechutes. Â la suite de l'une d'elles,
il y a 3 semaines environ , de l'œdème commence à se
montrer aux extrémités inférieures.
Du 20 au 28 décembre, le madade a un accès fébrile
chaque jour précédé d'un léger frisson ; mais cet accès
est faible, et s'éteint graduellement au bout de 5 à 6 jours,
sans qu'il soit nécessaire d*avoir recours au quinquina.
L'anasarque s'étend jusqu'à la face; il existe de la fluc-
tuation de l'abdomen. Le lendemain de l'entrée on admi-
nistra comme purgatif 15 grammes de crème de tartre,
et pour boisson une tisane nitrée.
Malgré la cessation de la fièvre, fanasarque et l'ascite
persistèrent. On commença l'emploi de l'acétate de potasse
le 28 décembre , d'abord à la dose de 4 grammes dans
un demi-litre de tisane simple, puis en portant rapide-
ment la dose à 6, 8, 16 , 30 et 40 grammes, en prenant
soin d'étendre ces fortes doses dans 2 à 3 litres de tisane
que le malade buvait en 24 heures. Le 3 janvier , le mé-
dicament étant alors porté à 30 grammes, les urines com-
mencèrent à devenir un peu plus abondantes ; l(»s 4 et 5,
elles le furent beaucoup plus; la dose d'acétate était de
36 à 40 grammes. L'anasarque et l'ascite diminuent nota-
blement. Les 6 et 7 janvier, plus de 3 litres d'une urine
limpide et presque incolore sont rendus dans les 24 heures.
Le volume du ventre et la distension de la peau sont
bien moindres. Le 12 janvier, l'ascite a complètement
disparu, il ne reste qu'un peu d'infiltration aux malléoles.
On diminue la dose d'acétate qu'on cesse le 16. Pendant
les 7 à 8 jours qui suivirent , quelques légers accès de
fièvre à type irrégulier >e montrèrent; on remarqua un
peu d'oedème des jambes et un léger gonflement de l'ab-
domen. Quelques doses d'acétate de potasse furent admi-
nistrées, mais plus faibles celte fois. Tout cela disparut
promptement, et Peltier sortit parfaitement rétabli le
8 février.
J0T7RNÂL 1)B MÉDECINE. 121
S" ObfiervatioD.
Anasarqueet ascite, suites de fièvres inîermillentes. — Gm-
rison rapide par l'acélate de potasse à haute dose.
Janiiais, Joseph, jardinier, âge; de SOans^ entre à l'Hôlel-
Dieli, le 29 janvier 1842. 11 habitait à la campagne une
chambre basse et humide, et avait été atteint de fièvre
intermittente au commencement d'octobre 1841. Dans les
premiers jours du mois de novembre, il avait été reçu à
rhôpital où il séjourna un mois. Pendant cet espace de
temps, il continua à avoir des accès de fièvre, et bientôt
après, ceux-ci furent accompagnés d'anasarque. Comme
Ton crut alors reconnaître quelques signes de lésion du
côté du cœur, on pratiqua plusieurs saignées ; du sulfate
de quinine fut en outre prescrit , et la fièvre céda. La
digitale et plusieurs autres diurétiques furent ensuite ad-
ministrés. Le malade sortit assez bien de l'hôpital, mais
très-peu après il éprouve une rechute, les accès de fièvre
deviennent quotidiens , l'anasarque reparaît.
Les premiers jours qui suivirent l'entrée de Jannais à
l'Hôtel-Dieu , on crut convenable de pratiquer une saignée
que l'on fit suivre de l'administration d'un purgatif. Les
accès ayant toutefois continué à se montrer sous le type
quotidien, du sulfate de quinine les suspendit.
7 Février. Etat actuel , cessation de la fièvre, œdème des
jambes , des cuisses , des bras et de la face, consistance
assezferme de la peau sous la pression du doigt , fluctua-
tion abdominale. Pas de tuméfaction de la rate. L'auscul-
tation ne fait découvrir aucune lésion du cœur.
Acétate de potasse, 4 grammes dans un litre de tisane.
Les 8 et 9 février, 6 et 8 grammes.
10 Février. 1 5 gramrties.
li Février. 25 grammes dans deux litres de tisane.
12 Février. 30 grammes.
13 Février. L'œdème des mains diminue, la fluctuation de
l'abdomen estmoindre.Augmentation très-notable des urines.
14 Février. 35 grammes d'acétate de potasse.
Le 15 février. 40 grammes du même médicament dans
3 litres de tisane.
122 JOUBKAL D« MâDfiCINE.
Urines très- limpides et très-abondantes. La fluctuation
abdominale se perçoit à peine. Le malade a sué assez abon-
damment la nuit précédente.
Du 16 au 18 février. Disparition presque complète de
lanasarque; il ne reste d'œdème qu'à la partie inférieure
des jambes; l'ascite a complètement disparu. Les urines
sont très-abondantes, le malade en rend plus de 4 litres
en 24 heures. (45 grammes d acétate de potasse ont été
prescrits le 18 février.^
19 Février. Le malaae est très-bien, il ne subsiste plus de
la maladie qu'une légère infiltration autour des malléoles.
Les doses élevées du médicament n'ont pas eu d'effet
purgatif. On diminue successivement ces doses jusqu'au
22, où on les suspend.
L'infiltration malléolaire a disparu. Quelques tasses d'eau
ferrugineuse sont prescrites. Jannais sort le 24 février,
parfaitement rétabli.
4* ObfierTiilion.
Ascile et anasarque, suites de fièvre intermiUejile prolongée.
Traitement par Vacétale de potasse à haute dose. Gué
rison en 9 jours. (Observation recueillie à la Clinique
par M. Màrcé^ élève interne.)
Calvet, Joseph, manœuvre, âgé de 33 ans, vint habiter
Chalonnes sur les bords de la Loire, au mois d'avril 1849,
avec sa femme et deux jeunes enfants. La chambre qu oc-
cupaient ces pauvres gens était étroite , humide , située
au niveau du sol, et ne recevait jamais les rayons du soleil.
Calvet travaillait tous les jours aux mines de charbon, à
une grande profondeur. Au bout de deux mois se dé-
clarent des accès de fièvre intermittente; les 8 premiers
jours, ils présentent le type tierce, puis quotidien. Pen-
dant 3 mois, la fièvre se maintient sous ce dernier type.
Combattue à quelque distance de son début par des soins
appropriés, elle cède promptement, mais revient au bout
de 1 5 jours ; et , lorsque le malade entrait à l'Hôtel-Dieu,
le 20 novembre 1849, il avait la fièvre depuis 3 mois et
demi sans interruption. Ses deux enfants étaient morts
fOt)Hra>l DE MÉDKCIKE. 423
Mtieîutsd'iufiilraiion considérable sut'voilUis à la suite dac
c^ès inlermiiteots ; sa femme entrait en même temps que
1 ui à l'hôpital également alteinle de lièvre inlermiitente,
mais saus accidents consécutifs.
21 Novembre. Depuis un mois, il v a de Titscite, et de-
puis trois semaines rinliltration n envahi les extrémités
inférieures, le tronc cl les hras. La face est bouffie et dé-
colorée. La région splénique est douloureuse , mais
.4'épauckement péritonéal empêche de constater Thypertro*
^phie de la raie. Il existe une toux fréquente avec un râle
sibilant et muqueux dans toute .retendue delà poitrine,
mais surtout à gauche. Le malade éprouve de l'oppression.
La langue est sale, l'anorexie complète. Tous les jours à
uiidi revieut uji accès de lièvre.
Les 22, 23 et 24 novembre, on administre le sulfate de
quinine en potion avec 8 gouttes de laudanum de Syden<
liam;le l"jour à la dose de 75 centigrammes, le 2^
60 centigrammes, le 3<^ jour 1 gramme 35 centigrammes,
l'accès n'ayant pas cessé de reparaître après les premières
doses.
26 Novembre. La lièvre n'exisie plus, mais nul change-
ment ne s*est opéré du reste dans l'état du malade. L'ana-
sarque et l'ascite |>ersistent. Ou prescrit un litre de tisane
d!orge et de chiendent avec un gramme de i^ilrate de
potasse. Cette boisson est continuée jusqu'au 29 novembre,
sans que la sécrétion urinaire en soit augmentée.
Les 29 et 30 novembre, on commence l'emploi de la*
tevre foliée de tartre à la dose de 4, puis de 6 grammes;
le 1'^ décembre on en donne 8 grammes. Uès la nuit du
30 novembre au i^* décembre la diurèse était obtenue,
le malade rendit près de 3 litres d'urines;
Le 2 décembre, la dose du médicament est portée à
12 grammes, le 3 à 15 grammes, le 4 à 20 grammes.
4 Décembre. Le malale rend eu 24 heures au^moins
& à 6 litres d'urine. Déjà l'œdème a diminué , la .peau des
mollets Qst flasque et molle, l'ascite est maintenant diffi-
cile à constater. 11 n'y a plus d'oppression.
5 Décembre. On donne 24 grammes d'acétate de.pqtasse
124 JOUBNAL DE HÉDfiCl^£.
dissous dans 2 litres de tisane ; ie 6 décembre 22 gram-
mes. Chaque jour le malade rend 7 à 8 litres d'une urine
claire et limpide. L'ascite et Tanasarque ont complète-
ment disparu ; les saillies de Pavant- bras commencent à se
dessiner : la peau est flasque et pendante , la face n'est
plus œdématiée et a changé complètement d'aspect. La
toux et les râles ont cessé. Le malade boit facilement sa
tisane et n'accuse que quelques coliques sans diarrhée.
7 Décembre. Un litre et demi de tisane avec 15
grammes d'acétate de potasse. Le malade rend encore six
litres d'urine dans la journée.
8 Décembre. Dernière dose de 8 grammes du médica-
ment.
Calvet sort de l'Hôtel-Dieu le il , encore grêle et maigre,
mais complètement guéri.
ft« Obnervalion.
Ascile considérable et anasarque survenues à la suite
d'une fièvre intermittente datant de 5 mois; acétate de
potasse à haute dose ; guérison en 7 jours , diurèse
abondante. {Observation recueillie par M. E. Vallin ,
interne à l'Hôtel-Dieu.)
Baëlt, belge, âgé de 48 ans, habitant un village près
de l'embouchure de l'Escaut , vint à Nantes en décembre
1854, pour y être employé comme charpentier de navi-
res. Cet homme, d'une constitution forte et robuste, avait
eu la lièvre intermittente dans son pays , mais il était
assez bien portant à son arrivée. Un- mois après , com-
mencement de janvier, rechute, accès en tierce, entrée
à l'hôpital Saint- Jacques où il reste 1 5 jours. La lièvre
cesse. Quelque temps après , les accès reparaissent sous
le type quarte : le malade entre à THôtel-Dieu le 5 mars
1855.
6 Mars. L'accès de fièvre s'est prolongé pendant la nuit;
ce matin le malade est eu sueur. La teinte de la peau
est d'un jaune paille, la langue un peu sale, pâle, étalée,
la membrane muqueuse de la face interne des lèvres,
JOUBNAL D£ MÉDECINE. 125
celle des gencives et la conjonctive palpébrale sont
d'une grande pâleur. 11 existe une ascite considérable ; le
malade dit ne sêtre aperçu que depuis 8 jours du gon-
flHment du veutre. La raie est plus volumineuse que dans
Téiat normal , mais elle est refoulée en arrière par la
sérosité de Tabdomen.
(Prescription. — Sulfate de quinine, un gramme,
tisane nitrée.)
9 Mars. La fièvre n a pas reparu hier, jour d'arcès. L'é-
tat du malade est du reste le même.
(Première dose d'acétate de potasse de 4 grammes
qu'on augmente un peu les jours suivants.)
1 1 Mars. Le malade rend à peine 2 verres d'une urine
brune et foncée.
La soif est vive.
Les 12 et 13 mars, on donne 8 et 12 grammes d'acé-
tate de potasse. Los urines sont toujours épaisses et peu
abondantes.
15 Mars. Le malade éprouve une gêne considérable ,
il a de la peine à se retourner dans son lit. L'anasarque
et l'ascite ont augmenté; le dos des mains est extrême-
nrient tuméfié, le scrotum est infiltré. On augmente la dose
du médicament que l'on porte ce jour à 24 grammes
dissous dans 3 litres de tisane.
17 Mars. Les urines devienneitt plus abondantes.
Dose de l'acétate de potasse, 35 grammes.
Le 19 mars, 40 grammes; 4 litres d'urines sont rendus
dans les 24 heures. L'anasarque et l'ascite n'ont |)as
encore subi de diminution.
20 Mars. — La quantité d'urines rendue depuis ht
veille s'élève à 7 litres. Diminution de l'anasarque, mais non
de l'ascite. L'état général est plus satisfaisant , la lièvre
n a pas reparu depuis le 6.
21 Mars. Le malade a rendu 6 litres d'urine. Diminu-
tion très-notable de l'ascite et de l'anasarque, surtout à la
cuisse droite ; tension beaucoup moindre de labdomèn ,
scrotum presque revenu à l'état normal. Le malade s'est
levé et promené dans la journée.
126 lOUlUfàL D£
Du 23 au 26 mars. On diminue peu à peu la dose du
médicament. La diurèse continue avec autant d abondance,
6 litres d'urine sont rendus en 24 heures. L'anasarque
disparaît rapidement ; il ne reste plus qu'un peu d'oedème
aux jambes, l/abdomen est mou : ses parois, qui étaient
considérablement infiltrées, ne le sont plus ; la maiité que
la percussion faisait entendre à la partie déolive de l'ab-
domen se borne de plus en plus ; il n'existe aucune fluc-
tuation.
29 mars. On cesse ladminist ration de l'acétate de {Mi-
tasse. Toutes traces d'anasanfue et d'ascitc ont disparu ,'
mais le malade offre tous les signes de l'anémie , couse-
quence de la cachexie paludéenne. On perçoit un peu de
^ouftle au cœur et aux carotides; les membranes muqueu-
ses et la peau sont très-pâles.
Quelques doses de (artrate de )K)tasse et de Cer, 20 cen-
tigrammes par jour et une alimentation réparatrice, sont
prescrites. De la diarrhée survenue les jours suivants force
à suspendre le fer.
Le 2 avril, elle est complètement arrêtée. On ne reprend
pas encore l'usage du fer. Cependant, les forces paraissent
revenir, le malade se promène tous les jours dans les cours
de Thôpital ; l'appétit est très-bon.
Le 1 1 avril. Baëlt sort parfaitement rétabli.
Les faits que nous venons d'exposer confirment , il nous
semble , l'opinion des physiologistes qui regardent la
sécrétion urinaire comme faisant antagonisme à ta sécré-
tion séreuse tant interstitielle que vésiculaire, et qui pen^
sent que l'un des moyeris les plus sûrs dé guérir l'hydro-
pisie, c'est d'activer la sécrétioti des urines. (Burdach,
Physiol.)
Alors que les forces vives de l'organisme ne sont pas
épuisées, et que surtout les principaux viscères ou les
veines sont libres de toute altération , calte diurèse , dont
l'abondance nous a frappé et que provoquent si lapidemeol
certains médicaments , se manifeste spontanément dans
quelques cas ; l'observation suivante nous a paru sous ce
rapport présenter quelque intérêt.
JOtRNAL D£ IttÉDECmE. 127
6« Obsemition.
Le nommé Picot, âgé de 40 ans, manœuvre employé à
casser des pierres sur une route près de Chantenay, contracte,
dans Tété de 1854, une fièvre intermittente qui persiste
pehdant environ 6 mots , sous le type quarte , et cesse au
commencement de janvier 1855, à peu près sans traite-
ment. Il entre à THôtel-Dieu le 19 février 1855 , dans un
état d'anémie. Les forces musculaires sont très-aftaiblies ,
la face est pâle , maigre , les paupières supérieures légè-
rement œdématiées, les cuisses et les jambes infiltrées. Il y
a de Tascite. Le volume de la rate ne dépasse que fort
peu I état normal. 41 n'existe aucun signe de maladie du
cœur , pas de souffle aux carotides ni d'accès fébriles.
L'appétit s'est conservé ; mais depuis six semaines , le ma-
lade est atteint d'une diarrhée qui a commencé par quel-
ques selles sanguinolentes.
'Après avoir, pendant les premiers jours, combattu la
diarrhée sans résultat au moyen du diascordium additionné
de petites doses d*opium , on a recours au sous-nifr.ite de
bismuth dont on pointe gradueliement la dose de 6 et
8 grammes à 30 et 35 grammes par jour. La diarrhée,
d'abord stationnaire diminue les premiers jours de mars,
pour céder bientôt complètement le 6. Ce jour, il rend
une selle de matières solides.; la physionomie es^t meil-
Irure , mais l'anasarque existe toujours ainsi que l'ascite.
Du 7 au 8 mars , sans que de nouveau médicaments
aient été donnés , une diurèse abondante s'établit. Le
malade rend près de 8 litres d'urine dans les 24 heures ;
les jours suivants, 8, 9, 10 et 11 mars, 6, 7, et jus-
qu'à 9 litres. L'ascite et Tanasarque diminuent rapidement.
Le 13 mars. Il n'existe plus de fluctuation abdominale.
Les 13, 14 et 15 mars, lé malade rend de 2 à 4 litres
d'urine dans la journée. L'anasarque a complètement dis-
paru ainsi que l'ascite, l'état général est satisfaisant.
Le 25 mars. On prescrit quelques doses de tartiiate
de potasse et de fer. La diarrhée ayant reparu, on les
cesse, et quelques jours après on y substitue la limaille
128 JOUBNAL OB MÉDBCinE.
de fer unie au diascordium. La dose de fer esl succes-
sivement augmentée et portée à 2 grammes 30 centi-
grammes par jour.
Le malade reprend des forces ; la coloration de la peau
reparait, il sort parfaitement rétabli le 30 avril.
Une augmentation rapide et considérable de la sécrétion
urinaire est donc un des principaux phénomènes qui ,
dans les épanchements de sérosité dans le tissu cellulaire
ou les séreusest est suivi d'une prompte résorption. Ainsi ,
la fonction éliminalrice de Tappareil urinaire ilans l'état
de santé, se continue dans les maladies; et, dans les
liydropisies de la classe de celle dont nous parlons , l'ac-
tivité de cette fonction augmente et produit les effets
thérapeutiques que nous venons de signaler. Une solidarité
réelle existe en effet entre plusieurs fonctions de l'écono-
mie vivante. Si lune d'elles vient à s'affaiblir ou à cesser,
une autre la remplace aussitôt. Les fonctions de la peau et
les fonctions des reins paraissent sous ce rapport se ba-
lancer en quelque sorte. Lorsque, par une perversion de
la nutrition , la partie séreuse des fluides et spécialement
du sang qu'éliminent incessamment les deux grandes fonc-
tions que nous nommions tout à Theure , vient à remplir
les cavités séreuses ou le tissu cellulaire, l'effort éliminateur
de la peau ou des reins arrive au secours de l'organisme ;
et, pour fournir les matériaux nécessaires à l'activité ac-
crue de ces fonctions, il se fait une prompte résorption des
fluides épanchés. En étudiant avec attention les faits qui
précèdent, ce but d'activité des fonctions urinaires ne peut
être méconnu, et c'est précisément parce qu'il se manifeste ici
avec une clarté pleine d'évidence que nous les avons rapportés.
Il est donc vrai que c'est toujours la puissance inhérente
à l'organisme vivant qui guérit, soit qu'elle se traduise au
deliors par l'apparition spontanée de phénomènes spé-
ciaux, soit que ceux-ci aient été provoqués par les moyens
de l'art. Il suit également de là qu'en maladie , les phéno-
mènes anormaux qui viennent à surgir dans l'économie
tendent en général à un but, la guérison. Ce grand fait
trop clair en chirurgie, n'y a t-il aussi jamais été nié. Le
JOURNAL DE MÉDECINE. 129
chirurgien en étudiant le merveilleux travail delà cicatrice et
de la formation du cal dans les fractures, sait fort bien
que la tendance finale à la cicatrisation et à la consoli-
dation des os fracturés est leffort incessant de la nature.
Kn médecine, il n'en pouvait être autrement; et cependant,
comme la marche des phénomènes a quelque chose ici
de plus obscur , tes faux systèmes, sous Tapparence super-
ficielle d'une plus grande clarté, sont venus répandre des
nuages sur cette vérité reconnue par tous les siècles. La
llîérapeutique presque entière était fondée sur cette idée
hippocratique des tendances delà nature vers la guérison.
C'était le quô natura vergit eo ducendum , cette maxime
des médecins les plus éminents de toutes les époques.
Naguère encore à peu près méconnue, elle commence à
se montrer dans quelques écrits, mais surtout elle appa-
raît de plus en plus dans les récentes discussions de l'Aca-
démie de médecine. Au reste, nous ne devons pas nous
trop étonner d'avoir vu les sciences médicales traverser
cette phase critique. A la suite des grands naturalistes du
XVIH'' siècle, de Tillustre Linnée qui, en découvrant
quelques traces de l'intelligence suprême dans les œuvres
de la création, disait dans son admiration pour celles qui
paraissaient les plus petites et les plus nulles , quelle force!
quelle sagesse ! quelle inexplicable perfection ! {Linn,
Systema nalurœ) , sont venus d'autres hommes iloués
certainement d'incontestables facultés, mais qui, sous l'in-
fluence de plus en plus croissante de certains systèmes
philosophiques, ont nié hautement les causes intentionnel-
les dans la formation des organes, en d'autres termes ont
cherché à détruire et à rendre ridicule la doctrine que
les anciennes écoles désignaient sous le nom de causes
finales, La philosophie allemande, le panthéisme maté-
rialiste d'Hegel et de ses disciples ont repris cette tAche,
et l'autorité qu'ils ont acquis** est plus grande qu'on ne le
pense vulgairement. Il est plus d'un physiologiste de noire
temps qui professe ces systèmes, peut-être sans s'en douter.
Toujours est-il pour nous médecins, qu'une fois la
finalité niée en physiologie, la négation des actes salutai-
res de ce qu'on appelait jadis nature médkalrice suit né-
130 JOUENAL BB VÉDECIZIB.
cessairement. La malière médicale et la thérapeutique se
trouvent alors abaissées et réduites au pur empirisme.
Heureusement que Tinteiligence et le bon sens pratique
de la France ne lui permettent pas de descendre longtemps
cette pente, et la ramènent bientôt à la véritable obser-
vation. En effet, en renfermant la médecine dans Tétude
purement empirique et matérielle des phénomènes mor-
bides, on a cru qu'en répétant un nombre indéfini de fois
des observations laborieusement recueillies, on constitue-
rait ainsi la science , et de là les espérances et les procé-
dés de la statistique appliquée à la médecine. Or, à moins
qu'on ne professe encore cette donnée fondamentale des
derniers représentants du matérialisme, il n'y a point de
lois, il n'y a qœ des fcUls successifs ^ on devra reconnaître
qu'en accumulant incessamment et sans critique des his-
toires fort détaillées de maladies , on a fait peu de chose
au point de vue du véritable progrès.
De même que tous Içs écrivains, nous devrons, dit le
docteur Gendrin , prendre pour but de nos recherches el
pour principes de nos doctrines les faits et l'observation.
Mais les faits sont stériles par eux-mêmes, ils ne devien-
nent des observations que lorsqu'on les soumet à l'ana-
lyse et à la discussion. Les conséquences qu'on en déduit
ne peuveitt se généraliser sans crainte d'erreur , que lors-
qu'elles conservent le cachet de l'observation directe dont
elles dérivent. La vérité d'un principe résulte moins du
nombre des fîûts que de la rigueur du raisonnement et de
l'évidence des observations qui servent à l'établir. (Gen-
drin, Traité philosophique de médecine pratique.)
Un philosophe de nos jours a dit avec une haute raison:
La perception des lois universelles des êtres est excitée en
nous et non déduite de ces cas qui , quelque nombreux
qu'ils fussent , ne sont en dernier résultat que limités et
fixés. Les lois de la vie engendrent et régissent les phé-
nomènes en santé et en maladie, et une fois reconnues elles
sont la lumière qui doit éclairer et guider le médecin dans
l'étude si complexe des objets auxquels se rapportent ses
méditations. Dans la sphère qui leur appartient , ces lois
vitales participent de l'universel comme les lois géométri-
JOVmnAl DE MÉMMZITKB. 131
ques, elles ne sont pas du tout un mélange confus de quel-
ques cas particuliers. Ce n'est pas en multipliant les faits
Tt^lalifs à la chute des graves, que Newton est arrivé à la
«lécouverte des lois de la pesanteur. C'est en réfléchissant
profondément aux circonstances de la marche descendante
d€» corps. Accumuler, puis compter des faits dont le nom--
bre finit par devenir un ferdeau pour la science , c/eet
perdre le temps et appliquer Ic-s forces de l'intelligence à
un travail sans fruit. En procédant ainsi, il n'est plus au
pouvoir de l'esprii de poursuivre Tétude approfondie et com-
parée de quelques faits, de les examiner sous leurs divers
aspects et relativement aux éléments qui constituent un
fsiit en lui-môme.
Dans une science qui a pour objet les phénomènes de
la vie toujours essentiellement complexes et variables, dit
encore le docteur Gendriii , les faits quelque nombreux
qu'ils soient , comptés , rassemblés au hasard et comparés
(I après leurs formes extérieures les plus saillantes, ne peu-
veiil servir de prémisses à des couMusions rigoureuses.
Les exceptions négligées peuvent être l'expression de la
toi la plus générale. La méthode statistique en médecine
a conduit des hommes de bonne foi à un empirisme sté-
rile ou à un scepticisme exagéré. La philosophie de la
science procède» d'une manière contraire ; elle s'attache à
décomposer les Ëiits par l'analyse , à en comparer les élé-
ments. Nous regardons, ajoulii le même auteur, les con-
séquences d'un seul &it comme établissant une vérité in-
contestable, quand elles sont conformes aux principes
déduits immédiatement d'observations directes ou de rap-
ports constants de c^rnse à effet, en anatomie, en physio*
logie et en pathologie. (7V. Phit. de méd. pratique.)
L'éclectisme , nous continuons de citer , a la prétention
d'emprunter à toutes les doctrines les vérités établies par
Tobservatioa , et d'en construire la sienne ; mais en mé-
decine comme en philosophie, l'éclectisme tue les prin-
pes par indifférence et dissout la science par le scepticisme.
Le triage de l'éclectisme suppose une doctrine première,
mesure et critérium de toutes les doctrines, et qui rentre
nécessairement dans l'opération propre et personnelle de
132 joumâl de xébbcinb.
c.haque esprit ; admettre cela , c'est sortir de l*écleclisme.
{Gendrin, Traité philosophique de médecine preUique.)
En médecine comme en toute science, avant d*aborder
l'observation , il faut donc admettre que les faits |)atholo-
giques sont régis par les lois vitales, se manifestant dans
un état anormal de I économie ; autrement, nous n'aurions
que des faits successifs sans loi universelle ou comroun<*.
l) où il suit que ne pouvant acquérir la connaissance que
d'un certain nombre de cas particuliers, en droit, nous
ne pourrions rien conclure; et c'est' en effet là qu'on
arrive logiquement , tout en élevant si haut l'observation ,
c'est- à-dire au scepticisme , ou en d'autres termes au
néant de la science, puis , en fin décompte, au rire de
lecole voitairienne. L'oreiller du scepticisme peut-être
fort commode , a dit quelque part Montaigne , mais il faut
pouvoir se résigner â la nonchalante torpeur dans laquelle
ne larde pas à tomber celui qui est tenté d'y reposer sa tête.
Ces considérations générales sembleraient n'être qu'une
digression, et cependant elles nous ont paru se rattacher es-
sentiellement au travail que nous venons de lire. En méde-
cine, et par conséquent en physiologie, l'étude d'un seul
point touche à tous les points de la science.
Pour conclusion, nous croyons pouvoir établir ce qui suit :
1° Dans les hydropisies qui n'ont pas pour cause une
altération organique, la guérison peut souvent avoir lieu ; le
plus ordinairement elle s'obtient par l'accroissement de la
sécrétion des urines, fonction faisant antagonisme à la sécré-
tion séreuse interstitielle et à celle des membranes séreuses.
2° Cette diurèse peut se manifester spontanément, et
par le fait de la puissance médicatrice, loi de l'organisme
dans l'état de maladie.
3« L'acétate de potasse administré à haute dose, agit
energiquement comme diurétique dans ces cas, et déter-
mme rapidement une diurèse abondante et salutaire.
JOURNAL
DB LA
SECTION DE MEDECINE
DE LA SOCIÉTÉ ACADÉHIQDE.
>«0««
BULLETIN DES SÉANCES.
Séance du 11 juillet 1856.
PEÉSIOENCB DE M. MÀHOT, PRÉSIDENT.
La Section a reçu entre autres ouvrages :
i"* Observations et recherches sur l'oblitération de la
veine^porte et sur les rapports de cette lésion avec le vo-
lume du foie et la sécrétion de la bile , par E. Gintrac ,
10
134 JOUBIfÂL DB HtiDBCinX.
professeur de clinique interne et directeur de l'école de
médecine de Bordeaux.
M* Malherbe est nommé rapporteur.
2"" De la famille des Loganiacées ei des plantes qu*eUe
fournit à la médecine, thèse pour le doctorat en méde-
cine, présentée et soutenue le 7 juin 1856, par Louis-
Edouard Bureau.
M. de Rostaing de Rivas est ûommé rapporteur.
L*ordre du jour appelle M. Mabit à la tribune pour lire une
note au sujet des empoisonnements par VŒnanthe crocata.
Dans cette note, il expose succinctement les caractères diffé-
rentiels de rOE. peucedanifolia , de VŒ. pimpinelUndes
et du Chenopodium-Denudatum , planter dont il est facile
de confondre les tubercules avec ceux de VŒnanthe
crocata. M. Mabit met en outre sous les yéui de ses col-
lègues les plantes des trois premières espèces.
M. Rouxeau succède à M. Habit et donne lecture de
plusieurs Obs&rvùtions d'iclampsie nÙmminurique , suite
de scarlatine (1).
M. Sfalherbe lit ensuite une Observation depsoïtis ter-
miné par la mort (2).
Af. Aubinais demande à faire une communication ver-
bale au sujet d'un accouchement dans lequel le fœtus na-
quit parfaitement viable et vivant, le placenta offrant
cette particularité de l'existence d'une masse dure qui lui
était adhérente, masse qui fut reconnue par M. Chenan-
tais pour les débris d'un fœtus de 4 mois environ.
M. Aubinais croit que l'arrêt de développement de
l'un des fœtus dans les grossesses gémellaires , est bien
plus souvent le résultat d'une cause trauraatique, comme
dans ce cas-ci, où la mère avait reçu un coup dans
le flanc gauche , pendant les premiers mois de sa ges-
tation , que réff'et du développement prépondérant de
Tautre fœtus.
(2)
Voir plus loin , p. 139.
Voir le nninëro précédent, p. 95.
JOUBNAl. DB M^PSGHfB. 135
MM, Malherbe, Mabit et Deliun rappellent des feits
analogues, mais sans pouvoir rien affirmer touchant la
nature de la cause de ces arrêts de développements de
l'un des fœtus jumeaux.
Séance extraordinaire du 22 juillet 1856.
PRÉSIDENCE DE M. HAHOT , PRÉSIDEIÏT.
Cette séance fut consacrée à Texamen de &f. E.-À.
Groux , de Hambourg , porteur d'une fissure congénitale
du sternum, qui permet de voir et de palper le pouls
aortique et surtout les mouvements de dilatation et de
contraction de Toreiilétte droite.
Séance du 22 aoûM856.
PEÉSmENCE DE M. HAHOT, PRÉSmENT.
L'ordre du jour appelle la lecture d'une Observation
cliniqw par H. Rouxeau (1).
M. Letenneur lui succède à la tribune et lit deux Obser-
vations de rupture de V utérus (2).
M. Aubinais demande la parole. Il reconnaît , comme
l'a dit M. Letenneur, que les faits de rupture de l'utérus
pendant le travail sont rares, et pense exagérée la propor-
tion d'un de ces accidents, sur 900 accouchements, chiffra
admis par la statistique et consigné dans le Manuel des
accouchements de J. Jacquemier. Quant à lui , il est du
nombre des médecins qui ont eu Le bonheur de n'avoir
eu aucun de ces faits à observer. Il croit ces ruptures
dues , le plus souvent , aux moyens employés pour déli-
ai) Voir plus loin, p. 155.
(2) Voir plus loin , p. 163.
i36 JOUBNàL DB VÉDBCHŒ.
vrer la femme ou à de fausses manœuvres. La rupture
spontanée est des plus rares, s'il s'en rapporte à ses
lectures.
M. Malherbe demande à faire une communication
verbale. Chacun de nous , dit-il , se rappelle l'épidémie de
choléra de 1854. L'année suivante (1855), on compta à
Nantes 65 décès dus au choléra. Celte année (1856) ,
sous rinfluence des violentes chaleurs que nous avons
eues à supporter , nous avons vu , de nouveau , apparaître
plusieurs cas de choléra, dont quelques-uns ont été mor-
tels , et un grand nombre de cholérines. Les décès, jusqu'à
présent , atteignent le chiffre 20. Toutefois , il ne &ut
voir, dans cette réapparition du choléra en 1855 et 1856,
que les reliquats de l'épidémie de 1854, et non une
nouvelle invasion. Un fait à remarquer, c'est la dissémi-
nation dans toute la ville de la maladie , qui ne remonte
plus, comme en 1854, le lit du fleuve et a même complè-
tement épargné le quartier de THermitage, son premier
point de départ à cette époque. Cette fois, le fléau a surtout
frappé de mort les enfants au-dessous d'un an. (Choiera
infantilis.) Quelquefois ces diarrhées ont foudroyé les ma-
lades dans vingt heures , et , en certains cas , elles ont re-
vêtu le caractère de la dysenterie. M. Malherbe a remarqué
l'invasion de nombreuses diarrhées chez les enfants coïnci-
dant avec le développement d'un orage , et cette ob-
servation, il l'avait déjà faite dans les années précédentes.
M. Rouxeau a vu quatre cas de choléra , deux ont été
peu intenses; des deux autres, l'un a été mortel en 36
heures, le second, en 6 heures; celui-ci a sévi sur un
goutteux , faisant depuis longtemps un large usage des
pilules de Lartigues.
M. Malherbe demande à M. Rouxeau si , dans ce der-
nier cas, il ne s'agirait pas plutôt d'un empoisonnement
par le colchique , que d'un choléra , les caractères
de ces deux maladies , ayant plus d'un rapport commun.
Ne penserait-il pas du moins que ces deux influences ont
pu être réunies ?
M, Rouxeau répond que le malade en question était
JOUBMÀL DE UÉDBCINB. 137
un homme ftgé de 62 ans, ayant la goutte depuis une
vingtnine d'années. Lors de ses attaques , il avait Thabi-
tude de prendre 6 à 8 pilules de Lartigues par jour.
Cette dernière fois , il avait pris , pour combattre ses
douleurs, six pilules en 12 heures, lesquelles provoquè-
rent une diarrhée suivie de réaction. Alors seulement ,
au moment où le malade n'était plus préoccupé que de
régler son régime , survint Talgidité accompagnée des
autres symptômes cholériques qui emportèrent le malade.
M. Padioleau a eu à donner ses soins à noire confrère
M. Legouais, qui a été pris subitement d'un véritable
choléra, actuellement en voie de guérison.
M. Hélie a soigné un enfant chez lequel le choléra a
duré 15 heures. Il a également vu mourir en 12 ou 15
heures , une femme de 82 ans , qui s'est éteinte sans
douleurs, après un affaiblissement progressif. Il a remarqué
que , dans les dernières épidémies , st le choléra est
accompagné généralement de souffrances moindres , en
revanche , la réaction est moins sûre et moins franche que
dans l'épidémie de 1832.
ilf. Deltiên ajoute à tous ces faits que, depuis un mois,
les accidents gastro-intestinaux sont très-fréquents ; déjà il
en avait signalé l'existence dans une précédente séance ,
mais depuis quinze jours surtout leur recrudescence est
évidente. Un symptôme qui l'a frappé , c'est la sensation
d'oppression épigastrique. En présence de ces symptômes
gastro-intestinaux , il s'est demandé s'il y avait avantage à
avoir recOurs aux évacuants et à les préférer aux opiacés.
Son expérience lui a décidément fait donner la préférence
aux premiers.
Séance du 12 septembre 1856.
PRÉSIDENCE DE H. MÂHOT , PRÉSIDENT.
L'ordre du jour appelle la lecture d'un rapport sur un
138 JOUMIAL DB «ÉDBaUB.
opuscule , de M. Giiitrac , directeur de l'école de médecine
de Bordeaux, intitulé : Observations et recherches sur
toblitératian de la veine-porte , et sur les rapports de
cette lésion avec le volume du foie et la sécrétion de la bile,
par M. Malherbe (1).
M. Herbeliu est ensuite appelé à la tribune pour donner
à l'assemblée communication d'une note sur les diffé-
rentes magnésies médicinales. Il en compte quatre sortes :
I» la magnésie du codex ; 2"^ la magnésie éteinte ou hy-
dratée; 3** la magnésie lourde, dite de Henry ; 4® enfin
le sous-carbonate de magnésie. Après être entré dans
quelques détails sur leurs caractères différentiels et leurs
propriétés diverses , M. Herbelin croit devoir s'enquérir de
la sorte de magnésie qui doit être , en définitive , livrée
par le pharmacien , lorsqu'on demande à celui-ci de la
magnésie anglaise , les praticiens comme les auteurs ne
lui paraissant pas d'accord à ce sujet.
Cette question provoque une discussion à laquelle
prennent part MM. Mabit , Pincet , Herbelin , Hauduit ,
Malherbe et Deluen , et qui démontre , en effet , l'exis-
tence de ce défaut d'accord , les uns entendant désigner
sous le nom de magnésie anglaise , sous-carbonOile de
magnésie, et les autres, la magnésie calcinée du codex. On
éviterait ces malentendus, dit H. Malherbe, en bannis-
sant de nos formules l'épithète indiquant la provenance de
la magnésie , pour y substituer toujours le langage plus
rigoureux et exempt d'équivoque , de la chimie nM>-
derne.
M. MauduU signale l'abus que font beaucoup d'étran-
gers , de la magnésie lourde, dite de Henry , et qui a quel-
quefois pour résultat la formation de concrétions magné-
siennes dans les intestins.
M. Hignard a vu en effet la mort résulter du séjour
dans les intestins de ces amas de magnésie.
(1) Voir plus loin, p. 169.
Ia discussion étant épuisée , ^. le président prie les
fïiembres qui auraiept quelques renseignements à donner
à leurs collègues, sur les rpaladies régnantes et la constitu-
tion médicale actuelle , de vouloir bien prendre la
parole.
M. Hignard dit qu^il a constaté depuis trois semaines
ou un mois , l'existence dans ses sajles de TH^tel-Dieu ,
d'un très*grand nonibre de dysenteries parmi les militaires,
m^îs aucup n'^ eqcore succombé. L^ traitement a été chez
tous à peu près le mèm^ ; poudre d'ipéc^cuanh^ a doses
vomitives , et cela répété jusqu'à trois fois au besoin.
Chez quelques-uns , i! a fallu , en outre , administrer la
inanne. Dans deux ou trois cas seulement , où la donleur
prédpminait , quelques sangsues ont été appliquées dans
la fosse iliaque gauche. Le reste du traitement a consisté
dans r^dministration des tisanes albumineuses ou gom-
lueuses , dans des quarts de lavement d'eau de lin et de
pavots , puis enfin dans les opiacés à Tintérieur , alors que
les selles devenaient bilieuses.
If julle autre commMPicatipn n'étant faite , la séance est
levée.
Le Secrilairej
L|s Houx.
OBSERVATION d'éclampsie albuminurique ,
suite de scarlatine , par M. Ca. Rouxeajd ,
D.-M.-P,
Messieurs ,
Parmi les .différentes variétés de jla maladie de ftrigbt ,
pern^ette^-moi d en choisir Mi^e > peut- être la plus aiguë,
140 JOVBIIÀL DB HÉDECnVE.
certainement la plus fugace , la plus bénigne, puisqu'elle se
termine habituellement par la guérison ; je veux parler de
l'albuminurie scarlatineuse. Encore doîs-jeme borner à dé-
crire une seule phase de cette affection si bien traitée par
les écrivains voués à l'étude de la pathologie infantile , no-
tamment par MM. Legendre et Rilliet ; phase qui semble-
rait assez rare , si l'on en juge par le petit nombre
d'exemples trouvés dans les ouvrages les plus récents. MM.
Barthez et Rilliet eux-mêmes , dans la dernière édition
de leur remarquable Traité des maladies de Venfance^ n'ont
pu réunir sur l'éclampsie album'inurique , suite de scarla-
tine , qu'une douzaine de cas, dont deux seulement leur
sont personnels. Apporter des faits nouveaux et scrupu-
leusement observés sur une maladie rare , dont rhistoire
doit, par conséquent, présenter de nombreuses lacunes,
des points obscurs , des explications hasardées , m'a paru
chose utile. Mais quelque degré de certitude qu'on y puisse
rencontrer , ces faits ne combleront point toutes ces la-
cunes ; ils n'éclaireront point tous ces côtés obscurs , ils
ne résoudront point toutes ces difficultés. Ils ont même
l'inconvénient d'une grande uniformité de physionomie ,
que l'éclampsie scarlatineuse n'affecte certainement pas
toujours , puisqu'on y voit prédominer tantôt les convul-
sions , tantôt le délire ou le coma, tantôt la paralysie.
D'ailleurs, on n'écrit pas l'histoire d'une maladie avec trois
ou quatre observations , quelque sévèrement recueillies
qu'elles puissent être. Je les regarde seulement comme des
matériaux susceptibles de présenter un certain degré d'à-
propos et d'utilité à une époque où la maladie de Bright
est l'objet de nouvelles et profondes études. C'est à ce titre,
Messieurs , que je viens les soumettre à votre appré-
ciation.
f >« ObserTatlon.
Jules Lebrun , 7 ans , d'une bonne santé habituelle ,
n'ayant jamais eu de symptômes graves du côté des centres
nerveux , est pris, au commencement de janvier 1856 ,
JOURNAL DE HÉDEGINE. 141
d'une maladie caractérisée par de la fièvre , de la cépha-
lalgie , un brisement général, quelques nausées et un peu
de mal à Tépigastre et à la gorge , et de la rougeur à la
peau. Au bout de quelques jours , les accidents se sont
calmés, la rougeur de la peau et Tangine ont disparu, la
fièvre s'est évanouie , l'appétit est devenu plus vif ; Fen-
fant veut, se lever , et les parents qui , malgré la présence
d'une épidémie de scarlatine , n*ont point reconnu la na-
ture d'une maladie légère en apparence , le laissent im-
médiatement retourner à l'école.
Je le vois , par hasard , le 26 janvier , à l'occasion
d'une affection semblable chez sa sœur, dont j'aurai bientôt
à parler. La face est pâle , légèrement bouffie autour des
yeux ; la peau , généralement sèche , un peu œdématiée ,
ne gardant nulle part l'impression du doigt, présente quel-
ques traces de desquamation sur les mains , les épaules
et le cou; il existe un peu de dysphagie et de rougeur
au pharynx. Du reste , l'enfant est gai , mange bien et dort
de même. J'engage les parents à garder leur fils à la
chambre , pour traiter une anasarque qui peut avoir des
suites fâcheuses. Mes conseils sont reçus avec cette incré-
dulité traditionnelle qui , dans le peuple , ne fléchit pas
toujours devant les plus rudes leçons. J. L. retourna à son
école, et il ne fut plus question de lui pendant quelques
jours.
Cependant, l'œdème général fit des progrès ; la face de-
vint énorme; les paupières, infiltrées, voilèrent une
grande partie du globe oculaire; les membres, le scrotum
furent envahis. Toutefois , te sommeil est bon , l'appétit
presque intact , malgré quelques nausées fugaces et un
peu de constipation.
8 février. La peau est chaude , sèche et rénitente , ne
conservant point l'impression du doigt ; le pouls , irré-
gulier , n'a qu'une fréquence modérée ; la tête est un peu
lourde , la langue un peu sale. Les urines ont la couleur
de bière trouble ; traitées par l'acide nitrique , elles
donnent un coagulum abondant ; examinées au microscope.
142 JOQEKAL J>B MÉDIÏCIlf^.
elles présentent une grande quantité de globiiles san-
guins.
Huile de ricin, tisane nitrée , infusion de digitale, en-
veloppement dans une couche d'ouate.
10 février. Le matin , Jules est très-bien ; il joue sur
son lit , cause , chante et demande à manger ; la cépha-
lalgie a disparu. Tout d'un coup , sans prodromes , il
est pris d^une convulsion. Les parents, épouvantés, m en-
voient chercher.
 mon arrivée , je trouve le petit malade privé de
connaissance et de sentiment , pâle , les yeux fermés ,
les pupilles dilatées , les lèvres couvertes d'écume et agi-
tées à intervalles réguliers par une expiration bruyante ,
stertoreuse. La peau est moyennement chaude , comme
transparente ; le pouls fréquent. Bientôt il se renverse en
arrière , les yeux s'ouvrent largement, deviennent fixes et
agités d'un tremblottement rapide. Des secousses légères ,
ressemblant à un frémissement incessant , ont lieu dans
les paupières et l'orbiculaire des lèvres. Puis la tète se
tourne tout entière du côté gauche , les bras et les jambes
se raidissent en frissonnant ; puis une grande agitation de
tout le corps ; face vultueuse et violacée , surtout aux
lèvres et autour des yeux ; écume à la bouche , puis dé-
tente générale avt'C ce stertor si connu.. .. Mais je m'ar-
rête , car je m'aperçois que je décris minutieusement une
attaque d'épilepsie ou d'éciampsie puerpérale, maladies avec
lesquelles l'affection que je décris offre une ressembiapce de
forme des plus complètes.
Au bout de quelques minutes , nouvelle attaque ; une
trentaine se succèdent ainsi dans la journée. Dans l'inter-
valle , résolution des meiinbres , surtout à droite ; perte
absolue de connaissance ; abolition de la vue , de l'ouïe ,
de la sensibilité générale. On peut toucher les ponJQDctives
avec les barbes d'une plume, sans déterminer de cUgjnotte-
ment. Le pouls est petit , serré , exoessivenient fréquent;
l'œdème général , quoique peut-être un peu diminué ; la
peau chaude et sèche , surtout au front ; ventre toujours
serré ; un vomissement bilieux entre deux att^ues.
JODBNAL DE HàDBCWE. 143
6 sangsues aux genoux ; elles saignent énormément ; 2
vésicatoires aux jambes , glace sur le front ; 50 centigr.
de calomel , qui donnent des selles abondantes et nom-
breuses.
1 i février. Tous ces accidents ont disparu comme par
enchantement. Le malade est sans fièvre, sans céphalalgie ;
mais il a conservé un peu d'étonnement et de boufiissure.
Ou reste , il est assez bien. A peine reste-t-il quelques
traces d'albumine dans les urines, qui ont conservé leur
couleur de bière , et quelques rares globules sanguins épars
dans le champ du microscope. Point de toux ; faim très-
accusée.
Calomel , 25 centig. Tisane nitrée édulcorée avec le
sirop de digitale. Envelopper l'enfant dans une couche
d'ouate.
13. Pas de fièvre : 86-88 puis. Bien du reste.
t4. L'anasarque s'est reproduite plus considérable que
jamais. Toutefois , il reste à peine des traces d albumine
dans les urines. La fièvre s*est rallumée ; pas le moindre
symptôme du côté des centres nerveux.
Même traitement.
15. Sous l'influence probable de quelque imprudence
que i'on n'ose m'avouer , la nuit a été mauvaise ; l'œdème
général est énorme , surtout au scrotum ; l'urine contient
une forte proportion d'albumine ; la fièvre est vive , le
pouls à 130. Du reste , fintelligence est saine , le som-
meil parfait , et les accidents cérébraux que l'on pourrait
redouter ne se montrent point.
Calomel. Teinture d'aconit et de digitale. Le reste est
s^rà. Alimentation légère.
18. L'anasarque et l'albuminurie ont presque entière-
ment disparu.
3 potages. Continuer l'aconit et la digitale.
20. Retour de l'hydropifiie et de falbomine dans les
urines , qui sont rougeâtres et troubles. Point de fièvre ;
appétift fort vif.
Même traitement.
A partir de ce jour , les alternatives d'augmentation et
144 JOURNAL DE BIÉDECIJIE.
de diminution dans Tanasarque et ralbumiuurie cessent de
se manifester ; rinfiltration se dissipe lentement , mais
sûrement ; Tacide nitrique détermine dans les urines un
coagulum de moins en moins abondant ; les forces diges-
tives s'éveillent ; le sommeil est parfait. La digitale et la-
conit , auxquels on ajoute quelques pastilles de fer , sont
continuée quelque temps encore ; une nourriture répara-
trice est prescrite, et J. L. sort enfin, vers le 8 mars, de
cette affection si grave et si longue.
9« ObserTation.
Marie Lebrun , 9 ans , brune , forte ,- bien portante
ordinairement. Scarlatine angineuse débutant le 22 jan-
vier 1856,
Le 8 février, 17 jours après le début de cette affection,
malgré toutes les précautions possibles , un œdème léger
occupe la face et les membres. La peau , en pleine des-
quamation , est presque transparente , sèche et rénitente.
Pas de fièvre ; anorexie , quelques vomissements , consti-
pation opiniâtre ; urines rares , couleur de bière , préci-
pitant très-abondamment par Facide nitrique et contenant
du sang , très recoimaissable à Taide du microscope.
Huile de ricin : 10 gr. Potion avec teinture de digit. En-
veloppement dans une couche d*ouate.
10. L'état de son frère la jette dans une épouvante ira-
possible à décrire. Pourtant elle est sans fièvre , mais très-
infiltrée ; les yeux h demi-fermés par les paupières œdé-
matiées ; les joues , légèrement colorées, ont une réni-
tence remarquable. La peau ne conserve nulle part Tim-
pression du doigt. Le soir , un peu de somnolence et de
mauvaise humeur.
J'annonce une attaque d'éclampsie imminente et je
prescris des sangsues aux malléoles et du calomel à dose
fortement purgative.
La maladie de son frère fait oublier mon pronostic et
ma prescription.
Le 11. Ma prévision s'accomplit à la lettre : Marie
JOinUfAI. DE XÉBSCINB. 145
est prise d'une attaque d'érjampsie analogue à celle de
Jules , et qui dure quinze heures. Seulement, les convul-
sions sont moins fréquentes.
8 sangsues aux genoux ; elles saignent abondamment ;
1 vésicatoires aux jambes; caloroeL 50 centig. qui donnent
des selles nombreuses.
Le 12, les accidents sont conjurés. La connaissance est
parfaite, mais Thumeur est assez maussade , la tête légère-
ment douloureuse. La fièvre est presque nulle , la peau sè-
che , livide, très-infiltrée , surtout aux paupières, aux
pieds et aux mains. Point de toux ; anorexie ; quelques
vomissements causés par le calomel. Pas de selle depuis
hier. .
Calomel , 50 centig ; teinture de digitale et d'aconit ;
ouate autour du corps.
14. L'anasarque se dissipe assez rapidement, excepté
aux paupières; la face semble diminuée d'un tiers. 11 existe
encore un peu d'albumine dans les urines. Appétit , point
de fièvre ni de céphalalgie, bon sommeil.
Contrairement à son frère, que nous avons vu marcher
à la guérison à travers des alternatives nombreusesde mieux
et de plus mal , Marie suit une progression toujours crois-
sante vers un rétablissement qui est à peu près complet
dans les derniers jours de février.
Comme pour Jules , le traitement de Tanasarque a
consisté dans l'administration fréquente du calomel et
Tusage longtemps prolongé de la digitale et de Taconit.
L — Que Jules L. ailété pris d'anasarque et d'albuminu-
rie , après s'être exposé , dès les premiers jours d'une
convalescence de scarlatine , au froid humide des mois
de janvier et de février , en un mot à toutes les intempé-
ries que les enfants, en général, redoutent si peu, il n'y
a rien, à coup sûr, dans ce fait, qui ait droit de nous sur-
prendre. Tous les jours, sous l'influence de causes bien plus
légères, bien fugitives, insaisissables même, nous voyons
cette fâcheuse complication rejeter les malades dans un
nouveau danger.
L'histoire de Marie L. en est une preuve. Elle suit scru-
i46 jotmNÂi BS HÉBScnai.
puleusement les prescriptions qui lui sont faites, aucune
imprudence n*est commise ; l'air de la chambre n'est re-
nouvelée qu'avec un certain luxe de précautions. Néan-
moins, roedème se manifeste bientôt et acquiert plus de
volume que chez son frère.
Il n'est point rare, répéterai-je, de voir des enfants que
Ton entoure de tous les soins les plus vigilants , dont la
température la plus belle semble favoriser la convalescence,
près desquels les règles les plus minutieuses d'une sag*^
hygiène, sont observées avec intelligence et qui ne peu-
vent* échapper à Tanasarque (t) ; tandis que d'autres sont
exposés à toutes les causes les plus actives d'hydropisie et
ne sont pas atteints.
Je pourrais citer l'exemple d'une jeune femme qui eut,
au commencement d'avril dernier, une scarlatine grave,
avec délire furieux revenant surtout la nuit. A chaque
instant , elle échappait aux personnes qui la veillaient et
s'enfuyait nu-pieds et en chemise dans l'escalier où l'on
avait de la peine à la saisir et à s'en rendre maître.
Malgré ces faits regrettables , elle n'eut aucune trace d'al-
buminurie ni d'œdème.
Serait-il moins dangereux, au point de vue de l'ana-
sarque , de s'exposer au froid pendant la période d'éruption
que pendant celle de desquamation ? C'est un problème
dont je n'ose aborder la solution , faute de données suf-
fisantes.
II. — Poursuivons l'étude comparative de nos deux
observations :
Nous retrouvons dans l'évolution des symptômes céré-
braux la même différence que dans celle de l'hydropisie.
Marie L. assiste à toutes les péripéties de la maladie de
(1) J'ai sous les veux Pc^servation d^ne enfant de 5 ans ,
Àlexandrine G., de PiUeux, qui, après un séjour d'une demi-heure
k peine k sa fenêtre, vers le 20 ou 25» jour d'une convalescence
de scarlatine^ au mois de mai, par un temps magnifique, fut prise
d'anasarque avec une ascite énorme.
JOtmrtÀL DE MÉBECmfi. 147
son frère, agrté tFhorribles bortVulsions , elle voit et partage
la frayeur et le désespoir de ses parents foudroyés sous le
cobp d'un rhalheur aussi terrible qu'inattendu. Sa frète or-
ganisatron nerveuse, déjà ébranlée par une double affec-
tion , reçoit une rtouvelle et irrésistible secousse. Nous
pressentons Tarrîvée de Téclampsie , elle ne se fait pas
attendre. Soit que Tbydropisie ait envahi les membranes
ou les vèntriôules du cerveau, soit que les sympathies de
l'encéphale aient été seules en jeu, toujours est-il que moins
d^ 2\ heures après le début des convulsions chez Jules ,
sa sœur est prise des mêmes symptômes.
L'on s'étonnerait presque que, dominée par tant de cau-
ses, une scarlatine, uneanasarque des plus prononcées, un
chagrin des plus violents , une terreur aussi subite, cette
pauvre enfant eût échappé à cette dernière phase de sa ma-
ladie. Mais il est n!iiûins facile d'ei^pliquerTéclampsie chez J.
Quel()tie8 minutes avant l'invasion des accidents convulsifs ,
il riait, chantait et demandait à manger. Il n'éprouvait
aucun de ces syniptômes avant-coureiirs qui annoncent les
affeclîon's cérébrales; point de céphâtalgie, point de change-
ment dans fhu'rtîeur, point d'insomnie; l'appétit est conservé;
à peine quelques nausées et une légère constipation se
sont-elles fait sentir, encore ces phénomènes ont-ils dis:
paru sous l'influence de quelques grammes d'huile de ricin.
Je ne puis expliquer l'éclampsie que par une disposition
insaisissable de l'économie. Et pourtant, quand je considère
que J. L. n'avait jamais eu de symptôme grave du c>ôté
des centres nerveux, quand je relis l'observation à laquelle
j'ai fait allusion dans ma dernière note , l'histoire d'une
enfant qui avait eu, dans ses premières années , une affec-
tion cérébrale, que j'ai soignée depuis pour une fièvre in-
termittente pernicieuse avec délire et convulsions, qui n'a-
vait jamais la moindre maladie qiîe le cerveau n'en éprouvât
line douloureuse impression , et qui , cependant , vit sa
confvalescence de scarlatine compliquée d'une anasarque
avec ascite énorme, sans le moindre retentissement du côté
de l'encéphale ; quand j'envisage toutes ces circonstances ,
j'tfvooe que je trouve le fait de J. L. plus inexpKcable en-
148 JOUBRÂl DB HÉBSCailB.
core. Mais que de choses en médecine qui échappent à
toute explication.
III. — La première observation présente dans sa marche
certaines anomalies , un certain désaccord qui , tout en
constituant un problème actuellement insoluble pour moi,
méritent cependant d'être mentionnés. La gnérison n'ar-
rive qu'à travers plusieurs alternatives d'amélioration et
d'aggravation ; aujourd'hui lenfant semble sauvé ; le len-
demain , rhydropisie , Talbuminurie , la fièvre ont aug-
menté ; ou bien c'est Tun de ces phénomènes qui reste
stationnaire , quand les autres prennent plus d'importance.
Mais ce que je regarde surtout comme digne d'attention,
c'est qu'à plusieurs reprises , l'anasarque fait de rapides
progrès , la fièvre augmente , quand l'albumine semble sur
le point de disparaître des urines ; c'est qu'à plusieurs re-
prises également , la proportion d'albumine s'accroît no-
tablement , quand Thydropisie marche vers une heureuse
terminaison.
Souvent, en examinant, dans la même séance, les
urines du frère et de la sœur, je suis resté étonné en
voyant celles du sujet le plus infiltré bien moins albumi-
neuses que les autres. Enfin un troisième ordre de faits
tout aussi curieux, c'est que des urines fort colorées , chez
lesquelles je m'attendais à trouver une quantité très-considé-
rable d'albumine , ne m'en offraient que des traces ,
tandis que, quelques jours après, elles étaient claires,
limpides et fortement coagulables. Je le répète , ces par-
ticularités sont restées une énigme pour moi. 11 eût fallu ,
pour l'expliquer , étudier bien des faits liés à ceux-ci par
une étroite connexion, tels que la quantité et la nature des
boissons ingérées , la quantité , la densité et la compo-
sition des urines excrétées , le résultat variable des pur-
gatifs employés constamment , la relation de la fièvre
avec les autres phénomènes , etc. , etc. , études longues ,
difficiles, auxquelles enfin Ton ne songe pas toujours,
auxquelles le temps ne permet pas toujours de se
livrer.
IV. — Dans ces deux observations, le diagnostic n'offre au-
jôuRRAii DE véhbchœ. 149
cuBe difficulté : scarlatine bien constatée, anasarque et albu-
minurie évidentes, convulsions formant la période extrême
de cette progression pathologique , le tableau est complet.
Mais il n'en est pas toujours ainsi. Voici deux autres faits
où la vérité ne peut être découverte que d'une manière
approximative : encore te doute semble-t-il fort légitime à
l'égard du second.
S« Obsepiratloii»
W^^ E., 9 ans , rue Saint^tmilien, 21 , est prise tout
d'un coup et pour la première fois de sa vie , de convul-
sions violentes , épileptiformes , avec perte de connais-
sance , face vuUueuse , écume à la bouche.
Le 19 février 1856. Appelé en l'absence du médecin
ordinaire , je- constate un état des plus alarmants. Les
convulsions exactement semblables à celles que j'ai dé-
crites, dans ma preoiière observation, se succèdent ra*
pidement avec un crescendo de violence et de durée. Tout
plein encore du souvenir des enfants liebrun , mes idées
se portèrent immédiatement et tout naturellement vers une
éclampsie albuminurique.
Cette jeune fille ne comptait dans sa famille aucun épi-
leptique : elle n'avait jamais eu d'atteinte de mal caduc;
depuis longtemps elle n'était plus sujette aux aifections
vermineuses. D'un autre côté, elle n'avait point eu d'affec*
tien qui l'eût forcée de s'aliter. L'urine ne pouvait être
examinée. Toutefois , en questionnant attentivement l'en-
tourage de la malade , voici ce que j'appris.
Cette jeune fille avait éprouvé , vers le commencement
de février., un mal de gorge assez violent qui avait duré
plusieurs jours, et s'était accompagné de fièvre légère avec
sentinient de courbature générale. Y avait-il eu rougeur
de la peau et desquaouitioo ? On n'en savait trop rien ;
on avait l'air de le croire , mais n'était-ce pas par con-
descendance pour mes questions ? Toutefois , un phéno-
mène qu'une des personnes de la maison avait formelle-
ment constaté , et dont elle avait fait tout haut la remar-
11
150 satswàt DE ntiMMstiiB.
que , o'esl que deux o« trois jours avant les convukhm ,
M*^* R. avait eu un peu de bouffissure au visage , surtout
aui paupières inftrieurea. Grâce à ces données « et bien
qu'il n'existât point de traees de desquamation, il était bien
fiicîle de croire à TexieCence antérieure d'une de ces affec-
tions scarlatineuses avec éruption légère « fugace o« mètne
nulle , dont Tépidémie qui dure encore noua ar dèoné ptas
d*un exemple.
Sans pouvoir dégager ooinpUtênMnt Tinconnue de ce
problème, il était facile d'instituer un traitement. Une
vigoureuse application de sangsues aux malléoles , du ca-
lomel à dose fortement purgative , une potion éthérée et
des sinapismes promenés sur les extrémités. inférieures,
firent disparaître en 7 ou 8 heures tous les accidents.
Le lendemain , M^** E. était en pleine connaissance,
la nuit avait été assez bonne. Il existait encore un peu d'é^
tonnement et de pesanteur de tête. La peau était chaude ,
un peu sèche , le pouls fréquent. Il restait à peine des
traces d'infiltration aux paupières inftrieures. Les faits in-
diqués par les personnes de la maison me furent alors
confinnés pat la malade , au moîns quant à Tangine et à
l'oedème des paupières ; la question de l'érvpiion eet restée
douteuse; de desquamation, il n'en existait pas\ elle n'en
avait vu aucun vestige, et cependant, à cette époque
(1 5 jours après Téruption présuanée) , eMa aurait dû être
manifeste.
n restait un dernier critérium : l'examen des urines.
Celles du matin du 21 me furent apporlées ; elles étaient
claires , mousseuses , contenaient de rares globules de sang
et précipitaient par l'acide nitrique. Le doute n'était plus
permis , je me trouvais bien en présence d'une éclampie
albuminuriqûe. Hais cette albuminurie était^^eUe scarla*
ttneuse ? La lumière ne s'est pas Mte sur cette question :
il faut se borner à regarder le feit comme possible , pro-
bable même , maïs l'afiirmalion' ne peut dépasser cette
limité. Du reste , je cessai complétameiit de voir cette
jeune fille que je laissai aux soins de son médecin ordinaire.
Je n'en ai pins entendu pdrier.
H>VMkh HB «É^ECINB. 151
4« ÙhmervMîon.
Eugène Gruère , 30 mois , gros , fort et eoloré , d'une
bonne santé habituelle , issu d'une mèfe bien portante et
d'tin père toussatit habitoellenfient , a la rougeole dans le
mois de janvier 1856. Rien d'anotmal.
Depuis le 15 février il a un peu de fièvre ié soir , il est
pins irritable , son sommeil est un peu agité.
Le veMlredi 23 , augmentation de la fièvre et de Fagi-
tation. Dans la nuit du 23 au 2i , jactitation , insomnie ,
grincements de dents , irritabilité.
Le samedi, perte subite de connaissance , convulsions
épileptifermès , écume à la bouche , face violacée, etc.
Je suis appelé à une heure , en Tabsence de H. Barjôlle,
son médecin.
Visage turgescent , yeux fermés , pupilles largement
dilatées, bouche violacée laissant échapper de l'écume san-
guinolente ; collapsus général consécutif à une convulsion
q^i vient* de prendre fin. Quelques grincements de dents.
Peau chaude, pouls petit, à 180. Une selle, pas dé vo-
missements.
J'apprends que le matin l'enfant avait le corps d'un rouge
framboise , qu'on l'a levé pour ses besoins , et sans la
moindre [H^caution ; que cette rougeur s'est alors com^
plétement évanouie en quelques instants.
3 sangsues aux malléoles ; écoulement de sang consi*
dérable. Sinap. repétés aux extrémités inférieures. Galo^
mel , 30 cent. Point de selle.
Le soir<) je revois le petit malade avec H. Barjolle.
Les convulstons ne se sont pas reproduites , mais l'enfant
semUé toujours sans connaissance , les yeux fermés , les
pupiltes dilatées , la face un peu nooins congestionnée ,
quelques grincements de dents encore , ainsi qu'un peu
d'agitation. La peau est chaude, frafmboisée sur les bras ,
les épaufes et la poitrine. Le pouls s*est un peu élargi , il
est à 160. Pas de toux , pas de vomissements , pas
de sellées.
Continuer le calomel.
1S2 JOUBnii DB KÉDRCaRB.
25. Dans la nuit du samedi au dimanche, le sommeil a
été assez bon et la connaissance est revenue complète à
1 heure du matin.
L'en&nt est assis sur son lit, jouant et causant avec ses
parents. L'éruption a totalement disparu ; la peau est
blanche , mais modérément chaude ; le pouls souple , à
120 ; la langue belle, le ventre toujours serré. Pas de
toux. L'urine est jaune , trouble , comme de Teau tenant
de la terre glaise en suspension, d'une odeur faible. Traitée
par Tacide nitrique, elle s*éclaircit et devient rosée, à
commencer par les couches inférieures , puis la totalité
du liquide devient semblable a de l'eau légèrement vineuse.
Au microscope , on découvre , non des globules de sang ,
mais une masse de granulations qui, à 600 diamètres, pa-
raissent grosses comme la pointe d'un cheveu , isolées
ou groupées , et agitées d'un mouvement incessant (Brow-
nien).
Huile de ricin , 8 gr. (Quelques selles.)
Une fièvre rémittente tierce mal dessinée se déclare les
jours snivants , au dire de H. Barjolle , et cède au sul&te
de quinine.
Que nous ayons eu à traiter une attaque d'éclampsie ,
le fait n'est pas douteux. Les convulsions épileptiformes ,
l'écume à la bpuche , la face vultueuse , . le stertor , l'état
comateux consécutif, etc., tous ces traits forment un tableau
fort reconnaissable. D'un autre côté , cette rougeur fram-
boisée , répandue sur tout le corps, le matin du 24 , rou-
geur précédée de quelques jours de malaise et de 36 heures
de fièvre, d'agitation, d'insomnie, de grincements de
dents , dont la disparition , sous l'influence d'une impru-
dence, est suivie bientôt de phénomènes éclamptiques ;
qui reparaît le soir , mais par places , sur les bras , les
épaules et la poitrine , pour s'évanouir , sans retour , le
matin du 25 ; cette rougeur, dis-je, était bien de nature
à flaire au moins soupçonner une scarlatine , surtout en
présence d'une épidémie qui frappait à tant de portes.
Mais , je dois l'avouer , il est difficile d'aller au-delà d'une
simple supposition. D'ailleurs , nous nous trouvons bientôt
SOXmSfkL DE HÉDECtNB. 153
arrêtés par une nouvelle difficulté. Celle allaque d*éclampsie
était-elle liée à une désalbuminalion du sang , à une ma-
ladie de Bright , en un mot ? Il n'existait aucune trace
d*Gedème ; les urines, loin de se coaguler par Facide ni-
trique, s'éclaircissaient au contraire, et devenaient roses
et limpides. . . . Des auteurs , M. Imbert Goubeyrre en-
tre DUtres, prétendent que la maladie de Bright peut avoir
lieu sans anasarque , sans albuminurie , sans lésion rénale
même. M. Hialhe croit que la désalbumination du sang
précède Thuminurie et Tanasarque. Ces deux opinions
sont formellement réprouvées par les défenseurs de Tan-
cienne théorie , qui font ouvrir la série des symptômes
morbides à Taffection des reins. Lesquels croire ?
En relisant cette observation, je suis tenté de me
demander si nous n'avons pas eu plutôt à combattre
une fièvre intermittente à forme convulsive. Cette pyrexie
rémittente assez vaguement exprimée dont me parla notre
confrère et qui céda au sulfate de quinine, pourrait
jusqu'à un certain point légitimer cette question.
Toutefois, en considérant là marche continue des accidents
initiaux , leur disparition graduelle et définitive , des le
second jour de leur'plus grande intensité, la manifesta-
tion des accès rémittents , seulement quatre ou cinq jours
après rinvasioh de Téclampsie, on est plutôt disposé à
croipe, sinon à la succession d*une maladie différente ,
du moins à l'expression , sous une autre forme , d'un
principe non encore épuisé.
Du reste, malgré les desiderata qui se rencontrent dans
rhistoire de ce malade que je n'ai vu que trois fois , elle
ne laisse pas que d'être curieuse, ne fût-ce que comme
oJ)jet de comparaison , comme moyen de diagnostic
différentiel avec les observations précédentes.
V. — Je n'ai rien à dire dif traitement. Pris au dépour-
vu , une première fois , je me suis adressé à la thérapeutique
banale des affections cérébrales, sangsues, révulsifs,
calomel , etc. , moyens toujours employés , quelquefois
heureux; souvent inutiles. La guérison rapide du premier
cas devait m'encourager à persister dans la même
1S4 louBNii. DE nÉMcam.
voie , a me servir des mâmes armes : elles me sont reslaes
fidèles.
Mais , je dois l'avouer : en voyant quatre fois consécu-
tives, guérir en quelques heures, franchement, presque
sans convalescence , sous Tinfluence de quelques sangsues
et de quelques, centigrammes de calomel, des enfonts
saisis brusquement d'accidents aussi formidables , je .n'ai pu
me défendre d'un certain degré d'étonnement , surtout en
songeant à la gravité des affections cérébrales dans le jeune
âge, L'éclampsie albuminurique scarlatineuse ne serait-
clle donc, malgré ce terrible déploiement de convulsions ,
qu'une maladie assez bénigne? ie ne puis le supposer.
Des cas mortels signalés par MM. Bartfaez et RiUiet
prouvent que les sujets atteints de cette affection sont
toujours sous la menace d'un grand danger. Je sois plus
disposé à croire que je me suis trouvé au milieu d'une de
ces séries heureuses dont on n'apprécie pas toujours la
raison , mais dont il faut savoir se défier dans une
statistique. Que conclure d'ailleurs de quatre observations?
Je ne me dissimule point toute l'imperfection , toute
Tinsuffisance de cette ébauche. Parmi les questions qui se
rattachent à ces observations d'éclampsie, quelques-unes
ont été à peine indiquées, le plus grand nombre eoiqplète-
ment laissées dans le silence. Mais, je le répète : donner un
résumé des opinions régnantes sur une maladie «dont
l'histoire n'est point faite , me semble une œuvre stérile :
créer du nouveau avec des données insuffisantes , une
œuvre mort-née. On n'élève point un édifice , sans avoir
laborieusement déblayé le terrain, consciencieusement
accumulé des matériaux nombreux , indispensables. Cette
sorte de création préliminaire exige un labeur long,
patient, obscur. Faute de cette condition essentielle, bien
des théories séduisantes ont eu presque tjans le même jour
leur période de spleùdeur et leur ruine complète. Sachons
donc attendre et étudier avant de prouoncer , dussent tous
tous nos efforts aboutir au modeste rôle d'apporter uim^.
simple pierre perdue ^ans un édifice élevé par d'autres
mains.
^WB»H» VZ MÉSiJU^W» 165
O BSERrJTION clinique, par M* RotJXBAC,
Dgctew-Médecin.
il n'e^t pas rare de Irouver , sous un appareil sympiô^
roaUque biçq traocb^ , bien recoanu y des affections diffi-
ciles à apprécier , insaisissables même , véritables noU ms
tangen , diath^ses rebelles qui 00 ilécbie3eni , sous une
form^ , que pour renaître sous une autre , souvent plus
grave, plus, tenace; vaincues en apparence, mais point
domptées , finissant par prendre sur le malade et sur le
médèpin une dernière et trjste revanche , si le hasard ou
une observation plus rigoureuse ne fournissent U naédica-»
tipu qui doii eu triompher, £û présence de cets cas ot^curs,
aulent que singuliers , on 3e rappelle iiivolontftirement
le vejrs d'Horeu^e :
^ Natûram furca expeilas , iamen usquè recurret.
Un exemple :
Une fièvre intermittente se présente è notre observa^
iipn, dégagée de toute complioation appréciable. Le sulfate
de quinine, administré avec ^oute l'attention possible, .en-
lève les acc^ plu^ ou moins &ci|ement ; quelques jours
après , le jnalade est pris d'une céphalalgie continuelle ;
d'étourdissements , de vertiges , de brisement général ,
d'anorexie, de douleurs abdonoinales , d'une petite fièvre
ûpntinue, etc., tous phénomènes nouveaux , qui laissent
le médecin surpris et hésitant, jusqua ce qu'enfin un
nouvel accès bien caractérisé vienne remettre lies choses
d£ins le. même état qu Vaut l'adininistration d'une tbéra**
peutique intempestive et malencontreuse.
i56 lOinUEIAL BB HÉDBGOIS.
J'ai recueilli , cette année , Tobservation d'une maladie
analogue : elle m'a paru curieuse à plus d'un titre ; je
vous demande la permission de vous la présenter, toute
incomplète qu'elle est.
Huguier, 50 ans, ancien matelot, a perdu un bras à Na-
varin. Caractère violent et emporté, il a toujours joui d'une
excellente santé et n'a jamais eu la syphilis.
Depuis 3 ans , il est affecté d'un rhumatisme articulaire,
subaigu , généralisé , sans complication du côté du cœur.
Les saignées, le colchique , les vésicatoires, les bains de
vapeur suivis ou non de douches froides , n'ont eu , jus-
qu'ici, au dire du malade, qu'un succès douteux ou mo-
mentané.
Nous commençons un nouveau traitement vers la 6n
de l'année 1855. Une saignée , la teinture d'aconit napel ,
à doses croissantes , de 20 à 60 gouttes, une couche de
collodion sur les articulations affectées , enlèvent en deux
mois cette longue maladie. Il reste, toutefois, un peu de
raideur dans les membres.
Dans les derniers jours de janvier 185&, dix ou douze
jours après la disparition complète de la fièvre, des gonfle-
ments et des douleurs articulaires , une bronchite aiguè
avec toux incessante se déclare sans cause appréciable.
Le 1^' février, pendant une quinte de toux, une ddh^
leur déchirante se fait brusquement sentira quatre travers
de doigt au-dessous des dernières fausses-côtes droites; les
mouvements du thorax sont presque impossibles, la palpa-
tion très-douloureuse, la fièvre intense ; la toux fréquente
arrache des cris plaintifs au malade; rien à l'auscultation
et à la percussion de là poitrine et du cœur. La langue est
sale, point de vomissements, point de nausées^ le ventre
est serré.
Je crois avoir affaire à une péritonite limitée.
Saignée de 300 gr. (sang couenneux, peu riche); le
st)ir, lO^sangsuessur le point douloureux.
Le 2 , les accidents ont peu diminué : le malade croit
sentir , dans l'endroit douloureux > une tumeur d'un petit
volume. En effet , le doigt promené sous l'hypochondre ,
JOtrBNAl DE MÉDECHtE. 157
trouve une dureté circonscrite, grosse comme une amande,
dont il est difficile de préciser le siège et |a nature. La dou-
leur est toujours considérable , la dyspnée extrême , Tex-
pectoration difficile, la palpation et la percussion très-pé-
riibles. Point de nausées, point de vomissements, anorexie,
soif, constipation, urines médiocrement abondantes ; peau
chaude et moite, pouls à 96.
2 pilules de colchique et d'extrait de coloquinte ; cata-
plasmes émollients, lavements purgatifs.
La douleur de côté et les autres accidents persistent, en
s amendant toutefois, jusqu'au 6.
Le malin , la douleur spontanée est nulle , la pression
peu pénible , la respiration , les efforts de toux faciles ,
l'expectoration abondante. La bronchite est en voie de ré-
solution , Tappétit revient. . . Avec un peu d'attention, on
saisit , à quatre travers de doigt au-dessous du rebord
des fausses côtes droites, une tumeur absez superficielle ,
située probablement dans l'épaisseur des parois abdomina-
les et du volume de la moitié d'un œuf de pigeon. Quelle
est la nature de cette tumeur ?
Vers deux heures de l'après-midi , tout-à-coup , sans
cause appréciable, sensation d'une douleur déchirante,
atroce, au niveau de la tumeur. Il semble au malade que
de l'eau bouillante est versée dans l'abdomen et se répand
jusque dans les testicules; suffocation imminente, respi-
ration presque impossible , râle trachéal , lipothymies ,
face pâle, égarée, peau couverte d'une sueur froide; pouls
petit, filiforme ; la tumeur dure, parfaitement circonscrite,
a acquis 12 centimètres de longueur et 5 ou 6 de lar-
geur ; son niveau supérieur reste fixe à quatre travers de
doigt du rebord des fausses côtes. Quant à son épaisseur,
elle paraît peu considérable; sonorité exagérée tout à
l'entour; il semble que des anses intestinales la séparent
du foie qui est refoulé en haut et gêne le jeu des pou-
mons.
Pratiquée légèrement sur la tumeur, la percussion donne
un son mat; plus profonde , elle donne un son clair qui
ii9 JODjgiux j>B liriTOCiw^
dénote que les intestins, distendus par des g^z, sont siiués
au-dessous et à une &ible distance.
Le soir , la tumeur a 25 centimètres d'étendue dans
tous les sens , mais elle est peu épaisse et ^dhérent^
aux parois abdominales ; le malade est dans une anxiété
extrême , dans une sorte de demi -asphyxie; râle trachéal,
peau chaude et couverte d'une sueur visqueuse ; pouls petit,
dur et serré.
Quelle est la nature de cette tumeur? Probablement
sanguine , si Ton s'en rapporte à la manière dont elle s*est
produite. Son siège? Est-elle située entre le péritoine el
les parois abdominales , comme je l'avais cru d'abord ? Il
est difficile de s'arrêter Içngtemps à cette opinion : la
séreuse abdominale si tenue, eut infailliblement cédée sous
la pression d'une telle masse de sang , et une péritonite
foudroyante se fut bientôt déclarée. Il est probable que
cet épancbement de sang existe entre les feuillets ^ponévro-
tiques des muscles abdominaux.
Saignée (couenne inflanmiatoire ; glace sur la tumeur;
boissons froides, immobilité et silence absolus» chlorydrate
de morphine 10 centig.)
7. Point de changement. Le soir, un vomissement de
matières à aspect fécal.
Même pi*escription.
8. La tumeur a pris du développement en largeur ,
mais elle est moins circonscrite , peu épaisse et moins dou*
loureuse. Un vomissement sembbble à celui d'hier. Point
d'urines. Là vessie, cependant, semble en contenir une
certaine quantité. Le cathétérisme en donne environ 175
grammes. Constipation opiniâtre.
Huile de ricin ; peu d'effet.
10. En examinant le malade dans tous les seps, j'aper-
çois, sur. le flano droit et sur las iQpibes, une énorme ec
cljymose qui ne laisse plus de doute sur la nature, de
l'affection.
Le 1 1 , le malade est très-bien , la tumeur se résorbe
rapidement. Il n'existe pas de fièvre , p^ d^ toux ; Lçs ar-
ticulations soat libres , le sompaeil e^ l'appétit parfaits.
Tout promeè une convalescence franche el rapide» quand
un frisson violent signale le début d'une parotite à gauche
qui se développe assez rapidement et s'accompagne d'une
fièvre intense et d'une nouvelle bronchite avec accès suf-
focants.
Frictions avec une pommade composée d'onguent na-
politain et d'extrait de belladone, parties égales.
12. Suffocation imminente, face bouffie, pâle, blaf-
farde , toux quinteuse , expectoration de matières vis-
queuses. Râle sous- crépitant , des deux côtés , en bas ,
et postérieurement ; respiration anxieuse. Parotite énorme,
sans indice de suppuration , fièvre violente , pouls
à 125.
Kermès , 50 centig. ; un large vésicatoire dans le
dos ; continuer les frictions mercurielles sur la parotite.
14. La tumeur du ventre a diminué de moitié, la pa-
rotite sçmhie se résoudre , la douleur -y est beaucoup
moins considérable. Le pouls est à 92, régulier, lapeau peu
chaude , la respiration est largç et facile , presque nor-
male , ia toux rare , les râles humides moins abondants.
L'état du malade est des plus sati^aisants, si l'on en excepte
toutefois une stomatite mercurieUe des plus prononcées.
Continuer le kermès; suspendre les frictions mercu*
rielles et les remplacer par de simples cataplasmes émol-
lients ; gargarismes alumineux ; toucher les gencives avec
de rapide chlorydrique.
15. L'épanchement continue à se résorber rapidement ;
le gonflement parotidien s*est affaissé. Bien qu'il reste en-
core un peu de bronchite et que la salivation merourielle
ait fait peu de progrès vers sa résoLutioD , Huguier se
trouve de mieux en mieux. Malheureusement, je n'ai pas
songé au traitement héroïque de la stomatite merourielle,
le chlorate dé potasse , et le malade souffrira encore p(u •
sieurs jour^ de ee regrettable oubli.
Vers midi , nouveau frisson avec mvasion d'une douleur
tellement vivp d^ns les deux épaules et d^ns le bras
gauche, qw ie nooindre mouvement arrache des cris
160 jotmiiÂL DE MÉKcms.
aupatient; fièvre intense, pouls dur, à 120; rien au
cœar.
Saignée (sang couenneux) ; potion avec salfate de
morphine).
Le soir à 10 heures. 86 pulsations, point de toux,
point d'expectoration , de douleurs de poitrine , ni dop*
pression. La parotite a encore diminué , mais la douleur
des épaules , du bras et du poignet est plus intense. La
stomatite mercurielle reste à peu près stationnaire. Je ne
serais pas éloigné de croire à la présence d'une fièvre in-
termittente.
16. Un accès pernicieux des plus violents. Le malade,
dans un état d'asphyxie presque complet , est à demi assis
dans son lit, soutenu par des chaises , la face est bleuâtre,
les yeux dilatés d'une manière eflrayante , Fair égaré , la
peau couverte d'une sueur visqueuse.
Sulfate de quinime , 1 gr. 50 centig.
Les accès de fièvre, la toux , les douleurs rhumatismales,
tout a disparu comme par enchantement.
Le 18. Le malade est très-bien ; pour la troisième fois ,
la convalescence semble se dessiner franchement. Il ne
reste de toutes les souffrances dont nous avons donné la
longue énumération , qu'un gonflement fort léger à la ré-
gion parotidienne , et encore un peu de salivation.
21. Je suis péniblement surpris en retrouvant Huguier
avec une nouvelle fièvre, et une tuméfaction considérable
de la parotite , avec rougeur vive et douleur insupportable.
La bouche peut à peine s'entr'ouvrir de quelques milli-
mètres , la déglutition est presque impossible , la salivation
mercurielle est presque aussi abondante que les premiers
jours. Constipation.
Malgré la difficulté d'avaler , j'ordonne 50 grammes
de sulfate de magnésie, qui déterminent Mes selles nom-
breuses.
22. La fièvre s'est calmée , mais la parotite est énorme
et très-douloureuse , la salivation persiste.
Cataplasmes émoltients ; lavement purgatif.
26. Une collection purulente des plus manifestes, a
JOUBUAL de HÉDBGirVB. 161
lieu dans la tumeur parolidienne.. Une ponction faite uû
peu en arrière de Toreille, laisse écouler une grande quan-
tité de pu&
2 mars. La suppuration est presque tarie , le gonfle*
ment faible , la fièvre presque nulle , le pouls à 78.
lirais la main , les genoux et le pied droit sont gonflés ,
engourdis et douloureux , la face e>st naturelle , la bouche
mauvaise, la langue sale , la salivation fort réduite.
7. Le gonflement de la parotite se reproduit pour la
troisième fois , l'ouverture qui s'était fermée , est rede-
venue perméable au pus. Les jambes sont libres , mais le
poignet est très-douloureux et enflé , le pouls fébrile , à
82. Bouche mauvaise , anorexie « langue sale ; plusieurs
selles causées par une pilule purgative.
14. Les douleurs rhumatismales et la protite ont beau-
coup diminué , peu de fièvre.
lodure de potassium , à commencer par 25 centig. , en
augmentant tous les jours de 25 centig., jusqu'à concur-
rence de 1 gramme.
17. Quatrième retour du gonflement parotidien. Mais
ce gonflement diminue peu à peu sans suppurer : le 30, il
n'en reste plus que des traces. A cette époque, létat gé-
néral est très-bon: la toux, Toppression , la salivation
mercurielle ont disparu sans retour, l'appétit est vif, le
sommeil profond et réparateur ; les douleurs rhumatismales
s'effacent graduellement , et dans le courant d'avril tout est
rentré dans Tordre.
Seulement , à la suite de cette maladie si longue , si
variée dans ses phénomènes , Huguier reste avec une &i-
blesse extrême, qui ne se dissipe que lentement.
Voilà, certes, un véritable protée qui succombe à peine
sous une forme, qu'il reparaît plus menaçant sous une
nouvelle, laissant chaque fois le médeéin plus étonné , le
malade plus affaibli, les ressources thérapeutiques plus
bornées. U|) rhumatisme multiarticulaire sans complica-
tion apparente , et durant depuis trois ans , cède en deux
mois aux antiphlogistîques, à l'aconit, au collodion. Mais
la joie du malade est de courte duré : bientôt survient une
1<2 jonuiAL BB mûmcmÈ.
bronchite aig«ië , dont les quintes déterminent une déchi-
rure, avec énorme épanchement de sang dans les parois
abdominales , et qui compromet sérieusement l'existence.
Ce nouveau danger est à peine passé , que se déclarent
successivement une parotite énorme à répétition (si je
puis prendre cette expression puisée dans le vocabulaire
d'un célèbre syphilographe) , puis une fièvre pernicieuse,
sous forme de catarrhe asphyxiant , puis une troisième re-
prise de la parotite , puis <^nfin, à l'extrémité de ce cercle,
retour à l'état primitif, c'est-à-dire explosion d'un rhu-
matisme polyarticutaire , qui ne cède qu'à i'iodure de po-
tassium. Encore, dois-je è la vérité de dire, qu'il y a quel-
ques semaines, H. se plaignait de douleurs vagues dans les
membres.
Quelle était donc, en somme, cette bizarre affection ? Me
suis-je trouvé en présence d'une diathèse rhumatismale mas-
quée par un traitement inopportun ou insuffisant? C'est pos-
sible. N'ét^t-ce point une syphilis ancienne , se trahissant
sous un aspect insolite et trompeur ? Les assertions de
mon malade ne m'ont pas semblé une garantie suffisante :
un matelot qui fournit sa carrière sans essuyer quelque
orage , me semble un idéal difficile à rencontrer. Le succès
de riodure de potassium semblerait encore de nature à
justifier cette présomption , si l'on ne savait qu'il guérit
souvent des rhumatismes complètement dégagés de l'élé-
meiH syphilitique. Ge qu'il y a de certain , c'est que les
jours du malade ont été en danger pendant toute la série
des phénomènes qui ont succédé au rhumatisme initial ;
que le danger a été complètement conjuré , du jour où
les articulations ont été délînitivement reprises par la rou-
geur et le gonflement.
Ce feit , joint à beaucoup d'autres semblables , ne prou-
ve-t^il pas l'immense difficulté que présente le diagnostic
d'une foule de maladies, jé ne dis pas lé diagnostic
local , anatomique , presque toujours insuffisant ; mais fe
véritable diagnostic , celui de la cause , de la nature de
l'affection , la connaissance des antécédents du malade ,
de son organisation , de ses habitudes , etc. Diagnostic,
JOÙHirÀi DE nntBEÉlNË. I6à
s^ns lequel on voit toifê les jourâ les affeôtions fes ptus
5^in]ples, en apparence , opposer aux efforts du médeciti
surpris 4 une résistance insormontablé autant qu'inat-
teiwtue.
DEUX OBSÊRFJTIONS de rupture de
l'utérus, par le docteur Lbtennbub.
Bien que les cas de rupture de Tutérus ne soient pas
excessivement rares , il est cependant un grand nombre
de médecins qui ont eu le bonheur de n'en point ob*
server ; c'est pourquoi il y aura toujours quelque intérêt
à publier les faits qui se rapportent à ce redoutable acci-
dent de la parturition.
La rupture de l'utérus peut être spontanée , ou bien
elle est dét^minée par les mauffiovres pratiquées dans le
but de terminer Taccouchement ; mais dans Tun et Tautre
cas , elle a lieu le f4iis souvent brsque , dans une position
vicieuse du fœtus , qui s'oppose à son expulsion pair les
seules forces de la nature ^ laecoucheur n'intervient pas
à temps et que la femme lutte énergiquement contre un
obstacle invincible. Aussi les ruptures de Tutérus sont-
elles rares dans les villes où les femmes reçoivent totajours
des soins empressés et éclairés , tandis qu'elles sont, re^
lativemejot du moins , fréquentes dans les camipagnes où
la pratique desaceoucheikieeits est abandonnée a des ma-
trones ^ à des sages-femmes dont l'instruction est mal-
heureusement presque toujours insuffisante.
Ces femmes auxqnelles on peut reprocher quelquefois
d'être trop audacieuses , n'osent pas , où plutôt ne savent
|ms , dans certaines circonstancefH agir à propos , bien que
164 lOUBNAL DB HÉDBGniB.
l'indication soit précise et que l*expectation soit pleine de
dangers.
Les deux observations qui suivent en sont la preuve ,
car la rupture de l'utérus aurait certainement été évitée
dans les deux cas , si la version eût été foite en temps con-
venable.
t'« ObserTatlon.
Le 20 janvier 1845 , je fus appelé par le docteur
Mary , de Palluau (Vendée) , pour voir , au village de
la Maladrerie , la femme Perrochaud , qui depuis
quatre jours , était dans les douleurs de l'enfantement.
Cette femme , âgée de 39 ans , avait eu plusieurs enfants ,
mais un intervalle de douze années s'était écoulé entre les
deux dernières grossesses. Lorsqu'elle avait ressenti les
premières douleurs , elle avait fait venir près d'elle une
sage-femme , qui n'arriva qu'après la rupture des mem-
branes ^ et lorsque déjà un bras s'était engagé dans le
vagin.
Loin de faire de suite la version qui , probablement eut
été facile , elle fit sur le bras des tractions fort éner-
giques, qui eurent pour résultat une fracture de l'humérus
et la déchirure des parties molles au niveau de la
fracture.
C'est alors que M. Mary fut demandé ; il constata une
contraction spasmodique permanente de l'utérus , qui
ne lui permit pas d'introduire la main pour faire la
version.
Pour combattre cet état , il employa divers moyens ,
tels que saignée du bras , bains de siège , bains entiers ,
injections mucilagineuses dans le vagin, applications émol-
lientes sur l'abdomen, etc. Ces moyens furent successive-
ment mis en usage pendant trois jours , et plusieurs fois
le médecin fit, pour pénétrer dans l'utérus , des tentatives
qui furent toujours infructueuses.
Je trouvai la femme dans un grand état d'épuisement, le
ventre était très-douloureux à la pression , la vulve tu-
méfiée , chaude et sèche , le bras de l'enfant pendant
.^-H
entre les caisses de iftfeoime , était neûr, fksque ^ froid et
dépouillé de soii épiderme*' • ^' , ,,-*..
Le toucher ine fit rçconnajjtre une sécheresse ël^trême
du vagin.4j*épauW était engagée dans la-, col» donl*lfr»djk-
tation était' cQmpIëte. Les^ dottlenrA avaient cessé*'; ou
plutôt, l'utérus Tipres avpir poussé m dehors, toutes les
eaux de Tamnips , s'était appliqué de Joutes parts soiis le
corps de reirfant, qd*H ^-cbmprinjait par- une cai}tfactii)n
continue et sp^smodiqife y ainsi que déjà l'avait constaté
mon confrère', M. Mary.*^ J'essayai d'tntfodtiire la main
dans la catité * de l'organe , niais Je seflfis jbfieirtôt que
cjétait impossible.. ' / , ' '
' Je chercliai 'alors à «y* f^ire pénétrer- une înjqctiori com-
posée d'une décoction épaisse de gfaine de lin ; kr jîquide
ne -revint pas en entier par le* vagin ; je reï^duveJlai plu-
sieurs fois, de suite ces 'miçcCions , de nàartifere 4 lubréfier
autant que 'possible les çarôis d^. Tutérijs. Je cifus "alors-que
je pouvais' essayer dèfairç la version. • "" „ *
La main dtojte ^'. pdussée avec . une lenteur exii'êg^,
pénétra tout entière , ^n cefoulant répaalO|'{)endi|iit'm]e
la main gauche ^utenaiC le ^îofid dç l'utérus;. nMiisiiien*
tôt le col utérin me çOtnprinDant le^ poignet , produiMt un
engourdissement tel, quâje'.cras4]u'il nié serait impossi^
ble d'avancer plus loin/ Après une ' pause .prolongée ,
je réussis A gag'ner un peu de ten^ia,^mais bientôt tes
mêmes diffibultés se-pr4**"^^*^'r^Dfiî» » 'ji^rpiVai assez
prpfondément •pour toucher un pied. Au-'moment'où
j'allais le saisir, je sentis suV lè^dos de in? main urte sorte
de frémissement ;Vétaît l'iilQrus qui s'ëotr'o«vrait de,ha'ui
en bas. avec assez de .Jepte.lîi* ppur .que .je pusse lâisément
me rendre eompte de ce qui se.passait. \ :. / '
A l'instant môma ma^maîa se] trouva lyxre, et je:ni^a-
pecçus, non <sans un. véritable «ïirol^ qv^'elle^se trouvait
au milieu, de ia^mas^^ int6sii/^ale qœ^je^ rjBConnus.. pariai-
teiment. ., . * •'.•***.'
Je rtiinenai ))ro\njptemefit \» main dansj'qtérus, dont
la contraction avait en ti^ement cessé.. Je pus Saisir 'les
pieds et^faire la versioir sans «uclAref diiricalté.\Des^ frictions
V2
1<6 JOiniUU. DB VÉMQIHB.
soutenues sur ie fond deriilérQ&, isivoriBèreBi lapétraetienëc
cet organe ; le placenta se présenta bientôt et fut extrait
sans effort ; et rien ^ au dehors , ne traduisit la gravilé
de la situation dont les assistants ne se doutèrent noile-
ment.
L'épancbement de sang qui avait dû se former dans le
péritoine n'était pas assez abondant pour qu'il fut possible
de le constater.
Des douleurs violentes dans Thypogastre eurent lieu
après raccouchemeat ; elles furent calmées .par une ap-
plication de sangsues , et, après quelques i cors, 1^ malade
paraissait dans les meilleures conditions ; la fièvre de lait
fut modérée et ne dépassa pas la durée ordinaire. Les lo-
chies coulaient convenablement et tout faisait présager
une prompte guérison, lorsque, huit jours après l'accouche-
ment, la malade, qui venait de manger un potage , se trou-
vant assez bien pour changer de chemise sans se faire
aider, fit probablement quelques efforts trop violents , et
fut prise d'une hémorrhagie utérine à laquelle elle succomba
en quelques minutes.
9« HtisertratioB»
La femme qui fait le siyet (Je la seconde observation ,
habitait au village de la Forêt, commune de Saiot-Chris-
tophe-du-Ligneron (Vendée). Agée de 27 ans , elle avait
eu déjà deux couches heureuses ; sa tiioi^ième grossesse
avait suivi une marche régulière, aussi elle crut pouvoir
se contenter , pour l'assister dans son accouchement, d'une
matrone du village. (C'était en 1846.)
Après quelques douleurs, les eaux s'écoulèrent, et
une main se présenta à la vulve. La malrofte réolama
l'aide d'une sage-femme ; celle-ci reconnut une préseata-
tion de la face , et demanda, à son tour, la présence d'un
médecin.
On alla successivement dans deux communes voisines
joirauMii DB vÉf>9€tm. 167
pour cacher des médecim qu*on ne put reuqoiitrer ,
c^^est alors qu'on vint chez moi. Vingt heures avaient été
perdues en marches et en contre-marches.
J arrivai près de ia malade à onze h^ures du matin.
On me raconta que, vers le milieu de la nuit, après avoir
eu des douleurs très-violentes et très-rapprochées, la mal-
heureuse femme sembla réunir toutes ses forces dans un
suprême eiFort , et tomba ^ immédiatement après , dans un
état de coilapsus complet ; le visage devint pâle , le pouls
s'efiaça et la sage-femme reconnut qu'une tumeur venait
d'epparattre au eôté droit de Futérus.
Je trouvai, ia femme dans Tétat que je vieas d'indiqper :
al^sence de ppuls radial , une-^ueur froide couvrait le visag^t
les lèvres étaient violacées , il y avait un peu de subdéli-
rium ; aucune contraction ne se faisait sentir dans Tu-
térus.
Je constatai la présence d'up bras dans le vagin, et une
présentation de la face en travers ; le menton , en arrière
duquel passait le bras , correspondait au côté droit du
bassin. (Position mento-iliaque droite.)
J'examinai ensuite la tumeur qui s'était foriuée tout-à-
coup dans le côté droit du ventre, et dont l'apparition
avait coïncidé avec l'état général si alarmant que j'ai dé-
crit plus haut.
Cette tumeur avait son siège au-dessus et un peu à droite
de l'ombilic ; elle avait le volume d'une tête d'enfant à
terme, et tenait par sa base à l'utérus ; elle avait une con-
sistance notable, mais sans dureté osseuse. On pouvait la
comprimer avec force sans déterminer de douleurs ; mais^ à
sa base, la moindre pression arrachait des plaintes à la ma-
lade. En outre, cette tumeur paraissait très-superficielle et
piacée immédiatement sous les parois abdominale^ qui
avaient peu d'épaisseur. Enfin , dans le sillon qui mar-
quait la base de cette tumeur , c'est-^à-dire à la région om-
bilicale, on sentait une fluctuation très-manifeste , rêvé-
I6i( jOtTRIfAi. 1A IIÉ9SCI1IB.
tant la présence^ dans ce point, d'tmecertaineqti&htité de
riquide. '* , . .
Je diagnostiquai une rupture de l'utérus^ avec- saillie du
placenta dc^ns la cavité du péritoine , 'eft éj)aac6einent dé
sang à la région ombilicale.
Dans la crainte que ta version najBiginentai*)a déchirure
de Tutérus, je voulus tenter rappiication* du forceps, mais
la position de la tête, que je ne pus modifier, et la présende
du bras qui, malgré tous mes eports poiiir Je i^fouler *dan$
la cavité utérine^ retombait toujûiv.s, ne me perarireh} pas
de fixer d'une manière convenable «les branché»» dô -l'iiis-
trument. Je fus donc obligé de renoncer d' ce 'moyen et
d*avoir recours à* ta version, -malgré les "incont^ienls que
je prévoyais. - • - • ■
La version n'offrit pas de diflicultës.^ l^lle fut faite avfc
la main droHe , portée, dans le côté gauclie dé la cavité
utérine , c'est-à-dire dans le poipt opposé à îa rupture.
L'enfant avait cessé de vivre. ^ ' - . •
L'extraction du placenta se fit ^u mayen de tractions
modérées sur le cordon. Elle fut suivie 'itnmédiatement
d'une hémonrhagie abondante. '* /- - -- *
J'introduisis promptement la mab) droite d^QS fiitqrti^t
pendant quavec fa nntin gauche je frictionnai rjiypegastre
et que je faisais faire des aspersions d'^aû vinaigra sur la
même région j l'hémorrUagie s'arrêta par stii^ed&ta eoo-
traetion de, l'utérus.. ". * / \
La version, quoique facile et pratiquée ave« prudence ,
avait consîdérablenient augmenté 'la solUtM tïe çohti-
ni/îté, ainsi que je l'avais craint. L'ouverture par* JiiguiBlle
le placenta avait fait saillie tians la cavité abdominale était
d'abord bornée à une portion très limitée du corps de
l'organe , tdndi» qu'après ^a délivrance ^^ et apr^ qiie fe
globe utérin fut revenu à des dimensîonà convenables ; la
main pouvait passer Taciiemént dans la cavité' pérjtonéale
JOIIBUAJ. AB M18D£«IJ!^. â*69
par lioe^ulioiY de cpiUiiHii^é qui, s'étendait, deptds ie
fond 'de. lulëinjs jusqu'au col iiklu&ivoinent*
ko. femmer .succomba dans la journée' du lendvipain ,
sans qiVH se s^t mantfesié (e moindre signe de réac*
Hoir, . • . * - '
t- ^-» :-*
RJÉPORT sur im fi^énKkiv^ jie M. .Gintrag , d0
; Bordeaux^ sur l'oôlitératîôn delà veine porte ,
- pm VL MALUEaHB ^ docteur-médecin ,.médemn
de' l^H^lel-ffieu de Nantes. * *
MïSâU«R9 /
Malgré U; yiyejumrère^etée paç les travaux «noderncs
sujr quelques poiiU^'de U physic^jogié etHe la palJioitogje
du Ibîe ', il refile» encore bieiï des problèmes à résoudre ,
bien des «ténèbres à dissipei;,, à -j^ropos ées fonctions et
des maladies de i'ofgane sécréteur* d|,e la h\\e. Aussi doit-
on accueillir aveo ftiveur^ tout'ce qui peut ajouter à nos
connaissances positives swe des questions à la fois si ardues
et d'yn si ^rand inlérêl. (.a «part importajile du foie dans
Facte complexe de Iji digestion , fait de son iuitégrité
4me <les principales conditions du maintien de la santé ,
en même temps «fue soa pontaet journalier avec les pro-
duits de rabsorplioQ intestinale Texpose sans, cesse À*uDe
i70 JOVRflAt, DE «ÉDBCHCB.
foule de dérangements passagers , dont la répétition peut
amener de graves* altérations.
Les maladies du système veineux abdominal sont peu
connues et doivent cependant être assez fréquentes; mais,
en général , dans les autopsies on néglige d*examiner ees
vaisseaux ; et , d*un autre côté , leur situation profonde
rend , pendant la vie, leur exploration très-difficUe.
M. Gintrac, de Bordeaux , a cherché , dans le mémoire
qu'il vous a adressé , à jeter quelque jour sur ce point
de pathologie.
Ayant eu occasion d'observer six fois l'oblitération de la
veine porte , H a recherebé avec grand soin tous les cas
connus de cette affection : il a réuni ainsi , en y compre-
nant les siens , un total de 36 faits*, dont il a tiré les
déductions suivantes ;
« La veine porte peut être oblitérée mécaniquement ,
en vertu d'une compression exercée par des tumeurs con-
tiguës de nature très-diverses. Les parois rapprochées ,
gênent , ralentissent la circulation du sang ; ce fluide
tend alors à se concréter. »
€c Le tissu qui entoure immédiatement la veine porte a
quelquefois été le siège de la maladie. H. ^ruveilhier a
vu l'inflammation et la suppuration occuper la périphé-
rie de ce tissu et pénétrer ainsi dans b stibstance du
foie. La matière purulente enveloppait et conriprimait les
parois veineuses.
Il existe dans la science un senl exemple d'oblitération
de la veine porte par cause trafuniatiqtfe ; il est rapporté
par M. Ernest Lambron.
Un homme de 69 ans avale une arête de poisson. Ce
corps étranger s'engage dans l'épaisseur du pyfore , tra-
verse l'eXfrémHé droite du pancréas et va s'implanter
dans le tronc de la veine mésentériqo^ supérieure. De là
une inflammation vholenCé qui se propage Ife long de la
veifie->^porte. Orif trouve dans ce canal du pus couleur He
de vin et uwe feusse membrane s'étettdant dans la
veine mésentérique dont te calibre e^ obfitérc par des
oaîHots.
JOVBHiLli 1>B HlîiœGIBB. 171
Dans bon nombre de cas , ToblitéraMon de la veine
é4«t due à une inflam»natior> qui avait laissé pour traces
des fattssea membranes ,du f)us, des abeès dans la subs-
tftDee du foie, des caillot» plus ou moins aliérésy des ossi-
fications.
Ces altérations, occupaient tantoi les racines , tantôt le
trono, tantôt les brandies de la veine-porte « isolétneot o»
simultanément.
Nous renvoyons au travail de H. Gintrac pouxr les dé-
tails des observations el pour la bibliographie, qui ne pour-
raient trouver plaee dans ce rapport.
L'observation suivante^ qoi nous a été communiquée par
M. Gély, nous a semblé mériter de prendre rang à Iq suite
des faîis rapportés par H. Gintrac, bien qu'elle laisse à dé-
sirer au point de vue des antécédents.
Un homme de 45 ans, atteint d'bydropisie depuis plu-
sieurs moia, entra à l'Hôtet-Dieu à la fin de novembre 1836,
et fut ponctionné plusieurs fois, à la distanee de qiuin^e
jours à un mois. On observa, en outre, une infiltration
passagère de^s extrémités, q'ui strîvait les phases de Tascite;
une dilatation de la veine tégumenteuse du côté gauche; die
la débilité, de Toppressioii. Il mourut le i tévriec 18S7.
Autopsie. ~ Poumon droit sain ; pounkon gauche
comprimé par un épanchement de deux lilres, plièvre en-
flammée, épaissie, opaque.
Dix à douze litres de liquide dans TabdonMin , péritoine
très-épaissi, d'un h\mm micré, opaque dans toule son éten-
due, rétraction très-grande du mésentère , adhérence cel-
luleose umssiini les circonvolutions intestinales. Vaisseaux
iliaqlues et veine-cave sains.
Le tronc de la veine porte renferme im caillot qui la
rei!i]f>liit à moitié , il adhère à la partie supérieure ; il se
prolonge du côté du foie et devient de plu& ^n plus vo-
lumineux et adhérent ; il remplit toutes lies divisions de
la branche 'gauche de la veine porte; il est noir, un peu
mou , granuleux et gris rosé au centre. Les pai^ois de la
veine çont évidemment altérées ; el<les sont rugueuses ,
rottge-brun, pointiilées ; partout ou elles ont cet aspect,
172 JOORNi^ D£ Méf>BGINB«
les^ adhérence» sont très-solidès. Du' côié de labdomen ,
cm trouve dans te trotic de la veiife porte une plaque
ovale y ayant pQr&ît^naent ^aspeo^ d'une niÎK|ueusè «t.
formé par 4jne fausse înenibrave^ tomènteuse-, adhérente
sur un point enflammé.
Le foie est p<$tt( , -ferme \ granuleux , )b \che gauche où
pénètre' la veine matade \ ne.diffèrei ^xis du droit Les reins
sont mous , d'un rouge violacé, foncé. * • . , - ••
.Lohfitération' incomplète^ qui .içxbtûU ici «lait évidèm-
ment'te résultat dlune phlébite coiiime le 'démontrent l'a-
dhérence des caillots ; .raltératbn de la paroi verîiei|se aux
points adhérents, ei enfin la*ptaqu6 psëudo-membraneuse
IrcmVQe dans le tronc de Vveiïlfe.
L'bydropisie , la dilalation . d'une des veines superfi-
cielles de rabdoroen et le petit rolùme-du foie sont les cir-
constances les phis ira portantes à noter ef <}^i rappro-
chent' 1^* plu6 ce (ait de plusieurs da ceux rapportés par
Tauteur dii nïénïoire.-qiie'noiis atialysons; ; . *
' ' *
Voici, maintérrant, uïî tableau rapide des symptômes ob-
servés: : --''.-
Dans les ca^ argu^*, signes d'irritaifi&n plus où moins
vive de&voi^digesttves, vomissem^&dts de matières* ver-
dâtres, quiolquefois •niiôréés de sang ,-^*une teinte noirâtre
el«d*UDe odeur infecte. ».'.-.
• Parfois constipation^ plus sbuvent diarrhée, selles jaunes,
bilieuse», parfois sanglantes ou norrâtras. Abdomen tondu,
mété^risé, dôtilour^ux, soif vive. • ' *
' Pouls fréquent.; dans quelques cas la fièvre s'est' mani-
festée par des accès très-pcononcéà, anàlqguék if eeux d'une
pyreirië inltrmittewttt H« débutaient par. uri froid très-vif
etdes frissons répétés,. puis arrivait une chaleur Intense;
ils étaient irréguiièrs/ * ^ ' ;*'.*'
D'autre^ symptônaès étaient plus dircctènnent caracté-
ristiques dés lésiona du foie et do la veine-poTte. Douleur
vive à l'hypochondre droit ^étendknt |)arfois à lepigastre,
apparition d'o» ictère, . .* ' *
Quand la' maladie s^st protongée, ascite plus ou moins
JOUHNAL DE HÉDECDŒ. 173
considérable; quelquefois , développement variqueux des
veines sous-cutanées deTabdomen.
L'œdème des membres inférieurs a eu lieu dans plu-
sieurs cas ; Turine, généralement rare , déposait quelque-
fois un sédiment abondant.
« Cette récapitulation des symptômes offerts pat* les
individus chez lesquels s'est opérée l'oblitération complète
ou incomplète de cette veine , peut éclairer le diagnostic.
Elle montre un certain rapport entre les lésions et les
phénomènes, et permet de convertir quelques-uns de ceux-
ci en signes. Ainsi , lorsqu'aux indices d'une irritation
vive des voies digestives , se manifestant avec des accès
fébriles irréguliers , se joindront une douleur plus forte à
l'hypochondre droit , des évacuations imprégnées de sang,
un épanchement séreu?^ dans le péritoine et le développe-
ment des veines superficielles des parois abdominales , on
pourra présumer que le système de la veine-porte est le
siège de quelque grave lésion , qui met obstaole à la cir-
culation du sang.
» M. Waller, de Prague, et M. Roberts, de New -York,
ont essayé de fixor les bases du diagnostic de l'inflamma-
tion de cotte veine. Les principaux signes indiqués par
le premier sont l'augmentation de volume du foie et de
la rate, l'ictère, la . douleur épigastrique , les vomisse-
ments , la tulnéfaction de l'abdomen , l'amaigrissement
rapide.
» D'après la Commission médicale dont M. Roberts
était le rapporteur , l'inflammation de la veine-porte se
présente diversement , selon qu'elle est aiguë et suppu-
rative, ou sub-aiguë et adhésive. La fièvre, dans la pre-
mière variété, revêt la forme typhoïde ; elle s'accompagne
de frissons , et semble rémittente ; mais elle est irrégu-
lière ou erratique; des sueurs copieuses terminent les
accès. La douleur de Tépigastre et de l'hypochondre
droit, la jaunisse, le goût amer de la bouche, viennent
s'ajouter aux indices de cette afl^ection. La variété adhé-
sive donne lieu à l'ascite. M. Roberts convient néanmoins
174 icmmàh be MàuBcno.
que ces divers signes sont loin d*èlre parfetlemeQt carao
téristiques.
» Les difficultés du diagnostic s'augmentent de la ra-
reté des occasions de vérifier les faits ^ de la diversité de
ceux-ci , et surtout du peu d'attention généralement ac-
cordée aux lésions du système veineux abdominal.
» Toutefois , la pyléphlébite porte un cachet qai frappe
l'observateur attentif. M. Schoeniein, retrouvant à fa cli-
nique de Berlin les traits dont il avait été vivement im
pressionné dix ans avant à Wurtzbourg , annonce à ses
élèves une inflammation de la veine-porte et excite au
plus haut degré leur enthousiasme par l'exactitude de ce
diagnostic. Mais longtemps encore une pareilfe chance
demeurera le privilège du savoir profond et de la sagacité
personnelle du praticien. »
Nous ne suivrons pas M. Gintrâc dans la récapiiolatiott
des altérations anatomiques; €|u'il nous suffise de dire que
ce sont toutes celtes qui se peuveiH rencontrer dans la
phlébite en général , isolées ou accompagnées de iéeions
du foie ^ de la rate ^ des ganglions Hrésentériques, du pé-
ritoine, etc., et concliioBS, avec 4'auteur , que , àe toutes les
circonstances locales qui peuvent produire roblitératioa
de la veine-porte , Tintlammalion eat de beaucoup la plus
fréquente.
Le premier effet de Tarrêt du sang dans la veine-'portc
c'est l'engorgement des veines intestinales ; d'où tendance
au développement de Thydropisie aseilo, aux flux séreux
et hémorrhagiques , soit par Tesloinac, sost par l'intestio ;
intumescence générale des tissus , augmeniation d'éfmis-
seur des paroia gastrique et intestinale, expansion des
vaisseaux hémorrboïdaux ^ développement de la raie. Enfin,
efforts tentés par la nature pour ré^iaUii* la cireutalion.
Ces communications s'établissent par les divisions teroM*
nales de ta (letite mésaraique , et par les rameaux qui s'a-
nastoittoseal avec les veines des parois , soit avec celles
qui sont profondes, soit avee oelles qui rampent à la sur-
boede l'abdottiea.
JOeUIAIr VE MÉDBCmi* I7S
Ce qui précède , nous^ montre rimportance du signe
fourni par la dilatation des veines superficielles de Tab-^
domen ; mais , comme il appartient également aux oMi-
térations de la veine-cave inférieure, il ne peut être consi-
déré comme pathognomonique.
Pour le rapporter avec quelque certitude , à roWifeéra-
tion de la veine porte , il faut qu'il se rencontre arec
Tasciie , sans œdème des membres inférieurs.
La diminution du volume du foie est la conséquence
constante de l'interruption du cours du sang dons la veine
porte ; de plus , cet organe présente la même couleur
que dans la cirrhose atrophique. Un fait analogue s'est
produit chez les animaux auxquels on avait lié la veine
porte ; le foie était pâle et diminué de volume:.
Il était naturel de rechercher qudie influence l'oblité-
ration de la veine porte exerçait sur les fonctions du foie.
M. Gintrac a conclu de ses observations , e4 d'expériences
faites à son insf igatioft et dont nous parierons tout à l'heure ,
que la sécrétion de la bite n'en continiiait pas moins, quand
kt veine porte cessait d'amener du sang au foie ; qu'en
conséquence , ce n'était pas le sang de la veine porte qui
fournissait lies matériaux de la bHe , mais qu'ils étaierrt
apportés p»r l'artère hépatique , et que la bite , comme
les autres produits de sécrétion , sortait du saing artérvei.
Cette conclusion est fondée 1° sur ce que chez plusie«rs
scijets morts avec une oblitération de la veine porte , la .
vésicule biliaire contenait de la bile, par fois même en
grande quantité , et dans un cm rapporté pur M. Bouil*
laud , ce réservoir était distendu au point d'égaler en vo-
Icnne une tête d'enfant.
2^" Sur h continuation de la sécrétion biliaire après la
ligature de la veine porte ; fait qui semble i*é8ulter des ex-
périences que M. Oré vient de communiquer à l'Académie
des Sciences. A propos de cette communication , M.
Audral a rapporté l'histoire d'un malade chez lequel des
signes extérieurs faisaient soupçonner une oblitération de
la veine porte (diagnostic véri&é plus tard par l'autopsie),
et qui non^seulement me présentait point le& syintàfDes
176 JOOIIUI DE MÉBBGINB.
qui indiquent une suspension de la sécrétion biliaire ,
mais encore fournissait la preuve que la foiiction glycogé-
nique persistait , car il était diabétique.
Ces faits singuliers semblent bien démontrer que te saug
de la veine porte ne possède pas tout seul les qualités né-
cessaires pour fournir les matériaux de la bile et du sucre
hépatique , mais ils ne prouvtint pas du tout que ce sang,
dans l'état physiologique, ne concourt en rien à ces sécré-
tions. Si l'on cherche à se rendre compte des effets de l'obli-
tération spontanée ou de la ligature de la veine porte, on re-
marque que le foie diminue de volume et devient exsangue,
que la nature fait les plus grands efforts pour créer des voii^s
circulatoires supplémentaires; que, dans les cas palhologiqucs
observés sur l'espèce humaine, ces voies insolites sont in-
suffisantes, et que la morl arrive par suite du trouble pro-
gressif des fonctions (1) ; que, dans les expériences^ sur
les animaux , la mort n'est pas la conséquence nécessaire
de la ligature de la veine porte, puisqu'on a vu des chiens
vivre et se bien porter 1 i jours et même 20 jours après
l'opération. Nous pensons, toutefois , qu'il faudrait garder
les animaux opérés pendant plusieurs mois , pour voir si
les nouvelles conditions où les a placés l'opération , n'in-
fluaient pas ultérieurement , d'une manière quelconque ,
sur la nutrition. Ce qu on est en droit d'établir dès à pré-
sent , c'est que , pour que la vie et la santé puissent
continuer , il faut que les produits de Tabsorption intesti-
nale pénètrent complètement dans l'économie , et y su-
bissent les transformations nécessaires pour leur assimi-
lation.
M. Ginlrac termine son mémoire par les réflexions sui-
vantes sur la thérapeutique applicable aux maladies de
la veine porte.
(1) On a cependant lieu de s'étonner que la vie puisse con-
tinuer assez longtemps , comme le prouvent les cas chroniques ,
avec les léùons révélées par Pautopsie.
lùCSJfAL DE KéiuBCHaz» 177
fr 11 est rare qu'une connaissance plus approfondie des
attributs essentiels d*un état morbide demeure entière-
ment stérile , et qu on ne puisse en faire jaillir quelques
iiKluctions sous le rapport pratique. Divers points de
rhistoire de l'oblitération de la veine* porte me semblent
pouvoir offrir des données utiles, du moins servir de jalons
pour des déductions ultérieures :
i>l^ A quelques exceptions près, cet état pathologique
a pour origine une inflammation du tronc veineux
sous^épatique , et cette affection est très-souvent liée
à une phlegmasie plus ou moins intense des viscères
abdominaux. C'est donc à combattre celle-ci , lorsqu'on
peut en supposer l'existence, qu'il faut d'abord s'at-
tacher.
» 2° Les accès ou les paroxysmes fébriles irréguliers ,
précédés de frissons et de froid très-marqués , peuvent
en imposer pour des accès d'une fièvre rémittente ou in-
termittente grave , ou même pernicieuse , et inspirer la
pensée d'employer les anti*périodiques , en particulier
le sulfate de quinine à haute dose. Des faits nombreux
attestent l'inutilité et même le danger d'une semblable
médication.
» 3^ On ne saurait redouter les émissions sanguines lo-
cales, et principalement l'application des sangsues à l'anus,
pendant la période d'acuité.
» 4^ L'usage des délayants et des laxatifs doit concou-
rir à favoriser la circulation des fluides dans les vaisseaux
engorgés.
,i> S*" \jes boissons seront rendues alcalines par l'addition
du sous-carbonate ou du bi-carbonate de soude , afin de
s'opposer autant que possible à la tendance du sang à la
coagulation.
» 6° La maladie faisant des progrès , l'état phlegmasique
aigu étant dissipé la sérosité s'épanchant dans l'abdomen
et donnant lieu de supposer que l'oblitération de la veine-
porte pst accomplie, les évacuations sanguines ne doivent
être eiïiployées qu'avec réserve et seulement pour dimi-
nuer la pléthore abdominale. C'est le moment d'user des
I7S JOOBUI. SB MÉBBCBIB.
évacuants , de cens surtout cpû provoquent les sécrétions
séreuses intestinales.
o 7^ Hais ces moyens senateni nuisibles s'il y avait déjà
des vomissements ou de b diarrhée, et surtout si les éva-
cuations étaient sanguinolentes. Il vaut mieux alors s'abste-
nir de médicaments actife.
» 8** La paracenthèse est le meilleur moyen de diminuer
la gène, le malaise que produit Tascite. Cette opération
peut être réitérée sans inconvénient. Il n'en est pas de
môme des injections iodées. Une de mes observations le
prouve : les indices d'une lésion, et surtout d'une oblité-
ration de la veine-porte, doivent former une contre-indi-
cation très-grave. On conçoit , en effet, que l'arrêt du sang
dans la veine-porte augmenterait les chances de péri-
tonite et d'entérite.
j» 9° Il importe d'éviter aux organes digesti£s un travail
fatigant, et il faut ne pas perdre de vue que des deux voies
d'absorption habituellement oov^tes dans les parois intes-
tinales, l'une d'elle est hors de service; il est donc bonde
nvéuager celle qui continue à fonctionner. »
JOURNAL
BB lA
SECTION DE MÉDECINE
DE LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE.
BULLETIN DES SÉANCES.
Séance du 10 octobre 1856.
PBÉSIDENCE DE M. HÂffOT, PRÉSIDENT.
H. le Président donne lecture :
1« D'une lettjne par laquelle M. Gautron fils annonce sa
nouvelle résidence , fixée à Paris , et réclame le titre de
membre correspondant , en échange de celui de membre
résidant. Accordé.
13
180 JOfJUlÂL DB JfÉDBCniB.
2'' D'une seconde lettre adressée à la Section par les
membres de la Commission de souscripition organisée à
Paris , en faveur des veuves et de» orphelins desL niédecihs
et pharmaciens de l'armée et de la flotté d'Orient. La Sec-
tion est priée de prendre à Nantes Hnitiative de cette
souscription. . » /
Cette demande est accueillie avec une^vive et. unanime
sympathie , et la sonscription^est ouverte. séaace tenante.
L*ordre du jour appelle M. HéKe i^ lh*e un travail inti-
tulé : Considérations 9ur V épidémie d'herpès kmsurant, ob-
servée à l'h&pitalSaint-Jacqfjtes^de, 1854 d 1856 (1)1
Séance extraordinaire du 24 octobre. 1856.
PBJtSIDBNCE DB K. MALHBBBB ,' nCB->BÉSniBIIT.
H. le Président expose à l'assemblée que le bût de la
réunion est de délibérer sur les questions qui seront mises
au concours pap la Société Académique pour raïuiée 1857.
La Section est invitée à adresser au Comité central les
sujets de concours proposés par eHé. •
Plusieurs sujets «ont proposés^ mais la Section fixe son
choix sur la question suivante, proposée par^MH. Tfiibeaud
et Malherbe :
Etudes de statistique médicale suf une ou plusieurs lo*
calités du département , et spécialement sur celles où
s'observent les graves endémies. de fièvres intermittentes
ou de dysenteries. *
Signaler toutes les Conditions hygiéniques auxquelles
sont soumis les habitants.
* ' ♦
fiance du li novembre 1856.
PRÉSIDENCB DB M. M AHOT , PBÉSnJBRT..
L'ordre.du jour appelle à la 4ribunç M. Thibeaud pour
(1) Voir plus loin, p. 181.
JOUBNÂL DB HÉDECINE. 18*1
lire un travail intitulé : De la paralysie faciale ,• — trai-
tement par la strychnine; — de l'action des slrythnèes^
— ducuràre dans le tétanos (1). Cette lecture donne lieu à
une dissertation intéressante sur les diverses portes de pa-
ralysie &ciale , sur leur traitement variable selon leur na-
ture, sur la cborée et les nombreux moyens thérapeutiques
préconisés contre cette névrose, enfin sur le curare et ses
applications possibles à la thérapeutique.
 cette discussion prennent part MM. Letenneur, Hélie,
Malherbe, Thibeaud, Âubinais et Cormerais;
Le Secrétaire,
Le Houx.
CONSIDÉRATIONS svr ^épidémi^ d'herpès
tonsunmt, observée à l'hôpital Saint- Jacques,
de 1834 à 1856, par M.Hélib, D.-M., mé-
decin de l'hôpital Saint-Jacques , professeur à
l'école préparatoire de médecine.
Lorsque je fus chargé du service de la division des
femmes, à l'hôpital Saint-Jacques, au mois d*août
1854, il y avait, dans la section des orphelines , un grand
nombre de jeunes filles affectées d*herpès tohsurant. J'en
trouvai 25 qui étaient en traitement depuis un temps plus
ou moins long.
L'herpès tonsurant , maladie éminemment contagieuse,
fut introduite dans l'hôpital Saint-Jacques au mois de mars
(1) Voir plus loin, p. 201.
I8i jàtskffàk bB kÉtaidiftte.
1852. M. Malherbe, alors chargé de ce senricé, Vou$ a
exposé , dans un mémoire très-întéressânt qu'il Vous a lu
au mois de septembre de la même année , cominent
l'herpès tonsurant (îit importé à Saint-Jacqnles , par tene
petite fille de onze ans , fiai ehtra à Toiphelinat, et y
resta qael()ués jours avant d*étré admise à rinfirtnerfe;
Jusqu'à cette époque, rbek*pès tonsurant était ihéonnu
dans la maison.
La maladie se propagea rapidemeht dtins l'infiMnerre et
dans l'orphelinat; bientôt, dans Tespace de q^ielques
jours , H. Malherbe eut à traiter 1 5 orphelines , atteintes
d'herpès tonsurant.
Depuis celte époque , l'herpès tonsurant a continué à
régner épidémiquement dans l'orphelinat.
Le nombre des malades s'est beaucoup accru. Un cer-
tain nombre a été guéri. Il y en a encore aujourd'hui
24 en traitement.
Il m^a donc été donné d'otec^tèr pendant defux ans
cette maladie ^ sur une grai^de échelle ; et j'ai pu la suivre
dans toutes ses périodes sur chaque malade , car les orphe-
lines ne quittent ta maison que lorsque leur guérison a
été constatée.
L'amélioration q\iepréè»èhtèl'élètvlei& pltipl^A de celles
qui sont encore en traitement , permettant d'espérer ,
dans un avenir prochain , la fin de cette épidémie , j'ai
pensé que le moment était venu de vous soumettre quel-
ques considérations sur cette maladie singulière , et sur le
trailemeTlt qui m'a sehiblé le plus convenable.
Je n'ai point l'intention de tracer une description de
l'herpès tonsurant. M. Cazenave , dans son traité , si jus-
tement estimé , des 'mâlàdîes du cuir chevelu, en a donné
un tableau fort ekact , niais ihcomplet êù queli^ues
points.
M. Malherbe , dans le riiémoire qu'M tiouls â hi, ô ajofuté
à ce tableau quelques traits omis par M. CàzehaVe.
H. Bazin , dans ses recherches sur les teignes , publiées
en 1853 , et plus récemment , dans quelques articles in-
sérés dans la Gazette des hôpitaàai^, en 1 856 « a pifésenté
çl45§ (iflnsidér^tiiO,ii^ curieuses $i|r c^t^p maMip , qii'i! a pq-
visagée sous un pojpt de yi^e particulier.
L'herpès tQn§^rant pflfr^ un fi^ppc^ ai|S9i car^ptéristique
que cplpi dq favus. Avec un peu d'habitude , qp le ^istin-
gU(E|ra , jq pf oi:? , loigours aîaéinpqt dps fj^^re? ^ffpctions qu
cujf chevelj^.
<( l^'harpps tpn^urapt (rhprpès circinné du puif che-
a yçt|u) est caractérisé pî^K de$ plaques d'in^g^le gr^n-
0 deur, mais exactempnt ^rrondi^^i sèchç^, d'qi^ 9^pfîct
1) grisâtre , et reipffrqfiables paf une alppécip particulière,
vt d^ps l^gqjelle , le pluç ?oi4yeï}f , )e§ cheyeux sjont ^eu|p-
9 pipnt cpupés courts , isn forme j|e tonsure , uiaist si près
» de la peai^ que Is^ d^i^^^atipn paraît complète ^ pre-
tt filière yu^. 9 (C^zenave, tiçqilé des m^a^ies du ouir
chevelu^ p. 193.)
J'exapfiinprai sqcc^^iyement Ips diffé^enfs points d^
cette définjiion qui résuma ex} que}que$ mpts Jles prippi-
paux caractères ^ l'herpè^ tonsurapt.
I.
L'herpès tonsurant n'est-il , comme on j'adiqet gépépa-
lemept , <|U*Mpe fojrpfi^ spécU^ de^ l'herpès circinné ? ou
bien Therpès tonsurant et Therpès circinné , ppnsfUuent-
ils dpux ^fiectjops di^jl^ctes , et seulemept souvent co-
existantes ?
Il me semble diQicitp de pe pas ^dpiettre ridqntif,é dp
cesf deux affectiQOS.
Les plaques d'herpès tonaurant et cel|es d'herpès cw-
cii^né, ^e déyelqppf^ni jUrès-souvpnt , ep mépip (j^ipps , sur
la mêpie pçrsQone» ei s^r des individus habitant GusefXï])}e.
P((}ndapt U lojigue durée d'un herpès itonsur^p^ , ^fire,c)Lipn
pssentiellement chropi||ue , pp voit très-fréqpe^fiment se
reproduir^ de ten^ps pp teipps des plaqpeç d'i)prp|bs cir-
cippé ^ çpr divpr^ parties du pprp?.
Rien n'est plus commun que c|e vpjr au j^pnt , apx
tewp^ ^ à la, im^^ , ppe pjaque siégeant môïtjp spr le
cuir pUevehi , moi^tié ^vur ]^ p^^u jdépopryue pe pojU « et
184 JOVSIIÀI. DB MÉDECIIfS.
présentant sur le premier, tous les caractères de Therpës
tonsurant , sur la seconde, ceux de l'herpès circinné.
Ces faits signalés par tous les observateurs , j'ai pu les
observer souvent. Au priolemps de l'année dernière
(1855) , l'épidémie d'herpès tonsurant présenta tout d'un
coup une exacerbation remarquable. Le nombre des ma-
lades augmenta , et l'herpès tonsurant prit, sur la plupart
d'entre elles , un caractère inflammatoire , et se compliqua
d'eczéma et même de pustules impétiginenses.
*i'aurais pu attribuer cette irritation , insolite dans
rherpès tonsurant, à Temploi que je faisais alors, d'une
pommade alcaline un peu active. Hais en même temps que
les plaques de l'herpès s'irritaient chez la plupart des en-
fanta en traitement , la maladie se propageait à d'autres
enfants , et des plaques d'herpès circinné se dévelop-
paient, et sur ' des enfants déjà atteintes de l'herpès ton-
surant, et sur d'autres personnes, soit enfants, soit
adultes, qui n'avaient nulle atteinte d'herpès tonsurant.
De ces foits qui se reproduisent sans cesse , n'est-il pas
naturel de conclure que l'herpès tonsurant et l'herpès
circinné , sont identiques , ^ et constituent deux formes
d'une même maladie.'
Mais il faut réconnaître que ces deux formes présentent
de notables différences.
La plaque érythémateuse d'herpès cirèînné est couverte
au début de vésicules très-petites , de courte durée , dont
le liquide est résorbé en quelques heures , vésicules très-
semblables à celles que l'on observe souvent dans l'éry-
Ihème produit par un coup de soleil.
Dans l'herpès tonsurant, l'existence des vésicules est
incertaine , et admise, ^plutôt par analogie avec l'autre
forme d'herpès, que constatée par une observation pré-
cise. J'avoue n'avoir jamais pti- lés distinguer. Il
est vrai que l'herpès tonsurant , causant à peine un peu
de démangeaison, son existence ne se reconnaît que lors-
qu'il à déjà quelque durée.
Pour distinguer ces vésicules, il faudrait, sur des ma-
lades que l'on observe très-fréquemmenl, assister au déve-
lOCrUUb SI MÉBBGniB. 18S
loppemeift d'une plaque nouyelte ; et :dans* ce cas même «
•qui s'est' présenté jrfusieurs fois.à mon observation , je
n'ai pa» pu apercevoir les vésicules. .
€i les vésicules sont difficiles à reconnaître stfr les pla-
ques d'faerpès ïon^rant- à Jéur début, Térythème y est
très-évident, ^i démontre leur nature inflammatoire.
' A mesure que les phiquesd'hôrpès circinné s'étendent ,
loCtr centre guérît ; elles 4)renneni la forme annulaire,
qu'elles ont, au'reste, le pluasouyeot dès leur début. L'an-
neau, presque toujours complet, très-régulièrement arron-
di, oyalahre ou elliptique, acquiert* quelquefois un énorme
développement. ^
Lé centre des plaques d'herpès tonsorant ne se guérit
point k mesure que leur circonférence s'é^nd; il reste
aussi malade qua la péripbérie;^ elles ne se transforment
jamais en anneaiîx. * - ^ ' * *
Apï*ès s'être 'étendues pendant Un-^celrtain temps, elles
cisssenttle s^'accrottre et Conserverit la même largeur pen-
dant toute leur. dun§«. . '
' Elles restent , -en général, bien plus petites quô les an-
neaux d'herpièscircinné; Les larges plaques d'herpès ton-
^racii, que l'tm rencontre isouvent, résultent de la fu-
sion^de plusieurs plaques-voisines, et n'ont plus de forme
régulière. *
- i»'faerpès ciirciAné e$t aigu, ne dure, souvent que une ou
detfx semainéa, riifenient tô prolonge deux ou trois mois,
et guérit facilement et spontanément. L'herpès circinné ,
chronique et rebelle , est« en quelque sorte un cas excep-
lionneL . • "
L'herpès tonsurant est toujours chronique et dure non pas
seulement des mois, mais sonvent des années.
Ihberpès «ircinifé peut aiFecter tous îe^ ^és ; l'herpès
tonsurani est une mUadiâ de l'en&ncef
Afirès avdir adHiis l'identité dé l'herpès tonsurant et de
l'herpès circinné, on serait, je crois , un peu embarrassé de
trouver une explication -satisfaisante de leurs différences
dans 4a diflërenee' de iextnre et de vitalité de la peau du
crftno et de-ceUe du reste du corps.
186 JOIHUUL M HÉiuuaiis.
II.
L*berpès tonsurani est émiaemnient contagieux. Tous
les médecins qui ooi eu l'occasion de l'observer , ont
unstaté sa tmosmission d'individu à individu.
Qu'un enfant atteint d'herpès tonsurant soit placé dans
une réunion d'enfant, dans un pensionnat, bientôt, souvent
en peu de jours « la maladie se développe sur un oèrtain
nombre d'enfants en rapport avec lui.
M. Cazenavequi, le- premier, a fait connaître avec pré-
cision l'herpès tonsurant, cite de nombreux exemples de
sa transmission par contagion évidente dans cas circons-
tances* (AntuUes de$ maladiêi dekupeoHj t. ij 1844.)
Le développement de l'herpès tonsurant, à Thorphelinat
de Saint-Jacques, aussitôt après l'arrivée d'une petite fille
atteinte de cette naaladie , est un nouvel exemple de sa
transmission par contagion.
J'ai vu , depuis , des jeunes filles contracter k nnaladie
quinze jours ou un mois après leur arrivée, à l'orphe-
linat.
Il est à remarquer qi»e, jusqu'au mois d'août 1856, il
ne s'est pas développé qn seul cas d'hei|)ès tonsurant- chez
les orphelins. Leur logement n'est séparé de celui des
filles que par un mur. Il est naturel de conchire que la
contagion de l'herpès exige un contact immédiat , et ne
se fait pas à distance , comme celle d'autres maladies
contagieuses. On regarde comme moyen de la contagion ,
les particules qui se détachent continuellement des sur-
faces malades.
Ce ne fut qu'au mois d'août 1856h fAm de quatre ans
après son introduction à Saint«Jaoques, que l'herpès tonsu-
rant pénétra dans Torphelinat des gal^oons. Deux enfants
de 8 à 10 ans en furent atteints. Tous deux babilaifent la
maison depuis longtemps.
L'herpès tonsurant ne s'est développé SQr aucune jeime
fille arrivée à la puberté. Et cependant les filles adultes
et les petites filles ne sont nuUenoeut séfKirées : elles babi-
JOimMAL DE tfàûBOUK. 187
tent las mêmes dortoirs; une cour commune sert à leurs
récréaiioQS.
Depuis quatre ans , 25 ou 30 orphelines atteintes en
même temps d'herpès tonsurant, sont mêlées aux autres
orphelines de tout âge (il y en a environ 150), et, néan-
moins, aucune fille adulte n'a été atteinte d'herpès tonsu-
ranl. J'ai vu plusieurs fois l'herpès ionsuront guérir aux
approches de la puberté.
M. Caze.nave ne l'a jamais, non plus, rencontré sur des
adultes.
L'herpès tonsurant est donc une maladie de l'enfance ;
il survient spécialement dans la seconde enfance. Nous
n'en avons jamais vu sur des enfants au-dessous de cinq
ans , et cependant il y a toujours quelques enfants bien
plus jeunes dans la salle de l'infirmerie et dans l'orphe-
linat.
Lorsque l'épidémie d'herpès tonsurant prit, au prin-
temps de 1855, un développement plus considérable,
plusieurs filles adultes furent atteintes d'herpès circinné ,
dans mon service et dans l'orphelinat. Toutes avaient été
en communication avec les enfants affectées d'herpès ton-
surant. La sœur du service qui pansait chaque jour les
en&Qls, eut une large plaque à l'avant-bras. Je contractai
moi-même à l'avant bras gauche , une plaque , qui
devint énorme, et couvrit de son disque ovale toute la face
antérieure de l'avant-bras , depuis la main jusqu'au
coude.
Plusieurs en&nts atteiniies d'herpès tonsurant, furent
aussi affectées de plaques plus ou moins nombreuses d'herpès
circinné.
En considérant oeUe transQiission simultanée des deux
formes de l'herpès , comment admettre avec .pkjsieui's au-
teurs , que l'herpès tonsvr^i^t est seul ^ooiagieux , .tandis
que l'autre ne le serait pas.
Si l'on recomuiit que l'herpès toosuranl pmi trans-
mettre rherpès oirv-isiné , comment refuser à t'faerpès
i^ircinoé la facilité de transirp^tre J'herpès tonsurant ?
Je pFois c^ljlie ir»n$n)iSiSion démontrée par dies &its irré-
1-88 J017RIIÂL DB MÉOBGUIB.
ensables; mais je ne sais s'il est bien démontré que
rherpës circinné peut transmettre l'herpès tonsarant.
IIK
Le caractère essentiel de rheri)ès tonsurani , c'est la
section spontanée des cheveux, à quelques millimètres de
la peau. Les Cheveux sont coupés à une longueur presque
uniforme sur toute l'étendue des plaqueç malades.
Toutefois, quelques cheveux échappent toujoiirs à la
section. * * ••
Que l'on rase la tète , puis qu'on laisse pousser les che-
veux pendant un mois (et chez les enfants ils' repoussent
très-vite) , on voit les cheveux des plaques > d'herpès
rester au-dessous du niveau des cheveux qui naissent de
la peau saine , et ne pas dépasser la longueur de i» à 6
millimètres.
Le cheveu est devenu friable à sa sortie- du ToHicule,
et sa friabilité augmentant à mesure qu'il croH , le bit
bientôt tomber- en poussière , et s'oppose ainsi à son ac-
croissement ultérieur. ^ * " -
Si on veut l'arracher en le saisissant avec «une pince,
à quelque distance de sa sortie , il se rompt ; si çn le
saisit, au contraire, à l'issue du follicule , on ' arrache
souvent toute la racine, qui , à la vue simple, ne fierait
pas altérée. Les cheveux sont souvent un /peu .grossis
dans toute leur longueur ; d'autres cheveux sont arouicis ,
comme étiolés.
Je n'ai pas observé d'une manière bien positive la
décoloration de cheveux , leur teinte irougeàCre signalée
par M. Bazin.
Une autre altération singtilière des cheveux, c'«st teur
déviation. ' ' •
Au lieu de croître à peu près parallèles *les .uns aux
autres, ils s'écartent dans tous les sens , en' décrivant une
courbe , dès leur issue du derme. Cette déviation esl sur-
tout évidente , lorsque sur une tête raséer depuis 15 à* 20
lOVBMÂL D£ MÉDBGnfBi 189
jours , les cheveux ont atteint une longueur de trois ou
quatre millimètres.
Quelle est la nature de Taltération que les cheveux ont
subie?
Les découvertes des micrographes sur ce point ,^ sont
aujourd'hui généralement acceptées. Suivant eux , un vé-
gétal parasite , un champignon , se développe dans l'inté-
rieur des cheveux ^ et en écarte . les fibres longitudinales
qui , dissociées et altérées se rompent.
On s'explique ainsi le grossissement ou Tétiolement des
cheveux affectés , leur fragilité, leur section spontanée.
Suivant plusieurs micrographes , les champignons se
développent primitivement dans les couches de l'épiderme,
se prolongent sur le cheveu auquel ils forment une sorte de
gaîne visible à l'œil nu, -et ne pénétrent que secondairement
dans son épaisseur.
M. Bazin a adopté cette théorie qui attribue l'herpès
tonsurant à la production et au développement d'un vé-
gétal parasite dans le cheveu ; et il a fondé sur elle le trai-
tement de cettQ maladie.
Je ne prétends point discuter l'existence de ces pro-.
ductions végétales dans les cheveux affectés ; je confesse
mon incompétence sur ce point , ainsi qu'en microscopie.
J'ai vu au microscope , avec M. Thoinnet, l'un de nos
élèves internes, qui s'occupe avec succès d'observations mi-
croscopiques , les cheveux de l'herpès tonsurant , parfai-
tement semblables à la figure donnée par M. Robin ,
et un peu différente de celle que donne M. Bazin.
J'admets complètement l'opinion de ces observateurs »
sur la présence d'un champignon , comme cause immé-
diate de l'altération des cheveux , mais je ne puis admettre
avec M. Bazin, que la lésion du cheveu, ou la présence du
champignon dans le cheveu , soit la cause première de la
maladie , soit toute la maladie.
Le tissu du derme est malade dans l'herpès tonsurant ,
surtout à sa superficie. Les follicules pileux sont égale-
ment affectés. N'est-il pas plus rationnel d'admettre que
la lésion des tissus producteurs du cheveu est primitive ,
(90 40UW«A|i w y^iiiPfiiW*
que de U croire consécutive à l'^Itéi^tiaq du p^o4^it
qu'ils ont formé ?
Le chaoïpignoo peut se développer dans 1^ cheveu,
altéré par un vice de sécrétion du follicule , comme des
moisissures se forment siir des matières organique en
fermentation ou en putréfaction.
H. Bazin a été fort embarrassé pour concilier avep sa
théorie de la production de Therp^s tonsurant , l'identité
si évidente de cette maladie avec Therpès circinné qui se
développe sur la peau dépoujrvue de poils.
Dans ses recherches sur les teignes , publiées en 1853 ,
il rejette l'identité de ces deux aif^ctiops , tout en admet-
tant que l'herpès circinné favorise le. développement de la
teigne tondante, et que ceile-c| , dans |a piajprilé des cas ,
est précédée de l'herpès ; c est au moins reponf^aitre une
intime connexion entre ces deux affections.
Dans son mémoire sur les teignes , inséré dans la Ga-
zeiU des Hôpitaux: en 1856 , M. B^ziri émet ufie toute
autre opinion ; U admet l'identité des dpux herpès , ou
plutôt il n'y a plus pour lui qu'un seul herpès, reconnais-
sant toujours pour ç£|use preqiière un champignon.
II n'y a point , suivant lui , d'herpès circinrié simple ;
tout herpès circinné est le signe de la germination du
champignon parasite. Si l'herpès se manif^sjte sur les ré-
gions où les poils ne sont en qiielqi^e sorte qu'à l'état ru-
dimentaire , la teigne tonsurante avprte , faqte d'un ali-
ment suffisant pour le développement du végétal parasite.
Ce n'est qu'un herpès circinné. Si l'herpès se manifeste
sur le cuir chevelu , le végétal parasite , trpuvant 4ps con-
ditions favorables, s'y développa, l'herpès tonsurant s'é-
tablit.
Comment M. Bazin expliquera-t-il le développisment de
l'herpès circinné que l'on rencontre si souvent , soi^ spo-
radique, soit épidémique , indépeu/c^ynin^ent de tout her-
pès tonsurant ? jLe microscope art-il daus Therpès ci^ciané
montré des champignons ou leurs débris?
M. Bazin fait , sans s'e^i ^p^rcevoif , une concessiop im-
portante aux idéies quil coip^at. Il r^onuA^ que J'affec-
JOtUltAli i»E ttÉiMCtMS. 191
lîdn vériculeuse ou érythéiifràteuse éé 4a peau pl*écède lie
développemient du champignon dans le cheveu, ourallé-
râtion du cheveu. Lé. germination préalable du thampi-
gnon est une supposition gratuite.
M. Bazin , en constatant la suceesislon des phénomènes
morbides de Therpès tonsurant , succession que Mi. Gaze-
néve it'avatl pieUt^ètre pas bien saisie , nous autorise à con-
sidérer rherpès tonsurant comme une affection morbide
des tissus élémentaires de <a peau , dont Taltéràtioh des
cheveux est la conséquence ou fe réstiltat.
IV.
Le tissu de la peau est évidemment phlogosé dans Ther-
pès tonsurant. Au débuts la trougeur érythémateuse des
j[>4aques ,, accompa^ée , ou non , de vésicules éphémères ,
dénote un état phlégmasrque. Ptus tard , et pendant tout«
la dut^ de la * maladie , la peau est un peu tuméfiée et
dépasse seiïsibtettient le niveau de la peau environnante.
Sa couleur est modifiée : rosée ou d'une teinte lilas sur les
têtes blondes , elle est plus foncée , grisâtre , lorsque les
cheveux sont noirs. Cette teinte grisâtre est due au pas-
sage oblique de la racine des cheveux à travers la peau
d^rnl transparente. Une teinte grise ou bleuâti*e se remar-
que en même temps sur tout>e rétettdue de la peau du orâne
fraîchement rasée. Et si dte est plus foncée sa<r les pla-
quer d^horpès toifisurant s c^t que là les cheveux sont^ «A
général , plus gros , et que la peau est elle-même Un peil
colorée. S«r les têtes dont tes oheveuic sont d*mi blond
pâfle ^ la teinte morbide de la peau se montre isolée de
œlte coloration accessoire.
£(flïe feinle morbide , due à ttne injection légère , «cet
'épai^sisBetnent si pefu mafrqiké de In peau , suffiraient-its
pour caractériser une inflammation dâfns le sens attaché à
ee m»»t?
Je tt'ose^is le décider.
Mms on peut ajouter que la surfece de te peau
192 JOOUIAL DB MÉBScans.
secrète , plus activement qu'à Télat normal , un épi-
derme qui se détache contiauellement en petites écailles ;
et que si les plaques d^herpès tonsurant sont indolores ha-
bituellement , les topiques irritants y provoquent très-
bcilement des eczéma et des pustules impéitgineuses, et
aggravent la maladie.
Les follicules pileux sont malades dans Therpès tonsu-
rant. Ils sont hypertrophiés , et leur orifice &it saillie à
la surface de la peau et lui donne un aspect chagriné.
Cette saillie des follicules pileux m'a paru surtout pro-
noncée dans cette forme de Therpès , où les plaques très-
petites , très-nombreuses , sont disséminées sur toute Té-
tendue du cuir chevelu.
L'affection des follicules pileux cause , suivant nous, de
l'altération du cheveu , est moins grava que dans le
favus; elle ne tend point à rompire les adhérences de la
racine du cheveu et à l'expulser ; leur cavité ne tend
point à s'oblitérer ; ils recouvrent , à la guérison de la
maladie, l'intégrité de leur fonction. Les cheveux re-
poussent aussi beaux qu'avant son développement.
Je regrette de n'avoir pas , dès l'époque où je pris le
service de l'hôpital Saint-Jacques , tenu des notes pré-
cises sur le nombre des petites filles successivement at-
teintes d'herpès tonsurant , et sur les résultats du trai-
tement.
Il y en avait alors 25 en traitement. Pendant la pre-
mière année, je n'ai obtenu, je crois, aucune guérison
complète. Au printemps de 1855 , l'épidémie , comme je
l'ai dit, présenta une recrudescence fâcheuse; le nombre des
malades augmenta , et l'état de toutes celles qui étaient
en traitement s'aggrava sensiblement.
Ce ne fut qu'au commencement de Tannée 1856 que
je constatai enfin de l'amélioration sur un certain nombre
de malades* Au mois d'avril , trois enfants de 12 à 15 ans
JOUBNAL DE MÉDBCINB. 193
étaient complètement guéries. Leur guérison s'étant bien
soutenue, .elles purent, quelque temps après, quitter la
maison. .
J'ai conInVencé à tenir une statistique régulière le l'^'^
juiii 1856.
Il y avait alors 35 enfants en traitement, affectées d'her-
pès tpnsurant d'epuis un t<>mps variable , quelques-unes
depuis Iq commencement de répidémiè , d'autres depuis
un an , plusieurs depuis peu de mois.
Préaque toutes avaient contracté la maladie dans l'orphe-
linat. Deux ou trois étaient venues atteintes d'herpès , de
la maison dé Sainte-Marie ; une autre, enfin, était arrivée
de Paris , atteinte de cette maladie.
La plupart étaient âgées de 9 à 13 ans, une de 5 ans,
une de 6 ans , une de 8 ans , 4 au-dessus de 13 ans, une
seule' (le 16 ans. Aucune de ces dernières n'était réglée.
La puberté est^ en général, un peu tardive chez les jeunes
filles élevées et renfermées dans les hôpitaux.
En jrônsidérant ces jeunes filles de constitutions diffé-
rentes , )es. unes fortes et d'une belle santé , d'autres dé-
licates , quelques-unes maladives et scrofuleuses , on
acquiert la convictipn que l'herpès tonsurant ne se lie
point à telle OH telle constitution, ne dépend point d'un
état morbide intérieur oii général, mais que c'est une affec-
tion toute extérieure , toute locale.
.J^ajouterai qu'une observation de deux^ années m'a dé-
montré ]a complète innocuité de l'herpès. Je ne l'ai jamais
vu , soit en santé , soit dans un état de maladie, exercer
une influence appréciable sur un organe ou sur l'état
général.
Je n'ai jamais vu non plus l'herpès tonsurant modifié
par une maladie fébrile intercurrente, comme on l'observe
pour, d'autres maladies cutanées chroniques. La maladie
intercurrente termigée. J'ai retrouvé l'herpès dans le même
état qu'a l'invasion de cette maladie.
. Voici Içs résultat^ obtenus :
Aujourd'hui , 7 octobre , 11 jeunes filles sont guéries;
la. guérison de plusieurs d'entre elles est constatée depuis
194 lOtMiUi BB «ÉMGniB.
trois mois ; les autres me sont présentées tous les 15
jours ; leur guérison se maintient depuis un mois ou deux.
Elles ne suivent plus de traitement.
24 enfants sont encore en traitement , présentant la
plupart une amélioration progressive. L'état de la moitié
d'entre elles permet d'espérer leur prochaine guérison.
Ainsi f trois jeunes filles étaient guéries avant le l'^'
juin ; la guérison de onze autres jeunes filles a été ache-
vée depuis le f juin. En somme, quatorze jeunes filles
guéries.
VI.
J'arrive Hu traitement de l'herpès tonsurant.
Je me trouvai , à mon début dans le service , un peu
embarrassé devant une maladie dont le traitement n'est
point fixé , et sur laquelle je n'avais aucune expérience
personneiie. La lecture des auteurs qui ont parlé de l'her-
pès tonsurant ne pouvait me fournir un gukîe bien assuré.
M. Cazenave avoue son embarras et ses hésitations , lors-
qu'il rencontra pour la première fois œtte maladie ^ en
1840.
AsHis 9on Trmti des rmUadies du cuir chevelu ^ publié
dix années plus tard , il n'a pas de traitement arrêté , il
se borne à indiquer les médications qui lui ont le mieux
réussi , et déclare que l'expérience n a pu encore régler
d'une manière positive la thiérapêutique de l'berpès du
ôuir chevelu.
M. Bazin , guidé par ses idées théoriques sur la patho-
génie «de l'herpès tonsurant , préconise une méthode de
traitement qui a pour but l'enlèvement ou la destruction
de toutes les parcelles du végétal parasite ^ qu'il considère
comme la cAuse de la maladie.
Son traitement consiste dans l'arrachement de tous les
cheveux qui naissent des plaques d'herpès , et dans rem-
ploi de lotions d'une solution de sublimé on d'autres sub-
stances actives q>u'il considère oomnte devant détruire les
jotnemu bb héiisgiiis* 195
mollécules du végétal parasite qui peuvent se trouver dans
les follicules pileux oi> dans les couches épidermiques.
Ce traitement , dont on peut lire les détails ; exposés
avec beaucoup de soin dans les deux mémoires cités de
M» Bazin , lui a , dit-il , constamment réussi. L'herpès
tonsurant guérit en quelques mois. .
te dois discuter ce traitement / afin d'expliquer pour-
quoi je ne .l'ai pas suivi..
L'andiogie admise par M. Bazin entre l'herpès tonsUrant
et le favus« sous le' rapport de la cause productrice qu*il
croit être:, pour l'un et l'autre , un végétal parasite, l'a
conduit à employer , dans l'herpès , le traitement qui
réussit dans le &vas.
Le point essentiel du traitement du favus , c'est Tépi-
lation. Le favus 'ne guérit que par l'arrachement des che-
veux altérés qui naissent des foUicules malades; l'arra-
chement doit être répété aussi longtemps que le cheveu
repousse altéré. Les autres • moyens employés simultané-
ment, les lotions dites parasitcides de M. Bazin, par exemple,
sont très secondaires^ le favus guérit aussi bien , aussi
vite, sans cela.
Dans le favus , les cheveux altérés tiennent très peu
aux follicules d'où ils naissent ; ils se laissent arrache^ par
une légère traclion. M. Bazin Ta dit avec raison, la mala-
dfe est le meilleur agent épilatoire. C'est parce qu'elle
détruit l'adhérence de la racine du cheveu avec le folli-
cule , qu'on peut opérer l'épilation si facilement , soit
parla calotte, suivant le procédé ordinaire , soit avec les
doigts , comme les frères Mahon , soit avec la pince ,
comme la pratique U. Bazin. La douleur que produit l'en-
lèvement de la calotte déiiend moins de i'arrachement des
cheveux malades , que de celui des cheveux peu nom-
breux qui sont restés sains au milieu des surfaces affec-
tées de favus.
Les follicules pileux malades dans le favus ne guérissent
qu'aprèâ être restés quelque temps débarrassés du poil
qu'ils contenaient. Tantôt le follicule vide s'oblitère, tantôt
il reproduit un poil très délié , comme étiolé , qui tombe
14
et est rero^bcé par un poil novknul. Le fiwus D!es(< pfis
toujounsi à beaucoup ptàs., siByl (VaiopétéiepenBiineiite.
Ce que J6 viens de dire du' fiivtuâ n'est pAÂat applicable
à i'herpèsiogsuraat. • .
«.Noire méthode épilaloire 4 sitivier djB; rimbibîlimtt pa-
» ranticidé , dit M. Bazin ^ réussirait 'à>*mePveiJ te dlao&ia
tt teigne toadaole; n9ai6 4a phremière condîiiôirdii.suoçës,
tt t'épilation , ne peut être que' trè^ifficMement; obtenue.
• lje& cheveu» s'enlèvent tivec facilita etisans dovdeur sur
• les plac|ae& V ra^is . on n'eoK artacini qu^un tiè$*pet»t
» nombre;. il»\i^nQent presque: tous sans raeifièj lie
j»; champignon qui les. VBpreigoe, les ^rend* fragiles;, ih
ù se rompent au plus léger effort de toaolion^ qua Foo
» bix ppur les extValré, » {Heehert^es attir les* tei§gms ,
p» 95.) • ' * , : * • • '
Dans ^oQ secpnd médnoire ((Sajù<le à»% Hâpilanœ^ 1 8^).
Mv Baun rooonnaît encore t'eseesaive difljieiitté de- l'épik-
tien coq^plète 4fti)^ Therpèfr t'onsura^t.
.J'ai très-soiivent cheitcbé h épÛer des iliaques d'èep^iès^
(ouauranA';.beaueoupLdè.oheveuH se laiasent aiiraeherconi^
plètementavec la racine, si on a rintention* de leepipoer
.près la peau V U oi^ilasonC itfNns.friaUes;' ble^tieolip
d'fl^utres s(^ rompent .par la' traelîon^ et U raoîne reste ;
d'autres, enûây soni conpés speniaaéaienli %l près de 1er
peau eu iseiit , par suite* de* leopt déviation v télkipfieitt colléâ
à sa surface,, que la pince ne peut loa saisir! . ^
En sooNM, i^ croie j'épilatioA.G«9iplète et réislle des
pliiques^ d'iierpèa non. paadifiicite , noai^ à .pèn^pnès isi-
possible ,«<]tMlle que soit la - bç^m volonté dje^ l.^pibteur
et la pisbtience.du Haaiad^ ;
Je. ne sois poii|t>étQi|né<,de ^it My Bbein reve|idiquer
la taknt d'opérer un&pàrfoite épîlatiiQn.' ' \ '. . ^
S^uDeuaeineiit^'répiiation n'est!pôifïtné)Qiesifûne à^la g^^
rison 'de l'herpès tonsurant.
« Ëxamnon^ Gomlnent il gttérit^.cô q£|f*il< ei3t trèsraiaé d'ob-
server sur les têtes, souvent raaélM^ La- peau' perd peu à
peu< sa ■ 4Hà)éfaction et -sa» oouteup morbide ^ elfn revient
au nîveaihdela'peau' envronoante^iCti^sa* surface reppendi
pirr l^afiMi^meiiit d^s fiilHèutè^ pilent, le |5ôli qlif apphr-
tient fidr çùit! êhîsvféiu'': \k âesqufifmatitiyti é|iidèrn)i()tië a
cessé ; puis tes chmreux , dont les lihs étkient gôriflés , lias
airtfesrgrêlbs, étiiylés, l'èpfenuqtlit lëût^voltuhfe norihaî. Leur
déviation rme quéiqute tempe' ëhtiorë çÔmAïC séuf in-
dice de^ pltfqu^ dont' la tlrace. iié se recobnftît pibssur là
p€»uô . '
Aj^rès la guérisM , les chevem sont -aitssf abdndailt^ ,
aussi longs, aussi bôaux'que èuv le resté de la tête. . ^
Quelquefois' de petites plaquées r'estëht un'çeftàih t'énips
dépoQiVufSs dé-ch^eux, mai^ cet^êlat! ih'a pôt-u temrlo-
mire ;<«' les voit se recouvrir piBtt à peu de chëVeûx. LV-
hjpécie periHanentè de quelqtles' J)feques eist- totit-à-fàit
etceptioilnelfe;, tafidfs qûedans le=fiivus,rafbpë€ie |^artiellë
ou» générale est- aussi fréuiientë qUe l«r i^pr6dui:Jt\on des
cheveux/quir même dans les cas l'es plus heureux , lie re-
poussent jaintfisau^ abondants qk^àiraht la' maladie.
Les follicules piléu< sont nnilftdès'^ dans fherpès , mais
leur «liiônf'à la jràëîfie'du poil; rt'eëlpùâ diminuée cotirtnie
elleM'estdans lefavus; ils ne teUdëât ptiifit^ à rexpdsér;
il^ n'oUt pus besj6iu; (ToUr 'guérir, d^êU èti^ quelque temps
débttlri^ëséè. Cé-dhëvcm, à me^fe que* ta gùéfil^h du
follicule s\)përe,repreild'peuè*pê<i cf sbuvent tift^raplde-
merît son état normal:
L^épflâtîpU n^est dôttc'^pas rtéee^sail'e^dans rhterjiès ton-
surent.
tf J'ardéjè obséiVé âssefc dè-fiHts-, dit'M. Cazèniâ^e , pôtiH
» podvoi^ étffMir,ien principe , que lé traileiiléht dé celle
»' maladie eôtl^àtë surtout dau^" l'emploi des; topique^', et
0 principalbmëm des, tôpi^^ueé^'a^^ doux. Je' dois dire
» que j'en' ai*' èxpêrttneuté'<fe tôtitésr sortb* , et ce qtië'jé
)) puis dès à présent établir côiHlhe. nh bbirit Nôr's de
»i conteste, c'est <|Uë^ les' tôpiqtfëd (Inop aëiifi doivent être
» rejetés d'uUë manièriË absolue. ((klVragecit(^,|i; 203.) a
• L^éupérience m'a biefltôt fditii^ortliàfttrte la vérité de ces
prihçipeè.
Voici la méthode que je suis :
La tété est^ rasé« ëtltiëreiUëttt^ tous' les IIUH jôdi^s; Cest
f98 JODIIIU DB «ÂBCBIB.
une condition indispensable pour que les médicaroeafs
employés soit en solution, soit en poinmades paissent agir
efficacement sur la peau.
Il ne suffit pas de tenir les cheveux courts, de les couper,
comme on Ta recommandé, ti la longueur d*un pouce sur
toute la tète. Ces cheveux gêneraient beaucoup dans l'ap-
plication des remèdes. Il est indispensable de les raser;
Faction du rasoir ne cause aucune irritation aux sur&ces
malades.
Les pansements sont faits le matin et le soir.
La tête est lavée,* à chacjue pansement , aVec une solu-
tion de sous-carbonate de potasse (20 à 25 grammes par
litre d'eau) ; la solution de potasse est préférable à l'eau de
savon ^ qui laisse une sorte de crasse sur la tète. L'eau de
potasse lave mieux le cuir chevelu et enlève mieux les restes
de pomade. . '
Au pansement du matin, la tète lavée , essuyée, est cou-
verte d'une couche de pommade au sulfure de chaux (en
général 300 à 400 grammes pour 1,000 grammes d'aXon-
ge), puis enveloppée d'un bonnet.
Le soir, lotion à l'eau de potasse, nouvelle application de
pommade que Ton recouvre d'un cataplasme tiède de &rine
de lin, rois entre deux linges ; l'enfant conserve ce panse-
ment toute la nuit.
L'emploi quotidien des cataplasmes est nécessaire. Ils
entretiennent l'humidité et la souplesse des surfaces affec-
tées d'herpès, qui ont une extrême tendaiîce à se dessécher.
Ils concourent , avec la pommade et les lotions alcalines à
s'opposer à la production exagérée de ces lamés épidermi-
ques qui se détachent en écailles. Si on suspend l'usage des
cataplasmes, en peu dfi jours les plaques se sèchent et la
desquamation augmente.
Tel est le traitement que j'emploie d'une manière uni-
forme sur toutes les petites malades , depuis plus de
quinze mois; aucune complication, aucun accident n'est
venu m'obliger à le modifier. C'est depuis que je l'emploie
que j'ai obtenu des guérisons.
Lorsque je pris le service , je trouvai déjà établi par
JOtmilAL DE HÉDECmS. 199
les médeeins qui m'avaient précédé , H. Malherbe et H.
Dérivas ^ l'usage de raser la tête , d*y faire des lotions ,
d*y appliquer des cataplasmes ; diverses pommades étaient
employées.
J'en . ai , aussi moi , employé successivement plu-
sieurs : la pommade à Tiodure de soufre*, la pommade
a la suie desséchaient les plaques d'herpès , et ne pro-
duisaient aucun bon effet. La pommade à la suie a d'ail-
leurs l'inconvénient , assez grand dans les hôpitaux ,
de salir les vêtements, quelque précaution que l'on
prenne.
Une pommade alcaline que j'employai plus tard , me
parut quelque, temps assez avantageuse. J'augmentai peut-
être .un peu trop la dose de sous-carbonate de potasse ; la
pommade devint irritante. La peau s'injectait , rougissait ;
il survenait des eczéma , des pustules impétigineuses, de la
douleur : de nouvelles plaques d'herpès tonsurant se mon-
traient. C'était, il est vrai, au printemps de Tannée der-
nière , au moment où l'épidémie d*herpès offrit une re-
crudescence, de sorte qu'il serait difficile de faire la
part de l'irritation produite par la pommade alcaline.
Je laissai de suite cette pommade , et me bornai
quelque temps à l'usage de Taxonge , et des lotions d'eau
de son.
Ge fut alors que j'eus recours à. la. pommade au sulfure
de chaux, conseillée par H. Cazenave. Elle me parut
• réussir mieux que toutes les auties à modifier avantageu-
sement l'état des surfaces malades. J en ai depuis cons-
tamment continué l'usage.
Il y a deux mois , j'ai voulu y joindre Teniploi des
lotions de sublimé, préconisées par H. Bazin. Sans adopter
les idées théoriques de M. Bazin -, *sur l'étîologie de la
maladie ,. j'ai .essayé ce médicament qui lui paraît si
efficace.
Je fis faire chaque matin sur les plaques d'herpès ton-
surant , une lotion avec la solution dont il donne la for-
mule , dans ses recherches sur les teignes (2 granmies de
sublimé dans 500 grammes d'eau distillée). Cette dose
est b€y»4cç|fy[» trop élevée. Au bo<«l 4e quelques- Jouk.,
le^ j4aqMês d'i^c^rpès étaient vivcmeet irrîfées; de vou-
yelles plfujviç» diberpës trës-.petAte8 ie formaient aii^. èo-
virons , chez quelques enfants. .
(le ré^^iftis la 49^ de wblin^é ; l*irrilalÂoa diqiifi«a «
.ni^isiiex^esafi p9^ jefu^ ol^Ùgé de jreuoiKi^ à remploi du
r,efliède.
Py^us t^ « j*aj l|i 4^^ Lb d.^r^iier jfuémoioe de M. Bazi»,
3u*ij j|ie met plus. que t^ ^ 50 >c;ehtigrj»ai^mea4e subUmé,
aps'500 gr^wpe^ <4'eau. *U a dçBojre^cuABu les mauvais
eflfets des doses élevées de sufriimé , qu'il jecommaodaif
QQfnn^e .yn remède .fii^tain.
.Qu^bt àJ^ dp^ iî^ i^'Ç^Usi^rà^es de^ailH^^ dao^
*500 grai;)ii^^ d'e^u , eUe m^ parait prçvsque nyuUe. .
L']^r,pës ton^urânt fisjt .une. malaiÛe e83eoiieUeineiU
chrpniqûe. Son iraiteiTçient exige , dans les cas les filus
Ueui-eu;i , #ji moina.plui^j^urs ^(Jik î m général ^^e croîs, •
pluç dune année, e( souvepit, bien ^ifs de iemps
encore* . .
Et pendant ce Tpag espace de temps , il ne S»»^ pas in-
terronoprp les spji^3 qfiioiUtÀe^x ^t nigttiiei^n qu'e&ige le
traitement ; o^ bieb Tqn perd en' peu de jôtti»>ne amé-
lioratiop pénibjement. ,obJteAU^. , * .
Je n*aL point parlé de médication interne, appliquée
au traitement *^e rberpèa tWM>raAti a}oyaofM avec M.
Ç^n;jgra , qu'il n*^' a .4'autre m^^i^iou intejrea ou gé-
nérale indiquée , qi^ x^^le que peut océpliyner la coBStilu--
|.ion du malade. A^pos i^tQs malades déUcaifi^ou^ono-
fuleuses , j'ai dénué les antiscorbuiiqoes, Thuile de foie^
ie n ai pa^ remarqvé que ^s méflicamwts aient -eu le
môjqdre fJfkS ^M^ Vaffe^tiion du^uir. clieyelu. . .
jarBKEL f)£ wÉBumtm. VSdA
DE 14 PARMrSÏE fJCUlB, Traitement
par ta st^ycjknme* — : -Q^ Vof^tion des -^Uy^
aimées. *r- Du eumrre 4anis . le iitanm ,p€ir
H. TftiB8Âir») ©.-M.^ professeur 4ê i)Uniqt^ A
l'école préparatoire de médecine et de pharmacie
de Nantes. ....
C'est spécialement datw les paralysrcs qui .ne reteotinaii-
sent pas pour CÀuse âne akéraliort 'd'es centimes nejfvelix , '
que tes moyens ée fart ont plus.de* chance dfe succès.
Dans ces cas , les médications les jplus diverses ^nt été
conseillées. - * *
* On* connaît- te heureux résultats que' l'on obtient de
Teniploi de la noix vottîique et de ses préparations , dans
certaines parapTégîesei dans les paralysie^ saturtiines.
Dans une paralysie spéciale , fë plus ordinairement due
âfinflnence d'une cause extérieure; dans ta paralysie du nerf
facial, la strychnine administrée sous aiffêretlies. formes',
paraîtrait amqner plus prqmptement et plus sûrement la
guérlscfn ; que tes divers laulrés. moyens en (isa^e dans
cette maladie'* . * ' , -
* M. 'BoltUrDesni©rtiors,4ans sa' thèse soulentiè à la Fa-
culté de Médecine de Parls^*, .en -1834, refcommànde
comme un traitement efficace dans* ceilé. affection, la
strychnine V à la dose de 6 $ 10 mUligranimes , donnée
à l'intérieur, ou employée par la méthoaè erîdermiquei
' Les faits de guérison de paralysie faciale, par lâ stry-
chnine , sont donc connus ; cependant , comme il ti*en â
pas élé publié un grand nombre ^ nous avons pensé que
ceux que tious allops rapporter , pourraient avoir quelque
intérêt. • '
fro rtUservâiiton. *
W^^ C, âgée de 4 5 ans, marchande dlépicçnves, deweiîiriM»t
202 JOVlSlIitli l>B KÉDMBIB.
à Nantes, quai de la Fosse, était obligée, par la nature de ses
occupations, de se tenir pendant tout le jour au comptoir
d*un magasin non clos, et exposé à de forts courants d'air.
Le 2 mars 1850, à son réveil , l'irrégularité qu'elle re-
marqua sur les traits du visage Teffraya vivement. Les
paupières du cAté droit ne . pouvaient se rapprocher, l'œil
restait constamment ouvert , b commissure de la lèvre
droite était abaissée , le froncement du sourcil et du front
ne pouvaient avoir lieu de ce côté , et pendant la masti-
cation , les aliments séjournaient entre la joue et les ar-
cades dentaires du côté droit. En un mot , tous les signes
de la paralysie {eiciale existaient ; et te côté atteint était
précisément celui qui avait été frappé par un courant d'air.
Une saignée de bras fut pratiquée , la malade étant
d'un tempérament sanguin et non meûstiruée depuis
plusieurs mois.
Le lendemain on lit dissoudre 5 centigrammes de sul-
fate de strychnine, dans 100 grammes de sirop de sucre,
selon la formule du professeur Trousseau.
Le 1^' jour , un centigramme du médicament fut ad-
ministré , et pendant les 15 jours qui jsuivirent , on aug-
menta graduellement les doses, jusqu'à atteindre 8 cen-
tigrammes en 24 heures.
Les deux semaines suivantes , on appliqua , en outre ,
à la tempe droite , et derrière l'extrémité supérieure de
la branche montante de l'os maxillaire inférieur, de petits
vésicatoires ammoniacaux, que L'on pansa aVec 1 et 2 cen-
tigrammes du sel de strychnine.
Il ne se passa rien de particulier pendant les quinze
premiers jours du traitement^ mais le 17«, de vives se-
cousses se firent sentir dans les muscles de la face du
côté paralysé , et surtout dans les extrémités inférieures.
En même temps, quelques-uns des muscles du côté malade
commelacent à pouvoir se contracter volontairement. Toutes
fois, ce ne fut que vers la fin de la 4' semaine, que le
mouvement reviiH entièrement au front , au muscle sour-
cillier, à Torbiculaire des paupières et à la commissure
des lèvres. Le muscle buccinateur était devenu moins
inerte dès le 1 5* jour du traitement.
JOrBNAL DE HÉDBGUfB. 203
La gMérisou était à peu près complète la 6^ semaine.
Il ne. restait qu'un peu de fiiiblesse de Torbiculaire ^de
sorte qu^ li^ paupières supérieure et inférieure ne pou*
vaient se rapprocher complètement. Dix à douze jours
après y tout signe de maladie avait disparu.
• ^« ObserTallon.
M'^'' R., âgée de 13 ans, d'une constitution délicate,
et n'étant pas encore réglée , fut atteinte le 5, mai 1850,
après avoir été exposée à un fort courant d air, d'une pa-
ralysie faciale gauche. Le- releveur de la lèvre ne se con-
tractant plus, la commissure de ce côté était abaissée. Du
reste , tous : les signes qui caractérisent la paralysie du
facial existaient chez la' malade.
Le 1 1 miai , le sirop 'de strychnine préparé suivant la
formule précédente, est prescrit. Chaque cuillerée à café
de. 4 grammes contenait deux milligrammes de sulfate du
strychnine.
Le l*^' jour , on administré une cuillerée à café
du médicament, puis on augmepte graduellement les doses.
Le 18 mai, on en donne 6 cuillerées. On obsei^ve
quelques contractions dans le muscle sourcillier et le re-
leveur des lèvre^.
22 mai. 2 centigrammes de strychnine ont été admi-
nistrés pendant là journée. Le soir , surviennent subite-
ment de violentes secousses convulsives dans les jambes ,
avec faib|,esse de- la jambe gauche , chute , serrenient des
mâchoires , délire penjdant la nuit.
On jcesse l'administration, de la strychnine , on prescrit
une potion éthérée; des cataplasmes sinapisés sont apposés
aux extrémités inférieures.
23 mai. La faiblesse de la jambe gauche persiste ; mais
les contractions convulsives des muscles ont cessé. Là ' mil-
lade peut aujourd'hui froncer le sourcil, la «commissure
gauche des lèvres commence à obéir à l!action dii muscle
élévateur , les contractions de lorbiculaire des paupières
sont rétablies, celles-ci peuvent être complètement rappro-
chées l'une de l'autre^
24 mai. La £Eiiblesse de la jambe gauche persiste , et la
264 jeittBài OB
HuJade y ressent «a même ienifis de la douleur ; él esîsie
MU' peu 4e iremblemeni dep membf qs supôrienrs , mais le
trismiis a disparu. Le côié gancièe de ki faqe ^raft revenir
à son aspect noroial.
31 mai. La imdade est 'panfailenient. La. jaiiib.e gaoçiie
est maintenant dans Fétat naturel ^ l'expression de la phy-
sionomie est la même des deux c6tés; à peine reste-t-il
tin peu de faiUesse de rélévateur.des lèvres.*
€e8 deux malades ont été , comnie l.ct» voït. ,. ^ssez. ra*
pidement guéries , et surtout A ji'est resté ebez elles i«-
eiwe trace de k maladie, ce qui nXpas Ueu toujours. Il
nous arrive de rencontrer assez fréqueoimesit d^i< Cenmes
chez lesquelles , à la suite d'une paralysie faciale- iocom-
plètement traitée , l(i commissure labiale «est .demeurée
abaissée d'uncoié , abaissement qui se produit surtout pen-
dant le rire.
Aux deux fiiits précédente, nous jsM&fus jatAdve lé sui-
vant , où la pile voitaîque fut seraployée.
C'était en 1^41 ; les travaux de V..>Docfaesne de Bou-
logue sur J électricité, devaient plus tard étendre, bien
au-delà les applications de ce puissant agent daiis le do-
maine pathologique , apporter à ces àpptimtions , des biQ-
dificaiious radicales, et spécialement, dofi^f^ lieu à des
guérisons beaucoup plus promptes. « ' . .
S"» Observation.
• . - • •*
M^'^ K.., âgée de 18 ans, d'une bonne eon^iûtutioo ,
d'un tempérament sanguin et un |>eu lymfiatlH€(ue,'.fut
atteinte, simuliauément, au commencement, de décembre
1841 , d'angme jtonsillaire et jde paralysie Êiciale , .^. la
suite d'un refroidissement qui s'était bit , sentir surtout au
câté droit de la lace. . ...
* Dés gargarismes émollients , la diète , des boissons
mucilagineuses et un purgatif ,een^ituërent le traitisméat
dirigé contre Tangiiie
Oh se borna « quant à la paralysie , à pratiquer quelques
f«icii^(iiis aiumoniftcales si|r le càté droit dela^&ce. .
8 janvier, 1842. La. paralysie faciale daMuit d'un mois ,
la malade est soumise à l'jM^tioa<de la pile. On se sectde
rii|>pareii à «uga; et .Qt\ agit siu* -les .{toÎHts de la peau
correspondant aux muscles paralysés , au^mpyen d'uii «k^
citateur a hoiule , et d'aiguilles à acupuneture , «ans en*
ffaire- pénétiîer 'la paioAe daos les. tissus. On.-doiMie «tnsi ,
dans Fespaûe .de tcois jours , trois ^ié^dees. de i 5 à ^0 mi-
nutes chaque.
Au il au I6\ 00 «suspend 4e irait»nent\ pour je re*
|N*eudre sans. .Interrupticm jusqu'au 30.. On promène la
^oule de ^'excitateur. sur Ja &€e interne de 1» -joue droite;
alons ies secousses convulsives -deviennent irès-fortes «l
xiottloureuses , les conjtractibns musculaires .appai*ai^seiH
soUsTaspieet de rapides trémoussements. iDans rintervalle
des séances , on n'observe (ju reste ^ucuu ^changement.
Cédant 'aux sollicitations de M^^' X., qui se p^int des
douleurs que lui causent les séances de galvanisation , on
suspend le traitement pendant 1 5 jours.*
• Le 2^ jour, qui suivit cette interruption', on commença
à remarquer quelques^ mpuvemeols dans. les. points pa- '
ralysés. La commi8sar>e dt^oite des lèvres s'élève un peu ',
l'oodiision de f ôeni droit coqnmence à* s'opéVér. On donne
trois séances galvaniques, les 16 r ^7 ot i8<février , en
employant uue eau moins aciàu)ée<. On avait mis Jusque-
là un €(uifizième d'acide 9utfiifiqué ; on en n'ajoute plus
qu'un trentième. Les contractions musculaipe^ produites
par la pile sont moina foi^tes/ Cependant i^n coryza avec
rougeur érysipél9t9use de la* joué ,* paraissant Vétre dé-
veloppé sous l'excitâtiod de l'a^uillo ^' f^ree encore à
interrompre ie traitem^it jusqu'au 24 février. Alors les
séances sont repuîses , elles se prolongent toujours pendant
eoviroin 20 minutes.
Les 6 et 7 mars, pas de iséaix^. On r^pv^nd eeHes-ci
et l'on <^ontijciue peo^aiU environ 3 seipaines. .
A cette époque , des mouv^rnents spontanés s'observent
dans les muscles sfmrciHienS) mais la comn»iss|ire des lèvres
n'a pas encone itecôuvré son mouvement d'élévation. Ce
n'est qu'ien avril que toute' trace de {mralysie avait disparu.
Om Vjoitf par les feit^ que nous venons d^expo^ ^' q^ie.le
traitement a consisté à solliciter ,. de ja part des muscles
patoalysés.f des contractiqns ariificie^^s, «t dans ce but à
206 JOmUUL DE HÉDBCniB.
agir. sur le prÎRcipe de fo coDtraciilité musculaire, ce$i-à-
dire sur les perfe distributeurs de Tinflux nerveux. Ces
contractions doivent^ au point de vue thérapeutique , ré-
veiller dans le système nerveux la vitalité en quelque sorte
engourdie, et ramener .ainsi le mouvement normal on vo-
lontaire.
Sans nous arrêter aux avantages incontestables que-pré-
sente Télectricité dirigée surtout d'après les découvertes
du savant dont nous avons parlé, dous insisterons particu-
lièrement sur remploi de- la strychnine. Les effets remar-
quables et assez rapides qu'elle a produits chez les deux
malades dout nous avons donné l'histoire, nous paraissent
mériter l'attention.
Les plantes de la famille des strychnées exercent , en
effet, une action puissante sur le système musculaire. Les
contractions qu'elles y déterminent, d'abord clonique$ » ne
tardent pas, si l'on continue leur emploi, à se transformer
en contractions (om'çtiea. La roideur des mâchoires devient
alors permanente, les muscles inspirateurs fortement con-
tractés n'agissent plus , la respiration, ne se fait qu'impar-
faitement, l'asphyxie est imminente.
Un véritable tétanos que l'on pourrait appeler tétanos
toxiquB > s'est produit , et représente exactement les phé-
nomènes caractéristiques du tétanos Iraumatique.
Dans les empoisonnements par la strychnine et dans les
expérimentations faites sur les animaux , cette roideur se
maintient longtemps après la mort.
Dans la thèse de M.. Edouard Bureau sur la famille des
loganiacées et les plantes qu'eile fournit à la médecine ,
thèse soutenue à la Faculté de Paris , le 7 Juin 1856, sont
rapportées plusieurs expériences faites sur des lapins avec
la racine de SpigeUia-Marylandica , plante de la tribu des
Spigélies, voisine de celle des strychnées.
Le principe actif de cette plante, auquel on a donné le
nom de spigéline , paraît réunir en lui les deux modes
d'action des strychnées à effets paralysants et à effets
tétaniques; touiefpis, ces derniers prédominent et précè-
dent la mort.
Les aoimaux , après avoir présenté les signes d'un
JOUBHAL 9B iCâDBGIllE. 207
affaissement profond , succombent à la suite de convul- .
sions d'abovd claniqites, puis toniques ; Tasphyxie s'établit
plus ou moins rapidement , et la roideur cadavérique
s'observe longtemps après la mort, quelquefois plus de 20
heures.
Dans une étude que publie, (tf- Tardieu dans les Ànnale&
d'hygiène publiqtie et de n^decine légcUe y sur Tempoisonne-
ment par la strychnine, considéré du point de.vue médico-
légal , l'auteur analyse les faits consignés dans le. procès
Palmer, de Londres. * \ ..
A l'autopsie d'une des victimes de Palmei*, autopsie
faite 6 jours après la mort, la roideur. cadavérique exiàtait
encore. Or, comme le remarque le médecin anglais pré-
sent, jamais, chez les tétaniques même, la roideur cadavé-
rique ne se maintient aussi longtemps.
Le fait qui semble surgir évidemment de l'action, des
strychnées et des plantes qui s'en rapprochent , est donc
une modification spéciale imprimée au système des nerfs
moteurs, modification telle que la contractilité musculaire
s'accroît, devient bientôt convulsive, et produit enfin l'as-
phyxie par cessation d'action des muscles inspirateurs:
Chez les animaux empoisonnés par la strychnine, après
l'emploi des moyens généraux, on a eu recours, avec quel-
que avantage, à l'élher, au chloroforme, substances propres
à agir directement contre la contracture tétanique*; et, en
dernier lieu, à la respiration artificielle. •
M. Alvaro-Reynoso serait, dit-on, porté à considérer le
cwrare comme le véritable contrer-poison de la strychnine. (1 )
(t ) rious Usions ce mémoire le 14 novembre'18S6 k la Section de
Médec. de la Société Âcadém. de Nantes. Or ^ dans le n°'de décem-
bre des Archives générales de Médecine^ de l'année dernièfe, on
trouve un mémoire du D' Harley, prof, de physiologie et d'histolo-
gie k l'Université de Londres, dans lequel sont rapportées des expé-
riences fort curieuses sur l'action respective de la strychnine et du
curare. L'auteur termine par la conclusion que le curare et la
strychnine sont antidotes l'un de l'autre.
2Wt khMkIi a&
. On, on saHi aiijbarcyHiii, d'aprb^ Ie0 vethéfcbes de Bllf; de
Homboldivde Schoroburgiik el autres^vnAts^ i*éi!hérehé9 ré-
sumées dam la tbèèo dé M. E. Bateau; que toutries poisons
connais chezr- les indiens de ^Amérique dVi&id^ sOus* fes
noms de -Curare, Woàrara^WaurcUi, etc. , et qui servent
efaea ces peuplades à eftipoifionnet* leurs fléchés , agissent
de la' même manière sur réconomie amifnftie'^ et cotitieiiiiënt
probablement toutes le monte' principe.', ôUtlu nnoinëdes
pnncipes fort ànalogiyes fournis *par divers végétaux, dont
iè pliis important et le plus coiinn est léstryehnoe toùnf^'.
6*estltti^ qui'iBntre , potiii^la pHis gnmdë quam^é , dans la
cMtposhion dti cfîrai^.
]iecurûte niè vetitèrttie ddridpas dé venin de crotale; il
n'est pas ë)ilr«iit par les natûi<els de l'AinériqUe, de là vé-
sicule du serpent à sonnette!?, ainsi que T^Vàit fait croire
la ressemBlance de ses propriétés tbkiquôSâVôc celtes dé ce
venin. . .
En effet, comme luj^ ie curare', introduit âous la peau ,
agit, ainsi que l'ont détpôntré les nombreuses expériences
de M.- Cj.. Bernard, en pàraCysaot les fonctions cérébrales. 11
abolit la sensibilité et tous les mouvements des muscles
volontaires) tandis.qve lecoaurcpntiaue.de battre, les tu<-
nlques intestinales à se mouvoir chez les animaux. J^a res-
piration est. sù^p^odue, et rasph}^le est la cause immé-
diate de la n;kort. 1^ aotiofi paraît s-'exercer spécialement sur
1^ contraction musculaire, qu elle anéantit tellement, quV
. prèK la moirt teâ. rnusçles«ne^ peuvent se coptçacter sous
l!influeiice des plus forts courants ..électriques.
Chose remarqua'ble, nous continuons à citer la thèse de
M. E. Bureau, lès strychhos à effets tétaniques et les strych-
no» qiikui. pourrait appeler à effets paralysants, arrivent aux
niômës résultats par des chemfin^^ opposés ;- les uns en
exalMrt, les autlres en pàhriysafat* lès fonctions du^syslèmti
En outre, les étrychnées contenant là strychnine se ren-
contrent* toutes dans l^wicren' centineni' , aux îles PhiUp*
pines, à Java, au MalalVftt^ tafldSisqucr Imstt^hfféèi^ dôht
OBI extrait k-dtiratie oroitsmi loutes dafis le nouv^éWQ'
monde, à la Guyjane«etdaf)s4fi>ikMite-AiiiaioiT0^
H eirt proiMibis qtse oVtet en néflléGliissant -stuH^ éenS feîts ,
qu*iiAiniéd06}ri-vélérmRivev M. Sevi^llvàura été (Hitidtiit à
faire tiMce du cti^eif» sur cfeuit ote^aux> att^ikit^ dô^unbs.
Tous, deux guérirenU ; ' *
Ce feit'clté;dans la tttè^edé M. E. Bureau, est extrait du
BkH&mûire de Jffêdiecîne , cte Beriin, et rapporté par le
doclft^rUlunter. Nous regrettons qu'il ne nous ail pas èlé
possible de' consirttéi* f ouvrage lui-m^me.
Ne pourrait-on pas tenter l'emploi du ct^mr^ .d^ns le
tétanos chez. î homme ?'
L'anajo^e.eonduità' cette oonoiusion. Si, en effet ,• k»
stryiD^bâîne ooavieiHioomme excitateur du système. n6rv«tyx
dans les patftlyaias,- le eurofte qui paralyse^ les* fonctions de
ce système nne c«i»batlrait'-il> pas avanti»gèusemenl l^exoita-
tion morbide du sjistème nerveuls manifestée pai< lesier-
ribles effets qui constituent le iétmioêP
Ulïmomiié dût curare , adminisirô par TestlMiats che2
les animaux v.étan4 çbnsMée , ii faudraitaTÔir recours*^
la métJiode^eiKlei^ique^etiniiioduire cette substance sous
répidUrme-y .comme- ou le fait pour la* morpbin^ et la
jjiry'cbnine. / .
Mais ici de graves difficultés se présentent.; De fortes
dosea tuent'Papiidenient , l^anknal meun comnle foudroyé.
Âi.d6ses moin^dras, la^reàpiration s'drrôte', Taâfiiblisi^menl
général; survianty ou bien encore quelques convulsions non
tétaiMiiues* précèdent la iliopté
Ceppadaptifi il est» deS' doses de ctifteirt« qui ncrsant- pf»s
nôaessaivemonti mortelles.. Il est rapporté dans^k thèse que
DOife citons vj que les- ludicfît^s qui sist^etvl^ni pour la
chassejde fléebesi eadiûtea de cnrar^ ^ ne cherchent quelî-
q^iefois q«i'â. engourdir lès-^ animaïax et noii à< les' tuer.
Or, ils y parviennent, en n'employant que do faibles- dose^
du.poi^ons:$U<en< le* mêlant à des substances inertes. Si
Ton songeait' à introduire» k ewhare dans* la tbérapéulique
du tétitnosff il faUdmlidoDC atiénuer oonsidérablementii^s
210 JOUIHÀL DB ■ÉMCniB.
doses ; mais , en outre , il conviendrait d'instituer préala-
blement deux* séries d'expériences.
L'habileté de M. Cl. Bernard, auquel la science est déjà
redevable de nombreuses recherches sur rempoisonne*
ment par le curare , aurait bientôt rendu à la médecine
ce nouveau service.
Il s'agirait donc , en premier lieu , et à l'aide d'expé-
riences sur des animaux d'espèces diverses^ de déterminer
les doses de curare entraînant une moct plus ou moins
prompte , puis les doses compatibles, avec le maintien de
la vie , et propres à agir sur le système nerveux , de ma-
nière seulement à l'engourdir , à suspendre à un certain
degré l'influence qu'il exerce sur la contractilité muscu-
laire ; à produire , en un mot , une sorte de mort appa*
rente , comme le font les chasseurs indiens.- On devrait ,
de plus, constater les cas où la vie ne pourrait se main-
tenir qu'à l'aide de la respiration artificielle , et ceux où il
ne serait pas nécessaire d'y avoir recours.
En second lieu , on pourrait soumettre à de nouvelles
expérimentations les empoisonnements par la strychnine
chez les animaux , observer leurs divers degrés , et se
servir , dans les cas les plus graves , du curare comme
contre-poison , en observant ses effets et établissant les
doses nécessairement très-minimes auxquelles il devrait
être employé.
Ce n'est qu'après ces études préparatoires suivies
avec le soin et l'attention qu'elles comportent , que
la médecine et la chirurgie pourraient tenter , sans être
accusées de témérité , l'emploi du curare dans le tétanos
traumatique , maladie presque constamment mortelle.
Comme nous le disions , l'analogie , fondement des mé-
thodes substitutives auxquelles la thérapeutique doit plus
d'une conquête , nous semble devoir justifier l'essai d'une
telle médication , quelque hardie et nouvelle qu'elle pa-
raisse.
N'est-ce pas , en effet , à la méthode substitutive que
nous devons l'emploi, éminemment avantageux, des stry-
chnées dans les paralysies et les désordres musculaires ,
tel$ que la charôe ? (Pourquoi le» phuX^s de ,ld m^e Aribu,
reQfernoani un pnûicipe qMJ|>i*oduJ:t sjju* Je système neiwauK
des effets .paralysants^ ne seraient-elJes jias TsM^^tidot^ 4e6
cQotractioDB téJ^amfues produites p^rJi'sjp^renai^r^s^ et de
celles bien plus graves encQce du tétauos ?
Toute substai^e agisaaat sur ,uD^p|)areU40f;ga«i(fue de
manière à y produire .tfes phénomèneg^coulxi^Ues ou ana-
logue ^ ceRx qui résultent de inaction d'un^ clause »»ori-
bide^ n est-âUe pas , en génér.»J , le mo^en le plus j)wsr
san^ à opposer t) ^t^eUe-^i ?
Ce principe fondamentale' en thér^peuiU()ue i«o.us sanible
coai,pre!«dris à la fois ^ dans aoa évioncé ^ 4«ux méthodes
regardées comme aniagoitisies Tune 4e ïwtx^.
En réfléchi^aat» en effet , aux faits ^r iesquols ae
fondent les deux profi^dés .ainsi formulés, cmtrjQurm ca»-
trariis^ smilia simUbm mranturt n'arri^e-i-on pas à
conclure que .^ dans ces deux cas , J'action spéciale déter-
minée dans J'éconQmie par le médicament, cpusU^p^
essentiellement la inodiiication thérapeutique qui d<Mt «e
substituer à la modification mQrl)ide. Les paéopmèn es ^pro-
duits par Je médicament apparaissent parfçii3 éyidemwent
contraires; d'autres fois^ on les dirait ^bsaluwetït snpa-
blables aux syjnptômes par lesquels se traduit Ja au-
ladie.
Nous disons qu'il n'en est ainsi qu*eiî apparence^ elj^pour
ainsi parler^» qu'au Bremiericoup-d'œil de robservMe^ur. Car.,
au fond, les médicaments ne produisent Jamais dans l!éca-
nomie l'ensemble et l'évolution de phénomènes qui coos-
lîtuent Tacte morbide.
La belladone , bien qu'elle amène des xougeur^ à 1^
peau , de la constriction à la gor^e., le quinqujxia et les
sels de quinine, bien qu'ils accélèrent le pouls et ms-
citent 4ans le système nerveux des troubles rqmar^qablesp
les tintements d'oieiMes,Jeslournoîemenis de tête, des hallu-
cinations délirantes ,' ne donnent lieu l'un et l'autre ni à
la scarlatine , ni à la fièvre intermittente.
Nous en dirons autant du nitrate d'argent dans cer-
taines ophthalmies. Assurément, les solutions dans les-
15
242 lOOUIAL DE HÉHECIRE.
quelles il entre , loat en rougissant l'œil et injectant la
conjonctive , ne produisent 'pas une opbthalmie de même
nature que celles que Ton observe si fréquemment ,
tout au plus reasetnblerait-ellé à l'inflammation directe-
ment produite par une cause physique.
Les modificat'Urs médicamenteaic diffèrent par leur
nature propre ' et par leà effets qu'ils déterminent
dans l'économie, de même que 'les maladies diffèrent
entre elles. Ce point d^ 'doctrine a été -parfaitement éta-
bli dans le beau chapitre sur la gfédicatian sub$tttutive du
Traité de thérapeutique de MM. Trousseau et Pidoux.
Mais , de plus , l'action des modificateurs médicamen-
teux n'est pas essentiellement identique à l'acte morbide ,
bien qu'elle semble rêtrê d'après l'aspect extérieur des
phénomènes ; l'effet du médicam'etit , en un mot , n*est
jamais entièrelnent atUqtuK slu% symptômes de la maladie;
le iimilia similibus n'est pas vrai logiquement. La seule
chose vraie , c'est la modification plus ou moins profonde
imprimée à l'organisme par le médicament , et la substi-
tution de cet état à l'état morbide.
Il est probable que c'est à ces troubles salutaires , à ces
modifications intimes suscitées dans l'économie par nos
médicaments, que sont dues leurs principales propriétés
curatives. Les influences qu'ils exercent sur lorganisme
vivant se traduisent au dehors par des maiiîfeslations
diverses. Tantôt ces rnanifestations* diffèrent de celles de
la maladie; d'autres fois, elles paraissent avoir avec
celle-ci des analogies plus ou moins rapprochées : dans
bien des cas , enfin , elles déterminent au sein des appa-
reils des mutations plus profondes et qui échappent à notre
vue. Lorsque ces rapports d'opposition ou d'analogie
sont plus frappants, c'est alors que la thérdpeulique
triomphe ; il est donc du plus haut, intérêt pour l'avenir
de Fart de les rexhercher et de les prévoir ; là certaine-
ment se trouve une source féconde de progrès.
TABLE DES MATIÈRES.
DU XyXIl* yOLVMfi.
' Pages.
Appréciation de la méthode de Deventer , ayant
pour but de faciliter la version, par M. Aubinais. . 95
Aubinais. Voyez appréciation dé la méthode
de DeVent^ , ayant pour but de faciliter la version. 95
Aubinais. Voyez de certains phénomènes hystéri-
formes avec suppression passagère de là menstruatioh
pouvant laisser soupçonrier à tort ifn comroiencement
de grossesse . \ t .' 33
Bulletins des séapces. . ..... 5, 53, i33, 179
Cônsfdépation 'sur l'épidémie de Therpès tonsurant
observée à rhôpital Satnt-Jacques , de 1854 à i856 , -
par m: Hélie. . \ . • . I . . . 181
De c^tains phénomènes' hystériformes avec sup-
pression passagère de ta menstruation pouvant-Iaisser
soupçonner à ioti ufl dortimencenient de^^rossesse ,•
par M. le docteur Aubinais '33
De la paralysie faciale; traitement par la strychnine,
etc., par M. Thibeaud. ........... 201
Deux observations de rupture de* l'utérus, par le
docleair Letenneur. ............ 163
Etudes cliniques. Des hydropisies , suites de fièvres
intermittentes, par M. Thibeaud. ........ 117
Hélie. Voyez considération sur l'épidémie de l'her-
pès tonsurant observée'à l'hôpital Saint-Jacques , de
1854 à 1856. 181
. Huette. Voyez tableau des obsei'vations météorolo-
giques de 1855. . . • . ' 53
Lé Hôux. Voyez note sur une tumeur hydati'que
abdominale ; ruptures spontanées du kyste, suivies de
l'excrétion de son contenu par la voie intestinale, etc. 44
Letenneur. Voyez deux observations* de rupture de
l'utérus 163
Mahot. Voyez tumeur squirrheuse développée dans
le médiastin antérieur. Compression de la veine cave
supérieure. (Kdème de toutes les parties sus-diaphrag-
matiques 105
Malherbe. Voyez observations cliniques 71
Malherbe. Voyez rapport sur un mémoire de M.
Gintrac, de Bordeaux, surVoblkération de la veine-porte 1 69
.Note sur une tumeur hydatique abdominale ; rup-
tures ap^fitaaée^i^t péri^uliques 4a kyste , suivie» .de
l'^xcrétioQ .de son coaienu par la wQÏe intestinale ,
etc., par M« Le Hqux. ^ • .. ^ .. « . ^ ^ . . 44
NoUe^ sur «quelques cas de fièvres éruptivea, recueil-
lis à J'Bôtel* Dieu , par M. ValUn, élève interne, .il!
Obaenv^tioQ clinique, par M- BAVxeau» . . « ^ i.5$
Observation d'iclaoE^aie albuminurique , suitie de
scarlatine, par H. Rouxeau ^ 13^
Observation de lypémanie, par M. le .docteur Petit . 20
Obser,vatia«s c)iniqiif.ç« par M^ Malherbe^ ^ > . 71
Petit, Voy^z (Aservatioq de lypémanie. ^ . • . 20
Rapport sur un mémoire de M. Gintrac, de Bordeaux,
sur iQhlitéraUon de ,1a A'eâaa-porte « .par ti, JHalberJ>e . 1 69
Ra^x.ea^. Voyez observation clinique. > . . . , 155
Rouxeau. VovQz obs^vatioti d'éclampsie albiuninu-
rique, suite de scarlatine ,.139
Symptômes gnaves produits par radminJstration
du seigle ergoté, par M. Trastour, . « 88
Table des matières^ . ^ ^ .......... 213
Tableau des observations météorologiques de 1855»
parM. Buatte. .,...,,,.,. 53
Xhibeaud. Voyez de 1^ paralysie façi3le ; traite-
ment p^ la strychnine. ^ . <. » ^201
Thibeaud* Voye^ études cliniques. Des bydropisies,
^ui^es de fièvres intermittentes 1J7
Traslour, Vxjyez symplf^Pes graves produits par
l'administration du seigle ergoté 88
Tumeur sqpLrrheuse développée dans le médiastin
antérieur. Compres^on de la veine-cave supérieure.
OEldème de tontes les parties sus-diaphragmatiques ,
par M, Mahot ,.. ^ ....... 105
Vallin. Voyez notes sur quelques cas de fièvres
éruptives , recueillis à THôtel-Dieu ,•,.111
Nulles, Imprimerie de M"* veoTe C. Mellinei